Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel: Saint-Andoche et Saint-Jean-le-Grand d'Autun au Moyen Age - Volume 1, Texte ; Volume 2, Matériaux prosopographiques à consulter en ligne 9782503554426, 2503554423

A Autun, durant toute la seconde moitié du Moyen Age - et à l'époque moderne -, deux abbayes de femmes de l'or

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Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

ECCLESIA MILITANS 4

Histoire des hommes et des institutions de l’Église au Moyen Âge Collection dirigée par Hélène Millet et Pascal Montaubin

Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel Saint-Andoche et Saint-Jean-le-Grand d’Autun au Moyen Âge Volume 1. Texte Volume 2. Matériaux prosopographiques à consulter en ligne http://dx.doi.org/10.1484/M.EMI-EB.5.108483

Nathalie Verpeaux

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© 2016 Brepols Publishers n.v., Turnhout, Belgium All rights reserved. No part of this publication may be reproduced, stored in a retrieval system, or transmitted, in any form or by any means, electronic, mechanical, photocopying, recording, or otherwise, without the prior permission of the publisher. D/2016/0095/131 ISBN 978‒2-503‒55442‒6 Printed in the EU on acid-free paper

Avis au lecteur

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a thèse de doctorat de Nathalie Verpeaux, telle qu’elle est aujourd’hui livrée au lecteur, se présente sous une forme originale, destinée à répondre aux nouvelles exigences de la politique éditoriale de Brepols Publishers. Face aux défis technologiques et économiques actuels, en tant que directeurs de la collection Ecclesia militans, nous avons en effet choisi de ne rien sacrifier des apports scientifiques de cette thèse, grosse de plus de 1000 pages dactylographiées. Impossible à publier en l’état compte tenu des contraintes budgétaires, elle a donc été divisée en deux volumes, chacun étant offert au public sur des supports différents adaptés à leur contenu. Le volume 1 est un livre traditionnel sur papier qui permet de lire confortablement la synthèse rédigée sur le sujet annoncé. Le volume 2 rassemble les matériaux scientifiques donnés en pièces justificatives – en l’occurrence un millier de notices biographiques et des tableaux généalogiques – en un PDF accessible gratuitement en ligne sur un site de Brepols Publishers. Le lecteur peut ainsi plus facilement se repérer dans le maquis des références et des noms de ce second volume en utilisant la fonction « recherche de mots » de son logiciel. Les sources et la bibliographie ainsi que la table des matières sont reproduites à l’identique dans chaque volume. Les deux volumes portent le même nom et ils sont paginés selon une numérotation continue, de façon à manifester qu’ils forment une seule et même entité bibliographique. Deux autres thèses sont actuellement en préparation pour l’édition. Ce mode de publication en deux volumes est donc appelé à se pérenniser. ­Ecclesia militans se déclinera à la fois en une série de livres et en une collection de PDF hébergés sur un site qui est appelé à devenir un nouvel outil pour la recherche. Hélène Millet et Pascal Montaubin

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e milieu monastique médiéval masculin est relativement bien connu, dans sa diversité, notamment grâce à de nombreuses études monographiques ou thématiques, même si beaucoup de petits monastères demeurent dans l’ombre. En revanche, malgré le développement de l’histoire des femmes et des études sur le genre depuis un quart de siècle, le milieu monastique médiéval féminin n’a été qu’assez peu étudié. Cet ouvrage entend contribuer à combler cette lacune en présentant deux abbayes de femmes sous leurs différents aspects. L’examen de la totalité des sources, mises en relation les unes avec les autres, et la richesse des archives des monastères SaintAndoche et Saint-Jean-le-Grand d’Autun, du moins pour la fin du Moyen Âge, permettent d’appréhender la société des religieuses éduennes, mais aussi leurs rapports avec le monde temporel et leurs liens avec le monde spirituel. Genèse d’une recherche Des différences profondes, liées aux interdits culturels et sociaux imposés aux femmes en général et aux religieuses en particulier, existent entre le monachisme féminin et le monachisme masculin. Ces interdits induisent en effet une dépendance des religieuses vis-à-vis de toute une série d’hommes qui jouent les rôles que les religieuses ne peuvent pas tenir. Ainsi, les femmes, exclues du ministère sacramentel, ne peuvent pas recevoir les ordres, célébrer l’eucharistie et délivrer les sacrements ; les religieuses dépendent donc d’un clergé masculin, alors que dans les établissements d’hommes ce sont des moines qui, lorsqu’ils ont reçu les ordres, disent la messe pour leurs frères, entendent leurs confessions ou célèbrent les cérémonies religieuses qui sont au cœur de la vie d’un monastère. Les religieuses dépendent également, bien plus que les religieux, d’hommes qui font les travaux qu’elles ne peuvent pas réaliser, comme la culture des terres, la construction et la réparation des bâtiments etc. ; les moines font une partie au moins de ces tâches sans lesquelles un monastère ne peut ni nourrir ses habitants ni subsister économiquement, alors que les moniales ne le peuvent pas. Enfin, les religieuses dépendent de clercs qui gèrent leurs affaires en leur nom, qui les représentent et les défendent en justice etc., puisqu’elles ne doivent pas quitter la clôture. De ce fait, les religieuses sont, par nécessité, constamment en contact avec des hommes, qu’il s’agisse d’ecclésiastiques ou de laïcs. En tant que

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r­ eligieuses, elles doivent suivre les offices quotidiens et la messe qui ne peut être célébrée que par un prêtre de sexe masculin ; en tant que chrétiennes, elles doivent régulièrement recevoir les sacrements du même prêtre de sexe masculin ; en tant que communauté, pour leur survie matérielle, elles doivent donner des instructions à des hommes qui les représentent dans diverses situations ou qui travaillent pour elles. Et pourtant, bien que leurs contacts avec des personnes de sexe opposé soient nécessairement beaucoup plus nombreux et fréquents que pour les religieux, les autorités ecclésiastiques ont imposé aux moniales une clôture beaucoup plus stricte qu’aux moines. En effet, ils craignent tout particulièrement les tentations auxquelles des femmes vouées à Dieu être soumises ou celles auxquelles elles pourraient soumettre leurs interlocuteurs masculins. Le monachisme féminin dans l’historiographie Les femmes sont de grandes muettes au Moyen Âge1. Toutefois, les rares femmes qui ont pris la plume sont, pour la plupart, des religieuses ; on pourrait donc penser qu’il est moins difficile de faire l’histoire des religieuses que celle des autres femmes. Mais les religieuses dont les œuvres ont été transmises à la postérité sont des figures exceptionnelles, et les points communs entre des religieuses savantes comme Hildegarde de Bingen ou mystiques comme Brigitte de Suède et la plupart des servantes de Dieu – qui vivaient dans des monastères dont les bibliothèques n’étaient pas toujours très fournies, même si elles sont surtout méconnues2 – sont sans doute peu nombreux. En outre et surtout, les écrits de ces moniales ne décrivent pas la vie quotidienne à l’intérieur de leur monastère et ne permettent donc pas de connaître le fonctionnement des monastères féminins, la vie des religieuses etc., ce qui est au cœur de la présente étude3  : Brigitte de Suède révèle ses visions, de même qu’Hildegarde de Bingen qui écrit également des Vitae, des chants liturgiques et des ouvrages scientifiques. Même dans sa correspondance, Hildegarde de Bingen n’évoque pas la vie de son monastère : tout au plus, en  Cf. par exemple, M.-Fr. Alamichel, « Les veuves au Moyen Âge : la voix masculine des femmes », dans L. Carruthers (dir.), Voix de femmes au Moyen Âge, Paris, 2011, p. 57‒86. 2  Cf.  D.  N. Bell, What nuns read: books and libraries in medieval English nunneries, Kalamazoo  /  Spencer, 1995  : l’étude de leurs livres permet à l’auteur de conclure que les religieuses avaient une vie spirituelle et dévotionnelle plus importante qu’on ne le croit souvent. En revanche, à partir du xive siècle, la plupart des religieuses n’étaient plus capables de comprendre un texte latin non liturgique. 3  Sur ces écrits de femmes cf.  R.  L  R.  Garber, Feminine Figurae. 1100‒1375, New-York / Londres, 2002. 1

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1151‒1152, se plaint-elle à l’archevêque de Brême de ce que sa sœur, religieuse du monastère qu’elle dirige, a été nommée abbesse de Bassum sans qu’elle-même ait été consultée4. Bien que la correspondance soit a priori relativement propice à la mention d’éléments personnels et de faits de la vie quotidienne, elle ne permet finalement pas non plus d’appréhender la vie des religieuses « ordinaires ». En effet, si la célèbre correspondance entre Héloïse et son maître Abélard révèle la personnalité de l’abbesse, la vie au Paraclet n’y est pas évoquée ; Héloïse fait seulement allusion à la façon dont elle ressent sa propre prise de voile et sa vie de religieuse (lettre IV). Il ne s’agit alors que d’un cas personnel, lié à des circonstances exceptionnelles, et Héloïse ne donne aucune précision sur sa vie quotidienne au Paraclet. Dans la lettre VI, elle demande à Abélard d’offrir à ses filles une règle qui serait rédigée spécifiquement pour des femmes car, se plaint-elle, la Règle de saint Benoît, qui ne peut être suivie sans ajustement par des religieuses, ne doit pas non plus être adaptée, sous peine d’être dévoyée  ; elle considère que cette Règle est particulièrement inappropriée pour les femmes dans les domaines vestimentaire, alimentaire et liturgique. Cette demande relaie donc un questionnement des religieuses sur leur mode de vie, mais sans faire référence à des éléments réellement concrets et précis de leur vie. La réponse d’Abélard (lettre  VIII) est basée sur ses réflexions philosophiques et théologiques et sur l’autorité, celle des Pères de l’Église notamment. Très longue, elle est construite, après une courte introduction, autour de trois thèmes, les vœux prononcés (chasteté, pauvreté, silence), l’organisation et l’administration du monastère et enfin la vie des religieuses5. Malgré le grand intérêt de ce texte d’un point de vue réglementaire et théorique, il ne permet pas de saisir la vie réelle des religieuses : il s’agit de réglementation, de conseils, de théorie et non d’éléments permettant de percevoir la façon dont les religieuses vivent quotidiennement à l’intérieur de leur monastère, les soucis et difficultés qu’elles rencontrent etc. Les seules sources issues des religieuses elles-mêmes ne permettent donc pas de rendre compte correctement de leur histoire.

4   Hildegarde de Bingen, Lettre XII, L. Moulinier (trad.), dans D. Régnier-Bohler (dir.), Voix de femmes au Moyen Âge. Savoir, mystique, poésie, amour, sorcellerie. xiie‒xve siècle, Paris, 2006, p. 112‒113. 5   Lettres d’Abélard et Héloïse, E. Hicks et Th. Moreau (éd. et trad.), Paris, 2007, respectivement p. 380/381‒404/405 (Lettre IV), p. 406/407‒454/455 (Lettre VI) et p. 454/455‒566/567 (Lettre VIII).

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Les sources indirectes, extérieures aux établissements féminins, n’évoquent que rarement les monastères féminins ; ainsi, seules les abbayes les plus illustres, quelques abbayes royales notamment, sont mentionnées, avec leurs supérieures, dans les chroniques générales ; mais, là encore, la vie qui y est menée est peu souvent relatée, sauf dans des cas exceptionnels de sainteté ou, au contraire, de scandale ; la très grande majorité des monastères féminins demeure totalement oubliée de ces sources narratives. De même, les abbayes de femmes, le plus souvent des abbayes « isolées » ne faisant pas partie d’un réseau, ne participent que peu à des chapitres généraux qui édicteraient des règles pour elles ou résoudraient des problèmes internes de discipline. Ces rapports entre les communautés dépendant d’un ordre monastique et les autorités de cet ordre – essentiellement l’ordre cistercien – ont été analysés dans des études juridiques et institutionnelles depuis l’ouvrage général de Micheline Pontenay de Fontette6 ; Alexis Grélois, dans sa thèse de doctorat sur les cisterciennes du Nord de la France, a présenté le rôle de grandes figures de l’ordre qui ont incité les femmes à prendre le voile, le statut de celles qui se sont effectivement retirées du monde soit à l’intérieur ou en marge d’abbayes masculines, soit au sein d’abbayes féminines, mais aussi et peut-être surtout l’intégration plus ou moins étroite des communautés féminines à l’ordre cistercien et le rôle de plus en plus important joué par le chapitre général7. La rareté des mentions des établissements féminins dans les sources narratives ou normatives médiévales est vraisemblablement liée au double fait que le monachisme féminin est alors beaucoup moins développé que le monachisme masculin – à la fois en nombre et en influence dans et sur la société – et que le rayonnement des abbayes de femmes est alors généralement beaucoup plus faible que celui des monastères masculins. Sans doute est-ce, avec le silence des religieuses elles-mêmes sur leur mode de vie, un élément qui peut

 M. Pontenay de Fontette, Les religieuses à l’âge classique du droit canon. Recherches sur les structures juridiques des branches féminines des ordres, Paris, 1967. 7  A.  Grélois, “Homme et femme Il les créa” : l’ordre cistercien et ses religieuses des origines au milieu du xiv e siècle, thèse de doctorat dirigée par J. Verger, soutenue à Paris‒4 Sorbonne en 2003, 2  vol. Cf.  A.  Grélois, L’ordre cistercien et ses religieuses des origines au début du xiv e  siècle  : principes généraux et diversité des statuts, (http://www.arccis.org/downloads/ histoiredesreligieusescisterciennes.pdf ). En partie sur les mêmes problématiques, Ghislain Baury a étudié trois monastères de cisterciennes dans le Nord-Est de la Castille (Gh. Baury, Les religieuses de Castille : patronage aristocratique et ordre cistercien xii e‒xiii e siècles, Rennes, 2012) : après avoir cerné les rapports entre l’aristocratie, tout particulièrement la famille des fondateurs, et les communautés, il a analysé la place des abbayes au sein de l’ordre cistercien, avant enfin de considérer la gestion temporelle des abbayes. 6

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expliquer le faible nombre d’études sur ces femmes qui se sont retirées du monde : le monachisme féminin et la vie des religieuses ne peuvent quasiment être perçus qu’à travers des sources indirectes, issues du chartrier de chaque communauté, chartrier qui est souvent moins bien conservé que celui des abbayes masculines8. Il peut donc sembler plus difficile de bien cerner le mode de vie des religieuses que celui des moines. Le monachisme féminin est donc moins bien connu que le monachisme masculin qui a davantage fait l’objet de travaux historiques. À cause des spécificités du monachisme féminin médiéval, et notamment de la stricte clôture imposée aux religieuses, à cause d’une certaine défiance des ordres masculins qui ont hésité à intégrer des communautés féminines, il peut sembler que tous les établissements féminins ont fonctionné de la même manière, que les religieuses y menaient toutes la même vie, que les moniales étaient toutes d’origine aristocratique etc. De rares synthèses ont été réalisées durant les dernières décennies9. La première, en 1956, qui forme un tome complet de la très grosse œuvre de dom Philibert Schmitz sur le monachisme bénédictin, est assez générale, du fait de l’ampleur du sujet traité. Une première partie, historique, fait un tableau de l’évolution du monachisme féminin, de ses origines au milieu du xxe siècle. La seconde partie, thématique, est assez superficielle : elle s’appuie sur des exemples pris dans différents pays d’Europe, mais la situation d’une abbaye ne peut pas toujours être généralisée aux autres. Un quart de siècle plus tard, en 1983, Michel Parisse a fait une autre synthèse, sans doute la plus accessible sur le monachisme féminin ; plus courte que celle de dom Philibert Schmitz, elle est centrée sur la Lotharingie au sens large et sur le Moyen Âge central. Michel Parisse y insiste sur les spécificités des établissements féminins tant pour leur fondation que pour la gestion de leurs biens avant d’analyser l’organisation des abbayes féminines et de

  Bien souvent, les moniales ne tenaient pas elles-mêmes leur chartrier à jour ; elles étaient peut-être, de ce fait, moins conscientes de l’importance de conserver, trier, classer, recopier les chartes qui leur étaient léguées par les générations précédentes. En outre, les communautés de femmes ont peut-être été encore plus démunies face à la Révolution française que les communautés d’hommes, et leurs archives ont sans doute subi à cette époque des pertes plus lourdes que celles d’abbayes masculines. 9  Ph. Schmitz, Histoire de l’Ordre de Saint-Benoît, Maredsous, 1956, t. VII : Les moniales ; M. Parisse, Les nonnes au Moyen Âge, Le Puy, 1983 ; M. Moreau, L’âge d’or des religieuses. Monastères féminins du Languedoc méditerranéen au Moyen Âge, Montpellier, 1988. 8

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constater qu’elle diffère peu de celle des abbayes masculines ; enfin, il présente la place dans la société des religieuses demeurées en lien avec le siècle. Quelques années plus tard, en 1988, le travail de Marthe Moreau était lui aussi centré sur une région assez restreinte afin que la documentation reste gérable, le Languedoc méditerranéen – les exemples sont d’ailleurs davantage tirés du petit diocèse de Maguelone, où huit communautés sont recensées par l’auteur, que des diocèses de Nîmes, Narbonne, Carcassonne, Agde ou Béziers où ne sont dénombrées que huit autres communautés au total. Après avoir recensé les établissements féminins et vu les circonstances de leur fondation, Marthe Moreau étudie le recrutement de ces établissements puis l’organisation interne et externe des communautés, et enfin analyse le mode de vie des religieuses. Les ouvrages de Michel Parisse et de Marthe Moreau sont donc des synthèses très utiles, mais les auteurs ne peuvent pas y explorer toutes les facettes de l’existence des établissements qu’ils étudient, du fait d’un trop grand nombre de monastères d’ordres différents, et ils n’entrent donc que rarement dans le détail de la vie des religieuses ou de l’organisation des communautés ; ils insistent souvent sur des éléments généraux assez bien connus du monachisme féminin, même s’ils les étayent par des exemples précis ; quand les renseignements font défaut pour les monastères de leur corpus, ils les tirent d’autres communautés, extérieures à leur région d’étude. Il en découle une certaine généralisation qui laisse une impression de similarité entre les établissements. Cette relative homogénéité du monachisme féminin reste toutefois à prouver, ou à démentir, à partir de la comparaison de travaux monographiques envisageant, de façon concrète, l’ensemble des aspects de l’existence de communautés féminines  ; mais de telles recherches sur un monastère féminin sont presque inexistantes, hormis deux monographies réalisées par Joseph Picot en 1970 et Paulette L’Hermite-Leclercq en 198910.

 J. Picot, L’abbaye de Saint-Pierre de Lyon, Paris, 1970 et P. L’Hermite-Leclercq, Le monachisme féminin dans la société de son temps. Le monastère de La Celle (xie‒xvie siècles), Paris, 1989. On peut citer d’autres études moins développées : E.-R. Labande (dir.), Histoire de l’abbaye Sainte-Croix de Poitiers. Quatorze siècles de vie monastique, Mémoires de la Société des Antiquaires de l’Ouest, 4e série, t. xix (1986‒1987) ; Sainte Fare et Faremoutiers. Treize siècles de vie monastique, Faremoutiers, 1956 ; B. Chauvin, Vauxbons, abbaye cistercienne au diocèse de Langres (…1175‒1394…), chez l’auteur, 2005. 10

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Joseph Picot a étudié une très ancienne abbaye féminine lyonnaise, SaintPierre, depuis ses origines à l’époque mérovingienne jusqu’au milieu du xive siècle, époque de transition à Lyon – et à Saint-Pierre-les-Nonnains – après les nombreuses disparitions liées aux épidémies de peste et le rattachement de la ville au royaume de France : de nouvelles élites apparaissant dans la ville, le recrutement de l’abbaye évolue dans ses motivations. Après avoir présenté l’histoire de l’abbaye, Joseph Picot étudie son intégration sociale et économique dans la ville de Lyon puis ses ressources à travers la gestion du temporel. S’il peut mettre en évidence une évolution de l’origine géographique des religieuses, il ne s’étend qu’assez peu sur la vie menée par les religieuses, faute de sources suffisamment explicites dans ce domaine. Paulette L’Hermite-Leclercq a consacré son travail à La Celle de Brignolles, prieuré féminin de l’abbaye Saint-Victor de Marseille. Du fait du statut particulier de cet établissement, elle insiste sur les circonstances de la fondation de ce prieuré féminin, qui prend la suite d’une cella où vivaient quelques moines de Saint-Victor, mais aussi sur les relations entretenues par les religieuses et leur prieure avec l’abbaye-mère et le prieur qui la représente. Elle étudie également la communauté, sa composition, son organisation, son existence et parvient ainsi à donner vie à cette communauté. En fait, pendant longtemps, en France au moins, les recherches sur les établissements religieux féminins se sont essentiellement concentrées sur deux aspects11 : le mode de vie des religieuses, notamment pour essayer de différencier les moniales et les chanoinesses, problématique qui a été particulièrement posée pour les monastères des terres d’Empire où sont apparus et se sont développés, au Moyen Âge et à l’époque moderne, des chapitres de dames nobles12 ; et d’autre part, la fondation des établissements, en p­ articulier

 Les Allemands et surtout les Anglo-saxons ont mené des recherches plus larges. Cf. par exemple E.  Power, Medieval English Nunneries (c. 1275 to 1535), Cambridge, 1922  ; P.  D. Johnson, Equal in monastic profession. Religious Women in Medieval France, Chicago  /  Londres, 1991  ; Br.  L.  Venarde, Women’s monasticism and medieval society. Nunneries in France and England 890‒1215, Ithaca / Londres, 1997. H. Atsma, « Klöster und Mönchtum im Bistum Auxerre bis zum Ende des 6. Jahrhunderts », Francia, t. 11 (1983), p.  1‒96  ; Fr.  Prinz, Frühes Mönchtum im Frankreich (4. bis 8. Jahrhundert), Munich, 1985  ; W.  Affeldt (éd.), Frauen in Spätantike und Frühmittelalter. Lebensbedingungen, Lebensnormen, Lebensformen, Sigmaringen, 1990  ; F.  Eisermann, E.  Schlotheuber, V.  Honemann (éd.), Studien und Texte zur literarischen und materiellen Kultur der Frauenklöster im späten Mittelalter, Leiden / Boston, 2004. 12  G. Despy, « Notes sur deux actes pontificaux inédits du xiiie siècle concernant le statut des chanoinesses séculières  », Bulletin de la Commission royale d’histoire, t.  cxv (1950), 11

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au Haut Moyen Âge, à partir des récits hagiographiques et des récits des origines13. Quelques articles ont recensé les différents établissements féminins existant au Haut Moyen Âge14, ouvrant la porte à des études comparatives qui n’ont souvent été qu’esquissées. Depuis une trentaine d’années, peut-être en lien avec le développement de l’histoire du genre, des études sur le monachisme féminin se sont multipliées dans le cadre de colloques et de publications collectives15. Michel p. 427‒441 ; Id., « Les chapitres de chanoinesses nobles en Belgique au Moyen Âge », Annales du 36e  congrès de la fédération archéologique et historique de Belgique, 1956, p.  169‒179  ; R.-H. Bautier, « De la recluserie au chapitre de dames nobles. Les abbayes de moniales de Lorraine et spécialement Notre-Dame de Bouxières-aux-Dames », dans La femme au Moyen Âge, Maubeuge, 1990, p.  99‒112  ; M.  Parisse, «  Les chanoinesses séculières  », Cahiers d’histoire, t.  20  (1975), p.  253‒258  ; Id., «  Les chanoinesses dans l’Empire germanique (ixe‒xie siècles) », Francia, t. 6 (1978), p. 107‒126 ; Id., « Les religieuses bénédictines de Lorraine au temps de la réforme des xie et xiie siècles », RM, t. LXI (1987), p. 257‒279 ; Id., «  Les femmes au monastère dans le Nord de l’Allemagne du ixe au xie  siècle  », dans Frauen in Spätantike und Frühmittelalter. Lebensbedingungen, Lebensnormen, Lebensformen, Sigmaringen, 1990, p. 311‒324. Une partie des articles de Michel Parisse est repris dans Id., Religieux et religieuses en Empire, Paris, 2011, p. 115‒245. Pour l’époque moderne, par exemple  : Fr.  Boquillon, «  La noblesse et les chapitres de dames. L’exemple d’Épinal aux xviie et xviiie siècles », Annales de l’Est, 5e série, t. 1 (1976), p. 39‒64. 13  G. Moyse, « Les origines du monachisme dans le diocèse de Besançon (ve‒xe siècles) », BEC, t. 131 (1973), p. 21‒104 et p. 369‒395 ; J. Hourlier, « Les origines du monastère Saint-Pierre de Reims  », Mémoires de la société d’agriculture, commerce, sciences et arts du département de la Marne, t. 89 (1974), p. 19‒30 ; M. Gaillard, « Les fondations d’abbayes féminines dans le Nord et l’Est de la Gaule, de la fin du vie siècle à la fin du xe siècle », RHEF, t. 196 (1990), p. 5‒20 ; Ead., « Les origines du monachisme féminin dans le Nord et l’Est de la Gaule (fin vie siècle-début viiie siècle) », dans Les religieuses dans le cloître et dans le monde, Saint-Étienne, 1994, p. 47‒54 ; Ead., « De l’Eigenkloster au monastère royal : l’abbaye Saint-Jean de Laon, du milieu du viie  siècle au milieu du viiie  siècle, à travers les sources hagiographiques », dans M. Heinzelmann (dir.), L’hagiographie du Haut Moyen Âge en Gaule du Nord. Manuscrits, textes et centres de production, Stuttgart, 2001, p. 249‒262. 14   J.  Verdon, «  Recherches sur les monastères féminins dans la France du Sud aux ixe‒ xie siècles », Annales du Midi, t. 88 (1976), p. 117‒138 ; Id., « Recherches sur les monastères féminins dans la France du Nord aux ixe‒xie siècles », RM, t. LIX (1976), p. 49‒96 ; Id., « Les moniales dans la France de l’Ouest aux xie et xiie siècles. Étude d’histoire sociale », CCM, t. LIX (1976), p. 247‒264 ; J-M. Guillaume, « Les abbayes de femmes en pays franc des origines à la fin du viie siècle », dans Remiremont, l’abbaye et la ville, Nancy, 1980, p. 29‒46. 15  M. Parisse (dir.), Les religieuses en France au xiiie siècle, Nancy, 1985 ; Les religieuses dans le cloître et dans le monde, 2e colloque du cercor (1988), Saint-Étienne, 1994 ; M. Parisse et P. Heili (dir.), Les chapitres de dames nobles entre France et Empire, Paris, 1998 ; Au cloître et dans le monde. Femmes, hommes et sociétés (ixe‒xve siècles), Mélanges en l’honneur de Paulette

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Parisse a ainsi organisé une table-ronde sur Les religieuses au xiiie siècle en 1983, ce qui a donné lieu à des éclairages régionaux, à des mises au point sur un type de religieuses ou à des recherches sur la figure de la religieuse dans certaines sources littéraires. Quelques années plus tard, le CERCOR a organisé le premier grand colloque français sur les religieuses autour de quatre thèmes principaux : « les pouvoirs de la supérieure », « le personnel masculin au service des religieuses  », «  théorie et pratique de la clôture » et « religieuses et action sur la société ». D’autres rencontres ont été organisées autour d’une famille particulière de religieuses : les chapitres de dames nobles dans un colloque organisé par Michel Parisse et Pierre Heili, en 1998 ; les cisterciennes lors des rencontres sur Cîteaux et les femmes autour de l’organisation de l’espace dans les monastères de cisterciennes et de l’intégration des religieuses cisterciennes dans l’ordre, en 2000 ; plus récemment les religieuses bénédictines dans un colloque sur La place et le rôle des femmes dans l’histoire de Cluny, en 2010. En 2000 enfin, une partie des hommages rendus à Paulette L’Hermite-Leclerq est dédiée aux religieuses avec certains des articles consacrés à « Vivre en communauté » ou aux « Femmes laïques, entre pouvoirs et dévotions  ». Toutefois, il s’agit là d’études ­ponctuelles – sur un point précis, souvent dans une abbaye – qui n’abordent pas tous les aspects de la vie d’un monastère. Ces articles permettent de mieux connaître les communautés religieuses féminines, mais de façon p­ ointilliste. Ils sont toutefois extrêmement précieux pour toute étude plus générale puisqu’ils permettent une comparaison indispensable afin de confirmer ou d’infirmer l’idée de relative homogénéité du monachisme féminin. Aucune monographie conséquente ne s’est ajoutée à celles de Joseph Picot et de Paulette L’Hermite-Leclercq. Pourtant, les établissements religieux féminins ne sont pas tous nés dans les mêmes circonstances et ne se sont pas tous développés de la même manière  ; les religieuses n’y ont pas mené la même vie, que ce soit d’un monastère à l’autre ou même, au sein d’un même établissement, d’une époque à l’autre ; la gestion du temporel n’a pas toujours été identique ; les relations avec les autorités ecclésiastiques – chef d’ordre ou abbé le cas échéant, évêque, pape – ont été très variées.

L’Hermite-Leclercq, Paris, 2000  ; B.  Barrière et M.-É.  Henneau (dir.), Cîteaux et les femmes, Paris, 2001 ; J.-P. Renard (éd.), D. Riche (éd.), La place et le rôle des femmes dans l’histoire de Cluny. En hommage à Ermengarde de Blesle mère de Guillaume le Pieux, Actes du colloque de Blesle (2010), Brioude, 2013.

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Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

C’est pourquoi lorsque j’ai entrepris un travail de doctorat, il y a une quinzaine d’années, sous la direction de Michel Parisse16, le choix s’est porté sur une étude de type monographique, comme Marcel Pacaut, Michel Parisse et Benoît Chauvin les appelaient de leurs vœux17, afin de rassembler le maximum d’informations concrètes sur un établissement pour comprendre au mieux son évolution, son intégration dans la société locale, le mode de vie des religieuses etc. C’est en effet sur des études de ce type que pourra s’appuyer un travail de comparaison et de synthèse, étayé par des exemples précis plus diversifiés qu’auparavant. Deux abbayes féminines à Autun L’exemple du monachisme féminin autunois est intéressant à plusieurs titres dans la mesure où il permet une étude variée grâce à la coexistence de deux établissements féminins importants – Saint-Andoche et Saint-Jean-le-Grand. Hormis deux mémoires de maîtrise consacrés respectivement à Saint-Jean-leGrand au xviie siècle et à l’église paroissiale dépendant de Saint-Andoche18, seuls quelques rares articles, portant sur des points extrêmement précis, ont été consacrés à l’une ou l’autre de ces deux abbayes éduennes19. Dans des études géographiquement plus larges, des historiens ont évoqué le cas de ces deux abbayes ou de l’une ou l’autre d’entre elles, essentiellement à propos de la règle adoptée à leur fondation ou de leurs rapports avec les autorités épiscopales ou pontificales, en lien avec les lettres adressées par Grégoire le Grand aux supérieurs de trois établissements religieux fondés à la fin du vie siècle à Autun20.  N. Verpeaux, Saint-Andoche et Saint-Jean le Grand : des religieuses à Autun au Moyen Âge, thèse de doctorat dirigée par M. Parisse, soutenue à l’université Paris‒1 Panthéon-Sorbonne en 2009, 3 vol. 17  J. Picot, L’abbaye Saint-Pierre de Lyon, op. cit., p. VI (préface de M. Pacaut) ; M. Parisse, Les nonnes au Moyen Âge, op. cit., p. 256 ; A. Grélois, “Homme et femme Il les créa”, th. cit., p. 6 (introduction dans laquelle est cité B. Chauvin). 18  S.  Boisselier, L’abbaye Saint-Jean-le-Grand d’Autun. Temporel et vie régulière au xviie siècle, mémoire de maîtrise dirigé par P. Salvadori, soutenu à l’université de Bourgogne en 1998. M. Revenu, L’église de Saint-Pierre Saint-Andoche à Autun, mémoire de maîtrise d’archéologie dirigé par J.-P. Caillet et W. Berry, soutenu à Paris‒X Nanterre en 2002. 19  A. de Charmasse, « Notes sur l’exercice du droit de gîte en 1382, 1385 et 1407 », MSE, nv. série, t. 21 (1893), p. 29‒36 ; Id., « Note sur la communauté d’habitants de Nolay d’après une charte de 1244 », MSE, nv. série, t. 36 (1908), p. 111‒119 ; É. Vergnolle, « L’ancienne abbaye Saint-Jean-le-Grand d’Autun », Bulletin monumental, t. 135 (1977), p. 85‒107 ; J. Madignier, «  Enquête sur l’alimentation dans une communauté religieuse en Bourgogne au xiiie  siècle d’après l’obituaire de Saint-Andoche », MSE, nv. série, t. 56 (1995‒2000), p. 187‒191. 20  Cf. chap. préliminaire. 16

Introduction

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Ces deux monastères féminins ont été fondés à quelques centaines de mètres l’un de l’autre au Haut Moyen Âge ; en l’an mil, alors que le monachisme féminin n’était plus aussi florissant que quelques siècles plus tôt21, il y avait deux abbayes de femmes à Autun, ce qui était alors assez rare en France  ; elles se sont développées côte à côte, jusqu’à leur dissolution lors de la nationalisation de leurs biens en 1792. Saint-Andoche et Saint-Jeanle-Grand sont donc nées sinon exactement au même moment, du moins au sein d’un milieu identique et ont prospéré aux mêmes époques et dans un contexte commun. Parfois, la compréhension renforcée d’un aspect pour l’un des deux établissements, grâce à la conservation de certaines archives, permet de mieux interpréter des indices et de discerner des différences ou des points communs avec l’autre établissement pour lequel les archives de même nature ne sont pas conservées (fig. 02, plus bas). Il est ainsi parfois possible de comparer les deux établissements, malgré des écueils méthodologiques qui doivent être évités : il est toujours délicat de transposer ce que l’on sait de façon « certaine » sur une abbaye grâce à des sources, pour le généraliser à une autre pour laquelle il n’existe pas les mêmes sources ; c’est pourquoi il faut, autant que possible, tenter de trouver des indices permettant de conforter, ou au contraire de rejeter, une telle généralisation. Enfin, ces deux monastères ont été fondés à Autun, cité gallo-romaine influente et chef-lieu d’un vaste et puissant évêché de Burgondie. Ils se sont développés dans le duché de Bourgogne, non loin de deux grands centres monastiques réformateurs, Cluny et Cîteaux. Ils étaient situés dans le royaume de France, mais à proximité des terres d’Empire ; les religieuses d’une des deux abbayes éduennes avaient d’ailleurs des possessions dans le comté de Bourgogne. Diverses influences ont donc pu se faire sentir sur les religieuses, d’autant que les deux abbayes étaient indépendantes et n’étaient affiliées à aucun ordre ; il est donc intéressant d’essayer de discerner ces différentes influences. Saint-Andoche et Saint-Jean-le-Grand ne sont pas les seuls établissements à avoir accueilli des religieuses dans la région d’Autun au Moyen Âge. À côté de ces deux abbayes urbaines, sont nés et ont subsisté plusieurs prieurés qui ont été écartés de l’étude ; il ne s’agit pas de prieurés dépendant de l’une ou l’autre de ces deux abbayes, mais de prieurés ruraux indépendants qui ont abrité quelques religieuses pendant quelques siècles. Saint-Georges-des-Bois et Pierre-­Cervau  M. Rouche, « Les religieuses des origines au xiiie siècle. Premières expériences », dans Les religieuses dans le cloître et dans le monde, Saint-Étienne, 1994, p. 15‒28, en particulier p. 23‒24 ; A. Dubreucq, « Le monachisme féminin dans le Nord de la Gaule à l’époque carolingienne », dans Ibid., p. 55‒71, en particulier p. 65. 21

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Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

étaient situés à moins de cinq  kilomètres de la cité éduenne et font partie aujourd’hui de la commune d’Autun  ; Champchanoux et Saint-Julien-surDheune étaient situés à une trentaine de kilomètres d’Autun (fig. 01). Le prieuré de Saint-Georges-des-Bois fut l’un de ces nombreux prieurés féminins créés au xiie ou au xiiie siècle et dont l’existence fut éphémère faute, notamment, de ressources suffisantes. Son origine est inconnue, mais il est cité pour la première fois lors d’une donation de rentes en nature et en argent en 1225, date à laquelle les religieuses sont désignées comme des sanctimonialibus ibidem Deo servientibus22. Le nom d’une dizaine de religieuses est connu ; elles appartenaient toutes, semble-t-il, à la noblesse seigneuriale de la région23. Pourtant, malgré les dots apportées par ces religieuses et les legs testamentaires de plusieurs Autunois – legs toujours plus faibles que ceux dont bénéficiaient le chapitre cathédral et les abbayes urbaines –, le prieuré sombra dans la pauvreté. En 1322, les religieuses, placées depuis quelques années déjà sous la dépendance du prieuré de Saint-Julien-sur-Dheune, ne survivaient que grâce à la charité du chapitre cathédral d’Autun et, en 1343, la dispersion de la communauté fut prononcée ; le temporel du prieuré fut alors réuni à celui de Saint-Julien-sur-Dheune. Au début du xve  siècle, ne subsistaient qu’un chapelain desservant la chapelle Saint-Georges et le titre, honorifique, de prieure de Saint-Georges à Saint-Julien-sur-Dheune24. Le prieuré de Pierre-Cervau, fondé comme une dépendance du prieuré de Champchanoux en 1199 par le duc Eudes III qui le dota d’environ 800 arpents de forêt, fut plus éphémère encore. Plusieurs donations en faveur des religieuses ont eu lieu au début du xiiie siècle ; mais, dès 1229, il n’y avait plus que quatre religieuses à Pierre-Cervau, religieuses dont la présence était indésirable à Champchanoux. À partir de 1273, date à laquelle la prieure de Champchanoux afferma le domaine de Pierre-Cervau, il n’y eut plus de religieuses en ce lieu25.

 A. de Charmasse, « Le prieuré de Saint-Georges-des-Bois près Autun », MSE, nv. série, t. 6 (1877), p. 83‒100, en particulier p. 85. 23  Une des prieures, Alice d’Outre-Loire (n°902), qui a fondé un anniversaire à SaintAndoche, était peut-être parente de Jacquette d’Outre-Loire (n°71), elle-même religieuse de Saint-Andoche une génération auparavant ; mais l’identité du surnom n’est pas une preuve. Les numéros entre parenthèses qui suivent un nom de personne, soit dans le texte soit dans une note de bas de page, renvoient aux notices biographiques consultables dans le volume 2 en ligne http://dx.doi.org/10.1484/M.EMI-EB.5.108483. Vous trouverez les instructions permettant d’accéder à ces annexes à page 4. 24  A. de Charmasse, « Le prieuré de Saint-Georges-des-Bois », art. cit., p. 83‒100. 25  A. de Charmasse, « Le prieuré de Champchanoux, de l’ordre de Saint-Benoît », MSE, nv. série, t. 11 (1882), p. 1‒74, en particulier p. 3‒14. 22

Introduction

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FIG. 01. Les établissements religieux féminins à Autun et dans les environs d’Autun au Moyen Âge

Le rattachement de Pierre-Cervau à Champchanoux et de Saint-Georges-des-Bois à Saint-Julien-sur-Dheune est encore perceptible dans la toponymie  : un lieu-dit et une papeterie portent le nom de  Champchanoux à l’Est de Pierre-Cervau – Le Cerveau aujourd’hui ; un bois porte le nom de Garenne Saint-Julien à proximité de Saint-Georges. Le prieuré de Champchanoux a été fondé au xiie siècle – son existence est attestée en 1191 – et a été transféré à Toulon-sur-Arroux en 1686 ; il a été étudié par Anatole de Charmasse à la fin du xixe siècle26. Celui de Saint-Julien-sur-Dheune est attesté au xive siècle et fut réuni à Rougemont en 1673, mais il est très mal connu faute d’archives. La vie que menaient les religieuses dans ces deux prieurés demeure méconnue  ; on peut

  Ibid., p. 1‒74.

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c­ ependant supposer qu’elle était assez similaire à celle qui était menée à Saint-Andoche et à Saint-Jean-le-Grand, dans la mesure où des religieuses de l’une ou l’autre des deux abbayes urbaines y sont devenues prieures et que des religieuses – ou des prieures – de ces prieurés sont devenues abbesses à Autun27. Saint-Georges-des-Bois, Pierre-Cervau, Champchanoux et SaintJulien-sur-Dheune étaient des établissements ruraux, contrairement aux deux abbayes qui avaient été fondées à l’intérieur de la vaste enceinte galloromaine d’Autun qui existait encore au Moyen Âge. En outre, les deux ­premiers – structures de petite taille, faiblement dotées, d’autant plus vulnérables qu’elles étaient fondées à la campagne ou en forêt – furent très éphémères. Il est donc difficile de mener une comparaison entre des abbayes urbaines qui ont eu huit à dix siècles d’existence continue et qui étaient bien intégrées dans la société bourguignonne et des prieurés ruraux qui n’ont subsisté qu’un ou deux siècles – cinq pour Champchanoux – et n’ont eu d’influence que très localement. Enfin, une étude de ces établissements n’aurait pas pu apporter de connaissances nouvelles par rapport aux travaux d’Anatole de Charmasse sur Saint-Georges-des-Bois, Pierre-Cervau et Champchanoux, et aucune étude sérieuse ne semble pouvoir être menée sur Saint-Julien-sur-Dheune, faute d’archives. C’est pourquoi seuls les éléments tirés de la vie de ces prieurés permettant d’enrichir l’étude des deux abbayes urbaines, en particulier dans le domaine du recrutement des religieuses, ont été retenus. L’étude de Saint-Andoche et de Saint-Jean-le-Grand se concentre sur les trois derniers siècles du Moyen Âge. En effet, le nombre de documents antérieurs à 1250 est respectivement d’une trentaine pour Saint-Andoche et d’une vingtaine pour Saint-Jean-le-Grand, alors que la documentation conservée pour les époques postérieures croît de manière exponentielle28. Toutefois, lorsque les sources le permettent, l’étude de certains sujets est aussi 27  Ainsi par exemple, Huguette Bouton (n°27), religieuse de Saint-Andoche, devint prieure de Champchanoux, avant d’être élevée à l’abbatiat de Saint-Andoche qu’elle dirigea pendant trente-cinq ans. 28   Moins de 2% des presque 1300 et plus de 1400 documents relatifs à la période médiévale respectivement conservés dans les fonds de Saint-Andoche et Saint-Jean concernent la période antérieure à 1250. Sont comptabilisés ici les documents – actes originaux, copies diverses, analyses d’actes… – provenant des fonds de Saint-Andoche et de Saint-Jean conservés aux Archives départementales de Saône-et-Loire et de Côte-d’Or, à la Bibliothèque municipale d’Autun et à la Société éduenne. Pour chacune des deux abbayes, les deux tiers de la documentation relative au Moyen Âge concernent le xve siècle.

Introduction

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développée sur la période antérieure ; il est également parfois fait référence à des événements postérieurs à la fin du xve siècle, quand ils facilitent la compréhension de la période médiévale. Sources et pistes de recherche Les deux abbayes féminines éduennes sont quantitativement privilégiées en ce qui concerne les sources conservées, issues de leur chartrier respectif 29. L’étude des deux établissements et de leur communauté est basée presqu’exclusivement sur des sources inédites et sur un dépouillement systématique de celles-ci. Les sources sur le monachisme féminin à Autun Bien entendu, comme pour la plupart des abbayes, les actes de la p­ ratique liés au temporel – baux, contrats d’achat ou de vente, reconnaissances, ­procès – sont conservés en grand nombre et forment le cœur de la documentation disponible (fig. 02, en grisé dans le tableau). Quelques sources un peu moins classiques sont conservées, mais elles sont différentes d’une abbaye à l’autre : Saint-Andoche est en partie caractérisée par ses quatre obituaires, tandis que Saint-Jean peut l’être par ses comptes de la fin du xive et du début du xve siècle ; or aucun obituaire n’est conservé pour Saint-Jean et très peu de fragments de comptes pour Saint-Andoche. En revanche, aucune source littéraire de type chronique, aucun cartulaire, ni aucune constitution n’est conservé ni pour l’une ni pour l’autre ; aucune trace ne permet d’ailleurs de penser que de tels écrits ont existé un jour. Enfin, les chartes conservées sont précieusement complétées, pour SaintJean, par l’existence de grands pans d’un inventaire des archives de Saint-Jean rédigé en 1689 à la demande de l’abbesse Marie de Carbonière de La Capelle Biron ; un tel inventaire a pu être réalisé aussi pour Saint-Andoche, mais il n’en reste pas de trace30.

 Plus de 5  mètres linéaires, plus de 500 liasses d’archives chacune, pour les périodes médiévale et moderne. 30  Pour Saint-Jean : AD SL H 1169 et 1170 et Soc. Éd. D 4 reg. 75. Un inventaire de même type avait été réalisé pour la cathédrale par le même Allyot, avocat au Parlement de Dijon, deux ans auparavant (AD SL G 432‒435). 29

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Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

Saint-Andoche Saint-Jean-le-Grand lettres de privilèges datant de la oui oui première fondation chartes de privilèges des ixe-xe siècles oui non baux, amodiations, rentes, cens oui oui procès liés au temporel oui oui terriers oui oui livres de comptes quelques oui, pour quelques fragments années bulles d’exemption oui non coutumier non non procès-verbal d’élection abbatiale non oui obituaires oui non inventaire détaillé de la fin du il a sans doute oui xviie siècle existé FIG. 02. Comparaison des types de sources conservées pour Saint-Andoche et SaintJean-le-Grand 31

Les sources extérieures aux deux communautés sont beaucoup plus rares. Ainsi, quasiment aucune source communale n’est conservée pour Autun au Moyen Âge car elles ont été brûlées en 1591,31lors du siège de la ville ligueuse par les troupes royales32. Très peu de minutes de notaires autunois sont conservées, pour le xve siècle, et aucune de notaires d’autres centres notariaux de la région. Ces lacunes, en partie compensées par les importants fonds ecclésiastiques, limitent quelque peu l’étude de l’intégration des abbayes dans la ville. Enfin, les sources iconographiques éduennes sont elles aussi pratiquement inexistantes  : seul existe un plan, très précis, de l’abbaye Saint-Andoche, mais celui-ci a été réalisé au début du xviiie siècle, après que l’ensemble des bâtiments 31  Les lignes grisées correspondent aux actes dont la rédaction est liée au contexte local, aux coutumes ou aux notaires, à des éléments extérieurs à l’abbaye, et qui ne donnent donc pas de renseignements directs sur la vie des religieuses. 32   « Le papier venant à faillir, un certain bon capitaine, nommé Artigault ou d’Artigolle, fit apporter sur le rempart les coffres des archives de la ville, et ainsi les Autunois envoyèrent-ils tous leurs titres en rembourrures à l’ennemi » (Journal de la défense, 18 juin 1591 cité par Hippolyte Abord, Histoire de la Réforme et de la Ligue dans la ville d’Autun, Autun / Paris, 1855‒1886, t. 2, p. 229).

Introduction

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médiévaux a été détruit puis reconstruit à l’époque classique (pl.  VIIa. et b.). Quelques plans généraux de la ville dessinés à la fin du xvie siècle (pl. III. et IV.) et une gravure du xviie  siècle (pl.  II.) permettent cependant d’appréhender l’allure générale des abbayes et leur localisation dans la ville, même si leur organisation interne ne peut pas être connue avec précision. Quelques sources iconographiques, médiévales ou plus souvent modernes, renseignent sur certains des domaines ruraux des religieuses et surtout sur certains de leurs hôtels seigneuriaux. Tous les documents des deux abbayes relatifs à la période médiévale ont été systématiquement dépouillés, transcrits et, le cas échéant, traduits, afin que puisse être exploité tout élément, aussi mineur puisse-t-il sembler tant qu’il n’est pas mis en relation avec d’autres documents. Une attention particulière a été portée aux personnes, ce qui a donné lieu à l’élaboration d’une base de données rassemblant tous les individus mentionnés dans la documentation médiévale des deux abbayes, pour faciliter des rapprochements entre les religieuses et certains de leurs officiers, des témoins etc., mais aussi pour reconstituer le plus précisément possible la biographie et le milieu familial des religieuses et de ceux qui les entourent, qu’il s’agisse de ceux qui ont été au service des religieuses – familia temporelle en quelque sorte – ou de ceux pour lesquels les religieuses priaient – familia spirituelle. C’est pour compléter et affiner les éléments ainsi réunis que les autres fonds autunois et d’autres fonds ecclésiastiques ont été dépouillés de façon systématique ou par des sondages raisonnés. Ce travail a permis d’établir un millier de fiches biographiques sur les religieuses, sur leurs officiers et sur ceux qui bénéficiaient de leurs prières, fiches qui sont à la base de l’étude sociologique des religieuses et de ceux qui sont à leur service33. La base de données a aussi permis de construire des tableaux d’attestation des religieuses34, outil qui a facilité l’étude de la composition des deux chapitres. Pistes de recherche Cette double monographie est centrée sur les abbayes et leurs religieuses, sans toutefois s’enfermer dans la clôture. La société autunoise des paroisses Saint-Pierre-Saint-Andoche et Saint-Jean-le-Grand et les villages dont les religieuses sont dames ne sont pas étudiés pour eux-mêmes mais en fonction de leurs liens avec les religieuses. Ce sont les spécificités de ces établissements

 Cf. l’étude prosopographique «  Les dames d’Autun et leur entourage  : religieuses,  officiers  et  bénéficiaires de prières  » consultable dans le volume 2 en ligne http://dx.doi.org/10.1484/M.EMI-EB.5.108483. Vous trouverez les instructions permettant d’accéder à ces annexes à page 4. 34  N. Verpeaux, Saint-Andoche et Saint-Jean-le-Grand, th. cit., t. 2 Annexes, p. 79‒96. 33

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en tant qu’abbayes de femmes qui sont au cœur de l’étude ; ainsi, la gestion des biens temporels et des seigneuries pose la question de la façon dont un seigneur très particulier, une communauté de femmes cloîtrées, s’occupait de ses domaines : comment les religieuses conciliaient-elles leurs obligations de retrait du monde et la nécessité de faire sentir à leurs tenanciers et à leurs vassaux leur présence et leur existence ? L’étude conjointe de ces deux abbayes éduennes a également pour but de repérer leurs différences et leurs points communs, de comprendre dans quelles conditions elles ont pu se développer à proximité immédiate l’une de l’autre, de voir dans quels domaines elles ont pu être concurrentes ou, au contraire, complémentaires. On peut aisément concevoir une concurrence entre les deux abbayes pour les ressources : c’est à cause de revenus trop faibles pour faire vivre un plus grand nombre de religieuses que l’évêque Jonas, au milieu du ixe siècle, interdit que soient accueillies plus de 60 moniales à Saint-Andoche. Comment, dès lors, le temporel de cette abbaye a-t-il évolué et comment celui de SaintJean s’est-il constitué, au détriment ou non de celui de Saint-Andoche ? La question des possessions, mais aussi de la fructification et de la gestion des biens par les religieuses, est spécifique dans la mesure où les chapitres de religieuses étaient des seigneurs en grande partie absents de leurs domaines qui, par obligation, ne pouvaient que s’y faire représenter. Pour le recrutement des religieuses, il peut tout aussi bien y avoir eu concurrence que complémentarité. Qu’avaient à offrir ces deux abbayes et sur quels critères se faisait le choix des jeunes filles qui prenaient le voile à Autun, ou celui de leur famille ? Se pose là le problème de l’origine – géographique et sociale – des religieuses, mais aussi et surtout, du mode de vie qu’elles menaient : les abbayes appartenaient toutes deux à l’ordre de SaintBenoît, mais cette appartenance ne signifiait pas nécessairement un suivi strict de la règle bénédictine. Les religieuses de Saint-Andoche et de Saint-Jean menaient-elles une vie plus proche de celle des moniales cloîtrées ou de celle des chanoinesses séculières ? Cette réflexion est d’autant plus pertinente pour ces deux abbayes qu’Autun est proche de la frontière séparant le royaume de France de l’Empire35 – quelques dizaines de kilomètres ; Saint-Jean possédait   Dès le Moyen Âge, le phénomène des chapitres de chanoinesses séculières était considéré comme une spécificité de l’Empire  ; au début du xiiie  siècle, Jacques de Vitry notait la localisation assez restreinte des chapitres de chanoinesses séculières : « dans le Hainaut, le Brabant et plusieurs provinces allemandes, il y a des femmes que l’on appelle chanoinesses séculières ou demoiselles » (cité par M. Parisse, Les nonnes au Moyen Âge, op. cit., p. 206). 35

Introduction

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d’ailleurs des domaines en terre d’Empire et Saint-Andoche a eu des relations assez régulières avec le chapitre de Remiremont. En l’absence de règle et de coutumier, il n’est pas possible de déterminer précisément le mode de vie des religieuses, mais des éléments tirés de sources diverses permettent d’en comprendre certains points, même si la question de savoir s’il s’agissait de moniales ou de chanoinesses est finalement surtout un problème de terminologie. De leur mode de vie, conforme ou non à ce qui était attendu de religieuses à la fin du Moyen Âge, découle la façon dont elles étaient perçues par la population locale et régionale, ce qui implique la quantité et le poids des donations qu’elles recevaient, le nombre de prises de voile et l’origine des impétrantes, ainsi que les demandes de fondations d’anniversaires. C’est donc à travers tous ces éléments que peut être déterminé le rayonnement géographique des deux monastères : ce rayonnement était-il aussi large pour chacune d’elles et se développait-il sur les mêmes régions ou chaque abbaye avait-elle, en quelque sorte, des régions privilégiées de possessions, de recrutement et d’influence ? Le problème du rayonnement est complexe car les réponses dépendent largement des indicateurs utilisés pour l’appréhender. Après un chapitre préliminaire chronologique sur les périodes de naissance et d’affirmation des deux abbayes durant leurs premiers siècles d’existence, l’étude porte successivement sur les deux communautés, leur ancrage temporel dans la vie locale et leur vie spirituelle et son influence. La première partie, essentiellement sociologique, est consacrée à celles qui ont été religieuses à Autun et à tous ceux qui les entouraient pour former les communautés de Saint-Andoche et de Saint-Jean-le-Grand au sens large. La deuxième partie met en évidence les ressources temporelles des religieuses et leur gestion, ainsi que la place des deux communautés dans la société en tant que puissant seigneur. La troisième partie enfin étudie la vie des religieuses, leur spiritualité et l’influence que cette spiritualité induisait en termes de fondations et de donations.

Et à la fin du xiiie siècle, le chapitre d’Épinal refusait d’être réformé et rappelait qu’il était « dans les pays et sous l’empire d’Allemagne où l’on trouve beaucoup de dames qui suivent cette règle et manière de vivre et qui ont coutume de se marier quand elles veulent » (cité par Fr. Boquillon, « La noblesse et les chapitres de dames », art. cit., p. 42). Cf. également M. Parisse, « Les chanoinesses dans l’Empire germanique », art. cit., p. 108‒109.

Chapitre préliminaire

Autun, Saint-Andoche et Saint-Jean-leGrand avant le XIIIe siècle

A

utun est une ville créée ex nihilo par les Romains au ier siècle avant Jésus-Christ pour remplacer l’oppidum de Bibracte considéré comme trop gaulois par les nouveaux maîtres de la Gaule1. Vitrine de la culture romaine en Gaule, la ville s’est développée sans jamais remplir totalement l’espace protégé par ses immenses remparts. Dans les siècles qui suivirent, quelques chrétiens, notamment venus d’Orient, s’y installèrent et favorisèrent la conversion au christianisme de la population autochtone ; au ive siècle au plus tard, la cité devint le centre d’un grand et puissant diocèse où furent peu à peu fondés églises et établissements religieux. Au groupe cathédral et au lieu de culte développé à l’emplacement du martyr de saint Symphorien, trois nouveaux établissements ont été ajoutés à la fin du vie siècle, par l’évêque Syagrius et la reine Brunehaut, épouse de Sigebert, mère de Childebert II et grand-mère de Thierry II, tous rois de Burgondie  : une église de clercs dirigée par un abbé et dédiée à saint Martin, une abbaye de femmes dirigée par une abbesse et dédiée à sainte Marie et un xenodochium dirigé par un abbé. Après diverses vicissitudes, ces établissements ont vraisemblablement donné naissance, à l’époque carolingienne, aux abbayes Saint-Martin, Saint-Jean-le-Grand et Saint-Andoche. Ces deux dernières, abbayes de femmes, sont très mal connues jusqu’au xiiie siècle, les archives ayant presque totalement disparu pour ces époques les plus anciennes. Quelques documents, textes et éléments archéologiques, beaucoup plus nombreux pour Saint-Andoche que pour Saint-Jean, attestent toutefois de l’existence des deux abbayes de façon continue depuis l’époque carolingienne.

 Il faut toutefois noter que le souvenir du peuple gaulois dont Bibracte était le principal centre fortifié resta toujours présent : l’évêque portait le plus souvent son titre suivi du nom de ce peuple, episcopus eduensis, plutôt que du nom romain des habitants d’Autun, episcopus augustodunensis.

1

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I. Autun au Haut Moyen Âge 1. Un centre culturel de romanisation a. Le site

Le site d’Autun a été choisi par les Romains en fonction de leurs besoins : sur un plateau de grès assez fortement incliné selon un axe Nord-Sud (de 283 mètres au Nord à 351 mètres au Sud), la ville est fermée sur les côtés Sud-Est et Sud-Ouest par des montagnes cristallines boisées dominant aux environs de 420 mètres, tandis qu’elle s’ouvre largement au Nord-Est et au Nord-Ouest sur les plaines de la rive droite de l’Arroux. La ville est donc à la fois naturellement protégée d’un côté et bien accessible de l’autre. Une forte présence de l’eau – Autun est entourée d’eau de toutes parts, avec des ruisseaux (Mugne et Accoron) dévalant de la montagne de Mont­ jeu pour se jeter dans l’Arroux qui longe la ville au Nord-Est, mais aussi le Ternin venu du Nord et se jetant aussi dans l’Arroux au niveau d’Autun –, à laquelle s’ajoute l’existence de sources d’eau chaude à Autun même et dans ses environs immédiats, a eu, sans aucun doute, une grande importance dans le choix du site, surtout à une époque où l’Arroux, affluent de la Loire, était navigable2. La situation d’Autun, même si la cité n’avait pas essentiellement une vocation commerciale, était intéressante grâce à la navigabilité de l’Arroux et à un important réseau de voies partant en étoile de la ville, vers le Sud-Ouest, le Sud-Est, le Nord-Est et le Nord-Ouest, en direction respectivement de Digoin et Clermont, de Mâcon et Lyon, de Besançon et Langres, d’Auxerre et de Bourges et Orléans, (fig. 04). b. La fondation romaine

La ville a été fondée par les Romains pour être un centre commercial, mais aussi et surtout un centre intellectuel, culturel et universitaire qui devait former les Gaulois et les attacher à Rome. L’oppidum de Bibracte fut abandonné dès le premier quart du ier siècle après Jésus-Christ au profit de la nouvelle cité romaine baptisée du nom de l’empereur Auguste. La cité attirait, notamment grâce à son enceinte de six kilomètres de long ponctuée par 54 tours circulaires et percée de quatre

2  J. Berthollet, « Esquisse de l’évolution urbaine d’Autun depuis sa fondation jusqu’au début du xvie siècle », MSE, nv. série, t. 50 (1947‒1965), p. 165‒192, en particulier p. 168‒169.

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portes monumentales, enceinte qui délimitait un espace d’environ 200 hectares : l’existence de ces immenses remparts était un privilège assez peu commun dans la Gaule romaine du ier siècle3. L’importance de la ville se lisait aussi à travers les monuments : théâtre et amphithéâtre parmi les plus grands de Gaule, temples, aqueducs et thermes grâce aux sources chaudes qui jaillissent dans la ville. Autun fut honorée du titre de « sœur et émule de Rome » et les Éduens ont été le premier peuple gaulois dont des membres ont obtenu le droit de siéger au Sénat romain, sous l’empereur Claude4 ; elle dut cette reconnaissance à la précocité de son alliance avec Rome et à sa politique de romanisation. En effet, la cité éduenne a servi de « vitrine »5 à la civilisation et à la grandeur romaine et de «  foyer de romanisation  »6 pour les nouveaux Gallo-romains, grâce en particulier à ses écoles moéniennes qui l’ont rendue particulièrement célèbre7. Autun subit toutefois de nombreux dommages à la fin du iiie  siècle et au ive siècle lors des conflits entre empereurs légitimes et usurpateurs gaulois8 puis lors des invasions germaniques9. Les remparts de la cité, devenus trop grands pour une ville qui n’avait jamais entièrement rempli l’espace clos, étaient de plus en plus vétustes et ne permettaient plus de défendre la ville.

 A.  Rebourg, «  Autun, Augustodunum  », dans Autun, Augustodunum. Capitale des Éduens, Autun, 1987, p. 52‒54.  Ammien Marcellin remarquait d’ailleurs cette importance des remparts autunois  : Lugdunensem primam Lugdunum ornat et Cabillona et Senones et Biturigae et moenium Augustuduni magnitudo vetusta (Ammien Marcellin, Histoire, xv, xi, 11, É.  Galletier (éd. et trad.), Paris, 1968 pour le 1er tome). 4   Tacite, Annales, xi, 25, P. Wuilleumier (éd. et trad.), Paris, 1994 pour le 3e tome. 5  A. Rebourg, « Autun, Augustodunum », art. cit., p. 52‒54. 6   Ibid. 7   « Discours d’Eumène pour la restauration des Écoles d’Autun », É. Galletier (éd. et trad.), dans Panégyriques latins, Paris, 1949, t. 1, p. 122‒138. 8  Ces destructions sont connues par deux panégyriques remerciant les empereurs Constance et Constantin pour leur aide, respectivement en 298 et 312, mais ces panégyriques exagéraient peut-être les dommages subis par la ville  : «  Discours d’Eumène pour la restauration des Écoles d’Autun », éd. cit. et « Discours de remerciement à Constantin », É. Galletier (éd. et trad.), dans Panégyriques latins, Paris, 1952, t. 2, p. 89‒102. Cf. A. Hostein, La Cité et l’Empereur : les Éduens dans l’Empire romain d’après les panégyriques latins, Paris, 2012. 9  Tout au long du ive  siècle, Autun et surtout sa campagne subirent des intrusions et invasions, bagaudes et alamanes notamment (A.  Rebourg, «  Autun, Augustodunum  », art. cit., p. 52‒54). 3

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L’installation burgonde s’est dès lors déroulée sans difficulté au début du ve siècle ; les rois burgondes firent d’Autun leur capitale comme l’avaient fait, avant eux, les préfets des Gaules. Mais, dès cette époque, la ville avait perdu l’essentiel de son rôle politique ; son rôle religieux, en revanche, devint primordial : Autun était le chef-lieu d’un puissant diocèse. 2. L’évangélisation et les premières fondations Autun, à l’origine l’un des plus vastes diocèses de Gaule10, a sans doute aussi été l’un des plus anciens. Le premier évêque éduen attesté de façon certaine est Rhétice, qui a participé aux conciles de Rome et d’Arles en 313‒31411. Rien ne prouve qu’il ait été le premier des évêques d’Autun : dans le martyrologe hiéronymien sont mentionnés quinze évêques d’Autun et monseigneur Duchesne en déduit qu’il y aurait eu au moins cinq évêques avant Rhétice12. Charles Piétri estime cependant que Rhétice fut sans doute effectivement le premier des prélats éduens, même si l’évangélisation de la région fut antérieure13. a. Les débuts du christianisme à Autun

Le christianisme est apparu tôt chez la « sœur de Rome », sans doute alors qu’il n’était pas encore une religion reconnue ; toutefois, son attestation au iie siècle par différentes sources, inscriptions épigraphiques et persécutions romaines, est fragile. Selon la tradition14, des disciples de saint Polycarpe, lui-même disciple de saint Jean, auraient évangélisé un grand quart sud-est de la France, de  Le diocèse d’Autun recouvrait sans doute l’ensemble du territoire dominé par les Éduens à l’origine. Quelques siècles plus tard, alors qu’il avait été amputé de nombreuses paroisses avec la naissance des diocèses de Chalon et Mâcon, de Nevers et de Langres, formés en totalité ou en partie sur son territoire, le diocèse d’Autun était encore vaste. 11  L. Duchesne, Fastes épiscopaux de l’ancienne Gaule, Paris, 1894, t. 2, p. 176. 12   Idem, t.  2, p.  153‒154 et 174. L’abbé Joseph Décréaux, quant à lui, émet l’hypothèse qu’Andoche aurait pu être le premier évêque d’Autun ( J.  Décréaux, «  Saint Andoche, premier évêque d’Autun  ?  », MSE, nv.  série, t.  57 (2001‒2004), p.  65‒66), ce qui est peu vraisemblable. 13  Ch. Pietri, « Autun », dans Topographie chrétienne des cités de la Gaule, Paris, 1986, t. 4 : La province ecclésiastique de Lyon, p. 37‒45, en particulier p. 41. 14   De sanctis Andochio presbytero, Thyrso diacono et Felice martyribus. Acta auctore anonymo issus d’un manuscrit ancien de Saint-Bénigne de Dijon, dans AASS septembris (24 septembre), Anvers, 1757, t. VI, p. 675‒677, (BHL 425) ; De sancto Symphoriano martyre. Vita ex actis martyrum sinceris et selectis qua Ruinart anno 1689 Parisiis edidit, dans AASS augusti (22 août), Anvers, 1739, t. IV, p. 497 (BHL 7967‒7968) ; De sanctis martyribus Speusippo, Eleusippo, 10

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Lyon à Langres en passant par Autun, Saulieu ou Dijon. L’évêque de ­Smyrne, ­profitant d’un voyage à Rome en 157, aurait envoyé en Gaule Pothin et ­Irénée, qui se seraient arrêtés à Lyon, ainsi que Bénigne, Andoche et Thyrse, qui se seraient rendus à Autun avant de poursuivre, le premier vers Dijon puis Langres, et les deux autres vers Saulieu. Bénigne ne serait resté à Autun que le temps de baptiser Symphorien, le fils de Fauste, leur hôte secrètement chrétien – mais peu vraisemblablement comte d’Autun ; le parrain du jeune Symphorien aurait été Andoche, qui serait demeuré quelque temps dans la cité éduenne avec Thyrse15. Leur prédication ne rencontrant pas le succès escompté, ils se seraient rendus à Saulieu, chez Félix, ami de Fauste et riche négociant, lui aussi chrétien. Le gouverneur de la ville, apprenant leur présence, aurait fait arrêter les deux prédicateurs et leur hôte. Tous trois auraient alors subi le martyre ensemble : suspendus par les bras à un arbre, une roue de pierre passée aux pieds, ils auraient été écartelés jusqu’à ce que mort s’ensuive16. Le sceau du convent de l’abbaye Saint-Andoche d’Autun, au xive siècle, représentait le martyre de saint Andoche et de ses compagnons17 (fig. 03) : les trois hommes sont suspendus aux branches d’un arbre, de part et d’autre du tronc ; celui qui est représenté seul est un peu plus grand que les deux autres, il s’agit vraisemblablement d’Andoche, qui était prêtre alors que Thyrse n’était que diacre et que Félix, marchand, était un laïc. Tous trois portent l’auréole. Il est à remarquer que la roue de pierre, instrument important de ce martyre, n’apparaît pas sur ce sceau. Le martyre s’y déroule sous le regard d’un corbeau posté au pied de l’arbre sous deux des hommes ; ce corbeau n’a peut-être rien à voir avec le martyre en lui-même, mais peut symboliser saint Benoît qu’il accompagne régulièrement, pour rappeler que l’abbaye SaintAndoche était une abbaye bénédictine. Meleusippo, tergeminis. Alia acta auctore Warnahario, dans AASS januarii (17 janvier), Anvers, 1643, t. II, p. 76‒80 (BHL 7829). Ces textes sont repris notamment par F.-É. Pequegnot, Légendaire d’Autun, Lyon, 1846, t. 1, p. 256‒257 ; Ph. Gagnard, Histoire de l’Église d’Autun, Autun, 1774, p. 2 ; J.-S.-A. Devoucoux, Origines de l’Église éduenne, Autun, ss.d. ; etc. 15  Antoine de Chalon, évêque d’Autun, mentionnait même l’édification par saint Andoche d’un autel dédié à saint Pierre là où fut, par la suite, construite l’abbaye Saint-Andoche (AD SL H 680/4, 1488ns). Il s’agit d’une légende qu’aucun autre acte n’étaye. 16   Tunc beati martyres caesi, in ulmum cujusdam inversis manibus pariter suspenduntur, et rotae impletae saxis eorum pedibus conligentur (De sanctis Andochio presbytero, Thyrso diacono et Felice martyribus, éd. cit., p. 675‒677). 17  AD CO B 11622 (1377) : sceau en navette de 70 mm de haut en cire verte, sur double queue de parchemin, appendu à un acte par lequel l’abbesse Marguerite de Montagu (n°17) et les religieuses promettent de célébrer annuellement deux messes des morts chantées pour le roi Jean II le Bon et son fils le duc Philippe le Hardi en remerciement pour leurs bienfaits.

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FIG. 03. Sceau du convent de l’abbaye Saint-Andoche AD CO B 11622 (1377) (©CG21/F.Petot/11-2008).*

Symphorien, alors âgé d’une quinzaine d’années, ayant appris le martyre de son parrain et de ses deux compagnons, serait venu avec son père à Saulieu pour offrir une sépulture chrétienne aux trois hommes18.

  De sanctis Andochio presbytero, Thyrso diacono et Felice martyribus, éd.  cit., p.  675‒677.  Cf. Aug. Coulon, Inventaire des sceaux de la Bourgogne, Paris, 1912, n°1298.

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Depuis longtemps déjà, des chercheurs19 ont mis en cause la véracité de toute une série de Vitae de martyrs bourguignons qui, malgré les incohérences chronologiques, sont tous rattachés à saint Polycarpe et saint Irénée de Lyon et auraient subi le martyre sous Aurélien20. Plusieurs groupes seraient ainsi partis évangéliser la Bourgogne : Ferréol et Ferjeux à Besançon ; Félix, Fortunat et Achillée à Valence ; Andoche, Thyrse et Félix à Saulieu via Autun ; Bénigne à Dijon et Langres via Autun ; Speusippe, Éleusippe et Méleusippe – petits-fils de la sœur de Fauste21 – à Langres22. Le cycle de Bourgogne du Nord, centré sur Bénigne qui aurait baptisé non seulement le jeune Symphorien à Autun mais aussi les jeunes Speusippe, Éleusippe et Méleusippe à Langres, a sans doute été l’œuvre d’un clerc de l’abbaye Saint-Bénigne de Dijon, abbaye fondée à la suite de l’invention des reliques de Bénigne sous l’épiscopat de Grégoire de Langres23 telle qu’elle est rapportée par son descendant Grégoire de Tours24 ; en effet, ce cycle est tout à la gloire de Dijon et peut avoir été rédigé dans le cadre d’une rivalité avec la

 L. Duchesne, Fastes épiscopaux, op. cit., t. 1, p. 48‒54 notamment.  Polycarpe serait encore vivant vers 200 quand il reçut la visite d’Irénée qui venait de subir le martyre, alors qu’il a été martyrisé vers 155. Walter Berschin rappelle que l’un des premiers cycles hagiographiques fixés sur le territoire gaulois est le cycle burgonde des martyrs Andoche, Thyrse, et Félix d’Autun, Symphorien d’Autun, Bénigne de Dijon, Éleusippe, Meleusippe et Speusippe de Langres, Ferréol et Ferjeux de Besançon, ainsi que Félix, Fortunat et Achillée de Valence (W. Berschin, Biographie und Epochenstil im lateinischen Mittelalter, Stuttgart, 1988, t. 2, p. 83). Wilhelm Meyer a montré que ces textes sont non seulement très semblables, mais qu’ils forment aussi des éléments d’un même « roman hagiographique ». Ce sont les auteurs des martyrologes et passionnaires du Moyen Âge qui ont « découpé » ce roman pour en extraire les personnages individuellement et les replacer dans l’ordre de leurs fêtes dans le calendrier. La recherche actuelle place la rédaction du noyau de ce cycle au début du vie siècle, époque de prédilection des séries hagiographiques (W.  Meyer, Die Legende des h. Albanus des Protomartyr Angliae in Texten vor Beda, Berlin, 1904, p. 62 sq.). 21   Habebat autem vir inluster Faustus sororem sibi germanam Lingonicae civitatis matronem, nomine Leonillam, cujus erant parvuli gemini nepotes ex filio suo tres, viri aspectur pulcherrimo, animo pulcheriore ; id est Josephus et Eleusepphus et Melosippus quos divinis litteris erudiebat (De sanctis Andochio presbytero, Thyrso diacono et Felice martyribus, éd. cit., p. 675‒677). 22  Respectivement BHL 2903, BHL 2898, BHL 424, BHL 1153, BHL 7829. 23  Cf.  S.  Cassagnes-Brouquet, «  Culte des saints et pèlerinage en Bourgogne du xie au xiiie siècle », dans Le culte des saints à l’époque préromane et romane, 1998, p. 63‒77, en particulier p. 64‒65. 24   Gregoire de Tours, Liber in gloria martyrum, 50, Br. Krusch (éd.), MGH, SRM, I‒2, Hanovre, 1885, p. 72‒74. 19 20

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cité épiscopale de Langres25. Ce clerc a utilisé de nombreux textes antérieurs, moins douteux26, afin d’inventer de nouveaux saints évangélisateurs du nord de la Bourgogne. Toutefois, quelle que soit la réalité historique de ces Vitae, au Moyen Âge, tous les Bourguignons croyaient en l’évangélisation de la Bourgogne par Bénigne, Andoche et Thyrse auxquels un culte particulier était rendu depuis des siècles : abbaye Saint-Bénigne à Dijon, abbaye et basilique SaintAndoche à Autun et Saulieu par exemple. Comme souvent, l’origine de l’évangélisation d’Autun est donc incertaine du fait d’une hagiographie tardive, mais au ive  siècle cohabitaient à Autun une communauté chrétienne et une population païenne. En fait, une petite communauté de chrétiens s’était développée à Autun entre le iie siècle, époque à laquelle Symphorien fut arrêté et subit le martyre pour avoir refusé de se prosterner devant une statue de Cybèle lors d’une procession païenne, et le ive siècle où la présence de chrétiens à Autun est avérée par l’archéologie. En effet, l’inscription de Pectorios, épitaphe découverte dans un cimetière paléochrétien en 1839, peut être datée du ive siècle grâce à la forme des lettres, typique de l’écriture alexandrine utilisée à partir de cette époque27.

 I. Wood, « Constructing Cults in Early Medieval France: Local Saints and Churches in Burgundy and the Auvergne 400‒1000 », dans Local Saints and Local Churches in the Early Medieval West, Oxford, 2002, p.  163. Ian Wood analyse aussi le martyre d’Andoche et la conservation de son tombeau à Saulieu comme une marque de rivalité entre Saulieu et Autun. On peut d’ailleurs remarquer que Bénigne est passé par Langres avant de subir le martyre à Dijon, de même qu’Andoche est passé par Autun avant de subir le martyre à Saulieu. 26  La Vita primitive de saint Symphorien (BHL 7967‒7969) – contemporaine de la construction de l’abbaye Saint-Symphorien par Euphronius alors que celui-ci n’était pas encore évêque, avant 452 donc – lui a permis d’ancrer son récit dans la réalité. La Vita de saints jumeaux cappadociens (BHG 1646, BHL 7828) dont le culte fut introduit à Langres au ive ou au ve siècle (H. Grégoire, « Saints Jumeaux et dieux cavaliers », Revue de l’Orient chrétien, t. 9 (1904), p. 453‒490, en particulier p. 453‒455) fut adaptée et délocalisée à Langres. 27  M. Guarducci, « Nuove osservazioni sull’iscrizione eucaristica di Pektorios », dans Atti della Pontificia Accademia Romana di Archeologia, 3e série, t. xxiii et xxiv, 1947‒1948 et 1948‒1949. Nancy Gauthier, elle, date l’inscription de Pectorios du iiie siècle voire de la fin du iie siècle du fait de similitudes frappantes tant dans l’inspiration que dans les termes utilisés avec l’épitaphe d’Aberkios de Phrygie, évêque de Hiérapolis (N. Gauthier, « Autun et les débuts du christianisme en Gaule », dans Sept siècles de civilisation gallo-romaine vus d’Autun, Autun, 1985, p. 101‒109). Sur cette inscription, cf.  aussi J.  Décréaux, «  L’inscription de Pectorios  », dans Autun, Augustodunum. Capitale des Éduens, 1987, p.  359‒362 et Id., «  Le point sur l’inscription Pectorios », MSE, nv. série, t. 55 (1987‒1994), p. 123‒127). 25

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Selon les archéologues, Saint-Pierre-l’Étrier – la première église autunoise28 – a été une nécropole chrétienne, vraisemblablement à partir du deuxième quart du ive siècle, d’après les inhumations et les épitaphes retrouvées29. Certains des premiers évêques d’Autun y étaient enterrés dans des mausolées30. Ce secteur situé au nord-est d’Autun aurait été l’un des premiers lieux de réunion des chrétiens si l’on en croit le témoignage de Grégoire de Tours : d’après lui, aux siècles qui le précédaient, on pouvait entendre des chants et

 Le vocable Saint-Pierre n’est attesté qu’à partir du ixe siècle, de 843 (Cartulaire de l’Église d’Autun, A.  de Charmasse (éd.), Paris  /  Autun, 1865, t.  1, p.  46‒48), et l’épithète l’Étrier, dérivé du latin de Strata, à partir du xiiie  siècle, de 1233 (Cartulaire de l’Église d’Autun, éd. cit., t. 1, p. 146‒147). À la fin du xve siècle, un évêque d’Autun, Antoine de Chalon, semble avoir confondu cette église Saint-Pierre-l’Étrier et l’église paroissiale Saint-Pierre-Saint-Andoche, confusion d’autant plus étrange que l’église Saint-Pierre-l’Étrier existait toujours à son époque. Il parlait en effet de l’église paroissiale associée à l’abbaye Saint-Andoche comme de la plus ancienne église d’Autun, édifiée par saint Andoche lui-même, dans laquelle saint Symphorien aurait été baptisé ; il s’appuyait sur son ancienneté et son rôle illustre dans la diffusion de la foi à Autun pour accorder un certain nombre de privilèges à l’abbaye dont elle dépendait : nos ad plenum certiorati de dignitatibus antiquitatibus et prerogativis insignis et vetustissimi monasterii beatissimi Andochii eduensis et inter cetera recolentes quod ipse beatissimus Andochius eduens appostolus cum Benigno et Tirso in ipsius monasterii loco invocabulum titulumque beati Petri omni apostolorum apostolus apud Burgundiones basilicam construxit ubi primum orthodoxe catholiceque fidei seminarium fuit ab eduensibus funtimisque provinciis institutum congregatum et ex hunc in alias ecclesias amplissime disparsum et ob eam rem non immerito computetur inter sanctissimos eduenses ecclesie antistites primus et ceterorum dignissimus (AD  SL H  680/4, 1488ns). Antoine de Chalon mentionnait le passage de première église à celui d’abbaye, mais il oubliait – si l’on entre dans son raisonnement – le xenodochium qui a vraisemblablement précédé l’abbaye Saint-Andoche. 29  Chr. Sapin, « Saint-Pierre-l’Étrier », dans Autun, Augustodunum. Capitale des Éduens, Autun, 1987, p. 364‒367 ; Autun : prémices et floraison de l’art roman, Autun, 2003, p. 22‒23. Cf.  plan simplifié des fouilles réalisées sous la direction de Christian Sapin (Chr.  Sapin, « Autun Église Saint-Pierre l’Estrier », dans Atlas archéologique de la France. Les premiers monuments chrétiens de la France, Paris, 1998, t. 3, p. 66‒69, en particulier p. 68 ou S. Balcon et  al., «  Architecture and Sculpture at Autun around the Millennium  », dans The White Mantel of Churches. Architecture, Turnhout, 2003, p. 205 fig. 103). 30   Grégoire de Tours, Liber in gloria confessorum, 72, Br.  Krusch (éd.), MGH, SRM, I‒2, Hanovre, 1885 : In hoc cimiterio vidi beati Cassiani sacerdotis magni sepulchrum, a multis infirmis erasum, quod pene transforatum eo tempore putabatur. Abluunt enim ex hoc pulvere aegroti ; sed protinus virtutis magnitudinem sentiunt. Ibi et Simplicius ipsius, ut aiunt, urbis episcopus est sepultus, cui crimen aduterii seava populorum obiecit insania. 28

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des psaumes la nuit31 dans une petite chapelle dédiée à saint Étienne, chapelle qui, au Moyen Âge, était généralement associée à celle de Saint-Pierre32. Il ne s’agissait sans doute là que d’un des lieux de réunion des chrétiens d’Autun, à moins que Grégoire de Tours ait déjà été « contaminé » par l’idée que les premiers chrétiens se réunissaient dans des cimetières plutôt qu’à l’intérieur des murs d’une cité. Le christianisme semble donc avoir été bien établi à Autun dès le iiie siècle au moins ; une forte présence de chrétiens au iie siècle est plus hypothétique. b. Les premières fondations

Saint-Pierre et Saint-Étienne-l’Étrier formaient le cœur paléochrétien d’Autun. Ce fut peut-être le siège des premiers évêques avant leur installation dans l’enceinte romaine sur le promontoire sud de la cité, si toutefois ce promontoire n’a pas été, dès l’origine, le cœur épiscopal de la cité. Les recherches récentes tendent, en effet, à établir que la première cathédrale était située à l’emplacement de la future cathédrale romane. Ainsi, Carlrichard Brühl pense que la cathédrale Saint-Nazaire fut la première cathédrale et qu’Autun a peut-être été un évêché préconstantinien33  ; d’après Jean-Charles Picard aussi, la cathédrale aurait été située dans la ville haute dès son apparition, à la

  Grégoire de Tours, Liber in gloria confessorum, 72, éd. cit. : Cimiterium igitur apud Augustidunensium urbem Gallica lingua vocitavit, eo quod ibi fuerint multorum hominum cadavera funerata  […] Nam audivi, quod duo ex incolis loci, dum loca sancta orandi gratia circuire disponerent, audiunt in basilica sancti Stephani, quae huic coniungitur cimitirio, psallentium sonum. Admirantesque dulcedinem modoli, adpropinquant ad ostium templi, autumantes, a quibusdam religiosis vigilias celebrari. 32  La dédicace en l’honneur de saint Étienne ne peut dater que du milieu du ve  siècle au plus tôt, les reliques du saint n’ayant été transférées à Rome qu’en 415 (M.  VieillardTroiekouroff, Les monuments religieux de la Gaule d’après les œuvres de Grégoire de Tours, Paris, 1976, p. 44). En fait, la chapelle Saint-Étienne est attestée dès le vie siècle par Grégoire de Tours (Liber in gloria confessorum, 73, éd.  cit.)  ; la chapelle Saint-Pierre quant à elle est attestée par un authentique de reliques du viie ou du viiie siècle provenant de l’abbaye de Chelles (Chartae latinae antiquiores  : Facsimile-Edition of the Latin Charters prior to the Ninth Century, A. Bruckner et R. Marichal (éd.), Zurich, 1985, t. 18 : France VI, n°25, p. 89). En 843 un diplôme de Charles le Chauve associait pour la première fois ces deux chapelles : monasterium sancti Petri seu sancti Stephani in suburbio ejusdem civitatis (Cartulaire de l’Église d’Autun, éd. cit., t. 1, p. 47, ch. XXVIII ; Recueil des actes de Charles II le Chauve roi de France, A. Giry et al. (éd.), Paris, 1943, t. 1, p. 56‒59, ch. 23). 33  C. Brühl, Palatian und Civitas. Studien zur profantopographie spätantiker Civitates vom 3. bis 13. Jahrhundert, Cologne, 1975, t. 1 : Gallien, p. 116‒117. 31

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fin du iiie ou au début du ive siècle34, même si la dédicace à saint Nazaire ne peut pas être antérieure à la fin du vie siècle quand Syagrius en rapporta les reliques de Milan35. C’est d’ailleurs dans la ville haute qu’était situé le baptistère orné par saint Léger au viie siècle36, sans doute l’église connue par la suite sous le nom de Saint-Jean de la Grotte37. Quoi qu’il en soit pour les périodes plus anciennes, quand Syagrius la fit rénover et en fit décorer l’abside de mosaïques à fond d’or à la fin du vie siècle, la cathédrale d’Autun38 était située à l’intérieur des murs, à l’emplacement de la cathédrale Saint-Nazaire. À la mort de saint Symphorien, un petit oratoire aurait été construit à l’emplacement de son martyre. Mais ce n’est qu’à la fin de la première moitié du ve  siècle qu’un prêtre, Euphronius, qui devint évêque d’Autun peu après, en 452 au plus tard, y fit bâtir une basilique39. Il s’est agi dans un premier temps d’une basilique martyriale et non d’un monastère, même si Venance Fortunat a parfois utilisé le terme de monachi pour désigner une partie des desservants de cet établissement dans sa Vita sancti Germani ; en effet, au milieu du vie siècle, lors de son accession à l’épiscopat parisien, Germain y était abbas basilicæ ; il avait été nommé à ces fonctions par l’évêque­

34  J.-Ch.  Picard, «  Autun, la ville haute au Bas Empire et au Haut Moyen Âge  », dans Autun, Augustodunum. Capitale des Éduens, Autun, 1987, p. 340. 35  D.  Carron, «  Questions de sainteté  : vicissitude des reliques dans le diocèse d’Autun au Moyen Âge  », dans Reliques et sainteté dans l’espace médiéval, Turnhout, 2006, p.  462. La dédicace à saint Nazaire est attestée par le testament de saint Léger (Cartulaire de l’Église d’Autun, éd. cit., t. 1, p. 82, ch. L), mais celui-ci a été au moins remanié au xe siècle. 36   Passiones Leudegarii episcopi et martyris Augustodunensis, Br. Krusch (éd.), MGH, SRM, V, Hanovre / Leipzig, 1910, p. 285 (BHL 4850 et 4849b). Sur le groupe épiscopal au Haut Moyen Âge, cf.  S.  Balcon-Berry, W.  Berry, «  Le groupe épiscopal d’Autun au Haut Moyen Âge  », dans M.  Gaillard (éd.), L’empreinte chrétienne en Gaule du ive au ixe  siècle, Turnhout, 2014, p. 173‒200 et p. 541‒543 pour les illustrations en couleur. 37  Ch. Pietri, « Autun », dans Topographie chrétienne des cités de la Gaule, Paris, 1986, t. 4 : La province ecclésiastique de Lyon, p. 42. 38   Gesta episcoporum Autissiodorensium, G.  Lobrichon (éd.), M.  Sot et  al. (trad.), dans Les gestes des évêques d’Auxerre, Paris, 2002, t. 1, p. 86/87. 39   basilica beati Symphoriani Augustodunensis martyris ab Euphrenio presbytero aedificata est (Grégoire de Tours, Decem libri historiarum, II, 15, Br. Krusch et W. Levison (éd.), MGH, SRM, I1, Hanovre, 1951).

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Nectaire40. Plus tard, les desservants de cette basilique devinrent des chanoines réguliers de l’ordre de Saint-Augustin41. D’après la tradition, une église dédiée à saint Racho aurait été fondée au vie siècle, à proximité de la porte de Langres, appelée par la suite porte Saint-André ; l’utilisation de certains matériaux d’origine antique semble le confirmer42. Il s’agirait alors d’une fondation placée sous un patronage inconnu avant de passer sous celui d’un évêque d’Autun43, au viie siècle au plus tôt, peut-être lors de la constitution d’un petit groupe de desservants, lorsque se développa le culte des reliques de l’évêque qui y aurait été inhumé44. II. Fondations mérovingiennes et (re)fondations carolingiennes À ces divers établissements religieux existant au vie siècle s’ajoutèrent, à la fin de ce siècle, trois nouveaux établissements de type monastique, fondés par la reine Brunehaut et l’évêque Syagrius45.

  Venance Fortunat, Vita Germani episcopi Parisiaci, iii, Br. Krusch et W. Levison (éd.), MGH, SRM, vii, Hanovre  /  Leipzig, 1920, p.  374 (BHL 3468). Cf.  H.  Noizet, «  Les basiliques martyriales au vie et au début du viie siècle », RHEF, t.°219 (2001), p. 345‒347. 41  Cf. V. Tabbagh, « Fiche de la collégiale Saint-Symphorien de Autun », Collégiales – Base des collégiales séculières de France (816‒1563)  [en ligne ], version du 24/9/2014. 42  Chr. Sapin, « Le prieuré Saint-Racho », dans Autun, Augustodunum. Capitale des Éduens, Autun, 1987, p. 382. 43  Il peut s’agir soit de l’évêque qui, en 614, a souscrit au concile de Paris (Les canons des conciles mérovingiens (vie-viie siècles), J. Gaudemet et Br. Basdevant (éd.), Paris, 1989, t. 2, p. 520), soit de l’évêque qui, en 659‒660, a souscrit aux privilèges accordés par l’évêque Emmon de Sens à l’abbaye Saint-Pierre le Vif et à l’abbaye Sainte-Colombe de Sens (Cartulaire général de l’Yonne, M. Quantin (éd.), Auxerre, 1854, t. 1, p. 10‒17, ch. VI et VII). 44  Ch. Pietri, « Autun », art. cit., p. 45. 45  Cette partie résume un article paru dans la RM : N. Verpeaux, « Autun : Les fondations attribuées à Brunehaut et leurs (re)fondations carolingiennes », RM, t. XXIII (= t. 84), 2012, p. 5‒40. Sur Syagrius, voir la récente mise au point dans L.  Pietri et M.  Heijmans (dir.), Prosopographie chrétienne du Bas-Empire, t. 4 : Prosopographie de la Gaule chrétienne, Paris, 2013, t. 2, p. 1847‒1853. 40

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1. Les fondations de Syagrius et de Brunehaut et les privilèges accordés La fondation conjointe de trois nouveaux établissements religieux – une abbaye de femmes, une église desservie par des clercs et un xenodochium46 – par l’évêque Syagrius et la reine Brunehaut a rarement été explicitement remise en question. Pourtant, l’étude précise des sources47 permet d’affirmer que si l’église Saint-Martin et le xenodochium furent fondés par l’évêque et la reine, ce ne fut pas le cas de l’abbaye Sainte-Marie, qui ne peut pas avoir Brunehaut pour fondatrice puisqu’elle est attestée en 589, avant que la reine puisse agir en Burgondie. Sainte-Marie a donc été fondée par Syagrius seul, ce que prouve d’ailleurs une mise en parallèle des trois lettres de Grégoire le Grand aux supérieurs de ces trois établissements : « xenodochium qui a été construit dans la cité d’Autun par Syagrius évêque de bonne mémoire et par notre fille très excellente, la reine susdite »48 «  monastère Sainte-Marie où s’est constitué un groupe de servantes de Dieu, monastère établi dans la ville d’Autun par Syagrius, évêque de bonne ­mémoire »49  Sur les abbayes de femmes, cf. J.-M. Guillaume, « Les abbayes de femmes en pays franc des origines à la fin du viie  siècle  », dans Remiremont, l’abbaye et la ville, Nancy, 1980, p. 29‒46 ; Br. L. Venarde, Women’s monasticism and medieval society, Ithaca, 1997. Sur les basiliques suburbaines, cf.  L.  Pietri, «  Les abbés de basilique dans la Gaule du vie  siècle  », RHEF, t.  69, 1983, p.  5‒28  ; R.  Godding, Prêtres en Gaule mérovingienne, Bruxelles, 2001, p. 229‒239. Sur les xenodochia, cf.  Br.  Beaujard, «  Le xenodochium en Gaule au vie  siècle  », dans Dieu(x) et hommes. Histoire et iconographie des sociétés païennes et chrétiennes de l’Antiquité à nos jours, Rouen, 2005, p. 395‒407 ; Th. Sternberg, Orientalium more secutus. Raüme und Institutionen des Caritas des 5. bis 7. Jahrhunderts in Gallien, Munich, 1991 ; J. Le Maho, « Hospices et xenodochia du diocèse de Rouen à l’époque prénormande (vie-ixe siècles) », dans Fondations et œuvres charitables au Moyen Âge, Paris, 1999, p. 49‒61. 47  Aux quatre lettres de novemble 602 du pape Grégoire le Grand à la reine Brunehaut et aux supérieurs des établissements récemment fondés (Grégoire le Grand, Registrum Epistolarum, XIII, 7, xiii, 11, 12 et 13, P. Ewald et L. M. Hartmann (éd.), MGH, Epp., II, Berlin, 1899, t. 2), s’ajoute une mention lors de la narration par Grégoire de Tours de la révolte des religieuses de l’abbaye Sainte-Croix de Poitiers en 589 (Grégoire de Tours, Decem libri historiarum, IX, 40, éd. cit.). 48   Grégoire le Grand, Registrum Epistolarum, t. 2 xiii, 11 : xenodochio quod in civitate Augustodonensi a Syagrio reverendae memoriae episcopo et praedicta excellentissima filia nostra regina constructum est. 49   Grégoire le Grand, Registrum Epistolarum, xiii, 12 : monasterio sanctae Mariae, ubi ancillarum Dei est congregatio constituta, in urbe Augustodonensi a reverendae memoriae Syagrio episcopo condito. 46

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« église Saint-Martin qui a été construite dans les faubourgs d’Autun par Syagrius évêque de bonne mémoire et par notre fille très excellente, la reine susdite »50

Toutefois, Brunehaut demanda au pape Grégoire le Grand la confirmation des mêmes privilèges pour cette abbaye que pour les deux établissements à la fondation desquels elle avait contribué. Ces privilèges avaient pour but principal la protection des établissements et la sauvegarde de leur patrimoine, en conformité avec la volonté des fondateurs et celle du pape. C’est en revanche, sans aucun doute, la reine seule qui exigea que nul n’intervienne dans le choix des supérieurs hormis « le souverain de cette province », « avec le consentement des [religieux] et conformément à la crainte de Dieu »51 ; en effet, Grégoire le Grand s’opposait à toute ingérence laïque dans les élections d’évêques ou d’abbés. Toutefois, c’est pour un privilège beaucoup plus rare que les abbayes éduennes sont connues, d’autant que ce privilège a été revendiqué, voire déformé, par les religieuses de Saint-Andoche plusieurs siècles plus tard : les abbés ou abbesses de ces trois établissements ne pouvaient ni être jugés ni être destitués par le seul évêque d’Autun ; celui-ci devait obligatoirement s’adjoindre six autres évêques et leur décision devait être prise à l’unanimité52. Une telle exigence était extrêmement rare et se rapprochait de la procédure de destitution prévue non pour un abbé mais pour un évêque, toujours jugé par un collège d’évêques53. Des privilèges supérieurs à ceux des autres abbayes franques furent donc concédés aux établissements éduens, mais il ne fut jamais question d’exemption même si, dans les siècles suivants, les religieuses de l’abbaye SaintAndoche s’appuyèrent sur ces lettres pour refuser à l’évêque tout droit de visite et tout droit de contrôle sur l’abbaye54.

  Grégoire le Grand, Registrum Epistolarum, xiii, 13 : ecclesia sancti Martini, quae in suburbano civitatis Augustodonensis a Syagrio reverendae memoriae episcopo et praedicta excellentissima filia nostra regina constructa est. 51   Grégoire le Grand, Registrum Epistolarum, xiii, 11, 12 et 13, 2e paragraphe. 52   Grégoire le Grand, Registrum Epistolarum, xiii, 11, 12 et 13, 4e paragraphe. 53  J.-Fr. Lemarignier, « L’exemption monastique et les origines de la réforme grégorienne », dans Structures politiques et religieuses dans la France du Haut Moyen Âge, Rouen, 1995, p. 285‒337, en particulier p. 289. 54  Cf. chap. 5 I. 3. a. L’interdiction, pour l’évêque, de passer le portail de Saint-Andoche. 50

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Lors de ces fondations, à la fin du vie siècle, le monachisme masculin et, dans une moindre mesure le monachisme féminin55, était déjà bien implanté dans le monde franc, même s’il l’était beaucoup moins dans le nord que dans le sud. Les fondations étaient le plus souvent d’origine épiscopale ou royale, mais il était toutefois inhabituel qu’une reine et un évêque soient cofondateurs et que soient fondés de façon concomitante, ou presque concomitante, trois établissements. Brunehaut semble, par ces fondations, avoir voulu exalter et faire reconnaître la puissance de sa famille56. L’accueil des pauvres et des malades dans des établissements spécialisés57, en revanche, commençait seulement à se mettre en place depuis un siècle, après la dislocation des structures de l’Empire romain. En 511, le canon 6 du concile d’Orléans affirma que les évêques devaient assister ceux « qui, en raison de leur faiblesse, ne peuvent travailler de leurs mains »58, et y consacrer le quart de leurs revenus59. Une dizaine de xenodochia avaient sans doute été fondés en Gaule avant celui de Brunehaut à Autun et d’autres suivirent comme ceux de saint Agricole puis de saint Loup à Chalon60. La reine n’apparaît donc pas, dans ce domaine, comme un précurseur mais semble s’être soucié d’établir une structure d’assistance pour les plus démunis, ce qui était

 C’est surtout au cours du viie  siècle que le monachisme féminin se développa de façon importante ( J.-M. Guillaume, « Les abbayes de femmes en pays franc », art. cit., p. 29‒46, en particulier p. 29). 56   Fabienne Cardot parle d’ailleurs d’une «  réelle politique de fondation religieuse  » et de complexe dynastique national (F.  Cardot, L’espace et le pouvoir  : étude sur l’Austrasie mérovingienne, Paris, 1987, p. 209). 57  La plupart des monastères, et en particulier des monastères féminins, pouvaient toutefois accueillir des malades et des blessés et les soigner comme le monastère fondé au début vie siècle par Clotilde à Andely, « sur la rive droite de la Seine, en amont de Rouen », monastère qui a pu accueillir des blessés, y compris de rang royal comme Carloman ( J. Le Maho, « Hospices et xenodochia du diocèse de Rouen », art. cit., p. 49‒61, en particulier p. 53). 58  Concile d’Orléans de 511 canon 6, cité par Ch. et L. Pietri (dir.), Histoire du christianisme des origines à nos jours, Paris, 1998, t. 3 : Les Églises d’Orient et d’Occident (432‒610), p. 794. 59  J. Imbert (dir), Histoire des hôpitaux en France, Toulouse, 1982, p. 16. Jacques Le Maho note d’ailleurs, pour la Normandie, que les évêques jouèrent un très grand rôle dans la fondation des établissements de charité ( J. Le Maho, « Hospices et xenodochia du diocèse de Rouen », art. cit., p. 57‒58). 60  J. Garnier, Chartes de communes et d’affranchissement en Bourgogne, Dijon, 1918, t. 4, p. 793. La majorité des xenodochia fondés dans le monde franc l’ont été aux vie  et viie  siècles (M.  Candille, «  L’hôpital. Des origines au xie  siècle  », Bulletin de la Société française d’Histoire des hôpitaux, t. 20 (1968), p. 11‒41, en particulier p. 26‒27). 55

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encore assez rare au vie siècle : le plus souvent, c’étaient les monastères qui accueillaient les pauvres ou les malades quand le besoin s’en faisait sentir61. Le fait que le xenodochium éduen ait été desservi par des hommes est un peu étonnant ; en Normandie, étudiée par Jacques Le Maho, les établissements associés à une fonction d’assistance étaient le plus souvent des établissements féminins62. Peut-être est-ce là un argument renforçant la thèse d’une association entre le xenodochium et l’abbaye Sainte-Marie défendue par Bruno Dumézil63. Après les lettres de Grégoire le Grand, les trois établissements éduens ne sont plus mentionnés qu’indirectement dans la Passio Leudegarii prima composée à Autun peu après la mort du prélat et, directement, pour SainteMarie, dans le testament de l’évêque Ansbert en 69664. Rien ne permet donc de savoir comment vivaient les clercs de Saint-Martin, les religieuses de Sainte-Marie et les religieux du xenodochium. Il est peu probable qu’y ait été suivie à la lettre une des grandes règles65  ; en revanche, l’influence d’Arles s’y faisait probablement sentir, puisque Syagrius semble avoir eu des liens

 Ch. et L. Pietri (dir.), Histoire du christianisme des origines à nos jours, op. cit., t. 3, p. 796. Probablement la fondation d’établissements de soins au vie  siècle peut-elle s’expliquer par les nombreuses épidémies qui se sont développées en Bourgogne à cette époque : peste dans les cinquième et septième décennies du siècle, puis variole dans les huitième et neuvième décennies (H. Bon, Essai historique sur les épidémies en Bourgogne, Dijon, 1912, p. 10‒11). 62  J. Le Maho, « Hospices et xenodochia du diocèse de Rouen », art. cit., p. 52‒53. 63   Bruno Dumézil pense que Sainte-Marie était étroitement liée au xenodochium, l’ensemble ainsi constitué étant placé sous la double tutelle d’une abbesse pour la direction spirituelle et d’un abbé pour les tâches séculières liées au fonctionnement du xenodochium (Br. Dumézil, Brunehaut, Paris, 2008, p. 352‒354). 64  Respectivement  : monasteria tam virorum quam virginum infra urbem vel terreturium (Passiones Leudegarii episcopi et martyris Augustodunensis, 21, éd. cit., 1910, p. 303) et dum ipsa germana mea Sigolina, saeculum contempsit et dum cognouismus iugiter se Christo obtulit et sanctæ Mariæ in ancillam se tradidit (Recueil des actes du prieuré de Saint-Symphorien d’Autun de 696 à 1300, A. Déléage (éd.), Autun, 1936, p. 5‒9, ch. 1, 696). 65  Fr. Prinz, Frühes Mönchtum im Frankreich (4. bis 8. Jahrhundert), Munich, 1985, p. 78, 115, 161‒162, 295 ; Th. Sternberg, Orientalium more secutus, op. cit., p. 233. 61

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avec Arles66 et que Sainte-Croix de Poitiers, d’où une religieuse était venue se réfugier à Autun, suivait la Règle de Césaire d’Arles67. 2. (Re)fondations carolingiennes et tentative d’identification avec les établissements mérovingiens a. Les (re)fondations

Après les attestations d’établissements masculins et féminins et de l’abbaye Sainte-Marie à la fin du viie siècle, les fondations de Syagrius et Brunehaut disparaissent totalement de la documentation. Elles auraient été victimes des raids sarrasins et/ou des représailles de Charles Martel68. Ce n’est qu’à l’époque caroligienne que certains établissements religieux éduens reviennent dans la lumière. Le premier à être mentionné dans les sources est un « monastère SaintAndoche d’Autun » « fait » par Décie (n°3)69, sœur de Widrade, fondateur de Flavigny70, au milieu du viiie siècle. Ce monastère était une abbaye

  Grégoire de Tours, Decem libri historiarum, IX, 13, éd. cit. ; De sancta Rusticula virgine abbatissa. Vita auctore Florentio presbytero Ticastino fere coavo, dans AASS augusti (12 août), Anvers, 1735, t.  II, p.  658  E (BHL  7405). Contra, H.  Atsma, «  Klöster und Mönchtum im Bistum Auxerre bis zum Ende des 6. Jahrhunderts », Francia, t. 11 (1983), p. 1‒96, en particulier p. 61‒63. 67  Radegonde et l’abbesse Agnès s’étaient même rendues à Arles afin d’étudier cette règle avant de décider de l’adopter (Grégoire de Tours, Decem libri historiarum IX, 42, éd. cit.). 68   Anno 725, Sarraceni Augustudunum civitatem destruxerunt quarta feria, undecimo calendas septembris ; thesaurumque civitatis illius capientes cum praeda magna Spania redeunt (Chronicon Moissacense, G. H. Pertz (éd.), MGH, SS, I, Hanovre, 1826, p. 291) ; Destructum est, prima vice, a Christinis per bello intestine ; alio vice, a Vandalis, perfidis paganis ; tertio vice, a Sarracenis quando Augustodunum destruxerunt, anno ab incarnationis Domini DCCXXXI, (Chronique de Bèze (Antiquum Besuensis abbatiæ chronicon, authore Joanne Monacho), E. Bougaud et J. Garnier (éd.), dans Analecta Divionensia, t. IX (1875), Dijon, p. 278). H.  Mouillebouche, «  Un autre mythe historiographique  : le sac d’Autun par les Sarrasins », AB, t. 82 (2011), p. 5‒35. 69  Les numéros entre parenthèses qui suivent un nom de personne, soit dans le texte soit dans une note de bas de page, renvoient aux notices biographiques consultables dans le volume 2 en ligne http://dx.doi.org/10.1484/M.EMI-EB.5.108483. Vous trouverez les instructions permettant d’accéder à ces annexes à page 4. 70   XII kal. nov. Decia obiit soror Widradi quae fecit monasterium Sancti Andochii aeduensis et alia soror fecit monasterium Faverniacense (nécrologe en tête de la Chronicon Hugoni, monachi Virdunensis et Divionensis, abbatis Flaviniacensis, G. H. Pertz (éd.), MGH, SS, VIII, Hanovre, 1848, p. 287). Cette source, bien que fort tardive, ne doit pas être remise en cause : Gérard Moyse a confirmé la fondation de Faverney par une deuxième sœur de Widrade, grâce à une source plus ancienne 66

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de femmes, comme l’atteste un diplôme de Charles le Chauve en faveur du chapitre cathédral d’Autun un siècle plus tard, en 843 : le roi y établissait le pouvoir de la cathédrale sur différentes abbayes du diocèse, essentiellement des abbayes d’hommes, mais aussi une abbaye de femmes, le « monastère de jeunes filles Saint-Andoche, construit à l’intérieur de cette même ville »71. Douze ans plus tard, l’abbaye Saint-Martin est attestée, quand Charles le Chauve ratifia, à la demande de l’évêque Jonas, un échange de serfs – dont certains appartenaient à l’église Saint-Martin d’Autun – entre deux de ses fidèles72. Durant les décennies suivantes, Charles le Chauve, Charles le Gros, Charles le Simple et Raoul accordèrent à l’abbaye plusieurs diplômes pour lui restituer des terres ou confirmer ses biens et privilèges73. La situation de Saint-Martin à la fin du ixe siècle était donc encore précaire, semble-t-il, et l’abbaye a pu n’être stabilisée qu’avec le soutien des évêques et des rois, sous l’impulsion de divers abbés comme Hugues d’Anzy74. Enfin, à une époque difficile à cerner, apparut une abbaye dédiée à saint Jean-Baptiste. Selon une tradition tardive, cette abbaye aurait été fondée par Charlemagne75, mais rien dans les sources n’étaye cette affirmation. En fait, (G. Moyse, « Les origines du monachisme dans le diocèse de Besançon (ve‒xe siècle) », BEC, t. 131 (1973), p. 21‒104 et p. 369‒395, en particulier p. 390‒392). 71   monasterium puellarum Sancti Andochii intra eamdem urbem constructum (Cartulaire de l’Église d’Autun, éd. cit., t. 1, p. 46‒48, ch. XXVIII et Recueil des actes de Charles II le Chauve, éd. cit., t. 1, p. 56‒59, ch. 23). 72   Essai historique sur l’abbaye Saint-Martin d’Autun, J.‑G. Bulliot (éd.), Autun, 1849, t. 2, p. 3‒5, ch. 2 ; Recueil des actes de Charles II le Chauve, éd. cit., t. 1, p. 461‒462, ch. 175. 73  Respectivement, Essai historique sur l’abbaye Saint-Martin d’Autun, éd.  cit., t.  2, p.  6‒8, ch.  3  ; Recueil des actes de Charles  II le Chauve, éd.  cit., t.  2, p.  340‒342, ch.  377 et Essai historique sur l’abbaye Saint-Martin d’Autun, éd. cit., t. 2, p. 8‒9, ch. 4 ; Recueil des actes de Charles II le Chauve, éd. cit., t. 2, p. 497‒499, ch. 444. Essai historique sur l’abbaye Saint-Martin d’Autun, éd. cit., t. 2, p. 18‒20, ch. 7 ; Karoli III diplomata, P. Kehr (éd.), MGH, DD Karl, Berlin, 1937, p. 193‒195, n°122. Recueil des actes de Charles III le Simple, roi de France, Ph. Lauer (éd.), Paris, 1940, t. 1, p. 67‒68, n°32 (900) et t. 1, p. 126‒128, n°59 (908) ; Recueil des actes du prieuré de Saint-Symphorien, éd. cit., p. 20‒21, ch. 8 (908). Recueil des actes de Robert Ier et de Raoul, rois de France (922‒936), J. Dufour (éd.), Paris, 1978, p. 17‒22, n°3 (924). 74   De sancto Hugone monacho æduensis et priore Enziacensis, ordinis Sancti Benedicti, II, dans AASS aprilis (20 avril), Anvers, 1675, t. II, p. 764‒767 (BHL 4004). Voir toutefois les réserves de Philippe Bernard (Epistolae de ordine sacrae oblationis et de diversis charismatibus Ecclesiae, Ph. Bernard (éd.), Turnhout, 2007, p. 14‒16). 75  AD SL H 1169, fol. 2 (1689) : « Quelques cent ans apres la fondation de ladite abbaye de Ste Marie de St Jean le Grand, et lorsque les dames abbesse et religieuses esperoient de jouir

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la première attestation certaine de cette abbaye ne remonte qu’à la fin du xe siècle lorsque la mère d’Odilon de Cluny y prit le voile76. Peut-être l’abbaye est-elle attestée auparavant déjà, mais du fait d’une homonymie entre différents établissements religieux dédiés à saint Jean à Autun (église Saint-Jean de la Grotte, église Saint-Jean l’Évangéliste et abbaye Saint-Jean-le-Grand), ces mentions ne peuvent être attribuées de façon certaine à l’abbaye77. b. Tentatives d’identification entre les établissements mérovingiens et carolingiens

À l’époque carolingienne, trois établissements furent donc fondés ou refondés, construits ou reconstruits à Autun. Ils sont traditionnellement considérés comme ayant pris la suite des trois établissements mérovingiens. On ne sait strictement rien des circonstances qui ont présidé à cet événement pour l’abbaye de femmes Saint-Jean-le-Grand. Pour Saint-Martin, le diplôme de Charles le Chauve de 857 utilise le terme de restauratio78, mais

paisiblement des grands biens dont la reyne Brunehaut l’avoit dotée, les Sarrasins demolirent entierement ledit monastere, et ruinerent toutes les terres et domaines qui en dependoient, mais Charlemagne apres les avoir defaits en plusieurs rencontres et chassez de la France le fit rebâtir, a condition de porter le nom de St Jean avec celuy de Sainte Marie, et luy donna de grands biens, et plusieurs belles et precieuses reliques qui luy ont âquis le titre de second fondateur de ladite abbaye ». Cf. Cl. Saulnier, Autun chrétien, Autun, 1686, p. 115 par exemple. 76   Nam relicta patria, relictis propinquis et filiis et magnis fundi possessionibus atque divitiis tamquam alia Paula secuta est Christum et aput monasterium Sancti Iohannis Augustiduno positum sanctimonialium suscepit locum et religionis habitum (Jotsald von Saint-Claude, Vita des Abtes Odilo von Cluny, J. Staub (éd.), MGH, SRG, t. 68, Hanovre, 1999, p. 146 ; BHL 6281). Il n’y a pas de raison de remettre en question le témoignage de Jotsald de Saint-Claude, un proche d’Odilon en particulier dans les dernières années de sa vie (cf. J. Hourlier, Saint Odilon, abbé de Cluny, Louvain, 1964, p. 2‒3). Il est vrai que la prise de voile de l’entourage de celui dont on fait le panégyrique est un topos, mais si tel avait été le cas, Jotsald aurait pu mentionner une prise de voile sans autre précision, notamment de lieu, or il est ici très précis. 77  Un diplôme de Charles le Chauve de 866 mentionne des manses tenus « de Saint-Jean ainsi que des terres inoccupées situées dans les murs de la ville [sans doute Autun] tenues de Sainte-Marie » (Recueil des actes du prieuré de Saint-Symphorien, éd. cit., p. 9‒12, ch. 2, 866 ; Recueil des actes de Charles II le Chauve, éd. cit., t. 2, p. 146‒149, ch. 292, ici p. 148 l. 20‒24 ; Cf. F. Lot, « Date d’un diplôme de Charles le Chauve en faveur de l’abbaye SaintSymphorien d’Autun », dans Mélanges carolingiens, Paris, 1908, t. 2, p. 36‒39 et V. Tabbagh, « Un projet de recherches : les collégiales de Bourgogne au Moyen Âge », AB, t. 71 (1999), p. 99‒117, en particulier p. 106). 78   ob restaurationem loci et beati Martini amorem (Essai historique sur l’abbaye Saint-Martin d’Autun, éd.  cit., t.  2, p.  6‒8, ch.  3  ; Recueil des actes de Charles  II le Chauve, éd.  cit., t.  2, p. 340‒342, ch. 377, ici p. 341 l. 16).

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il est bien difficile de savoir ce que recouvre précisément ce terme, sachant que l’abbaye est déjà attestée douze ans plus tôt : s’agit-il d’une réparation des bâtiments monastiques, d’une reconstitution du patrimoine, voire d’un rétablissement de la vie régulière favorisée par une augmentation des biens ? Quant à l’abbaye de femmes Saint-Andoche, dont les circonstances d’«  apparition  » sont mieux connues, c’est Décie (n°3) qui l’a «  faite  » (fecit)79. Il semble donc s’agir d’une nouvelle fondation. Il est évident que l’abbaye d’hommes Saint-Martin a pris la suite de l’ecclesia de clercs Saint-Martin, même si on ne sait pas quand une règle monastique y a été introduite80. Il est en revanche beaucoup plus difficile de savoir si les abbayes de femmes Saint-Jean-le-Grand et Saint-Andoche avaient pris la suite du monastère féminin Sainte-Marie et/ou du xenodochium ou furent des fondations totalement nouvelles, comme il est délicat d’affirmer de façon certaine que le xenodochium et Sainte-Marie étaient situés à tel ou tel endroit dans Autun. La localisation des abbayes Saint-Andoche et Saint-Jean-le-Grand n’est pas un problème puisque ces deux abbayes sont parfaitement connues et identifiées durant tout le Moyen Âge et l’époque moderne et sont même à l’origine du développement de bourgs qui ont pris leur nom. Saint-Andoche était située dans le sud de la ville, non loin du quartier cathédral et de l’enceinte restreinte qui le protégeait, à proximité immédiate de la porte de Clermont, qui prit d’ailleurs par la suite le nom de porte Saint-Andoche. Saint-Jean-le-Grand était plus écartée de la ville haute – environ un kilomètre plus au nord –, au sud-est de la porte d’Arroux, toujours dans le périmètre des remparts romains (fig. 05). Les religieuses des deux abbayes médiévales, Saint-Andoche et SaintJean-le-Grand revendiquaient une filiation avec l’ancienne abbaye SainteMarie81 ; toutes deux étaient, en effet, sous le double patronage d’Andoche ou de Jean-Baptiste et de la Vierge, comme de nombreuses abbayes de

  XII kal. nov. Decia obiit soror Widradi quae fecit monasterium Sancti Andochii aeduensis et alia soror fecit monasterium Faverniacense (nécrologe en tête de la Chronicon Hugoni, monachi Virdunensis et Divionensis, abbatis Flaviniacensis, éd. cit., p. 287). 80  Jacques-Gabriel Bulliot dit que la règle de saint Benoît y fut sans doute suivie depuis les origines même si, jusqu’à l’épiscopat de Léger, elle fut sans doute quelque peu mitigée ; il ne justifie cependant pas son opinion ( J.-G. Bulliot, Essai historique sur l’abbaye Saint-Martin d’Autun, Autun, 1849, t. 1, p. 40‒41) 81   Quand, au milieu du xve siècle, Marie de Vienne (n°23) s’opposa à l’évêque au nom de Saint-Andoche, c’est sur la lettre de Grégoire le Grand à Thessalie qu’elle s’appuya (AD SL H 679/5, 23 janvier 1450). Deux siècles plus tard, en tête de l’inventaire des titres de SaintJean-le-Grand, les religieuses identifiaient leur monastère à l’abbaye Sainte-Marie fondée par Brunehaut (AD SL H 1169, fol. 1‒1v, 1689). 79

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femmes. Traditionnellement, Saint-Jean-le-Grand est identifiée à l’ancienne abbaye Sainte-Marie et Saint-Andoche à l’ancien xenodochium82, même si quelques historiens ont apporté des arguments, peu convaincants, allant à l’encontre de cette tradition83. Plus récemment, Bruno Dumézil a proposé de voir dans Sainte-Marie et le xenodochium un gros complexe religieux destiné à l’accueil des pauvres et des malades sous une double direction, tutelle spirituelle de l’abbesse sur le monastère et gestion séculière de l’abbé pour les tâches liées à l’accueil et aux soins ; il ne propose pas de localisation pour ce complexe84. Les auteurs de la mise à jour de la notice «  Autun  » de la Topographie chrétienne défendent l’hypothèse d’une identification entre la mérovingienne Sainte-Marie et la plus tardive Saint-Andoche, en s’appuyant sur la présence des reliques de Syagrius à Saint-Andoche et sur une attestation nettement plus précoce de SaintAndoche que de Saint-Jean-le-Grand dans les sources ; en revanche, ils ne lient le xenodochium ni à l’un ou ni à l’autre des établissements religieux connus par la suite, précisant simplement qu’il devait se situer à proximité d’une des portes de la ville85. De fait, le xenodochium devait être situé à la fois à proximité d’une porte d’entrée de la ville – il y en avait quatre – et du principal centre de peuplement de la ville ; on peut alors penser à la porte de Clermont, à l’arrivée de la route de Digoin et à proximité de la ville haute, et donc à la localisation, plus tard, de l’abbaye Saint-Andoche. Il en découlerait, comme probable le fait que Saint-Jean-le-Grand, abbaye de femmes, avait pris la suite de SainteMarie, autre abbaye de femmes (fig. 04).

 Cl. Saulnier, Autun chrétien, op. cit., p. 119 ; C. Ragut, Département de la Saône-etLoire, Mâcon, 1838, t.  2, p.  26  ; J.‑G.  Bulliot, Essai historique sur l’abbaye Saint-Martin d’Autun, Autun, 1849, t. 1, p. 19‒20 ; L. Lallemand, Histoire de la charité, Paris, 1903, t. 2, p. 182 ; H. Bon, Essai historique sur les épidémies en Bourgogne, op. cit., p. 12 ; Ch. Boëll, Promenades historiques à travers la paroisse Notre-Dame, BM A D 1670, p. 1 ; J. Bonnerot, Autun et le Morvan, Paris, 1933, p. 62 ; J. Berthollet, L’évêché d’Autun, Autun, 1947, p. 33. 83  J.-Ch. Picard, « Les monastères d’Autun au Haut Moyen Âge Origines », dans Autun, Augustodunum. Capitale des Éduens, Autun, 1987, p. 376 ; Ch. Pietri, « Autun », art. cit., t. 4, p. 43. Cf. N. Verpeaux, « Autun : les fondations attribuées à Brunehaut », art. cit., p. 5‒40, en particulier p. 24. 84  Br. Dumézil, Brunehaut, op. cit., p. 352‒354. 85  S. Balcon-Berry et al., addendum à la notice « Autun », dans Topographie chrétienne des cités de la Gaule, Paris, 2014, t. 16 : Quarante ans d’enquête 1972‒2012, vol. 1 p. 47‒52. Cf. aussi M. Gaillard et Chr. Sapin, « Monastères et espace urbain au Haut Moyen Âge », Mélanges de l’École française de Rome – Moyen Âge, t. 124‒1 (2012), p. 27‒37. 82

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FIG. 04. Les établissements religieux et les voies de communication à Autun à la fin du vi e siècle

Mais rien ne permet de trancher de façon certaine sur une localisation plutôt qu’une autre pour le xenodochium et l’abbaye Sainte-Marie et sur une filiation entre les établissements mérovingiens et les établissements (re)fondés à l’époque carolingienne. Quelles que soient la date précise de restauration des deux abbayes et l’importance relative de chacune, il est certain que, à la fin du xe siècle au plus tard, deux abbayes de femmes coexistaient dans la cité éduenne. Les études de Jean Verdon sur les monastères féminins aux ixe‒xie siècles86 comme l’Atlas de la France de l’an mille de Michel Parisse87 montrent que peu de cités

86  J.  Verdon, «  Recherches sur les monastères féminins dans la France du Sud aux ixexie siècles », Annales du Midi, t. 88 (1976), p. 117‒138 ; Id., « Recherches sur les monastères féminins dans la France du Nord aux ixe‒xie siècles », RM, t. LIX (1976), p. 49‒96 ; Id., « Les moniales dans la France de l’Ouest aux xie et xiie siècles. Étude d’histoire sociale », CCM, t. XIX (1976), p. 247‒264. 87  M. Parisse (dir.), Atlas de la France de l’an mil. État de nos connaissances, Paris, 1994.

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a­ britaient alors plusieurs abbayes de femmes88. Il semble donc qu’Autun fasse partie d’un nombre assez restreint de cités dans lesquelles il y avait plusieurs établissements féminins à la fin du xe siècle, mais les circonstances obscures de la restauration ou de la refondation de ces abbayes ne permettent pas de connaître les raisons de l’instauration d’une seconde abbaye, sans doute celle de Saint-Jean. Les premiers siècles de ce monastère sont d’ailleurs quasiment totalement inconnus, alors que quelques documents, peu nombreux, apportent un certain éclairage sur Saint-Andoche.

FIG. 05. Les établissements religieux et les voies de communication à Autun à la fin du xe siècle

 Poitiers et Bourges en abritaient trois d’après Jean Verdon ( J. Verdon, « Recherches sur les monastères féminins dans la France du Sud aux ixe‒xie siècles », art. cit., p. 118) ; Metz en abritait trois et Autun, Nevers, Reims, Poitiers, Clermont et Vienne en abritaient chacune deux d’après l’Atlas de la France de l’an mil. 88

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III. Saint-Andoche et Saint-Jean-le-Grand aux xe‒xiie siècles 1. Les traces archéologiques Pour les deux abbayes, quelques traces archéologiques d’une existence ancienne sont connues, mais elles sont ténues dans la mesure où les deux sites, urbains, n’ont pas fait l’objet de fouilles importantes89. a. Saint-Jean-le-Grand

Les traces archéologiques sont particulièrement peu importantes pour Saint-Jean comparées à celles qui restent pour Saint-Andoche, même si, ni pour l’une ni pour l’autre des deux abbayes, les bâtiments médiévaux ne sont encore en place. Il existe toutefois des reprises architecturales qui font penser à une rénovation des bâtiments de Saint-Jean à la fin du xie siècle90 ; lors de sondages sur le site de l’ancienne abbaye réalisés en 1878, cinq chapiteaux, datant de la fin du xie siècle ou du début du xiie siècle, ont été retrouvés et déposés au musée lapidaire d’Autun91. L’abbaye a été (re)fondée ou restaurée avant la fin du xe siècle et il semblerait donc que des travaux y aient été réalisés à la fin du xie et au début du xiie siècle, soit pour l’embellir soit par nécessité de consolidation ; en outre, une église datant du xiie siècle a été découverte dans le parc Saint-Jean, mais elle n’a pas pu être identifiée et on ne sait pas s’il s’agissait d’une église abbatiale ou paroissiale92. b. Saint-Andoche

L’existence de l’abbaye Saint-Andoche est attestée pour la seconde moitié du ixe siècle par sept deniers de Charles le Chauve au type de l’édit de Pîtres – donc postérieurs à 864 – frappés au nom de Saint-Andoche93. L’abbaye a donc été, à la fin du ixe siècle, un lieu d’émission monétaire, comme

89  Le site de Saint-Jean a été fouillé au xixe siècle, mais fort rapidement. Une étude archéologique des vestiges de la porte antique de Clermont et de l’abbaye SaintAndoche doit être menée par des enseignants-chercheurs de Paris‑IV et Paris‑VI en 2015. 90   Autun : prémices et floraison de l’art roman, op. cit., p. 22 ; S. Balcon et al., « Architecture and Sculpture at Autun around the Millennium », art. cit., p. 203. 91  É. Vergnolle, « Recherches sur quelques séries de chapiteaux romans bourguignons », L’information d’histoire de l’art, t. 20 (1975), p. 55‒79, en particulier p. 57 et 70 (photographies de certains de ces chapiteaux, p. 72). 92   H. de Fontenay, Épigraphie autunoise, Paris / Autun, 1883‒1886, t. 2, p. 1. 93  M.  Prou, Les monnaies carolingiennes, Paris, 1896, p.  LIV-LV  ; G.  Depeyrot, Le numéraire carolingien. Corpus des monnaies, Wetteren / Paris, 1998, p. 121, n°92.

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la ­cathédrale mais à une échelle bien moindre  ; cela n’induit aucunement qu’elle ait été un lieu de frappe, ce qui serait fort étonnant94. À Saint-Andoche toujours, il existe une salle datant du Haut Moyen Âge, une crypte, qui a fait couler beaucoup d’encre95. Certains, notamment à l’époque moderne, voulaient y voir une prison dans laquelle des martyrs, ainsi qu’Andoche, auraient été emprisonnés ; la tradition appelle donc cette crypte « la prison de saint Andoche »96. Jacques-Gabriel Bulliot, à la fin du xixe siècle, la datait de l’époque carolingienne, sans doute sous l’épiscopat de Jonas97, au milieu ixe siècle, époque de renouveau pour l’abbaye avec la réforme introduite par Modoin et consolidée par Jonas. Il s’agit d’une construction rectangulaire orientée Est-Ouest avec quatre travées dans chaque sens ; cependant, dans l’axe Est-Ouest, les deux travées centrales sont plus larges que les travées extérieures. L’accès ne pouvait se faire, à l’origine, que depuis l’Ouest98. Cette construction, dont la fonction est mal connue, est similaire à celle des portes romaines, comme s’il s’agissait d’une imitation de la porte située juste au Nord99. Christian Sapin, après différentes recherches, date cet édifice de la fin du ixe ou du début du xe siècle – avec des reprises un siècle plus tard –100, ce qui exclut les hypothèses selon lesquelles il pourrait s’agir d’une prison romaine ou même d’une salle des malades du xenodochium fondé par Brunehaut. Il

 J. Lafaurie, « L’article XII de l’édit de Pîtres du 25 juin 864 », Bulletin de la Société française de numismatique, t.  23  (1968), p.  324‒326  ; J.  Lafaurie, «  Numismatique. Des Carolingiens aux Capétiens », CCM, t. 13 (1970), p. 117‒137. Les études de Jean Lafaurie sur l’édit de Pîtres le conduisent à conclure à une différenciation entre lieux de frappe, limités à dix par cet édit, et lieux d’émission, douze fois plus nombreux. Cf. M. Bompaire et Fr. Dumas, Numismatique médiévale, Turnhout, 2000, p. 433‒439. 95  Cette crypte a été classée parmi les monuments à protéger par les Monuments historiques en 1993. 96  Notamment E. Thomas († 1660), Histoire de l’antique cité d’Autun, Autun, Paris, 1846, qui a été repris par divers érudits locaux. Cf. H. de Fontenay, Épigraphie autunoise, op. cit., t. 2, p. 22. 97  J.-G. Bulliot, « Rapport sur la visite faite à la tour romaine et à la crypte carlovingienne de l’ancienne abbaye Saint-Andoche d’Autun », Congrès scientifique de France, 42e session tenue à Autun du 4 au 13 septembre 1876, Autun, 1877, t. 1, p. 116‒119 ; mais aussi Ch. Boëll, Promenades historique à travers la paroisse Notre-Dame, BM A D 1670, p. 4‒5. 98  Chr. Sapin, La Bourgogne préromane, Paris, 1986, p. 39 (croquis plan de la crypte, p. 37). 99   Ibid., p. 38‒39. 100   Ibid., p. 41 ; Chr. Sapin, « Le monastère Saint-Andoche », dans Autun, Augustodunum. Capitale des Éduens, Autun, 1987, p. 382‒384 ; Chr. Sapin, Les cryptes en France : pour une approche archéologique, ive‒xiie siècles, Paris, 2014, p. 61 et 293. 94

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pense que cette pièce avait peut-être une fonction liturgique101, en lien avec l’abbatiale préexistant à celle du xve siècle – seule cette dernière est connue grâce aux plans d’Autun et à un plan de l’abbaye réalisé au xviiie  siècle (pl. III., IV. et VIIa.). Il existe, en effet, d’autres exemples d’églises dont le chevet était inclus dans une tour d’un mur gallo-romain, les églises étant tangentes audit mur, comme Saint-Amand de Rouen et Notre-Dame de Soissons102. Même si les fonctions précises de cette crypte demeurent inconnues, une pièce relativement majestueuse a été construite à la fin du xe ou au début du xie siècle, un siècle après la période de renouveau de l’abbaye sous Jonas et ses successeurs103. L’abbaye pouvait alors faire des travaux, sans doute importants, qui n’ont probablement pas concerné cette seule crypte. En effet, trois chapiteaux en calcaire qui peuvent aussi être datés du début du xie siècle ont été retrouvés ; l’un était réemployé dans une maison construite après la Révolution et située près de l’ancienne abbaye et les deux autres, réemployés dans l’abbaye même lors d’importants travaux effectués au xviie  siècle, étaient situés dans les actuels cuisine et réfectoire du collège du Saint-Sacrement. Le premier de ces chapiteaux est d’un style différent des deux autres, mais rien de permet d’identifier la structure pour laquelle ils ont été sculptés104. Toutefois, ils confirment la thèse d’importants travaux à la fin du xe ou au début du xie siècle, travaux contemporains de l’activité de construction du cloître Saint-Nazaire, sans doute sous l’épiscopat de Gautier (977/978‒1018/1024), et plus largement encore du grand élan de reconstruction et de réforme des abbayes bourguignonnes de cette époque105. Un siècle avant Saint-Jean-le-Grand, à la fin du xe ou au début du xie siècle donc, Saint-Andoche avait entrepris d’importants travaux de rénovation, d’agrandissement ou de construction. Il existe d’ailleurs aussi davantage de traces écrites de l’existence de Saint-Andoche que de celle de Saint-Jean pour les xe‒xiie siècles.  Chr. Sapin, La Bourgogne préromane, op. cit., p. 40.  J. Le Maho, « Hospices et xenodochia du diocèse de Rouen », art. cit., p. 50. 103   De cette époque date en revanche une plaque de chancel retrouvée dans le mur d’une demeure de la rue du Châtelet non loin de l’abbaye ; elle appartenait peut-être, à l’origine, à l’abbatiale (Chr. Sapin, « Le monastère Saint-Andoche », art. cit., p. 384). 104  Cf. photographies de ces chapiteaux dans S. Balcon et al., « Architecture and Sculpture at Autun around the Millennium  », art.  cit., p.  203, p.  210 fig.  135 et p.  211 fig.  136  ; Chr. Sapin, « Le monastère Saint-Andoche », art. cit., p. 22. 105  S.  Balcon et  al., «  Architecture and Sculpture at Autun around the Millennium  », art. cit., p. 203 et 210 ; Autun : prémices et floraison de l’art roman, op. cit., p. 28‒29. 101 102

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2. Les traces écrites a. Le cartulaire-dossier de Saint-Andoche Le manuscrit et les doutes sur l’authenticité des diplômes

Le manuscrit le plus ancien conservé dans le fonds de Saint-Andoche est un cahier de parchemin brun foncé relativement épais et d’assez petit format (env.  195  ×  270  mm), rédigé en une seule fois, par le même scribe et avec la même encre106. Il est complet : le dernier acte se termine au milieu du folio 10v et la suite est restée vierge, alors que les quatre actes, un privilège épiscopal et trois diplômes royaux, sont rédigés à la suite les uns des autres107. Rien ne permet de savoir qui a réalisé ce cartulaire-dossier composé de “copies” figurées ; le début de chaque acte est écrit en petites capitales, probablement comme sur les originaux, et les monogrammes royaux sont reproduits. Il s’agit d’un manuscrit vivant, comme en témoignent les mains qui mettent en valeur ou qui signalent à l’attention du lecteur certains passages. Aux xive et xve siècles, des notes ont été ajoutées dans les marges de tête, de pied et latérales pour résumer un passage de la charte de Jonas, montrant ainsi les préoccupations de l’époque (liste des donations de Modoin et Jonas, mode d’élection de l’abbesse etc.). D’après Olivier Bruand, qui a étudié les chartes de ce dossier, l’évêque Gautier ne serait peut-être pas étranger à la constitution de ce cahier, et en particulier à la falsification du pseudo-diplôme de Charles le Simple. Gautier, qui a œuvré à la restitution de biens aux abbayes, aurait alors voulu consolider les possessions des religieuses en créant un faux, attribué à Charles le Simple, à partir du diplôme de Charles le Chauve et de celui de Raoul, en introduisant dans le formulaire de ce dernier la liste des biens confirmés par Charles le Chauve et la liste de biens que les religieuses avaient acquis entre-temps ou

 AD SL H 675.   fol. 1v‒5v : acte de l’évêque Jonas en faveur de l’abbaye Saint-Andoche d’Autun : l’évêque confirme les possessions de l’abbaye et lui fait de nouvelles donations ; il lui confirme aussi certains privilèges tout en affirmant la juridiction épiscopale sur l’abbaye (858 ou 859). fol.  5v‒7v  : confirmation de la charte précédente par Charles le Chauve à la demande de l’évêque Jonas (859). fol. 7v‒9v : confirmation des possessions de l’abbaye par Charles le Simple à la demande de l’évêque Adalgarius (900). fol. 10‒10v : nouvelle confirmation des possessions de l’abbaye par Raoul à la demande de l’évêque Heriveus (928 ou 929). 106 107

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qu’elles revendiquaient108. Le cartulaire-dossier devait peut-être servir à solliciter une nouvelle confirmation royale, ou plus probablement pontificale, de ces biens, à une époque où des laïcs cherchaient à s’approprier certaines terres d’Église. Les religieuses, aidées de l’évêque, ou l’évêque lui-même ont pu avoir souhaité donner plus de poids à leur demande en multipliant les actes antérieurs confirmant leurs biens109  ; le but était vraisemblablement aussi de faire apparaître dans ces actes antérieurs, ou dans l’un d’entre eux au moins, toutes les propriétés possédées par l’abbaye à cette date, propriétés plus nombreuses qu’en 859 lors de la rédaction de la charte de l’évêque Jonas et de sa confirmation par Charles le Chauve. Ce dossier, d’une taille suffisamment réduite pour en faciliter le transport, a-t-il été effectivement envoyé et quel était son destinataire ? Aucune trace d’un refus de confirmation de ces biens n’est conservée dans les archives de l’abbaye, pas plus que celle d’une confirmation supplémentaire. L’apport quant à la vie de l’abbaye

Ces actes, malgré les soupçons qui pèsent sur l’authenticité de certains, sont utiles à l’historien, et tout particulièrement la charte de Jonas qui apporte quelques renseignements sur la vie des religieuses. Inquiet pour la subsistance des religieuses de Saint-Andoche, Jonas augmenta fortement leur patrimoine et menaça de sanctions ecclésiastiques toute personne qui tenterait d’usurper une partie de leurs biens110. Il imposa également un numerus clausus de 60 moniales tant que l’abbaye ne serait pas à la tête d’un patrimoine foncier plus important, toujours pour que les religieuses puissent vivre correctement et se consacrer à la prière, mais aussi qu’elles continuent à héberger les pauvres et les voyageurs, sans avoir à se préoccuper de leur quotidien111. L’évêque faisait aussi allusion dans cette charte à l’action de son prédécesseur, Modoin, qui introduisit ou imposa une réforme dans les murs

108  O. Bruand, « L’évêque Gautier d’Autun, un prélat faussaire ? », dans La foi dans le siècle, Rennes, 2009, p. 121‒132, en particulier p. 127‒129. 109   Recueil des actes de Robert ier et de Raoul, éd. cit., p. 118. 110  AD SL H 675, fol. 5 : anatemamus eos et a conventu fidelium sejungimus seu a liminibus Sanctæ Matris Æcclesiæ secernimus siqui ut diximus calumniatores in futurum forte extiterint nostræ pactionis et nisi cito a presumptione sua resipuerint non solum excommunicando eos cedimus sed ætiam in sortem Judæ traditoris Christi inprecando socialmus et cum Datam et Abiron quos vivos terra absorbuit et inferius excepit et cum illis de quibus psalmista dicit : « Disperge illos in virtute tua » et iterum, deleantur de libro viventium. 111  AD SL H 675, fol. 4 : donec res divina miseratione qualibet occasione in memorato monasterio adaugeantur sexagenarius Deo sacratarum numerus non transgrediatur, ut hac discretione sub

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de Saint-Andoche ; avant son épiscopat, les religieuses avaient mené une vie canoniale (canonico habitu), alors qu’à son époque elles se mirent à suivre une vie régulière et monastique (regularem et monasticum ordinem)112. À la suite de cette réforme, un grand nombre de jeunes filles ou de femmes ont conflué vers l’abbaye pour y prendre le voile113. Peut-être peut-on y voir une conséquence, particulièrement précoce, de la réforme de Benoît d’Aniane114 que Modoin, proche de Louis le Pieux115, a pu connaître – voire à laquelle il a pu participer. Dans cette même charte, tout en confirmant leurs possessions aux religieuses, Jonas réaffirmait clairement le pouvoir de juridiction de l’évêque sur les religieuses116. L’apport quant aux possessions de l’abbaye

D’autre part, ces actes mentionnent les domaines possédés (listés dans l’acte de Jonas), ou au moins revendiqués (énumérés dans l’acte de Charles le Simple), par les religieuses de Saint-Andoche au xe ou au xie siècle (fig. 06). Ces possessions des religieuses étaient alors très éclatées. Les moniales avaient bien entendu des biens à Autun et dans la périphérie d’Autun, mais aussi très loin de l’abbaye : Polisy est situé à 125 km au nord et Salornay à plus de 50 km au sud, Azy à plus de 80 km à l’ouest d’Autun et Merceuil à plus de 40 km à l’est d’Autun.

monastico habitu ibidem degentes victum regulariter accipere et hospites ac pauperes suscipere supervenientes et necessaria queque sufficienter administrare possint. 112  AD SL H 675, fol. 2. D’après Michel Parisse, les termes canonicus et canonice pointent généralement une vie régulière de type canonial, tandis que les termes regularis et regulare indiquent une vie régulière de type monastique (M. Parisse, « Les femmes au monastère dans le Nord de l’Allemagne du ixe au xie siècle », dans Frauen in Spätantike und Frühmittelalter. Lebensbedingungen, Lebensnormen, Lebensformen, Sigmaringen, 1990, p. 320). 113  AD SL H 675 fol.2 : cernens numerositatem Deo devotarum ibidem ferventissime confluere velle. 114  M. Gaillard, D’une réforme à l’autre (816‒934), les communautés religieuses en Lorraine à l’époque carolingienne, Paris, 2006. 115  Ph.  Depreux, Prosopographie de l’entourage de Louis le Pieux, Sigmaringen, 1997, p. 333‒334. 116  AD SL H 675, fol. 4‒4v : monache vero eiusdem monasterii […] memoratæ Sanctæ Matri Æcclesiæ cuius loco et rebus utuntur perpetuo fidem congruamque subjectionem servare studeant et nullatenus eis subrepat propriæ voluntatis aut alicuius hominis persuasio ut quibuslibet fraudum machinationibus se eandemque cellam a jure et potestate eiusdem æcclesiæ quoquo subtrahere aut alienare possint aut debeant sed com consilio prenominatæ aecclesiæ regulam monasticæ religionis teneant.

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FIG. 06. Les possessions de Saint-Andoche aux xe‒xie siècles

Parfois, les religieuses ne possédaient que quelques terres, quelques manses, quelques prés ou quelques vignes, comme à Polisy, Givry, Nanton, Nolay, Remigny etc., mais souvent aussi elles détenaient tout un domaine avec des terres qui avaient différentes vocations (prés, champs, bois, vignes etc.)

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et les hommes qui en dépendaient  ; c’est le cas pour les domaines offerts par l’évêque Adalgarius à proximité de l’abbaye, à Salornay, à Savilly et Villiers117 etc. Plusieurs des domaines concédés à Saint-Andoche étaient pourvus d’une église qui passa ainsi sous le patronage de l’abbaye, comme Curgy, Ciry, Merceuil ou même Viévy, où seule l’église semble avoir appartenu aux religieuses. À Quincy, c’est même une abbatiola, peut-être une petite abbaye, qui devint la propriété de Saint-Andoche dans le cadre de la donation faite par l’évêque, en même temps que 20  manses de terres non cultivées et de vignes, et 17,5 autres manses118 ; il s’agit donc là d’un beau domaine, même s’il était éloigné. Grâce à ces donations, l’abbaye Saint-Andoche d’Autun était pourvue en domaines qui fournissaient aux religieuses tout ce dont elles pouvaient avoir besoin : céréales bien entendu, mais aussi viande – grâce aux prés, pâturages et bois qui permettaient l’élevage – et vin, ainsi sans doute que des légumes ; l’élevage ou certaines cultures, de chanvre notamment, pouvaient aussi fournir de quoi les vêtir. L’abbaye pouvait ainsi être autonome et les religieuses se consacrer à la prière comme le souhaitait Jonas, du moins tant que le nombre de moniales n’augmentait pas trop, ce à quoi cet évêque avait veillé en imposant un numerus clausus. Les possessions foncières des religieuses étaient en effet assez conséquentes – Jean Verdon prend Saint-Andoche comme exemple d’abbaye féminine à la tête d’un patrimoine foncier important à l’époque carolingienne119 –, mais pas immenses. À titre de comparaison, l’abbaye de Denain, qui possédait à l’époque carolingienne 132  manses, outre une forêt d’une superficie inconnue, était une abbaye modestement dotée d’après Jean-Pierre Gerzaguet, la faiblesse de cette assise foncière constituant pour l’abbaye un

 Respectivement AD  SL H  675, fol.  8  : prata scilicet cum duabus terræ culturis, quas Adalgarius Sancti Nazarii æduensis æcclesiæ antistes eidem contulit loco cum duobus famulis, Ricfredo et Teutlanno et sororibus eiusdem, et utriusque sexus servientes, qui cum prenominati monasterii, ut mos exigit nuptiarum, juncti sunt famulis  ; AD  SL H  675, fol.  8  : villa Salornacus […] cum mancipiis utriusque sexus, cum terris cultis et incultis et AD SL H 675, fol.  8v  : ville, quarum una appellatur Saviliacus, altera Vilariis, cum servientibus utriusque sexus, cum terris cultis et incultis. 118  AD SL H 675, fol. 2v : in pago Tornedrense in villa que vocatur Quitiacus abbatiolam sancti Germani mansorum XX absitatibus et vineis cunctisque ad se pertinentibus alios quoque mansos ad predictam villam aspicientes XVII et dimidium. 119  J. Verdon, « Notes sur le rôle économique des monastères féminins en France dans la seconde moitié du ixe et au xe siècle », RM, t. LVIII (1975), p. 329‒343. 117

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«  handicap temporel initial  »120. Or Saint-Andoche n’était pas beaucoup mieux dotée puisque, avant la donation de l’évêque Jonas, elle ne possédait que 112 manses, et un peu plus de 189 après, soit à peine une fois et demie les possessions de Denain. D’ailleurs, d’après Jean Decarreaux, la possession même de 200 à 300 manses « n’est pas considérable si l’on tient compte des conditions du travail à la campagne et de la dispersion de la propriété »121 ; Saint-Pierre-les-Nonnains à Lyon possédait plus de 230 colonges – l’équivalent des manses – au début du ixe siècle et plus de 250 quelques décennies plus tard122  ; certaines grandes abbayes masculines possédaient, à la même époque, plusieurs milliers de manses. Les donateurs et leurs motivations étaient extrêmement divers. Plusieurs prélats – Modoin, Jonas, Adalgarius – ont donné des terres ou des domaines entiers de façon importante. Les domaines ainsi offerts aux religieuses par les évêques d’Autun étaient éclatés et situés assez loin, voire fort loin, d’Autun : si la forêt de «  Centoperas  » est située à moins de 10  km, le domaine de Polisy, lui, est situé à 125 km ; certaines de ces possessions n’étaient d’ailleurs pas situées dans le diocèse d’Autun. Mais les évêques n’étaient pas les seuls à offrir des terres aux religieuses de Saint-Andoche. Des laïcs furent aussi à l’origine de nombreux dons, comme un certain Gonbald, dont on ne sait rien sinon qu’il «  donna à sainte Marie » une vigne au Mont-Saint-Vincent123. C’est aussi le cas d’une personne dont la charte de Charles le Simple ne précise pas le nom et qui a fait une importante donation en argent à l’abbaye, argent que les moniales ont utilisé pour acheter tout un domaine à Ormancey124. Les possessions des moniales ne provenaient donc pas toujours de dons mais pouvaient avoir été achetées, y compris assez loin d’Autun, puisque Ormancey est situé à 37 km de l’abbaye. Les motivations des donations, quand elles sont mentionnées, sont relativement diverses. Le comte Sewin et son épouse Teotrade ont offert de vastes domaines à l’abbaye dans la viguerie de Viry autour de Saint-Parize-en-Viry (un domaine à Crisy, deux vignes à Saint-Parize-en-Viry etc.), domaines que

 J.-P. Gerzaguet, L’abbaye féminine de Denain des origines à la fin du xiiie siècle, Turnhout, 2008, p. 88‒89 et 118. 121  J. Decarreaux, Moines et monastères à l’époque de Charlemagne, Paris, 1980, p. 28‒29. 122  J. Picot, L’abbaye Saint-Pierre de Lyon, Paris, 1970, p. 139 et 194. 123  AD SL H 675, fol. 9 : in villa Mont vinea una quam Gonbaldus dedit sanctæ Mariæ. 124  AD SL H 675, fol. 8v : villa que appellatur Ormentiacus, que nuper ex predicti coenobii gatzarum donis predictæ potestati addicta est. 120

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leur avait offerts le roi Charles [le Chauve]125. D’après le diplôme, le comte Sewin était simplement motivé par la générosité, il s’agissait d’un « don généreux ». Sans doute espérait-il au moins des prières de la part des moniales, mais cela demeure implicite. En revanche, Winricus et Ragembald ont chacun offert un domaine à l’abbaye, en échange d’une sépulture au sein de l’abbaye126. La propriété concédée par Ragembald, dans le pagus de Beaune, n’a pas été identifiée, mais le domaine de La Vêvre, offert par Winricus, était situé à près de 30 km d’Autun ; l’abbaye Saint-Andoche avait donc un rayonnement relativement large. La comtesse Hermengarde et une veuve du nom de Detta ont fait une donation «  pour le remède de leur âme  »127, pour des prières donc. Des prières étaient toujours dites en faveur de la comtesse Hermengarde au xve siècle, le II des ides de juillet : son nom a encore été noté dans un obituaire composé à la fin du xve siècle128 ; en revanche, ce n’est pas le cas pour Detta, dont le nom n’apparaît dans aucun des obituaires de l’abbaye encore conservés. On ne sait pas dans quelles circonstances la comtesse Hermengarde –  dont les principaux domaines semblent être situés dans la Nièvre, comme ceux du comte Sewin – a décidé de faire appel aux religieuses d’Autun pour prier pour le repos de son âme et de celle de ses fils, mais Detta l’a fait à l’occasion de la prise de voile de sa fille à Saint-Andoche129.  AD SL H 675, fol. 8v‒9 : Quin ymmo villam que Villaris ab incolis dicitur cum omnibus quæ ad eandem villulam ascipiunt, adhuc etiam et Trisiacum villam, quantum Sevvinus comes et Teotrada in ea visi sunt habere. Item in alio loco ipsius pagi mansi quinque, et in vicaria Viriaco fiscalia que per donum Karoli regis predictus Sevvinus et conjux eius Teotrada consecuti sunt. Itemque in eodem comitatu, in villa que vocatur Peredus, vinee due quæ simili modo prelibati viri Sevvini eiusque uxoris dono largite sunt. 126  AD SL H 675, fol. 8 : est et in pago Cabilonensæ, villa quæ dicitur Vvavras, quam Vvinricus dedit sanctæ Mariæ et sancto Andochio loco sepulturæ et AD SL H 675, fol. 9 : et in Belnensi pago, in Vilitta predium quod Ragembaldus dedit sanctæ Mariæ loco sepulture. 127  AD  SL H  675, fol.  9  : In Augustudunensi pago, ad Aziacum villam, mansus unus cum servientibus, pratis, campis, silvis, quem Hermengardis cometissa, sancto Andochio pro remedio suæ animæ et filiorum illius et AD SL H 675, fol. 2v : unam vineam et terras absitatis quæ mulier quedam vidua Detta nomine eidem loco noviter contulerat pro remedio animæ suæ. 128   BM A P 088 : Obiit Ermengardis, comitissa (14 juil.). Cf. Les obituaires de l’abbaye SaintAndoche d’Autun, N. Verpeaux (éd.), Paris, 2011, n°266, p. 190. 129  AD SL H 675, fol. 2v : unam vineam et terras absitatis quæ mulier quedam vidua Detta nomine eidem loco noviter contulerat pro remedio animæ suæ, quando filiam suam Domino in eodem loco offerens consecraverat. 125

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Un autre homme, André, « homme illustre », a aussi cédé à l’abbaye un domaine, dans un lieu non identifié, à l’occasion de l’entrée en religion de sa fille130. On ne sait pas s’il s’agissait d’une dot ou réellement d’une donation libre. Les religieuses avaient beaucoup d’autres propriétés, dont le mode d’acquisition n’est pas toujours mentionné. Il est probable qu’il s’agissait le plus souvent soit de simples donations soit de donations liées à une prise de voile, à une sépulture dans l’abbaye ou à une fondation d’office et de prières. b. La couche ancienne des obituaires de Saint-Andoche

Du xe au xiiie siècle, l’abbaye Saint-Andoche retombe dans l’obscurité documentaire. Pourtant, un document beaucoup plus tardif atteste qu’à cette époque les religieuses continuaient à y chanter les louanges de Dieu et à recevoir les bienfaits d’hommes et de femmes qu’elles récompensaient en inscrivant leur nom dans leur nécrologe. Ce nécrologe en latin, qui ne donnait que des noms – essentiellement des noms uniques –, généralement accompagnés d’une fonction, est perdu ; mais la trace en est conservée dans les deux obituaires les plus récents de l’abbaye131 dans lesquels a été copiée une grosse centaine de mentions tirées de ce nécrologe. Cette couche la plus ancienne des obituaires de Saint-Andoche est composée à 80% de noms de religieuses, les 20% restant étant surtout des noms de religieux – dont huit chanoines d’Autun – et ceux de quelques nobles des deux sexes, comme Lambertus comes, comte de Chalon à la fin du xe  siècle dont l’anniversaire était célébré quasiment à la même date à Marcigny132. La comparaison des 124 noms issus de ce nécrologe perdu avec les études anthroponymiques menées par Patrice Beck sur la Bourgogne133

Si on suit l’hypothèse d’Olivier Bruand selon laquelle Hermengarde serait la mère de l’évêque Hervé plutôt, par exemple, que la comtesse d’Auvergne, on peut penser qu’elle a fait ce don après avoir eu connaissance de l’abbaye par son fils (O. Bruand, « L’évêque Gautier d’Autun, un prélat faussaire ? », art. cit., p. 121‒132, en particulier p. 128). 130  AD SL H 675, fol. 8v : in villa que vocitatur Faiola, predium quod dedit Andreas, illustris vir, sanctæ Mariæ sanctoque Andochio pro filia sua que in monastico habitu ibidem deputata est. 131  AD SL H 710 (1338‒1344) et BM A P 088 (1481‒1484). Cf. Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche, éd. cit., p. 114‒120 et p. 120‒128. 132  Fr.  Neiske, C.  M. Reglero de la Fuente, «  Das neu entdeckte Necrolog van San Zoilo de Carrión de los Condes. Ein Beitrag zum Totengedenken der Abtei Cluny  », Frühmittelalterliche Studien, t. 41 (2007), p. 141‒184 133  P.  Beck, «  Anthroponymie et désignation des femmes en Bourgogne au Moyen Âge (xe‒xive siècles) », dans Genèse de l’anthroponymie moderne, Tours, 1992, t. II‒2, p. 89‒100 ;

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permet d’affirmer que sont réunis ici les noms de personnes ayant vécu essentiellement entre le xie et le xiiie siècle134. À cette époque, un certain nombre de personnes étrangères à l’abbaye –  essentiellement des religieux, mais aussi quelques nobles – avaient donc tissé des liens suffisamment importants avec elle pour bénéficier «  gratuitement » des prières des religieuses et être inscrites dans un nécrologe qui a été en partie repris dans des obituaires postérieurs. Ceci montre que l’abbaye Saint-Andoche était bien intégrée dans la société, au moins dans le domaine de la spiritualité. c. Quelques rares jalons dans l’histoire de Saint-Jean-le-Grand

Avant le xiiie siècle, les témoignages écrits de l’existence de Saint-Jeanle-Grand sont fort rares. Dans les premières années du xiie siècle, une religieuse de Saint-Jean, Anne (n°202), fille de Guichard de La Douze, décida de quitter Autun pour se rendre à Marcigny : elle suivait les conseils de son frère qui avait pris l’habit à Cluny et rejoignait la grande famille clunisienne (gén.  12)135. Ce transfert est connu par une charte qui définit les circonstances et les conditions de ce départ  : l’abbesse et les autres religieuses de Saint-Jean se sont réunies pour débattre de la question et ont autorisé leur sœur à les quitter si elle continuait à prier pour elles  ; la dot qu’elle avait apportée à l’abbaye – la tenure de Jozald aux Moulins Neufs, une verchère à Farges, un manse à Arfeuille, la tenure de Brietus et un manse à Noireux, qui constituaient la dot de la mère d’Anne et dépendaient de l’oncle maternel de la religieuse – fut même transférée à Marcigny, les religieuses éduennes recevant une compensation de 50 sous versés par son frère Guillaume, connétable de l’abbé de Cluny136. À la fin du xiie siècle, en 1178, Frédéric Barberousse plaça les biens de Saint-Jean-le-Grand sous sa protection, en particulier « les droits qui leur avoient appartenu dans le territoire de Colonne du tems du comte Renaud »

Id., «  Évolution des formes anthroponymiques en Bourgogne (900‒1280)  », dans Genèse médiévale de l’anthroponymie moderne, Tours, 1990, t. 1, p. 68‒69. 134   Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche, éd. cit., p. 79‒83. 135  Comme les notices biographiques, les généalogies sont consultables dans le volume 2 en ligne http://dx.doi.org/10.1484/M.EMI-EB.5.108483. Vous trouverez les instructions permettant d’accéder à ces annexes à page 4. 136   Le cartulaire de Marcigny-sur-Loire (1045‒1144), J. Richard (éd.), Dijon, 1957, p. 104‒106 (ch. 175, 1104).

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et l’exempta des redevances payées à ce comte137. Les religieuses de SaintJean-le-Grand possédaient en effet des terres et domaines assez importants dans le comté de Bourgogne, en terre d’Empire. Au tournant des xiie et xiiie siècles enfin, l’abbesse de Saint-Jean fut partie prenante dans diverses transactions entre des abbayes locales et des laïcs. Dans des actes pour Saint-Martin, deux abbesses différentes sont intervenues ; seul le nom de la seconde, Richildis (n°32), est connu138. Les trois actes du Val-Saint-Benoît, en revanche, furent passés par la même abbesse, Nichole (n°33), peut-être une parente de l’abbé ou de l’archiprêtre de Couches, Gauthier, qui était à ses côtés en ces circonstances139. Les origines des abbayes Saint-Andoche et Saint-Jean-le-Grand sont à la fois bien documentées et difficiles à reconstituer de façon précise. Elles remontent de façon certaine à l’époque carolingienne au plus tard et même, vraisemblablement, au moins pour l’une d’entre elles, à l’époque mérovingienne. Toutefois les motivations et circonstances exactes de leur fondation et de leur éventuelle refondation demeurent mal connues : l’évêque Syagrius était dans son rôle de pasteur et la reine Brunehaut voulait affirmer la puissance de sa famille, pour les fondations mérovingiennes ; mais qu’en est-il des (re)fondations carolingiennes  ? Sans doute un lieu d’accueil pour des jeunes filles désirant se consacrer à Dieu était-il devenu nécessaire et peutêtre le «  succès  » du premier a-t-il rendu nécessaire la construction d’un second ; mais les personnes qui ont été à l’origine de ces (re)fondations ne sont pas connues : probablement est-ce Décie (n°3), sœur de Widrade, pour Saint-Andoche, mais cela n’est pas certain. De même que les origines, les premiers siècles des deux abbayes bénédictines éduennes sont mal connus, tout particulièrement pour Saint-Jean dont seule l’existence est en fait attestée à différentes époques. De ce fait, une impression – probablement erronée – se dégage des sources manuscrites et archéologiques des ixe‒xiiie siècles, celle d’une moindre importance de Saint-Jean par rapport à Saint-Andoche. En

 AD SL H 1170, XX, I, 1 (1178). Trois comtes Renaud furent à la tête du comté de Bourgogne aux xie et xiie  siècles sans qu’il soit possible de savoir auquel Frédéric Barberousse faisait allusion  : Renaud Ier (986‒1026‒1057), son petit-fils Renaud  II (1061‒1087‒1097) ou le petit-fils de celui-ci Renaud III (vs1090‒1102‒1148), beau-père de Frédéric Barberousse. 138   Essai historique sur l’abbaye Saint-Martin d’Autun, éd.  cit., t.  2 ch.  21  (1180), t.  2 ch. 34 (1218) ; AD SL H SUP St-Martin 9 (1210). 139  AD SL 9 G 23 (1242, 1247, 1260). 137

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effet, non seulement l’existence de Saint-Andoche est bien attestée, mais en plus différents éléments (privilèges, donations, possessions, monnaie, travaux etc.) font penser que l’abbaye a été relativement puissante et riche à l’époque carolingienne et dans les siècles qui ont suivi et que son rayonnement a été relativement important. Toutefois, ce n’est en fait qu’à partir de la seconde moitié du xiiie siècle et surtout à partir du xive siècle que la documentation est suffisante pour une étude réelle des communautés de Saint-Andoche et de Saint-Jean-le-Grand, de leur ancrage dans la société laïque et de leur rôle spirituel.

Première partie

Les religieuses éduennes…

Chapitre premier

Quitter sa famille et entrer en communauté

P

rendre le voile est une décision qui engage définitivement la personne qui le fait : la nouvelle religieuse quitte sa famille pour intégrer une nouvelle communauté, quitte ses habitudes et son lieu de vie pour s’enfermer jusqu’à sa mort dans une abbaye etc. Pourtant cette décision, notamment pour les jeunes filles, n’était pas toujours prise par la postulante elle-même mais, bien plus souvent, par sa famille. Rares sont les documents qui montrent comment se passait concrètement cette étape décisive dans la vie de la jeune femme qui quittait le monde pour rejoindre une communauté religieuse à Autun ; en revanche, des pontificaux utilisés par les évêques d’Autun disent comment la cérémonie de prise de voile devait se passer et insistent sur un certain nombre d’obligations. Toutefois, rien ne permet ici de différencier les communautés éduennes des autres communautés féminines. Le recrutement de chacune des deux abbayes, lui, peut être étudié de façon relativement précise et beaucoup plus concrète par l’identification des familles dont étaient issues les religieuses, identification qui devient possible dans la seconde moitié du xiiie siècle, lorsque les religieuses ont commencé à porter un surnom. Les origines sociale et géographique des religieuses sont des éléments d’évaluation de la puissance et du rayonnement des abbayes. Il est alors intéressant d’essayer de percevoir les similitudes et les différences dans le recrutement, tout en sachant que toute conclusion ne peut être qu’en partie exacte du fait de l’impossibilité d’identifier toutes les religieuses de façon exhaustive, ne serait-ce que parce que toutes n’ont pas laissé de trace dans la documentation, même sous forme d’un simple nom. Une fois identifiées les familles dont sont issues un certain nombre de religieuses, des « clans » liés aux alliances entre ces familles dans le siècle peuvent être perçus. Il devient alors évident que la rupture des religieuses avec le monde extérieur n’est pas si grande que l’auraient voulu certains canonistes : l’influence de certaines familles se faisait très clairement sentir dans les abbayes, notamment lors des élections abbatiales, mais pas uniquement.

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Et les religieuses elles-mêmes n’oubliaient pas leurs proches quand elles pouvaient leur venir en aide de façon plus concrète et immédiate que par leurs seules prières. I. Entrer à l’abbaye Parfois, les religieuses de Saint-Andoche ou de Saint-Jean ne sont arrivées là qu’après avoir fait profession et avoir vécu dans une autre abbaye, souvent considérée comme moins prestigieuse. Ce déplacement pouvait être imposé ; ainsi, lorsque l’évêque Guillaume d’Auxonne, en 1343, décida de disperser cinq des neuf religieuses encore présentes à Saint-Georges-des-Bois, à cause du manque de ressources de ce prieuré, deux furent envoyées à Saint-Juliensur-Dheune, deux à Chaumes et une à Saint-Jean-le-Grand1. Cependant cette migration était le plus souvent volontaire, comme dans le cas d’Anne de Montagu (n°298), religieuse à Champchanoux en 1482, qui devint religieuse à Saint-Jean avant 1498, avant d’essayer d’en prendre la tête en 1511. Mais généralement les moniales étaient entrées dans leur abbaye comme novices – que ce soit très jeunes ou à un âge plus mûr –, y avaient prononcé leurs vœux et y décédaient. 1. Être reçue comme religieuse Aucun texte issu des abbayes éduennes ne détaille les conditions pour qu’une jeune fille ou une femme puisse prendre le voile à Autun, ni ne décrit les cérémonies liées à leur prise de voile et à leur profession. Probablement les préceptes édictés par la Règle de saint Benoît y étaient-ils globalement suivis ; la jeune fille ou la femme subissait donc un noviciat de douze mois au minimum, au terme duquel la postulante devait promettre « stabilité, pratique de la vie monastique et obéissance » et déposer l’acte écrit de cette promesse sur l’autel principal, avant de revêtir l’habit religieux et de prendre place à part entière au sein de la communauté2.

 Soc. Éd. D 4 Saint-Georges-des-Bois (1343) ; A. de Charmasse, « Le prieuré de SaintGeorges-des-Bois près Autun », MSE, nv. série, t. 6 (1877), p. 91‒93 (1343) ; sur l’évêque Guillaume d’Auxonne, cf.  J.  Madignier, Fasti ecclesiae gallicanae, t.  12  : Diocèse d’Autun, Turnhout, 2010, n°380 p. 128‒130. 2   Règle de saint Benoît, chap. 58, Ph. Schmitz (éd. et trad.), Turnhout, 2009. 1

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a. L’acceptation des nouvelles venues

Pour devenir religieuse à Autun, une jeune fille devait être acceptée par ses futures sœurs réunies en chapitre qui la « créaient moniale » (moniales creo)3, sans doute en fonction de son origine familiale tout autant que de sa piété4. En 1320, un différend éclata à ce sujet entre le chapitre5 de Saint-Jean dans son ensemble et une de ses religieuses, Alice de Juilly (n°215)6 : l’abbesse et les religieuses ayant reçu en leur sein de nouvelles moniales bien qu’Alice de Juilly, et d’autres, aient alors été absentes de l’abbaye, Alice de Juilly contesta le droit du chapitre de se prononcer sur une prise de voile en l’absence de certaines religieuses. Le chanoine et l’official commis par l’évêque pour trancher ce litige attestèrent que l’abbesse et le chapitre pouvaient « créer » de nouvelles religieuses en l’absence de certaines moniales, y compris en l’absence d’Alice de Juilly, comme cela s’était toujours fait d’après les dépositions des plus anciennes des religieuses et d’autres témoins. Quelques semaines plus tard, l’évêque Hélias Guidonis confirma cette décision, en précisant que les religieuses absentes devaient simplement être mises au courant de l’intention du chapitre d’accueillir de nouvelles sœurs7. Il ne semble donc pas y avoir eu cooptation individuelle de nouvelles religieuses qui devenaient les nièces de celles qui les choisissaient, tel que cela se pratiquait dans les monastères lorrains8, même si des nièces semblent avoir pu partager une prébende avec une religieuse de plein droit. La contestation énoncée par Alice de Juilly pose cependant le problème de son absence : pourquoi était-elle absente et pourquoi le chapitre n’a-t-il pas attendu son retour ?9 Parfois, le pape est intervenu pour favoriser la réception d’une religieuse ; ainsi, en 1321, Jean XXII intervint auprès du prieur de Saint-Symphorien et d’un chanoine de Chalon afin qu’ils « fassent recevoir Isabelle, fille d’Odon  AD SL H 1184/1 (1320ns).  Cf. chap. 1 II. Le recrutement des religieuses. 5  Il faut noter que le terme « chapitre » – ou capitulum – n’apparaît jamais pour désigner l’ensemble des religieuses réunies pour prendre des décisions. Le terme utilisé dans ces conditions est toujours celui de « convent » – ou conventus –, que ce soit à Saint-Andoche ou à Saint-Jean. 6  AD SL H 1184/1 (1320ns). 7  AD SL H 1184/2 (1320ns) ; sur l’évêque Hélias Guidonis, cf. J. Madignier, Fasti, t. 12 : Autun, op. cit., n°445 p. 122‒123. 8  M.  Parisse, «  L’entrée des femmes en religion  : la cooptation des chanoinesses  » (à paraître). 9  Cf. chap. 5 III. 1. c. Le vœu de stabilité. Des religieuses qui s’absentent… 3 4

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dit Pessot, chevalier, de Langres, dans le monastère des moniales de SaintAndoche d’Autun » (n°132)10. De façon similaire, ce même pape, un an plus tôt, avait mandé à l’évêque d’Autun qu’il fasse recevoir à Saint-Jean et à Saint-Andoche une «  personne  », sans doute une religieuse, nommée par la duchesse de Bourgogne11 ; le duc de Bourgogne bénéficiait en effet, en tant que protecteur de l’abbaye, du droit de placer une fois dans sa vie une femme comme religieuse à Saint-Jean-le-Grand12 – ainsi sans doute qu’à Saint-Andoche. C’est ce que fit Philippe le Bon une fois au moins, en juin 1450, en faveur de damoiselle Claude Mairet (n°271)13. Toutefois les ducs de Bourgogne ne semblent pas avoir usé de ce droit aussi souvent que le roi d’Angleterre qui pouvait placer une religieuse dans certains monastères lors de son accession au trône mais aussi lors de l’intronisation d’une nouvelle abbesse. L’évêque d’Autun, enfin, semble ne pas avoir eu ce droit de présenter une religieuse dans les abbayes de sa cité – contrairement à certains évêques et archevêques anglais14 –, puisqu’en 1400, les religieuses de Saint-Andoche protestèrent auprès du roi lorsque Nicolas de Toulon chercha à imposer une religieuse à la communauté15. b. Une transmission de prébende ?

Quelques indices peuvent laisser penser que, à Saint-Andoche au moins, le décès d’une religieuse libérait une prébende qui pouvait dès lors être transmise. Ainsi, dans le pitancier du plus ancien des obituaires, à propos du décès de Béatrice de Gissey (n°134) survenu le 5  février 1332, il est précisé que le 29  juillet suivant «  fut donee la prevende de la dite Byatrix à Ysabeaul de Bauloul »16 ; le lendemain, les religieuses décidèrent des personnes à qui devaient revenir les prébendes suivantes qui viendraient à échoir. Pourtant, il ne semble pas que les religieuses aient alors été si nombreuses – à cette date, d’après ce texte, elles sont quatorze, et on connaît le nom de cinq d’entre

  Jean XXII, Lettres communes, G. Mollat (éd.), Paris, 1910, t. 4, nº14741 (1321).   Jean XXII, Lettres communes, éd. cit., t. 3, nº12741 (1320). 12  AD SL H 1169, V, I, 5 (1450). 13  AD SL H 1169, V, I, 5 (1450). 14  E. Power, Medieval English nunneries (c. 1275 to 1535), Cambridge, 1922, p. 188‒189. 15  Soc. Éd. D 4 St-And. (1400ns) ; sur l’évêque Nicolas de Toulon, cf. J. Madignier, Fasti, t. 12 : Autun, op. cit., n°680 p. 140‒142. 16  AD SL H 708, fol. 34v (1332ns). 10 11

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elles – qu’il ait fallu être vigilant sur le recrutement pour éviter un trop grand appauvrissement de l’abbaye. La transmission du bréviaire pourrait même symboliser cette transmission de prébende, du moins à Saint-Andoche là encore. En effet, certaines fondations d’anniversaires ont pour assiette le bréviaire d’une religieuse : les 10 sous de rente dus pour l’anniversaire de Marguerite du Nier (n°143) et de sa nièce Oudette (n°147) reposaient « sur leur breviare »17 et les 10 sous de rente pour les anniversaires de Flore du Maigny (n°121), Guillemette de Sautrone (n°105) et Jacquette du Maigny (n°120) reposaient sur « le breviare Marguerite de Sancey » (n°16 ou 140)18. Pourtant, par définition, une religieuse nommée ne pouvait payer une rente que pendant quelques dizaines d’années au plus ; en revanche, si son bréviaire était transmis à la religieuse qui « héritait » de sa prébende, cette nouvelle religieuse pouvait dès lors être chargée de payer la rente. c. La question de la dot19

Le plus souvent, lorsqu’une jeune fille ou une femme souhaitait prendre le voile dans une abbaye, elle devait apporter avec elle une dot, dont étaient toutefois dispensées celles que le pape recommandait, ou imposait. Les sources sont généralement fort discrètes sur ces dons liés à l’entrée en religion d’une future moniale – ou d’un futur moine d’ailleurs –, dans la mesure où la simonie était condamnée aussi bien par la Règle de saint Benoît que par les conciles et canons, et en particulier par le concile de Latran IV de 1215. Toutefois, un don volontaire au moment de la prise de voile ou de la prise d’habit n’était pas contraire à la Règle20 : seul le don obligatoire et fixé s’apparentait à de la simonie et, en tant que tel, était condamné. L’apport de biens lors de l’entrée au monastère s’est en fait fortement développé aux xie et xiie siècles,

  BM  A P  088 et AD  SL H  710 (13 mars). Cf.  Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche d’Autun, N. Verpeaux (éd.), Paris, 2011, n°94, p. 159. 18   BM A P 088 et AD SL H 710 (20 avr.). Cf. Idem, n°154, p. 169. 19  N. Verpeaux, « De la condamnation de la simonie à la cession d’une dot, du vœu de pauvreté à la gestion de biens personnels : comment contourner les interdits liés à l’argent dans les abbayes de femmes au Moyen Âge ? », dans Les interdits, Amiens, 2012, p. 221‒231, en particulier p. 221‒227. 20   Règle de saint Benoît, chap.  58, éd.  cit. Cf.  Ch.  Loysel, Des aumônes dotales ou dots moniales avant 1789, Paris, 1908, p. 12‒22 ; Ph. Schmitz, Histoire de l’Ordre de Saint-Benoît, Maredsous, 1956, t.  vii  : Les moniales, p.  244‒245  ; J.  H. Lynch, Symoniacal entry into religious life from 1000 to 1266. A social, economic and legal study, Columbus, 1976, p. XIV, XVI-XVII. 17

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jusqu’à acquérir un caractère presque obligatoire, sans qu’un montant minimum soit fixé, afin d’assurer la survie du monastère par une participation des familles aux ressources de l’abbaye21. Ainsi, en Angleterre, la dot semble avoir été exigée dans la plupart des monastères féminins, même si elle était plus faible que la dot réclamée par un époux terrestre de haut rang, ce qui explique le nombre de cadettes incitées à prendre le voile ; en Provence, à La Celle, elle était d’environ 100 florins, somme importante mais dix fois moins lourde que celle qu’un père devait débourser pour faire faire à sa fille un beau mariage22. Quelques documents, rares, font allusion à un versement d’argent ou à une donation lorsqu’une jeune fille ou une femme entrait à Saint-Andoche ou à Saint-Jean  ; souvent, ces documents n’étaient pas conservés dans les fonds des abbayes, de peur peut-être qu’ils ne servent à étayer une éventuelle accusation de simonie. Ainsi, lorsqu’en 1104 Anne (n°202), fille de Guichard de La Douze, religieuse de Saint-Jean, obtint de l’abbesse Adelisse (n°29) l’autorisation de quitter l’abbaye pour celle de Marcigny, la supérieure promit de rendre, sans en rien conserver, « la terre qu’Engelgarde, mère [de ladite Anne] nous a donné pour sa prise en charge »23. Il est donc clair que l’abbaye avait reçu une dot lorsqu’Anne de La Douze était entrée à Saint-Jean ; cette dot était composée de terres dans différents lieux de l’actuel canton de La Guiche – la tenure de Jozald aux Moulins Neufs, une verchère à Farges, un manse à Arfeuille, la tenure de Brietus et un manse à Noireux. Ces terres, offertes par

21  J. H. Lynch, Symoniacal entry into religious life, op. cit. ; cf. en particulier p. 194 sur la nécessité plus grande de recourir à cette pratique pour les monastères de femmes que pour les monastères d’hommes bien établis. Cf.  aussi Ch.  Loysel, Des aumônes dotales ou dots moniales, op. cit., p. 16‒22 ; P. D. Johnson, Equal in monastic profession. Religious Women in Medieval France, Chicago / Londres, 1991, p. 25‒26 ; C. Br. Bouchard, Sword, Miter and Cloister. Nobility and the Church in Burgundy 980‒1198, Ithaca / Londres, 1987, p. 52 ; M. Moreau, L’âge d’or des religieuses. Monastères féminins du Languedoc méditerranéen au Moyen Âge, Montpellier, 1988, p. 130. 22  E.  Power, Medieval English Nunneries, op.  cit., p.  5‒6, 14, 16‒22.; Chr.  KlapischZuber, «  L’entrée au couvent à Florence (xve  siècle)  », dans Au cloître et dans le monde, Paris, 2000, p. 166 ; P. L’Hermite-Leclercq, Le monachisme féminin dans la société de son temps, Paris, 1989, p. 213, 250‒251. 23   Terram etiam quam praedicta Engelgardis mater ejus nobis dederat pro susceptione ejus […] sine omni retentione ei reddimus (Le cartulaire de Marcigny-sur-Loire (1045‒1144), J. Richard (éd.), Dijon, 1957, p. 104‒106, ch. 175, 1104).

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la mère d’Anne, composaient sa dot à elle lorsqu’elle s’était mariée24 et elles dépendaient de son frère, Eldri Esperuns, oncle d’Anne (gén. 12)25. Quand, vers 1140, Élisabeth, femme de Ponce de Grosbois, passa un accord avec son frère, Obert, abbé des chanoines augustiniens de Sainte-Marguerite, à propos, notamment, de la prise de voile de ses deux filles, la mère promit de payer leur dot26. La dot pouvait aussi prendre la forme non d’un versement unique, mais du versement d’une rente à vie. Ainsi, en 1348, sans doute à la suite du décès de leur père, Gérard dou Brulet promit de payer leur pension à ses sœurs, Isabelle et Jeanne (n°221 et 222), toutes deux religieuses à Saint-Jean  ; il s’agissait d’une pension en nature, composée notamment d’un muid de froment mesure d’Autun27. De même, dans leur testament rédigé en 1423, Jean de Vaudrey, seigneur de Courlaoux et de Laigle, et Jeanne de Fromentes sa femme mentionnèrent leurs deux très jeunes filles Catherine et Jeanne, « lesquelles nous avons en propoz et volentez de mectre en religion »28 et chargèrent leur fils Huguenin de leur faire une rente de 10 florins et 2 quartaux de froment dans ce but ; une Catherine de Vaudrey (n°272) est connue comme ayant été religieuse de Saint-Jean quelques dizaines d’années plus tard (gén. 21). Pour Saint-Andoche, seul un document du milieu du xvie  siècle mentionne clairement l’existence d’une dot : lorsque Claude de La Baume entra à Saint-Andoche, ses parents lui constituèrent une pension de « cent escus d’or sol de poids »29. En effet, le cas d’Huguette de Sully (n°98) est un peu différent : lorsque, en 1239, son père, Gauthier de Sully (n°903), lui légua une rente de 60  sous sur ses possessions de Collonge, Huguette était déjà

24   Terram […] quae sibi in maritatum acciderat ex distributione parentum suorum (Le cartulaire de Marcigny, éd. cit., ch. 175). Il était considéré comme normal que la dot suive le religieux qui décidait de quitter un monastère pour un autre, comme le montre aussi l’exemple de Josbert de Vosne qui abandonna Cîteaux pour La Bussière (C. Br. Bouchard, Sword, Miter and Cloister, op. cit., p. 53). 25   Hoc autem donum  […] laudavit postea et per omnia confirmavit Eldricus Esperuns frater praedictae Engelgardis de cujus capite terra ipsa pendebat (Le cartulaire de Marcigny, éd. cit., ch. 175). 26  AD CO 20 H 674 (vers 1140) : duas filias quas habebat sanctimoniales suo sumptu faceret. 27  AD CO B 11681 (1348). 28  AD J E 738 (1423). 29  AD SL H 686/2 (1555). Au début du xviie siècle, deux dots de plusieurs centaines de livres ont été versées pour deux des sœurs de Toulongeon, la troisième étant reçue gratuitement ; ces dots étaient alors considérées comme peu élevées (AD SL H 1199, 1641).

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r­ eligieuse ; on ne peut donc pas réellement parler d’une dot, d’autant qu’elle ne devait bénéficier de cette rente qu’après la mort de son père, même si celuici était alors malade et décéda six mois plus tard seulement. Il était en outre précisé, pour une fois, qu’à son décès à elle, cette rente devait retourner à son frère aîné ou à ses descendants30. Toutefois, cette participation à l’héritage, contraire aux différentes Règles, peut être perçue comme une dot différée. Le versement d’une dot n’était pas nécessairement une pratique simoniaque mais répondait aux nécessités économiques des abbayes dont les revenus pouvaient rapidement devenir insuffisants si le nombre de religieuses était trop important, si des spoliations avaient lieu ou quand les revenus de la terre ont diminué à la fin du Moyen Âge31. En fait, seules les religieuses qui entraient dans une abbaye par mandat apostolique n’apportaient pas de biens à la communauté32. 2. Prendre le voile a. Les motivations de la prise de voile

L’étude des motivations ayant conduit des jeunes filles, ou des femmes mûres, à prendre le voile est difficile à mener, dans les abbayes autunoises comme dans les autres abbayes féminines, dans la mesure où aucun document n’émane des religieuses elles-mêmes expliquant leur choix33. Peut-être quelques-unes l’ont-elles fait par vocation, poussées par une foi ardente les empêchant de demeurer dans le siècle et les poussant à faire leur salut par un mode de vie conforme à la perfection évangélique ; mais en l’absence de figures charismatiques ayant fait l’objet d’un récit hagiographique, il est impossible d’affirmer que tel fut le cas. Plus nombreuses sans doute furent celles qui virent dans le monastère un refuge dans une période troublée et dangereuse ou face à un mariage, ou un remariage, non désiré. Beaucoup surtout furent, en quelque sorte, conditionnées, dès leur plus jeune âge, à devenir religieuses. Il est probable que l’entrée au monastère a été voulue plus souvent par sa famille que par l’intéressée elle-même, le vœu de la première pouvant devenir

30  AD SL 5 G 3 = Cartulaire de l’Église d’Autun, A. de Charmasse (éd.), Paris / Autun, 1865, t. 1, p. 156‒158 (ch. LXXXI, 1239). 31  J. Deshusses et R. Naz, « Dot des religieuses », dans Dictionnaire du droit canonique, t. 4, col. 1431‒1436. 32  M. Moreau, L’âge d’or des religieuses, op. cit., p. 130. 33   Ibid., p. 97‒98 ; Cf.  P. D. Johnson, Equal in monastic profession, op. cit., p. 22‒27.

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celui de la seconde34. Sans doute des raisons économiques poussaient-elles les familles à souhaiter que certains de leurs enfants se retirent du monde : ainsi l’héritage était-il préservé en faveur de ceux qui se mariaient et assuraient la continuité de la lignée et, pour les filles, la dot versée à l’abbaye était moins importante que celle qu’aurait exigé un époux de même rang que la jeune fille35, surtout si celle-ci n’était pas particulièrement belle ou présentait un défaut physique36. Ainsi, quand, vers 1140, Élisabeth, femme de Ponce de Grosbois, passa un accord avec son frère, l’abbé de Sainte-Marguerite Obert, pour l’établissement de ses deux filles comme religieuses, la famille semble avoir eu des difficultés financières. En effet, Élisabeth céda à son frère une terre familiale près de Semur, à charge pour lui de la racheter à Milon de Castellulum à qui l’un de ses neveux, Arnoul, l’avait hypothéquée pour 14  livres dijonnois ; en échange, l’abbé devait trouver les abbayes dans lesquelles ses deux nièces, dotées par leur mère, pourraient prendre le voile. Il fit le choix de deux abbayes différentes, Saint-Julien37 pour l’une et Saint-Andoche pour l’autre (gén. 10). L’acte mentionne d’ailleurs que l’installation de l’une de ces filles à Saint-Andoche s’est faite « non sans de graves difficultés »38, mais rien n’est précisé sur la nature de ces difficultés ; il pourrait s’agir de problèmes liés à la personne même de la novice, d’un montant jugé insuffisant de la dot etc. Rien ne permet de savoir non plus pourquoi l’abbé de Sainte-Marguerite a choisi Saint-Andoche plutôt qu’une autre abbaye et pourquoi les deux  Ph. Schmitz, Histoire de l’Ordre de Saint-Benoît, op. cit., t. vii : Les moniales, p. 249‒250.  L’exemple de deux des filles de Francesco di Tommaso Giovanni – Florentin du xve siècle –, dont l’une prit le voile dans un monastère de clarisses «  huppé [dans lequel on n’entre] qu’avec de solides garanties financières » et l’autre se maria à la même date, montre que la dot et le trousseau de la première coûtaient huit fois moins cher au père que le trousseau et la dot de la seconde (Chr. Klapisch-Zuber, « L’entrée au couvent à Florence », art. cit., p. 166). 36  Rien ne permet d’affirmer que les abbayes autunoises ont ainsi accueilli des religieuses handicapées, ni qu’elles n’en ont pas accueillies d’ailleurs. On aurait en effet pu penser, d’après son nom, que Marguerite Coignarde (n°263), religieuse de Saint-Jean attestée uniquement en 1420, était peut-être handicapée et qu’elle n’aurait vécu que peu de temps à Saint-Jean pour cette raison ; toutefois, il n’en est vraisemblablement rien dans la mesure où toute une « dynastie » de Coignarde ont pris le voile à Saint-Jean au xve siècle : Marguerite (n°263) est attestée en 1420, Marie (n°266) en 1437‒1461, Guiotte (n°273) en 1464‒1466, Marguerite (n°282) en 1474‒1506, Margot (n°90) en 1475‒1508. 37  Saint-Julien des Chazes ? ; Saint-Julien-sur-Dheune n’existait pas encore. 38   Cui conventioni prefatus abbas satisfaciens redempto predio unam ex filiabus in ecclesia Sancti Andochii eduensis non sine magno gravamine posuit, aliam in ecclesia Sancti Juliani sanctimonialem constituit (AD CO 20 H 674). 34 35

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sœurs n’ont pas pris le voile dans le même établissement ; peut-être toutefois a-t-il exclu une prise de voile à Saint-Jean si l’abbaye était déjà touchée par les désordres qui furent à l’origine d’une plainte quelques décennies plus tard39. Ces motifs économiques – dot moins élevée, non partage du patrimoine qui vaut essentiellement pour les garçons – n’étaient toutefois pas toujours les plus importants d’après Constance Brittain Bouchard qui parle même de «  suicide dynastique  » de certaines familles du fait d’un trop grand nombre de prises d’habit40. Les motifs religieux pouvaient être les plus forts : la fille qui prenait le voile priait pour elle-même bien entendu, mais devait aussi le faire pour sa famille ; elle assurait ainsi son salut, mais favorisait également les entreprises de ses proches et leur salut. C’est pourquoi des parents imposaient souvent à certains de leurs enfants, par testament, de prendre l’habit ou le voile ; dès lors, ces dernières volontés, particulièrement sacrées, engageaient ces enfants alors même qu’il ne s’agissait parfois que de tout jeunes enfants, voire d’enfants à naître, qui n’étaient absolument pas consultés quant à leurs désirs41. Ainsi, dans son testament, en 1239, Gauthier de Sully (n°903) imposa à son plus jeune fils et à sa plus jeune fille d’entrer en religion, alors qu’une de ses filles, Huguette (n°98), était déjà religieuse, à Saint-Andoche, comme il l’avait écrit lui-même un peu plus haut dans son testament42  ; ce n’était pas leur choix mais, en tant que cadets, ils étaient

  D’après Claude Saulnier (Cl. Saulnier, Autun chrétien, Autun, 1686, p. 116), à la suite de plaintes, Honorius III aurait chargé l’évêque Gauthier de réformer Saint-Jean-le-Grand en s’appuyant sur les abbés d’Oigny et de Sainte-Marguerite – un successeur d’Otbert. 40  C. Br. Bouchard, Sword, Miter and Cloister, op. cit., p. 59‒63. 41   De son étude sur Florence, Christiane Klapisch-Zuber tire la conclusion que, au xve siècle, les petites filles étaient sans doute déjà destinées au mariage ou au cloître dès l’âge de cinq ans et qu’elles étaient élevées – et en quelque sorte conditionnées – en fonction de ce choix précoce (Chr. Klapisch-Zuber, « L’entrée au couvent à Florence », art. cit., p. 176). 42   Volo etiam quod parvus filius meus sit monachus et parva filia mea sit monialis (AD  SL 5 G 3 = Cartulaire de l’Église d’Autun, éd. cit., t. 1, p. 156‒158, ch. LXXXI, 1239). Guillaume, le fils aîné, devait recevoir le château familial avec son domaine et ses dépendances ; Agnès, sans doute la fille aînée, devait se marier et Gauthier prévoyait une dot à payer à égalité par son épouse et son fils aîné, 20 livrées de terre et 200 livres en argent, ce qui était une dot fort élevée ; un frère puîné, Guy, reçut des terres sises à Mont-Saint-Jean et à Épiry ; Hugues, plus jeune encore, devait être convenablement pourvu, sans doute une fois sa majorité atteinte, par sa mère et ses deux frères aînés ; Huguette (n°98), une fille puînée alors religieuse à SaintAndoche, devait recevoir une rente de 60 sous, rente qui, à sa mort, devait revenir à son frère aîné ou à ses héritiers, ce qui permettait de n’écorner que fort peu le patrimoine de Guillaume ; enfin, les deux plus jeunes enfants, un garçon et une fille, devaient tous deux prendre l’habit monastique. 39

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voués à l’Église pour prier pour leurs proches. De même, Jeanne et Catherine de Vaudrey furent vouées au cloître par le testament de leurs parents en 142343, alors qu’elles étaient sans doute très jeunes puisque ce n’est que plus de vingt ans plus tard qu’elles apparurent comme dames de Château-Chalon, Catherine de Vaudrey (n°272) devenant par la suite religieuse de Saint-Jean quand elle essaya d’en prendre la tête en 1452 (gén. 21). Enfin, Drouines des Barres (n°305), petite fille de neuf ans, n’avait pas été consultée quand, à la mort de son père, ses proches l’avaient envoyée à SaintJean en 1515 : dix ans plus tard, elle protesta et demanda à pouvoir quitter l’abbaye pour se marier, ce qu’elle obtint d’ailleurs44. b. Quelques éléments sur l’âge de la prise de voile

Il est extrêmement difficile de se faire une idée sur l’âge des jeunes filles qui prenaient le voile à Saint-Andoche et Saint-Jean, même si l’on sait que l’Église n’autorisait officiellement les vœux définitifs qu’à partir de seize ans, voire de vingt-cinq ans. L’ordre de mention des religieuses dans les listes de présence au chapitre ou dans les listes de prébendes ne permet pas de dater les prises de voile de façon relative les unes par rapport aux autres, ce qui permettrait d’affiner l’étude. En effet, les religieuses ne sont pas toujours citées en fonction de leur ancienneté, après les officières ; il arrive d’ailleurs même que les officières ne soient pas toutes citées les premières45. Ainsi, en 1483, à quinze jours d’intervalle, les 11 et 24 janvier, lors de deux actes d’acensement de terres passés en l’absence de l’abbesse par les religieuses assemblées en chapitre, celles-ci ne furent pas mentionnées dans le même ordre comme le montrent les deux listes ci-dessous, dans lesquelles sont repris ces noms dans l’ordre dans lequel ils sont inscrits dans les deux documents :

 AD J E 738 (1423).  AD SL H 1185 (1525) ; cf. chap. 5 III. 2. a. Quitter volontairement l’abbaye. Renoncer au voile. 45  Par exemple pour Saint-Andoche  : «  icelles religieuses personnellement estaublies et assemblees au son de la cloche en la maniere acoustumee en leurs propres personnes, c’est assavoir dame Marie de Vienne, abbesse dudit lieu, Catherine d’Orle, prieuse, Jehan Vuignotte, Guiote Lombarde secretainne, Estiennete de Rovray, Loyse de Clugny, Catherine de Luzy, Catherine de Bassy, Catherine de Masoncles et Marie de Balâbre, toutes religieuses dudit monastere pour elles et leurdicte église d’une part » (AD SL H 854/6, 1454). 43 44

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Marie de Belabre, prieuse (n°63)46 Katherine de Baissy (n°166) Estiennete de Baissy (n°175) Jaques de Fontetes (n°170) Claude de Tintry (n°66) Eme du Fraigne (n°77) Marguerite de Corrabeuf (n°184) Anthoine de Chandio (n°183) Michelete de Meneserre (n°180) Jehan d’Estroye (n°185) Estiennete de Mippon (n°182) Gilleberte de Masoncle (n°186)

Marie de Pognieres, prieuse (n°63) Catherine [de Baissey] (n°166) Estiennete de Baissey (n°175) Anne du Fragne (n°77) Jaques de Fontete (n°170) Claude de Tintrey (n°66) 47

Anthoyne de Chandio (n°183) Estiennete de Mypon (n°182) Jehanne d’Estroye (n°185) Michelete de Menesserre (n°180) Gilliberte de Masoncle (n°186)

En fait, l’âge approximatif de deux religieuses seulement est connu à une date précise, toutes deux religieuses de Saint-Jean46: en 1442, Jeanne de Cussigny (n°87),47 prieure, disait être âgée de 55 ans environ48 et en 1461, Marie Coignarde (n°266) disait être âgée de 50 ans environ49. On peut en déduire que Jeanne de Cussigny était née vers 1387 et qu’elle avait 27 ans lors de sa première attestation en tant que religieuse en 1414 et 64 ans lorsqu’elle fut mentionnée pour la dernière fois en 1451  ; mais elle disait aussi être « religieuse de Saint-Jean depuis environ quarante ans », ce qui permet d’en déduire qu’elle aurait pris le voile à quinze ans environ, peut-être en fait à seize ans dès qu’elle le pouvait selon les canons. Marie Coignarde, quant à elle, était née vers 1411 et avait donc 26 ans en 1437 quand son nom fut cité pour la première fois, et 50 ans lors de sa dernière apparition en 1461 ; en 1437, elle avait donc largement l’âge de prendre le voile, mais on ne sait pas depuis quand elle avait prononcé ses vœux lorsqu’elle fut ainsi mentionnée pour la première fois en tant que religieuse, peut-être depuis une dizaine d’années comme pour Jeanne de Cussigny. Seule la longévité d’attestation des religieuses pourrait éclairer l’âge de la prise de voile, mais de façon extrêmement indirecte puisqu’on ne sait

46   Marie de Pognières et Marie de Balâbre sont une seule et même personne (n°63), mais cette religieuse possède deux surnoms qui sont utilisés de façon indifférente, y compris au sein d’un même acte (cf. ci-dessous III 1. a. Des parentés supposées, et des parentés identifiées). 47   Marguerite de Corrabeuf (n°184) n’est pas mentionnée dans ce second acte, sans que l’on connaisse le motif de son absence au chapitre. 48  AD SL H 1429/4 (1442). 49  AD SL H 1418/1 (1461).

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q­ uasiment jamais si la première mention d’une religieuse dans la documentation est proche de la date de son entrée en tant que religieuse de chœur dans l’abbaye – ce dont fait douter l’exemple de Jeanne de Cussigny (n°87) –, ni si sa dernière mention est proche de la date de son décès.

FIG. 07. Répartition de la durée de vie religieuse attestée des religieuses éduennes du milieu du xiii e à la fin du xv e siècle et dans la seconde moitié du xv e siècle

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Rien ne permet de penser que l’âge des vœux définitifs ait pu être réellement différent dans l’une ou l’autre des deux abbayes autunoises puisque la durée de vie des religieuses dans chacune des deux abbayes est relativement semblable entre le milieu du xiiie et la fin du xve siècle50. L’étude peut donc porter sur l’ensemble des religieuses autunoises, ainsi le nombre de données est-il plus important, même s’il n’est toujours pas totalement significatif. Toutefois, pour appréhender la longévité de ces femmes en tant que religieuses, il ne faut pas prendre en compte seulement leur longévité au sein d’une seule abbaye, mais, pour celles qui ont changé d’établissement au cours de leur vie religieuse, leur longévité totale en tant que religieuses (fig. 07). Il est évident que Jeanne de Clugny (n°88) qui a vécu pendant au moins 75  ans à Saint-Jean était entrée fort jeune au couvent, peut-être même à moins de seize ans. De même, estimer que les 8% ou 13% de religieuses dont la vie monastique a été supérieure à 40 ans avaient pris le voile très jeunes semble justifié. Mais qu’en est-il de toutes les autres ? On ne peut évidemment pas en déduire que toutes les autres, en particulier la moitié environ des religieuses qui ne sont attestées que moins de dix ans, ont prononcé leurs vœux tardivement. Beaucoup ont sans doute eu une vie religieuse beaucoup plus longue que celle que l’on perçoit à travers leurs attestations dans les sources ; d’autres sont peut-être tout simplement décédées jeunes à cause d’une faiblesse de constitution personnelle, des épidémies et pour une toute autre cause. c. La cérémonie de prise de voile

Quels que soient les motivations, l’âge, l’origine sociale etc. de l’impétrante, celle-ci ne devenait religieuse de chœur qu’à la suite d’une cérémonie extrêmement importante, présidée par l’évêque qui, seul, pouvait consacrer une nouvelle religieuse. Deux documents utilisés à Autun – le Pontifical de Guillaume Durand et le pontifical réalisé pour Antoine de Chalon51 – peuvent  Cf. chap. 2 I. 2. a. Comparaison globale entre les deux abbayes.   Guillaume Durand, Pontifical, dans Le pontifical romain au Moyen Âge, M. Andrieu (éd.), t. 3 : Le pontifical de Guillaume Durand, Vatican, 1940 et BM  A S 151 (129). Le pontifical dit d’Antoine de Chalon (cf. la notice de Yolanta Zaluska dans Cl. Maître (dir.), Catalogue des manuscrits d’Autun, Turnhout, 2004, p. 300‒301) a été réalisé pour Antoine de Chalon, évêque d’Autun de 1485 à 1500 ( J. Madignier, Fasti, t. 12 : Autun, op. cit., n°222 p. 151‒155). Il diffère du pontifical de Guillaume Durand, beaucoup plus ancien, réalisé à Mende par l’évêque Guillaume Durand (1285‒1296). Toutefois, deux manuscrits de ce texte ont appartenu à un évêque d’Autun : un manuscrit lyonnais (Université, 11) a été réalisé pour un évêque d’Autun avant d’appartenir, à la fin du xive siècle, à un évêque 50

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éclairer cette cérémonie lors de laquelle une nouvelle religieuse prenait le voile à Autun, du moins de façon théorique. La cérémonie telle qu’elle est décrite dans ces deux documents52, mais aussi dans le pontifical utilisé par la curie romaine du xiiie siècle53 qui a servi de base à la rédaction du ­Pontifical de Guillaume Durand, tourne autour de quelques éléments clefs : la vérification par l’évêque de la volonté et de la sincérité de la vierge qu’on lui demande de consacrer, la bénédiction des vêtements, du voile, de la couronne et de l’anneau de la nouvelle religieuse et la menace de sanctions éternelles à l’encontre de ceux qui détourneraient la nouvelle moniale du chemin de la pureté. La miniature qui introduit le chapitre Consecratio sacrarum virginum (fig. 08) présente le deuxième de ces temps fondamentaux : l’évêque, assisté de deux clercs, y est représenté assis sur un faldistoire, devant l’autel, faisant le geste d’accueillir deux jeunes filles agenouillées, en habit laïque et portant un cierge allumé, écho à la parabole des vierges sages et des vierges folles54 et à la cérémonie nuptiale, que lui présentent deux religieuses professes ; sur un tabouret à la droite de l’évêque sont posés deux habits noirs de religieuses, deux voiles blancs, deux anneaux et deux couronnes qui devaient être bénis par le prélat avant qu’il ne les remette aux deux vierges qui lui étaient présentées. La cérémonie devait toujours avoir lieu en présence de l’évêque, mais le lieu n’est pas précisé  : elle pouvait donc se dérouler dans l’abbatiale pour Saint-Jean-le-Grand, mais sans doute plutôt à la cathédrale, au moins pour Saint-Andoche puisque l’évêque ne pouvait pas passer l’enceinte de cette abbaye55. Toutefois, il n’est absolument pas évident que la cérémonie se déroulait ordinairement dans l’abbatiale du monastère où résidait la novice :

d’Avignon, et un manuscrit parisien (BnF Lat. 951) a appartenu à Renaud Maubernard, évêque d’Autun de 1358 à 1361, même s’il n’a jamais résidé à Autun ( J.  Madignier, Idem, n°785, p. 133‒134). D’après Michel Andrieu (Idem, p. 124, 180 et 290), c’est sans doute Hugues d’Arcis, évêque de Mende puis d’Autun (1331‒1342) et enfin de Langres ( J.  Madignier, Idem, n°549, p.  126‒128) qui aurait introduit le texte de ce pontifical à Autun. 52   Guillaume Durand, Pontifical, XXIII, éd.  cit., p.  411‒425 et BM  A S  151  (129), fol. 36v‒51v. 53   Le pontifical de la curie romaine au xiiie siècle, XVIII, M. Goullet, G. Lobrichon, É. Palazzo (éd. et trad.), Paris, 2004, p. 186‒195. 54   Mathieu (25, 1‒23). Cf.  C.  Vincent, «  Le cierge de la consécration des femmes  : sens et fortune d’un signe au Moyen Âge », dans Au cloître et dans le monde, Paris, 2000, p. 357‒365. 55  Cf. chap. 5 I. 3. a. L’interdiction, pour l’évêque, de passer le portail de Saint-Andoche.

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FIG. 08. Représentation de la cérémonie de consécration des vierges sacrées dans le pontifical d’Antoine de Chalon (BM A. S. 151 (129) fol. 36v)

il est en effet précisé que si l’abbesse ou la prieure était présente, l’évêque remettait la nouvelle moniale sous sa responsabilité ; il semblerait donc qu’il ait été tout à fait classique qu’elles ne soient pas là et que seules deux « paranymphes » accompagnent la(les) vierge(s) devant être consacrée(s). Seul le Pontifical de Guillaume Durand donne des précisions sur la date à laquelle cette cérémonie pouvait avoir lieu (XXIII, 1) : lors des principales fêtes chrétiennes (Épiphanie, fête d’un des apôtres, Rameaux, Ascension, Pentecôte ou une des fêtes de la Vierge) ou, si nécessaire, un dimanche en dehors de l’Avent ou du Carême ; elle pouvait même avoir lieu à toute autre date, s’il y avait danger que la vierge décède sans être consacrée. Les novices se présentaient à la cérémonie en habit laïque selon le pontifical d’Antoine de Chalon, ou dans les habits ordinairement utilisés dans leur abbaye, mais sans le voile, selon le Pontifical de Guillaume Durand. Un espace, dans l’église ou la sacristie, leur était réservé afin qu’elles puissent, au cours de la cérémonie, revêtir les vêtements qui seraient désormais les leurs jusqu’à leur décès. Durant tout le début de la messe, dite par l’évêque, les novices et leurs accompagnatrices étaient confinées dans cet espace ; ce n’est qu’une fois l’Alleluia dit que la cérémonie proprement dite commençait, ponctuée d’antiennes, d’oraisons etc., tirées notamment des offices de sainte Agathe et de sainte Agnès56. 56  Cl. Maître, « Les chants du pontifical d’Autun », dans Bologne et le pontifical d’Autun, Autun, 2012, p. 142‒147.

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L’évêque les appelait, assisté par l’archiprêtre selon Guillaume Durand, et elles le rejoignaient alors dans le chœur, un cierge allumé à la main. L’évêque les interrogeait sur leur vocation et leur détermination à poursuivre le service de Dieu dans la voie de la virginité et à être unies au Christ. Le Pontifical de Guillaume Durand, plus précis, indique que les vierges promettaient de conserver pour toujours leur virginité, agenouillées devant l’évêque, leurs mains dans les siennes, avant de baiser sa main. Puis le prélat bénissait tout d’abord les habits monastiques puis les voiles, les anneaux et enfin les couronnes avant de les remettre, en plusieurs temps, aux novices. Selon le Pontifical de Guillaume Durand, c’est l’évêque lui-même qui voilait la vierge, tandis que selon celui qui a été rédigé pour Antoine de Chalon, c’est une des religieuses professes qui accompagnaient les novices qui leur mettait le voile. Pour la remise de l’anneau, Guillaume Durand est à nouveau beaucoup plus précis que le rédacteur du pontifical d’Antoine de Chalon : le second note simplement que l’évêque tendait l’anneau à la toute nouvelle religieuse, tandis que Guillaume Durand explique que l’évêque prenait un anneau dans sa main droite et la main droite de la vierge dans sa main gauche puis qu’il passait l’anneau au pouce de la main droite de la vierge en disant qu’il la mariait à Jésus Christ et que cet anneau était la marque qu’elle était désormais l’épouse de Dieu ; il le passait ensuite à son index, puis à son médium et enfin à son annulaire. Dès lors la vierge, ancienne novice, était l’épouse du Christ, une religieuse professe qui aurait voix au chapitre, même si l’évêque devait encore la couronner. L’évêque bénissait alors les nouvelles religieuses et lançait l’anathème sur ceux qui oseraient s’en prendre à elles, les déshonoreraient ou les empêcheraient de servir Dieu dans la quiétude. C’est à ce moment-là que, si elle était présente, l’évêque confiait la nouvelle religieuse à l’abbesse ou la prieure. La cérémonie était alors achevée et l’évêque terminait la messe à la fin de laquelle les nouvelles religieuses communiaient, de la main de l’évêque. Une cérémonie légèrement simplifiée avait lieu pour les veuves qui prenaient le voile, mais de nombreux points étaient communs entre les deux cérémonies et les pontificaux renvoient régulièrement à ce qui est dit pour les vierges57  : tout comme les vierges, les veuves s’agenouillaient devant l’autel un cierge allumé à la main ; elles étaient interrogées sur leur volonté de devenir des épouses du Christ et de respecter désormais une continence

57   Guillaume Durand, Pontifical, XXIV, éd.  cit., p.  425‒427 et BM  A S  151  (129), fol. 52‒54v.

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p­ erpétuelle ; était ensuite chantée la même antienne tirée de l’office de sainte Agathe – Ancilla Christi sum58 – que pour les vierges ; enfin, à la suite d’une oraison spécifique, Consolare, domine, hanc famulam59, ses nouveaux habits étaient bénis, comme pour les vierges. Par cette cérémonie, la nouvelle religieuse, qu’elle ait été vierge ou veuve, devenait l’épouse du Christ et intégrait une nouvelle famille  : sa nouvelle mère était l’abbesse, tandis que les autres moniales devenaient ses sœurs ; elle rompait donc théoriquement tout lien avec sa famille de sang, rupture plus importante que si elle s’était mariée dans le siècle. Quelles sont plus précisément ces femmes qui ont pris le voile à Autun ? Quelle est leur origine ? II. Le recrutement des religieuses L’étude des origines des religieuses se heurte à différents écueils que l’on doit s’efforcer d’éviter, ou plus exactement entre lesquels il faut essayer de trouver un passage. En effet, peu de religieuses sont suffisamment connues pour que leur origine, qu’elle soit sociale ou géographique, soit certaine : il faudrait connaître précisément soit leur père soit leur(s) frère(s). Or fort peu nombreuses sont les religieuses dont les plus proches parents sont connus comme tels  : en principe, en prenant le voile, les religieuses renonçaient à leur vie antérieure et « oubliaient » leurs liens de parenté puisqu’elles changeaient de famille. Le premier écueil serait donc de ne faire porter l’étude que sur celles – moins d’un cinquième des religieuses60 – dont le père ou un frère est connu, et d’extrapoler les résultats obtenus en prenant comme postulat qu’elles sont représentatives de l’ensemble des religieuses. En effet, on repère beaucoup plus facilement celles qui appartiennent à des familles notoires, seigneuriales le plus souvent, que celles qui sont issues d’une famille modeste. Il faut donc absolument chercher à élargir le nombre de religieuses sur lesquelles faire porter l’étude. Dans bien des cas, divers éléments laissent penser qu’une religieuse appartenait à une famille seigneuriale d’une petite seigneurie rurale : surnom formé du nom d’un village situé à quelque distance d’Autun précédé de la particule « de », attestation d’hommes portant le même nom et qualifiés de « damoiseau »,

 Incipit d’une antienne de l’office de sainte Agathe (CAO III n°1393).  Cf. J. Deshusses, Le sacramentaire grégorien, Fribourg, 1982, t. 3, p. 225 (n°4251). 60  Elles représentent 17,5% des religieuses de Saint-Jean et 18,4% de celles de Saint-Andoche. 58 59

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de « chevalier » ou de « seigneur de… ». Il est alors tentant, second écueil, d’en déduire peut-être trop rapidement une origine aristocratique de telles religieuses. Or, il peut s’agir d’une simple origine géographique, sans présumer de l’origine sociale de celle qui portait ce nom61 ; d’autre part, rien ne prouve que la religieuse était apparentée à l’homme identifié et donc, là encore, qu’elle était d’origine seigneuriale. Toutefois, lorsqu’un faisceau d’indices converge – une religieuse avait pour surnom le nom d’un village précédé de la particule « de », ce surnom était porté par plusieurs religieuses, il était aussi celui d’hommes dont le statut social est connu – il paraît légitime d’émettre l’hypothèse que la moniale ainsi dénommée appartenait à la petite noblesse seigneuriale et qu’elle était originaire du village dont elle portait le nom62. 1. Origine sociale des religieuses L’avant-nom « dame » – ou un avant-nom composé de ce mot associé à divers adjectifs – est le qualificatif principal des religieuses de Saint-Andoche et de Saint-Jean-le-Grand63, au point que lorsqu’un nom est précédé de cet avant-nom, et sauf mention contraire (qualification complémentaire de dame de tel lieu au sens de seigneur), on peut quasiment en déduire qu’il était porté par une religieuse  ; le plus souvent d’ailleurs, la personne est

 Toutefois, d’après Élisabeth Magnou-Nortier, reprise par Marthe Moreau qui a la même opinion, celles qui étaient ainsi désignées par le nom du lieu dont elles étaient originaires « peuvent être considérées comme des personnages influents dans le terroir dont elles portent le nom et même au-delà » (M. Moreau, L’âge d’or des religieuses, op. cit., p. 102‒103). 62  Pour ce qui est de l’étude du recrutement social, considérer que cette hypothèse est valide permet alors de faire porter l’étude sur plus de la moitié des religieuses selon les périodes (pour la période 1250‒1500, 61% des religieuses de Saint-Andoche et 63% des religieuses de SaintJean en moyenne) au lieu de moins du cinquième. 63   À Saint-Andoche, 53% des mentions de religieuses ne sont précédées d’aucun avant-nom, tandis que c’est le cas de 27% des mentions de religieuses à Saint-Jean. Cette différence est liée essentiellement au type de documentation conservée pour chacune des deux abbayes : la plupart des noms de religieuses de Saint-Andoche qui ne sont pas précédés d’un avant-nom composé de « dame » proviennent soit d’actes très anciens, soit des obituaires dans lesquels seul le nom de la religieuse est inscrit le plus souvent, deux types d’actes qui sont absents à Saint-Jean. Pour le reste, dans les deux abbayes, un tel avant-nom est souvent absent lorsque les religieuses elles-mêmes sont à l’origine de l’acte. Si l’on ne tient pas compte de ces religieuses dont le nom n’est précédé d’aucun avant-nom, il est très rare que le nom d’une religieuse ne soit pas précédé de cet avant-nom composé autour du qualificatif « dame » : ce n’est le cas que pour 10% des religieuses de Saint-Andoche et 1% des religieuses de Saint-Jean. 61

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attestée comme religieuse de l’abbaye dans d’autres actes. En revanche, cette qualification ne permet pas d’en conclure que celles qui ont fait profession à Autun appartenaient à la noblesse dans la mesure où elle était généralisée dans les abbayes féminines françaises, et européennes, à la fin du Moyen Âge, comme équivalent à l’avant-nom « dom » pour les religieux. Les religieuses au Moyen Âge semblent n’avoir été issues que des couches supérieures de la société. En Lotharingie, le recrutement était strictement nobiliaire ; dans les monastères anglais, même les plus pauvres d’entre eux, il était presque exclusivement aristocratique, noblesse d’épée, noblesse de campagne ou élite bourgeoise64. Les plus pauvres, paysans et artisans, n’avaient pas réellement d’intérêt à ce que leurs filles prennent le voile puisque leur travail apportait de l’argent à la famille même si elles ne se mariaient pas. De fait, parmi les religieuses autunoises, fort peu semblent avoir été filles de petites gens. Mais les personnes de milieu modeste sont les moins connues, celles qui ont laissé le moins de traces dans la documentation ; si certaines religieuses en étaient issues, leur origine n’est plus décelable aujourd’hui et elles appartiennent certainement au vaste groupe de celles dont l’origine est inconnue, un peu plus de trois sur dix à Saint-Jean et quatre sur dix environ à Saint-Andoche en moyenne pour la période allant de 1250 à 1500. Que peut-on cependant discerner du recrutement à Saint-Andoche et à SaintJean pour cette période et comment a-t-il évolué ?65

 R.-H.  Bautier, «  De la recluserie au chapitre de dames nobles  », dans La femme au Moyen Âge, Maubeuge, 1990, p. 107‒108 ; E. Power, Medieval English Nunneries, op. cit., p. 4‒15. 65  Les religieuses de chacune des deux abbayes ont été regroupées par demi-siècle afin de comparer la répartition de leurs origines sociales et géographiques, étant prise en compte la date de leur première attestation. Une religieuse attestée pour la première fois en 1406 et décédée l’année suivante comme Agnès de Communes (n°151) à Saint-Andoche par exemple a pu prendre le voile quelques années auparavant et aurait alors sa place dans le groupe précédent, mais ne peuvent être prises en compte que les données attestées. Un regroupement par siècle aurait amené à utiliser les données de la première moitié du xiiie  siècle, vraiment trop rares et trop peu exploitables puisque le plus souvent seul un prénom est connu. Il aurait également induit une distorsion beaucoup trop grande de la taille des groupes étudiés : respectivement pour les xiiie, xive et xve siècles, 31, 43 et 64 religieuses de Saint-Andoche, 14, 39 et 75 religieuses de Saint-Jean. Un regroupement par décennie n’aurait eu aucun sens dans la mesure où il aurait amené à travailler sur des chiffres beaucoup trop faibles, ce qui est d’ailleurs encore le cas parfois, en particulier pour Saint-Andoche dans la seconde moitié du xive siècle : l’étude ne pouvant porter que sur six religieuses et les origines de trois ou quatre d’entre elles seulement pouvant être appréhendées, ce demi-siècle ne sera pas pris en compte dans l’étude de l’évolution. 64

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a. Origine sociale à Saint-Jean

Pour chacun des demi-siècles allant de 1250 à 1500, l’origine sociale d’un peu plus du tiers des religieuses de Saint-Jean n’a pas pu être identifiée, plus précisément entre 34% dans la seconde moitié du xve siècle et 44% dans la seconde moitié du xive siècle. Une fois mis de côté ce groupe, le groupe social dont les religieuses sont issues de façon très majoritaire est celui de l’aristocratie chevaleresque et féodale locale – avérée et probable –, à plus de 80% en moyenne, avec un minimum de 69% pour la seconde moitié du xve siècle (cf. fig. 09). Il faut toutefois noter que pour les trois quarts des religieuses qui sont attachées à ce groupe, cette origine n’est que fort probable et non avérée de façon certaine par un lien de famille attesté, sauf pour la seconde moitié du xiiie siècle où l’étude ne porte que sur onze religieuses dont quatre inconnues. Il est en effet toujours difficile d’identifier précisément et de façon certaine l’origine des moniales, quand leur parenté n’est pas mentionnée dans un acte : le plus souvent les moniales ne sont pas citées dans les études et les généalogies des grandes familles car elles n’ont pas eu de descendants. Seules les abbesses sont parfois indiquées, car leur réussite apporte un certain prestige à leur famille ; mais même elles ne le sont pas toujours66. Au-delà de cette aristocratie féodale locale fort bien représentée à SaintJean, quelques religieuses sont issues de familles puissantes. Cette puissance peut être due à des liens de parenté avec la famille ducale, comme pour les Montagu  : leur ancêtre, Alexandre de Bourgogne, seigneur de Montagu, était fils du duc Hugues III et frère du duc Eudes III (gén. 14). Elle peut aussi être liée aux charges et aux fonctions exercées par un parent auprès du duc, comme l’abbesse du tournant des xiie et xiiie siècles (n°31), fille de Guy de Thil (n°892), un des seigneurs de la cour d’Eudes III ou comme Claude de Rabutin (n°53) fille d’un chambellan du duc et sœur d’un chambellan de Charles VIII puis de Louis XII (gén. 18). Toutefois, cette aristocratie puissante n’est pas toujours représentée à Saint-Jean de façon égale :

 Aujourd’hui encore, dans les études prosopographiques les filles qui ont pris le voile sans obtenir une charge élevée dans leur abbaye sont généralement omises. Ainsi, lorsque Pierre Cockshaw, dans sa notice sur Nicolas Bouesseau (n°900), fait la liste des enfants de ce conseiller à la chambre des comptes de Dijon, il mentionne les garçons, les filles qui se sont mariées, le plus souvent à des conseillers au Parlement de Dijon, ainsi que Droyne qui a été abbesse au Prâlon, mais ni Étiennette (n°64) ni Philiberte, deux de ses filles qui ont pris le voile à Saint-Andoche d’Autun. (cf. P. Cockshaw, Prosopographie des secrétaires de la cour de Bourgogne (1384‒1477), Paris, 2006, p. 25). Cf. gén. 2. 66

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ainsi, dans la première moitié du xive siècle elle ne l’est pas, mais les données portent alors seulement sur neuf religieuses pour celles dont on peut discerner l’origine sociale. Pour les autres périodes, un septième des religieuses environ est issu de ces familles puissantes, hormis dans la seconde moitié du xve  siècle où elles sont près du quart, alors même que dans la première moitié du même siècle aucune ne l’est (fig. 09) ; rien ne permet d’expliquer de tels écarts. Ces religieuses sont, pour la plupart, issues de quelques grandes familles : les Montagu (trois abbesses et une abbesse élue, n°36, 43, 44 et 298), les Vienne (une abbesse et une religieuse, n°52 et 301) et les Rabutin (une abbesse et une abbesse élue, n°48 et 53). Il est clair que ces familles puissantes tentaient de monopoliser la charge abbatiale67 ; les religieuses issues de la haute noblesse et de l’aristocratie puissante avaient une probabilité beaucoup plus forte d’obtenir une charge d’officière que leurs sœurs en religion issues de familles plus modestes, moins solidement établies et moins proches du pouvoir. Enfin, un troisième groupe apparaît au xve  siècle, celui des filles de notables urbains, qui représentent 14% et 8% des religieuses dans la première et la seconde moitié du xve siècle respectivement (fig. 09). En fait, les cinq religieuses qui forment ce groupe – 10% environ des religieuses du xve siècle dont on peut discerner l’origine sociale – sont toutes issues d’une seule et même famille, celle des Clugny ; elles appartiennent à deux ou trois générations différentes (n°88, 89, 255, 265 et 286)68. Au cours du xive siècle, les Clugny – dont un membre avait été anobli à la fin du xive siècle – se sont allié à des familles féodales rurales dont des filles, qui avaient pris le voile, ont donc été classées dans le groupe de l’aristocratie féodale, comme Anne de Cussigny (n°92) qui est identifiée de façon précise (gén. 6 et 7). b. Origine sociale à Saint-Andoche

Dans cette étude sur Saint-Andoche, la seconde moitié du xive siècle ne saurait être prise en compte isolément du fait du trop faible nombre de données : faute de sources en nombre suffisant, seules six religieuses, dont trois sont d’origine inconnue, ont pu être répertoriées pour cette période.

67  Cf. chap. 1 III. 3. Quelques familles particulièrement présentes, et surtout chap. 1 III. 4. De puissantes familles. 68  Cf. chap. 1 III. 3. b. L’exemple de la famille de Clugny au xve siècle.

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FIG. 09. Origine sociale des religieuses de Saint-Jean de 1250 à 1500, demi-siècle par demi-siècle, origines inconnues non comprises

L’origine sociale de près de quatre religieuses sur dix – une sur trois dans la seconde moitié du xve siècle mais plus d’une sur deux dans la première moitié de ce siècle – n’a pas pu être identifiée, soit une proportion un peu plus importante qu’à Saint-Jean. Cette différence est sans doute en partie liée à la différence des sources ayant permis l’établissement de listes de religieuses dans les deux abbayes : ainsi, les obituaires ne précisent jamais l’origine d’une religieuse puisque seule sa famille spirituelle intéresse les moniales et seules les notices – peu nombreuses – dédiées à des parents d’une religieuse peuvent permettre d’identifier sa famille dans ce type de source. Une fois écartées les religieuses dont l’origine sociale est trop incertaine, les religieuses issues de l’aristocratie féodale dominent – sept sur dix en moyenne –, mais dans des proportions fort variables selon les époques, passant de 88% des religieuses dans la première moitié du xive siècle à 57% seulement dans la seconde moitié du xve siècle (fig. 10) ; il faut toutefois noter que cette diminution en pourcentage ne correspond pas à une diminution en nombre mais est due à l’arrivée en nombre très significatif de religieuses issues de l’aristocratie urbaine. Comme pour Saint-Jean, hormis dans la seconde moitié du xiiie siècle, l’origine des trois quart de celles qui forment ce groupe des religieuses issues de l’aristocratie féodale n’est pas connue de façon certaine par un lien familial proche et attesté avec un chevalier ou un damoiseau, mais déduite d’un faisceau d’indices. Tout au long des deux siècles et demi de cette étude, des religieuses de Saint-Andoche sont issues de puissantes familles ; elles ne composent que

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FIG. 10. Origine sociale des religieuses de Saint-Andoche de 1250 à 1500, demi-siècle par demi-siècle, origines inconnues non comprises

7% des religieuses dans la seconde moitié du xiiie  siècle, mais 27% dans la première moitié du xve siècle, pour une moyenne de 15%. La moitié de ces religieuses, six sur douze, sont issues de la puissante famille de Vienne (n°19, 22, 23, 52, 176 et 191) ; toutes ont eu des charges dirigeantes à SaintAndoche ou ailleurs. Trois autres appartiennent à une autre famille présente également à Saint-Jean, celle des Montagu ; l’une fut abbesse (n°17), une autre dirigea l’abbaye de Crisenon après avoir été religieuse à SaintAndoche (n°148) et la dernière semble être restée simple moniale (n°130)69. Les trois dernières, quant à elles, sont issues de familles différentes. Gile de Vergy (n°10), abbesse durant plus de trente ans au milieu du xiiie siècle, était apparentée aux ducs, probablement cousine d’Hugues  IV (n°874  ; gén.  22)70. Guillemette d’Oiselet (n°20), abbesse au début du xve  siècle,

 Cf. chap. 1 III. 4. a. L’exemple des Montagu.  Gile de Vergy (n°10) n’est jamais mentionnée dans les études sur la famille de Vergy  ; peut-être n’appartient-elle donc qu’à une branche cadette de la famille, même si tout laisse penser qu’elle était soit la dernière-née de Gile de Trainel et d’Hugues de Vergy, soit, plus probablement, la fille de Guillaume de Vergy (n°876) et Clémence de Fonvens (n°877). D’autre part, rien ne laisse supposer qu’elle ait eu un handicap physique, dans la mesure où elle est décédée âgée, à plus de 50 ou 60 ans – elle a été abbesse durant au moins 32 ans – voire à plus de 70 ans, si elle était la fille d’Hugues de Vergy (gén. 22). 69 70

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appartenait sans doute à la p­ uissante famille des Oiselay du comté de Bourgogne et était vraisemblablement apparentée à Jacquette de Vienne (n°19) à laquelle elle a succédé (gén. 15 et 23). Marguerite de Traves enfin (n°67), qui n’eut qu’une charge de prieure à la fin du xve siècle, était la fille d’un chambellan du duc (gén. 5). Comme à Saint-Jean donc, les filles de ces puissantes familles ont bien souvent accaparé les charges de direction, que ce soit à Saint-Andoche ou dans d’autres établissements religieux après avoir quitté Saint-Andoche. Le troisième groupe enfin, celui de l’aristocratie urbaine, est mieux représenté qu’à Saint-Jean : il est presque toujours présent, sauf dans la première moitié du xve  siècle, pour 15% des religieuses en moyenne. Toutefois, là encore, toutes les religieuses n’appartiennent qu’à un petit nombre de familles. Au xve  siècle, Saint-Andoche s’ouvrit aux filles de notables autunois. La famille de Clugny a investi Saint-Andoche comme Saint-Jean : Louise de Clugny d’Alonne (n°24) y devint abbesse et Catherine (n°172) y fut simple religieuse ; de nombreuses jeunes femmes apparentées à l’abbesse prirent également le voile à Saint-Andoche mais ont été comptabilisées dans le groupe de l’aristocratie féodale du fait des alliances matrimoniales de la famille de Clugny  : Anne d’Alonne (n°25), nièce qui a succédé à Louise de Clugny d’Alonne à l’abbatiat, Perrette et Georgette de Cussigny nièces d’Anne d’Alonne (gén. 6), mais aussi Louise, Philiberte et Gilberte d’Alonne (n°188, 189 et 192) qui n’ont pu être placées dans la généalogie établie. La famille de Masoncle, qui tirait son nom d’une rue du quartier Saint-Andoche, a placé quatre de ses filles (n°70, 169, 186 et 193) à SaintAndoche au xve  siècle et plus encore au siècle suivant, mais les liens de parenté entre ces religieuses n’ont pu être établis. Anne du Fraigne (n°77) était sans doute aussi issue d’une famille habitant la rue homonyme, dans la ville haute. Quelques filles de notables d’autres villes bourguignonnes ont aussi été reçues à Saint-Andoche. L’abbesse Lucette de Saudon (n°12), originaire de Chalon, a sans doute favorisé l’accueil de deux de ses nièces comme religieuses (n°101 et 102) au xiiie siècle. Quelques décennies plus tard, Isabelle (n°132), fille d’Odot de Pessot, chevalier lingon, y prit le voile sur l’insistance du pape Jean XXII. Enfin, au début du xvie siècle, Étiennette Bouesseau (n°64), fille d’un président du Parlement de Dijon, y fut rejointe par sa sœur Philiberte. Le recrutement des religieuses éduennes se fait donc dans les couches supérieures de la société, mais il n’est pas strictement nobiliaire ; il semble avoir été un peu plus large à Saint-Andoche qu’à Saint-Jean.

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2. Origine géographique des religieuses En ce qui concerne les religieuses d’origine urbaine, le recrutement est visiblement plus varié à Saint-Andoche qu’à Saint-Jean. Qu’en est-il pour les autres, celles qui sont issues de fiefs ruraux ? Cette origine géographique des religieuses est rarement certaine, plus rarement encore que l’origine sociale, mais il est vraisemblable qu’une personne portant le nom d’un village, d’un fief ou d’un domaine en soit originaire. C’est ce qui a été admis pour faire cette étude, sauf connaissance contredisant cette hypothèse de travail, même s’il faut garder à l’esprit le fait que les familles se déplacent et que le fief éponyme a pu être le fief d’origine d’une famille mais ne plus l’être au moment qui nous intéresse. a. Origine géographique à Saint-Jean

L’origine géographique des religieuses de Saint-Jean est assez mal connue : pour 40 à 50% des moniales selon les périodes, elle demeure inconnue, hormis dans la seconde moitié du xve siècle où cette proportion tombe brusquement à 26% seulement. Les religieuses de Saint-Jean dont l’origine peut être appréhendée sont originaires de villages relativement éloignés  : ce n’est que dans la seconde moitié du xive  siècle qu’apparaissent des religieuses ayant fait moins de 20 km pour prendre le voile à Autun et qu’au xve siècle que des Autunoises sont attestées à Saint-Jean (fig. 11). En très grande majorité, elles ont fait entre 20 et 60 km, soit une à deux journées de cheval à une allure modérée, pour se rendre à Autun : c’est le cas pour les deux tiers des religieuses dont l’origine peut être discernée en moyenne, entre 54% dans la seconde moitié du xive siècle et 100% dans la première moitié du même siècle – époque où les données se limitent à quatorze religieuses dont la moitié sont d’une origine géographique inconnue. Enfin, bien souvent, des religieuses viennent de très loin, de plus de 60 km d’Autun : c’est le cas d’un tiers d’entre elles dans la seconde moitié du xiiie siècle et dans la seconde moitié du xive siècle et de plus d’un quart d’entre elles dans la seconde moitié du xve siècle (fig. 11). Quelquesunes sont alors originaires du duché (familles de Maulain, de Senevoy, de Blondefontaine), mais la plupart sont comtoises (familles de Vienne, d’Oiselet, de Sancey, de Vaudrey, de La Baume). Un petit nombre de religieuses enfin ne viennent pas Bourgogne mais d’Auvergne, comme Anne de La Douze (n°202), Jeanne d’Hauterive (n°230) et Claude de Vichy (n°291) (fig. 12a.).

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FIG. 11. Origine géographique des religieuses de Saint-Jean de 1250 à 1500, demi-siècle par demi-siècle, origines inconnues non comprises1

FIG. 12.a. Origine géographique des religieuses de Saint-Jean 1  Les distances ont toujours été calculées à vol d’oiseau, faute de connaissance suffisante des routes existant et empruntées au Moyen Âge.

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FIG. 12.b. Origine géographique des religieuses de Saint-Jean

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b. Origine géographique à Saint-Andoche

L’origine géographique d’un tiers des religieuses de Saint-Andoche n’a pas pu être appréhendée, proportion comprise entre 17% dans la seconde moitié du xve siècle et 44% dans la première moitié du même siècle. Le recrutement local est encore relativement faible, même s’il est un peu plus significatif qu’à Saint-Jean : en moyenne, presque un quart des religieuses sont originaires d’Autun ou de villages situés à moins de 20 km de la cité ; ce taux a tendance à augmenter au fil du temps : 19% dans la seconde moitié du xiiie siècle, 4% dans la première moitié du xive siècle, 16% dans la première moitié du xve siècle et surtout 45% dans la seconde moitié du xve siècle. Le recrutement intermédiaire, entre 20 et 60 km, est nettement plus faible qu’à Saint-Jean et diminue très fortement au xve siècle, passant de plus des deux tiers des religieuses entre 1250 et 1350 à moins d’un tiers dans la première moitié du xve siècle et moins d’un sixième dans la seconde moitié du xve siècle. En contrepartie, le recrutement lointain, plus de 60 km, est plus important à Saint-Andoche qu’à Saint-Jean, un tiers des religieuses dont l’origine peut être estimée en moyenne. Les religieuses venant de très loin, présentes tout au long de la période, sont d’ailleurs plus nombreuses encore au xve siècle – 53% et 40% – que dans les périodes plus anciennes – 13% et 26% (fig. 13). De même qu’à Saint-Jean, elles viennent principalement du comté (familles de Vienne, de Montfaucon, d’Oiselet, de Sancey), mais aussi du Nord du duché (familles de Baissey, de Trotedam, de Pessot originaire de Langres). Quelques-unes viennent d’Auvergne comme Jeanne d’Arisolle (n°179) ou Renaude de Vichy (n°149) ou du Nivernais comme Jacquette d’Outre-Loire (n°71) ; une religieuse, Marie de Balâbre de Pognières (n°63), est même venue du Berry à plus de 200 km d’Autun (fig 14a). Globalement, les religieuses de Saint-Andoche viennent essentiellement de l’Est, entre Arroux et Saône voire d’Outre-Saône, comme celles de SaintJean. Cependant, un plus grand nombre de religieuses de Saint-Andoche viennent de l’Ouest, Morvan et même au-delà (fig. 14a.) ; sans aucun doute est-ce en partie lié aux possessions de Saint-Andoche dans le comté de Nevers, en particulier dans la région de Dornes. Dans la seconde moitié du xve  siècle, Saint-Andoche s’ouvre donc, semble-t-il, aux Autunoises mais aussi à des personnes originaires de loin, de même qu’elle s’ouvre à l’aristocratie urbaine. Faut-il y voir un élargissement du recrutement social et géographique des religieuses lié à un faible nombre de candidatures  ? Ce serait en contradiction avec le nombre de religieuses identifiées à Saint-Andoche, qui est un peu plus important qu’à

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FIG. 13. Origine géographique des religieuses de Saint-Andoche de 1250 à 1500, demi-siècle par demi-siècle, origines inconnues non comprises1

FIG. 14.a. Origine géographique des religieuses de Saint-Andoche  Les distances ont toujours été calculées à vol d’oiseau, faute de connaissance suffisante des routes existant et empruntées au Moyen Âge.

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FIG. 14.b. Origine géographique des religieuses de Saint-Andoche

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Saint-Jean. Pourquoi Saint-Jean ne connaît-elle pas une évolution similaire ? Aucune source ne permet de le savoir. 3. Comparaison du recrutement à Saint-Andoche et à Saint-Jean Les origines de trois religieuses autunoises sur dix environ demeurent totalement inconnues, que ce soit en termes d’origine géographique ou d’origine sociale  ; elles sont à peine moins nombreuses à Saint-Andoche qu’à Saint-Jean (29% et 31% respectivement). Dès lors, il faut garder à l’esprit que, dans ces conditions, aucune conclusion ne peut être certaine et définitive. a. Un recrutement assez semblable, mais avec quelques différences

Dans les deux abbayes autunoises dominent très nettement les religieuses issues de la noblesse, en particulier de la noblesse seigneuriale rurale, comme cela semble être le cas dans la plupart des abbayes de femmes au Moyen Âge. Toutefois, à Autun comme dans les grandes villes anglaises71, Saint-Jean et surtout Saint-Andoche ont accueilli, plus que des monastères ruraux, quelques religieuses issues de la haute bourgeoisie, des filles de notables urbains, notamment au xve  siècle. Cette ouverture à l’aristocratie urbaine – sensible également dans le Sud de la France72 – a été, semble-t-il, plus précoce et plus variée à Saint-Andoche qu’à Saint-Jean, comme si la première était mieux connue, ou reconnue, que la seconde dans des villes éloignées de la cité éduenne. Le recrutement autunois aussi a été plus important à Saint-Andoche qu’à Saint-Jean mais surtout, il semble y avoir eu un basculement au milieu du xve siècle : au début du siècle, les jeunes Autunoises semblent avoir préféré Saint-Jean à Saint-Andoche, alors que dans la seconde moitié du siècle, elles prononcèrent majoritairement leurs vœux à Saint-Andoche. Dans la mesure où la majorité des religieuses autunoises sont issues de la famille de Clugny, et en particulier toutes celles qui ont opté pour Saint-Jean, il faut sans doute chercher là une explication, dans la stratégie de cette famille. La famille avait, à l’origine, envoyé ses filles à Saint-Jean mais à partir de 1462 et surtout de 1470, dates auxquelles Louise de Clugny d’Alonne (n°24) devint prieure puis abbesse de Saint-Andoche, les Clugny et leurs alliés – les Alonne et les Cussigny – préfèrent visiblement que leurs filles prennent le voile dans une abbaye dirigée par une parente. D’autres familles autunoises ont d’ailleurs  E. Power, Medieval English Nunneries, op. cit., p. 11‒12.  M. Moreau, L’âge d’or des religieuses, op. cit., p. 102.

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agi de la même manière, sans doute parce qu’elles connaissaient la famille de Clugny et avaient des liens avec elle, même si ce ne sont pas nécessairement des liens familiaux. C’est aussi à Saint-Andoche qu’un plus grand nombre de religieuses issues d’un haut lignage ou, pour un tout petit nombre, de filles de proches du duc, ont pris le voile, quitte à briguer par la suite une charge d’officière voire d’abbesse dans une autre abbaye. Saint-Andoche semble donc avoir eu un recrutement plus large que SaintJean, ce qui explique sans doute les plus grandes variations dans le recrutement selon les périodes, mais peut-être aussi que le nombre de religieuses dont l’origine n’a pu être identifiée y soit un peu plus important. Outre la proportion de religieuses issues des familles puissantes, plusieurs indices incitent à penser que le recrutement a pu être un peu plus prestigieux à Saint-Andoche qu’à Saint-Jean. Ainsi, plusieurs simples moniales de Saint-Andoche, en particulier des filles issues de hauts lignages mais pas uniquement, ont pu briguer, et obtenir, des charges d’officières dans d’autres abbayes, ce qui est nettement plus rare pour des religieuses de Saint-Jean. Saint-Andoche semble avoir entretenu des liens plus réguliers avec le chapitre de dames nobles de Remiremont, alors même que c’est Saint-Jean qui avait des possessions dans le comté  : plusieurs familles ont eu des filles religieuses à la fois à Remiremont et à Saint-Andoche, moins à Saint-Jean73, et seules des religieuses de Saint-Andoche ont quitté Autun pour Remiremont – Henriette de Vienne (n°22) a abandonné l’abbatiat  Les Vienne ont placé certaines de leurs filles à la fois à Saint-Andoche et à Saint-Jean, de même que les Oiselet avec Guillemette (n°20) abbesse de Saint-Andoche et Perrenelle (n°95) sacriste de Saint-Jean. En revanche, c’est à Saint-Andoche que prirent le voile deux sœurs de la famille de Châtillon (n°42 et 146) – même si l’une d’elles devint par la suite abbesse de SaintJean –, à supposer qu’elles aient appartenu à la même famille que les dames de Remiremont qui portaient aussi ce nom au xive  siècle  ; c’est aussi à Saint-Andoche que Catherine de Trotedan (n°194) fut religieuse au tournant des xve et xvie siècles, elle qui était probablement apparentée à trois dames de Remiremont qui portaient le même surnom au xvie siècle et que Marguerite de (Choiseul-)Traves (n°67) fut prieure au tournant des xve et xvie siècles, alors qu’une vingtaine de filles de la famille de Choiseul ont été dames de Remiremont entre le xive et le xviie siècle, surtout au xvie siècle. Certes, quelques familles sont aussi communes à Saint-Jean et à Remiremont, mais de façon moins probante, du fait de décalages chronologiques : Jeanne et Yolande d’Oigny (n°39 et 79), sœurs, furent abbesse et religieuse de Saint-Jean au tournant des xiiie  et xive  siècles alors que deux dames d’Oigny ont été dames de Remiremont au xive  siècle. Catherine de Vaudrey (n°272) fut religieuse à Saint-Jean dans la seconde moitié du xve siècle, sans doute après avoir été dame de Château-Chalon, alors que cinq filles de cette famille furent dames de 73

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de Saint-Andoche lorsqu’elle a été élue abbesse de Remiremont et Marguerite de Vienne (n°176) est devenue dame puis grande aumônière de Remiremont après avoir été religieuse à Saint-Andoche ; Isabelle de Mongeville (n°158) est peut-être l’Isabelle de Demongeville qui est devenue abbesse de Remiremont par la suite. Les quelques données concrètes à notre disposition ne permettent pas d’expliquer ces différences de recrutement, tant en nombre – Saint-Andoche semble un peu plus peuplée que Saint-Jean, au moins au xve siècle74 – qu’en origine sociale et géographique. En effet, Saint-Andoche semble traverser plus fréquemment que Saint-Jean de grosses difficultés financières, ce qui est en contradiction avec un recrutement important – les professions imposées par le pape ou le duc sans compensation financière ne sont, semble-t-il, pas nombreuses – et surtout avec un recrutement dans des familles prestigieuses. En effet, les familles les plus éminentes choisissent généralement pour leurs filles des établissements où elles peuvent trouver une vie assez semblable, du moins en termes de confort, à celle qu’elles ont connue dans le siècle ; il s’agit alors d’abbayes renommées et riches. b. Les raisons de la prise de voile à Autun

Il est très difficile de savoir quelles motivations ont poussé les religieuses de Saint-Andoche et de Saint-Jean à prendre le voile75, mais se pose surtout ici la question de savoir pourquoi elles ont prononcé leurs vœux à Autun, à Saint-Andoche ou à Saint-Jean, et non dans une autre abbaye. Il est vrai que le nombre d’établissements religieux accueillant des femmes étaient beaucoup moins grand au Moyen Âge que ceux qui étaient destinés aux hommes, mais Constance Brittain Bouchard a dénombré sept grandes abbayes de femmes en Bourgogne – Marcigny, Larrey, Saint-Julien d’Auxerre, Saint-Andoche et Saint-Jean-le-Grand d’Autun, Le Tart et Jully76 –, auxquelles il faut ajouter quelques-uns des chapitres de dames nobles situés dans le comté, tels Baumeles-Dames ou Château-Chalon, ou à proximité du comté comme Remiremont, Remiremont aux xve et xvie siècles ; toutefois sa venue à Autun semble essentiellement liée à sa tentative, infructueuse d’ailleurs, de devenir abbesse de Saint-Jean. 74  Cf. chap. 2 I. 1. Le nombre de religieuses de chœur. 75  Cf. ci-dessus I. 2. a. Les motivations de la prise de voile. 76  C. Br. Bouchard, Sword, Miter and Cloister, op. cit., p. 57‒58. Seules les deux abbayes éduennes et Saint-Julien d’Auxerre étaient indépendantes, Marcigny était un prieuré clunisien, Le Tart et Jully étaient cisterciennes, et Saint-Germain de Larrey dépendait de Saint-Bénigne de Dijon. Seuls les deux abbayes éduennes et le prieuré de Marcigny étaient situés dans le Sud du duché.

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sans compter les petits prieurés ruraux. Sans doute les grandes familles comtoises, telles celles de Vienne ou d’Oiselet, optaient-elles prioritairement pour ces chapitres de dames nobles, mais le nombre de dames qu’ils accueillaient était limité. On peut donc penser que lorsqu’une fille de la famille ne pouvait obtenir une place dans un de ces chapitres, elle se repliait par défaut sur les abbayes autunoises dans lesquelles l’influence de leur famille leur permettait souvent de devenir officières ; quelques-unes pouvaient d’ailleurs intégrer par la suite un de ces chapitres de chanoinesses séculières. Ce repli sur les abbayes éduennes et non sur d’autres abbayes du duché suggère une vie sans doute plus confortable à Autun que dans ces autres monastères. Pour certaines religieuses venant de loin, sans doute n’est-ce pas uniquement la réputation des abbayes qui a incité une famille à faire prendre le voile à une de ses filles à Autun plutôt qu’ailleurs. Ainsi, la venue à Saint-Andoche de Marie de Balâbre de Pognières (n°63) depuis l’Ouest du Berry s’explique vraisemblablement par le mariage de sa sœur Catherine avec Jacques de Choiseul dit de Traves qui, lui, était originaire de l’Autunois77. Sans doute est-ce ainsi que la famille, et Marie, ont connu cette abbaye. III. Népotisme et influence des grandes familles De nombreux surnoms sont portés par plusieurs religieuses différentes, contemporaines les unes des autres ou non, dépendant de la même abbaye ou non. Un tel regroupement familial au sein d’une abbaye ou de deux abbayes proches n’a rien d’exceptionnel  ; il était en effet fréquent qu’une nièce rejoigne une tante plus âgée là où celle-ci avait pris le voile, qu’une cadette entre en religion là où était son aînée etc.78. Cependant, bien souvent, les liens familiaux exacts entre elles ne peuvent pas être établis faute de mention explicite dans les sources et de prise en compte des religieuses dans les généalogies des familles. 1. De multiples traces de l’existence de groupes familiaux a. Des parentés supposées et des parentés identifiées

Un surnom – Coignarde – qui aurait pu faire penser à un handicap physique de la religieuse qui le portait, a été porté par cinq religieuses différentes,

 Cf. ci-dessous III. 1. a. Des parentés supposées, et des parentés identifiées.  C. Br. Bouchard, Sword, Miter and Cloister, op. cit., p. 50.

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Marguerite, Marie, Guiotte, Marguerite et Marguerite (n°90, 263, 266, 273, 282). Il est quasiment certain que toutes les cinq ne souffraient pas du même type de handicap physique hypothéquant leurs chances de se marier comme on aurait pu le penser en premier lieu. Probablement avaient-elles en revanche un ancêtre commun qui, lui, boitait ; cependant, les liens de parenté qui existaient, selon toute vraisemblance, entre ces religieuses, n’ont pas pu être identifiés. A contrario, dans un cas des liens de parenté ont pu être identifiés entre des religieuses dont rien, ni une homonymie ni une précision des sources, ne pouvait laisser penser qu’elles étaient liées : Marie de Balâbre (n°63) et Marguerite de Traves (n°67), religieuses de Saint-Andoche sont tante et nièce ; la même Marguerite de Traves est la cousine germaine de Louise de Rabutin (n°48) religieuse puis prieure de Saint-Julien-sur-Dheune et abbesse élue de Saint-Jean en 1474 ; cette dernière est d’ailleurs apparentée, par son cousin germain Jean de Choiseul à Claude de Bernault (n°50), abbesse de Saint-Jean (gén. 5). Or seul un concours de circonstances, et l’étude d’un grand nombre de documents, ont permis ces rapprochements. Le lien entre Marie de Balâbre (n°63) et Marguerite de Traves (n°67) a été découvert grâce au double surnom porté par la première et à la connaissance du mariage entre Catherine de Pognières et Jacques de Choiseul dit de Traves. La religieuse puis prieure de Saint-Andoche Marie de Balâbre est sans aucun doute la fille de Pierre de Pognières, chevalier, seigneur de Belâbre, puisqu’elle porte indifféremment deux surnoms, Balâbre et Pognières, parfois au sein d’un même document79. Or on sait80 que Jacques de Choiseul, dit de Traves, chambellan du duc Philippe le Bon, épousa Catherine de Pognières, dame de Vautheau, fille de ce même Pierre de Pognières, seigneur de Belâbre. Ce Jacques de Choiseul dit de Traves, aussi seigneur de La Porcheresse81, était le père de Marguerite de Traves (n°67), religieuse de SaintAndoche. Cette dernière était donc la nièce de Marie de Balâbre par la sœur de celle-ci, Catherine de Pognières (gén. 5).

 AD SL H 803/4 (1483).  Fr.-A.  Aubert de La Chesnaye des Bois puis J.  Badier, «  Choiseul  », dans Id., Dictionnaire de la noblesse, Paris, 1863‒1876 (3e éd.), t. 5, col. 645‒703. 81  G. Dumay, « État militaire et féodal des bailliages d’Autun, Montcenis, Bourbon-Lancy et Semur-en-Brionnais en 1474  », MSE, nv.  série, t.  11  (1882), p.  75‒163, en particulier, p. 161. 79 80

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D’autre part, François-Alexandre Aubert de La Chesnaye des Bois82 mentionne Claude parmi les sœurs de Jacques de Choiseul, dit de Traves, chambellan du duc, laquelle Claude épousa Amé de Rabutin, seigneur d’Épiry et de Balorre en 142183 ; ils eurent plusieurs enfants, notamment Hugues de Rabutin, seigneur d’Épiry84 ; or ce dernier était le frère de Louise de Rabutin (n°48), religieuse puis prieure de Saint-Julien-sur-Dheune, abbesse élue de Saint-Jean en 147485. Marguerite de Traves et Louise de Rabutin étaient donc cousines germaines par le père de la première et la mère de la seconde (gén. 5). Enfin, François-Alexandre Aubert de La Chesnaye des Bois, toujours dans le même article86, mentionne Liébaud de Choiseul, frère de Jacques de Choiseul dit de Traves et de Claude, femme d’Amé de Rabutin, lequel Liébaud eut d’Isabelle de Chalon un fils, Jean de Choiseul dit de Traves, cousin germain donc de Marguerite de Traves (n°67) et de Louise de Rabutin (n°48). Ce Jean de Choiseul épousa Jeanne de Bernault, dame de Saint-Enzenge-sur-Guye87, fille de Gérard de Bernault seigneur de Saint-Enzenge-sur-Guye et de l’Essertot, de même que Claude de Bernault (n°50)88, abbesse de Saint-Jean, qui est donc sa sœur. Claude de Bernault est donc la belle-sœur du cousin germain de Louise de Rabutin et de Marguerite de Traves (gén. 5). Toute étude sur les liens familiaux entre les religieuses est donc nécessairement incomplète et dépend des données qui ont pu être réunies sur chaque famille, malgré le peu d’intérêt que représentaient les religieuses, pour les auteurs de généalogies et d’études familiales. b. Le problème du terme « nièce »

Le terme « nièce » fait généralement penser au lien familial entre une personne et la fille de son frère ou de sa sœur. Mais ce terme peut prendre un sens bien différent dans le contexte d’abbayes féminines : il peut s’agir

 Fr.-A. Aubert de La Chesnaye des Bois puis J. Badier, « Choiseul », art. cit.  Entre autres, L.-Fr.  Le Fèvre de  Caumartin, Recherche de la noblesse de Champagne, Châlons, 1673, t.  2, p.  493  ; L.  Moréri, Le grand dictionnaire historique, Paris, 1732, vol. 5 p. 426. 84   Ibid. 85  AD SL 3 E 3/1, fol. 112‒112v (1481). 86  Fr.-A. Aubert de La Chesnaye des Bois puis J. Badier, art. cit. 87   Ibid. La correction du prénom de l’épouse de Jean de Choiseul a été faite à partir des archives (AD SL H 1317/1, fol. 2v, 1489 : « noble home Jehan de Traves, escuier, seigneur de Dracy, pour et en nom de damoiselle Jehenne de Bernault, sa femme »). 88  Soc. Éd. D4-H terrier de Saint-Jean, fol. 1 (1480). 82

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d’une jeune fille, souvent une parente mais pas toujours, reçue auprès d’une religieuse qui possède une prébende et qui peut accueillir auprès d’elle une ou plusieurs jeunes filles avec lesquelles elle partage sa prébende ; la religieuse la plus ancienne, qui porte alors le titre de « dame-tante », s’occupe de sa nièce ou de ses nièces et l’une d’elles est appelée à lui succéder en tant que religieuse prébendée après son décès. Ce système a peut-être existé à Autun, du moins peut-on l’envisager sérieusement pour Saint-Jean au début du xve siècle. Grâce aux quelques comptes réalisés pour cette abbaye et conservés, on peut établir que des prébendes étaient distribuées très régulièrement aux religieuses89. Mais une prébende n’était pas toujours attribuée à une seule religieuse (fig. 36) : le 12 novembre 1400, une prébende est accordée à « dame Edeligne de La Chanaul et sa nyesse » et à la distribution suivante, le 4 février 1401 une prébende est accordée à « dame Marguerite de Peaul d’Oy et sa nyesse »90 ; or le 22 juillet 1401 Marie de Cussigny (n°247), nièce de Marguerite Peaul d’Oye (n°94) reçoit une prébende en son nom propre et le 14 octobre 1401 une nièce d’Adeline de La Chanaul (n°244) reçoit à son tour une prébende en son nom propre même si celui-ci n’est pas donné91. On peut donc se demander s’il n’y avait pas un nombre maximal de religieuses prébendées à Saint-Jean, nombre peut-être lié aux revenus de l’abbaye, et si certaines religieuses ne prenaient pas auprès d’elles des nièces qu’elles entretenaient sur leur propre prébende en attendant que le décès d’une religieuse libère une prébende. En 1401 apparaissent plusieurs nouveaux noms de dames dans les listes de distributions de prébendes, mais on sait également par les mêmes listes que quatre religieuses sont décédées dans les mois précédents92, ce qui semblerait confirmer cette hypothèse (fig. 36). Dès lors, quand un lien avunculaire est mentionné dans un document, il n’est jamais certain que les deux religieuses sont tante et nièce par le sang et non par un lien de type spirituel. Souvent de tels liens apparaissent dans un des obituaires de Saint-Andoche, lorsqu’un anniversaire est célébré pour une religieuse et sa nièce ou quand un bien est transmis d’une religieuse à sa nièce qui doit payer la rente due pour l’anniversaire de sa  Cf. chap. 5 III. 1. a. Le vœu de conversion des mœurs et la vie en stricte communauté. Le partage des revenus et l’abandon du réfectoire. 90  AD SL H 1259, fol. 8v et 9 (1400‒1401). 91  AD SL H 1260, fol. 14v (1401). 92  AD SL H 1259, fol. 7‒9 (1400‒1401), H 1260, fol. 14‒15 (1401‒1402). 89

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tante. Parfois, il est probable que les religieuses ainsi mentionnées soient effectivement tante et nièce au sens familial du terme. Ainsi en est-il entre Guillemette du Chemin (n°59) et Isabelle du Chemin (n°129) : une même terre, sur laquelle repose une partie de la rente due pour l’anniversaire de dame Bernarde nonne sacrée, appartient à Guillemette au début du xive siècle93 puis à Isabelle au milieu du xive siècle94 et toutes deux ont le même surnom. Probablement les liens entre les quatre religieuses de Saint-Andoche portant le surnom « de Gissey » sont-ils également des liens familiaux. Seule la notice du 5 février des deux obituaires les plus récents mentionne les liens entre Huguette, Jeanne, Béatrice et Jeanne de Gissey (n°127, 128, 133 et 134 ; gén. 9)95 – qui ne sont attestées que par les obituaires et le livre de comptes qui rassemble les rentes dues aux religieuses pour des anniversaires96 –, l’un des obituaires les plus anciens notant, à la même date, l’inhumation de Béatrice de Gissey en 133297. Un même anniversaire est en fait célébré pour les quatre femmes, deux sœurs – soror eius – et leurs deux nièces – nepotes –, sœurs ellesmêmes ou cousines germaines. Ces femmes étaient apparentées, d’après leur surnom commun, et semblent avoir vécu à une génération d’écart ; le plus probable est donc que Jeanne et Béatrice aient effectivement été les filles d’un ou de deux frère(s) de Jeanne et Huguette. Mais les choses peuvent être beaucoup plus complexes comme dans le cas des tantes et des nièces d’Adeline de La Chanaul (n°244 ; gén. 11). Les liens familiaux entre ces différentes religieuses ne sont connus que par les distributions de prébendes reportées dans les comptes de Saint-Jean : les deux nièces d’Adeline de La Chanaul sont mentionnées en tant que telles lors de distributions en 1400‒1401 et 1401‒1402, mais leur nom n’est pas précisé98 ; le lien entre Alice de Sivrey (n°246) et Huguette de Glenne (n°260) est donné lors d’une distribution pour laquelle il est précisé qu’elles se sont absentées de l’abbaye, ensemble, pendant sept semaines99. Dans le compte de 1419,

 AD  SL H  708 et H  709 (03‒05). Cf.  Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche, éd.  cit., n°174, p. 174. 94   BM  A P  088 (03‒05), recopié sans doute sur le AD  SL H  710 (03‒05) aujourd’hui lacunaire à cette date. Cf. Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche, éd. cit., n°174, p. 174. 95  AD SL H 710 et BM A P 088 (05‒02). Cf. Ibid., n°37, p. 148. 96  AD SL H 704/1 (1453). Cf. chap. 6 II. Donations, fondations et mémoire des défunts. 97  AD SL H 708 (05‒02). Cf. Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche, éd. cit., n°37, p. 148. 98  AD SL H 1260, fol. 14‒15 (1400‒1401) et H 1261, fol. 4v (1401‒1402). 99  AD SL H 1264, fol. 10v (1419). 93

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Alice de Sivrey et Huguette de Glenne perçoivent chacune une prébende ; probablement Huguette de Glenne est-elle donc effectivement la fille d’une sœur d’Alice de Sivrey. Il est moins certain que les deux nièces d’Adeline de La Chanaul soient les filles de son frère ou de sa sœur. Le lien entre Adeline de La Chanaul d’une part et Jeanne de Champceris (n°233) et Alice de Sivrey d’autre part est beaucoup plus hypothétique100. En revanche, Jeanne de Champceris est peut-être la nièce de Guillemette de Champceris (n°218), religieuse à Saint-Jean une génération avant elle. Il est donc extrêmement difficile de reconstituer les liens familiaux entre les religieuses et il est évident que nombreux sont ceux qui n’ont pas été identifiés. c. Diversité des types des groupes familiaux

En l’absence d’obituaires pour Saint-Jean et de comptes pour SaintAndoche mais aussi pour Saint-Jean sur la plus grande partie de la période étudiée, sans doute bien des liens avunculaires, notamment, restent inconnus. Sur les 306 religieuses identifiées et plus ou moins connues qui font l’objet de cette étude, 165 peuvent être considérées comme appartenant à un groupe familial, celui-ci pouvant se réduire à deux personnes : soit un lien familial précis est identifié avec une autre religieuse, soit une autre religieuse au moins porte le même surnom, sans que la nature du lien entre les deux ait pu être établie. Moins de la moitié des religieuses semblent donc totalement « isolées », semblent avoir pris le voile à Autun indépendamment de toute autre personne ; dans la réalité, cette proportion est sans aucun doute beaucoup plus faible. Le plus souvent ces groupes familiaux se concentraient sur une ou deux générations seulement, mais quelques familles ont envoyé certaines de leurs filles dans les abbayes éduennes pendant cinq ou six générations. Nombreux sont les groupes familiaux composés de deux à six religieuses entre lesquelles 100  Noté lors de deux des distributions de prébendes en 1400‒1401 (AD SL H 1260, fol. 14v, 1400‒1401), il peut être dû en fait à une hésitation du scribe : dans ces deux listes le nom d’Adeline de La Chanaul est inscrit la première fois à la suite de celui d’Alice de Sivrey et la seconde à la suite de celui de Jeanne de Champceris et dans les deux cas la nièce d’Adeline de La Chanaul n’est pas mentionnée auprès de sa tante. Y a-t-il donc effectivement un lien entre les trois religieuses ou le scribe a-t-il noté « sa nièce » en oubliant la conjonction de coordination « et » reliant Adeline de La Chanaul à une jeune fille habitant probablement auprès d’elle ? La différence des surnoms des trois religieuses, étrange au xve siècle si Adeline de La Chanaul était effectivement nièce à la fois d’Alice de Sivrey et de Jeanne de Champceris, rend plus vraisemblable la seconde hypothèse.

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les liens n’ont pas été identifiés  ; dans les groupes les plus importants, les liens entre quelques-unes sont connus, mais tous ces liens n’ont pas pu être identifiés101. Onze fratries de sœurs ont pris le voile à Autun102, sans que l’on puisse savoir si elles ont fait profession ensemble ou si la cadette a rejoint son aînée – l’inverse a pu éventuellement arriver après un veuvage de l’aînée, mais le cas est certainement beaucoup plus rare ; dans la première moitié du xve siècle, les sœurs de La Bussière (n°46, 251 et 254) furent même trois à se retirer à Saint-Jean. À une exception près, celle des deux Jeanne de Montagu (n°44 et 148), filles d’Hugues seigneur de Couches, les sœurs ont toujours fait profession dans le même établissement, à cinq reprises à Saint-Andoche et à cinq reprises à Saint-Jean. Béatrice de Châtillon (n°42) a toutefois laissé à Saint-Andoche sa sœur Marguerite (n°146) lorsqu’elle a pris la tête de Saint-Jean en 1366. Les «  couples  » tante  /  nièce furent deux fois plus nombreux que les fratries, sachant toutefois que le lien avunculaire n’est pas toujours assuré. Ce lien étant souvent mentionné dans les obituaires, les deux tiers des binômes tante / nièce identifiés concernent des religieuses de Saint-Andoche. Il faut noter que dans le binôme Anne d’Alonne (n°25) / Anne de Cussigny (n°92), la première fut abbesse de Saint-Andoche, tandis que la seconde a été religieuse et sous-prieure de Saint-Jean – les deux sœurs d’Anne de Cussigny, Georgette et Perrette, prirent quant à elles le voile à Saint-Andoche, au xvie siècle (gén. 7). Un siècle et demi plus tôt, Agnès de Thenissey (n°227) et Alice de Sainte-Franchise (n°18), probablement nièces d’Alice de Montjeu (n°144), étaient religieuses à Saint-Jean, alors qu’Alice de Montjeu l’était à Saint-Andoche (gén. 17).

 Cf. par exemple chap. 1 III. 3. a. L’exemple des Cussigny à Saint-Jean aux xve‒xvie siècles.   Jeanne d’Oigny (n°39) et Yolande d’Oigny (n°79). Jeanne de Brazey (n°41) et Marguerite de Brazey (n°216). Béatrice de Châtillon (n°42) et Marguerite de Châtillon (n°146). Jeanne de Montagu (n°44) et Jeanne de Montagu (n°148). Marguerite de La Bussière (n°46), Alice de La Bussière (n°251) et Jeanne de La Bussière (n°254). Églantine de Schavesi (n°58) et Yolande de Schavesi (n°119). Étiennette Bouesseau (n°64) et Philiberte Bouesseau. Jeanne de Cussigny (n°87) et Marie de Cussigny (n°247). Alice de Couches (n°152) et Jeanne de Couches (n°153). Isabelle dou Brulet (n°221) et Jeanne dou Brulet (n°222). Jacquette de Cussigny (n°270) et Étiennette de Cussigny (n°281).

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Très intéressant est le fait que certains de ces groupes familiaux sont composés de sœurs ou plus souvent de tantes et nièces, qui ont été religieuses les unes à Saint-Jean et les autres à Saint-Andoche. Cela confirme la similitude de recrutement dans les deux abbayes  : une part d’opportunité quant aux places semble avoir prévalu au moins dans certains « choix », peut-être plus particulièrement à certaines périodes de fort recrutement. 2. Interventions familiales en faveur de religieuses Les familles intervenaient au moment de la décision d’entrer en religion et dans le choix du lieu où la prise de voile devait avoir lieu. Mais elles intervenaient plus tard aussi en faveur du monastère où une de leurs parentes s’était retirée ou, plus directement, en faveur de cette parente. Ainsi, lorsqu’en 1341 les religieuses de Saint-Jean furent en litige avec plusieurs laïcs au sujet de la justice de Géanges, trois arbitres ont été choisis par les deux parties : Pierre de Brazey, chevalier, seigneur de Vesigneux, Guiot, seigneur de Brazey, et Jean, chevalier, seigneur de Champceris103. Or à cette date, l’abbaye Saint-Jean était dirigée par Jeanne de Brazey de Vesigneux (n°41) et Guillemette de Champceris (n°218) y était religieuse. Même si les liens exacts entre l’abbesse et la religieuse d’une part et les trois arbitres d’autre part n’ont pas pu être identifiés avec précision, il est évident qu’il existe entre eux des liens familiaux. On peut donc se demander dans quelle mesure les laïcs ont été écoutés et si le jugement, rendu en faveur des religieuses, a été réellement objectif. Alors même que la justice semble avoir été bien souvent favorable aux religieuses quand elles étaient en conflit sur leurs droits ou leurs possessions104 – elles ont probablement bénéficié de leur statut religieux –, le choix d’arbitres appartenant à leur cercle familial ne pouvait que les avantager encore. Toutefois, c’est le plus souvent en faveur d’une religieuse, dans le cadre des rivalités qui pouvaient se développer au sein de l’abbaye, que les proches intervenaient, notamment pour favoriser l’accession à l’abbatiat de leur championne. En effet, les contestations d’élections abbatiales étaient généralement liées à des rivalités entre grandes familles – comme à Saint-Jean en 1474 – ou à la volonté de certaines familles – notamment la famille de Vienne – de diriger et de conserver la direction des abbayes.

 AD SL H 1475/1 à 3 (1341).  Cf. chap. 4 III. 1. Les conflits et procès entre seigneurs.

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a. La formation de « clans » et le jeu des liens familiaux

Seule l’élection de 1474 à Saint-Jean est suffisamment bien connue105 pour laisser apparaître la formation de groupes opposés au sein de l’abbaye, groupes qui se sont formés en partie autour de liens familiaux. Après l’échec de la désignation par inspiration divine, seize religieuses ont été appelé à se prononcer les unes après les autres et leur choix s’est porté sur trois religieuses : Louise de Bernault (n°269), Huguette de Bernault (n°49) et Louise de Rabutin (n°48). Le vote unique en faveur de Louise de Bernault peut être joint à ceux qui se sont portés sur Huguette de Bernault dans la mesure où c’est cette dernière qui a voté pour sa sœur, évitant ainsi de voter pour ellemême – cette attitude peut être rapprochée du refus traditionnel du nouvel élu qui dit être indigne de la fonction pour laquelle il a été choisi106. Les votes se répartissent donc ainsi : Huguette de Bernault (et sa sœur) Huguette de Bernault (n°49) Louise de Bernault (n°269) Louise Nagu (n°278) Jeanne Nagu (n°280) Marguerite Coignarde (n°282) Perrenelle d’Oiselet (n°95) Philippe de Clugny (n°89) Jeanne de Clugny (n°88) Alice de Clugny (n°265)

Louise de Rabutin Jeanne de Testefort (n°275) Étiennette de Cussigny (n°281) Jacquette de Cussigny (n°270) Marie de Marcilly (n°51) Philiberte de Marcilly (n°279) Jeanne de Tenarre de Souterrain (n°283) Agnès de Loges (n°274)

Ces deux listes font apparaître de façon évidente des groupes familiaux par des surnoms identiques. On sait en outre que les familles de Rabutin et de Loges étaient alliées : Louise de Rabutin, tante de la postulante qui nous intéresse, avait épousé Jean de Loges, seigneur de La Boulaye (gén. 18) ; le fief éponyme de la famille des Loges était d’ailleurs situé à Martigny-leComte, à moins de 10 kilomètres de Balorre, le principal fief de la famille de Rabutin. En outre, Souterrain était aussi un lieu-dit de Martigny-leComte et on peut donc penser que la famille Souterrain connaissait les deux familles précédentes. D’autre part, on peut remarquer que les familles de Clugny, Nagu, et sans doute Coignarde étaient des familles autunoises.

 AD SL 3 E 3/2, fol. 133‒162v, 169‒171v, 178‒183 et 191v (1474).  Cf. J. Gaudemet, Les élections dans l’Église latine des origines au xvi e siècle, Paris, 1979, p. 294. 105 106

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Des liens familiaux et des liens de connaissance entre familles ont donc joué dans la constitution de chaque clan. Peut-être existait-il un lien entre les familles de Cussigny et de Rabutin ; mais à défaut, on peut aussi penser, sachant que Louise de Rabutin n’était alors âgée que de dix-neuf ans, qu’elle a pu sembler plus facilement « manipulable » qu’Huguette de Bernault qui avait déjà au moins trente ans d’ancienneté au sein de l’abbaye et une solide expérience de prieure. Certaines religieuses purent donc penser diriger l’abbaye à travers Louise de Rabutin ou au moins l’influencer fortement, d’autant que c’est à une religieuse de cette famille de Cussigny que l’archidiacre Pierre Rolin – dont l’oncle était seigneur de Martigny-le-Comte – confia la charge d’épauler Louise de Rabutin, alors même qu’Étiennette de Cussigny (n°281) n’était pas familière de l’abbaye107. Les liens familiaux ne jouèrent d’ailleurs pas qu’à l’intérieur de l’abbaye, mais aussi au niveau des soutiens que les religieuses pouvaient obtenir  : ainsi, parmi les procureurs du « clan » de Louise de Rabutin se trouvaient Sébastien de Rabutin prieur de La Madeleine près de Charolles, son frère, et Cyprien de Rabutin (n°841) curé de Balorre, tandis que c’est Jean de Cussigny, prieur de Jouhe dans le Jura, mais surtout parent de Jacquette et Étiennette de Cussigny (n°270 et 281), qui dû se rendre auprès de Sixte IV afin de plaider leur cause. Dans l’autre clan, Gérard de Bernault, seigneur de Saint-Enzenge-sur-Guye et de l’Essertot intervint en prêtant à sa sœur, Huguette (n°49), 100 francs pour soutenir sa cause à Rome, argent qu’elle lui remboursa deux ans plus tard108. Les « clans » qui se sont formés à Saint-Jean et qui sont mis en lumière par la difficile succession d’Antoinette de Marcilly (n°47) reposaient donc sur des liens familiaux, des proximités de possessions et des alliances d’intérêt à l’intérieur de l’abbaye mais aussi au-delà de ses murs109.

 Elle n’y est pas attestée auparavant, même si sa sœur est attestée à Saint-Jean depuis 30 ans (AD  SL H  1229, fol.  15, 1444). Sur Pierre Rolin, cf.  J.  Madignier, Fasti, t.  12  : Autun, op. cit., n°742 p. 351. 108  AD SL H 1266, fol. 42‒42v, 70 (1476). 109  Si en 1474 la famille de Rabutin, qui semble avoir contrôlé la charge de prieure de Saint-Julien-sur-Dheune, échoua à s’emparer de l’abbatiat de Saint-Jean, elle y parvint en 1510‒1511 en la personne de Claude de Rabutin (n°53), nièce de Louise (n°48), après une rude compétition avec Anne de Montagu (n°298) et Jeanne d’Amoncourt. À cette occasion, Claude de Rabutin, seigneur d’Épiry et de Sully, n’hésita pas à menacer ceux qui, d’après lui, auraient diffamé sa sœur quant à ses mœurs (AD SL H 1180/4, 1511‒1512). 107

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b. Les Drées et Saint-Andoche au xive siècle

Au cours du xive  siècle, trois femmes de la puissante famille de Drées prirent le voile à Saint-Andoche – toutes trois se prénommaient Guiotte (n°15, 74 et 150) –, et les deux premières au moins y obtinrent des offices : la première devint abbesse en 1313 au plus tard, la seconde sacriste en 1334 au plus tard, tandis que la dernière semble n’avoir pas obtenu de charge. La succession abbatiale de Guiotte de Drées (n°15) en 1338 a été difficile puisque ce n’est que sept ans après son décès que Marguerite de Montagu (n°17), qui appartenait à une famille beaucoup plus puissante que Guiotte de Drées, est attestée en tant qu’abbesse. Le pape a dû intervenir en 1338 : peu après le décès de Guiotte de Drées, les religieuses avaient élu Marguerite de Sancey (n°16), alors religieuse depuis plus de 35 ans, élection à laquelle s’était opposé l’évêque Jean d’Arcis110. Rien ne permet de savoir si Jean d’Arcis avait connaissance d’éléments s’opposant à l’accession de Marguerite de Sancey à l’abbatiat, mais ce qui est certain, c’est qu’il soutenait une autre candidate, Marguerite de Montagu – son oncle paternel Érard d’Arcis, seigneur de Chacenay, était marié à Marguerite de Montagu, dame de Pacy-sur-Armançon et de Gergy, fille de Philippe de Montagu (gén. 14). Et en effet, sept ans plus tard, Marguerite de Montagu était à la tête de l’abbaye qu’elle dirigea jusqu’à sa mort en 1377. D’après le recueil de Peincedé, c’est à la suite de ce décès que la famille de Drées intervint à nouveau et chercha à imposer sa candidate à la tête de l’abbaye, lors d’une nouvelle succession abbatiale difficile. Alors que l’abbaye était encore placée sous la mainmise et la sauvegarde du duc de Bourgogne, sans doute à cause de litiges autour de la succession abbatiale, au début de l’année 1382, Guillaume et Robert de Drées, neveux de l’abbesse Guiotte (n°15), ainsi que Jean, bâtard de Guillaume (gén.  8), se rendirent à SaintAndoche et Jean n’hésita pas à ôter les panonceaux apposés au nom du duc : ils voulaient mettre dame Alice de Villiers en possession de cette abbaye, alors qu’une autre, Alice de Sainte-Franchise (n°18) avait été élue. Jean fut arrêté, de même que Guillaume de Drées, seigneur de Savigny-le-Vieux, cousin germain de Guillaume et Robert, venu leur prêter main forte111. Il y avait, sans aucun doute, un lien fort entre les deux frères et Alice de Villiers puisqu’ils

  Benoît  XII, Lettres communes, J.-M.  Vidal (éd.), Paris, 1904, t.  2, n°6324  ; sur Jean d’Arcis, cf. J. Madignier, Fasti, t. 12 : Autun, op. cit., n°549 p. 126‒128. 111  P.  Ferret, Histoire de Drée, de Verrey-sous-Drey et de la maison de Drée, Dijon, 1890, p. 47 ; Généalogie de la maison de Drée, ss l. en 1778. 110

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n’hésitèrent pas à braver les autorités du bailli et du duc pour la mettre à la tête de l’abbaye, mais ce lien n’a pas pu être identifié. Les Drées étaient alors soutenus par le prieur de Saint-Symphorien qui, s’appuyant sur une bulle pontificale «  au proffit de dame Aluys de Villers contre dame Alips de Saint-Fraincher », exigea du bailli et du vierg d’Autun qu’ils mettent la main sur le temporel de l’abbaye que gérait Alice de Sainte-Franchise (n°18), abbesse élue, et les menaça d’excommunication. La duchesse de Bourgogne Marguerite de Flandres intervint alors112 – Philippe le Hardi était sans doute retenu par les affaires du royaume – et, après avoir pris conseil auprès de l’évêque Guillaume de Vienne113 et de conseillers du duc, déclara «  nul et de nulle valeur  » le procès intenté par le prieur de Saint-Symphorien, facilitant la prise de fonction de l’abbesse élue, Alice de Sainte-Franchise. Les Drées ont donc échoué, peutêtre pour la seconde fois, après qu’en 1338 leur sœur, qui était sacriste, a pu vouloir succéder à sa tante ; en 1338 toutefois, on peut penser que la famille de Montagu était trop puissante pour qu’ils aient pu sérieusement espérer rivaliser avec elle. 3. Quelques familles particulièrement présentes Les abbayes Saint-Andoche et Saint-Jean ne sont pas de fondation seigneuriale et ne semblent pas être considérées comme leur propriété par une famille fondatrice qui y réserverait des places, et en particulier la charge abbatiale, à ses filles destinées à la religion. Pourtant, la place de certaines familles dans la vie de l’une ou l’autre des deux abbayes autunoises, à un moment donné ou sur une période plus longue, a été prépondérante. Des familles seigneuriales de Bourgogne ont placé plusieurs de leurs filles dans les monastères éduens pendant deux ou trois générations  ; certaines ont développé une stratégie afin de prendre la tête de l’une ou l’autre des abbayes, alors que d’autres se sont contenté d’une simple prébende pour les leurs. a. L’exemple des Cussigny à Saint-Jean aux xve‒xvie siècles

La famille de Cussigny est peu connue, si ce n’est que lui appartenaient la seigneurie et le château de Vianges situés à 25 km d’Autun. Pourtant, au

  Dans la mesure où le temporel de l’abbaye était en cause, la duchesse de Bourgogne était sans doute dans son rôle puisque le duc pouvait mettre la main sur le temporel des abbayes durant la vacance de l’abbatiat et que c’est lui qui levait sa mainmise une fois une nouvelle abbesse élue et bénie. 113  Sur Guillaume de Vienne, cf. J. Madignier, Fasti, t. 12 : Autun, op. cit., n°437 p. 139‒140. 112

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moins neuf religieuses portant ce nom ont été religieuses à Autun au cours du xve  siècle et de la première moitié du xvie  siècle. Trois morceaux de généalogies (gén. 7) ont pu être réalisés afin de rattacher les unes aux autres certaines de ces religieuses ; seule Philippe de Cussigny (n°288) demeure « isolée » : elle appartenait à la même génération que Jacquette (n°270) et Étiennette (n°281), dont elle fut peut-être la sœur, plus probablement la cousine. Jacquette et Étiennette furent probablement les nièces – ou les petitesnièces – de Jeanne (n°87) et Marie (n°247) et les tantes d’Anne (n°92), Perrette et Georgette. Mais elles étaient aussi apparentées à d’autres groupes familiaux  : Jeanne et Marie étaient nièces de Marguerite Peaul d’Oye  » (n°94) – dont le lien avec Mathélie Peaul d’Oye (n°217) religieuse de SaintJean un demi-siècle plus tôt n’est pas connu ; Anne, Perrette et Georgette étaient nièces de l’abbesse de Saint-Andoche Anne d’Alonne (n°25) et donc très probablement cousines et petites-cousines d’un certain nombre de religieuses, non identifiées avec précision, qui appartenaient à la famille des Clugny d’Alonne à la fin du xve et au début du xvie siècle. C’est d’ailleurs cette parenté qui explique probablement que Perrette et Georgette aient pris le voile à Saint-Andoche et non à Saint-Jean comme leur sœur et leurs aïeules. Pourquoi les Cussigny ont-ils ainsi placé, pendant plusieurs générations successives, deux à trois de leurs filles à Saint-Jean ? La famille est attestée plus tôt, mais aussi plus d’un siècle plus tard et la seigneurie de Vianges qui lui appartenait au xive siècle, lui appartenait encore au xviie siècle114. Les naissances ont-elles été particulièrement nombreuses, mettant en danger le patrimoine familial ou rendant insuffisant le nombre de prétendants acceptables  ? Une piété particulièrement importante s’est-elle alors développée dans la famille  ? Cette seconde hypothèse est peut-être plus juste dans la mesure où les Cussigny n’ont apparemment pas cherché à conquérir du pouvoir au sein de l’abbaye : seule Jeanne (n°87) a été prieure et Anne (n°92) n’a été que sous-prieure, tandis que les sept autres sont restées simples religieuses de chœur, ce qui était rare lorsqu’une famille avait ainsi investi en nombre une abbaye. b. L’exemple de la famille de Clugny au xve siècle

La famille de Clugny, elle, est une puissante famille autunoise, habitant Marchaux, dont certains membres se distinguèrent dès la seconde moitié 114  Cl. Courtépée, Description générale et particulière du duché de Bourgogne, Dijon, 1848 (2e éd.), t. 4, p. 157.

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du xive  siècle par des charges importantes comme Guillaume de Clugny (n°996), bailli d’Auxois puis de Dijon, ou son frère Jean de Clugny (n°997), conseiller du duc et du roi. Plusieurs de ses membres ont été chanoines d’Autun avant, parfois, d’obtenir de hautes charges ecclésiastiques au xve siècle115. Pourtant, la généalogie de cette famille est très difficile à établir – malgré les actes en mentionnant des membres et les épitaphes conservées – et celles qui ont été publiées sont souvent contradictoires. Ainsi, aucune des cinq religieuses de Saint-Jean, certainement issues de cette famille, n’a pu être placée dans la généalogie établie (gén.  6), même s’il existe des présomptions que Philippe et/ou Perrenette soi(en)t fille(s) d’Henry de Clugny, seigneur de Conforgien, puisque deux de ses filles furent religieuses ; Alice, elle, appartient à la génération précédente116. Quoi qu’il en soit, la politique religieuse des Clugny est extrêmement intéressante. Dès le xive siècle, lorsque certains obtinrent de hautes charges, non seulement ils fondèrent des anniversaires pour sauver leur âme, mais ils cherchèrent aussi à être inhumés non plus dans le cimetière paroissial mais dans une église, à Saint-Jean l’Évangéliste, à Saint-Martin ou à la cathédrale. Au xve  siècle d’ailleurs, deux chapelles funéraires furent fondées par des membres de la famille : vers 1430, Guillaume de Clugny, seigneur de Conforgien, fonda une chapelle dédiée à saint Joseph dans l’église paroissiale SaintJean l’Évangéliste et il y fut inhumé comme certains de ses cousins ; en 1465, Ferry de Clugny117 fonda à la cathédrale une chapelle dite la chapelle dorée, dans laquelle il avait prévu de se faire inhumer avant de devenir évêque de Tournai et de décéder à Rome. Au xve siècle, nombreuses furent les naissances dans cette famille et toutes les filles ne pouvaient sans doute pas faire un mariage intéressant. C’est donc alors que plusieurs d’entre elles devinrent religieuses à Saint-Jean, jusqu’à ce que Louise de Clugny d’Alonne (n°24) prenne la tête de Saint-Andoche qu’elle dirigea pendant une vingtaine d’années avant de céder la place à sa nièce Anne d’Alonne (n°25), de son vivant, afin d’éviter toute contestation et

 Barthélemy (1480‒15…), Ferry (1458‒†1483), Guillaume (1436‒†1480), Jean (†1414), Jean (1418‒†1429), Guillaume (…1500…) et Henri (…1438…)  ; cf.  J.  Madignier, Fasti, t.  12  : Autun, op.  cit., respectivement n°246  p.  180, n°292  p.  193‒194, n°395  p.  226‒227, n°579 p. 289, n°580 p. 289, n°878 p. 227 et n°892 p. 245. 116  M.-Th. Caron, La noblesse dans le duché de Bourgogne 1315‒1477, Lille, 1987, p. 220. 117  Sur Ferry de Clugny, cf. J. Madignier, Fasti, t. 12 : Autun, op. cit., n°292 p. 193‒194. En 1465, il n’était encore que chanoine d’Autun pour les charges ecclésiastiques, mais il avait déjà de très hautes fonctions auprès de Philippe le Bon. 115

Quitter sa famille et entrer en communauté

115

remise en question de la part de ses « filles » ; Anne y fut abbesse à son tour pendant plus de dix ans. Dès lors, nombreuses furent les nièces et cousines de Louise et d’Anne à prendre le voile, de préférence à Saint-Andoche ou, à défaut, à Saint-Jean. c. Quelques familles moins nombreuses, mais puissantes dans une abbaye Les La Roche à Saint-Jean au xiiie siècle

Aucune généalogie n’a pu être établie pour les La Roche – probablement La Roche Nolay ; pourtant la famille semble avoir été puissante à Saint-Jean, au moins dans la seconde moitié du xiiie siècle. Étiennette de La Roche (n°34) fut élue à la tête de Saint-Jean en 1275. À cette date, n’ayant pas de sceau, elle fit sceller un acte réalisé en son nom par Guillaume de La Roche, seigneur de Nolay ; il est vrai que l’acte concernait la donation à l’abbaye de Maizières d’une vigne sise à Nolay118, mais il est probable que cet homme, qui portait le même surnom que l’abbesse, en était un proche, un parent. Quelques années plus tard lui succéda Bonne de La Roche (n°35), fille de Guy de La Roche (n°894), chevalier, et de Marguerite (n°895)119, alors même qu’elle n’était pas religieuse à Saint-Jean mais religieuse et sacriste de Saint-Andoche. Elle était vraisemblablement parente avec Étiennette de La Roche, mais aussi avec Eudes de La Roche (n°896), seigneur de Nolay, qui, en 1280, a élu sépulture à Saint-Jean contre le legs de 60 soudées de terre. De ces quelques faits se dégage une impression de puissance de cette famille – sans doute originaire de Nolay, une des grandes seigneuries de Saint-Jean – sur l’abbaye120. Cette idée est renforcée par le fait qu’au début du xiiie siècle la fille d’un seigneur de Nolay, Guy de Thil (n°892) fut abbesse. Les Bernault et les Rabutin à Saint-Jean, Champchanoux et Saint-Julien-sur-Dheune aux xve et xvie siècles

L’influence des familles de Bernault et de Rabutin à Saint-Jean et dans les deux grands prieurés de la région est beaucoup plus nette.

 AD CO 16 H 113 (1275).  AD SL H 708, H 709 et BM A P 088 (27‒05). Cf. Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche, éd. cit., n°207, p. 180. 120   À la même époque se succédèrent à l’épiscopat Gérard de La Roche et Jacques de La Roche  ; toutefois, ces deux hommes n’appartenaient pas à la famille de La Roche Nolay mais à celle de La Roche Beauvoir (cf. J. Madignier, Fasti, t. 12 : Autun, op. cit., n°323 et 542 p. 114‒116 et 116‒117). 118 119

116 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

La lutte entre Huguette de Bernault (n°49) et Louise de Rabutin (n°48) pour conquérir l’abbatiat de Saint-Jean en 1474 s’est accompagnée de soutiens, notamment familiaux, et de la formation de clans121. En fait, dans la seconde moitié du xve siècle et la première moitié du xvie siècle, de nombreuses jeunes filles de ces deux familles ont pris le voile et ont réussi à former des groupes suffisamment puissants dans les différents établissements religieux autunois pour en prendre la tête, hormis à SaintAndoche. Huguette de Bernault, devenue abbesse de Saint-Jean, y était entourée de sa sœur et de plusieurs nièces (gén. 1). Elle favorisa clairement la fille de son frère, Claude de Bernault (n°50) : celle-ci semble avoir pris le voile, ou fait profession, en 1480 et fut aussitôt nommée prieure avant de devenir, dans l’année, abbesse sur résignation de sa charge par sa tante. Plusieurs de leurs parentes, qui n’ont pas pu être placées dans la généalogie familiale, étaient à la même époque moniales à Champchanoux : Antoinette de Bernault (n°277) religieuse de Saint-Jean en 1471 a quitté cette abbaye pour devenir prieure de Champchanoux, qu’elle dirigea de 1472 à 1496122 ; une autre Antoinette de Bernault et Philiberte de Bernault y furent aussi prieures en 1504 et 1516, tandis que Louise de Bernault y était religieuse en 1518123. Peut-être, ayant perdu la suprématie à Saint-Jean à la mort de Claude de Bernault, la famille s’est-elle repliée sur le prieuré de Champchanoux dont elle est parvenue à prendre la tête. De même, Louise de Rabutin (n°48), candidate malheureuse à l’abbatiat de Saint-Jean en 1474, s’est repliée sur Saint-Julien-sur-Dheune dont elle devint prieure à la suite de sa tante Antoinette de Rabutin (gén. 18). Quatre de ses nièces y ont pris le voile et l’une d’elles, Claude de Rabutin (n°53), a réussi là où elle-même avait échoué : elle fut élue abbesse de Saint-Jean en 1510. Ces exemples montrent que les familles de la noblesse seigneuriale de la région, lorsqu’elles faisaient entrer plusieurs de leurs filles dans une abbaye, y mettaient souvent en place une stratégie favorisant leur accès aux charges importantes, notamment à l’abbatiat. En cas d’échec, ces familles semblent avoir favorisé la conquête du pouvoir dans un établissement moins  Cf. chap. 2 II. 2. a. Deux exemples à Saint-Jean : Huguette de Bernault en 1474 et Perrenelle de Vienne en 1496. La succession abbatiale d’Antoinette de Marcilly. 122  A. de Charmasse, « Le prieuré de Champchanoux, de l’ordre de saint Benoît », MSE, nv. série, t. 11 (1882), p. 21. 123  AD SL 9 G 5 (1504, 1516, 1518). 121

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p­ restigieux, plutôt que de laisser leurs proches demeurer simples religieuses dans une abbaye urbaine ; le choix de l’abbaye d’accueil ne reposait donc pas seulement sur la proximité, le prestige, les conditions de vie ou la piété qui y était développée, mais aussi sur les possibilités d’y faire carrière. 4. De puissantes familles De façon analogue, les abbayes Saint-Andoche et Saint-Jean jouèrent ce rôle d’établissements moins prestigieux, de repli, pour quelques familles particulièrement puissantes. a. L’exemple des Montagu

Six jeunes filles de la famille de Montagu ont été religieuses à Autun, sur quatre générations (gén. 14). Cinq de ces six religieuses et abbesses issues de la famille de Montagu et ayant pris le voile à Autun se prénommaient Jeanne ; certes, ce prénom était alors très répandu dans la population, mais cette proportion est anormalement élevée. Rien ne permet cependant de savoir s’il s’agit d’un hasard ou si les Montagu prénommaient particulièrement ainsi les filles qu’ils destinaient au cloître. Seule une étude plus approfondie de la famille permettrait, peut-être, de répondre à cette question. Il n’y a visiblement pas eu une volonté de créer un groupe familial nombreux et puissant dans une abbaye d’Autun, d’autant que trois ont été à Saint-Andoche et trois à Saint-Jean. Peut-être cette famille – issue des ducs de Bourgogne de la lignée capétienne – était-elle suffisamment puissante pour que ses filles accèdent à une charge éminente sans avoir besoin d’un soutien familial à l’intérieur de l’abbaye ; et effectivement, hormis une, toutes devinrent abbesse. La première, Jeanne de Montagu (n°36), fut abbesse de Saint-Jean à la fin du xiiie siècle ; elle était arrière-arrière-petite-fille du duc de Bourgogne Hugues III. Sa nièce Jeanne (n°130) est la seule à ne pas avoir accédé à l’abbatiat ; elle était religieuse à Saint-Andoche et non là où sa tante avait été abbesse. À la génération suivante, celle où se séparent les deux grandes branches de la famille, les seigneurs de Sombernon et les seigneurs de Couches, il ne semble pas y avoir eu de religieuse à Autun. À la suivante, en revanche, Jeanne (n°43), fille du seigneur de Sombernon, est devenue abbesse à Saint-Jean, tandis que Marguerite (n°17), fille du seigneur de Couches, était abbesse de Saint-Andoche ; deux nièces de celle-ci prirent le voile à Autun ; l’une, Jeanne (n°44), fut abbesse de Saint-Jean tandis que l’autre, Jeanne (n°148), fut religieuse de Saint-Andoche avant de devenir abbesse de Crisenon.

118 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

Seules deux de ces six religieuses sont connues en tant que simple religieuse de chœur, sans office, et encore par une seule mention chacune ; les quatre autres ne sont connues qu’en tant qu’abbesses, comme si elles n’étaient arrivées à Saint-Andoche ou Saint-Jean que pour en prendre la tête. Ce fut d’ailleurs peut-être le cas : il ne serait guère étonnant que leur famille leur ait fait prendre le voile au moment où une charge abbatiale se libérait, afin de leur assurer une fonction éminente ; peut-être aussi vivaient-elles jusque-là dans un établissement plus prestigieux qui s’était chargé de leur éducation – il n’y a aucune trace d’école dans les deux abbayes éduennes – et ne sontelles venues à Autun que parce qu’elles pouvaient diriger l’une ou l’autre des abbayes à l’occasion d’une vacance. Un exemple d’une telle stratégie est attesté au sein de la famille de Vienne avec le cas de Marguerite de Vienne (n°176) en 1470. b. L’exemple de la famille de Vienne

Sept femmes de la famille de Vienne ont été religieuses à Autun sur quatre générations, à Saint-Jean et, plus encore, à Saint-Andoche. Cinq ont pu être placées dans la généalogie, dont deux de façon hypothétique (gén.  23) ; toutes appartenaient à la branche comtoise de la famille, y compris celles qui n’ont pas pu être rattachées précisément à leurs parents. Comme dans l’exemple des Montagu, la plupart furent officières, à Autun ou à Remiremont, hormis Denise de Vienne (n°301), simple religieuse de Saint-Jean pendant plus d’un quart de siècle, surtout au début du xvie siècle ; à la même époque, Guiotte de Vienne (n°191) fut prieure de Champchanoux après avoir été religieuse de Saint-Andoche, et sa nièce Simone fut religieuse dans le même prieuré124. Auparavant, à la fin du xive siècle et au cours du xve siècle, toutes les filles de cette famille avaient obtenu des charges beaucoup plus prestigieuses. La famille fit pression à plusieurs reprises, et en faisant intervenir le pape, pour que Perrenelle de Vienne (n°52), religieuse de Saint-Andoche, devienne abbesse de Saint-Jean, charge qu’elle obtint finalement en 1496125. Mais, la famille a surtout dominé l’abbaye Saint-Andoche de façon presque continue pendant près d’un siècle, à la fin du xive siècle et dans les deux premiers tiers du xve siècle. Jacquette de Vienne (n°19) y a été abbesse de 1384 à 1407  ; lui a succédé Guillemette d’Oiselet (n°20) qui appartenait à une famille alliée, puis  A. de Charmasse, « Le prieuré de Champchanoux », art. cit., p. 22.  Cf. chap. 2 II. 2. a. Deux exemples à Saint-Jean : Huguette de Bernault en 1474 et Perrenelle de Vienne en 1496. La difficile succession à l’abbatiat de Perrenelle de Vienne. 124 125

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l’abbatiat est revenu dans la famille en 1433 avec Henriette de Vienne (n°22) jusqu’en 1444, et lorsque celle-ci a été élue abbesse de Remiremont c’est Marie de Vienne (n°23), vraisemblablement sa sœur, qui lui a succédé et qui fut abbesse jusqu’en 1470. La famille semble avoir alors considéré que cette charge revenait de droit à ses filles et chercha à imposer Marguerite de Vienne (n°176), nièce de l’abbesse défunte, ancienne religieuse de SaintAndoche partie rejoindre le chapitre de Remiremont, alors que les religieuses avaient élu une religieuse de l’abbaye, issue de la haute bourgeoisie autunoise, Louise de Clugny d’Alonne (n°24). Georges Valat rapporte cet événement lors d’une séance à la Société éduenne, mais sans indiquer les sources qu’il a utilisées126 : lors de la succession de Marie de Vienne en novembre 1470, l’élection de Louise de Clugny alors prieure de Saint-Andoche, fut contestée par Guillaume de Vienne, seigneur de Montbis, frère de Marie de Vienne. D’après celui-ci, en effet, Marie de Vienne avait résigné sa charge en faveur de sa nièce Marguerite, fille de Guillaume ; soit cette résignation n’avait pas été officielle, soit les religieuses ont décidé de passer outre et préféré élire une religieuse qu’elles connaissaient bien – Louise de Clugny était alors religieuse à Saint-Andoche depuis une vingtaine d’années et prieure depuis une dizaine d’années – plutôt qu’une ancienne religieuse de leur abbaye devenue dame de Remiremont entre-temps. Toujours d’après Georges Valat, lors de l’investiture officielle de Louise de Clugny le 14 novembre, Marguerite elle-même, sans doute venue de Remiremont, contesta cette élection, sans résultat, puisque Louise de Clugny put prêter serment quatre jours plus tard sans plus d’embarras. Toutefois, deux ans plus tard, Louise de Clugny était à nouveau opposée à Marguerite de Vienne, à l’encontre de laquelle des lettres apostoliques de citation furent émises : dans les trois actes présents dans un registre notarial127, aucun renseignement précis sur le conflit qui opposait l’abbesse et la religieuse n’est donné, mais on ne peut que les rapprocher de la contestation de l’élection de Louise de Clugny. Par le premier acte, du 6 janvier, un chanoine d’Autun se présenta à l’abbaye pour obtenir une copie des lettres apostoliques et il est seulement question du fait que quelqu’un voulait gêner l’abbesse dans la possession de son abbaye et dans les droits y afférant ; par le deuxième, du 21 janvier, l’abbesse nomma des procureurs pour la représenter face à Marguerite de Vienne, tandis que par le troisième, du 22 avril, elle fit part de la façon dont elle avait voulu faire exécuter les lettres apostoliques 126  G.  Valat, communication sur l’élection de Louise de Clugny, «  Procès-verbaux des séances », MSE, nv. série, t. 40 (1912), p. 381‒382. 127  AD SL 3 E 3/2, fol. 19v, 32‒33 et 55v‒56v (1472).

120 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

de citation. En l’absence de Marguerite de Vienne à Autun et ayant appris de certains qu’elle était à Remiremont – Marguerite de Vienne était alors à nouveau dame de Remiremont – et d’autres qu’elle était « dans le château et forteresse de noble et puissant seigneur seigneur Guillaume de Vienne, chevalier, seigneur de Montbis, son père », l’abbesse fit lecture les lettres de citation à l’office et en apposa des copies sur les portes de l’abbatiale et de la cathédrale afin que nul n’en ignore le contenu. Ces difficultés ont sans doute servi de leçon à Louise de Clugny qui, seize ans plus tard, résigna sa charge abbatiale en faveur de sa nièce Anne d’Alonne (n°25), mais le fit de son vivant, ce qui empêcha toute contestation et toute remise en cause de la part de ses « filles ». À partir du milieu du xve siècle toutefois, il faut noter que la famille de Vienne était de plus en plus présente au sein du chapitre de Remiremont (gén.  23), malgré les charges éminentes obtenues à Autun  : Henriette de Vienne (n°22) y devint abbesse, Marie (n°23) y fonda un anniversaire en donnant 60 florins d’or – ce qui est une très forte somme – et Marguerite (n°176) y devint dame puis grande aumônière, tandis que deux de ses sœurs y furent peut-être dames, tout comme deux de ses nièces. Marie-Odile Boulard recense en effet, à l’extrême fin du xve et au xvie siècle, cinq dames de Remiremont issues de la famille de Vienne et mentionnées dans l’obituaire du chapitre comtois  : Marguerite qui fut grande aumônière  ; Jeanne, fille d’Anne de Vienne et de Jean de Vienne, qui fut doyenne  ; les deux sœurs Simone et Louise, filles de Guillaume de Vienne et de Beatrix de Cusance ; Marguerite, qui fut doyenne128. L’anniversaire de parents de ces religieuses y était aussi célébré : celui de Jean de Vienne, d’Anne de Vienne et de leur fils François, mais aussi celui de Philippe de Vienne et Catherine de La Guiche (gén. 23)129. On peut donc se demander si la famille n’a pas abandonné les abbayes autunoises lorsqu’elle a pu s’implanter durablement à Remiremont, même si les dames de Remiremont issues de la famille de Vienne n’appartenaient pas à la même compagnie, ce qui fragilisait leur intégration et surtout leur pouvoir au sein du chapitre. Saint-Andoche et Saint-Jean auraient, en quelque sorte, servi de « palier d’attente » avant d’accéder à un établissement plus prestigieux. Encore faudrait-il comprendre pourquoi la famille de Vienne, puissante famille comtoise, n’était pas parvenue à mieux s’implanter  M.-O. Boulard, Documents nécrologiques de l’abbaye de Remiremont, thèse de doctorat dirigée par M.  Parisse, soutenue à Nancy-II en 1982, respectivement p.  294‒295 et 381, p. 74‒75 et 381 ; p. 164‒165 et 401 ; p. 192‒193 et 409 ; p. 156 et 401. 129  M.-O. Boulard, Documents nécrologiques, th. cit., p. 307 et p. 342. 128

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à Remiremont bien avant les xve et xvie siècles130, même s’il est vrai que les grandes familles lorraines, et en particulier la famille ducale, y étaient alors dominatrices. Les familles, du moins celles qui parvenaient à un certain niveau de puissance, semblent donc avoir pris des dispositions afin que celles de leurs filles qui devenaient religieuses aient une vie confortable et obtiennent des charges apportant pouvoir, libertés et revenus. Des familles sont intervenues pour faire entrer l’une des leurs à SaintAndoche ou à Saint-Jean et, surtout, pour les aider à y devenir abbesse, mais l’inverse s’est également produit, même si cela est beaucoup plus rare : des religieuses portèrent secours à certains membres de leurs familles. Ainsi, en 1490, Claude de Bernault (n°50), abbesse de Saint-Jean, intervint et fit intervenir son procureur, Gérard Fardeaul (n°380), en faveur de sa mère et de sa sœur, contre les habitants d’Autun131. En effet, Louis XI avait accordé aux habitants de la cité le droit de prélever le quart des rentes et le cinquième des loyers perçus sur des biens d’Autun par des « forins et estrangiers » ne résidant pas Autun, pour qu’ils participent à l’entretien de la ville et notamment de ses fortifications ; à ce titre, les habitants exigèrent des héritières de Gérard de Bernault, seigneur de Saint-Enzenge, – sa veuve Antoinette de Trezectez, mère de l’abbesse de Saint-Jean, et sa fille Jeanne, sœur de l’abbesse (gén. 1) – qu’ils leur versent le quart des rentes de 20 sous et 40 sous qu’elles percevaient sur des héritages autunois. Claude de Bernault intervint alors pour soutenir celles qu’elle continuait à considérer comme les siens et développa un argumentaire qui leur était favorable : elle-même percevait une pension de 20 livres sur différentes rentes perçues par Antoinette de Trezectez, sa mère, dont celles d’Autun, or elle résidait à Autun, donc les redevances perçues ne pouvaient être taxées par les habitants ; d’autre part, sa sœur Jeanne était l’épouse de Jean de Traves, écuyer, seigneur de Dracy, et celui-ci, noble, était « exempt de touz tribuz, subsides et charges realles, mixtes et personnelles  ». Face à ces arguments, les habitants répliquèrent tout d’abord que la pension de Claude de Bernault était auparavant assignée sur des rentes perçues à Saint-Enzenge et que l’assiette en avait été modifiée

130  Certes Jacquette de Vienne fut cellérière à Remiremont dans la première moitié du xive siècle (M.-O. Boulard, Documents nécrologiques, th. cit., p. 12, 134 et 389 ; M. Parisse, «  Les livres de l’abbaye de Remiremont en 1365 et la vie intellectuelle des religieuses au Moyen Âge  », dans Remiremont, l’abbaye et la ville, Nancy, 1980, p.  71‒87, en particulier p. 81), mais on aurait pu penser qu’elles seraient plus nombreuses. 131  AD SL H 1317/1 (1490ns).

122 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

afin de ne pas payer les taxes dûes aux habitants d’Autun ; ensuite, le statut noble de Jean de Traves ne le dispensait en rien du paiement de cette taxe qui concernait tous les « forins et estangiers […] de quelque estat et condicion qu’ilz soient »132. La décision judiciaire n’est pas connue, mais il est clair que l’abbesse Claude de Bernault avait tout mis en œuvre pour protéger sa famille de sang. Les sources disponibles ne permettent pas de savoir précisément quelles étaient les motivations des femmes – jeunes filles, parfois très jeunes, plutôt que veuves – qui entraient en religion à Autun ni comment se passait réellement la prise de voile à Saint-Andoche et Saint-Jean-le-Grand. L’étude prosopographique des religieuses permet en revanche de confirmer, mais aussi de nuancer, le caractère noble des postulantes ; à la fin du xve siècle en particulier, la notabilité semble avoir permis, tout aussi bien que la noblesse, d’entrer dans les abbayes éduennes. Nombreuses furent les religieuses qui appartenaient à une même famille, sœurs, tante et nièce etc., et encore les liens familiaux ne peuvent-ils pas toujours être identifiés de façon précise ; parfois, de proches parentes prenaient d’ailleurs le voile dans l’une et l’autre des deux abbayes et une religieuse pouvait passer de Saint-Andoche à SaintJean, plus souvent que de Saint-Jean à Saint-Andoche, pour y exercer une charge d’officière. Parmi les grandes familles, puissantes, c’est sur plusieurs générations voire sur plusieurs siècles que des jeunes filles ont pris le voile à Autun, même si, pour certaines, les abbayes éduennes semblent avoir été un pis-aller par rapport aux grands chapitres lorrains ou comtois. Le recrutement semble avoir été un peu plus ouvert aux jeunes femmes issues de familles moins prestigieuses à Saint-Andoche qu’à Saint-Jean, malgré une marge d’incertitude assez importante. L’aire de recrutement des religieuses de Saint-Andoche et de Saint-Jean était en grande partie commune, entre Saône et Arroux ; toutefois, le recrutement à Saint-Andoche était à la fois plus local (moins de 20 km d’Autun) et plus lointain (plus de 60 km voire plus de 100  km d’Autun) qu’à Saint-Jean. Le recrutement semble donc avoir été plus ouvert et plus diversifié, mais aussi un peu plus prestigieux, à Saint-Andoche qu’à Saint-Jean, sans qu’il soit possible d’expliquer cette différence. Même si l’entrée en religion et la prise de voile signifiaient, en principe, la rupture entre la jeune fille et sa famille de sang, les religieuses de Saint-Andoche et de Saint-Jean conservaient de fait des liens extrêmement

 AD SL H 1317/1 (1490ns).

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forts avec leur parentèle : elles étaient sans doute le plus souvent envoyées dans ces abbayes par leur famille pour diverses raisons, mais leur famille, du moins dans le cas de familles puissantes, veillait à ce qu’elles y trouvent le confort mais aussi, bien souvent, le pouvoir ; elle continuait à protéger et soutenir celle qui avait pris le voile, mais celle-ci s’engageait aussi en faveur de ses proches parents et n’hésitait pas, pour cela, à utiliser les services d’officiers de l’abbaye.

Chapitre deuxième :

La composition de la communauté

U

ne abbaye est une petite société dont les religieuses forment le cœur et la part la plus importante, même si elles n’y sont pas seules ; en effet, de nombreuses autres personnes gravitent autour de cette communauté et peuvent être considérées comme en faisant partie, même si elles sont extérieures à l’abbaye. Les religieuses de chœur, qui ont voix au chapitre, sont, par définition, le noyau qui est à l’origine de toute abbaye. Il est toutefois difficile d’étudier la composition de ce chapitre, notamment pour mettre en valeur l’évolution du nombre de religieuses dans chacune des deux abbayes : les données sont parcellaires et les chiffres déterminés ne peuvent être que des chiffres minimum ; il en est d’ailleurs de même pour la longévité des religieuses, qui pourtant donnerait une idée de l’âge de la prise de voile, de la santé des jeunes femmes qui se retiraient du monde etc. Le chapitre n’est pas composé des seules «  simples  » religieuses de chœur, mais aussi des officières, même si celles-ci semblent ne pas avoir été très nombreuses à Saint-Andoche et Saint-Jean. Et surtout, il est dirigé par l’abbesse dont la fonction a suscité jalousie et rancœur : les luttes pour l’abbatiat ont, en effet, parfois été épiques, les familles des postulantes n’hésitant pas à intervenir dans cette affaire interne à l’abbaye. Dans leur vie quotidienne, des religieuses de chœur s’occupaient des jeunes destinées à les remplacer un jour et à pérenniser l’existence de l’abbaye, même si les mentions de novices sont rares. Elles étaient également en contact quotidien avec ceux qui s’occupaient de leurs besoins spirituels, marguilliers et surtout chapelains, puisque, outre les différents offices de jour et de nuit, elles devaient assister à une messe chaque jour. De façon plus ponctuelle, mais cependant très régulière, les religieuses de chœur avaient affaire à leurs officiers ayant une charge temporelle ou spirituelle. En effet, les religieuses, cloîtrées, dépendaient de tout un personnel masculin pour les représenter dans leurs domaines ou en justice. Elles devaient également nommer des prêtres pour desservir les paroisses dont elles étaient patronnes, paroisses de leurs principaux domaines ruraux mais aussi paroisses urbaines constituées autour de chacune des deux abbayes.

126 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

I. Les religieuses de chœur Ne peuvent réellement être considérées comme religieuses de chœur que les religieuses professes, celles qui ont prononcé leurs vœux définitifs, et qui, à ce titre, ont voix au chapitre. Les religieuses qui sont nommées dans les actes semblent, à quelques exceptions près, appartenir à cette catégorie et les listes devraient donc être aisées à réaliser. De fait, faute de mieux, ont été considérées comme religieuses de chœur toutes celles dont la présence dans l’abbaye est attestée à une date donnée, sauf s’il est précisé qu’il s’agit d’une converse, et ce malgré le cas d’Anne de Montagu (n°298) qui peut laisser planer un doute sur la validité de cette identification1. Pour essayer de mieux connaître cette population des religieuses de chœur, on peut établir, à partir d’un relevé systématique des noms lors de la lecture des documents des fonds de Saint-Andoche et Saint-Jean et des dépouillements réalisés dans d’autres fonds, des tableaux d’attestation des religieuses permettant de déterminer le nombre d’années minimum pendant lesquelles une religieuse donnée a été moniale à Saint-Andoche ou à Saint-Jean et le nombre minimum de religieuses ayant vécu dans l’une ou l’autre des abbayes une année donnée2. C’est sur l’analyse de ces tableaux que repose l’étude de la « population » des religieuses de chœur de l’abbaye, du milieu du xiiie siècle à la fin du xve siècle.

 Anne de Montagu, mentionnée dans divers actes de la fin du xve  siècle et du début du xvie siècle, tenait dans l’abbaye exactement le même rôle que les autres religieuses citées dans ces actes ; notamment, elle participait au chapitre. Pourtant, lorsqu’elle fut élue abbesse par certaines religieuses en 1511, le parti adverse expliqua qu’elle ne pouvait pas devenir abbesse puisqu’elle n’était pas professe  : dicte religiose dicti monasterii Sancti Johannis que vota sua direxerunt in Annam de Montagu sciebant et scire poterant dictam Annam esse incapacem ad dignitatem abbacialem obtinendum ex quia non erat expresse professa (AD SL H 1180/5, 1511). En 1642, à Saint-Andoche, hormis l’abbesse, les religieuses ne prononçaient plus de vœux (AD SL H 682/6, 7 et 8 : « la dite dame a recogneu trois choses particulières et en la dite abbaye, l’une que les dames lesquelles y portoient l’ha­bit de religieuses y estoyent admise sans estre contrainte d’y faire aucune profession mais seullement y en pratiquoient une espèce d’atache ; l’autre qu’elles n’y observoyent la closture reguliere, l’obeissance et respect dehu a leur abbesse leur tenant lieu de closture ; et la troisieme qu’elles ne vivoient en communauté monastique »), mais on ne sait pas à quand remonte cette situation. 2  Cf.  N.  Verpeaux, Saint-Andoche et Saint-Jean-le-Grand  : des religieuses à Autun au Moyen Âge, thèse de doctorat dirigée par M. Parisse, soutenue à l’université Paris‒1 PanthéonSorbonne en 2009, t.  2 Annexes, p.  79‒96. Pour ce travail, j’ai considéré comme juste l’hypothèse selon laquelle si la présence d’une religieuse est attestée une année donnée puis quelques années plus tard, cette religieuse faisait aussi partie de la communauté de l’abbaye entre ces deux années lors desquelles elle est attestée. 1

La composition de la communauté

127

1. Le nombre de religieuses de chœur Au milieu du ixe  siècle, l’évêque Jonas, inquiet pour la subsistance des religieuses de Saint-Andoche, a fortement augmenté leur patrimoine et menacé d’anathème et d’excommunication toute personne qui tenterait d’usurper une partie de leurs biens3. Il a également imposé un numerus clausus de 60 moniales tant que l’abbaye ne serait pas à la tête d’un patrimoine foncier plus important, toujours pour que les religieuses puissent vivre correctement et se consacrer à la prière, mais aussi qu’elles continuent à héberger les pauvres et les voyageurs, sans avoir à se préoccuper de leur quotidien4. Cette mesure était peut-être nécessaire au ixe siècle, mais elle semble avoir été totalement superflue dans les derniers siècles du Moyen Âge. Pour les deux siècles et demi sur lesquels l’étude peut réellement être menée (1250‒1499), seules 139 religieuses pour Saint-Andoche et 126 pour Saint-Jean sont attestées au moins une fois comme vivant à l’abbaye à une date connue. Le nom d’autres religieuses est connu – notamment grâce aux obituaires de Saint-Andoche –, mais lorsqu’elles ne sont pas situées dans le temps de façon suffisamment précise, elles ne peuvent être intégrées à cette étude. Ainsi, il n’a pas été tenu compte des quelques dizaines de religieuses mentionnées dans les obituaires de Saint-Andoche mais dont on ne sait rien par ailleurs. Grâce aux obituaires, plusieurs dizaines de religieuses sont connues par leur nom alors même qu’elles n’apparaissent dans aucun autre document : 23 ont sans aucun doute été religieuses5 et 37 l’ont probablement été6. Par rapport au total des moniales connues de façon certaine et mentionnées dans les obituaires, 30% ne sont pas attestées autrement ; si l’on tient

 AD SL H 675, fol. 5 : anatemamus eos et a conventu fidelium sejungimus seu a liminibus Sanctæ Matris Æcclesiæ secernimus siqui ut diximus calumniatores in futurum forte extiterint nostræ pactionis et nisi cito a presumptione sua resipuerint non solum excommunicando eos cedimus sed ætiam in sortem Judæ traditoris Christi inprecando socialmus et cum Datam et Abiron quos vivos terra absorbuit et inferius excepit et cum illis de quibus psalmista dicit : « Disperge illos in virtute tua » et iterum, deleantur de libro viventium. 4  AD SL H 675, fol. 4 : donec res divina miseratione qualibet occasione in memorato monasterio adaugeantur sexagenarius Deo sacratarum numerus non transgrediatur, ut hac discretione sub monastico habitu ibidem degentes victum regulariter accipere et hospites ac pauperes suscipere supervenientes et necessaria queque sufficienter administrare possint. 5  Soit la précision en est apportée par l’obituaire lui-même quand elles sont qualifiées de moniale, prieure etc., soit elles sont connues par d’autres documents dans lesquels elles apparaissent en tant que telles. 6  Cf.  Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche d’Autun, N.  Verpeaux (éd.), Paris, 2011, p. 79‒84 sur ces « religieuses probables ». 3

128 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

compte du grand nombre de fondatrices d’anniversaire qui avaient probablement pris le voile, ce pourcentage passe à 49%, soit presque la moitié. Il faut donc toujours garder à l’esprit que les données utilisées ici sont des chiffres minimum ; ainsi, une mention portée dans le pitancier de deux des obituaires de Saint-Andoche permet de savoir que, au début de l’année 1332, l’abbaye abritait « xiiii nonnains »7 après le décès de Béatrice de Gissey (n°134) et au lendemain de la réception de Isabelle de Bauloul (n°135), mais avant celle de Jeanne de Chamurey (n°136) ; or, on ne connaît le nom que de six religieuses pour cette année-là, en comptant ces trois religieuses. Il manque donc dix religieuses qui soit n’ont laissé aucune trace dans la documentation, soit sont connues, mais à une autre date : elles sont attestées plus tôt sans que l’on sache qu’elles étaient encore religieuses en 1332 ou elles sont attestées plus tard sans que l’on sache qu’elles étaient déjà religieuses à cette même date8. Ces éléments prouvent que les données ne peuvent être que partielles. a. Comparaison globale entre les deux abbayes

La répartition du nombre de religieuses attestées à Saint-Andoche et Saint-Jean au cours du temps est relativement dissemblable, alors que le nombre total de religieuses est assez proche – 139 et 126 respectivement. Ainsi, la moitié des religieuses attestées à Saint-Andoche le sont entre 1250 et 1350, contre deux sur dix seulement à Saint-Jean ; surtout, plus du quart des religieuses de Saint-Jean sont attestées pour la seconde moitié du xive  siècle, contre 4% seulement pour Saint-Andoche. Dans les deux abbayes cependant, la moitié des religieuses connues ont vécu au xve siècle (fig. 15). Pour expliquer le très faible nombre de religieuses dont la présence est attestée à Saint-Andoche dans la seconde moitié du xive siècle, on peut penser qu’elles ont été décimées par la peste qui a provoqué le décès du bailli d’Autun en 1360 et de Philippe de Rouvres en 1361, mais pourquoi la mortalité aurait-elle touché Saint-Andoche plus spécifiquement que SaintJean ? En outre, s’il existe des indices du passage de la peste dans les abbayes de femmes à Autun, ils concernent Saint-Jean et non Saint-Andoche  : au ­tournant des xive et xve siècles, à Saint-Jean, le nombre de décès a été par AD SL H 708, fol. 34v ; Cf. Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche, éd. cit., n°576, p. 248.  De la même façon, en 1519, seules douze religieuses sont attestées, alors que d’après l’abbesse Claude de Rabutin (n°53), elle avait alors en charge vingt religieuses et plus (AD SL H 1486/2, 1519). 7 8

La composition de la communauté

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FIG. 15. Répartition du nombre de religieuses attestées au cours des demi-siècles à SaintAndoche et à Saint-Jean1

ticulièrement important par rapport à la vingtaine de religieuses : Jeanne de La Merche (n°238) décéda sans doute au tout début de l’année 1400, dame Guye (n°240) quelques mois plus tard, Huguette de La Merche (n°239)   Dans ces graphiques comme dans les suivants, les religieuses sont comptabilisées dans le demi-siècle qui correspond à leur première attestation.

1

130 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

entre mars et août 1400, Alice de Longe (n°243) entre novembre 1400 et avril 1401, l’abbesse Jeanne de Montagu (n°44) entre avril et juillet 14019. On peut aussi remarquer un étrange basculement entre les deux abbayes : mise à part la seconde moitié du xve siècle, il semblerait que lorsque l’une d’entre elles voit le nombre de ses religieuses décliner, cela se fait au profit de l’autre. Ainsi, le nombre de religieuses attestées est très réduit à Saint-Andoche dans la seconde moitié du xive siècle, alors qu’il augmente régulièrement à Saint-Jean par rapport aux deux demi-siècles précédents. Au contraire, dans la seconde moitié du xve siècle, Saint-Andoche semble reprendre le dessus, même si là les chiffres pour les deux abbayes sont beaucoup plus proches, ce qui rend la comparaison peu significative. Ces variations sont sans doute en grande partie liées à la disparité de la documentation, en nombre comme en nature10. S’il y a une relative corrélation entre la répartition demi-siècle par demi-siècle des religieuses et des documents conservés, et étudiés, pour l’abbaye Saint-Jean – le seul écart relativement important concerne la période la plus ancienne –, ce n’est pas le cas pour Saint-Andoche (fig. 16). Certes, à Saint-Andoche, le très faible nombre de religieuses attestées dans la seconde moitié du xive siècle va de pair avec un manque patent de documentation, mais la diminution du nombre de religieuses par rapport à la période précédente est encore plus accentuée que celle du nombre de documents11. Pour les autres périodes – hormis la première moitié du xve siècle –, la proportion de religieuses attestées est assez éloignée de la proportion de documents conservés et analysés. En effet, les documents ne citent pas tous des listes de religieuses présentes à l’abbaye : si les comptes conservés dans les archives de Saint-Jean pour le xve  siècle mentionnent régulièrement des listes de prébendes ­distribuées,

 AD SL H 1259 et H 1260 (comptes de l’abbaye pour les années 1400‒1401 et 1401‒1402).  Ainsi, si l’on prend l’exemple, extrême, de l’année 1104, aucune religieuse n’est attestée à Saint-Andoche, alors que onze le sont à Saint-Jean, grâce à un document conservé dans le chartrier de Marcigny, document par lequel l’abbesse autorise une des religieuses à quitter la communauté en faveur de l’abbaye clunisienne. 11  Il semblerait que Saint-Andoche soit entrée en crise au cours de la première moitié du xive siècle : le nombre de religieuses semble chuter, la documentation diminue nettement et quand Guillaume d’Auxonne décida en 1343 de faire quitter le prieuré Saint-Georges-desBois trop pauvre à cinq religieuses, il n’en envoya aucune à Saint-Andoche : une fut envoyée à Saint-Jean-le-Grand et les quatre autres dans des prieurés, deux à Saint-Julien-sur-Dheune et deux à Chaumes (Soc. Éd. D 4 Saint-Georges-des-Bois, 1343 ; A. de Charmasse, « Le prieuré de Saint-Georges-des-Bois près Autun », MSE, nv série, t. 6 (1877), p. 91‒93). 9

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La composition de la communauté

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FIG. 16. Comparaison des pourcentages de religeuses attestées et de documents conservés au cours du temps à Saint-Andoche et à Saint-Jean

et donc le nom de toutes les religieuses alors présentes dans l’abbaye, les obituaires, qui sont spécifiques au fonds de Saint-Andoche, fournissent de très nombreux noms de religieuses, mais sans qu’il soit possible de les situer dans le temps. Les actes de la pratique, quant à eux, sont moins prolixes de ce

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point de vue : seule une partie d’entre eux mentionne le nom des religieuses réunies au chapitre pour prendre les décisions rapportées par l’acte ; en outre, il n’est pas certain que toutes les religieuses aient participé chaque jour au chapitre12 ni surtout que le nom de toutes les présentes ait été systématiquement inscrit. Des mentions telles que « tant en noz noms comme nous faisans fors et prenans en main pour les autres religieuses dudit monastere », « pour nous et nous faisant fort pour toutes les religieuses du convent du dit monastère » ou plus simplement « et les autres religieuses du convent et monastère »13 en font douter ; l’absence de certaines religieuses au chapitre est d’ailleurs parfois explicitement mentionnée : « tant en noz noms comme nous faisant fort et prenons en main pour toutes les autres religieuses deudit monastere, absentes »14. b. Évolution au sein de chaque abbaye À Saint-Andoche

Une première remarque s’impose au sujet de Saint-Andoche  : sur certaines périodes, il y a une très forte distorsion entre le nombre moyen de religieuses attestées sur une décennie et le nombre maximal de religieuses attestées une année particulière de cette décennie (fig. 17). Ainsi, entre 1330 et 1339, le nombre moyen de religieuses attestées n’est que de 5,1 alors que l’on sait que 15 femmes y étaient religieuses en 1332 ; de façon moins marquée mais significative tout de même, entre 1490 et 1499, la moyenne est de 18,9 alors qu’en 1495 il y avait au moins 26 religieuses à l’abbaye. Entre 1400 et 1409, le nombre moyen de religieuses attestées est de 4,8 alors qu’elles étaient au moins 10 en 1406, et au moins 16 en 1407, même si deux d’entre elles sont décédées cette année-là  : les années 1406 et surtout 1407 sont bien renseignées grâce à des comptes qui dénombrent les prébendes distribuées et permettent donc d’établir une liste sans doute presque exhaustive des religieuses, tandis que lors des années précédentes, aucun document ne fournit de noms de religieuses autres que l’abbesse. Ces forts décalages prouvent à nouveau que les données sont incomplètes et que leur présentation ne permet de dégager que des tendances.

 Cf. chap. 5 III. 1. c. Le vœu de stabilité. Des religieuses qui s’absentent…  Respectivement AD SL H 965/2 et 3 (1497), H 957, fol. 28‒32 (1495 pour cet acte) ; AD SL H 795/1 (1447ns) ; AD SL H 803/6 et 7 (1491ns). 14  AD SL H 1013/3 (1495) par exemple. 12 13

La composition de la communauté

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FIG. 17. Nombre moyen et nombre maximum de religieuses attestées à Saint-Andoche (du milieu du xiii e à la fin du xv e siècle)

Quoi qu’il en soit, à Saint-Andoche, les religieuses n’ont sans doute jamais été plus de trente et probablement rarement moins d’une demi-douzaine, même au plus fort de la crise du xive siècle qui a conduit à une baisse assez sensible des effectifs tout au long de la seconde moitié du xive siècle. Cette crise peut être liée aux difficultés de ces temps – guerre et peste –, hypothèse confortée par la reprise de la seconde moitié du xve siècle qui semble tout aussi spectaculaire. À Saint-Jean

À Saint-Jean, la distorsion entre moyenne sur une décennie et nombre maximal de religieuses attestées est moins forte qu’à Saint-Andoche (fig. 18) ; les conclusions que l’on peut tirer des chiffres sont donc probablement plus fiables. On peut penser que les effectifs ont globalement moins varié à SaintJean qu’à Saint-Andoche, entre une demi-douzaine et deux douzaines de religieuses environ15. Un creux semble se dessiner dans la première ­moitié 15  En 1533, lors du décès de l’abbesse Claude de Rabutin (n°53), les religieuses étaient au nombre de vingt-quatre à Saint-Jean (AD SL H 1181, 1533).

134 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

du xive  siècle avec une reprise dès le milieu de ce siècle  ; toutefois, le manque de documentation, en particulier sur les sixième et septième décennies du xive siècle, masque l’ampleur de la reprise : a-t-elle été très nette ou seulement sensible ? Dès les toutes premières années du xve siècle, les religieuses étaient assez nombreuses, plus de 15 en moyenne sur la première décennie, 20 en 1402 ; il est vrai que ces années sont bien renseignées grâce à des comptes.

FIG. 18. Nombre moyen et nombre maximum de religieuses attestées à Saint-Jean (du milieu du xiii e à la fin du xv e siècle)

Il est probable que la vie à Saint-Jean était alors plus régulière qu’à SaintAndoche et que cette régularité suscitait plus de vocations en des temps troublés. En effet, à la fin du xiie siècle, des plaintes sur des désordres à Saint-Jean ont été portées à la connaissance du pape et, vraisemblablement à la suite de ces accusations, Honorius  III (1216‒1227) a commis Gauthier, évêque d’Autun (1190‒† vers 1223), pour travailler à sa réforme à l’aide des abbés d’Oigny et de Sainte-Marguerite16 – deux abbayes de chanoines réguliers 16  Cl.  Saulnier, Autun chrétien, Autun, 1686, p.  116  ; sur l’évêque Gauthier, cf.  J.  Madignier, Fasti ecclesiae gallicanae, t.  12  : Diocèse d’Autun, Turnhout, 2010, n°297 p. 110‒111.

La composition de la communauté

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augustiniens ; on peut donc penser qu’aux xiiie‒xive siècles, la vie religieuse à Saint-Jean avait retrouvé une rigueur et une régularité qui faisaient sans doute défaut à Saint-Andoche qui, à la fin du xiiie et au début du xive siècles, semble en outre avoir eu de sérieux problèmes financiers17. Quoi qu’il en soit, le nombre de religieuses dans ces deux abbayes semble avoir été relativement important si on le compare aux chiffres qu’Eileen Power a pu estimer pour les établissements féminins anglais dans la première moitié du xvie siècle : seuls 12 monastères abritaient alors plus de 20 religieuses sur les 111 qui ont fait l’objet d’une estimation, soit à peine plus de 10%18. Les effectifs, à Autun, sont proches de ceux qu’a constatés Bernard Delmaire pour l’abbaye des Prés qui comptait 23 moniales en 1447. D’après ce dernier, on peut, à partir de cette donnée, émettre l’hypothèse que l’abbaye des Prés abritait entre 40 et 50 religieuses au xiiie siècle, du fait de la forte diminution des effectifs dans les abbayes après 1350, soit un nombre assez semblable à celui qu’il constate pour cette période dans d’autres abbayes féminines du diocèse d’Arras19. Une telle extrapolation permettrait d’affirmer l’existence de deux communautés importantes – entre 40 et 60 religieuses – à Autun au xiiie siècle, mais la documentation est beaucoup trop parcellaire pour confirmer ou infirmer cette projection. Si on compare le nombre de religieuses à Autun à celui qui est connu pour le prieuré de La Celle, l’extrapolation devrait être plus importante encore, mais devient là fortement improbable : les effectifs à La Celle ont très fortement diminué entre le milieu du xiiie siècle et la fin du xve siècle puisqu’il a été divisé par presque six ; mais à La Celle sont intervenus des éléments qui n’ont pas existé à Autun, notamment le numerus clausus strict imposé par les difficultés économiques et les frictions entre le prieur et la communauté, ainsi que la fondation de quelques autres établissements féminins en Provence qui pouvaient accueillir certaines des jeunes filles qui voulaient prendre le voile20. 2. La « longévité » des religieuses de chœur au sein des abbayes Du fait de la faiblesse du nombre total de religieuses sur lesquelles des «  statistiques  » peuvent être réalisées, pour étudier la durée de leur

 Cf. chap. 3 III. 3. L’amodiation des revenus, de plus en plus fréquente.  E. Power, Medieval English Nunneries (c. 1275 to 1535), Cambridge, 1922, p. 3. 19  B. Delmaire, Le diocèse d’Arras de 1093 au milieu du xive siècle, Arras, 1994, t. 1, p. 218. 20  P.  L’Hermite-Leclercq, Le monachisme féminin dans la société de son temps, Paris, 1989. 17 18

136 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

présence attestée dans chacune des deux abbayes, il a fallu procéder à des regroupements, demi-siècle par demi-siècle entre 1250 et 1499. À  partir de onze années de durée attestée, les tranches sont de dix ans, tandis que pour une durée d’attestation plus courte, trois groupes ont été faits  : les religieuses qui ne sont attestées qu’à une seule reprise ont été mises à part – soit elles n’ont fait qu’un bref séjour à l’abbaye soit, plus probablement, elles ont été particulièrement discrètes au sein de la communauté – puis ont été comptabilisées celles qui sont attestées entre deux et cinq ans et entre six et dix ans. a. Comparaison globale entre les deux abbayes

Mise à part une proportion particulièrement importante de religieuses qui ne sont citées qu’à une seule reprise à Saint-Andoche21, le nombre d’années passées par les religieuses dans chacune des deux abbayes est relativement semblable (fig. 19). Notamment, plus de la moitié des religieuses sont attestées dans leur abbaye durant moins de cinq ans. Si l’on ne tient pas compte des religieuses qui ne sont attestées que dans un seul document – ce qui réduit l’étude à 80 religieuses pour SaintAndoche et 86 pour Saint-Jean –, près de 4 religieuses sur 10 sont attestées entre deux et dix ans, un peu plus de 3 sur 10 le sont entre 11 et 30 ans et 3 sur 10 environ ont été religieuses plus de 30 ans (fig. 20). Néanmoins, un plus grand nombre de religieuses ont vécu très longtemps – plus de 40 ans – à Saint-Andoche (treize religieuses) qu’à Saint-Jean (neuf religieuses), même si c’est une religieuse de Saint-Jean qui détient le record de longévité, au moins 75 ans : Jeanne de Clugny (n°88) était déjà religieuse en 1418, elle est devenue sacriste en 1437 – jusqu’en 1477 –, puis prieure en 1480, charge qu’elle occupait toujours en 1493 mais qui changea de mains l’année suivante. b. La « longévité » au sein de chaque abbaye À Saint-Andoche

À Saint-Andoche, si sur les périodes les plus anciennes (1250‒1349) la part des religieuses attestées moins de cinq ans est très largement majoritaire (de deux tiers à près de trois quarts), celle-ci diminue nettement ensuite  : un peu moins de la moitié au début du xve  siècle et moins du

21  Il s’agit assez souvent d’une mention non datée dans les obituaires, la religieuse pouvant alors être située dans le temps soit grâce à l’étude des mains les ayant rédigés soit grâce aux liens familiaux mentionnés.

La composition de la communauté

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FIG. 19. Répartition des religieuses de Saint-Andoche et de Saint-Jean selon leur durée de présence attestée (du milieu du xiii e à la fin du xv e siècle)

tiers à la fin du xve siècle. Parallèlement, mise à part la seconde moitié du xive siècle – période pour laquelle l’indigence des données ôte toute véritable ­signification –, la part des religieuses ayant vécu au moins trente ans à Saint-Andoche ne cesse d’augmenter au cours du temps.

138 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

FIG. 20. Répartition des religieuses de Saint-Andoche et de Saint-Jean selon leur durée de présence attestée (du milieu du xiii e à la fin du xv e siècle), à l’exclusion des religieuses qui ne sont attestées qu’à une reprise

Globalement, la longévité des religieuses de Saint-Andoche a augmenté au cours du temps (fig. 21). La meilleure documentation accroît le nombre d’attestations de religieuses et induit cette impression de plus grande longévité, mais cette évolution est très probablement aussi une réalité liée à une m ­ eilleure

La composition de la communauté

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santé et une meilleure alimentation des jeunes filles accueillies à l’abbaye. Il est d’ailleurs intéressant de noter que pour la période la mieux renseignée – seconde moitié du xve siècle – il y a un bon équilibre de chacun des groupes.

FIG. 21. Durée d’attestation des religieuses à Saint-Andoche selon les périodes (du milieu du xiii e à la fin du xv e siècle) À Saint-Jean

À Saint-Jean, l’évolution est moins nette, moins linéaire (fig. 22). La diminution de la part des religieuses ayant vécu moins de cinq ans à l’abbaye est similaire à celle qu’a connue Saint-Andoche : de trois quarts des religieuses en moyenne entre 1250 et 1349 à la moitié environ sur le siècle suivant et 30% dans la seconde moitié du xve siècle. En revanche, l’augmentation du nombre de religieuses âgées est moins nette  : celles qui ont vécu plus de 30 ans à Saint-Jean – et en particulier celles qui y ont vécu plus de 40 ans – sont beaucoup plus nombreuses dans la première moitié du xve siècle que dans la seconde moitié de ce siècle. Globalement toutefois, la longévité des religieuses a aussi augmenté à Saint-Jean sur la période étudiée, sans doute pour les mêmes raisons qu’à Saint-Andoche. La différence de longévité entre les religieuses de Saint-Jean et celles de Saint-Andoche – un peu plus faible chez les premières que chez les secondes – ne semble pas être uniquement tributaire des écarts de la documentation et rien ne permet de penser que les jeunes filles sont entrées plus tard à SaintJean qu’à Saint-Andoche22. Peut-être peut-elle s’expliquer par une moins

 Cf. chap. 1 I. 2. b. Quelques éléments sur l’âge de la prise de voile.

22

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bonne santé, donc un recrutement moins « huppé », et une moins bonne alimentation, donc une moins grande richesse, à Saint-Jean qu’à SaintAndoche.

FIG. 22. Durée d’attestation des religieuses à Saint-Jean selon les périodes (du milieu du xiii e à la fin du xv e siècle)

3. Des religieuses hors de l’abbaye Les religieuses vivant à l’extérieur des bâtiments éduens de l’abbaye appartenaient aussi à la communauté, même s’il n’est pas certain qu’Alice de Brazey (n°45) les ait comptabilisées parmi « lesdites religieuses qui sont en ladite abbaye ou autres qui sont ou nombre de soixante personnes »23. Certaines semblent avoir été des religieuses de chœur, mais d’autres, femmes mais aussi hommes, étaient des convers. Des religieuses de chœur dans les domaines ruraux ?

Jusqu’au xiiie  siècle, Saint-Andoche et Saint-Jean-le-Grand ont eu, semble-t-il, quelques religieuses dans des « prieurés » sis dans leurs domaines les plus éloignés, même si le statut de ces prieurés est mal connu24. Toutefois, seule Jacquette d’Outre-Loire (n°71) est attestée comme ayant vécu dans un de ces prieurés : elle était prieure de Saint-Parize-en-Viry. Par la suite, il est possible que, dans certains domaines importants, l’hôtel rural ait été géré par une religieuse demeurant sur place comme cela semble avoir été le cas pour Alice de Champrobert (n°84) puis Marguerite Peaul  AD SL H 1455/1 (1434).  Cf. chap. 3 III. 1. a. Des prieurés dans les domaines éloignés, jusqu’au xiiie siècle ?

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d’Oye (n°94) à Cirey25, mais cela n’est pas certain. Peut-être plus simplement une religieuse était-elle envoyée sur place quelques jours avant le déplacement de l’abbesse afin de préparer la venue de celle-ci Quoi qu’il en soit, une religieuse n’aurait jamais dû demeurer seule, même dans un domaine rural26. Les convers et converses

Des convers et converses, eux, sont bien attestés, en particulier à SaintAndoche  : ils recevaient 12  deniers au début du xive  siècle lors de l’attribution d’une nouvelle prébende et étaient parfois aussi mentionnés parmi les bénéficiaires de messes et anniversaires célébrés à l’abbaye27. Il ne s’agissait pas, ici, de religieux d’origine plus modeste que les religieuses de chœur, confinés à des tâches subalternes, comme dans les abbayes cisterciennes  ; il ne s’agissait pas non plus d’adultes illettrés qui entraient au monastère comme moines à part entière mais sans pouvoir prétendre aux ordres cléricaux comme à Cluny. Il s’agissait plutôt de personnes qui s’étaient données à l’abbaye, oblats volontaires28, qui semblent avoir vécu en dehors de l’abbaye, dans les domaines ruraux des abbayes. Comme les religieuses de chœur, ils devaient être acceptés par les religieuses réunies en convent  ; ainsi, en 1392, lorsque Gérard Moley, de Nanteuil, et son épouse Gilete (n°314 et 315) décidèrent de se donner à SaintAndoche en tant que convers, c’est l’ensemble du chapitre qui fut consulté et qui accepta leur demande, en échange de l’ensemble de leurs biens29. En effet, les convers, sans doute considérés comme une charge malgré les tâches qu’ils accomplissaient pour l’abbaye, semblent n’avoir pu le devenir qu’en échange d’une donation importante. Ainsi, à la fin du xiiie siècle, Renaud, doyen de Curgy, et son épouse Marion (n°309 et 310) ont donné leurs biens, sans doute tous leurs biens, lorsqu’ils sont entrés à Saint-Andoche comme convers : en

 Cf. chap. 3 III. 1. b. Les hôtels et les demeures aménagées pour recevoir les religieuses, à partir du xive siècle. 26   P.  Andrieu-Guitrancourt, L’archevêque Eudes Rigaud et la vie de l’Église au xiiie siècle, Paris, 1938, p. 173, p. 175. 27  AD SL H 708, fol. 33 et 32v. Cf. Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche, éd. cit., p. 245 et 244. 28  Cependant, à la différence des sainteurs de Belgique, ils ne semblent pas avoir dû une capitation et des taxes lors de leurs mariage et décès (A.-M. Helvétius, « Les sainteurs de l’abbaye de Crespin du xe au xiiie siècle », Revue belge de philologie et d’histoire, t. 66 (1988), p. 246) et ils semblent clairement avoir été de condition libre. 29  AD SL H 914/2 (1392). 25

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1301, peu après le décès de Renaud, sa fille Jeanne devait 20 sous de cens à l’abbaye pour les biens qu’elle avait pu recouvrer après avoir vraisemblablement fait une réclamation pour bénéficier du tiers des biens paternels, part d’héritage dont elle ne pouvait pas être privée en tant que descendante et héritière directe30 et qui était constituée de tiers de prés, de champs etc.31. De même, en 1305, Poncet et sa sœur Perrenette (n°311 et 312), convers, achetèrent une pièce de vigne à Volnay pour 10 livres, Poncet ayant d’ailleurs au moins un serviteur (pedissecus) qui a servi de témoin à l’acte d’achat32 : leur anniversaire était célébré à Saint-Andoche le 7 novembre, grâce à une rente de 20 sous assise à Chambolle-Musigny33. Ce n’est donc pas par dénuement que certains devenaient convers, mais sans doute par piété34  : certains prononçaient des vœux, comme Renaud, doyen de Curgy, et son épouse, Marion (n°309 et 310)35, tandis que d’autres promettaient de suivre la Règle de saint Benoît36, alors même que celle-ci ne définit pas de « statut » pour les convers. Ce « statut » était-il précisé dans un coutumier de l’abbaye ? Rien ne permet de l’affirmer ni de l’infirmer dans la mesure où un tel document n’est pas conservé. Cependant, on peut discerner l’attitude de l’abbaye envers eux, non seulement de leur vivant mais aussi après leur mort37  : probablement bénéficiaient-ils d’une sépulture à l’intérieur des murs de l’abbaye, même si ce n’était pas dans le cimetière des religieuses. Mais rien ne permet de déterminer la teneur des vœux prononcés ; ils ne faisaient pas vœu de chasteté dans la mesure où des couples furent convers ensemble, comme Constantin et son épouse Germaine (n°307 et 308) en 1234, Renaud, doyen de Curgy, et Marion à la fin du xiiie  siècle  J.  Bart, Recherches sur l’histoire des successions ab intestat dans le droit du duché de Bourgogne du xiiie à la fin du xvie siècle, Paris, 1966, p. 185. 31  AD SL H 915/2 (1301). 32  AD SL H 1160/4 (1305). 33  AD  SL H  708 et H  709 (07‒11). Cf.  Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche, éd.  cit., n°427, p. 220. 34  AD SL H 914/2 (1392) : certo devotionis actensus. 35  AD SL H 915/2 (1301) : tempore qui votum subierunt religionis religiosarum ipsarum. 36  AD SL H 914/2 (1392) : dicti conjuges conversi promiserunt per juramenta sua propter hoc ad sancta Dei euvangelia corporaliter data commodum et honorem dictarum religiosarum et dicti sui monasterii facere et procurare et dampnum evitare eorum posse et bonam obedienciam observare et alia facere et complere que ad boni et fideles conversi officium et statutum noscuntur secundum beati Benedicti pertinere. 37  AD  SL H  914/2  (1392)  : dicte religiose abbatisse et conventus predicti ipsos Girardum et Giletam conjuges retinerunt et reciperunt ac admiserunt in conversos suos et dicti monasterii sui et dictis conjugibus in vita et in morte. 30

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ou Gérard Moley et Gilete (n°314 et 315) à la fin du xive siècle38, même si Adelene (n°313), dont l’anniversaire était célébré le 10 mai, était peut-être devenue converse après le décès de son époux Guienaz39. Gérard Moley et Gilete au moins ont conservé, leur vie durant, l’usufruit des biens qu’ils donnèrent à l’abbaye40 ; les convers ne faisaient donc sans doute pas non plus vœu de pauvreté. En revanche, ils faisaient probablement, tout comme les religieuses, vœu d’obéissance et devaient accomplir les différentes tâches que les religieuses leur attribuaient. Cependant, ces tâches sont mal connues. Dans l’obituaire du début du xive siècle, les convers et converses sont mis sur le même plan que les doyens et prévôts41, ce qui est étrange. Toutefois, il est vrai que la plupart des convers et converses de Saint-Andoche connus habitaient au centre des domaines ruraux de l’abbaye et jamais à Autun  : Constantin et Germaine (n°307 et 308) étaient à Merceuil42, Renaud et Marion (n°309 et 310) puis Gérard Moley et Gilette (n°314 et 315) étaient à Curgy43, Perrenette (n°312), sœur de Poncet (n°311), était à La Chapelle-de-Volnay. En 1273, les religieuses imposèrent à Hugues Boisserand (n°787) auquel elles amodièrent leur domus de Sancto Patricio d’y entretenir un couple de convers44. On peut donc se demander si aux xiiie et xive  siècles, les religieuses de Saint-Andoche ne se faisaient pas représenter dans leurs principaux domaines par un couple de convers pour y affirmer l’autorité de l’abbaye à travers non seulement des représentants laïcs rémunérés, mais aussi des représentants ayant prononcé des vœux à l’abbaye. Cela pourrait expliquer que les convers de Saint-Andoche semblent avoir appartenu au moins à la catégorie des paysans aisés et non à celle des paysans pauvres devant simplement cultiver les terres pour les religieuses. Il s’agirait alors de beaucoup plus que de simples serviteurs.

 Respectivement AD  SL H  1013/1  (1234), AD  SL H  915/2  (1301) et AD  SL H 914/2 (1392). 39  AD SL H 708 et H 709, BM A P 088 (10‒05). Cf. Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche, éd. cit., n°182, p. 176. 40  AD SL H 914/2 (1392). 41  AD SL H 708, fol. 33, H 709, fol. 28v : « Item li dyens, li prevoz, li convers et les converses, chascuns XII d. ». Cf. Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche, éd. cit., n°553, p. 245. 42  AD SL H 1013/1 (1234). 43  AD  SL H  915/2  (1301) d’une part et H  914/2  (1392) et H  722/2, fol.  4, 15v, 24v (1407‒1408) d’autre part. 44  AD SL H 1064/1 et 2 (1273ns). 38

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Les convers de Saint-Jean sont nettement moins bien connus, mais ils semblent avoir eu un rôle similaire à ceux de Saint-Andoche. Ainsi, en 1354, Renaud dit Brulez de Cervey (n°316) donna tous ses biens mais aussi son travail au profit de l’abbaye sa vie durant, afin d’être entretenu par l’abbaye qui lui devait le boire, le manger et le vêtir, qu’il soit en bonne santé ou malade, puis d’être ensépulturé dignement par les religieuses ; il promit de ne rien faire qui ne lui soit commandé ou autorisé par les religieuses45. II. Les officières et les abbesses Les abbayes Saint-Andoche et Saint-Jean étaient moyennes sur le plan de leur effectif, et il n’y avait que peu de charges d’officière autres que celle d’abbesse. Seules deux autres charges semblent avoir existé de façon continue, celle de prieure et celle de sacriste, mais leurs titulaires ne sont pas toutes connues. 1. Les différentes charges d’officières a. La prieure

La prieure avait un rôle d’assistance de l’abbesse dans toutes les affaires de l’abbaye, plus particulièrement dans la gestion interne de la clôture. Quand l’abbesse devait s’absenter, elle la remplaçait. La prieure est d’ailleurs toujours citée en deuxième position dans les listes de religieuses réunies au chapitre ou de prébendes à distribuer ; dans ce second cas d’ailleurs, ni l’abbesse ni la prieure n’était désignée par son nom, mais seule leur charge était mentionnée. Toutefois, en 1499, alors que l’abbesse de Saint-Jean, Perrenelle de Vienne (n°52), était absente, la prieure Philippe de Clugny (n°89) ne pouvait pas prendre les décisions essentielles à la vie de l’abbaye et, avec d’autres religieuses, mit en avant une simple religieuse que l’évêque autorisa à prendre ces décisions46. Mis à part cet exemple qui illustre une situation alors grave pour l’abbaye – l’autorité et la position de l’abbesse furent remises en question –, aucun document ne mentionne le rôle d’une prieure, que ce soit de façon théorique ou pratique.

 AD SL H 1525/1 (1354).  AD SL H 1179/2 (1499).

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b. La sacriste

La fonction de sacriste est beaucoup mieux connue que celle de prieure car des revenus spécifiques lui étaient attribués et son rôle est souvent mentionné notamment lors des fondations d’anniversaire. En effet, la sacriste était en charge de tout ce qui était lié à l’organisation matérielle des offices, ce qui induisait des dépenses relativement importantes. Dans la partie « pitancier » des deux obituaires les plus anciens de SaintAndoche, plusieurs feuillets sont consacrés à la sacriste47. Ainsi, la sacriste devait fournir le luminaire habituel du grand-autel tout au long de l’année, notamment un cierge, d’un huitième ou d’un septième de livre selon l’époque de l’année, qui devait brûler sur le grand-autel toute la nuit, deux cierges pour chacun des principaux offices quotidiens – matines, tierces, messe et vêpres –, de trois à sept cierges pour la messe dominicale selon son degré de solennité. Mais elle devait aussi fournir un luminaire supplémentaire lors des grandes fêtes, de 4 à 32 cierges d’un tiers de livre48, ainsi qu’une chandelle d’une livre à chaque religieuse lors de dix fêtes, toutes situées lorsque les jours sont courts, entre le 24 septembre et le 2 février49. Dans ce but, la sacriste percevait certains revenus en tant que titulaire de cet office : elle percevait une partie des offrandes des messes générales et des anniversaires et elle recevait 20 setiers, 16 de froment et 4 de seigle, pour les 46 livres de cire qu’elle devait fournir à Senailly, Ormancey, Merceuil, Ciry, La Chapelle-au-Mans et Outre-Loire50. D’autres documents témoignent de ce statut « privilégié » de la sacriste qui avait des revenus spécifiques. Ainsi, en 1334, l’abbaye Saint-Andoche acheta une pièce de vigne à La Chapelle-de-Volnay « au nom et pour l’œuvre de Guiotte de Drées, sacriste et moniale » (n°74)51 ; le but était sans doute d’acenser cette pièce de vigne et que les revenus en aillent à la sacriste pour  AD SL H 708, fol. 32‒32vs, H 709, fol. 27‒28. Cf. Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche, éd. cit., n°545‒551, p. 243‒245. 48   4 cierges pour la Saint Pierre, les fêtes des Apôtres, la Madeleine, la Saint Nazaire, la Saint Laurent, la trentaine de la Saint Andoche ; 12 cierges pour la principale fête de saint Andoche, le 24 septembre. 49  Saint Andoche, Saint Michel, Toussaint, Trinité, Noël, Saint Jean l’Évangéliste, Nouvel an, Épiphanie, Chandeleur, Saint Ladre. 50  AD SL H 708, fol. 32‒32v, H 709, fol. 27‒28. Cf. Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche, éd. cit., n°545‒551, p. 243‒245. 51   nomine et ad opus Guiete de Drees, sacriste et moniali dicti loci (AD SL H 1160/5, 1334). En 1340, cette Guiotte de Drées acquit, pour 100 sous tournois, la moitié d’un pré sur l’Arroux, mais on ne sait pas si cette acquisition était personnelle ou si elle agissait en tant que sacriste (AD SL H 808/7, 1340). 47

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sa charge ; une redevance en nature, en vin, peut même être envisagée, pour fournir une partie du vin de messe. Un peu plus tard, un acte mentionne que la sacriste recevait une rente de 6 sous dijonnois sur une maison du bourg Saint-Andoche située près du four banal52. Certaines redevances étaient ainsi dues à la sacriste et non à l’abbaye : à la fin du xiiie siècle, pour l’amodiation de la domus de Saint-Parize-en-Viry, Hugues Boisserand (n°787) devait, entre autres, 10 livres de cire à la sacriste, pour les chandelles et cierges de l’église53 ; trois quarts de siècle plus tard, lors d’une nouvelle amodiation des revenus entre Loire et Allier, le preneur devait 20 livres de cire par an, sans doute toujours à la sacriste même si cela n’est pas précisé54. À Saint-Jean aussi la sacriste possédait des revenus propres ; ainsi, en 1488, « une pièce de terre appellée La Secretainerie contenent deux journaulx de terre », sise à Autun, fut acensée à son profit pour 3 boisseaux de froment mesure d’Autun à payer à la Saint Martin55. En 1429 d’ailleurs, Guillaume Volu (n°376), successivement chapelain, procureur et receveur pour SaintJean, donna à la sacriste deux pièces de terre pour une augmentation du luminaire et pour « participer aux prières et oraisons qui se faisoient nuit et jour dans ladite abbaye »56. La sacriste percevait aussi les offrandes faites à l’église paroissiale Saint-Jean et dans la chapelle Saint-Martin57. La sacriste recevait souvent de l’argent lors de la célébration d’anniversaires, généralement 6 blancs ou un gros58 ; parfois, la somme était plus

 AD SL H 761/2 (1327).  AD SL H 1064/1 et 2 (1273). 54  AD SL H 940/1 (1347ns). 55  AD SL H 1202/1 (1488). Il s’agit peut-être d’une des terres données à la sacriste pour son office par le grand-père de Geoffroy Anthouard, sans doute au début du xve siècle (Soc. Éd. D 4-H terrier de Saint-Jean, fol. 27v, 1480). 56  Soc. Éd. D 4 reg. 75 XXII, I, 17 (1429). 57  Soc. Éd. D 4 reg. 75 XXII, III, 2 (1643) ; tout le début de la notice précédente qui résume un acte de 1408 a disparu, mais il y est aussi question des offrandes de l’église paroissiale et de la chapelle Saint-Martin ; il est donc vraisemblable qu’on y précisait déjà qu’elles revenaient à la sacriste à cette date. 58   6 blancs pour les anniversaires de Jeanne de Clugny (n°88), Drouines des Barres (n°305), Guillaume Humbelot et sa femme Françoise Champris, Philippe de Clugny (n°89), Jeanne de Tenarre alias de Soubterrain (n°283), Jeanne Nagu (n°280), Simonnet Segault (n°1026). 1  gros pour ceux de N. de Montjeu, Antoinette de Seneret (n°299), Antoinette de Marcilly (n°47), Jean Girard, Jeanne ou Alice de Brazey (n°41 ou 45), Jean Pariset, Marguerite de La Bussière (n°46), Philippe(?) Anthouard, Henri Boussand, Françoise de Chaudenay (n°54), Jean Jodon (n°378), Pierre Volu (n°377), Marguerite de Mignart et sa nièce, Jean d’Arroux (n°961), Jacquette de Cussigny (n°270), Jeanne de Marcilly (n°267), Louise de Faulain (n°276), Humbert 52 53

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importante encore, 2 gros pour l’anniversaire de Jean Hue (n°960), doyen d’Autun, et même 3  gros pour celui de Jean Surtin (n°612), procureur et curé de Saint-Jean59. Perrenelle d’Oiselet (n°95), elle-même sacriste de Saint-Jean, a prévu une somme d’un gros pour la sacriste qui devait fournir « deux torches, deux cierges et l’enssent »60 ; de même, Pierre Volu (n°377) ou Antoinette de Marcilly (n°47) prévoyaient un gros pour le pain, le vin et le luminaire fournis par la sacriste lors de leur anniversaire61. Claude de Bernault (n°50), quant à elle, offrit une rente non en argent mais en poissons, 24 harengs, pour la sacriste, lorsqu’elle fonda un anniversaire pour sa tante Huguette (n°49)62. Enfin, quand Jean Charnot (n°676), prévôt de NotreDame d’Autun et abbé de Saint-Étienne-l’Étrier, augmenta l’anniversaire de Marie de Marcilly (n°51) en 1498, il décida d’un versement de 4 gros à la sacriste « à cause de son office de secretainerie pour les charges dessusdictes », à savoir fournir « une belle representation de drap noir couvert de herbes et violettes et une aigue benoistes et ung aspergier aux piedz sur une scabelle ou plus hault et quatre cierges ardant et ung cierge pour offrir pour ladicte abbesse ou prieuse ainsy que dict est aussy fournir lesdictz pain vin cymaisere submettes et autres choses necessaires et ung cierge pour les vigilles des presbtres »63. À Saint-Jean, la sacriste devait également percevoir 3  francs annuellement de la confrérie Saint-Jean, née dans la deuxième moitié du xive siècle et installée dans l’église paroissiale dépendant de l’abbaye, pour l’« administration des vestemens, de luminaire, de pain et de vin et autres administracions necessaires au divin office pour toute l’année »64. Les suppléments reçus par la sacriste semblent donc justifiés par d’importantes charges. c. Quelques autres fonctions

Dans toute communauté, il y avait une chantre qui dirigeait les chants à la messe, mais cette charge ne semble pas avoir été officielle à Saint-Andoche

Bobin (n°652), Marie de Marcilly (n°51), Philippe des Forestiers (n°1023), Philiberte de Damas (n°303) avec sa sœur Thomasse (n°306) et sa nièce Claude de Saint-Prix (n°304). 59  AD SL H 1253/1 (récapitulatif de 1525). 60  AD SL H 1253/1 (1525). 61  Soc. Éd. D 4 reg. 75 xxii, I, 20 (1443) et D 4 reg. 75 xxii, I, 24 (1474). 62  Soc. Éd. D 4 reg. 75 xxii, I, 28 (1494ns). 63  AD SL H 1293/3, fol. 60‒66v = 11 G 2 1e série (1498). 64  AD SL 11 G 2 1e série, fol. 1v. Cf. chap. 6 I. 2. c. Les confréries.

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et Saint-Jean dont aucune religieuse n’est mentionnée en tant que telle. Toutefois, Jean Charnot (n°676), prévôt de Notre-Dame d’Autun et abbé de Saint-Étienne-l’Étrier, mentionnait cette fonction quand il augmenta l’anniversaire de Marie de Marcilly (n°51), abbesse de Saint-Jean : lors de la messe anniversaire, la chantre devait entonner le Dies illa dies irae et l’ensemble des religieuses lui répondre65. Une religieuse, Huguette d’Aimanges (n°21), est qualifiée de « receveresse »66 dans un compte de Saint-Andoche qui pourtant ne cesse de mentionner des receveurs masculins. Mais on peut se demander si ce qualificatif traduit une charge réelle ou est simplement lié aux circonstances : c’est elle qui a collecté les cens dus le 25 mars 1408 sur le curtil de feu Colin de La Corvée et sur la maison de feu Jean Legoul. Une sous-prieure fit aussi brièvement son apparition à Saint-Andoche comme à Saint-Jean dans la première moitié du xvie siècle, de même qu’apparurent une trésorière et une cellérière à Saint-Jean, sans doute à l’occasion d’une remise en ordre de l’abbaye, mais aussi parce que le nombre de religieuses semble avoir alors légèrement augmenté. Le nombre d’officières identifiées dans les abbayes éduennes est donc très faible67, alors que, au milieu du xiie siècle, Abélard affirmait que « sept personnes seront nécessaires et suffisantes pour administrer les affaires du monastère »68, l’abbesse, la chantre, la sacriste, la cellérière, la portière, l’infirmière et la couturière. Peut-être à Autun certaines charges étaient-elles remplies par des religieuses particulières, sans que ce rôle ait un caractère suffisamment officiel pour donner lieu à une désignation spécifique pour leur détentrice ; peut-être également ces charges étaient-elles remplies à tour de rôle, chaque semaine, par des religieuses différentes. d. Devenir officière

Un seul exemple de succession à un office est connu, en 1493 à SaintJean : la prieure Jeanne de Clugny (n°88) résigna sa charge en faveur de Philippe de Clugny (n°89), sans aucun doute une proche parente. D’autres

 AD SL H 1293/3, fol. 60‒66v = 11 G 2 1e série (1498).  AD SL H 1625, fol. 5v (1407‒1408). 67  En Angleterre, même dans des établissements monastiques plus petits, un plus grand nombre d’offices était réparti entre les religieuses (E. Power, Medieval English Nunneries, op. cit., p. 131‒134). 68   Abélard, Lettre  VIII, E.  Hicks et Th.  Moreau (éd. et trad.), dans Lettres d’Abélard et Héloïse, Paris, 2007, p. 410‒411. 65

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traces de népotisme existent toutefois : Jacquette de Vaux (n°81) succéda à Isabelle de Vaux (n°80) comme prieure de Saint-Jean ; il n’est pas possible de savoir s’il y a eu, là aussi, résignation, si la première a appuyé la candidature de sa parente peu avant de mourir ou si Jacquette de Vaux avait effectivement des prédispositions pour seconder l’abbesse. Il est difficile de ne pas penser que l’accession au prieurat de Yolande d’Oigny de Dornay (n°79) n’a pas été favorisée par sa sœur Jeanne d’Oigny de Dornay (n°39), abbesse. Mais, en réalité, rien ne permet de savoir précisément comment une religieuse devenait officière à Saint-Andoche et Saint-Jean. Il ne semble pas que l’ancienneté ou l’expérience aient joué un rôle69, mais était-ce un choix de l’abbesse, du chapitre, de l’une ou de l’autre selon les circonstances ? De même, rien ne permet d’émettre des hypothèses sur les critères sur lesquels se faisaient les choix. Quoi qu’il en soit, il ne semble pas qu’une officière ait eu réellement plus de chance d’être élue abbesse qu’une simple religieuse. Des enjeux de pouvoir très importants se manifestaient lors de l’élection abbatiale et le contexte extérieur et la puissance des familles semblent avoir prévalu, au moins dans certains cas, sur toute autre considération. 2. Les abbesses : mode de désignation La désignation d’un nouveau supérieur était, et est d’ailleurs toujours, un temps fondamental dans une abbaye, d’autant que l’abbatiat est une charge à vie. La nouvelle promue devait diriger à la fois le monastère et les religieuses pendant des années voire des dizaines d’années, sans que les moniales ne puissent s’affranchir de son autorité. Cette désignation pouvait soit être interne par un choix libre de celles qui étaient les premières concernées, les religieuses, soit être imposée de l’extérieur par des pressions laïques ou ecclésiastiques. Deux exemples de succession abbatiale à Saint-Jean montrent ces deux aspects et la lutte d’influence entre les religieuses et ceux qui pouvaient faire pression sur elles.

 Au prieuré de La Celle, étudié par Paulette L’Hermite-Leclercq, c’est leur ancienneté dans l’établissement qui permettait aux religieuses d’obtenir une charge, hormis celle de prieure (P.  L’Hermite-Leclercq, Le monachisme féminin dans la société de son temps, op.  cit., p. 217‒218). En Angleterre, les officières étaient choisies parmi les plus anciennes ou les plus expérimentées (E. Power, Medieval English Nunneries, op. cit., p. 131 sq.). 69

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a. Deux exemples à Saint-Jean : Huguette de Bernault en 1474 et Perrenelle de Vienne en 1496

Ces deux successions abbatiales difficiles se sont déroulées à la fin du xve siècle à Saint-Jean et sont assez bien connues par des séries d’actes qui en relatent certains épisodes. La succession abbatiale d’Antoinette de Marcilly

La succession abbatiale d’Antoinette de Marcilly (n°47), décédée en 1474 à Saint-Jean-le-Grand, a engendré des contestations qui sont à l’origine de nombreux actes, officiels ou non, retranscrits en partie par un notaire public et juré de la curie épiscopale, Jean d’Aiguemortes (n°550), ce qui permet d’en suivre les péripéties dans de nombreux feuillets d’un de ses registres70. Ces notes ne sont pas classées selon un ordre chronologique et elles sont parfois entrecoupées par d’autres actes ; aucune logique n’apparaît de façon évidente. Le 11 juin 147471, dix jours après l’inhumation d’Antoinette de Marcilly (n°47)72 – religieuse à Saint-Jean depuis 1436 au moins et abbesse depuis 145273 –, les religieuses de Saint-Jean-le-Grand se réunirent pour choisir leur nouvelle abbesse, en présence de Jean de Montchanin, chanoine et représentant du cardinal-évêque Jean Rolin74, et de témoins. Une des religieuses, Jeanne de Clugny (n°88), sacriste75, se leva et proposa de nommer abbesse Huguette de Bernault (n°49), la prieure76, choix qu’elle justifiait par le fait qu’Huguette de Bernault était « avancée en âge, pleine de zèle religieux, de mœurs honnêtes, de noble extraction par ses deux parents, religieuse à SaintJean depuis de nombreuses années, vivant de façon louable dans la conversion ». De nombreuses dames acquiescèrent et l’élection était alors quasiment réalisée, quand une autre religieuse, Jacquette de Cussigny (n°270)77, se leva à son tour et proposa Louise de Rabutin (n°48), une religieuse étrangère à

 AD SL 3 E 3/2, fol. 133‒162v, 169‒171v, 178‒183 et 191v (1474).  AD SL 3 E 3/2, fol. 133‒135v, 137‒138v, 140‒141v, 144 (résumé). 72  AD SL 3 E 3/2, fol. 133, 151, 153. 73  AD SL H 1324/9 (1436) ; H 1170 xx, vii, 13 (1452) et H 1208/2, fol. 25 (1452). 74  Il était aussi curé de Chiddes (AD SL 3 E 3/2, fol. 121v). Cf. J. Madignier, Fasti, t. 12 : Autun, op. cit., n°933 p. 299. Sur Jean Rolin, cf., notamment, Ibid., n°628 p. 146‒151. 75  Elle était la plus ancienne des religieuses  : elle était à Saint-Jean depuis 1418 au moins (AD SL H 1264) et sacriste depuis 1437 (AD SL H 1437/3). 76  Elle était religieuse à Saint-Jean depuis 1444 au moins (AD SL H 1229, fol. 15) et prieure depuis 1466 (AD SL H 1317/12). 77  Elle était religieuse à Saint-Jean depuis 1444 au moins (AD SL H 1229, fol. 15). 70 71

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la communauté78. Face à l’absence d’unanimité, les religieuses décidèrent de procéder à un vote, après avoir désigné trois scrutatrices, Jeanne de Clugny et Jacquette de Cussigny qui avaient été à l’origine des deux propositions et Alice de Clugny (n°265) – sans doute parente de la première – qui était la plus ancienne des religieuses de l’abbaye après Jeanne de Clugny79. Après que chaque religieuse fut venue déposer son vote dans leur oreille et qu’elles-mêmes se furent déplacées auprès d’Agnès de Loges (n°274), alitée, pour recueillir son choix, ces scrutatrices annoncèrent les résultats devant la communauté  : Huguette de Bernault recueillait huit voix80, Louise de Rabutin sept81 et Louise de Bernault (n°269), sœur d’Huguette de Bernault, une seule82. Huguette de Bernault fut donc proclamée abbesse, en présence du cardinal-évêque Jean Rolin qui venait de pénétrer dans la salle capitulaire. Toutefois, face aux protestations de certaines religieuses qui défièrent l’évêque de bénir cette élection, celui-ci hésita et déclara que, pour le bien de l’Église et de l’abbaye, mieux valait différer l’annonce de quelques jours afin qu’un esprit de réconciliation prévale. Le 13 juin83, les religieuses, ayant décidé la veille de renouveler l’élection84, se retrouvèrent, mais celles qui avaient voté pour Louise de Rabutin déclarèrent faire appel de l’élection auprès du pape  ; c’est pourquoi six religieuses quittèrent la salle capitulaire, refusant de participer à cette nouvelle élection dont les résultats furent dès lors sans surprise : huit voix pour Huguette de Bernault, une pour Louise de Bernault et une pour Louise de Rabutin – celle d’Agnès de Loges qui, toujours alitée, n’avait pas quitté la salle capitulaire avec ses consœurs et avait pu voter puisqu’on était allé recueillir son suffrage. Les religieuses demeurées pour le vote intronisèrent donc Huguette de ­ Bernault

  Âgée 19 ans, elle était alors religieuse au prieuré de Saint-Julien-sur-Dheune, prieuré dont elle devint prieure en 1511 (BnF Fçs 4078, fol. 72v, 74). 79  Elle était religieuse depuis 1436 au moins (AD SL H 1324/9). 80  Louise de Bernault (n°269), Louise Nagu (n°278), Marguerite Coignarde (n°282), Perrenelle d’Oiselet (n°95), Jeanne Nagu (n°280), Philippe de Clugny (n°89), Jeanne de Clugny (n°88), Alice de Clugny (n°265). 81   Jeanne Testefort (n°275), Étiennette de Cussigny (n°280) et sa sœur Jacquette de Cussigny (n°270), Marie de Marcilly (n°51), Philiberte de Marcilly, Jeanne de Souterrain (n°283), Agnès de Loges (n°274). 82  Sa sœur Huguette de Bernault (n°49) qui n’a pas voté pour elle-même. 83  AD SL 3 E 3/2, fol. 136‒136v, 137‒138v, 139, 139v, 142‒143, 144v (résumé), 147‒148v, 149‒150v, 151‒152v, 153‒156. 84  AD SL 3 E 3/2, fol. 156‒156v. 78

152 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

avant de rédiger une lettre à l’évêque dans laquelle elles le priaient « de confirmer et approuver [leur] élection avec miséricorde, d’établir à la tête de [leur] monastère ladite dame Huguette élue par [elles] et de lui concéder la dignité abbatiale, le soin, la direction et l’administration de ce monastère pour le spirituel et le temporel pour que l’observance régulière fleurisse au nom de Dieu sous sa direction heureuse et que croissent les choses spirituelles et temporelles »85. Le cardinal Rolin rédigea donc une missive destinée à tous les ecclésiastiques et notaires du diocèse pour confirmer et bénir l’élection d’Huguette de Bernault mais, ayant conscience des oppositions qui persistaient, il invita les religieuses opposantes à se présenter devant lui afin de lui soumettre leurs motifs de désaccord86. Le 23 juin87, les représentants d’Huguette de Bernault relatèrent les faits en soulignant que les religieuses qui avaient voté pour Louise de Rabutin lors du premier vote s’étaient volontairement retirées du second et en insistant à la fois sur les qualités de l’impétrante et sur son installation officielle dans la chaire abbatiale dans le chœur de l’église. Les représentants de Louise de Rabutin, eux, affirmèrent que ni l’élection ni la publication des résultats du premier vote n’étaient valables. Le même jour88, suite à l’appel interjeté dix jours plus tôt, le pape Sixte IV aurait rédigé des lettres de provision pour l’abbaye en faveur de Louise de Rabutin, choix qu’il aurait justifié par le mérite de cette jeune religieuse à laquelle il aurait toutefois ordonné d’adjoindre une religieuse plus âgée et plus expérimentée89. Deux abbesses accèdèrent donc en même temps à la tête de Saint-Jeanle-Grand, l’une par l’élection de ses sœurs et l’autre par l’autorité pontificale, sollicitée par d’autres religieuses. Le 20 août90, sans doute pour tenter de régler le problème, le cardinal-évêque d’Autun, Jean Rolin, délégua son fils Pierre, archidiacre d’Autun et protonotaire pontifical91. Celui-ci, après avoir consulté la bulle de Sixte IV en faveur de Louise de Rabutin et procédé à une enquête sur cette religieuse, décida de lui faire provision de l’abbaye en

 AD SL 3 E 3/2, fol. 152v.  AD SL 3 E 3/2, fol. 145‒145v, 146‒146v. 87  AD SL 3 E 3/2, fol. 157‒162. 88   BnF coll. Moreau 819, fol. 120‒121. 89  C’est ainsi que les choses sont présentées dans le dossier, mais d’après Timothy Salemme (discussions) à l’époque la provision des abbayes ne relevait pas du seul pape. 90  AD SL 3 E 3/2, fol. 178‒180. 91  Cf. J. Madignier, Fasti, t. 12 : Autun, op. cit., n°742 p. 351. 85 86

La composition de la communauté

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lui adjoignant Étiennette de Cussigny (n°281)92 afin de la soutenir jusqu’à ce qu’elle ait vingt-cinq ans. Louise de Rabutin devait être mise « en possession réelle, concrète et pratique dudit monastère et de ses droits et dépendances » par l’ensemble des religieuses de l’abbaye dans les six jours, sous peine d’excommunication, de suspension et d’interdit, ce qu’il proclama le lendemain devant l’église paroissiale Saint-Jean-Baptiste93. Le 30  août94, il convoqua ecclésiastiques et notaires afin d’excommunier Huguette de Bernault. Pourtant, quinze jours plus tard95, c’est en tant qu’« abbesse du monastère Saint-Jean-Baptiste dans le bourg d’Autun de l’ordre de Saint-Benoît », qu’Huguette de Bernault envoya à l’archevêque de Besançon, Charles de Neufchâtel, des lettres de présentation pour la cure Saint-Michel de Groson vacante, cure à la collation de Saint-Jean. Sans doute Huguette de Bernault cherchait-elle alors à impliquer une nouvelle autorité ecclésiastique pour donner plus de poids à ses revendications ; en effet, si l’archevêque répondait favorablement à cette présentation, elle pourrait s’en prévaloir pour affirmer qu’elle avait pris des décisions liées à la charge abbatiale et que celles-ci avaient été reconnues et approuvées par un archevêque. Le conflit n’était toujours pas résolu un mois et demi plus tard, le 27 octobre96, lorsque l’évêque ordonna, « pour pacifier une discorde mouvant entre Huguette de Bernaut abbesse du monastère Saint-Jean-Baptiste dans le bourg d’Autun et Louise de Rabutin aussi abbesse de ce monastère », que, dans les trois jours, soient rendues à chaque partie toutes les pièces qu’elles avaient versées au dossier. Est-ce parce que le litige devait être porté à un niveau supérieur que les parties réclamaient ces pièces dont elles auraient alors besoin ? Jean d’Aiguemortes (n°550) n’a pas copié les actes permettant de continuer à suivre les péripéties de cette élection. Quoi qu’il en soit, c’est Huguette de Bernault et celles qui l’avaient majoritairement élue qui eurent finalement gain de cause puisque Louise de Rabutin disparaît totalement des actes de Saint-Jean-le-Grand et était prieure de Saint-Julien-sur-Dheune en 151197, tandis qu’Huguette de Bernault fut

 Il semble pourtant qu’Étiennette de Cussigny n’était arrivée que très récemment dans l’abbaye, puisqu’elle apparaît pour la première fois en tant que religieuse de Saint-Jean lors de cette élection. 93  AD SL 3 E 3/2, fol. 180v‒182, 182v‒183. 94  AD SL 3 E 3/2, fol. 182v‒183. 95  AD SL 3 E 3/2, fol. 183v‒184. 96  AD SL 3 E 3/2, fol. 191v. 97   BnF Fçs 4078, fol. 72v, 74 (1511). 92

154 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

à plusieurs reprises qualifiée d’abbesse de Saint-Jean-le-Grand de 1476 à 147998 ; en 1480, elle transmit l’abbatiat à sa nièce Claude de Bernault (n°50). Alors qu’Huguette de Bernault a été portée à l’abbatiat par la volonté de ses sœurs qui l’ont élue à la majorité, une vingtaine d’années plus tard, Perrenelle de Vienne (n°52) ne devint abbesse que par une volonté extérieure, celle de sa famille. La difficile accession à l’abbatiat de Perrenelle de Vienne

La succession abbatiale de Marie de Marcilly (n°51) – religieuse à SaintJean depuis 1474 et abbesse depuis 149399 – est d’autant plus étrange qu’elle a lieu avant même le décès de celle-ci puisque le 4 septembre 1496, l’official d’Autun lui ordonnait de se désister de la dignité abbatiale de Saint-Jeanle-Grand dans les six jours, dignité abbatiale qu’il ne lui reconnaissait d’ailleurs pas puisqu’il la qualifiait seulement de «  religieuse  »100. C’est une autre, Perrenelle de Vienne (n°52)101, que l’official qualifiait d’« abbesse du monastère Saint-Jean-le-Grand de la cité d’Autun », Perrenelle de Vienne qui lui avait présenté « de bons titres justes et canoniques tant de l’autorité apostolique que d’autre »102 ; Marie de Marcilly apparaissait donc comme une usurpatrice. Elle avait pourtant été élue abbesse de Saint-Jean-le-Grand trois ans plus tôt et cette élection avait été confirmée par l’évêque d’Autun, Antoine de Chalon103, auquel elle avait prêté serment de fidélité le 11 septembre 1493, en présence de la plupart de ses religieuses104. En mai et juin 1496105, elle exerçait d’ailleurs toujours la charge abbatiale sans encombre. Aucune faute grave ne semble lui avoir été imputée qui puisse justifier qu’entre-temps elle ait été démise de sa charge et qu’une autre ait été élue à sa place – une telle faute serait indubitablement au moins évoquée par l’official qui appuierait alors sa volonté sur une décision épiscopale.

98  AD SL H 1169 II, 19 (1476), H 1266 (1476), H 1267 (1476), H 1169 II, 20 (1477), H 1169, III, I, 23 (1478), H 1617/1 (1479). 99  AD SL 3 E 3/2, fol. 133‒162v, 169‒171v, 178‒184 et 191v (1474) et G 432, fol. 91 (1493 : elle prêta serment de fidélité à l’évêque le 11 septembre), H 1174/1 (1493), H 1183 (1493). 100  AD SL H 1178/1 (4 sept. 1496). 101  Elle est attestée comme religieuse de Saint-Andoche, et non de Saint-Jean, en 1494 et 1495 (AD SL H 803/10, H 1038/10). 102  AD SL H 1178/1 (4 sept. 1496). 103  Sur Antoine de Chalon, cf. J. Madignier, Fasti, t. 12 : Autun, op. cit., n°222 p. 151‒155. 104  AD SL H 1178/1 (1493), G 432, fol. 91 (1493) et H 1174/1 (1493). 105  AD SL H 1169 III, I, 25 (23 mai 1496), H 1170 XX, II, 6 (13 juin 1496).

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Quelles que soient les raisons de ce mandement de l’official d’Autun – sans doute la pression de la famille de Vienne est-elle forte –, Marie de Marcilly décéda le 7 septembre106 et, trois jours plus tard, on procédait à l’inventaire de la maison abbatiale de Cirey où elle semble s’être réfugiée107. Ce décès, fort opportun, laissait alors la voie libre pour que Perrenelle de Vienne devienne effectivement abbesse. Pourtant, s’ensuivit logiquement une élection quelques jours plus tard et, le 21 septembre, Jeanne de Tenarre (n°283), religieuse de Saint-Jean depuis une vingtaine d’années108, se présenta devant l’évêque afin qu’il confirme ou infirme son élection – ce manque de confiance atteste qu’il n’y avait pas eu unanimité sur son nom ; Antoine de Chalon hésita, ne se prononça pas immédiatement, mais interdit, en attendant sa décision, qu’une autre élection ait lieu, sous peine d’excommunication109. On ne sait pas ce qui s’est passé durant le mois suivant, mais le 1er novembre, Perrenelle de Vienne ayant « exposé que à bons, justes et canoniques tiltres elle a esté pourveue de ladite abbaye  » mais aussi «  receue, sacrée et mise en possession », le bailli d’Autun et Montcenis fit lever à son profit la mainmise royale sur le temporel de l’abbaye110, ce qui lui permit le lendemain de promettre de distribuer régulièrement les prébendes en grains et en vin dues aux religieuses de son abbaye111. Enfin, le 29 novembre, Perrenelle de Vienne se rendit auprès d’Antoine de Chalon, accompagnée d’un officier du chapitre cathédral, l’archidiacre de Flavigny Jean Petit Jean, pour lui présenter les lettres apostoliques qui lui faisaient provision de l’abbaye et ordonnaient à l’évêque de la « placer et mettre en possession des fruits, provendes et revenus » de l’abbaye, ce qu’il fit en lui faisant toucher le grand-autel puis prendre place dans le siège abbatial112 ; il faut noter ici qu’elle n’avait pas encore été sacrée ni mise en possession de l’abbaye, le 1er novembre, contrairement à ce qu’elle avait affirmé au bailli, Pierre de La Guiche, peut-être plus facilement maniable que l’évêque. Elle fut ensuite accueillie à l’entrée de la demeure abbatiale par « la plus grande

 AD SL H 1283/3, fol. 60v‒66v (1498).  AD SL H 1208/2, fol. 29 (10 sept. 1496). 108  Elle était religieuse à Saint-Jean depuis 1477 au moins (AD SL H 1404/2, H 1404/3). 109  AD SL H 1179/1 (21 sept. 1496). 110  AD SL H 1178/2 (1er nov. 1496). 111  AD SL H 1184/3 (2 nov. 1496). 112  AD SL H 1178/3 (29 nov. 1496) ; sur Jean Petit Jean, cf. J. Madignier, Fasti, t. 12 : Autun, op. cit., n°612 p. 302‒303. 106 107

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part des religieuses »113 ; elle ne faisait donc pas non plus l’unanimité parmi les religieuses, pas plus que Jeanne de Tenarre. Perrenelle de Vienne était pourtant enfin devenue abbesse de Saint-Jean, charge qu’elle revendiquait depuis plusieurs années sans doute, grâce à des lettres apostoliques de provision présentées au bailli et à l’évêque ; il semblerait donc qu’elle n’ait pas été élue par ses sœurs mais imposée par le pape qui eut donc alors gain de cause, contrairement à ce qui s’était passé vingt ans plus tôt. Toutefois, trois ans plus tard, par un renversement des choses, Antoine de Chalon, toujours évêque d’Autun, autorisa Jeanne de Tenarre, simple religieuse, à «  présenter aux bénéfices  » relevant de l’abbaye et lui donna et concéda «  autorité, licence et mandat spécial  » pour représenter les intérêts de l’abbaye en justice contre toute personne quelle qu’elle fut et devant toute cour quelle qu’elle fut, pour nommer ou révoquer des procureurs114, en un mot pour assumer les fonctions abbatiales. En effet, devant l’absence de l’abbesse, la prieure – qui remplissait déjà cette fonction au temps de Marie de Marcilly (n°51)115 – et quelques religieuses réunies en chapitre dans sa demeure avaient décidé de demander à Jeanne de Tenarre d’accepter cette charge ; elles voulurent ensuite réunir l’ensemble des religieuses en chapitre afin de confirmer cette décision, mais les autres religieuses refusèrent même de tenir chapitre « à cause de leur peur de leur abbesse absente »116. L’évêque passa outre la volonté de la majorité des religieuses afin que l’abbaye puisse être administrée, la prieure ne parvenant pas à imposer l’ordre, même en l’absence de Perrenelle de Vienne, abbesse en titre qui n’assumait pas les charges liées à la dignité qu’elle avait tant revendiquée. b. La désignation d’une nouvelle abbesse Les conditions pour devenir abbesse

Les candidates à la fonction abbatiale devaient remplir un certain nombre de conditions portant à la fois sur la personne elle-même et sur ses compétences dans la mesure où elle devait diriger les religieuses et prendre des décisions essentielles à la survie de l’abbaye, sur les plans temporel et spirituel. La candidate devait être de bonne famille  : que ce soit Huguette de Bernault (n°49) ou Louise de Rabutin (n°48), celles qui les soutenaient

 AD SL H 1178/3 (29 nov. 1496).  AD SL H 1179/2 (1499). 115  AD SL H 1391/48 (1494). 116  AD SL H 1179/2 (1499). 113 114

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p­ récisaient qu’elles étaient « de noble extraction par [leurs] deux parents ». La noblesse dont il est question ne signifie pas nécessairement l’appartenance au deuxième ordre de la société – même si cette appartenance facilitait de fait l’accession à l’abbatiat –, mais au moins à une famille sans tache. La future abbesse devait être suffisamment âgée, avoir atteint l’âge canonique de 30  ans, ou 25  ans – respectivement d’après le Décret de Gratien ou d’après les actes liés à l’élection de 1474 à Saint-Jean –, afin d’avoir la sagesse nécessaire pour bien remplir sa lourde tâche. Lors de l’élection de 1474 à Saint-Jean, ces conditions étaient remplies par Huguette de Bernault dont il est précisé qu’elle était « avancée en âge […], religieuse à Saint-Jean depuis de nombreuses années »117 ; elle était en effet religieuse à Saint-Jean depuis 30 ans118. En revanche, elles ne l’étaient pas par Louise de Rabutin qui, âgée de seulement 19 ans119, ne devrait même pas avoir pu prendre le voile, selon le pontifical de Guillaume Durand120 ; c’est pourquoi Sixte IV lui accorda une dispense, mais ordonna qu’elle soit épaulée par une religieuse plus expérimentée jusqu’à ce qu’elle ait l’âge de gérer seule le monastère121 ; l’archidiacre d’Autun choisit l’une des moniales de Saint-Jean, Étiennette de Cussigny (n°281), qui jura sur les Évangiles de servir et administrer fidèlement le monastère tant dans le spirituel que dans le temporel122. L’abbesse, à la tête des religieuses, devait bien entendu être une religieuse professe  : c’est d’ailleurs le motif qu’avancèrent certaines religieuses pour refuser l’élection d’Anne de Montagu (n°298) à la tête de Saint-Jean-le-Grand en 1510123. Celle qui aurait fait profession dans un autre ordre que l’ordre de Saint-Benoît devait généralement demander une dispense pontificale. Même lorsqu’une religieuse avait fait profession dans l’ordre de Saint-Benoît mais dans une autre abbaye, le pape pouvait être amené à intervenir afin de l’autoriser à quitter son abbaye : lorsque Béatrice de Châtillon (n°42), religieuse de Saint-Andoche, fut élue abbesse de Saint-Jean-le-Grand en 1366, le pape fit pression sur Marguerite de Montagu (n°17), abbesse de Saint-Andoche, afin  AD SL 3 E 3/2, fol. 134, 151v, 154, 154v, 158.  Elle était déjà religieuse à Saint-Jean en 1444 (AD SL H 1229, fol. 15 et 15v). 119  AD SL 3 E 3/2, fol. 178v ; BnF coll. Moreau 819, fol. 120. 120   Guillaume Durand, Pontifical, XXIII, 2, dans Le pontifical romain au Moyen Âge M. Andrieu (éd.), t. 3 : Le pontifical de Guillaume Durand, Vatican, 1940 p. 41. 121   BnF coll. Moreau 819, fol. 120. 122  AD SL 3 E 3/2, fol. 179. 123  AD  SL H  1180/5  (1511)  : dicte religiose dicti monasterii Sancti Johannis que vota sua direxerunt in Annam de Montagu sciebant et scire poterant dictam Annam esse incapacem ad dignitatem abbacialem obtinendum ex quia non erat expresse professa. 117 118

158 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

qu’elle accepte le départ de l’élue124. En 1533, alors même qu’elle dirigeait de fait Saint-Jean depuis plus de dix ans en tant qu’administratrice en l’absence de l’abbesse Claude de Rabutin (n°53), exilée par l’évêque à Marcigny, Adrienne de La Palu de Varas (n°55), prieure de Marcigny, demanda et obtint de l’abbé de Cluny Jean de Lorraine l’autorisation de quitter Marcigny où elle était prieure, afin de pouvoir devenir officiellement abbesse de Saint-Jean125. En tant que moniale, la postulante devait aussi faire preuve de « zèle religieux » et de « mœurs honnêtes » comme cela est précisé pour Huguette de Bernault et Louise de Rabutin126 : en effet, une abbesse devait servir de modèle à ses filles et devait les diriger dans le service de Dieu. Bien entendu, elle devait être une religieuse accomplie et donc ne pas entretenir des relations – notamment sexuelles – avec des hommes, motif qui fut invoqué par celles qui, en 1510, voulaient évincer de l’abbatiat de Saint-Jean Claude de Rabutin (n°53) – nièce de Louise de Rabutin (n°48) –, religieuse de SaintJulien-sur-Dheune : elles précisèrent même que Claude de Rabutin avait « la grosse vérole » ou « maladie de Naples »127. Une future abbesse ne devait pas non plus accéder à cette charge grâce à un acte réprouvé par l’Église, la simonie ; elle ne devait donc pas acheter son élection. C’est aussi pour cette raison que certaines religieuses rejetèrent l’élection de Claude de Rabutin à la tête de Saint-Jean en 1510128 : une future abbesse devait être librement désignée par celles qui la choisissaient. Les modes de désignation de l’abbesse

Aucun texte normatif conservé ne définit une règle de désignation des supérieures de Saint-Andoche et Saint-Jean et fort peu de documents   Urbain V, Lettres communes, M. et A.-M. Hayez éd., Rome, 1979, t. 5, n°17433 (1366).  AD SL H 1181/1 (1533). 126  Pour Huguette de Bernault : 3 E 3/2, fol. 134, 149v, 151v, 154, 155, 158. Pour Louise de Rabutin : 3 E 3/2, fol. 178v, 181 ; BnF coll. Moreau 819, fol. 120. 127  AD  SL H  1180/5  (1511)  : Sepissime masculus et masculi ad ipsam Claudiam accedebant latenter de nocte … Ante dictam electionem habuerat infirmitatem que vulgariter appellatur la grosse verole et apud alios la maladie de Naples, et apud alios la grant gorre, et de hoc laborabatur publice vox et fama publica in locis quibus supra, que quidem talis infirmitas communiter ymo veraciter accidit propter cohabitacionem carnalem mulieris ad virum seu mulieris cum viro et e contra. Il faut toutefois noter que des religieuses dont les mœurs n’étaient pas exemplaires pouvaient être élues à la tête de monastères féminins ; le cas s’est notamment produit en Angleterre et ce malgré les injonctions épiscopales (E. Power, Medieval English Nunneries, op. cit., p. 469). 128  AD SL H 1180/5 (1511) : dicta Claudia fuit electa per symoniam et symoniacellam, quia predictis suis eligentibus ante dictam electionem de se factam promiserat dare officia et sommas pecuniarum. 124 125

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p­ ermettent de savoir comment les successions abbatiales se sont produites, y compris lorsqu’il y a eu contestation. L’élection par les religieuses 

La désignation du supérieur d’un monastère, conseillée par la Règle de saint Benoît, est l’élection, par les religieux, par la major et sanior pars d’entre eux129. C’est effectivement le mode de choix habituel de l’abbesse, à SaintAndoche et Saint-Jean-le-Grand, avec toute l’ambigüité que l’expression comporte. D’après l’élection qui a eu lieu en 1474 à Saint-Jean, les religieuses assistaient à une messe du Saint-Esprit pour être inspirées au moment de ce choix essentiel pour leur vie et la destinée de leur abbaye ; lors de cette messe, toutes les religieuses communiaient. Appelées par la cloche, elles se réunissaient ensuite dans la salle du chapitre130. Toutes les religieuses professes étaient présentes et participaient à l’élection ; si certaines étaient alors à l’extérieur, elles avaient probablement été rappelées au monastère afin de participer aux cérémonies d’inhumation de l’abbesse décédée et de choix de la nouvelle supérieure. Ainsi, en 1474 à Saint-Jean, il est précisé que toutes les religieuses étaient présentes, sauf Agnès de Loges (n°274), gravement malade et de ce fait demeurée chez elle ; c’est pourquoi les religieuses se déplacèrent auprès d’elle pour la consulter et lui demander son choix131. Toutefois, deux religieuses attestées auparavant et plus tard – Catherine de Vaudrey (n°272) et Louise de Faulain (n°276) – n’étaient pas présentes lors de cette élection. Catherine de Vaudrey est attestée en 1452 en tant qu’abbesse élue, en même temps qu’Antoinette de Marcilly (n°47), et, sans doute en 1476132 ; a priori, en 1452, elle était dame de Château-Chalon et elle a pu y demeurer après son échec à l’élection de 1452, ce qui expliquerait son absence lors de l’élection de 1474, puisqu’elle ne serait alors pas moniale de Saint-Jean. En revanche, l’absence de Louise de Faulain, attestée de 1464 à 1484133, nièce de Louise et Huguette de Bernault, est plus difficile à comprendre : peut-être était-elle absente de l’abbaye au début du mois de juin, mais il est tout de même étonnant que nul ne semble s’être inquiété de la prévenir et de la faire revenir

  Règle de saint Benoît, chap. 64, Ph. Schmitz (éd. et trad.), Turnhout, 2009.  AD SL 3 E 3/2, fol. 133, 135v, 140, 153. 131  AD SL 3 E 3/2, fol. 133, 134v, 139, 144v, 151v, 154v, 155, 158‒158v. 132  AD SL H 1170 xx, vii, 13 (1452) ; AD SL H 1266 (1476). 133  AD SL H 1317/11‒12 (1464), H 1266 (1475, 1476), H 1504/2 (1477), H 1504/3 (1477), 3 E 3/1, fol. 127v‒128v (1482) ; Soc. Éd. D 4-H terrier de Saint-Jean, fol. 8v (1480). 129 130

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pour participer à l’élection, pas même sa tante, alors prieure, à laquelle elle aurait pourtant pu apporter son appui. Lorsque toutes les religieuses étaient réunies pour choisir leur future abbesse, la prieure – Huguette de Bernault lors de l’élection de 1474 – prenait la parole pour mettre en garde ses sœurs en rappelant que si certaines d’entre elles étaient excommuniées, suspendues ou interdites, elles ne pouvaient participer à la désignation de la nouvelle abbesse – désignation qui est donc assimilée à un acte sacré – et devaient quitter le chapitre134. Dès lors, l’élection elle-même pouvait débuter. Il existait trois modes d’élection, qui étaient généralement rappelés par le représentant de l’évêque – une élection abbatiale est une affaire sérieuse qui se déroulait en présence d’un représentant de l’évêque, d’un notaire public et de témoins135 : le choix par inspiration divine, la voie du compromis et le scrutin quand les deux premiers ont échoué136. Lors de la succession d’Antoinette de Marcilly en 1474, ces trois modes d’élection sont rappelés avant le début de la cérémonie137, mais seuls le premier et le troisième furent utilisés. Ainsi, quand Jeanne de Clugny (n°88), sacriste mais aussi la plus ancienne des religieuses de Saint-Jean138, se leva et proposa de nommer abbesse la prieure, puis que de nombreuses dames acquiescèrent et l’élection fut quasiment réalisée, par inspiration divine. Mais lorsque Jacquette de Cussigny (n°270) se leva à son tour et proposa le nom de Louise de Rabutin, elle mit en échec cette voie. Les religieuses décidèrent alors d’élire leur abbesse par scrutin, sans essayer la voie du compromis ; c’est pourquoi elles désignèrent, d’un commun accord, trois scrutatrices. Chaque religieuse dut faire part de son choix à ces trois sœurs, au représentant de l’évêque et aux témoins, afin que les scrutatrices distinguent la maior et sanior pars. Ces dernières insistèrent sur l’importance de ce choix et prièrent les religieuses qui se présentaient tour à tour devant elles par ordre de préséance, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit et au péril de leur âme, de réfléchir en conscience au vote le plus utile pour l’abbaye. Une fois toutes les religieuses consultées – y compris celle qui était alitée –, elles se ­retirèrent

 AD SL 3 E 3/2, fol. 133v, 140.  AD SL 3 E 3/2, fol. 133v ; E. Power, Medieval English Nunneries, op. cit., p. 46. 136  Cf. J. Gaudemet, Les élections dans l’Église latine, des origines au xvie siècle, Paris, 1979, p. 293. 137  AD SL 3 E 3/2, fol. 133v, 140v, 151v, 154, 158. 138  Elle était religieuse à Saint-Jean depuis 1418 au moins (AD SL H 1264) et sacriste depuis 1437 (AD SL H 1437/3). 134 135

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pour établir les comptes puis revinrent dans la salle capitulaire annoncer les résultats et déclarer abbesse celle qui avait obtenu le plus de voix139. La résignation en faveur d’une autre religieuse 

Parallèlement à l’élection, la résignation faite du vivant même de l’abbesse en faveur d’une autre religieuse devint, notamment à partir du xve siècle, un mode de transmission de l’abbatiat relativement classique. Ainsi, Marie de Vienne (n°23) aurait résigné sa charge en faveur de sa nièce Marguerite de Vienne (n°176) en 1470140 ; dix ans plus tard, Huguette de Bernault (n°49) transmit la charge abbatiale à sa nièce Claude de Bernault (n°50) « par cession et résignation faite au saint siège apostolique »141 ; et Louise de Clugny (n°24) résigna sa charge en faveur de sa nièce Anne d’Alonne (n°25) en 1490. Ce mode de transmission était reconnu par le roi de France, notamment par François Ier en 1534 lorsque, face à Adrienne de La Palu (n°55) élue par les religieuses142, Françoise Pitois de Chaudenay (n°54) déclara avoir été pourvue de l’abbaye par résignation de Claude de Rabutin (n°53)143  : en effet, l’année précédente, alors que l’abbesse en titre était toujours exilée à Marcigny, Claude de Rabutin et Françoise Pitois avaient rédigé un document par lequel la première résignait sa fonction à Saint-Jean en faveur de la seconde, contre une pension annuelle de 100 livres et la conservation de la direction des domaines d’Outre-Saône et des présentations et collations des offices et bénéfices144. L’ancienne abbesse bénéficiait souvent d’un traitement de faveur quant à son logement, à ses repas et à ses revenus145, même s’ils étaient généralement moins exorbitants que ceux qu’a obtenus Claude de Rabutin qui n’exerçait plus la charge abbatiale depuis bien longtemps. Ce mode de transmission pouvait permettre d’assurer une continuité dans la politique menée à la tête de l’abbaye ou de s’assurer des compétences de celle qui allait en prendre les rênes. Cependant, il favorisa surtout la conservation, au sein de la famille, d’une charge convoitée, qui, le plus souvent, était offerte à une nièce.

 AD SL 3 E 3/2, fol. 134‒134v, 152, 154v‒155.  G. Valat, communication sur l’élection de Louise de Clugny, « Procès-verbaux des séances », MSE, nv. série, t. 40 (1912), p. 381‒382 ; cf. chap. 1 III. 4. b. L’exemple de la famille de Vienne. 141  Soc. Éd. D 4-H terrier de Saint-Jean, fol. 1 (1480). 142  AD SL H 1181/10 (1534). 143  AD SL H 1197/2 (1534). 144  AD SL H 1181/6 (1533). 145  E. Power, Medieval English Nunneries, op. cit., p. 57. 139 140

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c. Des interventions extérieures

La désignation d’une nouvelle abbesse était en théorie uniquement l’affaire des religieuses, à condition que leur choix se porte sur une candidate satisfaisante. Pourtant, durant tout le Moyen Âge, il y eut des interventions extérieures, parfois pour influencer l’élection, mais souvent aussi pour faciliter celle-ci ou la prise de fonction de l’élue. Ni le roi ni le duc de Bourgogne ne semblent être intervenus directement dans les élections abbatiales contrairement à ce qui se passait dans d’autres établissements. Au milieu du ixe siècle, l’évêque Jonas avait d’ailleurs confirmé la liberté d’élection de la supérieure par les religieuses de Saint-Andoche à la mort d’une abbesse, sans que même le souverain puisse intervenir146, contrairement à la teneur du privilège accordé par Brunehaut. Toutefois, il est aussi possible qu’un souverain, ou un duc, soit intervenu dans une élection soit à Saint-Andoche soit à Saint-Jean et que cette ingérence n’ait pas laissé de trace si sa « candidate » a été acceptée par les moniales. De même, l’évêque d’Autun semble ne pas être intervenu dans les élections des monastères féminins éduens, du moins pas pour favoriser une candidate. En effet, que ce soit en 1474 ou en 1496 à Saint-Jean, il chercha surtout à obtenir un consensus parmi les religieuses avant de confirmer et bénir l’abbesse élue147. Le pape, enfin, ne semble pas être directement intervenu dans le choix d’une nouvelle supérieure. Cependant, à plusieurs reprises, il intervint a posteriori, quand des contestations furent émises ou qu’apparurent des difficultés d’établissement de l’élue. Ainsi, suite au décès de Bonne de La Roche (n°35), attestée jusqu’en 1286, et à l’élection de deux religieuses de l’abbaye Saint-Jean comme abbesses, les moniales décidèrent de faire appel au pape Honorius IV (1285‒1287) : il devait dire qui, de Blanche de Marigny (n°38) ou d’Alice de Montereul

 AD SL H 675, fol. 4.  Toutefois, d’autres évêques ont pu aussi intervenir ou du moins tenter d’intervenir. Ainsi, en 1511‒1512, trois religieuses s’affrontèrent pour prendre la tête de Saint-Jean : deux d’entre elles, Anne de Montagu (n°298) et Claude de Rabutin (n°53), se disaient élues par les religieuses, tandis que la troisième, Jeanne d’Amoncourt, religieuse de La Baume au diocèse de Besançon, se disait pourvue de cette abbaye par l’archevêque de Lyon François de Rohan (AD SL H 1180/5, 1511). C’est d’ailleurs cette dernière qui récusa les candidatures de ses deux rivales à cause de leurs mœurs trop relâchées. Le conflit fut alors tranché par la cour de l’official métropolitain de Lyon, alors même que le siège épiscopal d’Autun n’était pas vacant (AD SL H 1180, 1511‒1512). 146 147

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(n°37), devait devenir abbesse ; la première était soutenue par deux religieuses dont la prieure et la seconde par deux religieuses dont la sacriste. Honorius IV étant décédé avant de trancher, son successeur Nicolas  IV prit l’affaire en mains en 1289148. Cependant, faute d’avoir pu établir les faits de façon précise, il missionna des envoyés afin qu’ils apprécient la parole des uns et des autres et tranchent en fonction des faits. Leur décision n’est pas connue, mais Alice de Montereul n’apparaît plus dans la documentation de Saint-Jean par la suite, tandis que Blanche de Marigny fut qualifiée d’« administrateresse » pendant la vacance de l’abbatiat en 1299, puis d’abbesse de 1301 à 1303149. En 1338, à la suite du décès de Guiotte de Drées (n°15), les religieuses de Saint-Andoche firent appel au pape Benoît XII alors que, semble-t-il, l’élection n’avait pas posé de problème : peu de temps après le décès de Guiotte, Marguerite de Sancey l’Ancienne (n°16) avait été élue abbesse, mais l’évêque Jean d’Arcis avait rejeté cette élection, écarté l’élue de l’administration du monastère et l’avait excommuniée, sans que l’on sache pourquoi, si ce n’est qu’il soutenait sans doute Marguerite de Montagu (n°17), une lointaine parente150. Le pape intervint alors auprès de l’archevêque de Lyon afin qu’il protège Marguerite de Sancey des menées de l’évêque, en attendant que l’affaire soit tranchée à Rome. Ce n’est que sept ans plus tard qu’est à nouveau attestée une abbesse à la tête de Saint-Andoche, Marguerite de Montagu151. En 1366, l’élection d’une nouvelle abbesse de Saint-Jean ne semble pas avoir engendré de contestation, mais l’élue était religieuse de Saint-Andoche et non de Saint-Jean et Marguerite de Montagu (n°17), abbesse de SaintAndoche, refusait que Béatrice de Châtillon (n°42) quitte son abbaye  ; Urbain V intervint alors pour que Marguerite de Montagu se plie aux conséquences d’une élection faite selon les canons152. En 1474, Sixte  IV profita de la demande de soutien faite par les religieuses qui souhaitaient porter à l’abbatiat de Saint-Jean Louise de Rabutin (n°48) pour intervenir dans la succession de l’abbesse Antoinette de Marcilly (n°47). En effet, elles lui déléguèrent Jean de Cussigny, prieur de Jouhe mais

  Nicolas IV, Registres, E. Langlois (éd.), Paris, 1886‒1893, nº1117 (1289).  AD SL H 1170 XIII, II, 4 (1299), AD SL H 1170 XVII, I, 1 (1301), H 1170, XX, VI, 1 (1303), H 1439/1 (1303). 150   Benoît  XII, Lettres communes, J.-M.  Vidal (éd.), Paris, 1904, t.  2, n°6324  ; sur Jean d’Arcis, cf. J. Madignier, Fasti, t. 12 : Autun, op. cit., n°549 p. 126‒128. Cf. chap. 1 III. 2. b. Les Drées et Saint-Andoche au xive siècle. 151  AD SL H 1113/3 (1345). 152   Urbain V, Lettres communes, éd. cit., t. 5, n°17433 (1366). 148 149

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aussi sans doute parent de Jacquette de Cussigny (n°270) qui avait proposé la candidature de Louise de Rabutin153 : elles lui exposèrent qu’elles avaient élu Louise de Rabutin canoniquement et que ce n’était qu’un petit nombre de moniales qui refusaient de la reconnaître comme abbesse et voulaient l’élection d’Huguette de Bernault (n°49) – alors qu’Huguette de Bernault n’avait certes pas recueilli la majorité absolue des voix, mais en avait recueilli plus que Louise de Rabutin, huit contre sept – et qu’elles représentaient la major et sanior pars de l’abbaye. D’après elles, le choix de Louise de Rabutin devait permettre que l’abbaye « fleurisse dans la félicité et l’observance régulière du service divin et enclenche un développement tant spirituel que temporel »154. C’est pourquoi, dix jours plus tard, Sixte IV rédigea des lettres de provision en faveur de la jeune religieuse, tout en ordonnant que lui soit adjointe une religieuse plus ancienne jusqu’à ce qu’elle atteigne 25 ans155. En fait, par cet acte, Sixte IV semble avoir espéré que la provision de l’abbaye Saint-Jean-le-Grand dépende désormais du Saint-Siège. Enfin, en 1496, Alexandre  VI intervint en faveur de Perrenelle de Vienne (n°52), sans doute à la demande de sa famille, et l’imposa à la tête du monastère Saint-Jean-le-Grand. C’est donc généralement à la demande de familles que le pape intervint dans l’élection elle-même. En effet, ce sont les familles qui, de l’extérieur, intervenaient de façon prépondérante dans les élections abbatiales156. 3. Les abbesses élues : reconnaissance par les autorités ecclésiastiques et laïques La nouvelle abbesse ne détenait pas immédiatement tous les pouvoirs, charges et revenus de son abbaye. Elle n’était encore qu’« abbesse élue », abbatissa electa. Afin de devenir abbesse de plein droit, elle devait encore franchir plusieurs étapes. a. La bénédiction et le rôle de l’évêque

Tout d’abord, elle devait être reconnue par les religieuses qui la proclamaient abbesse puis, d’après l’exemple de l’élection d’Huguette de Bernault (n°49) à Saint-Jean en 1474, entonnaient le Te Deum laudamus157 en se­

 AD SL 3 E 3/2, fol. 136‒136v.  AD SL 3 E 3/2, fol. 141. 155   BnF coll. Moreau 819, fol. 120‒121. 156  Cf. chap. 1 III.2. Interventions familiales en faveur de religieuses. 157   Hymne chantée fréquemment lors de fêtes solennelles, mais aussi aux vigiles du dimanche (U.  Chevalier, Repertorium hymnologium, Louvain, 1892‒1920, n°33879). Cf.  Règle de 153 154

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rendant solennellement à l’église abbatiale. Là, elles demandaient à l’élue d’accepter la charge abbatiale puis l’installaient dans la chaire abbatiale amenée près de l’autel. Elles demandaient alors à l’évêque « de confirmer et approuver [leur] élection avec miséricorde, d’établir à la tête de [leur] monastère ladite [abbesse] élue par [elles] et de lui concéder la dignité abbatiale, le soin, la direction et l’administration de ce monastère pour le spirituel et le temporel pour que l’observance régulière fleurisse au nom de Dieu sous sa direction heureuse et que croissent les choses spirituelles et temporelles »158. Ensuite, l’electa – quel qu’ait été le mode de désignation – devait être confirmée dans sa charge et bénie par l’évêque d’Autun, du moins à SaintJean-le-Grand, même si c’est moins évident pour Saint-Andoche qui affirmait ne dépendre en rien de l’ordinaire. C’est souvent là que se cristallisaient les contestations, que s’élevaient les voix discordantes. D’après les pontificaux

La cérémonie de bénédiction de l’abbesse élue par l’évêque est connue de façon théorique par les pontificaux, notamment le pontifical de Guillaume Durand – qui renvoie largement à la cérémonie de bénédiction d’un abbé – et le pontifical d’Antoine de Chalon réalisé pour un évêque d’Autun à la fin du xve siècle159. D’après Guillaume Durand, cette cérémonie devait avoir lieu un dimanche ou un jour de fête. L’abbesse élue devait faire vœu d’obéissance auprès de l’évêque, avant la lecture de l’évangile et avant que la cérémonie de bénédiction ne débute réellement. L’élue se prosternait alors, en présence de deux ou trois de ses religieuses, devant l’évêque qui la bénissait. Des oraisons étaient chantées et l’évêque implorait Dieu en faveur de la nouvelle abbesse, le priant de bénir sa servante afin de lui permettre de remplir dignement sa charge en donnant l’exemple. Par sa prière à Dieu, l’évêque d’Autun traçait alors le portrait de l’abbesse idéale, énumérant les qualités qu’elle devait avoir : elle devrait, jour et nuit, méditer sur les commandements divins et méditer sur les lectures sacrées afin d’obéir à Dieu en tout ; elle devrait dédaigner les choses terrestres afin de se vouer aux bonnes œuvres, renoncer à la volupté pour se maintenir dans un amour d’une honnête chasteté, venir à Dieu en bonne épouse et appartenir, sa vie durant, au chœur des vierges ; elle

saint Benoît, chap. 11, éd. cit. 158  AD SL 3 E 3/2, fol. 152v. 159   Guillaume Durand, Pontifical, XXI, éd.  cit., p.  409‒410 et BM  A S  151  (129), fol. 31v‒36.

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devrait concentrer les vertus – l’autorité, la modestie, l’honneur, la régularité, l’innocence, la pureté, l’observance et la discipline spirituelle – et faire resplendir les préceptes divins auprès des plus jeunes afin d’être un exemple pour toutes ; ainsi, elle pourrait mériter de parvenir à la récompense éternelle. Après ces oraisons, l’évêque remettait à l’abbesse élue la Règle à respecter et à faire respecter par le troupeau qui lui était confié. Il bénissait la crosse et la lui tendait comme symbole de son droit de correction sur les religieuses. Il bénissait l’anneau et le lui donnait pour qu’elle veille toujours sur l’Église de Dieu à laquelle elle était désormais mariée : les paroles qu’il prononçait alors sont, d’après le pontifical d’Antoine de Chalon, absolument identiques à celles que l’évêque prononçait pour la bénédiction d’un abbé. Si l’ordination avait lieu au monastère de l’abbesse, les religieuses entonnaient le Te Deum laudamus160 et s’inclinaient devant l’évêque d’après le pontifical d’Antoine de Chalon  ; si la cérémonie avait lieu ailleurs que dans l’abbaye, l’abbesse retournait dans son monastère, les vierges chantaient le répons Dilexisti justiciam et le verset Propter veritatem161 tandis qu’elle se prosternait devant l’autel, d’après le pontifical de Guillaume Durand. Enfin, une bénédiction spécifique tirée de l’Exode (15‒20) clôturait la cérémonie. À Saint-Jean-le-Grand

À Saint-Jean, la confirmation de l’élue et la bénédiction de l’abbesse s’accompagnaient de sa prestation de serment de fidélité à l’évêque. Ainsi, le 11 septembre 1493, immédiatement après la confirmation de son élection par Antoine de Chalon, Marie de Marcilly (n°51) « fait sa profession de foy et prête serment de fidélité audit seigneur évêque » dans la chapelle du palais épiscopal en présence de « la plus part de ses religieuses »162. Trois ans plus tard, quelques gestes importants de la cérémonie sont évoqués lorsque le même Antoine de Chalon, sur les ordres du pape, bénit Perrenelle de Vienne (n°52)  : la prise de fonction est marquée par le toucher du grand-autel et par l’intronisation dans le siège abbatial dans le chœur de l’abbaye163, ce qui   Hymne chantée fréquemment lors de fêtes solennelles, mais aussi aux vigiles du dimanche (U.  Chevalier, Repertorium hymnologium, Louvain, 1892‒1920, n°33879). Cf.  Règle de saint Benoît, chap. 11, éd. cit. 161   Dilexisti justiciam, incipit d’un répons marial (CAO  IV n°6449)  ; Propter veritatem, incipit de plusieurs versets surtout des offices mariaux, mais aussi des offices de sainte Agnès, de sainte Agathe et de Marie-Madeleine (CAO IV n°6446, 6450, 6992, 7312, 7680, 7828, 2883). 162  AD SL G 432, fol. 91 ; H 1174/1 (1493). 163  AD SL H 1178/3 (1496). 160

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n’est pas précisé dans le pontifical réalisé pour ce même évêque. En revanche, ces gestes font écho à l’essai d’installation de Louise de Rabutin (n°48) par Pierre Rolin, archidiacre164, quand celui-ci remit symboliquement l’abbaye à maître Jean Barbet, bachelier en lois, qu’il avait nommé la veille « procureur pour le spirituel et le temporel » de Louise de Rabutin : le 21 août, il lui fit toucher les portes de l’abbaye puis le siège abbatial dans le chapitre. À la bénédiction par l’évêque qui semble s’être déroulée en deux temps, le premier au palais épiscopal et le second à l’abbaye même, s’ajoutait la reconnaissance de la nouvelle abbesse par ses filles, reconnaissance qui, à SaintJean, semble avoir été son accueil devant l’hôtel abbatial, du moins à la fin du xve siècle165. Cette cérémonie de réception et de bénédiction de la nouvelle abbesse de Saint-Jean-le-Grand est encore mieux connue par un extrait de cérémonial du xviiie siècle166 : des ecclésiastiques – dont le représentant de l’évêque, celui-ci n’intervenant pas personnellement – la menaient à l’église où elle s’agenouillait pour une prière devant le grand-autel sur lequel était posée la crosse abbatiale. L’un d’eux la relevait et lui tendait la crosse, puis la grille du chœur, où sont assemblées les religieuses, était ouverte. Les moniales, suivies des ecclésiastiques, de l’abbesse et des proches de celle-ci, au chant de Laetatus sum167, se dirigeaient vers le portail de l’abbaye où elles saluaient leur nouvelle supérieure. La prieure tendait alors à l’abbesse la croix de procession à baiser puis le goupillon  ; l’abbesse tenait dès lors la crosse dans la main gauche et le goupillon dans la main droite. La procession reprenait sa marche au chant du Veni creator168 jusqu’au chœur où chaque religieuse rejoignait sa place tandis que l’abbesse était menée jusqu’au siège abbatial par le représentant de l’évêque. Tous les présents entonnaient le Te Deum169 tandis que la prieure présentait à l’abbesse le sceau et les clefs de l’abbaye, échangeait avec elle le baiser de paix et s’inclinait en signe de respect, geste que faisaient  Sur Pierre Rolin, cf. J. Madignier, Fasti, t. 12 : Autun, op. cit., n°742 p. 351.  AD SL H 1178/3 (1496). 166  AD SL H 1175/2 (xviiie siècle) ; cf. Th.-J. Schmitt, L’organisation ecclésiastique et la pratique religieuse dans l’archidiaconé d’Autun (1650‒1750), chez l’auteur, 1957, p. 286‒287. 167  Incipit du psaume 121. 168   Hymne chantée lors de nombreuses occasions solennelles, mais aussi lors de certaines heures monastiques, notamment aux vêpres (U.  Chevalier, Repertorium hymnologium, op. cit., n°34374‒34380). 169   Hymne chantée fréquemment lors de fêtes solennelles, mais aussi aux vigiles du dimanche (U.  Chevalier, Repertorium hymnologium, op.  cit., n°33879). Cf.  Règle de saint Benoît, chap. 11, éd. cit. 164 165

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ensuite toutes les religieuses. Alors que les cloches sonnaient, l’abbesse était menée, par ses religieuses, jusqu’à la salle du chapitre sur le chemin de laquelle ce sont les converses qui la saluaient. Au chapitre était rédigé le procès-verbal de la prise de possession, dûment signé par les ecclésiastiques présents, avant que les religieuses fassent faire le tour des principaux lieux de la clôture à l’abbesse. Quelques éléments de cette cérémonie sont donc communs avec ce que l’on en connaît pour le Moyen Âge, mais le cérémonial n’était pas immuable. À Saint-Andoche

Pour ce qui est de Saint-Andoche, le rôle joué par l’évêque d’Autun est sans doute plus restreint dans la mesure où cette abbaye refusait toute intervention épiscopale dans ses murs170. Au moins jusqu’au début du xive siècle, l’abbesse devait être confirmée puis bénie, sans doute par l’évêque171, mais il est difficile d’imaginer que ces fières abbesses qui refusaient l’entrée de l’ordinaire dans leurs murs aient accepté de lui prêter serment de fidélité. En 1470, Louise de Clugny (n°24) s’est peut-être pliée à ce devoir, mais cela n’est pas certain172 : le serment qu’elle prêta quatre jours après avoir été investie de sa charge – cinq jours après son élection – peut être un serment de fidélité, soit effectivement à l’évêque soit aux coutumes de l’abbaye. Quoi qu’il en soit, la présence d’un prélat était nécessaire à l’intronisation de la nouvelle abbesse et à sa bénédiction173 et, dans tous les exemples connus, il s’est agi de l’évêque d’Autun. Ainsi, en 1307, lors d’un procès entre les religieuses et les paroissiens de Saint-Pierre Saint-Andoche, tous reconnurent que, lors de son intronisation, l’abbesse était bénie par l’évêque d’Autun ou son vicisgerens, à la cathédrale, comme l’avait été Marguerite d’Auxois (n°14) le 5 mars 1307 par l’évêque Barthélemy à Saint-Lazare174. On peut noter que cette bénédiction a eu lieu à la cathédrale, chez l’évêque, et non à l’abbaye où l’évêque n’était pas autorisé à pénétrer. Cependant, malgré ce rejet de l’autorité épiscopale, la présence de l’évêque était nécessaire au bon accomplissement de cette étape de l’accession à l’abbatiat et, en 1408, on  Cf. chap. 5 I. 3. a. L’interdiction, pour l’évêque, de passer le portail de Saint-Andoche.  AD SL H 708, fol. 33 (début xive siècle), H 709, fol. 29‒29v. Cf. Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche, éd. cit., n°558, p. 246‒247. 172  G. Valat, communication sur l’élection de Louise de Clugny, art. cit., p. 381‒382. 173  Cf.  A.-G.  Martimort (dir.), L’Église en prière, Paris, 1984, t.  3  : Les sacrements, p. 322‒327. 174  AD  SL H  781/1  (1307)  ; sur l’évêque Barthélemy Brazdareyre de Rosiaco, cf. J. Madignier, Fasti, t. 12 : Autun, op. cit., n°244, p. 120‒121. 170 171

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envoya chercher l’évêque qui était à Pisy – à près de 70 kilomètres d’Autun – afin qu’il vienne bénir Guillemette d’Oiselet (n°20)175, ce qui coûta au moins 6 gros à l’abbaye. Quittant la cathédrale où elle avait reçu la bénédiction épiscopale, l’abbesse regagnait le monastère en traversant une partie de la paroisse SaintPierre Saint-Andoche. Arrivée à la porte Cariote – ou dans l’abbaye si la bénédiction avait lieu dans ses murs –, l’abbesse devait jurer de respecter les coutumes de l’abbaye176. Sans doute recevait-elle ensuite l’hommage de ses filles, mais aucun document n’évoque ce moment. En revanche, le procès qui opposa Marguerite d’Auxois (n°14) aux paroissiens de Saint-Pierre Saint-Andoche177 mentionne l’hommage que ceux-ci rendaient à la nouvelle abbesse : ils devaient se rendre auprès d’elle au monastère pour lui remettre une certaine somme d’argent pour fêter son «  entrée  », somme d’argent qu’ils devaient eux-mêmes répartir entre eux en fonction des facultés de chacun – s’ils ne le faisaient pas, c’est l’abbesse qui imposait à chacun la somme qu’il devait lui remettre178. Ce jour de bénédiction abbatiale était un jour de fête pour les religieuses et, à ce titre, le repas devait être pris en commun179 et était particulièrement riche puisque en 1408 furent achetés des chapons, des oisons, des «  chevrots », des « pucins », des poissons etc.180. b. La mainlevée sur le temporel

Enfin, l’abbesse, une fois élue, confirmée, bénie et reconnue, devait obtenir, généralement du duc, la levée de la mainmise sur le temporel et l’administration de l’abbaye ; cette mainmise était justifiée, pour Saint-Jean, par la tradition selon laquelle l’abbaye aurait eu une origine ducale181. Ainsi, en 1325, Gile de Marigny (n°40), récemment élue abbesse de SaintJean et dans l’impossibilité de se rendre auprès d’Eudes IV (n°974) « par l’empeschement de la maladie de son cors  », lui délégua un r­eprésentant  AD SL H 1625, fol. 13 (1408).  AD SL H 708, fol. 33 (début xive siècle), H 709, fol. 28v‒29. Cf. Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche, éd. cit., n°556, p. 245‒246. 177  AD  SL H  781/1  (1307)  ; homines de villa seu burgo Sancti Andochii ou habentes et possidentes domos in villa seu burgo Sancti Andochii. 178  AD SL H 781/1 (1307). 179  AD SL H 708, fol. 33 (début xive siècle), H 709, fol. 28v‒29. Cf. Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche, éd. cit., n°556, p. 245‒246. 180  AD SL H 1625, fol. 12‒12v (1408). 181  Soc. Éd. D 4-H terrier de Saint-Jean, fol. 21v (1480). 175 176

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pour lui présenter le « décret de l’élection » afin qu’il ordonne la levée du temporel de l’abbaye qu’il gardait pendant la vacance du siège abbatial. Ce représentant revint porteur de lettres ducales, scellées du «  sceau de cire rouge », adressées au bailli de Dijon pour qu’il fasse exécuter ses ordres182. De même, en 1496, le bailli d’Autun et Montcenis fit lever la mainmise royale sur le temporel de Saint-Jean lorsque Perrenelle de Vienne (n°52) lui exposa que « à bons, justes et canoniques titrees elle a[vait] esté pourveue de ladite abbaye »183. Au début de 1511, Claude de Rabutin (n°53) fut élue par la plus grande partie des religieuses à la suite du décès de Perrenelle de Vienne (n°52) mais elle dut faire face aux contradictions soulevées par Anne de Montagu (n°298) et par Jeanne d’Amoncourt184 ; ce n’est que lorsqu’il reconnut réellement la validité de l’élection de Claude de Rabutin que Louis XII fit rédiger les lettres de mainlevée185. 4. Le rôle de l’abbesse Une fois élue, confirmée, bénie et accueillie, l’abbesse pouvait commencer à remplir son rôle, rôle qui devait être le sien jusqu’à son décès. Une bonne abbesse devait « gouverner le monastère au spirituel comme au temporel, observer les cérémonies de son église, être obéissante envers l’évêque et ses successeurs, ses vicaires et official, maintenir les droits et héritages du monastère, les défendre et ne pas les aliéner, récupérer ce qui aurait été aliéné, dans la mesure du possible »186. Le rôle de l’abbesse était fondamental : elle devait être à la fois un modèle et un guide pour ses filles à la fois pour leur comportement quotidien et dans leur quête spirituelle, même si dans ce dernier domaine ses prérogatives étaient moins poussées que celle d’un abbé qui avait généralement reçu les ordres ; elle était donc en charge de la discipline à l’intérieur de l’abbaye, avec un droit de correction, notamment lors des coulpes187. Sur le plan temporel, elle dirigeait le chapitre et prenait les décisions en accord avec lui, pour administrer au mieux les biens de l’abbaye.

 AD SL H 1177 (1325ns).  AD SL H 1178/2 (1er novembre 1496). 184  AD SL H 1180/2 (1511ns). 185  AD SL H 1180/3 (1511). 186  AD SL 3 E 3/2, fol. 147v (1474). 187  A. Grélois, « L’abbesse cistercienne entre l’ordre et l’ordinaire (France, fin xiie-milieu xive siècle) », dans J.-F. Cottier, D.-O. Hurel et B.-M. Tock (éd.), Les personnes d’autorité en milieu régulier. Des origines de la vie régulière au xviiie siècle, Saint-Étienne, 2012, p. 117‒130. 182 183

La composition de la communauté

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La charge abbatiale passait d’une abbesse à l’autre, le plus souvent à la suite du décès de la supérieure et lorsqu’une vacance se prolongeait, une religieuse pouvait être désignée pour gérer le monastère durant cette vacance ; ainsi, en 1299, Blanche de Marigny (n°38) reçut une reconnaissance de rente car elle avait «  l’administration de l’abbaye de Saint-Jean d’Autun, ledit monastère vaccant »188, lors de la difficile succession de Jeanne de Montagu (n°36). Les décisions qu’une abbesse avait prises devaient être respectées par les suivantes. Ainsi, en 1311 ou 1312, l’abbesse de Saint-Andoche Marguerite d’Auxois (n°14) mourut avant d’avoir eu le temps de faire authentifier un accord passé sous son égide en 1311 entre Guillaume (n°328), fils de feu Hugues, maire de Curgy (n°326), et son demi-frère aîné Gérard (n°327), fils du même Hugues ; quelques mois plus tard, en octobre 1312, Guiotte de Drées (n°15) confirma cet accord et l’authentifia par l’apposition d’un sceau189. De même, en mai 1378, l’abbesse de Saint-Jean, Jeanne de Montagu (n°43) ratifia l’amodiation de dîmes et de terres accordée à un clerc de Saint-Lothain par Béatrice de Châtillon (n°42) décédée peu avant, en 1377 ou 1378190. Il pouvait cependant arriver que l’autorité d’une abbesse soit contestée : en 1472, à Saint-Andoche, Marguerite de Vienne (n°176) remit en cause les « droits de la dignité abbatiale »191 de Louise de Clugny d’Alonne (n°24) ; mais on ne sait pas quels droits précisément étaient niés par cette religieuse qui n’avait pas accepté de ne pas être reconnue comme abbesse192. a. L’abbesse et le chapitre

Toutefois, si l’abbesse prenait les décisions qu’elle pensait les plus favorables à son abbaye, elle ne pouvait normalement pas statuer seule ; elle devait consulter le convent, réuni en chapitre, et recueillir l’assentiment de celuici193. En effet, lorsqu’une abbesse ne prenait pas suffisamment conseil auprès de ses religieuses, elle pouvait avoir tendance à prendre les décisions et à­  AD SL H 1170 XIII, II, 4 (1299).  AD SL H 911/4 (1312). 190  AD SL H 1283 (1378). 191   super juribus abbacialis dignitatis monasterii Sancti Andochii (AD SL 3 E 3/2, fol. 32‒33, 1472). 192  Cf. chap. 1 III. 4. b. L’exemple de la famille de Vienne. 193   illustrissima abbatissa Sancti Andochii nomine Donna communi assensu et consilio capituli sui (AD CO 16 H 130, 1155) ; venerabilis abbatissa Sancti Andochii eduensis, laude et assensu totius eiusdem ecclesie conventus (AD  SL H 865/1, 1229) par exemple. Cf.  Règle de saint Benoît, chap. 3, éd. cit. 188 189

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utiliser les revenus de l’abbaye selon sa convenance sinon pour son propre usage plutôt que dans l’intérêt de l’ensemble des religieuses ; celles-ci pouvaient alors protester auprès de l’évêque, lorsque celui-ci visitait l’abbaye, ce qui n’était pas le cas à Autun, au moins à Saint-Andoche194. Le chapitre se réunissait régulièrement, en principe tous les jours, dans la salle du chapitre195, sous la direction de l’abbesse, les religieuses étant appelées à cette réunion « au son de la cloche », généralement après prime. Les délibérations du chapitre portaient le plus souvent sur la gestion du temporel et donc des revenus de l’abbaye, mais les religieuses se réunissaient aussi pour débattre du recrutement d’officières, de religieuses ou de convers. Ainsi, quand en 1392 Gérard Moley de Nanteuil et son épouse Gilete (n°314 et 315) souhaitèrent devenir convers de l’abbaye Saint-Andoche, l’ensemble des religieuses en débattirent, notamment pour savoir si leur admission serait bénéfique à l’abbaye ; estimant que leur accueil serait « coûteux » pour l’abbaye, mais aussi qu’il lui serait profitable196, elles décidèrent de faire œuvre pieuse en les acceptant comme convers, en échange de l’ensemble de leurs biens. Même si l’abbesse pouvait jouer un rôle prépondérant dans les choix, les décisions concernant l’ensemble des religieuses et leurs revenus devaient être prises de façon collégiale « après délibération habituelle entre nous »197. b. Le sceau, marque de l’autorité de l’abbesse et du chapitre

À partir du xiie siècle essentiellement, le sceau devint l’expression juridique de l’identité d’une personne ou d’un groupe. C’est au cours de la seconde moitié de ce siècle qu’il se généralisa pour les abbesses et dans les abbayes de femmes, après la diffusion de son usage parmi les ducs et comtes,

 E. Power, Medieval English Nunneries, op. cit., p. 64‒65.  En 1393 toutefois, les religieuses de Saint-Jean se réunirent dans le chœur de l’abbatiale, faute de salle capitulaire même si on ne sait pas pourquoi la salle capitulaire ne pouvait pas être utilisée : « estanz toutes assemblez au som de la cloiche en la manière accoustumé ou cur de l’église de notre monastere en lieu de notre chappitre à heure que nous avons accoustumé de tenir notre chapitre et de y capituler, tractens et deliberanz des besoignes et negoces de nous et de notredit monastere » (AD SL H 1324/6, 1393). 196   considerans quod dicta supplicationi erat dampnosa sed utilis eisdem et monasterio predicto (AD SL H 914/2, 1392). 197   deliberatione per habita inter nos diligenti pro nobis et successoribus nostris accensamus et amodiamus… (AD SL H 1324/1, 1327ns) par exemple, lorsqu’une maison du bourg SaintJean fut acensée par les religieuses. 194 195

La composition de la communauté

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dans les évêchés et les monastères d’hommes198. L’absence d’actes du xiie siècle empêche de savoir quand le sceau a commencé à être utilisé dans les abbayes féminines d’Autun. Toutefois, que ce soit à Saint-Andoche ou à Saint-Jean, le sceau utilisé a d’abord été celui de l’abbesse avant que ne soit gravé un sceau au nom du chapitre. Ainsi, un accord entre les religieuses de Saint-Andoche et des particuliers au sujet de la possession de terres à Marly, passé sous l’égide du prieur de Perrecy en 1234 fut doublement scellé sur double queue de parchemin des sceaux du prieur et de l’abbesse199. Au bas d’un acte passé deux ans plus tard entre l’abbesse et le chapitre d’une part et Guillaume Loupier (n°330) et Pierre Tylou (gén. 29) d’autre part, au sujet de dîmes et autres redevances dans la région de Dornes200, pend encore un fragment de sceau de cire verte, en navette, de 55 et 35  mm environ, sur lacs de soie rouges (fig.  23.a)  ; Auguste Coulon le décrit ainsi : « Abbesse debout, de trois quart à gauche, en longue robe tombante à larges manches. Elle tient, de la main droite, une crosse (la volute est détruite, de même que la tête de l’abbesse), de la gauche, un livre », avec un Agnus Dei en contre-sceau rond201. L’année suivante, mais aussi encore plus d’un demi-siècle plus tard, le chapitre justifiait l’utilisation du sceau de l’abbesse par le fait qu’il n’avait pas de sceau propre202. En 1273, alors que le chapitre n’avait toujours pas de sceau propre, il n’utilisa pas le sceau de l’abbesse mais celui de la cour d’Autun, bien que le chapitre ne soit absolument pas en conflit avec sa supérieure : pour cet accord important entre Saint-Andoche et Saint-Jean-de-Réosme, les parties cherchèrent à multiplier les garanties en multipliant les sceaux apposés, celui du principal médiateur de l’accord, ainsi que ceux des supérieur et chapitre de chaque abbaye ; le sceau de l’abbesse ne put donc pas être apposé au nom du chapitre puisqu’il le fut déjà au nom de l’abbesse elle-même ; c’est pourquoi

 J.-L.  Chassel, «  L’usage du sceau au xiie  siècle  », dans Le xiie  siècle. Mutation et renouveau en France dans la première moitié du xiie siècle, Paris, 1994, p. 61‒102. 199  AD SL H 981/1 (1234). 200  AD SL H 952/1 (1236). 201  A.  Coulon, Inventaire des sceaux de la Bourgogne, Paris, 1912, n°1461. De façon surprenante, Auguste Coulon, qui attribue bien ce sceau à l’abbesse Félicie (n°9), date l’acte au bas duquel il pend de 1306, date à laquelle Félice est décédée depuis longtemps, alors que cet acte porte la date de mai 1236. 202   quia nos conventus sigillum proprium non habemus sigillo abbatisse nostre contempte sumus (AD SL H 952/2, 1237ns) ; H 840/6 (1282ns), H 1162/3 (1283), H 802/1 (1205), H 1080/1 (1295). 198

174 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

les religieuses firent appel à l’official d’Autun qui accepta volontiers d’apposer son sceau en leur nom203. C’est à l’extrême fin du xiiie siècle – après 1285204 – que le chapitre de Saint-Andoche se munit d’un sceau particulier qui fut utilisé pour la première fois en 1301205, ce qui marque peut-être une conquête d’autonomie du chapitre par rapport à l’abbesse. Dès lors la plupart des actes semblent avoir été scellés du sceau du chapitre, même si en 1315 c’est l’abbesse qui scella un acte de vente passé entre un particulier et deux religieuses de l’abbaye, de son «  sceau propre  »206, expression qui sous-entend d’ailleurs une opposition avec un autre sceau, sans doute celui du chapitre qui existait depuis peu de temps. Ce sceau du chapitre de Saint-Andoche (fig. 03) marque la dévotion de l’abbaye et de l’ensemble des religieuses à saint Andoche : il représente, en effet, le martyre de ce saint et de ses deux compagnons. Il est donc intemporel, contrairement aux sceaux des abbesses qui devaient être renouvelés au début de chaque nouvel abbatiat. À Saint-Jean, le chapitre semble n’avoir eu son propre sceau que plus tard encore. En 1275, Étiennette de La Roche (n°34) demanda au seigneur de Nolay, Guillaume de La Roche, d’apposer son sceau au bas d’un acte afin de l’authentifier faute de sceau propre207 ; peut-être n’avait-elle pas encore de sceau simplement parce qu’elle n’était encore qu’abbesse élue et non abbesse confirmée. Sept ans plus tard, c’est le sceau abbatial qui fut utilisé pour authentifier les affaires et transactions de l’abbaye, faute d’un autre sceau208. Durant tout le xive siècle encore, les religieuses de Saint-Jean n’eurent pas de sceau conventuel et utilisèrent seulement celui de l’abbesse pour authentifier leurs actes209. C’est pourquoi, le 11 avril 1327, lors d’une vacance abbatiale, les religieuses ne purent pas sceller un acte d’amodiation, parce qu’elles n’avaient pas de sceau ; elles promirent donc d’ajouter leur sceau à celui de la

 AD CO 74 H 1013/1 (1273).  AD SL H 802/1 (1285) : sigillum abbatisse, quo solo et unico utimur. 205  AD SL H 708, fol. 31, H 709, fol. 26v : « L’an mil CCC et I, la voile de la Saint Pierre et Saint Pouz, fust seaulee li premiere leitre de notre seaul dou convent ». Cf. Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche, éd. cit., n°532, p. 242. 206   sigillum nostrum proprium (AD SL H 808/6, 1315). 207   quia sigillum nostrum penes nos non habemus (AD CO 16 H 113, 1275). 208  AD SL H 1363/1 (1282) : sigillii nostri dicte abbatisse quo solo et vinco vel dicta abbatissa et conventus in autque negociis utimur cum nulli sigillii aliud habuimus. 209  AD  SL H  1456/1  (1396)  : sigillorum nostrum quo utimur solo et unico  ; AD  SL H 1207 (1407) : « nous avons fait seele ces presentes letres […] de notre propre seel duquel nous usons pour le tout ». 203 204

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cour de Bourgogne dès qu’elles en auraient à nouveau un, sans doute lorsque Gile de Marigny (n°40), élue, aurait été intronisée210. Il semble que le chapitre de Saint-Jean n’ait fait graver un sceau propre que dans le dernier quart du xive siècle ; en 1383 en effet, Jean de Saint-Romain (n°603), procureur des religieuses, s’est rendu à Dijon « quare la délivrence de notre seel » et un charretier a reçu 4 gros « pour aller quare notre seel à sire »211 ; il ne peut pas s’agir du sceau de l’abbesse – Jeanne de Montagu de Sombernon (n°43) est en place depuis au moins cinq ans –, il s’agit donc bien de celui du chapitre. Cependant, seul le sceau de l’époque moderne est connu : il représente saint Jean-Baptiste agenouillé devant la Vierge. Le sceau est l’image de celui qui le possède et l’utilise. C’est pourquoi les sceaux abbatiaux figurent classiquement une abbesse munie de la crosse et d’un livre – la Règle que l’abbesse doit faire respecter –, symboles de la fonction abbatiale (fig. 23.a-c) ; ils sont donc très proches dans leur représentation des sceaux des abbés212. Toutefois, le sceau de l’abbesse de SaintJean comportait ses nom et armes autour d’une représentation de saint Jean agenouillé devant une Vierge à l’enfant213 et toute nouvelle abbesse devait « engraver d’un ymaige de saint Jehan » et de son nom un sceau servant à « seelees toutes lectres de bail, d’entraiges de rentes, de censes, mandement, quictance, institutions de cures et benefices appartenans à son patronaige et collation, institution d’officiers et aultres chouses qui viennent à expedier par elle en sa personne »214. Parfois, lorsque l’acte était particulièrement important, comme la promesse faite par Saint-Andoche de célébrer des anniversaires pour le roi  AD SL H 1324/1 (1327ns) ; en fait, elle semble ne jamais avoir été confirmée.  AD SL H 1256, fol. 1v et 11v respectivement (1383). 212  A. Grélois, « L’abbesse cistercienne entre l’ordre et l’ordinaire », art. cit., p. 117‒130, en particulier p. 119‒120. 213  Soc. Éd. D 4-H terrier de Saint-Jean, fol. 18‒18v (1480). D’ailleurs les armoiries de Saint-Jean-le-Grand portaient «  d’azur à une Vierge contournée tenant son enfant Jésus entre ses bras et assise sur un trône mouvant de flanc dextre de l’écu, senestrée d’un saint Jean-Baptiste à genoux, portant de sa main dextre une longue croix avec sa banderole et tenant de sa main senestre une crosse, et ayant à ses pieds un mouton, le tout d’argent, avec cette inscription autour de l’écu  : sigil. abat. reg. ste mariæ sti johannis hæduens » sur le même modèle que le sceau de l’abbaye, tandis que les armoiries de SaintAndoche (« d’azur à une Vierge d’or couronnée de cinq étoiles d’argent posées en orle et soutenue d’un croissant de même ») étaient très différentes du sceau de l’abbaye. (H. de Fontenay, Armorial de la ville d’Autun ou recueil des armoiries de ses familles nobles et bourgeoises, de ses évêques, de son clergé et de ses corporations civiles et religieuses, Autun, 1868, p. 41‒42). 214  AD SL H 1220, fol. 5v (1483). 210 211

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FIG. 23.a. Sceau de l’abbesse de Saint-Andoche, Félicie (n°9), en 1236 1

FIG. 23.b. Sceau de l’abbesse de Saint-Andoche, Marguerite de Montagu (n°17) en 1377 2 AD SL H 952/1 (1236). Cf. Aug. Coulon, Inventaire des sceaux de la Bourgogne, Paris, 1912, n°1461.  AD CO B 11622 (1377) (©CG21/F.Petot/11-2008). Cf. Aug. Coulon, Inventaire des sceaux de la Bourgogne, Paris, 1912, n°1462.

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FIG. 23.c. Sceau de l’abbesse de Saint-Jean-le-Grand, Alice de Brazey (n°45), en 1407*

Jean II le Bon et les ancêtres du duc, les deux sceaux étaient apposés, celui de l’abbesse – Marguerite de Montagu (n°17) en l’occurrence – et celui du chapitre215. c. Quitter la charge abbatiale

Il était très rare qu’une abbesse quitte la charge abbatiale, si ce n’était pour rejoindre le cimetière, dans la mesure où, une fois abbesse, la religieuse avait atteint le faîte de la puissance qu’elle pouvait espérer. Seule une descendante d’une famille particulièrement influente pouvait ambitionner plus  : ainsi, Henriette de Vienne (n°22) a pu se faire élire à la tête du chapitre de Remiremont en 1444. Cependant, on a vu que certaines abbesses renoncèrent à leurs ambitions personnelles afin de favoriser les ambitions de leur famille : elles résignaient alors leur charge en faveur, généralement, d’une nièce. Ainsi, en 1490,

 AD CO B 11622 (1377).  AD CO B 490 (1407) (©CG21/F.Petot/11-2008).

215 *

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Louise de Clugny (n°24), qui atteignait sans doute un âge déjà respectable puisqu’elle était religieuse à Saint-Andoche depuis 39 ans au moins, décida de résigner sa charge en faveur de sa nièce Anne d’Alonne (n°25) ; elle vécut encore quatre années, durant lesquelles elle a peut-être conseillé sa nièce et durant lesquelles celle-ci lui a confié la charge de sacriste, charge qui est importante dans l’abbaye. Une abbesse pouvait également renoncer à sa charge, devenue trop lourde à assumer, et s’en démettre entre les mains de l’évêque, sans pour autant désigner celle qui lui succèderait ; aucun exemple d’un tel renoncement n’est est connu pour Saint-Andoche et Saint-Jean-le-Grand, mais cela ne signifie pas qu’aucune abbesse ne s’y soit résolue : la plupart des changements d’abbatiat sont fort mal documentés. Enfin, rarement, une abbesse pouvait être démise par l’évêque pour une mauvaise gestion de l’abbaye ou une attitude inconvenante pour une religieuse. Pourtant, au moins pour Saint-Andoche, l’évêque peinait à imposer son droit de correction sur les religieuses, bien que la charte de l’évêque Jonas ait réaffirmé la juridiction de l’évêque sur l’abbaye ; en effet, d’après les lettres de Grégoire le Grand auxquelles les religieuses ne manquaient jamais d’avoir recours, il fallait que six évêques estiment nécessaire la destitution de l’abbesse pour que celle-ci puisse être effective. Cette question s’est posée dans le deuxième tiers du xve siècle lorsque Jean Rolin prétendit exercer son droit de visite et de correction à l’encontre de l’abbesse Marie de Vienne (n°23) ; cette dernière fit appel au Parlement de Paris dont l’arrêt lui fut contraire en 1439216. Mais l’abbesse ne rendit pas les armes, alla à Rome et obtint, en 1450, une bulle de Nicolas V exemptant Saint-Andoche de la juridiction épiscopale, bulle adressée à l’official de Langres217. Des notaires auxquels il avait peut-être été fait appel pour éclaircir la situation dirent avoir trouvé, à Saint-Martin d’Autun, dans un ouvrage ancien contenant les lettres de Grégoire le Grand, une lettre fixant « ce que l’abbesse et le convent de Saint-Andoche affirment pour elles et leur abbaye » au sujet des « privilèges, immunités, libertés et exemption de ce monastère »218. À Saint-Jean, l’intervention épiscopale fut moins difficile quand, en 1496, l’official d’Autun, certainement soutenu par l’évêque Antoine de Chalon, ordonna à Marie de Marcilly (n°51) de se désister de la charge abbatiale

  BnF coll. Bourg. II, fol. 67.  AD SL H 680/2 et 3 (1450). 218  AD SL H 679/5 (1451ns). 216 217

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au profit de Perrenelle de Vienne (n°52)219 ; la première n’était pas accusée d’une faute grave, mais le père de la seconde semble avoir exercé une pression suffisante pour que cette démission dans les six jours soit imposée. En fait, il fut aidé par le trépas de Marie de Marcilly dans les deux semaines suivantes220 et quelques semaines plus tard, c’est Perrenelle de Vienne qui était abbesse suite à ce « trespas et decez de feu religieuses dame dame Marie de Marcilly, derniere abbesse possesseresse d’icelle abbaye »221 comme il a été vu. Cependant, un quart de siècle plus tard, Robert Hurault, archidiacre et chanoine d’Autun, vicaire général de l’évêque Jacques Hurault, rencontra d’innombrables difficultés face à l’abbesse Claude de Rabutin (n°53) qu’il suspendit de son administration de Saint-Jean222 mais qui, exilée à Marcigny, refusa de répondre de ses agissements contraires à la Règle de saint Benoît et des scandales qui s’étaient produits à l’abbaye sous son gouvernement, sous prétexte qu’elle ne dépendait pas de son administration223 et prétendait toujours agir en tant qu’abbesse depuis son lieu d’exil – par exemple, en nommant un chapelain pour une chapelle devenue vacante suite à la résignation entre ses mains du précédent titulaire –224, malgré la nomination à la tête de Saint-Jean d’une administratrice, Adrienne de La Palu de Varas (n°55), administratrice de 1522 à 1535 puis abbesse à partir de l’année suivante après la mort de Claude de Rabutin. Au milieu du xvie siècle, prenant peut-être modèle sur Saint-Andoche, les religieuses de Saint-Jean refusèrent la visite de l’évêque Pierre de Marcilly225. III. La familia des abbayes Les religieuses formaient le cœur d’une communauté monastique féminine. Toutefois, elles n’étaient pas les seules personnes que l’on puisse  AD SL H 1178/1 (4 septembre 1496).  AD SL H 1179/1 (21 septembre 1496). 221  AD SL H 1178/2 (1er novembre 1496). 222  AD  SL G  545/1  (1521)  : il lui interdit d’administrer le temporel comme le spirituel de l’abbaye à cause de sa vie dissolue et peu conforme à la régularité monastique. D’après Hippolyte Abord, un « antique portrait » de cette abbesse était même accompagné de la légende suivante  : «  Je suis l’abbesse dont les flancs  /  Enfantèrent vingt-quatre enfants  » (H. Abord, Histoire de la réforme et de la Ligue dans la ville d’Autun, Paris / Autun, 1855, t. 1, p. 15). 223  AD SL G 545/1 et 2 (1521). 224  AD SL 3 E 6, fol. 66v (1532). 225  AD SL G 432, fol. 91v (1558). 219 220

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considérer comme appartenant à la communauté au sens large : elles étaient entourées d’hommes et de femmes qui vivaient au quotidien auprès d’elles, mais devaient aussi faire appel à de nombreux hommes qui les représentaient dans leurs actes juridiques et plus largement dans leurs rapports avec le monde extérieur. 1. L’entourage immédiat des religieuses de chœur En 1434, d’après les religieuses elles-mêmes qui se plaignaient de la faiblesse de leurs revenus, l’abbaye Saint-Jean abritait 60 personnes226, alors que seules l’abbesse Alice de Brazey (n°45) et cinq autres religieuses de chœur sont connues pour cette année-là. Les religieuses de chœur étaient certainement en plus grand nombre mais il est certain qu’entre un quart et un tiers seulement des personnes qui « sont en [l’]abbaye »227 étaient des religieuses de chœur. Qui pouvaient être ces dizaines d’autres personnes qui étaient considérées par les religieuses elles-mêmes comme appartenant à leur abbaye ? Sans doute y avait-il parmi elles quelques novices et les chapelains, probablement aussi des servantes et des serviteurs228. a. Les jeunes : la question des enfants et des novices

Les futures religieuses faisaient bien entendu partie de la communauté non seulement de l’abbaye, mais aussi des religieuses. Toutefois, il n’y a que fort peu de traces de l’existence de novices dans la documentation, que ce soit pour Saint-Andoche ou pour Saint-Jean, alors que toute abbaye accueillait des novices, jeunes ou adultes, encadrées par une maîtresse des novices ; en effet, sans un nombre suffisant de novices pour remplacer les religieuses de  AD SL H 1455/1 (1434).  AD SL H 1455/1 (1434). 228  À une date beaucoup plus tardive, au xviie  siècle, on connaît plus précisément la composition de la population de l’abbaye Saint-Jean  : alors qu’il y avait 20  religieuses et 4  novices, l’abbaye abritait quatre fois plus de personnes. L’abbesse avait quatre filles de chambre, la prieure deux servantes et chacune des religieuses et des novices une servante ; les deux prêtres avaient chacun leur serviteur ; le marguillier, marié et père de famille, avait cinq domestiques ; servaient aussi l’abbaye une cuisinière, quatre servantes, un agent d’affaires, un carrossier, deux charretiers, un palefrenier, trois laquais, un jardinier marié et père de famille et deux touriers (AD SL H 1224, 1635). Soixante ans plus tard, en 1698, il y avait, à Saint-Jean, 25 religieuses de chœur et 6 converses, et seulement 15 religieuses à Saint-Andoche (L’intendance de Bourgogne à la fin du xviie siècle. Édition critique du mémoire « pour l’instruction du duc de Bourgogne », D. Ligou (éd.), Paris, 1988, p.  105‒106 et p.  266‒267). En 1705, Saint-Jean abritait toujours 25 professes et 7 converses (AD SL 2 G 363, 1705). 226 227

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chœur au fur et à mesure des décès, chacune des deux abbayes aurait rapidement périclité. De façon indirecte, la fondation d’un anniversaire par Jeanne de Clugny (n°88), en 1444, montre que Saint-Jean accueillait des novices puisque la sacriste prévoyait que « les junes religieuses novisses qui seront tenues de porter bonnes herbes violetes bons flerant sus la sepulture de ladite secretainne » recevraient 2 blancs229. De fait, certains comptes mentionnent le nombre de novices présentes dans l’abbaye lorsque celles-ci ont droit à une portion de prébende, ce qui n’est pas toujours le cas. Ainsi, en 1407‒1408, il y avait à Saint-Andoche cinq novices qui se partageaient, lors de certaines distributions, trois prébendes230. À la même époque, le nombre de novices était similaire à SaintJean  : en 1400, elles se répartissaient quatre prébendes et l’année suivante les six « filles » avaient droit à cinq prébendes231. Il est en effet très probable que les « filles » dont il est question ici étaient des novices même si cela n’est pas explicite, contrairement à l’expression utilisée dans les comptes de SaintAndoche, « filles novices ». La partie pitancier de deux des obituaires de Saint-Andoche mentionne aussi des jeunes, dont il n’est pas certain qu’elles étaient des novices. Probablement était-ce le cas pour « li anffant dou clostre » qui prenaient part aux distributions du lendemain de Pâques et pour « tut li anffant demorant en l’albaie » qui devaient recevoir 2 deniers à chaque fois qu’une prébende était accordée à une nouvelle religieuse ou à un nouvel ecclésiastique232. Mais qu’en est-il des « escolières » auxquelles le curé de Curgy devait 6 deniers sur les 12 deniers qu’il recevait des offrandes de la messe la veille de la Saint Andoche  ? Ces dénominations – enfant et écolière – sont-elles une autre façon de mentionner les novices qui, effectivement, recevaient un enseignement d’une des religieuses, d’une maîtresse des novices, ou Saint-Andoche abritait-elle une école pour les petites filles d’Autun au début du xive siècle ? Si tel a été le cas, ce qui semble peu probable, cette école et cette fonction scolaire n’ont laissé aucune trace dans la documentation. Le plan de Saint-Andoche de 1707 (pl. VII.), qui présente les bâtiments abbatiaux tels qu’ils ont été reconstruits à l’époque moderne, fait apparaître

 AD SL H 1229, fol. 15 (1444).  AD SL H 722, fol. 12, 12v, 22, H 1625, fol. 15v, 17, 20v (1407‒1408 : ces deux documents sont deux morceaux d’un même compte). 231  AD SL H 1259, fol. 7 (1400) et H 1260, fol. 14 (1401) respectivement. 232  AD SL H 708, fol. 27v et fol. 33 respectivement, H 709, fol. 24v et fol. 28v respectivement. Cf. Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche, éd. cit., n°498 p. 237 et n°553 p. 245. 229 230

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un « noviciat » avec, le jouxtant, une chambre réservée à la « maitresse ». Toutefois, rien ne prouve que cet espace existait déjà sous cette forme au Moyen Âge. Outre les novices, dont la présence dans la documentation est exceptionnelle, et les religieuses de chœur, on peut se demander s’il n’y avait pas aussi des religieuses qui vivaient auprès d’une religieuse prébendée, religieuses dont le statut est alors un peu flou mais qui devaient hériter de la prébende de leur compagne au décès de celle-ci. En effet, les prébendes mentionnées dans les livres de comptes de Saint-Jean n’étaient pas toujours distribuées à une religieuse seule, mais parfois à une religieuse et sa « nièce », une jeune fille peut-être vouée à l’abbaye, qui n’avait pas encore de prébende. Dans ces « couples » de religieuses, le lien avunculaire était assez fréquent, mais les deux religieuses pouvaient aussi être liées par un autre type de lien familial, voire n’être pas parentes233. À supposer qu’un tel système ait effectivement prévalu à Autun, au moins à Saint-Jean-le-Grand, il n’était sans doute pas aussi élaboré que celui des familiae en Angleterre – où une religieuse gardait auprès d’elles plusieurs religieuses, de deux à cinq à Elstow au milieu du xve siècle – ou des compagnies de prébendes du chapitre lorrain de Remiremont234. b. Les chapelains et marguilliers

Les offices auxquels devaient assister les religieuses, plusieurs fois par jour, étaient dits par des chapelains ou, éventuellement, par l’un des curés des églises paroissiales. Des marguilliers sonnaient ces offices et servaient la messe. Ces hommes, officiers du spirituel qui servaient les religieuses à

 Cf. plus loin chap. 1 III. 1. b. Le problème du terme « nièce ».  E.  Power, Medieval English Nunneries, op.  cit., p.  317‒318  ; M.  Parisse, «  Les chanoinesses de Remiremont : des religieuses particulières » (à paraître). Dans la documentation éduenne, seule une mention pourrait faire penser à une telle organisation, et encore n’est-elle vraiment pas probante. Dans le plus récent des obituaires, au 16 juillet, est inscrite la notice suivante : « Obierunt Ossendis, sponsa Christi, et translatio Decie et dame Margrete de Chaumas, X  s. dige. assis sus l’achat de Cromes que elle et se compaignie achasterant  » (Cf.  Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche, éd.  cit., n°268, p. 190). La troisième partie de cette notice peut faire penser à une compagnie de prébende dirigée par Marguerite de Chaumas, mais il n’est même pas certain que celle-ci a été religieuse à Saint-Andoche. Le terme de « compaignie » n’a donc sans doute pas l’acception spécifique liée aux chapitres de chanoinesses, en particulier au chapitre de Remiremont. 233 234

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Autun, étaient prébendés235. À Saint-Jean, à la fin du xve siècle, il fallait ainsi compter huit prébendes en plus de celles des religieuses236 ; lors des distributions, pourtant, les marguilliers ne sont jamais mentionnés, contrairement aux curés de Saint-Jean et aux chapelains. Les marguilliers étaient essentiellement chargés de sonner les offices, réguliers237 ou exceptionnels comme les anniversaires – ils étaient alors rétribués de façon particulière : la sacriste de Saint-Jean, Jeanne de Clugny (n°88), avait prévu un gros pour le marguillier238. N’ayant pas reçu les ordres, ils pouvaient se marier  : à cette occasion, ils devaient une pitance aux religieuses de Saint-Andoche239. À la fin du xiiie siècle, ils étaient payés en argent – en 1295, un marguillier de Saint-Andoche reçut 52 sous et 3 deniers pour la période de l’Épiphanie à la Sainte-Marie-Madeleine240, pour un peu plus de six mois donc –, tandis qu’au xve  siècle, ils recevaient une prébende, soit 6  setiers de froment, 2  bichets de seigle et un  bichet de fèves par an241. Si l’abbesse ne leur distribuait pas ce qu’elle leur devait à date, ils pouvaient arrêter de sonner l’office242. Les chapelains, qui, contrairement à ce qui se passait dans d’autres établissements féminins, n’ont jamais reçu à Autun le titre de chanoines243, avaient un rôle primordial au sein des abbayes, puisque sans eux les religieuses n’auraient pas pu servir Dieu selon leurs vœux ; c’est pourquoi ils étaient choisis

 En 1271, l’abbesse de Saint-Jean accorda à Raoul Regomer, prêtre, l’usufruit de « certains héritages » contre une rente en huile et surtout l’a « receut pour frère de ladite abbaye » auquel étaient dus 12 bichets de blé et un habit chaque année ; rien ne permet toutefois de savoir quelle était la fonction de ce Raoul Regomer dans l’abbaye (AD SL H 1170 XIII, II, 35, 1271ns). 236   Étaient ainsi prébendés les quatre chapelains, les deux curés de Saint-Jean et les deux marguilliers (Soc. Éd. D 4-H terrier de Saint-Jean, fol. 11, 1480). 237  Soc. Éd. D 4 reg. 75 XXII, I, 20 (1443), XXII, I, 24 (1474), XXII, I, 26 (1478). 238  AD SL H 1229, fol. 15 (1444). 239  AD SL H 708, fol. 33, H 709, fol. 28v (début xive siècle). Cf. Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche, éd. cit., n°554, p. 245. 240  AD SL H 722/1 (1295). 241  AD SL H 722/2, fol. 12‒13 (1407‒1408). 242  AD SL H 686/1 (1502). 243  J. Avril, « Les fondements, l’organisation et l’évolution des établissements de moniales dans le diocèse d’Angers (xie‒xiiie  siècles)  », dans Les religieuses en France au xiiie  siècle, Nancy, 1985, p.  39  ; P.  D. Johnson, Equal in monastic profession. Religious Women in Medieval France, Chicago / Londres, 1991, p. 181 ; Th. Soulard, « Le personnel masculin au service des religieuses de l’abbaye Notre-Dame de la Règle de Limoges à la fin du Moyen Âge », dans Les religieuses dans le cloître et dans le monde, Saint-Étienne, 1994, p. 381. 235

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et nommés par les religieuses, généralement lors du décès du précédent titulaire244 ; parfois aussi, la succession avait lieu à la suite d’une résignation plus ou moins volontaire245. Ce sont eux qui célébraient les messes quotidiennes et ordinaires à l’abbaye ; à Saint-Jean, les curés de l’église paroissiale devaient les assister lors de la messe246. Ils devaient aussi chanter les messes anniversaires fondées par des religieuses ou des personnes extérieures à l’abbaye et mener les processions247. Enfin, c’est eux qui délivraient les sacrements aux religieuses248 – confession et communion une fois par an selon les Statuta Gregorii Pape249, extrême-onction. Que ce soit à Saint-Andoche ou à Saint-Jean, ils étaient quatre – comme dans de nombreuses abbayes féminines250 – et se succédaient. À  SaintAndoche, au début du xvie  siècle, les deux chapelains du grand-autel se relayaient une semaine sur deux pour célébrer une messe haute quotidienne, deux messes anniversaires et une messe hebdomadaire des cinq plaies ; le chapelain de Notre-Dame devait trois grand-messes et une petite par semaine ; le chapelain de Sainte-Adise trois messes basses251. À Saint-Jean, les quatre chapelains desservaient les « messes cothumieres et ordinaires » des religieuses avec les curés et disaient les heures canoniales avec les religieuses, sans doute

 Ainsi, à Saint-Andoche, Jean Perrenette (n°726) succéda à Jean d’Estorbes (n°728) à la tête de la chapelle Sainte-Marie-Madeleine en 1420 (AD SL H 696/1) et Jean de La Roche (n°723) succéda à Pierre Penault (n°450) à la tête du grand-autel en 1501 (AD SL H 693/7). 245  Ainsi, à Saint-Andoche, Clément Boucher (n°731) renonça à la chapelle Saint-Pierre le Vieux en faveur de Mathieu Huelly (n°574) le 1er janvier 1465ns (AD SL H 698/1, 1465) et soixante ans plus tard, Jean Jodon le Jeune (n°659) résigna sa charge de chapelain du grandautel en faveur de son parent, Antoine Jodon (AD SL 3 E 3/6, fol. 73‒74v, 1528). En 1526, c’est pour éviter un procès que Simon Frelot (n°730), dit Brelaul, se désista en faveur de Jean Bergier de la chapelle Sainte-Adise (AD SL H 694/1, 1526). En revanche, on ne sait pas quelles sont les raisons qui ont décidé Henri Boisserand (n°754) à échanger, avec Jean de Clugny (n°753) un canonicat à la collégiale Notre-Dame de Beaune et la chapellenie de la chapelle Saint-Bénigne à Saint-Jean-le-Grand en 1409 (AD CO G 2480, fol. 33v). 246  Soc. Éd. D 4 reg. 75 XXII, II, 3 (1480, extrait terrier, fol. 11). 247  AD SL H 1220/1, fol. 3 (1483). 248  AD SL H 680/4 et 5 (1487). 249   P. Andrieu-Guitrancourt, L’archevêque Eudes Rigaud, op. cit., p. 173, p. 184. 250  J. Avril, « Les fondements, l’organisation et l’évolution des établissements de moniales », art. cit., p. 38, 42 ; P. D. Johnson, Equal in monastic profession, op. cit., p. 181. 251  AD SL H 692/3 (1530). La grande messe des samedis des Quatre Temps devait toutefois être célébrée non par un chapelain mais par le curé de Saint-Pierre Saint-Andoche (Ibid.). 244

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en se relayant252  ; à cette époque, ils semblent avoir été six à Saint-Jean253, quatre se relayant ainsi et deux se consacrant à deux chapelles, peut-être les chapelles Saint-Laurent et Sainte-Croix, dont les chapelains respectifs devaient dire trois messes hebdomadaires254. Ils pouvaient aussi être amenés à dire la messe dans l’un des domaines de l’abbaye où ils suivaient vraisemblablement des religieuses en déplacement, comme Hugues d’Allot (n°745) à Marcilly en 1398255. Les chapelains faisaient donc partie de la vie du monastère, ce qui justifie leur rémunération par une prébende similaire à celle des moniales256. Comme les marguilliers, les chapelains pouvaient cesser de célébrer l’office si l’abbesse ne leur payait pas ce qu’elle leur devait à la Saint Ladre257. En cas d’absence prolongée d’un chapelain au contraire, l’abbesse pouvait refuser de lui verser sa prébende voire la verser à un remplaçant : ainsi, les 1er et 24 septembre 1407, l’abbesse de Saint-Andoche ne versa rien à Jean Saulieu (n°717) « pour ce que sa prebende estoit sequestree »258 sans doute parce qu’il ne remplissait pas sa charge ; le 26 octobre, elle versa sa prébende « à messire Guillaume Canot qui deservoit pour messire Jehan Saulieu »259 ; le 30 novembre enfin, Jean Saulieu n’est plus du tout mentionné, pas plus d’ailleurs que Guillaume Canot (n°718)260. Les chapelains recevaient une rétribution additionnelle lorsqu’ils avaient une charge supplémentaire, en particulier pour la célébration de messes

 AD SL H 1220/1, fol. 3 (1483).  Soc. Éd. D 4 reg. 75 XXII, I, 28 (1494ns) ; à la fin du xviie siècle, ils n’étaient plus que deux chapelains qui célébraient deux messes quotidiennes, l’une à 6 heure et l’autre, la messe conventuelle, à 9 heure (AD SL H 1203/1, 1691). 254  Soc. Éd. D 4 reg. 75 XXII, II, 1 (1308) et Soc. Éd. D 4 reg. 75 XXII, II, 2 (1346). 255  AD SL H 1258, fol. 8 (1398). 256  Lors de la fondation de la chapelle Saint-Laurent à Saint-Jean, en 1308, la fondatrice prévoyait une « prebande quotidiene et perpetuelle de pain et vin semblable à celle d’une religieuse » (Soc. Éd. D 4 reg. 75 XXII, II, 1, 1308). À la fin du xve siècle, chaque chapelain de Saint-Jean recevait 48 boisseaux de grains mesure de Mont-Saint-Jean ou 40 mesure d’Autun, une queue de vin de Nolay et 5 livres d’argent (H 1203/2, 1480). Au début du xve siècle, les chapelains de Saint-Andoche recevaient, comme les religieuses et les marguilliers, 6 setiers de froment, 2 bichets de seigle et un bichet de fèves par an et ont reçu 26 gros le 1er septembre 1407 et un résal de sel le 30 novembre suivant (AD SL H 722/2, fol. 12‒13, 22 et H 1625, fol. 15v, 17, 20‒21, 1407‒1408). 257  AD SL H 686/1 (1502). 258  AD SL H 1625, fol. 15v et 17 (1407‒1408). 259  AD SL H 722/2, fol. 12 (1407‒1408). 260  AD SL H 1625, fol. 20v‒21 (1407‒1408). 252 253

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a­nniversaire. Ainsi, l’abbesse de Saint-Andoche Marguerite de Montagu (n°17) prévoyait 10  sous, à acquérir, pour la rémunération des chapelains célébrant les deux messes annuelles du Saint-Esprit puis des morts qu’elle fondait261  ; de même, Jeanne de Clugny (n°88) prévoyait 6  blancs pour chacun des quatre chapelains qui doivent dire une messe des morts en sa faveur262. Lors de certaines fêtes aussi, les chapelains pouvaient recevoir une gratification particulière comme Jean Ferroillon (n°716) qui reçut 3 blancs et un  denier pour la célébration d’un anniversaire le jour de la «  Sainte Edice »263, peut-être la sainte à laquelle était dédiée une chapelle. Enfin, ils étaient également rétribués pour la célébration de messes à l’occasion du décès de religieuses, comme ce fut le cas pour le décès d’Agnès de Communes (n°151) en septembre 1407264. Parfois aussi, les titulaires d’une chapelle possédaient certains biens en tant que chapelains, comme ceux de la chapelle de Marie-Madeleine à SaintAndoche : au milieu du xve siècle, ils avaient une pêcherie sur le Mugne et un meix dans la rue de Chaumont265, mais disposaient aussi d’une rente de 8 livres sur une maison du châtelet Saint-Andoche. Vers 1422 en effet, Jean Perrenette (n°726) fut obligé d’intenter un procès au « tenementier » de cette maison qui refusait de payer ces 8 livres de rente alors qu’il les payait à son prédécesseur ; il pensait sans doute que Jean Perrenette, du fait de sa jeunesse, ne défendrait pas ses droits ; devant la cour, il argua ensuite qu’un de ses prédécesseurs avait passé un accord avec Pierre Monstule (n°724), jadis chapelain de la chapelle de Marie-Madeleine, et fait réduire de moitié cette charge, mais ne pouvant présenter une charte prouvant cet accord, il fut entièrement débouté, dut payer à Jean Perrenette la rente dans sa totalité, avec ses arriérages, et fut condamné aux dépens266. Il arrivait enfin que les religieuses se montrent reconnaissantes envers l’un de leurs chapelains, généralement pour services rendus et pour éviter le pêché d’ingratitude267. Ainsi, en 1396, les religieuses de Saint-Andoche laissèrent à Jean Vaillant (n°472), sa vie durant, une maison du châtelet Saint-Andoche, maison jouxtant la maison de Viévy, contre seulement un

 AD CO 74 H 1013/1 (1345).  AD SL H 1229, fol. 15 (1444). 263  AD SL H 1625, fol. 19v (1407‒1408). 264  AD SL H 1625, fol. 17 et 20v (1407‒1408). 265  AD SL H 704/1, fol. 5v (1453), H 704/1, fol. 9v‒10v (1453). 266  AD SL H 696/1 (vers 1422). 267   volentes […] ingratitudinis penitus evicare (AD SL H 802/1, 1285). 261 262

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cens de 2 deniers tournois fort ; le jour même, Jean Vaillant reconnaissait qu’il devait ce cens de 2 deniers268. Les chapelains et marguilliers devaient habiter à proximité immédiate de l’abbaye qu’ils desservaient afin de remplir au mieux leur rôle, mais ils ne pouvaient pas habiter à l’intérieur de la clôture269 ; on ne sait pas de façon précise où ils logeaient. c. L’entourage domestique

Alors que la Règle de saint Benoît préconisait que les religieux fassent tout par eux-mêmes, y compris les gros travaux, très vite les monastères ont employé des personnes, frères convers ou domestiques laïcs, pour les décharger d’un certain nombre de tâches et leur permettre de mieux se consacrer à la vie spirituelle : dès avant le xiiie siècle, ce précepte n’était donc plus respecté dans aucun monastère270. Probablement une partie au moins de ces serviteurs étaient-ils considérés comme étant de l’abbaye et comptabilisés comme tels. À la fin du xve siècle, il semblait évident à Jean Thevenin (n°588), qui devait la loger, que lorsque l’abbesse de Saint-Andoche se déplaçait dans les domaines de l’abbaye, elle était accompagnée de «  religieuses, serviteurs, servantes et domesticques »271. Les procès-verbaux liés au droit de gîte de l’abbesse de Saint-Jean confirment d’ailleurs ce fait, en étant beaucoup plus précis : Jeanne de Sombernon (n°43) était alors accompagnée de charretiers, de valets, d’une chambrière, d’un cuisinier, d’un médecin et de son assistant272. Il est fort probable que ces différentes personnes étaient considérées comme faisant partie de la communauté au sens large. Ces serviteurs laïcs devaient normalement être au service de l’ensemble de l’abbaye ou du chapitre et non d’une religieuse particulière, comme Guillaume le Roy, témoin d’un acte d’amodiation par Saint-Jean de ses terres et revenus du comté de Bourgogne, qui est dit « serviteur de nous, lesdites

 AD SL H 802/3 (1396) et H 753/4 (1396).  Th. Soulard, « Le personnel masculin au service des religieuses », art. cit., p. 380. 270   Dans les monastères anglais importants, on pouvait ainsi trouver un cuisinier et sa femme, un brasseur, un boulanger, une « laitière », une lavandière, plusieurs servantes, un portier, un jardinier, sans compter les servantes attachées aux officières pour les seconder dans leur tâche. À l’abbaye Sainte-Radegonde de Cambridge, au milieu du xve siècle, pour douze religieuses seulement, il y avait sept domestiques, trois hommes et quatre femmes, et six valets de ferme (E. Power, Medieval English Nunneries, op. cit., p. 150‒153). 271  AD SL H 965/3 = H 965/2 et H 957, fol. 32v‒39 (1497). 272  Cf. chap. 3 III. 1. b. Les hôtels et demeures aménagées pour recevoir les religieuses, à partir du xive siècle. L’utilisation du droit de gîte à Saint-Jean. 268 269

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r­eligieuses  » de Saint-Jean273. Sans doute y avait-il dans chaque abbaye quelques personnes pour s’occuper d’un jardin – au xviiie siècle, un jardinier était logé à l’abbaye d’après le plan de Bellevaut (pl. X.)274 –, de l’écurie, éventuellement d’une basse-cour etc. Certains serviteurs, qui sont mentionnés comme étant liés à l’abbesse, étaient sans doute, en fait, au service de l’ensemble de l’abbaye, mais peutêtre étaient-ils rémunérés par l’abbesse. Ainsi en est-il des charretiers, personnes importantes pour les abbayes : la charge de convoyer denrées275 ou personnes276 devenait leur métier. On parle du « charreston de madame » ou du « chareston » tout court, et dans les comptes, on les appelle souvent par leur nom parce qu’ils sont bien connus. Outre le remboursement des frais engagés au service de l’abbaye, ils recevaient un salaire, l’abbaye leur fournissait vêtements et souliers et les religieuses pouvaient les loger contre paiement d’un loyer277 ; ainsi, Jean Belon, qui se fit employer comme charretier par les religieuses de Saint-Jean pour un an en 1398‒1399, reçut 9 francs d’or, une robe et une paire de souliers, contrat qui fut renouvelé l’année suivante278 ; son salaire était donc nettement plus important que celui de ceux qui étaient employés pour s’occuper d’une grange par exemple, qui reçurent, la même année, 13 francs et deux « chappirons » pour eux deux279. Environ un siècle plus tard, Thevenin, charretier de l’abbaye, recevait 13  francs de gages annuels280. Parfois, c’est un homme qui avait un autre métier qui se mettait au service d’une abbaye comme charretier : ainsi, en 1442, Jean Valier des Granges, vigneron à Nolay, homme franc d’environ 45 ans, reconnaissait avoir été « charreton et serviteur domestique l’espace de trante et ung ans de feu dame Alips de Brasiers »281.

 AD SL H 1437/3 (1437ns).  AD SL 3 Q 390 (1795). 275  Un « charreton de madame » l’abbesse de Saint-Andoche alla chercher du vin à Senailly pour le rapporter à l’abbaye par exemple (AD SL H 1625, fol. 28, 1407‒1408). 276  Gérard Nehevele ou Navelle et Gérard Demon, s’occupaient ainsi du « char » dans lequel se trouvait l’abbesse et l’accompagnaient dans ses déplacements sur les domaines de l’abbaye (AD SL H 1222/2, 1382 et 1385). 277  AD SL H 1256, fol. 19v‒20 (1383). 278  AD SL H 1260, fol. 7‒7v (1398, 1399). Quelques années plus tard, Hugues Lecardinal, charretier, reçut 10 francs, une robe et une paire de souliers (AD SL H 1260, fol. 8, 1403). 279  AD SL H 1260, fol. 7 (1398). 280  AD SL H 1255/1, fol. 14v (1480). 281  AD SL H 1429/4 (1442). 273 274

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On peut penser que les « valets » de l’abbesse, dont certains eux aussi accompagnaient l’abbesse lors de ses déplacements, pour la servir mais aussi sans doute pour la défendre, étaient en fait, là encore, au service de l’ensemble de la troupe, comme Hugues Lesquailliez, valet de l’abbesse Jeanne de Sombernon (n°43), qui l’accompagna pour aider son charretier lors d’un déplacement à Géanges282. Lorsqu’ils résidaient dans un domaine, ils étaient probablement au service du domaine, comme Jacob, valet à l’hôtel de l’abbesse à Cirey, qui recevait du froment et du seigle283 ou Jehan Moyret, valet de l’abbesse, à qui était alloué de l’avoine284. Comme les charretiers, les valets étaient vêtus aux frais de l’abbaye285. Il semble également y avoir eu au moins une chambrière dans les principaux domaines de l’abbaye, comme celle de Marcilly à laquelle on acheta un couvre-chef en 1383286. Là encore, elles étaient salariées et l’abbaye leur procurait souliers et vêtements287. Sur le plan de 1707 de l’abbaye SaintAndoche (pl. VII.), apparaît une « chambre des servantes » ; il semblerait donc, qu’à l’époque moderne au moins, une fois la réforme passée pourtant, il y ait eu plusieurs servantes au service des religieuses. Il est certain que toutes ces personnes n’habitaient pas dans l’abbaye. Mais la question peut se poser pour d’autres personnes tels que le médecin et son assistant ou Jean Fournier, le cuisinier, qui accompagnèrent Jeanne de Montagu (n°43) lors de son voyage en juin 1385 à Montmort, à une trentaine de kilomètres d’Autun seulement288. Les deux abbayes semblent avoir bénéficié des prestations d’un cuisinier au début du xve siècle : Petit Jehan, cuisinier de l’abbesse, qui cuisina cinq quartiers de mouton ou acheta de la volaille pour Saint-Andoche289, s’occupait peut-être de la seule table abbatiale ou du repas de l’ensemble des religieuses. Il travaillait au moins dans l’enceinte de l’abbaye et vivait sinon dans l’abbaye même, dans sa proximité immédiate ; il était vêtu aux frais de l’abbaye puisque des pièces de tissus de

 AD SL H 1222/2 (1385).  AD SL H 1583, fol. 8, 11, 13, 17v (1402‒1403). 284  AD SL H 722/2, fol. A (1407‒1408). 285  Cf.  par exemple les achats de souliers  : AD  SL H  1257, fol.  23 (1397‒1398), H  1527, fol. 2v (1399‒1400). Les religieuses de Saint-Andoche achetèrent une demie aune de blanchet pour des chausses pour Saulvestre, valet lié à Curgy (AD SL H 1625, fol. 28, 1407‒1408). 286  AD SL H 1256, fol. 9v (1383). 287  AD SL H 1256, fol. 8 (1382), H 1256, fol. 19v-20 (1383), H 1256, fol. 23 (1383). 288  AD SL H 1222/2 (1382? 1385 et 1407). 289  AD SL H 1625, fol. 11v, fol. 27 (1407‒1408). 282 283

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laine furent achetées « pour les robes de Petit Jehan [cuisinier] et de Robert, clerc de madame »290. Certains de ces serviteurs semblent avoir été attachés plus spécifiquement à l’abbesse et non à l’ensemble de la communauté. C’est le cas de trois témoins qui, lors d’un procès entre Saint-Jean-le-Grand et Saint-Symphorien en 1442, dirent avoir été « serviteur domestique » de l’abbesse Alice de Brazey (n°45), qui était alors décédée depuis quelques années291 : cette expression laisse penser qu’ils habitaient la même demeure que l’abbesse, à l’abbaye donc. Toutefois, cela n’est pas certain pour tous : on ne voit pas quel aurait pu être le service apporté à l’abbesse, dans l’abbaye, par Guillaume Le Liégeois, laboureur de terres âgé de 60 ans environ, qui dit avoir été « serviteur domestique » de l’abbesse Alice de Brazey durant quatorze ans, une vingtaine d’années auparavant. Pierre Boisselier (n°611), prêtre, qui dit avoir été « serviteur domestique l’espace de trois ans entiers de feu dame Alips de Brasiers » dans les années 1414, a pu être un clerc au service de l’abbesse pour la rédaction de documents, ce qui n’impliquait pas qu’il demeure à l’abbaye, ni qu’il soit au service exclusif de l’abbesse même si cela a pu être le cas – en 1441 il était procureur des religieuses. On sait enfin que Jean Guerreaul alias Lasnier (n°759), prêtre, qui dit avoir été «  serviteur domestique de feue dame Aliz de Brasier  » pendant plus de quinze  ans, était chapelain de l’abbesse en 1425292 ; là encore, on ne sait pas s’il y avait vraiment une charge de chapelain privé de l’abbesse ou s’il s’agit plus simplement de l’un des quatre chapelains de l’abbaye. Les servantes ou chambrières de l’abbesse, elles, étaient sans doute au service exclusif de celle-ci  ; nombreuses sont les abbesses qui avaient ainsi au moins une femme qui leur était dévouée  : Jeannette de Langres était chambrière de Jacquette de Vienne (n°19) ou Guillemette d’Oiselet (n°20) en 1407‒1408293, Margot chambrière de Jeanne de Sombernon (n°43) en 1382294, Oudote servante de Jeanne de Couches (n°44)295, Giraulde, Jeannette et Perrenote, servantes d’Alice de Brazey (n°45)296, Henryotte

 AD SL H 1625, fol. 23v (1407‒1408).  AD SL H 1429/4 (1442). 292  AD SL H 1208/2, fol. 60v (1425). 293  AD SL H 722/2, fol. 23 (1407‒1408), H 1625, fol. 28v (1407‒1408). 294  AD SL H 1222/2 (1382). 295  AD SL H 1258, fol. 11 (1397‒1398), H 1527, fol. 2v (1399‒1400). 296  AD SL H 1259, fol. 14v,(1401‒1402), H 1260, fol. 13v (1401‒1402), H 1583, fol. 8v, 11, 13v, 15 (1402‒1403), H 1263/1, fol. 7, 7v, 8, 8v (1404‒1405), H 1262, fol. 17v (1403‒1406). 290 291

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c­ hambrière d’Huguette de Bernault (n°49)297. Elles étaient vêtues et chaussées aux frais de l’abbaye, vivaient nécessairement dans l’abbaye, sans doute même dans les appartements de l’abbesse. Certaines religieuses aussi avaient des personnes à leur service particulier, qui habitaient donc dans l’enceinte abbatiale, même si les attestations en sont assez rares. Ainsi, Yolande d’Oigny (n°79), prieure de Saint-Jean dans le premier quart du xive siècle, avait une suivante (pedisecca), Pétronille d’Anox, qui était loin d’être démunie puisqu’elle acheta une vigne à sa maîtresse pour 20  livres, vigne qu’elle revendit 10  livres en 1327298. Pourtant, la présence de servantes personnelles dans les monastères était régulièrement condamnée par les autorités ecclésiastiques, notamment par Eudes Rigaud lors de ses visites dans la province de Rouen299. 2. Les officiers des abbayes en charge du temporel Outre les religieuses, les convers et converses, les damoiselles et les enfants, les chapelains, les chambrières etc., au début du xive siècle, lors de l’attribution d’une nouvelle prébende, d’autres personnes encore participaient à la fête en tant que membres de la familia : les doyens, les prévôts qui recevaient 12 deniers, mais aussi le maire de Curgy qui percevait 2 sous de pitance comme les religieuses300. Ces officiers au service des religieuses, qui ne vivaient pas dans l’abbaye, étaient pourtant considérés par les religieuses elles-mêmes comme faisant partie de leur communauté. a. Des représentants permanents des religieuses dans leurs domaines : les maires, prévôts et doyens301

Les religieuses établissaient dans leurs domaines ruraux des laïcs qui servaient d’intermédiaires entre elles-mêmes et les exploitants de leurs terres. C’est tout un encadrement masculin qui était mis en place pour la gestion quotidienne de ces domaines302.

 AD SL H 1266, fol. 64 (1476).  AD SL H 1426/14 (1327ns). 299   P. Andrieu-Guitrancourt, L’archevêque Eudes Rigaud, op. cit., p. 160. 300  AD SL H 708, fol. 33, H 709, fol. 28v. Cf. Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche, éd. cit., n°553, p. 245. 301  Cf.  N.  Verpeaux, «  Maires, prévôts, doyens, les intermédiaires entre seigneurs et exploitants. À propos du temporel des dames d’Autun (xiiie‒xive  siècles)  », Histoires et Sociétés Rurales, vol. 36 (2011/2), p. 7‒40. 302  Cf.  Th.  Soulard, «  Le personnel masculin au service des religieuses  », art.  cit., p. 385‒387. 297 298

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Dans le terrier que Claude de Bernault (n°50) fit rédiger en 1480, les différentes charges des « officiers temporelz » sont explicitées et en particulier celle de « mayeur et juge ». À Saint-Jean, le maire était en charge de « toutes les terres et seignoiries dudit monastère  » pour les affaires et transactions importantes : transmissions de fiefs, redevances et surtout justice. En effet, c’est lui qui poursuivait ou défendait au nom de l’abbaye dans ses querelles avec ses dépendants ou tenanciers et c’est pourquoi, à partir du début du xve  siècle, la fonction de maire de Saint-Jean était souvent exercée par un licencié en lois voire un licencié dans les deux droits ; il avait en charge la justice sur le faubourg Saint-Jean, Mondru, Gueunand, Runchy et Charmasse, Valvin et Le Croux303  ; le maire et le juge étaient une seule et même personne qui représentait l’abbaye en justice, faisait respecter ses droits dans ses domaines et rendait la justice304. En outre, le maire de Saint-Jean s’occupait de la gestion des domaines « pour ce que lesdictes dames ne peuvent bonnement aller ne venir pour les affaires obstant l’estat de religion »305, comme le faisaient jusqu’au début du xve siècle les maires mais aussi les prévôts et les doyens au service de Saint-Jean, ainsi que ceux de Saint-Andoche ; toutefois, jusqu’au xve siècle, ces hommes n’étaient en charge que d’un seul domaine. Les charges de maires, doyens ou prévôts, dont le contenu semble avoir été semblable306, étaient des charges héréditaires comme le prouve celle de maire de Curgy qui est celle sur laquelle la documentation apporte l’éclairage le plus important, à la fois en ce qui concerne la charge elle-même mais, aussi et surtout, en ce qui concerne la famille qui l’a tenue durant près de deux siècles. En effet, des sources de toutes natures permettent d’établir pour cette famille une généalogie sur cinq voire sept générations – il est quasiment certain que le Hugues maire de Curgy au milieu du xiie siècle (n°323) était le grand-père du Hugues, maire de Curgy en 1213 (n°324), et que le fils du premier, père du second, se prénommait Guillaume (gén. 28).

303  A.  de Charmasse, «  Annales historiques du prieuré de Mesvres  », MSE, nv.  série, t. 6 (1877), p. 383. 304  Ainsi par exemple, en 1545 c’est le maire qui condamna un homme à payer les droits de lods qu’il devait pour une acquisition qu’il avait faite à Broye (AD SL H 1463), et en 1558, c’est toujours le maire de Saint-Jean qui condamna par défaut au bannissement sous peine de la « hart », à la confiscation de tous leurs biens et à une amende de 100 livres, un couple coupable d’homicide (AD SL H 1365). 305  Soc. Éd. D 4-H terrier de Saint-Jean, fol. 14‒14v (1480). 306  Cf. chap. 3 III. 2. a. Le rôle des maires, doyens, prévôts, représentants issus de l’élite locale (xiiie‒xive siècles).

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La charge se transmettait de père en fils et de frère aîné en frère cadet quand le premier n’avait pas de fils, ou au moins pas de fils en âge de lui succéder, comme le montre la succession entre Gérard maire de Curgy au début du xive siècle (n°327) et son demi-frère Guillaume maire de Curgy en 1319 (n°328), Henri et Hugues étant sans doute décédés avant Gérard. Cette transmission héréditaire de la charge a engendré l’utilisation du nom de cette charge comme surnom  : un des fils de Guillaume maire de Curgy en 1319, Guillaume, était « dit le Maire ». Plus marquant encore, à Ormancey, Doyen devint le surnom figé au génitif (Decani) d’une branche n’assumant pas la charge du doyenné  : Jean doyen d’Ormancey en 1284 (n°333), transmit cette charge à l’un de ses fils, Hugues (n°334), qui luimême la transmit successivement à ses deux fils, tandis qu’un autre des fils de Jean, André, portait le surnom Doyen, surnom qu’il transmit à son propre fils, Perreau (gén. 32)307. Ces représentants des religieuses étaient leurs vassaux et ils devaient prêter serment de fidélité à l’abbesse lorsqu’ils entraient en charge. Les maires de Curgy – un des principaux domaines de Saint-Andoche – qui étaient les seuls de ces représentants à avoir droit à une prébende et aux mêmes distributions que les religieuses et les chapelains308, devaient payer aux religieuses, lors des successions, un merciamentum et/ou un « loux » au convent309. Un tel droit de succession n’est pas attesté pour les autres charges de représentant des religieuses dans leurs domaines, que ce soit à Saint-Andoche ou SaintJean ; le prévôt de Charmasse devait toutefois chaque année aux religieuses de Saint-Jean 50 follies – gâteaux de Noël –, 50 fromages et de l’argent pour 50 œufs, ainsi qu’un cierge de 3,5 livres310. Lors de leur prise de fonction, ils recevaient des biens et des terres en bénéfice, parfois même une habitation, même si celle du maire de Curgy n’était pas en pierre et si le maire devait la laisser à la disposition de l’abbesse quand elle venait à Curgy311.

307  Sur ce point, cf. N. Verpeaux, « Maires, prévôts, doyens », art. cit., p. 25‒26, notamment la note 77. 308  AD SL H 708, fol. 32v (1306/1309), H 709, fol. 28v. Cf. Les obituaires de l’abbaye SaintAndoche, éd. cit., n°553, p. 245. 309  Respectivement AD SL H 888/2 (1240) et H 708, fol. 32v (1306/1309), H 709, fol. 28. Cf. Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche, éd. cit., n°552, p. 245. 310  AD SL H 1363/1 (1282). 311  AD  SL H  888/2  (1240)  ; cf.  AD  SL H  993/1 (1345ns) pour le maire de Merceuil, H 704/1, fol. 28v‒29 et 105‒105v (1453) pour le doyen d’Ormancey et H 941/24, fol. 7‒8v (1268) pour le prévôt de Dornes.

194 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

Ces hommes étaient recrutés par les religieuses sur place, parmi l’élite locale, soit parmi les plus plus en vue de la communauté paysanne soit parmi la petite noblesse locale. En effet, ces hommes devaient à la fois parfaitement connaître le domaine qu’ils avaient à superviser au nom des religieuses et leurs habitants, mais devaient aussi faire preuve d’une certaine aisance puisqu’ils étaient responsables sur leur propre argent des redevances qu’ils devaient collecter pour les abbayes. En guise de rémunération, ils conservaient une partie, généralement un tiers, des redevances qu’ils collectaient et des amendes qu’ils infligeaient puisqu’ils exerçaient souvent la basse justice au nom des religieuses, du moins pour les délits les moins importants et les délits forestiers. Ils avaient parfois également des droits dans les bois des religieuses, de panage et de glandée, voire de couper certains arbres à leur profit. Ces charges ont sans doute permis à certaines familles de s’enrichir, voire de s’élever dans la société – Guillaume de Curgy, dit Le Maire, descendant de plusieurs générations de maires de Curgy est damoiseau en en 1341312 –, mais elles sont peut-être aussi à l’origine de la ruine de certains autres, même si rien ne permet d’affirmer que c’est la charge de prévôts de Charmasse et de Runchy qui a ruiné la famille des Choux (gén. 27). b. Des représentants permanents des religieuses pour les questions temporelles : les receveurs

Si les maires, prévôts et doyens étaient issus des communautés locales et conservaient une partie de l’argent collecté pour les religieuses comme rémunération, d’autres représentants des religieuses, qui pouvaient intervenir dans les différents domaines de l’abbaye, n’étaient pas issus de la communauté locale et étaient salariés. À partir de la fin du xive siècle, les maires, prévôts et doyens disparaissent de la documentation et leur charge semble avoir disparu également. Une partie de leur rôle, notamment la collecte des redevances au nom des religieuses, fut reprise par les receveurs qui avaient généralement en charge plusieurs domaines géographiquement proches. Cela les amenait à se déplacer souvent au nom des religieuses ; ainsi, au début du xve siècle, Guillaume de Baugy (n°367), probablement receveur de l’abbaye Saint-Andoche, ne cessa de se déplacer d’un domaine à l’autre pour chercher quelqu’un à qui amodier une terre, pour représenter les religieuses dans un procès, pour lever les dîmes

 AD SL H 892/1 (1341), H 976/4 (1374, acte qui mentionne ce damoiseau décédé).

312

La composition de la communauté

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et autres redevances etc.313. C’est pourquoi si le receveur était salarié – Jean Michel (n°368) avait une « pansion » de 3 florins dans la seconde moitié du xive siècle et Guillaume Vernissy (n°372), receveur d’Autun pour les religieuses de Saint-Jean, recevait 12 francs par an vingt-cinq ans plus tard314 –, les dépenses induites par sa charge lui était remboursées315. Huguenin d’Avallon (n°389), receveur de Saint-Jean dans le comté de Bourgogne au début du xve siècle, qui y levait les dîmes et cens et y payait ce que devait l’abbaye, notamment les aides dues au duc, percevait un salaire de 12 francs, outre le remboursement de ses frais notés dans son compte316. Le nom de 38 receveurs de Saint-Andoche et surtout de Saint-Jean-leGrand317 est connu. Parmi ceux dont n’est pas connu que le seul nom, la majorité étaient des clercs ; certains étaient prêtres, d’autres notaires, mais tous avaient reçu une formation, indispensable pour remplir correctement leur charge ; quelques-uns, rares, étaient même bacheliers voire licenciés en droit. On peut toutefois noter, parmi les receveurs de Saint-Andoche, un marchand drapier, Vincent de Sens (n°366) : il a rempli cette charge pendant cinq ans au moins au début du xvie siècle. Plusieurs d’entre eux ont été à la fois receveur et procureur pour la même abbaye – de façon concomitante ou successivement –, fonctions qu’ils pouvaient cumuler avec d’autres encore ; quelques-uns ont été receveur et chapelain ou curé d’une église à la nomination des religieuses. On peut se demander comment certains remplissaient leurs différentes charges : ainsi, Pierre Volu (n°377), prêtre, bénéficié en la cathédrale, est attesté comme receveur pour Saint-Jean en 1442, date à laquelle il était aussi procureur des religieuses, curé de Sainte-Radegonde et curé de La Celle, paroisses à la nomination respectivement de Saint-Jean et de Saint-Andoche, situées à une cinquantaine de kilomètres l’une de l’autre. La plupart des receveurs dont on connaît l’origine étaient Autunois, mais tous ne l’étaient pas. Ainsi, Gilles Perenelle (n°388), receveur de Cirey et Nolay à la suite de son père (n°386) habitait Nolay ; Huguenin d’Avallon

 AD SL H 1625 (1407‒1408).  Respectivement AD SL H 1479, fol. 2v, 5v et 8v (1372‒1373, 1373‒1374 et 1374‒1375) et AD SL H 1260, fol. 11 (1400 et 1401), H 1259, fol. 4 (1400‒1401). 315  Soc. Éd. D 4-H terrier de Saint-Jean, fol. 16v (1480). 316  AD SL H 1456 (1412‒1413). 317  Cette différence (8 pour Saint-Andoche et 30 pour Saint-Jean) est directement liée à la particularité de chaque fonds documentaire  : un nombre beaucoup plus important de comptes est conservé pour Saint-Jean que pour Saint-Andoche. 313 314

196 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

(n°389), receveur en Comté, pour Saint-Jean toujours, était aussi notaire à Besançon et était rattaché à Saint-Lothain, presqu’au cœur des possessions de Saint-Jean Outre-Saône. Cette proximité avec les domaines qu’ils géraient était sans doute un avantage dans l’exercice de leur charge, mais elle n’était pas systématique. c. Des représentants plus ponctuels des religieuses

Tandis que les receveurs géraient les revenus et les dépenses des religieuses, les procureurs les représentaient pour la mise en place d’accords ou lors de litiges. Les procureurs

En 1395, c’est une religieuse de confiance, Guiotte de Drées (n°150), qui représenta son abbaye, à la demande de l’abbesse de Saint-Andoche Jacquette de Vienne (n°19), lors d’un conflit au sujet de redevances entre l’abbaye et un parent – sans doute éloigné – de l’abbesse : Jean de Vienne, seigneur de Praigny et Chaseuil, refusait de payer les cens et queste dus sur une maison ayant appartenu à un de ses hommes, décédé318. La religieuse n’eut pas alors le titre de procureur, pourtant, elle en joua le rôle. Le plus souvent cependant, ce sont des hommes, parfois des familiers, qui se chargeaient des affaires juridiques des religieuses ; ils étaient défrayés pour les dépenses engagées au service de l’abbaye – ferrage du cheval et entretien de la selle, repas et gîte, avoine pour le cheval etc.319 – et, d’après l’exemple de Jean de Saint-Romain (n°603) procureur de Saint-Jean à la fin du xive siècle, ils recevaient une pension, de 3 francs en l’occurrence320. En fait, l’étude des services rendus par Jean de Saint-Romain aux religieuses de Saint-Jean en 1383‒1384 montre que le procureur pouvait remplir des missions extrêmement diverses : outre qu’il accompagna l’abbesse Jeanne de Montagu (n°43) dans ses déplacements en 1382 et 1385321, il s’était entre-temps rendu sur les lieux des procès des religieuses y compris en appel à Lyon et s’était rendu auprès de ceux avec qui les religieuses avaient un différend comme le seigneur d’Uchon à Beaune pour tenter de trouver une médiation ; il avait prodigué

 AD SL H 793/1 (1395).  AD  SL H  1257/1, fol.  8, 9sq (1389) par exemple, Berthin (n°384) ayant un rôle de procureur même s’il n’en portait pas le titre. 320  AD SL H 1256, fol. 1 (1384). 321  Cf. chap. 3 III. 1. b. Les hôtels et demeures aménagées pour recevoir les religieuses, à partir du xive siècle. L’utilisation du droit de gîte à Saint-Jean. 318 319

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des conseils aux religieuses ; il avait rédigé les actes nécessaires pour des procès en cours322 ; mais il s’était aussi chargé de la vente de surplus en blés pour les religieuses à Balorre323 et était allé à Dijon pour en rapporter le sceau commandé par les religieuses324. Les procureurs pouvaient aussi représenter les religieuses lors de transactions financières, même si l’on pourrait penser que c’est plutôt là le rôle du receveur. Ainsi, en 1442, Pierre de Masoncle (n°363), procureur des religieuses de Saint-Andoche, délivra 30 livres tournois à Jeanne de Vianges, femme de Jean Herbelet, en échange de la constitution d’une rente de 60 sous tournois, rente assise sur une maison de Marchaux et sur un pré de six soitures325. De façon similaire, en 1330, le curé de Viévy, Guy Baraud de Blancey (n°402) en l’occurrence, procureur des religieuses de Saint-Andoche, les représenta lors d’un échange de terres fait avec Jean Chauderon, seigneur de Dornes ; il procéda à l’échange au nom des religieuses, sans doute après l’avoir négocié pour elles326. Ces hommes, en qui les religieuses devaient avoir toute confiance, n’étaient bien évidemment pas choisis au hasard. Plus de la moitié des 328 procureurs nommés ou utilisés par les religieuses éduennes ne sont connus que par l’acte dans lequel ils furent choisis comme procureur, des lettres de nomination de toute une série de représentants de l’abbaye le plus souvent ; ils ne sont pas mentionnés dans d’autres actes dépouillés en rapport avec les deux abbayes, ce qui signifie sans doute qu’ils n’ont pas eu de liens importants avec les religieuses. Pour autant, hormis un peu plus d’un sixième d’entre eux (57) sur lesquels aucun renseignement n’est mentionné, ces procureurs ne sont généralement pas totalement inconnus : régulièrement, quelques précisions sont apportées quant à ceux entre les mains desquels les religieuses plaçaient une partie de leurs intérêts – éventuelles qualifications en droit, fonction habituelle, lieu de résidence. Les services de ceux qui étaient ainsi nommés dans des lettres de procuration pouvaient n’être requis que plusieurs années après la rédaction des lettres : Pierre Primery (n°417) et Huguenin Mellin (n°418), qui ont été nommés procureurs en 1394 au milieu d’une vingtaine d’hommes, agirent cinq  ans plus tard pour résoudre un conflit entre les

 AD SL H 1256, fol. 21v (1384).  AD SL H 1256, fol. 22v (1383). 324  AD SL H 1256, fol. 1v (1383). 325  AD SL H 758/2 (1442). 326  AD SL H 967/1 (1330). 322 323

198 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

r­ eligieuses et le doyen d’Autun au sujet des limites entre la justice de Santigny qui appartenait aux religieuses et celle de Pisy qui appartenait au doyen327. Sur les 271 procureurs pour lesquels au moins un renseignement complémentaire est connu, six sur dix328 étaient des clercs au sens large ; il est évident que, dans la réalité, ils étaient beaucoup plus nombreux à être clercs. Il faut toutefois noter la présence parmi les procureurs de Saint-Andoche d’un tailleur sur pierre, Jean Fannilimi (n°397), qui, en 1282 a reçu du prieur de Bardle-Régulier et au nom des religieuses 100  sous329, ainsi que la nomination d’une femme, Anne (n°528) veuve de Jean Pillot, en 1454330. Rien ne permet de savoir pourquoi les religieuses ont choisi un artisan dans le premier cas et désigné une veuve parmi la trentaine de procureurs généraux qu’elles ont établis dans le second. Dans trois autres cas, des procureurs semblent ne pas avoir été des clercs. En 1462, Jean Martenot (n°444) ­intervint en tant que procureur de Saint-Andoche dans une affaire à Beaune331 ; or quelques années plus tard, l’abbesse Marie de Vienne (n°23) amodia des biens et des droits de l’abbaye à un Jean Martenot, marchand à Beaune332 ; il peut s’agir d’un homonyme, mais on peut aussi émettre l’hypothèse qu’il s’agit de la même personne dans les deux cas. En 1447 et 1454, les religieuses de Saint-Andoche émirent des lettres de constitution de procureurs et dans ces deux lettres fut établi procureur général Thibault Masson (n°425)333  ; or un acte de 1459 mentionne « Thiebault Masson, charpentier et Juliete, sa femme demourant à Ostun » qui renoncèrent à leur maison du bourg Saint-Andoche334 et dont l’anniversaire est célébré en septembre335 ; il est fort probable qu’il s’agisse là du procureur nommé à deux reprises par les religieuses. Enfin, Pierre du Bois (n°552), nommé procureur général en 1466336, était peut-être le barbier

 AD SL H 1129/1 (1394) et AD SL H 1129/1 (1399).   164 sur 271, soit 60,5%. 329  AD  SL H  840/6 (1282ns)  : Johannetum familium nostrum latorum presentium procuratorem nostrum. 330  AD  SL H  840/6  (1454)  : «  par ces presentes nous faisons, constituons, ordonnons et establissons nos procureurs generaulx et certains messaiges especiaulx […] Ayne vesve Jehan Pillot […] et um chascun d’eulx par soy et pourteur et exhibeur de ces presentes lectres ». 331  AD SL H 1016/2 (1462). 332  AD SL H 698/1 (1467, 1468). 333  AD SL 3 E 2/2, fol. 178v‒179v (1447) et H 840/6 (1454). 334  AD SL A EDEP GG 6 (1459). 335   BM A P 088 (04/05 sept.). 336  AD SL H 777/9 (1466). 327 328

La composition de la communauté

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attesté une dizaine d’années plus tard337 : ni son nom ni son surnom ne sont très distinctifs, mais on sait que le procureur habitait Autun338, de même que le barbier339. Outre ces artisans et ce commerçant, quelques nobles furent désignés comme procureurs. Ainsi, en 1408, Guillaume de Cutigny (n°493), écuyer, fut nommé procureur en même temps qu’une cinquantaine d’autres personnes340. Michel dit le Bâtard (n°422), écuyer lui aussi, servit de procureur en 1427 pour arbitrer un différend avec le seigneur de Masoncle au sujet de redevances réclamées à ce dernier par les religieuses de Saint-Andoche341. Et en 1496, Louis d’Alonne (n°456), seigneur d’Alonne, amodia, en tant que procureur et au nom des religieuses, ou plus précisément de l’abbesse Anne d’Alonne (n°25), sa sœur (gén.  6), le patronage des religieuses à Ciry342. Deux autres personnes attestées l’une comme procureur et l’autre comme avocat peuvent être rapprochées d’écuyers qui portaient le même nom à la même époque : Jean de Bournonville (n°424), procureur entre 1441 et 1453 et nommé procureur général en 1454343, est qualifié de noble homme à une reprise344, alors qu’un écuyer, témoin de nombreux actes pour l’abbesse Marie de Vienne (n°23), portait le même nom en 1447‒1467345 ; enfin, Pierre de Clugny (n°590) « principal advocat » de l’abbesse en 1407‒1408346 est sans doute celui qui a été anobli en 1390, et la rareté du prénom Pierre dans

 AD SL H 760/1 (1476) et H 765/1 (1477).   « nous faisons, constituons et establissons nous procureus generaulx, c’est assavoir […] Perre du Boys […] demorant à Ostun » (AD SL H 777/9, 1466). 339   « sur une maison et le jardin devers icelle assise audit Ostun en la rue Chaulcechien tenant par dessus à la maison Pierre Duboys, barbier » (AD SL H 760/1, 1476). 340  AD CO 74 H 1013 (1408). 341   «  noble homme Michiel dit le Bastard de Rousley, escuier, procureur et en nom de procureur de madite dame l’abasse » (AD SL H 983/1, 1427). 342  AD SL H 870, fol. 37v (1496). 343  Respectivement AD  SL H  930/5, fol.  4v (1441), H  1104/1  (1442), H  1000/3 (1451 et 1452), H 1000/4 (1451 et 1452), H 1000/6 (1451), H 1000/5 (1452, 1453) et AD SL H 840/6 (1454 : nomination). 344   « noble homme Jehan de Bornanville procureur et en nom de procureur d’icelle dame » (H 1104/1, 1442). 345  AD SL H 870, fol. 7v, 8, 9v 10v, 11, 13, 13v, 14, 14v, 15v, 16v, 17v, 18, 18v, 19, 19v, 20v, 21, 28, 28v, 30, 30v, 31, 33, 33v, 34, 35 (1447), H 986, fol. 136v‒138 (1450), H 898/1 (1463), H 1165/1, fol. 11, 13 (1467). 346  AD SL H 1625 (1407‒1408). 337 338

200 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

cette famille (gén. 6) conduit à émettre l’hypothèse qu’il s’agit aussi du bailli de Château-Chinon attesté près de 20 ans plus tard347. Malgré ces quelques contre-exemples tous liés à Saint-Andoche, la très grande majorité des procureurs désignés par les religieuses étaient sans aucun doute des clercs. Près d’un cinquième348 de ceux sur lesquels au moins un renseignement est connu étaient d’ailleurs des notaires publics. Près d’un dixième349 avaient même reçu une formation juridique plus ou moins poussée, qui se traduisait par un titre de bachelier, licencié voire docteur en droit, civil et/ou canon ; il est d’ailleurs certain qu’en réalité ils étaient beaucoup plus nombreux, puisqu’il serait fort étonnant qu’un abréviateur des lettres apostoliques et surtout des procureurs des causes apostoliques350 n’aient pas reçu une formation en droit. Près d’un quart des procureurs sur lesquels un élément au moins est connu351 étaient des ecclésiastiques, essentiellement des prêtres, mais aussi quelques chanoines d’Autun. Ce sont tous des hommes qui, là encore, avaient reçu une certaine formation, même si ce n’est pas toujours en droit. Parmi ces ecclésiastiques, quatre sur dix avaient une fonction religieuse au sein de l’abbaye qu’ils représentaient, soit en tant que chapelain, soit en tant que curé de l’une des églises à la collation des religieuses. Au total, 43 des procureurs identifiés – soit 15,9% de ceux qui ne sont pas totalement ­inconnus –, servaient aussi l’abbaye en ayant une charge spirituelle ou une autre charge temporelle ; huit d’entre eux y avaient d’ailleurs à la fois une charge spirituelle et une autre charge temporelle ; ils étaient sept à Saint-Jean et un seul à Saint-Andoche : Pierre de Masoncle (n°363), bachelier en décret, procureur de 1439 à 1454, fut aussi receveur et chapelain de la chapelle SaintAdise de l’abbatiale pour les religieuses ; il cumula ces fonctions avec celle de curé d’Antuilly et peut-être celles de notaire public. Dans la seconde moitié du xve siècle, quatre de ses parentes prirent le voile à Saint-Andoche352. Pour Saint-Jean, Guillaume Vernissy (n°372) fut procureur général (1396‒1403), mais aussi receveur (1398‒1409) et chapelain (1399‒1401/1402) puis curé de Sainte-Radegonde (1402‒1409), en même

 AD SL 3 E 2/2, fol. 41v‒43v (1425).   52 sur 271, soit 19,2%. 349   26 sur 271, soit 9,5%. 350  Respectivement n°575 et n°572, 573, 579 et 580. 351   62 sur 271, soit 22,9%. 352  Catherine de Masoncle (n°169), Gilberte de Masoncle (n°186), Marguerite de Masoncle (n°193) et Blaisotte de Masoncle (n°70) qui fut religieuse mais aussi sous-prieure. 347 348

La composition de la communauté

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temps qu’il était curé de Saint-Julien-les-Nonnains, curé de Chassagne et notaire public à Marcilly. Quatre décennies plus tard, Jean Jodon (n°378), qui grandit à l’ombre de l’abbaye Saint-Jean-le-Grand353 et étudia le droit, fut procureur des religieuses entre 1447 et 1487, mais aussi receveur en 1448 et curé de Saint-Jean entre 1461 et 1483, tout en étant notaire public ; attaché à l’abbaye, il y fonda un anniversaire qui était célébré le 23 mai354 ; plusieurs hommes de cette famille ont été au service de Saint-Jean, mais aussi de Saint-Andoche  : son neveu Jean Jodon le Jeune (n°656), ainsi qu’Antoine Jodon au xvie siècle. C’est en effet parfois en famille que des hommes sont entrés au service d’une des abbayes, comme les frères Volu à Saint-Jean : Guillaume (n°376), sans doute l’aîné, fut procureur en 1415, mais aussi receveur en 1426, chapelain en 1414 et curé de Balorre entre 1415 et 1432, tandis que son frère Pierre (n°377), procureur en 1430‒1442, fut aussi receveur en 1442 et curé de Sainte-Radegonde entre 1435 et 1443, de même que curé de La Celle, église à la collation de Saint-Andoche, en 1442 ; tous deux fondèrent d’ailleurs des anniversaires à Saint-Jean, Guillaume à la Saint Symphorien et à la Sainte Luce et Pierre en novembre et en juillet. Plus marquant encore est le cas des Boisselier (gén.  26), famille du bourg Saint-Jean. Jean Boisselier (n°379) fut procureur en 1464 et procureur de l’abbesse élue Huguette de Bernault (n°49) en 1474 ainsi que receveur (1464‒1465) et chapelain de l’autel Saint-Laurent dans l’abbatiale (1480‒1483) en même temps qu’il était notaire public. Jean Boisselier le Jeune (n°381), sans doute son neveu, procureur en 1499, était receveur à la même date et vicaire de l’église paroissiale Saint-Jean entre 1497 et 1503, mais aussi curé de Champlecy et notaire public à la cour de Bourgogne. Germain (n°673), frère du premier et oncle du second, fut lui aussi procureur d’Huguette de Bernault et chapelain de l’abbaye. Avant eux, deux Pierre Boisselier (n°602 et 611), l’oncle et sans doute le grand-oncle de Jean et Germain, furent tous deux procureurs de Saint-Jean respectivement en 1441 et en 1383, tandis que l’aîné fut aussi chapelain des religieuses entre 1382 et 1414, prébendé jusqu’en 1419. Les Micheletet (gén. 30), famille autunoise en partie installée à Beaune au xve siècle, ont été surtout au service de SaintAndoche, essentiellement comme procureurs mais aussi, pour le plus ancien d’entre eux, comme receveur ; c’est aussi le cas des Milot (gén. 31), famille

353  Soc. Éd. D4-H terrier de Saint-Jean, fol. 69 (1480) : « nourris de tout [sa] jeunesse ou bourg Saint Jehan ». 354  AD SL H 1253/1 (1525).

202 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

qui s’allia aux Micheletet au milieu du xvie  siècle avec le mariage de Jean Milot (n°558) avec la fille d’Étienne Micheletet (n°441)355. Comme il a été vu pour Pierre Volu (n°377), une même personne pouvait être au service des deux abbayes, Saint-Andoche et Saint-Jean-le-Grand. Vingt-et-un hommes ont même été procureurs des deux abbayes, soit de façon concomitante356 soit, le plus souvent, successivement ; en fait, plus de trois sur cinq d’entre eux n’ont été que nommés procureurs dans des lettres de constitution de procureurs rédigées à Saint-Andoche et à Saint-Jean, généralement dans la seconde moitié du xve siècle357 ; et les huit autres sont simplement nommés dans de telles lettres pour l’une des deux abbayes et ont fait office de procureur dans l’autre358. Un Guillaume de Saint-Léger-sousBeuvray (n°404 et 592) est attesté comme ayant réellement fait office de procureur à Saint-Jean et à Saint-Andoche, respectivement en 1304 et 1344359 ; il est toutefois probable qu’il s’agisse là de deux personnes différentes, malgré l’homonymie. La plupart de ces hommes qui furent nommés procureurs par les chapitres des deux abbayes étaient Autunois – 17 sur 21 – et plusieurs appartenaient à des familles notoires d’Autun, les Micheletet, les Chomedey, les Milot, les Pillot, les Quartier etc. Il faut noter aussi que presque la moitié d’entre eux – 9 sur 21 – étaient gradés, ce qui explique que différents établissements aient fait appel à leurs services. En effet, si la plupart des procureurs étaient originaires d’Autun, ce n’était pas le cas de tous. Sur les 328 procureurs relevés, 95 n’ont pas pu être localisés. Sur les 233 autres, presque la moitié étaient des Autunois, ce qui signifie qu’un peu plus de la moitié de ceux qui ont pu être situés résidaient ailleurs : 15% autour de Montbard, entre 8 et 9% à Beaune, dans la Côte et à Rome, entre 2 et 2,5% autour de Poligny et à Dijon, moins de 1% à Besançon et autour de Dornes. Certaines de ces localisations correspondent aux lieux de

 AD SL H 777/9 (1466).  En fait, il n’était pas rare qu’un même homme soit procureur de plusieurs personnes ou de plusieurs groupes. Il arrivait parfois qu’un même homme soit procureur des deux parties qui s’opposaient ; il devait alors choisir qui il représentait. Ainsi, en 1454, dans des lettres de procuration parmi les 35 procureurs que les religieuses de Saint-Andoche nommèrent alors qu’elles étaient en conflit avec le prieuré de Bard-le-Régulier, se trouvait Guillaume Barbier (n°531) ; or cinq ans plus tard, lors du procès qui opposa l’abbaye à ce prieuré, c’est le prieuré et non les religieuses que Guillaume Barbier représentait en tant que procureur (AD  SL H 840/6, 1454 et AD SL H 840/6, 1459). 357  Cf. n°307, 333, 422, 486, 487, 497, 509, 512, 535, 537, 541, 543, 570 et 641. 358  Cf. n°331, 503, 522, 531, 532 et 573. 359  AD SL H 1579/1 (1304) et H 800/1 (1344). 355 356

La composition de la communauté

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possession des religieuses – Autun et la Côte pour les deux abbayes, Montbard et Dornes pour les possessions de Saint-Andoche autour de Senailly et Outre-Loire, Poligny pour les possessions de Saint-Jean Outre-Saône –, d’autres sont liées aux cours de justice et cour d’appel – Autun, Montbard, Beaune, Dijon, Besançon ; à Rome, enfin, ont été rattachés ceux qui avaient une charge officielle à la cour pontificale et qui pouvaient intervenir si un litige parvient jusqu’au pape. Les religieuses nommaient donc des procureurs qui habitaient à proximité des domaines importants de leur abbaye, afin qu’ils soient sur place quand un litige éclatait et qu’ils connaissent les protagonistes, la région etc. Ainsi, lorsqu’en 1396 l’abbesse de Saint-Jean, Jeanne de Montagu (n°44), désigna toute une série de procureurs qui devaient prendre en charge les affaires liées à son « église de Colonne », elle choisit des hommes d’OutreSaône, qui connaissaient sans aucun doute mieux le comté de Bourgogne que les Autunois et qui étaient sur place. Il y avait parmi eux des habitants d’Oussières – Guillaume de Chersey (n°625), Pierre de Trena (n°633), ­Barthélemy Comere (n°626) – ou de Colonne – Jacques de Grandivilla (n°628) – qui connaissaient les domaines des religieuses dans ces paroisses ; elles nommaient aussi des clercs de Poligny – Renaud Guilat (n°629), Humbert de Chamola (n°624) – qui devaient savoir quels étaient leurs droits dans la région, ainsi que des clercs de la cour de Besançon – Pierre de Pucens (n°631), Guiot de Norsereto (n°630), Gérard de Roseix (n°632) – qui pouvaient aisément les représenter en cas de procès à Besançon360. Quand, au début du xve  siècle, l’abbesse de Saint-Andoche entra en conflit avec le seigneur de Quincerot à propos de l’héritage des biens de mainmortables, le procureur Huguenin Mellin (n°418) fut amené à présenter des lettres de procuration pour prouver son mandat et, de ce fait, la teneur de ces lettres dans lesquelles les religieuses nommèrent une cinquantaine de procureurs généraux et de procureurs est conservée361. Les deux premiers clercs, «  honorables hommes maistres Nicolas Broquart [et] Nicolas Chifflot  » (n°487 et 490) furent choisis pour leurs qualifications juridiques puisqu’il est précisé qu’ils étaient licenciés en lois. Mais ensuite, tous les autres furent désignés en fonction de leur lieu de résidence : 10 habitaient à Montbard, 9 à Senailly, 8 à Dijon, 5 à Rougemont, 4 à Beaune, 4 à Moutiers-Saint-Jean, 3 à Autun, 3 à Chassignelles, 2 à Volnay et un à Tonnerre, ce qui permettait

 AD SL H 1456/1 (1396).  AD CO 74 H 1013 (1408).

360 361

204 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

de couvrir l’ensemble des possessions de Saint-Andoche, hormis les terres situées Outre-Loire, et la plupart des cours de justice et cours d’appel dans lesquelles les religieuses pouvaient être convoquées. À deux reprises, des abbesses constituèrent procureurs des clercs de la curie romaine. C’est ce que fit Louise de Clugny d’Alonne (n°24), abbesse de Saint-Andoche, en 1472, lorsqu’elle nomma seize procureurs à l’occasion d’un litige avec une religieuse au sujet de la dignité abbatiale362 : parmi les procureurs constitués se trouvait notamment Louis de La Baume (n°576), chambellan du pape Sixte IV. On peut se demander dans quelle mesure les affaires d’un monastère féminin d’Autun pouvaient préoccuper de telles personnes, même s’il est vrai qu’en l’occurrence Louis de La Baume était sans doute un Bourguignon, les La Baume étant originaires de Bresse. Toutefois, le pouvoir de l’abbesse ayant été mis en cause, il est compréhensible que celleci cherche à trouver des appuis à Rome au cas où l’arbitrage du pape deviendrait nécessaire. De même, quand l’élection d’Huguette de Bernault (n°49) à la tête de Saint-Jean fut remise en question, l’élue choisit une quinzaine de personnes résidant à la curie romaine pour défendre sa cause face aux prétentions de Louise de Rabutin (n°48)363. Les religieuses choisissaient donc soigneusement leurs procureurs, même si, à première lecture, les longues listes de procureurs nommés semblent surprenantes. Elles faisaient appel à des personnes qu’elles connaissaient et qui avaient d’autres fonctions auprès d’elles, à des personnes qui avaient des compétences juridiques et pouvaient ainsi défendre au mieux leurs intérêts en cas de procès, à des personnes qui étaient habituées à rédiger des contrats, à des personnes qui connaissaient bien les domaines à propos desquels pouvaient survenir des litiges, à des personnes qui étaient bien placées, notamment auprès du pape, pour défendre leurs causes.

  super juribus abbacialis dignitatis dicti monasterii Sancti Andochii (AD  SL 3  E  2/2, fol. 32‒33, 1472). 363  AD SL 3 E 3/2, fol. 142‒143, 147‒148v, 149‒150v (1474). Parmi les procureurs qu’elle nomma à cette occasion, il y avait aussi une grosse vingtaine d’Autunois et une grosse dizaine de Beaunois, comme si elle s’apprêtait à pouvoir faire défendre les droits de l’abbaye, le cas échéant, en tant qu’abbesse, même si elle n’était pas encore officiellement reconnue en tant que telle. Cf. chap. 2 II. 2. a. Deux exemples à Saint-Jean : Huguette de Bernault en 1474 et Perrenelle de Vienne en 1496. La succession abbatiale d’Antoinette de Marcilly. 362

La composition de la communauté

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D’autres hommes au service des religieuses

Les religieuses pouvaient adjoindre à leurs procureurs des hommes de loi qui devaient les conseiller. Parfois d’ailleurs, la même personne était procureur et conseiller des religieuses, comme Claude Chappet (n°433), qui fut nommé procureur général par les religieuses de Saint-Andoche en 1454, et intervint en 1454, 1459 et 1460 comme arbitre et conseiller, dans un rôle identique à celui de procureur364. Dans d’autres exemples, certains de ces conseillers ne portèrent jamais le titre de procureur des religieuses, comme Philibert Paillart (n°703), licencié en lois, auquel les religieuses de Saint-Jean demandèrent en 1355 de devenir leur conseiller pour toutes leurs affaires, contre tous sauf ceux envers lesquels il était déjà engagé ; pour cet office, il percevait les deux tiers des revenus de la justice de Géanges365. Sachant qu’il était simultanément chancelier du duc, il pouvait effectivement être de bon conseil, mais on peut se demander s’il avait beaucoup de temps à consacrer aux affaires de l’abbaye. La fonction de juge semble également fort proche de celle des procureurs, du moins de celle qu’ils pouvaient avoir quand ils étaient rattachés de façon permanente à un domaine  : en 1443, l’abbesse de Saint-Andoche institua Jean le Fort (n°322) juge dans tous les domaines des religieuses avec « plain povor, auctorité, licence et mandement especial de suoir par jugement un par tous nosdictes terres, justices et juridictions, de oir, cognoistre, appoincter, ordonner, providuer, sentencer et delivrer de toutes causes et quereles et de tous cas criminels civilz et autres »366 ; pour remplir correctement sa tâche, il pouvait nommer des aides – sergents, messiers et autres gardes. Pour cette charge, les religieuses le rétribuaient 100  sous tournois chaque année, à la Nativité saint Jean-Baptiste. D’autres encore dans l’entourage des religieuses les conseillaient, les représentaient etc. et étaient envoyés en divers lieux sans que l’on sache toujours à quel titre ils y étaient envoyés, si ce n’est comme représentants des religieuses. Plusieurs firent ainsi des déplacements au nom de Saint-Jean puisque c’est l’abbaye qui leur fournit l’avoine pour leurs chevaux : par exemple, du 18 au 22 juillet 1402, Guillaume Vernissy (n°372) se rendit « Outre Sonne », de même que du 15 au 25 janvier 1403, époque à laquelle il était accompagné de

 AD SL H 840/6 (1454) et AD SL H 854/6 (1454), H 854/7 (1454), H 840/6 (1459, 1460). 365  AD SL H 1476/3 (1355). 366  AD SL 3 E 2/2, fol. 175 (1443). 364

206 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

Pierre Boisselier (n°602)367 ; le second était alors chapelain prébendé de l’abbaye et le premier receveur, procureur général, chapelain et curé de SainteRadegonde ; à quel titre et pourquoi ont-ils fait ces déplacements, c’est ce que ne dit pas le compte qui les mentionne. En 1335, c’est pour la représenter lors d’une vente entre particuliers dans laquelle il est précisé qu’elle conservait ses droits sur les terres de Nanteuil qui étaient vendues, que l’abbesse de Saint-Andoche, Jeanne de Brazey (n°41) manda un envoyé, Gilles Pellis (n°403), curé de Volnay368. Certains de ces représentants, envoyés sur place spécialement ou présents sur place de façon ordinaire, pouvaient être habilités à recevoir le serment de foi et hommage au nom de l’abbaye. Ainsi, en 1268, lorsque Barthélemy Loupier abandonna à son frère Benoît (n°331) tout ce qu’il tenait en fief de l’abbaye Saint-Andoche à Dornes et Ourroux, il renonça à ces biens et à sa vassalité envers l’abbaye entre les mains de Jacques Boisserand (n°932), chanoine d’Autun, qui semble avoir été envoyé à Nevers pour cela369. Sept ans plus tard, c’est entre les mains du curé de Saint-Parize-en-Viry que Benoît renonça à son tour à tout ce qu’il tenait en fief de l’abbaye contre la somme de 409 livres tournois370. Enfin, les religieuses pouvaient aussi nommer des personnes chargées de la menue police dans leurs domaines, comme les sergents que l’abbesse de Saint-Jean ou son maire chargeait, en particulier, de surveiller les terres et domaines de l’abbaye, d’y dénoncer les délits commis et de s’occuper des dommages, larcins et détournements371. Il existait d’ailleurs, au xiiie siècle, à Cirey, une sergenterie de la grange, charge qui rapportait des redevances en blé sur lesquelles Étienne (n°968), curé de Renève, faisait reposer les 11 sous de rente dus pour l’anniversaire qu’il fonda372 et au xive siècle une autre sergenterie, à Bersaillin373. Le sergent des religieuses de Saint-Andoche dans leur seigneurie de Senailly était choisi par les habitants pour un an, mais parmi les hommes proposés par l’abbaye374 ; il y avait donc un compromis, entre les  AD SL H 1583, fol. 22 et 24 (1402‒1403).   in presencia Egidii Pellis, curati de Volenayo, jurati et mandati nostri (AD  SL H  911/3, 1335). 369  AD SL H 941/24, fol. 14‒15 (1268). 370  AD SL H 941/24, fol. 11‒13 (1275ns) ; cf. chap. 3 III. 2. a. Le rôle des maires, doyens, prévôts, représentants issus de l’élite locale (xiiie‒xive siècle). 371  Soc. Éd. D 4-H terrier de Saint-Jean, fol. 17v (1480) ; AD SL H 1220/1, fol. 5v (1483). 372  AD SL H 1420/1 (1235ns), H 1420/2 (1235ns). 373  AD CO B 11681 (1418). 374  AD CO 74 H 1012 (xve siècle). 367 368

La composition de la communauté

207

religieuses et les habitants, pour le choix du sergent, mais celui-ci demeurait l’homme de l’abbaye, les religieuses pouvant ne pas proposer sa reconduction l’année suivante. 3. Des officiers nommés par les religieuses pour servir les paroissiens Contrairement aux officiers en charge du temporel, les prêtres nommés dans les cures à la collation des religieuses n’étaient pas des représentants des religieuses  ; ils devaient être au service de leurs ouailles et non à celui des religieuses. Toutefois, dans la mesure où ils étaient choisis par les religieuses, ils faisaient partie de la communauté au sens large. a. Les desservants des églises paroissiales rurales

En 1474, Huguette de Bernault (n°49) envoya à l’archevêque de Besançon des lettres de présentation pour l’église Saint-Michel de Groson en faveur de « maître Guillaume Grimond, maître en arts, suffisamment instruit, pour gérer et gouverner l’église paroissiale Saint-Michel au temporel et au spirituel » et en 1542, Adrienne de La Palu (n°55) présenta maître Alexandre Glanne pour la cure d’Aumont-lès-Poligny375. En 1315, l’évêque de Nevers confirma le nouveau curé de Dornes, Hugues de Grandvaux (n°789), présenté par l’abbesse et le chapitre de Saint-Andoche pour remplacer Guillaume de Compans (n°788) qui devint curé de Magny à la place d’Hugues de Grandvaux376. Quelques années plus tard, le procureur des religieuses Gilles Pellis (n°403), présenta, au nom des religieuses, à l’évêque de Nevers, B. – Bertrand de Fumel – Guillaume dit d’Artiler (n°794), sous-diacre, pour être curé de l’église paroissiale de La Celle ; l’évêque le confirma et l’installa377, sans doute après l’avoir ordonné prêtre. Quand l’évêque d’Autun, Hélias Guidonis, pourvut le siège de ­Merceuil vacant par résignation, il reconnut le droit de présentation des religieuses de Saint-Andoche378. Et en 1381, l’évêque Guillaume de Vienne fut obligé de reconnaître que la présentation de la cure de Magnien appartenait

 Respectivement AD SL 3 E 3/2, fol. 183v‒184 (1474) et AD SL H 1282/1 (1542).  AD SL H 948/1 (1315ns). 377  AD SL H 850/1 (1332). 378  AD CO 16 H 131 (1313ns) ; sur l’évêque Hélias Guidonis, cf. J. Madignier, Fasti, t. 12 : Autun, op. cit., n°445 p. 122‒123. 375 376

208 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

e­ xclusivement à l’abbesse de Saint-Andoche et qu’il n’aurait pas dû y instituer Mathieu Letaud (n°799) sans même lui en référer379. Il a pu arriver que le pape intervienne dans la nomination d’un curé, comme pour Guy Morin (n°781), qu’il imposa en remplacement de Jean de Daucey (n°780) décédé à Rome380, bien que l’abbesse Marguerite de Montagu (n°17) et le chapitre aient présenté Guy Geoffroy, ignorant peut-être la réserve pontificale. Il semble toutefois que l’intervention du pape ait été rare. Tous les curés des églises à la collation des religieuses de Saint-Andoche et de Saint-Jean-le-Grand ne sont pas connus, loin de là, en particulier avant le xive siècle ; même la liste de ceux des deux églises paroissiales autunoises est incomplète381. Toutefois l’étude de la centaine de curés de paroisses à la collation de Saint-Andoche et/ou de Saint-Jean – hormis ceux qui desservaient l’église paroissiale directement liée à l’abbaye –, apporte quelques données intéressantes. Soixante-quatre d’entre eux n’ont pas eu d’autre charge connue et trois  ont desservi successivement plusieurs églises. Les deux tiers de ces curés ont donc pu se consacrer pleinement à leur paroisse, même si rien ne permet de juger de la qualité de leur ministère. En revanche, des doutes peuvent être émis sur le sérieux des 31 curés restant. Quelques-uns n’habitaient absolument pas à proximité de l’église qu’ils devaient desservir, sans qu’apparemment une charge particulière les en tienne éloignés : Guillaume de Serue (n°793), curé de La Celle, était dit paroissien de La Chapelle-au-Mans et témoigna en tant que tel382 ; Jean Vaillant (n°472), curé de Saint-Germain-lès-Senailly, demeurait à Autun383. Un cinquième des curés étudiés – 21 d’entre eux – étaient retenus au loin par d’autres charges : ainsi, Mathieu Perret (n°863) était curé de Saint-Aignan-sur-Loire et archiprêtre de Pierrefitte384 tout en étant curé de Sainte-­Radegonde ; son successeur à la tête de cette cure de Sainte-Radegonde, Simon de Vieux Château

 AD  SL H  978/1  (1381)  : ab antiquo et secundum regestra et poleria ecclesie et sedi ecclesiarum episcopalium ecclesia parochiale de Maigniens in archipresbyteratu de Arneto nostre eduense diocese ad presentiam religiosarum venerabilium abbatisse monasterii et conventus Sancti Andochii eduensis ratione jure patronatus noscatur pertinere ; sur l’évêque Guillaume de Vienne, cf. J. Madignier, Fasti, t. 12 : Autun, op. cit., n°437 p. 139‒140. 380   Urbain V, Lettres communes, éd. cit., t. 9, nº25630 (1369). 381  Cf. les notices biographiques consultables dans le volume 2 en ligne http://dx.doi.org/10.1484/M. EMI-EB.5.108483. Vous trouverez les instructions permettant d’accéder à ces annexes à page 4. Sur les curés de Saint-Pierre-Saint-Andoche et de Saint-Jean-le-Grand, cf. ci-dessous. 382  AD SL H 1622/31 (1310). 383  AC CO 74 H 1013 (1408). 384  L’un comme l’autre à 25 km environ de Sainte-Radegonde. 379

La composition de la communauté

209

(n°864), était aussi secrétaire du cardinal Rolin. Odile de Vienne (n°861), lui, était protonotaire du siège apostolique tout en étant curé de Nolay385. Ne résidant pas sur place, il est évident que ces curés ne se préoccupaient pas réellement de leurs paroissiens et que, au mieux, la paroisse était desservie par un vicaire, comme celle de Nolay lorsqu’Odile de Vienne y était le curé en titre. Un certain nombre de curés cumulaient plusieurs charges. Ainsi, onze d’entre eux, plus de 10%, étaient aussi procureurs de l’abbaye qui les avait nommés curés  ; tant qu’ils n’étaient que nommés procureurs, cela n’avait aucune incidence sur leur mission ; mais s’ils étaient amenés à remplir effectivement des missions pour le compte des religieuses, à aller les représenter en justice par exemple, leurs deux charges pouvaient alors devenir difficilement compatibles. Trois d’entre eux cumulaient d’ailleurs ces deux charges avec celle de receveur, mais aussi de curé dans une autre paroisse : il s’agit de Guillaume Volu (n°376), de Pierre Volu (n°377) son frère, et de Guillaume Vernissy (n°372). Là encore, ils ne pouvaient pas accomplir correctement toutes ces tâches et déléguaient sans doute leur cure à un vicaire. Il semble donc que les deux tiers des curés nommés par les religieuses d’Autun se consacraient sans doute pleinement à leurs ouailles et à la satisfaction des besoins spirituels de leurs paroissiens, tandis qu’un tiers d’entre eux se faisaient vraisemblablement remplacer par un vicaire. b. Les desservants des églises paroissiales d’Autun liées aux abbayes

Les curés des églises Saint-Pierre Saint-Andoche et Saint-Jean-le-Grand, eux aussi, avaient pour mission principale de s’occuper des deux paroisses qui s’étaient constituées peu à peu autour des deux abbayes. La première de ces deux cures était desservie par un seul curé, tandis que la seconde l’était par deux concurés, depuis le premier tiers du xive  siècle au plus tard386 et jusqu’en 1688, date à laquelle les deux cures furent réunies en une seule387, après une première tentative avortée en 1670, tentative contre laquelle l’abbesse de Saint-Jean avait protesté388. Le plus souvent, la seule charge du curé de Saint-Pierre Saint-Andoche était sa mission pastorale dans sa paroisse : si Hugues de Coue (n°415) ou Jacques

 Sur Odile de Vienne, cf. J. Madignier, Fasti, t. 12 : Autun, op. cit., n°693 p. 331‒332.  Guillaume (n°831), témoin d’un acte de bail réalisé par les religieuses de Saint-Jean, était qualifié de concuratus Sancti Johannis en 1340ns (AD SL H 1324/2). 387  AD SL 2 G 89/1 (1687‒1688) ; Soc. Éd. D 4 reg. 75, XXII, IV, 3 (1688). 388  AD SL H 1294 (1670‒1687). 385 386

210 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

de Busseuil (n°567) ont aussi été procureurs de l’abbaye, rien ne prouve qu’ils l’aient été alors qu’ils étaient curés de Saint-Pierre Saint-Andoche ; si Jean Ferroillon (n°716) a aussi été chapelain de l’abbaye, probablement ne l’étaitil pas en même temps que curé de Saint-Pierre Saint-Andoche ; seul Gérard des Croux (n°769) semble avoir été curé de « Chanlecey » – probablement Champlecy389 – alors qu’il était curé de Saint-Pierre Saint-Andoche. Le curé de Saint-Pierre Saint-Andoche pouvait donc entièrement se consacrer à ses ouailles, ce qui n’était pas le cas des concurés de Saint-Jean, mais il est vrai que ceux-ci étaient deux. En effet, les curés de Saint-Jean-le-Grand devaient non seulement desservir l’église paroissiale chacun à leur tour, mais aussi dire, avec les quatre chapelains, les « messes quotidiennes et ordinaires » de l’abbaye390 et célébrer les anniversaires fondés : le curé qui desservait la paroisse ce jour-là célébrait alors l’anniversaire tandis que son confrère célébrait une messe ordinaire avec seulement rappel des défunts391. Cependant, comme les curés de SaintPierre Saint-Andoche, ils n’avaient généralement pas d’autre charge que ces missions spirituelles : seul Jean Jodon (n°378) a été procureur alors qu’il était aussi curé de Saint-Jean-le-Grand. Les deux curés de Saint-Jean étaient logés, au moins au xviie siècle, dans l’enceinte de l’abbaye, dans un bâtiment situé à gauche de la porte d’entrée de l’abbaye, donnant sur une cour par laquelle on pénétrait dans l’église abbatiale, peut-être dans la «  petite maison où logois ci-devant le jardinier de Saint-Jean-le-Grand » du plan de Bellevaut (pl. X.). Dès le Moyen Âge, ils recevaient la même prébende que les religieuses et que les quatre chapelains. Le curé de Saint-Pierre Saint-Andoche, en revanche, semble là encore n’avoir pas fait partie de la communauté au sens strict, sans doute parce que l’église paroissiale était en dehors de l’enceinte, contrairement à celle de Saint-Jean : la cure était proche de l’église, en dehors de l’enceinte abbatiale, et le curé n’était pas prébendé. 4. Des liens entre les religieuses et leurs officiers

Fort peu nombreux sont les officiers des religieuses à être issus des mêmes familles que les religieuses elles-mêmes. Sans doute n’appartenaient-ils pas aux mêmes couches de la société  : les officiers locaux n’étaient pas issus des familles les plus éminentes, même si leur famille pouvait gagner de­  Champlecy était à 54 km d’Autun, 16 km au Sud de Ciry, possession de Saint-Andoche.  Soc. Éd. D 4-H terrier de Saint-Jean, fol. 11v (1480). 391  AD SL H 1363/5 (1414) ; Soc. Éd. D 4 reg. 75 XXII, IV, 1 (1540). 389 390

La composition de la communauté

211

l’importance du fait de leur charge ; les procureurs avaient souvent fait des études de droit392, ce qui n’était que rarement la préoccupation même des cadets de la noblesse terrienne à laquelle appartenait la majorité des religieuses, et ils avaient un emploi rémunéré, ce qui était peu compatible avec un statut noble  ; les prêtres et chapelains enfin, venaient généralement de familles moins prestigieuses que celles des religieuses dont les frères et neveux entrés dans le clergé furent plutôt chanoines, voire évêques, prieurs ou abbés. Il existe toutefois quelques exceptions, tel Odile de Vienne (n°861), oncle de l’abbesse de Saint-Jean Perrenelle de Vienne (n°52), qui fut curé de Nolay, église à la collation de Saint-Jean ; à ce titre, il parvint d’ailleurs à persuader sa nièce d’accepter la constitution d’un mépart à Nolay393, mépart qui n’ôtait rien à l’abbesse mais était fort profitable au curé qui, même en cas d’absence, recevait sa part des distributions faites aux mépartistes. Il faut noter qu’Odile de Vienne n’était pas simplement curé de Nolay, mais aussi abbé de SaintÉtienne-l’Étrier – une des dignités du chapitre cathédral d’Autun –, donc chanoine d’Autun, et protonotaire apostolique. Odile de Vienne cumulait donc plusieurs bénéfices ecclésiastiques, et la cure de Nolay ne représentait sans doute pour lui qu’une source de revenus supplémentaires ; il avait d’ailleurs un vicaire, Philibert Le Vault394. La situation est certainement la même pour Léonard d’Alonne (n°776), frère de l’abbesse de Saint-Andoche Anne d’Alonne (n°25), qui était chanoine d’Autun et protonotaire et fut curé de Ciry et de Merceuil395, deux paroisses à la collation de Saint-Andoche. À la fin du xve siècle, appartenir à la famille d’une abbesse pouvait donc faciliter l’obtention d’une charge financièrement intéressante. Les abbesses pouvaient alors privilégier les liens du sang plutôt que l’intérêt de leur abbaye, puisqu’il est fort peu probable qu’Odile de Vienne (n°861) ou Léonard d’Alonne (n°776) aient été des curés proches de leurs paroissiens396.  Cf. chap. 2 III. 2. c. Des représentants plus ponctuels des religieuses. Les procureurs.  AD SL H 1568/3 (1499). 394  AD SL H 1568/3 (1499) ; sur Odile de Vienne, cf. J. Madignier, Fasti, t. 12 : Autun, op. cit., n°693 p. 331‒332. 395  AD SL H 693/7 (1501). 396  Le cas de Cyprien de Rabutin (n°841), curé de Balorre – cure à la présentation de SaintJean – de 1474 à 1481, est différent. Tout d’abord, il obtint cette cure alors même que sa parente, Louise de Rabutin (n°48) avait échoué à devenir abbesse de Saint-Jean. D’autre part, il semble ne pas avoir eu d’autre charge ecclésiastique. Enfin, les Rabutin étaient seigneurs de Balorre, ce qui peut expliquer le choix de cette cure pour Cyprien de Rabutin et de ce curé pour la paroisse de Balorre. 392 393

212 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

En sens inverse, il semble que les bons et loyaux offices remplis par certains auprès d’une abbaye y aient facilité l’accès à l’abbaye de religieuses issues de nouvelles familles, d’origine moins prestigieuse, de la bourgeoisie. Ainsi, Pierre de Masoncle (n°363) fut receveur de Saint-Andoche en 1439, procureur de la même abbaye entre 1439 et 1454, ainsi que chapelain de la chapelle Sainte-Adise en 1453, et à la même époque, en 1451, la première religieuse portant ce surnom fit son apparition à Saint-Andoche ; il s’agit de Catherine de Masoncle (n°169), attestée comme religieuse entre 1451 et 1478. Une ou deux génération(s) plus tard, trois jeunes filles de cette famille furent religieuses à Saint-Andoche  : Gilberte (n°186) à partir de 1483, Marguerite (n°193) en 1495 et Blaisotte (n°70) à partir de 1497 ; cette dernière fut même sous-prieure de l’abbaye en 1535. Les deux communautés éduennes de Saint-Andoche et de Saint-Jean-leGrand ont sans doute été des communautés sinon très importantes, du moins d’une taille tout à fait respectable. Leur recrutement a été régulier, même si les mentions de novices sont rares et si rien n’est connu à leur propos  ; la régularité du recrutement semble toutefois avoir été plus grande à Saint-Jean qu’à Saint-Andoche, mais peut-être cette impression est-elle due aux différences de conservation des documents. En effet, elle est assez peu compatible avec les différents éléments qui semblent indiquer que le recrutement était un peu plus « huppé » à Saint-Andoche qu’à Saint-Jean et que le prestige de Saint-Andoche était un peu supérieur à celui de Saint-Jean. Quoi qu’il en soit, les luttes pour l’abbatiat ont été aussi rudes dans les deux abbayes, même si certaines successions abbatiales se sont sans aucun doute déroulées sans heurts. Malgré la puissance des abbesses et du chapitre conventuel, les religieuses dépendaient de nombreuses personnes qui faisaient alors partie de leur entourage au sens large, que ce soient des salariés, auxquels elles faisaient appel lorsqu’elles avaient besoin d’eux dans le cadre de litiges, ou des personnes qui les représentaient et étaient à leur service, notamment pour gérer leurs domaines ruraux. Les religieuses ne semblent pas avoir eu de problème pour trouver des personnes travaillant pour elles et il est intéressant de noter que différents officiers de l’une ou l’autre, ou de l’une et l’autre, des abbayes appartenaient à la même famille, que les liens entre eux aient pu être déterminés avec précision ou non. Aux xiiie et xive siècles, la gestion des principaux domaines ruraux était même héréditaire. Si les abbayes parvenaient à faire vivre correctement les religieuses et leur familia, à rémunérer ceux qui étaient à leur service et à rétribuer les services des autres, c’est en effet en grande partie grâce à leurs possessions et aux revenus qu’elles en tiraient.

Deuxième partie

…les pieds sur terre…

Chapitre troisième

Les possessions de la communauté

C

omme toute abbaye, les abbayes autunoises avaient été dotées à leur fondation, puis à leur refondation, de terres et de droits devant permettre à leurs occupantes de vivre tout en se consacrant à Dieu. Peu à peu, cette dotation originelle, au demeurant inconnue, a été étoffée par les religieuses qui sont ainsi devenues de grands propriétaires terriens. Mais parallèlement, les revenus tirés de la terre ont eu tendance à diminuer. Aux xiiie‒xve siècles, les religieuses éduennes possédaient des terres relativement éclatées dans plusieurs diocèses, mais toujours en Bourgogne, duché ou comté. Ces terres les approvisionnaient dans les différents produits issus de la culture et de l’élevage et les religieuses veillaient à acquérir des terres qui soit diversifiaient leurs productions soit agrandissaient un domaine existant. Elles cherchaient à ne dépendre qu’assez peu de l’extérieur pour leur approvisionnement, hormis pour les produits luxueux et/ou impossible à produire sur place, en Bourgogne. Les religieuses ne pouvaient, par définition, pas exploiter elles-mêmes leurs terres et domaines et les faisaient donc exploiter, soit de façon directe soit de façon indirecte. Mais quel que soit le mode d’exploitation, elles veillaient à ce que leurs terres soient bien mises en culture et entretenues afin qu’elles rapportent récoltes et redevances. Cette surveillance était en partie faite par les religieuses elles-mêmes qui pouvaient être présentes ou se déplacer dans leurs domaines et en partie par des officiers qui les représentaient, parlaient et agissaient en leur nom. De plus en plus fréquemment toutefois, à la fin du Moyen Âge, elles ont amodié leurs domaines voire leurs revenus.

216 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

I. Le temporel de Saint-Andoche et de Saint-Jean Si les possessions de Saint-Andoche à la fin du xie siècle sont connues de façon plus ou moins exacte1, aucun document ne permet d’appréhender les possessions foncières de Saint-Jean avant la fin du Moyen Âge ; il n’est donc pas possible de discerner une évolution dans les biens de cette abbaye. 1. Les temporels de Saint-Andoche et de Saint-Jean aux xiiie‒xve siècles Même si des terriers et/ou des livres de comptes ont été réalisés au Bas Moyen Âge à Saint-Andoche tout comme à Saint-Jean, ils ne concernent le plus souvent qu’une partie des possessions des abbayes, quelques domaines limitrophes les uns des autres. L’analyse et les cartes proposées reposent donc sur les chartriers des deux abbayes, les mentions des possessions dans différents actes : il ne s’agit pas d’un point à une date précise, mais d’une situation globale à la fin du Moyen Âge, qui n’est vraisemblablement absolument exacte à aucune date. a. Situation du temporel Saint-Andoche : situation et évolution par rapport au xie siècle

Au cours du Moyen Âge, Saint-Andoche a acquis de nombreux biens. Aux xiiie‒xve  siècles, ses possessions étaient éclatées (pl.  VIII.)  ; certains domaines fort éloignés avaient été conservés – Dornes à l’Ouest, Merceuil à l’Est, Senailly au Nord, Ciry au Sud –, tandis que d’autres parmi les plus lointains avaient été « perdus », notamment Polisy au Nord, Salornay et Nanton au Sud et Sud-Est et Azy à l’Ouest. À l’inverse, les religieuses avaient acquis des biens dans des régions où elles en possédaient déjà plusieurs, comme dans la vallée de la Drée et la côte de Beaune, ou à proximité d’un lieu où elles étaient implantées comme Blanot et Bard-le-Régulier à proximité de Villiersen-Morvan ou Mont-Saint-Jean à proximité d’Ormancey2. Il semblerait donc que les religieuses se soient séparé essentiellement de terres éloignées dont la gestion était malcommode – sauf lorsqu’il s’agissait de domaines importants – et qu’elles aient au contraire cherché à c­ oncentrer

 Cf.  chap. préliminaire III. 2. a. Le cartulaire-dossier de Saint-Andoche. L’apport quant aux possessions de l’abbaye. 2  Cf. Ibid. 1

Les possessions de la communauté

217

leurs possessions autour de quelques pôles3. Il est tout à fait remarquable également que lorsqu’elles possédaient une église ou une chapelle dans un domaine, elles y ont conservé des possessions tout au long du Moyen Âge – même à une grande distance d’Autun comme à Saint-Parize et Dornes à l’Ouest, à Saint-Germain au Nord, à Ciry au Sud, à Merceuil et ­Demigny à l’Est4 –, à l’exception de Salornay. Les moniales se sentaient sans doute ­investies d’une mission spirituelle envers la population là où elles possédaient un lieu de culte et ont pu hésiter à l’abandonner. D’autre part, il était beaucoup plus aisé de vendre ou d’échanger de simples terres ou droits lorsque l’acquéreur pouvait être un laïc, que de céder un bien comprenant une église, puisqu’à partir du xiiie siècle, les laïcs ne pouvaient plus acquérir d’édifices religieux. La perte de terres et de biens n’était plus liée, à cette époque, à des spoliations de biens ecclésiastiques comme cela avait pu être le cas aux périodes mérovingienne ou carolingienne. Ce sont les religieuses elles-mêmes qui avaient décidé de se séparer de ces possessions, comme dans l’exemple de la « perte » de la villa de La Vêvre, dont les circonstances sont connues : vers 11505, l’abbesse Damnon (n°6) et son chapitre ont offert à l’abbaye de

  À une échelle plus importante, cf.  L.  Musset, «  Signification et destinée des domaines excentriques pour les abbayes de la moitié septentrionale de la Gaule jusqu’au xie siècle », dans Sous la règle de saint Benoît. Structures monastiques et sociétés en France du Moyen Âge à l’époque moderne, Paris, 1982, p. 167‒184, en particulier p. 176‒180. 4  Les trajets entre Saint-Germain et Autun passaient par Semur, puis Saulieu plus probablement que Pouilly ; ceux de Merceuil à Autun passaient par Beaune ; enfin, depuis l’Outre-Loire, il fallait passer par Luzy et Decize (L.  Blin, «  Coup d’œil sur le carrefour bourguignon aux xiiie et xive  siècles  », Publication du centre européen d’études burgondomédianes, n°2 (1960), p. 36‒45 ; J. Richard, Les ducs de Bourgogne et la formation du Duché, Dijon, 1954, carte en introduction). 5  AD SL H 24/23. Georges Duby date ainsi ce chirographe (Recueil des pancartes de l’abbaye de La Ferté-sur-Grosne 1113‒1178, G. Duby (éd.), Aix-en-Provence, 1953, p. 24), notamment grâce à l’identification des témoins avec des personnes apparaissant dans différentes chartes qu’il a éditées  : Josserand de Digoine et son frère Liébaud, vers 1145 (ch.  213  p.  176  ; ch. 214 p. 177) et en 1145‒1162 (ch. 228 p. 183‒184) ; Lambert chapelain de Saint-Bénigne, vers 1145 (ch. 217 p. 178‒179) ; Humbertus de Buissi, 1148 (ch. 25 p. 59‒60) ; Rodulphus, moine de La Ferté vers 1140 (ch. 82, p. 90‒91), vers 1145 (ch. 160 p. 137 ; ch. 162 p. 138) et vers 1150 (ch. 186 p. 155). En outre, plusieurs témoins sont communs à ce chirographe et à celui qui a été passé avec Maizières en 1155 (AD CO 16 H 130) : Bernardus decanus, André et Raoul (de Curgy) prêtres et chapelains de Saint-Andoche (n°706 et 707). 3

218 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

La Ferté, contre 7 sous chaunois6 de cens payables à la Saint Andoche ou à son octave, ce que l’abbaye possédait à La Vêvre entre La Chapelle-Villard et Sainte-Hélène soit, notamment, une terre offerte contre un droit de sépulture au ixe ou au xe siècle7. Un demi-siècle plus tard, Saint-Andoche donna à La Ferté la dîme du terrage de Morey contre 10 livres et, chaque année entre la Saint Germain et Noël, un setier de seigle mesure d’Arnay8. En 1155, c’est à l’abbaye de Maizières, fondée depuis une vingtaine d’années seulement, que les religieuses firent don de terres entre Merceuil et Maizières et de la dîme sur les terres de Merceuil qui appartenaient à Maizières, contre 4 nummi et 4 deniers de cens9 ; les religieuses de Saint-Andoche conservèrent néanmoins des biens, des rentes, des droits à Merceuil. Les religieuses ont donc échangé ou vendu des domaines peu intéressants pour elles afin d’acquérir des rentes ou de l’argent qui leur étaient plus utiles. L’acquisition de terres dans la côte de Beaune s’explique par la présence de nombreux vignobles : le vin, et donc la possession de vignobles, était indispensable pour la liturgie, mais il est clair aussi que les abbayes autunoises, féminines ou non, se sont constitué, tout comme le chapitre d’Autun10, des propriétés dans cette région viticole dont la réputation commençait déjà à s’établir au Moyen Âge, pour leur propre consommation et pour la vente d’éventuels surplus. Saint-Jean

Les possessions de Saint-Jean étaient, elles aussi, situées dans de nombreux lieux (pl.  IX.)  ; ceux-ci étaient toutefois un peu moins éclatés qu’à Saint-Andoche, hormis tout un groupe de possessions dans le comté de Bourgogne, au Nord-Ouest de Poligny. L’abbaye n’avait que fort peu de

  Monnaie de Chalon qui a eu cours essentiellement au xiie siècle ; son déclin fut sensible dès la fin du xiie siècle ( J. Richard, « La monnaie de Chalon au Moyen Âge (xe‒xiiie siècle) », MSHAC, t.  XXXIV (1956), p.  57‒68 et J.‑M.  Poisson, «  Circulation monétaire dans le duché de Bourgogne », dans Études bourguignonnes, Paris, 1987, t. 2, p. 23). 7  AD SL H 675 fol 8. Parallèlement à cette acquisition, La Ferté s’était d’ailleurs fait donner par les moines de Saint-Martin d’Autun ce qu’ils possédaient à Saint-Nicolas près de La Vêvre en 1148 : Essai historique sur l’abbaye Saint-Martin d’Autun, J.-G. Bulliot (éd.), Autun, 1849, t. 2, p. 35‒36 (ch. 15, 1148). 8  AD CO 14 H 18 (1203). 9  AD CO 16 H 130. La même année, Maizières acquit également, de Haymon Bisorde, des terres à Repans, hameau de Merceuil. 10  J. Madignier, « Le chapitre d’Autun et le vignoble bourguignon », Cahiers d’Histoire de la vigne et du vin, n°1 (2000), p. 8‒21. 6

Les possessions de la communauté

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p­ ossessions à l’Ouest d’Autun, sur la rive droite de l’Arroux, et encore appartenaient-elles à la vallée de l’Arroux. Marcilly est située à 35  km au Nord d’Autun, Ballore à un peu moins de 50  km au Sud d’Autun et Chevignyen-Valière à un peu plus de 50 km à l’Est d’Autun. Il est vrai toutefois que le groupe des possessions Outre-Saône était situé à plus de 100 km à l’Est d’Autun, ce qui est réellement très éloigné pour l’époque, sans compter le fait que ces possessions étaient en terre d’Empire et non plus dans le royaume ou la mouvance du royaume de France11. Globalement toutefois, les domaines de Saint-Jean se situaient essentiellement dans la vallée de l’Arroux et dans la vallée de la Dheune et étaient relativement groupés entre ces deux rivières (pl. IX.). Les biens et les droits les plus éloignés d’Autun étaient presque toujours agrégés autour d’une église dont l’abbaye était la patronne : ainsi en était-il à Marcilly, à Montmort et Sainte-Radegonde, à Balorre et dans le comté de Bourgogne. Peut-être la situation était-elle donc similaire à celle de SaintAndoche : les religieuses auraient conservé ces possessions éloignées malgré des difficultés certaines de gestion parce qu’elles ne pouvaient que difficilement aliéner les droits et devoirs spirituels qu’elles y possédaient. Comparaison de la situation des temporels de Saint-Andoche et de Saint-Jean

La majorité des possessions des deux abbayes étaient situées dans le diocèse d’Autun, très vaste il est vrai, et dans le diocèse de Chalon, à la limite avec celui d’Autun. Toutefois, Saint-Andoche avait également des biens dans les diocèses voisins de Langres, Nevers et Mâcon et Saint-Jean en avait dans le diocèse de Besançon, plus éloigné encore. L’éparpillement des possessions et leur éloignement était donc moindre que pour des abbayes très puissantes, mais il était tout de même conséquent. Dans certaines régions se concentraient des possessions des deux abbayes (fig.  24). Entre Arroux et Dheune et dans la vallée de l’Arroux, les domaines étaient proches et pouvaient fournir aux religieuses les produits agricoles courants. Les terres de la vallée du Serein, plus éloignées, étaient aussi facilement accessibles – route de Pouilly en passant par Arnay-le-Duc12 – et fournissaient divers revenus agricoles et financiers aisés à recouvrer. La côte de Beaune était particulièrement intéressante pour ses vignobles, même si la possession de vignes dans cette région est  Les trajets passaient alors soit par Chalon-sur-Saône soit par Beaune.  L. Blin, « Coup d’œil sur le carrefour bourguignon », art. cit., p. 36‒45 ; J. Richard, Les ducs de Bourgogne et la formation du Duché, op. cit., carte en introduction.

11 12

220 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

FIG. 24. Les possessions de Saint-Andoche et de Saint-Jean-le-Grand à la fin du Moyen Âge

un peu moins manifeste pour Saint-Jean que pour Saint-Andoche ; le chapitre cathédral possédait également de nombreux vignobles dans la Côte bourguignonne – principalement côte chalonnaise et côte de Beaune, moins dans la côte de Nuits – et a été un moteur important dans la mise en valeur viticole de cette région13. Peut-être ces régions appartenaient-elles aussi aux fondateurs et à ceux qui ont accompagné les premières années des établissements autunois par leurs dons et libéralités puisque les possessions du chapitre cathédral étaient, elles aussi, essentiellement situées entre Arroux et Dheune et dans la côte viticole14 : ainsi, comme l’évêque Jonas avait offert aux religieuses de Saint-Andoche un domaine à Merceuil

 J.  Madignier, «  L’influence des institutions ecclésiastiques dans la constitution du vignoble bourguignon : l’exemple du chapitre d’Autun (xie‒xive siècle) », AB, t. 73 (2001), p. 83‒93. 14  J. Madignier, Les chanoines du chapitre cathédral d’Autun du xie à la fin du xive siècle, Langres, 2011, chap. XVII et XVIII. 13

Les possessions de la communauté

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et des manses à Gevrey, il avait donné au chapitre cathédral un domaine à Sampigny15. Il serait très intéressant de savoir comment les abbayes ont acquis des domaines conséquents en taille mais éloignés de la capitale éduenne, OutreLoire et dans le Montbardois pour Saint-Andoche, Outre-Saône pour SaintJean. Cependant, aucun indice ne permet d’émettre des hypothèses sur ce point. Ainsi, on sait que les droits de Saint-Jean sur les salines de Salins ont été donnés par Jean, comte de Bourgogne puis seigneur de Salins16, mais rien ne permet de penser qu’il fut à l’origine des autres biens et droits détenus par l’abbaye en Comté. Saint-Andoche possédait déjà des terres dans le Viry à l’époque carolingienne, bien avant que Mahaut, comtesse de Nevers (n°977), ne fonde un anniversaire ; ce n’est donc pas elle qui est à l’origine des biens de l’abbaye dans cette région. Les deux abbayes avaient donc des biens et des droits à la fois dans les mêmes régions, dans lesquelles elles ont pu entrer en concurrence afin d’acquérir les meilleures terres par exemple, mais aussi dans des régions fort différentes où aucune rivalité n’a pu les opposer. b. Composition des temporels

L’idéal de toute abbaye bénédictine était l’autarcie. Saint-Andoche et Saint-Jean avaient donc besoin de domaines leur fournissant les céréales, base de la nourriture, les légumes et les fruits, la viande, les volailles et le

15  Respectivement AD SL H 675, fol. 2v et Cartulaire de l’Église d’Autun, A. de Charmasse (éd.), Paris  /  Autun, 1865, t.  1, p.  32‒34 (ch.  xxi, 858). Sampigny n’est situé qu’à une quinzaine de kilomètres de Merceuil. 16  AD SL H 1226/30, 1255. Il s’agit de Jean l’Antique ou le Sage (1190‒1267), comte de Chalon puis seigneur de Salins après échange avec le duc de Bourgogne de son comté contre cette seigneurie. Jean l’Antique fut souvent qualifié, et se qualifia lui-même, de comte de Bourgogne mais il ne l’a jamais été en titre ; il a simplement essayé de gouverner le comté au nom de sa bru, Alix de Bourgogne, devenue comtesse de Bourgogne à la suite de son frère en 1248. Saint-Jean-le-Grand est le seul établissement religieux d’Autun à avoir bénéficié de telles largesses, un des deux seuls du diocèse d’Autun, celui qui est situé le plus à l’ouest et l’un des plus éloignés de Salins (Les salines de Salins au xiiie siècle. Cartulaires et livres de rentiers, R.  Locatelli, D.  Brun, H.  Dubois (éd.), Paris, 1991, p.  66). Rien ne permet de deviner pourquoi Jean de Chalon a fait un tel don à Saint-Jean et non à d’autres établissements de la région  ; l’hypothèse selon laquelle il aurait particulièrement favorisé les établissements dédiés à son saint patron est peu probante à la lecture de la liste des établissements religieux qui bénéficiaient de rente sur les salines au xiiie siècle, puisque seuls trois d’entre eux étaient clairement consacrés à saint Jean (ibid.).

222 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

p­ oisson pour les jours maigres, mais aussi le vin pour la messe, pour l’accueil des hôtes, pour la boisson des religieuses ou pour la vente17, le bois pour le chauffage et la construction, les fibres pour les vêtements etc. C’est pourquoi il leur fallait posséder des terres arables, des prés, des vignes, des bois, des étangs, ainsi que des moulins et des pressoirs pour transformer les céréales en farine et le raisin en jus, et des bâtiments agricoles pour stocker les récoltes et élever bétail et volaille. La plupart des actes de la pratique tels que les baux ou les reconnaissances de cens mentionnent des terres cultivées, des prés ou des vignes sur lesquels les religieuses percevaient des redevances en argent et en nature, et ce dans la grande majorité de leurs domaines (pl. VIII. et IX.). D’ailleurs, il est parfois fait mention d’une grange dans laquelle les religieuses stockaient leurs récoltes et les redevances qu’elles percevaient. Ainsi, les religieuses de Saint-Andoche possédaient une grange à Demigny à la fin du xiiie siècle et encore au milieu du xve siècle, époque à laquelle elle était en très mauvais état, bien que la construction de bois soit recouverte de tuiles  ; aux xiiie‒ xive siècles, elles en possédaient une à Senailly, grange qu’elles « refirent », à la fin du xive siècle, grâce à du bois prélevé dans les forêts ducales de la région de Montbard ; au xive siècle, elles en possédaient une à Ormancey, sur les portes de laquelle furent apposés des panonceaux royaux lorsque le curé de Mont-Saint-Jean chercha à s’approprier un champ appartenant aux religieuses un siècle plus tard ; elles possédaient une grange et un fenil à Curgy18. Les religieuses de Saint-Jean, elles aussi, possédaient une grange à Géanges, une métairie avec une grange à Gueunand, une grange dîmière à Chaudenayla-Ville, grange que, de façon surprenante, elles baillèrent à rente et à cens à l’extrême fin du xve siècle, comme si elles n’en avaient plus l’usage ; elles en possédaient aussi une à Marcilly et une à Draigney que, là encore, elles amodièrent à la fin du xve siècle19. Elles détenaient également des greniers 17  R.  Dion, Histoire de la vigne et du vin en France des origines au xixe siècle, Paris, 1995, p. 181‒183. 18  Respectivement AD  SL H  991/2  (1277) et H  930/5  (1441) pour Demigny  ; AD  CO 74 H 1013/1 (1279, 1301, 1363ns) pour Senailly ; AD CO B 11622 (1377) pour Montbard ; AD  SL H  1037/1  (1336), H  1032/2  (1457) pour Ormancey  ; AD  SL H  722/2, fol.  3 (1407‒1408), H 722/2, fol. 15v (1407‒1408) pour Curgy. 19  Respectivement AD SL H 1479, fol. 2 (1372‒1373 et 1373‒1374) pour Géanges ; AD SL H 1492 (1565) pour Gueunand ; AD SL H 1265/1, fol. 28, 30 (1469, 1470), H 1391/48 (1494ns) pour Chaudenay-la-Ville ; AD SL H 1527, fol. 1 (1399‒1400), H 1255/1, fol. 7, 9 (1480), H 1268, fol. 35v (1499‒1500) et AD SL H 1259 (1400‒1401), H 1255/1, fol. 7, 9 (1480) pour Marcilly et Draigney.

Les possessions de la communauté

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où stocker les céréales à Géanges, où elles avaient déjà une grange, ainsi qu’à Cirey20. En fait, il est fort probable que les religieuses avaient des granges et des greniers dans chacun de leurs principaux domaines, là où leurs tenanciers étaient tenus d’apporter leurs redevances. Saint-Andoche possédait des vignes à Volnay, Saint-Sernin, Senailly etc. et Saint-Jean avait un petit cellier à Nolay, cellier pour lequel fut achetée une serrure en 147621. La mention de bâtiments consacrés à l’élevage permet de cerner cette activité  : les religieuses de Saint-Andoche avaient une bergerie à Curgy22, celles de Saint-Jean possédaient une bergerie et une petite étable à Marcilly, ainsi qu’une étable à Montmort23. L’élevage est parfois directement mentionné dans les comptes : ainsi, étaient élevés pour Saint-Andoche, à Curgy des moutons et des porcs, à Saint-Sernin des agneaux24 ; les religieuses possédaient aussi un étang poissonneux à Curgy25 ; à Dornes, elles avaient un étang qu’elles baillèrent en 1495, étang qui leur permettait sans doute, là encore, de consommer du poisson frais26. Des bœufs étaient engraissés à Draigney27. Enfin, les religieuses possédaient des chevaux de monte et de trait, qu’il fallait bien élever. La maison seigneuriale de Senailly

Le plan de la maison seigneuriale des religieuses de Saint-Andoche à Senailly, réalisé en 1711, est un bon exemple de la présence de nombreux bâtiments d’exploitation autour de l’habitation (fig. 25). Le cœur du domaine abbatial de Senailly a pu évoluer entre le Moyen Âge et ce plan tardif, mais plusieurs indices laissent penser que globalement les changements n’ont été qu’assez marginaux : l’hôtel des religieuses est attesté à la fin du xiiie siècle, au début et au milieu du xve siècle28 et permettait de recevoir l’abbesse en

 Respectivement AD  SL H  1479, fol.  1v, 5v (1372‒1373 et 1373‒1374) pour Géanges  ; AD SL H 1256, fol. 1v (1383), H 1258, fol. 26v, 31, 37v (1397‒1398) pour Cirey. 21  AD SL H 1266, fol. 67 (1476). 22  AD SL H 722/2, fol. 30v (1407‒1408). 23  Respectivement AD SL H 1527, fol. 1 et 3v (1399‒1400) et H 1264, fol. 3v (1418‒1419). 24  Respectivement AD SL H 722/2, fol. 3v, 4 (1407‒1408) et H 722/1 (1295). 25  AD SL H 1625, fol. 19 (1407‒1408). 26  AD SL H 957, fol. 28v‒32 = H 965/2 et 3 (1495). 27  AD SL H 1583, fol. 18 (1402‒1403). 28  AD SL H 722/1 (1295), H 698/1 (1467) ; AD CO 74 H 1013/1 (1404). 20

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grande compagnie29 – ce qui explique la présence d’une chapelle, même si elle est en « mauvaise estat » au xviiie siècle ; les religieuses y disposaient déjà de bâtiments d’exploitation – granges et pressoirs30 –, et y possédaient des droits de justice31. On peut donc prendre ce cas comme exemple de centre d’un grand domaine rural éloigné d’Autun dépendant directement de l’abbaye. Il faut tout d’abord remarquer que cette « maison seigneuriale », située un peu à l’écart des villages de Senailly et de Saint-Germain-lès-Senailly, avait été ceinte de fossés – comblés au xviiie siècle, ils existaient au Moyen Âge – et qu’elle était protégée par un mur auquel s’adossaient certains bâtiments. Le « bâtiment où loge le fermier » était sans doute l’ancien hôtel abbatial, où logeait probablement le représentant des religieuses à Senailly et où elles-mêmes trouvaient le gîte et le couvert lors de leurs déplacements ; il s’agit d’un bâtiment comportant au moins un étage et composé de deux ensembles de pièces par étage. D’autres bâtiments étaient liés à l’exploitation de la terre et au stockage des grains : une pièce était consacrée au pressoir et aux cuves pour le vin ; cinq pièces recélaient les granges et étables ; des abris protégeaient les porcs. D’un autre bâtiment, sis de part et d’autre de l’enceinte et desservi par un escalier à vis, on avait « faict des grenier », mais on peut se demander si ce n’était pas un bâtiment d’habitation à l’origine, dans la mesure où il était situé près de la porte d’entrée et à proximité du logement du fermier et où les escaliers à vis sont assez peu fonctionnels dans un bâtiment d’exploitation. Le colombier, à l’intérieur de l’enceinte, marquait le pouvoir seigneurial de l’abbaye, même si, au début du xviiie siècle, il était affecté aux prisons, privilège là encore du seigneur. La chapelle, enfin, était relativement grande avec, en particulier, un chœur assez long pour abriter quelques stalles pour des religieuses ; son « mauvaise estat » laisse cependant penser que les religieuses ne se déplaçaient plus très souvent dans leurs domaines, ou du moins dans celui-ci, au xviiie siècle, ce qui s’explique probablement par l’affermage

 AD SL H 722/2, fol. 13v, 22v (1407‒1408) ; mais aussi AD CO 74 H 1013/1 (1482), AD SL H 810/12 et 13 (1499). 30  Respectivement AD CO 74 H 1013/1 (1279, 1301, 1363…) et AD CO 74 H 1013/1  (1404). 31  AD  CO 74  H  1010  (1286), 74  H  1012 (xve  siècle)  ; BnF NAF 8645, fol.  170‒171v (1446). 29

Les possessions de la communauté

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de l’ensemble du domaine et ce que confirme le logement sur place d’un « fermier ». L’ensemble évoque un château, terme qui d’ailleurs est utilisé par Estienne Pernet, l’arpenteur qui a réalisé ce plan : l’enceinte et les fossés protégeaient la haute cour où se trouvaient à la fois les logis, les bâtiments d’exploitation et les marques de seigneurie.

FIG. 25. La maison seigneuriale des religieuses de Saint-Andoche à Senailly en 1711 (AD CO 74 H 6)

226 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel La maison seigneuriale de Curgy

Ce terme de château était également utilisé à Curgy pour désigner la maison abbatiale et ses dépendances, en partie construites sur l’ancienne chapelle Saint-Ferréol32 située dans la « tour de l’abbesse » : une maison avec une très grosse tour – où se trouvaient six chambres dont deux avec cheminée33 –, une autre maison avec un four et sans doute une petite écurie attenante, des jardins, une cour et une basse-cour avec un colombier, une écurie surmontée d’une grange, probablement une étable, comme le montre la première planche de plans accompagnant le terrier de Curgy au xviiie siècle (fig. 26.a). Même si cette demeure seigneuriale n’était pas très ancienne – elle n’existait pas encore au xiiie siècle, époque à laquelle le maire de Curgy devait recevoir l’abbesse dans sa propre maison lorsqu’elle venait à Curgy34  –, le terme de château était déjà utilisé à l’époque médiévale et apparaît sur un plan de 1515 où n’est représenté, de l’ensemble seigneurial, que le fournil (fig. 26.b). Il n’y avait bien entendu pas un tel ensemble en chaque lieu où les religieuses possédaient des biens, sans doute pas non plus au centre de chacun de leurs grands domaines, mais là où elles possédaient une seigneurie importante, justifiant à la fois leur déplacement sur place et la construction de greniers et d’étables pour stocker les redevances collectées en nature. Le temporel des deux abbayes éduennes était donc similaire, et n’était en rien original par rapport à celui d’autres monastères médiévaux, qu’ils soient féminins ou masculins. Il devait permettre aux religieuses de vivre correctement en se consacrant à leur mission de prière et de louanges à Dieu puisque c’est là la contrepartie des dons qu’elles percevaient. 2. Les modes d’agrandissement du temporel Les religieuses ont sans doute toujours cherché à acquérir plus de terres afin de vivre le mieux possible de leurs revenus en nature et en argent, y compris à une période où les revenus fonciers diminuaient. Elles ont ainsi suscité des dons de terres, mais ont aussi acheté des domaines, notamment avec l’argent qui leur était cédé.

 Ch. Boëll, « Vicissitudes et déchéance d’un oratoire carolingien. Capella Sancti Ferrucii de Curciaco », MSE, nv. série, t. 35 (1907), p. 261‒278. 33  AD SL H 903, fol. 192 (1515). 34  AD SL H 888/1 (1240). 32

Les possessions de la communauté

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FIG. 26.a. La maison seigneuriale des religieuses de Saint-Andoche à Curgy : extrait de plans-terriers du xviiie siècle (AD SL H 1626 pl. 1)

FIG. 26.b. L’église de Curgy et l’emplacement de la maison seigneuriale des religieuses : extrait d’un plan de 1515 (AD SL H 921/1) a. Les dons et les échanges

La très grande majorité des donations de terres aux abbayes avaient pour but d’obtenir des religieuses leurs prières. Dans une société fonctionnant sur le don et le contre-don cela allait de soi, mais il est intéressant de noter que le plus souvent figurait dans les actes de donation la mention

228 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

« pour le salut de son âme » : l’âme ne pouvait être sauvée par le seul don de biens matériels, ce sont les prières des bénéficiaires qui pouvaient faciliter son salut. Les donations

Très nombreuses ont été les donations en échange des prières des religieuses, pour le remède de l’âme du donateur35 ; certaines même se faisaient en échange non seulement de prières mais plus précisément de la commémoration d’anniversaires voire de la célébration de messes36. Le plus souvent toutefois, il s’agissait d’aumônes pour le salut de l’âme du donateur, de ses prédécesseurs et de ses successeurs. Ainsi, en 1292, une veuve et ses trois filles – dont l’une, Jacquette de Saint-Sernin (n°108), était religieuse à SaintAndoche – firent don à l’abbaye Saint-Andoche, d’une pièce de terre sise à Saint-Sernin-du-Plain, en aumône «  pour le remède de l’âme de [leurs] prédécesseurs », ainsi que pour la constitution d’une rente de 2 sous pour un luminaire à l’église de Saint-Sernin-du-Plain, leur église paroissiale37. Au cours du xiiie siècle, les religieuses de Saint-Andoche devinrent seigneur de Dornes, sans doute grâce à une donation de Thomas de Dornes ; les héritiers de celui-ci, qui n’héritèrent que du tiers de ses biens, durent reconnaître qu’ils tenaient ces biens et revenus en fief de l’abbaye et prêter serment de fidélité aux religieuses pour cela38 ; en 1236, les deux gendres de Thomas de Dornes, en tant que vassaux, durent à l’abbesse une « procuration » et 5 oies39. Aux xive et xve siècles encore, des preneurs reconnaissaient tenir leurs possessions et revenus à Dornes en fief de l’abbaye40 ; en 1438‒1439, plusieurs personnes reconnaissaient toujours dépendre féodalement de

 AD SL H 853/1 (1440) par exemple.  Cf. chap. 6 II. Donations, fondations et mémoire des défunts. 37  AD SL H 1127/2 (1292). 38  AD  SL H  952/1  = H  941/24, fol.  15‒16v (1236), H  964/2  = H  941/24, fol.  17‒18, 14‒15, 9‒10v (1268), H 941/24, fol. 11‒13 (1275ns). 39  AD SL H 952/1 = H 941/24, fol. 15‒16v (1236). 40  Perrin fils d’Humbaud de Dornes et Guillaume fils de Jean Fabri en 1312 (AD SL H 962/2 et H 962/3), Renaud Loupier fils de feu Perrin Loupier bourgeois de Saint-Pierre-le-Moûtier en 1347 (AD SL H 962/8) Jeannin Bilho, seigneur de Chevannes, époux de Jeannette veuve de Perrin d’Arcy en 1375ns et 1384 (AD SL H 962/9 et H 962/10 = H 941/24, fol. 20‒21), Jean Passelat du chef de son épouse Agnès fille de Margot Loupier petite-fille de Renaut Loupier en 1401 (AD SL H 963/1), Jean Fouet en 1451 (AD SL H 941/24, fol. 27‒28v). La possession de Dornes par l’abbaye Saint-Andoche est encore perceptible dans la toponymie locale puisqu’au nord du village se trouve un lieu-dit « Saint-Andoche ». 35 36

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l­’abbaye, soit lors de la confection d’un terrier pour les trois seigneuries de Saint-Andoche Outre-Loire41 soit dans des actes séparés42. De la même façon, en 1268, Gauthier de Dornay, chevalier, avait donné à l’abbaye Saint-Jean, pour le salut de son âme, les droits, hommes et terres qui lui appartenaient à Cervey, paroisse de Marcilly sous Mont-Saint-Jean, donation à laquelle son fils Jean de Dornay, écuyer, ajouta en 1268 un manse à Marcilly43. Dix-huit ans plus tard, l’abbesse Bonne de La Roche (n°35) concédait à Yolande et Jeanne d’Oigny (n°79 et 39), sœurs de Jean de Dornay, seigneur d’Oigny, les revenus de Cervey, pour remercier Yolande d’avoir accepté l’affranchissement de la terre de Marcilly donnée par son frère, terre sur laquelle elle percevait 20 sous de rente annuelle44. À la fin du xive ou au début du xve siècle, les religieuses possédaient toujours ce domaine avec six familles45. Les religieuses ne se contentaient pas d’arrondir leurs possessions par l’acquisition de terres. Elles étaient aussi intéressées par ce qui en facilitait l’exploitation. Ainsi, en 1279, les religieuses de Saint-Andoche conclurent un accord leur permettant d’entrer en possession complète d’un moulin à Senailly dont elles possédaient déjà la moitié. L’accord conclu avec Constant, prêtre, qui avait hérité de la seconde moitié de ce moulin, stipulait que Constant léguait à l’abbaye sa propre moitié du moulin, n’en conservant que l’usufruit sa vie durant  ; en échange, l’abbesse lui cédait l’usufruit de sa propre moitié de ce moulin ainsi que l’usufruit du pressoir de l’abbaye. Pour le remède de son âme, l’ensemble des biens de Constant devait revenir à l’abbaye après son décès, exception faite de biens qu’il pouvait léguer librement jusqu’à la valeur de 20 livres tournois46. Ces donations pieuses, le plus souvent sous forme de legs, étaient assez fréquentes à Autun comme ailleurs, les donateurs espérant se concilier les suffrages et les prières des religieuses et diminuer leur temps de purgatoire à moindre frais. D’autres motifs pouvaient motiver une donation, mais là 41  AD  SL H  955/2, fol.  7‒7v (les frères Farmer), fol.  14v‒15 (le seigneur de Chevigny), fol. 15v‒16 et fol. 15 (Phililbert Pin). 42   Jean Passelat bourgeois de Saint-Pierre-le-Moûtier au nom de ses filles (AD SL H 963/2), Jean Fouet bourgeois de Moulins et seigneur de Chevannes (AD SL H 963/3 et 4 = H 941/24, fol. 26‒26v), les frères Farmer (AD SL H 963/5), Jean Coquille bourgeois de Decize (AD SL H 963/6 = H 941/24, fol. 18‒19). 43  AD SL H 1170 XVIII, VI, 1 (1268). 44  AD SL H 1357/1 = H 1170 XVIII, VI, 2 (1286). 45  AD SL H 1357/2 = H 1170 XVIII, VI, 3 (sans date). 46  AD CO 74 H 1013/1 (1279).

230 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

encore, la piété et donc le salut de l’âme, entraient en jeu, même si cela n’était pas toujours précisé explicitement. Ainsi, on pouvait donner des biens afin d’être reçu comme convers : à la fin du xiiie siècle, Renaud, doyen de Curgy, et Marion son épouse (n°309 et 310) donnèrent un grand nombre de biens, si ce n’est tous leurs biens, à l’abbaye Saint-Andoche afin d’y prononcer leurs vœux47 et, un siècle plus tard, en 1392, Gérard Moley, de Nanteuil, et son épouse Gilete (n°314 et 315), offrirent tous leurs biens à cette même abbaye, toujours pour y devenir convers48. Parfois des terres ou des revenus étaient donnés à une religieuse et l’abbaye pouvait en hériter au décès de celle-ci, comme la dîme de Saint-Légerdu-Bois abandonnée par ses frères à Sarre de Torcy (n°109) en 1294, dîme que l’abbaye possédait toujours au xve siècle49. Les échanges

Les terres et les droits ainsi offerts aux religieuses, quel qu’en ait été le motif, pouvaient être géographiquement assez peu intéressants pour l’abbaye s’ils étaient peu importants et isolés. C’est sans doute une des principales raisons pour lesquelles les religieuses ont procédé à des échanges : elles pouvaient ainsi rassembler leurs possessions au sein de domaines suffisamment importants pour que leur gestion soit efficace. Ainsi, en 1307, les religieuses de Saint-Jean échangèrent avec Gilet, fils de Robert Geliot, de Cirey, une pièce de terre contre quatre pièces de vignes contiguës à des vignes leur appartenant déjà50 ; elles regroupèrent donc leurs possessions. C’est aussi le but recherché par les religieuses de Saint-Andoche quand elles échangèrent avec Gérard de La Vie ce que l’abbesse Guiotte de Drées (n°15) avait acquis de Gérard dit Vallet contre deux pièces de terre à Curgy en 132651, ou quand, en 1330, elles échangèrent avec Jean Chauderon, seigneur de Dornes, plusieurs terres sises à Saint-Parize-en-Viry, puisqu’elles acquirent alors, notamment, un champ « tenant […] à la garene des dictes religieuses »52. De façon analogue, en 1276, les religieuses de Saint-Andoche abandonnèrent plusieurs redevances qui leur étaient dues à Ciry, ainsi que quelques

 AD SL H 915/2 (1301).  AD SL H 914/2 (1392). 49  AD SL H 1055/1 (1294) ; AD SL H 854/7 (1454). 50  AD SL H 1425/4 (1307). 51  AD SL H 927/1 (1326). 52  AD SL H 967/1 (1330). 47 48

Les possessions de la communauté

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pièces de terre, à Guillaume, seigneur de Saint-Bonnet, qui, pour sa part, leur laissa la justice haute et basse sur les terres et les hommes de son domaine de Ciry et de ses dépendances53 ; sans doute était-il plus simple pour les religieuses de prélever des droits de justice plutôt que de percevoir toute une série de redevances différentes, d’autant que ces droits de justice complétaient sans doute ceux qui leur appartenaient déjà puisqu’elles y possédaient une villa avec ses dépendants depuis la fin du ixe siècle et le legs du comte Heccard54. En 1328, les religieuses de Saint-Andoche acquirent une maison avec ses dépendances à Curgy, en échange de laquelle elles donnèrent une ouche mouvant de leur censive55 ; l’échange semble être nettement favorable aux religieuses, et rien ne permet de savoir pourquoi un homme, veuf depuis peu, et son fils acceptèrent cette transaction pour eux et leur fille et sœur mineure. En revanche, il peut sembler fort étrange que les religieuses de SaintAndoche aient cédé, en 1336, leur moulin à eau d’Ormancey avec ses dépendances et le pré jouxtant l’écluse permettant son fonctionnement, contre une maison dans le même village56  ; il faut toutefois noter que cette maison, « grande et haute », jouxtait la grange des religieuses et que celles-ci se réservaient, sur le moulin, une redevance annuelle de deux setiers de froment mesure de Mont-Saint-Jean payable à la Saint Martin d’hiver, rente qui était toujours due soixante ans plus tard57. Pour les religieuses, la perception de cette redevance était sans doute plus aisée que la gestion d’un moulin qu’elles devaient entretenir, pour lequel elles devaient trouver un meunier sûr etc. ; en outre, l’acquisition d’une vaste demeure située à proximité immédiate de leur grange était sans doute intéressante, qu’elles l’aient louée ou utilisée à leur profit pour la gestion de leurs biens à Ormancey et Mont-Saint-Jean. Les échanges ont sans doute aussi permis aux religieuses d’acquérir certains types de terres dont elles avaient besoin, même s’il n’en existe pas de traces explicites. Toutefois, l’achat était le mode le plus efficace pour acquérir des biens considérés comme essentiels.

 AD SL H 869/1 (1276).  Cf.  chap. préliminaire III. 2. a. Le cartulaire-dossier de Saint-Andoche. L’apport quant aux possessions de l’abbaye. 55  AD SL H 927/2 (1328ns). 56  AD SL H 1037/1 (1336). 57  AD SL H 1032/1 (1396). 53 54

232 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

b. Les achats

Les religieuses, grâce aux cens et rentes qui leur étaient dus, grâce à l’exploitation de leurs terres, grâce aussi à des donations en argent, avaient des revenus leur permettant d’acheter ce que leurs domaines ne pouvaient pas leur fournir et de faire face à toutes sortes de dépenses liées à l’entretien de leur biens, à la défense de leurs droits etc. Avec le surplus d’argent, elles pouvaient également effectuer des achats leur permettant d’étoffer leur patrimoine. Elles achetaient généralement des terres ou des droits là où elles en possédaient déjà ; plusieurs acquisitions avaient alors lieu dans le même finage à quelques années d’intervalle. Souvent, les religieuses acquirent des fractions de pièces de terres qui leur manquaient, afin de les posséder intégralement. Ainsi, les religieuses de Saint-Andoche achetèrent le quart d’une terre éduenne située devant la maison du marguillier de Saint-Andoche en 1276 et la moitié de cette même terre sept mois plus tard58  ; sans doute possédaient-elles déjà le dernier quart de cette terre auparavant. En 1307‒1308, les religieuses de Saint-Jean, elles, achetèrent à deux frères successivement leur tiers d’un pré à Cirey dont elles-mêmes possédaient la tierce partie59. Aux xiiie et xive siècles, les religieuses de Saint-Jean acquirent un certain nombre de terres à Cirey60, en même temps qu’elles cherchèrent à mieux organiser leur exploitation en regroupant celles qui leur appartenaient grâce à des échanges. Elles cherchaient généralement à acquérir à la fois des terres et des droits, comme à Saint-Maurice-lès-Couches où les religieuses de SaintJean achetèrent, en 1298, à Odde, fille de feu Guillaume dit Amont chevalier et épouse d’Alexandre de Montaigu chevalier, pour 60  livres viennois, deux meix avec leurs nombreuses dépendances en terres, vignes et bois, et les revenus qui y étaient attachés en blé, vin, viande et corvée, mais aussi avec la famille de mainmortables qui demeurait sur ces meix, lesquels mainmortables devenaient hommes de l’abbaye61 ; il s’agit là d’un achat important. Lorsqu’elles commençaient à acquérir des biens dans un lieu nouveau, elles cherchaient à les compléter, comme les religieuses de Saint-Jean à Nailly : au milieu du xiiie  siècle, elles achetèrent à Guy de Châteauneuf, seigneur de

 AD SL H 808/1 (1276) et H 808/2 (1277).  AD SL H 1427/1 et 2 (1307‒1308). 60  AD  SL H  1425/1  à  4 (1307‒1323), H  1426/1  et  2 (1297ns‒1306), H  1427/1  et  2 (1307‒1308). 61  AD SL H 1601/1 et 2 (1298). 58 59

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Mont-Saint-Jean et du Reuillon, et à son épouse Oderde, des terres arables à Nailly62 ; vingt ans plus tard, elles avaient un droit de panage dans les bois de Nailly63 ; elles avaient donc augmenté et diversifié leurs biens fonciers et droits dans ce village. De la même façon, les religieuses de Saint-Andoche achetèrent plusieurs pièces de terre aux xiiie et xive siècles à Merceuil. En 1234, elles profitèrent sans doute de la détresse de Jordan, Pierre et Garin dits Baronois dans la mesure où elles payèrent les trois pièces de pré qu’elles leur achetèrent non seulement en argent, 18 livres et 10 sous dijonnois, mais aussi avec 7 boisseaux de froment, peut-être comme semence64, alors que les achats se faisaient traditionnellement contre de l’argent uniquement. Les achats se faisaient en effet bien souvent auprès de familles touchées par le sort, en particulier lorsque le père mourait : la mère ne pouvait plus alors faire face aux besoins d’argent, sans doute aussi au travail de la terre, et, avec ses enfants ou seule en son nom et au nom de ses enfants mineurs, elle vendait une ou plusieurs pièces de terres aux religieuses65. Ces dernières profitaient sans doute de ces situations difficiles pour acquérir des biens les intéressant, mais peut-être évitaient-elles aussi aux familles une situation plus difficile encore, en particulier quand il s’agissait de familles qui vivaient dans leurs domaines. Ainsi, en 1334, les religieuses de Saint-Andoche achetèrent à Simone, veuve de Guillaume maire de Curgy (n°328), plusieurs pièces de terre dont elle avait hérité de son époux suite au partage fait avec ses enfants66 ; trois mois auparavant, cette même Simone avait engagé deux de ces terres auprès des religieuses auxquelles elle devait une somme de 40  sous67. De façon assez analogue, elles acquirent d’Huguette de La Motte, l’ensemble des terres et autres biens qu’elle avait hérités de son frère Guillaume de Curgy, damoiseau, contre le paiement par l’abbaye de toutes les charges et dettes reposant sur cet héritage68 (gén. 28). Outre des biens fonciers, les religieuses achetaient parfois aussi des droits ou des redevances, comme les religieuses de Saint-Jean qui acquirent successivement à Chassagne entre 1263 et 1268, deux muids de rente de vin contre

 AD SL H 1505, fol. 15 (1254).  AD SL H 1505, fol. 14v‒15 (1275ns). 64  AD SL H 1012/1 (1234). 65  Par exemple AD SL H 1017/1 (1305ns). 66  AD SL H 915/2 (1334). 67  AD SL H 926/3 (1334ns). 68  AD SL H 926/4 (1374). 62 63

234 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

14 livres chacun puis, pour dix ans, le tiers des fruits d’une vigne mouvant de l’abbaye, cette vigne devant revenir entièrement à l’abbaye à la mort de sa tenante, pour le remède de l’âme de celle-ci69 ; elles continuèrent ces achats de rentes de vin ou de grains au xive siècle, rentes reposant en partie sur des terres qui mouvaient de l’abbaye et lui devaient déjà une coutume en vin ou en grain70. c. D’autres modes d’acquisition : retenue et confiscation

En tant que propriétaire foncier ou en tant que seigneur féodal, les religieuses avaient d’autres moyens encore d’accroître leur patrimoine. Rares étaient ceux qui reconnaissaient avoir spolié les religieuses et leur offraient des biens en dédommagement ; ce fut toutefois le cas de Geoffroy de Clugny, écuyer, seigneur de Champœcueillon, qui reconnut spontanément, semble-t-il, avoir usurpé une dîme appartenant aux religieuses de Saint-Andoche sur certaines terres de Champœcueillon et qui, en compensation, leur offrit une terre de deux journaux entre le pont Saint-Andoche et le pont d’Arroux71. Plus souvent, certains ne payaient pas les redevances annuelles qu’ils devaient, que ce soit des cens et coutumes pour une terre amodiée ou des rentes pour une forte somme d’argent, et les religieuses pouvaient alors confisquer les biens qui servaient de garantie72. Enfin, à plusieurs reprises, les religieuses firent jouer le droit de retenue qu’elles détenaient, selon la coutume de Bourgogne, sur les terres mouvant de leur abbaye. Ainsi, le 27 mars 1477, Quentin Maitre, boucher autunois, acheta à des particuliers un pré en la prairie d’Autun contre 20 francs de monnaie courante73 ; toutefois, un an plus tard jour pour jour, le 27 mars 1478 après Pâques, se présenta à lui un procureur des religieuses de Saint-Andoche qui fit jouer ce droit de retenue : il remboursa le boucher des 20 francs par lui payés auxquels il ajouta un franc pour les divers frais, mais récupéra ce pré de 4 soitures au bénéfice des religieuses74. À la fin du xiiie siècle déjà, les religieuses de Saint-Andoche avaient fait usage de leur droit de retenue envers

 AD SL H 1373/1 (1263 à 1268).  AD SL H 1373/2, 4, 5, 8 (1303, 1344, 1370). 71  AD SL H 853/1 (1440). 72  Cf. chap. 3 II. 3. b. Protection des biens et revenus. Les garanties dans les contrats pour protéger les revenus. 73  AD SL H 765/4 (1477ns). 74  AD SL H 808/9 (1478). 69 70

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Roger dit de La Combe qui avait acheté une pièce de vigne à Volnay : elles lui avaient versé les 13 livres qu’il avait lui-même payées pour cette terre et avaient pris possession de celle-ci75. Les religieuses de Saint-Jean, elles aussi, utilisèrent ce droit afin d’acquérir certains biens. Il a été vu qu’aux xiiie et xive siècles, elles se sont constitué un domaine cohérent à Cirey grâce à des achats et à des échanges ; le droit de retenue leur permit de compléter ces acquisitions : le 30 décembre 1343, une maison avec cour, ouche, vigne et dépendances était vendue entre particuliers, mais ces biens mouvaient de la censive de l’abbaye Saint-Jean et, en février 1344, l’abbesse Jeanne de Brazey (n°41) fit jouer son droit de retenue en remboursant l’acheteur des 4  livres tournois payées, pour se réserver la propriété de ces possessions76. Les religieuses pouvaient, grâce à leur droit de retenue, non seulement acquérir un bien foncier, mais en plus conserver les redevances qui leur étaient dues sur ce bien, comme le firent habilement les religieuses de SaintJean en 1479. Cette année-là, Chrétien de La Tour décida de vendre une terre de pré et toppe près du bois Saint-Jean, terre dépendant de l’abbaye Saint-Jean et chargée envers celle-ci d’un cens annuel de 9 gros ; Jean Tixier, boucher demeurant à Autun acheta cette terre pour 16  francs avant de se présenter devant l’abbesse afin de lui apporter 16 gros de lods et vente et de la prier de confirmer la vente. Mais l’abbesse refusa de « prandre et recevoir de luy lesdits loux » mais aussi de « louher, rattifier ne consentir ledit vendaige » et retint cette terre comme l’y autorisait la coutume de Bourgogne ; elle remboursa donc lesdits 16 francs à Jean Tixier. Aussitôt, elle bailla cette terre à l’acheteur malheureux contre 9  gros tournois de cens à payer à la Madeleine77. Ce droit de retenue pouvait aussi permettre de parfaire l’acquisition incomplète de droits ou de biens. Ainsi, en 1344, les religieuses de SaintAndoche semblent avoir voulu recueillir l’ensemble de la dîme de Gemigny dans la paroisse de Dornes, alors que jusque-là des particuliers avaient des droits sur ces dîmes, droits qui mouvaient en fief de l’abbaye. Les religieuses acquirent certains de ces droits en mai par deux achats effectués le même jour pour 10 et 13 sous tournois78 ; un mois plus tard, lorsque Jean Porrenelli, de Gemigny, voulut acheter une partie de ces droits aux enfants de Jean Garnier,  AD SL H 1160/8 (1299).  AD SL H 1422/2 et 1 (1343 et 1344ns). 77  AD SL H 1617/1 (1479). 78  AD SL H 951/2 et 3 (10 mai 1344). 75 76

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les religieuses firent jouer leur droit de retenue dans la mesure où ils mouvaient de leur fief et imposèrent donc à Jean Porrenelli de leur rétrocéder son achat, contre la somme que lui-même avait déboursée, 14 sous tournois79. Le délai durant lequel les religieuses pouvaient utiliser leur droit de retenue semble fort variable : à la fin du xve siècle à Autun les religieuses de SaintAndoche ne le firent jouer qu’au bout d’un an, alors que milieu du xiiie siècle à Nolay les religieuses de Saint-Jean ne conservaient ce droit de retenue que pendant huit jours une fois que le vendeur d’une terre avait amené l’acheteur devant l’abbesse afin qu’elle l’agrée et qu’il lui promette fidélité80. Les religieuses avaient donc toute une panoplie de moyens afin d’agrandir et de parfaire leur patrimoine. Le plus souvent, elles acquirent ainsi des biens directement exploitables, mais parfois aussi, elles prirent en main des terres incultes et durent alors passer des contrats particuliers avec ceux qui pouvaient transformer ces friches en terres rentables. d. La mise en valeur de terres incultes

Ainsi, au début du xiiie siècle, le comte de Chalon et les religieuses de Saint-Andoche s’associèrent pour créer des abergements et domaines à Ciry, et donc pour faire mettre en valeur de nouvelles terres à défricher ; les deux parties semblent avoir apporté des terres, mais on ne sait pas comment ont été répartis les frais d’installation des familles. En revanche, les revenus devaient être partagés de façon égale entre le comte et l’abbesse, mis à part bien entendu les revenus liés à l’église paroissiale – dîmes, oblations – qui revenaient entièrement à l’abbaye en tant que patronne81. Aux xive et xve siècles, les religieuses favorisèrent la remise en culture de pièces de toppe par des contrats qui prévoyaient que le versement du cens ne débute qu’au bout de quelques années. Ainsi, en 1388, les religieuses acensèrent une toppe de 10 ouvrées de vigne à Meursault contre un demimuid de vin et 4 deniers de cens annuel, le premier terme quatre ans plus tard82 ; de la même façon, un siècle plus tard, elles acensèrent des « toppes à vignes » avec un cens dû seulement deux ans plus tard, période que le preneur devait mettre à profit pour « mectre en reparacion de fasson de vignes

 AD SL H 951/4 (21 juin 1344).  AD SL H 1557/2 = H 1549/2, fol. 14‒16v (1244). 81  AD SL H 865/1 (1229). 82  AD SL H 1014/1 (1388). 79 80

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lesdites toppes »83 ; les terres, ayant sans doute souffert de la guerre de Cent ans, des bandes d’écorcheurs et du manque de bras pour les cultiver, étaient devenues improductives et les religieuses tentaient d’y recouvrer un profit en attirant de nouveaux exploitants. Dans le même but, des terres plus ou moins incultes étaient louées durant une période donnée, à charge pour le preneur, de les mettre en état de culture puis de les entretenir ; ainsi, quand au début de l’année 1413 Jean de Couches loua pour dix ans et contre 4 gros un pré à Saint-Andoche, pré situé au « Bois de Guillori », il promit d’y couper les buissons et d’y entretenir les rigoles d’arrosage84. De la même façon, en 1370 les religieuses de Saint-Jean acensèrent à Micheletet, fils de feu Le Pelletier de Chassagne, contre un quart des fruits y croissant, une pièce de vigne et une pièce de terre à Chassagne, le preneur devant « édifier » sur cette dernière une vigne et devant cultiver les deux vignes avec notamment trois façons à la houe, qui favorisaient leur développement et leur rendement85. Toutefois, il n’est pas précisé si la terre était partagée à la fin des baux. De ce point de vue, un chirographe de 1219, sur le partage d’une vigne récemment « édifiée » à Volnay pour les religieuses de Saint-Andoche par Étienne, closier, est fort peu explicite : cette jeune vigne fut cédée à Nicolas closier, Guy son frère, et Renaud (n°320), doyen d’Autun, la moitié étant cependant tenue par Jean le Boucher citoyen d’Autun et son épouse leur vie durant – à leur mort, cette moitié devait revenir à leurs enfants légitimes le cas échéant ou, dans le cas contraire, à Nicolas, Guy et Renaud ; il est aussi rappelé que les religieuses possédaient un quart de sétérée (quartum sextarium) qu’elles acensèrent à Jean le Boucher contre 5 sous de cens annuel86. Sans doute cet accord était-il rendu nécessaire par le décès d’Étienne, décès qui mit fin à un contrat, inconnu, entre celui-ci et les religieuses. On sait que Renaud était le gendre d’Étienne – il a eu droit au tiers des biens de son beau-père87 – et on peut penser que Nicolas et son frère Guy étaient les fils d’Étienne. Il semblerait donc que la moitié de la vigne édifiée par Étienne pour les religieuses revenait à ses héritiers directs, ce qui est classique et fait penser à un contrat

 AD  SL H  1014/3  (1453)  ; cf.  aussi H  704/1, fol.  93v‒94v (1453ns), H  1146/1, fol. 12v‒13v, 13v‒14v (1453ns), H 1162/7 (1453ns). 84  AD SL H 757/1 (1413ns) : « avec ce suy tenuz et promez je, ledit Jehan de Coiches, de copper tous les buissons et qui sont oudit prey, ycellui prey praier et mectre en tres bon estat à mes propres missions et despens ». 85  AD SL H 1377/1 (1370ns). 86  AD SL H 1162/2 (1219). 87  AD SL H 1162/1 (1218). 83

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de complant et à un partage en deux parts égales entre celui qui fournit la terre inculte et celui qui fournit son travail pour la transformer en vigne. Mais pourquoi l’autre moitié revint-elle à Jean le Boucher ? Et qu’est-ce que ce quart de sétérée qui appartenait aux religieuses et qui fut acensé à ce même Jean le Boucher, à quelle portion de la vigne créée correspond-il ? Quoi qu’il en soit du partage des terres incultes que les religieuses faisaient façonner et mettre en culture, notamment par des vignerons, il est clair que les religieuses autunoises étaient attentives à leurs possessions et cherchaient à les rationnaliser afin d’en faciliter la gestion. II. L’exploitation des terres et la protection du temporel L’exemple de la gestion des possessions des religieuses de Saint-Jean à Nolay au milieu du xiiie siècle, connu grâce à un litige avec le fils du seigneur de Thil et son épouse (n°892 et 893)88, montre la complexité des droits des religieuses sur les terres et sur les récoltes. L’abbaye avait installé à Nolay des colons pour cultiver les terres qui lui appartenaient, des champs mais aussi et surtout de la vigne. Les vignes étaient laissées non à mi-fruit mais au tiers, au quart, au cinquième voire au sixième de la récolte89, ce qui était beaucoup moins avantageux pour l’abbaye  ; en revanche, en cas de mauvaise exploitation – si le binage avant la Saint Jean était insuffisant par exemple –, l’abbaye pouvait reprendre les vignes afin de les exploiter de façon directe. Le cens dû sur les terres à céréales n’est pas précisé, mais en cas de non-paiement du cens, le tenancier était soumis à une amende de 7 sous90. La tierce était levée dans les champs, avant le passage du décimateur ; la dîme était, elle aussi, levée dans les champs et, pour les vignes, sur les grappes soit à la sortie des vignes soit à l’entrée des villages voisins. Les religieuses conservaient à tout moment le contrôle sur les terres qu’elles donnaient à cultiver : en cas de vente, elles avaient un droit de retenue pendant les huit jours qui suivaient la vente – durant ce délai, soit elles

 AD SL H 1557/1 = H 1549/2, fol. 14‒16v (1244) ; A. de Charmasse, « Note sur la communauté d’habitants de Nolay d’après une charte de 1244 », MSE, nv. série, t. 36 (1908), p. 111‒119. 89   si aliquid tenent vineas ad tercium vel quartum vel quintum sextarium vel sextum ab ecclesia Sancti Johannis (AD SL H 1557/1 = H 1549/2, fol. 14‒16v, 1244). 90   si aliquid qui deberunt census dicte ecclesie loco et tempore census non soluerint mandatum dicte abbatisse postest vadiare et levare emendam in censiva sua usque ad septem solidos (AD SL H 1557/1 = H 1549/2, fol. 14‒16v, 1244). 88

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ratifiaient la vente et recevaient les lods du douzième91 y afférant, soit elles faisaient jouer leur droit de retenue –, et en cas d’hypothèque de sa tenure par un de leurs tenanciers, elles pouvaient rembourser le créancier et se substituer à lui pour éviter l’installation sur leur seigneurie d’un tenancier non désiré. Si un manse, dépendant du seigneur de La Roche Nolay mais devant des coutumes à l’abbaye, était vacant, celle-ci pouvait le faire cultiver à son profit le temps de la vacance. Dans les communaux, les religieuses, leurs représentants, leurs hommes et leurs animaux avaient un droit d’usage et si leurs hommes, leurs animaux ou les animaux de leurs hommes étaient pris dans les propriétés d’autrui, ils devaient réparer les éventuels dommages mais ne payaient pas d’amende, amende qui de toute manière serait revenue à l’abbaye, en vertu de son droit de justice. Enfin, en tant que seigneur, les religieuses percevaient aussi un tiers des taxes sur le marché, les deux autres tiers revenant probablement pour moitié au seigneur de La Roche Nolay, autre seigneur du territoire de Nolay, et à la communauté de Nolay. Nolay était une possession importante de Saint-Jean, ce qui explique que les droits des religieuses y aient été divers. En fait, des modes de gestion extrêmement variés coexistaient selon la taille et l’emplacement des possessions des religieuses, selon aussi les époques. 1. Les modes d’exploitation du temporel a. Une exploitation directe très faible

Les religieuses ne pouvaient pas exploiter elles-mêmes leurs terres dans la mesure, notamment, où elles devaient demeurer à l’intérieur de la clôture de leur abbaye. Si certains moines ont effectué des travaux agricoles, cela n’a quasiment jamais été le cas des moniales qui, tout au plus, s’occupaient d’un jardin aux simples, de quelques jardins de fleurs. L’exploitation directe des terres ne pouvait donc exister qu’à travers des corvées, là où les abbayes étaient seigneurs, ou l’emploi de journaliers ; ce sont essentiellement les comptes qui font mention de ces corvées ou, surtout, des salaires versés à des journaliers. Ainsi, au tournant des xive et xve siècles, les tenanciers de Curgy devaient des corvées de fauche et étaient surveillés par un sergent qui recevait trois setiers de seigle ; les religieuses de Saint-Andoche devaient du pain à ceux qui effectuaient ces corvées92. Les habitants de Senailly étaient aussi cor  de viginti solidis, viginti denariis (AD SL H 1557/1 = H 1549/2, fol. 14‒16v, 1244).  AD SL H 722/2, fol. 4‒4v, fol. 25 (1407‒1408).

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véables des religieuses de Saint-Andoche – ceux qui possédaient des bœufs leur devaient trois corvées par an –, de même que les habitants de Marcilly ou de Géanges pour Saint-Jean93. Dans les derniers siècles du Moyen Âge les seules corvées ne permettaient pas de cultiver une grande quantité de terres, d’autant qu’un certain nombre de jours de corvée étaient mobilisés pour les charrois des récoltes et du vin jusqu’à la maison seigneuriale la plus proche, voire jusqu’à Autun94. Les religieuses devaient donc faire appel à de nombreux journaliers employés pour différentes activités dans les prés, les champs et les vignes qui appartenaient à l’abbaye. Ils s’occupaient de la fenaison des prés95 ou les entretenaient en bouchant les trous de taupes96. Ils sarclaient les blés comme à Marcilly ou Ciry, les moissonnaient, vannaient le froment et le seigle, même s’ils devaient pour cela faire une dizaine de kilomètres entre Géanges et Beaune97. Ils étaient non seulement payés à la journée, mais ils étaient aussi nourris par l’abbaye et les religieuses achetaient des pots en terre et des écuelles en bois afin de les servir, du moins était-ce le cas pour les moissonneurs98. Ils fabriquaient des paisseaux pour la vigne, taillaient les ceps, binaient et bêchaient les vignes99 ; ils ramassaient les fruits, tels que les pommes ou les noix100. Des personnes plus spécialisées étaient aussi employées par les deux abbayes, notamment pour s’occuper du bétail101, comme des bergers, des

93  Respectivement AD  CO 74  H  1012 (xve  siècle), AD  SL H  1527, fol.  4 (1399‒1400), H 1257/1, fol. 2 et H 1258, fol. 4 (1389 et 1397‒1398). 94  Par exemple, les habitants de Curgy devaient des corvées de charroi du foin jusqu’à l’hôtel des religieuses à Curgy après la fauche (AD SL H 722/2, fol. 4‒4v, 1407‒1408). 95  Pour Saint-Jean, par exemple : AD SL H 1479, fol. 2 et 2v (1372‒1373), H 1256, fol. 9, 14, 26 (1382, 1383, 1380), H 1527, fol. 1 (1399‒1400), H 1583, fol. 9 (1402‒1403). Pour Saint-Andoche, par exemple : AD SL H 722/1 (1295), H 722/2, fol. 4 (1407‒1408), H 1625 (1407‒1408). 96  AD SL H 722/2, fol. 27v (1407‒1408). 97  Respectivement AD SL H 1527, fol. 3v (1399‒1400) et H 722/1 (1295) ; AD SL H 1256, fol. 21 bis (1383) ; AD SL H 1479, fol. 2 (1372‒1373). 98  AD SL H 1256, fol. 23 (1380). 99  Respectivement AD SL H 1256, fol. 7 (1390) – des paisseaux furent aussi achetés par les religieuses (AD SL H 1258, fol. 23‒23v, 1397‒1398 ; H 722/1, 1295) ; AD SL H 1258, fol. 24 (1397‒1398) ; AD SL H 1258, fol. 24v‒25 (1397‒1398), H 1583, fol. 5 (1402‒1403). 100  AD SL H 625, fol. 18 (1407‒1408). 101  Ainsi, en 1399‒1400 par exemple, des bœufs gras furent menés de Marcilly à Autun pour y être vendus (AD SL H 1527, fol. 1v, 2, 6v, 8), des taureaux furent châtrés (H 1527, fol. 3v), des journaliers furent payés pour garder des « grosses bestes » et des « pors » (H 1527, fol. 5v

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vachers, des bouviers ou des porchers102 qui étaient non seulement payés en argent et en nature, mais aussi parfois vêtus et chaussés103. Pour les travaux agricoles, les religieuses possédaient le matériel nécessaire qu’elles fournissaient à ceux qu’elles employaient pour l’entretien de leurs terres : elles achetaient « fer et acier […] pour fere serpes, fessons, pioiches, coignes et autres besoignes » et avaient des faucilles104 etc. Elles entretenaient le gros matériel, notamment les charrues : elles faisaient « chaucier » un soc ou employaient un maréchal pour réparer un coutre et un fer105. Elles avaient bien entendu des bœufs pour tirer ces charrues et étaient amenées à acheter des jougs106. Elles achetaient aussi des tonneaux pour stocker le vin, tonneaux qui pouvaient être réparés107. Chaque année une partie soit de la récolte soit des redevances était conservée pour la semence de l’année suivante ; ainsi à Marcilly en 1399‒1400 étaient semés sur différentes parcelles 18  setiers et 13  bichets de froment, un setier 12 bichets et un boisseau de gros blés et d’orge, 12 setiers et 8 bichets d’avoine108. Parfois, en cas de récolte insuffisante, les religieuses étaient obligées d’acheter des semences109. Une partie des terres des deux abbayes était donc exploitée de façon directe, notamment pour fournir aux religieuses ce dont elles avaient besoin pour qu’elles-mêmes et leurs familiers mènent une vie confortable. Toutefois, une grande partie de leurs besoins était comblée par les différentes redevances qu’elles percevaient sur les terres qui étaient exploitées de manière indirecte. Sans doute d’ailleurs, la part de l’exploitation directe diminua-telle en faveur de l’exploitation indirecte : à partir de la fin de xiiie siècle, les religieux se repliaient sur leur abbaye et leurs devoirs spirituels, confiaient la

notamment), de l’avoine fut dépensée pour les bœufs, les porcs, les oies et oisons (H 1527, fol. 7v, 8, 8v). Des ouvriers furent employés pour fabriquer « les claies dou parc » de Senailly, parc qui était sans doute lié à de l’élevage (AD SL H 722/1, 1295). 102  Respectivement AD SL H 1256, fol. 14 (1385), H 722/2, fol. 3v (1407‒1408) ; AD SL H 1256, fol. 29v (1380) ; AD SL H 722/2, fol. 3v et fol. 25 (1407‒1408) ; AD SL H 1256, fol. 29v (1380), H 722/2, fol. 4 (1407‒1408). 103  AD SL H 1256, fol. 23v (1380), H 722/2, fol. 3v, fol. 25 (1407‒1408). 104  Respectivement AD SL H 1258, fol. 21v (1397‒1398) ; AD SL H 1256, fol. 8v (1382). 105  AD SL H 1256, fol. 23v (1380), H 1527, fol. 3, 3v (1399‒1400) ; AD SL H 722/1 (1295). 106  AD SL H 1527, fol. 2, 3 (1399‒1400). 107  AD SL H 722/1 (1295) notamment. 108  AD SL H 1527, fol. 4, 6 et 9 (1399‒1400) respectivement. 109  AD SL H 722/1 (1295).

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gestion des domaines lointains à des fermiers laïques et donnaient leurs terres à cultiver à des tenanciers110. b. Les différents modes d’exploitation indirecte Les contrats à cens et rente

La délivrance de terres, mais aussi de bâtiments, par un seigneur foncier, contre une rente, un cens ou les deux était extrêmement classique au Moyen Âge, que le propriétaire éminent soit un laïc ou un ecclésiastique, une personne ou une institution. Le plus souvent, les religieuses éduennes donnaient leurs terres en tenure à une famille, à un homme, ses héritiers, les héritiers de ses héritiers etc. contre une rente et un cens, une partie en nature et une partie en argent ; ces redevances étaient généralement dues à la Saint Martin d’hiver (11 novembre) ; toutefois, pour les possessions urbaines, elles étaient plutôt dues à la Notre-Dame de mars (25 mars), à la Saint Jean (24 juin), ou à la Saint Andoche (24 septembre). Bien souvent les redevances devaient être apportées à l’« hôtel » des religieuses ou de l’abbesse, c’est-à-dire à la maison seigneuriale du domaine considéré. Lors de la prise de la tenure, un contrat était rédigé en présence des religieuses, ou d’un représentant de l’abbaye, et du preneur, chacun s’engageant à respecter les clauses de l’accord. Ces contrats pouvaient avoir des durées variables  : souvent ils étaient conclus à perpétuité quand ils engageaient une personne, ses héritiers « procréés de son corps » et ainsi de suite, mais ils pouvaient aussi n’engager la personne que « sa vie durant » ou ne concerner qu’un nombre fixé d’années. Dans le premier cas, si le tenant décédait sans héritier direct, les religieuses recouvraient les biens acensés ; pour les acenser de nouveau, elles faisaient une publication dans les différentes églises qui dépendaient de l’abbaye, dans la région du bien à acenser, afin que d’éventuels preneurs puissent se manifester111. Parfois, des terres ne trouvaient pas preneur, en particulier au début du xve siècle quand les ravages de la guerre de Cent ans se firent durement sentir en Bourgogne et s’ajoutèrent aux nombreux décès liés à la peste. Parfois, c’est à la suite d’une mise aux enchères qu’une terre était confiée à un paysan, comme une pièce de vigne de Saint-Jean à Cirey que prit Henri François, paroissien de Nolay, en 1477, « comme le plus offrant et darrier encherisseu et pour ce que autres n’est venu qui plus desdits trois ouvrees de vignes ait

 B. Delmaire, Le diocèse d’Arras de 1093 au milieu du xive siècle, Arras, 1994, t. 1, p. 231.  AD SL H 965/4 et 5 (1496).

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voulsu donner »112. Une maison sise au Château d’Autun et appartenant aux religieuses de Saint-Andoche était même mise aux enchères tous les ans113. Cens ou rente, les redevances pouvaient être fixées en argent ou/et en nature. Les redevances en nature étaient liées aux cultures majoritaires dans le territoire concerné ; ainsi dans certaines paroisses les redevances se payaient presque exclusivement en céréales, soit en froment et avoine, soit en seigle uniquement, alors qu’ailleurs les redevances en vin étaient majoritaires, comme à Volnay. Dans certains contrats, généralement ceux qui concernaient des vignes, la rente due était variable, en fonction de la récolte. Ainsi, en 1396, les religieuses de Saint-Andoche acensaient 20  ouvrées de vignes pour dix ans contre une redevance d’un quart des fruits y croissant chaque année à payer au temps des vendanges ; à la même époque, Guillaume Boisseaul prit des religieuses de Saint-Jean 7  ouvrées de vigne à tiers fruit pour six ans114. Généralement, le cens était payé en argent tandis que la rente était versée en nature, mais il existe de nombreuses exceptions. Toutes les situations pouvaient exister en fait ; ainsi, à Géanges, un preneur devait un cens en argent et en froment, des coutumes en froment et en avoine, des tierces en seigle et avoine115. Dans de nombreux domaines les preneurs devaient en outre une coutume en volaille (une poule ou une portion de poule)116. Parfois, les contrats étaient assortis de clauses particulières assez insolites. Ainsi, en 1491, les religieuses de Saint-Andoche acensèrent à Simon Régnier dit Le Normand trois maisonnettes à Autun, près de l’abbaye, pour lesquelles il devait une rente double (à la sacriste et aux religieuses), un cens et le droit de queste117 ; toutefois, il est aussi précisé qu’il devait faire cuire le pain des religieuses dans le four banal contre un droit de fornage118, alors que rien ne permet de penser qu’il était boulanger, bien au contraire puisqu’un autre acte le qualifie de drapier119.

 AD SL H 1426/8 (1477ns).  AD SL H 704/1, fol. 40‒41 (1453) : « une maison assize au chasteau d’Ostun […] laquelle maison ce loue au plus offrant chascun an ». 114  Respectivement AD SL H 1162/5 (1396) et H 1256, fol. 21 bis (1383). 115  AD SL H 1257/1 (1389), H 1258 (1397‒1398). 116  Par exemple AD SL H 861/1 (1487 à Brion), H 876/2 (1401ns à Ciry), H 1586/1 et 2 (1381 à Patigny). 117  Cf. chap. 4 I. 2. a. Le droit de queste à Saint-Andoche. 118  AD SL H 803/6 et 7 (1491ns). 119  AD SL H 749/3 (1496). 112 113

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Ces redevances en nature et en argent étaient fondamentales pour les religieuses car elles représentaient la plus grande part de leurs revenus. C’est pourquoi, quand avaient lieu des ventes ou des donations entre particuliers de terres qui dépendaient d’elles, il est toujours noté dans l’acte que, sur le bien cédé, reposai(en)t une rente et/ou un cens, et étaient précisés la somme due, le terme et le lieu de remise  ; assez souvent d’ailleurs, les religieuses étaient partie prenante de l’acte établi pour officialiser la transaction120. Le bordelage

Il existait un autre type de contrat, largement utilisé par les religieuses de Saint-Andoche pour leurs terres Outre-Loire, dans le Nivernais, autour de Dornes, Saint-Parize et La Celle : le bordelage121. Il s’agit d’un mode de tenure très dur pour le preneur et qui se retrouvait essentiellement dans le Nivernais, même s’il s’est aussi diffusé, au xiiie siècle, aux confins des duchés de Bourgogne, du Bourbonnais et du Berry ainsi que du comté d’Auxerre122 ; il a existé jusqu’à la Révolution et les cahiers de doléances ont été l’occasion de dénoncer les conditions imposées au preneur. La redevance, proportionnelle à la récolte, était souvent très lourde, en céréales, poules et argent. La tenure ne pouvait être transmise à des héritiers hormis en cas de communauté au moment du décès et les droits de mutation étaient alors considérables, jusqu’à un tiers de la valeur du bien. Si la tenure n’était pas bien entretenue ou en cas de défaut de paiement pendant trois ans, la tenure revenait au seigneur bordelier. La vente ne fut acceptée que peu à peu : de même qu’elle ne pouvait être démembrée par le preneur – il ne pouvait pas en vendre une partie –, la tenure avait longtemps été inaliénable ; par la suite, en cas de vente, la tenure put être retenue par le seigneur et sinon, le seigneur entrait en possession d’une partie du prix de vente – du tiers à la moitié de ce prix de vente.

120  Par exemple AD SL H 1116/5 (1466) : c’est l’abbesse, Marie de Vienne (n°23), qui émit l’acte de vente d’une pièce de pré de Saint-Sernin-du-Plain entre des particuliers, cette pièce de pré étant grevée d’une rente de 6 quarteranches d’avoine à payer aux religieuses de SaintAndoche à la Saint Martin d’hiver et d’un cens d’un gros à payer à l’Annonciation. 121  AD  SL H  952/1  (1236)  = H  941/24, fol.  15‒16v, H  962/1  (1258), H  962/4, 5, 6 et 7 (1330), H 940/1 (1346), H 962/8 (1347), H 963/1 (1401), H 965/1 (1438), H 698/1 (1462, 1463). 122  G.  Néraud, «  Le bordelage en Nivernais  : histoire d’une évolution  », Regards sur la Nièvre. L’expression des jeunes chercheurs, n°1  (1999), p.  5‒10  ; Id., «  Le bordelage en Nivernais : histoire d’une évolution », MSHDI, t. 56 (1999), p. 107‒141.

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En 1330, quatre tenures de Dornes furent prises en bordelage par de nouveaux bordeliers et ces actes confirment que les droits d’entrage étaient importants, de quelques dizaines de sous à plusieurs livres123. Lors de la confection d’un nouveau terrier pour les possessions de Saint-Andoche Outre-Loire en 1438‒1439, tous les tenanciers de Dornes et quelques tenanciers de La Celle – mais aucun de Saint-Parize-en-Viry – reconnurent tenir leurs terres en bordelage124 ; ils devaient alors une rente en argent à la Saint Barthélemy, un cens en argent le dimanche avant Noël et une coutume en nature (des gélines) le dimanche avant la Saint Andoche. Acensements, arrentements et bordelage étaient donc largement utilisés par les religieuses éduennes pour faire mettre en valeur leurs terres. En outre, quel que soit le mode d’exploitation et les contrats établis, elles veillaient à ce que leurs domaines soient régulièrement entretenus, afin qu’ils soient les plus rentables possible. c. L’entretien des domaines : une obligation

Lorsque des terres ou des bâtiments étaient cédés par les religieuses, il était sous-entendu le plus souvent, mais aussi clairement précisé parfois, que le preneur devait les entretenir et les gérer en bon père de famille. Ainsi, quand, en 1378, les abbesses de Saint-Jean Béatrice de Châtillon (n°42) puis Jeanne de Montagu (n°43) amodièrent, entre autres, un pré et une vigne de Montholier, elles précisèrent que le preneur « est tenuz et promet maintenir en prez et en bon estat les chouses dessus dictes et ycelles faire et cultiver en point et en saison dehue bien et loyalment »125. Parfois, il était même précisé ce que le preneur devait faire afin de bien entretenir la terre qu’on lui cédait : ainsi, en 1326, lorsque les religieuses de Saint-Jean acensèrent à Gérard dit Bilom une pièce de vigne, il était précisé dans l’acte qu’il devait la « cultiver bien et fidèlement », mais aussi qu’il devait « faire trois façons à la houe aux temps habituels comme on le fait habituellement chaque année au temps

 AD  SL H  962/4 ( Jean Rachin de Dornes), H  962/5 ( Jean fils de Guillaume Fabri), H 962/6 ( Jean du Pont et son épouse Agnès), H 962/7 (Étienne fils de Guillaume Fabri). 124  AD  SL H  955/2 (1438‒1439)  : Guillaume Arnault (fol.  4), Jean Atees (fol.  4v‒5), les frères Farmer (fol. 5v‒6v), les frères Perrin (fol. 8‒9), Jean Ber (fol. 10), les frères Seignerat (fol. 10v‒11), Guillaume Bernardin (fol. 11‒12), Jean Bernardin (fol. 12v‒13), Jean Chebault et Perrin Placier (fol. 13v), Marguerite fille de Guillemin du Pont (fol. 14), Giraudin Vastelet (fol.  14v‒15  ; cf.  H  965/1), Philibert Pin (fol.  15v‒16), Renault Boere et André Martin (fol. 34‒34v). 125  AD SL H 1283 (1378). 123

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opportun  »126. En 1464, lorsque Jean et Huguenin Chamart prirent possession de la maison du Grand Saint-Christophe ou de Viévy, les religieuses de Saint-Andoche précisèrent qu’ils « sont et seront tenus tenir, maintenir et soustenir lesdits maisons et jardins en bon et souffisant estat et reparation »127 ; les simples jardins devaient donc eux-aussi être entretenus correctement, car ils faisaient partie de la valeur ajoutée d’une maison. Si les religieuses n’étaient pas satisfaites de la gestion des domaines et revenus qu’elles avaient amodiés, elles pouvaient essayer de les recouvrer ; en 1244, lors de la recension des droits des religieuses de Saint-Jean sur leurs terres de Nolay, il était précisé qu’elles pouvaient récupérer à leur profit des terres, en particulier des vignes, qui seraient « mal cultivées » (male excolant), notamment si elles n’étaient pas binées avant la Saint Jean128. Ainsi, en 1306, les religieuses de Saint-Jean demandaient à Jean de Tormont, damoiseau auquel elles avaient amodié leurs biens situés dans l’archevêché de Besançon, de leur rendre ces biens et les revenus qui lui avaient été versés de leur chef, car elles considéraient qu’il les gérait à leur préjudice129 ; peutêtre est-ce suite à ce litige que leur contrat d’amodiation fut refait l’année suivante, l’arbitre choisi par les religieuses et Jean de Tormont servant alors de caution à ce dernier130. Cependant, l’accent était surtout mis sur le bon entretien des bâtiments, plus que des terres. Les bâtiments liés à l’exploitation des terres ou de leurs fruits étaient essentiels et les religieuses insistaient donc particulièrement dans les baux sur le fait que les preneurs devaient les entretenir correctement à leurs frais ; ainsi, quand, en 1279, les religieuses de Saint-Andoche abandonnèrent l’usufruit d’un moulin et d’un pressoir à Constant, prêtre, elles précisèrent qu’il devait les conserver en bon état131. De la même façon, quand, en 1329, Hugues dit Joffroys prit à rente pour sept ans le moulin de Paisey, paroisse de Curgy, et l’écluse qui lui était liée, il promit de nettoyer 126  AD SL H 1126/1 (1326) : est sciendum quod dictus Girardus aut sui tenentur et debent dictam vineam bene et fideliter excolere et facere de tribus ictibus de ligone tempore consueto prout in talibus est fieri consuatum anniis singulis et tempore oportuno  ; cf.  aussi AD  SL H 1162/5 (1396) ; AD SL H 1155/6 (1453ns) : « promet […] icellez huit opvrees de vigne labourer et fere labourer tous les ans de toutes leurs fassons bien et loyalment ». 127  AD SL H 762/2 (1464ns) ; mais aussi, par exemple, H 883/1 et 2 (1487), H 803/10 (1494), H 810/12‒13 (1499ns). 128  AD SL H 1557/2 = H 1549/2, fol. 14‒16v (1244). 129  AD SL H 1439/3 (1306ns). 130  AD SL H 1170 xx, vi, 2 (1307). 131  AD CO 74 H 1013/1 (1279).

Les possessions de la communauté

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l’écluse à chaque fois que cela serait nécessaire et de réparer la roue du moulin si besoin ; toutefois, pour ces travaux, l’abbesse était tenue de fournir le bois dont il avait besoin132. Parfois même, la remise en état ou la reconstruction des bâtiments était clairement définie comme une obligation du preneur dans le contrat d’amodiation ; ainsi, quand, en 1337, Robert de Montbouton, curé de Dompierre, prit en amodiation une place de moulin, il s’engagea à reconstruire le moulin seigneurial de Ciry que devaient utiliser les « hommes taillables » de l’abbaye, outre la rente de 2 bichets de froment et 3 de seigle qu’il devait chaque année à l’abbesse de Saint-Andoche133. En 1495, Jean Thevenin (n°588), lorsqu’il prit à bail l’étang de Dornes, promit non seulement de payer annuellement 100 sous tournois de rente et 5 deniers de cens, mais aussi d’entretenir l’étang et sa « chaulsee » et de construire, dans les quatre ans, une maison dont il devait faire sa résidence mais qu’il devait céder à l’abbesse et à sa suite lors de leurs déplacements dans la région134. Les religieuses elles-mêmes employaient des ouvriers pour procéder aux réparations nécessaires dans les bâtiments agricoles qui demeuraient sous leur contrôle direct. Ainsi, en 1407‒1408, les religieuses de Saint-Andoche firent venir un maçon pour des travaux dans leur grenier de Curgy, des ouvriers pour réparer le toit du fenil de Curgy et d’autres ouvriers pour carreler et couvrir le grenier de l’abbaye à Autun135. Et, en 1372‒1373, les religieuses de Saint-Jean firent faire des travaux sur le toit de leur grange de Géanges 136. Enfin, les religieuses veillaient aussi au bon entretien des maisons qu’elles baillaient à cens et à rente et il semblerait même que la remise en état de certains bâtiments ait, en fait, été parfois le but principal de leur location même si cela n’est pas précisé de façon explicite  ; ainsi, en 1448, quand Perrot Graillot, cordonnier, prit à bail une maison et son curtil au bourg Saint-Jean, il promit de faire les réparations nécessaires, mais cette maison étant «  désolée  », les religieuses de Saint-Jean l’exemptèrent pour trois ans du paiement de la rente y afférant137. De la même façon, en 1491, les religieuses de Saint-Andoche cédèrent à Simon Rénier trois maisonnettes

 AD SL H 916/1 (1329ns).  AD SL H 881 (1337). 134  AD SL H 957, fol. 28v‒32 = H 965/2 et 3 (1495). 135  Respectivement AD  SL H  722/2, fol.  2, H  722/2, fol.  15v, H  1625, fol.  20‒20v (1407‒1408). 136  AD SL H 1479, fol. 2 (1372‒1373). 137  AD SL H 1229, fol. 16v‒17 (1448ns). 132 133

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jouxtant les « chambres de la maison abbatiale » et l’acte précise qu’il devait « lesdites trois maisonnettes maisonner138 bien et convenaublement et icelles estre maisonner ensemble, ledit jardin entretenir ferme », et si ces travaux n’étaient pas réalisés dans les trois ans, les religieuses étaient autorisées à rompre le bail et à reprendre leur bien139. En 1453 d’ailleurs, les religieuses de Saint-Andoche ont demandé que le duc mette la main, en leur nom, sur la maison d’Amée, veuve d’Hugues Gauteron «  pour ce que ladite Amée delaisse venir en ruyne ladite maison et que par sa faulte et coulpe nous et nos successeresses pourrions avoir grant interest pour deffault de mectre en estat deu ladite maison comme de perdre notredite rente »140 ; en fait, un accord fut trouvé entre les religieuses et Amée dont la rente due aux religieuses fut augmentée, passant de 6 à 8  gros tournois d’argent plus la queste  ; Amée devait en outre remettre la maison en état dans les deux ans. Les religieuses veillaient donc à ce que leurs possessions leur rapportent les revenus les plus élevés possibles, en argent comme en nature. Pour cela, elles devaient assurer la protection de leurs domaines et de leurs récoltes. 2. La protection du temporel Les possessions des religieuses devaient être défendues car elles provoquaient la convoitise141 de voisins puissants, pour leurs terres et leurs droits, et des habitants, pour leurs récoltes. a. Protection des récoltes Les récoltes sur pied

Afin de protéger leurs récoltes, les religieuses pouvaient nommer des gardes soit pour l’ensemble d’un domaine, les sergents, soit pour un type de culture, les vigniers, messiers etc.142. L’abbesse de Saint-Jean, ou son maire, chargeait ainsi des sergents de surveiller les terres et domaines de l’abbaye, d’y dénoncer les délits commis et de s’y occuper des dommages, larcins et

  « En Bourgogne, construire, entretenir, réparer les bâtiments en prenant le bois nécessaire dans les forêts. » (M. Lachiver, Dictionnaire du monde rural. Les mots du passé, Paris, 1997). 139  AD SL H 803/6 et 7 (1491ns). 140  AD SL H 807/1 (1453). 141  D. Riche, « La société laïque et le temporel des prieurés clunisiens de Marcigny et de Salles », dans Les religieuses dans le cloître et dans le monde, Saint-Étienne, 1994, p. 699‒701. 142  Au xviiie siècle, dans le domaine de Merceuil, les religieuses de Saint-Andoche instituaient encore vigniers, messiers et sergents « pour la garde des fruits de chaque année », lesquels leur prêtaient serment de faire leur office avec fidélité (AD CO 74 H SUP 1, xviiie siècle). 138

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détournements143. Il existait d’ailleurs au xiiie siècle à Cirey, une sergenterie de la grange, charge qui rapportait des redevances en blé sur lesquelles Étienne (n°968), curé de Renève, fit reposer les 11 sous de rente dus pour l’anniversaire qu’il fonda ; au xive siècle est attestée une autre sergenterie, à Bersaillin144. Le sergent des religieuses de Saint-Andoche dans leur seigneurie de Senailly était choisi par les habitants pour un an, mais parmi les hommes proposés par l’abbaye145 ; il y avait donc un compromis entre les religieuses et les habitants sur l’homme choisi, toutefois les religieuses pouvaient ne pas proposer sa reconduction l’année suivante, si elles n’étaient pas satisfaites de la façon dont il avait rempli sa charge. D’autre part, des gardes étaient nommés par Saint-Jean pour veiller sur les vignes à vendanger, les prés à faucher et les champs à moissonner appartenant à l’abbaye à Nolay et à Cirey, mais ils ne recevaient ni gages ni récompense146 ; la population, à laquelle ils étaient présentés par le prévôt ou le procureur en juillet lors de la sortie d’une messe dominicale147, ne pouvait les récuser qu’avec des arguments solides et étayés. Une fois agréés par la communauté, ils prêtaient serment à la communauté et au coseigneur de Nolay, le seigneur de La Roche Nolay, en l’occurrence Guy de Thil (n°892) et sa femme Bonne (n°893) : ayant été nommés par l’abbaye, on peut penser qu’ils lui seraient fidèles sans avoir à prêter un tel serment à l’abbesse. Durant toute la première moitié du xive siècle, la nomination de ces vigniers devint un enjeu de pouvoir entre les religieuses de Saint-Jean et le seigneur de Nolay dont le représentant refusait régulièrement de recevoir le serment des hommes nommés par Saint-Jean et présentés par le procureur des religieuses, voire nommait d’autres vigniers ; cependant, les religieuses étaient tout aussi régulièrement confortées dans leurs droits par les cours de justice. D’ailleurs, à la fin du xve siècle, les religieuses continuèrent à présenter chaque année trois groupes de trois hommes à la communauté de Nolay et celle-ci choisissait le groupe qu’elle préférait pour qu’il prenne en charge la garde des vignes148.

 Soc. Éd. D 4-H terrier de Saint-Jean, fol. 17v (1480) ; AD SL H 1220/1, fol. 5v (1483).  Respectivement AD  SL H  1420/1 (1235ns), H  1420/2 (1235ns) et AD  CO B 11681 (1418). 145  AD CO 74 H 1012 (xve siècle). 146   sine aliquo premio et emolimento (AD SL H 1557/1 = H 1549/2, fol. 14‒16v, 1244). 147  AD SL H 1579/8 (1345), H 1579/11 et 12 (1354). 148  AD SL H 1418/5 (1467). 143 144

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Dans la seigneurie de Senailly, les vigniers de Saint-Andoche veillaient au respect par tous du ban des vendanges149. À  Monthélie, les religieuses de Saint-Andoche nommaient et mettaient des « vignex pour garder lour vignes […], pour elles et en lour non, jusques au terme que l’on doit venangier »150 ; ces vigniers avaient l’habitude de prélever des amendes sur ceux qui commettaient des forfaits dans ces vignes, et ce bien que les religieuses n’y possèdent pas de droit de justice ; la cour d’appel de Beaune leur reconnut ce droit malgré le procès intenté par les représentants du duc. La mention beaucoup plus fréquente de vigniers que de messiers prouve que les religieuses accordaient plus de prix aux grappes de raisin qu’aux épis de céréales. Les récoltes faites

Les blés moissonnés et le raisin vendangé, les abbayes devaient conserver non seulement les récoltes faites sur leurs propres terres, mais aussi les nombreuses redevances en nature perçues. Ces récoltes et redevances devaient être stockées dans les domaines des religieuses avant d’être consommées, d’être vendues151 ou d’être transportées à Autun ; c’est pourquoi les abbayes possédaient des granges dans leurs principaux domaines. Une partie était transformée sur place, en particulier le raisin, vinifié dans les domaines ; en revanche, n’y étaient moulues que les céréales consommées dans les hôtels abbatiaux : ainsi, lorsque les religieuses de Saint-Jean baillèrent leur moulin de Marcilly sous Mont-Saint-Jean à Guillaume Cayot, le preneur promit de moudre gratuitement « tout ce qui sera moulu audit moulin pour le faict de [leur] hostel dudit Marcilly »152. C’est pourquoi les religieuses possédaient moulin et pressoir dans la plupart de leurs domaines. La part acheminée vers l’abbaye à Autun, soit pour une consommation immédiate, soit pour un stockage en ville, était elle aussi remisée dans les granges abbatiales, les greniers, les caves et celliers, voire les étables pour le bétail sur pieds153.  AD CO 74 H 1012 (xve siècle).  AD SL H 1026/1 = H SUP 56 (1335). 151  Ainsi, un compte de la fin du xive siècle (AD SL H 1256, 1380‒1390) mentionne la vente de différentes denrées, sans doute des surplus : du vin (fol. 1v, 2v), du blé (fol. 2v, 3, 5v), du seigle (fol. 22v), de l’avoine (fol. 31), des pois blancs (fol. 21 bis v), du foin (fol. 2v, 5v), de jeunes agnelles et de la laine (fol. 29v). 152  AD SL H 1505, fol. 18v‒19v (1413ns). 153  AD  SL H  802/3  (1396), H  771/4  (1462) et AD  SL A  EDEP  GG  2  (1338), H  1324/5  (1385), H  1313/3  (1501) pour les granges abbatiales (Saint-Andoche et SaintJean respectivement). Les religieuses de Saint-Jean avaient un grenier à Autun dans lequel 149 150

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Des corvées de transport permettaient cet acheminement de récoltes des champs jusque dans les domaines ou, parfois, des domaines jusqu’à Autun. Ainsi, il y avait encore de telles corvées pesant à la fin du xive siècle sur les habitants des Chaumottes : quand Jean Tholot et sa femme Jeannette prirent des religieuses de Saint-Jean un manse et tènement sis aux Chaumottes, ils durent promettre de payer les redevances anciennement dues mais aussi d’effectuer une « corvée de bœufs et charrette »154 pour aller prendre une queue de vin à Nolay et la mener jusqu’au monastère à Autun. Toutefois, la très grande majorité des trajets jusqu’à Autun étaient effectués par des charretiers et les dépenses liées au transport des denrées étaient très importantes pour les abbayes. Elles étaient dûment consignées dans les comptes où elles apparaissent constamment155, qu’il s’agisse du paiement des charretiers156, de l’entretien des charrettes (roues et ridelles en particulier), du ferrage et de la nourriture des chevaux – presque la totalité de l’avoine consommée par les abbayes l’était par les chevaux de ceux qui se déplaçaient pour l’abbaye que ce soit pour le charroi des denrées ou en liaison avec la gestion des domaines. Au tournant des xive et xve siècles, l’abbaye Saint-Jean passa un accord avec un maréchal-ferrant de Nolay qui devait ferrer quatre chevaux – ce qui est très peu par rapport au nombre de chevaux utilisés par l’abbaye – pendant un an ; pour cela, il recevait 6 francs d’or et une mine de seigle la première année ou 2 bichets de froment quelques années plus tard157. Les religieuses devaient parfois aussi investir dans l’achat d’un char ou d’une charrette158.

furent remisés à la mi-août 1385, entre autres, 40  setiers de froment et 85  setiers de seigle (AD SL H 1256, fol. 15, 1385). Les réserves de vin de Saint-Jean étaient conservées dans des endroits différents, soit le cellier sous le dortoir, soit une cave, peut-être pour un stockage plus long (AD SL H 1256, fol. 21, 1384) ; les religieuses avaient aussi un cellier à Marchaux (AD  SL H  1324/2, 1340ns  ; H  1256, fol.  1v, 1384). Enfin, AD  SL H  1324/2 (1340ns), H 1571/7 et 8 (1483), H 1313/2 (1497) ; Soc. Éd. D 4-H terrier de Saint-Jean, fol. 22v, 26, 51 (1480) pour une étable pour Saint-Jean. 154  AD SL H 1410/1 (1396ns). 155  Les charrois de vin depuis les domaines de la côte chalonnaise ou de la côte de Beaune étaient très nombreux, mais il y avait aussi des charrois de froment ou de pois blancs par exemple depuis Marcilly : cf. AD SL H 1527, fol. 2, 7v, 8v (1399‒1400). 156  Ils étaient en partie payés en nature, par l’octroi d’une paire de souliers tous les ans par exemple : cf. AD SL H 1625, fol. 26 (1407‒1408). 157  AD SL H 1260, fol. 8v‒9v (1398‒1399, 1399‒1400, 1401‒1402, 14203‒1403, 1403‒1404, 1405‒1406). 158  AD SL H 1256, fol. 23v (1380).

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Les récoltes et les redevances emmagasinées étaient donc, en théorie, protégées, hormis des rongeurs et d’éventuels vols dans les bâtiments de conservation. Encore fallait-il recouvrer l’ensemble des redevances dues. b. Protection des biens et des revenus

Les biens des religieuses et surtout les nombreuses redevances qui leur étaient dues faisaient eux aussi l’objet de convoitises contre lesquelles les religieuses devaient se défendre. Les lettres de sauvegardes pour protéger les biens

En effet, les possessions des abbayes, et plus encore des abbayes de femmes, ont toujours été une proie alléchante, notamment pour des seigneurs locaux. Afin de se défendre, les religieuses pouvaient demander la protection d’un seigneur beaucoup plus puissant qu’elles. Ainsi, en 1178, l’empereur Frédéric Barberousse accorda à Saint-Jean des lettres « par lesquelles il met sous sa protection l’abbaye de Saint-Jean-le-Grand d’Autun avec tous les biens en dependans et ceux que les dames dudit Saint-Jean âquerroient à l’avenir »159, ce qui est d’autant plus étonnant que toute une partie de leurs biens ne dépendaient absolument pas de l’Empire. Les religieuses pouvaient aussi demander des lettres de sauvegarde telles celles qui furent accordées à Saint-Andoche par Charles VI en 1400160. Devant assurer la protection des personnes et des biens, ces lettres pouvaient s’avérer inefficaces ; cependant, beaucoup hésitaient à s’attaquer à l’autorité du roi qui les avait délivrées et avait placé un établissement sous sa protection spéciale. À la fin du xive  siècle, le temporel de Saint-Andoche semble avoir été sérieusement mis en péril – peut-être par les Écorcheurs même si leurs plus forts pillages d’Autun ont eu lieu une vingtaine d’années plus tôt161 – et les religieuses s’adressèrent à Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, en 1388 et 1392162. Plus tôt, elles avaient placé leur patrimoine sous protection royale, faisant « prendre et mettre en la main de mon seigneur le roy certains lieux »,  AD SL H 1170 xx, i, 1 (1178).  Ces lettres de sauvegarde sont mentionnées par Anatole de Charmasse dans ses notes (Soc. Éd. D 4). 161   Des attaque des routiers ont eu lieu sur Autun en 1364 et 1365 (A.  de  Charmasse, « L’Église d’Autun pendant la guerre de Cent ans », MSE, nv. série, t. 26 (1898), p. 10 ; H. Denifle, La guerre de Cent ans et la désolation des églises, monastères et hôpitaux en France, Paris, 1899, t. 1, p. 475 ; A. Gillot, « Notes sur l’emplacement de l’auditoire de la viérie en 1425 », MSE, nv. série, t. 29 (1901), p. 75). 162  AD SL H 678/2 (1388) ; mais aussi H 1072/3 (1392), H 1072/2 (1392). 159 160

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à une date inconnue : sans doute s’étaient-elles adressées au roi en tant que duc de Bourgogne, avant que Jean II le Bon ne donne la Bourgogne en apanage à son quatrième fils. Mais le bailli d’Autun n’avait pas fait appliquer l’arrêt plaçant les biens des religieuses en la main du duc, ce qui avait permis à des « mengeurs et gasteurs » de s’en prendre à leurs possessions ou à une partie de celles-ci, privant les religieuses d’un revenu indispensable à la régularité de la vie religieuse et du service divin. Suite à la plainte des religieuses et à la demande de Jean de Vienne, amiral de France, conseiller du duc et parent – frère ? (gén. 23) – de l’abbesse Jacquette de Vienne (n°19), le duc ordonna donc à son bailli d’Autun de faire rendre leur temporel aux religieuses. Si le bailli rencontrait des obstacles pour faire appliquer cet ordre, il devait en référer au duc « par information enclose soubz [son] seel » pour que le duc puisse prendre les mesures adéquates. La situation de l’abbaye devait même être assez critique puisque le duc ordonna encore à son bailli de « faire auxdictes complaignans bonne et convenable provision de vivres sur leurdit temporel et pour leurs autres neccessitez tel comme vous verrez qu’il sera à faire de raison afin que le divin service ne demeure diminué ne appeticié ». L’utilisation de lettres royales de sauvegarde par les religieuses est assez bien connue au milieu du xve siècle. Ainsi, le 21 octobre 1444, Charles VII rédigea des lettres de «  protection spéciale et sauvegarde  » en faveur de l’abbaye Saint-Andoche, à la demande des religieuses  ; il y précisa l’envoi de sergents royaux – en particulier Jean Estienne, alias Maistre, habitant de Couches – comme gardes pour préserver de l’oppression, de l’exploitation et de divers préjudices les religieuses, leurs familiers et leurs biens ; ceux qui s’opposeraient à l’application de ces lettres pourraient être assignés en justice163. Dix jours plus tard, le 31 octobre 1444, Jean Estienne se déplaça à Autun pour porter à la connaissance de tous, et en premier lieu à la connaissance de l’entourage de l’évêque en la personne de Nicolas de Bèze vicaire et official de l’évêque, que les religieuses, leurs familiers, leurs serviteurs et « hommes de corps », leurs biens et leurs droits étaient placés sous protection royale, les contrevenants s’exposant à une peine de 1000 marcs d’or ; plus tard dans la journée, il se rendit au quartier Marchaux puis à Saint-Lazare afin d’y notifier les décisions royales aux présents164. Deux ans plus tard, le même Jean Estienne se déplaça dans différentes paroisses afin d’en aviser soit la population – généralement à la sortie de la messe – soit des personnes bien  AD SL H 985/8 (1444).  AD SL H 985/7 (1444) ; sur Nicolas de Bèze, cf. J. Madignier, Fasti ecclesiae gallicanae, t. 12 : Diocèse d’Autun, Turnhout, 2010, n°670 p. 323. 163 164

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précises ; cet avis était le plus souvent oral, mais il s’accompagnait parfois de l’apposition de panonceaux165 : le 6 juin 1446, il se rendit à Saint-Gervais et à Saint-Maurice, le 12 juin à Chailly, le 19 juin à Saint-Sernin-du-Plain puis à Demigny, le 9 septembre à Curgy puis au cœur du quartier Saint-Andoche à Autun (rue des Bouchers) et à Saint-Léger166 ; le 18 juin 1448, il alla à Merceuil en compagnie d’un procureur de l’abbaye167. Dans les années suivantes, il dut retourner dans plusieurs de ces lieux afin de rappeler, sans doute à des contrevenants, la sauvegarde royale : il fut ainsi de retour à Saint-Gervais le 5 mars 1447, à Demigny le 11 août 1446, à Saint-Sernin le 4 mars 1447, le 26 juin 1447, le 6 août 1451 et le 4 octobre 1451168. Lorsque Jean Estienne faisait une annonce à la sortie de la messe, il prévenait simplement l’ensemble de la population ; en revanche, quand il se déplaçait sur une pièce de terre ou auprès d’une personne particulière, qu’il assignait généralement en justice, cette démarche était directement liée à une remise en cause de droits ou de possessions de l’abbaye. Ainsi, quand il se rendit auprès du curé de Demigny, c’est parce que celui-ci contestait aux religieuses la possession de dîmes169 ; on peut supposer que quand il se rendit auprès de Pierre de Cordesse (n°783), curé de Curgy, c’est déjà en liaison avec le conflit qui dégénéra peu après en procès, au sujet là encore de dîmes, mais aussi d’usurpations170. Enfin, des habitants de Saint-Sernin-du-Plain semblent avoir tenté de profiter des désordres de l’époque pour s’emparer de droits ou de terres de l’abbaye et, à plusieurs reprises, les religieuses furent obligées de faire intervenir Jean Estienne. Les lettres de sauvegarde pouvaient donc jouer leur rôle pendant de nombreuses années et dans différents lieux171 ; cependant, on peut douter de leur

 AD SL H 985/2, 4, 5, et 6 (1446‒1451).  AD SL H 985/6 (1446). 167  AD SL H 985/4 (1448). 168  AD SL H 985/1, 2, 4, 5, et 6 (1446‒1456). 169  AD SL H 985/1 (1456). 170  AD SL H 892, H 897 ; cf. ci-dessous pages suivantes. 171   À la même époque et en s’appuyant sur d’autres lettres royales de sauvegarde, d’autres sergents royaux se rendirent dans d’autres lieux  : Pierre Villart de Voulenet et Simon Aubert à Molinot, Santosse et Aubigny-la-Ronce, pour protéger les intérêts des religieuses et en particulier faire payer les redevances qui leurs étaient dues dans ces territoires (AD SL H 1020/1, fol. 8v‒20v = H 1020/3, 1453 ; H 1020/7, 1453 ; H 1020/2, 1454) ; Guillaume Gérard à Mont-Saint-Jean et Ormancey où le curé de Mont-Saint-Jean avait prélevé induement et par la force une partie de la dîme revenant à l’abbaye (AD  SL H  1032/2 1444‒1457  : Girardus Rogloiz assertus curatus ecclesie parrochialis dicti loci Montis Sancti Johannis  […] 165 166

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efficacité, dans la mesure où, dès 1448, Charles VII délivra de nouvelles lettres patentes royales de sauvegarde en faveur des religieuses de Saint-Andoche, de leurs familiers et de leurs biens situés dans le royaume et désigna des protecteurs pour ces terres (des baillis et leurs lieutenants, des sergents royaux) ; dans ce cas, la protection royale se traduisit par le périple d’un sergent royal qui se déplaça dans différents lieux de la paroisse de Ciry afin d’y signifier aux habitants, mais aussi aux religieux du prieuré de Perrecy, la garde royale172. Quand, en 1461, Louis XI délivra lui aussi des lettres patentes royales de sauvegarde en faveur des religieuses, sa protection pour leurs «  justes possessions, droits, usages, franchises, libertés et immunités », se traduisit là encore par l’apposition de « panonceaux et bâtons royaux » sur les terres abbatiales de Pierre-Luzière, paroisse d’Auxy, par le même sergent royal, en août 1462, car les tierces que les religieuses devaient percevoir sur les fruits qui y croissaient étaient menacées173. Les lettres de sauvegarde royale accordées à SaintAndoche furent nombreuses, notamment au xve siècle174 ; ces sauvegardes ou mainmises royales prenaient parfois appui sur l’origine royale de la fondation de l’abbaye175. Les religieuses de Saint-Jean faisaient, de la même façon, appel au duc ou au roi pour défendre leur patrimoine lorsque celui-ci était convoité par un seigneur voisin. Ainsi, quand au milieu du xive siècle elles durent faire face aux revendications de Jeanne de Châteauvillain, dame de Beaujeu, sur les terres de Runchy, elles firent tout d’abord appel au duc Eudes IV (n°974) qui ordonna à deux reprises à ses châtelains de Montcenis et Roussillon et de Grosne de faire lever les panonceaux placés par ladite dame de Beaujeu176, lesquels transmirent ces instructions au vierg d’Autun quelques jours plus tard177. Dix ans plus tard, c’est à la reine Jeanne – épouse en secondes noces de Jean II le Bon, elle était régente du duché de Bourgogne au nom de son jeune fils Philippe de Rouvres, né d’un premier lit –, que les religieuses firent

accessit ad dictam peciam terre infructuatam frumento et, in eadem pecia terre, magnam quantitatem gerbarum bladi pro decimis fructuum in dicta terra excretam vi et violentia cepit) ; le même Guillaume Gérard à Viévy (AD SL H 1143/1 à 3 1456‒1459). 172  AD SL H 865/2 (1447). 173  AD SL H 834/3 (1461 et 1462) et H 834/4 (copie). 174  Cf. aussi AD SL H 1020/1 = H 1032/2 = H 1143/1 (août 1444), H 985/8 (octobre 1444), H 865/2 (1448), H 678/1 (1453ns), H 834/2 (1461). 175  AD SL H 985/8 (1444), H 897/1 (1452). 176  AD SL H 1590/4 (1341), H 1590/5 (1341). 177  AD SL H 1590/6 (1341).

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appel, toujours contre la dame de Beaujeu178 ; c’est alors le lieutenant du bailli d’Autun, Chalon et Montcenis qui agit au nom de la reine179. Le riche patrimoine des abbayes autunoises excitait la convoitise, non seulement de pillards et de seigneurs voisins, mais aussi des propres officiers des religieuses. Ainsi, en 1453, les moniales de Saint-Andoche furent obligées de porter plainte contre leur propre curé de Curgy, Pierre de Cordesse (n°783), qui, malgré une sauvegarde royale, s’était emparé de nombreuses pierres du mur seigneurial entourant le bois de Vignotte à Curgy ainsi que de certains héritages de l’abbaye qui avaient l’heur d’être contigus aux siens ; bien entendu, ceci s’était fait sans l’autorisation des religieuses et à leur détriment, pour l’usage propre de ce curé180. Ce même curé chercha aussi à déposséder les religieuses des dîmes leur appartenant à Curgy et ce malgré la mainmise du roi181 ; ce conflit, entre les religieuses et leur curé de Curgy, à propos des dîmes anciennes et nouvelles, en vin et en grains, dégénéra alors en une querelle judiciaire182 : en 1456, les juges rendirent leur sentence en répartissant les terres sur lesquelles soit l’abbesse soit le curé de Curgy devait percevoir les dîmes ; le curé fut condamné aux dépens car, pendant plusieurs années, il avait usurpé certaines dîmes qui devaient revenir à l’abbaye. De la même façon, en 1449, les religieuses de Saint-Jean durent faire appel au comte et duc de Bourgogne contre les indélicatesses de Pierre Tuchet (n°847), vicaire, et d’Humbert Boicheon (n°846) leur curé de Colonne qui, l’année précédente, s’étaient approprié les oblations et offrandes offertes à la chapelle Saint-Barthélemy de Brainans par la population lors de la Saint Barthélemy, offrandes et oblations qui devaient revenir à l’abbaye en raison de son patronage de Colonne ; les deux ecclésiastiques indélicats furent alors condamnés à reverser à l’abbaye la valeur des 60 fromages et 2 volailles ainsi détournés, soit 244 engrognes183. Il faut reconnaître aussi, que ce sont parfois les abbayes qui refusèrent de payer à leurs officiers ce qu’elles leur devaient. Ainsi, en 1342, Jean des Choux (n°352), damoiseau, était en procès contre l’abbaye Saint-Jean-le-Grand qui ne respectait pas l’accord conclu 60 ans plus tôt avec son père Gauthier des

 AD SL H 1590/9 (1351).  AD SL H 1590/7 (1352ns) et H 1590/8 et/10 (1359ns). 180  AD SL H 892/5 (1453). 181  AD SL H 897/1 (1452). 182  AD SL H 897/2 (1452‒1456). 183   Monnaie de billon du duché de Bourgogne frappée par les ducs capétiens. AD SL H 1348/1 à 7 (1449‒1450) ; cf. aussi H 1450/2 à 9 (1448‒1451). 178 179

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Choux (n°351)184 ; la chancellerie d’Autun ayant débouté Jean des Choux, celui-ci fit appel à la cour d’appel du duché à Beaune dont les auditeurs cassèrent cette première sentence, et le duc Eudes IV (n°974) confirma la sentence de sa cour d’appel185. Parfois, les religieuses étaient obligées de faire appel au duc ou au roi pour de simples redevances. Ainsi, le 27 juillet 1488, le bailli d’Autun et Montcenis ordonna-t-il aux sergents royaux, au nom du roi et au profit des religieuses de Saint-Jean, de les maintenir dans leurs biens, possessions et droits et, le cas échéant, de « mectes et esleves les brandons et penonceal du roi notredit sire en et sur leurs biens, terres, maisons, possessions et tenements »186. À ce titre, dès le lendemain, un sergent royal se rendit à Valvin, sur une terre dépendant des religieuses et taxée d’une tierce de 5 gerbes l’une, tierce que refusait de payer le tenant ; après y avoir opposé un brandon en présence de témoins, il se rendit chez le fautif et « notiffie, signiffie et fait savoir [s]ondit exploit à Basten Le Philibert en son hostel et domicille et à sa personne et à la voix et personne de lui à tous ses domestiques et familles »187. Sur le moment, Bastien Le Philibert ne protesta pas, mais ensuite, il envoya son fils Lynard auprès du sergent royal pour lui signifier qu’il s’opposait à cet exploit ; il fut alors assigné devant le bailli d’Autun et de Montcenis le 2 août et finit par renoncer à son opposition le 23 août188. Les garanties dans les contrats pour protéger les revenus

En effet, tous ne s’empressaient pas de payer ce qu’ils devaient aux religieuses. Ceux qui parvenaient à de hautes fonctions, notamment, semblent parfois en avoir profité pour oublier que certains de leurs biens ne leur appartenaient pas totalement mais dépendaient d’une abbaye. Ainsi le 7 janvier 1465, Marie de Vienne (n°23) chercha à parvenir à un accord afin que Jean Maire (n°342), conseiller du duc anobli quelques années plus tôt, reconnaisse que, pour sa terre de La Corvée, il devait à Saint-Andoche un bichet de ­froment de rente et 2 deniers de cens, rente et cens qu’il n’avait pas payés depuis plusieurs années189  ; le même jour et devant les mêmes témoins, son  neveu Jean Melene alias d’Estree dut reconnaître que sa maison de

 Cf. AD SL H 1363/1 (1282).  AD SL H 1363/2 (1342). 186  AD SL H 1613/2 (1488). 187  AD SL H 1613/1 (1488). 188  AD SL H 1613/1 (1488). 189  AD SL H 796/4 et 5 et H 782/1 (1465ns). 184 185

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­Chaumont dépendait, elle aussi, de l’abbaye et qu’il lui devait plusieurs années d’arrérages de queste et de cens. Pourtant, dans la plupart des actes, des garanties étaient prévues contre le non-paiement d’une rente ou d’un cens dû à l’abbaye et les religieuses semblent même parfois les avoir multipliées quand elles n’avaient pas totalement confiance en la personne qui leur constituait une rente190. Ainsi, en 1425, lorsque les religieuses de Saint-Jean accordèrent 10 francs à André du Bois contre un franc de rente annuelle, celui-ci dut garantir le paiement de cette rente de différentes façons : il l’a assise sur sa maison et plus généralement sur tous ses biens et, en cas de non-paiement, les religieuses pouvaient prendre parmi ses biens ce qu’il faudrait pour se payer191, ce qui est classique ; il désigna également un garant192, ce qui l’est aussi  ; mais si les religieuses ne souhaitaient pas ou ne pouvaient pas se rembourser sur les biens dudit André du Bois, elles pouvaient exiger le remboursement des 10 francs193. Ce cas résume bien les différents gages que les religieuses pouvaient exiger. Fréquemment, le preneur nommait des garants qui devaient, le cas échéant, solder les redevances à sa place ; ainsi, en 1329, quand Hugues dit Joffroys prit un moulin à rente des religieuses de Saint-Andoche pour sept ans, son frère Guy se porta garant pour lui194 ; de même, quand, en 1425, Jean Baudouyn prit en amodiation pour six ans des religieuses de Saint-Jean les rentes qui leur étaient dues à Chaudenay-la-Ville pour 11 francs par an

190  Toutefois, le preneur n’est jamais menacé d’excommunication comme cela a pu être le cas pour des débiteurs de l’abbaye de Beauport en Bretagne (Claude L. Evans, communication à l’International Medieval Congress of Leeds 2015 sur “Use and abuses of excommunication in monasteries of the dioceses of Saint-Brieuc and Tréguier”). 191   « Je ledit Andree vueil et consens que toutes et quanteffoiz que moy ou mesdits hoirs deffandrons ou cesserons de paier ledit franc de rente annuel et perptuel que lesdites dames religieuses et leurs successeurs y puissent recouvrer et assigner les fruis, prouffiz, revenus et emolumens desdites maison et curtil, lever, cuillir, recevoir, mectre et govertir à leur prouffit singulier et yceulx maison et curtil tenir en leurs mains senz en fuie ou souffrir estre faite aucune satisfaction ou restitution jusques à ce que entierement soient paiez et contentez dudit franc de rente et des arreraiges. » (AD SL H 1602, 1425). 192   « À plus grant seurte de paiement dudit franc de rente annuel et de restituer lesdits dix frans se mese fait je Jehan Proudom de Saint Pierre de l’Estrier me institue plege et principal debteur pour ledit Andre envers lesdites dames et en fait mon propre debt par ces presentes. » (AD SL H 1602, 1425). 193   « Ou cas que lesdites assignations seroient chargiez d’autre charge et qu’il ne plaira esdits dames je, ycellui Andre, suis tenuz et promez de leur restituer, rendre et baillier lesdits dix frans à leur plainne voulente et requeste. » (AD SL H 1602, 1425). 194  AD SL H 916/1 (1329ns).

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de rente, il demanda à Guiot Beaul dit Birillot, de s’instituer son « plege et principal debteur »195. En 1246, quand les religieuses amodièrent au duc de Bourgogne tous leurs revenus à Senailly contre 140 livres tournois de rente annuelle, il nomma garants le maire et les échevins de Beaune ; en outre, en cas de défaut de paiement, les sanctions ne seraient pas prises à l’encontre du duc mais à l’encontre de ces maire et échevins que les évêques d’Autun et Chalon devraient excommunier, de même qu’ils devraient jeter l’interdit sur le duché196. Il s’agit là d’un recours extrême que les religieuses ne semblent pas avoir utilisé. Couramment, quand la rente ou le cens portait sur une terre cultivée, les religieuses pouvaient confisquer les fruits produits par cette terre jusqu’au paiement complet de ce qui leur était dû ; cela est parfois précisé dans les actes, comme en 1411, quand les religieuses allouèrent deux ouches à Jean de La Maleville197. Dans d’autres cas, les religieuses pouvaient confisquer la terre acensée jusqu’au complet paiement des redevances dues ; cette clause est là encore parfois indiquée198. Il arrive même que les religieuses puissent saisir et exploiter à leur profit d’autres terres que celles sur lesquelles reposait la rente due : ainsi, Guillaume de Boyer, chevalier, puis ses quatre filles comme héritières, devaient une sommée d’huile de noix aux religieuses pour l’anniversaire de Clémence de Fonvens (n°877)199 et, en cas de défaut de paiement, les religieuses pouvaient administrer toute une série de terres – champs, vignes, terres cultivables – à Boyer, pour leur propre usage. En cas de défaut de paiement toujours, le preneur pouvait être contraint à renoncer au bien pour lequel il n’avait pas payé les redevances dues pendant plusieurs années ; ainsi, en 1415, Jean Belon d’Autun « pour deffault de paie de rente, [a fait et fait] renunciation aux religieuses perpetuellement »

 AD SL H 1382/1 (1425).  AD CO 74 H 1013/1 (1246). 197  AD SL H 810/2 et 3 (1411) : octodecim albi remanebant et exuunt manent siti situati et assignati super dictis hoschiis quibus prefate dominus et successores retinere et assignare poterunt defecti somutionis annui redditus tanque ad suum proprium hereditagium fructusque suos facere usque ad predicto redditu et de arreragiis eiusdem sive totaliter et integraliter persolute ; mais aussi H 810/11 (1483ns), H 883/1 et 2 (1487) par exemple. 198  AD SL H 810/7 (1442ns) : « Et a volu et consentu ledit Girart que au deffault de paie de ladicte cense au terme dessusdit puissons assigner auxdiz pres et les tenir et mectre à notre main se bon nous semble sanz contredit quelxconque. » ; mais aussi H 810/10 (1459) par exemple. 199  La rente était au départ due à Clémence de Fonvens (AD SL H 1115/1, 1255) et celle-ci l’a cédée aux religieuses afin qu’elles célèbrent son anniversaire (AD SL H 846/1, 1285). 195 196

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de la maison du bourg Saint-Jean sur laquelle reposait une rente annuelle de 6  gros due aux religieuses de Saint-Jean, maison dont il avait hérité de Guy Pignier, prêtre200. En 1482, Jean Guyon renonça à un demi meix à Nanteuil, paroisse de Curgy, et le jour même les religieuses l’arrentèrent à Gérard Vairot, dans les mêmes conditions que le contrat passé auparavant avec Jean Guyon – Gérard Vairot dut en outre 10 livres d’entrage aux religieuses201. De même, en 1480, Jean Girard dit Fournier, se présenta au chapitre pour expliquer qu’en raison de « sa vieleisse et pouvreté » il « ne pouvoit maintenir et entretenir une sienne maison » rue de Chaumont et « ne pouvoit paier mais devoit les arrerages de plus de six ans et doubtoit que ladite maison ne tombe en ruyne et dessolution au moien de sa pouvreté », c’est pourquoi il renonçait « de son plein grey et volunté » à cette maison, renonciation que les religieuses acceptèrent ; aussitôt, elles baillèrent cette maison à un couple pour un franc de rente et un denier de cens202. Même si cela n’est pas écrit explicitement, on peut penser que lorsqu’en 1464 Gérard Pin, de Géanges, abandonna à Saint-Jean deux soitures de prés sises à Géanges sur lesquelles étaient dus 20 gros de rente, il le faisait parce qu’il ne pouvait plus payer cette rente annuelle203. Dans les années 1430, les religieuses de Saint-Andoche eurent recours à la justice afin de saisir les biens d’Hugues Romier – une maison et un manse à Demigny – et d’y faire apposer des panonceaux royaux parce qu’il ne payait pas la redevance annuelle d’un bichet d’avoine due à l’abbaye. Quelques années plus tard, son fils et héritier demanda que soit levée cette saisie204 ; le parchemin étant amputé de sa partie gauche, le détail de l’affaire reste obscur et on ne sait pas si le fils a payé les arriérés de redevances. En 1469, c’est Marie de Vienne (n°23) qui demanda que Pierre Cornu, de Bouhey, soit contraint par la justice à payer la rente d’un poinçon de vin vermeil par lui due à SaintAndoche – il avait constitué cette rente l’année précédente et ne l’avait jamais payée alors que le premier terme remontait à un an déjà205 –, et s’il ne payait pas, à céder les revenus des terres sur lesquelles cette rente était assise ; la chancellerie du duc de Bourgogne ordonna alors à un sergent ducal de saisir tout le vin vermeil qui se trouverait en l’hôtel dudit Pierre Cornu puis

 AD SL H 1317/2 (1415ns).  AD SL H 915/3 (1482ns). 202  AD SL H 1165/1 (1480). 203  AD SL H 1476/9 (1464). 204  AD SL H 930/2 (1436 ?). 205  AD SL H 1122/3 1468ns). 200 201

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d’apposer des panonceaux sur les biens engagés en garantie pour cette rente206. Si le contrat était très important, le preneur risquait de perdre l’ensemble de ses biens  ; ainsi, le 25 juin 1451, les religieuses de Saint-Jean obtinrent de la chancellerie du duc de Bourgogne un mandement de contrainte contre Ferry Quanteaul, de Salins, auquel elles avaient amodié leurs terres et revenus d’Outre-Saône pour 208 francs 4 gros annuels et qui étaient en défaut de paiement pour 163  francs 4  gros  ; ledit Ferry dut être obligé «  par la prise, saisine, vend et exploit de ses biens et des fruiz, proffiz, revenus et émolumens »207. Lorsqu’elles en venaient à confisquer les fruits d’une terre, pour défaut de paiement des redevances qui y reposaient, les religieuses demandaient à l’autorité supérieure, ducale ou royale, la garde pour cette terre. Ainsi, à la fin du xive siècle, Damas de Rabutin, écuyer, n’ayant pas payé, pendant plusieurs années, les rentes – un demi setier de vin « bon, pur, loial et marchant » mesure de Perrecy, un raz d’avoine et une demie poule – afférant à un meix de la paroisse de Génelard, les religieuses obtinrent du bailli d’Autun et Montcenis des lettres de garde ; Damas de Rabutin fit un procès aux religieuses mais il fut débouté et condamné aux dépens ; il songea à faire appel, mais préféra finalement trouver un compromis avec les religieuses, même s’il fut alors obligé de reconnaître devoir effectivement cette rente208. Un exemple est symptomatique de la recherche de garanties par les religieuses de Saint-Andoche, mais aussi de leur attitude face à des défauts de paiement successifs. Les religieuses semblent n’avoir pas eu totalement confiance en la solvabilité d’André et Jean, fils du doyen d’Ormancey (n°333, gén. 32), à qui elles prêtèrent pourtant 200 livres tournois contre une rente annuelle et perpétuelle de 12 livres et 10 sous209. Si les frères ou leurs héritiers ne payaient pas cette rente à date, ils devraient verser une amende de 20 sous tournois par semaine de retard – alors qu’habituellement l’amende était acquittée une fois et non pas plusieurs fois en fonction du retard. Si le retard de paiement dépassait cinq semaines, elles pourraient saisir et exploiter à leur profit toute une série de biens servant d’assiette et d’assignation pour cette rente – une maison et sa grange, un moulin et son écluse, trois pièces de terre arable et deux pièces de vigne –, biens dont il est précisé qu’ils étaient non déjà concédés et libres de toute servitude. Enfin, le père et les  AD SL H 1122/2 (1469).  AD SL H 1439/5 (1451). 208  AD SL H 879/1 (1394ns). 209  AD SL H 1036/1 et 2 (1284). 206 207

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deux frères d’André et Jean servaient d’ultimes garants, sur tous leurs biens. Il est extrêmement rare qu’un acte soit aussi précis sur les mesures de garantie prises par les religieuses, alors même qu’il s’agit ici d’une famille d’officiers de l’abbaye ; peut-être, de ce fait, les religieuses connaissaient-elles bien leur situation financière et étaient-elles méfiantes. Cette défiance n’était pas totalement injustifiée, dans la mesure où, trente ans plus tard, elles confisquèrent un grand nombre des biens engagés par André et Jean, parce que, depuis plusieurs années, André – Jean était-il décédé à l’époque ? – ne payait plus la rente due ; les religieuses acensèrent une partie de ces biens – en particulier le moulin et la grange qu’il dut réédifier et restaurer – à Guillaume, fils d’André, contre une rente de 7 livres et 10 sous, mais là encore des garanties de même type furent prises210. Deux ans plus tard, tout était à recommencer : Guillaume, fils d’André, dut renoncer à certains des biens qu’il avait engagés pour garantir le paiement régulier de la rente due aux religieuses parce qu’il avait « cessé le paiement de cette rente depuis plusieurs années » ; toutefois, il reprit à cens les biens qui n’étaient pas confisqués par les religieuses – une maison et des terres, mais il dut abandonner la grange et le moulin –, contre 2 setiers de froment de coutume et 2 deniers de cens211. Nouveau et dernier épisode une petite vingtaine d’années plus tard alors que depuis six ans Guillaume ne payait plus ces coutume et cens, pas plus qu’une autre rente, et avait accumulé 12 setiers de froment, 12 deniers et 12 livres d’arrérages : son père, en son nom propre et au nom dudit Guillaume, et Jean son frère remirent aux religieuses des biens afin de payer les dettes de leur fils et frère ; tous trois ne purent plus reprendre à cens des religieuses que deux pièces de terre212. En 43 ans, André a donc perdu presque tous les biens mobiliers et immobiliers qu’il possédait ou qu’il tenait en censive, sans que l’on sache pourquoi ; on peut imaginer qu’il a eu de mauvaises récoltes à plusieurs reprises, mais cela n’est sans doute pas suffisant pour expliquer ses difficultés financières, d’autant qu’il tenait un moulin qui générait des redevances régulières. Dans cet exemple de la famille d’André Doyen, d’Ormancey, on peut constater que, dans les faits, les religieuses étaient en réalité beaucoup moins dures que dans la théorie : alors qu’elles pouvaient confisquer les terres engagées pour défaut de paiement dès la cinquième semaine de retard, elles attendirent en fait plusieurs années avant de sévir et elles cherchèrent un accord – amicabiliter concordatum – par lequel elles seraient payées ou recevaient  AD SL H 1038/1 et 2 (1317ns).  AD SL H 1038/3 et 4 (1319). 212  AD SL H 1038/5 (1327). 210 211

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des terres en échange des impayés bien sûr, mais grâce auquel aussi leurs débiteurs pourraient reprendre des terres à cens afin de pouvoir vivre. Parfois même, elles renoncèrent à poursuivre leurs débiteurs, mais cela semble rare et dû à des liens particuliers entre l’abbesse et les débiteurs. Ainsi, en 1384, Jean de Clugny (n°997) reconnut, pour lui et son frère Hugues, ne pas avoir payé depuis plusieurs années, cinq en fait, les 8 bichets de blé de rente et les 38 sous de cens qu’ils devaient pour leur terre de Villiers-enMorvan, alors qu’il est probable qu’ils auraient pu sans problème payer ces rente et cens213 ; toutefois, l’abbesse Jeanne de Montagu (n°43) refusa de les poursuivre « à cause de l’amour d’eux et spécialement de maître Jean »214 ; ce maître Jean promit néanmoins de payer les 12 francs d’or d’arrérages dans les deux jours – ce qui confirme que ce n’est pas par manque d’argent que lui et son frère ne payaient pas – et les 25 bichets de seigle et 15 bichets d’avoine « au bon plaisir et à la demande de cette dame abbesse », laquelle abbesse leur fit grâce de ce paiement. c. Les litiges et leur résolution

Malgré les différentes garanties prises par les religieuses et malgré les tentatives de conciliation et de compromis par les procureurs, il n’était pas rare qu’un litige aboutisse à un procès. Le plus souvent, son but était de faire reconnaître à un preneur les redevances qu’il devait aux religieuses et de lui faire payer les arrérages liés à ces redevances. Ainsi, en 1326‒1327, les religieuses de Saint-Andoche firent un procès devant l’official d’Autun à Pariset, cellérier de Pommard, qui avait acheté une maison mouvant de la censive de l’abbaye et l’avait habitée pendant deux ans mais refusait de payer les lods, ventes et remuages ainsi que le cens dû pour cette maison, malgré plusieurs réclamations faites par les religieuses ; Guy Baraud de Blancey (n°402), qui représentait les religieuses, amena avec lui des témoins et obtint une condamnation de Pariset qui dut payer les arrérages des 8  deniers de cens et surtout les 9 livres, 4 sous et 4 deniers de lods, ventes et remuage215. De façon similaire, dans la deuxième moitié du xve  siècle, les religieuses de Saint-Jean intentèrent un procès aux héritiers d’Odet Bruley pour les contraindre à payer les arrérages de cens et rente dus depuis plusieurs années

 Probablement le seigneur de Conforgien et son frère, tous deux frères de Guillaume de Clugny (n°996), bailli d’Auxois puis de Dijon (gén. 6). 214  AD SL H 1144/1 (1384) : propter amorem ipsorum et specialiter dicti magistri Johannes. 215  AD SL H 1042/4 (1326‒1327). 213

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pour une maison et un jardin du bourg Saint-Jean, arrérages qui se montaient à 10 francs, 6 gros et 11 deniers tournois216. Le plus souvent, l’opposant était un simple particulier, mais il pouvait aussi s’agir d’une autre communauté religieuse ou d’un seigneur. Ainsi, au milieu du xve siècle, un long conflit opposa les religieuses de Saint-Andoche au prieur et au prieuré de Bard-le-Régulier qui ne leur payaient plus une rente de 4 francs qu’ils leur devaient ; le litige, après dix années de non-paiement et une recherche de compromis à l’amiable menée par un sergent royal – durant plusieurs mois, d’août 1453 à janvier 1454 au moins217 – n’était pas réglé, malgré une menace de procès instruit par le bailli et juge royal de Mâcon, quand, en janvier 1454, le prieur Étienne de Brazey, rédigea une lettre par laquelle il remerciait les religieuses de ne pas avoir fait exécuter la mise en défaut prononcée à son encontre par le juge de Mâcon ; les religieuses souhaitaient sans doute lui donner une ultime occasion de payer cette rente. Étienne de Brazey leur demandait aussi de bien vouloir suspendre leurs poursuites jusqu’au 2 février, date à laquelle son frère Geoffroy de Brazey, seigneur de Brazey, devrait se présenter devant elles en vue d’un accord218. Pourquoi cette intervention d’un laïc dans un conflit entre deux seigneurs ecclésiastiques ? Pourquoi le prieur se fit-il représenter par son frère ? Quoi qu’il en soit, la venue de Geoffroy de Brazey ne semble pas avoir abouti puisque dès le lendemain, le 3 février, le procès était intenté et qu’Étienne de Brazey reconnut alors devoir cette rente de 4 francs219. Quatre ans plus tard, en 1458‒1460, le procès se poursuivait devant l’officialité d’Autun : les religieuses avaient alors deux conseillers – Benoît Milot (n°428), licencié en lois, et Claude Chappet (n°433), licencié dans les deux droits – et deux procureurs – Jacques ­Maignien (n°438) et Étienne Micheletet (n°441) – et, par leur intermédiaire, elles présentèrent différents actes qui attestaient du paiement très régulier d’une rente de 100 sous viennois à l’abbesse par le prieuré à la fin du xiiie siècle et au début du xive siècle (1282‒1322) mais aussi, plus tard, au cours du xive siècle (1352‒1364), ainsi qu’un acte par lequel, au début du xive siècle, l’abbesse Guiotte de Drées (n°15) cédait au chapitre cette rente due par le prieuré de Bard-le-Régulier220. Ce procès ­aboutit s­eulement en

 AD SL H 1317/12 à 14 (1467‒1474).  AD SL H 840/2, 3, 4 (1453‒1454). 218  AD SL H 840/2 (1454). 219  AD SL H 840/5. 220  AD SL H 840/6. 216 217

Les possessions de la communauté

265

1460‒1461221, après de multiples assignations et ajournements et d’importantes difficultés pour réunir les parties s’opposant. Étienne de Brazey finit par reconnaître, à nouveau, que, sa vie durant et tant qu’il était prieur, il devrait la rente annuelle de 4 francs réclamée par les religieuses. En revanche, il refusa de payer les 60 francs d’arrérages liés au non-paiement de la rente pendant quinze ans, depuis qu’il était prieur. Il fut toutefois condamné à payer cette somme, ainsi que la rente annuelle. Parfois, c’est avec une communauté villageoise entière que les religieuses entrèrent en conflit. Ainsi, au milieu du xve siècle, les habitants de Molinot, Santosse et Aubigny-la-Ronce refusèrent de payer les redevances que certains d’entre eux devaient pour l’exploitation de terres qui dépendaient de Saint-Andoche, redevances qu’ils ne payaient pas depuis plusieurs années, profitant des désordres liés aux guerres. Les religieuses furent alors obligées de faire confectionner des lettres royales de sauvegarde puis d’envoyer sur place des sergents royaux avant, enfin, d’avoir recours à la justice devant le refus répété des villageois de payer un cens de 35 sous, 2 poules et 40 bichets de grains – 4 de froment, 20 de seigle et 16 d’avoine. Les habitants furent finalement condamnés à payer et condamnés aux dépens222. Cependant, ceux qui avaient usurpé les terres abbatiales, puisqu’ils refusaient d’en payer les redevances, poursuivirent leur opposition et refusèrent d’être inscrits comme tenanciers de l’abbaye ; un sergent royal se rendit alors sur place pour garder les terres de l’abbaye et en défendre l’accès à ceux qui les exploitaient et, quelques mois plus tard, les religieuses amodièrent l’ensemble de leurs biens – environ 15 soitures de pré et 65 journaux de terres – et redevances de Molinot, Santosse et Aubigny-la-Ronce à trois hommes et aux parsonniers de l’un d’eux pour douze ans, contre 100 sous tournois de rente annuelle223, ce qui est peu comparé à la valeur de ce qui était amodié, mais beaucoup plus que ce qu’elles percevaient jusqu’alors ; cela permit en outre de faire remettre en culture des terres qui n’étaient plus cultivées dans leur totalité. Ces exemples montrent que les religieuses n’hésitaient pas à faire intervenir les autorités judiciaires, y compris des autorités judiciaires relativement éloignées, pour faire reconnaître leurs droits et contraindre au paiement de ce qui leur était dû, arrérages compris, même si l’action en justice devait durer longtemps. Toutefois, sauf en cas de mauvaise foi patente, elles semblent avoir préféré la recherche d’un compromis à l’amiable plutôt que l’intervention  AD SL H 840/7 et 8.  AD SL H 1020/1 à 16 (1452‒1454). 223  AD SL H 1023/2 (1453ns). 221 222

266 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

de la justice224. Lorsque les arrérages n’étaient pas trop importants et, sans doute, que le preneur prouvait qu’il était de bonne foi, un nouvel acte était parfois rédigé, acte dans lequel le preneur reconnaissait devoir un arrérage de cens et promettait de le payer : ainsi, le 30 novembre 1425, Guillaume Bertheaul alias d’Arbois reconnut devoir une queue et demie de vin d’arrérage sur une rente annuelle d’un demi-muid de vin et promit d’en payer une queue le 2 février suivant et une demie queue au temps des vendanges225, lors de la nouvelle récolte donc. Cependant, comme Guillaume d’Arbois ne paya pas cette queue et demie de vin, les religieuses allèrent cette fois en justice afin de le contraindre au paiement226. Lors de ces conflits, les religieuses étaient épaulées par un procureur qui pouvait chercher un terrain d’entente et une conciliation avec la partie adverse ou représenter l’abbaye en justice. Les procureurs cherchaient souvent à prévenir les frais de justice en tentant, au nom des religieuses, une conciliation avec la partie adverse ; parfois les deux parties pouvaient alors nommer des procureurs communs. Ainsi, en 1369‒1370, lors d’un conflit interminable – commencé en 1352227 – entre le chapitre cathédral et l’abbaye Saint-Andoche au sujet de la juridiction sur le châtelet Saint-Andoche pendant les grandes foires de la Saint Ladre, conflit qui s’envenima et alla jusque devant le Parlement de Paris228 qui somma les deux parties de s’accorder, des lettres de procuration furent rédigées par chacune des parties en présence ; dans ces deux lettres de procuration, quasiment identiques, le chapitre cathédral et l’abbaye Saint-Andoche nommaient les mêmes procureurs – Pierre de Reilhac (n°409) et Guy de Corbigny (n°408), chanoines, Pierre de Tournus (n°411) et Guillaume de Chaonnes (n°407) – qui parvinrent effectivement à un accord, la reconnaissance par l’abbaye de la juridiction cathédrale sur toute la cité, y compris le quartier Saint-Andoche, lors des foires de la Saint

 Les procédures en justice étaient longues et coûteuses et souvent il était donc plus avantageux, pour les deux parties, de parvenir à un accord amiable. En 1451, face à la lourdeur et surtout aux frais, dépenses et débours que représentait un procès, Michot Maulpoy, paroissien de Nolay, finit par renoncer à l’appel qu’il avait interjeté auprès de la cour de Beaune contre Saint-Jean au sujet de droits sur un héritage sis à Nolay (AD SL H 1582/1, 1451ns). 225  AD SL H 1014/2 (1425). 226  AD SL H 1015/1 (1427). 227  AD SL H 744/2 (1352). 228   De 1361 à 1365, lors du rattachement du duché de Bourgogne au royaume de France par Jean II le Bon, héritier du dernier duc capétien Philippe de Rouvres, c’est le Parlement de Paris qui servit de cour d’appel souveraine en dernière instance et non plus les « Grands jours » de Beaune (B. Schnerb, L’État bourguignon 1363‒1477, Paris, 1999, p. 29, 42, 104‒105). 224

Les possessions de la communauté

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Ladre. Lorsque l’accord était ainsi conclu, celui-ci devait être ratifié par les religieuses  : en 1371, quand les religieuses de Saint-Andoche entrèrent en conflit avec leur curé de Curgy à propos des droits du patron, Hugues d’Orsey (n°412), leur procureur, les représenta afin de parvenir à un accord ; après moult négociations, cet accord put enfin être rédigé le mardi 15 avril 1371 et le lendemain il fut ratifié « dans le monastère Saint-Andoche d’Autun, les abbesse et chapitre étant réunis au son de la cloche dans le lieu où se tient le convent » par « le chapitre d’une part et le curé de Curgy d’autre part »229. Mais les procureurs avaient essentiellement pour tâche de représenter les religieuses en justice lorsque des litiges n’étaient pas résolus avant le procès. Ainsi, lors d’un procès entre les religieuses de Saint-Andoche et les religieux de Maizières sur des droits de justice à Repans, dans la paroisse de Merceuil, Guy Baraud de Blancey (n°402), procureur des religieuses, représenta cellesci en justice puis en appel, apporta les documents utiles et entendit la sentence en leur nom230. Parfois les procureurs, en particulier quand ils n’étaient pas qualifiés en droit, étaient assistés par d’autres clercs, eux aussi au service des religieuses. Ainsi, en 1408, les religieuses de Saint-Andoche furent représentées par Guillaume de Baugy (n°367), mais c’est « maistre Perre de Clugni, principal advocat de madame qui plaidoia la cause de madame  » à Saint-Pierre-le-Moûtier contre l’évêque de Nevers  ; lors de ce procès, les religieuses envoyèrent d’ailleurs sur place « plusieurs clercs et licenciez »231 ; les déplacements de ces différentes personnes ont coûté au moins 5 francs 45 gros et 17 blancs232. Les religieuses désignaient de façon permanente un ou plusieurs procureur(s) dans chacun de leurs grands domaines, procureur(s) chargé(s) de les représenter et surtout de résoudre les discordes et incidents y survenant, comme cela est établi pour Saint-Jean à la fin du xve siècle233. En cas de litige plus grave cependant, elles nommaient toute une série de procureurs

 AD SL H 892/3 et 4 (1371).  AD SL H 1002/2 et 3 (1318ns). 231  AD SL H 1625, fol. 19, 26 (1407‒1408). 232  AD SL H 1625, fol. 19, 26, 27v, 28 (1407‒1408). 233  Soc. Éd. D  4-H  terrier de Saint-Jean, fol.  17v‒18  (1480)  ; AD  SL H  1220/1, fol.  5v (1483) : « Et en chascun membres des terres et seignouries dudit monastère madite dame l’abbesse doit estably ung procureur duquel elles receoive le serment et lequel soit leue et adresse de tous les affaires de sondit membre pour en advertir madite dame abbesse ou ses officiers principaulx ». 229 230

268 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

habitant souvent près des domaines en cause ; ils pouvaient dès lors se relayer pour régler le conflit survenu234. Les lettres de constitution de procureurs pouvaient donc être directement liées aux circonstances – un litige que les religieuses ne parvenaient pas à résoudre de façon simple – ou être rédigées en prévision d’éventuels conflits à venir. Elles montrent que les procureurs représentaient les religieuses dans les causes qu’elles défendaient comme dans celles où elles accusaient et ce devant tout type de cour – religieuse ou laïque – et contre tout type d’adversaire ; pour ce faire, ils avaient les plein-pouvoirs. Ils pouvaient témoigner en leur nom, produire les documents utiles et fournir les preuves, faire appel le cas échéant ; ils pouvaient même promettre au nom des religieuses y compris « par sermens soubz le veul de [leur] religion et soubz l’obligation de tous les biens temporelz [de l’abbaye] » car les religieuses promettaient de respecter la parole donnée en leur nom235. Ils devaient donc agir au mieux des intérêts de l’abbaye lorsqu’un litige ou un conflit naissait avec une partie adverse et avaient finalement des pouvoirs très importants. Les religieuses cherchaient à préserver leur patrimoine et à défendre leurs revenus par tous les moyens, puisque c’est eux qui leur permettaient de se procurer de quoi vivre. Pour cela, elles devaient non seulement protéger leur temporel mais aussi le gérer de façon efficace. III. La gestion du temporel, dans le temps et dans l’espace Afin de gérer de façon efficace leurs domaines, les religieuses devaient soit être présentes, soit se faire représenter sur place. Sinon, elles devaient les faire gérer par des tiers, qui leur versaient alors un revenu global. 1. Les formes de présence des religieuses Les religieuses ne pouvaient être physiquement présentes dans leurs domaines que si elles pouvaient y être hébergées dans des conditions compatibles avec leur statut, dans un prieuré pour une présence permanente, dans un « hôtel » appartenant à l’abbaye ou grâce au droit de gîte qu’elles faisaient jouer auprès de certains de leurs officiers pour une visite ponctuelle.

 Cf. chap. 2 III. 2. c. Des représentants plus ponctuels des religieuses. Les procureurs.  AD  SL H  840/6  (1454), 3  E  2/2, fol.  32‒33  (1472), H  749/3 (janv. 1490ns) notamment ; mais aussi AD SL H 1129/1 (1394ns), H 1456/1 (1396), H 1002/5 = AD CO 16 H 167 (1398), H 1558, fol. 22v (1456), H 1233 (1487) ; AD CO 74 H 1013 (1408) etc. 234 235

Les possessions de la communauté

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a. Des prieurés dans les domaines éloignés, jusqu’au xiiie siècle ?

La question de l’existence ou non de prieurés dépendant de Saint-Andoche et de Saint-Jean est difficile à résoudre. Un prieuré est une «  dépendance d’une abbaye ayant à sa tête un prieur »236 ; généralement il s’agit d’une communauté de moines ou de moniales dirigée par un ou une prieur(e), plus ou moins autonome de l’abbaye-mère. Peu nombreux furent les monastères de femmes qui eurent des prieurés dans une autre région et ceux-ci disparurent souvent à la fin du xiiie siècle ou au cours du xive siècle237. Et s’il existe des mentions de prieurés ou de prieur(e)s dans les chartes de Saint-Andoche et de Saint-Jean – respectivement à Saint-Germain-lès-Senailly et Saint-Parizeen-Viry, et à Colonne –, leur structure n’est jamais clairement définie. Colonne

Les possessions de Saint-Jean-le-Grand à Colonne remontent au xiie  siècle au plus tard, puisqu’en 1178 Frédéric Barberousse accorda à l’­abbaye sa protection pour tous ses biens et en particulier « les droits qui leur avoient appartenu dans le territoire de Colonne du tems du comte Renaud » et l’exempta des redevances payées à ce comte238. Alphonse Rousset avance même l’hypothèse que ce soit Brunehaut elle-même qui ait été à l’origine d’une abbaye à Colonne : cette abbaye aurait été établie par des religieuses venues d’Autun, aurait été détruite en 1346 lors de la troisième rébellion des barons comtois menée par Jean II de Chalon-Arlay contre le duc Eudes IV (n°974) et n’aurait pas été repeuplée par la suite malgré les efforts menés en

 N.  Lemaitre, M.-Th.  Quinson, V.  Sot (dir.), Dictionnaire culturel du christianisme, Paris, 1994. 237  Cf.  M.  Parisse, «  Des prieurés de femmes  », dans Prieurs et prieurés dans l’Occident médiéval, Paris, 1987, p. 123‒125. Saint-Sulpice des Bois possédait cinq prieurés (P. D. Johnson, Equal in monastic profession. Religious Women in Medieval France, Chicago  /  Londres, 1991, p.  183), Le Paraclet trois ( J.  Lusse, «  Les religieuses en Champagne jusqu’au xiiie  siècle  », dans Les religieuses en France au xiiie siècle, Nancy, 1985, p. 18) ; Le Ronceray et Nyoiseau en possédaient également ( J.  Avril, «  Les fondements, l’organisation et l’évolution des établissements de moniales dans le diocèse d’Angers (xie‒xiiie  siècles)  », dans idem, p.  45‒53). Il existe au moins un contrexemple notable, celui de Saint-Pierre-les-Nonnains à Lyon : de l’abbaye dépendaient au xive siècle quatorze prieurés, qui continuèrent à exister durant toute la fin du Moyen Âge et l’époque moderne ( J. Picot, L’abbaye Saint-Pierre de Lyon, Paris, 1970). 238  AD SL H 1170, xx, i, 1 (1178). 236

270 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

ce sens par la comtesse Jeanne, épouse du duc239. Ces éléments furent repris au milieu du xxe siècle par Jules de Trévillers240, tandis que Gérard Moyse et René Locatelli sont beaucoup plus prudents : le premier rejette une fondation ancienne de l’abbaye de Colonne et le second se contente de mentionner le prieuré de Colonne dépendant de Saint-Jean-le-Grand aux xiie‒xiiie siècles en même temps que d’autres possessions de l’abbaye éduenne dans la région de Poligny241. Seules deux mentions dans les sources originales du début du xive siècle évoquent, indirectement, un prieuré à Colonne : lorsque Jean de Tormont, damoiseau, prit en amodiation tous les revenus de l’abbaye Saint-Jean dans le comté de Bourgogne, en fut exclue la dîme que percevait la priorissa de Colona – Jean de Tormont devait d’ailleurs payer à cette priorissa les 10 livres annuelles que lui devaient les religieuses – et dix ans plus tard, la «  prioresse de Columpne  » fut excommuniée pour ne pas avoir payé les dîmes dues au pape242. Dans l’inventaire des titres de Saint-Jean réalisé à la fin du xviie siècle sont mentionnés non seulement ces deux actes, mais aussi divers mandements et lettres liés au paiement, ou à l’absence de paiement, des dîmes dues au pape pour ce prieuré de Colonne ; ces rappels à l’ordre pontificaux couvrent une période beaucoup plus longue que les deux actes cités précédemment, de 1333 à 1412243.

 A.  Rousset, Dictionnaire géographique, historique et statistique des communes du département du Jura, Besançon, 1853, t. 2, p. 257‒258 et t. 5, p. 142‒143. Cette idée est reprise comme assurée par R. Kuster, Une approche de Colonne, un village du Bas-Jura, Besançon, 1996, p. 9. Un siècle plus tôt encore, François-Félix Chevalier pensait que le prieuré de Colonne était passé sous la dépendance de Saint-Jean, peut-être au ixe siècle, alors qu’il dépendait auparavant d’une abbaye située à Poligny (Fr.‑F. Chevalier, Mémoires historiques sur la ville et seigneurie de Poligny, Lons-le-Saunier, 1767‒1769, t. 1, p. 49, 57‒58, 66‒67). 240  J.  de Trévillers, Sequania monastica. Dictionnaire des abbayes, prieurés et couvents, collèges et hôpitaux conventuels, ermitages de Franche-Comté et du diocèse de Besançon, Vesoul, 1950‒1955, t. 1, p. 91. 241  Respectivement G. Moyse, « Les origines du monachisme dans le diocèse de Besançon (ve‒xe siècles) », BEC, t. 131 (1973), p. 81 et R. Locatelli, Sur les chemins de la perfection. Moines et chanoines dans le diocèse de Besançon vers 1060‒1220, Saint-Étienne, 1992, p. 146. 242  Respectivement AD SL H 1437/7 et 6 (1307) et H 1439/4 (1316) = H 1170 xx, vi, 2.  Dans le second acte, Jean de Tormont, chevalier auquel avaient été amodiés tous les terres, biens, revenus et charges de l’abbaye Outre-Saône par le premier acte, reconnut qu’il aurait dû les payer et promit de la « faire absodre ». 243  AD SL H 1170 xx, vii, 3 (1333‒1334), H 1170 xx, vii, 4 (1334), H 1170 xx, vii, 5 (1352ns), H 1170 xx, vii, 10 (1405), H 1170 xx, vii, 11 (1412ns). Dans ce dernier acte, il 239

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Pourtant, en 1382, lorsque l’abbesse de Saint-Jean se rendit dans ses domaines comtois elle ne fut pas accueillie dans un prieuré mais fit valoir son droit de gîte auprès du curé de Colonne, ce qui suggère fortement qu’il n’y avait alors pas de prieuré dépendant de Saint-Jean à Colonne. Les poursuites menées par la cour pontificale à la fin du xive et au début du xve siècle sont donc inexplicables dans ce contexte. Il est très difficile de discerner quel était réellement le statut des possessions de Saint-Jean-le-Grand à Colonne et les recherches effectuées aux Archives départementales du Jura n’ont pas permis d’éclaircir ce problème. Y a-t-il réellement eu une petite communauté de religieuses un jour ? Cette communauté aurait-elle disparu au milieu du xive siècle dans la tourmente des rébellions des nobles comtois comme le signale Alphonse Rousset ? Ou Colonne était-elle plus simplement un «  centre administratif  » pour les possessions de Saint-Jean Outre-Saône, centre qui aurait été dirigé par une religieuse ayant pris le nom de prieure ? Rien ne permet de trancher, et le cas de Saint-Parize-en-Viry, dépendant de Saint-Andoche, s’il est mieux documenté n’est pas beaucoup plus explicite. Saint-Parize-en-Viry

Le prieuré de Saint-Parize-en-Viry est nettement mieux attesté dans les sources puisqu’à plusieurs reprises, durant sept décennies, sont mentionnés une prieure, un prieur ou un prieuré. Le « prieuré » semble avoir tout d’abord été dirigé par une femme, une priorissa, qui pouvait prendre des décisions engageant l’abbesse et devant laquelle se passaient certains contrats ou se faisaient certaines reconnaissances244. La religieuse qui en était alors à la tête est d’ailleurs connue, il s’agit de Jacquette d’Outre-Loire (n°71) – son surnom était peut-être lié à sa fonction, ou c’est parce qu’elle était de la région qu’elle avait été nommée prieure de Saint-Parize –, prieure entre 1241 et 1244245, décédée avant 1273, date à laquelle Hugues Boisserand (n°787), auquel le domaine fut amodié,

est fait mention, d’après l’inventaire, non seulement du prieuré, qui risquait l’interdit, mais aussi de la prieure, qui était excommuniée pour n’avoir pas payé 8 livres qu’elle devait à la chambre apostolique. 244  AD SL H 964/1 (1244ns) : dicta autem priorissa promisit per fidem suam quod bona fide procurabit quod abbatissa Sancti Andochii eduensis consensionem et concordationem instam ratam habebit ; mais aussi AD SL H 851/1 (1243). 245  AD SL H 1063/1 (1241), H 851/1 (1243), H 964/1 (1244).

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dut payer les 10 sous dus pour l’anniversaire de l’ancienne priorissa de SaintParize, Jacoba, anniversaire célébré le 14 août246. Par la suite, il semble que ce soit un homme qui ait pris la tête du « prieuré », notamment Hugues Boisserand (n°787). D’ailleurs, s’il n’est pas qualifié de prior dans l’acte de 1273 par lequel le « prieuré » lui est amodié, il l’est par la suite247 ; ce prior prenait des décisions, comme celle d’effectuer des achats248. Toutefois, Hugues Boisserand, qui a « tenu » Saint-Parize-en-Viry pendant plusieurs décennies, est à diverses reprises aussi qualifié de rector ou de prêtre de Saint-Parize249. Le « prieuré » lui-même est désigné de différentes façons au xiiie et au début du xive siècle, ce qui peut aider à mieux cerner la réalité de cette structure : parfois il est question d’un prioratus, d’un locum seu prioratus ou d’un « prioré »250, parfois simplement d’une domus, d’une domus seu grangia ou d’une « maison et terre »251. Il est tout à fait clair que Saint-Parize appartenait à l’abbaye SaintAndoche : en 1285, Guillaume Chauderon, seigneur de Dornes, vendit au prieur de Saint-Parize-en-Viry la justice sur certaines terres de Dornes et Saint-Parize et quand, soixante ans plus tard, un accord intervint au sujet de cette justice avec Jean Chauderon, seigneur de Dornes, descendant du précédent, c’est l’abbesse de Saint-Andoche, Marguerite de Montagu (n°17) qui fut la seconde partie prenante252. Mais quelle est la nature exacte de cette possession ? En 1296, Hugues Boisserand (n°787) fit appel au pape contre l’évêque de Nevers qui voulait lui imposer sa tutelle : il refusa cette tutelle arguant

246  AD SL H 1064/1 et 2 (1273ns). AD SL H 708, H 709 (14 août). Cf. Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche d’Autun, N. Verpeaux (éd.), Paris, 2011, n°309, p. 198. 247  Respectivement AD  SL H  1064/1  et  2 (1273ns) et AD  SL H  1063/6  (1281), H 1062/1 (1300). 248  AD SL H 976/1 (1282). 249  Respectivement AD  SL H  1057/1 (1287  : tenens locum seu prioratus Sancti Patricii in Viriaco) ; AD SL H 1057/2 (1296), H 1063/7 et 8 (1310), H 711/1 (1311, alors qu’il est décédé). 250  AD  SL H  1063/1  (1241), H  849/1  (1285), H  1057/1  (1287), H  1062/1  (1300), H  1063/7  et  8  (1310)  ; dans ce dernier acte, il est d’ailleurs précisé, en parlant de SaintAndoche, que le « priorés de Saint Parise appartient à ladite Eglise ». 251  AD  SL H  1064/1  et  2 (1273ns), H  1057/2  (1296), H  711/1  (1311), H  1065/1 (1353as‒1356ns). 252  AD SL H 849/1 (1285) et H 849/2 et 3 (1347).

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du fait qu’il ne dirigeait aucun bâtiment de culte253. Il ne pouvait donc s’agir d’un prieuré au sens classique du terme, avec présence d’une petite communauté religieuse. Saint-Parize-en-Viry était donc probablement le centre d’un domaine agricole particulièrement important, et éloigné, de Saint-Andoche, domaine à la tête duquel l’abbesse et le chapitre ont placé une femme puis un homme en qui ils pouvaient avoir toute confiance. Jusque dans la seconde moitié du xiiie siècle, le domaine était dirigé par une religieuse représentant directement ses sœurs puis – sans doute du fait des dangers physique et moral encourus par une religieuse isolée et de l’interdiction pour un moine ou une moniale de demeurer seul(e) dans un domaine – c’est un ecclésiastique qui s’en est chargé ; les religieuses ont toutefois alors imposé à Hugues Boisserand d’entretenir deux convers, un homme et une femme, sur le domaine, comme pour affirmer la présence de l’abbaye malgré l’absence d’une religieuse de chœur254. Il est cependant étonnant que ce domaine n’ait pas compris au moins une chapelle, si on en croit le témoignage d’Hugues Boisserand, surtout dans la mesure où, à un moment donné, il a été dirigé par une religieuse255. Un prieuré est attesté à Saint-Parize-en-Viry, outre l’église paroissiale dont Hugues Boisserand (n°787) a été un temps curé, mais ce n’était pas un prieuré de moniales dépendant de Saint-Andoche d’Autun  : le prieuré de Montempuy – dont les traces sont encore parfaitement visibles autour d’une chapelle particulièrement haute, restaurée et mise en valeur par la ­commune – dépendait, dès le milieu du xiiie  siècle, de l’abbaye de Souvigny256  ; il ne peut donc avoir de lien avec un « prieuré » de Saint-Andoche. Saint-Germain-lès-Senailly et Senailly

Enfin, une abbatiola Sancti Germani est attestée à Senailly au milieu du ixe siècle257. D’après Michel Parisse « les mots monasterium, abbatia et abbatiola peuvent désigner une simple église, comme bâtiment, et non pas  AD SL H 1057/2 (1296) : ibidem, nulla capella seu oratorium aliquod sit constructum.  AD SL H 1064/1 et 2 (1273ns). 255   À Senailly, une chapelle était présente au sein de la maison seigneuriale qui est connue en partie par des mentions dans les actes et en partie par un plan de la fin du xviiie siècle (fig. 25). 256  En 1246, un accord fut passé entre le prieur de Souvigny agissant au nom du prieur de Montempuy et Archambaud sire de Bourbon au sujet de droits de justice (L. Côte, Moines, sires et ducs à Souvigny : le Saint-Denis bourbonnais, Paris, 1966, p. 120‒122). Cf. M. Anfray, «  Les églises gothiques de la Nièvre. Arrondissement de Nevers et Château-Chinon  », Annales des pays nivernais, t. 21 (1978), p. 33. 257  AD SL H 675, fol. 2v (858). 253 254

274 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

t­ oujours une communauté religieuse »258 ; cependant, le terme d’abbatiola est aussi utilisé pour désigner une structure fondée par une abbaye sur des terres qui lui appartiennent et accueillant quelques religieux259. Ici, il s’agit sans doute d’un bâtiment ou d’un ensemble plus important qu’une simple église, sinon pourquoi Jonas aurait-il utilisé un terme différent de celui dont il use tout au long de la charte, ecclesia ? Mais, par la suite, aucune source ne confirme la présence à Saint-Germain-lès-Senailly ou à Senailly d’un prieuré, même si la structure de l’église peut faire penser à un édifice religieux accueillant une petite communauté dans l’avant-chœur qui est particulièrement long, séparé de la nef par une grille de fer260 (fig. 27). Quoi qu’il en soit, y a été édifiée une maison seigneuriale particulièrement imposante, qui a peut-être pris la suite de cette abbatiola, maison seigneuriale qui est bien connue, grâce à un plan de 1711 (fig. 25)261. On peut donc se demander si le terme de prieuré est bien le plus adéquat, du moins dans son acception classique, pour Saint-Parize-en-Viry et Colonne. Peut-être s’agit-il plus de centres d’administration des possessions les plus lointaines des abbayes – Outre-Loire pour Saint-Parize, Outre-Saône pour Colonne – comme à Senailly. Il y aurait alors eu, à une époque reculée, une présence sur place plus ou moins permanente d’une ou de quelques religieuse(s) puis d’un représentant masculin pour une gestion directe des biens, avant une exploitation indirecte de domaines trop éloignés à partir du milieu du xive siècle, lorsque l’exploitation directe des terres par les moines a partout reculé, même pour des possessions proches. Les prieurés des abbayes éduennes se rapprocheraient alors des prieurés de Saint-Pierre-les-Nonnains qui étaient le centre des principales seigneuries de l’abbaye éloignées du centre lyonnais. Il existe toutefois des différences majeures entre les prieurés de Saint-Pierre-les-Nonnains d’un côté et ceux de Saint-Andoche et de SaintJean de l’autre : les premiers étaient beaucoup plus nombreux – q­ uatorze et non un ou deux – et ont été pérennes, avec une présence continue d’une ou deux religieuses262.

 M. Parisse, « Portrait de la France autour de l’an mil. Remarques sur un atlas », CCM, t. 37 (1994), p. 329. 259  A.-M. Bautier, « De prepositus à prior, de cella à prioratus : évolution linguistique d’une institution jusqu’en 1200 », dans Prieurs et prieurés dans l’Occident médiéval, Paris, 1987, p. 9. 260  AD SL H 1048 (1778). Cette église date du xiie ou du début du xiiie siècle ; elle a peutêtre été bâtie sur le plan d’une église plus ancienne. 261  Cf. chap. 3 I. 1. b. Composition des temporels. La maison seigneuriale de Senailly. 262  J. Picot, L’abbaye Saint-Pierre de Lyon, op. cit., p. 173 sq. 258

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FIG. 27 L’église de Saint-Germain-lès-Senailly : extrait du Plan géométrique de l’église et du cimetière de Saint-Germain de 1778 (AD SL H 1048/3) b. Les hôtels et les demeures aménagées pour recevoir les religieuses, à partir du xive siècle Les hôtels seigneuriaux

Dans plusieurs domaines, les religieuses éduennes possédaient un « hôtel » ou une maison seigneuriale accompagnée de bâtiments d’exploitation ; même si toutes ne sont pas aussi bien connues que celle de Senailly263, on peut penser que ces ensembles comprenaient généralement les mêmes bâtiments  : la maison abbatiale de Saint-Jean à Nolay était située dans une enceinte carrée fermée avec des salles – dont une chambre réservée à l’abbesse –, une chapelle dédiée à saint Benoît, une cuisine, des étables, des granges, un cellier, une cour, un jardin, un verger et, sur la chapelle, un colombier264, description similaire à celle que l’on peut tirer du plan de la maison abbatiale de Senailly (fig.  25). Souvent toutefois, l’existence de ces hôtels

 Cf. chap. 3 I. 1. b. Composition des temporels. La maison seigneuriale de Senailly.  AD SL H 1256, fol. 13 (1383), H 1551, fol. 19v (1542).

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n’est connue que par la mention du lieu où les tenanciers devaient apporter leurs redevances265 ou par celle de travaux qui y furent effectués266. Il est possible aussi que certains domaines particulièrement importants aient accueilli une ou deux religieuses à l’année ; ainsi, les comptes de SaintJean portent à croire qu’Alice de Champrobert (n°84) avait en charge l’hôtel des religieuses à Cirey : les receveurs lui baillaient argent, grains etc. « pour la despense de l’ostel », en particulier lors de la venue de l’abbesse ; elle se chargeait de faire moudre les blés nécessaires ; elle servait en quelque sorte de garant au receveur sur certaines de ses transactions etc.267. Alice de Champrobert n’apparaît d’ailleurs pas dans les listes des prébendes distribuées aux religieuses dans les premières années du xve siècle268, ce qui pourrait s’expliquer par son absence de l’abbaye lors de ces distributions dans la mesure où elle serait à Cirey. Ce rôle semble avoir ensuite été rempli par Marguerite Peaul d’Oye (n°94)269. Quelques années plus tard, l’argent et les grains nécessaires à la «  dépense  » de l’hôtel de Cirey étaient remis soit à une servante de l’abbesse270 soit à l’abbesse elle-même271. Cette « maison », qui abritait aussi une chapelle, put servir de refuge pour les religieuses en cas de mortalité et au xviie siècle, deux religieuses âgées furent autorisées à s’y retirer272. Le plus souvent toutefois, ces demeures n’abritaient sans doute à l’année que quelques serviteurs, mais elles étaient équipées de façon à pouvoir héberger les religieuses à tout moment ; ainsi, en 1382, les dames de Saint-Jean achetèrent un bassin à main et deux aiguières pour leur maison de Nolay273. Lorsque les religieuses ne possédaient pas une habitation privée qui leur permettait de demeurer sur place, elles bénéficiaient soit d’un droit de couvert (comestio) dans les domaines les plus proches qui pouvaient être visités

 Pour Saint-Andoche à Volnay (AD  SL H  1162/5, 1346  ; H  838/1, 1462) ou à SaintSernin-du-Plain (AD SL H 1122/2, 1469) ; pour Saint-Jean à Nolay (AD SL H 1256, fol. 13, 1383 ; H 1255/1, fol. 7, 1480), à Colonne (AD SL H 1480, 1272ns), à Marcilly (AD SL H 1268, fol. 13, 1499‒1500). 266  Pour Saint-Andoche à Curgy (AD SL H 722/2, fol. 15v, 1407‒1408) ; pour Saint-Jean à Draigney (AD SL H 1256, fol. 12, 1383). 267  AD SL H 1258, fol. 30, 30v, 33, 36v, 37, 37v, 38, 38v, 39, 43, 43v, 44 (1397‒1398) ; AD SL H 1259, fol. 6, 10 (1400‒1401). 268  AD SL H 1259, fol. 7‒9 (1400‒1401). 269  AD SL H 1260, fol. 13v, 16, 18v, 19, 19v (1401‒1402), H 1261, fol. 8v, 10v (1402‒1403). 270  AD SL H 1263/2, fol. 7, 7v, 8, 8v (1404‒1405). 271  AD SL H 1262 (1403‒1406). 272  Respectivement AD SL H 1424 (1529) et H 1199 (1641). 273  AD SL H 1256, fol. 10 (1382). 265

Les possessions de la communauté

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dans la journée, comme à Pommard ou Saint-Sernin-du-Plain pour SaintAndoche274, soit d’un droit de gîte dans les domaines les plus éloignés. La constitution du droit de gîte à Saint-Andoche

En effet, même si à la fin du Moyen Âge les possessions des religieuses étaient de plus en plus fréquemment gérées de façon indirecte et même si les religieuses utilisaient les services de différents agents plus ou moins sur place, elles se devaient de se rendre parfois dans leur domaines et c’est le droit de gîte qui le leur permettait. Les religieuses de Saint-Andoche bénéficiaient de différents types de droit de gîte dans le diocèse de Nevers à la fin du xiiie siècle afin de pouvoir régler les affaires qui les appelaient dans ce diocèse : elles avaient droit à deux jours de gîte à Dornes et un à La Celle, ainsi qu’à trois jours à la domus de Saint-Parize-en-Viry, deux pour la domus elle-même et un pour l’église de Saint-Parize275. Les curés de ces paroisses, ou le tenant de la domus de Saint-Parize, devaient sans doute alors le gîte et le couvert à l’abbesse et à ceux qui l’accompagnaient. Cependant, Hugues Boisserand (n°787), qui prit alors cette domus en amodiation avec toutes ses dépendances, devait également promettre de recevoir les religieuses, leurs conseillers ou leurs gens qui seraient amenés à devoir résider dans le diocèse de Nevers pour les affaires de l’abbaye ; il leur devait le lit et le couvert ainsi que du foin et de l’avoine pour leurs chevaux, aussi longtemps que nécessaire pour régler les affaires de la domus qui les avaient appelé là et non seulement deux jours. Soixante-dix ans plus tard, Guillaume de Savigny, clerc royal et recteur de la Maison-Dieu de Decize, à qui étaient amodiés tous les biens et revenus de l’abbaye Outre-Loire, promit de recevoir et héberger, pendant trois jours et trois nuits chaque année, l’abbesse « bien et honnêtement à ses frais »276 ; il devait aussi recevoir les envoyés de l’abbaye à chaque fois que cela se révélerait nécessaire. Et au milieu du xve siècle, les frères Jean et Perrin Chevrat reconnaissaient qu’ils devaient, avec Philibert Pin, une partie du repas que l’abbesse pouvait prendre une fois par an à Saint-Parize-en-Viry ou à Dornes avec sa suite277. À la fin du xve siècle enfin, Jean Thevenin (n°588), notaire

 Respectivement AD SL H 1080/1 (1295) et H 1042/2 (1316).  AD SL H 1064/1 et 2 (1273ns). 276  AD SL H 940/1 (1347ns) : dictus magister Guillermus debet, tenetur et promisit dictam dominam abbatissam […] accipere bene et honeste ad expensas eiusdem magistri Guillermi in domo Sancti Patricii anno quolibet dictorum duodecim annuorum tres dieis et tres noctes. 277  AD SL H 955/2, fol. 9‒9v (1438‒1439ns). 274 275

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royal qui prit à bail l’étang de Dornes, dut construire une maison dont il ferait sa résidence, mais lors des déplacements de l’abbesse et de sa suite dans la région, il devait les laisser disposer librement de cette maison. Celle-ci est d’ailleurs précisément décrite dans l’acte278 : de 4,5 toises sur 3 toises, elle devait comporter deux étages, carrelés avec cheminées pour deux chambres et leurs garde-robes, surmontés d’un grenier et devait être couverte de tuiles plates ; une dépendance comprenant une cuisine, un four à pain et un cellier devait lui être adjointe. Deux ans plus tard, afin que les religieuses acceptent qu’il la transmette à ses enfants, il promit d’aménager cette maison pour plus de confort et de commodité quand elles venaient : équipement de la maison (lits, châlits, tables, buffets, coffres mais aussi linges et vaisselle d’étain) et construction d’une cave et d’un puits, d’un colombier pour le repas des religieuses, d’une « étable » garnie pour les chevaux279. L’accueil que des religieuses envoyées Outre-Loire pour les affaires de l’abbaye devaient recevoir a donc fortement évolué, entre le xiiie  et le xve siècle, d’une place dans un prieuré à un hébergement dans une demeure étrangère. À la fin du xve  siècle, les religieuses de Saint-Andoche s’assurèrent un toit dans d’autres lieux de possession. En 1495, elles acensèrent à Jean de Mongeot, d’Ormancey et paroissien de Mont-Saint-Jean, et à ses frères un meix avec sa « maison haulte de pierre, une grange tenant à icelle maison aussi de pierre couvertez de lave » et des terres contre 18 gros de rente et 10 sous de cens, à charge pour les preneurs aussi d’« en icelle maison fere affere et construire incontinuant et sans delay une bonne et honneste chambre pour en icelle loger » l’abbesse, les religieuses ou leurs serviteurs et domestiques envoyés à Ormancey et de prévoir une «  estable bonne et convenable pour les chevaulx »280. La même année, elles acensèrent à Jean Lamazet de Merceuil un meix avec maison de maître, grange, 6 journaux de terre arable, 6 soitures de pré contre un cens et une rente en argent, mais aussi contre l’obligation, dans les deux ans, de remettre en état cette maison de maître avec « une bonne et convenable chambre et chambrete » pour loger l’abbesse et sa « compaignie » à chaque fois qu’elle, ses serviteurs et familiers le demanderaient281. Ces deux contrats sont similaires à celui qu’elles concluaient la même année avec Jean Thevenin (n°588), preneur à Dornes.  AD SL H 957, fol. 28v‒32 et fol. 32v‒39 = H 965/2 et 3 (1495).  AD SL H 965/3 = H 965/2 et H 957, fol. 32v‒39 (1497). 280  AD SL H 1038/10 (1495). 281  AD SL H 1013/3 (1495). 278 279

Les possessions de la communauté

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De façon similaire, quand une quinzaine d’années plus tôt Jean Boutault l’Ancien, paroissien de Chaudenay-le-Ville, prit à rente et cens des religieuses de Saint-Jean-le-Grand un « platre appellé la maziere des dames » ainsi que divers prés et terres à Chaudenay, il devait non seulement 4 francs de rente, 2 blancs de cens et une poule de coutume, mais était aussi tenu d’y faire édifier une maison « belle et honneste » dans les six ans et, le cas échéant, d’y recevoir une ou deux religieuses qui viendraient à Chaudenay «  pour les besoignes et affaires dudict convent »282. Merceuil et Chaudenay sont moins éloignés qu’Ormancey ou SaintParize-en-Viry ; les religieuses s’assuraient donc de pouvoir se rendre dans tous leurs domaines, mais s’arrangeaient aussi pour que leurs représentants puissent y trouver le gîte et le couvert. Cependant, aucun exemple d’utilisation de ce droit de gîte par les religieuses de Saint-Andoche n’est connu. Pour Saint-Jean au contraire, il n’existe pas de contrat prévoyant le droit de gîte, mais au xve siècle fut réalisé un document pour prouver le droit de gîte pour l’abbesse et sa suite dans différents domaines dépendants de l’abbaye283, suite à la contestation de ce droit par le curé de Colonne. L’utilisation du droit de gîte à Saint-Jean

En effet, en 1383, alors que l’abbesse souhaita descendre au presbytère de Colonne « avec [ses] gens et officiers tant à cheval qu’à pied » pour y bénéficier du gîte et d’un repas quotidien – droit qu’elle affirmait détenir une fois chaque année quand elle le souhaitait –, Michel de Vaux (n°845) refusa de la recevoir, lui récusant ce droit ; en septembre, l’abbaye et le curé s’accordèrent pour choisir Pierre Talepain284 comme arbitre de leur litige ; on ne sait pas quelle a été la sentence de celui-ci, mais on peut penser qu’elle a été favorable à l’abbesse dans la mesure où il avait fait partie, l’année précédente, d’un voyage de l’abbesse Outre-Saône. Quoi qu’il en soit, au xve siècle plusieurs procès-verbaux des gîtes accordés dans les domaines de Colonne, Géanges et Montmort au tournant des xive et xve siècles ont été copiés, procès-verbaux qui relatent essentiellement trois voyages de l’abbesse de Saint-Jean.

 AD SL H 1391/20 (1481ns).  AD SL H 1222/2 (1382, 1385 et 1407) ; cf. A. de Charmasse, « Notes sur l’exercice du droit de gîte en 1382, 1385 et 1407 », MSE, nv. série, t. 21 (1893), p. 29‒36. 284  Pierre Talepain était chanoine d’Autun de 1349 à 1388, abbé de Saint-Étienne-l’Étrier de 1377 à 1388, terrier d’Autun en 1365 ; expert en droit, il a « souvent été chargé de régler les problèmes du prieuré Saint-Martin », ce qui explique peut-être en partie son intervention dans ce litige (cf. J. Madignier, Fasti, t. 12 : Autun, op. cit., n°749 p. 353). 282 283

280 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

Lors du premier voyage, le 24  mai 1382, Pierre Patez (n°850), curé de Saint-Michel de Groson285, reçut Jeanne de Montagu (n°43) et sa suite pour « prenre som giete c’est assavoir diné, soupé et gésir » ; il pourvut donc au gîte et au couvert de 21 personnes et de 25 chevaux : le lendemain, il en fut de même pour le curé d’Aumont : l’abbesse visitait ses domaines du comté de Bourgogne. En effet, l’abbesse ne voyageait pas sans une suite importante, composée de personnes dont la fonction est tout à fait compréhensible, mais aussi de personnes dont la présence semble moins indispensable. Jeanne de Montagu était accompagnée tout d’abord de trois religieuses, qui l’aidaient sans doute dans sa tâche d’inspection, mais aussi de servants  : sa femme de chambre Margot et son charretier Gérard de Nehevele qui était chargé, avec Liot Moreaul de Chaulmeteau et le valet de l’abbé de Saint-Martin, de s’occuper du « char » de l’abbesse. Jean de Saint-Romain (n°603), procureur des religieuses, était sans doute présent afin de soutenir l’abbesse et de la conseiller ; le rôle de Jean Rappes (n°369), de Nolay, était vraisemblablement le même. Peut-être était-ce aussi la raison de la présence du chanoine d’Autun Pierre Talepain, «  saige en droit  », qui pouvait l’éclairer si des questions juridiques étaient soulevées ; lui-même était accompagné de son chapelain, de son clerc et de son valet. Mais pourquoi le prieur de Couches, Hugues de Montagu, frère de l’abbesse, était-il aussi du voyage, accompagné de son propre charretier et de son valet ? Que faisait, avec l’abbesse, Hugues Quinart du Port de Palleau, procureur du duc de Bourgogne à Beaune, qui était accompagné, là encore, de son clerc ? Quel pouvait être le rôle des curés de La Celle et de Viévy, cures qui étaient à la nomination et du patronage de Saint-Andoche et non de Saint-Jean et ne sont absolument pas situées dans le comté de Bourgogne ?286

 Grozon est située à plus de 100 km d’Autun.   D’après John Bartier, Jeanne de Montagu (n°43) était aussi accompagnée de Jean de Plaigne et de Perrenin de Plaigne, qui appartenaient à la famille Les Plaines sur laquelle il fait une notice ( J. Bartier, Légistes et gens de finances au xve siècle, Bruxelles, 1955, p. 398‒399) : cette illustre famille comtoise apparaît au xive siècle à Poligny et resta attachée à cette ville. Perrin des Plaines, fils d’Aubriet des Plaines trésorier du duc au bailliage d’Aval en 1358, fut garde du trésor des chartes de Poligny en 1388 et greffier au parlement de Dole en 1388‒1392 ; il épousa Huguette, fille de Gérard de Dole, bourgeois fondateur d’une chapelle. Leur fils Jean, qui aurait accompagné l’abbesse Jeanne de Montagu, fut trésorier ducal au bailliage d’Aval en 1390‒1392, maître des monnaies de Troyes et Châlons en 1418 et « général-maître des monnaies du duc » en 1442‒1444. 285 286

Les possessions de la communauté

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Lorsque, quelques mois plus tard, en novembre 1382, la même abbesse se rendit sur sa seigneurie de Géanges287, elle bénéficia du droit de gîte auprès de « monseigneur Philibert Paillart » dont la fonction n’est pas précisée ; on peut cependant penser qu’il s’agit du chancelier de Bourgogne qui conseillait les religieuses (n°703) en 1355, puisqu’en 1407 Alice de Brazey (n°45) réclama le droit de gîte auprès des représentants de Jean de Saulx, chancelier de Bourgogne. Le droit de gîte des religieuses à Géanges semble donc s’être fait dans une demeure attachée à la fonction de chancelier de Bourgogne. Pour ce voyage moins long que celui d’Outre-Saône, l’escorte de l’abbesse était un peu moins importante. Celle-ci était suivie non de trois mais de deux religieuses et toujours de sa femme de chambre Margot et de son charretier accompagné d’un seul aide, le valet de l’abbesse ; son frère, le prieur de Couches, était toujours auprès d’elle, avec son valet, de même que Jean de Saint-Romain (n°603). Jean Rénier, sage en droit, accompagné de son clerc, devait peut-être la conseiller sur les points juridiques. Le curé de La Celle, Pierre Boisselier (n°602), était encore présent, mais pas celui de Viévy. Enfin l’« escorte armée », si c’est bien de cela qu’il s’agissait, s’était accrue d’un membre en la personne de Jean Maulmenez  ; peut-être était-ce lié à la saison moins favorable pour les voyages. L’escorte de l’abbesse était donc réduite – si l’on peut dire – à 13 personnes au lieu de 20 et le nombre de chevaux passe de 25 à 17. Trois ans plus tard enfin, en juin 1385, c’est auprès de Jean Milnot (n°855), curé de Montmort, que Jeanne de Montagu exerça son droit de gîte lors de sa visite de cette seigneurie288. Elle était toujours accompagnée de deux religieuses – dont Marguerite Peaul d’Oye (n°94) qui a fait les trois voyages –, mais sa femme de chambre était remplacée par son médecin et l’assistant de celui-ci ; l’accompagnaient encore son charretier, comme à chaque fois, mais aussi son clerc et son cuisinier. Le procureur Jean de Saint-Romain (n°603) était encore présent, comme lors des deux tournées d’inspection de 1382. Le rôle des quatre autres hommes présents, dont un écuyer, est inconnu. L’escorte de l’abbesse était donc ici de 11 personnes et les chevaux étaient au nombre de 15. Lors de tous ses déplacements, Jeanne de Montagu (n°43) semble avoir été très bien reçue, « bien et honorablement » – si les religieuses souhaitaient utiliser ce document pour étayer leurs revendications, elles n’avaient aucun

 Géanges est située à près de 50 km d’Autun.  Montmort est située beaucoup plus près, à env. 30 km d’Autun.

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282 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

intérêt à mentionner le refus de Michel de Vaux (n°845), curé de Colonne, en 1383. Le procès-verbal du droit de gîte accordé à l’abbesse Alice de Brazey (n°45) au nom du chancelier de Bourgogne Jean de Saulx par Guy Cornet, juge à Géanges pour le chancelier et André Barbirotte receveur de ce dernier, est beaucoup plus sec et juridique. On ne sait rien de la suite de l’abbesse ni de la qualité de l’accueil. L’abbesse exigea d’être logée et nourrie, elle et «  tous ses gens  », et les représentants du maître des lieux obtempérèrent de bonne grâce semble-t-il  : «  Madame, vous soiez la bien venue, vous et tous voz gens, et sommes prests, pour et en nom de mondit seigneur, de vous recevoir, vous et voz gens, et faire nostre devoir comme est accoutumé  ». L’abbesse, sans doute plus procédurière que Jeanne de Montagu, fit aussitôt enregistrer cette acceptation comme preuve d’un précédent ; c’est d’ailleurs peut-être elle qui a fait rédiger ce document par lequel on connaît le droit de gîte exercé par les abbesses de Saint-Jean. Les religieuses disposaient donc de relais où elles pouvaient être hébergées en toute tranquillité si elles souhaitaient se rendre sur place pour veiller à la bonne exploitation de leurs domaines. Cependant, le plus souvent, elles se faisaient représenter, pour cette surveillance comme pour la perception des redevances ou le règlement des litiges. Il a été vu d’ailleurs que leurs représentants pouvaient généralement revendiquer le même droit de gîte que les religieuses. 2. La présence sur place d’officiers représentant les religieuses Les religieuses ne pouvaient pas gérer directement leurs nombreux domaines – dont certains étaient réellement éloignés d’Autun – ne seraitce que du fait de leur vœu de clôture, même s’il leur arrivait de se rendre dans leurs domaines pour les surveiller. À partir du moment où elles n’étaient pas présentes de façon permanente dans leurs domaines, elles avaient besoin de tout un encadrement masculin pour la gestion quotidienne de ces domaines289.

289  Cf. Th. Soulard, « Le personnel masculin au service des religieuses de l’abbaye NotreDame de la Règle de Limoges à la fin du Moyen Âge », dans Les religieuses dans le cloître et dans le monde, Saint-Étienne, 1994, p. 385‒387.

Les possessions de la communauté

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a. Le rôle des maires, doyens, prévôts, représentants issus de l’élite locale (xiiie‒xive siècles)290

Aux xiiie et xive siècles, les religieuses de Saint-Andoche et de Saint-Jeanle-Grand étaient représentées dans la plupart de leurs domaines (fig. 28) par un ou deux hommes issus de l’élite locale, parfaitement intégrés à la population locale et connaissant les difficultés et les capacités de chacun, la coutume du village etc. Ces hommes avaient en charge la mairie, le décanat ou la prévôté, sans qu’il soit possible de distinguer des différences concrètes entre chacune de ces charges ; pourtant le changement de dénomination n’est pas lié à un usage local, puisque dans certains domaines les religieuses ont eu, de façon concomitante, deux représentants locaux dénommés de façon différente, notamment un maire et un doyen à Curgy à la fin du xiiie siècle ou à Marcilly à la fin du xive siècle291. Ces charges étaient héréditaires, comme le prouve la généalogie sur près de deux siècles et sans doute huit générations qui a pu être reconstituée pour les maires de Curgy ou celle des doyens d’Ormancey qui, elle, ne compte que trois générations (gén. 28 et 32). Elles étaient tenues en fief lige des religieuses, ce qui créait un lien fort entre les religieuses et leurs représentants. La mairie de Curgy est la mieux connue de ces charges, grâce à divers documents qui la définissent en théorie ou qui relatent un différend entre l’un des maires de Curgy, Hugues (n°326), et les religieuses de Saint-Andoche292. Pour les autres maires, doyens ou prévôts, qu’ils aient représenté les dames de Saint-Andoche ou celles de Saint-Jean, les renseignements ne sont qu’épars et parcellaires. Toutefois, le rapprochement de tous ces éléments permet de définir globalement le rôle de ces hommes qui, bien qu’appartenant à la communauté paysanne locale, représentaient avant tout les religieuses : ainsi, les hommes de la prévôté de Charmasse ne pouvaient pas s’adresser directement à l’abbaye de Saint-Jean, ils devaient systématiquement passer par le prévôt pour le faire293.

 Cf.  N.  Verpeaux, «  Maires, prévôts, doyens, les intermédiaires entre seigneurs et exploitants. À propos du temporel des dames d’Autun (xiiie‒xive  siècles)  », Histoires et Sociétés Rurales, n°36 (2011), p. 7‒40. 291  Respectivement AD  SL H  888/3  (1280), H  708, fol  32v et H  709, fol.  25 (début xive  siècle), H  915/2 (fin xiiie  siècle) et AD  SL H  1527, fol.  2v (1399‒1400). Cf.  Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche, éd. cit., n°502, p. 328. 292  Notamment AD SL H 888/2 (1240) et AD SL H 888/3 (1280ns), H 888/4 et 5 (1280). Cf. N. Verpeaux, « Maires, prévôts, doyens », art. cit., p. 13‒24. 293  AD SL H 1363/1 (1282). 290

284 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

FIG. 28 Domaines dans lesquels un représentant des religieuses est attesté aux xiiie‒ xiv e siècles

Ces représentants des religieuses devaient avant tout encaisser les diverses redevances, régulières ou exceptionnelles – cens, rentes, remuages, coutumes, tailles, entrages, bordelages, voire dîmes etc. –, dues par les tenanciers aux religieuses, les conserver et les remettre avec fidélité à l’abbesse294. Ils pouvaient être garants sur leurs propres revenus de ces redevances ; cela est explicitement précisé dans l’acte par lequel Jean (n°336), fils d’Hugues (n°334) reconnaissait que le doyenné d’Ormancey mouvait en fief de Saint-Andoche, au moment où il reprit en fief ce doyenné vacant à la suite du décès de son père et de son frère295. Toutefois, en guise de rémunération, ils conservaient une part de ces redevances, généralement un tiers296.

294  AD SL H 888/2 (1240) pour le maire de Curgy ; AD SL H 1029/1 (1234) pour le doyen d’Ormancey ; AD SL H 1363/1 (1282) pour le prévôt de Charmasse ; AD SL H 952/1 = H 941/24, fol. 15‒16v (1236) pour le prévôt de Dornes. 295  AD SL H 1029/1 (1324). 296  AD  SL H  952/1 = H  941/24, fol.  15‒16v (1236) pour le prévôt de Dornes  ; AD  SL H 1029/1 (1234) pour le doyen d’Ormancey.

Les possessions de la communauté

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Ils étaient aussi chargés de l’acensement des terres de l’abbaye. Ainsi, le prévôt de Charmasse tenait les manses devenus vacants – mais les éventuelles récoltes revenaient à l’abbaye – et devait leur trouver un nouveau preneur, ce qu’il faisait de son propre chef pour les manses de moins de trois charretées de foin et de moins de quatre bichets de terre ou après avoir consulté l’abbesse pour les manses plus grands, et il pouvait percevoir jusqu’à 40 sous d’entrage  ; de même, lorsqu’un manse était partagé, il devait veiller à ce qu’une maison soit bâtie dans l’année par un maçon sur la partie de manse qui n’aurait pas d’habitation297. Le prévôt de Dornes devait, lui aussi, choisir de nouveaux bordeliers lorsqu’un bordelage était vacant  ; toutefois, il devait systématiquement obtenir l’accord des religieuses qui, inversement, ne pouvaient pas non plus nommer un nouveau bordelier sans lui en référer298. Lorsque les religieuses avaient des corvéables sur leurs domaines, leurs représentants devaient les encadrer, les réunir, leur expliquer le travail à faire, les surveiller etc.299. À Nolay et Cirey, le prévôt était également chargé de présenter aux habitants les gardes nommés par l’abbaye pour veiller sur les vignes, prés et champs de l’abbaye au moment des vendanges, de la fenaison et de la moisson300. Le prévôt de Runchy avait un statut un peu particulier dans la mesure où il devait jurer fidélité non seulement à l’abbesse de SaintJean mais aussi au seigneur de Luzy et où il devait partager à égalité entre l’abbesse et le seigneur de Luzy tous les revenus, tailles, questes, amendes etc.301. Il était en fait le représentant de deux coseigneurs et les servait tous les deux en même temps. Souvent, le représentant des religieuses s’occupait également des bois et forêts quand le domaine des religieuses en possédait  : il y veillait au droit forestier – notamment au respect des droits de glandée et de pacage des religieuses –, y faisait couper des arbres à la demande des religieuses. En contrepartie, il pouvait y avoir un droit de fouage voire un droit de glandée et de pacage302.

 AD SL H 1363/1 (1282).  AD SL H 952/1 = H 941/24, fol. 15‒16v (1236). Cf. AD SL H 888/2 (1240) pour le maire de Curgy. 299  AD SL H 1029/1 (1234) pour le doyen d’Ormancey ; AD SL H 1527, fol. 2v (1399‒1400) pour le maire et le doyen de Marcilly. 300  AD SL H 1557/1 = H 1549/2, fol. 14‒16v (1244). 301  AD SL H 1590/1 et 2 (1229) et H 1590/3 (1249). 302  AD SL H 1363/1 (1282) pour le prévôt de Charmasse ; AD SL H 888/2 (1240) pour le maire de Curgy. 297 298

286 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

Outre ces charges directement liées à la gestion du temporel, les représentants des religieuses sur place, qu’ils soient maire, prévôt ou doyen, étaient aussi le plus souvent en charge de la justice, du moins pour les délits les moins importants et les amendes les moins lourdes, dont ils conservaient généralement le tiers303. Il s’agissait donc de fonctions de confiance, ce qui a pu inciter certains à essayer d’en tirer un profit personnel, comme Hugues, maire de Curgy (n°326)304, même si, du fait des responsabilités importantes prises par le représentant, celui-ci était bien rétribué, outre des avantages en nature tel que, souvent, l’habitation305. Au xve siècle, ces maires, doyens et prévôts semblent avoir disparu, hormis les « mayeur et juge de toutes les terres et seigneuries dudit monastère [Saint-Jean-le-Grand] » qui, d’après le terrier que Claude de Bernault (n°50) fit rédiger en 1480, était en charge de « toutes les terres et seignoiries dudit monastère »306, de toutes les affaires et transactions importantes : transmissions de fiefs, redevances et surtout justice. En effet, c’est lui qui poursuivait ou défendait au nom de l’abbaye dans ses querelles avec ses dépendants ou tenanciers. En fait, il s’occupait de la gestion des domaines « pour ce que lesdictes dames ne peuvent bonnement aller ne venir pour les affaires obstant l’estat de religion »307. Cette charge était donc lourde et le maire était souvent secondé par un lieutenant. b. Le rôle des receveurs, représentants réguliers (xve siècle essentiellement)

Les receveurs ne géraient généralement qu’un petit nombre de domaines rapprochés et de taille moyenne, essentiellement sur le plan financier. Contrairement aux maires, doyens et prévôts, ils étaient salariés et n’appartenaient pas à la communauté villageoise, même si l’un des premiers receveurs de Nolay était probablement un descendant des maires de Nolay308.

303  AD SL H 1474/3 (1341), H 1476/3 (1355) pour ceux qui exercent « l’office de maherie » de Géanges pour les religieuses de Saint-Jean  ; AD  SL H  952/1 = H  941/24, fol.  15‒16v (1236) pour le prévôt de Dornes ; AD SL H 888/2 (1240) pour le maire de Curgy ; AD SL H 1363/1 (1282) pour le prévôt de Charmasse. 304  N. Verpeaux, « Maires, prévôts, doyens », art. cit., p. 20‒24. 305  AD SL H 888/2 (1240) pour le maire de Curgy. 306  AD SL H 1220/1, fol. 4 (1483). 307  Soc. Éd. D 4-H terrier de Saint-Jean, fol. 14‒14v (1480). 308   «  C’est l’etat abregié du compte de Guillaume Mairet, recevoir de Nolay  » (AD  SL H 1583, fol. 27v (1401‒1402). Sur l’utilisation des noms de charges dans l’anthoponymie, cf. N. Verpeaux, « Maires, prévôts, doyens », art. cit., p. 15 et 27.

Les possessions de la communauté

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Ils se déplaçaient très souvent pour le compte des religieuses, déplacements qui étaient dûment notés dans les livres de comptes. Ils semblent avoir en partie pris la suite de ces maires, doyens et prévôts dans la mesure où ils ne commencent à apparaître qu’à l’extrême fin du xive siècle, au moment où les premiers s’effacent : eux aussi collectaient au nom des religieuses les redevances qui leur étaient dues. Mais cette transition a en fait accompagné une évolution de la gestion des domaines qui glissait de plus en plus vers l’affermage des terres et l’amodiation des revenus. C’est le receveur qui, au jour le jour, recueillait les redevances dues à l’abbaye, s’occupait des terres exploitées directement et faisait mener à Autun, ou ailleurs, les revenus de la terre ; dans les actes de reconnaissance de rente et/ou de cens, il arrive en effet qu’il soit précisé que les charges dues devaient être payées aux religieuses ou à leur receveur309 ; il servait de lien entre l’abbaye et un ou plusieurs de ses territoires et pouvait aussi avoir à porter du courrier310. À Saint-Jean, les choses étaient un peu plus complexes qu’à SaintAndoche dans la mesure où il y avait des receveurs en charge de la mense abbatiale et des receveurs en charge de la mense conventuelle311 : le premier, parfois appelé « chastellain et receveur » assistait le maire et juge et, comme celui-ci, était à la charge de l’abbesse. Il devait « recueillir et recevoir chascun an toutes les rentes, censes et aultres redevances annuelles de grins, vins, deniers et aultres quelcunques appartenant à la table abatiale, et iceulx faire abergier es maisons dont dependent lesdites redevances et se que en sera besoing, faire amener oudit convent », ce qui était le rôle traditionnel du receveur ; mais il devait aussi rendre la justice au nom du maire dont il était le lieutenant312 ; il ne dépendait que de l’abbesse et, malgré un rôle important, il n’était considéré que comme un « marcenaire » et était rémunéré à chacun de ses actes et selon le degré de satisfaction de l’abbesse313. Le second dépendait des religieuses et avait le même rôle que le précédent mais pour les revenus des religieuses314. Tous deux devaient tenir à jour des livres de comptes de leurs dépenses et recettes.

309  Par exemple : Guillermus Archerii soluere promisit […] in villa de Ceriaco dictis dominabus abbatisse et conventui vel suis receptis de Ceriaco (AD SL H 876/2, 1401ns). 310  AD SL H 1479, fol. 2 (1372‒1373). 311  Soc. Éd. D 4-H terrier de Saint-Jean, fol. 16v‒17 (1480). 312  AD SL H 1220/1, fol. 5 (1483). 313   Ibid. 314   Ibid.

288 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

En effet, le receveur devait rédiger des livres de comptes qu’il rendait chaque année à l’abbesse, ou aux religieuses de Saint-Jean pour celui qui était en charge de la mense conventuelle ; ainsi, Bonnelli (n°360), receveur pour Saint-Andoche, rendait compte à l’abbesse de ce qu’il lui devait pour les terres de Curgy et Viévy, pour l’année 1375315. On peut penser que, le plus souvent, c’est effectivement le receveur lui-même qui rédigeait ce livre de comptes mais il pouvait aussi le faire faire par un clerc qui était alors rétribué par les religieuses, comme en 1418‒1419 où un clerc fut payé 6  gros pour la « faceon de ce […] compte, tant pour paier salaire […] et despence de bouche  »316. Dans ces livres de comptes, les receveurs faisaient apparaître, chaque année, les dépenses et les recettes ; ils les accompagnaient des quittances justifiant les dépenses engagées, sans doute pour une éventuelle vérification de l’abbesse ou du chapitre ; ces quittances sont généralement perdues, mais quelques-unes sont conservées pour l’année 1510‒1511 pour Saint-Jean317. Les livres de comptes autunois conservés sont dus à des hommes au service des abbayes, le plus souvent des receveurs, parfois des chapelains ; aucun livre de comptes général ne semble avoir été tenu par une trésorière, contrairement à ce qui se passait dans certains monastères anglais où de tels livres de comptes témoignent d’une gestion rationnelle des revenus, du moins en théorie, avec une classification précise des dépenses notamment entre le chapitre, les affaires extérieures à l’abbaye et les réparations318. Il est parfois difficile de distinguer ces livres de comptes des manuels de cens et rentes rédigés, là aussi, le plus souvent, par le receveur, dans la mesure où c’est lui qui connaissait le mieux la situation et où c’est lui qui en avait le plus l’utilité, comme l’ont fait, pour Saint-Jean, Guillaume Vernissy (n°372) de 1400 à 1405, Guillaume Buffot (n°345) qui a rédigé sur un seul cahier les comptes de dix ans des années 1465‒1466 à 1475‒1476 ou Edme Le Denis (n°382) en 1499‒1500 puis de 1523 à 1529319. Quand ce n’est pas le receveur qui rédigeait ces manuels, le rédacteur faisait généralement fonction de receveur. Ainsi, si en 1389 un compte de recettes et dépenses320 a été rédigé

 AD SL H 721/1 (1375).  AD SL H 1264, fol. 17 (1418‒1419). 317  AD SL H 1431 (1510‒1511). 318  E. Power, Medieval English Nunneries (c. 1275 to 1535), Cambridge, 1922, p. 117‒119. 319  Respectivement AD SL H 1259 (1400‒1401), H 1260 (1401‒1402), H 1261 (1402‒1403), H  1263/1 (1404‒1405), AD  SL H  1265/1 (1465‒1476) et AD  SL H  1268 (1499‒1500), H 1233 (1523‒1524, 1524‒1525, 1525‒1526, 1526‒1527, 1527‒1528, 1528‒1529). 320  AD SL H 1257/1 (1389). 315 316

Les possessions de la communauté

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par un chapelain, Berthin (n°384), on se rend compte que celui-ci cumulait son office de chapelain de Saint-Jean avec les charges de receveur pour les terres de Géanges et alentours et de procureur pour les terres d’Outre-Saône, même si ce titre ne lui est jamais donné ; on peut même se demander s’il pouvait effectivement dire la messe pour les religieuses dans la mesure où il était toujours par monts et par vaux à Géanges, à Cirey, Outre-Saône, mais aussi à Beaune et Dijon pour des procès321. Contrairement à ce que préconisait le terrier rédigé pour l’abbesse Claude de Bernault (n°50) en 1480 – que l’abbesse ait « ung coffre qu’elle doit avoir propre et estably pour y garde les terriers, comptes, tiltres, proces, papiers de justice et autres enseignemens suivans au tressor d’icelle esglise »322 – les livres de comptes n’étaient pas gardés précieusement, notamment à SaintAndoche pour laquelle très peu sont conservés  : un fragment de compte de la fin du xiiie siècle fut considéré comme inutile un siècle et demi plus tard puisqu’il fut utilisé en 1446 pour recouvrir un terrier323 et le seul autre compte conservé est lacunaire : le début et la fin sont perdus et ses cahiers ont été si bien séparés qu’ils sont arrivés aux Archives à des époques différentes et sont classés, de ce fait, sous des cotes totalement différentes324. Des terriers étaient aussi rédigés, moins régulièrement, afin d’aider les receveurs à recueillir les revenus dus aux abbayes. Ainsi, les religieuses de Saint-Jean s’étant plaintes auprès du roi de la diminution de leurs revenus du fait des guerres, des mortalités et du refus de paiement de nombreux paysans, Louis XI commit un de ses conseillers au bailliage d’Autun et de Montcenis, Renaud Lambert (n°344), pour qu’avec deux notaires il se rende « es lieux et places dont par lesdites abbesse et convent [ils seront] requis » pour y convoquer tous ceux qui devaient des redevances à l’abbaye, enquêter sur les droits

 AD SL H 1257/1, fol. 9‒13v (1389).  Soc. Éd. D 4-H terrier de Saint-Jean, fol. 17 (1480). 323  AD SL H 722/1 (1295). 324  AD SL H 722/2 et H 1625. Du fait de la perte du début et de la fin du manuscrit, l’auteur et la date de rédaction en sont inconnus ; mais la date peut être déduite du contenu : fol. 3v « le dimanche avant l’Ascension Notre Seigneur premier jour de may ou temps de ce présent compte ». Au xve siècle si on comprend que c’est l’Ascension qui est le 1er mai, on peut être en 1410 ou 1421 (Pâques le 23 mars) ; si on comprend que c’est le dimanche avant l’Ascension qui est le 1er mai, on peut être en 1407, 1418, 1429 ou 1440 (Pâques le 27  mars)  ; mais Philiberte de Massey (n°154) est prébendée dans ce compte, or elle est décédée en 1411, donc le compte n’a pu être rédigé qu’en 1407 ou 1410 ; enfin, Agnès de Communes (n°151) est déjà décédée dans certaines parties du compte, or elle décède en 1407. Ce compte correspond donc aux années 1407 et 1408. 321 322

290 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

des religieuses et rédiger «  un papier ou volume en forme de terrier  »325. C’est ainsi qu’a été rédigé un important terrier pour Saint-Jean en 1480326 ; y ont été notés quelques éléments de la vie à l’abbaye mais aussi et surtout, domaine par domaine, les limites des terres dépendant de l’abbaye, les droits des religieuses et les redevances qu’elles y percevaient : les anciens de chacun de ces domaines ont été interrogés pour connaître au mieux ces droits et redevances, y compris ceux qui seraient tombés en désuétude à l’occasion des troubles327  ; de nombreux tenanciers et dépendants y reconnaissaient aussi les cens et rentes, les tailles, les corvées qu’ils devaient aux religieuses pour les terres qu’ils cultivaient ; enfin, quelques actes plus tardifs y ont aussi été copiés, actes par lesquels les religieuses acensaient des terres par exemple. Ces terriers étaient rarement rédigés par les receveurs eux-mêmes, mais plutôt par des notaires publics, comme Simon Le Pelletier (n°430) au milieu du xve  siècle pour Saint-Andoche328, parfois aidés d’un représentant de l’abbaye329. 3. L’amodiation des revenus, de plus en plus fréquente Les premières traces d’amodiation des revenus d’un domaine – cela dispensait de la présence des religieuses et même d’un représentant – par les abbayes autunoises apparaissent au xiiie siècle : en 1246, les religieuses de Saint-Andoche amodièrent au duc Hugues IV (n°874), vraisemblablement un cousin de l’abbesse Gile de Vergy (n°10), leurs revenus dans le domaine de Senailly, contre 140 livres dijonnois de rente annuelle330 ; un quart de siècle plus tard, elles amodièrent à Hugues Boisserand (n°787), sa vie durant, leur  AD SL H 1571/6 (1479).  Soc. Éd. D 4-H terrier de Saint-Jean (1480). 327  Ainsi les habitants de Géanges avouèrent que depuis quinze ans les tierces d’un dixseptième dues aux religieuses ne leur étaient plus payées du fait de « l’absence de mesdictes dames les abbesses et pour ce que lesdictes tierces n’ont point estées poursuyes et aussi à cause des guerres qui ont regné tousjours chascune année dès lors de plus en plus l’on a fait difficulté de payer lesdictes tierces » (Soc. Éd. D 4-H terrier de Saint-Jean, fol. 281v, 1483ns). 328  AD SL H 704/1 (1453). 329  En 1438‒1439, Gilbert Barbier clerc, notaire apostolique et juré du comte de Nevers à l’office du sceau de la prévôté de Decize, fut aidé par Pierre Gilon, prêtre, pour rédiger, à la demande de l’abbesse Henriette de Vienne (n°22), un terrier consacré aux terres d’OutreLoire (Dornes, La Celle et Saint-Parize-en-Viry) dont la gestion avait été rendue très difficile par les guerres qui avaient dévasté la région (AD SL H 955/2, 1438‒1439ns). Dix ans plus tard, Gaucher Gaveau, notaire public fut assisté de Jean le Fort (n°322), clerc, juge des terres de Saint-Andoche au bailliage d’Autun, pour établir celui de Ciry (AD SL H 870, 1447ns). 330  AD CO 74 H 1013/1 (1246). 325 326

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domus de Saint-Parize-en-Viry avec toutes ses dépendances et ses revenus contre une rente élevée en argent et en nature331 ; à la même époque, les religieuses de Saint-Jean amodièrent ce qu’elles possédaient à Saint-Michel de Grozon en Comté, hormis les revenus spirituels332. Ces trois exemples les plus anciens font apparaître un point essentiel : les religieuses amodièrent les revenus de domaines relativement vastes, voire très vastes, mais aussi et surtout, leurs domaines les plus lointains (pl.  VIII. et IX.), ceux qu’elles pouvaient le plus difficilement gérer : pour Saint-Andoche, il s’agissait des domaines d’Outre-Loire, de Senailly, d’Ormancey et MontSaint-Jean333 et pour Saint-Jean, de ceux d’Outre-Saône et de Balorre334. Toutefois, au xve  siècle elles amodièrent les revenus de domaines plus proches comme Demigny ou Ciry335 ou certains revenus comme les dîmes de Nolay et de ses environs, de Marcilly et de ses alentours, de Montmort et Sainte-Radegonde, contre des revenus en nature, généralement en grains336. L’amodiation des revenus d’un domaine présentait plusieurs avantages, bien qu’elle entraîne souvent une substantielle diminution de ces revenus. En effet, elle permettait la régularité des revenus qui ne dépendaient plus d’aléas tels que la météorologie ou les ravages liés aux guerres ; désormais les religieuses savaient par avance ce qu’elles percevraient. Cette amodiation était particulièrement intéressante au début du xve siècle lorsque les revenus fonciers ne cessaient de diminuer, notamment faute de tenanciers – ainsi, en 1407‒1408, des meix de Saint-Andoche étaient vacants à Curgy, Nanteuil, Brêche ou

 AD  SL H  1064/1  et  2 (1273ns). Les redevances dues par Hugues Boisserand (n°787) étaient lourdes : 400 livres et 76 setiers de froment mesure d’Arnay la veille de la Saint Lazare, mais aussi 2000 harengs le jour des Bordes – sans doute pour le Carême – et 50 pâtés de poules faits avec 50 poules la veille de la Saint Andoche, 4 charges de sel, 10 livres de cire pour la sacriste, plus le droit de gîte pour les religieuses et les leurs. Cf. chap. 3 III. 1. b. Les hôtels et les demeures aménagées pour recevoir les religieuses, à partir du xive siècle. La constitution du droit de gîte par Saint-Andoche. 332  AD SL H 1480 (1272ns). 333  Respectivement AD SL H 1064/1 et 2 (1273ns), H 940/1 (1347), H 940/2 (1456ns) pour l’Outre-Loire ; AD CO 74 H 1013/1 (1246), 74 H 1013/1 (1404ns) pour Senailly ; AD SL H 1035/1 (1331), H 1030/1 (1403) pour Ormancey et Mont-Saint-Jean. 334  AD  SL H  1480 (1272ns), H  1437/7  (1307), H  1256, fol.  1v, 2v, 5 et 6 (1384‒1389), H  1437/4  (1403), H  1437/3 (1437ns), H  1439/5  (1451), pour l’Outre-Saône  ; AD  SL H 1256, fol. 1v (1384), H 1261, fol. 2v (1402‒1403) pour Balorre. 335  Respectivement AD  SL H  1104/1  (1442), H  698/1  (1467) et AD  SL H  870, fol. 1v (1453). 336  AD SL H 1255/1 (1480). 331

292 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

Paisey337. En effet, dans la seconde moitié du xive siècle et dans la première moitié du xve siècle, les charges du clergé étaient en hausse, tandis que ses revenus étaient en baisse du fait de la guerre et des pillages des Compagnies338 – provoquant diminution de la population et dévastation des terres339 – et de l’imposition de taxes exceptionnelles pour la guerre et la participation à la défense – fortifications340, rachats de personnes341 ou de lieux –, auxquels s’ajoutèrent plusieurs années de sécheresse342, mais aussi la peste qui revenait régulièrement affaiblir plus encore la population343 ; à la fin du xive siècle, le

 AD SL H 722/2, fol. 5‒6 (1407‒1408).  En 1364, Autun fut attaquée par des bandes de routiers qui saccagèrent les faubourgs d’Arroux et de Saint-André mais ne réussirent pas à forcer les portes du Château ; un nouvel assaut eut lieu l’année suivante (A. Gillot, « Note sur l’emplacement de l’auditoire de la viérie », art. cit., p. 69‒77 et H. Denifle, La guerre de Cent ans et la désolation, op. cit., t. 1, p. 475). En 1436‒1445, les Écorcheurs furent de nouveau à Autun et pillèrent les faubourgs comme une grande partie de la Bourgogne (Documents inédits pour servir à l’histoire de Bourgogne, M. Canat de Chizy (éd.), Chalon-sur-Saône, 1863, p. 451‒452 et B. Schnerb, L’État bourguignon, op. cit., p. 190‒191, 240). À ces ravages liés à la guerre se sont ajoutés, dans la seconde moitié du xive  siècle, les pillages et destructions menés sous les ordres du bailli d’Autun, Robert de Martinpuits surnommé Robert le Diable, en particulier sur les terres épiscopales, mais pas uniquement (A. de Charmasse, « L’Église d’Autun pendant la guerre de Cent ans », art. cit., p. 36‒94). 339  La conquête du comté de Bourgogne par le duc en 1363 dévasta le comté dans lequel de très nombreuses terres étaient incultes en 1364 (H. Denifle, La guerre de Cent ans et la désolation, op. cit., t. 1, p. 474) ; les combats contre les Anglais ou contre les Français firent aussi des ravages durant toute la période. 340  Cf. chap. 4 I. 3. b. Parfois des luttes communes. Une difficile contribution à la défense de la cité. 341  Ainsi, la rançon pour le comte de Nevers en 1396 après la défaite de Nicopolis se montait à 200 000 ducats (B. Schnerb, L’État bourguignon, op. cit., p. 120‒121). 342  Une crise sans doute d’origine météorologique, a eu lieu à Autun et dans les environs en 1384‒1386 (Fr. Vignier, « L’organisation forestière dans les bailliages d’Autun et Montcenis au xive siècle », MSE, nv. série, t. 53 (1975‒1978), p. 19). 343  Les épidémies de peste ont été très régulières en Bourgogne dans la deuxième moitié du xive  siècle et tout au long du xve  siècle. Elles sont attestées, dans le duché et à Autun, en 1348‒1349, 1360‒1361, 1390‒1400, 1438‒1439, 1456‒1457, 1466‒1470 et 1494 (H. Denifle, La guerre de Cent ans et la désolation, op. cit., t. 1, p. 593 et surtout H. Bon, Essai historique sur les épidémies en Bourgogne, Dijon, 1912, p. 18‒19, 21, 26, 27, 28, 30). En 1438‒1439, la peste s’ajouta à une famine déjà présente (G. Theÿras, Autun vers le xv e siècle, Autun, 1891, p. 318 ; L.-M. Guyton, « Notice sur les maladies épidémiques, contagieuses et pestilentielles qui ont affligé Autun pendant les xvie, xviie et xviiie siècles », Annales de la Société éduenne, t. 2 (1862‒1864), p. 75‒119 et Id., « Recherches historiques sur les médecins et la médecine à Autun », MSE, nv. série, t. 1 (1872), p. 435‒508). La dysenterie se répandit 337 338

Les possessions de la communauté

293

comté de Bourgogne était en partie dépeuplé, de même que le duché344, et les premières années du xve siècle correspondent sans doute à la plus faible démographie et à la plus grande misère. Enfin, les religieuses étaient libérées de tout souci lié à la gestion des terres ou des droits ainsi affermés – terres et droits qui pouvaient se situer fort loin d’Autun –, alors même que, comme le montrent les comptes, collecter l’ensemble des redevances dues était sans aucun doute long et fastidieux pour les receveurs et leurs aides. C’est sans doute pour ces raisons que les religieuses ont de plus en plus affermé leurs terres et amodié leurs revenus au cours du xve siècle ; d’ailleurs, au début du xvie siècle, il leur arriva d’amodier l’ensemble des revenus de l’abbaye et non plus seulement ceux d’un domaine345. L’amodiation pouvait être attribuée à une seule personne ou à un groupe de personnes : aux xiiie et xive siècles, lorsque les amodiations étaient encore relativement rares, elles n’étaient généralement retenues que par une seule personne ; mais dès la fin du xive siècle, plusieurs preneurs pouvaient passer des contrats avec les religieuses quand les domaines, et donc les sommes en jeu, étaient importants. Ainsi, entre 1384 et 1389 ce sont plusieurs personnes qui géraient, pour les religieuses de Saint-Jean, contre une lourde redevance en argent, leurs possessions d’Outre-Saône346. Généralement, ce sont tous les revenus d’un domaine ou d’une seigneurie qui étaient ainsi amodiés, qu’ils soient fonciers ou féodaux : l’amodiation à Hugues Boisserand (n°787) de la domus de Saint-Parize et de ses dépendances est le seul exemple dans lequel il était précisé que les « droits de seigneur féodal » en étaient écartés347 ; de cette amodiation était aussi écarté le patronage sur différentes églises348. En effet, les revenus d’origine ecclésiastique avaient un statut spécifique  : si les dîmes pouvaient être considérées comme un revenu comme les autres, hormis la part réservée au curé – elles ont d’ailleurs été pendant longtemps possédées aussi bien par des laïcs que par des ecclésiastiques –, il n’en allait pas de même pour les droits de présentation et de

aussi, essentiellement dans le Sud du duché, en 1412 (H. Bon, Essai historique que les épidémies en Bourgogne, op. cit., p. 23). 344  H. Denifle, La guerre de Cent ans et la désolation, op. cit., t. 1, p. 595 et 596. 345  AD SL H 751/3 (1507), H 707/1 (1526) pour Saint-Andoche par exemple. 346  AD SL H 1256, fol. 1v, 2v, 5 et 6 (1384‒1389). 347   exceptis feodis retrofeodis et omnibus juribus quibuscumque que ad res feodales et retrofeodales possunt et debent pertinere (AD SL H 1064/1 et 2, 1273ns). 348   exceptis patronatibus et census ecclesiarum quos et quas habunt in dyocesis supradicta [Nivernensis] (AD SL H 1064/1 et 2, 1273ns).

294 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

patronage qui étaient réservés à des ecclésiastiques. Il n’est donc pas étonnant de constater que des dîmes ont été amodiées ; en revanche, il l’est beaucoup plus de constater que les autres revenus d’origine ecclésiastique l’étaient aussi parfois  : ainsi, en 1347, le droit de présentation aux églises d’Outre-Loire faisait partie de ce qui était amodié par les religieuses de Saint-Andoche à Guillaume de Savigny, recteur de la Maison-Dieu de Decize349 et dans le premier tiers du xve siècle le patronage de Colonne était, lui aussi, amodié350. En 1382, les religieuses de Saint-Jean ont amodié à différentes personnes non un domaine entier, mais toute une série de leurs revenus en nature, plus ou moins importants : les tierces de Chevigny pour 2 bichets de froment, 13 bichets de seigle, 13 bichets d’avoine et 6 oisons ; celles de Géanges pour 2 bichets de froment, 11 bichets de seigle, 11 bichets d’avoine et 6 oisons ; celles de Saint-Loup pour 2,5  bichets de seigle, 2,5  bichets d’avoine et 2 oisons ; celles de Runchy pour 24 bichets de seigle et 12 bichets d’avoine ; et celles de Gueunand pour 9 bichets un tiers de seigle et 4 bichets deux tiers d’avoine ; mais aussi les dîmes de Sainte-Radegonde et de Montmort pour 200 bichets de seigle et 100 bichets d’avoine351. Pourquoi ces amodiations ? Les religieuses étaient ainsi assurées d’un revenu en nature fixé, à une période où la guerre rendait hasardeux la levée et le transport des redevances, même s’il s’agissait alors d’une période de relative accalmie. L’amodiation des revenus d’une terre permettait en effet aux religieuses de recevoir un revenu fixé et connu d’avance, en argent ou en argent et en nature, pendant le nombre d’années convenu dans le contrat, durée qui était extrêmement variable, de un an à la vie durant. Ces revenus étaient d’ailleurs variables sur un même ensemble de possessions.

  ac etiam presentatione ecclesiarum locorum prenominatorum (AD SL H 940/1, 1347ns).  Le patronage et les vignes de Colonne ont été amodiés à Huguenin d’Avallon (n°389), mais si cette amodiation venait à échoir, Ferry Quanteaul, de Salins, qui avait pris pour dix ans toutes les terres des religieuses dans le comté, devrait recueillir ce patronage et ces vignes : «  ensemble les fruis, proffiz, rentes, revenues, emolumenz et tout ce que icelle madame l’abbesse et tout ledit convent à cause de ladite Église avoient, povoient et devoient avoir et qui leur povoit et devoit competer et appartenir en tout le conté de Bourgogne tant soit en rente d’argent, tailles, censes, coustumes, blez, froment, seigle, orge, avene, corvees, gelines, espaves, mainmortes, justice comme autres choses quelxconques avec le patronaige et les vignes dudit Coulonne, fondz, droiz, aisances et appartenances, fauz, proffiz, revenues et emolumens d’iceulx et tout ce que souloit tenir et possider Huguenin d’Avalon le Jeune ou cas que lesdits patronaiges et vignes escheroient et admendoient à madite dame l’abbesse et audit convent durant ledit temps et terme de dix ans » (AD SL H 1437/3, 1437ns). 351  AD SL H 1256, fol. 21 bis v (1382). 349 350

Les possessions de la communauté

295

Toutes les possessions et tous les revenus de Saint-Andoche Outre-Loire furent amodiés pour douze ans au milieu du xive siècle pour une redevance annuelle de 101 livres et 10 sous tournois, 20 livres de cire, 2000 harengs, 16 setiers de froment, 52 pâtés faits avec 52 poules, 20 mines de sel, redevance répartie en une petite dizaine de grandes fêtes dans l’année et à faire porter au monastère à Autun à chaque fois ; le preneur, maître Guillaume de Savigny, clerc royal, recteur de la Maison-Dieu de Decize, devait, en outre, promettre de bien gouverner les domaines de l’abbaye, de construire un moulin, de bien entretenir pêcheries et étangs, et de recevoir l’abbesse chaque année pendant trois jours et trois nuits et ses envoyés chaque fois que cela serait nécessaire352. Un siècle plus tard, quand cinq paroissiens de Dornes et un paroissien de Saint-Parize-en-Viry prirent à ferme les mêmes possessions pour trois ans, ils durent aux religieuses un revenu annuel de 95 livres tournois, 30 pâtés de poule et 50 aunes de toiles ou 50 gros vieux à la place de cette toile, revenu livré là encore à l’abbaye lors de certaines grandes fêtes353. En un siècle, les revenus perçus par les religieuses pour les mêmes possessions ont donc fortement diminué, ce qui correspond à la baisse des revenus fonciers à la fin du Moyen Âge, en particulier jusqu’au milieu du xve siècle. L’évolution des revenus de l’amodiation des biens de Saint-Jean OutreSaône semble plus complexe, mais elle est aussi mieux connue. Quand, en 1307, les religieuses amodièrent, pour sept ans, à Jean de Tormont, l’ensemble de leurs revenus et charges dans le Comté, elles le firent contre une rente annuelle de 160 livres tournois – outre les 15 livres qu’il devait pour l’amodiation de diverses dîmes à lui faite quatre ans plus tôt354 – à payer lors de la foire chaude de Chalon qui commençait le 24 août ; il devait également faire apporter à Géanges, à ses frais, les 10 charges de sel dues à l’abbaye355. À la fin du xive siècle, c’est contre 160 florins de rente par an que les religieuses amodièrent les mêmes terres à un ensemble de personnes356 ; et vingt ans plus tard la somme passa à 140 florins de rente annuelle357. En 1437, l’amodiation se fit pour dix ans, pour 190 francs de rente annuelle à payer moitié à la Nativité saint Jean-Baptiste et moitié à Noël, somme à laquelle il fallait ajouter les 22 florins

 AD SL H 940/1 (1347ns).  AD SL H 940/2 (1456ns). 354  AD SL H 1439/1 (1303). 355  AD SL H 1437/7 (1307). 356  AD SL H 1256, fol. 1v, 2v, 5, 6 (1384‒1389). 357  AD SL H 1437/4 (1403). 352 353

296 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

dus pour le patronage et les vignes de Colonne358 ; le renouvellement de cette amodiation, pour trois ans, se fit pour 208 francs 4 gros de rente annuelle à payer aux mêmes échéances outre, toujours, le charroi des 10 charges de sel à l’abbaye359. L’étude de l’évolution dans le temps des sommes perçues par les religieuses (fig. 29) se heurte à trois difficultés au moins : il faudrait établir la conversion des monnaies, connaître leur valeur et s’assurer que les biens amodiés sont exactement les mêmes dans tous les contrats. On peut toutefois étudier la tendance générale grâce à une conversion approximative360 des sommes mentionnées dans les différents contrats d’amodiation des revenus d’OutreSaône entre le début du xive siècle et le milieu du xve siècle. Il semble alors que les revenus tirés des possessions situées en Comté aient régulièrement diminué tout au long du xive  siècle jusqu’aux premières années du xve  siècle qui ont marqué la période de plus faible population et de plus grande misère en Bourgogne. L’importance de la reprise dans les trois décennies suivantes est surprenante, même si la paix d’Arras venait alors d’être signée entre Charles  VII et Philippe le Bon. Le xve  siècle a été une période de reprise agricole et économique en France  ; si le retour à la prospérité agricole fut surtout marqué à partir du milieu du siècle dans l’Autunois361, il semble donc avoir été un peu plus précoce en Comté. Comme tous les religieux, voire la plupart des seigneurs, au cours des siècles, les religieuses de Saint-Andoche et de Saint-Jean s’éloignèrent de plus en plus de leurs terres ; elles s’occupèrent de moins en moins de l’exploitation de leurs domaines et se contentèrent de plus en plus d’en tirer des revenus, comme les religieuses de La Celle qui mirent la plupart de leurs domaines en fermage dès le xive siècle362. Parallèlement, à la fin du xve  siècle les revenus qu’elles tiraient de ces amodiations étaient essentiellement en argent, contrairement aux cens et rentes qu’elles pouvaient  AD SL H 1437/3 (1437ns).  AD SL H 1439/5 (1451). 360  Les conversions ont été faites sur la base suivante : 1 florin = 10 gros (AD SL H 1437/5, 1403) 1 franc = 12 gros (AD SL H 853/1, 1440) 1 livre = 12 gros (Cartulaire de l’Église d’Autun, éd. cit., t. 1, p. LXXXVI) 1 gros = 20 deniers (Idem, t. 1, p. LXXXVI). 361  É.  Escarra, «  Esquisse de l’histoire économique de l’agriculture autunoise  », MSE, nv. série, t. 34 (1906), p. 220‒223. 362  P.  L’Hermite-Leclercq, Le monachisme féminin dans la société de son temps, Paris, 1989, p. 172 sqq. 358 359

Les possessions de la communauté

Revenus annuels liés à l’amodiation des biens Outre-Saône (formulation des contrats)

297

Revenus annuels liés à ­l’amodiation des biens Outre-Saône (conversion approximative en gros)

1307-1314

160 livres tournoises + ≈ 2100 gros 15 livres + charroi de 10 charges de sel + charroi de 10 charges de sel

1384-1389

160 florins

≈ 1600 gros

1403-1408

140 florins

≈ 1400 gros

1437-1447

190 francs + 22 florins ≈ 2500 gros + charroi de 10 charges de sel + charroi de 10 charges de sel

1448-1451

208 francs et 4 gros ≈ 2500 gros + charroi de 10 charges de sel + charroi de 10 charges de sel

FIG. 29 Évolution des sommes perçues par les religieuses de Saint-Jean pour l’amodiation de leurs biens d’Outre-Saône

p­ ercevoir dans les siècles précédents qui étaient pour part en nature et pour part en argent. Si on sait qu’à la fin du xviie siècle Saint-Andoche possédait 1000 livres de rente et Saint-Jean 7000  livres de rente363, pour le reste de l’époque moderne et surtout pour l’époque médiévale, les revenus globaux de ces abbayes demeurent ignorés364. Il est en effet très difficile d’évaluer des revenus dans la mesure où il s’agit de la somme de multiples revenus de natures différentes – loyers sur des maisons, rentes et cens pour des terres dans

  L’intendance de Bourgogne à la fin du xviie  siècle. Édition critique du mémoire «  pour l’instruction du duc de Bourgogne », D. Ligou (éd.), Paris, 1988, p. 105‒106, fol. 171v‒172. Saint-Andoche était alors le plus pauvre des établissements religieux autunois et Saint-Jean le plus riche. 364  Sandrine Boisselet qui a étudié l’abbaye Saint-Jean-le-Grand au xviie siècle a constaté cette difficulté, même si les revenus de l’abbaye sont connus pour quelques années : 10 000 livres en 1648, entre 10  000 et 12  000  livres en 1652, 10  460  livres en 1705 (S.  Boisselet, L’abbaye Saint-Jean-le-Grand d’Autun. Temporel et vie régulière au xviie siècle, mémoire de maîtrise dirigé par Ph. Salvadori, soutenu à l’université de Bourgogne en 1998, p. 10 et 17 notamment). 363

298 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

d­ ifférents domaines, banalités, lods et ventes, amendes diverses, rentes pour des anniversaires, dîmes, aumônes etc. –, revenus qui étaient variables d’une année sur l’autre lorsqu’ils étaient proportionnels à la récolte qui pouvait être bonne ou mauvaise – en cas de tempête, il pouvait ne pas y avoir de récolte comme en 1403 à la grange de Dragny365. Dans les premières années du xive siècle, les revenus de Saint-Andoche étaient sans doute très faibles, presque inexistants366, suite à une mauvaise gestion de leurs biens par les religieuses, puisque leur patrimoine semble avoir été mis sous tutelle par l’évêque d’Autun : hormis quelques redevances en sel, huile ou harengs, tout le temporel était administré par Guy Barbier (n°399) et Hugues de Meursault (n°400) pour six ans ; les deux prêtres – qui étaient alors aussi procureurs des religieuses – n’étaient tenus de fournir aux

 AD SL H 1262, fol. 9 (1403). À partir du compte de Jean Michel (n°368) (AD SL H 1479, 1372‒1375), on peut comparer les revenus de Saint-Jean pour ses terres de Géanges, Saint-Loup et Chevigny sur trois années consécutives, ce qui permet de constater que les revenus de 1374‒1375 n’ont en rien été comparables avec les revenus des deux années précédentes. En effet, une tempête a dévasté cette région et les récoltes en froment et seigle ont été presque entièrement détruites  ; d’ailleurs de nombreux tenanciers étaient en défaut de paiement cette année-là, défaut que le  receveur  justifia «  tant par les garres comme par les tempestes qui sont estey ou pais  » (AD SL H 1479, fol. 10). 365

1372-1373

1373-1374

1374-1375

Argent

11 francs 6 florins 1/3

20 francs 7 florins 3,5 gros

7 florins 1 gros

Froment

3 bichets 5,5 boisseaux

2 bichets 4 boisseaux 3/4

5 boisseaux 3/4

Seigle

11 bichets

3 bichets 3 boisseaux

9 boisseaux

Avoine

31 bichets

35 bichets 4 boisseaux

22 bichets 3 boisseaux

FIG. 30 Évolution des revenus des religieuses de Saint-Jean à Géanges, Saint-Loup et Chevigny sur trois années consécutives 366   À la même époque le prieuré clunisien de Marcigny lui aussi était endetté (D.  Riche, « La société laïque et le temporel des prieurés clunisiens », art. cit., p. 703‒711).

Les possessions de la communauté

299

r­ eligieuses que le nécessaire367. Un peu plus de deux siècles plus tard, l­ ’ensemble des revenus du monastère était amodié pour quatre ans contre une somme assez faible, 250 livres tournois ou 250 francs, versée moitié à Noël et moitié à la Saint Jean-Baptiste368. Toutefois, ce chiffre est un peu étonnant au regard de l’édification d’une nouvelle abbatiale à la fin du xve siècle, ce qui induisait de fortes dépenses ; peut-être ces dépenses de construction sont-elles à l’origine de difficultés financières au début du xvie siècle, mais on sait qu’Huguette Bouton (n°27), abbesse de 1507 à 1542, a contribué à son décor et y a fait ajouter un vitrail369. Les religieuses de Saint-Jean, elles, semblent n’avoir jamais amodié l’ensemble de leurs revenus, et l’amodiation de leurs seuls revenus d’OutreSaône rapportait, au milieu du xve siècle, presque autant que l’amodiation de tout le revenu de Saint-Andoche au début du xvie siècle – plus de 200 francs. À  l’extrême fin du xve  siècle, un compte des recettes et dépenses de l’abbaye dans les domaines « estans tant ou duchié et comptez de Bourgoigne, de Charrolois et autres lieux circonvoisins »370 permet de savoir que, pour l’année 1499‒1500, les revenus des religieuses ont été d’environ 438 francs, 225 setiers de froment, 6 setiers de fromentée, 90 setiers de seigle, 225 setiers d’avoine, 7  setiers d’orge, 2  setiers de pois, 2  setiers de fèves, 125 poules, 14 oisons, 74 pintes de vin, 20 livres de cire, 23 livres d’huile371, ce qui est très nettement supérieur à la somme obtenue un quart de siècle plus tard par Saint-Andoche pour l’amodiation de tous ses revenus, alors qu’à la fin du xve siècle, le nombre de religieuses est légèrement plus faible à Saint-Jean qu’à Saint-Andoche372.

 AD SL H 707/8 (1300). Un quart de siècle auparavant, les religieuses rencontraient sans doute déjà de grosses difficultés financières  : en 1275, elles cédèrent à Jacques Boisserand (n°932), pour 22  ans ou moins s’il décédait avant, une grande partie de leurs domaines – leur maison de Merceuil avec tout ce qui en dépendait en possessions et droits à Merceuil, Demigny et Corcelles, mais aussi leurs droits à Santigny ; en échange, le chanoine devait leur payer 840 livres, une rente de 5 muids de froment et 10 livres de cire et éteindre les dettes de l’abbaye envers lui (AD SL H 991/1, 1275). 368  AD SL H 707/1 (1526). 369  Cf. chap. 5 II. 1. a. Les lieux de la prière. Les églises abbatiales. 370  AD SL H 1268, fol. 2 (1499‒1500). 371  AD SL H 1268, fol. 69‒70v (1499‒1500). Le calcul des revenus en nature est très imparfait puisqu’il ne tient pas compte des différentes mesures locales alors que les revenus en froment, par exemple, sont exprimés dans cinq mesures différentes (mesures d’Autun, de Mesvres, de Mont-Saint-Jean, de Nolay et de Chagny). 372  Cf. chap. 2 I. 1. a. Comparaison globale entre les deux abbayes. 367

300 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

Il serait intéressant aussi de rapprocher les revenus des abbayes de leurs dépenses. Si une telle comparaison est totalement impossible pour SaintAndoche faute de comptes conservés, elle l’est, parfois, en partie, pour SaintJean. Ainsi, le même compte montre que les religieuses dépensaient tous leurs revenus : les comptes étaient tout juste équilibrés pour le froment, la fromentée, le seigle, l’orge, les pois, le seigle, les oisons, le vin, la cire et l’huile, positifs pour les poules – de 9 poules – et très légèrement excédentaires pour l’avoine, mais déficitaires pour l’argent – de 36  francs373. Les comptes du début du xve siècle étaient globalement positifs, mais les excédents n’étaient pas élevés et, le plus souvent, les dépenses en argent et en froment étaient supérieures aux recettes374. Les religieuses de Saint-Andoche et de Saint-Jean-le-Grand avaient des possessions issues de leur dotation initiale mais aussi de dons pieux, acquises de façon directe ou indirecte. Ces patrimoines étaient d’une taille correcte semble-t-il, sans être immenses  ; ils fournissaient aux religieuses la plus grande partie de leur nourriture, ainsi que des textiles, grâce aux redevances en nature ou en argent qui leur étaient dues. Toutefois, ces possessions étaient éclatées, ce qui nécessitait une gestion organisée des domaines les plus éloignés, basée sur des « prieurés » jusqu’au xiiie siècle puis sur l’instauration de représentants des religieuses essentiellement au xive  siècle et enfin sur l’amodiation des terres au xve siècle ; les religieuses s’organisaient toutefois pour toujours pouvoir se rendre elles-mêmes régulièrement dans leurs domaines. En effet, les deux abbayes veillaient à ce que ces possessions leur rapportent suffisamment de redevances, en nature ou en argent, pour vivre confortablement. Mais, même si leurs revenus demeurent fort mal connus, il semblerait que Saint-Jean ait été plus riche, au moins en revenus, que Saint-Andoche, ce que corroborent les chiffres connus pour la fin du xviie siècle. Surtout, les comptes de Saint-Jean semblent avoir été équilibrés, y compris dans la période difficile du tournant des xive et xve siècles où la situation financière de Saint-Andoche était critique, même si les religieuses ne s’enrichissaient pas. Saint-Jean semble donc être parvenue à mieux faire fructifier ses biens, ni plus vastes ni plus riches de façon flagrante que ceux de Saint-Andoche, ou à mieux gérer ses revenus grâce à de moindres dépenses. La contradiction qui peut apparaître avec l’impression d’un recrutement un  AD SL H 1268, fol. 69‒70v (1499‒1500).  AD  SL H  1258 (1397‒1398), H  1259 (1400‒1401), H  1260 (1401‒1402), H  1261 (1402‒1403), H 1262 (1403‒1406), H 1263/1 (1404‒1405). 373 374

Les possessions de la communauté

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peu plus huppé à Saint-Andoche peut n’être qu’apparente : probablement les religieuses de Saint-Andoche géraient-elles moins bien leurs terres que celles de Saint-Jean, peut-être aussi dépensaient-elles davantage pour soutenir un train de vie semblable à celui des autres membres de leur famille et compatible avec l’image qu’elles voulaient renvoyer. Quoi qu’il en soit, les deux abbayes étaient, l’une comme l’autre, de puissants seigneurs, à Autun mais aussi dans la région.

Chapitre quatrième

La domination seigneuriale

O

utre des revenus, leurs possessions apportaient aux religieuses de Saint-Andoche et de Saint-Jean-le-Grand de la puissance, localement sur les habitants car elles étaient bien souvent seigneur, du moins là où elles avaient des possessions nombreuses ; elles en tiraient plusieurs formes de domination sur les hommes, aussi bien à Autun que dans leurs domaines ruraux. Elles étaient également puissantes au niveau régional par leur place dans la hiérarchie seigneuriale et féodale. Même si les abbesses de Saint-Andoche et de Saint-Jean n’étaient pas princesses d’Empire comme les abbesses de Remiremont, les deux abbayes étaient considérées comme de grands seigneurs du duché de Bourgogne puisque leurs abbesses furent invitées à quelques reprises (1356, 1397) à siéger aux États de Bourgogne au même titre que de très grandes abbayes masculines ; certaines grandes abbayes féminines bourguignonnes, comme Marcigny ou Molaise, n’ont pas eu ce privilège1. I. La puissance des religieuses à Autun Malgré certains confins parfois indiqués dans les actes, il est extrêmement difficile de délimiter avec précision les quartiers d’Autun qui dépendaient des religieuses, les châtelets Saint-Andoche et Saint-Jean, même à l’aide des différentes représentations graphiques de la fin du xvie siècle. La ville haute dépendait essentiellement de la cathédrale, évêque et chapitre, et Marchaux du duc – ce dernier possédait aussi le château de Riveau dans la ville haute2. Mais les deux abbayes de femmes se partageaient-elles l’ensemble des autres terres et bâtiments situés à l’intérieur du rempart ancien ? Rien n’est moins

 J. Billioud, Les États de Bourgogne aux xiv e et xv e siècles, Dijon, 1922, p. 30.  É. Picard, « Le château de Riveau ou la citadelle d’Autun au xve siècle », MSE, nv. série, t. 8 (1879), p. 234‒256 ; Chr. Besnier, « Une construction ducale du xive siècle à Autun : la tour des Ursulines », dans Chastels et maisons fortes. III, Chagny, 2010, p. 67‒82, en particulier p. 68‒70. 1 2

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sûr. Toute la partie Ouest de la ville, du rempart de la ville haute à l’Arroux, relevait vraisemblablement de Saint-Andoche, de même que la partie Nord devait relever de Saint-Jean, au moins de la porte d’Arroux à Marchaux et de Marchaux à la porte Saint-André. Mais qu’en était-il du Sud de la ville, entre Marchaux et l’église Saint-Pancrace, par exemple ? Dans leurs châtelets respectifs, les religieuses avaient, notamment, droit de justice haute, moyenne et basse et les criminels pouvaient y bénéficier de la protection de l’Église3. Les religieuses dominaient donc ces quartiers qui s’étaient constitués petit à petit autour de leur abbaye. 1. Différentes formes de domination Outre une domination spirituelle et morale liée à l’existence des paroisses Saint-Pierre Saint-Andoche et Saint-Jean-le-Grand constituées autour de deux églises paroissiales construites pour répondre aux besoins religieux de la population qui s’était petit à petit installée autour des abbayes4, les deux abbayes dominaient les quartiers Saint-Andoche et Saint-Jean d’un point de vue économique et juridique. a. Domination économique

La domination économique des religieuses sur le quartier qui entourait leur abbaye est sans doute celle qui était la plus fortement ressentie. Elle était particulièrement nette pour Saint-Andoche, les religieuses ayant la possession éminente de la plus grande partie des terrains et bâtiments aux alentours de l’abbaye. En effet, très nombreux sont les actes notariés conservés parmi les archives de Saint-Andoche qui, à l’occasion de mutations d’une terre ou d’une maison ou d’une reconnaissance de redevance, mentionnent soit qu’elle appartenait aux religieuses soit qu’un cens leur était dû, et ce à proximité immédiate de l’abbaye5, dans les rues proches de l’abbaye à l­’intérieur

 AD SL H 1220/1, fol. 6‒7v (1483) pour Saint-Jean.  Cf. chap. 6 I. 1. Les églises paroissiales à la collation de Saint-Andoche et de Saint-Jeanle-Grand. 5   -  sous les murs de l’abbaye  : AD  SL H  756/5 (1397ns), H  803/1  et  2  (1406), H  754/2  (1411), H  754/3  (1413), H  771/4  (1462), H  803/6  et  7  (1491), H  768/1 et H 803/8 et 9 (1493). - rue Saint-Pierre : AD SL H 704/1, fol. 14v‒17 (1453), H 807/1 (1453). - près du four banal : AD SL H 762/1 (1327), H 761/7 (1380), H 769/3 (1458). 3 4

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du rempart6 ou à l’extérieur7, dans des rues plus éloignées8, mais aussi au Champ Saint-Ladre9, à proximité de l’Arroux10, voire à La Corvée, quartier au nord-est de la ville, en dehors des remparts11. Les religieuses y louaient des maisons, mais aussi parfois un emplacement pour exercer une activité professionnelle ; c’est en particulier le cas de plusieurs tanneurs auxquels les religieuses de Saint-Andoche louaient des emplacements de palains dans les rues de Chaumont et de Prévain qui dépendaient de leur abbaye12. Les religieuses permettaient donc à ces familles d’avoir un toit et d’exercer leur activité. Le cas d’une maison en plein quartier canonial rue du Fraigne13 est différent : cette maison avait été léguée aux religieuses par Pierre Le Leaul (n°728), curé de Viévy et chapelain de l’autel Notre-Dame, pour la fondation de son anniversaire ; d’ailleurs, trente ans plus tard, les religieuses, dans un souci de rationalisation de la collecte des rentes, échangèrent la rente de 4 francs due

   - rue Saint-Christophe : AD SL H 753/2 (1394), H 802/3 (1396), A EDEP GG 6 (1459), H 762/2 (1464). - dans le châtelet Saint-Andoche  : AD  SL H  799/1  (1303), H  802/2  (1367), H 762/4 (1482). - rue Masoncle : AD SL H 769/1 (1378), H 777/9 (1468‒1470). - au carrouge Saint-Andoche : AD SL H 803/3 (1416), H 754/6 (1453). - autour de la fontaine de Prévain : AD SL H 764/3 (1264), H 704/1, fol. 17 (1453), H 754/11 (1453). 7    - sous les murs de la cité : AD SL H 764/2 (1259), H 765/1 (1321). - rue de Chaumont : AD SL H 761/4 (1351), H 765/2 et 3 (1356 et 1358), H 799/2 (1403), H  769/2  (1440), H  754/4  (1451), H  754/5  (1451), H  704/1, fol.  8‒13  (1453), H 754/8 et 9 (1453), H 754/10 (1453), H 782/1 (1465), H 762/3 (1478), H 803/4 et 5 (1483 et 1488). - sur le Mugne : AD SL H 756/3 (1349), H 756/4 (1369). 8   - ruelle Saint-Jean : AD SL H 704/1, fol. 38‒38v (1453). - rue aux Rats ou de Prévain : AD SL H 761/6 (1380 et 1381), H 704/1, fol. 17 (1453), H 754/7 (1453), H 807/1 (1453). - rue Chauchien : AD SL H 753/1 (1302). - rue des Bouchers ou de Pétousot hors les murs : AD SL H 793/1 (1396), H 753/3 (1396), H 752/1 (1452), H 704, fol. 2v‒6 (1453). 9  AD SL H 756/2 (1328), H 754/12 (1490). 10  AD SL H 756/6 (1398), H 765/4 (1477). 11  AD  SL H  756/1  (1295), H  756/4  (1369), H  790/1 ou H  796/9  (1438), H  704/1, fol. 25v (1453), H 766/1 et 2 (1475). 12  Par exemple  : AD  SL H  810/4 (1417ns), H  754/5  (1451), H  704/1, fol.  8‒13, fol. 17 (1453), H 754/7 (1453), H 754/10 (1453), H 754/11 (1453), H 810/9 (1457). 13  AD SL H 704/1, fol. 41 (1442). 6

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sur cette maison contre deux rentes de valeur légèrement ­supérieure14 : elles cédaient leur rente due sur cette maison de la rue du Fraigne au propriétaire de la maison voisine, Jean de Thoisy, écuyer, seigneur de Pentières qui, en échange, leur cédait des rentes et cens à lui dus sur une maison et le jardin attenant de la rue Chauchien qui dépendait de Saint-Andoche et sur une maison et l’ouche attenante entre Marchaux et Saint-Jean-le-Grand15. La domination économique de Saint-Andoche se faisait donc sentir par ses possessions. Saint-Jean-le-Grand avait aussi de nombreuses possessions autour de l’abbaye. Mais à travers cette abbaye, une autre forme de domination est également sensible : le plus souvent, quand des habitants du quartier Saint-Jean avaient besoin d’argent, c’est aux religieuses qu’ils s’adressaient. Ils obtenaient la somme dont ils avaient besoin contre une rente annuelle du dixième de la somme prêtée, parfois avec possibilité de rachat pendant trois ans : ainsi firent le couple Jean de Mehevre et Perrenette qui leur achetèrent 20 francs contre 2 francs de rente en 1420, André du Bois 10 francs contre un franc de rente en 1425, Pierre de Buys habitant de la porte d’Arroux 10 francs contre un franc de rente en 1449, Hugues Chamart tonnelier demeurant au bourg Saint-Jean 10  francs contre un  franc de rente en 1464, ou Jean de Luzy drapier demeurant aussi au bourg Saint-Jean 10 francs contre un franc de rente en 149716. Les religieuses étaient donc clairement d’importants propriétaires fonciers dans la ville et étaient beaucoup plus riches que la population environnante ; d’ailleurs, lorsqu’une famille autunoise s’enrichissait, elle acquérait généralement une demeure dans un autre quartier d’Autun, soit à Marchaux

14  La rente cédée par les religieuses était de 4 francs (ou 4 livres tournois) ; les rentes et cens cédés par Jean de Thoisy étaient respectivement de 2 francs 9 gros de rente et 2 blancs (ou 10  deniers tournois de cens) et de 18  gros (ou 30  sous tournois) de rente et un  blanc (ou 5 deniers tournois) de cens, soit en tout 2 francs (ou 2 livres), 27 gros (ou 45 sous), 3 blancs (ou 15  deniers), soit 4  livres, 6  sous, 3  deniers. Les religieuses furent donc bénéficiaires de 6 sous et 3 deniers tournois dans cet échange. 15  AD SL H 760/1 (1476). 16  Respectivement AD  SL H  1307/1  (1420)  ; AD  SL H  1602  (1425)  ; AD  SL H 1307/2 (1449) ; AD SL H 1307/3 (1464) ; et AD SL H 1307/4 = H 1319/29 (1497). Des habitants de villages dépendant de Saint-Andoche agirent de la même façon, eux aussi auprès des religieuses de Saint-Jean et non de celles de Saint-Andoche, comme Jean et Étienne Symoneaul, frères, à Saint-Sernin-du-Plain, qui acquirent 20 francs contre 2 francs de rente en 1496 (AD SL H 1321/1 et 2, 1496) et trois ans plus tard « empruntèrent », toujours aux religieuses de Saint-Jean, 12 francs, contre un franc de rente seulement (AD SL H 1321/3 et 4, 1499).

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soit dans la ville haute. Ainsi, alors que les ancêtres de Nicolas Rolin étaient de modestes paroissiens de Saint-Pierre Saint-Andoche, le père du chancelier s’installa dans une maison de la ville haute lorsqu’il épousa Aimée Jugnot17, fille d’un échevin de Beaune (gén. 34.1) ; le chancelier naquit donc dans cette maison de la rue des Bancs, maison qu’il transforma en un hôtel imposant, l’actuel musée Rolin. b. Domination juridique

La possession éminente des abbayes sur ces biens autunois se marquait juridiquement  : lorsqu’un particulier acquérait d’un autre une maison ou une terre mouvant de la censive d’une des abbayes, il devait obtenir des lettres d’allouement des religieuses, et ce quelle que soit la période considérée, quel que soit le mode d’acquisition, vente le plus souvent mais aussi donation. Il en était ainsi, pour la terre es Pourchoz en La Corvée qui dépendait à la fois de l’abbaye Saint-Andoche et du prieuré Saint-Symphorien et qu’Odot de Vieux Château et ses fils donnèrent à Simon de Vieux Château (n°864), curé de Sainte-Radegonde, secrétaire du cardinal Jean Rolin  : ils durent obtenir l’assentiment des religieuses et des religieux pour cette donation18. De même, quand en 1274 Humbert, fils de feu Anseric de Saint-Andoche (n°936), vendit à Jacques Boisserand (n°932), chanoine, le champ de Pierrefitte à La Genestoye et un quart du pré Bastard près de Fleury, l’abbesse de Saint-Andoche Lucette (n°12) approuva cette vente19. Un peu plus tard,

17  M.-Th. Berthier, J.-Th. Sweeney, Le chancelier Rolin 1376‒1462, Précy-sous-Thil, 1998, p. 22. 18  AD SL H 766/1 et 2 (1475ns). 19  AD SL H 764/4 et 5 (1274). Il faut noter une étrangeté liée aux dates respectives des deux actes : l’acte de vente est daté du mardi avant la Saint Clément à savoir – selon la principale fête de ce pape et selon la fête à laquelle il était traditionnellement célébré à Autun – le 20 novembre 1274 ; or, les lettres d’allouement pour cette vente sont datées d’octobre 1274, soit un mois auparavant ! On peut penser que la Saint Clément dont il est question n’est pas le 23 novembre mais le 10 septembre, ce qui donnerait une date du 4 septembre pour l’acte de vente, mais alors, à Autun, cette date serait plutôt désignée comme étant le mardi après la Saint Ladre ; en outre, il est un peu douteux qu’une telle transaction ait eu lieu en pleine foire de la Saint Ladre (30 août‒8 septembre). Cela amène donc à penser que les religieuses auraient donné leur accord, mais aussi officialisé la vente, un mois avant que celle-ci n’ait réellement eu lieu. À la même époque, des lettres d’allouement de l’abbesse furent délivrées plusieurs mois après la vente, mais cela s’explique par une vacance abbatiale (AD SL H 764/6, 1273 et 1274). Au siècle suivant, les lettres d’allouement pour la vente d’une pièce de terres es Bordes de Chaumont n’ont été délivrées que deux ans et demi après la vente sans explication apparente pour ce retard (AD SL H 765/2 et 3, 1356ns et 1358).

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en 1315, Jeanne d’Oigny (n°39), abbesse de Saint-Jean, confirma la vente entre particuliers d’un plâtre de terre de La Genestoye mouvant de l’abbaye et dépendant de sa justice ; elle en profita pour rappeler que les acheteurs lui devaient un denier de cens et que la justice lui était réservée sur cette terre20. De même, le 29 octobre 1327, Morel des Bancs, de Saint-Andoche, vendit sa maison du bourg Saint-Andoche, maison située à proximité du four banal, à Guillaume dit Martrat et à sa femme, pour 12 livres tournois ; dans l’acte de vente apparaît clairement et en toutes lettres le cens de un dernier dû à l’abbaye, ainsi qu’une rente de 6 sous due à la sacriste ; quelques semaines plus tard, le 5 décembre, l’abbesse confirma officiellement cette vente et investit les preneurs des biens mentionnés21. Plus d’un siècle plus tard, il en est de toujours même lorsqu’en 1412 Guillemin Rougeot vendit, pour 20 écus d’or, à Hugues du Croux ce qu’il avait hérité de Philibert du Croux à Broye : en 1415, l’abbesse de Saint-Jean donna son accord à cette vente, contre la promesse que les charges anciennes qui y reposaient seraient toujours payées. Un demi-siècle plus tard, Hugues de Montgachot, clerc, notaire public, vendit la maison du Grand SaintChristophe, ou maison de Viévy, à Jean Chamart, clerc et, dans l’acte de vente, il précisa que le teneur devait payer chaque année 5 francs de rente et un gros de cens aux religieuses ; cependant, le lendemain, ce sont le preneur Jean Chamart et son frère Huguenin qui requirent instamment des religieuses qu’elles acceptent de « louer, consentir et ratiffier au proffit d’eulx et de leurs hoirs perpetuelment » cette vente, pour laquelle ils payaient 5 francs et 5 gros de lods et remuage ; les religieuses le firent22. Parfois, seules les lettres d’allouement sont conservées, comme celles qui furent délivrées par Gile de Vergy (n°10) à Gauthier dit lou Roignat et à sa femme Sarre pour l’achat d’une terre sous les murs de la cité mouvant de la censive de Saint-Andoche en 1259 ou celles qui furent délivrées par la même abbesse cinq ans plus tard pour une haste de terre près de la fontaine de Prévain23. Les habitants des quartiers Saint-Andoche et Saint-Jean dépendaient donc des religieuses pour leur habitation voire leur activité et quand leur situation financière les obligeait à emprunter de l’argent, mais aussi pour les transactions foncières qu’ils pouvaient souhaiter effectuer.  AD SL H 1503/1 (1315).  AD SL H 761/3 (1327). 22  AD SL A EDEP GG 6 (1464ns) et H 762/2 (1464ns). 23  Respectivement AD SL H 764/2 (1259) ; AD SL H 764/2 (1264). 20 21

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2. L’exercice des droits seigneuriaux sur les châtelets Saint-Andoche et Saint-Jean La domination des abbayes sur les quartiers qui les entouraient s’explique aussi par le fait qu’elles en étaient les seigneurs. a. Le droit de queste à Saint-Andoche

Les religieuses de Saint-Andoche, comme seigneur du quartier qui s’était développé autour de l’abbaye, percevaient 12  livres tournois de rente de queste le 1er  décembre24. Cette somme, outre les 60  sous dus au profit de celui qui collectait l’argent, était payée par les différents habitants du faubourg en fonction de ce qu’ils possédaient. Cette charge datait de la fin du xive siècle25 : en 1393 l’abbaye nécessitait de gros travaux de réparation, travaux qui étaient à la charge des habitants du bourg Saint-Andoche  ; cette charge était sans doute trop lourde à supporter pour les paroissiens et un accord eut alors lieu entre ceux-ci et les religieuses. Désormais les paroissiens devraient chaque année à l’abbaye, un  franc d’or, ou 12  livres, le lendemain de la Saint André, contre une dispense du devoir de réparation des bâtiments abbatiaux sans doute. Les habitants se réunissaient à l’église Saint-Pierre Saint-Andoche pour nommer ceux d’autres eux qui seraient responsables de la collecte de ces 12 livres26. Quand un habitant ne payait pas ce qu’il devait à date, il était condamné à une amende de 7 sous tournois. Ainsi, en 1468, Guillaume Gagnaire qui 24   «  Par droit de seignourye ou aussi et autrement [elles] devoient et estoient en bonne et vraye possession et saisine ou aussi de lever, prandre, exigier et parcevoir chacun an perpetuellement sur les habitans et autres ayans maison ou autres heritaiges es rues de Prevain, de La Corvee, de la rue es Boulchiers, de Chaulmont, du Chastellet et du Pont de Saint Andoiche, le landemain de la feste saint Andree appostre, premier jour de decembre, douze livres tournois, monnaie à present courant, d’annuel et perpetuel rente dite communement la queste » (AD SL H 749/1, 1468). Ce droit était déjà mentionné en 1413 dans un acte par lequel Gillot Duillart, d’Arnay, prit en location une maison proche des murs de l’abbaye (AD SL H 754/3). 25  AD SL H 781/3 (1393ns). L’abbé de Saint-Martin d’Autun revendiquait et jouissait, lui aussi, au xive siècle, d’un droit de queste proportionnel à la fortune de chacun, droit perçu lors de son joyeux avènement et tous les trois ans sur les villages dépendant de son prieuré de Saint-Pierre-le-Moûtier, droit de queste qui a été l’objet de différents procès qui allèrent jusque devant le Parlement de Paris : cf. Actes du Parlement de Paris 1254‒1328, E. Boutaric (éd.), Paris, 1863‒1867 notices 3841 (1311) et 7558 (1324) ; Actes du Parlement de Paris de l’an 1328 à l’an 1350, H. Furgeot (éd.), Paris, 1920‒1975, notices 3766 (1341), 3834 (1341), 7180 (1356), 8357 (1348). 26  AD SL H 781/3 (1393ns).

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n’avait pas payé son droit de queste depuis trois ans (9  blancs) pour une terre qu’il tenait à La Corvée, fut condamné à cette amende ; mais dans la mesure où il ne paya ni cette amende ni le droit de queste, les religieuses firent appel au duc afin qu’il leur délivre des lettres patentes leur permettant de prendre possession de cette terre jusqu’à être remboursées des 9 blancs et des 7  sous  ; un sergent ducal, Jean Naudin alias Perrenot, veilla à faire respecter la décision27. Quelques années plus tard, le même problème s’est reproduit, mais les sommes en jeu étaient beaucoup plus importantes dans la mesure où Jean Micheletet l’Ancien, citoyen d’Autun, marchand et tanneur (gén. 30) possédant une maison et des terres à Chaumont, devait, chaque année, 5,5 gros pour ce droit de queste ; depuis le décès de son père en 1478, avec ses frères et sœurs, il n’avait pas payé et, en 1480, il fut donc condamné par l’officialité d’Autun puis par la cour métropolitaine de Lyon auprès de laquelle il avait fait appel, à payer les 16,5 gros d’arrérage qu’il devait à l’abbaye28. Le procès entre l’abbaye Saint-Andoche et Jean Micheletet l’Ancien se poursuivit dans les années suivantes, le tanneur refusant toujours de payer ce droit de queste29. En 1499, il fut condamné à payer plus de 22 livres d’arrérages et plus de 36 livres de dépens, dans les dix jours, sous peine d’excommunication30, mais ce n’est que l’année suivante, le 8 septembre 1500, que les deux parties s’accordèrent enfin, Jean Micheletet reconnaissant qu’il devait et devrait chaque année à l’abbaye 18 blancs de queste, outre 21 deniers de cens, et promettant de payer dans un bref délai les arrérages toujours dus. En 1498, entre les religieuses et Thevenin Mugner, tanneur de Chaumont, c’est à l’amiable que se fit l’accord  : Thevenin Mugner reconnut devoir 20  sous tournois à l’abbesse pour cinq années de queste qu’il n’avait pas payée, et ce une fois soustraites les sommes dues par l’abbesse pour des achats de cuir faits auprès de lui31. Rien ne permet de savoir si un tel droit de queste existait aussi pour SaintJean-le-Grand. En revanche les religieuses de Saint-Jean, comme celles de Saint-Andoche, possédaient d’autres marques de seigneurie féodale.

 AD SL H 749/1 (1468).  AD SL H 749/2 (1481ns). 29  AD SL H 749/3 à 8 (1490‒1499). 30  AD SL H 749/7 et H 749/8 (1499). 31  AD SL H 763/2 (1498). 27 28

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b. Les banalités

Les banalités dues à un seigneur étaient beaucoup plus nombreuses à la campagne qu’en ville, les objets de banalités étant essentiellement liés à la vie rurale et paysanne. Cependant, dès le xive siècle au moins, mais sans doute auparavant déjà, les religieuses de Saint-Andoche possédaient dans la paroisse Saint-Pierre Saint-Andoche un four banal32 « et nul autres n’avoit acostumé d’avoir ni de maintenir ne de edifier de noveaul autre four deans les fins doudit parrochaige ne cuire à autre four dedanz lou dit parrochaige se ce n’estoit au four desdits religieuses »33. Un paroissien, le Raolinat fils de Perrenet Raolin (gén. 34.1), ayant construit un four dans la cour de sa maison, les religieuses lui firent un procès qui, en 1324, durait depuis deux ans au moins, pour qu’il soit condamné à le détruire ; Raolinat affirma que tout habitant d’Autun pouvait édifier un four pour y cuire son pain, d’autant que le lieu où il avait fait bâtir ce four ne dépendait pas des religieuses mais de la justice du duc ; pourtant, il fut condamné à « destruire, desmollir et despecier lou dit four », sentence du vierg d’Autun confirmée quelques mois plus tard par la cour d’appel de Beaune34. Au tout début du xvie siècle, l’abbesse amodia ce four banal et son curtil à Vincent de Sens (n°366) contre 20 sous de rente et à charge pour lui de cuire le pain de l’abbaye35. Le four banal était donc le four utilisé par les religieuses pour la cuisson de leurs propres fournées, bien qu’il soit situé en dehors de l’enceinte abbatiale (pl. VI.). Peutêtre est-ce la raison de l’existence d’un « fournier de Saint-Andoche » qui était sans doute chargé de la cuisson du pain des religieuses36. Les religieuses de Saint-Jean possédaient aussi un four banal au bourg Saint-Jean37, mais rien ne permet d’affirmer que cette possession fut à l’origine de heurts avec certains paroissiens. Elles possédaient également

32  AD  SL 11  G  8  1e  série (1312), H  761/2  (1327), H 761/7  (1380), H  772/3  (1400), H 704/1, fol. 9v‒10v, 12v‒13, 14, 15, 18, 18v‒19 (1453), H 769/3 (1458), H 762/5 et 6 (1496). 33  AD SL H 751/1 et 2 (1324). 34   Ibid. Les «  Grands jours  » de Beaune étaient la cour d’appel pour toutes les affaires jugées dans le duché de Bourgogne ; elle était souveraine, sauf lors des quelques années où le roi Jean II le Bon a rattaché le duché au royaume ; la cour d’appel souveraine était alors le Parlement de Paris (B. Schnerb, L’État bourguignon 1363‒1477, Paris, 1999, p. 29, 42, 104‒105). 35  AD SL H 751/3 (1506). 36  AD SL H 704/1, fol. 12 (1453). 37  Soc. Éd. D 4 reg. 75 XXII, I, 16 (1429).

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un droit de péage dans le Bois de l’Abbesse, au lieu-dit La Suche, à une demi-lieue d’Autun38. c. Les marchés

Les foires et marchés pouvaient représenter des revenus substantiels pour ceux qui en détenaient les droits : ils louaient les baraques ou les bancs utilisés par les marchands, faisaient payer un droit d’entrée aux commerçants et pouvaient vendre le surplus de leur propre production39. Dans le bourg Saint-Jean avait lieu un marché hebdomadaire, le samedi, qui dépendait de l’abbaye40. Lorsqu’il fut déplacé dans un autre quartier, cela se fit « ou grant gref, prejudice et dommaige des religieuses et de leur Eglise  », ce qui amena l’abbesse à se plaindre auprès des représentants du bailli41. Avaient aussi lieu au bourg Saint-Jean deux foires annuelles l’une à l’octave de la Saint Jean-Baptiste attestée dès la fin du xive siècle et l’autre le lundi suivant le dimanche de mi-Carême attestée quelques années plus tard42. Les revenus de ces deux foires étaient partagés à égalité entre les religieuses et le duc43 ; ils étaient fort variables, nuls même en 1476 lorsque ni l’une ni l’autre des deux foires n’a pu avoir lieu44. Ces foires réunissaient de nombreux artisans, merciers, bouchers, cordonniers etc., mais permettaient aussi l’achat de grain, le «  mesnaige du bled  » ayant lieu au cimetière et devant l’église45. d. La justice

Enfin, les deux abbayes possédaient le droit de haute, moyenne et basse justice dans leurs châtelets respectifs46. Il existait une exception toutefois,  AD SL A EDEP CC 1, fol. 7 (1433‒1434).  E. Power, Medieval English Nunneries (c. 1275 to 1535), Cambridge, 1922, p. 106. 40  Soc. Éd. D 4-H terrier de Saint-Jean, fol. 28 (1480) 41  AD SL H 1305/1 (1397). Cf. chap. 4 I. 3. c. …mais plus souvent une concurrence et des conflits. 42  Respectivement AD SL H 1305/1 (1397) ; AD SL H 1261, fol. 1v (1402‒1403), H 1268, fol. 4 (1499‒1500). 43  AD SL A EDEP CC 1, fol. 4 et 6v (1433‒1434), A EDEP CC 1, fol. 4v et 7 (1434‒1435), A  EDEP  CC  1, fol.  4v et 6v (1435‒1436), A  EDEP  CC  1, fol.  4v et 6v (1436‒1437), A EDEP CC 1, fol. 4v et 6v (1438‒1439), H 1266, fol. 5 (1476), H 1267, fol. 4v (1476), H 1269, fol. 4 (1500‒1501). 44  AD SL H 1266, fol. 5 (1476), H 1267, fol. 4v (1476). 45  AD SL H 1305 (1525). 46  AD SL H 700/2 (1491, 1492) ; Soc. Éd. D 4-H terrier de Saint-Jean, fol. 24v‒25 (1480). 38 39

La domination seigneuriale

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celle de la période des foires de la Saint Ladre : le chapitre cathédral était alors seul habilité à rendre la justice dans l’ensemble de la cité47. Dans le quartier Saint-Andoche, les religieuses rendaient la justice, mais elles « faisaient la police » aussi : lorsque deux tanneurs firent construire des palains à un endroit gênant pour elles et pour les habitants de la rue de Prévain du fait de la « tres grant pueur et punaistre ysse desdiz palains », elles leur intentèrent un procès ; Huguenin Saulse et André Canneaul furent condamnés à « demolir, aterrer et boicher lesdiz palains et curer, monder et netoyer les lieux et place, qu’elles ont esté et sont fais, ensemble la rue au long du vergier desdictes religieuses, à leurs propres missions et despens »48. Le châtelet Saint-Jean, lui, relevait de la justice de l’abbaye éponyme, mais était aussi, dans son ensemble, un lieu d’immunité49. Les gens de justice du duc ne pouvaient donc y pénétrer et devaient attendre les criminels aux portes du châtelet. En effet, il existait cinq justices différentes dans la cité d’Autun, celles des deux abbayes féminines, mais aussi celle de l’abbaye Saint-Martin un peu plus éloignée50, ainsi que celle du chapitre cathédral dans la ville haute et celle du duc dans le quartier Marchaux. L’existence de ces différentes justices symbolise en quelque sorte l’éclatement de la ville en plusieurs entités qui s’entendaient plus ou moins bien selon les circonstances. 3. Ententes et mésententes entre seigneurs à Autun a. Les différentes entités

Certains espaces étaient particulièrement bien marqués à Autun, grâce à leurs enceintes propres : la ville haute, où résidaient essentiellement le clergé et les principales grandes familles, et le quartier Marchaux, la ville basse ouvrière et bourgeoise installée sur le site de l’ancien forum. Moins bien délimités dans l’espace étaient les quartiers Saint-Andoche dans la ville moyenne et Saint-Jean-le-Grand dans la ville basse51.

 Cf. chap. 4 I. 3. c. …mais plus souvent une concurrence et des conflits.  AD SL H 734/1 (1375). 49  Soc. Éd. D 4-H terrier de Saint-Jean, fol. 24v‒25 (1480). 50  H. Abord, Histoire de la réforme et de la Ligue dans la ville d’Autun, Paris Autun, 1855, t. 1, p. 103. 51  Chr.  Dugas de la Boissonny, «  Le vierg d’Autun (1483‒1692)  », MSE, nv.  série, t. 53 (1975‒1978), p. 168‒170 ; A. de Charmasse, « Le bailliage d’Autun en 1475 d’après le procès-verbal de la recherche des feux », MSE, nv. série, t. 27 (1899), p. 282. 47 48

314 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

D’après Gabriel Theÿras, «  la cathédrale, Saint-Andoche et Saint-Jean furent les trois centres d’irradiation et de reformation d’Autun »52 après les dommages subis par la ville au Haut Moyen Âge. Peu à peu, la population combla les vides entre ces trois centres, du moins en partie. En effet, à la fin du xive siècle, il y avait encore de nombreux espaces permettant notamment d’accueillir la population en cas de danger : en 1372, Hugues de Montjeu, capitaine de la ville d’Autun, constatant qu’il y avait suffisamment d’habitants dans Autun pour en assurer la défense, prescrivit à tous les habitants hors les murs de s’y rendre avec leurs biens, en leur promettant de leur assurer un gîte53. De fait, les plans de la fin du xvie siècle montrent que la majeure partie de la ville délimitée par les remparts romains n’était toujours pas construite (pl. III. et IV.)54. Sur ces plans apparaît cependant le quatrième grand centre dynamique de la cité d’Autun, la ville de Marchaux entourée de ses propres remparts, dont l’essor fut particulièrement important au xiie  siècle en tant que centre séculier, politique et économique d’Autun55. Autant la ville haute, le Château, concentrait la vie religieuse et intellectuelle, autant les trois autres grands quartiers étaient marqués par les activités artisanales et marchandes, malgré la présence de deux abbayes. Chacun de ces bourgs pouvait donc vivre indépendamment des autres ; ainsi, par exemple, il y avait des bouchers dans le bourg Saint-Andoche, rue des Bouchers, mais aussi dans le bourg Saint-Jean où ils étaient concentrés autour d’une place56. Du duc de Bourgogne – ou du roi de France lorsque le duché était rattaché au royaume – dépendaient le château de Riveau, dans l’angle sud de la ville haute, et le quartier Marchaux ; le duc, ou le roi, était représenté dans la

 G. Theÿras, Autun vers le xve siècle, Autun, 1891, p. 19.  P.-Cl. Timbal (dir.), La guerre de Cent ans vue à travers les registres du Parlement (1337‒1369), Paris, 1961, p. 201‒204. 54  Il n’y a eu aucune nouvelle fondation importante à Autun après celles de la fin du vie siècle ou du moins après la rénovation de ces établissements sans doute à la période carolingienne. Sept églises paroissiales ont été construites entre le début du xie et la fin du xiie siècle, mais elles répondaient sans doute plus à un besoin qu’elles n’ont été un centre d’impulsion et d’installation de la population. En particulier, le mouvement mendiant a été totalement absent à Autun au Moyen Âge. Seule une église paroissiale, Notre-Dame du Château, fut transformée en église collégiale par la fondation d’un chapitre de chanoines par un enfant du pays arrivé au faîte du pouvoir, Nicolas Rolin, chancelier de Bourgogne. Cette fondation ne dynamisa pas un nouveau quartier dans la mesure où elle a eu lieu dans la ville haute, cœur religieux d’Autun. 55   Autun : prémices et floraison de l’art roman, Autun, 2003, p. 36. 56  AD SL H 1324/7 et 8 (1436) : « la place où souloient les bouchiers vendre la char ». 52 53

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ville par un bailli, le bailli d’Autun et Montcenis. De l’évêque et du chapitre cathédral dépendait la plus grande partie de la ville haute57. Enfin, la ville moyenne et basse était contrôlée essentiellement, semble-t-il, par les abbayes Saint-Andoche et Saint-Jean-le-Grand. b. Parfois des luttes communes…

Les grandes fêtes religieuses, et les foires qui leur étaient liées, étaient l’occasion de réunir l’ensemble de la population autunoise, voire une partie de celle du diocèse58. Quatre grandes foires annuelles avaient lieu dans la cité éduenne à la fin du Moyen Âge : celle de la Saint Nazaire, autour du 28 juillet, était la plus ancienne, remontant probablement à l’époque carolingienne ; celles de la Saint Ladre et de la Révélace, respectivement autour du 1er septembre et du 20 octobre, dataient sans doute du milieu du xiie siècle ; celle du Descend du Beuvray, prenant la suite de la grande foire du Beuvray, dans la seconde semaine du mois de mai, était antérieure à la fin du xiiie siècle59. Mais au-delà de ces occasions qui réunissaient l’ensemble de la population d’Autun plus que les seigneurs qui s’y partageaient le pouvoir, ceux-ci se retrouvaient dans certaines luttes communes. Une difficile contribution à la défense de la cité

Alors que le chapitre cathédral devait contribuer depuis le début du xive siècle à la fortification du Château60, au début du xve siècle c’est tous qui durent participer à la défense de la cité face, notamment, aux pillages des Écorcheurs. En 1423, le duc rédigea ainsi un mandement pour obliger les dames de Saint-Andoche et de Saint-Jean à participer aux fortifications de la cité alors que depuis quinze ans elles ne fournissaient pas la contribution qui leur avait été imposée pour qu’elles aident à la fortification de la ville et notamment celle de Marchaux – réparations, guet et garde ; les habitants de ce quartier avaient donc fait appel au duc pour qu’il les contraigne « à paier les impostz que faiz leur ont esté pour ladite fortiffication […] et à paier les impostz qui pour ce fait leur seront », demande à laquelle accéda le duc qui  S. Balcon-Berry, W. Berry, « Le groupe épiscopal d’Autun au Haut Moyen Âge », dans M. Gaillard (éd.), L’empreinte chrétienne en Gaule du ive au ixe siècle, Turnhout, 2014, p. 543. 58  A.  Saint-Denis, «  Les villes de Bourgogne au Moyen Âge classique (xie-début xive siècle) », AB, t. 71 (1999), p. 21. 59  Cf. Ch. Boëll, Promenades historiques à travers la paroisse Notre-Dame, BM A D 1670, p. 100‒104. 60  AD SL A EDEP AA 3 (1313, 1388). 57

316 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

précisa toutefois « que lesdiz suppliants douvreront les desdommaigier s’ilz les ont fait contribuer à tort »61. Sept ans plus tard les religieuses n’avaient toujours pas cédé et le gouverneur-maréchal de Bourgogne demanda aux baillis du Charolais et de Chalon de contraindre les religieuses ainsi que « les habitans de plusieurs villes et lieux d’environ ledit lieu d’Ostun » à participer aux frais des fortifications de Marchaux et aux frais de guet et garde62. En fait, il n’est pas étonnant que les religieuses aient refusé de payer dans la mesure où elles étaient exemptes d’impôts par définition ; en outre, la fortification de Marchaux ne les protégeait en rien en cas de guerre dans la mesure où les deux abbayes et leurs biens étaient situés en dehors de ces fortifications. Probablement y furent-elles finalement contraintes. La lutte contre la « concurrence »

Alors que les établissements religieux autunois hésitaient à tous s’investir aux côtés du duc pour la défense de l’ensemble de la cité et de ses habitants, ils le firent lorsque leurs intérêts propres furent en jeu. En 1479, ils se plaignirent ensemble et unanimement auprès du roi, affirmant que Guillaume de Villiers, chevalier, seigneur d’Igornay, avait « subrepticement obtenu » des lettres l’autorisant à « construire et ediffer en ladite ville d’Ostung ung couvent de freres mineurs »63. En effet, l’institution d’un premier établissement mendiant aurait pu leur faire concurrence en termes d’aumônes, de fondations64 et d’inhumations, voire de recrutement pour le chapitre cathédral et les abbayes Saint-Symphorien et Saint-Martin. Une rivalité pour l’accès aux terres s’est d’ailleurs développée, dans les siècles suivants, entre les cordeliers et d’autres établissements d’Autun, notamment en liaison avec le temporel. Ainsi, des conflits les opposèrent à Saint-Andoche et au chapitre dans la paroisse de Curgy où tous possédaient des terres contiguës les unes aux autres65 :

 AD SL A EDEP AA 3 (1423).  AD SL A EDEP AA 3 (1430). 63  AD SL H SUP 29 Saint-Martin (1479). 64  On peut toutefois noter qu’un cordelier au moins a fait une fondation à Saint-Andoche, Pierre de Chastellux (AD  SL H  708, fol.  30), dont l’anniversaire était célébré le 27 mai (AD SL H 708, H 709 ; BM A P 088). Cf. Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche d’Autun, N. Verpeaux (éd.), Paris, 2011, n°208, p. 180‒181. 65  AD SL H SUP 161 (1738). 61 62

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FIG. 31 Croquis de terres à Nanteuil, paroisse de Curgy, en 1738 (AD SL H SUP 161)

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318 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

Le plus souvent pourtant, les établissements religieux autunois et les différents pouvoirs présents dans la cité semblent plutôt avoir été en concurrence entre eux, notamment pour divers revenus. c. …mais plus souvent une concurrence et des conflits

En 1171, Hugues III, sur le point de se croiser, accorda plusieurs privilèges au chapitre cathédral d’Autun, notamment en matière de justice sur l’ensemble de la cité – «  dedans le circuit de la cité d’Autun universellement » – lors des grandes foires de la Saint Ladre et de la Révélace66 : le chapitre aurait désormais la justice sur l’ensemble de la cité pendant une semaine du 1er septembre à la veille de l’octave de la Saint Ladre et lors des trois jours allant de la veille au lendemain de la fête de la Révélace67. Ce droit fut à l’origine de litiges entre le chapitre et les abbayes qui y voyaient un empiétement sur leur propre droit de justice. Ainsi, en 1338, alors qu’un prisonnier avait été arrêté au nom des religieuses au «  curtil de generaul derriere la grange de l’abbesse de St-Jean d’Autun », lors de la foire de la Révélace, le chapitre le réclama et voulut le garder, tandis que le procureur de Saint-Jean voulait qu’il soit rendu à l’abbesse. L’abbaye fut alors condamnée par contumace : « nous, par nostredite sentence adjugeons ausdicts doyen et chappitre la possession dessus alleguee et demandee de part eux et que restablissement leur soit faict dudit prisonnier […] et condamnons lesdites religieuses à cesser et à desister du tout des troubles et empeschemens et sur ce nous promettons silence perpetuel et les condamnons es despens »68. Quelques années plus tard, au milieu du xive siècle, c’est l’abbaye SaintAndoche qui fut en litige avec le chapitre, au sujet de la juridiction sur le châtelet Saint-Andoche, lors de ces foires. La situation s’envenima très vite entre les deux parties et l’abbesse Marguerite de Montagu (n°17) accusa plusieurs membres du chapitre, en particulier le doyen Jean de Bourbon, d’être venus dans ce quartier et d’avoir injurié les religieuses69 ; cependant, on ne sait pas

 La Saint Lazare était fêtée le 1er septembre à Autun et la Révélace le 20 octobre en souvenir de la translation des reliques de saint Lazare depuis l’ancienne cathédrale Saint-Nazaire jusque dans la nouvelle cathédrale Saint-Lazare le 20 octobre 1146. 67  AD SL H 744/1 = Cartulaire de l’Église d’Autun, A. de Charmasse (éd.), Paris / Autun, 1865, t. 1, p. 104‒106 (ch. XVIII, 1171). 68  AD SL A EDEP GG 2 (1338). 69  AD SL H 744/2 (1352) ; sur le doyen Jean de Bourbon, cf. J. Madignier, Fasti ecclesiae gallicanae, t. 12 : Diocèse d’Autun, Turnhout, 2010, n°564 p. 283‒284. 66

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ce qui s’est passé exactement. Un jour, sans doute pour se venger d’avoir été maltraitée avec ses religieuses, Marguerite de Montagu lança un pot d’étain à la tête de Jean de Bourbon qui passait sous les murs de l’abbaye, lui faisant une « grosse bosse », d’après Claude Courtépée qui ne cite pas ses sources ; elle fut alors excommuniée par l’official du chapitre et refusa d’être absoute par l’évêque Guy de La Chaume70. Peut-être ces deux épisodes n’ont-ils pas été aussi vifs, mais leur souvenir des siècles plus tard montre à quel point le conflit entre l’abbaye Saint-Andoche et le chapitre cathédral avait été important. Quinze ans plus tard, il n’était toujours pas résolu : le Parlement de Paris somma alors les parties de s’entendre, ce qu’elles finirent par faire puisque, dans un accord homologué par le Parlement de Paris et ratifié par le roi, les religieuses reconnurent le droit de justice sur le châtelet Saint-Andoche revendiqué par le chapitre cathédral les jours de foire ; les deux parties ayant fini par s’accorder, elles furent dispensées d’amende71. Pourtant, d’après Gabriel Theÿras72, quelques années plus tard encore, sous l’abbatiat d’Alice de Sainte-Franchise (n°18), les religieuses étaient toujours en conflit avec le chapitre et l’évêque : l’abbesse ayant placé son monastère sous la protection du duc de Bourgogne et de son bailli, les officiers de l’évêque Guillaume de Vienne enfoncèrent les portes et arrachèrent l’écusson ducal avant de molester les religieuses73. Les motifs de ce (nouveau) conflit ne sont pas connus. Tout comme la justice, les marchés étaient à l’origine de revenus importants. C’est pourquoi lorsque le vierg d’Autun, représentant du pouvoir ducal, déplaça de sa propre autorité le marché du bourg Saint-Jean, qui dépendait de l’abbaye éponyme, vers Marchaux, centre du pouvoir ducal, cela pénalisa l’abbaye en faveur du seul quartier de la ville qui ne dépendait pas d’une autorité ecclésiastique ; sur la plainte interjetée par l’abbesse, le lieutenant du bailli d’Autun, le procureur du duc dans le baillage et un conseiller du duc reconnurent ce préjudice et convinrent que le marché devait se tenir dans le lieu habituel74. 70  Cl. Courtépée, Description générale et particulière du duché de Bourgogne, Dijon, Paris, 1721‒1781, t. 2, p. 519 ; sur l’évêque Guy de La Chaume, cf. J. Madignier, Fasti, t. 12 : Autun, op. cit., n°350 p. 130‒131. 71  AD SL H 744/3 (1369‒1370). 72  G. Theÿras, Autun vers le xve siècle, op. cit., p. 345. 73  Sur l’évêque Guillaume de Vienne, cf.  J.  Madignier, Fasti, t.  12  : Autun, op.  cit., n°437 p. 139‒140. 74  AD SL H 1305/1 (1397). Cf. N. Verpeaux, « Les gens d’Église, coseigneurs d’Autun ? », dans Les gens d’Église et la ville au Moyen Âge dans les « pays d’entre-deux », Crulh, 2013, publication en ligne, http://www.univ-metz.fr/ufr/sha/crulh/publications/gensdeglise.html.

320 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

Durant tout le Moyen Âge, la cité éduenne ne fut jamais une entité administrative et, comme Chalon qui était également partagée entre différents seigneurs, ne reçut que peu de franchises et n’eut pas de constitution communale75  ; le vierg n’y avait qu’une fonction de représentant du duc dans les domaines que celui-ci possédait dans la ville. Ce n’est qu’à la fin du xve siècle, lors de la réunion du duché au royaume, que fut mis en place un échevinage à Autun : Louis XI accorda aux bourgeois d’Autun le droit d’élire chaque année deux échevins, un procureur-syndic et un clerc pour chacune des deux villes du Château et de Marchaux, pour l’administration de leurs intérêts, mais aussi de posséder un sceau et d’avoir des finances propres76. Il y eut donc dès lors deux représentants de la ville haute et deux représentants du quartier artisanal et marchand, au grand damne du chapitre cathédral qui perdait ainsi une partie de son pouvoir sur la ville et ses habitants ; les bourgs Saint-Andoche et Saint-Jean semblent ne pas avoir été représentés au niveau municipal et les religieuses perdirent donc une partie de leur pouvoir dans la ville. II. La puissance des religieuses en dehors d’Autun Mais les religieuses n’étaient pas seulement puissantes à Autun  ; elles l’étaient aussi, voire surtout, dans leurs domaines ruraux. Grâce à leurs possessions et à leur statut dans la société, les religieuses de Saint-Andoche et de Saint-Jean y possédaient pouvoir et autorité sur diverses catégories de personnes. 1. D’importants propriétaires fonciers Comme il a été vu, les religieuses, tant de Saint-Andoche que de Saint-Jean-le-Grand, étaient d’importants propriétaires fonciers, ce qui

 J. Garnier, Chartes de communes et d’affranchissements en Bourgogne, Dijon, 1917‒1918, intro., p. 347‒348. J.  Richard, «  Les courants de chartes de franchises dans la Bourgogne ducale (xiie‒xive siècles) », dans La charte de Beaumont et les franchises municipales entre Loire et Rhin, Nancy, 1988, p. 113. 76  AD SL A EDEP AA 1 (1477ns) ; A. de Charmasse, « Les origines du régime municipal à Autun », MSE, nv. série, t. 8 (1879), p. 257‒332 ; Chr. Dugas de la Boissonny, « Le vierg d’Autun », art. cit., p. 161‒221. En 1440, Philippe le Bon avait autorisé l’élection de quatre échevins pour que la ville y soit mieux gouvernée, mais cette mesure n’avait pas été suivie d’effet. 75

La domination seigneuriale

321

leur permettait de dominer économiquement, et parfois juridiquement, de nombreuses familles. a. Poids économique et influence sur les hommes

De très nombreux foyers, parfois des villages entiers, dépendaient des religieuses pour vivre. En effet, ce sont elles qui fournissaient les terres à cultiver et, bien souvent, l’habitation. En échange de ces terres et de cette habitation, les tenanciers payaient des redevances, fixes ou variables. Mais elles procuraient aussi du travail à de nombreuses personnes leur permettant de subvenir aux besoins de leur famille : elles utilisaient à la journée des manouvriers sur les terres qu’elles exploitaient de façon directe ; elles employaient des gardiens chargés de protéger leurs récoltes ou de les transporter, ou qui s’occupaient de leurs animaux ; elles faisaient appel à des artisans qui leur fournissaient et entretenaient le matériel dont elles avaient besoin pour la culture ; elles embauchaient des ouvriers pour construire de nouveaux bâtiments ou pour les réparer. Elles rémunéraient également les nombreux officiers qui œuvraient pour elles, que ce soit dans le domaine temporel ou dans le domaine spirituel ; et elles avaient quelques serviteurs77. Nombreux étaient donc ceux qui dépendaient d’elles, en partie au moins, pour leur subsistance. La domination des religieuses était plus grande lorsque la population était importante et que de nombreux bras recherchaient des terres à cultiver ou du travail, que lorsque la population diminuait sous les coups des mauvaises récoltes, des maladies ou de la guerre. C’est pourquoi d’ailleurs les revenus des religieuses diminuaient en cas de crise, puisque nombre de leurs terres n’étant alors pas cultivées et elles ne pouvaient pas exiger des redevances trop lourdes, au risque de perdre des tenanciers qui pourraient prendre une tenure plus avantageuse auprès d’un autre propriétaire. Enfin, certains dépendaient de la charité des religieuses quand ils n’avaient aucun moyen de subsistance. Toutefois, ni le devoir d’hospitalité ni celui de distribution d’aumônes ne semblent particulièrement développés au sein des deux abbayes, ou du moins sont-ils méconnus78. b. Domination juridique sur des dépendants

Pour certains, à l’une de ces formes de domination économique s’ajoutait une importante domination juridique. Les religieuses possédaient en effet des dépendants dans différents territoires, et ce jusqu’à l’époque moderne.  Cf. chap. 2 III. La familia des abbayes.  Cf. chap. 5 II. 1. c. Les autres actes pieux.

77 78

322 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

La corvée, pourtant tellement essentielle qu’elle est très souvent mentionnée dans les contrats79, n’est pas une marque de servitude ; des hommes libres étaient soumis à des corvées tout comme des dépendants. Les dépendants de Saint-Andoche et de Saint-Jean : les taillables

Les dépendants des deux abbayes étaient généralement appelés « hommes de l’abbaye » et qualifiés de « justiciables et taillables » ou de « taillables et exploitables »80 d’une des abbayes ; le terme taillable a ici le sens de taille à merci, même si les prélèvements imposés n’étaient pas toujours extrêmement lourds : les religieuses de Saint-Andoche percevaient la taille sur tous les possédants de leur seigneurie de Senailly ; celle-ci devait être « raisonnable », mais était à la discrétion des religieuses qui en annonçaient le montant sans doute le 28 octobre – à la Saint Rémi – et devaient la toucher avant le 1er ­janvier – la Circoncision81. Dans de nombreux domaines de Saint-Jean, à Gueunand, aux Chaumottes, à Runchy, à Cirey, à Groux, à Patigny, à Marcilly, à la fin du xive siècle, les hommes étaient taillables de l’abbaye82 ; les tailles de Cirey et de Marcilly se payaient en argent83. À la fin du xve siècle, deux des trois feux dépendants de cette abbaye aux Chaumottes lui devaient une taille à la Saint Ladre84. Le plus souvent, c’est toute une communauté qui était ainsi juridiquement dépendante, en fonction du lieu où elle cultivait la terre. Les feux des Chaumottes étaient des feux serviles, qu’ils aient dépendu de Saint-Andoche ou de Saint-Jean85. Les hommes semblaient d’ailleurs parfois être le bien le plus précieux des religieuses en un lieu donné, comme à Corcelles, paroisse  Ainsi, quand Jean Tholot et sa femme prirent des religieuses de Saint-Jean un manse et tènement sis aux Chaumottes, ils reconnurent devoir les anciennes redevances ainsi qu’une corvée de transport, corvée qui est la seule charge à être précisément mentionnée (AD SL H 1410/1, 1396ns). Ces corvées étaient toujours dues par les habitants de Gueunand à la fin du xviie siècle, habitants qui devaient une poule de coutume par feu et surtout une corvée de charroi jusqu’à l’abbaye pour les feux qui possédaient bœuf et charrue et une corvée de bras pour les autres (AD SL H 1482, 1693‒1696). 80  AD SL H 1423/6 (1360). 81  AD CO 74 H 1012 (xve siècle). 82  AD SL H 1256, respectivement fol. 2, 6 ; 2, 6 ; 2v, 4v ; 3v ; 4 ; 4 ; et 6v (1380‒1390). 83  AD  SL H  1285, fol.  18 (1397‒1398), H  1260, fol.  2 (1401‒1402) et AD  SL H  1260, fol. 2 (1401‒1402) respectivement. 84  AD SL H 748/1 (1483). 85  Il y avait aux Chaumottes trois feux taillables et corvéables de Saint-Jean (Soc. Éd. D 4-H terrier de Saint-Jean, fol. 35‒49v, 1480) et trois feux taillables et corvéables de SaintAndoche (AD SL H 748/1, 1483). 79

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de Brion  : en 1270, le seigneur de Montjeu et son épouse reconnaissaient devoir 5  sous de rente annuelle pour ce qu’ils tenaient des religieuses de Saint-Andoche dans ce hameau, à savoir « les hommes, avec leurs manses et tènements, les tailles, les coutumes, les cens, les corvées, les terres, les prés, les bois et toutes les autres choses »86. La dépendance était liée à la terre qu’exploitait un homme ; ainsi, tant que Jean Picaud tiendrait certaines terres à Saint-Parize à lui données par son maître, Hugues Boisserand (n°787), il serait « homme justiciable » des religieuses et si un jour il se revendiquait d’un autre seigneur, les religieuses pourraient librement confisquer ces terres car il aurait rompu le lien87. Quand Perreau dit Vellain, de Savignysous-Beaune, et Perrone sa femme, prirent des religieuses de Saint-Andoche une vigne et 4 journaux de terre arable à Volnay, le contrat stipulait qu’ils seraient obligés d’habiter à Volnay et devraient la même chose que les autres « hommes de l’abbaye »88 ; le fait de prendre ces terres à cultiver de l’abbaye les faisait donc devenir dépendants de l’abbaye. À la fin du xive siècle, les habitants de Géanges furent reconnus « hommes des religieuses de SaintJehan d’Ostun », ce qui ne présentait pas que des inconvénients puisque, à ce titre, ils ne devaient de rentes et charges qu’aux religieuses, contrairement à ce qu’affirma Jean de Saulx, conseiller du roi89. Les habitants de Cirey, au xive siècle au moins, étaient taillables et justiciables de Saint-Jean90 : ainsi, plusieurs personnes reconnurent être dépendantes des religieuses, le plus souvent comme leurs parents avant eux ou eux comme leurs héritiers et descendants91  ; du fait de cette dépendance, ils étaient soumis à certaines redevances qu’ils promirent de payer. Plusieurs

86   homines cum mansis et tenementis eorumdem taillias costumas census corveias terras prata nemora et res alias universas generaliter quocumque nomine censeantur que spectant (AD SL H 1622/1, 1270). 87   si forte contingeret dictum Johannem Picaudi reclamare alium dominum seu gardiam quam predictas abbatissam et conventum et earum monasterium predictum quod predictas res univeras cum omni melioratione ibidem facta perdat ipso facto et ad ipsas abbatissam et conventum et earum monasterium predictum suum contradictione aliqua libere revertantur (AD  SL H 1062/1, 1300). 88   homines nostri et monasterii Sancti Andochii eduensis (AD SL H 1162/3, 1283). 89  AD SL H 1478 (1391). 90  AD SL H 1549/2 (1337‒1360). 91  AD SL H 1558, fol. 72‒73 (1313). Renaud et Giraud comme leur père en 1342, Gérarde comme son père en 1346ns (AD SL H 1423/1 (1342) et H 1423/2 (1346ns) respectivement). Perrot dit Laynerat en 1352, Perrin dit Le Bouler en 1354 et 1356 (AD SL H 1323/5 (1352), H 1423/4 (1354) et H 1323/3 (1356) respectivement).

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d’entre eux reconnurent également qu’ils ne pouvaient pas se placer dans la dépendance d’un autre92. En 1360, les religieuses avaient même été amenées à faire reconnaître cette dépendance par la justice contre Perrot dit Lanerat, qui l’avait pourtant reconnue huit ans auparavant, car celui-ci n’avait pas payé les tailles que lui avaient imposées les religieuses depuis neuf ans et n’avait pas respecté son serment de faire édifier une maison sur son manse ; il fut alors condamné à payer trois fois 60 sous pour ses arrérages de taille plus les dépens et à tenir son serment93. Parfois au contraire, la situation juridique de certains était peu claire  ; certains hommes dépendaient de Saint-Andoche sans que l’on sache si cette dépendance était liée à un lieu de naissance ou d’exploitation ou si elle était strictement personnelle. Ainsi, quand en 1195 le duc donna aux religieuses de Saint-Andoche un homme, Gautier Gaiffo et ses descendants94, il s’agissait probablement d’un serf puisqu’il était considéré comme n’importe quel bien ; à cette occasion, il donna aussi aux religieuses ses droits sur un autre homme, Arbert de La Corvée, et ses descendants, qui devenait ainsi sans doute mainmortable de l’abbaye. En 1245, pour résoudre un conflit avec l’abbaye sur la possession de différentes terres et sur des redevances, Anseric de Saint-Andoche (n°936) fit de son fils Humbert un « homme de SaintAndoche » ; celui-ci et ses descendants conservaient les terres objets du litige tant qu’ils étaient hommes de l’abbaye, tandis que la demeure en litige revenait à Anseric de Saint-Andoche95 ; dans ce cas, le passage à la servitude permit de ne pas perdre les terres qui permettaient la subsistance de la famille. Dans certains lieux, la servitude pesait très lourd sur ceux qui n’étaient pas libres. Outre le bordelage des domaines de Saint-Andoche Outre-Loire96, un autre exemple de servitude est assez bien connu, celui des mainmortables de Saint-Andoche dans la vallée de Senailly. Les dépendants de Saint-Andoche et de Saint-Jean : les mainmortables

Dans les domaines de Senailly, Saint-Germain-lès-Senailly et Quincerot, tous les hommes, tous les habitants, étaient «  hommes taillables,

92  AD  SL H  1323/5  (1352), H  1549/2, fol.  9‒9v (1352), H  1323/3  (1356), H  1549/2, fol. 7v‒9 (1356). 93  AD SL H 1423/6 (1360), H 1549/2, fol. 10‒13v (1360). 94   donavit Deo et ecclesie Sancti Andochii eduensis Galterum Gaiffo et heredes eius in perpetuum pacifice possidendos (AD SL H 798/1, 1195). 95  AD SL H 798/2 (1245). 96  Cf. chap. 3 II. 1. b. Les différents modes d’exploitation indirecte. Le bordelage.

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corvéables haut et bas et de mainmorte » des religieuses, comme le reconnut par exemple Perrenet Pillet dit de Saint-Gervais en 133697. Tous étaient mainmortables de Saint-Andoche, y compris les clercs comme Brunet dit de Saint-Gélins, habitant de Senailly, qui reconnut l’être en 130698. Quand vingt ans plus tôt, en 1286, Milot dit Truffiers et sa femme prirent des religieuses des biens « taillables et exploitables haut et bas et de mainmorte », ils devinrent eux-mêmes « taillables et exploitables haut et bas et de mainmorte  » des religieuses et reconnurent qu’ils ne pouvaient se réclamer d’aucun autre seigneur sous peine de confiscation de leurs biens par les religieuses99. Les mainmortables ne pouvaient pas non plus quitter leur terre librement : lorsque Jeanne, veuve de Jean Benoist, mainmortable de Senailly, le souhaita, elle en demanda l’autorisation aux religieuses, qui la lui accordèrent et lui concédèrent d’user comme bon lui semblait de ses biens de Senailly, contre la somme, importante, de dix écus100 ; au xiiie siècle, Geliet dit Marguilier de Saint-Germain et son épouse Ameline reconnaissaient que, s’ils quittaient le domaine de Saint-Andoche pour pénétrer dans un autre domaine, les religieuses seraient autorisées à confisquer l’ensemble de leurs biens, qu’ils énumérèrent101. Bien entendu, lorsqu’ils décédaient sans héritiers de leur corps, leurs biens revenaient à l’abbaye, ce qui fut à l’origine d’un certain nombre de litiges avec d’autres seigneurs pour savoir à qui tels ou tels biens devaient revenir ; ainsi, en 1301, la mainmorte des héritages de feu Guillaume fils de feu Perreau lou Palastre de Senailly dans la vallée de Senailly fit l’objet d’un litige entre les religieuses et Milon dit Audigier de Senailly ; elle fut attribuée aux religieuses et, deux jours plus tard, Milon leur racheta ces héritages102. De la même façon, lorsque, en 1405, Guillaume, fils de Jean de Bierry, mainmortable, décéda, le seigneur de Bierry, Jean de Coupreau, écuyer, revendiqua l’ensemble de ses biens, y compris ceux qui étaient situés à Santigny ; les religieuses formèrent opposition pour ces biens sis à Santigny et dépendants de leur seigneurie de Senailly et ce sont elles qui eurent gain de cause103.

 AD CO 74 H 1013/1 (1336).  AD CO 74 H 1013/1 (1306). 99  AD CO 74 H 1013/1 (1286). 100  AD CO 74 H 1013/1 (1421ns). 101  AD CO 74 H 1013/1 (1277). 102  AD CO 74 H 1013/1 (1301). 103  AD CO 74 H 1010 (1405, actes cités au xviiie siècle). Bien d’autres exemples existent. Ainsi, en 1405 ou 1406 décéda, sans héritier, Michelot Bruley de Quincerot, demeurant 97 98

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Bien que la coutume de Bourgogne soit claire – tous les biens d’un mainmortable décédé sans héritier de son corps reviennent à son seigneur, que ces biens soient situés dans sa seigneurie ou ailleurs –, en 1273, un accord entre l’abbesse de Saint-Andoche et l’abbé de Saint-Jean-de-Réosme se fit sur de toutes autres bases  : les biens acquis à Viserney, Réosme, Athies ou SaintGeorges – domaines de Saint-Jean-de-Réosme – par des mainmortables de Saint-Andoche devaient revenir à l’abbé de Saint-Jean-de-Réosme, tandis que les biens acquis dans la vallée de Senailly – domaine de Saint-Andoche – par des mainmortables de Saint-Jean-de-Réosme devaient revenir à l’abbaye autunoise104. C’est pourquoi les biens appartenant à Isabelle, femme décédée d’Échard de Viserney, dans le finage de Senailly rejoignirent les biens des religieuses de Saint-Andoche qui les vendirent pour 60 sous tournois au veuf105. Cet accord fut à nouveau passé entre une nouvelle abbesse et un nouvel abbé neuf ans plus tard106. Parfois, les religieuses acceptaient de renoncer gratuitement à ce droit de mainmorte lorsque la demande en était faite du vivant des intéressés : ainsi, en 1400, Guyenot le Foul et son épouse, «  fermiers mainmortables  » de Senailly, se présentèrent au chapitre afin de signifier aux religieuses qu’ils vivaient depuis longtemps avec leur gendre, veuf, et qu’ils souhaitaient que celui-ci puisse hériter de leurs biens sans mainmorte ; les religieuses acceptèrent que le survivant de tous trois hérite des autres sans lui réclamer la

à Saint-Germain-lès-Senailly, homme mainmortable de Guiot Montot, écuyer, seigneur de Quincerot en partie ; ce dernier mit donc la main sur les biens dudit Michelot, mais les religieuses de Saint-Andoche firent opposition par l’intermédiaire de leur procureur au nom de la coutume qui voulait qu’elles récupèrent à leur profit l’héritage sis à Saint-Germain ou à Senailly de toute personne décédée sans héritier de son corps « de quel que lieu, estat ou condition qu’il soit, soit qu’il soit frans ou serf, et en quel que lieu qu’il demoure, va de vie à trespassement en ladicte tere de Senoilly et autre part » (AD CO 74 H 1013, 1410‒1411) ; les deux parties furent assignées à Montbard et les juges donnèrent raison aux religieuses et les confirmèrent dans leur droit (AD CO 74 H 1013, 1410‒1411). Quand Jean Benoist décéda à Auxerre sans héritier, les religieux de Saint-Germain d’Auxerre récupérèrent ses biens mais les religieuses et leur coseigneur par indivis de Senailly, Jean Dano, écuyer, firent opposition car tout natif de Senailly était « homme de serve condition, de poursuite et de maintmorte » ; à ce titre, ils réclamèrent l’héritage de Jean Benoist, que leur concédèrent volontiers les religieux de Saint-Germain une fois vérifié leur bon droit  ; la veuve de Jean Benoist fut autorisée à conserver les biens hérités de son mari, mais contre le paiement de 50 livres tournois en deux termes (AD CO 74 H 1013 et 74 H 1013/1, 1419). 104  AD CO 74 H 1013/1 (1273). 105  AD CO 74 H 1013/1 (1273). 106  AD CO 74 H 1013/1 (1282).

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mainmorte107. En effet, les droits de mainmorte exigés des héritiers naturels, légitimes, procréés de leurs propres corps pouvaient être très lourds, comme les 15 francs or, coin du roi, exigés d’Agnès Preufame de Senailly et de son fils Perrenot pour l’héritage des biens de la mère de la première, somme qu’ils promirent de payer en cinq ans, 3 francs à chaque Saint Rémi, ce qui prouve bien que la somme était lourde pour eux108. Au xive  siècle, les habitants de Corcelles-les-Arts reconnaissaient aussi être mainmortables de Saint-Andoche109, de même que ceux de Chazeuil vis-à-vis de Saint-Jean au xve siècle110, mais on ne sait pas si leurs conditions de servitude étaient exactement les mêmes que pour les habitants de Senailly. Ces dépendants des abbayes n’étaient pas nécessairement pauvres, même si ceux qui sont mentionnés dans les actes étaient bien entendu probablement les plus aisés d’entre eux. Certains passaient d’ailleurs des contrats avec les religieuses, ce que le statut de servitude ne permettait pas toujours. Ainsi, en 1334, Huguenin de Salemon, « homme de notredit monastère », prit à cens une terre sise à Nanteuil, reconnut devoir à Thomas Baraud de Blancey (n°712), curé de Curgy, 20  sous tournois de rente pour cette terre et jura de les payer régulièrement111 ; au milieu du xve siècle, Renaud Salemon de Nanteuil, peut-être son descendant, était toujours « homme taillable et justiciable » des religieuses au titre de leur seigneurie de Curgy et elles réclamèrent qu’il leur soit remis alors qu’il avait été arrêté et était détenu par des agents du duc112. Quelques-uns de ces dépendants étaient sans doute aussi aisés qu’un certain nombre de tenanciers de condition libre. Cependant, ils n’étaient pas libres de disposer de leurs biens, ne pouvaient pas quitter leurs terres etc. sans l’autorisation des religieuses, et ils étaient soumis à de lourdes charges. 2. Des droits seigneuriaux rémunérateurs Les religieuses possédaient des droits extrêmement variés et généralement rémunérateurs dans leurs seigneuries. Ainsi, au titre de leur seigneurie de Senailly et Saint-Germain-lès-Senailly, les religieuses de Saint-Andoche

 AD CO 74 H 1013/1 (1400).  AD CO 74 H 1013/1 (1398ns). 109  AD SL H 984/1, fol. 5v (1329). 110  AD SL H 1501/1 et 3 (1446, 1484). 111  AD SL H 911/6 (1334). 112  AD SL 3 E 2/2, fol. 178v‒179v (1447) : « Regnault Salemon, de Nanteul, notre home taillable et justiciable à cause notre terre, justice et juridiction de Curgey ». 107 108

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avaient de nombreux droits qui furent rappelés au xve siècle et que les habitants devaient reconnaître113 : elles avaient droit de percevoir les exploits de justice, confiscation, mainmortes et épaves – dont un tiers allait au seigneur de Senailly, leur vassal –, la taille sur tous les possédants hormis les clercs, le « plat général » de 12 deniers pour les feux qui possédaient des bœufs et de 6 deniers pour les autres, la moitié des coutumes dues par les habitants, la dîme d’un dixième sur les grains et le vin, une amende de 7 sous pour défaut de paiement du cens à date ; elles bénéficiaient des corvées – trois corvées par an pour ceux qui avaient des bœufs ; elles imposaient le ban des vendanges et leurs vigniers veillaient à son respect ; elles faisaient surveiller les poids et mesures et infligeaient des amendes le cas échéant ; elles proposaient les candidats parmi lesquels devait être choisi leur sergent dans la seigneurie ; elles avaient la justice haute, moyenne et basse sur les habitants ; elles présentaient le curé de Saint-Germain à l’évêque de Langres ; elles pouvaient vider aussi souvent qu’elles le souhaitaient l’écluse du moulin afin d’y pêcher le poisson. Leurs droits étaient donc à la fois divers et conséquents. Toujours à ce titre, elles étaient dames de Santigny en partie, territoire sur lequel elles possédaient toute la justice, ainsi que des tierces de onze gerbes l’une ; les hommes y étaient leurs mainmortables114. En outre, elles avaient le droit particulier de recevoir les biens sis à Saint-Germain ou Senailly de toute personne décédée sans héritier de son corps, quel que soit son statut115. Le plus souvent toutefois, leur statut de dames du lieu leur permettait surtout de percevoir des banalités et de rendre la justice. a. Les banalités

Les religieuses possédaient des moulins qui étaient sans doute le plus souvent des moulins banaux avec obligation d’utilisation par les habitants même si ce dernier point n’est pas certain116. Ainsi celles de Saint-Andoche

 AD CO 74 H 1012 (xve siècle).  AD CO 74 H 1010 (1286, acte cité au xviiie siècle). 115  AD  CO 74  H  1013 (1410‒1411)  ; cf.  chap.  4. II. 1. b. Domination juridique sur des dépendants. Les dépendants de Saint-Andoche et de Saint-Jean : les mainmortables. 116   Dans le nord de la Bourgogne actuelle, dans la vallée de la Vanne, les moulins à eau n’étaient que rarement banaux ( J. Rouillard, L’homme et la rivière : histoire du bassin de la Vanne au Moyen Âge (xiiie‒xvie siècle), thèse de doctorat dirigée par M. Bourin, soutenue à Paris‒1 Panthéon-Sorbonne en 2003, t. 1, p. 225‒226). D’ailleurs, lorsque Guiotte de Drées (n°15) arrenta à Robert de Montbouton une place de moulin à Ciry à charge pour lui de le reconstruire, elle précisa que les hommes taillables de l’abbaye devaient y faire moudre leur blé (promicto construere se construi facere quoddam 113 114

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en possédaient un à Curgy, un à Dornes, un à Ormancey, un à Senailly, un à Dracy-Saint-Loup au moins117, ainsi qu’un à Ciry-le-Noble, dont la place fut cédée à rente et que le preneur devait reconstruire118. Les religieuses de SaintJean en possédaient un à Marcilly sous Mont-Saint-Jean119  ; au début du xve siècle, elles baillèrent à rente une place de moulin sise à Melin, à charge pour le preneur d’y construire un « moulin neufz » et de l’entretenir, ce qui fut sans doute fait puisque 90 ans plus tard elles y possédaient effectivement un moulin120. Il s’agissait de moulins à eau, généralement aménagés avec une écluse et une retenue d’eau, les religieuses y ayant parfois le droit de pèche121. De la même façon, les fours, qui sont parfois mentionnés et que les religieuses possédaient sans doute dans la plupart de leurs seigneuries, devaient être des fours banaux, comme celui que les religieuses de Saint-Andoche possédaient à Autun et dont elles défendaient férocement le monopole122 : Saint-Andoche en possédait aussi à Dornes et Curgy123 notamment. Moulins et fours banaux rapportaient régulièrement des redevances aux religieuses lorsque les habitants y portaient leur blé à moudre ou leur pain à cuire. Les religieuses, en tant que seigneur, percevaient également un droit d’étal lors des foires et marchés qui se déroulaient dans leurs seigneuries, outre au bourg Saint-Andoche et au bourg Saint-Jean. À Nolay, les foires dépendaient des religieuses de Saint-Jean et en 1338 l’abbesse Jeanne de Brazey (n°41) en amodia les revenus pour trois ans à Hugues Pelletier pour 14 livres tournois de rente annuelle payable en deux fois et contre des mesures neuves en bois

molendinum novum, ad quod debent per pactum homines tailliabilis dictarum religiosarum molere per modium antiquitus consuetum), ce qui rendait l’investissement plus intéressant ; cela peut indiquer qu’il n’y avait monopole seigneurial que sur les non-libres (AD SL H 881, 1338ns). 117  Respectivement AD SL H 916/1 (1329ns) et H 704/1, fol. 64v (1453) ; AD SL H 955/2, fol. 5v‒6v, 9‒9v, 12v‒13, 14v‒15 (1438‒1439ns) ; AD SL H 1036/1 et 2 (1284) et H 1032/1 (1442ns) ; AD CO 74 H 1012 (xve siècle) ; AD SL H 973/1 et 2 (1266ns). 118  AD SL H 881 (1337). 119  AD SL H 1505, fol. 18v‒19v (1413ns) = H 1525/5 (1413ns), H 1521/20 (1413ns) et H 1509/1, fol. 4 (1499). 120  Respectivement AD SL H 1505, fol. 9v‒11 (1409) ; AD SL H 1509/1, fol. 2v (1499). 121  AD SL H 973/1 et 2 (1266ns), H 1036/1 et 2 (1284), H 916/1 (1329ns), H 1509/1, fol. 2v (1499) ; AD CO 74 H 1012 (xve siècle). 122  Cf. chap. 4 I. 2. b. Les banalités. 123  Respectivement H 955/2, fol. 7‒7v, 16 (1438‒1439ns) et H 963/5 (1439ns) ; H 911/2 (1385ns).

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ferré à rendre à l’abbaye à la fin du bail124. Ce contrat prouve que les revenus issus des foires étaient fort rémunérateurs. Dans leurs seigneuries vinicoles, les religieuses avaient le droit de ban qui leur permettait de vendanger avant les autres viticulteurs et de fixer la date à laquelle ils pouvaient le faire. Ainsi, à Nolay dont Saint-Jean était seigneur en partie – avec le seigneur de La Roche Nolay –, c’est l’abbesse qui fixait le ban de vendange, en accord avec la communauté125. Les religieuses veillaient à faire respecter leur droit de ban, y compris par le châtelain de Nolay ; en 1383 en effet, Thiebaut Porcepuce qui n’avait pas respecté les dates du ban dut s’en remettre « à la volounté et bonne marcy » de l’abbesse, après avoir déclaré avoir agi par ignorance et non par malveillance126. À Senailly, les religieuses de Saint-Andoche fixaient le ban des vendanges et le faisaient respecter par leurs vigniers127. La cour d’appel de Beaune reconnut aux religieuses de SaintAndoche le droit de fixer le ban des vendanges et de vendanger huit jours plus tôt, alors que les représentants du duc leur réclamaient une amende de 65 livres pour avoir « brisié le bant » du duc pour certaines vignes de Monthélie128. Les religieuses pouvaient donc faire vendanger en dehors des dates de ce ban, comme tout seigneur. Les religieuses pouvaient percevoir d’autres redevances encore en tant que seigneur, comme les droits de sauvement et de garde129 perçus par les religieuses de Saint-Andoche sur la terre de La Celle, droits qu’elles avaient délégués au début du xiiie siècle à Hugues de Billy qui, pour ces droits, percevait alors une quarte de froment, une quarte de seigle et 6 deniers130. Celles de Saint-Jean possédaient à Mesvres à la fin du xiiie siècle le droit de culage – sur les mariages131.

 AD SL H 1578/1 et 2 (1338ns).   quum bannum ponitur in vineis vindemiandis apud Nollai, ponitur per abbatissam vel mandatum suum et per communitatem dicte ville (AD SL H 1557/1 = H 1549/2, fol. 14‒16v, 1244). 126  AD SL H 1558, fol. 92v‒93v (1383). 127  AD CO 74 H 1012 (xve siècle). 128  AD SL H 1026/1 = H SUP 56 (1335). 129  Respectivement pour la construction et l’entretien des murailles d’un bourg devant assurer la protection de la communauté et pour la garde par le seigneur des biens d’un mineur. 130  AD SL H 851/1 (1243) et H 964/1 (1244). 131  AD SL H 1530/2 et 1 (1280). 124 125

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b. Les droits de justice

Encore plus marquants du point de vue tant symbolique que réel étaient les droits de justice que les religieuses possédaient dans leurs seigneuries. Le gibet de deux à quatre branches était l’indication de la possession de la haute justice, comme à Merceuil pour les religieuses de Saint-Andoche132. Le droit de justice haute, moyenne et basse des religieuses de Saint-Jean sur les Chaumottes est inscrit dans le paysage par la présence de fourches patibulaires133 ; elles obtinrent d’ailleurs, en 1500, le droit de les relever puisqu’elles avaient disparu 30 ans auparavant et n’avaient pas été relevées du fait des troubles134. Les religieuses possédaient toujours, semble-t-il, la justice haute, moyenne et basse dans leurs domaines, sachant que le duc de Bourgogne possédait un droit éminent de justice dans tout le duché135. Saint-Andoche la détenait à La Celle, Corcelles-les-Arts, Ciry, Demigny, Merceuil, Curgy et Senailly136. Saint-Jean la détenait à Runchy et Charmasse, Géanges, Gueunand137, mais aussi sans doute à Marcilly sous Mont-Saint-Jean et Cirey où elle était attestée au xviie siècle138. Des hommes devaient parfois reconnaître qu’euxmêmes ou les terres qu’ils cultivaient dépendaient de la juridiction et de la justice des religieuses139. Le droit de haute justice entraînait la possibilité de condamner un homme à mort, sentence que les religieuses ne pouvaient évidemment pas exécuter. Ainsi, à La Celle, avant de prononcer une condamnation à mort, les religieuses de Saint-Andoche devaient prendre conseil auprès du seigneur de Dornes qui aurait à exécuter la condamnation ; il devait d’ailleurs recevoir

 AD SL H 1002/5 = AD CO 16 H 167 (1402), H 1003/5 (1424).  AD SL H 1266, fol. 3 (1476), H 1267, fol. 2v (1476). 134  AD SL H 1408/1 (5 avril 1500). 135  B. Schnerb, L’État bourguignon, op. cit., p. 47‒49. 136  Respectivement AD  SL H  849/1  (1285) et H  848/1 (1584 avec mention d’un acte de 1312)  ; AD  SL H  861/1  (1467)  ; AD  SL H  869/1  (1276), H  876/2 (1400ns) et H 869/2 (1414) ; AD SL H 930/5 (1441) ; AD SL H 1003/1 (1311), H 1002/3 = AD CO 16 H 167 (1317) et H 984/1, fol. 8v 1402 ; AD SL H 915/2 (1301) et H 897/2 (1452‒1456) ; AD CO 74 H 1010 (1286), BnF NAF 8645, fol. 170‒171v (1446). 137  Respectivement AD SL H 1363/5 (1414) ; AD SL H 1475/3 (1341) et H 1476/3 (1355) ; AD SL H 1501 (1483). 138  Respectivement AD  SL H  1510 (1600‒1606) et AD  SL H  1413 (1693‒1694). Les religieuses possédaient alors toujours la justice à Gueunand (AD SL H 1482, 1693‒1696). 139   idem Guillermus dicit et asserit quod eritagia sunt de propria justicia et juridictione et diretto domino dictarum religiosarum abbatisse et conventus (AD SL H 876/2, 1400ns) par exemple. 132 133

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10 sous de rente annuelle pour ce rôle140. Un exemple de condamnation à mort, par les religieuses de Saint-Andoche, est connu : il s’agissait d’un de leurs justiciables de Merceuil141, mais l’on ne sait pas quel crime il avait commis pour subir cette peine. En fait les religieuses ne prononçaient pas ellesmêmes les condamnations mais étaient représentées par certains de leurs officiers qui rendaient la justice en leur nom142. Ces représentants étaient rémunérés, le plus souvent par le prélèvement d’une partie des sommes exigées de celui qui était reconnu coupable, généralement le tiers des revenus liés au droit de justice143. Ces droits de justice étaient souvent assez anciens et avaient été acquis de diverses manières. Les droits de justice de Saint-Andoche avaient été achetés, à la fin du xiiie siècle, au seigneur de Dornes par le prieur de Saint-Parize-enViry pour 20 livres parisis144 ; cette vente fut remise en question quelques générations plus tard par son descendant qui affirmait être, lui, en possession de la haute justice à La Celle145. À Ciry-le-Noble c’est par un échange des droits de justice possédés par Guillaume, seigneur de Saint-Bonnet, contre quelques redevances et un bois, que les religieuses en firent l’acquisition146. Les droits de justice des religieuses, parmi les droits seigneuriaux les plus importants tant d’un point de vue de la puissance que du point de vue de ce qu’ils rapportaient financièrement, devaient parfois être défendus contre des contestations ou des tentatives d’usurpation. Ainsi les religieuses de Saint-Andoche durent à plusieurs reprises, au début du xive siècle, défendre leurs droits de justice à Merceuil : en 1311, le bailli de Chalon leur reprocha d’avoir pendu un homme, avant de devoir reconnaître qu’elles étaient dans leur droit et que le condamné était « lour homme et lour justiciauble à Marseul »147 ; six ans plus tard, ce même droit de justice fut confirmé, contre les religieux de Maizières qui prétendaient qu’il leur appartenait

 AD SL H 849/1 (1285).  AD SL H 1003/1 (1311). 142  Cf. chap. 2 III. 2. Les officiers des abbayes en charge du temporel. 143  AD SL H 1465/3 (1341). 144  AD SL H 849/1 (1285). 145  AD SL H 849/2 et 3 (1347). 146  AD SL H 869/1 (1276). 147  AD SL H 1003/1 (1311). 140 141

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et la duchesse de Bourgogne ordonna la mainlevée sur ces droits148. Leurs droits à Ciry et Senailly furent aussi contestés149. III. Des seigneurs au milieu d’autres seigneurs 1. Les conflits et procès entre seigneurs Les droits seigneuriaux étaient à l’origine de la perception de sommes importantes lorsqu’on accumulait les différentes redevances dues, les amendes etc. C’est pourquoi ils étaient l’objet de litiges et de contestations. a. Remise en cause de redevances ou de donations, de dons faits par des prédécesseurs

Lorsque certains s’étaient défaits au profit des religieuses de droits sur des redevances, il n’était pas rare que leurs héritiers contestent les droits des religieuses. Ainsi, alors que Thomas de Dornes, vraisemblablement le seigneur de Dornes, avait donné de son vivant ou légué par testament aux religieuses de Saint-Andoche ses biens à Dornes et en particulier ses revenus en dîmes, de blé et de vin, en terrages et en bordelages à Dornes, Toury-sur-Abron et Ourroux, peu après son décès – moins d’un an –, en mai 1236, ses deux gendres, Guillaume Loupier (n°330) et Pierre Tylou (gén. 29), entrèrent en conflit avec les religieuses au sujet de ces différents revenus150. On peut penser qu’au nom de leurs épouses respectives ils exigeaient le tiers de la succession de leur beau-père, tiers qui revenait obligatoirement aux héritiers directs s’ils en faisaient la demande d’après la coutume de Bourgogne ; en effet, Béatrice et Aremburgis, filles de Thomas de Dornes, avaient sans doute été dotées lors de leur mariage, mais, en l’absence de descendance mâle, elles n’étaient pas exclues de la succession151. C’est pourquoi l’accord stipula que Guillaume Loupier et Pierre Tylou, du chef de leurs femmes, se sépareraient un tiers des

 AD SL H 1002/3 = AD CO 16 H 167 (1317).  En 1414, la justice des religieuses de Saint-Andoche à Ciry fut reconnue et confirmée par le bailli du Charolais et le chambellan du duc, alors qu’elle avait été contestée par des représentants ducaux (AD SL H 869/2, 1414). En 1446, un traité suffit pour qu’au nom de Jeanne de Cussigny, l’époux et le fils de celle-ci reconnaissent à l’abbesse de Saint-Andoche la justice haute, moyenne et basse dans l’étendue de sa seigneurie de Senailly (BnF NAF 8645, fol. 170‒171v, 1446). 150  AD SL H 941/24, fol. 15‒16v = H 952/2 (1236). 151  J.  Bart, Recherches sur l’histoire des successions ab intestat dans le droit du duché de Bourgogne du xiiie à la fin du xvie siècle, Paris, 1966, p. 185 et p. 18, 54. 148 149

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dîmes, terrages et bordelages en question, tandis que les religieuses en conserveraient les deux autres tiers en pleine possession. En 1266, c’est encore une succession, celle d’Humbert dit l’Official (n°948) décédé l’année précédente, qui fut à l’origine d’un conflit entre les religieuses de Saint-Andoche et le chapitre cathédral152 : en effet, Humbert avait constitué le chapitre cathédral son héritier après avoir promis aux religieuses, selon elles, l’ensemble des biens mouvant de leur censive qu’il avait acquis – notamment une pièce de terre de la cité d’Autun et des prés sis à Volnay ; les religieuses lui reprochaient en outre de ne pas leur avoir payé les lods et les cens dus sur ces biens lors de leur acquisition et se retournèrent donc contre le chapitre, en tant que son héritier, pour percevoir ce qui leur était dû. Un compromis fut proposé par des hommes sages et accepté par les deux parties : le chapitre conservait la pièce de terre de la cité d’Autun acquise par Humbert et les religieuses la libéraient des 4 sous de cens qui y reposaient ; les religieuses, pour leur part, recevaient les prés de Volnay acquis par Humbert et sur lesquels reposaient les 20 sous de rente pour l’anniversaire à célébrer à l’abbaye pour cet Humbert, ainsi qu’une pièce de vigne à La Chapelle-de-Volnay ; les religieuses renonçaient également à toute action contre les héritiers d’Humbert. b. Conflits entre seigneurs sur le « partage » des redevances

Plus souvent les litiges portaient sur la répartition de certains revenus, sur les limites du territoire sur lequel des redevances étaient perçues, sur le bénéficiaire de certaines redevances etc. La communauté de Nolay dépendait de deux seigneurs, l’abbaye SaintJean-le-Grand pour une partie du territoire et le seigneur de La Roche Nolay pour l’autre ; or une rivalité naquit au xiiie siècle entre ces deux seigneurs qui cherchaient à y installer toujours plus de colons afin d’augmenter leurs revenus. Les deux seigneurs parvinrent à un accord sous l’égide de l’évêque d’Autun et du seigneur de Chappes, accord assez complexe : les religieuses pouvaient établir cinq familles supplémentaires sur leur territoire de Cirey, familles qui ne dépendaient que d’elles, notamment en terme de justice ; en contrepartie, elles cédaient au seigneur de La Roche Nolay les familles qui dépendaient d’elles sur le territoire de Nolay, sauf celles qui étaient installées sur le meix de la Reine et sur ses censives153  ;  AD SL H 1160/7 (1266).   propter hoc abbatissa et conventus Sancti Johannis eduensis quitaverunt dictis Guidoni et B. uxori eius et heredibus suis homines quos habebant apud Nollai saluo manso Regine et feodis dicte 152 153

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enfin, le seigneur de La Roche Nolay devait fournir à l’abbaye 7 livrées de terre à blé de rente dans le finage de Montceau. En 1280, Bonne de La Roche (n°35), abbesse de Saint-Jean-le-Grand, et Gauthier des Choux (n°351), écuyer, vassal de l’abbesse – et, semble-t-il, seigneur de Mesvres même si cela n’est pas clairement indiqué –, revendiquaient les mêmes droits sur la paroisse de Mesvres, notamment le droit de culage et les tierces. Un accord amiable fut conclu grâce à Jacques de La Roche, prévôt de l’Église d’Autun – peut-être un parent de l’abbesse : les tierces des gros blés et le culage furent attribués à l’abbaye, à charge d’indemniser Gauthier des Choux à hauteur de 40 bichets de blé par an (22 de seigle et 18 d’avoine), tandis que ce dernier conservait les tierces des menus blés154. En 1347, c’est sur des droits de justice qu’éclata un litige entre le seigneur de Dornes, Jean Chauderon, damoiseau, et les religieuses de Saint-Andoche, les deux parties affirmant être seigneur haut justicier sur La Celle155. Les religieuses s’appuyaient sur l’acte de vente de la justice sur La Celle par l’aïeul de ce damoiseau, Guillaume dit Chauderon, chevalier, seigneur de Dornes, au prieur de Saint-Parize-en-Vizy en 1285156, alors que le damoiseau affirmait simplement l’exercer depuis plusieurs années, alors qu’il aurait pu aussi s’appuyer sur un autre acte, donné aux religieuses par le comte de Nevers en 1310, acte par lequel ce dernier « octroyait » aux religieuses de SaintAndoche d’Autun «  pour Dieu et en aumosne toutes les choses qui s’ensivent, lesquelles Huguenin Boisseres, prestres diz prieurs de Saint-Parise en Viry acquist en sen temps ou nom de l’abbesse et du convent del eglize de Saint Andoche d’Othun » et en particulier la justice à La Celle « jusques à soissante solz »157. Cet acte est problématique, d’autant que le comte de Nevers ne reconnaissait finalement aux religieuses que la basse justice alors qu’Hugues Boisserand (n°787) avait acquis la basse et la haute justice sur La Celle avant de la léguer aux religieuses158 ; ce n’est pourtant sans doute pas abbatisse (AD SL H 1557/1 = H 1549/2, fol. 14‒16v, 1244). 154  AD SL H 1530/2 et 1 (1280) ; sur Jacques de La Roche, cf. J. Madignier, Fasti, t. 12 : Autun, op. cit., n°542 p. 274‒275. 155  AD SL H 849/3 (1347). 156  AD SL H 849/1 (1285). 157  AD SL H 1063/7 et 8 (1310). 158   À quel titre Louis Ier, fils du comte Robert III de Flandre et de Yolande de Bourgogne, comte de Nevers par sa mère et de Rethel par son épouse – Jeanne de Rethel – intervint-il ? Plusieurs des actes d’acquisition de ces terres et droits sont conservés (AD SL H 1063/2 et 3 de 1267, H 1063/4 et 5 de 1263, H 849/1 de 1285) : Guillaume Chauderon, seigneur de Dornes, chevalier, et son épouse, les ont vendus à Hugues Boisserand (n°787), «  prêtre

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pour cela que Jean Chauderon ne le produisit pas pour appuyer ses dires ; peut-être n’en avait-il tout simplement pas un exemplaire à présenter. Malgré le bon droit des religieuses – du moins semble-t-il à partir des actes conservés  –, l’accord se fit à leur détriment dans la mesure où Jean Chauderon conserva la haute justice et les biens éventuellement confisqués aux condamnés, sa vie durant ; après son décès, les biens confisqués devaient revenir aux religieuses159. Ces trois exemples, divers, montrent, une fois encore, que les religieuses privilégiaient l’accord amiable sur l’action en justice. Il en fut de même lorsque le prieuré Saint-Symphorien et l’abbaye Saint-Andoche, au xve siècle, entrèrent en conflit au sujet des redevances dues sur une terre de La Corvée : un accord eut lieu à l’amiable « pour eviter toues matieres de debas, questions et proces qui ne se doivent point nourrir entre deux Eglises »160. Parfois les tribunaux étaient tout de même sollicités, comme dans un litige sur des tierces entre les religieuses de Saint-Andoche et les seigneurs de Corcelles. Dans un premier temps, il opposa les religieuses à Pierre Daransete, écuyer, seigneur de Corcelles en 1442  : les premières affirmaient posséder « les tierces des grains venans et croissans es terres laborées et ensemmancées en tout la ville, finaige et territoire de Corcelles  »161 y compris sur celles du seigneur de Corcelles, tandis que le second disaient que ses hommes en

de l’église de Saint-Parize-en-Viry et par lui à ses héritiers  » ou à «  dom Hugues prêtre, prieur du prieuré de Saint-Parize-en-Viry et par lui à ses successeurs », mais il n’est jamais mentionné qu’Hugues Boisserand agissait alors au nom de l’abbaye. Cependant, quand en 1273ns Hugues Boisserand prit la domus de Saint-Parize en amodiation des religieuses avec tout ce qui en dépendait, une des clauses de l’accord concernait les biens acquis par cet Hugues Boisserand entre Loire et Allier : à sa mort, tous ces biens devaient revenir aux religieuses de Saint-Andoche et à sa domus de Saint-Parize, contre la célébration annuelle de son anniversaire à l’abbaye (AD SL H 1064/1 et 2 de 1273). Dès lors, il était normal que les différents biens et revenus énumérés par le comte de Nevers, dans la mesure où ils avaient été acquis par Hugues Boisserand entre Loire et Allier, reviennent à l’abbaye à sa mort. Mais le comte de Nevers n’avait aucune raison d’intervenir dans la mesure où l’acte de 1273 avait été scellé par l’officialité de Nevers et qu’un vidimus de 1284 en avait été scellé par l’officialité d’Autun – ce qui a priori rendait les clauses de cet acte difficilement attaquables – et dans la mesure où le comte de Nevers n’était pas suzerain de celui qui les détenait. Peut-on voir ici, sous couvert d’une aumône, une tentative par le comte de Nevers d’affirmer une juridiction qu’il n’avait pas, d’autant qu’il n’« octroyait » à l’abbaye que la basse justice de La Celle alors qu’Hugues Boisserand y avait acquis la justice basse et haute ? 159  AD SL H 849/3 (1347). 160  AD SL H 790/1 = H 796/9 (1438ns). 161  Cf. AD SL H 884/1 (1298), H 884/2 (1329).

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étaient « francs et quictes et exempts »162. Les deux parties s’accordèrent afin d’éviter un procès : les religieuses renoncèrent à ces tierces contre une rente annuelle d’un bichet de froment et un bichet d’avoine mesure de Beaune. Mais dans un second temps, à la mort de Pierre Daransete en 1459 ou 1460, ses deux fils et cohéritiers remirent en cause cet accord  : Pierre et Hérard Darensete, damoiseaux, seigneurs de Corcelles, payèrent la redevance pendant deux années puis refusèrent de l’acquitter pendant quatre ans. Aucune entente n’intervint alors et un procès eut lieu, à la suite duquel un des deux frères promit de s’acquitter de sa part des 8 bichets, moitié froment et avoine, d’arrérage qui étaient dus aux religieuses ; on ne sait pas ce qu’il advint des 4 bichets dus par l’autre frère, par Hérard de Darensete163. À la fin du xive siècle, c’est aussi un procès qui trancha le conflit né entre les religieuses de Saint-Andoche et Jean de Vienne, seigneur de Praigny et de Chaseuil – sans doute un parent de l’abbesse Jacquette de Vienne (n°19) –, au sujet d’une maison de la rue des Bouchers dans laquelle demeurait, de son vivant, Jean dit Legoul, mainmortable de Jean de Vienne pour son domaine de Chaseuil164 : à qui appartenaient la demeure et les droits y afférant ? Jean de Vienne les exigea en tant que seigneur d’un mainmortable décédé sans enfants, tandis que les religieuses les revendiquaient en tant que seigneur éminent. La sentence imposa à Jean de Vienne de reconnaître que les religieuses étaient propriétaires de la maison et des droits pesant sur elle, tandis que ces dernières devaient cesser de lui réclamer les arrérages des cens, rentes et queste dus par Jean dit Legoul à sa mort. Au milieu du xve siècle, un conflit éclata entre le prieuré Saint-Symphorien et l’abbaye Saint-Jean au sujet d’une vigne derrière la maison abbatiale de Ciry, vigne acquise par les premiers au début du siècle et sur laquelle ils réclamaient aux religieuses une redevance annuelle en vin alors que les religieuses la déclaraient franche de toute redevance ; de nombreuses personnes furent alors appelées à témoigner avant que la sentence ne soit rendue en faveur des religieuses165. Plusieurs procès opposèrent ces mêmes religieuses aux religieux de Maizières. Les premiers, au début du xive siècle et au début du xve siècle, concernaient la justice à Merceuil : les deux jugements ne reconnaissaient à Maizières que le droit de nommer des messiers, et proclamaient que, y compris sur leurs  AD SL H 884/3 (1442).  AD SL H 884/4 (1466ns). 164  AD SL H 793/1 (1396ns). 165  AD SL H 1429/1 à 10 (1441‒1447). 162 163

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terres, c’est l’abbesse de Saint-Andoche qui avait le droit de justice166. Au milieu du xve siècle, l’opposition reprit entre les deux établissements au sujet de la dîme sur une terre de Merceuil toujours167, puis sur les droits sur l’église paroissiale de Merceuil168. Enfin, plusieurs conflits éclatèrent aux xive  et xve siècles entre les deux établissements au sujet de Demigny, à la fois sur la répartition des dîmes et sur la possession d’une grange dîmière169 : en 1439, les religieux de Maizières s’opposèrent à la dépose des matériaux irrémédiablement endommagés d’une grange appartenant aux religieuses, empêchant ainsi les travaux de première nécessité qui auraient permis de reconstruire cette grange. Pour ce faire, ils firent apposer sur ce bâtiment des brandons au nom du duc de Bourgogne ; après de multiples recours qui n’aboutirent pas, en 1441, les religieuses sollicitèrent la cour d’appel de Bourgogne pour qu’elle fasse lever la mainmise des religieux de Maizières sur cette grange qui leur avait toujours appartenu – ce qu’atteste d’ailleurs la toponymie puisque ce bâtiment était appelé « Grange es Abbesses »170 – et leur avait toujours servi à stocker le produit de la dîme perçue à Demigny. L’issue de ce procès n’est pas connue. c. Conflits sur les limites des droits de chacun

À partir du début du xive siècle, Eudes de La Roche, chevalier, seigneur de Nolay, refusa de reconnaître le droit des religieuses de Saint-Jean à nommer trois vigniers chargés de garder « bien et souffisamment les vignes dou voul, dou terreour et dou parrochaige de Nolay » 171. En 1304, le bailli de Dijon avait déjà ordonné la révocation de vigniers indument installés en son nom et avait imposé que les hommes choisis comme vigniers ne soient des  AD  SL H  1002/2  et  3  (1318) et H  1002/5  = AD  CO 16  H  167  (1402). On peut mettre cette décision de justice en regard avec une autre, prise par la cour d’appel de Beaune en 1335 : cette fois, ce sont les représentants du duc, qui firent un procès aux religieuses de Saint-Andoche parce qu’elles nommèrent des vigniers à Monthélie et que ceux-ci perçurent des amendes alors que le droit de justice appartenait au duc ; le jugement fut rendu en faveur des religieuses qui purent continuer à nommer des vigniers pour protéger leurs vignes et ceuxci purent continuer à percevoir des amendes sur ceux qui y auraient pénétré. Il semble donc que le droit de garde des récoltes, allant éventuellement jusqu’à des amendes, n’ait pas été considéré comme préjudiciable à la justice seigneuriale. 167  AD SL H 1000/1 à 6 (1440‒1453). 168  AD CO 16 H 131 (1451). 169  AD  SL H  780/8 (1370 et 1499), H  932/1 (1451‒1460) et AD  SL H  930/5  (1441) respectivement. 170  AD SL H 930/5, fol. 1 (1441). 171  AD SL H 1579/3 (1333). 166

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familiers d’aucune des parties – religieuses de Saint-Jean, seigneur de Nolay, communauté de Nolay172. Cependant, durant tout le deuxième tiers de ce siècle, alors que le droit des religieuses à nommer librement ces trois vigniers était reconnu par les différentes instances dirigeantes et judiciaires173, le seigneur de Nolay – ou son représentant – refusa de recevoir le serment des vigniers nommés par les religieuses. Ainsi, en 1337, c’est à la suite d’un procès qui durait depuis quatre ans que le bailli de Dijon confirma les religieuses, contre le seigneur de Nolay, dans leur droit de choisir trois vigniers et de les présenter au seigneur de Nolay et aux « prodomes » de la ville qui devaient recevoir leur serment de garder « bien et leaulment » les fruits des « juridiction, finaige et appartenance de ladite ville de Nolay  »  ; il condamna aussi le seigneur de Nolay «  à cesser dou trouble et empoichement que il mectoit es dictes dames en lour dicte possession et ha recivoir les sairments des vigniers esleuz par lesdites dames » puisque l’année précédente il avait refusé leur élection et leur réception lorsque le procureur des religieuses avait voulu les lui présenter174. Pourtant, cinq années plus tard, tout fut à recommencer : en janvier, la cour d’appel de Beaune confirma cette sentence du bailli de Dijon ; six mois plus tard elle commissionna des sergents ducaux afin qu’ils fassent appliquer la sentence et Eudes IV (n°974) demanda au bailli de Dijon et au châtelain de Grosne de se rendre à Nolay afin de rappeler à Eudes de La Roche qu’il ne devait pas gêner les religieuses dans leurs possessions175. En 1345 encore, lorsque Monin de Chassagnes (n°595), procureur des religieuses, présenta les vigniers choisis au représentant du seigneur de Nolay, celui-ci refusa de recevoir leur serment, menaça même de les violenter et nomma trois autres vigniers qu’il reconnaissait seuls  ; Monin de Chassagnes se rendit alors à la porte principale de l’église paroissiale à la sortie de la grand-messe dominicale pour présenter les vigniers nommés par les religieuses aux paroissiens et habitants de Nolay, en présence d’un sergent ducal délégué là en vertu de nouvelles lettres de commission de la cour d’appel de Beaune datées d’une semaine plus tôt ; les vigniers nommés par l’abbaye prêtèrent alors serment et ce serment fut reçu, notamment, par le sergent ducal

 AD SL H 1579/1 (1304).  Le châtelain royal de Couches qui avait mis la main sur les biens du seigneur de Nolay en 1332 (AD SL H 1579/2), le duc de Bourgogne en 1342 (AD SL H 1579/5 1342), le bailli de Dijon en 1333, 1337 et 1355 (AD SL H 1579/3, H 1579/4, H 1579/13), la cour d’appel de Beaune en 1342 et 1345 (AD SL H 1579/6 et 7, H 1579/9). 174  AD SL H 1479/4 (1337). 175  Respectivement AD SL H 1579/6 (1342ns), H 1579/7 (1342) et H 1579/5 (1342). 172 173

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qui fit savoir que nul ne devait les gêner dans leur office et encore moins les violenter176. Une semaine plus tard, la cour d’appel de Beaune, sur une nouvelle plainte des religieuses, décida de contraindre le représentant d’Eudes de La Roche et les autres fauteurs de troubles par « la prise, vendue et esploit de lours biens à cesser desdiz troubles et empoichements et est et desmectre les vigniers qui mis y ont estey pour loudit seigneur de Nolay » 177. En 1354, les mêmes péripéties recommencèrent lorsque Jean de Marcilly (n°600), procureur de l’abbaye, voulut présenter les trois vigniers élus par les religieuses le 20 juillet à la sortie de la messe dominicale ; le 24, le représentant du bailli de Dijon ordonna au prévôt de Beaune et aux sergents royaux de contraindre le châtelain de Nolay à recevoir leur serment ; le 27, Gérard de Tuicey (n°599), autre procureur de l’abbaye, se rendit donc à son tour à Nolay pour présenter les trois mêmes hommes et fut contraint de demander l’assistance de Michel Venue, sergent royal, devant l’opposition du châtelain et de trois habitants ; Michel Venue imposa les élus et assigna les récalcitrants devant la cour de Beaune178. La nouvelle commission du lieutenant du bailli de Dijon l’année suivante179 fut-elle plus efficace que les autres ou Eudes de La Roche abandonna-t-il ses revendications de guerre lasse ? Quoi qu’il en soit aucun document n’indique que la lutte se poursuivit au-delà. Un conflit qui pourrait sembler assez mineur envenima donc les relations de l’abbaye avec une de ses possessions importantes pendant de nombreuses années et fit intervenir de très nombreux juristes. Généralement toutefois, les conflits ne s’éternisaient pas autant. Ainsi, les litiges qui naissaient aux xiiie, xive et xve siècles entre les religieuses de Saint-Andoche et divers autres seigneurs de la région de Senailly autour de l’héritage des mainmortables décédés sans héritier de leur corps étaient réglés rapidement, même s’ils renaissaient constamment avec des protagonistes différents180. Les religieuses ont d’ailleurs toujours eu gain de cause dans ces litiges autour de l’héritage des biens des mainmortables de la vallée de Senailly, du moins d’après la documentation conservée dans les fonds de l’abbaye.

 AD SL H 1579/8 (1345).  AD SL H 1579/9 (1345). 178  Respectivement AD SL H 1579/11 (1354), H 1579/12 (1354) et H 1579/10 (1354). 179  AD SL H 1579/13 (1355). 180  Cf. chap. 4. II. 1. b. Domination juridique sur des dépendants. Les dépendants de SaintAndoche et de Saint-Jean : les mainmortables. 176 177

La domination seigneuriale

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Plus classiques étaient les litiges autour des limites territoriales des biens des uns et des autres. Ainsi, en 1398‒1399, les religieuses de Saint-Andoche, dames de Senailly, et le seigneur de Pisy s’opposèrent sur la limite des droits de justice haute, moyenne et basse de la première à Santigny et du second à Pisy ; il fut fait appel aux « personnes anciennes du pays » pour remettre les bornes à leur place181. De façon similaire, en 1483 naquit un conflit entre Laurent Garnier, curé d’Ourroux, et Henri Coquille, bourgeois de Decize, d’une part et l’abbaye Saint-Andoche d’autre part sur la limite entre les dîmes de Chaseuil qui revenaient aux religieuses et celle de Montlever qui appartenaient au curé et à Henri Coquille182. Les conflits furent donc nombreux entre seigneurs sur les droits exacts de chacun, sur leurs limites etc., car les redevances liées à ces droits étaient pour eux une importante source de revenus. Il semble que les décisions de justice ont été, le plus souvent, favorables aux religieuses, du moins quand on connaît l’issue des procès. Plusieurs phénomènes peuvent l’expliquer. Tout d’abord, elles ont pu ne conserver précieusement que les décisions qui leur étaient favorables et il faudrait faire des recherches dans les archives judiciaires ou dans les fonds d’autres institutions avec lesquelles elles pourraient avoir été en conflit pour tenter de découvrir l’issue de procès dont les conclusions ne sont pas connues par des actes conservés dans le fonds des abbayes, et ne leur ont peut-être pas été favorables. Mais les religieuses étaient peut-être effectivement le plus souvent dans leur bon droit, certains cherchant à profiter d’une faiblesse supposée liée à leur statut de religieuses cloîtrées, consacrées à une vie contemplative. Enfin, les juges avaient peut-être tendance, consciemment ou non, à être plus bienveillants envers les religieuses du fait de leur statut de servantes de Dieu. Illusion liée à la documentation ou réalité, les religieuses de SaintAndoche semblent s’être plus souvent opposées à d’autres seigneurs, ou à de simples particuliers d’ailleurs, que celles de Saint-Jean, mais aussi être allées plus fréquemment en justice. Furent-elles réellement plus procédurières  ? Ont-elles, plus que les religieuses de Saint-Jean, eu besoin d’encaisser le plus grand nombre possible de redevances à cause d’un niveau de vie un peu plus élevé ou de revenus globalement un peu plus faibles ?

 AD SL H 1129/1 à 10 (1398‒1399).  AD SL H 952/3 (1483).

181 182

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2. Une place dans la hiérarchie féodale Les religieuses de Saint-Andoche et de Saint-Jean étaient à la fois vassales et seigneurs de différentes personnes elles-mêmes plus ou moins puissantes. a. Comme seigneurs…

Elles possédaient des vassaux dans plusieurs de leurs seigneuries. Ceuxci leur devaient généralement foi et hommage pour des terres, en ce qui concerne Saint-Jean à Montigny, hameau de Bessy-sur-Arroux, Géanges183 ou Colonne où Gérard dit Costaignez, de Colonne, et son fils Jean reconnaissaient tenir en fief de l’abbaye une pièce de pré à Colonne mais aussi les dîmes en blé et vin de Rathier, pour 55  bons petits tournois, ces biens devant revenir à l’abbaye à leur mort184. À Nolay, c’est même le duc de Bourgogne qui était vassal de Saint-Jean pour certaines terres : Eudes III reconnut que le fief de Nolay dépendait de l’abbaye Saint-Jean-le-Grand d’Autun et que ce qu’il y tenait était donc du fief de cette église185. Saint-Andoche, quant à elle, avait des vassaux Outre-Loire où elle avait des fiefs et arrièresfiefs dans le diocèse de Nevers – fiefs et arrières-fiefs qui lui donnaient des droits qui ne firent pas partie de la large amodiation consentie à Hugues Boisserand (n°787)186 –, mais aussi dans différents lieux du duché, notamment à Ormancey, Saint-Sernin-du-Plain, Ciry-le-Noble, Curgy ou DracySaint-Loup : des hommes firent des reprises de fief ou des reconnaissances de fief pour ces terres187. À Marly, lorsqu’un litige naquit au xiiie siècle entre l’abbesse de Saint-Andoche et des particuliers, le prieur de Perrecy fut appelé pour trouver un accord : les deux particuliers conservèrent la possession des deux tiers des terres contestées – l’abbaye en conserva le dernier tiers –, mais ils devaient désormais les tenir en fief lige de l’abbaye et payer 2 sous de cens annuel188. En 1369, Guillaume de Raveloux reconnut tenir en fief des religieuses un pré de Chevigny qu’il avait acquis de son frère et 30 ans plus tard,

 Respectivement AD SL H 1544/3 (1369, 1397, 1410, 1437, 1483 : reconnaissances de fief et hommages réunies au xvie siècle) et AD SL H 1477/2 (1413ns). 184  AD SL H 1437/5 (1311ns). 185  AD SL H 1549, fol. 1 (1204), H 1558, fol. 73‒73v (1204). 186  AD SL H 1064/1 et 2 (1273ns). 187  Respectivement AD SL H 1027/1, fol. 1v (1324), AD SL H 1113/1 à 3 (xive siècle), AD  SL H  865/1  (1229), AD  SL H  910/2  (1387) et AD  SL H  971/1 (1381ns), H 971/2 (1387), H 971/3 (1401), H 971/4 (1409). 188  AD SL H 981/1 (1234). 183

La domination seigneuriale

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Guillaume Morelle de Raveloux, prêtre, fit de même pour lui et sa mère189 ; le premier reconnaissait d’ailleurs qu’il ne devait pas aliéner ce fief et ne devait pas reconnaître un autre seigneur que l’abbesse et celles qui lui succéderaient, et le second qu’il devait hommage et fidélité à l’abbesse. L’abbesse de Saint-Andoche enfin était dame de Merceuil, à l’époque moderne comme au Moyen Âge d’ailleurs190. Sur près d’un siècle entre le milieu du xive et le milieu du xve siècle, les reconnaissances de fief pour des terres et des biens situés à Merceuil se succédèrent, reconnaissances faites par plusieurs familles191. Un de ces actes est même clairement une reprise de fief lors d’une succession abbatiale, en 1425, lorsque Huguette d’Aimanges (n°21) devint abbesse  : Thibault de Nevers, écuyer, «  fait foy et homaige liege et repris de fiez » de « tout ce entierement que lui et sa femme ont tienue et possidé en [la] ville de Merseul et es appartenances d’icelles »192 ; en 1433, le même reconnut à nouveau tenir ses possessions de Merceuil en fief de l’abbaye, vraisemblablement lorsque Henriette de Vienne (n°22) succéda à Huguette d’Aimanges193. Bien entendu, lors d’une acquisition d’un bien mouvant en fief de l’abbaye, l’acquéreur devait en référer et en demander accord aux religieuses, ce que fit le même Thibault de Nevers lorsqu’il acheta une terre au finage de Merceuil à Marguerite veuve de Jean le Poiretat qui lui-même avait reconnu tenir ses terres des religieuses une trentaine d’années plus tôt194. Une de ces reconnaissances de fief est intéressante aussi dans la mesure où elle évoque les devoirs du vassal195 : il devait respecter fidèlement les droits et « honneurs » des religieuses ; il ne devait rien faire au détriment desdites religieuses, de leurs droits ou de leurs biens ; au contraire il devait les respecter et défendre autant que faire se pouvait à la fois dans leurs personnes, leurs biens, leurs droits et leur honneur. Le seigneur de Senailly, généralement damoiseau ou écuyer, était vassal des religieuses de Saint-Andoche que ce soit au xive ou au xve siècle, et à ce titre il avait plusieurs obligations. Chaque nouveau seigneur de Senailly,  AD SL H 863/1 (1369) et H 863/2 (1397).  AD SL G 2903/50 (1716) : l’abbesse, en tant que dame de Merceuil, était alors en litige avec les chanoines de la collégiale de Beaune au sujet des finages de Cissey et Sainte-Mariela-Blanche pour les dîmes ; furent exhibés un titre de la collégiale de 1545 et le terrier des religieuses de 1570. 191  AD SL H 993/1 à 11 (1345ns‒1439ns). 192  AD SL H 993/11 (1425). 193  AD SL H 993/9 (1433). 194  AD SL H 993/12 (1425 ?) et H 993/5 (1394). 195  AD SL H 993/5 (1394). 189 190

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généralement le fils du précédent, devait hommage à l’abbaye, sans quoi les religieuses pouvaient mettre la main sur ses possessions, comme à l’encontre d’Huguenin, damoiseau, fils de feu Guillaume de Senailly damoiseau, qui en 1315 « supplie [l’abbesse] de le recevoir comme son homme lige », lui fit l’aveu de ses biens et lui promit de payer la somme de 100 livres tournois, somme prêtée par deux chanoines196. En 1426, Jean de Senailly, écuyer, fils et unique héritier de Pierre de Senailly, prêta hommage à Huguette d’Aimanges (n°21)197. En 1482, Antoine de Senailly, écuyer, prêta hommage, « nud teste et à genoulx lez mains joinctes », à Louise de Clugny d’Alonne (n°24), qui s’était déplacée à Senailly pour l’occasion, et il promit de faire le dénombrement des biens qu’il tenait d’elle dans les 40 jours ; l’abbesse accepta, « prent ledit Anthoine de Senoilly escuyer par les deux mains, le leva de terre et baisa en la bouche » et leva la mainmise qu’elle avait ordonnée sur ses biens198. Quelques années plus tôt, Jean Pomert, écuyer, seigneur de Thomey, et tout nouveau seigneur de Senailly désigné par le duc après confiscation de la seigneurie des précédents seigneurs qui s’étaient opposé à lui, était venu, en l’absence de l’abbesse malade, rendre hommage entre les mains du « juge de la terre et seignorie desdits Saint-Germain et Senoilly pour noble et puissante dame dame Loyse de Clugny, abbesse de Saint-Andoiche d’Ostun » ; celui-ci accepta, mais précisa que l’hommage devrait être renouvelé lorsque l’abbesse pourrait se déplacer et venir en personne le recevoir199. Une fois l’hommage rendu, certaines redevances dues par le vassal marquaient sa vassalité, notamment une demi-poule et une corvée, que ce soit au xive ou au xve siècle200. De façon plus surprenante, ces vassaux n’étaient pas libres d’acquérir les biens qu’ils souhaitaient dans la vallée de Senailly sans l’autorisation des religieuses ; ainsi, en 1363, le procureur de l’abbaye souhaita que soient confisqués les biens acquis de son vivant par feu Guillaume de Senailly et plus récemment par son fils Huguenin ; cependant, les religieuses firent preuve de bienveillance, laissant à Huguenin ces biens et l’autorisant à acquérir encore 10 journaux de terre arable dans les cinq ans : au-delà, ses éventuels acquêts reviendraient à l’abbaye par confiscation201.

 AD CO 74 H 1013/1 (1315).   BnF NAF 8645, fol. 167‒169 (1426). 198  AD CO 74 H 1013/1 (1482). 199  AD CO 74 H 1013/1 (1471). 200  AD CO 74 H 1013/1 (1363ns), 74 H 1012 (xve siècle). 201  AD CO 74 H 1013/1 (1363ns). 196 197

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À Dornes, les religieuses de Saint-Andoche avaient aussi des vassaux dont les obligations sont fort mal connues. En revanche, la transmission des biens et droits qui avaient été pris en fief des religieuses l’est dans un cas particulier. En mai 1236, un litige apparut entre les religieuses et les deux gendres de Thomas de Dornes, Guillaume Loupier (n°330) et Pierre Tylou (gén. 29), sur la possession des dîmes de blé et vin, des terrages et des bordelages de Dornes, Toury-sur-Abron et Ourroux. Les religieuses conservèrent les deux tiers de ces redevances, tandis que les deux gendres se séparèrent le dernier tiers202, qu’ils tinrent en fief de Saint-Andoche ; à ce titre, ils devaient aux religieuses une «  procuration  » et cinq oies203. Quelques mois plus tard, un nouveau conflit opposa les mêmes protagonistes sur les dîmes novales : Guillaume Loupier et Pierre Tylou obtinrent le droit d’en lever le tiers, mais contre une nouvelle redevance annuelle, de 10 et 8 sous, à Pâques204. Un demi-siècle plus tard, Guillaume et Benoît Loupier (n°331), fils de Guillaume Loupier (n°330), se partagèrent les biens de leurs parents décédés ; ce qui leur venait de leur mère était, là aussi, tenu en fief de l’abbaye et ils durent donc une reconnaissance de fief aux religieuses205. Toutefois, Barthélemy (= Guillaume ?) Loupier, abandonnant à son frère ce qu’il tenait en fief des religieuses à Dornes et Ourroux, renonça à sa vassalité entre les mains de Jacques Boisserand (n°932), qui agissait sans doute comme représentant de l’abbaye ; il recommanda alors son frère comme vassal et Jacques Boisserand remit entre les mains de Benoît les biens auxquels son frère avait renoncé206. Benoît se reconnut vassal de l’abbaye, notamment pour la prévôté de Dornes ; en même temps, il hypothéqua auprès des religieuses tout ce qu’il tenait d’elles en fief, contre 108 livres sans que l’on sache pourquoi il avait besoin de cet argent207 ; quelques années plus tard, il renonça finalement à tout ce qu’il tenait en fief des religieuses, entre les mains du curé de Saint-Parize-en-Viry qui représentait les religieuses, contre une somme importante, 409 livres208. Être vassal des religieuses semble donc ne pas être toujours financièrement

 Cf. chap. 4 III. 1. a. Remise en cause de redevances ou de donations, de dons faits par des prédécesseurs. 203  AD SL H 941/24, fol. 15‒16v = H 952/1 (mai 1236). 204  AD SL H 952/2 (janv. 1237ns). 205  AD SL H 941/24, fol. 17‒18 = H 964/2 (10 nov. 1268). 206  AD SL H 941/24, fol. 14‒15 (26 nov. 1268). 207  AD SL H 941/24, fol. 9‒10v (nov. 1268). 208  AD SL H 941/24, fol. 11‒13 (mars 1275ns). 202

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rentable puisque, à quelques années d’écart, les deux frères renoncèrent à leur vassalité. Les religieuses avaient donc des vassaux dans différents lieux et de différents rangs. Mais elles étaient, elles aussi, vassales. b. …et comme vassales

Les religieuses de Saint-Andoche étaient probablement vassales du duc de Bourgogne et du comte de Nevers, et c’est doute à ce titre que, à la fin du xive siècle, les représentants de Philippe le Hardi et de son fils Jean mirent la main sur certains de leurs biens – leurs possessions Outre-Loire et le droit de queste perçu dans le châtelet Saint-Andoche à Autun – parce qu’elles n’avaient pas payé les droits d’amortissement dus pour « des novaulx acquez » ; les religieuses protestèrent contre cette mainmise dans la mesure où il s’agissait « des anciens drois et appartenances anciennement acquis pour la fondation dudit monastère et non mye acquis depuis le temps exprimé es letres et commissions données par monditseigneur sur le fait des nouvaulx acquestz » ; la duchesse Marguerite de Flandres, qui agissait au nom de son époux et de son fils le comte de Nevers en leur absence209, ordonna alors aux baillis de Nevers, du Charolais et d’Autun la mainlevée sur ces biens210. Les choses sont plus nettes du côté de Saint-Jean : du fait que, selon la tradition, Saint-Jean aurait été fondée par les ducs de Bourgogne211, l’abbesse était leur vassale et leur devait « fied et hommaige »212. Ainsi, en octobre 1407, l’abbesse Alice de Brazey (n°45) reconnut devoir foi et hommage au duc de Bourgogne Jean sans Peur pour des biens et possessions de l’abbaye dans le duché à Autun, Cirey, Marcilly, Ballore, Chassagne, Puligny et 209  Philippe le Hardi et son fils aîné Jean étaient sans doute alors déjà à Paris où, le 28 mars, ils organisèrent un important conseil pour préparer la « croisade de Nicopolis » contre les Turcs, croisade lors de laquelle Jean sans Peur fut fait prisonnier ( J. Paviot, Les ducs de Bourgogne, la croisade et l’Orient : fin xive siècle‒xve siècle, Paris, 2003, p. 33). 210  AD SL H 718/1 = H 968/1 (12 mars 1396ns). 211  En 1390 déjà, l’abbaye était déclarée avoir été fondée par les prédécesseurs du duc de Bourgogne (AD SL H 1223/1, 1390). Un acte de 1702 dit même que cette fondation fut celle de « Jean, comte de Bourgogne et Isabelle sa femme », c’est-à-dire Jean l’Antique ou le Sage comte de Chalon puis seigneur de Salins et Isabelle de Courtenay sa deuxième épouse (AD SL H 1226/45, 1702), ce qui est évidemment faux puisque Jean l’Antique a vécu dans les deux premiers tiers du xiiie siècle, alors que l’abbaye est alors attestée depuis plus de deux siècles. Trois ans plus tard d’ailleurs, un autre acte sur le même thème dit de l’abbaye qu’elle était « avant de fondation royalle » (AD SL H 1226/46, 1705). 212  Soc. Éd. D 4-H terrier de Saint-Jean, fol. 21v (1480). L’abbesse était donc vassale du duc de Bourgogne qui lui-même était son vassal pour quelques terres sise à Nolay.

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­Corpeau et elle lui jura donc fidélité  ; deux mois plus tard, elle lui rendit hommage pour l’ensemble du temporel que les religieuses tenaient dans le duché comme dans le comté de Bourgogne213 ; le duc devait dès lors être le « protecteur et gardient » de leur église, de leurs biens et de leurs droits214. En revanche, du côté de l’abbaye, cette vassalité était assez légère dans la mesure où elle se limitait au ressort d’appel en justice et au droit de régale : du fait de leur état de religion, les dames de Saint-Jean étaient en effet généralement dispensées de l’aide et du conseil215. Les religieuses devaient cependant différentes redevances au comte de Bourgogne pour leurs revenus sur les terres sises dans le comté de Bourgogne. En 1390, elles protestèrent auprès de la duchesse Marguerite de Flandres car leurs revenus avaient été taxés lors d’un « don » au duc levé dans le comté, alors que les revenus spirituels en étaient exonérés et que leurs autres revenus provenaient d’une aumône pour la célébration d’un anniversaire ducal ; la duchesse leur donna raison et, le 8 mai 1390, lui parvint confirmation du remboursement aux religieuses du dernier don exigé de l’abbaye216. Une vingtaine d’années plus tard, Jean sans Peur, devenu duc et comte de Bourgogne, fut moins généreux que sa mère : alors que les religieuses, disant ne pas pouvoir payer les 40 francs d’aide réclamés, menaçaient d’abandonner leur monastère, il se contenta de réduire cette somme à 12 francs, refusant de les en exempter totalement bien que leurs terres et vignes du comté aient été dévastées par les intempéries et leur principal hôtel – sans doute celui de Colonne – détruit par un incendie217. Vingt-cinq ans plus tard encore, les religieuses protestèrent à nouveau contre les «  aydes et emprunts  » levés par les officiers ducaux sur ces mêmes terres, charges qui montaient à 45 livres alors qu’elles disaient n’y avoir qu’un revenu limité à 35 florins218 et que leurs subsides étant insuffisants plusieurs d’entre elles avaient déjà quitté le monastère pour se réfugier chez des proches  ; elles demandaient donc à être exemptées de toute charge et que les 45 livres levées leur soient

 Au milieu du xvie siècle, l’abbesse devait donc hommage à l’empereur, duc et comte de Bourgogne, pour ses terres et seigneuries de Colonne (AD SL H 1454, 1542). 214  Respectivement AD  CO B  490  (1407) et AD  SL H  1207  (1407). Cf.  aussi AD SL H 1348/7 (1449). 215  Soc. Éd. D 4-H terrier de Saint-Jean, fol. 21v (1480). 216  AD SL H 1223/1 et 2 (1390). 217  AD SL H 1223/6 à 9 (1408). 218  On peut noter pourtant que trois ans plus tard les religieuses amodièrent l’ensemble de leurs revenus dans le comté pour 190 livres, sans compter les dîmes de Colonne. 213

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remboursées219. Les « gens des comptes », s’appuyant sur l’exemption accordée par Jean sans Peur en 1418 pour tous leurs revenus spirituels220 et sur leurs faibles revenus seigneuriaux, décidèrent effectivement de leur restituer les 45 livres indûment perçues221. Mais, les religieuses pouvaient aussi être vassales d’un autre que du duc. Ainsi, à Mesvres, les religieuses de Saint-Jean étaient à la fois vassales et seigneurs : elles étaient dames de Gauthier des Choux (n°351) leur prévôt222 et possédaient les droits de justice haute, moyenne et basse223 ; mais pour leurs terres elles étaient vassales du seigneur d’Uchon. Au milieu du xve  siècle, l’abbesse Marguerite de La Bussière (n°46) omit de rendre hommage à Louis de La Trémouille, chambellan du roi, comte de Joigny, seigneur d’Uchon et Bourbon-Lancy (gén. 18) ; celui-ci obtint alors du roi des lettres de sauvegarde et de maintenue et un sergent royal apposa panonceaux et brandons sur l’étang des Choux et les terres qui l’entouraient et sur le domaine de Valvin qui appartenait à l’abbesse ; quelques mois plus tard cependant, Louis de La Trémouille renonça à cette saisine, ayant sans doute seulement souhaité affirmer son droit224. La vassalité des religieuses éduennes semble donc avoir été relativement légère, tandis que leur seigneurie était financièrement intéressante. Les religieuses de Saint-Andoche et de Saint-Jean étaient de puissants seigneurs qui veillaient à faire reconnaître leurs droits par leurs vassaux, sans doute par souci d’affirmer leur prestige, mais aussi et surtout, parce que cette seigneurie leur rapportait des revenus supplémentaires, que ce soit à Autun ou dans leurs domaines ruraux. En effet, les religieuses étaient fortement attachées à leur patrimoine et à leurs revenus, à l’origine de l’aisance dans laquelle elles vivaient. À travers les écrits conservés – comptes de Saint-Jean, actes liés à des litiges, procès –, elles semblent avoir été plus attachées à la richesse de leur abbaye qu’à leur charge religieuse et spirituelle. Pourtant, leur mode de vie n’a pas été à l’origine de scandales et nombreux ont été ceux qui avaient confiance dans l’efficacité de leurs prières et leur faisaient des dons pour obtenir leurs prières ou la célébration d’un anniversaire.

 AD SL H 1455/1 (1434).  AD CO B 11681 (1418). 221  AD SL H 1455/2 (1434). 222  AD SL H 1530/2 et 1 (1280), H 1363/1 (1282). 223  AD SL H 1363/1 (1282), H 1531, fol. 1‒4 et 9‒9v (1446ns et 1447ns). 224  AD SL H 1531 (1446‒1447). 219 220

Troisième partie

…et la tête dans le Ciel

Chapitre cinquième

La vie au sein des abbayes

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algré leurs possessions, malgré leur puissance, les abbayes, et tout particulièrement les abbayes féminines, n’étaient pas des seigneurs comme les autres. La vie au sein des abbayes était régie par une règle et surveillée, notamment par l’évêque pour les abbayes féminines indépendantes, non rattachées à un ordre tel que l’ordre cistercien1 : la juridiction de l’évêque était d’ailleurs souvent un point de discorde entre les abbayes de femmes et leur ordinaire. Sur ce plan, durant les derniers siècles du Moyen Âge, la situation était très différente à Saint-Andoche et à SaintJean-le-Grand, puisque les abbesses de Saint-Andoche parvinrent à se faire reconnaître une exemption par la papauté et non celles de Saint-Jean. Pourtant, cette distinction essentielle de statut des deux abbayes ne semble pas avoir entraîné de différence concrète dans la gestion et l’administration, dans le mode de vie et la discipline qui régnaient dans chacune des deux abbayes. En effet, dans l’une et l’autre, comme dans toutes les abbayes féminines ou masculines, les temps de prières et de méditation religieuse étaient au centre de la vie de la communauté ; toutefois, dans l’une comme dans l’autre, et comme dans beaucoup d’abbayes, le degré de dévotion n’était pas le même chez toutes les religieuses et il fallait parfois inciter les moins assidues à être présentes à tous les offices. Hormis les heures passées à l’église, les activités et la vie quotidienne des dames de Saint-Andoche et de Saint-Jean demeurent en fait très mal connues. Les religieuses semblent cependant avoir pris quelques libertés avec les règles les plus strictes, tout en respectant peut-être les coutumes de leur abbaye ; des entorses à chacun des trois vœux prononcés lors de la prise de voile par les bénédictines sont en effet perceptibles. Quelques-unes, qu’une trop grande austérité rebutait tout de même, ont pu chercher à quitter

1  Sur les religieuses rattachées à l’ordre cistercien, cf. A. Grélois, “Homme et femme Il les créa” : l’ordre cistercien et ses religieuses des origines au milieu du xive siècle, thèse de doctorat dirigée par J. Verger, soutenue à Paris‒4 Sorbonne en 2003.

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l’abbaye soit pour revenir dans le siècle soit pour intégrer un chapitre de dames nobles plus accommodant ; toutefois, le plus souvent le changement d’établissement d’une religieuse était lié à une « promotion », à la prise en charge du prieuré ou de l’abbaye où elle se rendait. Surtout, presque toutes les religieuses s’accommodaient de leur mode de vie et demeuraient dans leur abbaye jusqu’à leur décès. I. La juridiction épiscopale Les abbayes de femmes étaient généralement placées sous la juridiction de l’évêque du diocèse dans lequel elles étaient implantées et c’est à lui que revenait non seulement de bénir les nouvelles religieuses, d’introniser les abbesses, de fournir les saintes huiles, mais aussi de veiller à la discipline au sein de ces abbayes. 1. Le rôle du pasteur vis-à-vis des abbayes Les visites épiscopales étaient le principal moyen de remédier aux difficultés que traversait une abbaye, que ce soit au niveau disciplinaire ou financier, même si les évêques ne parvenaient pas toujours à faire respecter leurs injonctions2. Ainsi, quand en 1676, l’official d’Autun, visiteur de Saint-Jean-leGrand, définissait le but de la visite épiscopale dans les abbayes, il disait que c’était « l’un des plus efficaces moyens dont on puisse se servir pour conserver la regularité et maintenir la discipline religieuse dans les monasteres quand elle est faicte avec une application digne de son importance » ; d’après lui, le visiteur devait « visite[r] l’église, les lieux reguliers, et examine[r] les comptes de recette et de despance »3. En effet, les évêques avaient sur les abbayes de leur diocèse le pouvoir d’ordre et le pouvoir de juridiction4. Le pouvoir d’ordre les chargeait de la

 E. Power, Medieval English Nunneries (c. 1275 to 1535), Cambridge, 1922, p. 216‒231, 478, 483‒488. P. Andrieu-Guitrancourt, L’archevêque Eudes Rigaud et la vie de l’Église au xiiie  siècle, Paris, 1938, particulièrement p.  113 sqq. et 150  sqq.  : lors de chaque visite, l’archevêque de Rouen Eudes Rigaud, après avoir identifié la composition de l’établissement visité, commençait par se renseigner sur son état financier avant de prendre soin de l’état spirituel de ses membres (p. 134). 3  AD SL H 1174/2 (1676). 4  L.  Falkenstein, La papauté et les abbayes françaises aux xie et xiie  siècles. Exemption et protection apostolique, Paris, 1997, p. 107 sq. ; P. D. Johnson, Equal in monastic profession. Religious Women in Medieval France, Chicago / Londres, 1991, p. 62 sq. 2

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consécration des églises et des autels, mais aussi de la cérémonie de profession des religieuses et de la bénédiction des abbesses. Les cérémonies de prise du voile et de bénédiction de l’abbesse étaient vraisemblablement présidées par l’évêque d’Autun, remplacé par l’archevêque de Lyon en cas de vacance du siège éduen. Mais surtout, l’évêque possédait le pouvoir de juridiction, à cause duquel, notamment, l’abbesse devait prêter serment d’obéissance ; mais si les abbesses de Saint-Jean ont prêté ce serment – cela est attesté pour certaines –, il est moins évident que les abbesses de Saint-Andoche aient accepté de le faire5. Le pouvoir de juridiction donnait aussi à l’évêque le droit de juger les religieuses – il pouvait même déposer une officière, excommunier une moniale, jeter l’interdit sur une abbaye etc. –, notamment à la suite d’une visite canonique. Ce rôle de l’évêque avait d’ailleurs été réaffirmé par l’évêque Jonas au milieu du ixe siècle lorsque celui-ci avait œuvré pour consolider la réforme instillée par son prédécesseur Modoin à Saint-Andoche : il reprenait d’abord l’idée de la paternité de l’évêque sur les abbayes de son diocèse, paternité qui devait s’accompagner d’une surveillance bienveillante mais vigilante6 ; quelques lignes plus loin, il insistait fermement sur la « fidélité et la sujétion » dues par l’abbaye à l’Église d’Autun, sa bienfaitrice, et sur le fait que l’abbaye ne pouvait en rien se départir de la puissance de la cathédrale7. De ce point de vue donc, Jonas est revenu sur les privilèges que Brunehaut avait accordés aux établissements fondés à Autun à la fin du vie siècle8. Pourtant, autant le rôle de juridiction de l’évêque semble avoir été habituellement accepté à Saint-Jean, autant ses rapports avec Saint-Andoche furent ambigus et houleux.

 Cf. chap. 2 II. 3. a. La bénédiction et le rôle de l’évêque.  AD SL H 675, fol. 3v‒4 : Illud autem summopere ac specialiter pia paternaque sollicitudine eiusdem sedis presuli providendum est ut sancte moniales ipsius monasterii secundum canonicam institutionem et regularem ordinem his quæ Deo voverunt dedite sunt. 7  AD  SL H  675, fol.  4‒4v  : monache vero eiusdem monasterii  […] memoratæ Sanctæ Matri Æcclesiæ cuius loco et rebus utuntur perpetuo fidem congruamque subjectionem servare studeant et nullatenus eis subrepat propriæ voluntatis aut alicuius hominis persuasio ut quibuslibet fraudum machinationibus se eandemque cellam a jure et potestate eiusdem æcclesiæ quoquo subtrahere aut alienare possint aut debeant sed com consilio prenominatæ aecclesiæ regulam monasticæ religionis teneant. 8  Cf. chap. préliminaire III. 2. a. Le cartulaire-dossier de Saint-Andoche. L’apport quant à la vie de l’abbaye. 5 6

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2. Saint-Andoche : une étape obligatoire sur le chemin de l’intronisation épiscopale L’abbaye Saint-Andoche, vraisemblablement fondation conjointe de l’évêque Syagrius et de la reine Brunehaut, entretenait des liens très particuliers avec l’évêque d’Autun, liens qui se percevaient lors de la cérémonie d’entrée du prélat élu dans sa cité épiscopale. Comme nombre de ses confrères, l’évêque d’Autun devait suivre tout un rituel avant son investiture officielle dans la cathédrale9. Ce rituel consistait notamment en une procession à travers une partie de la ville, ce qui permettait d’impliquer les habitants et de solenniser ce moment essentiel pour la communauté des chrétiens du diocèse. De telles processions épiscopales lors de la première entrée du nouvel évêque dans sa cité étaient très anciennes, puisque certaines sont attestées dès la fin du ive siècle10. a. La théorie

Dans le «  pitancier  » qui suit deux des obituaires de Saint-Andoche datés de 1289 mais rédigés au début du xive siècle, dans une partie consacrée aux charges liées à des prises de fonction, est décrit un temps fort de la cérémonie d’investiture de tout nouvel évêque d’Autun11. L’évêque élu d’Autun était tout d’abord «  pris en charge  » dans son château de Lucenay par quatre de ses principaux vassaux, appelés les barons de l’évêque, qui l’accompagnaient à Autun un samedi12. Arrivé dans la cité éduenne, il ne pouvait pas se rendre directement en sa cathédrale ; il devait auparavant se rendre à l’abbaye Saint-Andoche. Accueilli devant la maison Quariote – qui marquait l’entrée du châtelet Saint-Andoche – par l’ensemble des religieuses menées par l’abbesse, il devait jurer de « garder la notre

 Ph. Gagnard, Histoire de l’Église d’Autun, Autun, 1774, p. 291‒295.  A.-G. Martimort (dir.), L’Église en prière, Paris, 1984, t. 3 : Les sacrements, p. 267. 11  AD SL H 708, fol. 33v, H 709, fol. 29. Cf. Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche d’Autun, N.  Verpeaux (éd.), Paris, 2011, n°558, p.  246‒247. Ce passage est cité par Charles  Boëll (Promenades historiques à travers la paroisse Notre-Dame, BM A D 1670, p. 7). 12  Au xviie siècle, il s’agissait des barons de Luzy, de Couches, de La Motte-Saint-Jean et de Montperroux (AD SL G 464/17, G 676/1 ; Ph. Gagnard, Histoire de l’Église d’Autun, op. cit., p. 291 et Cl. Courtépée, Description générale et particulière du duché de Bourgogne, Dijon, 1774, t. 2, p. 497). Mais il semble que ce ne sont pas toujours ces barons qui ont accompagné le nouvel évêque élu ; avant le xviie siècle, il a pu aussi s’agir des barons de Digoine ou de Sully (AD SL G 457/1, G 459/1). J. Rosny, Histoire de la ville d’Autun, Autun, 1802, p. 167‒168. 9

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Eglise et les bons usaiges et les bons establissemanz de celi »13. Une fois que l’évêque avait prêté sur le missel ce serment de respecter les coutumes et privilèges de l’abbaye, les religieuses, toujours menées par l’abbesse et accompagnées de l’évêque qui devait passer la nuit à l’abbaye avec son escorte, repartaient en procession vers le monastère en chantant Honor virtus14. L’évêque dirigeait alors un office dans l’abbatiale et bénissait l’ensemble de la communauté avant de se rendre à l’hôtel abbatial, où il dînait en compagnie de l’abbesse. Le lendemain matin, un dimanche donc, après avoir entendu la messe en compagnie des religieuses et s’être rendu au chapitre pour les conseiller, il quittait l’abbaye accompagné par l’abbesse et les religieuses en procession chantant Præsul15 jusqu’à la porte des Bancs qui marquait l’entrée dans la ville haute, d’où les dames de Saint-Andoche s’en retournaient dans leur abbaye16. Avant de pénétrer dans le quartier cathédral, le nouvel évêque devait sacrifier à un nouveau cérémonial à la maison de La Genestoye à l’entrée de la porte des Bancs17 : le propriétaire de la maison lui offrait de l’eau chaude en échange de son manteau, puis lui offrait un repas lors duquel l’évêque était servi par ses barons, la vaisselle revenant au prélat18. Lorsqu’il quittait la maison de La Genestoye, le chapitre cathédral l’attendait derrière la porte châtelaine, ou porte des Bancs, fermée : l’évêque devait y frapper et répondre par trois fois qu’il était l’évêque à la question posée par le doyen du chapitre et prêter serment de respecter les privilèges du chapitre, comme il avait prêté serment de respecter ceux de Saint-Andoche la veille19. Les frais occasionnés par la présence de l’évêque et de ses compagnons ainsi que de leurs montures à Saint-Andoche étaient à la charge de l’abbaye et c’est à ce titre que le passage de l’évêque à Saint-Andoche la veille de sa consécration était décrit dans le « pitancier » qui fait suite aux obituaires.

 AD  SL  H  708, fol.  33v, H  709, fol.  29. Cf.  Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche, éd. cit., n°558, p. 246‒247. 14  Incipit d’un répons pour la Trinité (CAO IV n°6870). 15  Incipit de différentes pièces liturgiques. 16  AD  SL  H  708, fol.  33v, H  709, fol.  29. Cf.  Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche, éd. cit., n°558, p. 246‒247. 17  AD SL G 454, fol. 1‒6. 18  Cl. Courtépée, Description générale et particulière, op. cit., t. 2, p. 497. 19  Ph. Gagnard, Histoire de l’Église d’Autun, Autun, 1774, p. 291‒293 ; J. Rosny, Histoire de la ville d’Autun, op. cit., p. 167‒168. Pour la suite de la cérémonie, cf. J. Madignier, Les chanoines du chapitre cathédral d’Autun du xie à la fin du xive siècle, Langres, 2011, p. 460‒462. 13

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b. Hypothèses d’explication

Il existait deux abbayes de femmes à Autun. Pourquoi donc l’évêque entretenait-il des liens privilégiés avec Saint-Andoche, pourquoi s’arrêtait-il à Saint-Andoche et non à Saint-Jean lors de sa première entrée en tant qu’évêque dans la cité épiscopale ? Contrairement à Saint-Jean, SaintAndoche n’est vraisemblablement pas une fondation du seul Syagrius, mais une cofondation de cet évêque et de la reine Brunehaut ce qui lui apportait peut-être plus de prestige. En outre, c’est à Saint-Andoche, et non à SaintJean, qu’était conservé le chef de l’évêque fondateur. La prééminence de Saint-Andoche sur Saint-Jean dans ses relations avec l’évêque est peut-être également liée au rôle qu’ont joué d’autres évêques, Modoin et Jonas, dans le relèvement de l’abbaye. Mais alors la limitation du pouvoir de l’évêque, qui semble directement liée à son séjour dans l’enceinte abbatiale la veille de sa consécration20, est surprenante : on pourrait s’attendre à ce que l’évêque de ce fait se soit réservé, au contraire, un pouvoir de contrôle important sur l’abbaye qu’il a contribué à relever, dont il a limité le nombre de religieuses afin que la règle puisse y être suivie de façon rigoureuse etc. Un élément d’explication peut aussi tenir à la situation respective des deux abbayes dans la ville  : Saint-Andoche est située beaucoup plus près de la ville haute que Saint-Jean, le bourg Saint-Andoche jouxte l’enceinte de la ville haute et la porte des Bancs par laquelle l’évêque pénétrait dans le quartier canonial. Enfin, peut-être le site sur lequel s’est développée l’abbaye Saint-Andoche était-il considéré comme plus « saint » que celui sur lequel avait été fondée Saint-Jean, dans la mesure où, d’après certains, ce serait à cet endroit qu’auraient séjourné les saints Bénigne, Andoche et Thyrse, dans la demeure de Fauste et Augusta, parents du jeune Symphorien baptisé par Bénigne et devenu, quelques années plus tard, le martyr d’Autun, saint Symphorien21. Les évêques, par ce temps passé à Saint-Andoche, pourraient alors renouer avec les racines du christianisme antique d’Autun.

 H.  de  Fontenay, MSE, nv.  série, t.  11  (1882), p.  533‒537 (compte-rendu de séance) qui rejette cette tradition identifiant l’abbaye avec l’ancienne demeure de saint Symphorien ; il parle ailleurs d’une «  tradition apocryphe  » (H.  de  Fontenay, Épigraphie autunoise, Autun / Paris, 1883, t. 1, p. 234‒235). 21  Charles Boëll (Promenades historiques à travers la paroisse Notre-Dame, BM A D 1670, p. 5) réfute aussi cette idée. 20

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c. La pratique

Aucune première entrée d’un évêque dans Autun n’est relatée de façon complète, avec l’ensemble de la cérémonie. L’arrivée de Jean d’Arcis en novembre de 1333 est la mieux connue, à travers deux documents conservés dans des fonds différents : un procès-verbal de sa prestation de serment en faveur des religieuses de Saint-Andoche d’Autun et un procès-verbal de sa prestation de serment, le lendemain, en faveur du chapitre cathédral22. La copie de ce second procès-verbal est accompagnée d’une description du cérémonial à observer par l’évêque lors de la prise de possession de son évêché, mais uniquement à partir du moment où il pénètre dans la maison de La Genestoye. De la même façon, les procès-verbaux des prises de possession de l’évêché par Antoine de Chalon23 en novembre 1486, Pierre de Marcilly en décembre 1558 ou Louis Dony d’Attichy en janvier 1653 ne relatent la cérémonie qu’à partir du moment où l’évêque élu frappe à la porte des Bancs pour entrer dans le quartier canonial24. En revanche, dans un acte consacrant des privilèges de l’abbaye Saint-Andoche, l’évêque Antoine de Chalon mentionne ce serment qu’il dit avoir prêté comme tous les prélats éduens ; il le relie à l’ancienneté et la notoriété du monastère construit, d’après lui, sur le lieu même où saint Andoche avait fondé un autel dédié à « l’apôtre des apôtres », saint Pierre25. Deux comptes rendus du serment de respecter des coutumes et privilèges de l’abbaye Saint-Andoche prêté par le nouvel évêque ont été copiés au xviie siècle par des notaires royaux d’Autun, Lallemand et Poillot26. Ces collations ont été réalisées le 11 avril 1682 à la demande de l’abbesse Marie de La Baume alors en lutte contre l’évêque Gabriel de Roquette qui cherchait à imposer une réforme de l’abbaye27. Il s’agit des serments prononcés par Jean d’Arcis le 8 novembre 1333 et Jean Rolin le 21 janvier 1438,

22  Respectivement AD  SL H  680/1 et AD  SL G  454, fol.  7 et 8  ; sur Jean d’Arcis, cf.  J.  Madignier, Fasti ecclesiae gallicanae, t.  12  : Diocèse d’Autun, Turnhout, 2010, n°549 p. 126‒128. 23  Sur Antoine de Chalon, cf. J. Madignier, Fasti, t. 12 : Autun, op. cit., n°222 p. 151‒155. 24  AD SL G 457/1, G 459/1 et G 464/17 respectivement. 25  AD SL H 680/4 (1488ns). 26  AD SL H 680/1 (1333) et AD SL G 544/1 (1438). 27  Gabriel de Roquette, évêque de 1666 à 1702, finit par obtenir, en 1683, du parlement de Paris, après de multiples péripéties, un arrêt contradictoire qui plaça l’abbaye Saint-Andoche, abbesse et religieuses, sous la juridiction directe de l’évêque d’Autun (D.  Grivot, Autun, Lyon, 1967, p. 125‒126).

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dont les comptes-rendus ont été respectivement rédigés par Étienne Aunard, chanoine d’Autun, notaire public apostolique et impérial, et par Pierre de Masoncle (n°363), prêtre, bachelier en droit et en décret, notaire public apostolique et impérial28. Dans ces deux comptes-rendus, les auteurs utilisent quasiment les mêmes termes pour tout ce qui n’est pas la teneur exacte du serment, notamment en ce qui concerne l’arrivée de l’évêque à l’entrée du bourg Saint-Andoche où il est reçu par l’abbesse, ses religieuses et le chapitre venus en procession pour l’accueillir. Dans les deux cas aussi, il est précisé que le serment se fait sur les « saints évangiles de Dieu », ce qui est habituel. Dans ces deux serments apparaît la promesse de respecter les « coutumes et les statuts » de l’abbaye29, même si les termes utilisés ne sont pas tout à fait les mêmes (fig. 32). Jean d’Arcis s’est contenté de prêter le même serment que ses prédécesseurs, celui que tout nouvel évêque d’Autun devait faire, serment dont le contenu était à l’origine joint dans une cédule. Un siècle plus tard, Jean Rolin jura de respecter les « droits, franchises et libertés » du monastère, droits, franchises et libertés que ses prédécesseurs avaient respectés lorsqu’euxmêmes étaient évêques d’Autun. d. Comparaison avec un cas similaire : Notre-Dame aux Nonnains à Troyes

La première entrée du nouvel évêque de Troyes était l’occasion d’une cérémonie similaire. Lui aussi devait se rendre à l’abbaye Notre-Dame aux Nonnains et y passer la nuit après avoir « prêté serment de veiller à la conservation des droits, franchises, libertés et privilèges de l’abbaye » – termes identiques à ceux qu’a utilisé Jean Rolin d’après le compte-rendu de son serment. Cette prestation de serment se déroulait en revanche dans la salle du chapitre et non à l’extérieur du domaine abbatial comme à Autun ; l’évêque pénétrait donc dans l’enceinte abbatiale avant d’avoir juré de maintenir l’abbaye dans ses privilèges. Le lendemain matin, l’abbesse de Notre-Dame aux Nonnains, remettait l’évêque entre les mains du chapitre cathédral venu l’accueillir à la porte du monastère, contrairement au chapitre d’Autun qui l’attendait à l’entrée du quartier épiscopal. L’évêque devait alors, comme celui d’Autun, jurer « de respecter les privilèges du diocèse et du chapitre »30.

 Sur Jean d’Arcis, cf. J. Madignier, Fasti, t. 12 : Autun, op. cit., n°549 p. 126‒128 ; sur Jean Rolin, cf. notamment Ibid., n°628 p. 146‒151. 29   ipsius consuetudines et statuta (AD SL H 680/1 et G 544/1). 30  A. Provost, « L’abbesse, l’évêque et le palefroi. Note sur une enquête à Troyes au temps de Philippe le Bel », dans Au cloître et dans le monde. Femmes, hommes et sociétés (ixe‒xv e siècles), Paris, 2000, p. 281. 28

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D’autres différences plus importantes existent entre les cérémonies qui avaient lieu à Notre-Dame aux Nonnains pour l’avènement de l’évêque de Troyes et à Saint-Andoche pour celui d’Autun. Ainsi, dans un échange don contre-don, l’évêque de Troyes devait offrir à l’abbaye le cheval sur lequel il était arrivé dans la ville, tandis que lui emportait le lit dans lequel il avait dormi la veille de son intronisation. Il ne semble pas y avoir eu un tel échange à Autun entre l’évêque et l’abbaye Saint-Andoche : seule l’abbaye supportait des dépenses, liées au gîte et au couvert de l’évêque et de sa suite durant une soirée et une nuit. L’abbesse de Notre-Dame aux Nonnains remettait aussi à l’évêque un certain nombre d’insignes épiscopaux, «  une chape, une mitre et une crosse »31, un peu comme si c’était elle qui intronisait officiellement le nouvel évêque, ce que certains ont expliqué par le fait que l’évêque rendrait ainsi hommage à une abbaye particulièrement ancienne dans la ville32. Il n’y a rien de tel à Autun ; l’évêque y recevait les insignes de sa charge dans la cathédrale, des mains de son chapitre. L’hommage épiscopal était donc beaucoup plus net à Troyes qu’à Autun. En revanche, en contrepartie de l’accueil réservé à l’évêque d’Autun par l’abbaye Saint-Andoche la veille de son investiture officielle – du moins estce présenté ainsi dans les documents issus de l’abbaye33 –, l’évêque d’Autun renonçait à tout droit de visite et donc de surveillance sur l’abbaye, ce qui était un privilège considérable. 3. Saint-Andoche : les conflits avec l’évêque au xve siècle En 1333, lors de son entrée dans Autun et plus précisément lors de sa prestation de serment en faveur des religieuses de Saint-Andoche, Jean d’Arcis appelait ces dernières ses « filles spirituelles »34, ce qui est tout à fait dans les normes pour un évêque parlant des religieuses d’une abbaye de son d­ iocèse.   Ibid.  La tradition veut en effet que l’abbaye Notre-Dame aux Nonnains ait été fondée par saint Leuçon, dix-huitième évêque de Troyes, et remonte au viie siècle, voire qu’elle ait pris la suite d’un collège de vestales. Cependant, un incendie ayant entièrement détruit les archives de cette abbaye au xiie siècle, rien ne permet de confirmer une fondation aussi précoce ; rien en fait ne s’oppose à ce qu’elle ait été plus ancienne encore, ou plus récente. (I. Crété-Protin, Église et vie chrétienne dans le diocèse de Troyes du ive au ixe siècle, Villeneuve d’Ascq, 2002, p. 212‒214). 33  AD  SL  H  708, fol.  33v, H  709, fol.  29v. Cf.  Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche, éd. cit., n°558, p. 247. 34   dictas abatissam et conventum ut filias spirituales (AD SL H 680/1, 1333). 31 32

adveniente noviter reverendo patre in Christo et domino domino Joanne, Dei et sedis apostolica ­ gratia ­ episcopo æduense ad monasterium Sancti ­Andochii ­ æduensis pro utendo jure suo sibi debito in dicto m ­ onasterio in sua ­novitate, fuerunt obviam ei p­ rocessionaliter, et cum ­reverenda solita religiosæ moniales domina Anna de Drees ipsius monasterii abbatissa et conventus suus ad portam, ad domum quæ dicitur domus Quariote, in introitu castelli sive burgi Sancti Andochii prædicti ; et cum fuit illic idem ­reverendus pater expositum fuit ei pro parte dictarum religiosarum ­qualiter episcopus in suo introitu jurare ­ debebat fidelitatem monasterio antedicto et qualiter ­juraverant prædecessores sui, in adventu eorumdem, que sibi propositio licta fuit coram se cedula quædam continens ea quæ episcopus jurare tenebatur qua ­ prælecta ipse

pontificatus sanctissimi patris ac domini nostri domini ­Joannis, divina providentia papa xxii, anno decimo octavo,

Serment prononcé par Jean d’Arcis en 1333 (AD SL H 680/1) In Dei nomine, amen. Pateat universis per presens ­publicum instrumentum, quod anno Domini millesimo trecentesimo trigesimo tertio, indictione secunda, mense novembri, die luna ante festum Sancti Martini hiemalis,

Serment prononcé par Jean Rolin en 1438ns (AD SL G 544/1) In nomine Domini, amen. Per hoc presens publicum instrumentum, cunctis pateat evidenter et fiat m ­ anifestum quod anno de Nativitate ejusdem Domini millesimo quadrengentesimo trigesimo septimo, indictione decima quinta die vero vicesimaprima mensis januarii, pontificatus sanctissimi in Christo patris domini n ­ostri domini Eugenii, divina providentia papæ quarti anno ­septimo, in mei notarii publici testiumque infra scriptorum ad hoc vocatorum specialiter et rogatorum presentia adveniente noviter reverendo in Christo patre ac domino Joanne Rolin, Dei et apostolica sedis gratia ­episcopo æduense ad monasterium Sancti Andochii æduensis pro utendo jure suo sibi debito in dicto monasterio in sua ­novitate, fuerunt obviam ei processionaliter, et cum ­reverenda solita religiosæ moniales domina Henriete de Vienna ipsius monasterii abbatissa et conventus suus ad portam sive domum quæ ­dicitur Quariote in introitu castelli sive burgi Sancti Andochii prædicti  ; et dum (lire cum) illic fuit ­præfatus dominus reverendus pater episcopus ­æduensis, ­expositum fuit ei pro parte dictarum religiosarum, q­ualiter episcopus in suo introitu jurare debebat fidelitatem monasterio antedicto, et ­ qualiter juraverant prædecessores sui in adventu eorumdem, videlicet de observando jura, franchesias et ­libertates dicti monasterii quem admodum prædecessores sui ­episcopi æduenses tempore præterito observaverant et quibus expositis præfatus reverendus pater

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ac dictas abbatissam et conventum observare pro posse, super quo ita facto fuit a me notario publico subscripto, pro parte dictarum ­religiosarum petitum publicum instrumentum, actum in loco prædicto, sub anno, indictione, die, mense et ­pontificatus prædictis ; presentibus nobilibus viris dominis Joanne de Vienna domino de Roulando, Carolo de Narlo domino de Sancto Bricio, Joanne de Cruz domino de Trouhant militibus, ­Guillermo de Vienna domino de Ayombis, Philiberto de Oiselet domino de Clervant domicellis, magistro ­Antonio de Noyers decano ecclesia æduensis, magistro Antonio Vuis( ?) in utroque jure licentiatio, magistro Henrico de ­Cluniaco in legibus licentiato et Joanne Alosi cive æduense, cum­ pluribus aliis civibus et burgensibus dicta civitatis aÉduensis ad ­praemissa vocatis specialiter et rogatis inferius legitur. […] [signature du rédacteur]

jurauit ad sancta Dei evangelia coram se præposita in missali se servaturum pro posse dictam ecclesiam Sancti Andochii, jura ipsius consuetudines et statuta,

1

 En gras les passages différents, hormis les mentions de témoins.

FIG. 32 Prestation de serment par les évêques Jean d’Arcis et Jean Rolin1

jurauit ad sancta Dei evangelia coram se ­præposita in ­ missali se servatarum pro posse dictam ecclesiam Sancti ­Andochii jura ipsius consuetudines etiam et ­statuta ­approbant ac dictas abbatissam et conventum ut filias spirituales, super quo ita facta fuit a me Stephano ­subscripto pro parte dicti domini episcopi ac r­eligiosarum ­ prædictarum, per actum publicum instrumentum, actum in loco prædicto, sub anno, indictione, mense, die et ­pontificatus prædictis; presentibus nobilibus viris domino Joanne Moreti de Borbonio authore, Simone de Diutavilla, Hugone de ­ Mathaeo, Guillermo Sobini, Guillermo de Borbonio authore æduense, Jacobo False lecto legum doctore æduense pro eodem domino episcopo Guidone Emato de Vetidenco, Joanne curato de Revergiis presbiteris, nobilibusque viris domino de Dracis milite, domino fratre ipsius domini ­episcopi Joanne et Hugone de Dracis domicelli ac pluribus aliis fide dignis, testibus ad præmissa vocatis specialiter et rogatis et legitatis infra. […] [signature du rédacteur] La vie au sein des abbayes 361

362 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

Mais alors que cet évêque, en tant que père spirituel, devrait avoir un rôle de soutien bienveillant mais aussi de correction et de sanction en cas de déviance, il n’en est rien et l’évêque Geoffroy David a eu beau s’en plaindre auprès du roi trente ans plus tard35 – il ne parvenait pas à exercer sa juridiction sur l’abbaye alors que des sergents ducaux, eux, y étaient invités –, rien ne changea. C’est d’ailleurs en cela que réside la plus grande originalité des rapports entre l’évêque d’Autun et l’abbaye Saint-Andoche. a. L’interdiction, pour l’évêque, de passer le portail de Saint-Andoche

Si l’évêque pénétrait dans les murs de Saint-Andoche la veille de son intronisation officielle, selon des rites bien établis, il ne le faisait qu’alors qu’il n’était qu’évêque élu, non encore consacré. Par la suite, il lui était interdit de franchir le portail de cette abbaye sous quelque prétexte que ce soit36. On pourrait penser que ce privilège de Saint-Andoche est à rapprocher de la lettre de Grégoire le Grand en faveur de Sénateur, prêtre et abbé du xenodochium fondé par Syagrius et Brunehaut, lettre selon laquelle il fallait sept évêques pour juger l’abbé ; mais ce n’est pas là une lettre d’exemption37. Si l’abbé du xenodochium avait fait une faute, l’évêque d’Autun devait certes s’adjoindre six autres évêques afin de le juger et éventuellement le déposer, la décision devant être rendue à l’unanimité38, mais il ne lui était en aucun cas interdit de surveiller la conduite des religieux, ni, pour ce faire, de visiter le xenodochium. C’est pourtant uniquement sur cette lettre que s’appuyaient, quelques siècles plus tard, les religieuses pour justifier une dispense de toute intervention épiscopale dans les affaires de l’abbaye et se faire confirmer, 35  AD  SL H  1621  (1366)  ; sur Geoffroy David, cf.  J.  Madignier, Fasti, t.  12  : Autun, op. cit., n°312, p. 134‒137. 36   « et das cil jour en avant, lidiz avasques ne doit panrre procuration ne visiter en l’albaie de Seint Andoiche en tote sa vie », AD SL H 708, fol. 33v, H 709, fol. 29‒29v. Cf. Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche, éd. cit., n°558, p. 246‒247. 37  Cf. chap. préliminaire II. 1. Les fondations de Syagrius et de Brunehaut et les privilèges accordés. 38   Grégoire le Grand, Registrum Epistolarum XIII 11, P.  Ewald et L.  M. Hartmann (éd.), MGH, Epp., I et II, Berlin, 1899, t.  2  : Et quoniam multae occasiones in deceptione religiosarum personarum a pravis illic, ut dicitur, hominibus exquiruntur, abbatem atque presbyterum praedicti xenodochii nullo modo privandum deponendumque esse censemus, nisi causa specialiter criminis exigente. Unde necesse est, ut, si qua contra eum huius modi querella surrexerit, non solus episcopus civitatis Augustodonensis causam examinet, sed adhibitis sibi sex aliis coepiscopis suis suptili hoc investigatione perquirat, quatenus cunctis concorditer iudicantibus canonicae districtionis censura aut reum ferire aut innocentem possit absolvere.

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par d’autres papes, une réelle exemption. Si la lettre de Grégoire le Grand avait dû être interprétée ainsi, cette dispense de toute visite épiscopale aurait d’ailleurs dû concerner aussi bien les abbayes Saint-Jean-le-Grand et SaintMartin que l’abbaye Saint-Andoche, ce qui n’est pas le cas. Dans la charte de privilège accordée par Jonas en 858‒859, l’évêque explicitait même son rôle de surveillance sur l’abbaye et sur ses habitantes, précisant qu’elles devaient « conserver une fidélité et une sujétion convenables à la sainte mère Église [d’Autun] » et qu’elles ne devaient « soustraire ou enlever l’abbaye au droit et à la puissance de cette Église »39. Un mois plus tard, Charles le Chauve, confirmant les privilèges accordés par Jonas et les possessions de l’abbaye, réaffirma la juridiction de l’évêque sur l’abbaye40. Les moniales «  oubliaient  » donc ces deux diplômes, épiscopal et royal, du ixe siècle qui les soumettaient à l’autorité des évêques, afin de se rattacher, de façon « biaisée », à un privilège plus ancien encore, qui n’affirmait absolument pas une exemption de l’abbaye. Curieusement, les évêques ne s’appuyèrent jamais sur la charte de Jonas lorsqu’ils revendiquaient le droit de veiller à ce que les religieuses mènent une vie régulière et conforme aux vœux qu’elles avaient prononcés. Pourtant Jonas avait pris la précaution de réaliser deux chartes identiques, l’une devant être conservée dans les archives de l’évêché et l’autre dans celles de l’abbaye41 ; aucun des deux originaux n’est conservé aujourd’hui. Peut-être est-ce une disparition précoce de l’original de l’évêché qui explique que les évêques n’utilisèrent pas cet acte afin de justifier leur droit de visite sur l’abbaye. b. Les disputes et les heurts entre l’abbaye et l’évêque

Ce refus absolu des religieuses de toute juridiction épiscopale n’a donc pas été sans provoquer heurts et disputes avec certains évêques d’Autun. En

  memoratæ Sanctæ Matri Æcclesiæ cuius loco et rebus utuntur perpetuo fidem congruamque subjectionem servare studeant et nullatenus eis subrepat  […] ut quibuslibet fraudum machinationibus se eandemque cellam a jure et potestate eiusdem æcclesiæ quoquo subtrahere aut alienare possint aut debeant (AD SL H 675, fol. 4‒4v). 40   recognoscant quod sub potestate pontificis manere et sub eius potestate vel ordinatione nullatenus se subtrahere vel alienare possint […] sed semper sub jure et potestate illius æcclesiæ se noverint subdituras, de cuius rebus et locis et substantia vivunt (AD SL H 675, fol. 7 ; Recueil des actes de Charles II le Chauve, roi de France, A. Giry et al. (éd.), Paris, 1943, t. 1, p. 521‒524, n°206). 41   De qua re duas privilegii cartulas uno tenore conscriptas decrevimus fieri et unam earum in eodem cœnobio, alteram vero in archivis memoratæ æcclesiæ censuimus reservari (AD SL H 675, fol. 4v‒5). 39

364 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

effet, lorsqu’un évêque voulait imposer une réforme aux religieuses, celles-ci cherchaient des appuis extérieurs et utilisaient régulièrement cette interdiction pour refuser toute modification dans leur mode de vie. À la fin du xive siècle, l’abbesse Alice de Sainte-Franchise (n°18) – attestée uniquement comme abbesse élue en 1382 – aurait placé l’abbaye sous la protection du duc de Bourgogne, entraînant une réaction violente des officiers de l’évêque Guillaume de Vienne qui auraient alors pénétré de force dans l’enceinte de l’abbaye et auraient molesté des religieuses d’après Gabriel Theÿras qui ne cite pas ses sources42. Cette opposition s’est peut-être apaisée deux ans plus tard avec l’arrivée à l’abbatiat de Jacquette de Vienne (n°19), vraisemblablement parente de l’évêque – peut-être était-elle-même sa sœur (gén. 23). En 1401, cependant, Milon de Grancey, tout nouvel évêque d’Autun souhaitant visiter l’abbaye se voyait opposer un refus de la part de cette même Jacquette de Vienne et de ses religieuses qui se barricadèrent43. Un conflit survenu au milieu du xve siècle est un peu mieux connu. Il semblerait que l’abbesse Marie de Vienne (n°23) se soit plainte auprès du pape Nicolas V de l’attitude de l’évêque, le cardinal Jean Rolin ; sa requête mentionnait ses nombreux privilèges liés aux dotation et fondation anciennes de l’abbaye par les rois des Francs, mais aussi que, depuis si longtemps qu’il n’y avait pas mémoire du contraire, les religieuses n’avaient jamais été sous la juridiction de l’ordinaire ni n’avaient eu à en subir les visites, étant exemptes. Sans doute est-ce elle aussi qui a expliqué au pape que l’évêque d’Autun, reçu à Saint-Andoche au moment de sa prise de fonction, y disait la messe, y jurait d’observer les coutumes du monastère, y donnait sa bénédiction et y prêchait au chapitre, puisqu’il ne pouvait plus s’y rendre pour le visiter ou y prêcher44 comme l’indiquaient des écrits anciens, notamment des lettres du pape Grégoire, dont des passages étaient repris, sur l’interdiction de recevoir de l’argent de l’abbesse et sur l’obligation faite à l’évêque d’Autun de s’adjoindre six évêques pour juger l’abbesse. Cette plainte est perdue, mais elle est indirectement connue par une bulle de Nicolas V45. En effet, celui-ci, afin de pouvoir juger de la recevabilité de la plainte envoya une bulle à l’official

 G. Theÿras, Autun vers le xv e siècle, Autun, 1891, p. 345‒346 ; sur Guillaume de Vienne, cf. J. Madignier, Fasti, t. 12 : Autun, op. cit., n°437 p. 139‒140. 43  Ch. Boëll, Promenades historiques à travers la paroisse Notre-Dame, BM A D 1670, p. 2 ; sur Milon de Grancey, J. Madignier, Fasti, t. 12 : Autun, op. cit., n°667 p. 142‒144. 44   ex tunc in dicto monasterio numquam intrare, visitare seu predicare consuerit (AD SL H 680/2 et 3, 1450). 45  AD SL H 680/2 et 3 (1450). 42

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de Langres avec ces différents renseignements afin qu’il mène une enquête, pour savoir notamment si l’abbaye était effectivement « sous la protection de saint Pierre et du siège apostolique ». Six mois plus tard, Gilles d’Argenteuil adressa à Jean Rolin une missive contenant une copie de la bulle et ses conclusions. Après enquête menée à Senailly, paroisse du diocèse lingon où l’abbaye possédait un important domaine, et à Autun, auprès de témoins dignes de foi et de livres anciens, l’official estimait que les affirmations de l’abbesse étaient conformes à la vérité et soutenait que l’abbaye était bien sous protection pontificale. Il affirmait en conséquence que l’ordinaire ne pouvait excommunier, suspendre ou lancer l’interdit ni exercer une quelconque juridiction sur l’abbaye en raison de délits ou excès ayant lieu dans l’enceinte de l’abbaye, ce qu’il notifia au cardinal-évêque en lui rappelant les risques encourus – interdit sur son Église voire excommunication – s’il contrevenait à ces privilèges. Sans doute est-ce en relation avec cette affaire que, l’année suivante, l’abbesse Marie de Vienne (n°23) et les religieuses firent rechercher et copier par deux notaires publics les lettres de privilèges accordées par le pape Grégoire le Grand aux abbayes autunoises. Les deux notaires appointés par l’abbaye dirent avoir trouvé, à Saint-Martin d’Autun, dans un ouvrage ancien contenant les lettres du pape Grégoire le Grand une lettre fixant « ce que l’abbesse et le convent de Saint-Andoche affirment pour elles et leur abbaye » au sujet des « privilèges, immunités, libertés et exemption de ce monastère »46 ; il s’agit d’une copie de la lettre de Grégoire le Grand à Thessalie (n°1), abbesse de Sainte-Marie47. Désormais, les religieuses avaient entre les mains tous les actes nécessaires pour se préserver de toute enquête épiscopale. Pourtant, un demi-siècle plus tard, elles firent à nouveau appel au pape : Alexandre VI intervint en faveur de l’abbaye Saint-Andoche contre le tout nouvel évêque, Philippe de Clèves48. Probablement suite à des rumeurs de vie dissolue menée par les religieuses, l’évêque avait décidé d’exercer son rôle d’ordinaire, d’enquêter sur place et de prendre les mesures qu’il jugeait nécessaire. Anne d’Alonne (n°25) et ses religieuses lui ayant vraisemblablement refusé l’entrée de l’abbaye, il usa de la force afin d’écarter du monastère l’abbesse, les religieuses récalcitrantes et ceux qui leur venaient en aide ; il les excommunia et jeta l’interdit sur l’abbaye ; enfin, il plaça les biens de l’abbaye  AD SL H 679/5 (1451ns).  Cf. chap. préliminaire II. 1. Les fondations de Syagrius et de Brunehaut et les privilèges accordés. 48  AD SL H 680/6 (1503). 46 47

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sous séquestre. L’abbesse se plaignit de ces mauvais traitements auprès du pape qui, d’après le bref adressé aux doyens de Notre-Dame de Beaune et de Saint-Andoche de Saulieu et à l’un des chanoines d’Autun le 10 juillet 1503, s’empressa de lever les sanctions prises à l’encontre des religieuses et rappela à l’évêque l’exemption dont elles bénéficiaient. Moins de vingt ans plus tard, de nouveaux litiges naquirent entre la même abbesse et l’évêque – il s’agit cette fois-ci de Jacques Hurault – et c’est le juge et official de la cour métropolitaine de Lyon qui intervint49 ; à cette occasion, l’abbesse présenta d’ailleurs ses doléances également au roi50. L’origine de ces différents conflits était sans doute d’ordre disciplinaire, mais ce ne furent pas les seules causes d’opposition, au xve siècle, entre les religieuses de Saint-Andoche et leur évêque. Les évêques semblent en effet avoir parfois convoité le temporel des religieuses. Ainsi en 1400, les religieuses obtinrent du roi Charles VI des lettres de sauvegarde51 et l’envoi de gardes spéciaux pour les protéger des vexations et violences faites par l’évêque qui nommait aux bénéfices vacants, pourtant à la nomination de l’abbesse, qui voulait pourvoir une religieuse étrangère non acceptée par la communauté, qui cherchait à disposer du temporel à travers un gardien nommé par lui52. Quatre ans plus tard, l’abbesse Jacquette de Vienne (n°19) invoqua ces lettres de sauvegarde pour s’opposer à la volonté de l’évêque Milon de Grancey d’exercer sa juridiction spirituelle et temporelle sur Saint-Andoche, et elle agit en conséquences : le 30 octobre, elle fit clouer des panonceaux indiquant la sauvegarde royale à la porte de l’abbaye ; le lendemain, elle rappela cette sauvegarde au grand vicaire de l’évêque, à son official et à un procureur, ainsi qu’à Jean Monin le surlendemain à l’heure de la grand-messe ; le 3 novembre enfin, elle la rappela à l’évêque lui-même, en présence de nombreux témoins, puisque ce rappel eut lieu dans la rue qui sépare l’abbaye de l’église paroissiale. Mais l’évêque refusa de plier face à cette sauvegarde dont il considérait qu’elle ne le concernait pas, ce qui entraîna un procès avec les religieuses qui

 AD SL H 680/7 (1521).  AD SL H 681 (1521‒1523). 51   nos ad supplicationem dilectarum nostrarum religiosarum abbatisse et conventus ecclesie Sancti Andochii eduensis in nostra salvia protectione et speciali gardia suscipimus et ponimus per presentes (Soc. Éd. D 4 St-And., 1400ns). 52  La nomination d’un économe, d’un custos, par l’évêque était une façon classique d’imposer à une abbaye une meilleure gestion de son temporel, sans que l’évêque cherche nécessairement à mettre les possessions de l’abbaye (E. Power, Medieval English Nunneries, op. cit., p. 228 sq.). 49 50

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se plaignaient des « agressions, injures, violences et oppressions subies » ; l’issue n’en est pas connue53. Saint-Andoche disposa donc de privilèges extrêmement importants pour une abbaye féminine, privilèges que les abbesses, jusqu’au xvie  siècle au moins, parvinrent à préserver, sans doute grâce à de solides appuis familiaux. Saint-Jean, elle, ne jouissait pas de ces mêmes privilèges, même s’il est sensible que les abbesses auraient souhaité, elles aussi, se soustraire à la juridiction épiscopale. Finalement, l’évêque d’Autun ne semble pas être plus intervenu à Saint-Andoche, voire à Saint-Jean, et dans les églises qui dépendaient de ces abbayes que l’archevêque d’Aix-en-Provence à La Celle, prieuré d’une abbaye exempte54. La différence entre Saint-Andoche et Saint-Jean et la possibilité pour les évêques d’exercer, ou non, son droit de correction, ne semblent pas avoir eu d’incidence quant au mode de vie mené par les dames de Saint-Andoche par rapport à celui des dames de Saint-Jean. II. La vie des religieuses à Autun Les jeunes filles ou les femmes qui prenaient le voile avaient décidé de se retirer du monde et de se consacrer à Dieu. Leur principale activité, au sein d’une communauté régie par des règles relativement strictes qu’elles promettaient de respecter lorsqu’elles devenaient religieuses, était la prière. 1. Au cœur de la vie des religieuses : la prière Une abbaye est d’abord et avant tout un lieu de prières. Les moines et les moniales y priaient pour leur salut, puis pour celui de leurs proches, de leurs seigneurs, du roi, du royaume etc. C’est pourquoi le premier bâtiment construit dans une abbaye était l’église abbatiale, les bâtiments conventuels prenant ensuite place autour de l’église, cœur du monastère et de la communauté. a. Les lieux de la prière

Aucune trace n’est conservée des églises primitives de Saint-Andoche et Saint-Jean ; même les abbatiales du Bas Moyen Âge sont assez mal connues : les églises aujourd’hui visibles datent toutes deux du xixe  siècle. Les deux

 Soc. Éd. D 4 St-And. (1400ns).  P.  L’Hermite-Leclercq, Le monachisme féminin dans la société de son temps, Paris, 1989, p. 220. 53 54

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églises abbatiales étaient sous le double patronage de la Vierge et du saint patron de l’abbaye ; l’abbatiale de Saint-Jean fut dédiée à Notre-Dame un 18 septembre, mais l’année n’en est pas connue55. Les églises abbatiales

Bien que détruite dans la première moitié du xixe  siècle, l’abbatiale Saint-Andoche édifiée par les abbesses Louise de Clugny (n°24) et Anne d’Alonne (n°25), sa nièce, dans le dernier quart du xve siècle, est beaucoup mieux connue que l’église précédente située au même endroit. C’est sans doute pour la construction de cette église que l’évêque de Langres, en tant que lieutenant général du roi dans le duché, non seulement reconnut le droit des religieuses à prendre du bois de construction dans les forêts du duc, mais leur accorda aussi, exceptionnellement, le droit d’équarrir ce bois sur place, jusqu’à quatre cents arbres56. Cette église, régulièrement orientée, était composée d’une nef unique terminée par une abside à trois pans coupés avec six travées et surmontée d’un clocher de pierre. Elle mesurait environ 36 mètres de long pour 11 mètres de large57. Les stalles pour les religieuses étaient situées au fonds de la nef, éloignées du sanctuaire et donc du desservant58 ; le chœur était séparé de la nef par une légère surélévation (pl. VII.a). Il était éclairé d’un ou de plusieurs  AD SL H 1175/1 (1646, extrait d’un « fort ancien bréviaire »).  AD SL H 1622/16 (1483). 57  H.  de  Fontenay, Épigraphie autunoise, op.  cit., t.  2, p.  23  ; Ch.  Boëll, Promenades historiques à travers la paroisse Notre-Dame, BM A D 1670, p. 3. 58  Les religieuses, en tant que femmes, ne pouvant pas célébrer l’office, leur chœur n’était pas situé dans le chœur liturgique ; elles devaient toutefois pouvoir entendre, et voir, le prêtre qui célébrait la messe, sans risquer d’être au contact d’éventuels laïcs. Diverses solutions ont été inventées afin de tenir compte de tous ces éléments (cf. P. Volti, « Le chœur des sœurs mendiantes au Moyen Âge », dans La place du chœur. Architecture et liturgie du Moyen Âge aux Temps modernes, Paris, 2012, p.  79‒86). La solution adoptée à Saint-Andoche semble assez classique et se retrouve chez les dominicaines de Metz (Ibid. p. 81), même si dans les églises des abbayes cisterciennes germaniques le chœur des religieuses étaient plutôt situé dans la partie orientale de la nef, la partie occidentale étant réservée aux laïcs et aux convers, solution adoptée aussi à Saint-Pierre de Lyon où les stalles étaient situées dans la nef au niveau du transept ( J. Picot, L’abbaye de Saint-Pierre de Lyon, Paris, 1970, p. 65) ; il pouvait aussi être situé dans une tribune en élévation (Cl. Kosch, « Organisation spatiale des monastères de cisterciennes et prémontrées en Allemagne et dans les pays germanophones au Moyen Âge. Églises conventuelles et bâtiments claustraux  », dans Cîteaux et les femmes, p.  19‒39, en particulier p. 22‒23 et 24). Cf. également R. Guild, Fr. Héber-Suffrin, A. Wagner, «  Saint-Maur dans l’organisation ecclésiale de Verdun. Un monastère de femmes et son pèlerinage », dans Espace ecclésial et liturgie au Moyen Âge, Lyon, 2010, p. 347‒368. 55 56

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vitraux célébrant les familles des abbesses – une description affirme qu’il y avait un seul vitrail composé de sept écussons familiaux, une autre qu’il y avait deux vitraux avec chacun trois écussons et un ou deux orants59. Quoi qu’il en soit, deux de ces écussons étaient ceux des Busseuil, deux d’Alonne, un écartelé de Clugny et de Busseuil et un écartelé de Vaudrey, de Chastellux, d’Inteville et d’une famille non identifiée. On reconnaît là les alliés de la famille des abbesses Louise de Clugny d’Alonne (n°24), fille de Guillaume de Clugny et de Philiberte de Busseuil, et de sa nièce Anne d’Alonne (n°25), fille de Damas de Clugny d’Alonne (n°891) et de Jeanne de Vaudrey (gén. 6). Les orants, une abbesse, un homme en armes et une femme habillée de rouge, étaient sans doute Louise de Clugny d’Alonne, son frère Damas et Jeanne de Vaudrey, épouse de celui-ci. Le dernier écusson, enfin, du Fay, était accompagné d’un phylactère avec la devise « Vérité tout luyt » et des initiales HB de part et d’autre d’une crosse pour Huguette Bouton (n°27), abbesse de 1505 à 154060. Marguerite de Salins (n°26), éphémère abbesse entre Anne d’Alonne et Huguette Bouton, est donc la seule abbesse de cette époque, semble-t-il, à n’avoir pas eu le temps de laisser sa marque dans cette église.

  BnF Fçs 8226, p. 9 et BnF Fçs 22300, p. 445‒446.  Huguette Bouton, moniale à Saint-Andoche en 1504, avait été nommée, en 1505, par l’archevêque de Lyon – le siège autunois était alors vacant –, à la tête du prieuré de Champchanoux pour remplacer Guiotte de Vienne (n°191), décédée (AD  SL H  1108, couverture en parchemin du registre). Puis, moins de deux ans après, elle était à nouveau à Saint-Andoche, à la tête de laquelle elle avait été élue abbesse (AD SL H 750). Son abbatiat, trente-cinq ans environ, fut l’un des plus longs à Saint-Andoche  ; elle semble avoir eu une action bénéfique pour la vie de l’abbaye, puisque sous son abbatiat, un grand nombre de religieuses étaient présentes au chapitre où la plupart des décisions furent prises par l’ensemble des moniales assemblées, alors que cette fonction primordiale du chapitre était moins nette sous les abbatiats précédents au cours desquels il semble que l’abbesse prenait souvent seule les décisions qui pourtant engageaient la vie ou les revenus du convent tout entier. Huguette Bouton considérait d’ailleurs que la direction de l’abbaye était beaucoup plus une charge qu’un privilège, puisque, bien qu’ayant huit nièces religieuses à SaintAndoche, elle refusa d’en nommer une pour lui succéder, d’après Palliot, cité par Bouhier (BnF coll. Bouhier t. liii, p. 102 : « J’ai appris des dames religieuses dudit Saint-Andoche que cette abbesse avoit huit nièces religieuses, aucune desquelles elle ne voulut faire élire pour lui succéder, estimant une trop grande charge de commander, et, après sa mort, fut nommée par le roy à la dicte abbaye Mme de Tournon, depuis laquelle le roy a toujours nommé, et le droit d’élection finit en la personne de ladite Bouton »). 59 60

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D’après Charles Boëll61, l’abbatiale abritait des statues des saints Christophe, Hugues et Anne, mais peut-être uniquement à l’époque moderne. L’abbatiale de Saint-Jean, quant à elle, est presque totalement inconnue avant le début du xviiie  siècle où une nouvelle grande abbatiale de style baroque, avec un dôme immense, fut bâtie62. En effet, il est quasiment impossible de l’identifier ou même de la situer dans la mesure où on ne parvient pas à la différencier de l’église paroissiale qui, elle aussi, était située dans la clôture63. Mesurant environ 29  mètres de long sur 16  mètres de large, elle était plus large et moins longue que l’abbatiale de Saint-Andoche  ; elle était éclairée par des vitraux composés de losanges. Au xviie siècle, il y avait dans le chœur « quatorze chaires hautes de chaque costé et sept basses », le chœur étant séparé du reste de la nef par «  une grande grille de fer, au milieu de laquelle est une petite grille, pour la communion  » d’après le procès-verbal de visite de l’abbaye rédigé par Jean de Boucher, en 1645, cité par Harold de Fontenay64. Les autels et les reliques

Outre le grand-autel, il y avait, dans l’ancienne abbatiale Saint-Andoche, quatre chapelles desservies chacune par un chapelain, les chapelles NotreDame, Marie-Madeleine, Sainte-Adise et Saint-Pierre le Vieux65. Harold de

 Ch.  Boëll, Promenades historiques à travers la paroisse Notre-Dame, BM  A D  1670, p. 3‒4. 62  Pendant les travaux de construction de cette nouvelle église abbatiale, les religieuses ne continuèrent pas à dire les offices dans leur ancienne abbatiale, peut-être trop éloignée des nouveaux bâtiments conventuels  : en 1730, leur confesseur ordinaire avait obtenu la permission de l’évêque de « bénir une chapelle édifiée depuis peu dans la susdite abbaye où l’on doibt y célébrer les saints mystères et y conserver le très saint sacrement jusqu’à ce que la nouvelle esglise de l’abbaye soit finie » (AD SL H 1218, 1730). Cette nouvelle abbatiale fut détruite quelques dizaines d’années plus tard sous la Révolution et une nouvelle église fut reconstruite entre 1847 et 1853 par l’architecte Jean Roidot (1825‒1910), le restaurateur de la cathédrale, dans un style néo-roman, sans que soient enregistrées les traces de l’histoire architecturale du site (Autun : prémices et floraison de l’art roman, Autun, 2003, p. 3). 63  Cf. chap. 6 I. 1. b. Localisation, identification et description des églises paroissiales SaintPierre Saint-Andoche et Saint-Jean le Grand. Saint-Jean-le-Grand. 64  H. de Fontenay, Épigraphie autunoise, op. cit., t. 2, p. 6 ; Soc. Éd. I Autun, Saint-Jean. 65  Respectivement, AD SL H 800/1 (1344), H 800/2 (1442), H 704/1, fol. 14v (1453) ; AD SL H 1625, fol. 29 (1407‒1408), H 696/1 (1er tiers du xve siècle, après 1422), H 757/2 (vers 1450), H 704/1, fol. 5, 9v‒10v (1453), H 754/7 et 8 (1453) ; AD SL H 710 et BM A P 088 12 mars (1er tiers du xive siècle) ; AD SL H 1023/2 (1453), H 804/8 (1512), H 694 (1526), 61

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Fontenay mentionne également une chapelle dédiée à sainte Anne66. L’une de ces chapelles, vraisemblablement celle de la Madeleine 67, fut fondée en 1325 par Guy Barbier (n°399), prêtre, chanoine de Saint-Eptade de Cervon, qui légua une rente de 15 livres annuelles pour sa dotation68. Dans la nouvelle abbatiale fondée par Louise de Clugny d’Alonne (n°24), cette abbesse avait conçu une nouvelle chapelle Saint-Adise et une chapelle Saint-Syagre69. Outre les reliques de saint Andoche rapportées de Saulieu peut-être au ixe siècle70 et conservées dans une « ymage » d’argent offerte par l’abbesse Louise de Clugny d’Alonne71, Saint-Andoche conservait essentiellement des reliques de saints évêques éduens : le chef de Simplice (ve siècle), pour le reliquaire duquel ont été utilisées au xiiie siècle deux coupes d’argent léguées par André curé de Voudenay (n°969)72, et le chef de Syagrius (vie siècle) dans un reliquaire d’argent offert par l’abbesse de Saint-Jean Jeanne de Montagu (n°36)73, mais aussi les corps de ces deux évêques ainsi que, d’après Harold de

H 692/3 (1530) ; BM A P 088, fol. 35v (fin xve siècle) ; AD SL H 698/1 (1465). Cf. Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche, éd. cit., n°92, p. 158, n°482‒483, p. 232‒233. «  Adise  » provient peut-être d’une déformation d’Odile – pour laquelle la forme Adile est connue ; cette abbesse bénédictine décédée vers 720 et fêtée le 13 décembre était une parente de l’évêque d’Autun saint Léger par sa mère. Toutefois, dans un pouillé de la fin du xviiie siècle, lors de la mention de cette chapelle, le nom Adize est barré et corrigé en Alize (AD  SL G  452, fol.  18v, vers 1780), peut-être par assimilation avec le nom Alise SainteReine. 66  H. de Fontenay, Épigraphie autunoise, op. cit., t. 2, p. 23. 67  Le titulaire de la chapelle Sainte-Madeleine en l’abbatiale Sainte-Marie Saint-Andoche en 1774 a fait copier l’accord entre les exécuteurs testamentaires de Guy Barbier d’une part et ses héritiers d’autre part, accord qui mentionnait la fondation de cette chapelle (AD SL E 131/12). 68  AD SL H 691/1 et 2 (1325). 69   BM  A P  088, fol.  35v. Cf.  Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche, éd.  cit., n°482‒483, p. 232‒233. 70  Cf.  N.  Verpeaux, « Autun  : Les fondations attribuées à Brunehaut et leurs (re)fondations carolingiennes », RM, t. XXIII (= t. 84), 2012, p. 5‒40, notamment p. 30. 71   BM  A P  088, fol.  35v. Cf.  Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche, éd.  cit., n°482‒483, p. 232‒233. 72  AD SL H 708, H 709 H 710 et BM A P 088 (09‒03). Cf. Les obituaires de l’abbaye SaintAndoche, éd. cit., n°85, p. 157. 73  AD SL H 710 et BM A P 088 (25‒03) ; AD SL H 702/1, fol. 6‒8 (1562‒1563). Cf. Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche, éd. cit., n°116, p. 163.

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Fontenay, le corps de Cassien (ive siècle) et le bras de Pragmace (vie siècle), deux autres évêques d’Autun74. Dans l’abbatiale Saint-Jean, il y avait quatre chapelles principales, desservies par quatre chapelains, dédiées à Notre-Dame, sainte Catherine, saint Nicolas et saint Laurent75. La chapelle Saint-Laurent fut fondée en 1308 par noble dame Marie (n°982), veuve de maître Rodolphe de Léer, chevalier : le chapelain devait recevoir une prébende identique à celle des religieuses – ce pour quoi la fondatrice octroya une rente de 60  sous afin d’être certaine qu’il soit suffisamment nourri – et il devait y célébrer trois messes hebdomadaires76 ; quinze ans plus tard, Jeanne d’Oigny (n°39), religieuse de SaintJean, acheta une ouche chargée de deux tiers de boisseau de seigle et cinq pintes et demie de vin de rente, achat réalisé au profit de cette chapelle77. Une autre chapelle fut fondée soit à la fin du xiiie siècle soit au tout début du xive siècle, par les ancêtres de noble Guy d’Ostun (n°986), seigneur de Dracy Saint-Loup, chevalier78. Il y avait aussi dans cette église une chapelle secondaire dédiée à la sainte Croix, fondée par l’abbesse Jeanne de Brazey (n°41) en 1346  ; le chapelain devait bénéficier de dix livrées de terre de revenus pour y célébrer trois messes hebdomadaires79. D’autres chapelles secondaires, ou autels, y étaient dédiés à saint Georges, à saint Étienne, aux Cinq Plaies, à saint Bénigne et au Rosaire80. Les reliques conservées à Saint-Jean étaient beaucoup plus diverses qu’à Saint-Andoche, au moins au xviie siècle. En effet, d’après le procès-verbal de la visite de l’abbaye en 1645, rédigé par Jean de Boucher, grand prieur et grand vicaire de Moustier Saint-Jean, il y avait à Saint-Jean « le chef de sainct Théodore martir, une coste de sainct Sébastien, des vestements de sainct Maurice, le chef et les ossements de sainct Lange81 martir […], des ossemens de sainct Maurice, des saincts Abdon et Sennen, de sainct Thibault, de sainct 74  H.  de  Fontenay, Épigraphie autunoise, op.  cit., t.  2, p.  25  ; Ch.  Boëll, Promenades historiques à travers la paroisse Notre-Dame, BM  A D  1670, p.  3‒4  ; M.  VieillardTroiekouroff, Les monuments religieux de la Gaule d’après les œuvres de Grégoire de Tours, Paris, 1976, p. 46. 75  Soc. Éd. D 4-H terrier de Saint-Jean, fol. 5v (1480) ; AD SL H 1203/1 (1691). 76  Soc. Éd. D 4 reg. 75 XXII, II, 1 (1308). 77  AD SL H 1425/3 (1323ns). 78  Soc. Éd. D 4 reg. 75 XXII, I, 4 (1331). 79  Soc. Éd. D 4 reg. 75 XXII, II, 2 (1346). 80  Soc. Éd. D 4 reg. 75 XXII, II (1689). 81  Sans doute saint Langis, abbé du Maine du viie siècle, célébré le 13 janvier.

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reyne de France et de sainct Exupère »82. Y étaient donc présents des saints gaulois, mais aussi des saints orientaux et au moins un martyr romain. Ni les reliques de Saint-Andoche ni celles de Saint-Jean n’ont fait l’objet d’un culte engendrant un pèlerinage. Les objets religieux et les livres liturgiques

Il n’existe pas d’inventaire du mobilier liturgique pour l’époque médiévale, ni à Saint-Andoche ni à Saint-Jean. En revanche, en 1562, sur ordre du maréchal de Tavannes, lieutenant du roi en Bourgogne, a été dressé par Lazare Ladone conseiller du roi, un inventaire de l’argenterie prise dans les églises afin de soutenir les combats contre les huguenots83 : à Saint-Andoche ont été trouvés une châsse en laiton doré, une tête reliquaire en argent et un calice d’argent sans patène, le tout valant 14,5 marcs ; à Saint-Jean l’abbesse déclara n’avoir jamais possédé d’objets précieux et avoir envoyé en Comté les quelques objets de valeur pour les préserver, à savoir deux chandeliers d’argent, un encensoir, un petit ange et une image de saint Antoine de faible valeur, n’étant conservé à Autun qu’un calice d’argent servant au culte84. Saint-Jean se dépouilla alors de plusieurs châsses et «  sanctuaires  » et le maréchal de Tavannes emporta de Saint-Andoche «  quantité d’ornemens et de vaisselle d’argent » c’est-à-dire sans doute tout ce qui était à l’abbaye. À la fin du xvie siècle, une partie du mobilier liturgique de Saint-Andoche avait donc disparu, ou avait été soigneusement caché par les religieuses. En effet, si la châsse qui était portée au xiiie  siècle lors de la procession des Rameaux85 était peut-être la châsse en laiton doré mentionnée par Lazare Ladone, où étaient les différentes pièces d’orfèvrerie offertes par l’abbesse Louise de Clugny d’Alonne (n°24), la châsse d’argent, la croix d’argent « pesant IX mars ou plus », l’« ymage de sainct Andoche toute d’argent pourtant les reliques dudit sainct »86 ? Seul le « calice d’argent ou pris de trente frans » semble avoir survécu, si c’est bien de celui-ci qu’il est question 82  Soc. Éd. I Autun, Saint-Jean, cité par H.  de  Fontenay, Épigraphie autunoise, op.  cit., t. 2, p. 9. 83  AD SL H 702/1, fol. 6‒8, (1562‒1563), cité par H. Abord, Histoire de la réforme et de la Ligue dans la ville d’Autun, Paris/Autun, 1886, t. 3, p. 63 sq. 84  Au milieu du xviie  siècle, Saint-Jean possédait en argenterie, d’après un procès-verbal de visite : deux ciboires, deux calices, deux burettes dont l’une avait perdu son couvercle, une croix de bois recouverte d’argent, la crosse de l’abbesse (Soc. Éd. I Autun, Saint-Jean). 85  AD SL H 722/1 (1295). 86   BM  A P  088, fol.  35v. Cf.  Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche, éd.  cit., n°482‒483, p. 232‒233.

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dans l’inventaire de 1562. L’abbaye avait-elle à ce point perdu de sa prospérité en moins d’un siècle ? À la fin du xve siècle en effet, Louise de Clugny d’Alonne fit bâtir une nouvelle abbatiale, donna plusieurs pièces d’argenterie mais offrit aussi à l’abbaye de riches habits liturgiques, chasuble, tuniques, chapes, draps de soie, ainsi que cent livres «  pour estre associée es prières de l’Églises à son trespas »87 ; qu’étaient devenus aussi les calices et ciboires d’argent offerts à l’abbaye par Simon Frelot (n°730), Isabelle du Maigny (n°69) et Hugues Pitois (n°758)88 ? Quoi qu’il en soit, en 1790, lors de « l’inventaire du mobilier, des titres et papiers appartenans à l’abbaye de Saint-Andoche »89, le mobilier liturgique conservé dans la sacristie était là encore de peu de valeur avec un poids total d’argenterie de 8 marcs, 3 onces et 3 gros : trois calices et leurs patènes, des burettes avec des bassines, un encensoir avec sa navette, un goupillon et une croix de procession. On ne sait presque rien sur les livres liturgiques utilisés par les religieuses éduennes. Pourtant, chaque religieuse devait avoir un bréviaire90, qui lui était remis le jour de sa profession. Des psautiers servaient à enseigner la lecture et à apprendre aux novices les psaumes, même si ceux-ci s’apprenaient aussi par leur répétition quotidienne. La célébration des offices nécessitait également la possession d’antiphonaires et d’hymnaires, d’homiliaires et de sermonnaires, de lectionnaires, de passionnaires, de sacramentaires et

  Ibid.   BM A P 088 (13‒06, 16‒06 et 29‒06). Cf. Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche, éd. cit., n°229, p. 184, n°233, p. 184, n°247, p. 187. 89  AD SL H 674/1 (1790). 90  Celui de l’abbesse Louise de Clugny d’Alonne (n°24) est peut-être conservé à la bibliothèque Inguimbertine de Carpentras (ms. 68 (78)) : il s’agit d’un bréviaire de la seconde moitié du xve siècle, réalisé pour un religieux autunois, d’après les saints mis en valeur – Lazare, Nazaire et Celse, Léger, Andoche et Thyrse, Symphorien, Amator, Simplice, Racho, Pragmace, en particulier –, de la famille de Clugny dont les armes sont représentées au fol. 310 ; l’hypothèse a été émise qu’il a pu appartenir à Louise de Clugny, plutôt qu’à l’un ou l’autre de ses deux neveux qui ont été doyens d’Autun par exemple (gén. 6) ; au milieu du xvie siècle, il appartenait à Jacques de Genay, chanoine d’Autun, qui le légua à sa sœur (feuillet de garde). Cf.  M.-J.  Perrat, Le livre au siècle des Rolin, Autun, 1985, p.  52  ; M.  Pellechet, Notes sur les livres liturgiques des diocèses d’Autun, Chalon et Mâcon, Paris  /  Autun, 1883, n°24  ; V.  Leroquais, Bréviaires manuscrits des bibliothèques publiques de France, Paris, 1934, n°141 ; Ch. Samaran et R. Marichal, Catalogue des manuscrits en écriture latine, portant des indications de date, de lieu ou de copiste, Paris, 1968, t. 6, p. 513. 87 88

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­d’évangéliaires91. Pour l’office de prime, les religieuses devaient disposer d’un martyrologe, d’un nécrologe ou d’un obituaire et d’un livre du chapitre avec la règle suivie dans l’abbaye. Saint-Jean possédait nécessairement ces différents livres, mais aucune trace n’en est conservée ni en manuscrit sauvegardé ni en mention dans les archives de l’abbaye. Pour Saint-Andoche, en revanche, sont conservés quatre obituaires – deux complets et deux lacunaires92 ; c’est dans ces ouvrages que sont aussi mentionnés quelques livres liturgiques qui ont été légués aux religieuses : Pierre Morin, prêtre, a légué un missel93, peut-être celui qu’il utilisait quotidiennement ; Alice de Montagu, sans doute une religieuse de l’abbaye, a légué deux antiphonaires94, dont on peut d’ailleurs se demander pourquoi elle les possédait ; André, curé de Voudenay (n°969), a laissé un bréviaire, mais les religieuses l’ont vendu pour 60 sous95 ; enfin, deux religieuses apparentées, Guiotte et Comtesse de Drées, léguèrent deux bréviaires – peut-être ceux qu’elles avaient reçus quand elles avaient prononcé leurs vœux –, mais aussi un psautier et un prosaire96. Deux abbesses du xve  siècle ont laissé à leurs religieuses d’autres livres pour leur anniversaire, des livres religieux toujours, mais qui ont sans doute pris place non dans l’église mais dans la bibliothèque de l’abbaye. Guillemette d’Oiselet (n°20) a légué son livre d’heures et un «  romant parlent de l’esposition des Euvangeles » et Marie de Vienne (n°23) un « livre de la Passion », un « livre de Joseph » et un « livre des Expositions des Euvangile »97. Ces legs prouvent qu’au xve siècle les abbesses de Saint-Andoche, non seulement savaient lire, mais surtout développaient une spiritualité personnelle par l’acquisition, et sans doute la lecture, de livres religieux. On peut cependant penser que la bibliothèque des deux abbayes était assez peu

 J.-B.  Lebigue, Initiation aux manuscrits liturgiques, Paris, IRHT, 2007 (Ædilis, Publications pédagogiques, 6) [En  ligne] http://aedilis.irht.cnrs.fr/initiation-liturgie/ accueil.htm. 92  Cf. Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche, éd. cit. 93  AD  SL H  710 et BM  A P  088 (24‒03). Cf.  Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche, éd. cit., n°114, p. 162. 94   BM A P 088 (06‒09). Cf. Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche, éd. cit., n°345, p. 204. 95  AD SL H 708, H 709, H 710 et BM A P 088 (09‒03). Cf. Les obituaires de l’abbaye SaintAndoche, éd. cit., n°85, p. 157. 96   BM A P 088 (02‒07). Cf. Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche, éd. cit., n°250, p. 188. 97  Respectivement AD SL H 710 et BM A P 088 (09‒02) et AD SL H 710 (20‒03). Cf. Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche, éd. cit., n°43, p. 149 et n°109, p. 161. 91

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fournie et ne recélait que des ouvrages religieux, comme dans la plupart des établissements féminins de la fin du Moyen Âge d’ailleurs98. b. Les offices religieux

Outre la messe quotidienne, comme tout moine et toute moniale, les religieuses d’Autun devaient assister à sept offices tout au long de la journée et pendant la nuit. Au milieu de la nuit elles se levaient pour les vigiles ; à la pointe du jour avaient lieu les laudes et prime que suivaient toutes les trois heures environ tierce puis sexte et none  ; en fin d’après-midi étaient dites les vêpres, puis complies avant le coucher. La messe suivait l’office de tierce ; elle était célébrée par des chapelains ou, éventuellement, par l’un des curés des églises paroissiales. Des marguilliers sonnaient les offices et servaient la messe. La présence aux offices

Si les chapelains étaient ceux qui dirigeaient les offices et qui célébraient les messes, ils le faisaient pour les religieuses ; la participation active aux offices et la prière étaient en effet au centre de la vie monacale, que ce soit pour les moines ou pour les moniales. Pourtant, les religieuses ne semblent pas avoir toujours été toutes présentes à tous les offices de jour et surtout de nuit. À la fin du xiiie siècle, Jacques Boisserand (n°932) fit un legs de 60 sous viennois de rente afin que chaque religieuse de Saint-Andoche se levant pour matines les nuits de l’Avent de Noël reçoive 2 deniers99 ; le même chanoine laissa 12,5 livres de rente pour que celles qui participaient à matines lors du Carême reçoivent 3 deniers viennois et 2 muids de vin100. On peut donc penser qu’à la fin du xiiie siècle cet office matutinal était délaissé par un grand nombre de religieuses de Saint-Andoche, même lors des périodes les plus sacrées de l’année puisqu’il devenait nécessaire de rémunérer celles qui se levaient pour louer Dieu en conformité avec leurs vœux. De la même façon, lorsqu’elles fondaient des offices supplémentaires, certaines religieuses, sans doute conscientes du manque d’enthousiasme de

 Ph. Schmitz, Histoire de l’Ordre de Saint-Benoît, Maredsous, 1956, t. VII : Les moniales, p. 260. 99  AD SL H 713/1 = Cartulaire de l’Église d’Autun, A. de Charmasse (éd.), Paris / Autun, 1865, t. 1, p. 226‒233 (ch. CXLII, 1281). 100  AD SL H 708, fol. 27, H 709 fol 24. Cf. Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche, éd. cit., n°492, p. 236. 98

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leurs sœurs, notaient que toutes devaient être présentes  ; ainsi, lorsqu’elle fonda deux messes anniversaires au milieu du xive siècle, l’abbesse Marguerite de Montagu (n°17) précisa qu’elles devaient être chantées « en présence du convent »101 ; près de deux siècles plus tard, l’abbesse Huguette Bouton (n°27) précisa que les religieuses devaient obligatoirement être présentes lors de la messe en l’honneur de Notre-Dame de Pitié qu’elle fonda le vendredi avant les Rameaux102. D’autres religieuses incitaient leurs sœurs à venir chanter leur anniversaire en promettant une distribution de vin pour celles qui se lèveraient pour dire les vigiles de leur anniversaire, comme le fit Isabelle du Chemin (n°129) en 1348103. À la fin du xve siècle, l’abbesse de Saint-Jean, Claude de Bernault (n°50), rappela que les religieuses devaient « fréquenter et assister cothidianement au service divin »104, ce qui pourrait n’être qu’une remarque générale. Mais, quelques pages plus tard, elle précisait que la distribution quotidienne de vin se faisait à la fin de la grande messe ; on peut donc se demander s’il ne s’agissait pas là d’une mesure destinée à inciter les religieuses à assister au moins à la messe, sans quoi elles ne percevraient pas cette ration de vin105, ce qui rappelle la pratique de répartition des distributions en argent et en nature mise en place par le chapitre cathédral de Laon pour encourager les chanoines à assister aux heures canoniales106. Au début du xvie  siècle, lorsque Anne d’Alonne (n°25) reconnut ses obligations envers les religieuses, les marguilliers et les chapelains de SaintAndoche, il ressort de l’acte une impression de salariat : c’est parce que les religieuses participaient aux offices qu’elles avaient droit à 3 setiers de froment par an et si l’abbesse ne leur distribuait pas l’argent équivalent à ces 3 setiers le jour de la Saint Ladre, elles pouvaient « faire grève » et ne plus assister à l’office divin107.

 AD CO 74 H 1013/1 (1345).   « seront tenues toutes les dames elles treiner toutes en cueur en la maniere accoustumée pour respondre ladite messe » (AD SL H 711/11 et 12, 1514). 103   tres pintas vini ad bibendum pro dominabus conventus que erunt ad easdem vigilias cantandas (AD SL H 711/2, 1348). 104  Soc. Éd. D 4-H terrier de Saint-Jean, fol. 6v (1480). 105  Soc. Éd. D 4-H terrier de Saint-Jean, fol. 9 (1480). 106  J.  Foviaux, «  “Amassez-vous des trésors dans le ciel”  : les listes d’obits du chapitre cathédral de Laon », dans L’Église et la mémoire des morts dans la France médiévale, Paris, 1986, p. 89‒90. 107   « nous serons tenu payer chacun an aux venerables dames religieuses […] entre autres droits pour une fois un chacun an pour leur distribution du divin service qui se fait journellement 101 102

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Bien que la participation aux offices soit au centre de la vie des religieuses, celles-ci, à Saint-Andoche comme à Saint-Jean, ne semblent donc pas les avoir toujours suivis de façon très scrupuleuse ; il serait d’ailleurs plus exact de dire que quelques religieuses de chacune des deux abbayes ne suivaient vraisemblablement pas scrupuleusement tous les offices ; rien n’indique que cela ait été une pratique généralisée avant, peut-être, le xviie siècle108. Lors de périodes de relâchement dans le respect de la règle, elles avaient peut-être aussi tendance à arriver en retard aux offices ou à les raccourcir, comme dans certains monastères anglais109. Les grandes fêtes liturgiques

Les grandes fêtes liturgiques rompaient la monotonie de la vie monacale, mais entraînaient aussi une présence plus longue encore à l’église. Aucun sanctoral conservé n’apporte des éléments précis sur la célébration des grandes fêtes dans les abbayes féminines autunoises, mais les obituaires de Saint-Andoche et un extrait du milieu du xviie siècle d’un « fort ancien bréviaire » de Saint-Jean110 permettent de savoir quelles étaient les grandes fêtes célébrées dans l’une et l’autre de ces abbayes. D’autres documents évoquent certains aspects des célébrations qui y avaient alors lieu. Bien entendu, les grandes fêtes christiques et mariales étaient célébrées dans les deux abbayes – Circoncision, Épiphanie et Nativité mais aussi Découverte et Exaltation de la Croix pour les premières, Purification de la Vierge, Annonciation, Assomption, Nativité de la Vierge pour les secondes111 – de même que les fêtes de certains grands apôtres – chaire de saint Pierre, saints

audit Saint Andoche, la quantite de trois setiers de froment mesure dudit Autun » ; « et en deffaut que nous ne payons ladite somme d’argent pour la valleur dudit froment cedit jour de saint Ladre avant le midy comme dit est, lesdits religieuses, chapelains et marilliers pouront cesser ledit divin office et service accoustumé de faire en ladite église jusques à ce que soit paye et satisfait de ladite somme d’argent à la valleur de dudit froment » (AD SL H 686/1, 1502). 108  Th.-J.  Schmitt, L’organisation ecclésiastique et la pratique religieuse dans l’archidiaconé d’Autun (1650‒1750), chez l’auteur, 1957, p. 58‒59. 109  E. Power, Medieval English Nunneries, op. cit., p. 291‒292. 110  AD SL H 1175/1 (1646) ; il faut noter toutefois que ce document ne mentionne aucune fête pour la deuxième moitié du mois de décembre, pour le mois de janvier ainsi que pour le mois de mars et le début de celui d’avril ; le bréviaire qui a été copié était alors certainement lacunaire pour ces périodes. 111  Respectivement 1er janvier, 6 janvier, 25 décembre ; 3 mai, 14 septembre et 2‒3 février ; 25 mars, 15 août, 8 septembre.

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Pierre et Paul, saint Jacques, emprisonnement de saint Pierre, saint Barthélemy, saint Matthieu, saints Simon et Jude, saint André112. Les patrons étaient honorés  : les trois fêtes de saint Pierre, particulièrement célébré à Saint-Andoche, étaient sans doute liées à la dédicace de l’église paroissiale au premier des apôtres ; la Saint Andoche était célébrée dans les deux abbayes le 24 septembre, alors même qu’à Saint-Jean on pourrait alors célébrer la conception de saint Jean-Baptiste ; il faut d’ailleurs noter que le 30 août étaient aussi célébrés, à Saint-Jean et non à Saint-Andoche, les saints Félix et Andoche. Plusieurs fêtes de saint Jean-Baptiste étaient célébrées dans les deux abbayes et particulièrement à Saint-Jean : invention de son chef, nativité – l’absence de cette fête dans l’extrait de bréviaire de SaintJean est évidemment liée à une lacune dans le manuscrit –, sanctification par la visite de la Vierge à sainte Élisabeth, dédicace de l’église paroissiale, oblation, décollation113. Saint Benoît était aussi célébré le 21 mars dans ces deux abbayes bénédictines. À  Saint-Jean, les saints dont l’abbaye possédait des reliques étaient honorés le jour de leur fête : saints Abdon et Sennen, saint Exupère, saint Cassien, saint Maurice et saint Théodore114, ainsi sans doute que saint Langis et saint Sébastien – leurs fêtes sont célébrées en janvier, mois qui est lacunaire dans l’extrait de bréviaire ; curieusement à Saint-Andoche ne semblent pas avoir été glorifiés les saints dont l’abbaye conservait des reliques, du moins ne sont-ils pas mentionnés dans les obituaires. Enfin, les saints locaux étaient, eux aussi, bien représentés dans les célébrations, en particulier à Saint-Jean : outre les fêtes dédiées à saint Andoche, font partie de cette catégorie la Saint Symphorien, la Saint Cassien, la Saint Léger, qui célèbrent le martyr autunois et deux des évêques éduens115 ; les saints patrons de la cathédrale et de l’évêché étaient célébrés dans les deux abbayes avec la Saint Nazaire et Celse, mais aussi toutes les fêtes dédiées à saint Lazare  : Saint Ladre, Révélace et Saint Lazare116. Des saints francs y étaient célébrés, en particulier à Saint-Jean  : Autrille évêque de Bourges, Médard évêque de Noyon et Tournai, Exupère évêque de Bayeux, Denis évêque de Paris, Martin évêque de Tours, Brisson évêque de Tours, Léonard

    114   115   116   112 113

22 février, 29 juin, 25 juillet, 1er août, 24 août, 21 septembre, 28 octobre, 30 novembre. 23 février, 24 juin, 2 juillet, 2 août, 29 août. 30 juillet, 4 août, 13 août, 22 septembre, 9 novembre. 30 août, 24 septembre ; 22 août, 13 août, 2 octobre. 28 juillet ; 1er septembre, 20 octobre et 17 décembre.

380 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

abbé de Vendœuvre, mais aussi Radegonde reine, Guillaume duc d’Aquitaine, ainsi que Hugues abbé de Cluny117. Sans doute est-ce lié à la différence des sources utilisées – extraits de bréviaire pour Saint-Jean, obituaires pour Saint-Andoche –, mais les fêtes célébrées à Saint-Andoche apparaissent beaucoup plus «  classiques  » que celles qui l’étaient à Saint-Jean : celles-ci semblent plus spécifiques, davantage liées à l’histoire de l’abbaye – possessions de reliques, ancrage dans la ville, liens avec Tours etc. Lors des principales fêtes célébrées à Saint-Andoche118, la sacriste devait fournir à l’abbaye un luminaire supplémentaire. À  la Saint Andoche une procession avait lieu de la cathédrale Saint-Lazare à l’abbaye, avec une croix portée sur ce trajet ; l’abbesse offrait un luminaire supplémentaire de deux grosses torches de quatre livres de cire chacune ; les religieuses, les novices, les chapelains mais aussi le curé de Curgy recevaient une prébende de 3 gros ; enfin, l’abbesse offrait un dîner aux chapelains et au marguillier et des pâtés « de Dorne » aux religieuses119. Aux Rameaux, les religieuses des deux abbayes participaient à la procession qui traversait l’ensemble de la ville et réunissait tous les religieux de la cité120. c. Les autres actes pieux Les aumônes

Ces grandes fêtes étaient aussi souvent l’occasion de distribution d’aumônes. Le Carême était un moment privilégié dans ce domaine, en particulier le jeudi saint. Les religieuses de Saint-Jean faisaient à cette occasion

  15 février, 8 juin, 4 août, 9 octobre, 11 novembre, 13 novembre ; 15 octobre, 13 août, 21 mai, 29 avril. 118  La liste en est légèrement différente de celle que l’on peut reconstituer à partir des notations présentes dans les obituaires  : Noël, la Saint Étienne, la Saint Jean Évangéliste, les Innocents, l’An neuf, l’Épiphanie, la dédicace du grand-autel de Saint-Andoche, la Chandeleur, la Mersanche (mi-mars), le synode d’été, les Rameaux, Pâques, dédicace de l’autel de Notre-Dame, les deux Sainte-Croix, l’Ascension, la Pentecôte, la Saint Jean, les deux Saint Pierre, chacune des fêtes des Apôtres, la Madeleine, la Saint Nazaire, la mi-août, la Saint Laurent, l’avènement des reliques de saint Andoche, la Saint Andoche, la Saint Michel, la Toussaint, la Conception Notre-Dame (AD SL H 708, fol. 32‒32v, H 709, fol. 27‒28. Cf. Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche, éd. cit., n°545, p. 243‒244). 119  AD SL H 1625, fol. 17v (1407‒1408). 120  Cf. chap. 5 III. 1. c. Le vœu de stabilité. Des religieuses qui s’absentent… 117

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une soupe à base de seigle et de fèves « pour les povrez du mecredi et judi benay » ; au début du xve siècle, elles distribuaient 3 boisseaux de fèves à trois pauvres121, sans compter 10 bichets de gros blés distribués le dimanche de la Passion122. Soixante-dix ans plus tard, c’est de l’argent que les religieuses donnaient à trois pauvres en période de Carême ; cette dépense se montait à 32 francs et 4 gros123. À Saint-Andoche, au début du xve siècle, l’aumône du mardi saint représentait une dépense de 10,5 setiers de seigle, celle du cinquième vendredi du Carême un setier de seigle : les religieuses distribuaient en effet des pains de seigle124. L’aumône du jeudi saint se montait à 9 sous et 4 deniers viennois en 1295 mais à 13 deniers seulement en 1408125. À Saint-Andoche, la « venue » de l’abbesse – sa joyeuse entrée à la suite de son élection – était encore une occasion de distribution de pains de seigle126. Outre les aumônes ainsi faites aux portes des abbayes, ou à travers l’accueil de pauvres et de pèlerins, les abbayes Saint-Andoche et Saint-Jean participaient aux aumônes générales du clergé d’Autun distribuées aux portes du réfectoire de la cathédrale, à hauteur de un trentième chacune127. Le devoir d’hospitalité

L’hospitalité était un devoir important dans tout monastère, les religieux devant accueillir les pauvres, les pèlerins et les voyageurs et leur offrir le gîte et le couvert128. Il est probable que les religieuses de Saint-Andoche et de Saint-Jean respectaient ce devoir et possédaient une hôtellerie pour l’hébergement de ces étrangers, mais les documents ne permettent pas d’apprécier la réalité de cet accueil qui n’est jamais mentionné postérieurement aux chartes

 AD  SL H  1259, fol.  14v (1400‒1401), H  1260, fol.  16v, 20v (1401‒1402), H  1261, fol. 10, 14 (1402‒1403), H 1263/1, fol. 8 (1404‒1405). 122  AD SL H 1583, fol. 13 (1402‒1403). 123  AD SL H 1266, fol. 69v (1476). 124  AD SL H 722/2, fol. 22v‒23 (1407‒1408). 125  AD SL H 722/1 (1295), H 1625, fol. 27 (1407‒1408). 126  AD SL H 722/2, fol. 22v (1407‒1408). 127  La répartition de la charge de ces aumônes était la suivante (H. Abord, Histoire de la réforme et de la Ligue, op.  cit., t.  1, p.  276‒277)  : un tiers dû par l’évêque, un tiers dû par le chapitre cathédral et un tiers dû par les établissements ecclésiastiques autunois avec une répartition de 2/10 par le chapitre de la collégiale, 4/10 par l’abbaye Saint-Martin, 2/10 par le prieuré Saint-Symphorien, 1/10 par l’abbaye Saint-Andoche et 1/10 par l’abbaye SaintJean-le-Grand. 128   Règle de saint Benoît, chap. 53, Ph. Schmitz (éd. et trad.), Turnhout, 2009. 121

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c­ arolingiennes de Saint-Andoche. Peut-être aussi étaient-elles dispensées, de fait, de ce devoir afin de limiter leurs contacts avec des laïcs, dans la mesure où les pèlerins et les pauvres pouvaient sans doute trouver du secours dans des établissements masculins, Saint-Martin, Saint-Symphorien ou la cathédrale, voire dans les hôtels-Dieu et hôpitaux qui furent peu à peu fondés dans la ville. Le souvenir des généraux fondateurs

À Saint-Andoche et à Saint-Jean enfin, comme dans toute abbaye, était célébrée la mémoire des moniales mais aussi celle des généreux donateurs. Cette activité semble avoir été plus importante à Saint-Andoche qu’à SaintJean, mais cette impression peut n’être due qu’à la forte différence des sources et à la conservation de quatre obituaires de Saint-Andoche. Le nom des personnes dont on devait se souvenir était lu à l’office de prime ou lors du chapitre. Certains cependant fondèrent des messes anniversaire afin que les prières des religieuses réduisent le temps qu’ils devraient passer au purgatoire ; les religieuses étaient alors tenues d’assister à ces messes supplémentaires, afin justement d’apporter leurs suffrages au défunt129. 2. Les autres aspects de la vie quotidienne des religieuses Si la prière et l’assistance aux offices étaient sans doute bien au cœur de la vie des religieuses de Saint-Andoche et de Saint-Jean et si celles-ci passaient de longues heures à l’église, elles avaient d’autres activités, malheureusement fort mal connues. a. Le cadre de vie

Les religieuses de Saint-Andoche et de Saint-Jean-le-Grand, comme toutes les religieuses au Moyen Âge et comme de nombreux moines, devaient respecter une stricte clôture et vivre à l’intérieur des murs de l’enceinte. Cette enceinte est bien visible sur les plans de la fin du xvie siècle, même si leur tracé n’est pas toujours exactement le même, en particulier à Saint-Jean (fig. 33). L’église, cœur de la vie monastique, est bien au cœur de l’abbaye comme dans toute abbaye ; en revanche, il est bien difficile sur ces plans de distinguer un cloître entouré de bâtiments communautaires tels qu’on les trouvait dans toutes les abbayes. Il est vrai que l’orientation de ces plans ne facilite pas une telle représentation, puisque le cloître et ces bâtiments seraient en grande partie masqués par l’église s’ils étaient classiquement situés au Sud de l’église. Pour Saint-Jean, le plan de Pierre de Saint-Julien de Balleure montre toutefois deux cours entourées de bâtiments plus ou moins imposants, le long du transept gauche et devant l’église.  Cf. chap. 6 II. Donations, fondations et mémoire des défunts.

129

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FIG. 33 Les abbayes Saint-Andoche (en haut) et Saint-Jean-le-Grand (en bas) à la fin du xvi e siècle 1 (R. Saint-Pierre Saint-Andoche ; Q Saint-Andoche ; S Saint-Jean-le-Grand)

Les documents écrits n’apportent pas plus de précision ni quant aux bâtiments qui constituent ces deux abbayes à l’époque médiévale ni quant à leur organisation à l’intérieur de la clôture. 1  Sources : plan de Nicolas Belleforest réalisé vers 1575 sur les indications de Saint-Julien de Balleure et paru dans la Cosmographie universelle de tout le monde (à gauche) ; plan de Pierre de Saint-Julien de Balleure réalisé vers 1580, paru dans De l’origine des Bourgongnons, Paris, 1580, p. 192 (à droite).

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À Saint-Andoche comme à Saint-Jean, le réfectoire n’est jamais mentionné, pas même lorsque sont attestés des repas pris en commun par les religieuses, en particulier le lendemain de Pâques  : le «  pitancier  » des deux plus anciens obituaires précise que, à cette occasion, « li convenz doit manger anssamble en chapitre »130 ; cette expression peut être comprise de deux façons différentes : soit les religieuses devaient prendre leur repas selon les mêmes procédures que quand elles étaient en chapitre, donc toutes ensemble en mettant tout en commun ; soit elles devaient se réunir, pour prendre ce repas, dans la salle du chapitre, ce qui serait étonnant mais prouverait qu’il n’existait plus de réfectoire. En fait, il faut être extrêmement prudent : le fait qu’un réfectoire ne soit jamais mentionné explicitement ne signifie pas qu’il n’existait pas, d’autant que fort peu de sources conservées sont susceptibles de le mentionner. En effet, ce n’est que presque par hasard que le dortoir de Saint-Jean-leGrand est mentionné à la fin du xive siècle quand, en 1384, il est précisé dans un compte que 4 queues de vin de dîme furent apportées et devaient « estre mises ou celer desoux dortoir ». En fait, à cette époque le dortoir était probablement divisé en cellules individuelles puisque, vingt ans auparavant, en 1365, Isabeau de Savigny (n°228) disposait d’une chambre particulière avec fenêtre, ce qui avait facilité la tentative d’enlèvement menée par Robert de Martinpuits à son encontre, tentative qui avait échoué131. À Saint-Andoche, aucun dortoir n’est mentionné dans les sources, mais là encore rien ne prouve qu’il n’a pas existé, soit en tant que grande pièce commune soit divisé en cellules individuelles. Il est certain que, dès le début du xve siècle, des religieuses possédaient un logis particulier puisque, à la mort d’Agnès de Communes (n°151), il a fallu faire l’inventaire de « l’ostel de ladite dame Agnès » et le vider132. Quelques décennies plus tard, lors de l’élection abbatiale qui fit suite au décès d’Antoinette de Marcilly (n°47), l’une des religieuses, malade, garda la chambre in sua cella seu domo133, et ce sont les scrutatrices qui se déplacèrent pour aller recueillir le suffrage d’Agnès de Loges (n°274). De fait, à la fin du xve siècle, l’abbesse de Saint-Jean attribuait à chaque religieuse une maison

130  AD SL H 708, fol. 27v, H 709, fol. 24v (1306‒1311). Cf. Les obituaires de l’abbaye SaintAndoche, éd. cit., n°498, p. 237. 131  A. de Charmasse, « L’Église d’Autun pendant la guerre de Cent ans », MSE, nv. série, t. 26 (1898), p. 51‒52. 132  AD SL H 1625, fol. 16v (1407‒1408). 133  AD SL 3 E 3/2, fol. 133‒162v  ; 169‒171v; 178‒183 ; 191v (1474).

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particulière et « chascune des dames en particulier est tenue soubstenir et entretenir en droit soy de tout et aultres réparacions chascune son domicille ainsi que par l’abbesse leur est distribué pour leur residance perpétuelle »134 ; l’abbesse, quant à elle, avait en charge l’entretien de tous les bâtiments communs, notamment l’église et le cloître. Ces logis étaient sans doute assez vastes puisque, en 1499, la prieure put réunir dans le sien plusieurs religieuses qui tinrent alors un chapitre restreint ; pour préparer la réunion de ces religieuses, Jeanne de Tenarre (n°283) avait dû aller « dans la maison de chaque religieuse »135. Ces différentes maisons particulières sont bien représentées sur les plans de la fin du xvie siècle (fig. 33), même s’il n’était pas évident, a priori, qu’il s’agissait de maisons et non de bâtiments ayant une vocation de travail, de stockage etc. Ces logis individuels étaient sans doute chauffés : au début du xve siècle, les religieuses de Saint-Andoche devaient employer un homme pendant six jours afin qu’il coupe le bois nécessaire à deux semaines de chauffage et il y existe plusieurs mentions de coupe et de livraison de bois dans les comptes136. Au milieu du siècle, le duc reconnaissait le droit d’usage des religieuses de Saint-Andoche dans les bois des Batis et de Planoise « pour y prendre bois rond à maisonner, à chauffer et pour convertir en leurs autres usaiges », hormis la vente bien entendu137. Les religieuses disposaient donc d’un certain confort dans leur abbaye et souhaitaient qu’il en soit de même lors de leurs déplacements : lorsque Jean Thevenin (n°588) prit à bail l’étang de Dornes en 1497, il le fit contre un peu plus de 100 sous de redevances, mais aussi la construction d’une maison dont il devait faire sa résidence, mais qu’il devait abandonner à l’abbesse lorsque celle-ci était amenée à loger dans la région ; afin que les religieuses acceptent qu’il la transmette à ses enfants, il proposa certains aménagements supplémentaires à l’intérieur comme à l’extérieur de la maison (lits, tables, coffres, buffets, linge et vaisselle d’étain ; puits, cave, écurie, colombier, jardin). Les

 Soc. Éd. D 4-H terrier de Saint-Jean, fol. 13v (1480).  AD SL H 1179/2 (1499). 136  AD SL H 1625, fol. 22, 23, 23v (1406‒1408) notamment. 137  AD  SL H  1622/13‒15  (1454)  : les religieuses de Saint-Jean avaient un droit d’usage dans les forêts ducales du bailliage d’Autun contre une redevance annuelle ; celles de SaintAndoche bénéficiaient du même droit contre la garde des prisonniers détenus au château de Riveau, mais elles ont renoncé à ce droit en 1370 (Fr. Vignier, « L’organisation forestière dans les bailliages d’Autun et Montcenis au xive siècle », MSE, nv série, t. 53 (1975‒1978), p. 8‒9). 134 135

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religieuses acceptèrent, mais lui imposèrent d’autres aménagements encore : « il sera tenu perfaire et perachever bien et convenablement de tous meubles tant lictz, coultres, coussans, couvertures, cretz, dosaielz, linceulx, couvrechiefz, tauletz, longeres, serviettes, nappes, challitz, bancs, tables, testeaux, scabelles, coffres, arches, buffetz, poesler, chaulderons, andans, cromalles, damoiselles, gaslees, aiguieres, potz, platz, escuelles, cymaizees d’estaing, bassins et aultres biens meubles et ustancilz d’hostel bons convenables et neccessaires à l’estat usage et mesnage »138. Les religieuses étaient donc habituées au confort et voulaient disposer de demeures bien meublées et bien équipées, telles celles de la noblesse ou de la riche bourgeoisie. b. La composition des repas

Il est extrêmement difficile de savoir ce que mangeaient les religieuses139, en temps ordinaire comme d’ailleurs lors des fêtes qui étaient l’occasion de pitances, de suppléments, qu’il s’agisse des grandes fêtes chrétiennes universelles comme Pâques, Noël ou le mardi gras, de la fête du saint patron de l’abbaye ou des jours de profession qui étaient également l’occasion d’une distribution particulière dans certains établissements, comme à SaintAndoche140. Les religieuses pouvaient également recevoir une pitance lors de l’anniversaire d’un bienfaiteur qui avait légué de l’argent ou une rente en nature dans ce but ; les obituaires de Saint-Andoche mentionnent ainsi un certain nombre de distributions supplémentaires de pain ou de vin, à l’occasion de l’anniversaire du chapelain Jean du Breuil (n°709) par exemple141. Les comptes sont les documents qui renseignent le mieux sur la nourriture des religieuses, sans être totalement explicites. Ainsi, s’ils citent assez souvent les denrées distribuées aux prébendés, religieuses et autres, à différentes dates de l’année, il est évident que ne sont pas consommés uniquement des blés, du sel et du vin.

 AD SL H 965/3 = H 965/2 et H 957, fol. 32v‒39 (1495 et 1497).  En Angleterre, les religieuses mangeaient du poisson frais, salé ou séché les jours maigres, du bœuf ou du porc les jours gras, accompagnés de légumes du jardin ; les jours de fête, elles avaient de la volaille, des œufs, du fromage, du beurre ; lors du Carême enfin, leur repas était composé de pain, de poisson salé (harengs, saumon, et autres), de pois secs bouillis ou en potage, de fruits secs (E. Power, Medieval English Nunneries, op. cit., p. 139‒141). 140  AD SL H 708, fol. 33, H 709, fol. 28‒28v. Cf. Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche, éd. cit., n°553‒554, p. 245. 141  Cf.  chap.  6 II. 2. b. Les fondations. Les fondations mémorisées dans les obituaires de Saint-Andoche. 138 139

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Quelques produits étaient particulièrement importants et les abbayes veillaient à ne jamais en manquer. Tout d’abord, le vin était indispensable pour la messe bien entendu, mais il était aussi très important dans l’alimentation des religieuses, c’est pourquoi toutes les abbayes possédaient des vignes ; en l’occurrence, leurs vignes étaient situées dans des terroirs qui ont acquis une grande réputation depuis. L’huile était importante, pour l’éclairage mais aussi comme aliment. Enfin le sel était absolument indispensable à la conservation des aliments. Du fait de leur importance, il fut fait une place à part à ces trois produits lorsque le temporel de l’abbaye Saint-Andoche fut confié à deux prêtres en 1300, les religieuses en étant dépossédées142 : les deux hommes devaient leurs prébendes aux religieuses, mais aussi deux pichets de vin supplémentaire par jour et ils devaient redonner à l’abbesse « ce qui reste » de « l’huile de Boyers » et du sel qui était utilisé, notamment, pour saler les harengs143. Les denrées apportées à l’abbaye

Alors qu’en Angleterre, les monastères étaient essentiellement approvisionnés par l’exploitation d’une home farm directement rattachée à l’abbaye pour justement fournir aux moniales les denrées nécessaires à leur vie quotidienne – viande, pain, bière, légumes, produits laitiers, œufs, volaille etc.144 –, à Autun, en revanche, les denrées apportées aux abbayes venaient de tous les domaines en dépendant. Il y avait certes une étable, un grenier etc. à proximité des abbayes, mais pas une « ferme domestique » : ces bâtiments servaient essentiellement au stockage des denrées apportées des domaines ruraux. Bien entendu, les abbayes autunoises étaient situées en ville, ce qui limitait les possibilités d’installation d’une ferme sur place ; mais durant tout le Moyen Âge, plus de la moitié des terrains enserrés dans l’enceinte antique n’étaient pas bâtis et il y avait des terres cultivées à Autun, comme en témoignent les plans de la fin du xvie siècle (pl. III. et IV.). Saint-Andoche possédait d’ailleurs un verger, sans doute entre la rue de Prévain et le rempart, au Sud de l’abbaye, verger dont on peut penser qu’il fournissait des fruits frais aux religieuses, même si cela n’est pas attesté145.

 AD SL H 707/8 (1300).  AD  SL H  707/8  (1300)  : et amplius quod erit residuum de sale pastillorum et alectium de ultra Ligerim et de oleo de Bovers satisfacto primo dicto conventui eidem abbatisse reddere tenebuntur. 144  E. Power, Medieval English Nunneries, op. cit., p. 109, 125‒129. 145  AD SL H 734/1 (1375). 142 143

388 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

Des différents domaines ruraux des abbayes étaient apportés les produits fournis par les redevances en nature, dans la mesure où peu de terres étaient exploitées directement146, mais aussi par les rentes dues aux religieuses, sur des terres ne leur appartenant pas, à la suite d’un don ou d’un legs. Il s’agissait essentiellement de céréales et légumes secs et de vin, de viande parfois, mais aussi d’huile de noix pour la nourriture et une partie du luminaire et de laine pour les vêtements147. Les céréales permettaient la confection du pain et certaines céréales, mais surtout les légumes secs, celle de « potaiges » qui pouvaient être préparés à base de pois, de fèves, de lentilles148, et constituaient un de ces « plats cuits » mentionnés par la Règle149. Deux types de denrées indispensables dans les abbayes médiévales étaient plus difficiles à se procurer, le poisson et le sel. Les religieuses avaient besoin de grosses quantités de sel pour conserver les aliments, viande et poisson. Les religieuses de Saint-Jean, qui avaient des possessions dans le Jura et donc des liens avec cette région, recevaient chaque année au début du Carême 10 charges de sel des sauneries de Salins150, à la suite d’un don fait en 1255 par

 Cf. chap. 3 II. 1. Les modes d’exploitation du temporel.  Les céréales et les légumes secs étaient fournis par quasiment tous les domaines des abbayes, Viévy (AD SL H 722/1, 1295), Volnay, Saint-Gervais et Viévy (AD SL H 722/2 et H 1625, 1407‒1408) pour les céréales à Saint-Andoche par exemple ; Marcilly (AD SL H 1256, 1382), Nolay et les environs (AD SL H 1258, 1397‒1398) pour les légumes secs à Saint-Jean par exemple. Le vin provenait essentiellement des domaines des côtes chalonnaise et de Beaune aujourd’hui appréciés : de Volnay (AD SL H 722/1, 1295) et Meursault, notamment, pour Saint-Andoche, de Cirey, Nolay, Meursault, Chassagne (AD SL H  1256, 1384), Santenay (AD SL H 1265/1, 1465‒1466) pour Saint-Jean. La plupart des domaines fournissaient aux religieuses des œufs et des poules en coutume due souvent le jour de la Saint Andoche, comme les bordeliers de La Celle et de Dornes qui fournissaient ainsi à l’abbaye une quarantaine de gallinacées par an (AD SL H 955/2, 1438‒1439) ou comme les tenanciers du Montceau et de Chevannes à Mesvres qui devaient à Saint-Jean respectivement quinze et huit poules par an (AD SL H 1536/1, 1383) ; les religieuses de Saint-Jean recevaient aussi des moutons et des agneaux de leurs tenanciers de Sainte-Radegonde (AD SL H 1259, 1400‒1401). L’huile de noix provenait de Sampigny (AD  SL H  834/4, fol.  11‒12, 1268) ou de Boyer (AD  SL H 846/1, 1285 ; H 722/1, 1295) pour Saint-Andoche, de Nolay (AD SL H 1258, 1397‒1398 ; H 1255/1, fol. 6, 1480) ou de Chagny (AD SL H 1358/1 et 2, 1341) pour Saint-Jean. Parfois même l’acensement d’un meix ou d’un jardin se faisait contre une rente en huile (AD  SL H 1125/1, 1368 ; H 1165/1, fol. 2, 1466). De la laine a été transportée pour Saint-Andoche de Curgy vers Senailly en 1407‒1408 (AD SL H 1625bis, fol. 3v). 148  AD SL H 1583, fol. 25‒25v. 149   Règle de saint Benoît, chap. 39, éd. cit. 150  AD SL H 1226/30 (1255) ; cf. Les salines de Salins au xiii e siècle. Cartulaires et livres de rentiers, R. Locatelli, D. Brun, H. Dubois (éd.), Paris, 1991, ch. 173. 146 147

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Jean l’Antique ou le Sage, comte de Chalon puis seigneur de Salins151, et par sa seconde épouse Isabelle de Courtenay. Au xive siècle, mais aussi au milieu du xviie siècle, les religieuses continuaient à percevoir cette rente152 ; à la fin du xviie siècle, cette rente fut réduite de 10 charges à 20 puis 12 minots153. Les religieuses de Saint-Andoche rencontraient sans doute plus de difficultés à se fournir en sel, ce qui expliquerait que lorsqu’elles amodiaient leurs terres d’Outre-Loire elles exigeaient, entre autres redevances, du sel : quatre charges dues par Hugues Boisserand (n°787) pour la domus de Saint-Parize en 1273, 20 mines pour toutes les possessions et tous les revenus de l’abbaye entre Loire et Allier trois quarts de siècle plus tard154. La viande étant proscrite les jours maigres, les religieuses mangeaient beaucoup de poisson, trois fois par semaine et lors du Carême, notamment ; or il était difficile de se procurer du poisson à Autun : la mer étant fort éloignée, le poisson frais venait essentiellement de la Saône et des étangs de la vallée de la Saône155. Le hareng, consommé en particulier en période de Carême était amené depuis l’«  Outre-Loire  » 156, depuis Decize ou Nevers où ils étaient apportés par voie fluviale depuis la Manche et la mer du Nord157  ; cet approvisionnement était donc plus facile pour Saint-Andoche qui possédait des bienfonds Outre-Loire que pour Saint-Jean qui devait s’approvisionner sur de grands marchés tels que celui de Chalon158. En fait, quand les religieuses de Saint-Andoche amodiaient leurs revenus d’entre Allier et Loire ou une partie de ceux-ci, le preneur devait toujours fournir aux religieuses, entre autres, 2000 harengs le jour des Bordes – soit 50 harengs par jour de Carême si on considère qu’ils sont consommés durant cette seule  Comte de Chalon, Jean l’Antique est devenu seigneur de Salins en 1237 après avoir échangé avec le duc de Bourgogne Hugues  iv (n°874) son comté contre cette seigneurie ; il fit donc sa donation moins de vingt ans après sa mainmise sur la seigneurie de Salins (H. Dubois, « Les archives d’une entreprise médiévale », dans Histoire et société. Mélanges offerts à G. Duby, Aix-en-Provence, 1992, t. 2, p. 90). 152  AD SL H 1437/7 (1307), H 1223/1 et 2 (1390), H 1223/3 à 5 (1396), H 1437/4 (1403), H 1223/6 à 9 (1408), H 1437/3 (1437ns), H 1434, fol. 86v‒87 (1455) etc. 153  AD SL H 1226/45 (1702). 154  Respectivement AD SL H 1064/1 et 2 (1273), H 940/1 (1347). 155  Fr.  Piponnier, «  Recherches sur la consommation alimentaire en Bourgogne au xive siècle », AB, t. 46 (1974), p. 87‒88. 156  AD SL H 707/8 (1300) : residuum de sale […] alectium de Ultra Ligerium. 157  J.  Madignier, «  Enquête sur l’alimentation dans une communauté religieuse en Bourgogne au xiiie siècle d’après l’obituaire de Saint-Andoche d’Autun », MSE, nv. série, t. 56 (1995‒2000), p. 187‒191. 158  Fr. Piponnier, « Recherches sur la consommation alimentaire », art. cit., p. 88. 151

390 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

période159. Cependant, les religieuses ne consommaient pas que du hareng, ni seulement des poissons séchés ou salés pour une meilleure conservation ; elles appréciaient aussi le poisson frais. C’est pourquoi elles possédaient des étangs, le plus souvent artificiels, où elles avaient un droit de pêche. Ainsi, les religieuses de Saint-Andoche avaient droit de vider l’écluse du moulin de Senailly aussi souvent qu’elles le souhaitaient pour y ramasser le poisson pris au piège160 ; ce n’est qu’une fois par an, en revanche, que les religieuses de Saint-Jean avaient un droit de pêche sur l’écluse du moulin de Saint-Loup qui appartenait aux religieux de Maizières, sans doute sur la Dheune161. SaintJean possédait aussi différents étangs, comme l’étang des Choux à Mesvres ou un étang à Montigny162, mais ceux-ci, souvent amodiés, ne fournissaient pas directement du poisson aux religieuses. Les comptes prouvent que ces pêcheries – qui procuraient sans doute des carpes et des brèmes, des brochets et des tanches, des anguilles, des perches et des barbeaux comme les étangs ducaux du bailliage d’Autun ou ceux du Val de Saône163 – étaient insuffisantes puisque les religieuses achetaient du poisson en grande quantité. Les denrées achetées par l’abbaye

En fait, les achats de nourriture étaient nombreux, comme le montrent les comptes : les terres abbatiales ne fournissaient pas suffisamment de quoi se nourrir aux religieuses, même si les charrois vers Autun semblent avoir été nombreux164. Ces denrées achetées n’étaient toutefois pas toutes destinées aux seules religieuses, puisque les abbayes abritaient un nombre beaucoup plus important de personnes ; en outre, les religieuses accueillaient parfois

159  AD SL H 1064/162 (1273), H 940/1 (1347). À Maubeuge, les chanoinesses recevaient 2150 harengs pour 40 prébendes, soit en moyenne un peu plus de 50 harengs chacune pour les 40 jours de Carême ( J. Heuclin, « La table des chanoinesses de Maubeuge à la fin du xive siècle », dans Boire et manger en pays bourguignons (xiv e‒xvie siècles), Neuchâtel, 2007, p. 227) ; à supposer que chacun consomme le même nombre de harengs durant la période de Carême à Autun et à Maubeuge, on pourrait donc nourrir une quarantaine de personnes avec ces 2000 harengs fournis le jour des Bordes pour l’amodiation des terres Outre-Loire. 160  AD CO 74 H 1012 (xve siècle). 161  Soc. Éd. D 4-H terrier de Saint-Jean, fol. 296‒299v (1483ns). 162  AD SL H 1544/3 (1369). 163  Fr. Vignier, « L’organisation forestière dans les bailliages d’Autun et Montcenis », art. cit., p. 15‒16 ; Fr. Piponnier, « Recherches sur la consommation alimentaire », art. cit., p. 89. 164   De nombreuses lignes des comptes sont liées à ces transports vers les abbayes, au paiement des charretiers, des bouviers qui les accompagnaient, à la nourriture fournie aux chevaux de trait etc.

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des hôtes, ce qui pouvait être l’occasion d’agapes165, ainsi que des étrangers de passage. Les denrées achetées étaient extrêmement variées, beaucoup plus que dans les monastères anglais où n’était acheté que ce qui ne pouvait pas être produit par la home farm, sel, poisson et épices166. Un des comptes de SaintJean qui s’étale sur dix ans167 peut être utilisé comme exemple dans la mesure où il relate un très grand nombre d’achats effectués pour l’abbaye, et que les autres comptes conservés ne le contredisent pas. De façon assez surprenante, les religieuses se procuraient à grands frais des produits qu’elles pouvaient obtenir dans leurs domaines comme le vin, l’huile ou les noix168. Bien que les redevances en grain, notamment en froment, aient été extrêmement nombreuses, les religieuses achetaient souvent du pain blanc169, comme si elles n’en cuisaient pas suffisamment ; il leur arrivait également de payer un fournier pour cuire leur pain170. Les légumes achetés étaient très peu nombreux – sont mentionnés les oignons et aulx171  ; des légumes secs étaient peut-être cultivés à l’abbaye, sachant que certains légumes secs, pois ou fèves, faisaient partie des redevances reçues des domaines ruraux. Quelques fruits étaient achetés même si  Ainsi, par exemples : – pour un repas où l’abbesse de Saint-Jean eut deux hôtes le 27 avril 1383 furent achetés un mouton, un demi-veau et ses tripes, un chevreau, six miches de pain et trois pintes de vin (AD SL H 1256, fol. 11, 1383). – pour un repas essentiellement maigre le vendredi 6  janvier 1385ns où l’abbesse de Saint-Jean reçut trois de ses parents – son neveu Jean, seigneur de Sombernon, et ses deux frères Pierre, seigneur de Mâlain, et Hugues prieur de Couches – pour débattre de problèmes judiciaires, furent tout de même achetés deux anguilles, deux carpes, une brème, un brochet, un quarteron de hareng (25  harengs  ?), une longe de porc et des œufs, ainsi qu’une pinte d’hypocras et trois de vin clairet (AD SL H 1256, fol. 14 bis v, 1385ns). – pour un repas où l’abbesse de Saint-Andoche ne reçut qu’une autre abbesse le 15 janvier 1408ns furent achetés onze morceaux de volaille, deux échines de porc et une longe, deux « roichoz », des tripes, une longe de porc, deux morceaux de bœuf, deux pintes de vin clairet, du pain blanc ; le repas n’eut sans aucun doute rien de frugal et coûta tout de même 24,5 gros et 23 blancs (AD SL H 1625, fol. 22, 1408). 166  E. Power, Medieval English Nunneries, op. cit., p. 119, 137‒138. 167  AD SL H 1256 (1380‒1390). 168  Respectivement AD SL H 1256, fol. 9, 14bisv pour le vin (cet achat de vin est d’autant plus étonnant que les religieuses vendaient leurs surplus  : AD  SL H  1256, fol.  1v, 2v par exemple) ; AD SL H 1256, fol. 10v pour l’huile ; AD SL H 1256, fol. 12v pour les noix. 169  AD SL H 1256, fol. 8v, 9, 10, 10v, 11v, 12, 12v, 13. 170  AD SL H 1266, fol. 60 v (1476). 171  AD SL H 1256, fol. 9, 10v, 13v. 165

392 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

les religieuses possédaient des vergers, du moins à Saint-Andoche ; il s’agissait alors de fruits peu présents dans la région éduenne comme les cerises172. Les fromages173, seul produit laitier qui se conserve, étaient achetés en quantité importante. Toutefois, les achats à la fin du xive siècle portaient essentiellement sur des produits carnés, gras ou maigres. Bien entendu, les religieuses achetaient du poisson, en particulier en période de Carême, essentiellement des poissons de rivière, mis à part le hareng. Le plus souvent, le type de poisson n’est pas précisé174, sauf justement quand il s’agissait de harengs175, le poisson de la période de jeûne qui était consommé en grande quantité dans les abbayes et chapitres pendant le Carême ; quelques noms sont toutefois mentionnés, tels que la carpe, l’anguille, la brème ou le brochet176  ; un siècle plus tard, les religieuses mangeaient beaucoup moins de harengs, mais plus de carpes, tandis qu’apparaissaient aussi les tanches et le saumon177, ce dernier étant nécessairement apporté de loin. Les achats en viande étaient beaucoup plus nombreux que ceux de poisson, et extrêmement diversifiés, sauf pendant le Carême. Les achats de volailles étaient peu nombreux178, dans la mesure où les religieuses recevaient des poules en très grand nombre, notamment pour les coutumes ; il s’agissait alors de volailles de luxe – tels les chapons179 –, ou de jeunes animaux, eux aussi mangés uniquement par les plus riches – les poussins en particulier semblent avoir été très appréciés180. De même qu’une grande partie de la population, les religieuses consommaient une très grande quantité d’œufs181, à toute période de l’année. Le porc182 semble avoir été  AD SL H 1256, fol. 8v.  AD SL H 1256, fol. 8, 11, 11v, 12, 12v, 13, 14bisv, 15. 174  AD SL H 1256, fol. 1, 4, 8, 10v, 11, 11v, 12, 13, 13v, 14 bis v, 16. 175  AD SL H 1256, fol. 4, 10v, 14, 14 bis v ; il s’agit sans doute essentiellement de harengs saurs (AD SL H 1256, fol. 13v), mais aussi parfois de harengs secs (AD SL H 1257/1, fol. 13, 1389), ou de harengs frais lorsque les comptes précisent l’achat d’harengs blancs (AD  SL H 1256, fol. 10v). 176  Respectivement AD SL H 1256, fol. 10v, 11, 13v, 14, 14bisv ; AD SL H 1256, fol. 13v, 14bisv ; AD SL H 1256, fol. 14bisv ; AD SL H 1256, fol. 14bisv. Il s’agit des poissons les plus fréquemment péchés dans les étangs bourguignons, notamment les étangs de la vallée de la Saône (Fr. Piponnier, « Recherches sur la consommation alimentaire », op. cit., p. 89). 177  AD SL H 1266, fol. 63, 64, 68, 69, 69v (1476). 178  AD SL H 1256, fol. 12v. 179  AD SL H 1256, fol. 13. 180  AD SL H 1256, fol. 8v, 11v, 12, 13. 181  AD SL H 1256, fol. 8, 9v, 11, 11v, 12, 12v, 13, 13v, 14bisv, 15. 182   Ibid. 172 173

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souvent présent sur la table des religieuses, acheté en morceaux, notamment des échines et des longes, ou en gros, un demi-porc par exemple. Le bétail était aussi présent, qu’il s’agisse de mouton, de chevreau, de veau, de bœuf ou de châtron183 ; bien que théoriquement interdits par la Règle de saint Benoît, les quadrupèdes étaient donc consommés à Saint-Jean, mais aussi à SaintAndoche, comme dans de nombreuses abbayes d’ailleurs d’après les restes osseux découverts lors de fouilles archéologiques réalisées dans des monastères184. Enfin, même le gibier – à plumes, perdrix, ou à poils, lièvre185 – paraissait parfois à table, et peut-être pas seulement à celle de l’abbesse. Les religieuses n’hésitaient pas non plus à se procurer des produits originaires de régions lointaines et donc coûteux, que ce soient du riz186, des épices – épices confites, gingembre, safran187 –, ou des fruits secs – amandes, figues, raisins188 ; un autre compte mentionne des achats d’anis et de sucre189, un autre encore les clous de girofle, la muscade et le poivre190, épices et condiments qui étaient également achetés dans les monastères féminins anglais191. Ces différentes épices, qui se trouvaient dans les foires de Chalon, étaient consommées en grande quantité chez les puissants, malgré leur coût élevé192. Un achat d’hypocras est mentionné193, mais il était peut-être destiné aux invités de l’abbesse Jeanne de Montagu (n°43) puisqu’il correspond à un repas préparé à l’occasion de la réception par l’abbesse de deux de ses frères et un de ses neveux.

183  Respectivement AD SL H 1256 8v, 11 (mouton) ; AD SL H 1256 11, 11v, 15 (chevreau) ; AD SL H 1256, fol. 8, 11, 11v (veau) ; AD SL H 1256, fol. 9, 9v, 10, 11, 12, 13, 13v, 14bisv (bœuf ) ; AD SL H 1256, fol. 8, 8v, 11v, 15 (châtron : en Bourgogne, il peut s’agir d’un jeune bœuf, mais aussi d’un jeune mouton, tout juste châtré). 184  L. Milis, Les moines et le peuple dans l’Europe du Moyen Âge, Paris, 2002, p. 140. 185  Respectivement AD SL H 1256, fol. 9v, 10, 11, 13v (perdrix) ; AD SL H 1256, fol. 9v, 11, 13 (lièvre). 186  AD SL H 1256, fol. 13v, 16. 187  AD SL H 1256, fol. 4 (épices confites) ; AD SL H 1256, fol. 10v, 17 (gingembre ; un autre compte précise le gingembre blanc : AD SL H 1258, fol. 19, 1397‒1398) ; AD SL H 1256, fol. 17 (safran). 188  AD SL H 1256, fol. 10v, 11, 13v, 16 (amandes) ; AD SL H 1256, fol. 10v, 13v (figues) ; AD SL H 1256, fol. 10v (raisin). 189  AD SL H 1258, fol. 19 (1397‒1398). 190  AD SL H 1266, fol. 63v (1476). 191  E. Power, Medieval English Nunneries, op. cit., p. 140. 192  Fr. Piponnier, « Recherches sur la consommation alimentaire », art. cit., p. 75‒76. 193  AD SL H 1256, fol.  14bisv.

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À Saint-Andoche au début du xve siècle, vingt ans après ce compte de Saint-Jean, ont été achetés, pour la «  despense  » de l’abbesse, une vache, un bœuf gras, des quartiers de bœuf, des moutons, des chevreaux, des porcs, des porcs gras à saler, des chapons, des oisons, des poussins, des perdrix, du poisson, des harengs blancs et secs lors du Carême, des oignons, du sel, des pains blancs, des poires et des pommes, du raisin et des figues, des épices (gingembre, poivre, clous de girofle, safran)194, c’est-à-dire les mêmes denrées qu’à Saint-Jean. Les religieuses de Saint-Andoche et de Saint-Jean ne se privaient donc pas sur le plan alimentaire ; Jean Heuclin considère que les chanoinesses de Maubeuge – chapitre séculier de dames nobles depuis le xiiie siècle – avaient « une alimentation riche en calories, [une] alimentation noble faite d’ostentation et d’art de vivre »195 ; mais les fragments de comptes qu’il a étudiés ne montrent pas une alimentation plus fastueuse que celle des religieuses éduennes : ces chanoinesses semblent n’avoir consommé que peu de jeunes animaux (oisons, chevreaux etc.) ou de gibier et aucun achat d’épices ou autres produits d’origine lointaine n’est mentionné. c. D’autres activités ?

Grâce à leurs serviteurs domestiques, ainsi qu’aux ouvriers et manouvriers qui cultivaient leurs terres, les religieuses étaient dispensées de la plupart des gros travaux. L’attestation de cuisiniers et d’un médecin font penser qu’il n’y avait peut-être pas de sœurs cuisinière(s) et apothicaire comme on en trouvait souvent dans les abbayes, mais cela n’est pas certain : des religieuses peuvent notamment avoir aidé le cuisinier et le médecin n’était peut-être appelé que pour les cas les plus sérieux – Eudes Rigaud considérait que chaque abbaye, d’hommes ou de femmes, devait avoir un médecin attitré196. Rien ne permet de savoir quelles étaient les activités des religieuses en dehors de l’assistance aux offices. Il est évident qu’elles ne travaillaient pas dans les champs : lorsque les terres n’étaient pas louées, le travail agricole était effectué par des manouvriers. Probablement ne s’occupaient-elles pas non plus des «  jardins et chenevières  » qui, au moins à Saint-Jean, leur étaient attribués par l’abbesse197 et qui étaient situés en dehors de la c­ lôture ;

 AD SL H 1625 (1407‒1408).  J. Heuclin, « La table des chanoinesses de Maubeuge », art. cit., p. 229. 196   P. Andrieu-Guitrancourt, L’archevêque Eudes Rigaud, op. cit., p. 173, p. 204. 197  Soc. Éd. D 4-H terrier de Saint-Jean, fol. 25v‒26v (1480). 194 195

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mais peut-être certaines d’entre elles s’occupaient-elles de simples et/ou d’un jardin à l’intérieur de la clôture. Elles faisaient probablement un peu de couture pour leur propre usage puisque les achats en tissus étaient nombreux à Saint-Jean198 et que le chanvre cultivé dans les curtils des moniales était apprêté199  ; dans les comptes de Saint-Jean apparaissent cependant aussi des dépenses effectuées pour la façon des toiles et draps achetés pour la familia de l’abbaye, mais aussi parfois pour les religieuses200. Quoi qu’il en soit, elles ne semblent pas avoir fait d’importants travaux d’aiguille leur permettant de vendre leur production comme cela se passait dans certains monastères anglais201. Les religieuses n’effectuaient pas non plus un travail intellectuel de production de manuscrits, que ce soit par l’écriture de textes originaux, par la copie de textes religieux ou par l’enluminure ; en cela, elles se rapprochaient du cas des monastères anglais, mais se distinguaient nettement d’un certain nombre de monastères allemands202. En fait, une impression de relatif illettrisme se dégage de l’étude des sources : aucun document médiéval n’a été écrit par une religieuses et les quelques signatures de religieuses, conservées en fort petit nombre, montrent une certaine inhabileté dans la tenue de la plume, surtout si on les compare à des signatures de professionnels de l’écriture :

 Les religieuses de Saint-Jean ont acheté au moins 8 aunes de camelin et plus de 6 aunes de drap en 1382, 4 aunes de toile en 1384, 5 aunes de camelin et une aune de drap en 1386, 21 aunes de toile en 1390 (AD SL H 1256, fol. 9v, 10v, 11v, 12v, 1382 ; H 1256, fol. 20, 1385 ; H 1256, fol. 16, 1386 ; H 1256, fol. 18v, 1390).  Les achats de souliers aussi étaient nombreux, sachant que certains étaient peut-être destinés aux religieuses elles-mêmes bien que cela ne soit jamais précisé, mais que beaucoup étaient destinés aux serviteurs de l’abbaye : dans un compte de Saint-Jean, des achats de souliers sont mentionnés à une petite vingtaine de reprises pour plus de deux douzaines de paires (AD SL H 1256, fol. 8, 8v, 10, 11v, 12, 12v, 13, 23, 23v, 1380‒1390). 199  AD SL H 1625, fol. 19v (1407‒1408) : Grand Jehan reçut 3 gros pour « pour IIII journees qu’il a faictes à bactre, vanner et porter naisier le chende du curtil dame Agnès de Commune et de Catherine d’Orle, et celle du culti madame ». (naiser = rouir le chanvre). 200  AD SL H 1625, fol. 24v, fol. 25v (1407‒1408), pour « recoudre IX aulnes de drapt pris pour Petit Jehan et Robert » et « pour la faceon des robes de Petit Jean et de Robert » ; «  pour la faceon de certaine toille faite à madame Jaque de Vienne  » à Saint-Andoche  ; AD SL H 1256, fol. 13v (1383), pour « la faceon de II aunes d’anancers » à Saint-Jean par exemple. 201  E. Power, Medieval English Nunneries, op. cit., p. 255‒257. 202   Ibid., p. 237‒240. 198

396 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

FIG. 34.a. Signature d’Alice de Clugny (n°265), religieuse de Saint-Jean au milieu du xv e siècle (AD SL H 1265 fol. 56v, 1476)

FIG. 34.b. Signature Claude de Bernault (n°50), abbesse de Saint-Jean à la fin du xv e siècle (AD SL H 1255/1 fol. 12, 1480)

FIG. 34.c. Signature de Perrenelle de Vienne (n°52), abbesse de Saint-Jean à la fin du xv e siècle, comparée à celles du notaire publique Jean Chomedey (n°654), de Jean Morin et de Symonin (AD SL H 1268 fol. 70v, 1501)

La vie au sein des abbayes

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Il faut nuancer toutefois le propos pour certaines religieuses : Jacquette de Vienne (n°19), abbesse de Saint-Andoche au début du xve siècle, fait acheter du papier pour un gros « pour mectre ses memoires »203 fin 1407 ; la même année du papier est aussi acheté pour « dame Ysabeaul »204, mais à cette époque aucune religieuse de Saint-Andoche attestée ne portait le nom d’Isabelle ; il s’agit vraisemblablement d’Isabelle de Mongeville (n°158) qui était alors dans l’entourage de l’abbesse. Le contenu d’éventuelles bibliothèques des abbayes Saint-Andoche et Saint-Jean est totalement inconnu ; les quelques livres dont l’existence est attestée – généralement parce qu’ils ont été légués aux religieuses de Saint-Andoche ou parce qu’elles-mêmes les léguèrent à leurs sœurs – sont essentiellement des ouvrages religieux205. Aucun indice ne permet de savoir de façon certaine s’il y a eu un déclin de la connaissance de la langue latine aux xive et xve siècles comme en Angleterre206 : si de plus en plus d’actes furent rédigés en français à la fin du Moyen Âge, d’autres étaient toujours écrits en latin, sans qu’il soit possible de repérer pourquoi les uns étaient en langue vulgaire et d’autres dans la langue du savoir. Mais les religieuses dépendaient de scribes et de rédacteurs pour tous les actes dont elles avaient besoin, que ce soient des actes officiels ou des actes utiles à la gestion. Ainsi, en 1295 quand les religieuses de Saint-Andoche souhaitèrent établir un inventaire de leurs domaines de Saint-Sernin, Merceuil, Volnay et Senailly, elles durent faire appel à « mon signour Jehan Maistre Guillaume » et le payer 18 sous 6 deniers tournois207. De même, lorsqu’elles avaient besoin de copies à l’occasion d’un procès, elles devaient payer le travail d’un scribe comme en 1408 lors d’un conflit avec l’évêque de Nevers : ces copies ont coûté 3 gros208. En 1372, les religieuses de Saint-Jean durent payer 3  gros à un notaire de Beaune qui avait rédigé un acte de donation en faveur de l’abbaye209. Souvent, ces scribes étaient des prêtres proches de l’abbaye210.

 AD SL H 1625, fol. 21 (1407).  AD SL H 1625, fol. 22v (1407). 205  Cf. chap. 5 II. 1. a. Les lieux de la prière. Les objets religieux et les livres liturgiques. 206  E. Power, Medieval English Nunneries, op. cit., p. 246‒255. 207  AD SL H 722/1 (1295). 208  AD SL H 1625, fol. 22v (1407‒1408). 209  AD SL H 1479, fol. 2. 210  En 1407, Guillaume Canot (n°718), prêtre et chapelain, rédigea un « memoyre » sur du travail effectué sur les domaines abbatiaux à Volnay (AD SL H 1625, fol. 7). 203 204

398 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

Il est donc impossible de savoir à quoi les religieuses occupaient leurs journées. Pourtant, la Règle de saint Benoît divisait la journée en trois temps : la prière, le travail manuel et le travail intellectuel211. III. Des accommodements entre austérité et confort 1. Des entorses à un respect strict de la Règle ? Pour connaître précisément la vie que les religieuses auraient dû mener au jour le jour, il faudrait connaître leurs coutumes212. Or, d’après Florent Cygler, « si la coutume peut éventuellement être mise par écrit, cela n’est jamais une absolue nécessité, mais l’expression d’un besoin ponctuel : celui de la communiquer à d’autres, pour les informer, les sécuriser ou les orienter dans leur vécu religieux quotidien »213. Si un tel coutumier a été rédigé au Moyen Âge pour l’une ou l’autre des abbayes féminines d’Autun, il n’a pas été retrouvé jusqu’à maintenant214. En outre, aucune formule de profession, et donc d’engagement concret des religieuses, n’est connue pour SaintAndoche ou pour Saint-Jean215. On ne peut donc pas savoir dans quelle mesure la vie menée par les religieuses respectait la coutume de chacune des deux abbayes et les vœux prononcés par les religieuses. Toutefois, on peut comparer ce mode de vie aux prescriptions de la Règle de saint Benoît et de l’Institutio sanctimonialium rédigée en 816‒817 lors du concile d’Aix, sachant que si les religieuses éduennes se réclamaient de l’ordre de Saint-Benoît, il n’est jamais dit qu’elles   Règle de saint Benoît, chap. 48, éd. cit.   «  Les monastères sont régis par des textes hiérarchisés  ; la Règle donne l’esprit et les grands principes ; l’Institutio rassemble les directives canoniques, liturgiques et disciplinaires dans des recueils appelés ordinaires, coutumes, constitutions ou déclarations. Le coutumier, pas toujours écrit, transmet les détails pratiques de la vie quotidienne » ( J. Dubois, Les ordres monastiques, Paris, 1993, p. 3, QSJ 2241). 213  Fl. Cygler, « Règles, coutumiers et statuts (ve‒xiiie siècles) », dans La vie quotidienne des moines et chanoines réguliers au Moyen Âge et Temps modernes, Wroclaw, 1995, t. 1, p. 43. 214  Un «  livre des Constitutions sur la règle de saint Benoît  » a été rédigé pour l’abbaye Saint-Jean au xviiie siècle et deux copies en ont été faite, l’une étant destinée à l’abbaye du Prâlon (ADSL G 546‒548). 215  E.  Makowski, «  L’enfermement des moniales au Moyen Âge. Débats autour de l’application de la décrétale Periculoso  », dans Enfermements. Le cloître et la prison (vie‒xviiie siècle), Paris, 2011, p. 113 à propos du problème de la clôture que Boniface VIII voulut imposer alors que les monastères ne l’exigeaient pas toujours de leurs religieuses et que celles-ci ne faisaient donc pas vœu de demeurer éternellement cloîtrées. 211 212

La vie au sein des abbayes

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en suivaient la Règle ; en fait, il n’est même jamais fait mention d’une règle dans toute la documentation médiévale216. a. Le vœu de conversion des mœurs et la vie en stricte communauté

La vie en stricte communauté est symbolisée, outre l’église, par deux lieux dans les abbayes : le dortoir et le réfectoire. C’est sans doute pour les repas que cette stricte communauté a été abandonnée la première, probablement dès le xiiie siècle ; cette tendance à faire des entorses à la vie communautaire, aussi bien dans les abbayes féminines que dans les établissements religieux, se faisait sentir aussi dans la province de Rouen au xiiie siècle et Eudes Rigaud luttait contre cet état de fait lors de ses visites217. Le partage des revenus et l’abandon du réfectoire

Mense abbatiale et mense conventuelle 

Dès le xive siècle, les abbesses de Saint-Andoche et de Saint-Jean eurent des biens et des revenus qui leur appartenaient du fait de leur charge et qui étaient distincts de ceux des religieuses dans leur ensemble, du convent donc. Ainsi, sous l’abbatiat de Guiotte de Drées (n°15), au début du xive siècle, les religieuses de Saint-Andoche donnèrent à leur abbesse tout ce qui leur appartenait à Ormancey du fait de la fondation de Jacques Boisserand (n°932)218. Un siècle et demi plus tard, l’abbesse Anne d’Alonne (n°25) assigna aux religieuses une rente qui lui était due en tant qu’abbesse, pour la célébration d’une messe des Cinq plaies de Notre Seigneur219  ; il y eut donc là transfert d’une rente de la mense abbatiale à la mense conventuelle, même si ces termes ne sont pas utilisés. Deux ans plus tard surtout, Anne d’Alonne et les religieuses acensèrent un jardin et curtil à Vincent de Sens (n°366) contre trois gros de cens qui revinrent uniquement à l’abbesse car ce jardin mouvait de la mense abbatiale, appelée « table abbatiale »220. De la même façon, dès le xive  siècle, certains acensements de biens se faisaient par l’abbesse et tout le convent réuni en chapitre et la rente revenait

216  Cf.  N.  Verpeaux, «  Les religieuses de l’ordre de Saint-Benoît et le respect de la « Règle » : l’exemple des religieuses autunoises », dans La place et le rôle des femmes dans l’histoire de Cluny, Brioude, 2013, p. 269‒285. 217   P. Andrieu-Guitrancourt, L’archevêque Eudes Rigaud, op. cit., p. 169. 218  AD SL H 704/1, fol. 28v‒29v (début xive siècle). 219  AD SL H 711/4 (1497). 220  AD SL H 810/12‒13 (1499ns).

400 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

alors «  aux religieuses dames abbesse et convent  »221, tandis que d’autres se faisaient par l’abbesse « en son nom, au nom de son monastère et de ses successeurs » et la rente était alors due « à l’abbesse et à ses successeurs » uniquement222. Cela permit donc à Alice de Brazey (n°45) de céder aux religieuses, mais aussi aux deux curés et aux quatre chapelains, un pré acquis par Jeanne de Montagu de Couches (n°44), abbesse précédente, pour la célébration de deux anniversaires223. Là encore, l’expression utilisée est celle de « table abbatiale » pour désigner le bénéficiaire d’une rente224. En fait, la séparation entre « table abbatiale » et « table des dames » était tellement forte au xve  siècle qu’il y avait, à Saint-Jean, un receveur chargé des redevances dues à l’abbesse qui utilisait un manuel de comptes remis par l’abbesse et un receveur chargé des redevances dues aux religieuses qui utilisait un manuel de comptes remis par les religieuses225. La distribution de prébendes 

Ainsi, l’abbesse avait des revenus propres, liés à sa fonction, et elle distribuait des subsides aux religieuses, qui avaient donc, elles aussi, des revenus personnels, mais identiques les unes des autres. Dès la fin du xive siècle, et encore un siècle plus tard, les religieuses de Saint-Jean recevaient plusieurs fois par an de l’argent « pour leur pidence », à la Toussaint, à Noël, lors du Carême, aux Rameaux et à la Saint Jean-Baptiste ; il s’agissait d’une somme de 3 francs pour l’ensemble d’entre elles semble-t-il226. Toutefois, la majorité des distributions dues par l’abbesse à ses religieuses étaient des distributions de nourriture. Ainsi, tout au long du xve siècle, l’abbesse de Saint-Jean devait un setier de froment et une mine de seigle toutes les 12 semaines, le vendredi, aux prébendés, religieuses mais aussi curés de SaintJean-le-Grand et chapelains  ; les dames qui étaient absentes ne recevaient rien, celles qui n’avaient pas été là durant l’intégralité des douze semaines

 AD SL H 1324/1 (1327ns), H 1324/2 (1340ns), H 1324/3 (1373), H 1324/4 (1375), H 1324/6 (1393), H 1324/7 et 8 (1436) par exemple. 222  AD SL H 1324/5 (1385) par exemple. 223  AD SL H 1363/5 (1414). 224  AD SL H 1206/5 = H 1324/10 (1483) pour le cens dû par Jean Boisselier (n°379) pour une maison du châtelet Saint-Jean, ou AD SL H 1613/3 (1485) lorsque quatre habitants de Mesvres reconnurent devoir à la « table abbatialle » un cens de 2 bichets de seigle et 2 bichets d’avoine mesure de Mesvres à la Saint Martin, par exemples. 225  Soc. Éd. D 4-H terrier de Saint-Jean, fol. 16v‒17 (1480). 226  AD SL H 1256, fol. 14 bis (1384‒1385ns), H 1266, fol. 53, 64v, 73 (1476). 221

La vie au sein des abbayes

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n’en recevaient qu’une partie227. D’ailleurs, l’abbesse devait promettre de distribuer régulièrement les prébendes en grain et en vin dues aux religieuses, comme le fit Perrenelle de Vienne (n°52), récemment élue, le 2 novembre 1496228. Ces distributions étaient tellement officielles à Saint-Jean que Claude de Bernault (n°50) reconnut, dans le terrier qu’elle fit rédiger en 1480, être tenue de fournir aux religieuses, pour le service divin, « quatre septiers froment et deux septiers seigle » par an, ainsi que « une pinte de vin » chaque jour à la fin de la messe229. À Saint-Andoche, c’est dès la fin du xiiie siècle que l’abbesse dut des prébendes en nature, 137 setiers de céréales qui coûtaient 159 livres tournois et 13,5 muids de vin qui coûtaient environ 45 livres tournois par an230. Toutefois, les distributions étaient à la fois moins nombreuses et plus diversifiées qu’à Saint-Jean, un setier de froment toutes les 6 ou 8 semaines semble-t-il, mais aussi 2 bichets de seigle une fois, un résal de sel le 30 novembre, 26 gros et 3  gros enfin, le 1er  septembre et à la Saint Andoche respectivement231. Comme à Saint-Jean, l’abbesse de Saint-Andoche reconnaissait qu’elle devait à chaque religieuse, marguillier et chapelain 3 setiers de froment à la Saint Ladre pour la «  distribution [quotidienne] du divin service  »232. Mais en fait, au moins au début du xvie siècle, elle ne distribuait plus du blé, mais de l’argent selon la valeur du froment au marché le samedi précédant le 1er septembre, valeur amputée d’un denier le boisseau. Ces distributions en nature prouvent que les religieuses ne partageaient plus un repas commun servi au réfectoire. Chaque religieuse préparait ses propres repas et faisait cuire son propre pain  : au début du xive  siècle à Saint-Andoche « chescune des provendes doit […] cuire à four l’albasse sans fornaige payer, fors une espoigne que l’on done à fornier  »233 et en 1507, l’abbesse amodia à Vincent de Sens (n°366) le four banal situé non loin de

 AD  SL H  1259, fol.  7‒9 (1400‒1401), H  1260, fol.  14‒15 (1401‒1402), H  1261, fol.  5v‒7v (1402‒1403), H  1263, fol.  5‒6v (1404‒1405), H  1264, fol.  9‒10v (1418‒1419), H 1266, fol. 85‒86v et 88v‒89 (1475‒1476). Cf. fig. 36. 228  AD SL H 1184/3 (1496). 229  Soc. Éd. D 4-H terrier de Saint-Jean, fol. 9 (1480). 230  AD SL H 722/1 (1295). 231  AD SL H 722/2, fol. 12‒13, 22 (1407‒1408), H 1625, fol. 15v, 17, 20‒21v (1407‒1408). 232  AD SL H 686/1 (1502) ; en fait l’abbesse reconnut officiellement cette charge par cette charte car les titres anciens qui l’attestaient avaient été détruits lors de guerres récentes ; ainsi les religieuses, les marguilliers et chapelains pouvaient à nouveau se prévaloir d’un titre. 233  AD SL H 708, fol. 31v, H 709, fol. 27 (début xive siècle). Cf. Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche, éd. cit., n°543, p. 242‒243. 227

402 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

l’abbaye, le preneur devant cuire le pain « tant de nous ladite abbesse donatrix, nosdictes successeresses abbesses advenir dudit monastere et religieuses y estant apprebendees, manantes et residantes que autres subgectz audit four bannal à ses fraiz, missions et despenz »234. À Saint-Jean, il semble qu’une prébende a pu être attribuée à une religieuse et à une jeune fille habitant auprès d’elle235. Les religieuses semblent donc avoir abandonné, dès le xive siècle au plus tard, la vie strictement commune  ; en certaines occasions cependant, elles se retrouvaient ensemble au réfectoire, en particulier lors des grandes fêtes. Ainsi, à Saint-Andoche, le lendemain de Pâques, le repas devait être pris en commun au chapitre, sauf « cause nécessaire », et était composé d’un pâté, d’un flacon de vin et de fromage  ; il en allait de même aussi le jour de la confirmation et bénédiction d’une nouvelle abbesse236. De l’abandon du dortoir à la possession de demeures individuelles

Parallèlement à cet abandon des repas pris en commun, les religieuses avaient également délaissé le dortoir, ce qui était assez répandu dans les abbayes à la fin du Moyen Âge237. Dès la fin du xive siècle les religieuses de Saint-Jean avaient au moins des cellules séparées au sein du dortoir, ce qui a facilité la tentative d’enlèvement d’Isabeau de Savigny (n°228), puisqu’elle disposait d’une chambre particulière avec fenêtre238. Dans certaines abbayes, des religieuses ou des familia ont commencé par disposer d’une pièce où prendre leurs repas puis se sont mises à y dormir jusqu’au moment où chaque religieuse a disposé soit d’une chambre soit d’une cellule individuelle obtenue par la division du dortoir239, sans que disparaisse le dortoir en tant que pièce ainsi dénommée  ; peut-être est-ce la situation qui prévalait à SaintJean à la fin du xive siècle, avant que chaque religieuse ne dispose d’un logis

 AD SL H 751/3 (1507).  Cf. chap. 1 III. 1. b. Le problème du terme « nièce ». 236  AD  SL H  708, fol.  27v et fol.  33, H  709, fol.  24v et 28v (début xive  siècle). Cf.  Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche, éd. cit., n°498, p. 237 et n°556, p. 245‒246. 237  Cf. J. Picot, L’abbaye de Saint-Pierre de Lyon, op. cit., p. 81 : à Saint-Pierre de Lyon les religieuses disposaient d’« hôtels individuels » dans lesquels chacune se restaurait grâce aux distributions de nourriture et d’argent faites par l’abbesse, dès le xiiie siècle. Le mode de vie des religieuses lyonnaises semble donc avoir été assez proche de celui des Autunoises, mais avec une « dérive » vers le mode canonial plus précoce encore. 238  A.  de  Charmasse, «  L’Église d’Autun pendant la guerre de Cent ans  », art.  cit., p. 51‒52. 239  E. Power, Medieval English Nunneries, op. cit., p. 318‒319, pour l’Angleterre. 234 235

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particulier, au début du xve siècle au plus tard à Saint-Andoche – au décès d’Agnès de Communes (n°151) – et à la fin du xve siècle au plus tard à SaintJean – lors de l’élection abbatiale qui suivit le décès d’Antoinette de Marcilly (n°47). C’est sans doute l’abbesse qui, la première, a eu un logement particulier, comme dans la plupart des abbayes  ; au milieu du xive  siècle, l’abbesse de Saint-Jean, Béatrice de Châtillon (n°42) avait même une « maison d’habitation » indépendante dans laquelle des actes pouvaient être passés240. Au xviie  siècle, lorsqu’une réelle volonté de réforme se manifesta à SaintJean, celle-ci se traduisit par la construction de deux grands corps de logis241 qui devaient accueillir, notamment, un dortoir et un réfectoire. À  SaintAndoche aussi, au début du xviiie siècle, après un mouvement de réforme, apparurent un « refectoir » au rez-de-chaussée et un « dortoir » à l’étage242. Outre des maisons individuelles, les dames de Saint-Jean possédaient des « jardins et chenevières » en dehors de la clôture et même du châtelet SaintJean, jardins qui, comme les maisons, étaient attribués par l’abbesse243 ; pour s’y rendre, les religieuses devaient sortir de l’enceinte de l’abbaye et traverser une partie de la ville. b. Le vœu de pauvreté

La Règle de saint Benoît n’a jamais imposé la pauvreté des monastères, qui devaient faire vivre leurs moines et venir en aide aux pauvres, mais la pauvreté personnelle des moines qui, en prenant l’habit, renonçaient à toutes leurs possessions soit en faveur des pauvres soit en faveur du monastère244. Toutefois, l’Institutio sanctimonialium de Benoît d’Aniane tolère les biens personnels pour les religieuses qui pouvaient soit donner au monastère tous leurs biens, soit les donner tout en en conservant l’usufruit, soit les garder, à condition de les faire gérer par un tiers245 ; la réforme des xie‒xiie siècles

 AD SL H 845/1 (1366) : acta fuerunt hoc Edue in domo habitationis dicte domine Beatrice abbatisse Sancti Johannis predicti. 241  AD SL H 1209/1 (1672) : ils devaient mesurer respectivement 60 × 28,5 × 38 pieds et 161 × 37 × 34 pieds. 242  AD CO C 2928 (1707) ; cf. pl. VII. 243  Soc. Éd. D 4-H terrier de Saint-Jean, fol. 25v‒26v (1480). 244   Règle de saint Benoît, chap. 33 et 58, éd. cit. 245   Qualiter his, quae monasterium expetunt, de rebus propriis suis agendum sit. […] Proinde, si aliqua sanctimonialium res suas proprias ecclesiae ita contulerit, ut nihil ex his sibi proprium vindicare, sed tantum rebus sustentari velit ecclesiae, huic sufficienter in congregatione stipendia largiantur necessaria. Si autem ecclesiae eas tradiderit et usufructuario habere voluerit, quaestor ecclesiae eas utpote eclesiae defendat. Quodsi eas ecclesiae conferre noluerit, abbatissa 240

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dans le royaume de France revint toutefois sur cette tolérance. Au xiiie siècle, Eudes Rigaud lutta, dans la province de Rouen, contre la jouissance par des moniales de revenus personnels, contre un mode de vie semblable à celui des personnes du monde, contre la possession de colifichets et d’habits agrémentés de dentelles etc.246. Cette possession uniquement commune de toute chose était symbolisée par le port par les religieuses d’un habit strict et identique. On peut penser que les religieuses, du moins celles de Saint-Andoche, portaient un habit de toile dans la mesure où, parmi les redevances qui leur étaient dues pour l’amodiation des domaines et revenus d’Outre-Loire, elles demandaient cinquante aunes de toile247. Mais il n’est absolument pas certain que les religieuses autunoises ont effectivement toutes porté l’habit monastique au cours des xiiie‒ xve siècles. Ainsi, les deux « bonetz fins » achetés en 1476 pour les nièces de l’abbesse Huguette de Bernault (n°49) – sans doute Jeanne Nagu (n°280) et Louise de Faulain (n°276) – qui coûtaient 22 gros, n’étaient vraisemblablement pas conformes à l’austérité monastique248. Toutefois, les mentions d’habits des religieuses sont fort rares ; certains achats de tissus étaient sans doute destinés à la confection de ces vêtements, mais les dépenses liées à leur confection étaient peu nombreuses ; les habits monastiques pouvaient aussi être réalisés par les religieuses elles-mêmes avec la laine, le chanvre et le lin produits par l’abbaye puis filés et tissés sur place. Peut-être aussi les religieuses recevaient-elles une allocation annuelle pour les vêtements comme dans certains établissements anglais249, mais les comptes n’en ont pas gardé trace. Quoi qu’il en soit des vêtements portés par les religieuses, la pauvreté individuelle absolue n’existait plus à la fin du Moyen Âge : des religieuses géraient quelques biens qu’elles possédaient en propre et qui revenaient généralement à l’abbaye à leur décès250.

et ceteris sanctimonialibus conhibentiam adhibentibus, committat eas per scriptum publice roboratum aut propinquo aut alio cuilibet bonae fidei amico, qui eas iure fori defendat. (Institutio sanctimonialium Aquisgranensis, chap. 9, A. Werminghoff (éd.), MGH, Conc. 2,1, Hanovre / Leipzig, 1906, p. 444). 246   P. Andrieu-Guitrancourt, L’archevêque Eudes Rigaud, op. cit., p. 173, p. 210‒211. 247  AD SL H 940/2 (1456ns). 248  AD SL H 1266, fol. 70v (1476). 249  E. Power, Medieval English Nunneries, op. cit., p. 119, 136, 304‒305. 250  M. Parisse, Les nonnes au Moyen Âge, Le Puy, 1983, p. 110.

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Des possessions personnelles…

L’attribution aux religieuses d’un peculium annuel est attestée dès le début du xiiie siècle en Angleterre, le concile d’Oxford le mentionnant en 1222 ; aux siècles suivants, le refus par l’abbesse de l’octroyer à ses religieuses devint même un motif légitime de plainte251, ce qui prouve qu’aux xive et xve siècles la règle de la pauvreté individuelle des moines et moniales était définitivement délaissée. Les religieuses éduennes disposaient, elles aussi, de revenus dont la source n’est pas parfaitement bien connue et elles avaient, semble-t-il, de nombreuses possessions, y compris en bienfonds. Certaines moniales recevaient de leur famille une rente à vie, une rente en nature le plus souvent252. Ainsi, en 1253 Jean, damoiseau, seigneur de Nesle, donna, concéda et assigna à sa sœur Comtesse (n°56), religieuse de Saint-Andoche, un demi muid de blé moitié froment et avoine à la mesure de Semur et 2 muids de vin mesure de Beaune sa vie durant ; il s’agissait là de sa part des biens hérités de leurs parents253, Comtesse renonçant à tout le reste des biens de ses parents décédés depuis près de dix ans. Tant que Comtesse vivait, son frère puis ses héritiers devaient lui verser fidèlement cette rente le jour de la Saint André apôtre et au moment des vendanges, mais après le décès de la religieuse, ces biens devaient revenir à son frère ou à ses héritiers254. De la même façon, près d’un siècle plus tard, en 1348, sans doute peu après le décès de son père, Gérard dou Brulet promit de verser chaque année à ses deux sœurs prébendées à Saint-Jean, Isabelle (n°221) et Jeanne (n°222), un muid de froment mesure d’Autun et un morceau de lard suffisamment salé, contre renoncement à toute revendication sur les biens que

 E. Power, Medieval English Nunneries, op. cit., p. 323.  De telles donations à une religieuse, voire à elle puis d’autres qui appartiendraient à la même famille, n’étaient pas rares, même si elles n’étaient pas conformes à la règle : cf.  P. D. Johnson, Equal in monastic profession, op. cit., p. 107‒110. 253   Johannes domicellus, dominus de Neelles, dat, concedit et assignat Comitisse sorori sue, sancti moniali Sancti Andochii eduensis dimidium modium bladi frumenti et avene per medium ad mensuram Sinemuri et duos modios vini ad mensuram Belne ; quod bladum et quod vinum prefata Comitissa percipiet et habebit ad vitam suam, tantummodo, prout asserit idem Johannes, pro portione que competit eidem Comitisse in bonis paternis ac maternis (Le cartulaire de la seigneurie de Nesle (1269, Chantilly, 14 F 22), X.  Hélary (éd.), Orléans, 2006, acte  9. [en ligne]). Sur ce cartulaire, cf.  X.  Hélary, «  Un seigneur face à ses archives  : le cartulaire de Jean, seigneur de Nesle (Bourgogne, vers 1270) », dans Défendre ses droits, construire sa mémoire. Les chartriers seigneuriaux xiiie‒xxie siècle, Paris, 2010, p. 51‒74. 254   Le cartulaire de la seigneurie de Nesle, éd. cit., acte 9. 251 252

406 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

ledit Gérard, sa mère ou son frère pourraient acquérir255. En 1294, Étienne de Corbereaul constitua une rente de 3 muids et 7 setiers de vin en faveur de sa sœur Jacquette (n°213), religieuse de Saint-Jean256. Cependant cette fois-ci, à la mort de Jacquette de Corbereaul, les religieuses devaient conserver cette rente contre des prières pour les âmes d’Étienne et de son épouse, ainsi que pour celles de leurs prédécesseurs. Parfois, c’est un revenu qui était attribué à une religieuse, comme à Sarre de Torcy (n°109), religieuse à Saint-Andoche, en 1294 : ses frères, Hugues et Jean de Torcy – respectivement prêtre et damoiseau – lui donnèrent la dîme de Saint-Léger-du-Bois ainsi que tous les droits qu’ils possédaient dans cette paroisse afin qu’elle en use comme elle le souhaitait257 ; elle reçut donc sans doute à la fois des produits en nature et de l’argent. Il s’agissait là d’une donation personnelle à leur sœur en tant que telle et non en tant que religieuse dans la mesure où l’abbaye n’est jamais mentionnée, sauf pour préciser où Sarre est religieuse, et que cette donation a été faite à Sarre et ses « successeurs » : il n’est pas précisé qu’à sa mort la dîme doive revenir à l’abbaye. On peut donc penser que si Sarre avait quitté Saint-Andoche soit pour une autre abbaye soit pour revenir vivre dans le siècle, elle aurait emporté avec elle cette dîme et ses revenus ; il semble toutefois que ce soit l’abbaye qui en ait hérité au décès de la religieuse puisqu’au xve siècle l’abbaye possédait cette dîme de Saint-Léger-du-Bois258 ; mais telle en a sans doute été la volonté personnelle de Sarre de Torcy. Le cas de Yolande d’Oigny (n°79) est plus complexe : en 1286, elle percevait 20 sous de rente annuelle sur une terre de Marcilly sous Mont-SaintJean, terre donnée à l’abbaye par son frère Jean de Dornay, chevalier, seigneur d’Oigny ; comme Yolande avait accepté d’affranchir cette terre dans l’intérêt de l’abbaye, l’abbesse non seulement lui concéda, à elle et à sa sœur Jeanne (n°39), 20 sous de rente annuelle sur une autre terre, mais aussi l’ensemble des revenus du domaine de Cervey, paroisse de Marcilly, domaine offert à l’abbaye par son père une vingtaine d’années plus tôt259. Les deux religieuses reçurent donc indirectement des revenus en liaison avec des dons de terres faits par leurs parents.

 AD CO B 11681 (1348).  AD SL H 1460 (1294). 257   ad faciendam imperpetuum suam plenarum voluntatem (AD SL H 1055/1, 1294). 258  AD SL H 854/7 (1454). 259  AD SL H 1357/1 (1286). 255 256

La vie au sein des abbayes

407

Ces revenus procuraient aux religieuses de l’argent, mais sans doute n’étaient-ils pas leur seule ressource financière : certaines disposaient de suffisamment d’argent pour faire des achats, notamment de biens immobiliers. Ainsi, en 1303, Marguerite de Varennes (n°118) et Jeanne de Fussey (n°117) acquirent, pour 10 livres, une maison sise au châtelet Saint-Andoche pour elles et celle des deux qui survivrait à l’autre ; en fait, il semble qu’après la mort de ces deux religieuses, d’autres devaient en hériter260. Plus souvent, ce sont des terres qui furent acquises. Ainsi, Marguerite d’Auxois (n°14) et Bonne de La Roche (n°35) acquirent le quart d’une terre pour 40 sous viennois et un bichet de froment261 ; trois ans plus tard, elles acquirent la moitié de cette même terre pour 4 livres262. Ces terres étaient d’ailleurs parfois situées bien loin du monastère : Yolande d’Oigny (n°79), qui possédait déjà une ouche de terre à Cirey, à un peu plus de 25 km d’Autun, en acquit, pour 13 livres tournois, une autre dans le même lieu, mitoyenne de la première, « de l’assentiment et autorité » de sa sœur l’abbesse Jeanne d’Oigny (n°39)263. En effet, aux xiiie et xive siècles au moins, les actes par lesquels les religieuses achetaient ces biens fonciers précisent presque toujours, et à plusieurs reprises, que cette acquisition s’est faite avec l’autorisation et permission de l’abbesse264 ; parfois même on peut se demander si les religieuses agissaient en leur nom propre ou au nom de leur abbaye265. À la fin du xive siècle ­toutefois,

 AD SL H 799/1 (1303).  AD SL H 808/1 (1274). 262  AD SL H 808/2 (1277). 263  AD SL H 1425/3 (1323ns). 264  AD  SL H  799/1  (1303), H  808/1 et 2 (1274 et 1277), H  808/3 (1296 ou 1297ns), H 808/4 (1300ns), H 808/5 (1303ns), H 808/6 (1315). 265  Ainsi, en 1284, Flore (n°104) et Guillemette de Sautrone (n°105), religieuses de SaintAndoche, achetèrent à Michelet, fils de feu Renier Morin de Volnay d’abord 2 muids de vin mesure de Beaune de rente qui devaient leur être versés leur vie durant, sans que le prix de cet achat soit mentionné ; quelques lignes plus loin, le même Michelet vendit à perpétuité, à l’abbaye cette fois, les deux pièces de vigne qui servaient d’assiette pour cette rente, contre 14 livres viennois versées par Flore et Guillemette « à la place et au nom desdits abbesse et convent » (vice et nomine dictarum abbatisse et conventus, AD SL H 1160/1, 1284ns) et à la condition que Michelet et les siens soient libérés du paiement de la rente de 2 muids de vin (pro tali conditione quod dictus Micheletus et sui a solutione dicti vini erunt asoluti, AD SL H 1160/1, 1284ns). Il ne s’agit donc sans doute pas là d’une acquisition personnelle de Flore et Guillemette faite sur leurs propres deniers  ; on peut penser que la rente de 2  muids de vin devait en fait être versée par l’abbaye elle-même aux deux religieuses pour les remercier d’avoir agi au nom de l’abbaye. Dix-neuf ans plus tard, c’est encore deux religieuses, Églantine et Yolande de Schavesi (n°58 et 119), sœurs, qui délivrèrent à Guionet, fils de Colard dit 260 261

408 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

l’autorisation donnée par l’abbesse n’est plus mentionnée, soit que l’abbesse ne l’ait pas donnée, soit qu’on n’ait plus eu besoin de la solliciter266. Le plus souvent aussi, les religieuses avaient déjà donné l’argent de la vente avant que l’acte officiel de vente n’ait lieu267 ; est-ce le signe d’une tentative de forcer la main à l’abbesse ? Quoi qu’il en soit, ces biens appartenaient réellement aux religieuses, même si elles devaient parfois consulter l’abbesse pour en disposer librement : Marie dite La Rebosse (n°131) possédait une maison avec un terrain arboré et des dépendances hors les murs d’Autun. Ayant un « besoin urgent et inévitable »268 d’argent frais, elle obtint de l’abbesse l’autorisation de les vendre et en retira 12 livres269, somme importante ; rien ne permet de savoir pourquoi cette religieuse avait alors un tel besoin d’argent. Il faut noter que ces acquisitions de terres par des religieuses ont toutes eu lieu à la fin du xiiie ou au xive siècle270 et presque toutes ont été faites par des religieuses de Saint-Andoche. Pourquoi les achats de biens et de rentes semblent-ils avoir plutôt daté du xive siècle et été le fait des religieuses de Saint-Andoche  ? Plusieurs hypothèses peuvent être avancées pour l’expliquer. Il se peut que les religieuses de Saint-Jean, et celles de Saint-Andoche au xve siècle, aient mieux respecté la règle de pauvreté que les religieuses de Saint-Andoche des xiiie  et xive  siècles. Il se peut aussi que, au xve  siècle, ces achats soient quasiment devenus des actes privés des religieuses et que les actes d’achat n’aient pas été conservés dans le chartrier de l’abbaye si le bien n’est pas revenu à l’abbaye. Enfin, il se peut aussi que les religieuses de

Baudiot de Volnay, les 20 livres que l’abbaye paya pour l’achat de deux pièces de vigne (AD SL H  1160/2, 1303)  ; cependant, elles ne semblent pas avoir été récompensées pour cela  : Églantine était peut-être alors prieure. 266  AD SL H 808/7 (1340), H 808/8 (1392ns). 267  AD SL H 808/1 à 8 (1274‒1392ns) par exemple. 268   pro sua urgenti necessitate et inevictabili (AD SL H 801/1, 1319). 269   pro duodecim libris turonensis parvorum jam persolutis a dictis emptoribus eidem Marie (AD SL H 801/1, 1319). 270  Cf. AD SL H 808/3 (1296 ou 1297ns) pour Comtesse de Neeles (n°56) et Guiotte de Drées (n°15), H  808/4 (1300ns) et H  808/5 (1303ns) pour les deux mêmes et Jeanne de Chalon (n°114), H 1017/1 (1305ns) pour les deux sœurs Églantine et Yolande de Schavesi (n°58 et 119) qui agirent toutefois pro ipsis et earum monasterio (cf. H 984/1, fol. 60‒60v), H 808/6 (1315) pour Guillemette du Chemin (n°59) et sa nièce Isabelle (n°129) ou H 808/8 (1392ns) pour Guiotte de Drées (n°74) qui acquit une pièce de terre près du monastère, contiguë à une autre terre lui appartenant déjà.

La vie au sein des abbayes

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Saint-Jean et/ou de Saint-Andoche au xve siècle aient dépensé leur argent pour d’autres biens que des terres. Pourtant, des mentions indirectes prouvent que les religieuses de SaintJean possédaient des biens tout comme celles de Saint-Andoche et ceci aussi bien au xve siècle qu’au xive siècle. Ainsi, de nombreuses possessions urbaines de religieuses servirent de confins dans les actes, comme la maison et le plâtre que Guillemette d’Arconcey (n°142) possédait rue des Bouchers ou la maison de Mathélie Peaul d’Oye (n°217) au bourg Saint-Jean, comme les terres qu’ont possédées Guillemette du Chemin (n°59) dans le quartier Saint-Andoche près du Mugne, Comtesse de Neeles (n°56) hors les murs ou Guillemette de Champceris (n°218) et Alice d’Orges (n°82) au bourg SaintJean ou comme le jardin de Catherine de Masoncle (n°169) à Chaumont par exemples271. Les religieuses ont donc acquis elles-mêmes, contre espèces sonnantes et trébuchantes, certains biens ; elles ont également hérité de biens, même si, selon la Règle de saint Benoît, c’est le monastère qui aurait alors dû en bénéficier272. Certains de ces biens sont mentionnés indirectement, lorsqu’ils servaient d’assiette à une rente, comme une maison du châtelet Saint-Andoche possédée par Jeanne de Couches (n°153)273. En effet, les biens acquis par les religieuses ont régulièrement servi à fonder un anniversaire : Isabelle du Chemin (n°129) a ainsi fondé un anniversaire bisannuel grâce à des rentes dues sur ses possessions, notamment, sur le Mugne, une maison et une terre sur l’arrière qu’elle a acquises de Guiotte de Drées (n°15), abbesse défunte qu’elle a côtoyé pendant vingt-trois ans à l’abbaye – certains de ses biens confinaient d’ailleurs avec une terre de Marguerite de Sancey (n°16)274. Les religieuses, surtout celles de Saint-Andoche et surtout au xive siècle à nouveau, ont en effet aussi utilisé l’argent dont elles disposaient pour acheter des rentes. Certaines de ces rentes étaient perpétuelles, comme la rente de froment qu’ont acquise Jeanne de Gissey (n°128) et Isabelle de Moncler

 Respectivement AD SL H 704/1, fol. 3v‒4 (1453), H 1324/1 (1327), 11 G 8 1e série (1312), H 801/1 (1319), H 1326/1 (1341), H 762/3 (1478). Cf. aussi AD SL H 1326/2 (1357), H 1317/10 (1431), H 704/1, fol. 22v‒23v (1453), H 1314/1 (1464). 272   Règle de saint Benoît, chap. 54, éd. cit. 273  AD SL H 1625, fol. 5 (1407‒1408). 274  AD  SL H  711/2  (1348)  ; cf.  aussi les rentes fondées par Isabelle de Loges (n°126) et Marguerite sa nièce (n°137) ou par Marguerite (n°16 ou 140) et Agnès de Sancey (n°139) pour un anniversaire (AD SL H 704/1, fol. 35‒35v et fol. 33v, 1453). 271

410 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

(n°60) pour leur anniversaire275 ou comme toutes les rentes acquises dans ce but. D’autres n’étaient versées que la « vie durant » des religieuses, comme celle de 3 muids de vin d’Auxey-Duresses qu’Isabelle de Lucenay (n°111) et Marguerite de Sancey (n°16) achetèrent en 1302276 ; on peut noter que le vendeur n’a alors pas fait une bonne affaire dans la mesure où trente-six ans, peut-être même quarante-six ans, plus tard Marguerite de Sancey était toujours religieuse à l’abbaye. Sans doute la rente de 14  sous dijonnois achetée par « sœur Marguerite de Sancey, moniale de Saint-Andoche » contre 10 livres tournois versées à Guiot Ramilley277, était-elle, là aussi, une rente viagère. Parfois, on ne sait si ces rentes étaient perpétuelles ou viagères278. …et une vie fort confortable sinon luxueuse

Hormis quelques achats de biens fonciers ou de rentes, on ne sait pas comment les religieuses dépensaient leurs revenus, ces autres dépenses n’ayant pas laissé de traces dans les sources. Il est toutefois possible que l’argent possédé par les religieuses leur ait servi d’abord et avant tout à acheter habits, nourriture et équipement pour leur maison particulière. En effet, au début du xve siècle, l’inventaire des biens d’Agnès de Communes (n°151), religieuse de Saint-Andoche, et leur transfert de son « ostel » à celui de l’abbesse a requis toute une journée à quatre personnes279, ce qui laisse supposer que ses biens étaient fort nombreux et qu’elle avait aménagé à son goût et pour son confort un logis sans doute relativement vaste, alors même que de telles demeures individuelles n’étaient conformes ni à la Règle de saint Benoît ni à l’Institutio sanctimonialium. Ces demeures étaient chauffées et permettaient probablement de recevoir des visiteurs puisqu’au xive siècle, « chescune des provendes doit avoir […] dou foin an la grainge l’albasse per lour hostes »280 ou plus précisément pour les chevaux de leurs hôtes. Les religieuses semblent également ne pas avoir respecté les préceptes bénédictins de tempérance dans le domaine des repas. La Règle de saint  AD SL H 704/1, fol. 26‒26v (1315).  AD SL H 1039/1 (1302). 277  AD SL H 758/1 (1322ns). 278  AD SL 11 G 8 1e série (1312) où Isabelle des Loges (n°126) acquit 10 sous dijonnois de rente annuelle contre 8 livres et 10 sous ; AD SL H 1307/4 (1497) où la prieure Philippe de Clugny (n°89) fournit 10 livres au drapier Jean de Luzy qui avait besoin d’argent, contre un franc de rente annuelle. 279  AD SL H 1625, fol. 16v (1407‒1408). 280  AD SL H 708, fol. 31v, H 709, fol. 32 (xive siècle). Cf. Les obituaires de l’abbaye SaintAndoche, éd. cit., n°543, p. 242‒243. 275 276

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Benoît définit les usages à suivre en matière de repas dans trois chapitres281 : selon les périodes de l’année, les moines devaient prendre un ou deux repas par jour, composé(s) de deux « plats cuits » sans viande – hormis pour les malades – et, éventuellement, de fruits et légumes frais, outre une livre de pain quotidienne ; ces repas pouvaient être accompagnés de vin, bu en quantité modérée, la tempérance étant là comme en toute chose au cœur de la Règle. Le Carême, mais aussi les mercredi et vendredi, périodes de jeûne, le repas devait être soit plus tardif soit moins riche. Au cours des siècles, un certain assouplissement a été introduit, la viande n’étant plus interdite que les jours maigres et en période de jeûne. Comme il a été vu, dans les deux abbayes, la modération prônée en tout par la Règle de saint Benoît, et en particulier pour la nourriture, n’était pas respectée. Comme dans de nombreuses abbayes, les religieuses autunoises semblent ne pas s’être beaucoup privées et leurs habitudes alimentaires apparaissent nettement plus proches de celles des nobles ou des riches bourgeois que de celles du peuple  : outre leurs prébendes en céréales et les distributions, chaque jour, d’un pot de vin et de sel282, elles se procuraient, et sans doute consommaient, de nombreux aliments prohibés par la Règle, comme la viande de quadrupèdes. Elles achetaient également divers produits – oisons, poussins, gibier etc. – et diverses épices qui accommodaient généralement les plats servis sur les tables nobles. Leur argent servait peut-être aussi aux religieuses à rémunérer des servantes puisque certaines d’entre elles, surtout des abbesses mais aussi de simples religieuses de chœur, avaient des servantes personnelles283. c. Le vœu de stabilité

Enfin, troisième obligation importante, les moines devaient, dans la mesure du possible, demeurer dans la clôture  ; cette règle était impérative pour les moniales qui, notamment, étaient considérées comme plus faibles que les hommes face aux tentations du siècle. Dès les premiers siècles du monachisme, les conciles affirmèrent la nécessité d’une stricte clôture pour

  Règle de saint Benoît, chap. 39‒41, éd. cit.  Respectivement AD SL H 708, fol. 31v, H 709, fol. 27 : « Item chascune des prevendes doit avoir II bichets de soigle et I bichet de feves ou celier l’albasse à la mesure d’Arney et I raseaul de saul et chascun jour I pot de vim à la mesure d’Ostun ». Cf. Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche, éd. cit., n°543, p. 242. 283  Cf. chap. 2 III. 1. c. L’entourage domestique. 281 282

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les religieuses afin de les aider à respecter leur vœu de chasteté284. Suite au respect de moins en moins grand d’un enfermement strict des religieuses dans l’enceinte de leur monastère, en 1184 le pape Lucius III, dans la bulle Prudentibus Virginitibus, interdit aux moniales de quitter la clôture sans l’autorisation de leur abbesse ou de leur prieure285 ; en 1298, dans la bulle Periculoso, Boniface VIII réaffirma l’interdiction pour les religieuses de quitter leur monastère et mais aussi de recevoir des étrangers, même s’il admettait que l’abbesse devait parfois sortir de l’abbaye, afin de rendre hommage pour les terres de l’abbaye par exemple. Cette bulle fut régulièrement reprise par ses successeurs et les évêques286 ; en particulier, dès l’année suivante, les deux principaux points de cette bulle furent repris dans les statuts d’Autun lors du synode d’hiver réuni sous la direction de l’évêque Barthélemy : les religieuses devaient demeurer perpétuellement cloîtrées à l’intérieur de leur monastère et ne jamais en sortir, ce qui correspond à la clôture active ; nul ne pouvait pénétrer dans l’abbaye, clôture passive287.

284  Sur ce problème de la clôture au Haut Moyen Âge, cf.  J.  Hillner, «  L’enfermement monastique au vie siècle », dans Enfermements. Le cloître et la prison (vie‒xviiie siècle), Paris, 2011, p.  39‒56 et S.  Joye, «  Les monastères féminins du Haut Moyen Âge  : rempart ou prison  ?  », dans Idem, p.  233‒247. Au xiiie  siècle, Eudes Rigaud était obligé de gérer des problèmes de non-respect de la clôture, aussi bien chez des moines que chez des moniales dans la province de Rouen (P.  Andrieu-Guitrancourt, L’archevêque Eudes Rigaud, op.  cit., p. 170‒171). 285  B. Barrière, M.-É. Henneau (dir.), Cîteaux et les femmes, Paris, 2001, p. 8. 286  P. L’Hermite-Leclercq, L’Église et les femmes dans l’Occident chrétien des origines à la fin du Moyen Âge, Paris, 1997, p. 314‒317 ; pour l’exemple anglais, E. Power, Medieval English Nunneries, op.  cit., p.  344‒361. Cf.  P-D.  Johnson, «  La théorie de la clôture et l’activité réelle des moniales françaises du xie au xiiie  siècle  », dans Les religieuses dans le cloître et dans le monde, Saint-Étienne, 1994, p. 491‒505 ; J. Prou, La clôture des moniales, Paris, 1996, p.  90  ; J.  Leclercq, «  Boniface VIII et la clôture des moniales  », dans Papauté, monachisme et théories politiques, Lyon, 1994, t. 1, p. 273‒277 ; J. A. Brundage, E. Makowski, « Enclosure of nuns: the decretal Periculoso and its commentators », Journal of Medieval History, t. 20 (1994), p. 143‒155 ; E. Makowski, « L’enfermement des moniales au Moyen Âge », art. cit., p. 107‒117. 287   Cum per constitutionem sanctissimi patris D.  Bonifacii papae  VIII provide sit statutum universas moniales praesentes et futuras, cujuscumque religionis vel ordinis, sub perpetua in suis monasteriis debere permanere clausula  : ita quod nullae monialium professae religionis tacite vel expresse sit vel esse possit, quacumque ratione vel causa, nisi forte tanto et tali morbo evidenter earum aliquam laborare constaret, quod non posset cum aliis absque gravi periculo commorari, egrediendi ipsa monasteria sine licentia vel facultate  ; et quod nulli aliquatenus personae inhonestae nec etiam jam honestae, nisi rationabilis vel manifesta causa existat, ac de illius ab quem pertinuerit speciali licentia, ingressus vel accessus pateat ad easdem : ut sic a

La vie au sein des abbayes

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Les rapports avec le monde extérieur à l’abbaye

La clôture passive n’était pas respectée de façon stricte dans les abbayes autunoises. Alors que seuls les chapelains auraient dû pouvoir pénétrer dans la clôture, et encore pas dans tous les bâtiments, les visites n’étaient pas rares et ne se limitaient pas à d’hypothétiques hôtelleries. Certains visiteurs étaient d’ailleurs invités à la table de l’abbesse, ce qui pouvait être l’occasion de repas particulièrement plantureux et riches288. Pourtant, les religieuses demeuraient sans doute discrètes sur ces visites et évitaient d’en faire mention par écrit, puisque cela aurait pu être retenu contre elles si une enquête avait été menée sur leur façon de vivre. En l’absence de compte-rendu de visites épiscopales, le phénomène ne peut donc pas être appréhendé de façon complète. Mais pour la bonne gestion de l’abbaye, les religieuses étaient de toute façon amenées à rencontrer des officiers en charge de leur temporel  ; ces rencontres n’avaient toutefois pas toujours lieu au chapitre en présence de tout le convent. Ainsi, lorsque des comptes annuels étaient rendus à l’abbesse de Saint-Jean « en sa chambre », plusieurs hommes étaient présents : Guillaume le Marat, rédacteur d’un compte pour les domaines de Nolay et Cirey, Guillaume Vernissy (n°372) curé de Sainte-Radegonde, Jean Chamelot (n°340) et Jean Maignien (n°341) par exemple en 1403289. Il ne s’agissait bien entendu pas de la pièce dans laquelle elle dormait mais sans doute de celle où elle travaillait – il serait fort étonnant, vu ce l’on sait du mode de vie des religieuses autunoises du xve siècle, qu’il s’agisse de la même pièce ; toutefois, cette chambre était située dans la clôture et hors des parties communes. Certains éléments permettent, de façon indirecte, de voir que des étrangers à l’abbaye étaient parfois admis. Ainsi, des témoins, presque systématiquement des hommes, étaient amenés à être présents à l’abbaye, lors des élections abbatiales290, mais aussi, plus fréquemment, lors de la rédaction

publicis et mundanis aspectibus separatae omnino valeant liberius, et lasciviendi opportunitate sublata eisdem, corda sua et corpora in omni sanctimonia diligentius custodire (Statut synodal de l’hiver 1299 à Autun, § XI, cité dans Martène et Durand, Thesaurus novus auditorum, Paris, 1717, t. 4, col. 485‒486). Sur l’évêque Bathélemy, cf. J. Madignier, Fasti, t. 12 : Autun, op. cit., n°244 p. 120‒121. 288  Cf. chap. 5 II. 2. b. La composition des repas. 289  AD SL H 1583 (1403ns). 290  Lors de l’élection de l’abbesse qui devait succéder à Antoinette de Marcilly (n°47), étaient présents non seulement maître Jean de Montchanin – juriste représentant de l’évêque – et Jean d’Aiguemortes (n°550) – notaire public chargé de faire un compte-rendu fidèle de l’élection –,

414 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

d’actes. Dans bien des cas, ces témoins ne se rendaient que dans la salle du chapitre en présence de toutes les religieuses assemblées, mais parfois aussi, ils accédaient à des parties plus internes à l’abbaye. Ainsi, au milieu du xve siècle, plusieurs témoins masculins étaient « assemblez […] en la chambre de dame Katherine de Luzy  » ou «  en l’ostel de ladite dame prieuze  » de SaintAndoche (n°167)291. D’autres éléments laissent penser que les religieuses recevaient des hôtes à titre personnel. Au xive siècle, « chescune des provendes doit avoir […] dou foin an la grainge l’albasse per lour hostes »292 ; il était donc admis comme naturel que les religieuses reçoivent des visiteurs venant à l’abbaye à cheval et y demeurant un temps assez long pour qu’il soit nécessaire à chacune d’avoir une réserve de foin pour les chevaux de ces hôtes ; il ne s’agissait donc pas de courtes visites au parloir, pour lesquelles le foin destiné à l’écurie commune serait bien suffisant. Toutefois, ces rencontres entre des religieuses et des laïcs, qui ne semblent pas avoir été plus nombreuses à Autun qu’ailleurs293, ne sont pas nécessairement un signe de mauvaise conduite de la part des religieuses : en 1365, Robert de Martinpuits, bailli d’Autun dont les exactions ont été nombreuses, fut obligé d’agir nuitamment et de passer par la fenêtre lorsqu’il tenta d’enlever une jeune religieuse de Saint-Jean-le-Grand qui parvint d’ailleurs à lui échapper294 ; en outre, aucun scandale éclaboussant une religieuse n’est connu ou ne peut être déduit d’éléments indirects. Des religieuses qui s’absentent…

Toutefois, les religieuses autunoises ne se contentaient pas de ces contacts avec le monde extérieur à l’intérieur de l’abbaye. Elles semblent aussi s’être assez facilement absentées de leur abbaye. En effet, les moniales étaient loin d’être toujours toutes présentes au chapitre  ; très régulièrement les religieuses présentes parlaient en leur nom et au nom de celles qui étaient

mais aussi maître Guillaume Vasin bachelier en théologie, vicaire de l’Église d’Autun, Guy du Ranoy prêtre et Jean Motin notaire public, comme témoins. Cinq hommes étrangers à l’abbaye au moins étaient donc présents dans les murs à cette occasion et ils se déplacèrent même, avec les trois scrutatrices, jusque dans la chambre d’une religieuse alitée pour recueillir son vote. 291  AD SL H 704/1, fol. 29v (1452) et H 704/1, fol. 19v‒20v (1453) respectivement. 292  AD SL H 708, fol. 31v, H 709, fol. 27 (xive siècle). Cf. Les obituaires de l’abbaye SaintAndoche, éd. cit., n°543, p. 242‒243. 293   P. D. Johnson, Equal in monastic profession, op. cit., p. 155‒157. 294  A.  de  Charmasse, «  L’Église d’Autun pendant la guerre de Cent ans  », art.  cit., p. 51‒52.

La vie au sein des abbayes

415

absentes295. Pierre Penault (n°450), prêtre et chapelain, dans l’acte par lequel il fonda quatre anniversaires, affirmait clairement que l’abbesse ellemême – Huguette Bouton (n°27) en l’occurrence – était très souvent absente296 et dans plusieurs actes cette absence est précisée. En 1319 ou 1320, lorsque les religieuses de Saint-Jean décidèrent d’accepter la candidature de nouvelles religieuses, plusieurs sœurs étaient absentes, en particulier Alice de Juilly (n°215) qui contesta la décision prise par le chapitre en leur absence297 ; aucune explication n’est donnée à cette absence, mais il est difficile de penser qu’elle ait pu être absente pour les affaires de l’abbaye pendant un temps tel que le chapitre ne puisse pas attendre son retour pour prendre une décision aussi importante pour l’abbaye et pour l’ensemble des religieuses. Deux hypothèses peuvent être émises pour expliquer cette situation. Il y avait peut-être des « clans » au sein du chapitre et des religieuses, craignant une opposition d’Alice de Juilly à l’accueil de certaines postulantes, ont profité de son absence, ce que peut étayer le fait qu’elle dit ne pas avoir été prévenue de cette prise de décision ; une telle éviction volontaire d’une religieuse risquait cependant d’appesantir encore le climat au sein de l’abbaye. Mais Alice de Juilly était peut-être, plus probablement même, absente de l’abbaye pour des raisons personnelles, voire sans réelle autorisation de l’abbesse, et le chapitre a dès lors pu considérer qu’elle s’était elle-même mise à l’écart de l’abbaye. …pour participer à des actions religieuses

Les processions étaient les principales occasions licites de sortie pour les religieuses, même si certains ecclésiastiques auraient voulu que même les processions religieuses leur soient interdites. Ainsi, chaque année lors de certaines fêtes, tous les religieux de la cité – y compris donc les religieuses de Saint-Andoche et de Saint-Jean – participaient à des processions communes298. Chaque samedi de la période de Carême une procession se rendait auprès de l’une des anciennes églises d’Autun : le premier samedi au prieuré Saint-Symphorien, le deuxième aux églises Saint-Pierre et Saint-Étiennel’Étrier, puis le troisième au prieuré Saint-Racho, le quatrième au monastère

 Par exemple AD SL H 1253/2 (1508).  AD SL H 711/5 (1501) : « en l’absence de leurdite abbesse notoirement absente dudit monastere ». 297  AD SL H 1184/1 (1320ns) ; cf. chap. 1 I. 1. a. L’acceptation de nouvelles venues. 298  Cf. G. Theÿras, Autun vers le xve siècle, Autun, 1891, p. 216‒218. 295 296

416 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

Saint-Jean-le-Grand et enfin le cinquième au monastère Saint-Andoche299. Cette période se clôturait par la grande procession des Rameaux (fig.  35) célébrant l’entrée de Jésus dans Jérusalem, qui réunissait tous les religieux de la cité et associait toute la population des villages ou des villes. Cette procession est attestée dès la fin du xiiie  siècle lorsque sont mentionnés les porteurs d’une châsse dans un ancien compte de SaintAndoche300, mais seuls des processionnels de la fin du xve siècle et du début du xvie siècle301 en décrivent les principales étapes : la procession quittait la cathédrale Saint-Nazaire et se rendait à la cathédrale Saint-Lazare pour aller ensuite, après être passée devant la maison de La Genestoye près de la porte des Bancs, à l’église du prieuré Saint-Racho – hors les murs –, puis elle se rendait à Saint-André et rentrait à nouveau dans la cité en direction de l’église abbatiale Notre-Dame de Saint-Jean où les moniales chantaient les répons, avant de passer par le quartier Marchaux et devant l’église Saint-Jean l’Évangéliste pour rejoindre l’église abbatiale Notre-Dame de Saint-Andoche où, là encore, les moniales chantaient et enfin de retourner dans le quartier cathédral par les porte des Bancs. Une autre grande procession à travers la cité avait lieu lors des Rogations, pendant trois jours, afin de sanctifier le territoire éduen302. Le premier jour, la procession se rendait dans les églises situées à l’intérieur de l’ancien rempart : Saint-Pierre Saint-Andoche, Saint-Andoche, Saint-Jean l’Évangéliste, SaintJean-le-Grand et l’abbatiale Saint-Jean. Le deuxième jour, elle se rendait à la collégiale Notre-Dame puis quittait les murs de la cité pour Saint-Symphorien, Saint-Étienne-l’Étrier, Saint-Pierre-l’Étrier et Saint-Racho. Le troisième jour enfin était consacré au Sud de la cité : Saint-Nazaire, Saint-Lazare, Saint-Quentin, Saint-Léger de Couhard et Saint-Pancrace avec un passage à Saint-Blaise303. Un ordre de préséance devait être respecté lors des processions générales, au moins depuis le début du xve siècle. Ainsi, les croix représentant les établissements les plus anciens précédaient celles des établissements les plus

  BM A S 188, fol. 36v sq. ; A. de Charmasse, « Le prieuré de Saint-Racho-lez-Autun de l’ordre de Cluny », MSE, nv. série, t. 10 (1881), p. 6‒7. 300  AD SL H 722/1 (1295), mais aussi H 711/11 et 12 (1514), H 711/13 (1517). 301   BM A S 181, S 188, S 189 (xve‒xvie siècles). 302  Cf.  par exemple, pour Lyon, P.  Collomb, «  Les processions des Rogations à Lyon au Moyen Âge  : les parcours, le mythe et l’auctoritas cathédrale (xiie‒xvie  siècle)  », dans Processions et parcours en ville, Paris, 1997, p. 69‒93. 303   Ordre des offices de 1543 cité par A.  de  Charmasse, «  Le prieuré de Saint-Racho  », art. cit., p. 10‒11. 299

La vie au sein des abbayes

FIG. 35 La procession des Rameaux à Autun au Moyen Âge

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418 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

récents : en tête venait la croix de Saint-Symphorien puis celle des moniales de Saint-Jean, celle des moniales de Saint-Andoche et enfin celle de SaintLazare ; l’ordre était légèrement différent pour les religieux : ce sont l’abbesse et les religieuses de Saint-Jean puis de Saint-Andoche qui ouvraient le cortège devant les chanoines de Saint-Symphorien puis ceux de la cathédrale304. Lors de l’intronisation d’un nouvel évêque, les religieuses de SaintAndoche devaient l’accueillir à l’entrée du bourg Saint-Andoche puis, le lendemain, l’accompagner jusqu’à la porte des Bancs305. Parfois enfin, les religieuses étaient amenées à se rendre chaque année en procession sur la tombe d’un familier, comme Nicolas Dessertot (n°365), prêtre, qui avait fondé un anniversaire avec cette exigence306, ou à participer à des funérailles, comme celles de Seguin de Beligny, chanoine d’Autun et de Beaune, qui souhaitait voir les religieuses assister à son inhumation avec les religieux de Saint-Symphorien et bien d’autres, et leur légua, pour ce faire, 20  sous307. Plus d’un siècle plus tard, Jean Maire (n°342) donna aux religieuses de Saint-Jean un cens annuel d’un franc et un setier de froment, à charge pour elles, le jour dit, de l’accompagner en procession depuis son lieu de décès à Autun jusqu’à sa dernière demeure et de faire de même pour sa seconde épouse, sa belle-fille et l’époux de celle-ci308. … pour visiter et gérer les domaines

Comme dans toutes les abbayes309, les abbesses de Saint-Andoche et de Saint-Jean s’absentaient assez régulièrement, pour ne pas dire souvent, afin de visiter et gérer les domaines dépendant de l’abbaye, bien que tout un personnel masculin ait été recruté pour cela310. Non seulement l’abbesse devait surveiller la gestion des domaines de l’abbaye, mais elle devait aussi y affirmer son autorité. Ainsi, c’est elle qui recevait l’hommage des vassaux de l’abbaye, même s’il existait des exceptions311 : le 21 octobre 1482, Louise de Clugny

 AD SL 5 G 124 (1438).  Cf. chap. 5 II. 2. a. La théorie. 306  AD SL H 1114/2 (1515). 307   Cartulaire de l’Église d’Autun, éd. cit., t. 2, p. 177‒182 (ch. cxxxii, 1325) ; sur Seguin de Beligny, cf. J. Madignier, Fasti, t. 12 : Autun, op. cit., n°806 p. 370. 308  AD SL H 1503/5 (1446). 309  Cf. par exemple E. Power, Medieval English Nunneries, op. cit., p. 69‒72. 310  Cf. chap. 3 III. La gestion du temporel, dans le temps et dans l’espace. 311  En 1268, c’est Jacques Boisserand (n°932), chanoine d’Autun qui reçut, au nom de l’abbesse, l’hommage de Benoît Loupier (n°331) pour la seigneurie de Dornes (AD  SL H 941/24, fol. 14‒15, 1268). 304 305

La vie au sein des abbayes

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d’Alonne (n°24) était à Senailly pour y recevoir l’hommage d’Antoine de Senailly, écuyer312 ; et si onze ans plus tôt, le 30 septembre 1471, ce n’est pas elle qui avait reçu l’hommage de Jean Pormert, écuyer, seigneur de Thomey pour cette même seigneurie de Senailly, c’est parce qu’elle était « en infirmité de maladie », et le juge qui avait alors reçu l’hommage en son nom avait précisé que cet hommage devrait être renouvelé lors de la prochaine visite de l’abbesse de Saint-Andoche313. En 1497, c’est pour « les affaires et besoignes d’[elle] et de [son] Église » qu’Anne d’Alonne (n°25) était « en [sa] terre et seignorie de Dorne »314. Souvent, l’abbesse était d’ailleurs accompagnée de quelques religieuses comme en janvier 1499 quand plusieurs religieuses, dont deux officières, l’abbesse et la sacriste, étaient à Senailly où elles s’assemblèrent pour « traiter de leurs affaires et negoces  », plus précisément pour acenser une terre à un drapier d’Autun315 ; rien ne permet de savoir si cet acensement était la principale raison de ce voyage, mais cela serait surprenant. Parfois, une enquête judiciaire amenait une religieuse à s’absenter, comme Guiotte de Drées (n°150), qui, en 1396, représenta son abbaye, Saint-Andoche, en justice, à la demande de l’abbesse Jacquette de Vienne (n°19), contre Jean de Vienne, seigneur de Praigny et de Chaseuil316 ; par la suite cependant, cette tâche fut plutôt confiée à un procureur317. Si de simples actes précisent que l’abbesse était présente sur l’un de ses domaines – comme les deux actes par lesquels Marie de Vienne (n°23) « estant en sa terre de Dorne » » promit de régulariser un transfert de terre en 1468 et, deux ans plus tard, « estant à Volenay » », arrenta 2 journaux de terre318 –, ce sont surtout les comptes qui mentionnent certains des déplacements des abbesses. En 1407‒1408, l’abbesse de Saint-Andoche se déplaça entre Curgy et Posanges, alla à Senailly et Volnay, se rendit à Senailly en compagnie de madame d’Oiselet et de dame Ysabel de

 AD CO 74 H 1013/1 (1482).  AD CO 74 H 1013/1 (1471). 314  AD SL H 965/3 = H 965/2 et H 957, fol. 32v‒39 (1497). 315  AD SL H 810/12‒13 (1499ns). 316  AD SL H 793/1 (1396ns). 317  Cf. chap. 2. III. 2. c. Des représentants plus ponctuels des religieuses. Les procureurs. 318  AD SL H 1165/1, fol. 10 et 10v (1468 et 1470). 312 313

420 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

­Mongeville319, gîta à Curgy avec madame d’Oiselet320. En 1382, l’abbesse de Saint-Jean se rendit d’Autun à Cirey le 19  mai puis de Cirey OutreSaône où elle resta du 27 au 30  mai, et elle était à nouveau à Cirey le 17 novembre321 ; en 1384, elle alla d’Autun à Cirey le 8 février, à nouveau d’Autun à Cirey le 25 août, elle était à Marcilly le 11 novembre, elle revint de Cirey à Autun le 15  décembre322. En trois mois entre le 29  mai et le 31 août 1398, elle se rendit à Cirey où elle resta sept jours avant de partir pour Sully, elle alla de Marcilly à Nolay puis de Marcilly à Cirey, était à nouveau à Cirey deux semaines plus tard et s’y rendit encore un peu plus d’un mois plus tard323. Ces déplacements étaient sans doute le plus souvent justifiés par des besoins de bonne gestion, mais on peut se demander quelle absolue nécessité a obligé l’abbesse de Saint-Jean à aller à quatre reprises au moins à Cirey en trois mois. Certains de ces voyages, qui s’accompagnaient parfois de séjours de quelques jours dans un domaine rural, étaient peutêtre aussi liés à un souhait de changement pour les abbesses et/ou certaines religieuses, malgré leur vœu de stabilité. … pour des raisons personnelles

En effet, certaines religieuses, voire certaines abbesses, semblent ne pas avoir toujours respecté ce vœu de stabilité et n’hésitaient pas à quitter leur abbaye pour un temps plus ou moins long, souvent peu justifié324. Parfois des décisions étaient ainsi prises en l’absence de l’abbesse, comme lorsque, en 1494, les religieuses de Saint-Jean cédèrent à bail leur grange dîmière de Chaudenay325. De même, c’est en l’absence de l’abbesse, que le chapitre de Saint-Andoche décida, en 1483, d’accepter une renonciation de bail pour une maison et son jardin et d’acenser ces maison et jardin à un nouveau preneur326 ; cet acte fut d’ailleurs passé au nom de la prieure et des religieuses, sans qu’il soit précisé que l’abbesse – Louise de Clugny (n°24) en

319   Quelques années plus tard Isabelle de Mongeville (n°158) devint abbesse de Remiremont ; elle était peut-être alors dame de Remiremont, de même d’ailleurs que la dame d’Oiselet qui elle aussi accompagnait l’abbesse. 320  AD SL H 722/2, fol. 3, H 1625, fol. 18 et 20, H 722/2, fol. 13v et 22v, 30v (1407‒1408). 321  AD SL H 1256, fol. 8v, 9v (1382). 322  AD SL H 1256, fol. 13v, 14, 21, 14bis v (1384). 323  AD SL H 1258, fol. 28, 42v, 28 et 36v, 21, 43v, 41v (1398). 324  Cf. P.-D. Johnson, « La théorie de la clôture et l’activité réelle des moniales », art. cit., p. 497. 325  AD SL H 1391/48 (1494ns). 326  AD SL H 803/4 (1483ns).

La vie au sein des abbayes

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l’occurrence – était absente : elle n’est pas même mentionnée, au point que l’on pourrait croire que la charge abbatiale était alors vacante, ce qui n’était pas le cas. Plus de cinq ans plus tard, le 11 juillet 1488, Louise de Clugny, toujours abbesse, émit un nouvel acte en son nom et en celui du chapitre, acte qui commence par le rappel de son absence, qui n’est pas expliquée, et dans lequel les termes de l’acte précédent sont repris ; rien n’indique pourquoi il a été nécessaire de faire ce nouveau document, si ce n’est que l’abbesse voulait sans doute en être partie prenante malgré son absence lors de la rédaction initiale. En 1499, l’absence de Perrenelle de Vienne (n°52), abbesse de Saint-Jean, fut tellement longue que l’évêque fut obligé de nommer une religieuse pour assumer les charges abbatiales, la vie de l’abbaye étant désorganisée327. Le plus souvent cependant, ce sont des religieuses qui s’absentaient de leur abbaye sans justification, et cette absence n’est généralement connue que parce qu’elles perdaient alors leur droit aux distributions. Ainsi le « pitancier  » des deux obituaires les plus anciens de Saint-Andoche précise que « quant une des dames de ceanz demore fors de ceste abbaie entieremant I an et I jour, ele pert tout entieremant sa provande de cele annee en bles et en deniers et d’autres choses »328 avant de donner le nom de quelques religieuses qui ont ainsi été privées de leur prébende par l’abbesse : Marguerite de La Ferté (n°100) par Lucette (n°12), Marguerite d’Auxois (n°14) et Marguerite d’Arnay (n°110) par Dannom (n°13), Marguerite de Varennes (n°118) par Marguerite d’Auxois en 1309, Marguerite de Neeles (n°123) et Marguerite de Rechoygne Voisin (n°124) par Guiotte de Drées (n°15) et Catherine de Moncler (n°145) par Marguerite de Montagu (n°17)329. L’exemple de Marguerite d’Auxois est intéressant dans la mesure où il montre que si ces longues escapades hors de l’abbaye étaient condamnées, les religieuses étant privées de leurs ressources, elles n’imposaient pas une marque d’infamie sur les religieuses fautives puisque celles-ci pouvaient obtenir l’abbatiat quelques années plus tard. Les comptes, lorsqu’ils mentionnent les distributions, font apparaître concrètement cette sanction pour absence non justifiée : ainsi, le 28 mars 1408, il était prévu de distribuer un setier de froment à chacune des religieuses de Saint-Andoche, ce qui fut fait pour les « personnes dessus dites,  AD SL H 1179/2 (1499).  AD SL H 708, fol. 31, H 709, fol. 26v (début xive siècle). Cf. Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche, éd. cit., n°530, p. 241. 329   Ibid. 327 328

422 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

excepté à la prieuse laquelle estoit absent »330. Les comptes de Saint-Jean qui permettent de suivre les religieuses sur quelques années et plusieurs distributions sont, à ce sujet, tout à fait édifiants : il est en effet assez rare que toutes les religieuses aient été présentes le jour de la distribution et plus encore que toutes aient reçu l’ensemble de la part prévue. On peut ainsi étudier l’exemple des premières années du xve siècle – 1400‒1405 avec une lacune pour 1403 –, dix-huit distributions étant connues. Seule une religieuse, Jeanne de Champceris (n°233), a reçu à dix-huit reprises sa prébende complète, et deux autres, Adeline de Bonym (n°252) et Jeanne la Renarde (n°253), ont reçu à huit reprises une prébende complète, sachant qu’auparavant elles n’étaient sans doute pas personnellement prébendées. Si l’on prend en compte les dix-sept religieuses dont le nom est mentionné lors de quatre distributions successives au moins, huit ont été totalement privées de leur prébende lors d’une de ces distributions au moins – deux l’ont été lors de deux distributions et deux lors de quatre distributions – et treize n’ont  obtenu qu’une partie de leur prébende lors d’une distribution au moins – pour deux religieuses cette privation s’est produite à deux reprises et pour une religieuse à trois reprises (fig. 36). Lorsqu’une religieuse ne recevait qu’une part de sa prébende, le compte précise généralement qu’elle avait été absente de l’abbaye entre telle et telle date ou qu’elle n’y avait été présente que pendant tant de jours. En revanche, il est très rare que soient précisés les raisons de ces absences et le lieu où les religieuses ont vécu durant ce temps. On peut penser qu’elles se rendaient alors dans leur famille, sous divers prétextes, notamment à l’occasion de fêtes ou de deuil, mais aussi pour une période de convalescence lorsqu’elles étaient malades  ; elles en profitaient d’ailleurs sans doute souvent pour se rendre aussi chez des amis331. L’étude des distributions permet de constater que les religieuses semblent s’être absentées essentiellement lors de la belle saison et à l’époque de la Nativité. Elles s’échappaient de l’abbaye et de la ville lors des plus longues et plus belles journées, sans doute pour profiter de la campagne dans les domaines de leurs parents ou de leurs proches. Les absences à la période de la Nativité sont emblématiques d’une absence d’intégration réelle à la communauté monastique : certes les familles pouvaient se rassembler pour célébrer la naissance de Jésus, mais, une fois ses vœux prononcés, la seule famille d’une religieuse  AD SL H 722/2, fol. 12v (1407‒1408).  Cf.  E.  Power, Medieval English Nunneries, op.  cit., p.  376  ; P.  D. Johnson, Equal in monastic profession, op. cit., p. 155. 330 331

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18 1 : 6 mars 1400 (jusqu’au 29 mai 1400) 2 : 29 mai 1400 (jusqu’au 20 août 1400) 3 : 20 août 14000 (jusqu’au 12 nov. 1400) 4 : 12 nov. 1400 (jusqu’au 4 fév. 1401) 5 : 4 fév. 1401 (jusqu’au 29 avril 1401) (AD SL H 1259 fol. 7-9) 6 : 29 avril 1401 (jusqu’au 22 juill. 1401) 7 : 22 juill. 1401 (jusqu’au 14 oct. 1401) 8 : 14 oct. 1401 (jusqu’au 6 janv. 1402) 9 : 6 janv. 1402 (jusqu’au 31 mars 1402) (AD SL H 1260 fol. 14-15) 10 : 31 mars 1402 (jusqu’au 23 juin 1402) 11 : 23 juin 1402 (jusqu’au 15 sept. 1402) 12 : 15 sept. 1402 (jusqu’au 8 déc. 1402) 13 : 8 déc. 1402 (jusqu’au 2 mars 1403) 14 : 2 mars 1403 (jusqu’au 25 mai 1403) (AD SL H 1261 fol. 5v-7v) 15 : 25 avril 1404 (jusqu’au 18 juil. 1404) 16 : 18 juill. 1404 (jusqu’au 10 oct. 1404) 17 : 10 oct. 1404 (jusqu’au 2 janv. 1405) 18 : 2 janv. 1405 (jusqu’au 27 mars 1405) (AD SL H 1263/1 fol. 5-6v)

 nièce de Marguerite Peaul d’Oye. 2  Il y a six novices, pour lesquelles sont distribuées cinq prébendes. 3  La chapellenie de l’autel Notre-Dame est vacante à cette date.

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FIG. 36 Les distributions de prébendes à Saint-Jean-le-Grand en 1400-1405

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chapelains

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prébende partielle pas de prébende distribuée

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Isabelle de Clugny

prébende pleine

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Marguerite de La Bussière

Jeanne la Renarde

Jeanne de La Bussière

Adeline de Bonin

2e nièce d’Adeline de La Chanaul

nièce d’Adeline de La Chanaul

Adeline de La Chanaul

Alice de Sivrey

Jeanne de Sivrey

Colette de Nantoux



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Guye

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Huguette de la Mercho

Jeanne de Champceris

Alice de Champrobert

Jeanne de La Valotte

Alice de Brazey

Alice de Longe

Jeanne la Montote

Marie de Cussigny1

Marguerite Peaul d’Oye

Alice de La Bussière

Isabelle de Brulat

prieure

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aurait dû être le chapitre, ses sœurs en religion ; en outre, l’Avent et les fêtes de la Nativité sont une période de célébrations religieuses importantes dont le non-respect serait la marque d’une ferveur toute relative pour des moniales. Un cas est un peu mieux connu, celui d’Alice de Champrobert (n°84) qui est privée d’une partie de sa prébende le 8 décembre 1402 : elle a été absente pendant six semaines durant lesquelles elle « demeure chez monseigneur de Couches ». Se pose tout d’abord la question de qui est ce « monseigneur de Couches » ; probablement s’agit-il du seigneur de Couches, Philibert de Montagu, frère de Jeanne de Montagu (n°44), abbesse sans doute récemment décédée (gén.  14). Que faisait donc Alice de Champrobert chez lui, alors même que rien ne permet de penser qu’elle était apparentée à la famille de Montagu ? Lors de ces longues absences, les religieuses étaient en contact avec de nombreux laïcs, alors qu’elles auraient dû vivre coupées du monde. Ces «  escapades  » pouvaient être à l’origine de regrets et de tentations pour celles qui n’auraient pas pris le voile de façon totalement volontaire, mais rien n’indique que le vœu de chasteté n’a pas été correctement respecté par les religieuses autunoises. En outre, les établissements qui respectaient une stricte clôture des moniales ne pouvaient être gérés de façon efficace, devenaient la proie de spoliateurs et, bien souvent, périclitaient faute de ressources suffisantes332. De fait, dans de nombreux établissements, voire dans la plupart, les religieuses n’étaient pas strictement cloîtrées, et refusaient une stricte clôture333. 2. Quitter la communauté Parfois quelques religieuses supportaient mal les contraintes imposées par la vie à Saint-Andoche et Saint-Jean et cherchaient à en sortir, malgré les accommodements trouvés avec l’austérité. Malgré le vœu de stabilité, quelques religieuses ont donc quitté Saint-Andoche ou Saint-Jean, soit pour retourner dans le siècle, soit pour intégrer une autre communauté monastique. Cependant, le plus souvent c’est la mort qui leur faisait quitter la communauté, sans réellement quitter l’abbaye puisqu’elles y étaient inhumées. a. Quitter volontairement l’abbaye

La plupart des religieuses ne quittaient pas volontairement leur abbaye et même ne la quittaient pas du tout : elles y mouraient et y étaient enterrées.  P. D. Johnson, Equal in monastic profession, op. cit., p. 159‒160.  E. Makowski, « L’enfermement des moniales au Moyen Âge », art. cit., p. 107‒117.

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Il arriva cependant parfois qu’une religieuse s’affranchisse des vœux qu’elle avait prononcés, notamment du vœu de stabilité. Renoncer au voile

Il n’y a pas d’exemple attesté de dévoilement pour les abbayes autunoises au Moyen Âge, même si cela ne signifie pas qu’aucune religieuse n’a renoncé à ses vœux pour reprendre une vie séculière. Toutefois, au début du xvie siècle, Clément VII accorde à Drouines des Barres (n°305) une « dispense de vœux et dévoilement » : à 19 ans, elle est alors désireuse de se marier et donc de quitter l’abbaye Saint-Jean où sa mère et ses frères l’avaient faite entrer dix ans auparavant à la mort de leur mari et père, Philippe des Barres, marchand de Dijon334. Se rendre dans une autre abbaye

Plus fréquemment, des religieuses ont quitté Saint-Andoche ou SaintJean pour poursuivre leur vie religieuse dans un autre établissement. Il était rare qu’une religieuse quitte une abbaye pour une autre abbaye dans laquelle elle demeurait simple religieuse. C’est pourtant le cas d’Anne (n°202), fille de Guichard de La Douze qui, en 1104, quitta Saint-Jean pour Marcigny, sur les conseils de son frère qui avait pris l’habit à Cluny et souhaitait que sa sœur appartienne elle aussi à la grande famille clunisienne. L’abbesse et les autres religieuses de Saint-Jean se réunirent pour débattre de cette question et autorisèrent leur sœur à les quitter, à condition qu’elle continue à prier pour elles. Les religieuses lui rendirent même la dot qu’elle avait apportée à l’abbaye, ne recevant qu’une compensation de 50 sous de la part de son frère Guillaume, connétable de l’abbé de Cluny335. D’après la charte conservée dans les archives de Marcigny, il semble donc que le transfert d’Anne se soit fait sans heurt, alors que cela n’est pas toujours le cas : l’abbesse n’autorisait

334   ut secularis vivere et matrimonium cum aliquo vivo se sibi videbitur contrahere concupiscit (AD SL H 1185, 1525) et in octavo seu nono sue etatis anno constituta a quadem Margareta Labouquet  […] eius matre ac fratribus et aliis parentibus suis eorumque blandicis inducta monasterium monialium Sancte Johannis eduensis ordinis Sancti Benedicti intravit et habitum per moniales dicti monasterii gestari solitum succepit et nulla per eam expressa professione emissa in dicto monasterio usque ad dicte sue etatis annum decum nonum permansit ad hoc conversa (AD SL H 1185, 1525). 335   Hanc scilicet terram cum redditibus suis reddimus et werpimus ut deinceps ad Marciniacum, pertineat, accipientes pro caritate bonae monetae quinquaginta solidos a praedicto Bernardo, fratre ejus, constabulario domni Hugonis abbatis (Le cartulaire de Marcigny-sur-Loire (1045‒1144), J. Richard (éd.), Dijon, 1957, p. 104‒106, ch. 175, 1104).

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pas toujours aussi facilement le départ d’une de ses filles, notamment lorsque celle-ci souhaitait emporter des biens avec elle. Ainsi les choses furent moins simples lorsque Béatrice de Châtillon (n°42), religieuse de Saint-Andoche, fut élue abbesse de Saint-Jean-le-Grand en 1366, à la suite du décès de Jeanne de Brazey de Vesigneux (n°41). Le pape Urbain V dut intervenir et demander à l’évêque de faire pression sur Marguerite de Montagu (n°17), abbesse de Saint-Andoche, pour qu’elle laisse Béatrice de Châtillon quitter son abbaye336. D’autre part, alors qu’elle était religieuse à Saint-Andoche – peut-être lorsqu’elle y était sacriste –, Béatrice de Châtillon acquit, à Blanot, une terre sans doute conséquente puisque revendiquée à la fois par l’abbesse de Saint-Andoche Marguerite de Montagu et par la toute nouvelle abbesse de Saint-Jean. Étienne de Paray, tenant du sceau royal au bailliage de Mâcon, servit d’intermédiaire entre les deux abbesses afin de parvenir à un accord. Ainsi, le 7 novembre 1366, il se déplaça successivement à Saint-Jean et à Saint-Andoche afin de recueillir les gestes de bonne volonté des deux parties et d’enregistrer leurs renonciations337. Béatrice de Châtillon conserva ces terres ainsi que les fruits qui y croissaient sa vie durant, mais elles devaient revenir à l’abbaye Saint-Andoche à son décès ; Marguerite de Montagu, en son nom et au nom de celles qui lui succéderaient, renonça à ses droits sur ces terres la vie durant de Béatrice de Châtillon ; cependant, aucun autre acte ne permet de savoir si ces terres de Blanot sont effectivement revenues à Saint-Andoche à la mort de Béatrice de Châtillon. En outre, Béatrice de Châtillon constitua une rente très importante (60 florins d’or) reposant sur ces terres, pour la célébration, à Saint-Andoche, de son anniversaire et de celui de sa sœur demeurée à Saint-Andoche. Comme dans ce deuxième exemple, le plus souvent, les religieuses qui quittaient une abbaye le faisaient par ambition, parce qu’elles pouvaient prendre la tête d’un autre établissement qu’il soit plus prestigieux ou non. Ainsi, outre Béatrice de Châtillon (n°42), Bonne de La Roche (n°35) et Perrenelle de Vienne (n°52) religieuses à Saint-Andoche ont pris la tête de Saint-Jean  : la première, religieuse puis sacriste de Saint-Andoche en 1276‒1277 devint abbesse de Saint-Jean entre 1279 et 1286  ; la seconde, religieuse de Saint-Andoche en 1494‒1495, devint abbesse de Saint-Jean en 1496. D’autres religieuses abandonnèrent Autun pour prendre la tête de l’abbaye de Crisenon, comme Jeanne de Montagu (n°148), religieuse de

  Urbain V, Lettres communes, M. et A.-M. Hayez (éd.), Rome, 1979, t. 5, n°17433.  AD SL H 845/1 (1366).

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Saint-Andoche en 1382 et abbesse de Crisenon en 1400 ou, plus fréquemment, celle du prieuré de Champchanoux : Antoinette de Bernault (n°277), religieuse de Saint-Jean-le-Grand en 1471 devint prieure de Champchanoux dès 1472, pour douze ans au moins338  ; Guiotte de Vienne (n°191), religieuse de Saint-Andoche en 1494 et 1495 était prieure de Champchanoux en 1502 et dès l’année suivante lui succéda Étiennette de Mypont (n°182), religieuse de Saint-Andoche de 1476 à 1502339. En 1474, Louise de Rabutin (n°48), religieuse de Saint-Julien-sur-Dheune devint abbesse élue de SaintJean-le-Grand avant de retourner à Saint-Julien-sur-Dheune qu’elle dirigea en 1510 ; à cette date, c’est elle qui autorisa sa nièce Claude (n°53) à quitter Saint-Julien pour devenir abbesse à Saint-Jean-le-Grand340. Certaines religieuses de Saint-Andoche quittaient même Autun pour l’abbaye de Remiremont où elles rejoignaient des cousines. Elles abandonnaient alors non seulement leur abbaye, mais aussi en quelque sorte leurs vœux puisqu’elles quittaient une abbaye bénédictine pour un chapitre de chanoinesses séculières  ; elles ralliaient toutefois un établissement beaucoup plus prestigieux que l’abbaye autunoise. Ainsi, Marguerite de Vienne (n°176)341, religieuse de Saint-Andoche en 1464 fut-elle doyenne à Remiremont en 1472 puis grande aumônière dans ce même lieu ; et surtout, Henriette de Vienne (n°22), abbesse de Saint-Andoche de 1433 à 1444, devint, en 1444, abbesse de Remiremont, obtenant ainsi le titre et le rang de princesse d’Empire.

 Là encore, il semble que l’abbesse n’acceptait pas de bon cœur de voir une de ses religieuses quitter le giron de l’abbaye puisqu’en 1471, Antoinette de Bernault (n°277) nomma huit procureurs généraux, quatre prêtres et quatre laïcs, afin qu’ils plaident sa cause auprès d’Antoinette de Marcilly (n°47) et obtiennent de celle-ci qu’elle autorise la religieuse à quitter Saint-Jean-le-Grand en faveur d’une abbaye ou d’un prieuré bénédictin qui viendrait à vaquer (AD SL 3 E 3/2, fol. 15). Sans doute avait-elle alors déjà des vues sur le prieuré de Champchanoux dont elle prit la tête l’année suivante au plus tard. 339  En fait, la plupart des prieures de Champchanoux des xvie, xviie et début du xviiie siècle étaient issues soit de Saint-Andoche soit de Saint-Jean. (A. de Charmasse, « Le prieuré de Champchanoux, de l’ordre de Saint-Benoît », MSE, nv. série, t. 11 (1882), p. 22‒45). 340  AD SL H 1180/4 (1511ns) ; cf. chap. 1 III. 3. c. Quelques familles moins nombreuses, mais puissantes dans une abbaye. Les Bernault et les Rabutin à Saint-Jean, Champchanoux et Saint-Julien-sur-Dheune aux xve et xvie siècles. 341  Elle était cousine germaine de Perrenelle de Vienne (n°52) qui un peu plus tard quitta Saint-Andoche pour Saint-Jean (gén.  23)  ; cf.  chap.  1 III. 4. b. L’exemple de la famille de Vienne. 338

428 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

b. Mourir à l’abbaye

Toutefois, une personne qui prenait le voile dans une abbaye y faisait vœu de stabilité et, sauf exception, elle y passait donc l’ensemble de sa vie, jusqu’à son décès. L’exemple d’Agnès de Communes

Fort peu de sources – hormis les nécrologes et obituaires – permettent de réellement aborder la mort d’une religieuse et ses suites. Des fragments de comptes pour l’année 1407‒1408342 apportent cependant un certain éclairage sur le décès d’une religieuse de Saint-Andoche par ailleurs peu connue puisqu’auparavant elle n’est attestée qu’en 1406343. Le 1er septembre 1407, Agnès de Communes (n°151) était toujours vivante puisqu’elle reçut sa prébende en argent comme toutes ses sœurs344. En revanche, à la Saint Andoche, elle n’était plus dans la liste des prébendés345 ; elle est donc décédée entre le 1er et le 24 septembre. Le terminus ante quem de cette période peut même être rapporté au 20 septembre, date à laquelle fut célébré un anniversaire pour son décès346. De ce décès découlèrent plusieurs démarches onéreuses qui sont rapportées dans le compte, démarches de nature temporelle et spirituelle347. Tout d’abord, l’abbesse devait être tenue au courant du décès de l’une de ses filles et un messager, Guillaume Canot (n°718), prêtre et chapelain, fut envoyé à Posanges348 où elle se trouvait alors. Ensuite, un inventaire des biens de la religieuse décédée dut être fait, ce qui occupa quatre hommes «  ung jour entier » pour l’établissement de l’inventaire et le transfert de ses biens depuis son « ostel » jusqu’à celui de l’abbesse ; peut-être est-ce le signe que c’est l’abbesse, en tant que telle, qui héritait des biens – ici sans doute importants  – des religieuses, à défaut de testament, même lorsqu’il s’agissait de biens personnels. Enfin, le receveur fut également mandé (un messager fut

 AD SL H 1625 et H 722/2 (1407‒1408).  AD SL H 803/1 et 2 (1406). 344  AD SL H 1625, fol. 15v. 345  AD SL H 1625, fol. 17. 346   Ibid. 347  AD SL H 1625, fol. 16v et 17. 348  Rien ne permet de savoir pourquoi l’abbesse était si loin de son abbaye (à 55 km d’Autun). 342 343

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envoyé à Saint-Sernin-du-Plain) afin de conseiller les religieuses qui délibérèrent sur l’utilité de « rompre l’assene349 de ladite dame Agnès ». Sur le plan spirituel, la religieuse a eu droit à une messe de funérailles dans l’abbatiale en présence de toutes les religieuses et a été inhumée dans le cimetière de l’abbaye, même si cela n’est pas mentionné explicitement  ; peut-être peut-on y voir une allusion dans le décompte des prébendes versées par l’abbesse le 24 septembre avec la mention des « chappelains qui ont esté pour dame Agnès de Commune »350 : il peut s’agir des chapelains qui ont célébré la messe de funérailles et les messes anniversaire pour la défunte. Par la suite, un anniversaire a été célébré le 20 septembre pour la mémoire de la religieuse, ainsi qu’un trentain, à une date inconnue. Le 30 novembre, ce sont les chapelains qui avaient dit des messes chantées pour Agnès de Communes qui se partagèrent sa prébende en sel351. Lors de certaines autres distributions de prébendes, la prébende d’Agnès de Communes fut soit partagée entre deux hommes soit affectée à un seul : les 26 octobre et 22 décembre352, le froment distribué fut partagé entre Jacques Viaul (n°737) et Guillaume Cusenier (n°736) ; à une date inconnue en revanche353, le seigle ne fut donné qu’à Jacques Viaul. Les funérailles

La cérémonie des funérailles des religieuses est fort mal connue. Sans doute toutes les religieuses étaient-elles alors réunies pour une messe solennelle dite par un ou plusieurs des chapelains : lors de l’enterrement de l’abbesse Antoinette de Marcilly (n°47) en 1474, la prieure et toutes les moniales de Saint-Jean étaient présentes, même si elles pensaient sans doute au moins autant à la future élection qu’à prier pour leur ancienne supérieure354.

  Dans les vieilles coutumes, on parlait d’un douaire assené lorsqu’un père avait assigné quelques biens ou héritages à ses filles ou à ses enfants puînés pour les avantager ; serait-il ici question de biens possédés en propre parce qu’elle n’aurait pas perdu ses droits sur l’héritage par le versement d’une dot ? 350  AD SL H 1625, fol. 17. 351  AD SL H 1625, fol. 20v. 352  AD SL H 722/2, fol. 12 et 12v. 353  AD SL H 722/2, fol. 22. 354  AD SL 3 E 3/2, fol. 133‒162v sq. (1er juin 1474). Elles avaient sans doute eu le temps déjà d’y réfléchir dans la mesure où Antoinette de Marcilly (n°47) semble s’être vue mourir : deux jours avant ses funérailles elle fondait deux anniversaires contre la donation d’une maison et de deux prés (Soc. Éd. D 4 reg. 75 XXII, I, 24, 30 mai 1474). 349

430 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

De façon étonnante, certaines religieuses ressentaient le besoin de préciser qu’elles voulaient être enterrées à l’abbaye, comme Antoinette de Champdion (n°183), religieuse de Saint-Andoche, qui, lorsqu’elle fonda un anniversaire, demanda « son corps estre inhumé et sepulthuré oudit monastaire  »355. La plupart des religieuses étaient enterrées dans le cimetière de l’abbaye, mais quelques-unes obtenaient le droit de l’être dans l’église, malgré les ordonnances épiscopales qui interdisaient l’ensevelissement à l’intérieur des églises, hormis pour les « évêques, abbés et prêtres estimables ou laïcs dévoués »356. Trois abbesses au moins furent inhumées dans l’abbatiale Saint-Andoche, Guiotte de Drées (n°15), Guillemette d’Oiselet (n°20) et Louise de Clugny d’Alonne (n°24), les deux premières dans l’ancienne église et la troisième dans la nouvelle abbatiale357. Ces abbesses étaient représentées en habit de religieuse, avec la crosse symbole de leur fonction ainsi, parfois, qu’avec un livre ; d’après Claude Courtépée, Marguerite de Montagu (n°17) y fut également inhumée358. Jeanne de Montagu (n°130), simple religieuse au début du xive siècle d’après ce que l’on sait d’elle, a également été inhumée dans l’abbatiale359. Au début du xvie  siècle, ce fut aussi le cas pour Étiennette Bouesseau (n°64), prieure, avec sa sœur Philiberte, religieuse, au milieu du chœur360, ainsi que pour les sacristes Anne du Fraigne (n°77) et sa nièce Marie de Vandôme361, devant l’autel Sainte-Anne ; les deux premières étaient représentées en habit monastique, les mains jointes, l’une à côté de l’autre. Plus encore qu’à Saint-Andoche, les abbesses ont été nombreuses à être inhumées dans l’abbatiale Saint-Jean d’après des fragments de tombes ou des fragments d’épitaphes conservés de différentes façons : une abbesse inconnue (n°31) sans doute fille de Guy de Thil (n°892), Jeanne d’Oigny (n°39), Jeanne de Brazey (n°41), Marguerite de La Bussière (n°46), Claude de Bernault (n°50)362. L’abbesse Marie de Marcilly (n°51) le fut elle aussi même si aucune trace archéologique ne le confirme : en effet, d’après l’acte ­d’accroissement de  AD SL H 711/10 (1511ns).  J. Avril, « La paroisse médiévale et la prière pour les morts », dans L’Église et la mémoire des morts dans la France médiévale, Paris, 1986, p. 56. 357  H. de Fontenay, Épigraphie autunoise, op. cit., t. 2, p. 28‒29, 30 et 32 respectivement. 358  Cl. Courtépée, Description générale, op. cit., t. 2, p. 520. 359  H. de Fontenay, Épigraphie autunoise, op. cit., t. 2, p. 29. 360   Ibid., t. 2, p. 33. 361   Ibid., t. 2, p. 34. 362  Cl. Courtépée, Description générale et particulière, op. cit., t. 2, p. 519 ; H. de Fontenay, Épigraphie autunoise, op. cit., t. 2, p. 12, 12‒13, 13, 14, 14‒15 respectivement. 355 356

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son anniversaire établi, en 1498, par Jean Charnot (n°676), prévôt de NotreDame d’Autun et abbé de Saint-Étienne-l’Étrier, des religieuses se tenaient sur sa tombe lors de certains offices et répondaient à leurs sœurs demeurées dans le chœur363. La sacriste Perrenelle d’Oiselet (n°95) bénéficia également d’une sépulture dans l’abbatiale en 1520 ; sa pierre était très simple : elle ne reprenait que les armes de la famille inscrites dans un cercle, l’épitaphe étant gravée autour de la tombe364. Saint-Andoche et Saint-Jean-le-Grand étaient très différentes sur un point fondamental, la juridiction et la visite épiscopale dont les abbesses de Saint-Andoche avaient su d’affranchir officiellement, tandis que les religieuses de Saint-Jean n’y étaient pas parvenu. Cela a pu augmenter le prestige de Saint-Andoche puisque l’abbaye, et plus particulièrement les abbesses, tenait tête à l’évêque ; mais de façon plus concrète et quotidienne, cela n’a pas entraîné de différence manifeste quant au mode de vie des religieuses. En effet, dans les deux abbayes les obligations religieuses étaient globalement respectées, même si plusieurs éléments montrent que les religieuses autunoises, ou certaines d’entre elles, ont mené une vie assez peu conforme à la lettre de la Règle de saint Benoît ou de l’Institutio sanctimonialium, du moins durant certaines périodes, sans que l’on puisse dire si elles transgressaient alors leurs propres coutumes ou non. Elles pouvaient mener, si elles le souhaitaient, une vie relativement confortable, assez similaire à celle de leurs sœurs et cousines laïques, mais à l’abri d’un certain nombre de vicissitudes du siècle : elles pouvaient avoir un régime alimentaire riche et varié  ; elles pouvaient recevoir de la visite et s’absenter de l’abbaye ; elles pouvaient gérer quelques biens. Leur mode de vie n’était alors pas été très différent de celui que l’on pouvait trouver dans nombre d’autres abbayes féminines en France, en Angleterre ou en terre d’Empire365. Quelques-unes menaient sans doute une vie beaucoup plus austère, plus conforme à leur conception de la vie religieuse, mais elles n’ont pas laissé de traces dans la documentation, ce qui n’a rien de surprenant au vu du type de sources conservées. En fait, le relâchement par rapport à un respect strict de la Règle de saint Benoît n’a pas été continu sur l’ensemble de la période du Bas Moyen Âge ; il y a sans doute eu des périodes de relâchement et des périodes de réforme – que celle-ci soit interne ou impulsée par  AD SL H 1293/3, fol. 60v‒66v = 11 G 2 2e série (1498).  H. de Fontenay, Épigraphie autunoise, op. cit., t. 2, p. 15‒16. 365  Cf. N. Verpeaux, « Les religieuses de l’ordre de Saint-Benoît et le respect de la Règle », art. cit., p. 269‒285 ; E. Power, Medieval English Nunneries, op. cit. 363 364

432 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

l’extérieur ; mais seules des réformes mises en place à l’époque moderne, sous l’égide de l’évêque, sont connues366. Toutefois, ce qui est beaucoup plus important, le mode de vie des religieuses éduennes ne semble pas avoir provoqué de réels scandales hormis, peut-être, au xiiie siècle à Saint-Jean. Et durant les derniers siècles du Moyen Âge, les fidèles ont toujours conservé confiance dans l’efficacité des prières des religieuses, ce qui s’est traduit, notamment, par des demandes de prières, de célébration d’anniversaires et de sépultures, demandes qui ne se sont pas taries, même si elles furent sans doute un peu moins nombreuses au xve siècle qu’au xive siècle.

 Au milieu du xviie  siècle, une coadjutrice, venue du Val de Grâce et accompagnée de religieuses de la même abbaye, fut nommée à Saint-Jean afin d’y rétablir une vie régulière et en communauté ; cette réforme était dirigée par Jean de Boucher, grand prieur et grand vicaire de Moutiers-Saint-Jean. Celui-ci voulut rétablir une clôture stricte, y compris en ce qui concernait les visites au parloir et le courrier échangé avec l’extérieur ; il voulut réinstaurer une communauté de vie pour laquelle d’importants travaux d’édification d’un dortoir et d’un réfectoire, notamment, furent engagés ; il imposa le port du scapulaire et l’assistance à tous les offices divins et heures de jour ; enfin, les servantes ne devaient pas être à l’origine de scandales (AD SL H 1173, 1645). Il faut dire que la vie menée à l’abbaye semble alors s’être nettement détériorée par rapport à la fin de la période médiévale. Déjà en 1534, l’official se plaignait parce que certaines religieuses « ne se conformoient pas à l’observance des autres religieuses dudit monastere quant à l’observance reguliere de la religion » parce qu’elles ne se prosternaient pas à l’église, ne couchaient pas en dortoir, ne mangeaient pas au réfectoire ni ne demandaient l’autorisation pour manger gras et refusaient d’obéir (AD SL H 1181, 1534) : les religieuses étaient encore alors sous l’influence de la vie menée sous l’abbatiat de Claude de Rabutin (n°53), même si celle-ci avait été exilée à Marcigny quinze ans plus tôt par l’évêque à la suite une intervention de François Ier dont l’épouse et la mère furent choquées par le désordre régnant à Saint-Jean – alors qu’elles furent agréablement surprises à Saint-Andoche qu’« elles trouverent en bon ordre et reparation tant des religieuses que des edifices, et desirant la sainte reformation, elles demanderent à l’abbesse si elle et ses religieuses vouloient bien etre reformees, comme les autres de nostre royaume, lesquelles abbesse et religieuses repondirent que tres volontiers et ne demandoient autre chose » (lettre de François  Ier en 1523, citée par Hippolyte Abord, Histoire de la réforme et de la Ligue, op. cit., t. 1, p. 17). Au début du xviie  siècle des religieuses furent même dénoncées pour avoir reçu des hommes ou les laisser monter à leurs fenêtres (AD  SL H  1198, 1610 par exemple). Les religieuses renâclèrent et vingt ans plus tard le visiteur de l’abbaye, après avoir recueilli de nombreuses plaintes de la part de certaines religieuses, nota que la règle du silence n’était toujours pas respectée, que la présence aux offices n’était pas ponctuelle, que les moniales discutaient trop souvent avec des laïcs – notamment les ouvriers présents dans la clôture pour la construction des nouveaux bâtiments –, que peu de travail manuel était accompli (AD SL H 1174/2, 1676).

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Chapitre sixième

Un rôle spirituel dans la société locale

M

ême si les évêques ont pu parfois remettre en question le mode de vie des religieuses de Saint-Andoche et de Saint-Jean et émettre des doutes sur sa conformité avec leur état de servantes du Christ, cela n’a pas été le cas de la population autunoise et bourguignonne à en croire la pérennité des donations, des fondations d’anniversaires etc. Les religieuses ont joué un rôle spirituel important à Autun et dans la région, comme lieu d’accueil pour les jeunes filles qui souhaitaient prendre le voile, mais aussi comme patronnes d’églises paroissiales : elles ont été à l’origine de la construction d’églises paroissiales là où il n’y en avait pas ou de leur reconstruction là où elles existaient déjà et surtout elles en nommaient les desservants. De façon indirecte, elles encadraient donc la vie spirituelle des paroissiens. Certains de ceux-ci, mais beaucoup d’autres aussi, reconnaissant le rôle d’intercesseur des religieuses, recherchaient leurs suffrages par des donations pieuses et/ou des fondations d’anniversaire(s). En effet, par leurs prières, les religieuses d’Autun pouvaient servir d’intermédiaires pour les défunts, les prières des vierges étant d’ailleurs considérées comme particulièrement efficaces. I. Patronnes d’églises paroissiales

Les abbayes Saint-Andoche et Saint-Jean-le-Grand étaient patronnes de plus d’une dizaine d’églises paroissiales chacune, à Autun même et dans leurs principaux domaines.

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1. Les églises paroissiales à la collation de Saint-Andoche et Saint-Jean-leGrand a. Datation des églises paroissiales Saint-Pierre Saint-Andoche et Saint-Jean-leGrand

Peu à peu, au cours des Haut Moyen Âge et Moyen Âge central, la population commença à s’installer hors de l’ancien castrum d’Autun, notamment autour des deux abbayes qui étaient situées certes en dehors de l’enceinte restreinte de la ville haute, mais à l’intérieur de l’ancien rempart gallo-romain (pl. III. et IV.). Avec l’installation d’une population relativement importante autour des deux abbayes, s’est posé le problème de ses besoins spirituels. Sans doute les habitants se sont-ils rendus dans un premier temps dans l’église abbatiale afin d’y entendre la messe, mais la réforme grégorienne imposa la séparation des laïcs et des moines, en particulier quand ceux-ci étaient des moniales1. C’est pourquoi chacune des deux abbesses a fait édifier, à une date inconnue, une église paroissiale dépendant de son abbaye, pour accueillir la population sans perturber la régularité de la vie des religieuses. Elles font partie des sept églises paroissiales qui semblent avoir été élevées à Autun au cours des xie et xiie siècle (pl. V.)2. Deux actes rédigés au milieu du xiiie  siècle permettent de donner un terminus ante quo certain pour la construction de Saint-Pierre SaintAndoche et probable pour Saint-Jean-le-Grand. Le premier est le testament de 1243 de Gauthier de Saint-Symphorien (n°865), chanoine

 C’est pour cette raison également que lors de l’acensement de maisons adossées à la clôture des abbayes, les religieuses de Saint-Andoche, en l’occurrence, faisaient préciser que le preneur et ses héritiers « ne pourront faire fenestre en ladite maison qui soit prejudiciable à ladite abbaye et se aulcune y en font ilz seront tenuz la faire barrer de barres de fer en facon que personne ne puisse passer ne mectre la teste » (AD SL H 768/1 et H 803/8 et 9, 1493), afin de préserver la tranquillité et la clôture des dames. 2   Autun : prémices et floraison de l’art roman, Autun, 2003, p. 36 (cf. pl. V) : Notre-Dame du Châtel au Nord de Saint-Nazaire, Saint-Quentin au Sud-Ouest du groupe épiscopal, SaintPancrace à l’extérieur du castrum à l’Est, Saint-Pierre Saint-Andoche, Saint-Jean l’Évangéliste, Saint-Jean-le-Grand, Saint-André. Seule l’église Saint-André est attestée au début du xie siècle par la documentation écrite, en 1018 (The Cartulary of Flavigny 717‒1113, C. Br. Bouchard (éd.), Cambridge, 1991, p. 123‒124). 1

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d’Autun et abbé de Saint-Pierre-l’Étrier3, et le second, dix ans plus tard, celui d’Égyde, veuve d’Arnoult de Corrabeuf4. Gauthier de Saint-Symphorien légua à l’abbaye Saint-Andoche, pour que son anniversaire y soit célébré, sa « portion de l’église paroissiale SaintPierre »5 ; il ne peut s’agir là que de l’église paroissiale Saint-Pierre SaintAndoche dans la mesure où l’église Saint-Pierre-l’Étrier n’est jamais qualifiée d’église paroissiale. Égyde, après des legs à la cathédrale et aux religieux des différents établissements monastiques, laissait 30 deniers aux desservants de plusieurs églises paroissiales d’Autun, parmi lesquels le curé de Saint-Pierre Saint-Andoche6. Au milieu du xiiie  siècle donc, l’église paroissiale SaintPierre Saint-Andoche existait et était régulièrement desservie. Pour Saint-Jean, les choses sont un peu moins évidentes. En effet, Gauthier de Saint-Symphorien (n°865) fit un legs à l’église Saint-Jean du Bourg7, ce qui a amené certains à dire que l’église paroissiale Saint-Jean était attestée dès cette date. Mais, d’après la construction du testament, la bénéficiaire était sans doute l’abbaye : sont d’abord mentionnés des legs à la cathédrale, où est fondé un anniversaire, et à des chanoines, avant que ne soient listés les legs aux établissements monastiques autunois, puis aux églises paroissiales autunoises – parmi lesquelles Saint-Jean-le-Grand n’est pas mentionnée – et aux hôpitaux autunois, et enfin à différents églises et établissements non-autunois : Lego etiam ecclesie eduensi pro anniversario meo in dicta ecclesia faciendo […]. Lego etiam ecclesie sancti Andochii eduensis […] ; ecclesie sancti Iohannis de Burgo […] ; ecclesie sancti Martini […] ; ecclesie sancti Simphoriani […] ; parochialibus ecclesiis beate Marie, sancti Iohannis de Crota et sancti Quintini […] ; domui leprosorum de Flore […] ; leprosis de Genestei […] ; domui Dei de Foro eduensi […] ; domui Dei de Castro […] ; ecclesiis de Petra Cervali, sancti Georgii, sancti Iuliani, de Campo Canoto, de Magobrio, de Brolio et Sancti Saturnini […]8

 AD  SL 5  G  62  = Cartulaire de l’Église d’Autun, A.  de  Charmasse (éd.), Paris  /  Autun, 1865, t. 1, p. 164‒166 (ch. xc, 1243). 4  AD SL 5 G 62 = Cartulaire de l’Église d’Autun, éd. cit., t. 1, p. 182‒184 (ch. cvi, 1253). 5   Lego etiam ecclesie sancti Andochii eduensis pro anniversario meo faciendo, portionem parochialis ecclesie sancti Petri quam acquisivi ab ipsis et viginti libras ad emendos redditus ad augmentationem dicti anniversarii (AD SL 5 G 62 = Cartulaire de l’Église d’Autun, éd. cit., t. 1, p. 164‒166 (ch. xc, 1243). 6   presbitero Sancti Petri de Sancto Andochio, xxx d. (AD SL 5 G 62 = Cartulaire de l’Église d’Autun, éd. cit., t. 1, p. 182‒184, ch. cvi, 1253). 7   Lego […] ecclesie Sancti Iohannis de Burgo (AD SL 5 G 62 = Cartulaire de l’Église d’Autun, éd. cit., t. 1, p. 164‒166, ch. xc, 1243). 8  AD SL 5 G 62 = Cartulaire de l’Église d’Autun, éd. cit., t. 1, p. 164‒166 (ch. xc, 1243). 3

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En revanche, dix ans plus tard, Égyde légua 20  sous aux moniales de Saint-Jean et, plus loin dans le texte, 30 deniers au prêtre de Saint-Jean du Bourg9 ; il pourrait s’agir d’un des chapelains de l’abbaye, mais il est plus probable qu’il s’agisse cette fois du curé desservant une église paroissiale associée à l’abbaye. Cependant, ce n’est qu’en 1315 que l’église paroissiale Saint-Jean fut mentionnée en tant que telle dans le testament de Girarde (n°1035), veuve d’Huet Arbaut : elle élit sépulture dans cette église paroissiale auprès de son premier mari, Huet10. En 1499, Jean d’Arroux (n°961), prêtre, bénéficié en la cathédrale, fonda un anniversaire à célébrer dans les deux églises, abbatiale et paroissiale11. Les deux églises paroissiales Saint-Pierre Saint-Andoche et Saint-Jean-leGrand fonctionnaient donc tout à fait régulièrement au milieu du xiiie siècle – au plus tard au début du xive siècle pour Saint-Jean –, mais elles ont sans doute été fondées plus tôt. L’archéologie et l’étude du bâti permettent de préciser les choses pour la première de ces deux églises paroissiales  : si l’église Saint-Jean-le-Grand a disparu à la Révolution, l’église Saint-Pierre Saint-Andoche était encore largement en élévation jusqu’en 1964 et l’abside l’est toujours, même si elle est en grande partie enchâssée dans d’autres bâtiments  ; Marine Revenu a étudié cette église, notamment à partir de ces restes et de photographies12. L’étude de la structure et des matériaux de construction de l’église ainsi que la comparaison avec d’autres églises autunoises ou de la région lui ont permis de dater Saint-Pierre Saint-Andoche du second quart du xiie siècle13, soit un siècle plus tôt que les premières attestations écrites. Trois chapiteaux issus de Saint-Andoche utilisés en remploi dans une maison voisine ou lors des constructions du xviie  siècle peuvent être datés de la première moitié du xie siècle, mais ils peuvent tout aussi bien provenir de l’église abbatiale ou du cloître que de l’église paroissiale14. En revanche, ni l’étude du bâti ni même l’archéologie ne sont d’aucune utilité pour dater Saint-Jean-le-Grand dans la mesure où non seulement le

  presbitero Sancti Johannis de Bourgo, xxx  d. (AD  SL 5  G  62 = Cartulaire de l’Église d’Autun, éd. cit., t. 1, p. 182‒184, ch. cvi, 1253). 10  Soc. Éd. D 4 reg. 75 XXII, I, 3 (1315). 11  Soc. Éd. D 4 reg. 75 XXII, I, 30 (1499as). 12  M.  Revenu, L’église de Saint-Pierre Saint-Andoche à Autun, mémoire de maîtrise d’archéologie dirigé par J.-P. Caillet et W. Berry, soutenu à Paris‒X Nanterre en 2002. 13   Ibid., p. 72‒76. 14   Autun : prémices et floraison de l’art roman, op. cit., p. 28‒29. 9

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bâtiment n’existe plus depuis deux siècles, mais qu’en outre il n’est pas aisément identifié. Rien ne permet donc de savoir si l’église fut bâtie elle aussi du xiie siècle – siècle de forte expansion de la ville et de construction de plusieurs églises, sans doute en lien avec l’invention des reliques de saint Lazare et la construction de la seconde cathédrale pour les abriter et accueillir les pèlerins – ou non15. b. Localisation, identification et description des églises paroissiales Saint-Pierre Saint-Andoche et Saint-Jean-le-Grand Saint-Pierre Saint-Andoche

L’église paroissiale dépendant de Saint-Andoche se différencie facilement de l’abbatiale dans les textes – elle était placée sous un double patronage, celui de saint Andoche patron de l’abbaye, mais aussi celui de saint Pierre –, comme dans l’espace – elle se situait en dehors de la clôture de l’abbaye (fig. 37). Selon une légende, elle aurait été bâtie à l’emplacement de la maison de Fauste, père de saint Symphorien qui accueillit Bénigne et ses compagnons lors de leur passage à Autun16, mais aucun fondement historique n’étaye cette légende17. Les deux églises, Saint-Pierre Saint-Andoche et Saint-Andoche étaient parallèles l’une à l’autre, régulièrement orientées  ; la première était située légèrement au Sud de la seconde dont elle était séparée par la rue SaintAndoche. Deux portes permettaient d’accéder à l’église paroissiale, la porte occidentale, sans doute le portail principal, et une porte septentrionale. Cette église était flanquée au Nord et à l’Ouest par le cimetière paroissial qui était clos et jouxtait les jardins et la cour de l’abbaye. La cure se situait non loin du chœur au Sud-Est de l’église et une porte permettait au curé d’accéder directement à l’enclos de l’église (fig. 38). Sur les représentations de la fin du xvie siècle (fig. 37), l’abside de SaintPierre est particulièrement marquée et son clocher semble plus fin que celui de l’abbatiale, sachant toutefois que la représentation d’Edme Thomas, du xviie siècle, n’est pas toujours extrêmement fidèle.

 Toutefois, Sylvie Balcon et Walter Berry rattachent à l’église paroissiale Saint-Jean-leGrand trois chapiteaux qu’ils datent du début du xiie siècle (Autun : prémices et floraison de l’art roman, op. cit., p. 41 et 29). 16  Ch.-L. Dinet, Saint Symphorien et son culte, Autun, 1861, t. 1, p. 99. 17  H.  de  Fontenay, «  Lecture d’une note sur la maison de saint Symphorien  », MSE, nv. série, t. 11 (1882), p. 533‒535. 15

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FIG. 37. L’abbaye Saint-Andoche et l’église Saint-Pierre Saint-Andoche à la fin du xvi e siècle et au xvii e siècle1 (R Saint-Pierre Saint-Andoche ; Q Saint-Andoche ; 9 Saint-Pierre Saint-Andoche ; 10 Saint-Andoche).   Sources : plan de Nicolas Belleforest réalisé vers 1575 sur les indications de Saint-Julien de Balleure et paru dans la Cosmographie universelle de tout le monde (en haut à gauche) ; plan de Pierre de Saint-Julien de Balleure réalisé vers 1580, paru dans De l’origine des Bourgongnons, Paris, 1580, p. 192 (en haut à droite) ; gravure d’Hippolyte Abord d’après un tableau du siège d’Autun en 1591 conservé au musée Rolin (en bas à gauche) ; gravure d’Edme Thomas (†1660) pour illustrer son Histoire de l’antique cité d’Autun (en bas à droite)

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FIG. 38. Plan de l’église Saint-Pierre Saint-Andoche et de l’espace l’entourant, réalisé en 1766 à l’occasion de la contestation d’un terrain entre le curé et les paroissiens (AD SL H 738/1)

L’église de l’époque moderne mesurait un peu plus de 26 mètres de long sur un peu plus de 16 mètres de large, en comptant les chapelles ajoutées à cette époque (fig. 39). En fait, il s’agissait à l’origine d’une église à simple nef, à vaisseau unique, plafonnée avec une longue travée de chœur se terminant par une abside hémisphérique en cul de four  ; cette abside, datée du xiie  siècle, a été «  construite à l’aide de remploi de pierres tirées du rempart »18. Le chœur était séparé de la nef qu’il surplombait par deux marches. Le clocher en bois, à deux étages et comportant deux cloches, reposait sur la travée de chœur. Le clocher était couvert d’esseaunes et l’église elle-même de tuiles plates. Les chapelles voûtées d’arcs d’ogives, adjacentes à la travée de chœur d’une part – chapelle Notre-Dame au Sud et chapelle d’Ornée dédiée à la Trinité au nord – et le long de la nef d’autre part – chapelles Saint-Denis et Saints-Crépin-et-Crépinien19 au sud, et des Baudots dédiée à Saint-Jean

  Autun : prémices et floraison de l’art roman, op. cit., p. 63.  Cette dévotion aux patrons des cordonniers était sans doute liée au quartier des tanneries qui dépendait de la paroisse Saint-Pierre Saint-Andoche. 18 19

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au nord – furent sans doute ajoutées à l’église primitive au xvie siècle20 ; la chapelle Saint-Denis servait de sacristie et la chapelle des Baudots accueillait le confessionnal. Les ouvertures étaient vitrées, certaines étant même, au début du xviiie siècle au moins, « bien peintes »21.

FIG. 39. Évolution du plan de l’église Saint-Pierre Saint-Andoche entre le xiie et le xvi e siècle proposé par Marine Revenu*

Pour Saint-Jean-le-Grand, les choses sont nettement moins simples et nettement moins claires, d’autant que se sont succédé plusieurs bâtiments, sur des emplacements différents. Tout d’abord, les deux églises sont sous le même patronage, celui de saint Jean, ce qui rend difficile leur distinction :

  Autun : prémices et floraison de l’art roman, op. cit., p. 54 et 78 ; des statues de saint Crépin et saint Crépinien originaires de cette église, et conservées à Notre-Dame, peuvent être datées du xvie siècle. 21  AD SL G 926, fol. 7‒8v (1706). Cf. M. Revenu, L’église de Saint-Pierre Saint-Andoche, mém. cit. ; Autun : prémices et floraison de l’art roman, op. cit., p. 41. *  M. Revenu, L’église de Saint-Pierre-Saint-Andoche à Autun, mémoire de maîtrise d’archéologie, planche 4. 20

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l’église abbatiale n’est quasiment jamais appelée Notre-Dame de Saint-Jean, même si, comme l’abbatiale Saint-Andoche et de nombreuses abbayes de femmes, elle était aussi placée sous la protection de la Vierge. Quand il est question de l’église Saint-Jean du Bourg ou Saint-Jean-le-Grand, il est donc difficile d’identifier l’église abbatiale ou l’église paroissiale puisque toutes deux peuvent être ainsi dénommées. Quand est mentionnée une église SaintJean sans plus de précision, il peut s’agir non seulement de l’église paroissiale ou de l’église abbatiale Saint-Jean-Baptiste auxquelles nous nous intéressons, mais aussi de l’église paroissiale Saint-Jean l’Évangéliste située à l’Ouest du quartier Marchaux ou de l’église Saint-Jean de la Grotte, sans doute ancien baptistère de la cathédrale, dans la ville haute. Outre cette identité de nom, les deux églises Saint-Jean se distinguent difficilement sur le terrain ; en effet, toutes deux, abbatiale et paroissiale, étaient sises « dedans le pourpris » du monastère22, de part et d’autre d’un clocher commun, ce qui entraîne d’ailleurs une situation particulière : travaux et entretien étaient entièrement à la charge de l’abbesse et les paroissiens n’étaient responsables ni de la fabrique ni de l’entretien de la nef de leur église23. Cette spécificité de Saint-Jean – en particulier pour une abbaye de femmes – est à l’origine de difficultés pour l’identification des églises paroissiale et abbatiale. En effet, les différents renseignements qui peuvent être tirés des documents qui parlent des églises abbatiale et paroissiale, de leur situation respective, de leur clocher commun etc. ne concordent pas toujours, voire sont contradictoires. Quelques procès-verbaux de visite de l’église paroissiale sont conservés pour les xviie et xviiie siècles, de même que des rapports de travaux mais, s’ils décrivent le bâtiment, ils ne le situent pas. Un procès-verbal de visite épiscopale de l’abbaye en 1645 décrit la disposition de différents édifices, mais il semble fort difficile d’en tirer un plan. Un litige entre les religieuses et les paroissiens à propos des cloches au milieu du xviiie siècle permet une localisation du clocher par rapport à différents bâtiments. Il existe enfin quelques représentations iconographiques, qui ne sont pas toujours très lisibles : les représentations de la fin du xvie siècle ne font apparaître clairement qu’une seule église (fig. 40). Un plan réalisé en 1786 par Joubert et publié un siècle plus tard par Harold

 Soc. Éd. D 4-H terrier de Saint-Jean, fol. 13v (1480) ; AD SL H 1220/1, fol. 4 (1483).  Ainsi, si l’on sait que l’abbesse de Saint-Jean, en 1429, a fait venir «  cinq pieds de chaines  » «  pour la réparation de l’église dudict Saint-Jehan  », on ne sait pas à quelle église, paroissiale ou abbatiale, appartenait la charpente qui nécessitait cette intervention (É. Picard, « Compte de la gruerie des bailliages d’Autun et de Montcenis pour l’année 1419 », MSE, nv. série, t. 6 (1877), p. 230). 22 23

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FIG. 40. L’abbaye Saint-Jean-le-Grand à la fin du xvie siècle et au xviie siècle1 (S Saint-Jean-le-Grand ; 16 Saint-Jean-le-Grand)

  Sources : plan de Nicolas Belleforest réalisé vers 1575 sur les indications de Saint-Julien de Balleure et paru dans la Cosmographie universelle de tout le monde (en haut à gauche) ; plan de Pierre de Saint-Julien de Balleure réalisé vers 1580, paru dans De l’origine des Bourgongnons, Paris, 1580, p. 192 (en haut à droite) ; gravure d’Hippolyte Abord d’après un tableau du siège d’Autun en 1591 conservé au musée Rolin (en bas à gauche) ; gravure d’Edme Thomas (†1660) pour illustrer son Histoire de l’antique cité d’Autun (en bas à droite). 1

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de Fontenay (fig. 41 b), représente une église, mais sans l’identifier ni la situer par rapport à son homologue24. Enfin, un plan, réalisé le 13 février 1795 par Joseph Bellevaut chargé de l’estimation de l’église paroissiale et de la cure de Saint-Jean-le-Grand en vue de sa vente comme bien national (fig. 41.a), permet de bien situer l’église paroissiale de la fin du xviiie siècle. Le plan de Bellevaut est précieux par sa précision et par sa proximité temporelle avec les événements : si peu de temps après la sécularisation des biens d’Église, les Autunois n’ont pu se tromper sur la fonction de l’église encore en place. Sur ce plan ne figurent pas un certain nombre de bâtiments, déjà détruits ; en revanche, y apparaît très clairement l’église paroissiale dont l’estimation doit être faite. L’église paroissiale Saint-Jean était alors située effectivement dans la clôture de l’abbaye25 à l’angle d’une rue qui faisait un coude pour la contourner, rue qui menait au « champ du repos », au cimetière, ce qui correspond à la parcelle 318 du plan cadastral napoléonien de 1822 (fig.  42). Elle était flanquée au Nord par la tour qui lui servait de clocher et qui était alors en partie détruite. À la veille de la Révolution, l’église des religieuses était établie plus à l’Ouest, beaucoup plus au cœur de la clôture, au milieu des nouveaux bâtiments abbatiaux figurés sur le plan cadastral de 1822 (parcelle 315), date à laquelle ils n’étaient pas encore détruits. Si l’on rapproche le plan de Bellevaut et celui de Joubert (fig. 41), il est clair que les deux bâtiments sont identiques tant par leur forme que par leur emplacement, même si le plan de Joubert figure cinq contreforts latéraux et

24   D’après Harold de Fontenay, il s’agit de l’église paroissiale Saint-Jean et elle occupait la parcelle 318 du cadastre napoléonien (H. de Fontenay, Épigraphie autunoise, Autun, Paris, 1883, t. 1, p. 289). Il ne justifie pas cette identification, peut-être parce qu’elle est évidente, le plan de Joubert étant par exemple accompagné d’une légende explicite ; ce plan n’a pas été retrouvé, ce qui empêche toute affirmation définitive sur ce point, mais la question ne semble pas se poser pour cet auteur. En revanche, elle se pose pour Éliane Vergnolle qui, un siècle plus tard, rejette cette identification, affirmant qu’il s’agit là de l’église abbatiale et non de l’église paroissiale (É. Vergnolle, « L’ancienne abbaye Saint-Jean-le-Grand d’Autun », Bulletin monumental, 1977, p. 94). Elle s’appuie notamment sur le procès-verbal de la visite épiscopale de 1645 pour étayer sa contradiction : il y est précisé que l’église abbatiale est composée de quatre travées, comme sur le plan, et que l’entrée s’y fait par un portail situé à l’Ouest du bâtiment et non par un portail latéral comme dans l’église paroissiale ; cette description de l’abbatiale correspond en effet tout à fait au plan reproduit par Harold de Fontenay. Elle ajoute aussi un argument moins convaincant sur la taille de l’église paroissiale : ses longueur et largeur indiquées toujours dans ce même procès-verbal de visite ne correspondent pas tout à fait à celles que l’on peut déduire du plan reproduit par Harold de Fontenay et de l’échelle qui l’accompagne (É. Vergnolle, « L’ancienne abbaye Saint-Jean-le-Grand d’Autun », art. cit., p. 95). 25  En fait, ses murs formaient une partie de la clôture.

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FIG. 41.a. Extrait du plan de J. Bellevaut pour l’estimation de l’église paroissiale Saint-Jean le 25 pluviôse an II (AD SL 3 Q 390)

FIG. 41.b. Plan de Joubert (1786), publié par Harold de Fontenay dans son Épigraphie autunoise, 1883, t. 1, p. 289

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FIG. 42. Le quartier Saint-Jean (d’après un extrait du cadastre napoléonien de 1822) (http.//www.archives71.fr/archives/arkotheque/cadastre/fond_pyramidal_visuimg.php ?id_ark_type_fond=7&ref_id=804)

celui de Bellevaut six. L’identification d’Harold de Fontenay de l’église figurée par Joubert avec l’église paroissiale est donc exacte. À la fin du xviiie siècle la situation est donc claire : les deux églises, paroissiale et abbatiale, étaient relativement éloignées l’une de l’autre, bien que toutes deux situées dans la clôture. L’abbatiale était alors la nouvelle église construite entre 1729 et 1733 au cœur des bâtiments abbatiaux édifiés aux xviie  et xviiie siècles, dans un style baroque, avec une coupole26. ­Mais auparavant, la  AD  SL H  1217/17 (coupe de la nouvelle église abbatiale à dôme de Saint-Jean au xviiie  siècle). Sur cette nouvelle église abbatiale et les bâtiments qui la jouxtaient, voir

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situation était différente, et plus floue : les deux églises, paroissiale et abbatiale, étaient alors beaucoup plus proches, parallèles27  ; une tour romaine carrée28 munie de trois cloches, rehaussée de cinq ou six pieds au milieu du xviie siècle29 et servant de clocher commun était située entre les deux30. Un procès-verbal de visite précise même que, depuis l’église paroissiale, une tribune située dans le collatéral droit permettait d’accéder au clocher ; une autre porte permettait d’accéder à ce clocher depuis la cour de l’abbaye31. À cette époque, le clocher était donc situé au sud de l’église paroissiale, ce que corrobore la mention d’un des procès-verbaux de visite selon lequel l’église paroissiale était située entre l’abbatiale et le cimetière, lequel était au nord de ce groupe d’églises ; pourtant, le plan de Bellevaut situe ce clocher au Nord de l’église paroissiale, ce qui est contradictoire (fig. 43). Cette contradiction peut n’être qu’apparente si on en croit l’abbé Courtépée. En effet, d’après cet auteur – qui a voyagé en Bourgogne dans la première

É. Vergnolle, « L’ancienne abbaye Saint-Jean-le-Grand d’Autun », art. cit., p. 88‒92. 27   À la fin du xve siècle, il est dit d’une chapelle qu’elle était sise « darriere le croppon des esglises de Saint Jehant et de Notre Dame » (Soc. Éd. D 4-H terrier de Saint-Jean, fol. 23v, 1480 ; AD SL H 1220/1, fol. 6v, 1483), ce qui laisse penser qu’elles étaient parallèles l’une à l’autre et non loin l’une de l’autre. 28  AD  SL G  926, fol.  3‒4  (1706), G  926, fol.  47‒48v (1729), H  1298/1  (1741)  ; H.  de  Fontenay, Autun et ses monuments, Autun, 1889, p.  73‒74, par exemple. Même le dessin d’Edme Thomas (fig. 40d.), bien que moins fiable dans les détails que le plan de SaintJulien de Balleure (fig. 40b.), montre une tour carrée surmontée d’une croix pour signaler sa fonction de clocher et le n°16 indique qu’il s’agit de Saint-Jean-le-Grand. Légèrement à sa gauche, sont clairement dessinées deux églises, là encore signalées par un clocher afin qu’elles soient identifiées en tant que telles même si elles n’en possédaient pas ; l’une est légèrement derrière la tour carrée, l’autre légèrement devant, afin d’indiquer que la tour carrée est en fait située entre ces deux églises. Il s’agit donc du clocher carré commun aux deux églises, abbatiale et paroissiale. 29  AD SL H 1212 (1648). 30  AD SL G 926, fol. 3‒4 (1706). En 1741, il est encore dit que « l’église paroissiale est bâtie dans l’enclos de l’abbaye […], joignant icelle est l’ancien oratoire des dames  », mais aussi que le clocher est une tour carrée « flanquée et soutenue par le mur de l’église », tour dans laquelle on pouvait pénétrer directement depuis l’église paroissiale, mais aussi depuis la cour de l’abbaye (AD SL H 1298, 1741). 31  AD SL G 926. Claude-Madeleine de Grivaud de La Vincelle donne une description des restes de ce clocher dans les premières années du xixe  siècle  : l’entrée se faisait par le Sud (Cl.-M. Grivaud de la Vincelle, Sur les antiquités d’Autun, ss. l., 1810). Cela tendrait à prouver que l’église abbatiale était détachée du clocher, contrairement à l’église paroissiale et que le second accès au clocher, depuis une tribune de l’église paroissiale, se faisait en hauteur et avait disparu au début du xixe siècle.

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moitié du xviiie siècle et en 1776‒1777, voyages lors desquels il s’est rendu à Autun –, l’église paroissiale Saint-Jean avait été auparavant l’église abbatiale32. On peut donc penser que lorsque les religieuses ont délaissé leur église pour leur nouvelle abbatiale à coupole située au cœur de leurs nouveaux bâtiments communautaires, l’église paroissiale a pu être abandonnée et la paroisse transférée dans l’édifice rendu vacant ; l’ancienne église abbatiale était peutêtre plus commode, mieux entretenue ou plus grande33. S’il y a effectivement eu translation de l’église paroissiale vers l’ancienne église abbatiale dans les années 174034, alors cela signifie que les deux églises étaient quasiment identiques. En effet, l’église paroissiale décrite en 1775 à l’occasion de travaux qui y étaient nécessaires est étrangement similaire à l’église paroissiale décrite à l’occasion de travaux ou lors de procès-verbaux de visite au xviie siècle et au début du xviiie siècle35. a.

église abbatiale

b. N

église paroissiale

clocher église paroissiale

église détruite

clocher en partie détruit

FIG. 43. Situation respective probable des églises paroissiale et abbatiale Saint-Jean-leGrand : a. au début du xviie siècle d’après des procès-verbaux de visite b. en 1795 d’après le plan de Bellevaut  Cl. Courtépée, Description générale et particulière du duché de Bourgogne, t. 2, p. 519 : « La paroisse de Saint-Jean était autrefois l’église de l’abbaye. On y voyait les épitaphes de Guy d’Ostun […] en 1370 ; des abbesses Jeanne de Brazey, 1360 ; de Magdeleine de Labussière [sic], 1439 ; de Claudine de Bernault, 1493 ». 33   Éliane Vergnolle aurait alors raison elle aussi lorsqu’elle identifie l’église représentée par Joubert en 1786 à l’église abbatiale décrite par le procès-verbal de visite épiscopale de 1645. Ce changement de localisation de l’église paroissiale après le milieu du xive siècle permettrait de mieux comprendre le lieu d’inhumation de Pierre d’Ostun (n°912). 34  En 1741, l’église paroissiale était toujours proche de l’ancienne abbatiale, donc la paroisse ne s’y était pas encore installée (AD SL H 1298, 1741). 35  AD SL H 1212 (1648), G 926, fol. 3‒4 (1706), G 926, fol. 47‒48 (1729) :   – même taille (90 ou 88 pieds de long sur 44 ou une cinquantaine de pieds de large)   – même structure (une nef et deux bas-côtés)   – même situation de la seule chapelle de cette église (à droite en allant vers le chœur ou côté épître), alors même qu’il y avait quatre chapelles dans l’abbatiale médiévale   – mêmes ouvertures fermées de vitres en losanges. 32

448 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

Pourtant, la lecture du procès-verbal de visite épiscopale de l’abbaye par Jean de Boucher, grand prieur et grand vicaire de Moustier-SaintJean, en 1645, correspond assez bien à la représentation de Bellevaut et donc à une situation de l’église paroissiale au Sud du clocher, à moins que l’entrée de l’abbaye ait, elle aussi, migré lors de l’édification des nouveaux bâtiments monastiques  : «  pour entrer dans ledit monastère, il y a une grande porte qui ferme à clef, par laquelle l’on entre dans une cour de quatorze thoises et demie de longueur et huit de largeur. À main droitte et joignant le mur de closture est la grande porte de l’église paroicchialle  »36. D’autre part, la situation de l’église paroissiale telle qu’elle est donnée sur le plan de Bellevaut a une certaine logique quand on le met en parallèle avec le plan de Saint-Julien de Balleure (fig. 44). En effet, l’église située au premier plan, devant le clocher, au Nord donc, est représentée plus à l’intérieur de la clôture que le bâtiment situé à l’arrière du clocher et, surtout, cette église jouxte ce qui ressemble à un cloître, ce qui serait cohérent concernant une église abbatiale et non une église paroissiale. C’est d’ailleurs ce que propose Éliane Vergnolle qui identifie l’église abbatiale du xviie siècle à la construction représentée à l’avant du clocher sur le plan de Saint-Julien de Balleure, construction qui semble être composée d’une nef avec deux bas-côtés et de quatre travées – présence de quatre fenêtres –, et s’ouvrir par un portail occidental, comme l’église abbatiale, mais aussi sans doute comme l’église paroissiale37. Une identification et une localisation précise et certaine de l’église paroissiale et de l’église abbatiale au Moyen Âge sont donc malaisées. Une autre église encore semble avoir existé, plus ancienne que celles dont il a été question jusqu’ici. Elle a été découverte et en partie fouillée dans les années 1878‒1880 dans le « parc Saint-Jean » (fig. 42), ce qui semble exclure les églises abbatiale et paroissiale de l’époque moderne38. D’après

 Procès-verbal de visite de l’abbaye en 1645 cité par H.  de  Fontenay, Épigraphie autunoise, op. cit., t. 2, p. 4‒7. 37  En revanche l’hypothèse selon laquelle l’église paroissiale était peut-être située sur la parcelle 317 du cadastre napoléonien, parcelle dont la construction s’avance sur la rue, est sans doute erronée : d’après le plan de Bellevaut (pl. X), la parcelle 317 du cadastre correspondait à une « petite maison ou logois ci dt le jardinier de St jean le grand », pas du tout donc à une église, paroissiale ou autre ; c’est cette petite maison qui avance sur la rue. L’église paroissiale doit donc être cherchée ailleurs. 38  H. de Fontenay, Épigraphie autunoise, op. cit., t. 2, p. 3. 36

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FIG. 44.a. Extrait du plan de J. Bellevaut pour l’estimation de l’église paroissiale Saint-Jean le 25 pluviôse an II (AD SL 3 Q 390)

FIG. 44.b. Extrait du plan de Saint-Julien de Balleure, centré sur l’abbaye Saint-Jean

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450 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

les notes manuscrites de Jacques-Gabriel Bulliot, et celles d­ ’Anatole de Charmasse qui s’appuie notamment sur un rapport du premier39, elle était composée d’une nef avec abside semi-circulaire et de deux bas-côtés avec absidioles semi-circulaires ; elle possédait quatre travées et était voûtée. Y étaient conservés des sarcophages qui « paraissaient appartenir au xiie et au xiiie siècle », dont deux sépultures dans le chœur. D’après Anatole de Charmasse, cette église serait contemporaine de la cathédrale Saint-Lazare ; elle daterait donc de la fin du xiie  siècle, avec un important réemploi de matériaux antiques romains et de morceaux de constructions mérovingiennes. Cette description correspond là encore assez exactement au plan de l’église paroissiale de la fin du xviiie  siècle. Pourtant il ne s’agit sans doute pas de cette église : les érudits de la fin du xixe siècle l’auraient alors identifiée sans difficulté. Il faut donc croire que trois églises ont été bâties sur un plan identique à Saint-Jean et qu’elles se sont, en partie au moins, succédé. Là encore, cette similitude ne facilite pas leur ­identification. Quoi qu’il en soit, l’église paroissiale Saint-Jean-le-Grand des xviie et début xviiie siècles, et vraisemblablement celle de la fin du Moyen Âge, même si elle n’est pas localisée de façon certaine, est assez bien connue grâce à des procès-verbaux de visite ou à des descriptions liées à des travaux40. Constituée d’une nef et de deux bas-côtés, elle mesurait 90  pieds de long et 44  de large. Le sanctuaire, voûté, était séparé du chœur par une petite balustrade, mais le chœur ne l’était pas de la nef ; la nef et les bascôtés étaient, eux aussi, voûtés. Comme il a été vu, le clocher était mitoyen aux deux églises et comportait trois cloches qui devinrent objet de litige entre les paroissiens et les religieuses après que celles-ci eurent quitté leur église abbatiale pour l’église à dôme nouvellement construite en 1733. Un espace situé à l’arrière du grand-autel servait de sacristie. Une seule chapelle y avait été fondée, une chapelle Notre-Dame, côté épître, mais il y avait aussi

 Soc. Éd. J.‑G. Bulliot notes manuscrites ; I Autun, églises paroissiales, Saint-Jean.  AD  SL H  1212  (1648), G  926, fol.  3‒4v (1706), G  926, fol.  47‒48v (1729), ainsi que G 929/1 (sans date). 39 40

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un autel Saint-Sébastien ainsi que différents autels sur les piliers – dont un autel dédié à saint Bénigne41 et un autre à Marie-Madeleine. L’église était carrelée et éclairée par de grandes vitres en losanges, du moins aux xviie et xviiie siècles. En 1733 y eurent lieu des travaux de rejointoyage des pierres des murs42. Au xviiie siècle, d’après les procès-verbaux de visite, l’église paroissiale Saint-Jean ne semble pas avoir été très riche ni en ornements ni en mobilier ni en orfèvrerie. Tentative de délimitation des paroisses Saint-Pierre Saint-Andoche et Saint-Jean-le-Grand

La délimitation des paroisses Saint-Pierre Saint-Andoche et Saint-Jean au Moyen Âge est difficile, dans la mesure où il existait alors une dizaine de paroisses à Autun (pl. V.). Il est clair que la ville haute ne dépendait d’aucune de ces deux paroisses. Le quartier Marchaux semble avoir dépendu de Saint-Jean-leGrand, alors que les églises Saint-André et Saint-Jean l’Évangéliste étaient tout aussi proches. La paroisse Saint-Jean-le-Grand allait aussi, au Nord, jusqu’à la porte d’Arroux avec la chapelle Notre-Dame d’Arroux qui en dépendait ; mais ses autres limites, à l’Est et à l’Ouest, sont inconnues. Où passait la limite entre la paroisse Saint-Jean l’Évangéliste et la paroisse Saint-Pierre Saint-Andoche  ? Cette dernière comprenait, au moins, les « rues de Prevain, de La Corvée, de la rue es Boulchiers, de Chaulmont, du Chastellet et du Pont de Saint-Andoche »43. Il s’agissait donc de la partie occidentale d’Autun, y compris les demeures situées à l’extérieur du rempart dans le faubourg de Chaumont, depuis le pont Saint-Andoche sur l’Arroux jusqu’à la porte des Bancs qui donnait accès à la ville haute. En fait, les deux paroisses dépendant des deux abbayes semblent avoir été assez vastes, beaucoup plus que celles des autres églises de la ville. Dans la paroisse Saint-Jean-le-Grand, et en dépendant, étaient situées deux chapelles dédiées l’une à saint Martin et l’autre à la Vierge.  AD SL H 1302 (1567).  AD SL 11 G 2 1e série (1733). 43  AD SL H 749/1 (1468). 41 42

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Dans le cimetière paroissial situé au Nord-Nord-Est de l’abbaye SaintJean-le-Grand, « darriere le croppon des esglises de Saint Jehant et de Notre Dame »44, il y avait une chapelle, dédiée à saint Martin45, qui est représentée sur le plan de Saint-Julien de Balleure (fig. 45). Cette chapelle y est représentée sans clocher, alors qu’il y en avait un avec deux cloches d’après les procèsverbaux de visite46. Des processions avaient lieu entre l’église paroissiale et cette chapelle, le dimanche47 mais aussi pour certains anniversaires comme pour celui de Jean Surtin (n°612), curé de Saint-Jean de 1424 à 1446 : cet anniversaire se célébrait le jour de la Saint Aubin et les curés devaient se rendre à la chapelle Saint-Martin en récitant les sept psaumes pénitentiaux et y chanter Inviolata48 avant de revenir célébrer la messe dans l’église paroissiale49. Quelques offices y étaient célébrés : à la Saint Martin, les curés de l’église paroissiale devaient y dire une grande messe avec le vicaire pour les répons50 ; le 19 janvier 1670, ce fut même la « grande messe paroissiale de Sainct-Jean le Grand d’Autun [qui s’est] célébré […] en l’esglise de Sainct Martin de la Chapelle »51. Les offrandes en revenaient à la sacriste de l’abbaye52. Cette chapelle était « fort en désastre » à une date inconnue et fut démolie en 1780 à cause de sa vétusté et de sa dangerosité53. L’immunité pour les criminels y était garantie au même titre que dans les églises paroissiale et abbatiale54. La chapelle Notre-Dame d’Arroux, elle, fut édifiée, sans doute au e xv  siècle, contre la porte d’Arroux, l’une des portes romaines encore existantes aujourd’hui  ; elle est attestée dans les toutes premières années du xvie siècle, en 1509 lorsque Jean Bartault, tanneur demeurant rue d’Arroux, paroissien de Saint-Jean-le-Grand, y fonda, « pour le remède et salut de [s]on

 Soc. Éd. D 4-H terrier de Saint-Jean, fol. 23v (1480) ; AD SL H 1220/1, fol. 6v (1483).  AD SL H 1314/1 (1464), H 1220/1, fol. 6‒7v (1483), H 1253/1 (1525). 46  AD  SL G  926, fol.  3‒4v (1706)  ; H.  de  Fontenay, Épigraphie autunoise, op.  cit., t.  1, p. 298. 47  Soc. Éd. D 4 reg. 75 XXII, V, 4 (1455). 48  Incipit d’une hymne mariale (Repertorium hymnologium, Louvain, 1892‒1920, n°9093‒9094). 49  AD SL H 1253/1 (1525). 50  Soc. Éd. D 4 reg. 75 XXII, IV, 2 (1602). 51  AD SL H 1294/1 (1670). 52  Soc. Éd. D 4 reg. 75 XXII, III, 2 (1643). 53  AD SL G 929/1 ; Soc. Éd. I Autun Églises paroissiales Saint-Jean. 54  AD SL H 1220/1, fol. 6‒7v (1483). 44 45

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FIG. 45. Extrait du plan de Saint-Julien de Balleure centré sur l’abbaye SaintJean : situation de la chapelle Saint-Martin

âme et des âmes de [s]es prédecesseurs parens et amys trespassés » six messes à y célébrer aux « six festes de la glorieuse Vierge Marie mère de monseigneur Jésus Christ chascun an » avec récitation des sept psaumes pénitentiaux55 ; pour cette fondation, il donna aux deux concurés de Saint-Jean un franc de rente et un denier de cens. Un demi-siècle plus tard, Hugues Pitois (n°758), curé de Saint-Jean, par « dévotion envers Dieu et la glorieuse Vierge Marie à l’honneur desquelz est érigé une petite chappelle sise et construite contre le pillier du milieu du portail du pont d’Arroux » Notre-Dame d’Arroux56, fonda une messe chantée de l’Annonciation célébrée chaque samedi à

 Il s’agit des fêtes suivantes, qui sont énumérées dans l’acte : la Visitation, l’Assomption, la Nativité, la Conception, la Purification et l’Annonciation (AD SL 11 G 2 1e série = H 1293/3, fol. 45‒48, 1509). 56  AD SL 11 G 2 1e série = H 1293/3, fol. 39‒41v (1552). 55

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perpétuité par les curés de Saint-Jean à sept heures du matin de la Saint Rémi à Pâques et à six heures de Pâques au 1er octobre ; il donna aux curés 2 setiers de froment et 4 setiers de seigle mesure d’Autun de rente et un demi denier de cens. La même année, l’autre curé de Saint-Jean, Jean Martherat (n°840), y fonda un Salve57 le jour de la Chandeleur, fondation qui était perdue un demi-siècle plus tard faute de paiement58. Au début du xviie  siècle, une procession avait toujours lieu de l’église paroissiale jusqu’à cette chapelle à l’octave de la Fête-Dieu59. D’après le plan de Saint-Julien de Balleure, cette chapelle Notre-Dame d’Arroux était bâtie hors les murs, contre le pilier séparant les deux arches principales de la porte romaine, face au pont d’Arroux ; le plan de Belleforest la mentionne en toutes lettres (fig. 46). Sur un dessin réalisé par Jacques Dupuy en 164860, elle apparaît extrêmement étroite, mais assez haute. Sont bien visibles le clocher avec une cloche unique et une porte d’entrée haute et étroite, peut-être surmontée d’un vitrail rond. Aujourd’hui encore, le pilier central de la porte d’Arroux conserve en creux des traces bien visibles de cette chapelle Notre-Dame d’Arroux, plus précisément de l’arrachement du toit de cette chapelle qui était de très petite taille. D’après Harold de Fontenay, la première chapelle Notre-Dame d’Arroux fut remplacée par une seconde qui disparut avant la fin du xviiie siècle61. c. Les églises paroissiales dépendant des abbayes, dans leurs domaines « ruraux »

Différents types d’actes permettent de faire la liste des églises paroissiales à la collation d’une abbaye  : ceux qui mentionnent le patronage de l’abbaye sur une église62, les terriers et autres registres qui peuvent récapituler

 Incipit d’une antienne mariale (CANTUS n°204367).  Soc. Éd. D 4 reg. 75, XXII, IV, 2 (1602). 59   Ibid. 60   BnF coll. Dupuy 667, p. 154. 61  H. de Fontenay, Épigraphie autunoise, op. cit., t. 1, p. 299‒300. 62  Pour Saint-Andoche, par exemple : AD SL H 865/1, H 867/1, H 870, fol. 11v‒12, H 870, fol. 36v‒37v (Ciry-le-Noble) ; AD SL H 1622/32 (La Chapelle-au-Mans) ; AD SL H 705, H  712, H  1080/2, H  1082, H  1097 (Saint-Sernin-du-Plain)  ; AD  SL H  712, H  1131 (Tintry) ; AD SL H 1136‒H 1140, H 705, H 712, H 713, H 765, H 800 (Viévy) ; AD SL H 984/1, fol. 20 (Volnay). Pour Saint-Jean, par exemple : AD SL 5 G 66 (Balorre). 57 58

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FIG. 46.a. Extrait du plan de Belleforest, centré sur la porte d’Arroux

FIG. 46.b. Extrait du plan de Saint-Julien de Balleure, centré sur la porte d’Arroux

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l’ensemble des droits des abbayes liés au patronage sur diverses églises63, les pouillés qui mentionnent ces églises, mais dans un seul diocèse64. Ces différents documents permettent d’établir deux listes d’églises à la collation de Saint-Andoche d’une part et de Saint-Jean-le-Grand d’autre part (fig. 47). Outre les églises paroissiales liées à chacune des deux abbayes à Autun, SaintAndoche possédait neuf églises dans le diocèse d’Autun, trois dans celui de Nevers et deux dans celui de Langres  ; Saint-Jean en possédait six dans le diocèse d’Autun et quatre dans celui de Besançon. Certaines de ces églises étaient possédées par les abbayes depuis fort longtemps ; ainsi, les deux tiers de celles de Saint-Andoche – neuf au moins sur quatorze65 – lui appartenaient déjà à l’époque carolingienne  ; pour SaintJean-le-Grand, rien ne permet de savoir quand elles ont été acquises. Celles qui n’appartenaient pas encore aux abbayes à l’époque carolingienne, leur ont sans doute été « offertes » lors de la réforme grégorienne. Dans ces différentes églises, les religieuses avaient le droit de présentation, c’est-à-dire que lors de la vacance d’une cure elles proposaient un candidat à l’évêque qui généralement, après avoir vérifié la qualification de l’impétrant, lui conférait la cura animarum.

 Pour Saint-Andoche : AD SL H 708, fol. 34, H 709, fol. 29v (début xive siècle), H 897/2 (1452‒1456). Pour Saint-Jean : Soc. Éd. D 4-H terrier de Saint-Jean, fol. 11v (1480) ; AD SL H 1206/5 = H 1220/1, fol. 2 (1483), H 1252 (fin xvie siècle). Cf. Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche d’Autun, N. Verpeaux (éd.), Paris, 2011, n°559‒572, p. 247‒248. 64   Cartulaire de l’évêché d’Autun, A. de Charmasse (éd.), Autun, 1880, p. 369‒386 ; Pouillés de la province de Lyon, A. Longnon (éd.), Paris, 1904 ; Pouillés des provinces de Besançon, de Tarentaise et de Vienne, É. Clouzot (éd.), Paris, 1940. 65  Ciry, Curgy, Dornes, La Chapelle-au-Mans, Merceuil, Saint-Germain-lès-Senailly, SaintParize-en-Viry, Saint-Sernin-du-Plain, Viévy. Pour Curgy, il s’agissait à l’époque d’une chapelle qui avait été remplacée par une église paroissiale au xie  siècle  ; cf.  F.  Mazilly, Recherches sur les peintures murales de l’ancien diocèse d’Autun xie‒xiie siècles, mémoire de DEA dirigé par D. Russo, soutenu à l’université de Dijon en 2000. Quand les religieuses possédaient une église ou une chapelle associée à un domaine, elles y ont conservé des terres, et l’église, tout au long du Moyen Âge, même si ces domaines étaient fort éloignés. Les moniales se sentaient alors sans doute investies d’une mission spirituelle envers la population et ont pu hésiter à abandonner un lieu de culte (cf. chap. 3 I. 1. a. Situation du temporel. Saint-Andoche : situation et évolution par rapport au xie siècle). 63

Un rôle spirituel dans la société locale Saint-Andoche Diocèse d’Autun Autun (Saint-Pierre Saint-Andoche) Curgy (Saint-Ferréol) Ciry La Chapelle-auMans Magnien Merceuil Saint-Sernin-duPlain Tintry Viévy Volnay

Diocèse de Nevers Dornes La Celle Saint-Parize-en-Viry Diocèse de Langres Saint-Germain-lèsSenailly Senailly

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Saint-Jean-le-Grand Diocèse d’Autun Autun (Saint-Jeanle-Grand) Balorre Chaudenay la Ville Marcilly Montmort Nolay (Saint-Martin-et-Saint-Nicolas) Sainte-Radegonde

Diocèse de Besançon Aumont Colonne Grozon Montholier

FIG. 47. Liste des églises paroissiales à la collation de Saint-Andoche et à la collation de Saint-Jean

2. La cura animarum et l’influence des religieuses sur les paroissiens qui dépendent des abbayes Ces curés avaient la même charge que tout curé : ils célébraient la messe et délivraient les sacrements, s’occupaient des pauvres etc. En particulier, ils étaient chargés de l’inhumation de leurs paroissiens. a. Les inhumations

Quand des paroissiens demandaient une inhumation particulière, notamment dans l’église, il est probable que le curé en référait aux religieuses. En effet, si théoriquement d’après les ordonnances épiscopales, personne ne pouvait être inhumé à l’intérieur d’une église, si ce n’est un évêque, un abbé ou un prêtre particulièrement estimable ou un laïc particulièrement dévoué, dans les faits, les inhumations s’y multiplièrent à la fin du Moyen Âge. Les sépultures avaient alors lieu dans la nef et les chapelles latérales, beaucoup plus rarement dans le chœur et devant le grand-autel66. Pour ces inhumations

 J. Avril, « La paroisse médiévale et la prière pour les morts », dans L’Église et la mémoire des morts dans la France médiévale, Paris, 1986, p. 56. 66

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elles-mêmes, il existe deux sortes de sources : à la fois les sources manuscrites qui mentionnent soit un lieu d’inhumation soit une demande d’inhumation dans tel ou tel lieu, et les sources archéologiques, éventuellement rapportées par des auteurs anciens67. Un défunt, s’il ne décédait pas au loin lors d’un voyage, était inhumé dans le cimetière de sa paroisse. Lorsqu’une personne émettait explicitement le vœu d’être inhumé dans un cimetière paroissial particulier, on peut donc se demander pourquoi, car il n’appartenait sans doute pas, ou plus, à cette paroisse. Dans le cas des cimetières paroissiaux de Saint-Pierre SaintAndoche et de Saint-Jean-le-Grand, cela semble avoir été plus souvent lié au désir d’être inhumé auprès d’un proche qu’à une volonté de se rapprocher des religieuses, contrairement à ce qu’on aurait pu penser dans un premier temps. Ainsi dans son testament, Guillaume Volu (n°376) chapelain, curé de Balorre, receveur, procureur de Saint-Jean, élit sépulture dans le cimetière de Saint-Jean du Bourg avec son père68 ; cette précision laisse penser que c’est le fait d’être inhumé auprès de son père qui était important pour lui et non la proximité de la communauté abbatiale et des prières qui y étaient faites, même s’il avait été chapelain des religieuses et était encore curé de Balorre pour elles. Par testament, Jeanne (n°1010) veuve de Gauthier Morin (n°1009) d’Autun, paroissienne de Saint-Pierre Saint-Andoche69, légua 10  sous de rente pour son anniversaire et celui de son mari à faire célébrer par trois prêtres, 20 sous à distribuer aux religieuses le jour de sa mort et 20 sous pour le curé de Saint-Pierre Saint-Andoche ; en même temps, elle émit le souhait d’être enterrée auprès de son mari, dans le cimetière Saint-Andoche70. Sans doute la précision importante ici n’est-elle pas celle du cimetière dans lequel elle ­souhaite être inhumée – paroissienne de Saint-Pierre Saint-Andoche, elle devait, à son décès, être enterrée dans le cimetière paroissial – mais de l’emplacement de son inhumation dans ce cimetière, auprès de son époux. 67  Cl.  Courtépée, Description générale et particulière, op.  cit., t.  2, p.  519 et 520  ; H.  de Fontenay, Épigraphie autunoise, op. cit., t. 1, p. 230‒254 et 289‒301 et t. 2, p. 12‒20 et 28‒42 ; G. Theÿras, Autun vers le xve siècle, Autun, 1891, p. 119 et 156.  Pour l’exploitation de ces données, se pose cependant toujours le problème de l’identification des églises abbatiale et paroissiale Saint-Jean-le-Grand à l’époque médiévale (cf.  ci-dessus), d’autant que les deux églises ont été détruites à la Révolution. 68  AD SL 5 G 66 (1432). 69  Elle qualifie le curé de cette église de nostro curato (AD SL H 713/3, 1318). 70   corporis mei eligo sepulturum in cimiterio Beati Andochii eduensis juxta sepulturum predicti Galteri quondam mariti mei (AD SL H 713/3, 1318).

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À côté de ces inhumations traditionnelles dans les cimetières paroissiaux, ont eu lieu des inhumations dans les églises. Ainsi, au début du xve siècle, furent inhumés dans l’église paroissiale de Ciry, qui dépendait de SaintAndoche, des parents d’André Chapuis et de sa femme Philiberte, ainsi que de Jean de Corberry, et ceux-ci offrirent 10 gros de rente au curé afin qu’il célèbre ou fasse célébrer quatre messes basses annuelles en leur mémoire et afin que tous les dimanches et lors de toutes les fêtes solennelles il dise pour eux un Libera me71 et bénisse leur tombe72 ; toutefois, l’abbaye SaintAndoche n’est jamais mentionnée dans cet acte de fondation, ce qui incite à douter de son importance dans le choix d’une inhumation dans l’église de Ciry. Dans son testament de 1387, Perrenet Raolin (n°994) – l’oncle du chancelier (gén. 34.1) – élit sépulture à Saint-Pierre Saint-Andoche, « devant la grande croix, au-dessus de la sépulture de [s]on père »73 ; il légua d’ailleurs au curé de Saint-Pierre Saint-Andoche 3 francs d’or et 20 setiers de vin rouge de Monthélie pour qu’il célèbre un certain nombre de messes annuelles, notamment trois messes des défunts les mercredi, vendredi et samedi des Quatre-Temps. En 1515, c’est dans l’acte de fondation de son anniversaire que Nicolas Dessertot (n°365), prêtre, ancien receveur de Saint-Andoche, émit le souhait d’être inhumé à Saint-Pierre Saint-Andoche puisqu’il souhaitait que les religieuses y aillent en procession sur sa tombe le jour de son anniversaire74. Dans ces deux actes, il s’agit donc de demandes, dont on ne sait pas si elles ont été suivies d’effet. En revanche, on sait que la mère (n°922) de Vincent de Sens (n°366), paroissien de Saint-Pierre Saint-Andoche, était inhumée dans cette église puisqu’en 1517 ledit Vincent fonda un Libera me et un De profundis75 à dire par les religieuses de Saint-Andoche avec ­procession sur la tombe de sa mère cinq fois par an, en échange d’un poinçon de vin blanc ou vermeil le 11 novembre et de 8 gros à Noël76. D’après Harold de Fontenay, l’église Saint-Pierre Saint-Andoche recelait aussi les sépultures de quelques grandes familles – notamment les Tixier-Damas,

 Incipit d’un répons chanté à la fin d’une messe de requiem (CAO IV n°7091).  AD SL H 867/1 (1429). 73   ante crucifixum dicte ecclesie, supra sepulturam quondam patris mei («  Testament de Perrenet Rolin », Ch. Doret (éd.), MSE, nv. série, t. 8 (1879), p. 487‒493, 1387) ; cf. gén. 34.1. 74  AD SL H 1114/2 (1515). 75   Libera me, incipit d’un répons chanté à la fin d’une messe de requiem (CAO IV n°7091) ; De profundis, incipit du psaume 129. 76  AD SL H 711/13 (1517). 71 72

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seigneurs d’Ornée, et les Baudot – qui chacune y avait fondé une chapelle dans le bas-côté Nord, mais aussi les Rabiot et les Thiroux77. Cependant, ces inhumations ont sans doute eu lieu aux xvie ou xviie siècles et non au Moyen Âge : les chapelles ont été ajoutées à l’église primitive au xvie siècle (fig. 39). Dans la nef aussi étaient réunies de nombreuses tombes et il y avait un « cercueil » pour les enfants, un lieu où étaient peut-être inhumés les enfants décédés avant le baptême pour favoriser leur accès au paradis ; ces nombreuses sépultures datent plus probablement de l’époque moderne que de l’époque médiévale78. En 1335, par son testament, Girarde (n°1035), veuve d’Huet Arbaut et femme de Gauthier Borsetrouée, élit sépulture dans l’église paroissiale Saint-Jean, auprès de son défunt mari79. Plus d’un siècle plus tard, Jean Maire (n°342), habitant d’Autun et paroissien de Saint-Jean, agit de façon similaire, même si sa demande était beaucoup plus précise : le jour de Pâques 1446, il fit rédiger deux actes, l’un en faveur des religieuses et l’autre en faveur des concurés de Saint-Jean afin d’obtenir leurs suffrages pour lui-même, sa première épouse défunte, la fille et le gendre de celle-ci et sa seconde épouse80. Sa première épouse ayant été inhumée dans l’église paroissiale Saint-Jean-Baptiste sur ses « prières et requestes » et parce qu’il « promit [aux religieuses] de les récompenses bien et duement », il souhaitait pouvoir être lui-même inhumé auprès d’elle le jour venu, et que bénéficient aussi de cette faveur sa seconde épouse, sa belle-fille et l’époux de celle-ci ; il demanda en outre que tous les cinq, leurs prédécesseurs et leurs successeurs soient associés aux prières dites dans l’abbaye ; enfin, il souhaitait que les religieuses et les deux concurés de Saint-Jean les accompagnent en procession depuis leur lieu de décès dans Autun jusqu’à leur lieu de sépulture – Saint-Jean-Baptiste ou un autre s’ils décidaient finalement d’être inhumés ailleurs dans la cité81 – et leur offrent une inhumation solennelle. Pour tous ces bienfaits, il alloua aux religieuses un cens annuel d’un franc et un setier de froment qui jusque-là lui était dû à  H. de Fontenay, Épigraphie autunoise, op. cit., t. 1, p. 232‒233 ; G. Theÿras, Autun vers le xve siècle, op. cit., p. 119. 78  H. de Fontenay, Épigraphie autunoise, op. cit., t. 1, p. 233. 79  Soc. Éd. D 4 reg. 75 XXII, I, 3 (1315). 80  AD SL H 1503/5 (1446) et 11 G 2 1e série (1446). 81  De fait, si ses deux épouses furent effectivement inhumées à Saint-Jean, Jean Maire (n°342) parvint à obtenir pour lui-même une sépulture nettement plus prestigieuse, à la cathédrale Saint-Lazare, à l’entrée du chœur, près des tombes des doyens (H. de Fontenay, Épigraphie autunoise, op. cit., t. 1, p. 284, qui cite un État des fondations en l’église cathédrale d’Autun de 1530). 77

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La Genestoye82. D’autre part, il fonda quatre messes basses à célébrer les vendredis précédents chaque Quatre-Temps à l’heure de prime au grand-autel de l’église paroissiale avec chant du De Profundis et des oraisons Inclina et Fidelium83, pour lesquelles il offrit aux curés 4 gros vieux de rente et 24 blancs de cens et rente84 ; ces quatre messes s’ajoutèrent aux huit messes basses à célébrer dans les mêmes conditions les mercredis et samedis de chaque QuatreTemps85 qu’il avait déjà fondées huit ans auparavant contre 16 gros vieux de rente et un denier de cens86. En 1455 enfin, il fonda un De Profundis87 à dire chaque dimanche en l’église paroissiale avant la grande messe « en la grande nef devant l’image du crucifix », contre 26 gros tournois de rente88. En 1514, Humbert Bobin (n°652), citoyen d’Autun, fonda aussi un anniversaire à dire sur sa tombe en l’église paroissiale89 et effectivement il y fut inhumé à son décès, puisqu’en 1525, il est fait mention des vigiles de son anniversaire qui se disaient sur son tombeau en l’église paroissiale Saint-Jean90. En fait, dans la seconde moitié du xve siècle, les religieuses de Saint-Jean semblent avoir accordé assez facilement le droit de sépulture dans leur église paroissiale à des laïcs. Ainsi, en 1454, Guillaume Le Main (n°1041), closier, Jeanne, sa femme, et Pierre Ardinet leur gendre, lui aussi closier, obtinrent le droit de sépulture dans l’église paroissiale pour eux et leurs descendants contre 2 francs et demi de rente – peut-être la fille des premiers, femme du troisième, était-elle décédée et déjà inhumée dans l’église paroissiale, mais ce n’est pas précisé91. Un quart de siècle plus tard, Philippe des Forestiers (n°1023), paroissien de Saint-Jean, ses deux filles et ses gendres, obtinrent

 AD SL H 1503/5 (1446).   De profundis, incipit du psaume 129  ; Inclina, incipit d’une oraison pour la messe des défunts (I. Moeller, Corpus orationum, Turnhout, 1992‒2004, n°3116) ; Fidelium, incipit d’une oraison pour l’office des défunts (Ibid., n°2684). 84  AD SL 11 G 2 1e série (1446) ; Soc. Éd. D 4 reg. 75, XXII, V, 3 (1446). 85  Les mercredis, messes des trépassés, les samedis des deux premiers Quatre-Temps messe en l’honneur de la Vierge, le samedi des troisième et quatrième Quatre-Temps, respectivement messe en l’honneur de saint Jean-Baptiste et en l’honneur de saint Martin. 86  AD SL 11 G 2 1e série (1438). 87  Incipit du psaume 129. 88  Soc. Éd. D 4 reg. 75 XXII, V, 4 (1455). 89  Soc. Éd. D 4 reg. 75 XXII, I, 33 (1514). 90  AD SL H 1253/1 (1525). 91  Soc. Éd. D 4 reg. 75 XXII, I, 23 (1454ns). 82 83

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à leur tour ce même droit, pour eux et leurs descendants, contre un don de 40 livres92. D’après Harold de Fontenay, une seule épitaphe fut relevée dans l’église paroissiale Saint-Jean avant sa destruction à la Révolution, même s’il y eut sans doute d’autres inhumations. Cette épitaphe fut relevée par le président Bouhier (1673‒1746)93 et concerne Pierre de Montjeu, décédé en 1338, et son épouse94. En fait, Pierre d’Ostun (n°912), seigneur de Montjeu, dans son testament daté de 1338, a élu sépulture « dans l’abbaye Saint-Jean-le-Grand au tombeau de feu Mr son père et de dame Isabeau sa femme »95, ce qui fait penser plutôt à l’abbatiale qu’à l’église paroissiale, indice qui pourrait confirmer l’affirmation de Courtépée selon laquelle l’église paroissiale de la fin du xviiie siècle serait l’ancienne église abbatiale96. De même, la situation est peu claire lorsqu’en 1451 les religieuses de SaintJean, toujours, ont accordé à Jean Raffin (n°928), du faubourg Saint-Jean, et à son épouse Agnès (n°929), ainsi qu’à leurs descendants, le droit d’être inhumés en l’église Saint-Jean devant l’autel Sainte-Radegonde97 : de quelle église Saint-Jean s’agissait-il, de l’église paroissiale ou de l’église abbatiale ? L’autel Sainte-Radegonde ne fait pas partie des autels identifiés dans l’abbatiale ; il est donc probable qu’il se soit agi là de l’église paroissiale, mais ce n’est pas certain, d’autant que l’abbaye possédait des reliques de sainte Radegonde qui justifieraient l’existence d’un autel. Quand en 1439, ­Guillaume le Fort, bourgeois d’Autun fonda pour son père (n°998) inhumé à Saint-Jean un De profundis à dire sur sa tombe contre 10 sous de rente98, là encore, s’agit-il de l’église paroissiale ou de l’église abbatiale ?

 Soc. Éd. D 4 reg. 75 XXII, I, 26 (1478).  Il fut premier président à mortier au parlement de Bourgogne de 1704 à 1728, avant de se consacrer à ses travaux littéraires et d’érudition ; il fut élu à l’Académie française en 1727. 94   Hic jacet dominus Petrus de Montejovis qui obit die v … an… festum beati Martini estivalis ann. Dni mcccviii et jacet domina Isabella de Antulleyo uxor eius miles. Anime ipsarum recquiescant in pace. Amen (cité par H.  de Fontenay, Épigraphie autunoise, op.  cit., t.  1, p.  296). Harold de Fontenay note également de nombreuses traces de sépultures des xiie‒ xiiie siècles qui ont été retrouvées dans une église découverte au xixe siècle dans le « parc Saint-Jean  », peut-être une ancienne église paroissiale, à moins qu’il ne s’agisse de l’église abbatiale primitive (H. de Fontenay, Épigraphie autunoise, op. cit., t. 2, p. 3). 95  AD SL H 1169 IX, 1 (1338). 96  Cl. Courtépée, Description générale et particulière, op. cit., t. 2, p. 519. 97  Soc. Éd. D 4 reg. 75 XXII, I, 22 (1451). 98  Soc. Éd. D 4 reg. 75 XXII, I, 18 (1439). De profundis, incipit du psaume 129. 92 93

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Lorsque des personnes demandaient à être inhumées dans une des églises paroissiales dépendant de Saint-Andoche ou de Saint-Jean, il est le plus souvent très difficile, voire impossible, de savoir si c’est le prestige de l’abbaye qui était à l’origine de ce vœu ou tout simplement le souhait d’être inhumé dans un lieu particulièrement sacré, une église. Quelques cas sont intéressants dans la mesure où ils montrent une double dévotion à l’abbaye et à l’église paroissiale. Ainsi en 1292, alors que Bernard de Saint-Sernin-du-Plain, chevalier, était décédé sans doute depuis peu, sa veuve et ses trois filles, dont l’une  –  ­Jacquette (n°108) – était religieuse à Saint-Andoche, décidèrent de faire don d’une pièce de terre à l’abbaye, don qu’elles firent en « aumône pure et perpétuelle  »99  ; toutefois, elles disaient quelques lignes plus haut faire ce don « pour le remède de l’âme de leurs prédécesseurs », sans doute en particulier pour leur époux et père ; enfin, quelques lignes plus bas, elles précisaient que ce don était fait « pour deux sous viennois à payer chaque année au luminaire de Notre Dame de Saint-Sernin » ; il ne s’agissait donc pas tout à fait d’une simple offrande sans contrepartie. Cependant, ce qui est plus important, la donation était faite essentiellement en faveur de l’abbaye – la rente de 2 sous viennois était assez peu onéreuse –, mais c’est dans leur église paroissiale qu’elles fondèrent un luminaire, sans doute sur un autel dédié à la Vierge dans la mesure où l’église était dédiée à saint Sernin. De façon similaire, en 1287, Hugues Boisserand (n°787), qui avait fondé à Saint-Andoche deux anniversaires célébrés les 10/12 août et 1er septembre, donna parallèlement au curé de Saint-Parize-en-Viry une pièce de terre à charge pour lui de célébrer son anniversaire, avec sept autres prêtres à chacun desquels devraient être donnés 13 deniers100. La ferveur pouvait donc se porter à la fois sur les religieuses et sur l’église la plus proche dans la mesure où Hugues Boisserand avait lui-même été curé de Saint-Parize, mais aussi prieur de ce lieu et curé de Dornes à cinq kilomètres de là. L’inhumation était sans doute plus facile à obtenir dans les églises paroissiales qui dépendaient des abbayes – notamment pour les paroissiens de SaintPierre et de Saint-Jean –, mais les offices y étaient aussi moins n ­ ombreux que dans les abbatiales. C’est pourquoi l’inhumation dans les églises abbatiales était particulièrement recherchée. Bien entendu à Saint-Jean comme à SaintAndoche, la plupart de ceux qui ont été inhumés à l’intérieur de l’abbaye

  in puram elemosinam et perpetuam (AD SL H 1127/2, 1292).  AD SL H 1057/1 (1287).

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étaient des religieuses, voire des abbesses101. En 1488 cependant, l’évêque Antoine de Chalon confirma le droit de tout fidèle du diocèse d’Autun de choisir Saint-Andoche comme lieu de sépulture s’il le souhaitait102. Le nom de personnes inhumées dans ces deux églises abbatiales est connu presque uniquement grâce aux érudits qui parfois ont vu des morceaux de leurs pierres tombales ou qui reprennent des notes du président Bouhier sur ces pierres et leurs épitaphes. Ces demandes d’inhumation dans des églises dépendant des religieuses, et plus encore dans leur abbatiale, prouvent donc l’influence spirituelle des deux abbayes tout particulièrement à Autun, mais aussi dans leurs domaines ruraux, même si, bien entendu, une inhumation dans la cathédrale était encore plus prisée103. b. La fondation de messes

Parallèlement à ces demandes d’inhumation, un certain nombre de personnes ont sollicité des religieuses une célébration de messes. Dans ce domaine également, on voit que certains conservaient un attachement particulier à l’église de leur enfance, à celle dans laquelle ils avaient été baptisés. Ainsi, en 1389, les exécuteurs testamentaires de Guillaume de Clugny (n°996) passèrent un accord avec les religieuses de Saint-Jean au sujet de la fondation qu’il avait faite de trois messes hebdomadaires à dire à l’autel Saint-Bénigne de l’église paroissiale – une messe du Saint-Esprit le lundi, une messe des morts le mercredi et une messe de Notre-Dame le samedi – contre un legs de 10 livres de rente104. Cet Autunois qui avait fait carrière bien loin de la cité éduenne puisqu’il avait été, notamment, bailli d’Auxois puis bailli de Dijon, se souvenait donc de sa paroisse d’enfance et souhaitait conserver un lien fort avec elle ; toutefois, ces messes devaient être dites à l’autel du saint patron de la capitale bourguignonne. De même, en 1410, Guillaume de Vergoncey, prêtre, chanoine d’Autun, outre divers legs pour des messes et prières au moment de son décès, fit un don important pour que soient fondées sept

 Cf. chap. 5 III. 2. A. Mourir à l’abbaye. Les funérailles.  AD SL H 680/4 et 5 (1488ns) ; sur l’évêque Antoine de Chalon, cf. J. Madignier, Fasti ecclesiae gallicanae, t. 12 : Diocèse d’Autun, Turnhout, 2010, n°222 p. 151‒155. 103   Michel de Rubelles (n°770), bénéficié en l’église d’Autun et curé de Saint-Pierre SaintAndoche, fit un petit legs à la fabrique de l’église paroissiale (6 gros avec « ung taule et une tenoire »), mais c’est le chapitre cathédral qui fut son légataire universel et les chanoines qui devaient choisir son lieu de sépulture (AD SL 5 G 66, 1471). 104  Soc. Éd. D 4 reg. 75 XXII, I, 9 (1389). 101 102

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messes annuelles des défunts célébrées par sept prêtres différents pour 3 écus d’or chacun à Saint-Pierre Saint-Andoche où il avait été baptisé105. Plus nombreux furent ceux qui ont fait une fondation dans l’église de leur paroisse. Ainsi, en 1389, Gérard Raolin, paroissien de Saint-Pierre SaintAndoche, fit de nombreux dons pour des messes à célébrer pour le remède de son âme à Saint-Pierre Saint-Andoche : 50 gros pour les 50 chapelains ou prêtres qui devraient célébrer 50 messes des défunts à l’octave de son décès, 30 gros pour les 30 chapelains qui devraient célébrer 30 messes 20 jours après son décès, 30 gros pour les 30 chapelains qui devraient célébrer 30 messes un an après son décès ; le curé de Saint-Pierre Saint-Andoche devrait également dire chaque année trois messes des défunts aux Quatre-Temps de l’année et, si elles n’étaient pas dites correctement, il devrait être privé de toute ­rétribution106. De même, au xve siècle, Gérard de La Faye, paroissien de Balorre, fonda une messe quotidienne des trépassés à chanter par le curé de Balorre et un Libera me107 sur le tombeau du défunt le dimanche, pour lesquels il donna à l’église de Balorre 4 livres d’annuelle et perpétuelle rente et les dîmes qui lui appartenaient à Chintry ; en 1459, Jean de La Faye et son fils Gérard, sans doute héritiers du fondateur, donnèrent à cette église les dîmes de Chintry, Vireset et les Champs Rouget108. Quand en 1435 Isabelle, veuve de Guyenet Jaunat, de Mazenay, offrit un pré d’une soiture à l’église de SaintSernin-du-Plain contre la célébration d’une messe anniversaire annuelle en septembre pour elle et ses ancêtres dans cette église par le curé ou un autre, aux frais de celui qui tiendrait ce pré, c’est probablement aussi parce qu’elle était paroissienne de Saint-Sernin, la chapelle de Mazenay datant du xixe siècle ­seulement109. On peut se demander si les paroissiens de Saint-Sernin-du-Plain ou de Balorre avaient réellement conscience du lien entre leur église paroissiale et les abbayes Saint-Andoche ou Saint-Jean et s’ils connaissaient ­suffisamment

 AD  SL 5  G  65  (1410)  ; sur Guillaume de Vergoncey, cf.  J.  Madignier, Fasti, t.  12  : Autun, op. cit., n°435 p. 240. 106   AD SL 5 G 64 = Cartulaire de l’Église d’Autun, éd. cit., t. 2, p. 377‒384 (ch. cxcviii, 1389) : et in casu quo ipsi curati dicte ecclesie Sancti Petri dictas tres missas bene et decenter in dicta ecclesia Sancti Petri non celebrabunt au celebrari facient, volo et ordino sibi non persolvantur ec debeantur quoquomodo. 107  Incipit d’un répons chanté à la fin d’une messe de requiem (CAO IV n°7091). 108  AD SL H 1342/1 (1459). 109  AD SL H 1082/3 (1435). 105

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les religieuses pour penser qu’elles pourraient intercéder en leur faveur. Lorsque les fondations étaient faites dans des églises qui étaient sous le patronage d’une des abbayes mais qui étaient situées loin d’Autun, on peut douter du lien entre ces fondations et un rayonnement des abbayes. En revanche, on peut penser que les paroissiens de Saint-Pierre Saint-Andoche et de SaintJean-le-Grand connaissaient les moniales des abbayes adjacentes et espéraient leur intercession. c. Les confréries

Dans les paroisses d’Autun dépendant des deux abbayes ont été fondées des confréries, sans que l’on sache précisément si ces fondations ont été davantage liées à l’existence d’une église paroissiale ou à la présence de moniales. La confrérie Saint-Jean, fondée en 1373, est assez bien connue grâce à des ordonnances non datées110. Par de nombreux aspects, cette confrérie est tout à fait classique, conforme aux conclusions que Catherine Vincent a tirées de son étude des confréries normandes111 par exemple. Il s’agissait de se réunir afin de prier pour les vivants et pour les morts et de célébrer des offices en faveur de tous les confrères. Le jour de la fête, « le dimanche appres les octaves de la Décolation dudit sainct Jehan »112, avait lieu un banquet auquel chaque confrère devait être présent ou se faire représenter par un pauvre ; à une date inconnue il avait été décidé de mettre fin à une pratique contraire à la sociabilité liée à la confrérie, pratique qui semble s’être développée à grande échelle  : nul confrère ne pourrait plus désormais envoyer chercher sa part du banquet alors qu’il ne daignait y participer, hormis les religieuses bien entendu puisqu’il n’aurait pas été bienséant qu’elles se mêlent alors à la foule. Le repas de ce banquet était lui-même codifié ; les quatorze confrères bâtonniers l’avaient en charge et devaient y servir un potage aux légumes, un premier plat de porc et de mouton avec une sauce au vin, un second plat de bœuf aussi avec une sauce au vin et avec du riz, et des poires, le tout arrosé de « bon vin du creu de Beaulnois ». Lors du banquet étaient lues les ordonnances de la confrérie et examinés les comptes rendus par les quatre « principaulx gouverneurs » ; chaque

 AD SL 11 G 2 1e série.  C. Vincent, Des charités bien ordonnées. Les confréries normandes de la fin du xiiie siècle au début du xvie siècle, Paris, 1988. 112  Contrairement à d’autres confréries Saint-Jean, celle d’Autun semble n’avoir eu qu’un seul jour de fête bien que plusieurs fêtes soient dédiées à saint Jean-Baptiste dans le calendrier. 110 111

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confrère113 devait payer 3 sous et 2 deniers et demi sous forme d’offrande, les nouveaux venus devant en outre une demi livre de cire ; les bâtonniers devaient en plus un bichet de seigle chacun. Les confrères étaient aussi vivement invités à faire un legs à la confrérie lors de leur décès ; peut-être Guillaume Volu (n°376), curé de Balorre, qui a légué 2 francs à la confrérie Saint-Jean-Baptiste114, en était-il membre. Cependant, le banquet n’était pas le principal motif de réunion de la confrérie. Le but premier de celle-ci était la prière, et le jour de réunion solennelle des confrères était dédié, lui aussi, aux offices. La veille, étaient célébrées dans l’église paroissiale Saint-Jean, les vêpres et les matines ; le jour une messe du Saint-Esprit était célébrée à l’aube, suivie d’une grande messe « selon l’office dudit sainct Jehan » – office qui ne remplaçait pas la grande messe dominicale –, et les vêpres et des vigiles des morts clôturaient la journée. Enfin, le lendemain, les chapelains et les deux curés de la paroisse étaient tenus de célébrer une messe de Requiem. Les confrères bénéficiaient donc des suffrages apportés par ces offices et, à son décès, chacun était accompagné par des confrères portant des cierges allumés « de sa maison jusques à l’église de sa sépulture », mais pas en dehors des murs de la cité, ou du moins les cierges étaient-ils alors éteints. En revanche, rien ne permet de savoir s’il y avait entraide entre les membres ; une mention sur les excommuniés – qui ne pouvaient pas être reçus dans la confrérie ou qui, s’ils étaient déjà membres, ne pouvaient plus bénéficier de ses bienfaits115 – laisse planer un doute sur une réelle solidarité entre confrères, même si cette mention a été barrée. Pour d’autres aspects, la confrérie Saint-Jean est tout à fait originale, en particulier par les liens très étroits qui l’unissaient à l’abbaye éponyme116. En effet, tout d’abord, des religieuses semblent y avoir sollicité leur entrée puisque les ordonnances précisaient que celles-ci étaient autorisées, ­contrairement aux autres membres, à faire venir leur part du banquet sans y participer avec tous les confrères117. D’autre part, elles étaient étroitement associées aux  Ils étaient trois à quatre cents en 1562 (H. Abord, Histoire de la réforme et de la Ligue dans la ville d’Autun, Paris / Autun, 1855, t. 1, p. 187). 114  AD SL 5 G 66 (1432). 115   « Item que nulz excommuniez soient receuz en ladite confrairie et se aulcungz confreres de nouveau chesoit en excomiment durant le excomiment il sera prive de ladite confrairie et des biens espirituelz » (AD SL 11 G 2 1e série). 116  C. Vincent, Des charités bien ordonnées, op. cit., p. 91‒92 en particulier. 117   « En pour ce que plusieurs desdiz confreres desdaignent et de voullent aller ne envoyer pouvres audit mange qu’est contrevenir ausdites ordonnances et à leurs seremens mais envoyent querir des escuelles le jour de ladite confrairie, laquelle chose est à la grande foulle desdits

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célébrations de la confrérie puisque le jour de la réunion solennelle elles devaient dire les vêpres et les vigiles au moment où ces offices étaient célébrés par la confrérie dans l’église paroissiale et que le lendemain elles devaient, elles aussi, célébrer une messe de Requiem. Enfin, c’est la sacriste de l’abbaye qui prenait en charge tout ce qui était nécessaire au bon déroulement des offices – vêtements liturgiques, luminaire, pain, vin –, contre une rémunération de 3 francs. La confrérie Saint-Jean est attestée à différentes reprises de façon indirecte au xve siècle parce que la « maison de la confrérie » servait de confins118. En revanche, on ne connaît absolument pas le recrutement de cette confrérie ; ses membres étaient-ils essentiellement des paroissiens de Saint-Jean ou, plus largement, des Autunois, voire des personnes des villages alentours  ? Rien ne permet de le savoir. Il est donc difficile de savoir sur qui portait ainsi la domination des religieuses, mais on peut penser qu’il y a eu une influence spirituelle sur les confrères, probablement essentiellement sur des Autunois. Il est vraisemblable également que les paroissiens de Saint-Jean appartenaient plus à cette confrérie qu’aux autres confréries de la cité qui s’étaient installées dans des églises situées beaucoup plus au Sud de la ville, notamment dans le quartier canonial – à Notre-Dame du Château pour la confrérie du SaintSacrement et à Saint-Lazare pour la confrérie Saint-Sébastien119 –, mais cela n’est pas certain. La confrérie Saint-Andoche en revanche est fort méconnue puisqu’elle n’est citée que dans un seul document, de la première moitié du xve siècle : Guillaume Charpy, curé de Chassenay et archiprêtre de Semur-en-Auxois, légua alors un franc et 2 livres de cire à la confrérie Saint-Andoche pour douze messes120 ; il semblerait qu’elle ait disparu au cours du xvie siècle puisqu’elle n’apparaît pas parmi les douze confréries autunoises présentes à Autun en 1560 d’après Hippolyte Abord121. D’après le nom du patron de cette bastonniers est ordonné et statué de nouvel par l’advis et ordonnance desdiz principaulx et plusieurs autres notables personnaiges confraires d’icelle confrairie que doresenavant l’on ne baillera aucunes escuelles à quelque personne que ce soit synon à l’abbesse et aux religieuses dudit Sainct Jehan ainsi qu’il est accoustumé de faire » (AD SL 11 G 2 1e série). 118  Soc. Éd. D 4 reg. 75 XXII, V, 3 (1446), D 4 reg. 75 XXII, V, 4 (1455) ; AD SL H 1229, fol.  16v‒17  (1447), H  1169 II, 17  (1448), H  1265/1, fol.  2 (1465‒1476), H  1220/1, fol. 9 (1483), H 1202/1 (1488). 119  AD SL 3 E 3/1, fol. 24‒26v (1476) et 3 E 3/1, fol. 38v‒39 (1476). 120  AD SL 5 G 66 (1430ns). 121  Il s’agit des confréries du Corps Dieu, de la Trinité, du Saint-Esprit, du Saint-Sacrement, de Sainte-Anne, de Sainte-Barbe, de Saint-Antoine, de Saint-Honoré, de Saint-Hubert, de

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c­ onfrérie, elle était vraisemblablement installée soit dans l’abbatiale soit, plus probablement, dans l’église paroissiale Saint-Pierre Saint-Andoche  ; mais rien ne permet de savoir si elle réunissait un grand nombre de confrères et de quelle origine géographique et sociale étaient ceux-ci. Toutefois, il faut noter qu’au xve siècle nombreux étaient les habitants du quartier Saint-Andoche à appartenir à la confrérie du Saint-Sacrement installée dans l’église NotreDame du Château122. La confrérie du Saint-Sacrement était particulièrement importante et est assez bien connue grâce à un « livre de la confrérie » rédigé en 1428 lors de sa confirmation par l’évêque d’Autun Ferry de Grancey123 ; ancienne mais ayant disparu lors des temps difficiles de la seconde moitié du xive siècle, elle a été « restauree et refformee » en 1416 « pour la prospérité et conservacion des confreres d’icelle vivans, et pour le salut des ames des trespassez confreres et de tous autres bons et vraiz catholiques ». Elle se réunissait annuellement le dimanche suivant la Fête-Dieu et avait un but avant tout eschatologique, ce que confirme l’utilisation de l’argent restant après paiement des différentes charges : il devait soit servir « pour acquerir rante perpetuele ou nom et au proffit de ladicte confrarie », soit être « emploier en messes et anniversaires ou en autres euvres piteuses et charitables ». La cotisation y était importante – 2 gros vieux tournois pour les membres anciens, 3 pour les nouveaux – et il n’y avait pas de frais de banquet ; tout l’argent était donc consacré à la rémunération de messes – chaque semaine étaient célébrées sept messes basses dont deux messes des trépassés dites par des chapelains différents, et quatre anniversaires solennels des morts, de douze messes chacun, étaient célébrés les jeudis des Quatre Temps – et à l’accompagnement des défunts. Peut-être à cause de cet objectif clairement affirmé, nombreux furent les Autunois à devenir membres de cette confrérie, et pas seulement les ecclésiastiques, alors qu’ailleurs les confréries du Saint-Sacrement regroupaient souvent surtout des clercs. Nombreuses ont été les personnes étrangères au quartier du Château qui ont rejoint cette confrérie, notamment des habitants du quartier Saint-Andoche et de Chaumont, mais aussi, dans une moindre mesure, du

Sainte-Reine, de Saint-Sébastien et de Saint-Jean-Baptiste (H. Abord, Histoire de la réforme et de la Ligue dans la ville d’Autun, op. cit., t. 1, p. 35). 122   BnF  NAF  8646  ; «  La confrérie du Saint-Sacrement d’Autun (1416‒1655)  », MSE, nv. série, t. 12 (1883), p. 337‒379. 123  Ibid. ; sur Ferry de Grancey, cf. J. Madignier, Fasti, t. 12 : Autun, op. cit., n°919 p. 145‒146.

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quartier Saint-Jean124. Un curé de Saint-Pierre Saint-Andoche, Michel de Rubelles (n°770) en devint membre en 1450125 et deux religieuses en furent membres, Marguerite Boisserand (n°157)126 moniale de Saint-Andoche au tout début du xve siècle et Jeanne de Clugny (n°88)127 religieuse puis sacriste et prieure de Saint-Jean lors de la plus grande partie du xve siècle, de 1418 à 1493. Cette présence est surprenante dans la mesure où Catherine Vincent a constaté que les moines n’appartenaient éventuellement à une confrérie qu’en tant que chapelain, ayant « leurs propres “chaînes de prière” au sein de leurs communautés »128. Outre les confréries Saint-Jean et Saint-Andoche, à Autun même, d’autres confréries se sont installées dans des églises paroissiales à la collation des religieuses129, mais on peut penser que les religieuses n’ont pas eu une influence très grande sur ces confréries installées dans des paroisses relativement éloignées, voire très éloignées, de leur abbaye. d. L’exercice d’une autorité morale

Au-delà de leur domination spirituelle, les religieuses ont établi une autorité morale sur les bourgs Saint-Andoche et Saint-Jean qui se sont formés 124  Ils ont pu être identifiés en tant que tels parce qu’ils sont cités dans différents actes dans lesquels leur origine géographique est mentionnée ou parce qu’ils exerçaient une activité qui était strictement limitée au quartier Saint-Andoche, comme les tanneurs dont la forte concentration dans le quartier Saint-Andoche explique la présence à Saint-Pierre SaintAndoche de statues des deux saints patrons Crépin et Crépinien du xvie siècle (cf. Ch. Boëll, Promenades historiques à travers la paroisse Notre-Dame, BM A D 1670, p. 6). La puissante famille des Clugny, qui avait son hôtel dans le quartier Marchaux et ne dépendait donc pas non plus de la paroisse de Notre-Dame du Châtel, y fut représentée par un très grand nombre de ses membres, y compris le futur évêque de Tournai. La veuve du chancelier Rolin, Guigonne de Salins en devint membre en 1463, alors même qu’elle ne résidait pas ordinairement à Autun (« La confrérie du Saint-Sacrement d’Autun », éd. cit., p. 358). 125   « La confrérie du Saint-Sacrement d’Autun », éd. cit., p. 357. 126   BnF NAF 8646, fol. 9v. 127   BnF NAF 8646, fol. 13. 128  C. Vincent, Des charités bien ordonnées, op. cit., p. 91. 129   confrérie Saint-Antoine à Curgy (Soc. Éd. H Curgy, fol. 233v‒235, 1515‒1516) ; confrérie de Merceuil (AD SL H 1009/27‒27bis, 1492) ; confréries Saint-Nicolas et du Saint-Esprit à Meursault (AD SL H 1169 XIV, II, 2, 1441‒1442 ; H 1014/3, 1452 ; H 1146/1, fol. 13v‒14v, 1452)  ; confrérie du Corps du Christ à Molinot (AD  SL H  1020/1, fol.  8v‒17v, 1453  ; H 1023/2, 1453 ; H 1623, 1494) ; confrérie Saint-Gervais à Saint-Sernin (AD SL H 1072/6, fol. 9‒9v, 1458 ; H 1122/2, 1469) ; confrérie du Saint-Sacrement à Nolay (AD SL H 1568, 1499, H  1169 XIV, V, 12, 1665)  ; confréries du Saint-Esprit à Aumont et à Montholier (AD SL H 1434, mi‒xve siècle).

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autour de leur abbaye et dont les limites ne correspondaient pas nécessairement à celles de la paroisse. Ainsi, les religieuses ont parfois été l’autorité morale émettrice pour des actes entre particuliers du bourg Saint-Andoche ou du bourg Saint-Jean-leGrand pour des affaires qui ne concernaient pas l’abbaye, alors même que l’on s’attendrait à ce que cette autorité émettrice ait plutôt été le chapitre cathédral. Ainsi, en mars 1250, lorsqu’une veuve et ses enfants vendirent une terre à un chanoine, Humbert d’Autun (n°950), abbé de Saint-Pierrel’Étrier, c’est Gile de Vergy (n°10), abbesse de Saint-Andoche qui annonça et régla cette vente, peut-être parce que la terre vendue dépendait de la zone de domination de l’abbaye, mais cela n’est même pas certain130 ; à côté du sceau de l’official, le sceau de l’abbesse a également été appendu131. Trente ans plus tard, c’est encore l’abbesse de Saint-Andoche, Lucette (n°12), qui émit l’acte par lequel Gérard, fils de Pierre dit Tatechèvre, vendit à Gérard dit Carrougot le quart d’une pièce de terre sise à La Corvée, et cette fois, seul le sceau de l’abbaye authentifiait l’acte132 ; pourtant, aucune rente ni aucun cens n’était dû à l’abbaye en tant que seigneur ou que propriétaire éminent de cette terre ; seule une rente de 15 deniers dijonnois était due pour la célébration de l’anniversaire d’une religieuse décédée, mais cela ne justifie pas le rôle primordial joué par l’abbesse dans cette transaction133. Toujours au xiiie siècle, c’est encore l’abbesse Damnon (n°6) qui émit l’acte par lequel Bernardin de La Corvée, tailleur de pierres, son fils Durand et sa belle-fille cédèrent une pièce de terre à Gauthier dit Chanledant134 ou, quelques années plus tard, celui par lequel Durand, devenu tailleur de pierres à son tour, vendit une rente d’une mine de froment135. Alors même que les religieuses ne pouvaient pas directement rédiger des actes et qu’elles firent appel à des notaires pour l’élaboration de ceux pour lesquels elles étaient parties prenantes, il est donc étonnant que les habitants 130  Suivant où elle se situait, cette terre, sise «  entre les deux chemins publics par lesquels on accède à l’Arroux », n’appartenait peut-être pas au châtelet Saint-Andoche : proche de l’Arroux, elle ne dépendrait plus de l’abbaye. 131  AD SL H 764/1 (1250 ou 1251). 132  AD SL H 764/7 (1281). 133  En effet, une quinzaine d’années plus tard, Gérardin, fils de Henriet de La Boutière, ne passa pas devant l’abbesse quand il vendit à Tybert dou Carrouge une pièce de terre sise à La Boutière et sur laquelle était assise une partie de la rente due pour l’anniversaire du prêtre Alard (n°944) ; l’acte fut d’ailleurs scellé par une cour laïque (H 764/8, 1297ns). 134  AD SL H 771/1 (1296). 135  AD SL H 772/1 (1303).

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du quartier soient venus à l’abbaye pour qu’y soient ainsi émis des actes de vente entre particuliers. Parallèlement, sont conservés parmi les archives de l’abbaye SaintAndoche de nombreux actes entre particuliers alors que les religieuses n’y sont pas partie prenante : il s’agit de transactions – ventes, donations, échanges – de biens situés dans les environs de l’abbaye ou de rentes assises sur de tels biens136. On pourrait penser que ces actes, passés le plus souvent devant la cour de l’official d’Autun, seraient conservés à la cour d’Autun justement, mais les religieuses semblent avoir été considérées comme une autorité garante des transactions effectuées dans le quartier Saint-Andoche, alors même que c’est à la juridiction de la cour ducale que les parties disaient se soumettre en cas de litige. En fait, au xiiie  siècle et dans les premières années du xive  siècle, les abbesses de Saint-Andoche affirmaient très clairement leur autorité sur les terres et les habitations sises tout autour de l’abbaye. Elles parlaient d’ailleurs à plusieurs reprises des « usages et coutumes de la ville ou bourg SaintAndoche d’Autun »137, voire des « usages et coutumes de notre bourg ou ville Saint-Andoche d’Autun »138, usages et coutumes dont elles se considéraient les garantes. Une marque particulièrement importante de leur domination sur les habitants de ces ville et bourg Saint-Andoche139 réside dans l’obligation qui était faite à ceux-ci de payer une taxe de «  joyeuse entrée  » à la nouvelle abbesse sitôt celle-ci bénie140 : en 1307, les paroissiens omirent de rendre cet hommage à l’abbesse Marguerite d’Auxois (n°14) et celle-ci les traîna en justice à la fois devant la curie épiscopale puis devant la cour métropolitaine de Lyon pour faire reconnaître ce droit. Les habitants du châtelet SaintAndoche furent condamnés à payer 50 livres dijonnois à l’abbesse pour son

 Par exemple  : AD  SL H  767/1  (1328), H  767/2  (1422), H  771/2 (1450ns), H 769/4 (1497) ou AD SL H 772/2 (1311ns), H 772/3 (1400ns), H 772/4 et 5 (1433). 137  AD SL H 764/6 (1274) : usus et consuetudines ville seu burgi Sancti Andochii eduensis ; H  764/7  (1281)  : usagiis et consuetudinibus ville seu burgi Sancti Andochii eduensis  ; H 799/1 (1303) : salvis bonis usagiis ville seu burgi Sancti Andochii. 138  AD SL H 771/1 (1296) : ad usum et consuetudinem burgi seu ville nostre Sancti Andochii eduensis ; H 808/5 (1303ns) : ad usus et consuetudines ville nostre seu burgi Sancti Andochii eduensis  ; H  772/1  (1303)  : ad usus et consuetudines ville nostre seu burgi Sancti Andochii eduensis ; H 801/1 (1319) : ad usus burgi nostri Sancti Andochii. 139  AD  SL H  781/1  (1307)  : homines de villa seu burgo Sancti Andochii ou habentes et possidentes domos in villa seu burgo Sancti Andochii. 140  Cf. chap. 4 I. 2. a. Le droit de queste à Saint-Andoche. 136

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entrée – somme qu’ils reconnurent alors devoir de tout temps à la nouvelle abbesse bénie –, auxquelles s’ajoutèrent 40 livres dijonnois liées aux frais du procès ; ces sommes étaient réparties équitablement entre tous les possédants du bourg Saint-Andoche, en fonction de leurs possibilités financières. 3. Les églises paroissiales, une source de revenus non négligeable pour les religieuses Pour les religieuses de Saint-Andoche comme pour la plupart des abbayes, la cura animarum détenue dans un certain nombre de paroisses induisait une autorité religieuse et morale, mais elle représentait aussi, voire essentiellement, une source de revenus supplémentaires141. En effet, les droits sur les églises qui étaient à leur collation étaient financièrement profitables pour les religieuses – de 20 sous à 10 livres en 1453 pour Saint-Andoche142 –, même s’ils ne sont pas toujours parfaitement connus. Il est en effet rare que soient cités tous les droits du patron sur l’église. En 1371, l’abbaye Saint-Andoche entra en litige avec son curé de Curgy143, ce qui fut l’occasion de redéfinir exactement ces droits : l’abbaye prétendait avoir droit à la moitié des dîmes sur les récoltes et sur la laine ainsi qu’à la moitié des oblations, casuels et autres revenus liés aux baptêmes, mariages et sépultures, ce que contestait le curé, Guy Morin (n°781) ; les deux parties parvinrent à un accord selon lequel les religieuses continuaient à percevoir la moitié des dîmes sur les récoltes et la laine mais abandonnaient au curé l’ensemble des oblations, casuels et autres revenus exceptionnels, contre une rente annuelle de 50 sous tournois. a. Les dîmes et oblations…

Le patron percevait donc plusieurs types de revenus sur l’église qu’il contrôlait, revenus qui peuvent être divisés en deux grandes catégories : les oblations – dons des fidèles lors des cérémonies religieuses – et les dîmes – prélèvements du clergé sur les paroissiens pour secourir les pauvres et subvenir aux besoins du curé. Les oblations étaient nécessairement variables et elles sont fort mal connues. Les revenus que les religieuses en retiraient étaient sans doute

 L. Milis, Les moines et le peuple dans l’Europe du Moyen Âge, Paris, 2002, p. 78‒79.  AD SL H 704/1, fol. 110‒113v (1453ns) : Saint-Pierre Saint-Andoche : 60 sous ; Ciryle-Noble : 5 francs ; Curgy : 50 sous ; Dornes : 1 franc ; La Chapelle-au-Mans : 20 sous ; Saint-Germain-lès-Senailly : 10 livres ; Tintry : 15 gros ; Viévy : 10 francs ; Volnay : 100 sous. 143  AD SL H 892/3 et 4 (1371). 141 142

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­ ettement plus faibles que les dîmes prélevées qui enrichissaient de fait les n religieuses plus qu’elles n’étaient consacrées aux pauvres. Le prélèvement de la dîme, théoriquement du dixième, était souvent plus faible. S’il était effectivement d’un dixième des grains et vins à Senailly et Saint-Germain-lès-Senailly144, il n’était que du quatorzième ou du quinzième sur les vins et les grains croissant à Nolay, et à la conscience du paroissien sur les laines145. En Comté – paroisses de Colonne, Aumont et Saint-Michel de Groson –, elle était un peu plus faible encore  : du seizième ou du dixseptième sur les gros blés et le chanvre, en conscience pour les petits blés, du dixième pour le vin146. Le prélèvement était deux fois plus faible pour les paroissiens qui exploitaient une terre en dehors de la paroisse et pour les horsains qui cultivaient une terre dans la paroisse147. Parfois les religieuses percevaient des dîmes sur des terres dont elles n’étaient pas seigneur et pour une église dont elles n’étaient pas patronne, peut être en mémoire d’une charge spirituelle de l’abbaye sur la paroisse, comme à Demigny : alors que Saint-Andoche n’était pas patronne de l’église paroissiale de Demigny et qu’elle semble avoir « perdu » la possession de la chapelle Saint-Martial, elle avait conservé le droit de lever les dîmes au moins sur certaines des terres de la paroisse. Ainsi, au début du xiiie siècle, un conflit éclata entre les religieuses et les chevaliers du Temple, les religieuses réclamant le paiement de dîmes pour les possessions des chevaliers du Temple à Demigny ; c’est l’évêque, Guy de Vergy (n°871 ?), qui résolut le litige en exemptant les chevaliers de toute dîme pour ces possessions contre le versement annuel de 3 bichets de blé mesure de Chagny, un de froment, un de seigle et un d’avoine148. À la fin du xive siècle d’ailleurs, les religieux de Maizières achetèrent un huitième de la dîme de Demigny, partageable avec le curé et avec l’abbaye Saint-Andoche149 et dans la deuxième moitié

 AD CO 74 H 1012 (xve siècle).  AD SL H 1576/3 (1480), H 1570/1 = H 1573/43 (1481). 146  AD SL H 1434, fol. 68‒87v (1453‒1454). À Bersaillin, elle était du seizième sur le vin, prélevée directement dans les maisons, les caves et les celliers par un envoyé de l’abbesse de Saint-Jean et par deux habitants assermentés ; en cas de fraude, le contrevenant était astreint à une amende de 60 sous estevenans pour le comte de Bourgogne et à la confiscation de tout le vin caché au profit des religieuses (AD SL H 1345/1, 1454). 147  AD  SL H  1434, fol.  68‒87v (1453‒1454), H  1576/3  (1480), H  1570/1 = H 1573/43 (1481). 148  AD  SL H  930/1  (1225)  ; sur l’évêque Guy de Vergy, cf.  J.  Madignier, Fasti, t.  12  : Autun, op. cit., n°369 p. 111‒113. 149  AD SL H 780/8 (1370). 144 145

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du xve  siècle, l’abbaye de Maizières levait la moitié des dîmes de Demigny, partageable avec l’abbaye Saint-Andoche (un sixième revient au curé), à la proportion de 15 gerbes l’une et de 5  blancs 2  deniers par queue de vin – pour les terres appartenant aux religieux de Maizières, aucune dîme n’était versée ni au curé ni à l’abbaye Saint-Andoche150. Cette perception de dîmes sur une paroisse qui ne dépendait pas de l’abbaye pouvait aussi être due à un don, comme les dîmes que percevaient les religieuses de Saint-Andoche à Saint-Léger-du-Bois  : une part provenait du don fait à Sarre de Torcy (n°109), moniale, par ses frères, à la fin du xiiie siècle151, et l’autre de la donation, pour le remède de son âme, faite par Geoffroy de Clugny, écuyer, en 1440 (gén. 6)152. Les dîmes étaient donc un revenu comme un autre qui se vendait, se léguait, s’achetait etc., et que les religieuses défendaient exactement comme les autres. Elles pouvaient aussi être amodiées  ; ainsi Saint-Andoche en a acensé plusieurs contre des redevances en nature à la fin du xive siècle : celles de Magnien furent acensées à une seule personne, pour 19  setiers de froment par an, celles de Saint-Parize-en-Viry à une dizaine de personnes pour 18 muids et demi de grains et 108 sous, celles de Viévy à une demi-douzaine de personnes pour 128 setiers et 2 bichets de grains et celles de Curgy à deux personnes pour 49  setiers de grains153. Vingt ans plus tard, la plupart des dîmes dues à Saint-Andoche154 furent amodiées, pour un revenu total de 183 setiers (36 setiers et 1/3 de bichet de froment, près de 74 setiers de seigle et près de 74 setiers d’avoine)155. Les religieuses de Saint-Jean amodiaient aussi certaines de leurs dîmes contre une redevance en nature – leurs dîmes de Balorre furent amodiées en 1388 contre 70 bichets de blé, un tiers froment, un tiers seigle et un tiers avoine156  ; toutefois, les dîmes prélevées dans des paroisses ­d’Outre-Saône

 AD SL H 932/1 (1451), H 780/8 (1499).  AD SL H 1055/1 (1294). 152  AD SL H 853/1 (1440). 153  AD SL H 1622/2 (1387). 154  Dîmes prélevées sur Curgy, Vergoncey, Savigny-le-Jeune, Colonge, Savigny-le-Vieux, Nanteuil, Brêche, Paisey, Uchey, Tillot, Veuroille et Visignot, Dracy-Chalas, Thoreille, Chevigny et La Chaume, Viévy. 155  AD SL H 722/2 (1407‒1408). 156  AD SL H 1256, fol. 5v (1388). À la fin du xve siècle, celles de Marcilly furent amodiées pour 85 setiers de froment, 74 setiers d’avoine, un setier de pois et un setier de fèves pour les grosses dîmes, un setier de froment et un de fèves pour les petites dîmes (AD SL H 1509/1, fol. 4v, 1491). Au milieu du xve siècle, 150 151

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pouvaient aussi être laissées contre une rente en argent – au début du xive siècle, Jean de Tormont, écuyer, et Guillaume, son fils, reçurent les dîmes en blé et en vin de Bersaillin, Voise et La Chaume contre une rente annuelle de 15 livres tournois157. Celui qui prenait en amodiation les revenus des religieuses liés au patronage d’une église devait aussi payer les charges liées à ce patronage. Ainsi, lorsque Jean de Tormont pris en amodiation tous les biens, revenus et charges de l’abbaye Saint-Jean Outre-Saône, cela comprenait aussi les « subventions, procurations des arcevesques, arcidyacres et doiens de Besançon, charges et dismes dou pape » pour le « patronaige de la cure de Columpne » et en 1316, il promit de rembourser au curé de Colonne ce qu’il avait avancé à ce titre et de faire absoudre la prieure de Colonne excommuniée pour le nonpaiement des dîmes dues au pape158. Les revenus des églises paroissiales étaient en fait répartis entre le seigneur, le patron et le curé ; lorsque, bien souvent, les religieuses étaient à la fois patronnes et seigneur, elles en percevaient la plus grande partie159. Dans les faits pour les religieuses d’Autun, les dîmes étaient partagées avec le prêtre qui desservait la paroisse, les religieuses s’en réservant les

celles d’une grande partie des paroisses d’Outre-Saône dépendant de Saint-Jean le furent pour près de 700 quartauts d’avoine, 5 quartauts de froment et 11 quartauts de vin (un petit nombre des dîmes sur le vin étaient alors amodiées) et 12 florins d’entrage (AD SL H 1434, fol. 68‒82v, 1453‒1454). 157  AD SL H 1439/1 et 2 (1303, 1316). 158  AD SL H 1439/4 (1316). 159   Bernard Delmaire (Le diocèse d’Arras de 1093 au milieu du xive siècle, Arras, 1994, t. 1, p. 151) propose le tableau suivant pour une répartition classique de ces revenus : Ecclesia (grosses dîmes)

Altare (menues dîmes)

Altare (oblations aux fêtes)

Altare (oblations ordinaires)

seigneur

2/3

rien

rien

rien

patron

2/9

2/3

2/3

(presque) rien

curé

1/9

1/3

1/3

(presque) tout

FIG. 48 Répartition des revenus des églises paroissiales entre seigneur, patron et curé

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deux tiers et le curé un tiers160 ou chacun en percevant la moitié161. Les oblations étaient aussi, le plus souvent, partagées, même si les religieuses de Saint-Jean percevaient « toutes les oblacions et offrandes provendes » apportées à la chapelle Saint-Barthélemy de Brainans le jour de la fête patronale en raison de leur patronage de Colonne162. Ainsi, quand, en 1462, Saint-Andoche céda tous ses droits de patron au curé de Magnien contre 9 setiers de froment de rente, il était précisé que ces droits correspondaient à la moitié des oblations et mortuaires, mais au quart seulement des dîmes163. Les religieuses percevaient directement les dîmes, mais leur part des oblations leur était versée par les desservants ; ces derniers devaient aussi reconnaître le patronage des religieuses par le versement d’une redevance. b. …et les redevances dues par les curés…

Le plus souvent, cette redevance était assez faible, en argent : ainsi les religieuses de Saint-Andoche recevaient chaque année 40 sous, moitié à Pâques moitié à la Toussaint, du curé de Dornes, 2 francs et demi du curé de Curgy, 3 francs du curé de Saint-Pierre Saint-Andoche164 ; celles de Saint-Jean percevaient 40 sous du curé de Balorre et celui-ci fut condamné à les payer par l’official d’Autun au xvie siècle165. Le curé de La Celle devait aux religieuses de Saint-Andoche non seulement 20 sous tournois, mais aussi 2 livres de cire, outre suam procurationem que geste vulgaliter appellatur166. En effet, parfois la redevance due était payée en nature. Ainsi, le curé de Saint-Sernin-du-Plain devait aux religieuses de Saint-Andoche 16 livres de  Par exemple à Dornes, Toury-sur-Abron et Orroux (AD SL H 941/14, fol. 15‒16v, 1236, et H 952/2, 1237ns), à Merceuil en 1321 (AD SL H 995/1), à Aumont en 1378 et encore en 1704 (AD SL H 1283, H 1284), à Saint-Parize-en-Viry en 1484 (AD SL H 1060/1), à Balorre en 1567 (AD SL H 1339), à Groson au xviiie siècle (AD SL H 1481). 161  Par exemple à Volnay (AD  SL H  1145/1  à  4, 1229), à Épertully, Aubigny-la-Ronce et Roicheulland, Créot en 1481 (AD SL H 1570/1 = H 1573/43). 162  AD SL H 1348/7 (1449). 163  AD SL H 698/1 (1462). 164  Respectivement AD  SL H  947/1  (1501)  ; AD  SL H  704/1, fol.  64  (1389)  ; AD  SL H 735/1 (1449). 165  AD SL H 1340 (1561). Aux solstices d’hiver et d’été, les curés de Sainte-Radegonde et de Montmort devaient une redevance en argent (AD SL H 1264, fol. 4, 1418‒1419, H 1276, fol.  35v et 36, 1276, H  1268, fol.  21v, 1499‒1500), de même que celui de Nolay (AD  SL H 1265/1, fol. 2v et 6v, 10 et 12v, 16 et 18v, 22v et 25 etc., 1465‒1476) qui devait aussi une redevance en cire (AD SL H 1268, fol. 65v, 1499‒1500). 166  AD SL H 1622/31 (1310) ; cf. aussi H 1622/32 (1522). 160

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cire et un repas, puis, à partir de 1295, 20 livres de cire par an167. Le repas dû un temps par ce curé est sans doute à rapprocher du droit de gîte et/ou de couvert des religieuses auprès de certains de leurs curés : les curés des églises Outre-Loire à la collation de Saint-Andoche – Dornes, La Celle, SaintParize – devaient héberger et nourrir l’abbesse et sa suite ou ses envoyés un à deux jours par an, de même que certains curés des églises Outre-Saône à la collation de Saint-Jean168. La situation entre Saint-Jean et le curé de Nolay est plus complexe encore : en 1386‒1387, l’abbesse de Saint-Jean reconnaissait devoir une queue de vin, 12 bichets de froment et 12 bichets d’avoine au curé de Nolay, celui-ci lui devant en retour 10 francs et 18 livres de cire169. Les revenus que les religieuses percevaient grâce aux églises à leur collation étaient donc variés et les religieuses devaient les défendre à la fois contre leur propre curé mais aussi, parfois, contre ceux qui les leur contestaient ; ces différends concernaient en particulier la possession et la perception des dîmes. c. …farouchement défendues

Ainsi, lorsqu’en 1484‒1485, Jean de Clugny, damoiseau, seigneur de Champœcueillon, remit en cause la donation faite aux religieuses de Saint-Andoche par son père, Geoffroy de Clugny, chevalier, 44 ans plus tôt pour qu’elles prient pour lui, donation des dîmes qu’il percevait dans sa seigneurie de Champœcueillon – d’une valeur de 6 boisseaux de seigle et avoine et 6 gros170 –, les religieuses se défendirent en justice. De nombreux paroissiens de Saint-Léger-du-Bois, âgés de 30 à 60 ans environ, furent alors appelés à témoigner, mais l’issue du procès entre Jean de Clugny et sa cousine (gén. 6), l’abbesse Louise de Clugny d’Alonne (n°24), n’est pas connue. Trente ans plus tôt, un conflit était déjà né entre les religieuses de SaintAndoche et les desservants de cette paroisse – Jean Popon, le curé, soutenu par Thomas de Sommant son vicaire et chapelain – où elles percevaient des dîmes alors qu’elles n’y possédaient ni terres ni droits seigneuriaux. Là aussi,

 AD SL H 1080/1 (1295), H 1080/2 (1499 et 1513).  AD SL H 1064/1 et 2 (1273ns) ; cf. chap. 3 III. 1. b. Les hôtels et les demeures aménagées pour recevoir les religieuses, à partir du xive siècle. L’utilisation du droit de gîte à Saint-Jean. 169  AD SL H 1256, fol. 16 (1386 et 1387). 170  AD SL H 853/1 (1440) et H 855/1 à 3 (1484‒1485). 167 168

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elles défendirent leurs droits171 : Guillaume Girard, sergent royal, apposa des panonceaux et bâtons royaux sur les terres de Champœcueillon pour y signifier la sauvegarde royale, notamment à l’encontre de Jean Michault accusé de prélever indûment au nom du curé des dîmes dues aux religieuses, et il assigna le curé et son vicaire devant le parlement royal. Le curé riposta en faisant appel auprès du roi qui demanda à son sergent royal à Autun d’enquêter, ce contre quoi les religieuses firent appel à leur tour. En fait, chaque partie fit appel de son bon droit auprès du roi qui n’avait aucun moyen de savoir ce qu’il en était réellement ; il envoya donc des lettres à ses sergents royaux à Autun – Simon Aubert et Guillaume Girard – pour qu’ils enquêtent sur les agissements des uns des autres. Là encore l’issue de ce conflit entre les religieuses et Jean Popon n’est pas connue, mais peut-être tomba-t-il de luimême du fait du décès d’un des protagonistes puisque en 1454 c’est Jean Vincent qui était curé de Saint-Léger-du-Bois. Toutefois, celui-ci repris en son nom le conflit de son prédécesseur172 et les représentants des deux parties finirent par trouver un accord : les dîmes furent également réparties entre les religieuses et le curé sauf les « dixmes dame Sarrote » – celles qui avaient été offertes par les frères de Sarre de Torcy (n°109) – qui revinrent entièrement aux religieuses. Dans ces deux exemples, qui concernent tous deux Saint-Léger-du-Bois, les droits des religieuses purent paraître contestables à certains dans la mesure où les religieuses n’avaient pas le patronage sur la paroisse. Toutefois, il arrivait aussi que les religieuses s’opposent à leur propre curé, nommé par ellesmêmes. Ainsi, dès le début du xive siècle, Saint-Andoche s’opposa à son curé de Merceuil qui refusa de lui payer la moitié des droits casuels et de tous les revenus de la cure ; l’intervention du curé de Viévy, procureur des religieuses, permit de trouver un accord : les religieuses devaient percevoir la moitié des oblations – y compris deux sous par enterrement, mais excepté les revenus liés aux mariages –, ainsi que les deux tiers des dîmes173. Lorsqu’au milieu du xve siècle Michel de Rubelles (n°770), curé de SaintPierre Saint-Andoche, ne paya pas les 3 francs de rente annuelle dus aux religieuses, elles lui intentèrent un procès et il fut condamné174. Le développement des paroisses Saint-Pierre Saint-Andoche et SaintJean-le-Grand répondait à un besoin de sérénité et de séparation du monde  AD SL H 854/1 et 5 (juillet-août 1452).  AD SL H 854/6 et 7 (août-septembre 1454). 173  AD SL H 995/1 (1321). 174  AD SL H 735/1 à 6 (1449‒1450). 171 172

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des religieuses mais il a probablement aussi favorisé le développement de liens entre les paroissiens et les religieuses, liens spirituels et moraux en particulier. Les églises paroissiales dans leurs domaines ruraux répondaient essentiellement aux besoins spirituels des habitants et purent être à l’origine là encore de liens spirituels entre les paroissiens et les religieuses, même s’ils étaient moins forts. Toutefois, la possession de ces paroisses était aussi une source de revenus pour les religieuses. De la même façon leurs prières devinrent aussi une source de revenus pour les religieuses lorsqu’elles étaient les destinataires de dons et/ou de fondations de la part de personnes qui espéraient que les prières de ces épouses du Christ favoriseraient leur accès au Ciel. II. Donations, fondations et mémoire des défunts Comme pour la plupart des abbayes de femmes, le rayonnement spirituel des abbayes Saint-Andoche et Saint-Jean d’Autun ne se traduisait pas par la fondation de prieurés, pas plus que par la participation à des conciles ou autres réunions ecclésiastiques importantes. En revanche, les fondations pieuses ont été nombreuses dans ces deux abbayes. Si jusqu’au xiie ou xiiie siècle les prières semblent avoir été essentiellement destinées au salut des moniales décédées, par la suite les religieuses ont de plus en plus prié pour le salut de leur entourage ainsi que celui de généreux fondateurs175. De plus en plus, en effet, les fidèles ont recherché l’appui des moines – ou des moniales – notamment à l’approche de la mort, depuis de simples prières pour les plus modestes, jusqu’à la fondation d’une chapelle avec revenus pour la faire desservir ou l’accueil parmi les religieux in extremis pour les plus fortunés176. 1. Les donations testamentaires Les donations du vivant étaient faites par générosité, mais aussi et surtout par piété et pour s’attirer les prières des religieux. Ainsi, en 1195, Eudes III, duc de Bourgogne, donna à Saint-Andoche un homme et ses descendants ainsi que les droits qu’il avait sur un autre homme et ses descendants, pour le remède de son âme177. De la même façon, 70  ans plus tard, Guillaume,  Cf.  par exemple M.  Parisse, «  La tradition du monachisme féminin au Haut Moyen Âge  », dans Robert d’Arbrissel et la vie religieuse dans l’Ouest de la France, Paris, 2004, p.  107‒120, en particulier p.  117  ; P.  D.  Johnson, Equal in monastic profession. Religious Women in Medieval France, Chicago / Londres, 1991, p. 61. 176  J. Avril, « La paroisse médiévale et la prière pour les morts », art. cit., p. 60. 177   pro redemptione anime mee et predecessorum meorum (AD SL H 798/1, 1195). 175

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damoiseau, seigneur de La Roche Nolay, donna à la même abbaye «  une somme d’huile bonne et pure  » de rente sise à Sampigny, là encore pour le remède de son âme178 et, quelques années, plus tard Eudes de La Roche (n°896) seigneur de Nolay – son fils ? – céda à Saint-Jean 60 soudées de terre et « élit sa sépulture en l’église de l’abbaye »179. À la même époque, Jean, seigneur de Salins, ancien comte de Chalon, et son épouse Isabelle de Courtenay, offrirent à Saint-Jean une rente annuelle de 10 charges de sel prélevées sur la saunerie de Salins « en rémission de nos péchés et pour les âmes de nos ancesseurs et des ancesseurs de ladite Isabelle »180. En 1440, Geoffroy de Clugny, écuyer, seigneur de Champœcueillon, octroya à l’abbaye SaintAndoche les dîmes qu’il percevait à Champœcueillon «  affin que lesdites religieuses ayent l’ame de moy et de mesdits successeurs et predecesseurs pour recommandée en touttes les prieres et bienfaits qui se feront en leurdite eglise et aussy qu’elles priront Dieu pour le remede de nosdites ames de moy et de mes predecesseurs et successeurs »181. Et quelques années plus tard, la veuve de Guillaume le Fort (n°999) bailla à Guillaume Fouret, parcheminier, une maison et un courtil à Chaumont ainsi qu’un platre pour des palains contre 20 gros tournois de rente et un denier de cens qu’elle transféra aussitôt à l’abbaye Saint-Andoche « pour estre participans es prieres et bienfaiz d’icelles »182. C’est donc en pensant à leur salut éternel que de généreux bienfaiteurs faisaient des donations  ; c’était là aussi le bénéfice attendu des donations faites dans les testaments. a. Le but des donations testamentaires

De nombreuses personnes, sentant la mort venir et ayant peur de ne pas mériter le paradis, multipliaient les dons aux congrégations religieuses dans leur testament afin que les prières de centaines voire de milliers de religieux leur en ouvre les portes. Il pouvait s’agir de dons sans autre contrepartie que des prières le jour de la mort, mais le testateur pouvait aussi demander la

  pro remedio anime sue et antecessorum suorum (AD SL H 834/4, fol. 11‒12, 1268ns).  AD SL H 1170 XIII, II, 3 (1280). 180  AD SL H 1226/30 (1255). 181  AD SL H 853/1 (1440). 182  AD SL H 754/10 (1453). Cf. aussi Jean Maire (n°342) qui légué aux religieuses un franc d’argent et un setier de froment pour « estre participans es bienfait et es bonnes prieres qui se font et qui se fairont en ladite église de Saint-Jean » (AD SL H 1229, fol. 16v, 1e moitié du xve siècle). 178 179

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c­ élébration de messes ou la fondation d’anniversaires ; d’autres encore souhaitaient que leur corps soit escorté par une procession de religieux lors de leurs funérailles. Le testament de Gérard de Beauvoir (n°872)183, évêque d’Autun au xiiie  siècle (1253‒†1282), présente plusieurs de ces facettes, même si l’on ne s’intéresse qu’à ce qui a trait aux abbayes Saint-Andoche et Saint-Jean. En effet, il offrit tout d’abord 10  livres aux différents «  congrégations et convents » de la ville pour la pitance de leurs membres le jour de ses funérailles. Il légua ensuite 40 sous aux établissements religieux et 15 sous aux églises paroissiales d’Autun afin que soit célébré un office des défunts 30 jours après son décès. Il laissa 15 livres aux églises paroissiales d’Autun pour l’achat de 15 sous de rente, afin que leurs desservants respectifs disent trois messes annuelles le lendemain de l’anniversaire de son décès pour le remède de son âme. Enfin – en ce qui concerne les religieuses d’Autun et leurs familiers –, il ordonna le versement de 200 livres aux abbesse et chapitre de Saint-Jean afin qu’y soit célébré un anniversaire et il fit de même avec les abbesse et chapitre de Saint-Andoche auxquels il fit verser 30 livres184. On peut remarquer que malgré cette fondation d’un anniversaire, le nom de Gérard de Beauvoir n’est inscrit dans aucun des obituaires de Saint-Andoche. Quelques années plus tard, le testament de Jean de Bourbon (n°956)185 est aussi une bonne illustration des différents types de legs qui pouvaient être faits en faveur d’une abbaye. Ainsi, cet archidiacre d’Avallon légua tout d’abord 40 sous aux différentes congrégations autunoises afin qu’elles se déplacent et participent à la procession le jour de sa mort  ; il détaillait ensuite quatre donations de 10 ou 15  livres en faveur respectivement de Saint-Andoche, Saint-Jean, Saint-Martin et Saint-Symphorien pour l’achat de rentes permettant une célébration perpétuelle de son anniversaire dans chacun de ces établissements religieux. L’anniversaire de Jean de Bourbon est effectivement mentionné dans les obituaires de Saint-Andoche, aux dates

183   Cartulaire de l’Église d’Autun, éd. cit., t. 1, p. 218‒222 (ch. cxxxvii, 1277) ; sur l’évêque Gérard de La Roche Beauvoir, cf. J. Madignier, Fasti, t. 12 : Autun, op. cit., n°323 p. 114‒116. 184  Il semble que cette importante différence entre les sommes versées respectivement à SaintJean et à Saint-Andoche était liée à une dette contractée par l’évêque envers Saint-Jean. 185  AD SL 5 G 62 = Cartulaire de l’Église d’Autun, éd. cit., t. 1, p. 316‒326 (ch. clxxvii, 1299)  ; sur l’archidiacre Jean de Bourbon, cf.  J.  Madignier, Fasti, t.  12  : Autun, op.  cit., n°563 p. 283.

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du 7 ou du 10 octobre : avec les 10 livres léguées, l’abbesse Dannom (n°13) avait acquis de Gérard de Curgy 10 sous de rente sur « le pré de Meuse »186. b. Saint-Andoche et Saint-Jean au milieu d’une série d’églises bénéficiaires

Comme dans ces exemples, Saint-Andoche et Saint-Jean étaient généralement mentionnées dans les testaments des Autunois avec les autres établissements religieux éduens et les églises paroissiales. Parfois les legs étaient identiques dans les deux abbayes, mais parfois l’une d’entre elles était privilégiée par rapport à l’autre ; les fondateurs ne justifiaient d’ailleurs que fort rarement leur choix de privilégier tel ou tel établissement, telle ou telle église, dans leurs demandes de prières, fondations d’anniversaire etc.187. Des legs identiques pour les deux abbayes

Bien souvent, les abbayes Saint-Andoche et Saint-Jean-le-Grand étaient traitées à égalité, parfois même avec Saint-Martin et Saint-Symphorien, voire avec Champchanoux et Saint-Georges-des-Bois, dans des legs faits à toute une série d’établissements et églises autunois afin que les desservants de ces églises prient pour le testateur décédé. Certains testateurs ne demandaient que des prières et faisaient un legs pour la pitance distribuée le jour de leur décès ou celui de leur inhumation. Ils ne léguaient alors qu’une faible somme d’argent, généralement à un grand nombre d’établissements : 10 sous pour Gérard de Vandenesse, clerc188 ; plus souvent, au xiiie siècle, 20 sous pour Hugues de Dracy archiprêtre d’Autun, Jean curé de Tavilly, Hugues Pautaz chanoine d’Autun et curé de Fahanay – il légua aussi 10 sous aux différentes églises paroissiales d’Autun –, Égyde veuve d’Arnoult de Corrabeuf – elle légua aussi 30 deniers aux différentes églises paroissiales d’Autun –, Agnès dame de Thury veuve d’Hugues de Corrabeuf chevalier et mère d’Élisabeth, Élisabeth damoiselle dame de Repas veuve de Renaud de Repas, Guillaume de Crux-la-Ville damoiseau qui élit sépulture à Saint-Martin, Pariset de Saint-Gervais clerc ou Hugues archiprêtre d’Autun – il légua aussi 30  deniers à la plupart des églises paroissiales d’Autun189  ;  AD SL H 708 et H 709 (10‒10), H 710 et BM A P 088 (07‒10). Cf. Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche, éd. cit., n°382 et 378, p. 212. 187  D. Angers, « “Meu en devocion, et pensant au prouffit et salut de l’ame de lui et de tous ses parens…” Les bourgeois de Caen, la mémoire et l’au-delà (1396‒1500) », Tabularia, n°10 (2010), p. 4. 188   Cartulaire de l’Église d’Autun, éd. cit., t. 1, p. 206‒208 (ch. cxxviii, 1271). 189  Respectivement Cartulaire de l’Église d’Autun, éd.  cit., t.  2, p.  38‒40 (ch.  xxxvii, 1250), Idem, t. 2, p. 122‒126 (ch. civ, 1304) ; Idem, t. 2, p. 191‒195 (ch. cxxxvii, 1328) ; 186

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voire 40 sous pour Humbert vicaire perpétuel de Saint-Jean de la Grotte ou pour Eudes, chevalier, seigneur de Roussillon, qui élit sépulture à Saint-Martin190. Au xive siècle, la somme était un peu plus importante : 30 sous pour Simon de Dinteville chanoine d’Autun ou pour Jacques de Verdeaul chanoine d’Autun191 ; 50 sous pour Guy de Limanton, prévôt de l’Église d’Autun192. Au xve siècle, la somme avait encore augmenté : un franc pour Pierre de Sommant chanoine d’Autun et Beaune193 ; 60 sous pour Jean Mangeard chanoine d’Autun et curé de Tillenay194 et même 10 francs légués au début du xvie siècle par Mathurin Huault, chanoine d’Autun, qui semble avoir eu de sérieuses inquiétudes pour son salut, pour des prières pour ses péchés et des suffrages195. L’augmentation des sommes ainsi versées est sans doute liée à la dévaluation de la monnaie sur les derniers siècles du Moyen Âge. D’autres exigeaient une participation plus importante des religieuses en contrepartie de la pitance qu’ils leur offraient puisque les religieuses devaient assister à leurs obsèques, voire prendre part à la procession qui amenait leur dépouille jusqu’au lieu de la messe de funérailles. La somme léguée était alors généralement un peu plus importante que lorsque seules des prières étaient demandées  : 15  sous pour Jean de Viserney chapelain de la chapelle de la Vierge à la cathédrale et curé de Saint-Symphorien-de-Marmagne196 ; 20 sous

AD SL 5 G 62 = Idem, t. 1, p. 182‒184 (ch. cvi, 1253) ; AD SL 16 H 112 (1258) ; AD SL 9 G 27 (1262) ; AD SL H SUP 9 (1277) = Essai historique sur l’abbaye Saint-Martin d’Autun, J.‑G. Bulliot (éd.), Autun, 1849, t. 2, p. 337‒343 (ch. 9bis.sup., 1277) ; AD SL 5 G 63 (1308) et AD SL 5 G 119 (1250) ; sur Hugues de Pautaz, cf. J. Madignier, Fasti, t. 12 : Autun, op. cit., n°495 p. 260. 190  Respectivement AD SL 5 G 62 = Cartulaire de l’Église d’Autun, éd. cit., t. 1, p. 210‒213 (ch. cxxxi, 1275) et AD SL H SUP 9 = Essai historique sur l’abbaye Saint-Martin d’Autun, éd. cit., t. 2, p. 327‒336 (ch. 9sup., 1298). 191  Respectivement AD SL 5 G 63 = Cartulaire de l’Église d’Autun, éd. cit., t. 2, p. 215‒221 (ch. cxlvi, 1336) et AD SL 5 G 63 (1333) ; sur Simon de Dinteville, cf. J. Madignier, Fasti, t. 12 : Autun, op. cit., n°812 p. 372 ; sur Jacques de Verdeaul, cf. Ibid., n°987, p. 275. 192   Cartulaire de l’Église d’Autun, éd. cit., t. 2, p. 152‒158 (ch. cxxi, 1315ns) ; sur Guy de Limanton, cf. J. Madignier, Fasti, t. 12 : Autun, op. cit., n°359 p. 216. 193  AD SL 5 G 65 (1416) ; sur Pierre de Sommant, cf. J. Madignier, Fasti, t. 12 : Autun, op. cit., n°747 p. 353. 194  AD SL 5 G 66 (1428) ; sur Jean Mangeard, cf. J. Madignier, Fasti, t. 12 : Autun, op. cit., n°989 p. 317. 195  AD SL 5 G 315 ; sur Mathurin Huault, cf. J. Madignier, Fasti, t. 12 : Autun, op. cit., n°661 p. 320. 196  AD  SL 5  G  120 = Cartulaire de l’Église d’Autun, éd.  cit., t.  2, p.  262‒264 (ch.  clx, 1348).

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pour Seguin de Beligny chanoine d’Autun et de Beaune197 ; 40 sous pour Jean Moret de Bourbon-Lancy, grand chantre d’Autun – les religieuses devaient suivre son corps – et pour Pierre de Châteauneuf, chevalier, seigneur de Châteauneuf198 ; 100 sous pour Isabeau de Pontailler, dame d’Antigny près d’Arnay, veuve de Richard de Montbéliard, pour être « presens à son obseque et au divin office en l’eglise Sainct Ladre d’Ostun »199 ; et 5 francs pour Alix, veuve de Jean d’Oudry et femme de Jean Piémire licencié en lois, pour la participation à une procession jusqu’à la paroisse Notre-Dame200. D’autres encore firent un legs plus important parce qu’ils souhaitaient obtenir des religieuses non seulement des prières mais aussi la célébration d’un ou plusieurs offices des défunts au moment de leur mort. Ainsi, Pierre Corneaux, curé de Brion, laissa aux deux abbayes 10  sous pour la pitance et la célébration d’un office des défunts le lendemain de son décès201 ; cette somme est particulièrement faible, peut-être en liaison avec la faiblesse des revenus de ce curé. En effet, le plus souvent, c’est le quadruple qui était légué pour bénéficier d’oraisons. Ainsi, Nicolas de Beurey, chanoine d’Autun et curé de Vendenesse, légua 40 sous pour la pitance, des vigiles et une messe202 ; Bureau de Maisons-Comte, chanoine d’Autun et archidiacre d’Avallon, neveu d’Étienne de Marnay chancelier de France, abandonna 2 francs d’or pour que les religieuses célèbrent une messe solennelle des défunts en sa faveur le lendemain de son décès203 ; la somme était la même pour Guillaume de Vergoncey, prêtre, chanoine d’Autun, pour une messe des défunts204, de 197   Cartulaire de l’Église d’Autun, éd. cit., t. 2, p. 177‒182 (ch. cxxxii, 1325) ; sur Seguin de Beligny, cf. J. Madignier, Fasti, t. 12 : Diocèse d’Autun, op. cit., n°806 p. 370. 198   Cartulaire de l’Église d’Autun, éd.  cit., t.  2, p.  234‒240 (ch.  clii, 1343ns) et AD  CO G  746 (1349ns, 1354, 1356ns) respectivement  ; sur Jean Moret de Bourbon-Lancy, cf. J. Madignier, Fasti, t. 12 : Autun, op. cit., n°606 p. 299‒300. 199   Cartulaire de l’Église d’Autun, éd. cit., t. 2, p. 222‒227 (ch. cxlvii, 1337). 200  AD SL 5 G 64 (1385ns). 201   Cartulaire de l’Église d’Autun, éd. cit., t. 1, p. 311‒315 (ch. clxxvi, 1299ns) ; il laisse aussi 30  deniers aux églises paroissiales afin que sa mémoire et celle des siens soit rappelée chaque année à la date anniversaire de son décès. 202  AD  SL 5  G  63 = Cartulaire de l’Église d’Autun, éd.  cit., t.  2, p.  270‒276 (ch.  clxii, 1349)  ; il lègue aussi 15 sous aux églises paroissiales d’Autun.  ; sur Nicolas de Beurey, cf. J. Madignier, Fasti, t. 12 : Autun, op. cit., n°672 p. 324. 203  AD SL G 746 = Cartulaire de l’Église d’Autun, éd. cit., t. 2, p. 334‒344 (ch. clxxxvi, 1378)  ; sur Bureau de Maisons-Comte, cf.  J.  Madignier, Fasti, t.  12  : Autun, op.  cit., n°278 p. 188. 204  AD SL 5 G 65 (1410) ; il donna aussi 3 gros d’argent aux curés d’Autun pour une messe de Requiem et une absoute hebdomadaire le dimanche pendant un an. Sur Guillaume de

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même que pour Pierre Chappet, prêtre, chapelain de la chapelle de la Vierge à la cathédrale, qui voulait que soient célébrées des vigiles des morts et une messe à Saint-Andoche et Saint-Jean, mais aussi Saint-Martin et Saint-Symphorien205. Plus généreux encore furent Pierre Audier, chanoine d’Autun et curé de Saint-Jean de la Grotte, qui laissa 3 francs d’or pour une messe dans les neufs jours suivant son décès et des prières et Barthélemy Munier, chanoine d’Autun et curé d’Issy-l’Évêque et de Grury, qui légua 5 francs d’or pour des vigiles des morts et une messe, à la fin du xve siècle206. Ce sont surtout des clercs qui firent ce type de legs ; ils étaient sans doute moins pauvres que beaucoup de laïcs et avaient peut-être une foi plus grande dans l’efficacité de l’intercession de leurs pairs en leur faveur. Quand des laïcs demandaient à participer aux suffrages des abbayes, leurs legs semblent avoir été un peu plus importants que ceux des clercs à la même époque, mais l’analyse ne porte pas sur un suffisamment grand nombre de cas pour que cela soit certain. Un groupe particulier de laïcs a généralement fait don d’une somme identique à tous les établissements religieux bourguignons d’une même « catégorie  », les ducs de Bourgogne, du moins les ducs de la branche capétienne directe207. Ainsi Hugues  V fit, à un très grand nombre d’abbayes, un legs de 50 livres pour l’achat de 100 soudées de terres, en 1314208 ; Philippe de Rouvres, dernier duc capétien de Bourgogne, fut encore plus égalitaire dans

Vergoncey, cf. J. Madignier, Fasti, t. 12 : Autun, op. cit., n°435 p. 240. 205  AD SL 5 G 68 (1492). 206  AD  SL 5  G  65  (1406) et AD  SL 5  G  66  (1497) respectivement  ; sur Pierre Audier, cf. J. Madignier, Fasti, t. 12 : Autun, op. cit., n°701 p. 334 ; sur Barthélemy Munier, cf. Ibid., n°250 p. 181. 207  Ainsi, Philippe le Hardi, premier duc de Bourgogne de la maison de Valois et fondateur de la chartreuse de Champmol, dans son testament fit des legs aux ordres nouveaux et aux cisterciens mais ni aux chapitres – hormis celui de Dijon – ni aux abbayes bénédictines de son duché (Histoire générale et particulière de Bourgogne, U. Plancher (éd.), Dijon, 1739‒1781, t. 3, p. c‒cvi (ch. cv, 1386). 208   Histoire générale et particulière de Bourgogne, éd.  cit., t.  2, p.  cli‒clv (ch.  ccxv, 1314) : « Derrechief es yglises de Saint Benigne de Dijon, de Saint Ceoigne, de Saint Pierre de Chalon, de Oigney, dou Val des Choux, de Vance, de l’abbaye de Tar, de Moloise, de Praelon, de Beze, au chapitre de Vergey, à Saint Jehan, à Saint Martin, à Saint Andoche et à Saint Symphorien d’Ostun, à l’abbaye de Flavigney, à Vaulcroissant, au Leu Dieu, à chascune desdites Églises por nostre anniversaire chascun an à toujours faire une fois en l’an esdites Eglises, et por une messe de mors de chascun prevoire, qui sera residens esdites Eglises le jour de nostre anniversaire, cinquante livres pour acheter cent soudees de terre en nostre duchie, quelque part que il lour plaira ».

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son legs puisqu’en 1361, il « laiss[a] à toutes les autres abbaies blanches et noires et de Saint Augustin estanz en notredit duchié, et en nos autres terres e paiis soubz notre garde, cent soudées de terre à chascune d’icelles, pour y faire nostre universaire[sic] perpetuelmant […] »209. Eudes IV (n°974), lui, introduisait en 1346 une certaine distinction puisqu’il légua 100  livres à Saint-Martin pour que les moines célèbrent son anniversaire, mais seulement 50 livres à Saint-Symphorien, Saint-Andoche et Saint-Jean-le-Grand210. La somme allouée par les ducs Hugues IV (n°874) et Robert II (n°973) à la fin du xiiie siècle à Saint-Andoche était deux fois moins importante que celle allouée à Saint-Jean – 100 livres au lieu de 200 et 50 soudées de terre au lieu de 100211 ; ils ne devaient donc pas considérer que les deux abbayes étaient équivalentes. Cette distinction ne peut pas s’expliquer par un lien familial privilégié avec les abbesses de Saint-Jean – au contraire, Hugues  IV était vraisemblablement le cousin de l’abbesse de Saint-Andoche Gile de Vergy (n°10 ; gén. 22) ; peut-être est-elle due à la réputation de chacune des deux abbayes : la vie était peut-être plus régulière à Saint-Jean qui avait alors été récemment réformée. Des legs différents selon les abbayes

En effet, certains testateurs ne firent pas des legs identiques aux deux abbayes féminines éduennes. Parfois le legs était plus important en faveur de Saint-Andoche. Ainsi, en 1267, Gérard de Dracy (n°954), archiprêtre d’Autun, légua 100 sous aux religieuses de Saint-Andoche pour la pitance mais seulement 40 aux religieuses de Saint-Jean ; il légua en outre à Saint-Andoche 30 livres pour son anniversaire et celui de maître Chrétien212. Gauthier, chevalier, seigneur de Sully (n°903), quant à lui, fit un legs très important à Saint-Andoche – sa part des patronages de Saint-Pierre ainsi que 20 livres et 10 livres que les religieuses

  Ibid., t. 2, p. cclciii‒cclxvi (ch. ccciv, 1361).   Ibid., t. 2, p. ccxx‒ccxxv (ch. cclxxviii, 1346). 211   Le mémorial des finances de Robert II duc de Bourgogne (1273‒1285), H. Jassemin (éd.), Paris, 1933, p. 2 : « Por l’iglise Sain Jehan d’Ostun IIC lb. Por Saint Andoche C lb. » (extrait du «  Compte de la dépense faite pour l’exécution du testament d’Hugues  IV  », n°874). Histoire générale et particulière de Bourgogne, éd.  cit., t.  2, p.  XCI‒XCVI (ch.  CXXXXV, mars 1297). Au xvie siècle, les 50 sous tournois dus à Saint-Andoche pour l’anniversaire du duc Robert (n°973) étaient toujours acquittés par le bailli d’Autun et Montcenis (AD  SL H 724/1, 1526‒1528). 212  AD  SL 5  G  120 = Cartulaire de l’Église d’Autun, éd.  cit., t.  1, p.  199‒200 (ch.  cxxi, 1267) ; sur Gérard de Dracy, cf. J. Madignier, Fasti, t. 12 : Autun, op. cit., n°321 p. 203‒204. 209 210

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devaient se partager – alors que Saint-Jean dut se contenter d’un legs de 40 sous à distribuer au jour de son décès213. Mais Saint-Jean pouvait aussi être mieux lotie que Saint-Andoche. Ainsi, Guillaume, chevalier, seigneur d’Espirey, fonda un anniversaire à SaintSymphorien et, en même temps, fit un certain nombre de legs à des abbayes, autunoises ou non, mais Saint-Andoche ne reçut que 20 sous contre 40 pour Saint-Jean214 ; un siècle plus tard, Gérard Naudin, chanoine d’Autun légua 60 sous à Saint-Jean mais seulement 40 à Saint-Andoche215. Parfois même, seule une des deux abbayes bénéficiait des faveurs d’un testateur. Ainsi, Jeanne Mercier, d’Autun, fonda un anniversaire à la cathédrale et légua 10  sous à Saint-Andoche et Saint-Georges-des-Bois, mais rien à Saint-Jean216 et Nicolas Baubry, vicaire de l’Église d’Autun et curé de Meloisey, légua 3 francs uniquement à Saint-Andoche217. Parallèlement, Gérard de Malecey, curé de Savigny-Poil-Fol, légua 20 sous aux religieuses de Saint-Jean pour leur pitance le jour de son décès, mais ne fit aucun legs à Saint-Andoche218, et Marguerite de Châtellenot, dame de Vautheau en partie, légua 40 sous à Saint-Jean, Saint-Martin et Saint-Symphorien, mais rien à Saint-Andoche219. Chaque testateur avait bien entendu ses raisons pour distinguer ainsi l’une ou l’autre des deux abbayes, même si ces raisons ne sont pas toujours perceptibles à travers leur testament. On peut penser que Nicolas Baubry, curé de Meloisey, a pu nouer des liens avec Saint-Andoche qui avait des possessions dans ce village. Si Gérard Raolin (gén. 34.1) ne légua 2 francs d’or qu’aux religieuses de Saint-Andoche – pour que, lors de son décès, elles accompagnent son corps en procession depuis l’abbaye jusqu’au pont Saint-Andoche avec la croix et l’eau bénite puis dudit pont jusqu’à SaintPierre Saint-Andoche en entonnant les répons adéquats –, c’est qu’il était paroissien de Saint-Pierre Saint-Andoche, église dans laquelle il ordonna que soient célébrées 50 messes des défunts dans les huit jours qui suivraient son  AD SL 5 G 3 = Cartulaire de l’Église d’Autun, éd. cit., t. 1, p. 164‒165 (ch. xc, 1243).  AD SL H SUP 111 (1301). 215  AD SL 5 G 65 (1412) ; sur Gérard Naudin, cf. J. Madignier, Fasti, t. 12 : Autun, op. cit., n°986 p. 209. 216  AD SL 5 G 63 (1362) ; elle lègue aussi 15 sous aux églises paroissiales d’Autun. 217  AD SL 5 G 66 (1431). 218  AD  SL 5  G  63 = Cartulaire de l’Église d’Autun, éd.  cit., t.  2, p.  264‒270 (ch.  clxi, 1349ns). 219  AD SL 5 G 64 = Cartulaire de l’Église d’Autun, éd. cit., t. 2, p. 305‒309 (ch. clxxvii, 1373ns). 213 214

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décès220. Surtout, il semble évident que l’importance du don de Gauthier de Sully (n°903) à Saint-Andoche s’explique par le fait que l’une de ses filles, Huguette (n°98), était alors religieuse dans cette abbaye221. c. Les legs testamentaires particuliers

Hormis ces nombreux legs qui faisaient partie de tout un ensemble de dons relativement modestes, les religieuses de Saint-Andoche ou de SaintJean reçurent parfois des legs plus conséquents et plus «  personnalisés  », clairement destinés à leur établissement. Des legs pieux pour le remède de l’âme

Par leurs legs, les donateurs espéraient acquérir les prières des moines ou des moniales ; ils précisaient d’ailleurs qu’ils agissaient « pour le remède de [leur âme] » et y associaient souvent leurs prédécesseurs – terme vague qui pouvait désigner aussi bien leurs aïeux que leurs prédécesseurs dans la charge ou la fonction qu’ils occupaient –, ainsi parfois que leurs successeurs. En 1267, Gérard de Dracy (n°954), archiprêtre d’Autun, légua aux religieuses de Saint-Andoche par son testament 30 livres viennois pour acheter des terres, afin qu’elles célèbrent son anniversaire et celui de maître Chrétien222. Pierre de Gesort (n°955), chanoine et camérier d’Autun, avait légué 10  livres aux religieuses de Saint-Jean afin qu’elles célèbrent son anniversaire avec une distribution de 12 sous entre les religieuses : en juillet 1279, l’abbesse Bonne (n°35) reçut ces 10 livres des mains de Guillaume, curé de Notre-Dame, son exécuteur testamentaire223. Quatre décennies plus tard, les religieuses, avec les 10 livres tournois reçues d’Aimoin de Pesmes (n°957), archidiacre d’Autun, pour la célébration de son anniversaire, achetèrent 10 sous tournois de rente224. Guy Barbier (n°399), prêtre et chanoine de Saint-Eptade de Cervon, avait souhaité la fondation d’une chapelle dans l’abbatiale Saint-Andoche et avait fait, par testament, une fondation pour sa desserte : l’équivalent de 15 livrées de terre en argent et une terre à Chaumont avec un setier de ­froment de rente ; en 1325, un accord fut donc passé entre ses exécuteurs testamentaires   AD SL 5 G 64 = Cartulaire de l’Église d’Autun, éd. cit., t. 2, p. 377‒384 (ch. cxcviii, 1389). 221  AD  SL 5  G  3 = Cartulaire de l’Église d’Autun, éd.  cit., t.  1, p.  156‒158, (ch.  lxxxi, 1239). 222   Cartulaire de l’Église d’Autun, éd. cit., t. 1, p. 199‒200 (ch. cxxi, 1267). 223  AD SL H 1568/1 (1279). 224  AD SL H 1503/2 (1320). 220

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et ses principaux héritiers – sa belle-sœur, veuve, et ses neveux et nièces – qui durent payer une partie de la rente225. Ce ne sont donc pas toujours des personnes liées de façon évidente aux religieuses qui leur firent des legs testamentaires, même s’il est certain qu’un lien, parfois non identifié, existait toujours entre le fondateur et l’abbaye bénéficiaire ; de la même façon, les officiers des abbayes ne firent pas toujours un legs à l’abbaye qui les avait « employés », même lorsqu’ils précisaient leurs dernières volontés par testament. Ainsi, quand Michel de Rubelles (n°770) fit son testament en 1471 il demanda à recevoir une sépulture là où les chanoines le souhaiteraient et nomma le chapitre cathédral comme légataire universel ; bien qu’il ait alors été curé de Saint-Pierre Saint-Andoche depuis près de 25 ans, il ne laissa rien aux religieuses226. Les abbayes comme héritières

Ce sont des hommes d’Église qui firent d’une abbaye leur principal héritier, en général parce que leurs liens avec cette abbaye étaient très forts et qu’ils n’avaient pas d’héritier(s) proche(s)227. Ainsi, si Pierre Penault (n°450), procureur puis chapelain de SaintAndoche, légua les deux tiers de ses biens à cette abbaye, c’est parce qu’il considérait que ces biens lui venaient des charges qu’il avait eues au sein de l’abbaye ; il voulut aussi être enterré dans l’église abbatiale, près du chœur des religieuses. Il demanda enfin la célébration d’un certain nombre d’offices pour le remède de son âme : le jour de sa mort ou le lendemain devait avoir lieu une procession depuis son hôtel jusqu’à l’église abbatiale, procession composée des religieuses et de trente chapelains qui devaient célébrer les vigiles des morts dans la chapelle Saint-Syagre pendant que les moniales les

 AD SL H 691/1 et 2 (1325) : cum dictus dominus Guido Barberii in suo testamento seu ultima voluntate ordinaverit per executores suos fundari unam capellaniam in monasterio Sancti Andochii eduensis et eam dotari de bonis suis de quindecim libratis terre ad monetam turonensis parvorum redditualis reddendis et soluendis annis singulis capellano dicte capellanie pro tempore existenti. 226  AD SL 5 G 66 (1471). 227  Lorsqu’en 1432, Guillaume Volu (n°376), bénéficié en l’église cathédrale, mais aussi procureur puis receveur de Saint-Jean, chapelain prébendé des religieuses et curé d’une des paroisses à la collation de l’abbaye depuis plus de 15  ans, fit son testament, il institua son hériter unique son frère Pierre Volu (n°377) lui aussi bénéficié en la cathédrale. Il se contenta de léguer une faible somme aux religieuses, un franc de rente, alors même qu’il souhaitait être inhumé dans le cimetière Saint-Jean-le-Grand auprès de son père. Il légua également 3 francs de rente à l’église de Balorre dont il était curé. (AD SL 5 G 66, 1432). 225

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célébraient dans le chœur ; le lendemain, les trente chapelains devaient dire trente messes – trois messes hautes du Saint-Esprit, de Notre-Dame et des trépassés, les autres basses des trépassés ; pour son trentain, vingt-cinq vigiles devaient être dites dans la chapelle Saint-Syagre en même temps que les religieuses les disaient dans leur chœur avec, le lendemain, célébration de vingtcinq messes dont trois hautes ; au bout d’un an, les cérémonies devaient à nouveau se dérouler de la même manière que pour le trentain. En fait, Pierre Penault semble avoir été lié essentiellement à l’abbaye Saint-Andoche dans la mesure où ses deux exécuteurs testamentaires furent Jean de La Roche (n°723), curé de Saint-Denis-de-Péon dont les liens avec l’abbaye restent obscurs mais semblent particuliers228 et, ce qui est très rare, Anne du Fraigne (n°77), sacriste de l’abbaye229. D’ailleurs, six jours plus tard, il fonda, toujours à Saint-Andoche, quatre anniversaires, à célébrer à chacun des QuatreTemps230. Plus de deux siècles plus tôt, un chanoine d’Autun avait également légué une grande partie de sa fortune à Saint-Andoche. Dans son testament de 1281, Jacques Boisserand (n°932), chanoine, abbé de Saint-Étienne-l’Étrier, commença par énumérer un grand nombre de biens qu’il légua au chapitre cathédral avant d’inventorier ceux qu’il laissa à Saint-Andoche231, biens dont – mise à part une rente de 4 muids de vin mesure de Beaune – son neveu Jacques devait avoir l’usufruit sa vie durant contre une rente de 10 livres pour l’anniversaire dudit Jacques Boisserand et de deux fois 20 sous pour les anniversaires de son père et de sa mère. Il laissa également 100 livres à l’abbesse et 100 sous aux moniales le jour de son trentain, ainsi que 2 muids de vin pour deux services mortuaires lors du Carême et de l’Avent ; à la fin de son testament, il ajouta 60 sous de rente pour donner 2 deniers à chaque moniale qui se lèverait pour les matines de la nuit de Noël. Saint-Andoche bénéficiait ainsi du legs le plus important que fit Jacques Boisserand, après celui fait en faveur du chapitre cathédral, mais bien avant ceux réservés à Saint-Martin,  Il est le seul dont les deux notices dans les obituaires sont inscrites avec une certaine fantaisie, en turquoise, or et rouge. (BM A P 088 19‒06 et 18‒12). Cf. Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche, éd. cit., n°237, p. 185 et n°467, p. 230. 229  AD SL H 713/4 (1501, 9 sept.). 230  AD SL H 711/5 (1501, 15 sept.). 231  Une rente de 4  muids de vin mesure de Beaune assise sur trois pièces de vigne de La Chapelle-de-Volnay, un pré et un demi manse au-delà du pont de Saint-Andoche, 6 bichets de froment de rente, 15 sous viennois de cens, une maison sise à La Chapelle-de-Volnay avec la vigne attenante et une dizaine de pièces de vigne (AD SL H 713/1 = Cartulaire de l’Église d’Autun, éd. cit., t. 1, p. 226‒233, ch. cxlii, 1281). 228

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à Saint-Symphorien, au Val-Saint-Benoît, à Saint-Julien-sur-Dheune ou à Champchanoux par exemple  ; il ne laissa rien à Saint-Jean. En outre, une fois payés ces nombreux legs, le reste de sa fortune devait être séparé à égalité entre le chapitre cathédral et l’abbaye Saint-Andoche232. D’ailleurs, lorsque ses exécuteurs testamentaires voulurent fonder, au nom du défunt, un autel desservi par des chapelains à la cathédrale, ils durent en obtenir l’accord de l’abbesse de Saint-Andoche et des religieuses en tant qu’héritières, accord qu’elles donnèrent le 29  avril 1289233. Quatre ans auparavant, en février 1285, ces mêmes exécuteurs testamentaires avaient remis aux religieuses 250 livres pour la moitié des biens restant dont elles héritaient234. Parmi les biens ainsi partagés entre le chapitre et l’abbaye, se trouvait notamment une maison située dans le quartier cathédral, maison dont les religieuses laissèrent leur moitié à Jacques, neveu de Jacques Boisserand, sa vie durant235 ; cette faveur à titre viager se fit sans contrepartie, pour remercier ledit Jacques pour les services qu’il avait rendus à l’abbaye depuis longtemps déjà. On peut s’étonner du fait qu’un chanoine ait ainsi abandonné près de la moitié de sa fortune à une abbaye de femmes, l’autre moitié revenant logiquement au chapitre cathédral, d’autant qu’aucun lien particulier avec cette abbaye n’a pu être identifié : il n’en a pas été un officier et ne semble pas avoir eu de lien familial avec l’abbesse ou l’une des religieuses par exemple. Toutefois, à la même époque, Hugues Boisserand (n°787) était curé et prieur de SaintParize-en-Viry et curé de Dornes pour Saint-Andoche ; est-ce par ce parent qu’il a connu et apprécié ces religieuses ? On peut noter enfin que deux mois après la rédaction de ce testament Jacques Boisserand fonda un anniversaire à Saint-Jean, anniversaire pour lequel il légua 20 livres viennoises236. 2. Les fondations et les fondateurs Certaines fondations sont bien connues car l’acte de fondation est conservé ; pour d’autres, la plupart en fait, la mémoire n’en est conservée que sous forme de trace soit dans un document dont la fonction est justement de

232   super residuo vero de dictis rebus et bonis, si quod fuerit, heredes meos instituo ecclesiam Sancti Nazarii et monasterium Sancti Andochii eduensis per medium (AD  SL H  713/1 = Cartulaire de l’Église d’Autun, éd. cit., t. 1, p. 226‒233, ch. cxlii, 1281). 233   Cartulaire de l’Église d’Autun, éd. cit., t. 1, p. 270‒271 (ch. clvii, 1289). 234  AD SL H 713/2 (1285ns). 235  AD SL H 802/1 (1285). 236  Soc. Éd. D 4 reg. 75 XXII, I, 2 (1281).

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les récapituler soit dans un acte qui n’a rien à voir avec cette fondation mais la mentionne. a. Le souvenir des fondations et des fondateurs

À Saint-Jean, on ne sait pas comment était conservé le souvenir des fondations puisque seuls deux manuels – rassemblant, avec d’autres redevances, des rentes dues pour des fondations d’anniversaires et payées au milieu et dans le troisième quart du xve siècle – et un état des anniversaires rédigé par l’un des chapelains de l’abbaye au début du xvie  siècle se trouvent encore parmi les archives de l’abbaye237. Il est pourtant évident que les religieuses célébraient les anniversaires fondés entre leurs murs, sinon les fondations auraient cessé, ce qui n’a pas été le cas puisque l’inventaire de 1689 résume la teneur d’une trentaine d’actes de fondation pour la période médiévale. À Saint-Andoche, la conservation de la mémoire des morts semble avoir été une affaire extrêmement sérieuse, presqu’une spécialisation, puisque pas moins de cinq ouvrages conservés y sont consacrés, quatre obituaires238 et un livre dans lequel furent rassemblées « les rentes et redevances deuez au convent de l’église et monastère de Saint-Andoche dudit Ostun, et lesquelles rentes et redevances sont et appartiennent audit convent à cause des anniversaires fondés de toute ancienneté en ladite église et au profit singulier dudit convent, les noms de ceulz qui tiennent les assignaulz sur lesquelz […] furent

 Respectivement AD SL H 1229 (1442‒1450), H 1265/1 (1465‒1476) et AD SL H 1253. Ce second document connu par une copie du xviie siècle est daté de 1525, mais cette date est erronée, ou le document original a été complété dans les années suivantes, puisqu’il mentionne une fondation faite par trois religieuses de Saint-Jean trois ans plus tard (Soc. Éd. D 4 reg. 75 XXII, I, 38, 1528) et les anniversaires de religieuses et abbesses des années 1530 (Adrienne de La Palu (n°55), Françoise Pitois de Chaudenay (n°54) par exemple). Dans ce document, les anniversaires ne sont pas transcrits dans un calendrier comme dans un obituaire ; en revanche, sauf exception, ils sont notés selon leur date dans l’ordre du calendrier à partir du 2 novembre, jour de la fête des morts. En fait, on peut se demander si l’abbaye Saint-Jean utilisait alors un obituaire, dans la mesure où ce document n’a pas été réalisé à partir d’un obituaire : les dates des anniversaires ne sont le plus souvent pas exprimées par une date de jour et de mois, mais en fonction de la fête des saints – le vendredi après la Conception Notre-Dame –, ce qui en fait varier la date de célébration sur une semaine. Presque toutes les notices sont construites selon le même modèle : nom du bénéficiaire, date d’anniversaire, paiement pour les différents célébrants (curés, chapelains, sacriste, marguillier) et total de la somme due pour l’anniversaire. 238  AD SL H 708 (1306/1311), H 709 (1309/1311), H 710 (1338/1344) et BM A P 088 (1481/1484). Cf. Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche, éd. cit. 237

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fondés lesdiz anniversaires »239 ; il est en outre certain que d’autres encore, perdus aujourd’hui, ont existé, entre autres « ung petit livre des anniversaires qui fust fait l’an de Notre Seigneur courant par mil trois cens iiiixx et huit le jour de la Conversion saint Paul »240 mentionné dans le terrier réalisé pour rassembler l’ensemble des rentes et redevances dues pour des anniversaires et au moins un nécrologe ancien, qui a servi de base pour la rédaction d’une partie de deux des obituaires241. Les quatre obituaires ont été rédigés en moins de deux siècles. Les deux plus anciens ont été confectionnés immédiatement l’un après l’autre dans les premières années du xive  siècle  : le H  709 a été copié sur le H  708, peut-être pour que le manuscrit soit plus clair, plus net et donc plus lisible. Quelques années plus tard, vraisemblablement au tout début de l’abbatiat de

239  AD SL H 704/1 (1453). La plupart des fondateurs mentionnés dans ce registre sont aussi inscrits dans les obituaires : par exemple Guillaume de La Roche et sa femme (fol. 64v) ont leur anniversaire le 7 janvier, Jacques Boucheran (=  Boisserand) (n°932) chanoine d’Autun (fol.  28v) le 6  janvier, Guy du Fossé (n°778) curé de Curgy (fol. 65‒65v) le 22 mars, Jean de Drées son épouse et leurs deux fils (n°885‒888) (fol. 65v‒66) le 15 juillet, messire Jean Pitois chevalier et son épouse Béatrice (n°984‒985) (fol. 28v) le 30 août, Henri de Saint-Andoche (n°937) (fol. 31) le 5 mai, Rose (n°928) femme d’Henri de Curgy (fol. 66) le 4 novembre, Perrone de Dijon (n°920) (fol.  7v) le 26  novembre, Guillemette d’Arconcey (n°142) (fol.  4‒4v) le 23  mars, Jocerand de Gigney (n°958) chanoine d’Autun (fol. 5v) le 11 mars, Gauthier le Marguillier (n°740) et son épouse Doucette (n°930) (fol. 29v‒30) le 7 mars, Béatrice de Châtillon (n°42) abbesse de Saint-Jean (fol.  32), les 19/20  novembre, Isabelle du Chemin (n°129) (fol.  32v‒33) les 24 et 31  août, Marguerite de Sancey (n°140) (fol.  33v) le 28  septembre, Jean de Bourbon (n°956) archidiacre d’Avallon (fol.  34v‒35) les 7/10  octobre, Isabelle de Loges (n°126) et sa nièce Marguerite (n°137) (fol. 35‒35v) le 10 octobre, Béatrice de Barbirey (fol. 35v‒36) les 13/16 octobre, Guillaume de Saint-Léger (n°404) (fol. 36v‒37) le 26 décembre, Pierre le Leaul (n°728) curé de Viévy et chapelain (fol. 41) le 21 septembre, Naudet Baraud de Blancey et son épouse Huguette (n°924 et 925) (fol. 66v) le 7 janvier. Toutefois, il arrive aussi que certaines fondations soient rapportées dans ce registre sans que le nom de leur bénéficiaire ait été consigné dans les obituaires : ainsi pour Gilette de Nancray (n°1013) veuve de Jean Tousard en 1346, qui a fait une fondation d’un bichet de froment (fol. 25v) ; pour la veuve de Guillaume Le Fort (n°999), fondation de 20 gros et un denier (fol. 10v‒11v) ; pour Pierre Bernaudet (n°1024), fondation de 18 gros (fol. 13‒13v) ; pour Gauthier du Celier et sa femme (n°1022), fondation de 20 sous (fol. 34). Pour maître Jean de Clugny (n°1001) bailli de Dijon, (fol. 39) la situation est différente : il y a une erreur de prénom puisqu’il ne peut s’agir que de Guillaume de Clugny (n°996) qui a bien été bailli de Dijon et qui a fait une fondation d’un franc rapportée dans l’obituaire le plus récent au 27 novembre. 240  AD SL H 704/1, fol. 29v (1453). 241   Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche, éd. cit., p. 79 sq.

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­ arguerite de Montagu (n°17), les religieuses en ont fait réaliser un autre, M dans lequel a été introduit le nom de nombreuses personnes décédées depuis longtemps et qui n’avaient pas fait de fondation : l’abbaye semble alors en crise et, par ce geste, les religieuses ont pu vouloir se tourner vers une période plus faste, attirer des fondations supplémentaires et mériter l’intercession en leur faveur de ces personnes dont elles rappelaient de nouveau la mémoire lors de l’office de prime. Un siècle et demi plus tard enfin, la confection d’un nouvel obituaire était peut-être une nécessité : le précédent, réalisé avec un parchemin extrêmement fin, pouvait être déjà fortement abîmé par une manipulation quotidienne242. Aux xiie‒xiiie  siècles, les religieuses de Saint-Andoche priaient, sans contrepartie financière, pour leurs proches, surtout des religieuses mais aussi quelques laïcs et ecclésiastiques étrangers à l’abbaye243. Au début du xive  siècle, elles ne conservaient plus la mémoire que de ceux qui avaient fondé un anniversaire et les changements de débiteurs et/ou d’assiette des rentes furent soigneusement reportés sur les obituaires. Quelques années plus tard – remords ? –, elles firent introduire le nom de personnes qui n’avaient pas fondé un anniversaire et firent recopier celui de personnes dont la fondation était perdue244 ; cette attitude fut poursuivie à la fin du xve siècle avec le dernier obituaire245. Toutefois entre-temps, les religieuses avaient également fait réaliser, dans un but purement financier et comptable, un registre dans lequel les rentes liées aux anniversaires étaient classées en fonction de leur assiette246 pour une meilleure gestion et une meilleure collecte  ; bien souvent, il n’était même plus fait mention du nom du fondateur et bénéficiaire   Ibid., p. 61 sq.  Cf. chap. préliminaire III.2. b. La couche ancienne des obituaires de Saint-Andoche. 244  Cf. 02‒01, 01‒03, 28‒03, 01‒10, 23‒11 où la perte de la fondation est mentionnée en toutes lettres, mais aussi 16‒02 où une partie de la fondation – sans doute perdue – n’est pas recopiée, 23‒02 où la fondation n’est pas reprise, 13‒04 et 14‒04 où la débitrice mentionnée est décédée. En l’occurrence, l’attitude des religieuses de Saint-Andoche semble avoir été différente de celle des chanoines qui cessaient le service de commémoration lorsqu’une fondation n’était plus rémunérée ( J. Madignier, La commémoration des défunts au chapitre cathédral d’Autun, mémoire de DEA dirigé par V. Tabbagh, soutenu à l’université de Dijon en 1995, p. 54). 245  Il faut toutefois noter que si la mémoire de ces personnes était conservée, les messes qu’elles avaient parfois aussi fondées ne sont plus mentionnées et n’étaient donc plus célébrées (Cf.  28‒01, 22‒02, 02‒03, 03‒03, 12‒03, 09‒04, 15‒04, 16‒04, 18‒04, 22‒04, 28‒09, 14‒10, 19‒10, 25‒11). 246  Autun fol. 2v‒41, Curgy et environs fol. 59‒67, Molinot, Santosse et environs fol. 68‒79v, Volnay et environs fol.  81‒96, Merceuil et environs fol.  97v‒99, Saint-Sernin-du-Plain fol. 99v‒102, Cromey fol. 102v‒103… (AD SL H 704, 1453‒1457). 242 243

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de l’anniversaire. Il est vrai qu’au milieu du xve siècle, les religieuses ont pu peiner à recouvrer toutes les redevances qui leurs étaient dues, alors même qu’elles aussi souffraient des temps difficiles. A contrario, certains fondateurs, connus par d’autres documents, ne sont pas mentionnés dans les obituaires de Saint-Andoche. Ainsi, alors que le duc Robert  II (n°973) avait fondé un anniversaire à célébrer le lundi avant les Rameaux, anniversaire pour lequel les religieuses recevaient 50  sous tournois chaque année du duc de Bourgogne puis du roi de France – au début du xvie siècle encore cette somme leur était régulièrement versée par Jean Charnot (n°676), receveur du roi au baillage d’Autun et Montcenis247 –, cet anniversaire ne fut reporté dans aucun des obituaires. b. Les fondations Les fondations mémorisées dans les obituaires de Saint-Andoche248

Outre la fondation d’anniversaires, les obituaires recensaient des fondations de messes – messe du Saint-Esprit leur vie durant transformée en anniversaire à leur mort, mais aussi des ensembles généralement de cinq messes voire plus, des ensembles vigiles et messe le lendemain –, des demandes de récitation de psaumes et/ou oraisons, des distributions aux religieuses qui s’ajoutaient, ou non, à la célébration d’un office. Selon ce que demandaient les fondateurs, la rémunération offerte aux religieuses était de valeur différente. Le plus souvent il s’agissait de rentes qui étaient offertes, soit en argent (80%) – de 2 à 3 sous à plusieurs livres – soit en nature (6%), assises sur des biens fonciers situés, généralement, à Autun ou dans un des grands domaines des religieuses, tenus par une religieuse ou par un héritier de fondateur. 10% des fondations ont été rémunérées par un don, d’argent pour acheter une rente, de biens fonciers qui pouvaient être amodiés, ou d’objets – essentiellement de l’orfèvrerie, sacrée ou non, ou des livres. La fondation de Louise de Clugny d’Alonne (n°24), particulièrement considérable, n’est évoquée que rapidement au jour de son anniversaire, le 2 novembre, mais un feuillet lui fut consacré à la fin du plus important des quatre obituaires249 : elle avait institué des offices particuliers dits de son vivant – des vigiles des morts, une petite messe, le psaume Misere mei Deus secundum et le Libera me ainsi que le psaume De

 AD SL H 724/1 (1526).  Cf. Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche, éd. cit., p. 68 sq. 249   BM A P 088 (02‒11 et fol. 35v‒36) ; cf. Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche, éd. cit., n°421, p. 219 et n°482‒483, p. 232‒233. 247 248

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profundis250 après complies – pour lesquels elle avait donné deux rentes reposant sur une terre de Semur-en-Auxois et une maison de ville, mais aussi une maison vendue 200 livres avec lesquelles furent achetés 21 francs de rente ; elle avait fondé un anniversaire « pour estre associes es prieres de l’eglises à son trespas », pour lequel elle avait laissé 100 livres ; enfin, son œuvre fut rappelée dans cette longue notice qui clôt l’obituaire (édification d’une nouvelle abbatiale, achat de nouveaux habits sacerdotaux et linges liturgiques et commande de plusieurs nouvelles pièces d’orfèvrerie liturgique ou sacrée en argent). Les fondations connues par les actes

La plupart des fondations, notamment d’anniversaires ou de messes, dont il est fait mention dans les obituaires ne sont pas conservées sous forme d’acte ; d’ailleurs, elles n’ont peut-être pas toujours fait l’objet d’un acte particulier. Mais il existait aussi des fondations, connues soit parce que l’acte primitif est conservé soit parce qu’il y est fait référence dans un autre acte, fondations qui ne sont pas toujours reprises dans les obituaires de Saint-Andoche. À défaut d’obituaires, pour Saint-Jean seules ces fondations sont connues. La plupart des fondations d’anniversaire, notamment à Saint-Jean, étaient inscrites dans le testament du fondateur, ce qui est en accord avec la fonction des anniversaires qui devaient célébrer le décès du fondateur, ou sa naissance à la vie éternelle. Comme il a été vu, bien souvent, ces fondations d’anniversaire par testament étaient alors accompagnées d’autres dons. Ainsi, c’est par son testament qu’en 1315 Girarde (n°1035), veuve d’Huet Arbaut et femme de Gauthier Borsetrouée, fonda son anniversaire et celui de son premier mari contre 10 sous de rente, en même temps qu’elle élit sépulture auprès de lui251. Quelques dizaines d’années plus tard, Guionet Lombart (n°1014), citoyen d’Autun, et Gilette sa femme, fondèrent par testament un anniversaire contre 30 sous tournois de rente, fondation qu’ils augmentèrent aussitôt dans le même acte par le legs de 50 sous de rente ; leur fille l’augmenta elle aussi, treize ans plus tard, toujours par testament252.

250   Miserere mei Deus secundum, incipit du psaume 50, l’un des plus utilisés dans la liturgie des défunts d’après Damien Sicard (D. Sicard, La liturgie de la mort dans l’église latine, Munster, 1978, p. 137‒138) ; Libera me, incipit d’un répons chanté à la fin d’une messe de requiem (CAO IV n°7091) ; De profundis, incipit du psaume 129. 251  Soc. Éd. D 4 reg. 75 XXII, I, 3 (1315). 252  Soc. Éd. D 4 reg. 75 XXII, I, 8 (1349 et 1362).

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Toutefois, certains fondateurs décidèrent de fonder un anniversaire de leur vivant, alors qu’ils étaient en pleine santé  ; les religieuses célébraient alors une messe du Saint-Esprit chaque année avant le décès du fondateur. Ainsi, en 1366, Béatrice de Châtillon (n°42), toute nouvelle abbesse de Saint-Jean et ancienne religieuse de Saint-Andoche, fonda des anniversaires à Saint-Andoche pour elle et sa sœur Marguerite (n°146) contre des sommes importantes – 60 florins d’or et 50 sous tournois253. Les deux sœurs ne sont mentionnées que dans les deux obituaires les plus récents, ce qui s’explique par la date de leur décès – dernier quart du xive siècle. Mais il est surtout intéressant de constater que Béatrice de Châtillon n’a été inscrite qu’à une seule reprise (19 ou 20  novembre) avec mention d’une faible rente, alors que Marguerite y fut inscrite à quatre reprises avec mention d’une rente de 100 francs, qui peut correspondre à la fondation de Béatrice, ainsi qu’à quatre autres reprises avec mention de dons plus faibles254. Alors que la fondation avait été faite par Béatrice de Châtillon et que celle-ci avait été officière à Saint-Andoche avant de devenir abbesse de Saint-Jean, Béatrice fut quasiment oubliée, tandis que sa sœur, qui n’avait occupé aucune charge importante à Saint-Andoche et qui ne fut pas partie prenante de la fondation, bénéficia de beaucoup plus de prières. Cela montre bien la différence, pour les religieuses, entre les personnes : elles priaient d’abord pour leurs sœurs de l’abbaye avant de prier pour les « étrangers », y compris lorsque ceuxci avaient fait partie de l’abbaye et/ou avaient eu des charges ecclésiastiques importantes – on peut rappeler aussi que Béatrice de Châtillon n’avait pas pu facilement quitter Saint-Andoche pour Saint-Jean255. Béatrice de Châtillon bénéficiait également d’un anniversaire à Saint-Jean, célébré le mercredi avant la Conversion de saint Paul, pour lequel était due une rente de vin256. Les fondations d’anniversaire dont les actes sont conservés, au moins sous forme de résumés, étaient généralement des fondations relativement importantes où il n’était pas question simplement de rappeler la mémoire

 AD SL H 845/1 (1366).  Pour Marguerite de Châtillon : AD SL H 710, BM A P 088 (19‒11 et 20‒11) ; cf. Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche, éd.  cit., n°440 et 441, p.  223‒224. Pour Béatrice de Châtillon  : AD  SL H  708, H  710 et BM  A P  088 (03‒02, 21‒03, 23‒05 et 24‒05, 14‒08 et 17‒08, 12‒09, 31‒10 et 13‒11)  ; cf.  Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche, éd.  cit., respectivement n°35, p. 148, n°111, p. 161, n°201, p. 179, n°202, p. 179, n°311, p. 198, n°316, p. 199‒200, n°354, p. 206, n°415, p. 218, et n°433, p. 222. 255  Cf. chap. 5. III. 2. a. Quitter volontairement l’abbaye. Se rendre dans une autre abbaye. 256  AD SL H 1253/1 (1525). 253 254

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du défunt à prime  ; les fondateurs en étaient bien souvent des religieuses, du moins pour les actes conservés dans le fonds de Saint-Andoche. Ainsi, en 1345, Marguerite de Montagu (n°17), abbesse de Saint-Andoche depuis peu de temps, fonda deux anniversaires le deuxième vendredi de Carême et le vendredi après la Pentecôte contre le tiers des lods et ventes dans la terre et justice de Senailly, soit 4 livres et 10 sous, pour les chapelains qui chanteraient les messes du Saint-Esprit puis des morts257. Trois ans plus tard, Isabelle du Chemin (n°129) fonda deux anniversaires avec vigiles le 23 août et le jeudi après le dimanche où l’on chante Letare Jerusalem258 contre 30 sous tournois de rente ; elle prévoyait une distribution de vin à faire lors de la célébration de ses anniversaires259. Au milieu du xve siècle, c’est l’abbesse Marguerite de La Bussière (n°46) qui fonda deux anniversaires pour lesquels elle abandonna aux « religieuses et prebandiers » un pré sis à Nolay260. Un peu plus d’un demi-siècle plus tard encore, Antoinette de Champdion (n°183), religieuse, fonda un anniversaire avec vigiles des morts et le lendemain chant des sept psaumes pénitentiaux, les oraisons accoutumées, un Libera me261 et collecte par le prêtre et chapelain qui dirait la messe sur sa sépulture, avec aumônes ; pour cela elle donna 50  livres262. De la même façon, en 1346, Béatrice de Chernuy (n°220), sans doute une religieuse de Saint-Jean, fonda un anniversaire à célébrer à la date de son décès, pour lequel elle offrit à l’abbesse un jardin263 ; en 1414, l’abbesse Alice de Brazey (n°45) fonda deux anniversaires célébrés l’un par les religieuses et l’autre par les curés et chapelains, fondation pour laquelle elle donna un pré ainsi que de l’argent264. Cependant, d’autres religieux fondèrent leur anniversaire de leur vivant, comme Étienne (n°968), curé de Renève, qui fonda un anniversaire le jour de son décès à Saint-Jean contre 11 sous de rente, 10 sous pour le chapitre et 12 deniers pour le curé qui célébrerait ses obsèques265. De même, Guillaume Volu (n°376), prêtre, fonda un anniversaire en 1429 contre la donation d’une maison266, puis un autre anniversaire avec six messes de Requiem quinze ans  AD CO 74 H 1013/1 (1345).  4e dimanche de Carême. 259  AD SL H 711/2 (1348). 260  AD SL H 1229, fol. 14v (1444ns). 261  Incipit d’un répons chanté à la fin d’une messe de requiem (CAO IV n°7091). 262  AD SL H 711/10 (1511ns). 263  Soc. Éd. D 4 reg. 75 XXII, I, 6 (1346). 264  Soc. Éd. D 4 reg. 75 XXII, I, 15 (1414). 265  AD SL H 1420/1 (1235). 266  Soc. Éd. D 4 reg. 75 XXII, I, 16 (1429). 257 258

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plus tard267. Nicolas Dessertot (n°365), prêtre et receveur de Saint-Andoche, enfin, fonda un anniversaire à Saint-Andoche et laissa 2 muids de vin rouge de rente : cet anniversaire devait avoir lieu le jour de la Saint Nicolas d’hiver, avec procession des religieuses jusqu’à sa tombe à Saint-Pierre Saint-Andoche et récitation des sept psaumes pénitentiaux et des «  oraisons et collectes accoustumées » puis célébration d’une messe en sa faveur dans l’abbatiale268. Des laïcs aussi fondèrent un anniversaire de leur vivant, comme, en 1348, Perronette (n°1037), veuve de Perrin de Laisy contre une amine de froment269. De même, en 1529, Vincent de Sens (n°366), drapier, et son épouse Jeanne (n°923), fondèrent deux anniversaires contre la donation d’une maison sise au châtelet Saint-Andoche dans laquelle ils se réservaient, leur vie durant, une chambre, un cellier et 5 francs de rente270. La fondation pouvait être l’unique objet de l’acte comme dans les exemples ci-dessus, mais elle pouvait aussi n’être qu’une des clauses d’un contrat. Ainsi, quand en 1234 les religieuses amodièrent à leurs convers de Merceuil, Constantin et son épouse Germaine (n°307 et 308), trois terres sises à Merceuil, il fut précisé dans l’acte d’amodiation que les époux devaient 30 sous dijonnois de rente sur ces terres contre la célébration à l’abbaye d’une messe du Saint-Esprit de leur vivant puis d’un anniversaire après leur mort271. En 1471, lorsque Florette (n°1025), veuve de Guillaume Bertaudet, fit don à son filleul d’une maison du carrouge Saint-Andoche avec ses dépendances en terres et prés, c’était à charge pour lui de remettre aux religieuses 18 gros pour la fondation d’un anniversaire et de leur faire une rente annuelle de 3 gros pour la célébration de deux messes le jour de l’anniversaire de sa marraine272. De même, en 1335 Jacques (n°1036), fils d’Hugues Varot de Larue, donna un chas de maison à un cousin qui, en contrepartie, devait 7 sous de rente aux religieuses de Saint-Jean pour l’anniversaire du premier273. Parfois enfin, c’est au détour d’un acte qui n’a aucun rapport avec la fondation que l’on découvre celle-ci, en particulier lorsqu’un bien sur lequel reposait une rente pour anniversaire changeait de mains. Ainsi, lorsque les religieuses de Saint-Andoche amodièrent à Renaud Adelene, de Meloisey,

 Soc. Éd. D 4 reg. 75 XXII, I, 20 (1443).  AD SL H 1114/2 (1515). 269  Soc. Éd. D 4 reg. 75 XXII, I, 7 (1348). 270  AD SL H 711/14 (1529). 271  AD SL H 1013/1 (1234). 272  AD SL 3 E 3/2, fol. 27 (1471). 273  Soc. Éd. D 4 reg. 75 XXII, I, 5 (1335ns). 267 268

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des terres de cette paroisse et 2 ouvrées de vignes sises à Gevrey en 1336, il fut précisé que ces biens leur avaient été donnés par le curé de Volnay, Gilles Pellis (n°403), pour qu’elles célèbrent annuellement un anniversaire en sa faveur274. De même, lorsque Gérard, fils de Pierre dit Tatechèvre, vendit à Gérard dit Carrouge une pièce de terre sise En la Corvée, il fit préciser que l’acquéreur devait payer la rente de 15 deniers dijonnois pour l’anniversaire d’une Alais (n°103), religieuse de Saint-Andoche275. Bien souvent, les fondations d’anniversaire qui faisaient l’objet d’un acte spécifique étaient accompagnées de fondations de messes, généralement de messes des morts. Il ne s’agissait pas alors de simplement rappeler la mémoire du défunt à prime – peut-être les actes de telles fondations ont-ils été moins précieusement conservés –, mais de célébrer un ou plusieurs offices auxquels étaient partie prenante les curés, les chapelains, la sacriste et les marguilliers rémunérés chacun de manière distincte. La plupart des fondations à SaintJean, résumées dans l’inventaire de la fin du xviie  siècle, sont des fondations d’anniversaires avec célébration de messes, que leur auteur soit un laïc, un ecclésiastique ou une religieuse. Ainsi, en 1400, Guillemette Lagrasse (n°1039), femme de Philibert Curnillot de Saint-Sernin, donna un  franc pour la célébration d’un anniversaire avec deux messes276  ; trois quarts de siècle plus tard, Philippe des Forestiers (n°1023), paroissien de Saint-Jean, fonda pour lui, ses filles et ses gendres, un anniversaire de six messes avec vigiles des morts277 ; en 1493, Simonnet Segault (n°1026), pelletier, lui aussi paroissien de Saint-Jean, fonda un anniversaire avec vigiles et grande messe de Requiem278. De même, Pierre Volu (n°377), curé de Sainte-Radegonde fonda un anniversaire le 1er juin avec célébration de six messes de Requiem, deux messes chantées par les deux curés et quatre messes basses par les quatre chapelains279 ; en 1499 ou 1500, Jean d’Arroux (n°961), prêtre, bénéficié en l’église d’Autun, fonda un anniversaire avec messe le jour de la Sainte Marthe et vigiles des morts dans les deux églises, paroissiale et abbatiale280.

 AD SL H 982/1 (1336).  AD SL H 764/7 (1281). Cf. aussi en 1296 la vente d’une terre à La Boutière sur laquelle reposait une rente de 3  deniers parisis pour l’anniversaire de monseigneur Alard (n°944), anniversaire célébré le 3 janvier (AD SL H 764/8, 1296). 276  Soc. Éd. D 4 reg. 75 XXII, 1, 14 (1400). 277  Soc. Éd. D 4 reg. 75 XXII, 1, 26 (1478). 278  Soc. Éd. D 4 reg. 75 XXII, 1, 27 (1493). 279  Soc. Éd. D 4 reg. 75 XXII, 1, 20 (1443). 280  Soc. Éd. D 4 reg. 75 XXII, 1, 30 (1499 ou 1500). 274 275

502 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

En 1496, Marguerite Coignarde (n°90), religieuse, a fondé un anniversaire avec vigiles puis une messe haute et cinq messes basses281. Enfin, les abbesses de Saint-Jean des deux derniers tiers du xve  siècle fondèrent des anniversaires qui s’accompagnaient de la célébration des vigiles des morts puis, le lendemain, de messes  : ainsi Marguerite de La Bussière (n°46) en 1444 deux anniversaires282, Antoinette de Marcilly (n°47) deux anniversaires elle aussi trente ans plus tard283 et Claude de Bernault (n°50), vingt ans après, toujours deux anniversaires avec vigiles des morts et six messes, l’un pour sa tante Huguette de Bernault (n°49) et l’autre pour elle-même284. La sacriste de Saint-Jean Jeanne de Clugny (n°88) fonda un anniversaire particulièrement important en 1444, anniversaire pour lequel elle donna 17 saluts d’or (plus de 260 gros) pour acquérir 28 gros de rente. Cet anniversaire devait être célébré par les religieuses, les chapelains et les curés le 3 novembre : la veille, les religieuses, les quatre chapelains et les deux curés chantaient les vigiles des morts et le jour étaient célébrées six messes du Saint-Esprit qui devaient laisser place à six messes des morts après son décès, messes dites par les quatre chapelains et deux curés  ; elle prévoyait même la répartition des 28  gros de rente obtenus  : 16  gros devaient revenir aux religieuses, 2 gros à chacun des deux curés, 6 blancs à chacun des quatre chapelains, un gros pour le marguillier qui sonnerait l’anniversaire, 2 blancs à la sacriste pour le luminaire et 2 blancs pour les novices qui devraient apporter des « bonnes herbes violetes bons flerant »285. Parfois, l’inventaire de 1689 ne précise pas si les messes fondées à SaintJean devaient accompagner la célébration d’un anniversaire, mais on peut penser que c’était généralement le cas, comme la « grande messe de l’office des morts » fondée par Guillaume Garin (n°1038) dans son testament contre 8 gros de rente286, d’autant que les quatre messes des morts fondées par sa veuve étaient liées à son anniversaire287. A contrario, les trois messes hebdomadaires à l’autel Saint-Bénigne dans l’église paroissiale Saint-Jean, fondées

 Soc. Éd. D 4 reg. 75 XXII, 1, 29 (1496).  Soc. Éd. D 4 reg. 75 XXII, 1, 19 (1444ns). 283  Soc. Éd. D 4 reg. 75 XXII, 1, 24 (1474). 284  Soc. Éd. D 4 reg. 75 XXII, 1, 28 (1494ns). 285  AD SL H 1229, fol. 15 (1444). 286  Soc. Éd. D 4 reg. 75 XXII, 1, 10 (1396). 287  Soc. Éd. D 4 reg. 75 XXII, 1, 11 (1396). 281 282

Un rôle spirituel dans la société locale

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par le testament de Guillaume de Clugny (n°996), bailli de Dijon, avaient sans doute pour but son salut, mais n’étaient pas liées à son anniversaire288. Quelques religieuses aussi fondèrent des messes sans lien aucun avec un anniversaire. Ainsi, en 1495, l’abbesse de Saint-Andoche Anne d’Alonne (n°25) fonda une «  messe des Cincq playes de Nostre Seigneur  » pour l’augmentation de laquelle dix-huit mois plus tard elle donna aux religieuses 5 livres tournois de rente qui lui étaient dues en tant qu’abbesse sur la maison du grand Saint-Christophe ; cette rente devait aussi permettre de célébrer la fête de la « translation de monseigneur saint Benoist », à célébrer avec le soutien d’un diacre et d’un sous-diacre289. Vingt ans plus tard, l’abbesse Huguette Bouton (n°27) fonda une messe en l’honneur de Notre-Dame de Pitié le vendredi avant les Rameaux, à dire au grand-autel par un des quatre chapelains avant la procession en direction de Saint-Jean, avec commémoration des trépassés et des Cinq plaies de Notre Seigneur ; pour la messe ellemême, elle donna 100 livres au chapitre pour l’achat d’une rente et 4 blancs de rente pour la sacriste qui devait fournir deux cierges290. Ces deux fondations sont encore en lien direct avec la délivrance des âmes puisque la messe des cinq plaies du Christ – dévotion qui s’est essentiellement développée à la fin du Moyen Âge – doit permettre la délivrance des âmes du Purgatoire et assurer le salut éternel291. Certains firent d’autres fondations encore, toujours en lien avec le culte. Il pouvait s’agir de laisser une certaine somme à la sacriste pour le luminaire de l’église. Ainsi, en 1348, Isabelle du Chemin (n°129) fonda un luminaire devant le grand-autel de Saint-Andoche grâce à une rente de 5 pintes d’huile mesure d’Autun292. Un siècle et demi plus tard, la prieure Claude de Tintry (n°66), pour être participante au divin service, fonda un luminaire supplémentaire – pour une chandelle de chaque côté du chœur alors que jusque-là il n’y en avait qu’une du côté de « sepmenière » – aux matines, du 1er septembre à Pâques, pour lequel elle donna 20 livres tournois à la sacriste Marie de Vandôme293 ; quelques mois plus tard, cette donation fut convertie par le chapitre en une rente de 14  gros tournois, la somme de 20  livres étant

 Soc. Éd. D 4 reg. 75 XXII, 1, 9 (1389).  AD SL H 711/4 (1497). 290  AD SL H 711/11 et 12 (1514). 291  L. Gougaud, Dévotions et pratiques ascétiques au Moyen Âge, Paris, 1925, p. 79‒81. 292  AD SL H 711/2 (1348). 293  AD SL H 711/6 et 8 (1510ns). 288 289

504 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

encaissée par le chapitre en échange de cette rente294. En 1429, Guillaume Volu (n°376), prêtre, céda deux pièces de terre à la sacriste de Saint-Jean pour l’augmentation du luminaire, mais il ne spécifiait pas quel office ou quel autel devait être mieux illuminé295. Jean Cornu, prêtre, amodiateur de la secrétainerie de Saint-Andoche, fonda, quant à lui, une sonnerie de cloche avant l’élévation du corps du Christ lors de la « derreniere grant messe qui se dit et celebre au grant aultel de [l’]eglise dudict Sainct Andoiche et par [les religieuses] respondu à nothe », contre 20 sous tournois de rente à séparer entre les religieuses296. Les fondations, qui avaient toutes pour but que les religieuses intercèdent d’une façon ou d’une autre en faveur du fondateur, étaient donc très diverses. Aucun type de fondation n’était d’ailleurs réservé à une catégorie de fondateur. Bien que ceux-ci aussi aient été divers, on ne peut pas corréler certaines dévotions avec l’origine sociale des fondateurs. Le passage de rouleaux des morts à Saint-Andoche et Saint-Jean

À la fin du xive siècle et au début du xve siècle, l’efficacité des suffrages des religieuses d’Autun était reconnue au même titre que celle des suffrages des chanoines réguliers de Saint-Symphorien, des moines de Saint-Martin ou des chanoines de la cathédrale. En effet, les rouleaux des morts de plusieurs dignitaires dijonnais ont été annotés à Saint-Andoche et Saint-Jean. Ainsi, le premier rouleau de Jean de Marigny, abbé de Saint-Étienne de Dijon décédé le 8 décembre 1387, expédié par Robert de Baubigny, son successeur, a été annoté à Saint-Jean par Alice de Sancey (n°232) et à Saint-Andoche le 10 septembre 1397 ; le porte-rouleau s’est également arrêté à la cathédrale le même jour et à Saint-Martin et Saint-Symphorien le lendemain297, même si les titres ont été inscrits sur trois feuilles différentes. Quelques décennies plus tard, le porterouleau des abbés de Saint-Bénigne de Dijon Étienne de La Feuillée (décédé en août 1434) et Pierre Benot (décédé le 7 décembre 1438) s’est arrêté à SaintSymphorien, Saint-Martin – une confraternité existait entre Saint-Bénigne de Dijon et Saint-Martin d’Autun –, Saint-Jean-le-Grand, Saint-Racho et SaintAndoche le 10  mars 1441 et à la cathédrale le lendemain298. À  Saint-Jean,

 AD SL H 711/7 et 9 (1510).  Soc. Éd. D 4 reg. 75 XXII, 1, 16 (1429). 296  AD SL H 711/5 (1545). 297   Recueil des rouleaux des morts (viiie siècle-vers 1538), J. Dufour (éd.), Paris, 2006, t. 2 : 1181‒1399, n°285, p. 634, 635 et 636. 298   Ibid., vol. 3 (1400‒1451), n°333, p. 621 et 647‒648. 294 295

Un rôle spirituel dans la société locale

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c’est Pierre Boisselier (n°611), alors procureur de l’abbaye, qui a inscrit le titre pour l’abbaye ; à Saint-Andoche, le titre a été inscrit par A. Vilot, personnage non identifié, qui a ajouté aux formules classiques de demandes de prières en échange des prières dites par les religieuses, la mention de trois décès : Obiit domina priora [sic] prioratu [sic] Contuleti, Anneta de Marsoncompte. Obiit religiosa domina Juhanna [sic] de Drachey. Obiit Juhanna [sic] de Charency

On peut penser à des religieuses de Saint-Andoche qui seraient décédées récemment et pour lesquelles les religieuses auraient alors demandé des prières. Toutefois, le prieuré Contuleti n’a pas pu être identifié, pas plus qu’Anne de Marsoncompte (n°72) ou Jeanne de Dracy (n°164). Seule Jeanne de Charency (n°163) est attestée dans d’autres sources dépouillées  : elle a été religieuse à Saint-Andoche en même temps que Béatrice de Montfaucon (n°155) qui, elle, est attestée en 1406‒1407. Enfin, particulièrement intéressant pour cette étude est le deuxième rouleau de Jean de Marigny, abbé de Saint-Étienne de Dijon, qui a circulé quatre ans après le premier299. En effet, le rouleau a été complété à Saint-Symphorien et Saint-Martin le 17 juin 1401, ainsi que, la veille, à Saint-Andoche ; mais cette fois, le porte-rouleau ne s’est rendu ni à Saint-Jean-le-Grand ni à la cathédrale. Sachant que Saint-Martin et Saint-Symphorien étaient associés spirituellement à Saint-Étienne de Dijon, le passage du porte-rouleau à Saint-Andoche est particulièrement significatif : arrivant de Mont-SaintJean (à 38 km au Nord d’Autun) où il était passé le jour même, il a décidé de privilégier un arrêt à Saint-Andoche plutôt qu’à la cathédrale ou à SaintJean, avant de continuer sa tournée, le lendemain, par une visite aux deux établissements éduens spirituellement associés à Saint-Étienne de Dijon. Il a donc estimé plus important de passer à Saint-Andoche qu’à Saint-Jean ou à la cathédrale, ce qui montre un rayonnement spirituel particulièrement important de Saint-Andoche dans le domaine de la prière pour les défunts et confirme l’impression qui ressort de l’étude des obituaires de cette abbaye. c. Les fondateurs

L’étude des fondateurs d’anniversaires, de prières, de messes, permet d’envisager le rayonnement spirituel des deux abbayes.

  Ibid., vol. 3 (1400‒1451), n°300, notamment p. 103 et 108‒109.

299

506 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel Dans les obituaires de Saint-Andoche300

Sur les trois centaines de fondateurs recensés dans les obituaires de SaintAndoche, hors couche ancienne, plus du tiers sont des religieuses, les officières étant proportionnellement mieux représentées que les simples religieuses de chœur. L’état de religieuse n’est d’ailleurs pas toujours indiqué : parfois il est connu par divers actes du chartrier, mais parfois aussi c’est la formulation de la notice qui permet de l’envisager comme une hypothèse très probable. Près d’un fondateur sur cinq est un proche des religieuses identifié en tant que tel, qu’il soit parent d’une religieuse (4%) ou, plus souvent, officier de l’abbaye (15%). Les autres, deux sur dix, qui n’ont pas de lien identifié avec les religieuses, sont surtout des clercs, autunois ou non, mais aussi des nobles bourguignons. Enfin, un peu plus de deux fondateurs sur dix n’ont pas pu être identifiés. La moitié des fondateurs inscrits dans les obituaires, une fois écartés les religieuses et leurs proches, avaient un lien avec Autun, que ce soit par leur charge, leur lieu d’habitation ou des possessions. Dès lors, une conclusion et une hypothèse, qui ne s’annihilent pas l’une l’autre, peuvent être émises : le rayonnement spirituel des religieuses étudié à travers les obituaires fut beaucoup plus fort à Autun qu’à l’extérieur de la cité et fut donc relativement local ; toutefois, on peut aussi penser que les religieuses ont peut-être noté plus soigneusement, dans leurs obituaires, le nom des fondateurs autunois que celui des autres, dans l’espoir que d’autres membres de ces familles fonderaient des anniversaires, sachant que le nom de leur parent était bien rappelé chaque année. Les fondateurs connus par d’autres actes

Les actes de fondation conservés, à Saint-Jean comme à Saint-Andoche, ont souvent eu pour origine les religieuses elles-mêmes  : celles-ci recherchaient les suffrages de leurs sœurs en religion, y compris en leur faisant don d’argent, de biens fonciers ou d’objets. Les proches des abbayes, que ce soit la famille des religieuses ou leurs officiers et leur famille, mais aussi les ecclésiastiques autunois, notamment des chanoines, sont également bien représentés. Quant aux laïcs, ceux qui fondèrent un anniversaire, notamment à Saint-Jean, étaient en très grande majorité des paroissiens de Saint-Jean – ou de Saint-Andoche – ou d’anciens paroissiens qui y avaient été baptisés. La typologie des fondateurs est donc très proche de celle qui a pu être établie

 Cf. Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche, éd. cit., p. 83 sq.

300

Un rôle spirituel dans la société locale

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à partir des obituaires, ce qui confirme la conclusion d’une influence spirituelle des religieuses essentiellement locale. Mais les fondateurs n’étaient pas toujours les bénéficiaires de la fondation. Parfois, les religieuses fondèrent un anniversaire pour un bienfaiteur, sans contrepartie financière. Ainsi, en 1197, les religieuses de Saint-Jean ont, semble-t-il, fondé un anniversaire pour Élisabet (n°1027), femme de Renaud Vigier, « en considération de ce que ladite Élisabet avoit fait de grans dons en faveur de ladite église »301. De même, au début du xive siècle, les religieuses de Saint-Andoche, reconnaissantes envers leur abbesse pour ce qu’elle avait apporté à l’abbaye, fondèrent pour ladite Marguerite d’Auxois (n°14) une messe du Saint-Esprit puis un anniversaire perpétuel ; elles semblent avoir voulu la remercier en particulier pour les acquisitions faites dans le comté de Nevers, Outre-Loire, par le prieur de Saint-Parise-en-Viry pour elle302 ; cet anniversaire était célébré le 9 ou le 11 août ; il a été ajouté dans l’obituaire qui était sans doute utilisé alors – le H 709 – et a été recopié dans le seul obituaire postérieur non lacunaire à ces dates303. De même, en 1377, l’abbesse Marguerite de Montagu (n°17) et les religieuses de Saint-Andoche fondèrent deux anniversaires sous forme de « messes à note de l’office des morts » pour le roi Jean  II le Bon pour les «  biens faiz, dons et curialitez  » qu’il avait accordés à leur église et une messe du Saint-Esprit pour son fils Philippe le Hardi et son épouse leur vie durant pour les remercier, notamment, du bois offert pour la remise en état de leur grange de Senailly304. Toutefois, le plus souvent, c’est un membre de la famille, en général le fils, qui fonda un anniversaire pour un de ses parents. Ainsi, en 1266, Jean de Vergy (n°879), damoiseau, seigneur de Fonvens, et Marguerite (n°880), damoiselle, sa femme, donnèrent à Saint-Andoche un moulin et son écluse sur l’Arroux sis à Dracy-Saint-Loup, plus le plein usage dans leurs forêts dudit lieu pour l’entretien de ces moulin et écluse, le tout pour le remède de leur âme et surtout à charge de célébrer l’anniversaire du père de Jean, Henri de

 Soc. Éd. D 4 reg. 75 XXII, I, 1 (1197).   nos et successores nostre tenebimur anno quolibet semel celebrari pro eadem abbatissa quamdiu vixerit unam missam Sancti Spiritus in monasterio supradicto et ipsa sublata de medio anniversarium opsius imperpetue semel in anno similiter pro rebus supradictis et in recompensationem earumdem (AD SL H 711/1, 1311). 303  AD SL H 709 (11‒08) ; BM A P 088 (09‒08). Cf. Les obituaires de l’abbaye Saint-Andoche, éd. cit., n°304 et 300, p. 197. 304  AD CO B 11622 (1377). 301 302

508 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

Vergy (n°878), sénéchal de Bourgogne (gén. 22)305. Dans le cas de Jeanne de La Vallote (n°237), religieuse, c’est son neveu Gérard de La Vallote, seigneur de La Vallote, qui fonda son anniversaire à Saint-Jean ; pour cela, il céda une rente d’un  franc d’or coin du roi reposant sur ses droits et possessions de La Comelle afin que soient célébrées annuellement une messe haute et six messes basses par des chapelains rémunérés chacun 12 deniers306. En 1243, dans son testament, Gauthier de Saint-Symphorien (n°865), chanoine d’Autun et abbé de Saint-Pierre-l’Étrier, outre divers legs, laissa à Saint-Andoche 20 livres pour acheter une rente pour l’anniversaire de l’abbesse Félicie (n°9)307. Rien ne permet d’affirmer de façon certaine que l’abbesse de Saint-Andoche était parente de Gauthier de Saint-Symphorien, mais c’est probable dans la mesure où un grand nombre de proches de Gauthier de Saint-Symphorien ont fondé leur anniversaire dans cette abbaye, notamment ses deux frères Gérard (n°867) et Guillaume (n°866), ainsi que l’épouse, le fils et la bru de Gérard (n°868‒870) ; peut-être même Félicie était-elle la sœur des trois frères (gén. 35). À Saint-Jean, à la fin du xive siècle, 50 écus furent versés à l’abbaye pour la fondation d’un anniversaire annuel en faveur de Jeanne de Montagu de Sombernon (n°43), abbesse défunte, sans que le fondateur en soit clairement identifié. En effet, en 1399, Jeanne de Montagu de Couches (n°44) acheta à Hugues des Choux (n°353) tout ce qu’il tenait de l’abbaye mais aussi des biens personnels en lui versant 50 écus « que la dicte ma dame l’abbesse disoit avoir euz et receuz de monseigneur l’abbé de Saint-Benigne de Dijon pour acheter cent solz de rente pour fonder l’anniversare de feu bonne memoire ma dame Juhane de Montagu, alias de Sombernon, jadiz abbesse dudit monastère faire ou dit monastere chascun an »308 ; il semblerait donc que ce soit son petit-cousin (gén. 14), Alexandre de Montagu, abbé de Flavigny et de Saint-Bénigne, qui avait fondé cet anniversaire. Pourtant, quinze ans plus tard, l’abbesse suivante, Alice de Brazey (n°45), nomma Jeanne de Montagu de Sombernon (n°43) comme fondatrice, quand elle régla les détails de cette fondation et y ajouta Jeanne de Montagu de Couches (n°44) comme seconde bénéficiaire309.

 AD SL H 973/1 et 2 (1266ns).  AD SL H 1457, fol. 37‒40 (1397). 307   viginti l. ad emendos redditus pro anniversario abbatisse Felicie faciendo (AD SL 5 G 62 = Cartulaire de l’Église d’Autun, éd. cit., t. 1, p. 164‒166, ch. xc). 308  AD SL H 1363/4 (1399). 309   « comme feu ma dame Jehanne de Montagu, alias de Sombarnon, jadicte abbesse de Saint Jehan ou bourg d’Ostun, eust donne es laissie en sa darreniere ordonnance pour le remade 305 306

Un rôle spirituel dans la société locale

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Quelle que soit l’origine de ces 50 écus, Jeanne de Montagu de Couches, avec cet argent confié par le chapitre et « du sien propre », avait acquis « la prévosté de Runchi et le breuil de Sarmace » ainsi que d’autres droits en 1399 ; quinze ans plus tard, Alice de Brazey réalisa une opération financière extrêmement intéressante pour elle : elle céda au convent, aux deux curés et aux quatre chapelains, au nom des 50 écus légués par Jeanne de Montagu de Sombernon (n°43), le seul « breul de Sarmace », à charge pour eux de célébrer non seulement l’anniversaire de Jeanne de Montagu de Sombernon, mais aussi celui de Jeanne de Montagu de Couches – elle conserva donc pour elle non seulement les revenus de la prévôté de Runchy ainsi que ceux des divers autres droits, mais aussi la justice haute, moyenne et basse sur Charmasse ; les religieuses, curés et chapelains qui célébraient les deux anniversaires le jour de la SainteLuce (13 décembre) avec vêpres et vigiles et messe chantée solennelle le lendemain310, se partageaient les revenus du breuil de Charmasse. L’origine géographique des fondateurs

Bien entendu, la majorité des fondateurs étant des religieuses, par définition, elles habitaient à l’abbaye, même si elles n’étaient, le plus souvent, pas originaires d’Autun. On peut aussi considérer que les officiers de l’abbaye y étaient localisés, même quand ils étaient curés d’une des paroisses éloignées à la collation de l’abbaye : c’est du fait de leur charge, de leur lien avec l’abbaye, qu’ils ont fondé un anniversaire, des messes etc. Un deuxième cercle de fondateurs se situe dans la proximité immédiate des abbayes  ; ce sont d’abord les paroissiens qui dépendaient des églises paroissiales des abbayes ou ceux qui étaient nés dans cette paroisse, comme les Rolin (gén. 34). Viennent ensuite les clercs autunois, notamment ceux qui ont eu une charge à la cathédrale. Mais les non-Autunois sont également assez bien représentés parmi les fondateurs ; ce sont souvent des nobles, mais pas toujours. Ces personnes avaient nécessairement un lien avec les abbayes même si ce lien n’a pas toujours été identifié. Certains étaient des «  employés  » des religieuses, notamment les procureurs ou officiers du temporel qui vivaient à proximité de domaines des

de son ame aux religieuses du convent, curez et chappellains dudit monastere la somme de cinquante escuz pour une foiz, lesquelx furent bailliez à sondit convent pour acheter rentes et heritaiges pour ung anniversaire que lesdites religieuses, curez et chappellains seroient tenuz de celebrer et fere une foiz l’an pour le remede de son ame » (AD SL H 1363/5, 1414). 310  L’un des six prêtres célébrait cette messe chantée tandis que les cinq autres célébraient des messes basses.

510 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

religieuses, d’autres étaient des parents des religieuses. Le lien avec l’abbaye était alors direct. Pour les autres cependant, il est difficile de savoir pourquoi ils ont fait une fondation à Saint-Jean ou à Saint-Andoche ; ces fondations témoignent donc d’un certain rayonnement de ces abbayes. On peut d’ailleurs noter, que ces deux abbayes bénéficiaient généralement des largesses des ducs de Bourgogne lorsqu’ils firent un don à la plupart des abbayes importantes de leur duché, ce qui prouve qu’elles étaient reconnues à Dijon comme des abbayes influentes. Les fondateurs d’anniversaire étaient évidemment surtout des personnes qui avaient des liens avec les abbayes, qu’ils soient de nature géographique, de fonction, de dépendance ou de parentèle, mais ces liens n’étaient pas toujours très serrés et les fondateurs peuvent avoir été géographiquement éloignés d’Autun. Les religieuses de Saint-Andoche et de Saint-Jean-le-Grand, par leur statut, par leur présence aux offices et par leurs prières ont eu une influence spirituelle à Autun et dans les villages où elles étaient possessionnées, surtout ceux où elles étaient patronnes de l’église paroissiale. Le plus souvent cette influence n’a été qu’indirecte et, en quelque sorte, subie par les paroissiens qui devaient écouter les prêches, recevoir les sacrements etc. de celui que les religieuses avaient nommé. Toutefois, les souhaits particuliers quant à l’inhumation, les fondations d’anniversaires, les demandes de messes etc. prouvent une influence spirituelle directe des religieuses  : on a eu confiance en leur intercession, notamment en faveur des défunts, tout au long des xive  et xve siècles au moins, non seulement quand on faisait partie de l’abbaye ou de la communauté au sens large, mais aussi alors que les liens avec l’abbaye paraissent avoir été plus distants. Il faut toutefois noter que les religieuses de Saint-Andoche semblent avoir suscité un peu plus de fondations d’anniversaires et surtout avoir été plus attentives à leur célébration, et à la perception des revenus qui leur étaient liés, que celles de Saint-Jean. Il n’est cependant pas possible de savoir si cela traduit une plus grande confiance des fondateurs dans les prières des religieuses de Saint-Andoche, et donc un prestige réellement plus grand de cette abbaye, ou une « spécialisation » interne différente entre les deux abbayes. Quoi qu’il en soit, si les prières des chanoines et surtout une inhumation dans la cathédrale étaient encore plus prisées, ces fondations, comme les demandes d’inhumation au plus près de l’abbaye voire dans l’abbaye, marquent un rayonnement spirituel certain des religieuses éduennes, même si ce rayonnement est beaucoup plus fort à Autun et parmi les proches des abbayes que dans le reste du diocèse ou du duché.

Conclusion

À

l’époque carolingienne – sans doute au cours du xe siècle –, SaintJean-le-Grand a été fondée quelques décennies après Saint-Andoche, vraisemblablement parce que celle-ci ne pouvait plus accueillir l’ensemble des jeunes filles et des femmes qui souhaitaient s’y retirer. Par la suite, toutes deux ont subsisté côte à côte durant au moins huit siècles et, pendant les derniers siècles du Moyen Âge au moins, elles ont eu une réelle influence sur la société : influence temporelle et spirituelle localement sur la population d’Autun, sur les artisans et les commerçants des quartiers Saint-Andoche et Saint-Jean  ; influence surtout spirituelle sur les bourgeois éduens et les habitants des paroisses Saint-Pierre Saint-Andoche et Saint-Jean du Bourg ; influence temporelle et, plus rarement, spirituelle sur les paysans et les artisans des villages dont elles étaient le seigneur ou dans lesquels elles avaient des possessions importantes ; influence essentiellement spirituelle sur la noblesse de la région qui y faisait entrer ses filles et qui y fondait des anniversaires. Cette coexistence même prouve que les deux abbayes furent solides, puissantes et riches, puisque de nombreuses abbayes de femmes ont disparu au cours du Bas Moyen Âge ou au début de l’époque moderne, souvent par absorption par un établissement mieux implanté et mieux doté. Elles ont suscité suffisamment de vocations d’une part et de donations d’autre part pour qu’aucune des deux ne prenne le pas sur l’autre, au point de la faire disparaître. En revanche, ce maintien de deux abbayes dans une cité dont la puissance a diminué tout au long du Moyen Âge explique sans doute que les prieurés fondés à proximité d’Autun furent éphémères ; il explique sans doute aussi l’absence de toute autre fondation féminine dans la ville, de toute fondation mendiante en particulier, avant le milieu du xviie siècle quand des carmélites s’installèrent à Autun. Saint-Andoche et Saint-Jean-le-Grand : similitudes et différences Les deux abbayes éduennes ont eu une longévité réelle, même si quelques abbayes de femmes ont eu ailleurs une existence plus longue encore. Cette pérennité a été possible grâce à un patrimoine suffisamment important, disséminé et diversifié pour permettre à chacune des deux communautés de survivre, y compris lors de la période de plus grande précarité des revenus tirés de la terre, à la fin du xive et au début du xve siècle, quand la Bourgogne

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a été dévastée par les guerres et les épidémies de peste. Même si ce patrimoine n’était pas situé exactement dans les mêmes lieux pour chacune des deux abbayes, une partie en était toujours facilement accessible, alors qu’une autre partie était réellement éloignée d’Autun. Les deux abbayes ont géré leur patrimoine de façon similaire, notamment pour les domaines les plus lointains : dans un premier temps, jusqu’au xiiie siècle, elles installèrent quelques religieuses au cœur des plus importants de ces domaines, puis elles s’y firent représenter de façon permanente par des officiers issus de la communauté villageoise aux xiiie et xive siècles, et enfin elles amodièrent de plus en plus souvent des terres, des domaines entiers voire leurs revenus à partir de la fin du xive siècle et surtout au xve siècle. Cette évolution semble avoir été un peu plus précoce à Saint-Andoche qu’à Saint-Jean, peut-être en raison d’un contrôle plus grand des religieuses de Saint-Jean sur les revenus tirés de la terre, ainsi qu’en témoignent la tenue et la conservation de livres de comptes pour différents domaines. Les sources montrent des religieuses de Saint-Jean veillant beaucoup plus régulièrement que celles de Saint-Andoche à la perception de leurs redevances, ce qui peut expliquer les problèmes financiers des secondes, en particulier à la fin du xive siècle ; c’est peut-être aussi pour cette raison que les dames de Saint-Andoche ont été plus procédurières que celles de Saint-Jean : faute d’une surveillance suffisamment attentive de leur part, leurs tenanciers, leurs officiers etc. peuvent avoir davantage cherché à ne pas payer tout ce qu’ils leur devaient, les obligeant ainsi à intenter des procès pour faire reconnaître leurs droits. Grâce aux redevances dues en nature et à l’exploitation directe de quelques terres par des journaliers, les religieuses recevaient tout ce qui pouvait être produit en Bourgogne. Elles complétaient ces ressources par l’achat de produits, notamment alimentaires, qui ne se trouvaient pas en Bourgogne ; les religieuses de Saint-Andoche s’arrangeaient toutefois pour être fournies en harengs – poissons de mer – par des amodiations Outre-Loire. Les dames de Saint-Andoche et de Saint-Jean n’hésitaient pas à s’approvisionner en denrées onéreuses, réservées à la noblesse ou à la plus riche bourgeoisie. En effet, leurs revenus leur permettaient de mener une vie confortable, en conformité avec leur origine sociale puisque, pour la plupart, elles appartenaient aux couches supérieures de la société. Le recrutement était similaire dans les deux abbayes et il suffit, pour le prouver, de voir le nombre de parentes, voire de sœurs, qui ont pris le voile dans les deux abbayes. Toutefois, Saint-Andoche semble un peu plus ouverte que Saint-Jean à des jeunes filles de noblesse récente, voire de la simple aristocratie urbaine. Il pourrait être tentant de mettre en relation cette plus grande ouverture avec les difficultés

Conclusion

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financières de l’abbaye ; pourtant il n’en est rien car divers indices montrent que Saint-Andoche était plutôt plus prestigieuse que Saint-Jean à la fin du Moyen Âge et le nombre de religieuses semble avoir été un peu plus élevé à Saint-Andoche qu’à Saint-Jean, au moins au xve siècle, d’après les listes de religieuses qui peuvent être réalisées à partir du dépouillement des archives. Le mode de vie des dames de Saint-Andoche et de Saint-Jean-le-Grand ne suivait pas à la lettre la Règle de saint Benoît : les religieuses pouvaient quitter la clôture, dans la réalité des faits sinon dans les principes, et elles pouvaient recevoir des visiteurs ; leur alimentation était variée et quelques mets raffinés faisaient leur apparition à leur table ; enfin, elles possédaient des biens qu’elles pouvaient gérer elles-mêmes. Mais il faut se souvenir que, si elles revendiquaient leur appartenance à l’ordre de Saint-Benoît, elles ne disaient jamais en suivre la Règle. Ce n’était toutefois pas non plus des chanoinesses séculières – elles aussi de l’ordre de Saint-Benoît – qui ne prononçaient pas de vœux et pouvaient quitter librement l’abbaye et retourner dans le siècle afin, par exemple, de se marier. Comme dans de nombreuses abbayes bénédictines de femmes, les religieuses de Saint-Andoche et de Saint-Jean se trouvaient dans une position intermédiaire entre deux extrêmes, se rapprochant parfois davantage des moniales strictement cloîtrées et suivant scrupuleusement la Règle de Saint-Benoît et parfois davantage des chanoinesses séculières des grands chapitres de dames nobles. Dans les deux abbayes, il y a eu des périodes de relâchement relatif et des périodes de retour à une vie plus stricte, à la suite d’un mouvement de réforme impulsé soit par les autorités ecclésiastiques soit par l’abbesse. Il y eut aussi sans doute des religieuses qui ont mené une vie plus ascétique que d’autres et des religieuses qui ont moins fidèlement respecté leurs vœux que d’autres, mais les sources ne l’attestent pas de façon nette pour ces deux abbayes. En effet, si parfois des familles ont pu, en quelque sorte, se décharger d’une fille surnuméraire ou difficilement mariable en l’envoyant au monastère, il ressort clairement des liens conservés entre les religieuses et leurs familles que celles-ci ne se désintéressaient absolument pas de leurs filles qui avaient pris le voile. Si des pères plaçaient une ou plusieurs de leurs filles dans un monastère, notamment pour qu’elles prient pour leurs proches, ils voulaient aussi qu’elles y bénéficient d’un certain confort et, pour celles qui étaient issues de familles illustres, qu’elles y trouvent une forme de domination semblable à celle de leur famille dans le siècle ; ils favorisaient alors de toutes les façons possibles leur accès à l’abbatiat ou, éventuellement, leur transfert dans une abbaye plus prestigieuse.

514 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

Alors même qu’Autun était de plus en plus marginalisée dans la principauté bourguignonne sur le plan politique, mais aussi canonial, cela n’a pas été le cas pour les abbayes de femmes, puisqu’elles ont toutes deux subsisté, y compris à une époque où plusieurs établissements de moindre importance disparaissaient, et ont conservé un rayonnement certain dans la région tout au long du Moyen Âge et même plus tard encore, que ce soit pour le recrutement ou pour la fondation d’anniversaires. Toutefois, aucune de ces deux abbayes ne pouvait concurrencer les grands chapitres de chanoinesses séculières comtois et lorrains. Probablement plus que dans ces grands chapitres, la prière était au cœur de la vie des religieuses de Saint-Andoche et de Saint-Jean, et aucune autre activité – études, culture, artisanat etc. – n’est clairement attestée. Même si toutes les religieuses n’avaient pas la même assiduité aux différents offices, les religieuses de Saint-Andoche semblent s’être davantage préoccupées de la célébration des anniversaires que celles de Saint-Jean qui, elles, paraissent avoir privilégié la gestion de leurs domaines. Cette impression est évidemment liée à la conservation d’obituaires pour la première et de comptes pour la seconde. Cette conservation différente peut certes être le fruit du hasard des pertes de documents aux périodes moderne ou révolutionnaire, mais l’inventaire de 1689 ne mentionne pas d’obituaire conservé à Saint-Jean, alors qu’à la même époque quelques notices étaient encore inscrites dans l’un des obituaires de Saint-Andoche, ce qui prouve qu’il n’était pas oublié au fond d’un coffre. En outre, il est arrivé qu’un porte-rouleau des morts s’arrête à Saint-Andoche et pas à Saint-Jean – ni même à la cathédrale –, ce qui confirme un réel rayonnement de Saint-Andoche dans le domaine de la prière pour les défunts, puisque, en l’occurrence, le défunt n’était un proche ni de l’abbaye ni de son abbesse. Les religieuses de Saint-Andoche devaient donc avoir un peu plus la tête dans le ciel, tandis que celles de Saint-Jean avaient un peu plus les pieds sur terre. Malgré une coexistence sur une longue période, Saint-Andoche et SaintJean-le-Grand n’ont pas développé de façon évidente une réelle spécificité si ce n’est cette orientation un peu plus spirituelle de Saint-Andoche et un peu plus temporelle de Saint-Jean. Toutefois, les périodes d’assouplissement de la discipline et, au contraire, de retour à une plus grande rigueur, n’ont pas été les mêmes dans l’une et l’autre des deux abbayes. Que ce soit en période de rigueur ou de relâchement de la discipline, les abbesses de Saint-Andoche et de Saint-Jean ont toujours essayé de s’affranchir de la tutelle de l’évêque, tout particulièrement de son droit de discipline et de correction. Saint-Andoche dans ce domaine paraît avoir été mieux

Conclusion

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organisée que Saint-Jean-le-Grand puisque les abbesses revendiquaient une exemption et ne permettaient pas à l’évêque de passer le portail de l’abbaye, hormis la veille de son intronisation, quand il n’était encore qu’electus. Mais les abbesses de Saint-Jean s’avérèrent finalement tout aussi efficaces dans leur façon d’échapper à la surveillance épiscopale, du moins jusqu’au début du xvie siècle. Aux xvie et xviie siècles en effet, face à des prélats encore plus décidés que leurs prédécesseurs, malgré une résistance acharnée des religieuses et surtout des abbesses, Saint-Jean puis Saint-Andoche ont dû plier et accepter la réforme imposée par l’évêque, un retour à une vie communautaire beaucoup plus stricte et une limitation drastique des rapports avec l’extérieur. Deux abbayes conformes aux connaissances sur le monachisme féminin Sur certains points, cette étude confirme des éléments que développent divers travaux sur le monachisme féminin : la volonté très répandue de limiter au maximum les relations des religieuses avec le monde extérieur, l’origine sociale essentiellement nobiliaire des religieuses et l’abandon assez général d’une vie strictement communautaire dans les derniers siècles du Moyen Âge. Les autorités ecclésiastiques ont toujours cherché à éloigner les femmes, et plus particulièrement les épouses du Christ, des tentations et donc des relations avec les laïcs. C’est pourquoi les abbayes de femmes – en particulier les établissements urbains anciens – ont presque toutes dû faire construire une église paroissiale à côté de leur propre église pour répondre aux besoins de la population qui s’était agrégée peu à peu autour du monastère  ; à Autun, ce furent Saint-Pierre Saint-Andoche et Saint-Jean du Bourg bâties probablement au xiie  siècle, comme Saint-Saturnin pour Saint-Pierre-lesNonnains à Lyon. Pourtant, à Autun, comme dans tous les établissements féminins, les communautés étaient obligées d’entretenir des liens avec de nombreux ecclésiastiques et laïcs, afin de ne pas disparaître. Par définition, elles devaient côtoyer un ou plusieurs chapelains et, par nécessité économique, elles devaient faire appel à de nombreuses personnes qui géraient quotidiennement leurs domaines, leurs biens et leurs affaires en leur nom. À Saint-Andoche et Saint-Jean, comme dans de très nombreuses abbayes, ces contacts avec le monde extérieur n’ont de fait pas été limités au strict minimum, certaines religieuses pouvant même quitter la clôture de façon assez libre. Le prestige de ces dames et la puissance de leurs proches ont sans doute facilité ces liens avec l’extérieur et surtout leur acceptation. En effet, Saint-Andoche et Saint-Jean ne font pas exception quant à l’origine des postulantes  : elles étaient recrutées parmi les jeunes filles nobles.

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Dans certains établissements, notamment les chapitres de dames nobles de l’Empire, quatre, huit voire seize quartiers de noblesse étaient exigés des postulantes, mais à Autun, comme dans la plupart des abbayes, il s’agissait là d’une règle non-écrite qui permettait des exceptions : Saint-Pierre-les-Nonnains a accueilli une religieuse issue de la bourgeoisie au milieu du xive siècle, plusieurs l’ont été à Autun, à Saint-Jean et surtout à Saint-Andoche. Comme dans toutes les abbayes féminines importantes, les familles les plus puissantes localement ou régionalement ont cherché à imposer leur influence, notamment à travers l’accession d’une de leurs proches à l’abbatiat ; outre un lieu de dévotion, l’abbaye constituait alors un lieu de pouvoir et d’affirmation de la puissance familiale, surtout semble-t-il aux xive et xve siècles. Ce recrutement nobiliaire, lié à une cooptation de fait des religieuses entre elles, provoquait une transformation progressive des abbayes en lieu de vie confortable dans lequel les religieuses jouissaient assez librement des revenus de leur monastère, le plus souvent après avoir abandonné la vie strictement communautaire ; cette évolution était lente et se déroulait généralement sur plusieurs siècles – sans doute à partir du xiiie siècle pour le cas autunois –, avec parfois des retours en arrière plus ou moins ponctuels lors de réformes. Généralement, ce processus n’induisait pas de scandale au Moyen Âge, même s’il y eut des exceptions ; c’est au xvie siècle, et surtout au xviie siècle, que des protestations plus nombreuses s’élevèrent contre un mode de vie alors considéré comme relâché, provoquant une intervention des autorités ecclésiastiques ; ce fut le cas à Saint-Jean-le-Grand mais aussi, de façon plus dure encore à Saint-Pierre-les-Nonnains par exemple. Pourtant cette évolution dans leur façon de vivre ne s’accompagnait pas nécessairement d’une diminution de la dévotion ou d’un non-respect des devoirs spirituels. Toutefois, comme dans la plupart des abbayes, cet aspect de la vie des religieuses est fort mal connu à Saint-Andoche et Saint-Jean-le-Grand car il n’avait aucune raison de laisser des traces dans les archives, si ce n’est, de façon indirecte, à travers les donations et fondations qui, en l’occurrence, traduisent une réelle confiance de la population dans l’efficacité des prières des religieuses. Les abbayes de femmes ont ainsi eu une vraie influence localement et régionalement, même si elles étaient bien souvent moins prestigieuses, moins riches et moins connues que les établissements masculins dont les moines ou les frères se mêlaient davantage à la population.

Conclusion

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Deux abbayes qui conduisent à nuancer ce que l’on croit savoir sur le monachisme féminin Même si cette étude confirme plusieurs aspects du monachisme féminin déjà bien connus, elle oblige aussi à nuancer certaines idées largement diffusées, celle d’une certaine identité voire interchangeabilité entre les établissements féminins et celle d’un recrutement purement aristocratique des religieuses de chœur. Il est indéniable que le monachisme féminin est moins diversifié que le monachisme masculin, notamment parce que les ordres qui se créent au cours du Moyen Âge furent souvent très réticents à l’accueil de religieuses. En outre, dès leur fondation, les établissements féminins des ordres nouveaux subirent un gommage important de leurs spécificités : les religieuses des ordres mendiants étaient cloîtrées car il aurait été tout à fait malséant qu’elles mendient leur nourriture et, plus encore, qu’elles prêchent, comme le faisaient les frères ; les religieuses des chartreuses étaient rassemblées en dortoir car elles ne devaient surtout pas vivre isolées, chacune dans sa cellule, comme les chartreux ; les religieuses des abbayes cisterciennes étaient dispensées des travaux agricoles ou du bâtiment car elles n’étaient pas suffisamment fortes pour les réaliser et ne devaient pas quitter la clôture comme le faisaient les cisterciens. Toutes étaient donc ramenées, dès les origines et tout au long de la période médiévale, au mode de vie des bénédictines, en communauté, cloîtrées, avec peu d’activités autres que religieuses. Et peu à peu, leur mode de vie s’uniformisait, la plupart cherchant et trouvant des accommodements avec leur règle, afin de vivre confortablement voire très confortablement, souvent dans des maisons personnelles, avec une relative liberté de mouvement. Pourtant, les établissements monastiques féminins ne peuvent pas être considérés comme interchangeables et identiques, même si les familles semblent parfois s’être peu préoccupées du lieu où leur parente prenait le voile. En effet, malgré leurs similarités dans de nombreux domaines, SaintAndoche et Saint-Jean avaient aussi chacune leurs spécificités. Surtout, elles étaient très différentes de Saint-Pierre-les-Nonnains ou du prieuré de La Celle, pour ne citer que les deux établissements qui ont fait l’objet d’une étude monographique approfondie. Les deux abbayes éduennes étaient indépendantes et faisaient tout pour préserver, voire accroître, cette indépendance, y compris vis-à-vis de l’ordinaire. La Celle, au contraire, était étroitement soumise à son abbaye-mère, Saint-Victor de Marseille  ; le poids du prieur, «  chef spirituel et coadministrateur du temporel », nommé par l’abbé de Saint-Victor y était lourd,

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même si ce prieur était en fait de moins en moins présent sur place et si, au xve siècle, la charge de prieur de La Celle devint un bénéfice qui s’ajouta à d’autres pour des religieux qui n’étaient même plus toujours des moines de Saint-Victor. Les religieuses supportaient alors de moins en moins leur sujétion au prieur en particulier et à Saint-Victor en général, ce qui entraîna de nombreux heurts. Il n’y eut rien de tel à Autun. On ne peut pas non plus comparer le fonctionnement des deux abbayes éduennes et celui de Saint-Pierre-les-Nonnains de Lyon  : Saint-Andoche et Saint-Jean étaient des monastères indépendants, mais eux-mêmes ne possédaient pas de dépendances religieuses. Saint-Pierre-les-Nonnains, au contraire, était à la tête de quatorze prieurés, mais aussi d’un hôpital, d’une chapelle extérieure et d’une recluserie. À Autun, les religieuses vivaient sinon en stricte communauté, du moins ensemble, dans l’abbaye principale, et peu nombreuses étaient celles qui ont séjourné plus ou moins longtemps dans un domaine rural de l’abbaye. Les religieuses de Saint-Pierre-les-Nonnains, elles, ne demeuraient qu’en tout petits groupes d’une ou deux religieuses dans chacun des quatorze prieurés ruraux, et elles n’étaient qu’une demi-douzaine de dignitaires et de religieuses âgées à Lyon même ; elles ne se réunissaient que lors d’un chapitre général annuel auquel les prieures n’étaient d’ailleurs obligées de participer qu’un an sur deux. Si à Saint-Andoche et à Saint-Jean la plupart des religieuses étaient de simples sœurs entièrement soumises à l’autorité de l’abbesse et de la prieure, à Saint-Pierre-les-Nonnains la moitié d’entre elles étaient donc des dignitaires – abbesse, grande prieure, prieure claustrale, sacriste dans l’abbaye-mère et, dans les quatorze prieurés ruraux, prieures ; bien que soumises à l’autorité de l’abbesse comme toute religieuse, les prieures jouissaient d’une certaine autonomie et avaient un réel pouvoir de gestion de leur prieuré et de décision pour les affaires qui le concernaient. Les deux abbayes éduennes ne peuvent pas non plus être rapprochées des chapitres de dames nobles de l’Empire puisqu’aucun quartier de noblesse n’y était exigé des candidates à la prise de voile. En outre et surtout, à Autun, les religieuses prononçaient des vœux et ne pouvaient en aucun cas librement quitter l’abbaye pour se marier. L’image assez lisse d’un monachisme féminin qui ne varierait pas selon les lieux est donc erronée. Certes la plupart des religieuses étaient bénédictines faute d’une grande diversité des ordres qui leur étaient accessibles, mais les établissements étaient de fait dissemblables les uns des autres et la vie qu’y menaient les religieuses était également différente d’un monastère à l’autre. Il est également indéniable que le monachisme féminin était élitiste, tout particulièrement si on le compare au monachisme masculin, en grande p­ artie

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d’ailleurs parce que les établissements accueillant les jeunes filles étaient beaucoup moins nombreux que les établissements accueillant des hommes, alors même que ceux-ci disposaient aussi de très nombreuses places au sein du clergé séculier. On pense donc généralement que seules les jeunes filles issues de la noblesse ont pu devenir religieuses de chœur d’une abbaye relativement importante ; pourtant, on a pu voir que des religieuses issues de la bourgeoisie ont aussi été accueillies comme religieuses à Autun ; parmi toutes celles dont l’origine sociale n’a pas pu être identifiée, certaines étaient vraisemblablement même d’une origine encore plus modeste. Dans les prieurés ruraux des alentours d’Autun, les religieuses étaient en partie recrutées dans les mêmes familles que celles des deux abbayes urbaines ; toutefois, les jeunes filles issues de ces mêmes familles obtenaient le plus souvent un poste d’officière dans les prieurés ruraux, tandis qu’elles-mêmes ou leurs parentes n’étaient que simples religieuses à Saint-Andoche ou Saint-Jean. Il est presque certain que celles qui demeuraient simples religieuses dans les prieurés de Pierre-Cervau, Saint-Georges-des-Bois, Champchanoux ou Saint-Julien-sur-Dheune provenaient de familles moins prestigieuses que celles qui y devenaient prieures ; le niveau social des religieuses dans ces prieurés était donc un peu moins élevé qu’à Saint-Andoche et Saint-Jean, ce qui permet d’en déduire que toutes les religieuses de ces prieurés n’étaient certainement pas nobles. À La Celle, plus souvent qu’à Autun semble-t-il, des filles d’officiers des religieuses ont pu intégrer la communauté de chœur : un office rempli efficacement en faveur des religieuses a facilité l’acceptation d’une parente d’une origine sociale plus modeste que celle de la plupart des religieuses. Toutefois, à La Celle, il s’agissait de filles de procureurs, de juges, de notaires qui appartenaient le plus souvent à la petite noblesse ou à la bonne bourgeoisie, alors qu’à Saint-Andoche ou Saint-Jean certaines de ces parentes d’officiers des religieuses n’appartenaient qu’à une bourgeoisie modeste  ; à Autun, quelques-unes de ces filles d’officiers de l’abbaye ont même pu obtenir une dignité mineure au sein de l’abbaye, par exemple devenir sous-prieure. À l’inverse aussi, parmi les familles les plus prestigieuses, un lien de parenté avec l’abbesse a pu permettre d’obtenir un office lucratif. Toutefois, c’est essentiellement entre religieuses ou entre officiers que des liens de parenté ont été mis en évidence, montrant l’importance que ces charges pouvaient revêtir pour certaines familles autunoises. Les religieuses ont été enfermées par les hommes d’Église derrière les murs d’une clôture qu’on a voulu leur imposer de façon de plus en plus stricte tout au long du Moyen Âge et de la période moderne ; elles devaient

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d­ isparaître aux yeux du monde afin de ne pas être tentées ou être à l’origine de tentations. Elles étaient pourtant obligées de maintenir quelques liens avec l’extérieur et ce sont ces liens avec l’extérieur qui ont laissé des traces et sont les plus faciles à étudier. Une étude prosopographique minutieuse des religieuses et de leur réseau familial permet de mettre en évidence les très nombreux liens familiaux, parfois proches mais parfois aussi éloignés, qui existaient entre des religieuses au sein d’une abbaye ; ces liens familiaux furent à l’origine de la création de clans, notamment lors des élections abbatiales. L’extension de cette étude prosopographique à tout l’entourage des religieuses permet surtout de faire ressortir la multiplicité des liens qu’elles ont tissés au sein de toutes les couches de la société locale et régionale : liens spirituels avec leurs ouailles et avec les donateurs et généreux fondateurs, liens de services avec leurs officiers tant spirituels que temporels, liens de domination avec leurs tenanciers ou autres dépendants, sans oublier les liens très fort conservés avec les familles. Enfin, l’étude détaillée de l’ensemble des sources disponibles permet d’entrouvrir le portail et d’apercevoir certains aspects de la vie quotidienne des religieuses : leur alimentation, leur respect plus ou moins grand du vœu de stabilité, leurs principales préoccupations etc. C’est sans doute dans ces domaines que la comparaison d’un grand nombre d’abbayes féminines serait importante pour mieux percevoir et comprendre les différences entre établissements et la variété des formes qu’a pu prendre le monachisme féminin médiéval.

Annexes

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Pl.  I.  Consécration des religieuses d’après le Pontifical d’Antoine de Chalon (fin xve siècle) (BM A. S. 151 (129), fol. 36v)

Pl.  II.  Vue d’Autun au xviie  siècle par Edme Thomas (Edme Thomas (†  1660), Histoire de l’antique cité d’Autun, Autun, 1846, hors texte)

Planches 525

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Pl.  III.  Plan d’Autun au xvie  siècle par Belleforest (Nicolas Belleforest, Cosmographie universelle de tout le monde, Paris, 1575 ; AD SL 2 Fi 1‒130)

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Pl.  IV.  Plan d’Autun au xvie  siècle par Saint-Julien de Balleure (Pierre de Saint-Julien de Balleure, De l’origine des Bourgongnons, Paris, 1580  ; AD SL 2 Fi 1‒72)

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Pl. V. Croquis d’Autun au xiie siècle

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Pl. VI. Croquis d’Autun au xve siècle

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Pl. VII.a. Plan de l’abbaye Saint-Andoche en 1707 (rez-de-chaussée) (© AD CO C 2928)

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Pl. VII.b. Plan de l’abbaye Saint-Andoche en 1707 (étage) (© AD CO C 2928)

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Pl. VIII.a. Croquis des possessions de Saint-Andoche aux xiiie‒xve siècles (lieux)

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Pl.  VIII.b. Croquis des possessions de Saint-Andoche aux xiiie‒xve  siècles (composition)

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Pl. IX.a. Croquis des possessions de Saint-Jean aux xiiie‒xve siècles (lieux)

Planches

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Pl. IX.b. Croquis des possessions de Saint-Jean aux xiiie‒xve siècles (composition)

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Pl.  X.  Situation de l’église paroissiale Saint-Jean-le-Grand en 1794 (plan de Bellevaut, 1795) (AD SL 3 Q 390)

Sources et bibliographie Abréviations utilisées : AD CO : Archives départementales de Côte-d’Or AD J : Archives départementales du Jura AD N : Archives départementales de la Nièvre AD SL : Archives départementales de Saône-et-Loire BM A : Bibliothèque municipale d’Autun BM D : Bibliothèque municipale de Dijon BnF : Bibliothèque nationale de France Soc. Éd. : Société éduenne AASS : Acta sanctorum BHL : Bibliotheca hagiographica latina MGH : Monumenta Germaniae Historica PL : Patrologie latine AB : Annales de Bourgogne BEC : Bibliothèque de l’École des Chartes CCM : Cahiers de Civilisation médiévale MSE : Mémoires de la Société éduenne MSHAC : Mémoires de la Société d’Histoire et d’Archéologie de Chalonsur-Saône MSHDI : Mémoires de la Société pour l’Histoire du Droit et des Institutions des anciens pays bourguignons, comtois et romands RHEF : Revue d’histoire de l’Église de France RM : Revue Mabillon

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Sources Sources manuscrites Sources directement liées aux abbayes éduennes ou à leurs religieuses Archives départementales de Saône-et-Loire Fonds de Saint-Andoche1 H 674 : inventaire du mobilier et des archives (1790‒1792) H 675‒677 : « cartulaire dossier » et copies (858‒928) H 678 : lettres de mainlevée et de sauvegarde (1388‒1452) H 679 : copies et notes liées à la fondation par Brunehaut (xviie siècle) H 680 : exemption de la juridiction épiscopale H 681‒683 : réformes de l’abbaye (1521‒1523 ; 1642 ; 1662‒fin xviie siècle) H 684 : actes de vêture et profession (1737‒1784) H 685 : prises de possession par les abbesses (1707‒1722) H 686‒687 : prébendes dues par l’abbesse aux prébendés, dots de religieuses (1502‒1728) H 688‒689 : marguilliers (1502‒1790) H 690 : confesseurs (xviiie siècle) H 691‒697 + H 1621 : chapelains, chapelles (1325‒1790) H  698  : enregistrement d’actes abbatiaux, mémoires d’acquisitions abbatiales, rapports entre Marie et Marguerite de La Baume sur l’administration (1457‒1550 ; 1647‒1660 ; 1664) H 699 : pièces de procédure liées à l’administration (1542‒xviiie siècle) H 700 : bâtiments de l’abbaye (1391‒1789) H 701 : mobilier de l’abbaye (début xvie siècle‒1792) H 702 : inventaire de l’argenterie des églises abbatiales et paroissiales d’Autun (1562‒1563) H 703 : lettres patentes en confection de terrier (1484‒1687) H  704‒706  : terriers généraux, notes (mi‒xve  siècle  ; mi‒xvie  siècle  ; xviie siècle) H 707 : mense abbatiale (1300‒1617) H 708‒710 : obituaires (xiiie‒xive siècles) H 711 : fondations (1311‒1545) 1  cf.  L.  Michon, A.  Benet, L.  Lex, Inventaire sommaire des archives départementales de Saône-et-Loire antérieures à 1790. Archives ecclésiastiques série H, Mâcon, 1894, p. 184‒326.

Sources et bibliographie

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H 712 : patronages (xviiie siècle) H 713 : dons et legs (1281‒1730) H 714 : cession de créances (1675‒1685) H 715 : constitution de rentes par les religieuses (1493‒1705) H 716 : constitution de rentes au profit des religieuses (1509‒1677) H  717‒720  : impôts, droits d’amortissement, biens aliénés, décimes  (1395‒1790) H 721‒H 722 + H 1621 : comptes (1295‒xviiie siècle) H 723 : marchés, mémoires (1641‒1790) H 724 : quittances (1526‒1790) H 725‒727 : procès liés à la comptabilité (1544‒1768) H  728‒1167 + H  1622‒1626  : droits et biens dans différents lieux (dont plans de la seigneurie de Curgy) Fonds de Saint-Jean-le-Grand2 H 1168 : inventaire (xviie siècle) H  1169‒1170  : 2 premiers tomes (lacunaires) d’un inventaire rédigé en 16893 H 1171 : lettres d’indulgence (1645) H 1172 : privilèges (1352‒1603) H 1173 : réforme de l’abbaye (1645‒fin xviie siècle) H 1174 : juridiction de l’évêque (1493‒1676) H 1175 : offices (1646‒xviiie siècle) H 1176 : actes de vêture et de profession (1741‒1784) H 1177 : lettres de mainlevée (1325) H 1178‒1182 : difficiles successions abbatiales (1496‒1654) H 1183 : provision du prieurat (1493) H  1184‒1196  : divers documents (dots, dispenses de vœux, dispenses de résidence, admission à prononcer des vœux…) concernant les religieuses (1319‒1753) H 1197‒1199 : problèmes liés aux réformes (1534‒1656) H 1200‒1201 : pensions de religieuses (1657‒1757) H 1202 : secrétainerie (1488)

 cf. L. Michon, A. Benet, L. Lex, Inventaire sommaire, op. cit., p. 326‒493.  Le début du troisième tome de cet inventaire est conservé à la Société éduenne, sous le titre « Inventaire des titres concernans les fondations de la messe quotidiene et autres droits utiles et honorifiques de l’abbaye royalle de Ste-Marie de St-Jean le Grand d’Autun ». Il a été rédigé par Allyot, avocat au Parlement.

2 3

540 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

H 1203‒1206 : chapelles, chapelains (1480‒1699) H 1207 : hommage du temporel, état du temporel (1407, 1705) H 1208 : recueil de baux, reçus, reconnaissances, comptes (1392‒1496) H 1209‒1214 : bâtiments de l’abbaye (1633‒1721) H 1215‒1218 : églises de l’abbaye (1730‒1741) H 1219 : lettres de committimus (1647‒1715) H 1220 : fragment de terrier général (1483) H 1221 : amodiations générales (1521‒1616) H 1222 : droit de gîte (1382‒1407) H 1223‒1227 : droit de franc-salé (1255‒1727) H 1228 : droits d’usage (1524‒après 1729) H 1229‒1250 : manuels de rentes, patronages, corvées… (1442, fin xve siècle, xvie siècle, xviie siècle) H 1251 : bois (1567‒1751) H 1252 : état du revenu et des bénéfices de l’abbaye (1588‒1599) H 1253 : « papier des anniversaires » (1507‒1672) H 1254‒1255 : amodiation des revenus de l’abbaye (1480‒xviie siècle) H 1256‒1276 : comptes généraux de l’abbaye (1380‒1604) H 1277 : quittances données par des curés (1592‒1614) H 1278 : papiers divers liés à la comptabilité (1602‒1750) H 1279‒1620 + H 1627 : droits et biens dans différents lieux Fonds des archives notariales 3 E 2/2, fol. 142‒142v ; 175‒175v ; 178v‒179v (pour Saint-Andoche) 3 E 3/1, fol. 127v‒128v ; 170v‒171 (pour Saint-Jean) 3 E 3/2, fol. 19v ; 26, 27 ; 32‒33 ; 55v‒56v (pour Saint-Andoche) 3 E 3/2, fol. 15 ; 183v‒184 (pour Saint-Jean) 3 E 3/2, fol. 133‒162v, 169‒171v, 178‒183, 191v (élection de l’abbesse de Saint-Jean en 1474) 3 E 4/1, fol. 58v (pour Saint-Andoche) 3 E 4/2, fol. 142‒143 (pour Saint-Andoche) 3 E 6, fol. 73v‒74 (pour Saint-Andoche) 3 E 6, fol. 66v (pour Saint-Jean) ° Fonds de l’évêché G 431 : notes préparatoires ; notamment liste des abbesses de Saint-Andoche G 544 : procès-verbal du serment prêté par le cardinal Rolin de conserver les droits et privilèges de l’abbaye de Saint-Andoche, 1438 G 545 : Saint-Jean, divers G 546, G 547, G 548 : constitutions sur la Règle de saint Benoît pour les religieuses de Saint-Jean-le-Grand d’Autun, xviiie siècle

Sources et bibliographie

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G 898, fol. 91‒91v : dispense à Marie Dupré, religieuse de l’ordre de Saint Benoît en l’abbaye Saint-Andoche d’Autun pour le prieurat de Champchanoux, 1755 G 926, fol. 3‒4v, 7‒8v et 47‒48v : procès-verbaux de visites des églises d’une partie du diocèse d’Autun au xviiie siècle G  929  : procès-verbaux de visites des églises Saint-Jean-le-Grand et SaintPierre Saint-Andoche, au xviiie siècle 2 G 89 : Autun, paroisse Saint-Jean-le-Grand 2 G 92 : Autun, paroisses diverses : projet d’union entre Saint-Pierre SaintAndoche et Saint-Jean l’Évangéliste 2 G 363 : administration diocésaine rapports entre l’évêché et Saint-Jean-leGrand Fonds de Saint-Martin H SUP 56 : litige entre le duc et l’abbaye Saint-Andoche au sujet des bans de vendanges à Pommard et Volnay Fonds des cordeliers d’Autun H SUP 159 et 161 : biens à Curgy et litiges avec Saint-Andoche Fonds de La Ferté H 24/23 : chirographe entre l’abbaye de La Ferté et celle de Saint-Andoche, xiie siècle Fonds de Maizières H  56/61  : donation à Maizières d’une terre sur laquelle un cens est dû à Saint-Andoche H 78/80 : partage de la dîme de Demigny entre Saint-Andoche et Maizières H SUP 69 : extraits d’un terrier de Saint-Andoche au sujet de Merceuil Fonds du Val Saint-Benoît 9 G 23 : actes passés en présence de l’abbesse de Saint-Jean, xiiie siècle Autres fonds divers 11 G 2 1e série : paroisse Saint-Jean le Grand 11 G 3 1e série : paroisse Saint-Jean le Grand (entre autres) 11 G 8 1e série : paroisse Saint-Jean le Grand Archives départementales de Côte-d’Or Fonds de Saint-Andoche (74 H) 7 4 H 1010‒1014 : domaines à Senailly et Saint-Germain-lès-Senailly essentiellement (xiiie‒xve siècles) 74 H/R 2077 : copie d’un terrier de Curgy (1515)

542 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

74  H  SUP  /1  : domaines de Merceuil, Saint-Germain-lès-Senailly (xviie‒ xviiie siècles) plan 74 H 1‒11 : plans de Senailly (xviie‒xviiie siècles), en particulier 74 H 6 (plan de la maison seigneuriale de Senailly en 1711) Fonds de Saint-Jean-le-Grand (75 H) 75 H SUP /1 : Nolay (xvie siècle) Fonds de la justice (B II) B II 1220‒1221 (ancien 74 H 1014) : justice seigneuriale à Senailly (xvie‒ xviiie siècles) B  II  1222‒1223 (ancien 74 H 1014)  : justice seigneuriale à Merceuil (xviiie siècle) B  II  1224 (ancien 75  H  1017)  : justice seigneuriale à Cirey-lès-Nolay (xviiie siècle) Fonds de La Ferté 14 H 18 : chirographe entre l’abbaye de La Ferté et celle de Saint-Andoche (1203) Fonds de Maizières 16 H 73 : pour Saint-Andoche 16 H 94 : pour Saint-Jean ; cens et rentes à Corpeau 16 H 113 : pour Saint-Jean ; donation à Nolay 16 H 130‒132, 135 : pour Saint-Andoche 16 H 153 : pour Saint-Andoche : opposition avec Maizières au sujet d’un moulin et d’une écluse à Sissey 16 H 167 : pour Saint-Andoche 16 H 230 : contentieux entre Saint-Andoche et un homme des moines de Maizières Fonds de la collégiale de Beaune G  2903/50  : litiges entre Saint-Andoche et la collégiale Notre-Dame de Beaune au sujet de dîmes à Merceuil 1716 G 2388 : extrait du registre de la confrérie du Saint-Sacrement Fonds de Sainte-Marguerite 20 H 674 : entrée en religion à Saint-Andoche Autres fonds divers B 377 : quittance d’un écuyer du seigneur de Couches avec sceau de Marguerite de Couches B 490 : serment féodal prononcé par Alix de Brazey, en 1407, avec sceau de l’abbaye

Sources et bibliographie

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B 11622 : promesse de messes en faveur de Jean II le Bon et de Philippe le Hardi, par Marguerite de Montagu, en 1377, avec sceau de l’abbaye et sceau de l’abbesse E 3631 : confrérie de Nolay Archives départementales du Jura 1 J 583 : documents concernant les habitants de la terre de Colonne et de l’abbesse de Saint-Jean-le-Grand d’Autun 110 G : paroisse de Colonne E 738 : testament des Vaudrey en 1423 Archives départementales du Doubs 7 E 2760 : inventaire des Chalon Bibliothèque municipale d’Autun P 088 : obituaire de Saint-Andoche S 181 : processionnel d’Autun (fin xve‒début xvie siècle) S 188 : processionnel d’Autun (début xvie siècle) S 189 : processionnel d’Autun (fin xve‒début xvie siècle) Société éduenne D4 Saint-Andoche D4 Saint-Jean-le-Grand D4 Saint-Jean-le-Grand (« Inventaire des titres concernans les fondations de la messe quotidiene et autres droits utiles et honorifiques de l’abbaye royalle de Ste-Marie de St-Jean le Grand d’Autun »)4 D4-H Saint-Jean-le-Grand (terrier de 1480‒1483) D4 Saint-Georges des Bois (pour Saint-Jean) Bibliothèque nationale de France coll. Bourg. II : abbayes et prieurés du diocèse d’Autun coll. Bourg. LIII, fol. 62r : liste des députés convoqués aux États de Bourgogne à Dijon le 26 août 1397 coll. Moreau 819, fol. 120‒121 : provision de Louise de Rabutin à l’abbaye Saint-Jean en 1474 coll. Dupuy 667 p. 154 : représentation de Notre-Dame du portail d’Arroux Fçs 8226 : épitaphes, tombes de Bourgogne

4  Il s’agit du début du troisième tome de l’inventaire rédigé par Allyot, avocat au Parlement en 1689.

544 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

NAF 8645 : deux actes pour Saint-Andoche sur Senailly NAF 8646 : Autun, confrérie du Saint-Sacrement Fçs 20890 : reproduction de la pierre tombale de Guyotte de Drées Fçs 4078 : les Montagu et les Rabutin ; élection de Claude de Rabutin

Sources dépouillées systématiquement ou par sondages raisonnés5 Archives départementales de Saône-et-Loire Fonds de Saint-Martin H SUP 1 : fondation d’anniversaires H SUP 3 : privilèges royaux et bulles pontificales H SUP 9 H SUP 27 H SUP 29 + en sondages raisonnés : H SUP 1‒6, 8‒9, 26‒29, 52‒57, 60‒61 H SUP Saint-Martin 1‒8, 11(mq), 32(mq), 33(mq), 34 et 35 (inventaire), 86 (fondations d’anniversaires), 160‒173, 237 Fonds de Saint-Symphorien H SUP 100‒101 : biens et revenus à Saint-Sernin-du-Plain + en sondages raisonnés : H SUP 91‒103, 108, 110‒111, 114, 117, 121 Fonds de l’évêché G 432 : « Inventaire des titres concernans le spirituel de l’évêché d’Autun fait en mdcxxxvii » G 433 : « Inventaire des titres concernans le temporel de l’évêché d’Autun, fait en mdclxxxvii » G 437 : supplément à l’inventaire du spirituel G 441, fol. 759‒760 : suite de l’inventaire des cures du diocèse d’Autun, et chapitres et communautés religieuses, xviiie siècle G 452 : pouillé des abbayes, prieurés, chapelles et chapitres du xviiie siècle G 644 : léproserie de Fleury G 853 : présentations aux bénéfices, nominations 2 G 863/34 : sceau du chapitre Saint-Andoche de Saulieu 5 G 1 : obituaire du chapitre cathédral  Le plus souvent il s’agit de liasses contenant des documents rédigés à l’époque médiévale et/ou pour lesquelles l’inventaire mentionne soit l’une ou l’autre des abbayes féminines d’Autun soit le nom d’une famille ayant eu des rapports plus ou moins directs avec l’une ou l’autre de ces abbayes.

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Sources et bibliographie

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5  G 3 : inventaire des anciennes et nouvelles fondations de l’Église d’Autun 5 G 60‒69 : fondations, anniversaires, testaments 5 G 144‒150 : possessions du chapitre à Autun  G 3156 : « obituaire » du chapitre + en sondages raisonnés : G 328‒329, 348, 353, 359 : églises paroissiales G 434, 439‒441 : inventaires des cures du diocèse d’Autun G 454 : cérémonie d’entrée des nouveaux évêques G 846 : présentation aux bénéfices, xviie‒xviiie siècles G 853 : présentation aux bénéfices, xviie‒xviiie siècles (Saint-Jean-le-Grand et Saint-Pierre Saint-Andoche) G 897 : dispenses et collations, xviiie siècle 2 G 10, 91 : Autun paroisse Saint-Pierre Saint-Andoche 2 G 250, 297 : inventaire des fondations dans les paroisses, xviie siècle 2 G 298, 315, 319‒320, 332, 339‒340 : insinuations ecclésiastiques 2 G 355/3, 388 : procès entre les évêques et les ducs 2 G 357 (dossiers d’évêques) 2 G 500 5 G 94 : justice du chapitre sur la ville 5 G 116‒128 : période médiévale 5 G 146 : faubourg Saint-Andoche Fonds de la collégiale Notre-Dame d’Autun 10 G 4 : livre des fondations et anniversaires + en sondages raisonnés : 10 G 3 (fondations), 10 G 70 (procédures) Fonds de La Ferté H 24‒43 : liasses correspondant à la période médiévale H SUP 63 Fonds de Maizières H 54‒66 : liasses correspondant à la période médiévale H SUP 64, 67, 69, 71 Fonds de Lancharre H 391, 393, 400, 419‒422, 428, 434, 438, 447, 464, 479, 481‒483, 485, 487, 489‒491, 493, 495‒496, 501‒502, 504, 513, 523, 528, 532‒533, 535, 539,

 Cet «  obituaire  » est rangé dans la liasse 5  G  60, avec les fondations, anniversaires et testaments faits en faveur du chapitre cathédral.

6

546 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

541‒543, 545, 552‒554, 559, 566, 569, 574‒575, 583, 590, 596‒599  : liasses contenant des documents relatifs à la période médiévale H 1630 Fonds de Champchanoux 9 G 5‒16 : dans Grand séminaire d’Autun et autres non classés Fonds du Val Saint-Benoît 9 G 17‒37 : dans Grand séminaire d’Autun et autres non classés ; 9 G 34 et 35 (mq) Fonds des archives communales A EDEP AA 1 : privilèges accordés à la ville par Louis XI et confirmation de Louis XII A EDEP AA 3 : participation des religieuses à l’effort de fortification de la ville au xve siècle A EDEP CC 1 : compte de Guillaume Boisserand A EDEP GG 2 : sentence condamnant les religieuses de Saint-Jean à remettre, au Chapitre, un prisonnier pris sur leurs terres + en sondages raisonnés : A EDEP AA 1, 3 A EDEP CC 1, 60, 71, 73 A EDEP DD 4, 5 A EDEP FF 1, 3 A EDEP GG 2, 3, 6 A EDEP HH 2, 5 Fonds des archives hospitalières H SUP Autun : copie du xvie siècle d’un cartulaire du xve siècle de « l’hospital du Saint-Esprit d’Autun » Fonds des archives notariales 3 E 2/1, 3 E 2/2, 3 E 3/1, 3 E 3/2 (protocoles et minutes de Jean d’Aiguemorte, notaire à Autun 1467‒1494) Autres fonds divers H SUP 159, H SUP 161 : cordeliers d’Autun H SUP 213 : temple de Demigny H SUP 223 : hôpitaux d’Autun 1 Mi 22 = AD CO 1 J 6275 : succession de Guillaume, seigneur d’Estrabonne et de Nolay 1453‒1456 1 Mi 37 = BnF Lat. 9884 : notes et transcriptions concernant la Saône-etLoire par Lambert de Barive

Sources et bibliographie

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Archives départementales de Côte-d’Or Fonds de Saint-Martin d’Autun 2 H 1, 4‒5 : liasses comprenant des actes antérieurs à 1500 Fonds de La Ferté 14 H 4‒5, 7, 9, 11, 13, 18, 20‒22, 24‒27, 29, 31, 34‒35, 38 Fonds de Maizières 16 H 1‒7, 11, 28, 29, 43, 58, 76, 93‒94, 107, 110, 112‒114, 116‒119, 121, 130‒133, 135, 137‒141, 143, 144‒145, 147, 153, 155‒156, 166‒167, 184, 188, 197, 205, 230‒234, 246, 248, 258, 263, 269, 283, 285‒287, 320, 322‒325, 327‒328, 330, 332, 336‒337, 339‒342 Fonds de la collégiale de Beaune G  2903/35, 2903/36, 2903/37, 2903/49, 2903/50, 2903/55, 2903/67, 2903/68, 2903/71, 2903/73, 2903/118, 2903/140, 2903/141 ; G 2904 Autres fonds divers 1 F 407 : notes manuscrites d’Ernest Petit sur l’Église d’Autun Archives départementales du Jura 33 G 1 : paroisse d’Aumont E 959 : généalogie des Nagu 1 F 100 : inventaire d’objets d’églises conventuelles, an II 1 F 304, 315 : les Vaudrey, dont histoire de la famille par l’abbé Brune 3 F 159, 168, 171 : seigneurie de Grozon 3 F 293 : Le Viseney Archives départementales du Doubs 7  E  2758‒2767  : inventaire des Chalon, en partie microfilmé aux ADJ (1 Mi 1476‒1480) Société éduenne I Curgy D4 Champchanoux D4 Saint-Georges des Bois D4 Saint-Martin

Sources éditées « Deux chartes inédites de Charles-le-Chauve », H. Géraud (éd.), BEC, t. 1 (1839‒1840), p. 205‒213 « Discours d’Eumène pour la restauration des Écoles d’Autun », É. Galletier (éd. et trad.), dans Panégyriques latins, Paris, 1949, t. 1, p. 122‒138

548 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

« Discours de remerciement à Constantin », É. Galletier (éd. et trad.), dans Panégyriques latins, Paris, 1952, t. 2, p. 89‒102 «  Documents originaux antérieurs à l’an mil des archives de Saône-etLoire », L. Lex (éd.), MSHAC, t. vii (1888), p. 266‒267 « La confrérie du Saint-Sacrement d’Autun (1416‒1655) », MSE, nv. série, t. 12 (1883), p. 337‒379 «  Le plus ancien obituaire de l’abbaye Notre-Dame de Nevers  », H.  de Flamane (éd.), Bulletin de la société nivernaise des lettres, sciences et arts, 3e série, t. 12 (1908), p. 1‒50 «  Le retour de Nicopolis et la rançon de Jean sans Peur. Compte inédit de maître Oudart Douray pour le duc de Bourgogne, 1397‒1398  », B.-Am. Pocquet du Haut-Jussé (éd.), AB, t. 9 (1937), p. 296‒302 « Les chartes de Saint-Étienne de Nevers », R. de Lespinasse (éd.), Bulletin de la société nivernaise des lettres, sciences et arts, 3e série, t. 12 (1908), p. 51‒130 « Obituarium abbatiae Castri Caroli », L.-A. Vayssiere (éd.), Mémoires de la société d’émulation du Jura, 2e série, t. 1 (1875), p. 109‒207 « Passio Leudegarii », P. Fouracre et R. A. Gerberding (éd.), dans Late Merovingian France. History and Hagiography 640‒720, Manchester  /  New York, 1996, p. 215‒253 « Statut synodal de l’hiver 1299 à Autun », E. Martène et U. Durand (éd.), dans Thesaurus novus anedoctorum, Paris, 1717, t. 4, col. 485‒486 « Testament de Perrenet Rolin », Ch. Doret (éd.), MSE, nv. série, t. 8 (1879), p. 487‒493 Abélard, Lettres, É. Hicks et Th. Moreau (éd. et trad.), dans Lettres d’Abélard et Héloïse, Paris, 2007 Actes du Parlement de Paris de l’an 1254 à l’an 1328, E. Boutaric (éd), Paris, 1863‒1867, 2 vol. Actes du Parlement de Paris de l’an 1328 à l’an 1350, H. Furgeot (éd.), Paris, 1920‒1975, 3 vol. Aimoin de Fleury, De Gestis Francorum, M. Bouquet (éd.), dans Recueil des Historiens des Gaules et de la France, Paris, 1746, t. 3 Ammien Marcellin, Histoire, É. Galletier, J. Fontaine et G. Sabbah (éd. et trad.), Paris, 1978‒1999, 4 vol. (2e éd. revue et corrigée) Benoît  XII (1334‒1342), Lettres communes, J.-M.  Vidal (éd.), Paris, 1902‒1911, 3 vol. Cartulaire de l’abbaye de Molesme, ancien diocèse de Langres, 916‒1250, J. Laurent (éd.), Paris, 1907‒1911, 2 vol. Cartulaire de l’Église d’Autun, A.  de Charmasse (éd.), Paris  /  Autun, 1865‒1900, 2 vol.

Sources et bibliographie

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7  Il y a deux références à Saint-Andoche d’Autun dans l’index, alors que dans le second cas il s’agit vraisemblablement de Saint-Andoche de Saulieu (mention d’un Hugues sous-chantre de Saint-Andoche, Hugo Sancti Andochii succentor, parmi les témoins de l’acte).

550 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

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8  En fait, cet article ne traite que des origines aux ive‒ve siècles ; la suite annoncée pour les tomes suivants n’est pas parue.

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 Cet article est intégralement repris sous un titre légèrement différent en 1989  : Brühl (Carlrichard), « Die Urkunden Karls des Einfältigen und Rudolfs von Westfranken für das Nonnenkloster St-Andoche zu Autun », dans Aus Mittelalter und Diplomatik Gesammelte Aufsätze, 1989, t. 2, p. 838‒850. 10

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Index des personnes Seul le volume 1 (Texte) a été indexé. Lorsque la personne dispose d’une notice prosopographique dans le volume 2 (Notices prosopographiques en ligne http://dx.doi.org/10.1484/M.EMI-EB.5.108483) Vous trouverez les instructions permettant d'accéder à ces annexes à page 4. Le numéro de notice figure en tête et entre crochets carrés. Abdon (saint) reliques 372 Abélard 9, 148 Aberkios de Phrygie (évêque de Hiérapolis) inscription 34 Achillée (saint) 33 Adalgarius (évêque d’Autun) 53, 57, 58 Adelene.  Voir Renaud Adelene [n°313] (converse St-Andoche) 143 Adeline de Bonym [n°252] (rel. St-Jean) 422 Adeline de La Chanaul [n°244] (rel. StJean) 104, 105, 106 Adelisse [n°29] (abb. St-Jean) 72 Adrienne de La Palu de Varas [n°55] (rel., adm., abb. St-Jean ; pr. ­Marcigny) 158, 161, 179, 207, 493 Agnès (abb. de Sainte-Croix de Poitiers) 43 Agnès (dame de Thury, veuve d’Hugues de Corrabeuf ) 483.  Voir Élisabeth, sa fille Agnès (femme de Jean du Pont) 245 Agnès (femme de Jean Passelat, fille de Margot Loupier) 228 Agnès (femme de Jean Raffin) 462 Agnès (fille de Gauthier de Sully [n°903]) 76 Agnès de Communes [n°151] (rel. St-Andoche) 86, 186, 289, 384, 395, 403, 410, 428, 429 Agnès de Loges [n°274] (rel. St-Jean) 109, 151, 159, 384 Agnès de Sancey [n°139] (rel. St-Andoche) 409

Agnès de Thenissey [n°227] (rel. St-Jean) 107 Agnès Preufame (de Senailly) 327.  Voir Perrenot, son fils Agricole (saint, évêque de Chalon) 41 Aiguemortes (d’).  Voir Jean Aimanges (d’).  Voir Huguette Aimée Jugnot (mère du chancelier Rolin) 307 Aimoin de Pesmes [n°957] (archidiacre d’Autun) 489 Alais [n°103] (rel. St-Andoche) 501 Alard [n°944] (prêtre, hostiarius de Saint-Lazare) 471, 501 Alexandre de Bourgogne (seigneur de Montagu) 87 Alexandre de Montagu (abbé de Flavigny et de Saint-Bénigne de Dijon) 508 Alexandre de Montaigu (chevalier) 232 Alexandre Glanne 207 Alexandre VI (pape) 164, 365 Alice d’Orges [n°82] (rel., pr. St-Jean), 193 Alice d’Outre-Loire [n°902] (pr. StGeorges-des-Bois), 6 Alice de Brazey [n°45] (rel., abb. St-Jean) 140, 180, 188, 190, 281, 282, 346, 400, 499, 508, 509 sceau 146 Alice de Champrobert [n°84] (rel., pr. StJean) 140, 276, 424 Alice de Clugny [n°265] (rel. St-Jean) 88, 109, 114, 151 Alice de Couches [n°152] (rel. St-Andoche) 107

600 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel Alice de Juilly [n°215] (rel. St-Jean) 69, 415 Alice de La Bussière [n°251] (rel. St-Jean) 107 Alice de Longe [n°243] (rel. St-Jean) 130 Alice de Montereul [n°37] (abb. élue StJean) 162, 163 Alice de Montjeu [n°144] (rel. St-Andoche) 107 Alice de Sainte-Franchise [n°18] (abb. élue St-Jean) 107, 111, 112, 319, 364 Alice de Sancey [n°232] (rel. St-Jean) 504 Alice de Sivrey [n°246] (rel. St-Jean) 105, 106 Alice de Villiers (concurrente pour l’abbatiat St-Andoche) 111, 112 Alix (veuve de Jean d’Oudry, femme de Jean Piémire) 485 Alix de Bourgogne (comtesse de Bourgogne) 221 Allot (d’).  Voir Hugues Alonne (d’).  Voir Clugny d’Alonne ;  Voir Anne ;  Voir Louise ;  Voir Philiberte ;  Voir Gilberte ;  Voir Louis ;  Voir Léonard famille 98, 369 Amator (saint, évêque d’Autun) 374 Amé de Rabutin (seigneur d’Épiry et de Ballore) 103 Amée (veuve d’Hugues Gauteron) 248 Ameline (femme de Geliet dit Marguilier) 325 Amoncourt (d’).  Voir Jeanne Amont (dit).  Voir Guillaume Andoche (saint, martyr de Saulieu) 30, 31, 33, 34, 356, 374 fête 379 prison de 51 André (de Curgy) [n°706] (chapelain St-Andoche) 217 André (donateur à Saint-Andoche) 60 André [n°969] (curé de Voudenay) 371, 375 André Barbirotte (receveur du chancelier Jean de Saulx) 282 André Canneaul (tanneur du bourg Saint-Andoche) 313

André Chapuis 459.  Voir Philiberte, son épouse André Doyen (fils de Jean [n°333] doyen d’Ormancey) 193, 261, 262 André du Bois (habitant du bourg SaintJean) 258, 306 André Martin 245 Aniane (d’).  Voir Benoît Anne [n°528] (procureur St-Andoche, veuve de Jean Pillot) 198 Anne d’Alonne [n°25] (rel., abb. St-Andoche) 91, 107, 113, 114, 115, 120, 161, 178, 199, 211, 365, 368, 369, 377, 399, 419, 503 Anne de Cussigny [n°92] (rel., sous-pr. St-Jean) 88, 107, 113 Anne de La Douze [n°202] (rel. St-Jean) 61, 72, 73, 92, 425 Anne de Marsoncompte [n°72] (pr. Contuleti, vraisemblablement rel. St-Andoche) 505 Anne de Montagu [n°298] (rel. Champchanoux ; rel., abb. élue St-Jean) 68, 88, 110, 126, 157, 162, 170 Anne de Vienne 120 Anne du Fraigne [n°77] (rel., sac. St-Andoche) 78, 91, 430, 491 Anox (d’).  Voir Pétronille Anseric de Saint-Andoche [n°936] (père d’Humbert, homme de Saint-Andoche) 307, 324.  Voir Humbert, son fils Anthouard.  Voir Geoffroy ;  Voir Philippe Antoine de Chalon (évêque d’Autun) 31, 80, 83, 154, 155, 156, 166, 178, 357, 464 pontifical 80, 82, 83, 165, 166 Antoine de Senailly (seigneur de Senailly) 344, 419 Antoine Jodon (chapelain St-Andoche au xvie siècle) 184, 201 Antoinette de Bernault (pr. Champchanoux) 116 Antoinette de Bernault [n°277] (rel. StJean, pr. Champchanoux) 116, 427

Index des personnes Antoinette de Champdion [n°183] (rel. St-Andoche) 78, 430, 499 Antoinette de Marcilly [n°47] (rel., abb. St-Jean) 110, 146, 147, 150, 159, 160, 163, 384, 403, 413, 427, 429, 502 Antoinette de Rabutin (pr. Champchanoux) 116 Antoinette de Seneret [n°299] (rel. StJean) 146 Antoinette de Trezectez 121 Antuilly (d’).  Voir Isabelle Anzy (d’).  Voir Hugues Arbaut.  Voir Huet Arbert de La Corvée (homme de Saint-Andoche) 324 Arbois (alias d’).  Voir Bertheaul Archambaud (seigneur de Bourbon) 273 Archerii.  Voir Guillaume Arcis (d’).  Voir Érard ;  Voir Jean ; Voir Hugues Arconcey (d’).  Voir Guillemette Ardinet.  Voir Pierre Aremburgis (fille de Thomas de Dornes) 333 Argenteuil (d’).  Voir Gilles Arisolle (d’).  Voir Jeanne Arnault.  Voir Guillaume Arnay (d’).  Voir Marguerite Arnoul (fils de Milon de Castellulum) 75 Arnoult de Corrabeuf 435, 483 Arroux (d’).  Voir Jean Artiler (dit d’).  Voir Guillaume Atees.  Voir Jean Attichy (d’).  Voir Dony d’Attichy Aubert.  Voir Simon Aubriet des Plaines (trésorier du duc au bailliage d’Aval) 280 Audier.  Voir Pierre Audigier (dit).  Voir Milon Augusta (mère de saint Symphorien) 356 Augustin (Saint-) ordre de 38 Aunard.  Voir Étienne Aurélien (empereur romain) 33 Autrille (saint, évêque de Bourges) fête 379

601

Auxois (d’).  Voir Marguerite Auxonne (d’).  Voir Guillaume Avallon (d’).  Voir Huguenin Baissey (de) famille 95 Balâbre de Pognières (de).  Voir Marie Bancs (des).  Voir Morel Baraud de Blancey.  Voir Guy ;  Voir Tho­ mas ;  Voir Naudet Barbet.  Voir Jean Barbier.  Voir Guy ;  Voir Gilbert Barbirey.  Voir Béatrice Barbirotte.  Voir André Baronois (dit).  Voir Garin ;  Voir Jordan ;  Voir Pierre Barres (des).  Voir Drouines Bartault.  Voir ( Jean) Barthélemy (= Guillaume ?) Loupier 206, 345 Barthélemy (évêque d’Autun) 168, 412, 413 Barthélemy Comere [n°626] (procureur St-Jean) 203 Barthélemy de Clugny (archidiacre ­d’Avallon) 114 Barthélemy Munier (chanoine d’Autun, curé d’Issy-l’Évêque, curé de Grury) 486 Bassey (de).  Voir Catherine ;  Voir ­Étiennette Bastien Le Philibert 257.  Voir Lynard, son fils Bâtard (dit le).  Voir Michel Baubry.  Voir Nicolas Baudiot (dit).  Voir Colard Baudouyn.  Voir Jean Baugy (de).  Voir Guillaume Bauloul (de).  Voir Isabelle Béatrice (femme de Jean Pitois [n°980]) 494 Béatrice (fille de Thomas de Dornes) 333 Béatrice de Barbirey 494 Béatrice de Châtillon [n°42] (rel., sac. St-Andoche, abb. St-Jean) 99, 107, 157, 163, 171, 245, 403, 426, 494, 498 Béatrice de Chernuy [n°220] (rel. St-Jean) 499

602 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel Béatrice de Gissey [n°134] (rel. St-Andoche) 70, 105, 128 Béatrice de Montfaucon [n°155] (rel. St-Andoche) 505 Beatrix de Cusance 120 Beaul dit Birillot.  Voir Guiot Beauvoir.  Voir La Roche Beauvoir Beligny (de).  Voir Seguin Belleforest (plan) 454 Bellevaut (plan) 188, 210, 443, 446, 448 Belon.  Voir Jean ;  Voir Jean Bénigne (saint) 31, 33, 34, 356, 437 Benoist.  Voir Jean Benoît (saint) 31 règle de 9, 24, 68, 71, 142, 159, 165, 166, 167, 171, 179, 187, 381, 388, 393, 398, 403, 409, 410, 411, 431, 513 Benoît (Saint-) ordre de 24, 153, 157, 398, 513 Benoît d’Aniane (saint) Institutio sanctimonialium 398, 403, 404, 410, 431 réforme 55 Benoît Loupier [n°331] (prévôt de Dornes) 206, 345, 418 Benoît Milot [n°428] (procureur St-Andoche, procureur St-Jean) 264 Benoît XII (pape) 163 Benot.  Voir Pierre Ber.  Voir Jean Bergier.  Voir Jean Bernard de Saint-Sernin-du-Plain ­(chevalier) 463 Bernardin.  Voir Guillaume ;  Voir Jean Bernardin de La Corvée (tailleur de pierres) 471.  Voir Durand, son fils Bernardus (doyen) 217 Bernault (de).  Voir Claude ;  Voir Jeanne ; Voir Gérard ;  Voir Louise ;   Voir Antoinette ;  Voir Philiberte famille 115 Berry 95, 101 Bertaudet.  Voir Guillaume Bertheaul alias d’Arbois.  Voir Guillaume Berthin [n°384] (receveur, chapelain StJean) 196, 289 Bertrand de Fumel (évêque de Nevers) 207

Beurey (de).  Voir Nicolas Bierry (de).  Voir Jean Bilho.  Voir Jeannin Billy (de).  Voir Hugues Bilom (dit).  Voir Gérard Bingen (de).  Voir Hildegarde Birillot (dit).  Voir Beaul dit Birillot Bisorde.  Voir Haymon Blaisotte de Masoncle [n°70] (rel., sous-pr. St-Andoche) 91, 200, 212 Blancey (de).  Voir Baraud de Blancey Blanche de Marigny [n°38] (adm., abb. StJean) 162, 163, 171 Blixandis [n°886] (femme de Jean de Drées [n°885]) 494 Blondefontaine (de) famille 92 Bobin.  Voir Humbert Boere.  Voir Renault Boicheon.  Voir Humbert Bois (du).  Voir Pierre ;  Voir André Boisseaul.  Voir Guillaume Boisselier.  Voir Pierre ;  Voir Jean ;  Voir Germain famille 201 Boisserand.  Voir Jacques ;  Voir Marguerite ;  Voir Henri Boniface VIII (pape) 398, 412 Bonne [n°893] (dame de Nolay, femme de Guy de Thil) 238, 249 Bonne [n°893] (femme de Guy fils du seigneur de Thil) 334 Bonne de La Roche [n°35] (rel., sac. St-Andoche, abb. St-Jean) 115, 162, 229, 335, 407, 426, 489 Bonnelli [n°360] (receveur St-Andoche) 288 Bonym (de).  Voir Adeline Borsetrouée.  Voir Gauthier Boucher.  Voir Clément Boucher (de).  Voir Jean Boucher (le).  Voir Jean Bouesseau.  Voir Étiennette ;  Voir Philiberte ;  Voir Nicolas ;  Voir Drouines Bourbon (de).  Voir Jean Bourgogne (de).  Voir Alexandre ;  Voir Alix ;  Voir Yolande Bournonville (de).  Voir Jean

Index des personnes Boussand.  Voir Henri Boutault.  Voir Jean Bouton.  Voir Huguette Boyer (de).  Voir Guillaume Brazey (de).  Voir Pierre ;  Voir Alice ;  Voir Étienne ;  Voir Geoffroy ;  Voir Marguerite Brazey de Vesigneux (de).  Voir Jeanne Brelaul (dit).  Voir Simon Frelot Breuil (du).  Voir Jean Brietus 61, 72 Brigitte de Suède (sainte) 8 Brisson (saint, évêque de Tours) fête 379 Broquart.  Voir Nicolas Brulet (dou).  Voir Gérard ;  Voir Isabelle ;  Voir Jeanne Bruley.  Voir Odet ;  Voir Michelot Brulez (dit).  Voir Renaud Brunehaut (reine d’Austrasie puis de Burgondie) 27, 38, 39, 41, 43, 46, 51, 62, 162, 269, 353, 354, 356, 362 Brunet dit de Saint-Gélins (habitant de Senailly) 325 Buffot.  Voir Guillaume Bugnote.  Voir Jeanne Buissi (de).  Voir Humbert Bureau de Maisons-Comte (chanoine ­d’Autun, archidiacre d’Avallon) 485 Busseuil (de).  Voir Jacques ;  Voir Philiberte famille 369 Buys (de).  Voir Pierre Canneaul.  Voir André Canot.  Voir Guillaume Carbonière (de).  Voir Marie Carloman II (roi des Francs) 41 Carrouge (dou).  Voir Tybert Carrougot (dit).  Voir Gérard Cassien (saint, évêque d’Autun) fête 379 reliques 372 Castellulum (de).  Voir Milon Catherine d’Orle [n°62] (rel., pr. St-Andoche) 77, 395 Catherine de Bassey [n°166] (rel. St-Andoche) 77, 78

603

Catherine de Clugny d’Alonne [n°172] (rel. St-Andoche) 91 Catherine de La Guiche 120 Catherine de Luzy alias d’Oye [n°167] (rel. St-Andoche) 77, 414 Catherine de Masoncle [n°169] (rel. St-­ Andoche) 77, 91, 200, 212, 409 Catherine de Moncler [n°145] (rel. St-­ Andoche) 421 Catherine de Pognières 101, 102 Catherine de Trotedan [n°194] (rel. St-Andoche) 99 Catherine de Vaudrey [n°272 ?] (future rel., dame de Château-Chalon) 73, 77 Catherine de Vaudrey [n°272] (rel. StJean) 73, 77, 99, 159 Cayot.  Voir Guillaume Celier (du).  Voir Gauthier Celse (saint) 374 Césaire d’Arles (saint) règle de 43 Chalon (de).  Voir Antoine ;  Voir ­Isabelle  ;  Voir Jeanne Chamart.  Voir Jean ;  Voir Huguenin ;  Voir Hugues Chamelot.  Voir Jean Chamola (de).  Voir Humbert Champceris (de).  Voir Jeanne ;  Voir Guillemette Champdion (de).  Voir Antoinette Champris.  Voir Françoise Champrobert (de).  Voir Alice Chanledant (dit).  Voir Gauthier Chaonnes (de).  Voir Guillaume Chappet.  Voir Claude ;  Voir Pierre Chapuis.  Voir André Charlemagne (empereur) 44 Charles de Neufchâtel (archevêque de Besançon) 153 Charles le Chauve (roi des Francs) 44, 53, 54, 59, 363 diplôme 36, 44, 45, 53 monnaie 50 Charles le Gros (roi des Francs) 44 Charles le Simple (roi des Francs) 44, 53 pseudo-diplôme 53, 55, 58 Charles Martel 43

604 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel Charles VI (roi de France) 252, 366 Charles VII (roi de France) 253, 255, 296 Charles VIII (roi de France) chambellan de 87 Charnot.  Voir Jean Charpy.  Voir Guillaume Chassagnes (de).  Voir Monin Chastellux (de).  Voir Pierre famille 369 Châteauneuf (de).  Voir Guy ;  Voir Pierre Châteauvillain (de).  Voir Jeanne Châtellenot (de).  Voir Marguerite Châtillon (de).  Voir Béatrice;  Voir Marguerite famille 99 Chaudenay (de).  Voir Pitois de Chaudenay Chauderon.  Voir Jean;  Voir Guillaume Chaulmeteau (de).  Voir Moreaul de Chaulmeteau Chaumas (de).  Voir Marguerite Chebault, voir Jean Chemin (du).  Voir Guillemette ;  Voir Isabelle Chernuy (de).  Voir Béatrice Chersey (de).  Voir Guillaume Chevigny (de).  Voir Simone Chevrat.  Voir Jean ;  Voir Perrin Chifflot.  Voir Nicolas Childebert II (roi d’Austrasie puis de Francie) 27 Choiseul (de) famille 99 Choiseul-Traves (de).  Voir Jacques ;  Voir Jean ;  Voir Liébaud Chomedey famille 202 Choux (des).  Voir Jean ;  Voir Gau­ thier ;  Voir Hugues famille 194 Chrétien 487, 489 Chrétien de La Tour 235 Claude (sœur de Jacques de Choiseul-Traves) 103 Claude Chappet [n°433] (procureur St-Andoche, procureur St-Jean) 205, 264 Claude de Bernault [n°50] (rel., pr., abb. St-Jean) 102, 103, 116, 121,

122, 147, 154, 161, 192, 286, 289, 377, 401, 430, 447, 502 Claude de La Baume (rel., abb. St-Andoche au xvie siècle) 73 Claude de Rabutin [n°53] (rel. St-Juliensur-Dheune, abb. St-Jean) 87, 88, 110, 116, 128, 133, 158, 161, 162, 170, 179, 427, 432 Claude de Rabutin (seigneur d’Épiry et de Sully, frère de Claude de Rabutin [n°53]) 110 Claude de Saint-Prix [n°304] (rel. St-Jean) 147 Claude de Tintry [n°66] (rel., pr. St-Andoche) 78, 503 Claude de Vichy [n°291] (rel. St-Jean) 92 Claude Mairet [n°271] (rel. St-Jean) 70 Clémence de Fonvens [n°877] (dame de Fonvens, mère ? de Gile de Vergy [n°10]) 90, 259 Clément Boucher [n°731] (chapelain St-Andoche) 184 Clèves (de).  Voir Philippe Clotilde (sainte, reine des Francs) 41 Clugny.  Voir Barthélemy Clugny d’Alonne (de).  Voir Louise ;  Voir Catherine ;  Voir Damas famille 113 Clugny (de).  Voir Jeanne ;  Voir Philippe ;  Voir Isabelle ;  Voir Alice ;  Voir Perrenette ;  Voir Guillaume ;  Voir Jean ;  Voir Henry ;  Voir Ferry ;  Voir Pierre ;  Voir Geoffroy ;  Voir Hugues  famille 88, 91, 98, 99, 109, 113, 114, 369, 374 Coignarde.  Voir Marie ;  Voir Marguerite;  Voir Guiotte famille 101, 109 Colard dit Baudiot (de Volnay) 407.  Voir Guionet, son fils Colin de La Corvée 148 Comere.  Voir Barthélemy Communes (de).  Voir Agnès Compans (de).  Voir Guillaume Comtesse de Drées (vraisemblablement rel. St-Andoche xive siècle) 375

Index des personnes Comtesse de Neeles [n°56] (rel., pr.  St-­Andoche) 405, 408, 409 Constant (prêtre à Senailly) 229, 246 Constantin [n°307] (convers St-Andoche) 142, 143, 500 Coquille.  Voir Henri ;  Voir Jean Corberry (de).  Voir Jean Corbeteaul (de).  Voir Étienne ;  Voir Jacquette Corbigny (de).  Voir Guy Cordesse (de).  Voir Pierre Corneaux.  Voir Pierre Cornet.  Voir Guy Cornu.  Voir Pierre ;  Voir Jean Corrabeuf (de).  Voir Marguerite ;  Voir Arnoult ;  Voir Hugues Costaignez (dit).  Voir Gérard Couches (de).  Voir Montagu de Couches (de) ;  Voir Jean ;  Voir Jeanne ;  Voir ­Alice  ;  Voir Jeanne Coue (de).  Voir Hugues Coupreau (de).  Voir Jean Courtenay (de).  Voir Isabelle Crépin et Crépinien (saints, patrons des cordonniers) statues 440, 470 Croux (des).  Voir Gérard Croux (du).  Voir Hugues ;   Voir Philibert Crux-la-Ville (de).  Voir Guillaume Curgy (de).  Voir Guillaume ;  Voir Gérard ;  Voir Henri Curnillot.  Voir Philibert Cusance (de).  Voir Beatrix Cusenier.  Voir Guillaume Cussigny (de).  Voir Jeanne ;  Voir Anne ;  Voir Georgette ;  Voir Perrette ;  Voir Marie ;  Voir Étiennette ;  Voir Jacquette ;  Voir Jean;  Voir Philippe famille 98, 110, 112, 113 Cutigny (de).  Voir Guillaume Cybèle (statue) 34 Cyprien de Rabutin [n°841] (curé de Ballore) 110, 211

605

Damas (de).  Voir Philiberte ;  Voir Thomasse Damas de Clugny d’Alonne [n°891] 369 Damas de Rabutin (écuyer) 261 Damnon [n°6] (abb. St-Andoche) 217, 471 Dannom [n°13] (abb. St-Andoche) 421, 483 Dano.  Voir Jean Daransete.  Voir Pierre Daucey (de).  Voir Jean David.  Voir Geoffroy Décie [n°3] (refondatrice de Saint-Andoche) 43, 46, 62, 182 Demon.  Voir Gérard Demongeville (de).  Voir Isabelle Denis (saint, évêque de Paris) fête 379 Denise de Vienne [n°301] (rel. St- Jean) 88, 118 Dessertot.  Voir Nicolas Detta (donatrice à Saint-Andoche) 59 Digoine (de).  Voir Josserand ;  Voir Liébaud Dijon (de).  Voir Perrone Dinteville (de).  Voir Simon Dole (de).  Voir Gérard Dony d’Attichy.  Voir Louis Dornay (de).  Voir Oigny de Dornay (d’) ;  Voir Gauthier ;  Voir Jean Dornes (de).  Voir Thomas ;  Voir Humbaud Doucette (femme de Gauthier le Marguillier [n°740]) 494 Doyen.  Voir André ;  Voir Perreau ;  Voir Jean Dracy (de).  Voir Hugues ;  Voir Gérard Drées (de).  Voir Guiotte ;  Voir Guillaume ;  Voir Robert ;  Voir Jean ;  Voir Comtesse famille 111, 112 Drouines Bouesseau (abb. du Prâlon) 87 Drouines des Barres [n°305] (rel. St-Jean) 77, 146, 425 Duillart.  Voir Gillot Durand.  Voir Guillaume Durand Durand (tailleur de pierres, fils de Bernardin de La Corvée) 471, 472

606 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel Échard de Viserney 326.  Voir Isabelle, son épouse Edme le Denis [n°382] (receveur, chapelain St-Jean) 288 Edme Thomas (vue d’Autun) 437, 446 Églantine de Schavesi [n°58] (rel., pr. St-Andoche) 107, 407, 408 Égyde (veuve d’Arnoult de Corrabeuf ) 435, 436, 483 Eldri Esperuns (oncle d’Anne de La Douze [n°202]) 73 Éleusippe (saint) 33 Élisabet [n°1027] (femme de Renaud Vigier) 507 Élisabeth (dame de Repas, veuve de Renaud de Repas) 483 Élisabeth (femme de Ponce de Grobois) 73, 75 Élisabeth (fille d’Agnès dame de Thury) 483 Emmon (évêque de Sens) 38 empereur 347.  Voir Frédéric Barberousse Engelgarde (mère de Anne de La Douze [n°202]) 72 Érard d’Arcis (seigneur de Chassenay) 111 Esperuns.  Voir Eldri Estienne, alias Maistre.  Voir Jean Estree (d’).  Voir Melene alias d’Estree Estroye (d’).  Voir Jeanne Étienne (closier à Volnay) 237 Étienne (fils de Guillaume Fabri) 245 Étienne (saint, protomartyr) 36 Étienne [n°968] (curé de Renève) 206, 249, 499 Étienne Aunard (chanoine d’Autun 358 Étienne de Brazey (prieur de Bard-leRégulier) 264, 265 Étienne de Corbeteaul (frère de Jacquette de Corbeteaul [n°213]) 406 Étienne de La Feuillée (abbé de SaintBénigne de Dijon) 504 Étienne de Marnay (chancelier de France) 485 Étienne Micheletet [n°441] (procureur St-Andoche, procureur St-Jean) 202, 264

Étienne Symoneaul (de Saint-Sernin-duPlain) 306 Étiennette Bouesseau [n°64] (rel., pr. St-Andoche) 87, 91, 107, 430 Étiennette de Bassey [n°175] (rel. St-Andoche) 78 Étiennette de Cussigny [n°281] (rel. StJean) 107, 109, 110, 113, 151, 153, 157 Étiennette de La Roche [n°34] (abb. StJean) 115, 174 Étiennette de Mypont [n°182] (rel. St-Andoche, pr. Champchanoux) 78, 427 Étiennette de Rouvray [n°165] (rel. St-Andoche) 77 Eudes (seigneur de Roussillon) 484 Eudes de La Roche (seigneur de Nolay) 338, 339, 340 Eudes de La Roche [n°896] (seigneur de Nolay) 115, 481 Eudes III (duc de Bourgogne, 1192-1218) 18, 87, 342, 480 Eudes IV [n°974] (duc de Bourgogne, 1315-1350) 169, 255, 257, 269, 339, 487 Eudes Rigaud (archevêque de Rouen) 191, 352, 394, 399, 404, 412 Euphronius (clerc puis évêque d’Autun) 34, 37 Exupère (saint, évêque de Bayeux) fête 379 reliques 373 Fabri.  Voir Jean ;  Voir Guillaume Fardeaul.  Voir Gérard Farmer (frères) 229, 245 Faulain (de).  Voir Louise Fauste (père de saint Symphorien) 31, 32, 33, 356, 437 Félicie [n°9] (abb. St-Andoche) 173, 508 Félix (saint, martyr de Saulieu) 31, 33 fête 379 Ferjeux (saint) 33 Ferréol (saint) 33 Ferroillon.  Voir Jean

Index des personnes Ferry de Clugny (doyen d’Autun, évêque de Tournai) 114, 470 Ferry de Grancey (évêque d’Autun) 469 Ferry Quanteaul (de Salins) 261, 294 Flandres (de).  Voir Marguerite Flore [n°104] (rel. St-Andoche) 407 Flore du Maigny [n°121] (rel. St-Andoche) 71 Florette [n°1025] (veuve de Guillaume Bertaudet) 500 Fontette (de).  Voir Jacquette Fonvens (de).  Voir Clémence Forestiers (des).  Voir Philippe Fort (le).  Voir Jean;  Voir Guillaume Fortunat.  Voir Venance Fortunat (saint) 33 Fossé (du).  Voir Guy Fouet.  Voir Jean Foul (le).  Voir Guyenot Fouret.  Voir Guillaume Fournier.  Voir Jean Fournier (dit).  Voir Girard Fraigne (du).  Voir Anne Francesco di Tommaso Giovanni (de Florence) 75 François.  Voir Henri François de Rohan (archevêque de Lyon) 162 François de Vienne 120 François Ier (roi de France) 161, 432 Françoise Champris (femme de Guillaume Humbelot) 146 Françoise Pitois de Chaudenay [n°54] (rel., sac., abb. élue St-Jean) 146, 161, 493 Frédéric Barberousse (empereur) 61, 62, 252, 269 Frelot.  Voir Simon Fromentes (de).  Voir Jeanne Fumel (de).  Voir Bertrand Fussey (de).  Voir Jeanne Gabriel de Roquette (évêque d’Autun au xviie siècle) 357 Gagnaire.  Voir Guillaume Gaiffo.  Voir Gautier Garin.  Voir Guillaume Garin dit Baronois 233

607

Garnier.  Voir Jean ;  Voir Laurent Gaucher Gaveau (notaire public) 290 Gauteron.  Voir Hugues Gauthier (archiprêtre de Couches) 62 Gauthier (évêque d’Autun) 76, 134 Gauthier Borsetrouée 460, 497.  Voir Girarde, son épouse Gauthier de Dornay (chevalier) 229 Gauthier de Saint-Symphorien [n°865] (abbé de Saint-Pierre d’Étrier) 434, 435, 508 Gauthier de Sully [n°903] (père d’Huguette de Sully [n°98]) 73, 76, 487, 489.  Voir Agnès, sa fille ;  Voir Guy, son fils ;  Voir Hugues, son fils Gauthier des Choux [n°351] (prévôt de Charmasse et Runchy) 257, 335, 348 Gauthier dit Chanledant 471 Gauthier dit lou Roignat 308.  Voir Sarre, son épouse Gauthier du Celier [n°1022] 494 Gauthier le Marguillier [n°740] (marguillier St-Andoche) 494.  Voir Doucette (n°740), son épouse Gauthier Morin [n°1009] (paroissien de Saint-Pierre Saint-Andoche) 458.  Voir Jeanne, sa veuve Gautier (évêque d’Autun) 52, 53 Gautier Gaiffo (homme de Saint-Andoche) 324 Gaveau.  Voir Gaucher Geliet dit Marguilier (de Saint-Germainde-Modéon) 325.  Voir Ameline, son épouse Geliot.  Voir Robert Genay (de).  Voir Jacques Geoffroy.  Voir Guy Geoffroy Anthouard 146 Geoffroy David (évêque d’Autun) 362 Geoffroy de Brazey (seigneur de Brazey) 264 Geoffroy de Clugny (seigneur de Champœcueillon) 234, 475, 478, 481 Georgette de Cussigny (rel. St-Andoche au xvie siècle) 91, 107, 113 Gérard (fils de Jean de La Faye) 465

608 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel Gérard (fils de Pierre dit Tatechèvre) 471, 501 Gérard [n°327] (maire de Curgy) 171, 193 Gérard de Bernault (seigneur de Saint-Enzenge-sur-Guye et de l’Essertot) 103, 110, 121 Gérard de Curgy 483 Gérard de Dole 280.  Voir Huguette, sa fille Gérard de Dracy [n°954] (chanoine d’Autun, archiprêtre d’Autun) 487, 489 Gérard de La Faye (paroissien de Ballore) 465 Gérard de La Roche Beauvoir [n°872] (évêque d’Autun) 115, 482 Gérard de La Vallote (seigneur de La Vallote) 508 Gérard de La Vie 230 Gérard de Malecey (curé de Savigny-Poil-Fol) 488 Gérard de Nehevele (charretier de l’abbesse) 280 Gérard de Roseix [n°632] (procureur StJean) 203 Gérard de Saint-Symphorien [n°867] (vierg de Bourgogne) 508 Gérard de Tuicey [n°599] (procureur StJean) 340 Gérard de Vandenesse (clerc) 483 Gérard Demon (charretier St-Jean) 188 Gérard des Croux [n°769] (curé de StPierre St-Andoche) 210 Gérard dit Bilom 245 Gérard dit Carrougot 471 Gérard dit Costaignez (de Colonne) 342.  Voir Jean, son fils Gérard dit Vallet 230 Gérard dou Brulet (frère d’Isabelle et Jeanne [n°221 et 222]) 73, 405 Gérard Fardeaul [n°380] (receveur, procureur St-Jean) 121 Gérard Moley [n°314] (convers St-Andoche) 141, 143, 172, 230.  Voir Gilete [n°315], son épouse Gérard Naudin (chanoine d’Autun) 488 Gérard Nehevele (charretier St-Jean) 188 Gérard Pin (de Géanges) 260

Gérard Raolin (paroissien de Saint-Pierre Saint-Andoche) 465, 488 Gérard Rogloiz (curé de Mont-Saint-Jean) 254 Gérard Vairot 260 Gérarde (de Cirey) 323 Gérardin (fils de Henriet de La Boutière) 471 Gerberge [n°201] (rel. St-Jean) 45 Germain (saint, abbé de Saint-Sympho­ rien, évêque de Paris) 37 Germain Boisselier [n°673] (procureur, chapelain St-Jean) 201 Germaine [n°308] (converse St-Andoche, épouse de Constantin [n°307]) 142, 143, 500 Gesort (de).  Voir Pierre Gilbert Barbier (notaire apostolique) 290 Gilberte d’Alonne [n°192] (rel. St-Andoche) 91 Gilberte de Masoncle [n°186] (rel. St-Andoche) 78, 91, 200, 212 Gile de Marigny [n°40] (abb. élue St-Jean) 169, 175 Gile de Trainel (mère ? de Gile de Vergy [n°10]) 90 Gile de Vergy [n°10] (abb. St-Andoche) 90, 290, 308, 471, 487 Gilet (fils de Robert Geliot) 230 Gilete [n°315] (converse St-Andoche, épouse de Gérard Moley [n°314]) 141, 143, 172, 230 Gilette (femme de Guionet Lombart) 497 Gilette de Nancray [n°1013] (veuve de Jean Tousard) 494 Gilles d’Argenteuil (official de Langres) 365 Gilles Pellis [n°403] (procureur St-Andoche, curé Volnay) 206, 207, 501 Gilles Perenelle [n°388] (receveur St-Jean) 195 Gillot Duillart (d’Arnay) 309 Gilon.  Voir Pierre Girard.  Voir Guillaume ;  Voir Jean Girard dit Fournier.  Voir Jean Girarde [n°1035] (veuve d’Huet Arbaut, femme de Gauthier Borsetrouée) 436, 460, 497

Index des personnes Giraud (de Cirey) 323 Giraudin Vastelet 245 Gissey (de).  Voir Béatrice ;  Voir Huguette ;  Voir Jeanne famille 105 Glanne.  Voir Alexandre Glenne (de).  Voir Huguette Gonbald 58 Graillot.  Voir Perrot Grancey (de).  Voir Milon ;  Voir Ferry Grand Jehan 395 Marguerite de Vienne [n°176] (rel. St-Andoche ; grande aumônière Remiremont) 90, 100, 118, 119, 120, 161, 171, 427 Grandivilla (de).  Voir Jacques Grandvaux (de).  Voir Hugues Gratien (Décret) 157 Grégoire de Langres (évêque de Langres) 33 Grégoire de Tours 33, 35, 36, 39 Grégoire le Grand (pape) 16, 40, 365 lettres 39, 42, 46, 178, 362, 363, 364, 365 Grimond.  Voir Guillaume Grosbois (de).  Voir Ponce Guerreaul alias Lasnier.  Voir Jean Guichard de La Douze (père d’Anne de La Douze [n°202]) 61, 72, 425 Guidonis.  Voir Hélias Guidonis Guienaz (époux d’Adelene [n°313]) 143 Guigonne de Salins (femme de Nicolas Rolin) 470 Guilat.  Voir Renaud Guillaume (curé de Notre-Dame du Château) 489 Guillaume (de Gueunand) 331 Guillaume (fils de Jean de Bierry) 325 Guillaume (fils de Jean de Tormont) 476 Guillaume (fils de Jean Fabri) 228 Guillaume (fils de Perreau lou Palastre) 325 Guillaume (petit-fils de Jean [n°333] doyen d’Ormancey) 262 Guillaume (saint, duc d’Aquitaine) fête 380 Guillaume (seigneur d’Épiry) 488

609

Guillaume (seigneur de Saint-Bonnet) 231, 332 Guillaume [n°328] (maire de Curgy) 171, 193, 233 Guillaume [n°831] (curé St-Jean-leGrand) 209 Guillaume [n°888] (fils de Jean de Drées [n°885]) 494 Guillaume Archerii 287 Guillaume Arnault 245 Guillaume Barbier [n°531] (procureur St-Andoche) 202 Guillaume Bernardin 245 Guillaume Bertaudet 500.  Voir Florette, son épouse Guillaume Bertheaul alias d’Arbois 266 Guillaume Boisseaul 243 Guillaume Buffot [n°345] (lieutenant du maire, receveur, procureur St-Jean) 288 Guillaume Canot [n°718] (chapelain St-Andoche) 185, 397, 428 Guillaume Cayot 250 Guillaume Charpy (curé de Chassenay et archiprêtre de Semur-en-Auxois) 468 Guillaume Chauderon (seigneur de Dornes) 272, 335 Guillaume Cusenier [n°736] (prébendé St-Andoche) 429 Guillaume d’Auxonne (évêque d’Autun) 68, 130 Guillaume de Baugy [n°367] (receveur, procureur St-Andoche) 194, 267 Guillaume de Boyer (chevalier) 259 Guillaume de Chaonnes [n°407] (procureur St-Andoche) 266 Guillaume de Chersey [n°625] (procureur St-Jean) 203 Guillaume de Clugny (archidiacre d’Avallon, official d’Autun) 114 Guillaume de Clugny (chanoine d’Autun) 114 Guillaume de Clugny (seigneur de Conforgien) 114 Guillaume de Clugny [n°996] (bailli d’Auxois et de Dijon) 114, 263, 464, 494, 503

610 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel Guillaume de Compans [n°788] (curé de Dornes) 207 Guillaume de Crux-la-Ville (damoiseau) 483 Guillaume de Curgy, dit Le Maire (fils de Guillaume [n°328] maire de Curgy) 193, 194, 233 Guillaume de Cutigny [n°493] (procureur St-Andoche, écuyer) 199 Guillaume de Drées 111 Guillaume de Drées (seigneur de Savigny-le-Vieux) 111 Guillaume de La Douze (connétable de l’abbé de Cluny, frère d’Anne de La Douze [n°202]) 61, 425 Guillaume de La Roche (seigneur de Nolay) 115, 174, 481, 494 Guillaume de Raveloux 342 Guillaume de Saint-Léger-sous-Beuvray [n°404] (procureur St-Andoche) 202, 494 Guillaume de Saint-Léger-sous-Beuvray [n°592] (procureur St-Jean) 202 Guillaume de Saint-Symphorien [n°866] (sergent de Saint-Symphorien) 508 Guillaume de Savigny (recteur de la Maison-Dieu de Decize) 277, 294, 295 Guillaume de Senailly (seigneur de Senailly) 344.  Voir Huguenin, son fils Guillaume de Serue [n°793] (curé de La Celle) 208 Guillaume de Sully (fils de Gauthier de Sully [n°903]) 76 Guillaume de Vergoncey (chanoine d’Autun) 465, 485 Guillaume de Vergy [n°876] (père ? de Gile de Vergy [n°10]) 90 Guillaume de Vienne (évêque d’Autun) 112, 207, 208, 319, 364 Guillaume de Vienne (seigneur de Montbis) 119, 120 Guillaume de Villiers (seigneur d’Igornay) 316 Guillaume dit Amont (chevalier) 232 Guillaume dit d’Artiler [n°794] (curé de La Celle) 207

Guillaume dit Martrat (habitant du bourg Saint-Andoche) 308 Guillaume Durand (évêque de Mende) 80 pontifical 80, 81, 82, 83, 157, 165, 166 Guillaume Fabri 245.  Voir Jean, son fils ;  Voir Étienne, son fils Guillaume Fouret (parcheminier à Chaumont) 481 Guillaume Gagnaire (habitant du bourg Saint-Andoche) 309 Guillaume Garin [n°1038] 502 Guillaume Girard (sergent royal) 254, 255, 479 Guillaume Grimond 207 Guillaume Humbelot 146.  Voir Françoise Champris, son épouse Guillaume le Fort (bourgeois d’Autun) 462, 481.  Voir Jeannette [n°999], sa veuve Guillaume Le Liégeois (laboureur, serviteur d’Alice de Brazey [n°45]) 190 Guillaume Le Main [n°1041] (closier) 461.  Voir Jeanne, son épouse Guillaume le Marat 413 Guillaume le Roy (serviteur St-Jean) 187 Guillaume Loupier [n°330] (prévôt de Dornes, gendre de Thomas de Dornes) 173, 333, 345 Guillaume Mairet [n°354] (procureur St-Jean, gouverneur et receveur de Cirey et Nolay) 286 Guillaume Morelle (de Raveloux, prêtre) 343 Guillaume Vasin (vicaire de l’Église d’Autun) 414 Guillaume Vernissy [n°372] (receveur, procureur, chapelain St-Jean, curé Sainte-Radegonde) 195, 200, 205, 209, 288, 413 Guillaume Volu [n°376] (receveur, procureur, chapelain St-Jean, curé de Ballore) 146, 201, 209, 458, 467, 490, 499, 504 Guillemette d’Arconcey [n°142] (rel. St-Andoche) 409, 494

Index des personnes Guillemette d’Oiselet [n°20] (abb. St-­ Andoche) 90, 99, 118, 169, 190, 375, 430 Guillemette de Champceris [n°218] (rel. St-Jean) 106, 108, 409 Guillemette de Sautrone [n°105] (rel. St-Andoche) 71, 407 Guillemette du Chemin [n°59] (rel., pr. St-Andoche) 105, 408, 409 Guillemette Lagrasse [n°1039] (femme de Philibert Curnillot) 501 Guillemin du Pont 245.  Voir Marguerite, sa fille Guillemin Rougeot 308 Guionet (fils de Colard dit Baudiot) 407 Guionet Lombart [n°1014] (citoyen ­d’Autun).  Voir Gilette, son épouse Guiot (seigneur de Brazey) 108 Guiot Beaul dit Birillot 259 Guiot de Norsereto [n°630] (procureur St-Jean) 203 Guiot Montot (écuyer, seigneur de Quincerot) 325 Guiotte Coignarde [n°273] (rel. St-Jean) 75, 102 Guiotte de Drées (vraisemblablement rel. St-Andoche xive siècle) 375 Guiotte de Drées [n°15] (rel., sac., abb. StAndoche) 111, 163, 171, 230, 264, 328, 399, 408, 409, 421, 430 Guiotte de Drées [n°74] (sac. St-­ Andoche) 111, 145, 408 Guiotte de Drées [n°150] (rel. St-­ Andoche) 111, 196, 419 Guiotte de Vienne [n°191] (rel. St-­ Andoche, pr. Champchanoux) 90, 118, 369, 427 Guiotte Lombarde [n°76] (sac. St-­ Andoche) 77 Guy (chevalier, fils du seigneur de Thil) 334.  Voir Bonne (n°893), son épouse Guy (fils de Gauthier de Sully [n°903]) 76 Guy (frère d'Hugues dit Joffroys) 258 Guy (frère de Nicolas, closier à Volnay) 237 Guy Baraud de Blancey [n°402] (procureur, chapelain St-Andoche, curé de Viévy) 197, 263, 267

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Guy Barbier [n°399] (procureur St-Andoche) 298, 371, 489, 490 Guy Cornet (juge à Géanges) 282 Guy d’Ostun [n°986] (seigneur de Dracy Saint-Loup) 372 Guy d’Ostun [n°988] (seigneur de Dracy Saint-Loup) 447 Guy de Châteauneuf (seigneur de Mont-Saint-Jean et du Reuillon) 232.  Voir Oderde, son épouse Guy de Corbigny [n°408] (procureur St-Andoche) 266 Guy de La Chaume (évêque d’Autun) 319 Guy de La Roche [n°894] 115.  Voir Marguerite (n°895), son épouse Guy de Limanton (chanoine d’Autun, prévôt de l’Église d’Autun) 484 Guy de Thil [n°892] (seigneur de Nolay) 87, 115, 238, 249, 430 Guy de Vergy [n°871 ?] (évêque d’Autun) 474, 475 Guy du Fossé [n°778] (curé de Curgy) 494 Guy du Ranoy (prêtre) 414 Guy Geoffroy 208 Guy Morin [n°781] (curé de Curgy) 208, 473 Guy Pignier (prêtre) 260 Guye [n°240] (rel. St-Jean) 129 Guyenet Jaunat (de Mazenay) 465.  Voir Isabelle, son épouse Guyenot le Foul (mainmortable de Saint-Andoche) 326 Guyon.  Voir Jean Hauterive (d’).  Voir Jeanne Haymon Bisorde 218 Heccard (comte d’Autun) 231 Hélias Guidonis (évêque d’Autun) 69, 207 Héloïse (abb. du Paraclet) 9 Henri Boisserand [n°754] (chanoine de Beaune, chapelain St-Jean) 184 Henri Boussand 146 Henri Coquille (bourgeois de Decize) 341 Henri de Clugny (chanoine d’Autun) 114 Henri de Curgy 494

612 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel Henri de Saint-Andoche [n°937] (prêtre) 494 Henri de Vergy [n°878] (sénéchal de Bourgogne) 508 Henri François 242 Henriet de La Boutière 471.  Voir Gérardin, son fils Henriette de Vienne [n°22] (abb. St-Andoche, abb. Remiremont) 90, 99, 119, 120, 177, 290, 343, 427 Henry de Clugny (seigneur de Conforgien) 114 Henryotte (chambrière d’Huguette de Bernault [n°49]) 190 Hérard Daransete (coseigneur de Corcelles) 337 Herbelet.  Voir Jean Heriveus (évêque d’Autun) 53, 60 Hermengarde (comtesse) 59, 60 Hildegarde de Bingen (abb. de Bingen) 8 Honorius III (pape) 76, 134 Honorius IV (pape) 162, 163 Hue.  Voir Jean Huelly.  Voir Mathieu Huet Arbaut 436, 460, 497.  Voir Girarde, sa veuve Huguenin (seigneur de Senailly, fils de Guillaume de Senailly) 344 Huguenin Chamart 246, 308 Huguenin d’Avallon [n°389] (receveur, procureur St-Jean) 195, 294 Huguenin de Salemon (homme de Saint-Andoche) 327 Huguenin de Vaudrey 73 Huguenin Mellin [n°418] (procureur St-Andoche) 197, 203 Huguenin Saulse (tanneur du bourg Saint-Andoche) 313 Hugues (archiprêtre d’Autun) 483 Hugues (fils d’Hugues [n°326] maire de Curgy) 193 Hugues (fils de Gauthier de Sully [n°903]) 76 Hugues (saint, abbé de Cluny) 425 fête 380 Hugues [n°323] (maire de Curgy) 192 Hugues [n°324] (maire de Curgy) 192

Hugues [n°326] (maire de Curgy) 171, 283, 286 Hugues [n°334] (doyen d’Ormancey) 193, 284 Hugues Boisserand [n°787] (prieur et curé de St-Parize-en-Viry, curé de Dornes) 143, 146, 271, 272, 273, 277, 290, 291, 293, 323, 335, 336, 342, 389, 463, 492 Hugues Chamart (tonnelier du bourg Saint-Jean) 306 Hugues d’Allot [n°745] (chapelain de St-Jean) 185 Hugues d’Anzy (abbé de Saint-Martin) 44 Hugues d’Arcis (évêque de Mende, Autun puis Langres) 81 Hugues d’Orsey [n°412] (procureur St-Andoche, curé de Viévy, curé de Volnay) 267 Hugues de Billy 330 Hugues de Clugny 263 Hugues de Clugny (frère de Jean de Clugny [n°997]) 263 Hugues de Corrabeuf (chevalier).  Voir Agnès, son épouse Hugues de Coue [n°415] (procureur St-Andoche, curé St-Pierre St-Andoche) 209 Hugues de Dracy (archiprêtre d’Autun) 483 Hugues de Grandvaux [n°789] (curé de Dornes) 207 Hugues de Meursault [n°400] (procureur St-Andoche) 298 Hugues de Montagu (prieur de Couches) 280, 281, 391 Hugues de Montagu (seigneur de Cou­ ches) 107 Hugues de Montgachot (clerc) 308 Hugues de Montjeu (capitaine d’Autun) 314 Hugues de Rabutin (seigneur d’Épiry) 103 Hugues de Torcy (prêtre) 406 Hugues de Vergy (père ? de Gile de Vergy [n°10]) 90 Hugues dit Joffroys 246, 258.  Voir Guy, son frère

Index des personnes Hugues du Croux (de Broye) 308 Hugues Gauteron 248.  Voir Amée, sa veuve Hugues III (duc de Bourgogne, 11621192) 87, 117, 318 Hugues IV [n°874] (duc de Bourgogne, 1218-1272) 90, 290, 389, 487 Hugues Lecardinal (charretier St-Jean) 188 Hugues Lesquailliez (valet de Jeanne de Montagu de Sombernon [n°43]) 189 Hugues Pautaz (chanoine d’Autun, curé de Fenay) 483, 484 Hugues Pelletier 329 Hugues Pitois [n°758] (chapelain, curé St-Jean) 374, 453 Hugues Quinart (procureur du duc à Beaune) 280 Hugues Romier 260 Hugues V (duc de Bourgogne, 13051316) 486 Hugues Varot de Larue.  Voir Jacques, son fils Huguette (fille de Gérard de Dole) 280 Huguette [n°925] (femme de Naudet Baraud de Blancey) 494 Huguette d’Aimanges [n°21] (rel., rec., abb. St-Andoche) 148, 343, 344 Huguette de Bernault [n°49] (rel., pr., abb. St-Jean) 109, 110, 116, 147, 150, 151, 152, 153, 154, 156, 157, 158, 159, 160, 161, 164, 191, 201, 204, 207, 404, 502 Huguette de Gissey [n°127] (rel. St-Andoche) 105 Huguette de Glenne [n°260] (rel St-Jean) 105, 106 Huguette de La Merche [n°239] (rel. StJean) 129 Huguette de La Motte (sœur de Guillaume de Curgy dit le Maire) 233 Huguette de Sully [n°98] (fille de Gau­ thier de Sully [n°903]) 76 Huguette de Sully [n°98] (rel. St-Andoche) 73, 76, 489 Humbaud de Dornes 228.  Voir Perrin, son fils

613

Humbelot.  Voir Guillaume Humbert (fils d’Anseric de Saint-Andoche [n°936]) 307, 324 Humbert (vicaire de Saint-Jean de la Grotte) 484 Humbert Bobin [n°652] (procureur StJean) 146, 461 Humbert Boicheon [n°846] (curé de Colonne) 256 Humbert d’Autun [n°950] (abbé de SaintPierre-l’Étrier) 471 Humbert de Buissi 217 Humbert de Chamola [n°624] (procureur St-Jean) 203 Humbert dit l’Official [n°948] (official d’Autun) 334 Hurault.  Voir Robert ;  Voir Jacques Inteville (d’) famille 369 Irénée (saint) 31, 33 Isabeau de Pontailler (dame d’Antigny, veuve de Richard de Montbéliard) 485 Isabeau de Savigny [n°228] (rel. St-Jean) 384, 402 Isabelle (femme d’Échard de Viserney) 326 Isabelle (veuve de Guyenet Jaunat) 465 Isabelle [n°132] (rel. St-Andoche) 69, 91 Isabelle d’Antuilly [n°913] (femme de Pierre d’Ostun [n°912]) 462 Isabelle de Bauloul [n°135] (rel. St-Andoche) 70, 128 Isabelle de Chalon 103 Isabelle de Clugny [n°255] (rel. St-Jean) 88 Isabelle de Courtenay (femme de Jean comte de Bourgogne) 346, 389 Isabelle de Demongeville (abb. Remiremont) 100 Isabelle de Loges [n°126] (rel. St-Andoche) 409, 410, 494 Isabelle de Lucenay [n°111] (rel. St-Andoche) 410 Isabelle de Moncler [n°60] (rel., pr. St-Andoche) 409

614 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel Isabelle de Mongeville [n°158] (rel. St-Andoche, abb. Remiremont ?) 100, 397, 420 Isabelle de Vaux [n°80] (pr. St-Jean) 149 Isabelle dou Brulet [n°221] (rel. St-Jean) 73, 107, 405 Isabelle du Chemin [n°129] (rel. St-Andoche) 105, 377, 408, 409, 494, 499, 503 Isabelle du Maigny [n°69] (pr. St-Andoche) 374 Jacob (valet de l’abbesse de St-Jean) 189 Jacques (neveu de Jacques Boisserand [n°932]) 491, 492 Jacques [n°1036] (fils d’Hugues Varot de Larue) 500 Jacques Boisserand [n°932] (abbé de St-Étienne-l’Étrier) 206, 299, 307, 345, 376, 399, 418, 491, 492, 494.  Voir Jacques, son neveu Jacques de Busseuil [n°567] (procureur St-Andoche, curé St-Pierre St-Andoche) 210 Jacques de Choiseul-Traves (chambellan du duc Philippe le Bon) 101, 102, 103.  Voir Claude, sa sœur Jacques de Genay (chanoine d’Autun) 374 Jacques de Grandivilla [n°628] (procureur St-Jean) 203 Jacques de La Roche (évêque d’Autun) 115 Jacques de La Roche (prévôt de l’Église d’Autun) 335 Jacques de Verdeaul (chanoine d’Autun) 484 Jacques Hurault (évêque d’Autun) 179, 366 Jacques Maignien [n°438] (procureur St-Andoche, procureur St-Jean) 264 Jacques Viaul [n°737] (prébendé St-Andoche) 429 Jacquette d’Outre-Loire [n°71] (pr. StParize-en-Viry) 18, 95, 140, 271, 272 Jacquette de Corbeteaul [n°213] (rel. StJean) 406

Jacquette de Cussigny [n°270] (rel. StJean) 107, 109, 110, 113, 146, 150, 151, 160, 164 Jacquette de Fontette [n°170] (rel. St-Andoche) 78 Jacquette de Saint-Sernin [n°108] (rel. St-Andoche) 228, 463 Jacquette de Vaux [n°81] (pr. St-Jean) 149 Jacquette de Vienne (cellérière de Remiremont) 121 Jacquette de Vienne [n°19] (abb. St-Andoche) 90, 91, 118, 190, 196, 253, 337, 364, 366, 395, 397, 419 Jacquette du Maigny [n°120] (rel. St-­ Andoche) 71 Jaunat.  Voir Guyenet Jean (curé de Tavilly) 483 Jean (fils de Gérard dit Costaignez) 342 Jean (fils de Guillaume Fabri) 245 Jean (fils de Jean [n°333] doyen d’Ormancey) 261, 262 Jean (saint) 30 Jean (seigneur de Champcery) 108 Jean (seigneur de Nesle) 405 Jean [n°333] (doyen d’Ormancey) 193, 261 Jean [n°336] (doyen d’Ormancey) 284 Jean [n°397] (procureur St-­Andoche) 198 Jean [n°887] (fils de Jean de Drées [n°885]) 494 Jean Atees 245 Jean Barbet 167 Jean Bartault (tanneur du quartier SaintJean) 452 Jean Baudouyn 258 Jean Belon (charretier St-Jean) 188 Jean Benoist (de Senailly, mainmortable de Saint-Andoche) 325, 326.  Voir Jeanne, son épouse Jean Ber 245 Jean Bergier (chapelain St-Andoche au xvie siècle) 184 Jean Bernardin 245 Jean Boisselier [n°379] (receveur, procureur, chapelain, curé St-Jean) 201, 400 Jean Boisselier [n°381] (receveur, procureur St-Jean) 201

Index des personnes Jean Boutault l’Ancien 279 Jean Chamart (clerc) 246, 308 Jean Chamelot [n°340] (maire, procureur St-Jean) 413 Jean Charnot [n°676] (prévôt de ND d’Autun, abbé de St-Étienne-l’Étrier) 147, 148, 431, 496 Jean Chauderon (seigneur de Dornes) 197, 230, 272, 335, 336 Jean Chebault 245 Jean Chevrat 277 Jean Coquille (bourgeois de Decize) 229 Jean Cornu (prêtre) 504 Jean d’Aiguemortes [n°550] (procureur de St-Andoche, notaire public d’Autun) 150, 153, 413 Jean d’Arcis (évêque d’Autun) 111, 163, 357, 358, 359 Jean d’Arroux [n°961] (chapelain à la cathédrale) 146, 436, 501 Jean d’Estorbes [n°725] (chapelain St-Andoche) 184 Jean d’Oudry 485.  Voir Alix, sa veuve Jean Dano (écuyer, seigneur de Senailly) 326 Jean de Bierry (mainmortable) 325.  Voir Guillaume, son fils Jean de Boucher (grand prieur de Mou­ tiers-Saint-Jean) 370, 372, 432, 448 Jean de Bourbon (doyen d’Autun) 318, 319 Jean de Bourbon [n°956] (archidiacre d’Avallon) 482, 494 Jean de Bournonville [n°424 ?] (écuyer) 199 Jean de Bournonville [n°424] (procureur St-Andoche) 199 Jean de Choiseul-Traves (seigneur de Dracy) 102, 103, 121, 122 Jean de Clugny (chanoine d’Autun) 114 Jean de Clugny (official d’Autun, abbé de Saint-Étienne-l’Étrier) 114 Jean de Clugny (seigneur de Champ­ œcueillon) 478 Jean de Clugny (seigneur de Conforgien) 263 Jean de Clugny [n°753] (chanoine de Beaune, chapelain St-Jean) 184

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Jean de Clugny [n°997] (conseiller du duc et du roi) 114, 263 Jean de Corberry 459 Jean de Couches 237 Jean de Coupreau (seigneur de Bierry) 325 Jean de Cussigny (prieur de Jouhe) 110, 163 Jean de Daucey [n°780] (curé de Curgy) 208 Jean de Dornay (seigneur d’Ogny) 229, 406 Jean de Drées 111 Jean de Drées [n°885] (grand-père de l’abbesse Guiotte de Drées [n°15]) 494.  Voir Blixandis (n°886) son épouse, Jean (n°887) et Guillaume (n°888) leurs fils Jean de La Faye 465.  Voir Gérard, son fils Jean de La Maleville 259 Jean de La Roche [n°723] (chapelain St-Andoche, vicaire de Curgy) 184, 491 Jean de Loges (seigneur de La Boulaye) 109 Jean de Lorraine (abbé de Cluny) 158 Jean de Luzy (drapier du bourg Saint-Jean) 306, 410 Jean de Marcilly [n°600] (procureur StJean) 340 Jean de Marigny (abbé de Saint-Étienne de Dijon) 504, 505 Jean de Mehevre (habitant du bourg Saint-Jean) 306.  Voir Perrenette, son épouse Jean de Mongeot 278 Jean de Montagu (seigneur de Sombernon) 391 Jean de Montchanin (chanoine d’Autun) 150, 413 Jean de Plaigne (trésorier ducal au bailliage d’Aval) 280 Jean de Saint-Romain [n°603] (procureur de St-Jean) 175, 196, 280, 281 Jean de Saulx (chancelier de Bourgogne) 281, 282, 323 Jean de Senailly (seigneur de Senailly) 344 Jean de Thoisy (seigneur de Pentières) 306 Jean de Torcy (damoiseau) 406 Jean de Tormont (damoiseau, écuyer) 246, 270, 295, 476.  Voir Guillaume, son fils

616 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel Jean de Traves.  Voir Jean de Choiseul-Traves Jean de Vaudrey (seigneur de Courlaon et de l’Aigle) 73 Jean de Vergy [n°879] (seigneur de Fonvens) 507.  Voir Marguerite (n°880), son épouse Jean de Vienne 120 Jean de Vienne (amiral de France) 253 Jean de Vienne (seigneur de Praigny et de Chaseuil) 196, 337, 419 Jean de Viserney (chapelain de la cathédrale, curé de Saint-Sympho­ rien-de-Marmagne) 484 Jean des Choux [n°352] (prévôt de Charmasse et de Runchy) 256 Jean dit Legoul 337 Jean Doyen (petit-fils de Jean [n°333] doyen d’Ormancey) 262 Jean du Breuil [n°709] (chapelain St-Andoche, curé de Ciry, curé de Viévy) 386 Jean du Pont 245.  Voir Agnès, son épouse Jean Estienne, alias Maistre (sergent royal) 253, 254 Jean Fabri 228.  Voir Guillaume, son fils Jean Ferroillon [n°716] (chapelain St-­Andoche, curé St-Pierre-St-­ Andoche) 186, 210 Jean Fouet (bourgeois de Moulins et seigneur de Chevannes) 228, 229 Jean Fournier (cuisinier de l’abbesse Jeanne de Montagu de Sombernon [n°43)] 189 Jean Garnier 235 Jean Girard 146 Jean Girard dit Fournier 260 Jean Guerreaul alias Lasnier [n°759] (chapelain de l’abbesse de St-Jean, serviteur d’Alice de Brazey [n°45]) 190 Jean Guyon 260 Jean Herbelet 197 Jean Hue [n°960] (doyen d’Autun) 147 Jean II de Chalon-Arlay (seigneur d’Arlay) 269 Jean II le Bon (roi de France) 31, 177, 253, 255, 266, 311, 507

Jean Jodon [n°378] (receveur, procureur, curé St-Jean) 146, 201, 210 Jean Jodon [n°656] (procureur, chapelain St-Jean, chapelain St-Andoche) 184, 201 Jean l’Antique (comte de Bourgogne puis seigneur de Salins) 221, 346, 389, 481 Jean Lamazet (de Merceuil) 278 Jean le Boucher (citoyen d’Autun) 237, 238 Jean le Fort [n°322] (juge, procureur St-Andoche) 205, 290 Jean le Poiretat 343.  Voir Marguerite, sa veuve Jean Legoul 148 Jean Maignien [n°341] (maire, procureur St-Jean) 413 Jean Maire [n°342] (maire, procureur StJean) 257, 418, 460, 461, 481 Jean Mangeard (chanoine d’Autun, curé de Tillenay) 484 Jean Martenot [n°444 ?] (marchand à Beaune) 198 Jean Martenot [n°444] (procureur St-­ Andoche) 198 Jean Maulmenez 281 Jean Melene alias d’Estree (neveu de Jean Maire [n°342]) 257 Jean Michault 479 Jean Michel [n°368] (receveur St-Jean) 195, 298 Jean Micheletet (marchand et tanneur du bourg Saint-Andoche) 310 Jean Milnot [n°855] (curé de Montmort) 281 Jean Milot [n°558] (procureur St-­ Andoche) 202 Jean Monin 366 Jean Moret (de Bourbon-Lancy, grand chantre d’Autun) 485 Jean Motin (notaire public) 414 Jean Naudin alias Perrenot (sergent ducal) 310 Jean Pariset 146 Jean Passelat (bourgeois de Saint-Pierre-leMoûtier) 228, 229.  Voir Agnès, son épouse

Index des personnes Jean Perrenette [n°726] (chapelain St-­ Andoche) 184, 186 Jean Petit Jean (archidiacre de Flavigny) 155 Jean Picaud 323 Jean Piémire 485.  Voir Alix, son épouse Jean Pillot.  Voir Anne [n°528], sa veuve Jean Pitois [n°980] (chevalier) 494.  Voir Béatrice (n°981), son épouse Jean Pomert (seigneur de Senailly, seigneur de Thomey) 344, 419 Jean Popon (curé de Saint-Léger-du-Bois) 478, 479 Jean Porrenelli 235, 236 Jean Proudon (de Saint-Pierre-l’Étrier) 258 Jean Rachin (de Dornes) 245 Jean Raffin (paroissien de Saint-Jean-leGrand) 462.  Voir Agnès, son épouse Jean Rappes [n°369] (receveur, procureur St-Jean) 280 Jean Rénier 281 Jean Rolin (cardinal-évêque d’Autun) 150, 151, 152, 178, 209, 307, 357, 358, 364, 365 Jean sans Peur (comte de Nevers, 13851404 puis duc de Bourgogne, 1404-1419) 292, 346, 347, 348 Jean Saulieu [n°717] (chapelain de St-­ Andoche) 185 Jean Surtin [n°612] (procureur, curé de St-Jean) 147, 452 Jean Symoneaul (de Saint-Sernin-duPlain) 306 Jean Thevenin [n°588] (procureur St-­ Andoche) 187, 247, 277, 278 Jean Tholot 251, 322.  Voir Jeannette, sa femme Jean Tixier (boucher autunois) 235 Jean Tousard 494 Jean Vaillant [n°472] (procureur, chapelain St-Andoche, curé St-Germain-lès-Senailly) 186, 187, 208 Jean Valier des Granges (vigneron) 188 Jean Vincent (curé de Saint-Léger-duBois) 479

617

Jean XXII (pape) 69, 70, 91 Jeanne (femme de Guillaume Le Main) 461 Jeanne (fille de Renaud doyen de Curgy) 142 Jeanne (veuve de Jean Benoist) 325 Jeanne [n°1010] (veuve de Gauthier Mo­ rin, paroissienne de Saint-Pierre Saint-Andoche) 458 Jeanne [n°923] (femme de Vincent de Sens) 500 Jeanne Bugnote [n°171] (rel. St-Andoche) 77 Jeanne d’Amoncourt (rel. La Baume, abb. élue St-Jean au xvie siècle) 110, 162, 170 Jeanne d’Arisolle [n°179] (rel. St-­ Andoche) 95 Jeanne d’Auvergne (femme de Jean II le Bon) 255 Jeanne d’Estroye [n°185] (rel. St-­ Andoche) 78 Jeanne d’Hauterive [n°230] (rel. St-Jean) 92 Jeanne d’Oigny de Dornay [n°39] (rel., abb. St-Jean) 99, 107, 149, 229, 307, 372, 406, 407, 430 Jeanne de Bernault (dame de Saint-En­ zenge-sur-Guye) 103, 121 Jeanne de Brazey de Vesigneux [n°41] (rel., abb. St-Jean) 107, 108, 146, 206, 235, 329, 372, 426, 430, 447 Jeanne de Chalon [n°114] (rel. St-­ Andoche) 408 Jeanne de Champceris [n°233] (rel. StJean) 106, 422 Jeanne de Chamurey [n°136] (rel. St-­ Andoche) 128 Jeanne de Charency [n°163] (rel. St-­ Andoche) 505 Jeanne de Châteauvillain (dame de Beaujeu) 255, 256 Jeanne de Clugny [n°88] (rel., sac., pr. StJean) 80, 88, 109, 136, 146, 148, 150, 151, 160, 181, 183, 186, 470, 502

618 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel Jeanne de Couches [n°153] (rel. St-­ Andoche) 107, 409 Jeanne de Cussigny 333 Jeanne de Cussigny [n°87] (rel., pr. StJean) 78, 79, 107, 113 Jeanne de Dracy [n°164] (vraisemblablement rel. St-Andoche) 505 Jeanne de France (comtesse de Bourgogne et d’Artois) 270 Jeanne de Fromentes 73 Jeanne de Fussey [n°117] (rel. St-­ Andoche) 407 Jeanne de Gissey [n°128] (rel. St-­ Andoche) 105, 409 Jeanne de Gissey [n°133] (rel. St-­ Andoche) 105 Jeanne de La Bussière [n°254] (rel. StJean) 107 Jeanne de La Merche [n°238] (rel. St-Jean) 129 Jeanne de La Vallote [n°237] (rel. St-Jean) 508 Jeanne de Marcilly [n°267] (rel. St-Jean) 146 Jeanne de Montagu [n°130] (rel. St-Andoche) 90, 117, 430 Jeanne de Montagu [n°148] (rel. St-Andoche, abb. Crisenon) 90, 107, 117, 427, 428 Jeanne de Montagu [n°36] (abb. St-Jean) 88, 117, 171, 371 Jeanne de Montagu de Couches [n°44] (abb. St-Jean) 88, 107, 117, 130, 190, 203, 400, 424, 508, 509 Jeanne de Montagu de Sombernon [n°43] (abb. St-Jean) 88, 117, 171, 175, 187, 189, 190, 196, 245, 263, 280, 281, 282, 393, 508, 509 Jeanne de Rethel (comtesse de Rethel) 335 Jeanne de Tenarre de Souterrain [n°283] (rel. St-Jean) 109, 146, 151, 155, 156, 385 Jeanne de Testefort [n°275] (rel. St-Jean) 109, 151 Jeanne de Vaudrey (future rel., dame de Château-Chalon) 73, 77 Jeanne de Vaudrey (mère d’Anne d’Alonne [n°25]) 369 Jeanne de Vianges 197

Jeanne de Vienne (doyenne de Remiremont) 120 Jeanne dou Brulet [n°222] (rel. St-Jean) 73, 107, 405 Jeanne la Renarde [n°253] (rel. St-Jean) 422 Jeanne Mercier (d’Autun) 488 Jeanne Nagu [n°280] (rel. St-Jean) 109, 146, 151, 404 Jeannette (femme de Jean Tholot) 251 Jeannette (servante d’Alice de Brazey [n°45]) 190 Jeannette (veuve de Perrin d’Arcy, femme de Jeannin Bilho) 228 Jeannette [n°999] (veuve de Guillaume le Fort) 481, 494 Jeannette de Langres (chambrière de Jacquette de Vienne [n°19] ou de Guillemette d’Oiselet [n°20]) 190 Jeannin Bilho (seigneur de Chevannes) 228.  Voir Jeannette, son épouse Jehan Moyret (valet de l’abbesse de StJean) 189 Jocerand de Gigney [n°958] (chanoine d’Autun et de Beaune) 494 Jodon.  Voir Jean ;  Voir Antoine Jonas (évêque d’Autun) 24, 44, 51, 52, 53, 54, 55, 57, 58, 127, 162, 178, 220, 274, 353, 356, 363 Jordan dit Baronois 233 Josbert de Vosne (moine de Cîteaux puis de La Bussière) 73 Josserand de Digoine 217 Jotsald de Saint-Claude (discipline d’Odilon de Cluny) 45 Jozald 61, 72 Jugnot.  Voir Aimée Juilly (de).  Voir Alice La Baume (de).  Voir Louis ;  Voir Marie famille 92, 204 La Boutière (de).  Voir Henriet La Bussière (de).  Voir Marguerite ;  Voir Alice;  Voir Jeanne La Capelle Biron (de).  Voir Carbonière de La Capelle Biron (de) La Chanaul (de).  Voir Adeline La Chaume (de).  Voir Guy

Index des personnes La Combe (dit de).  Voir Roger La Corvée (de).  Voir Colin ;  Voir Arbert;  Voir Bernardin La Douze (de).  Voir Guichard ;  Voir Anne (n°202);  Voir Guillaume La Faye (de).  Voir Jean La Ferté (de).  Voir Marguerite La Feuillée (de).  Voir Étienne La Guiche (de).  Voir Catherine ;  Voir Pierre La Maleville (de).  Voir Jean La Motte (de).  Voir Huguette La Palu de Varas (de).  Voir Adrienne La Rebosse (dite).  Voir Marie La Roche (de).  Voir Étiennette ;  Voir Guillaume ;  Voir Bonne ;  Voir Guy ;  Voir Jacques ;  Voir Eudes ;  Voir Jean La Roche Beauvoir (de).  Voir Gérard famille 115 La Roche Nolay (de) famille 115 La Tour (de).  Voir Chrétien La Trémouille (de).  Voir Louis La Vallote (de).  Voir Jeanne ;  Voir Gérard La Vie (de).  Voir Gérard Labouquet.  Voir Marguerite Lagrasse.  Voir Guillemette Laisy (de).  Voir Perrin Lamazet.  Voir Jean Lambert.  Voir Renaud Lambert (chapelain de Saint-Bénigne) 217 Lanerat (dit).  Voir Perrot Langis (saint, abbé du Maine) reliques 372 Langres (de).  Voir Grégoire ;  Voir Jeannette Larue (de).  Voir Varot de Larue Lasnier.  Voir Guerreaul alias Lasnier Laurent Garnier (curé d’Ourroux) 341 Lazare Ladone (conseiller du roi) 373 Lazare (saint) 374 Le Denis Voir Edme Le Leaul Voir Pierre Le Liégeois.  Voir Guillaume Le Main.  Voir Guillaume Le Normand.  Voir Régnier dit Le Normand Le Pelletier.  Voir Simon Le Pelletier (de Chassagne) 237.  Voir Micheletet, son fils Le Philibert.  Voir Bastien

619

Le Vault.  Voir Philibert Lecardinal.  Voir Hugues Léer (de).  Voir Rodolphe Léger (saint, évêque d’Autun) 37, 371, 374 fête 379 testament 37 Legoul.  Voir Jean Léonard (saint, abbé de Vendœuvre) fête 379 Léonard d’Alonne [n°776] (curé de Ciry et de Merceuil) 211 Lesquailliez.  Voir Hugues Letaud.  Voir Mathieu Leuçon (saint, évêque de Troyes) 359 Liébaud de Choiseul-Traves 103 Liébaud de Digoine 217 Limanton (de).  Voir Guy Liot Moreaul de Chaulmeteau 280 Loges (de).  Voir Agnès ;  Voir Jean ;  Voir Isabelle famille 109 Lombarde.  Voir Guiotte Lombart.  Voir Guionet Lorraine (de).  Voir Jean Louis d’Alonne [n°456] (procureur St-Andoche, seigneur d’Alonne) 199 Louis de La Baume [n°576] (procureur St-Andoche) 204 Louis de La Trémouille (chambellan du roi, comte de Joigny, seigneur d’Uchon et de Bourbon-Lancy) 348 Louis Dony d’Attichy (évêque d’Autun au xviie siècle) 357 er Louis I (comte de Nevers et de Rethel) 335 Louis le Pieux (empereur) 55 Louis XI (roi de France) 121, 255, 289, 320 Louis XII (roi de France) 170 chambellan de 87 Louise d’Alonne [n°188] (rel. St-Andoche) 91 Louise de Bernault [n°269] (rel. St-Jean) 109, 116, 151, 159 Louise de Clugny d’Alonne [n°24] (rel., pr., abb., sac. St-Andoche) 77, 91, 98, 114, 115, 119, 120, 161, 168, 171, 178, 204, 344, 368, 369,

620 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel 371, 373, 374, 419, 420, 421, 430, 478, 496 Louise de Faulain [n°276] (rel. St-Jean) 146, 159, 404 Louise de Rabutin [n°48] (rel., pr. StJulien-sur-Dheune, abb. élue StJean) 88, 102, 103, 109, 110, 116, 150, 151, 152, 153, 156, 157, 158, 160, 163, 164, 167, 204, 211, 427 Louise de Vienne (dame de Remiremont) 120 Louise Nagu [n°278] (rel. St-Jean) 109, 151 Loup (saint, évêque de Chalon) 41 Loupier.  Voir Guillaume ;  Voir Barthélemy ;  Voir Benoît ;  Voir Renaud ;  Voir Perrin ;  Voir Margot Lucenay (de).  Voir Isabelle Lucette de Saudon [n°12] (abb. St-Andoche) 91, 307, 421, 471 Lucius III (pape) 412 Luzy (de).  Voir Jean Luzy alias d’Oye.  Voir Catherine Lynard (fils de Bastien Le Philibert) 257 Mahaut [n°977] (comtesse de Nevers) 221 Maignien.  Voir Jacques ;  Voir Jean Maigny (du).  Voir Flore ;  Voir Jacquette ;  Voir Isabelle Maire.  Voir Jean ; Mairet.  Voir Claude ;  Voir Guillaume Maisons-Comte (de).  Voir Bureau Maitre.  Voir Quentin Malecey (de).  Voir Gérard Mangeard.  Voir Jean Marat (le).  Voir Guillaume Marcilly (de).  Voir Marie ;  Voir Philiberte ;  Voir Antoinette ;  Voir Pierre ;  Voir Jean ;  Voir Jeanne Margot (chambrière de Jeanne de Montagu de Sombernon [n°43]) 190, 280 Margot Loupier (fille de Renaud Loupier) 228.  Voir Agnès, sa fille Marguerite (fille de Guillemin du Pont) 245 Marguerite (veuve de Jean le Poiretat) 343

Marguerite [n°137] (rel. St-Andoche) 409, 494 Marguerite [n°880] (femme de Jean de Vergy [n°879]) 507 Marguerite [n°895] (femme de Guy de La Roche) 115 Marguerite Boisserand [n°157] (rel. St-Andoche) 470 Marguerite Coignarde [n°90] (rel., pr. StJean) 75, 102, 502 Marguerite Coignarde [n°263] (rel. StJean) 75, 102 Marguerite Coignarde [n°282] (rel. StJean) 75, 102, 109, 151 Marguerite d’Arnay [n°110] (rel. St-­ Andoche) 421 Marguerite d’Auxois [n°14] (rel., sac., abb. St-Andoche) 168, 169, 171, 407, 421, 473, 507 Marguerite de Brazey [n°216] (rel. StJean) 107 Marguerite de Châtellenot (dame de Vautheau) 488 Marguerite de Châtillon [n°146] (rel. St-Andoche) 99, 107, 498 Marguerite de Chaumas (vraisemblablement rel. St-Andoche) 182 Marguerite de Corrabeuf [n°184] (rel. St-Andoche), 78 Marguerite de Flandres (duchesse de Bourgogne) 112, 346, 347 Marguerite de La Bussière [n°46] (rel., abb. St-Jean) 107, 348, 430, 447, 499, 502 Marguerite de La Ferté [n°100] (rel. St-Andoche) 421 Marguerite de Masoncle [n°193] (rel. St-Andoche) 91, 200, 212 Marguerite de Mignart 146 Marguerite de Montagu (dame de Pacy-sur-Armançon et de Gergy) 111 Marguerite de Montagu [n°17] (abb. St-Andoche) 31, 90, 111, 117, 157, 163, 177, 186, 208, 272, 318, 319, 377, 421, 426, 430, 495, 499, 507

Index des personnes Marguerite de Neeles [n°123] (rel. St-­ Andoche) 421 Marguerite de Rechoygne Voisin [n°124] (rel. St-Andoche) 421 Marguerite de Salins [n°26] (rel., pr., abb. St-Andoche) 369 Marguerite de Sancey [n°16] (rel., pr., abb. St-Andoche) 71, 111, 163, 409, 410 Marguerite de Sancey [n°140] (rel. St-­ Andoche) 71, 409, 494 Marguerite de Traves [n°67] (rel., pr. St-Andoche) 91, 99, 102, 103 Marguerite de Varennes [n°118] (rel. St-Andoche) 407, 421 Marguerite de Vienne (doyenne Remiremont) 120 Marguerite du Nier [n°143] (rel. St-Andoche) 71 Marguerite Labouquet (mère de Drouines des Barres [n°305]) 425 Marguerite Peaul d’Oye [n°94] (rel., sac. St-Jean) 104, 113, 141, 276, 281 Marguilier (dit).  Voir Geliet Marie [n°982] (veuve de Rodolphe de Léer) 372 Marie Coignarde [n°266] (rel. St-Jean) 75, 78, 102 Marie de Balâbre de Pognières [n°63] (rel., pr. St-Andoche) 77, 78, 95, 101, 102 Marie de Carbonière de La Capelle Biron (abb. St-Jean au xviie siècle) 21 Marie de Cussigny [n°247] (rel. St-Jean) 104, 107, 113 Marie de La Baume (abb. St-Andoche au xviie siècle) 357 Marie de Marcilly [n°51] (rel., abb. StJean) 109, 146, 147, 148, 151, 154, 155, 156, 166, 178, 179, 430 Marie de Vandôme (rel., sac. St-Andoche) 430, 503 Marie de Vienne [n°23] (abb. St-Andoche) 46, 77, 90, 119, 120, 161, 178, 198, 199, 244, 257, 260, 364, 365, 375, 419

621

Marie dite La Rebosse [n°131] (rel. St-­ Andoche) 408 Marigny (de).  Voir Blanche ;  Voir Gile ;  Voir Jean Marion [n°310] (converse St-Andoche, épouse de Renaud [n°309]) 141, 142, 143, 230 Marnay (de).  Voir Étienne Marsoncompte (de).  Voir Anne Martenot.  Voir Jean Martin.  Voir André Martin (saint, évêque de Tours) 379 Martinpuits (de).  Voir Robert Martrat (dit).  Voir Guillaume Masoncle (de).  Voir Gilberte ;  Voir Blaisotte ;  Voir Catherine ;  Voir Marguerite ;  Voir Pierre famille 91 Masson.  Voir Thibault Mathélie Peaul d’Oye [n°217] (rel. StJean) 113, 409 Mathieu Huelly [n°574] (procureur, chapelain St-Andoche) 184 Mathieu Letaud [n°799] (curé de Ma­ gnien) 208 Mathieu Perret [n°863] (curé de Sainte-Radegonde) 208 Mathurin Huault (chanoine d’Autun) 484 Maubernard.  Voir Renaud Maulain (de) famille 92 Maulmenez.  Voir Jean Maulpoy.  Voir Michot Maurice (saint) reliques 372 Médard (saint, évêque de Noyon et Tournai) fête 379 Mehevre (de).  Voir Jean Melene alias d’Estree.  Voir Jean Meleusippe (saint) 33 Mellin.  Voir Huguenin Menesserre (de).  Voir Michèle Mercier.  Voir Jeanne Meursault (de).  Voir Hugues

622 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel Michault.  Voir Jean Michel.  Voir Jean Michel de Rubelles [n°770] (curé de SaintPierre Saint-Andoche) 464, 470, 479, 490 Michel de Vaux [n°845] (curé de Colonne) 279, 282 Michel dit le Bâtard [n°422] (procureur St-Andoche, écuyer) 199 Michel Venue (sergent royal) 340 Michèle de Menesserre [n°180] (rel. St-Andoche) 78 Michelet (fils de Renier Morin) 407 Micheletet.  Voir Étienne ;  Voir Jean famille 201, 202 Micheletet (fils de Le Pelletier de Chassagne) 237 Michelot Bruley (de Quincerot, habitant de Saint-Germain-lès-Senailly) 325 Michot Maulpoy (paroissien de Nolay) 266 Mignart (de).  Voir Marguerite Milnot Voir Jean Milon de Castellulum 75.  Voir Arnoul, son neveu Milon de Grancey (évêque d’Autun) 364, 366 Milon dit Audigier (de Senailly) 325 Milot.  Voir Jean ;  Voir Benoît famille 201, 202 Milot dit Truffiers (mainmortable de Saint-Andoche) 325 Modoin (évêque d’Autun) 51, 53, 54, 55, 58, 353, 356 Moley.  Voir Gérard Moncler (de).  Voir Isabelle ;  Voir Cathe­ rine Mongeot (de).  Voir Jean Mongeville (de).  Voir Isabelle Monin.  Voir Jean Monin de Chassagnes [n°595] (procureur St-Jean) 339 Monstule.  Voir Pierre Montagu (de).  Voir Anne ;  Voir Jeanne ;  Voir Marguerite ;  Voir Hugues ;  Voir Philippe ;  Voir

­Phili­bert ;  Voir Alexandre ;  Voir Jean ; Voir Pierre famille 87, 88, 90, 112, 117, 118, 424 Montagu de Couches (de).  Voir Jeanne Montagu de Sombernon (de).  Voir Jeanne Montaigu (de).  Voir Alexandre Montbéliard (de).  Voir Richard ; Montbouton (de).  Voir Robert ; Montchanin (de).  Voir Jean Montereul (de).  Voir Alice Montfaucon (de) famille 95 Montgachot (de).  Voir Hugues Montjeu (de).  Voir Alice ;  Voir Hugues N. 146 Montot.  Voir Guiot Moreaul de Chaulmeteau.  Voir Liot Morel des Bancs (habitant du bourg Saint-Andoche) 308 Morelle.  Voir Guillaume Moret.  Voir Jean Morin.  Voir Guy ;  Voir Gauthier ;  Voir Renier Motin.  Voir Jean Moyret.  Voir Jehan Mugner.  Voir Thevenin Munier.  Voir Barthélemy Mypont (de).  Voir Étiennette Nagu.  Voir Louise ;  Voir Jeanne famille 109 Nancray (de).  Voir Gilette Naudet Baraud de Blancey [n°924] (père de Guy Baraud de Blancey [n°402] et de Thomas Baraud de Blancey [n°712]) 494.  Voir Huguette (n°925), son épouse Naudin.  Voir Gérard Naudin alias Perrenot.  Voir Jean Nazaire (saint) 37, 374 Nectaire (évêque d’Autun) 38 Neeles (de).  Voir Comtesse;  Voir ­Marguerite Nehevele.  Voir Gérard Neufchâtel (de).  Voir Charles

Index des personnes Nevers (de).  Voir Thibault Nichole [n°33] (abb. St-Jean) 62 Nicolas (closier à Volnay) 237.  Voir Guy, son frère Nicolas Baubry (vicaire de l’Église d’Autun, curé de Meloisey) 488 Nicolas Bouesseau [n°900] (conseiller à la chambre des comptes de Dijon, père d’Étiennette Bouesseau [n°64]) 87 Nicolas Broquart [n°487] (procureur St-Andoche) 203 Nicolas Chifflot [n°490] (procureur St-Andoche) 203 Nicolas de Beurey (chanoine d’Autun, curé de Vendenesse) 485 Nicolas de Bèze (official d’Autun) 253 Nicolas Dessertot [n°365] (receveur St-Andoche) 418, 459, 500 Nicolas IV (pape) 163 Nicolas Rolin (Autunois, chancelier du duc) 306, 314, 459, 470 Nicolas V (pape) 178, 364 Nier (du).  Voir Marguerite Norsereto (de).  Voir Guiot Obert (abbé de Sainte-Marguerite) 73, 75, 76 Odde (femme d’Alexandre de Montaigu) 232 Oderde (femme de Guy de Châteauneuf ) 233 Odet Bruley 263 Odile de Vienne [n°861] (curé de Nolay) 209, 211 Odilon (saint, abbé de Cluny) 45 Odon dit Pessot (chevalier de Langres, père d’Isabelle [n°132]) 70, 91 Odot de Vieux Château 307 Official (dit l’).  Voir Humbert Oigny (d’) famille 99 Oigny de Dornay (d’).  Voir Yolande;  Voir Jeanne Oiselet (d’).  Voir Guillemette;  Voir Perrenelle Oiselet (madame d’) 419, 420

623

Oiselet/Oiselay (d’) famille 91, 92, 95, 99, 101 Orges (d’).  Voir Alice Orle (d’).  Voir Catherine Orsey (d’).  Voir Hugues Ossendis (rel. St-Andoche) 182 Ostun (d’).  Voir Guy ;  Voir Pierre Oudette [n°147] (rel. St-Andoche) 71 Oudote (servante de Jeanne de Couches [n°44]) 190 Oudry (d’).  Voir Jean Outre-Loire (d’).  Voir Jacquette ;  Voir Alice Oye (alias d’).  Voir Luzy alias d’Oye Paillart.  Voir Philibert Palastre (lou).  Voir Perreau pape 40, 69, 71, 100, 111, 118, 151, 156, 157, 162, 163, 164, 166, 203, 204, 208, 270, 272, 363, 364, 365, 366, 476.  Voir Grégoire le Grand ;  Voir Jean XXII ;  Voir Sixte IV ;  Voir Honorius III ;  Voir Honorius IV ;  Voir Nicolas IV ;  Voir Benoît XII ;  Voir Urbain V ;  Voir Alexandre VI ;  Voir Nicolas V ;  Voir Lucius III ;  Voir Boniface VIII Pariset.  Voir Jean Pariset (cellérier de Pommard) 263 Pariset de Saint-Gervais (clerc) 483 Passelat.  Voir Jean Patez.  Voir Pierre Pautaz (de).  Voir Hugues Peaul d’Oye.  Voir Marguerite ;  Voir Mathélie Pectorios (inscription) 34 Pelletier.  Voir Hugues Pellis.  Voir Gilles Penault.  Voir Pierre Perenelle.  Voir Gilles Perreau dit Vellain (de Savigny-lès-Beaune) 323.  Voir Perrone, sa femme Perreau Doyen (petit-fils de Jean [n°333] doyen d’Ormancey) 193 Perreau lou Palastre (de Senailly) 325.  Voir Guillaume, son fils

624 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel Perrenelle d’Oiselet [n°95] (rel., sac. St-Jean) 99, 109, 147, 151, 431 Perrenelle de Vienne [n°52] (rel. St-Andoche, abb. St-Jean) 88, 90, 118, 144, 150, 154, 155, 156, 164, 166, 170, 179, 211, 401, 421, 426, 427 Perrenet Pillet dit de Saint-Gervais 325 Perrenet Raolin (paroissien de Saint-Pierre Saint-Andoche) 311.  Voir Raolinat, son fils Perrenet Raolin [n°994] (paroissien de Saint-Pierre Saint-Andoche) 459 Perrenette.  Voir Jean Perrenette (femme de Jean de Mehevre) 306 Perrenette [n°312] (converse St-Andoche) 142, 143 Perrenette de Clugny [n°286] (rel. St-Jean) 88, 114 Perrenin de Plaigne 280 Perrenot (alias).  Voir Naudin alias Perrenot Perrenot (fils d’Agnès Preufame) 327 Perret.  Voir Mathieu Perrette de Cussigny (rel. St-Andoche au xvie siècle) 91, 107, 113 Perrin (fils d’Humbaud de Dornes) 228 Perrin (frères) 245 Perrin Chevrat 277 Perrin d’Arcy 228.  Voir Jeannette, sa veuve Perrin de Laisy 500.  Voir Perronette, sa veuve Perrin des Plaines (garde du trésor des chartes de Poligny) 280 Perrin dit Le Bouler.  Voir Perrot dit Laynerat Perrin Loupier (bourgeois de Saint-Pierrele-Moûtier) 228.  Voir Renaud, son fils Perrin Placier 245 Perrone (femme de Perreau dit Vellain) 323 Perrone de Dijon [n°920] (mère de Brocart [n°318] prévôt de Saint-Andoche) 494 Perronette [n°1037] (veuve de Perrin de Laisy) 500 Perrot dit Lanerat (de Cirey) 323, 324 Perrot Graillot (cordonnier d’Autun) 247 Perrotte (servante d’Alice de Brazey [n°45]) 190

Pesmes (de).  Voir Aimoin Pessot.  Voir Odon dit Pessot (de) famille 95 Petit Jean.  Voir Jean Petit Jehan (cuisinier de l’abbesse de St-Andoche) 189, 190, 395 Pétronille d’Anox (suivante d’Yolande d’Oigny [n°79]) 191 Philibert Curnillot (de Saint-Sernin) 501.  Voir Guillemette Lagrasse, son épouse Philibert de Montagu (seigneur de Cou­ ches) 424 Philibert du Croux (de Broye) 308 Philibert Le Vault (vicaire de Nolay) 211 Philibert Paillart [n°703] (conseiller St-Jean, chancelier du duc) 205, 281 Philibert Pin 229, 245, 277 Philiberte (femme d’André Chapuis) 459 Philiberte Bouesseau (rel. St-Andoche au xvie siècle) 87, 91, 107, 430.  Voir Étiennette Bouesseau (n°64) sa sœur Philiberte d’Alonne [n°189] (rel. St-Andoche) 91 Philiberte de Bernault (pr. Champchanoux) 116 Philiberte de Busseuil (mère de Louise de Clugny d’Alonne [n°24)] 369 Philiberte de Damas [n°303] (rel. St-Jean) 147 Philiberte de Marcilly [n°279] (rel. St-Jean) 109, 151 Philiberte de Massey [n°154] (rel. St-Andoche) 289 Philippe Anthouard 146 Philippe de Clèves (évêque d’Autun au xvie siècle) 365 Philippe de Clugny [n°89] (rel., pr. St-Jean) 88, 109, 114, 144, 146, 148, 151, 410 Philippe de Cussigny [n°288] (rel. St-Jean) 113 Philippe de Montagu 111 Philippe de Rouvres (duc de Bourgogne, 1349-1361) 128, 255, 266, 486

Index des personnes Philippe de Vienne 120 Philippe des Forestiers [n°1023] (paroissien de Saint-Jean-le-Grand) 146, 462, 501 Philippe le Bon (duc de Bourgogne, 14301467) 70, 296, 320 chambellan de 102.  Voir Jacques de Choiseul-Traves Philippe le Hardi (duc de Bourgogne, 13601404) 31, 112, 252, 346, 486, 507 Picaud.  Voir Jean Piémire.  Voir Jean Pierre Ardinet (closier, gendre de Guillaume Le Main) 461 Pierre Audier (chanoine d’Autun, curé de Saint-Jean de la Grotte) 486 Pierre Benot (abbé de Saint-Bénigne de Dijon) 504 Pierre Bernaudet [n°1024] (habitant du bourg Saint-Andoche) 494 Pierre Boisselier [n°602] (procureur, chapelain St-Jean, curé de La Celle) 201, 206, 281 Pierre Boisselier [n°611] (procureur St-Jean, serviteur d’Alice de Brazey [n°45]) 190, 201, 505 Pierre Chappet (chapelain de la cathédrale) 486 Pierre Corneaux (curé de Brion) 485 Pierre Cornu 260 Pierre d’Ostun [n°912] (seigneur de Montjeu) 447, 462 Pierre Daransete (coseigneur de Corcelles) 337 Pierre Daransete (seigneur de Corcelles) 336, 337 Pierre de Brazey (seigneur de Vesigneux) 108 Pierre de Buys (habitant du bourg SaintJean) 306 Pierre de Chastellux (cordelier) 316 Pierre de Châteauneuf (seigneur de Châteauneuf ) 485 Pierre de Clugny [n°590] (avocat de l’abbesse de St-Andoche) 199, 267 Pierre de Clugny [n°590 ?] (bailli de Château-Chinon) 200

625

Pierre de Cordesse [n°783] (curé de Curgy) 254, 256 Pierre de Gésort [n°955] (chanoine d’Autun) 489 Pierre de La Guiche (bailli d’Autun et Montcenis) 155 Pierre de Marcilly (évêque d’Autun au xvie siècle) 179, 357 Pierre de Masoncle [n°363] (receveur, procureur, chapelain St-Andoche) 197, 200, 212, 358 Pierre de Montagu (seigneur de Mâlain) 391 Pierre de Pognières (seigneur de Belâbre) 102 Pierre de Reilhac [n°409] (procureur St-Andoche) 266 Pierre de Senailly (seigneur de Senailly) 344 Pierre de Sommant (chanoine d’Autun et de Beaune) 484 Pierre de Tournus [n°411] (procureur St-Andoche) 266 Pierre de Trena [n°633] (procureur St-Jean) 203 Pierre dit Baronois 233 Pierre dit Tatechèvre 471, 501.  Voir Gérard, son fils Pierre du Bois [n°552 ?] (barbier) 198, 199 Pierre du Bois [n°552] (procureur St-Andoche) 198, 199 Pierre Gilon (prêtre) 290 Pierre Le Leaul [n°728] (curé de Viévy) 305, 494 Pierre Monstule [n°724] (chapelain St-Andoche) 186 Pierre Patez [n°850] (curé de Saint-Michel de Grozon) 280 Pierre Penault [n°450] (procureur, chapelain St-Andoche) 184, 415, 490, 491 Pierre Primery [n°417] (procureur St-Andoche) 197 Pierre Pucens [n°631] (procureur St-Jean) 203 Pierre Rolin (archidiacre d’Autun, protonotaire pontifical) 110, 152, 167 Pierre Talepain (chanoine d’Autun, abbé de Saint-Étienne-l’Étrier) 279, 280

626 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel Pierre Tuchet [n°847] (vicaire de Colonne) 256 Pierre Tylou (gendre de Thomas de Dornes) 173, 333, 345 Pierre Villart de Voulenet (sergent royal) 254 Pierre Volu [n°377] (receveur, procureur StJean, curé Sainte-Radegonde, curé La Celle) 146, 147, 195, 201, 202, 209, 490, 501 Pignier.  Voir Guy Pillet dit de Saint-Gervais.  Voir Perrenet Pillot.  Voir Jean famille 202 Pin.  Voir Gérard ;  Voir Philibert Pitois.  Voir Hugues Pitois de Chaudenay.  Voir Françoise Placier.  Voir Perrin Plaigne (de).  Voir Jean ;  Voir Perrenin Plaigne/Les Plaines (de) famille 280 Plaines (des).  Voir Perrin ;  Voir Aubriet Pognières (de).  Voir Balâbre de Pogniè­ res ;  Voir Catherine ;  Voir Pierre Poiretat (le).  Voir Jean Polycarpe (saint, évêque de Smyrne) 30, 33 Pomert.  Voir Jean Ponce de Grosbois 73, 75.  Voir Élisabeth, sa femme Poncet [n°311] (convers St-Andoche) 142, 143 Pont (du).  Voir Jean ;  Voir Guillemin Pontailler (de).  Voir Isabeau Popon.  Voir Jean Porcepuce.  Voir Thiebaut Porrenelli.  Voir Jean Pothin (saint) 31 Pragmace (saint, évêque d’Autun) 374 reliques 372 Preufame.  Voir Agnès Primery.  Voir Pierre Proudon.  Voir Jean Pucens.  Voir Pierre

Quanteaul.  Voir Ferry Quartier famille 202 Quentin Maitre (boucher autunois) 234 Quinart.  Voir Hugues Rabiot (de) famille 460 Rabutin (de).  Voir Claude ;  Voir Louise ;   Voir Amé ;  Voir Hugues ;  Voir Sébastien ;  Voir Cyprien ;  Voir Antoinette ;  Voir Damas famille 88, 109, 110, 115 Rachin.  Voir Jean Racho (saint, évêque d’Autun) 38, 374 Radegonde (sainte, reine des Francs) fête 380 reliques 43, 373 Raffin.  Voir Jean Ragembald (donateur à Saint-Andoche) 59 Ranoy (du).  Voir Guy Raolin.  Voir Perrenet ;  Voir Gérard Raolin/Rolin famille 509 Raolinat (fils de Perrenet Raolin, paroissien de Saint-Pierre Saint-Andoche) 311 Raoul (de Curgy) [n°706] (chapelain St-Andoche) 217 Raoul (roi des Francs) 44, 53 diplôme 53 Raoul Regomer (prêtre) 183 Rappes.  Voir Jean Raveloux (de).  Voir Guillaume Rechoygne Voisin (de).  Voir Marguerite Régnier dit Le Normand.  Voir Simon Regomer.  Voir Raoul Reilhac (de).  Voir Pierre Renarde (la).  Voir Jeanne Renaud (comte de Bourgogne) 61, 62, 269 Renaud (de Cirey) 323 Renaud [n°309] (doyen de Curgy, convers St-Andoche 141, 142, 143, 230 Renaud [n°320] (doyen St-Andoche) 237 Renaud Adelene (de Meloisey) 500 Renaud de Repas 483.  Voir Élisabeth, sa veuve

Index des personnes Renaud dit Brulez [n°316] 144 Renaud Guilat [n°629] (procureur St-Jean) 203 Renaud Lambert [n°344] (maire et juge, procureur St-Jean, procureur St-Andoche) 289 Renaud Loupier (fils de Perrin Loupier) 228 Renaud Maubernard (évêque d’Autun) 81 Renaud Salemon (de Nanteuil, dépendant de Saint-Andoche) 327 Renaud Vigier.  Voir Élisabet, son épouse Renaude de Vichy [n°149] (rel. St-Andoche) 95 Renault Boere 245 Rénier.  Voir Simon ;  Voir Jean Renier Morin (de Volnay) 407.  Voir Michelet, son fils Repas (de).  Voir Renaud Rethel (de).  Voir Jeanne Rhétice (évêque d’Autun) 30 Richard de Montbéliard 485.  Voir Isabeau de Pontailler, sa veuve Richildis [n°32] (abb. St-Jean) 62 Rigaud.  Voir Eudes Robert (clerc de l’abbesse de Saint-Andoche) 190, 395 Robert de Baubigny (abbé de Saint-Étienne de Dijon) 504 Robert de Drées 111 Robert de Martinpuits (bailli d’Autun) 292, 384, 414 Robert de Montbouton (curé de Dom­ pierre-sous-Sanvignes) 247, 328 Robert Geliot (de Cirey) 230 Robert Hurault (archidiacre d’Autun) 179 Robert II [n°973] (duc de Bourgogne, 1272-1306) 487, 496 Robert III (comte de Flandre) 335 Robert le Diable.  Voir Robert de Martinpuits Rodolphe de Léer (chevalier) 372 Rodulphus (moine de La Ferté) 217 Roger dit de La Combe 235 Rogloiz.  Voir Gérard Rohan (de).  Voir François Roignat (dit lou).  Voir Gauthier

627

Rolin.  Voir Pierre ;  Voir Jean ;  Voir Nicolas Romier.  Voir Hugues Roquette (de).  Voir Gabriel Rose [n°928] (femme d’Henri de Curgy) 494 Roseix (de).  Voir Gérard Rougeot.  Voir Guillemin Rouvray (de).  Voir Étiennette Roy (le).  Voir Guillaume Rubelles (de).  Voir Michel Saint-Andoche (de).  Voir Anseric;  Voir Henri Sainte-Franchise (de).  Voir Alice Saint-Gélins (dit de).  Voir Brunet Saint-Gervais (de).  Voir Pillet dit ;  Voir Pariset Saint-Julien de Balleure (plan) 382, 446, 448, 452, 454 Saint-Léger-sous-Beuvray (de).  Voir Guillaume Saint-Prix (de).  Voir Claude Saint-Romain (de).  Voir Jean Saint-Sernin (de).  Voir Jacquette Saint-Sernin-du-Plain (de).  Voir Bernard Saint-Symphorien (de).  Voir Gérard ;  Voir Guillaume Salemon.  Voir Renaud Salemon (de).  Voir Huguenin Salins (de).  Voir Marguerite ;  Voir Guigonne Sancey (de).  Voir Marguerite ;  Voir Agnès famille 92, 95 Sarre de Torcy [n°109] (rel. St-Andoche) 230, 406, 475, 479 Saudon (de).  Voir Lucette Saulieu.  Voir Jean Saulse. Voir Huguenin Saulvestre (valet St-Andoche lié à Curgy) 189 Saulx (de).  Voir Jean Sautrone (de).  Voir Guillemette Savigny (de).  Voir Guillaume ;  Voir Isabeau Schavesi (de).  Voir Églantine ;  Voir Yolande Sébastien (saint) reliques 372 Sébastien de Rabutin (prieur de La Madeleine de Charolles) 110

628 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel Segault.  Voir Simonnet Seguin de Beligny (chanoine d’Autun et de Beaune) 418, 485 Seignerat (frères) 245 Senailly (de).  Voir Guillaume ;  Voir Jean ;  Voir Pierre ;  Voir Antoine Seneret (de).  Voir Antoinette Senevoy (de) famille 92 Sennen (saint) reliques 372 Sens (de).  Voir Vincent Serue (de).  Voir Guillaume Sewin (comte) 58, 59 Sigebert (roi d’Austrasie) 27 Simon Aubert (sergent royal) 254, 479 Simon de Dinteville (chanoine d’Autun) 484 Simon de Vieux Château [n°864] (curé de Sainte-Radegonde) 208, 307 Simon Frelot [n°730] (chapelain, marguil­ lier St-Andoche) 184, 374 Simon Le Pelletier [n°430] (procureur St-Andoche) 290 Simon Régnier dit Le Normand 243 Simon Rénier 247 Simone de Chevigny (veuve de Guillaume [n°328] maire de Curgy) 233 Simone de Vienne (dame de Remiremont) 120 Simone de Vienne (rel. Champchanoux) 118 Simonnet Segault [n°1026] (pelletier, paroissien de Saint-Jean-le-Grand) 146, 501 Simplice (saint, évêque d’Autun) 374 reliques 371 Sivrey (de).  Voir Alice Sixte IV (pape) 110, 152, 157, 163, 164, 204 Sombernon (de).  Voir Montagu de Som­ bernon (de) Sommant (de).  Voir Thomas ;  Voir Pierre Souterrain (de).  Voir Tenarre de Souterrain (de) famille 109 Speusippe (saint) 33

Sully (de).  Voir Huguette ;  Voir Gau­ thier ;  Voir Guillaume Surtin.  Voir Jean Syagrius (évêque d’Autun) 27, 37, 38, 39, 40, 42, 43, 62, 354, 356, 362 reliques 47, 356, 371 Symoneaul.  Voir Jean ;  Voir Étienne Symphorien (saint, martyr d’Autun) 27, 31, 32, 33, 34, 37, 356, 374, 437 fête 379 Talepain.  Voir Pierre Tatechèvre (dit).  Voir Pierre Tavannes (maréchal de) 373 Tenarre de Souterrain (de).  Voir Jeanne Teotrade (femme du comte Sewin) 58 Testefort (de).  Voir Jeanne Thenissey (de).  Voir Agnès Théodore (saint) reliques 372 Thessalie [n°1] (abb. Ste-Marie d’Autun) 46, 365 Thevenin.  Voir Jean Thevenin (charretier St-Jean) 188 Thevenin Mugner (tanneur de Chaumont) 310 Thibault (saint) reliques 372 Thibault de Nevers (écuyer) 343 Thibault Masson [n°425 ?] (charpentier) 198 Thibault Masson [n°425] (procureur St-Andoche) 198 Thiebaut Porcepuce 330 Thierry II (roi de Burgondie puis d’Austrasie) 27 Thil (de).  Voir Guy (n°892) Thiroux (de) famille 460 Thoisy (de).  Voir Jean Tholot.  Voir Jean Thomas Baraud de Blancey [n°712] (curé de Curgy) 327 Thomas de Dornes (seigneur de Dornes) 228, 333, 345.  Voir Béatrice, sa fille ;  Voir Aremburgis, sa fille gendre 228.  Voir Pierre Tylou ;  Voir Guillaume Loupier (n°330)

Index des personnes Thomas de Sommant (vicaire de SaintLéger-du-Bois) 478 Thomasse de Damas [n°306] (rel. St-Jean) 147 Thyrse (saint, martyr de Saulieu) 31, 33, 34, 356, 374 Tintry (de).  Voir Claude Tixier.  Voir Jean Tixier-Damas (de) famille 460 Torcy (de).  Voir Sarre ;  Voir Hugues ;  Voir Jean Tormont (de).  Voir Jean Toulon (de).  Voir Nicolas Toulongeon (de) sœurs (rel. St-Andoche au xviie siècle) 73 Tournus (de).  Voir Pierre Tousard.  Voir Jean Trainel (de).  Voir Gile Traves.  Voir Choiseul-Traves (de) Traves (de).  Voir Marguerite Trena (de).  Voir Pierre Trezectez (de).  Voir Antoinette Trotedan (de).  Voir Catherine famille 95 Truffiers (dit).  Voir Milot Tuchet.  Voir Pierre Tuicey (de).  Voir Gérard Tybert dou Carrouge 471 Tylou.  Voir Pierre Urbain V (pape) 163, 426 Vaillant.  Voir Jean Vairot.  Voir Gérard Valier.  Voir Jean Vallet (dit).  Voir Gérard Vandenesse (de).  Voir Gérard Vandôme (de).  Voir Marie Varas (de).  Voir La Palu de Varas (de) Varennes (de).  Voir Marguerite Varot de Larue.  Voir Hugues Vasin.  Voir Guillaume Vastelet.  Voir Giraudin Vaudrey (de).  Voir Jean ;  Voir Jeanne ;  Voir Huguenin ;  Voir Catherine famille 92, 369

629

Vaux (de).  Voir Jacquette ;  Voir Isabelle ;  Voir Michel Vellain (dit).  Voir Perreau Venance Fortunat 37 Venue.  Voir Michel Verdeaul (de).  Voir Jacques Vergoncey (de).  Voir Guillaume Vergy (de).  Voir Gile ;  Voir Guy ;  Voir Jean ;  Voir Henri ;  Voir Hugues ;  Voir Guillaume Vernissy.  Voir Guillaume Vesigneux (de).  Voir Brazey de Vesigneux (de) Vianges (de).  Voir Jeanne Viaul.  Voir Jacques Vichy (de).  Voir Claude ;  Voir Renaude Vienne (de).  Voir Perrenelle ;  Voir Denise ;  Voir Jacquette ;  Voir Henriette ;  Voir Marie ;  Voir Marguerite ;  Voir Guiotte ;  Voir Guillaume ;  Voir Jeanne ;  Voir Anne ;  Voir Simone ;  Voir Louise ;  Voir François ;  Voir Philippe ;  Voir Odile ;  Voir Jean famille 88, 90, 92, 95, 99, 101, 118, 119, 120, 155 Vieux Château (de).  Voir Simon ;  Voir Odot Vigier.  Voir Renaud Villart de Voulenet.  Voir Pierre Villiers (de).  Voir Alice;  Voir Guillaume Vincent.  Voir Jean Vincent de Sens [n°366] (receveur St-Andoche) 195, 311, 399, 401, 459, 500.  Voir Jeanne, son épouse Viserney (de).  Voir Échard ;  Voir Jean Volu.  Voir Guillaume ;  Voir Pierre famille 201 Vosne (de).  Voir Josbert Voulenet (de).  Voir Villart de Voulenet Widrade (fondateur de Flavigny) 43, 62

630 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel Winricus (donateur à Saint-Andoche) 59 Yolande d’Oigny de Dornay [n°79] (rel., pr. St-Jean) 99, 107, 149, 191, 229, 406, 407

Yolande de Bourgogne (comtesse de Nevers) 335 Yolande de Schavesi [n°119] (rel. St-Andoche) 107, 407, 408

Index des lieux Seul le volume 1 (Texte) a été indexé. Accoron (ruisseau à Autun) 28 Aix-la-Chapelle (Allemagne, Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, ville-arrondissement) concile de 398 Allier (affluent de la Loire) 146, 336, 389 Alonne (Saône-et-Loire, c. Mesvres, com. La Chapelle-sous-Uchon) seigneur de.  Voir Louis d’Alonne Angers (Maine-et-Loire, ch-l. dpt).  Voir Le Ronceray (abbaye de femmes) Angleterre 72, 98, 148, 149, 158, 187, 386, 387, 391, 402, 404, 405, 412 archevêques de 70 évêques de 70 rois de 70 Anost (Saône-et-Loire, c. Lucenayl’Évêque).  Voir Roussillon Antigny (Côte-d’Or, c. Arnay-le-Duc, com. Foissy) dame de.  Voir Isabeau de Pontailler Antully (Saône-et-Loire, c. AutunSud).  Voir Planoise (bois de) curé de.  Voir Pierre de Masoncle (n°363) Arfeuille (Saône-et-Loire, c. La Guiche, com. Marizy) 61, 72 Arles (Bouches-du-Rhône, ch-l. ar.) 42, 43 concile de 30 Arnay-le-Duc (Côte-d’Or, ch-l. c.) 219, 485.  Voir Gillot Duillart archiprêtré 208 mesure 218, 291, 411 Arras (Pas-de-Calais, ch-l. dpt) 135 paix de (1414) 296 Arroux (affluent de la Loire qui arrose Autun) 28, 95, 122, 145, 219, 220, 304, 305, 451, 471, 507 vallée 219

Arroux (d’). faubourg d’Autun 292 pont à Autun 234, 453, 454 porte romaine d’Autun 46, 304, 306, 451, 452, 453, 454 rue d’Autun dans le bourg Saint-Jean-leGrand 452 Artois comtesse de.  Voir Jeanne de France Athie (Côte-d’Or, c. Montbard) 326 Aubigny-la-Ronce (Côte-d’Or, c. Nolay) 254 communauté 265 dîme 477 redevances 265 Aumont ( Jura, c. Poligny) confrérie du Saint-Esprit 470 cure 207 curé de 280 dîme 474, 477 droit de gîte 280 Austrasie reine de.  Voir Brunehaut roi de.  Voir Sigebert ;  Voir Childebert II ;  Voir Thierry II Autun.  Voir Saint-Georges-des-Bois (prieuré de femmes) ;  Voir PierreCervau (prieuré de femmes) ;  Voir Mondru ;  Voir Les Chau­ mottes ;  Voir La Genestoye ;  Voir Fleury ;  Voir Planoise (bois de) ;  Voir Couhard archidiacre de.  Voir Pierre Rolin ;  Voir Robert Hurault ;  Voir Aimoin de Pesmes (n°957) archiprêtre de.  Voir Hugues de Dracy ;  Voir Hugues ;  Voir Gérard de Dracy (n°954) capitaine de.  Voir Hugues de Montjeu

632 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel cathédrale 36, 37, 44, 51, 81, 114, 120, 168, 169, 266, 303, 314, 353, 354, 379, 381, 382, 435, 464, 484, 488, 492, 504, 505, 509, 510, 514.  Voir Saint-Nazaire d’Autun ;  Voir Saint-Lazare d’Autun cathédrale (baptistère) 37, 441 cathédrale (chapelle dorée) 114 chancellerie 257 chanoines de 69, 119, 418, 464, 504.  Voir Pierre Rolin ;  Voir Jean Hue (n°960) ;  Voir Jean Charnot (n°676) ;  Voir Jean de Montchanin ;  Voir Jean Petit Jean ;  Voir Robert Hurault ;  Voir Jacques Boisserand (n°932) ;  Voir Nicolas de Bèze ;  Voir Pierre Talepain ;  Voir Jean de Bourbon ;  Voir Humbert dit l’Official (n°948) ;  Voir Seguin de Beligny ;  Voir Gauthier de Saint-Symphorien (n°865) ;  Voir Guillaume de Vergoncey ;  Voir Humbert d’Autun (n°950) ;  Voir Jean de Bourbon (n°956) ;  Voir Hugues Pautaz ;  Voir Simon de Dinteville ;  Voir Jacques de Verdeaul ;  Voir Guy de Limanton ;  Voir Pierre de Sommant ;  Voir Jean Mangeard ;  Voir Mathurin Huault ;  Voir Jean Moret ;  Voir Nicolas de Beurey ;  Voir Bureau de Maisons-Comte ;  Voir Pierre Audier ;  Voir Barthélemy Munier ;  Voir Gérard de Dracy (n°954) ;  Voir Gérard Naudin ;  Voir Pierre de Gesort (n°955) ;  Voir Aimoin de Pesmes (n°957) ;  Voir Barthélemy de Clugny ;  Voir Ferry de Clugny ;  Voir Guillaume de Clugny ;  Voir Jean de Clugny ;  Voir Henri de Clugny ;  Voir Jacques de Genay ;  Voir Jocerand de Gigney (n°958) chantre de.  Voir Jean Moret chapelain de la cathédrale.  Voir Pierre Chappet

chapitre cathédral 18, 44, 155, 211, 220, 221, 266, 303, 313, 315, 316, 318, 319, 320, 334, 355, 357, 381, 464, 471, 490, 491, 492 collégiale.  Voir Notre-Dame comte de.  Voir Heccard confrérie.  Voir Saint-Jean ;  Voir Saint-Sacrement ;  Voir Saint-Sébastien ;  Voir Saint-­ Andoche ;  Voir Corps Dieu ;  Voir Trinité ;  Voir Saint-Esprit ;  Voir Sainte-Anne ;  Voir Sainte-­ Barbe ;  Voir Saint-Antoine ;  Voir Saint-Honoré ;  Voir Saint-­ Hubert ;  Voir Sainte-Reine cordeliers 172 cour 173 diocèse 30, 219, 221, 315, 456 doyen de 198.  Voir Ferry de Clugny ;  Voir Jean Hue (n°960) ;  Voir Jean de Bourbon doyen du chapitre 355 église.  Voir Saint-Étienne-l’Étrier ;  Voir Saint-Pierre-l’Étrier église paroissiale 314, 482.  Voir Saint-Jean de la Grotte ;  Voir Saint-Jean-le-Grand ;  Voir Saint-Pierre Saint-Andoche ;  Voir Saint-Jean l’Évangéliste ;  Voir Saint-­Pancrace  ;  Voir Saint-­ André ;  Voir Saint-Quentin ;  Voir Saint-Blaise ;  Voir Notre-Dame du Château établissement religieux féminin.  Voir Sainte-Marie ;  Voir Saint-­ Andoche ;  Voir Saint-Jean-leGrand établissement religieux masculin.  Voir Saint-Symphorien ;  Voir Saint-Martin ;  Voir Saint-­ Racho ;  Voir Notre-Dame (collégiale) évêque de 30, 35, 36, 40, 46, 58, 67, 69, 70, 80, 153, 162, 163, 165, 166, 167, 168, 169, 170, 178, 253, 259, 298, 303, 315, 334, 353, 354, 355, 356, 357, 358, 359, 362, 363,

Index des lieux 364, 366, 367, 370, 381, 418, 426, 515.  Voir Rhétice ;  Voir Léger (saint) ;  Voir Euphronius ;  Voir Nectaire ;  Voir Racho (saint) ;  Voir Racho (saint) ;  Voir Jonas ;  Voir Modoin ;  Voir Gautier ;  Voir Adalgarius ;  Voir Guillaume d’Auxonne ;  Voir Hélias Guidonis ;  Voir Nicolas de Toulon ;  Voir Antoine de Chalon ;  Voir Jean d’Arcis ;  Voir Guillaume de Vienne ;  Voir Gauthier ;  Voir Jean Rolin ;  Voir Barthélemy ;  Voir Jacques Hurault ;  Voir Pierre de Marcilly ;  Voir Guy de La Chaume ;  Voir Louis Dony d’Attichy ;  Voir Geoffroy David ;  Voir Milon de Grancey ;  Voir Philippe de Clèves ;  Voir Simplice (saint) ;  Voir Cassien (saint) ;  Voir Pragmace (saint) ;  Voir Ferry de Grancey ;  Voir Guy de Vergy ;  Voir Gérard de La Roche Beauvoir ;  Voir Heriveus ;  Voir Renaud Maubernard ;  Voir Hugues d’Arcis ;  Voir Jacques de La Roche ;  Voir Amator (saint) évêque élu de 354, 357, 358, 362 faubourg.  Voir Arroux ;  Voir Saint-­André mesure 185, 299, 411 notaire public de.  Voir Jean d’Aiguemortes (n°550) official de 69, 154, 155, 170, 174, 178, 263, 319, 352, 366, 471, 472, 477.  Voir Nicolas de Bèze ;  Voir Humbert dit l’Official (n°948) ;  Voir Guillaume de Clugny ;  Voir Jean de Clugny officialité 264, 310, 336 place.  Voir Champ Saint-Ladre prévôt de l’Église de. Voir Guy de ­Limanton  ;  Voir Jacques de La Roche quartier.  Voir bourg Saint-­ Andoche ;  Voir bourg SaintJean ;  Voir Chaumont ;

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 Voir Château ;  Voir ville haute receveur de.  Voir Guillaume Vernissy (n°372) rue.  Voir Masoncle ;  Voir Chaumont ;  Voir Bouchers ;  Voir Fraigne ;  Voir Chauchien ;  Voir Bancs ;  Voir Prévain ;  Voir La Corvée ;  Voir Châtelet ;  Voir Pont Saint-Andoche ;  Voir Arroux ;  Voir Saint-Pierre ;  Voir Saint-Christophe ;  Voir Rats ;  Voir Pétousot ruelle.  Voir Saint-Jean siège épiscopal 162 statut synodal (1299) 413 vierg de 112, 255, 311, 319, 320 Autun et Montcenis bailliage 289, 290, 385, 390 bailli de 112, 128, 155, 170, 253, 256, 257, 261, 312, 315, 319, 346, 487.  Voir Pierre de La Gui­ che ;  Voir Robert de Martinpuits Auvergne 95 comtesse de 60 Auxerre (Yonne, ch-l. dpt) 28, 326.  Voir Saint-Julien (abbaye de femmes) ;  Voir Saint-Germain (abbaye d’hommes) ; comté 244 Auxey-Duresses (Côte-d’Or, c. BeauneNord) 410 Auxois (région du Nord-Est de la Bourgogne) bailli de.  Voir Guillaume de Clugny (n°996) Auxy (Saône-et-Loire, c. Autun-Sud).  Voir Centoperas (forêt de) ;  Voir La Porcheresse ;  Voir Pierre-­ Luzière ;  Voir Planoise (bois de) ; Voir Repas Aval (bailliage en Comté autour de Salins) 280 Avallon (Yonne, ch-l. ar.) archidiacre de.  Voir Jean de Bourbon (n°956);  Voir Bureau de Maisons-Comte ;  Voir Barthélemy

634 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel de Clugny ;  Voir Guillaume de Clugny Avignon (Vaucluse, ch-l. dpt) évêque de 80 Azy-le-Vif (Nièvre, c. Saint-Pierre-leMoûtier) 55, 216 Ballore (Saône-et-Loire, c. La Guiche) 109, 197, 219, 291.  Voir Gérard de La Faye ;  Voir Chaintry curé de 465, 477.  Voir Cyprien de Rabutin ;  Voir Guillaume Volu (n°376) dîme 475, 477 église 219, 465, 490 paroisse 211 paroissiens 466 patronage 454 possessions 291, 346 seigneur de.  Voir Amé de Rabutin Bancs (des) porte de l’enceinte restreinte d’Autun, entrée du quartier canonial 355, 356, 357, 416, 418, 451 rue d’Autun à la limite du quartier St-Andoche et de la ville haute 307 Bard-le-Régulier (Côte-d’Or, c. Liernais) 216 prieur de 198, 264.  Voir Étienne de Brazey prieuré d’hommes 202, 264 Bassum (Allemagne, Land de Basse-Saxe, arr. Diepholz) abbesse de 9 Batis (Côte-d’Or, c. Beaune-Sud, com. Ébaty) bois des 385 Baudots (chapelle de l’église paroissiale Saint-Pierre Saint-Andoche) 439, 440 Baume-les-Dames (Doubs, ch-l. c.) chapitre de dames nobles 100 dame de.  Voir Jeanne d’Amoncourt Beaujeu ( ? Rhône, ch-l. c.) dame de.  Voir Jeanne de Châteauvillain

Beaune (Côte-d’Or, ch-l. ar.) 198, 201, 202, 203, 217, 219, 240, 280, 289.  Voir Jean Martenot ;  Voir Notre-Dame (collégiale) chanoines de 343.  Voir Pierre de Sommant ;  Voir Seguin de Beligny ;  Voir Henri Boisserand (n°754) ;  Voir Jean de Clugny (n°753) ; Voir Joce­ rand de Gigney (n°958) collégiale 343 côte 216, 218, 219, 220, 251, 388 cour 196, 266, 340 cour d’appel 203, 250, 257, 311, 330, 338, 339, 340 échevin de 307 maire et échevins de 259 mesure 337, 405, 407, 491 notaire de 397 pagus, 59 prévôt de 340 Belâbre (Indre, ch-l. c.) seigneur de.  Voir Pierre de Pognières Belgique 141 Berry 95, 101 duché 244 Bersaillin ( Jura, c. Poligny) dîme 474, 476 sergenterie 206, 249 Besançon (Doubs, ch-l. dpt) 28, 33, 196, 202.  Voir Ferréol (saint) ;  Voir Ferjeux (saint) archevêché 246 archevêque de 207.  Voir Charles de Neufchâtel cour d’appel 203 diocèse 162, 219, 456 procuration 476 Bessy-sur-Arroux (Saône-et-Loire, c. Gueugnon, com. Uxeau) 342 Bèze (Côte-d’Or, c. Mirebeau-surBèze).  Voir Saint-Pierre (abbaye d’hommes) Bibracte 27, 28 Bierry-les-Belles-Fontaines (Yonne, c. Guillon) seigneur de.  Voir Jean de Coupreau

Index des lieux Bingen (Allemagne, Land de Rhénanie-Palatinat, arr. Mayen­ ce-Bingen) abbesse de.  Voir Hildegarde de Bingen Blanot (Côte-d’Or, c. Liernais) 216, 426 Bouchers (des) rue d’Autun dans le quartier Saint-Andoche 254, 305, 309, 314, 337, 409, 451 Bouhey (Côte-d’Or, c. Pouilly-en-Auxois) 260.  Voir Pierre Cornu Bouilland (Côte-d’Or, c. BeauneNord).  Voir Sainte-Marguerite (abbaye d’hommes) Bourbon-l’Archambault (seigneur de).  Voir Archambaud Bourbon-Lancy (Saône-et-Loire, chl. c.).  Voir Jean Moret seigneur de.  Voir Louis de La Trémouille Bourbonnais duché 244 bourg Saint-Andoche (quartier d’Autun) droit de queste 243, 248, 258, 309, 310, 337, 346 four banal 243, 304, 311 juridiction 318 justice 312, 319 marché 329 bourg Saint-Jean (quartier d’Autun) 172, 201, 400 foire 312, 329 four banal 311 justice 192, 312 marché 312, 319, 329 Bourges (Cher, ch-l. dpt) 28, 49 Bourgogne 511, 512 chancelier de 281.  Voir Philibert Paillart (n°703) ;  Voir Jean de Saulx comté 17, 62, 91, 92, 95, 99, 100, 203, 215, 218, 219, 221, 280, 292, 293, 296, 299, 347 comte de 347, 474.  Voir Renaud comtesse de.  Voir Jeanne de France ;  Voir Alix de Bourgogne cour 175 coutume 234, 235, 326, 333

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duc de 70, 111, 112, 117, 162, 169, 221, 259, 310, 313, 314, 315, 319, 324, 331, 338, 339, 342, 344, 346, 347, 486, 496, 510.  Voir Philippe le Bon ;  Voir Hugues III ;  Voir Eudes III ;  Voir Hugues IV ;  Voir Philippe le Hardi ;  Voir Philippe de Rouvres ;  Voir Eudes IV ;  Voir Jean sans Peur ;  Voir Hugues V duché 95, 215, 244, 253, 256, 259, 266, 292, 299, 303, 311, 331, 342, 346, 347, 368, 486 duchesse de 70, 112, 347.  Voir Marguerite de Flandres États de 303 vierg de.  Voir Gérard de Saint-Sympho­ rien (n°867) Boyer (Saône-et-Loire, c. Senne-­­ cey-le-Grand) 259, 387, 388 Brainans ( Jura, c. Poligny) chapelle Saint-Barthélemy 256, 477 Brazey = ? Brazey-en-Morvan (Côte-d’Or, c. Liernais) ou Brazey-en-Plaine (Côte-d’Or, c. Saint-Jean-deLosne) seigneur de.  Voir Guiot ;  Voir Geoffroy de Brazey Brêche (Saône-et-Loire, c. Autun-Sud, com. Curgy) 291 dîme 475 Brême (Allemagne, Land de Brême) archevêque de 9 Bresse (région bourguignonne en rive gauche de la Saône) 204 Brion (Saône-et-Loire, c. Mesvres) 243, 323.  Voir Corcelles ;  Voir ­Gueunand curé de.  Voir Pierre Corneaux Broye (Saône-et-Loire, c. Mesvres).  Voir Montjeu (montagne de) ;  Voir Charmeau ;  Voir Le Croux ;  Voir Hugues du Croux ;  Voir Philibert du Croux Burgondie reine de.  Voir Brunehaut roi de.  Voir Thierry II

636 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel Cambridge (Royaume-Uni, comté du Cambridgeshire).  Voir Sainte-Radegonde (abbaye de femmes) Cariote (porte à l’intérieur d’Autun) 169 Censerey (Côte-d’Or, c. Liernais).  Voir Nailly ;  Voir Reuillon ;  Voir Chappes Centoperas (Saône-et-Loire, c. Autun-Sud, com. Auxy) forêt de 58 Cervey (Côte-d’Or, c. Pouilly-en-Auxois, com. Marcilly-Ogny) 144, 229 revenus 229, 406 Cervon (Nièvre, c. Corbigny) chanoine de Saint-Eptade.  Voir Guy Barbier Chagny (Saône-et-Loire, ch-l. c.) 388 mesure 299, 474 Chailly-sur-Armançon (Côte-d’Or, c. Pouilly-en-Auxois) 254 Chaintry (Saône-et-Loire, c. La Guiche, com. Ballore) dîme 465 Châlons-en-Champagne (Marne, ­ch-l. dpt) 280 Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire, ch-l. ar.) 41, 91, 219, 320.  Voir Saint-Pierre (abbaye d’hommes) bailli de 256, 316, 332 chanoines de 69 comte de 236 côte 220, 251, 388 diocèse 30, 219 évêque de 259.  Voir Agricole (saint) ;  Voir Loup (saint) foire 295, 393 marché 389 Chambolle-Musigny (Côte-d’Or, c. Gevrey-Chambertin) 142 Champ Saint-Ladre (principale place publique d’Autun) 305 Champcery (Saône-et-Loire, c. Issyl’Évêque, com. Issy-l’Évêque) seigneur de.  Voir Jean Champchanoux (Saône-et-Loire, c. Mesvres, com. Saint-Eugène)

prieure de 18, 427.  Voir Antoinette de Bernault (n°277) ;  Voir Antoinette de Bernault ;  Voir Philiberte de Bernault ;  Voir Guiotte de Vienne (n°191) ;  Voir Étiennette de Mypont (n°182) prieuré de femmes 18, 19, 20, 68, 115, 116, 118, 369, 427, 483, 492, 519 religieuse de.  Voir Anne de Montagu Champlecy (Saône-et-Loire, c. Charolles) 210 curé de.  Voir Jean Boisselier (n°381) ;  Voir Gérard des Croux Champmol (Côte-d’Or, c. Dijon, com. Dijon) chartreuse funéraire des ducs de Bourgogne branche Valois 486 Champœcueillon (Saône-et-Loire, c. Épinac, com. Saint-Léger-duBois) 234, 479, 481 seigneur de.  Voir Geoffroy de Clugny ;  Voir Jean de Clugny seigneurie 478 Champs Rouget (lieu non identifié) dîme 465 Chappes (= ? Côte-d’Or, c. Liernais, com. Censerey) seigneur de 334 Charmasse.  Voir Charmeau Charmeau (Saône-et-Loire, c. Mesvres, com. Broye) 509 justice 192, 331, 509 possessions 509 prévôt de 193, 194, 284, 285, 286 prévôté 283 Charolais (région du Sud de la Bourgogne) bailli de 316, 333, 346 Charolles (Saône-et-Loire, ch-l. ar.).  Voir La Madeleine de Charolles (prieuré d’hommes) Chaseuil  ? Chazeu (Saône-et-Loire, c. Mesvres, com. Laizy) dîme 341 seigneur de.  Voir Jean de Vienne

Index des lieux Chassagne-Montrachet (Côte-d’Or, c. Nolay) 233, 237, 388.  Voir Le Pelletier curé de.  Voir Guillaume Vernissy (n°372) possessions 346 Chassenay (Côte-d’Or, c. Semur-en-Au­ xois, com. Vic-de-Chassenay) curé de.  Voir Guillaume Charpy seigneur de.  Voir Érard d’Arcis Chassignelles (Yonne, c. Ancy-le-Franc) 203 Château (quartier d’Autun).  Voir ville haute (quartier canonial d’Autun) Château-Chalon ( Jura, c. Voiteur) chapitre de dames nobles 77, 99, 100 dames de.  Voir Catherine de Vaudrey ;  Voir Jeanne de Vaudrey Château-Chinon (Nièvre, ch-l. ar.) bailli de.  Voir Pierre de Clugny Châteauneuf (Côte-d’Or, c. Pouillyen-Auxois) seigneur de.  Voir Pierre de Châteauneuf Châtelet (du) rue d’Autun dans le quartier Saint-Andoche 52, 309, 451 châtelet Saint-Andoche.  Voir bourg Saint-Andoche châtelet Saint-Jean.  Voir bourg Saint-Jean Chauchien rue d’Autun dans le quartier St-Andoche 199, 305, 306 Chaudenay-la-Ville (Côte-d’Or, c. Blignysur-Ouche) 258, 279.  Voir Jean Boutault l’Ancien droit de gîte 279 grange dîmière 222, 279, 420 Chaumes (Saône-et-Loire, c. Gueugnon, com. Rigny-sur-Arroux) prieuré de femmes 68, 130 Chaumont (de) quartier d’Autun hors des remparts, à proximité de Saint-Andoche 258, 307, 310, 409, 451, 470, 481, 489.  Voir Thevenin Mugner ;  Voir Guillaume Fouret

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rue d’Autun hors des remparts à proxi­ mité de Saint-Andoche 186, 260, 305, 309, 451 Chazeu (Saône-et-Loire, c. Mesvres, com. Laizy) mainmorte 327 Chelles (Seine-et-Marne, ch-l. c.) abbaye de femmes 36 Chevannes (lieu non identifié, vraisemblablement du Nivernais) seigneur de.  Voir Jeannin Bilho ;  Voir Jean Fouet Chevannes (Saône-et-Loire, c. Mesvres, com. Mesvres) 388 Chevigny (Côte-d’Or, c. Arnay-le-Duc, com. Viévy) 342 dîme 475 Chevigny (lieu non identifié) seigneur de 229 Chevigny-en-Valière (Côte-d’Or, c. Beaune-Sud) 219, 298 tierces 294 Chiddes (Saône-et-Loire, c. Saint-Bonnetde-Joux) curé de 150.  Voir Jean de Montchanin Cinq Plaies (chapelle secondaire ou autel de l’abbatiale St-Jean) 372 Cirey (Côte-d’Or, c. Nolay, com. Nolay) 223, 230, 276, 289, 388, 420.  Voir Robert Geliot ;  Voir Perrot dit Lanerat ;  Voir Renaud ;  Voir Giraud ;  Voir Gérarde gardes 249 grange 223 hôtel des religieuses 141, 155, 189, 276 justice 331 possessions 232, 235, 242, 346, 407, 413 prévôt de 285 receveur de.  Voir Gilles Perenelle (n°388) seigneurie 334 sergenterie 206, 249 taille 322, 323 Ciry-le-Noble (Saône-et-Loire, c. Toulon-sur-Arroux) 210, 216, 217, 236, 240, 243, 255, 287, 290,

638 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel 328.  Voir André Chapuis ;  Voir Jean de Corberry curé de.  Voir Léonard d’Alonne (n°776) droits 333 église 145, 456, 459 justice 231, 331, 332, 333 maison abbatiale 337 moulin 247, 329 patronage 57, 199, 454, 473 receveur de 287 redevances 230 revenus 291 seigneurie 342 Cissey (Côte-d’Or, c. Beaune-Sud, com. Merceuil) dîme 343 Cîteaux (Côte-d’Or, c. NuitsSaint-Georges, com. SaintNicolas-lès-Cîteaux) abbaye d’hommes, chef d’ordre 17, 73 moine de.  Voir Josbert Clermont (de) porte romaine d’Autun 46, 47 Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme, ch-l. dpt) 28, 49 Cluny (Saône-et-Loire, ch-l. c.) abbaye d’hommes, chef d’ordre 17, 61, 141, 425 abbé de.  Voir Odilon (saint) ;  Voir Jean de Lorraine ;  Voir Hugues (saint) connétable de l’abbé.  Voir Guillaume de La Douze Collonges-les-Châtaigniers (Saône-et-Loire, c. Autun-Sud, com. Curgy) 73 dîme 475 Colonne ( Jura, c. Poligny) 61, 203, 269, 342.  Voir Gérard dit Costaignez abbaye 270 curé de 476.  Voir Humbert Boicheon (n°846) ;  Voir Michel de Vaux (n°845) dîme 347, 474 domaine 271 droit de gîte 271, 279 église 203 hôtel des religieuses 276, 347 patronage 256, 294, 296, 477

possessions 274, 347 prieuré 269, 270, 271, 274 prieure de 270, 476 seigneurie 342 vicaire de.  Voir Pierre Tuchet (n°847) Conforgien (Côte-d’Or, c. Liernais) seigneur de.  Voir Henry de Clugny ;  Voir Guillaume de Clugny ;  Voir Jean de Clugny Contuleti (lieu non identifié) prieuré de femmes dépendant de Saint-Andoche 505 Corcelles (Saône-et-Loire, c. Mesvres, com. Brion) 322 Corcelles-les-Arts (Côte-d’Or, c. BeauneSud) 299 justice 331 mainmorte 327 seigneur de 336.  Voir Pierre Daransete ;  Voir Hérard Daransete Corpeau (Côte-d’Or, c. Nolay) possessions 347 Corps Dieu (confrérie d’Autun) 469 Couches (Saône-et-Loire, ch-l. c.) 424.  Voir Jean Estienne, alias Maistre archiprêtre de.  Voir Gauthier baron de 354 châtelain royal de 339 prieur de.  Voir Hugues de Montagu seigneur de 117.  Voir Hugues de Montagu ;  Voir Philibert de Montagu Couhard (Saône-et-Loire, c. Autun-Nord, com. Autun) église 416 Courlaoux ( Jura, c. Lons-le-Saunier Nord) seigneur de.  Voir Jean de Vaudrey Créot (Saône-et-Loire, c. Autun-Sud) dîme 477 Crisenon (Yonne, c. Vermenton, com. Prégilbert) abbaye de femmes 90, 117 abbesse de.  Voir Jeanne de Montagu (n°148) Crisy (Nièvre, c. Decize, com. Decize) 58 Cromey (Saône-et-Loire, c. Couches, com. Saint-Sernin-du-Plain) 182, 495

Index des lieux Curgy (Saône-et-Loire, c. Autun-Sud) 143, 193, 222, 226, 230, 231, 246, 254, 256, 260, 288, 291, 327, 388, 419, 420, 495.  Voir PierreCervau (prieuré de femmes) ;  Voir Collonges-les-Châtaigniers ;  Voir Savigny-le-Vieux ;  Voir Saint-Ferréol (chapelle) ;  Voir Vignotte (bois de) ;  Voir Nanteuil ;  Voir Brêche ;  Voir Paisey ;  Voir Saint-­ Denis-de-Péon ;  Voir Saulvestre ;  Voir Vergoncey ;  Voir Savigny-le-Jeune bergerie 223 colombier 226 confrérie Saint-Antoine 470 convers de St-Andoche.  Voir Renaud (n°309) ;  Voir Marion (n°310) ;  Voir Gérard Moley (n°314) ;  Voir Gilette (n°315) corvées 240 curé de 181, 256, 267, 380, 473, 477.  Voir Jean de Daucey (n°780) ;  Voir Pierre de Cordesse (n°783) ;  Voir Thomas Baraud de Blancey (n°712) ;  Voir Guy Morin (n°781) ;  Voir Guy du Fossé dîme 256, 475 doyen de 283.  Voir Renaud (n°309) ;  Voir Hugues écurie 226 église 456 élevage 223 étable 226 étang 223 fenil 222, 247 four 329 fournil 226 grange 222, 226 grenier 247 hôtel des religieuses 240, 276 justice 331 maire de 191, 192, 193, 194, 226, 283, 284, 285, 286.  Voir Gérard (n°327) ;  Voir Guillaume (n°328) ;  Voir ­Hugues (n°326) ;  Voir Hugues (n°323) ;  Voir Hugues (n°324)

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maison des religieuses 226 moulin 329 paroisse 316 patronage 57, 267, 473 seigneurie 327, 342 tenanciers de 239 Decize (Nièvre, ch-l. c.) 217, 389.  Voir Crisy ;  Voir Henri Coquille ;  Voir Jean Coquille prévôté 290 recteur de la Maison-Dieu.  Voir Guillaume de Savigny Demigny (Saône-et-Loire, c. ­Chagny) 217, 222, 254, 260, 299, 338, 474 chapelle Saint-Martial 474 chevaliers du Temple 474 curé de 254, 475 dîme 338, 474, 475 grange 222 justice 331 revenus 291 Denain (Nord, ch-l. c.) abbaye de femmes 57, 58 Dheune (affluent de la Saône, en rive droite) 219, 220, 390 vallée 219 Digoin (Saône-et-Loire, ch-l. c.) 28, 47 Digoine (Saône-et-Loire, c. Palinges, com. Palinges) baron de 354 Dijon (Côte-d’Or, ch-l. dpt) 31, 33, 34, 175, 197, 202, 203, 289, 425, 486, 510.  Voir Bénigne (saint) ;  Voir Saint-Bénigne (abbaye d’hommes) ;  Voir Larrey (abbaye puis prieuré de femmes) ;  Voir Saint-Étienne ­(abbaye d’hommes) ;  Voir Champmol (chartreuse) bailli de 170, 338, 339, 340.  Voir Guillaume de Clugny (n°996) Parlement 91 Dompierre-sous-Sanvignes (Saône-etLoire, c. Toulon-sur-Arroux) curé de.  Voir Robert de Montbouton

640 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel Dornes (Nièvre, ch-l. c.) 95, 202, 203, 216, 217, 228, 244, 278, 290, 333, 380.  Voir Ourroux ;  Voir Gemigny ;  Voir Jean Rachin bordelage 245, 345, 388 curé de 477.  Voir Hugues de Grandvaux (n°789) ;  Voir Guillaume de Compans (n°788) dîme 345, 477 dîme, redevances 173 droit de gîte 277 église 456, 478 étang 223, 247, 278, 385 four 329 justice 272 moulin 329 paroisse 235 paroissien de 295 patronage 473 possessions 419 prévôt de 193, 284, 285, 286 prévôté 345 revenus et droits 333 seigneur de 228, 331, 332.  Voir Jean Chauderon ;  Voir Guillaume Chauderon ;  Voir Thomas de Dornes seigneurie 206, 228, 345, 418, 419 Douai (Nord, ch-l. ar.).  Voir Prés (abbaye des, abbaye de femmes) Dracy-Chalas (Côte-d’Or, c. Arnay-leDuc, com. Viévy) dîme 475 Dracy-le-Fort (Saône-et-Loire, c. Givry) seigneur de.  Voir Jean de Choiseul-Traves Dracy-Saint-Loup (Saône-et-Loire, c. Autun-Nord) moulin 329, 507 seigneur de.  Voir Guy d’Ostun (n°986) seigneurie 342 Dragny/Draigney (Côte-d’Or, c. Nolay, com. Nolay) élevage 223 grange 222, 298 hôtel des religieuses 276 Drée (affluent de l’Arroux, en rive gauche) vallée 216

Ébaty (Côte-d’Or, c. Beaune-Sud).  Voir Batis (bois des) Écuelles (Saône-et-Loire, c. Verdun-sur-leDoubs).  Voir Molaise (abbaye de femmes) Elstow (Angleterre, Bedfordshire) abbaye de femmes 182 Épertully (Saône-et-Loire, c. Épinac) dîme 477 Épinac (Saône-et-Loire, ch-l. c.).  Voir Val-Saint-Benoît (prieuré d’hommes) Épiry (Saône-et-Loire, c. Couches, com. Saint-Émiland) 76 seigneur de.  Voir Amé de Rabutin ;  Voir Hugues de Rabutin ;  Voir Guillaume ;  Voir Claude de Rabutin Espirey.  Voir Épiry Fahanay.  Voir Fénay Farges (Saône-et-Loire, c. La Guiche, com. La Guiche) 61, 72 Faverney (Haute-Saône, c. Amance) abbaye de femmes 43 Fénay (Côte-d’Or, c. Gevrey-Chambertin curé de).  Voir Hugues Pautaz Ferreux-Quincey (Aube, c. Nogent-surSeine).  Voir Le Paraclet (abbaye de femmes) Flandre comte de.  Voir Robert III Flavigny (Côte-d’Or, c. Venarey-lesLaumes) abbaye d’hommes 486, 508 abbé de.  Voir Alexandre de Montagu archidiacre de.  Voir Jean Petit Jean fondateur de l’abbaye masculine.  Voir Widrade Fleury (Saône-et-Loire, c. Autun-Nord, com. Autun) 307 Florence (Italie, Toscane) 76 Foissy (Côte-d’Or, c. Arnay-le-Duc).  Voir Antigny Fonvens.  Voir Fouvent-Saint-Andoche Fouvent-Saint-Andoche (Haute-Saône, c. Champlitte) seigneur de.  Voir Jean de Vergy (n°879)

Index des lieux

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Fraigne (du). rue d’Autun dans la ville haute 91, 305, 306 France roi de 70, 161, 162, 252, 255, 257, 289, 314, 348, 362, 368, 373, 479, 496.  Voir Charles VIII ;  Voir Louis XII ;  Voir Louis XI ;  Voir François Ier ;  Voir Jean II le Bon ;  Voir Charles VI ;  Voir Charles VII Francie roi de.  Voir Childebert II Francs roi des 364.  Voir Charles le Chauve ;  Voir Charles le Gros ;  Voir Charles le Simple ;  Voir Raoul

Grosne = ? Beaumont-sur-Grosne (Saôneet-Loire, c. Sennecey-le-Grand) châtelain du duc 255 Groux (? Saône-et-Loire, c. La Clayette, com. La Chapelle-sous-Dun) taille 322 Grozon ( Jura, c. Poligny) 280 dîme 477 Grury (Saône-et-Loire, c. Issyl’Évêque).  Voir Montperroux curé de.  Voir Barthélemy Munier Gueunand (Saône-et-Loire, c. Mesvres, com. Brion).  Voir Guillaume corvée 322 grange 222 justice 192, 331 taille 322 tierces 294

Géanges (Saône-et-Loire, c. Verdun-sur-leDoubs, com. Saint-Loup-Géanges) 189, 222, 223, 240, 243, 260, 289, 290, 295, 298.  Voir Gérard Pin corvée 240 droit de gîte 279, 281 grange 222, 247 grenier 223 justice 108, 205, 331 mairie 286 receveur 289 seigneurie 323, 342 tierces 294 Gemigny (Nièvre, c. Dornes, com. Dornes) dîme 235 Génelard (Saône-et-Loire, c. Toulon-sur-Arroux) 261 Gergy (Saône-et-Loire, c. Verdun-sur-leDoubs) dame de.  Voir Marguerite de Montagu Gevrey-Chambertin (Côte-d’Or, ch-l. c.) 221, 501 Gilly-lès-Cîteaux (Côte-d’Or, NuitsSaint-Georges).  Voir Montbis Givry (Saône-et-Loire, ch-l. c.) 56 Grand Saint-Christophe (maison du) maison du bourg Saint-Andoche à Autun.  Voir Viévy (maison de)

Igornay (Saône-et-Loire, c. Lucenay-l’Évêque) seigneur de.  Voir Guillaume de Villiers Issy-l’Évêque (Saône-et-Loire, chl. c.).  Voir Champcery curé de.  Voir Barthélemy Munier Joigny (Yonne, ch-l. c.) comte de.  Voir Louis de La Trémouille Jouhe ( Jura, c. Rochefort-sur-Nenon) prieur de.  Voir Jean de Cussigny Jully (Yonne, c. Ancy-le-Franc) abbaye cistercienne de femmes 100 L’Essertot (Saône-et-Loire, c. Montceau-les-Mines-Sud, com. Saint-Vallier) seigneur de.  Voir Gérard de Bernault La Boulaye (= ? Saône-et-Loire, c. Mesvres, com. Mesvres ou c. Montcenis, com. Saint-Symphorien-de-­Marmagne) seigneur de.  Voir Jean de Loges La Boutière (Saône-et-Loire, c. SaintLéger-sous-Beuvray, com. SaintLéger-sous-Beuvray) 471, 501 La Bussière-sur-Ouche (Côte-d’Or, c. Bligny-sur-Ouche) abbaye cistercienne d’hommes 73

642 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel La Celle (Nièvre, c. Dornes, com. Lucenay-lès-Aix) 290 bordelage 244, 245, 388 curé de 280, 477.  Voir Pierre Volu (n°377) ;  Voir Guillaume d’Artiler (n°794) ;  Voir Guillaume de Serue (n°793) ;  Voir Pierre Boisselier (n°602) droit de gîte 277 droits 330 église 478 justice 331, 332, 335, 336 patronage 280 La Celle (Var, c. Brignolles) prieuré de femmes 72, 135, 149, 296, 367, 517, 518, 519 La Chapelle-au-Mans (Saône-et-Loire, c. Gueugnon) 208 église 145, 456 patronage 473 La Chapelle-de-Volnay (Côte-d’Or, c. Beaune-Nord, com. Volnay) 143, 145, 334, 491 convers de St-Andoche.  Voir Perrenette (n°311) La Chapelle-sous-Dun (Saône-et-Loire, c. La Clayette).  Voir Groux La Chapelle-sous-Uchon (Saône-et-Loire, c. Mesvres).  Voir Alonne La Chapelle-Villars (Saône-et-Loire, c. Buxy, com. Villeneuve-en-­ Montagne) 218 La Charme ( Jura, c. Sellières) dîme 476 La Chaume-Dessous (Côte-d’Or, c. Arnay-le-Duc, com. Viévy) dîme 475 La Comelle (Saône-et-Loire, c. SaintLéger-sous-Beuvray, com. SaintLéger-sous-Beuvray) 508 La Corvée (de) rue d’Autun dans le quartier Saint-­ Andoche 309, 451 La Corvée (Saône-et-Loire, c. Autun-Nord, com. Monthelon) 257, 305, 307, 310, 336, 471, 501 La Ferté (Saône-et-Loire, c. Senne-cey-leGrand, com. Saint-Ambreuil)

abbaye cistercienne d’hommes 218 moine de.  Voir Rodulphus La Genestoye (maison à l’entrée de la porte des Bancs à Autun) 355, 357, 416 La Genestoye (Saône-et-Loire, c. Autun-Nord, com. Autun) 307, 308, 461 La Grande-Verrière (Saône-et-Loire, c. Saint-Léger-sous-Beuvray).  Voir Vautheau La Guiche (Saône-et-Loire, ch-l. c.).  Voir Farges La Madeleine de Charolles prieur de.  Voir Sébastien de Rabutin La Motte-Saint-Jean (Saône-et-Loire, c. Digoin) baron de 354 La Motte-Ternant (Côte-d’Or, c. Sau­ lieu).  Voir Le Val Croissant La Porcheresse (Saône-et-Loire, c. ­Autun-Sud, com. Auxy) seigneur de.  Voir Jacques de Choi-­ seul-Traves La Roche Nolay, auj. La Rochepot (Côte-d’Or, c. Nolay).  Voir Nolay (Côte-d’Or, ch-l. c.) seigneur de.  Voir Nolay (seigneur de) La Vaivre (Saône-et-Loire, c. Mont-SaintVincent, com. Mont-Saint-Vincent) 59, 217, 218 La Valotte (Saint-et-Loire, c. Montcenis, com. Saint-Bérain-sous-­ Sanvignes) seigneur de.  Voir Gérard de La Vallote La Vêvre.  Voir La Vaivre Laizy (Saône-et-Loire, c. Mesvres).  Voir Chazeu ;  Voir Chaseuil Langres (de) porte romaine d’Autun 38 Langres (Haute-Marne, ch-l. ar.) 28, 31, 33, 34, 95.  Voir Speusippe (saint) ;  Voir Éleusippe (saint) ;  Voir Méleusippe (saint) ;  Voir Odot dit Pessot diocèse 30, 219, 456 évêque de 328, 368.  Voir Hugues d’Arcis

Index des lieux official de 178, 365.  Voir Gilles d’Argenteuil Laon (Aisne, ch-l. dpt) chapitre cathédral 377 Larrey (Côte-d’Or, c. Dijon, com.  Dijon) abbaye puis prieuré de femmes 100 Le Croux (Saône-et-Loire, c. Mesvres, com. Broye) justice 192 Le Moulin-du-Rousset (Saône-et-Loire, c. La Guiche, com. Marizy et Le Rousset) 61, 72 Le Paraclet (Aube, c. Nogent-sur-Seine, com. Ferreux-Quincey) abbaye de femmes 9, 269 abbesse de.  Voir Héloïse Le Ronceray d’Angers (abbaye de femmes) 269 Le Rousset (Saône-et-Loire, c. La Gui­ che).  Voir Le Moulin-du-Rousset ;  Voir Noireux Le Tart (Côte-d’Or, c. Genlis, com. Tart-l’Abbaye) abbaye cistercienne de femmes 100, 486 Le Val Croissant (Côte-d’Or, c. Saulieu, com. La Motte-Ternant) prieuré d’hommes 486 Les Chaumottes (Saône-et-Loire, c. Autun-Nord, com. Autun) 251, 322 corvée 322 justice 331 taille 322 Les Choux (Saône-et-Loire, c. Mesvres, com. Mesvres) étang 348, 390 Leuçon (saint, évêque de Troyes) 359 Lieu Dieu (Côte-d’Or, c. NuitsSaint-Georges, com. Mareylès-Fussey) abbaye cistercienne de femmes 486 Loire 28, 146, 336, 387, 389 Lucenay-lès-Aix (Nièvre, c. Dornes).  Voir La Celle

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Lucenay-l’Évêque (Saône-et-Loire, ch-l. c.) 354 Luzy (Nièvre, ch-l. c.) 217 baron de 354 seigneur de 285 Lyon (Rhône, ch-l. dpt) 28, 31.  Voir Irénée (saint) ;  Voir Saint-Pierreles-Nonnains (abbaye de femmes) archevêque de 163, 353, 369.  Voir François de Rohan cour d’appel 196, 310, 366, 473 cour de l’official 162 official de 366 Mâcon (Saône-et-Loire, ch-l. dpt) 28 bailliage 426 bailli de 264 diocèse 30, 219 juge de 264 Magnien (Côte-d’Or, c. Arnay-le-Duc) cure 207 curé de 477.  Voir Mathieu Letaud (n°799) dîme 475 Magny (Nièvre, c. Dornes, com. Toury-Lurcy) curé de.  Voir Hugues de Grandvaux (n°789) ;  Voir Guillaume de Compans (n°788) Maignien (Côte-d’Or, c. Arnay-le-Duc) église 208 Maizières (Saône-et-Loire, c. Verdunsur-le-Doubs, com. Saint-LoupGéanges) 218 abbaye cistercienne d’hommes 115, 217, 218, 337, 475 moines de 267, 332, 337, 338, 390, 475 Mâlain (Côte-d’Or, c. Sombernon) seigneur de.  Voir Pierre de Montagu Marchaux (quartier d’Autun) 113, 197, 251, 253, 303, 304, 306, 313, 314, 315, 319, 320, 416, 441, 451, 470 fortification 316 justice 313 Marcigny (Saône-et-Loire, ch-l. c.) prieuré clunisien de femmes 61, 72, 100, 130, 158, 161, 179, 298, 303, 425, 432

644 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel prieure de.  Voir Adrienne de La Palu de Varas Marcilly-Ogny (Côte-d’Or, c. Pouillyen-Auxois) 185, 219, 229, 240, 241, 251, 388, 406, 420.  Voir Cervey bergerie 223 chambrière de 189 corvée 240 dîme 291, 476 doyen de 283, 285 église 219 étable 223 grange 222 hôtel des religieuses 250, 276 justice 331 maire de 283, 285 moulin 250, 329 notaire public de.  Voir Guillaume Vernissy (n°372) possessions 346 taille 322 Marie-Madeleine (chapelle de l’abbatiale St-Andoche) 184, 186, 370, 371 Marizy (Saône-et-Loire, c. La Guiche).   Voir Le Moulin-du-Rousset ;   Voir Arfeuille Marly, auj. Marly-sur-Arroux (Saône-etLoire, c. Toulon-sur-Arroux).  Voir Mazoncle Marly, auj. Marly-sur-Arroux (Saône-etLoire, c. Toulon-sur-Arroux) ou Marly-sous-Issy (Saône-et-Loire, c. Issy-l’Évêque) 173, 342 Marmagne (Saône-et-Loire, c. Montcenis).  Voir Vesigneux Marseille (Bouches-du-Rhône, chl. dpt).  Voir Saint-Victor (abbaye d’hommes) Martigny-le-Comte (Saône-et-Loire, c. Palinges) 109.  Voir Souterrain seigneur de 110 Masoncle rue d’Autun dans le quartier Saint-­ Andoche 91, 305 Maubeuge (Nord, ch-l. c.)

chanoinesses 390, 394 Mazenay (Saône-et-Loire, c. Couches, com. Saint-Sernin-du-Plain).  Voir Guyenet Jaunat chapelle 465 Mazoncle (Saône-et-Loire, c. Toulon-sur-Arroux et Palinges, com. Marly-sur-Arroux et Oudry) seigneur de 199 Melin (Côte-d’Or, c. Pouilly-en-Auxois, com. Mont-Saint-Jean) moulin 329 Meloisey (Côte-d’Or, c. BeauneNord).  Voir Renaud Adelene curé de.  Voir Nicolas Baubry Mende (Lozère, ch-l. dpt) 80 évêque de.  Voir Guillaume Durand ;  Voir Hugues d’Arcis Merceuil (Côte-d’Or, c. Beaune-Sud) 55, 143, 216, 217, 218, 220, 233, 248, 254, 279, 343, 495, 500.  Voir Repans ;  Voir Jean Lamazet ;  Voir Cissey confrérie 470 convers de St-Andoche.  Voir Cons­ tantin (n°307) ;  Voir Germaine (n°308) curé de 479.  Voir Léonard d’Alonne (n°776) dîme 218, 338, 477 droits 218 église 145, 338, 456 justice 331, 332, 337 maire de 193 maison des religieuses 299 nomination 207 patronage 57 possessions 397 revenus et droits 299 seigneurie 343 Mercurey (Saône-et-Loire, c. Givry).  Voir Montagu Mesvres (Saône-et-Loire, ch-l. c.) 335, 348, 388.  Voir Valvin ;  Voir Montceau ;  Voir Les Choux ;  Voir Runchy cens 400

Index des lieux droit de culage 330 mesure 299, 400 seigneur de.  Voir Gauthier des Choux (n°351) Metz (Moselle, ch-l. dpt) 49 dominicaines de 368 Meursault (Côte-d’Or, c. Beaune-Nord) 388 confréries Saint-Nicolas et du Saint-­ Esprit 470 vignes 236 Milan (Italie, Lombardie) 37 Molaise (Saône-et-Loire, c. Verdun-sur-leDoubs, com. Écuelles) abbaye cistercienne de femmes 303, 486 Molinot (Côte-d’Or, c. Nolay) 254, 495 communauté 265 confrérie du Corps du Christ 470 redevances 265 Mondru (Saône-et-Loire, c. Autun-Nord, com. Autun) justice 192 Montagu (Saône-et-Loire, c. Givry, com. Mercurey) seigneur de.  Voir Alexandre de Bourgogne Montbard (Côte-d’Or, ch-l. ar.) 202, 203, 221, 222, 326 cour d’appel 203 Montbis (Côte-d’Or, c. Nuits-Saint-Georges, com. Gilly-lès-Cîteaux) seigneur de.  Voir Guillaume de Vienne Montceau (Saône-et-Loire, c. Mesvres, com. Mesvres) 335, 388 Montcenis (Saône-et-Loire, ch-l. c.) bailli de.  Voir Autun et Montcenis (bailli de) châtelain du duc 255 Montempuy (Nièvre, c. Dornes, com. Saint-Parize-en-Viry) prieur 273 prieuré clunisien d’hommes 273 Monthélie (Saône-et-Loire, c. BeauneNord) vignes 330 vigniers de 250, 338 vin 459

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Monthelon (Saône-et-Loire, c. Autun-Nord).  Voir La Corvée Montholier ( Jura, c. Poligny).  Voir SaintMichel de Grozon ;  Voir Rathier confrérie du Saint-Esprit 470 possessions 245 Montigny (Saône-et-Loire, c. Gueugnon, com. Uxeau) étang 390 seigneurie 342 Montjeu (Saône-et-Loire, c. Mesvres, com. Broye) montagne de 28 seigneur de 323.  Voir Pierre d’Ostun (n°912) Montlever (lieu non identifié) dîme 341 Montmort (Saône-et-Loire, c. Issy-l’Évêque) 189, 281 curé de 477.  Voir Jean Milnot (n°855) dîme 291, 294 droit de gîte 279 église 219 étable 223 Montperroux (Saône-et-Loire, c. Issyl’Évêque, com. Grury) baron de 354 Mont-Saint-Jean (Côte-d’Or, c. Pouillyen-Auxois) 76, 216, 231, 254, 278, 505.  Voir Ormancey ;  Voir Melin curé de 222, 254.  Voir Gérard Rogloiz mesure 185, 231, 299 possessions 291 seigneur de.  Voir Guy de Châteauneuf Mont-Saint-Jean (Cöte-d’Or, c. Pouillyen-Auxois) 291 Mont-Saint-Vincent (Saône-et-Loire, chl. c.) 58.  Voir La Vaivre Morey (Côte-d’Or, c. Arnay-le-Duc, com. Viévy) dîme 218 Morvan (région bourguignonne au NordOuest d’Autun) 95 Moulins (Allier, ch-l. dpt).  Voir Jean Fouet Moulins Neufs.  Voir Le Moulin-du-­ Rousset

646 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel Moutiers-Saint-Jean (Côte-d’Or, c. Montbard) 203.  Voir Saint-Jean-deRéome (abbaye d’hommes) grand prieur de.  Voir Jean de Boucher Mugne (ruisseau à Autun) 28, 305, 409 pêcherie 186 Nailly (Côte-d’Or, c. Liernais, com. Censerey) 232, 233 Nanteuil (Saône-et-Loire, c. Autun-Sud, com. Curgy) 141, 172, 230, 260, 291, 327.  Voir Renaud Salemon dîme 475 possessions 206 Nanton (Saône-et-Loire, c. Senne­cey-le-Grand) 56, 216 Nesle-et-Massoult (Côte-d’Or, c. Laignes) seigneur de.  Voir Jean Nevers (Nièvre, ch-l. dpt) 49, 206, 389 bailli de 346 comté 95, 244, 507 comte de 290, 292, 335, 336, 346.  Voir Jean sans Peur ;  Voir Louis Ier comtesse de.  Voir Mahaut (n°977) ;  Voir Yolande de Bourgogne diocèse 30, 219, 277, 293, 342, 456 évêque de 207, 267, 272, 397.  Voir Bertrand de Fumel officialité 336 Nicopolis (bataille en 1396) 292, 346 Nivernais 95 Noireux (Saône-et-Loire, c. La Guiche, com. Le Rousset) 61, 72 Nolay (Côte-d’Or, ch-l. c.) 56, 115, 188, 195, 238, 239, 246, 251, 266, 334, 338, 339, 340, 346, 388, 420, 499.  Voir La Roche Nolay ;  Voir Cirey ;  Voir Henri François ;  Voir Jean Rappes ;  Voir Michot Maulpoy ban 330 cellier 223 communauté de 239, 249, 334, 339 confrérie du Saint-Sacrement 470 coseigneur de 239, 249, 330, 334, 335, 339, 340 cure 211

curé de 477, 478.  Voir Odile de Vienne (n°861) dame de.  Voir Bonne (n°893) dîme 291, 474 droit de retenue 236 église 209 foires 329 gardes 249 hôtel des religieuses 276 maire de 286 maison abbatiale 275, 276 mépart 211 mesure 299 possessions 413 prévôt de 285 receveur de 286.  Voir Gilles Perenelle (n°388) seigneur de 249, 339.  Voir Guy de Thil (n°892) ;  Voir Guillaume de La Roche ;  Voir Eudes de La Roche (n°896) ;  Voir Eudes de La Roche seigneurie 330, 339, 342 vicaire de.  Voir Philibert Le Vault vigniers de 338, 339 vin 185 Notre-Dame (chapelle de l’abbatiale St-Andoche) 370 Notre-Dame (chapelle de l’abbatiale StJean) 372 Notre-Dame (chapelle de l’église paroissiale Saint-Pierre Saint-Andoche) 439 Notre-Dame aux Nonnains de Troyes (abbaye de femmes) 358, 359 abbesse 358 Notre-Dame d’Arroux (chapelle dépendant de Saint-Jean-leGrand) 451, 452, 453, 454 Notre-Dame d’Autun (collégiale) 314, 381, 416 prévôt de.  Voir Jean Charnot (n°676) Notre-Dame de Beaune (collégiale) 366 Notre-Dame de Soissons (abbaye de femmes) 52

Index des lieux Notre-Dame du Château (église paroissiale d’Autun) 314, 434, 468, 469, 470, 485 curé de.  Voir Guillaume Nuits-Saint-Georges (Côte-d’Or, ch-l. c.) côte 220 Nyoiseau (Maine-et-Loire, c. Segré) abbaye de femmes 269 Ogny (Côte-d’Or, c. Pouilly-en-Auxois) seigneur de.  Voir Jean Dornay Oigny (Côte-d’Or, c. Baigneux-les-Juifs) abbaye de chanoines augustiniens 134, 486 abbé de 76, 134 Orléans (Loiret, ch-l. dpt) 28 concile de (511) 41 Ormancey (Côte-d’Or, c. Pouilly-en-Au­ xois, com. Mont-Saint-Jean) 58, 193, 216, 222, 231, 254, 278, 279, 291.  Voir André Doyen ;  Voir Jean de Mongeot doyen de 193, 261, 283, 284, 285.  Voir Jean (n°333) ;  Voir Hugues (n°334) ;  Voir Jean (n°336) doyenné 284 église 145 grange 222 moulin 231, 329 possessions 291, 399 seigneurie 284, 342 Ornée (chapelle de l’église paroissiale Saint-Pierre Saint-Andoche) 439 Oudry (Saône-et-Loire, c. Palinges).  Voir Mazoncle Ourroux (Nièvre, c. Dornes, com. Dornes) bordelage 345 curé de.  Voir Laurent Garnier dîme 477 revenus et droits 333 seigneurie 206, 345 Oussières ( Jura, c. Poligny) 203 Outre-Loire (terres du Nivernais, notamment possessions de Saint-Andoche) 217, 278, 291, 342, 389, 507, 512.  Voir La Celle ;  Voir Saint-Parize-en-Viry ;  Voir Dornes

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amodiation 389 biens et revenus 277 bordelage 244, 245, 324 domaines et revenus 404 églises 145, 294, 478 possessions 203, 204, 221, 229, 274, 290, 291, 346, 389, 390 possessions et revenus 295 Outre-Saône (terres de la Comté, notamment possessions de Saint-Jean-le-Grand) 95, 195, 196, 203, 219, 221, 270, 279, 280, 281, 289, 291, 347, 373, 388, 420.  Voir Grozon ;  Voir Poligny ;  Voir Col­onne  ;  Voir Oussières biens et revenus 476 dîme 474, 476 églises 478 paroisses 476 possessions 161, 196, 203, 221, 271, 274, 289, 291, 293, 294, 296 possessions et revenus 187 receveur d’.  Voir Huguenin d’Avallon (n°389) revenus 295, 296, 299, 347 revenus et charges 295 terres et revenus 261 Oxford (Royaume-Uni, comté du Oxfordshire) concile de 405 Pacy-sur-Armançon (Yonne, c. Ancy-leFranc) dame de.  Voir Marguerite de Montagu Paisey (Saône-et-Loire, c. Autun-Sud, com. Curgy) 292 dîme 475 moulin 246 Palinges (Saône-et-Loire, ch-l. c.).  Voir Digoine Palleau (Saône-et-Loire, c. Verdun-sur-leDoubs).  Voir Port-de-Palleau Paris (Seine, ch-l. dpt) 346.  Voir Val de Grâce (abbaye de femmes) évêque de.  Voir Germain (saint) Parlement 266, 309, 311, 319, 357

648 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel Patigny (Saône-et-Loire, c. Saint-Légersous-Beuvray, com. Saint-Didier-sur-Arroux) 243 taille 322 Pentières (lieu non identifié) seigneur de.  Voir Jean de Thoisy Perrecy-les-Forges (Saône-et-Loire, c. Toulon-sur-Arroux) mesure 261 prieur de 173, 342 prieuré d’hommes 173, 255 Pétousot (de) rue d’Autun dans le quartier Saint-Andoche hors des remparts 305 Pierre-Cervau (Saône-et-Loire, c. Autun-Nord ou Autun-Sud, com. Autun ou Curgy) prieuré de femmes 17, 18, 19, 20, 519 Pierre-Luzière (Saône-et-Loire, c. Autun-Sud, com. Auxy) 255 Pierrefitte (Allier, c. Dompierre-surBesbre) curé de.  Voir Mathieu Perret (n°863) Pisy (Yonne, c. Guillon) 169 justice 198, 341 seigneur de 341 Pîtres (Eure, c. Pont-de-l’Arche) édit de (864) 50, 51 Planoise (Saône-et-Loire, c. Autun-Sud et Autun-Nord, com. Antully, Autun et Auxy) bois de 385 Poitiers (Vienne, ch-l. dpt) 49.  Voir Sainte-Croix (abbaye de femmes) Poligny ( Jura, ch-l. c.) 202, 203, 218, 270, 280 Polisy (Aube, c. Mussy-sur-Seine) 55, 56, 58, 216 Pommard (Côte-d’Or, c. Beaune-Nord) cellérier de.  Voir Pariset droit de couvert 277 Pont Saint-Andoche (du) rue d’Autun dans le quartier Saint-Andoche 309, 451 Port-de-Palleau (Saône-et-Loire, c. Verdun-sur-le-Doubs, com. Palleau).  Voir Hugues Quinart

Posanges (Côte-d’Or, c. Vitteaux) 419, 428 Pouilly-en-Auxois (Côte-d’Or, ch-l. c.) 217, 219 Praigny (? Saône-et-Loire, c. Issy-l’Évêque, com. Marly-sous-Issy) seigneur de.  Voir Jean de Vienne Prâlon (Côte-d’Or, c. Sombernon) abbaye de femmes 398, 486 abbesse du.  Voir Drouines Bouesseau Prégilbert (Yonne, c. Vermenton).  Voir Crisenon (abbaye de femmes) Prés (Nord, c. Douai, com. Douai) abbaye de femmes 135 Prévain (de) fontaine à Autun 305 rue d’Autun dans le quartier Saint-Andoche 305, 309, 313, 387, 451 Provence 72 Puligny-Montrachet (Côte-d’Or, c. Nolay) possessions 346 Quariote (maison) maison qui marque l’entrée du châtelet Saint-Andoche 354 Quincerot (Côte-d’Or, c. Montbard).  Voir Michelot Bruley mainmorte 324 seigneur de 203.  Voir Guiot Montot Quincy-le-Vicomte (Côte-d’Or, c. Montbard) abbatiola 57 Rathier (Jura, c. Poligny, com. Montho­lier). dîme 342 Rats (aux) rue d’Autun dans le quartier Saint-Andoche 305 Raveloux (Saône-et-Loire, c. Mesvres, com. Saint-Eugène).  Voir Guillaume Morelle Reims (Marne, ch-l. ar.) 49 Remigny (Saône-et-Loire, c. Chagny) 56 Remiremont (Vosges, ch-l. c.) abbesse de 303.  Voir Henriette de Vienne (n°22) ;  Voir Isabelle de Demongeville

Index des lieux cellérière de.  Voir Jacquette de Vienne chapitre de dames nobles 25, 99, 101, 118, 119, 120, 121, 177, 182, 427 dames de 99, 120.  Voir Simone de Vienne ;  Voir Louise de Vienne doyenne de.  Voir Jeanne de Vien­ ne ;  Voir Marguerite de Vienne grande aumônière de.  Voir Marguerite de Vienne (n°176) Renève (Côte-d’Or, c. Mirebeau-sur-Bèze) curé de.  Voir Étienne Réome (Côte-d’Or, c. Montbard, com. Moutiers-Saint-Jean) 326 Repans (Côte-d’Or, c. Beaune-Sud, com. Merceuil) 218 justice 267 Repas (Saône-et-Loire, c. Autun-Sud, com. Auxy) dame de.  Voir Élisabeth Rethel (Ardennes, ch-l. ar.) comte de.  Voir Louis Ier comtesse de.  Voir Jeanne de Rethel Reuillon (Côte-d’Or, c. Liernais, com. Censerey) seigneur de.  Voir Guy de Châteauneuf Riveau (château de) résidence dépendant du duc dans la ville haute d’Autun 314, 385 Roicheulland (lieu non identifié) dîme 477 Rome capitale de la chrétienté 31, 36, 110, 163, 178, 202, 203, 204, 208 capitale de l’Empire 28, 29, 30 concile de 30 Rosaire (chapelle secondaire ou autel de l’abbatiale St-Jean) 372 Rouen (Seine-Maritime, ch-l. dpt).  Voir Saint-Amand de Rouen archevêque de.  Voir Eudes Rigaud province ecclésiastique 191, 399, 404, 412 Rougemont (Côte-d’Or, c. Montbard) 203 abbaye de femmes 19 Roussillon (Saône-et-Loire, c. Lucenay-l’Évêque, com. Anost) seigneur de.  Voir Eudes

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Roussillon (? Saône-et-Loire, c. Lucenay-l’Évêque, com. Anost) châtelain du duc 255 Runchy (Saône-et-Loire, c. Mesvres, com. Mesvres) justice 192, 331 possessions 255 prévôt de 194, 285 prévôté 509 taille 322 tierces 294 Saint-Agnan (Saône-et-Loire, c. Digoin) curé de.  Voir Mathieu Perret (n°863) Saint-Amand de Rouen (abbaye de femmes) 52 Saint-Ambreuil (Saône-et-Loire, c. Sennecey-le-Grand).  Voir La Ferté (abbaye d’hommes) Saint-Andoche bourg d’Autun 186, 198, 266, 303, 304, 305, 308, 309, 313, 314, 320, 346, 354, 356, 358, 407, 409, 418, 469, 470, 471, 472, 473, 500, 511 confrérie d’Autun 468, 469, 470 pont à Autun, sur l’Arroux 451, 491 porte romaine d’Autun 46 Saint-Andoche de Saulieu (abbaye d’hommes, basilique) 34, 366 Saint-André église paroissiale d’Autun 416, 434, 451 faubourg d’Autun 292 porte romaine d’Autun 38, 304 Saint-Antoine (confrérie d’Autun) 469 Saint-Bénigne (chapelle secondaire ou autel de l’abbatiale St-Jean) 184, 372 Saint-Bénigne de Dijon (abbaye d’hommes) 30, 33, 34, 100, 486, 504, 508 abbé de 508.  Voir Pierre Benot ;  Voir Étienne de La Feuillée ;  Voir Alexandre de Montagu Saint-Bérain-sous-Sanvignes (Saône-etLoire, c. Montcenis).  Voir La Valotte Saint-Blaise (église paroissiale d’Autun hors-les-murs) 416

650 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel Saint-Bonnet = ? Saint-Bonnet-deVielles-Vignes (Saône-et-Loire, c. Palinges) seigneur de.  Voir Guillaume Saint-Christophe rue d’Autun dans le quartier Saint-­ Andoche 305 Saint-Denis (chapelle de l’église paroissiale Saint-Pierre Saint-Andoche) 439, 440 Saint-Denis de Vergy (chapitre de chanoines) 486 Saint-Denis-de-Péon (Saône-et-Loire, c. Autun-Sud, com. Curgy) curé de.  Voir Jean de La Roche Sainte-Adise (chapelle de l’abbatiale St-Andoche) 184, 370, 371 chapelain de 184.  Voir Pierre de Masoncle (n°363) Sainte-Anne (autel ou chapelle de l’abbatiale St-Andoche) 371, 430 Sainte-Anne (confrérie d’Autun) 469 Sainte-Barbe (confrérie d’Autun) 469 Sainte-Catherine (chapelle de l’abbatiale St-Jean) 372 Sainte-Colombe de Sens (abbaye d’hommes) 38 Sainte-Croix (chapelle secondaire de l’abbatiale St-Jean) 185, 372 Sainte-Croix de Poitiers (abbaye de femmes) 39, 43 abbesse de.  Voir Agnès Sainte-Hélène (Saône-et-Loire, c. Buxy) 218 Sainte-Marguerite (Côte-d’Or, c. BeauneNord, com. Bouilland) abbaye de chanoines augustiniens 73, 75, 134 abbé de 76, 134.  Voir Obert Sainte-Marie d’Autun (abbaye de femmes) 27, 39, 42, 43, 46, 47, 48 Sainte-Marie-la-Blanche (Côte-d’Or, c. Beaune-Sud) dîme 343 Saint-Émiland (Saône-et-Loire, c. ­Couches).  Voir Épiry

Saint-Enzenge-sur-Guye, auj. Saint-Huruge (Saône-et-Loire, c. SaintGengoux-le-National) dame de.  Voir Jeanne de Bernault seigneur de.  Voir Gérard de Bernault Sainte-Radegonde (Saône-et-Loire, c. Issy-l’Évêque) 208, 388 curé de 477.  Voir Pierre Volu (n°377) ;  Voir Guillaume Vernissy (n°372) ;  Voir Mathieu Perret (n°863) ;  Voir Simon de Vieux Château (n°864) dîme 291, 294 église 219 Sainte-Radegonde de Cambridge (abbaye de femmes) 187 Sainte-Reine (confrérie d’Autun) 469 Saint-Esprit (confrérie d’Autun) 469 Saint-Étienne (chapelle secondaire ou autel de l’abbatiale St-Jean) 372 Saint-Étienne de Dijon (abbaye d’hommes) 504, 505 abbé de.  Voir Robert de Baubigny ;  Voir Jean de Marigny Saint-Étienne-l’Étrier (église d’Autun) 36, 415, 416 abbé de.  Voir Jean Charnot (n°676) ;  Voir Jacques Boisserand (n°932) ;  Voir Odile de Vienne (n°861) ;  Voir Pierre Talepain ;  Voir Jean de Clugny Saint-Eugène (Saône-et-Loire, c. Mesvres).  Voir Champchanoux (prieuré de femmes) ;  Voir Raveloux Saint-Ferréol (Saône-et-Loire, c. Autun-Sud, com. Curgy) chapelle 226 Saint-Georges (chapelle secondaire ou autel de l’abbatiale St-Jean) 372 Saint-Georges (Côte-d’Or, c. Montbard, com. ?) 326 Saint-Georges-des-Bois (Saône-et-Loire, c. Autun-Nord, com. Autun) prieure de 18.  Voir Alice d’Outre-Loire prieuré de femmes 17, 18, 19, 20, 68, 130, 483, 488, 519

Index des lieux Saint-Germain d’Auxerre (abbaye d’hommes) 326 Saint-Germain-de-Modéon (Côte-d’Or, c. Saulieu) 325.  Voir Geliet dit Marguilier Saint-Germain-lès-Senailly (Côte-d’Or, c. Montbard) 217, 225, 273, 274, 326.  Voir Michelot Bruley curé de 328.  Voir Jean Vaillant (n°472) dîme 474 droits 328 église 456 fief 344 mainmorte 324 patronage 473 prieuré 269 seigneurie 327 Saint-Gervais-sur-Couches (Saône-etLoire, c. Épinac) 254, 388 Saint-Honoré (confrérie d’Autun) 469 Saint-Hubert (confrérie d’Autun) 469 Saint-Huruge (Saône-et-Loire, c. SaintGengoux-le-National).  Voir SaintEnzenge-sur-Guye Saint-Jean bourg d’Autun 201, 247, 260, 264, 303, 304, 306, 309, 313, 314, 320, 403, 409, 462, 471, 511 confrérie d’Autun 147, 466, 467, 468, 470 ruelle d’Autun dans le quartier SaintJean 305 Saint-Jean de la Grotte (église paroissiale d’Autun) 37, 45, 441 curé de.  Voir Pierre Audier vicaire de.  Voir Humbert Saint-Jean l’Évangéliste (église paroissiale d’Autun) 45, 114, 416, 434, 441, 451 chapelle Saint-Joseph 114 Saint-Jean-de-Réome (Côte-d’Or, c. Montbard, com. Mou­tiers-Saint-Jean) abbaye d’hommes 326 abbé de 326 Saint-Jean-le-Grand (église paroissiale d’Autun) 153, 370, 416, 434, 435,

651

436, 437, 441, 443, 445, 446, 447, 448, 450, 451, 454, 460, 461, 462, 463, 464, 467, 502, 515 cimetière 458, 490 concuré de 183, 184, 208, 209, 210, 452, 453, 454, 460, 461.  Voir Jean Surtin (n°612) ;  Voir Hugues Pitois (n°758) ;  Voir Jean Martherat (n°840) paroisse 23, 304, 451, 452 paroissiens 463, 466, 468, 511 vicaire de.  Voir Jean Boisselier (n°381) Saint-Julien d’Auxerre (abbaye de femmes) 100 Saint-Julien-des-Chazes (Haute-Loire, c. Langeac) abbaye de femmes 75 Saint-Julien-sur-Dheune (Saône-et-Loire, c. Montchanin) curé de.  Voir Guillaume Vernissy (n°372) prieure de 110.  Voir Louise de Rabutin (n°48) prieuré de femmes 18, 19, 20, 68, 75, 115, 116, 130, 151, 153, 427, 492, 519 religieuse de.  Voir Claude de Rabutin (n°53) Saint-Laurent (chapelle de l’abbatiale StJean) 185, 201, 372 Saint-Lazare d’Autun (cathédrale) 168, 253, 318, 380, 416, 418, 437, 450, 461, 468 Saint-Léger-du-Bois (Saône-et-Loire, c. Épinac) 254, 479.  Voir Champœucueillon curé de.  Voir Jean Popon ;  Voir Jean Vincent dîme 230, 406, 475 paroissiens 478 vicaire de.  Voir Thomas Sommant Saint-Léger-sous-Beuvray (Saône-et-Loire, ch-l. c.).  Voir La Comelle ;  Voir La Boutière Saint-Lothain ( Jura, c. Sellières) 171, 196 Saint-Loup-Géanges (Saône-et-Loire, c. Verdun-sur-le-Doubs)

652 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel 298.  Voir Maizières (abbaye d’hommes) ;  Voir Géanges moulin 390 tierces 294 Saint-Martin (chapelle dépendant de Saint-Jean-le-Grand) 146, 452 Saint-Martin d’Autun (abbaye d’hommes) 27, 44, 45, 46, 62, 114, 178, 316, 363, 365, 381, 382, 482, 483, 484, 486, 487, 488, 492, 504, 505 abbé de 280, 309.  Voir Hugues d’Anzy justice 313 moines de 218, 504 Saint-Martin d’Autun (église de clercs) 27, 39, 40, 42, 46 Saint-Maurice-lès-Couches (Saône-etLoire, c. Couches) 232, 254 Saint-Michel de Grozon ( Jura, c. Poligny, com. Montholier) curé de.  Voir Pierre Patez dîme 474 église 153, 207 possessions 291 Saint-Nazaire d’Autun (cathédrale) 36, 37, 318, 416, 434, 492 cloître 52 Saint-Nicolas (chapelle de l’abbatiale StJean) 372 Saint-Nicolas-lès-Cîteaux (Côte-d’Or, c. Nuits-Saint-Georges).  Voir Cîteaux (abbaye) Saint-Pancrace (église paroissiale d’Autun) 304, 416, 434 Saint-Parize-en-Viry (Nièvre, c. Dornes) 58, 217, 230, 245, 273, 274, 279, 290, 323.  Voir Montempuy (prieuré d’hommes) amodiation 389 bordelage 244 curé de 206, 277, 345, 463.  Voir Hugues Boisserand (n°787) dîme 475, 477 domus 146, 277, 291, 293, 336 droit de gîte 277 église 273, 277, 456, 478 justice 272 paroissien de 295

prieur de 272, 332, 335, 507.  Voir Hugues Boisserand (n°787) prieuré 269, 271, 272, 273, 274 prieure de 271.  Voir Jacquette d’OutreLoire (n°71) prior, prêtre, rector de 272 Saint-Pierre rue d’Autun dans le quartier Saint-Andoche 304 Saint-Pierre de Bèze (abbaye d’hommes) 486 Saint-Pierre de Chalon (abbaye d’hommes) 486 Saint-Pierre le Vieux (chapelle de ­l’abbatiale St-Andoche) 184, 370 Saint-Pierre le Vif de Sens (abbaye d’hommes) 38 Saint-Pierre Saint-Andoche (église paroissiale d’Autun) 309, 416, 434, 435, 436, 437, 439, 443, 459, 460, 463, 465, 469, 470, 488, 500, 515 cimetière 458 curé de 184, 208, 209, 210, 435, 436, 458, 459, 465, 477.  Voir Hugues de Coue (n°415) ;  Voir Jacques de Busseuil (n°567) ;  Voir Jean Ferroillon (n°716) ;  Voir Gérard des Croux (n°769) ;  Voir Michel de Rubelles (n°770) paroisse 23, 169, 304, 311, 451, 458, 459 paroissiens de 168, 169, 307, 460, 463, 465, 466, 511.  Voir Gérard Raolin patronage de 473 Saint-Pierre-l’Étrier (plus ancienne église d’Autun) 35, 36, 415, 416, 435 abbé de.  Voir Humbert d’Autun (n°950) Saint-Pierre-le-Moûtier (Nièvre, chl. c.).  Voir Renaud Loupier ;  Voir Jean Passelat cour 267 prieuré de Saint-Martin d’Autun 309 Saint-Pierre-les-Nonnains de Lyon (abbaye de femmes) 58, 269, 368, 402, 515, 516, 517, 518 prieurés 274

Index des lieux Saint-Quentin (église paroissiale d’Autun) 416, 434 Saint-Racho d’Autun (prieuré d’hommes) 415, 416, 504 Saint-Sacrement (confrérie d’Autun) 468, 469, 470 Saint-Saturnin de Lyon (église paroissiale) 515 Saints-Crépin-et-Crépinien (chapelle de l’église paroissiale Saint-Pierre Saint-Andoche) 439 Saint-Sébastien (confrérie d’Autun) 468, 469 Saint-Seine-l’Abbaye (Côte-d’Or, ch-l. c.) abbaye d’hommes 486 Saint-Sernin-du-Plain (Saône-et-Loire, c. Couches) 228, 244, 254, 429, 465.  Voir Mazenay ;  Voir Phili-­ bert Curnillot ;  Voir Cromey ;  Voir Étienne Symoneaul ;  Voir Jean Symoneaul confrérie Saint-Gervais 470 curé de 465, 478 droit de couvert 277 église 228, 456, 463, 465 élevage 223 hôtel des religieuses 276 paroissiens 466 patronage 454 possessions 397 seigneurie 342 vignes 223, 254, 495 Saint-Sulpice-la-Forêt (Ille-et-Vilaine, c. Liffré) abbaye de l’ordre de Fontevraud 269 Saint-Syagre (chapelle de l’abbatiale St-Andoche) 371 Saint-Symphorien d’Autun (abbaye / prieuré d’hommes) 34, 307, 316, 336, 381, 382, 416, 418, 482, 483, 486, 487, 488, 492, 504, 505 abbé de.  Voir Germain (saint) chanoines 418, 504 prieur de 69 sergent de.  Voir Guillaume de Saint-Symphorien (n°866) Saint-Symphorien-de-Marmagne (Saône-

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et-Loire, c. Montcenis) curé de.  Voir Jean de Viserney Saint-Vallier (Saône-et-Loire, c. Montceau-les-Mines-Sud).  Voir L’Essertot Saint-Victor de Marseille (abbaye d’hommes) 518 abbé 517 moines de 518 Salins-les-Bains ( Jura, ch-l. c.) 221, 261.  Voir Ferry Quanteaul salines 221 saunerie 388, 481 seigneur de.  Voir Jean, comte de Bourgogne seigneurie 389 Salornay-sur-Guye (Saône-et-Loire, c. Cluny) 55, 57, 216, 217, 456 Sampigny-lès-Maranges (Saône-et-Loire, c. Couches) 221, 388, 481 Santenay (Côte-d’Or, c. Nolay) 388 Santigny (Yonne, c. Guillon) 325 droits 299 justice 198, 328, 341 seigneurie 328 Santosse (Côte-d’Or, c. Nolay) 254 communauté 265, 495 redevances 265 Saône 95, 122, 389, 390 vallée 389, 392 Saulieu (Côte-d’Or, ch-l. c.) 31, 32, 33, 34, 217, 371.  Voir Andoche (saint) ;  Voir Thyrse (saint) ;  Voir Félix (saint) ;  Voir Saint-Andoche (abbaye d’hommes) Savigny-le-Jeune (Saône-et-Loire, c. Autun-Sud, com. Curgy) dîme 475 Savigny-lès-Beaune (Côte-d’Or, c. BeauneNord) 323.  Voir Perreau dit Vellain Savigny-le-Vieux (Saône-et-Loire, c. Autun-Sud, com. Curgy) dîme 475 seigneur de.  Voir Guillaume de Drées Savigny-Poil-Fol (Nièvre, c. Luzy) curé de.  Voir Gérard de Malecey

654 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel Savilly (Côte-d’Or, c. Liernais) 57 Semur-en-Auxois (Côte-d’Or, ch-l. c.) 75, 217, 497 archiprêtre.  Voir Guillaume Charpy Senailly (Côte-d’Or, c. Montbard) 188, 203, 216, 222, 225, 241, 273, 274, 291, 325, 326, 327, 344, 365, 388, 419.  Voir Brunet dit de Saint-Gélins ;  Voir Perreau lou Palastre ;  Voir Milon dit Audigier ;  Voir Agnès Preufame ;  Voir Jean Benoist ban 330 colombier 225 corvée 239 dîme 474 domaine 223 droits 328, 333 église 145 fief 344 grange 222, 225, 507 hôtel des religieuses 223, 225, 274, 275 justice 225, 328, 331, 333 mainmorte 324, 325, 326, 340 moulin 229, 329, 390 possessions 203, 274, 291, 397 pressoir 225 revenus 259, 290 seigneur de 328, 343, 344.  Voir Huguenin ;  Voir Guillaume de Senailly ;  Voir Jean de Senailly ;  Voir Pierre de Senailly ;  Voir Antoine de Senailly ;  Voir Jean Pomert ;  Voir Jean Dano seigneurie 206, 322, 325, 327, 341, 419, 499 sergent de 206, 249 taille 322 vignes 223 vigniers de 250 Sens (Yonne, ch-l. ar.).  Voir Saint-Pierre le Vif (abbaye d’hommes) ;  Voir Sainte-Colombe (abbaye d’hommes) évêque de.  Voir Emmon Serein (affluent de l’Yonne en rive droite) vallée 219 Soissons (Aisne, ch-l. ar.).  Voir Notre-

Dame de Soissons Sombernon (Côte-d’Or, ch-l. c.) seigneur de 117.  Voir Jean de Montagu Souterrain (Saône-et-Loire, c. Palinges, com. Martigny-le-Comte) 109 Souvigny (Allier, ch-l. c.) abbaye clunisienne d’hommes 273 Sully (Saône-et-Loire, c. Épinac) 420 baron de 354 seigneur de.  Voir Gauthier de Sully (n°903) ;  Voir Claude de Rabutin Tart-l’Abbaye (Côte-d’Or, c. Genlis).  Voir Le Tart (abbaye de femmes) Tavilly = ? Tazilly (Nièvre, c. Luzy) curé de.  Voir Jean Thomey (lieu non identifié) seigneur de.  Voir Jean Pomert Thoreilles-le-Deffend (Côte-d’Or, c. Arnay-le-Duc, com. Viévy) dîme 475 Thury (Côte-d’Or, c. Nolay) dame de.  Voir Agnès Tillenay (Côte-d’Or, c. Auxonne) curé de.  Voir Jean Mangeard Tillot (Côte-d’Or, c. Arnay-le-Duc, com. Viévy) dîme 475 Tintry (Saône-et-Loire, c. Épinac) patronage 454, 473 Tonnerre (Yonne, ch-l. c.) 203 Toulon-sur-Arroux (Saône-et-Loire, chl. c.) 19 Tours (Indre-et-Loire, ch-l. dpt) 380 Toury-Lurcy (Nièvre, c. Dornes) 333.  Voir Magny bordelage 345 dîme 477 Toury-sur-Abron.  Voir Toury-Lurcy Trinité (confrérie d’Autun) 469 Troyes (Aube, ch-l. dpt) 280, 359.  Voir Notre-Dame aux Nonnains cathédrale 359 chapitre cathédral 358, 359 évêque de 358, 359.  Voir Leuçon (saint)

Index des lieux Uchey (Côte-d’Or, c. Arnay-le-Duc, com. Viévy) dîme 475 Uchon (Saône-et-Loire, c. Mesvres) seigneur de 196.  Voir Louis de La Trémouille Uxeau (Saône-et-Loire, c. Gueugnon).  Voir Montigny ;  Voir Bessy-sur-Arroux Val de Grâce de Paris (abbaye de femmes) 432 Val des Choux (Côte-d’Or, c. Recey-surOurce, com. Essarois) abbaye d’hommes 486 Valence (Drôme, ch-l. dpt) 33.  Voir  Félix (saint) ;  Voir Fortunat (saint) ;  Voir Achillée (saint) Val-Saint-Benoît (Saône-et-Loire, c. Épinac, com. Épinac) prieuré d’hommes 62, 492 Valvin (Saône-et-Loire, c. Mesvres, com. Mesvres) 257, 348 justice 192 Vanne (affluent de l’Yonne) 328 Vautheau (Saône-et-Loire, c. SaintLéger-sous-Beuvray, com. La Grande-Verrière) dame de.  Voir Marguerite de Châtellenot Vendenesse-sur-Arroux (Saône-et-Loire, c. Gueugnon) 485 Vergoncey (Saône-et-Loire, c. Autun-Sud, com. Curgy) dîme 475 Vesigneux (Saône-et-Loire, c. Montcenis, com. Marmagne) seigneur de.  Voir Pierre de Brazey Veuvrailles (Côte-d’Or, c. Arnay-le-Duc, com. Viévy) dîme 475 Vianges (Côte-d’Or, c. Liernais) seigneurie 112, 113 Vic-de-Chassenay (Côte-d’Or, c. Semuren-Auxois).  Voir Chassenay Vienne (Isère, ch-l. ar.) 49 Viévy (Côte-d’Or, c. Arnay-le-Duc)

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255, 288, 388.  Voir ­Morey  ;   Voir Uchey ;  Voir Tillot ;   Voir Veuvrailles ;  Voir Visignot ;  Voir Thoreilles-le-­ Deffend ;  Voir Chevigny ;  Voir La Chaume-Dessous curé de 280, 281, 479.  Voir Guy Baraud de Blancey (n°402) ;  Voir Pierre Le Leaul (n°728) dîme 475 église 456 patronage 57, 280, 454, 473 Viévy (maison de) maison du bourg Saint-Andoche à Autun 186, 246, 308 Vignotte (Saône-et-Loire, c. Autun-Sud, com. Curgy) bois de 256 ville haute (quartier canonial d’Autun) 36, 37, 46, 47, 91, 243, 292, 303, 304, 306, 307, 313, 314, 315, 320, 355, 356, 434, 441, 451, 470 justice 313 Villeneuve-en-Montagne (Saôneet-Loire, c. Buxy).  Voir La Chapelle-Villars Villiers-en-Morvan (Côte-d’Or, c. Liernais) 57, 216, 263 Vireset (lieu non identifié) dîme 465 Viry (viguerie dans la Nièvre, autour de Saint-Parize-en-Viry) 58, 221 Viserny (Côte-d’Or, c. Montbard) 326 Visignot (Côte-d’Or, c. Arnay-le-Duc, com. Viévy) dîme 475 Voise (lieu non identifié du Jura) dîme 476 Volnay (Côte-d’Or, c. Beaune-Nord) 142, 203, 235, 237, 243, 323, 334, 388, 397, 419, 495.  Voir La Chapellede-Volnay ;  Voir Renier Mo­ rin ;  Voir Colard dit Baudiot curé de.  Voir Gilles Pellis (n°403) dîme 477 hôtel des religieuses 276

656 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel patronage 454, 473 possessions 323, 334, 397, 419 vignes 223 Voudenay (Côte-d’Or, c. Arnay-le-Duc) 

curé de.  Voir André (n°969) xenodochium d’Autun 27, 39, 42, 46, 47, 48, 51, 353, 362 abbé de 362

Liste alphabétique des notices prosopographiques du volume 2 (http://dx.doi.org/10.1484/M.EMI-EB.5.108483) Cette liste suit l’ordre alphabétique des noms de baptême ; pour les personnes ayant un surnom, un renvoi est fait au prénom. Est ensuite indiqué le lien de ces personnes avec les deux abbayes : le classement des notices est en effet fondé sur la nature de ces liens. Les autres éléments permettant d’identifier les personnes n’ont pas été signalés. Les numéros sont en gras aux entrées principales et en maigre aux entrées secondaires (surnoms). abréviations utilisées : abb. : abbesse de proc. : procureur de anniv. : anniversaire à rel. : religieuse de chan. : chanoine de rec : receveur de chap. : chapelain de sac. : sacriste de ép. : épouse de St-And. : Saint-Andoche inh. : inhumé à St-Jean : Saint-Jean-le-Grand pr. : prieur(e) de Abenton Guillaume d’, n°338 Abéron Jean, n°634 Ade, doyen Ormancey (St-And.), n°335 Adelene, veuve Guienaz, converse St-And., n°313 Adeline, abb. St-And., n°7 Adeline, rel. St-Jean, n°236 Adeline de Bonym, rel. St-Jean, n°252 Adeline de La Chanaul, rel. St-Jean, n°244

Adeline de La Rochette, pr. St-Jean, n°78 Adelisse, abb. St-Jean, n°29 Adrienne de La Palu de Varas, abb. St-Jean, pr. Marcigny, n°55 Agnès, ép. Hugues de Varennes, anniv. St-And., n°910 Agnès, ép. Jean Raffin, anniv. St-Jean, n°929 Agnès de Busseuil, rel. à Autun, n°96 Agnès de Communes, rel. St-And., n°151 Agnès de Loges, rel. St-Jean, n°274 Agnès de Marcilly, rel. St-Jean, n°290

658 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel Agnès de Sancey, rel. St-And., n°139 Agnès de Saulx, rel. St-Jean, n°223 Agnès de Thenissey, rel. St-Jean, n°227 Agnès de Varennes, rel. St-Jean, n°225 Aiguemortes Jean d’, n°550 Aimanges Huguette d’, n°21 Aimoin de Pesmes, anniv. St-And., n°957 Aisey Georges d’, n°458 Alais, rel. St-And., n°103 Alais de Vergy, anniv. St-And., n°873 Alard, prêtre, anniv. St-And., n°944 Albaudi Guillaume, n°359 Alexandre de Montagu, anniv. St-And., n°881 Alexandre de Saint-Seigne, proc. St-And., curé St-Sernin-du-Plain (St-And.), n°410 Alexandre le Reux, chap. St-And., n°732 Alice d’Orges, pr. St-Jean, n°82 Alice d’Outre-Loire, anniv. St-And., n°902 Alice de Brazey, abb. St-Jean, n°45 Alice de Champrobert, pr. St-Jean, n°84 Alice de Chanlemains, rel. St-And., n°107 Alice de Châtillon, rel. St-Jean, n°287 Alice de Clugny, rel. St-Jean, n°265 Alice de Couches, rel. St-And., n°152 Alice de Juilly, rel. St-Jean, n°215 Alice de La Bussière, rel. St-Jean, n°251 Alice de Longe, rel. St-Jean, n°243 Alice de Montereul, abb. élue St-Jean, n°37 Alice de Montjeu, rel. St-And., n°144 Alice de Sainte-Franchise, abb. élue St-And., n°18 Alice de Sancey, rel. St-Jean, n°232 Alice de Senevoy, rel. St-Jean, n°231 Alice de Sivrey, rel. St-Jean, n°246 Aliot Duilly, anniv. St-Jean, n°1042 Allot Hugues d’, n°745

Alonne Anne d’, n°25 Gilberte d’, n°192 Léonard d’, n°776 Louis d’, n°456 Louise d’, n°188 Philiberte d’, n°189 Alonne, voir Clugny d’Alonne Altobosco Guillaume, n°671 Amice, ép. Seguin de Schavesi, anniv. St-And., n°898 André, curé Voudenay, anniv. St-And., n°969 André Baguet, proc. St-And., n°429 André de Busseuil, proc. St-And., n°449 André de Curgy, chap. St-And., n°706 André de La Brueire, anniv. St-And., n°1002 André de Sosinis, proc. abb. St-Jean, n°699 André des Bois, proc. St-Jean, n°598 André Lourdina alias Darnet, vicaire St-Sernin-du-Plain (St-And.), n°819 André Martin, rec. St-Jean, n°371 André Servey, rec. Marcilly (St-Jean), n°394 Angilley Guillaume, n°828 Angoste Gérard d’, n°651 Anne, veuve Jean Pillot, proc. St-And., n°528 Anne d’Alonne, abb. St-And., n°25 Anne de Cussigny, sous-pr. St-Jean, n°92 Anne de La Baume, rel. St-Jean, n°293 Anne de La Douze, rel. St-Jean, rel. Marcigny, n°202 Anne de Mailly, rel. St-And., n°174 Anne de Marsoncompte, pr. Contuleti (St-And.), n°72 Anne de Montagu, rel. St-Jean, rel. Champchanoux, n°298 Anne du Fraigne, sac. St-And., n°77 Anseric de Saint-Andoche, anniv. St-And., n°936

Liste des personnes faisant l’objet d’une notice Anthouard Étienne, n°1017 Philippe, n°348 Antoine de Eugubio, proc. St-And., proc. St-Jean, n°572 Antoine Goujon, maire St-Jean, proc. St-Jean, proc. St-And., n°346 Antoine Guichard, proc. St-And., n°435 Antoine Pillot, curé St-Pierre St-And., n°771 Antoine Quiver, proc. St-Jean, n°662 Antoinette Colombier, rel. St-And., n°178 Antoinette de Bernault, rel. St-Jean, pr. Champchanoux et Pierre-Cervau, n°277 Antoinette de Champdion, rel. St-And., n°183 Antoinette de Marcilly, abb. St-Jean, n°47 Antoinette de Seneret, rel. St-Jean, n°299 Antoinette de Spirey, rel. St-Jean, n°264 Antoinette de Vendote, rel. St-Jean, n°294 Antuilly Isabelle d’, n°913 Arambors, ép. Guillaume Loupier, anniv. St-And., n°919 Arbaut Girarde, veuve Huet, n°1035 Archambaud de l’Essertot, proc. abb. St-Jean, n°685 Arconcey Guillemette d’, n°142 Jeanne d’, n°141 Arisolle Jeanne d’, n°179 Arnault Jean, n°459 Arnay Hugues d’, n°906 Marguerite d’, n°110 Phlibert d’, n°401 Arroux Guillaume d’, n°1019 Jean d’, n°961

Artiler Guillaume dit d’, n°794 Aubespin Guillaume, n°805 Autun Garnier d’, n°815 Humbert d’, n°950 Nicolas d’, n°710 Auxois Marguerite d’, n°14 Jean, frère Marguerite d’, n°884 Jean, mari Simone d’, n°1034 Simone d’, n°1033 Auxy Jacquette, ép. Renaud d’, n°1032 Renaud d’, n°1031 Avallon Huguenin d’, n°389 Baguet André, n°429 Baichot Jean, n°529 Bailly Nicolas, n°750 Bain Jean du, n°614 Balâbre Marie de, n°63 Banneaul Jean, n°530 Bapard de Roujoylin Michel, n°423 Baraud de Blancey Guy, n°402 Huguette, ép. Naudet, n°925 Naudet, n°924 Thomas, n°712 Baraud Clément, n°551 Barbier Gauthier, n°473 Guillaume, n°529 Guy, n°399 Pierre, n°581 Barres Drouines des, n°305 Jeanne des, n°987

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660 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel Barthélemy, archiprêtre, anniv. St-And., n°943 Barthélemy Comere, proc. St-Jean, n°626 Barthélemy de Riveau, anniv. St-And., n°984 Barthélemy de Saint-Seigne, proc. St-Jean, n°605 Bassey Catherine de, n°166 Étiennette de, n°175 Bâtard Michel dit le, n°422 Baudet Renaud, n°474 Baudy Jean, n°672 Baufleury, voir Morey Baugy Guillaume de, n°367 Bauloul Isabelle de, n°135 Béatrice, ép. Jean Pitois, anniv. St-And., n°981 Béatrice de Boisseaul, sac. St-And., n°75 Béatrice de Châtillon, abb. St-Jean, rel. et sac. St-And., n°42 Béatrice de Chernuy, rel. St-Jean, n°220 Béatrice de Gissey, rel. St-And., n°134 Béatrice de Montfaucon, rel. St-And., n°155 Beaudoin, curé St-Jean, n°830 Beaune Jean de, n°951 Bebe alias Guenot Martin de, n°860 Belin Philibert, n°744 Belledent Nicolas, n°482 Benoît Loupier, prévôt Dornes (St-And.), n°331 Benoît Milot, proc. St-And., proc. St-Jean, n°428 Benoit Jean, n°483 Philibert, n°795

Bergey Jean, n°391 Bernarde, rel. St-Jean, n°258 Bernarde des Bordes, anniv. St-And., n°965 Bernardus, prévôt Viévy (St-And.), n°339 Bernaudet Pierre, n°1024 Bernault Antoinette de, n°277 Claude de, n°50 Huguette de, n°49 Louise de, n°269 Bertaud Jean, n°420 Bertaudet Florette, veuve Guillaume, n°1025 Berthin, rec. Cirey (St-Jean), chap. St-Jean, n°384 Berthos, prêtre St-And., n°735 Bertrand Castellam, proc. St-And., n°460 Bertrand du Mez, anniv. St-Jean, n°1028 Bertrannus, chanoine, anniv. St-And., n°942 Besancon Martin, n°532 Besors de Chazeu, anniv. St-And., n°1000 Blaisotte de Masoncle, sous-pr. St-And., n°70 Blancey, voir Baraud de Blancey Blanche de Marigny, abb. St-Jean, n°38 Blandinet Jean, n°664 Blismodis, abb. St-Jean, n°28 Blismodis, rel. St-Jean, n°206 Blixandis, ép. Jean de Drées, anniv. St-And., n°886 Blondeau Guillaume, n°729 Blondefontaine Philippe de, n°297 Bobin Humbert, n°652 Boicheon Humbert, n°846

Liste des personnes faisant l’objet d’une notice Boiere Laurent, n°1001 Bois André des, n°598 Denis de, n°665 Huguette des, n°160 Pierre du, n°552 Vincent des ; n°653 Boisseaul Béatrice, n°75 Boisselier Germain, n°673 Jean, n°379, n°381 Pierre, n°602, n°611 Boisserand Jacques, n°932 Henri, n°754, n°915 Hugues, n°787 Laurent, père de Jacques, n°933 Marguerite, n°157 Perrenelle, mère de Laurent, n°934 Boiteux Jean le, n°1040 Bon Jean le, n°674 Bonet Guillermus dit, n°953 Bonne de La Roche, abb. St-Jean, rel. et pr. St-And., n°35 Bonne, dame de Nolay, anniv. St-And., n°893 Bonnelli Y, n°360 Bonnet Philibert, n°807 Bonpoix Simon, n°484 Bonym Adeline de, n°252 Bordes Bernarde des, n°965 Jean des, n°966 Odet des, n°964 Yves des, n°963 Bornot Philibert, n°829

Bosot Guillaume, n°675 Bothirot Guillaume, n°533 Boucher Clément, n°731 Boudier Claude, n°615 Guillaume, n°613 Bouesseau Étiennette, n°64 Guillemette, ép. Nicolas, n°901 Nicolas, n°900 Bouhet Guillaume de, n°620 Bouhier Claude, n°801 Bourbon Jean de, n°956 Mathilde de, n°977 Bourdeaul, voir Boicheon Bourgoin Jean, n°475 Bournonville Jean de, n°424 Boussault Nazaire, n°619 Bouton Huguette, n°27 Boyart Jean, n°848 Boyau Gauthier, n°426 Braudin Guiot, n°485 Jean, n°486 Brazey de Vesigneux Jeanne de, n°41 Brazey Alice de, n°45 Marguerite de, n°216 Brecenot Guillaume, n°604 Breuil Jean du, n°709 Britonibus Jean de, n°566

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662 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel Brocart, prévôt St-And., n°318 Broquart Nicolas, n°487 Broquier Jean, n°337 Bruillé Marguerite de, n°991 Brulet Isabelle dou, n°221 Jeanne dou, n°222 Brulez Renaud dit, n°316 Brullat Isabelle de, n°85 Brunet Gauthier, n°606 Buffot Guillaume, n°345 Bugnote Jeanne, n°171 Busseuil Agnès de, n°96 André de, n°449 Jacques de, n°567 Marguerite de, n°196 Bussy Catherine de, n°296 Cadeti Jean, n°568 Camuse, voir Coue Canot Guillaume, n°718 Canut Geoffroy, n°406 Capelloni Guillaume, n°763 Carceti Raymond, n°469 Cariote Gauthier, n°1008 Carnot Gilles, n°396 Castellam Bertrand, n°460 Cathedra Jean de, n°570 Catherine, rel. St-Jean, n°242

Catherine d’Orle, pr. St-And., n°62 Catherine de Bassey, rel. St-And., n°166 Catherine de Bussy, rel. St-Jean, n°296 Catherine de Clugny d’Alonne, rel. St-And., n°172 Catherine de Luzy alias d’Oye, rel. St-And., n°167 Catherine de Masoncle, rel. St-And., n°169 Catherine de Moncler, rel. St-And., n°145 Catherine de Montereul, rel. St-Jean, n°212 Catherine de Trotedan, rel. St-And., n°194 Catherine de Vaudrey, rel. St-Jean, dame Château-Chalon, n°272 Celier Gauthier du, n°1022 Chablux Pierre de, n°488 Chagny Jacquette de, n°73 Chalon Jeanne de, n°114 Chamelot Jean, n°340 Chamola Humbert de, n°624 Champceris Guillemette de, n°218 Jeanne de, n°233 Champdion Antoinette de, n°183 Champrobert Alice de, n°84 Chamurey Jeanne de, n°136 Chandelli Jean, n°571 Chanlemains Alice de, n°107 Chaonnes Guillaume de, n°407 Chappelot Hugues, n°489

Liste des personnes faisant l’objet d’une notice Chappes de Châteauneuf Guy de, n°949 Chappet Claude, n°433 Huguenin, n°392 Charency Jeanne de, n°163 Laurence de, n°190 Charlotte de Maulain, rel. St-Jean, n°300 Charmot Pierre, n°836 Charnot Jean, n°676 Chassagnes Monin de, n°595 Chasses Eudes de, n°597 Châteauneuf, voir Chappes de Châteauneuf Châteauvillain Jeanne de, n°989 Châtillon Alice de, n°287 Béatrice de, n°42 Marguerite de, n°146 Chaudenay, voir Pitois alias de Chaudenay Chaudot Jean, n°677 Chaulme Jean de, n°859 Chauveleti Jean, n°476 Chazeu Besors de, n°1000 Chemin Guillemette du, n°59 Isabelle du, n°129 Chernuy Béatrice de, n°220 Chersey Guillaume de, n°625 Chevalier Jean, n°395 Chifflot Nicolas, n°490

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Chissey Claude de, n°68 Choat d’Autun Renaud de, n°593 Chocheaul Jean, n°678 Chomedey Gérard, n°553 Jean, n°554, n°654 Y, n°343 Choux Gauthier des, n°351 Hugues des, n°353 Jean des, n°352 Chrétien de Tournus, chanoine, anniv. St-And., n°945 Claude Boudier, proc. St-Jean, n°615 Claude Bouhier, curé Magnien (St-And.), n°801 Claude Chapper, proc. St-And., proc. St-Jean, n°433 Claude d’Oye, rel. St-Jean, n°285 Claude de Bernault, abb. St-Jean, pr. St-Jean, n°50 Claude de Chissey, pr. St-And., n°68 Claude de Luzy, rel. St-Jean, n°302 Claude de Rabutin, abb. St-Jean, rel. St-Julien-sur-Dheune, n°53 Claude de Saint-Prix, rel. St-Jean, n°304 Claude de Tintry, pr. St-And., n°66 Claude de Vichy, rel. St-Jean, n°291 Claude Dessus, curé Curgy (St-And.), n°785 Claude Ganeron, pr. St-And., n°65 Claude Mairet, rel. St-Jean, n°271 Claude Patas, proc. abb. St-Jean, n°667 Claude Puget, proc. St-And., n°544 Claude Raffin, proc. St-And., proc. St-Jean, n°563 Claude Jean, n°461 Clémence de Fonvens, anniv. St-And., n°877 Clémence de Moncler, anniv. St-And., n°899 Clémence Pierre, n°534

664 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel Clément Baraud, proc. St-And., n°551 Clément Boucher, chap. St-And., n°731 Clerc de Viserney Jean le, n°492 Clerc Jean le, n°491 Clugny d’Alonne Catherine de, n°172 Dames de, n°891 Louise de, n°24 Clugny Alice de, n°265 Guillaume de, n°996 Isabelle de, n°255 Jean de, n°635, n°753, n°997 Jeanne de, n°88 Perrenette de, n°286 Philippe de, n°89 Pierre de, n°590 Coignarde Guiotte, n°263 Marguerite, n°90, n°263, n°282 Marie, n°266 Colas de Corcelles, chap. St-Jean, n°748 Colette de Nanteuil, rel. St-Jean, n°234 Colombier Antoinette, n°178 Colonge Jeanne de, n°259 Léger de, n°756 Colot Guy, n°704 Comere Barthélemy, n°626 Communes Agnès de, n°151 Compans Guillaume de, n°788 Comtesse de Neeles, pr. St-And., n°56 Constantin, convers St-And., n°307 Coquadris, voir Quoquadris Coquant Nicolas, n°970 Coquemyne Jacques, n°751 Corbeteaul Jacquette de, n°213

Corbier Jean, n°349 Corbigny Guy de, n°408 Corcelles Colas de, n°748 Cordesse Pierre de, n°783 Corrabeuf Marguerite de, n°184 Costaule Guillaume, n°609 Jean, n°747 Coste Eudes, n°679 Guillaume, n°680 Guiot, n°681 Cotin Jean, n°448 Cotinet François, n°682 Cotur Jean, n°636 Couches Alice de, n°152 Isabelle de, n°115 Jean de, n°971 Jeanne de, n°153 Couches, voir Montagu de Couches Coues alias la Camuse Hugues de, n°415 Courier Pierre, n°782 Coursagis Jean de, n°462 Courtenay Mathilde de, n°977 Créancey Ermengarde de, n°214 Cret Pierre du, n°356 Croux Gérard des, n°769 Crugey Gérard de, n°809 Crux Étiennette de, n°168

Liste des personnes faisant l’objet d’une notice Cuissy Étienne de, n°463 Curgy André de, n°706 Raoul de, n°707 Rose, ép. Henri de, n°918 Cusenier Guillaume, n°736 Cussigny Anne de, n°92 Étiennette de, n°281 Jacquette de, n°270 Jeanne de, n°87 Marie de, n°247 Philippe de, n°288 Cussy Jean, n°683 Cutigny Guillaume de, n°493 Cyprien de Rabutin, curé Balorre (St-Jean), n°841 Dalons Jean, n°843 Damas de Clugny d’Alonne, anniv. St-And., n°891 Damas Philiberte de, n°303 Thomasse de, n°306 Damirons de Marigny, rel. St-And., n°116 Damnon, abb. St-And., n°6 Dannis, abb. St-Jean, n°30 Dannom, abb. St-And., n°13 Dardault Jean, n°455 Darnet, voir Lourdina Daucey Jean de, n°780 Dauphin Hugues, n°858 Décie, refondatrice St-And., n°3 Demigny Jean, n°684 Denis de Bois, proc. abb. St-Jean, n°665 Denise de Vienne, rel. St-Jean, n°301 Desdames, voir Le Pelletier

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Dessertot Nicolas, n°365 Dessus Claude, n°785 Dijon Perrone de, n°920 Diry Jean de, n°591 Dornay, voir Oigny de Dornay Doucette, ép. Gauthier le Marguillier, anniv. St-And., n°930 Dracy Gérard de, n°954 Jeanne de, n°164 Drées Blixandis, ép. Jean de, n°886 Guillaume de, n°888 Guillemette, ép. Jean de, n°890 Guiotte de, n°15, n°74, n°150 Jean de, n°885, n°887, n°889 Dreux Yolande de, n°875 Drouhot Jean, n°967 Drouines des Barres, rel. St-Jean, n°305 Duilly Aliot, n°1042 Durand de Pommard, proc. St-And., n°398 Durande deTintry, rel. St-And., n°195 Durandot Gérard, n°434 Edme Le Denis, rec. St-Jean, chap. St-Jean, n°382 Edme Pillot, chap. St-Jean, n°755 Églantine de Schavesi, pr. St-And., n°58 Egydia, abb. St-And., n°11 Élisabet, ép. Renaud Vigier, anniv. St-Jean, n°1027 Élisabeth, abb. St-And., n°5 Emmelina, rel. St-Jean, n°207 Endormi Jean, n°494 Perrenet, n°495 Eugubio Antoine de, n°572 Pierre de, n°573

666 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel Eremburgis, abb. à Autun., n°2 Ermengarde de Créancey, rel. St-Jean, n°214 Ermentrudis, abb. St-And., n°4 Esmonde de Rabutin, rel. St-Jean, n°295 Essertot Archambaud de l’, n°685 Jean de l’, n°839 Estorbes Jean d’, n°725 Estroye Jeanne d’, n°185 Étienne, curé Colonne (St-Jean), n°844 Étienne, curé Renève, anniv. St-Jean, n°968 Étienne, proc. St-And., n°405 Étienne Anthouard, anniv. St-Jean, n°1017 Étienne de Cuissy, proc. St-And., n°463 Étienne de Foulx, proc. St-And., n°498 Étienne de Gieire, proc. St-And., n°537 Étienne dou Genreloux, proc. St-Jean, n°627 Étienne Guiardin, proc. abb. St-And., n°589 Étienne Magnien, proc. St-Jean, n°644 Étienne Micheletet, proc. St-And., proc. St-Jean, n°441 Étienne Quartier, proc. St-And., n°562 Étienne Simoni, proc. St-And., n°471 Étienne Vestu, proc. St-And., n°447 Étiennette Bouesseau, pr. St-And., n°64 Étiennette de Crux, rel. St-And., n°168 Étiennette de Cussigny, rel. St-Jean, n°281 Étiennette de La Roche, abb. St-Jean, n°34 Étiennette de Massey, rel. St-And., n°175 Étiennette de Mypont, rel. St-And., pr. Champchanoux, n°182 Étiennette de Rouvray, rel. St-And., n°165 Eudes Coste, proc. abb. St-Jean, n°680 Eudes de Chasses, proc. St-Jean, n°597 Eudes de La Roche, inh. St-Jean, n°896

Eudes de Martigny, anniv. St-And., n°947 Eudes IV, anniv. St-And., n°974 Évrard Lermitte, proc. St-And., n°507 Fardail Jean, n°464 Fardeaul Jean, n°380 Farmer Jacques, n°332 Jean, n°446, n°813 Pierre, n°812 Faulain Gérard de, n°738 Jeanne de, n°284 Louise de, n°276 Félicie, abb. St-And., n°9 Ferroillon Jean, n°716 Flamane Jacques, n°773 Flore du Maigny, rel. St-And., n°121 Flore, rel. St-And., n°104 Florette, veuve Pierre Bertaudet, anniv. St-And., n°1025 Fontenes dit Gomey Guillaume de, n°497 Fontenes Guiot de, n°496 Fontette Jacquette de, n°170 Fonvens Clémence de, n°877 Forestiers Philippe des, n°1023 Fort Jean le, n°322 Jeannette, veuve Guillaume le, n°999 Fossé Guy du, n°778 Foulx Étienne de, n°498 Fournier François, n°686 Gérard, n°361 Hugues, n°714

Liste des personnes faisant l’objet d’une notice Fraigne Anne du, n°77 François Cotinet, proc. abb. St-Jean, n°682 François de La Boutière, proc. St-And., proc. St-Jean, n°583 François Fournier, proc. abb. St-Jean, n°686 François Pillot, proc. St-And., n°453 François Retinet, proc. abb. St-Jean, n°697 François Gérard, n°375 Jean, n°535 Françoise Pitois alias de Chaudenay, abb. élue St-Jean, sac. St-Jean, n°54 Frelot Simon, n°730 Fretigny Gérard de, n°499 Fussey Jeanne de, n°117 Perrote de, n°122 Galien Guillaume, n°946 Gamelin Philibert, n°721 Ganeron Claude, n°65 Garaiche Guillaume, n°393 Gardet Guillaume, n°637 Gareaul Jean, n°610 Garin Lanne, proc. St-And., n°505 Garin Guillaume, n°1038 Garnier d’Autun ou de Saint-Andoche, curé St-Sernin-du-Plain (St-And.), n°815 Garnier de Saint-Andoche, chap. St-And., n°708 Garnier Louis, n°555 Gaudriot Gérard, n°725

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Gauterin, frère d’un maire Curgy, anniv. St-And., n°917 Gauthier, curé St-Pierre St-And., n°766 Gauthier, vicaire Curgy (St-And.), n°777 Gauthier Barbier, proc. St-And., n°473 Gauthier Boyau, proc. St-And., n°426 Gauthier Brunet, proc. St-Jean, n°606 Gauthier Cariote, anniv. St-And., n°1008 Gauthier de La Corvée, anniv. St-And., n°1005 Gauthier de Saint-Symphorien, anniv. St-And., n°865 Gauthier de Sully, anniv. St-And., n°903 Gauthier des Choux, prévôt Charmasse et Runchy (St-Jean), n°351 Gauthier du Celier, anniv. St-And., n°1022 Gauthier le Marguillier, marguillier St-And., n°740 Gauthier Morin, anniv. St-And., n°1009 Gauthier Viennot, proc. St-Jean, n°608 Gauthier Hugues, n°500 Géanges Hugues de, n°357 Jean de, n°856 Genay Jean de, n°501 Gendrat Pierre, n°790 Genreloux Étienne dou, n°627 Gentilhomme Pierre, n°972 Geoffroy Canut, proc. St-And., n°406 Geoffroy de Main, curé St-Germain-lèsSenailly (St-And.), n°810 Geoffroy Guillaume, n°443 Georges Jean, n°536 Gérard, maire Curgy (St-And.), n°327 Gérard Chomedey, proc. St-And., n°553 Gérard d’Aisey, proc. St-And., n°458 Gérard d’Angoste, proc. St-Jean, n°651 Gérard de Crugey, curé St-Germain-lèsSenailly (St-And.), n°809

668 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel Gérard de Dracy, anniv. St-And., n°954 Gérard de Faulain, clerc St-And., n°738 Gérard de Frétigny, proc. St-And., n°499 Gérard de La Roche Beauvoir, anniv. St-And., anniv. St-Jean, n°872 Gérard de Marchaux, anniv. St-And., n°935 Gérard de Moley, convers St-And., n°314 Gérard de Riveau, anniv. St-And., n°983 Gérard de Roseix, proc. St-Jean, n°632 Gérard de Saint-Symphorien le Grand, anniv. St-And., n°867 Gérard de Sautrone le Petit, anniv. St-And., n°869 Gérard de Tuicey, proc. St-Jean, n°599 Gérard des Croux, curé St-Pierre St-And., n°769 Gérard Durandot, proc. St-And., n°434 Gérard Fardeaul, rec. St-Jean, proc. St-Jean, n°380 Gérard Fournier, rec. St-And., proc. St-And., n°361 Gérard François, rec. St-Jean, n°375 Gérard Gaudriot, chap. St-And., curé La Chapelle-au-Mans (St-And.), n°722 Gérard Grisard, chap. St-And., n°733 Gérard Mignot, proc. St-And., n°414 Gérard Visel, proc. St-And., n°526 Gerardus, chanoine, anniv. St-And., n°938 Gerberge, rel. St-Jean, n°201 Germain Boisselier, proc. abb. St-Jean, chap. St-Jean, n°673 Germaine, ép. Constantin, converse St-And., n°308 Gesort Pierre de, n°955 Gieire Étienne de, n°537 Gigney Josserand de, n°958 Gilberte d’Alonne, rel. St-And., n°192 Gilberte de Masoncle, rel. St-And., n°186 Gile de Marigny, abb. élue St-Jean, n°40 Gile de Vergy, abb. St-And., n°10 Gilete, ép. Gérard de Moley, converse St-And., n°315

Gilette de Nancray, anniv. St-And., n°1013 Gilles Carnot, proc. St-And., n°396 Gilles Lambelier, clerc St-Jean, n°762 Gilles Pellis, proc. St-And., curé Volnay (St-And.), n°403 Gilles Perenelle, rec. Cirey (St-Jean), n°388 Girard, chanoine, anniv. St-And., n°940 Girarde, veuve d’Huet Arbaut, inh. St-Jean, n°1035 Girodi Laurent, n°666 Gissey Béatrice de, n°134 Huguette de, n°127 Jeanne de, n°128, n°133 Glenne Huguette de, n°260 Goiz Jean, n°655 Gomey, voir Fontenes Gonet Laurent, n°638 Goquelet Philippe, n°818 Goujon Antoine, n°346 Gourez Guillaume, n°601 Goussot Mathieu, n°582 Grandivilla Jacques de, n°628 Grandvaux Hugues de, n°789 Grant Champ Jeanne de, n°229 Grelot Hugues, n°775 Grisard Gérard, n°733 Grobois X de, n°97 Grossi Jean, n°639

Liste des personnes faisant l’objet d’une notice Gueniot Hugues, n°800 Guenot, voir Bebe Guerreaul alias Lasnier Jean, n°759 Guespet Guillemette, n°268 Henri, n°390 Guiardin Étienne, n°589 Guichard Antoine, n°434 Guignard Jean, n°640 Guillaume, concuré St-Jean, n°831 Guillaume, curé Dornes (St-And.), n°786 Guillaume, curé St-Parize-en-Viry (St-And.), n°811 Guillaume, fils de Jean Michet, anniv. St-Jean, n°1015 Guillaume, maire Curgy (St-And.), n°325, n°328 Guillaume, prêtre St-And., n°734 Guillaume, proc. St-Jean, n°650 Guillaume Albaudi, maire St-Jean-duBourg, n°359 Guillaume Altobosco, proc. abb. St-Jean, n°671 Guillaume Angilley, curé Volnay (St-And.), n°828 Guillaume Aubespin, curé Merceuil (St-And.), n°805 Guillaume Barbier, proc. St-And., n°531 Guillaume Baugy, châtelain et rec. Curgy (St-And.), proc. St-And., n°367 Guillaume Blondeau, chap. St-And., n°729 Guillaume Bosot, proc. abb. St-Jean, n°675 Guillaume Bothirot, proc. St-And., n°533 Guillaume Boudier, proc. St-Jean, n°613 Guillaume Brecenot, proc. St-Jean, n°604 Guillaume Buffot, lieutenant maire St-Jean, rec. St-Jean, proc. St-Jean, n°345 Guillaume Canot, chap. St-And., n°718

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Guillaume Capelloni, prêtre St-Jean, n°763 Guillaume Costaule, proc. St-Jean, chap. St-Jean, n°609 Guillaume Coste, proc. abb. St-Jean, n°681 Guillaume Cusenier, prêtre St-And., n°736 Guillaume d’Abenton, juge et gouverneur St-Germain et Senailly (St-And.), n°338 Guillaume d’Arroux, anniv. St-Jean, n°1019 Guillaume d’Ostun, inh. St-Jean, n°911 Guillaume de Baugy, rec. Curgy et Viévy (St-And.), proc. St-And., n°367 Guillaume de Bouhet, proc. St-Jean, n°618 Guillaume de Chaonnes, proc. St-And., n°407 Guillaume de Chersey, proc. St-Jean, n°625 Guillaume de Clugny, anniv. St-And., anniv. St-Jean, n°996 Guillaume de Compans, curé Dornes (St-And.), n°788 Guillaume de Cutigny, proc. St-And., n°493 Guillaume de Drées, anniv. St-And., n°888 Guillaume de Fontenes dit Gomey, proc. St-And., n°497 Guillaume de Morey alias Baufleury, curé St-Jean, n°837 Guillaume de Revere, proc. St-And., n°521 Guillaume de Saint-Léger-sousBeuvray, proc. St-And., n°404 Guillaume de Saint-Léger-sousBeuvray, proc. St-Jean, n°592 Guillaume de Saint-Martin, anniv. St-And., n°962 Guillaume de Saint-Symphorien, anniv. St-And., n°866 Guillaume de Semur, curé Merceuil (St-And.), n°806

670 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel Guillaume de Serue, curé La Celle (St-And.), n°793 Guillaume de Thorey, curé La Chapelleau-Mans (St-And.), n°797 Guillaume de Vergy, anniv. St-And., n°876 Guillaume de Volnay, curé Merceuil (St-And.), n°804 Guillaume de Voyo, proc. St-And., proc. St-Jean, n°565 Guillaume dit d’Artiler, curé La Celle (St-And.), n°794 Guillaume dit de Puteo, chap. St-Jean, n°743 Guillaume Galien, anniv. St-And., n°946 Guillaume Garaiche, rec. Marcilly (St-Jean), n°393 Guillaume Gardet, proc. St-Jean, n°637 Guillaume Garin, anniv. St-Jean, n°1038 Guillaume Geoffroy, proc. St-And., proc. St-Jean, n°443 Guillaume Gourez, proc. St-Jean, n°601 Guillaume Jaquereaul, rec. St-Jean, n°373 Guillaume Le Broisson, proc. St-And., n°506 Guillaume le Main, inh. St-Jean, n°1041 Guillaume Le Pelletier, proc. St-And., n°442 Guillaume Le Philibert, proc. St-Jean, n°623 Guillaume Legeaul, proc. St-Jean, n°643 Guillaume Loupier, prévôt Dornes (St-And.), n°330 Guillaume Mairet, gouverneur Cirey et Nolay (St-Jean,), rec. St-Jean, proc. St-Jean, n°354 Guillaume Naudin, anniv. St-And., n°927 Guillaume Poirenelle, proc. St-And., curé St-Germain-lès-Senailly (St-And.), n°468 Guillaume Racquin, curé Ciry (St-And.), n°774 Guillaume Renaud, proc. St-And., proc. St-Jean, n°587

Guillaume Vernissy, rec. St-Jean, proc. St-Jean, chap. St-Jean, curé SteRadegonde (St-Jean), n°372 Guillaume Volu, rec. St-Jean, proc. St-Jean, chap. St-Jean, curé Balorre (St-Jean), n°376 Guillemette, ép. Gauthier Morin, anniv. St-And., n°1011 Guillemette, ép. Guillaume fils de Jean Michet, anniv. St-Jean, n°1016 Guillemette, ép. Nicolas Bouesseau, anniv. St-And., n°901 Guillemette, ép. Thibault de SaintSernin-du-Plain, anniv. St-And., n°905 Guillemette, fille de Gauthier de La Corvée, anniv. St-And., n°1007 Guillemette d’Arconcey, rel. St-And., n°142 Guillemette d’Oiselet, abb. St-And., n°20 Guillemette de Champceris, rel. St-Jean, n°218 Guillemette de Muxy, anniv. St-And., n°890 Guillemette de Sautrone, rel. St-And., n°105 Guillemette du Chemin, pr. St-And., n°59 Guillemette Guespet, rel. St-Jean, n°268 Guillemette Lagrasse, anniv. St-Jean, n°1039 Guillemot Simon, n°502 Guillermus dit Bonet, anniv. St-And., n°953 Guimat Renaud, n°629 Guionet Lombart, anniv. St-Jean, n°1014 Guiot Braudin, proc. St-And., n°485 Guiot Coste, proc. abb. St-Jean, n°679 Guiot de Fontenes, proc. St-And., n°496 Guiot de Lierche, proc. St-And., n°509 Guiot de Marendeuil, proc. St-And., n°511 Guiot de Norsereto, proc. St-Jean, n°630 Guiot de Villers, proc. St-And., n°524

Liste des personnes faisant l’objet d’une notice Guiot Maisere, rec. Cirey (St-Jean), n°385 Guiot Mombelot, proc. St-And., n°514 Guiot Morelet, proc. St-And., n°416 Guiot Olearii, proc. St-And., n°413 Guiot Petit, proc. St-And., n°518 Guiotte Coignarde, rel. St-Jean, n°273 Guiotte de Drées, abb. St-And., sac. St-And., n°15 Guiotte de Drées, rel. St-And., n°150 Guiotte de Drées, sac. St-And., n°74 Guiotte de Vienne, rel. St-And., pr. Champchanoux, n°191 Guiotte Lombarde, sac. St-And., n°76 Guy, chap. St-And., n°719 Guy, chapelain Volnay (St-And.), n°825 Guy, curé Curgy (St-And.), n°779 Guy, curé Magnien (St-And.), n°798 Guy, curé Merceuil (St-And.), n°802 Guy, curé Tintry (St-And.), n°823 Guy, curé Viévy (St-And.), n°822 Guy, proc. St-Jean, n°596 Guy, seigneur de Vautheau, anniv. St-And., n°978 Guy Baraud de Blancey, proc. St-And., chap. St-And., curé Viévy (St-And.), n°402 Guy Barbier, proc. St-And., n°399 Guy Colot, conseiller St-Jean, n°704 Guy d’Ostun, inh. St-Jean, n°986 Guy d’Ostun, inh. St-Jean, n°988 Guy de Chappes de Châteauneuf, anniv. St-And., n°949 Guy de Corbigny, proc. St-And., n°408 Guy de La Roche, anniv. St-And., n°894 Guy de Thil, inh. St-And., n°892 Guy de Vergy, anniv. St-And., n°871 Guy du Fossé, curé Curgy (St-And.), n°778 Guy Morin, curé Curgy (St-And.), n°781 Guy Patoin, proc. St-Jean, n°646 Guy Pigney, chap. St-Jean, n°746 Guye, rel. St-Jean, n°240 Harsendis, rel. St-Jean, n°203 Hauterive Jeanne d’, n°230 Hélie de Loissaule, prêtre St-Jean, n°760

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Henri, concuré St-Jean, n°832 Henri Boisserand, anniv. St-And., n°915 Henri Boisserand, chap. St-Jean, n°754 Henri de Saint-Andoche, anniv. St-And., n°937 Henri de Vergy, anniv. St-And., n°878 Henri Guespet, rec. Géanges (St-Jean), n°390 Henri Lanisier, proc. St-And., n°556 Henri Martinet, anniv. St-And., n°959 Henri Merceret, proc. St-Jean, n°659 Henri Sergent, proc. St-Jean, n°649 Henriette de Vienne, abb. St-And., abb. Remiremont, n°22 Honoré de La Bussière, chap. St-Jean, n°752 Hubard, curé Colonne (St-Jean), n°842 Hue Jean, n°960 Huelly Mathieu, n°574 Hugo, chanoine, anniv. St-And., n°941 Huguenin Chappet, rec. Marcilly (St-Jean), n°392 Huguenin d’Avallon, rec. Comté de Bourgogne (St-Jean), proc. St-Jean, n°389 Huguenin de Montgachot, proc. St-And., n°440 Huguenin Mellin, proc. St-And., n°418 Huguenin Peletier, proc. St-Jean, n°622 Hugues, curé St-Germain-lès-Senailly (St-And.), n°808 Hugues, curé Tintry (St-And.), n°820 Hugues, curé Volnay (St-And.), n°827 Hugues, doyen Ormancey (St-And.), n°334 Hugues, doyen Curgy (St-And.), n°329 Hugues, maire Curgy (St-And.), n°323, n°324, n°326 Hugues IV, anniv. St-And., anniv. St-Jean, n°874 Hugues Boisserand, curé Dornes (St-And.), curé et pr. St-Parize-en-Viry (St-And.), n°787 Hugues Chappelot, proc. St-And., n°489

672 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel Hugues d’Allot, chap. St-Jean, n°745 Hugues d’Arnay, anniv. St-And., n°906 Hugues d’Orsey, proc. St-And., curé Viévy (St-And.), n°412 Hugues Dauphin, curé Nolay (St-Jean), n°858 Hugues de Coue alias la Camuse, proc. St-And., curé St-Pierre St-And., n°415 Hugues de Géanges, maire Géanges (St-Jean), n°357 Hugues de Grandvaux, curé Dornes (St-And.), n°789 Hugues de Meursault, proc. St-And., n°400 Hugues de Saint-Gengoux, chapelain Grozon (St-Jean), n°851 Hugues de Saudon, anniv. St-And., n°882 Hugues de Varennes, anniv. St-And., n°909 Hugues de Vieux Chateau, curé SteRadegonde (St-Jean), n°862 Hugues des Choux, prévôt Charmasse et Runchy (St-Jean), n°353 Hugues des Saulces, proc. abb. St-Jean, curé Montmort (St-Jean), n°670 Hugues du Mez, anniv. St-Jean, n°1029 Hugues Fournier, chap. St-And., n°714 Hugues Gauthier, proc. St-And., n°500 Hugues Grellot, curé Ciry (St-And.), n°775 Hugues Gueniot, curé Magnien (St-And.), n°800 Hugues Jacob, proc. St-And., n°575 Hugues Morin, anniv. St-And., n°1012 Hugues Musseti, proc. abb. St-Jean, n°692 Hugues Odille, curé St-Parize-en-Viry (St-And.), n°814 Hugues Pitois, chap. St-Jean, curé St-Jean, n°758 Hugues Tatepoire, proc. abb. St-Jean, n°701 Huguette, ép. Naudet Baraud de Blancey, anniv. St-And., n°925 Huguette Bouton, abb. St-And., n°27 Huguette d’Aimanges, abb. St-And., receveresse St-And., n°21

Huguette de Bernault, abb. St-Jean, pr. St-Jean, n°49 Huguette de Gissey, rel. St-And., n°127 Huguette de Glenne, rel. St-Jean, n°260 Huguette de La Marche, rel. St-Jean, n°239 Huguette de Sully, rel. St-And., n°98 Huguette des Bois, rel. St-And., n°160 Humbert Bobin, proc. St-Jean, n°652 Humbert Boicheon/Bourdeaul, curé Colonne (St-Jean), n°846 Humbert d’Autun, anniv. St-And., n°950 Humbert d’Onlay, curé La Chapelle-auMans (St-And.), n°796 Humbert de Chamola, proc. St-Jean, n°624 Humbert dit l’Official, anniv. St-And., n°948 Humbert Miget, proc. St-And., n°512 Humbert Jean, n°503 Isabelle, mairesse de Curgy, anniv. St-And., n°916 Isabelle, rel. St-And., n°113 Isabelle, rel. St-And., n°132 Isabelle, rel. St-And., n°138 Isabeau de Savigny, rel. St-Jean, n°228 Isabelle d’Antuilly, anniv. St-Jean, n°913 Isabelle de Bauloul, rel. St-And., n°135 Isabelle de Brulat, pr. St-Jean, n°85 Isabelle de Clugny, rel. St-Jean, n°255 Isabelle de Couches, rel. St-And., n°115 Isabelle de La Rochette, pr. St-And., n°57 Isabelle de Loges, rel. St-And., n°126 Isabelle de Lucenay, rel. St-And., n°111 Isabelle de Moncler, pr. St-And., n°60 Isabelle de Mongeville, rel. St-And., abb. Remiremont ?, n°158 Isabelle de Raffine, pr. St-Jean, n°86 Isabelle de Saleu, rel. St-And., n°161 Isabelle de Vaux, pr. St-Jean, n°80 Isabelle dou Brulet, rel. St-Jean, n°221 Isabelle du Chemin, rel. St-And., n°129 Isabelle du Maigny, pr. St-And., n°69 Issy Raoul d’, n°952

Liste des personnes faisant l’objet d’une notice Jacob Hugues, n°575 Jacques, fils d’Hugues Varot de Larue, anniv. St-Jean, n°1036 Jacques, proc. St-And., n°457 Jacques Boisserand, anniv. St-And., anniv. St-Jean, n°932 Jacques Coquemyne, chap. St-Jean, n°751 Jacques de Busseuil, proc. St-And., curé St-Pierre St-Andoche, n°567 Jacques de Grandivilla, proc. St-Jean, n°628 Jacques de Lantracey, conseiller St-Jean, n°705 Jacques de Lien, proc. St-And., n°508 Jacques Farmer, gouverneur Dornes (St-And.), n°332 Jacques Flamane, curé Ciry (St-And.), curé Magnien (St-And.), n°773 Jacques Maignien, proc. St-And., proc. St-Jean, n°438 Jacques Viaul, prêtre St-And., n°737 Jacquette, ép. Gérard de Sautrone, anniv. St-And., n°870 Jacquette, ép. Renaud d’Auxy, anniv. St-And., n°1032 Jacquette d’Outre-Loire, pr. St-Parizeen-Viry pour St-And., n°71 Jacquette de Chagny, sac. St-And., n°73 Jacquette de Corbeteaul, rel. St-Jean, n°213 Jacquette de Cussigny, rel. St-Jean, n°270 Jacquette de Fontette, rel. St-And., n°170 Jacquette de Saint-Sernin-du-Plain, rel. St-And., n°108 Jacquette de Vaux, pr. St-Jean, n°81 Jacquette de Vienne, abb. St-And., n°19 Jacquette du Maigny, rel. St-And., n°120 Jacquette, abb. St-And., n°8 Jaquereaul Guillaume, n°373 Jean, curé Marcilly-sous-Mont-St-Jean (St-Jean), n°852 Jean, doyen Ormancey (St-And.), n°333, 336

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Jean, époux de Simone d’Auxois, anniv. St-And., n°1034 Jean, frère de Marguerite d’Auxois, anniv. St-And., n°884 Jean, maire Ciry (St-Jean), n°355 Jean, proc. St-And., n°397 Jean à la Marion, proc. St-And., n°584 Jean Abéron, proc. St-Jean, n°634 Jean Arnault, proc. St-And., n°459 Jean Baichot, proc. St-And., n°529 Jean Banneaul, proc. St-And., n°530 Jean Baudy, proc. abb. St-Jean, n°672 Jean Benoit, proc. St-And., n°483 Jean Bergey, rec. Géanges (St-Jean), n°391 Jean Bertaud, proc. St-And., n°420 Jean Blandinet, proc. abb. St-Jean, n°664 Jean Boisselier le Jeune, rec. St-Jean, proc. St-Jean, vicaire St-Jean, n°381 Jean Boisselier, rec. St-Jean, proc. St-Jean, proc. St-Jean, curé St-Jean, n°379 Jean Bourgoin, proc. St-And., n°475 Jean Boyart, curé Colonne (St-Jean), n°848 Jean Braudin, proc. St-And., n°486 Jean Broquier, juge et gouverneur St-Germain et Senailly (St-And.), n°337 Jean Cadeti, proc. St-And., n°568 Jean Chamelot, maire St-Jean, proc. St-Jean, n°340 Jean Chandelli, proc. St-And., n°571 Jean Charnot, proc. abb. St-Jean, n°676 Jean Chaudot, proc. abb. St-Jean, n°677 Jean Chauveleti, proc. St-And., proc. St-Jean, n°476 Jean Chevalier, rec. Nanteuil (St-Jean), proc. St-Jean, curé Ciry (St-And.), curé Tintry (St-And.), n°395 Jean Chocheaul, proc. abb. St-Jean, n°678 Jean Chomedey, proc. St-And., proc. St-Jean, n°554 Jean Chomedey, proc. St-Jean, n°654 Jean Claude, proc. St-And., n°461 Jean Corbier, lieutenant maire St-Jean, n°349 Jean Costaule, chap. St-Jean, concuré St-Jean, n°747

674 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel Jean Cotin, proc. St-And., proc. St-Jean, n°448 Jean Cotur, proc. St-Jean, n°636 Jean d’Aiguemortes, proc. St-And., n°550 Jean d’Arroux, anniv. St-And., n°961 Jean d’Estorbes, chap. St-And., n°725 Jean Dalons, curé Colonne (St-Jean), n°843 Jean Dardault, proc. St-And., n°455 Jean de Beaune, anniv. St-And., n°951 Jean de Bourbon, anniv. St-And., n°956 Jean de Bournonville, proc. St-And., n°424 Jean de Britonibus, proc. St-And., n°566 Jean de Cathedra, proc. St-And., n°570 Jean de Chaulme, curé Nolay (St-Jean), n°859 Jean de Clugny, anniv. St-Jean, n°997 Jean de Clugny, chap. St-Jean, n°753 Jean de Clugny, proc. St-Jean, n°635 Jean de Couches, anniv. St-And., n°971 Jean de Coursagis, proc. St-And., n°462 Jean de Cussy, proc. abb. St-Jean, n°683 Jean de Daucey, curé Curgy (St-And.), n°780 Jean de Diry, proc. St-And., n°591 Jean de Drées, anniv. St-And., n°885 Jean de Drées, anniv. St-And., n°887 Jean de Drées, anniv. St-And., n°889 Jean de Géanges, curé Nolay (St-Jean), n°856 Jean de Genay, proc. St-And., n°501 Jean de l’Essertot, curé St-Jean, n°839 Jean de La Croix, chap. St-Jean, n°749 Jean de La Croix, proc. St-Jean, n°621 Jean de La Roche, chap. St-And., vicaire Curgy (St-And.), n°723 Jean de La Roche, concuré St-Jean, n°834 Jean de Laigne, proc. St-And., n°504 Jean de Luzy, proc. abb. St-Jean, n°689 Jean de Malecey, proc. St-And., n°477 Jean de Marchans, curé Dornes (St-And.), n°791 Jean de Marcilly, proc. St-And., n°510 Jean de Marcilly, proc. St-Jean, n°600

Jean de Marigny, chap. St-And., curé Merceuil (St-And.), n°715 Jean de Mere, maire St-Jean, n°350 Jean de Méru, maire St-Jean, n°347 Jean de Montottoir, proc. St-And., n°540 Jean de Neufchasteaul, concuré St-Jean, n°833 Jean de Noiron, proc. St-And., n°517 Jean de Platea, proc. St-And., n°467 Jean de Remilly, proc. St-And., n°470 Jean de Saint-Romain, proc. St-Jean, n°603 Jean de Vergy, anniv. St-And., n°879 Jean de Vezon, proc. abb. St-Jean, n°702 Jean de Villers, proc. St-And., n°525 Jean Demigny, proc. abb. St-Jean, n°684 Jean des Bordes, anniv. St-And., n°966 Jean des Choux, prévôt Charmasse et Runchy (St-Jean), n°352 Jean dit Verpillat, proc. St-Jean, n°594 Jean Drouhot, anniv. St-And., n°967 Jean du Bain, proc. St-Jean, n°614 Jean du Breuil, chap. St-And., curé Ciry (St-And.), curé Viévy (St-And.), n°709 Jean du Pont, proc. St-Jean, n°607 Jean Endormi, proc. St-And., n°494 Jean Fardail, proc. St-And., n°464 Jean Farmer, curé St-Parize-en-Viry (St-And.), n°813 Jean Farmer, proc. St-And., n°446 Jean Ferroillon, chap. St-And., curé St-Pierre St-Andoche, n°716 Jean François, proc. St-And., n°535 Jean Gareaul, proc. St-Jean, n°610 Jean Georges, proc. St-And., n°536 Jean Goiz, proc. St-Jean, n°655 Jean Grossi, proc. St-Jean, n°639 Jean Guerreaul alias Lasnier, prêtre St-Jean, n°759 Jean Guignard, proc. St-Jean, n°640 Jean Hue, anniv. St-And., n°960 Jean Humbert, proc. St-And., n°503 Jean Jodon le Jeune, proc. St-Jean, n°656 Jean Jodon, rec. St-Jean, proc. St-Jean, curé St-Jean, n°378 Jean Joffriot, proc. St-And., n°452

Liste des personnes faisant l’objet d’une notice Jean Joly, proc. St-Jean, n°620 Jean Joussault, proc. St-Jean, n°641 Jean Landormy, proc. St-And., n°465 Jean Lanier, proc. St-Jean, n°642 Jean Lanisier, proc. St-And., n°439 Jean le Boiteux, anniv. St-Jean, n°1040 Jean le Bon, proc. abb. St-Jean, n°674 Jean le Clerc de Viserney, proc. St-And., n°492 Jean le Clerc, proc. St-And., n°491 Jean le Fort, juge pour St-And., proc. St-And., n°322 Jean Lescuier, proc. abb. St-Jean, n°688 Jean Loridel, proc. St-Jean, n°616 Jean Luzey, proc. St-Jean, n°657 Jean Maignien, maire St-Jean, proc. St-Jean, n°341 Jean Maire, chap. St-And., n°727 Jean Maire, maire St-Jean, proc. St-Jean, n°342 Jean Martenot, proc. St-And., n°444 Jean Marthault, curé Dornes (St-And.), n°792 Jean Martherat, curé St-Jean, n°840 Jean Mathélie, proc. abb. St-Jean, n°690 Jean Mathey, curé Tintry (St-And.), n°824 Jean Mathon, proc. St-Jean, n°658 Jean Fannilimi, proc. St-And., n°397 Jean Melenot, proc. St-And., n°478 Jean Michel, rec. St-Jean, n°368 Jean Micheletet l’Ancien, proc. St-And., n°538 Jean Micheletet, proc. St-And., n°539 Jean Milnot, curé Montmort (St-Jean), n°855 Jean Milot, marguillier St-And., n°741 Jean Milot, proc. St-And., n°558 Jean Miquaule, proc. St-And., n°513 Jean Morin, proc. St-And., n°445 Jean Naudin, proc. St-And., n°515 Jean Paney, proc. St-And., n°431 Jean Patoiloz, curé St-Pierre St-And., n°768 Jean Perreaul, proc. St-And., n°560 Jean Perrenette, chap. St-And., n°726

675

Jean Petit, proc. St-And., n°519 Jean Pignolet, proc. St-And., n°543 Jean Pillot l’Ancien, proc. St-Jean, n°661 Jean Pillot le Jeune, châtelain St-And., proc. St-And., proc. St-Jean, n°321 Jean Pillot, proc. St-And., proc. St-Jean, n°427 Jean Pitois, anniv. St-And., n°980 Jean Pouraisset, proc. St-Jean, n°647 Jean Pourrot, proc. St-And., n°436 Jean Prioris, proc. abb. St-Jean, n°695 Jean Quarré, proc. St-And., n°480 Jean Quartier, proc. St-And., proc. St-Jean, n°545 Jean Raffin, anniv. St-Jean, n°928 Jean Ranerat, proc. St-And., n°520 Jean Raolin, inh. St-Pierre St-And., n°993 Jean Rappes, rec. St-Jean, proc. St-Jean, n°369 Jean Rebors, chap. St-And., n°713 Jean Recaudi, proc. abb. St-Jean, n°669 Jean Rehierdi, proc. abb. St-Jean, n°696 Jean Rolin, curé Curgy (St-And.), n°784 Jean Rolin, inh. St-Pierre St-And., n°995 Jean Rolin, rec. Cirey, Nolay et Chassagne (St-Jean), rec. Géanges, St-Loup et Chevigny (St-Jean), n°387 Jean Rotille, curé Marcilly-sous-Mont-StJean (St-Jean), n°853 Jean Rusier, proc. St-Jean, n°648 Jean Sanereaul, proc. St-And., n°522 Jean Saulieu, chap. St-And., n°717 Jean Savageti, proc. St-And., n°579 Jean Surtin, proc. St-Jean, curé St-Jean, n°612 Jean Symon, proc. St-And., n°546 Jean Thevenin, proc. St-And., n°588 Jean Vacheroy, proc. St-And., n°481 Jean Vaillant, proc. St-And., chap. St-And., curé St-Germain-lès-Senailly, n°472 Jean Valier, curé Marcilly-sous-Mont-StJean (St-Jean), n°854 Jean Vallin, chapelain Colonne (St-Jean), n°849 Jean Vauldrans, proc. St-Jean, n°617

676 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel Jean Verdont, anniv. St-Jean, n°1021 Jean Vigier, proc. St-And., n°548 Jean Vinot, curé Nolay (St-Jean), n°857 Jean Voulomer, rec. Chaudenay (St-Jean), n°383 Jeanne, ép. Gauthier Morin, anniv. St-And., n°1010 Jeanne, ép. Thibault de La Corvée, anniv. St-And., n°1004 Jeanne, ép. Vincent de Sens, anniv. St-And., n°923 Jeanne Bugnote, rel. St-And., n°171 Jeanne d’Arconcey, rel. St-And., n°141 Jeanne d’Arisolle, rel. St-And., n°179 Jeanne d’Estroye, rel. St-And., n°185 Jeanne d’Hauterive, rel. St-Jean, n°230 Jeanne d’Oigny de Dornay, abb. St-Jean, n°39 Jeanne de Brazey de Vesigneux, abb. St-Jean, n°41 Jeanne de Chalon, rel. St-And., n°114 Jeanne de Champceris, rel. St-Jean, n°233 Jeanne de Chamurey, rel. St-And., n°136 Jeanne de Charency, rel. St-And., n°163 Jeanne de Châteauvillain, inh. St-Jean, n°989 Jeanne de Clugny, pr. St-Jean, sac. St-Jean, n°88 Jeanne de Colonge, rel. St-Jean, n°259 Jeanne de Couches, rel. St-And., n°153 Jeanne de Cussigny, pr. St-Jean, n°87 Jeanne de Dracy, rel. St-And., n°164 Jeanne de Faulain, rel. St-Jean, n°284 Jeanne de Fussey, rel. St-And., n°117 Jeanne de Gissey, rel. St-And., n°128 Jeanne de Gissey, rel. St-And., n°133 Jeanne de Grant Champ, rel. St-Jean, n°229 Jeanne de La Bussière, rel. St-Jean, n°254 Jeanne de La Merche, rel. St-Jean, n°238 Jeanne de La Mote, rel. St-Jean, n°262 Jeanne de La Rivière Martenet, rel. St-And., n°199 Jeanne de La Vallote, rel. St-Jean, n°248 Jeanne de La Valotte, rel. St-Jean, n°237

Jeanne de Manilley, rel. St-Jean, n°261 Jeanne de Marcilly, rel. St-Jean, n°267 Jeanne de Masoncle, anniv. St-And., n°921 Jeanne de Massey, rel. St-And., n°181 Jeanne de Montagu, abb. St-Jean, n°36 Jeanne de Montagu, rel. St-And., abb. Crisenon, n°148 Jeanne de Montagu, rel. St-And., n°130 Jeanne de Montagu de Couches, abb. St-Jean, n°44 Jeanne de Montagu de Sombernon, abb. St-Jean, n°43 Jeanne de Pierre Pon, rel. St-And., n°177 Jeanne de Senceny, rel. St-Jean, n°256 Jeanne de Sivrey, rel. St-Jean, n°241 Jeanne de Tenarre ou de Souterrain, rel. St-Jean, n°283 Jeanne de Testefort, rel. St-Jean, n°275 Jeanne de Torcy, rel. St-Jean, n°289 Jeanne de Vaulcolont, rel. St-Jean, n°235 Jeanne de Voulenay, rel. St-And., n°159 Jeanne des Barres, inh. St-Jean, n°987 Jeanne dou Brulet, rel. St-Jean, n°222 Jeanne la Motonte, rel. St-Jean, n°245 Jeanne la Renarde, rel. St-Jean, n°253 Jeanne Nagu, rel. St-Jean, n°280 Jeannette, veuve Guillaume le Fort, anniv. St-And., n°999 Jeannette Pellisans, rel. St-Jean, n°219 Jocerand de Gigney, anniv. St-And., n°958 Jodon Jean, n°378, n°656 Joffriot Jean, n°452 Joly Jean, n°620 Josserand, curé St-Sernin-du-Plain (St-And.), n°817 Joussault Jean, n°641 Juilly Alice de, n°215 Yolande de, n°226 Julien de Noiron, proc. St-And., n°419

Liste des personnes faisant l’objet d’une notice Juliette, ép. Thibault Masson, anniv. St-And., n°926 La Baume Anne de, n°293 Louis de, n°576 La Boutière François de, n°583 La Brueire André de, n°1002 La Bussière Alice de, n°251 Honoré de, n°752 Jeanne de, n°254 Marguerite de, n°46 La Chanaul Adeline de, n°244 La Corvée Gauthier de, n°1005 Guillemette, fille de Gauthier de, n°1007 Jeanne, ép. Thibault de, n°1004 Priose, ép. Gauthier de, n°1006 Thibault de, n°1003 La Croix Jean de, n°621, n°749 La Douze Anne de, n°202 La Ferté Marguerite de, n°100 La Grange Simon de, n°742 La Marion Jean à, n°584 La Merche Huguette de, n°239 Jeanne de, n°238 La Mote Jeanne de, n°262 La Palu de Varas Adrienne de, n°55 La Porcheresse Marguerite de, n°187 La Rebosse Marie dite, n°131 La Rivière Martenet Jeanne de, n°199

677

La Roche Beauvoir Gérard de, n°872 La Roche Bonne de, n°35 Étiennette de, n°34 Eudes de, n°896 Guy de, n°894 Jean de, n°723, n°834 Marguerite, ép. Guy de, n°895 La Rochette Adeline de, n°78 Isabelle de, n°57 La Valotte Jeanne de, n°237, n°248 La Vie Léger de, n°838 Lagrasse Guillemette, n°1039 Laigne Jean de, n°504 Laisy Perronette, veuve Perrin, n°1037 Lambelier Gilles, n°762 Lambert de Poiss(), curé St-Sernin-duPlain (St-And.), n°816 Lambert de Ponterres, proc. St-And., n°479 Lambert Renaud, n°344 Landormy Jean, n°465 Lanier Jean, n°642 Lanisier Jean, n°439 Henri, n°556 Nicolas, n°454 Lanne Garin, n°505 Lanniron Sebilotte de, n°83 Lantracey Jacques de, n°705 Larue, voir Varot de Larue Lasnier, voir Guerreaul

678 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel Laurence de Charency, rel. St-And., n°190 Laurent, curé St-Pierre St-And., n°767 Laurent, père de Jacques Boisserand, anniv. St-And., n°933 Laurent Boiere, anniv. St-And., n°1001 Laurent Girodi, proc. abb. St-Jean, n°666 Laurent Gonet, proc. St-Jean, n°638 Laurent Musseti, proc. abb. St-Jean, n°693 Le Broisson Guillaume, n°506 Le Denis Edme, n°382 Le Leaul Pierre, n°728 Le Loup Martin, n°687 Le Pelletier alias Desdames Simon, n°430 Le Pelletier Guillaume, n°442 Le Philibert Guillaume, n°623 Le Reux Alexandre, n°732 Léer Marie, veuve de Rodolphe de, n°982 Legaul Guillaume, n°643 Léger de Colonge, chap. St-Jean, n°756 Léger de La Vie, curé St-Jean, n°838 Léger de Norat, proc. St-Jean, n°645 Léonard d’Alonne, curé Ciry et Merceuil (St-And.), n°776 Lermitte Évrard, n°507 Lescuier Jean, n°688 Letaud Mathieu, n°799 Lien Jacques de, n°508 Lierche Guiot de, n°509 Loges Agnès de, n°264 Isabelle de, n°126

Loissaule Hélie de, n°760 Lombard Guionet, n°1014 Lombarde Guiotte, n°76 Longe Alice de, n°243 Loridel Jean, n°616 Louis d’Alonne, proc. St-And., n°456 Louis de La Baume, proc. St-And., n°576 Louis Garnier, proc. St-And., n°555 Louise d’Alonne, rel. St-And., n°188 Louise de Bernault, rel. St-Jean, n°269 Louise de Clugny d’Alonne, abb. St-And., pr. et sac. St-And., n°24 Louise de Faulain, rel. St-Jean, n°276 Louise de Rabutin, abb. élue St-Jean, rel. et pr. St-Julien-sur-Dheune, n°48 Louise Nagu, rel. St-Jean, n°278 Loupier Arambors, ép. Guillaume, n°919 Benoît, n°331 Guillaume, n°332 Lourdina alias Darnet André, n°819 Lucenay Isabelle de, n°111 Lucette de Saudon, abb. St-And., n°12 Luzey Jean, n°657 Pierre, n°757 Luzy alias d’Oye Catherine de, n°167 Luzy Claude de, n°302 Jean de, n°689 Machin Philibert, n°557 Maignien Jacques, n°438 Jean, n°341 Maigny Isabelle du, n°69 Jacquette du, n°120 Flore du, n°121

Liste des personnes faisant l’objet d’une notice Mailly Anne de, n°174 Main Geoffroy de, n°810 Guillaume le, n°1041 Maire Jean, n°342, n°727 Maire, veuve Rodolphe de Léer, fonde une chapelle à St-Jean, n°982 Mairet Claude, n°271 Guillaume, n°354 Maisere Guiot, n°385 Malecey Jean de, n°477 Manilley Jeanne de, n°261 Marchans Jean de, n°791 Marchaux Gérard de, n°935 Marchie Philibert du, n°451 Marcilly Agnès de, n°290 Antoinette de, n°47 Jean de, n°510 Jean de, n°600 Jeanne de, n°267 Marie de, n°51 Philiberte de, n°279 Philippe de, n°764 Marendeuil Guiot de, n°511 Maret Perrenet le, n°370 Marguerita, rel. St-Jean, n°209 Marguerite, ép. Hugues de Saudon, anniv. St-And., n°883 Marguerite, ép. Guy de La Roche, anniv. St-And., n°895 Marguerite, fille Guy seigneur de Vautheau, anniv. St-And., n°979 Marguerite, rel. St-And., n°137 Marguerite, sac. St-Jean, n°93 Marguerite Boisserand, n°157

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Marguerite Coignarde le Jeunne, pr. St-Jean, n°90 Marguerite Coignarde, rel. St-Jean, n°263 Marguerite Coignarde, rel. St-Jean, n°282 Marguerite d’Arnay, rel. St-And., n°110 Marguerite d’Auxois, abb. St-And., n°14 Marguerite de Brazey, rel. St-Jean, n°216 Marguerite de Bruillé, anniv. St-Jean, n°991 Marguerite de Busseuil, rel. St-And., n°196 Marguerite de Châtillon, rel. St-And., n°146 Marguerite de Corrabeuf, rel. St-And., n°184 Marguerite de La Bussière, abb. St-Jean, n°46 Marguerite de La Ferté, rel. St-And., n°100 Marguerite de La Porcheresse, rel. St-And., n°187 Marguerite de Masoncle, rel. St-And., n°193 Marguerite de Meso, rel. St-And., n°173 Marguerite de Moncler, rel. St-And., n°106 Marguerite de Montagu, abb. St-And., n°17 Marguerite de Mugnes, pr. St-Jean, n°91 Marguerite de Neeles, rel. St-And., n°123 Marguerite de Noyers, anniv. St-And., n°880 Marguerite de Rechoygne Voisin, rel. St-And., n°124 Marguerite de Salins, abb. St-And., pr. St-And., n°26 Marguerite de Sancey, abb. St-And., pr. St-And., n°16 Marguerite de Sancey, rel. St-And., n°140 Marguerite de Torcy, rel. St-Jean, n°224 Marguerite de Traves, pr. St-And., n°67 Marguerite de Varennes, rel. St-And., n°118

680 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel Marguerite de Vienne, rel. St-And., grande aumônière de Remiremont, n°176 Marguerite du Nier, rel. St-And., n°143 Marguerite Peaul d’Oye, sac. St-Jean, n°94 Marguillier Doucette, ép. Gauthier le, n°930 Gauthier le, n°740 Maria Nicolas, n°466 Marie, rel. St-Jean, n°211 Marie, veuve Rodolphe de Léer, n°982 Marie Coignarde, rel. St-Jean, n°266 Marie de Balâbre ou de Pognières, pr. St-And., n°63 Marie de Cussigny, rel. St-Jean, n°247 Marie de Marcilly, abb. St-Jean, n°51 Marie de Montjeu, anniv. St-And., n°914 Marie de Raigny, rel. St-And., n°156 Marie de Vienne, abb. St-And., n°23 Marie des Talles, rel. St-And., n°162 Marie dite La Rebosse, rel. St-And., n°131 Marigny Blanche de, n°38 Damirons de, n°116 Gile de, n°40 Jean de, n°715 Marion, ép. Renaud, converse St-And., n°310 Marsoncompte Anne de, n°72 Martenot Jean, n°444 Marthault Jean, n°792 Martherat Jean, n°840 Martigny Eudes de, n°947 Martin, curé St-Pierre St-And., n°765 Martin Besancon, proc. St-And., n°532 Martin de Bebe alias Guenot, curé Nolay (St-Jean), n°860 Martin de Morey, proc. St-And., proc. St-Jean, n°559

Martin de Soneico, proc. abb. St-Jean, n°698 Martin Le Loup, proc. abb. St-Jean, n°687 Martin André, n°371 Martinet Henri, n°959 Masoncle Blaisotte de, n°70 Catherine de, n°169 Gilberte de, n°186 Jeanne de, n°921 Marguerite de, n°193 Pierre de, n°363 Massey Jeanne de, n°181 Philiberte de, n°154 Masson Juliette, ép. Thibault, n°930 Thibault, n°425 Mathélie, rel. St-And., n°112 Mathélie dite Peaul d’Oye, rel. St-Jean, n°217 Mathélie Jean, n°690 Mathey Jean, n°824 Mathieu Goussot, proc. St-And., curé St-Germain-lès-Senailly (St-And.), n°582 Mathieu Huelly, proc. St-And., chap. St-And., n°574 Mathieu Letaud, curé Magnien (St-And.), n°799 Mathieu Paney, proc. St-And., chap. St-And., n°432 Mathieu Perret, curé Ste-Radegonde (St-Jean), n°863 Mathilde, rel. St-Jean, n°257 Mathilde de Courtenay ou Mathilde de Bourbon, anniv. St-And., n°977 Mathon Jean, n°658 Maulain Charlotte de, n°300 Melenot Jean, n°478

Liste des personnes faisant l’objet d’une notice Mellin Huguenin, n°418 Menesserre Michèle de, n°180 Merceret Henri, n°659 Merceuil Yllet de, n°1030 Mere Jean de, n°350 Méru Jean de, n°347 Meso Marguerite de, n°173 Meursault Hugues de, n°400 Pierre de, n°720 Mez Bertrand du, n°1028 Hugues du, n°1029 Michel Bapart de Roujoylin, proc. St-And., n°423 Michel de Rubelles, curé St-Pierre St-And., n°770 Michel de Vaux, curé Colonne (St-Jean), n°845 Michel dit le Bâtard, proc. St-And., n°422 Michel Orry, proc. St-And., n°577 Michel Jean, n°368 Michèle de Menesserre, rel. St-And., n°180 Micheletet Étienne, n°441 Jean, n°538, n°539 Renaud, n°362 Michet Guillaume, fils de Jean, n°1015 Guillemette, ép. Guillaume fils de Jean, n°1016 Miget Humbert, n°512 Mignot Gérard, n°414 Millery X de, n°198

681

Millot Benoît, n°428 Milnot Jean, n°855 Milot Sanereaul, proc. St-And., n°523 Milot Jean, n°558, n°741 Perrin, n°1018 Miquaule Jean, n°513 Moley Gérard de, n°314 Mombelot Guiot, n°514 Moncler Catherine de, n°145 Clémence de, n°899 Isabelle de, n°60 Marguerite de, n°106 Mongeville Isabelle de, n°158 Monin de Chassagnes, proc. St-Jean, n°595 Monstule Pierre, n°724 Montagu Alexandre, n°881 Anne de, n°298 Jeanne de, n°36, n°130, n°148 Marguerite de, n°17 Montagu de Couches Jeanne de, n°44 Montagu de Sombernon Jeanne de, n°43 Montereul Alice de, n°37 Catherine de, n°212 Montfaucon Béatrice de, n°155 Montgachot Huguenin de, n°440 Monthelon Nicolas de, n°585 Montjeu Alice de, n°144 Marie de, n°914 Montottoir Jean de, n°540

682 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel Morelet Guiot, n°416 Morelle Nicolas, n°660 Pierre, n°691 Morey alias Baufleury Guillaume de, n°837 Morey Martin de, n°559 Morin Gauthier, n°1009 Guillemette, ép. Gauthier, n°1011 Guy, n°781 Hugues, n°1012 Jean, n°445 Jeanne, ép. Gauthier, n°1010 Motonte Jeanne la, n°245 Mugnes Marguerite de, n°91 Musseti Hugues, n°692 Laurent, n°693 Muxy Guillemette de, n°890 Mypont Étiennette de, n°182 Nagu Jeanne, n°280 Louise, n°278 Nancray Gilette de, n°1013 Nanteuil Colette de, n°234 Nardamus, chanoine, anniv. St-And., n°939 Naudet Baraud de Blancey, anniv. St-And., n°924 Naudin Guillaume, n°927 Jean, n°515 Nazaire Boussault, proc. St-Jean, n°619 Neeles Comtesse de, n°56 Marguerite de, n°123 Neufchasteaul Jean de, n°833

Nichole, abb. St-Jean, n°33 Nicolas Bailli, chap. St-Jean, n°750 Nicolas Belledent, proc. St-And., n°482 Nicolas Bouesseau, anniv. St-And., n°900 Nicolas Broquart, proc. St-And., n°487 Nicolas Chifflot, proc. St-And., n°490 Nicolas Coquant, anniv. St-And., n°970 Nicolas d’Autun, chap. St-And., n°710 Nicolas de Monthelon, proc. St-And., proc. St-Jean, n°585 Nicolas Dessertot, rec. St-And., n°365 Nicolas Lanisier, proc. St-And., n°454 Nicolas Maria, proc. St-And., n°466 Nicolas Morelle, proc. St-Jean, n°660 Nicolas Quoquadris, proc. St-And., n°469 Nicolas Thoneti, proc. St-And., n°580 Nier Marguerite du, n°143 Noblement Thibault, n°516 Noiron Jean de, n°517 Julien de, n°419 Nora Léger de, n°645 Normand Simon, n°586 Norsereto Guiot de, n°630 Noyers Marguerite de, n°880 Noyrot Rolin, n°541 Odet des Bordes, anniv. St-And., n°964 Odila, rel. St-Jean, n°204 Odile de Vienne, curé Nolay (St-Jean), n°861 Odille Hugues, n°814 Official Humbert dit l’, n°948 Oigny de Dornay Jeanne d’, n°39 Yolande d’, n°79

Liste des personnes faisant l’objet d’une notice Oiselet Guillemette d’, n°20 Perrenelle d’, n°95 Olearii Guiot, n°413 Onlay Humbert, n°796 Orges Alice d’, n°82 Orle Catherine d’, n°62 Orry Michel, n°577 Orsey Hugues d’, n°412 Ostun Guillaume d’, n°911 Guy d’, n°986, n°988 Perrin d’, n°990 Pierre d’, n°912, n°992 Oudette, rel. St-And., n°147 Outre-Loire Alice d’, n°902 Jacquette d’, n°71 Oye Claude d’, n°285 Oye, voir Luzy, voir Peaul d’Oye Paillard Philibert, n°703 Paney Jean, n°431 Mathieu, n°432 Patas Claude, n0667 Patez Pierre, n°850 Patoiloz Jean, n°768 Patoin Guy, n°646 Peaul d’Oye Marguerite, n°94 Mathélie dite, n°217 Peletier Huguenin, n°622 Pellis Gilles, n°403

683

Pellisans Jeannette, n°219 Penault Pierre, n°450 Penoux Pierre, n°364 Perenelle Gilles, n°388 Y, n°386 Perreaul Jean, n°560 Perrenelle d’Oiselet, sac. St-Jean, n°95 Perrenelle de Vienne, abb. St-Jean, rel. St-And., n°52 Perrenelle, mère de Jacques Boisserand, anniv. St-And., n°934 Perrenet Endormi, proc. St-And., n°495 Perrenet Raolin, inh. St-Pierre St-And., n°994 Perrenet, maire Marcilly (St-Jean), n°358 Perrenette, sœur de Poncet, converse St-And., n°312 Perrenette de Clugny, rel. St-Jean, n°286 Perrenette Jean, n°726 Perrenot le Maret, rec. St-Jean, n°370 Perret Mathieu, n°863 Perrin d’Ostun, anniv. St-Jean, n°990 Perrin Milot, anniv. St-And., n°1018 Perrin Ymet, proc. St-And., n°527 Perrone de Dijon, anniv. St-And., n°920 Perronette, veuve Perrin de Laisy, anniv. St-Jean, n°1037 Perrot Simon, n°542 Perrote de Fussey, rel. St-And., n°122 Perrote de Saint-Sernin, rel. St-And., n°99 Pesmes Aimoin de, n°957 Petit Jean Pierre, n°578 Petit Guiot, n°518 Jean, n°519

684 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel Philibert, chap. St-And., n°711 Philibert, proc. St-And., n°421 Philibert Belin, chap. St-Jean, n°744 Philibert Benoit, curé La Celle (St-And.), n°795 Philibert Borney, curé Volnay (St-And.), n°829 Philibert d’Arnay, proc. St-And., n°401 Philibert de Bonnet, curé Merceuil (St-And.), n°807 Philibert du Marchie, proc. St-And., n°451 Philibert Gamelin, chap. St-And., n°721 Philibert Goquelet, curé St-Sernin-duPlain (St-And.), n°818 Philibert Machin, proc. St-And., proc. St-Jean, n°557 Philibert Paillard, conseiller St-Jean, n°703 Philiberte d’Alonne, rel. St-And., n°189 Philiberte de Damas, rel. St-Jean, n°303 Philiberte de Marcilly, rel. St-Jean, n°279 Philiberte de Massey, rel. St-And., n°154 Philiberte de Vauprey, rel. St-Jean, n°292 Philippe, curé St-Jean, n°835 Philippe Anthouard, maire St-Jean, n°348 Philippe de Blondefontaine, rel. St-Jean, n°297 Philippe de Clugny, pr. St-Jean, n°89 Philippe de Cussigny, rel. St-Jean, n°288 Philippe des Forestiers, anniv. St-Jean, n°1023 Philippe de Marcilly, prêtre St-Jean, n°764 Philippe de Sautiennes, pr. St-And., n°61 Philippe des Vignes, anniv. St-Jean, n°1020 Philippe Poillon, prêtre St-Jean, n°761 Pierre, curé Ciry (St-And.), n°772 Pierre, prévôt St-And., n°319 Pierre Barbier, proc. St-And., n°581 Pierre Bernaudet, anniv. St-And., n°1024 Pierre Boisselier, proc. St-Jean, chap. St-Jean, curé La Celle (St-And.), n°602 Pierre Boisselier, proc. St-Jean, curé La Celle (St-And.), n°611

Pierre Charmot, concuré St-Jean, n°836 Pierre Clémence, proc. St-And., n°534 Pierre Courier, curé Curgy (St-And.), n°782 Pierre d’Ostun, anniv. St-Jean, n°912 Pierre d’Ostun, anniv. St-Jean, n°992 Pierre de Chablux, proc. St-And., n°488 Pierre de Clugny, proc. abb. St-And., n°590 Pierre de Cordesse, curé Curgy (St-And.), n°783 Pierre de Eugubio, proc. St-And., n°573 Pierre de Gesort, anniv. St-And., n°955 Pierre de Masoncle, rec. St-And., proc. St-And., chap. St-And., n°363 Pierre de Meursault, chap. St-And., vicaire Viévy (St-And.), n°720 Pierre de Pucens, proc. St-Jean, n°631 Pierre de Reilhac, proc. St-And., n°409 Pierre de Rugny, proc. St-And., n°437 Pierre de Tournus, proc. St-And., n°411 Pierre de Trena, proc. St-Jean, n°633 Pierre du Bois, proc. St-And., n°552 Pierre du Cret, juge Ciry (St-Jean), n°356 Pierre Farmer, curé St-Parize-en-Viry (St-And.), n°812 Pierre Gendrat, curé Dornes (St-And.), n°790 Pierre Gentilhomme, anniv. St-And., n°972 Pierre Le Leaul, chap. St-And., curé Viévy (St-And.), n°728 Pierre Luzey, chap. St-Jean, n°757 Pierre Monstule, chap. St-And., n°724 Pierre Morelle, proc. abb. St-Jean, n°691 Pierre Patez, curé Grozon (St-Jean), n°850 Pierre Penault, proc. St-And., chap. St-And., n°450 Pierre Penoux, rec. St-And., proc. St-And., n°364 Pierre Petit Jean, proc. St-And., n°578 Pierre Pitois, proc. St-And., n°561 Pierre Pon Jeanne de, n°177 Pierre Prêtre, rec. St-Jean, n°374 Pierre Primery, proc. St-And., n°417 Pierre Strudici, proc. abb. St-Jean, n°700

Liste des personnes faisant l’objet d’une notice Pierre Tuchet, vicaire Colonne (St-Jean), n°847 Pierre Vigier, proc. St-And., n°549 Pierre Volu, rec. St-Jean, proc. St-Jean, curé Ste-Radegonde (St-Jean), n°377 Pigney Guy, n°746 Pignolet Jean, n°543 Pillot Anne, veuve Jean, n°528 Antoine, n°771 Edme, n°755 François, n°453 Jean, n°321, n°427, n°661 Piperis Robin, n°668 Pitois alias de Chaudenay Françoise, n°54 Pitois Béatrice, épouse de Jean, n°981 Jean, n°980 Hugues, n°758 Pierre, n°561 Platea Jean de, n°467 Pognières Marie de, n°63 Poillon Philippe, n°761 Poirenelle Guillaume, n°468 Poiss() Lambert de, n°816 Pommard Durand de, n°398 Poncet, convers St-And., n°311 Pont Jean du, n°607 Ponterres Lambert de, n°479 Potis Thibault, n°694 Pouraisset Jean, n°647 Pourrot Jean, n°436

685

Prêtre Pierre, n°374 Primery Pierre, n°417 Prioris Jean, n°695 Priose, ép. Gauthier de La Corvée, anniv. St-And., n°1006 Pucens Pierre, n°631 Puget Claude, n°544 Puteo Guillaume dit de, n°743 Quarré Jean, n°480 Quartier Étienne, n°562 Jean, n°545 Quiver Antoine, n°662 Quoquadris Nicolas, n°469 Rabutin Claude de, n°53 Cyprien de, n°841 Esmonde de, n°295 Louise de, n°48 Racquin Guillaume, n°774 Raffin Agnès, ép. Jean, n°929 Claude, n°563 Jean, n°928 Raffine Isabelle de, n°86 Raigny Marie de, n°156 Ranerat Jean, n°520 Raolin, voir Rolin Raoul d’Issy, anniv. St-And., n°952 Raoul de Curgy, chap. St-And., n°707 Rappes Jean, n°369 Raymond Carceti, proc. St-And., n°569

686 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel Rebors Jean, n°713 Recaudi Jean, n°669 Rechart Robert, n°739 Rechoygne Voisin Marguerite de, n°124 Regina, rel. St-Jean, n°208 Rehierdi Jean, n°696 Reilhac Pierre de, n°409 Remilly Jean de, n°470 Renarde Jeanne la, n°253 Renaud, convers St-And., doyen Curgy (St-And.), n°309 Renaud, prévôt St-And., n°320 Renaud Baudet, proc. St-And., n°474 Renaud d’Auxy, anniv. St-And., n°1031 Renaud de Choat d’Autun, proc. St-Jean, n°593 Renaud de Riveau, anniv. St-And., n°985 Renaud de Voigeto, curé Merceuil (St-And.), n°803 Renaud dit Brulez, convers St-Jean, n°316 Renaud Guilat, proc. St-Jean, n°629 Renaud Lambert, maire St-Jean, proc. St-Jean, proc. St-And., n°344 Renaud Micheletet, rec. St-And., n°362 Renaud Guillaume, n°587 Renaude de Vichy, rel. St-And., n°149 Retinet François, n°697 Revere Guillaume de, n°521 Richildis, abb. St-Jean, n°32 Riveau Bathélemy de, n°985 Gérard de, n°983 Renaud de, n°984 Robert II, anniv. St-And., n°973

Robert Rechart, clerc St-And., n°739 Robin Piperis, proc. abb. St-Jean, n°668 Rolin Noyrot, proc. St-And., curé Merceuil (St-And.), n°541 Rolin Jean, n°387, n°784, n°993, n°995 Perrenet, n°994 Rose, ép. Henri de Curgy, anniv. St-And., n°918 Roseix Gérard de, n°632 Rotille Jean, n°853 Roujoylin, voir Bapart de Roujoylin Rousselot Thomas, n°821 Rouvray Étiennette de, n°165 Rubelles Michel de, n°770 Rugny Pierre de, n°437 Rusier Jean, n°648 Saint-Andoche Anseric de, n°936 Garnier de, n°708, n°815 Henri de, n°937 Sainte-Franchise Alice de, n°18 Saint-Gengoux Hugues, n°851 Saint-Léger-sous-Beuvray Guillaume de, n°404, n°592 Saint-Martin Guillaume de, n°062 Saint-Prix Claude de, n°304 Saint-Romain Jean de, n°603 Saint-Seigne Alexandre de, n°410 Barthélemy de, n°605 Saint-Sernin Perrote de, n°99

Liste des personnes faisant l’objet d’une notice Saint-Sernin-du-Plain Guillemette, ép. Thibault de, n°905 Jacquette de, n°108 Thibault de, n°904 Saint-Symphorien Gauthier de, n°865 Gérard de, n°867 Guillaume de, n°866 Saleu Isabelle de, n°161 Salins Marguerite de, n°26 Sancey Agnès de, n°139 Alice de, n°232 Marguerite de, n°16, n°140 Sanereaul Jean, n°522 Milot, n°523 Sarre de Sautrone, anniv. St-And., n°868 Sarre de Torcy, rel. St-And., n°109 Sarre, rel. St-And., n°125 Saudon Hugues de, n°882 Lucette de, n°12 Marguerite, ép. Hugues de, n°883 Saulces Hugues des, n°670 Saulieu Jean, n°717 Saulx Agnès de, n°223 Sautiennes Philippe de, n°61 Sautrone Gérard de, n°869 Guillemette de, n°105 Jacquette, ép. Gérard de, n°870 Sarre de, n°868 Savageti Jean, n°579 Savigny Isabeau de, n°228 Schavesi Amice, ép. Seguin de, n°898 Églantine de, n°58

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Seguin de, n°897 Yolande de, n°119 Sebilotte de Lanniron, pr. St-Jean, n°83 Segault Simonnet, n°1026 Seguin de Schavesi, anniv. St-And., n°897 Semur Guillaume de, n°806 Senceny Jeanne de, n°256 Seneret Antoinette de, n°299 Senevoy Alice de, n°231 Sens Jeanne, ép. Vincent de, n°924 Vincent de, n°366 Sergent Henri, n°649 Serue Guillaume de, n°793 Servey André, n°394 Sigoline, rel. St-Jean, n°200 Simon Bonpoix, proc. St-And., n°484 Simon de La Grange, marguillier St-And., n°742 Simon de Vieux Château, curé SteRadegonde (St-Jean), n°864 Simon Frelot, chap. St-And., marguillier St-And., n°730 Simon Guillemot, proc. St-And., n°502 Simon Le Pelletier alias Desdames, proc. St-And., n°430 Simon Normand, proc. St-And., n°586 Simon Perrot, proc. St-And., proc. St-Jean, n°542 Simon Taneaul, proc. St-And., n°547 Simon Valot, proc. St-And., n°564 Simon Villain, proc. St-Jean, n°663 Simone d’Auxois, anniv. St-And., n°1033 Simoni Étienne, n°471 Simonnet Segault, anniv. St-And., n°1026 Sirot X de, n°197

688 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel Sivrey Alice de, n°246 Jeanne de, n°241 Sombernon, voir Montagu de Sombernon Soneico Martin de, n°698 Sosinis André de, n°699 Souterrain, voir Tenarre Spirey Antoinette de, n°264 Strudici Pierre, n°700 Sully Gauthier de, n°903 Huguette de, n°98 Surtin Jean, n°612 Symon Jean, n°546 Talles Marie des, n°162 Taneaul Simon, n°547 Tatepoire Hugues, n°701 Tenarre ou de Souterrain Jeanne de, n°283 Testefort Jeanne de, n°275 Thenissey Agnès de, n°227 Thessalie, abb. Ste-Marie d’Autun, n°1 Thevenin Jean, n°588 Thibault, curé Volnay (St-And.), n°826 Thibault de La Corvée, anniv. St-And., n°1003 Thibault de Saint-Sernin-du-Plain, anniv. St-And., n°904 Thibault Masson, proc. St-And., n°425 Thibault Noblement, proc. St-And., n°516 Thibault Potis, proc. abb. St-Jean, n°694 Thibert, prévôt St-And., n°317

Thil Guy de, n°892 Thomas Baraud de Blancey, chap. St-And., curé Ciry (St-And.), curé Curgy (St-And.), n°712 Thomas Rousselot, curé Tintry (St-And.), n°821 Thomasse de Damas, rel. St-Jean, n°306 Thoneti Nicolas, n°580 Thorey Guillaume de, n°797 Tintry Claude de, n°66 Durande de, n°195 Tirrea, rel. St-Jean, n°210 Torcy Jeanne de, n°289 Marguerite de, n°224 Sarre de, n°109 Tournus Pierre de, n°411 Traves Marguerite de, n°77 Trena Pierre de, n°633 Trotedan Catherine de, n°194 Tuchet Pierre, n°847 Tuicey Gérard de, n°599 Unberga, rel. St-Jean, n°205 Vacheroy Jean, n°481 Vaillant Jean, n°472 Valier Jean, n°854 Vallin Jean, n°849 Valot Simon, n°564 Varas, voir La Palu de Varas Varennes Agnès de, n°225 Agnès, ép. Hugues de, n°910

Liste des personnes faisant l’objet d’une notice Hugues de, n°909 Marguerite de, n°118 Varot de Larue Jacques, fils d’Hugues, n°1036 Vaudrey Catherine de, n°272 Vaulcolont Jeanne de, n°235 Vauldrans Jean, n°617 Vauprey Philiberte de, n°292 Vautheau Guy, seigneur de, n°978 Marguerite, fille de Guy seigneur de, n°979 Vaux Isabelle de, n°80 Jacquette de, n°81 Michel de, n°845 Vendote Antoinette de, n°294 Verdont Jean, n°1021 Vergy Alais de, n°873 Gile de, n°10 Guillaume de, n°876 Guy de, n°871 Henri de, n°878 Jean de, n°879 Vernissy Guillaume, n°372 Verpillat Jean dit, n°594 Vesigneux, voir Brazey de Vesigneux Vestu Étienne, n°447 Vezon Jean de, n°702 Viaul Jacques, n°737 Vichy Claude de, n°291 Renaude de, n°149 Vienne Denise de, n°301

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Guiotte de, 191 Huguette de, n°22 Jacquette de, n°19 Marguerite de, n°176 Marie de, n°23 Perrenelle de, n°52 Odile de, n°861 Viennot Gauthier, n°608 Vieux Château Hugues de, n°862 Simon de, n°864 Vigier Élisabet, ép. Renaud, n°1027 Jean, n°548 Pierre, n°549 Vignes Philippe des, n°1020 Villain Simon, n°663 Villers Guiot de, n°524 Jean de, n°525 Vincent de Sens, rec. St-And., n°366 Vincent des Bois, proc. St-Jean, n°653 Vinot Jean, n°857 Visel Gérard, n°526 Viserney, voir Clerc de Viserney Voigeto Renaud de, n°803 Volnay Guillaume de, n°804 Volu Guillaume, n°376 Pierre, n°377 Voulenay Jeanne de, n°159 Voulomer Jean, n°383 Voyo Guillaume de, n°565 Ylate, mère de Martin curé de St-Pierre St-And., anniv. St-And., n°931 Ylet de Merceuil, anniv. St-And., n°1030

690 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel Ymet Perrin, n°527 Yolande d’Oigny de Dornay, pr. St-Jean, n°79 Yolande de Dreux, anniv. St-And., n°875

Yolande de Juilly, rel. St-Jean, n°226 Yolande de Schavesi, rel. St-And., n°119 Yves des Bordes, anniv. St-And., n°963

Table des illustrations Fig. 01. Les établissements religieux féminins à Autun et dans les environs d’Autun au Moyen Âge19 Fig. 02. Comparaison des types de sources conservées pour Saint-Andoche et Saint-Jean-le-Grand22 Fig. 03. Sceau du convent de l’abbaye Saint-Andoche AD CO B 11622 (1377) (©CG21/F.Petot/11-2008) 32 Fig. 04. Les établissements religieux et les voies de communication à Autun à la fin du vie siècle48 Fig. 05. Les établissements religieux et les voies de communication à Autun à la fin du xe siècle49 Fig. 06. Les possessions de Saint-Andoche aux xe‒xie siècles56 Fig. 07. Répartition de la durée de vie religieuse attestée des religieuses éduennes du milieu du xiiie à la fin du xve siècle et dans la seconde moitié du xve siècle79 Fig. 08. Représentation de la cérémonie de consécration des vierges sacrées dans le pontifical d’Antoine de Chalon (BM A. S. 151 (129) fol. 36v)82 Fig. 09. Origine sociale des religieuses de Saint-Jean de 1250 à 1500, demi-siècle par demi-siècle, origines inconnues non comprises89 Fig. 10. Origine sociale des religieuses de Saint-Andoche de 1250 à 1500, demi-siècle par demi-siècle, origines inconnues non comprises90 Fig. 11. Origine géographique des religieuses de Saint-Jean de 1250 à 1500, demi-siècle par demi-siècle, origines inconnues non comprises93 Fig. 12.a. Origine géographique des religieuses de Saint-Jean 93 Fig. 12.b. Origine géographique des religieuses de Saint-Jean94 Fig. 13. Origine géographique des religieuses de Saint-Andoche de 1250 à 1500, demi-siècle par demi-siècle, origines inconnues non comprises 96 Fig. 14.a. Origine géographique des religieuses de Saint-Andoche96 Fig. 14.b. Origine géographique des religieuses de Saint-Andoche 97 Fig. 15. Répartition du nombre de religieuses attestées au cours des demi-siècles à Saint-Andoche et à Saint-Jean129

692 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

Fig. 16. Comparaison des pourcentages de religeuses attestées et de documents conservés au cours du temps à Saint-Andoche et à Saint-Jean131 Fig. 17. Nombre moyen et nombre maximum de religieuses attestées à Saint-Andoche (du milieu du xiiie à la fin du xve siècle)133 Fig. 18. Nombre moyen et nombre maximum de religieuses attestées à Saint-Jean (du milieu du xiiie à la fin du xve siècle)134 Fig. 19. Répartition des religieuses de Saint-Andoche et de Saint-Jean selon leur durée de présence attestée (du milieu du xiiie à la fin du xve siècle)137 Fig. 20. Répartition des religieuses de Saint-Andoche et de Saint-Jean selon leur durée de présence attestée (du milieu du xiiie à la fin du xve siècle), à l’exclusion des religieuses qui ne sont attestées qu’à une reprise138 Fig. 21. Durée d’attestation des religieuses à Saint-Andoche selon les périodes (du milieu du xiiie à la fin du xve siècle)139 Fig. 22. Durée d’attestation des religieuses à Saint-Jean selon les périodes (du milieu du xiiie à la fin du xve siècle)140 Fig. 23.a. Sceau de l’abbesse de Saint-Andoche, Félicie (n°9), en 1236176 Fig. 23.b. Sceau de l’abbesse de Saint-Andoche, Marguerite de Montagu (n°17) en 1377176 Fig. 23.c. Sceau de l’abbesse de Saint-Jean-le-Grand, Alice de Brazey (n°45), en 1407 177 Fig. 24. Les possessions de Saint-Andoche et de Saint-Jean-leGrand à la fin du Moyen Âge220 Fig. 25. La maison seigneuriale des religieuses de Saint-Andoche à Senailly en 1711 (AD CO 74 H 6)225 Fig. 26.a. La maison seigneuriale des religieuses de Saint-Andoche à Curgy : extrait de plans-terriers du xviii e siècle (AD SL H 1626 pl. 1)227 Fig. 26.b. L’église de Curgy et l’emplacement de la maison seigneuriale des religieuses : extrait d’un plan de 1515 (AD SL H 921/1)227 Fig. 27. L’église de Saint-Germain-lès-Senailly : extrait du Plan géométrique de l’église et du cimetière de Saint-Germain de 1778 (AD SL H 1048/3)275 Fig. 28. Domaines dans lesquels un représentant des religieuses est attesté aux xiiie‒xive siècles284 Fig. 29. Évolution des sommes perçues par les religieuses de Saint-Jean pour l’amodiation de leurs biens d’Outre-Saône297

Table des illustrations

693

Fig. 30. Évolution des revenus des religieuses de Saint-Jean à Géanges, Saint-Loup et Chevigny sur trois années consécutives298 Fig. 31. Croquis de terres à Nanteuil, paroisse de Curgy, en 1738 (AD SL H SUP 161)317 Fig. 32. Prestation de serment par les évêques Jean d’Arcis et Jean Rolin361 Fig. 33. Les abbayes Saint-Andoche (en haut) et 383 Saint-Jean-le-Grand (en bas) à la fin du xvie siècle Fig. 34.a. Signature d’Alice de Clugny (n°265), religieuse de Saint-Jean au milieu du xve siècle (AD SL H 1265 fol. 56v, 1476)396 Fig. 34.b. Signature Claude de Bernault (n°50), abbesse de Saint-Jean à la fin du xve siècle (AD SL H 1255/1, 1480)396 Fig. 34.c. Signature de Perrenelle de Vienne (n°52), abbesse de Saint-Jean à la fin du xve siècle, comparée à celles du notaire publique Jean Chomedey (n°654), de Jean Morin et de Symonin (AD SL H 1268 fol. 70v, 1501)396 Fig. 35. La procession des Rameaux à Autun au Moyen Âge417 Fig. 36. Les distributions de prébendes à Saint-Jean-le-Grand en 1400‒1405423 Fig. 37. L’abbaye Saint-Andoche et l’église Saint-Pierre Saint-Andoche à la fin du xvie siècle et au xviie siècle438 Fig. 38. Plan de l’église Saint-Pierre Saint-Andoche et de l’espace l’entourant, réalisé en 1766 à l’occasion de la contestation d’un terrain entre le curé et les paroissiens439 Fig. 39. Évolution du plan de l’église Saint-Pierre Saint-Andoche entre le xiie et le xvie siècle proposé par Marine Revenu440 Fig. 40. L’abbaye Saint-Jean-le-Grand à la fin du xvie siècle et au xviie siècle442 Fig. 41.a. Extrait du plan de J. Bellevaut pour l’estimation de l’église paroissiale Saint-Jean le 25 pluviôse an II (AD SL 3 Q 390)444 Fig. 41.b. Plan de Joubert (1786), publié par Harold de Fontenay dans son Épigraphie autunoise, 1883, t. 1, p. 289444 Fig. 42. Le quartier Saint-Jean (d’après un extrait du cadastre napoléonien de 1822)445 Fig. 43. Situation respective probable des églises paroissiale et abbatiale Saint-Jean-le-Grand 447 Fig. 44.a. Extrait du plan de J. Bellevaut pour l’estimation de l’église paroissiale Saint-Jean le 25 pluviôse an II (AD SL 3 Q 390)449

694 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

Fig. 44.b. Extrait du plan de Saint-Julien de Balleure, centré sur l’abbaye Saint-Jean449 Fig. 45. Extrait du plan de Saint-Julien de Balleure centré sur l’abbaye Saint-Jean : situation de la chapelle Saint-Martin453 Fig. 46.a. Extrait du plan de Belleforest, centré sur la porte d’Arroux455 Fig. 46.b. Extrait du plan de Saint-Julien de Balleure, centré sur la porte d’Arroux455 Fig. 47. Liste des églises paroissiales à la collation de Saint-Andoche et à la collation de Saint-Jean457 Fig. 48. Répartition des revenus des églises paroissiales entre seigneur, patron et curé476 Pl. I. Consécration des religieuses d’après le Pontifical d’Antoine de Chalon (fin xve siècle) (BM A. S. 151 (129) fol. 36v)524 Pl. II. Vue d’Autun au xviie siècle par Edme Thomas525 Pl. III. Plan d’Autun au xvie siècle par Belleforest (AD SL 2 Fi 1‒130)526 Pl. IV. Plan d’Autun au xvie siècle par Saint-Julien de Balleure (AD SL 2 Fi 1‒72)527 Pl. V. Croquis d’Autun au xiie siècle528 Pl. VI. Croquis d’Autun au xve siècle529 Pl. VII.a. Plan de l’abbaye Saint-Andoche en 1707 (rez-de-chaussée) (AD CO C 2928 ©)530 Pl. VII.b. Plan de l’abbaye Saint-Andoche en 1707 (étage) (AD CO C 2928 ©)531 Pl. VIII.a. Croquis des possessions de Saint-Andoche aux xiiie‒xve siècles (lieux)532 Pl. VIII.b. Croquis des possessions de Saint-Andoche aux xiiie‒xve siècles (composition)533 Pl. IX.a. Croquis des possessions de Saint-Jean aux xiiie‒ e xv siècles (lieux)534 Pl. IX.b. Croquis des possessions de Saint-Jean aux xiiie‒ e xv siècles (composition)535 Pl. X. Situation de l’église paroissiale Saint-Jean-le-Grand en 1794 (plan de Bellevaut, 1795) (AD SL 3 Q 390)536

Liste des généalogies Gén. 1. Les Bernault et les nièces d’Huguette de Bernault 1070 Gén. 2. Les Bouesseau 1071 Gén. 3. Les Bouton 1073 Gén. 4. La famille d’Agnès de Busseuil 1075 Gén. 5. Les Choiseul-Traves et leurs parents 1076 Gén. 6. Les Clugny et les Clugny d’Alonne 1078 Gén. 7. La famille de Cussigny dans les abbayes de femmes à Autun 1081 Gén. 8. Les Drées 1082 Gén. 9. Les Gissey à Saint-Andoche 1084 Gén. 10. La fille d’Élisabeth et de Ponce de Grobois 1084 Gén. 11. Adeline de La Chanaul et ses parents à Saint-Jean-le-Grand1085 Gén. 12. Anne de La Douze 1082 Gén. 13. Les Mercœur 1087 Gén. 14. Les Montagu 1088 Gén. 15. La famille d’Oiselet ; tentative de positionnement de ­Guillemette d’Oiselet 1090 Gén. 16. La famille d’Ostun, branche de Dracy 1092 Gén. 17. La famille d’Ostun, branche de Montjeu 1093 Gén. 18. Les Rabutin 1095 Gén. 19. La famille de Lucette de Saudon 1097 Gén. 20. La famille d’Huguette de Sully et ses liens probables avec les Châteauneuf 1098 Gén. 21. La famille de Catherine de Vaudrey 1099 Gén. 22. Les Vergy 1100 Gén. 23. Les Vienne 1104 Gén. 24. Les Baraud de Blancey, officiers de Saint-Andoche 1107 Gén. 25. Les Barbier, procureurs de Saint-Andoche 1108 Gén. 26. Les Boisselier, procureurs de Saint-Jean-le-Grand 1109 Gén. 27. Les Choux, prévôts de Charmasse et de Runchy 1110

696 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

Gén. 28. Les maires de Curgy 1111 Gén. 29. Les Loupier, prévôts de Dornes 1112 Gén. 30. Les Micheletet, procureurs de Saint-Andoche mais aussi d­ ’Huguette de Bernault 1113 Gén. 31. Les Milot, officiers de Saint-Andoche et de Saint-Jean-le-Grand1114 Gén. 32. Les doyens d’Ormancey 1115 Gén. 33. Les Riveau 1116 Gén. 34. Les Rolin 1117 Gén. 35. Les Saint-Symphorien et les Sautrone 1120

Table du volume 1 (Texte) Avis au lecteur Introduction Genèse d’une recherche Le monachisme féminin dans l’historiographie Deux abbayes féminines à Autun Sources et pistes de recherche Les sources sur le monachisme féminin à Autun Pistes de recherche

5 7 7 8 16 21 21 23

Autun, Saint-Andoche et Saint-Jean-le-Grand avant le XIIIe siècle I. Autun au Haut Moyen Âge 1. Un centre culturel de romanisation

27 28 28 28 28 30 30 36 38

a. Le site b. La fondation romaine

2. L’évangélisation et les premières fondations a. Les débuts du christianisme à Autun b. Les premières fondations

II. Fondations mérovingiennes et (re)fondations carolingiennes 1. L  es fondations de Syagrius et de Brunehaut et les privilèges accordés 2. (Re)fondations carolingiennes et tentative d’identification avec les établissements mérovingiens a. Les (re)fondations b. Tentatives d’identification entre les établissements mérovingiens et carolingiens

39 43 43

45 III. Saint-Andoche et Saint-Jean-le-Grand aux x ‒xii  siècles50 1. Les traces archéologiques 50 a. Saint-Jean-le-Grand 50 b. Saint-Andoche 50 2. Les traces écrites 53 a. Le cartulaire-dossier de Saint-Andoche 53 b. La couche ancienne des obituaires de Saint-Andoche 60 c. Quelques rares jalons dans l’histoire de Saint-Jean-le-Grand 61 e

e

698 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

Les religieuses éduennes… Quitter sa famille et entrer en communauté I. Entrer à l’abbaye 1. Être reçue comme religieuse

65 67 68 68 a. L’acceptation des nouvelles venues 69 b. Une transmission de prébende ? 70 c. La question de la dot 71 2. Prendre le voile 74 a. Les motivations de la prise de voile 74 b. Quelques éléments sur l’âge de la prise de voile 77 c. La cérémonie de prise de voile 80 II. Le recrutement des religieuses 84 1. Origine sociale des religieuses 85 a. Origine sociale à Saint-Jean 87 b. Origine sociale à Saint-Andoche 88 2. Origine géographique des religieuses 92 a. Origine géographique à Saint-Jean 92 b. Origine géographique à Saint-Andoche 95 3. Comparaison du recrutement à Saint-Andoche et à Saint-Jean 98 a. Un recrutement assez semblable, mais avec quelques différences 98 b. Les raisons de la prise de voile à Autun 100 III. Népotisme et influence des grandes familles 101 1. De multiples traces de l’existence de groupes familiaux 101 a. Des parentés supposées et des parentés identifiées 101 b. Le problème du terme « nièce » 103 c. Diversité des types des groupes familiaux 106 2. Interventions familiales en faveur de religieuses 108 a. La formation de « clans » et le jeu des liens familiaux 109 e b. Les Drées et Saint-Andoche au xiv  siècle 111 3. Quelques familles particulièrement présentes 112 e e a. L’exemple des Cussigny à Saint-Jean aux xv ‒xvi  siècles 112 e b. L’exemple de la famille de Clugny au xv  siècle 113 c. Quelques familles moins nombreuses, mais puissantes dans une abbaye

115

Table du volume 1

4. De puissantes familles a. L’exemple des Montagu b. L’exemple de la famille de Vienne

La composition de la communauté I. Les religieuses de chœur 1. Le nombre de religieuses de chœur a. Comparaison globale entre les deux abbayes b. Évolution au sein de chaque abbaye

2. La « longévité » des religieuses de chœur au sein des abbayes a. Comparaison globale entre les deux abbayes b. La « longévité » au sein de chaque abbaye

3. Des religieuses hors de l’abbaye II. Les officières et les abbesses 1. Les différentes charges d’officières a. La prieure b. La sacriste c. Quelques autres fonctions d. Devenir officière

2. Les abbesses : mode de désignation a. D  eux exemples à Saint-Jean : Huguette de Bernault en 1474 et Perrenelle de Vienne en 1496 b. La désignation d’une nouvelle abbesse c. Des interventions extérieures

3. L  es abbesses élues : reconnaissance par les autorités ecclésiastiques et laïques a. La bénédiction et le rôle de l’évêque b. La mainlevée sur le temporel

4. Le rôle de l’abbesse a. L’abbesse et le chapitre b. Le sceau, marque de l’autorité de l’abbesse et du chapitre c. Quitter la charge abbatiale

699

117 117 118 125 126 127 128 132 135 136 136 140 144 144 144 145 147 148 149 150 156 162 164 164 169 170 171 172 177

700 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

III. La familia des abbayes 1. L’entourage immédiat des religieuses de chœur a. Les jeunes : la question des enfants et des novices b. Les chapelains et marguilliers c. L’entourage domestique

2. Les officiers des abbayes en charge du temporel a. Des représentants permanents des religieuses dans leurs domaines :les maires, prévôts et doyens b. Des représentants permanents des religieuses pour les questions temporelles : les receveurs c. Des représentants plus ponctuels des religieuses

3. Des officiers nommés par les religieuses pour servir les paroissiens a. Les desservants des églises paroissiales rurales b. Les desservants des églises paroissiales d’Autun liées aux abbayes 4. Des liens entre les religieuses et leurs officiers

…les pieds sur terre… Les possessions de la communauté I. Le temporel de Saint-Andoche et de Saint-Jean 1. Les temporels de Saint-Andoche et de Saint-Jean aux xiiie‒xve siècles a. Situation du temporel b. Composition des temporels

2. Les modes d’agrandissement du temporel a. Les dons et les échanges b. Les achats c. D’autres modes d’acquisition : retenue et confiscation d. La mise en valeur de terres incultes

II. L’exploitation des terres et la protection du temporel 1. Les modes d’exploitation du temporel a. Une exploitation directe très faible b. Les différents modes d’exploitation indirecte c. L’entretien des domaines : une obligation

179 180 180 182 187 191 191 194 196 207 207 209 210 213 215 216 216 216 221 226 227 232 234 236 238 239 239 242 245

Table du volume 1

2. La protection du temporel a. Protection des récoltes b. Protection des biens et des revenus c. Les litiges et leur résolution

III. La gestion du temporel, dans le temps et dans l’espace 1. Les formes de présence des religieuses a. Des prieurés dans les domaines éloignés, jusqu’au xiiie siècle ? b. Les hôtels et les demeures aménagées pour recevoir les religieuses, à partir du xive siècle

701

248 248 252 263 268 268 269

2. La présence sur place d’officiers représentant les religieuses

275 282

a. Le rôle des maires, doyens, prévôts, représentants issus de l’élite locale (xiiie‒xive siècles)

283

b. Le rôle des receveurs, représentants réguliers (xve siècle essentiellement)

3. L’amodiation des revenus, de plus en plus fréquente La domination seigneuriale I. La puissance des religieuses à Autun 1. Différentes formes de domination a. Domination économique b. Domination juridique

2. L  ’exercice des droits seigneuriaux sur les châtelets Saint-Andoche et Saint-Jean a. Le droit de queste à Saint-Andoche b. Les banalités c. Les marchés d. La justice

3. Ententes et mésententes entre seigneurs à Autun a. Les différentes entités b. Parfois des luttes communes… c. …mais plus souvent une concurrence et des conflits

II. La puissance des religieuses en dehors d’Autun 1. D’importants propriétaires fonciers a. Poids économique et influence sur les hommes b. Domination juridique sur des dépendants

286 290 303 303 304 304 307 309 309 311 312 312 313 313 315 318 320 320 321 321

702 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

2. Des droits seigneuriaux rémunérateurs

327 328 331 333 333

a. Les banalités b. Les droits de justice

III. Des seigneurs au milieu d’autres seigneurs 1. Les conflits et procès entre seigneurs a. Remise en cause de redevances ou de donations, de dons faits par des prédécesseurs b. Conflits entre seigneurs sur le « partage » des redevances c. Conflits sur les limites des droits de chacun

2. Une place dans la hiérarchie féodale a. Comme seigneurs… b. …et comme vassales

…et la tête dans le Ciel La vie au sein des abbayes I. La juridiction épiscopale 1. Le rôle du pasteur vis-à-vis des abbayes 2. Saint-Andoche : une étape obligatoire sur le chemin de l’intronisation épiscopale a. La théorie b. Hypothèses d’explication c. La pratique d. Comparaison avec un cas similaire : Notre-Dame aux Nonnains à Troyes

3. Saint-Andoche : les conflits avec l’évêque au xv   siècle e

a. L’interdiction, pour l’évêque, de passer le portail de Saint-Andoche b. Les disputes et les heurts entre l’abbaye et l’évêque

II. La vie des religieuses à Autun 1. Au cœur de la vie des religieuses : la prière a. Les lieux de la prière b. Les offices religieux c. Les autres actes pieux

2. Les autres aspects de la vie quotidienne des religieuses a. Le cadre de vie b. La composition des repas c. D’autres activités ?

333 334 338 342 342 346 349 351 352 352 354 354 356 357 358 359 362 363 367 367 367 376 380 382 382 386 394

Table du volume 1

III. Des accommodements entre austérité et confort 1. Des entorses à un respect strict de la Règle ? a. Le vœu de conversion des mœurs et la vie en stricte communauté b. Le vœu de pauvreté c. Le vœu de stabilité

2. Quitter la communauté a. Quitter volontairement l’abbaye b. Mourir à l’abbaye

Un rôle spirituel dans la société locale I. Patronnes d’églises paroissiales 1. L  es églises paroissiales à la collation de Saint-Andoche et Saint-Jean-le-Grand a. D  atation des églises paroissiales Saint-Pierre Saint-Andoche et Saint-Jean-le-Grand

703

398 398 399 403 411 424 424 428 433 433 434 434

b. Localisation, identification et description des églises paroissiales 437 Saint-Pierre Saint-Andoche et Saint-Jean-le-Grand c. Les églises paroissiales dépendant des abbayes, dans leurs domaines « ruraux »

454

2. L  a cura animarum et l’influence des religieuses sur les paroissiens qui dépendent des abbayes457 a. Les inhumations 457 b. La fondation de messes 464 c. Les confréries 466 d. L’exercice d’une autorité morale 471 3. L  es églises paroissiales, une source de revenus non négligeable pour les religieuses 473 a. Les dîmes et oblations… 473 b. …et les redevances dues par les curés… 477 c. …farouchement défendues 478 II. Donations, fondations et mémoire des défunts 480 1. Les donations testamentaires 480 a. Le but des donations testamentaires 481 b. Saint-Andoche et Saint-Jean au milieu d’une série d’églises bénéficiaires c. Les legs testamentaires particuliers

483 489

704 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

2. Les fondations et les fondateurs a. Le souvenir des fondations et des fondateurs b. Les fondations c. Les fondateurs

Conclusion Saint-Andoche et Saint-Jean-le-Grand : similitudes et différences Deux abbayes conformes aux connaissances sur le monachisme féminin Deux abbayes qui conduisent à nuancer ce que l’on croit savoir sur le monachisme féminin

492 493 496 505 511 511 515 517

Annexes521 Planches 523 Sources et bibliographie 537 Sources538 Sources manuscrites 538 Sources directement liées aux abbayes éduennes ou à leurs religieuses

538 Sources dépouillées systématiquement ou par sondages raisonnés 544 Sources éditées 547 Bibliographie553 Index des personnes

599

Index des lieux

631

Liste alphabétique des notices prosopographiques du volume 2 (http://dx.doi.org/10.1484/M.EMI-EB.5.108483)

657

Table des illustrations

691

Liste des généalogies

695

Table du volume 1

697

Table du volume 2

705

Table du volume 2 (Matériaux prosopographiques) Avis au lecteur 711 Notices biographiques 713 Les dames d’Autun et leur entourage : religieuses, officiers, bénéficiaires de prières 713 Notices des dames de Saint-Andoche et de Saint-Jean-le-Grand 717 I. Les abbesses à Autun 717 1. Les abbesses de Saint-Andoche 717 2. Les abbesses de Saint-Jean-le-Grand 733 II. Les officières 752 1. Les officières de Saint-Andoche 752 2. Les officières de Saint-Jean 765 III. Les religieuses 774 1. Les religieuses de Saint-Andoche 775 2. Les religieuses de Saint-Jean 815 Notices des officiers de Saint-Andoche et de Saint-Jean-le-Grand 849 I. Les officiers du temporel 849 1. Les convers 849 2. Les maires, prévôts… : ceux qui gèrent les domaines 851 3. Les receveurs : ceux qui gèrent les revenus 864 4. Les procureurs : ceux qui gèrent les conflits 879 II. Les officiers du spirituel 972 1. Les chapelains 972 2. Les curés d’églises à la collation de l’abbaye 990 Notices des bénéficiaires de prières à Saint-Andoche et à Saint-Jean-le-Grand 1017 I. La parentèle des religieuses 1017 II. La parentèle des familiers des religieuses 1033

706 Des religieuses, les pieds sur terre et la tête dans le ciel

III. Des religieux et leur parenté 1039 1. Les chanoines d’Autun 1039 2. Les prêtres d’Autun et leur parenté 1049 3. Autres ecclésiastiques 1051 IV. Des laïcs 1052 1. De puissants seigneurs : ducs de Bourgogne et comtes de Nevers 1052 2. Des familles seigneuriales bourguignonnes 1053 3. De puissants familles autunoises 1054 4. D’autres familles autunoises 1059 5. Les autres 1065 Généalogies des principales familles présentes à Saint-Andoche et à Saint-Jean-le-Grand 1069 Liste alphabétique des notices prosopographiques du volume 2 (http://dx.doi.org/10.1484/M.EMI-EB.5.108483) 1121 Sources et bibliographie 1155 Sources1156 Sources manuscrites 1156 Sources éditées 1165 Bibliographie1171 Table des illustrations Liste des généalogies Table du volume 1 Table du volume 2

1217 1221 1223 1231