La notation des langues négro-africaines. Signes typographique à utiliser

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Koninklijke Academie voor Overzeese Wetenschappen

Klasse voor Morele en Politieke Wetenschappen, N.R., XLI - 2, Brussel, 1972

La notation des langues négro-africaines Signes typographiques à utiliser PAR

Amaat BURSSENS Professeur émérite à l’Université de Gand Membre honoraire de l’Académie

225 F

A c a d é m i e r o y a l e des S c i e n c e s d ’O u t r e - M e r

Classe des Sciences morales et politiques, N.S., XLI - 2, Bruxelles, 1972

ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES D'OUTRE-MER Rue Defacqz 1, 1050 BRUXELLES Classe des Sciences morales et politiques

MÉMOIRES

in -8 °- X X X IX - 1970-1971

VERHANDELINGEN

KONINKLIJKE ACADEMIE VOOR OVERZEESE WETENSCHAPPEN Defacqzstraat 1, 1050 BRUSSEL Klasse voor Morele en Politieke Wetenschappen

TABLE DES MÉMOIRES CONTENUS DANS LE TOME X XX IX

LIJST DER VERHANDELINGEN OPGENOMEN IN BOEK XXXIX

1. Médecine et exploration. Premiers contacts de quelques explo­ rateurs de l ’A frique centrale avec les maladies tropicales (80 p., 1970), par R .-J. C o rn et. 2. Contes d’ogres mongo (3 6 6 p., 1 9 7 1 ), par G . M .S.C.

H u ls ta e r t

IMPRIMERIE SNOECK-DUCAJU & FILS S.A. GAND-BRUXELLES

Koninklijke Academie voor Overzeese Wetenschappen Klasse voor M orele en Politieke Wetenschappen, N .R ., X L I - 2, Brussel, 1972

La notation des langues négro-africaines Signes typographiques à utiliser PAR

Amaat BURSSENS Professeur émérite à l’Université de Gand Membre honoraire de l’Académie

A c a d é m ie r o y a l e des S c i e n c e s d ’O u t r e - M e r

Classe des Sciences morales et politiques, N.S.,

X L I - 2,

Bruxelles,

1972

Mémoire présenté à la Séance du 17 novembre 1969

D/1972/0149/1

I 1. L ’Académie Royale des Sciences d’Outre-M er (B ru xelles) recommande d’écrire les mots et les formes des langues négroafricaines en se basant sur l ’alphabet de l ’ \ Cet alphabet est une application de 2 aux langues africaines, tout en s’intéressant à l ’aspect phonologique des sons plutôt qu’à leurs nuances phonétiques. Les principes d’orthographe recommandés par l ’institut A fri­ cain ont été acceptés pour plusieurs langues négro-africaines (bantoues, non bantoues, etc.).

International African YAlphabet Inter­

Institute national

2. Le problème qui nous occupe est de trouver une méthode uniforme d’écrire les langues africaines et d’aider e.a. les ethno­ graphes, missionnaires, géographes, chercheurs ou techniciens de diverses disciplines qui voudraient recueillir des documents vala­ bles. Ces langues possèdent des sons que l’alphabet latin ne peut rendre, et qui pourtant doivent être distingués par l ’écriture. 3. L ’écriture traditionnelle de la plupart des langues euro­ péennes est inadéquate et impuissante à rendre la valeur pho­ nique des sons. N ous trouvons ainsi en français plusieurs graphies différentes représentant le même son : dans dans dans rose.

eau au o

o

beau, chaud,

O n trouve le son

c dans comme, qu dans quoi, k dans /èépi.

k

écrit de bien des façons:

( 1 ) D . W e s t e r m a n n and Ida C . W a r d , Practical Phonetics for Students of African Languages (L ond on , O xford U niversity P re ss). ( 2 ) The Principles of the International Phonetic Association (L ond on 19 4 9 , 1 9 6 0 ).

LA NOTATION DES LANGUES NÉGRO-AFRICAINES

8

L ’orthographe anglaise est encore plus capricieuse. L ’emploi d’un alphabet dans lequel à chaque son correspond, du moins en principe, un seul signe, est une nécessité qui s’impose. 4. A fin d’éviter l ’emploi de signes diacritiques trop nombreux au-dessous et au-dessus des lettres romaines, l ’alphabet dit « A frica » se sert parfois de deux (et même de trois) caractères pour transcrire un son unique; en plus, quelques nouvelles lettres ont été introduites. En général, les diacritiques ne sont employés que pour marquer la nasalisation et les tons musicaux à valeur lexicale, gramma­ ticale ou syntactique. 5. L ’uniformisation des alphabets employés pour la transcrip­ tion des langues africaines s’impose également.

chou

La chuintante sourde, qu’on trouve en français dans et en néerlandais dans j/acheren (brocanter, marchander) est égale­ ment fréquente en anglais, en allemand, en portugais et en italien, mais est rendue dans chacune des ces langues d’une façon différente: français anglais

ch, néerlandais sj, sh, allemand sch.

N ous conseillons de transcrire uniformément ƒ dans les langues africaines, sans tenir compte des nuances d’articulation. 6. Il y a diverses façons de considérer les sons du langage. On peut se préoccuper de définir leur mode de production et leurs caractéristiques; c ’est la tâche de la elle est l ’étude des sons du langage en tant que phénomène physique.

phonétique descriptive;

phonologie

La est la discipline linguistique qui traite stricte­ ment des phénomènes phoniques du point de vue de leur fonction lexicale ou gram m aticale dans une langue donnée; elle traite des sons distinctifs, c’est-à-dire des ou ).

primaires

phonèmes (segmentaux

En M ongo et en liN gala, la voyelle o (com m e dans la voyelle o (com m e dans anglais ficatifs.

ail)

eau)

et

sont des éléments signi­

LA NOTATION DES LANGUES NÉGRO-AFRICAINES M ongo:

9

copalier, dos. une personne, jeu.

bokongo bokongo

liN gala: moto moto

o et o sont des phonèmes distincts. 7. Il se peut que, dans une langue donnée, un phonème ne comprenne qu’un seul son, mais en général le mot

phonème

désigne une petite fam ille de sons voisins les uns des autres, qu’on peut considérer comme une unité linguistique.

k

qui

cou

Ainsi, le de (ki) et celui de (ku) sont phonétiquement différents; mais l ’emploi de ces deux sons est déterminé par la qualité de la voyelle suivante (-/, respectivement - a ) ; il s’agit de deux variétés de l ’espèce ; un seul signe su ffit pour représen­

K

ter les variétés accidentelles du phonème k , et, en général, de tous les autres phonèmes.

-r -

il est

En Shi (Am ashi, K iv u ), le -1- de ali, (classe 1) et le de e r i, (classe 9 ) présentent une différence sensible à l ’audi­ tion; mais l ’emploi de ces deux sons est déterminé par la qualité

il est

de la voyelle qui précède; il s’agit de deux variété du phonème 1.

1

r

Les sons et sont distincts dans la langue rwanda, mais ils y apparaissent comme des allophones d’un phonème unique, ce qui revient à dire qu’ils ne peuvent jamais, par leur seule opposition, différencier des m ots; on peut donc, dans l ’ortho­ graphe, réduire les deux signes à un seul. 8. Les mêmes mots sont souvent prononcés d’une manière plus ou moins différente par des personnes parlant la même langue. En français et en néerlandais, les uns prononcent du bout de la langue (le rou lé), les autres de la luette (le grasseyé); mais ces deux sons ne peuvent jam ais s’opposer, c.-à-d. ne jamais servir à distinguer deux mots. O n dit, en ce cas, que ce sont deux variantes du même phonème.

r

r r

Quoiqu’il faille reconnaître l ’existence des variantes, un seul signe su ffit pour les représenter dans l ’orthographe pratique et phonologique d’une langue.

LA NOTATION DES LANGUES NÉGRO-AFRICAINES

10

9. D ans l ’étude d’une langue déterminée, il est à conseiller de traiter les phonèmes en deux parties: d’une part les c.-à-d. les voyelles, les semi-voyelles et les conson­ nes; d’autre part les ou c.-à-d. les tonèmes et la quantité (longueur, d u rée). D ans cette étude, on s’occupe des et mais la description d’un certain nombre de réalisations phonétiques et tonétiques sera nécessaire. Les exemples cités sont généralement présentés en écriture phonologique tels qu’on les a trouvés dans les ouvrages linguis­ tiques consultés.

phonèmes

segmentaux,

phonèmes supra-segmentaux

mes,

épiphonè-

phonèmes segmentaux

supra-segmentaux,

SOURCES 10. N ous nous sommes amplement servis (parfois mot à m ot) des ouvrages suivants:

W esterm an n

D.

and

Practical Phonetics for

Ida

Students of African Languages

C. W ard : (London, 1949, O xford University

P ress).

The Principles of the International Phonetic Association

(London, I 9 6 0 ) . A .G . H a u d rico u rt et J. M .-C.

langues. Phonétique et phonologie Paris, Institut d’E th n olog ie). J. M arouzeau: 1951, Paul G eu th ner).

Thom as: La notation des (Paris,

1967,

Université de

Lexique de la Terminologie linguistique

C l. M. D oke: Bantu Linguistic Terminology

(Paris,

1935,

(London, Longmans, Green and C o .). International Institute o f A frican Languages and Cultures, Memorandum I, (London,

1927).

Practical Orthography of African Languages

M. v a n Spaandonck: Morfotonologische analyse in Bantu-

talen

1967, Rijksuniversiteit; Leiden, E. J. B rill). A. Burssens: Introduction à l’étude des langues bantoues du Congo belge (Anvers, 1954, D e Sikkel). A. M a rtin e t: Eléments de linguistique générale (Paris, 1969, (G ent,

Armand C o lin ).

LA NOTATION DES LANGUES NÉGRO-AFRICAINES 11.

11

Langues bantoues

Pour le Mongo-Nkundo, le Bolia, le Ntomba, le Tetela, le Ngombe (Congo): G. H u lsta e r t: Grammaire du Limmgo, Première partie: Pho­ nologie (Tervuren, 1961, Musée Royal de l’Afrique centrale). G. H u lsta e r t: Praktische grammatica van het Lonkundo (Lomongo) (Antwerpen, 1938, De Sikkel). J. Jacobs: T etela-grammatica. Deel I, Fonologie (Gent, 1962, E. Story). J. Jacobs: Long Consonants and their Tonal Function in Tetela ( Kongo-Overzee XXIII, 1957). N . R ood: Ngombe - Nederlands - Frans woordenboek — Dic­ tionnaire ngombe - néerlandais - français (Tervuren, 1958, Musée Royal).

M. M am et: Le langage des Bolia (Lac Léopold 11) (Tervuren, I960, Musée Royal). M. M am et: La langue Ntomba, telle qu’elle est parlée au lac Tumba et dans la région avoisinante (Tervuren, 1955, Musée Royal). Pour le Rwanda et le Rundi (Rwanda, Burundi) : A. Coupez: Aspects de la phonologie et de la morphologie du Rwanda (Bruxelles, thèse universitaire). A. Coupez et K am anzi: Quelques noms géographiques rwanda [Zaire, 1959). A. E. M eeussen: Essai de grammaire rundi (Tervuren, 1959, Musée Royal). Pour le liNgala et les parlers des « Bangala » (Congo) : L. B. d e Boeck: Cours de lingala (Scheut - Bruxelles, 1956). L. B. d e Boeck: La tonologie des parlers bantous du nord-ouest du Congo belge (Institut Royal Colonial Belge, Bulletin des Séances, XXII, 1951). L. B. DE Boeck: Un B vibrant dans le bantou septentrional (African Studies, IX).

12

LA NOTATION DES LANGUES NÉGRO-AFRICAINES

R. v a n E verbroeck: Orn Lingala te leren (Scheut - Brussel, 1955). R. v a n E verbroeck: Lingala woordenboek. Lingala - Neder­ lands, Nederlands - Lingala (Scheut - Brussel, 1956). Pour le Luba, le Songye, le Buina Milembwe, le Budya: A. Burssens: Tono/ogis'cbe Schets van het Tshiluba (Kasayi) (Antwerpen, 1939, De Sikkel). A. Burssens: Manuel de tshiluba (Kasayi) (Anvers, 1946, De Sikkel). A. BURSSENS: Le luba, langue à intonation et le tambour-signal. Proceedings of the Third International Congress of Phonetic Sciences, Ghent 1938. A. Coupez: Etudes sur la langue luba (Tervuren, 1954, Musée Royal). A. d e C lercq , E. W illem s: Dictionnaire Tshiluba ■français (Léopoldville, I960). L. Stappers: Textes luba. Contes d’animaux (Tervuren, 1962

Musée Royal). L. Stappers: Morfologie van het Songye (Tervuren, 1964, Koninklijk Museum). L. Stappers: Zuid-Kisongye Bloemlezing, Milembwe-Te kst en (Tervuren, 1953, Koninklijk Museum). L. Stappers: Het Toonsysteem van het Buina Milembwe ( ZuidKisongye ) {Kongo-Overzee XVIII, 1952). L. Stappers: Schets van het Budya (Kongo-Overzee, X X I, 1955). Pour le Lega, le Nyanga, le Ombo, le Holoholo, le Bangubangu (Congo): A.E. M eeussen: Eléments de grammaire lega (Tervuren, I960, M usée Royal). A.E. M eeussen: Linguistische schets van het Bangubangu (Ter­ vuren, 1954, Koninklijk Museum). A.E. M eeussen: Esquisse de la langue ombo (Tervuren, 1952, Musée Royal).

LA NOTATION DES LANGUES NÉGRO-AFRICAINES

A.

13

Coupez: Esquisse de la langue Holobolo (Tervuren, 1955,

Musée Royal).

M. Kadima: Esquisse phonologique et morphologique de la langue Nyanga (Africa Linguistica II, 1965).

Pour le kiKongo, le Yaka et le Phende (Congo): J. D aelem an: Morfologie van naamwoord en werkwoord in het Kongo (N tandu) met ontleding van het foneemsysteem. (Leuven, 1966). L. Stappers: De Toongroepen en hun wijzigingen in de taal van de Aphende ( Kongo-Overzee X IX , 1953). K. v a n d en Eynde: Eléments de grammaire Yaka (Kinshasa, 1968, Université Lovanium). Pour le Cokwe, le Ruund, le Mbagani (Congo) : K. v a n d en Eynde: Fonologie en morfologie van het Cokwe (Leuven, I960). L. Stappers: Een Ruund-dialekt: De taal van de Beena Tubeya (Kongo-Overzee X X , 1954). G. v a n C o illie: Korte Mbagani-spraakkunst, de taal van de 'Babindji’ in Kasayi ( Kongo-Overzee XIV, 1948). Pour le Bushong et le Dzing (Congo) : J- V ansina: Esquisse de grammaire Bushong (Tervuren, 1959, Musée Royal). J. M ertens: Grammaire de l’idzing de la Kamtsha (Bruxelles, 1938). Pour le Kele et le Gesego = Topoke ou Eso (Congo) : L. H arries: Grammar of Gesogo (Kongo-Overzee X X I, 1955). J. F. C a rrin g to n : La transmission de messages par tam-tam (Problèmes d’Afrique centrale, n° 32, 1956). Pour le Swahili et le Ganda: E. O. A sh to n : Swahili Grammar (Including Intonation) (Lon­ don, 1952, Longmans, Green an Co).

LA NOTATION DES LANGUES NÉGRO-AFRICAINES

14

Swahili Language Handbook

E. C. Polom é: 1967, Center for Applied Linguistics).

(W ashington,

E. O. A sh to n , M u lira , N d a w u la , A. N . T ucker: A Luganda

Grammar

(London, 1954, Longmans, Green and C o ). E. M. K- M u lira and E. G . M. N d a w u la : (London, Society for promoting Christian K now led ge).

A Luganda -

English and English - Luganda Dictionary

1952,

Pour le Zulu, le Shona, le Swazi (A frique du sud) : B.

I. C.

v a n Eeden: Zoeloe-grammatika

(Stellenbosch, 1956,

D ie Universiteitsuitgewers en -Boekhandelaars). G. F ortu n e: (London, 1955,

An Analytical Grammar of Shona

Longmans, Green and C o ) . D . Z ier v o g el:

A Grammar of Swazi (siSwati)

(Johannesburg,

1952, W itwatersrand University Press). Pour les langues sub-bantoues et bantouïdes (C on go) : L.

H arries: Ki^rnu, A Sub-bantu Language ( Kongo-Overzee

L.

H arries: Nyali, A Bantoid Language (Kongo-Overzee

X X IV , XXV, 12.

1 9 5 8 ).

1 9 5 9 ).

Langues non bantoues

(C ongo)

Pour le N gbandi, le N gbaka, Lendu ( = Bale-dha), les langues du groupe ,Moru-Madi, le Mondunga, le Logbara:

B- Lekens: Dictionnaire Ngbandi (Ubangi, Congo), français-

Ngbandi, Ngbandi-français (Tervuren, 1952, Musée R oy al). V . Maes: Dictionnaire Ngbaka-français-néerlandais, précédé d’un aperçu grammatical (Tervuren, 1959, M usée R oy al). V . Maes: Vocabulaire français-Ngbaka (Tervuren, 1968, M u­ sée R o y a l). A. N . T ucker: The Eastern Sudanic Languages O xford University Press). J. M . C. Thom as: M a’b o ] (Paris, La Haye, 1963, M outon & C o ) .

(London, 1940,

Le parler Ngbaka de Bokanga

[N gbaka

LA NOTATION DES LANGUES NÉGRO-AFRICAINES

15

J. P. C r a zzo la ra : A Study of the Logbara (M a’di) Language, Grammar and Vocabulary (London, I960, Oxford University Press). L. B. d e Boeck: Grammaire du Mondunga (Lisala, Congo) (Bruxelles, 1952, Institul Royal Colonial Beige). Pour le Zande, le Mangbetu et le Medje: A. N. T ucker: Le groupe linguistique Zande (Tervuren, 1959,

M usée R oyal). J. L a ro ch ette: Grammaire des dialectes Mangbetu et Medje

(Tervuren, 1958, Musée Royal).

Pour le Balese: A. V o rb ich ler: Die Phonologie und Morphologie des Balese (lturi-Urwald, Kongo) (Glückstadt, 1965, J. J. Augustin). L. H arries: Notes on the Balese Language of the Ituri Forest (Kongo-Overzee X X II, 1956). Pour le Dho Alur (Congo) : J. U k ok o, J. K nappert, M. v a n Spaandonck: Essai de dic­ tionnaire Dho Alur. Dho Alur-français-néerlandais-anglais (Gent, 1964, Rijksuniversiteit; Leiden, E. J. Brill). A. Burssens: Problemen en Inventarisatie van de verbale Strukturen in het Dho-Alur (Brussel, 1969, Koninklijke Vlaamse Academie voor Wetenschappen). Pour le Wolof: S.

S au v ageot: Description synchronique d’un dialecte W olof:

le parler du Dyolof (Dakar, 1965, Ifan).

II

VOYELLES A V

o yelles

brèves

Le système vocalique de plusieurs langues africaines comprend deux classes de voyelles: une classe de voyelles brèves et une classe de voyelles longues.

V O Y E L L E S NORM A LES

13. Le triangle suivant donne le tableau des voyelles brèves normales, représentées selon la place où elles sont articulées dans la bouche. i

u

I

u e

o e

o

a Elles sont écrites en allant des plus ferm ées à la plus ouverte W i, voyelle antérieure, fermée, tendue; comme dans dais (b icy clette).

fiets

i, représente le i relâché; semblable au (en fa n t).

si; néerlan­

du néerlandais

kind

bébé. e , voyelle antérieure, (m i-)ouverte; comme -ai- dans lait ( 1 e ) . a, voyelle centrale; comme dans la.

e, voyelle antérieure, (m i-) ferm ée; comme dans

LA NOTATION DES LANGUES NÉGRO-AFRICAINES

17

botte. dans seau

o, voyelle postérieure, (m i-)ouverte; comme dans o, voyelle postérieure, (m i-)ferm ée; comme

(s o ) ,

u relâché; à peu près com­ Fuchs (ren ard ). tendue; comme dans tout ( t u ) ;

u, voyelle postérieure; représente le me dans l’anglais ƒ«//, ou l ’allemand u, voyelle postérieure fermée, néerlandais (sen tir).

voelen

La nuance des voyelles varie selon la nature des sons qui suivent ou qui précèdent. Le

a de l ’anglais cat et man

est une voyelle antérieure un peu

plus ouverte que s . O n peut la noter par æ

(a fusionné avec e).

14. Le Mangbetu et le M edje, le Lendu, le Moru-Madi, le Balese et le D h o Alur (langue nilotique) disposent de ces neuf voyelles (phonèmes vocaliques; phonèmes simples; phonèmes segm entaux). M angbetu:1 néri nskotu

animal; nombril;

nsbusü

Balese: ldi héli haba hôü

épouses; main; cou; panier;

oreille; ceinture.

nebi

petit; langue côté; tuer.

fîff hécü hoü àfù

(néerl.

ton g);

Il y a opposition phonologique entre les voyelles tendues

(i, u, e,

o) et les voyelles relâchées

(i,

u,

e, o).

M angbetu:

plaie, néduedu détacher, néke’de machette, noie marcher sur une branche,

nebî

nebi nédusdu néks’dg nols

feuille; épuiser; toux sèche; souhaiter.

(1) Les petits traits au-dessus des voyelles indiquent les tons. Voir ch. IV.

LA NOTATION DES LANGUES NÉGRO-AFRICAINES

18

Dho Alur: eau, Pi continuellement. rè mesurer, pörö salir, yùgô

motif; mais; répandre . manger.

Pi rè porà yùgô

15. Le Mongo-Nkundo, le Bolia, le Ntom ba, le Tetela, le Ngom be, le Ombo, le liN gala, le Lega, le H oloholo, le Bushong, le Gesogo (T o p o k e), le Nyanga, le K ym u; le N gbaka, le Ngbandi, le Mondunga et bien d’autres langues négro-africaines sont des langues à sept phonèmes vocaliques ( segm entaux),

répartis sur quatre degrés d’aperture.

aperture

antérieures

r r degré

i

2e degré

centrale

postérieures u

e

3e degré

o e

4 ' degré

o

a

Certains linguistes se servent des signes suivants: i

V i

u e

o a

En M ongo, le i et le e sont prononcés très haut et très avant, le et le très haut et ouvert; ces faits font que et sont

u

o

e

aisément perçus comme i et u . La distinction entre M ongo:

bokeli ekéle nsóngé bolongo

faiseur, impossibilité, lune, fil de fer,

e et e , entre o et

o s’impose:

boksli ruisseau; skék nain. nsongé pointe; bolongô rang.

o

LA NOTATION DES LANGUES NÉGRO-AFRICAINES

19

liN gala:

image, cruche, terre,

eléngé elokó mabelé

elsngé elôko mabéls

jeune homme; chose, objet; lait.

16. D ’autres langues africaines ne disposent que de cinq pho­ nèmes vocaliques, e.a.: le Luba, le Songye, le Bangubangu, le Cokwe, le Ruund, le K ongo, le Phende, le Rwanda, le Rundi, le Swahili, le Ganda, le Nyali. i

u s

o a

O n peut se servir des signes e et o au lieu de s et o , parce que le e ferm é et le o ferm é n ’existent pas (en tant que phonème) dans ces langues. ciLuba: diboko

ou

diboko

kümonâ

ou

küm onâ

kukebâ

ou

kükebâ

küsélâ

ou

küsélâ

bras; voir; chercher; gonfler.

V oyelles centrales 17. Il y a des voyelles d’un caractère neutre, qui ne sont ni ‘antérieure’ (comme i , e ) , ni ‘postérieure’ (comme u , o ) . T elle est la première voyelle (en quelque mesure) du mot et le de m uet).

e

le (e

O n peut représenter ce son par un

cheval,

e renversé:

a.

Quand il y a plusieurs voyelles centrales devant être distinguées, il est d ifficile d ’éviter des diacritiques. Le voyelles centrales qui se rapprochent de a , de o ou de o peuvent être représentées par ä , Ö, 5.

LA NOTATION DES LANGUES NÉGRO-AFRICAINES

20

9 est fréquent en Tem ne: afem

personnes,

gbak

couper.

côk

pieds,

m ôk

buffle.

N uer:

D inka:

long

orphelin). La voyelle qu’on entend dans l’anglais much (beaucoup), peut bär

s’écrire

(cf. bar

a .

18. Le Zande dispose de huit phonèmes vocaliques que T ucker représente de la façon suivante:

j

V i e

a

u o

a O n pourrait remanier les valeurs comme suit: i

u e s

.. a

o o

a â e s t une voyelle centrale qui se prononce à peu près comme dans l ’anglais

colonel. kängä rhinocéros-, k äräk ärä petit tambour ; ngädä être aqueux; sik a pousser au large; z îâ saisir; Jgâ cacher. V oyelles antérieures arrondies

19. Les voyelles antérieures ( i, 1, e, e ) sont normalement des voyelles étirées, tandis que les voyelles postérieures ( u, u ,

0 , 0 ) sont des arrondies. Il existe, cependant, des voyelles antérieures qui sont pronon­ cées en arrondissant les lèvres, telles que: a)

le

u du français et du néerlandais Hütte) ;

l ’allemand (com m e dans

(com me dans

n u) , et le ü de

21

LA NOTATION DES LANGUES NÉGRO-AFRICAINES

eu de peu; le eu de peur.

b) le c)

O n peut les représenter par:

du, rue. Dzing: bidzyl grand nombre. Bam bara: sy fs la nuit, de nuit; sy noyo dormir. o; mi-fermée; comme eu dans jeu. Dzing: ibo échancrure. œ ; mi-ouvert; comme eu dans leur. D zing: ibœm serpent.

y ; comme dans

En W o lo f (parler du D y o lo f), le phonème antérieur et arondi qui, sur le plan articulatoire, se situe à peu près au niveau de e , rappelle quelque peu les sons du français dans et

eu

bœufs

bœuf,

selon le contexte phonique. U n des deux signes (œ , 0) peut être employé pour désigner le phonème. b 0d dok

œil ; village-,

bos kor

frictionner', maison.

Le parler utilise les phonèmes vocaliques brefs:

i, e, s, a,

0 , u , 0 (œ).

D iphtongues 20. La diphtongue est une voyelle qui change de timbre pendant la prononciation; elle peut être considérée comme la fusion en un seul élément de deux voyelles, dont l ’une apparaît en fonction vocalique, l’autre en fonction de semi-voyelle. D ans l ’alphabet A frica, on note chaque partie de la diphtongue l'une après l ’autre; par ex. a i , si, oi, au, ou , oi (diphtongues descendantes, comme dans l ’anglais

my

(m ai);

now

(nau).

Il existe aussi des diphtongues du type contraire: i a , ua (diph­ tongues ascendantes).

22

LA NOTATION DES LANGUES NÉGRO-AFRICAINES

21. Le parler non tonal du D yolof (W o lo f) possède d’assez nombreuses diphtongues qui se répartissent en deux séries selon qu’elles ont pour second élément i ou u: fai fei b 0i niu neu sau

quitter le domicile conjugal-, éteindre ; doi suffisant-, chèvre. crème du lait caillé-, pomme-, nau admirer, urine.

Les diphtongues, tout comme les phonèmes simples vocal iques, possèdent des réalisations longues/brèves distinctives: rsu ai tei

22.

varice, querelle, aujourd’hui,

resu aai tsei

mal élevé; être méchant', réfléchir.

A remarquer que les diphtongues sont plutôt rares en

bantou (si du moins elles existent), abstraction faite des inter­ jections et des idéophones. Le radical des mots luba

mu-yau

(clochette en fer battu)

(nom d’une rivière)

et

lu-bau ne contient pas de diphtongue, mais au contraire deux phonèmes vocaliques distincts, qui d’ail­ leurs ont chacun leur tonalité propre:

m ü-yà-ù, lü-bà-ü .

D ans ces deux exemples, comme dans ci-bâ-u ( m üntu

â-ü

(cette personne ) ,

punition )

et

le u final est un u syllabique.

23. Le N uer et le D inka (langues nilotiques) disposeraient d’un grand nombre de diphtongues significatives dont iu, ei, ei, a i, ui, oi, ou, oi, ou, au. Le D h o A lur (langue nilotique), le Balese et le Ngbandi (langues non bantoues) n ’en ont pas. D ans la juxtaposition de deux voyelles, celles-ci se prononcent séparément, chacune d’elles gardant son ton respectif.

LA NOTATION DES LANGUES NÉGRO-AFRICAINES D ho Alur:

23

porc-épic; céi rabotage ; foi félicitation ; jà i sorcellerie ; loîri se laisser fondre. cèü

Balese: àù tôi 6éi

dette; en effet; joue;

hàù dià kai

léopard; éclaire; nom.

V oyelles nasales 24. L ’articulation des voyelles normales n ’intéresse que la cavité buccale, à l ’exclusion de la cavité nasale. A côté de ces voyelles buccales (ou orales), il existe dans bien des langues africaines des voyelles nasales qui dans l ’écriture sont frappées du tilde. Le français nasalise quatre voyelles:

bain (b ë ) , brun ( brœ ) . Un groupe vin blanc, contient ces quatres voyelles

bon

(b 5 ),

banc ( b â ), un bon

de mots tel que

nasalisées: œ bo vë blâ.

25. Le Zande emploie un grand nombre de mots dans lesquels la nasalisation de la voyelle est un trait distinctif: sâ dû se füo

un, tout, tailler, mauvaise odeur,

sa dû sè fùô

tourner ; rester, particule réfl.; empreinte de pas.

Le N gbaka et le N gbandi disposent de I , ë , â , 5 , N gbaka:

cendre; fumée\ âgé; là paquet-, sel. tambour, biâ grand rat.

bû wè

zèê

â tô Comparez bià

ü .

24

LA NOTATION DES LANGUES NÉGRO-AFRICAINES N gbandi:

ulcère; ino user-, i tu. (se) renverser hà nez, h6 h à voir, hù 'ko cinq, 'k ó ka

gbê

Comparez

urine; oui ; (pirogue). enterrer; oiseau; empêchement de se battre.

B

V oyelles longues A ccent de quantité 26. Les phonèmes ne se prononcent pas toujours avec la même quantité. Il y a des langues négro-africaines qui connaissent des oppositions entre deux degrés de quantité vocalique: bref et long. L ’opposition phonologique voyelle brève/voyelle longue se rencontre e.a. en Luba, en Rwanda, en Rundi, en Songye, en Cokwe, en Ruund, en Bangubangu, en ki Kongo. U ne voyelle longue s’écrit au moyen de deux lettres ayant le même timbre, elle est donc rendue par le redoublement du signe vocalique, par ex.: ii , e e , a a , o o , uu. D ans l ’écriture phonétique, on se sert généralement de: : pour indiquer les voyelles longues: i:, é:, a:, etc. Ruund: mâyéel nzôol óót kóok katâân ciLuba: kübiikâ kü laalâ

lait; poule; arc; bras; cinq; se lever; dormir;

kütüütâ frapper.

ülâal âmiim üüg kütw üül cinâan küléé3â külootâ

lit; eau; farine; déposer; huit. montrer; rêver;

LA NOTATION DES LANGUES NÉGRO-AFRICAINES

25

27. D ans les exemples suivants l ’opposition de longueur est utilisée à des fins distinctives. ciLuba:

semence, souche, ouvrir, soir,

dimünü cîküükü kübââlâ dlloolo

dîminü cikûkû kûbâlâ dilolo

Cokwe:

être habillé, kuhuula décortiquer, kuheeha attiser, kuzaala

Bushong: ikaam kuum

J™I

affaire, secret, devise,

Kongo: nkuusu kusaala kubeela Rundi: guheema gusaaba azoosiiga

huées, rester, être malade, respirer, éclater, il enduira,

kuzala kuhula kuheha

ikam kum w nkusu kusala kubela

guhema gusaba azoosiga

gorge; femelle des oiseaux; compter; nom d’une plante. être plein; demander; jouer. ananas; chef; sommet. perroquet; travailler; perdre. flatter; demander; il laissera.

Rwanda:

suffire, guhaga pomper; baaziritse ils ont attaché (aujourd’hui), baziritse ils viennent d’attacher. guhaaga

Quelques cas d’oppositions distinctives dues uniquement à la quantité vocalique ont été relevés en H oloholo: kunoona kubuusyâ

aiguiser, demander,

kunona kubusyâ

être gras; faire manquer.

LA NOTATION DES LANGUES NÉGRO-AFRICAINES

26 Zande:

bouche, animal, nyâà pére, bâà dos, gü ngböömbö vallée, ngbâà

ngbâ nyâ bâ gi ngbömbö

bon; finir; place; particule génitive; perche.

La longueur vocalique joue aussi un rôle important dans cer­ taines particules grammaticales: m i-àà-ndù gbà m i-à-ndû

gbà

j'allais hier; j’irai demain.

Le W o lo f utilise sept phonèmes vocal'iques longs: ii ,

ee,

es,

a a , oo, o o , uu . L ’opposition suivants: as ras uer

a/aa , e/ee est établie par les rapprochements

pomper, mettre en plis, être en bonne santé,

nid au sol; raas chercher quelque chose; ueer étendre quelque chose.

aas

Dans dem n a dem naa fas ui fas uii

il est parti, je suis parti; le cheval (ici présent), ce cheval-ci,

l ’opposition brève/longue est attestée à la finale absolue.

28.

Il est possible d’indiquer la quantité sans redoubler toujours

la lettre. En ciLuba, une voyelle est toujours longue a ) lorsqu’elle est précédée d’une semi-voyelle ( w , y ) : kübwélâ

pénétrer;

kûbyôlâ

faire des renvois;

b ) lorsqu’elle est suivie de la nasale vélaire q : m ükâlégé

chef, seigneur,

k ü nagâ

aimer, désirer;

LA NOTATION DES LANGUES NÉGRO-AFRICAINES c)

27

lorsqu’elle est suivie d’un complexe à nasale (n d , n t , n 3 ,

ns, n z, n k , mp, m b , m f ) : kufundà

marquer, écrire;

küsôm bâ

emprunter;

m uen 3l

lune.

Point n ’est besoin d’écrire kü bw ééla, m ükâlééqé, kû fu u n d â, etc. Ces voyelles sont traitées tonologiquement comme des voyelles longues (du moins en ciL u b a). 29. Il importe de distinguer les voyelles phonologiquement longues (comme - ii - dans dîmunü , - aa - dans kü laalâ du ci­ Luba; - ee - dans m ayéel, - oo - dans nzool du Ruund) des voyel­ les allongées ou contractées. En Mangbetu, il n ’y a pas de voyelles qui soient étymologi­ quement longues; les voyelles phonétiquement longues sont des voyelles allongées ou contractées. U ne voyelle s’allonge par ex. lorsqu’elle se trouve devant un groupe nasal, (n o n z i,

maladie,

se prononce nóónzi ) , ou lors­

qu’elle porte l ’accent d’intensité; la première voyelle de nâwawo, est sensiblement plus longue que les autres. En général, l ’allongem ent extra-phonologique ne doit pas être

caresser,

marqué. En comparant les mots suivants, on constate que les voyelles M edje - a - f i-, - e + i- , - a - f u- se sont contractées en une voyelle longue en Mangbetu:

30.

Medje

Mangbetu

naipuo

nèépuD

ingai’dé

m üngee’dé

aügi

óógi

kaüba

köóba

plantation; tu as laissé tomber; vêtements; lave.

En M ongo, les voyelles se prononcent en trois degrés de

quantité (H ulstaert). Il y a d’abord la quantité moyenne (norm ale) qu’on retrouve dans l ’immense m ajorité des cas. D e part et d’autre de cette normale, il y a des voyelles plus longues et d’autres plus brèves, mais leur quantité est due à des

LA NOTATION DES LANGUES NÉGRO-AFRICAINES

28

phénomènes extérieurs: position, contraction, élision, tonalité composée. Exemples (tonalité com posée): lïfé -yêlbâsa

après-demain; apporter; ils cherchent;

-i-

allongé;

-e-

allongé;

-a-

allongé.

La valeur distinctive de la quantité est limitée à certaines for­ mes verbales (H u lstaert): bâta tom ba üa éka

ils fendent, porte, il place, il apprend,

bââta tóómba üla ééka

ils possèdent; nous conservons; il arrache; chante (co q ).

31. Certaines voyelles du Nyanga, surtout en avant-derrière syllabe, sont réalisées comme longues; mais la distinction de quantité brève et longue est purement d’ordre phonétique; il n’existe pas d’opposition phonologique de quantité. Seul le ton a un statut phonologique en Nyanga.

V oyelles ultra -longues 32. U n allongem ent expressif de la voyelle se produit dans quelques cas; par ex. dans les idéophones ou mots-images qui parviennent à représenter le bruit, la couleur, l ’odeur, la ma­ nière, l ’insistance, l’intensité etc., et des sensations ressenties par l’organisme humain. La durée de l ’allongem ent particulier peut varier selon la vigueur de l ’expression. O n peut noter ces sons ultra-longs au moyen d’une lettre triplée. ciLuba: kütookâ tooo kükunzâ kunzuuu kübatâm â bataaa bântü lubilü dyataaa

être tout blanc; être tout rouge; être tout à fait paisible; les gens s’enfuirent à toutes jambes.

LA NOTATION DES LANGUES NÉGRO-AFRICAINES

29

Cet allongem ent expressif se trouve, en Mongo, à la fin du mot pour lui donner un sens augm entatif, et au milieu du mot pour le sens emphatique. (bonéns)

:

bonéness

(mpaka)

:

m pakaaa

(anyî)

:

anyiiï

(mpênyi)

:

mpêeenyi

(la nkésa)

:

la nkééésâ

nkwêné ô lóóóbï

grande grosseur; tout vieux; la-bas, très loin; là-bas exactement; au matin même; je vieux te voir demain sans faute.

Holoholo: bjkulu mulwi, nsogóóó, bikiiî,

des biki (très nombreux).

des poissons en tas, des nsogo,

D ans cet exemple, l ’allongem ent dénote une insistance.

I ll C O N SO N N ES

M odes de formation 33. N ous prenons successivement chaque catégorie de con­ sonnes déterminée par le mode de formation. La consonne sonore (voisée) est mise après la sourde (sou f­ flé e ). Une consonne est lorsque l ’émission est accompagnée de vibrations laryngiennes produites par les cordes vocales. U ne consonne est lorsque l ’émission ne comporte pas les vibrations largyngiennes caractéristiques des sonores; elle con­ siste essentiellement dans un bruit d’expiration ou souffle, d’où aussi le nom de « soufflée ». La distinction entre et par ex., résulte donc d ’une vibration des cordes vocales pour alors qu’elles ne vibrent pas pour le

sonore

sourde p

b,

b,

p.

34. Suivant le lieu d’articulation, on peut distinguer les classes de consonnes suivantes:

Labiales : formées avec les lèvres. Labiodentales: consonnes qui comportent

une action de la

lèvre inférieure et des dents supérieures. : elles comportent une action de la pointe ou la partie antérieure de la langue et des dents.

Dentales

Interdentales:

la langue s’applique contre l ’intervalle laissé libre entre les dents.

Postdentales:

la langue s’applique contre l ’arrière des dents

supérieures-

Alvéolaires

: la langue s’appuie contre les racines ou alvéoles des dents supérieures. la langue s’applique contre l ’arrière des alvéo­ les.

Postalvéolaires\

LA NOTATION DES LANGUES NÉGRO-AFRICAINES

Palatales:

31

formées entre le milieu de la langue et le palais

dur.

Les prépalatales sont articulées palatales en arrière du palais.

en avant du palais; les

post­

Si l'on relève la pointe de la langue jusqu’à toucher le sommet du palais, on obtient une consonne (fléch ie en ar­ rière) ou ou elles comportent le relèvement du dos

rétroflexe

cacuminale. Vêlaires gutturales:

de la langue contre ou vers le palais mou ou voile du palais; le point d’articulation se situe donc en arrière du palais dur. l’articulation comporte à la fois une occlusion entre la racine de la langue et le voile du palais et un mouvement combiné des deux lèvres.

Labiovélaires: Uvulaires:

la langue recule tout à fait; le point d’articulation se situe entre la racine de langue et la pointe du voile du palais, c.-à-d. la luette, dans le pharynx.

Laryngales:

le point d’articulation se situe dans la région du

larynx.

Glottales:

l ’articulation se produit entre ou au moyen des cor­

des vocales.

apicole

Remarques. — U ne consonne peut être dénommée lorsqu’elle est caractérisée par l ’application de la pointe de la

langue soit contre les dents, soit contre les alvéoles, soit même contre la voûte du palais. La dénomination est particulièrement appliquée aux consonnes dentales.

dorsale

U ne consonne peut être dénommée lorsque le point d’articulation est situé entre le dos de la langue et le palais dur (palatale) ou le voile du palais (vélaire).

Explosives 35. Les explosives (occlusives) sont des consonnes dont l ’ar­ ticulation comporte une occlusion du canal vocal, suivie d’un brusque mouvement d’ouverture; elles sont donc formées en fer­ mant, puis en ouvrant brusquement le passage de l ’air en un point donné, de sorte que l ’air sort avec un bruit de choc.

LA NOTATION DES LANGUES NÉGRO-AFRICAINES

32

36. p est l ’explosive bilabiale sourde; b est l ’explosive bilabiale sonore. Sont à employer avec leurs valeurs ordinaires. Balese:

fourche, montagne,

püpî bàbà N gom be:

bobânga papa

craindre, père,

Budya:

sonore; baba,

bübâ

vent; botte.

bobanga papé

commencer; grand-parent.

sortir.

kulapuka Le phonème

màpè

b se réalise en Rwanda comme fricative bilabiale

passe à la flamme!,

prononcez uaua.

Le phonème p se réalise en ciLuba comme fricative bilabiale sourde; mulöpö ,

sous-chef;

prononcez inùlofô.

M ais p est réalisé p après nasale: mpôfü

aveugle.

37. t représente l ’explosive dentale ou alvéolaire sourde; d est sonore. Zande: tôgà déé

dégoûter, femme,

Songye: ntondanga Balese: àtâ âdû

chasser; düdùdù émoussé.

tü à

je m’ennuie;

prendre, belle-mère,

ndondanga

hètü diré

je suis (ik volg).

torche; femme.

Les langues qui font la distinction entre t et d (in te r)dentales et t et d alvéolaires, comme c’est le cas pour la langue des Alur, devront adopter une notation spéciale pour le phonème (in te r)dental; par exemple: t , d .

LA NOTATION DES LANGUES NÉGRO-AFRICAINES

33

D ho Alur: L ’identité phonologique du t et d interdental ressort des rap­ prochements suivants: ti tâ k tègô

source, volonté, commencer, devenir sourd,

tî tâk tègô dixj

travail; action d’éparpiller; renforcer; froid.

Il y a en outre un d im plosif: d (voir n° 4 3 ).

38. t est l’explosive rétroflexe sourde; 4

est sonore.

On les note en m ettant un crochet dirigé vers la droite en bas de la lettre. Balese: tèbâ Herero: ta

Ewe: c|u

lune,

éjl

couper.

convenir à; comparez

ta

mourir.

cheveux; comparez poudre; comparez

da

serpent; ville.

du

39. ty est l ’explosive palatale sourde; dy est sonore. Le digramme est employé pour transcrire un son unique. Ewe: tyi

argent,

dyi

cœur.

Il faut éventuellement distinguer les consonnes simples ty et dy de t - f y et de d + y ; dans ce dernier cas il s’agit de deux consonnes: la dentale et la semi-voyelle y .

LA NOTATION DES LANGUES NÉGRO-AFRICAINES

34

40. k est l ’explosive vélaire sourde; g est sonore. Le g doit toujours avoir sa valeur d’explosive comme dans (L e néerlandais, comme dans est une consonne fricative).

gant, goût, gland. Cokwe:

g

gaan,

devenir grand, kuwuka guérir.

kukola Ntom ba:

kskelE Gesogo: gesége Rwanda: urugâagâ

glousser,

kékele

fleurir.

une pièce,

gsssge

pot-à-eau.

herbe servant à la vannerie.

D ans beaucoup de langues, g ne se rencontre qu’après nasale. Le Bangubangu utilise une variante facultative de g . Bien souvent ce phonème est réalisé avec friction (com m e le y ) : 9uganga

lier;

phonétiquement 9uga:nga ou ^uyainga,

41. kp représente la consonne labiovélaire sourde; gb est sonore. A remarquer que ce groupe de lettres (kp et gb ) ne repré­ sente qu’une consonne unique quoique comportant une double occlusion buccale, l ’une semblable à celle de k ou de g, et l ’autre à celle de p ou b. L ’articulation comporte donc à la fois une oc­ clusion entre la partie postérieure de la langue et le voile du palais et un mouvement combiné des deux lèvresEtant donné leur simultanéité d’articulation, on devrait les noter par un k et un p (un g et un b ) superposés, mais, en pratique, on emploie la succession des deux signes. Les consonnes labiovélaires sont fréquentes dans les langues négro-africaines, surtout dans les langues non bantoues (e.a. Ewe, Efik, W o lo f, Yoruba, Zande, Mangbetu, Kakwa, Bari, Lendu, Balese, N gbandi, N gbaka, Mondunga, Logbara).

35

LA NOTATION DES LANGUES NÉGRO-AFRICAINES Balese:

gbügbü

essence d’arbre.

ils,

gbà

trois.

couper, raser,

gbà

se courber.

adulte,

gboloo

pipe.

gbé

œuf.

battue,

gbégbé Lendu: kpà W o lo f: kpà Mondunga: dzîgbege

Logbara (M a ’d i): gbà kpà

souffler, saisir avidement.

Les consonnes labiovélaires se prononcent en Zande avec les lèvres quelque peu arrondies. kpà gbà

manquer; hier, demain;

kpütâ gbùkü

coaguler; forêt.

D ans le groupe des langues bantoues du Congo elles se ren­ contrent au voisinage des langues dites ’’soudanaises” . Ngombe: egbeli

42.

une tour, étage;

egbügbülü

caisse.

f

est l ’explosive laryngale (occlusive glottale, coup de g lo tte ); elle est réalisée par une ouverture brusque de la glotte. Le son donne l ’impression d’une coupure ou d’un choc. O n l ’ob­ tient en toussant, ou bien lorsqu’on accentue en allemand un mot comme ou tout autre mot commençant par une voyelle.

ein

ba

bakken

Beaucoup de W est-Flam ands disent au lieu de (cuire) ; ils remplacent donc le intervocalique par L e coup de glotte s’écrit par un point d’interrogation sans point final.

k

•>.

Comme élément de langage, cette explosive joue un rôle indé­ pendant.

LA NOTATION DES LANGUES NÉGRO-AFRICAINES

36

non.

E fik : Tukulor:

un. notre; comparez

go9o

Bari: kw e 9

kwe

tête.

En Zande, le coup de glotte se présente dans l ’interjection néga­ tive *>a9a ou '>o9o. En M angbetu, il peut se présenter devant toutes les voyelles, no^olo no9a no9£

montagne, défricher, écrire.

M ondunga (N d u n g a k ): m o’ u ’ u a 9u ns o^o ms

tu as vu, vois, je l’ai envoyé.

Logbara:

mourir; “Mà insulter; 9yô parler; *>d£

comparez



comparez



comparez

y5

finir; verser; il n’y a pas.

En Bangubangu, la réalisation de 9 peut s’écarter de la réali­ sation type. Il y a trois variantes facultatives:

zéro, k, g.

9u 9unda vers le champ; phonétiquement: ^u^uinda : u 9u:nda, k u 9u:nda, gu 9u:nda. (M eeusSEn).

Implosives 43. sort de plosive succion

p

Au cours de l ’émission des consonnes explosives, le souffle la bouche. Au contraire, lors de l ’émission d’une im­ (in jectiv e), il y a un appel d’air dans la bouche; la est parfois très faible.

hep!

Le de l ’interjection brusque, est un son implosif.

prononcée avec vivacité et arrêt

D ans certaines langues (e.a. le Zulu, le Shona, le Sw azi), il y a ferm eture de la glotte en même temps que consonne implosive.

LA NOTATION DES LANGUES NÉGRO-AFRICAINES

37

Pour distinguer les implosives des explosives, on fait précéder les premières d’une apostrophe; par ex.: ’b, ’d, ’g, ’kp, ’gb, ’j. En Swahili,

b, d, j , g se prononcent normalement ’b, ’d, ’j , ’g.

M ais lorsqu’ils figurent dans les combinaisons à nasales mb, nd n j, ng, on les emploie avec leurs valeurs ordinaires (sons explosifs). Comparez: ’buzi mbuzi ’dege ndege

grande chèvre, mais chèvre. grand oiseau, mais oiseau.

(D ans l ’écriture courante du Swahili l ’apostrophe ne s’écrit pas: buzi, dege e tc .). D ans bien de langues négro-africaines il existe une série d’oc­ clusives implosives. Mangbetu: ’p, ’b, ’t, ’d, ’k, ’g, ’gb. n a ’pâ

père; n s’gbé plateau que les femmes s’attachent à la croupe.

N gbaka: ’b, ’d ; dans gb, kp, gb le b et le p 'b a’ba ’bili (tè)

tordre, mais couper (un baton),

bàbâ mais

bili

sont implosifs:

(notre) père; jachère.

Balese:

56è gßarä

danser, foudre, éclair,

hég 6è

donner, dormir, soleil,

très; long; ’dâ ’jü ou ’yû couteau.

6à 6à

épaule; ventre.

Lendu: ’bu ’dó ji



Mondunga: ’balâ a ’be ne’do’do

chien, mais piétine, mais je suis, mais

bâlâ abs nedodo

vin de palme; prends; je suis blessé.

LA NOTATION DES LANGUES NÉGRO-AFRICAINES

38

Moru-Madi: ’bi ’büdr ’j i

cheveux, tombe, allumer,

’bà ’b l’bi ’jô

village; étoile; parler.

Quand une langue ne dispose que d’un seul ou de deux phonè­ mes implosifs, qui sont ’b et ’d, on peut se servir des signes ß et d ; on prolonge donc le jam bage du haut pour le

6ido

Peul:

didi Shona:

6a ßa dada

6a ßa

Swazi:

6oga

enfant; deux. père; être suffisant. être amer; louer; comparez

boga

b et le d.

rugir,

En Zulu, il y a opposition phonologique entre le b explosif et le b im plosif.

6ala 6eka ßonga

compter, mettre, faire l’éloge de,

bala beka bonga

écrire; regarder; hurler.

Fricatives

44.

Les fricatives (constrictives, spirantes) sont produites en rétrécissant le passage de l’air en un point quelconque du canal phonateur, de manière que l ’air sort à frottem ent; le souffle continue à passer et produit un son. 45. ƒ est la fricative bilabiale sourde; le rétrécissement du canal buccal est produit par les deux lèvres (comme lorsqu’on souffle une bougie): u est le partenaire sonore

de ƒ .

Balese:

éfé Pygmée; â fi être humain;

vite; endroit, place.

/ófó â/u

I.A NOTATION DES LANGUES NÉCRO-AFRICAINES

39

Ces sons sont très fréquents, mais ne sont pas toujours de rendement phonologique. En ciLuba, le ƒ doit être considéré comme une réalisation du phonème p. kûpikâ (prononcez comparez k ü fikâ

k ü fik â ) ,

arriver.

mesurer au moyen d’un récipient;

En kiLuba (K a ta n g a ), u s’écrit b , puisqu’il s’agit du même phonème. En M ongo, ƒ s’écrit f . La jeunesse tend, sous l ’influence du français et de la prononciation fautive des Européens, à rem­ placer ƒ par la fricative labiodentale (ƒ) du français (H u l -

s ta e r t) .

En Mangbetu, le

ƒ et le u ne semblent se présenter que dans

poumon;

copeau;

quelques mots: neféfékg nééua sans valeur phonologique. Il en est de même de la bilabiale implosive ’u ; né’uanga

flèche.

En Ewe il faut distinguer uu vu

bateau, déchirer,

uo vo

python, de être achevé.

46- f et v sont des labiodentales; comme dans Zande: fifirifi N gbaka:

à l’étroit;

v îna ,

il hait,

69

(dévocalisation);

esébenyengé > esênyengé ,

collectivité,

(contraction).

Tritons La contraction d’un ton haut ( ' ) et d’un ton montant ( v ) peut produire un triton: â , descendant-montant. M ongo: baâli bàlâm bâ > baâj-âlâm bâ,

les épouses cuisent.

La combinaison d’un ton bas ( ' ) et d’un ton descendant ( Ä ) peut produire un triton: à , montant-descendant. M ongo: kô âsà > k-âsà. Ngbandi: kàndlà,

et il cherche.

cependant,

devient kàndâ ou kâ.

En N gom be, les tons triples ne sont pas rares dans la langue parlée; ils résultent de l ’élision de deux sons dans une série de trois, suivant deux formules: â - f à + â = â et à - f â + à = â .

leur façon de faire; mwâ- Bàtâ enfant du mouton

èléngé è îbü > èléng-é-bü, mwânà ö Bàtâ >

=

agneau.

T étratons Si deux tons montants se combinent ( * - f y ) , on obtient un ton quadruple: â - Le cas se présente rarement. En M ongo, il est le produit d’une élision. bàmô bâkisl bâye > bâm -âkis-âye,

sont assis viennent.

que certains de ceux qui

120 . Ce système de notation se prête facilement à d’autres com­ binaisons de tons. U n ton composé peut avoir un élément haut ou bas e t un élément moyen:

70

LA NOTATIO N DES LANGUES NÉGRO-AFRICAINES

haut-moyen

â, âà;

bas-moyen

a, àà;

moyen-bas

à, àà;

moyen-haut

a, àà.

y

D ans ces cas, le ton composé peut être noté sur deux lettres identiques, ceci pour des raisons typographiques. N gbaka M a ’bo:

chose, au lieu de yk; yàà, voler (o iseau ), au lieu de yâà,

yà.

D ho Alur:

âmùül petit haricot grillé; ânyèér âwéér

rat d’eau; calebasse déformée.

121 . Lorsqu’une syllabe contient une lettre majuscule ou une consonne syllabique (telle que 1 ) le ton peut être marqué par un petit trait immédiatement avant la lettre: 'A

'1

ton haut;

'A ton bas;

ton haut;

'1

ton bas.

suprahauts

infrabas,

122 . S ’il y a lieu de marquer des tons et on peut se servir de deux petits traits parallèles: â suprahaut, â infrabas. Les Beene Budya et les ‘Babindji’ du Kasayi se servent d’un ton suprahaut dans les constructions prédicatives. Buini Budya: musülô

rivière,

M bagani :

mais m üsülô

c’est une rivière.

femme mariée, mais m ûgâ 3i c’est une femme mariée; bambala chiens sauvages, mais bâmbala , ce sont des chiens sauvages. Comparez également m utu, une personne, et l ’exclamation mutuê, mais dis donc, écoute! m ugâ 3i

LA NOTATION DES LANGUES NÉGRO-AFRICAINES

71

123. Il existe un autre procédé de notation. O n peut se servir d’un trait horizontal entre le signe ( ) quand il s’agit d’un ton musical égal, sans variation au cours de son émission: ( - ) ton haut; ààà ( ( _ ) ton bas;

);

ààà ( ____ );

( _ ) ton moyen; ààà ( ------- ). lô là lir --). U n trait incliné indique un ton montant ou descendant: ( / ) ton montant (à) ; ( \ ) ton descendant ( â ) . O n emploie plusieurs traits inclinés lorsque les tons d’une syllabe sont plus compliqués: (/

\ ) montant + descendant; ) descendant + montant;

( / \ / ) montant + descendant + m ontant; etc.

V ariations et particularités 124. La hauteur d’un ton est relative. Quand on dit que telle syllabe est haute, on indique qu’elle est prononcée d’une voix plus haute que la syllabe voisine à ton bas, et vice versa. Pareillement, une syllabe à ton moyen n’est moyenne que vis-à-vis de la syllabe voisine à ton haut ou bas. 125. L ’écart entre les tons sur lesquels les syllabes sont pronon­ cées, dépend de plusieurs facteurs.

1 . La distance entre haut et bas diffère selon les individus et selon la rapidité plus ou moins grande avec laquelle la com­ munication est faite.

2 . D ans une récitation en groupe, l ’intervalle haut-bas est bien plus grand que dans la conversation courante. 3. Les A fricains augmentent l ’intervalle pour communiquer entre eux à grande distance (discours crié).

72

LA NOTATION DES LANGUES NÉGRO-AFRICAINES

D ans ce cas, beaucoup de peuplades se servent du tamboursignal ( l ) . Le principe du langage tambouriné (et sifflé) est, en effet, celui de la hauteur musicale qui régit égalem ent la langue parlée. O n peut se servir du tamtam à deux tons quand il s’agit de noter les tonèmes d’une langue donnée. 4. La hauteur d’une syllabe peut être influencée par la place que la syllabe occupe dans le mot ou groupe de mots. Bien souvent le ton haut d’une syllabe se réalise comme ton moyen lorsque cette syllabe est suivie ou précédée par une ou plusieurs syllabes à ton bas. En M angbetu, néngo,

œil,

se prononce néngô.

Il arrive que la syllabe finale d’un mot à deux ou plusieurs syllabes à ton bas, soit prononcée plus bas que la ou les précé­ dentes: nâm àngbètù,

un Mangbetu,

se prononce nàm àngbètü.

En ÜNgala et dans bien d’autres langues, la dernière syllabe d’une construction se prononce toujours sur un ton plus bas que le ton qu’elle aurait si elle n ’était pas la dernière. 5. Il y a des variations stylistiques. D ans le langage expressif, par ex. dans les contes et récitations, certains tons sont forte­ ment marqués. 6 . Il se peut qu’une syllabe haute qui porte l ’accent d’intensité dans la construction, soit prononcée sur un ton plus haut que le ton normal. Le cas se présente en M angbetu: nèkâ-ki-drù,

mal à la tête,

se prononce nèkâkïdrù.

Les variations sans valeur linguistique ou qui obéissent à une règle générale, ne doivent pas être notées dans l ’écriture phonologique-tonologique. 126. En Ombo, un ton haut final précédé d’un autre ton haut donne à la finale une allure phonétique particulière: le dernier ton haut est un peu moins haut que l ’avant dernier, la voyelle est très brève et finit sur l ’occlusion d’un coup de glotte:

(1) J.F. C a r r i n g t o n , Talking Drums of Africa; London 1949, The Carey Kingsgate Press. J . J a c o b s , Signaaltrommel-taal bij de Telela. Kongo - Overzee XX (1954).

LA N OTATION DES LANGUES NÉGRO-AFRICAINES

bâlindi m itû m b f,

ce sont des forgerons,

73

se réalise

bâlindl m itüm bi9. 127. T ucker ( Zande, p. 51-53) fait mention de quelques par­ ticularités importantes pour l’étude des langues tonales africaines.

abaissement progressif

down drift)

1) U n de la voix (anglais peut s’effectuer dans une phrase (un peu comme un phonographe qui commence à s’arrêter). L ’effe t de cet abaissement général est qu’un ton haut à la fin de la phrase peut être prononcé plus bas qu’un ton haut au commencement de cette phrase. Si l ’on voulait transcrire en solfège la phrase suivante, le résul­ tat serait: m i-n â -m â n g à d m m d

küm bâ

r

je maltraite l’homme.

r

2) Un abaissement brusque d’un ton haut à l ’intérieur de la phrase, ou même du mot, peut se produire sans qu’intervienne un ton moyen ou bas. O n appelle ce phénomène (anglais ou

pas en descendant T ucker

down step

faille descendante, tone slip).

l ’indique en précédant du signe / la syllabe affectée.

Ex.: les mots m inâbi

je vois,

wfrf

enfant,

kóndó

poulet,

don­

nent le schème tonal suivant: m i-nâ-bj / w irl / kóndó d m m rr d d

je vois un pousin.

O n pourrait indiquer les tons de cette phrase comme suit: mi-nâ-bi w jrj köndö.

faille montante

up step)

3) La (anglais est un autre type de changement tonal: un ton haut étant plus haut que celui qui le précède, haut lui aussi. Dans l ’exemple suivant, la syllabe affectée est précédée du signe \ . m i-bj \ d r

pângù m d

je vois le forgeron.

74

LA N OTATIO N DES LANGUES NÉGRO-AFRICAINES

T onèmes 1 2 8 . La description des caractéristiques des tons, de leur hau­ teur réelle et actuelle, de la distance entre les niveaux de hauteur, des influences que les tons subissent, est la tâche de la

tonétique.

tonologie

tonèmes,

1 2 9 . La s’occupe des c.-à-d. des tons en tant qu’ils différencient les morphèmes, mots ou formes, ou qu’ils comportent un élém ent de signification. Les différencient la signification des mots. Les différencient les formes gramma­ ticales.

tonèmes lexicaux tonèmes grammaticaux

1 3 0 . Il se peut qu’un tonème ne comprenne qu’un seul ton, mais, en général, on entend par tonème une petite fam ille de tons voisins; un seul signe su ffit pour représenter les variétés accidentelles du tonème.

ci- de cîlâmbâ , pont, cîlàmbà, étoffe, pagne, n ’ont musicale, le premier cl- étant

Ainsi, en ciLuba, le préfixe nominal et le même préfixe nom inal de

pas exactement la même hauteur suivi de deux tons élevés et l ’autre de deux tons bas; point n ’est besoin d’user dans l ’écriture tonologique de deux signes d iffé­ rents pour marquer ces deux tons, puisqu’il s’agit d ’un même tonème. 1 3 1 . V an C o il l ie distingue dans le M bagani (la langue des ‘B abindji’ du K asayi) cinq tons qui correspondent plus ou moins à la valeur musicale des notes suivantes:

p re

ton suprahaut

do dièse

ton moyen

do

ton bas

si

ton infrabas

mi

ton haut

â à à à â

tonème haut

tonème bas

M ais ces cinq tons ne constituent que deux tonèmes: haut et bas, ce qui est d ’ailleurs confirm é par le langage tambouriné; bas et infrabas sont rendus sur le petit tamtam ‘kiendu’ par un ton bas, les autres par un ton haut.

LA N OTATIO N D ES LANGUES NÉGRO-AFRICAINES

75

132. Il apparaît de plus en plus que dans les langues bantoues il n’y a que deux niveaux de hauteur bas et haut; de là, en général, deux tons fondamentaux ou tonèmes: l ’un haut, l ’autre bas. Les tonèmes sont des phonèmes supra-segmentaux. V oici les noms de quelques langues bantoues qui disposent de ces deux tons fondamentaux: Mongo, Bolia, N tomba, Tetela, Ngombe, liN gala, Bangi, Ombo, K ongo, Phende, Luba, Songye, Bushong.

essentiels:

133. La valeur distinctive des tonèmes ressort des exemples suivants: oiLuba: cikükü cikükù(cikûku) kubâlâ kübàlâ (kûbalâ) M ongo: bôsâlâ (bosâlâ) bôsàlâ (bosala) -k â à (kâa) -k à à (kaa) N gom be: módidi (môdidi) môdidî (modidi) liN gala: moto (moto) mötó (moto) N tom ba: bàlà (bala) bâlà (bala) môbàngâ(mobangâ) môbângâ(mobângâ)

poule pondeuse, cuisine; compter, lire, luire, briller. travail, joie; atteindre, donner. fumée, obscurité. une personne, tête. ricocher, prendre femme. genette, mâchoire.

76

LA NOTATION DES LANGUES NÉGRO-AFRICAINES

Kym u: mbùrjgü (mburjgü) mbmjgijl (mb^ijgvi) m jk j m jk} (m jk j)

éléphant, pot à eau: enfant, racine.

134. Pour le Rundi (M eeussen), le Rwanda (C oupez) et le Cokwe (V a n d en E yn d e), trois tonèmes ont été signalés bien qu’il n ’y ait que deux niveaux de hauteur essentiels dans ces langues: le ton bas, le ton haut antérieur et le ton haut postérieur. En outre, une syllabe longue peut avoir, en Rundi et Rwanda, un quatrième ton, le ton haut double. 135. En Nyanga, il existe quatre tonèmes (M . K adim a): deux tonèmes de niveau simple: bas et haut; deux tonèmes de niveau double: montant et descendant. itim à itfm à bâtimâyô bâtim âyo twàtim âyô twàtimâyô

mentir, creuser; ils ont creusé hier, ils creuseront demain; nous avons creusé hier, nous creuserons demain.

Parmi les consonnes, seule la nasale (syllabique) peut porter un tonème: ân kû n j âm bürà

bois de chauffage, pluie. Le groupe linguistique

136. Il semble, écrit T ucker dans que le Zande (langue non bantoue) est tritonal sous quelques rapports, mais le ton moyen n ’est souvent qu’une variation du ton haut. Les mots suivants constituent des exemples de doublets et de triplets tonaux:

Zande,

kpârâ him â

diviser, demeurer,

kpârà hîm à

pleurer; souffrir;

LA N OTATIO N DES LANGUES NÉGRO-AFRICAINES

77

zûngà joindre; jurer, pàràngà jeune homme; pârângâ jeu, târâ cuivre, târà torche, târà racine; gbâgâ fruits du palmier, gbâgà cravache, gbàgà espèce de chat. züngâ

Les langues du groupe M oru-M adi (e.a. le Madi, Logbara, Logo, K eliko, M oru) seraient également tritonales.

137. Le D ho Alur possède trois tons simples: haut, bas, moyen. Les deux premiers sont sans aucun doute des tonèmes ayant une fonction lexicale et gram m aticale; la valeur tonémique du ton moyen n ’est pas claire (langue n ilotiq u e).

saison des pluies, kéü bambou, àbôgâ guerre, lutte, àbù

petite forêt de lianes; kèù appétit, désir; àbôgà bouillie. àbü

138 . Le N gbandi (non bantou) utilise trois tons fondamen­ taux

(L ekens):

bas, moyen, haut.

renvoi, kwâ mort, kwé immobiliser, bià

âgé, kwâ cheveux, kwè écorce.

bià

chant; kwà travail;

bià

Il y a en outre trois tons composés: â. â> â qui sont la résul­ tante de l ’élimination d’une syllabe dont le ton persiste et passe à la syllabe restante en s’ajoutant au ton de celle-ci ( loko = 15 , ) , ou en le remplaçant. D ans ce dernier cas, le ton rem­

prendre

placé est reporté devant la consonne initiale du mot:

mou, doux; 'k ó empêchement de se battre.

fokà = 'fó kôkô =

Le ton moyen est accompagné d’un abaissement (ton moyenbas) lorsqu’il est précédé ou suivi d’un ton bas. Il est accompagné d’une élévation (ton moyen-élevé) lorsqu’il est précédé ou suivi d’un ton haut. Il s’agit de deux variétés du tonème moyen.

78

LA N OTATION DES LANGUES NÉGRO-AFRICAINES

139. L e N gbaka, le Balese, le Logbara (langues non bantoues) présentent également trois registres. N gbaka: ’bàrjgà bèlè bili Balese:

mâchoire, sein, jachère,

’bàggà bélé bili

clan, enfants, (ton ) père,

àdi àdi è/è

N gbaka M a ’bo:

après, viande,



si

so

ouvrir; queue.

ti

bouche,

ti

crue.



s5

ti

vache,

éfé

membre du clan maternel; Pygmée.

se cacher, débusquer,

pé sur,

Logbara:

àdi

poinçon; longtemps; piège.

Le N gbaka dispose en outre de deux tons composés: i A noter que le ton montant monte de bas à moyen.

F onction lexicale

fonction lexicale

140. La de la hauteur musicale a été illustrée par plusieurs exemples cités plus haut. En voici encore quelques-uns: D ho Alur: cél

Pi âdü àdü

action de rôtir, sondage, nom d’une montagne, pierre rouge.

àdù

enclos; eau; bosse,

okoto

espèce d’herbe,

1ÓJÏ

rivière.

cèl pi

Tetela:

étable, okoto espèce de rat; lo jï jour, okótó

LA N OTATIO N DES LANGUES NÉGRO-AFRICAINES

79

M ongo:

fable, bokólo engagement; bolókó redressement de tête ,bolóko cœur; bolókó parler indistinct, bolóko prison. bokóló

K ele: lisaka lisâkâ N gbaka: nâ gà

marais, un poison.

comme, serpent,

lisakâ



ainsi,





léopard.

làlé

œil.

M ba (K im an ga): làlè

maison,

promesse, amitié;

V aleur grammaticale

valeur grammaticale

141. La e.a. des exemples suivants: K ele: énéké énèké énèkè énékè D ho Alur: âcâm ô âcâm ô âcàm ô âcâm ô Ngom be: nabângakâ nabângâkâ nabangakâ nâbangâkâ

de la hauteur musicale résulte

voyez, il voyait, il verra, qu’il ne voie pas. fa i l’habitude de manger, je mangeais, je mangerai, je mange (maintenant). je crains, j’avais toujours peur. je commence, je commençais chaque fois.

80

LA N OTATION DES LANGUES NÉGRO-AFRICAINES

liN gala: alâm bela alâm bela alam bela âlam bela

il cuit d’habitude, qu’il cuise. il attend d’habitude, qu*il attende.

Bangubangu: ndât w ênd ûfwamiƒa ndâtwend üfw âm ija

nous voulions cacher, nous ne cacherions pas.

Into natio n 142. Il ne faut pas confondre les tons lexicaux et grammaticaux avec les diverses intonations interrogatives, exclamatives et tous les autres phénomènes d’intonation. La distinction entre l ’intonation de phrase et la tonalité s’im ­ pose; faute de l ’avoir oublié, quelques auteurs ont dressé de la tonalité un tableau inexact et plus complexe que la réalité; au lieu des deux ou peut-être des trois tonèmes que possèdent les langues qu’ils ont décrites, ils en ont posé jusqu’à neuf (C oupez) .

Systèmes tonologiques 143. En comparant par ex. les noms du M ongo et du ciLuba, on constate que la différence linguistique est radicale au point de vue tonologique. Là où le M ongo a un tonème bas, le ciLuba a le tonèm e haut. Mongo bôntô bôbé bonénè nyàm à lômùmà

une personne le mal grandeur animal fruit

ciLuba m üntü bübi bûnèné nyâm â cim üm â

type

O n peut considérer la tonologie mongo comme étant du et par conséquent celle du Luba comme

normal ou étymologique, étant du type réversif.

81

LA NOTATION DES LANGUES NÉGRO-AFRICAINES

Le système tonologique du liN gala, du Ngom be, des parlers des Bangala-des-grandes-eaux et de beaucoup d’autres langues bantoues, est du type normal. liN gala motéma monéne

ciLuba

un grand cœur

m ücim â münené

Les deux systèmes ont ceci de commun que la tonalité des mots n’est pas influencée par celle des mots environnants, exception faite pour quelques influences tonétiques accidentelles.

tonèmes fixes,

144. A côté des langues à il existe des langues à comme le Gikuyu, le Buina Milembwe (Songye) et les parlers des Bangala-des-Marais.

tonèmes déplacés

U n exemple illustrera ce qu’il faut entendre par tonèmes déplacés: a Type à tonèmes fixes

b Type à tonèmes déplacés

m osâlâ monéne

mosalâ mônsné

Le tonème de chaque syllabe (du cas a) a été déplacé vers la droite, de sorte que chaque syllabe (du cas b ) présente le tonème que possède la syllabe précédente dans les langues à tonèmes fixes.

145. La liste des différents systèmes tonologiques en bantou a été dressée par M . v a n Spaandonck. Il distingue: 1)

Types à tonèmes fixes a) type étymologique (M ongo) : b) type réversif (L u b a ):

2)

fó-la-la... lâ -lâ ...

la-

Types à tonèmes hauts répétés a) représentation double (T e te la ): b ) représentation multiple (Shona) :

iâ-lâ-la... /o-la-la-la.

82

LA N OTATION DES LANGUES NÉGRO-AFRICAINES

3)

Types à tonèmes déplacés a ) représentation simple; déplacement éloigné (Su ku m a): Za-la-la-lâ... b ) représentation double, parfois m ultiple; déplacement éloigné au possible (H oloholo) :

4)

Za-lâ-là-lâ...

Type à tonèmes anticipés avec représentation multiple (T o n g a ): ...lâ-lâ-lâ-Za

V A ccent d ’intensité 146. Quand une syllabe est articulée avec plus de force et d’effort que les syllabes avoisinantes, on dit qu’elle est frappée d’un (ou L ’intensité est provoquée par une forte contraction des muscles qui produisent le son fondamental. S ’il s’avère nécessaire de noter cet accent, on peut se servir d’un petit trait vertical précédant la syllabe accentuée: 'a ...

accent d’intensité

accent dynamique').

147. D ans nos langues la chaîne parlée est constituée par une succession de syllabes intenses et de syllabes non intenses. D ans les mots français considérés isolément, l ’accent d’intensité frappe la dernière syllabe sonore: si Mène (e ). D ans la phrase, il frappe la dernière syllabe sonore de chaque mot ou groupe de mots constituant une seule idée simple: un grand bruit ld’hom m (es) / et de che'vaux avait succéldé au siUenc(e) (M . G revisse). 148. Il faut se garder de confondre l ’accent d’intensité (ou l ’accent musical) avec ou qui affecte telle ou telle syllabe que, par l’effet d ’une certaine émotion, on prononce avec une énergie particulière: c’est détes­ table! (id .)

l’accent emphatique

accent d’insistance,

149. L ’accent d’intensité tombe dans la langue swahili sur la pénultième et s’accompagne d’un allongement de la voyelle. Rappelons que le Swahili n ’est pas une langue tonale.

oiseau, jjik o ji'k o n i dans la cuisine, nitakufpiga je te frapperai. n'dege

cuisine,

150. En général on peut dire que l ’intensité n ’est pas distinctive dans les langues négro-africaines. C ’est l ’accent musical qui est

84

LA NOTATIO N DES LANGUES NÉGRO-AFRICAINES

clairement marqué et qui prime; l ’accent de quantité vient en second lieu. L ’accent d ’intensité est si peu marqué qu’il est difficile de le saisir dans le langage ordinaire et d’en trouver les règles. Beaucoup d’auteurs se contentent de dire que l ’accent d’inten­ sité existe dans telle ou telle langue africaine; d’autres ne décri­ vent que quelques particularités, d’autres encore confondent hau­ teur musicale avec intensité. Même dans une langue non tonale comme le W o lo f, l ’inten­ sité n ’est pas distinctive; elle est expressive. Il n ’a pu être relevé un seul couple de signifiants quasi homophones dont les signi­ fiés soient différenciés par suite d’un contraste du type syllabe intense /syllabe non intense (S a u v a g eo t) .

Grammaire du Ljmôngj Phono­

151. Au dire de H u ls ta e r t ( I, les M ongo de la cuvette centrale du Congo ne prêtent (dans le langage ordinaire) aucune attention à l ’accent d’intensi­ té; cela s’entend, dit-il, autant de celui qui parle que de celui qui écoute. L ’accent d’intensité n ’existe pas pour eux; il n ’a aucune valeur phonémique. Le rythme de la langue auquel tous les M ongo sont sensibles est essentiellement tonologique, avec un petit intérêt pour la durée. L ’accent d’intensité existe pourtant dans cette langue, mais il est dépourvu de fonction sémantique; il peut être un élément de l’art oratoire.

logie )

152. L ’accent d’intensité tombe en Zande sur la première syl­ labe dans un mot dissyllabique ou trissyllabique, et ne subit pas l ’influence des particules précédentes ou suivantes: ■bämbu Jnyâkà

maison; être fort,

plur. à'bâmbù 'nyâkàsà

fortifier.

D ans un mot de plus de trois syllabes, c’est la pénultième qui porte généralement l ’accent: fùfùîrâfù

papillon.

M ais dans un mot composé de divers mots plus courts, ceux-ci conservent leur accent: Irùngùdi !rùngüdi

chauffé au rouge.

LA N OTATION DES LANGUES NÉGRO-AFRICAINES

85

L ’accent d’intensité, dit T ucker, est produit en augmentant la force de l ’haleine ou l ’énergie de l ’articulation; on peut y ajouter une durée plus grande des voyelles ou un haussement du niveaux de la voix. C ’est cette dernière particularité qui rend parfois d ifficile la tâche d’établir les systèmes tonaux.

A ddenda Syllabe 153. Une syllabe est (selon la définition de M aro u zeau ): articulation ou complexe d’articulations susceptible d’être consi­ déré comme une des unités composantes du mot. 154. En ce qui concerne les langues négro-africaines, il est bien de fois d ifficile d’établir le nombre de ces unités composantes, ou de dire exactement où une syllabe se termine et où l ’autre commence. L ’accent musical peut nous aider à découvrir le nombre des unités composantes. O n peut considérer le mot (E w e) rjdo,

midi,

comme étant com­

posé de deux syllabes, puisque le mot se prononce bas-haut: rj-dô .

nom, se prononce haut-haut: fj-k ô . En T w i,o m fa , il ne prit pas, se prononce bas-bas-haut: m m om , plutôt, angl. rather, haut-bas-moyen:ifa-mö-m. D uala: mboti. vêtement, bas-haut-haut: m-b5-ti.

gk o ,

5-m -fâ ;

155. En bantou, une syllabe se termine normalement par une voyelle. Il faut donc généralement scinder après une voyelle quand on veut scinder un mot. ciLuba: ci-lö-m bè-lö-m bè d-nkö-m ö-ngö bà-mpà-ù-là

parasoli er; chou palmiste; pillards.

La syllabe est donc normalement ouverte en bantou. Dans le cas où la voyelle finale manque, on retrouve la syllabe ouverte primitive dès qu’on restitue la voyelle finale disparue.

86

LA N OTATIO N DES LANGUES NÉGRO-AFRICAINES

M ongo:

langue.

lolém (i)

Rappelons que dans les langues africaines il existe des con­ sonnes syllabisées frappées d’un tonème.

156 . La structure normale d’un thème dissyllabique en bantou est: consonne+voyel le + consonne+ voyelle (ty p e C V C V ). ciLuba: (di-)kuml

dix,

(mâ-)-belé

lait.

D ans la langue des Beena Tubeya (Ruund, prononcez: ru-und ) il n ’y a plus de voyelle finale: (di-)kûm

dix,

(mâ-)yéel

lait.

En Bushong le thème (du substantif) du type C V C est le plus courant. (l-)két

m

kók

chose, sommet, poule(s),

(n-)cik histoire, (ma,-)-pz\ pagne, kûm chef.

C lassement alphabétique des lettres aâbfibvcçddclddrdydzd3 03eëE£af/ggygbyX h j i 1 1 j k kh kp kX 1 ly 1 13 m n ny (ji) g 0 Ô o 5 0 œ p pf ph r t s sy ƒ 1 1 1 th tl tr ts t ƒ ty y. u ü u y v u w y z zy 3

.

D ans les vocabulaires et les dictionnaires, les mots commençant par des digrammes (gb, kp, etc) ou par des implosives ('b,'p,etc) devraient se placer en groupes séparés à la suite de tous les mots commençant par la lettre simple. Les voyelles longues se placent derrière les voyelles brèves: a aa à ... >

e ee ê

...

Les voyelles centrales derrière les nasalisées: a aa ä ä ... Les implosives et les éjectives derrière les occlusives:

P ’P P’ •••

Index des termes français - néerlandais Trefwoordenregister Frans - Nederlands

A côté des termes appartenant à la terminologie linguistique interna­ tionale, le néerlandais dispose de mots spécifiquement néerlandais qui, bien souvent, expriment des nuances dont le terme international ou usuel ne tient pas compte. De là, dans la liste des termes néerlandais, quelquefois deux ou trois termes à côté d’un seul terme français; tout dé­ pend du contexte dans lequel le terme figure. abaissé; le voile du palais — abaissement (ton) — brusque — progressif; angl. down drift abréviation accent circonflexe dynamique emphatique d'insistance d'intensité musical — de quantité accentuation accentué accentuer accidentel d'affilée affixe

afhangende huig (toon) daling plotselinge daling progressieve toondaling afkorting accent; klem (J), nadruk, druksterkte, klemsterkte; tongval, spreekgewoon­ ten, spreektendenzen; teken, kapje circonflexteken dynamisch of intensiteitsaccent; krachtaccent emfatisch accent aandrangaccent intensiteitsaccent muzikaal accent [toonhoogte van de stem] kwantiteitsaccent, duur, lengte; ook temporeel accent accentuering beklemd, geaccentueerd de klem (nadruk) leggen op; een teken plaatsen op; doen uitkomen; accen­ tueren toevallig, accidenteel achter elkaar (geplaatst) toevoegsel, affix

0 ) Men vermijde het woord klem toon, omdat we „toon" aanwenden om de muzikale hoogte van een syllabe of more aan te duiden. Dus ook niet: beklemtoning, beklem toond, toonloze e, tonisch accent (wanneer daarmee het intensiteitsaccent wordt bedoeld).

88

LA N OTATIO N DES LANGUES NÉGRO-AFRICAINES

affriquées affriquée latérale air — vibrant allongé allongement — d'une voyelle allophone allure phonétique particulière alphabet alvéolaire (adj.) alvéolaires alvéoles alvéopalatal antévocalique aperçu grammatical aperture apical (adj.) apicales apostrophe apparenté; idiome — appel d'air arrière des dents supérieures arrière du palais dur arrondi arrondir les lèvres arrondissement des lèvres articulation des lèvres articulations articulatoire articulé avec plus de force ascendant aspiration aspiré (adj.) aspirées — fortes assimilation augmentatif (subst.) autonome avoisants (sons)

affricaten laterale affricaat lucht(massa), lucht(kolom); luchtstroom, ademstroom trillende, resonerende tucht verlengd, gerekt verlenging klinkerverlenging allofoon bijzondere fonetische wending (schrift)alfabet alveolaar alveolaren, tandkas-consonanten tandkassen; tandvlees alveopalataal vóór een klinker grammatisch overzicht opening apicaal apicalen; soms coronalen afkappingsteken verwant idioom ingezogen lucht binnenzijde van de boventanden achterkant van het hard gehemelte gerond; gestulpt [zeer sterk gerond] de lippen ronden lippenronding; lippenstulping [lippen naar voren gesteld] lippenarticulatie articulaties; gearticuleerde klanken articulatorisch uitgesproken met grotere druksterkte stijgend aanblazing, aspiratie aangeblazen, geaspireerd aspiraten sterk aangeblazen spraakklanken gelijkmaking, assimilatie vergrotingswoord zelfstandig naburige, omstaande klanken

B Bangala-des-grandes-eaux — des-marais

Bangala-der-grote-rivieren — van-het-waterland

LA NOTATION DES LANGUES NÉGRO-AFRICAINES

battement de la langue battement unique (son à bilabial bilabiales bilatéral bord de la langue bout de la langue bruissement bruit de choc — d'expiration — de frottement buccal (son —) b vibrant

)

tongslag(je) één-tongslagconsonant tweelippig, bilabiaal lippenmedeklinkers, bilabialen tweezijdig, bilateraal tongrand; tongzoom tongpunt gesuis ontploffing, plof; knalachtig geluid expiratorisch geluid schuringsgeruis, wrijvingsgehiid mondklank liptriller

C cacuminales canal buccal — phonateur caractères caractéristiques — des tons catégorie de consonnes cavité buccale (orale) — nasale cérébrales changement(s) de hauteur — tonal changer de timbre chuintantes claquantes claquement classement alphabétique des lettres classification clic combinaison — à nasales complexe nasal — d'articulations composite (son —) composition d’une syllabe

cacuminalen; ook cerebralen mondkanaal spreekkanaal lettertekens, lettertypen kenmerkende bestanddelen toonkenmerken medeklinkerreeks mondholte neusholte cerebralen, voorgehemelte-consonanten wijzigingen van de toonhoogte; toonhoogte-schommelingen toonwijziging, wijziging van het toonverloop van klankkleur veranderen sisklanken, sisgeruisen, Sibilanten smak- en zuiggeluiden smakgeluid, klapgeluid alfabetische volgorde van de lettertekens indeling klik (click) (klank)verbinding; samenvoeging, com­ binatie nasaalverbinding id. samenstel van gearticuleerde klanken; klankgroep samengestelde klank samenstelling van een syllabe

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LA N OTATION DES LANGUES NÉGRO-AFRICAINES

consonne — aspirée — brève — claquante — à double articulation — explosive — finale — frappée — géminée — glottalisée — initiale — inspiratoire — linguale — liquide — longue — nasale — simple — sonore, voisée — sourde, soufflée — suivante — syllabique — syllabisée — syllabisée frappée d'un tonème — unique — vélarisée constrictives contexte — phonique contraction cordes vocales coronal correspondant (adj.) côté de la langue

medeklinker, consonant aangeblazen, geaspireerde m. korte m. click m. met tweevoudige articulatie ploffer, explosief eindmedeklinker, slotm. tongslag-medeklinker gegemineerde m. geglottiseerde m. beginmedeklinker, aanvangsm. zuigconsonnant tongmedeklinker laterale m., liquida lange m. neusmedeklinker enkelvoudige m. stemhebbende m. stemloze m. volg-medeklinker syllabische m. gesyllabiseerde m. m. als syllabe-vormer en drager van toneem één enkele m. gevelariseerde m. constrictieven, spiranten, fricatieven zinsverband; omgeving fonische omgeving samentrekking stembanden, stemlippen coronaal, apicaal corresponderend zijkant van de tong

D degré — d’aperture — d'ouverture — de quantité dénomination dentales dents d’en bas — d’en haut déplacé vers la droite descendant

graad, gradatie openingsgraad id. kwantiteitsgradatie benaming tandklanken, tandmedeklinkers ondertanden boventanden naar rechts opgeschoven dalend

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dévocalisation dialecte différence — de hauteur musicale — de quantité — de timbre différenciation différencier — les formes grammaticales — les morphèmes — la signification des mots digramme diphtongue — ascendante — descendante discipline linguistique discours crié dissyllabique distance — entre les niveaux de hauteur distinctif distinction diton documents valables dorsales dos de la langue doublet durée dynamique

uitval van klinkers streektaal, dialect verschil (punt) toonhoogte-verschil duurverschil timbre-verschil (betekenis)differenciëring onderscheiden (het ene van het andere scheiden)1, verschillend maken de grammatische vormen uit elkaar hou­ den de morfemen onderscheiden de betekenisverschillen van de woorden te kennen geven letterpaar tweeklank, diftong stijgende tw. dalende tw. taalkunde gesprek op verre afstand tweeklankgrepig, tweesyllabisch afstand, wijdte, interval wijdte tussen de toonniveaus (betekenis)onderscheidend (essentieel) onderscheid twee-toon, tweevoudige toon bruikbaar taalmateriaal dorsalen tongrug woordpaar; tweestel duur, kwantiteit; temporeel accent dynamisch

E ébauche d’une consonne écart entre les tons écriture — courante — phonétique — phonologique — traditionnelle éjectives élément constitutif — de langage — significatif élévation

aanzet van een consonant toonafstand, —wijdte, —interval schrijfwijze; spelling; schriftbeeld gebruikelijke schrijfwijze fonetisch schrift; klankschrift fonologische schrijfwijze traditionele spelling ejectieven bestanddeel, samenstellend element spraakelement betekenis-element verhoging

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élimination élision émission — d'air e muet épiphonème équivalent (adj.) l'équivalent long essentiel (ton —) étiré évasif (son —) expiration explosion explosive laryngale explosives

uitstoting, uitschakeling weglating, elisie het voortbrengen (van spraakklanken) ademstroom stomme of doffe e epifoneem gelijkwaardig, gelijksoortig de corresponderende lange klank grondtoon, foneem gestrekt, gespannen onstandvastige klank uitademing ontploffing stembandocclusief ploffers, explosieven, occlusieven

faille descendante angl. down step ou tone slip faille montante, angl. up step famille; une petite — de tons voisins fermer le passage de l’air fermeture simultanée finale (sub.) — absolue fins distinctives fixe fonction grammaticale de la hauteur musicale — lexicale — phonologique — sémantique — tonémique fosse nasale frappées frapper d'un accent fricatives

toonval, stap omlaag

friction frottement fusion en un seul élément de deux voyelles

toonklim, stap omhoog groepje buur-tonen de luchstroom afsluiten gelijktijdige sluiting eindklank, de finale absolute slotklank distinctieve doeleinden vast, stationair grammatische functie van de toonhoogte lexicale functie fonologische f. semantische f. tonemische f. neusholte tongslag-consonanten het accent leggen op fricatieven; soms ruisers, glijders, schuurders wrijving schuring, geruis, wrijving vereniging van twee klinkers tot één zelfstandig element

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G gémination géminées gencives glissement glottales glotte graphie grasseyé (r —-) groupe consonantique guttural (adj.) gutturales H haussement du niveau de la voix hauteur musicale — relative de la voix homophone

geminatie, verdubbeling (van een klank) gegemineerde of verdubbelde medeklin­ kers tandvlees glijding; glijdende wrijving glottalen stemspleet, glottis schrijfwijze gebrouwde r, brouw-r medeklinkergroep gutturaal; soms keelachtig gutturalen, velaren; postpalatalen verhoging van het stemniveau toonhoogte relatieve toonhoogte van de stem gelijkluidend

I identité phonologique idéophone implosives inadéquate (écriture) initiale (sub.) injectives inspiration intensité interchangeable interdentales interjection — négative intermédiaire (son —) intervalle (tons) intervocalique intonation — affective — exclamative — interrogative — de phrase inversif isolé (mot —) isoler un mot du contexte

fonologische identiteit ideofoon, klankbeeld implosieven ondoelmatige schrijfwijze beginklank, de initiale injectieven inademing; soms inzuiging, aanzuiging intensiteit; sterkte, kracht(accent) verwisselbaar interdentalen tussenwerpsel ontkennende interjectie tussenklank; tussenliggende klank toonafstand, toonwijdte, interval tussen klinkers, intervocalisch intonatie; stembuiging; modulatie; spreekmelodie gevoelsmodulatie intonatie bij uitroepen intonatie bij vragen zinmodulatie inversief, omgekeerd; ook reversief op zichzelf staand woord; los w.; geïso­ leerd w. een woord uit het zinsverband lichten

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J juxtaposition

aaneenvoeging, naastelkanderplaatsing

L 1 à battement unique

labial (r —) labiale, une

labiales labialisation

labialiser langue — bantoue — khoïsan — nilotique — non bantoue — non tonale

— soudanaise

— à tons — tritonale laryngales laryngien (son —)

larynx

latérales légèrement aspiré lettre — particulière — romaine — triplée lèvre inférieure — supérieure lèvres projetées en avant lieu d'articulation lingual (r —) linguistique (adj.) — (sub.) liquide, une liquides longueur — consonantique — vocalique 1 syllabique luette — abaissée

één-tongslag 1 lippen - r lipklank lipmedeklinkers, labialen labialisering, omvorming tot lipklank tot lipklank maken, labialiseren 1) taal; klankspraak; 2) tong Bantoetaal Khoisantaal; Hottentots, Bosjesmans Nilotisch niet-Bantoetaal niet-toontaal Soedantaal toontaal; taal met registeropposities drie-tonentaal, taal met drie toonregis ters medeklinkers van het strottenhoofd, la ryngealen larynx-klank strottenhoofd zijdemedeklinkers, lateralen zacht aangeblazen letter(teken), schrijfletter, schriftteken afzonderlijk letterteken latijns letterteken driedubbel letterteken onderlip bovenlip naar voren gestelde lippen articulatieplaats tongpunt-r taalkundig, linguistisch taalwetenschap, linguïstiek liquida; vloeiklank; trilklank liquiden, liquidae (klank) lengte, duur duur van de medeklinker klinkerlengte syllabische 1, 1 als syllabe-vormer huig afhangende huig

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M marquer la nasalisation méthode uniforme d'écrire milieu de la langue mode de formation monosyllabique morphème morphologie mot-image mouvement d'articulation — de la langue — des lèvres

de nasalering te kennen geven gelijkvormige schrijfwijze middentong wijze van ontstaan éénsyllabisch, éénklankgrepig morfeem vormleer klankbeeld-woord, ideofoon articulatiebeweging tongbeweging lipbeweging

N nasale, une nasales nasalisée (voyelle —) nasaliser niveau de hauteur musicale — double — simple — de la voix non accentué — aspiré — syllabique notation — de la hauteur musicale nuances — d'articulation — phonétiques

neusklank; ook resonant neusmedeklinkers, nasalen neusachtige of genasaleerde klinker nasaleren toonniveau, toonregister dubbel niveau [stijgend of dalend] éénvoudig niveau [hoog of laag] stemniveau onbeklemd of zwak, ongeaccentueerd niet-aangeblazen onsyllabisch, niet syllabisch transcriptie, schrijfwijze toonaanduiding schakeringen, klanknuances, nuancerin­ gen, fijnere onderscheidingen minimale articulatie-verschillen fonetische nuanceringen

O

occlusion — buccale occlusive glottale occlusives s'opposer phonologiquement opposition brève / longue — de trois degrés de hauteur — entre deux degrés de quantité vocalique — distinctive — de hauteur

afsluiting, occlusie afsluiting in de mond stembandocclusief occlusieven, explosieven, ploffers fonologisch in oppositie staan kort/lang-oppositie oppositie van drie toonhoogtegradaties oppositie tussen twee gradaties van klïnkerlengte betekenisonderscheidende oppositie toon- of registeroppositie

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opposition d’intensité — de longueur — phonologique oral (son —) oratoire (art —) orthographe pratique ouverture brusque ouvrir brusquement

intensiteitsoppositie kwantiteitsoppositie fonologische oppositie, foneemoppositie mondklank redekunst, kunst van het voordragen praktische spelling plotselinge opening (de afsluiting) bruusk verbreken

P palais — dur — mou palatales palatalisation palatalise (son —) palatin parler, le — non tonal partenaire sonore particularité (langage) — (son) particule partie antérieure de la langue — postérieure — la plus en évidence de la syllabe pas en descendant (tons); angl. down step, tone slip passage de l’air passer (laisser — l'air) pénultième pharyngales pharynx phénomène d’intonation — phonique phonème — aspiré — consonantique — distinct —s segmentaux — simple

gehemelte, verhemelte hard gehemelte; monddak zacht (of week) gehemelte palatalen, medeklinkers van het harde gehemelte palatalering; mouillering gepalataleerde klank; gemouilleerde kl. van het gehemelte idioom; spraak; tongval niet-toontaal de bijbehorende stemhebbende klank; stemhebbende tegenhanger spraakeigenschap klankeigenschap partikel voortong achtertong hoofdklank van de syllabe toonval, toonstap omlaag luchtweg, ademweg; luchtstroom, adem­ tocht de lucht laten ontwijken de vóórlaatste (klank- of lettergreep) pharynx-klanken, pharyngealen keelholte intonatie-verschijnsel fonisch verschijnsel foneem aangeblazen f. consonantfoneem apart f. segmentaire f. enkelvoudig f.

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phonèrae(s) supra-segmentaux — vocalique phonétique (sub.) phonétique(ment) phonique phonologie point d'articulation pointe de la langue porteur d’un tonème — d’une syllabe position de la langue position finale — des lèvres postalvéolaires postdentales prédentales préfixe nominal prépalatales procédé de notation qualité quantité — vocalique

Q

supra-segmentaire f. klinkerfoneem fonetiek, klankleer fonetisch fonisch fonologie articulatiepunt; aanrakingspunt tongpunt toneemdrager drager van een syllabe, syllabe-vormer tongstand eindstand lipstand postalveolaren postdentalen predentalen nominaal prefix, naamwoordelijk voor­ voegsel prepalatalen, vóórgehemelte consonan­ ten; cerebralen transcriptie-stelsel; wijze van aanduiding kwaliteit; kwalitatief accent, timbre kwantiteit; kwantitatief accent, duur klinkerlengte

R

r frappé — lingual — roulé — uvulaire racine de 1a langue racines des dents radical, le rapprochement réalisation — longue / brève distinctive — phonétique et tonétique réalisé comme r réaliser (son) se réaliser de différentes façons récitation en groupe

tongslag-r; ongetrilde r-variëteit tongpunt-r, tong-r gerolde r huig-r tongwortel tandwortels (woord)stam het naast elkaar plaatsen voortbrenging, totstandbrenging; realiseringsvorm aanwending lang / kort met betekenis­ verschil fonetische en tonetische realisering als r voortgebracht, gerealiseerd voortbrengen, totstandbrengen, realiseren op verschillende wijzen totstandkomen het gezamenlijk reciteren; het reciteren in groepsverband

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redoublement du signe vocalique verdubbeling van het klinkerteken (toon)register, (toon)niveau reg istre ongespannen relâché opheffing; welving relèvement achterwaarts opgeheven tongstand; ach— du dos de la langue tertongwelVing tongwelving — de la langue het zacht gehemelte optrekken relever le voile du palais geen fonologische waarde bezitten rendement phonologique (être sans —) omgekeerd letterteken renversé (lettre) tweevoudige voorstelling représentation double meervoudige voorstelling — multiple een spraakklank vertegenwoordigen représenter un son resonantie, weerklinking résonance mondtrilling — de la cavité buccale neustrilling — de la cavité nasale meetrillen, resoneren résonner rétrécissement vernauwing, verenging rétroflexes retrofleksen roulées ratelconsonanten, r-klanken, gerolde me­ deklinkers tongpunttrillers — linguales S schème tonal scinder un mot sémantique (sub.) — (adj.) semi-voyelle sens augmentatif — emphatique séquence de sons sifflantes sifflement signe diacritique — typographique — vocalique signifiant, le significatif signifié, le sommet du palais son

toonschema een woord afbreken; in syllabe verdelen betekenisleer, studie van de betekenis­ vorming semantisch, betekenis-veranderend halfklinker, semi-vocaal augmentatieve betekenis emfatische — opeenvolging van klanken sisklanken gefluit diacritisch teken letterteken klinkerteken het betekenende betekenisonderscheidend het betekende [begrip waarop de vorm slaat] monddak klank, spraakgeluid

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son d istin c tif — fin a l — fo n d a m e n ta l — in itia l — u n iq u e so nan tes so n o re ( a d j.) — co rresp o n d an te so n o rité so u ffle so u fflé sp ira n te s statio n n a ire stru c tu re to n a le su ccion sw a h ili stan d ard isé sy llab e — — — — — — —

accentu ée ferm ée fin a le fo rte in te n se n o n accentuée n o n in ten se

— ouverte

— p rim itiv e sy lla b iq u e sy stèm e d e n o ta tio n — p h o n iq u e — p h o n o lo g iq u e — to n o lo g iq u e — v o c a liq u e

foneem eindklank, de finale fundamentele klank beginklank, de initiale éénklank sonanten stemhebbend; sonoor de bijbehorende stemhebbende klank, stemhebbende tegenhanger sonoriteit; klankvolheid ademtocht stemloos spiranten, schuringsgeluiden stationair toonstructuur het inzuigen; zuigbeweging standaard-Swahili klankgreep; lettergreep [in de schrijf­ taal]; syllabe beklemde klankgreep gesloten kl. slotkl'. sterke kl. sterkbeklemde kl. onbeklemde of klemloze kl. zwakke kl. open kl. oorspronkelijke kl. syllabisch transcriptie-stelsel klankstelsel fonemen-stelsel, fonologisch systeem tonemen-stelsel, fonologisch systeem klinkerstelsel

T ta m b o u r-sig n al te n d u

tétraton

th èm e tild e tim b re to n — a scen d an t o u m o n tan t — bas — bas-m oyen

signaal-trommel, tamtam gespannen vier-toon, viervoudige toon (woord)stam, thema tilda; slangetje [boven een letterteken] klankkleur, kwaliteitsaccent, timbre toon [als taalmiddel ter onderscheiding] stijgende t. lage t. laag-middelhoge t.

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to n com p osé — d esc e n d a n t — d esc e n d a n t - m o n ta n t — égal — é lev é o u h a u t — essen tiel o u fo n d a m e n ta l — h a u t a n té rie u r — h a u t fin a l — h au t-m o y en — h a u t p o sté rie u r — in frab as — m o n ta n t - d escen d an t — m oyen — m oyen-bas — m o y en -h au t — q u a d ru p le — s u p ra h a u t — trip le — v oisin to n a le (la n g u e — ) to n a lité — p ro p re to n èm e — d ép lacé — fix e — g ram m a tica l — le x ic al — sy n tactiq u e to n é m iq u e to n é tiq u e (su b .) — ( a d j.) to n o lo g ie — d u ty p e étym olo g iqu e — d u ty p e n o rm al — d u ty p e rév e rsif to n o lo g iq u e tran scrire en so lfèg e tria n g le [d e s v o y elles] trip le t to n a l trissy lla b iq u e trito n trito n a l type à to n èm es a n ticip és — — d ép lacés — — fix es — — h au ts rép étés

samengestelde t. dalende t. dalend-stijgende t. gelijkmatige t. hoge t. grondtoon, toneem vóórhoge t. hoge eindt. hoog-middelhoge t. nahoge t. overlage t. stijgend-dalende t. middent. middelhoog-lage t. middelhoog-hoge t. viervoudige toon, vier-toon overhoge t. drievoudige t., drie-toon buurt. toontaal, taal met toonregisters tonaliteit; muzikaliteit; muzikaal beloop eigen tonaliteit toneem, grondtoon opgeschoven t. vast t. t. met grammatische functie t. met lexicale functie t. met syntactische functie tonemisch tonetiek, toonleer tonetisch tonologie, toneemleer t. van het etymologisch type t. van het normale type t. van het reversieve type tonologisch met muzieknoten aanduiden ktinkerdriehoek tonaal driestel drieklankgrepig drie-toon, drievoudige toon drietonig type met toneem-anticipatie — met toneemopschuiving stationair toneemtype type met hoog-toneemherhaling

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u

uniformisation unilatéral unité — composante — linguistique unique uvul'aire uvule

gelijkvormigheid; gelijkmaking éénzijdig, unilateraal éénheid; onverdeeldheid component taalkundige éénheid één enkele uvulair huig

V (klank)waarde; belang valeur (son) distinctieve waarde van de duur — distinctive de la quantité — grammaticale, lexicale, syn- grammatische, lexicale, syntactische waarde van het muzikaal accent tactique de la hauteur musicale fonemische waarde — phonémique vrije variante variante facultative verandering, afwisseling; afwijking; variation schommeling variante van de hoge toon — du ton haut variations et particularités (sons) toonafwijkingen en eigenaardigheden extra-fonologische variaties — extra-phonologiques variaties zonder linguistische waarde — sans valeur linguistique variatie; variant variété variétés accidentelles du tonème toevallige variaties van het toneem varianten van de middentoon — du ton moyen voertaal véhiculaire (langue —) velaren, medeklinkers van het zacht ge­ vélaires hemelte velarisering vélarisation gevelariseerd vélarisé (adj.) met het zachte gehemelte uitspreken vélariser getrild vibrant trillers, trilklanken vibrantes luchttrillingen vibrations de l’air stembandtrillingen, stemliptrillingen — des cordes vocales larynxtrillingen, trillingen van het strot­ — laryngiennes tenhoofd tongpunttrillingen — de la pointe de la langue uitdrukkingskracht vigueur de l’expression vocalisch vocalique vocalisering vocalisation gevocaliseerd vocalisé zacht gehemelte voile du palais stemhebbend voisé

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voix voûte du palais — palatine voyelle — allongée — antérieure — arrondie — brève — buccale — centrale —s contractées — étirée — fermée — finale — initiale — longue — mi-fermée — mi-ouverte — nasale — nasalisée — non arrondie — normale — orale — ouverte — palatale — postérieure — relâchée — sonore — tendue — ultra-longue

stem [trillingen van de stembanden] mondgewelf; hard gehemelte id. klinker, vocaal verlengde, gerekte kl. vóórklinker geronde klinker, klinker met lippenron ding korte kl. mondkl. mediale kl. samengetrokken kl. gespannen kl. gesloten kl. eindklinker, de finale beginklinker, de initiale lange kl. halfgesloten kl. halfopen kl. neusklinker genasaleerde kl. ongeronde kl. normale kl. [korte mondklinker] mondklinker open kl. vóórklinker, palatale kl. achterklinker ongespannen klinker heldere kl. gespannen kl. overlange kl.

Taalkundige vaktermen en uitdrukkingen treft men ten overvloede aan in de op blzz. 10-15 vermelde, in het Nederlands gestelde werken. Men raadplege ook: E. B l a n c q u a e r t : Practische uitspraakleer van de NederUndse taal (Antwerpen 1953*, De Sikkel). L. K a i s e r : Phonetiek (Den Haag 1950, Servire). C.P.F. L e c o u t e r e en L . G r o o t a e r s : Inleiding tot de taalkunde en tot de geschie­ denis van het Nederlands (Leuven 1948®, De Vlaamse Drukkerij; J.B. Wolters, Groningen-Den Haag). N. v a n W i jk : Phonologie ('s-Gravenhage 1939). H. Z w a a r d e m a k e r en L.P.H. E ijc k m a n : Leerboek der Phonetiek (Haarlem 1928, De Erven F. Bohn).

TA BLE DES MATIERES

I N otices préliminaires L'alphabet dit « A fr ca » ; nécessité, avantages . . . Phonétique; phonologie; p h on èm e........................................... S o u rce s........................................................................................................

page 7 8 10

II V oyelles A.

B.

Voyelles b rè v e s ..............................................................................

16

Voyelles n o r m a l e s ..................................................................... Langues à neuf phonèmes vocaliques . . . . Langues à sept phonèmes vocaliques . . . . Langues à cinq phonèmes vocaliques . . . . Voyelles c e n t r a l e s ..................................................................... Voyelles antérieures arrond ies.................................................... D iphtongues....................................................................................... Voyelles n a s a le s ..............................................................................

16 17 18 19 19 20 21 23

Voyelles longues. Accent de quantité ...................................

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Voyelles allongées ou c o n t r a c t é e s .................................. Voyelles u ltra-lon gu es............................................................

27 28

III Consonnes Modes de f o r m a tio n ............................................................. E x p l o s i v e s ....................................................................................... I m p l o s i v e s ....................................................................................... F r i c a t i v e s ....................................................................................... A f f r i q u é e s ....................................................................................... E jectiv es............................................................................................... N a s a l e s ............................................................................................... L atérales............................................................................................... V i b r a n t e s ....................................................................................... F r a p p é e s ....................................................................................... Consonnes a s p iré e s ..................................................................... C l i c s ...............................................................................................

30 31 36 38 43 43 46 49 51 53 55 56

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LA NOTATION DES LANGUES NÉGRO-AFRICAINES

Semi-voyelles...................................................................................................57 Palatalisation...................................................................................................59 Vélarisation .............................................................................. ............60 L ab ialisatio n ...................................................................................................60 Consonnes syllabiques ..................................................................................62 Longueur co n ^ o n a n tiq u e .........................................................................63 IV A ccent musical. T onalité Importance de la to n alité.................................................... ........ . 66 Notation de la hauteur m u sica le .................................................... ............67 Tons sim ples.................................................................................................. 67 Tons composés: ditons, tritons, tétratons . . . . 68 Tons suprahauts et in f r a b a s .................................................... ........... 70 Variations et p a rticu la rité s........................................................................ 71 La hauteur du ton est relativ e.................................................... ........... 71 Ecart entre les to n s ..................................................................... ........... 71 Abaissement p r o g r e s s i f ........................................................................ 73 Faille d e s c e n d a n te ........................................... ..................................... 73 Faille m o n ta n te .............................................................................. ........... 73 Tonèmes . T o n o lo g ie ..................................................................... ........... 74 Valeur distinctive des ton èm es.................................................... ........... 75 Fonction lexicale de la hauteur m u sica le .............................................. 78 Valeur gram m aticale......................................................................................... 79 Diverses in ton ations.................................................... ..................................... 80 Systèmes tonologiques ................................................................................. 80

V A ccent d ' in t e n s it é .............................................................................. ........... 83 A ddenda S y l l a b e ............................................................................................... ...........85 Classement alphabétique des l e t t r e s .............................................. 86 Index des termes français-néerlandais..............................................87 Tiefwoordenregister Frans-N ederlands.................................. ...........87

T able des matieres

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par

A chevé d ’im prim er le 11 février 1972 l'im prim erie SN O ECK-DUCAJU et Fils, S.A., G and-Bruxelles