France Catholique, n°2813, 7 déc. 2001, pp. 12-16 Le retour du Christ

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France Catholique, n°2813, 7 déc. 2001, pp. 12-16 
Le retour du Christ

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ENTRETIEN AVEC LE PERE MARIE-DOMINIQUE PHILIPPE

Le retour Le retour du Christ est non seulement un article de foi, mais une perspective commune à tous les évangélisateurs. C'est la conviction que nous rappelle avec force le père MarieDominique Philippe, qui vient d'entrer avec hardiesse dans sa 8$F"' année. La vieillesse, loin d'éroder cette attente du "retour de Jésus ", semble au contraire l'aviver. C'est un homme fondamentalement tourné vers l'avenir et donc vers la fin des temps... Fidèle a saint Dominique, le fondateur de la Communauté Saint-Jean est un amoureux de la parole. Après avoir passé la main, en avril2001, à un nouveau prieur général, le père Marie-Dominique continue d 'enseigner avec passion la philosophie et la théologie à Saint-Jodard et à Rimont. 12

La perspective du "retour" du Christ a toujours mobilisé les évan­ gélisateurs. Pourquoi ?

Toute évangélisation chrétienne néces­ site de retrouver cet aujourd'hui éternel du Christ, pour nous qui sommes dans les difficultés, dans les luttes, dans les contra­ dictions. On ne peut se reposer que dans le Christ. En dehors de lui, il n’y a pas de repos, c’est la contingence et très vite la corruptibilité. Retrouver cet aujourd’hui du Christ, c’est découvrir dans l'homme ce qu’il y a de plus spirituel. la foi reçue dans notre intelligence aimante nous per­ met d'être à la fois comme un enfant et comme un sage. Elle nous donne un regard d'éternité, par l'espé­ rance, et elle nous donne un regard d'en­ fant acceptant de re­ naître. Ce qu'il y a de terrible, c’est que l'homme moderne, très souvent, ne veut plus reconnaître qu'il a encore quelque chose de très grand à découvrir. Il pense avoir tout trouvé par lui-même.

clame de nous d’attendre son Jour, son Aujourd'hui. L'attente du retour du Christ aujourd’hui nous rend beaucoup plus attentifs à ce que nous devons être. Et le temps liturgique de l'Avent nous remet en premier lieu devant cette perspective eschatologique. Le Saint-Père, d’ailleurs, nous a rendus attentifs à plusieurs reprises sur le fait que l’Eglise vit aujourd'hui un nouvel Avent et que celui-ci a une dimension eschatolo­ gique. Il disait par exemple aux jeunes ras­ semblés à Denver le 15 août 1993 : "Ce pèlerinage doit continuer [... | comme un nouvel Avent, un Avent d’espérance et d’at­ tente jusqu’au re­ tour en gloire du Seigneur". Ou en­ core aux nou­ veaux cardinaux en 1994 : "L’Eglise vit de l’Avent, du premier comme du deuxième. L'Eglise vit au rythme de l'an­ née liturgique [... ] en même temps qu'elle vit au rythme de l’histoire du salut, se pré­ parant à l’avènement définitif du Christ. Le jubilé de l’an 2000 est en rapport avec le premier et le deuxième avènement".

Ce qu’il y a de meilleur en philosophie moderne, c’est le sens de la présence

■ L’homme est-il en danger ?

Je vois le monde dégringoler, et c’est particulièrement vrai pour le monde fran­ çais, avec une extraordinaire vitesse. Jamais, il y a cinquante ans, on n’aurait admis ce qui se passe maintenant : les Français auraient été dans une attitude de révolte. L'eschatologie n'est-elle pas sour­ ce d’illuminisme ?

C’est le propre de notre foi chrétienne d’attendre le retour du Christ ! Jésus ré­

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■ La mission est-elle le moyen de faire advenir le Royaume ?

Le Royaume de Dieu est déjà là puis­ qu'il y a en nous cette possibilité, par la foi et l'espérance, de toucher le Christ et de vivre de sa présence. C’est cela qui doit être développé dans l’évangélisation : sa présence. Ce qu'il y a de meilleur en phi­ losophie moderne, c'est le sens de la pré­ sence. Et ce sens de la présence est donné par l’amitié. C’est dans l’amitié qu’on est

du Christ Le Père Philippe est né le 8 septembre 1912; il a donc aujourd'hui 89 ans. Entré dans l'Ordre de saint Dominique en 1930,

d’autant plus forte qu’on ne vit pas trop du passé. La tentation du passé, c’est celle du vieillard qui dit : "de mon temps, tout cela n’existait pas... " Celui qui attend le retour du Christ adopte une autre perspec­ tive. Puisque l’homme est de plus en plus faible et qu’il renie très souvent sa foi, il est grand temps que Jésus revienne ! Qu'est-ce qui distingue l'annonce de l'Evangile des idéologies ?

La grande différence c’est que notre "idéologie" est réaliste. Elle regarde l’homme tel qu’il est et non pas tel qu'il devrait être. 11 y a une parole de sainte Catherine que le Pape aime beaucoup : être ce qu'on doit être. Il n’y a pas dans l’Evangile de construction d’un idéal qui n’existe pas encore et qu’on donne comme vrai. U n’y a pas ces hallucinations du désert. Il y a le réalisme de la foi qui nous donne le mystère du Christ, qui est actuel. C'est le Christ, actuellement, qui nous donne sa force, sa lumière, qui nous transforme en fils de Dieu.

Le Père Philippe a enseigné la philosophie et la théologie toute sa vie et continue de le faire aujourd'hui. Il a aussi prêché d'innombrables retraites dans des monastères contemplatifs, Attendre le retour du Christ, dans les Foyers de charité et dans de nombreux autres endroits. Il a toujours maintenu une n'est-ce pas croire à un ersatz du vie apostolique en plus de son enseignement auprès de personnes diverses : milieux du paradis sur terre ? travail, artistes, jeunes, pays de mission, etc. Fondateur de la Communauté Saint-Jean L’Eglise a condamné le millénarisme en 1975, il demeure à Saint-Jodard et à Rimont et y poursuit son enseignement en sous toutes ses formes. Nous n’avons pas à philosophie et en théologie. Depuis le chapitre général d'avril 2001, c'est le père attendre un temps idéal où il n'y aurait Jean-Pierre-Marie Guérin-Boutaud qui est prieur général des frères. Le père Philippe avait exercé cette charge depuis 1978, à la demande expresse du Saint-Père d'abord, puis | plus de luttes. Le renouveau évangélique constamment réélu (en 1986,1992,1995 et 1998) par les chapitres généraux des frères i ne doit pas nous faire espérer une sorte de avec la permission du Saint-Siège et de l'évêque d'Autun (diocèse dans lequel se trouve | messianisme où Jésus serait Roi sur la terre. La parole de Jésus est très forte : Rimont, maison mère de la Communauté des frères et couvent d'études de théologie)... "Mon royaume n’est pas de ce monde" (N 18, 36). C’est cela, le réalisme de l’évan­ heureux de retrouver la personne qu’on pour que le retour du Christ soit le plus gélisation chrétienne. C’était vrai du temps aime, pour entrer plus profondément dans proche possible pour moi et pour tous de Jésus, c’est vrai pour nous. Nous avons sa présence. Cette présence de Jésus est la ceux que j’aime. Et pour le monde entier ! toujours la tentation de croire que le même pour la foi que dans la gloire. Un Royaume de Dieu est de ce monde. On jour, je verrai Jésus face à face - ce sera le voudrait que notre paroisse soit idéale, un retour réel et vrai du Christ pour moi. petit coin du ciel... Et on ne se rend pas compte qu’on cherche le paradis perdu. I N'est-ce pas une consolation un peu lointaine ?

Dans ma foi, c'est le même Jésus que j’atteins. Ce même Jésus qui me demande de demeurer dans le monde, malgré mes quatre-vingt-neuf ans... Cette attente du Christ dans le temps, en ayant pleine conscience de la valeur de ce temps, m’est donnée pour que je puisse grandir dans l'amour et dans la foi, pour que je puisse révéler le mystère du Christ aux autres. Ce temps m’est donné pour une présence toujours plus grande du Christ. Et donc

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I

L’éternité ne supprime pas le temps, le temps physique, palpable

■ Avez-vous ressenti, à certains moments de votre vie, que le Ro­ yaume était proche ?

Dans notre itinéraire, il y a en quelque sorte des sommets où on est plus proche intérieurement, divinement, du Christ. On peut ponctuer sa vie par ces sommets. Je ne le fais pas car je crois qu’on ne doit pas vivre du passé : on doit vivre de l'attente du retour du Christ. Cette attente est

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La politique est-elle un piège pour les évangélisateurs ?

Les politiques ont la tentation de bâtir le Royaume de Dieu - qui n’est pas de ce monde - sur la terre. C’est vrai que le Royaume de Dieu commence dès ici-bas. Réellement, mais mystiquement, c’est-àdire dans le plus intime de notre foi, de notre espérance et de notre charité. Mais le Royaume de Dieu n’est pas la conquête du monde : il faut oser dire que le monde

est livré à Satan. Plus le Christ est présent, plus le monde est livré à Satan. On a beaucoup glosé sur la fin des temps en l'an 2000... Sommes-nous si proches de la Parousie ?

L’éternité ne supprime pas le temps, le temps physique, palpable. Je puis dire en toute vérité qu’on est plus proche du retour du Christ maintenant qu'au Moyen Age. Le manque de réalisme, ce serait de croire que l’éternité supprime le temps. L'Eglise de la terre, tout en étant dans le temps, n’est pas ce temps. C’est pour cela que le Royaume de Dieu n’est pas de ce monde, parce que ce monde est de ce temps. Et le Saint-Père nous a souvent invités à bien comprendre la véritable signification du jubilé de l'an 2000. Il disait par exemple en 1997, au Conseil pontifical pour les communications sociales : "Le jubilé [... ] doit être la célé­ bration d'une Présence vivante et une invi­ tation à se tourner vers la seconde venue de Notre Sauveur, lorsqu'il établira une fois pour toutes son Royaume de justice, d’amour et de paix". Vous aimez dire que l’Eglise est entrée dans sa "dernière semaine". Que faut-il entendre par là ?

Le Saint-Père dit que le temps de l’Eglise est la continuité du temps du Christ, que la mission de l’Eglise est la mission du Christ continuée. J’ajouterai que la vie apostolique de Jésus est le modèle de la vie apostolique de l’Eglise. C’est le seul modèle. L’Eglise, c'est le Christ continué, c'est le Corps mystique. C'est dans l’évangile de saint Jean que nous voyons le mieux la dernière semaine de la vie apostolique du Christ (du cha­ pitre 12 au chapitre 19). Elle est signalée par le geste de Marie, la sœur de Lazare, qui verse sur les pieds de Jésus un parfum d’un grand prix : 300 deniers ! Le denier était le prix d'une journée de travail. Judas réprimande ce "gaspillage" : il avait très fort le sens de l’argent. C’est peut-être la seule vérité qu’il pouvait proclamer : une vérité économique. Hélas ! Aujourd’hui, c’est souvent la seule vérité proclamée. La dernière semaine est aussi marquée par le fait que Judas ne respecte plus Jésus : c’est l’apôtre qui corrige son maître. ■ Croire que l’Eglise est entrée dans

sa dernière semaine, n’est-ce pas quelque chose de terrifiant ?

Mais non ! Il faut regarder le mystère. Dans la dernière semaine, Jésus s’efface. Il se retire et en même temps il donne ce qui est le plus grand dans l’Evangile : l’institu­ tion de l’Eucharistie et la révélation du Paraclet. Et dans la révélation du Paraclet, il donne cette nouvelle vision de l’Eglise : l’allégorie de la vigne. Elle porte sur la fécondité. Et Jésus nous montre que les fruits sont sur les sarments et non pas sur le tronc.

Je puis dire en toute vérité qu’on est plus proche du retour du Christ maintenant qu’au Moyen Age ! Au fond, nous vivons dans un monde où, plus que jamais, le démon semble vic­ torieux dans les injustices et le mensonge, comme durant la dernière semaine du Christ. On arrive aujourd’hui à faire croire aux gens n’importe quoi, on a l’impres­ sion que la parole a perdu sa significa­ tion... Les apôtres doivent-ils pour autant renoncer au témoignage oral sous prétexte qu'il n'est pas reçu ?

On pourrait croire que l’Eglise ne peut plus enseigner puisque la parole est deve­ nue tellement diluée qu elle n’a plus la force d’un témoignage. Et l’angoisse des gens et devenue telle qu’on se demande si le monde ne finira pas victime d’une crise d'angoisse généralisée... Mais le Saint-Père, lui, n'a pas choisi de se taire. Ce n'est pas l’art oratoire du siècle dernier, mais c’est un témoin. Les gens disent : "Ce que vous dites porte parce que c’est vécu". On est à l'âge du vécu, et l'on a plus soif que jamais de ce "vécu authentique". Il faut une prédication d’une plus grande simplicité et d’une plus grande vérité. Je crois que l'âge de l'apo­ logétique est passé, et que c'est mainte­ nant l’âge du témoignage. Quand je dis l'âge du témoignage, je veux dire que tout ce que l’on dit doit d’abord être vécu. ■ N’est-ce pas une forme d’anti­ intellectualisme ?

Non, mais je crois que la théologie ne reprendra sa vigueur que lorsque nous aurons des apôtres qui réfléchiront sur leur propre témoignage d’apôtres et ensei­ gneront, non plus la "spécialité" qu’est devenue la théologie, mais la vie chré­ tienne vécue pleinement, totalement. L’université joue parfois un très mau­ vais rôle... On a parfois l’impression de commettre un outrage si l’on demande à quelqu'un qui a fait des études à l’univer­ sité d’être un apôtre. Il répond qu'il aime mieux enseigner ! Alors c’est "le martyre du théologien en pantoufles” ! Le théolo­ gien doit être un apôtre. Et sa théologie ne sera acceptée et vivante que si elle est enveloppée par sa vie apostolique. Je crois cela capital aujourd’hui. ■ L'évangélisation est-elle la garante d’une saine théologie ?

Il y a une formation théologique qui se fait par les apôtres. Je me souviens, alors que j’étais jeune dominicain, m’être demandé pourquoi après des études théo­ logiques notre foi n’avait plus la même force convaincante. Nous devenons vite des pharisiens" de la foi, des spécialistes de la foi. Jésus, en face de cela, m’apparaît comme un "révo­ lutionnaire", comme un témoin du Père. Jésus est tellement témoin qu’il peut dire à l’apôtre Philippe : "Qui me voit, voit le Père" (N 14,9). La communauté Saint-Jean accorde cependant un primat à la formation de l’intelligence...

Si l’on se forme ainsi, c’est pour prê­ cher. Et la formation doit se faire par les apôtres. Bien sûr, il ne faut pas tomber dans l’extrême. 11 doit toujours y avoir des spécialistes, c’est sûr. Mais il ne faut pas que ce soit ceux-là qui commandent ! La vraie sagesse est évangélique : c’est Jésus sur la croix. Saint Augustin a bien dit que Jésus enseignait sur la croix plus que par sa prédication. La Croix est pour saint Augustin "la chaire de vérité". ■ Vatican II fut-il le détonateur de la nouvelle évangélisation ?

Je crois qu’on peut le dire étant donné que les autres conciles cherchaient tou­ jours à corriger une erreur et à réaffirmer la position de l’Eglise en face de cette er­ reur. C’est très net dans le concile de

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Le père Philippe demeure au milieu des frères de Saint-Jean avec l'accord de ses supérieurs dominicains. Trente : face au protestantisme, l’Eglise a voulu réaffirmer certains points. Ce qui est propre au concile Vatican H, c’est qu’il n’y a pas d'erreur particulière. 11 y a plus : il y a la fin de la culture chrétienne. Il faut donc donner à l’Eglise un nou­ vel élan. Certains ont même dit que Vatican II était comme une nouvelle nais­ sance de l’Eglise. Ce n’est pas juste ! Ce n’est pas une nouvelle naissance, puisque l’Eglise existait avant ! Ce qui est juste, c’est de dire que Vatican II a donné à l’Eglise une nouvelle respiration. Certains ont rejeté Vatican II au nom même de la fidélité au passé. Le passé doit être assumé, c’est bien évident, mais ce n’est pas une référence. La référence, c’est le Christ qui vient vers nous et nous met dans cette attitude d’ouverture et d’amour. Quand nous nous référons, nous chré­ tiens, au passé, nous visons un passé éter­ nel et non un passé dans le temps. L’Eglise est conduite par le Saint-Esprit. Le SaintEsprit ne nous parle pas en fonction du passé mais en vue de ce qui doit venir. Et ce qui doit venir, c’est le Christ. Le Saint-Esprit vient pour nous con­ duire tout à Lui. Le Cardinal de Lubac a eu raison de souligner que le concile Vati­ can II s’ouvrait à une nouvelle évangélisa­ tion. L’Eglise n’est plus regardée unique­ ment du point de vue hiérarchique mais comme une communauté chrétienne toute tendue vers Jésus, sous le souffle du Paraclet.

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Regarder sereinement vers l’avenir n’est-ce pas le propre du progres­ sisme ?

Ni intégrisme, ni progressisme ! Le Saint-Père a commencé son pontificat en disant : "N'ayez pas peur !". N’ayez pas peur parce que vous êtes sous la conduite de l’Esprit Saint ; et l’Esprit Saint a sur nous des ambitions bien plus grandes que celles que nous pouvons avoir pour nousmêmes.

II y a un souffle nouveau qui nous entraîne à avoir des audaces beaucoup plus profondes

I

Le Saint-Esprit nous dépasse toujours et exige de nous d’être toujours dans ce dépassement, dans la mesure où nous vivons toujours de Celui qui doit venir, de notre finalité qui est le Christ. Le SaintPère reprend cela dans sa lettre Au seuil du troisième millénaire. C'est le Christ qui vient vers nous et qui nous appelle. L'avenir, ce sont les communautés nouvelles ?

Je crois que toutes ces communautés nouvelles ont été le signe de cet appel intérieur de l’Esprit Saint. Qu'il y ait cer­ tains débordements, c’est forcé. Ce qui est

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important, c'est de voir qu’il y a un souffle nouveau qui nous entraîne à avoir des audaces beaucoup plus profondes et qu’il ne faut pas juger de ces audaces en regar­ dant le passé mais en regardant au contraire l’avenir. Quand le Saint-Père dit : "N’ayez pas peur !", c’est vraiment cela qu’il veut nous dire. Il nous demande d’essayer de comprendre ce que l’Esprit Saint réclame de nous actuellement, en avançant toujours, c’est-à-dire en atten­ dant le retour du Christ. C'est un dépasse­ ment constant. La mentalité française, avec Descartes, résiste : on a perdu la finalité au profit de la sécurité puisque, avec Descartes, on cherche plus la certitude que la vérité. Faut-il toujours prendre des risques pour évangéliser ?

Le Saint-Père m'a dit dès le début de son pontificat : "Allez de l'avant !". Cela ne voulait pas dire "supprimer un maximum de choses". Cela veut dire que la vie reli­ gieuse ne doit pas être un regard en ar­ rière : elle doit être dans l’Eglise un élan nouveau, un Duc in altum, en vue du retour du Christ. C’est son retour qui nous donne ce souffle. La vie chrétienne n’est pas la sécurité avant tout mais l’amour. Propos recueillis par Samuel PRUVOT Père Marie-Dominique Philippe. Un feu sur la terre. MarneHommes de parole. 124,6 F 19 euros.