Traduire César entre Moyen Âge et Renaissance : étude de la “translation” de la Guerre des Gaules par Jean du Quesne (1473-1474) à partir de l’exemple du livre III (édition et commentaire)

Ce mémoire constitue une partie d'une thèse de doctorat consacrée à l'étude de la traduction que Jean du Quesn

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Traduire César entre Moyen Âge et Renaissance : étude de la “translation” de la Guerre des Gaules par Jean du Quesne (1473-1474) à partir de l’exemple du livre III (édition et commentaire)

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Table of contents :
Introduction
Partie 1 : Analyse de la traduction du livre II de la Guerre des Gaules par Jean du Quesne
Évaluation du degré de correction de la traduction de Jean du Quesne
Un traducteur attentif à sa source et conscient des dificultés
Les fautes de Jean du Quesne
Les “parades” de Jean du Quesne
Les “bonnes inspirations” de Jean du Quesne
La mise en évidence de la logique du texte latin
Les interpolations “érudites”
Les commentaires géographiques
Les digressions sur la stratégie militaire
Une dramatisation modérée
L'expression des sentiments
Conclusion : pour Jean du Quesne, le sens prime sur la lettre
Partie 2 : Édition du livre III de la traduction de la Guerre des Gaules par Jean du Quesne
Introduction
Tradition manuscrite et manuscrit de base
Principes d'édition
Présentation
Transcription, accentuation, ponctuation
Corrections
Édition
Partie 3 : Glossaire
Bibliographie
Manuels et dictionnaires
Éditions de texte
Études sur le contexte politique et culturel
Études sur la traduction et la transmission des auteurs classiques au Moyen Age
Études sur l’oeuvre de Jean du Quesne
Autres études
Table des annexes

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Rapport d’étape de thèse – janvier 2007

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Traduire César entre Moyen Âge et Renaissance : étude de la “translation” de la Guerre des Gaules par Jean du Quesne (1473-1474) à partir de l’exemple du livre III (édition et commentaire)

Séverine Montigny

Sous la direction de Gilles Roussineau

Professeur à l’Université Paris IV-Sorbonne

Résumé :

Ce mémoire constitue une partie d'une thèse de doctorat consacrée à l'étude de la traduction que Jean du Quesne a réalisée de la Guerre des Gaules pour le duc de Bourgogne Charles le Téméraire en 1473-1474. Il comprend l'édition critique du livre III, c'est-à-dire la traduction du livre II de Jules César, qui relate la campagne du général romain contre les Belges. Le texte s'accompagne d'un glossaire et d'un commentaire analysant comment Jean du Quesne transmet le texte classique à ses contemporains. Il s'agit principalement de situer ce traducteur dans l'histoire culturelle de son temps, entre Moyen Âge et Renaissance.

Descripteurs : Littérature antique – Traductions françaises – Édition critique César, Jules (0100-0044 av. J.-C.). Guerre des Gaules – Traductions françaises – Histoire et critique César, Jules (0100-0044 av. J.-C.). Guerre des Gaules – Traductions françaises – Appréciation – France – Bourgogne (France) – 1433-1477 (Charles le Téméraire) Littérature antique – Traductions françaises – Histoire et critique Humanisme – France – Bourgogne (France) – 1433-1477 (Charles le Téméraire)

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Abstract :

This dissertation constitutes a part of a Ph.D. dedicated to the study of the translation of the Gallic War which Jean du Quesne achieved for the duke of Burgundy Charles the Bold in 1473-1474. It is made up of the critical edition of the third book, i. e. the translation of the second book written by Julius Caesar, which relates the campaign fought by the Roman general against the Belgians. The text is accompanied by a glossary and a commentary on how Jean du Quesne passes on the classical text to his contemporaries. The main stake of this study is to place this translator in the history of culture of his time, between the Middle Ages and the Renaissance.

Keywords : Classical literature – Translations into French – Editing César, Jules (0100-0044 av. J.-C.). Guerre des Gaules – Translations into French – History and criticism César, Jules (0100-0044 av. J.-C.). Guerre des Gaules – Translations into French – Appreciation – France – Bourgogne (France) – 1433-1477 (Charles le Téméraire) Classical literature – Translations into French – History and criticism Humanism – France – Bourgogne (France) – 1433-1477 (Charles le Téméraire)

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Sommaire INTRODUCTION ................................................................................................6 PARTIE 1 : ANALYSE DE LA TRADUCTION DU LIVRE II DE LA GUERRE DES GAULES PAR JEAN DU QUESNE.........................................11 1.

ÉVALUATION DU DEGRÉ DE CORRECTION DE LA TRADUCTION DE JEAN DU

QUESNE ............................................................................................................11 1.1.

Un traducteur attentif à sa source et conscient des difficultés............11

1.2.

Les fautes de Jean du Quesne ............................................................13

1.3.

Les “parades” de Jean du Quesne .....................................................21

1.4.

Les “bonnes inspirations” de Jean du Quesne ...................................23

2.

LA MISE EN ÉVIDENCE DE LA LOGIQUE DU TEXTE LATIN ...............................25

3.

LES INTERPOLATIONS “ÉRUDITES” ..............................................................35 3.1.

Les commentaires géographiques ......................................................35

3.2.

Les digressions sur la stratégie militaire ...........................................39

4.

UNE DRAMATISATION MODÉRÉE .................................................................44

5.

L'EXPRESSION DES SENTIMENTS ..................................................................48

6.

CONCLUSION :

POUR J EAN DU

QUESNE, LE SENS PRIME SUR LA LETTRE ........52

PARTIE 2 : ÉDITION DU LIVRE III DE LA TRADUCTION DE LA GUERRE DES GAULES PAR JEAN DU QUESNE.........................................55 1.

2.

INTRODUCTION ..........................................................................................55 1.1.

Tradition manuscrite et manuscrit de base.........................................55

1.2.

Principes d'édition.............................................................................57

1.2.1.

Présentation................................................................................58

1.2.2.

Transcription, accentuation, ponctuation ....................................58

1.2.3.

Corrections.................................................................................59

ÉDITION ....................................................................................................60

PARTIE 3 : GLOSSAIRE..................................................................................91 BIBLIOGRAPHIE ........................................................................................... 110 1.

MANUELS ET DICTIONNAIRES ................................................................... 110

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2.

ÉDITIONS DE TEXTE .................................................................................. 112

3.

ÉTUDES SUR LE CONTEXTE POLITIQUE ET CULTUREL .................................. 113

4.

ÉTUDES SUR LA TRADUCTION ET LA TRANSMISSION DES AUTEURS CLASSIQUES

AU

MOYEN AGE .............................................................................................. 117

5.

ÉTUDES SUR L’OEUVRE DE JEAN DU QUESNE ............................................. 123

6.

AUTRES ÉTUDES ....................................................................................... 124

TABLE DES ANNEXES .................................................................................. 126

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Introduction Entre 1473 et 1479, un copiste lillois, Jean du Quesne, réalise une œuvre en deux parties : dans un premier temps, il effectue pour le duc de Bourgogne, Charles le Téméraire, une traduction de la Guerre des Gaules de Jules César, qu'il encadre de deux livres “forains” ; ces deux appendices à la traduction, qui représentent environ le tiers de l'ensemble, relatent la vie du général romain de part et d'autre de ses campagnes gauloises et sont largement inspirés par deux compilations historiques du XIIIe siècle, respectivement les Faits des Romains et la Chronique dite de Baudouin d'Avesnes. Dans un deuxième temps, Jean du Quesne compose, vraisemblablement à l'adresse du roi d'Angleterre, une chronique universelle relativement brève (elle représente environ le cinquième de l'ensemble) relatant l'histoire du monde de la mort de César à la date de sa rédaction, c'est-àdire les années 1478-1479. L'œuvre de Jean du Quesne nous est parvenue dans huit manuscrits, à l'exception de la Cronicque habregie que ne contient qu'un seul témoin. L'ensemble de ces copies a été effectué dans un laps de temps très resserré, à savoir entre 1473 et la moitié des années 1480, sur un territoire restreint : la majorité d'entre eux sont en effet représentatifs de la production flamande de luxe de la fin du XVe siècle. Malgré la réalisation d'une version expurgée des références au duc de Bourgogne, contenue dans trois des manuscrits, la traduction de Jean du Quesne ne semble donc pas avoir trouvé beaucoup de lecteurs au délà des possessions et du règne de Charles le Téméraire. Elle est d'ailleurs rapidement évincée par celle que Robert Gaguin donne en 1485 dans un esprit plus humaniste, attentif à préserver l'intégrité et le sens du texte original. La Cronicque habregie, quant à elle, n'a visiblement pas circulé... Il est vrai que l'œuvre de Jean du Quesne paraît déséquilibrée et hybride : tandis que son entreprise de traduction d'un classique latin semble relever d'une ambition humaniste, la structure de l'ensemble, en particulier la présence des deux livres forains et la composition de la Cronicque habregie, ainsi que la nature des sources auxquels il puise l'inscrivent dans la tradition historiographique médiévale de la compilation. Il n'est donc pas surprenant qu'il n'ait pas rencontré un grand

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succès, d'autant qu'alors les Faits des Romains, “best-seller” des cours princières de la fin du Moyen Âge1, notamment celle de Bourgogne, représentaient une forte concurrence, aux qualités littéraires indéniablement plus élevées. Dès lors, on est en droit de s'interroger sur la raison d'être de cette entreprise. Après avoir étudié les talents de compilateur et de chroniqueur de Jean du Quesne dans mon mémoire de DEA2 et édité une partie de son œuvre dans le cadre de ma thèse d'École des chartes3, je me propose donc dans ce rapport d'étape de thèse de doctorat de poursuivre l'édition de la traduction de la Guerre des Gaules de Jean du Quesne et d'en approfondir l'étude pour mieux cerner la nature du projet de ce “translateur” à la charnière entre Moyen Âge et Renaissance. En éditant son livre III, traduction du livre II de César, je poursuis l'établissement du texte que je compte donner en son entier dans ma thèse de doctorat. Dans le même temps, ce nouvel échantillon me permet de vérifier les conclusions tirées de manière provisoire dans ma thèse d'École des chartes à propos du travail de traduction de Jean du Quesne. Nous savons déjà par l'analyse des pièces liminaires du livre I, présentée à l'occasion de journées d'études à Lille en septembre 20054, que cette entreprise correspond en partie à un programme politique : donner César en exemple et en contre-exemple à Charles le Téméraire et mettre ce dernier en valeur par des comparaisons à son avantage. Elle s'inscrit dans la production relativement abondante de miroirs et de manuels à l'usage du prince composés à cette époque à la cour de Bourgogne5.

1 Bernard Guenée, “La culture historique des nobles : le succès des Faits des Romains (XIII e -XV e siècles)”, dans La noblesse au Moyen Âge, XI e -XV e siècles, essais à la mémoire de Robert Boutruche, éd. Philippe Contamine, Paris, Presses universitaires de France, 1976, p. 261-288. 2 Séverine Montigny, La Cronicque habregie de Jean du Quesne, mém. de DEA, langue française, dir. Gilles Roussineau, univ. Paris-IV, 2004-2005, dactyl. 3 Séverine Montigny, Édition partielle de l'œuvre de Jean du Quesne, traducteur de César et chroniqueur à la cour de Charles le Téméraire. Première partie : Édition partielle de la traduction de La Guerre des Gaules par Jean du Quesne (1473-1474). Deuxième partie : édition de la Cronicque habregie de Jean du Quesne (1478-1479), thèse pour le dipl. d'archiviste paléographe, 2006, dactyl. ; résumé dans École nationale des chartes, positions des thèses..., 2006, p. 161165. Y sont édités les six premiers chapitres du livre I, c'est-à-dire le premier livre “forain”, et le livre II, à savoir la traduction du livre I de César. 4 “La comparaison entre les institutions romaines et les institutions bourguignonnes dans la traduction de la Guerre des Gaules de Jean du Quesne (1473-1474)”, journées d'études “Réception et représentation de l'Antiquité”, 28, 29 et 30 septembre 2005, Université Charles de Gaulle-Lille 3, actes à paraître dans Bien dire et bien aprandre. 5 Voir notamment les trois traités édités par Arjo Vanderjagt dans Qui sa vertu anoblist, the concepts of

“noblesse” and “chose publicque” in Burgundian Political Thought, Groningue, Jean Miélot and co., 1981.

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L'étude du livre III paraît tout à fait intéressante de ce point de vue puisque le général romain, projection idéale de l'homme de guerre et d'État, y est aux prises avec les peuples belges. Or Mireille Schmidt-Chazan a montré que l'évocation des lointains ancêtres de l'écrivain lillois et des peuples bourguignons fournissait à Jean du Quesne une occasion de chanter les louanges des sujets du duc de Bourgogne : le récit des exploits du passé serait propice à la manifestation d'un certain “sentiment national”6. Comment réussit-il donc à concilier ces deux discours flatteurs, pour Jules César d'une part et pour ses ennemis de l'autre, a priori contradictoires ? Mais s'il y a allusions à Charles le Téméraire ou à l'actualité politique de ses domaines, nous avons déjà observé qu'elles sont discrètes et que, de même que les sentences morales et autres conseils à l'adresse du duc, elles sont la plupart du temps reléguées en marge de la traduction elle-même, dans les pièces liminaires ou en conclusion de chapitre par exemple : nous n'avons certes pas à faire à une simple œuvre de propagande, à un texte de circonstance ou à un pur miroir du prince. Aussi faut-il bien envisager de la part de Jean du Quesne une autre ambition liée au texte lui-même : peut-être ne s'agit-il pas d'un humaniste, mais sans doute a-t-il des prétentions littéraires, du moins intellectuelles. La composition de la Cronicque habregie, qui suppose un important travail de documentation et une grande agilité de l'esprit pour agencer des passages provenant de sources diverses, nous a fourni un exemple éloquent des efforts dont il est capable. A plusieurs reprises, d'ailleurs, les ambitions d'écrivain de ce copiste se font jour : c'est le cas pour la Cronicque habregie elle-même qu'il annonce dans le “prologue du translateur” et qu'on pensait non réalisée jusqu'à la découverte du seul manuscrit qui la contient ; au chapitre 5 du livre I, il affiche son envie de composer un traité sur la ferme des offices : desquelz uzer par fermes est grant peril, ou par achat excessif, comme j'ay un peu touchié en l'office des baillisz et voullentiers en toucheroie plus amplement par declaration se j'en avoie commandement du commandeur, car la matiere souffiroit assez pour ung particulier volume avec les circunstances (I-5-15) ;

6 Mireille Schmidt-Chazan, “Les traductions de la Guerre des Gaules et le sentiment national au Moyen Age”, dans Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, t. 87, 1980, p. 387-407.

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à la fin de la Cronicque habregie, il aspire explicitement à devenir le biographe de Charles le Téméraire : De la vie et meurs duquel vaillant duc Charles, de ses concquestes et entreprinses apartient bien faire de grans volumes pour declaration d'iceulz car ce ne se porroit faire en petite escripture pour la grandeur d'icelles et, ja aie jou esté comme partout avec luy, si m'en passeray jou a tant quant a present jusques a heure a ce faire plus decente. (CA, § 206). Peut-être Jean du Quesne est-il un peu ambitieux et velléitaire puisqu'on ne connaît aucun témoin de ces deux derniers projets. Mais le fait est qu'il est parvenu à traduire l'œuvre de César en son entier sans recopier purement et simplement l'adaptation des Faits des Romains. En effet, si Robert Bossuat a montré que Jean du Quesne avait sous les yeux une copie de la compilation du XIIIe siècle, auquel il n'hésite pas à jeter un coup d'oeil de temps à autre, il a aussi mis en évidence le fait que notre “translateur” travaillait réellement à partir d'un manuscrit latin7. Aussi ai-je effectué une comparaison systématique du texte du livre III de Jean du Quesne à celui du livre II de Jules César, dans une édition contemporaine8, de manière à déterminer quelles difficultés le traducteur a rencontrées, comment il les a résolues, dans quels cas il a eu recours à la lecture des Faits pour corriger sa copie et dans quels sens ses oublis ou ses propres interventions infléchissent le sens original de l'œuvre. Plus largement, cette analyse permettra de déterminer ce qu'il a compris de la lettre et perçu de l'esprit du texte de César. Je reprends et complète ici les observations effectuées pour ma participation aux journées d'études “Entre Moyen Âge et Renaissance, regards croisés sur Jules 7 Robert Bossuat, “Traductions françaises des Commentaires de César à la fin du XV e siècle”, dans Bibliothèque d’Humanisme et Renaissance, t. 3, 1943, p. 253-411, spéc. p. 253-373. 8 Une prochaine étape de ma thèse pourrait consister en l'identification du manuscrit, du moins de la famille du manuscrit utilisé par Jean du Quesne comme source de sa traduction. Mais le nombre important de témoins du texte de César et la faiblesse des indices présagent d'un travail difficile et peut-être vain. Aussi préférons-nous poursuivre l'établissement de l'œuvre de Jean du Quesne et sa comparaison avec une édition récente du texte latin : ce travail permettra peut-être de découvrir un élément intéressant pour l'identification du manuscrit source.

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César (2e session)” des 27 et 28 octobre derniers à l'Université Paris-VII Denis Diderot9.

9 Actes à paraître dans les Cahiers de Recherches médiévales. Ceux de la première session de décembre 2005 ont paru en 2006 dans le Volume XIII-Numéro spécial des Cahiers de Recherches médiévales.

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Partie 1 : Commentaire

Partie 1 : Analyse de la traduction du livre II de la Guerre des Gaules par Jean du Quesne 1.

Évaluation du degré de correction de la traduction de Jean du Quesne L'une des premières questions que l'on se pose face à une traduction, quelle

que soit l'époque à laquelle elle ait été réalisée, est son degré de correction par rapport au texte original. On pourrait même se servir ici de ce critère pour situer Jean du Quesne entre Moyen Âge et Renaissance, la recherche de la pureté des textes antiques étant l'un des traits les plus marquants de l'humanisme.

1.1.

Un traducteur attentif à sa source et conscient des difficultés

Il est indéniable que Jean du Quesne ne s'inscrit pas dans le groupe des philologues de la fin du Moyen Âge et du XVIe siècle en quête de sources moins corrompues : il ne cherche pas à donner une édition critique de César. Néanmoins, et Robert Bossuat l'a déjà souligné10, Jean du Quesne semble conscient de l'importance que revêt la qualité de sa source et, loin d'éluder la question et de feindre la facilité, manifeste son embarras face aux impuretés qui entâchent le texte latin dont il dispose : son propre texte, lequel j'ay trouvé villainement corrumpu en plusieurs pas par vices scriptores, qui m'a esté trop amer et desplaisant pour ce que trop loingz l'ai veu de la feale verité, aulcuneffois par sincopacion et autre par superfluité, ce que j'ay contendu reduire selon ma petite faculté a vraye consequence. (P2) car la copie correcte d'iceulz Commentaires latinistes m'a esté a recouvrer bien difficille (P-8). 10 R. Bossuat, “Traductions françaises...”, p. 291-292.

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Partie 1 : Commentaire

Bien sûr, ces déclarations sont soumises à caution. Je n'ai pas encore identifié le manuscrit latin ou, du moins, la famille du manuscrit latin sur lequel Jean du Quesne a travaillé. Les seuls indices fiables dont on dispose pour le moment pour évaluer la qualité de sa source sont les quelques mots latins dont il fait précéder chaque chapitre de sa traduction. Or, dans le livre III, aucune variante, fautive ou non, n'y apparaît par rapport au texte de l'édition moderne. On peut donc tout à fait penser que Jean du Quesne cherche à rejeter sur des générations de copistes ses propres défaillances de traducteur. Mais, comme nous allons le voir, il ne cherche pas davantage à dissimuler ses limites. Outre les remarques de Jean du Quesne touchant à la qualité de son textesource, le fait qu'il introduise chaque paragraphe de la traduction par les mots latins correspondants souligne l'attention qu'il porte au texte original et confirme sa volonté d'y être fidèle. À la lecture de sa “copie”, on sent d'ailleurs à quel point il reste proche du texte latin. Les calques aussi bien lexicaux que syntaxiques, fautifs ou non, nous allons le voir, sont extrêmement nombreux : César (L.-A. Constans, XIX8) : Eadem autem celeritate adverso colle ad nostra castra atque eos qui in opere occupati erant contenderunt. Traduction Belles Lettres (A.-M. Ozanam) : Avec la même rapidité, ils se portèrent contre notre camp, sur la colline opposée, et contre ceux qui étaient occupés à l'édifier. Jean du Quesne, 10.3. : ...puis par celle mesmes aspreté hastive vers le tertre des logis a ceulz qui en euvre empeschiés estoient contendirent. Faits des Romains (L.-F. Flutre, IV,19, p. 126) : Autresi tost furent il coreü en l'autre tertre ou les legions avoient conmanciees lor loges a drecier. Jean du Quesne invite même le lecteur à confronter sa version à l'original : Et quant ad ce que au commencement de chascun chapitre desdis VIII livres j'ay repeté deux ou trois motz du latin, a esté fait seullement pour donner l'invencion d'iceulz plus legiere parmy le texte latiniste plain et onny. (II-0-10). C'est donc ce que j'ai fait pour juger des qualités de traducteur de Jean du Quesne, en prenant comme texte latin de référence l'édition Budé établie par

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Partie 1 : Commentaire

Léopold-Albert Constans en 192611, c'est-à-dire une version de l'œuvre certainement plus correcte que celle dont disposait notre “translateur”. Le propre regard que porte Jean du Quesne sur son travail est intéressant. Les pièces liminaires de son œuvre sont ponctuées de nombreuses protestations d'humilité, destinées certes à s'attirer la bienveillance des lecteurs, mais trahissant sa lucidité quant à ses limites personnelles : Et se aulcun procés y est trouvé imparfait, dont je le tieng espessement doublee, leur plaise a droit corrigier en moy pardonnant ma simplesse pour le bon voulloir, en quoy arrogance n'a lieu. (II-0-11). 1.2.

Les fautes de Jean du Quesne

Robert Bossuat n'a pas manqué de signaler les fautes de traduction qu'il a pu relever dans la copie de Jean du Quesne et le juge assez sévèrement12. Certes, la copie de l'élève du Quesne n'est pas parfaite. Mais aucun véritable non-sens ne nous apparaît à la lecture du livre III. Tout au plus peut-on citer quelques passages “nébuleux”, dont le sens reste néanmoins perceptible. Voici un exemple où se lit de nouveau, mais sous sa version fautive, la tendance au calque de notre traducteur : César (IV3) : ... qua ex re fieri uti earum rerum memoria magnam sibi auctoritatem magnosque spiritus in re militari sumerent. A.-M. O. : ... le souvenir de cet exploit leur inspirait une grande idée de leur importance et une grande confiance dans leurs capacités militaires. JdQ, 2.2. : ... tant ont acquis de science bellique par uzance et excercice, faisant ces choses, que grant auctorité se baillent en esperit d'espreuve militaire. Faits (IV,4, p. 117) : Et por ce cil de cele part qui est plus voisine au Rin sont plus fier et plus aüsé d'armes, por les guerres ou il ont sovent esté, et boutez lor anemis arriere quant ce estoit, neïs que tuit li autre leu de France en estoient folé. Remarquons au passage que l'auteur des Faits des Romains ne semble pas avoir compris le passage. La “défaillance” de la part de ce texte-recours désoriente peutêtre d'autant plus notre “translateur”.

11 César. Guerre des Gaules. Éd. L.-A. Constans. Éd. revue et corr. Paris : Belles Lettres, 1990. Le tableau fourni en annexe n°2 établit les correspondances entre les chapitres de la traduction de Jean du Quesne et ceux de l'édition moderne du texte latin. 12 R. Bossuat, “Traductions françaises...”, p. 313-316.

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Partie 1 : Commentaire

Il peut arriver que Jean du Quesne reprenne servilement la leçon des Faits, visiblement sans se demander si elle correspond au passage latin à traduire : César (V3) : His mandatis eum ab se dimittit. A.-M. O. : Il le charge de cette mission et le congédie. JdQ, 3.1. : ... auquel commandement cesaire obeÿ Diviciacus par le mesme decré que j'ay dit. Faits (IV,5, p. 119) : Diviciacus fist son commandement. En général toutefois, la version de la compilation du XIIIe siècle se montre meilleure et Jean du Quesne ne s'en inspire pas. Voici un exemple de passage visiblement non compris par notre traducteur, mais correctement restitué par son devancier13 : César (XI3) : Prima luce confirmata re ab exploratoribus omnem equitatum, qui novissimum agmen moraretur, praemisit. Traduction Belles Lettres (A.-M. O.) : Au point du jour, les éclaireurs lui ayant confirmé la nouvelle, il envoya en avant toute sa cavalerie, pour retarder leur arrière-garde. JdQ, 6.1. : Au point du jour, Cesar de la verité par les explorateurs adverti, a tous ceulz de cheval permist que avec la darraine compaignie des siens demourassent... Faits (IV,11, p. 122) : Al ajorner, lues que il fu certeins de la chose, il envoia apres toz cels a cheval por retargier cels qui en la qeue des fuianz estoient. Tout porte donc à croire que les Faits n'ont pas à ses yeux un crédit suffisant par rapport au texte original, qu'il préfère traduire par ses propres moyens. Peut-être aussi ne parvient-il pas toujours à mettre en relation la version plus libre de ce potentiel modèle et le texte de César. Tout comme les non-sens, les “refus de traduction”, c'est-à-dire la nontraduction de longs passages (au moins une proposition), sont assez rares. J'en ai relevé six principaux (aux paragraphes V, XI, XIV, XXII, XXV et XXXIII), dont celui-ci : César (XXV1) : ... reliquos esse tardiores et non nullos ob novissimis desertos proelio excedere ac tela vitare, hostis neque a fronte ex inferiore loco subeuntes intermittere et ab utroque latere instare et rem esse in angusto vidit neque ullum esse subsidium quod submitti posset

13 Tous les exemples de cet exposé comprennent la version des Faits des Romains de manière à ce qu'on puisse apprécier ce phénomène plus amplement.

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Partie 1 : Commentaire

A.-M. O. : ... les autres faiblissaient et, aux derniers ranges, quelques-uns, abandonnés de tous, quittaient le champ de bataille et tentaient de se soustraire aux coups, tandis que les ennemis ne cessaient de monter en face de nous et de nous presser sur les deux flancs. Voyant combien la situation était critique, et ne disposant d'aucun secours... JdQ, 13.1. : ... et generalement veoit chascun estre tres tardif a deffence Ø et sa besongne en grant varieté bransler partout, a quoy ne lui aparoit quelque prochain subside de sceureté. Faits (IV,25, p. 129) : Apres il veoit que si anemi feroient et abatoient les soens et de front et de costé sanz entrelés, et senti son affere en grant perill, come cil qui n'avoit antor soi home fres que il poïst lessier a cels aidier qui lassé estoient et a destroit. Peut-être l'adverbe partout est-il destiné à resumer le passage non-traduit, à le condenser de manière très sommaire. Lorsque Jean du Quesne ne comprend pas un passage, on observe en effet souvent de sa part un phénomène de compensation : il remplace la proposition latine par une phrase française de même ampleur, mais de sens différent. Dans cet exemple : César (XXXIII2) : Illi ante inito... consilio, quod deditione facta nostros praesidia deducturos aut denique indiligentius servaturos crediderant... A.-M. O. : Mais ceux-ci... avaient préparé un plan, car ils avaient cru qu'après la reddition, les nôtres retireraient leurs postes de garde ou du moins relâcheraient leur surveillance. JdQ, 16.3. : ... ensievant leur premier conseil, selon lequel ilz avoient ainsi repu leurs armeures, a sçavoir en intencion d'eulz vengier des Rommains, se misrent aigrement en besongne... Faits (IV,33, p. 134) : Mes il pristrent conseil ensamble et distrent tex i ot que mal estoient bailli : ou Cesar metroit laienz garnison de chevaliers qui foleroient la vile, ou au meins il ne les tenseroit pas bien vers lor anemis : ne pooient faillir a l'un des II. Por ce muerent lor corages... le traducteur compense sa défaillance en nous répétant des faits déjà évoqués, à savoir que les Atuatuques ont dissimulé des armes à l'insu des Romains (16-2), et en glosant sur leurs motivations (cf. infra). Il semble que Jean du Quesne éprouve des difficultés particulières à se représenter les sites et les manœuvres militaires décrits par César. Il en donne donc des restitutions approximatives. C'est le cas du paragraphe 9-4, traduction du paragraphe XVIII du texte latin, où est dressé le décor de la future bataille contre

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Partie 1 : Commentaire

les Nerviens : les principaux éléments, les deux collines, la rivière et le bois, sont bien en place, mais Jean du Quesne invente une « plaine » absente de l'œuvre originale et emploie des prépositions, notamment « en front de », qui brouillent la bonne intelligence du passage. En ce qui concerne les manœuvres militaires, l'un des exemples les plus criants concerne la stratégie qu'adoptent les Nerviens et qui met gravement en péril le salut des Romains ; Jean du Quesne ne saisit absolument pas leur mouvement d'encerclement : César (XXIII5) : ... quorum pars aperto latere legiones circumvenire, pars summum castrorum locum petere coepit. A.-M. O. : ... les uns entreprirent de tourner les légions sur leur flanc découvert, les autres se portèrent vers le sommet du camp. JdQ, 11.4. : ... desquelz une partie se tournerent auz dites deux legions et l'autre tyra radement au plus haut lieu des logis. Faits (IV,33, p. 134) : ... et l'une partie des Nerveçois conmença a enclorre les legions a l'un des costez ; l'autre partie s'adreça la oules tentes des Romains seoient em plus haut leu. Mais ce qui est remarquable, c'est que notre “translateur”, avec la cohérence qui le caractérise (cf. infra), continue de ne pas traduire ou de modifier tous les mots ou passages de la suite du texte qui évoquent l'encerclement : le paragraphe 12-1

est

un

remodelage

approximatif

des

paragraphes

latins

XXIV1-2 ,

« circumventas » (XXIV4) et « circumvenirentur » (XXVI2) ne sont pas traduits et le verbe au passif « aversi » (XXVI 2) est transformé fautivement en l'adjectif « adversaire » (13-4). Les non-traductions de moindre ampleur et les faux-sens affectent également des mots ou des locutions relevant de domaines techniques, en particulier l'armée, la topographie, la construction etc., mais pas uniquement. En voici une sélection : César

A.-M. O.

JdQ

Faits

maturare V4

se hâter

deliberer 3.2.

soi haster IV,5 p. 119

vicus et

village et habitation isolée

tout le paÿs 4.

vile et [recé] IV,7 p. 120

aedificium VII3

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Partie 1 : Commentaire

César

A.-M. O.

JdQ

Faits

collis VIII3

colline

plaine 5.2.

interim IX2

pendant ce temps

aprez longue atente Ø IV,9 p. 121 5.3.

vadum IX4

gué

vaisseau 5.3.

l'iau qui estoit meins parfonde IV,9 p. 121

postridie XII1

le lendemain

le IIIe jour aprez 6.2.

au tierz jor IV,12 p. 122

Sub sarcinis XVII2 chargé de paquetages

avant le secours 9.2.

Ø IV,17 p. 125

Calo XXIV4

Ø 12.3.

peon IV,24 p. 129

aestuarium XXVIII1 estuaire

bois 14.1.

[plesseï] IV,28 p. 131

praeacuta trabs XXIX3

poutre aiguisée

Ø 15.1.

piex de chesne agu IV,29 p. 132

sectio XXXIII6

à l'encan

sexe 16.3.

a cels qui acheter les vodrent IV,33 p. 134

valet

chanpaigne IV,8 p. 120

Citons également des exemples de calque malheureux : •

inita aestate (II1), « au début de l'été », traduit par chaudement (1-4), “vivement, énergiquement”,



aegre (VI1), “difficilement”, traduit par aigre (3-3), “plein d'agressivité”,



neutri (IX2), “ni l'un ni l'autre”, traduit par neutralement (5-3), adverbe non attesté par les ouvrages de référence,



opere dimenso (XIX5), “après avoir pris les mesure pour la construction”, traduit par mesureement (10-3), “avec modération”



contendebant (XXX1), “luttaient”, traduit par contendant (15-2), “ayant envie de”. Parfois, Jean du Quesne est aussi trompé par des faux amis : au paragraphe

17-1, il traduit « civitates » (XXXIV), qui désignent les territoires des différents

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Partie 1 : Commentaire

peuples gaulois, par « citez », au sens de “villes” puisque suit : « comme de Nantes, Rennes, Venne, Ravenne et autres maritaines ». Enfin, il commet des contre-sens évidents : César (XVII4) : Adjuvabat etiam eorum consilium qui rem deferant, quod... A.-M. O. : Le plan de ces informateurs s'appuyait encore sur l'observation suivante :... JdQ, 9.2. : Mais ledit conseil empeschoit ce que... Faits (IV,17, p. 125) : Cil de Nevers crurent volentiers ce conseill...14 Notre traducteur pèche aussi parfois légèrement dans son analyse grammaticale. Certaines fois, c'est la nature des mots qui n'est pas correctement identifiée. Dans ce passage, César (XXI2) : ... Milites non longiore oratione cohortaus quam uti suae pristinae virtutis memoriam retinerent... A.-M. O. : Son discours ne fut pas long : il se contenta d'inviter les soldats à se rappeler leur ancienne valeur... JdQ, 11.1. : ... aux chevalliers de laquele ne fist mie plus long sermon que seullement ramentevant uzer de leur vertu acoustumee... Faits (IV,21, p. 127) : Ne les detint pas longue parole ; itant lor dist, que por amor Dieu et por lor vies et lor honor sauver lor remenbrast de lor premeraine vertu. Jean du Quesne a manifestement confondu la conjonction de subordination uti avec l'infinitif du verbe déponent utor, eris, uti, usus sum. On remarquera, à son crédit, que le sens du texte n'en pâtit pas énormément. On relève également des fautes dues à une analyse des désinences hasardeuse. Les mots se voient alors attribués une fonction incorrecte et on peut en arriver à des contre-sens. En voici un exemple : César (XXIII1) : Legionis nonae et decimae milites... cursu ac lassitudine exanimatos vulneribusque confectos Atrebates (nam his ea pars obvenerat)... conpulerunt... A.-M. O. : Les soldats de la neuvième et de la dixième légion... : essoufflés par la course et par la fatigue, et accablés de blessures, les Atrébates, qui occupaient ce secteur, furent rapidement refoulés...

14 Pour un complément sur le lexique, voir l'introduction du glossaire.

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Partie 1 : Commentaire

JdQ, 11.2. : ...les chevalliers de la IXe et Xe legions..., laschant les resnes par lassures et traveil, grandement animezz et de plaies moult grevez, se bouterent es Artisiens qui en leur chemin escheÿrent ; lesquels... compulserent... Faits (IV,23, p. 128) : Li chevalier romain de la legion niviesme et de la disiesme,... a cels d'Artois, qui lassé estoient de corre et d'asaillir, et les requistrent si asprement que il les reüssent... Les Romains reçoivent ici les qualificatifs appliqués en réalité à leurs adversaires. Leurs difficultés n'en paraissent que plus grandes, ainsi que leur victoire à venir. Du point de vue de la syntaxe, la copie de Jean du Quesne n'est pas non plus exempte de faute. Voici un passage où il confond propositions subordonnées interrogatives et propositions subordonnées conditionnelles : César (IX1) : Hanc si nostri transirent hostes expectebant ; nostri autem, si ab illis initium transeundi fieret... parati in armis erant. A.-M. O. : Si les nôtres le franchissait, les ennemis les attendaient de pied ferme ; inversement, si ces derniers prenaient l'initiative de la franchir, les nôtres se tenaient en armes, prêts... JdQ, 5.3. : ... lequel, se Rommains passeroient annemis attendoient ; lesquelz pareillement tous prestz en armes regardoient se le commencement de passage Belgiens feroient... Faits (IV,9, p. 121) : Li Belgue atendoient que li Romain passassent outre cele mare a els. Li Romain ensement atendoient que cil passassent a els... Il faut reconnaître encore une fois que le sens du texte original n'est guère écorné. Outres ces fautes ponctuelles, certains points de grammaire latine semblent poser problème à Jean du Quesne de manière récurrente. C'est le cas des verbes déponents, comme déjà entr'aperçu dans le troisième exemple (sur « moraretur »). Les fautes de traduction de ce genre conduisent à un contre-sens puisque le sujet et l'objet de l'action se retrouvent inversés. En voici quelques exemples : César (V1) : Caesar Remos cohortatus liberaliterque oratione prosecutus... A.-M. O. : César, après avoir encouragé les Rèmes et leur avoir adressé des paroles bienveillantes... JdQ, 3.1. : Cesar des Rainciens enhorté, liberalement ensievant leur prière... Faits (IV,5, p. 118) : Cesar parla franchement as messages de Reins...

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Partie 1 : Commentaire

César (XIX1) : Caesar equitatu praemisso subsequebatur omnibus copiis... A.-M. O. : César avait envoyé en avant sa cavalerie et la suivait à peu de distance avec toutes ses troupes... JdQ, 10.1. : Cesar ses equestres premiers mis ou arroutez, ensievoient toutes ses copies. Faits (IV,19, p. 125) : Cesar envoia tote sa chevalerie avant, et il venoit apres otote l'autre gent. César (XXIII2) : ... in locum iniquum progressi rursus resistentes hostes redintegrato proelio in fugam conjecerunt. A.-M. O. : ... s'étant avancés dans un terrain inégal, comme les ennemis, ayant repris le combat, tentaient de leur résister, ils les mirent de nouveau en fuite. JdQ, 11.3. : ... les annemis engressez en lieu inique resistans, la battaille reintegree, en fuite miserable tournerent. Faits (IV,23, p. 125) : ... et le remenant de cels d'Artois, qui s'estoient ralié a bataille outre l'iaue, firent vertir a la fuie, ou il vosissent ou non. L'adjectif verbal semble également conduire Jean du Quesne à des contresens, voire à des fautes de français puisque, dans l'exemple suivant15, il emploie une locution adverbiale que n'atteste aucun des ouvrages de référence consultés : César (II5) : Tum vero dubitandum non existimavit quin ad eos proficisceretur. A.-M. O. : Alors il estima qu’il ne devait pas hésiter à marcher contre eux. JdQ, 1.4. : Cesar n’extima quelque doubte qu’ilz ne le volsissent grever... Faits (IV,2, p. 117) : Cesar nel mist n’an doute n’an delai que il ne s’en alast vers els... Enfin, du point de vue de la stylistique, notre traducteur semble gêner par certains phénomènes qu'il ne reprend pas dans sa version, comme le présent de narration : César (VI4) : Iccius... unum ex iis qui legati de pace ad Caesarem venerant, nuntium ad eum mittit… A.-M. O. : ... Iccios... envoie comme messager à César un des légats qui étaient déjà venus le trouver pour lui demander la paix... JdQ, 4. : ... Icitus... envoia devers Cesar ung de ceulz mesmes quy en legation de la paix avoit esté...

15 Ce passage fournit également un exemple de contre-sens lié à la présence du verbe déponent proficisci.

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Partie 1 : Commentaire

Faits (IV,6, p. 119) : ... Siccius... qui ançois avoit esté legaz de la pes a Cesar por cels de Reins, si con avons dit, envoia batent a Cesar... 1.3.

Les “parades” de Jean du Quesne

Quand il ne comprend ni la lettre, ni l'esprit du texte de César, Jean du Quesne donne un sens au passage, même s'il différe de celui d'origine, ou cherche à le rendre cohérent en dépit de sa défaillance. Dans cet exemple, passage où sont exposés les motifs de rebellion des peuples belges, César (I2−3) : Conjurandi has esse causas : primum quod vererentur ne omni pacata Gallia ad eos exercitus noster adduceretur ; deinde, quod ab non nullis Gallis sollicitarentur, partim qui, ut Germanos diutius in Gallia versari noluerant, ita populi romani exercitum hiemare atque inveterascere in Gallia moleste ferebant... A.-M. O. : Voici quelles étaient les causes de cette conspiration. En premier lieu, ils craignaient qu’une fois toute la Gaule pacifiée, nous ne tournions notre armée contre eux. Ensuite, ils étaient sollicités par bon nombre de Gaulois : les uns, qui n’avaient pas voulu laisser les Germains séjourner plus longtemps en Gaule, éprouvaient tout autant de répugnance à voir les Romains y passer l’hiver et s’y éterniser... JdQ, 1.2-3. : ... des causes moventes par la maniere qui s’ensieut. Premierement doubtoient lesdis Belgiens que, toute la Gaule appaisie ou subjuguie, que contre eulz l’excercite rommain ne feust mené aprez avoir acquise la grace de plusieurs Gaullois par le reboutement des Germains ; avec ce leur desplaisoit moult l’ivernement desdis Rommains en leur paÿs... Faits (IV,1, p. 116) : La cause de la conjuroison estoit por ce que il se doutoient que, se tote France fust apesiee, que les oz des Romains ne s’enbatissent ou païs et manjassent tote la terre par lor demeure. Apres il lor pesoit de ce que les legions yvernoient en la contree dont li Sesne estoient chacié... le traducteur ne comprend pas bien la syntaxe de la phrase latine, en particulier il n'identifie pas le sujet correct de « sollicitarentur » et ne voit pas la corrélation « ut...ita ». Dans sa version, les Belges apparaissent donc isolés face aux Romains et se révoltent en raison même de cette absence de rempart entre eux et les envahisseurs. Ces derniers se sont en effet ménagé la bienveillance des Gaulois en les débarrassant de la présence des Germains. Or, cette invention paraît tout à fait cohérente par rapport aux faits relatés dans le livre précédent. Peut-être d'ailleurs est-elle influencée par la version des Faits, qui ne rend pas compte de toute la

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Partie 1 : Commentaire

complexité de la situation en éludant notamment le rôle des Gaulois, mais évoque le départ forcé des Germains. La logique instaurée par Jean du Quesne n'est peutêtre pas celle d'origine, mais elle est tout aussi solide. Au chapitre suivant, le copiste lillois semble troublé par le fait que les habitants de la région de Reims soient considérés comme des Belges. Aussi “corrige”-t-il le texte en fonction de ses propres conceptions géographiques. Malheureusement, le parti qu'il prend n'est pas tenable jusqu'au bout... César (III1−4) : ... Remi, qui proximi Galliae ex Belgis sunt... neque se cum Belgis reliquis consensisse... reliquos omnes Belgas in armis sese... A.-M. O. : ... les Rèmes (les Belges les plus proches de la Gaule)... Ils n’ont pas partagé les sentiments des autres Belges... Mais tous les autres Belges ont pris les armes... JdQ, 2.1. : ... ceulz de Rains, quy les plus prochains Gaullois des Belges estoient... disant non avoir auz Ø Belges consenti... tous les autres Belges estre armez contre son effort... Faits (IV,3, p. 117) : ... cils de Reins, qui est une haute citez des Belges et voisine as autres François qui Celte estoient clamé... il ne sont pas de la conjuroison as autres Belges... Tuit li autre Belge sont esmeü a armes contre vos... La première faute est peut-être due à une lecture trop rapide et à un calque maladroit du latin. Mais Jean du Quesne entend maintenir une certaine cohérence en ne traduisant pas “reliquis”. Toutefois, il se rend finalement à la leçon du texte latin et traduit “reliquos”. Paradoxalement, faire ensuite des Suessions les « freres et cousins » des Belges ne lui pose aucun problème. Ils habitent pourtant légèrement plus au sud que les Rèmes et c'est bien à ces derniers que César les apparente. Mais cette version sert l'image impitoyable qu'il donne alors des Belges, peuple intransigeant même à l'égard des leurs : ... mesmes les Soissonnois, qui leurs freres et comfins en armes soulloient estre, tous uzans d’un droit, d’une loy, d’un empire et de une mesmes seignourie, avoient lesdis Belgiens si espoventez par manaches que en grant cremeur consentoient a leurs traitiés, touteffois en regret vyolent. (2.1.) Parfois, Jean du Quesne comprend l'esprit du texte, mais n'en saisit pas la syntaxe ou le vocabulaire. Il restitue donc l'idée de César en s'éloignant légèrement de la lettre :

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Partie 1 : Commentaire

César (XVII3) : ... neque esse quicquam negotii, cum prima legio in castra venisset reliquaeque legiones magnum spatium abessent, hanc sub sarcinis adoriri... A.-M. O. : ... il n'était donc pas difficile, lorsque la première légion arriverait au camp et que les autres en serait loin, de l'attaquer, quand elle serait encore chargée des paquetages. JdQ, 9.2. : ... par quoy se ilz estoient hardis d'icelle envahir legierement avant le secours, ilz la porroient disciper... Faits (IV,17, p. 125) : ... lor manderent que n'atendissent pas tant que tote l'ostz des romains se fust logiee la ou Cesar devoit ses tentes fichier pres d'els, mes assaillissent la premiere legion lues qu'ele vendroit au leu... Peut-être la locution impersonnelle latine nihil est negotii n'est-elle pas connue de notre traducteur, mais il rend de manière satisfaisante l'idée de facilité par celle de forte possiblité (les Nerviens sont forcément hardis...) 1.4.

Les “bonnes inspirations” de Jean du Quesne

La copie de Jean du Quesne contient aussi de bons passages ! Tout d'abord, du point de vue lexical, il faut souligner des termes techniques parfaitement compris, voire glosés : César (XIX1) : ... consuetudine sua Caesar VI legiones expeditas ducebat... A.-M. O. : ... César, selon son habitude, avait placé en tête six légions armées à la légère... JdQ, 10.1. : ... à manière de duc prudent... VI legions constituoit aler devant en bon ordre pour le rencontre... Faits (IV,19, p. 125) : ... Cesar avoit acostumé que... il metoit ou front devant IIII legions esleüs, ou V ou VI. Si fist il a cele foiz : il en mist VI. Sur le plan grammatical ensuite, certains points ne posent aucun problème à Jean du Quesne. C'est le cas du discours indirect libre qu'il identifie toujours sans problème. Peut-être est-il aidé en cela, il est vrai, par la version des Faits, où de nombreux discours ont été passés au discours direct de manière à rendre le récit plus vivant. Mais voici un passage où notre traducteur montre par l'ajout d'un verbe introducteur qu'il a compris qu'il s'agit de paroles rapportées, sans l'aide de la compilation du XIIIe siècle : César (XV5) : ... esse homines feros magnaeque virtutis...

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Partie 1 : Commentaire

A.-M. O. : C'étaient des hommes farouches et d'une grande bravoure... JdQ, 8.2. : Ancores lui fut dit qu’ilz estoient hommes bestiauz, de maintieng superbe... Faits (IV,15, p. 124) : Home estoient dur, cruel et de grant vertu... Comme tout bon traducteur, Jean du Quesne est aussi capable d'effectuer des transpositions, c'est-à-dire de donner une version du texte sous une forme peutêtre infidèle à la construction ou au vocabulaire d'origine, mais idiomatique, plus conforme à la langue cible. L'exemple qui suit semble même suggérer que Jean du Quesne a voulu rendre le texte plus élégant en évitant une répétition, contrairement aux Faits : César (VIII5) : ... reliquas sex legiones pro castris in acie constituit. Hostes item suas copias ex castris eductas instruxerant. A.-M. O. : ... il rangea en bataille les six autres [légions] devant le camp. De leur côté, les ennemis avaient fait sortir leurs troupes et les avait rangées en bataille. JdQ, 5.2. : ... Cesar... les autres VI legions ordonnees en la sceureté que j’ay dit traist hors de son fortsur le champ devant le front des annemis, qui a combatre le temptoient. Faits (IV,8, p. 120) : D’autres VI legions ordena ses eschieles. Li Belge ensement ordenerent les lor eschieles. Jean du Quesne préfère donner la conséquence du fait au fait lui même. Cela correspond à son goût pour l'explicitation. En effet, il aime développer le texte et en livrer le maximum d'implications. De cette manière, il montre qu'il le comprend et il souhaite le faire comprendre à ses lecteurs dans ses moindres détails. J'arrêterai là de porter sur la traduction de Jean du Quesne le regard d'un correcteur de version latine. Cela n'a guères d'intérêt d'établir une liste exhaustive des passages fautifs et des bonnes inspirations de cet élève. Soulignons seulement encore, comme d'ailleurs le fait Robert Bossuat, le mérite qu'il a de s'attaquer à cette entreprise16. En revanche, ce qui paraît plus intéressant, c'est de relever et d'analyser les interventions du traducteur et ce qu'elles traduisent de sa vision sur le texte de César. En particulier et pour commencer, le dernier exemple cité semble indiquer

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Partie 1 : Commentaire

que Jean du Quesne cherche à faire apparaître la cohérence, la logique interne du texte de César...

2.

La mise en évidence de la logique du texte latin Lorsque l'on observe la traduction de Jean du Quesne en détail, et non son

œuvre en général, il ne semble pas que le serviteur du duc de Bourgogne souhaite instrumentaliser le texte de César au service d'une idée précise. Parler de travail de philologue ou d'exégète serait sans doute exagéré, mais Jean du Quesne consacre d'abord ses efforts au service du texte lui-même et de sa compréhension par les lecteurs. Ils se traduisent d'abord dans la forme de sa version par l'ajout d'abondants relatifs de liaison, adverbes à valeur adversative, consécutive ou conclusive et autres conjonctions de subordination. Les liens de cause à conséquence sont particulièrement soulignés. Paradoxalement, ce phénomène est beaucoup plus diffus et moins frappant que dans les passages composés par Jean du Quesne luimême (livre I), où les phrases sont parfois difficiles à ponctuer tant elles sont longues et complexes17. Cette observation irait donc dans le même sens que l'affirmation de Charles Brucker à propos de la proposition infinitive, relayée par Christiane MarchelloNizia18, selon laquelle la tendance du moyen français à utiliser cette structure syntaxique n'est pas due à l'influence directe du latin. Le recours intensif à la proposition infinitive ou à des éléments coordonnants et subordonnants est plutôt un moyen d'afficher sa maîtrise de la langue française. Peut-être correspond-il tout de même à l'image que l'on se fait alors du latin classique, modèle à imiter en matière d'élégance stylistique. Quoi qu'il en soit, il est clair que le style césarien bref, concis, incisif, sans fioritures n'a pu avoir cette influence sur notre traducteur. Voici ce qu'en disent les commentateurs

du

général

romain :

Léopold-Albert

Constans,

dans

son

16 R. Bossuat, “Traductions françaises...”, p. 316. 17 S. Montigny, Édition partielle..., p. 122-123. 18 Christiane Marchello-Nizia, La langue française aux XIVe et XVe siècles, Paris, Éditions Nathan, 1997, p. 423.

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Partie 1 : Commentaire

introduction de 192619, définit les “commentarii” comme « des notes brèves et séches, un recueil de faits, un aide-mémoire », affirme plus loin que la Guerre des Gaules « n'est point l'œuvre d'un homme de lettres qui écrit par amour de l'art, - ou de la gloire littéraire ; c'est avant tout un acte... » et déclare que « le style des “Commentaires” est un modèle de style “impassible”. Nu et dépouillé de tout ornement, il atteint parfois la sécheresse d'un communiqué » ; Christian Goudineau20 parle, quant à lui, d'une « œuvre lisse » (p. 154) et considère que « Toute la force du récit de César réside dans une sobriété qui frise la désinvolture... » (p. 320) ; Jean-Claude Goeury21, enfin, évoque une « apparente simplicité », énumère « style impassible, concision, absence de confidence personnelle, concentration de l'intérêt pour les faits essentiels » et souligne encore la « simplicité du style ». Jean du Quesne est lui aussi tout à fait en mesure d'apprécier un style. Non seulement il qualifie le sien de « rural » (P-5) ou de « rude » (II-0-11), mais il semble évoquer celui de César à plusieurs reprises : aiant entendu ceste euvre vous estre bien agreable et plaisante le veoir ou mesmes stille que Cesar mesmes l’avoit ordonnee (P-8) ledit Cesar [...] desdaigna escripre au Senat foursené, plain d’ingratitude, le parfait de son labeur, ce que ledit Julius Celsus poursievy par mesmes stille (I-2-2) [les huit livres sequens des propres Commentaires de Cesar] [...] sont cy aprez escripz, non pas selon raport estrange, ains en la propre fourme et stille que ledit Cesar les envoioit chascun an au Senat rommain pour le raport de son exploit annuel (II-0-1) La caractéristique devant laquelle il paraît le plus embarrassé en est la “briefveté”, c'est-à-dire la concision. Il y revient à de multiples reprises dans les pièces liminaires, en particulier dans le “préambule” : ains l'ai trouvé mis si tres brief que a grant paine, en plusieurs pas, y ai peu metre conformer (II-0-1)

19 César, Guerre des Gaules, éd. L.-A. Constans, Paris, Belles Lettres, 1926, p. VII et suivantes. 20 Christian Goudineau. César et la Gaule. Paris : Errance, 1990. 21 César, Guerre des Gaules, éd. L.-A. Constans, éd. revue et corr., Paris, Belles Lettres, 1990, p. VII et suivantes.

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Partie 1 : Commentaire

Peut-être éprouve-t-il un peu de déception à ne pouvoir montré sa virtuosité stylistique. Mais surtout, comme le rappelle Christiane Marchello-Nizia22 à la suite de Jacques Monfrin23, Jean du Quesne exprime ici la gêne que de nombreux autres traducteurs de son temps ressentent face à un latin classique dont ils sont peu familiers. La majorité d'entre eux connaissent surtout le latin médiéval des clercs et se plaignent de la “brièveté” des textes antiques. Á titre d'exemple, dans son commentaire des Faits des Romains24, K. Sneyders de Vogel affirme que le « style ramassé » de Suétone pose des difficultés au compilateur. Quoi qu'il en soit, la tendance de Jean du Quesne à mettre en valeur la structure logique du texte par l'ajout d'articulations syntaxiques est rendue assez facilement perceptible par la sécheresse même du texte source25. En voici un exemple, où un paragraphe équivaut à une phrase chez Jean du Quesne : César (X1−3) : certior factus ab Titurio omnem equitatum et levis armaturae Numidas, funditores sagittariosque pontem traducit atque ad eos contendit. Acriter in eo loco pugnatum est. Hostes inpeditos nostri in flumine adgressi magnum eorum numerum occiderunt : per eorum corpora reliquos audacissime transire conantes multitudine telorum reppulerunt ; primos qui transierant equitatu circumventos interfecerunt. A.-M. O. : César, averti par Titurius, fait franchir le pont à toute la cavalerie, aux Numides armés à la légère, aux frondeurs et aux archers, et marche à l’ennemi. Le combat fut rude à cet endroit. Les ennemis furent attaqués dans la rivière où leurs mouvements étaient entravés, et les nôtres les massacrèrent en grand nombre ; les suivants essayèrent audacieusement de se frayer un passage à travers leurs cadavres : une grêle de traits les repoussa ; quant à ceux qui avaient traversé les premiers, ils furent encerclés par la cavalerie et taillés en pièces. JdQ, 5.4. : De ceste chose Cesar adcertené par Tyturius, tous ses gens de cheval, avec eulz les legierement armez, tous gens de trait, envoia il vers le pont pour ycellui deffendre, lesquelz il 22 C. Marchello-Nizia, La langue française..., p. 59. 23 Jacques Monfrin, “Les traducteurs et leur public au Moyen Âge”, dans Journal des Savants, 1964, p. 5-20, ou dans L’humanisme médiéval dans les littératures romanes du XII e au XIV e siècles, colloque organisé par le Centre de Philologie et de Littératures romanes de l’Université de Strasbourg du 29 janvier au 2 février 1962, éd. Anthime Fourrier, Paris, Klincksieck, 1964 (“Actes et colloques”, n°3), p. 247-264. 24 Li Fet des Romains, compilé ensemble de Saluste et de Suetoine et de Lucan, texte du XIII e siècle publié pour la première fois d’après les meilleurs manuscrits, éd. Louis-Fernand Flutre, K. Sneyders de Vogel. Paris : E. Droz/Groningue : J.-B. Wolters, 1938. Vol. 2. 25 ...même si J.-C. Goeury, à la suite de M. Rambaud souligne l'originalité de certains passages du livre II en la matière : « le récit de [la] bataille [contre les Nerviens] contient des phrases d'une ampleur rare et dont la syntaxe même rend l'intensité dramatique » (César, Guerre des Gaules, éd. L.-A. Constans, éd. revue et corr., Paris, Belles Lettres, 1990, note 198, p. 129). Mais l'exemple qui suit n'est pas tiré des paragraphes relatant la bataille contre les Nerviens.

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Partie 1 : Commentaire

sievy prestement ; si fut en ce dit lieu aigrement combatu par fureur impetueuse, sique des annemis estans en l’eaue par les Rommains empeschiés et envahis furent occis grant multitude et les autres, plus hardiement contendans passer sur les corpz des mors, a force de dars rebouterent, puis les autres premiers passez, environnez par les Rommains equestres, furent tous mors sans mercy de renchon. Faits (IV,10, p. 121) : Quintus Tyturius le fist savoir a Cesar ; et il envoie cele part tote la chevalerie outre le pont. Li Numidien et cil de Crete, fondeor et archier legierement armé, alerent avec. Cesar mesmes les suivi. Et fu aigre la bataille la ou li Belgue quidoient passer ; mes li Romain en orent le meillor, qui de terre se combatoient a cels en l’aive, et ocistrent grant nombre. Les autres, qui s’esforçoient de passer outre par desor les cors des ocis, rebouterent li Romain arriere par force as trenchanz darz que il lor lançoient espessement. Cil qui passé estoient ou commancement furent enclos des chevaliers Cesar et assez tost desrout et detranchié. Outre une forte tendance à la subordination, en lieu et place d'une simple coordination ou parataxe, César (VIII3-4) : ... ab utroque latere eius collis transversam fossam obduxit circiter passuum CCCC et ad extremas fossas castella constituit... A.-M. O. : César fit creuser sur chacun des flancs de la colline un fossé transversal d'environ quatre cents pas ; à l'extrémité de ces fossés, il plaça des fortins... JdQ, 5.2. : ... puis a chascun costé de la dite plaine fist faire fossez traversains environ de quatre cens piedz de long, auz bouts desquelz chasteauz de bois institua... Faits (IV,8, p. 120) : ... fist fere II fossez au travers de la chanpaigne lons de IIIIC piez. As chies de ces II fossez fist drecier II tors... notre traducteur manifeste un grand souci des liaisons par l'ajout de nombreux connecteurs logiques tels que puis, ensuite, ainsi, doncques, mais, lors, adont. À ce registre, on peut également ajouter les propositions participiales placées en tête de paragraphe pour permettre une meilleure transition avec ce qui précède, notamment entre les chapitres, séparés dans la version de Jean du Quesne par les rubriques. Ainsi la proposition « voyant ce rescomfort » au paragraphe 13-4 est-elle une addition de la part de Jean du Quesne. De la même manière, toujours dans un souci de mise en évidence de la cohérence du texte, il intervient régulièrement en début ou en fin de paragraphe

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Partie 1 : Commentaire

pour introduire le propos suivant par une phrase générale qui le résume ou pour dresser de petites conclusions, des bilans qui créent un effet de clôture. Ainsi Jean du Quesne fait-il précéder le paragraphe décrivant la situation critique des Romains face aux Nerviens (13-1) par la proposition « voiant sa besongne en extreme necessité bransler ». À la fin du paragraphe expliquant les causes de la rebellion belge, Jean du Quesne ajoute : JdQ, 1.3. : ... si se penoient grandement d’esmouvoir le peuple contre eulz adfin de plus aiseement parvenir a leurs desiriers. Faits (IV,1, p. 116) : Por ce semonnoient li un les autres d’oster els de la poesté as Romains. Sans doute a-t-il été inspiré par la leçon des Faits, mais l'effet de boucle est moins frappant dans la compilation du XIIIe siècle : on revient certes à la mention du soulèvement des Belges évoqué plus haut (« conjuroison »), mais la conclusion y est plus générale. Surtout, Jean du Quesne crée un phénomène d'écho par l'emploi, de part et d'autre du paragraphe de mots de la même famille, à savoir “moventes” et “esmouvoir”. L'une de ces “interventions-bilans” les plus remarquables témoigne de la rigueur de Jean du Quesne (son calcul est tout à fait juste) et de ses connaissances géographiques (mais il est vrai que le copiste lillois évoque ici sa région d'origine) : JdQ, 2.6. : Pour conclusion de ce present chapitre, le nombre des peuples dessus nommez, quy avec les Belgiens avoient seellé contre César et les Rommains, sans riens touchier a la puissance des propres Belges de Bavai, Tongre, Toul et le paÿs d'environ, qui estoit grant et gens, fort belliques, estoit trois cens XXXVIM hommes, qui estoit nombre moult redoubtable considéré leur renommee militaire. On observe parfois également des phénomènes d'écho ou de reprise de la même idée, comme si le traducteur souhaitait mieux asseoir le sens du texte : JdQ, 10.5-6. : A ces difficultez firent deux choses grant ayde, a sçavoir... Ces deux estas furent ce jour cause principale du salut rommain, car... Dans un registre proche, notons aussi les fréquentes interventions de Jean du Quesne à la première personne du singulier ou ses apostrophes aux lecteurs pour indiquer des renvois ou des correspondances entre livres ou chapitres :

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JdQ, 5.6. : ...ensievant le decré cesaire, comme oÿ avez cy dessus ou IIIe chapitre... JdQ, 14.2.-15-1 : ung fort lieu de nature merveilleuse... scitué en place tres sceure, bien garny et comme imprenable a leur samblant, ainsi que je dirai... Ceste forteresse dont je parle... Au sein des paragraphes, sont ajoutés de nombreux petits éléments qui ne modifient nullement le sens du texte, mais le complètent ou l'explicitent. Ces mentions contiennent souvent des évidences et semblent redondantes par rapport à la traduction stricte de César : César (XXXII4) : ... eo die pace sunt usi. A.-M. O. : ... ce jour-là, ils se comportèrent pacifiquement. JdQ, 16.2. : ... si se contindrent ce jour paisiblement l’un avec l’autre sans oncques moustrer maulvaistié. Faits (IV,32, p. 134) : ... furent ce jor a pes, aloient et venoient li uns a autres. On relève de ces redondances dans différents domaines. Citons tout d'abord cette précision temporelle : César (XI2) : ... insidias veritus, quod qua de causa discederent nondum perspexerat, exercitum equitatumque castris continuit. A.-M. O. : ... mais il craignit un piège, car il ignorait encore les raisons de cette retraite ; il retint son armée et sa cavalerie dans le camp. JdQ, 5.7. : ... mais, ygnorant la cause pourquoy sifaitement se partoient, doubtant que par aulcun cauteleuz engien ne feust, contint es logis l’excercite jusques a la verité congneue. Faits (IV,11, p. 122) : ... mes il ne sosfri que nus des soens oissist fors de tentes por chacier, car il ne savoit la cause de lor depart et se doutoit que ce ne fust agaiz. Cet ajout en fin de chapitre s'explique peut-être en partie par la volonté d'atténuer la rupture introduite dans le récit par la rubrique : elle crée un horizon d'attente pour le lecteur et préfigure, en la redoublant, la traduction de l'expression latine « confirmata re » au début du paragraphe suivant. Jean du Quesne peut également apporter des précisions ressortant du complément circonstanciel de moyen ou de manière : César (XII2) : ... propter latitudinem fossae murique altitudinem paucis defendentibus expugnare non potuit.

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A.-M. O. : ... mais la largeur du fossé et la hauteur du rempart l’empêchèrent, malgré le petit nombre de défenseurs, de la prendre d’assaut. JdQ, 6.2. : Mais à l’ayde des grans fossez et haultesse des murs, telement le garderent petit nombre de combatans que prendre de ce premier assault ne le polt... Faits (IV,12, p. 122-123) : Mes ce fu neenz, car li mur estoient si haut et li fossé si parfont, que cil tantez de la gent qui lors estoient laienz porent tenir la vile tote jor.26 Il s'agit parfois de mentions géographiques ou topographiques : César (VIII5-IX1) : Hoc facto duabus legionibus quas proxime conscripserat in castris relictis... Palus erat non magna inter nostrum atque hostium exercitum. A.-M. O. : Cela fait, il laissa dans le camp les deux légions récemment recrutées... Il y avait entre notre armée et celle des ennemis un marais assez petit. JdQ, 5.2-3. : ... lesqueles choses ainsi faites, Cesar, qui decha la riviere estoit, laissant auz tentes les deux legions darrenierement proscriptes... Entre les deux excercites estoit ung courant gueres large ne parfond... Faits (IV,8-9, p. 120-121) : Quant Cesar ot ce fet, il comande les loges as II legions noveles, que il avoit amenees d’outre les Halpes ou conduit Quintus Pedius... Une petite mare avoit entre l’une ost et l’autre. Si l'on excepte le faux-sens sur “palus”, traduit par “courant” et non “marais”, cet exemple révèle de manière tout à fait parlante la volonté qui anime Jean du Quesne de “donner à voir” le récit de César dans toute sa cohérence. Malheureusement, il pèche ici par excès de zèle puisqu'en précisant la position de César, il évoque une rivière dont il n'est question que quelques lignes plus bas dans la description du général romain. Cette mention a donc sur le lecteur l'effet inverse de celui qui est recherché : au lieu de faciliter sa compréhension du texte, elle le déroute. Parmi les procédés de traduction permettant de rendre avec le plus de précision possible la charge sémantique des mots de la langue source, figure la réduplication synonymique. En voici un exemple tout à fait banal : César (I2) : ... omni pacata Gallia... A.-M. O. : ... une fois toute la Gaule pacifiée... JdQ, 1.3. : ... toute la Gaulle appaisie ou subjuguie... Faits (IV,1, p. 116) :... se tote France fust apesiee... 26 Notons également dans cet exemple l'invention d'un rapport de cause à conséquence dans le texte de Jean du Quesne, nouveau témoignage de la recherche de sens et de cohérence de la part de notre traducteur.

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L'absence de difficulté de compréhension sur le verbe latin “pacare” amène à penser que la réduplication synonymique n'est pas seulement un moyen de préciser le sens d'un mot. Il s'agit tout autant, sinon plus, de la manifestation du plaisir que prend le traducteur à manipuler et exploiter les richesses de sa langue maternelle27. C'est aussi un moyen de montrer au lecteur sa virtuosité en la matière. Néanmoins, dans ce cas précis, si le choix de Jean du Quesne paraît tout à fait en adéquation avec le sens profond du texte de César, qu'il rend totalement explicite, on peut affirmer qu'il lui ôte par là-même sa subtilité : c'est en effet à dessein que le vainqueur romain ne parle pas de conquête et édulcore la réalité en parlant de “pacification”28. De manière générale, Jean du Quesne a du mal à s'accommoder de la grande part d'implicite permise par la morphologie et la syntaxe latines. C'est pourquoi il traduit souvent les pronoms par les noms qu'ils désignent de manière à ce que rien ne soit laissé au hasard : César (IV1) : Cum ab his quaereret quae civitates quantaeque in armis essent et quid in bello possent... A.-M. O. : Comme il leur demandait quelles cités avaient pris les armes, et quelles étaient leur importance et leurs capacités militaires... JdQ, 2.2. : Et comme Cesar enquist ausdis legatz rainciens queles et quantes citez les Belges pouoient bien avoir de leur alyance... Faits (IV,4, p. 117) : « Quantes citez, dist Cesar, i a il a armes et de quel pooir sont il en bataille ? » Il en va de même avec le substantif res : César (XXXV4) : Ob easque res... A.-M. O. : En l'honneur de ces succès... JdQ, 17.3. : Pour toutes les belles victores et conquestes de Cesar en ceste saison achevees... Faits (IV,35, p. 135) : Ø

27 La figure de style est extrêmement répandue en moyen français. Le commentateur des Faits des Romains souligne lui aussi le plaisir que semble prendre l'auteur de la compilation à dupliquer les mots (Li Fet des Romains..., vol. 2, p. 53-55). C'est également à ce constant que parvient Géraldine Veysseyre à propos de l'écriture de Jean Wauquelin ( “ L’itération lexicale dans la prose de Jehan Wauquelin : outil de traduction ou procédé ornemental ?”, dans Jehan Wauquelin, de Mons à la cour de Bourgogne [colloque, Tours, 2004], éd. Marie-Claude de Crécy, Turnhout, Brepols, 2006 (Burgundica, 11), pp. 43-68). Après un relevé sommaire des binômes synonymiques du livre III, je n'ai moi-même pas trouvé de couple dont la fonction unique et véritable était explicative. 28 César, Guerre des Gaules, éd. L.-A. Constans, éd. revue et corr., Paris, Belles Lettres, 1990, note 132, p. 194.

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Le développement de Jean du Quesne paraît également le moins sobre et le plus louangeur à l'égard du général romain, donné en modèle, ne l'oublions pas, au duc de Bourgogne. L'étoffement explicatif du texte de César peut parfois prendre la forme d'une décomposition de l'action par l'insertion d'une proposition originale décrivant un mouvement ou une étape logique évidente : César (XXXII4) : ...portis patefactis eo die pace sunt usi. A.-M. O. : Les portes s'ouvrirent et, ce jour-là, ils se comportèrent pacifiquement. JdQ, 16.2. : ... furent les portes ouvertes, esqueles Rommains entrerent a leur voullenté ; si se contindrent ce jour paisiblement l’un avec l’autre sans oncques moustrer maulvaistié. Faits (IV,32, p. 134) : Puis ovrirent les portes et furent ce jor a pas, aloient et venoient li uns as autres. Il semble parfois que notre traducteur aille jusqu'à rétablir un ordre des propositions qu'il juge plus conforme à la logique des événements : César (XXIV4) : Quibus omnibus rebus permoti equites Treveri... qui... venerant, cum... vidissent, A.-M. O. : Troublés par ce spectacle, les cavaliers trévires... envoyés... voyant... JdQ, 12.3. : A cest endroit venoient aulcun nombre de gens a cheval de la nation de Treves... de toutes lesqueles choses veir et oÿr... furent si esmeus a freeur que... car, quant ilz percheurent... Faits (IV,24, p. 128) : Chevalier de Trieve estoient en l'ost[z] Cesar... envoiez... Quant il virent... Pour Jean du Quesne, il paraît plus logique d'introduire les Trévires dans l'espace et vis à vis des autres protagonistes avant de décrire leur état d'esprit. Sans être fantaisiste, le goût de l'explicitation de notre “translateur” va parfois bien plus loin et démontre l'attention qu'il porte au sens profond du texte. Dans l'exemple suivant, il explique pourquoi les Rèmes sont en mesure de fournir à César des informations sur les autres Belges. Par là-même, il souligne leur revirement et suggère la force de persuasion de la simple arrivée de César dans un pays où l'a précédé sa réputation : César (III1) : Remi, qui proximi Galliae ex Belgis sunt, ad eum legatos Iccium et Andocumborium... miserunt...

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A.-M. O. : ... les Rèmes (les Belges les plus proches de la Gaule) lui envoyèrent deux légats, Iccios et Andocumborios... JdQ, 2.1. : ... ceulz de Rains, quy les plus prochains Gaullois des Belges estoient et qui autreffois avoient esté de leur parti, luy envoierent en legation Sicius et Amdocomborius... Faits (IV,3, p. 117) : ... cil de Reins, qui est une haute citez des Belges et voisine as autres François qui Celte estoient clamé, envoierent a lui II messages... Siccius et Andocumborius... Le même phénomène s'observe pour l'explicitation des conséquences : César (XII4) : Interim omnis ex fuga Suessionum multitudo in oppidum proxima nocte convenit. A.-M. O. : Entre-temps, toute la foule des Suessions en fuite se rassembla dans la place, la nuit suivante. JdQ, 6.3. : Ceste nuit embesongnie auz affaires pugniques, vers le point du jour, se fourrerent dedens la ville grant nombre de fuians soissonnois, dont la deffence remforcha... Faits (IV,12, p. 123) : Au soir apres, tuit cil qui de la fuie estoient eschapé se mistrent laienz, tant que la vile fu tote plene. La tendance de Jean du Quesne à faire ressortir la structure logique du récit césarien répond finalement à ce que dit Chritian Goudineau de la composition de la Guerre des Gaules lorsqu'il défend l'hypothèse d'une rédaction unique et cohérente et fait le point sur le degré de manipulation de la vérité par le général romain : « César ne pouvait prendre le risque de contestations publiques fondées sur de nombreux témoignages. En revanche, seul le proconsul avait eu une vision globale. [...] La supériorité de César tenait donc en ceci : seul, il pouvait raconter l'histoire en reliant entre eux des faits connus, en organisant leur succession selon une chaîne causale. La force de son ouvrage [...] vient précisément de l'extrême discrétion de cette “chaîne causale” : le lecteur est sans cesse amené à penser que César ne pouvait agir autrement. »29 Jean-Claude Goeury parle aussi de “cohérence” et d'“unité”30 ; à ce propos, il remarque au début du livre II de César que « [le] chapitre [I] témoigne d'un grand souci de soigner l'enchaînement d'un livre à l'autre: César y fait de nombreux renvois au livre précédent. »31. Jean du Quesne, pour sa part, a foi dans ce que raconte César : livres... a quoy est vraie foy deue (II-0-1)

29 C. Goudineau, César et la Gaule..., p. 154. 30 César, Guerre des Gaules, éd. L.-A. Constans, éd. revue et corr., Paris, Belles Lettres, 1990, p. XIII. 31 Ibid., note 130 p. 194.

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Il perçoit sans aucun doute la “chaîne causale” dont parle Christian Goudineau, mais il ne fait pas preuve de tant de subtilité qu'il la dissimule comme dans le texte-source. Au contraire, il souhaite montrer qu'il comprend et veut faire comprendre le sens du texte.

3.

Les interpolations “érudites” On relève aussi de la part de Jean du Quesne des ajouts au texte de César

nettement plus développés que les exemples cités précédemment. Si elles ont aussi parfois pour fonction de faciliter la lecture de l'œuvre antique au public de la fin du XVe siècle, elles sont surtout le champ d'expression des connaissances du traducteur. Cette tendance à l'“étalage de savoirs” se manifeste notamment dans deux domaines de prédilection : la géographie et la stratégie militaire. 3.1.

Les commentaires géographiques

Dans son “préambule”, le “translateur” s'est engagé à la précision géographique. En particulier, il y promet de « ramener a un vray entendement » les toponymes et les noms de peuples, c'est-à-dire de leur associer leur équivalent contemporain afin que le lecteur puisse suivre plus facilement les péripéties de César. Scot McKendrick a d'ailleurs souligné l'adéquation existant entre ce soin particulier de la part du traducteur et la science du paysage développée par l'enlumineur du manuscrit D : texte et image concourent ensemble à la compréhension de l'œuvre antique par le lecteur, voire à son identification aux protagonistes de l'histoire lorsqu'ils évoluent dans des sites et dans un décor familier aux Flamands et aux Bourguignons de la fin du Moyen Âge32. Dans le cas du livre II, dont l'action se situe principalement en Gaule Belgique, les commentaires géographiques sont d'autant plus développés et justes que Jean du Quesne connaît parfaitement cette région, pour en être lui-même originaire. C'est l'occasion pour lui de faire montre de son savoir.

32 Thomas Kren, Scot McKendrick, Maryan W. Ainsworth et al., Illuminating the Renaissance : the triumph of Flemish manuscript painting in Europe [expos., Los Angeles, J. Paul Getty Museum, 2003, Londres, Royal Academy of arts, 2003-2004], Los Angeles, J. Paul Getty Museum, 2003, p. 277-278, notice n° 74. Pour un autre exemple d'adéquation entre texte et image, voir les reproductions d'enluminures en annexe n° 3.

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Voici un exemple simple d'incise identifiant un peuple belge par l'actualisation de sa localisation : César (II3) : Dat negotium Senonibus reliquisque Gallis qui finitimi Belgis erant uti ea quae apud eos gerantur cognoscant seque de his rebus certiorem faciant. A.-M. O. : Il charge les Sénons et les autres Gaulois voisins des Belges de s’informer de ce qui se passe chez eux et de le lui rapporter. JdQ, 1.4. : Aussi manda Cesar auz Senoniens (c’estoient ceulz de Sens en Bourguoigne) et auz autres voisins des Belges tenans la partie des Rommains qu’ilz s’aprestaissent et que de la contenance belgienne se imformassent puis l’en feissent certain... Faits (IV,2, p. 116) : Il enjoint à cels de Sens et as autres François qui voisin estoient as Belges que se penassent d’enquerre et de savoir lor asfere, puis l’en feïssent certain. On remarquera que l'identification correcte était déjà faite par l'auteur des Faits. Mais la compilation du XIIIe siècle entretient une confusion entre passé et présent ; ils sont plus nettement distingués dans la traduction de Jean du Quesne 33. Le livre III fournit également des exemples de commentaire plus développé : César (IV7−9) : ... oppida habere numero XII, polliceri milia armata quinquaginta ; totidem Nervios, qui maxime feri inter ipsos habeantur longissimeque absint ; quindecim milia... A.-M. O. : Les Suessions avaient douze places-fortes, et s’engageaient à fournir cinquante mille hommes en armes. Les Nerviens, qui étaient considérés comme les Belges les plus farouches et habitaient la contrée la plus loitaine, s’engageaient à en fournir autant... JdQ, 2.5. : ... cellui a soubz sa puissance XII villes a gouverner, lequel a promis mener pour sa part L mil hommes. Autant en ont offert Nerviens (c’estoient ceulz de Nerve, que maintenant disons Tournay, qui sur tous autres de beaucop estoient les plus fiers de corages et leoniques auz armes)... Faits (IV,4, p. 118) : Il a que citez que chastiax jusq’a XII et a promis L mile armez. Autretant ont promis cil de Nevers, que il ont XII que citez que chastiax ensement, dont il amenront XV mile armez fiers et combatans.

33 Toutefois, à deux reprises (2-1, 9-1), H, notre manuscrit de base, est le seul témoin de la tradition à proposer la leçon « Gaullois » contre « François » dans DGACBEF.

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La comparaison avec la version des Faits est doublement intéressante. Tout d'abord, la traduction de Jean du Quesne reflète ici un progrès réel dans la compréhension du texte latin, non seulement sur le plan de la syntaxe, mais aussi en fait d'identification des toponymes. Notre “translateur” n'a certes pas plus compris que l'auteur des Faits la deuxième proposition relative latine, dans laquelle César établit un lien ethnologique entre la distance par rapport à l'empire romain et le degré de férocité des peuples. D'ailleurs, comme le signale K. Sneyders de Vogel, cette mention d'éloignement est d'autant plus gênante pour le compilateur du XIIIe siècle qu'il n'a pas correctement localisé les Nerviens : la traduire aurait conduit à une incohérence34. Notons toutefois que l'incohérence ne l'arrête pas forcément : les Nerviens fournissent-ils 50 000 ou 15 000 hommes ? On ne sait... Vu la proximité syntaxique de la traduction de Jean du Quesne avec le texte source, je ne pense pas qu'on puisse imputer l'absence de traduction de cette mention chez lui à sa prétendue servitude à l'égard des Faits : il est tout à fait capable de comprendre ce que son devancier a choisi d'ignorer dans sa version. Mais les mots par lequels il “remplace” ceux de la proposition latine, comme s'il souhaitait que la phrase française ait le même “volume” et le même rythme que la phrase d'origine, ne sont pas choisis au hasard et ont sans doute beaucoup plus d'intérêt à ses yeux que la remarque concernant l'éloignement des Nerviens par rapport au monde civilisé : non seulement Jean du Quesne insiste davantage et qualifie de manière plus concrète la vaillance des Nerviens en évoquant les « armes », mais en employant l'adjectif “leonique”, qui évoque sans ambiguité la lignée des ducs de Bourgogne35, il suggère une correspondance entre Nerviens du temps de César et Tournaisiens du temps de Charles le Téméraire et fait rejaillir l'éloge des uns sur les autres. La coloration “patriotique” analysée par Mireille Schmidt-Chazan36 est ici bien perceptible. La connaissance du terrain permet même à Jean du Quesne d'avancer des hypothèses pour la localisation des batailles césariennes, qui l'aurait rendu digne de participer aux débats d'érudits du XIXe siècle : 34 « Naturellement le traducteur a supprimé « longissimeque absint », mots qui ne vont pas avec Nevers. » (Li Fet des Romains..., vol. 2, p. 95). 35 R. Bossuat, “Traductions françaises...”, note n°2 p. 287. 36 Mireille Schmidt-Chazan, “Les traductions de la Guerre des Gaules et le sentiment national au Moyen Âge”, dans Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, t. 87, 1980, p. 387-407.

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Partie 1 : Commentaire

JdQ, 13.10. : Ceste mortele battaille, comme j’ay trouvé en vieille histore, fut faite et achevee non pas bien loingz du lieu ou est presentement Saint Amant. Voici enfin une digression beaucoup plus longue encore et totalement originale : JdQ, 2.5. et 6. : qui tous estoient d’un nom Germains appelez, habitans selon le Rin, qui depuis avec plusieurs autres ont sorti noms divers selon leurs provinces, ainsi qu’il se treuve ou traitié que fist Cornelius Tacitus, orateur rommain, de la naissance et scituation germaine, desquelz peuples je ne puis ycy bonnement exposer les facultez se ledit livre cornelien ne translatoie mot aprez autre, tant sont Germaniens de diverses essences, en terre large, decha et dela la Dunoe, ce que faire ne porroie sans de trop frustrer ma matiere, combien que des meurs germaniques je toucheray cy aprez aulcunement en mon VIIe livre, un peu ampliant la description que fist Cesar des meurs germaines et gaulloises, discernant la difference d’icelles selon qu’il en peult lors scentir. À propos de cet ajout, Robert Bossuat semble opposer l'humilité du compilateur des Faits au caractère “fanfaron” de Jean du Quesne, qui dissimulerait son incapacité à trouver l'équivalent contemporain aux « Condrusos, Eburones, Caeroesos, Paemonos » en jettant son érudition classique aux yeux du lecteur37. Il est vrai qu'il “noie le poisson” et laisse entendre encore une fois qu'il serait bien capable de s'atteler à une tâche, la traduction de Tacite, dont rien ne nous est parvenu. Il paraît même un peu condescendant à l'égard de César, ethnographe du temps passé, aux informations lacunaires. Mais ce serait bien longuement et bien maladroitement qu'il tenterait de donner le change s'il se contentait d'une déclaration d'intention : il enrichit effectivement le texte de César au livre VII grâce à sa lecture de Tacite. À son crédit et à sa décharge (car il n'a vraisemblablement jamais traduit intégralement cet auteur), signalons, comme l'affirme Robert Bossuat38, que Tacite a peu été traduit au Moyen Âge en raison de la difficulté de sa langue.

37 « Tandis que le compilateur des Faits, renonçant à identifier les Condrusos, Eburones, Caeroesos, Paemonos (César, II, 4), se contente de franciser ces noms, notre traducteur s'en tire par des considérations sur le caractère des peuples germains, d'après Tacite [...] » (R. Bossuat, “Traductions françaises...”, p. 298). 38 R. Bossuat, “Traductions françaises...”, note n°3 p. 298.

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38

Partie 1 : Commentaire

Comme le suggère ce dernier exemple, les connaissances géographiques de Jean du Quesne ont des limites. Je ne reprendrai pas ici l'étude des toponymes et des noms de peuples effectuée par Robert Bossuat dans son article39, mais me contenterai de signaler qu'il fait figurer sans scrupule Ravenne dans la liste des villes bretonnes (17-1), sans doute en raison de la belle assonnance avec « Rennes » et « Vennes »... 3.2.

Les digressions sur la stratégie militaire

Les connaissances de Jean du Quesne en la matière sont avérées : on sait qu'il a copié des ordonnances de l'hôtel de Charles le Téméraire40. Le passage consacré à l'armée dans le chapitre de comparaison entre les institutions romaines et les institutions bourguignonnes (I-5-18,19) suggère également son intérêt pour la question. Les

formations

de

bataille

et

les

machines

de

guerre

semblent

particulièrement retenir son attention : dans le livre II (13-8), nous avons déjà relevé une adjonction au texte de César, consistant en une description précise de la tortue alors fautivement baptisée “phalange”. Cette notice, tirée et développée à partir des Faits (II-2-23), sans doute eux-mêmes inspirés d'Orose (VI-7-8), a pour but de faciliter la compréhension des chapitres suivants où la phalangue est de nouveau évoquée. La tortue est de nouveau décrite dans le livre III : César (VI2) : ... testudine facta portas succendunt murumque subruunt. A.-M. O. : ... ils font la tortue, mettent le feu aux portes et sapent la muraille. JdQ, 3.3. : ... puis ordonnerent ung engien qu’ilz appeloient de son nom testue ou phalange, duquel j’ay exposé la nature ou XIIIe chapitre du second livre précédent, sique desoubz cest engien avec les combatans estoient pavisiés sceurement pions atout picqz et haveaulz pour aler jusques auz murs d’une forteresse, et par ceste manière abatirent lors lesdis Belges ung grant quartier du mur de Bibrax telement que peu s’en failli qu’ilz n’entraissent dedens a force.

39 Ibid. 40 Oxford, Bodleian Library, Hatton 13. Antoine de Schryver, “Nicolas Spierinc, calligraphe et enlumineur des ordonnances des États de l’Hôtel de Charles le Téméraire”, dans Miscellanea F. Lyna, Scriptorium, t. 23, 1969, p. 43458.

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Partie 1 : Commentaire

Faits (IV,6, p. 119) : Dont il avint que li Belgue firent de lor escuz une haie qu’il apeloient testue, si vindrent par desoz cele testue jusq’as murs, dont il batirent granz pans et le feu bouterent es portes. Cette fois, le nom correct de la tortue est rétabli. Notons que Jean du Quesne fait ici référence à sa première description ; il instaure des renvois à l'intérieur du texte, ce qui nous conforte dans l'idée qu'il en a une vision globale relativement cohérente. Toutefois la définition proposée ici, vraisemblablement légèrement inspirée du passage correspondant dans les Faits, diffère de celle du livre II. Le goût de Jean du Quesne pour le vocabulaire technique, comme le binôme « picqz et haveaulz », s'y révèle. Il s'exprime également dans le passage suivant : César (XII5) : Celeriter vineis ad oppidum actis, aggere jacto turribusque constitutis... A.-M. O. : Rapidement, des mantelets furent avancés, un terrassement élevé, des tours édifiées. JdQ, 6.3. : ... voians lendemain le diligent exploit rommain, qui tant d’engins,de tours de fust, bretesches, vignes et moutons hurtans auz murs en si brief terme avoient ediffiez... Faits (IV,12, p. 123) : Uns terrax de merrien et de motes fu errament dreciez, et tors et bretesches de fust levees par desus ; un angin que Romain clamoient vignes levé as murs. Remarquons que la tendance est déjà perceptible dans les Faits. L'énumération est encore complétée dans les manuscrits C, B, E et F avec l'adjonction de “chatz” et “grues”. Peut-être faut-il interprêter ces ajouts comme des compensations à la nontraduction de « aggere jacto », que n'a visiblement pas compris Jean du Quesne. À l'inverse, au chapitre précédent, il imagine des travaux de terrassement pour compenser un passage incompris : César (VIII3) : collis... ex utraque parte lateris dejectus habebat et in frontem leniter fastigatus paulatim ad planitiem redibat... A.-M. O. : ... des deux côtés [la colline] était escarpée, mais à l’avant elle descendait insensiblement, en pente douce, vers la plaine. JdQ, 5.2. : ... laquelle plaine, qui estoit entre deux montaignettes et quy par trop estoit parfonde ou milieu, il fist raemplir comme a nivel pour advantage... Faits (IV,8, p. 120) : L’entree dou tertre n’estoit pas si roiste par devers la frontiere de l’ost[z] que uns chevax n’i poist aler ses galoz.

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Partie 1 : Commentaire

L'auteur des Faits rencontre aussi des difficultés, mais sa version n'est pas si fautive et ne trahit pas un esprit aussi imaginatif que celui de Jean du Quesne. Au demeurant, sa leçon s'accorde plutôt bien aux descriptions très techniques qui émaillent l'œuvre de César : le pont sur le Rhin au livre IV, le “murus gallicus” au livre VII. Certains de ces ajouts, totalement fantaisistes, révèlent finalement les piètres connaissances de Jean du Quesne en matière de techniques militaires antiques. C'est le cas au chapitre 3, où il invente, de manière complètement anachronique, un fossé en eau autour du camp romain : César (V6) : ... castra in altitudinem pedum XII vallo fossaque duodeviginti pedum muniri jubet. A.-M. O. : ... il fait fortifier le camp par un retranchement de douze pieds de haut et un fossé de dix-huit pieds. JdQ, 3.2. : ... puis commanda son ost enclorre d’un bon pallis de XII piedz de hault avec fossez larges et parfondz en dehors, qui estoient gouvernez de la dite rivière. Faits (IV,5, p. 119) : Ses tentes il fist fermer environ par devers terre de paliz de XII piez de haut et boen fossé de XVIII piez de lé. De la même manière, la non-compréhension de certaines expressions propres à l'équipement ou à l'organisation de l'armée romaine entraîne des transpositions tout à fait intéressantes, et parfois subtiles : César (XXI5) : ... ad galeas induendas scutisque tegimenta detrahenda tempus... A.-M. O. : ... le temps... d'enfiler les casques et d'enlever les boucliers de leurs housses. JdQ, 11.1. : ... le loisir d’eulz habillier escus et heaulmes lachier... Faits (IV,21, p. 127) : ... tens de lor hiaumes lacier ne de lor escuz prendre. César (XXV2) : ... manipulos laxare iussit, quo facilius gladiis uti possent. A.-M. O. : ... leur ordonna... d'élargir les manipules, pour que l'on pût plus facilement se servir de l'épée. JdQ, 13.2. : ... leur commanda... leurs gantz de fer gecter par terre adfin que plus aiseement peussent uzer de leurs espees. Faits (IV,25, p. 130) : ... semonnoit... que lachassent et esparsissent lor conroiz, que il tenoient trop serrez, por avoir greignor espace a ferir des espees...

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Partie 1 : Commentaire

Dans le deuxième cas, on a à faire à une sorte de calque, fondé sur la racine étymologique ou la charge sémantique des mots à traduire. Malgré les faux-sens, la logique du passage est admirable. Cette attention aux choses de la guerre s'étend également à l'organisation de l'armée et de ses manœuvres. Dans l'exemple suivant, César (II6) : Re frumentaria comparata castra movet... A.-M. O. : Après avoir rassemblé du blé, il lève le camp... JdQ, 1.4. : ... toutes choses a droit pourveues et vitailles achetees en souffissance de grant espace, esmeut son ost... Faits (IV,2, p. 117) : ... amassa blé et viande, si s’esmut. il amplifie le texte latin de telle manière qu'est soulignée la prévoyance du général romain : c'est ainsi que doit se conduire un chef de guerre soucieux du bien-être de ses troupes. Comme pour les techniques évoquées précédemment, Jean du Quesne se montre capable d'inventer des actions absentes du texte d'origine : César (XI6) : ... sub occasumque solis destiterunt seque in castra, ut erat imperatum, receperunt. A.-M. O. : ... au coucher su soleil, ils s’arrêtèrent et retournèrent au camp, comme il en avait reçu l’ordre. JdQ, 6.1. : ... lors, Titus sonnant la retraite, ilz habandonnerent la chose et s’en retournerent aux tentes comme il leur estoit impéré... Faits (IV,11, p. 122) : Lors s’en retornerent a lor tantes Romain, si com Cesar ot commandé. On pourrait penser que cet ajout résulte d'une surtraduction de « ut imperatum erat » et d'une volonté de la part de Jean du Quesne de montrer qu'il a bien compris qui commande ces soldats romains. En réalité, la traduction des Faits est plus conforme à la réalité. Mais, comme nous l'avons vu au début de ce commentaire, Jean du Quesne a commis des faux-sens au début du paragraphe sur “praemisit” et “moraretur” si bien que, pour lui, seul Labiénus est parti à la poursuite des Belges. On retrouve donc ici son constant souci de la cohérence. De manière récurrente, notre traducteur aime expliquer ce qui motive telle ou telle opération, quel est la cause ou le but : César (X1) : ... omnem equitatum... pontem traducit... A.-M. O. : [Il]... fait franchir le pont à toute la cavalerie... JdQ, 5.4. : ... tous ses gens de cheval... envoia il vers le pont pour ycellui deffendre...

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Partie 1 : Commentaire

Faits (IV,10, p. 121) : ... et il envoie cele part tote la chevalerie outre le pont. C'est encore une fois sa tendance à l'explicitation qui s'exprime. Mais il existe des exemples plus complexes, qui démontrent la finesse d'analyse du traducteur, capable de décortiquer toutes les implications de situations stratégiquement plus subtiles : César (V3) : Id fieri posse, si suas copias Haedui in fines Bellovacorum introduxerint et eorum agros populari coeperint. A.-M. O. : On peut y parvenir, si les Eduens font entrer leurs troupes sur le territoire des Bellovaques et se mettent à ravager leurs champs. JdQ, 3.1. : ... laquele chose pouoit estre empeschie par les Ostunois se ilz menoient leurs copies es fins des Beauvaisins et illec depopuloient leurs champs, destruisant les biens d’iceulz avec tout le plat paÿs, qui seroit souverain remede, car ce detenroit au moins a son samblant lesdis Beauvaisins, Nerviens, Atrebatois, Therewanois, Menapiens et Northmanths en leurs contrees pour ycelles garder et deffendre... Faits (IV,5, p. 118) : Et ce porra estre fet legierement, se cil de la contree d’Ostum vont ou païs de Biauvoisins en proie et il corent par les chans robant et ardant viles et manoirs. César (IX3) : Hostes protinus ex eo loco ad flumen Axonam contenderunt... A.-M. O. : Aussitôt les ennemis abandonnèrent la place pour se diriger vers l’Aisne... JdQ, 5.3. : ... laquele chose voians, les annemis de ce lieu se partirent, contendant vers le fleuve d’Asne pour ce que bien percheurent pouoir lesdis Rommains peu grever en heure pourveue... Faits (IV,9, p. 121) : Li Belgue se partirent lues dou leu ou il estoient et s’en vindrent a Aisne... Lorsque les manœuvres décrites par César lui paraissent exemplaires, la traduction de Jean du Quesne en souligne les avantages et se rapproche de conseils à l'usage d'un chef de guerre : César (X5) : [Bellovacis] persuaderi ut diutius morarentur neque suis auxilium ferrent non poterat. A.-M. O. : ... [les Bellovaques] ne pouvaient se laisser convaincre de s’attarder davantage et de ne pas porter secours aux leurs. JdQ, 5.6. : ... pourquoy plus legierement [les Belges] persuaderent qu’il fait guerre assez meritore qui bien garde son paÿs d’encombrier, laquele chose ne pouoient faire

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Partie 1 : Commentaire

estant a ost en marche estrange, car qui destruit aultrui paÿs laissant aussi le sien vexer, il enqueurt en double dommage. Faits (IV,10, p. 122) : ... cil de Biauvoisins ne volloient a nul fuer plus demorer en celle ost[z]... si lor convenoit retorner au secorz. Ce développement n'est pas seulement destiné à camoufler une difficulté de traduction : le verbe « persuaderi » pose de toute évidence un problème à Jean du Quesne, mais cela ne l'empêche pas de saisir le sens général du passage. Surtout, il élargit le propos par une sentence de portée générale : mieux vaut ne pas poursuivre une guerre à l'extérieur si son propre pays est en danger. Sans doute cela prend-il un sens tout particulier à l'adresse d'un duc aussi fougueux que Charles le Téméraire. D'autres situations ou d'autres thèmes lui sont d'ailleurs soumis, sur un ton plus ou moins moralisant : le combat à pied à privilégier pour limiter les désertions (9-1), la place secondaire du butin par rapport à la survie des troupes (12-1), la concentration de forces modestes pour la défense d'un point unique plutôt que leur dispersion (14-2)... Les capitaines se voient également désigner des modèles (10-6) et encourager à prendre des initiatives. En dépit des faux-sens et autres difficultés de traduction, on remarquera donc que les domaines où Jean du Quesne se montre le plus interventionnisme sont ceux-là même que l'on cite comme motifs centraux du texte césarien : les descriptions géographiques et ethnographiques et les récits détaillés d'opérations militaires. Ce constat ne surprendra peut-être pas. Pourtant, il me semble important de souligner que, malgré ses infidélités ponctuelles, Jean du Quesne saisit ainsi l'esprit général de l'œuvre antique. Il ne la transforme pas en roman de chevalerie ou en épopée.

4.

Une dramatisation modérée L'une des caractéristiques des Faits des Romains est de proposer un récit

des campagnes de César plus vivant, rythmé et riche en rebondissements. Le compilateur y ajoute même certains épisodes, comme le combat singulier entre

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Partie 1 : Commentaire

Drappès et Luctérius, digne des romans de chevalerie de son époque. Jean du Quesne ne semble pas soumettre le texte du général romain à ce genre de transformations, ce qui dénote un respect plus grand pour l'intégrité de l'œuvre originale. Néanmoins, on peut relever certaines tendances visant à donner plus de relief aux événements. Il semble tout d'abord que Jean du Quesne livre à ses lecteurs une vision plus tranchée, plus contrastée des situations en accentuant les antagonismes, parfois jusqu'à la schématisation. Cela répond sans doute à son goût pour l'explicitation et la précision : il souhaite donner à lire le récit le plus clair possible. Dès lors, sa version est souvent dépouillée des subtilités et des sousentendus césariens. Dans l'exemple suivant, César (II3) : Dat negotium Senonibus reliquisque Gallis qui finitimi Belgis erant uti... A.-M. O. : Il charge les Sénons et les autres Gaulois voisins des Belges de... JdQ, 1.4. : Aussi demanda Cesar auz Senoniens... et auz autres voisins des Belges tenans la partie des Rommains qu’ils s'aprestaissent... Faits (IV,2, p. 116) : Il enjoint a cels de Sens et as autres François qui voisin estoient as Belges que... l'ajout de Jean du Quesne, même s'il n'est pas très cohérent avec la suite du texte (« ceulz de Rains... disant non avoir jamais auz Belges consenti... »), vise à expliquer pourquoi César s'adresse à ces peuples et pourquoi ces derniers répondent à ses sollicitations ; cette mention place chaque protagoniste dans un camp bien précis. Mais elle constitue une surtraduction évidente : à aucun moment César ne prétend que ces Gaulois le soutiennent ; la seule certitude, c'est qu'ils lui sont soumis. En outre, en ajoutant le verbe soi aprester, il semble que le conflit soit envisagé d'emblée. Jean du Quesne souligne parfois les contrastes d'une lègère coloration morale : tantôt il met en valeur les vertus des combattants, tantôt il suggère leur lâcheté et leur caractère déloyal. César (XIX1) : Caesar... ad cohortandos milites... decucurrit... A.-M. O. : .César... courut haranguer les soldats... JdQ, 11.1. : César... courant d'un costé a l'autre, exhortoit ses amis d'un seul mot divin...

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Faits (IV,21, p. 127) : Cesar... enorta ses homes dou bien fere, corut... César (VIII4) : ... ne, cum aciem instruxisset, hostes, quod tantum multitudine poterant, ab lateribus pugnantes suos circumvenire possent. A.-M. O. : ... ainsi, quand il aurait deployé sa ligne de bataille, les ennemis ne pourraient encercler par les flancs ses hommes pendant qu’ils combattraient (ce dont ils auraient été capables, étant donné leur nombre). JdQ, 5.2. : ... adfin que, quand il ordonneroit ou instruiroit ses batailles, la multitude des caultz annemis ne les peust grever ne sourprendre ou enclore... Faits (IV,8, p. 120) : ... que, se li Belgue vosissent les Romains assaillir de costé pour aceindre, il ne poïssent... Certaines mentions contribuent à donner plus de relief au récit. La détermination et l'agressivité des ennemis sont rendues intenses et plus “palpables”, d'abord par l'explicitation de leurs intentions : César (II4) : Hi constanter omnes nuntiaverunt manus cogi... A.-M. O. : Tous lui firent la même réponse : on levait des troupes... JdQ, 1.4. : ... lesquelz en tempz concordeement lui nuncherent les Belges cueiller grant puissance, contendant de Rommains grever... Faits (IV,2, p. 116-117 ) : Cil li renoncerent que li Belge assembloient tote lor genz... a grant effors. De nombreux adjectifs (« miserable » 14-1), adverbes (« grandement » 113) ou locutions (« en grant haste » ont été ajoutés au texte pour intentifier les situations. Ils expriment notamment la violence et le caractère impitoyable des combats : César (X2) : Acriter in eo loco pugnatum est. Hostes inpeditos nostri in flumine adgressi magnum eorum numerum occiderunt... A.-M. O. : Le combat fut rude à cet endroit. Les ennemis furent attaqués dans la rivière où leurs mouvements étaient entravés, et les nôtres les massacrèrent en grand nombre... JdQ, 5.4. : ... si fut en ce dit lieu aigrement combatu par fureur impetueuse, sique des annemis estans en l’eaue par les Rommains empeschiés et envahis furent occis grant multitude... Faits (IV,10, p. 121) : Et fu aigre la bataille la ou li Belgue quidoient passer ; mais li Romain en orent le meillor, qui de terre se combatoient a cels en l’aive, et ocistrent grant nombre.

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César (X3) : ... primos qui transierant equitatu circumventos interfecerunt. A.-M. O. : ... quant à ceux qui avaient traversé les premiers, ils furent encerclés par la cavalerie et taillés en pièces. JdQ, 6.4. : ... puis les autres premiers passez, environnez par les Rommains equestres, furent tous mors sans mercy de renchon. Faits (IV,10, p. 121) : Cil qui passé estoient ou conmancement furent enclos des chevaliers Cesar et assez tost desrout et detrenchié. L'explicitation des dangers qui pèsent sur les protagonistes du conflit leur donne aussi plus d'intensité, du moins de présence. On peut en effet admettre cette observation dans la mesure où la sobriété de César ne semble pas, a contrario, un moyen de suggérer ces périls et de les rendre plus impresionnants par le mystère. Jean du Quesne cherche bien à faire percevoir au lecteur les lourds enjeux de la situation : César (I3) : ... populi romani exercitum hiemare atque inveterascere in Gallia moleste ferebant... A.-M. O. : ... [ils] éprouvaient tout autant de répugnance à voir les Romains séjourner [en Gaule] et s’y éterniser... JdQ, 1.3. : ... avec ce leur desplaisoit moult l’ivernement desdis Rommains en leur paÿs, disant que, se on leur souffroit l’entree, ilz en volroient faire coustume et en la fin ung previlege, qui seroit a leur grant dommage et prejudice... Faits (IV,1, p. 116) : Apres il lor pesoit de ce que les legions yvernoient en la contree... Notre traducteur va jusqu'à inventer des périls que César ou la logique du récit ne suggère même pas pour relever l'intensité de l'action : César (VI2) : ... murumque subruunt. A.-M. O. : ... ils... sapent la muraille. JdQ, 3.3. : ... et par cest manière abatirent lors lesdis Belges ung grant quartier du mur de Bibrax telement que peu s’en failli qu’ilz n’entraissent dedens a force. Faits (IV,6, p. 119) : ... murs, dont il batirent granz pans... Il en va de même de certains détails fort réalistes, de la création de Jean du Quesne : César (XXV1) : ... multis gravibusque vulneribus confecto, ut iam se sustinere non posset... A.-M. O. : ... qui, accablé par beaucoup de blessures sévères, ne pouvait se tenir debout...

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JdQ, 13.1. : ... tant fort navré que soustenir ne se pouoit pour l’effusion de son sang Faits (IV,25, p. 129) : ... si ateint de moutes plaies, et tant avoit combatu et sainié qu'a paine se pooit mes soustenir. Enfin, parmi les ressorts de la théâtralité, figure le suspens, que Jean du Quesne instaure parfois en intervenant dans le texte pour suggèrer des épisodes à venir. C'est aussi, comme nous l'avons vu, un moyen pour lui d'afficher sa connaissance de l'œuvre originale en son entier : JdQ, 2.4. : ... pourquoy par haulteur demandoient avoir la conduite de ceste guerre et de fait la disoient a eux apartenir comme gens oultrecuidiés des lors, qui firent a Cesar en sa concqueste pluiseurs contraires en mainte manière ainsi qu’il sera dit en poursievant. Ce type d'interventions mineures émaille fréquemment la traduction de Jean du Quesne. Leur présence peut nous inciter à penser que notre translateur continue à être soumis, moins fortement toutefois, à la même tentation du romanesque que le compilateur des Faits, ce qui l'éloigne par là-même de la rigueur humaniste. Pourtant, on peut aussi en faire une autre interprétation, tout comme de la mention des sentiments qui animent les protagonistes...

5.

L'expression des sentiments S'il est bien un domaine où César ne s'exprime pas, c'est celui des

sentiments41. Or, parmi les modifications que Jean du Quesne fait subir au texte, figure parfois la mention de ce qu'éprouvent les protagonistes des épisodes, surtout, il est vrai, les adversaires du général romain. On trouve toutefois la mention exceptionnelle d'un sentiment césarien au paragraphe 13-1 (« non mie sans sollicitude »), sans doute sous l'influence des Faits (« il fu en angoisse » IV,25, p. 129). Ces adjonctions participent également à la théâtralisation, du moins à l'intensification des situations. Dans le cas suivant,

41 Rappelons les caractéristiques de l'écriture césarienne analysés par L.-A. Constans : « style impassible, [...] absence de confidence personnelle » (César, Guerre des Gaules, éd. L.-A. Constans, Paris, Belles Lettres, 1926, p. VII et suivantes).

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César (XIII3) : ... pueri mulieresque ex muro passis manibus suo more pacem ab Romanis petierunt. A.-M. O. : ... les enfans et les femmes, du haut du mur, les mains ouvertes, selon leur coutume, demandèrent la paix aux Romains. JdQ, 7.2. : ... les femmes et petis enfans illec montez sur la muraille, mains tendues et larmes fondans, demandoient piteusement paiz auz Rommains. Faits (IV,13, p. 123) : ... fames et anfant monterent as creniax et requeroient pes, les braz estenduz et les mains overtes, selonc lor costume. l'évocation de larmes et l'ajout de l'adverbe “piteusement” créent un effet pathétique totalement absent du texte latin. César souligne plutôt la curiosité ethnographique que constitue pour lui la manière d'implorer pitié des Gaulois (« suo more ») ; remarquons d'ailleurs que Jean du Quesne traduit cette locution quelques lignes plus tôt, et non à cet endroit, où il privilégie la tension dramatique. L'auteur des Faits, quant à lui, apporte des détails supplémentaires (« les braz estenduz »), mais ils ne concourent pas à cet effet. La peur est sans aucun doute le sentiment le plus développé par Jean du Quesne. Il emploie pour cela un vocabulaire plus riche que son modèle. L'amplification de la crainte des combattants contribue à accentuer les contrastes déjà observés plus haut : la force de leurs adversaires paraît alors d'autant plus impressionnante : César (XI4) : ... priores, quod abesse a periculo viderentur, neque ulla necessitate neque imperio continerentur, exaudito clamore perturbatis ordinibus omnes in fuga sibi praesidium ponerent. A.-M. O. : Mais ceux qui les précédaient, se voyant à l’abri du danger et n’étant retenus ni par la nécessité de combattre ni par l’autorité de quiconque, rompirent les rangs dès qu’ils entendirent les cris du combat et cherchèrent tous leur salut dans la fuite. JdQ, 6.1. : ... touteffois les premiers oïant la noise, moult effraez, doubtans grant peril au retour, pour nulle quelconque semonce de pitié, necessité ou empire, ne peurent estre retenus, ains habandonnant toute amistié fraternelle et ordre bellique, misrent leur espoir en la fuite... Faits (IV,11, p. 122 ) : ... mes [li Belges de la qeue] n’orent secorz ne aide de cels devant, car il foïrent la ou chascuns mielz pot, lues que il orent la noise de cels detriers, et l’esperance de lor sauveté estoit en lor fuie.

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Partie 1 : Commentaire

Outre la mention de la peur ou du désespoir qui animent les Belges en déroute, Jean du Quesne souligne également ici leur manque de solidarité. L'auteur des Faits constate lui aussi cette attitude, mais d'une manière plus neutre. Chez notre traducteur, pointe une tonalité moralisante : en les désignant avec tant d'insistance à ses lecteurs, il semble condamner la lâcheté et les pensées égoïstes des guerriers belges. En effet, Jean du Quesne ne se contente pas des faits bruts, mais, toujours soucieux d'expliciter le texte césarien, il nous livre les motivations des protagonistes en nous faisant pénétrer dans leur pensée. Voici un autre exemple où la peur motive l'action : César (XII4) : ... permoti legatos ad Caesarem de deditione mittunt... A.-M. O. : ... troublés... [ils] envoyèrent des légats à César pour se rendre... JdQ, 6.3. : ... les cytoiens... cuidant que par yceulz deussent estre prins tout d’un cop, tramblans en freeur paoureuse, transmirent legatz a Cesar... Faits (IV,12, p. 123) : ... cil de la cité de Soissons... furent tuit esbahi, et tant douterent la vigor et l’isneleté de Cesar et des soens que il li trenmistrent messages de pes et rendre se proposerent as Romains. Dans ce cas précis, l'ajout de Jean du Quesne semble inspiré de la leçon des Faits, même si la nature de la menace y est plus concrètement exprimée. Mais certaines mentions d'ordre “psychologique” sont propres à notre traducteur : César (III5) : Remi... ne Suessiones quidem... deterrere potuerint quin cum his consentirent. A.-M. O. : les Rèmes... n’ont même pas pu empêcher les Suessions... de rejoindre le mouvement. JdQ, 2.1. : ... mesmes les Soissonnois... avoient lesdis Belgiens si espoventez par manaches que en grant cremeur consentoient a leur traitiés, touteffois en regret vyolent. Faits (IV,3, p. 117) : [discours direct des Rèmes] cels de Soissons... ont trez a els et lor ont fete lessier nostre conpaignie, tant les ont espoentez. Comme on le voit ici avec les regrets supposés des Suessions, Jean du Quesne ne développe pas que le thème de la peur. Le décryptage des motivations et du caractère des protagonistes l'amène dans d'autres registres, comme l'espoir (8-

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Partie 1 : Commentaire

1), la haine et le désir de vengeance (9-1), le desarroi (13-9), la joie (13-7), la solidarité (10-6), ou encore l'orgueil : César (IV5) : ... totiusque belli imperium sibi postulare. A.-M. O. : ... et revendiquaient la conduite générale des opérations. JdQ, 2.4. : ... pourquoy par haulteur demandoient avoir la conduite de ceste guerre et de fait la disoient a eux apartenir comme gens oultrecuidiés des lors... Faits (IV,4, p. 118) : ... et veulent estre duc et chevetaine de tote la baille. Comme précédemment au sujet des Belges en déroute, la réprobation morale à l'encontre de l'attitude orgueilleuse des Bellovaques est sous-jacente. On peut certainement y lire une allusion à l'actualité des domaines de Charles le Téméraire et à la révolte de la ville de Beauvais : la locution « des lors » suggère que les prétentions démesurées des habitants de la cité n'ont pas cessé42. D'autres références aux événements contemporains peuvent être perçues aux paragraphes 82 et 17-4. Néanmoins, si l'on excepte ces interventions inspirées au serviteur bourguignon par ses intérêts personnels, force est de constater que le texte de César dans la traduction de Jean du Quesne se retrouve émaillé de mentions décrivant les sentiments des différents protagonistes. Elles ont certes pour effet de donner davantage de relief au récit, à la manière des romans. Mais il me semble qu'elles se rattachent surtout à la volonté du traducteur d'expliciter le comportement des uns et des autres, de formuler ce qui motive leur attitude. Cette tendance trahit un intérêt indéniable pour le comportement humain en général. Or la curiosité dont il fait preuve à cet égard, si elle parasite le texte de César et va à l'encontre du respect de la lettre, n'en éclaire pas moins le sens du récit césarien.

42 Ce sont notamment ces allusions au siège de Beauvais qui permettent à Robert Bossuat de déterminer la période au cours de laquelle Jean du Quesne effectue sa traduction (R. Bossuat, “Traductions françaises...”, p. 266-267).

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Partie 1 : Commentaire

6.

Conclusion : pour Jean du Quesne, le sens prime sur la lettre La traduction de Jean du Quesne s'insère dans projet d'inspiration

médiévale, c'est-à-dire une compilation historique à laquelle l'auteur imprime un certain sens politique et moral, notamment par les pièces liminaires et les conclusions qui l'encadrent. Sa version est entâchée de fautes évidentes. Mais notons ici que l'adaptation libre, bien que souvent plus correcte, des Faits des Romains n'a plus assez d'autorité à ses yeux pour être préférée à des faux-sens plus “proches” du texte latin. La traduction de notre copiste lillois est aussi fortement augmentée de mentions dues à Jean du Quesne lui-même. Mettre cette traduction au rang des productions de l'humanisme naissant (ou déjà florissant ailleurs...) serait donc une erreur. Notre traducteur n'a pas une connaissance parfaite du latin classique et ne porte pas au texte un repect tel qu'il s'interdise d'y adjoindre des passages de sa production. À ce titre, il mériterait peut-être la condamnation de Cicéron, qui, dans son Brutus, émet cet avis sur l'œuvre de César : Il a écrit des Commentaires vraiment dignes de tout éloge : ils sont nus, simples et élégants, dépouillés, comme on fait d'un vêtement, de tout ornement oratoire. En se proposant de fournir des matériaux où puiseraient ceux qui voudraient écrire l'histoire, il a peut-être fait quelque chose d'agréable aux sots, qui seront tentés d'y porter leur fer à friser, mais aux hommes sensés, il a ôté l'envie d'écrire, car il n'y a rien de plus agréable dans l'histoire qu'une brièveté pure et lumineuse.43 Or c'est justement cette « brièveté pure et lumineuse » qui semble poser problème au “translateur” du XVe siècle. Certes, une part de ses interventions semble inspirer par une volonté gratuite de dramatiser, du moins d'intensifier le récit, comme chez le compilateur des Faits des Romains44, mais on ne relève aucun épisode totalement forgé par Jean du Quesne pour rendre la lecture plus palpitante. Par ailleurs, l'analyse de Robert Bossuat, qui parle de « réflexion de caractère moral, philosophique ou politique introduites arbitrairement dans le récit sous

43 Cité par J.-C. Goeury dans l'introduction de César, Guerre des Gaules, éd. L.-A. Constans, éd. revue et corr., Paris, Belles Lettres, 1990, p. VIII. 44 Li Fet des Romains..., vol. 2, p. 29.

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Partie 1 : Commentaire

forme d'incidences »45 peut être nuancée : ce genre de développements reste rare, discret et relégué aux marges des chapitres et des livres. C'est le cas de la conclusion du livre III, au paragraphe 17-4, où Jean du Quesne rappelle les prescriptions développées dans le prologue général et le chapitre 5 du livre I : pour qu'une société fonctionne, chacun doit remplir le rôle qui lui est assigné en fonction de sa condition. C'est ainsi que se résout le paradoxe apparent entre la glorification de Charles le Téméraire, à travers la figure du général romain, et la mise en valeur des peuples belges, passés et présents : chacun ne méritera des louanges que dans la mesure où il tiendra son rang. Ces avertissements concernent surtout le prince, qui reçoit finalement plus une leçon que le discours d'un flatteur. Mais la majorité des ajouts de Jean du Quesne répond à un souci d'explicitation du texte. La “materia” fournie par César nécessite aux yeux de notre traducteur d'être étoffée pour être mieux comprise des lecteurs de la fin du Moyen Âge. Que la concision soit une qualité de la part d'un historien, comme l'affirme Cicéron, ne paraît pas le tourmenter outre mesure : il n'a sans doute pas vraiment réfléchi au genre du texte qu'il traduit. Ces précisions et autres commentaires constituent d'ailleurs pour lui l'occasion de faire étalage de ses connaissances et de sa maîtrise de la langue française. Mais les thèmes sur lesquels il imprime le plus sa marque, la géographie et la stratégie militaire, mettent opportunément en valeur les motifs les plus frappants du récit césarien. Quant à sa tendance à l'expression des sentiments des protagonistes, on peut véritablement parler de trahison à l'esprit du texte original : plus encore que les autres phénomènes d'explicitation, celui-ci va à l'encontre de la sobriété et de la subtilité du style de César. Que le style d'un auteur soit porteur de sens, notamment par sa part d'implicite et ses sous-entendus, semble d'ailleurs totalement lui échapper. Néanmoins, la mention de sentiments témoigne d'un caractère curieux, désireux de décortiquer les comportements humains pour mieux les comprendre. Dès lors, Jean du Quesne n'est plus très éloigné de certaines des préoccupations de ses contemporains humanistes. En conclusion, l'étude de son travail de traduction à partir de l'exemple du livre III nous aura confortés dans l'idée que cet écrivain n'est pas un philologue : le 45 R. Bossuat, “Traductions françaises...”, p. 296.

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Partie 1 : Commentaire

respect de l'intégrité du texte original lui importe peu et il ne parvient pas à s'effacer derrière l'auteur qu'il traduit. En revanche, il prend très à cœur son rôle de “translateur”, au sens étymologique du terme : il ne renonce quasiment jamais à comprendre le sens du texte-source et s'efforce de le transmettre de la manière la plus complète, sinon la plus correcte possible à ses lecteurs.

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Partie 2 : Édition

Partie

2:

Édition

du

livre III

de

la

traduction de la Guerre des Gaules par Jean du Quesne 1.

Introduction 1.1.

Tradition manuscrite et manuscrit de base

Rappelons tout d'abord la liste des manuscrits contenant l'œuvre de Jean du Quesne : A

Paris, Bibliothèque nationale de France, fr. 38

B

Paris, Bibliothèque nationale de France, fr. 280

C

Kobenhavn, Kongelige Bibliothek, Thott 544 f°

D

London, British Library, Royal 16 G. VIII

E

London, British Library, Egerton 1065

F

Oxford, Bodleian Library, Douce 208

G

New Haven, Beinecke Rare Book and Manuscript Library, ms 226

H

collection particulière

Comme dans ma thèse d'École des chartes, la présente édition se base sur le manuscrit H. Ce témoin a été choisi pour la correction du texte qu'il contient, mais surtout parce qu'il est le seul à nous transmettre la Cronicque habregie et, de ce fait, à permettre un établissement complet et cohérent de l'ensemble de l'œuvre de Jean du Quesne. Au cours de l'établissement du texte du livre III, aucune variante probante n'est venue remettre en cause le classement des témoins et le stemma proposés dans ma thèse d'École des chartes46 :

46 S. Montigny, “Classement des témoins et choix du manuscrit de base”, dans Id., Édition partielle..., p. 77-119.

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Partie 2 : Édition

De nouveaux indices confirment que D n'est sans doute pas l'archétype de la tradition. En voici quelques exemples : •

au début du chapitre 11, H présente un incipit latin plus long (et correct !) que tous les autres témoins (« Cesar necessariis rebus »),

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Partie 2 : Édition



contrairement aux autres, les copistes de D et G ont omis l'ensemble du paragraphe 12-2, pourtant traduit du latin,



au paragraphe 15-2, H donne comme équivalent du latin « nova atque inusitata specie » la leçon « convaincus en nouvelle espece de non acoustumee uzance ingenieuse » tandis que D et G proposent « convaincus en nouvelleté de non acoustumee uzance ingenieuse ». Bien que fautif, le calque de espece sur species témoigne d'une plus grande proximité de H avec le texte latin et, par conséquent, avec l'archétype de la traduction,



de la même manière, au paragraphe 16-3, H est le seul manuscrit de la tradition à donner un calque complet de la proposition « Sub vesperum Caesar portas claudi militesque ex oppido exire jussit », c'est-à-dire à aller jusqu'à maintenir l'ordre des mots latin : « Au soir de ce mesmes jour, Cesar clorre les portes de la ville et ses chevalliers issir [...] commanda ». Il est vrai que cette formulation semble étrange en français, les autres copistes ont d'ailleurs rétabli un ordre plus idiomatique, mais peut-être s'agit-il d'une leçon provenant de l'archétype de la traduction.

1.2.

Principes d'édition

Cette édition a été réalisée en suivant les mêmes principes que dans ma thèse d'École des chartes, largement inspirés de : NATIONALE DES CHARTES, GROUPE DE RECHERCHES

ÉCOLE L ’ ÉCRIT

AU

Fascicule I :

« CIVILISATION

DE

MOYEN ÂGE ». Conseil pour l’édition des textes médiévaux. conseils

généraux,

dir.

F.

Vielliard,

O.

Guyotjeannin,

et

Fascicule III : textes littéraires, dir. P. Bourgain, F. Vielliard. Paris : Comité des travaux historiques et scientifiques, École nationale des chartes, 2001. Je renvoie donc aux chapitres méthodologiques exposant ces principes47 et me contente de développer ici les problèmes particuliers rencontrés au cours de l'établissement du livre III.

47 Id., « Principes d'édtion», dans Édition partielle..., p. 133-136 et 423-430.

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Partie 2 : Édition

1.2.1.

Présentation

Le découpage en chapitres et en paragraphes a été maintenu tel quel sans aucune modification. La seule correction apportée en matière de présentation concerne l'incipit latin du chapitre II : bien que le rubriqueur du manuscrit H ait oublié de le souligner en rouge, il a été imprimé en caractères penchés dans la présente édition, comme tous les incipits. 1.2.2.

Transcription, accentuation, ponctuation

La transcription du manuscrit H (f. 80-92) n'a posé aucun problème. En revanche, la mauvaise qualité des microfilms de E et F rendent certaines lectures hypothétiques : elles ne pourront être confirmées que par la consultation des manuscrits sous forme originale. Signalons également un trou dans le papier de B, qui empêche d'indiquer les variantes de ce témoin pour un passage des paragraphes 10-3 et 11-1. Comme dans ma thèse d'École des chartes, je n'ai pas accentué les e toniques en position finale lorsqu'ils étaient suivis de z. En effet, je n'ai rencontré qu'un seul cas de e atone en position finale suivi de z marque de pluriel (« par levité de coragez nouvelitez estudioient », 1-3). La prise en compte de cette exception aurait obligé à revoir le parti pris pour l'ensemble de l'édition. Par conséquent, ce mot a été transcris au singulier, sur le modéle de DGACBEF, et ce d'autant plus volontiers qu'il s'agit certainement d'une faute de copie par anticipation de la terminaison du mot suivant. Quant à la ponctuation, il a été fait ici aussi un usage relativement important du point-virgule car il semble un bon moyen de restituer le phénomène d'enchaînements des propositions, assez présent dans la traduction de Jean du Quesne, tout en permettant des pauses dans la lecture. Le placement des guillemets a suscité des difficultés, notamment au paragraphe 2-5. Il n'est en effet pas toujours facile de distinguer le discours direct du discours indirect libre. Dans la mesure du possible, on s'est référé en la matière aux temps verbaux.

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Partie 2 : Édition

1.2.3.

Corrections

On remarquera, à la lecture de l'apparat critique, une tendance sensiblement plus interventionniste que dans ma thèse d'École des chartes. En effet, j'ai considéré, chaque fois que l'ensemble ou une majorité des manuscrits, en particulier D et G, proposait une variante plus proche du texte latin que H, qu'il s'agissait d'une leçon “originelle” à mettre au crédit du traducteur et à privilégier. En voici un exemple, tiré du paragraphe 2-2 : César (IV1) : Cum ab his quaereret quae civitates quantaeque in armis essent et quid in bello possent... H : Et comme Cesar enquist ausdis legatz rainciens queles et quantes citez les Belges pouoient bien avoir de leur alyance... DGACBEF : Et comme Cesar enquist ausdis legatz rainciens queles et quantes citez les Belges pouoient bien avoir de leur alyance et quel puissance en battaille... Mais il peut aussi arriver que ce soit H qui propose une leçon plus proche de la source latine (11-2) : César (XX1) : ... neque quid in quaque parte opus esset provideri... H : ... ne a quel costé estoit de pourveïr plus necessaire... DGACBEF : ... ne a quel chose estoit de pourveïr plus necessaire... Quoi qu'il en soit, en vertu du respect dû au témoin choisi comme manuscrit de base, je n'ai pas effectué de correction en cas de leçon unique de H si elle était correcte et que la leçon des autres manuscrits n'étaient pas étayée par celle du texte latin : César (XXIX1) : ... auxilio Nerviis venirent... H : ... venoient au secours nervien... DGACBEF : ... venoient en l'ayde des Nerviens... [14-2] ; c'est le cas notamment pour les rubriques : H : ... et du nombre que Cesar en vendy... DGACBEF : ... et du nombre que Cesar en vendy à leurs voisins... [16-1] d'autant plus, dans ce cas, que l'“oubli” éventuel du copiste de H est compensé à la fin du chapitre par la leçon unique « leurs voisins ». Ce principe n'est toutefois pas intangible si les autres témoins proposent une réelle lectio difficilior [6-1] :

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Partie 2 : Édition

César (XI6) : ... destiterunt... H : ... ilz habandonnerent la chose... DGACBEF : ... ilz habandonnerent la chasse... On remarquera que le texte établi n'est cependant pas dénué de “fautes”, non seulement si on le compare à l'œuvre originale de César, mais aussi si on le passe aux cribles des grammaires et des dictionnaires du moyen français. En particulier, on relève de très nombreuses constructions infinitives directes ou des hypallages48 résultant vraisemblablement de calques de la syntaxe latine ou de traductions un peu expéditives de la part de Jean du Quesne. C'est justement parce qu'elles appartiennent à l'œuvre originale de notre “translateur” et qu'elles constituent un témoignage de sa méthode de travail et de ses connaissances linguistiques qu'elles sont maintenues pour être étudiées.

2.

Édition

N.B. : Le texte qui suit a été encodé à l'aide de LateX, un logiciel de traitement de texte qui permet notamment d'établir plusieurs niveaux d'apparat critique et d'effectuer des appels de notes par l'intermédiaire des numéros de ligne. Il n'est donc pas présenté selon la feuille de style proposée par l'ENSSIB.

48 Voir l'introduction du glossaire.

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Partie 2 : Édition

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Partie 3 : Glossaire

Partie 3 : Glossaire Ce glossaire a été constitué de la même manière que ceux de ma thèse d'École des chartes, à laquelle je renvoie pour de plus amples explications49. La nomenclature y est plus restreinte, notamment parce qu'il s'agit d'un glossaire complémentaire : les mots déjà étudiés dans ma thèse n'ont pas été repris, sauf s'ils apparaissent dans le livre III sous une nouvelle acception, auquel cas tous leurs sens, y compris ceux qui étaient déjà connus précédemment, ont été glosés, de manière à ce que la consultation de ce mémoire seul ne fausse pas la perception d'un mot. Cette fois, l'ampleur raisonnable du texte édité a permis de relever toutes les occurences. Aussi souvent que possible, c'est-à-dire lorsque le mot provient d'un passage traduit, et non d'un ajout de Jean du Quesne, le ou les mots du texte latin correspondants ont été associées à la référence. Ils figurent entre parenthèses en caractères typographiques. On pourra constater que le calque n'est pas la règle : un mot n'est pas forcément traduit par un mot de même racine étymologique (ex. : article gesir). Les cas où la nature grammaticale du mot français ne coïncide pas avec celle du mot latin ne sont pas rares : la charge sémantique d'un verbe a très bien pu être transférée à un substantif (ex. : article conducteur). On peut donc de nouveau affirmer que le sens prime sur la lettre. Pour comprendre les abréviations et les normes typographiques de ce glossaire, on voudra bien se reporter à ma thèse d'École des chartes50. Le symbole ¤ signale les mots, les constructions ou les sens dont l'emploi n'est signalé par les ouvrages de références que pour une période postérieure (premières attestations ; articles conduite, porter, ivernement, salutaire, vertu). Comme dans ma thèse, les mots, les constructions ou les sens non attestés par les ouvrages de référence sont signalés par un astérisque. Je me refuse cependant à les considérer tous comme de véritables hapax, destinés à entrer dans les dictionnaires de moyen français. En effet, on rencontre parmi les mots affublés de cette marque : •

des calques du latin que je juge un peu hasardeux (ex. : article

49 S. Montigny, Édition partielle..., p. 287-290 et 627-630. 50 Ibid.

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Partie 3 : Glossaire

neutralement), •

des adjectifs qualifiant des substantifs auxquels ils ne se rapportent pas véritablement. On relève ainsi dans le texte de Jean du Quesne une série de beaux hypallages qui pourraient conduire à donner de nouveaux sens aux adjectifs concernés : mobilité encline 1-3, affinitez voisines 2-3, grace tributaire 6-3, amplification amiable 7-4, aydes opidaires 7-4, espoir salutaire 9-1, prochaine soubdaineté 10-6, uzance ingenieuse 15-2, besoing indigent 16-3,



les constructions infinitives directes de nombreux verbes, notamment de déclaration, d'opinion, de jussion (ex. : article destourber), mais aussi de locutions comme il est besoing, qui témoigne d'une forte tendance de Jean du Quesne à la parataxe, sans aucun doute sous l'influence de la morphosyntaxe latine. Ces cas sont si fréquents que j'ai renoncé à les recenser de manière exhaustive.

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Partie 3 : Glossaire

absconser v. : empl. trans. dir. “cacher, dissimuler” III-16-2 (celare ; en contexte synonymique avec retenir et muchier) accider v. : empl. intrans. [le sujet désigne un événement] “se produire, se dérouler”* III-7-4 (incidere) ; [le sujet désigne une personne] “arriver (dans un lieu)”* III-11-2 aclivité* subst. fém. : “inclinaison, pente” III-9-4 (acclivitas) aconsievir v. : empl. trans. dir. aconsievir qq “rejoindre qq que l'on poursuit, le rattraper” III-6-1 adcertes adv. : “fermement, pour de bon” [III-16-3 DG, en liaison syntagmatique avec ardamment] adversaire adj. qual. : “relatif aux ennemis”* III-13-4 adviser v. : empl. trans. dir. “examiner, observer” III-9-1 (perspicere) aguet subst. masc. : “stratagème destiné à piéger” III-10-2 aigreur subst. fém. : “agressivité”* III-10-6, 11-3 (celeriter) aminer v. : empl. trans. dir. aminer qq de qqc* “ruiner, détruire les réserves de qqn en qqc”* III-15-2 amoindrir v. : empl. trans. dir. amoindrir qqc “rendre plus petit, plus faible” III-82 (remittere) ; amoindrir qq de qqc “faire perdre à qq une certaine quantité de qqc” [III-15-2 C, var. de aminer qq de qqc] amoureusement adv. : “avec tous les égards, amicalement” III-14-1 amoustrer v. : empl. pron. soi amoustrer “apparaître à la vue de qq” [III-13-5 A, var. de soi demoustrer] apreste subst. fém. : “fait de préparer” frm “préparatif” [III-6-3 DGACBEF, var. de affaire, comparare] aprochement subst. masc. : “action de venir près (de qq/qqc)” III-5-6 (adpropinquare) arbitre subst. masc. : “ce qu'une personne veut ou désire” frm “vollonté” III-14-1 arrouter v. : empl. trans. dir.

MILIT .

“mettre en route (une troupe)” III-10-1

assay [graphie du Nord] subst. masc. : “situation dangereuse” III-10-3 assendible* adj. qual. : “que l'on peut gravir” III-15-1 (aditus) ataindre v. : empl. trans. dir. “aller jusqu'à” 16-2 (altitudinem alicujus rei adaequare) – Empl. trans. ind. [dans une description géographique, le

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Partie 3 : Glossaire

sujet et le complément désignent des pays] ataindre a “aller jusqu'à, être contigu à, limitrophe de” [III-8-2 CBEF, var. de atouchier] atant adv. : “là-dessus, alors” III-17-5 atendre v. : empl. trans. dir. atendre qq/qqc/(+ inter. ind.) “ne pas se déplacer ou ne rien faire avant que qq/qqc arrive/de savoir (+ inter. ind.)” III-5-3 (expectare), 8-4 (expectare) – Empl. pron. soi atendre sur qqc “placer son espoir dans qqc, faire fond sur” frm “compter sur qqc” III-10-6 (expectare) atouchier v. : empl. trans. ind. [dans une description géographique, le sujet et le complément désignent des pays] atouchier a “être contigu à, limitrophe de” III8-2 (attingere) atourner v. : empl. pron. soi atourner [le sujet désigne une situation] “devenir, se transformer” III-13-6 (in aliquo loco esse) atrape subst. fém. : CONCR. “mécanisme destiné à piéger” III-9-2 auctorisé adj. qual. : “qui a de l'autorité, du crédit” III-7-5 (auctoritas) auques adv. : renforce le sens du mot qui suit “tout à fait” III-2-3 ausé p. p. : empl. dans estre ausé de (+ inf.)* “avoir l'audace, la témérité de (+ inf.)” III-13-9 (audere) aval adv. : “vers le bas” III-16-2 ayde subst. fém. ou masc. : “intervention favorable à qq, destinée à lui favoriser la tâche” III-5-2 (subsidium), 10-5 (subsidium), 12-3 (auxilium), 13-4 (subsidium), [14-2 DGACBEF, var. de secours, auxilium], 15-2 (ops), empl. dans la loc. adv. a l'ayde de “grâce à” III-6-2 (propter) – “personne qui intervient favorablement pour faciliter la tâche d'une autre”, en part. [dans un contexte militaire] “troupe auxiliaire qui vient en renfort des troupes régulières” III-7-4 (auxilia), 11-2 (subsidium) bague subst. fém. : empl. au pl. “ensemble des objets et des effets que l'on emporte avec soi en voyage” frm “bagagues” III-12-1 (contexte militaire) besoing subst. masc. : “situation de manque, qui demande à être comblé” empl. dans la loc. il est besoin (+ inf.)* “il est nécessaire de (+ inf.)” III-8-2 – “situation de détresse, qui demande un secours” III-10-6, 11-1, 11-3, 16-3, empl. dans la loc. adv. au besoing “en cas de problème” [III-15-2 A]

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Partie 3 : Glossaire

besongne subst. fém. : “chose dont on s'occupe, que l'on a à faire” [III-17-2 A], empl. dans soi mettre en besongne “commencer à s'occuper de ce que l'on a à faire” III-16-3 – “ensemble des évènements se produisant à un moment donné dans un lieu précis pour un individu” frm “situation” III-13-1 (res) bien de fortune subst. masc. : empl. au pl. “objet matériel possédé” III-12-1 boscage adj. qual : “relatif à une étendue boisée” III-10-2 bouche subst. fém. : FIG. [en parlant d'un lieu] “entrée, ouverture” III-1-4 bove subst. fém. : “local souterrain sous une maison” frm “cave” III-16-2 bretesche subst. fém. : “fortification mobile” III-6-3 cault adj. qual. : “rusé” III-5-2 cautele subst. fém. : “ruse, stratagème” III-9-2, empl. dans la loc. adv. a cautele “par ruse” III-9-1 cauteleuz adj. qual. : [d'une chose] “fait avec ruse, qui dénote de la ruse” III-5-7 (insidiae) charpenter v. : empl. trans. dir.

PR.

“fabriquer, construire” III-10-2 (munire)

chasse subst. fém. : “action de poursuivre (un adversaire...)” III-6-1 chat subst. masc. :

MILIT .

“machine de guerre montée sur roues, ayant la forme de

galerie couverte, qui, approchée des murailles, protège ceux qui doivent les saper ou qui, flanquée de tours, permet l'attaque des places fortes” [III-6-3 CBEF] chaudement, chauldement adv. : “vivement, énergiquement” III-1-4, 6-2 chemin subst. masc. :

PR.

“itinéraire qui est parcouru” [III-3-1 E], 4, 6-2 (iter),

11-3, empl. dans soi mettre a chemin “partir, commencer à aller” III-5-7 (profectio), estre a chemin “avancer, aller” III-8-4 (in itinere esse) ; CONCR.

“route sur laquelle on avance” III-10-1 –

FIG .

“moyen (de faire qqc)” (?)

III-9-3 chois subst. masc. : “fait de distinguer par la vue” III-9-3 (perspicere) choisir v. : empl. trans. dir. “distinguer par la vue” III-10-2 combateur subst. masc. :

CONCR.

“personne qui se bat” [III-6-2 E, var de

combatant, 9-1 B, var. de bateilleur] commemoration subst. fém. : “mention, rappel au souvenir de qq” III-14-1 (commemorare)

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Partie 3 : Glossaire

compulser v. : empl. trans. dir. compulser qq “contraindre qq à avancer”* III-11-3 (conpellere) concordeement adv. : “d'une manière unanime” III-1-4 (constanter) conducteur subst. masc. : conducteur de qqc “personne qui est chargé de qqc, qui en est responsable” III-6-1 (faire conducteur, praeficere), 10-5 (en liaison syntagmatique avec duc legionaire), 11-4 (summam imperii tenere) conduite

subst.

fém. :

PR.

“manière

(consuetudo itineris) –

FIG .

d'avancer

dans

l'espace”¤

III-9-1

“fait de diriger, d'être responsable du

déroulement de qqc” III-2-4 (imperium), 2-5 (en contexte synonymique avec charge, summa) ; “manière de se comporter” [III-5-1 A, en liaison syntagmatique avec vertu] constituer

v. :

empl.

trans.

CONCR.

dir.

“établir,

préparer”

III-10-3

(constituere) ; constituer qqc/(+ prop. inf.) “décider de manière officielle qqc/que”

III-5-5

(constituere),

5-7

(constituere,

en

contexte

synonymique avec arrester), 10-1 ; constituer a qq que + (subj.) “ordonner de manière officielle à qq de (+ inf.)” III-10-5 continué p. p. en empl. adj. : “qui ne comporte pas d'interruption” III-17-3 continuel adj. qual. : “qui ne comporte pas d'interruption” [III-17-3 CF, var. de continué] contraire subst. masc. : “contrariété, désagrément, difficulté” III-2-4 – “situation inverse”, empl. dans par le contraire “à l'inverse” III-4 convaincre v. : empl. trans. dir.

MILIT .

“vaincre entièrement” III-13-9, 15-2 (d'un

point de vue psychologique ; commotus) corporeux adj. qual. : [d'une personne] “bien charpenté, corpulent” III-15-2 (magnitudo corporum) course subst. fém. :

MILIT .

“incursion rapide en pays ennemi” III-9-2, 15-2

(excursio) creé p. p. empl. subst. : “être vivant”* III-13-9 (homo) debout subst. masc. : “bout, extrémité” III-9-2 declination subst. fém. : “fait d'être penché, en pente” III-15-1 (adclivis) decourir v. : empl. intrans. [le sujet désigne une personne] “se précipiter comme un fleuve qui s'écoule, courir de haut en bas” III-10-3 (decurrere)

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Partie 3 : Glossaire

dedier v. : empl. trans. dir. et pron. soi dedier/dedier qq/qqc en/sous qqc “se remettre/remettre qq/qqc en la possession, la dépendance de qqc”* III-2-1 (aliquem/aliquam rem in aliquam rem permittere), 8-1 (se dedere), 14-1 (alicui

se

dedere), 15-2 (alicui

rei

se

permittere) deguerpir v. : empl. trans. dir. “abandonner, quitter” [III-8-4 A, var. de guerpir] dehaitié p. p. empl. subst. masc. : “personne qui a perdu toute énergie physique et mentale” III-10-6 (en liaison syntagmatique avec traveillié) deliberé p. p. en empl. adj. : deliberé a qqc “qui est décidé, prêt, résigné à ce que qqc arrive” III-13-9 demoustrer v. : empl. pron. soi demonstrer a qq “apparaître à la vue de qq” III13-5 (conspici) depopuler v. : empl. trans. dir. [le compl. désigne un pays, une région] “dévaster, ravager” III-3-1 (populari) desier subst. masc. : “ce que l'on souhaite” frm “désir” [III-1-3 G, var. de desirier] desirier subst. masc. : “ce que l'on souhaite” frm “désir” III-1-3 despourveu p. p. : empl. comme subst. masc. dans la loc. adv. au despourveu de qq* “sans que qq s'en doute, en le surprenant” III-2-1 (de improviso) destourber v. : empl. trans. dir. destourber qqc a qq “empêcher qqc à qq” III-9-3 (non posse) ; destourber qq (+ inf.)* “empêcher à qq de (+ inf.)” III-3-2 – Empl. trans dir. ou ind. destourber (a) qq que “empêcher qq de (+ inf.)” [III-3-1 DGACBEF, var. de destourner a qq que] destourbier subst. masc. : “ce qui provoque une gêne, un obstacle” III-5-2 devoler v. : empl. intrans. [le sujet désigne une personne*, verbe associé en général à une rumeur, etc.] “se précipiter, courir” III-10-3 (provolare) digne adj. qual. : digne de qqc a qq “qui a la valeur suffisante pour faire qqc vis-àvis de qq”* III-15-2 (en contexte synonymique avec puissant de) divers adj. qual. : “différent, varié” III-2-5, 9-1, 9-2, 15-2 – “réparti de manière aléatoire dans l'espace”* III-11-2 (diversus) diversement adv. : “de manière cruelle” [III-13-9 DG ?] – “de toutes parts, ça et là, en ordre dispersé” [III-11-1 A (?)], 11-4 (diversus), 12-3 (en liaison syntagmatique avec discipé, diversus)

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Partie 3 : Glossaire

doubte subst. masc. : “crainte” III-10-2 – “incertitude sur la réalité d'un fait” empl. comme adv. de négation* en corrélation avec ne dans n'extimer quelque doubte que “être complètement certain que” III-1-4 duit adj. qual. : duit de qqc “exercé à/dans qqc” III-9-2 duisable adj. qual. : “qui convient” [III-5-3 BEF, var. de convenable] embattre v. : empl. pron. soi embattre “entrer avec précipitation (dans un lieu, un groupe de personnes...)” III-16-3 (pugnare) embesognié p. p. en empl. adj. : [d'une étendue de temps*] embesognié a qqc “dont le temps est complètement occupé par qqc” III-6-3 ; [d'une personne] “très occupé par une tâche, affairé” III-11-4 empaindre v. : empl. trans. dir. [le compl. désigne une chose] “pousser, enfoncer” III-13-9 (conjicere) empraindre v. : empl. trans. dir. “faire pénétrer” [III-13-9 EF, var. de empaindre] enceper v. : empl. pron. soi enceper “s'embarrasser les pieds” III-9-2 enclin adj. qual. : “propre au caractère d'un individu, qui fait partie de ses penchants”* (?) III-1-3 encliné adj qual. : [d'une personne] “qui acquiesse à ce que dit qq, qui lui est favorable” [III-8-3 A, var. de incliné] encombrier subst. masc. : “difficulté, embarras, dommage” III-5-6 [encourre] v. : empl. intrans.

FIG .

encourre en “tomber dans, se retrouver dans une

situation plus mauvaise” III-5-6 endroit subst. masc. : [sens temporel] “moment” III-12-3 • Loc. adv. la endroit “dans ce lieu même” [III-7-2 A] engresser v. : empl. trans. dir. [le compl. désigne une pers.] “poursuivre, presser, harceler” III-5-3 (adgredi), 11-3 (progredi) entammer v. : empl. trans. dir. “toucher à une chose intacte, en lui portant une première atteinte” III-9-1 (diripere) entour prép. : “à proximité de” III-2-5, 17-5 entrerompre v. : empl. trans. dir. “couper en deux, séparer en deux” III-5-3 (interscindere) environ subst. masc. : [sens spatial] empl. dans le compl. de détermination d'environ “des alentours” III-2-6 • Adv. : “approximativement” III-1-4

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Partie 3 : Glossaire

(circiter), 3-3, 4, 5-2 (circiter), etc., 15-1 (non amplius), etc. • Prép. : “près de” [III-2-5 CBEF, var. de entour], 17-2 escharnir v. : empl. abs. “se moquer, se railler” III-15-2 (inridere) escorche subst. fém. : “pellicule entourant les troncs d'arbre” frm “écorce” III-16-3 (cortex) esleu (esli) p. p. en empl. adj. : “de bonne qualité, d'une nature d'élite” III-2-4 (electa) eslever v. : empl. trans. dir. (constituere) ;

MILIT .

CONCR.

“construire qqc en hauteur” III-9-2, 15-2

[le compl. désigne une personne] “faire venir dans

une armée, enrôler” III-2-4 (conficere) – Empl. pron. soi eslever [d'un événement] “se déclencher” III-1-1 esli p. p. en empl. adj. : voir esleu espargnier v. : empl. trans. ind. espargnier a qq/qqc “traiter avec ménager, ne pas porter préjudice à qqc/qq” III-16-1 (conservare) esperit subst. masc. : “faculté intellectuelle de l'homme” empl. dans la loc. adv. en esperit “mentalement, par la pensée” III-2-3 (? ; peut-être faut-il lire une locution prépositionnelle en esperit de ayant le sens de “en matière de” ?) esprouver v. : empl. trans. dir. “chercher à connaître la valeur de qq/qqc par une mise en situation” III-5-1 (en contexte synonymique avec experimenter, periclitari) – Empl. pron. soi esprouver “faire ses preuves, montrer sa valeur, en particulier au combat” III-13-8 estoffe subst. fém. : “valeur personnelle, qualités morales” III-2-4 estudier v. : empl. trans. dir. “envisager la possibilité de faire (qqc), projeter (qqc)”* (?) III-1-3 (studere) – Empl. trans. indir. estudier a qqc “appliquer son esprit à qqc, y réflechir, y travailler” III-9-1 (studere) experimenter v. : empl. trans. dir. “chercher à connaître par une mise en situation” III-5-1 (en contexte synonymique avec esprouver, periclitari), 8-4 (experiri) explorer v. : empl. trans. dir. “s'efforcer de découvrir” III-2-3 (explorare) expugner v. : empl. trans. dir. “conquérir, s'emparer de qqc par la victoire” III-5-3 (expugnare), 5-5 (expugnare), 6-2 (oppugnare)

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Partie 3 : Glossaire

extreme adj. qual. : “le plus éloigné dans l'espace” III-3-2 (extremus) – “dernier dans le temps, avant la fin” III-13-1, 13-9 (extremus), 16-3 (extremus) (extreme esperance “dernière chance”) faculté subst. fém. : “ensemble des ressources, des moyens matériels, en particulier financiers, dont on dispose” III-1-3 (facultates) – Empl. au pl.* “situation générale (d'une personne,d'un groupe)” III-2-5 faix subst. masc. : “lourde charge, fardeau” [III-15-2 DGACBEF, var. de engien, machinatio], empl. dans la loc. adv. tout a un faix “en une fois, en même temps, ensemble” III-3-1 (uno tempore), 10-3 –

FIG .

“épreuve difficile à

supporter” III-13-4 [felonnessement], felonneusement adv. : “d'une manière déloyale” III-8-2 fierement adv. : [nuance méliorative] “avec une ardeur impétueuse, avec fougue et audace” III-11-4, 15-1 [fondaire*, fondaieur, fondayeur, fondere], fondeur subst. masc. : “soldat armé d'une

fronde”

frm

“frondeur”

III-4

(funditor),

[5-4

DGACBEF

(funditor)], 10-2 (funditor), 12-3 (funditor) fondre v. : empl. trans. dir. “verser” empl. dans fondre larmes “verser des larmes, pleurer” III-7-2 fors adv. : empl. dans la loc. prép, dans un contexte négatif,. fors seullement “à la seule exception de” III-11-4 – Empl. dans les loc. conj. fors que, fors tant que “à l'exception du fait que” III-15-1, 16-1 (nisi) fournir v. : empl. trans. ind. [le sujet désigne une personne] fournir a qqc “suffir pour, avoir la capacité de faire qqc” [III-15-2 A, var. de faire] front subst. masc. : “partie antérieur” en part. [contexte militaire] “ligne extérieure présentée par une troupe en ordre de bataille” III-5-2 ; empl. dans la loc. prép. en*/ou front de “en face de” III-9-2, 9-4 (?) frustrer v. : empl. trans dir. “priver d'un bien ou d'un avantage dû”, par ext. “porter préjudice”* (III-2-5) fumière subst. fém. : “fumière” III-4 (fumus) fundibullaire* subst. masc. : “soldat armé d'une fronde” III-13-6 (calo) fust subst. masc. : “bois, matière des arbres” III-6-3

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Partie 3 : Glossaire

gesir v. : empl. intrans. [le sujet désigne une personne] “être couché, étendu” III13-1 – Empl. pron. [le sujet désigne une personne] “être couché, étendu” III-137 (procumbere) gouverner v. : empl. trans. dir. [le compl. désigne un pays ou un peuple] “diriger en vertu d'une autorité” III-2-5, 14-1 ; [le sujet désigne un cours d'eau et le compl., un affluent]* “approvisionner (en eau)” III-3-2 grandisme adj. qual. : “très grand” [III-3-1 DG] grue subst. fém. : MILIT. “machine de guerre” [III-6-3 CBEF] guise subst. fém. : “manière d'agir” empl. dans a la guise de qq “conformément à la manière d'agir de qq” III-15-2 habillier v. : empl. trans. dir. habillier qqc “mettre sur soi” III-11-1 (induere) haulteur subst. fém. :

PR.

“dimension verticale” [III-6-2 A, var. de haultesse,

altitudo], 15-1, 15-2, 16-2 (altitudo) –

FIG . MOR.

“attitude hautaine,

insolence” III-2-4 [havel] subst. masc. : milit. “arme pointue” frm “pic” (attesté dans les Fabliaux éd. Ph. Ménard) III-3-3 (en contexte synonymique avec pic) heure subst. fém. : “durée de temps” III-5-3, 16-3 – “moment précis du temps” III10-1, 10-3 (en contexte synonymique avec tempz, tempus), 13-6, 15-2, 17-2 hibernal subst. masc. : empl. au pl.

MILIT .

“quartiers d'hiver d'une armée” III-17-2

(hibernacula) honneur subst. masc. : “considération accordée au mérite” III-13-2 (en liaison syntagmatique avec amour), 13-8 (en opposition avec laideur), “considération, estime que l'on porte à qq” III-7-5 (honos) ; honneur d'une battaille “victoire” III-5-3 (secundius proelium) horion subst. masc. : “coup rudement asséné” [III-5-2 A] hurtement subst. masc. : “fait de frapper contre (qqc)” III-16-1 (attingere) imferer v. : empl. trans. dir. imferer qqc a qqc “associer intellectuellement, appliquer qqc à qqc” III-17-4 impulsé p. p. : “incité à agir” III-13-9 incliné adj. qual. : [d'une personne] incliné a qq “qui acquiesse à ce que dit qq, qui lui est favorable” III-8-3 (alicui se dedere)

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101

Partie 3 : Glossaire

incongnoissant adj. qual. : empl. subst. masc. “personne qui n'a pas de connaissance” frm “ignorant” III-17-2 increper v. : empl. trans. dir. increper qq “faire des reproches à qq” III-8-3 (increpitare) indigent adj. qual. : “relatif à un manque”* (?) III-16-3 (besoing indigent) indigne adj. qual. : indigne a qqc “qui n'a aucune valeur par rapport à qqc”* (?) III-12-1 ingenieux adj. qual. : “relatif aux machines de guerre”* III-15-2 inique adj. qual. : [d'une personne, d'un comportement] “injuste, cruel” III-8-2 ; [d'une

situation,

d'un

lieu...]

“défavorable”

III-11-3

(iniquitas,

iniquus), 13-9 (iniquissimus), 16-3 (iniquus) injure subst. fém. : “mauvais traitement (infligé à qq)” III-16-1 (injuria), 16-3 (injuria) ivernement¤ (yvernement) subst. masc. : milit. “fait pour des troupes de passer la mauvaise saison dans leur camp sans combattre”* III-1-3 (hiemare) ; “cette période” [III-1-1 A] joindre v. : empl. pron. soi joindre pres de qq “s'approcher de qq, se placer tout contre qq” III-13-4 (contexte militaire, à propos de troupes qui se rassemblent ; conjungere) lassure subst. fém. : “fatigue extrême” III-11-3 (en contexte synonymique avec traveil ; lassitudo) legionaire adj. qual. : “relatif à la légion romaine” III-10-5 (legio), 13-8 (legionarius) leonique adj. qual. : “qui présente un rapport avec le lion” III-2-5 loisir subst. masc. : “espace de temps nécessaire pour faire qqc à son aise” III-11-1 (tempus), empl. dans la loc. adv. par loisir “à l'aise, en prenant le temps” [III17-2 A] mairien adj. qual. : “de bois” (?) III-9-2 maritain adj. qual. : [au sujet d'un peuple, d'une ville] “qui est situé au bord de la mer” III-17-1 (maritimus) maulvaistié subst. fém. : “mauvaise disposition,méchanceté envers qq” III-16-2 mercatore* adj. qual. : “qui se rapporte au commerce” III-8-2 (mercator)

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102

Partie 3 : Glossaire

mobilité subst. fém. : MOR. “instabilité, inconstance” III-1-3 (mobilitas) morir v. : empl. trans. dir. [toujours à un temps composé et au passif] “donner la mort” III-5-4 (interficere) – Empl. intrans. “finir de vivre” frm “mourir” III-15-2 (interfici), empl. dans la loc. adv. pour morir “même au prix de la mort” III-8-3 mouton subst. masc : “machine de guerre servant à ouvrir de force des portes” frm “bélier” III-6-3 (mouton hurtant auz murs), 16-1 (aries) mouvoir, movoir v. : empl. trans. dir. “mettre en mouvement, faire bouger” III-152 (promovere) – Empl. intrans. “se déplacer” III-15-2 (moveri) • P. prst movent “qui pousse à agir” empl. dans cause movente “motif qui pousse à agir” III-1-2 (conjurandi causa) muchier v. : empl. trans. dir. “cacher, dissimuler” III-16-2 (celare ; en contexte synonymique avec retenir et absconser), [16-3 A, var. de repundre] munir v. : empl. trans. dir. [le compl. désigne un lieu] “fortifier, protéger en entourant (un lieu)” III-15-1 (munire) naturel adj. qual. : “donné à la naissance” [III-8-2 A] ; “relatif au pays dont on est originaire” III-5-5 naturer v. : empl. intrans. “se conduire, agir” III-8-2 né p. p. empl. subst.masc. : “être humain” [III-14-1 A (natu)] necessité

subst.

fém. :

“situation

critique

qui

oblige

à

réagir”

III-6-1

(necessitas), 13-1 neutralement adv. : “réciproquement”* (?) III-5-3 (neuter) nouvelité, [nouvelleté] subst. fém. : “caractère de ce qui existe depuis peu de temps” [III-15-2 DG, var. de nouvelle espece], “changement d'ordre politique effectué avec une certaine violence” III-1-3 (nova imperia) oirre subst. fém. ou masc. : “train, équipage, cortège” III-10-1 opidaire* adj. qual. : “qui se rapporte à une place forte” III-7-4 (?, mauvaise transposition de opes), 9-2 (murum/munimentum) osiere subst. fém. : “branche d'osier” III-16-3 (vimen) ou conj. sub. : [sens spatial] “à l'endroit où” III-9-2, 11-1 (in quam partem) ; [sens temporel] “au moment où, quand” III-5-1 (ubi), 10-1 oultrecuidié p. p. en empl. adj. : “qui manifeste des prétentions excessives” III-2-4

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103

Partie 3 : Glossaire

ouvrer v. : empl. trans. dir. “fabriquer, façonner” III-9-2 pallis subst. masc. : “pieu pointu servant à une clôture” empl. dans closure de pallis “enceinte faite de pieux” frm “pallissade” III-15-2 (vallum) ; “enceinte faite de pieux” frm “pallissade” III-3-2 (vallum) parture subst. fém. : “combat où les adversaires sont égaux en nombre” III-5-5 peupler v. : empl. instrans.* “s'installer, se fixer (dans un pays)” empl. au p. p. peuplé “installé” III-2-2 (considere) pion subst. masc. : “soldat à pied” frm “fantassin” III-3-3, 13-7 pionnier subst. masc. : “soldat à pied” frm “fantassin” [III-13-7 A, var. de pion] poignant adj. qual. : “piquant, acéré” III-9-2 porter v. : empl. trans. dir.

CONCR.

“être chargé de” III-13-1 (cellui qui portoit

l'aisgle d'or, signifer) ; “avoir telle mesure”¤ [III-9-4 A] ;

ABSTR.

“comporter, contenir, renfermer (une information)” III-2-1 – “amener/apporter (d'un lieu dans un autre)” III-15-1 (agere ac portare) ; 16-2,

FIG .

porter

ayde a qq “venir au secours de qq” III-13-4 (subsidium ferre),“déclarer, dire” III-12-3 pourprinse subst. fém. : “espace occupé par qqc, son envergure” III-5-2 (occupare) pourveu p. p. empl. adj. qual. : [d'une chose] “qui a été procuré, disponible”* III5-3 prefic, prefics adj. qual. : “déterminé à l'avance” III-1-4, 3-1 (au jour prefic, ad diem) presenter v. : empl. trans. dir. “mettre (une chose) devant qq pour qu'il la prenne” III-8-1 (conferre) – Empl. trans. ind. presenter de (+ inf.)* “se proposer de (+ inf.)” [III-17-2 A, var. de offrir, polliceri] prochain adj. qual. : [dans l'espace] “qui se trouve à côté” III-2-1 (proximus), 32 (non longe abesse), 6-2 (proximus), 9-4, etc., empl. subst. “personne qui se trouve à côté” III-13-9 (proximus), 16-3 (proximus) – [dans le temps] “qui est sur le point de se dérouler, qui arrive immédiatement après” III13-1, 17-2 (proximus) ; “qui précède immédiatement le moment où l'on parle ou dont on parle” III-10-6 (?, propinquitas) prochainement adv. : “peu de temps avant” III-10-1 (proxime)

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Partie 3 : Glossaire

proie subst. fém. : “pillage” III-9-2 (praedare), 12-1 (praedare) proier v. : empl. trans. dir. proier qqc “enlever avec violence (à qqc) tous les objets de valeur qui le garnissent” frm “piller” III-12-3 (potiri) promovoir v. : empl. trans. dir. promovoir qq a (un sentiment)* “amener qq à éprouver (tel sentiment)” [III-13-3 DGACBEF, var. de esmovoir, promovere] propice adj. qual. : [d'une chose] propice a qq/qqc “qui offre des conditions favorables à qq, pour qqc” [III-5-3 A, alicui magno usui esse], 10-3 (convenire), 14-1 (tutus) ; [d'une personne] propice de (+ inf.) “capable de (+ inf.)” [III-5-3 A] proscrire

v. :

empl.

trans.

dir.

“lever,

enrôler

des

troupes”*

III-5-2

(conscribere) puissant adj. qual. : “qui a un pouvoir étendu” III-2-5 (potens) ; puissant de (+ subst.)* “capable de faire (tele chose)” III-15-2 [La construction classique est puissant de (+ inf.). Dans le cas présent (estre puissant de resistence a qq), le substantif resistence est l'équivalent du verbe resister ; il est suivi d'ailleurs d'un complément.] quant adj. inter. : “combien de” III-2-2 (quantus) querelle subst. fém. : “cause pour laquelle on lutte” empl. dans tenir la querelle de qq “être du côté de qq, deffendre la cause de qq” [III-1-4 CBEF, var. de tenir la partie], prendre la querelle de qq “se ranger du côté de qq, prendre la deffense de qq” III-7-3 rainseau subst. masc. : “petite branche” III-9-2 ramentevoir v. : empl. trans. : “avoir à l'esprit le souvenir de” III-11-1 (alicujus rei memoriam retinere) ramper v. : empl. trans. dir. : “grimper, gravir” III-13-9 (ascendere) reboutement subst. masc. : “action de repousser, de chasser qq par la force” III-13 recepvoir, rechepvoir v. : empl. trans. dir. “prendre (qqc qui est donné, qq qui se présente)” III-3-1, 7-1, 7-5 (recipere), 13-3 (inferre), 16-3 (recepvoir injure, accipere) ; recepvoir qq “accueillir qq (dans un lieu)” III-2-1 (recipere), 8-4 (recepvoir a battaille “accueillir les armes à la main pour combattre”), 14-1, 16-3 ; recepvoir qq a qqc “autoriser qq à qqc” III-15-2

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Partie 3 : Glossaire

recoeil subst. masc. : “action de réunir” III-13-2 recoeillote subst. fém. : “réunion de troupes, combat” III-13-3 recreer v. : empl. trans. dir. [le compl. désigne un sentiment] “fait renaître, régénérer, faire éprouver de nouveau (tel sentiment)” III-4 (accedere) reculler v. : empl. trans. dir.

MILIT .

[le compl. désigne une personne] “faire aller

en arrière, repousser (un ennemi)” [III-10-2 E, var. de recueillier], 11-4 reintegrer v. : empl. trans. dir. “rétablir dans sa situation primitive, dans son état d'origine”

III-13-3

(redintegrare) ;

“reprendre,

recommencer

(une

action)”* III-11-3 (redintegrare), 13-7 (redintegrare) releeschier v. : empl. trans. dir. [le compl. désigne une personne] “redonner de la vigueur, de l'enthousiasme à (qq)” III-13-7 rembarer v. : empl. pron. “se barricader” III-11-2, 16-3 (rejici) remforchier v. : empl. abs. “devenir plus fort, plus solide” III-6-3 remploier v. : empl. trans. dir. “replier” III-9-2 (inflectere) rencoragier v. : empl. trans. dir. rencoragier qq “rédonner à qq du courage” III10-6 rendition subst. fém. :

MILIT .

“fait de se remettre entre les mains d'un ennemi

victorieux” frm “reddition” III-17-1 renom subst. masc. : “ce que l'on dit de favorable sur qq” III-7-2, 13-3, 14-1 – “bruit, nouvelle répandue” III-5-6 reprinse subst. fém. : [dans un contexte militaire]“action de reprendre les armes, le combat, de riposter” III-13-3 repu p. p. : voir repundre repundre v. : empl. trans. dir. : “cacher, dissimuler” III-16-3 rescomfort subst. masc. : “fait d'être ranimer moralement ou physiquement”* III13-4 revertir v. : empl. intrans. revertir en “se changer en (qq/qqc de différent)” III-138 roelle subst. fém. : “petite roue” III-15-2 salutaire adj. qual. : “qui permet de maintenir en vie”¤ III-9-1, 15-1 seduire v. : empl. trans. dir. “détourner du droit chemin, corrompre” III-1-3 (conducere), 7-3 (inpellere)

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Partie 3 : Glossaire

seeller v. : empl. trans. ind. seeller avec qq contre qq “se liguer avec qq contre qq” III-2-6 signifier v. : empl. trans. dir. [le sujet désigne une chose] “indiquer, montrer” III-4 (significare), [le sujet désigne une personne] “faire savoir (par des mots ou des gestes)” 7-2 (significare) singularité subst. fém. : “fait d'être seul, position isolée”* III-9-1 (singulus) social, sociel adj. qual. : “qui se rapporte à des alliés, des compagnons”* III-13-2 (contexte militaire), 13-9 (id.) sollicitude subst. fém. : “inquiétude, souci” III-13-1 sortir v. : empl. trans. dir. “obtenir par le sort” III-2-5 soubtilité subst. fém. : soubtilité de qqc “moyen ingénueux fourni par qqc” III-152 soubtillement, soubtivement adv. : “ingénueusement” III-9-1, 9-2 souverain adj. qual. : [d'une personne] “qui occupe le premier rang” III-11-4 (en contexte synonymique avec principal) ; [d'une chose] “qui est au-dessus de tout dans sa catégorie, excellent” III-3-1 stacion subst. fém. : MILIT. “poste de troupe” III-9-4 (statio) subside subst. masc. :

MILIT .

“renfort, secours” III-4 (subsidium), 13-1

(subsidium), 13-6 (subsidium) succession subst. fém. : “descendance, postérité” III-8-2 superbe adj. qual. : “orgueilleux” III-8-2 superior adj. qual. : [dans l'espace] “qui se trouve en haut, au-dessus” III-9-4 (superior), 11-4 (superior) ;[dans le temps] “qui précède dans le temps”* III-10-5 (superior) sustentacion subst. fém. : “action de soutenir les forces (de qq)” III-7-4 (dans un contexte milit., en contexte synonymique avec ayde, sustentare) tardif adj. qual. : [d'une personne] tardif a (+ subst.*) “qui fait lentement qqc” III13-1 (tardior) tempter v. : empl. trans. ind. tempter a (+ inf.) “aspirer à, avoir envie de (+ inf)” III-5-2 temps, tempz subst. masc. : “durée, étendue de temps” III-4, 11-1 (tempus), [16-3 A, var. de heure], empl. dans la loc. adv. par temps “dans l'avenir” III-5-1 ;

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Partie 3 : Glossaire

“période, époque” [III-2-3 CBEF], 2-5, 7-2, 7-5, etc. ; “moment, instant” III-103 (en contexte synonymique avec heure, tempus), 10-4 (tempus), 11-2 (tempus),[12-1 GA, var. de tempore], etc., en part. “moment favorable” empl. dans la loc. adv. en temps “au moment voulu” III-1-4 tenir v. : empl. trans. dir. “garder, conserver, maintenir” III-7-3, même notion de maintien dans le temps dans tenir la partie de qq “appartenir à ceux qui deffendent qq” III-1-4 , tenir qq (+ attr. du COD) “considérer qq (+ attr. du COD)” III-2-2, 8-4 (videre) – Empl. trans. ind. [dans une description géographique] tenir a qqc “être attaché, contigu à qqc” III-9-4 – Empl. pron. soi tenir (+ compl. de lieu/attr. du suj.) “rester (dans un lieu, dans une situation)” [III-1-4 A, 1-4 DGACBEF], 9-2, 9-4 (se continere), 11-3 (constare), 11-4 (constare), [13-4 F, var. de soi contenir], 15-2 (se continere), en part. soi tenir contre “résister à” III-4 (sustinere) tenné p. p. en empl. adj. : “transformé en cuir sous l'action de produits chimiques” frm “tanné” III-16-3 tive subst. fém. : “tige d'un végétal” III-9-2 touchier v. : empl. trans. dir. “avoir rapport à, concerner” III-2-1 – Empl. trans. ind. touchier de qqc “aborder (un sujet)” III-2-5, touchier a qqc “s'occuper de qqc, prendre en compte qqc” III-2-6 transi adj. qual. : “qui a perdu conscience, qui est dans un état second” III-13-1 (interfectus) transverser v. : empl. intrans. “passer à travers, traverser” III-9-2 (intrare) traveil subst. masc. : “état d'épuisement résultant de grands efforts” III-11-3 (en contexte synonymique avec lassure) traversain adj. qual. : “qui occupe toute la largeur (de qqc)” frm “transversal” III5-2 (transversus) trespasser v. : empl. trans. dir. “aller au-delà, franchir (un lieu)” III-10-3 turbation subst. fém. : “désordre dans l'esprit (de qq)” III-11-1 (pertubare) user v. : voir uzer uzance subst. fém. : “fait de faire qqc souvent” frm “pratique” III-2-2 (en contexte synonymique avec excercice) ; “connaissances acquises par la pratique” frm

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Partie 3 : Glossaire

“expérience” III-10-5 (en contexte synonymique avec science, usus) ; “façon habituelle de faire” frm “usage” III-15-2 uzer (user) v. : empl. trans. dir. uzer qq* “faire perdre ses forces à qq” [III-15-2 A, en liaison syntagmatique avec vaincre] – Empl. trans. ind. uzer de qqc “se servir de qqc, avoir recours à qqc, avoir qqc en usage” III-2-1 – Empl. abs. “agir, se conduire” III-1-1 (uti), 11-1, 13-2 (uti) vague adj. qual. : [d'un lieu] “vide, déserté” III-6-2 (vacuus ; en contexte synonymique avec nu) variable adj. qual. : [sans nuance morale] “qui ne suit pas toujours la même ligne de conduite, qui hésite” III-11-3 varieté subst. fém. : “caractère instable d'une situation” III-13-1 (in angusto) venue subst. fém. : “fait d'arriver dans un lieu” III-4 (adventus), 8-4 (adventus), 15-1, 15-2 (adventus), 16-3, empl. dans la loc. adv. tout d'une venue* “en une fois” [III-6-3 A, var. de tout d'un cop] vers prép. : [dans l'espace] “en direction de qqc, auprès de qq” [III-1-4 A, 3-1 BEF, var. de devers], 4 (ad), 5-1, etc. ; [dans le temps] “aux environs de” III-63 ; [introduisant un nom de personne] “auprès de, vis-à-vis de” III-6-3 verser v. : empl. intrans. “tomber” III-13-6 (empl. fig. “se retrouver dans une situation difficile”, versari) vertu (virtu) subst. fém. : “fermeté devant le danger, la soufrance physique ou morale” frm “courage” III-2-4 (virtus), [5-1 DGACBEF], 8-3 (virtus), etc., empl. au pl. “forces”¤ III-5-1 (virtus), 8-2 (virtus), 17-4 vigne subst. fém. : “mantelet” III-6-3 (vinea) virtu subst. fém. : voir vertu vitaillier subst. masc. : “soldat chargé de l'approvisionnement de l'armée en nourriture”* III-13-7 (calo) vray subst. masc. : “vérité” III-2-3, empl. dans de vray “avec une certitude absolue” III-16-2 wason subst. fém. : “motte de terre revêtue d'herbe” III-9-2 yvernement¤ subst. masc. : voir ivernement

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Bibliographie

Bibliographie Cette bibliographie est directement reprise de ma thèse d'École des chartes. J'ai d'ailleurs conservé les normes de rédaction des références bibliographiques prescriptes pour ce précédent mémoire. Les manuels, ouvrages de référence et éditions de texte utilisés spécifiquement pour l'étude de la Cronicque habregie ont été retirés. Mais on notera dans les éditions de texte l'ajout de quelques travaux dont je me suis inspirée pour ma propre étude. La section consacrée aux « Études sur les manuscrits, leurs copistes et leur iconographie »51 et les bibliographies figurant en tête de chaque notice descriptive des manuscrits dans ma thèse n'ont pas été reprises puisque le présent travail ne comporte pas de nouvelles recherches sur le plan codicologique, paléographique ou iconographique. En revanche, la section consacrée aux « Études sur le contexte politique et culturel » a été maintenue, même s'il n'est pas fait spécifiquement référence à ces ouvrages dans la présente étude. Les sections suivantes ont été légèrement enrichies.

1.

Manuels et dictionnaires

ATILF / ÉQUIPE “MOYEN

FRANÇAIS ET FRANÇAIS PRÉCLASSIQUE ”,

2003-2005.

Dictionnaire du Moyen Français, Base des lexiques du moyen français. Site internet (http ://www.atilf.fr/blmf). BALDINGER (Kurt). Dictionnaire étymologique de l’ancien français. Québec : Presses de l’Université Laval/Paris : Klincksieck/Tübingen : Niemeyer, depuis 1974. BOSSUAT (Robert). Manuel bibliographique de la littérature française du Moyen Âge, suivi des suppléments de 1949-1953 et 1954-1960 avec le concours de

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Bibliographie

Jacques Monfrin. Réimpr. [de l’éd. de Melun, 1951-1961], Genève-Paris : Slatkine Reprints, 1986. BURIDANT (Claude). Grammaire nouvelle de l’ancien français. Sedes/HER, 2000. Dictionnaire des lettres françaises. Éd. card. G. Grente. Vol. I. Le Moyen Age. Éd. R. Bossuat, L. Pichard, G. Raynaud de Lage. Éd. revue par G. Hasenhor, M. Zink. Paris : Fayard, 1964, spéc. p. 235-236 (“César dans la littérature du Moyen Age”). ÉCOLE

NATIONALE DES CHARTES, GROUPE DE RECHERCHES

L ’ ÉCRIT AU

« CIVILISATION

DE

MOYEN ÂGE ». Conseil pour l’édition des textes médiévaux.

Fascicule I : conseils généraux. Dir. F. Vielliard, O. Guyotjeannin. Paris : Comité des travaux historiques et scientifiques, École nationale des chartes, 2001. ÉCOLE

NATIONALE DES CHARTES, GROUPE DE RECHERCHES

L ’ ÉCRIT AU

« CIVILISATION

DE

MOYEN ÂGE ». Conseil pour l’édition des textes médiévaux.

Fascicule III : textes littéraires. Dir. P. Bourgain, F. Vielliard. Paris : Comité des travaux historiques et scientifiques, École nationale des chartes, 2002. FOUCHÉ (Pierre). Morphologie historique du français. Le Verbe. Paris : Éditions Klincksieck, 1967. GAFFIOT (Félix). Dictionnaire latin français. Paris : Hachette, 1934. GODEFROY (Frédéric). Dictionnaire de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXe au XVe siècle. Paris : 1881-1902, 10 vol. GOSSEN (Charles Théodore). Grammaire de l’ancien picard. [Nouvelle éd.] Paris : Klincksieck, 1976. 51 S. Montigny, Édition partielle..., p. 12-13.

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Bibliographie

MARCHELLO-NIZIA (Christiane). La Langue française aux XIVe et XVe siècles. Paris : Éditions Nathan, 1997. MÉNARD (Philippe). Syntaxe de l’ancien français. Bordeaux : SOBODI, 1973. STEFANO (Giuseppe di). Dictionnaire des locutions en moyen français. Montréal : CERES, 1991. TOBLER (Adolf), LOMMATZSCH (Erhard). Altfranzösiches Wörterbuch. Adolf Toblers nachgelassene Materialen, bearbeitet und herausgegeben von Erhard Lommatzsch. Wiesbaden : 1915-2002. VIELLIARD (Françoise), MONFRIN (Jacques). Manuel bibliographique de la littérature française du Moyen Age de Robert Bossuat. Troisième supplément (1960-1980). 2 vol. Paris : Éd. du CNRS, 1986. WARTBURG (Walther von). Französisches etymologisches Wöterbuch. Eine Darstellung der galloromanischen Sprachschatzes. 1922-2002.

2.

Éditions de texte

CÉSAR. Guerre des Gaules. Éd. L.-A. Constans. Éd. revue et corr. Paris : Belles Lettres, 1990. GALLET-GUERNE (Danielle). Vasque de Lucène et la Cyropédie à la cour de Bourgogne (1470), le traité de Xénophon mis en français d’après la version latine du Pogge, édition des livres I et V. Genève, 1973. (Travaux d’humanisme et Renaissance, 140.) Li Fet des Romains, compilé ensemble de Saluste et de Suetoine et de Lucan, texte du XIIIe siècle publié pour la première fois d’après les meilleurs manuscrits, éd.

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Bibliographie

Louis-Fernand Flutre, K. Sneyders de Vogel. Paris : E. Droz/Groningue : J.-B. Wolters, 1938. 2 vol. FOUCHELAT (Denis). Le policratique de Jean de Salisbury (1372), livres I-III. Éd. Charles Brucker. Genève : Droz, 1994. (Publications romanes et françaises, 209) FOUCHELAT (Denis). Le policratique de Jean de Salisbury (1372), livre V. Éd. Charles Brucker. Genève : Droz, 2006. (Publications romanes et françaises, 242) Le Romuleon en françois, traduction de Sébastien Mamerot, éd. Frédéric Duval. Genève : Droz, 2000.

3.

Études sur le contexte politique et culturel

ARMSTRONG (Charles A. J.), “L’Échange culturel entre les cours d’Angleterre et de Bourgogne à l’époque de Charles le Téméraire”, dans 500e Anniversaire de la bataille de Nancy (1477). Actes du colloque organisé par l’Institut de Recherche Régionale en Sciences Sociales, Humaines et Économiques de l’Université de Nancy II (Nancy, 22-24 septembre 1977), Nancy, 1979, p. 35-49. BACKHOUSE (Janet), “Memorials and manuscripts of a Yorkist elite”, dans St George’s Chapel, Windsor, in the late Middle Ages, éd. C. Richmond and E. Scarff, Windsor, 2001 (Historical monographs relating to St George’s Chapel, Windsor Castel, 17), p. 151-160, spéc. p. 151-152. BARROIS (J.). Bibliothèque protypographique ou librairies des fils du roi Jean, Charles V, Jean de Berri, Philippe de Bourgogne, et les siens. Paris, 1830.

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Bibliographie

BARTIER (John). Légistes et gens de finances au XVe siècle, les conseillers des ducs de Bourgogne Philippe le Bon et Charles le Téméraire. Bruxelles, 1955. (Mémoires de l’Académie royale de Belgique, 50.) BARTIER (John), “Le mécénat de Charles le Téméraire”, dans 500e Anniversaire de la bataille de Nancy (1477). Actes du colloque organisé par l’Institut de Recherche Régionale en Sciences Sociales, Humaines et Économiques de l’Université de Nancy II (Nancy, 22-24 septembre 1977), Nancy, 1979, p. 51-63. Bruges et l’Europe, éd. Valentin Vermeersch, Paris : Albin-Michel/Anvers : Fonds Mercator, 1992. Charles le Téméraire, exposition organisée à l’occasion du cinquième centenaire de sa mort [expos., Bruxelles, Bibliothèque royale Albert 1er, 1977]. Bruxelles : Bibliothèque royale Albert 1er, 1977. COCKSHAW (Pierre), “Some Remarks on the character and content of the library of Margaret of York”, dans Margaret of York, Simon Marmion and the Visions of Tondal, éd. Thomas Kren, Malibu, The J. Paul Getty Museum, 1992, p. 57-62 et 257-263. DEBAE (Marguerite). La bibliothèque de Marguerite d’Autriche : essai de reconstitution d’après l’inventaire de 1523-1524. Louvain-Paris : Peeters, 1955. DEHAISNES. Documents et extraits divers concernant l’histoire de l’art dans la Flandre, l’Artois et le Hainaut avant le XVe siècle. Lille, 1886. 3 vol. DOGAER (Georges), DEBAE (Marguerite). La Librairie de Philippe le Bon, exposition organisée à l’occasion du 500e anniversaire de la mort du duc [expos.,

Bruxelles,

Bibliothèque

royale

Albert

1er,

1967].

Bruxelles :

Bibliothèque royale Albert 1er, 1967.

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Bibliographie

DOUTREPONT (Georges). Inventaire de la “librairie” de Philippe le Bon (1420). Bruxelles : Kiessling, 1906. DOUTREPONT (Georges). La littérature à la cour des ducs de Bourgogne. Réimpr. [de l’éd. Paris, 1909], Genève : Slatkine, 1970. GUENÉE (Bernard), “La culture historique des nobles : le succès des Faits des Romains (XIIIe-XVe siècles)”, dans La noblesse au Moyen Âge, XIe-XVe siècles, essais à la mémoire de Robert Boutruche, éd. Philippe Contamine, Paris, Presses universitaires de France, 1976, p. 261-288. GUENÉE (Bernard). Histoire et culture historique dans l’Occident médiéval. Paris : Aubier, 1980. HUGHES (Muriel J.), “The library of Philip the Bold and Margaret of Flanders, first Valois duke and duchess of Burgundy”, dans Journal of Medieval History, t. 4, 1978, p. 145-188. KREN (Thomas), MCKENDRICK (Scot), AINSWORTH (Maryan W.) et al. Illuminating the Renaissance : the triumph of Flemish manuscript painting in Europe [expos., Los Angeles, J. Paul Getty Museum, 2003, Londres, Royal Academy of arts, 2003-2004]. Los Angeles : J. Paul Getty Museum, 2003. LACAZE (Yvon), “Le rôle des traditions dans la genèse d’un sentiment national au XVe siècle : la Bourgogne de Philippe le Bon”, dans Bibliothèque de l’École des chartes, t. 129, 1971, p. 303-385. La librairie des ducs de Bourgogne, manuscrits conservés à la Bibliothèque royale de Belgique. Éd. B. Bousmanne, C. Van Hoorebeeck. Turnhout : Brepols, 20002003. 2 vol. [consulté sous forme de CD-Rom]

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Bibliographie

MCKENDRICK (Scot). “La Grande Histoire Cesar and the manuscripts of Edouard IV”, dans English Manuscript Studies 1100-1700, t 2, 1990, p. 109-138. MCKENDRICK (Scot), Classical mythology and ancient history in works of art at the courts of France, Burgundy and England (1364-1500), thèse de doctorat, Londres, Courtauld Institute, 1988. [non consultée] PEIGNOT (G.). Catalogue d’une partie des livres composant la bibliothèque des ducs de Bourgogne au XVe siècle. Dijon : Lagier, 1841. POIRION (Daniel). “L’Histoire antique devant l’Humanisme français à la fin du Moyen Âge”, dans Actes du IXe Congrès de l’Association Guillaume Budé (Rome, 1973), Paris, 1975, t. II, p. 512-519. SCHRYVER (Antoine de), “Nicolas Spierinc, calligraphe et enlumineur des ordonnances des États de l’Hôtel de Charles le Téméraire”, dans Miscellanea F. Lyna, Scriptorium, t. 23, 1969, p. 434-58. VAUGHAN (Richard). Charles the Bold : the last Valois duke of Burgundy. Londres, 1973. WALSH (Richard), “The coming of the Humanism to the Low Countries : some Italian Influences at the Court of Charles the Bold”, dans Humanistica Lovaniensia, t. 25, 1976, p. 146-197. WILLARD (Charity Cannon), “Isabel of Portugal, patroness of humanism ?”, dans Miscellanea di studi e ricerche sul Quattrocento francese, Turin, 1967, p. 517544. WINTER (Patrick de). La bibliothèque de Philippe le Hardi, duc de Bourgogne (1364-1404) : étude sur les manuscrits à peintures d’une collection princière à l’époque du “style gothique international”. Paris : CNRS, 1985.

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116

Bibliographie

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4.

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Bibliographie

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Bibliographie

RAYNAUD

DE

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Bibliographie

UNION

ACADÉMIQUE

commentariorum,

INTERNATIONALE.

Medieval

and

Catalogus

Renaissance

Latin

translationum translations

et and

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Bibliographie

6.

Autres études

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Bibliographie

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Table des annexes ANNEXE 1 : LE LIVRE II DE LA GUERRE DES GAULES DE CÉSAR, RÉSUMÉ ET CARTOGRAPHIE .................................................................... 127 ANNEXE 2 : TABLEAU DE CORRESPONDANCE ENTRE LES CHAPITRES DE LA TRADUCTION DE JEAN DU QUESNE ET CEUX DE L'ÉDITION MODERNE DU TEXTE LATIN (LIVRE II)............................. 129 ANNEXE 3 : DES ENLUMINURES EN ADÉQUATION AVEC LE TEXTE .......................................................................................................................... 131

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Annexes

Annexe 1 : Le livre II de la Guerre des Gaules de César, résumé et cartographie

source : GOUDINEAU (Christian). César et la Gaule. Paris : Errance, 1990. Les chiffres entre crochets indiquent les paragraphes correspondants dans la traduction de Jean du Quesne. En -57, Les Belges se révoltent contre la présence romaine [1]. Grâce aux Rèmes, César obtient des renseignements sur les forces rebelles [2]. César demande aux Éduens de faire diversion avec leur cavalerie en attaquant les Bellovaques [31]. Lui-même marche vers les coalisés, passe au nord de l'Aisne et y établit son camp [32]. Il dépêche des contingents à l'aide d'une place rème assiégée, Bibrax (dans l'Aine) [4]. Puis se prépare une grande bataille rangée opposant aux neuf légions de César trois cent mille Belges, mais ces derniers, mis en déroute, préfèrent s'enfuir [5]. César les poursuit, puis fond sur Noviodunum, capitale des Suessions, et y met le siège ; les Suessions se soumettent [6]. César marche vers le pays bellovaque ; une députation vient le supplier ; les Éduens interviennent en faveur de leurs alliés. César les épargne [7], puis passe chez les Ambiens qui, à leur tour, font leur soumission [8-1]. La campagne contre les Nerviens et leurs alliés, Atrébates et Viromanduens, présente plus de difficultés : César est surpris alors que ses troupes établissent leur camp (au bord de la Sambre ?) [82-4]. Le sort, après avoir longuement balancé, penche pour les Romains grâce à l'arrivée des légions de l'arrière-garde. Les Trévires, puis les Atuatuques quittent le champ de bataille. Les Nerviens se

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Annexes

soumettent [9-141]. César prend la place forte des Atuatuques, vers la Meuse [1516]. La même année, le légat Publius Crassus part avec une légion vers l'Armorique et les contrées voisines, dont les peuples se soumettent [17].

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Annexes

Annexe 2 : Tableau de correspondance entre les chapitres de la traduction de Jean du Quesne et ceux de l'édition moderne du texte latin (livre II)

Ce tableau, qui m'a été fort utile durant mon travail, permettra au lecteur de confronter plus facilement texte latin et texte français.

Traduction de Jean du Quesne

Ed. mod. du texte latin (L.-A. Constans, 1990)

1. Cum esset Cesar, etc.

I-II

2. Eo cum de improviso, etc.

III-IV

3. Cesar Remos cohortatus, etc.

V-VI3

4. Cum finem opugnandi, etc.

VI4-VII

5. Cesar primo, etc.

VIII-XI2

6. Prima luce, etc.

XI3-XII

7. Cesar obsidibus, etc.

XIII-XV1

8. Hiis traditis, etc.

XV2-XVI

9. Hiis rebus cognitis, etc.

XVII-XVIII

10. Cesar equitatu, etc.

XIX-XX

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Annexes

Traduction de Jean du Quesne

Ed. mod. du texte latin (L.-A. Constans, 1990)

11. Cesar necessariis rebus, etc.

XXI-XXIII

12. Eodem tempore, etc.

XXIV

13. Cesar ab decime legionis, etc.

XXV-XXVII

14. Hoc prelio facto, etc.

XXVIII-XXIX2

15. Quod cum, etc.

XXIX3-XXXI

16. Ad hec Cesar respondit, etc.

XXXII-XXXIII

17. Eodem tempore, etc.

XXXIV-XXXV

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Annexes

Annexe 3 : Des enluminures en adéquation avec le texte

Les programmes iconographiques de la majorité des manuscrits contenant la traduction de Jean du Quesne se signalent par leur adéquation avec le texte de César. On peut véritablement parler d'illustration, au sens plein du terme. Les deux enluminures suivantes, placées en frontispice du livre III dans les manuscrits H et G, donnent à voir au lecteur l'un des épisodes les plus importants de la campagne contre les Belges, à savoir la bataille contre les Nerviens (XVIXXVIII dans l'édition du texte latin, 8-14 dans la traduction de Jean du Quesne). Les éléments topographiques (XVIII/94) y sont représentés : le cours d'eau, les collines, surtout celle où se trouve le camp romain (manuscrit H), et la forêt. Dans le manuscrit G; tandis que se déroule le combat de cavalerie (XIX4/102 : « ... tous ceulz de cheval avec les fondeurs, archiers et hommes legiers, le fleuve passé, contre les equestres nervois battaille commisrent... »), les piétons nerviens se tiennent en embuscade dans les bois, derrière leur retranchement savamment conçu (XVII4/92). Dans le manuscrit H, ils surgissent de leur épaisse cachette (XIX6/103 : « ... soubdainement toutes les copies nerviennes hors de la forest devolerent... »), d'où l'on voit cependant dépasser leurs pics ; la bataille fait rage : on aperçoit même les « membres sociaulz coppez, bras et jambes », avec lesquels les Nerviens en déroute finissent par se défendre au paragraphe 13-9, selon une version libre, de la plume de Jean du Quesne...

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Annexes

Comme on l'a déjà constaté, ce sont les thèmes de la géographie et de la stratégie militaire qui sont à l'honneur. Selon une habitude médiévale qui permet la représentation de plusieurs scènes non simultanées dans un même cadre, l'enlumineur du manuscrit H a également choisi d'illustrer la reddition des Bellovaques devant Bratuspantium (XII-XV1/7). Dans ces deux illustrations, on notera les costumes et les armements contemporains de la traduction du texte et non de l'œuvre originale, ainsi que les étendards impériaux et français dans le manuscrit G. Ces anachronismes permettent au public de la fin du Moyen Âge d'appréhender plus facilement le texte antique, voire de s'identifier aux protagonistes de l'histoire.

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Annexes

Enluminure frontispice du livre III, manuscrit H (collection particulière), f. 80.

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Annexes

Enluminure frontispice du livre III, manuscrit G (London, BL, Egerton 1065), f. 89.

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