Rure vivere in Moesia inferiore: La population dans le milieu rural d'une province péripherique de l'Empire romain 9783447110624, 3447110627

The Roman province of Moesia inferior (the actual northern Bulgaria and south-eastern Romania) was integrated gradually

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Rure vivere in Moesia inferiore: La population dans le milieu rural d'une province péripherique de l'Empire romain
 9783447110624, 3447110627

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Title Pages
SOMMAIRE
REMERCIEMENTS
ABRÉVIATIONS
CARTE DE LA MÉSIE INFÈRIEURE
INTRODUCTION
1. Préambule
2. Bref regard sur l’historiographie concernant le monde rural dans le monde romain
3. Bref regard sur l’historiographie concernant le monde ruralen Mésie Inférieure
4. Buts, méthodologie, limite des sources, questions
PREMIÈRE PARTIE - LA POPULATION DANS LES TERRITOIRES RURAUX DES CITÉS GRECQUES DU PONT GAUCHE
I. LA POPULATION DANS LE MILIEU RURAL D’ISTROS
1. Introduction
2. La population des communautés villageoises du milieu rural d’Istros
3. La population du uicus Ulmetum
4. La composition ethnique et sociale de la campagne d’Istros
II. LA POPULATION DANS LE MILIEU RURAL DE TOMI
1. Introduction
2. Le dossier épigraphique
3. Conclusions
III. LA POPULATION DANS LES MILIEUX RURAUX DE CALLATIS ET D’ODESSOS
1. Introduction
2. Callatis
3. Odessos
4. Conclusions
DEUXIÈME PARTIE: LA POPULATION DANS LES MILIEUX RURAUX DESCITÉS SITUÉES ENTRE LE DANUBE ET LA MER NOIRE
IV. LA POPULATION DANS LE MILIEU RURAL D’IBIDA
1. Introduction
2. Le dossier épigraphique
2bis. Le cas du uicus Bad[---] et le problème de son appartenance
3. Conclusions
V. LA POPULATION DES MILIEUX RURAUX DE TROPAEUM TRAIANI ET DE LA CIVITAS AUSDECENSIUM
1. Introduction
2. Tropaeum Traiani
3. Ciuitas Ausdecensium
4. Conclusions
VI. LA POPULATION DANS LES MILIEUX RURAUX DE MARCIANOPOLIS ET DE NICOPOLIS AD ISTRUM
1. Introduction
2. Le dossier épigraphique du milieu rural de Marcianopolis
3. Le dossier épigraphique du milieu rural de Nicopolis ad Istrum
4. Conclusions
VII. LA POPULATION DANS LE MILIEU RURALD’ABRITTUS
1. Introduction
2. Le dossier épigraphique
3. Conclusions
VIII. LA POPULATION DANS LES MILIEUX RURAUX DE MELTA ET DE LA CIVITAS DIANENSIUM
1. Introduction
2. Le dossier épigraphique de Melta
3. Le dossier épigraphique de la ciuitas Dianensium
4. Conclusions
IX. LA POPULATION DANS LE MILIEU RURAL DE MONTANA
1. Introduction
2. Le dossier épigraphique du territoire rural civil de Montana
3. La population dans le territoire rural de Montana attachée aux districts minier et douanier
4. Conclusions
TROISIÈME PARTIE: LA POPULATION DANS LES MILIEUX RURAUX DES CITÉS SITUÉES SUR LE DANUBE
X. LA POPULATION DU VICUS CLASSICORVM
1. Introduction
2. Le dossier épigraphique
3. Le uicus classicorum et Halmyris
4. Conclusions
XI. LA POPULATION DANS LES MILIEUX RURAUX DE NOVIODUNUM, AEGYSSUS ET DE BARBOȘI
1. Introduction
2. Le dossier épigraphique du territoire rural de Noviodunum
a. Le problème du uicus Nouiodunum
b. Les inscriptions du milieu rural de Noviodunum
3. Le dossier épigraphique du territoire rural d’Aegyssus
4. Le dossier épigraphique de Barboși
5. Conclusions
XII. LA POPULATION DANS LE MILIEU RURALDE TROESMIS
1. Introduction
2. Le dossier épigraphique concernant la population des canabae et de l’établissement civil près des canabae
3. La population dans le reste du territoire rural de Troesmis
4. Conclusions
XIII. LA POPULATION DANS LES MILIEUX RURAUX DE CAPIDAVA ET DANS LES VILLAGES SITUÉS ENTRE BEROE, CIUS ET CARSIUM
1. Introduction
2. Le dossier épigraphique sur la population du milieu rural de Capidava
3. Le dossier épigraphique sur la population rurale du territoire situé entre Beroe, Carsium et Cius
4. Conclusions
XIV. LA POPULATION DU MILIEU RURAL DE DUROSTORUM ET DANS LES VILLAGES SITUÉS ENTRE DUROSTORUM ET AXIOPOLIS
1. Introduction
2. La population du milieu rural de Durostorum
3. La population de la zone située entre Sacidava et Axiopolis
4. Conclusions
XV. LA POPULATION DANS LE MILIEU RURALDE LA ZONE TRANSMARISCA-SEXAGINTA PRISTA
1. Introduction
2. Le dossier épigraphique
3. Conclusions
XVI. LA POPULATION DU MILIEU RURAL DE NOVAE
1. Introduction
2. Le dossier épigraphique
3. Conclusions
XVII. LA POPULATION DANS LE MILIEU RURAL DE DIMUM
XVIII. LA POPULATION DU MILIEU RURAL D’OESCUS
1. Introduction
2. Le dossier épigraphique
3. Conclusions
QUATRIÈME PARTIE: ASPECTS SOCIAUX, POLITIQUES, ÉCONOMIQUES ETCULTURELS DE LA VIE RURALE EN MÉSIE INFÉRIEURE
XIX. LES VÉTÉRANS DANS LE MILIEU RURAL DE MÉSIE INFÉRIEURE. RÔLE SOCIAL ET POLITIQUE
1. Introduction
2. Les ueterani consistentes
3. Les vétérans ayant des propriétés dans le milieu rural de Mésie Inférieure
4. Les vétérans membres de l’élite locale
5. Les descendants des vétérans
6. Conclusions
XX. SOLDATS DU MILIEU RURAL DE MÉSIE INFÉRIEURE RECRUTÉS DANS L’ARMÉE ROMAINE
1. Introduction
2. Les villages mentionnés comme sources de recrutement
3. Soldats provenant du milieu rural de la Mésie Inférieure?Probablement oui
4. Moments du recrutement
5. Conclusions
XXI. LA POPULATION DES VILLAE EN MÉSIE INFÉRIEURE: PROPRIÉTAIRES ET PERSONNEL ADMINISTRATIF
1. Introduction
2. Le dossier épigraphique
3. La langue des inscriptions et les dédicants
4. Conclusions
XXII. LA « ROMANISATION » DES NOMS THRACES DANS LE MILIEU RURAL DE MÉSIE INFÉRIEURE
1. Introduction
2. Les noms mixtes thraces et romains dans le milieu ruralde la Mésie Inférieure: le dossier épigraphique
3. Conclusions
CONCLUSIONS
CONCLUSIONS
BIBLIOGRAPHIE
A. Éditions de sources littéraires et juridiques
B. Ouvrages et articles
INDEX DES SOURCES
Sources litteraires et juridiques
Sources epigraphiques
INDEX DES LOCALITÉS ANCIENNES ET MODERNES

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Lucreţiu Mihailescu-Bîrliba

Rure vivere in Moesia inferiore La population dans le milieu rural d’une province péripherique de l’Empire romain

PHILIPPIKA Altertumswissenschaftliche Abhandlungen Contributions to the Study of Ancient World Cultures 123

Harrassowitz Verlag

© 2018, Otto Harrassowitz GmbH & Co. KG, Wiesbaden ISBN Print: 978-3-447-11062-4 ISBN E-Book: 978-3-447-19781-6

P H I L I P P I K A

Altertumswissenschaftliche Abhandlungen Contributions to the Study of Ancient World Cultures

Herausgegeben von /Edited by Joachim Hengstl, Elizabeth Irwin, Andrea Jördens, Torsten Mattern, Robert Rollinger, Kai Ruffing, Orell Witthuhn 123

2018

Harrassowitz Verlag . Wiesbaden

© 2018, Otto Harrassowitz GmbH & Co. KG, Wiesbaden ISBN Print: 978-3-447-11062-4 ISBN E-Book: 978-3-447-19781-6

Lucreţiu Mihailescu-BÎrliba

Rure vivere in Moesia inferiore La population dans le milieu rural d’une province péripherique de l’Empire romain

2018

Harrassowitz Verlag . Wiesbaden

© 2018, Otto Harrassowitz GmbH & Co. KG, Wiesbaden ISBN Print: 978-3-447-11062-4 ISBN E-Book: 978-3-447-19781-6

Bis Band 60: Philippika. Marburger altertumskundliche Abhandlungen.

Bibliografische Information der Deutschen Nationalbibliothek Die Deutsche Nationalbibliothek verzeichnet diese Publikation in der Deutschen Nationalbibliografie; detaillierte bibliografische Daten sind im Internet über http://dnb.dnb.de abrufbar. Bibliographic information published by the Deutsche Nationalbibliothek The Deutsche Nationalbibliothek lists this publication in the Deutsche Nationalbibliografie; detailed bibliographic data are available in the internet at http://dnb.dnb.de.

Informationen zum Verlagsprogramm finden Sie unter http://www.harrassowitz-verlag.de © Otto Harrassowitz GmbH & Co. KG, Wiesbaden 2018 Das Werk einschließlich aller seiner Teile ist urheberrechtlich geschützt. Jede Verwertung außerhalb der engen Grenzen des Urheberrechtsgesetzes ist ohne Zustimmung des Verlages unzulässig und strafbar. Das gilt insbesondere für Vervielfältigungen jeder Art, Übersetzungen, Mikroverfilmungen und für die Einspeicherung in elektronische Systeme. Gedruckt auf alterungsbeständigem Papier. Druck und Verarbeitung: Hubert & Co., Göttingen Printed in Germany ISSN 1613-5628 ISBN 978-3-447-11062-4

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À Petru

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SOMMAIRE Remerciements ....................................................................................................

xi

Abréviations ........................................................................................................

xiii

Introduction ......................................................................................................... 1. Préambule ................................................................................................... 2. Bref regard sur l’historiographie concernant le monde rural dans le monde romain ................................................................................. 3. Bref regard sur l’historiographie concernant le monde rural en Mésie Inférieure ..................................................................................... 4. Buts, méthodologie, limite des sources, questions .....................................

1 1 1 8 14

Première partie La population dans les territoires ruraux des cités grecques du Pont Gauche .....

17

I. La population dans le milieu rural d’Istros ....................................................... 1. Introduction ................................................................................................ 2. La population des communautés villageoises du milieu rural d’Istros ...... 3. La population du uicus Ulmetum ............................................................... 4. La composition ethnique et sociale de la campagne d’Istros .....................

17 17 19 24 30

II. La population dans le milieu rural de Tomi .................................................... 1. Introduction ................................................................................................ 2. Le dossier épigraphique ............................................................................. 3. Conclusions ................................................................................................

51 51 52 60

III. La population dans les milieux ruraux de Callatis et d’Odessos ................... 1. Introduction ................................................................................................ 2. Callatis ....................................................................................................... 3. Odessos ...................................................................................................... 4. Conclusions ................................................................................................

69 69 70 72 75

Deuxième partie La population dans les milieux ruraux des cités situées entre le Danube et la Mer Noire ................................................

79

IV. La population dans le milieu rural d’Ibida .................................................... 1. Introduction ................................................................................................ 2. Le dossier épigraphique ............................................................................. 2bis. Le cas du uicus Bad[---] et le problème de son appartenance ............... 3. Conclusions ................................................................................................

79 79 79 84 88

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viii

Sommaire

V. La population des milieux ruraux de Tropaeum Traiani et de la ciuitas Ausdecensium ........................................... 1. Introduction ................................................................................................ 2. Tropaeum Traiani ....................................................................................... 3. Ciuitas Ausdecensium ................................................................................ 4. Conclusions ................................................................................................

97 97 98 101 102

VI. La population dans les milieux ruraux de Marcianopolis et de Nicopolis ad Istrum ........................................................ 1. Introduction ................................................................................................ 2. Le dossier épigraphique du milieu rural de Marcianopolis ........................ 3. Le dossier épigraphique du milieu rural de Nicopolis ad Istrum ................ 4. Conclusions ................................................................................................

107 107 108 113 121

VII. La population dans le milieu rural d’Abrittus .............................................. 1. Introduction ................................................................................................ 2. Le dossier épigraphique ............................................................................. 3. Conclusions ................................................................................................

125 125 126 128

VIII. La population dans les milieux ruraux de Melta et de la ciuitas Dianensium ................................................................... 1. Introduction ................................................................................................ 2. Le dossier épigraphique de Melta .............................................................. 3. Le dossier épigraphique de la ciuitas Dianensium ..................................... 4. Conclusions ................................................................................................

131 131 131 132 133

IX. La population dans le milieu rural de Montana ............................................ 1. Introduction ................................................................................................. 2. Le dossier épigraphique du territoire rural civil de Montana ...................... 3. La population dans le territoire rural de Montana attachée aux districts minier et douanier ...................................................... 4. Conclusions .................................................................................................

135 135 136 141 143

Troisième partie La population dans les milieux ruraux des cités situées sur le Danube ...............

147

X. La population du uicus classicorum ................................................................ 1. Introduction ................................................................................................ 2. Le dossier épigraphique ............................................................................. 3. Le uicus classicorum et Halmyris .............................................................. 4. Conclusions ................................................................................................

147 147 148 149 151

XI. La population dans les milieux ruraux de Noviodunum, Aegyssus et de Barboși ............................................................ 1. Introduction ................................................................................................ 2. Le dossier épigraphique du territoire rural de Noviodunum ...................... a. Le problème du uicus Nouiodunum ............................................................ b. Les inscriptions du milieu rural de Noviodunum .......................................

155 155 157 157 158

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Sommaire

ix

3. Le dossier épigraphique du territoire rural d’Aegyssus ............................. 4. Le dossier épigraphique de Barboși ........................................................... 5. Conclusions ................................................................................................

160 161 163

XII. La population dans le milieu rural de Troesmis ........................................... 1. Introduction ................................................................................................ 2. Le dossier épigraphique concernant la population des canabae et de l’établissement civil près des canabae ............................................... 3. La population dans le reste du territoire rural de Troesmis ........................ 4. Conclusions ................................................................................................

167 167

XIII. La population dans les milieux ruraux de Capidava et dans les villages situés entre Beroe, Cius et Carsium ...................................... 1. Introduction ................................................................................................ 2. Le dossier épigraphique sur la population du milieu rural de Capidava .... 3. Le dossier épigraphique sur la population rurale du territoire situé entre Beroe, Carsium et Cius .......................................... 4. Conclusions ................................................................................................

168 177 180 197 197 198 205 207

XIV. La population du milieu rural de Durostorum et dans les villages situés entre Durostorum et Axiopolis ................................... 1. Introduction ................................................................................................ 2. La population du milieu rural de Durostorum ............................................ 3. La population de la zone située entre Sacidava et Axiopolis ..................... 4. Conclusions ................................................................................................

217 217 218 223 227

XV. La population dans le milieu rural de la zone Transmarisca-Sexaginta Prista ............................................................ 1. Introduction ................................................................................................ 2. Le dossier épigraphique ............................................................................. 3. Conclusions ................................................................................................

239 239 239 242

XVI. La population du milieu rural de Novae ..................................................... 1. Introduction ................................................................................................ 2. Le dossier épigraphique ............................................................................. 3. Conclusions ................................................................................................

245 245 246 261

XVII. La population dans le milieu rural de Dimum ...........................................

275

XVIII. La population du milieu rural d’Oescus ................................................... 1. Introduction ................................................................................................ 2. Le dossier épigraphique ............................................................................. 3. Conclusions ................................................................................................

277 277 278 288

Quatrième partie Aspects sociaux, politiques, économiques et culturels de la vie rurale en Mésie Inférieure .....................................................................

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299

x

Sommaire

XIX. Les vétérans dans le milieu rural de Mésie Inférieure. Rôle social et politique ........................................................................................ 1. Introduction ................................................................................................ 2. Les ueterani consistentes ........................................................................... 3. Les vétérans ayant des propriétés dans le milieu rural de Mésie Inférieure ..................................................................................... 4. Les vétérans membres de l’élite locale ....................................................... 5. Les descendants des vétérans ..................................................................... 6. Conclusions ................................................................................................ XX. Soldats du milieu rural de Mésie Inférieure recrutés dans l’armée romaine ............................................................................. 1. Introduction ................................................................................................ 2. Les villages mentionnés comme sources de recrutement ........................... 3. Soldats provenant du milieu rural de la Mésie Inférieure? Probablement oui ........................................................................................ 4. Moments du recrutement ............................................................................ 5. Conclusions ................................................................................................ XXI. La population des villae en Mésie Inférieure : propriétaires et personnel administratif ................................................................ 1. Introduction ................................................................................................ 2. Le dossier épigraphique ............................................................................. 3. La langue des inscriptions et les dédicants ................................................. 4. Conclusions ................................................................................................ XXII. La « romanisation » des noms thraces dans le milieu rural de Mésie Inférieure .............................................................. 1. Introduction ................................................................................................ 2. Les noms mixtes thraces et romains dans le milieu rural de la Mésie Inférieure : le dossier épigraphique ......................................... 3. Conclusions ................................................................................................

299 299 299 301 311 313 315 329 329 329 331 334 336 339 339 340 344 348 353 353 354 358

Conclusions ......................................................................................................... 361 Bibliographie ....................................................................................................... 373 A. Éditions de sources littéraires et juridiques ............................................... 373 B. Ouvrages et articles ................................................................................... 373 Index des sources ................................................................................................. 402 Sources litteraires et juridiques ...................................................................... 402 Sources epigraphiques .................................................................................... 402 Index des localités anciennes et modernes ........................................................... 415

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REMERCIEMENTS Cet ouvrage représente le résultat de plusieurs années de recherche sur la population villageoise de la Mésie Inférieure, après avoir étudié les phénomènes de colonisation et d’acculturation dans cette province. Il faut d’abord remercier le Conseil National de la Recherche Scientifique de Roumanie (CNCS) pour avoir financé une série de projets. Le dernier, PN-III-P4-ID-PCE-2016-0271 (acronyme RIVSOC) m’a permis d’écrire ce livre. La recherche a été menée d’abord en Roumanie et je veux remercier tous mes collègues de la Faculté d’Histoire de Iași, qui constituent un collectif à l’intérieur duquel je suis formé et je travaille. Ils ont essentiellement contribué à mon développement scientifique et humain. Je mentionne surtout les professeurs et les collègues Mihail Vasilescu, Octavian Bounegru, Alexandru-Florin Platon, Petronel Zahariuc, Roxana Curcă, Iulia Dumitrache, qui m’ont constamment soutenu ces dernières années. Les documentations aux Universités d’Innsbruck, de Marbourg et de Trèves ont été très utiles afin de compléter les références bibliographiques de ce livre. Je suis reconnaissant notamment aux professeurs et collègues Hans-Joachim Drexhage, Kai Ruffing et Florian Krüpe (Marbourg), Christoph Schäfer et Patrick Reinard (Trèves), Robert Rollinger (Innsbruck), pour leur disponibilité et leur amitié. Je remercie également M. Ștefan Caliniuc, qui m’a beaucoup aidé dans la rédaction de ce livre. Je remercie infiniment Mme Dr. Virginie Davaze, qui a eu la patience de reviser le français du texte. Ce livre est dédié à ma famille : Maria et Virgil Mihailescu-Bîrliba, Nicoleta, Claudiu, Cristina et Petru. Grâce à eux, j’ai réussi à surmonter les difficultés apparues les dernières années ; sans eux, je n’aurais pas pu finir ce livre, qui constitue une partie infime de ma reconnaissance. La dédicace du début est pour mon fils Petru, mon support, ma force, ma puissance. Iași, le 12 juillet 2017

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ABRÉVIATIONS Les revues qui ne sont pas comprises dans cette liste ont le titre non-abrégé dans la bibliographie. AARMSI. Analele Academiei Române. Memoriile Secțiunii Istorice, Bucarest. AE. L’Année Épigraphique, Paris. AMN. Acta Musei Napocensis, Cluj-Napoca. AncSoc. Ancient Society, Louvain. ANRW. Aufstieg und Niedergang der römischen Welt, Berlin–New York. ArhMold. Arheologia Moldovei, Iași. AWE. Ancient West and East, Leyde, Louvain. BCH. Bulletin de Correspondance Hellénique, Athènes. BRGK. Bericht der Römisch-Germanischen Komision, Francfort/Main. Bulletin AIESEE. Bulletin de l’Association Internationale d’Études du Sud-Est Européen, Bucarest. CBI. Der römische Weihebezirk von Osterburken. Corpus des griechischen und lateinischer Beneficiarier-Inschriften des Römischen Reiches, Stuttgart. CCDJ. Cultură și civilizație la Dunărea de Jos, Călărași. CCET. Corpus Cultus Equitis Thracii, Leyde. CIL. Corpus Inscriptionum Latinarum, Berlin. Dacia N. S. Dacia Nouvelle Série. Revue d’archéologie et d’histoire ancienne, Bucarest. DHA. Dialogues d’histoire ancienne, Besançon. Diomedes NF. Schriftenreihe des Fachbereiches Altertumswissenschaften Alte Geschichte, Altertumskunde und Mykenologie der Universität Salzburg, Salzburg. EphNap. Ephemeris Napocensis, Cluj-Napoca. IDR. Inscriptiones Daciae Romanae, Bucarest–Paris. IDRE. Inscriptiones Daciae Romanae. Inscriptiones extra fines Daciae repertae, Bucarest. IGB. Inscriptiones Grecae in Bulgaria repertae, Sofia. IGLNovae. Inscriptions grecques et latines de Novae, Bordeaux. IGRR. Inscriptiones Graecae ad Res Romanas Pertinentes, Paris. IK. Inschriften griechischer Städte aus Kleinasien, Bonn. ILAlg. Inscriptions latines d’Algérie, Paris. ILB. Inscriptiones Latinae in Bulgaria repertae, Sofia. ILD. Inscripții latine din Dacia, Bucarest. ILJug. Inscriptiones Latinae quae in Jugoslavia repertae et editae sunt, Ljubljana. IOSPE. Inscriptiones antiquae orae septentrionalis ponti euxini Graecae et Latinae per annos 1885– 1900 repertae, St. Petersburg. IPOstie. Inscriptions du port d'Ostie, Lund. ISM. Inscriptiones Scythiae Minoris, Bucarest–Paris. JRA. Journal of Roman Archaeology, Portsmouth, Rhode Island. JRS. Journal of Roman Studies, Londres. MBAH. Münstersche (Marburger) Beiträge zur antiken Handelsgeschichte, St. Katharinen, Rahden/Westf. MEFRA. Mélanges de l’École Française de Rome – Antiquité, Rome. Peuce S. N. Peuce Serie nouă. Studii și cercetări de istorie și arheologie, Tulcea.

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Abréviations

PIR. Prosopographia Imperii Romani, Berlin. RE. Rean Encyclopädie der classichen Altertumswissenschaft, Stuttgart. REA. Revue des Études Anciennes, Bordeaux. Revista CICSA. Revista Centrului de Istorie Comparată a Societăților Antice, Bucarest. RGZM. Römische Militärdiplome und Entlassungsurkunden in der Sammlung des RömischGermanischen Zentralmuseums, Mainz. RIB. The Roman Inscriptions of Britain, Oxford. RIS. Die römerzeitlichen Inschriften der Steiermark. RIU. Die römischen Inschriften Ungarns, Budapest. RMD. Roman Military Diplomas, Londres. SAA. Studia Antiqua et Archaeologica, Iași. SCIV(A). Studii și cercetări de istorie veche (și arheologie), Bucarest. ZPE. Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik, Bonn.

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Carte de la Mésie Inférieure © 2018, Otto Harrassowitz GmbH & Co. KG, Wiesbaden ISBN Print: 978-3-447-11062-4 ISBN E-Book: 978-3-447-19781-6

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INTRODUCTION 1. Préambule Le monde rural romain a constitué, depuis un certain temps, un sujet qui a fait couler beaucoup d’encre, surtout par les nouvelles sources épigraphiques et fouilles archéologiques. Réaliser ici un bilan de la recherche signifie entreprendre une démarche qui peut représenter elle-même l’objet d’un livre et qui ne serait que partiellement pertinente pour notre ouvrage. Je me contenterai, par conséquent, de rappeler seulement quelques directions principales de recherche concernant particulièrement la population dans le milieu rural, en présentant les résultats importants, et de remarquer comment l’étude de la population dans un tel milieu peut influencer notre travail, qui traite un espace bilingue et périphérique de l’Empire romain : la province romaine de Mésie Inférieure. Le bilan de la recherche sera ainsi incomplet, mais je ne présenterai que d’une manière succincte les travaux qui m’ont semblé plus pertinents pour notre démarche. Les recherches qui ont visé le monde rural de l’Imperium Romanum ont suivi trois catégories principales d’approche : l’une, qui est liée aux sources littéraires et juridiques et qui est orientée surtout vers la terminologie et le statut juridique des communautés villageoises ; la deuxième, attachée à l’étude des inscriptions, correlant les aspects juridiques avec les aspects sociaux et économiques de ce milieu ; enfin, la troisième, représentée par les fouilles archéologiques qui dévoilent non seulement une architecture et une reconstruction des villages et de diverses structures de bâtiments dans les communautés rurales, mais qui fournissent également des informations importantes sur la vie économique et culturelle de ces communautés.

2. Bref regard sur l’historiographie concernant le monde rural dans le monde romain Mon ouvrage portera sur la population du milieu rural en Mésie Inférieure et les principales sources concernant ce sujet sont les inscriptions. Ainsi, le travail sur les sources épigraphiques constituera l’approche la plus importante. Je ferai toutefois appel à l’archéologie et même aux sources littéraires ou juridiques lorsque cela sera nécessaire. Les débats autour de la terminologie concernant les établissements ruraux ont été nombreux et des définitions sont difficiles à établir. M. Tarpin a synthétisé ces essais pour adopter diverses dénominations pour les structures rurales en constatant, en fait, qu’une analyse des termes offrira tout simplement une « vision plus large de l’usage que les

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Introduction

Anciens ont pu faire d’un mot » 1. Il se réfère aussi au sens de « bâtiment » du uicus 2. Tarpin ne parle pas d’une manière directe de la population ; il essaye de refaire une carte des uici dans l’ouest de l’Empire, en observant une concentration plus grande entre le limes germanique et le Rhin, due certainement à la présence militaire romaine, mais non dans toutes les situations rencontrées 3. Pour les Gemanies, le commerce le long des routes a favorisé la permanence des agglomérations rurales dans ces régions 4. M. Tarpin écrit sur les relations armée/milieu civil et rural dans les provinces occidentales de l’Empire : « Autrement dit, le déplacement de l’armée vers l’est et le limes a déclenché deux phénomènes indépendants, mais complémentaires : d’une part l’obligation d’organiser laprovince selon un modèle civil – en ciuitates –, d’autre part le besoin de suppléer à un vide en matière de romanisation créé par le départ de l’armée. Le uicus, centre urbain de type italien, avec son forum, ses thermes, etc…, constitue un bon foyer de romanisation, selon un procédé déjà utilisé ailleurs » 5. En effet, pour l’Occident romain, le uicus représente souvent une structure qui a des caractéristiques urbaines, désignées avec les mots « Städtchen » 6 ou « small town » 7. L’historiographie française utilise le terme d’« agglomération secondaire » en le distinguant du uicus 8. L’élément le plus important du uicus en Occident est le caractère urbain selon Tarpin ; le terme doit être opposé à celui de pagus, dénominant un territoire rural ou au moins hors de la ville 9. Les inscriptions concernant les Pannonies, par exemple, prouvent que, dans certaines, le uicus était une partie composante d’un pagus 10, mais aussi d’une ciuitas 11. En Espagne, les pagi se présentent comme « subdivision administrativement autonome d’une cité » 12. Les uici, selon Tarpin, « n’étaient pas des agglomérations, ou mieux, des communautés vernaculaires, mais au contraire des structures établies par l’autorité romaine en des lieux précis, et destinés à des catégories de population précises » 13. Il conclut que l’« on constate d’une part, comme l’avait fait J. C. Mann pour la Bretagne, que la présence militaire est insuffisante à provoquer un réflexe épigraphique chez les populations civiles » 14. De toute façon, les uici restent des noyaux d’acculturation et l’epigraphic habit est romain 15. Pour les provinces gallo-germaniques, les uici qui se développent autour des ciuitates et dans les ciuitates indigènes 16 sont également particuliers.

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Tarpin 2002, 1–3, avec la bibliographie. Tarpin 2002, 283–284. Tarpin 2002, 256–257. Strobel 1991, 51–52. Tarpin 2002, 258. Schleiermacher 1968, 442. Wacher 1974, 20 ; Burnham, Wacher 1990 ; Sawyer 2002, 62 ; Taylor 2013, 413–432. Voir, par exemple Le Roux 1994, 159–160. Tarpin 2002, 244. Voir les pagi en Afrique chez Aounallah 2010, 59–118. CIL VI 3297, 32713, RMD IV, 311 ; voir aussi Kovács 2013, 136–137. Voir Kovács 2013, 137 Le Roux 2009, 25 Tarpin 2002, 86. Tarpin 2002, 260. Cf. Mann 1985, 205. Tarpin 2002, 260. Voir sutout Tarpin 2002, 261 sqq., avec la bibliographie.

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En disant cela, on constate qu’un autre sujet a été constitué par l’importance du milieu rural en tant que scène d’interaction de plusieurs cultures. D’un autre point de vue, cette scène a joué un rôle important pour la transformation dans le sens urbain de ces communautés villageoises. Dans les provinces situées à l’Est des Alpes, l’émergence d’un urbanisme dû à l’interaction des militaires aux indigènes est remarquable au premier siècle ap. J.-C. 17 En Germanies, beaucoup de uici militares sont à l’origine du développement des cités à caractère civil, où l’élément romain dans le réseau routier et l’aménagement des édifices publics est dominant 18. Pourtant, les habitats urbains des Germanies ont une évolution différenciée (Cologne et Xanten, par exemple) 19. La même situation est rencontrée en Pannonies : les uici militares, situés le long des routes, influencent l’apparition et l’évolution des établissements ruraux 20. Une situation différente se trouve en Gaule, où l’on observe l’implication des colons civils et des militaires dans le développement des structures urbaines provinciales 21. Je reviendrai sur la question des uici militares et de l’interaction de l’armée avec le milieu rural civil. Dans d’autres provinces, comme les Espagnes, les uici attestés par les inscriptions portent pour la plupart des noms indigènes et ont probablement une population majoritairement indigène 22. En Dacie, le réseau routier, les édifices publics, la technique de construction sont des structures de type romain 23. Dans son étude (très compétente d’ailleurs) sur la romanisation de la Dacie, I. A. Oltean entreprend une analyse sur les villes et des structures rurales de cette province en partant surtout d’une perspective archéologique (où les prospections photo-aériennes occupent une place importante dans ce type d’analyse). Oltean observe que les établissements indigènes de type hillforts ou tower-houses disparaissent à l’époque romaine ; en outre, tout de suite après la création de la province, Trajan envisage des mesures concernant la fondation de nouvelles cités 24. C’est aussi vrai que, selon les sources épigraphiques, les indigènes sont à peine présents 25. I. A. Oltean est d’accord, en suivant d’ailleurs D. Ruscu 26, que les Romains ont procédé à la destruction des fortifications daces 27. Elle fait pourtant une distinction entre l’élite politique et l’élite économique, en affirmant que, malgré le fait que l’élite politique ait disparu, l’élite économique a survécu, même si elle est difficile à identifier 28. De toute façon, le rôle le plus important dans le développement de l’urbanisme en Dacie appartient aux colons, les anciens vétérans des guerres daciques, qui ont formé

17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28

Mikl Curk 1991, 249. Okun 1991, 435 ; Gechter 1991, 439–441. Weiler 2007, 371–390. Kovács 2013, 132. Esmonde Cleary 2007, 28–40 ; Laurence, Esmonde Cleary, Sears 2011, 96. Curchin 1985, 328–338. Voir surtout Piso 2006 ; Oltean 2007, 210, 218. Oltean 2007, 210, 222. Voir Mihailescu-Bîrliba 2011c. Ruscu 2003 ; Ruscu 2004, 75–85. Oltean 2007, 223. Oltean 2007, 237.

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également l’élite provinciale au début de la province 29, puis les civils comme les Italiens et les gens des provinces hellénophones 30. La « romanisation » du paysage villageois est un autre problème sur lequel on a beaucoup écrit, et c’est l’archéologie qui a eu un rôle important dans cet aspect de la recherche. En effet, la cadastration et l’apparition et l’évolution des fermes de type romain représentent un aspect peu traité jusque dans les années 80 du siècle passé, mais bien détectable sur le terrain et auquel on accorde une attention de plus en plus consistante. Cet élément de la romanisation est observé comme l’un des plus important dans la romanisation de l’Italie-même 31. Pour les provinces comme les Gaules et la Bretagne, la transformation du paysage rural est peut-être considérée comme l’élement archéologique le plus visible concernant l’acculturation 32. Hormis la cadastration, il faut aussi remarquer l’apparition et le développement des uillae rusticae, mais comme dans le cas des autres éléments d’acculturation, leur présence diffère non seulement d’une province à l’autre, mais également dans le cadre de la même province. La manière d’évolution de ces uillae est aussi différente. Ainsi, en Bretagne, les uillae émergent peu après la conquête romaine, en adoptant, dans ses grandes lignes, le modèle romain 33. À Beaurieux, Les Grèves (sur la vallée de l’Aisne), les fermes de type « indigène » connaissent une évolution vers les formes romaines d’organisation 34. G. Woolf observe d’ailleurs d’autres formes d’émergence de la uilla en Gaule : d’un côté, une dispersion générale de l’ancien établissement autochtone et l’apparition des fermes romaines dans les espaces vides de l’établissement dispersé ; de l’autre côté, le choix individuel des propriétaires d’origine locale dans la transformation architecturale « romaine » des fermes ; enfin, il y a beaucoup de uillae qui sont créées autour des villes, car les villes représentaient un bon marché pour le commerce des produits ruraux 35. De la même manière, la transformation du paysage rural en Aquitaine se passe lentement : les premiers changements visibles dans ce paysage se réalisent sous Auguste 36. La région de Lyon, au contraire, semble se romaniser plus vite du point de vue de l’émergence des uillae 37. On peut dire que le début du premier siècle ap. J.C. représente la période de l’implantation de la viticulture de type romain dans la même région 38. L’analyse de ces structures dans la région des Bituriges (Gaule centrale) a montré que cette tribu a bien assimilé les apports romains ; les uillae, même si elles présentent des caractéristiques propres à l’urbanisme, sont pourtant conçues dans des buts agricoles et d’occupation du sol 39. Pour le territoire de la cité d’Augustonemetum (en Auvergne), les prospections ont relevé des uillae apparemment très riches ; la question sur les possibles 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39

Oltean 2007, 222. Mihailescu-Bîrliba 2006, 312–315 ; Mihailescu-Bîrliba 2011c, 42–46. David 1996, 178 ; Linke 2006, 65–94 ; Brigand 2009, 7–40. Saddington 1991, 413 ; Bloemers 1991, 452 ; Snape 1991, 469 ; Woolf 1998, 144–158 ; Petts 1998, 79– 94 ; Davies 2002, 191 ; Esmonde Cleary 2007, 99–102. Smith 1997, 278. Woolf 1998, 149. Woolf 1998, 152–158. Laüt, Petit-Aupert, Vergain 2005, 351–353. Esmonde Cleary 2007, 99–102. Vernon, Bertault 2005, 366–367. Leday 1980, 427–428

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propriétaires reste pourtant ouverte 40. L’image des dernières recherches (et cela n’est pas valable seulement pour les Gaules) est celle des communautés rurales qui ne sont pas inflexibles, mais qui, au contraire, présente une disposition importante pour leur transformation. Bien sûr, la situation est loin d’être uniforme dans toutes les provinces. La transformation du paysage rural en Lusitanie, graduelle et inégale dans les diverses régions 41, montre aussi que les uici présentent des caractéristiques urbaines ; parfois, ils se transforment en villes 42. La zone montagnarde de l’Afrique du nord est beaucoup plus conservatrice 43 mais il y a des régions où le paysage rural se transforme en sens romain 44. Un autre parámètre important de la transformation du paysage rural est constitué par l’adoption des techniques agraires utilisées par les Romains, techniques qui ne sont pas attestées chez les populations indigènes. Ainsi, en Bretagne romaine, on distingue des régions où ces régimes agraires sont différents : l’une, où la production des céréales (qui n’est pas ou qui est peu rencontrée chez les tribus autochtones) est réalisée d’une manière plus généralisée (en Northumbrie), et le reste de Bretagne, où il y a une production des céréales à dimensions beaucoup plus réduites 45. En Norique, à partir de la fin du Ier siècle, les colons romains se sont établis à la campagne et les uillae sont documentées du point de vue archéologique 46. Les uillae représentent le résultat de l’enculturation (l’influence des élites locales, à leur tour influencées par les Romains) 47. En Lusitanie, le phénomène du déforestage, lié à l’exploitation des mines, a changé la vision de la propriété et l’usage du terrain, en modifiant les techniques d’exploitation agricole et l’élevage 48. La Syrie romaine connaît également des zones différentes concernant la cadastration et les uillae de type romain 49. Pour la Dacie romaine, le mérite d’avoir repris les investigations du paysage rural grâce aux recherches aérophotographiques appartient à I. A. Oltean 50. Elle a réussi à identifier un nouveau village (celui de Berghiu) 51, mais aussi à remettre en discussion les formes d’organisation des uillae 52. Ainsi, dans le cas de Cinciș (où il y avait une nécropole investiguée par Floca et Valea, attribuée aux Daces et, par extension, le village auquel appartenait la nécropole a été considéré un village dace 53), les recherches effectuées par 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50

Trément, Dousteyssier 2003, 661–676. Voir par exemple Sillières1994, 89–98. Edmondson 1994, 18–21. Cherry 1998, 158–159. Panero 2008, 907–916. Von Der Ween 1991, 446–450. Mikl Curk 1991, 249. Petts 1998, 79–94. Edmondson 1994, 21–25. Tate 1992, 227–239 ; Beyer 1998, 183–184. Les recherches archéologiques concernant le milieu rural de la Dacie romaine ont été publiées soit en soutenant la thèse de la continuité daco-romaine (voir par exemple Protase 1998, 79–100), soit comme rapports de fouilles plutôt qu’essais de synthèse (voir plus récemment Husar, Man 1998, 57–77 ; Alicu 1998, 127–160 ; Moga 1998, 161–168 ; Mitrofan 1998, 169–172). Une approche épigraphique assez consistante concernant les uillae de la Dacie Inférieure a été achevée par Gh. Popilian et D. Bălteanu (1998, 173–188). 51 Oltean 2007, 145, fig. 5.18, 5.19. 52 Oltean 2007, 180 sqq. 53 Floca, Valea 1965, 163–193.

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Oltean montrent qu’il y avait une uilla de type romain dans la proximité du cimetière 54. Un autre constat est celui que même si, selon les fouilles archéologiques, les uillae de Dacie semblent être moins riches que celles des autres provinces de l’Occident romain, elles occupent des surfaces comparables 55. Il faut ajouter que l’évidence épigraphique atteste des vétérans, des membres de l’élite, des colons qui sont romanisés au moins du point de vue de l’usage de la langue latine 56. Je reviens sur la question de l’armée et le milieu rural. Les études sont nombreuses et elles comportent des approches aussi bien archéologiques qu’épigraphiques. Le problème des uici militares et des canabae a été discuté au fur et à mesure que les nouvelles découvertes archéologiques et épigraphiques ont enrichi la base documentaire. En ce qui concerne la dualité terminologique uicus militaire-canabae, F. Bérard est d’avis que dans diverses provinces (les Gaules, les Germanies, l’Afrique), du moment où les uici sont mentionnés près des camps militaires, l’usage du terme de canabae est davantage l’expression d’un jargon militaire que d’un autre type d’établissement 57. Je crois qu’il a partiellement raison ; les sources épigraphiques sont encore trop laconiques pour nous fournir plus d’informations ; en outre, que peut-on dire des uici situés près des camps des auxilia ? Les travaux de C.S. Sommer sur les uici militares en Bretagne et dans le sud et le sud-ouest de l’actuelle Allemagne ont cherché, au-delà de faire une typologie de l’architecture de ces établissements, à analyser les relations des militaires avec les communautés civiles autour du camp 58. Il s’agit d’abord des marchés et du commerce (surtout pour les street-type uici) 59, des ateliers qui fabriquent des objets pour les militaires (dans une mesure plus large) et pour les civils 60, de la cohabitation des civils avec les conuentus des vétérans, de l’existence des uillae (à partir de l’époque romaine, sans avoir un précédent de type indigène) 61. Il faut également remarquer que les centres militaires de Germanie supérieure constituent la base du développement des futures ciuitates et municipia 62. L’armée a été utilisée dans cette région « as a deliberate instrument of colonisation and settlement » 63. Pourtant, les relations concrètes entre les militaires et les indigènes sont, pour certaines régions, encore au niveau des hypothèses 64, en tenant compte du fait que les sources épigraphiques sont répandues d’une manière inégale dans l’Empire romain. Commençons par un bref regard sur la situation dans les diverses provinces de l’Imperium Romanum. En ce qui concerne la Bretagne, L. Allason-Jones, par exemple, constate une croissance de la production des petits objets dans les établissements ruraux en Northumbrie après l’installation de l’armée romaine 65. Une situation pareille est rencontrée 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65

Oltean 2007, 193. Oltean 2007, 202. Par exemple, IDR III/2, 110, 113, 366, 369, 370, 391, 405, 452, 500 etc. Bérard 1993, 61–90. Voir aussi la critique Suceveanu 1998a, 11–23. Mon avis est exprimé dans le texte. Sommer 1984 ; Sommer 1988, 457–707 ; Sommer 1999, 81–93 ; Sommer 2001, 47–70 ; Sommer 2006, 95–145. Sommer 2006, 117–118. Sommer 1999, 90 ; Sommer 2006, 132. Sommer 1999, 92. Sommer 1999, 92. Sommer 1999, 92. Sommer 1999, 89. Allason-Jones 1991, 3. Si l’on pense que dans l’économie locale indigène la monnaie n’était pas

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dans le sud de la Bretagne 66. La consommation des produits dans les provinces où ceux-ci sont importés est visible dans les milieux ruraux, après l’occupation de l’armée romaine. L’huile d’olive a été utilisée dans cette province par les soldats pour la première fois, mais, peu après, les amphores de type Dressel 20 ont été trouvées dans les établissements indigènes 67. En Norique, il y avait des cas où les communautés villageoises locales étaient capables de produire leurs propres biens mais, après les guerres marcomanes, l’influence de l’armée est décisive 68. Les amphores d’huile et de vin sont également présentes dans les uici militares et les canabae en Germanie Supérieure 69. Les travaux pour l’infrastructure des villages sont exécutés par les soldats 70. En Afrique, on remarque aussi la pénétration des objets militaires romains dans le milieu rural civil 71. Un aspect important pour cette interaction militaire/civil dans les provinces est constitué par la résidence des beneficiarii dans les territoires ruraux 72. Les troupes font pratiquement institutionaliser le commerce dans les communautés villageoises. On remarque dans ces communautés la pénétration des produits de Méditerranée dans les provinces septentrionales de l”Empire – les Germanies et la Bretagne (fibules, sigillée, vin, huile, olives etc.). Ainsi, on remarque l’émergence d’une business class dans ces provinces 73. En Lugdunaise, l’exploitation du marbre et la fabrication des monuments en marbre commencent avec les Romains, l’armée ayant une influence décisive dans ce sens 74. En Bretagne, l’émergence et le développement des ateliers dans les campagnes sont visibles dans les zones situées près des établissements militaires 75. Quant à la population du milieu rural et à sa dynamique, les inscriptions des diverses régions n’ont pas attiré l’attention d’une manière suffisante pour qu’elles fassent l’objet d’une synthèse. On dispose pourtant des textes (du plus long au plus court et du plus approfondi au plus synthétique) qui traitent un tel sujet. Certains auteurs s’occupent de l’origine de certaines catégories sociales des villages. Dans une étude plutôt consacrée aux élites locales, M. Tarpin constate que pour Pompéi, une partie des magistri uici étaient des descendants d’immigrés, tandis que dans d’autres régions de l’Italie, les magistri ne sont que rarement apparentés aux notables locaux ; dans les Gaules, ils appartiennent surtout aux familles locales 76. Par contre, les magistri pagi ont parfois ouvert une carrière municipale ; dans le territoire de Narbonne, on identifie même des membres des familles locales 77.

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utilisée, alors il faut se demander quel type de produits était mis en commerce (voir aussi Haynes 2002, 116). Les petits objets constituent une des réponses plausibles. Davies 2002, 169–203. Funari 2002, 253–263. Mikl Curk 1991, 250. Okun 1991, 435 ; Gechter 1991, 440–441. Sommer 1991, 472. Corey Brennan 2008, 257–260. Voir par exemple Snape 1991, 469. Verboeven 2007, 259–311. Voir aussi Wierschowski 1984, 31–47 ; Wierschowski 2002, 264–292 ; Speidel 2009, 541. Esmonde Cleary 2007, 102–104. Haynes 2002, 116 ; Davies 2002, 172–173 ; Whittaker 2002, 233–234. Tarpin 2003, 261–262. Tarpin 2003, 262–264.

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Parfois, ces études visent une région, comme le territoire d’Augusta Emerita 78. Il y a aussi des articles consacrés pour une seule entité rurale. Par exemple, les inscriptions du uicus Ratumagus, du territoire de la cité de Caesaromagus, en Gaule Belgique, font preuve d’une population indigène, mais aussi des descendants affranchis des familles sénatoriales qui ont eu des charges dans la province 79. Pour le territoire des Séquanes, en Germanie Supérieure, l’onomastique est principalement celte, mais on constate progressivement l’adoption des noms mixtes ; pourtant, l’évidence épigraphique est en faveur de noms celtes79F80. Dans une étude de référence, où elle réalise une approche onomastique pour les cités de la Gaule centrale, sans distinguer le milieu rural des villes, M. Dondin-Payre constate que, pour les citoyens, les noms commencent à se latiniser, mais la population indigène reste majoritaire80F81 ; pour les pérégrins, l’onomastique-même est majoritairement celte 82. Par contre, en ce qui concerne le territoire des Trévires, M.-Th. Raepsaet-Charlier constate une proportion plus large de noms pérégrins à la campagne que dans la cité. Cela ne veut pas dire, pourtant, que les indigènes n’étaient pas majoritaires dans la cité ; leurs noms sont, de toute façon, fortement latinisés 83. Chez les Nerviens et les Rèmes en Gaule Belgique, les situations sont différentes : le chef-lieu des premiers ne semble pas plus romanisé du point de vue onomastique que le territoire, tandis que chez les Rèmes, les pérégrins sont majoritaires dans le chef-lieu 84. Pour la Germanie Inférieure, une comparaison entre ville et campagne est impossible, à cause de la séparation des inscriptions ; pourtant, dans la cité des Tongres, la grande majorité des textes provient du territoire et l’on constate une forte latinisation des noms 85. Les questions sur ce processus chez les indigènes (à savoir s’il y aurait eu une action dirigiste de l’État, ou, au contraire, si l’octroi de la citoyenneté n’aurait pas mené à une latinisation volontaire ; ou encore, si le territoire de quelques cités n’était pas dépeuplé au point que l’État aurait déterminé un nouvel apport de populations 86) restent ouvertes et j’essayerai de les rediscuter dans cet ouvrage.

3. Bref regard sur l’historiographie concernant le monde rural en Mésie Inférieure La Mésie Inférieure a constitué l’objet de deux synthèses concernant le milieu rural. Une est due à M. Bărbulescu et traite seulement de la partie septentrionale de la province (l’actuelle Dobroudja, sur le territoire de la Roumanie) 87, l’autre a été achevée par A. Bâltâc et concerne l’ensemble de la province 88. Tandis que M. Bărbulescu a une approche surtout 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88

Ramírez Sádaba 1994, 131–147. Blanchard 2011, 37–40. Daubigney 2011, 88–98. Dondin-Payre 2001, 225–227. Dondin-Payre 2001, 295. Raepsaet-Charlier 2001a, 393–394, 397. Raepsaet-Charlier 2001b, 427–428. Raepsat-Charlier 2001b, 459, 464. Raepsaet-Charlier 2001b, 464. Bărbulescu 2001. Bâltâc 2011.

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épigraphique, A. Bâltâc propose une analyse des inscriptions, mais aussi un répertoire archéologique. Les autrices parlent de l’organisation des communautés villageoises, des structures sociales, de l’occupation du sol, dans la mesure où les sources le permettent ; à la fin de son ouvrage, A. Bâltâc dresse des tableaux où sont présentés tous les personnages mentionnés dans les inscriptions du milieu rural. Je ne vais pas reprendre ces tableaux, car au-delà de ses mérites en achevant ce livre, A. Bâltâc commet plusieurs erreurs concernant soit le statut juridique de ces personnes, soit des lectures inadéquates. Ceux-ci seront rappelés dans le cadre de l’analyse des dossiers épigraphiques que j’accomplirai dans les chapitres suivants. Revenant à ces deux ouvrages de synthèse, il faut dire que la dynamique de la population ne constitue pas un sujet séparé : les deux autrices parlent de l’ethnicité, de la colonisation romaine et de la romanisation, sans fournir une vision holistique sur cette dynamique. Cela, comme je l’ai déjà affirmé, ne diminue pas leurs mérites : comme nous le verrons, l’étude de la population, en reprenant le dossier épigraphique, peut former ellemême le sujet d’un travail séparé. Ces ouvrages ont été précédés par d’autres travaux, dont je rappellerai seulement une partie. Sans évoquer tous les articles et les ouvrages, je mentionnerai seulement ceux qui me semblent les plus importants. Le mérite d’avoir ouvert les recherches pour le milieu roumain revient à V. Pârvan, qui a non seulement publié des inscriptions provenant de ce milieu, mais a aussi réalisé des fouilles archéologiques à Ulmetum et des investigations de surface dans le territoire d’Istros 89. L’historiographie roumaine, bulgare et appartenant aux autres écoles sur le milieu rural de Mésie Inférieure a comporté des étapes diverses, en fonction de la manière d’approche. Malheureusement, chez les historiens et archéologues roumains et bulgares la plupart de ces travaux ont été réalisés dans leur langue d’origine, ce qui rend difficile l’accès direct. Il est vrai qu’ils sont accompagnés par des résumés en anglais ou français, mais on ne peut pas disposer de toutes les informations. En ce qui me concerne, même si le roumain est ma langue maternelle, le bulgare m’est complètement inconnu et j’ai fait appel aux résumés lorsque j’ai consulté ces articles ou livres. Hormis ces études, jusqu’aux années 2010, les parties septentrionale et méridionale de la province étaient traitées séparément, correspondant aux territoires modernes de la Roumanie et de la Bulgarie. Ces dernières années, la situation s’est beaucoup améliorée de ces deux points de vue ; d’un côté, on constate une parution prédominante en langues de circulation (anglais, français, allemand, italien) ; de l’autre côté, une recherche qui dépasse les frontières modernes (surtout pour les ouvrages d’histoire et moins pour ceux traitant d’archéologie). Revenant aux manières d’approche, on remarque d’abord qu’il y a eu des fouilles archéologiques dans les villages romains, les publications de ces fouilles se caractérisant plutôt par un technicisme exprimant un rapport de fouilles (général ou par des catégories de matériaux). Il en a résulté des travaux utiles, sans que les auteurs aient une vision intégratrice sur la campagne romaine dans cette province. Les recherches de surface systématiques menées par A. Avram, O. Bounegru, C. Chiriac, V. Lungu et d’autres collaborateurs ont identifié de possibles établissements ruraux romains et ont mis au jour les villages romains d’Histria B et de Cogealac, dans le territoire d’Istros 90. Les sites 89 Pârvan 1912, 497–607 ; Pârvan 1913, 467–551 ; Pârvan 1914, 329–420 ; Pârvan 1916, 533–572. 90 Lungu, Bounegru, Avram 1984, 100 ; Avram, Bounegru, Chiriac 1985, 113–124 ; Alexandrescu, Avram, Bounegru Chiriac 1986, 243–253 ; Avram, Bounegru, Chiriac 1987, 327–336 ; Lungu,

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archéologiques ont des dimensions moyennes et on peut parler des agglomérations rurales, sans ne rien savoir sur leur statut et sur leur forme d’organisation. Sur le même territoire, A. Suceveanu a entrepris des recherches dans le village de Fântânele, en publiant la monographie de cet habitat 91. Il faut aussi remarquer les contributions de V. H. Baumann concernant le milieu rural de la partie septentrionale de la province, surtout celles concernant les uillae et les habitats de dimensions moyennes 92. Même si parfois les interprétations des trouvailles (surtout celles des inscriptions) restent discutables, les fouilles de Baumann ont enrichi la connaissance sur les établissements ruraux en Mésie Inférieure à l’époque romaine. Les résultats de l’habitat rural de Niculițel ont été publiés récemment et, même s’ils ne constituent pas uniquement un rapport de fouilles, on peut dresser une image d’une uilla de l’époque du Haut-Empire 93; la plupart des fouilles ont mis au jour un établissement du Bas-Empire, mais il est possible que la uilla antérieurement mentionnée fasse partie d’une structure villageoise plus large. Il faut ensuite remarquer les recherches effectuées dans les territoires situés à proximité des camps militaires par A. Suceveanu, M. Zahariade et leurs collaborateurs à Halmyris 94, par P. Donevski à Durostorum 95, par P. Dyczek 96, T. Sarnowski et ses collaborateurs à Novae 97, par A. Poulter à Nicopolis ad Istrum 98 et par G. Kabakchieva à Oescus 99. En ce qui concerne Novae, les plus importants résultats concernent l’identification des canabae legionis (à proximité du camp) et du uicus situé à Ostrite Mogili (environ 2,5 km est du camp), par l’intermédiaire des recherches non-intrusives 100. Les investigations de ce type, récemment effectuées par A. Tomas ont contribué d’une manière décisive à cette identification 101. Une autre voie d’approche est celle plus historique, fondée surtout sur les inscriptions. La littérature à ce propos est riche, mais il est difficile de l’ordonner sur un critère quelconque, puisque jusqu’aux synthèses mentionnées auparavant, la vie rurale n’a pas constitué le sujet des études générales. Elle a été traitée, par exemple, dans des travaux concernant la romanité et la romanisation, comme ceux de B. Gerov 102, ou des aspects particuliers de la vie villageoise. V. Velkov, par exemple, a écrit sur la localisation de quelques villages en Mésie Inférieure 103, tandis qu’O. Bounegru 104 et A. Avram 105 ont Bounegru, Avram 1990, 161–175. 91 Suceveanu 1998b. 92 Baumann 1972, 45–52 ; Baumann 1983 ; Baumann 2003a, 255–232 ; Baumann 2004, 107–115 ; Baumann 2007, 187–204. 93 Nuțu, Paraschiv, Stanc 2014, 21–43. 94 Suceveanu, Zahariade, Topoleanu, Poenaru-Bordea 2003, avec la bibliographie. Voir aussi Zahariade, Phelps 2002, 230–245 ; Zahariade, Karavas 2015, 575–584. 95 Donevski 1990, 931–939 ; Donevski 1991, 277–280 ; Donevski 2009, 105–130. 96 Voir surtout Dyczek 2005, 55–71, avec bibliographie. 97 Sarnowksi, Kovalevskaja, Tomas 2008, 153–172 ; Sarnowski, Chowaniec. Kovalevskaja, Tomas, Zakrewski 2011-2012, 75–90 ; Sarnowski et alii 2014, 177–203 ; Sarnowski 2016, 175–188. 98 Poulter 1995, avec la bibliographie. 99 Kabakchieva 1996, 91–114 ; Kabakchieva 2014, 181–193, avec la bibliographie. 100 Sarnowski et alii 2014, 198–202. 101 Tomas 2011, 59–72 ; Tomas 2012, 157–161, Tomas 2013, 197–206 ; Tomas 2014, 205–212 ; Tomas 2015a, 881–888 ; Tomas 2016a, passim ; Tomas 2016b, 191–204. 102 Gerov 1954, passim ; Gerov 1971, 169–180 ; Gerov 1977, 299–309. 103 Velkov 1970, 55–60. 104 Bounegru 1986a, 59–73.

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publié des études sur les communautés de ciues Romani consistentes dans la partie du nord de la Mésie Inférieure. À mon avis, la contribution d’A. Avram reste celle qui fait non seulement l’état de la question, mais qui distingue bien les types des communautés qui résidaient les villages. O. Bounegru a parlé également de la romanisation du milieu rural, en traitant seulement l’aspect onomastique et non d’autres questions à cet égard 106. Sur le territoire d’Istros se sont prononcés, parmi les autres, A. Avram 107 et F. Matei-Popescu 108. Ils arrivent à la conclusion que la regio, séparée du territorium, représente une solution pour les citoyens et pour les vétérans d’échapper à l’autorité pérégrine 109. Une organisation pareille semble avoir également existé sur le territoire de Tomi, même s’il n’y a pas une regio mentionnée dans les inscriptions 110. Ce sont aussi les conclusions qui se dégagent des articles de M. Bărbulescu et de L. Buzoianu 111. M. Bărbulescu et L. Buzoianu sont les seules qui ont écrit un article où elles parlent explicitement de la population du territoire rural de Tomi. Elles dressent un inventaire des textes épigraphiques, en précisant, correctement, à mon avis, les étapes de la colonisation romaine dans le milieu rural de cette cité. M. Bărbulescu et L. Buzoianu se penchent ensuite vers les noms des localités, en essayant d’identifier les composantes indigènes et grecques, tout en soulignant l’apport essentiel de l’armée romaine dans ce territoire et le rôle des communautés de ciues Romani consistentes 112. En continuant avec les contributions plus notables sur les communautés rurales en Mésie Inférieure de la perspective historique, il faut souligner l’étude de synthèse de R. Ivanov et de K. Luka 113 pour Montana, tout comme les articles de J. Kolendo 114, T. Sarnowski 115 et A. Tomas 116 pour Novae, d’I. Boyanov 117 et de K. Stoev 118 pour Oescus. Dans le cas de Novae, Kolendo et Sarnowski ont publié plusieurs inscriptions provenant surtout des canabae, tandis que concernant Oescus, les auteurs cités ont étudié la transformation urbaine de la cité et le rôle des vétérans dans les établissements situés dans la proximité. On ne peut pas terminer cette approche historiographique sans rappeler un volume collectif consacré au village (où plusieurs auteurs se sont occupés de Mésie Inférieure) et quelques contributions récentes de synthèse concernant le milieu rural de cette province. Le volume constitue le résultat d’un colloque roumano-suisse organisé à Tulcea, ayant comme thème La vie rurale dans les provinces romaines : uici et uillae. Publié en 1998, cet ouvrage comprend cinq travaux concernant la Mésie Inférieure, appartenant à O. 105 106 107 108 109 110 111 112 113 114 115 116 117 118

Avram 1984, 158–169 ; Avram 2007, 91–107. Bounegru 1991, 89–118 ; Bounegru 2011, 233–244. Avram 1990, 9–45 ; Avram 2007, 91–107. Matei-Popescu 2013, 203–233. Voir surtout Avram 2007, 98–99 ; Matei-Popescu 2013, 215–216, 226.. Avram 2007, 99. Bărbulescu, Buzoianu 2013, 174–202 ; Bărbulescu, Buzoianu 2015-2016, 195–212. Bărbulescu, Buzoianu 2015-2016, 195–212. Ivanov, Luka 2015, 197–278. D’abord, le corpus d’inscriptions de Novae (IGLNovae), réalisé avec V. Božilova ; puis Kolendo 1980, 49–60 ; Kolendo 2001, 525–531 ; Kolendo 2011, 15–19, avec la bibliographie. Sarnowski 1993, 197–203 ; Sarnowski 2015, 507–524. Tomas, Sarnowski 2006, 5–8 ; Tomas 2015b, 93–124 ; Tomas 2015c, 257–276. Boyanov 2008a, 79–86. Stoev 2015, 125–142.

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Bounegru 119, A. Barnea 120, M. Bărbulescu 121, V. H. Baumann 122 et Z. Covacef 123. Il faut dire, tout d’abord, que les démarches sont par ensemble décevantes, et pas uniquement parce qu’elles visent seulement une partie de la province (à l’exception de la contribution d’O. Bounegru). O. Bounegru dresse un inventaire épigraphique des emporia en Mésie Inférieure, mais ses conclusions à propos de l’autorité sous laquelle se trouvent ces entités restent confuses (autorité romaine ou tradition hellénistique ?). L’article d’A. Barnea devait être le plus intéressant dans la perspective de ce livre. Pourtant, il ne l’est pas. L’auteur présente à son tour un inventaire épigraphique des Romains (en fait, des citoyens romains), des indigènes et des Grecs romanisés, des indigènes hellénisés et d’autres étrangers romanisés. Les mots « romanisés », « hellénisés », « romanisation » ont chez A. Barnea une connotation onomastique et peut-être linguistique, mais le processus de romanisation est, bien sûr, plus profond et plus complexe, fait saisi d’ailleurs par l’auteur, mais sans le détailler. M. Bărbulescu se contente de donner les évidences épigraphiques des villages attestés dans le nord de la Mésie Inférieure, tandis V. H. Baumann dresse une liste des témoignages archéologiques concernant les agglomérations rurales en Dobroudja romaine ; il affirme que ces établissements se sont développés sur un fond indigène, La Tène, mais c’est seulement la stratigraphie qui donne la continuité : les structures sont bien évidemment romaines. Quant aux considérations sur les fermiers, elles font tout simplement un état des lieux de l’information disponible. L’étude de Z. Covacef concerne l’art provincial rural du nord de la province. Les contributions rappelées ci-dessus sont décevantes par le fait que les auteurs ne proposent pas une investigation plus ample et des interrogations plus provoquantes, mais se contentent de présentations des inventaires de trouvailles, en ayant des conclusions, là où elles existent, superficielles. Enfin, quelques études plus récentes font un autre état de la question. Dans la première, D. Aparaschivei parle de l’administration des uici en Mésie Inférieure 124. L’article est conçu d’une manière logique et cohérente en ce qui concerne les propos abordés, mais les questions sont discutées trop longuement pour qu’à la fin, l’auteur nous communique des choses déjà connues. D. Aparaschivei présente les types d’organisation, celui connu déjà chez les autres auteurs (typologie synthétisée déjà par A. Bâltâc) et reprend les textes sur les élites des villages, mais, à une exception, exclusivement celles de la Dobroudja (nord de la province), même si les tableaux de la fin de l’article contiennent des informations sur les entités rurales du reste de la Mésie Inférieure. Il semble ignorer les assertions d’A. Avram pour les communautés des ueterani et ciues Romani consistentes, ainsi que celles pour les résidents indigènes, qui expliquent la diversité des ethnies trouvées à la tête des villages 125. Les considérations sur les uillae et sur les délimitations des villages répètent des questions connues, même si le commentaire du conflit entre Messia Pudentilla et les uicani Buridauensis a été réalisé d’une manière pertinente, à mon avis, par F. Matei-Popescu 126. 119 120 121 122 123 124 125 126

Bounegru 1998, 207–211. Barnea 1998, 213–228. Bărbulescu 1998, 229–242. Baumann 1998, 243–259. Covacef 1998a, 261–276. Aparaschivei 2015, 27–43. Avram 2007, 98–99. Matei-Popescu 2013, 222.

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Je pense que D. Aparaschivei doit être plus prudent lorsqu’il caractérise la vie des communautés de « pacifique » 127. Oui, les sources ne mentionnent pas de conflits majeurs et les fouilles qui se sont déroulées dans les anciens villages n’ont pas mis au jour de couches consistantes de destruction. Mais n’oublions pas deux choses importantes : les fouilles n’ont dévoilé qu’une petite partie des établissements ruraux et l’armée de la Mésie Inférieure a longtemps contrôlé les routes et les environements ruraux. L’invasion des Costobocae en 170 128, due au transfert de la Ve légion Macedonica, puis celle des Carpes sous Maximin 129 ont certainement affecté le monde rural, fournisseur principal des produits agricoles. Quant aux aspects de la colonisation romaine, même au sein des notables locaux, Aparaschivei n’en parle que dans la mesure où il aborde la question des résidents. L’autre étude récente qui propose un bilan de recherches et de réflexions a été publiée par A. Ibba 130. L’article est, comme celui d’Aparaschivei, bien structuré, mais l’auteur répète parfois des choses générales connues, qui pourraient être omises ou présentées d’une manière plus synthétique. Il commence au début par remarquer la forte présence militaire et le rôle de l’armée dans le milieu rural de la Mésie Inférieure, en suivant surtout F. MateiPopescu 131. Quant aux uici, A. Ibba croit que ces entités peuvent avoir aussi un statut à moitié urbain, en suivant les exemples de l’Occident. Pourtant, en Mésie Inférieure, les uici qui sont attestés du point de vue épigraphique n’ont pas été fouillés. Les actes d’évergétisme et les monuments publics connus par l’intermédiaire des inscriptions peuvent suggérer une situation semblable dans certains cas, mais il est préférable de conserver une certaine prudence à l’égard des dimensions de ces structures rurales. Ibba pose le problème de l’appartenance à un territorium ; ici, les choses sont mélangées, car il y a des cas où l’on peut attribuer des agglomérations rurales à des territoires des cités ou à des praedia impériales (comme celle de Montana), mais aussi des situations où l’on ne le peut pas. L’étude se réfère indirectement à la population de ce milieu lorsque l’auteur parle de l’élite locale : le manque de la composante locale se vérifie seulement dans le cas des canabae. Ibba parle aussi des immigrés provenant de Thrace et d’Asie Mineure, mais là, il ne fournit pas de détails. Il y a des Thraces provenant de toutes les régions habitées qu’ils habitent, y compris de la Mésie Inférieure ; puis, les immigrés de l’Asie Mineure se sont installés dans le milieu rural surtout en tant que vétérans, comme on le verra ultérieurement. Ibba se réfère aux personnes originaires d’Asie Mineure mentionnées aussi dans le milieu urbain et, c’est pourquoi, il pense notamment à des raisons économiques concernant leur présence dans la province. Il synthétise bien la colonisation des communautés des vétérans ou des Thraces, en expliquant cela par la création de la regio, séparée de la chora dans les anciennes cités grecques, et (très important), par un faible peuplement du territoire rural à la fin du Ier siècle ap. J.-C. Les étapes de l’organisation de l’espace rural sont également bien saisies par A. Ibba, ses observations correspondant à celles de M. Bărbulescu et de L. Buzoianu pour le territoire de Tomi 132 : une présence romaine individuelle, caractérisée 127 128 129 130 131 132

Aparaschivei 2015, 35. ISM IV, 49–50. Voir surtout Suceveanu 1990, 243 ; Bartels 2014, 237. Ibba 2016, 361–375. Matei-Popescu 2014a, 175–177. Bărbulescu, Buzoianu 2015–2016, 196 sqq.

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par l’assignement des terres surtout aux vétérans (deuxième moitié du Ier siècle–début du IIe), l’organisation des uici (militaires et civils) à partir d’Hadrien (ici, c’est un petit désaccord avec M. Bărbulescu et L. Buzoianu, qui voient cette étape commencer avec Antonin) 133. En ce qui concerne la population du milieu rural, Ibba pose, par conséquent, des questions auxquelles j’essayerai de répondre, mais il offre, comme on l’a vu, ses propres solutions.

4. Buts, méthodologie, limite des sources, questions Je suivrai en premier lieu la dynamique de la population dans le milieu rural de Mésie Inférieure. Le territoire de cette province sera pris en compte aussi avant 86 (lorsque la Mésie a été séparée) si les sources ont suffisamment d’informations utiles en ce sens. L’interaction de l’autorité romaine avec la population indigène sera un autre objectif important de mon travail. En effet, il y a eu d’un côté les Grecs habitant la côte ouest de la mer Noire encore de l’époque archaïque, de l’autre côté, les diverses tribus Thraces et Daces. Ces populations ont connu une mobilité accentuée à l’époque romaine et j’essayerai d’identifier les aspects de cette mobilité, dans la mesure où les sources le permettent. Un autre élément important qui émerge des informations disponibles est constitué par l’apport des militaires et des vétérans dans la vie rurale de la province. Une comparaison avec la situation rencontrée dans les provinces occidentales de l’Empire romain serait utile. Je ne me propose pas de traiter ici les formes d’organisation rurale, sur lesquelles on a déjà discuté : elle ne font pas l’objet de cette étude. Pourtant, là où l’analyse de la population est en connexion avec l’organisation villageoise, je n’éviterai pas les discussions. Enfin, un autre élément développé dans cet ouvrage concernera les modalités d’acculturation et dans quelle mesure on peut parler d’une romanisation du milieu rural. Des éléments de comparaison avec les provinces occidentales de l’Empire seront également mis en discussion. Ma démarche s’appuie notamment sur les sources épigraphiques. L’analyse des inscriptions sera donc la méthode principale de travail. L’information archéologique, où elle existe, sera mise en connexion si elle s’avère importante pour les questions discutées. L’analyse prosopographique constituera un autre élément de ma recherche. Je pense qu’ici peut se trouver l’élément de nouveauté, qui fournira plus de renseignements sur l’origine des personnes et sur les connexions entre diverses familles. Comme je l’ai affirmé auparavant, la comparaison avec quelques situations rencontrées dans les provinces de l’Occident romain sera utile dans la mesure où l’on peut voir les mêmes méthodes d’action de l’autorité romaine et sa capacité d’adaptation pour chaque province. Les limites de nos sources sont à la fois de nature quantitative et qualitative. Quantitative, en premier lieu, puisqu’il n’y a pas beaucoup de sources et généraliser dans certaines situations serait trop risqué ; en deuxième lieu, parce que l’information-même fournie par les sources est laconique, parfois de façon excessive. Qualitative, puisque certaines informations ne nous permettent pas d’avoir des opinions tranchées ou de formuler des hypothèses sur diverses questions. Une autre limite représente la difficulté de 133 Bărbulescu, Buzoianu 2015–2016, 199.

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démarquer les territoires ruraux des cités. Il y a des cas où l’appartenance d’un village à un territoire est sûre, mais dans d’autres cas il est impossible d’attribuer un village à un territoire. C’est pourquoi j’ai préféré utiliser l’expression « milieu rural » plutôt que celle de « territoire rural ». J’ai organisé mon travail en quatre parties distinctes. Trois d’entre elles concernent l’analyse du dossier épigraphique des milieux ruraux. Elle ont été organisées sur des critères géographiques. Une première partie sera consacrée au milieu rural des anciennes cités grecques du littoral ouest de la mer Noire. Dans la deuxième partie, je discuterai les textes du centre de la province (le territoire situé entre la mer Noire et le Danube, c’est-àdire du nord de la Dobroudja jusqu’à Montana). La troisième partie concernera le milieu rural des cités situées le long du Danube, d’Halmyris jusqu’à Oescus, comprenant aussi les canabae et les établissement ruraux situés dans leur proximité, lorsque le cas se présente. Enfin, dans la quatrième partie, je vais parler sur les divers aspects de la vie rurale en Mésie Inférieure (le rôle des vétérans dans la vie rurale, les recrutements du milieu rural dans l’armée romaine, la population des uillae, la romanisation des noms thraces). Les questions principales de mon ouvrages ressortent naturellement des objectifs présentés et j’essayerai de répondre à ces questions, sans avoir la prétention de trouver partout des réponses : comment se présente la dynamique de la population dans le milieu rural de la Mésie Inférieure ? Peut-on identifier les étapes de cette dynamique ? Comment se sont installés les colons dans les villages, d’où venaient-ils et quel était leur statut ? Comment s’est manifestée l’interaction entre les nouveaux-venus et les indigènes dans la période du Haut-Empire ? En partant de ce postulat, peut-on établir le degré de romanisation de ce milieu rural ? Enfin, le milieu rural de la Mésie Inférieure appartient-il à un modèle de romanisation ? Toutes ces questions constitueront l’axe sur lequel se concentrera ma recherche.

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PREMIÈRE PARTIE LA POPULATION DANS LES TERRITOIRES RURAUX DES CITÉS GRECQUES DU PONT GAUCHE I. LA POPULATION DANS LE MILIEU RURAL D’ISTROS 1. Introduction Les études sur la population en Mésie Inférieure sont nombreuses, mais elles visent quelques aspects particuliers, surtout le component grec, thrace, dace ou oriental. Il faut rappeler les études d’A. Poulter 1, M. Tacheva 2, F. Matei-Popescu 3, O. Bounegru 4, D. Aparaschivei 5, D. Dana 6 ou K. Stoev 7. Le problème de l’impact de la latinisation des noms Thraces a été discuté d’une manière ample par D. Dana. Ce dernier remarque surtout l’action du service militaire en tant que vecteur de la « romanisation » onomastique chez les Thraces, en remarquant la banalité des noms latins adoptés par ceux-ci 8. De toute façon, Dana conclut que « l’espace thrace se montre moins influencé par l’onomastique latine que les provinces occidentales » 9. Peu après, K. Stoev parle de la « romanisation » des noms thraces et daces en Mésie Inférieure et en Dacie, en ignorant les inscriptions de la Dobroudja romaine appartenant à la Mésie Inférieure 10. Stoev distribue l’utilisation des noms en cinq groupes 11, sans prendre en considération une certaine évolution chronologique de la latinisation de ces noms. Sur les Orientaux, je mentionnerai l’article de Curcă et de Zugravu pour la Dobroudja romaine 12, ainsi que ceux de Ruffing pour les Nicomédiens 13 et de Mihailescu-Bîrliba et Piftor pour les Ancyréens en Mésie Inférieure 14. 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13

Poulter 1992, 69–86. Tacheva 1969, 115–123 ; Tacheva 1980, 81–88. Matei-Popescu 2017, 137–157. Bounegru 2011, 273–244. Aparaschivei 2011, 222–232. Dana 2011, 37–87. Sa démarche est surtout onomastique, mais sa contribution à l’étude de la population thrace (y compris dans la Mésie Inférieure) est essentielle. Stoev 2012, 199–212. L’auteur ignore les sources de la Dobroudja, qui appartient aussi à la Mésie Inférieure. Dana 2011, 47–49, 56. Dana 2011, 86. Stoev 2012, 209–210. Stoev 2012, 201–202. Curcă, Zugravu 2005, 313–329. Ruffing 2006, 133–149.

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La population dans le milieu rural d’Istros

Récemment, L. Ruscu s’est intéressé aux « Romains » de quelques cités en Thrace et en Mésie Inférieure, en s’appuyant sur les cas de Nicopolis ad Istrum et de Marcianopolis 15. Ruscu remarque qu’il n’y a pas de cas pour lesquels on peut parler de gens provenant de Rome ou d’Italie, mais elle essaye de voir sur quel rapport, au moins du point de vue onomastique, il y avait des Romains ou des « romanisés » dans ces cités. J’ai rappelé brièvement ces travaux pour prévenir le lecteur que les questions mises en discussion par les auteurs cités ci-dessus sur la province seront suivies, dans les limites informationnelles des sources, pour les milieux ruraux qui constitueront l’objet de ma recherche. J’ai effectué, à mon tour, une analyse sur les « Romains » du territoire d’Istros 16 et sur la « romanisation » des noms thraces dans le même territoire (avec ma collègue I. Dumitrache) 17. Je ne vais pas reprendre en détail les conclusions de ces articles. Les porteurs de noms romains, détenant également la citoyenneté romaine, apparaissent exclusivement dans des textes rédigés en grec ; beaucoup d’entre eux étaient probablement des Grecs ayant reçu le droit de cité romain. Dans cette démarche, j’ai pris en calcul les personnes qui portent des tria nomina latines, en éliminant de cette catégorie les représentants de l’administration romaine, les militaires et les vétérans avec leurs familles, les esclaves, les pérégrins et les gens avec tria nomina latines dont l’origine mentionnée est autre que celle de Rome ou d’Italie. Une inscription importante nous a confirmé l’appartenance d’Istros à l’Empire à partir de l’époque d’Auguste : il s’agit d’un décret d’Istros en l’honneur de Q. Iulius Vestalis, envoyé officiel dans la cité auprès du légat L. Pomponius Flaccus (début du règne de Tibère). Le texte parle des attaques des « Barbares » dans le territoire d’Istros et mentionne des privilèges accordés par Auguste 18. L’inscription confirme également les récits d’Ovide sur les activités menées auparavant dans la zone du Danube et du Pont par Q. Iulius Vestalis 19 et par L. Pomponius Flaccus 20, tout comme par les attaques des Gètes. En ce qui concerne les recherches archéologiques dans le territoire rural d’Istros, elles se sont surtout déroulées dans les années 70, 80 et 90 du siècle passé. La cité a constitué et constitue le noyau des fouilles, c’est pourquoi le milieu rural a été moins étudié. Des bâtiments appartenant à un établissement rural ont été fouillés à Cogealac-Bent ; la première phase de construction date des IIe–IIIe siècles 21. Les auteurs remarquent qu’il n’y a pas des traces d’habitation avant la deuxième moitié du IIe siècle 22. Un autre 14 Mihailescu-Bîrliba, Piftor 2005, 331–337. Pour les Ponto-bithyniens à Troesmis, voir aussi MihailescuBîrliba 2008-2009, 17–23 ; Mihailescu-Bîrliba 2012a, 125–132. 15 Ruscu 2017, 45–57. 16 Mihailescu-Bîrliba 2012b, 91–98. 17 Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2016, 329–340. 18 Bărbulescu, Buzoianu 2014, 415–434. Voir aussi Jones 2016, 122–132. Le texte est daté par les autrices en 18–19, mais il est possible (voir les charges de Q. Iulius Vestalis mentionnées en 12 par Ovide), que l’inscription puisse dater d’encore plus tôt (environ 15). Pour cette proposition, voir Kantor 2017, 85– 91. 19 Ovide, Epistulae ex Ponto 4, 7, 1–54. 20 Ovide, Epistulae ex Ponto 1, 8, 11–20. 21 Lungu, Bounegru, Avram 1990, 162–163. 22 Lungu, Bounegru, Avram 1990, 168.

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établissement rural a été fouillé à Histria β 23. La première phase date de la première moitié du IIe siècle 24. Une destruction est attestée au milieu du IIIe siècle, provoquée probablement par les attaques des Goths 25. Un autre établissement rural est celui de Fântânele. Les recherches ont mis en évidence l’existence d’une domaine rural de tradition hellénistique, mais commun pour la partie hellénophone de l’Empire. Le complexe date des IIe–IVe siècles 26. Toujours à Fântânele, les sondages archéologiques ont identifié d’autres couches d’un complexe rural et des installation pour la captation de l’eau 27. Il semble, par conséquent, que les recherches archéologiques déroulées dans les campagnes d’Istros, même si elles n’ont pas été nombreuses, ont démontré qu’il y a eu des structures rurales (des petits établissements et probablement des uillae) dans le territoire de la cité. Malheureusement, les vestiges d’époque romaine du Haut-Empire ont été détruites totalement ou partiellement par les constructions du Bas-Empire. Je vais reprendre le dossier épigraphique du territoire rural d’Istros, en ajoutant aussi les textes d’autres villages du territoire, dont les noms sont ou ne sont pas connus, mentionnant des personnes qui ne sont pas forcément des « Romains » ou qui ne laissent pas rédiger les textes en latin. J’ai décidé de diviser mon analyse du dossier épigraphique en deux parties, l’une concernant les communautés villageoises, grecques et romaines, dont l’appartenance au territoire d’Istros est certaine, la deuxième concernant la population du uicus Ulmetum, dont cette appartenance n’est pas sûre. Pourtant, je pense à une réponse affirmative à la question de savoir si Ulmetum a fait partie de ce territoire. Finalement, je vais tracer quelques conclusions sur la composition ethnique et sociale de la population rurale d’Istros.

2. La population des communautés villageoises du milieu rural d’Istros La plupart des inscriptions proviennent pourtant de plusieurs uici du territoire, où il y avait des communautés de ciues Romani. La majorité des inscriptions se trouvent dans le uicus Quintionis (actuellement Sinoe, tout près d’Istros) 28. J’ai remarqué que les « Romains » sont sans exception des magistri uici et des quaestores, les autres magistri uici étant les représentants de la population thrace. Par conséquent, pour cet établissement rural, nous connaissons une liste de magistri uici et des quaestores en ordre chronologique. Ainsi, les textes attestent les membres suivants de l’élite villageoise : Ti. Saturninus, Bizienis (magistri) et Terentius Maternus (quaestor) en 144 29, Claudius Gaius, Durisses Bithi (magistri) et Servilius Primigenius (quaestor) en 149 30, Sulpicius Narcissus, Derzenus 23 Lungu, Bounegru, Avram 1984, 85–100. 24 Lungu, Bounegru, Avram 1984, 88, 92. 25 Lungu, Bounegru, Avram 1984, 92–93. J’excluerai ici les attaques des Carpes ; les Goths ont détruit Istros vers le milieu du IIIs ; les attaques des Carpes ne sont pas attestées, ni du point de vue épigraphique, ni du point de vue archéologique dans les village du territoire d’Istros. 26 Suceveanu 1998b, 22, 53–54. Voir aussi Bâltâc 2011, 438–439. 27 Suceveanu 1998b, 13–21. 28 Sur le uicus Quintionis, voir Florescu 1957, 161 ; Suceveanu 1977, 38, Avram 1984, 115 ; Avram 1990, 27 ; Bărbulescu 2001, 36, 139–141 ; Bounegru 2011, 234. 29 ISM I, 325. 30 ISM I, 326.

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Aulupori (magistri) et Cocceius Phoebus (quaestor) (toujours sous Antonin, mais à une date non-précisée) (Fig. 1.1). Aelius Bellicus (magister en 167, avec Mucaporus Ditugenti, étant quaestor Claudius Ianuarius 31 et en 175, avec Mucatralus Doli, étant quaestor Dotus Zinebti 32), Iulius Geminus, Genicius Brini (magistri) et Cocceius Firmus (quaestor) en 169 33 (Fig. 1.2), Claudius Ianuarius et Lupus T[---] (magistri sous Marc Aurèle) 34, Tib. Firmus, Valerius Cutiunis (magistri) et Flavius Secundus (quaestor) en 176 35, Iulius Florus, Derzenus Biti (magistri) et Fronto Burtsitsinis en 177 36. N’oublions pas que les communautés des ciues Romani et des Bessi sont attestées à côté des vétérans établis dans ce village après la fin de leur service militaire. Enfin, une autre inscription mentionne un magister dont le nom est perdu 37. Il faut aussi rappeler T. Manius Bassianus, buleuta Histriae, qui s’est retiré à la campagne où il a son épitaphe érigée par son fils (Vitalianus Bassianus), par son petit-fils (Manius Vitales) et par sa femme (Scapullia Gemella) 38. Même si les noms sont romains, le statut de buleuta de Bassianus ne nous indique pas son origine. F. Matei-Popescu observe à juste raison que, même s’il est un citoyen romain, notre personnage ne provenait pas de l’ancienne aristocratie d’Istros. Il développe son hypothèse en supposant qu’il a reçu des terres dans la regio Histriae, ayant exercé des magistratures dans la cité ; on lui a également octroyé le statut de citoyen de la ville grecque qui lui a donné le droit d’acheter des domaines dans le territoire d’Istros 39. Je pense que le scénario est possible. Manius Bassianus est une personne qui avait récemment reçu la citoyenneté car son gentilice est originaire d’un prénom. Il est probablement un latinophone dont l’origine reste inconnue, mais qui, de toute façon, possède une certaine aisance qui lui permet d’acheter une propriété dans le territoire rural d’Istros. Exceptées ces inscriptions concernant l’élite locale du village, il faut ajouter à notre dossier encore d’autres textes. Deux inscriptions érigées par les représentants des tribus d’Istros 40 (dont le nom de l’un d’entre eux, Scapoulas de Nicolaos, est conservé 41) font preuve des activités agricoles menées par les habitants de la cité. D’ailleurs, l’activité agricole est indirectement prouvée par la fête des Rosalies (célébré d’habitude le 13 juin), mais aussi par un vœu pour les Nymphes et pour Silvanus 42. Un autre texte atteste qu’un certain Antonius Dolentis est commémoré par sa mère, Salvia Anicii, et par un personnage nommé Valerius Crescens, qui ne spécifie pas sa relation de parenté avec les deux autres personnes 43. L’inscription pose certains problèmes car l’onomastique n’est pas en connexion avec les relations de parenté entre le défunt et les 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43

ISM I, 327. ISM I, 330. ISM I, 328. ISM I, 329. ISM I, 331. ISM I, 332. ISM I, 341. ISM I, 339. Matei-Popescu 2013, 224. ISM I, 333–334. ISM I, 333. ISM I, 325. ISM I, 335.

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commémorateurs. Le patronyme d’Antonius, Doles, est un nom d’origine thrace 44. On ne sait pas exactement si Antonius Dolentis est un citoyen récent qui utilise encore son patronyme ou s’il est encore un pérégrin à qui l’on aurait donné le nom d’Antonius. Son nom ne correspond pas à celui de sa mère, qui l’écrit aussi d’une manière « pérégrine », ni à celui de Valerius Crescens, peut-être le mari de Salvia Anicii, mais qui n’est pas le père d’Antonius. Le père d’Antonius, Doles, quelque soit son statut (citoyen un pérégrin), est d’origine thrace. J’envisage le scénario suivant : le pérégrin Doles a épousé Salvia, fille d’Anicius, ayant comme fils Antonius. Après la mort de Doles, Salvia a épousé un citoyen, Valerius Crescens. Le fils est resté pérégrin, ce qui suppose une datation, pour cette inscription, fixée avant 212. Deux autres inscriptions attestent une famille des Thraces qui portent des gentilices romains 45. La généalogie de cette famille a été correctement reconstituée par D. M. Pippidi 46. Ainsi, il s’agit d’une femme Aurelia Dusia, femme d’un certain Seuthes, qui fait ériger une inscription funéraire pour Aurelius (H)Erculanus, à côté des fils d’Herculanus, Aurelius Cocceius, Aurelius Genialis, Aurelius Claudius, Aurelius Vindex (Fig. 1.3). Dans la mesure où la relation directe entre Aurelius Herculanus et Aurelia Dusia n’est pas spécifiée dans le texte, Pippidi croit qu’Aurelia Dusia est la bellemère d’Herculanus. De toute façon, elle est la conjointe de Seuthes. Le texte suivant mentionne Claudia Dusia, femme d’Aurelius Herculanus et mère des autres Aurelii. Dusia est un cognomen d’origine thrace 47 ; en outre, le patronyme d’Aurelius Herculanus (Seuthes 48) nous rend compte de son origine thrace. Il faut aussi rappeler encore deux textes provenant du uicus Quintionis. L’un mentionne un vétéran de la Ve légion Macedonica, Braetius Favorinus, qui s’est probablement installé à la campagne après avoir pris sa retraite 49. Sa pierre tombale a été érigée par son fils Valerius Ingenu(u)s et sa femme, Flavia Favorina. Les noms des personnages ne sont pas identiques. Les Braetii sont attestés en Italie, surtout dans la regio X 50. Deux autres militaires nommés Braetii ont comme origine Vérone 51 et Turin 52. Il semble que notre Braetius Favorinus était un italien : en admettant que l’inscription date d’avant le départ de la légion aux guerres marcomanes et qu’il est déjà vétéran (voir la datation sous Antonin proposée par F. Matei-Popescu 53), il semble que son recrutement a été fait au début du IIe siècle, lorsqu’il y avait encore des recrutements dans la Péninsule Italique pour cette légion. Il a épousé Flavia Firmina. Le nom de son fils peut suggérer que Valerius Ingenu(u)s n’était pas le fils naturel de Braetius Favorinus, mais le texte ne nous fournit pas d’autres détails. Enfin, le second texte, bien que fragmentaire, nous renseigne sur un vœu pour Jupiter Dolichenus, effectué par ses prêtres, dont les noms sont partiellement conservés : Aurelius

44 45 46 47 48 49 50 51 52 53

Detschew 1976, 145–147 ; voir aussi Dana 2004, 439 ; Dana 2011, 66, note 112. ISM I, 337, 338. Voir ISM I, 337, sub numero. Detschew 1976, 155. Detschew 1976, 434–437. ISM I, 336. CIL V 2097, 2098, 2446, 2851, 4056 (= XVI 153) ; AE 1998, 587 ; 2009, 374. CIL III 5220. CIL XIII 6887. Matei-Popescu 2010, 70.

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Iulius De[---]us, P[---], [G]aius Hi[---], Aelius Ma[---], [Aman]dus ( ?) 54. L’inscription date d’après 212 (possiblement sous Héliogabale) et atteste d’une communauté des adorateurs du dieu syrien dans le uicus Quintionis. Dans un autre village appartenant au territoire rural d’Istros, uicus Secundini 55, il y a plusieurs textes provenant du IIIe siècle. Ainsi, les inscriptions mentionnent Artemas Dioscorides et Iustinus Valeri (magistri en 202), Flavius Valens et Valerius Cosenis, magistri en 220 56, Aurelius Fortunatus et Aelius Herculanus, magistri en 237 57, Bonosus Bonunis et Iustus Iustini, exerçant la même fonction en 238 58 (Fig. 1.4), Claudius Antoninus et Cocceius Iustus, magistri en 246 59, [---] Longinus et [---] Mucatralis, magistri à une date non déterminée, possiblement au début du IIIe siècle. Un uicus Arcidava est mentionné dans un texte en latin 60 ; aucun nom n’est conservé, mais la langue de la rédaction du texte nous fait penser qu’il s’agit d’une communauté villageoise avec des structures pareilles aux uici évoqués antérieurement. Du village moderne d’Istria, situé à environ 7 km de la cité d’Istros, proviennent deux inscriptions. La première inscription est la plus importante : rédigée en grec, elle atteste Dionysios et Hérodoros, fils de Satyrion, Artemidoros, fils de Dionysos, qui, en tant que mαγιστράτης, ont fait ériger les toilettes publiques suite à leur élection 61. D. M. Pippidi identifie le terme des mαγιστράτης avec les fonctions des magistri et du quaestor 62. La deuxième inscription, en latin, mentionne une certaine Eirene, décédée à 35 ans 63. On remarque qu’il s’agit d’une communauté de langue grecque, avec des descendants des anciens habitants grecs de la cité installés dans le territoire rural. Les formes d’organisation étaient pourtant romaines, ainsi que certains termes latins transcrits en grec (˜bitwρíon au lieu d’abitorium, mαγιστράτης). À Neatârnarea (dép. de Constanța, Roumanie), un autre magister uici, Maximus, est mentionné dans un vœu pour Jupiter et Junon datant du règne de Commode 64. Le nom ancien du village n’est pas conservé, pourtant la langue de rédaction du texte et l’existence des magistri suggèrent des structures analogues aux uici Quintionis, Secundini ou Celeris. À Cogealac (dép. de Constanța, Roumanie), une citoyenne probablement hellénophone (Aelia Dionysia) est commémorée en latin par son mari, évidemment citoyen et parlant le latin (Valerius Clementinus) 65. Il n’est pas exclu que Clementinus, qui possédait probablement une certaine aisance, se soit retiré sur son domaine rural où il a enterré sa femme. 54 ISM I, 340. 55 Sur le uicus Secundini, voir Avram 1990, 27 ; Bărbulescu 2001, 36–37, 146–147 ; Aparaschivei 2010, 242–243 ; Bounegru 2011, 234. 56 ISM I, 345. 57 ISM I, 346. 58 ISM I, 347. 59 ISM I, 349. 60 ISM I, 358. 61 ISM I, 363. 62 ISM I, 363, sub numero. 63 ISM I, 365. 64 ISM I, 368. 65 ISM I, 371.

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Une situation pareille, encore plus évidente, est illustrée par un texte de Nistorești (dép. de Constanța, Roumanie). Dans le territoire d’Istros, par exemple, une inscription datée du 19 septembre 157 atteste un archonte et aedilicius du territoire qui fait ériger durant sa vie (lorsqu’il avait 76 ans!) un monument funéraire pour lui-même et pour sa femme, morte à 50 ans 66. L. Pompeius Valens est originaire d’Ancyre, comme il en témoigne. J’ai discuté, dans plusieurs études, des origines militaires des gens d’Ancyre en Mésie Inférieure, en montrant qu’ils ont été recrutés dans les légions I Italica et V Macedonica pendant les guerres parthiques de Trajan ou pendant la guerre d’Hadrien en Judée 67. Si notre Pomponius Valens a 76 ans en 157 et si l’on suppose qu’il est un vétéran, sa période de recrutement a dû avoir lieu en 101–102 ou peu avant (l’âge de recrutement était en général 18–20 ans), lors de la première guerre dacique où l’armée de Mésie Inférieure a été impliquée. Même si les sources sont pauvres en informations, je pense pourtant que L. Pompeius Valens a été un vétéran d’Ancyre, recruté probablement dans une des légions de Mésie Inférieure et qui s’est retiré à la campagne après sa libération. Une autre communauté villageoise est attestée dans une inscription grecque mentionnant une certaine chora Dagei, dans une plainte formulée par les villageois à Antonin le Pieux (en 160) concernant les conditions de circulation sur les routes publiques 68. Les maires, appelés aussi avec le terme latin, mais rédigé en grec de mαγιστράτoi, sont des Grecs (Artemidoros, fils d’Ariston, et Mikkos Gaius). Il semble que la communauté de chora Dagei est une communauté hellénophone, avec des habitants descendants des Grecs qui ont colonisé le littoral de l’ouest de la mer Noire. Une inscription récemment publiée, même si fragmentaire, semble être vouée, selon le formulaire et le matériau de fabrication, par des magistri uici du territoire d’Istros 69. Son texte est pourtant trop laconique pour nous fournir d’autres détails là-dessus. Encore deux inscriptions (en doublet) font preuve d’une délimitation entre la propriété de Messia Pudentilla et de celle appartenant aux uicani Buteridauensis 70. Le texte est assez laconique pour nous informer sur la situation familiale de la femme, mais elle fait certainement partie d’une famille en même temps aisée et influente. Cette délimitation est réalisée sur l’ordre du gouverneur Ovinius Tertullus qui agit par l’intermédiaire du préfet de la flotte, ce qui suppose une situation du conflit territorial. F. Matei-Popescu pense qu’une partie des villageois travaillaient en système d’affermage une partie des domaines appartenant à Messia Pudentilla 71. Je crois que, pour l’instant, c’est la seule explication que l’on puisse accepter, en l’absence d’autres informations fournies par les sources. Il est probable que cette citoyenne romaine ait appartenu à une famille de notables locaux. Un Messius Valens est attesté dans la liste des soldats libérés à Troesmis par Hadrien 72 mais il est impossible d’établir une liaison familiale entre Messia Pudentilla et le vétéran. Un autre texte, plus tardif, de l’époque de Philippe l’Arabe, atteste un Messius Frontinus parmi les 66 ISM I, 373 ; Bâltâc 2011, 254 ; Matei-Popescu 2013, 219. 67 Mihailescu-Bîrliba, Piftor 2005, 331–337 ; Mihailescu-Bîrliba 2012b, 172 ; Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2012a, 41–45 ; Mihailescu-Bîrliba 2015a, 82. 68 ISM I, 378. 69 Bottez 2014, 291. 70 ISM I, 359–360 ; Bâltâc 2011, 250–251. 71 Matei-Popescu 2013, 222. 72 ISM V, 137.

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archontes de la regio Histriae 73. Il n’est pas exclu que ce Messius ait appartenu à la gens Messia, dont faisait partie Messia Pudentilla. Si on parle des délimitations, il faut rappeler d’autres inscriptions qui en font preuve. Trois textes rédigés en grec parlent des frontières d’un village des Cassiens et d’une grotte qui appartenait, apparemment, au village. Les inscriptions ont suscité des discussions assez animées, surtout à propos de l’existence d’un sanctuaire de Zeus Casios dans la région, hypothèse soutenue surtout par V. Pârvan 74 et R. Vulpe 75. J’ai entrepris personnellement deux fois, avec deux collègues, des recherches archéologiques de surface dans la zone 76. Rien n’a prouvé l’existence d’un sanctuaire ; par contre, les pierres font preuve des limites d’un village des Cassiens (probablement un uicus Casianus) 77. Une autre délimitation a été faite entre deux villages dont les noms sont seulement partiellement conservés : uicus Parsal[---] et uicus C[---] 78. En ce qui concerne la regio Histriae (l’unité adminstrative sous l’autorité de laquelle se trouvaient les uici mentionnés plus haut), quelques pierres errantes, une datant des IIe–IIIe siècles 79 et l’autre du règne de Philippe 80, trouvées dans les remparts de la cité Cius, mentionnent les archontes de la regio, portant des gentilices romains et des surnoms romains, grecs et thraces. À ce dossier il faut finalement ajouter un diplôme militaire datant du 7 janvier 233, provenant de Fântânele pour l’ancien prétorien Aelius Aurelius, originaire de Doryleum (Phrygie) 81. Si le vétéran s’est établi dans le territoire d’Istros, nous avons encore un cas d’un personnage ayant pris sa retraite à la campagne. Bien sûr, il ne faut pas exclure la possibilité qu’il ait perdu son livret à Fântânele, mais je pense que ceci est moins probable.

3. La population du uicus Ulmetum J’ai laissé à la fin le uicus Ulmetum, puisque son appartenance au territoire d’Istros a été discutée et les débats n’ont pas encore pris fin 82. Comme le texte le plus ancien date du début du règne d’Antonin, il semble que la cité a été fondée très probablement dans le premier quart du IIe siècle, sous Trajan ou sous Hadrien. La communauté principale des colons a été constituée, comme dans le cas des villages appartenant au territoire d’Istros, par les ciues Romani et Bessi consistentes 83. Un premier texte, datant de l’année 140, mentionne seulement le magister ciuis Romanus, 73 74 75 76 77 78 79 80

ISM V, 124. Pârvan 1913, 533–537. Vulpe 1955, 549–550 ; 1977, 113–130. Mihailescu-Bîrliba, Diaconescu 1991, 425–432 ; Paraschiv, Mihailescu-Bîrliba 1995, 171–178. Voir aussi Gostar 1980, 309–312. ISM I, 350. ISM V, 123 : Claudius Amandus, Ulpius Hector, Aelius [---]ge. ISM V, 124 : Aurelius Euxinus, fils de Leontiscus, [---] Cocciei, Aurelius Victor, Ulpius Martinus, Aelius Iulius, Aurelius Castus, Mucatra Stoinis, Messius Frotinus, Silius Ingenuus, Herculius Marcianus. 81 CIL XVI 145 ; ISM I, 323. 82 Voir surtout Mihailescu-Bîrliba 2015b, avec la bibliographie. 83 Mihailescu-Bîrliba 2012b, 91–98, avec la bibliographie.

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nommé L. Valerius Maxellius 84. Comme Valerius est un gentilice attesté surtout chez les militaires 85, on peut supposer qu’il est descendant d’un militaire, mais sans aucune certitude. Un autre autel votif datant du 25 juin 163 fait preuve de l’exercice du magister Flavius Germanus, lui aussi représentant des ciues Romani 86. Un de ses ancêtres a acquis la citoyenneté sous les Flaviens et, même si à Capidava a été stationnée la cohors I Germanorum 87, il est difficile de voir dans le cognomen de notre personnage un ancien militaire de cette unité. Pourtant, une telle hypothèse ne doit pas être exclue. Le 2 juillet 172, un autre magister ciuis Romanus, Martius Philo, fait ériger, comme les deux précédents, un autel pour Jupiter Très Bon et Très Grand et pour Junon la Reine 88 (Fig. 1.5). Encore deux Martii sont attestés à Capidava : une femme, épouse d’un certain Bassus, d’origine thrace, mère de trois personnages qui portent des noms thraces, Zura, Tsiru et Tsinna 89, et une autre personne (Martius ou Martia), qui fait ériger un monument funéraire pour la mémoire de son épouse (époux) 90. Il est possible que Martius soit apparenté avec eux. De toute façon, son cognomen d’origine grecque indique un descendant d’un hellénophone originaire des cités de la mer Noire, probablement d’Istros (la plus proche). Un autre monument consacré à Jupiter et à Junon a été voué par un autre magister, cette fois-ci d’origine thrace, nommé Iulius Teres. L’inscription date toujours du IIe siècle, mais pas plus précisément. Je suis enclin à prendre en considération la deuxième moitié de ce siècle car les Thraces ont commencé à avoir la citoyenneté romaine au cours de cette période et même plus tard 91. Un autre possible couple de magistri ou de membres d’un collège religieux serait celui de Longinus et Longinianus qui, en 150, accomplissent un vœu à leurs propres frais. Malheureusement, le texte n’est pas intégralement conservé et ne fournit pas d’autres détails 92. Les personnes attestées encore à Ulmetum sont des citoyens romains, des Thraces et des Grecs ou, au moins, des hellénophones. Ainsi, Tib. Claudius Firminus apparaît dans une inscription qui représente une borne cadastrale entre sa propriété et une autre 93 (Fig. 1.6.). Les Tib. Claudii sont nombreux en Mésie Inférieure, dans les milieux militaire et civil. Par exemple, Tib. Claudius Ulpianus provient de Laodicée et a une carrière de centurion dans sept légions : la Xe légion Gemina, la IVe Flavia, la XIIe Fulminata, la IIIe Cyrenaica, la Xe Fretensis, la IIe Adiutrix et la Ve Macedonica 94. D’autres Tiberii Claudii sont des militaires ou des vétérans : Ti. Claudius Zeondotos, signifer de la Ière légion Italica, appartenant à la centurie de Iunius Pacatus 95, Ti. Claudius Ulpianus, tribun de la cohors I Cilicum 96, 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96

ISM V, 62. Dana 2011, 56–57. ISM V, 63. ISM V, 16, 36. Voir aussi Matei-Popescu 2010, 214. ISM V, 64. ISM V, 27. ISM V, 44. Voir ISM V, 69. ISM V, 75. ISM V, 59. ISM V, 179 ; voir aussi Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2012a, 44. AE 1985, 762. AE 2001, 120.

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Ti. Claudius Saturninus, ancien duplicaire de l’ala Asturum 97, Ti. Claudius Niger, vétéran de la Ière légion Italica (originaire de Nicopolis) 98, Tib. Claudius Victor, vétéran de l’ala II Arauacorum 99. De la Ve légion Macedonica, il faut rappeler Tib. [Claudius ?] Vitales, ex beneficiario, sacerdos prouinciae 100. F. Matei-Popescu pense que, selon le nominatif du nom de Vitales et selon la formule hic situs est, l’inscription date de peu après l’installation à Troesmis de la légion 101. Un autre Ti. Claudius, cette fois portant le surnom de Celsus, primipile de la légion, apparaît dans une inscription dédiée à Antonin le Pieux 102. D’autres Tiberii Claudii appartienent à la vie civile, comme Ti. Claudius Germanus, duumuir et aedil de Tropaeum Traiani 103, Ti. Claudius Mucasius 104, Tib. Claudius Secundus et Tib. Claudius Valens à Iatrus 105, Ti. Claudius Valens, quinquennalis à Noviodunum 106, Ti. Claudius Vettius à Ibida 107. Si sur Ti. Claudius Ulpianus, originaire de Syrie, on peut dire qu’il a été recruté à peu près au moment de la campagne d’Hadrien en Judée (car l’âge au décès – 56 ans – et sa longue carrière nous l’indiquent), sur les autres personnages portant les mêmes noms, il n’y a aucune information concernant leur origine. On peut supposer que Ti. Claudius Firminus était un vétéran ou un descendant d’un ancien soldat, ayant reçu une propriété après son service ou ayant hérité sa propriété d’un vétéran. T. Flavius Severus est un autre citoyen romain qui fait ériger un autel pour Jupiter et Junon, dont le culte était très populaire à Ulmetum (voir les cas des magistri qui effectuent les mêmes vœux) 108. Severus n’est pas le seul Flavius d’Ulmetum. L’un des magistrats du village, Germanus, porte le même gentilice 109. En plus, Severus a utilisé la pierre en effaçant le cognomen d’un personnage qui portait le même prénom et le même gentilice, puis il a ajouté son surnom comme nouveau dédicant. Un certain Flavius Augustales voue, le 5 juin 191, une inscription à Jupiter Très Bon et Très Grand et à Silvain 110. Les Flavii constituaient, par conséquent, une famille de citoyens assez aisés d’Ulmetum. Tous mentionnent que les vœux ont été réalisés à leurs frais. Toujours pour le dieu Silvain, un collège d’adorateurs est attesté à Ulmetum. Le dieu porte l’épithète de Sator (Le Semeur). Les dédicants ont été le questeur du collège, Valerius Valerianus et un certain Domet(ius) (Domitius), dont le surnom a été lu comme Consul par E. Doruțiu-Boilă, mais la pierre est disparue et il est difficile de donner maintenant une restitution précise 111. Sur les Domitii en Mésie Inférieure, les données ne sont pas nombreuses. À Troesmis, sur la liste des soldats libérés de la Ve légion Macedonica en 134, 97 98 99 100 101 102 103 104 105 106 107 108 109 110 111

AE 1988, 998. CIL III 6144 ; ILB 376. CIL III 12359 ; ILB 120. ISM V, 194. Matei-Popescu 2010, 70. ISM V, 140. CIL III 7484. ISM II, 128. ILB 341. ISM V, 268. ISM V, 224 ; Mihailescu-Bîrliba 2011a, 103–104. ISM V, 65. ISM V, 63. ISM V, 67. ISM V, 66.

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se trouve un Domitius Do[---] 112. Un centurion d’une autre légion, la XIe Claudia Pia Fidelis, né à Capitolias, en Syrie, est décédé à Tomi où il était probablement détaché 113. L’inscription date du règne d’Hadrien, comme l’observe correctement F. Matei-Popescu 114. Toujours à Troesmis, une petite fille nommée Domitia Matrona, fille d’un certain Domitius (dont le nom n’est plus conservé sur la pierre) est décédée à 3 ans 115. Malheureusement, aucun Domitius 116, sauf celui de Tomis, ne mentionne son origine. Domitius est un gentilice italien, mais en tenant compte de la datation du texte sur Domitius Capetolinus, nous ne pouvons pas être sûrs de l’origine de Domitius mentionné à Ulmetum. Quant à Valerius Valerianus, on connaît déjà un Valerius à Ulmetum, le magister L. Valerius Maxellius 117. Une autre famille de L. Valerii est mentionnée dans le même village : le père, L. Valerius Victorinus, qui a épousé Ulpia Nicandra, et les fils, L. Valerii Victorinus, Turbo, Soter 118. Le vœu envers une divinité incerta a été accompli par leur affranchi, Valerius Nilus, qui remplissait la charge d’actor 119. Les L. Valerii étaient probablement apparentés au Maxellius, le magister d’Ulmetum. Quant à Nilus, son surnom indique une origine égyptienne, mais on ne peut pas l’affirmer avec certitude. De toute façon, les Valerii semblent être une gens bien aisée, probablement descendant des vétérans. Un certain Valerius Felicx (sic) voue également à Jupiter un autel. La pierre a été rédigée par Cocceius Elius (ou Helius) 120. Le même personnage est attesté deux fois à Capidava, en tant que fils de Cocceius Vitales 121 et mari de Titia Matrina 122. Les Cocceii sont bien documentés à Capidava, en tant que vétérans 123 ou leurs descendants 124, mais aussi à Dorobanțu (probablement dans le milieu rural de Capidava) 125, à Ibida 126 et à Noviodunum 127. En ce qui concerne Cocceius (H)Elius, il n’est pas exclu qu’il a rédigé la pierre de Valerius Felix à Capidava, puis l’autel a été transporté à Ulmetum. Cependant, on peut aussi bien supposer qu’il a travaillé également dans ce dernier village. Pour terminer avec les Valerii, il faut dire qu’encore trois sont mentionnés en 216, tous ayant des cognomina grecs : Zosimus, Callinicus et Phoebio 128. Ils sont probablement des affranchis ou des descendants d’affranchis des Valerii évoqués antérieurement. 112 113 114 115 116 117 118 119 120 121 122 123 124 125 126 127 128

ISM V, 137. ISM II, 348. Matei-Popescu 2010, 148. ISM V, 182. Il y a encore des Domitii à Novae (AE 2001, 1734) (un immunis librarii) et à Tsarev Brod (Conrad 2004, 320 = AE 2004, 1704) (une famille d’un cornicularius quaestorii prouinciae). ISM V, 62. ISM V, 72. Sur les actores, voir, plus récemment, Aubert 1993, 171–181 ; Aubert 1994 ; Carlsen 1995, 122–123 ; pour la Dacie romaine, Mihailescu-Bîrliba 2009a, 307–316. ISM V, 73. ISM V, 30. ISM V, 29. ISM V, 24. ISM V, 28–30. ISM V, 6. ISMV, 227. ISM V, 282. Voir aussi Dumitrache 2017, 175–179. ISM V, 76.

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Un autre citoyen romain qui voue un autel à Jupiter est Calventius Constans 129. Les Calventii sont attestés à Rome et en Italie 130, mais ils sont nombreux dans les provinces gauloises, germaniques du Haut du Moyen Danube (Rhétie, Norique et les Pannonies) 131. Il est difficile de dire d’où est originaire notre Constans d’Ulmetum. Voir qu’à Capidava il y avait la cohors I Germanorum et la cohors I Ubiorum, on peut supposer qu’il avait des descendants dans les provinces germaniques, mais il est impossible de le montrer. Aemilius Postuminius, même s’il porte des noms romains, a épousé une femme d’origine grecque, apparemment pérégrine, Theodote 132. Les enfants s’appellent Barbarus, Theodorus et Iuliana. La lecture proposée par E. Doruțiu-Boilă – Aem(ilio) Postumini – ne tenait pas compte de la formule D(is) M(anibus) qui peut exiger un génitif et non forcément un datif. Ainsi, D(is) M(anibus) Aem(ili) Postumini nous semble raisonnable. Le problème est de savoir si, dans la mesure où il a épousé une grecque et que l’un des enfants porte un nom grec, il ne serait pas, à son tour, un grec qui a adopté la citoyenneté romaine et les noms romains. J’ai signalé pour Istros des cas identiques 133. Un texte qui a suscité des discussions est le monument funéraire de C. Iulius Quadratus, loci princeps quinquennalis territo[rii] Capidavensis 134 (Fig. 1.7). V. Pârvan pensait que Iulius Quadratus était en fait un magister uici à Ulmetum (en équivalant la titulature de princeps loci avec celle de magister uici) 135, tandis que Gr. Florescu affirmait que la pierre a été apportée de Capidava à Ulmetum, que locus désignait une communauté englobant plusieurs uici et que Ulmetum appartenait au territoire de Capidava 136. E. Popescu opinait que, dans ce cas, princeps loci signifiait quelqu’un qui a appartenu aux communautés indigènes, qui a acquis la citoyenneté romaine et qui était l’un des dirigeants de ces communautés 137, avis qui a été partagé par E. Doruțiu-Boilă 138. Pourtant, la charge de quinquennalis territorii Capidavensis reste. Cela ne signifie pas que le uicus de Ulmetum a appartenu au territoire de Capidava, comme l’a supposé Gr. Florescu. Pourquoi ? D’abord, parce qu’il y a une inscription trouvée à Topalu, non loin de Capidava, où a été signalé un magister uici 139 ; puis, il y a encore des pierres « errantes » à Ulmetum, comme celle contenant une liste des magistrats (probablement d’Istros) 140, celle attestant un buleuta Histriae 141 ou celle consacrée par les Tomitains à l’impératrice Sabinia Tranquillina 142 ; et 129 ISM V, 70. 130 Rome : CIL VI 1971, 2185, 2345, 2719 etc. ; en Italie, surtout dans les Regiones I et X : CIL IV 276, 292, 376, 526, 3689, 3751 etc. ; CIL V 2408, 2478, 2678, 2704 etc. 131 Provinces gauloises : ILN 59 ; AE 2001, 1325 etc. Provinces germaniques : CIL XIII 8377, 8644 ; CBI 186, 187 etc. Rhétie : CIL III 6010 b–d ; Norique : CIL III 4585, 5495, 5519, 14368–22 ; CBI 267. Pannonies : CIL III 3845, 4434, 11107 ; RIU 5, 1087 etc. 132 ISM V, 81. 133 Mihailescu-Bîrliba 2012b, 93 et suivantes. 134 ISM V, 77. 135 Pârvan 1912, 589. 136 Florescu, Florescu, Diaconu 1958, 19–21. 137 Popescu 1967, 187. 138 ISM V, 77, sub numero. 139 ISM V, 56. 140 ISM V, 87. 141 ISM V, 90. 142 ISM V, 91.

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last but not least, parce que le territorium peut désigner dans ce cas un uicus militaris d’une unité auxiliaire stationnée à Capidava, comme P. Kovács l’a montré pour d’autres situations pareilles 143. Par conséquent, notre Iulius Quadratus fait partie d’une famille non-italienne, mais qui a acquis la citoyenneté romaine. Les raisons de sa présence à Ulmetum (s’il ne s’agit pas d’une pierre « errante ») restent inconnus. G. Iulius Sergius est un autre citoyen romain, qui a épousé une femme d’origine grecque, Theagenia : les enfants s’appellent Theodorianus, Cocceiana et Sergiana 144. Les noms des enfants me font penser qu’il a été un indigène ou, en tout cas, un non-Romain qui a obtenu la citoyenneté. Sa femme semble être pérégrine. J’ai déjà mentionné qu’à Ulmetum, hormis les citoyens romains, est présente une communauté de Bessi ; elle est attestée dans les textes évoquant les ciues Romani et Bessi consistentes et j’ai présenté l’inscription érigée par le magister Iulius Teres 145. Une autre inscription représente l’épitaphe de Ithazis, fils de Dada, et de sa femme Ziftia 146. Ils faisaient partie de la communauté des Bessi, colonisés probablement par des raisons économiques. Je reviendrai plus tard à ce propos. Les personnes d’origine grecque ou au moins hellénophones sont également présentes dans les inscriptions. Je ne parlerai pas des inscriptions grecques « errantes » (provenant très probablement d’Istros et de Tomi), comme la liste de magistrats d’Istros 147 ou l’inscription en l’honneur de Sabinia Tranquillina érigée par les Tomitains 148. J’ai déjà mentionné des personnes ayant une telle origine lorsque j’ai analysé les inscriptions où, à côté des citoyens romains, il y avait des femmes ou des enfants portant des noms grecs. J’ai également exprimé des doutes concernant l’origine « romaine » de ces personnages. Il s’agit de Martius Philo 149, de L. Valerius Victorinus et surtout de sa femme Ulpia Nicandra, mais aussi de son fils L. Valerius Soter et de son affranchi L. Valerius Nilus 150, de trois Valerii (Zosimus, Callinicus, Phoebius) 151, de G. Iulius Sergius et particulièrement de sa femme Theagenia 152 et d’Aemilius Postiminius, de son épouse Theodote et de son fils Theodorus 153. Il y a aussi un fragment d’inscription en grec, trop fragmentaire pour nous fournir une restitution 154. Il faut ajouter encore deux textes rédigés en grec. Le premier représente un monument funéraire érigé par Attas, fils de Posses, pour son fils défunt Iustus, mort à l’âge de 20 ans 155. Le même personnage est le commémorateur de sa femme Mama dans une inscription trouvée à Dulgheru, dans le milieu rural de Carsium 156. Même si D. Detschew 143 144 145 146 147 148 149 150 151 152 153 154 155 156

Kovács 2013, 144. ISM V, 80. ISM V, 69. ISM V, 79. ISM 87. ISM V, 91. ISM V, 64. ISM V, 72. ISM V, 76. ISM V, 80. ISM V, 81. ISM V, 89. ISM V, 78. ISM V, 128.

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considère que Posses et Mama sont des noms Thraces 157, il faut rappeler que les deux noms sont retrouvés en Grèce et en Asie Mineure 158. En plus, Attas est un nom hypochoristique répandu en Asie Mineure 159. Attas et Mama étaient une famille de Grecs, provenant probablement d’Istros (par naissance ou par mobilité). La tendance de romanisation des noms est visible chez lui car, même s’il s’exprime en grec, il donne le nom de Iustus à son fils. Il est probable qu’après la mort de celui-ci (car sa femme est décédée à 60 ans), il se déplace dans le territoire rural de Carsium, au nord-ouest d’Ulmetum. Le deuxième texte écrit en grec représente en fait un fragment d’une pierre funéraire dédiée à Aphrodisios, fils de Marcus ou de Marcianus 160. On remarque encore une fois, mais d’une façon indirecte, la romanisation des noms. Aphrodisios provient sans doute d’une famille hellénophone, mais son père a reçu un nom latin, en donnant lui aussi à son fils un nom grec.

4. La composition ethnique et sociale de la campagne d’Istros Une première chose qui se remarque et une colonisation réalisée d’une manière officielle (les conuentus de ciues Romani avec les communautés des Thraces venus du sud du Danube – les Bessi et les Lai.) A. Avram a fait, il y dix ans, un état de la question sur ces communautés 161. Il pense que les communautés des Thraces, qui n’étaient pas indigènes, ont été d’abord colonisées ailleurs, avant d’arriver dans la région 162. Il faut aussi remarquer qu’à côté de ces citoyens romains et des Thraces, les inscriptions mentionnent (dans le cas du uicus Quintionis), des vétérans retirés à la campagne après avoir effectué leur service. Ce composant social renforce la latinité de la campagne, au moins en ce qui concerne l’usage du latin dans les inscriptions. De toute façon, on remarque que les villages sont bel et bien organisés selon le modèle romain d’une telle structure. La formule reste la même également après l’édit de Caracalla. Je suis d’accord avec la première situation envisagée par A. Avram, qui voit dans cette réalité une tradition locale, la formule étant à ce momentlà sans signification juridique 163. Le uicus Quintionis nous fournit la plus riche documentation, à côté du uicus Ulmetum. La mention des ueterani dans le premier cas rend possible que certains des porteurs de noms latins soient d’anciens militaires. Les cas de Braetius Favorinus 164 et d’Aelius Aurelius 165 sont d’ailleurs les plus évidents. De même, il me semble que L. Pompeius Valens, originaire d’Ancyre 166, était aussi un vétéran. L’origine des autres citoyens romains mentionnés dans les établissements ruraux du territoire d’Istros est difficile à déterminer. On observe que dans le territoire rural d’Istros, 157 158 159 160 161 162 163 164 165 166

Detschew 1957, 284, 375–376. Voir le commentaire d’E. Doruțiu-Boilă, ISM V, 78, 128, sub numero, avec la bibliographie. Robert 1963, 528–529 ; Zgusta 1964, 106–107, § 119–9. ISM V, 88. Avram 2007, 91–109. Sur les ciues Romani consistentes, voir aussi Van Andringa 2003, 49–60. Avram 2007, 99–100. Avram 2007, 101. ISM I, 336. ISM I, 323. ISM I, 373.

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les gentilices impériaux sont assez nombreux : 13 (dont 2 Iulii, 3 Claudii, 2 Flavii, 2 Cocceii, un Ulpius, 2 Aelii et un Aurelius), sans compter ceux trouvés dans le uicus Ulmetum. On observe d’ailleurs que les gentilices de la première période du Haut-Empire, comme Claudius, Flavius, Cocceius et même Aelius sont présents dans les inscriptions plus tardives, trouvées dans le uicus Secundini. Ainsi, il est évident que la citoyenneté n’a pas été reçue par les porteurs, mais par leurs ancêtres. Cela pourrait bien être valable pour les autres cas, d’époque plus haute, ce qui rend très difficile la démarche d’établir l’origine de ces gens. Pourtant, ces établissements ruraux ont été fondés dans la première moitié du IIe siècle, comme les textes en témoignent. Mais quand plus précisément ? Même si les premiers textes datent du début du règne d’Antonin, cette colonisation a été achevée plus tôt, probablement sous Trajan ou sous Hadrien. Après le renforcement du côté nord du limes danubien, le territoire des cités grecques du littoral ouest-pontique a été peuplé des citoyens Romains (y compris des vétérans), qui ont certainement reçu des domaines. À ce segment s’est ajoutée la population des Thraces colonisés du sud du Danube, les Bessi et les Lai. Il ne faut pas oublier des communautés grecques habitant l’ancienne chora de la cité grecque. L’établissement situé sur l’actuel village d’Istria et la chora Dagei sont des preuves en ce sens. Dans les autres coins de la campagne d’Istros, les porteurs des noms grecs (surtout des surnoms) sont assez peu nombreux. En ce qui concerne Ulmetum, la colonisation avait pour but la latinisation d’une zone située à proximité des cités grecques (surtout d’Istros) et sans doute l’exploitation économique du territoire, comme dans le cas des autres établissements ruraux du territoire. En ce qui concerne l’appartenance d’Ulmetum au territoire de Capidava ou d’Istros, j’y reviendrai ultérieurement. En tout cas, on remarque d’abord une colonisation au niveau officiel (ciues romani et Bessi consistentes), structure qui se retrouve dans le territoire d’Istros (uicus Quintionis) 167. Parmi les citoyens romains, on rencontre probablement d’anciens soldats et leurs descendants. Le premier texte date de 140 donc il est impossible d’apprendre quelque chose sur les premiers citoyens établis ici. Pourtant, les Tib. Claudii et les Valerii sont souvent attestés en tant que militaires. Les Valerii sont bien documentés à Capidava, en formant une famille aisée, qui possède des affranchis 168 et dont les membres sont des magistri uici 169 ou remplissant des charges dans les collèges religieux 170. Les Flavii forment une autre gens apparemment aisée, même si elle est documentée seulement trois fois 171. D’autres personnes, bien que citoyens romains et portant des noms latins, ont épousé des femmes provenant d’un milieu hellénophone et au moins un enfant porte un nom d’origine grecque : hormis L. Valerius Victorinus 172, il faut rappeler G. Iulius Sergius 173 et Aemilius Postuminius 174. Les personnes d’origine hellénophone proviennent sans doute de la cité d’Istros, et présentent des tendances à la romanisation au niveau 167 168 169 170 171 172 173 174

ISM I, 324–332 ; voir Mihailescu-Bîrliba 2012b, 91–98. ISM V, 72. ISM V, 62. ISM V, 67. ISM V, 63, 65, 67. ISM V, 72. ISM V, 80. ISM V, 81.

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onomastique, soit par le nom du fils (le cas d’Attas) 175, soit par l’intermédiaire du nom du père (le cas d’Aphrodisios, fils de Marcus ou de Marcianus) 176. Quelles sont les raisons de la présence de ces Grecs à Ulmetum ? Je pense qu’il s’agit encore des activités agricoles qu’ils pouvaient développer en dehors de la cité où ils étaient établis. Que peut-on dire sur les Thraces mentionnés dans le territoire d’Istros ? Dans trois uici du territoire d’Istros, il y a plusieurs mentions des Thraces colonisés dans la région. Dans la plupart des cas, il s’agit des magistri uici mentionnés à côté d’un magister citoyen romain et d’un questeur qui porte lui-aussi des noms romains. La communauté du uicus Quintionis s’appelle ciues Romani et Bessi consistentes, tandis que la communauté d’une autre localité prise en discussion, le uicus Secundini, s’appelle ciues Romani et Lai consistentes, comme il résulte des textes 177. Dans le uicus Quintionis, les inscriptions attestent 19 personnes dont l’origine est thrace ou, au moins, dans un cas, on peut la supposer 178. Ainsi, la plupart de ces personnes sont magistri uici, comme Derzenus Auluporis 179, Bizienis 180, Durisses Bithi 181, Mucaporus Ditugenti 182, Genicius Brini 183, Lupus T… 184, Mucatralis Doli 185, Valerius Cutiunis 186 et Derzenus Biti 187. Deux personnages sont questeurs (Dotus Zinebti 188 et Fronto Burtsitsinis 189), tandis que trois autres textes mentionnent plusieurs familles, des personnes d’origine thrace. On dispose dans le uicus Quintionis de 12 textes attestant 19 personnes d’origine thrace. De ces 19 personnes, on en distingue une douzaine dont un composant ou tous les composants des noms sont Romains. Quatre de ces personnes font partie de l’élite du uicus, en tant que magistri (Genicius Brini, Lupus T…, Valerius Cutiunis) et quaestor (Fronto Burtsitsinis). Dans le cas de Lupus, fils de T…, on a supposé qu’il s’agissait d’un personnage avec un patronyme thrace, car on observe toujours que le couple citoyen romain-Thrace apparaît systématiquement dans l’exercice de ces fonctions. En plus, Lupus apparaît comme un cognomen utilisé par les Thraces 190. Pour le reste, les patronymes sont thraces (Brinus, Cutio, Burtsitsinis 191). Les noms des fonctionnaires ont soit la forme des cognomina (Genicius, Lupus, Fronto), soit la forme d’un gentilice (Valerius). Les 175 ISM V, 78. 176 ISM V, 88. 177 Pour les ciues Romani et Bessi consistentes : ISM I, 324, 326-328, 330, 332. Pour les ciues Romani et Lai consistentes : ISM I, 343–347, 349. 178 Voir aussi Aparaschivei 2010, 240–241 ; Aparaschivei 2011, 228–229. 179 ISM I, 324, datant du règne d’Antonin. 180 ISM I, 325, datant du 13 juin 144. 181 ISM I, 326, datant du 13 juin 149. 182 ISM I, 327, datant du 13 juin 167. 183 ISM I, 328, datant du 13 juin 169. 184 ISM I, 329, datant du 13 juin (170–174). 185 ISM I, 330, datant du 13 juin 175. 186 ISM I, 331, datant du 13 juin 176. 187 ISM I, 332, datant du 13 juin 177. 188 ISM I, 330. 189 ISM I, 332. 190 Voir Dana 2011, 60. 191 Pour Brinus, voir Detschew 1976, 89 ; pour Cutio, voir Detschew 1976, 265 ; pour Burtsitsinis, voir Detschew 1976, 83.

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inscriptions datent à partir de 169 jusqu’à 177. Les autres personnes sont Antonius Dolentis et les membres de la famille de Seuthes, Aurelia Dusia et Aurelius Herculanus. Si dans le cas du premier personnage le texte est difficile à dater (on est sûr, pourtant, d’une datation du IIe siècle), dans les textes suivants, l’utilisation du gentilice Aurelius, sans être accompagné du prénom, rend possible une datation après 212. Il faut remarquer que seulement le patronyme et le cognomen des femmes (Dusia) indiquent les racines thraces des personnes ; autrement, tous les hommes de la famille (Herculanus, Cocceius, Genialis, Claudius et Vindix) portent des surnoms latins, deux étant inspirés des gentilices (Cocceius et Claudius). Dans une autre localité rurale appartenant au territoire d’Istros, uicus Secundini, la communauté des Thraces est constituée par des Lai. Ils sont présents dans l’élite de ce uicus, en tant que magistri, à côté d’un magister citoyen Romain. Ainsi, un personnage dont seulement le patronyme s’est conservé (Mucatralis) est attesté dans un texte datant de 182 ou de 195 (du nom d’un des consuls a été conservé le surnom) 192. Une autre inscription datant de 220, mentionne Valerius Cosenis 193, tandis que trois autres textes, datés de 202, 237 et 238, font mention de Iustinus Valeri 194, d’Aelius Herculanus 195 et de Iustus Iustini 196. D. M. Pippidi est d’avis que ces trois derniers sont d’origine thrace, en raison de l’association citoyen romain-Thrace dans les fonctions de magistri uici 197. Je suis d’accord avec D. M. Pippidi, en ajoutant que la façon « pérégrine » d’écrire les noms, même après l’acquisition de la citoyenneté (trois textes datent d’après 212 et dans deux d’entre eux, les noms sont rédigés sur la pierre de la manière évoquée), est un argument de plus pour considérer ces personnes d’origine thrace. En outre, Iustinus Valeri peut être le fils d’un certain Valerius, fils d’Untel, comme on l’a vu déjà dans les inscriptions précédentes (Valerius Cutiunis, par exemple). Iustus Iustini peut à son tour être un descendant de Iustinus Valeri, au regard de l’intervalle chronologique entre la rédaction de ces deux textes qui est de 36 ans. Aelius Herculanus est le seul citoyen parmi ces personnages dont le nom apparaît transcrit comme chez un ciuis Romanus. On observe ici que, sauf le fils de Mucatralis, dont le nom n’est pas conservé, les autres présentent une tendance évidente à « romaniser » leurs noms. C’est le cas de Valerius Cosenis, mais surtout de Iustinus Valeri, d’Aelius Herculanus et de Iustus Iustini, dont les noms sont romains et seulement les circonstances nous permettent d’identifier ces personnages comme ayant des racines thraces. Enfin, dans un troisième uicus appartenant au territoire d’Istros, uicus Ulmetum, on rencontre un autre magister, Iulius Teres, citoyen portant un cognomen thrace 198, qui fait ériger un autel à Jupiter et à Junon 199. L’inscription date sûrement du IIe siècle et, si l’on prend en considération les autres textes mentionnant le uicus Ulmetum, elle date probablement de la seconde moitié du IIe siècle. En tout cas, il s’agit d’un personnage 192 193 194 195 196 197 198 199

ISM I, 342. ISM I, 345. ISM I 344. ISM I 346. ISM I 347. ISM I, 344, 346, 347, sub numero. Pour Teres, voir Detschew 1976, 500–502 ; Dana 2004, 449. ISM V, 69.

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d’origine thrace qui est devenu citoyen (ou peut-être un de ses parents). La présence des Thraces est documentée par trois inscriptions attestant les Bessi 200. Une épitaphe atteste aussi une famille de Thraces, Ithazis Dadae et sa femme, Ziftia 201. La colonisation des Bessi à Ulmetum a les mêmes raisons que leur colonisation dans le reste du territoire d’Istros : l’exploitation du fer 202. Hormis les ressources trouvées à proximité du village, une recherche archéologique de surface a signalé un four qui contenait beaucoup de débris en fer 203. La présence des Bessi en connexion avec ces activités économiques est, par conséquent, explicable. On peut ainsi reconstituer l’intervalle chronologique de l’utilisation des noms romains par les Thraces. Excepté un seul texte, difficile à dater, tous les autres datent à partir de 169 jusqu’à la première moitié du IIIe siècle. Est-ce qu’on peut dire que 169 représente un terminus post-quem ? Il est vraiment difficile de répondre car la mention des noms « purement » thraces continue même après cette date (Mucatralis Doli et Dotus Zinebti – 175, Derzenus Biti – 177). De toute façon, on ne dispose d’aucune source de cette région mentionnant un Thrace portant un nom romain avant 169. Il est difficile d’apprendre si cette romanisation des noms a commencé plus tôt, mais on constate que ce processus est plus intense à partir de la deuxième moitié du IIe siècle (plus précisément, à partir du règne de Marc Aurèle) et se généralise, peut-on-dire, au IIIe siècle. O. Bounegru pense que la romanisation des Thraces a connu une première phase, reflétée par les textes du uicus Quintionis, ce qui expliquerait que dans la seconde phase, illustrée par les inscriptions du uicus Secundini, les Thraces soient fortement romanisés 204. Nous sommes d’avis qu’il s’agit plutôt d’une « romanisation » des noms, car au niveau de l’acculturation, il est difficile d’apprendre en quelle mesure les Bessi et les Lai étaient romanisés. En Mésie Inférieure, il faut mentionner, par exemple, Iulius Dizzace, qui fait ériger une épitaphe à son fils, Valerius Valens, soldat de la Ve légion Macedonica, mort dans l’expédition parthique de Marc Aurèle et de Lucius Verus 205. Le père est déjà citoyen : c’est un indicateur clair que la « romanisation » des noms avait commencé plus tôt, mais les cas avant le règne de Marc Aurèle sont encore rares. En tout cas, le fils porte déjà un gentilice et un surnom latins qui n’indiquent plus son origine 206. À Tomi, une certaine Cornelia Fortunata, affranchie, porte l’agnomen de Doutouros, qui indique son origine thrace 207. Elle a préféré prendre, après l’affranchissement, un cognomen latin. La formule memoriae causa indique plutôt une datation vers la fin du IIe siècle ou vers le début du IIIe. Toujours à Tomi, les inscriptions datant du IIe siècle attestent deux Claudii Mucasii 208. Pour le IIIe siècle, on

200 ISM V, 62–64. 201 ISM V, 79. Voir aussi Detschew 1976, 192 (Ziftia), 215 (Ithazis). Dada est considéré par Dana (2004, 435) comme un nom à éliminer du répertoire des noms thraces, mais sa recommandation ne s’applique pas dans le cas d’Ithazis. 202 Nuțu 2011, 64–65. 203 Zah 1971, 198–199 ; Suceveanu, Zah 1971, 574–575. 204 Bounegru 2011, 241–242. Bărbulescu (2001, 139–141) croit, à peu près, la même chose. 205 ISM V, 185. 206 Valerius Valens fait partie de la catégorie des noms banals évoquée par Dana (2011, 56–57). 207 ISM II, 195. 208 ISM II, 138, 227.

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dispose à Callatis d’un texte rappelant Aurelius Dalenus et Aurelia Uthis 209 et à Novae d’une inscription qui mentionne Aurelius Victor Perburidauensis qui et Buricodauensis 210. Une Aurelia Sabina hè kai Nènès est attestée à Nicopolis ad Istrum 211. La « romanisation » des noms dans le territoire rural d’Istros s’affirme d’abord par l’adoption d’un nom romain à côté d’un patronyme thrace, puis, lorsque les Thraces ont acquis la citoyenneté, par l’adoption du gentilice latin à côté d’un surnom latin et par la latinisation complète des noms. Souvent, les Thraces romanisés utilisent encore leurs patronymes même s’ils possèdent déjà la citoyenneté. Cette pratique est fréquente au IIIe siècle, quand les Thraces adoptent intégralement les noms romains. C’est d’ailleurs ce que constate D. Dana pour tout l’espace thrace 212. En ce qui concerne le but économique de la colonisation des Thraces, il y a plus de quarante-cinq ans, Em. Zah et A. Suceveanu cherchaient une réponse à la question : pour quelles raisons a été réalisé la colonisation des Bessi en Dobroudja romaine ? Bien que mentionnés par Ovide à Tomi au début du Ier siècle 213, ils sont attestés de nouveau, par les inscriptions, au siècle suivant, dans le territoire rural d’Istros et à Ulmetum. Em. Zah et A. Suceveanu formulent deux hypothèses par rapport à la présence des Bessi en Dobroudja romaine. La première, c’est que les Bessi mentionnés par Ovide sont arrivés par déportation ou bien par une retraite face à la pression exercée par les Romains sur leurs territoires de Haemus. La deuxième hypothèse regarde les raisons de la présence des Bessi au nord du Danube au IIe siècle. En corroborant quelques passages de Végèce sur les aptitudes minières des Bessi 214 et les analyses effectuées par le géologue Em. Zah dans les territoires où leur présence est attestée au IIe siècle, les auteurs cités pensent que ceux-ci ont été colonisés en Dobroudja afin de réaliser des exploitations minières de surface 215. Si la première hypothèse reste, à notre avis, encore à discuter, la deuxième nous semble plus plausible, en se fondant sur les sources et sur les analyses de terrain. Bien sûr, le rôle des Bessi n’est pas seulement économique, car leurs qualités de guerriers sont prouvées indirectement par un nombre assez élevé de ces derniers dans l’armée romaine (les diplômes militaires en font preuve) 216. Le but économique de la colonisation du territoire d’Istros est évident. On sait que l’armée a eu un rôle essentiel dans la transformation économique des provinces 217, mais il ne faut pas négliger celui des colons civils, néanmoins important. Les vœux pour Jupiter et Junon, au-delà de leur caractère officiel, sont effectués en juin et en juillet, à l’occasion de travaux agricoles. En plus, le culte de Jupiter et de Junon (qui a souvent l’épithète « La 209 ISM III, 237. 210 ILB 317=IGLNovae 91. Les derniers éditeurs datent l’inscription de 140 à 200, en raison des gentilices Aelius et Aurelius, mais la transcription du nom Aurelius sans prénom rend plutôt possible une datation après 212, ce qui n’exclut pas la présence du gentilice Aelius. Pour les détails onomastiques, voir aussi Dana 2011, 77. 211 IGB II, 689 ; voir aussi Dana 2011, 77. 212 Dana 2011, 86. 213 Ovide, Trist. 3, 10, 5 ; 4, 1, 67. 214 Végèce, 2, 11 ; 4, 24. 215 Zah, Suceveanu 1971, 567–578. 216 Voir, par exemple, notre article (Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2012b, 9–10, 13–14). 217 Citons seulement Haynes 2002, 111–126 ; Wierschowski 2002, 264–292 ; Verboeven 2007, 295–313.

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Reine ») est répandu dans tout le milieu rural de Mésie Inférieure 218. L’importance des activités agricoles est prouvée également par les vœux à Silvain (dans une inscription, il porte l’épithète de Sator) effectués par les habitants d’Ulmetum 219. En plus, le dieu a un collège d’adorateurs dans le village. Z. Gočeva, en analysant les inscriptions d’Ulmetum, qui ont, au-delà de l’importance du culte pour l’agriculture, un caractère officiel, confirme la romanisation de cette région 220. Nous pouvons donc voir que l’enjeu économique était assez important, du point de vue de l’agriculture et de l’exploitation des métaux. Une dernière question reste actuelle : le uicus Ulmetum a-t-il fait partie du territoire de Capidava ou du territoire d’Istros ? Le village est situé à mi-chemin par rapport aux cités mentionnées ci-dessus. Je suis enclin à accepter la deuxième variante (Istros), pour plusieurs raisons. Même si à Ulmetum sont présentes des personnes qui habitent Capidava, la présence des pierres « errantes » et d’autres personnes d’origine grecque indiquent une relation proche avec Istros. L’attestation de C. Iulius Quadratus, quinquennalis territorii Capidavensis et princeps loci à Ulmetum 221 n’est pas, comme on l’a vu, une preuve pour l’appartenance d’Ulmetum au territoire de cette cité. En plus, il est possible, comme Gr. Florescu (l’un des partisans de cette hypothèse) l’a admis, que l’inscription soit apportée de Capidava. Un autre argument serait l’organisation d’Ulmetum selon le modèle de uicus Quintionis, qui est compris dans le territoire d’Istros, par la colonisation des ciues Romani et Bessi consistentes. Enfin, un troisième argument serait la présence à Topalu (tout près) de Capidava, d’un magister uici que l’on suppose être le maire de Capidava. Ce dernier argument n’est soutenable que partiellement dans la mesure où le texte n’est pas davantage explicite. Annexe1.1. Les citoyens Romains dans le territoire d’Istros sous le Haut-Empire No. 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Nom L. ValeriusMaxellius Tib. Saturninus Terentius Maternus Claudius Gaius Servilius Primigenius [---] Longinus [---] Longinianus Braetius Favorinus L. Pompeius Valens Flavius Germanus

Statut juridique ou social citoyen, magister uici Ulmeti magister uici Quintionis quaestor uici Quintionis magister uici Quintionis quaestor uici Quintionis citoyen, magister ? citoyen, magister ? vétéran de la legio V Mac. vétéran originaire d’Ancyre citoyen, magister uici Ulmeti

Datation 140 144 144 149 149 150 150 Antonin Antonin 25.06.163

11

Aelius Bellicus

magister uici Quintionis

167

Source ISM V, 62 ISM I, 325 ISM I, 325 ISM I, 326 ISM I, 326 ISM V, 75 ISM V, 75 ISM I, 336 ISM I, 373 ISM V, 63 ISM I, 327, 330

218 ISM I, 329, 340, 346–347, 368 (voir aussi Bărbulescu 2001, 48 ; Bounegru 2011, 233–244) ; ISM III 249 ; ISM V, 13–15, 17–18, 23, 123, 129 ; CIL III 12465 ; ILB 156, 192, 235, 238, 425 ; IGLNovae 24 ; AE 1998, 1136 ; voir aussi Ivanov 1999, p. 115–116. 219 ISM 66–67. 220 Gočeva 1999, 291–293. 221 ISM V, 77.

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No.

Nom

Statut juridique ou social

Datation

12

Claudius Ianuarius

quaestor uici Quintionis

167

13 14 15 16 17 18 19 20 21

Iulius Geminus Cocceius Firmus Martius Philo Tib. Firmus Flavius Secundus Iulius Florus Valerius Valerianus Domet[ius] Consul ? Flavius Augustales

169 169 2.07.172 176 176 177 1.07.178 1.07.178 5.06.191

Source ISM I, 327, 329 ISM I, 328 ISM I, 328 ISM V, 64 ISM I, 331 ISM I, 331 ISM I, 332 ISM V, 66 ISM V, 66 ISM V, 67

22

T. Manius Bassianus

IIe s.

ISM I, 339

e

II s. IIe s. IIe s.

ISM I, 339 ISM I, 339 ISM I, 339

avant 212

ISM I, 335

IIe s. IIe s. IIe s. IIe s.

ISM V, 59 ISM V, 65 ISM V, 69 ISM V, 70.

IIe s.

ISM V, 77

avant 212 avant 212 fin du IIe– début IIIe s. fin du IIe– début IIIe s. fin du IIe– début IIIe s. fin du IIe– début IIIe s. fin du IIe– début IIIe s. fin du IIe– début IIIe s. 22.06.216 22.06.216 22.06.216 220

ISM V, 81 ISM V, 80

23 24 25

Manius Vitalis Vitalianus Bassianus Scapullia Gemella

26

Valerius Crescens

27 28 29 30

Tib. Claudius Firminus T. Flavius Severus Iulius Teres Calventius Constans

31

C. Iulius Quadratus

32 33

Aemilius Postuminius G. Iulius Sergius

magister uici Quintionis quaestor uici Quintionis citoyen, magister uici Ulmeti magister uici Quintionis quaestor uici Quintionis magister uici Quintionis citoyen à Ulmetum citoyen à Ulmetum citoyen à Ulmetum buleuta Histriae (uicus Quintionis) petit-fils du no 22 fils du no 22 femme du no 23 fils d’Antonius Dolentis (uicus Quintionis) citoyen à Ulmetum citoyen à Ulmetum citoyen, magister uici Ulmeti citoyen à Ulmetum princeps loci, quinquennalis territorii Capidavensis citoyen à Ulmetum citoyen à Ulmetum

34

L. ValeriusVictorinus

citoyen à Ulmetum

35

UlpiaNicandra

citoyen à Ulmetum

36

L. ValeriusVictorinus

citoyen à Ulmetum

37

L. Valerius Turbo

citoyen à Ulmetum

38

L. ValeriusSoter

citoyen à Ulmetum

39

L. ValeriusNilus

affranchi, citoyen à Ulmetum

40 41 42 43

Valerius Zosimus Valerius Callinicus Valerius Phoebio Flavius Valens

citoyen à Ulmetum citoyen à Ulmetum citoyen à Ulmetum magister uici Secundini

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ISM V, 72 ISM V, 72 ISM V, 72 ISM V, 72 ISM V, 72 ISM V, 72 ISM V, 76 ISM V, 76 ISM V, 76 ISM I, 345

38

No. 44 45 46 47 48 49 50

La population dans le milieu rural d’Istros

Statut juridique ou social magister uici Secundini magister uici Secundini magister uici Secundini magister uici Secundini magister uici Celeris ancien prétorien citoyenne (uicus Buteridavensis)

Datation 237 237 246 246 177 7.01.233 IIIe s.

Source ISM I, 346 ISM I, 346 ISM I, 349 ISM I, 349 ISM I, 351 ISM I, 323 ISM I, 360

Thrace (uicus Quintionis)

IIIe s.

ISM I, 337

52

Nom Aurelius Fortunatus Aelius Herculanus Claudius Antoninus Cocceius Iustus Ulpius Ulpianus Aelius Aurelius Messia Pudentilla Aurelius Herculanus, Seuti f. Aurelia Dusia

Thrace (uicus Quintionis)

IIIe s.

53

Aurelius Cocceius

Thrace (uicus Quintionis)

IIIe s.

54

Aurelius Genialis

Thrace (uicus Quintionis)

IIIe s.

55

Aurelius Claudius

Thrace (uicus Quintionis)

IIIe s.

56

Aurelius Vindix

Thrace (uicus Quintionis)

IIIe s.

57

Claudia Dusia

IIIe s.

58

Aurelius Iulius De[---]us

IIIe s.

ISM I , 340

59

P[---] Gaius Hil[---]

IIIe s.

ISM I, 340

60

Aelius Ma[---]

IIIe s.

ISM I, 340

61

[---] Amandus

IIIe s.

ISM I, 340

62 63 64

[---] Marciana ValeriusFelicx Cocceius (H)Elius

Thrace (uicus Quintionis) prêtre de Jupiter Dolichenus (Istros) prêtre de Jupiter Dolichenus (Istros) prêtre de Jupiter Dolichenus (Istros) prêtre de Jupiter Dolichenus (Istros) citoyenne citoyen à Ulmetum citoyen à Ulmetum

ISM I, 337 ISM I, 337-338 ISM I, 337-338 ISM I, 337-338 ISM I, 337-338 ISM I, 338

IIIe s. IIIe s. IIIe s.

ISM I, 340 ISM V, 73 ISM V, 73

51

Annexe 1.2. Les occurrences des gentilices impériaux à Istros et dans son territoire sous le Haut-Empire Gentilice impérial Iulius Claudius Flavius Cocceius Ulpius Aelius

Occurrences à Istros 4 1 8 0 7 4

Ocurrences dans le territoire d’Istros 2 3 2 2 1 2

Total des occurences 6 4 10 8 2 6

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Gentilice impérial Aurelius Total

Occurrences à Istros 2 26

39

Ocurrences dans le territoire d’Istros 1 13

Total des occurences 3 39

Annexe 1.3. Supplementum epigraphicum : les Thraces portant des noms « romanisés » Vicus Quintionis 1. ISM I, 328. I(oui) O(ptimo) M(aximo) / [s]acru[m pro] / sal(ute) Imp(eratoris) Aug(usti) / uet(erani) et c(iues) R(omani) et / Bessi con(sistentes) uic(o) / Q(uintionis) cur(am) a(gentibus) ma(gistris) / Iulio Gemini(o) / et Genicio / Brin(i) et qu(a)es(tore) / Cocceio Fir/mo Idibus Iu/ni(i)s Prisco / et Apollona/re(!) co(n)s(ulibus). 2. ISM I, 329. I(oui)O(ptimo) M(aximo) / et Iunoni Re/gi(nae) pro sal(ute) Imp(eratoris) / Aug(usti) ciu(itatis) / et reg(ionis) His(triae) cur(am) / agen(tibus) Cl(audio) Ia/nuar(io) et Lupo T....... / [mag(istris) et quaest(ore)] / [---]. 3. ISM I, 331. I(oui) O(ptimo) M(aximo) // sac(rum) pro [sal(ute)] / Imp(eratoris) uet(e)r(ani) e[t] / c(iues) R(omani) et Bes(si) c[o]/n(sistentes) uic(o) Quin(tionis) / cur(am) ag(entibus) mag(istris) / Tib(erio) Firmo et / Val(erio) Cutiunis / et qu(a)estor(e) / Fl(avio) Secundo / Idibus Iuni[is] / Apro II et Pol[li]/one II co(n)s(ulibus). 4. ISM I, 332. I(oui) O(ptimo) M(aximo) // [sa]c(rum) pro / [sal(ute) I]mp(eratoris) uet(e)r(ani) e/t c[i]u(es) [R(omani)] et Bes(si) co/n(sistentes) u[i]c(o) Quin(tionis) / cur(am) a[g(entibus)] mag(istris) / Iul(io) Flor[o] et D/erz(eno) Bit(i) [et] qu(aestore) / Front(one) Bu[rt]/sitsinis Id[i]/bus Iuni(i)s / Imp(eratore) Com/modo et Q/uintillo co(n)s(ulibus). 5. ISM I, 335. D(is) M(anibus) / Antonius Do/lentis uix(it) ann(os) / XVIII Saluia Anicii / filio benem(erenti) pos(uit) / et Val(erius) Crescens. 6. ISM I, 337. D(is) M(anibus) / Aur(elio) (H)ercula/no Seuti Aur(elia) Dusia / Seuti co(n)iux et Aur(elius) / Cocceius (h)er(es) et Aur(elius) / Genialis (h)er(es) et Aur(elius) / Claudius (h)er(es) et Aur(elius) / Vindix(!) (h)er(es) fili(i) et / (h)eredes bene m/[erenti patri] / [carissimo] / m[emoriae cau]/s(a)e ti[tulum po]/suerun[t] a/ue uiator et / uale h(a)ec sunt. 7. ISM I, 338. D(is) M(anibus) / Claudia / Dusia ui/[xit an(nos) ---] / [Cocceius et Genialis et] / Claudius et Vindix / fili(i) (H)erculani et (h)e/redes matri pien/tis(s)im(a)e uiuo titu/lum posuerunt / bene merit(a)e mem/oriae caus(a)e aue / uiator et uale. Vicus Secundini 8. ISM I, 342. [--- cu]/[ra(m) agentibus m]agis/[tris --- L]ongino / [et --- ]Muca/[trali T]ineii(o) et / [---] cons(ulibus) 9. ISM I, 344. I(oui) O(ptimo) M(aximo) / c(iues) R(omani) et Lai cons(istentes) / uico Secundini /

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La population dans le milieu rural d’Istros

po(suerunt) pro salute{m} Im/peratorum dom/inorum nn(ostrorum) L(uci) S(eptimi) / Seueri et Marci A(ureli) / Antonini cura(m) / ag(entibus) mag(istris) Artema / Dioscoridentis / et Iust(i)no Valeri / Imp(eratoribus) Seuero / III et Ant(onino) co(n)s(ulibus). 10. ISM I, 345. I(oui) O(ptimo) M(aximo) / c(iues) R(omani) et Lai consistentes / uico Secundini po/suerunt pro salu/te / Imperatoris M(arci) / Aur(eli) A[nto]n[ini] Pii Fe/licis Aug(usti) cur(am) age[n]/tibus magg(istris) Fl(auio) Valen/te et Valerio Cosenis / Imp(eratore) domino n(ostro) [[[M(arco) Aur(elio)]]] / [[[Ant(onino)]]] Aug(usto) III et Vale/rio Comazone / cons(ulibus). 11. ISM I, 346. [[I(oui) O(ptimo) M(aximo)]] / [[et Iunoni Reginae]] / ciues Romani et Lai / consistentes uico / Secundini posueru/nt pro salute Ip(eratoris) [[C(ai) Iul(i)]] / Veri [[Ma]xim[i]n[i]] Pii Au/g(usti) et [[C(ai) Iul(i)] Veri [Maximi]] / [[nobilissimi Caesaris]] / cura(m) agentibus / mag(istris) Aur(elio) Fortuna/to et Aelio Hercula/no Perpetuo et Cor/[neliano co(n)s(ulibus)]. 12. ISM I, 347. I(oui) O(ptimo) M(aximo) et Iunoni Reg/in(a)e / c(iues) R(omani) et Lai consis/tentes uico Secun/dini posuerunt / pro salute Imp(eratoris) / M(arci) Ant(onini) Gordi/anus(!) / cura(m) agentibus / magg(istris) Bonoso B/onunis et Iusto / Iustini Pio et / Proculo co(n)s(ulibus). Vicus Ulmetum 13. ISM V, 69. Ioui et Iuno/ni / Iulius Teres magis/tras (!) uico Ulmeto / aram posuit de su/o pro salute sua/m et filiorum su/i et uicanorum / an(n)o suo f(ecit).

Annexe 1.4. Liste des Thraces qui ont les noms « romanisés » (les datations sont sans exception ap. J.-C.)

Genicius Brini

Statut social et (ou) juridique magister, pérégrin

Lieu de découverte uicus Quintionis

2

Lupus T...

magister, pérégrin

uicus Quintionis

ISM I, 329

3 4 5

Valerius Cutiunis Fronto Burtsitsinis Antonius Dolentis Aurelius (H)Erculanus Seuti

magister, pérégrin quaestor, pérégrin pérégrin

uicus Quintionis uicus Quintionis uicus Quintionis

citoyen

No

Personne

1

6 7

Aurelia Dusia

8

Aurelius Cocceius

9

Aurelius Genialis

10

Aurelius Claudius

citoyenne, mère du no 6 citoyen, fils du no 6 citoyen, fils du no 6 citoyen,

Source

Datation

ISM I, 328

ISM I, 331 ISM I, 332 ISM I, 335

13.06.169 13.06.170 – 13.06.174 13.06.176 13.06.177 IIe s.

uicus Quintionis

ISM I, 337

IIIe s.

uicus Quintionis

ISM I, 337

IIIe s.

uicus Quintionis

ISM I, 337

IIIe s.

uicus Quintionis

ISM I, 337

IIIe s.

uicus Quintionis

ISM I, 337

IIIe s.

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No

Personne

11

Aurelius Vindix

12

Claudia Dusia

13 14 15 16 17 18

[---] Mucatralis Iustinus Valeri Valerius Cosenis Aelius Herculanus Iustus Iustini Iulius Teres

Statut social et (ou) juridique fils du no 6 citoyen, fils du no 6 citoyenne, femme du no 6 magister, pérégrin magister, pérégrin magister, pérégrin magister, pérégrin magister, pérégrin magister, citoyen

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Lieu de découverte

Source

Datation

uicus Quintionis

ISM I, 337

IIIe s.

uicus Quintionis

ISM I, 337

IIIe s.

uicus Secundini uicus Secundini uicus Secundini uicus Secundini uicus Secundini uicus Ulmetum

ISM I, 342 ISM I, 344 ISM I, 345 ISM I, 346 ISM I, 347 ISM V, 69

182 ou 195 202 220 237 238 IIe s.

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Fig. 1.1. Inscription concernant deux magistri (Sulpicius Narcissus et Derzenus Aulupori) et un quaestor (Cocceius Phoebus) du uicus Quintionis Source : ubi-erat-lupa.org/monument 21124

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Fig. 1.2. Inscription concernant deux magistri (Iulius Geminus et Genicius Brini) et un quaestor (Cocceius Firmus) du uicus Quintionis Source : ubi-erat-lupa.org/monument 2126

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Fig. 1.3. Monument funéraire d’Aurelius Herculanus (uicus Quintionis) Source : ubi-erat-lupa.org/monument 15303

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Fig. 1.4. Inscriptions des magistri Bonosus Bonunis et Iustus Iustini (uicus Secundini) Source : ubi-erat-lupa.org/monument 20828

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Fig. 1.5. Monument du magister Martius Philo (uicus Ulmetum) ) Source : ubi-erat-lupa.org/monument 21128

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Fig. 1.6. Délimitation des terres de Tib. Claudius Firminus (Ulmetum) Source : ubi-erat-lupa.org/monument 21721

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Fig. 1.7. Le monument funéraire de C. Iulius Quadratus, loci princeps, quinquennalis territorii Capidavensis (Ulmetum) Source : ubi-erat-lupa.org/monument 15310

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Fig. 1.8. Épitaphe d’Ithazis, fils de Dada, et de sa femme Ziftia (Ulmetum) Source : ubi-erat-lupa.org/monument 15300

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II. LA POPULATION DANS LE MILIEU RURAL DE TOMI 1. Introduction La recherche sur le territoire rural de Tomi est bien documentée, en partant des livres de M. Bărbulescu 1 et d’A. Bâltâc 2, continuée par une série d’articles de synthèse signés par M. Bărbulescu et L. Buzoianu 3. Les ouvrages et les articles mentionnés, les plus importants d’ailleurs d’une liste plus longue comprenant surtout la publication de nouveaux documents, se penchent moins sur la population et sur les raisons de sa présence dans le milieu rural, mais traitent davantage les aspects sociaux et économiques. Le dernier article signé par M. Bărbulescu et L. Buzoianu fait l’état de la question en ce qui concerne la population dans le territoire rural de Tomi. Les autrices distinguent plusieurs étapes en ce qui concerne la présence romaine sur ce territoire : une première, selon elles, est représentée par des mentions individuelles, où les uillae et les praediae sont attestées 4. Ces domaines ont appartenu, d’après Bărbulescu et Buzoianu, aux vétérans. Cette phase correspondrait à la fin du Ier siècle jusqu’au début du IIe. La deuxième étape, qui date du début du règne d’Antonin jusqu’au temps de Maximin, est caractérisée par la présence commune des vétérans et d’autres habitants, ainsi que par la mention des plusieurs uici 5. M. Bărbulescu et L. Buzoianu concluent que l’élément militaire a été décisif dans la romanisation des villages où il y a un élément romain représenté par les ciues Romani, un élément grec et un élément local ; toutefois, la langue des inscriptions, même dans le cas de celles rédigées en latin, conserve des éléments grecs, situation normale pour une cité habitée par les Grecs 6. Je vais passer en revue le dossier épigraphique du milieu rural tomitain. Le choix n’a pas toujours été facile : il s’agit non seulement des pierres errantes, mais il y a aussi des inscriptions trouvées sur le territoire où l’on n’est pas sûr que les personnages proviennent du milieu rural. C’est pourquoi on a concentré l’analyse de notre dossier épigraphique d’abord sur les textes attestant des structures rurales (y compris les habitants), puis sur les inscriptions provenant de la campagne, mais aussi sur des communautés qu’on ne connaît pas encore. L’analyse du dossier épigraphique consistera aussi dans la datation des textes (lorsque cette détermination est possible), afin de vérifier les conclusions de M. Bărbulescu et L. Buzoianu. En ce qui concerne le dossier archéologique, l’existence des villes et des villages modernes autour de Constanța (l’ancien Tomi) ont rendu difficile des fouilles 1 Bărbulescu 2001. 2 Bâltâc 2011. 3 Bărbulescu, Buzoianu 2013, 174–202 ; Bărbulescu, Buzoianu 2015-2016, 415–427 ; Bărbulescu, Buzoianu 2016, 195–212. 4 Bărbulescu, Buzoianu 2016, 196–199. 5 Bărbulescu, Buzoianu 2016, 199–208. 6 Bărbulescu, Buzoianu 2016, 208–209.

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systématiques. Pourtant, quelques résultats de ces entreprisent méritent d’être mentionnés. Deux tombes d’inhumation représentant probablement un complexe funéraire familial ont été attribuées par A. Bâltâc à l’existence d’une propriété rurale à Mamaia (aujourd’hui, bainlieue de Constanța) 7. Un complexe funéraire tumulaire fouillé à Bărăganu (dép. de Constanța) a été attribué à une structure rurale 8. D’autres complexes d’habitation de l’époque du Haut-Empire ont été identifiés à Castelu 9, à Târgușor 10 et à Straja 11. Les fouilles, comme dans le cas d’Istros, n’ont pas été nombreuses dans le milieu rural de Tomi. Elles ont pourtant prouvé l’existences des structures villageoises dans ce territoire. Le dossier épigraphique complétera ces informations et fournira des renseignements sur la dynamique de la population dans les campagnes de Tomi.

2. Le dossier épigraphique Commençons par les mentions des présences individuelles sur le territoire rural de Tomi. Un propriétaire des terres rurales est M. Ulpius Longinus, vétéran, ayant rempli la charge de décurion dans l’armée et buleuta à Tomi, qui fait ériger l’épitaphe pour lui-même et pour sa femme, sur sa propriété (in praedio suo) 12. Sa femme s’appelle Ulpia Aquilina : elle a pu acquérir le droit de cité en même temps que lui ou bien elle a été sa liberta, pendant le service militaire de Longinus. Après la fin de son service militaire, il est devenu décurion et propriétaire rural à côté de Tomi. Sa charge militaire prouve qu’il a servi dans une unité auxiliaire, obtenant sa citoyenneté probablement sous Trajan. C’est pourquoi l’inscription date sous Trajan ou même peu après, à voir son statut de vétéran. L’autel voué par Ti. Claudius Mucasius au Héros Cavalier date de la première moitié du IIe siècle et représente un cas de Thrace ayant acquis la citoyenneté 13. On ignore son statut social et la raison de sa présence à la campagne. Il n’est pas exclu qu’il soit originaire d’un village et, après avoir obtenu le droit de cité, qu’il se soit retiré dans ses propriétés. Castresios, πραγματευτής du primipilaire Iulius Fronto, fait ériger une épitaphe pour luimême et pour sa femme Euphrosyne, qui a vécu 25 ans 14. Sa fonction (l’équivalent grec du latin actor) me fait penser à un esclave (statut qui est le même pour sa femme), plutôt qu’à un affranchi, comme le pensent A. Bâltâc, M. Bărbulescu et L. Buzoianu 15. Son origine hellénophone explique pourquoi le texte est rédigé en grec. Il est probablement originaire de Tomi ou des environs. Le fait qu’il rédige le texte en grec est dû à son origine hellénophone : il n’est pas exclu qu’il soit originaire d’une des cités ouest-pontiques. En

7 8 9 10 11 12

Bâltâc 2011, 422. Irimia 1987, 117–127. Papuc 2002, 89–90. Custurea 2000, 109. Voir Bâltâc 2011, 444, avec la bibliographie. ISM II, 180 ; voir aussi Bâltâc 2011, 265 ; Bărbulescu, Buzoianu 2013, 187 ; Bărbulescu, Buzoianu 2016, 198. 13 ISM II, 128 ; Bărbulescu, Buzoianu 2016, 199. 14 ISM II, 289 ; Bâltâc 2011, 264–265 ; Bărbulescu, Buzoianu 2013, 185. 15 Bâltâc 2011, table I. 13 ; Bărbulescu, Buzoianu 2013, 185.

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tout cas, le propriétaire est certainement latinophone ; son statut d’ancien primipile est la preuve qu’il possède une aisance suffisante pour s’acheter des propriétés à la campagne. Une autre inscription rédigée en grec est représentée par la pierre funéraire de Rufus, fils de Priscus, qui remplit la charge de prêtre de Jupiter Dolichenus ; l’inscription a été érigée par son collègue de sacerdoce Iulianus, fils d’Alexandros 16. M. Bărbulescu et L. Buzoianu considèrent, à juste raison, que la formule ™n œdíö tópö mnëmhß xárin signifie l’existence d’une propriété funéraire située dans un milieu rural, plutôt à côté d’une uilla 17. Même si les deux prêtres étaient d’origine pérégrine, leur aisance est certaine. On voit ainsi qu’il y a une première source attestant ce culte à la campagne. Il faut aussi rappeler la série des quatre vœux pour Mithra, accomplis par Flavius Horimos, intendant et affranchi d’un certain Flavius Macedo, dans une grotte située non loin de Târgușor (dép. de Constanța, Roumanie) 18. Je suis enclin à dater les textes de la première moitié du IIIe siècle, et non entre les IIIe et IVe siècles, comme le pense D. M. Pippidi 19. La charge d’Horimos nous fait penser à une propriété rurale appartenant à Flavius Macedo. Malheureusement, le gentilice et le surnom du patron ne sont pas pertinents pour apprendre son origine, même si Macedo fait penser à la province de Macédoine. On remarque d’ailleurs que le patron est latinophone, du moins, selon le témoignage de son onomastique, tandis que son ancien esclave, adorateur de Mithra, est un hellénophone probablement originaire de la région. Un autre texte en grec est celui écrit sur le sarcophage d’Annius Super, fils d’un ex signifero (voir l’âge du défunt – 26 ans) de la legio XIII Gemina 20. Comme nous le verrons plus bas, les diverses tâches des militaires de la légion stationnée en Dacie ont déterminé leur mobilité en Mésie Inférieure, où ils ont fini leur carrière et où ils se sont achetés des propriétés rurales. Cette inscription a été trouvée à Agigea, non loin de Constanța (Roumanie). C. Antonius Fronto, vétéran de la XIIIe légion Gemina, ancien bénéficiaire consulaire, fait ériger pour lui-même lucum et sepulchrum 21 (Fig. 2.1). Le lucus était certainement aménagé sur une propriété. L’inscription est bilingue : le nom du vétéran est latin, mais la rédaction du texte, également en grec, peut être expliquée. Nous ignorons où il a exercé son service de beneficiarius, mais il a sûrement été détaché de l’armée de la Dacie Apulensis, où sa légion servait, en Mésie Inférieure 22. On peut supposer qu’il a été rattaché au bureau du gouverneur à Tomi. En tout cas, il termine son service militaire en Mésie Inférieure ; son aisance en tant qu’ancien bénéficiaire lui a permis de posséder une propriété à la campagne, où il a aménagé un lucus. Pourquoi un soldat de la legio XIII Gemina et non un issu de l’une des trois légions stationnées en Mésie Inférieure ? R. L. Dise a montré que la mobilité des bénéficiaires a été remarquable, surtout à partir de l’époque de Trajan. Il est donc mort 16 ISM II, 292, Bâltâc 2011, 265 ; Bărbulescu, Buzoianu 2013, 187. 17 Bărbulescu, Buzoianu 2013, 187. 18 ISM I, 374–377 ; Bărbulescu, Buzoianu 2013, 188. L’attribution des voeux au territoire d’Istros (ISM I, 374, sub numero ; Bottez 2006, 287) est douteuse. 19 ISM I, 374–377, sub numero ; voir aussi Pippidi 1969, 284–310. 20 ISM II, 363 ; Bărbulescu, Buzoianu 2013, 186. 21 ISM II, 190 ; IDRE II, 344 ; Voir aussi Alexianu 2005, 307, 310–312 ; Ruscu, Ciongradi 2006, 276, note 28 ; Bărbulescu, Buzoianu 2013, 186. 22 Dise jr. 1997a, 273–283 ; Dise jr. 1997b, 284–289.

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à côté de Tomi. Il est difficile d’apprendre son origine. Un certain L. Antonius Modestus, provenant de la petite cité Industria (en Italie), vétéran de la même légion, est commémoré à Poetovio 23. D’autres Antonii de cette unité militaire, ainsi que les Antonii de Mésie Inférieure ne mentionnent pas leur lieu de naissance, mais une origine des provinces hellénophones ne peut pas être exclue. La tombe d’Antonius Fronto a-t-elle été rédigée en latin et en grec par qu’il était originaire d’un milieu hellénophone ou parce qu’il s’est établi dans une région de langue grecque ? Puisque son inscription funéraire est bilingue, je pense que la deuxième raison, le milieu hellénophone, peut constituer la réponse. Une autre réponse peut être apportée par le vœu en grec pour Héraclès, consacré par un personnage aux noms identiques, cette fois-ci dans un milieu latinophone 24. M. Bărbulescu et L. Buzoianu considèrent que les personnages sont identiques 25, théorie acceptée aussi par A. Avram (avec la formule presque sûrement) 26. Avec une légère réserve, je partage cette opinion. Parmi les villages mentionnés sur le territoire de Tomi, il faut d’abord rappeler le uicus Clementianenses. Même si trois inscriptions ont été trouvées à Ulmetum (réutilisées dans les remparts tardifs), on sait bien que les pierres errantes ne sont pas absentes dans la cité 27. Pourtant, un quatrième texte a été découvert à Mihail Kogălniceanu (dép. de Constanța, Roumanie, situé à environ 5 km de Tomi). Les trouvailles archéologiques dans la proximité de cette localité rendent plus probable une localisation de ce uicus à Mihail Kogălniceanu 28. Les inscriptions trouvées à Ulmetum datent du règne de Septime Sévère. Il y a une occurrence de magister uici en la personne d’Aelius Aelianus 29 (Fig. 2.2), tandis qu’un autre, Flavius Ianuarius 30, est mentionné dans deux textes. Leurs noms ne nous indiquent rien sur leur origine. Il est pourtant sûr, à voir leurs gentilices impériaux, que leurs ancêtres ont reçu le droit de cité. Ils représentaient certainement les citoyens romains établis dans ce village ; ces citoyens n’étaient pas organisés dans un conuentus, comme dans les uici du territoire d’Istros. La quatrième inscription, trouvée à Mihail Kogălniceanu, mentionne un habitant d’origine thrace, avec le nom « romanisé » (Castus Mucapori) 31. Sa femme porte aussi un nom thrace (Sedida Reti..tis, tandis que les enfants ont des noms romains, Martia et Valerius). C’était donc une communauté rurale composée de citoyens romains, parlant latin, et de Thraces qui parlaient sans doute le latin et qui essayaient de « romaniser » leurs noms. De Mihail Kogălniceanu proviennent aussi deux inscriptions votives, une en latin, l’autre en grec. La première mentionne un collège religieux, ayant comme pater Aurelius Valerianus, comme mater Flavia Nona et comme membre un militaire, Dionus (probablement un auxiliaire) 32. L’autre atteste un certain Suris, adorateur de Cybèle 33. Cette 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33

CIL III 10877 ; RIS 402. Barnea 1975, 255–256 ; ISM V, 292. Bărbulescu, Buzoianu 2016, 200. Avram 2015a, 186. ISM V, 87, 91. Voir la discussion avec la bibliographie chez Bărbulescu, Buzoianu 2013, 181. ISM II, 134 ; ISM V, 92. ISM II, 136 et ISM V, 93. ISM II, 191. ISM II, 160. Bărbulescu, Câteia, Wisoșenschi 2009, 414.

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double découverte fait penser à un sanctuaire consacré à cette divinité dans le uicus Clementianenses. Toujours de M. Kogălniceanu, proviennent deux pierres funéraires en grec, l’une érigée par une certaine Iulia E[---]. probablement une Grecque qui avait acquis son droit de cité 34, l’autre par G. Pontius Licinianus, pour ses frères Pontius Phoibianus et Pontius Marcianus 35. M. Bărbulescu et L. Buzoianu pensent qu’il s’agit d’une famille de Bithyniens, d’après le gentilice 36. En effet, la présence des Bithyniens en Mésie Inférieure est importante 37, les raisons étant surtout d’ordre économique. Dans le uicus Celeris, les textes sont moins nombreux, attestant le magister Ulpius Ulpianus (en 177) 38 (Fig. 2.3.) et une certaine Diana, commémorée par une personne qui offre au village 75 deniers à la condition qu’on célèbre la fête des Rosalies à la fin du mois de mai 39. Deux inscriptions fragmentaires, rédigées en latin, ne conservent aucun nom 40, tandis que trois autres inscriptions en grec, attestant des pérégrins, dont deux marchands nicomédiens 41, peuvent être considérées comme des pierres errantes, transportées d’Istros, qui était assez proche du uicus Celeris. De la même localité provient une inscription d’un ancien soldat de la Ve légion Macedonica 42. Un autre village qui a une organisation similaire (avec un seul magister), est le uicus Narcissianus, dont le maire s’appelle Pontianus Valens 43. Pontianus, en tant que gentilice, est attesté dans la liste des soldats libérés de Troesmis 44, mais une relation avec Pontianus Valens est impossible à distinguer. Une autre localité rurale présente un nom partiellement conservé, uicus Sc[---]ia, probablement un toponyme thrace. Le magister attesté dans ce village porte un nom grec, mais avec un patronyme thrace, Apollonius Dadae, tandis que le texte qu’il voue à Jupiter Très Bon et Très Grand est en latin 45. Un personnage homonyme fait ériger un monument funéraire pour sa mère, sacerdos Tomitanorum 46. S’il s’agit du même personnage, alors il faut supposer qu’il s’agit d’une famille de pérégrins assez aisés, qui habitaient le village, mais qui s’impliquaient aussi dans la vie de la cité. Un uicus dont le nom commence avec S, mais dont on ne connaît pas le reste du nom, est attesté dans une inscription votive consacrée à Jupiter Dolichenus, érigée par les magistri, Untel fils de Rufus et A[--] 47. Le texte date de 193 et fait preuve du culte de Jupiter Dolichenus dans le village. Comme il s’agit de deux magistri, le village est différent de uicus Sc[---]ia, qui avait seulement un magister.

34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47

ISM II, 331 ; Bărbulescu, Buzoianu 2016, 203–204. ISM II, 381 ; Bărbulescu, Buzoianu 2016, 204. Bărbulescu, Buzoianu 2016, 204. Curcă, Zugravu 2005, 319–324 ; Mihailescu-Bîrliba 2012a, 125–132. ISM I, 351. ISM I, 352. ISM I, 354–355. ISM I, 353, 356–357. ILB 442 ; Bărbulescu, Buzoianu 2016, 206. Voir aussi Mihailescu-Bîrliba 2013, 185–188. ISM II, 133. ISM V, 137. ISM II, 137. ISM II, 295 ; voir aussi Dana 2014b, 471–473. Bărbulescu, Buzoianu, Băjenaru 2014, 426–430.

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Les villages avec une organisation quasi-municipale (deux magistri) sont également présents dans le territoire de Tomi. Ainsi, le uicus Turris Muca[---], toponyme très probablement d’origine thrace, est dirigé par les maires [---]us Ianuarius et Herculanus 48. Est-ce qu’ Herculanus a un gentilice ou est-il seulement un pérégrin ? Le texte est malheureusement trop fragmentaire pour avoir une opinion plus claire. De toute façon, le texte atteste le conuentus des ciues Romani et des vétérans, à côté de la communauté de Thraces (Lai). Il s’agit ainsi d’une organisation semblable aux villages du territoire d’Istros (uicus Quintionis et uicus Secundini). Du même endroit (le quartier Anadolchioi de Constanța, Roumanie), proviennent encore quelques inscriptions. Un autre cas, qui constitue une preuve indirecte de l’existence d’une propriété, est celui d’un soldat anonyme 49. Était-il en mission à Tomi et a-t-il été enterré à la campagne lorsque la mort l’a surpris en mission ? Cela est difficile à dire, mais c’est une hypothèse qui ne peut pas être exclue. Comme on l’a déjà vu dans autres textes, les diverses tâches des militaires ont déterminé leur mobilité à Tomi (parfois d’une autre province), où ils ont fini leur carrière et où ils se sont achetés des propriétés rurales. Dans un autre texte, est mentionné un certain Catonius, dont les affranchis font rédiger l’épitaphe à Murfatlar 50. Fl. Matei-Popescu a mis en liaison ce Catonius avec Sex. Catonius Termin[nalis], militaire ou vétéran de la Ve légion Macedonica 51. Il ne faut pas non plus oublier Catonius Secundus, militaire mentionné dans la liste des soldats de la même légion libérés sous Hadrien en 134 à Troesmis 52. Pourtant, il faut se montrer prudent quant à l’identification de Catonius de Murfatlar avec le vétéran de la Ve légion Macedonica 53. Une autre inscription est également une épitaphe consacrée par une citoyenne (Villatia Matrona) pour son mari et ses enfants 54, tandis qu’un texte fragmentaire, en grec, peut être originaire de Tomi 55. D’ailleurs, hormis le texte mentionnant le nom du village, on ne peut pas totalement exclure que les autres documents proviennent aussi de Tomi. En tout cas, les mentions des vétérans et des affranchis font preuve de l’existence des propriétés rurales. Toujours à Analdochioi, un anneau d’argent est gravé du nom thrace de Derzo, ce qui confirme une présence de Lai dans le village 56. Une communauté rurale grecque, le komè d’Apollonios, a été interprétée par M. Bărbulescu et A. Rădulescu comme une tentative de reconstruction des villages après l’invasion des Costoboces 57. Je pense que rien ne montre une telle initiative. D’ailleurs, les villages de type grec sont présents dans le territoire d’Istros sans avoir rien à faire avec cet événement. On sait que l’invasion des Costoboces a laissé des traces non seulement en 48 ISM II, 141. Le gentilice du maire peut être Aelius, Flavius, Iulius, mais non Caius (forme de surnom), voir ISM II, 141, sub numero et Bâltâc 2011. Bărbulescu, Buzoianu 2013, 200, proposent la forme Aelius Ianuarius. 49 ISM II, 214 ; Bărbulescu, Buzoianu 2013, 186. 50 ISM II, 297 ; Bărbulescu, Buzoianu 2013, 185. 51 ISM II, 466 ; Matei-Popescu 2010a, 74, note 493. Voir aussi Bărbulescu, Buzoianu 2013, 185. 52 ISM V, 137. 53 Comme sont tentées de le faire Bărbulescu, Buzoianu 2016, 199–200. 54 ISM II, 223. 55 ISM II, 426. 56 Bărbulescu 2001, 49 ; Bărbulescu, Buzoianu 2016, 207. 57 Bărbulescu, Rădulescu 1994, 168–170.

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Mésie Inférieure 58, mais extrapoler jusqu’au point de formuler cette hypothèse me semble un peu hasardeux. Enfin, une structure de type locus est attestée par une inscription trouvée à Seimenii Mari, érigée par le princeps loci M. At(t)ius Firmus, pour lui-même et pour sa femme Cocceia Iulia. Les Cocceii en Scythie Mineure ont été discutés par I. Dumitrache 59 et j’ai fait, à mon tour, plusieurs mentions à propos de cette gens 60. En ce qui concerne les Attii, ils sont mentionnés à Novae (deux cas : dans le premier, il s’agit d’un militaire, dans le deuxième, on ne sait pas si le personnage est civil ou militaire car l’inscription est trop fragmentaire) 61, à Troesmis (dans la liste des soldats libérés en 134) 62 et à Pliska (statut inconnu, puisque le texte est fragmentaire) 63. On ne peut pas identifier la région d’origine d’Attius Firmus et son statut social (s’il est un descendant des vétérans ou pas). La datation proposée M. Bărbulescu et L. Buzoianu, qui suivent I. Stoian, est de la fin du Ier siècle – début du IIe64. Le gentilice de Cocceii indique une datation plutôt du IIe siècle, mais on ne saurait préciser davantage la période. Les inscriptions de Cocceii de Capidava datent de la deuxième moitié de ce siècle, voire même du début du IIIe65. L’inscription trouvée à Castelu (35 km de Constanța, Roumanie) nous donne des renseignements sur un certain pérégrin, fils de Pontianus, dit aussi le Tomitain, qui fait ériger une épitaphe pour lui-même, pour sa mère Aphe et pour sa femme Tryphôsa 66. La rédaction du texte en grec, ainsi que la possible origine micrasiatique des personnages rendent possible l’existence dans ce cas d’une pierre errante, transportée de Tomi, mais le surnom de Tomitanus pour le mari de Tryphôsa peut indiquer que cette famille, arrivée d’un milieu hellénophone dans le milieu rural de la cité, s’est établie à la campagne. Une autre localité où l’on a trouvé plusieurs inscriptions est le village de Cumpăna (5 km de Constanța, Roumanie). Il semble qu’il s’agit d’une organisation rurale, mais on ignore son nom. Une inscription datant de 142 mentionne un certain Claudius, fils de Posidonius, autrement dit un grec qui a « romanisé » son nom 67. La tombe d’Aemilius [---], librarius d’une légion (probablement de la Ve Macedonica), trouvée à Cumpăna, est un témoignage indirect d’une propriété rurale sur laquelle a été érigée l’épitaphe 68 (Fig. 2.4). Toujours à Cumpăna, deux pierres tombales, l’une d’un vétéran anonyme commémoré par sa femme et probablement par son esclave Dionysius 69, l’autre de Q. Baebius Proculus, ancien militaire (de nouveau!) de la XIIIe légion Gemina, font indirectement preuve de

58 Voir ISM III, 97–100 ; IV, 50, 51 ; AE 2005, 1315 ; CIL VI 31856. Voir aussi Robertson Brown 2011, 80–82. 59 Dumitrache 2017, 175–179. 60 Mihailescu-Bîrliba 2011a, 105–10 ; Mihailescu-Bîrliba 2015b, 146. 61 IGLNovae 87, 105 62 ISM V, 137. 63 CIL III 14211-8 ; Conrad 2004, 317. 64 Bărbulescu, Buzoianu 2016, 198. 65 Conrad 2004, 91, no 246, 192, no 248. 66 Bărbulescu, Buzoianu 2009, 389–393. 67 ISM II, 161. 68 ISM II, 184. Le dédicant est son père, comme le pensent Bărbulescu, Buzoianu 2013, 186 et non son fils, comme le croit I. Stoian (ISM II, 184, sub numero). 69 ISM II, 264 ; voir aussi Bărbulescu, Buzoianu 2013, 186.

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l’existence des propriétés où les épitaphes ont été érigées 70. Trois Baebii, qui ont servi dans la même légion, sont commémorés à Iulia Concordia (regio X) vers la fin du Ier siècle, lorsque la légion stationnait à Poetovio 71. Ces Baebii étaient probablement originaires de Iulia Concordia. D’ailleurs, les Baebii sont nombreux dans la regio X 72. En Mésie Inférieure, il y a plusieurs Baebii. D’un côté, c’est Baebius Severus, mentionné dans l’inscription monumentale de Troesmis qui représente la liste des soldats libérés en 134 73. J’ai exprimé l’opinion qu’une origine italienne de Severus est possible 74. Un autre Baebius est originaire de Nicopolis (ad Istrum ? ad Nestum ?) 75. Pourtant, l’analyse de l’origine de Baebii militaires en Mésie Inférieure semble montrer qu’ils sont principalement italiens. Revenons à Q. Baebius Proculus. Selon l’écriture, le texte me semble dater d’environ la moitié du IIe siècle ou peu après. Proculus est probablement né à la fin du Ier siècle ou au début du IIe (il a vécu 60 ans). Il a été recruté, semble-t-il, pendant le règne de Trajan ou le début de celui d’Hadrien, moment où l’on recrutait encore d’Italie. C’est pourquoi je pense que notre Baebius Proculus a une origine italienne. Sept inscriptions découvertes toujours à Cumpăna, rédigées en grec, posent le problème de leur provenance, parce que l’une d’entre elles mentionne un conseiller de la ville 76. Il s’agit d’épitaphes, mais dans six cas, on ignore les noms des personnes, c’est-à-dire les défunts et les commémorateurs. C’est aussi le cas d’un texte en latin, qui atteste également un conseiller de la ville, appartenant à l’ordre équestre : la pierre a aussi été trouvée à Cumpăna 77. Une autre inscription funéraire atteste une famille de citoyens (Valerii) 78. Une Valeria apparaît aussi dans une épitaphe où elle rend hommage à son mari et à ses enfants 79. L’habitat rural de Cumpăna constitue ainsi une communauté composée de citoyens, de vétérans et même de soldats (probablement des légionnaires) qui possédaient des domaines. Les inscriptions grecques sont, pour la plupart, fragmentaires ; la présence de deux buleutae peut également indiquer des possessions de terre, mais aussi le fait que les pierres peuvent être originaires de Tomi. À Lazu (dép. de Constanța, Roumanie), un texte atteste un soldat de la legio XI Claudia, C. Numerius Valens, et un certain C. Domitius (qui n’est pas militaire, selon le texte), commémorés par le centurion L. Sextilius Fuscus 80. Il est intéressant de remarquer que le seul Numerius mentionné jusqu’à ce moment-là en Mésie Inférieure est L. Numerius Ponticus, IIuir iure dicundo à Durostorum, le lieu de stationnement de la XIe légion Claudia 81. L’inscription du duumuir a été probablement rédigée sous Caracalla, tandis que l’inscription de Lazu est sans doute un peu plus récente. Il n’est pas exclu que les deux Numerii fassent partie de la même gens, mais pas forcément de la même branche, parce 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81

ISM II, 296 ; voir aussi Bărbulescu, Buzoianu 2013, 186. CIL V 1882. Il faut regarder seulement dans le CIL V les inscriptions rappelant des Baebii. ISM V, 137. Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2012a, 66–67. ILB 147. ISM II, 203, 210, 234, 245, 280, 376. ISM II, 249. ISM II, 224. ISM II, 351. ISM II, 263. ISM IV, 94.

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qu’apparemment C. Numerius Valens, le militaire, est mort sans enfant. On observe que le soldat n’est pas le seul à être mentionné comme enterré dans le milieu rural de Tomi. En ce qui concerne le deuxième personnage, il faut remarquer que les Domitii sont plus nombreux en Mésie Inférieure 82. À Tomi, un centurion de la XIe légion Claudia, M. Domitius Capetolinus, originaire de Capetolias en Syrie, est décédé à l’âge de 32 ans 83. On ne connaît pas le lien de notre C. Domitius avec le soldat de la légion, mais une relation de parenté n’est pas exclue. Le commémorateur est centurion de la première cohorte des Thraces, stationnée à Transmarisca 84. Une inscription de Lazu est trop fragmentaire ; la pierre conserve seulement un gentilice, Iulius, le début du surnom, T[---], rédigés en grec 85. Il s’agit sans doute d’un citoyen romain hellénophone qui s’est retiré à la campagne. D’une autre commune, Valu lui Traian (dép. de Constanța, Roumanie), proviennent plusieurs textes. L’un d’entre eux évoque un certain Hérakleides, pérégrin hellénophone 86, tandis que l’autre atteste une famille mixte ou en cours d’ « hellénisation » 87. L’époux porte un nom grec, Menepelos, tandis que l’épouse et un enfant portent de noms daces (Thithisatta 88 et Kiatta 89). Un autre fils s’appelle Honeratmios. Un certain Sozemios, fils de Méneklès, apparaît aussi en tant que commémorateur. Une troisième inscription mentionne une famille de citoyens romains hellénophones 90. Un texte en latin représente l’épitaphe d’un citoyen romain et de sa femme, également citoyenne 91, tandis qu’un autre évoque deux personnes portant des noms grecs, mais ayant un patronyme iranien (Pharnakes) 92. Rappellons encore une inscription en latin : deux personnes s’appellent Pia et Daciscus 93, le deuxième nom étant un ethnique transformé en surnom 94. Par conséquent, dans le village antique de Valu lui Traian on peut parler d’une communauté hellénophone prépondérante, même si certains de ses membres avaient acquis le droit de cité romain, habitant ensemble avec la population indigène et quelques citoyens romains latinophones retirés à la campagne. Il y a d’autre trouvailles isolées dans certaines localités proches de Constanța, où l’on peut supposer l’existence des agglomérations rurales. Ainsi, une inscription votive pour Jupiter l’Éternel a été érigée par un certain Ianuarius : le texte a été découvert à Satu Nou, à côté de Medgidia 95. À Topraisar, un personnage indigène (Naiston, fils de Dekebalos), est commémoré dans une épitaphe 96. Enfin, d’un endroit dont on ne connaît pas le nom, 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96

ISM IV, 156 ; V, 137, 182 ; ILB 377 etc. ISM II, 348. Matei-Popescu 2010a, 234–235. Bărbulescu, Buzoianu 2010, 355–356. ISM II, 233. ISM II, 307. Dana 2006, 138 ; Dana 2014a, 365. Dana 2014a, 86. ISM II, 357. ISM II, 178. Bărbulescu, Câteia 2006, 207–208. ISM II, 352. Dana 204a, 103. Bărbulescu, Buzoianu, Cliante 2011, 149–151. Bărbulescu 1990, 5–9. Voir aussi Dana 2014a, 258 ; Dana 2016a,152.

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provient un texte intéressant où l’on apprend l’existence d’une famille de Thraces aux noms « latinisés » : Saturninus, fils de Bitus, son épouse Ziles, son fils Currithie et ses filles Valeria et Sabina 97.

3. Conclusions L’analyse du dossier épigraphique confirme les opinions de M. Bărbulescu et de L. Buzoianu sur la dynamique de la vie dans le territoire rural de Tomi. Le début de l’occupation romaine dans la cité s’est timidement manifesté dans l’occupation du territoire rural. S’il y a de propriétaires ruraux, ceux-ci sont les vétérans romains ou les Thraces aisés qui ont acquis le droit de cité. Les textes qui les mentionnent datent de toute façon du début du IIIe siècle. Il y avait aussi des vétérans attestés à Tomi sous les Flaviens, mais on ne sait pas dans quelle mesure ils se sont établis dans le milieu rural. Ainsi, un diplôme militaire de 76 évoque le prétorien L. Ennius Ferox d’Aquae Statiellae 98; un certain T. Flavius Capito, vétéran, citoyen sous Vespasien, décoré par celui-ci 99, et T. Valerius Germanus, de Pessinus, imaginifer de la legio VII Claudia, dans un texte datant de la même époque 100, sont également mentionnés à Tomi. Si Valerius Germanus est encore actif à 57 ans et s’est établi à Tomi avec sa famille, les deux autres sont vétérans. Normalement, ils auraient dû avoir des propriétés à la campagne, mais ni le lieu de découverte, ni les textes n’indiquent quoique ce soit dans ce sens. On observe que, peu à peu, encore dans la première moitié du IIe siècle, les communautés rurales commencent à avoir une structure mieux définie, en tant que uici (avec un magister ou deux magistri) ou komai 101. La population est composée par des citoyens romains qui habitent, dans le cas de uicus Turris Muca[---], avec les Lai. Il y a également des pérégrins, soit des Grecs, soit des Thraces. Ils ont tendance à « romaniser » ou à « helléniser » leurs noms (Claudius Posidoni 102 ou Apollonius Dadae 103, par exemple). On remarque aussi, dans le cadre de ces structures, une continuité du régime des propriétés rurales. Les propriétaires sont des citoyens romains ou, encore plus visiblement, des soldats, des vétérans ou leurs descendants. Il faut énumérer les cas de Iulius Fronto 104, le père d’Annius Super 105, de C. Antonius Fronto 106, d’Aemilius [---] 107 et de C. Baebius Proculus 108, qui illustrent bien nos propos. Il faut observer que trois de ces personnages (le père d’Annius Super, C. Antonius Fronto et C. Baebius Proculus) sont militaires ou 97 98 99 100 101 102 103 104 105 106 107 108

ISM II, 303. ISM II, 8. ISM II, 170. ISM II, 169. Sur l’administration des villages en Mésie Inférieure, pour une vue d’ensemble, voir Aparaschivei 2015, 27–42. ISM II, 161. ISM II, 137. ISM II, 289. ISM II, 363. ISM II, 190. ISM II, 184. ISM II, 296.

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vétérans de la XIIIe légion Gemina stationnée en Dacie. À cette liste, il faut ajouter un vétéran anonyme, mentionné dans une inscription bilingue publiée dans le CIL, oubliée dans les ISM et reprise récémment par A. Avram 109. Ils sont certainement détachés en Mésie Inférieure avec des tâches diverses. Il semble que, par rapport au territoire d’Istros, où il y avait des conuentus des citoyens romains, colonisés avec les vétérans et avec les Thraces, la situation du territoire tomitain se présente d’une manière légèrement différente. Le territoire a été certainement peuplé au début par les indigènes et les Grecs, puis les premiers vétérans ont reçu et acheté des terres (au Ier siècle). Au IIe siècle, le territoire a connu une organisation romaine, les nouvelles structures étant composées par les citoyens romains et par les Thraces colonisés du sud du Danube. Les composants grec et indigène n’ont pas disparu, tout comme les vétérans propriétaires des terres à la campagne. En ce qui concerne la « romanisation » des noms grecs et thraces, il faut remarquer que les textes attestent seulement quelques cas. Le cas le plus évident est celui de Ti. Claudius Mucasius, qui latinise son nom par l’obtention de la citoyenneté, ayant ainsi un prénom et un gentilice 110. On observe la même chose chez les pérégrins : Castus, fils de Mucaporus dans le uicus Clementianenses, avec ses enfants Longinus, Martia et Valeria 111. Il y a aussi le cas de Saturninus, fils de Bitus, avec ses filles Valeria et Sabina 112. Si dans le premier cas, Mucasius a eu son droit de cité assez tôt, au début du IIe siècle, dans le deuxième et dans le troisième cas, le texte date de la seconde moitié du IIe siècle. Claudius Posidoni, fils d’un grec qui prend un nom latin, est attesté en 142 113. En conclusion, par comparaison au territoire d’Istros, le processus d’adoption des noms latins chez les Grecs et les Thraces est moins visible, mais il commence en tout cas au moins du début du IIe siècle. Annexe 2.1. Les personnes mentionnées dans les inscriptions appartenant certainement au territoire tomitain Nom

Statut juridique et/ou social

M. Ulpius Longinus

notable local, vétéran, propriétaire

Ulpia Aquilina

affranchie ou citoyenne, femme de M. Ulpius Longinus

Ti. Claudius Mucasius

citoyen d’origine Thrace

Iulius Fronto Castresios Euphrosyne Rufus, fils de Priscus Iulianus, fils d’Ale-xandros 109 110 111 112 113

Source(s)

primipilaire, propriétaire esclave, πργματευτής (actor) femme de Iulius Fronto, pérégrine pérégrin, propriétaire

Datation début du IIe s. début du IIe s. début du IIe s. IIe s. IIe s. IIe s. IIe s.

pérégrin, prêtre de Dolichenus

IIe s.

ISM II, 180

Avram 2015a, 185–188. ISM II, 128. ISM II, 191. ISM II, 303. ISM II, 161.

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ISM II, 180 ISM II, 180 ISM II, 128 ISM II, 289 ISM II, 289 ISM II, 289 ISM II, 180

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Nom

Statut juridique et/ou social

Datation

Flavius Macedo

citoyen, propriétaire

IIIe s.

C. Antonius Fronto Anonyme Annius Super Aelius Aelianus

affranchi du précédent, oœkonómoß (uilicus) vétéran, propriétaire ancien signifer, vétéran, propriétaire citoyen, fils du précédent magister uici Clementianenses

Flavius Ianuarius

magister uici Clementianenses

Castus Mucapori Sedida Reti..tis Longinus Martia Valerius

pérégrin du uicus précédent pérégrine, femme du précédent pérégrin, fils de Castus Mucapori pérégrine, sœur du précédent pérégrin, frère de Martia

Aurelius Valerianus

citoyen, pater d’un collège religieux

Flavia Nona

citoyen, mater d’un collège religieux

Dionusius

militaire d’une unité auxiliaire

Flavius Horimos

IIIe s. IIe s. IIe s. IIe s. 195 193-198 ; 196 IIe s. IIe s. IIe s. IIe s. IIe s. début du IIIe s. début du IIIe s. début du IIIe s.

Suris

pérégrin (grec ou thrace)

avant 212

Iulia E[---] Pontius Licinianus Pontius Phoibianus Pontius Marcianus Ulpius Ulpianus Diana Pontianus Valens Apollonius Dadae

citoyenne, hellénophone citoyen, hellénophone citoyen, hellénophone citoyen, hellénophone magister uici Celeris probablement citoyenne magister uici Narcissiani magister uici Sc[---]ia

IIe s. IIIe s. IIIe s. IIIe s. 177 IIIe s. 172–180 IIe s.

[---] Rufi

pérégrin, magister uici S[---]

193

A[---]

magister uici S[---]

193

[---]us Ianuarius Herculanus

citoyen, magister uici Turris Muca[---] pérégrin, magister uici Turris Muca[---]

IIIe s. IIIe s.

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Source(s) ISM II, 374–377 ISM II, 374–377 ISM II, 190 ISM II, 363 ISM II, 363 ISM V, 92 ISM II, 136 ; V, 93 ISM II, 191 ISM II, 191 ISM II, 191 ISM II, 191 ISM II, 191 ISM II, 160 ISM II, 160 ISM II, 160 Bărbulescu, Câteia, Wisoșenschi 2009, 414 ISM II, 331 ISM II, 381 ISM II, 381 ISM II, 381 ISM I, 351 ISM I, 352 ISM II, 133 ISM II, 137 Bărbulescu, Buzoianu, Băjenaru 2014, 426–430 Bărbulescu, Buzoianu, Băjenaru 2014, 426–430 ISM II, 141 ISM II, 141

La population dans le milieu rural de Tomi

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Nom Anonyme Longina Catonius [---] Catonius [---] Catonius Epaphroditus Anonyme Quirilus Villatia Matrona

Statut juridique et/ou social militaire femme du précédent citoyen, propriétaire affranchi du précédent

Datation IIe s. IIe s. IIe s. IIe s.

Source(s) ISM II, 214 ISM II, 214 ISM II, 297 ISM II, 297

affranchi de l’affranchi Catonius [---]

IIe s.

ISM II, 297

citoyen (?) citoyen (?) mère des précédents

IIe s. IIe s. IIe s.

Derzo

pérégrin d’origine thrace

avant 212

ISM II, 223 ISM II, 223 ISM II, 223 Bărbulescu 2001, 49

M. Atius Firmus

citoyen, princeps loci

Cocceia Iulia

citoyenne, femme du précédent

Claudius Posidoni Aemilius [---]

pérégrin librarius legati legionis citoyen, père du précédent, propriétaire

Aemilius [---]

première moitié du IIe s. première moitié du IIe s. 142 avant 167 avant 167 e

Anonyme

vétéran, propriétaire

Aurelia [---]

citoyenne, femme du précédent

Dion[ysius?]

probablement esclave des précédents

Q. Baebius Proculus Geminia Valentina

vétéran, propriétaire citoyenne, femme du précédent

fin du II s.– début du IIIe fin du IIe s.– début du IIIe fin du IIe s.– début du IIIe IIe s. IIe s.

Ianuarius

pérégrin

avant 212

ISM II, 183

ISM II, 183 ISM II, 161 ISM II, 184 ISM II, 184 ISM II, 264 ISM II, 264 ISM II, 264 ISM II, 296 ISM II, 296 Bărbulescu, Buzoianu, Cliante 2011, 149–151

Annexe 2.2. Liste des Thraces qui portent des noms romanisés No

Personne

Statut social et (ou) juridique

Lieu de découverte

1

Ti. Claudius Mucasius

citoyen

2

Castus Mucapori

pérégrin

Source

Datation

Poarta Albă

ISM II, 128

uicus Clementianenses

ISM II, 191

début du IIe s. deuxième moitié du IIe s.

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La population dans le milieu rural de Tomi

No

Personne

Statut social et (ou) juridique

Lieu de découverte

Source

3

Longinus

pérégrin, fils de Castus

uicus Clementianenses

ISM II, 191

4

Martia

pérégrine, fille de Castus

uicus Clementianenses

ISM II, 191

5

Valerius

pérégrin, fils de Castus

uicus Clementianenses

ISM II, 191

6

Saturninus Biti

pérégrin

inconnu

ISM II, 303

7

Valeria

pérégrine, fille du précédent

inconnu

ISM II, 303

8

Sabina

pérégrine, fille du précédent

inconnu

ISM II, 303

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Datation deuxième moitié du IIe s. deuxième moitié du IIe s. deuxième moitié du IIe s. deuxième moitié du IIe s. deuxième moitié du IIe s. deuxième moitié du IIe s.

La population dans le milieu rural de Tomi

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Fig. 2.1. Monument funéraire de C. Antonius Fronto (milieu rural de Tomi) Source : ubi-erat-lupa.org/monument 22057

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La population dans le milieu rural de Tomi

Fig. 2.2. Inscription d’Aelius Aelianus, magister uici Clementianensis Source : ubi-erat-lupa.org/monument 21129

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Fig. 2.3. Inscription votive d’Ulpius Ulpians, magister du uicus Celeris Source : ubi-erat-lupa.org/monument 21125

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La population dans le milieu rural de Tomi

Fig. 2.4. Tombe d’Aemilius, librarius de la XIIIe légion Gemina, trouvée à Cumpăna (milieu rural de Tomi) Source : http://db.edcs.eu/epigr/bilder.php?bild=$CCET-04_00050.jpg

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III. LA POPULATION DANS LES MILIEUX RURAUX DE CALLATIS ET D’ODESSOS 1. Introduction Les territoires ruraux des anciennes cités grecques situées sur la côte ouest de la mer Noire, dans le sud-est de la province, sont malheureusement moins documentés par les sources épigraphiques. Même s’il existe quelques inscriptions qui rendent compte des limites des territoires ou parfois de l’organisation du territoire, l’information reste pourtant trop pauvre par rapport à la documentation existante dans les territoires d’Istros et de Tomi, au moins en ce qui concerne la population. Les sources archéologiques non plus ne sont pas très riches en ce qui concerne l’existence des structures de type villageois 1. Un répertoire des établissements ruraux dans le territoire de Callatis a récemment été réalisé par N. Alexandru, mais ils ne sont pas nombreux 2. Un tumulus fouillé dans le village moderne de 2 Mai, près de Callatis, contenant un tombeau daté de la fin du IIe–début du IIIe s. a été attribué à une structure rurale, peut-être à une uilla 3. Une situation pareille est connue à Neptun, dans le même milieu rural, où on a fouillé sept tombes à inhumation 4, et à Pecineaga 5. Des structures rurales (probablement des uillae) ont été signalées par les fouilles de Moșneni 6 et de Credința 7 (dans le territoire callatien). Dans le milieu rural d’Odessos, les archéologues ont trouvé des traces des tombes appartenant probablement à une uilla 8. Une autre nécropole fouillé à Vinitsa, près de Varna, a été également à un étblissement rural 9. Une structure villageoise a été recherchée à Galata ; le site a été daté des IIe–IIIe siècles 10. En ce qui concerne le territoire de Dionysopolis, une seule inscription en grec fait preuve de l’existence de ce territoire, mais les attestations de la population dans la campagne de la cité manquent. En plus, le dossier archéologique n’est pas riche, non plus : les fouilles déroulées à Topola (Bulgarie) ont mis au jour un établissement datant des IIe–IVe siècles 11. Un autre petite habitation a été trouvée à Rogacevo 12. C’est pourquoi, j’ai 1 Voir les recherches de Limanu (Harțuche 1967, 231–255 ; Bâltâc 2011, 422), mais il est quand même difficile d’accepter sans réserve l’existence d’une structure rurale. Même remarque en ce qui concerne les recherches de Neptun (Iconomu 1968, 252–261 ; Bâltâc 2011, 448). Pour Dionysopolis et Odessos, voir Gočeva 1995a, 219–222 ; Mirčev 1969, 223–228 ; Oța 2016, 133. 2 Alexandru 2016, 139–140. 3 Voir Bâltâc 2011, 422, avec bibliographie. 4 Iconomu 1968, 252–261. 5 Irimia 1987, 109–117. 6 Baumann 1983, 75–76. 7 Papuc, Papasima 1996, 38. 8 Lazarov 1998, 70–76. 9 Voir Bâltâc 2011, 451, avec bibliographie. 10 Voir plus récemment Bâltâc 2011, 452, avec bibliographie. 11 Voir Bâltâc 2011, 446–447, avec la bibliographie.

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La population dans les milieux ruraux de Callatis et d’Odessos

décidé d’englober dans un seul chapitre l’information sur la population rurale des cités hellénophones du sud-est de la Mésie Inférieure.

2. Callatis Plusieurs textes font preuve des limites du territoire callatien, comme ceux de Balcik (en grec) 13 ou de Tvărdica (en latin) 14. Les inscriptions marquent ainsi les frontières entre Callatis et Dionysopolis. D’autres textes indiquent les limites entre des structures villageoises, mentionnant un komè Ke[---] 15 et deux villages (Aslobodinenses et Sardes) 16. On se rend compte, dans un cas, qu’il s’agit des communautés des Thraces (Aslobodinenses et Sardes), tandis que dans l’autre cas, le texte indique une communauté grecque 17. Un autre village est le uicus Amlaidina, mentionné dans une inscription trouvée à 23 August (dép. de Constanța, Roumanie) 18 (Fig. 3.1). Même si l’éditeur du deuxième volume des ISM pense que la localité appartient au territoire tomitain 19, le lieu de découverte indique le territoire de Callatis 20. La localisation du uicus Amlaidina reste encore en question, car le lieu de découverte, même s’il indique une proximité, constitue encore un argument assez vulnérable pour une localisation sûre 21. Le texte représente l’épitaphe d’un ancien prétorien, érigée par sa femme, qui porte un nom thrace (Aurelia Cuthis, comme le propose D. Dana 22, et non Uthis, selon les éditeurs de l’inscription). Le nom du prétorien a été traduit d’une manière presque unanime comme Aurelius, fils de Dalenus 23. La dédicace est au datif, Aur(elio) Daleni. Dans ce cas, il faut se demander si l’ancien prétorien n’est pas un citoyen. Il est vrai que, même après l’édit de Caracalla, la forme « pérégrine » de transcription du nom persiste 24. On remarque cela même dans le territoire d’Istros, dans le cas des magistri uici Secundini Valerius Cosenis (220) 25, Bonosus Bonunis et Iustus Iustini (238) 26. Cependant, il ne faut pas oublier non plus que beaucoup d’anciens prétoriens utilisent leurs noms de citoyens. Dans ce cas, Daleni peut être un datif du nom Dalenis, qui représente aussi un nom thrace. D. Dana n’exclut pas que la forme ait été également un datif du nom Dales 27. Le prétorien a acquis de toute façon la citoyenneté sous Caracalla, comme beaucoup d’autres, et il a pris le gentilice d’Aurelius. Normalement, son ancien 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27

Voir Bâltâc 2011, 465, avec bibliographie. IGB V, 5011. ISM III, 241. ISM III, 51. ISM III, 51. Bâltâc (2011, 238) pense qu’il s’agit d’un locus. Il semble qu’il s’agisse plutôt de deux uici. IGB V, 5011. Voir aussi Matei-Popescu 2014c, 457–471. ISM II, 266 ; ISM III, 237. ISM II, 266, sub numero. ISM III, 237, sub numero ; Bâltâc 2011, 238 ; Bărbulescu, Buzoianu 2013, 201. Voir dans ce sens Hălmagi 2015, 48. Voir aussi la prudence de Matei-Popescu 2014a, 182. Dana 2014a, 100 et 109. ISM II, 266 ; ISM III, 237 ; Bâltâc 2011, 238 ; Bărbulescu, Buzoianu 2013, 201. Pour la situation en général, voir Hassall 2002, 697 ; Haynes 2013, 101. ISM I, 345. ISM I, 347. Dana 2014a, 109.

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nom de pérégrin devient son surnom. Si le patronyme persiste dans l’onomastique après 212, il n’est pas associé, d’habitude, avec le gentilice d’Aurelius. Pour citer seulement quelques exemples provenant de Mésie Inférieure où les ex-prétoriens utilisent leurs anciens noms pérégrins comme surnoms, il faut mentionner M. Aurelius Artemidorus 28, Aurelius Diophanes 29, M. Aurelius Bithus 30, ou M. Aurelius Aulutralus 31. D’autres vétérans, qui ont acquis leur droit de cité sous Caracalla, utilisent le système de tria nomina, mais gardent leur ancien nom pérégrin en tant qu’agnomen. Ce sont les cas de M. Aurelius Victor, aussi-dit Drubius 32, et de M. Aurelius Statianus, dit aussi Apta 33. Une autre possibilité d’interprétation du texte est celle selon laquelle, après la formule Dis Manibus, suit un génitif (aux Dieux Mânes de...) et, dans ce cas, le nom du personnage est Aurelius Dalenus. S. Ferjančić, par exemple, propose directement la variante Aurelius Dalenus 34. En tout cas, la traduction du nom de la manière Aurelius, fils de Dalenus, ne me semble pas vraisemblable. Le vétéran a un nom thrace, ce qui correspond aussi au toponyme d’où il est originaire. Toujours dans le territoire callatien, à Cotu Văii (comm. Albești, dép. de Constanța, Roumanie) et à Arsa (comm. Albești, dép. de Constanța, Roumanie) sont mentionnés Flavius Agathenodoros 35 et Rufus, fils de Rufus 36. Les inscriptions sont en grec. Le premier est un citoyen, le deuxième un pérégrin, sans doute d’origine hellénophone, mais qui porte des noms « latinisés ». Les Flavii sont bien attestés à Callatis 37 et dans son territoire 38. Une femme portant le nom de Physkion, fille de Meliskos, est commémorée dans une épitaphe trouvée à Vama Veche 39. De Tvărdica (Bulgarie), exceptée la pierre qui marque la limite sud du territoire, provient une stèle mentionnant un prêtre (Aurelius Flavius Marcus), revenu chez lui après avoir été pris en captivité par les Barbares 40. A. Avram, suivant G. Mihailov, pense qu’il s’agit de l’invasion des Carpes (en 238) 41. En effet, l’onomastique du personnage (Aurelius utilisé en tant que prénom) indique une datation du IIIe siècle. Les bornes milliaires assez nombreuses, qui marquent en Mésie Inférieure le règne de Maximin 42 et aussi celui de Gordien III 43, ont fait penser à J. Bartels (à juste titre, à mon avis) qu’il s’agissait d’un programme de restauration des voies, initié par le premier 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43

Sharankov 2009, 58–61. ILB 438. RMD V, 469. RGZM 61. Weiß 1999a, 246–248 + RMD V, 463. Voir aussi Mihailescu-Bîrliba, Răileanu 2014, 194. RMD IV 311. Voir aussi, Roxan, Stylow 1999, 183–182 ; Weiß 2000, 279 ; Tomas, Sarnowski 2006, 5– 8 ; Mihailescu-Bîrliba, Răileanu 2014, 195. Ferjančić 2009, 110–11. ISM III, 238. ISM III, 239. ISM III, 74, 104, 117–118, 179, 184, 190. ISM III, 242, 249, 250. ISM III 240. ISM III, 242. ISM III, 242, sub numero. AE 2001, 1736 (Alčak) ; AE 1974, 572 ; ISM I, 320, 321 (territoire d’Istros) ; V, 97 (Carsium), 223 (Ibida) (voir aussi Mihailescu-Bîrliba 2011a, 113–114) ; Bartels 2014, B6 (Mečka). Bartels 2014, A1 (lieu inconnu), A4 (Tomi), A5 (Marten), A7 (territoire d’Odessos) ; IGB II, 797 (milieu rural de Marcianopolis) ; ISM V 98a, 99 (Carsium).

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empereur et continué par le second 44. Bartels indique une raison principale : l’invasion des Carpes. Je crois que c’est en effet une raison, mais ce n’est pas la seule. Les autres empereurs-soldats ont également été préoccupés par la réparation des voies 45. D’ailleurs, du territoire callatien, provient une borne milliaire érigée sous Philippe l’Arabe 46. L’invasion des Carpes ne fut pas la seule sous les empereurs du IIIe siècle en Mésie Inférieure : les Goths ont détruit des villes sous Dèce, villes qui ont été restaurées après 47. Il faut remarquer que ce texte est également rédigé en grec, comme celui attestant une famille de pérégrins (Sabeina, fille de Peios, Lucilla, Basia, Procelleina, Aquila et Victorinus 48. On observe qu’il y avait une tendance à la « latinisation » des noms. Le nom de Sabinus, utilisé par les pérégrins et par les citoyens dans le système de tria nomina (dans ce cas associé avec le gentilice Flavius) rappelle T. Flavius Sabinus, gouverneur de la province de Mésie vers le milieu du IIe siècle. D’ailleurs, encore deux inscriptions en latin (provenant des environs de Callatis) attestent un T. Flavius Sabinus, qui voue un autel à Jupiter et à Junon la Reine (sous Antonin) 49 et une Flavia Sabina 50. Pour conclure, on observe que les informations sur la campagne en général, dans le milieu rural de Callatis et sur la population en particulier, dans le même territoire, sont pauvres. On remarque pourtant l’organisation d’un uicus (Amlaidina) qui a certainement une population thrace. D’autres inscriptions ne font aucune preuve de l’existence des autres structures villageoises, même si elles existaient sans doute. Les textes, qui mentionnent des pérégrins ou des citoyens, sont rédigés en grec, mais les noms des personnages présentent une évidente tendance à la « romanisation ». Il y a aussi deux inscriptions rédigées en latin, mentionnant des Flavii, probablement apparentés.

3. Odessos Plusieurs inscriptions en latin mentionnent les limites du territoire odessite 51. Trois d’entre elles attestent les frontières méridionales avec la province de Thrace. Un texte mentionne un uicus (fines terrae uici) dont on ignore le nom 52. Deux textes grecs parlent de deux komai. Un premier est trop fragmentaire pour apprendre davantage sauf l’existence du

44 Bartels 2014, 237. 45 Philippe l’Arabe : AE 1985, 765 (Abrittus) ; AE 2008, 1198 (territoire de Callatis). Décius : AE 1973, 481 (Sacidava) ; ISM I, 322 (uicus Quintionis). Valérien-Galien : AE 1981, 750 ; 1993, 1376 (Tomi) ; ISM V, 100 (Carsium). Aurélien : AE 1994, 1532 (Capidava) ; CIL III 6238 (Bartels 2014, A5) (Marten) ; 14460 (Dolapite, near Ruse) ; ISM II, 109 (Tomi). Pour la situation générale en Mésie Inférieure au cours de cette période, voir aussi Mihailescu-Bîrliba 2015c, 199–207. 46 AE 2008, 1198. 47 Suceveanu 1990, 243. 48 ISM III, 243. 49 ISM III, 249. 50 ISM III, 250. 51 CIL III 12507, Lazarenko 2002, 45–46, 48. 52 CIL III 12508.

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komè 53, l’autre atteste un certain P(ublius ?) R[---], (fils ?) de [---]nimos, qui érige un autel pour le Héros Cavalier et pour le village de Koryola (?) 54. D’autres textes ont été trouvés dans le territoire rural d’Odessos. On ne sait pas si quelques uns proviennent de la cité, mais il y a aussi la probabilité qu’ils soient originaires de la campagne. En tout cas, les inscriptions sont sans exception rédigées en grec. Les personnages mentionnés dans les textes sont pour la plupart des pérégrins portant des noms grecs. Ainsi, Artemidoros, fils de Simon, voue un texte au Héros Cavalier 55. Le même dieu reçoit un vœu de la part d’Agathénor, fils de Xenandre 56, tout comme Zenios, fils d’Asklepiadès 57. Un autre texte atteste M. Aurelius Artemidoros, fils d’Héfaistion 58. Toujours dans le territoire rural, on remarque l’épitaphe de deux époux, Xénon, fils d’Artemidoros, et Seaka, fille de Noumenios 59. Seaka est un nom d’origine thrace. Un certain Hérakon, fils de Betyrigos, est mentionné dans une autre pierre funéraire 60. Selon l’opinion de l’éditeur du texte, Betyrigos est la variante en grec du nom gaulois Biturix 61. Les personnes des provinces celto-germaniques sont présentes en Mésie Inférieure, il est vrai, moins dans les régions hellénophones. Pourtant, L. Robert pense qu’il ne s’agit pas, dans ce cas, de quelqu’un arrivé des provinces celtes ou de Galatie, mais d’un personnage dont les ancêtres avaient des origines celtes et qui ont transmis le nom au fil des générations 62. La tribu de Bituriges et le nom Biturix sont attestés à l’époque impériale romaine 63. Le fait que le personnage s’exprime en grec et qu’il s’est établi dans le milieu rural d’Odessos me fait donner raison à L. Robert. Un autre texte funéraire atteste encore deux personnages, Dionysios, fils de Kratippos, et sa femme Apphia 64. Apphia est un nom rencontré surtout en Asie Mineure et dans le Pont 65. Il a été considéré comme thracophrygien 66, grec 67, micrasiatique 68, mais suite à l’analyse de ses occurrences, il est accepté aujourd’hui en tant que Lallname 69. Un certain [---]cius Festus Rufus, stationarius, est mentionné dans le village d’Ignatievo 70. Les stationarii étaient des soldats assignés pour une certaine période à des missions de garde ou de police dans des détachements de l’armée 71. La présence de ce stationarius près d’Odessos a supposé probablement de telles 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71

IGB I2, 217. IGB I2, 301. IGB I2, 257. IGB I2, 261. IGB I2, 269. IGB I2, 270. IGB I2, 272. IGB I2, 271. IGB I2, 271, sub numero. Robert 1959, 230. CIL III 2065, 5831, 12014-18b ; VII 248, 1336-159a-b, 160 ; VIII 2184 ; XII 3058, 5686-135b-c ; XIII 566, 613, 614 ; AE 2008, 877, 892 etc. IGB I2, 276. Même à Odessos : IGB I2, 254. Pârvan 1916, 596 ; Detschew 1976, 20. Mihailov 1969, 551. Sundwall 1913, 50–52 ; Zgusta 1964, 82. Voir aussi Mihailescu-Bîrliba 2009b, 156. IGB I2, 277. Fuhrmann 2012, 202, 211 ; Fuhrmann 2016, 305.

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missions. Le texte représente, selon l’iconographie, un vœu envers Jupiter et Junon, vœu qui est commun parmi les militaires. Un autre texte grec atteste une personne d’origine thrace, Aulukenis 72, comme dans un texte où les personnages s’appellent Auluzenos et [--]epieris, fils d’Aptekentos 73. Une inscription vouée au Cavalier Thrace a été consacrée par un certain Amyntor 74, tandis qu’un monument similaire est voué par trois frères, Promation, Agathénoros et Dionysios, fils d’Apollonios 75. Du sanctuaire d’époque romaine du Ier siècle ap. J.-C. de Galata, consacré au Héros Cavalier, proviennent plusieurs textes contenant des noms grecs (Artemidoros, Polemarchos, fils de Theoxenos 76, Ménandros, fils d’Amyntor 77, Aiantides, fils de Ménandros 78, Apollonios, fils d’Apollonios 79, Valerius Eugamos, Apellas, fils de Xenandros, Simon, fils de Dionysios, L. Pharsulys Hermes 80, Hestiaios, fils d’Agathenor 81, Apollonios 82, Ménodoros, Agathénoros 83, Agathenor, fils de Kleanor 84, Untel, fils d’Apollonios, Dionysios, fils de Dionysios 85, Apellas, fils de Parmenion, [---]os, fils de Sossias, [---]as, fils de Pleistarchos, Ka[---] 86) et des noms ou des patronymes daces thraces (Piezeis 87, Zenis, Agathenor, fils de Zenis 88). On constate dans le dernier cas que le père donne un nom grec à son successeur. Il faut également remarquer un Thrace qui porte également un nom grec : il s’appelle Agathon Posseios, mais il est aussi dit Dadas. Les autres sources trouvées sur le territoire rural d’Odessos attestent toujours des personnes portant des noms grecs (Dionysios 89, Untel fils de Philokrates 90, Makedon, fils de Makedon 91, [---]enes, fils de Menekrates 92, Dem[etrios ?], [---]lenos, fils d’Anthropion, Diony(s)ios, Asteas, fils d’Héraklides 93). D’autres personnages sont citoyens romains, très probablement sous Caracalla, mais ils portent des surnoms grecs (Aurelius Glykos, fils de Phaneros, Aurelius Phaneros, fils de V[---], Aurelius Theodoros, fils de Pomyzenos) 94. Il y a encore des personnes qui portent des noms ou des patronymes latins (Aurelius

72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94

IGB I2, 278. IGB I2, 281 bis. IGB I2, 279. IGB I2, 281. IGB I2, 283. IGB I2, 283 bis. IGB I2, 284. IGB I2, 285. IGB I2, 287. IGB I2, 288. IGB I2, 289. IGB I2, 290. IGB I2, 292. IGB I2, 293. IGB I2, 294. IGB I2, 289. IGB I2, 291. IGB I2, 33. IGB I2, 34. IGB I2, 273. IGB V, 5078. IGB V, 5076. Conrad 2004, no 115.

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C(a)ecilianus 95 ou Untel fils de Secundus 96). Enfin, la présence des Thraces est mise en valeur par Dinis Mucatralis 97, Auluzanis 98 et Zenios, fils d’Asklépiades (un retour à l’onomastique de type thrace après que le nom du père ait été « hellénisé » 99). Enfin, il ne faut pas ignorer la présence d’un bénéficiaire (Malius Secundus) qui fait ériger une épitaphe pour sa femme, Antistia Firmina 100 (Fig. 3.2). C’est une preuve qu’il y avait une statio de beneficiarii, ce qui nous semble normal en raison du statut portuaire de cette cité. En ce qui concerne la population du territoire d’Odessos, on remarque que les inscriptions sont exclusivement en grec. Même s’il y a des bornes qui marquent les frontières du territoire ou d’un uicus en latin, il s’agit d’inscriptions érigées par les autorités romaines. La mention d’un uicus peut suggérer une organisation romaine (avec un magister ou deux magistri), mais les autres textes manquent. En outre, il y a des komai et les inscriptions isolées trouvées sur le territoire font preuve d’une population fortement hellénophone, cohabitant avec les éléments indigènes. Même au sein de ces communautés indigènes, il y a une tendance à « helléniser » les noms. En tout cas, les sources sont bien évidemment moins nombreuses que dans les territoires de Tomi ou d’Istros.

4. Conclusions Quelle est l’explication à cette pauvreté des sources ? En effet, les territoires des cités grecques situées sur la côte ouest de la mer Noire présentent, dans la partie méridionale de la province de Mésie Inférieure, un nombre beaucoup plus réduit d’inscriptions par rapport aux campagnes des cités grecques situées plus au nord. En plus, à Dionysopolis, excepté le texte concernant le territoire de la cité, les inscriptions concernant la population manquent presque complètement. La réponse à la question posée au début de ces conclusions partielles n’est pas très facile. La campagne d’Istros et de Tomi a-t-elle été, au moment de la conquête romaine, moins peuplée que le milieu rural de Callatis, de Dionysopolis et d’Odessos ou a-t-elle été moins peuplée avec l’élément romain ? Malheureusement, on ne connaît pas la dimension de la population dans les campagnes de Mésie Inférieure. D’un autre côté, on observe que les inscriptions en latin et l’epigraphic habit en général dans les campagnes de Tomi et d’Istros, tout comme l’organisation romaine des villages, connaissent un développement du point de vue quantitatif au deuxième siècle. Au premier siècle, la campagne était peuplée surtout par la population grecque cohabitant avec les communautés indigènes (Daces et Thraces). Probablement, ce double composant grecthrace était plus nombreux dans les territoires ruraux de Callatis, Dionysopolis et Odessos. De toute façon, cette partie de la population a été beaucoup moins active du point de vue épigraphique que l’élément romain. Au deuxième siècle, les campagnes d’Istros et de Tomi 95 96 97 98 99 100

IGB V, 5012. IGB V, 5076. IGB II, 843. IGB I2, 275. IGB I2, 269. CIL III 14458-1.

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sont colonisées avec les citoyens romains, les vétérans et les Thraces (Bessi et Lai) du sud du Danube. Les inscriptions en latin sont beaucoup plus nombreuses, mais les anciennes structures villageoises grecques restent. On remarque même que la campagne d’Istros semble être encore plus « romaine » : la cité de Tomi était, à l’époque, la plus grande de la région ouest-pontique et beaucoup d’éléments hellénophones arrivent à vivre, au moins une partie de l’année, à la campagne. En ce qui concerne les territoires ruraux de Callatis, de Dionysopolis et d’Odessos, les communautés gréco-thraces étaient assez solides et bien organisées, et probablement plus conservatrices, pour recevoir des éléments nouveaux de population. L’absence des sources ou leur pauvreté ne s’expliquent pas forcément par une absence de la population, mais par la présence des anciens éléments ethniques, qui n’ont pas été mélangés avec les colons latinophones et qui sont restés plus « silencieux » en ce qui concerne l’epigraphic habit. Annexe 3.1. Les personnages portant des noms ou des patronymes thraces dans les milieux ruraux de Callatis et d’Odessos Personnage Aurelius Dalenis Aurelia Cuthis Seaka, fille de Noumenios Auluzenis Agathon Posseis, aussi dit Dadas Piezeis Zenis Agathenor Zenis Aulukenis Dinis Mucatralis Zenios Asklepiades Auluzanis

Cité où est situé le territoire Callatis Callatis Odessos Odessos

Statut juridique et/ou social de la personne citoyen, ancien prétorien citoyenne pérégrine pérégrin

Odessos

pérégrin

IGB I2, 286

Odessos Odessos Odessos Odessos Odessos Odessos Odessos

pérégrin pérégrin pérégrin pérégrin pérégrin pérégrin pérégrin

IGB I2, 289 IGB I2, 291 IGB I2, 291 IGB I2, 278 IGB II, 843 IGB I2, 269 IGB I2, 275

Source ISM III, 237 ISM III, 237 IGB I2, 272 IGB I2, 281 bis

Annexe 3.2. Les citoyens romains ayant une origine non-romaine Personnage Aurelius Dalenis Aurelia Cuthis Aurelius Artemidoros Valerius Eugamos L. Pharsulys (H)ermes Aurelius Glykos Aurelius Phaneros Aurelius Theodoros Aurelius Caecilianus

Cité où est situé le territoire Callatis Callatis Odessos Odessos Odessos Odessos Odessos Odessos Odessos

Origine du personnage thrace thrace hellénophone hellénophone hellénophone hellénophone hellénophone hellénophone hellénophone (écrit en grec)

Source ISM III, 237 ISM III, 237 IGB I2, 270 IGB I2, 287 IGB I2, 287 Conrad 2004, no 115 Conrad 2004, no 115 Conrad 2004, no 115 Conrad 2004, no 115

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Fig. 3.1. Monument funéraire de l’ancien prétorien Aurelius Dalenis (milieu rural de Callatis) Crédit photographique : Florian Matei-Popescu

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Fig. 3.2. Inscription funéraire d’Antistia Firmina, femme du bénéficiaire Malius Secundus Source : http://db.edcs.eu/epigr/bilder.php?bild=$CBI_00655.jpg

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DEUXIÈME PARTIE LA POPULATION DANS LES MILIEUX RURAUX DES CITÉS SITUÉES ENTRE LE DANUBE ET LA MER NOIRE IV. LA POPULATION DANS LE MILIEU RURAL D’IBIDA 1. Introduction Une autre catégorie de cités en Mésie Inférieure est représentée par celles qui se situent à « l’intérieur » de la province, c’est-à-dire les cités localisées entre la mer Noire et le Danube. Mon analyse suivra une direction plutôt est-ouest, en étudiant les trouvailles dans les villages existant au nord de l’actuelle Dobroudja (le territoire présumé d’Ibida), continuant avec Tropaeum Traiani, ciuitas Ausdecensium, Marcianopolis, Abrittus, Nicopolis ad Istrum, Melta, ciuitas Dianensium et Montana. Il y a une série de découvertes isolées qui appartenaient sans doute au milieu rural. Parfois, il est difficile d’attribuer un établissement rural (même un uicus bien attesté) à un certain territoire, car les lieux de découverte sont proches de plusieurs cités. Pourtant, la plupart des territoires sont connus donc nous aurons une image assez cohérente sur la population dans ces campagnes. Nous commençons avec le milieu rural d’Ibida.

2. Le dossier épigraphique Les recherches archéologiques systématiques à Ibida ont commencé assez récemment 1 et, même si elles n’ont mis en valeur que des monuments d’époque romaine tardive, quelques tombes, et surtout des inscriptions, ont attesté l’existence d’une cité assez importante au centre-nord de l’actuelle Dobroudja, qui a eu son territoire (voir les uici situés à proximité, sur lesquels je vais discuter tout de suite) et qui probablement possédait le statut de ciuitas stipendiaria 2. Dans l’extra-muros de la cité, les fouilles archéologiques ont mis au jour des structures d’époque romaine tardive 3, mais il y a des trouvailles archéologiques hors d’un 1 Voir en général Iacob et alii 2002, 293–303 et plus récemment Iacob et alii 2016a, 87–93 ; Rubel 2015, 175–190 ; Rubel 2017, 113–125. 2 Le dossier épigraphique d’époque romaine du Haut-Empire a été discuté par Mihailescu-Bîrliba 2011a, 83–143. Voir aussi Rubel 2008, 1–8 ; Mihailescu-Bîrliba 2008, 199–210 ; Mihailescu-Bîrliba 2010a, 377–385 3 Mihailescu-Bîrliba 2003, 329–336, plus récemment Honcu et al. 2017, 134.

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certain contexte qui datent de la haute époque romaine 4. Les dernières années, on a entrepris des recherches non-intrusives (aéro-photographiques) dans le milieu rural d’Ibida (Fântâna Seacă et Mihai Bravu) ; pour l’instant, les constructions révelées par les photos datent de l’époque romaine tardive 5. À Mihai Bravu, les recherches de surface achevées dans les années 1990 et 2000 ont mené à l’identification d’un vaste habitat rural (peut-être un carré 800 × 800 m), daté entre le milieu du Ier siècle ap. J.-C. et la fin du IVe siècle, sur lequel nous avons malheureusement peu d’informations archéologiques 6 mais d’où provient une douzaine d’inscriptions, chronologiquement homogènes, en partie remployées dans les structures du fort 7 et pour la plupart inédites ; tout cela constitue une source précieuse pour la reconstruction partielle de la vie institutionnelle et sociale de ce uicus, l'une des nombreuses petites agglomérations rurales qui avait surgi entre les Ier-IIIe siècle ap. J.-C., entre Slava Rusă et Enisala 8. Les archéologues ont effectué des nouvelles recherches de surface en 2013–2014 ; ils ont confirmé l’existence d’un établissement rural du HautEmpire (probablement le uicus Bad[---]) 9. Sur le territoire de l’actuelle commune de Turda (3 km de Mihai Bravu), on a identifié un autre habitat datant des IIe–IVe siècles 10. Dans la zone de Topolog, les recherches effectuées ces dernières années par G. Nuțu ont mis au jour des vestiges datant du Haut-Empire. Ces recherches sont encore inédites 11. Sur le plateau et dans la vallée Casimcea, les recherches de surface effectuées en 2015 ont identifié un habitat romain du Haut-Empire, tout comme dans les villages de Beidaud et de Ciucurova 12. L’existence de ces établissements a été communiquée, mais il n’y a pas d’autres détails là-dessus. Les fouilles effectuées en 2009 par G. Nuțu à la limite sud-ouest de la ville de Babadag ont mis au jour un établissement rural, qui n’a pas encore été complètement exploré à ce jour 13. Il n’est pas exclu que le uicus Nou(...), sur lequel je reprendrai la discussion, soit identique à cet habitat. Enfin, A. Avram a effectué des sondages à Camena (uicus Petra), où il a identifié une uilla, et à Ceamurlia de Sus 14. Les résultats détaillés de ces recherches n’ont pas été publiés. Passons maintenant au dossier épigraphique de la zone rurale d’Ibida. Un premier uicus mentionné dans la proximité d’Ibida est le uicus Petra, localisé dans le village actuel de Camena (dép. de Tulcea, Roumanie) : le texte atteste la construction d’un balneum public par les uicani, étant magistri Nymphidius Maximus et Aelius Geminus, et les questeurs 4 Opaiț, Paraschiv 2012, 113–124 ; Opaiț, Paraschiv 2014 ; Boțan, Mocanu 2012, 147–148. 5 Iacob et al. 2017, 135–136. 6 Opaiț et al. 1992, 107 ; Vizauer et al. 2001, 144–145 ; Opaiț 2004, 109 ; voir aussi Aparaschivei 2010, 107. Parmi les matériaux, nous pouvons rappeler des fragments d’amphore « Late Roman 2 », en usage entre les IVe –VIIe siècles ap. J.-C ; Mihaela Iacob a identifié des pièces de monnaie en circulation entre l’époque de Claude et le IVe siècle ap. J.-C. 7 Sauf les inscriptions présentées dans ce catalogue, une recherche de surface menée en 2016 a révélé entre les structures d’une tour du burgus les fragments d'une colonne de calcaire, appartenant à un bâtiment public ou privé du uicus. 8 Bărbulescu 2001, 88–96. 9 Iacob et al. 2016b, 227–228. 10 Iacob et al. 2016b, 228. 11 Je remercie G. Nuțu d’avoir eu la gentillesse de me communiquer ses résultats. 12 Paraschiv et al. 2016, 231–232. 13 Nuțu 2009, 125–126. 14 Lungu, Bounegru, Avram 1990, 161, note 8.

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Ulpius Romanus et Cassius Primitivus 15. Le premier magister et un autre personnage, Aelius Iulius (parent du second magister ?) ont veillé à la construction de l’édifice. On observe ainsi une organisation quasi-municipale du village, avec les représentants de l’élite locale portant des noms romains. Tous les gentilices sont populaires dans le monde romain, sauf Nymphidius. Pourtant, en Mésie Inférieure, un P. Nymphidius Valens remplit la charge de buleuta à Nicopolis ad Istrum 16. Les Nymphidii sont surtout évoqués à Rome et à Ostie 17. Il semble que le uicus a été colonisé avec des citoyens romains, mais on ignore s’il y avait d’autres éléments de colonisation dans le village. La manière d’utiliser un gentilice (Iulius) à la place du surnom me fait penser à une datation du début du IIIe siècle. Des proximités d’Ibida, proviennent d’autres inscriptions. Ainsi, dans la zone qui comprend les villages de Topolog et de Sâmbăta Nouă (comm. de Topolog, dép. de Tulcea, Roumanie), de Luminița et de Cerbu, il y a plusieurs vestiges archéologiques et épigraphiques. À Luminița, les recherches effectuées par G. Nuțu 18 ont identifié une uilla d’époque du Haut-Empire, qui était située à environ 300 m de la localité moderne. La zone présente une haute plateforme où, sur une surface d’environ 4000 m2, on a trouvé de la céramique. À 250 m au sud il y a un tumulus funéraire. À l’extrémité sud du village, à l’ouest de la route vers Topolog, il y a quelques monuments en pierre conservés dans un cimetière turc. Un four, qui selon les fragments d’amphore trouvés à son intérieur, date des IIe–IIIe siècles ap. J.-C., a été fouillé dans le lieu-dit « Stejarul lui Dobrică », à environ 500 mètres nord-nord-ouest de la localité de Topolog 19. Comme je l’ai précisé plus haut, il y a aussi des témoignages épigraphiques concernant des structures d’habitation ancienne dans la zone actuelle du village de Topolog 20. Une inscription atteste un personnage provenant d’Asie Mineure, d’Amorium 21 – Aufidius Helius ; il s’agit d’un autel funéraire, dont le lieu exact de découverte reste inconnu. Le lieu de naissance du personnage et les occurrences des Aufidii (aussi en tant que militaires) en Mésie Inférieure 22, me fait penser à une descendance militaire d’Helius. Si lui-même n’était pas un ancien soldat, alors il était un descendant d’un militaire. On sait que les recrutements du Pont et de Bithynie ont eu lieu sous Trajan, pour les guerres parthiques, et surtout sous Hadrien, pour la guerre de Judée 23. C’est pourquoi je pense que notre personnage (ou son père) a été recruté sous Hadrien, lorsque la Ve légion Macedonica se trouvait en Asie Mineure. En terminant son service, il (ou son parent) est resté au Bas-Danube, ayant une uilla dans la région. Tout près de Topolog, dans le village Cerbu, une stèle funéraire évoque deux membres d’une famille de citoyens romains, (A)elius Aulusenus et son fils, (A)elius 15 16 17 18 19 20 21 22 23

ISM V, 222. Conrad 2004, 347. CIL VI 9679, 23179, 30712e ; XIV 221 ; IPOstie-A, 146, 147. Recherches inédites. Recherches effectuées par G. Nuțu, inédites. Voir plus récemment l’article de Nuțu, Mihailescu-Bîrliba 2017, 171–176. Aricescu 1973, 105, note 3. Baumann 1971, 597 ; Baumann 1984, 228–229, nr. 16, 626, fig. 69 ; Aricescu 1973, 105. Sur les Aufidii, voir aussi Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2012a, 63–64. Sur Helius, voir aussi MihailescuBîrliba 2015e, 443. ISM I, 276–277 ; II, 458 ; V, 127, 278 ; ILB 438. Voir Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2012a.

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Marcus. Le texte date, selon le surnom du fils (une forme de prénom) du début du IIIe siècle ap. J.-C. 24. Aulusenus, attesté aussi dans la forme Aulusenis, est un nom rencontré deux fois dans les diplômes militaires où les bénéficiaires ont l’ethnonyme de Bessus. Dans un cas, il s’agit d’un Aulusenis Densatralis filius 25, dans l’autre d’Aulusenus 26. Il y a aussi la forme Auluzenis, comme le prouve un texte grec provenant du territoire d’Odessos 27. Par conséquent, notre Aulusenus est un Thrace qui a reçu la citoyenneté ; son fils porte déjà un cognomen romain. Ce n’est pas le seul personnage d’origine thrace qui s’établit dans cette zone. À Mihai Bravu, Tarsa, ancien tesserarius de la flotte de Ravenne, rentre chez lui en 71 28 (Fig. 4.1). À Ibida, il y a Durisses Bithi 29, Othis Seuti, Bithidia Biti, Lupussis (?) 30. On peut dire qu’il y avait une communauté assez puissante des Bessi colonisés dans le milieu rural de la partie septentrionale de la province par des raisons économiques (agriculture et exploitation de surface des métaux 31). Du village de Sâmbăta Nouă, selon les informations des villageois, a été trouvé un autel voué à Jupiter Très Bon et Très Grand et à Junon la Reine par un certain Lae(...) Comicus, datant probablement aussi au IIe siècle 32 (Fig. 4.2). Les vœux pour Jupiter et Junon sont fréquents dans le milieu rural de Mésie Inférieure 33. Un lion funéraire en calcaire trouvé en 1970, considéré comme étant le produit d’une des officinae d’une uilla locale, complète l’image des monuments sculpturaux découverts dans la région 34. Des nombreux tumuli funéraires bordent les anciennes routes romaines, une vers Cius (Gârliciu) et une autre dans la Valea Roștilor, vers Beroe. Dans le village Făgărașul Nou, appartenant toujours à la commune de Topolog, on a trouvé deux reliefs votifs pour Bacchus 35. Le culte de Bacchus est relativement bien documenté en Mésie Inférieure (surtout du point de vue archéologique) et il est présent particulièrement dans le milieu rural 36. D’autres informations proviennent de la zone nord de la localité de Topolog, qui n’est pas loin du four romain découvert par G. Nuțu 37. Les nombreux fragments céramiques, le lion funéraire mentionné ci-dessus et les tumuli appartiennent à une habitation de type uilla. Vers le sud-ouest, sur la terrasse du ruisseau Topolog, ont été découverts les vestiges d’une autre uilla et de nombreux fragments céramiques d’époque 24 Baumann (1984, 229–230, nr. 18, 625, fig. 67) lit Aulusemius, mais on voit sur la pierre qu’il s’agit d’Aulusenus. 25 Eck, Pangerl 2008, 326. 26 RMD V, 348. 27 IGB I2, 281 bis. 28 Chiriac, Mihailescu-Bîrliba, Matei 2004, 265–269 + Petolescu, Popescu 2007, 147–152. 29 ISM V, 229 ; voir aussi Mihailescu-Bîrliba 2011a, 108–109. 30 ISM V, 228 ; voir aussi Mihailescu-Bîrliba 2011a, 107–108. 31 Voir Mihailescu-Bîrliba 2011a, 118 ; Mihailescu-Bîrliba 2015e, 441. 32 Mihailescu-Bîrliba 2014, 303–307 ; voir aussi Mihailescu-Bîrliba 2015e, 439–445. 33 Voir CIL III 7466 ; ISM I, 324–332 (Mihailescu-Bîrliba 2012b, 93–98), 344, 346, 347, 368 (Bâltâc 2011, 252–253), 378 (Bărbulescu, Buzoianu 2013, 183–184) ; ISM II, 141 (Bounegru 2011, 238, Bâltâc 2011, 264) ; ISM V, 13–15, 17–18, 123, 62–64, 69, 129 (Bâltâc 2011, 239–240) ; ILB 235. 34 Baumann 1984, 213–214. 35 Dragomir 1962, 421–429. 36 Voir aussi Covacef 1998b, 163–179 ; Bărbulescu 2001, 245–280 ; Baumann 2011, 208–209 ; Baumann 2015, 91–106. Du point de vue épigraphique, à Lazen, est mentionné un collège de Bacchi vernaculi (de 227) (ILB 438). 37 Voir supra, note 7.

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romaine du Haut-Empire 38. Des monnaies, des accessoires de vêtement et des pièces d’équipement en bronze ont été trouvés à proximité du cimetière du village 39. L’habitation intense du plateau de Casimcea, dans la vallée du ruisseau Topolog et dans la Valea Roștilor se reflète dans les nombreuses uillae rusticae et les établissements signalés jusqu’à présent 40. Dans la même mesure, plusieurs attestations d’objets archéologiques trouvés au fil des années contribuent à l’image d’une zone riche en vestiges d’époques hellénistique et romaine. Un four est mentionné, brièvement, par M. Irimia dans le lieu-dit « Vraja » 41 – une petite vallée naturelle située à environ 3 km nord-est de Topolog. Il y a la possibilité d’attribuer ce four à l’époque romaine, car une recherche de surface dans cette zone n’a identifié que des matériaux d’époque romaine du Haut-Empire appartenant à une uilla. Les informations archéologiques de Topolog, associées aux sources épigraphiques, font preuve de l’existence au moins d’un uicus et des plusieurs uillae dans la zone. Plus encore, il semble qu’une partie des habitants étaient les descendants des vétérans, sinon vétérans eux-aussi, comme Aufidius Helius, provenant d’Asie Mineure. Lui-même, ou l’un de ses ancêtres, a été recruté à l’occasion des guerres parthiques de Trajan ou de la guerre de Judée d’Hadrien. Sa famille était sans doute aisée, raison pour laquelle il était propriétaire dans le milieu rural de cette partie de la Mésie Inférieure. Une autre partie était formée par des citoyens romains dont les origines restent inconnues (comme P. Lae(...) Comicus) et des Thraces (pérégrins, comme Tarsa, Othis Seuti et Durisses Bithi, ou citoyens, comme (A)elius Aulusenus). Il faut aussi remarquer que les Thraces étaient en train de romaniser leurs noms (le fils d’Aulusenus porte le surnom de Marcus). On ne dispose pas d’informations claires sur l’appartenance du village à un certain territoire, mais la proximité d’Ibida, ainsi que la présence d’une population thrace dans la zone, me font penser à cette cité. À Casimcea (dép. de Tulcea, Roumanie), un texte fragmentaire mentionne un certain [Vic?]tor, vétéran de l’ala Dardanorum 42. L’éditeur de l’inscription et l’éditrice des ISM V n’ont pas exclu la possibilité de la lecture Vital(is) au lieu du vétéran 43. La photo (Fig. 4.3) 44 montre, à mon avis, d’une manière assez claire, qu’il s’agit d’un E entre le V et le T (la haste horizontale médiane est moins visible, mais elle est visible). C’est sans doute un vétéran mentionné avec un ou plusieurs membres de la famille. L’un de ces membre s’appelle Valeri(u)s donc il est probable que le gentilice de l’ancien soldat soit aussi Valerius, d’autant plus que c’était un gentilice commun chez les militaires. Ma lecture sur la photo distingue aussi la fin d’un surnom, [---]umiu(s). L’aile a été stationnée à Arrubium, selon les évidences épigraphiques 45. Le texte date probablement du IIIe siècle, si l’on prend en considération les anomalies épigraphiques (les formules aue uiator et hic siti sunt mises au début, et non à la fin du texte). Il y a une forte possibilité de l’existence du village, selon 38 Les informations proviennent des recherches inédites effectuées par G. Nuțu. Nous remercions G. Nuțu pour avoir mis à notre disposition ces données. 39 Renseignements fournis par M. Ion Trofin, que l’on remercie vivement. 40 Baumann 1983, 78–81, fig. 26–27. 41 Irimia 2006, 142, note 60 ; Irimia 2007, 156. 42 ISM V, 131. 43 Baumann 1971, 597–598 ; ISM V, 131, sub numero. 44 ubi-erat-lupa.org/monument 15201. 45 ISM V 251. Voir aussi Matei-Popescu 2010a, 170.

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les recherches archéologiques de surface effectuées dans le village de Casimcea ; un établissement romain (IIe–IVe siècle) y a été identifié 46.

2bis. Le cas du uicus Bad[---] et le problème de son appartenance Le second uicus qui est mentionné dans la région, même si son attribution au territoire d’Ibida reste incertaine, est le uicus Bad[---]. Les recherches récentes sur le corpus d’inscriptions de ce village, localisé dans la localité Mihai Bravu (dép. de Tulcea, Roumanie), seront publiées dans un article plus ample, avec le collègue A. Ibba 47. Le corpus d’inscriptions sera mis dans une annexe à la fin de ce chapitre. Il faut pourtant faire des commentaires sur la population de ce uicus. Un premier texte évoque une communauté des ueterani et ciues Romani consistentes uico Bad[---]. On apprend ainsi non seulement le nom (il est vrai, fragmentaire) du village, mais aussi le fait qu’il y avait un conuentus de citoyens romains et des vétérans 48 (Fig. 4.4). Un autre texte, tout aussi fragmentaire, représente très probablement une inscription votive : seule la formule cura agentibus a été conservée, suivi d’un seul nom (Aelius Carinus), le deuxième étant perdu. Une telle formule supposait les noms des magistri du village. On apprend indirectement, par conséquent, que le uicus avait une organisation quasimunicipale (deux magistri et probablement deux quaestores). Quelles sont les autres personnes mentionnées dans les textes ? D’abord, un diplôme militaire évoque un ancien tesserarius de la flotte, un Thrace nommé Tarsa, fils de Duzius, et son fils Macedo ; le vétéran qui rentre chez lui après avoir été libéré le 5 avril 71 49. Ce n’est pas entièrement certain que sa maison ait été à Mihai Bravu. Pourtant, la présence des Thraces dans les campagnes de Mésie Inférieure est habituelle. Il faut rappeler les Bessi consistentes et les Lai consistentes dans le territoire rural d’Istros 50 et les Lai consistentes dans le territoire rural d’Istros et de Tomi. C. C. Petolescu et A.-T. Popescu ont proposé la restitution Besso pour le deuxième fragment du diplôme 51. C’est une hypothèse plausible, mais seulement une hypothèse. La datation du texte prouve que Tarsa s’est installé dans la région avant son recrutement, c’est-à-dire au moins du temps de Néron. On connaît encore des Thraces mentionnés dans les diplômes militaires en tant que marins dans les flottes impériales. Par exemple, Sparticus, fils de Diuzenus, actif dans la flotte de Misène, a été libéré en 54 52; Tyraesus 53 et Dules, fils de Datus 54, ont fini leur service dans la legio I Adiutrix, en 68 et 70, mais la légion était formée par d’anciens marins. Hezbenus, fils de 46 Paraschiv et al. 2016, 231. 47 Mihailescu-Bîrliba, Ibba 2018 sous presse. 48 Infromations succintes chez Opaiț et al. 1992, 107 ; Bărbulescu 1998, 240 ; Bărbulescu 2001, 94, 179 ; Avram 2007, 97, 107 nr. 17 ; Aparaschivei 2010, 107. 49 Chiriac, Mihailescu-Bîrliba, Matei 2004, 265–269 + Petolescu, Popescu 2007, 147–149.. 50 Pour les Bessi consistentes, ISM I, 324, 326–328, 330, 332. Pour les Lai consistentes dans le territoire d’Istros, voir ISM I 343–347, 349. Voir aussi Mihailescu-Bîrliba 2012b, 94–95. 51 Petolescu, Popescu 2007, 149. 52 CIL XVI 1. Voir aussi Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2012b, 10–11. 53 RMD III 136. Voir aussi Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2012b, 11–12. 54 CIL XVI 10. Voir aussi Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2012b, 13–14.

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Dulazenus, soldat de la flotte de Misène, est libéré le 9 février 71 55. Parmi tous ces marins, Tyraesus est aussi attesté comme rentrant dans son village. En revenant à Tarsa, on peut dire qu’il est retourné dans une communauté de Thraces habitant, selon toutes probabilités, le village de Mihai Bravu. Comme d’autres Thraces de la région, il « latinise » le nom du fils. Une autre inscription rappelle l’ex uoto pro salute accompli par T. Caelius Cato 56, beneficiarius des gouverneurs Cn. Suellius Rufus 57 et Cosconius Gentianus 58 : la formule utilisée peut suggérer un rapport personnel entre Catus et les deux legati Augusti 59. Je ne vais pas reprendre la discussion sur ces deux gouverneurs. E. Doruțiu-Boilă a vu un seul personnage, tandis que P. M. Leunissen 60, D. Boteva 61, A. Avram et M. Bărbulescu 62 ont considéré qu’il s’agit de deux personnes différentes. Je me rallie à ces dernières opinions. Le personnage qui voue le texte s’appelle T. Caelius Catus ; il a le rang de bénéficiaire du consulaire. Est-ce qu’on peut parler d’une statio à Mihai Bravu ? Le vœu est associé aux souhaits de santé pour le gouverneur. Non loin de Mihai Bravu, à Nifon, deux autres bénéficiaires sont mentionnés, dans des textes datant de Marc Aurèle et d’Héliogabale 63. Toujours du même endroit, provient aussi une fibule à inscription, présente seulement dans le milieu militaire 64. La présence du bénéficiaire à Mihai Bravu, village situé sur la route d’Ibida à Noviodunum, plaide en faveur de l’existence d’une statio dans ce village. En plus, on trouve aussi l’habitation des militaires et la communauté villageoise formée également par des citoyens romains. Il y a encore deux dédicaces à Jupiter Dolichenus (vor l’annexe 4.1 à la fin du chapitre), dont l’une a conservé le nom du dédicant (Atidius). Le gentilice, sans être très répandu 65, 55 CIL XVI 12. Voir aussi Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2012b, 12. Sur la participation de l’armée de Mésie à la guerre civile de 68–69, voir aussi Paunov, Doncheva 2013, 43–55. 56 Doruțiu-Boilă 1985, 197–203. Voir aussi CBI 642 = AE 1985 725 ; Opaiț 1992, 107 ; Aparaschivei 2010, 107. 57 Dans l’inscription de la déesse Fortune à Oescus, sa période en tant que legatus Augusti est datée, selon la titulature de Commode, de 189 à 191 (AE 1987, 893 + AE 2006, 1202). 58 Ce personnage était connu par l’intermédiaire des monnaies de Marcianopolis et de Nicopolis ad Istrum datables sous Septime Sévère (Pick 1898, 198–199). Ultérieurement, d’autres documents épigraphiques se sont ajoutés au dossier de Cosconius Gentianus. Il a été identifié dans une inscription d’Olbia, datée de 197 (mais où son nom est conservé dans un état fragmentaire, l’inscription d’Olbia, datant de 197, conserve seulement les lettres KO : IOSPE I2, 174 = IGRR I 854) et dans un fragment d’inscription à Barboși (ISM V, 294). 59 Il est intéressant d’observer que la formule utilisée n’est pas celle que l’on trouve habituellement après la réforme supposée avoir eu lieu entre 155 et 170 (Dise 1997, 273–283), lorsque les bénéficiaires sont devenus plus stables dans l’officium du gouverneur. Dans l’inscription discutée ici, le bénéficiaire a probablement eu l’intention d’exprimer un rapport personnel avec ces gouverneurs. 60 Leunissen 1989, 198. 61 Boteva 1996, 239–241. 62 Avram, Bărbulescu 1992, 178–181. 63 ISM V 247, 248. Sur les beneficiarii dans les cités grecques de Mésie Inférieure, voir aussi MateiPopescu 2014a, 184–185. 64 Mihailescu-Bîrliba, Chiriac 2006, 423–430. 65 Solin, Salomies 1994, Le gentilice At(t)idius est attesté dans la regio I à Cales (CIL X 4645), Tusculum (CIL XIV 2532), dans la regio IV à Corfinium (CIL IX 3188 = ILS 5273), dans la regio X à Ateste (CIL V 2499 = ILS 2268 ; AE 1997, 681) ; une officina d’A. Atidius Philetius est rappelée à Rome (CIL XIV 4090.31b = XV 2239.2 ; CIL XV 2238.1-2) et à Tusculum (CIL XIV 4090.30 = XV 2238.3 ; CIL XV

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est d’ailleurs absent dans les provinces danubiennes, mais bien attesté, seulement, en Ombrie 66 et à Rome 67. Une autre inscription votive de Mihai Bravu fournit les noms d’un nouveau couple de consuls (voire l’annexe 4.1, no 7) (Fig. 4.5), tandis qu’un autre texte nous informe sur un certain Rammius. Le personnage a un gentilice peu commun appartenant soit à un vétéran habitant le milieu rural de Mihai Bravu 68, ou bien à un Thraco-Gète qui avait pris intentionnellement un nom de tradition archaïque ou avait latinisé son ancien nom pérégrin, selon une pratique habituelle chez les nouveaux ciues 69 : d’ailleurs, dans la région située entre Beroe et Cius, deux textes mentionnent un uicus Rami[ani?] et un uicus Vero[...]rittiani 70. En ce qui concerne les épitaphes, une première mentionne une famille où le père est citoyen, ayant un surnom grec (Claudius Metrodorus), tandis que la mère s’appelle Sura et le fils Fuscus (annexe 4.1, no 9) (Fig. 4.6). L’absence du gentilice devant le nom de la femme peut indiquer une origine pérégrine ou bien une origine affranchie (on peut lire l’abréviation du gentilice Claudius au pluriel – Cl(audii) Metrodorus et Sura). En tout cas, le père semble avoir une origine hellénophone (s’il n’est pas lui aussi affranchi) mais il rédige l’inscription en latin et, en plus, son fils porte un surnom latin. Encore deux textes trouvés dans le village voisin de Turda (mais appartenant à la même commune moderne, Mihai Bravu) font preuve d’une gens Iulia dans le village ancien (annexe 4.1, nos 12 et 13). D’abord, il s’agit d’un certain Iulius Silvanus, puis d’une famille où le père, Iulius Epiphanes, est décédé à un âge très avancé, s’il ne s’agit pas d’une erreur du lapicide (102 ans !). Dans l’inscription, sont encore évoqués sa fille Iulia, son petit-fils (qui apparaît seulement avec le surnom, Iulianus), et un personnage nommé Flavius Onesimus, sans doute apparenté avec eux (peut-être l’époux de Iulia). On remarque le surnom grec d’Epiphanes, mais on constate que le petit-fils porte déjà un surnom latin. Si l’on considère Iulianus le fils de Iulia et de Flavius Onesimus, alors son nom est Flavius Iulianus. Le surnom Onesimus est aussi grec : par conséquent, il essaye de « latiniser » le nom de son enfant. L’analyse du matériel épigraphique du uicus Bad [---] (pour la plupart peu connu et en cours de publication) pose certains problèmes. D’abord, il s’agit du territoire auquel appartenait le village. Nous avons pensé à plusieurs possibilités d’appartenance à un

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2238.4), à Albanum (CIL XIV 4090.31a = XV 2239.1), dans la regio V à Sassone (CIL XV 2238.5). Il y a d’autre attestations en Afrique proconsulaire (CIL VIII 18065) et en Egypte (CIL III 6580 = 12045 = AE 1947, 112). Dans la regio VI à Attidium (CIL XI 5676-5677, 5680), à Suasa (CIL XI 6179:) et à Spoletium (CIL XI 7884 ; AE 1990 326). AE 2003, 266 ; CIL VI 12712-12713 ; AE 1993, 203 ; CIL VI 2004 ; L. Attidius Cornelianus fut consul sous Antonin le Pieux (ILD 38 = AE 2001 1705 ; RGZM 32 ; CIL XVI 106 = IDRE II 349 = AE 1900, 27 = 58 = 1972, 669 ; AE 2010, 1272 ; CIL III 129 ; CIL VI 41225a = AE 2000, 93 = 179). L’anthroponyme peut être celte : Ramius / Rammius est attesté en Bretagne à Salinae (RMD I, 8 = RIB I, 2401.3 = AE 1962, 253) et à Brampton (CIL VII 332 = RIB I, 2063 = ILS 4640) ; un Salmas Rami ex n(umero) P(almyrenorum) est mentionné à Porolissum (Dacie) (CIL III 837). Sur ce dernier aspect, voir aussi Mihailescu-Bîrliba 2012b, 95. CIL III 14214.22 = ISM V 117 ; Doruțiu-Boilă 1977, 180–185 ; Aparaschivei 2010, 246 ; MihailescuBîrliba 2015d, 183 (Cius). Selon Bărbulescu 2001, 99 : Rami[dava] ou Rami[us]. Dans le cas de uicus Vero[...]rittiani, le toponyme est certainement celte (ISM V, 115 – Cius). Voir la discussion chez MateiPopescu, Falileyev 2007, 324 ; Mihailescu-Bîrliba 2015d, 161.

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territoire : Troesmis, Istros, Ibida. A. Avram pense qu’il peut s’agir de Noviodunum 71. À notre avis, comme la limite septentrionale du territoire d’Istros est Argamum 72 et comme Mihai Bravu est situé plus près de Troesmis et d’Ibida que de Noviodunum, ces deux dernières variantes restent en question. Troesmis est une ciuitas au milieu du IIe siècle 73 et, peu après, devient municipe. Le statut d’Ibida n’est pas connu, malheureusement ; en raison de la grandeur de la cité romaine tardive et des inscriptions trouvées, on suppose qu’Ibida a eu un statut de ciuitas. C’est pourquoi on ne peut pas l’exclure comme cité ayant le territoire où se trouvait le uicus Bad[---]. Un deuxième problème est constitué par la date de la fondation du village. Si le document mentionnant l’ancien tesserarius Tarsa provient certainement de Mihai Bravu, alors le uicus Bad[---] a probablement été fondé au Ier siècle ap. J.-C., en même temps avec d’autres villages attestés entre Oescus et Odessos, et a été habité, au début, par des éléments d’origine thrace 74. Un autre problème qui se pose est celui de l’organisation du village. Les vétérans et les citoyens Romains colonisés dans les uici sont attestés en Mésie Inférieure dans la regio Histriae (parfois avec les Thraces colonisés dans les zones rurales) 75, au uicus Nou[---] (peut-être dans le territoire de Noviodunum) 76 et dans un uicus appartenant à une probable regio Tomitana 77. Si, dans le cas des cités grecques, A. Avram voit la regio comme une solution administrative pour les citoyens romains et pour les vétérans d’échapper à l’autorité pérégrine ; ce n’est pas le cas pour les cités romaines. L’inscription de Mihai Bravu représente une nouvelle pièce à ajouter à ce dossier. La colonisation romaine est donc évidente dans ce uicus. Les vétérans peuvent appartenir à la Ve légion Macedonica, stationnée à Troesmis. Le problème de la restitution du texte est lié aux Thraces habitant la région. Le diplôme du 5 avril 71 atteste la colonisation des Bessi dès le début de l’installation des Romains dans la province. Non loin de Mihai Bravu, à Ibida, une communauté de Thraces est attestée 78. Parmi eux, Durises Bithi est mentionné comme magister uici dans le uicus Quintionis 79. J’ai déjà exprimé la possibilité que les Bessi aient été aussi colonisés pour les exploitations minières de surface 80 mais dans le cas du uicus Bad[---], il est sûr qu’aux côtés des vétérans et des citoyens romains, il y avait également des Bessi. L’ancien tesserarius Tarsa, qui rentre chez lui après avoir été libéré de la flotte en 71, constitue un bon exemple dans ce sens. Le uicus Bad[---] a eu ses magistri, comme le montre l’inscription d’Aelius Carinus et comme le suggère le texte attestant le nom du village (cura agentibus …). Il est possible, 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80

Avram 2007, 97, 107, nr. 17. ISM I, 67–68 ; voir aussi Avram 1990. ISM V 158 ; voir Avram 2007, 93. Poulter 1980, 734 rappelle que jusqu’à la fondation de la Mésie Inférieure, toute la Dobroudja a été sous le contrôle du praefectus classis Moesiae et ripae Danuuii. CIL III 14442, ISM I 138 (ueterani et ciues Romani consistentes) ; ISM I 324, 326–328, 330–332 (avec les Bessi colonisés dans le territoire d’Istros). Voir aussi Mihailescu-Bîrliba 2012b, 91–98. ISM V, 233. CIL III 14441. ISM V, 228–229 ; voir aussi Mihailescu-Bîrliba 2011a, 107–109. ISM I, 326. L’inscription d’Ibida est ISM V, 229. Mihailescu-Bîrliba 2011a, 118.

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comme les inscriptions du territoire d’Istros en font preuve, qu’il y ait eu également des questeurs. Il s’agit donc d’une organisation quasi-municipale du village, comme c’était d’ailleurs le cas dans d’autres uici où il y avait des conuentus de citoyens romains. Un quatrième aspect important est représenté par le fait que, vers la fin du IIe siècle, une statio des beneficiarii est installée dans la proximité du village. Il s’agit sans doute d’un point de contrôle de l’armée sur la route Ibida–Noviodunum. Ainsi, le tableau social du village est complété par la présence de l’armée. Il faut aussi remarquer que le bénéficiaire, T. Caelius Catus, est assigné à l’office du gouverneur. Enfin, la cinquième question importante vise la composition juridique et sociale du village. Les citoyens romains sont représentés par les Aelii (Aelius Carinus), les Iulii (un Iulius Epiphanes et sa famille, un Iulius Silvanus), les Flavii (Flavius Onesimus) et les Claudii (Claudius Metrodorus qui fait ériger l’épitaphe pour son fils Claudius Fuscus). Les surnoms grecs (Epiphanes, Metrodorus, Onesimus, Sura) suggèrent une origine d’une cité hellénophone ; pourtant, ils avaient la citoyenneté depuis plusieurs générations. Il n’est pas exclu non plus que la femme de Metrodorus (Sura), qui pourrait porter le même gentilice que son mari, soit une affranchie. De même, Atidius, fidèle de Jupiter Dolichenus, peut être un affranchi ou bien une personne originaire d’une province hellénophone. À propos du culte de Jupiter Dolichenus, il faut souligner qu’à Mihai Bravu il y a deux dédicaces pour cette divinité, ce qui suppose l’existence d’une communauté de fidèles ou d’un lieu de culte, symbole de la loyauté des uicani à l’empereur et à Rome 81. Le petit corpus du uicus Bad[---] fait ainsi la preuve de l’existence du village où il y avait une communauté formée par des citoyens romains, des vétérans et des Thraces (Bessi), à côté de la population indigène. Les cives Romani et les ueterani se sont constitués dans un conuentus. On ne sait pas si les Thraces y ont été inclus ; tout ce que l’on sait, c’est que les Bessi habitent le village (le diplôme de 71 attestant Tarsa, fils de Duzius en fait preuve). Les inscriptions nous fournissent également une petite fresque sociale, avec des citoyens romains (dont quelques-uns portent des surnoms grecs, suggérant leurs racines hellénophones), des vétérans (comme Tarsa, libéré de la flotte de Ravenne), et probablement des affranchis (comme Sura, la femme de Claudius Metrodorus). Il y avait certainement des pérégrins indigènes ou des Thraces colonisés (comme l’était Tarsa avant son service militaire).

3. Conclusions Le dossier épigraphique du milieu rural d’Ibida est assez riche ; même si l’importance de la cité était moindre en comparai son avec d’autres agglomérations urbaines au statut plus élevé ou avec une position stratégique et économique mieux située, les villages proches de la localité fournissent un matériel épigraphique considérable. Bien sûr, ici se pose la question de savoir si le uicus Bad[---] (localisé à Mihai Bravu) a fait partie de ce territoire. Comme le uicus Petra a certainement appartenu à la campagne d’Ibida et que la cité a eu des proportions importantes (de même que la documentation épigraphique qui est d’ailleurs également 81 Alexandrov 2009, 142.

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importante), il n’est pas exclu que le territoire de la cité ait été assez large. De toute façon, le site de Mihai Bravu se situe, selon toute probabilité, à la limite du territoire d’Ibida avec celui de Troesmis. En ce qui concerne le uicus Petra, il s’agit d’une communauté villageoise assez importante car elle est organisée d’une manière quasi-municipale (deux magistri) et a les moyens financiers pour construire des bains publics. Il semble que le village ait été peuplé par les citoyens romains. Quant au uicus Bad[---], il a été fondé probablement au Ier siècle et la population était composée surtout par des Thraces. Le début du toponyme suggère un nom non-romain : il peut être soit un nom celte (voir le culte des Badonae attesté en Dacie 82) soit un nom thrace. Le recrutement de la population locale marque aussi le début du contact effectif avec les autorités romaines. Le village est colonisé avec des vétérans et des citoyens romains et, au IIe siècle, on le retrouve organisé avec deux magistri. Les citoyens portent des noms latins et grecs (comme le texte en témoigne). Il y a même quelques gentes établies dans le village (les Aelii, les Claudii, les Flavii, les Iulii). La présence des Thraces est liée avec leurs attestations même à Ibida 83. Les exploitations minières de surface pourraient être une raison de cette présence 84. La documentation épigraphique et archéologique de Topolog nous montre que, s’il ne s’agit pas d’un village, on peut certainement parler des uillae. Un [Au]fidius Helius, originaire d’Amurion, a sans doute une propriété dans la région. Le personnage est le vétéran ou le descendant d’un vétéran recruté plus probablement à l’occasion de la guerre d’Hadrien en Judée. En même temps, on remarque de nouveau la présence des Thraces, par l’intermédiaire d’Aulusenus, qui avait acquis pourtant son droit de cité. On dispose, par conséquent, d’une image complexe de la population dans les campagnes d’Ibida : des villages habités par les Thraces qui ont connu, surtout au IIe siècle, une colonisation des vétérans et des citoyens romains, des villages organisés dès le début à la manière romaine, des propriétés rurales appartenant aux vétérans ou à leurs descendants. En plus, il n’est pas exclu que l’exploitation minière de surface (cuivre) soit une raison de la présence des Bessi dans la région. Une autre explication de la relative richesse de la documentation épigraphique dans le territoire d’Ibida peut être la position de la cité sur la route qui menait de Noviodunum (le siège de la classis Flauia Moesica) à Tomi (la métropole du Pont-Gauche). Annexe 4.1 : Supplementum epigraphicum. Les inscriptions du uicus Bad[---] (Mihai Bravu) Note : Le catalogue des inscriptions de Mihai Bravu, avec les détails techniques et les commentaires des textes, sera publié dans Mihailescu-Bîrliba, Ibba 2018. 1. Inscription votive. Dalle en calcaire jaunâtre, brisée en cinq fragments jointifs et complète seulement à gauche. Jusqu’à la publication de Mihailescu-Bîrliba, Ibba 2018, inédite. Datation : IIe siècle ap. J.-C., selon les caractéristiques extérieures de l’inscription. ------ / ue[t(erani)] et c(iues) R [omani] / consist[entes] / uico Bad[---] / sub cura [agen(tibus) ?] / ------

82 IDR III/5, 37. 83 ISM V, 228–229. 84 Mihailescu-Bîrliba 2011, 118.

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2. Autel votif, probablement en calcaire brisé en haut et en bas. Perdu. Jusqu’à la publication de Mihailescu-Bîrliba, Ibba 2018, inédit. Datation : IIe siècle ap. J.-C., selon les analogies avec le texte précédent. ------ / cura [age]n/tibus Aeli(o) / [C]arino et ------. 3. Deux fragments de diplôme militaire, publiés séparément. Il s’agit du même texte. Datation : 71 ap. J.-C., selon la date consulaire. Bibliographie : Chiriac, Mihailescu-Bîrliba, Matei 2004, 265–269 + Petolescu, Popescu, 147– 149. Intus: [Imp(erator) Caesar Vespasianus Augustus, pont(ifex) max(imus), trib(unicia pot(estate) II, imp(erator VI, p(ater) p(atriae) co(n)s(ul) III, design(atus) IIII, nauarchis et trierarchis et remigibus qui militauerunt in classe Ravennate sub Sex. Lucilio] Basso et ant[e emerit]ta [stipendia, quod se in ex]peditione belli forti[ter industrieque gesserant, ex]auctorati sunt et [deducti in Pannoniam, quo]rum nomina subscr[ipta sunt, ipsis liberis poste]risque eorum ciui[tatem dedit et conuibium cum] uxoribus, quas tund [habuissent, cum est ciuitas] Extrinsecus : [iis data, aut siqui caelibes essent, cum iis quas potea duxissent, dumtaxat singul(i) singulas. Non[is April(ibus)], Caesare Aug(usti) f(ilio) Domitiaano, [Cn(aeo) pedio Casco co(ns)s(ulibus)], tesserar[rio] Tarsae Duzi f(ilio) [Besso?] et Macedoni f(ilio) [eius]. Romae in Capitolio ad a[ram gentis Iuliae ---ex]trinsecus podi parte sin[isteriore tab(ula) ... pag(ina)...] loc(o) XX 4. Inscription votive. Datation : 198 ap. J.-C., selon les noms des gouverneurs. Bibliographie : Doruțiu-Boilă 1985, 197–203. [---] / pro salute Cn(aei) Sue[l(li) Rufi] / Cos(coni) Gen(tiani) l[eg(atorum)] / T(itus) Cael(ius) / Cat[us] / b(ene)f(iciarius) eius ex / u(oto) p(osuit) 5. Autel votif, photo d’A. Opaiț. Aujourd’hui perdu. Jusqu’à la publication de Mihailescu-Bîrliba, Ibba 2018, inédit. Datation : 212–217, selon la titulature impériale. [I(oui) O(ptimo) M(aximo)] / Dolic[he]no p[ro] / [s]alute Imp(eratoris) M(arci) / Aurel(ii) / Seu[e]ri / Anton[ini Aug(usti)] / et Iu[liae] / [Domnae] 6. Autel votif. Jusqu’à la publication de Mihailescu-Bîrliba, Ibba 2018, inédit. Datation : probablement IIIe siècle, selon la diffusion du culte de Jupiter Dolichenus dans les provinces danubiennes. I(ovi) O(ptimo) [M(aximo)] / Dolic ̣he/no Ati/dius u(otum) / l(ibens) m(erito) s(oluit) 7. Autel votif. Jusqu’à la publication de Mihailescu-Bîrliba, Ibba 2018, inédit. Datation : probablement fin du IIe siècle ap. J.-C., selon le nom d’un consul 85. ----- / Cestio / et Quin[tian]o siue Quin[till]o / co(n)s(ulibus). 8. Autel votif en calcaire, très endommagé. Jusqu’à la publication de Mihailescu-Bîrliba, Ibba 2018, inédit. Datation : probablement IIe siècle ap. J.-C., selon les caractéristiques extérieures de l’inscription. [---] /[---] V [---]S [---] / Rammius S[---] / [---] EC [---] / -----9. Stèle funéraire. Jusqu’à la publication de Mihailescu-Bîrliba, Ibba 2018, inédite. Datation : certainement IIe siècle ap. J.-C., selon les caractéristiques extérieures de l’inscription. ------ [--- Claudi(?)] /o F̣ụsc ̣ọ / uix(it) an(nis) VI / C̣l(audius) Metro/dorus et / Sura par/ẹn[te]s 85 Identifié avec L. Cestius Gallus Cerrinius Iustus Lutatius Natalis (PIR2 II, C 692). Degrassi (1952, 117) pense qu’il a été consul sous Marc Aurèle ou sous Commode.

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fịli/o B[---] / et / [---] L / ----̣ 10. Fragment de stèle funéraire, profondément endommagée. Jusqu’à la publication de MihailescuBîrliba, Ibba 2018, inédit. Datation : Probablement IIe siècle ap. J.-C. (?) [---] KA-/ [---] NO 11. Fragment de stèle funéraire, endommagée. Jusqu’à la publication de Mihailescu-Bîrliba, Ibba 2018, inédit. Datation : Probablement IIe siècle ap. J.-C. (?) ------ / V[---] 12. Fragment de stèle funéraire, trouvée à Turda. Datation : probablement IIe siècle ap. J.-C., selon les caractéristiques extérieures de l’inscription. Bibliographie : ISM V, 237. D(is) M(anibus) / Iul(ius) Silva/nụṣ [---] / -----13. Stèle funéraire endommagée trouvée à Turda. Datation : probablement IIe siècle ap. J.-C. (ou début du IIIe ?) Bibliographie : Baumann 1984, 229. ------ / Ịụḷ(ius) Ẹpịp vixit / annis CII / OPPI Iul(ia) filia / et Iulianus nep(os) / et ̣ ḥạ/nes ̣ Fl(avius) Onesimus / b(ene) m(erenti) patri p(osuerunt) 14. Fragment de dalle funéraire. Jusqu’à la publication de Mihailescu-Bîrliba, Ibba 2018, inédite. Datation : Probablement IIe siècle ap. J.-C. (?) ------ / [---]VIN[---]/ ------

Annexe 4.2. Les Thraces dans le milieu rural d’Ibida Nom du personnage

Statut social ou juridique

Source

Aelius Aulusenus

citoyen

Baumann 1984, 229–230

Aelius Marcus

fils du précédent, citoyen, nom « latinisé »

Baumann 1984, 229–230

Tarsa Duzi f.

ancien marin, devenu citoyen

Macedo

fils du précédent, citoyen, nom « latinisé »

Chiriac, Mihailescu-Bîrliba, Matei 2004, 265–269 + Petolescu, Popescu 2007, 147–149 Chiriac, Mihailescu-Bîrliba, Matei 2004, 265–269 + Petolescu, Popescu 2007, 147–149

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Datation début du IIIe s. ap. J.-C. début du IIIe s. ap. J.-C. 71 ap. J. C.

71 ap. J. C.

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Fig. 4.1. Fragment du diplôme militaire de l’ancien tesserarius Tarsa (Mihai Bravu) Photo : L. Mihailescu-Bîrliba

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Fig. 4.2. Inscription votive de Sâmbăta Nouă (milieu rural d’Ibida) Photo : L. Mihailescu-Bîrliba

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Fig. 4.3. Fragment d’une inscription d’un vétéran (Casimcea) Source : ubi-erat-lupa.org/monument 15201

Fig. 4.4. L’inscription attestant uicus Bad[---] (Mihai Bravu) Crédit photographique : Antonio Ibba

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Fig. 4.5. Inscription attestant un nouveau couple de consuls (uicus Bad[---]) Crédit photographique : Antonio Ibba

Fig. 4.6. Épitaphede Claudius Fuscus (uicus Bad[---]) Crédit photographique : Antonio Ibba

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V. LA POPULATION DES MILIEUX RURAUX DE TROPAEUM TRAIANI ET DE LA CIVITAS AUSDECENSIUM 1. Introduction Il n’est pas question de reprendre en détail l’émergence de la cité de Tropaeum Traiani et ses circonstances. Après l’érection du monument triomphal qui a suivi la bataille contre les Daces, Trajan a fondé une cité à proximité de l’édifice 1. Les fouilles ont également mis au jour un établissement dace, avec une culture matérielle influencée par la culture romaine 2. L’octroi du statut de municipe a été aussi largement discuté. Le problème de fondation du municipe sous Trajan a été soumis aux débats par l’intermédiaire de deux inscriptions. La première, datée de 116, retient la formule Traianenses Tropaeenses 3, la deuxième, datée de 181, mentionne un [m(unicipium)?] Traiani Tropaei 4. Je ne reprendrai pas la discussion sur le municipe et sur la cité car elle est bien exposée dans le commentaire des textes. On peut admettre, pour la deuxième inscription, que la lettre qui manque est un m, la seule restitution possible entre les mots G(enio) et Traiani Tropaei. Quant au problème concernant la période à laquelle la cite a reçu le statut de municipium, je partage l’opinion de l’éditeur selon lequel, l’expression Traianenses Tropaeenses désignerait les habitants d’une cité ayant un statut de uicus ou de ciuitas, comme chez les ciues Montanenses 5. Dans la même idée, il faut aussi remarquer que, concernant une inscription officielle, la titulature du municipe aurait été inscrite d’une manière complète. En partant de l’observation de C. C. Petolescu selon laquelle, le municipium était dirigé par des duumuiri 6, comme dans le cas des municipes fondés par Hadrien 7, il serait plus prudent de se montrer en faveur d’une fondation du municipe Traiani Tropaeum sous Hadrien. En ce qui concerne le territoire rural de Tropaeum Traiani, les inscriptions sont peu nombreuses, d’après la présentation du dossier épigraphique. Il y a peu des structures 1 Pour la problématique générale, voir plus récemment Popescu, dans ISM IV, 51–55, avec la bibliographie. Voir aussi Alexandrescu-Vianu 2006, 207–234 ; Alexandrescu-Vianu 2015, 166–181 ; Barnea 2015, 153–165 ; Popescu 2015a, 182–206. 2 Barnea et alii 1979, 17–24. 3 ISM IV, 9. 4 ISM IV, 11. 5 Voir aussi Popescu 1964, 186–187 ; Suceveanu 1977, 73 ; Aparaschivei 2003, 327–340 ; Aparaschivei 2006, 327–348 ; Cîrjan 2004a, 51–59 ; Cîrjan 2010a, 121–130 ; Popescu 2013, 127–144 ; MateiPopescu (2014b, 207–210) est en faveur d’une fondation sous Trajan, mais il n’exclut pas une fondation sous Hadrien. Pour Traianeses Tropaeenses désignant une structure municipale, voir Galsterer-Kröll 1972, 92–93. A. Panaite pense que le niveau II des fouilles de la stratigraphie générale de la cité est celui qui correspond à la phase municipale (2016, 169–170) ; c’est une hypothèse qui reste à vérifier. 6 ISM IV 12, 13, 19, 61, 62. 7 Petolescu 2007, 169.

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villageoises attestées en tant que telles, mais cela ne signifie pas qu’il n’y en avait pas d’autres. En outre, on remarque des textes trouvés dans les campagnes du municipe, mais dont ne on connaît pas le nom ou le type d’organisation. La ciuitas Ausdecensium est connue par l’intermédiaire d’une seule inscription. L’information sur son territoire reste, par conséquent, encore plus pauvre. On essayera pourtant d’esquisser une image (même partielle) pour ce territoire. Les recherches archéologiques à Tropaeum Traiani ont été déroulées dans la cité (où la plupart des monuments sont d’époque du Bas-Empire), autour du monument triomphal et dans la nécropole 8. À Independența, une tombe d’époque romaine a été attribuée à une propriété rurale 9. La trouvaille fortuite des inscriptions à Ion Corvin 10, Crângu 11, Dumbrăveni 12 et Conacu 13 nous fait supposer l’existence de certains établissements ruraux dans ces localités. V. Pârvan nous signale une agglomération rurale dans ce village 14.

2. Tropaeum Traiani Le territoire de la cité de Tropaeum Traiani a été bien évidemment délimité en même temps que la fondation de la cité. Pourtant, la région était habitée par des indigènes et par des Grecs qui vivaient dans la plaine de la Dobroudja centrale et qui étaient organisés en komai. Ainsi, deux inscriptions font preuve de l’existence de telles komai. L’une, trouvée dans la cité d’époque romaine tardive, mentionne un certain Protogénès, magistρátoß 15. Il s’agit donc, d’une organisation selon le système romain. Un autre magistράtoß est attesté non loin, à Urluia (dép. de Constanța, Roumanie), mais son nom n’est plus conservé 16. Le nom du magistrat a été restitué Kardisthas, fils de Di(as?) par l’éditeur. Il est possible que le patronyme soit aussi Dius. A voir les autres inscriptions en grec dans les villages de Mésie Inférieure, je suis enclin à partager l’opinion d’E. Popescu conformément à laquelle l’onomastique du personnage est thrace 17. Si cette inscription, bien fragmentaire, peut être datée de la fin du IIe siècle ou du début du IIIe, la première a une datation plus précise (236– 238), selon les noms martelés des empereurs (Maximin et son fils). La présence indigène est confirmée par l’organisation en loci, dirigée par un princeps. Ainsi, à Floriile (dép. de Constanța, Roumanie), un princeps fait ériger avec sa mère, qui porte un nom dace (Zudecitulp?), une épitaphe pour son père qui a vécu 80 ans 18. La fin du nom du princeps est nn(us? ou – is), ce qui ne constitue pas un indicateur pour son origine. A. Bâltâc, en suivant le CIL, a restitué le nom de la femme Zudecii Ulpia, en traduisant « Ulpia, la 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18

Barnea et alii 1979; Sâmpetru 1984. Irimia 1987, 127–129. ISM IV, 72. ISM IV, 83. ISM IV, 84. ISM IV, 85. Pârvan 1912, 579 Barnea 1969, 599 ; ISM IV, 1. ISM IV, 44. ISM IV, 44, sub numero. ISM IV, 66.

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femme de Zudecius » 19. De toute façon, les recherches archéologiques de Floriile ont mis au jour un établissement gète 20 et la population a été organisée dans un locus après l’occupation romaine. On observe pourtant que le deuxième I de ZVDECII peut être lu T. En plus, il est moins commun que la femme porte un gentilice impérial sans un surnom, d’autant plus qu’elle semble être une pérégrine. Un autre princeps voue un autel à Apollon : la pierre a été trouvée dans l’actuel village de Rositsa, région Dobrici, Bulgarie) 21. Il s’appelle Antonius Zinenis. On peut penser qu’il est un pérégrin ayant adopté un nom latin (sous la forme d’un gentilice), mais on peut aussi bien considérer qu’il est un citoyen (comme beaucoup d’autre principes loci 22) qui a comme surnom son ancien nom de pérégrin. Toujours à Rositsa, Aelius Ingenu(us), qui mentionne son statut de ciuis Romanus, consacre un monument funéraire pour sa femme 23. Il est probable qu’Aelius Ingenuus accentue son statut puisqu’il se trouvait dans une communauté pérégrine. Le texte date du IIe siècle, mais pas plus précisément. Toujours dans la région de Dobrici, il y a encore une inscription qui atteste Piesousos, fils de Kaigeisos 24. Le personnage porte un nom dace et, comme la plupart des indigènes de la région, rédige le texte en grec. Il faut pourtant préciser que la région de Dobrici est encore en discussion en ce qui concerne l’appartenance au territoire rural de Tropaeum Traiani ; la possibilité d’avoir fait partie du territoire de Durostorum ou même d’Odessos n’est pas exclue. Dans le territoire de Tropaeum Traiani, il y a encore des découvertes isolées, mais qui rendent compte de la structure de la population et même de l’organisation de ce territoire. Ainsi, à Abrit (Bulgarie), un texte en grec atteste le culte du correspondant thrace d’Héfaistos, Dabatopeios 25. Un des prêtres est Mucianus ; les autres dédicants sont Roemetalkes, fils de Doulos, et Prokilios, fils d’Aulupor. Tous sont d’origine thrace, même si l’un d’eux, Prokilios, tend à « latiniser » son nom (Prokilios, la forme grecque de Procilius). D’autres textes de la même localité attestent des pérégrins grecs, comme Euruphon, fils d’Agathoklès 26, des citoyens latins, Aelius Clementinus 27 et Aelius Paulinus 28, ou des pérégrins thraco-gètes, Zeines, fils de Zordesios 29. Il est digne de mentionner qu’Aelius Clementinus, qui est citoyen romain, voue un autel à la même divinité thraco-grecque, Dabatopeios. Non loin de Zaldapa (Abrit, Bulgarie), un texte évoque un certain Derzitralus, fils de Mucaporis 30 (Fig. 5.1). A. Bâltâc considère qu’il s’agit d’un Mucaporus, fils de Derzitralis 31. En fait, sur l’épitaphe est écrit Mucaporis Derzitralo filio suo. On a donc Derzitralus au datif, ce qui signifie que c’est lui le défunt, et 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31

Bâltâc 2011, 267–268. Irimia 1999, 73–82 ; Chiriac, Iconomu 2005, 209–217. CIL III 7470. ISM V, 77 ; IDR III/3, 345. CIL III 14211. IGB II, 874. IGB II, 868. IGB II, 870. IGB II, 869. IGB II, 871. IGB II, 872. Conrad 2004, 201, no 278. Bâltâc 2011, Table I.20.

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que c’est le fils de Mucaporis. La traduction sera donc « Mucaporis (a fait ériger le monument) à son fils Derzitralus ». Le texte date du dernier quart du IIe siècle ou le premier quart du IIIe siècle, selon les caractéristiques extérieures du monument, jugées par S. Conrad. Près de Tropaeum Traiani, dans la commune de Ion Corvin (dép. de Constanța, Roumanie), une famille fait ériger une épitaphe pour une citoyenne, Claudia Bonita 32. La famille est composée de citoyens romains : le père de la défunte s’appelle Iulius Iucundus, et les frères de Claudia Bonita, Claudius Arbusculus, Claudia Placida et Iulius Vitalis. On remarque que trois enfants portent le gentilice Claudius, tandis qu’un seul porte le gentilice du père. Il y a deux situations qui peuvent être envisagées : l’une, c’est que le père a acquis le droit de cité plus tard que la mère des enfants, et trois enfants portent le nomen gentile de la mère, tandis qu’un seul fils celui du père ; la deuxième, c’est que Iulius Iucundus peut être le beau-père des trois Claudii, ayant seulement Iulius Vitalis comme fils naturel. De toute façon, le texte date de la première moitié IIe siècle. Toujours à Ioan Corvin, une épitaphe mentionne Chrysè, une bithynienne qui s’est noyée 33. La présence des Bithyniens en Mésie Inférieure est liée, d’une part, à leurs recrutements dans les légions de la province et, d’autre part 34, aux affaires qu’ils ont menées dans les cités grecques de l’ouest de la mer Noire 35. En ce qui concerne Chrysè, elle a habité dans une communauté grecque à Tropaeum Traiani ou près de la cité, mais sa famille a certainement eu une propriété dans les environs de la ville où on lui a érigé le cénotaphe. Comme le texte dit qu’elle est morte sur la mer, il est possible qu’elle ait fait un voyage vers son pays natal. Dans la même région, il y a l’épitaphe d’un certaine C. Valerius Crispus, érigée par Terentius Iulianus 36. Après le nom du défunt, il y a le mot Clau[dia], qui peut désigner la pseudo-tribu ou le début du nom de la ville d’où il était originaire. Il ne s’agit pas d’un troisième personnage, Claudius, comme l’ont supposé M. Ionescu, A. Barnea et O. Bounegru 37, suivis par A. Bâltâc 38 et par E. Popescu (même si celui-ci n’est pas totalement sûr de la lecture) 39. C’est pourquoi l’affirmation des éditeurs selon laquelle il ne s’agit pas d’un vétéran ne doit pas être exclue, en tenant compte que l’inscription est bien fragmentaire. Valerius Crispus était sans doute un citoyen et il est possible qu’il détenait une propriété dans le territoire de Tropaeum Traiani où il a été enterré. Encore deux inscriptions trouvées près d’Adamclisi sont des textes votifs pour Jupiter (l’un) et pour Jupiter et Junon (l’autre) 40. Les dédicants sont des magistrats municipaux et la question qui se pose est de savoir si les pierres ont été déplacées de la cité ou si les notables détenaient des propriétés dans la campagne de Tropaeum Traiani. Enfin, un dernier texte trouvé à Tropaeum fait preuve de l’existence d’une uilla. Iaehetav, esclave et intendant (uilicus) du sénateur L. Aelius Marcianus, fait ériger un autel 32 33 34 35 36 37 38 39 40

ISM IV, 51. ISM IV, 46. Mihailescu-Bîrliba 2012a, 125–132. Avram 2013, 111–132. Ionescu, Barnea, Bounegru 2005, 175–181 ; ISM IV, 72.. Ionescu, Barnea, Bounegru 2005, 176, 178. Bâltâc 2011, Table I.20. ISM IV, 72, sub numero. ISM IV, 19, 20.

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votif pour le Héros Cavalier 41. On ignore comment il a pris possession de ce clarissimus uir des terres en Mésie Inférieure. Qui est ce sénateur ? Le Digeste mentionnent un Aelius Marcianus, proconsul en Bétique sous Antonin 42. Est-ce que notre sénateur est apparenté avec le gouverneur de Bétique ou s’agit-il du même personnage ? La réponse est difficile à dire, en tenant compte du fait que les informations supplémentaires manquent. Je pense que les deux sont au moins apparentés, en raison de l’identité du gentilice et du surnom. En tout cas, ses ressources financières lui permettaient d’avoir même plusieurs propriétés dans la province. L’esclave porte un nom oriental (sémitique), qui trahit son origine. Les inscriptions du milieu rural de Tropaeum Traiani sont donc peu nombreuses. Pourtant, on distingue quelques particularités en ce qui concerne la population de ce territoire. La campagne a été habitée par les indigènes (Thraces et Daces) et par des Grecs qui se sont retirés des cités comme Tomi ou Callatis, sans doute pour l’exploitation agricole des terres. Les Romains ont organisé les communautés en loci (nous avons des documentations sur des principes, l’un qui a obtenu le droit de cité, l’autre dont le nom et trop fragmentaire pour en apprendre quelque chose). Les textes constituent une preuve qu’il s’agissait de communautés indigènes et pérégrines : leur nomenclature est éloquente en ce sens. Il y a aussi des citoyens romains qui habitaient ces villages, comme c’est le cas d’Aelius Ingenuus, attesté à Rositsa. Les Romains ont gardé l’ancienne organisation grecque en komai, pour laquelle nous disposons de plusieurs informations : les maires étaient grecs, mais les villages étaient organisés d’une manière romaine. Les trouvailles épigraphiques isolées du territoire de Tropaeum Traiani confirment cet état de choses : il y a une population thraco-dace et des éléments grecs. La conquête romaine a déterminé la fondation des uici. Un tel village est mentionné, mais on ne connaît pas son nom. Il y a une colonisation des citoyens romains comme en témoigne l’épitaphe de Claudia Bonita. L’exploitation agricole des terres est également confirmée par l’acquisition des propriétés aux environs de Tropaeum Traiani par un sénateur, L. Aelius Marcianus. L’une de ses propriétés a comme uilicus un oriental. Par conséquent, les Romains ont réorganisé les structures villageoises indigènes et grecques, en octroyant le droit de cité à certains membres de l’élite non-romaine. Ils ont également organisé des uici d’une manière romaine, mais les sources sont encore peu nombreuses pour nous fournir des détails concernant cette organisation.

3. Ciuitas Ausdecensium On ne dispose que d’un seul document sur cette ciuitas, qui fut sans doute, au début, une communauté pérégrine élevée au rang de ciuitas par les Romains. Le texte représente un document de délimitation des frontières d’après un iussum du gouverneur Helvius Pertinax 43. En même temps, il s’agit aussi d’un conflit de frontière avec les Daces qui, apparemment, ne respectaient pas les délimitations. Le texte a été largement discuté et je ne

41 ISM IV, 34. 42 Dig. 1, 6, 2. Voir aussi Haley 2003, 163. 43 ISM IV, 82.

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vais pas reprendre tous les détails 44. Les Ausdecenses, tribu thrace qui habitait le territoire situé au nord du Haemus, ont émigré au nord du Danube probablement avec les Bessi 45. Le conflit ne me semble pas avoir été lié à l’invasion des Costoboces, comme le pense V. Pârvan 46 car il s’était produit 7 ou 8 ans plus tôt. À mon avis, il s’agit d’un litige qui durait depuis une certaine période, plus probablement, comme le suppose E. Popescu, lié à la présence des Thraces dans cette région et à leurs petits conflits permanents avec les indigènes d’origine dace 47. Dans ce cas, l’arpenteur a été un certain C. Vexarus, tandis qu’un Thrace portant les noms de Messala Pieror a exécuté le travail effectif de délimitation. En tant que représentant du gouverneur, ce travail a été surveillé par le tribun de la première cohorte des Ciliciens, Anternius Antoninus. Même si la cohorte est attestée dans plusieurs diplômes militaires de Mésie Inférieure 48, en raison des briques portant le nom de l’unité, on accepte aujourd’hui le fait que l’unité a été stationnée à Sacidava 49. On accepte également que la zone contrôlée par la cohorte comprenait aussi le sud ou le sudouest de l’actuelle Dobroudja, non loin de la ciuitas Ausdecensium (aujourd’hui Cetatea – Roumanie). En tout cas, la cohors avait la mission de maintenir la paix dans la zone et d’intervenir s’il y avait des conflits. En outre, la population de la ciuitas Ausdecensium est une population majoritaire de Thraces ; il semble que c’était quand même une population assez nombreuse, à en croire le rang de ciuitas peregrina acquis par la localité. En plus, une inscription de Rome atteste quatre prétoriens, Flavius Proclianus, Aurelius Mucianus, Claudius Valerianus, Valerius Maximus du uicus Agatapara, qui s’appellent eux-mêmes ciues Usdecenses 50 (Fig. 5.2). En raison des noms très proches qui apparaissent dans les textes et le fait que les soldats vouent un autel au Héros Cavalier, nous pouvons dire qu’ils proviennent très probablement de la ciuitas Ausdecensium. Par conséquent, même si l’on ne dispose d’aucune source sur le territoire de la cité et si l’on tient compte de son statut, on peut sans doute affirmer que la majeure partie de la population était d’origine thrace. Le conflit frontalier avec les Daces montre que ceux-ci habitaient aux frontières du territoire et que les relations entre ces deux populations n’étaient pas toujours les meilleures.

4. Conclusions La vie rurale dans le territoire de Tropaeum Traiani et de la ciuitas Ausdecensium est moins documentée du point de vue épigraphique. Il est sûr qu’il y avait des propriétés rurales, achetées par les citoyens romains, les notables locaux, les sénateurs et les gens ayant une certaine aisance. Les anciennes structures villageoises indigènes ont continué à exister, mais on ne dispose pas de beaucoup de données là-dessus. Les Romains ont gardé 44 45 46 47 48

Voir le commentaire le plus récent, avec la bibliographie, chez E. Popescu (ISM IV, 92, sub numero). Voir la discussion chez E. Popescu (ISM IV, 92, sub numero). Pârvan 1923, 75. E. Popescu (ISM IV, 82, sub numero). Par exemple CIL XVI, 78 ; RMD II 165 + Weiß 2001, 261–262 ; Weiß 1999b, 279–286. Voir une brève histoire de la cohorte, avec la bibliographie, chez Matei-Popescu 2010a, 201–205. 49 ISM IV, 170, 172. 50 CIL VI 2807.

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l’organisation en komai, mais les nouvelles institutions étaient romaines. Nous avons des renseignements sur un uicus dont le nom ne nous est pas parvenu ; cela prouve qu’à côté des villages indigènes, les Romains ont fondé également des structures typiquement romaines. En ce concerne qui la ciuitas Ausdecensium, la seule inscription disponible représente la tentative de solutionner un litige de frontière. Les textes épigraphiques font état, pour les deux cités, d’une population d’origine thrace et dace. À Tropaeum, il y a aussi des Grecs (certains d’entre eux venus d’Asie Mineure) et des colons romains, la plupart étant citoyens. On suppose que dans le territoire de la ciuitas Audecensium (plus petit, d’ailleurs), il y avait également des citoyens romains. Annexe 5.1. Indigènes ayant « latinisé » leurs noms Nom Antonius Zinenis Prokilios Aulupori Messala Pieror

Source CIL III 7470 IGB II, 868 ISM IV, 82

Datation IIe s. IIe s. 177–179

Annexe 5.2. Les indigènes dans le milieu rural de Tropaeum Traiani Nom Princeps anonyme Le fils du princeps Zudecitulp, femme du princeps Antonius Zinenis Piesousos, fils de Kaigeisos Mucianus Roemetalkes, fils de Doules Prokilios Aulupori Zeines, fils de Zordesios

Source ISM IV, 66 ISM IV, 66 ISM IV, 66 CIL III 7470 IGB II, 874 IGB II, 868 IGB II, 868 IGB II, 868 IGB II, 872

Derzitralus Mucaporis

Conrad 2004, 201, n 278

Datation IIe s. IIe s. IIe s. IIe s. IIe s. IIe s. IIe s. IIe s. IIe s. dernier quart du IIe s.– premier quart du IIIe .

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Fig. 5.1. Épitaphe de Derzitralus, fils de Mucaporis (Abrit, milieu rural de Tropaeum Traiani) Source : ubi-erat-lupa.org/monument 21182

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Fig. 5.2. Épitaphe du prétorien Valerius Maximus, ciuis Usdecensis (Rome)

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VI. LA POPULATION DANS LES MILIEUX RURAUX DE MARCIANOPOLIS ET DE NICOPOLIS AD ISTRUM 1. Introduction La littérature moderne sur les deux cités grecques fondées par Trajan est riche. Il est à remarquer qu’il y a eu une forte colonisation grecque, avec des pérégrins ou des citoyens provenant d’Asie Mineure, la plupart hellénophones 1. Il ne faut pas exclure la population indigène, bien documentée dans les textes épigraphiques. B. Gerov et R. Schmitt pensent que le Hinterland de ces cités était romanisé 2. En effet, le milieu rural semble habité par des latinophones et les inscriptions latines sont assez nombreuses. La cité de Nicopolis ad Istrum, appartenant initialement à la province de Thrace, fut englobée à la Mésie Inférieure plus probablement sous les Sévères 3. M. Tacheva voit le territoire de la cité là où il y a des inscriptions grecques 4. L’appartenance Butovo au territoire de Nicopolis ad Istrum ou de Novae reste encore ouverte 5. Les fouilles archéologiques ont mis assez bien en évidence l’existence des structures villageoises. Le milieu rural de Nicopolis ad Istrum a été mieux recherché. Parmi les découvertes, il faut mentionner la structure de type uilla recherchée à Pavlikeni : le plan du compelxe est assez large, comprenant des pièces à habiter, des annexes et des bains 6. À Biala Cerkva, localité située à 28 km ouest de Nicopolis ad Istrum, les recherches ont mis au jour des structures pareilles 7. Un site de dimensions plus réduites a été fouillé à Kamen (25 km nord-est de Nicopolis ad Istrum) 8. Le complexe de Prisovo (situé à environ 22 km sud de la cité romaine) a été interprété comme un établissement rural de dimensions réduites 9. Des sondages et des recherches de surfaces ont identifié des structures villageoises à Samovodene (11 km sud de Nicopolis ad Istrum) et à Vishovgrad 10. Il faut aussi mentionner qu’un sanctuaire attribué à l’Héros Cavalier a été fouillé à Lesiceri (4 km sud de Pavlikeni) 11. Il faut aussi mentionner la découverte d’un atelier céramique à Hotnica (17 km nord-ouest de l’actuel Veliko Târnovo), atelier qui a été attribué à une structure 1 Tacheva 1969, 115–123 ; Tacheva 1980, 81–88 ; Ivanov 1983, 140–143 ; Poulter 1992, 69–86 ; Poulter 1995, 11. Voir aussi une présentation de synthèse avec la bibliographie chez Bâltâc 2011, 96–98, 100– 101. Une introduction utile chez Ruscu 2017, 47. 2 Gerov 1971, 1980 ; Schmitt 1983, 558. 3 Voir aussi Ruscu 2007, 215 avec la bibliographie. Sur l’épithète d’Ulpia, voir Topalilov 2015, 158–177. 4 Tacheva 1995, 428–429. 5 Voir la discussion chez Tomas 2016a, 114. 6 Sultov 1985, 22–29. 7 Bâltâc 2011, 420, avec bibliographie. 8 Bâltâc 2011, 441, avec bibliographie. 9 Voir la discussion chez Bâltâc 2011, 441–443, avec la bibliographie. 10 Bâltâc 2011, 450, avec bibliographie. 11 Bâltâc 2011, 452, avec bibliographie.

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rurale 12. Des tombes attribuées également à des habitations de type rural ont été fouillés à Srajitsa et à Strahilovo 13. Du milieu rural de Marcianopolis il faut rappeler des tombeaux trouvés à Kralevo et à Krivnia, attribués aux communautés rurales 14. Une situation pareille se retrouve à Paidushko 15. À Preslav, les sondages ont identifié les traces d’un établissement 16. J’analyserai le dossier épigraphique de ces territoires, en prenant soin de discuter non seulement les attestations des formes d’organisation, mais aussi les trouvailles isolées de la campagne. Dans le cas de Nicopolis ad Istrum, les textes pris en considération datent aussi de la période durant laquelle la ville ne faisait pas encore partie de la province de Mésie Inférieure. Je les ai considérés utiles pour se rendre compte de ce qui se passe à partir de l’époque des Sévères.

2. Le dossier épigraphique du milieu rural de Marcianopolis Une série d’inscriptions apporte la preuve d’une organisation en regiones, comme dans le cas d’Istros. Ainsi, une regio Gelegetiorum est mentionnée dans un texte qui marque les limites de la cité de Marcianopolis, texte trouvé à Nevsha (Bulgarie) 17. Cet acte a été promulgué sous le légat C. Gallonius Fronto Quintius Marcius Turbo, pendant le règne d’Antonin. La regio Marcianopolitana est évoquée dans deux autres textes externes, un autel voué à Junon à Rome par les citoyens de cette région 18, et une pierre funéraire érigée par un soldat de la legio I Adiutrix pour son frère, personnage né dans la regio, dans un uicus [---]dianus, présent à Aquilée 19. La présence des unités de cette légion, stationnée à Brigetio (Pannonie Inférieure), peut être liée au siège de la ville sous le règne de Maximin, siège qui a mené à la mort de l’empereur (238). Les noms du soldat et de son frère (Aurelius Maximinus et Aurelius Clarianus) suggèrent l’acquisition du droit de cité après 212. Ces regiones sont, comme A. Avram l’a montré, des entités administratives pour les citoyens romains et pour les vétérans, qui étaient soumis à leur juridiction 20. En ce qui concerne les personnes originaires de Marcianopolis à Rome, je suis enclin à avancer une hypothèse. Un catalogue de prétoriens trouvé à Rome (IIIe siècle) fait preuve de deux personnes originaires de Marcianopolis (M. Aurelius Herodianus et M. Aurelius Rusticus) 21. Une autre liste des prétoriens de Rome, datable de la même période, atteste Aurelius Clementinus 22. Un soldat anonyme, ancien marin dans la classis praetoria, est aussi originaire de la région de Marcianopolis, d’un village dont le nom n’est pas 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22

Sultov 1985, 18–21. Bâltâc 2011, 466, avec bibliographie. Bâltâc 2011, 449–450, avec bibliographie. Bâltâc 2011, 465, avec bibliographie. Bâltâc 2011, 450, avec bibliographie. Mihailov 1961, 44 ; Boïadjiev 2000, 134, 139. CIL VI 32583. CIL V 892. Voir aussi Hope 2001, 135. Avram 2007, 99–100. CIL VI 32624. Sur ce catalogue, voir aussi Dana 2014c, 157–160. CIL VI 32640.

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conservé 23. M. Aurelius Valens, originaire aussi de Marcianopolis, est un ancien prétorien qui a eu la honesta missio en 226 24 (Fig. 6.1). Toujours du temps d’Alexandre Sévère, provient un diplôme militaire (promulgué en 230) qui mentionne l’ex-prétorien M. Aurelius Bithus, un Thrace originaire de la même région 25. Par conséquent, ce voeu pour Junon à Rome peut être de la part des prétoriens ou des anciens prétoriens présents dans la capitale de l’Empire, ainsi que de leurs familles. Une inscription de Shumen (Bulgarie) (153) atteste un uicus dont le nom n’est pas connu, mais qui semble à avoir une organisation avec un seul magister. Ainsi, le maire du village est un certain Burtinus, ciuis Tomitanus 26. La présence d’une personne de Tomi dans la région n’est pas singulière. Ainsi, dans le castellum d’Abrittus, une citoyenne de la même ville, Aurelia Stratocla, est commémorée par son mari, un bénéficiaire consulaire 27. Remarquons pourtant que Burtinus était un Thrace. On ignore les raisons pour lesquelles il s’est établi près de Marcianopolis, mais il n’est pas exclu qu’il ait fait partie de la population de ce village. Cet appellatif de ciuis Tomitanus peut indiquer un honneur qu’il a reçu dans la métropole du Pont Gauche. Le nom de son fils (avec lequel il voue l’autel) est grec (Demetrius), ce qui indique ses relations avec le monde hellénophone. Une autre structure dans le territoire de Marcianopolis est un emporion, attesté dans une inscription fragmentaire trouvée à Draganovec (Bulgarie) 28. Malheureusement, la pierre est trop abîmée pour en apprendre davantage. Pourtant, une population hellénophone, comprenant certainement des éléments indigènes, semble être présente dans la région, si l’on se base sur ce texte. Le sanctuaire du Cavalier Thrace et d’Apollon fouillé dans le même village nous renseigne sur la population qui habitait aux environs. Les noms des adorateurs sont, pour la plupart, thraces : Maximus, fils de Zurazis 29, Turidates, fils de Daletralis 30, Zulgenes, fils de Dekrimnos 31, Mucaporis, fils d’Auluzenis 32, Tatoupouris 33, Untel, fils de Dinis 34. Il y a pourtant des citoyens romains et des pérégrins portant des noms romains. Je pense que dans le premier cas, il peut s’agir d’anciens Grecs ou Thraces ayant obtenu le droit de cité, qui écrivent en grec, et dans le second cas, des indigènes qui « latinisent » leurs noms. Parmi les citoyens, je mentionnerai Aelius Veranus 35, Aelius Martialis 36, Cocceius Cresce(n)s 37. Il y a aussi un pérégrin qui porte un nom romain

23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37

Eck, Pangerl 2014, 339. RMD III, 195b ; RMD V, 466. RMD V, 469. Voir aussi Sánchez 2001, 245–250. CIL III 7466. Ivanov 1994, 484–485. IGB V, 5306. IGB V, 5287. Non Aulusadenos Maximus, fils de Zurazeis, comme le lit Bâltâc (2011, Table I.20, no 734). Aulusadenos apparaît comme une épithète d’Apollon. IGB V, 5288. IGB V, 5294. IGB V, 5300. IGB V, 5304. IGB V, 5309. IGB V, 5293 IGB V, 5301. IGB V, 5315. Bâltâc (2011, Table I.20, no 748) croit qu’il est grec (Kokkeios Kreskes)!

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(Rusticus, fils de Rusticus) 38 et deux autres ayant le patronyme romain, mais le nom grec (Diogenès, fils de Rusticus 39 et [---]umiastos, fils de Flavius 40). On remarque plusieurs porteurs des noms romains dont on ignore le statut exact (citoyen ou pérégrin) à cause de l’état fragmentaire des inscriptions. Ainsi, on peut identifier plusieurs personnages ayant un nom latin, comme Marcellinus 41, Sabinus 42, Martialis 43 et Victor V[---] 44. Marcellinus est curator de la cohors II Flauia Brittonum. La cohorte a stationné au IIe siècle à Sexaginta Prista 45. Le curator représente une charge de commande dans les unités où il y avait des cavaliers 46. C’est aussi le cas de notre cohorte. Sabinus est un militaire (stratiotès), tout comme un autre personnage, dont le nom n’est plus conservé sur la pierre 47. Il n’est pas exclu qu’ils proviennent de la même unité que Marcellinus. Il faut aussi remarquer une komè Ba[---], attestée dans une inscription de Palamarca, mentionnant un certain Deizezes, fils de Dernaios 48. Il s’agit probablement d’une communauté indigène, organisée selon le modèle grec ou au moins qui rédige les inscriptions en grec. Il y a aussi d’autres textes, provenant des découvertes isolées dans le milieu rural de Marcianopolis, qui fournissent une image sur la population de cette campagne. La majeure partie des textes est en grec ; pourtant, c’est la population thrace indigène qui est majoritaire. On identifie pourtant des noms romains, même si nous ne pouvons être certains qu’il ne s’agit pas de Thraces qui « latinisent » leurs noms. Ainsi, on peut rappeler Maximus 49, Vindex 50, Iulianus, fils de Iulianus 51, Claudius, fils de Iulianus 52, Statilis, fils de Valens 53, Marcus 54, Martiales (deux occurences) 55, Ingenua 56, Vale(ns), fils de Marcellus 57, qui sont tous pérégrins. Il y a aussi un citoyen romain, mais d’une famille thrace qui s’est progressivement « hellénisée » (Flavius Stilas, fils d’Akindinos) 58, un grec devenu citoyen (M. Ulpius, fils de Lycomedès 59, et un grec qui a son nom « latinisé »

38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59

IGB V, 5288 IGB V, 5296. IGB V, 5311. IGB V, 5290. IGB V, 5302. IGB V, 5305. IGB V, 5308. Voir Matei-Popescu 2010a, 198–199, avec la bibliographie. Voir Speidel 1992, 137–139 ; Perea Yébenes 2007, 247–257 ; Loma 2008, 192–195. IGB V, 5302–5303. IGB II, 761. IGB I2, 282. Gerov 1954, 387. IGB II, 779. IGB II, 855. IGB II, 832. IGB II, 851. IGB V, 5346, 5383. IGB V, 5386. IGB V, 5318. IGB II, 587. IGB V, 5366.

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(Gaius, fils d’Artemon) 60. Un texte nous renseigne sur une citoyenne ayant des noms romains, mais qui écrit en grec et on peut supposer qu’elle est une Grecque qui avait obtenu son droit de cité (Aelia Statilia) 61. C’est la même situation pour Aurelius Decianus 62. On observe également des Grecs (Dionysios, fils de Menandros 63, Hérakleidès, fils d’Alexandros 64, Artemida, fille d’Artemon 65). [---]doros, fils d’Epaphrodeitos 66 apparaît sur une pierre vouée à Apollon, mais ayant comme représentation le Cavalier Thrace, avec [---]ios d’Auluzenis. Je suis enclin à le considérer grec, même si une origine thrace n’est pas totalement exclue. Il y a aussi un soldat, Artemidoros, qui voue un texte au Cavalier Thrace 67. Le nom de l’unité n’est pas mentionné, mais il s’agit sans doute d’une auxilia. Le reste des personnages évoqués dans le milieu rural de Marcianopolis sont des Thraces : Dabeis 68, Dizaias, fils de Dizaias 69, Aurelius Mucianus (soldat) 70, Mucianus, fils de Do[---] 71, Deizezes, fils de Dernaius 72, Zeitralis 73, Saikites, fils de Zoureios 74, Mucianus 75, Darzalas, fils de Turbo 76, Mucacentus, fils de Bithus 77, Aelius Diogenes (soldat, cavalier) 78, Abezelmis, fils de Dorpanas (Diupaneos?) 79, Dinis, fils de Rescuporis 80, Untel, fils de Kurès 81, Mucatralis, fils d’Eptatralis 82, Au[---], fils d’Auluporus 83, Auluzen[us] 84, [Auluporis, fils d’Auluporis 85, Zoitha, fille de Bithus 86, Aulusukos, fils de Bithus, et Teres 87, Aulu[---] 88, Auluzeis, fils de Muscaporus 89, Untel, fils d’Eptatralis 90, Piezeis, fils d’Eisatralis 91, Potesokula, fils de Pior[---] 92, Dadas, fils de 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90

CCET II/1, 335. IGB II, 759. IGB II, 777. IGB II, 837. IGB V, 5382. IGB II, 758. IGB V, 5381. IGB II, 778. IGB II, 752. IGB II, 753. IGB II, 755. IGB II, 756. IGB II, 761. IGB II, 763. IGB II, 765. IGB II, 766. IGB II, 768. IGB II, 769. IGB II, 770. IGB II, 771. IGB II, 796 IGB II, 835. IGB II, 836. IGB II, 838. IGB II, 839. IGB II, 841. IGB II, 843. IGB II, 844. IGB II, 845. IGB II, 846. IGB II, 847.

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Daleoporis 93, Mucatralis 94, Dizatralis, fils de Iulius 95, Hygios, fils d’Eitizenis 96, Mu[---] 97, Zura, 98 Batudeis, fils de Dazius, Eithia, fille de Dikebalos, et Thithi, fils de Taras 99, Auluporis, fils de Mucasius, Bithikendos, fils de Dezalis, Daletralis, fils de Kelepouris, Dernaes, fils de Daletralis et Piothoutos, fils de Tri..athitos 100, Kerzetraus, fils d’Auluzenis 101, Koureis, fils de Maximus 102, Auluzenis, fils de Pius 103, Kaigeis, fils de Drizenis 104, Piepessos 105, Apollodoros, fils d’Auluzenis, et Disatralis 106, Eithis, fils d’Eithalis et Dizaporis, fils d’Auluzenis 107. Enfin, il y a aussi des textes en latin. À Pliska, un vétéran de la legio V Macedonica fait ériger un autel pour son frère médecin et pour sa mère 108. La famille est originaire de Nicomédie et il semble que M. Octavius Domitius, le survivant, a été probablement recruté sous Hadrien, lorsque la légion était détachée en Orient pour la guerre contre Bar-Kochba 109. Son frère est mentionné dans le texte avec la profession de medicus, mais on ne sait pas s’il a exercé sa profession dans l’armée. Il n’est pas exclu qu’il ait fait partie de l’armée, mais cela ne l’empêchait pas de faire son métier en tant que personne privée. Après la fin du service militaire, la famille s’est établie à la campagne. M. Octavius Domitius n’est pas le seul vétéran ou soldat qui s’est acheté une propriété à la campagne, dans cette zone. Aurelius, militaire d’une légion, est enterré à Pliska 110. Une autre inscription porte un caractère officiel : elle est vouée à Jupiter Très Bon et Très Grand, pour le salut de Septime Sévère, par des dédicants dont les noms ne se sont pas conservés (un Aelius et un Anton[---]) 111. Un certain C. Attius est commémoré aussi dans cette localité 112. Pour conclure, il faut dire que le territoire rural de Marcianopolis, même s’il a été divisé en regiones, a gardé les structures villageoises grecques et a été habité en grande partie par la population indigène. Il y a eu aussi des uici, mais habités également par la population thrace. Les uici ont constitué une source important pour le recrutement des prétoriens au IIIe siècle. Il y a eu des propriétés rurales où se sont installés les vétérans et où il y a une 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 102 103 104 105 106 107 108 109 110 111 112

IGB II, 848. IGB II, 850. IGB II, 853. IGB II, 854. IGB II, 856. IGB II, 858. IGB II, 859. IGB V, 5318. IGB V 5328. IGB V, 5329. IGB V, 5365. IGB V, 5367. IGB V, 5368. IGB V, 5385. CCET II/1, 225. CCET II/1, 229 CCET II/1, 244 Conrad 2004, 316. Voir surtout Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2012a, 40. CIL III 14211-7. CIL III 7464. CIL III 14211-8.

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population latinophone. Pourtant, le milieu rural de Marcianopolis est formé en grande partie par les indigènes, cohabitant avec quelques éléments grecs : ce segment de la population laisse rédiger les inscriptions en grec.

3. Le dossier épigraphique du milieu rural de Nicopolis ad Istrum Je commencerai par présenter les textes concernant l’organisation du territoire de Nicopolis ad Istrum. Cette organisation a été discutée par L. Ruscu, qui pense qu’il s’agissait d’un grand territoire comparable à celui d’Ulpia Traiana Sarmizegetusa en Dacie 113. Ce territoire a été retracé par Ruscu par suite de la découverte de plusieurs bornes de frontière : selon l’autrice, la Mésie Inférieure était divisée par la province de Thrace, le seul élément de liaison entre Novae et Sexaginta Prista étant le Danube. L’hypothèse semble attirante, mais rappelons que Nicopolis ad Istrum a été une ciuitas stipendiaria et non une colonia. De toute façon, ce qui m’intéresse c’est la population du milieu rural, surtout à l’époque des Sévères. Je ferai appel également aux sources antérieures, afin de voir le fond démographique de ce milieu. L’existence d’une regio est prouvée par une inscription de Rome 114qui mentionne également un uicus. Il s’agit de l’épitaphe du marchand Aurelius Diza et de sa femme Putine. Le marchand est né, selon le texte, dans la région nicopolitaine, dans le uicus Saprisara. La pierre funéraire est érigée par un prétorien, Aurelius Herculanus. Dans la mesure où la population de Mésie Inférieure et de Thrace est intensivement recrutée dans les cohortes prétoriennes à l’époque des Sévères, il n’est pas exclu qu’Aurelius Herculanus soit originaire de la même région. D’ailleurs, la précision des noms géographiques renforce une telle hypothèse. En parlant des Nicopolitains dans les cohortes du prétoire et dans la flotte impériale à la fin du IIe siècle et au début du IIIe siècle, les sources sont assez nombreuses. D’ailleurs, encore trois textes attestent des uici dans la regio Nicopolitana. Un diplôme militaire de 221 est accordé à M. Aurelius Bassus, originaire du uicus Bres[---], du territoire de Nicopolis 115. Le bénéficiaire d’une constitutio de 224 est le marin M. Aurelius Victor, aussi dit Drubio, originaire du uicus Dizerpera. Le nom de son fils est M. Aurelius Valerius 116 (Fig. 6.2). En 225, M. Aurelius Statianus, aussi dit Apta, originaire du uicus Zinesdina Maior, de la même région nicopolitaine, est attesté dans un diplôme accordé également pour la flotte de Ravenne 117. Un Aurelius Statianus, actor, voue un autel au Deus Aeternus, après avoir été sauvé d’un danger sur la mer 118. L’inscription a été trouvée à Novae, mais Statianus a été identifié avec le marin évoqué cidessus 119 dont le nom et le patronyme étaient daces 120 : c’est pourquoi il mentionne dans l’inscription de Novae le danger sur la mer. Après la fin de son service, il est revenu sur un domaine rural, peut-être dans le territoire de Novae, où il a exercé la profession d’actor. Il 113 114 115 116 117 118 119 120

Ruscu 2007, 226–229. CILVI 2933. RMD IV, 317. RMD V, 463. RMD IV, 311. IGLNovae 8. Tomas, Sarnowski 2006, 5–8. Pour Atsutsia, voir Dana 2011, 77.

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était citoyen romain et son ancien nom de pérégrin n’est plus mentionné. Le nom de pérégrin dans le diplôme militaire a été ajouté puisque, lorsque le marin rentrait chez lui, il était d’abord connu sous son ancien nom et pas du tout sous le nom de citoyen 121. En tout cas, Statianus a préféré travailler dans le domaine rural. Enfin, le quatrième texte, un diplôme militaire trouvé en Bétique, daté de 217 à 225, atteste toujours un marin de la flotte de Ravenne, Quirinalis, fils de [---]ura, provenant des environs de Nicopolis ad Istrum, d’un village nomme [---]tsitsi 122. Les premiers éditeurs pensaient que cette forme finale désignait le lieu d’origine de sa femme. Je ne vais pas reprendre cette discussion en détail, mais il faut pourtant rappeler ses points essentiels. M. Roxan, même si elle est d’accord avec cette opinion, n’exclut pas l’hypothèse que le toponyme puisse désigner aussi le lieu d’origine du bénéficiaire 123. À mon avis, P. Weiß a montré d’une manière convaincante que la forme finale [---]tsitsi peut être précédée du mot uico, le lieu d’origine de Quirinalis 124. Nicopolis ad Istrum (et très vraisemblablement son territoire) a constitué un réservoir de recrues sous les Sévères et peu après pour les cohortes prétoriennes. On rappelle ainsi L. Septimius Purula 125 et C. Valerius Bassus 126, libérés en 208, L. Marius Maximus, qui a fini le service en 212 127, T. Flavius Mucianus (mentionné dans un diplôme de 225) 128, C. Iulius Gaianus 129 et M. Aurelius Marcus 130, devenus vétérans en 226, M. Aurelius Secundus, bénéficiaire d’une constitutio de 228 131, M. Aurelius Aulutralis, libéré en 231 132, P. Camurius [---], qui a terminé son service en 233 133, M. Aurelius Mucianus, vétéran en 248 134. Un laterculus pour les prétoriens de Rome évoque encore cinq militaires originaires de Nicopolis ad Istrum (M. Aurelius Solanus, M. Aurelius Potitus, M. Aurelius Veranus, M. Aurelius Paternus) 135. En ce qui concerne les marins originaires du milieu rural de Nicopolis ad Istrum, on observe que, dans les diplômes militaires, ils sont mentionnés avec leur nom de citoyen, suivi par la formule cui et et leur nom thrace. Comme la plupart des bénéficiaires rentraient chez eux, la mention du uicus et leur nom thrace pourraient leur servir de document d’authenticité en diverses situations. D’ailleurs, P. Weiß remarque avec raison que cette formule (cui et) n’est pas rencontrée jusqu’à cette époque-là 136. Je discuterai dans un chapitre à part le problème des soldats recrutés des uici dans l’armée romaine.

121 122 123 124 125 126 127 128 129 130 131 132 133 134 135 136

Mihailescu-Bîrliba, Răileanu 2014, 203. Eck, Fernandéz 1991, 209–216. RMD III, 201, sub numero. Weiß 2000, 279–280. Pour la discussion en détail, voir Mihailescu-Bîrliba, Răileanu 2014, 196–197. RGZM 49. RGZM 50. RMD V, 455. RMD IV, 310. RGZM 54. CIL XVI 143. RMD II, 132. RGZM 61. RGZM 62. RMD V, 474. Benefiel 2001, 221–232. Weiß 2000, 279–280.

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Trois textes font preuve de l’existence d’un emporium Piretensium 137. Le nom suggère un ethnonyme thrace, mais la langue des inscriptions (deux textes en latin et un texte bilingue) me fait penser à une communauté indigène qui utilisait les deux langues. Dans l’inscription bilingue, est évoqué un emporiarcha 138, dans un autre texte, un sacerdos 139. Le nom de l’emporiarcha n’est plus conservé, tandis que le prêtre s’appelle Secundinus et son fils Aeternalis. Ils sont probablement des pérégrins. Il est difficile d’avoir une localisation certaine de ce site, mais selon la langue des inscriptions, une localisation dans le territoire de Nicopolis ad Istrum semble plus plausible. Même si le territoire rural où habitait la population indigène était organisé en uici, les trouvailles épigraphiques isolées font preuve d’une population thrace et grecque qui était hellénophone, comme dans le cas de Marcianopolis. J’énumèrerai ici non seulement les personnes attestées dans les textes dans lesquels la cité appartenait à la Mésie Inférieure, mais aussi celles qui vivaient à une époque antérieure, afin d’avoir une image de la population des campagnes nicopolitaines à l’époque du Haut-Empire. Ainsi, parmi les hellénophones, on remarque des citoyens romains portant des noms latins (comme Mestrius Maximus 140, Claudius Valens 141, Iulius Lucianus 142, Iulius Felix 143, Aurelius Sabinus et Aurelius Severus 144, Aelius Dexster 145, Antonius Montianus, Tib. Claudius Ulpianus, G. Valerius [---], M. Valerius [---], M. Valerius Vatia, G. Magius L[---], G. Magius Verus et Flavius Magius 146, Arruntius Valens et Ingenua 147, T. Aurelius Marcus 148, M. Claudius [---] 149, Aurelius [---] 150), des surnoms thraces (P. Aelius Roemetalkes 151, Aurelius Mucianus 152 et Aurelius Mucapaibes 153) et des surnoms grecques (comme Aelius Potamon 154, Aelius Laodikianos et probablement Flavius H[---] 155, T. Aurelius Maurus et Atilia Nais 156, M. Antonius Theodoros 157). Dans le cas d’Aelius Moskianos, qui porte un surnom grec, je me demande s’il ne s’agit pas plutôt d’une erreur

137 ILB 400, 401, 443. 138 ILB 401. 139 ILB 443. Voir aussi Zawadzki 1964, 531–538, qui propose une localisation près de Butovo (Bulgarie). Pour une localisation différente (Gorsko Kosovo), voir Tsarov 2005, 47–52. 140 IGB II, 697. 141 IGB II, 701. 142 IGB II, 705. 143 IGB II, 710. 144 IGB II, 716. 145 IGB II, 721. 146 Tous dans IGB V, 5244. 147 IGB V, 5245. 148 IGB V, 5250. 149 IGB V, 5280. 150 IGB V, 5284. 151 IGB V, 5276. 152 CCET II/2, 564. 153 CCET II/2, 566. 154 IGB II, 714. 155 Tous les deux dans IGB V, 5244. 156 IGB V, 5250. 157 IGB V, 5271.

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de lapicide pour un cognomen thrace (Moukianos – Mucianus) 158. La plupart des personnes hellénophones attestées dans les textes sont des pérégrins. Il y a des pérégrins ayant des noms grecs (Kallimorpos 159, Chrestos, fils d’Alexandros 160, Timocratès, fils de Diogenès 161, Chrysion 162, Asklepiadès, fils d’Askelpiodotos 163, Demetrianos, fils de Sousion, Héraklianos, fils de Demetrianos, [---]inos, fils de Demetrianos, Diogenès, Héraklianos, fils de Sousion, Demetrios, Héraklianos, fils de [---]os, Ptolemaios (deux occurrences), V. Heraphilos, Asklepiodoros (ou Asklepiodotos) 164, Apollinaris 165, Hélios, fils d’Eumusos 166, Theodoros 167, Agathadoros, fils de Diophanes 168), latins (Lucius 169, Fronto 170, Viator 171, Aquilinus, fils de Publius 172, Capitius 173, Ianuaria, fille d’Augustalis, Cassianus, Marcianus 174 et Iulianus, fils de Iulius 175), thraco-daces (Sura 176, Dekebalos, fils de Dikedos 177, Zypis Mucatra 178, Ziametralis, fils de Bithus 179, Zeiskoris, fils de Dorsos 180, Oizieis (?) 181, L. Mucianus 182, Mucatralis 183, Dikenais, fils de Diuourpos 184, Saikithes, fils de Zoureous 185, Dizalas, fils de Dizalas 186, Mucianus, fils de Do[---] 187, Mucapaibes 188), mixtes (Olympia Marcia 189, Festus, fils de Héraklianos, Bacchius, fils d’Héliodoros 190, Tatia, fils de Verus et probablement Felix Men[---], Hieron, fils de Dinikenthos 191) ou dont 158 159 160 161 162 163 164 165 166 167 168 169 170 171 172 173 174 175 176 177 178 179 180 181 182 183 184 185 186 187 188 189 190 191

IGB II, 699. IGB II, 696. IGB II, 703 (non Herestos, comme le lit Bâltâc 2011, Table I.20, no 238). IGB II, 706 IGB II, 715 (non Hriston, comme le lit Bâltâc 2011, Table I.20, no 246. IGB II, 718. Tous dans IGB V, 5244. IGB V, 5251. IGB V, 5252. IGB V, 5279. ILB 428 (inscription bilingue). IGB II, 700. IGB II, 704. Bâltâc (2011, Table I.20, 239) lit Fruton! IGB II, 720. IGB II, 722 (non Akuleinos Publius, comme le lit Bâltâc 2001, Table I.20, no. 349). IGB II, 723. Tous dans IGB V, 5244. IGB V, 5286. IGB II, 708. IGB II, 709. IGB II, 711. IGB II, 719. IGB II, 724. IGB V, 5250. IGB V, 5274. IGB V, 5275. IGB V, 5281. CCET II/2, 539. IGB V, 5270. CCET II/2, 565. CCET II/2, 653. IGB II, 698. IGB V, 5244. IGB V, 5283.

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l’origine est incertaine ([---], fils de Bacchius et Lucius, fils de L[---] 192). Dans un cas, il faut aussi rappeler la mention d’un esclave, Chrestos, le πρaγματευτής du M. Antonius Theodoros 193. On constate ainsi l’existence d’une propriété rurale (certainement pas la seule) dans le territoire. Le propriétaire et son esclave-intendant étaient tous les deux hellénophones, mais le maître possédait le droit de cité. Il faut d’abord remarquer une tendance des hellénophones à obtenir le droit de cité, mais l’on constate également que beaucoup d’entre eux ont tendance à « latiniser » leurs noms. Peu d’entre eux gardent les surnoms grecs et très peu un surnom thrace. Il y a aussi des militaires présents dans ce territoire. M. Claudius [---] est stratiotès 194, tandis qu’Aurelius [---] fait partie de la Ière cohorte d’une légion 195, probablement la Ière légion Italica, stationnée à Novae. L’inscription attestant probablement un collège des adorateurs de Dionysos, trouvé à Gorna Orjahovica, fait preuve d’une hétérogénéité sociale et ethnique : citoyens et pérégrins, porteurs de noms latins et de noms grecs 196. Deux noms ont retenu mon attention : l’un est Aurelius Laodikianos, l’autre Tib. Claudius Ulpianus. Le surnom du premier peut suggérer une origine de Laodicée, tandis que le deuxième personnage porte des noms identiques à ceux d’un centurion mort à Troesmis, originaire de Laodicée (de Syrie) 197. Certes, l’épitaphe du centurion est en latin, mais cela est normal car il est mort dans une cité latinophone. Est-ce qu’on peut parler des Laodicéens sur le territoire rural de Nicopolis ad Istrum ? Même si les noms de deux personnages évoqués ci-dessus sont identiques, l’identité des personnes n’est pas certaine, en tenant compte que les Tib. Claudii, y compris ceux d’Orient, sont assez nombreux en Mésie Inférieure 198. D’autres textes provenant du territoire rural de Nicopolis ad Istrum sont rédigés en latin. Cette fois-ci, à quelques exceptions près, la plupart des personnes attestées sont des citoyens romains. Les inscriptions évoquent ainsi T. Claudius Cassianus 199, P. Nymphidius Valens (buleuta Nicopoli) et sa mère Nymphidia 200, P. Pompeius Magnus, C. Pompeius Magnus et Pompeia Marcia 201, M. Aurelius Mucianus, Aurelia Muciana et Aurelius Dizze 202, L. Valerius Proclus 203, P. Aemilius Montanus, Aemilius Aemilianus et Vibia Rufina 204, Flavius Abascantus, Flavia Primigenia et Hosia 205, Tib. Claudius Niger et Tib. Claudius Zoticus 206, L. Aurelius Surus (père et fils), Claudia Gailla et Domitia Valentia 207, 192 193 194 195 196 197 198 199 200 201 202 203 204 205 206 207

Tous dans IGB V, 5244. IGB V, 5271 ; Bâltâc 2011, 235. IGB V, 5280. IGB B, 5284. IGB V, 5244. ISM V, 179. Pour les détails, voir Mihailescu-Bîrliba 2011a, 103–194 ; Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2012a, 46 ; Bărbulescu, Buzoianu 2013, 187. AE 2003, 1564. Conrad 2004, no 347. ILB 431. ILB 430 ; CBI 649. ILB 432 ; CBI 648. ILB 435. AE 1999, 1386. ILB 376. LB 377.

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C. Iulius Attius, Dutuboris, fille de Porinis, Zia, Carcenus et Cardens 208, L. Tanicius Zosimus 209, P. Aelius Gerrius 210, Flavia Iulia et Flavius Aponius 211, Claudia Iulia et Claudia Se[---] 212, Cornelius Magnus, Cornelius Iustianus et Ovinnia Pretiosa 213, M. Lusius Cerdo 214, T. Pacuvius Sabinus 215, T. Octavius Nonus 216, M. Fabricius Sabinus 217, C. S(...) S(...) 218, Cassia Nice et Claudius [---] – affranchi 219, [---] Creperius 220, Aurelius Tauriscus 221, G. Valerius Dotus 222, C. Valerius Epagathus et C. Valerius Castus 223, Apronia Respecta 224, Spurennius Cleopater 225, Q. Caurisinius Ingennus et Claudia Clementilla 226, Spurennius Herculanus, Spurennius Rufus et Flavia Paula 227, Minicia Quintia, C. Minicius Aqulia et C. Minicius Inpetratus 228, L. Petronius Candidus, Valeria Valentina et Petronius Saturninus 229, Flavius Gemellus (mentionné avec son esclave Herculanus) 230, M. E(...) Celerinus 231, L. Petronius Sentius et Flavia Margarita 232, G. Iulius Gaeianus, G. Iulius Valens et Pompeia Ingenua 233, Valerius Maximus 234, [---] Festus 235, Petronius Secundus avec son affranchi Petronius Eilius(?) 236, M. Antonius Marcellus 237, M. Servilius Verecundus 238, Domitius Saturninus 239, Aurelius Aeternalis 240, Aemilia Bettia 241, Iulius 208 209 210 211 212 213 214 215 216 217 218 219 220 221 222 223 224 225 226 227 228 229 230 231 232 233 234 235 236 237 238 239 240 241

ILB 349. ILB 350. ILB 351. ILB 352. ILB 353. ILB 354. ILB 355. Bâltâc (2011, Table I.20, no 339), lit Marcus Lucius Cerdo. En fait, même si l’inscription est disparue, Lucius n’est pas un gentilice, il devait être écrit Lusius. ILB 356. ILB 380. ILB 382b. ILB 391. ILB 382. ILB 383. ILB 385. ILB 388. ILB 391. ILB 392. ILB 393. ILB 394. ILB 395. ILB 396. ILB 402. ILB 403. ILB 409. ILB 410. IGB 411. ILB 413. ILB 416. ILB 419. ILB 422. ILB 423. ILB 424. ILB 425. ILB 426.

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Herculanus 242. Il y aussi des pérégrins : ceux qui ont des noms latins (comme Iulianus, fils de Taurus 243), des Thraces qui « latinisent » leurs noms (comme Severus, fils de Pistinis 244, Maximus, fils de Baradus 245, Florus, fils de Gerulo, et son fils Festivus 246), des Thraces ayant seulement des noms indigènes (Tibalus, fils de Tibalus 247, Sippia Paezusa 248, Efteporis, fils de Bithus, et Auluzenus 249), des familles avec les noms « mixtes » (comme c’est le cas de Severus, fils de Severus, de sa femme Dentusucus, fille de Gerulo, et de leurs enfants Silvanus et Marcus 250). Dans le village moderne de Karaisen (Bulgarie, appartenant au même territoire de Nicopolis ad Istrum), quelques inscriptions montrent une diversité ethnique, juridique et sociale. D’une part, il y a le vétéran P. Aelius Gerrius, ex duplicario, qui s’est retiré à la campagne 251. D’autre part, on remarque un famille mixte : un citoyen (C. Iulius Attius), qui a épousé une indigène pérégrine (Dutuboris, fille de Porinis) avec laquelle il a eu des enfants qui portent des noms thraces : Zia, Carcenis, Cardens 252. On se demande si Iulius Attius n’avait pas lui-aussi une origo indigène, puis il aurait « latinisé » son surnom après avoir reçu le droit de cité. Un citoyen ayant un surnom grec, L. Tanicius Zosimus, fait ériger un autel pour le Héros cavalier 253. Tanicius est un gentilice assez rare et ses occurrences indiquent une origine celte 254. Une autre inscription représente l’épitaphe d’une affranchie, Flavie Iulia 255. Parmi les personnages, j’ai remarqué que le nom Nymphidius, même s’il n’est pas très souvent rencontré dans les provinces, se retrouve deux fois en Mésie Inférieure : j’ai déjà parlé de Nymphidius Maximus, magister dans le uicus Petra 256. Il y a d’autres situations intéressantes et je vais en rappeler seulement quelques-unes. Il y a plusieurs militaires ou vétérans qui ont certainement quelques propriétés à la campagne. Certains d’entre eux sont nés dans la région et sont rentrés chez eux après leur libération de l’armée, ou sont enterrés chez eux s’ils sont morts pendant leur service militaire. Par exemple, M. Aurelius Mucianus est vétéran de la Ière légion Italica, mais il fait ériger le monument funéraire pour sa fille et son frère (lui-aussi vétéran) à la campagne 257. Les frères habitaient sans doute dans la région et ils sont rentrés chez eux après le service dans la légion. P. Pompeius Magnus, né à Stobi (Macédoine) a été recruté dans la même légion et après avoir terminé son service, il s’est établi dans la même région, avec sa famille 258. Son petit-fils est attesté comme buleuta 242 243 244 245 246 247 248 249 250 251 252 253 254 255 256 257 258

AE 1926, 135. ILB 440. ILB 417. ILB 421. ILB 382. ILB 379. ILB 422. ILB 375. ILB 378. ILB 351. ILB 349. ILB 350. CIL III 34 (le personnage est originaire de Vienna) ; CIL VII 1124. ILB 352. ISM V, 222. ILB 430. ILB 431.

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de Nicopolis 259. Cela prouve que la famille reste dans la ville et dans son territoire pendant plusieurs générations. Un autre exemple de vétéran qui rentre chez lui est Tib. Claudius Niger, originaire de Nicopolis, ancien soldat dans la même légion stationnée à Novae 260. Il avait sans doute une propriété rurale. Son aisance est prouvée par le fait qu’il avait au moins un affranchi 261. Il existe aussi un exemple de recrutement local. S. Conrad propose, selon les détails iconographiques, une datation de la deuxième moitié du IIe siècle 262, ce qui signifie que son recrutement a eu lieu dans le deuxième quart du même siècle. Cela est en accord avec la date que j’ai proposé en ce qui concerne les recrutements locaux dans les légions de Mésie Inférieure 263. Un autre soldat, cette fois-ci actif, est Q. Caurisinius Ingennus, qui fait ériger une épitaphe pour sa femme, morte à seulement 18 ans 264. Caurisinius est un nom rare, rencontré dans l’épigraphie une seule fois, dans la regio VII (Arretium) 265. Il est possible qu’Ingennus ait été recruté dans cette région, comme ce fut le cas pour d’autres Italiens dans la legio I Italica (d’où la supposition que c’est le militaire) : M. Maesius Geminus 266, C. Ersidius Sextus 267, Baebius Urvinianus 268 etc... Un autre militaire actif est L. Spurennius Rufus, bucinator de la cohors Mattiacorum, commémoré par son frère et par sa mère, après 20 ans de service 269. Par l’existence de cette famille, une restitution possible du nom d’un autre personnage de la même région qui peut être Spur(ennius) et non Spur(ius), comme l’éditeur des ILB le propose 270. Concernant Spurennius Rufus, il faut remarquer que sa famille était établie dans la zone où elle avait probablement une propriété. Le nom complet de la cohorte est cohors II Mattiacorum milliaria equitata, stationnée en Mésie Inférieure, puis en Thrace à partir du milieu du IIe siècle 271. Spurennius Rufus remplissait la charge de bucinator (trompetiste) dans cette unité auxiliaire 272. L. Aurelius Surus, vétéran, est commémoré probablement dans sa propriété par son fils devenu buleuta de Nicopolis 273. Un autre vétéran mort à la campagne est P. Aelius Gerrius, sur lequel j’ai déjà parlé 274. Cornelius Magnus, militaire de la legio I Italica, est enterré à Strahilovo 275. D’autres personnages sont des notables de la cité, organisée, comme je l’ai dit au début de ce chapitre, selon le modèle d’une polis. C. Valerius Epagathus, même affranchi, remplit 259 260 261 262 263 264 265 266 267 268 269 270 271 272 273 274 275

ILB 433. ILB 376. Voir aussi Mihailescu-Bîrliba 2006, 329. Conrad 2004, no 334. Voir Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2012a, 53–60 ; Mihailescu-Bîrliba 2016, 71–77. ILB 394. CIL XI 1858. IGLNovae 3, 4. IGLNovae 13. IGLNovae 57bis. Pour les Italiens dans la legio I Italica, voir plus récemment Mihailescu-Bîrliba 2015a, 77–79. ILB 395. ILB 393. Voir l’histoire de la cohorte chez Matei-Popescu 2010a, 222–224. Pour les bucinatores, voir surtout Alexandrescu 2010, 55–65, avec la bibliographie. ILB 377. ILB 351. ILB 354.

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la charge d’édile 276. Il est citoyen romain, mais son statut juridique est inférieur à celui d’un ciuis optimo iure. Pourtant, il a une aisance qui lui permet d’être un notable dans une ciuitas peregrina, comme Nicopolis. C’est la même aisance qui lui permet de s’acheter une propriété à la campagne où il est enterré par son fils, citoyen de naissance libre. Florus, fils de Gerulo, est aussi notable (buleuta) 277 mais il est pérégrin. Sa femme est citoyenne, son fils pérégrin et son monument funéraire est érigé par le soin d’un affranchi. En tout cas, il a eu une propriété à la campagne, où il a été enterré. Son nom trahit une origine indigène. Un patronyme pareil est attesté chez une femme, Dentusucus, fille de Gerulo, épouse d’un autre buleuta d’extraction pérégrine, Severus fils de Severus 278. Il est aussi remarquable que leurs fils portent des noms latins, Silvanus et Marcus. Il faut ajouter que les exemples évoqués représentent des inscriptions trouvées en groupe dans les campagnes romaines et il y a peu de chances qu’elles soient des pierres errantes. Pour conclure, on observe que le territoire de Nicopolis ad Istrum se présente un peu différemment par rapport à celui de Marcianopolis. Les structures villageoises de type grec, qui ont précédé l’organisation romaine du territoire, ont continué à exister après ce phénomène. Parallèlement, il y avait des villages habités par les indigènes. On n’a pas de preuves directes qu’au moins une partie de ces villages aient été peuplés par des colons romains et/ou des vétérans, mais la présence de ces derniers dans les campagnes est attestée par plusieurs textes. Lorsque Nicopolis ad Istrum et son territoire ont fait partie de la Mésie Inférieure, on a la preuve de quelques uici portant des noms thraces, où la population est thrace. Ces uici constituent un réservoir de recrues pour les cohortes prétoriennes sous les Sévères et on constate que beaucoup de vétérans rentrent à la maison, après avoir obtenu la citoyenneté ; ils utilisent encore leur ancien nom thrace, y compris dans les documents officiels.

4. Conclusions Les cités de Marcianopolis et Nicopolis ad Istrum étaient organisées par Trajan selon le modèle des poleis grecques et, par conséquent, les structures villageoises de type grec préexistantes n’ont pas disparu. Plusieurs soldats, puis des vétérans, se sont achetés des propriétés à la campagne. Dans le territoire de Marcianopolis il y a deux uici connus par l’intermédiaire des textes, mais on peut supposer qu’il y en avait davantage. La plupart des textes trouvés dans le milieu rural sont pourtant rédigés en grec, faisant preuve d’une population majoritairement indigène, cohabitant avec des éléments hellénophones. On constate ainsi, d’une part, que les structures indigènes ont été colonisées avec des vétérans et (possiblement) avec des citoyens, et d’autre part, que d’autres villages indigènes ont gardé leur organisation de type grec et ont utilisé comme langue officielle le grec. La même dualité se constate également dans le cas de Nicopolis ad Istrum, à la différence que le milieu rural nicopolitain est mieux documenté du point de vue des inscriptions latines et de 276 ILB 391. 277 ILB 382a. 278 ILB 378. Voir aussi Dana 2011, 45.

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l’existence d’une population latinophone dans la région. Ainsi, les vétérans établis à la campagne de Nicopolis ad Istrum sont plus nombreux que dans le territoire rural de Marcianopolis. Une explication est certainement la proximité de Novae, où il y avait le camp de la Ière légion Italica. Encore plus, la population thrace rédige les inscriptions en latin et constitue une source importante de recrutement pour les cohortes prétoriennes et pour les flottes impériales. Beaucoup de vétérans appartenant à ces unités militaires rentrent chez eux. Il y a encore des soldats libérés qui ont comme domicile Nicopolis, mais les diplômes militaires ne précisent pas s’il s’agit de la cité ou du territoire rural 279. C’est tout à fait remarquable que la formule cui et suivie par le nom thrace, à côté du nom de citoyen, apparaît seulement à l’époque des Sévères chez les soldats d’origine thrace rentrant chez eux après la fin de leur service militaire. Annexe 6.1. Les personnes d’origine thrace qui « latinisent » leurs noms dans le territoire rural de Marcianopolis (toute datation est ap. J.-C.) Nom Darzalas, fils de Turbo Iulius, père de Dizatralis Pius, père d’Auluzenis Aurelius Clarianus Aurelius Maximinus

Source IGB II, 768 IGB II, 856 IGB V, 4368 CIL V 892 CIL V 892

Datation IIe s. IIe s. IIe s. IIIe s. IIIe s.

Annexe 6.2. Les personnes d’origine thrace qui « latinisent » leurs noms dans le territoire rural de Nicopolis ad Istrum 280 (toute datation est ap. J.-C.) Nom Severus, fils de Pistinis Maximus, fils de Baradus Florus, fils de Gerulo Festivus, fils du précédent Silvanus, fils de Dentusucus Aurelius Herculanus M. Aurelius Bassus M. Aurelius Victor, cui et Drubio M. Aurelius Valerius, fils du précédent M. Aurelius Statianus, cui et Aptae Quirinalis, fils de [---]ura

Source ILB 417 ILB 421 ILB 382 ILB 382 ILB 378 CIL VI 2933 RMD IV, 317 RMD V, 463 RMD V, 463 RMD IV, 311 RMD III, 201a

Datation IIe s. IIe s. IIe s. IIe s. IIe s. IIIe s. 221 224 225 225 217–225

279 Par exemple, RGZM 49–50, 54, 61–62 ; RMD IV, 310 ; V, 455, 474 etc. 280 On comprend aussi les citoyens qui ont changé de surnoms ou qui avaient eu des surnoms romains.

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Annexe 6.3. Les citoyens d’origine thrace qui ont gardé leur surnom thrace dans le territoire rural de Marcianopolis et de Nicopolis ad Istrum (toute datation est ap. J.-C.) Nom Aurelius Mucianus Aurelius Diza P. Aelius Roemetalkes Aurelius Mucianus Aurelius Mucapaibes M. Aurelius Mucianus Aurelia Muciana Aurelius Dizze G. Valerius Dotus

Source IGB II, 755 CIL VI 2933 IGB V, 5276. CCET II/2, 564 CCET II/2, 566 ILB 430 ILB 430 ILB 430 ILB 388

Datation IIIe s. IIIe s. IIIe s. IIIe s. IIIe s. IIIe s. IIIe s. IIIe s. IIIe s.

Cité Marcianopolis Nicopolis ad Istrum Nicopolis ad Istrum Nicopolis ad Istrum Nicopolis ad Istrum Nicopolis ad Istrum Nicopolis ad Istrum Nicopolis ad Istrum Nicopolis ad Istrum

Fig. 6.1. Diplôme militaire de M. Aurelius Valens, prétorien originaire de Marcianopolis Source : db.edcs.eu/epigr/bilder.php?bild=$AE_2001_02159_1.jpg;$AE_2001_02159_2.jpg&nr=1; http://db.edcs.eu/epigr/bilder.php?bild=$AE_2001_02159_1.jpg;$AE_2001_02159_2.jpg&nr=2)

Fig. 6.2. Diplôme militaire de M. Aurelius Spori f. Victor, aussi-dit Drubio, originaire du uicus Dizerpera Source : db.edcs.eu/epigr/bilder.php?bild=$AP_RMD-05_00463_1.jpg;$AP_RMD-05_00463_2.jpg; $AE_1999_01354_1.jpg;$AE_1999_01354_2.jpg&nr=4; http://db.edcs.eu/epigr/bilder.php?bild=$AP_RMD05_00463_1.jpg;$AP_RMD-05_00463_2.jpg;$AE_1999_01354_1.jpg;$AE_1999_01354_2.jpg&nr=3)

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VII. LA POPULATION DANS LE MILIEU RURAL D’ABRITTUS 1. Introduction Les recherches archéologiques qui se sont déroulées à Abrittus ont mis en évidence un établissement pré-romain où il y avait une cohabitation entre Grecs et indigènes 1 mais la présence des troupes romaines 2 a contribué, d’une manière décisive, au développement d’un établissement habité par une population latinophone. Du point de vue archéologique, même si la cité a été fouillée dès 1887, les résultats sont assez pauvres et, surtout, l’époque romaine du Haut-Empire ne bénéficie pas d’une image cohérente 3. Il faut pourtant mentionner les résultats obtenus par l’intermédiaire des fouilles. La uilla de Beli Lom (environ 20 km sud-est de la ville de Razgrad) a été partiellement fouillée. Elle a été datée des IIe–IIIe siècles 4. Des fouilles de prévention ont identifié à Liublen un possible sanctuaire de l’Héros Cavalier, attribué à une communauté villageoise 5. Des petits sanctuaires pareilles ont été partiellement recherchés à Kovacevec et à Sadina 6. À Razgrad, des structures fouillées dans les années 1980 font preuve d’une communauté rurale 7. Dans la même ville moderne, une tombe romaine de l’époque du Haut-Empire a été attribuée à une communauté villageoise 8. Je partage ici l’opinion de F. Matei-Popescu, qui voit dans le castellum Abritanorum l’habitat développé sur les structures de l’établissement pré-romain et propose la lecture ca[ste(llum) au lieu de c[an(abas)] 9 d’une inscription publiée par T. Ivanov 10. Je ne reprends pas ici l’argumentation de F. Matei-Popescu, mais les canabae supposent la présence d’une légion, situation qui ne correspond pas pour Abrittus. Même s’il y a l’épitaphe de C. Iulius Maximus, eques singularis, de la cohors II Lucensium 11, il est difficile de se rendre compte si le lieu de stationnement de cette cohorte a été Abrittus. Une ciuitas est mentionnée à l’époque romaine tardive 12 et on ne sait pas s’il y en avait une sous le Haut-Empire. En tout cas, près du castellum il y avait certainement un établissement 1 Ivanov 1980, 10. 2 Matei-Popescu 2010a, 220. 3 Pour l’état de la question concernant les fouilles archéologiques, voir surtout Carrié, Morreau 2015, 601–610. 4 Voir la discussion chez Bâltâc 2011, avec la bibliographie. 5 Bâltâc 2011, 451, avec bibliographie. 6 Bâltâc 2011, 465, avec bibliographie. 7 Bâltâc 2011, 465, avec bibliographie. 8 Bâltâc 2011, 464, avec bibliographie. 9 Matei-Popescu 2010b, 61–67. 10 Ivanov 1955, 175. 11 AE 1925, 66. 12 Ivanov 1980, 18.

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La population dans le milieu rural d’Abrittus

rural, probablement un uicus. Je vais reprendre le dossier épigraphique, en suivant l’attestation des structures villageoises, des trouvailles isolées de la campagne et en analysant la population mentionnée dans les inscriptions.

2. Le dossier épigraphique L’organisation de la campagne d’Abrittus dans un territorium est prouvée par une borne milliaire, datant du temps de Philippe l’Arabe 13 (Fig. 7.1). Cela signifie que cette organisation date d’une période plus haute, probablement du IIe siècle ap. J.-C. P. Kovács pense que dans des cas pareils, où il s’agit de petites communautés, le mot territorium peut être équivalent d’un uicus militaris 14. Je pense que dans ce cas il a raison. L’existence des structures villageoises indigènes est prouvée par la mention de deux komai, attestées dans deux textes rédigés en grec (dont l’un est bilingue), mais où les personnages sont des Thraces. De la première komè, nommée Masciobria, provient Aurelius Mucianus, qui voue un autel à Jupiter et Junon 15. La deuxième komè n’a pas le nom mentionné dans le texte. On sait pourtant qu’Aurelius Roemetalkes avec son père Martialis, vétéran, ont accompli un don envers le village 16. On voit dans les deux cas qu’il s’agit d’indigènes devenus citoyens. Dans le deuxième cas, c’est le père qui a acquis la citoyenneté par suite de sa libération de l’armée. On observe qu’il porte un nom romain, mais son fils garde un surnom thrace. Dans le premier cas, il n’est pas exclu que Mucianus soit aussi un vétéran, mais une autre possibilité est qu’il ait obtenu le droit de cité par l’édit de Caracalla en 212. Les découvertes isolées du territoire d’Abrittus sont représentées surtout par des inscriptions latines, même si celles en grec ne manquent pas. Des inscriptions grecques, hormis les deux déjà citées, il faut encore en mentionner quatre. La première conserve seulement le nom de Flavius Mucianus, un Thrace devenu citoyen 17. La deuxième évoque Valerius Valens 18, tandis que la troisième mentionne Ziouris, fils d’Amiazenus (?) 19. Valens est probablement un Thrace qui a acquis le droit de cité après le service militaire, tandis que Ziouris est un pérégrin. La quatrième nous présente encore une famille de pérégrins d’origine dace, [---]ataporis, fils de [N]aiston, Drizuzeris, fille de Gourtheitos, et leur fils Maximus 20. Ces textes font preuve de l’existence de villages indigènes, organisés selon le modèle de komai à l’époque romaine. L’existence d’un uicus Abrittus est pourtant prouvée par deux autres textes. Il s’agit probablement de l’établissement qui existait près du castellum. Ces inscriptions, en latin, nous fournissent des informations intéressantes sur l’organisation de ce village. Il s’agit d’une colonie de vétérans et de citoyens romains (ueterani et ciues Romani consistentes), 13 AE 1985, 765. 14 Kovács 2013, 144 ; il invoque les exemples de plusieurs territoria en Pannonie, Mésie et Dacie où étaient stationnées des troupes. 15 IGB II, 749. 16 IGB II, 750. 17 IGB II, 748. 18 IGB V, 5268. 19 IGB V, 5269. 20 IGB II, 744. La lecture selon Dana 2016a, 152–154.

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La population du uicus classicorum

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dirigée par deux magistri et un quaestor. L’un des textes date du règne d’Antonin 21 (Fig. 7.2), l’autre de 221 ; les magistri sont un vétéran, G. Iulius (A)enonus, et un citoyen M. Ulpius Ireneus, tandis que le questeur est Tib. Claudius Claudianus 22. La présence des vétérans dans l’habitat civil auprès du castellum n’est pas singulière. L’un des premiers vétérans attestés est un Thrace, Cothus, fils de Tharsa, qui a servi en Norique dans l’ala I Thracum Victrix et qui a été libéré en 79 23. M. Antonius Valens a servi dans la Ve légion Macedonica, puis il s’est retiré à Abrittus où il a fini sa vie 24. Un autre vétéran est Aurelius Victor. Il a servi dans la XIe légion Claudia, stationnée à Durostorum ; son fils porte un nom thrace, Drizuparus 25. Il a probablement été un pérégrin qui a obtenu sa citoyenneté en 212. T. Aelius Damanaeus est commémoré par ses affranchis ; l’unité où il a servi n’est pas mentionnée 26. T. Aelius Apollonius, ex duplicario, est attesté dans une épitaphe avec toute sa famille 27. La présence des militaires et des vétérans est sans doute liée à la statio des beneficiarii qui fonctionnait près de la cité. Flavius Maximinus, beneficiarius consularis, fait ériger une épitaphe pour sa femme, Aurelia Stratoclia, originaire de Tomi 28. Un autre Flavius, ayant le surnom Valens, voue un autel à Jupiter Dolichenus 29. Valens est beneficiarius legati, probablement un légat de légion. Valerius Rufus, bénéficiaire du consulaire, de la XIe légion Claudia Antoniniana, est également mentionné en 215 30. On ne sait pas exactement de quelles unités provenaient les bénéficiaires, mais la XIe Claudia est l’une de ces unités. Valerius Rufus est un exemple ; puis, Aurelius Victor, ci-dessus évoqué, est vétéran de la même légion. Enfin, la proximité de Durostorum peut indiquer ce camp comme lieu de provenance de plusieurs beneficiarii de la statio d’Abrittus. Ce n’est pas une règle que les anciens bénéficiaires se retiraient à la campagne. Mais il est sûr que les beneficiarii qui étaient en charge dans la statio étaient en liaison avec les militaires du castellum. Pourtant, plusieurs vétérans ont colonisé le uicus, avec les citoyens romains. Les familles des militaires actifs habitaient les canabae situées près du castellum, tandis que le village est habité par les citoyens et les vétérans. En ce qui concerne leur origine, on a vu que les recrutements locaux dans les unités auxiliaires ont commencé assez tôt. Un exemple est Cothus, fils de Tharsa, qui a servi dans l’ala I Thracum Victrix à partir du règne de Néron (ou peut-être de Claude) et qui a été libéré sous Vespasien 31. Aurelius Victor, dont le fils s’appelle Drizuparus, est un autre exemple de soldat provenant de la région 32. On a vu que la population civile locale est présente dans les inscriptions grecques, mais il y a aussi quelques textes latins qui font 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32

AE 2010, 1420. AE 2010, 1421 a et b. RGZM 3. Voir aussi Eck, Pangerl 2006, 184. Conrad 2004, 223, no 358. AE 1919, 78. Conrad 2004, 222, no 356. http://www.ubi-erat-lupa.org/monument.php?id=22281. Conrad 2004, 222, no 354. AE 2010, 1422. Ivanov 1994, 486. RGZM 3. AE 1919, 78.

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La population dans le milieu rural d’Abrittus

preuve de la présence des Thraces. P. Aurelius Coxxoris fait ériger l’épitaphe de son fils Salvius Coxxoris 33. Le gentilice différent de son fils suggère qu’il est né lorsque son père était pérégrin. Une autre famille de Thraces, cette fois-ci des pérégrins, est celle de Puris, fils de Cerzenus, et de Iada, fille de Mucaporus 34. Un texte évoque aussi une personne d’origine indigène qui est citoyenne, Claudia Eptapyra 35.

3. Conclusions Les inscriptions d’Abrittus font preuve de l’existence de plusieurs structures villageoises dans un territoire qui se trouvait probablement sous l’autorité des militaires qui y ont stationné. D’un côté, il s’agit des anciens villages indigènes, organisés à l’époque romaine selon le modèle des komai grecques. Après l’installation des militaires dans le castellum, les civils habitaient dans les canabae situées à proximité. Au IIe siècle, on constate la constitution d’un uicus de vétérans et des citoyens romains. Le village était dirigé par deux magistri (un vétéran et un citoyen civil) et un questeur. Les autres inscriptions font preuve de la présence des vétérans dans la région : ils se sont achetés des propriétés rurales. Dans la proximité du castellum, on remarque l’existence d’une statio des beneficiarii qui contrôlaient une portion de la route Sexaginta Prista–Odessos 36. Ainsi s’explique la présence des militaires de la XIe légion Claudia, détachés dans la statio ; c’était la légion la plus proche du territoire d’Abritus. La majorité de la population semble être constituée par les indigènes, très actifs du point de vue épigraphique. D’un côté, on dispose de la documentation épigraphique grecque et latine des civils, pour la plupart des pérégrins ; de l’autre côté, les militaires d’origine thrace ont obtenu le droit de cité et, après leur libération, rentrent chez eux ou habitent le nouveau uicus. Leurs familles habitaient les canabae du castellum durant leur service. Cet élément indigène reste, comme le remarquent D. Dana et R. Ivanov, assez puissant dans un milieu qui est colonisé par des citoyens et où l’élément militaire (y compris par l’intermédiaire des vétérans) a un rôle assez important en ce qui concerne la rédaction en latin des inscriptions officielles et privées. On ne connaît pas l’origine de ce segment latinophone de la population. Nous disposons pourtant de l’exemple d’Aurelia Stratoclia, originaire de Tomi (ou au moins habitant cette cité) 37, et de Claudia Chione, originaire de Périnthe 38. Dans ces deux cas, les inscriptions sont en latin car leurs époux sont latinophones. Les situations des migrants des provinces hellénophones ne sont donc pas exclues. Les autres colons latinophones sont des vétérans, leurs descendants ou bien d’autres citoyens romains dont l’origine n’est pas connue.

33 34 35 36 37 38

Conrad 2004, 223, no 360. Dana, Ivanov 2012, 235–238. Dana, Ivanov 2012, 238–240. Dana, Ivanov 2012, 241. Conrad 2004, 222, no 354. Conrad 2004, 223, no 359.

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La population du uicus classicorum

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Annexe 7.1. Indigènes ayant « latinisé » leurs noms Nom Martialis, père d’Aur. Roemetalkes Maximus, fils d’Eptaporis

Source IGB II, 750 IGB II, 744

Datation après 212 avant 212

Annexe 7.2. Citoyens qui on gardé le nom indigène comme surnom Nom Aurelius Mucianus Aurelius Roemetalkes Flavius Mucianus Aurelius Coxxoris Salvius Coxxoris Claudia Eptapyra

Source IGB II, 749 IGB II, 750 IGB II, 748 Conrad 2004, 223, no 360 Conrad 2004, 223, no 360 Dana, Ivanov 2012, 241

Datation après 212 après 212 IIe s. après 212 après 212 IIe s.

Fig. 7.1. Borne milliaire de Philippe l’Arabe où est mentionné le territorium Abrittanorum Source : ubi-erat-lupa.org/monument 20839

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La population dans le milieu rural d’Abrittus

Fig. 7.2. La mention de ueterani et ciues Romani consistentes ad castellum (milieu rural d’Abrittus) Source : ubi-erat-lupa.org/monument 20840

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VIII. LA POPULATION DANS LES MILIEUX RURAUX DE MELTA ET DE LA CIVITAS DIANENSIUM 1. Introduction Melta est attestée indirectement comme une ciuitas au IIIe siècle 1. Comme nous le verrons dans la documentation épigraphique, il semble que cette ciuitas, qui est sans doute peregrina, a été fondée à proximité d’un établissement indigène, comme en témoignent les noms des personnages attestés dans les textes. La ville est également évoquée comme un point important d’une route qui menait de Montana à Marcianopolis et plus loin, à Odessos 2. Quant à la ciuitas Dianensium, la mention d’un territorium indique l’existence d’une organisation villageoise du territoire rural, et non la présence d’un castellum ou d’un temple de Diane qui avait ces terrains en administration 3. Les sources attestent également une forte présence indigène dans le territoire rural. L’analyse du dossier épigraphique de ces deux cités portera, d’une part, sur les mentions des structures qui font référence à un territoire rural, et d’autre part, sur les trouvailles isolées qui peuvent nous fournir plus d’informations sur la population de la campagne. Les recherches archéologiques complètent les informations épigraphiques sur le milieu rural de ces deux cités. Dans le milieu rural de Melta, il faut signaler une structure de type uilla à Smočan, datée des IIe–IVe siècles, avec un matériel archéologique assez riche 4. Un établissement rural et sa nécropole ont été partiellement recherchés à Tučenica 5. Un sanctuaire attribué à une communauté villageoise a été trouvé à Devetaki 6.

2. Le dossier épigraphique de Melta L’existence d’une ciuitas est attestée indirectement, comme je l’ai déjà affirmé, par la mention d’un ciues Meletinus originaire d’un uicus 7. Il s’agit d’un soldat des cohortes prétoriennes décédé à Rome. Il est originaire du uicus Pereprus et il s’appelle Aurelius Mucco. Bâltâc traduit Aurelius, fils de Mucconus 8, mais il ne faut pas oublier qu’il est déjà citoyen, ayant servi dans les cohortes prétoriennes. Mucco est, par conséquent, la forme nominative de son surnom. Le nom du village, comme le nom du soldat, prouvent l’origine 1 CIL VI 2736. 2 Voir Panaite 2015, 596. 3 Bâltâc (2011, 90–91) énumère ces variantes comme hypothèses, mais elle considère l’existence d’une ciuitas peregrina plus probable. 4 Bâltâc 2011, 417–418, avec bibliographie. 5 Bâltâc 2011, 447, avec bibliographie. 6 Bâltâc 2011, 452, avec bibliographie. 7 CIL VI 2736. 8 Bâltâc 2011, 256.

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La population dans les milieux ruraux de Melta et de la ciuitas Dianensium

thrace de celui-ci. Son gentilice fixe la datation du texte au IIIe siècle, ce qui correspond à la période de recrutement massif de la population thrace (surtout des provinces de Mésie Inférieure et de Thrace) dans les unités prétoriennes à Rome. Le matériel épigraphique des environs de Melta, même s’il n’est pas riche, nous fournit un tableau hétérogène du point de vue social et de l’origine des personnes. Ainsi, à Bježanovo, un optio de la legio I Italica, C. Iulius Valentinus, fait ériger un monument funéraire pour lui-même, pour sa femme Irene et pour sa fille Iulia Valentina 9. Sans doute, cet officier possédait une propriété à la campagne où il a fait élever le monument. À Smočan, un texte évoque une famille de citoyens, Valerius Ianuarius et Flavia Veneta 10. T. Montius E[---] voue un monument au Héros Cavalier 11. Les Montii, qui sont assez rares dans l’épigraphie latine, ont plus de mentions dans la Regio I 12. Il est difficile de dire d’où provient notre Montius ; s’il est vraiment un étranger de province, une extraction militaire n’est pas exclue. Excepté Aurelius Mucco, le prétorien évoqué à Rome, un autre soldat d’origine thrace est mentionné à Bohovica : Aurelius Pirurus 13. Il voue un monument au Cavalier Thrace, qui a l’épithète Pirmerula 14. Son gentilice suppose une datation après la constitutio Antoniniana. Pirurus fait son service dans une aile, mais le lapicide a grave le nom d’une manière erronée. Il habitait probablement la campagne où il a voué le monument. On dispose ainsi de seulement quelques textes du territoire rural de Melta. Pourtant, une image peut être dressée. Les structures villageoises thraces ont fonctionné également après la conquête romaine, étant organisées comme uici. Dans le territoire il y avait des soldats (probablement des vétérans aussi) qui possédaient des propriétés. Les sources nous renseignent, pour le moment, d’un seul village (uicus Pereprus), mais il y en avait certainement plusieurs. On constate que la population est surtout latinophone, au moins selon l’epigraphic habit.

3. Le dossier épigraphique de la ciuitas Dianensium La localisation précise de cette cité n’a pas encore été faite, mais les trouvailles indiquent la périphérie de l’actuelle ville de Pleven (Bulgarie) 15. L’existence d’un territorium de la cité est prouvée par un texte datant du règne de Septime Sévère et de ses fils (198–209, lorsque Caracalla était Auguste et Géta César) 16. L’inscription a été vouée par P. Aelius Victorinus, magister et décurion. Il est possible que Victorinus a été magister dans un village et décurion du territoire, comme il y a d’autres cas en Mésie Inférieure 17.

9 10 11 12 13 14 15 16 17

ILB 234. ILB 257. ILB 258. CIL XIV 4496, 5357 ; Cicerchia, Marinucci 1993, 113. ILB 259. Sur l’épithète, voir Duridanov 1995, 830. Voir une présentation générale, avec la bibliographie, chez Bâltâc 2011, 90–91. ILB 223. Par exemple, Fl. Romanus, decurio territorii Aegyssensis (Baumann 1984, 223).

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Un autre texte nous informe sur un village qui porte un nom dace, Giridava 18. Le texte est important puisqu’il atteste un bureau douanier à Dimum (aujourd’hui Belene, Bulgarie), qui est plus loin, sur le Danube. Le lieu de découverte indique pourtant la campagne de la ciuitas Dianensium. Le dédicant est Memor, contrôleur (contrascriptor) du bureau douanier de Dimum. Memor est un esclave impérial et l’inscription date de 209 à 211, en vertu de la mention de trois Augustes. Il voue l’autel à Jupiter Très Bon et Très Grand et aux dieux et déesses de Giridava, après avoir été guéri d’une grave maladie. Les esclaves impériaux sont mentionnés souvent en tant que fonctionnaires dans les bureaux des douanes. Memor était sans doute aisé et avait probablement une propriété (ou simplement une maison) dans le territoire de la ciuitas Dianensium 19. Le nom dace du village suggère aussi la présence importante d’une population indigène. Un autre texte nous informe sur deux époux, citoyens romains, C. Valerius Severus et Volumnia Marciana 20. Valerius Severus est militaire dans la Ière légion Italica. Les Volumnii sont attestés surtout à Rome et dans le nord de l’Italie 21. Il n’est pas exclu que Valerius Severus soit un Italien recruté dans la légion, probablement dans la première moitié du IIe siècle, qui arrive en Mésie Inférieure avec sa femme. Les Italiens sont présents dans la légion dès l’installation en Mésie Inférieure jusqu’à la fin du IIe siècle 22. J’ignore les raisons pour lesquelles ils se trouvaient sur le territoire de la ciuitas Dianensium, mais on peut supposer qu’ils avaient une propriété à la campagne. Enfin, un autre texte atteste, d’une manière indirecte, une propriété rurale. Il s’agit d’une inscription votive érigée par la femme d’un uilicus, Aurelia Victorina 23. L’intendant semble être esclave et la femme, une ancienne pérégrine qui a eu le droit de cité en 212 ou peu après. La documentation du territoire rural de cette ciuitas est, comme l’on observe déjà, très pauvre, mais on peut se rendre compte d’un territoire rural où les villages à l’époque romaine ont suivi les anciennes structures villageoises indigènes. Il y avait aussi des propriétés rurales appartenant aux fonctionnaires impériaux (comme Memor) ou aux soldats.

4. Conclusions Les milieux ruraux des cités Melta et Dianensium, ne sont pas larges, en tenant aussi compte de leur statut de ciuitates peregrinae. On remarque d’emblée que les villages indigènes (thraces et daces) n’ont pas disparu, étant organisés en tant que uici (comme uicus Pereprus). Ainsi, le texte mentionnant le uilicus fait preuve de l’existence d’un domaine foncier. Les sources ne nous dévoilent pas d’autres formes d’organisation. La population est latinophone (au moins du point de vue épigraphique) : exceptés les Thraces 18 19 20 21 22 23

ILB 237. Voir aussi Mihailescu-Bîrliba 2006, 209. ILB 249. CIL V 3061, 3069, 3207, 3746, 3845, 3945 ; VI 33168, 33188, 33189, 34004, 36589, 37045 etc. Mihailescu-Bîrliba 2015a, 78–79. ILB 233.

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La population dans les milieux ruraux de Melta et de la ciuitas Dianensium

et les Daces, il y avait aussi des soldats, des vétérans, des fonctionnaires de l’État qui se sont achetés des propriétés dans la zone. Annexe 8.1. Les indigènes originaires de Melta Nom Aurelius Mucco Aurelius Pirurus

Source CIL VI 2736 ILB 259

Datation après 212 après 212

Observations prétorien, originaire du uicus Pereprus soldat d’une ala

Annexe 8.2. La composition socio-professionnelle des personnes mentionnées dans les inscriptions du milieu rural de la ciuitas Dianensium Nom P. Ael. Victorinus Memor P. Valerius Severus Volumnia Marciana Primus Aurelia Victorina

Statut socio-professionnel magister (uici?) et decurio (territorii?) esclave impérial, contrascriptor stationis Dimensis militaire (legio I Italica) citoyenne, femme du précédent esclave, uilicus citoyenne ou affranchie, femme du précédent

Source ILB 223

Datation 198–209

ILB 237

209–211

ILB 249 ILB 249

IIe s. IIe s.

ILB 233

après 212

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IX. LA POPULATION DANS LE MILIEU RURAL DE MONTANA 1. Introduction La problématique du territoire de Montana est plus compliquée 1. Il y a d’abord, une regio Montanesium, qui est sans doute liée à un domaine impérial impliquant l’exploitation des mines dans la zone. L’existence d’une telle activité est renforcée par la présence des détachements de légions (I Italica et XI Claudia). Ce domaine se trouvait sous le contrôle des centuriones regionarii et des bénéficiaires consulaires 2. La présence des castrenses et des ciues Montanenses font preuve de l’existence d’un uicus militaris et d’une structure villageoise civile 3. L’attestation des décurions n’indique pas, à mon avis, l’existence d’une structure urbaine, mais celle d’une structure d’un territorium qui implique ces fonctions administratives 4. Il ne faut pas oublier l’existence d’un bureau douanier. La preuve est, à mon avis, constituée par deux textes : l’attestation de Q. Sabinus Veranus, conductor tertiae partis publicii portorii Illyrici, honoré par un fonctionnaire des douanes 5 d’une part, et le vœu accompli par le vicaire d’un dispensator, esclave impérial, d’autre part 6. L’analyse du dossier épigraphique concernera, d’une part, les inscriptions mentionnant les structures administratives et, d’autre part, les inscriptions concernant la population sur le territoire rural et dans le uicus militaire. La détermination d’une appartenance claire de ces derniers textes au uicus militaris n’est pas possible. Pourtant, la mention des familles des soldats, corroborée avec le lieu de trouvaille des inscriptions, peut indiquer une population habitant dans ce type de uicus. En ce qui concerne les fouilles archéologiques sur le territoire de Montana, les plus importants résultats ont été achevé sur le site nommé Kalevo, à la périphérie de l’actuelle 1 Sur Montana, la bibliographie est riche et je rappelle seulement quelques titres : Velkov 1980, 89–90 ; Rankov 1983, 40–73 ; Alexandrov 1984, 218–224 ; Cîrjan 2004b, 31–38 ; Zaccaria 2015, 525–543. 2 Rankov 1983, 49 ; Ivanov, Luka 2015, 205–206 3 Voir Matei-Popescu 2011, 355 ; Bâltâc 2011, 98–100, avec la bibliographie. Voir aussi Ivanov, Stoičkov 2015, 147–150. 4 Voir, par exemple, à Aegyssus, Flavius Romanus (Baumann 1984, 223). Sur Montana et sur la supposition de l’existence du municipium, voir Ivanov, Luka 2015, 204 sqq. Voir les doutes de Rankov (1983, 57–58) et de Tatscheva (1996, 180). Il est fort probable qu’il y avait un municipium ; pourtant, le vœu pour Diana, pour le salut de Q. Sabinus Veranus, et l’interprétation IIu(iri) pr(imi) des lignes II V P/R, accompli par le personnel d’origine servile des douanes (AE 1996, 1342), doit être reconsidérée, à mon avis. Veranus est honoré surtout en tant que conductor publici portorii t(ertiae) p(artis) (CIL III 4015, 4017, 4875, 5146, 14354-26, 15184-24 ; AE 1986, 571 ; 2008, 1020) et toujours par les membres d’origine servile du personnel douanier. L’inscription de Montana ne fait pas exception, à mon avis et même si l’on accepte le duumvirat de Veranus, cela ne prouve pas que cette charge était exercée à Montana. 5 AE 1996, 1342. 6 CIL III 12379.

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La population dans le milieu rural de Montana

ville de Montana : d’abord, aux pieds de la colline Kalevo, un complexe chrétien 7, mais le plus important, vers l’ouest, le camp militaire. Sur la colline même se trouvait le sanctuaire de Diane et d’Apollon 8. Les établissements ruraux à l’extérieur de Montana ont été fouillés d’une manière sporadique. D’abord, G. Aleksandrov a étudié trois uillae, toutes les trois comprenant des balnea, horrea et des pièces pour le personnel servile 9. Le plan d’une des uillae, repris par R. Ivanov et K. Luka, fournit également l’information sur un atelier de céramique 10. Selon Alexandrov, ces uillae datent de la seconde moitié du IIe s. et de l’époque des Sévères, mais D. Dintchev n’exclut pas une datation plus tardive (la moitié du IIIe s. ou plus tard) 11. Une autre uilla a été fouillée à Rosenentsa (18 km nord-est de Montana), mais les résultats des recherches archéologiques n’ont pas été publiés. Pourtant, R. Ivanov et K. Luka signalent l’existence de cinq bâtiments 12. Ce complexe est daté de vers la fin du IIIe s. jusqu’à la fin du IVe s. 13. L’activité économique dans le milieu rural de Montana a été documentée par de nombreux ateliers de céramique, non seulement dans les uillae, mais aussi près du sanctuaire de Diane et d’Apollon 14. Une nécropole appartenant aux communautés rurales a été fouillée à Drašan 15. Un sanctuaire et fort probablement un petit établissement rural ont été signalés à Goliana Brestnica 16.

2. Le dossier épigraphique du territoire rural civil de Montana Le territorium Montanensium est attesté dans un texte voué par Iulius Mucazenus, un beneficiarius consularis legionis I Italicae d’origine thrace à Diane et Apollon 17 (Fig. 9.1). Il est mentionné comme agens territorio Montanensium. Comme nous le verrons plus tard, l’existence de la regio Montanensium, où il y a aussi des soldats, est liée à l’exploitation des mines de la région et au domaine impérial de cette exploitation. Le territorium désigne, à mon avis, une structure administrative qui comprenait le territoire rural de la ciuitas. La présence d’un bénéficiaire consulaire de la legio I Italica dans le territorium est, sans doute, en liaison avec le contrôle des militaires dans la zone rurale civile de la cité, vu l’importance de la zone. L’attestation du bénéficiaire indique également l’existence d’une statio sur la route de Montana à Marcianopolis 18. Il s’agit d’un Thrace qui a eu son droit de cité et il n’est pas exclu que Mucazenus soit originaire de la région, raison pour laquelle il se trouvait non loin de Montana. Un personnage avec un nom presque identique, L. Iulius 7 L’état de question chez Ivanov, Luka 2015, 230 sqq., avec la bibliographie (surtout en bulgare). 8 Ivanov, Luka 2015, 233–241. 9 Ivanov, Luka 2015, 246–247. Les fouilles d’Alexandrov sont publiées en bulgare : Ivanov et Luka ont fait un résumé assez consistant des résultats de ces fouilles. 10 Ivanov, Luka 2015, 247, fig. 23. 11 Ivanov, Luka 2015, 247. 12 Ivanov, Luka 2015, 248. 13 Ivanov, Luka 2015, 248–249. 14 Ivanov, Luka 2015, 254. 15 Bâltâc 2011, 450, avec bibliographie. 16 Bâltâc 2011, 450, avec bibliographie. 17 AE 1987, 881. Il y a d’autres vœux pour Diane et Apollon, mais il semble que ces textes proviennent du municipe. Voir deux exemples chez Zaccaria 2015, 528–542. 18 Panaite 2015, 596.

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La population dans le milieu rural de Montana

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Mucazenus, tribun (probablement aussi de la même légion) est attesté extra fines Imperii, en Chersonèse Taurique 19. Il n’est pas exclu que les deux soient apparentés ; Mucazenus de Chersonèse est dans sa deuxième milice équestre, tandis que celui de Montana est seulement bénéficiaire. Les rangs assez hauts détenus par les deux dans l’armée romaine suggèrent que leurs familles ont eu assez tôt la citoyenneté. Dans le sanctuaire de Glava Panega, Eftecenthus, fils de Cocus, voue un autel à Silvanus du uicus Longinopara 20. Le village a un nom thrace, tout comme le personnage qui accomplit le voeu. La mention de la divinité du lieu pose la question de savoir si ce uicus n’est pas situé dans les environs du sanctuaire de Glava Panega. De toute façon, le sanctuaire est consacré à Asklépios, syncrétisé avec le Cavalier Thrace 21. Cette fois-ci, nous ferons abstraction des soldats qui sont présents dans ces inscriptions, car il est certain qu’ils n’avaient pas des propriétés dans la région, mais plutôt qu’ils étaient en mission, en tant que beneficiarii 22 ou comme gardiens du domaine impérial (détachés des cohortes ou des légions 23). Il y a quelques vétérans qui semblent s’être installés dans la zone : [---] Marcianus, vétéran de la legio I Italica 24, et L. Naevius Probus, ancien militaire probablement de la même légion 25. On observe que Probus, même s’il a des origines italiennes (selon son nom) 26 utilise l’épithète Saldaecaputenus pour Asklépios, épithète rencontrée dans deux autres textes du sanctuaire 27. P. Dorcey pense que cette épithète dérive du toponyme retrouvé en Pannonie Saldae 28 mais je partage ici l’avis de D. Dana et de S. Nemeti, qui attirent l’attention sur les diverses graphies grecques de l’épithète 29 qui sont particulières pour l’espace thrace 30. Les autres personnages qui vouent des monuments dans ce sanctuaire sont des indigènes (Dizas, fils de Taesius 31) ou des porteurs des noms romains (Valerius Proculus 32). En ce qui concerne un autre citoyen romain, Iulius Valens, mentionné com decurio 33, il y a plusieurs interprétations possibles, d’autant plus que le texte est lacunaire. Il peut être soit un décurion d’une aile (très probablement, le surnom Valens étant répandu parmi les militaires), soit un décurion du territoire de Montana. Il ne faut pas exclure non plus la situation où il serait décurion de Montana ou d’une autre cité et vouerait un monument dans le sanctuaire de Glava Panega. Les inscriptions de Glava Panega sont pour la plupar rédigées en grec, attestant des pérégrins hellénophones (comme Asiaticus, fils de Theodoros 34, Deinias 35, Callistus 36), 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34

Saprykin, Dyatchkov 2000, 115–122. ILB 209. Voir Gočeva 1992, 168 ; Gočeva 1995b, 141–156 ; Dontcheva 2002, 321–322 ; Boteva 2007, 77. CBI 623–627. ILB 199, 200, 205, 206, 208. ILB 203. ILB 207. Sur les Naevii militaires en Mésie Inférieure, voir Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2012a, 79. ILB 204, 206. Dorcey 1988, 294, 296 ; Dorcey 1992, 96. IGB II 512, 514, 516, 517, 521, 525, 526, 529, 530, 532, 536, 537, 551, 552, 573, 577, 587. Dana, Nemeti 2014, 106. ILB 195. ILB 194. ILB 204. IGB II, 516.

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thraces (Dizas, fils de Koulios 37) ou ayant des noms latins (Capito, fils de Sabinus 38, Montanus, fils de Florus 39, Gaius, fils de Golius 40), thraces (Ebruzenus, fils de Mucaceus 41, Seuthes, fils de Mucazenus 42, Mucianus, fils d’Auluzenus 43, Bithus, fils de Dierneus 44, Teres 45, Muca[---] 46), mixtes (Maximus Bazitenos 47, Diogenès, fils de Marcus 48, Severus, fils de Mucus 49, Mucatralis, fils de Crispus 50, Dizas, fils de Attius 51), des citoyens romains porteurs de surnoms latins (comme Iulius Celsus 52, Aelius Mestrianus 53, Vibius Flavius 54, Claudius Maximus 55, P. Aelius Statilius 56, Flavius Valens 57, T. Statilius 58, T. Aurelius [--] 59), grecs (Flavius Rodopianus 60, Aurelius Diogenès 61), thraces ou en tout cas indigènes (Aelius Bithucentus 62, Flavius Mucianus 63, T. Flavius Amatokos 64, Tib. Claudius Kaigesos 65, Ulpius Bassus 66). D’autres dédicants (comme Dizas Mucasenus, buleuta à Pautalia 67, Tarsa, fils de Tarsa 68, Marcianus, fils de Dionysios 69, Priscus, fils de Iulius 70, tous de Pautalia) proviennent certainement d’autres régions. Il y aussi des bénéficiaires hellénophones qui font ériger des inscriptions, portant des noms latins (comme Q. Antistius 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70

IGB II, 517. IGB II, 522. IGB II, 523. IGB II, 537. IGB II, 539. IGB II, 554. IGB II, 538. IGB II, 539. IGB II, 542. IGB II, 555. IGB II, 564. IGB II, 576 IGB II, 524. IGB II, 525. IGB II, 543. IGB II, 556. IGB II, 560. IGB II, 510 IGB II, 518. IGB II, 519. IGB II, 553. IGB II, 557. IGB II, 558. IGB II, 562. IGB II, 563. IGB II, 531. IGB II, 535. IGB II, 512. IGB II, 520. IGB II, 532–534. IGB II, 561. IGB II, 566. IGB II, 511. IGB II, 536. IGB II, 540. IGB II, 544.

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Valerianus 71), grecs (comme Sebazianus, fils d’Alexandros 72, Aurelius Dikinnios 73), Martinus (beneficiarius fiscus) 74, ou de simples soldats, comme Deinias 75 et Dizozos 76. Pour conclure, la richesse épigraphique de Glava Panega ne prouve pas que les adorateurs d’Asklépios ou des autres divinités mentionnées dans les textes sont de la région. La présence des beneficiarii, des soldats et des autres personnes originaires de Pautalia constituent des arguments en ce sens. Pourtant, la présence de la population thrace dans les inscriptions latines et grecques et le lien entre Eftecenthus, fils de Cocus, et le village, atteste que le uicus Longinopara, situé non loin du sanctuaire, a été organisé selon le modèle romain sur un habitat thrace. Les autres Thraces qui rédigent leurs textes en grec proviennent probablement de deux régions : l’une, du territoire de Montana, où il y avait une organisation des villages indigènes semblable à celle de komai, une autre, de la province voisine de Thrace (si l’on prend en compte aussi les gens habitant Pautalia). Un autre village attesté dans les inscriptions est le uicus Trullensium, organisé d’une manière quasi-municipale, avec deux magistri 77. Les deux maires s’appellent Bellicio, fils de Valerius, et Mnasea, fils de Pollio. Ils ont un statut pérégrin, qui suppose une datation avant 212. La mention de deux empereurs me fait penser au règne conjoint de Marc Aurèle et de Commode ou de Septime Sévère et de Caracalla. Le texte a été rédigé par trois pérégrins hellénophones, Firmus, fils d’Antigonus, Nikostratus, fils de Demosthenès, et Zoilus, fils de Gorgius. Cela peut indiquer que le village était habité aussi par des personnes hellénophones. Un deuxième texte représente une confirmation : cette fois-ci, il s’agit de deux magistri citoyens, P. Aelius Attalus et T. Aelius Secundus, l’inscription étant rédigée par un certain Agathoklès, qui laisse sa « signature » sur la pierre 78. Du même village moderne de Kunino (Bulgarie) proviennent des textes en grec, attestant des personnes portant des noms latins (Marcellus 79, Pollio 80, Masclus 81), thraces (Zeiseius 82, Teres 83) ou grecs (Alexandros 84, Nikios 85). L’évidence épigraphique atteste un village au nom romain, chose confirmée par les lapicides attestés dans les inscriptions. Les textes démontrent le bilinguisme dans les inscriptions de ce village, mais l’organisation était selon le modèle romain, avec deux magistri. D’abord, ceux-ci étaient des pérégrins, plus précisément, à mon avis, des indigènes ayant les noms latinisés. Plus tard, les magistri furent des citoyens. Il est possible qu’il y ait eu une communauté de ciues Romani consistentes, mais on ne sait pas à quel moment elle a été installée dans le village. 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85

IGB II, 529. IGB II, 513. IGB II, 514. IGB II, 515. IGB II, 521. IGB II, 541. ILB 180. ILB 183. IGB II, 504. IGB II, 505. IGB II, 506. IGB II, 506. IGB II, 507. IGB II, 506. IGB II, 508.

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Une situation intéressante est celle du uicus Tautiomosis 86. Le toponyme suggère plutôt une origine illyrienne. Aurelius Victorinus est mentionné en tant que princeps uici. La charge de princeps uici serait unique dans l’Empire. Je me demande si le lapicide n’a pas voulu écrire loci ou uico, c’est-à-dire que Victorinus était princeps de sa communauté, mais originaire d’un uicus Tautiomosis. Je juge la deuxième variante comme étant la plus plausible. Il s’agit d’une communauté illyrienne dans le territoire de Montana, en raison de l’exploitation minière de la zone. Un autre uicus du territoire reste anonyme, mais le texte conserve le surnom Dianius d’un magister 87. Il s’agit d’une organisation du village selon le modèle romain, avec un ou deux magistri, mais on ne sait pas s’il y avait des citoyens, des vétérans ou des indigènes. Enfin, une inscription funéraire mentionne Valerius Rufus, vétéran, originaire du uicus Vorouum Minor, qui fait ériger une épitaphe pour lui-même et pour sa femme, Aurelia Zuraturme 88 (Fig. 9.2). Le nom de la femme est thrace 89 et elle provenait probablement du village mentionné dans le texte. Il n’est pas exclu que Valerius Rufus ait été un pérégrin qui aurait servi dans une unité auxiliaire, ayant obtenu le droit de cité à la fin de son service. En raison du surnom de la femme et du gentilice Aurelia, je suis enclin à dater le texte après 212. En tout cas, l’ancien soldat a eu une propriété sur le territoire de Montana. Un autre texte mentionne Sergilianus, un uilicus qui voue un autel à Diana Lucifera 90. On ne connaît pas le propriétaire de la uilla. En tout cas, les vœux pour Diane sont fréquents dans le milieu rural de Mésie Inférieure 91 et surtout à Montana et dans ses environs 92. Les découvertes isolées du territoire de Montana sont constituées par des inscriptions latines et grecques. Les textes grecs attestent une population hellénophone, avec des éléments grecs (Eustathios 93), romains (Tertianus, fils de Tertius 94, Catullinus 95, Flavius Mestrianus 96), thraces ([---]]uzenis, fils de Drolenus 97) et mixtes (Herais, fils de Dizalus 98, Iulianus, fils de Damostratus 99, Quintus, fils de Geru[---] 100), Aurelius Mestos ? 101, Aurelius Maximus, fils de Daezerus, Aurelius Valerianus, son frère, militaire dans la cohors Bracarorum, Rodope 102, Flavius Bassus, vétéran, ancien décurion 103). On remarque la 86 AE 1957, 99. 87 CIL III 13721. 88 Conrad 2004, 260, no 503. Bâltâc (2011, 258) restitue Aurelia, fille de Zuraturmenus. J’explique dans le texte pourquoi je ne suis pas d’accord avec cette restitution. 89 Dana 2008, 100. 90 AE 1987, 874 ; Bâltâc 2011, 258–259. 91 CIL III 12372, 12386, 13722 ; ILB 193, 197, 207 ; ISM V, 246–247 etc. 92 CIL III 7445, 7447, 12370–12371 ; AE 1985, 747 ; 1987, 868, 875, 882 etc. 93 IGB V, 5170. 94 IGB II, 486. 95 IGB V, 5164. 96 IGB II, 586. 97 IGB V, 5162. 98 IGB II, 483. Lu deux fois par Bâltâc (2011, Table I.20, nos 144–145). 99 IGB II, 487. 100 IGB V, 5163. 101 IGB II, 587. 102 IGB V, 5180. 103 IGB II, 590.

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présence des militaires dans la région, due certainement aux exploitations minières. Aurelius Valerianus, le frère d’Aurelius Maximus, a une origine thrace et il est possible qu’il soit originaire de la zone. Le nom de la femme renforce cette hypothèse 104. Il faut aussi rappeler un diplôme militaire de 127, attestant un certain [---]sa, fils de Natusis, Dace, qui rentre chez lui après sa libération de la cohors IIII Thracum 105. Le personnage a été recruté en 101–102 pour l’armée de Germanie inférieure. Le diplôme a été trouvé à Červen Brjag, probablement dans la proximité du village d’où il était originaire.

3. La population dans le territoire rural de Montana attachée aux districts minier et douanier Les inscriptions latines nous rendent compte d’une population hétérogène, stable et nonstable. D’un côté, il s’agit des militaires, parmi eux les bénéficiaires, comme P. Aelius Clemens 106. C. Iulius Saturninus, centurio regionarius, est mentionné à Dolna Verenica 107. Un tel centurion exerçait son autorité dans cette zone de frontière, d’autant plus qu’il s’agissait, comme dans notre cas, d’une exploitation minière 108. Un cas pareil se retrouve en Dacie, où un centurio regionarius est mentionné dans la zone de l’exploitation du sel de Domnești 109. Ulpius Eptezenus, duplicarius de la legio I Italica, est sans doute un personnage originaire de la région qui a eu son droit de cité et qui a été recruté dans cette légion 110. C’est le cas de Dizzo, fils de Beteles, lui-aussi un soldat provenant sans doute de la région 111. De la Ière légion Italica provient un certain M. Aurelius Maximus, présent dans deux inscriptions 112. Un vétéran, Vinus, et attesté à Berkovitsa (Bulgarie) 113. Dans la même localité, un texte évoque un certain Iulianus, qui accomplit un vœu pour Silvanus 114. Il y a aussi des civils mentionnés dans les textes, comme [---]ius Vindilus 115, P. Viv[---] 116, [--]ius Valens 117, Aurelius Maximinus 118, Messianus 119, Annia Detustaina et Iustus, fils de Rescuporis 120. Les derniers forment une famille d’indigènes où la femme a eu la citoyenneté. L’homme est buleuta, sans doute dans une ciuitas peregrina.

104 105 106 107 108 109 110 111 112 113 114 115 116 117 118 119 120

IGB V, 5180. Pour la cohors Bracarorum, voir Matei-Popescu 2010, 195–196. RMD IV, 239. CBI 613. CIL XIII 12380. Voir surtout Speidel 1984, 185–188 ; Herz 2011, 307 ; Fuhrmann 2012, 222–223. CIL III 7625. Voir surtout Piso, Cupcea 2014, 115–123. AE 1932, 29. AE 1959, 56. ILB 192–193. CIL III 7444. CIL III 12367. CIL III 12369. CIL III 12381. AE 1955, 66. Velkov, Alexandrov 1994, 90. ILB 191. ILB 406.

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L’existence d’un bureau des douanes dans le territoire de Montana est prouvée par plusieurs inscriptions. D’abord 121, il est logique qu’il y ait eu une station des douanes, par deux raisons : la situation de la région aux frontières de deux provinces (Mésie Supérieure et Thrace) et l’organisation du district minier. J’ai déjà parlé, au début de ce chapitre, de deux inscriptions attestant un conductor de la partie orientale du district douanier d’Illyricum et des fonctionnaires des douanes, dont deux esclaves impériaux. Dans le village moderne de Lom (Bulgarie), il y a d’autres inscriptions attestant des fonctionnaires des douanes et des militaires qui agissaient dans la région afin d’assurer la sécurité de la zone. Ainsi, Hermès, intendant des douanes (uilicus) fait ériger un autel pour le génie des trois fermiers du district douanier, Iulius Ianuarius, T. Iulius Capito et C. Iulius Epaphroditus 122. Les trois Iulii sont connus par plusieurs textes en tant que fermiers du publicum portorii Illyrici 123. Caesidius Amandus, bénéficiaire consulaire, doit certainement sa présence au bureau douanier et à l’importance de ce bureau 124. C. Valerius Valens, optio de la XIe légion Claudia, agent dans la regio Montanensis, voue un autel à Diane et à Apollon 125. Toujours à Lom, il y a une liste des militaires de la Ière légion Italica, des euocati, des imaginiferi, des corniceni, des custodes armorum, un tubicen et un tesserarius 126. Un vétéran est commémoré par son frère et par ses fils 127. Le vétéran s’appelle C. Iulius Aemilianus et a servi dans la VIIe légion Claudia, stationnée à Viminacium 128, mais son frère porte un nom thrace, Dudis. Le vétéran est enterré probablement dans son lieu d’origine. Il est aussi remarquable de noter qu’un de ses fils fait partie des unités prétoriennes. L. Messius Primus, centurion de la legio I Italica, est détaché dans la région en tant que frumentarius 129. Les frumentarii agissaient comme agents de police, espions, mais ils étaient aussi employés dans l’office du gouverneur 130. Messius Primus a fait partie de l’office du gouverneur, à mon avis, afin de surveiller l’activité dans le bureau des douanes, mais il avait probablement d’autres charges concernant cette activité, tout comme l’exploitation minière de la région. La mention du gouverneur de la Mésie, T. Vitrasius Pollio (legatus sous Antonin le Pieux), confirme le fait que le frumentaire était attaché à l’office du gouverneur. Enfin, C. Iulius Maximus, qui a reçu les ornamenta decurionalia, fait ériger l’épitaphe pour un ami, L. Domitius Narcissus 131. On ignore le statut de deux personnages, mais il est certain que ce sont des citoyens assez aisés, en jugeant d’après les ornements reçus par Maximus. 121 AE 1996, 1342 ; CIL III 12379. 122 CIL III 6124. 123 AE 1977, 767 ; CIL III 5121, 7434 (cette inscription a été érigée par le même Hermes). Sur les trois fermiers, voir De Laet 1949, 386, note 2 ; Aparaschivei 2010, 193 ; Froehlich 2014, 67–92 ; Antolini, Marengo 2017, 112–121. 124 Voir Dise jr. 1997a, 273–283 ; Dise jr. 1997b, 284–289 ; Nelis-Clément 2000, passim ; Sheldon 2005, 266 ; Perea Yébenes 2013–204, 165–192. 125 AE 1969-1970, 577. 126 CIL III 14409–1. 127 CIL III 7421. 128 Ritterling 1925, 1619–1624. 129 CIL III 6125. 130 Mann 1988, 149–150 ; Rankov 1990, 176–182 ; Rankov 2006, 19–140 ; Rankov 2007, 1169–1172 ; Sheldon 2005, 251 sqq. 131 CIL III 7422.

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Enfin, à Smirnenski (Bulgarie), est attestée une famille de pérégrins : Annaeus, fils de Saturninus, sa femme Marcella Verecundia et leurs filles Iusta et Marcellina 132.

4. Conclusions La situation de Montana est, comment je l’ai déjà affirmé, assez compliquée, en tenant compte de l’importance économique de la région. En ce qui concerne la population, il faut dire qu’il y avait une communauté indigène organisée selon le modèle de komai. La conquête romaine a mené à une organisation plus efficace, du point de vue technique et administratif, de l’exploitation minière. Ainsi, il y a eu une colonisation des citoyens romains, dont on ne connaît pas les origines. La zone minière a déterminé une colonisation illyrienne, documentée par la mention du uicus Tautiomosis. Le territoire proprement-dit de Montana n’est pas connu car le district minier a été organisé en tant que propriété impériale. La présence des soldats détachés de plusieurs légions stationnées en Mésie Inférieure, surtout de la Ière légion Claudia, a probablement déterminé la fondation d’un uicus militaris, où habitaient les membres de leurs familles et d’autres civils. Non loin, il y avait un bureau des douanes et une statio de beneficiarii consularii. L’attestation d’un centurion frumentarius confirme l’utilisation des gens attachés à l’office du gouverneur. Dans le bureau des douanes, travaillaient des fonctionnaires ayant pour la plupart un statut servile (les esclaves des conductores). On ne dispose pas de textes qui datent de l’époque à laquelle les douanes passent sous l’administration directe de l’État, mais on suppose qu’il y avait une situation identique avec les autres bureaux de l’Empire, les employés étant, pour la plupart, des esclaves impériaux. Le reste du territoire de Montana a été organisé en uici selon le modèle romain. Même si les premières sources de Montana datent, à une seule exception 133, du IIe siècle, mon impression est que cette organisation des uici a commencé à partir de l’installation de l’armée romaine dans la zone. Il est vrai que les recrutements dans l’armée avaient commencé, comme dans tout l’espace du Bas-Danube, sous Claude et sous Néron, mais l’organisation du territoire rural et l’installation des colons romains dans la région ont été achevées plus tard. La population indigène est restée dans les nouvelles structures villageoises. Il ne faut pas oublier les propriétés rurales, détenues par les citoyens romains ou par les indigènes qui avaient obtenu la citoyenneté romaine et qui disposaient d’un certain niveau d’aisance. La présence des vétérans suggère l’acquisition des propriétés rurales. La mention d’un uilicus complète le tableau des uillae dans la région, attestées, comme on l’a vu au début du chapitre, aussi bien du point de vue archéologique. Le sanctuaire de Glava Panega reste un cas spécial. Parmi les adorateurs d’Asklépios, de Silvanus, du Cavalier thrace, de Diane et d’Apollon, il y avait des militaires, des citoyens romains, des Grecs et des indigènes. Il est possible qu’une partie des indigènes soient originaires du territoire rural de Montana, mais on ne peut pas affirmer une telle chose avec certitude. La présence des personnes habitant Pautalia est une preuve que les adorateurs de Glava Panega pourraient être originaires d’autres provinces. 132 CIL III 12384. 133 RMD IV, 208.

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Annexe 9.1. Thraces qui ont « latinisé » leurs noms (pérégrins et citoyens) Nom Severus, fils de Mucus Mucatralis, fils de Crispus 134 Dizas, fils d’Attius 135 Quintus, fil de Geru[---] Aurelius Maximus, fils de Daezenus Aurelius Valerianus, frère du précédent Iustus, fils de Rescuporis

Source IGB II, 543 IGB II, 556 IGB II, 560 IGB V, 5163 IGB II, 590 IGB II, 590 ILB 406

Datation avant 212 avant 212 avant 212 avant 212 après 212 après 212 avant 212

Annexe 9.2. Citoyens qui ont gardé comme surnom le nom thrace Nom Iulius Mucazenus

Source(s) AE 1987, 881

Datation IIe s.

Aelius Bithucentus

IGB II, 512

fin du IIe s.–début du IIIe

Flavius Mucianus

IGB II, 520

fin du IIe s.–début du IIIe

T. Flavius Amatokos

IGB II 532-534

fin du IIe s.–début du IIIe

Tib. Claudius Kaigesos

IGB II, 561

IIe s.

Ulpius Bassus

IGB II, 566

fin du IIe s.–début du IIIe

Aurelia Zuraturme Annia Detustaina

Conrad 2004, 260, no 509 ILB 406

Observations bf. cos. leg I Italicae sanctuaire de Glava Panega sanctuaire de Glava Panega sanctuaire de Glava Panega sanctuaire de Glava Panega sanctuaire de Glava Panega

après 212

-

avant 212

-

134 Il est vrai que Mucatralis est un nom thrace, mais son père porte un nom latin : c’est Crispus qui a le nom « latinisé ». 135 La même remarque : Attius a le nom « latinisé ».

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Fig. 9.1. Inscription mentionnant le territorium de Montana Source : db.edcs.eu/epigr/bilder.php?bild=$CBI_00647.jpg;$Montana-01_00015.jpg&nr=1

Fig. 9.2. L’épitaphe de Valerius Rufus, originaire du uicus Vorouum Maior, et de sa femme Aurelia Zuraturme Source : db.edcs.eu/epigr/bilder.php?bild=PH0003909;PH0003910;PH0003911;PH0003912&nr=2

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TROISIÈME PARTIE LA POPULATION DANS LES MILIEUX RURAUX DES CITÉS SITUÉES SUR LE DANUBE X. LA POPULATION DU VICUS CLASSICORVM 1. Introduction La cité romaine d’Halmyris, trouvée non loin des bouches du Danube, a probablement fonctionné aux IIe–IIIe siècles comme lieu de stationnement de la flotte mésique. Les fouilles ont mis en évidence un ancien établissement indigène, suivi par la fondation d’un fort et d’une cité romaine du Haut-Empire et par la cité et le fort du Bas-Empire 1. La cité mis au jour date de l’époque romaine tardive. Pourtant, les trouvailles hors de contexte archéologiques et les inscriptions du Haut-Empire ont déterminé M. Zahariade à prendre en considération l’existence d’un fort romain datant de cette époque 2. Il y a eu pourtant quelques détails stratigraphiques qui ont confirmé ces hypothèses : il s’agit de la forme différente des portes du nord et de l’ouest du fort 3. Dans l’extra-muros, on peut signaler les fouilles qui se sont déroulées afin d’identifier le port, mais il semble que l’édifice trouvé jusqu’à présent, ayant probablement un rôle commercial, date toujours de l’époque du BasEmpire 4. D’autres recherches archéologiques effectuées à l'extérieur de la cité n’ont pas été publiées. Même si la communis opinio est que la cité Salmorus-Halmyris doit être localisée à Murighiol (Roumanie, non loin des bouches du Danube), il y a d’autres opinions qui proposent une autre localisation, mais sans avoir des arguments historiques convaincants 5. Dix inscriptions votives attestant un uicus classicorum ont été découvertes dans le fort d’époque du Bas-Empire 6. Récemment, en analysant les inscriptions et en les corroborant avec un texte attestant un uicus Nou(iodunum?), F. Matei-Popescu pense que les pierres d’Halmyris ont été apportées de Noviodunum et que le uicus classicorum était, en fait, le uicus des marins de la flotte, tandis que le uicus Nouiodunum était l’établissement civil qui

1 Suceveanu, Zahariade, Topoleanu, Poenaru Bordea 2003, passim. 2 Zahariade 1991, 311–317 ; Zahariade, Phelps 2002, 230–245 . 3 Voir Zahariade, Phelps, 231 ; Zahariade, Karavas 2015, 580. 4 Zahariade et al. 2014, 90–91. 5 Comme par exemple le géologue F. Scurtu 2013, 449–450. 6 Suceveanu, Zahariade 1986, 109–120 + Zahariade, Alexandrescu 2011, 29–33, nos 6–15.

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a évolué plus tard vers le rang de municipium 7. Je ne conteste pas une telle idée, mais l’argument selon lequel les inscriptions d’Halmyris proviennent de Noviodunum me semble insuffisant, car la distance entre les deux cités est assez grande et, même sur la ligne du Danube, il y avait d’autres cités où les pierres auraient pu être réutilisées. Toutefois, attribuer le uicus classicorum au territoire de Noviodunum de l’époque du Principat me semble pour l’instant hasardeux. Halmyris a été un fort militaire, comme le prouve indirectement un autel pour Hercule voué par les membres des uexillationes de la Ière légion Italica et de la XIe légion Claudia 8. Est-ce qu’il y avait aussi une statio de la flotte ? D’abord, je partage l’opinion de F. Matei-Popescu qui observe l’absence des mentions sur la classis Flauia Moesica 9. L’existence du uicus classicorum ne doit pas être cherchée, non plus, si loin de Noviodunum et il faut admettre, même si les inscriptions ont été réutilisées, qu’elles proviennent des environs. Je doute aussi qu’Halmyris ait été une cité si importante à l’époque du Haut-Empire pour être une ciuitas. D’ailleurs, Ptolémée ne la mentionne pas dans sa géographie. Les trouvailles fortuites de surface à gauche de la route MurighiolDunavățul des Sus, non loin du fort romain du Bas-Empire, ont mis en évidence une richesse de matériel archéologique, pour la plupart du Bas-Empire, mais de futures recherches systématiques pourraient fournir des résultats intéressants 10. La présence de la uexillatio et son statut de port a supposé la présence des marins militaires, mais je dois répeter que les mentions de la classis manquent à Halmyris. Dans ce cas-là, de quels marins s’agit-il ? Je présenterai le corpus épigraphique et j’essayerai d’apporter des réponses aux questions.

2. Le dossier épigraphique Les inscriptions mentionnent un uicus classicorum habité, comme le nom l’atteste, par d’anciens marins ; à ceux-ci s’ajoutent d’autres ciues Romani, comme les textes le précisent. Dans un premier texte, un magister s’appelle Marcus Papario Stratonius 11 (Fig. 10.1). Un deuxième dédicant de cette inscription est un personnage nommé Columella 12. Un autre vœu (pour Jupiter Très Bon et Très Grand) est achevé par les citoyens résidant dans le uicus classicorum, par l’intermédiaire de leur maire, un pérégrin (Sossius, fils de Sossius) 13. Le magister de 171 s’appelle P. Pompeius 14, celui de 200 Marcius (?) 15, tandis que celui de 7 Matei-Popescu 2016, 213–222. Sur l’existence d’un uicus Nou(us) et non Nouiodunum et sur sa localisation dans la zone de Babadag, voir Nuțu 2009, 125 sqq. 8 Zahariade 1986, 173–176 ; Zahariade, Alexandrescu 2011, no 5. 9 Matei-Popescu 2016, 219. 10 Information G. Nuțu. 11 Suceveanu, Zahariade 1986, 110 ; Zahariade, Alexandrescu 2011, no 6. Les derniers éditeurs traduisent « Papario, fils de Strato », mais n’excluent pas l’hypothèse qu’il peut s’agir d’un Stratonius, écrit comme Stratonis. 12 J’ai préféré Columella, et non T. Columella, en suivant Dana 2014b, 475–476. 13 Suceveanu, Zahariade 1986, 112 ; Zahariade, Alexandrescu 2011, no 7. 14 Suceveanu, Zahariade 1986, 110 ; Zahariade, Alexandrescu 2011, no 8. 15 Suceveanu, Zahariade 1986, 111 ; Zahariade, Alexandrescu 2011, no 9.

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l’an 209 porte les noms de Flavius Valerius 16 (Fig. 10.2). D’autres textes sont trop fragmentaires pour garder des détails et ils ont été restitués d’une manière hypothétique comme mentionnant le uicus classicorum 17. Une présence des militaires et des vétérans évoqués dans les inscriptions suggère leur installation soit dans le uicus classicorum, soit dans les canabae du fort (hypothèse soutenue par M. Zahariade et C. Alexandrescu 18). C. Valerius Longinus est un ancien bénéficiaire consulaire de la Ve légion Macedonica, qui fait ériger une épitaphe à une personne décédée à 32 ans 19 (Fig. 10.3). Un autre vétéran, Aelius Valens, est le commémorateur d’un parent portant les mêmes noms (qui peut être son fils ou bien, vu son âge de 45 ans, son frère) et le fils de ce parent 20. Un militaire actif appartenant à la Ière légion Italica est Valerius Valens, fils de Valerius Ponticus et de Valeria Nene 21 (Fig. 10.4). Les surnoms de ces personnes, renvoyant à l’Asie Mineure, peuvent suggérer une origine de Bithynie 22. M. Zahariade et C. Alexandrescu affirment qu’Aelius Sola, attesté dans une épitaphe avec sa femme Aelia Marcia, peut être un ancien soldat d’origine thrace 23 qui a reçu le droit de cité avec son épouse au moment de sa libération de l’armée 24. S’il cela est vrai, on peut dire la même chose sur Valerius Ponticus et Valeria Nene, tout comme sur Flavius Valens et Flavia Primitiva 25. Il reste aussi l’hypothèse que les femmes soient les affranchies de leurs époux. Il est également remarquable qu’une bonne partie de la population mentionnée dans les textes d’Halmyris soit d’origine indigène 26, confirmant l’existence d’une structure villageoise thrace dans la zone.

3. Le uicus classicorum et Halmyris J’ai exposé au début du chapitre les problèmes liés à la possibilité qu’Halmyris ait été une ciuitas et une statio de la flotte. Si l’existence de la ciuitas est moins probable, une présence militaire, pourtant, est incontestable. Hormis les mentions du village des marins, aucun autre marin n’est attesté dans les sources épigraphiques trouvées à Halmyris. Il reste la question des vétérans qui ne rappellent pas leurs unités de combats. Les autres soldats sont tous issus des légions. En plus, on dispose du texte selon lequel les vexillations des deux

16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26

Suceveanu, Zahariade 1986, 111 ; Zahariade, Alexandrescu 2011, no.10. Zahariade, Alexandrescu 2011, nos 11–15. Zahariade, Alexandrescu 2011, no 18, sub numero. Zahariade 1990, 262–263 ; Zahariade, Alexandrescu 2011, no 18. Zahariade 1990, 260–261 ; Zahariade, Alexandrescu 2011, no 20. Zahariade 1990, 261sqq. ; Zahariade, Alexandrescu 2011, no 26. Ponticus est un surnom qui peut être connecté en Mésie Inférieure avec la Bithynie (ISM V, 137, 186). Nene est aussi commun dans l’espace micrasiatique ou celui habité par les Thraces (Zgusta 1955, 302– 303 ; Detschew 1976, 327). Sur le nom Sola chez les militaires thraces, voir CIL III 787 ; X 3593 ; XVI 45 ; RMD I, 39. Zahariade Alexandrescu 2011, no 24, sub numero. Zahariade 1990, 264 ; Zahariade, Alexandrescu 2011, no 23. Claudia Bersille (Zahariade Alexandrescu 2011, no 19) ; Aelia Bendis (sur la pierre est écrit Bendsi) (Zahariade, Alexandrescu 2011, no 22) ; Aelius Sola (Zahariade, Alexandrescu 2011, no 24) ; possiblement Valeria Nene (Alexandrescu, Zahariade 2011, no 26).

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légions ont été présentes dans le fort, mais l’inscription date du tout début du IIe siècle 27. M. Zahariade et C. Alexandrescu écrivent : « The specificity of the term, classicorum, meaning “of the classici” or rather “belonging to the classici” strongly suggests on one hand that there was a territorial unit outside the fort, and on the other that the cives Romani from this uicus were in great proportion the discharged personnel from the navy » 28. Les auteurs mentionnés ci-dessus considèrent qu’il est possible qu’à côté du uicus, aient fonctionné des canabae où il y avait les vétérans des autres légions 29. Deux unités rurales l’une à côté de l’autre me semble pourtant excessif : d’ailleurs, Zahariade et Alexandrescu admettent que le uicus n’avait pas une surface considérable, étant dirigé par un seul magister 30. L’existence d’un territoire est certaine, mais je pense que le fort était trop petit pour développer un établissement civil ayant le rang de ciuitas. La question qui se pose ensuite est la suivante : à quoi était rattaché le uicus classicorum ? Son émergence à côté du fort pourrait indiquer Halmyris, mais nous en revennons toujours, comme dans un cercle vicieux, à l’absence de la mention de la flotte. Excepté Noviodunum, le chef-lieu de la flotte mésique, des unités de cette flotte ont été indirectement attestées (par l’intermédiaire des estampilles sur les briques) à Troesmis 31, Dinogetia 32, Barboși 33. Il est possible qu’à Olbia, à côté de la garnison des soldats, il y ait eu aussi une statio de la flotte 34. J’aurais accepté l’hypothèse de F. Matei-Popescu exposée ci-dessus, si la distance entre Noviodunum et Halmyris n’était pas si grande et s’il n’y avait pas d’autre cités situées entre les deux sur le Danube. Il est aussi tentant de considérer Aegyssus comme un possible centre territorial, pour deux raisons : il y a déjà un territorium mentionné dans une inscription 35 et la cité était un port du Danube. Pourtant, il y a une distance de 40 km entre Aegyssus et Halmyris et cette théorie me semble moins probable. Je pense que la présence des soldats des légions à Halmyris supposait une défense militaire et, implicitement, l’existence d’une petite statio et une activité des marins. Il est vrai que nous ne disposons pas de briques estampillées mentionnant la flotte à Halmyris. Toutefois, la présence des militaires et la position d’Halmyris en tant que port peut suggérer l’existence d’une statio de la flotte, d’autant plus que dans d’autres cités portuaires, aux côtés des militaires, sont également mentionnés des marins. À Troesmis, où il y avait le camp de la Ve légion Macedonica, on constate l’existence des unités de la flotte mésique, tout comme à Novae (où résidait la legio I Italica). À Dinogetia et à Barboși, on remarque la présence des militaires à côté des unités de la flotte. Aegyssus était un port assez important et pourtant, nous n’avons pas d’estampilles ayant le nom de la classis Flavia Moesica. Par conséquent, je pense que le uicus classicorum doit être cherché aux environs d’Halmyris : c’est une structure villageoise qui a été organisée selon le modèle romain, juste après l’installation des premières militaires à Halmyris. Les familles des militaires et des marins (les militaires 27 28 29 30 31 32 33 34 35

Zahariade 1986, 173–176 ; Zahariade, Alexandrescu 2011, no 5. Zahariade, Alexandrescu 2011, 37. Zahariade, Alexandrescu 2011, 37–38. Zahariade, Alexandrescu 2011, 38. ISM V, 217. ISM V, 263. ISM V, 308. Ivantchik, Krapivina 2007, 238. Baumann 1984, 223.

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avaient possiblement eux aussi des charges spécifiques pour la flotte), puis les vétérans ont habité ce village. Les vétérans, après avoir reçu le droit de cité, sont devenus des citoyens résidents et c’est pourquoi la formule utilisée est ciues Romani consistentes, l’ajout du terme ueterani étant redondant, comme le remarque d’ailleurs M. Zahariade et C. Alexandrescu 36. Une autre structure à côté de ce uicus n’a pas été nécessaire. Le village était organisé avec un seul magister 37, comme dans le cas de uicus Ulmetum 38, uicus Celeris 39 ou de uicus Narcissianus 40.

4. Conclusions Le uicus classicorum a été fondé, à mon avis, après l’installation des militaires et d’une petite base navale dans la zone. Les militaires et les marins collaboraient pour la défense des bouches du Danube. Leurs familles, puis les vétérans, ont habité ce uicus. J’ai soutenu mon opinion selon laquelle Halmyris et le uicus classicorum doivent être localisés dans les environs de l’actuel Murighiol (Roumanie, dép. de Tulcea), comme d’ailleurs les fouilles archéologiques l’ont partiellement confirmé. La zone était habitée avant l’arrivée des Romains par les indigènes, fait confirmé non seulement par les sources archéologiques, mais aussi par l’onomastique thrace rencontrée chez les habitants attestés dans les inscriptions. Il y avait donc une population amalgamée : des indigènes, des membres des familles de militaires et de marins, et les vétérans qui ont formé un conuentus de ciues Romani. Annexe 10.1 Les magistri du uicus classicorum mentionnés dans les inscriptions Nom M. Papario Stratonius Sossius Sossi P. Pompeius Marcius [---] Flavius Domitius

Source Zahariade, Alexandrescu 2011, no 6 Zahariade, Alexandrescu 2011, no 7 Zahariade, Alexandrescu 2011, no 8 Zahariade, Alexandrescu 2011, no 9 Zahariade, Alexandrescu 2011, no 10

Datation IIe s. IIe s. 171 200 209

Annexe 10.2. Les Thraces mentionnés à Halmyris Nom Aelius Sola

Source Zahariade, Alexandrescu 2011, no 24

Valeria Nene

Zahariade, Alexandrescu 2011, no 26

36 37 38 39 40

Datation IIe s. fin du IIe s. – début du IIIe

Zahariade, Alexandrescu 2011, 37. Voir aussi Avram 2007, 96–97. ISM V, 62–64. ISM I, 351–352. ISM II, 133.

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Observations militaire probablement de Bithynie

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Fig. 10.1. Inscription de Paparius Stratonius, magister du uicus classicorum, et de Titus Columella) Source : db.edcs.eu/epigr/bilder.php?bild=$GLIHalmyris_00006.jpg

Fig. 10.2. Inscription de P. Pompeius, magister du uicus classicorum Source : db.edcs.eu/epigr/bilder.php?bild=$GLIHalmyris_00008.jpg

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Fig. 10.3. Épitaphe (probablement) d’un parent du vétéran C. Valerius Longinus Source : db.edcs.eu/epigr/bilder.php?bild=$GLIHalmyris_00018.jpg

Fig. 10.4. Épitaphe de Valerius Ponticus et de Valeria Nene Source : db.edcs.eu/epigr/bilder.php?bild=$GLIHalmyris_00026_1.jpg;$GLIHalmyris_00026_2.jpg&nr=2

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XI. LA POPULATION DANS LES MILIEUX RURAUX DE NOVIODUNUM, AEGYSSUS ET DE BARBOȘI 1. Introduction Les textes datant du Haut-Empire trouvés à Noviodunum et à Aegyssus ne sont pas si nombreux si l’on remarque que tous les deux étaient des ports importants sur le cours inférieur du Danube. Il y a quand même quelques explications d’ordre archéologique : l’ancienne cité Aegyssus est recouverte par la ville moderne de Tulcea (Roumanie), tandis qu’à Noviodunum, les couches datant du Haut-Empire ont été presque totalement détruites par les phases ultérieures de construction, qui remontent au XIIe siècle 1. Ce qui est plus important, c’est que Noviodunum a été le chef-lieu de la Classis Flavia Moesica 2. La garnison de la flotte suppose l’existence des canabae et d’un uicus dans la proximité. Je discuterai brièvement du problème du uicus Nouiodunum. Du uicus, s’est développé sous les Sévères un municipium Noviodunum, attesté dans une inscription à Dinogetia 3. Parmi les personnes originaires de Noviodunum sont aussi M. Ingenuinius Super et M. Aurelius Aquilinus, évoqués dans un laterculus à Rome 4, et C. Iulius Valens, marin dans la flotte de Ravenne, libéré en 202 5. J’analyserai également le dossier épigraphique du territoire de Noviodunum, qui n’est pas connu précisément, mais qui peut être supposé comme l’a fait correctement, à mon avis, A. Bâltâc : à l’ouest, vers Dinogetia, à l’est vers Somova (dép. de Tulcea, Roumanie), au sud, la vallée de la rivière Taița 6. Du point de vue archéologique, le milieu rural de Noviodunum a été mieux recherché. Les fouilles ont surtout mis au jour des vestiges datant du début du Bas-Empire. Pourtant, les découvertes du Haut-Empire ne manquent pas intégralement. Un collectif qui a entrepris des recherches pendant plusieurs années a identifié une uilla au nord-ouest du village moderne 7. Une autre uilla a été fouillée par V. H. Baumann 8. Elle date des IIIe–IVe siècles. Il faut également dire que la céramique locale trouvée pendant ces fouilles a déterminé V. H. Baumann à supposer l’existence des plusieurs centres ruraux de fabrication 9. Le sondage entrepris par le même auteur à Frecăței a mis au jour un édifice dont la première phase date du IIe siècle 10. Un établissement rural dans le village de Telița (dép. de Tulcea, Roumanie) a 1 Baumann 2010, passim. 2 ISM V, 281, 283, 285. Voir aussi Zahariade, Mușețeanu, Chiriac 1981, 256, 261 ; Bâltâc 2011, 103 ; Bounegru 2016, 303. 3 Barnea 1986-1987, 82 ; Barnea 1988, 53–60. 4 CIL VI, 32627. 5 RMD V, 449. 6 Bâltâc 2011, 103. 7 Paraschiv et alii 2010, 283–284 ; Paraschiv et alii 2011, 201–202 ; Nuțu, Stanc, Paraschiv 2014, 21–43. 8 Baumann 1979, 131–146. 9 Baumann 2009, 198–200. 10 Baumann 1991, 109–116.

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La population dans les milieux ruraux de Noviodunum, Aegyssus et de Barboși

été identifié et fouillé 11. On ne sait pas s’il y avait une organisation de type uicus. V. H. Baumann note qu’il s’agit d’un village indigène ; on ne sait pas quelle était son organisation. Dans la même zone, Baumann a trouvé des fours métallurgiques, mais aussi des fours pour la fabrication des briques 12. Par conséquent, les recherches ont mis en évidence plusieurs uillae ; il n’est pas exclu qu’à Niculițel il y ait un uicus, mais l’habitat ancien est recouvert par la localité moderne. Un autre établissement rural qui continue une habitation La Tène a été identifié et fouillé à Revărsarea (10 km ouest de Noviodunum) 13. À Celic-Dere (comm. de Telița), les recherches de surface et les sondages archéologiques ont mis en évidence des fours, un dépôt de briques et une nécropole; ces éléments ont été attribués à une communauté rurale 14. Quant à Aegyssus, les inscriptions sont encore moins nombreuses, mais il y en a une qui atteste un territorium, peut-être une entité rurale qui se trouvait sous l’autorité d’une unité militaire. Mon avis est, selon la position de la cité et les nouvelles recherches archéologiques 15, qu’une statio pareille à celle d’Halmyris y a été organisée. Les attestations des unités militaires constituent un argument en ce sens 16. Pourtant, il semble que l’établissement civil développé à côté de cette station de la flotte a été important ; on ne sait pas encore s’il a eu le statut de ciuitas. Un uicus est aussi attesté dans le cadre de ce territorium. Les recherches archéologiques dans le milieu rural d’Aegyssus ont été beaucoup moins nombreuses. Les recherches archéologiques ont pratiquement débuté dans les années 2015– 2016 à l’intérieur de la cité ; une partie de la céramique romaine datant des IIe–IIIe siècles a été publiée 17. J’ai laissé pour la fin la cité de Barboși (dép. de Galați, Roumanie), puisqu’elle constitue un cas spécial. Le fort est situé, du point de vue géographique, extra fines Imperii, mais la présence des unités militaires et l’organisation d’un territorium prouvent le fait que la localité a appartenu, du point de vue administratif, à la Mésie Inférieure. Le fort a été fouillé par S. Sanie ; les dernières années, O. Țentea et I. Oltean ont mis en évidence, par l’intermédiaire des photographies aériennes, le uallum de Traian-Tulucești, situé à la confluence de la rivière Siret avec le Danube, ainsi que la nécropole de Barboși et la route Barboși–Poiana 18. La position sur la rive gauche du Danube était opposée à celle de Dinogetia. L’établissement civil de Barboși s’est développé à côté du camp romain. Le territoire était probablement sous l’autorité militaire et il y avait certainement un uicus militaris et probablement d’autres uici civils. Le territoire n’était pas très large, en constituant probablement le pratum de la légion (d’abord, Macedonica, puis I Italica) stationnée ici. J’analyserai aussi le dossier épigraphique du territoire du fort de Barboși. 11 12 13 14 15 16 17 18

Voir Baumann 2003a, 155–232 ; Baumann 2004, , 107–115 ; Baumann 2007, 187–204. Baumann 2017, 152–65. Baumann 1995, 235–239. Baumann 1983, 90–92; Simion 2009, 111–122. Informations G. Nuțu. Petolescu 1983, no 209. Nuțu, Mihailescu-Bîrliba, Costea 2014, 133–138. Gostar 1967, 107–113 ; Croitoru 2004, 159–172 ; Sanie 1981, passim ; Sanie 1983, 141–151 ; Sanie 2000-2001, 313–321 ; Sanie, Sanie 2011, 46–161 ; Țentea 2007, 217–225 ; Țentea, Oltean 2009, 1515– 1524 ; Țentea 2016, 12–19.

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La population dans le milieu rural de Troesmis

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2. Le dossier épigraphique du territoire rural de Noviodunum a. Le problème du uicus Nouiodunum J’ai déjà exposé le problème de l’existence d’un uicus Nouiodunum dans le chapitre antérieur. Une reprise en détail de cette discussion est pourtant nécessaire. Le débat est né autour d’une inscription découverte à Babadag (dép. de Tulcea, Roumanie, ville située à environ 25 km sud de Tulcea et 65 km sud-est d’Isaccea, où se trouvait Noviodunum). Le texte est le suivant : I(oui) O(ptimo) M(aximo) / [s]acrum pro / [sal(ute) I]mp(eratoris) Caes(aris) / Peli (sic!) c(iues) R(omani) u/et(erani) uico Nou(ioduno?) / s[ub cu]r[a]m (sic!) / [S]il(vio) C[a]s(s)io et P[.]/[.]OCV.UNI / [e]t qu(a)es(tore) Caio A[l]/exandri id[i/b]us Iunis Or[f/a]to et Rufo / co(n)s(ulibus) 19. E. Doruțiu-Boilă, en soutenant que Tocilescu (le premier éditeur) a souvent indiqué d’une manière erronée la plupart des inscriptions publiées, pense que le texte ne provient pas de Babadag, mais de Noviodunum et que le nom du village doit être lu uicus Nouiodunum 20. Une autre inscription, cette fois-ci trouvée certainement à Noviodunum, témoigne d’un quinquennalis (territoirii), Ti. Claudius [---], et de deux magistri (Celsius Celerinus et Claudius M[---]) 21. F. Matei-Popescu est d’avis que cette inscription renforce l’hypothèse sur la restitution de uico Nou(...) comme uico N(ouioduno) 22. Encore plus, Matei-Popescu croit que les inscriptions d’Halmyris mentionnant le uicus classicorum font référence au uicus militaris des marins qui se trouvait, en fait, à Noviodunum, considérant les inscriptions d’Halmyris comme apportées de Noviodunum 23. Je trouve la solution proposée par F. Matei-Popescu intéressante, possible, mais les arguments ne sont pas totalement satisfaisants à mon avis. Une première objection, je l’ai déjà dit, est la distance qui sépare Halmyris de Noviodunum, d’autant plus qu’entre les deux cités il y a aussi Aegyssus, qui semble avoir eu un statut assez important. En outre, je ne suis pas certain qu’E. Doruțiu-Boilă a raison en ce qui concerne les indications erronées sur les lieux de découverte chez Tocilescu : la distance entre Babadag et Noviodunum est si considérable qu’on peut être certain que Tocilescu a commis une erreur. Les recherches archéologiques effectuées récemment par G. Nuțu on mis en évidence la possibilité de l’existence d’une agglomération villageoise non loin de Babadag 24. L’archéologue pense que les fouilles systématiques peuvent fournir de nouvelles informations sur cet établissement et suggère que le uicus Nou(us, selon lui) peut être localisé ici. La question de uicus Nou(...) reste, à mon avis, ouverte. La possibilité envisagée par E. Doruțiu-Boilă reste plausible (ma seule réserve étant la distance), tandis que l’hypothèse de F. Matei-Popescu n’est pas soutenue (jusqu’à présent, au moins) par les arguments de la provenance des inscriptions.

19 20 21 22 23 24

C’est la lecture de Matei-Popescu 2016, 215, selon l’état actuel de la pierre. Voir aussi ISM V, 233. ISM V, 233, sub numero. ISM V, 268. Matei-Popescu 2016, 216. Matei-Popescu 2016, 217 sqq. Nuțu 2009, 125 sqq.

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La population dans les milieux ruraux de Noviodunum, Aegyssus et de Barboși

b. Les inscriptions du milieu rural de Noviodunum Nous avons mentionné les inscriptions qui attestent un uicus. On ne sait pas si uicus Nou(…) peut être restitué comme uicus Nou(iodunum), mais l’autre inscription, où le nom du village n’est pas conservé, mentionne un quinquennalis et deux magistri 25. Tous sont des citoyens et si l’on regarde l’exemple de Troesmis, il n’est pas exclu qu’ils aient été des vétérans 26. Ti. Claudii sont souvent attestés comme militaires en Mésie Inférieure 27. La mention d’un quaestor municipii Nouioduni à Dinogetia pose le problème de l’émergence du municipe 28. Les lettres AV ont été interprétées par A. Barnea comme faisant partie du nom de Caracalla, en soutenant que le municipe a été fondé sous les Sévères 29. F. Matei-Popescu croit que l’empereur doit être considéré comme Marc Aurèle car, sous son règne, Troesmis et Durostorum sont devenus municipes 30. Revenant à Dinogetia, la présence du questeur peut indiquer sinon une propriété de celui-ci dans la région, une appartenance de cette cité au territoire de Noviodunum. Dinogetia a été aussi un port de la classis Flauia Moesica, comme le prouve une estampille sur une tuile 31. À côté des unités de la flotte, il y avait aussi des détachements de plusieurs unités militaires, comme la cohors I Cilicum 32, cohors II Mattiacorum (?) 33, legio V Macedonica 34 et legio I Italica 35. Plusieurs inscriptions ont été trouvées à Niculițel (dép. de Tulcea, Roumanie, à 11 km sud de Noviodunum). La plupart datent de la période du Bas-Empire, mais une structure villageoise a existé sous le Haut-Empire. Les recherches archéologiques récentes ont identifié une uilla au nord-ouest du village moderne 36. Il y a une seule inscription datant probablement d’environ 212, mais je doute qu’elle provienne de Niculițel. Une colonne votive atteste le culte de Jupiter Dolichenus, le vœu étant accompli par trois prêtres de ce dieu, un pérégrin (Polydeuces, fils de Theophilus), et deux citoyens, Lucius Kapito et Flavius Reginus 37. Quels sont mes arguments ? D’abord, l’inscription a été trouvée comme réutilisée dans la fortification byzantine de Niculițel. Puis, ce qui me semble encore plus important, un des personnages, Flavius Reginus, est attesté en tant que duumuir dans un texte d’Arrubium 38. Il ne peut être que duumuir du municipe de Troesmis, qui est le plus proche d’Arrubium. Je parlerai de Flavius Reginus lorsque j’analyserai les inscriptions du territoire de Troesmis. En tout cas, c’est pourquoi je vois cette pierre comme ayant une origine autre que Niculițel. D’ailleurs, à Valea Teilor, qui est définitivement dans le territoire de Troesmis, il y a un autre vœu pour Jupiter Dolichenus, vœu qui atteste la 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38

ISM V, 268. Voir à Troesmis ISM V, 135, 154–156, 158. CIL III 6144 ; ISM V, 140, 194, 178, 179 ; AE 1985, 762 ; 2001, 120 etc. Barnea 1988, 53–60. Barnea 1988, 58. Matei-Popescu 2016, 213–214. ISM V, 263. ISM V, 264. ISM V, 267. ISM V, 261. ISM V, 262. Paraschiv et alii 2010, 283–284 ; Paraschiv et alii 2011, 201–202 ; Nuțu, Stanc, Paraschiv 2014, 21–43. ISM V, 249. ISM V, 252.

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construction d’un temple 39. Il n’est pas exclu que l’inscription de Niculițel provienne de Valea Teilor. Il faut ajouter également le vœu pour la même divinité de Cerna, inscription trouvée toujours dans le territoire de Troesmis 40. Pourtant, les fouilles archéologiques ont mis au jour un établissement rural dans le village de Telița (dép. de Tulcea, Roumanie), situé sur le territoire de Noviodunum 41. On ne sait pas s’il y avait une organisation de type uicus. V. H. Baumann fait l’observation correcte qu’il y avait un village indigène, mais les fouilles n’ont pas dévoilé de preuves sur une certaine organisation. Un diplôme militaire y a été trouvé. Il date de 112 et mentionne un certain C. Iulius C. f. [---], avec ses enfants 42. Il fait partie d’une flotte, dont le nom n’est pas gardé, mais il n’est pas exclu qu’il s’agit de la flotte mésique. Après la libération, il s’est installé dans le territoire rural de Noviodunum, en s’achetant probablement une propriété. Un autel votif, érigé ex uiso par un vétéran en 162, constitue encore une preuve que, dans cet endroit, il y avait plusieurs propriétés d’ anciens soldats 43. De Capaclia (comm. de Niculițel) provient un graffitto portant le nom d’Aur(elius) Ph(o)ebus, centurion d’une cohorte. V. H. Baumann a lu Auf(idius) Ph(o)ebus 44 mais une image récente m’a convaincu qu’il s’agit d’un Aurelius 45 (Fig. 11.1). Le graffitto atteste probablement un centurion d’une cohorte stationnée dans les environs, mais on ne peut pas dire si le militaire s’est installé dans la zone. Les recherches archéologiques ont mis au jour une uilla 46. Encore deux inscriptions proviennent sans doute du territoire rural. Ces inscriptions ont été trouvées dans la nécropole, mais elles attestent des personnes civiles. L’un de ces textes, rédigé en grec, atteste un citoyen, Antonius Fronto, et un pérégrin, Demosthénès, fils de Philippos, tous les deux prêtres d’Héraklès 47. L’identité des noms a déterminé A. Barnea à considérer cet Antonius Fronto comme le même personnage que celui de Tomi 48. E. Doruțiu-Boilă pense que cette pierre est errante 49 mais il est difficile de tirer une conclusion là-dessus. L’un des arguments pour lesquels je ne suis pas convaincu par E. Doruțiu-Boilă concerne la découverte de deux sarcophages dans la nécropole, dont l’un contient un texte en grec. Alexandra a consacré l’inscription à son beau-père, Alexandros, fils d’Hérakléon, membre de la gerousia 50. Même si la gerousia peut indiquer les cités du littoral, la découverte dans la nécropole tumulaire et les personnages hellénophones nous font penser à une communauté hellénophone, comme le pensait aussi E. Popescu 51. Une autre inscription est en latin (toujours sur un sarcophage) et mentionne P. Aelius Mithres, arkarius (caissier) 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51

ISM V, 145. ISM V, 219. Voir Baumann 2003a, 155–232 ; Baumann 2004, , 107–115 ; Baumann 2007, 187–204. Baumann 2003b, 169. Baumann 2013, 82. Baumann 1983, 95–97. Je remercie Ș. Honcu de m’avoir mis la photo à disposition. Baumann 1983, 93–95 ; voir aussi Nuțu, Stanc, Paraschiv 2014, 14–15 et leurs remarques critiques (16). ISM V, 72. Barnea 1975, 255–256. ISM V, 272, sub numero. ISM V, 280. Sur l’inscription, voir aussi Mihailescu-Bîrliba 2015f, 216. Popescu 1970, 374–378.

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de la flotte, qui commémore sa femme, Ulpia Iulia 52. Il semble qu’à côté de la femme, leur fille a été déposée dans le sarcophage. P. Aelius Mithres fait partie du personnel civil de la flotte et il s’est probablement établi dans le territoire situé aux environs de Noviodunum avec sa femme et sa fille qui sont décédées ici. Son nom suggère une adhésion au culte mithriaque. À côté de ce sarcophage, il y en a encore sept, trouvés près de Noviodunum ou dans le territoire, qui ont un inventaire typique pour le rituel funéraire gréco-romain 53. G. Simion pense qu’il s’agit d’une communauté de Grecs, en jugeant selon les motifs orientaux des décorations des sarcophages et des objets découverts dedans 54, mais il est toujours difficile de se prononcer d’une manière nette sur l’origine ethnique des défunts. Les textes en grec suggèrent pourtant l’existence d’une telle communauté. Je pense qu’il est possible que les éléments hellénophones soient arrivés du littoral ouest-pontique et pas forcément des provinces micrasiatiques (d’où est originaire un alumnus d’un préfet de la flotte 55), pour des raisons commerciales dans une zone militaire propice pour de telles activités. Les inscriptions du territoire rural de Noviodunum sont peu nombreuses et les textes récemment découverts donnent l’impression que ce territoire s’était étendu le long du Danube vers l’ouest, jusqu’à Dinogetia. Le sud-ouest de Noviodunum a été plutôt sous le contrôle de Troesmis. En tout cas, la présence des marins et des officiers de la flotte mésique (un préfet de cette flotte y est attesté 56) a déterminé non seulement l’existence d’un uicus militaris 57 mais aussi l’organisation d’autres établissements ruraux civils. Les vétérans se retiraient à la campagne, comme le prouvent les textes trouvés à Telița. Les familles des marins et des militaires détachés des légions habitaient le uicus militaris. La population semble être formée par des citoyens romains, mais il ne faut pas ignorer les éléments hellénophones présents ici, à mon avis, pour des raisons commerciales et originaires des cités grecques ouest-pontiques.

3. Le dossier épigraphique du territoire rural d’Aegyssus Les inscriptions du territoire d’Aegyssus ne sont pas nombreuses, mais la mention d’un territoire nous fait penser à un territoire organisé auprès de la station de la flotte, comme à Halmyris, sinon à une ciuitas. Ainsi, Flavius Romanus, décurion du territoire d’Aegyssus, est décédé ad uillam suam lorsqu’il habitait le uicus VRBI[---] 58. L’inscription a été érigée sur l’ordre d’un certain Im[---], qui remplissait la charge de sesquiplicarius. Cela prouve les liaisons de Flavius Romanus avec le milieu militaire, mais son âge de décès (40 ans) ne montre pas qu’il était vétéran. La seule explication plausible pour que l’on accepte un statut d’ancien militaire chez Flavius Romanus est l’approximation de son âge de décès, les âges arrondis 52 53 54 55 56 57 58

Simion 2008, 259–261, avec la bibliographie. Voir Simion 2008, 255–259, 261. Simion 2008, 262. ISM V, 281. ISM V, 281. Sur les vestiges archéologiques du uicus militaris, voir Baumann 2008, 195–196. Baumann 1984, 223 ; Bâltâc 2011, 236.

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constituant un phénomène fréquent à l’époque. Le militaire qui fait élever le monument funéraire est certainement quelqu’un proche de Romanus ; il est possible que, même si relativement aisé, il soit décédé sans héritiers. Dans ce cas, le territorium peut être une structure administrative qui comprend les uici trouvés sous un contrôle militaire 59. Le uicus VRBI[---] est attesté dans un autre texte dans un vœu pour Jupiter, rempli par deux citoyens romains, probablement les magistri uici 60. Ils étaient les représentants de la communauté des ueterani et ciues Romani consistentes. Il s’agit donc d’un village organisé selon le droit romain où il y avait des propriétés. E. Popescu pense que le monument a été trouvé à Medgidia, selon une notice effectuée sur le dessin de l’inscription par l’ingénieur D. Pecurariu, mais Tocilescu écrit partout que l’inscription a été trouvée près de Tulcea 61. Je crois que Tocilescu n’a pas commis d’erreur et que l’inscription a été vraiment trouvée à côté de Tulcea. L’actuel village de Cataloi (Roumanie, situé à environ 15 km sud-ouest de Tulcea) a fait partie, à mon avis, du territoire d’Aegyssus. Les restes d’une uilla ont été trouvés 62. Un diplôme militaire découvert à Cataloi et datant de 92 mentionne un cavalier de la cohors VII Gallorum, Macrinus, fils d’Acrésion, originaire d’Apamée 63. La cohorte a probablement stationné à Tomi pendant cette période. Apparemment, le soldat n’est pas rentré chez lui, préférant s’installer à la campagne. Une épitaphe atteste une famille de citoyens : la mère, dont le nom n’est pas conservé, le père (Caesius Saturninus), leur fille (Caesia Saturnina) et l’époux de la fille (Ulpius Eutyches) 64 (Fig. 11.2). Il semble que cette famille a eu aussi une propriété dans le milieu rural. Le dossier épigraphique du territoire rural d’Aegyssus n’est pas riche, mais il fournit des données importantes sur le territoire. On peut parler de l’organisation typiquement romaine du territoire, comme le montre la mention du uicus habité par les vétérans et les citoyens romains. Il y avait aussi des propriétés rurales, achetée par les citoyens ou par les vétérans. Le cas de Flavius Romanus, commémoré par un militaire, prouve les liens de la population civile avec les militaires. On ne peut pas connaître, à cause de la pénurie du matériel épigraphique, l’origine de ces habitants, mais il est sûr qu’ils étaient, pour la plupart, latinophones venus des provinces de langue latine ou d’anciens soldats recrutés en Mésie Inférieure même.

4. Le dossier épigraphique de Barboși À Barboși il y avait un camp militaire fondé sous Trajan 65. Ce camp militaire constituait la garnison des vexillations de la Ve légion Macedonica 66 et de la Ière légion Italica 67. De cette 59 60 61 62 63 64 65 66 67

Situation qui n’a pas été prise en considération par Kovács (2013, 143 sqq.). CIL III 14441 ; ISM IV, 242 ; Bâltâc 2011, 236. ISM IV, 242. Baumann 1971, 593–594. Petolescu, Popescu 2004, 269–276. ISM V, 244. ISM V, 292. ISM V, 305 ISM V, 307.

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dernière légion, un centurion 68 et un médecin 69 sont mentionnés ici. Il y aussi une brique attestant la cohors II Mattiacorum 70. Une inscription récemment trouvée à Noviodunum atteste un decurio cohortis : V. H. Baumann croit qu’il s’agit de la cohors II Mattiacorum 71 mais on ne peut avoir aucune certitude à ce propos. En même temps, les Romains ont également organisé une statio de la classis Flavia Moesica 72; une partie de cette flotte surveillait, avec d’autres unités stationnées sur la rive opposée, à Dinogetia, ce segment du Danube 73. En plus, les détachements des légions et de la cohorte surveillaient la route qui menait le long de la rivière de Siret, qui est l’affluent du Danube 74. L’organisation des établissements civils proches du camp dans un territorium est confirmée par un texte qui mentionne L. Iulius Iulianus, aussi dit Rundacio, qui est quinquennalis 75. Il fait ériger un autel pour Hercule, dans un endroit accordé par décret de l’ordo de ce territoire. L’agnomen Rundacio, considéré d’abord indigène 76, semble avoir ses origines liées au fleuve Ryndakos d’Asie Mineure 77. D’autres Iulii sont mentionnés dans un autre texte : Iulia Saturnina et ses fils L. Iulius Saturninus et L. Iulius Attalus iunior. Le fait que les noms et prénoms sont identiques à ceux de L. Iulius Iulianus me fait penser qu’il s’agit d’une seule famille. L. Iulius Iulianus était originaire d’Asie Mineure, étant enrôlé dans l’armée, probablement dans une légion (après avoir eu sa citoyenneté) qui stationnait en Mésie Inférieure. Les recrutements des soldats d’Asie Mineure dans les légions V Macedonica et I Italica ont été discutés dans des articles que j’ai déjà publiés 78. Iulia Saturnina, si elle n’avait pas obtenu le droit de cité en même temps que son mari, était alors son affranchie. Le surnom Attalus du plus jeune fils de Iulianus confirme son origine micrasiatique. En ce qui concerne le territorium, on peut dire qu’ici, il s’agit d’une structure proche d’un uicus militaris 79. Une autre inscription fragmentaire évoque deux affranchis portant des noms grecs, Appollonius et Helpis, anciens esclaves d’un certain [---]lius 80. Une autre inscription atteste une famille de civils, Marren(us ou –ius) Anencletus, sa femme Terentia Victoria et leur fille Marren(a ou –ia) Victoria 81. Le nom Marenius est mentionné dans le milieu celte 82, tandis que Marenus est rencontré en Italie du nord 83. On observe pourtant que le surnom du personnage masculin est grec ; il est difficile d’apprendre son 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83

ISM V, 297. ISM V, 299. Voir aussi Aparaschivei 2012a, 108. ISM V, 306. Baumann 2016, 236. ISM V, 308. La même opinion chez Matei-Popescu 2010, 223. Sur la cohors II Mattiacorum, K. Strobel (1984, 139) pense qu’elle a été active dans les guerres daciques sur cette partie du front (le nord-est de la Dobroudja et le Siret, où il y avait aussi des forteresses daces) ISM V, 296. Vulpe 1961, 382 ; Detschew 1976, 405. Voir la discussion chez Doruțiu-Boilă 1972, notes 32 et 33 ; Aparaschivei 2010, 205–206, note 411. Sanie et Dragomir (1970, 140) ne sont plus convaincus de l’origine dace du nom. Mihailescu-Bîrliba 2012a, 125–132 ; Mihailescu-Bîrliba 2012c, 159 sqq. Voir Kovács 2013, 143–144. ISM V, 301. ISM V, 302. Voir CIL III 5914. CIL V 6166.

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origine, mais les inscriptions en grec ne manquent pas à Barboși. Dans la nécropole, on a trouvé un sarcophage appartenant sans doute à un militaire (en jugeant selon les armes qui accompagnaient le squelette), avec une inscription grecque indiquant la date de fabrication 84. Une autre inscription grecque mentionne une pérégrine, Hélikonios, fils d’Olympianos 85. Cette population hellénophone a probablement été attirée ici par les activités commerciales avec les militaires, qui étaient des gens aisés, et probablement avec les centres de pouvoir daces de la vallée de la rivière Siret. Le commerce avec des objets provenant de l’Empire est attesté à Barboși 86 et à Poiana 87.

5. Conclusions La population dans les milieux ruraux de Noviodunum, d’Aegyssus et de Barboși est en connexion avec la présence militaire dans la région. À Noviodunum et à Barboși les inscriptions sont plus nombreuses et on peut distinguer une organisation dans un territorium des uici militares et des uici civils. Noviodunum a constitué le chef-lieu de la classis Flauia Moesica et devient municipe dans le dernier quart du IIe siècle. La population rurale est composée par des vétérans, certains d’entre eux recrutés dans la région. La présence plus puissante des légionnaires à Barboși fait que la population rurale, organisée dans un territorium, et également composée de vétérans, soit plus cosmopolite (à voir les familles originaires de l’Asie Mineure). En même temps, à Noviodunum et à Barboși on constate l’existence d’une communauté hellénophone, probablement arrivée des cités ouestpontiques pour des raisons commerciales ; leur activité est liée sans doute à la présence militaire dans la zone, et dans le cas de Barboși, à la possibilité de faire du commerce avec les centres de pouvoir daces de Siret. En ce qui concerne Aegyssus, la documentation épigraphique est plus faible, mais on constate l’existence d’un uicus habité par les vétérans et par les citoyens romains. La statio de la flotte a déterminé la présence des militaires. Certains des anciens soldats se sont établis dans le territoire rural et se sont achetés des propriétés à la campagne. Annexe 11.1. Les hellénophones attestés dans le milieu rural de Noviodunum Nom Aurelius Phoebus Antonius Fronto Démosthénès, fils de Philippos Alexandra Alexandros, fils d’Hérakléon P. Aelius Mithres

Source Barnea 1983, 95–97 ISM V, 272 (inscription en grec) ISM V, 272 ISM V, 280 ISM V, 280 Simion 2008, 259–261

Datation IIIe s. IIe s. IIe s. IIe s. IIe s. IIIe s.

84 ISM V, 300. 85 ISM V, 303. 86 Sanie 1973, 424 ; Sanie, Sanie 1992, 81–84 ; Croitoru 2011, 290, 311. Pour les objets en verre, voir surtout Boțan 2015, 142–151, 171–231. 87 Vulpe, Teodor 2003, 89, 92.

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Annexe 11.2. Les hellénophones dans le milieu rural de Barboși Nom L. Iulius Iulianus qui et Rundacio L. Iulius Saturninus L. Iulius Attalus Iunior Apollonius Helpis L. Maren(i)us Anencletus Maren(i)a Victoria Hélikonios, fils d’Olympianos

Source

Datation e

Observations e

ISM V, 296

fin du II s.–début du III

ISM V, 296 ISM V, 296 ISM V, 301 ISM V, 301 ISM V, 302 ISM V, 302 ISM V, 303

fin du IIe s.–début du IIIe fin du IIe s.–début du IIIe fin du IIe s.–début du IIIe fin du IIe s.–début du IIIe fin du IIe s.–début du IIIe fin du IIe s.–début du IIIe avant 212

Asie Mineure fils du précédent fils du précédent affranchi affranchie Marenius – nom celte fille du précédent -

Fig. 11.1. Grafitto portant le nom d’Aurelius Phoebus Crédit photographique : Ștefan Honcu

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Fig. 11.2. Épitaphe de Caesia Saturnina et de sa mère (milieu rural d’Aegyssus) Source : http://lupa.at/15204/photos/1

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XII. LA POPULATION DANS LE MILIEU RURAL DE TROESMIS 1. Introduction Je n’insisterai pas sur les recherches antérieures menées sur Troesmis, la bibliographie moderne est très riche. Il faut pourtant remarquer que les investigations ont eu surtout une facette épigraphique, tandis que les fouilles archéologiques ont été faites d’une manière peu systématique et sans résultats notables 1. Ces dernières années, les recherches non-intrusives menées par une équipe internationale ont éclairci quelques aspects concernant l’emplacement du camp et des canabae. Ainsi, les prospections magnetiques ont identifié la position du camp de la légion, sur la haute terrasse jusqu’au plateau qui descend vers le Danube. Les chercheurs ont identifié la fosse du camp, la porta decumana et deux portae principales. La largeur du camp a été probablement 357 mètres, tandis que la longueur est estimée à environ 450 mètres 2. L’agglomération civile située à côté du camp a été identifiée vers le nord-est de celui-ci. La surface de cette agglomération, probablement les canabae, ne peut pas être estimée avec précision. Vers le nord-ouest du camp, un autre établissement civil d’environ 11 hectares a été signalé par les prospections magnetiques 3. Enfin, le même type de prospections a mené à l’investigation d’une partie des nécropoles. La plupart des tomes et des tumuli se trouve à nord-est du second établissement civil 4. Sur le reste du territoire, les recherches archéologiques ont été réalisées d’une manière inconsistante. À Horia (20 km sud-est de Troesmis), on a fouillé une structure rurale de type uilla 5. Les inscriptions suggèrent qu’il y ait eu plusieurs uillae dans la zone. V. H. Baumann a trouvé quelques sculptures qui font preuve d’une certaine aisance des propriétaires 6. D’autres recherches ont identifié des structures villageoises à Greci 7, Turcoaia (une possible uilla) 8, Cerna 9, Hamcearca 10, Nifon 11, Izvoarele 12. Mon point d’intérêt est celui de la population et en ce sens, les informations épigraphiques sont les plus importantes. Au début de 1 Voir les dernières publications, y compris la bibliographie : Mihailescu-Bîrliba 2012a, passim ; Alexandrescu, Gugl 2014a, 50–57 ; Alexandrescu, C.-G., Gugl, C. 2014b, 289–306 ; Alexandrescu, Gugl 2015, 251–257 ; Alexandrescu, Gugl 2016, 9–21. 2 Alexandrescu, Kainrath, Grabherr 2016, 166–173. 3 Alexandrescu, Kainrath, Grabherr 2016, 174–178. 4 Alexandrescu, Kainrath, Grabherr 2016, 179–188. 5 Baumann 1972, 45–52 ; Baumann 1983, 97–123. 6 Baumann 1984, 207. 7 Ștefan 1971, 51. 8 Baumann 1983, 70. 9 Bărbulescu 2001, 88. 10 Bărbulescu 2001, 88. 11 Bărbulescu 2001, 88. 12 Baumann 1983, 70–71, 84.

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l’installation de la Ve légion Macedonica, deux unités administratives sont attestées, les canabae legionis et l’établissement civil ; on constate l’existence et la fonctionnalité de ces deux unités en même temps, ayant parfois des notables communs (comme c’est le cas de L. Licinius Clemens, quinquennalis canabensium et decurio Troemensium 13). Le territoire contrôlé par la légion est étendu au nord jusqu’à Arrubium, même si des vexillations se retrouvent à Noviodunum et à Barboși, et jusqu’à Capidava au sud 14. Après le transfert de la légion en Dacie, d’abord pour les guerres marcomanes, puis définitivement à Potaissa, l’établissement civil est devenu municipe, peu avant 177–180 (date de l’émergence de la constitution municipale) 15. Le territoire du municipe était assez large : Arrubium au nord, Capidava au sud, la vallée de Telița à nord-est et à l’est représentent les possibles limites de ce territoire. J’ai analysé, seul ou avec mes collègues, l’origine de la population de Troesmis, dans la mesure du possible, à plusieurs occasions 16. Je vais reprendre le dossier épigraphique, cette fois-ci seulement pour la population des canabae et du territoire rural ; si en ce qui concerne la population des canabae je me suis déjà penché sur la question, le reste du territoire rural (dans la phase pré-municipale puis pendant l’existence du municipe) a été moins étudié. Il ne faut pas oublier non plus la liste des soldats libérés en 134 17. Il est vrai qu’on ne sait pas combien d’entre eux sont restés dans la province et combien sont restés à la campagne. Toutefois, cette liste est utile à voir la diversité des recrutements en 108–109 et la mobilité des soldats au cours de cette période.

2. Le dossier épigraphique concernant la population des canabae et de l’établissement civil près des canabae J’ai décidé de regrouper le matériel épigraphique de ces deux entités administratives puisque dans certains cas, il est difficile de savoir d’où, de ces deux structures rurales, proviennent les inscriptions. L’existence de ces deux unités est confirmée par les sources. D’un côté, il s’agit de ueterani et ciues Romani consistentes ad canabas 18 et d’un autre côté, de ciues Romani Troesmi consistentes 19 et d’un ordo Troesmensium 20. Une inscription atteste le territorium 21 (probablement la structure rurale des canabae) tandis qu’un autre

13 14 15 16 17 18 19 20 21

ISM V, 158. Matei-Popescu 2010, 49. Eck 2013, 199–213 ; Eck 2014, 75–88 ; Eck 2015, 9–18 ; Eck 2016a, 565–606 ; Eck 2016b, 33–46. Mihailescu-Bîrliba 2015g, 141–146 ; Mihailescu-Bîrliba 2016, 71–77 ; Mihailescu-Bîrliba, Piftor 2005, 331–337 ; Mihailescu-Bîrliba, Piftor 2005-2006, 209–216 ; Mihailescu-Bîrliba, Piftor 2017, 127–138 ; Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2012a, passim ; Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2015, 465–469. ISM V, 137. ISM V, 134–135, 141, 154, 155. ISM V, 157. ISM V, 143–145. ISM V, 135.

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texte mentionne en même temps les deux structures (quinquennalis canabensiumet decurio Troemensium) 22. Je vais commencer par les canabae de la Ve légion Macedonica, avec les textes sur lesquels il est sûr qu’ils sont originaires de cette entité administrative. Le dossier ne sera pas repris en détail car je l’ai déjà fait avec ma collègue I. Dumitrache 23. Ce qui m’intéresse ici, c’est de revoir l’origine de la population, bien évidemment, dans la mesure du possible. Commençons par les élites locales car ses représentants sont ceux qui sont le plus évoqués dans les inscriptions. Le plus ancien texte sur l’organisation de canabae date du temps d’Hadrien et atteste deux magistri (C. Valerius Pudens et M. Ulpius Leontius) et un édile (Tuccius Aelianus) 24 (Fig. 12.1). On remarque aussi que Valerius Pudens est un vétéran. J’ai montré pourquoi il ne peut pas être identifié avec un centurion homonyme qui est l’héritier d’un autre centurio originaire de Savaria 25. M. Ulpius Leontius est le représentant des citoyens résidant à Troesmis : il a eu son droit de cité sous Trajan. Sur Tuccius Aelianus, j’ai constaté que son nom est répandu dans le Latium, le Samnium, le Picenum, en Campanie, à Rome et en Afrique 26. Les nombreuses occurrences d’Italie me font penser à une origine italienne. S’il n’est pas vétéran, on peut le considérer comme l’un des citoyens romains qui ont accompagné la légion ou tout simplement un citoyen apparenté à l’un des vétérans de la légion. Un autre texte, datant de 151 à 154, atteste T. Flavius Alexander, quinquennalis canabensium, qui voue un autel à Jupiter Très Bon et Très Grand, avec sa femme et ses cinq enfants 27. Le vœu est accompli ob honorem quinquennalitatis ; à cette occasion, le nouveau élu offre 250 deniers afin que la somme soit donnée pour le bien public. Le quinquennalis est un ancien soldat, originaire d’Ancyre. Je n’insisterai pas sur le fait qu’il n’est pas le seul Ancyréen à Troesmis 28. L’élite des canabae est formée surtout par des vétérans. Les Ancyréens ont été recrutés dans la legio V Macedonica soit pendant les guerres parthiques de Trajan, lorsque les détachements de la légion ont également stationné à Ancyre 29, soit pendant la guerre d’Hadrien contre Bar-Kochba, lorsque, dans les vexillations de cette legio, ont eu lieu des recrutements en Asie Mineure 30. En ce qui concerne Flavius Alexander, son recrutement a eu lieu au plus tard en 129 mais je pense qu’il est plus probable qu’il ait été recruté pendant les guerres parthiques de Trajan et libéré en 134–138. Du temps d’Antonin le Pieux, date une inscription qui mentionne deux magistri, tous les deux vétérans (P. Valerius Clemens et L. Cominius Valens) et un édile (L. Valerius 22 23 24 25 26 27 28 29 30

ISM V, 158. Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2012a, 102–123. ISM V, 154. ISM V, 280. Voir Matei-Popescu 2010a, 61 ; Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2012a, 103. CIL VI 240, 555, 682, 1911, 4404 ; VIII 1331, 4094, 4098–4099 ; IX 4968, 5673 ; X 3776, 6400 ; XIV 250–251, 256, 426–428, 1686–1687, 4569 ; AE 2002, 295 etc. Voir aussi Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2012a, 103. ISM V, 155. Voir aussi Mihailescu-Bîrliba, Piftor 2005, 331–337 ; Mihailescu-Bîrliba, Piftor 2005-2006, 209–216 ; Mihailescu-Bîrliba, Piftor 2017, 127–138. IGRR III 173 ; AE 1939, 132. Voir aussi Mihailescu-Bîrliba 2012c, 163. AE 1926, 146. Voir aussi Mihailescu-Bîrliba 2012c, 164.

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Crispus) 31. L’attestation des maires et d’un aedil, même si le nom de la structure administrative n’est pas évoqué, me fait penser, si l’on prend en compte le texte antérieur datant du règne d’Hadrien, à la communauté des canabae. Comme les Valerii sont très nombreux parmi les militaires et surtout en Mésie Inférieure 32, il est difficile d’attribuer une origine pour le magister. Cominius Valens fait partie d’une gens rencontrée surtout en Italie 33 et je suppose qu’il est originaire de la Péninsule italienne. Toujours sous Antonin (159–160), date le texte qui atteste en même temps les deux unités administratives. L. Licinius Clemens est quinquennalis des canabae et decurio Troesmensium 34. Les ciues Romani consistentes dans les canabae sont mentionnés dans un autre texte datant du temps d’Antonin le Pieux 35 (Fig. 12.2). Il voue une inscription à Jupiter avec sa famille (sa femme, sa fille et ses petits-fils). En l’honneur de sa charge, il offre la même somme que Flavius Alexander, 250 deniers, pour la curie locale. Licinius Clemens est aussi un ancien soldat originaire de Nicopolis. Même si le premier éditeur du texte pense qu’il s’agit de Nicopolis en Judée 36, mon avis est qu’il faut plutôt parler de Nicopolis ad Istrum. D’abord, le premier argument serait la proximité et il n’est donc pas nécessaire d’ajouter dans le texte à quelle Nicopolis on fait référence. Puis, il ne faut pas exclure un lien entre les Licinii et les Octavii de la Ve légon Macedonica. Trois petits-fils de Licinius Clemens s’appellent Octavii, donc l’un de ses gendres a été un Octavius. Une relation de parenté entre notre vétéran et Octavius Domitius de Nicomédie, qui a servi dans la même légion 37, ne peut pas être exclue 38. Il semble que le vétéran a été recruté aux environs de 125 ; comme je l’ai discuté à d’autres occasions, il semble que les recrutements locaux ont commencé en Mésie Inférieure dès la première moitié du IIe siècle 39. Un texte datant de 163 atteste les magistri du territorium, C. Plancius [---] et M. Insteius [---], qui font ériger un temple depuis les fondements, pour les vétérans et les citoyens résidant dans les canabae. 40. Il s’agit du territoire rural qui était sous l’autorité de la légion. Il faut également remarquer que C. Plancius est toujours originaire d’Ancyre. L’inscription est fragmentaire et on ne connaît ni le surnom, ni aucune autre donnée sur Plancius. Je pense pourtant qu’il est un ancien soldat, si l’on prend en compte les recrutements massifs de Galatie et d’Ancyre dans cette légion 41. Son recrutement a eu lieu pendant la guerre de Bar-Kochba, au regard de la date de l’inscription et de la participation des vexillations de

31 ISM V, 156. 32 Dana 2011, 56–57. 33 CIL IV 2155, 2457, 8565b ; V 1173–1175 ; 1848, 2310, 3440, 3554, 7757–7758 ; VI 2375, 2379 ; IX 1070, 1206, 2325, 2336 ; X 726, 1403, 2319, 2321, 7917 ; XI 757, 1083, 4852, 5041 etc. Voir aussi Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2012a, 104. 34 ISM V, 158. 35 ISM V, 141. 36 Vulpe 1953, 562–568. 37 AE 1935, 70 ; Conrad 2004, 211–212. 38 Voir surtout Mihailescu-Bîrliba 2016, 73. 39 Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2012a, 60 ; Mihailescu-Bîrliba 2013, 186–88 ; Mihailescu-Bîrliba 2016, 76. 40 ISM V, 135. 41 Voir Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2012a, 43–44.

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cette légion à la guerre 42. En ce qui concerne M. Insteius [---], les détails manquent complètement. Enfin, pour l’élite du uicus situé auprès des canabae, un texte datant du règne d’Antonin nous informe sur Geminius Aquilinus, et sur un anonyme, magistri représentant les ciues Romani Troesmi consistentes 43. En Mésie Inférieure, un Geminius Herculanus est attesté à Lazen (Bulgarie) 44, tandis que Geminius Herodianus, originaire de Samaria, est mentionné à Karagac (Bulgarie) 45. Un autre Geminius, dont le surnom est Severus, apparaît dans une liste de militaires dans le territoire de Montana en tant qu’euocatus 46. Comme les Geminii sont souvent attestés en Italie 47, il est toutefois difficile d’apprendre d’où vient Geminius Aquilinus. Ce sont les seules informations sur l’élite des communautés rurales des canabae et du uicus situé à côté des canabae, deux unités administratives pour lesquelles on peut encore faire la différence. Les textes que je présenterai ci-dessous proviennent toujours de ces deux entités, mais il est difficile d’établir d’où exactement. La mention des vétérans peut constituer un indicateur pour les canabae, mais cela n’est pas sûr, lorsqu’on se rend compte que les anciens militaires pouvaient s’installer dans des villages qui n’avaient rien à faire avec les canabae. Commençons alors avec les vétérans. Le cas de T. Valerius Marcianus, qui rentre chez lui peu après 170, au retour des guerres marcomanes de Dacie 48, a été déjà discuté (Fig. 12.3). Le nom de la femme (Marcia Basilissa) lie ce texte avec un autre qui évoque deux frères, T. Flavius Valens et T. Flavius Alexander (originaires d’Amastris, en Bithynie) 49 (Fig. 12.4). Marcia Basilissa apparaît dans les inscriptions comme femme de T. Valerius Marcianus et T. Flavius Alexander. Je suis enclin à considérer que Flavius Alexander avait en effet épousé Marcia Basilissa, mais lorsqu’il a dû partir d’Amastris en Mésie Inférieure avec la légion, la sœur de son épouse, qui vivait à proximité et portait le même nom, a finalement épousé T. Valerius Marcianus 50. Pour notre démarche actuelle, il faut constater que, dans le cas de Valerius Marcianus, né dans le camp, revient ad lares suos (c’est-à-dire probablement dans les canabae) après avoir fini son service 51. Dans le même temps, deux frères originaires d’Amastris, recrutés lorsque la légion se trouvait en Orient pendant la guerre de Bar-Kochba, se sont aussi installés à Troesmis après avoir fini leur service. Cela est important que les textes montrent qu’au moins une partie de leurs familles les ont suivis. On dispose ainsi d’un tableau des canabae avec les anciens soldats et les membres de leurs familles. Un autre cas est celui de Iulius Ponticus, militaire actif, toujours originaire d’Amastris, enterré par ses frères : deux d’entre eux ne sont pas militaires, l’un est 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51

Matei-Popescu 2010a, 52. ISM V, 157. CIL III 6150. ILB 447. CIL III 14409-1. CIL V 5863, 5972, 6016–6018 ; VI 760, 904, 2958, 7911 ; IX 508, 1156, 5548 ; X 596, 6036, 6482. Voir aussi Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 103–104. ISM V, 160. ISM V, 184. Voir Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2012a, 31–34 ; Mihailescu-Bîrliba 2012c, 165–166. Voir aussi Mihailescu-Bîrliba 2016, 74.

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vétéran 52. Nous avons encore d’autres exemples de vétérans ou de militaires avec leurs familles originaires de Pont et de Bithynie. Ainsi, encore d’Amastris semble être originaire un personnage, P. Aelius F[---], de la tribu Teretina 53, la même tribu que celle de T. Flavius Alexander, mentionné ci-dessus 54. L’inscription est trop fragmentaire pour en apprendre davantage, mais je suis sûr que notre personnage a eu affaire au milieu militaire. Un autre vétéran, qui s’est installé à Troesmis où il est décédé et a été commémoré par ses enfants, est Valerius Firmus, originaire de Nicée 55. E. Doruțiu-Boilă a pensé qu’il aurait pu être un ancien custos armorum, mais C.-G. Alexandrescu (avec une photographie plus récente) croit qu’il s’agit d’un ex [i]m(mune) 56; pourtant, un ex [i]m(aginifero) n’est pas exclu 57. En continuant avec les vétérans établis dans les campagnes de Troesmis, il faut mentionner P. Aelius Abi[---], qui fait ériger un monument funéraire pour lui-même et pour sa femme 58. Le texte fragmentaire laisse ouvertes plusieurs possibilités de restitution de son surnom 59. Une autre famille venue de l’Orient est celle des Antistii. C. Antistius Valens est originaire d’Ancyre 60. Il est commémoré par son fils et par sa femme. Dans une autre inscription, le fils, Antistius Zoticus, est évoqué dans une épitaphe par sa mère et par sa femme, qui semble être son affranchie 61. Par conséquent, Antistius Valens a été recruté lorsque les unités de la légion se trouvaient à Ancyre, pendant les guerres parthiques de Trajan. Il est arrivé en Mésie Inférieure avec sa famille (sa femme et son fils). Après avoir fini son service, il est resté à Troesmis, probablement dans les canabae. Son fils s’est marié à Troesmis et le fait que ce soit sa mère qui lui fasse ériger le monument funéraire montre que toute la famille a décidé d’habiter dans le milieu rural de Troesmis 62. Cependant, il faut aussi observer que, dans la liste des soldats libérés du service en 134, se trouve aussi un Antistius, dont le surnom est Vetus 63. Je pense qu’un lien de parenté doit exister entre Antistius Valens et Antistius Vetus. La liste des Antistii ne s’arrête pas ici. Les descendants de ces premiers Antistii arrivés en Mésie Inférieure remplissent des charges dans le municipe donc après que l’établissement civil situé près des canabae ait obtenu ce rang. M. Antistius Rufus est pontifex, tandis que son frère, M. Antistius Domitius, est édile et questeur dans le municipe 64. Les deux font ériger une inscription honorifique pour un duumuir quinquennalis du municipe, M. Ulpius Marcianus, ancien singularis dans l’office du gouverneur et vétéran de l’ala I Dardanorum, stationnée à Arrubium (Măcin, Roumanie, ville située à 15 km nord de Troesmis) 65. L’habitat d’Arrubium qui se trouvait à côté du camp de l’aile faisait partie du territoire de Troesmis. À cette aile appartenait aussi 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65

ISM V, 186. ISM V, 171. ISM V, 150. ISM V, 196. Alexandrescu 2016, 60. Alexandrescu (2016, 60) prend en compte cette possibilité. ISM V, 172. Voir Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2012a, 122. ISM V, 174. ISM V, 175. Voir aussi Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2012a, 42–43. ISM V, 137. ISM V, 148. Voir Matei-Popescu 2010, 170.

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M. Antistius Caecina, cavalier, certainement apparenté avec les deux Antistii ci-dessus mentionnés ; un texte de Cerna (Roumanie, 10 km au sud de Troesmis) l’évoque : l’aile porte le nom Antoniniana, datant ce texte au temps de Caracalla 66. M. Ulpius Marcianus, qui avait servi dans la même aile, est probablement plus vieux, étant mentionné en tant que vétéran et duumuir. Par conséquent, M. Antistius Caecina est plus jeune que M. Antistius Rufus et M. Antistius Domitius, mais, très probablement, ils font partie de la même branche de la gens. On voit donc cette famille au cours des générations : d’abord, les soldats Antistius Vetus et C. Antistius Valens. Au moins Valens a habité les canabae de Troesmis, avec sa famille ainsi que son fils Antistius Zoticus, qui a vécu 36 ans. Dans la phase municipale, la famille semble être assez aisée, car deux Antistii font partie de l’élite locale : M. Antistius Rufus est pontifex, M. Antistius Domistius, aedil et quaestor. Au début du IIIe sècle, donc cent ans après l’arrivée des premiers Antistii en Mésie Inférieure, un autre Antistius, M. Antistius Caecina, est soldat dans une aile stationnée non loin de Troesmis. Un autre vétéran installé et décédé à Troesmis, probablement dans les canabae, est T. Claudius Priscus, originaire d’Emèse en Syrie, ancien custos armorum 67. Comme l’inscription est antérieure au départ de la légion en Dacie, sans pouvoir préciser plus exactement la période, on peut supposer que son recrutement a eu lieu pendant les guerres parthiques de Trajan ou bien pendant l’expédition d’Hadrien en Judée 68. En tout cas, il reste à Troesmis après son service et vit encore deux ans. Apparemment, l’ancien militaire est décédé sans enfants car ce sont ses compagnons et en même temps héritiers qui lui font ériger l’épitaphe. T. Claudius Priscus n’est pas le seul militaire originaire de Syrie qui soit présent à Troesmis. Un autre militaire, centurion dans sept légions, est mort encore actif à 56 ans 69. Il est enterré par un héritier dont le nom n’est pas attesté, mais qui ne semble pas être un enfant ou un parent. C. Iulius Saturninus est un ancien optio qui a décidé de rester dans le milieu rural de Troesmis, sans remplir une charge dans la vie publique 70. Il a son domicile à Oescus, le premier lieu de stationnement de la Ve légion Macedonica. À propos des Caii Iulii présents dans l’armée de Mésie Inférieure, j’ai déjà abordé la question à d’autres occasions 71. Il faut noter qu’un C. Iulius Celer, vétéran de la legio V Macedonica, est évoqué à Oescus avec sa femme Iulia Tyche, probablement son affranchie 72. Il est sûr que C. Iulius Celer est plus vieux que C. Iulius Saturninus, mais il n’est pas exclu qu’ils appartiennent à la même gens. Un autre C. Iulius, dont le surnom est Longinus, est attesté en tant que vétéran de la même légion à Oescus. Il est originaire d’Héraclée. La tribu Menenia à laquelle il appartient, est mentionnée à Héraclée Lynkestis (Macédoine), mais pour des personnes originaires de Vicetia 73. Notre C. Iulius Saturninus est originaire d’Oescus, mais une liaison avec cette branche de la gens, y compris avec C. Iulius Longinus, n’est pas exclue. Revenant à C. Iulius Saturninus, on remarque que le nom de sa femme est Scribonia Melitine. Un P. 66 67 68 69 70 71 72 73

ISM V, 218. ISM V, 178. Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2012a, 45–46. Voir aussi ISM V, 178, sub numero. ISM V, 79. ISM V, 188. Mihailescu-Bîrliba 2011b, 469–473 ; Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2012a, 54–55. ILB 56. ILJug I, 43 ; II, 539.

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Scribonius Varus, originaire d’Éphèse, est mentionné à Oescus en tant que vétéran de la Ve légion Macedonica 74. Scribonia Melitine, en tenant compte de son surnom grec, peut appartenir à la famille de Scribonii établis à Oescus 75. Un autre C. Iulius Saturninus est évoqué toujours à Troesmis, en tant que notable du municipe (questeur, édile, duumuir) 76. Comme il s’agit d’une épitaphe, il est clair qu’il ne peut pas être identifié avec le C. Iulius Saturninus du texte précédent, attesté lui-aussi dans une inscription funéraire. Mais une relation de parenté est fort probable. Ainsi, l’ancien soldat a commencé son service probablement à Oescus, puis il l’a continué à Troesmis, où il s’est établi. Il a épousé Scribonia Melitine, la fille d’un vétéran de la même légion, qui avait ses racines à Éphèse. Son fils ou son petit-fils porte les mêmes noms que C. Iulius Saturninus et devient plus tard notable du nouveau municipe. L’aisance d’une famille de vétérans lui a permis d’avoir les ressources financières pour pouvoir remplir ces charges. D’Oescus provient probablement un autre vétéran, dont le nom n’est pas conservé sur la pierre ; il est commémoré par sa femme Restituta 77. Je reviendrai sur le sujet des personnes originaires d’Oescus lorsque je parlerai des autres citoyens (qui ne sont pas des soldats ou des vétérans) établis dans les canabae ou dans l’autre habitat civil près de Troesmis. Tib. Vitales a été bénéficiaire et ancien militaire de la Ve légion Macedonica 78. Il détient la charge de sacerdos prouiniciae, mais il a certainement eu une propriété à la campagne, où il a été enterré. Hormis les vétérans, il faut rappeler les militaires actifs qui sont morts à Troesmis. Leurs familles habitaient les canabae et elles sont restées ici même après le décès de leurs parents. Nous avons déjà évoqué Ti. Claudius Ulpianus, qui venait de Laodicée de Syrie, après avoir servi comme centurion dans sept légions, qui est commémoré par un héritier qui n’est pas un parent 79 (Fig. 12.5). L. Antonius Felix, originaire de Carthage, est lui-aussi centurion, mort à 59 ans, après avoir servi en tant que centurio dans trois légions. Il est venu à Troesmis, probablement après le départ de la Ve légion Macedonica en Dacie car il est mentionné à Troesmis comme centurion de la Ière légion Italica 80 (Fig. 12.6), mais sa famille a habité les canabae. Sa femme s’appelle Didia Marcellina, ses enfants Antonia Marcellina et Antonius Didianus. Ils semblent être restés dans les canabae. Les Didii sont attestés en Afrique proconsulaire 81 donc il est fort probable que la femme soit originaire de la même province que son mari. Un autre soldat commémoré par ses parents est Valerius Valens, décédé pendant l’expédition de Lucius Verus contre les Parthes 82. Des détachements de la légion ont participé à cette guerre 83 (Fig. 12.7). Il est Thrace d’origine, son père est citoyen, mais il porte un surnom qui trahit son origine thrace (Iulius Dizzace). D. Dana remarque que 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83

ILB 58. Voir aussi Mihailescu-Bîrliba 2009c, 386. ISM V, 149, 187. ISM V, 203. Voir aussi Mihailescu-Bîrliba 2009 c, 386–387. ISM V, 194. ISM V, 179. ISM V, 176. CIL VIII 4707, 4966, 5051, 5406 17566 ; ILAlg I, 205, 1530, 1813 ; AE 1927, 28. ISM V, 195. Voir aussi Mihailescu-Bîrliba 2012c, 167–168. Matei-Popescu 2010, 52.

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Valerius Valens sont des noms souvent utilisés par les Thraces en tant que militaires après avoir acquis leur droit de cité 84. Valerius Valens a été recruté dans la légion probablement de la région 85. Un militaire de la legio V Macedonica, C. Publicius Niger, fait ériger une épitaphe à sa femme et affranchie, Publicia Cyrilla, de Bithynie 86. La femme habitait certainement les canabae de la légion. Il n’est pas exclu que le militaire soit originaire de la même province 87. Son recrutement a eu lieu probablement pendant la guerre de Judée sous Hadrien, comme les autres sources le suggèrent 88. Un certain Petronius, centurion d’au moins quatre légions (car l’inscription où il est mentionné est fragmentaire) est commémoré par sa fille 89. La dernière légion où il a servi est la legio V Macedonica, ce qui date le texte d’avant le départ de l’unité militaire en Dacie. C’est encore une preuve que la famille accompagnait le soldat dans la province où il était actif. Après la mort du centurion, la famille est probablement restée dans le milieu rural de Troesmis. Une autre épitaphe a été érigée pour un soldat dont le nom n’est pas conservé sur la pierre, mais selon toutes les probabilités, la famille a habité les canabae de la légion 90. Il reste encore à mentionner les autres civils qui ont habité les canabae ou l’établissement civil situé à côté. Les inscriptions ne fournissent aucun indice là-dessus, mais il faut noter que ces personnes ont habité la campagne de Troesmis. Une famille originaire d’Oescus est attestée dans un texte provenant de cette campagne 91. Cette fois-ci, Aulus Antonius Valens n’est pas un militaire, mais il n’est pas exclu qu’il soit un descendant d’un ancien soldat de la Ve légion Macedonica 92. C’est son affranchie qui lui fait ériger l’épitaphe. Les affranchis sont assez bien représentés à Troesmis. Ils sont probablement les anciens esclaves des militaires, même si une opinion tranchée là-dessus ne peut pas être affirmée. Ainsi, une inscription évoque L. Iuventius Marcellus, mort à 60 ans 93. Rascania Phoebe et T. Rascanius Eutychus sont les affranchis et héritiers de T. Rascanius Fortunatus, originaire de la cité de Faventia (Italie, Regio VII) 94. Rascanius Fortunatus est mentionné comme médecin. Je pense que, même s’il ne précise pas s’il est civil ou militaire, Fortunatus était attaché à la légion, autrement son déplacement en Mésie Inférieure ne s’expliquerait pas 95. Une fille, Claudia Hédistè, est commémorée par

84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95

Dana 2011, 56–57. Voir aussi Mihailescu-Bîrliba 2016, 73–74. ISM V, 192. Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2012a, 36. Matei-Popescu 2010, 52 ; Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2012a, 40–41. ISM V, 202. ISM V, 204. ISM V, 177. Voir aussi Mihailescu-Bîrliba 2009c, 385. ISM V, 191. ISM V, 193. Voir aussi Aparschivei 2012b, 69–71 ; Aparaschivei 2012c, 114, 122. Même s’il est tenté de le considérer comme civil, Aparaschivei n’exclut pas la possibilité que Rascanius Fortunatus soit un médecin militaire.

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sa mère, Claudia Aglais 96. Si la fille porte le gentilice du père, alors la mère doit être la liberta de son mari, hypothèse renforcée par son surnom 97. Une épitaphe mentionne Iulia Urbica, fille du centurion G. Iulius Antoninus 98. La pierre funéraire est érigée par l’affranchi du centurion, G. Iulius Theseus. Le militaire est mentionné comme centurio legionis XII Fulminatae. Il est arrivé à Troesmis en tant que centurion de la Ve légion Macedonica, puis a été avancé ou transféré dans la XIIe légion Fulminata, stationné en Cappadoce 99. L’épitaphe de sa fille montre que la famille est restée, au moins pour une période, dans les canabae de Troesmis. Il s’agit non seulement de parents, mais aussi des esclaves et des affranchis. D’autres textes attestent des personnes civiles qui ont habité une de ces communautés villageoises rappelées ci-dessus. Les inscriptions attestent surtout des citoyens romains, comme M. Ulpius Polycarpus 100, P. Anthi[---] 101, Claudia [---], Claudia Iuliana et Domitia Matrona 102, Iulius Marinus et Iulia Hermaidis 103, Iulia No[---] 104, un anonyme originaire de Planina (Italie, Regio V) 105, Claudius Auctus et son fils 106, mais aussi des pérégrins, comme Zoticus 107. Certains des citoyens ont soit une naissance non-libre, ou bien une origine hellénophone (M. Ulpius Polycarpus, Iulius Marinus et Iulia Hermaidis peuvent être des exemples dans les deux sens). Les textes sont laconiques en ce qui les concerne. Ils sont probablement venus avec les militaires (car la plupart d’eux sont des citoyens). Un texte récemment publié a mis en évidence une situation spéciale. Un tribun de la légion, Terentius Iunior, a fait ériger l’inscription funéraire de son esclave Euticus 108 (Fig. 12.8). L’inscription date de la période juste après l’installation de la légion à Troesmis, et Terentius Iunior figure certainement parmi les premiers tribuns de la legio V Macedonica, pendant la période au cours de laquelle elle est restée dans ce camp. J’ai remarqué qu’il fait partie de la branche des Terentii Iuniores qui ont donné un procurateur de la Narbonnaise et un consul suffectus en 146 109. La partie iconographique de l’inscription suggère aussi la profession de l’esclave (qui s’occupait de l’hygiène personnelle du maître) et, pourquoi pas, une liaison plus intime entre le maître et son esclave 110. Le problème qui se pose est de savoir si l’esclave a habité les canabae. Je suis enclin à répondre non, en raison de son métier et de sa possible relation avec son maître. Le cas de 96 97 98 99 100 101 102 103 104 105 106 107 108 109

ISM V, 181. Voir aussi Mihailescu-Bîrliba 2015g, 143. ISM V, 189 Ritterling 1925, 1707. ISM V, 161. ISM V, 173. ISM V, 182. ISM V, 190. ISM V, 195. ISM V, 198. ISM V, 199. ISM V, 169. Mihailescu-Bîrliba 2015h, 109–112. Mihailescu-Bîrliba 2015 h, 110–111. Pour les Terentii Iuniores, voir aussi Pflaum 1960, 163–164 ; Alföldy 1977, 151, 300 ; Devijver 1977, 779. 110 Pour ce type de relations, voir aussi Cantarella 2002, 103–105 ; Parker 2007, 281 ; Williams 2010, 36–38.

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G. Iulius Antoninus, de sa fille et de son affranchi, évoqué ci-dessus 111, montre que dans certains cas, les esclaves et les affranchis restaient auprès des membres de la famille des militaires.

3. La population dans le reste du territoire rural de Troesmis On ne connaît pas les noms des uici qui se trouvent dans le territoire de Troesmis, mais on peut supposer les limites de ce territoire. À Arrubium, il y avait le camp de l’ala I Dardanorum 112. Le uicus militaire qui se trouvait à côté du camp se trouvait sans doute dans le territoire de Troesmis. Pourtant, les briques contenant l’estampille de la Ve légion Macedonica montrent que la légion contrôlait aussi la zone. Un texte mentionne Flavius Reginus, duumuir du municipe de Troesmis 113. C’est le même Flavius Reginus qui voue une inscription à Jupiter Dolichenus à Niculițel 114. L’inscription date certainement de la fin du IIe siècle ou du début du IIIe. Il est difficile, au vu de son gentilice, de dire avec lesquels des Flavii de Troesmis il est apparenté. Il peut appartenir à une branche des Flavii descendant des soldats, comme T. Flavius Alexander 115 et les frères T. Flavius Valens et T. Flavius Alexander 116. La descendance des soldats chez les notables locaux est confirmée par les exemple des Antistii 117. C. Egnatius Valens est un autre ancien soldat qui devient decurio du municipium 118 ; il est probablement parent d’un miles libéré en 134, dont le nom est aussi Egnatius Valens 119. Le décurion est originaire d’Ancyre, comme les Antistii. Il a été recruté probablement pendant la guerre contre BarKochba et a terminé son service environ 160. Egnatius Valens fait partie des premières générations de notables du nouveau municipium. En ce qui concerne Flavius Reginus, sa présence à Arrubium, où il voue un autel à Iulia Domna nommée mère des camps, est liée à une visite des troupes stationnées ici. D’un autre côté, il n’est pas exclu que son aisance lui permettait d’avoir une propriété aux environs d’Arrubium qui n’était pas loin de Troesmis. En ce qui concerne M. Antistius Caecina, cavalier de l’a la Dardanorum Antoniniana (donc sous Caracalla) 120, je l’ai déjà évoqué comme descendant de la famille d’Antistii. Sa présence à Cerna, où il voue un autel à Liber Pater est liée, fort probablement, à une propriété qu’il a eue dans la région. Toujours, dans la région, un prêtre de Jupiter Dolichenus voue une inscription au dieu 121. Son nom, Aurelius Marinus, trahit son origine orientale. Il faut aussi rappeler qu’un prêtre portant le même surnom (Antonius Marinus)

111 112 113 114 115 116 117 118 119 120 121

ISM V, 189 ISM V, 251, 253. Voir aussi Aricescu 1977, 51 ; Matei-Popescu 2010, 170. ISM V, 252. ISM V, 249. ISM V, 155. ISM V, 184. ISM V, 148. Voir aussi Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2012a, 124. ISM V, 183. Voir aussi Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2012a, 125. ISM V, 137. ISM V, 218. ISM V, 219.

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voue un autel à Dolichenus, à Tropaeum Traiani 122. Un autre sacerdos du même dieu, Aelius Marinus, apparaît dans un texte de Sacidava 123. Comment est-il présent dans le territoire de Troesmis ? Il faut d’abord remarquer que le texte date du règne de Sévère Alexandre, une période où Troesmis était déjà depuis longtemps municipe et où la population s’était diversifiée à côté des descendants des vétérans. Le développement de la cité a certainement attiré plusieurs commerçants d’ailleurs. On ne connaît pas les racines sociales d’Aurelius Marinus, mais c’est un civil qui a probablement eu son droit de cité sous Caracalla et qui avait des affaires privées dans la zone. Dans le milieu rural, il y avait probablement de petits sanctuaires pour des divinités comme Jupiter Dolichenus (par exemple, celui de Valea Teilor 124) ou pour Mithra. À Mircea Vodă (la même commune de Cerna, Roumanie), un centurion de la Ve légion Macedonica fait élever un autel pour Mithra 125. Il est possible que la famille du centurion ait habité le village près du sanctuaire mithriaque. Dans la commune d’Horia (dép. de Tulcea, Roumanie, située à environ 20 km sud-est de Troesmis), les recherches archéologiques ont mis au jour une structure rurale de type uilla 126, mais les inscriptions montrent qu’il est possible qu’il y ait eu plusieurs uillae dans la zone. En plus, des pièces sculpturales provenant d’Horia attestent une certaine prospérité des propriétaires 127. V. H. Baumann pense, selon les analogies rencontrées au sud d’Italie, qu’à Horia on peut parler des éléments italiens 128 ; à voir le texte que je présenterai, il a peut-être raison. Une inscription d’Horia atteste un centurion, frumentarius de la Ve légion Macedonica, qui voue une inscription à Asklépios et à Hygie 129. Le militaire s’appelle Annaues Pulcher. Le nom Annaeus a des occurrences surtout à Rome et en Italie 130 et il n’est pas exclu que notre centurion soit originaire de la péninsule italienne, dont plusieurs militaires étaient originaires au début du stationnement de la légion à Troesmis 131. Les frumentarii agissaient comme agents de police, espions, étant également employés dans l’office du gouverneur 132. La plaque votive érigée par Annaeus Pulcher indique qu’il est possible qu’à Horia se trouvait une statio de l’armée, mais aussi que les officiers avaient des propriétés à la campagne. D’ailleurs, les briques portant les estampilles de la legio V Macedonica 133 et de la classis Flauia Moesica 134 renforcent l’hypothèse que des soldats détachés de ces unités militaires se trouvaient dans le village actuel d’Horia.

122 123 124 125 126 127 128 129 130 131 132 133 134

ISM IV, 43. ISM IV, 173. ISM V, 245. ISM V, 221. Baumann 1972, 45–52 ; Baumann 1983, 97–123. Baumann 1984, 207. Baumann 2002, 141–152. ISM V, 239. CIL VI, 1060, 1220, 1343, 2375, 3564, 10105, 10299, 11671, 11674–11676, 11686, 28195 ; IX 338, 422, 4234–4235 ; X 5601, 8216 etc. Voir Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2015, 465–469. Mann 1988, 149–150 ; Rankov 1990, 176–182 ; Rankov 2006, 19–140 ; Rankov 2007, 1169–1172 ; Sheldon 2005, 251 sqq. Pour la Dacie, voir Cupcea 2009, 305–314 ; Cupcea 2014, 41, 48, 100. ISM V, 240. ISM V, 241.

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Un autel mithriaque a été découvert dans l’actuel village de Nalbant (Roumanie). Le dédicant est un pérégrin et porte un nom grec (Nicephorus) ; il voue l’inscription pour le salut d’un autre pérégrin (Geminus) 135 (Fig. 12.9). Même si les pérégrins ne sont pas actifs du point de vue épigraphique dans le territoire de Troesmis, cela ne veut pas dire qu’ils n’existaient pas. Ils étaient installés, comme on le voit ici, dans de petites communautés villageoises. Ils provenaient du milieu hellénophone originaire probablement des cités ouest-pontiques ou du milieu indigène qui était engagé dans le processus de « romanisation » de leurs noms. J’ai déjà rappelé une inscription de Valea Teilor attestant le culte de Jupiter Dolichenus. La plaque est vouée par les prêtres de ce culte, Luginus, fils de Dometius, Aquila Barsemon et Flavius Damas 136. Même si l’on est pendant le règne de Sévère Alexandre, deux d’entre eux portent des noms de facture pérégrine. En tout cas, leur onomastique révèle des origines orientales. Le texte mentionne la construction d’un temple pour Jupiter Dolichenus. Par conséquent, on ne sait pas s’il y avait seulement un sanctuaire ou un village. Pourtant, le culte de cette divinité est rencontré aussi à Cerna, comme on l’a vu 137, et le dédicant a lui aussi une origine orientale. Je pense qu’il s’agit d’une communauté d’Orientaux, adorateurs de Jupiter Dolichenus, qui font des sanctuaires et des monuments pour le dieu à la campagne. On peut supposer qu’ils sont venus, attirés par les possibilités économiques du municipe de Troesmis. Leur aisance (prouvée par le marbre comme matériel de construction, par les statues faites pour le dieu et, last but not least, par le temple érigé à leurs frais) leur permet d’avoir une résidence, sinon permanente, au moins temporaire, à la campagne. Toujours dans le territoire de Troesmis, à Nifon (département de Tulcea, Roumanie) se trouvait une statio de beneficiarii. Il y a trois monuments votifs pour Diane. Deux de ces monuments ont conservé les noms et le statut des dédicants : Q. Valerius Atinianus (166– 172, selon le nom du gouverneur) 138 et Flavius Antonius Romanus (218), 139 tous les deux beneficiarii consularis. Le troisième voeu pour Diane, datant de 223, a une bonne partie du texte martelé, mais à voir les deux inscriptions précédentes, il est fort probable que le dédicant ait été également un bénéficiaire 140. Le culte de Diane est assez répandu parmi les bénéficiaires, comme le montrent des textes provenant de Mésie Inférieure (Montana) 141, de Dacie 142, de Pannonie Inférieure 143 et de Germanie Supérieure 144. De Nifon provient encore une fibule à inscription 145. La fibule de ce type se retrouve exclusivement en milieu militaire dans l’Empire romain et il est d’ailleurs très rare (encore six autres exemplaires

135 136 137 138 139 140 141 142 143 144 145

ISM V, 243. ISM V, 245. ISM V, 219. ISM V, 248. ISM V, 247. ISM V, 246. CBI 615, 644, 646–647. IDR III/5, 60. AE 2009, 1109. CBI 62, 123, 130. Mihailescu-Bîrliba, Chiriac 2006, 424 sqq.

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dans le monde romain). Il s’agit de fibules avec l’inscription ROMA 146, encadrée dans le type plus large Mars-Fibeln 147. Le fait que cette fibule ait été trouvée à Nifon, où est déjà démontrée l’existence d’une statio des beneficiarii, confirme la présence des militaires dans cette zone.

4. Conclusions Troesmis représente, comme on l’a vu, un cas spécial. La localité a été le chef-lieu d’une légion, auprès de laquelle il y avait des canabae et un établissement civil. Puis, l’établissement civil a été élevé au rang de municipium qui a eu, à son tour, son territoire. Les élites des canabae et de l’établissement civil ont été formées par les vétérans 148. Ils provenaient de l’Italie (recrutés au Ier siècle ap. J.-C.) et de beaucoup de cités d’Asie Mineure et du Proche-Orient (Galatie, Pont et Bithynie, Syrie, Cappadoce). Leur recrutement a eu lieu à l’occasion de deux événements majeurs : les guerres parthiques de Trajan et la guerre de Judée contre Bar-Kochba. À partir de la première moitié du IIe siècle, les recrutements locaux commencent et on distingue ainsi plusieurs soldats qui, après la fin de leur service, restent à Troesmis. À côté de ces anciens soldats, leurs familles sont arrivées à Troesmis et se sont établies dans les canabae et dans le uicus qui était à côté. Les descendants des soldats ont formé l’élite du futur municipe. Leur origine était celle des anciens militaires, en principal l’Italie et l’Asie Mineure. La population du reste du territoire rural qui apparaît dans les inscriptions est surtout formée par des citoyens, lesquels rédigent les inscriptions en latin. On observe aussi des Orientaux (citoyens ou pérégrins) qui sont arrivés surtout pendant la période municipale, lorsque la cité s’est développée et lorsque les chances de prospérité économique ont augmenté. La place de la Ve légion Macedonica a été prise par la Ière légion Italica ou par d’autres unités auxiliaires. Il faut aussi rappeler qu’à Nifon, dans le territoire, a fonctionné une statio des bénéficiaires. La présence des beneficiarii et des frumentarii prouvent que le rôle militaire de la région a été constamment important durant le IIIe siècle et, en fait, pendant toute la période du Principat.

146 Christescu 1935-1936, 445–446, fig. 13/2 (Săpata de Jos, Dacie Inférieure) ; Cociș 1987, 159–162 (Porolissum, Dacie Porolissensis) ; Garbsch 1991, 193–195, pl. 3, nos 1 et 4 (Eining-Unterfeld et Töging, en Rhétie) ; Siegfried-Weiss 1991, 145, pl. 54, no 14 (Chur, toujours en Rhétie) ; MihailescuBîrliba, Chiriac 2006, 425 (Mésie Inférieure, lieu de découverte inconnu). 147 Voir aussi Oldenstein 1976, 223–226 ; Garbsch 1991, 197 ; Garbsch 1992, 89–90 ; Sedlmayer 1995, 65, 179, pl. 19, nos 139–140 ; Cociș 2004, 129. 148 Fait remarqué aussi par B. Rossignol (2003, 369).

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Annexe 12.1 Les provinces d’origine ou le domicile originaire des personnes mentionnées dans le territoire rural de Troesmis Province d’origine ou domicile

Italie

Galatie

Pont et Bithynie

Syrie

Afrique Mésie Inférieure

Personne

Source

Tuccius Aelianus L. Cominius Valens T. Rascanius Fortunatus Rascanius Eutychus Rascania Phoebe Anonyme Annaeus Pulcher T. Flavius Alexander Iulia Florentina Flavius Alexander Flavius Valens Flavius Piso Flavia Maximilla Flavia Respecta C Plancius [---] Antistius Zoticus Atilia Fortunata Antistia Antonina T. Flavius Valens T. Flavius Alexander Marcia Basilissa Marcia Basilissa Iulius Ponticus Iulius Ponticus Sentius Ponticus Sentius Ponticus P. Aelius F[---] T. Valerius Firmus Antistius Valens Publicia Cyrilla T. Claudius Priscus Aurelius Marinus Luginus, fils de Dometius Aquila Barsemon Flavius Damas Didia Marcellina Antonia Marcellina Antonius Didianus L. Licinius Clemens Lucia Licinia

ISM V, 154 ISM V, 156 ISM V, 193 ISM V, 183 ISM V, 193 ISM V, 198 ISM V, 239 ISM V, 155 ISM V, 155 ISM V, 155 ISM V, 155 ISM V, 155 ISM V, 155 ISM V, 155 ISM V, 134 ISM V, 174-175 ISM V, 175-175 ISM V, 175 ISM V, 184 ISM V, 184 ISM V, 184 ISM V, 160 ISM V, 186 ISM V, 186 ISM V, 186 ISM V, 186 ISM V, 171 ISM V, 196 ISM V, 174 ISM V, 192 ISM V, 178 ISM V, 219 ISM V, 245 ISM V, 245 ISM V, 245 ISM V, 176 ISM V, 176 ISM V, 176 ISM V, 158 ISM V, 158

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Province d’origine ou domicile

Personne

Source

Iulius Clemens Octavius Clementianus Licinia Clementiana Octavius Clemens Licinius Clemens Octavius Licinius T. Valerius Marcianus C. Iulius Saturninus Anonyme Restituta Iulius Dizzace A. Antonius Valens Antonia Tyrannis

ISM V, 158 ISM V, 158 ISM V, 158 ISM V, 158 ISM V, 158 ISM V, 158 ISM V, 160 ISM V, 188 ISM V, 203 ISM V, 203 ISM V, 195 ISM V, 177 ISM V, 177

Annexe 12.2 Les véterans dans l’élite des canabae et des autres établissements ruraux de Troesmis Nom du vétéran C. Valerius Pudens T. Flavius Alexander P. Valerius Clemens L. Cominius Valens L. Licinius Clemens

Charge remplie magister quinquennalis canabensiu magister magister quinquennalis canabensium et decurio Troesmensium

Source ISM V, 154 ISM V, 155 ISM V, 156 ISM V, 156 ISM V, 158

Annexe 12.3. Les vétérans du milieu rural de Troemis qui ne remplissent pas des charges Nom du vétéran

Source

T. Valerius Marcianus P. Aelius Abi [---] C. Antistius Valens T. Claudius Priscus T. Flavius Valens Sentius Ponticus C. Iulius Saturninus Tib. Vitales Valerius Firmus Anonyme

ISM V, 160 ISM V, 172 ISM V, 174 ISM V, 178 ISM V, 184 ISM V, 186 ISM V, 188 ISM V, 194 ISM V, 196 ISM V, 203

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Annexe. 12.4. La liste des soldats libérés en 134 (ISM V, 137) No. 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 17 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40

Personnage Aemilius [---] Aemilius Geminus P. Anconteius [---] Antistius Vetus Antonius [---] Antonius [---] Antonius Crispus Antonius Eleuther Antonius Geminus Antonius Pro[---] Antonius Proculus Antonius R[---] Antonius Siluanus Aponius Moesicus Atisius Valens P. Attalius Attius Alexander Aufidius Iulianus Aufonius Valentinus Baebius Seuerus Barbius Cant[aber siue brius] Sex. Be[---] C(a)enius [---] Cabellius L[---] Caesius [---] Caesonius Niger Calpurnius Cassius Germanus Cassius Longinus Cassius Longinus Cassius Valens Cassius Vi[---] Catonius Secundus Claudius Crispus Claudius Maximus Claudius Maximus Claudius Me[---] Claudius Secundus Cornelius Bassus D[---] Geminus

Autres mentions ex milite, cohors VIIII reliquus ueteranus ex milite, cohors VIIII ex milite, cohors I ex milite, cohors VIIII ex milite, cohors VIIII ex milite reliquus ueteranus reliquus ueteranus reliquus ueteranus ex milite ex optione, cohors IIII ex corniculario, cohors I ex milite, cohors VIIII ex milite, cohors VIII ex beneficiario, cohors II ex optione, cohors I reliquus ueteranus ex milite, cohors IIII ex milite, cohors III ex milite, cohors II ex milite ex milite, cohors III ex milite ex milite ex milite, cohors I ex equite ex milite, cohors IIII ex milite, cohors I ex milite, cohors II ex milite, cohors I ex milite reliquus ueteranus ex milite, cohors IIII ex milite, cohors I ex milite, cohors I ex milite exacto ex milite, cohors II ex milite, cohors VIIII

Lieu d’origine Italie ? Italie ? ? Ancyre ? ? ? ? milieu hellénophone ? ? ? ? ? ? Mésie ? Italie ou Gaule ? ? ? Italie ? ? Italie ? Cantabrie ? ? Italie ? ? Italie ? Italie ? ? Germanie ? ? ? ? ? Italie ? ? ? ? ? ? ? ?

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La population dans le milieu rural de Troesmis

No. 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62

Personnage Domitius Do[---] Egnatius Valens Fera[.] Longinus Flauius [---] Flauius Antoninus Flauius Ei[---] T. Flauius Magnus Flauius Pont[icus?] T. Flauius Un[---]s Flauius Valens Flauius Valens Fonteius Capito Gellius Germanus Grattius Italicus Heluius Cant[aber siue brius] Iulius [---] Iulius [---] Iulius Alexander Iulius Aquila Iulius Balens Iulius Candidus Iulius Fi[---]

63

Iulius Geme[---]

64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81

Iulius Genianus Iulius Germanus Iulius IMV? Iulius Iub[---] Iulius Licinianus Iulius Longinus Iulius Longinus Iulius Longinus Iulius Macrinus Iulius Maximus Iulius Nobilis Iulius Philippus Iulius Ponticus Iulius Proculus Iulius Proculus Iulius Roscius Iulius Sabinus Iulius Sap[---]

Autres mentions ex milite, cohors III ex milite, cohors II ex milite, cohors II ex milite, cohors VIIII ex milite, cohors I ex beneficiario legati reliquus ueternaus ex milite, cohors VIIII ex milite, cohors VIIII ex milite, cohors X ex beneficiario legati ex milite, cohors I ex equite, cohors IIII reliquus ueteranus ex milite, cohors III ex milite, cohors IIII ex milite, cohors VIIII ex milite, cohors VIIII ex milite, cohors IIII ex milite, cohors VIII ex milite, cohors VIIII ex milite, cohors III ex beneficiario legati, cohors IIII ex milite, cohors VIII ex milite ex milite, cohors I ex milite, cohors VIIII ex milite, cohors III ex milite, cohors I ex milite, cohors VIII reliquus ueteranus ex milite, cohors II ex milite, cohors I ex milite, cohors VIIII ex milite, cohors I ex milite ex immuni, cohors I reliquus ueteranus ex milite, cohors II reliquus ueteranus ex milite

Lieu d’origine ? Ancyra ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? Germanie ? Italie ? ? ? milieu hellénophone ? ? ? ? ? ? ? Germanie ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? milieu hellénophone ? Amastris ? ? ? ? ? ?

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No. 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 102 103 104 105 106 107 108 109 110 111 112 113 114 115 116 117 118 119 120 121 122 123

Personnage Iulius Seuerus Iulius Seuerus Iulius Seuerus Iulius Valens Iulius Valens Iulius Valens Iulius Valens Iulius Valens Valentinus Iulius Vibianus Iulius Vitulus Licinius [---]s Lucilius Pu[---] Lucretius Statutus M(a)eonius Val[ens?] P. Maius Seuerus M[---] Pontianus P. Me[---]aas? Marcius Silvanus Mem(m)ius Valens Memmius Capito Messius Valens Naevius Pudens Nem(onius) Valens Nonius Saturninus Numitorius Severus Papirius Mes[---] Pe[---] Valens Pescennius I[---] Petronius [---] Pomp[---] IV Pomponius Maximus Publicius Tertius Sempronius Rufus Sempronius Valens Septimius Celer Servilius [---] Sosius Longinus Statorius No[---] Sulpicius Valentinus Terentius Gir[---] Tiberius Capito Truccius Secundus

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Autres mentions ex equite, cohors II ex milite, cohors VIII ex milite, cohors VIIII ex milite, cohors I ex milite, cohors I ex milite, cohors III ex milite, cohors VIII ex milite, cohors VIIII ex milite, cohors VIIII reliquus ueteranus ex milite, cohors IIII ex milite, cohors III ex milite, cohors X ex milite, cohors VIIII ex corniculario, cohors IIII ex milite, cohors I ex milite, cohors I ex milite ex milite, cohors I ex milite, cohors II ex milite, cohors X ex milite, cohors II ex milite, cohors III ex milite ex milite ex milite, cohors VIIII ex milite, cohors IIII ex milite, cohors I ex milite, cohors VIIII ex milite, cohors II ex milite, cohors I ex milite, cohors X ex milite, cohors III ex architecto, cohors I ex milite, cohors I ex milite, cohors VIIII ex milite, cohors II ex milite, cohors VIIII ex milite, cohors VIII ex milite ex milite, cohors I ex milite, cohors VIII

Lieu d’origine ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? Anatolie ? ? ? ? ? Italie ? Italie ? ? Italie ? Italie ou Gaule Italie ? Italie ? Italie ? ? Italie ? ? ? ? ? Italie ? Italie ? ? ? ? ? ? ? ? ?

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No. 124 125 126 127 128 129 130 131 132 133 134 135 136 137 138 139 140 141 142 143 144 145 146 147 148 149 150 151 152 153 154 155 156 157 158 159 160 161 162 163 164 165

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Personnage Valerius [---] Valerius Aternus Valerius Clemens Valerius Firmus Valerius Fronto Valerius Fronto Valerius Ianuarius Valerius Ism[---] Valerius Libo Valerius Longinus Valerius Longinus Valerius Ma[---] Valerius Mar[---] L. Valerius Maximus Valerius Maximus Valerius Maximus Valerius Maximus Valerius Mo[destus?] Valerius Pollio Valerius Priscus Valerius Proculus Valerius Rufus Valerius Seuerus Valerius Vale[ns] Valerius Valens Valerius Valens Valerius Valens Valerius Victor A. Vege[---] Velleius Capito Verus Bassus Vibius Priscus [---]tenius [---] Lupus [---] Sabinus [---] Valens [---] L [---] [---] Leontianus Pro[---] [---]nia[.]o [---]ong[---] [---] Secundus

Autres mentions ex milite, cohors VIIII ex milite ex milite ex milite, cohors I ex milite, cohors VIIII ex milite, cohors X ex milite, cohors I ex milite, cohors VIIII ex milite, cohors II ex milite, cohors II ex milite, cohors VIIII ex milite, cohors VIIII ex milite, cohors VIIII ex milite ex milite, cohors II ex milite, cohors III ex milite, cohors VIIII ex milite, cohors IIII ex milite reliquus ueteranus ex milite, cohors I ex equite, cohors III reliquus ueteranus ex milite, cohors III ex milite, cohors I ex imaginifero, cohors I ex [---], cohors III ex milite, cohors II ex milite, cohors VIIII ex milite, cohors IIII ex milite, cohors IIII ex milite, cohors I ex milite, cohors I ex milite, cohors I ex milite, cohors I ex milite, cohors I ex milite, cohors I ex milite, cohors IIII ex milite, cohors IIII ex milite, cohors IIII ex milite, cohors V ex milite, cohors V

Lieu d’origine ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ?

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No. 166

Personnage [---] Alexander

167

[---]us Valens

168

[---] Crispus

169 170 171 172 173 174 175 176 177 178 179 180 181 182 183 184 185 186 187 188 189 190 191 192 193 194 195 196 197 198 199 200 201 202 203 204 205

[---] Philippus [---] Saturninus [---] Secundus [---]s [---]nus [---]s [---] Valens [---] Valens [---]s [---] Saturninus [---] Saturninus [---]ter [---]GNLL[---] [---]INTIM(us) [---] Varianus [---]us [---]us [---]ONT[---] Bu[---]l P[---]s Aui[---] MEES? [---] Leonatus [---]alis [---] [---]nd(us) [---] Aquila [---] Pauius [---] Felix [---]s Pudens [---]on[---] [---] Rufus [---]us Valens Fronto Geta [---]nq(us) Valens [---]e

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Autres mentions ex milite, cohors V ex beneficiario procuratoris, cohors V ex beneficiario legati, cohors V ex milite, cohors V ex equite, cohors V ex milite ex equite ex milite ex milite ex milite ex milite exacto ex milite ex milite ex beneficiario ex milite ex beneficiario procuratoris ex milite ex milite ex signifero ex milite ex milite, cohors VIIII ex milite, cohors VIIII ex milite, cohors VIIII ex milite, cohors VIIII ex milite, cohors VIIII optio retentus ad spem ex aquilifero, cohors X ex imaginifero, cohors X ex buccinatore, cohors X ex milite, cohors X ex milite ex milite ex milite ex milite ex milite ex milite b(eneficiarius)? ex milite ex immuni

Lieu d’origine milieu hellénophone ? ? milieu hellénophone ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ?

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No. 206 207 208 209 210 211 212 213 214 215 216 217 218 219 220 221 222 223 224

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Personnage [---]genus [---] [---]us Proculus [---] nus [---]n[---] [---] Gemel[linus?] [---]es [---] [---]us [---]us [---] [---]tus [---]us [---] Mussianus [---]ica[---] [---]a[---] Decimus Ruf[---] Sext[---]

Autres mentions ex milite ex equite ex milite ex milite ex milite ex milite ex milite ex equite ex milite ex beneficiario ex beneficiario legati ex milite ex beneficiario procuratoris ex milite ex milite ex milite ex milite ex milite ex milite

Lieu d’origine ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ?

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Fig. 12.1. Inscription concernant des magistri et un aedil des canabae à Troesmis Source : db.edcs.eu/epigr/bilder.php?bild=PH0000105

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Fig. 12.2. Inscription attestant les ciues Romani consistentes canabis legionis V Macedonicae à Troesmis Source : ubi-erat-lupa.org/monument 15213

Fig. 12.3. Inscription sur le vétéran T. Valerius Marcianus et sa famille Source : db.edcs.eu/epigr/bilder.php?bild=$CBI_00631.jpg

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Fig. 12.4. Épitaphe de T. Flavius Valens, de T. Flavius Alexander et de leurs familles Source : ubi-erat-lupa.org/monument 21960

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Fig. 12.5. Épitaphe de Ti. Claudius Ulpianus Source : db.edcs.eu/epigr/bilder.php?bild=PH0000109

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Fig. 12.6. Épitaphe du centurion L. Antonius Felix Source : cil.bbaw.de/test06/bilder/datenbank/PH0000108.jpg

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Fig. 12.7. Épitaphe du soldat Valerius Valens, érigé par son père Iulius Dizzace Source : db.edcs.eu/epigr/bilder.php?bild=PH0000110;PH0000111;PH0000112&nr=2

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La population dans le milieu rural de Troesmis

Fig. 12.8. Épitaphe de l’esclave Euticus, érigé par son maître Terentius Iunior, tribun de la legio V Macedonica Photo : L. Mihailescu-Bîrliba

Fig. 12.9. Voeu pour Mithra dans le milieu rural de Troesmis Source : db.edcs.eu/epigr/bilder.php?bild=$AE_1980_00829.jpg

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XIII. LA POPULATION DANS LES MILIEUX RURAUX DE CAPIDAVA ET DANS LES VILLAGES SITUÉS ENTRE BEROE, CIUS ET CARSIUM 1. Introduction Capidava est une cité connue surtout par les vestiges d’époque romaine tardive 1. Pourtant, les nombreuses inscriptions font preuve de l’existence d’une cité d’époque du Haut-Empire, développée près du camp où ont été stationnées plusieurs unités auxiliaires 2. Les textes attestent des vexillations des légions V Macedonica 3 et XI Claudia 4 mais le camp a été occupé principalement par deux cohortes : I Ubiorum 5 et I Germanorum ciuium Romanorum 6. Près du camp, il y avait les canabae ou un uicus militaris et également un établissement civil. Le territorium Capidauensis, mentionné dans une inscription trouvée à Ulmetum 7, corroboré avec la mention d’un princeps loci, a déterminé E. Doruțiu-Boilă à considérer Capidava comme un uicus 8. Je reviendrai sur ce point, mais il ne faut pas oublier, à voir les inscriptions assez nombreuses attestant des structures rurales, que l’établissement civil de Capidava a pu être une ciuitas, comme le propose A. Bâltâc 9, ou qu’on puisse parler d’une autorité militaire à laquelle ce territoire était soumis. Pourtant, le statut de la localité reste encore inconnu. Les limites du territoire de Capidava sont aussi inconnues. Bâltâc suppose l’existence des territoires des centres situés près des camps de Beroe, Cius, Carsium et Axiopolis 10 mais il est vraiment difficile de vérifier ces hypothèses, en sachant que les dernières cités évoquées ici étaient trop petites pour avoir un territoire. Il peut s’agir des autonomies rurales existant dans cette région. Il faut aussi souligner qu’à Capidava fonctionnait un bureau des douanes, comme il résulte d’une inscription honorifique pour le fermier T. Iulius Saturninus 11. Il y avait probablement un péage pour le transport des marchandises sur le Danube. En ce qui concerne les recherches archéologiques, j’ai précisé auparavant que les résultats les plus importants datent de l’Antiquité tardive. Pourtant, à l’extérieur de la cité, les archéologues ont trouvé des couches datables de l’époque du Haut-Empire (par 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11

Voir surtout Florescu, Florescu, Diaconu 1958 ; Florescu 1965 ; Opriș 2003. Voir aussi Munteanu 1970, 211–222. ISM V, 54. ISM V, 53. Opriș 1997, 277–278 ; Covacef 2000, 287–289 ; Matei-Popescu 2010a, 235–236. ISM V, 16 ; Opriș, Popescu 1997, 177–181 ; Covacef 2000, 290–291 ; Matei-Popescu 2010a, 213–215. ISM V, 77. ISM V, 77, sub numero. Voir Bâltâc 2011, 88–89, avec la bibliographie. Bâltâc 2011, 8687, 89. ISM V, 10.

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l’intermédiaire des monnaies) 12. Une tombe trouvée à Crucea (près de Capidava) a été supposé comme appartenant à la nécropole du village 13. À Beroe, les fouilles qui se sont déroulées dans la cité n’ont pas mis au jour des vestiges d’époque romaine du Haut-Empire, sauf un bassin 14. Une nécropole à inhumation (datant du IIe s. au VIIe s.) contenant environ 1000 tombes a été fouillée 15. Aux environs ont été identifiées plusieurs uillae et nécropoles tumulaires 16. Des objets de l’époque du HautEmpire ont été découverts et publiés récemment 17. À Carsium, la situation archéologique est encore plus compliquée : l’époque romaine du Haut-Empire n’est pas conservée dans la stratigraphie, mais de nombreux fragments de céramiques datant de cette période ont été publiés : il s’agit de la sigillée, dont la présence a été mise en liaison avec le milieu militaire 18. Un établissement datant de l’époque du HautEmpire a été fouillé à Hârșova, à 1 km sud-est de la cite: les archéologues ont trouvé des bâtiments simples et une partie de la nécropole 19. Les trouvailles archéologiques de l’époque du Principat sont assez nombreuses et elles ont été interprétées par la forte présence militaire dans la région, mais aussi par la position au Danube de cette cité 20. La nécropole plane comprit quelques tombes datant du Haut-Empire 21. J’analyserai donc le dossier épigraphique sur la population dans le milieu rural de Capidava, puis je reprendrai les inscriptions dans le milieu civil (très probablement rural) dans la région située au nord de Capidava et comprenant les cités de Beroe, Cius et Carsium.

2. Le dossier épigraphique sur la population du milieu rural de Capidava Je reviens d’abord sur l’inscription de C. Iulius Quadratus, princeps loci et quinquennalis territoirii Capidauensis 22. V. Pârvan a considéré le princeps loci comme un magister uici 23. Gr. Florescu était d’avis que locus représentait une forme d’organisation rurale qui englobait plusieurs uici, et c’est pourquoi il disposait d’un territorium 24. E. Doruțiu-Boilă ne partageait pas, à juste titre à mon avis, l’opinion de Gr. Florescu, en argumentant que locus a un sens assez vague, qui peut désigner plusieurs entités rurales en même temps 25 ; elle pensait que locus désignait cette fois-ci un uicus 26, en l’identifiant avec celui mentionné 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26

Pinter, Urduzia 2011, 31–32. Baumann 1983, 65–66. Petre, Apostol 1970, 177, 179, fig. 9. Petre 1987-1988, 5–171. Bărbulescu 2001, 96–98. Nuțu, Paraschiv 2009, 177–192. Voir aussi Barnea, Paraschiv, Stănică 2002, 225–226, 432. Honcu, Chiriac 2015, 255–260. Bounegru, Hașotti, Murat 1989, 273–280. Voir pour les objets en verre Chiriac 1998, 223–22 ; Chiriac 1999,67–83. Nicolae 1993, 222. ISM V, 77. Pârvan 1912, 498. Florescu, Florescu, Diaconu 1958, 19–21. Comme dans l’inscription CIL XI, 1147. Voir aussi ISM V, 117. ISM V, 77, sub numero.

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dans un texte voué à Jupiter et à Junon 27. Il est vrai que ce uicus n’a pas de nom car le magister qui accomplit le voeu ne le précise pas. Cependant, en Mésie Inférieure, les territoria sont habituellement liés aux ciuitates ou à d’autre type de cités 28. C’est pourquoi je ne peux partager l’opinion d’E. Doruțiu-Boilă, sans pour autant pouvoir la rejetter totalement. Les hypothèses présentées ci-dessus ne sont pas encore vérifiables dans leur intégralité. Je suis quand même d’accord avec l’opinion exprimée par E. Popescu, conformément à laquelle princeps aurait désigné les chefs indigènes 29. Par conséquent, C. Iulius Quadratus était l’un de ces chefs qui avait reçu la citoyenneté romaine. En ce qui concerne le territorium Capidauensis, je pense qu’il s’agit plutôt, comme P. Kovács l’a montré pour d’autres situations 30, d’une structure rurale sous autorité militaire (des unités qui ont stationné ici). Il s’agit donc d’un territoire de dimensions assez réduites, l’équivalent d’un uicus (militaris, dans ce cas). Antonius Zinenis 31, un princeps dont la femme s’appelle Zudecitup 32 (tous les deux dans le territoire de Tropaeum Traiani) sont des exemples de principes indigènes. Revenant à Iulius Quadratus, le même gentilice de sa femme (Iulia Terentia) suggère qu’elle a eu le droit de cité en même temps que son mari, ce qui renforce l’hypothèse d’E. Popescu. Continuons par les uici attestés dans les inscriptions près de Capidava. À Dorobanțu (département de Constanța, Roumanie), un autel est voué à Jupiter par M. Coc(ceius) Hilus (sic!), magister uici Hi[---] 33. Comme deux autres textes mentionnent encore des membres de cette gens dans leurs propriétés rurales (dont le nom de l’un est écrit en deux modalités – Coccelius Elius et Cocceius Helius) 34, je suppose que dans le cas de ce magister, une petite omission du lapicide a pu aussi remplacer Cocceius Helius. Puisque l’on va rencontrer cette famille de Cocceii dans le milieu rural de Capidava, il faut maintenant rappeler les sources et essayer de voir si l’on peut leur établir un pays d’origine. Comme je l’ai déjà mentionné auparavant, une inscription funéraire évoque Cocceius (H)elius, encore vivant au moment de la construction du monument, et Titia Matrona, sa femme, obita ad uil(l)a(m) sua(m) 35 (Fig. 13.1). L’autre épitaphe est érigée pour deux Cocceius Vitales et pour sa femme, Cocceia Iulia, par leurs fils Cocceius Clemens et Cocceius Helius 36. L’identité du gentilice de ces deux époux suggère soit qu’ils ont reçu en même temps le droit de cité, soit que la femme fût l’affranchie de son mari. Ils sont décédés dans leur uilla, comme le dit l’inscription. On remarque que l’un des fils, Helius, est le mari de Titia Matrina et il est possible qu’il soit le même personnage qui celui qui est magister uici à Dorobanțu. En tout cas, cette branche de la gens doit être assez aisée, ayant une propriété (ou plusieurs) dans la campagne de Capidava. Un cippe funéraire garde les noms d’autres Cocceii : M. Cocceius 27 ISM V, 56. 28 AE 1928, 152 ; 1985, 765 ; 1987, 881 ; ISM III, 241 ; ISM IV, 82 ; ISM V, 135 ; Baumann 194, 223 ; ILB 223. 29 Popescu 1967, 187. 30 Kovács 2013, 144. 31 CIL III 7470. 32 ISM IV, 66. 33 ISM V, 6. 34 ISM V, 29–30. 35 ISM V, 29. 36 ISM V, 30.

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Vitalis, M. Cocceius Albucius, M. Cocceius Valerius, M. Cocceius Vitalis, et M. Cocceius [---]us 37. Enfin, M. Cocceius Vitlus, vétéran de la cohors I Ubiorum, mort à 70 ans après avoir servi 28 ans, est commémoré par sa femme Claudia et par ses fils Cocceius Veturius, Cocceius Nardus et M. Cocceius Titio 38. Je pense qu’il faut commencer l’histoire des Cocceii à Capidava avec cette inscription. M. Cocceius Vitlus est un vétéran de la cohorte des Ubiens, qui a stationné en Mésie (puis en Mésie Inférieure à partir du règne de Vespasien 39 jusqu’au règne d’Hadrien, lorsqu’elle a été transférée en Dacie 40 (Fig. 13.2). L’inscription date du IIe siècle et, vu l’âge avancé du vétéran, une datation du deuxième quart de ce siècle est aussi possible. En tout cas, l’ancien soldat a préféré s’installer en Mésie Inférieure. Il n’est pas exclu qu’en raison de la période de stationnement de la cohorte dans cette province, il a eu sa citoyenneté sous Nerva. Puis, il a vécu encore environ 25 ans après sa libération et est décédé aux environs de 122–123. Les Cocceii de Capidava sont très probablement ses descendants. Le surnom Vitlus est rencontré, à une seule exception, dans les provinces celto-germaniques (Germanie Supérieure, Aquitaine, Belgique et Lugdunensis 41). Il n’est pas exclu alors que M. Cocceius Vitlus soit originaire d’une de ses provinces et qu’il soit arrivé en Mésie Inférieure avec la Ière cohorte des Ubiens. Après avoir été libéré, il a préféré rester dans le milieu rural où il avait effectué son service. L’aisance de l’ancien soldat et de ses descendants leur a permis d’avoir des uillae à la campagne et même de joindre les notables locaux. Un autre M. Cocceius (H)elius apparaît comme lapicide d’un voeu pour Jupiter à Ulmetum 42 mais il n’est pas exclu que la pierre provienne de Capidava. Pârvan pensait que le personnage d’Ulmetum est identique avec celui de Capidava 43, tandis que Gr. Florescu considérait que l’inscription a été transportée de Capidava et qu’elle a été gravée dans l’atelier de Cocceius (H)elius 44. Cette hypothèse est raisonnable, mais elle ne contredit pas l’affirmation de Pârvan selon laquelle, les personnages portant les mêmes noms sont identiques. Un autre uicus est celui attesté à Gălbiori (près de Capidava) ; le nom de l’ancienne localité n’est pas mentionné dans le texte, en revanche, le magister s’appelle Veturius Tertius 45 (Fig. 13.3). Le texte est voué à Jupiter et à Cérès Frugifera, ce qui prouve l’importance de l’agriculture dans cette région. Le même personnage fait ériger une épitaphe pour Iulia Veneria, sa femme, et pour sa mère, Veturia Furnia 46. On voit que Veturius Tertius porte le nom de sa mère, ce qui montre que le père n’était pas un citoyen au moment de sa naissance. Une autre Veturia a été mariée avec M. Ulpius Piso 47. Ils ont eu deux enfants : Veturia Ulpia (né lorsque le père n’était pas citoyen) et M. Ulpius. Cela indique le fait que M. Ulpius Piso a été soldat dans une unité auxiliaire (probablement la Ière 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47

ISM V, 28. ISM V, 24. Pour les Cocceii, voir aussi Dumitrache 2017, 175–179. Eck, Pangerl 2009, 506–509. Eck, MacDonald, Pangerl 2001, 38–42 ; Ilkić 2009, 59–73. Voir aussi Matei-Popescu 2010a, 235–236. AE 1897, 114t. ISM V, 73 Pârvan 1912, 550–555. Florescu, Florescu, Diaconu 1958, 22. ISM V, 56. ISM V, 35. ISM V, 35.

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cohorte des Ubiens) et a reçu le droit de cité sous Trajan. Cette inscription semble être plus ancienne que celle attestant Veturia Furnia. On ne sait pas d’où proviennent ces femmes, qui utilisent comme surnom une forme de gentilice. Sont-elles, d’une certaine manière, comme Cocceius Veturius, qui a transmis son surnom comme gentilice selon la tradition germanique ? Il est très difficile de répondre à cette question. En ce qui concerne le nom du uicus, d’E. Doruțiu-Boilă croit qu’il s’agit de uicus Capidauensis 48, mais rien ne prouve que Capidava était un uicus et non une ciuitas. On peut imaginer qu’il s’agit plutôt du uicus qui était sous l’autorité du camp militaire. Un texte trouvé comme réutilisé dans le rempart d’époque du Bas-Empire atteste un magister uici qui s’appelle Eftacentus, fils de Bitus 49 (Fig. 13.4). Le village n’est pas nommé, mais il s’agit d’un établissement habité par des indigènes (la plupart des pérégrins, comme ce maire) et probablement par des vétérans et des citoyens romains. Le type d’organisation semble être celui avec un seul maire. Il n’est pas exclu qu’un ancien habitat indigène a été réorganisé selon le modèle romain. Le texte date de 168. Encore cinq inscriptions, dont les textes sont incomplets, représentent des voeux pour Jupiter le Tonneur et pour Junon accomplis certainement par les autorités du village, mais leurs titres ne sont plus conservés sur la pierre. Dans un texte, on identifie le nom d’un magister, Aelius Cara[---] 50, tandis que dans un autre, le nom du notable local n’est plus visible 51. Ces deux voeux datent du règne d’Antonin. Les deux textes qui suivent datent du temps de Commode. Ils n’ont pas conservé non plus le nom de l’autorité villagoise. Un premier voeu est non seulement pour Jupiter et pour Junon, mais aussi pour le genius [lo]ci ou [ui]ci 52. La quatrième inscription est de 188 et le texte est presque complètement martelé 53. Enfin, le cinquième texte datant de l’année 200 est consacré au même couple divin et le magister s’appelle Claudius Cocceius 54 (Fig. 13.5). Il ne précise pas sa charge officielle, mais comme il s’agit d’une inscription à caractère officiel, on peut supposer qu’il est le maire du village. Gr. Florescu remarque que l’autel provient du même atelier que celui voué par Cocceius Hilus 55 et que la stèle funéraire est consacrée par Cocceius (H)elius 56. L’atelier fabriquait probablement plusieurs pièces pour les officiels de la communauté villageoise, mais aussi pour les gens aisés 57. Une autre inscription vouée à Jupiter et à Junon (datée 161–169) est celle consacrée par Aelius Longinus 58, vétéran de l’ala Arauacorum stationnée probablement à Carsium 59. Il ne mentionne pas son statut de notable, mais le type de dédicace me fait penser qu’il est également un magister uici. Même s’il est citoyen, la façon dont cette inscription est

48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59

ISM V, 56, sub numero. ISM V, 15. ISM V, 13. ISM V, 14. ISM V, 17. ISM V, 18. ISM V, 19. ISM V, 5. ISM V, 29 Florescu, Florescu, Diaconu 1958, 114. ISM V, 23. ISM V, 94–95. Voir aussi Matei-Popescu 2010a, 189–190.

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rédigée (avec beaucoup d’erreurs) indique une origine non latine de l’ancien soldat, peutêtre même un indigène ayant obtenu le droit de cité sous Antonin. Un village dont on connaît le nom est le uicus Scenopesis. Une première inscription (datée du règne d’Antonin le Pieux) mentionne le magister Ebrenus, qui voue un autel à Jupiter Très Bon et Très Grand 60 (Fig. 13.6). Un deuxième texte, de 175, est consacré par un autre maire, dont le nom s’est perdu 61. Le nom d’Ebrenus est thrace et il s’agit sans doute d’une ancienne communauté indigène, réorganisée par les Romains comme un uicus ayant un magister. Le maire appartient à la communauté indigène et on se demande si Eftacentus, fils de Bitus n’était pas notable de la même communauté 62. Il faut aussi s’imaginer l’existence de plusieurs communautés indigènes organisées selon le système rappelé ci-dessus. Une inscription qui a fait couler beaucoup d’encre a été l’épitaphe d’Aurelius Hermes, paganus et de sa femme, Aurelia Melite 63. Ils ont eu sept enfants, six fils et une fille. Pârvan a interprété le mot paganus comme habitant d’un pagus 64, tandis qu’E. DoruțiuBoilă, en partant d’une inscription de Rome attestant une familia gladiatoria 65, pense que, dans ce cas là, on peut comprendre paganus comme « civil », par opposition au statut de gladiateur 66. Les inscriptions se réfèrent pour la plupart à paganus en tant qu’habitant d’un pagus, dans tout le monde romain 67. Le mot a aussi le sens de « civil », en tant qu’antonyme de « militaire » 68. On observe pourtant que le terme apparaît dans les inscriptions associées avec son antonyme, ce qui n’est pas le cas dans le texte de Capidava. Le manque du prénom d’Aurelius Hermes et le même gentilice porté par sa femme me font croire que l’inscription date du IIIe siècle, après l’édit de Caracalla, et les deux époux étaient d’anciens pérégrins. Par conséquent, je pense que le terme paganus désigne ici un habitant d’un pagus, ce qui n’est pas surprennant en tenant compte des uici qui sont mentionnés dans le territoire de la cité. Puis, la mention d’un territorium sous l’autorité militaire, comme je l’ai affirmé, peut être complétée par l’existence d’un pagus. Quant à nos personnages, ils étaient tous les deux des Grecs pérégrins qui habitaient le milieu rural. On ne connaît pas les raisons pour lesquelles ils se sont établis à la campagne, mais l’une d’entre elles était certainement l’activité agricole. Du milieu rural de Capidava proviennent aussi d’autres inscriptions qui ont été trouvées aux alentours ou réutilisées dans le rempart de l’époque du Bas-Empire. À Băltăgești (département de Constanța, Roumanie, à sud-est de Capidava), C. Iulius Capito, vétéran,

60 61 62 63 64 65 66 67

ISM V, 21. ISM V, 22. ISM V, 15. ISM V, 42. Pârvan 1914, 335–338. CIL VI 531 = ILS 5084. ISM V, 42, sub numero. Par exemple, en Italie (CIL V, 42, 424, 3249 ; IX 1618, 4206 ; XI 1147 ; XI 7265 ; AE 2004, 413), Bétique (CIL II 1043, 2322), Gaules (CIL XII 594, 1114 ; XIII 384 ; AE 2001, 1376 ; 2004, 911), Afrique (AE 2010, 1802). Voir aussi Curchin 1985, 338–343 ; Faudot 2006, 115–122. 68 Voir, par exemple CIL VI 3183, 3236

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ancien sesquiplicarius, est commémoré par son fils qui porte les mêmes noms 69. Il est possible que l’ex-militaire se soit retiré à la campagne où il a fini sa vie. Il y a aussi des textes découverts dans la forteresse d’époque romaine tardive de Capidava, mais qui sont originaires, à mon avis, du milieu rural de la cité. Le principal argument c’est la population mentionnée dans les inscriptions. Nous avons rappelé Aurelius Hermes et sa femme Melitine. Ils ne sont pas les seuls hellénophones du territoire. Un C. Iulius Hermes et Iulia Rhodope sont les parents de Iulius Valens et de Iulius Vitalis 70. Hermes peut être un soldat qui a reçu sa citoyenneté en même temps que sa femme, ou bien ils étaient tous les deux les affranchis d’un C. Iulius. Une autre pérégrine d’origine grecque, Acrilla, fille de Trygitianus, est commémorée par son mari, Aurelius Gaius 71. Une série de textes font preuve d’une communauté thrace dans la région. Les inscriptions évoquent des personnages comme Auluporus et sa femme 72, Bassus, Tsinna, Zura, Tsiru et Martia 73, Batsinis 74 (Fig. 13.7). Tous sont des pérégrins et il semble qu’ils habitaient les villages indigènes où il y avait des magistri originaires de la même communauté 75. Il semble aussi que les Iulii et les Valerii sont nombreux dans ce milieu. Hormis les Iulii déjà mentionnés ci-dessus, un texte fragmentaire atteste un Iulius Lucius 76, tandis qu’un Iulius et un Valerius sont commémorés dans une épitaphe 77. D’autres Valerii, Tertullus et Campanus, font ériger une pierre funéraire à leur père 78, tandis que Valeria Casta consacre une épitaphe à son mari 79. Il n’est pas exclu que beaucoup de ces Valerii sont des Thraces qui ont fait leur service militaire et prennent ce gentilice après avoir obtenu le droit de cité, comme le suppose D. Dana 80. On ne peut pas terminer le dossier épigraphique de Capidava sans rappeler la statio des douanes. La première (en ordre chronologique) est en l’honneur de T. Iulius Saturninus, fermier de l’autre partie de l’Illyricum et de la rive thrace (conductor Illyrici utriusque et Ripae Thracicae) 81. Le texte atteste toutes ses charges. Il était praefectus uehiculorum au moment de la construction du monument honorifique, après avoir été fermier des douanes illyriennes, apparitor de l’empereur Antonin le Pieux et scriba tribunicius. Les milices équestres (praefectus cohortis I Claudiae equitatae et tribunus militum legionis I Italicae) ne sont pas oubliées. La carrière de T. Iulius Saturninus est connue par plusieurs inscriptions 82. Une inscription de Dierna atteste Saturninus comme conductor t(ertiae) 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82

ISM V, 7. ISM V, 25. ISM V, 43. ISM V, 26. ISM V, 27 ISM V, 31. ISM V, 15, 21. ISM V, 33. ISM V, 40. ISM V, 37. ISM V, 38. Dana 2011, 56–57. ISM V, 10. CIL III 1568, 4720, 12363 ; V, 5079–5080 ; VI 559 ; XIII 1750, 3636 ; AE1928, 153 ; 1934, 107 ;1960, 343. Voir aussi De Laet 1949, 181 ; Piso, Moga 1998, 105–108.

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p(artis), c’est-à-dire fermier des deux Mésie et des Dacies 83. De Laet pense que la fonction de praefectus uehiculorum a été exercée en même temps que celle de fermier 84, théorie acceptable, mais qui reste encore à vérifier. Iulius Saturninus a occupé une procuratèle en Gaule sous le règne conjoint de Marc Aurèle et de Lucius Verus 85. Lorsque T. Iulius Saturninus était fermier des Mésies et des Dacies, les autres parties du district douanier ont été confiées en affermage à C. Antonius Rufus 86 et Q. Sabinus Veranus 87. Plus tard, Iulius Ianuarius, Iulius Capito et Iulius Epaphroditus sont les trois fermiers du district 88. La division territoriale des charges se maintient aussi lorsque la circonscription passe sous administration directe de l’État. Un exemple en ce sens est T. Claudius Xenophon, procurator Illyrici per Moesiam Inferiorem et Dacias tres 89. Revenant à l’inscription de Capidava, la raison pour laquelle une inscription officielle a été érigée en l’honneur de T. Iulius Saturninus est l’existence d’un bureau douanier dans cette localité, ce qui est tout à fait explicable par la position sur le Danube de la cité et par la présence de l’armée. Un deuxième texte, beaucoup plus fragmentaire, atteste un procurateur dont le nom ne s’est pas conservé 90. L’inscription est pourtant une preuve que le bureau a continué de fonctionner lorsque le district a été administré directement par l’État romain. Ainsi s’explique la présence d’Antonius Florus, bénéficiaire du gouverneur, mort à Capidava à 40 ans, après avoir servi 23 ans dans l’armée 91. Son frère, Antonius Florianus, qui lui fait ériger l’épitaphe, a également suivi une carrière militaire, étant optio dans la legio I Italica au moment du décès de son frère. Les beneficiarii étaient attachés, à côté d’autres officia, aux bureaux douaniers 92. E. Doruțiu-Boilă 93, en suivant Gr. Florescu 94, considère que la Ière légion Italica, après le transfert de la Ve légion Macedonica en Dacie, a occupé la place de cette dernière legio dans la zone contrôlée par celle-ci et quelques vexillations ont stationné à Capidava. Il est sûr que la legio I Italica a remplacé en certains points la legio V Macedonica, mais dans ce cas là, il n’y a aucune preuve qu’Antonius Florianus n’a pas effectivement commandé le monument funéraire de son frère, décédé à Capidava, lui-même effectuant le service à Novae. Pour conclure, le milieu rural de Capidava connaît l’existence de uici. D’un côté, il y avait les communautés indigènes qui ont été réorganisées selon le modèle romain en loci et uici. Les uici indigènes étaient dirigés par un magister pérégrin. Il y avait aussi le uicus militaire situé à côté du camp de la cohors I Ubiorum, puis de la cohors I Germanorum. Les vétérans de ces unités se sont achetés des uillae à la campagne et leurs descendants ont fait partie de l’élite locale. À Capidava, a fonctionné aussi un bureau douanier, ce qui a 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94

IDR III/1, 60. Voir aussi Mihailescu-Bîrliba 2010b, 145–152 ; Petolescu 2014, 298–299. De Laet 1949, 386. Voir aussi PIR2 J 548 ; Pflaum 1960, 436 ; Bounegru 1986b, 113–123. CIL III 5122, 5127, 13283 etc. Voir aussi Fitz 1993, 718. CIL III 4015, 4017, 4019, 4875, 5146 etc. Voir aussi Fitz 1993, 721. CIL III 751, 5121, 6124 etc. Voir Fitz 1993, 724, 726. CIL III 7127. ISM V, 12. ISM V, 41. Fuhrmann 2012, 205. Voir aussi Dise jr. 1995, 72–85. Doruțiu-Boilă 1972, 45–62. Florescu, Florescu, Diaconu 1958, 107–108.

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impliqué la présence des fonctionnaires (attachés d’abord aux fermiers, puis aux procurateurs, mais pas encore documentés dans les sources épigraphiques) et une statio de beneficiarii, certainement en liaison avec le bureau des douanes.

3. Le dossier épigraphique sur la population rurale du territoire situé entre Beroe, Carsium et Cius J’ai jugé pertinent de donner ces trois cités comme points de référence puisqu’elles sont les plus importantes dans la zone. On ne connaît pas le statut des établissements civils, mais on sait que Cius et Carsium constituaient des forts pour les unités auxiliaires. Le statut de Beroe à l’époque du Haut-Empire est moins connu, mais on sait que dans l’Antiquité tardive a stationné le cuneus equitum stablesianorum 95. Il est possible que les uici qui étaient à proximité se trouvaient sous l’autorité des militaires stationnés ici. Commençons par les villages situés près de Beroe. J’ai précisé au début du chapitre les fouilles qui se sont déroulées ici, mais il faut dire que le matériel épigraphique est très pauvre. Une plaque votive consacrée à Bacchus atteste un citoyen, Ulpius Maximus, mais prouve également que l’inscription peut provenir du milieu rural, à voir le caractère agricole de la divinité adorée 96. Cius a été le camp de la cohors I Lusitanorum Cyrenaica, même si E. Doruțiu-Boilă, en évoquant une inscription de Tomi 97, croit que cette cité a été le lieu de stationnement de la cohorte 98. Pourtant, plusieurs textes de Tomi attestent des unités militaires, mais cela ne signifie pas que ces unités ont toutes stationné dans la métropole du Pont Gauche 99. Un texte trouvé à Cius mentionne C. Iulius Valens, vétéran de la Ve légion Macedonica, magister d’un uicus Vero[..]rittiani 100. La restitution correcte du nom (partiel) du village a été donnée, à mon avis, par F. Matei-Popescu et A. Falileyev 101. Il est difficile d’attribuer une origine ou un domicile à ce vétéran, car les C. Iulii de la Ve légion Macedonica sont nombreux en Mésie Inférieure 102. Un autre C. Iulius Valens, centurion de la même légion, commémoré à Tropaeum Traiani, est originaire d’Amasia 103. Toutefois, je ne peux pas dire la même chose sur Iulius Valens du uicus Vero[..]rittianus. Il faut remarquer, encore une fois, la présence des vétérans dans l’élite rurale. Un C. Iulius Valens, ancien soldat d’une aile, est commémoré dans le territoire de Cius par sa femme 104. E. Doruțiu-Boilă croit qu’une relation de parenté entre les deux vétérans peut être possible 105. Cela n’est pas 95 96 97 98 99 100 101 102 103 104 105

Zahariade 1988, 128. Sur le culte de Bacchus dans la région, voir Baumann 2015, –106. 91 Voir aussi Covacef 1970, 223–227 ; Covacef 2005-2006, 163–164. ISM II, 80. Doruțiu-Boilă 1977, 177–180. Voir aussi Mihailescu-Bîrliba 2015d, 181. ISM V, 115. Matei-Popescu, Falileyev 2007, 324. Mihailescu-Bîrliba 2011b, 469–473. ISM IV, 55. ISM V, 121. ISM V, 121, sub numero.

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exclu, mais il faut faire attention au fait que les deux ont servi dans des unités différentes et que les Caii Iulii sont souvent attestés comme militaire et vétérans en Mésie Inférieure. La femme de l’ancien militaire de l’ala s’appelle Iulia Mansueta, ce qui signifie qu’elle a reçu la citoyenneté en même temps que son mari. C’est un autre cas de vétéran qui s’était retiré à la campagne. Toutefois, ce n’est pas le seul qui apparaît dans les inscriptions de Cius. G. Valerius Herculanus, ancien stator du préfet de l’ala II Arauacorum, est décédé et enterré dans les environs de Cius 106 (Fig. 13.8). Il est né dans le uicus Rami[---], qui est supposé se trouver en Mésie Inférieure 107. L’ala II Hispanorum et Arauacorum était stationnée à Carsium 108. La femme d’Herculanus s’appelle Valeria Casta, ce qui signifie qu’elle a reçu le droit de cité en même temps que le militaire. Valerius Herculanus a rempli la fonction de stator (sous-officier qui arrêtait les soldats coupables de délits mineurs 109) et s’est retiré à la campagne après son service. Un autre vétéran est M. Ulpius Domitius Anthius, de la cohors I Lusitanorum, mort à l’âge de 83 ans 110. Il a reçu sa citoyenneté sous Trajan ; je pense qu’Anthius représente son ancien nom de pérégrin, gardé maintenant comme agnomen. Un texte provenant toujours de Cius atteste une personne d’origine thrace : Cethithis, fille de Didus 111. L’inscription est trop fragmentaire pour en apprendre davantage, mais c’est une preuve de l’existence de la population thrace dans cette zone. Enfin, une dernière inscription de Cius fait preuve indirecte de l’existence d’une propriété rurale. Le texte, bien que fragmentaire, mentionne un uilicus anonyme 112. Malheureusement, aucun autre détail (sauf qu’il a une épouse) ne peut être identifié dans ce cas. Carsium était, comme je l’ai déjà dit, le chef-lieu de l’ala II Hispanorum et Arauacorum 113. Même si des tuiles portent les estampilles de l’ala Flauia Gaetulorum 114 et de la legio I Italica 115, indiquant la présence des sous-unités de ces formations militaires, il semble que la résidence de l’ala II Hispanorum et Arauacorum a été pourtant Carsium. En plus, il semble que la cité a constitué une statio pour la flotte mésique 116. Un médecin militaire, Q. Erucius Victor, est décédé à Carsium 117. Le fait qu’il soit médecin de la cohorte et qu’à Carsium il n’y a pas de cohortes, me fait penser qu’il possédait une propriété dans le milieu rural. Les Erucii ont des occurrences nombreuses en Italie 118 et notre Q. Erucius Victor a très probablement une origine italienne.

106 107 108 109 110 111 112 113 114 115 116 117 118

ISM V, 117. Voir aussi Roldán Hervás 1974, 102. ISM V, 117, sub numero. ISM V, 94–95. Voir aussi Matei-Popescu 2010a, 189–190. Voir aussi Domaszevski, Dobson 1967, 55–56. ISM V, 118. ISM V, 119. ISM V, 116. ISM V, 94–95 ; Matei-Popescu 2010a, 189–190. Chiriac, Nicolae, Talmațchi 1998, 139–162 ; Matei-Popescu 2010a, 189. ISM V, 113. Chiriac, Nicolae, Talmațchi 1998, 149–150. ISM V, 103. CIL VI 1638, 8453, 17282–17285 ; IX 854, 1617, 4222, 4476 ; X 2388–2390 etc. Voir aussi Mihailescu-Bîrliba 2015d, 180.

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Les inscriptions évoquent d’autres civils qui ont probablement vécu dans l’établissement rural à côté du camp. Ainsi, un affranchi, Iulius Eutyches, est mentionné avec ses enfants, qui portent le gentilice de leur mère 119. Eutyches était probablement le libertus d’un de nombreux Iulii attestés dans le milieu militaire. Q. Lutatius Rusticus a probablement voué un texte à une divinité 120. Les Lutatii sont souvent attestés à Rome et en Italie 121 et son surnom peut indiquer une origine rurale. Pourtant, il est difficile de déterminer avec certitude son lieu d’origine 122. Encore deux textes ont suscité des discussions. L’un représente l’épitaphe d’Ulpius Quadratus qui est décurion, mais on ne peut pas savoir s’il est le decurio d’un municipe ou d’une ala 123. Je pense que la prudence manifestée par E. Doruțiu-Boilă 124, opposée à l’opinion tranchée d’E. Bujor 125 qui lit dec(urio) m(unicipii), est préférable dans ce cas. L’autre texte est consacré par un certain Aurelius Castor (citoyen après la constitution antoninienne) pour le salut d’un empereur du IIIe siècle 126. La question est de savoir si cet Aurelius Castor est un personnage officiel (comme un magister) ou non. Je suis enclin à répondre affirmativement à cette question. Le dossier épigraphique de la zone Beroe-Cius-Carsium n’est pas très riche, mais il fait preuve de l’existence des uici portant des noms non-romains. Le uicus Vero[---]rittianus est un toponyme celte, tandis que le uicus Rami[---] peut être celte ou indigène. Rappelons que dans le territoire d’Ibida, il y a le uicus Bad[---], toponyme qui peut avoir des origines similaires. Il faut également remarquer la présence des vétérans dans ce milieu rural, soit en tant que magistri uici, soit comme de simples propriétaires agricoles. Les sources attestent aussi de représentants de la population indigène, qui habitaient la région avant la conquête romaine, mais qui ont été intégrés dans la société rurale romaine.

4. Conclusions Le tableau de la population du milieu rural de Capidava et de la zone Beroe-Cius-Carsium est assez complexe et intéressant, malgré le nombre assez réduit des inscriptions. Il faut mentionner que, dans le cas de Capidava, il y avait les structures villageoises indigènes. D’un côté, elles ont été organisées dans des loci dirigés par des principes appartenant à l’élite locale et ayant obtenu le droit de cité. De l’autre côté, certains villages ont été organisés selon le modèle d’autres villages de la Mésie Inférieure, avec un magister. Les uici, où la population prédominante était indigène, avaient à leur tête un magister pérégrin, tandis que les autres avaient un maire citoyen issu des vétérans ou de leurs descendants. Il faut remarquer la présence des anciens militaires originaires des provinces 119 ISM V, 104. 120 ISM V, 105. 121 CIL IV 7443, 7637 ; V 10, 6405 ; VI 1313–1314, 2595, 3105 ; X 2809, 3722 ; XI 3303 etc. Voir aussi Mihailescu-Bîrliba 2015d, 180. 122 Voir Mihailescu-Bîrliba 2015d, 180. 123 ISM V, 110. 124 ISM V, 110, sub numero. 125 Bujor 1954, 603. 126 ISM V, 101.

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germaniques, dont la famille de Cocceii est assez aisée et achète des propriétés dans le milieu rural. La population est composée aussi, hormis les Thraces, des Grecs installés ici toujours par des raisons économiques, visant en premier lieu l’agriculture. Les voeux et les monuments pour Jupiter et Junon, pour Silvain ou pour Bacchus sont fréquents dans la région, attestant ainsi l’importance des activités agraires. La zone du limes danubien de Beroe, Carsium et Cius a connu l’occupation militaire par des forteresses abritant des unités auxiliaires et quelques villages se sont développés probablement sous l’autorité de ces troupes. Ainsi, les textes mentionnent deux uici ; dans l’un de ces villages, le maire est vétéran de la Ve légion Macedonica. La présence des vétérans est confirmée par d’autres textes. Ils habitent cette région rurale à côté de la population thrace. Annexe 13.1. L’arbre généalogique des Cocceii de Capidava (ISM V, 29–30) Cocceius Vitales ∞ Cocceia Iulia

Cocceius Clemens

Cocceius (H)elius ∞ Titia Matrona

Annexe 13.2. Les magistri uici du territoire rural de Capidava Mention M. Cocceius Hilus (ou Helius), magister uici Hi[---] Veturius Tertius, magister uici Aelius Cara[---] Anonyme Ebrenus, magister uici Scenopesis Aelius Longinus Eftacentus, fils de Bithus, magister uici Anonyme, magister uici Scenopesis Anonyme Anonyme Anonyme

Datation IIe s. IIe s. Antonin Antonin Antonin 161–169 168 175 Commode 188 200

Source ISM V, 6 ISM V, 56 ISM V, 13 ISM V, 14 ISM V, 21 ISM V, 23 ISM V, 15 ISM V, 22 ISM V, 17 ISM V, 18 ISM V, 19

Annexe 13.3. Les Thraces mentionnés dans les inscriptions du territoire rural de Capidava et dans la zone Beroe-Carsium-Cius Nom Auluporus Secu[---] Do[..]eni Bassus Tsinna

Datation première moitié du IIe s. première moitié du IIe s. première moitié du IIe s. première moitié du IIe s.

Source ISM V, 26 ISM V, 26 ISM V, 27 ISM V, 27

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Nom Zura Tsinnu Martia Batsinis Cethithis, fille de Didus Ebrenus, magister uici Scenopesis Eftacentus, fils de Bithus, magister uici

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Datation première moitié du IIe s. première moitié du IIe s. première moitié du IIe s. première moitié du IIe s. deuxième moitié du IIe s. Antonin 168

Source ISM V, 27 ISM V, 27 ISM V, 27 ISM V, 31 ISM V, 119 ISM V, 21 ISM V, 15

Annexe 13.4. Les vétérans présents dans le milieu rural de Capidava, Beroe, Carsium et Cius Nom

Unité

M. Cocceius Vitlus M. Ulpius Piso Aelius Longinus C… Iulius Capito C. Iulius Valens G. Valerius Herculanus M. Ulp. Domitius Anthius

cohors I Ubiorum probablement cohors I Ubiorum ala II Arauacorum probablement légion legio V Macedonica ala II Arauacorum cohors I Lusitanorum

Charge dans le village magister magister -

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Source ISM V, 24 ISM V, 35 ISM V, 23 ISM V, 7 ISM V, 115 ISM V, 117 ISM V, 118

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.

Fig. 13.1. Épitaphe de Cooceius (H)elius et de sa femme, morte chez sa uilla (Capidava) Source : www.capidava.ro/territorium.php

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Fig. 13.2. Épitaphe de M. Cocceius Vitlus, vétéran de la cohors I Ubiorum Source : db.edcs.eu/epigr/bilder.php?bild=$Conrad_00241.jpg;lu_15214&nr=2

Fig. 13.3. Inscription votive de Veturius Tertius, magister uici (Capidava) Source : ubi-erat-lupa.org/monument 21020

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Fig. 13.4. Inscription votive du magister Eftacentus Biti ) (Capidava) Source : ubi-erat-lupa.org/monument 21042

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Fig. 13.5. Inscriptions votive de Claudius Cocceius, probablement magister uici (Capidava) Source : ubi-erat-lupa.org/monument 15314

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Fig. 13.6. Inscription votive d’Ebrenus, magister uici Scenopesis Source : ubi-erat-lupa.org/monument 21045

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Fig. 13.7. Une famille de Thraces dans le milieu rural de Capidava Source : ubi-erat-lupa.org/monument 21029

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Fig. 13.8. Épitaphe d’un vétéran originaire du uicus Rami[---] (Cius) Source : ubi-erat-lupa.org/monument 21046

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XIV. LA POPULATION DU MILIEU RURAL DE DUROSTORUM ET DANS LES VILLAGES SITUÉS ENTRE DUROSTORUM ET AXIOPOLIS 1. Introduction En continuant l’analyse de la population des villages situés sur la ligne de Danube, ma recherche s’arrête dans la zone de Durostorum, camp de la XIe légion Claudia à partir de Trajan 1 et municipe sous Marc Aurèle 2. Je m’occuperai ensuite de la zone de Sucidava, Sacidava et Axiopolis, où il y avait des unités de l’armée et probablement de la flotte 3. À côté du camp de la legio XI Claudia, il y avait les canabae de la légion et un établissement civil qui s’est développé dans la proximité des canabae 4. Les inscriptions ne me permettent pas, sauf à quelques exceptions près, de faire la distinction d’appartenance à ces deux structures, mais elles font preuve de la population habitant ces structures villageoises. Le territorium du municipe n’est pas connu d’une manière précise, mais il englobait vers le sud la proximité de la ville moderne de Silistra (Bulgarie) jusqu’à Brestovene (Sarsânlar, Bulgarie), vers le nord probablement jusqu’à Sucidava ou peut-être jusqu’à Sacidava, vers l’est jusqu’à Gura Canliei et à l’ouest vers Abrittus, mais on ne sait pas où exactement. À Durostorum fonctionnait également une statio des douanes 5. La zone Sucidava-Sacidava-Axiopolis, si elle n’appartenait pas au territoire rural du municipe de Durostorum (ou de Tropaeum), englobait des villages qui se trouvaient sous l’autorité des unités militaires stationnés ici (vexillations de la Ve légion Macedonica 6, cohors II Chalcidenorum 7, cohors I Cilicum 8). En ce qui concerne les recherches archéologiques, il faut remarquer que P. Donevski a fouillé des édifices importants dans le nord de la ville moderne de Silistra (Bulgarie), en considérant qu’ils appartiennent aux canabae 9. Le uicus situé sur l’emplacement de l’actuel village d’Ostrov (Roumanie) a été recherché par P. Damian et ses collaborateurs 10. Il s’agit d’un établissement rural civil, avec des ateliers de céramique pour le milieu militaire et

1 ISM IV, 86. Voir aussi Popescu 2015b, 214. 2 ISM IV, 94. Voir aussi Popescu 2015b, 214–215. Voir plus bas (dans le même chapitre) une discussion détaillée. 3 Voir plus bas (dans le même chapitre) une discussion détaillée. 4 ISM IV, 91, 110. Voir aussi Popescu 2015b, 214–215. Sur les recherches archéologiques dans la zone des canabae, vois aussi Cîrjan 2011, 73–81, avec la bibliographie. 5 ISM IV, 128. 6 ISM IV, 159, 175. 7 ISM IV, 161. 8 ISM IV, 172, 184. 9 Donevski 2011, 158–169. 10 Voir plus récemment Damian, Bâltâc 2007, 61–70.

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pour le milieu civil 11. Il faut aussi mentionner l’établissement partiellement fouillé de Bugeac (environ 13 km de Silistra) 12. Les tumuli funéraires de la région Pet moghili peuvent être attribués à une population rurale 13, tout comme les tombes trouvées à Vetren 14 et à Aliman 15. Des établissements ruraux datant du Haut-Empire ont été signalés à Gura Canliei 16.

2. La population du milieu rural de Durostorum La position stratégique du Durostorum est mise en évidence non seulement par son emplacement sur la rive du Danube, mais aussi par les routes le long du fleuve qui ont comme point commun cette cité 17. Si en ce qui concerne l’installation de la XIe légion Claudia à Durostorum, il y a la communis opinio que ce transfert a eu lieu sous Trajan 18, l’opinion selon laquelle l’octroi du rang de municipium s’est produit sous Marc Aurèle n’est pas partagée par tous les historiens. V. Pârvan 19, R. Vulpe 20, B. Gerov 21, I. Boyanov 22, E. Popescu 23 sont d’avis que cet empereur a accordé à Durostorum le statut municipal, tandis qu’E. Doruțiu-Boilă pense que c’est Caracalla qui a octroyé ce rang à la cité 24. Les arguments des premiers sont, à mon avis, plus forts que celui d’E. Doruțiu-Boilă. Une lecture plus récente d’I. Piso montre qu’attribuer à Caracalla la fondation du municipe serait une erreur 25. I. Boyanov croit que l’établissement civil près des canabae est celui nommé uicus Gauidina et que celui-ci a été élevé plus tard au rang de municipium 26. E. Popescu admet que le municipe s’est développé des canabae, mais son opinion à l’égard de celle de Boyanov est neutre 27. Si l’identification de l’établissement près des canabae avec le uicus Gaidina est possible, au regard du lieu de découverte, je ne suis pas sûr d’affirmer que ce village est devenu plus tard un municipe. Le uicus est mentionné avec un autre, Arnumtus Superior. Plus important encore, I. Piso pense que le uicus situé à environ 2 km est du camp est celui qui est devenu municipium Aurelium, et non les canabae 28. 11 Voir surtout Mușețeanu, Elefterescu 1985, 67–81; Mușețeanu, Elefterescu 1989, 89–114; Mușețeanu, Elefterescu 1992, 221–239; Mușețeanu, Elefterescu 2004, 95–142; Mușețeanu 2003. 12 Scorpan 1970, 140–143. 13 Voir Bâltâc 2011, 448, avec bibliographie. 14 Voir Bâltâc 2011, avec bibliographie. 15 Scorpan 1974, 237–241. 16 Irimia 1981, 98–112; Irimia 1983, 166–167; Papasima 1997, 309–314. 17 Voir surtout Fodorean 2014a, 130–145 ; Fodorean 2014b, 215–229 ; Panaite 2015, 598. 18 Aricescu 1977, 37–40, Matei-Popescu 2010a, 133–134 ; Popescu 2015b, 214. 19 Pârvan 1924, 307 sqq. 20 Vulpe 1938, 201–202. 21 Gerov 1977, 299–309. 22 Boyanov 2010, 53–59. 23 Popescu 2015, 214–215. 24 Doruțiu-Boilă 1978, 245–247. 25 Piso 2014, 492. Voir aussi Mușețeanu 1990, 293 ; Donevski 1991, 277–280 ; Ivanov 1997, 601 ; Aparaschivei 2010, 101 (indécis) ; Tatscheva 2005, 216. 26 Boyanov 2010, 53–59. 27 Popescu 2015b, 215. 28 Piso 2014, 493.

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En faisant appel aux exemples rencontrés dans les provinces danubiennes (Pannonie, Mésie Supérieure), I. Piso constate que le siège du gouverneur se trouvait dans une cité où le camp de légion était placé dans une position centrale par rapport aux autres camps de la légion de la province et il suggère que le siège du legatus Augusti serait à Durostorum, en identifiant le prétoire avec un édifice fouillé partiellement par P. Donevski 29. Mon avis est que la théorie d’I. Piso, fondée sur des arguments logiques, doit encore attendre afin d’être mieux vérifiée. Les inscriptions des gouverneurs ne sont pas nombreuses, d’autant plus que deux d’entre elles se prêtent encore à une datation plus tardive 30, bien que la datation sous Gallien (en vertu de la mention des praesides) ne soit pas exclue. Puis, il faut espérer comme I. Piso que les recherches archéologiques se poursuivent et que les résultats éclaircissent ce problème. Le premier document trouvé dans le territoire de Durostorum est un diplôme militaire de Sarsânlar (Brestovene, Bulgarie, à 45 km sud-ouest de Silistra), datant du 18 juin 54 31. Il s’agit d’un soldat, Romaesta, fils de Rescens, eques de l’ala Gallorum et Thraecum Antiana, qui stationnait en Syrie. Le vétéran est originaire d’un village appelé Spiurus, à l’est de la future cité de Nicopolis ad Istrum 32, mais il est resté dans la zone où il a probablement eu une propriété. Les canabae sont mentionnées dans une inscription qui parle de citoyens romains et de ceux qui cohabitent avec eux 33. Elles portent le titre d’Aeliae, en vertu du nom d’Hadrien ou d’Antonin, l’un des empereurs sous lequel elles ont reçu ce surnom. L’inscription représente un voeu pour Jupiter Très Bon et Très Grand, datant des années 144–148. Le texte fait preuve de la présence des citoyens romains et des autres membres de la communauté ; le voeu a été accompli par Cn. Oppius Soterichus et son fils Oppius Severus, au nom du gouverneur et du légat de la légion. On ne connaît ni le statut, ni l’origine des deux Oppii, en raison des occurrences nombreuses de ce gentilice dans l’Empire. On peut supposer pourtant qu’ils sont les représentants des citoyens romains résidant ici, pourquoi pas des magistri canabensium. Le texte attestant le uicus Gauidina et le uicus Arnumtus Superior fait preuve d’un vœu pour Jupiter Très Bon et Très Grand consacré par Eutuches, affranchi de Iulius Maximus 34 (Fig. 14.1). Iulius Maximus était un citoyen romain établi dans l’un de ces uici. L’existence du uicus civil situé près du camp militaire est suggéré par la publication récente d’une inscription apparemment perdue 35. Il s’agit d’un voeu pour Jupiter Très Bon et Très Grand, accompli par P. Aelius Caianus, considéré par les éditeurs un c(urator) u(ici). À mon avis, c’est la restitution la plus plausible dans ce contexte, si vraiment les dessins sont fidèles à la découverte initiale. La manière grecque de la transcription du gentilice (Ailius au lieu d’Aelius) me fait penser à quelqu’un d’origine pérégrine qui a reçu la citoyenneté après Hadrien. La charge de curator uici est assez rarement attestée dans 29 30 31 32 33 34 35

Piso 2014, 494–497 ; voir aussi Donevski 1990, 939 ; Donevski 2009, 119 ; Donevski 2015, 163–168. ISM IV, 96–97. CIL XVI 3 ; ISM IV, 1. Voir ISM IV, 1, sub numero, avec la bibliographie. ISM IV, 91. ISM IV, 93. Donevski, Ardevan 2016, 48–49.

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l’Empire romain (une fois dans la Regio I 36 et une fois en Germanie Supérieure) 37 et supposait probablement des responsabilités diverses dans le cadre du village (au caractère sanitaire, de transport, de police etc.). Comme je l’ai déjà affirmé, il est difficile de dire quelles inscriptions proviennent d’un uicus ou des canabae. Je suis enclin à considérer comme originaires des canabae les textes qui parlent des familles des militaires, mais qui dateraient de l’époque précédant le règne de Marc Aurèle. On remarque ainsi Q. Carmaeus Felix, affranchi de Q. Carmaeus Laetus, originaire d’Aquilée 38. Le patron fut cornicularius (officier dans le personnel administratif) 39 du tribun de la XIe légion Claudia. Les inscriptions évoquent aussi des femmes de militaires, comme celles des centurions Iulius Iulianus 40, M. Ve[---] 41 et un anonyme 42. Un centurion de cohorte a été commémoré certainement par sa famille. Il s’agit de la cohors II Flavia Brittonum equitata, stationnée une période à Durostorum (fin du Ier siècle–moitié du IIe siècle), avant qu’elle ne soit détachée à Sexaginta Prista 43. Il faut aussi mentionner un autel pour Jupiter datant de 162–162, érigé par les vétérans de la légion, recrutés en 136–138 et démobilisés au début du règne de Marc Aurèle 44. Je suis enclin à considérer comme provenant d’un uicus le texte funéraire du militaire Valerius Marcus, même s’il date de la première moitié du IIIe siècle 45. Deux raisons me font penser à cette chose : d’abord, le lieu de découverte (comm. d’Ostrov, Roumanie, sur l’autre rive du Danube, où il y avait l’établissement rural) et les surnoms de ses enfants (Decebalus, Seiciper, Mamutzis), qui trahissent leur origine indigène 46. Enfin, un diplôme militaire récemment publié, provenant de Tegulicium (Vetren, Bulgarie, près de Durostorum) et datant de 160, mentionne plusieurs unités militaires, mais le nom du bénéficiaire n’est pas conservé 47. D’autres inscriptions parlent de civils et de leurs familles habitant le milieu rural 48 de Durostorum. Une épitaphe évoque Valerius Diocati et sa femme Marina Demetria, qui sont probablement des pérégrins, malgré le fait que l’un des noms de l’époux a une forme de gentilice 49. Le texte est malheureusement trop fragmentaire pour nous fournir d’autres détails. Deux autres inscriptions funéraires sont rédigées en grec, ce qui prouve l’existence d’une petite communauté hellénophone dans les villages près de Durostorum. Un texte mentionne une famille de Grecs qui était engagée dans le processus de « latinisation» de leurs noms 50. Le père a été pérégrin (Respectianus Threptus), tandis que le fils a acquis le 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50

CIL XIV 2213. CIL XIII 6676. ISM V, 118. Voir Southern 2006, 333. ISM IV, 120. ISM IV, 121. ISM IV, 122. Voir surtout Matei-Popescu 2010, 198–199, avec la bibliographie. ISM IV, 92. ISM IV, 116. Matei-Popescu 2017, 152. Dana 2014d, 293–296. ISM IV, 91. ISM IV, 127. ISM IV, 131.

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droit de cité (P. Flavius Respectianus Sabinus). L’autre texte mentionne un anonyme, fils de Diodotos 51. On ignore les raisons pour lesquelles ces Grecs se trouvaient à Durostorum, mais si l’on prend en compte le stationnement de la légion, les motifs d’ordre économique sont à mon avis logiques pour justifier leur présence. En ce sens, il faut également mentionner le monument votif érigé par Iulius Firmus, fils de Cornutus, qui rédige le texte toujours en grec 52. Il y a d’autres inscriptions mentionnant des vétérans, mais elles datent de la période qui suit l’octroi du rang de municipium par Marc Aurèle, par conséquent il est difficile de dire si les anciens soldats ont érigé ces textes en résidant dans la ville ou dans les villages situés près de Durostorum. D’un seul endroit on peut dire que la pierre provient du milieu rural. Iulius Ponticus, vétéran, fait ériger un petit autel pour Jupiter Très Bon et Très Grand : la découverte est d’Ostrov (dép. de Constanța, Roumanie), où était situé l’établissement rural civil 53 (Fig. 14.2). Les éditrices du texte pensent qu’il s’agit d’un ancien militaire originaire du Pont et de Bithynie d’après son nom 54, hypothèse qui me semble acceptable. Il est vrai que deux personnages aux noms identiques sont mentionnés à Troesmis 55 mais ils ne peuvent pas être identifiés avec Iulius Ponticus de Durostorum car ils ont servi dans la Ve légion Macedonica. Notre Iulius Ponticus, après avoir fini son service dans la XIe légion Claudia, a préféré se retirer à la campagne. Plus tard, C. Antonius Herculanus consacre un autel pour Mercure en 209 56. La découverte de cette inscription à environ 2,5 km sud de Silistra, corroborée avec la formule ueteranis consistentibus huius loci donum dedit me fait penser qu’Antonius Herculanus, ex custode armorum dans la legio XI Claudia, habitait un village du territoire de Durostorum avec d’autres anciens camarades d’armes. Il y a d’autres Antonii dans cette légion, comme Antonius Valens à Oescus 57 ou le centurion Antonius Proculus à Balaklava (en Crimée) 58. Il est pourtant impossible de dire s’ils étaient apparentés. C. Antonius Herculanus voue également une inscription au Vent et à la Bonne Réussite, avec des vétérans et des soldats actifs, probablement membres d’un collège religieux 59 (Fig. 14.3). Parmi les anciens militaires, on remarque des Iulii (Crispinus et Iulianus), des Cocceii (Herculanus et Alexander) et des Valerii (Valerianus, Quintus, Apollinaris, Valentinianus). Un Iulius Iulianus, vétéran de la même légion, est commémoré par sa femme 60. Les personnages ne sont pas identiques, car la stèle est datée par S. Conrad et D. Stančev du IIe siècle 61. Un autre Iulius Iulianus, centurion, fait ériger une épitaphe à sa femme Aurelia Avita 62, tandis qu’un troisième personnage portant ce nom est rencontré dans un texte de Sacidava en tant que summus curator cohortis I Cilicum 63. Toutes ces 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63

ISM IV, 132. ISM IV, 106. Bâltâc, Paraschiv-Grigore 2013, 155–163. Sur les fouilles de ce site, voir Damian, Bâltâc 2008, 61–70. Bâltâc, Paraschiv-Grigore 2013, 158. ISM V, 186. ISM IV, 101. ILB 169. AE 1998, 1161. ISM IV, 110. ISM IV, 117. Conrad, Stančev 1992, 61–68. ISM IV, 120. ISM IV, 184.

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inscriptions datent du IIe siècle et il est clair que les personnes attestées ne sont pas identiques. Pourtant, une relation de parenté entre tous ces Iulii Iuliani ayant une carrière militaire n’est pas exclue. Un autre vétéran enterré à Durostorum est C. Valerius Iulianus, originaire de Sarmizegetusa, ancien primipile, décédé à un âge très avancé ; sa femme et ses enfants lui font ériger l’épitaphe, probablement à l’époque de Gallien, en tenant compte de l’épithète pia fidelis III de la légion 64 (Fig. 14.4). Enfin, un bureau de la circonscription douanière d’Illyricum est attesté dans une inscription funéraire de Durostorum. Il s’agit d’une femme défunte, Valeria Irene, morte à 55 ans, et d’un certain Cat[---]rus, uilicus de la statio de Durostorum 65 (Fig. 14.5). Le texte fait preuve de l’existence d’un bureau douanier à Durostorum. Sa position sur la rive danubienne, ainsi que son emplacement comme point routier important 66 justifie l’existence d’un bureau des douanes, d’autant plus que les militaires pouvaient assurer la défense de ce bureau. Un texte trouvé à Smileč (sud-est de Silistra, Bulgarie) mentionne l’emplacement d’une borne de frontière dans le locus Subiati ; l’inscription a été élevée par un primipile de la XIe légion Claudia et date des années 162–164 67. Je partage l’opinion d’E. Popescu 68, contraire à celle exprimée par E. Doruțiu-Boilă 69 : celle-ci voyait dans cette délimitation une chose privée, tandis qu’E. Popescu pense, en suivant Velkov 70 et Gerov 71, qu’il s’agit d’une délimitation du territoire juste après la création du municipe. Ce qu’il faut ajouter c’est qu’il est possible que cet endroit ait été habité par une communauté indigène. À Gura Canliei il y avait un camp (où stationnait probablement une vexillation de la XIe légion Claudia 72, mais aussi de la legio I Italica 73 et de la cohors II Chalcidenorum 74, selon les tuiles estampillées trouvées ici) et à côté, un établissement civil. Un monument pour Cautopates est voué par un citoyen, M. Domitius Valens, qui avait probablement une propriété dans la zone. Un M. Domitius Capetolinus, de Capitolias (Syrie) est commémoré à Tomi : il est intéressant que ce personnage ait été centurion de la XIe légion Claudia 75. Pour compléter la liste de M. Domitii en Mésie Inférieure, un M. Domitius Victor est attesté toujours à Tomi 76, tandis qu’un autre est mentionné à Tsarev Brod (Bulgarie, territoire de Nicopolis ad Istrum) 77. Il n’est pas exclu que M. Domitius Valens de Gura Canliei soit un ancien militaire qui a probablement servi dans la XIe légion Claudia et un lien de parenté avec M. Domitinus Capetolinus n’est pas exclu. 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77

ISM IV, 115. ISM IV, 128. Fodorean 2014a, 130–145 ; Fodorean 2014b, 215–229 ; Panaite 2015, 598. ISM IV, 153. ISM IV, 153, sub numero. Doruțiu-Boilă 1978, 246. Velkov 1970, 55–60. Gerov 1977, 301. Zahariade, Gudea 1997, 71 ; Bărbulescu 2001, 127–128. ISM IV, 157. ISM IV, 158. ISM II, 348. ISM II, 448. Conrad 2004, 212 ; AE 2004, 1304.

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3. La population de la zone située entre Sacidava et Axiopolis La région située entre Sacidava et Axiopolis, le long du limes danubien, est difficilement attribuable au territoire d’une cité quelconque, puisqu’elle se trouvait assez éloignée de Tomi, Tropaeum Traiani et de Durostorum. En plus, la zone a été contrôlée par l’armée romaine, comme il résultera du petit exposé présenté ci-dessous. Il est possible que les établissements ruraux civils aient été sous l’autorité militaire s’il n’y avait pas de propriétés rurales regroupées dans des villages. À Sacidava, le camp découvert a abrité des unités militaires comme la cohors IIII Gallorum 78, cohors I Cilicum 79 et probablement des vexillations des légions : Ve légion Macedonica 80, Ière Italica 81 et XIe Claudia 82. Non loin de Sacidava il y avait une statio de beneficiarii 83. Les inscriptions attestent aussi des burgarii 84, ce qui suggère aussi le statut de burgus de la forteresse de Sacidava 85. Revenons à la population civile qui habite cette zone. Les soldats des unités stationnées ici sont parfois accompagnés par les membres de leurs familles. Ainsi, un soldat de la legio V Macedonica, C. Veturius Verus, décédé à 19 ans, est commémoré par son père 86 (Fig. 14.6). On peut prétendre que le père n’a pas effectivement érigé la pierre, mais n’oublions pas que les Veturii sont attestés à Capidava et l’un d’eux est vétéran 87. Il s’agit donc d’une famille de citoyens qui a une tradition militaire et dont les membres sont en Mésie Inférieure. Iulius Iulianus, summus curator de la Ière cohorte des Ciliciens, fait ériger une épitaphe pour sa femme 88. Iulianus était chargé du ravitaillement de la cohorte 89. Aurelius Ditusanus, strator du tribun de la même cohorte, est commémoré par sa femme Claudia Cocceia 90 (Fig. 14.7). Son surnom thrace, le gentilice d’Aurelius et le manque du prénom date cette inscription après l’édit de Caracalla. E. Popescu, en interprétant sa cause de décès (disperitus est in Barbarico), pense qu’il est mort probablement dans une expédition des Romains au nord de la mer Noire et il propose une telle expédition comme étant celle de Caracalla en 214 91. Si l’emplacement géographique me semble correct, je suis enclin à dater le texte à une date postérieure à 214 car Ditusanus a eu sa citoyenneté en 212 et, probablement peu après, a été promu strator (qui avait en charge les chevaux du tribun de la cohorte). Ditusanus était alors un indigène qui a eu son droit de cité et a été promu strator de la cohorte stationnée probablement dans la proximité de son domicile. Un 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89

ISM IV, 169, 191 ; voir aussi Matei-Popescu 2010a, 210–212. ISM IV, 170, 172, 184, 202. ISM IV, 175. ISM IV, 200. ISM IV, 186, 201. ISM IV, 194. ISM IV, 179, 180. Sur les burgi, voir Visy 2009, 989. ISM IV, 175. ISM V, 34–35. ISM IV, 184. Voir surtout Speidel 1973, 53–56 ; Speidel 1992, 137–139 ; Kissel 1995, 166–170 ; Roth 1999, 274 ; Stoll 2015, 78. 90 ISM V, 187. 91 ISM IV, 187, sub numero.

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cornicularius de la même unité est commémoré par sa femme et son fils 92. Il y avait aussi les esclaves habitant le milieu civil. Une épitaphe évoque Saturninus, seruus du tribun Iulius Faustinus 93, mais, dans ce cas-là, il est possible que l’esclave ait accompagné le maître dans le camp. D’autres militaires se sont établis dans le milieu civil après avoir pris leur retraite. C’est le cas de Valerius Septimius, commémoré par sa femme et par ses trois fils 94. Pour M. Aurelius Saturninus, vétéran de la XIe légion Claudia, est érigé un monument funéraire, très probablement de la part de la famille 95. Un autre vétéran, Aurelius Marcus, ancien prétorien, est commémoré par sa femme, Aurelia Sispiris, et par sa fille, Aurelia Marcia 96. Le surnom de sa femme 97 et la forme de son surnom (Marcus, utilisé normalement comme prénom) me font croire qu’il s’agit d’un indigène. Cela est confirmé par le fort recrutement des Thraces dans les cohortes prétoriennes 98. Un autre vétéran, cette fois-ci d’une unité auxiliaire, est Diurdanus, fils de Décébale, qui a une origine dace 99. Il est commémoré par son fils Priscus (qui porte un nom latin) et par son affranchi Felix. Marcus Valerius [---], vétéran de la IVe cohorte des Gaulois, est évoqué dans une épitaphe par son affranchi 100. Enfin, C. Antonius, ancien militaire d’une unité dont le nom n’est pas précisé, fait ériger une pierre funéraire à sa fille 101. Il y a encore deux inscriptions qui attestent des burgarii. Les burgarii avaient la mission de défendre les burgi (sur la frontière) des attaques des Barbares. Ils étaient recrutés, pour la plupart, au sein de la population locale 102. En effet, les inscriptions de Sacidava prouvent cette chose. Piasus, fils de Pius, est décédé à 50 ans 103 (Fig. 14.8). L’autre personnage est Diozenus, fils de Rigozus, subtesserarius burgariorum 104. Il s’agit d’un rang qui n’est pas connu jusqu’à présent, mais en tenant compte du statut à moitié militaire des burgarii, une telle chose est possible. On remarque aussi deux vœux pour Jupiter Dolichenus, accomplis par ses prêtres, Aelius Flavius et Aelius Marinus 105, dans un cas, Iulius Alexander et Germanus Baronas, dans le deuxième cas 106. Ce sanctuaire était situé dans le milieu rural, comme nous l’avons vu dans le uicus Quintionis 107, à Cerna 108 ou à Niculițel 109. En ce qui concerne Aelius Marinus, il semble que ce surnom était fréquent parmi les personnes d’origine orientale 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 102 103 104 105 106 107 108 109

ISM IV, 190. ISM IV, 184. ISM IV, 181. ISM IV, 186. ISM IV, 188. Voir Dana 2014a, 407. Voir aussi une autre forme du nom chez Dana, Matei-Popescu 2009, 231. Voir Ferjančić. S. 2009, 107–121 ; Topalilov 2013, 287–299 ; Haynes 2013, 376 ; Bingham 2013, 44–50. ISM IV, 189. ISM IV, 191. ISM IV, 193. Voir Behrens 1931, 81–83 ; Labrousse 1939, 151–167 ; Grünewald 2004, 21–22. ISM IV, 179. ISM IV, 180. ISM IV, 173. ISM IV, 174. ISM I, 340. ISM V, 219. ISM V, 249.

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venues en Mésie Inférieure : par exemple, le prêtre de Jupiter Dolichenus de Cerna s’appelle Aurelius Marinus Romanus 110 ; un autre sacerdos du même dieu, attesté à Tropaeum Traiani, est Antonius Marinus 111. Parmi les autres civils mentionnés à Sacidava, il faut rappeler M. Corienius Colonus, qui fait élever une inscription à sa femme défunte, Ulpia Respecta 112. Un autre citoyen romain est L. Titius Marcianus, qui commémore son épouse 113. E. Popescu, en partant d’un texte de Tomi, attestant une certaine Antonia Severa, qui fait ériger l’épitaphe pour son mari et les enfants (Titius Marcianus et Titia Marciola) 114, avance l’hypothèse que l’époux défunt d’Antonia Severa est Titius Marcianus de Sacidava, lequel a eu deux mariages : le premier, avec la femme de Sacidava, le deuxième, avec Antonia Severa, et les deux enfants sont nés de ces deux mariages 115. Plus encore, Popescu croit que Marcianus est un vétéran qui s’est établi d’abord dans le milieu rural, puis à Tomi 116. Si en ce qui concerne les deux mariages de Marcianus, je pense qu’E. Popescu a raison, je préfère rester prudent à propos du statut de vétéran de ce personnage, même si l’idée ne peut être totalement exclue. Un dernier texte trouvé à Sacidava parle d’une statio Saltensis, où agissait Ulpius Victor, cavalier de l’ala II Arauacorum, en tant qu’explorator de cet office 117. Sa mission coïncide avec l’activité des burgarii dans les environs de Sacidava. Il semble que de côté de la rive danubienne, les attaques des tribus situées au-delà du Danube étaient plus intenses et la défense devait être renforcée. C’est pourquoi Ulpius Victor a été détaché de l’ala Arauacorum (stationné à Carsium) et chargé d’actions d’éclaireur dans cette statio. En faisant appel à un texte plus tardif de Procope 118, E. Popescu identifie statio Saltensis avec la fortification Saltoupyrgos mentionnée par l’auteur byzantin comme étant restaurée par Justinien 119. L’approche toponymique me semble correcte et il est fort probable que les deux toponymes désignent la même fortification. E. Popescu essaye de localiser cet endroit et il le place « sur la rive droite du Danube, dans la région de Durostorum » 120. Le lieu de découverte et la situation imposée par la construction des burgi (pyrgoi) me font penser que la statio doit être localisée plus précisement dans les environs de Sacidava. Le petit corpus d’inscriptions de Sacidava fait preuve d’une communauté rurale vivant près du camp militaire. Cette communauté englobait, d’un côté, la population indigène habitant la région et de l’autre côté, les familles des soldats appartenant aux unités stationnées ici. En plus, beaucoup de vétérans ont acheté des propriétés dans la zone. Il est difficile de parler des villages organisés selon le modèle romain, car de telles mentions manquent. Pourtant, les colons citoyens romains sont présents et les propriétés rurales existent certainement. 110 111 112 113 114 115 116 117 118 119 120

ISM V, 219. ISM IV, 43. ISM IV, 176. ISM IV, 178. ISM II, 349. ISM IV, 178, sub numero. ISM IV, 178, sub numero. ISM IV, 194. Procope, De aed. 4, 7, 10. ISM IV, 194, sub numero. ISM IV, 194, sub numero.

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À Altinum (Oltina, Roumanie, sud de Sacidava), un diplôme militaire du 14 août 99 atteste un ancien soldat de l’ala II Gallorum, M. Antonius Rufus, originaire d’Abrettene en Asie Mineure 121. Le soldat n’est pas rentré chez lui, préférant s’établir à la campagne en Mésie Inférieure. La cohorte est supposée avoir stationnée à Durostorum jusqu’à l’arrivée de la XIe légion Claudia 122. Axiopolis (aujourd’hui Cernavoda, dép. de Constanța, Roumanie) a été un port important qui a favorisé la présence des marchands. L’activité économique intense a déterminé la création d’une statio de beneficiarii 123, ainsi que l’emplacement du siège de nautae uniuersi Danuuii 124. L’opinion d’A. Suceveanu, selon laquelle Axiopolis serait devenu municipe au IIIe siècle 125 n’est pas soutenable jusqu’à une confirmation épigraphique. L’inscription attestant le siège de nautae uniuersi Danuuii fait preuve de la présence des marchands qui circulaient sur le Danube. Il semble qu’il s’agit d’un collège professionnel. A. Aricescu pensait que ce type d’association englobait non seulement les marchands, mais aussi les militaires de la flotte mésique 126. Les nautae sont attestés surtout dans les Gaules et les provinces germaniques, sur les cours de la Moselle 127 ou du Rhin 128. Revenant à notre texte et à son caractère officiel, la dédicace pour Iulia Domna et la présence dans le texte du gouverneur L. Iulius Faustinianus peut suggérer que les marchands assuraient également une partie du ravitaillement de la flotte 129. D’autres textes attestent des civils ou des vétérans, mais il est très difficile d’avoir une opinion sur leur origine ou même sur leur statut ou leur nom 130. Il reste le texte consacré par C. Valerius Valens, bénéficiaire du légat de la XIe légion Claudia, pour son père, C. Valerius Germanus, mort à un âge avancé (78 ans) 131 (Fig. 14.9). La statio des beneficiarii se justifiait par la position économique d’Axiopolis, ainsi que de l’emplacement de cette cité sur une route qui liait Durostorum avec Carsium et d’où dérivait une autre route vers Tomi 132. Valerius était un nom commun parmi les militaires, surtout en Mésie Inférieure, par conséquent il est impossible d’attribuer une origine à ce bénéficiaire. Une dernière inscription de cette zone a été trouvée à Seimeni (dép. de Constanța, Roumanie), où une certaine Valeria, fille de Castor, voue un texte à Junon, appelée Domna Regina 133. Le lapicide était un certain P. Iulius ; même s’il avait un nom latin, son latin a une erreur : ponet au lieu de ponit. La femme porte un nom de facture pérégrine qui trahit

121 122 123 124 125 126 127 128 129 130 131 132 133

CIL XVI 44 ; ISM IV, 2. Voir Matei-Popescu 2010a, 208–209. ISM IV, 224. ISM IV, 217. Suceveanu 2009, 161–163. Aricescu 1977, 71. CIL XIII 4335. Voir aussi Tran 2006, 350. CIL XIII 7067. Voir aussi Brokaert 2013, 182, 198–199 ; Mihailescu-Bîrliba 2015i, 185–186, 192. Voir aussi Munteanu 2015, 45. ISM IV, 226, 228–233, 235, 237. ISM IV, 224. Fodorean 2014, 140 sqq. ; Panaite 2015, 598. Voir aussi Campbell 2012, 174, carte 6. ISM V, 3.

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une origine hellénophone. Les vœux pour le couple Jupiter et Junon sont fréquents dans le milieu rural de Mésie Inférieure 134. La population du milieu rural dans la zone Sacidava-Axiopolis n’est pas attestée comme étant organisée dans de structures villageoises de type uici. Pourtant, la présence des troupes indique une habitation civile à côté des camps militaires. La mention de la population d’origine thrace recrutée dans ces corps d’armée prouve qu’il y avait, avant la conquête romaine, une organisation indigène dans des communautés rurales. Hormis les familles de militaires, on constate que les vétérans se sont installés dans la région, ainsi que d’autres citoyens romains résidant à Durostorum ou Tomi, qui ont acheté des propriétés dans la zone. Le statut du port d’Axiopolis et la présence d’un collège des nautae qui transportait leurs marchandises sur le Danube suppose une présence assez cosmopolite dans le milieu rural à proximité.

4. Conclusions Les inscriptions attestant la population du milieu rural de Durostorum et de la ligne danubienne Durostorum-Sacidava-Axiopolis sont certainement liées à la position stratégique des cités mentionnées. Le stationnement de la XIe légion Claudia à Durostorum a déterminé l’habitation des canabae et d’un autre établissement civil près de celles-ci. Les inscriptions témoignent des uici organisés selon le modèle romain, ainsi que des loci habités par la population indigène. Les canabae et les uici ont une population composée, exceptées les familles de militaires, en grande partie de vétérans et d’indigènes. L’origine des militaires et des vétérans de la légion est cosmopolite : on a distingué des gens ayant leur origo en Italie et en Syrie 135. Dans la région Sacidava-Axiopolis, la présence des militaires laisse également son empreinte. La position de Sacidava a déterminé la construction d’un burgus, où il y avait beaucoup membres de la communauté indigène comme burgarii, employés donc pour la protection de la forteresse et de cette partie de la rive danubienne. Les autres militaires, appartenant aux vexillations des légions ou bien aux unités auxiliaires, sont accompagnés par les membres de leurs familles, qui vivent dans des établissements ruraux à côté du camp. Il y a aussi des vétérans qui ont acheté des propriétés. Au IIIe siècle, on constate la rentrée des anciens militaires indigènes recrutés dans les unités auxiliaires ou dans les cohortes prétoriennes. Axiopolis est port au Danube et une association des marchands sur le fleuve y est mentionnée : cela suppose une activité commerciale intense et une population diverse du point de vue social et ethnique. Il faut souligner un dernier aspect : Durostorum, Sacidava et Axiopolis sont des points stratégiques importants sur le Danube. À Durostorum est mentionné un bureau des douanes et non loin de Sacidava une statio de beneficiarii, soldats qui avaient en charge la route Durostorum–Carsium. L’existence de ces bureaux suppose un personnel administratif qualifié et latinophone.

134 Mihailescu-Bîrliba 2015e, 439–445. 135 Sur les recrutements dans la legio XI Claudia, voir Mihailescu-Bîrliba 2012c, 176–179.

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Annexe 14.1. Les vétérans dans le territoire rural de Durostorum. Toute datation est ap. J.-C. Nom Romaesta, fils de Rescens Iulius Ponticus C. Antonius Herculanus Publicius Priscus Iulius Crispinus Iulius Iulianus Aurelius Asclas Cocceius Herculanus Valerius Valerianus Cornelius Lucius Aelius Aelianus Flavius Caius Flavius Valerius Valerius Quintus Valerius Apollinaris Cocceius Valens Septimius Sempronius Valerius Valentinus Valerius Pudi[---] C. Valerius Iulianus

Datation 18.06.54 fin du IIe–début du IIIe s. 209 209 209 209 209 209 209 209 209 209 209 209 209 209 209 209 209 Gallien

Source ISM IV, 1 Bâltâc, Paraschiv-Grigore 2013, 155–163 ISM IV, 101, 110 ISM IV, 110 ISM IV, 110 ISM IV, 110 ISM IV, 110 ISM IV, 110 ISM IV, 110 ISM IV, 110 ISM IV, 110 ISM IV, 110 ISM IV, 110 ISM IV, 110 ISM IV, 110 ISM IV, 110 ISM IV, 110 ISM IV, 110 ISM IV, 110 ISM IV, 115

Annexe 14.2. Les vétérans dans le milieu rural de la zone Sacidava-Axiopolis. Toute datation est ap. J.-C. Nom M. Antonius Rufus Valerius Septimius M. Valerius [---] C. Antonius [---] M. Aurelius Saturninus Aurelius Marcus Diurdanus, fils de Décébale

Datation 14.08.99 probablement seconde moitié du IIe s. fin du IIe–début du IIIe s. fin du IIe–début du IIIe s. IIIe s. IIIe s. IIIe s.

Source ISM IV, 2 ISM IV, 181 ISM IV, 191 ISM IV, 193 ISM IV, 186 ISM IV, 188 ISM IV, 189

Annexe 14.3 La population indigène dans le milieu rural de la région Durostorum-Sacidava-Axiopolis Nom Romaesta, fils de Rescens Valerius Marcus Valerius Decebalus

Statut social et/ou juridique vétéran militaire citoyen, fils de Valerius Marcus

Source ISM IV, 1 ISM IV, 116 ISM IV, 116

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La population du milieu rural de Durostorum et dans les villages situés entre Durostorum et Axiopolis

Nom Valeria Seiciper Valeria Mamutzis Valeria Macaria Valerius Diocati f. Aurelius Ditusanus Aurelius Marcus Aurelia Sisipiris Aurelia Marcia Diurdanus. fils de Décébale Priscus Piasus, fils de Pius Diozenus, fils de Rigozus

Statut social et/ou juridique citoyenne, fille de Valerius Marcus citoyenne, fille de Valerius Marcus citoyenne, fille de Valerius Marcus pérégrin stator tribuni ancien prétorien citoyenne, femme du précédent citoyenne, fille d’Aurelius Marcus vétéran pérégrin, fils du précédent burgarius subtesserarius burgariorum

Source ISM IV, 116 ISM IV, 116 ISM IV, 116 ISM IV, 127 ISM IV, 187 ISM IV, 188 ISM IV, 188 ISM IV, 188 ISM IV, 189 ISM IV, 189 ISM IV, 179 ISM IV, 180

Annexe 14.4. Noms indigènes avec patronyme latin, noms latins avec patronyme indigène, noms latinisés des indigènes Nom Valerius Diocati f. Aurelius Marcus Aurelia Marcia Priscus, fils de Diurdanus Piasus, fils de Pius

Source ISM IV, 127 ISM IV, 188 ISM IV, 188 ISM IV, 189 ISM IV, 179

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Fig. 14.1. Inscription mentionnant les uici Gauidina et Arnumtus superior (Durostorum) Source : ubi-erat-lupa.org/monument 22477

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Fig. 14.2. Inscription votive du vétéran Iulius Ponticus (milieu rural de Durostorum) D’après Bâltâc, Paraschiv-Grigore 2013, 162

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Fig. 14.3. Inscription votive de plusieurs soldats et vétérans faite don aux uicani (Durostorum) Source : ubi-erat-lupa.org/monument 22007

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Fig. 14.4. Épitaphe de l’ancien primipile C. Valerius Iulianus (Durostorum) Source : ubi-erat-lupa.org/monument 21015

Fig. 14.5. Mention d’une statio des douanes à Durostorum Source : ubi-erat-lupa.org/monument 21977

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Fig. 14.6. Épitaphe d’un soldat de la Ve légion Macedonica (Sacidava) Source : ubi-erat-lupa.org/monument 21008

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Fig. 14.7. Épitaphe d’Aurelius Ditusanus, mort en Barbaricum (Sacidava) Source : ubi-erat-lupa.org/monument 15317

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Fig. 14.8. Épitaphe d’un burgarius (Sacidava) Source : ubi-erat-lupa.org/monument 21011

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Fig. 14.9. Épitaphe du père d’un bénéficiaire à Axiopolis Source : db.edcs.eu/epigr/bilder.php?bild=$CBI_00617_1.jpg;$CBI_00617_2.jpg&nr=1

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XV. LA POPULATION DANS LE MILIEU RURAL DE LA ZONE TRANSMARISCA-SEXAGINTA PRISTA 1. Introduction Sur la ligne du Danube de Transmarisca à Sexaginta Prista, les Romains ont construit des forteresses qui ont abrité des unités auxiliaires. La zone se trouvait donc sous l’autorité de ces troupes et la population rurale habitait dans les canabae ou dans les établissements civils situés non loin des canabae. Le matériel épigraphique, qui est d’ailleurs assez pauvre, ne nous fournit pas d’informations précises sur l’existence de ces structures rurales ; par conséquent, je ne peux pas préciser quel texte provient d’un certain type d’habitat. Pourtant, la reconstitution partielle d’un tableau de la population rurale est possible.

2. Le dossier épigraphique Transmarisca (aujourd’hui Tutrakan, Bulgarie) a constitué probablement le camp de la cohors I Thracum Syriaca equitata 1. Même si la cohorte a été mobilisée pour les guerres parthiques de Trajan, sa mention dans plusieurs diplômes ultérieures de Mésie Inférieure a renforcé l’hypothèse qu’au moins jusqu’à la moitié du IIe siècle, l’unité est restée dans la province à Transmarisca 2. À côté du camp de la légion, il y avait les canabae et probablement un uicus civil. Les textes sont peu nombreux pour fournir des détails supplémentaires. Deux textes font preuve de la présence des vétérans et de leurs familles dans les structures rurales voisines du camp. Ainsi, Avidius Felix et sa femme Vibia Helpis font ériger un autel pour Diane 3. Le vœu pour Diane est un témoignage indirect que le couple se trouvait dans un milieu rural. Felix est un vétéran, mais il ne précise pas s’il est d’une légion ou d’une unité auxiliaire. Un autre ancien militaire attesté dans cette région est L. Memmius Aquila, vétéran de la Ve légion Macedonica, commémoré par L. Valerius Valens et Valerius Rusticus, soldats actifs de la même légion 4. S. Conrad date l’inscription de la première moitié du IIe siècle 5, c’est-à-dire la période où la légion était à Troesmis. La formule fratri ne désigne pas, à mon avis, une relation de parenté, mais la relation de camaraderie entre les soldats. Deux Memmii sont attestés à Troesmis dans l’inscription qui mentionne les soldats libérés en 134 : Memmius Valens et Memmius Capito 6. Il est difficile de dire s’il y avait une relation de parenté entre ces personnages, mais il faut pourtant se 1 2 3 4 5 6

AE 1939, 101. Pour l’histoire de la cohorte, voir Matei-Popescu 2010a, 233–235, avec la bibliographie. AE 1939, 102. Conrad 2004, 209, no 307. Conrad 2004, 209. ISM V, 137.

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rendre compte que les textes qui les évoquent datent grosso modo de la même période. Je ne peux pas préciser l’origine de Memmius Aquila, même si je suis enclin à le considérer comme provenant des régions italiennes, à voir les occurrences de ce nom dans ces zones 7. Il est sûr, à mon avis, qu’il n’est pas originaire de Mésie Inférieure et il s’installe à la campagne après avoir fini son service. Quant aux deux autres soldats, le nom de Valerius est si répandu dans les légions de la Mésie Inférieure, de sorte qu’il est impossible de préciser leur origine. Sexaginta Prista (aujourd’hui Ruse, Bulgarie) a constitué le camp de cohortes II Mattiacorum 8, I Flauia Brittonum 9 et des vexillations des légions I Italica 10 et XI Claudia 11. Un texte datant de la première moitié du IIIe siècle atteste des centuriones regionarii 12, comme dans le cas de Montana 13. Cela peut attester une exploitation, comme dans le cas de Montana ou dans le cas de Domnești, en Dacie 14. Un poids en bronze (avec l’écriture en argent) vérifié et approuvé par L. Iulius Lucilianus, légat de la légion 15, suggère l’existence d’une exploitation en cuivre dans la région. Je me demande pourtant, en tenant compte que le poids a été pêché dans le Danube, s’il ne provient pas d’une autre région. Montana, où il y avait les regionarii pour les mines d’or, est plus éloignée du Danube. À voir les autres inscriptions évoquant la présence des unités de deux légions, je suis enclin à croire que le poids dont j’ai parlé provient de la zone de Sexaginta Prista. Une autre inscription mentionne une communauté de ciues Romani résidant Sexaginta Prista 16 (Fig. 15.1), ce qui suppose l’existence d’un uicus civil à côté des canabae. Malheureusement, l’inscription, érigée en l’honneur de Trajan en 100–101, n’est pas conservée intégralement et on ne peut pas apprendre comment était organisée cette communauté. Un certain C. Antonius [---] est mentionné comme celui qui a pris soin de faire le monument et il est peut-être l’un des magistri de la communauté. Les habitants des canabae peuvent être considérés comme les membres des familles des militaires présents dans le camp de Sexaginta Prista. Ainsi, un soldat de la legio I Italica est commémoré par sa femme ; le gentilice d’Aurelius de ces deux époux datent le texte du IIIe siècle 17. Un autre texte daté par S. Conrad de la deuxième moitié du IIIe siècle représente l’épitaphe d’un militaire tué dans un combat ; son frère Muc(ianus ? ou peut-être une autre terminaison spécifique à l’onomastique thrace) lui fait ériger l’épitaphe 18. Le combat peut être très bien celui d’Abrittus, qui se trouvait non loin de Sexaginta Prista, où même 7 AE 1907, 127 ; 1908, 205 ; 1954, 177 ; 1955, 199 ; 1976, 129 ; 1978, 183 ; 1981, 259 ; 1987, 251d, 413. 8 CIL III 12449 ; AE 1944, 4 ; 1916, 65. Sur l’histoire de la cohorte, voir surtout Matei-Popescu 2010a, 222–224, avec la bibliographie. 9 CIL III 7473 ; Wachtel 2008, 175–178. Sur l’histoire de la cohorte, voir surtout Matei-Popescu 2010a, 198–199, avec la bibliographie. 10 CIL III 784 ; 1954, 34 ; 2005, 1333. 11 AE 1944, 6–9 ; Stančev 2006, 245. 12 Velkov 1974, 151–153. 13 CIL III 12380. Voir aussi Rankov 1983, 49 ; Speidel 1984, 185–188 ; Herz 2011, 307 ; Fuhrmann 2012, 222–223 ; Ivanov, Luka 2015, 205–206 . 14 CIL III 7625. Voir aussi Piso, Cupcea 2014, 115–123. 15 CIL III 784. 16 AE 1966, 356. 17 AE 1954, 34. 18 Conrad 2004, 225, no 367.

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l’empereur Decius est tombé, mais il peut aussi bien s’agir d’une autre bataille dans la région du Bas Danube qui a eu lieu pendant les années des empereurs-soldats. Le frère survivant est miles cohortis I Lusitanorum, stationnée à Cius 19. Il faut aussi mentionner un diplôme militaire de 105 par lequel un soldat de l’ala Hispanorum et Arauacorum, d’origine germanique (Nemetus), est libéré. L’ala a été impliquée dans les guerres daciques 20. On ne sait pas si le militaire est rentré finalement chez lui. Les vétérans forment une autre catégorie de la population : il est également impossible de dire si ceux qui sont mentionnés dans les inscriptions ont habité les canabae ou l’établissement civil situé à côté. L’un de ces vétérans est M. Ulpius Victor, qui fait ériger un autel pour Apollon 21 (Fig. 15.2). Il ne rappelle pas le nom de l’unité où il a servi, mais comme il s’agit d’une inscription privée, il ne l’a pas considéré nécessaire. Un autre texte représente l’épitaphe d’Aurelius Cotus (ou Cotys), ancien soldat de l’ala Arauacorum ; la pierre a été érigée par sa femme et ses affranchis et date du de la première moitié du IIIe siècle 22 (Fig. 15.3). L'aile a été stationnée à Carsium 23. Le soldat est originaire de la région ; ila probablement été recruté avant 212 et a obtenu la citoyenneté sous Caracalla. Après la fin de son service, il est rentré chez lui, où il est décédé peu après à 47 ans. Ses affranchis portent des noms grecs (Helpideforus et Papias), mais il est difficile d’apprendre leur origine. Enfin, les textes attestent de civils qui, apparemment, n’ont pas accompli un service militaire. Un C. Baebius est commémoré ici 24. Les Baebii sont souvent attestés en Italie, surtout en Regio X 25. En Mésie Inférieure, il y a des Baebii militaires et leurs descendants. Un Baebius Severus est sur la liste des soldats libérés à Troesmis 26. Baebius Urvinianus, centurion de la legio I Italica, est attesté à Novae 27, tandis qu’un autre texte du même camp légionnaire mentionne un autre Baebius (ou le même) 28. À Iulium Carnicum, dans la Regio X, est mentionné M. Baebius Urbinianus, probablement parent du centurion de Novae 29. Toujours à Iulium Carnicum, un C. Baebius Atticus est honoré en tant que primipile de la Ve légion Macedonica sous Claude 30. Q. Baebius Proculus, vétéran de la XIIIe légion Gemina, est commémoré à Tomi 31. Quant aux Baebii civils en Mésie Inférieure, il faut rappeler L. Baebius [---], né à Nicopolis, avec son frère L. Baebius Clemens 32. Par conséquent, les Baebii sont originaires d’Italie et ils sont venus en Mésie Inférieure au début du IIe siècle, par l’intermédiaire de l’armée. Notre C. Baebius de Sexaginta Prista a dû être un descendant de ces militaires. 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32

Voir Matei-Popescu 2010a, 221–222, avec la bibliographie. Matei-Popescu 2010a, 189. Stančev 2006, 245. AE 1940, 34. Matei-Popescu 2010a, 189. Conrad 2004, 224, no 364. CIL V 1780, 1815, 1838–1839, 1847, 1857, 2404 etc. ISM V, 137. Voir aussi Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2012a, 66–67. IGLNovae 57b ; voir aussi Sarnowski 1993, 205–219. IGLNovae 141. CIL V 1847. CIL V 1838–1839. ISM II, 296. ILB 147.

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Une autre inscription mentionne un vœu accompli par un pérégrin, Marcianus, fils de Lectus, pour le Héros cavalier 33. Même si les noms ne sont pas indigènes, son statut pérégrin et le vœu pour le Cavalier Thrace indique un personnage originaire des autochtones de cette province. D’autres inscriptions mentionnant des civils, comme des Claudii 34 ou des Valerii 35, sont trop fragmentaires pour apprendre davantage.

3. Conclusions Le matériel épigraphique du limes danubien situé entre Transmarisca et Sexaginta Prista est assez pauvre, comme on l’a vu. Le territoire se trouvait sous le contrôle des cohortes, I Thracum Syriaca equitata, II Mattiacorum, II Flauia Brittonum. Il est possible que dans la région de Sexaginta Prista il y avait des exploitations du sous-sol, qui expliqueraient d’ailleurs la présence des centuriones regionarii. À côté des canabae, à Sexaginta Prista, est attesté un établissement rural civil habité par les citoyens romains. les inscriptions font preuve de la présence des familles des militaires, des vétérans et des représentants de la population indigène. Les vétérans et leurs decendants sont originaires des provinces occidentales de l’Empire, tout comme des Thraces qui rentrent chez eux. Annexe 15.1. Les personnes d’origine indigène dans les inscriptions de la zone Transmarisca-Sexaginta Prista Nom du personnage L. Muc(ianus ?) Anonyme (frère du précédent) Aurelius Cotus Marcianus, fils de Lectus

Statut social ou juridique civil militaire vétéran pérégrin

Datation

Source

IIIe s. IIIe s. IIIe s. avant 212

Conrad 2004, 225, no 367 Conrad 2004, 225, no 367 AE 1940, 34 CIL III 7472

Annexe. 15.2. Les vétérans dans les inscriptions de la zone Transmarisca-Sexaginta Prista Nom Avidius Felix L. Memmius Aquila M. Ulpius Vicor Aurelius Cotus

Unité militaire ? legio V Macedonica ? ala Arauacorum

Source AE 1939, 102 Conrad 2004, 209, no 307 Stančev 2006, 245 AE 1940, 34

33 CIL III 7472. 34 CIL III 12447. 35 CIL III 12448.

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La population du milieu rural de Durostorum et dans les villages situés entre Durostorum et Axiopolis

Fig. 15.1. Inscription attestant une communauté de ciues Romani à Sexaginta Prista Source : db.edcs.eu/epigr/bilder.php?bild=$AE_1966_00356.jpg;$AE_1966_00356a.jpg; $AE_1966_00356b.jpg;lu_21975&nr=4

Fig. 15.2. Inscription votive d’un vétéran (Sexaginta Prista) Source : ubi-erat-lupa.org/monument 22122

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Fig. 15.3. Épitaphe d’Aurelius Cotus, vétéran de l’ala Arauacorum (Sexaginta Prista) Source : db.edcs.eu/epigr/bilder.php?bild=$AE_1940_00034.jpg;lu_21976&nr=2

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XVI. LA POPULATION DU MILIEU RURAL DE NOVAE 1. Introduction Novae a constitué le camp de la VIIIe légion Auguste (environ 45–69), puis de la Ière légion Italica 1. Près du camp il y avait les canabe et à environ 2,5 km à l’est se trouvait un établissement civil 2. Le problème du territoire rural de Novae a été compliqué est reste encore complexe. Les dernières recherches entreprises par T. Sarnowski (dans le camp) 3 et surtout par A. Tomas (dans le territoire) 4 ont éclairci (au moins partiellement) la localisation des canabae et du uicus situé dans leur proximité. Un autre problème discuté a été celui du statut municipal de Novae et il soulève la question de savoir quel établissement civil a reçu ce statut ? 5 Les recherches archéologiques non-intrusives effectuées par A. Tomas à Ostrite Mogili (2,5 km est du camp) ont prouvé l’existence d’un établissement civil, fort probablement le uicus qui est dans la proximité des canabae 6. A. Tomas pense à la possibilité que cet établissement se soit développé plus tard en tant que municipium 7 mais elle n’exclut pas, finalement, que les canabae aient pu avoir le même destin : la surface de chaque établissement, pense-t-elle, est semblable d’une telle façon qu’on ne puisse pas avoir une opinion tranchée là-dessus 8. Des problèmes intéressants sont apparus autour de la discussion des bornes marquant le territoire entre Moesos et Thraces 9 mais aussi dans le cas des environs du village de Butovo, supposé être un domaine impérial administré par les vétérans 10. Le centre de production céramique 11 a mené T. Zawadzki à identifier ce uicus avec l’emporium Piretensium 12 mais je ne suis pas convaincu par cette théorie 13. Ces discussions seront reprises dans l’analyse du dossier épigraphique concernant la population du territoire rural de Novae. Pourtant, comme je l’ai affirmé antérieurement, 1 Sur les recherches archéologiques, voir Sarnowski 2016, 175–188, avec la bibliographie. Sur les recherches épigraphiques voir plus récemment Kolendo 2011, 15–19. Voir aussi Dyczek 2016, 95–110 (la représentation du camp sur la Colonne trajane). 2 Voir Tomas 2007, 42 ; Tomas 2016b, 198 sqq. 3 Sarnowski 1983, 265–276 ; Sarnowski, Kovalevskaja, Tomas 2008, 153–172 ; Sarnowski, Chowaniec, Kovalevskaja, Tomas, Zakrewski 2011–2012, 75–90 ; Sarnowski 2016, 175–188. 4 Tomas 2007 31–47 ; Tomas 2011, 59–72 ; Tomas 2012 ; 157–161 ; Tomas 2013, 197–206 ; Tomas 2014, 205–212 ; Tomas 2015a, 881–888. 5 Kolendo 1970, 77–84 ; Gerov 1977, 300 ; Tomas 2004, 115–128 ; Tomas 2007, 42 ; Tomas 2011, 159– 161. 6 Tomas 2007, 42 ; Tomas 2016b, 198–199. 7 Tomas 2004, 115–128. 8 Tomas 2007, 42. 9 ILB 184, 357–358, 386, 390, 429 ; IGLNovae 72. Voir la discussion chez Tomas 2007, 31–46. 10 Tomas 2007, 41. 11 Sultov 1983, 126. 12 Zawadzki 1964, 531–538. 13 Voir aussi Tsarov 2005, 47–52.

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une appartenance de cet emporion au territoire de Nicopolis ad Istrum semble plus plausible. Pour terminer avec les recherches archéologiques, il faut aussi mentionner l’existence d’une uilla à 2,5 km sud-est de la forteresse et un autre établissement à environ 800 m sud d’Ostrite Mogili 14. Enfin, il faut dire qu’un bureau des douanes existait aussi à Novae 15, mais ceci n’est pas surprenant, au vu de l’importance stratégique de la cité et de l’implication de l’armée. À côté de ce bureau, il y avait une statio de beneficiarii 16. Les résultats des fouilles dans le territoire ont été très bien synthétisés par A. Tomas ; elle ajoute également les résultats de ses propres investigations. Le problème principale est constitué par la limite sud de ce milieu, qui est tout près du territoire de Nicopolis ad Istrum. Pourtant, il y a des trouvauilles ou des tombes attribuées au milieu rural (Butovo, Morava, Pejčinovo) 17. Une autre communauté rurale a été identifié dans le village actuel de Butovo. Il s’agit d’un établissement avec des ateliers céramiques, datant des IIe–IVe siècles 18. Des établissements attestant des femes ont été recherchés à l’est de Novae (Vardim III), à Gorna Lipnica, Slomer, Gradina, Levski 19. On a identifié des uillae à Trănčovica et Lozica 20. Des établissements ruraux (possiblement des uici) ont été investigués à Ivanča, à côté de Beljanovo et au nord de Stărmen 21. Mon approche épigraphique suivra les canabae legionis et les établissements civils de la zone. Malheureusement, il est parfois difficile de distinguer les inscriptions qui proviennent des canabae et des uici. Le territoire contrôlé par la légion était plus vaste, comprenant aussi la région de Iatrus (Krivina, Bulgarie, à environ 20 km est de Novae). C’est pourquoi les inscriptions de Iatrus feront également l’objet de cette analyse. Il y aura également des textes concernant les vétérans qui nous fournissent de données importantes sur leur origine ou sur leurs familles. Si en ce qui concerne la phase pré-municipale de Novae, on est sûr qu’ils ont vécu dans les établissements civils situés à la proximité du camp, on ne peut pas avoir la même certitude sur les inscriptions datant de la période municipale, lorsqu’il y avait deux possibilités que les anciens soldats vivent soit dans le municipium, soit dans les campagnes de Novae. C’est pourquoi j’ai décidé de parler des inscriptions rappelant les vétérans, indépendamment de leur datation.

2. Le dossier épigraphique Six bornes délimitant le territoire des Moesi et des Thraces, datant de 136 ont été trouvées au sud du camp légionnaire 22. A. Tomas pense que ces bornes avaient un double rôle : d’un côté, elles servaient à délimiter le territoire contrôlé par la legio I Italica de celui de 14 15 16 17 18 19 20 21 22

Tomas 2016b, 200. IGLNovae 35. IGLNovae 68. Tomas 2016a, 66. Sultov 1985, 25–29. Tomas 2016a, 67. Tomas 2016a, 67. Tomas 2016a, 67. ILB 357–358, 386, 390, 429 ; IGLNovae 72.

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Nicopolis ad Istrum (appartenant à cette époque à la province de Thrace) ; de l’autre côté, elles servaient à délimiter certaines unités administratives (ciuitates, zone des tribus indigènes etc.) 23. En ce qui concerne les canabae, même si elles ne sont pas attestées du point de vue épigraphique, je suppose que les membres des familles de soldats habitaient ces structures. Un seul texte peut être interprété comme tel. Il s’agit d’une inscription de Levski, où le frumentarius Ulpius Marcellus fait ériger une épitaphe pour sa mère (Ulpia Lucia) et pour ses frères, Ulpius Marcus et Ulpius Hirtius 24. Après le nom d’Ulpius Marcus, il y a l’abréviation cana(…), tandis qu’après le nom d’Ulpius Hirtius, se trouve la dénomination de sa charge, librarius (probablement dans la legio I Italica). Les éditeurs du CIL ont restitué cana(bensis), tandis que l’éditeur des ILB a lu cana(bae). Dans les bases de données épigraphiques d’Heidelberg et Clauss-Slaby, on propose la lecture cana(liculario), attachée au nom d’Ulpius Marcus 25. Canalicularius était un rang militaire spécifique pour les castra peregrina ; il était préposé à des tâches administratives de chancellerie et le rang était inférieur à celui de centurion 26. Même si la charge est assez rare, la restitution me semble plus logique que celle de cana(bae), pour deux raisons : la position après le nom d’Ulpius Marcus et l’association avec les autres deux charges militaires, celles de librarius et de frumentarius. C’est pourquoi je pense qu’une localisation des canabae à Levski n’est pas possible. En outre, j’essayerai d’établir, dans la mesure du possible, l’origine de ces familles de militaires qui sont attestées à Novae et sur lesquelles on suppose qu’elles habitaient les canabae 27. Beaucoup de textes font référence aux militaires sans mentionner les membres de leurs familles. J’ai déterminé pour certains d’entre eux leur origine ou domicile. Il y avait ainsi des soldats ou des officiers venant d’Italie (comme M. Fonteius Clemens 28, C. Ersidius Sextus 29, M. Maesius Geminus 30, Baebius Urvinianus, Mufeius Ter[---], Fannius Semininus et Petronius Florus 31), des provinces occidentales (comme l’Espagne – C. Aurelius Vegetus 32) des provinces celto-germaniques (comme un anonyme originaire de Cologne, ayant servi dans la VIIIe légion Auguste 33, L. Maximius Gaetulicus 34 (Fig. 16.1), L. Cultius 35, Dovius Fortunatus 36 et Q. Scantillus Marcus 37), des provinces du Moyen23 Tomas 2007, 39–40, avec la bibliographie. 24 CIL III 12402 ; ILB 446. 25 http://edh-www.adw.uni-heidelberg.de/edh/inschrift/HD042841 ; http://db.edcs.eu/epigr/epi_ergebnis.php. 26 Clauss 1975, 251–256 ; Panciera 2006, 1430–1431. 27 Je l’avais fait pour les soldats et pour les civils du camp et de la cité (Mihailescu-Bîrliba 2015a, 77–92). Pour les femmes appartenant aux familles de militaires, voir Tomas 2015b, 93–124. 28 AE 1999, 1332. 29 IGLNovae 13 ; voir aussi Mihailescu-Bîrliba 2015a, 78. 30 IGLNovae 3–4 ; voir aussi Mihailescu-Bîrliba 2015a, 78. 31 IGLNovae 57bis ; voir aussi Mihailescu-Bîrliba 2015a, 78–79. 32 AE 1999, 1333. Le militaire a servi dans la légion étant transféré de la cohors v Asturum. Voir aussi l’hypothèse de Kolendo (2001, 530), selon laquelle Vegetus a été transféré juste après l’an des quatre empereurs, lorsque la cohorte a été anéantie. 33 AE 1999, 1331. 34 IGLNovae 46 ; voir aussi Mihailescu-Bîrliba 2015a, 79. 35 IGLNovae 19 ; voir aussi Mihailescu-Bîrliba 2015a, 79.

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Danube (comme G. Baienius Ianuarius 38 et M. Aurelius Paulinus – de Norique 39 (Fig. 16.2), et M. Aurelius Iustus – de Mésie Supérieure 40), de Syrie (comme C. Tullius Apollinaris 41 (Fig. 16.3) et peut-être Cassius Surus 42) et enfin, des provinces du BasDanube (Dacie et Mésie Inférieure, comme le tribun M. Ulpius Peregrinus 43, le tesserarius Aurelius Lupo 44 et le préfet T. Aurelius Bithus 45). Un nouveau texte vient d’ajouter un autre officier originaire des provinces balkaniques à cette statistique. Il s’agit de M. Aurelius Teres, originaire de Pautalia (Thrace), qui fait ériger un autel pour Jupiter Très Bon et Très Grand en 212 46. Le soldat est primipile et son surnom confirme son origine. Son prénom et son gentilice attestent qu’il a probablement hérité le droit de cité de son père, qui a acquis la citoyenneté sous Marc Aurèle. Ainsi s’explique aussi sa promotion dans l’armée jusqu’au rang de primipile. Deux autres inscriptions récemment publiées font preuve de la présence de deux soldats italiens à Novae. Même s’ils étaient actifs dans le camp, les familles habitaient certainement dans les canabae. La première inscription nous renseigne sur M. Pacuvius Iustus Ufnuleius (?), originaire de Formiae (regio I), préfet du camp ou de la légion 47. Le deuxième texte rappelle Q. Volumnius Firmus, qui voue un autel à Jupiter, en l’honneur de sa promotion du rang de vexillarius à celui de beneficiarius du légat de la légion 48. Volumnius est un nom d’origine étrusque, souvent rencontré en Italie et dans l’Occident de l’Empire 49. T. Sarnowski 50, suivant J. Kolendo 51, pense que les vœux des primipiles proviennent du camp, tandis que les autres peuvent provenir des environs du camp. Il y a aussi des militaires qui n’ont pas été accompagnés par leurs familles, comme c’est le cas de C. Valerius Longinus, originaire d’Héraclée Syntique (Macédoine), commémoré par un de ses camarades qui est également son héritier 52. Un vétéran portant les mêmes noms, ancien imaginifer, voue avec un ex custode armorum un autel à Jupiter et aux autres dieux au temps de Sévère Alexandre 53. Les deux personnages ne sont pas identiques car le premier, Valerius Longinus, est décédé en tant que militaire, tandis que le deuxième a fait ériger l’inscription comme vétéran, de son vivant. Il n’est pas exclu pourtant que les deux 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53

IGLNovae 57bis ; voir aussi Mihailescu-Bîrliba 2015a, 79. IGLNovae 84. IGLNovae 25 ; voir aussi Mihailescu-Bîrliba 2015a, 80. IGLNovae 47 ; voir aussi Mihailescu-Bîrliba 2015a, 80. IGLNovae 9 ; voir aussi Mihailescu-Bîrliba 2015a, 80. IGLNovae 31 ; voir aussi Mihailescu-Bîrliba 2015a, 82. MacDonald 2007, 279–280. IGLNovae 10 ; voir aussi Mihailescu-Bîrliba 2015a, 80–81. AE 2004, 1250. IGLNovae 49 ; voir aussi Mihailescu-Bîrliba 2015a, 81. Sarnowski 2015, 508–509. Sarnowski 2015, 510–511. Sarnowski 2015, 511–513. CIL V 645, 1842, 2311, 2450, 2530, 3061, 3069 ; IX 66, 207 ; X 3144, 4256, 5425, 5971–5972, 5994 ; XI 881, 1355a, 1944 ; 1957, 1959–1963 ; 2085, 2934 ; XIV 250–251, 2639, 2759 etc. Voir aussi Schulze 1904, 258 ; Alföldy 1969, 139. Sarnowski 2015, 514. Kolendo 1980, 59. IGLNovae 86 ; voir aussi Mihailescu-Bîrliba 2015a, 81. AE 2004, 1244.

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soient apparentés. Une autre situation de militaire, qui n’a pas eu une famille à côté pendant son service, est celle de Donatus, commémoré par un camarade probablement d’origine africaine 54. Il faut également mentionner Numisius Rufinus, optio de la légion, qui voue un autel à Jupiter Dolichenus 55. T. Sarnowski a montré que le sanctuaire de Jupiter Dolichenus se trouvait dans les canabae 56. Pour la même divinité, est consacré un texte par un quaestionarius (militaire chargé des interrogatoires et de la torture) dont le nom n’est que partiellement conservé 57. Un texte intéressant est celui de M. Valerius Flavianus, qui a son domicile à Cirta (Numidie), mais dont le père s’appelle Mucacentus 58 (Fig. 16.4.). Un Quintus, fils de Mucatralis est évoqué dans une inscription funéraire par Spinus, fils de Mucacentus, militaire de l’ala Pannoniorum 59. Les éditeurs des IGLNovae pensent que M. Valerius Mucacentus, le père de M. Valerius Flavianus, serait le fils de ce Spinus 60. C’est vraiment difficile d’accepter sans réserve cette théorie, même si elle est séduisante. En tout cas, Flavianus est devenu primipile de la légion ; le nom de son père trahit une origine de la région du Bas-Danube et mon opinion est qu’il a utilisé cette promotion pour être dans son pays originaire. À Obnova, un centurion de la légion, M. Valerius Vitalis, accomplit un vœu pour Jupiter Aeternus 61. Il est possible que cette zone, où il y a encore un vœu pour Jupiter et pour Junon de la part d’un dédicant dont on ne connaît pas le nom 62, a englobé des domaines ruraux où se trouvaient aussi des sanctuaires. Il n’est pas surprenant que les militaires et les vétérans aient habité ici. J’ai mentionné également des vétérans, car Aelius Valerianus, ancien signifer, fait ériger un autel pour le Génie du lieu 63. Les autres militaires sont mentionnés avec leurs familles. L’une des plus anciennes inscriptions mentionne un cornicen de la VIIIe légion Auguste, originaire de Fanum Fortunae (Ombrie). Il est commémoré par ses fils, Vitalis et Ferox, qui portent eux-aussi des surnoms militaires 64 (Fig. 16.5). Un autre cornicen, C. Annius Fuscus, fait élever l’épitaphe de sa femme et (Valeria Helpis, affranchie) 65. Q. Scantillus Marcus est enterré par son père, Africanus 66. Même si les éditeurs des IGLNovae pensent que le surnom du père suggère son origine 67, je suis enclin à considérer que la famille a une autre origine 68. 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68

IGLNovae 87, sub numero ; voir aussi Mihailescu-Bîrliba 2015a, 82. IGLNovae 27. Sarnowski 2015, 515–516. IGLNovae 26. IGLNovae 33 ; voir aussi Mihailescu-Bîrliba 2015a, 81–82. AE 1930, 132. IGLNovae 33, sub numero. ILB 241. ILB 239. ILB 242. IGLNovae 81 ; voir aussi Conrad 2004, 226 ; Alexandrescu 2010, 260, 323 ; Mihailescu-Bîrliba 2015a, 77–78. AE 1999, 1334 ; voir aussi Conrad 2004, 228 ; Alexandrescu 2010, 51, 238 ; Mihailescu-Bîrliba 2015a, 78. IGLNovae 84. IGLNovae 84, sub numero. Voir Mihailescu-Bîrliba 2015a, 79–80.

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Scantillus est un surnom rencontré surtout en Italie 69 mais sa transformation en gentilice indique une coutume germanique. Pourtant, on ne peut pas être sûr de son origo. Le centurion T. Flavius Carantinus fait ériger avec sa femme, Catonia Ingenua, un monument funéraire pour leur fils décédé prématurément 70. Une inscription mentionne des militaires et leurs familles provenant de Norique. Ainsi, Valerius Birbilo, né à Celeia, est décédé à 36 ans après un service de 16 ans 71. L’épitaphe a été consacrée par son frère, mais le texte ne précise pas s’il s’agit vraiment d’un parent ou d’un camarade d’arme. En tout cas, Valerius Birbilo s’inscrit sur une liste assez consistante de militaires provenant de cet espace (comme G. Baienius Ianuarius 72, M. Aurelius Paulinus 73 et, on verra tout de suite, C. Bruttius Goutus 74). Il faut aussi rappeler le tribun Aurelius [---], qui fait ériger la tombe pour sa mère 75. Malheureusement, le texte est trop fragmentaire pour qu’il nous fournisse d’autres détails. Un tesserarius de la légion, Priscinius Valens, accomplit un vœu pour Zeus 76. Le texte est rédigé en grec. Même s’il porte un gentilice latin et un surnom latin, il provient sans doute d’une région hellénophone. On ne sait pas si sa famille l’a accompagné, car il achève son vœu tout seul. Dans les environs de Novae, un décurion de l’ala Commagenorum voue un texte à Jupiter Dolichenus 77. L’ala Commagenorum a été stationnée en Norique 78. Le militaire s’appelle P. Aelius Benivolus. Le surnom est latin, mais il est impossible de déterminer l’origine du dédicant. D’un autre côté, on peut se demander quelle est la raison de la présence du décurion en Mésie Inférieure ? La réponse est difficile, mais il faut s’imaginer qu’il avait une mission militaire. Aurelia Quieta, femme du préfet de la légion (époque de Gallien) a fait ériger avec son époux un autel pour Dea Placida (Hécate) ; l’inscription a été trouvée dans une uilla située près de camp 79. Le préfet s’appelle Aurelius Saturninus, mais il est difficile de dire, pour cette période, d’où il était originaire. Une autre catégorie sociale qui a habité les canabae, ou bien les uici près de Novae, sont les vétérans. La plupart sont des vétérans de la legio I Italica, qui sont restés ici après leur démobilisation. Comme Novae est devenu municipe au plus tôt sous Marc Aurèle, je vais parler des vétérans qui sont mentionnés dans les inscriptions qui datent jusqu’à l’an 180 environ. Après cette date, il n’est pas sûr qu’ils aient vécu dans les structures organisées à proximité du camp ou dans le nouveau municipium. 69 CIL VI 22831 ; X 1884 ; AE 1995, 227. On le rencontre aussi en Germanie Supérieure (CIL XIII 5567) et en Tarraconnaise (CIL II 3370). 70 AE 1999, 1335. 71 IGLNovae 85 ; voir aussi Mihailescu-Bîrliba 2015a, 80. 72 IGLNovae 25. Sur la carrière de Baienius, qui a rempli une mission à Rome en tant que centurion de la legio I Italica, voir Piso 2017, 57–70. 73 IGLNovae 47. 74 IGLNovae 79. 75 IGLNovae 168. 76 IGLNovae 174. 77 AE 2008, 1187 ; voir aussi González Germain, Markov, Rothenhöfer 2012, 312–314. 78 AE 2003, 1319 ; 2008, 1012. Voir aussi Haynes 2013, 52–53. 79 IGLNovae 40. Voir aussi Tomas 2015b, 110, no 1.

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D’abord, il y a les anciens militaires dont l’origine peut être établie. C. Bruttius Goutus est originaire de Virunum (Norique) et il est commémoré par un ami, probablement aussi son héritier, C. Vibius Therapo 80 (Fig. 16.6). L’inscription date, en l’absence de la formule Dis Manibus, sinon de la fin du Ier siècle, au plus tard du début du IIe. Comme les sources littéraires racontent que la Ière légion Italica a été fondée sous Néron, il semble que C. Bruttius Goutus a été recruté au cours des premières décennies de l’existence de cette unité militaire. Il est ensuite resté dans les canabae (ou dans un uicus) jusqu’à sa mort. Apparemment, il est mort sans enfants car c’est son ami qui fait ériger l’épitaphe. Dans la région de Novae, il y a encore des Vibii mentionnés dans les textes. Une liste de noms (d’un collège) atteste un Vibius Nata[---] et un C. Vibius Eutyches (probablement affranchi) 81, tandis qu’une certaine Vibia Marcia est femme d’un vétéran de la même légion 82. Toujours de Norique semble avoir appartenu un autre vétéran, ex centurione, dont le prénom et le gentilice ne se sont pas conservés, mais dont le surnom est Tauriscus 83. Cela peut suggérer une appartenance à la tribu de Taurisques 84. C. Staboratius, ancien bénéficiaire consulaire, qui voue un autel à la triade capitoline, au nom d’une association religieuse de Jupiter, semble être originaire des provinces celtes 85 (Fig. 16.7). Un certain C. Caesellius Vitalis voue un autel à Jupiter et Junon 86. L’inscription a été trouvée comme réutilisée dans une construction tardive, mais le vétéran a certainement habité les canabae ou le uicus. En plus, le vœu est pour le couple divin Jupiter et Junon qui se rencontre souvent dans le milieu rural. Exceptée cette attestation en Mésie Inférieure, en Europe, les occurrences des Caeselii se retrouvent en Dalmatie 87 et surtout à Rome et en Italie 88. C’est pourquoi je pense que notre vétéran a eu une origine italienne. D’Afrique semble provenir une autre famille. L. Cornelius Fronto fait ériger une épitaphe à son fils, qui porte un surnom africain : l. Cornelius Mampsalachanus 89 (Fig. 16.8). Sa femme est Vibia Marcia, qui fait partie de la famille de Vibii 90. Les provinces de l’Orient hellénophone sont aussi présentes comme lieu d’origine ou domicile des vétérans. Ainsi, C. Iulius Magnus, originaire d’Ancyre, est commémoré à l’âge de 100 ans 91. J’ai exprimé des doutes sur son âge de décès 92. En tout cas, il semble avoir été recruté à l’occasion des guerres parthiques de Trajan, lorsque beaucoup

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IGLNovae 79 ; voir aussi Mihailescu-Bîrliba 2015a, 80. IGLNovae 114. ILB 302. IGLNovae 88 ; voir aussi Mihailescu-Bîrliba 2015a, 82. Voir aussi Alföldy 1966, 224–241 ; Petru 1977, 473–499. IGLNovae 24. AE 1998, 1136. CIL III 2686a, 3175 ; AE 1976, 532. Par exemple, CIL VI 2407a, 13674, 13931–13933 ; CIL IX 4639, 5096 ; X 2192, 3448 ; XI 3844, 6509 ; XIV 477, 727–728, 2335. IGLNovae 80 ; voir aussi Mihailescu-Bîrliba 2015a, 81. Voir aussi Tomas 2015b, 111, no 8. IGLNovae 83. Mihailescu-Bîrliba 2015a, 82.

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d’Ancyréens ont été mobilisés dans les légions 93. Une certaine Iulia, affranchie de Caius, également enterrée à Novae, a été supposée être la liberta de Magnus 94, mais il faut garder une certaine prudence à propos de cette hypothèse. Enfin, il ne faut pas oublier les provinces du Moyen et du Bas-Danube. Les recrutements locaux ont commencé avec la première moitié du IIe siècle, mais ils ont été plus massifs vers la fin du même siècle et au début du IIIe siècle 95. Il faut d’abord mentionner Tarsa, fils de Tarsa, Bessus, rentré chez lui en 105 après avoir servi dans la cohors I Tyriorum, stationnée en Mésie Inférieure 96. En 142, un autre vétéran de la flotte, dont le nom n’est pas conservé, est attesté à Velika Cezava, dans la proximité de Novae, avec ses enfants et son épouse 97. Un certain Severus, originaire d’Oescus, évoque dans une épitaphe l’un de ses enfants et sa femme 98. L’inscription date de la seconde moitié du IIe siècle donc il reste une probabilité assez élevée qu’il ait habité le milieu rural des environs de la cité. Le nom de la femme est Marcia Marcella, un nom latin qui ne nous en dit pas beaucoup sur son origine. F. Matei-Popescu remarque qu’il existe la possibilité que Severus appartienne à l’une des premières générations de recrues originaires de Mésie Inférieure 99. Un autre vétéran originaire de cette province est Flavius Decebalus 100. Je m’arrêterai sur quelques détails concernant ce texte. Le premier est que, même si elle date du IIIe siècle (en vertu du surnom Seueriana de la légion), la pierre a été trouvée à l’extérieur de Novae, à environ 2 km sud-est de la cité, dans le lieu-dit Kalma Češma. Par conséquent, le vétéran s’était installé à la campagne, avec sa femme, Aurelia Quieta : ils sont décédés ici et ont été commémorés par leurs héritiers, Sammonia Antonia, Aurelius Ianuarius, lui aussi vétéran et Aurelius Epidephorus. Apparemment, ils sont morts sans enfants. Aurelius Ianuarius semble être un ancien camarade d’armes de Flavius Decebalus, Sammonia Antonia la femme de Ianuarius et Elpidephorus leur affranchi. Flavius Decebalus est d’origine dace et certainement de la région. La femme d’Aurelius Ianuarius a une origine celte, selon non nom, et on se demande si l’ancien compagnon de Decebalus n’a pas une origine semblable. De toute façon, après la démobilisation, les deux vétérans ont décidé de se retirer à la campagne. Un vétéran décédé dans la première moitié du IIIe siècle, [M. ?] Aurelius Macenius, a servi dans la Ière légion Minervia, stationnée à Bonna 101 (Fig. 16.9). Son domicile a été restitué [C]app(adocia) par les éditeurs des IGLNovae. La légion a été présente à Novae pendant les guerres daciques de Trajan 102 mais dans ce cas, il s’agit d’un vétéran qui s’est établi peut-être aux environs de la cité. En admettant qu’il était originaire de Cappadoce, at-il décidé de s’établir en Mésie Inférieure en renonçant à rentrer chez lui ? Cependant, M.

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Voir pour la legio I Italica Mihailescu-Bîrliba 2012c, 172. IGLNovae 99, sub numero. Mihailescu-Bîrliba 2016, 71–77. RGZM 10. Sur la cohorte, voir Matei-Popescu, 232–233. RMD II, 106. IGLNovae 89 ; voir aussi Mihailescu-Bîrliba 2015a, 81. Matei-Popescu 2010a, 121. IGLNovae 82 ; voir aussi Mihailescu-Bîrliba 2015a, 81. IGLNovae 76. Sarnowski 1987, 107–122.

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P. Speidel remarque que la Cappadoce n’a pas fourni des légionnaires à l’armée romaine 103. La photo de cette inscription montre qu’il reste de l’espace sur la pierre pour graver une lettre avant le groupe de lettres APP. Il reste un peu d’espace sur la ligne précédente, mais c’était quand même peu commun de transcrire le nom de la province de la manière [C]/app(adocia). Même si L. Mrozewicz a montré que, dans un nombre assez élevé d’inscriptions, le nom du pays et non celui de la ville est attaché au mot domo 104, la plupart des toponymes qui accompagnent ce mot sont représentés par les noms de la cité. Même si un peu d’espace reste sur la pierre, rien ne prouve qu’il y ait une autre lettre avant. Je propose comme lieu de domicile pour ce vétéran App(iaria) (aujourd’hui Ryahovo, Bulgarie, entre Durostorum et Sexaginta Prista), ce qui expliquerait la présence de cet ancien soldat à Novae. Donc, après avoir servi dans la legio I Mineruia en Germanie Inférieure, Aurelius Macenius rentre dans sa province d’origine, en s’installant près de Novae où il est décédé. Il faut remarquer que dans cette légion stationnée à Bonna, on retrouve encore des soldats originaires de cette zone, comme T. Flavius Florus de Philippopolis 105, M. Aurelius Héraclès, Thrace 106, M. Aurelius, miles ex prouincia Thracia, Aurelius Bithus (qui porte un nom thrace) 107, Alu(…) Disas 108. Par conséquent, je pense que l’explication pour laquelle l’épitaphe de Macenius se trouve à Novae est liée à son origine en Mésie Inférieure, à Appiaria. Son fils ne porte pas le même gentilice ; il n’est pas exclu que Macenius ait obtenu la citoyenneté sous Caracalla et que le fils portait déjà le gentilice de sa mère. Un autre vétéran établi dans les canabae ou dans le uicus situé près de Novae est Ti. Bassus Decimus, commémoré par sa fille Flavia Longina 109. L’ancien soldat a servi dans l’ala I Asturum, présente dès l’époque des Flaviens en Mésie, selon un diplôme du 14 août 99 110. L’unité est transférée en Dacie sous Hadrien 111. Le nom Bassus, utilisé surtout comme surnom, est devenu un gentilice dans ce cas là. Sa fille porte un autre gentilice, preuve qu’elle a obtenu la citoyenneté avant son père. On ne connaît pas les origines de Decimus, mais il est certain qu’au début du IIe siècle, il s’est retiré à la campagne où il est décédé. Il y a aussi des vétérans dont l’origine est difficile à déterminer, comme C. Curtius Vegetus 112. On a également découvert d’autres tombeaux des vétérans qui sont restés à Novae après avoir fini leur service, mais les textes sont fragmentaires et on ne connaît pas les noms ou des détails supplémentaires sur leur vie 113. En ce qui concerne le reste de la population civile, il faut signaler des familles d’Italiens qui ont certainement habité les canabae ou le uicus situé dans leur proximité, car toutes les 103 104 105 106 107 108 109 110 111 112 113

Speidel 1980, 741–743. Mrozewicz 1985a, 297–300. CIL XIII 1856. CIL XIII 8067. Tous les deux attestés dans une seule inscription (CIL XIII 1843). CIL XIII 1886. IGLNovae 78. RGZM 8 ; Mihailescu-Bîrliba 2008, 199–210. Voir surtout Matei-Popescu 2010, 167–169. AE 2004, 1249. IGLNovae 104bis, 109bis.

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inscriptions datent de la fin du Ier siècle et de la première moitié du IIe, donc avant la phase municipale. Ainsi, M. Antonius Aprio, originaire de Crustumina Arnia (Etrurie), et sa femme Tannonia Valentina, font ériger le monument funéraire de leur vivant, pour eux et pour les enfants M. Antonius Valentinus et Antonia Aprula 114 (Fig. 16.10). Le nom de sa femme indique aussi une origine étrusque 115. L’absence de la formule Dis Manibus a mené les éditeurs, à juste raison, à dater l’inscription du Ier siècle ap. J.-C. Même si Forni pensait qu’Antonius Aprio est, sinon un militaire, du moins un vétéran 116, je suis enclin à partager l’opinion des éditeurs des IGLNovae, selon laquelle rien ne prouve qu’il a appartenu au milieu militaire 117. Il est présent à Novae avec toute sa famille (sa femme et ses deux enfants, morts à des âges jeunes). Quelles étaient donc ses raisons de se trouver à Novae ? Il est fort possible qu’il a accompagné les soldats originaires d’Italie (peut-être même de sa ville natale) en Mésie. La présence de M. Antonius Aprio à Novae s’explique soit par un lien de parenté avec l’un des militaires détachés dans le camp de la legio I Italica, soit par une profession utile pour les soldats 118. Même si ces hypothèses restent, pour l’instant, de pures spéculations, les raisons économiques semblent les plus plausibles pour qu’un civil originaire d’Italie se déplace, avec toute sa famille, dans une province éloignée. Un autre texte atteste L. Metellus Iustus et sa femme, Metella Felicia, son affranchie 119. Metellus Iustus est originaire de Ticinum (Pavie). L’inscription date du IIe siècle. L. Metellus Iustus était probablement apparenté à un militaire présent à Novae et l’a accompagné par des raisons économiques. Toutefois, comme les sources restent silencieuses à ce sujet, notre hypothèse reste encore au niveau des scénarios possibles. Il faut aussi rappeler, même si l’origine n’est pas mentionnée, une famille d’affranchis, Sex. Caesernius Epitynchanus et son épouse, Caesernia Tyche 120. Même si les personnages portent des noms grecs (spécifiques d’ailleurs au milieu affranchi), il semble qu’ils appartenaient en tant qu’esclaves à la branche Sex. Caesernii de la famille de Caesernii, très active (y compris par les affranchis) à Aquilée et au nord de l’Italie (surtout en Dalmatie et en Pannonie) 121. Les éditeurs des IGLNovae datent le texte de la première moitié du IIe siècle, mais l’absence de la formule Dis Manibus suggère une datation du Ier siècle. Les deux sont probablement arrivés du nord de l’Italie, ou bien d’une des provinces où les Caesernii et leurs affranchis se sont établis (Dalmatie ou Pannonie). Sex. Caesernius Epitynchanus a certainement mené des activités économiques, liées surement à la vie du camp légionnaire de Novae. Il faut mettre en discussion encore quelques personnes, appartenant aux familles de Cassii et de Vibii (plus précisément, aux branches de Q. Cassii et de C. Vibii de ces familles). D’abord, Cassius Chresimus, affranchi de Q. Cassius, est commémoré par son 114 115 116 117 118 119 120 121

IGLNovae 93. Schulze 1904, 124, 143. Forni 1992, 88. IGLNovae 93, sub numero. IGLNovae 81. IGLNovae 101. IGLNovae 95. Sex. Caesernii : CIL V 740, 1133, 1134, 1139 ; AE 1934, 72 ; CIL III 10823, 10826 ; ILJug II, 308, AE 1997, 1259 (Dalmatie et Pannonie). Sur les Caesernii, voir Šasel 1960, 201–221. Voir aussi Mihailescu-Bîrliba 2006, 328–329.

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patron dans un texte datant de la fin du Ier siècle 122 (Fig. 16.11). Dans une liste de noms, il y a encore trois Q. Cassii (un dont le surnom n’est pas conservé, Q. Cassius Modestus et Q. Cassius Severus) 123. Dans la même liste, on remarque encore C. Vibii Eutyches et Natalis 124. Un autre Vibius de Novae est C. Vibius Therapo, qui fait ériger l’épitaphe pour C. Bruttius Goutus (mais qui est un civil) 125. Eutyches et Therapo sont des surnoms appartenant aux milieux hellénophones, mais aussi au milieu affranchi. À voir les occurrences très nombreuses des Cassii et des Vibii dans la regio X (nord d’Italie et surtout Aquilée) 126 et des familles des marchands et leurs affranchis qui montent sur le Danube, je pense que certaines branches de ces familles se sont installées à Novae, vers la fin du Ier siècle, qui possédait un marché favorable aux activités commerciales, grâce à la présence des militaires 127. Pour conclure, en ce qui concerne la population civile d’origine italique, on remarque qu’il est plus probable que les membres de ce segment aient suivi les militaires lorsqu’ils ont été recrutés, étant sans doute apparentés avec eux. L’hypothèse selon laquelle ils peuvent être des vétérans n’est pas totalement exclue, mais l’absence d’indication de ce statut constitue un contre-argument en ce sens. Les personnes du milieu civil qui portent des noms thraces, ayant comme lieu de naissance les provinces de Mésie Inférieure et de Thrace, ne sont pas nombreuses. Cela ne signifie pas qu’ils n’ont pas été plus nombreux, mais ils ne manifestent pas très énergiquement du point de vue épigraphique. On a pu constater, d’ailleurs, que la plupart d’entre eux sont attestés surtout dans le milieu rural 128. Ainsi, un certain Mucatralus fait ériger un autel à Mithra 129. Plus intéressant est le cas d’Aurelius Statianus, déjà évoqué à plusieurs occasions. Sa carrière a été correctement mise en évidence, à mon avis, par. A. Tomas et T. Sarnowski 130. Il est rentré chez lui, adoptant seulement le surnom romain de Statianus, acquis après avoir obtenu le droit de cité. D’autres individus d’origine grecque ont aussi habité les environs du camp car ils sont civils et les textes qui les mentionnent datent d’avant la phase municipale de Novae. Certains d’entre eux sont pérégrins provenant soit des provinces hellénophones, soit des cités grecques de Mésie Inférieure (Nestor Demetri f. et Hédoné Nymphi f. 131, Kyzikios, son fils Basileus et sa mère 132 – peut-être originaires de Cyzique) et Euchrôtis 133. D’autres personnes habitant le même milieu ont des surnoms grecs, mais comme ce sont des affranchis, ils peuvent très bien appartenir à des familles italiennes arrivées à Novae avec 122 123 124 125 126 127 128 129 130 131 132 133

IGLNovae 97. IGLNovae 114. IGLNovae 114. IGLNovae 79. Cassii : CIL V 877, 905, 906, 1026, 1149–1151 etc. Vibii : CIL I 2822, 3420 ; V 76, 110, 129, 137, 746, 752, 772, 792, 949, 1008 etc. Pour toute la discussion, voir Mihailescu-Bîrliba 2015a, 83–84. Voir, par exemple, Mihailescu-Bîrliba 2012b, 91–98. En ce qui concerne les Daces de Mésie Inférieure, voir surtout Dana 2013, 157–176. IGLNovae 38. Tomas, Sarnowski 2006, 231–234 ; Tomas 2007, 41. IGLNovae 48. IGLNovae 107. IGLNovae 181.

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les premières vagues de colonisation : Atronius Hermes et Atronia Tyche 134, M. Granius Abascantus 135, C. Popilius Onesiphorus et Paccia Euphrosyne 136, Q. Pullius Agathias, Pullia Agathe et leurs fils Agathias et Agathodorus 137. C. Iulius Bassus, originaire de Masaca (Cappadoce), est commémoré par sa femme dans un texte découvert à Pejčinovo 138. Il n’est pas vétéran, car il ne mentionne pas son statut et il vit 40 ans, c’est–à-dire un peu moins que l’âge d’un soldat libéré. On ne connaît pas les raisons de sa présence ici, mais les affaires ne sont pas exclues. Sa femme est également son affranchie. Ces personnages se sont établis dans le milieu rural de Novae. Toujours à Pejčinovo, une inscription évoque un vétéran et ses enfants 139. L’ancien soldat s’appelle L. Valerius Pudens et il a été signifer (probablement dans la Ière légion Italica). Il a eu deux filles, Valeria Restuta et Valeria Pudentilla, et un fils, Valerius Pudentianus. Sa femme, Calpurnia Procla, est citoyenne. Dans les environs de Novae, deux textes rédigés en grec attestent des personnages ayant certainement une origine hellénophone. Le premier, découvert à Oreš (Bulgarie, 15 km ouest de Novae), mentionne deux personnages, Asynkritos et Euangelos, fils d’Euangelos, qui vouent un autel à Zeus Okkonènos 140. La divinité est bithynienne 141 et il est probable que nos dédicants soient originaires de cette province. On ignore les raisons pour lesquelles ils se sont établis en Mésie Inférieure. L’adoration d’une divinité dans les villages n’est pas rare : j’en ai fait mention à plusieurs occasions dans ce livre. En plus, J. Kolendo observe que tous les vœux pour Zeus Okkonènos trouvés jusqu’au présent proviennent du milieu rural 142 : il est donc possible que son culte ait été lié à la vie rurale. Le deuxième texte, rédigé également en grec, découvert à Kozlovec (Bulgarie, au sud de Novae) représente un vœu pour le Cavalier Thrace, érigé par un citoyen romain, mais aux origines hellénophones, Aelius Claudius 143. Une inscription particulière est celle consacrée par Aelia Dionysia et Aurelius Victor à leur fille défunte, Aelia Publia 144 (Fig. 16.12). Le père est originaire d’un uicus appelé Perburidava, dit aussi Buricodava. J. Kolendo a affirmé que le village est identique avec Piroboridava de Moldavie, situé en Barbaricum 145. F. Matei-Popescu croit qu’Aurelius Victor est un soldat et que le nom du village provient d’un antroponyme, Perburis 146; il évoque le cas d’un soldat libéré, Pueriburis Dabonis f., Dacus 147. Il ne dit rien sur la possible identité entre Perburidava et Piroboridava, mais son explication prouve qu’il n’est pas d’accord avec l’opinion exprimée par J. Kolendo. De l’autre côté, même si je suis 134 135 136 137 138 139 140 141 142 143 144 145 146 147

IGLNovae 94. IGLNovae 96. IGLNovae 103. IGLNovae 104. ILB 347. ILB 348. IGLNovae 183. Voir IGLNovae 183, sub numero, avec la bibliographie. IGLNovae, 183, sub numero. IGLNovae 184. IGLNovae 91. IGLNovae 91, sub numero. Matei-Popescu 2017, 143. RGZM 34.

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enclin à donner raison à F. Matei-Popescu en ce qui concerne le nom du village, je ne partage pas totalement son opinion conformément à laquelle Aurelius Victor est un soldat ; mon objection est fondée sur l’absence de la mention de son statut. Pourtant, l’hypothèse de F. Matei-Popescu ne peut pas être rejetée d’une manière catégorique. Le nom de Victor est un nom romain et on connaît des cas où les soldats thraces prennent, après la fin de leur service, un nom romain 148. L’inscription est datée par les éditeurs des IGLNovae de 140– 200, selon les gentilices Aelius et Aurelius. Je pense que le texte date d’après la constitution antoninienne. La fille porte le gentilice de la mère ce qui prouve, à mon avis, le fait qu’Aelia Dionysia était citoyenne et le père pérégrin au moment de sa naissance. Le père est devenu citoyen après 212, ce qui explique son gentilice (Aurelius) sans prénom. En plus, l’utilisation d’une forme de prénom (Publia) comme surnom de la fille est spécifique pour une période tardive. Un texte trouvé à Nicopolis ad Istrum fait preuve du culte de Magna Mater et de Liber Pater à Novae. Il s’agit d’un voeu des deux prêtres de ce culte, L. Oppius Maximus et L. Oppius Ianuarius, sub uexillo Novaensium 149. L’expression sub uexillo a été interprétée par A. Tomas comme « under the standards » 150, ce qui signifie que les deux Oppii se sont présentés de telle manière à Novae, probablement devant une autorité. À environ 2,4 km sud-ouest de Novae, les fouilles archéologiques ont fait preuve de l’existence d’un petit sanctuaire attribué à Bacchus, d’après deux tablettes votives représentant le dieu 151. Les découvertes archéologiques de Novae confirment la popularité de ce culte 152. En ce qui concerne les personnages, A. Tomas pense que les deux sont des affranchis appartenant à une famille influente dans la province 153. Elle se réfère à Cn. Oppius Soterichus, peut-être un magister canabensium à Durostorum 154. Je crois qu’elle a raison, l’identité des gentilices constitue un argument en ce sens. L. Oppius Maximus est attesté dans une autre inscription de Novae, toujours en tant que prêtre de Magna Mater 155. En ce qui concerne la gens d’Oppii en Mésie Inférieure, il faut observer que les sacerdotes sont les affranchis d’un L. Oppius, mais il n’est pas exclu que tous ces Oppii soient apparentés. Exceptés Cn. Oppius Soterichus et son fils, il y a aussi un C. Oppius Varus, eques de l’ala Augusta 156. Il est donc impossible de savoir l’origine des patrons de ces sacerdotes. Enfin, il faut remarquer un autel voué à Jupiter Frugifer (transcrit d’une manière erronée Fructuorum) trouvé dans le camp, mais réutilisé dans un monument d’époque du Bas-Empire ; l’épithète de Jupiter, ainsi que le statut civil des dédicants suggèrent les canabae ou le uicus comme lieux de provenance 157. Toujours en Mésie Inférieure,

148 RMD V, 311, 457, 453 ; Eck, Fernández 1991, 209–216. Voir aussi Mihailescu-Bîrliba, Răileanu 2014, 195–197. 149 Tsarov 1995, 7–13. Voir aussi Sarnowski 2013, 141 ; Tomas 2015c, 258. 150 Tomas 2015c, 258. 151 Džonova 1961, 21–24 (non uidi) : apud Tomas 2015c, 258–259. 152 Dyczek 2009, 757. Voir aussi une information inédite chez Tomas 2015c, 263–264. 153 Tomas 2015c, 258. 154 ISM IV, 91. 155 IGLNovae 34. 156 CIL III 12347. 157 Vladkova 2015, 209–217.

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l’épithète apparaît dans le territoire de Capidava, pour Ceres 158. En ce qui concerne l’attribution à Jupiter, on rencontre deux exemples en Narbonnaise 159. Les personnes sont probablement époux et citoyens romains, C. Antonius Celer et Viccia Saturnina. Le gentilice de la femme a été supposé (correctement, à mon avis) par l’éditrice comme ayant une origine celte 160. Pourtant, l’autrice pense, en suivant la décoration du monument (cône de pin) que Jupiter peut être associé avec Sabazios ou Cybèle et, par conséquent, les dédicants seraient originaires des provinces hellénophones de l’Orient romain 161. Je ne pense pas qu’on puisse aller si loin avec l’interprétation, en se limitant (pour l’instant) aux informations épigraphiques. La présence des personnes des provinces celto-germaniques dans le milieu civil de Novae est attestée par les textes : Fortunatius Lucilius, qui voue un texte aux Quadriviae 162, Flavius Fuscinus 163, Sammonia Antonia 164, des vétérans comme C. Bruttius Goutus 165 et Tauriscus 166. Il est possible, par conséquent, que Viccia Saturnina fasse partie des personnes originaires de ces provinces, arrivées à Novae en tant que militaires ou bien comme membres de leurs familles. J’ai mentionné dans l’introduction de ce chapitre que les textes ont attestés des bureaux des douanes. Un texte datant de 100 mentionne Melichrysus, esclave du fermier Caragonius Philopalestrus 167 (Fig. 16.13). Il était originaire d’une province hellénophone et remplissait la charge de uilicus, souvent rencontrée chez les esclaves employés dans le système douanier. Une autre inscription, trouvée à Levksi (Bulgarie, sud-ouest de Novae) évoque l’esclave Hermès, intendant (uilicus) d’une statio 168. La réutilisation de l’inscription dans une église suggère que la statio était plutôt à Novae. Les maîtres d’Hermès étaient les trois fermiers du Publicum Portorii Illyrici et Ripae Thraciae, C. Iulii Ianuarius, Capito et Epaphroditus, qui ont exercé cette charge de 161 à 169 169. Le bureau a certainement été organisé afin de surveiller le transport de marchandises sur le Danube. Il y avait probablement un péage, contrôlé par la légion, où l’on percevait une taxe pour le passage du Danube. Un autre texte est plus tardif, représentant un vœu de Maceio, esclave impérial et intendant du bureau douanier, pour le numen Augusti et pour le génie du publicum portorii 170. L’inscription date de 182, c’est à dire d’une époque où les douanes étaient sous l’exploitation directe de l’État. Toujours à Levski, se trouve la tombe d’un quaestionarius de la XIe légion Claudia, Aelius Iustinus, commémoré par son héritier, Aelius Ingenuus, bénéficiaire 171. Même si 158 159 160 161 162 163 164 165 166 167 168 169 170 171

ISM V, 56. CIL XII, 336 ; AE 1991, 1171. Vladkova 2015, 213. Vladkova 2015, 214. IGLNovae 41. Sur les Quadriviae, voir Morozewicz 1985b, 167–169 ; Speidel M. A. 1991, 281 ; Ardevan 2006, 71–75 ; Panaite 2013, 344–347. IGLNovae 96. IGLNovae 82. IGLNovae 79. IGLNovae 88. IGLNovae 35. ILB 441. Voir aussi CIL III 5121, 5124. ILB 442. ILB 444.

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l’unité où a servi Ingenuus n’est pas mentionnée, son statut de beneficiarius legati legionis me fait penser qu’il s’agit de la même légion. L’existence de la statio des douanes suppose la présence des militaires, y compris des bénéficiaires. Pourtant, le fait qu’un soldat d’une autre légion que la I Italica soit enterré ici suppose qu’il a eu un endroit pour le monument funéraire et, implicitement, une propriété. Un autre personnage intéressant qui est attesté à Levski est Geminius Herodianus 172. Il voue un autel à Jupiter et aux dieux de Samaria, ce qui, associé à son nom, prouve une origine orientale, de la région de Judée. Un Geminius Severus, euocatus de la Ière légion Italica, est évoqué dans un texte d’Almus 173 mais une parenté entre les deux personnages est difficile à établir. D’un autre côté, rien n’indique que Geminius Herodianus a été un militaire. On ne connaît pas non plus les raisons de sa présence en Mésie Inférieure en tant que civil. Ce qui est sûr, c’est qu’il s’est installé à la campagne. Discutons maintenant des inscriptions de Iatrus. Le castellum de Iatrus est mieux documenté pour la période de l’Antiquité tardive, mais les inscriptions dévoilent qu’un fort militaire a également fonctionné sous le Haut-Empire 174. Puisque la plupart des militaires mentionnés par les textes datant de cette époque ont servi dans la Ière légion Italica, il semble que la légion a exercé son autorité dans cet espace. On ne sait pas si les militaires sont venus avec leurs familles, car ils étaient probablement détachés de Novae, mais on dispose d’un certain nombre de textes attestant des civils et des vétérans. Ils habitaient les structures rurales situées à proximité (canabae et/ou uici). Certains militaires attestés ici sont mentionnés sans famille. Tels sont les cas de Ti. Claudius Zenodotos, signifer 175 (Fig. 16.14), et M. Ulpius Modianus 176. En ce qui concerne Zenodotos, son surnom grec et la manière grecque par laquelle il transcrit son gentilice (Claudios) suggèrent une origine d’une province hellénophone. J’ai montré qu’il y a plusieurs Ti. Claudii provenant de la province de Syrie 177 mais il est difficile d’avoir une opinion tranchée dans ce cas. Il y a aussi des soldats qui ont des parents ou des héritiers. Aurelius Mucianus en est un exemple : il est commémoré par Iulius Castus, par suite du testament d’une certaine Sentia Matrona 178. Selon le nom, le militaire est un indigène ayant reçu la citoyenneté sous Caracalla. Il est possible que Sentia Matrona soit une femme liée par une relation de parenté avec Mucianus : en tout cas, il semble qu’elle était citoyenne par naissance. Le militaire est mort en service, mais il a été enterré dans le lieu où il avait été détaché. Un autre soldat, C. Iulius Octavenius, fait ériger une épitaphe à son père Dionysius 179. Avant le nom du soldat, apparaît le mot Laudica, lu Raudica par K. Wachtel. D. Dana lit Laudica, ce qui me semble plus correct 180, d’après la photo de l’inscription. Il peut donc s’agir d’une femme qui s’appelle Laudica ou, plus logique, comme l’affirme D. Dana, de l’origo de la personne défunte qui peut être soit Dionysius, soit une autre personne. 172 173 174 175 176 177 178 179 180

ILB 447. CIL III 14409-1. Sur les recherches de Iatrus, voir surtout v. Bülow, Wachtel 2015, 203–215. AE 1985, 762. ILB 343. Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2012a, 45–47, 70–71. ILB 338. Wachtel 2007, 310–311, no 17. Dana 2014c, 165–166.

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Un militaire, dont le nom n’est pas conservé, est commémoré par son beau-père, G. Maximius Martialis 181. Il s’agit d’une épitaphe de famille, car Martialis évoque aussi sa femme et peut-être sa fille et des petits-fils. Le gentilice Maximius suggère une origine germanique, mais je préfère rester prudent à ce propos. Il faut aussi remarquer l’inscription mentionnant L. Cultius, qui consacre un autel à Jupiter Très Bon et Très Grand 182. Un signifer portant les mêmes noms est évoqué dans un texte voué à la même divinité à Novae 183. On ne sait pas si au moment du deuxième vœu, L. Cultius était encore actif ou s’il était à la retraite. L’identité des noms et la proximité des cités me font penser au même personnage. Il est possible que L. Cultius ait été détaché à Iatrus ou peut-être habitait-il le milieu civil près de cette dernière forteresse. D’après le gentilice, il semble être originaire des provinces germaniques. En ce qui concerne les civils (y compris les vétérans), les inscriptions ne sont pas si nombreuses, même si elles fournissent des informations intéressantes. Un C. Pont[ius ?] Cox[---], ancien bénéficiaire, est mentionné dans une inscription votive fragmentaire 184. Son gentilice et même le début de son surnom mènent à une origine pontique. Une inscription évoque un missicius de la cohors I Cilicum ayant vécu 65 ans 185. Il s’agit d’un militaire à la retraite, mais qui remplissait des charges même après ce moment. La cohorte avait son lieu de stationnement à Sacidava 186, mais ce militaire a été détaché à Iatrus avec une certaine mission. On ne sait pas s’il était accompagné par les membres de sa famille : il est décédé ici. Une épitaphe atteste la commémoration de deux enfants, un garçon (Tib. Claudius Valens) et une fille (Corinnis), par leurs parents (Tib. Claudius Secundus et Claudia Fortunata) 187. Selon les surnoms, soit les parents étaient co-affranchis, soit la femme a été la liberta de son époux. On peut supposer qu’ils étaient affranchis d’un militaire, à voir les occurrences des Tib. Claudii soldats en Mésie Inférieure 188. Trois fils, Iulii Bassus, Rufus et Gemellus font ériger la pierre funéraire de leur mère, Iulia Privata 189. Les gentilices des personnages mènent vers deux situations possibles : soit le père a été un pérégrin et la mère une citoyenne , soit les parents ont conçu leurs enfants pendant le service militaire du père et, après la honesta missio de celui-ci, il a obtenu avec sa femme le droit de cité, en portant tout le gentilice de Iulius. La deuxième hypothèse me semble plus plausible, en raison du caractère militaire de la forteresse de Iatrus. Enfin, un certain T. Salvius Chresimus fait ériger un autel pour Apollon Auluzelus 190. C’est une variante d’une épithète également rencontrée comme Aulusadenos 191,

181 182 183 184 185 186 187 188 189 190 191

ILB 342. AE 2003, 1539. IGLNovae 19. AE 2013, 1540. Conrad 2004, 226, no 372. Voir Matei-Popescu 2010, 202 sqq., avec la bibliographie. ILB 341. Voir surtout Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2012a, avec les indications des sources. ILB 339. AE 2003, 1538. Voir aussi Dana, Ricci 2014, 517–518. IGB V, 5287.

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Aulusada 192. Il s’agit d’un syncrétisme d’Apollon avec le Cavalier thrace. Un Salvius Valens, cornicen de la Ière légion Italica, est attesté dans une liste des militaires à Almus 193, mais il est difficile de dire si les deux Salvii avaient une relation de parenté, notamment si l’on se rend compte que Salvius est un gentilice répandu dans tout le monde romain. Pourtant, le surnom grec nous indique une personne appartenant à un milieu hellénophone, d’où ce vœu pour Apollon.

3. Conclusions La difficulté de la démarche, en ce qui concerne la population du territoire rural de Novae, réside dans l’impossibilité à préciser le lieu certain de provenance des inscriptions qui ont été trouvées dans la cité, la plupart étant réutilisées. C’est pourquoi dans plusieurs cas je ne suis pas sûr que les personnages ont habité les canabae ou le uicus situé à côté ou le municipium. Une autre difficulté réside dans le fait que beaucoup de militaires sont attestés sans familles, mais cela ne signifie pas qu’ils n’ont pas eu une famille. J’ai préféré les ajouter dans mon enquête. Quels sont donc les résultats de cette entreprise ? Les soldats qui ont fait partie de la VIIIe légion Auguste (stationnée à Novae de 45 à 69 ap. J.-C.) sont recrutés d’Italie. Dès l’installation de la Ière légion Italica (sous Vespasien) jusqu’à la fin du premier quart du IIe siècle, on constate des recrutements de tout l’Empire (Italie, Norique, Macédoine, Asie Mineure, Afrique). On remarque des familles italiennes de civils qui habitent le milieu rural autour du camp : ils sont probablement des parents des soldats, qui les accompagnent dans la province durant leur service ou, au moins, durant une partie de ce service. Il y a aussi des familles d’affranchis, qui portent des noms grecs, mais les gentilices suggèrent qu’ils peuvent être des liberti appartenant aux familles italiennes. Ils sont probablement arrivés à Novae avec ces familles et se sont établis dans la proximité du camp. À partir du milieu du IIe siècle, les militaires proviennent surtout de Mésie Inférieure ou des provinces plus proches 194. Au moins partiellement, leurs familles les ont suivis et ont habité les canabae. Le uicus situé auprès des canabae se trouve probablement à Ostrite Mogili 195, mais le matériel épigraphique est éparpillé. Il faut remarquer pourtant que les vétérans sont présents dans le milieu rural, mais les textes ne les évoquent pas, par rapport à Troesmis, en tant que membres de l’élite locale. On observe également une proportion importante de familles provenant des provinces celto-germaniques (si l’on exclut aussi le Norique, dont la population indigène a la même origine). Les soldats actifs sont aussi présents dans le milieu rural (surtout par l’intermédiaire des inscriptions votives), mais la possibilité d’avoir des propriétés dans ce milieu n’est pas exclue. Qu’est-ce qu’on peut dire sur la population indigène ? Par rapport aux autres cités, elle n’est pas très bien représentée du point de vue épigraphique. Pourtant, si l’on compare la situation avec celle d’un autre camp de légion où le uicus est devenu municipe (Troesmis), 192 193 194 195

IGB V, 5290–5292. Voir aussi Sharankov 2016, 311. CIL III 14409-1. Plus détaillé chez Mihailescu-Bîrliba 2015a, 83–84. Voir surtout Tomas 2007, 42 ; Tomas 2016b, 198–199.

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La population du milieu rural de Novae

on se rend compte que c’est à peu près la même chose. Les soldats et les vétérans sont très actifs du point de vue de l’epigraphic habit et la population d’origine thrace est plus silencieuse en ce sens. Une insatisfaction reste pourtant : une mention nette des canabae manque, ainsi que celle de plusieurs uici (le uicus Perburidauensis est le seul exemple). Annexe 16.1. L’origine des militaires mentionnés dans les inscriptions de Novae. La liste comprend également les vétérans car ils sont arrivés en Mésie Inférieure en tant que militaires Province ou région d’origine

Italie

Norique

Mésie Supérieure Autres provinces celto-germaniques

Dacie, Mésie Inférieure et Thrace

Région pontique

Militaires P. Farfinias Severus C. Annius Fuscus C. Ersidius Sextus M. Maesius Geminus Baebius Urvinianus Mufeius Ter[---] Fannius Semininus Petronius Flo[rus] M. Pacuvius Iustus Ufnuleius Q. Volumnius Firmus C. Caesellius Vitalis C. Bruttius Goutus Valerius Birbilo G. Baienius Ianuarius M. Aurelius Paulinus [---] Tauriscus M. Aurelius Iustus L. Maximius Gaetulicus L. Cultius Dovius Fortunatus C. Staboratius M. Ulpius Peregrinus Flavius Decebalus [---] Severus T. Aurelius Bithus Aurelius Lupo M. Aurelius Teres Tarsa, fils de Tarsa M. Aurelius Macenius Aurelius Mucianus M. Valerius Flavianus (domicilié à Cirta) C. Pontius Cox[---]

Source IGLNovae 81 AE 1999, 1334 IGLNovae 13 IGLNovae 3, 4 IGLNovae 57bis IGLNovae 57bis IGLNovae 57bis IGLNovae 57bis Sarnowski 2015, 510–511 Sarnowski 2015, 511–513 AE 1998, 1136 IGLNovae 79 IGLNovae 85 IGLNovae 25 IGLNovae 47 IGLNovae 88 IGLNovae 9 IGLNovae 46 IGLNovae 19 ; AE 2003, 1539 IGLNovae 57bis IGLNovae 24 IGLNovae 10 IGLNovae 82 IGLNovae 89 IGLNovae 49 AE 2004, 1250 Sarnowski 2015, 508–509 RGZM 10 IGLNovae 76 ILB 338 IGLNovae 33 AE 2013, 1540

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Province ou région d’origine

Provinces d’Asie Mineure et du Proche Orient

Afrique

Militaires C. Iulius Magnus C. Tullius Apollinaris Cassius Surus El[---] Eufeminus Ael. Lydias Iulius Nic[---] Priscinius Valens Ti. Claudius Zenodotos C. Iulius Octavenius L. Cornelius Fronto

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Source IGLNovae 33 IGLNovae 31 MacDonald 2007, 279–280 IGLNovae 57bis IGLNovae 57bis IGLNovae 57bis IGLNovae 174 AE 1985, 762 Dana 2014c, 165–166 IGLNovae 80

Annexe 16.2. L’origine des vétérans du territoire rural de Novae Province ou région d’origine Italie Norique Autres provinces celto-germaniques

Dacie, Mésie Inférieure et Thrace

Macédoine Région pontique Provinces d’Asie Mineure et du Proche Orient Afrique

Militaires C. Caesellius Vitalis C. Bruttius Goutus [---] Tauriscus L. Cultius (?) C. Staboratius M. Ulpius Peregrinus Flavius Decebalus [---] Severus T. Aurelius Bithus Aurelius Lupo M. Aurelius Teres Tarsa, fils de Tarsa M. Aurelius Macenius Aurelius Mucianus M. Valerius Flavianus (domicilie à Cirta) C. Valerius Longinus C. Pontius Cox[---]

Source AE 1998, 1136 IGLNovae 79 IGLNovae 88 AE 2003, 1539 IGLNovae 24 IGLNovae 10 IGLNovae 82 IGLNovae 89 IGLNovae 49 AE 2004, 1250 Sarnowski 2015, 508–509 RGZM 10 IGLNovae 76 ILB 338 IGLNovae 33

C. Iulius Magnus

IGLNovae 33

L. Cornelius Fronto

IGLNovae 80

IGLNovae 86 AE 2013, 1540

Annexe 16. 3. L’origine de la population civile (sauf les vétérans) du territoire rural de Novae Province d’origine Italie

Nom du personnage Farfinias Vitalis Farfinias Ferox M. Antonius Aprio Tannonia Valentina

Source IGLNovae 81 IGLNovae 81 IGLNovae 93 IGLNovae 93

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Province d’origine

Provinces celto-germaniques

Provinces du Bas-Danube

Provinces d’Asie Mineure et du Proche Orient (ou régions hellénophones)

Nom du personnage M. Antonius Valentinus Antonia Aprulla L. Metellus Iustus Metella Felicia Sex. Caesernius Epitynchanus Caesernia Tyche Q. Cassius Q. Cassius Chresimus Q. Casssius [---] Q. Cassius Modestus Q. Cassius Severus C. Vibius Eutyches C. Vibius Natalis C. Vibius Therapo Le neveu de Tauriscus Sammonia Antonia Flavius Fuscinus Valeria Iulia Viccia Saturnina G. Maximius Martialis Mucatralus Aurelius Statianus M. Valerius Macenius Aurelius Victor Aelia Publia Iulia, affranchie de C. Iulius Magnus ?) Asynkritos Euangelos Melichrysus Nestor Demetri Hedone Nymphi Kyzikios Euchrôtis La femme de Kyzikios C. Iulius Bassus C. Iulius Ingenuus Iulua Veneria Hermès Geminius Herodianus Dionysius, père de C. Iulius Octavenius T. Salvius Chresimus (?)

Source IGLNovae 93 IGLNovae 93 IGLNovae 101 IGLNovae 101 IGLNovae 95 IGLNovae 95 IGLNovae 97 IGLNovae 97 IGLNovae 114 IGLNovae 114 IGLNovae 114 IGLNovae 114 IGLNovae 114 IGLNovae 79 IGLNovae 88 IGLNovae 82 IGLNovae 96 IGLNovae 96 Vladkova 2015, 209–217 ILB 342 IGLNovae 38 IGLNovae 8, 9 IGLNovae 76 IGLNovae 91 IGLNovae 91 IGLNovae 83 IGLNovae 183 IGLNovae 183 IGLNovae 35 IGLNovae 48 IGLNovae 48 IGLNovae 107 IGLNovae 107 IGLNovae 107 ILB 347 ILB 347 ILB 347 ILB 441 ILB 447 Dana 2014c, 165–166 AE 2003, 1538

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Fig. 16.1. Vœu d’un soldat originaire de la Narbonnaise (Novae)

Source : db.edcs.eu/epigr/bilder.php?bild=$AE_1985_00735_1.jpg;$AE_1985_00735_2.jpg; $PLINovae_p116b.jpg&nr=3

Frig. 16.2. Fragment d’un vœu de la part d’un primipile originaire de Norique (Novae) Source : db.edcs.eu/epigr/bilder.php?bild=$PLINovae_p117b_1.jpg;$PLINovae_p117b_2.jpg&nr=1

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Fig. 16.3. Vœu d’un primipile originaire de Syrie (Novae)

Source : db.edcs.eu/epigr/bilder.php?bild=$AE_1995_01335.jpg

Fig. 16.4. Vœu d’un soldat originaire de Cirta, dont le père porte un nom thrace (Novae) Source : db.edcs.eu/epigr/bilder.php?bild=$PLINovae_p127c.jpg;$AE_1988_00984.jpg&nr=1

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Fig. 16.5. Épitaphe d’un soldat de la VIIIe légion Auguste (Novae)

Source : db.edcs.eu/epigr/bilder.php?bild=$AE_1914_00093.jpg;lu_22257&nr=2

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Fig. 16.6. Épitaphe d’un vétéran originaire de Norique (Novae)

Source : db.edcs.eu/epigr/bilder.php?bild=$PLINovae_p124b.jpg

Fig. 16.7. Vœu du vétéran C. Staboratius (Novae)

Source : db.edcs.eu/epigr/bilder.php?bild=$PLINovae_p126d.jpg;$CBI_00653.jpg&nr=2

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Fig. 16.8. Épitaphe de L. Cornelius Mampsalachanus, fils du vétéran L. Cornelius Fronto (Novae)

Source : db.edcs.eu/epigr/bilder.php?bild=$PLINovae_p173f_1.jpg;$PLINovae_p173f_2.jpg; $PLINovae_p173f_3.jpg&nr=3

Fig. 16.9. Épitaphe d’un vétéran de la legio Mineruia (Novae) Source : db.edcs.eu/epigr/bilder.php?bild=$PLINovae_p173e.jpg

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Fig. 16.10. Épitaphe d’une famille d’Italiens (milieu rural de Novae) Source : db.edcs.eu/epigr/bilder.php?bild=$PLINovae_p120c.jpg

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Fig. 16.11. Épitaphe d’un affranchi de la famille de Cassii (Novae)

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Source : db.edcs.eu/epigr/bilder.php?bild=$Conrad_00385.jpg;$AE_2006_01203.jpg;lu_22229&nr=3

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Fig. 16.12. Épitaphe d’Aelia Publia, fille d’un personnage originaire d’un village au nom dace (Novae)

Source : db.edcs.eu/epigr/bilder.php?bild=$PLINovae_p175f.jpg

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La population du milieu rural de Novae

Fig. 16.13. Vœu de Melichrysus, esclave d’un fermier des douanes (Novae)

Source : db.edcs.eu/epigr/bilder.php?bild=$IGLNovae_00035.jpg;$PLINovae_p122a.jpg&nr=2

Fig. 16.14. Vœu d’un signifer (Iatrus)

Source : ubi-erat-lupa.org/monument 22120

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XVII. LA POPULATION DANS LE MILIEU RURAL DE DIMUM La seule raison pour laquelle Dimum (aujord’hui Belene, 14 km ouest de Novae) n’est pas considéré comme appartenant au territoire de Novae est une inscription de Rome, érigée par des prétoriens originaires d’une regio Dimesis en Mésie Inférieure 1. Les fouilles de Dimum ont mis en évidence un castellum de l’époque romaine du Haut-Empire 2, occupé par des vexillations de la Ière légion Italica 3. La chorothésie de Laberius Maximus (de l’an 100) mentionne aussi les canabae Dimensium 4. Les canabae se sont développées autour du camp. L’attestation d’une regio supposait l’existence d’une ciuitas, qui a émergé à proximité des canabae. À voir la position géographique (entre Novae et Oescus) de Dimum, il ne faut pas s’imaginer une cité très grande : l’importance du lieu tenait à l’aménagement d’un port 5 et par l’existence d’un bureau douanier 6. Il n’est pas exclu que la présence des militaires de la légion soit liée au stationnement de la flotte, comme à Halmyris 7, à Barboși 8 ou à Sexaginta Prista 9. Il y a eu, par conséquent, des canabae qui abritaient surtout les membres civils des familles de militaires et les structures rurales existant dans la proximité. Ma démarche visera les inscriptions qui font allusion à ces structures. Le dossier épigraphique est très pauvre. Il faut remarquer les estampilles de la legio I Italica 10, qui font preuve de la présence des militaires dans la zone. Hormis les estampilles des fabricants de céramique 11, une seule inscription mentionne un certain Valerius Ingenuus qui accomplit un voeu 12. Le plus important texte est celui qui atteste la statio de Dimum. Memor, esclave des trois empereurs (Septime Sévère, Caracalla et Geta), contrôleur des registres du bureau douanier (contrascriptor), fait ériger un autel pour Jupiter et pour les autres dieux de Giridava, en signe de reconnaissance d’avoir été guéri d’une grave maladie 13. J’ai rappelé

1 CIL VI 32549. 2 Voir surtout Mitova-Džonova 1994, 47–65 ; Kabakchieva, Lazarova 2012, 22–27 ; Kabakchieva, Lazarova 2015, 195–195. 3 Par exemple, AE 2005, 1327b et c. 4 ISM I, 68. 5 Voir Matei-Popescu 2010, 246 ; Breeze 2012, 102 ; Kabakchieva, Lazarova 2015, 195. 6 ILB 27. 7 Zahariade 1986, 173–176 ; Zahariade, Alexandrescu 2011, no 5. 8 ISM V, 305, 307. 9 CIL III 784 ; AE 1954, 34 ; 2005, 1333 ; AE 1944, 6–9 ; Stančev 2006, 245. 10 CIL III 14464, 1 ; Kalinka 1906, 339–340, nos 454b–c ; AE 2005, 1327c. 11 Kalinka 1906, 341, 456 ; AE 2005, 1327a–b. 12 AE 2003, 1542. 13 ILB 237.

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La population dans le milieu rural de Dimum

ce texte lorsque j’ai parlé de la ciuitas Dianensium 14. Il y a deux aspects importants qui ressortent de ce texte. Le premier est l’existence d’un bureau des douanes qui était certainement en liaison avec les péages perçus dans le port et avec la présence de l’armée dans la zone. Memor travaille dans ce bureau à un moment où les douanes étaient en régime d’administration directe de l’État. La fonction de contrascriptor n’est pas souvent attestée, pourtant il y a des contrascriptores travaillant dans le domaine public des douanes en Illyricum : Ianuarius 15, Savianus 16, [---]kius 17, Aeliodorus 18 en Pannonie Supérieure et Apollonides 19 en Mésie Supérieure. Le deuxième aspect important de ce texte est la mention de Giridava, qui est sans doute un village où Memor avait une propriété. Le nom est d’origine dace et constitue une preuve de la présence de la population indigène dans la province. Giridava se trouve probablement dans le milieu rural de la ciuitas Dianensium. La statio fonctionnait avant la rédaction de ce texte, car sous Antonin, une inscription atteste Quintillus, esclave puis affranchi du fermier T. Iulius Saturninus, qui remplit la charge de uilicus 20. On a déjà mentionné la carrière de Saturninus, qui a été conductor publicii portorii Illyrici, praefectus uehiculorum, puis procurateur en Gaule sous le règne conjoint de Marc Aurèle et de Lucius Verus 21. Quintillus a rempli la charge de uilicus probablement en tant qu’esclave, puis il a été affranchi. La population dans le milieu rural de Dimum est peu documentée. L’importance de la cité est due au le port et, implicitement, à la présence des soldats de la legio I Italica dans la zone. La position stratégique de la localité a mené à la création du bureau douanier impérial. À proximité, il y a eu des établissements ruraux fonctionnant sous l’autorité militaire. Certains de ces établissements ont eu une population indigène, du moins selon les toponymes. Pourtant, l’administration romaine a seulement laissé les traces des fonctionnaires, tandis que les indigènes ont été plus silencieux sous cet aspect.

14 15 16 17 18 19 20 21

Voir supra, chapitre VIII. CIL III 4024. CIL III 15184–4. CIL III 4155. CIL III 14062. IMS VI 209, 212. CIL III 12363. CIL III 1568, 4720, 12363 ; V, 5079–5080 ; VI 559 ; XIII 1750, 3636 ; AE1928, 153 ; 1934, 107 ;1960, 343. Voir aussi De Laet 1949, 181 ; Piso, Moga 1998, 105–108 ; PIR2 J 548 ; Pflaum 1960, 436 ; Bounegru 1986, 113–123 ; Fitz 1993, 394 ; Mihailescu-Bîrliba 2010b, 145–152 ; Petolescu 2014, 298– 299.

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XVIII. LA POPULATION DU MILIEU RURAL D’OESCUS 1. Introduction Oescus (aujourd’hui non loin du village de Gigen, Bulgarie) a constitué le camp de la Ve légion Macedonica (à partir du règne de Claude jusqu’à la fin de la première guerre dacique) 1. Près du camp, se sont développées les canabae et, dans leur proximité, certainement un uicus civil. Après le transfert de cette légion à Troesmis, suite à la première guerre dacique, Oescus devient colonia sous Trajan. Il y a deux opinions sur la fondation de la colonie : une théorie sur une deductio des vétérans 2, une autre qui rejette le rôle de ces derniers dans la fondation 3. La deuxième théorie est basée sur l’absence des évidences épigraphiques d’une deductio, ainsi que des activités de construction des légionnaires. La première théorie est argumentée par la présence assez importante des vétérans peu avant et peu après la fondation ; K. Stoev suppose qu’il y avait probablement un établissement rural de vétérans et même un conuentus de ciues Romani 4. La présence massive des vétérans me fait partager cette théorie. Les recherches archéologiques ont montré que la colonia a occupé la place du camp de la Ve légion Macedonica, après son déplacement à Troesmis 5. La localisation des nécropoles au nord de la ville a rendu possible l’hypothèse que les canabae et probablement le uicus qui a été près des canabae se trouvaient dans la même zone 6. I. Boyanov avance la théorie que les canabae ont fonctionné au premier siècle dans l’actuel village Prez Livada 7. À Oescus a fonctionné très probablement une station des douanes, si l’on remarque l’inscription consacrée par la cité au fermier T. Iulius Capito 8. Ma démarche consiste en l’analyse de la population du territoire rural. C’est assez difficile car des recherches dans ce territoire n’ont pas connu un caractère systématique. Pourtant, il y a quelques critères selon lesquels je vais organiser mon matériel. D’abord, j’analyserai les inscriptions de la phase qui date d’avant la fondation de la colonie : les militaires ont eu des familles qui habitaient les canabae ; puis, les vétérans se sont installés 1 Matei-Popescu 2010a, 35–42, avec la bibliographie. Kabakchieva (1996, 91–114 ; 2014, 181–193, avec la bibliographie) pense que la légion a stationné dès la fin du règne d’Auguste, mais l’existence d’un camp à cette époque-là ne prouve pas tout d’un coup la présence de la legio V Macedonica.. D’autre part, à voir l’inscription de l’ala Pansiana (ILB 50), il est possible que le camp a fonctionnné dès le règne de Tibère (voir Matei-Popescu 2010-2011, 216). 2 Parmi les plus importantes Domaszewski 1899, 182 ; Ritterling 1925, 1287 ; Forni 1953, 150 ; Cîrjan 2010b, 88–89. 3 Parmi les plus importantes Patsch 1937, 220 ; Boyanov 2008a, 69–76 ; Boyanov 2008b, 82–83. 4 Stoev 2015, 134–135. 5 Ivanov 2008b, 24–75, avec la bibliographie. 6 Voir la discussion chez Boyanov 2008a, 70. 7 Boyanov 2008a, 70–71. 8 ILB 20.

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La population du milieu rural d’Oescus

dans les établissements ruraux civils situés à proximité du camp. Je prendrai également en compte les découvertes faites dans les environs d’Oescus et les inscriptions qui peuvent suggérer, par leurs textes, une habitation de personnages à l’extérieur de la cité.

2. Le dossier épigraphique Je commencerai d’abord par analyser les familles des militaires et des vétérans qui sont mentionnées dans les textes datant du Ier siècle ou du début du IIe siècle. Commençons par les militaires de la legio V Macedonica : ils ont certainement habité le camp, mais leurs familles ont vécu dans les canabae. On distingue assez facilement les inscriptions de cette période, à cause de l’absence de la formule Dis Manibus et du nominatif des noms des défunts. On s’aperçoit que les soldats de la légion proviennent surtout de l’Italie et des provinces occidentales de l’Empire. Il y a aussi une vague de recrutements de l’Orient hellénophone (Asie Mineure et Syrie). Les militaires actifs attestés sont peu nombreux : L. Septimius (probablement un Italien, commémoré par sa femme et affranchie sous Claude ou sous Néron) 9, Q. Philippicus d’Edessa (de la même période) 10. Un centurion du temps de Tibère, Resius Albanus, est attesté comme patron d’un affranchi décédé 11 (Fig. 18.1). Cela prouve encore une fois que les militaires étaient parfois accompagnés par la familia dans le sens élargi du terme. Le gentilice de Resius est rencontré surtout en Italie 12; il est donc fort possible que notre centurion ait une origine italienne. En ce qui concerne les vétérans, les textes sont plus généreux, exprimant la même tendance. Ainsi, C. Vibius Fronto, originaire de Brixia (regio X), est commémoré par des membres de la famille ou par des héritiers (sous Claude ou Néron) 13 (Fig. 18.2). Les Vibii sont bien attestés à Brixia (L. Vibii 14, Q. Vibii 15 et C. Vibii 16). Les affranchis de C. Vibii 17 et des L. Vibii 18 sont présents en Dalmatie, comme sévirs augustaux. C. Vibius Fronto fait donc partie de la branche des C. Vibii. Il a été recruté probablement sous Tibère. Le militaire a fait son service en Mésie et a décidé d’y rester car il est décédé à 72 ans. De la même période date un texte mentionnant C. Annius Milo, originaire de Luca (regio VII) 19. Il a été recruté, toujours sous le règne de Tibère, et a choisi de rester à Oescus après la honesta missio, où il ait décédé. Il est enterré probablement à la campagne, ex testamento. On ne sait pas qui étaient ses héritiers. Les soldats de l’Italie ont été recrutés également dans la légion dans le dernier quart du Ier siècle. Q. Falcius Constans, vétéran originaire d’Ariminium (regio VIII), est commémoré 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19

ILB 48. ILB 49. ILB 47. Voir, par exemple, CIL V 3141–3142 ; AE 1986, 386. ILB 51. CIL V 4201, 4353–4354. CIL V 4490. CIL V 4491, AE 1974, 334. CIL III 1835, 8806. CIL III 1770, 3062. ILB 53.

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après avoir vécu 50 ans 20. Le texte date de la première moitié du IIe siècle, mais c’est fort probable que Falcius Constans ait été recruté lorsque la légion se trouvait en Mésie Inférieure. Il a préféré rester dans la province où il a servi. Pour le premier siècle, il faut également mentionner Ti. Iulius Icci f. Acutus, duplicarius de l’ala Pansiana, mort en service à 60 ans, après avoir servi 36 ans 21 (Fig. 18.3). L’aile a stationné à Oescus probablement une courte période, peut-être sous le règne de Tibère et sous Claude, comme présumait F. Matei-Popescu 22. Le soldat est originaire de Trèves et c’est un héritier, dont le nom n’est pas conservé, qui lui fait ériger l’épitaphe. L’Asie Mineure représente une autre zone de recrutement dans cette période. C. Roscius Capito, vétéran de la Ve légion Macedonica, originaire de Troade (nord-ouest de l’Anatolie), est commémoré par son fils C. Roscius Pudens, militaire dans la même légion 23. Une autre région hellénophone qui fournit des soldats pour la légion est la Macédoine. G. Iulius Longinus, originaire d’Héraclée, est commémoré par son affranchi, G. Iulius Hermes 24. S. Conrad date la stèle au premier siècle ap. J.-C. selon les critères iconographiques 25, datation confirmée par l’absence de la formule Dis Manibus et par la forme de nominatif du nom du défunt. De quelle Héraclée s’agit-il ? F. Matei-Popescu affirme « possibly Heraclea Lynkestis from Macedonia » 26. K. Stoev pense à Héraclée Syntique, en argumentant qu’un établissement situé près de cette cité (Berta) a appartenu à la tribu Menenia 27. Il tire cette conclusion d’après la stèle funéraire d’un soldat de la legio VIII Augusta 28. À Héraclée Lynkestis, il y a deux textes mentionnant des personnes appartenant à cette tribu, mais originaires de Vicetia (regio X) 29. En effet, la tribu est bien attestée à Vicetia 30. Il n’est pas exclu que les gens de Vicetia installés à Héraclée Lynkestis ont eu des descendants qui sont restés dans la localité. Il y a eu des Iulii inscrits dans cette tribu à Vicetia, comme le prouve un texte sur un Q. Iulius Catullus 31. À mon avis, c’est plus probable que G. Iulius Longinus soit originaire d’Héraclée Lynkestis, mais il est un descendant des Italiens établis dans cette ville. Il a été recruté, probablement sous les Flaviens et après son service, il s’est établi dans le milieu rural d’Oescus. Un autre soldat provenant de Macédoine est C. Cornelius Iustus 32 mais il a servi dans la e XI légion Claudia, arrivée en Mésie Inférieure à l’occasion de la première guerre dacique, stationnée d’abord à Oescus avant de rester à Durostorum 33. Iustus est décédé à 35 ans et il a été commémoré par son fils qui habitait certainement dans les canabae. Des vexillations 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33

ILB 60. ILB 50. Matei-Popescu 2010-2011, 216–217. Voir aussi Wagner 1963, 321. ILB 52. ILB 55. Conrad 2004, 242, no 433. Matei-Popescu 2010a, 41. Stoev 2015, 131. CIL XIII 7574. ILJug I, 43 ; II, 539. CIL V, 3122–3123, 3135, 3161, 3163, 3179, 3186, 3189, 3194–3195, 3206–3207, 3212. CIL III 3122. ILB 62. Voir surtout Matei-Popescu 2010a, 133.

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de la légion ont été détachées dans la zone même plus tard car un Antonius Valens est commémoré dans la campagne d’Oescus, à Čumakovci, par deux de ses esclaves, Natalis et Suro, à la fin du IIe siècle ou au début du IIIe34. Du IIe siècle, datent d’autres textes mentionnant des vétérans, après le déplacement de la légion à Troesmis. Il s’agit de la période qui suit la fondation de la colonie : c’est pourquoi on ne sait pas si leurs familles habitaient la cité ou le milieu rural près de la ville. Pourtant, les lieux de découverte peuvent indiquer la vie à la campagne. Ainsi, un texte trouvé à Gigen, sud-est d’Oescus, évoque C. Iulius Celer et Iulia Tyche, commémorés par leur fils C. Iulius Crescens qui est déjà centurion dans la Ière légion Italica 35. S. Conrad a daté la stèle, selon les caractéristiques iconographiques, du premier quart du IIe siècle 36. Les faits historiques et un détail épigraphique confirment la datation. On retrouve la formule Dis Manibus, qui plaide pour une datation du IIe siècle, mais du début de ce siècle car la légion n’est plus à Oescus après la première guerre dacique. La femme était probablement l’affranchie de Celer, ce qui était assez commun chez les militaires 37. D’où était originaire Celer ? Il appartenait à la tribu Collina, comme encore deux autres personnages attestés à Oescus : P. Scribonius Varus 38 (Fig. 18.4) et C. Aspronius [---] 39. Si en ce qui concerne C. Aspronius [---], l’inscription est fragmentaire et ne nous fournit pas beaucoup de détails, sur P. Scribonius Varus, on sait qu’il est originaire d’Éphèse et il est, lui-aussi, vétéran de la même légion. Il est commémoré par sa femme et son fils qui est militaire de la même légion. La tribu Collina est encore mentionnée à Éphèse, dans le cas de M. Scaptius Pius 40 et M. Antonius Bassus 41. Il n’est pas exclu que l’ancien soldat C. Iulius Celer soit originaire d’Éphèse. J’ai déjà discuté des C. Iulii de la Ve légion Macedonica qui sont, pour beaucoup d’entre eux, originaires des provinces hellénophones, mais descendants des citoyens romains ou des affranchis impériaux latinophones 42. En ce qui concerne les C. Iulii et les Scribonii d’Oescus, j’ai remarqué le cas de C. Iulius Saturninus, originaire d’Oescus, qui a épousé Scribonia Melitine et qui apparaît dans une épitaphe de Troesmis 43. Saturninus est un descendant de C. Iulius Celer, car il est né à Oescus, tandis que Scribonia Melitine peut faire partie de la gens Scribonia originaire d’Éphèse et établie à Oescus par l’intermédiaire de P. Scribonius Varus 44. Un autre soldat recruté vers la fin du Ier siècle est L. Firmius Valentinus, originaire de Narbonne, attesté en tant que vétéran à Gigen, ce qui prouve qu’il s’est retiré à la campagne après son service 45. Il est décédé à l’âge de 70 ans et son épitaphe a été érigée par son

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ILB 169. ILB 56. Conrad 2004, 249–250, no 463. Pour les provinces du Moyen et du Bas-Danube, voir surtout Mihailescu-Bîrliba 2006, 94. ILB 58. ILB 87. IK 59, 33 ; voir aussi Berns 2003, 207–208. AE 1993, 1484 ; 1999, 1571. Mihailescu-Bîrliba 2011b, 469–473. ISM V, 188. Mihailescu-Bîrliba 2009c, 385–388. ILB 63.

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affranchie. La Narbonnaise a constitué une source importante de recrutement pour les légions surtout au Ier siècle 46. D’autres soldats ou vétérans attestés à Oescus ou dans les environs ont servi dans d’autres unités que la legio V Macedonica. De Gigen, proviennent plusieurs textes. Le texte le plus intéressant est celui d’un anonyme, ancien campidoctor pour les cavaliers des cohortes prétoriennes, devenu quinquennalis à Oescus après la fin de son service 47. Le texte a été trouvé dans le village de Gigen et on peut supposer qu’il avait une propriété dans le milieu rural près d’Oescus. Une épitaphe intéressante est celle de Iulius Saturio, missicius alae Capitonianae, commémoré par son affranchi 48 (Fig. 18.5). Saturio est aussi affranchi et R. Duncan-Jones suppose que l’inscription date de l’époque de Néron ou, au plus tard, de celle des Flaviens car la pratique de recruter des liberti dans les cohortes date du Ier siècle, en partant de l’époque d’Auguste 49. La datation du Ier siècle est confirmée, à mon avis, par l’absence de la formule Dis Manibus et par la forme nominative du nom du défunt. Le terme de missicius est utilisé pour les equites dans les alae, mais il est aussi lié à des expressions désignant des militaires ou des vétérans 50. Dans ce cas-là, il s’agit plutôt d’un ancien militaire, car le personnage a vécu 80 ans. L’ala Capitoniana est mentionnée à Variana (Leskovec, Bulgarie, non loin d’Oescus) 51, ce qui explique la présence du militaire dans la légion. Iulius Saturio était domo Haeduus, ce qui signifie qu’il appartenait à la tribu celte des Haedui, en Gaule Lugdunaise. D’ailleurs, son surnom, Saturio, est spécifique pour le monde celto-germanique. Il a été accompagné par sa famille (au moins dans le sens élargi du terme) car c’est son affranchi qui lui fait ériger l’épitaphe. Après son service, Iulius Saturio s’est retiré à la campagne où il est décédé. Une autre inscription atteste un vétéran, probablement un Flavius, appartenant à la cohors IV Gallorum 52. F. Matei-Popescu propose une datation de 62 à 71 53, contrairement à la chronologie de B. Gerov qui préfère une datation du temps de Trajan 54. Une inscription a été consacrée par T. Tettius Plotus, vétéran de la legio IIII Flauia Felix, prêtre de Mithra, qui a préféré rester en Mésie Inférieure et non en Mésie Supérieure où était stationnée la légion 55. Les occurrences du gentilice sont trop nombreuses pour que l’on puisse se faire une idée de l’origine de l’ancien soldat.

46 Par exemple, CIL III 3487 (legio XV Apollinaris), 4245 (IIII Flauia Felix), 8740 (XI Claudia pia fidelis), 10224 (II Adiutrix) ; XIII 6863, 6873–6874 (legio IIII Macedonica), 6969, 6976, 6986 (legio XXII Primigenia), 8086 (I Mineruia) etc. 47 ILB 66. Voir aussi Ferjančić 2009, 118. Sur les campidoctores, voir Southern 2006, 136. Pour d’autres campidoctores dans l’armée romaine, voir surtout Le Bohec 1989, 68. Voir aussi Acrudoae 2012, 173– 164 ; Acrudoae 2016, 253–254. 48 AE 1912, 187. 49 Duncan-Jones 2016, 137. 50 Voir la discussion chez Marek 1994, 182 sqq. 51 AE 1967, 425 ; Conrad 2004, 255, no 484. 52 ILB 61. 53 Matei-Popescu 2010a, 210. 54 ILB 61, sub numero. Voir aussi Wagner 1938, 139. 55 ILB 32.

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J’ai déjà évoqué les cas de C. Cornelius Iustus 56 et d’Antonius Valens 57 qui ont servi dans la XIe légion Claudia. La légion a un peu stationné à Oescus pendant la première guerre dacique et peut-être peu après, mais des vexillations ont été détachées même plus tard. De la même manière, même si Q. Falcius Constans, originaire d’Ariminium, dont on a parlé, a servi dans la Ière légion Italica, il a préféré se retirer à Oescus après la fin de son service militaire 58. Toujours dans la legio I Italica, a servi G. Crispinus Firmus, originaire d’Aspendus (Lycie et Pamphylie) qui s’est retiré dans le milieu rural d’Oescus 59 (Fig. 18.6). L’inscription a été trouvée à Sucidava (sur l’autre rive du Danube) mais le texte montre qu’elle provient d’Oescus. Il fait ériger une épitaphe pour sa femme et pour ses petits-fils (ou neveux). C’est un autre exemple d’un militaire originaire d’une province éloignée de Mésie Inférieure qui s’est établi dans le lieu de son service après la honesta missio. Un autre militaire qui n’a pas servi dans la legio V Macedonica, mais qui est mentionné non loin d’Oescus, est Mucatralis, fils de Sita, natione Bessus, qui a servi dans la cohors II Flauia B(rittonum) 60. La cohorte a stationné en Mésie Inférieure au moins de la fin du Ier siècle jusqu’au IIIe siècle 61. Il y a aussi la restitution Flauia B(essorum), ce qui correspond à l’origo de Mucatralis et ce qui a permis une datation du règne de Trajan 62, dans la mesure où cette cohorte a participé aux guerres daciques. F. Matei-Popescu croit que le texte date d’avant 71 63. Conrad date l’inscription du milieu du IIe siècle, selon les caractéristiques iconographiques 64. La formule D(is) Manibus plaide pour une datation au IIe siècle, plus vraisemblablement après les guerres daciques. Pourtant, les deux solutions sont acceptables puisque le soldat est un Thrace qui a été recruté dans l’armée romaine et qui a été enterré probablement dans son lieu d’origine. Une autre inscription atteste M. Iunius Montanus, ancien soldat dans les cohortes prétoriennes, puis promu centurion de plusieurs légions, dont I Mineruia et VIII Augusta 65. Il a probablement été centurion de la Ière légion Italica lorsqu’il est décédé car le texte date du milieu du IIe siècle et la legio V Macedonica ne se trouvait plus à Oescus. Il est commémoré par sa femme qui l’a accompagné dans les canabae. En tant que membre des cohortes prétoriennes avant Septime Sévère, il avait sans doute une origine occidentale, fort probablement italienne. Dans les environs d’Oescus, à Nikopol (Bulgarie, sur la rive droite du Danube, environ 25–30 km est de Gigen), un texte de la première moitié du Ier siècle atteste un decurio de

56 57 58 59 60 61 62 63 64 65

ILB 62. ILB 169. ILB 60. ILB 59. ILB 64. Sur l’histoire de la cohorte, voir surtout Matei-Popescu 2010a, 198–199, avec la bibliographie. Voir aussi Țentea, Matei-Popescu 2002-2003, 276. La base de données d’Heidelberg, voir http://edh-www.adw.uni-heidelberg.de/edh/inschrift/HD017579. Matei-Popescu 2010a, 193. Conrad 2004, 244, no 444. ILB 65.

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l’ala Scubulorum, C. Fullonius, qui fait ériger l’épitaphe pour sa femme 66 (Fig. 18.7). L’aile a été créée sous Auguste ou sous Tibère et envoyée en Mésie, où elle a stationné jusqu’en 49, étant transférée d’abord en Pannonie puis en Germanie Supérieure 67. Je suppose que C. Fullonius était d’origine italienne, les Fullonii étant attestés surtout en Ombrie (Regio VI) 68. Une autre inscription du Ier siècle évoque C. Furius Valens, mort à 64 ans (probablement en tant que vétéran) après 19 ans de service 69. Il servit probablement dans la Ve légion Macedonica lorsqu’elle a stationné à Oescus. Le texte mentionne que Valens était originaire de Synaus (Phrygie) mais il faisait partie des citoyens romains de la cité. C. Furius Valens a été recruté probablement pendant la participation de la légion à la guerre de Judée sous Néron 70. Il a préféré se retirer à la campagne non loin du camp de la légion. À Utus (aujourd’hui Gauren, non loin de Gigen), Sulpicius Massa, d’origine germanique (natione Tunger), originaire de la Gaule Belgique, est commémoré par sa femme Pieris 71. Les inscriptions attestent des Sulpicii en Belgique 72 est on peut supposer que notre personnage faisait partie d’une branche de cette gens. L’inscription est datée du premier siècle (probablement dans la deuxième moitié du siècle), ce qui signifie que le vétéran a été recruté sous Néron. L’aile est documentée pour la première fois en Mésie Inférieure par un diplôme militaire en 92 73, mais il est possible que son arrivée dans la province ait eu lieu plus tôt 74. F. Matei-Popescu pense, en partant de ce texte, que la forteresse d’Utus a été également le camp de l’aile 75. À mon avis, c’est une hypothèse plausible, mais qui reste encore à vérifier. De toute façon, il est évident qu’après son service, Sulpicius Massa est resté en Mésie Inférieure ; son épouse est d’origine dace selon son nom. Elle a probablement été sa partenaire pendant son service militaire. Une inscription provenant de la même localité et datant de la fin du Ier siècle ou du premier quart du IIe mentionne encore un vétéran, époux et probablement patron d’une certaine Caia Valeria qui fait ériger un autel pour Cybèle 76. Toujours à Utus, on remarque aussi la tombe du vétéran Tib. Claudius Victor, qui a servi dans l’ala II Arauacorum 77. Il s’agit de l’ala II Hispanorum et Arauacorum, qui avait son camp à Carsium 78. Sa femme s’appelle Claudia Procula, ce qui suggère qu’elle a été également son affranchie (hypothèse plus probable que celle selon laquelle Victor aurait obtenu le droit de cité à la honesta missio car l’inscription date au moins de la moitié du IIe siècle 79). Dans la même localité s’est retiré C. Valerius 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79

ILB 138. Voir Matei-Popescu 2010-2011, 217, avec la bibliographie. CIL XI 179, 4768–4769, 5754, 5815–5816, 5866, 5868–5869 etc. ILB 139. Sur cette période de l’histoire de la légion, voir Matei-Popescu 2006, 379–399 ; Matei-Popescu 2010a, 40, avec la bibliographie. ILB 122. CIL XIII 2834, 3415, 3727, 4550, 5462, 5606. Petolescu, Popescu 2004, 269–276. Matei-Popescu 2010, 187. Matei-Popescu 2010, 187. ILB 128. ILB 120. ISM V, 94–95. Voir aussi Matei-Popescu 2010, 189. Conrad 2004, 240, no 427.

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Rufus, qui avait servi dans la Ière légion Italica et a été commémoré par sa femme, Iulia Verecunda et par son fils, Valerius Rufus 80. Un militaire actif est décédé et commémoré à Utus : il s’agit d’Aurelius Valens, stator (sous-officier ordonnance) dans le corps d’equites singulares, qui formaient probablement la garde personnelle du gouverneur 81. C’est sa famille qui lui fait ériger le monument : il a probablement eu une propriété rurale non loin d’Oescus. À Čerkovica (Bulgarie, environ 20 km est de Gigen), un soldat de l’ala Bosporanorum, Ubien (Blandus Singberi f.), est commémoré par un de ses compagnons 82. L’aile a stationné au Ier siècle en Mésie Inférieure et F. Matei-Popescu n’exclut pas qu’à Čerkovica il y ait eu un fort de cette unité 83. Une autre inscription trouvée dans la même localité atteste un vétéran. Cette fois-ci, il s’agit d’un indigène d’origine dace (Aurelius Drigissa) et de sa famille (sa femme et ses fils) commémorés par leur affranchi 84. Drigissa a servi probablement dans une unité auxiliaire et a eu sa citoyenneté après l’édit de Caracalla. Cette famille, dont l’un des enfants porte le surnom de Sissa, confirme que, dans les environs d’Oescus, il y avait des communautés de Daces. Les personnes civiles (exceptés les vétérans) qui sont évoquées dans les textes des environs d’Oescus ont des origines diverses et des statuts juridiques et sociaux différents. J’ai pris en considération les inscriptions trouvées dans les localités voisines de la cité, tout comme les textes qui datent de la période pré-municipale. L’existence des uici est documentée par une délimitation effectuée par un certain Pomponius Maximianus 85. Le village est certainement un toponyme celte, Icacidunum. L’éditeur des ILB a complété le groupe de lettres CE qui suivait le nom du personnage par ce(nturio) mais une telle abréviation est rarissime. De toute façon, il s’agit d’un village à toponyme celte, mais il est difficile de savoir combien de descendants des Celtes ont survécu jusqu’au IIe s. ap. J.-C. Un autre village s’appelle uicus Siamaus, selon une inscription vouée à Diane de la part d’un citoyen, Valerius Valens 86. La lecture n’est pas sûre, mais le toponyme semble indiquer un habitat indigène. Un texte provenant des canabae de la légion est celle de L. Freius Faustus, affranchi et lixa legions V Macedonicae 87 (Fig. 18.8.). Le terme de lixa désigne des civils possédant divers métiers (marchand, artisan, cuisinier, boulanger, acteur, musicien etc.) qui accompagnaient les militaires de la légion et habitaient les canabae 88. Une acception plus restreinte du terme désigne, selon H. v. Petrikovits, un commerçant ambulant de denrées alimentaires 89. Le gentilice Freius est surtout rencontré à Rome et en Italie 90 ; Faustus était vraisemblablement l’affranchi d’un militaire d’origine italienne qui est arrivé à Oescus avec 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90

ILB 130. ILB 131. ILB 137. Matei-Popescu 2010-2011, 212. ILB 133. Voir aussi Matei-Popescu 2017, 143, 154. ILB 11. CIL III 14413. Ivanov 1990, 131–136 ; AE 1990, 862. Cagnat 1904, 1279 ; Grosse 1926, 929–930 ; v. Petrikovits 1980, 1027–1035 ; voir aussi Bounegru 2006, 71–72. CIL VI 5903 ; IX 5692, 5932, 6078 ; X 4146, 4947 ; XI 6825 etc.

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la légion. L’absence de la formule Dis Manibus est un indicateur pour une datation de la fin du Ier siècle. Le texte représente une preuve indirecte de l’existence des canabae. Une inscription également récente de ce milieu rural date de la fin du règne de Trajan. Q. Pompeius Eutyches, affranchi du gouverneur Q. Pompeius Falco, est enterré près d’Oescus 91. L’affranchi était sans doute aisé ; sans doute, sa présence en Mésie Inférieure à côté du gouverneur est due à la nature de ses services auprès de celui-ci 92. Le gouverneur a exercé sa charge au cours des années 116–117, comme en témoigne cinq inscriptions (trois de Tomi 93, une de Tropaeum Traiani 94 et une de Durostorum 95). La pierre funéraire d’Eutyches a été trouvée dans le village de Gigen, à l’extérieur de la cité d’Oescus : il avait probablement aussi une propriété à la campagne. Deux textes font preuve (indirecte) de l’existence des uillae. L’un atteste Narcissus, esclave et actor de M. Titius Maximus, duumviralis et quinquennalis de la colonie, flamen perpetuus et prafectus saltus 96, l’autre mentionne Viator, esclave de L. Gavius Maximus, qui voue un autel pour Mithra 97 (Fig. 18.9). Le premier propriétaire fait partie de l’élite municipale, possédant sans doute une fortune considérable. Sa famille avait acquis le droit de cité sous Trajan, le fondateur de la colonie ; Titius Maximus est inscrit dans la tribu Papiria, la tribu de Trajan. Le même personnage fait ériger un autel pour Mithra 98. Il y a plusieurs Titii attestés dans les inscriptions de Mésie Inférieure : C. Titius Similis, probablement procurateur sous les Sévères, mentionné a Novae 99, un certain Titius à Tomi, mort à 45 ans 100, Titius Crispus, corniculaire du gouverneur Marcius Turbo, toujours à Tomi (environ 155) 101, Titius Marcianus à Sacidava 102. Il est difficile d’établir un lien de parenté entre tous ces personnages. Sur le deuxième propriétaire, L. Gavius Maximus, on ne connaît rien sauf les informations du texte. Il semble pourtant qu’il avait une certaine aisance si l’on tient compte de sa propriété rurale et de son esclave. Des documents provenant certainement du milieu rural d’Oescus (selon le lieu de découverte et/ou les noms des dédicants) sont des inscriptions votives. Ainsi, on peut énumérer les vœux pour Jupiter effectués par un anonyme, par des pérégrins (comme Bassus, fils d’Anneirinus) 103, par des citoyens (comme C. Valerius Corinthus, peut-être un affranchi originaire de Corinthe et appartenant à un militaire 104) ou pour le salut d’autres

91 ILB 84. 92 Sur Falco, voir Birley 1981, 98–1000 ; Eck 1996, 109–128 ; Matei-Popescu 2010, 55 (sur la charge de legatus legionis V Macedonicae). 93 ISM II, 43–44, 46. 94 ISM IV, 9. 95 ISM IV, 86. 96 ILB 16 ; Bâltâc 2011, 262. 97 ILB 33 ; Bâltâc 2011, 263. 98 CIL III 6127 (=7426) ; ILB 29. 99 IGLNovae 63. 100 ISM II, 349. 101 ISM II 56. 102 ISM IV, 178. 103 ILB 22. Pour le nom, il est difficile d’atrribuer une origine ethnique, mais il est certainement nonromain (Curcă 2006, 79) 104 ILB 26.

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personnages 105 ; d’autres divinités adorées dans le milieu rural sont Jupiter Dolichenus 106, Diane et Apollon 107, Mithra 108, Hercule 109, les Quadriviae 110. Il faut remarquer parmi les dédicants un indigène qui a obtenu le droit de cité (Iulius Didalsus) 111. Parmi les notables de la cité qui ont eu des propriétés rurales, on peut considérer aussi Aelius Proclus, enterré par sa femme Roscia 112. Roscia est un nom d’origine italienne, mais ses nombreuses occurrences ne peuvent pas indiquer le pays natal de la femme de Proclus. Un autre notable important, dont l’épitaphe pour lui et sa famille a été trouvée dans le milieu villageois de la cité, est Aurelius Aprio, décurion de la colonia 113. Il a eu au moins quatre enfants selon le témoignage de l’inscription. L’absence du prénom, ainsi que l’identité des gentilices des deux époux me font penser à une période qui a suivi la promulgation de la constitutio Antoniniana, c’est-à-dire après 212. Une autre famille qui vivait dans un milieu rural est celle de Marius Agathopus, qui évoque, dans une épitaphe, sa femme et son fils 114. Selon le gentilice de sa femme (Maria) et les surnoms des époux (Agathopus et Myrillina), il s’agit d’une famille d’affranchis, où probablement seul l’enfant était né libre. Malheureusement, le texte est trop laconique pour que l’on apprenne d’autres détails. Un monument funéraire trouvé à la campagne est celui de l’enfant Ampius Victorinus 115. Le gentilice se retrouve surtout à Rome et en Italie, 116 mais il est difficile d’établir l’origo de sa famille. Une famille où tous les membres portent tous le même gentilice (M. Ulpius Crescens, Ulpia Valentina – parents, M. Ulpius Iulianus – fils) est attestée dans un texte trouvé dans le village de Gigen (à l’extérieur de la cité) 117. Il y a deux possibilités : soit les parents sont des affranchis, soit le père a été un auxiliaire qui a obtenu la citoyenneté, avec sa femme, sous Trajan. Cette deuxième hypothèse est moins probable, le texte étant daté de la seconde moitié du IIe siècle, selon la proposition de S. Conrad 118. Une jeune femme, Vettia Paulina, est commémorée par son mari, Valerius Mercurius 119. Il y a quelques Vettii militaires attestés en Mésie Inférieure, comme le centurion Q. Vettius à Novae sous Claude ou Néron 120 ou M. Vettius Felix, ancien decurio alae à Istros (seconde moitié du IIe siècle) 121. On ne sait pas si Paulina était descendante de ces Vettii. Quant à son 105 106 107 108 109 110 111 112 113 114 115 116 117 118 119 120 121

ILB 24. ILB 27. ILB 26, 34–35. ILB 31. ILB 37. ILB 40. ILB 35. ILB 69. ILB 82. ILB 77. ILB 78. CIL VI 3412, 11576–11578, 34384–34385 ; IX 5088, 5190. etc ILB 80. Conrad 2004, 225, no 446. ILB 93. AE 1999, 1131. ISM I, 278.

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époux, le gentilice Valerius est si répandu dans la province qu’il est impossible de savoir son origine ou son domicile. À Utus est mentionnée une famille de Daces 122. Le mari s’appelle Aemilius Zurozis 123, la femme B..dutua. L’époux est citoyen, l’épouse apparemment non. Leur attestation est une preuve de l’existence de la population indigène des Daces (comme on l’a vu dans l’inscription de Čerkovica 124) dans le milieu rural d’Oescus, encore présente après la colonisation romaine. L’inscription date, selon S. Conrad, de la seconde moitié du IIe siècle 125, une période où les indigènes étaient engagés dans le processus d’obtention du droit de cité. La communauté d’Utus était composée, à côté des familles des militaires et des vétérans (comme on l’a vu auparavant) par des citoyens romains, comme le prouve une épitaphe fragmentaire érigée par une certaine Iulia Quinta pour son fils et pour son mari 126. Une autre famille de citoyens est formée par des membres portant des gentilices différentes : Aurelius Ni[---] et Orfia Vitilla – les parents, Domitia Iuliana – la fille 127. Il est possible que le père ait été un pérégrin qui a eu le droit de cité après 212, tandis que Domitia Iuliana ait été la fille d’Orfia Vitilla avec un certain Domitius. À Čerkovica, M. Ulpius Fructus fait ériger un monument funéraire à son fils, M. Ulpius Eustomus 128. Le surnom du fils trahit une origine hellénophone, mais le père porte un nom romain. L’éditeur des ILB suggère qu’il s’agit d’affranchis, car Fructus est un nom d’esclave 129 mais il est difficile de se prononcer là-dessus. Une citoyenne romaine, Iulia Pudentilla, fait ériger un autel pour Pluton et Proserpine à Nikopol 130. Il est difficile d’établir son origine, mais elle faisait partie des citoyens qui habitaient le milieu rural près d’Oescus. Une autre divinité adorée dans cette zone est Diane, qui reçoit un vœu de la part d’un primipile de la Ière légion Italica sous Caracalla 131. Le surnom (Coryphus) du personnage indique une origine des provinces hellénophones, mais sans doute qu’en tant que citoyen romain devenu primipile, il maîtrisait aussi le latin. D’ailleurs, le vœu est accompli pour lui par un parent, Arius Diogenianus (qui porte également un surnom grec). Enfin, une autre famille de Daces est attestée dans la zone : il s’agit d’une épitaphe d’un certain Diaturmenus (?) et des personnages nommés Nuidasia, Doiodus, Etzozus, Flegitsana, Zitus (lectures incertaines) 132. Enfin, une épitaphe en vers commémore Aelia, femme de l’esclave impérial Fronto, dispensator Moesiae Inferioris 133. Fronto remplissait une charge importante dans l’administration financière de la province (trésorier). Il était sans doute aisé et avait une propriété rurale où il a fait ériger le monument funéraire pour sa femme, enterrée dans un sarcophage 134. 122 123 124 125 126 127 128 129 130 131 132 133 134

ILB 127. Gerov (ILB 127) a lu B..urozi. Voir Matei-Popescu 2017, 143, note 31. ILB 133. Conrad 2004, 241, no 428. ILB 129. ILB 132. ILB 135. ILB 135, sub numero. ILB 140. ILB 143. ILB 142. ILB 145. Voir aussi Mihailescu-Bîrliba 2006, 207–208.

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Il faut aussi rappeler le texte trouvé à Bregare (Bulgarie, sud-ouest d’Oescus), où L. Baebius, ayant son domicile à Nicopolis (probablement Nicopolis ad Istrum), est commémoré par son frère L. Baebius Clemens 135. J’ai précisé que les Baebii sont souvent attestés en Italie, surtout en Regio X 136. J’ai déjà évoqué les Baebii en Mésie Inférieure : les militaires et leurs descendants (Baebius Severus – sur la liste des soldats libérés à Troesmis 137, Baebius Urvinianus, centurion de la legio I Italica, 138 un autre Baebius de Novae 139, Q. Baebius Proculus, vétéran de la XIIIe légion Gemina, commémoré à Tomi 140) et des civils (C. Baebius de Sexaginta Prista 141). Il est donc possible que L. Baebius, même s’il avait son domicile à Nicopolis, ait été un descendant de ces Baebii provenant de l’Italie et qui étaient des militaires dans l’armée de Mésie Inférieure. La mention d’un affranchi du fermier des douanes T. Iulius Saturninus 142 ne signifie pas forcément l’existence d’un bureau des douanes, même si la position de la cité sur le Danube et la présence de l’armée, puis l’existence de la colonia, sont des arguments en faveur d’une statio. L’inscription du libertus Tertullus est une épitaphe, ce qui suggère qu’il avait une propriété à la campagne. Une autre possibilité est celle d’avoir détenu un poste dans l’administration douanière et la mort l’aurait surpris dans la province de Mésie Inférieure. Des affranchis de T. Iulius Saturninus, fermier des douanes sous Antonin, sont également attestés à Nicopolis ad Istrum (un dispensator) 143 et à Dimum (uilicus) 144. La carrière de Saturninus a déjà fait l’objet d’une discussion 145. Le fonctionnement d’un bureau douanier est suggéré également par la statue d’un autre fermier, T. Iulius Capito, patron de la colonie d’Oescus 146. Iulius Capito a partagé l’affermage des douanes de l’Illyricum avec Iulius Ianuarius et Iulius Epaphroditus sous Marc Aurèle 147.

3. Conclusions Le milieu rural d’Oescus a été habité avant la conquête romaine par les communautés indigènes des Daces, selon les textes qui les mentionnent plus tard. L’installation de la legio V Macedonica a supposé la colonisation militaire et civile, car les familles des militaires et 135 136 137 138 139 140 141 142 143 144 145

ILB 147. CIL V 1780, 1815, 1838–1839, 1847, 1857, 2404 etc. ISM V, 137. Voir aussi Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2012a, 66–67. IGLNovae 57b ; voir aussi Sarnowski 1993, 205–219. IGLNovae 141. ISM II, 296. Conrad 2004, 224, no 364. ILB 73. ILB 361. CIL III 12363. Voir les sources et les références bibliographiques modernes : CIL III 1568, 4720, 12363 ; V, 5079– 5080 ; VI 559 ; XIII 1750, 3636 ; AE 1928, 153 ; 1934, 107 ; 1960, 343. Voir aussi De Laet 1949, 181 ; Piso, Moga 1998, 105–108 ; PIR2 J 548 ; Pflaum 1960, 436 ; Bounegru 1986b, 113–123 ; Fitz 1993, 394 ; Mihailescu-Bîrliba 2010b, 145–152 ; Petolescu 2014, 298–299. 146 ILB 20. 147 Voir IDR III/5, 99, sub numero.

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les civils qui les accompagnaient habitaient les canabae ou le uicus situé à côté de celles-ci. L’existence d’un camp et des canabae avant l’arrivée de la légion est indirectement prouvée par la présence des unités qui y ont stationné, comme l’ala Scubulorum, l’ala Pansiana et l’ala Bosporanorum. Les soldats et leurs familles proviennent surtout, au Ier siècle, de l’Italie, des Gaules et des provinces germaniques, mais aussi des provinces hellénophones comme la Macédoine, l’Asie et la Syrie. Les autres unités militaires qui ont des soldats détachés à Oescus, dont les familles ont habité les mêmes structures rurales, fournissent un tableau également divers sur l’origine des soldats. Ainsi, ils proviennent ou habitent la Gaule Lugdunaise, la Macédoine, l’Asie, la Lycie et la Pamphylie. Le milieu civil est formé par les vétérans (certains d’entre eux, provenant d’Asie Mineure ou d’Italie, préfèrent se retirer à la campagne), par des citoyens romains, des affranchis et des pérégrins. D’autres membres du milieu civil sont les affranchis de patrons importants (fermiers des douanes ou gouverneurs), sans doute aisés, qui ont probablement des propriétés rurales. Un esclave impérial exerçant la charge de dispensator prouinciae fait ériger un monument à sa défunte femme, probablement sur sa propriété. Tous ces personnages sont probablement des descendants des familles et des civils qui ont accompagné les militaires dans la province. Les indigènes sont aussi présents dans les textes, soit en tant que peregrini, soit comme ayant acquis le droit de cité. Deux uici sont attestés du point de vue épigraphique : l’un porte un nom celte, suggérant une présence celte peut-être même avant la conquête romaine, l’autre semble avoir un nom indigène. Les propriétés rurales (probablement des uillae) sont mentionnées, indirectement, par la présence de deux esclaves dans la zone rurale d’Oescus. Une dernière question subsiste : la présence d’un affranchi de T. Iulius Saturninus, fermier des douanes de l’Illyricum, ainsi qu’une statue érigée par la colonie d’Oescus pour un autre fermier, T. Iulius Capito, pose le problème de l’existence d’une statio des douanes dans la zone. Le fait n’est pas improbable, mais il est aussi possible que l’affranchi ait eu une propriété dans la région et la cité aurait tout simplement honoré son patron. Annexe 18.1. L’origine des militaires mentionnés à Oescus, y compris les vétérans (seulement les cas où cette origine est détectable) Nom C. Fullonius Resius Albanus Ti. Iulius Icci f. Acutus L. Septimius Q. Philippicus C. Vibius Fronto C. Annius Milo Iulius Saturio C. Furius Valens C. Roscius Capito

Statut (actif ou vétéran) actif actif actif actif actif actif actif vétéran vétéran vétéran

Origine

Datation

Source

Italie Italie Belgique Italie Syrie Italie Italie Lugdunaise Asie Asie

Tibère Tibère Tibère-Claude Claude-Néron Claude-Néron Claude-Néron Claude-Néron Néron-Flaviens Ier s. Ier s.

ILB 138 ILB 47 ILB 50 ILB 48 ILB 49 ILB 51 ILB 53 AE1912,187 ILB 139 ILB 52

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Nom C. Roscius Pudens Blandus Sigberi f. Sulpicius Massa G. Iulius Longinus C. Cornelius Iustus C. Iulius Celer C. Iulius Crescens Q. Falcius Constans P. Scribonius Varus P. Scribonius Celer C. Firmius Valentinus G. Crispinus Firmus Mucatralis, fils de Sita M. Iunius Montanus Aurelius Drigissa

Statut (actif ou vétéran) actif actif vétéran vétéran actif vétéran actif vétéran vétéran actif vétéran vétéran actif vétéran vétéran

Origine

Datation

Source

Asie Germanie Supérieure Belgique Macédoine Macédoine Asie Asie Italie Asie Asie Narbonnaise Lycie et Pamphylie Mésie Inférieure Italie Mésie Inférieure

Ier s. Ier s. deuxième moitié du Ier s. fin du Ier s. 106–117 premier quart du IIe s. premier quart du IIe s. première moitié du IIe s. première moitié du IIe s. première moitié du IIe s. première moitié du IIe s. première moitié du IIe s. première moitié du IIe s. moitié du IIe s. IIIe s.

ILB 52 ILB 137 ILB 122 ILB 55 ILB 62 ILB 56 ILB 56 ILB 60 ILB 58 ILB 58 ILB 63 ILB 59 ILB 64 ILB 65 ILB 133

Annexe 18.2. Les vétérans établis dans le milieu rural d’Oescus Nom Iulius Saturio Flavius [---] C. Furius Valens C. Roscius Capito Sulpicius Massa G. Iulius Longinus C. Iulius Celer Q. Falcius Constans P. Scribonius Varus C. Firmius Valentinus G. Crispinus Firmus M. Iunius Montanus Tib. Claudius Victor Anonyme Tettius Plotus C. Valerius Rufus Aurelius Drigissa

Origine Lugdunaise ? Asie Asie Belgique Macédoine Asie Italie Asie Narbonnaise Lycie et Pamphylie Italie ? ? ? ? Mésie Inférieure

Datation Néron-Flaviens Flaviens Ier s. Ier s. deuxième moitié du Ier s. fin du Ier s. premier quart du IIe s. première moitié du IIe s. première moitié du IIe s. première moitié du IIe s. première moitié du IIe s. moitié du IIe s. moitié du IIe s. deuxième moitié du IIe s. deuxième moitié du IIe s. deuxième moitié du IIe s. IIIe s.

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Source AE 1912, 187 ILB 61 ILB 139 ILB 52 ILB 122 ILB 55 ILB 56 ILB 60 ILB 58 ILB 63 ILB 59 ILB 65 ILB 120 ILB 66 ILB 32 ILB 130 ILB 133

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Annexe 18.2 Les indigènes mentionnés dans le milieu rural d’Oescus Nom Pieris Mucatralis Sitae f. Aemilius Zurozis B..dutua Aurelius Drigissa [---] Valeria Aelius Valentinus Aelius (ou Aelia) Sissa

Statut (civil ou militaire) Femme d’un soldat Militaire Civil Femme du précédent Vétéran Femme du précédent Fils de Drigissa Fils (fille) de Drigissa

Datation

Source

deuxième moitié du Ier s. première moitié du IIe s. deuxième moitié du IIe s. deuxième moitié du IIe s. IIIe s. IIIe s. IIIe s. IIIe s.

ILB 122 ILB 64 ILB 127 ILB 127 ILB 133 ILB 133 ILB 133 ILB 133

Fig. 18.1. Épitaphe d’un affranchi d’un centurion (Oescus) Source : db.edcs.eu/epigr/bilder.php?bild=$Conrad_00460.jpg;$PLINovae_p204b.jpg&nr=2

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Fig. 18.2. Épitaphe d’un vétéran originaire d’Italie (Oescus) Source : db.edcs.eu/epigr/bilder.php?bild=$PLINovae_p205a.jpg

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Fig. 18.3. Épitaphe d’un vétéran originaire de Trèves (Oescus) Source : db.edcs.eu/epigr/bilder.php?bild=$Krier_00059.jpg

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Fig. 18.4. Épitaphe de’un vétéran originaire d’Éphèse (Oescus) Source : uni-erat-lupa.org/monument 22263

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Fig. 18.5. Épitaphe d’un affranchi appartenant à la tribu de Haedui (Oescus) Source : db.edcs.eu/epigr/bilder.php?bild=PH0006331

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Fig. 18.6. Épitaphe d’un vétéran originaire d’Aspendos (Oescus) Source : db.edcs.eu/epigr/bilder.php?bild=$PLINovae_p206a.jpg

Fig. 18.7. Épitaphe de la femme d’un décurion de l’ala Scubulorum (Oescus) Source : db.edcs.eu/epigr/bilder.php?bild=$Conrad_00424.jpg

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Fig. 18.8. Épitaphe d’un lixa legionis (milieu rural d’Oescus) Source : db.edcs.eu/epigr/bilder.php?bild=$AE_1990_00862_1.jpg;$AE_1990_00862_2.jpg&nr=1

Fig. 18.9. Voeu d’un esclave appartenant à un propriétaire rural (Oescus) Source : db.edcs.eu/epigr/bilder.php?bild=$AE_1960_00130.jpg

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QUATRIÈME PARTIE ASPECTS SOCIAUX, POLITIQUES, ÉCONOMIQUES ET CULTURELS DE LA VIE RURALE EN MÉSIE INFÉRIEURE XIX. LES VÉTÉRANS DANS LE MILIEU RURAL DE MÉSIE INFÉRIEURE. RÔLE SOCIAL ET POLITIQUE 1. Introduction Le rôle des vétérans a été mieux étudié pour les villes et les structures urbaines du HautEmpire romain 1. Le problème de la vie des anciens soldats après leur service a été discuté dans plusieurs ouvrages et articles 2. Quant à la Mésie Inférieure et son milieu rural, la question a été abordée par A. Avram 3 et par O. Bounegru 4, qui ont surtout parlé des communautés de vétérans dans ce type d’établissements. Je me suis occupé, avec ma collègue I. Dumitrache, du rôle des vétérans dans les canabae de Troesmis 5. Je présenterai les vétérans dans toutes les campagnes de la Mésie Inférieure, sans reprendre les textes proprement-dits, en suivant non seulement leur implication dans la vie politique de ce milieu, mais aussi leur statut de simples résidents dans les villages de la province.

2. Les ueterani consistentes Commençons d’abord avec les collectivités. Il s’agit des ueterani consistentes dans les villages, qui sont parfois mentionnés avec des communautés de citoyens romains ou des indigènes. A. Avram a traité surtout le problème des ciues consistentes dans la partie septentrionale de la province, mais il a également abordé la problématique des vétérans résidant dans le milieu rural. Dans cette cohabitation des vétérans et des citoyens romains, 1 Voir en général Mann 1983 ; pour diverses provinces Ardevan 1989, 81–90 ; Mrozewicz 1989, 65–80 ; Sommer 1991, 472–476 ; Demougin 1999, 355–380 ; Davies 2002, 169–203 ; Cotton 2007, 393–407 ; Verboeven 2007, 295–313 ; Wesch-Klein 2007, 435–450 ; Stoll 2015. 2 Voir surtout le livre de Mann 1983. Voir aussi Wierschowski 1982, 1984 (surtout pour le rôle économique des vétérans) ; Królczyk 1999, 165–170 ; Królczyk 2009 ; Roselaar 2016, 147–148. 3 Avram 1984, 158–169 ; Avram 2007, 91–107. 4 Bounegru 2011, 233–244. 5 Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2012a, 102–111.

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Avram distingue deux types de communautés : d’abord, les ueterani et ciues Romani consistentes dans des structures « constamment désignées dans les inscriptions comme uici » 6; ensuite, un corps commun d’anciens militaires et de citoyens habitant avec les indigènes ou, au moins avec un segment de population originaire de Mésie Inférieure 7. En ce qui concerne les premières communautés, il faut constater qu’en effet, l’affirmation d’A. Avram se vérifie : les ueterani et les ciues Romani consistentes sont attestés dans des uici. Ainsi, dans le territoire d’Istros, il y a un texte sur un uicus dont on ne connaît pas le nom 8, tout comme dans le milieu rural de Noviodunum (uicus Nou[---]) 9. Des campagnes autour d’Aegyssus proviennent deux textes 10. Un autre village habité par ces communauté est uicus Bad[---], peut-être du milieu rural d’Ibida 11. Dans ce cas, une possible restitution c(iues) R(omani) et Bessi consist[entes] au lieu de c(iues) Romani consist[entes] est aussi possible, si l’on prend également en compte la mention d’un ancien marin nommé Tarsa 12. Le uicus Abrittus est aussi habité par ce type de communautés 13. Est-ce que d’autres villages ont connu les mêmes communautés ? Le uicus Petra, par exemple, appartenant également au milieu rural d’Ibida, a connu une organisation pareille aux uici mentionnés auparavant, avec deux magistri et deux quaestores 14. Est-ce qu’un des magistri était un vétéran ? La réponse est peut-être oui car les magistri ne mentionnent pas forcément ce statut. Dans d’autres cas, comme celui d’un uicus de Montana dont on ne connaît pas le nom 15, une réponse tranchée ne peut pas être donnée. Comme nous le verrons, ce ne sont pas les seuls villages où les vétérans ont résidé, mais ici, les textes évoquent l’organisation des vétérans dans un conuentus avec les citoyens romains. D’ailleurs, A. Avram remarque que les vétérans dans les campagnes de Troesmis et de Durostorum sont plus nombreux et que les conuentus attestés ne reflètent, qu’en partie, une présence massive des anciens militaires dans les zones mentionnées et peut-être, une existence de ces conuentus dans une proportion plus large 16. La deuxième catégorie distinguée par Avram consiste dans les communautés de ueterani et ciues Romani consistentes (qui forment un corps commun) et les habitants d’origine thrace, pour la plupart pérégrins. Dans le cas des milieux ruraux d’Istros et de Tomi, par exemples, les Bessi et les Lai n’étaient pas des indigènes même s’ils provenaient de l’espace de la Mésie Inférieure 17. Les vétérans et les citoyens romains sont attestés avec les Bessi dans le territoire d’Istros, comme en témoignent plusieurs inscriptions 18. Il est intéressant de remarquer que les textes qui mentionnent les ciues Romani à côté des Lai 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18

Avram 2007, 191. Avram 2007, 91. ISM I, 138. ISM V, 223. CIL III 14441–14442. Texte encore inédit. Mentionné par Avram 2007, 107. En préparation Mihailescu-Bîrliba, Ibba 2018, sous presse. Chiriac, Mihailescu-Bîrliba, Matei 2004, 265–269. AE 2010, 1421 a et b. ISM V, 222. CIL III 13721. Avram 2007, 98. Voir plus récemment Avram 2015b, 146–149 ; Ibba 2016, 371. ISM I, 324, 326–328, 330–332.

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n’évoquent pas les vétérans 19. À propos de la chronologie de l’habitation des villages par les conuentus où les vétérans étaient les membres, A. Avram observe que les documents attestant ces communautés datent à partir de 140 ; par conséquent, il pense que les vétérans se sont constitués dans des conuentus après que la première génération des soldats arrivés à Troesmis avec la Ve légion Macedonica (tout début du IIe siècle) ait reçu la honesta missio 20. A. Ibba propose, dans les grandes lignes, une chronologie similaire (à partir d’Hadrien, dit-il), en soulignant que dans une première étape de la colonisation avec les vétérans, ceux-ci ont reçu uiritim fundi du patriomonium principis 21. Si en ce qui concerne la période à partir d’Hadrien, les affirmations d’Avram et d’Ibba me semblent logiques, au moins pour les milieux ruraux d’Istros et de Tomi, pour la première période, il faut analyser le dossier individuel des vétérans pour voir si les affirmations d’A. Ibba sur les terres reçues par les vétérans se vérifient. Prenons par exemple le milieu rural d’Ibida et d’Aegyssus : la mention des vétérans concerne, à mon avis, la même présence des anciens militaires de la legio V Macedonica, peut-être de la XIe légion Claudia, après le transfert de la Ve légion Macedonica en Dacie (chose qui reste valable également pour les campagnes d’Istros et de Tomi). On ne sait pas quels auxiliaires étaient compris parmi les vétérans car les sources sont extrêmement parcimonieuses à ce sujet. En ce qui concerne Abrittus, il est possible que la communauté des ueterani soit formée par d’anciens militaires qui ont servi dans les unités auxiliaires, même si la présence des ex-soldats de la XIe légion Claudia n’est pas du tout exclue.

3. Les vétérans ayant des propriétés dans le milieu rural de Mésie Inférieure Je m’occuperai dans les lignes suivantes des vétérans qui sont mentionnés dans les campagnes de la province, mais qui ne sont pas impliqués dans la vie politique des villages. Cela ne signifie pas que leur rôle social et économique était négligeable. Il faut pourtant rappeler l’hypothèse de D. Dana selon laquelle le gentilice de Valerius chez les anciens soldats en Mésie Inférieure peut indiquer une origine indigène 22. L’hypothèse est basée sur les sources qui la soutiennent, mais j’ai préféré laisser de côté les vétérans appelés Valerii qui n’ont pas un indicateur certain de leur origine thrace, lequel aurait pu faire la preuve qu’ils sont rentrés chez eux après la honesta missio. Parlons d’abord des vétérans qui sont originaires de la province et qui rentrent chez eux après avoir fini leur service. Il faut commencer par le diplôme militaire du territoire rural de Durostorum (Sarsînlar), où un vétéran provenant de la région, Romaesta, fils de Rescens, revient à la maison en 54, étant recruté sous Tibère 23. Continuons avec le diplôme de Mihai Bravu (probablement dans le milieu rural d’Ibida) qui évoque l’ancien tesserarius de la flotte, un Thrace nommé Tarsa, fils de Duzius, et son fils Macedo ; Tarsa a été libéré le 5

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Voir par exemple ISM I, 343–347, ISM II, 141. Avram 2007, 100. Ibba 2016, 372. Dana 2011, 56–57. ISM IV, 1.

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avril 71 24. Je ne reprends plus le commentaire du texte car il a déjà été fait 25. Ce qui est important, c’est que les recrutements dans la zone ont commencé au moins à l’époque de Néron et, encore sous les Flaviens, il y avait des vétérans indigènes qui revenaient dans leurs villages. Un autre Thrace qui a été recruté sous Claude est Cothus, fils de Tharsa, qui a servi en Norique dans l’ala I Thracum Victrix et qui a été libéré en 79 26. Comme le diplôme qui l’évoque a été trouvé à côté d’Abrittus, on peut supposer que sa maison était dans la région. Un autre vétéran mentionné dans le milieu rural d’Abrittus qui rentre à la maison est Aurelius Victor, ancien soldat de la XIe légion Claudia, stationnée à Durostorum ; son origine est trahie par le nom dace de son fils, Drizuparus 27. Victor était probablement un pérégrin qui a obtenu sa citoyenneté en 212. Dans la même région, un ueteranus portant un surnom dace, T. Aelius Damanaeus est commémoré par ses affranchis ; l’unité où il a servi n’est pas mentionnée 28. À Troesmis, un texte atteste T. Valerius Marcianus, qui est né dans le camp ; je ne reprends plus sa carrière ; il est né aux environ de 125 car il a commencé son service en 145, comme le texte le mentionne 29. Après les campagnes en Arménie et en Orient, puis contre les Marcomanes et après avoir été libéré en 170, le vétéran rentre à Troesmis, habitant soit les canabae, soit l’établissement civil situé à côté. Il s’agit bien de la période pré-municipale, car on sait maintenant que le municipe a été fondé peu avant 177 30. De la zone Sacidava-Axiopolis, l’ancien prétorien Aurelius Marcus rentre chez lui 31. Son nom ne trahit pas son origine indigène, mais il est marié avec Aurelia Sispiris ; les deux époux ont obtenu le droit de cité probablement sous Caracalla. En plus, beaucoup de prétoriens sont originaires, au IIIe siècle, des provinces du Bas Danube. Un autre indigène, Diurdanus, fils de Décébale, vétéran dans une unité qu’on ne connaît pas, est commémoré par son fils Priscus et par son affranchi Felix 32. Le territoire de Callatis atteste un ancien prétorien, Aurelius Dalenis 33. Il s’agit du IIIe siècle ; les noms du vétéran et de sa femme (Cuthis) prouvent leur origine indigène, tout comme le fait qu’ils étaient des pérégrins ayant acquis leur droit de cité sous Caracalla. Dans le milieu rural de Nicopolis ad Istrum, Tib. Claudius Niger, originaire de Nicopolis, ancien soldat dans la Ière légion Italica stationnée à Novae, est mentionné dans une épitaphe 34. Il avait sans doute une propriété rurale. Son aisance est prouvée par le fait qu’il avait au moins un affranchi 35. On peut invoquer une autre Nicopolis comme cité d’origine, mais la tribu Sergia n’est pas attestée dans les autres villes nommées Nicopolis. 24 Chiriac, Mihailescu-Bîrliba, Matei 2004, 265–269 + Petolescu, Popescu 2007, 147–149. 25 Voir surtout Chiriac, Mihailescu-Bîrliba, Matei 2004, 265–269 et encore le quatrième chapitre de ce livre. 26 RGZM 3. Voir aussi Eck, Pangerl 2006, 184. 27 AE 1919, 78. 28 Conrad 2004, 222, no 356. 29 ISM V, 160. Voir aussi Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2012a, 31–34. 30 Voir surtout Eck 2016a, 565–606, avec la bibliographie. 31 ISM IV, 188. 32 ISM IV, 189. 33 ISM III, 237. 34 ILB 376. 35 Voir aussi Mihailescu-Bîrliba 2006, 329.

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Comme le texte a été rédigé dans le milieu rural, je ne vois aucune raison pour laquelle la ville d’origine serait Nicopolis ad Istrum. Il est aussi un exemple de recrutement local. S. Conrad propose, selon les détails iconographiques, une datation de la deuxième moitié du IIe siècle 36 ce qui signifie que son recrutement a eu lieu le deuxième quart du même siècle. Cela correspond à la période que j’ai proposé en ce qui concerne les recrutements locaux dans les légions de Mésie Inférieure 37. Dans le milieu rural de Nicopolis ad Istrum, M. Aurelius Mucianus, vétéran de la Ière légion Italica, fait ériger le monument funéraire pour sa fille et son frère (lui-aussi vétéran) à la campagne 38. Les noms de deux anciens soldats (Mucianus et Dizze) montrent leur origine thrace. Ils habitaient sans doute dans la région et ils sont rentrés chez eux après le service dans la légion. Du territoire rural de Nicopolis ad Istrum proviennent plusieurs soldats : le lieu de trouvaille des diplômes militaires est, pour la plupart, inconnu (car ils nous sont parvenus par l’intermédiaire du marché noir), mais il existe une forte probabilité qu’ils aient été trouvés en Mésie Inférieure ou en Thrace. Cette incertitude a constitué un obstacle à la bonne compréhension de tous ces documents (qui n’attestent pas seulement des militaires originaires de Nicopolis ad Istrum) dans cette enquête ; j’ai préféré parler de ce sujet dans un chapitre séparé. Pourtant, en ce qui concerne les cohortes prétoriennes, il faut remarquer les cas de M. Aurelius Marcus, bénéficiaire d’un diplôme de 226, et de M. Aurelius Secundus, libéré en 228, les documents étant trouvés dans la région 39. Il est sûr qu’ils rentrent chez eux après le service. En ce qui concerne les cohortes, on remarque seulement Clagissa, fils de Clagissa, revenant à la maison après avoir servi dans la cohors II Mattiacorum 40. Dans la zone rurale de Montana, une inscription grecque mentionne un ancien décurion militaire, Flavius Bassus 41. Même si Bassus n’est pas un surnom rencontré exclusivement chez les Thraces, dans ce cas précis, je pense qu’il s’agit d’un Thrace qui est revenu chez lui à la fin de son service militaire. Dans la même région, un diplôme militaire datant de 127 évoque un certain [---]sa, fils de Natusis, d’origine dace, qui rentre à la maison après avoir fini son service dans la cohors IIII Thracum 42. Il a a été recruté en 101–102 pour l’armée de Germanie inférieure. Le lieu de trouvaille du document (Červen Brjag), indique probablement le lieu d’origine de cet ancien soldat. Une autre inscription, datant de la première moitié du IIe siècle, atteste C. Iulius Aemilianus, vétéran de la VIIe légion Claudia, stationnée à Viminacium, commémoré par son frère et par ses fils 43. Le frère d’Aemilianus porte un nom thrace, Dudis, ce qui me fait croire que l’ancien militaire est enterré dans (ou au moins très près de) son lieu d’origine. J’ai également remarqué qu’un de ses fils fait partie des unités prétoriennes.

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Conrad 2004, no 334. Voir Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2012a, 53–60 ; Mihailescu-Bîrliba 2016, 71–77. ILB 430. CIL XVI 143. Voir aussi Mihailescu-Bîrliba, Răileanu 2014, 198. CIL XVI 83. IGB II, 590. RMD IV, 239. CIL III 7421.

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Dans la zone rurale située entre Transmarisca et Sexaginta Prista, il faut mentionner Aurelius Cotus, qui a servi dans l’ala Arauacorum 44. Il s’agit d’un indigène qui a probablement reçu sa citoyenneté sous Caracalla. À Novae, plusieurs vétérans portent des noms thraces ou daces et, même si on ne connaît pas leur lieu d’origine exact, on peut les considérer parmi les indigènes qui décident de rester sinon chez eux, du moins dans une zone proche de leur maison : il s’agit de Flavius Decebalus 45, [---] Severus 46, T. Aurelius Bithus 47, Aurelius Lupo 48, M. Aurelius Teres 49, Tarsa, fils de Tarsa 50, M. Aurelius Macenius 51, Aurelius Mucianus 52. M. Valerius Flavianus constitue un cas spécial. Même si son domicile est à Cirta, ses racines sont thraces et il reste en Mésie Inférieure après avoir terminé son service 53. Il faut aussi remarquer le cas de M. Aurelius Statianus. Originaire du uicus de Zinesdina Maior, du territoire de Nicopolis ad Istrum, ayant comme ancien nom de pérégrin Apta, fils d’Atsutsia, il est libéré de la flotte de Ravenne en 225 54 ; peu après, il est actor dans le territoire rural de Novae 55. Il n’est pas rentré dans son village d’origine, mais il s’est établi non loin, à Novae, préférant travailler dans le milieu rural. Dans la campagne d’Oescus est mentionné un ancien soldat d’origine dace, Aurelius Drigissa 56 ; il est revenu sans doute dans son pays d’origine. Il reste aussi les cas ambigus de quelques personnages d’Halmyris 57. Par exemple, Aelius Sola, qui porte le même gentilice avec sa femme, Aelia Marcia, est considéré par M. Zahariade et C. Alexandrescu comme étant un ancien soldat d’origine thrace 58, qui a reçu le droit de cité avec son épouse au moment de sa libération de l’armée 59. Valerius Ponticus et Valeria Nene 60, comme Flavius Valens et Flavia Primitiva, peuvent faire partie de la même catégorie 61. Pourtant, il y a aussi la possibilité que les épouses soient les affranchies de leurs maris. Je passe maintenant aux vétérans provenant d’autres provinces que la Mésie Inférieure et qui ont décidé de rester dans cette province après leur service. Il convient de commencer par les camps de légion autour desquels les vétérans se sont installés après le service. 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61

AE 1940, 34. IGLNovae 82. IGLNovae 89. IGLNovae 49. AE 2004, 1250. Sarnowski 2015, 508–509. RGZM 10. IGLNovae 76. ILB 338. IGLNovae 33. RMD IV, 311. IGLNovae 8, 9. Voir aussi Tomas, Sarnowski 2006, 5–8. ILB 133. Ponticus est un surnom qui peut être connecté en Mésie Inférieure avec la Bithynie (ISM V, 137, 186). Nene est aussi commun dans l’espace micrasiatique ou celui habité par les Thraces (Zgusta 1955, 302– 303 ; Detschew 1976, 327). Sur le nom Sola chez les militaires thraces, voir CIL III 787 ; X 3593 ; XVI 45 ; RMD I, 39. Zahariade Alexandrescu 2011, no 24, sub numero. Zahariade 1990, 261sqq. ; Zahariade, Alexandrescu 2011, no 26. Zahariade 1990, 264 ; Zahariade, Alexandrescu 2011, no 23.

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Troesmis constitue la cité où les canabae de la Ve légion Macedonica et l’établissement rural ont fourni de nombreux exemples d’anciens soldats qui ont habité ses structures. On rappelle pour l’instant seulement ceux qui ne se sont pas impliqués dans l’administration de ces entités. J’ai déjà parlé de la famille d’Antistii. C. Antistius Valens, originaire d’Ancyre, s’est établi dans le milieu rural de Troesmis avec sa femme et son fils 62. Du Pont et de Bithynie sont originaires Sentius Ponticus 63, T. Flavius Valens 64 et Valerius Firmus 65, de Syrie T. Claudius Priscus 66. C. Iulius Saturninus est né à Oescus, mais il fait son service à Troesmis. Après l’honesta missio, il reste dans sa province d’origine, mais près de son camp, au lieu de rentrer chez lui, dans sa ville natale. Il a probablement acheté une propriété dans la zone. D’autres vétérans qui ont choisi de s’installer dans la même région sont P. Aelius Abi[---] 67, Tib. Vitales (ancien bénéficiaire consulaire) 68 et un personnage dont on ne connaît pas le nom 69. À Durostorum, près du camp de la XIe légion Macedonica, Iulius Ponticus semble avoir une origine du Pont et de Bithynie 70. Il y a aussi une liste de vétérans habitant un uicus du territoire de Durostorum 71. Malheureusement, leurs noms ne dévoilent pas leur origine. L’un d’entre eux porte un surnom grec (Asclas), mais il est difficile de dire s’il provient vraiment d’une province hellénophone. Enfin, un ancien primipile est originaire de Dacie (Ulpia Traiana Sarmizegetusa) et reste après son service dans le milieu rural de Durostorum 72. Le milieu rural de Novae fournit plusieurs inscriptions sur les vétérans installés ici après la honesta missio. Nombreux parmi eux sont originaires des provinces éloignées. Ainsi, d’Italie provient C. Caesellius Vitalis 73, de Norique C. Bruttius Goutus 74 et [---] Tauriscus 75, d’autres provinces celto-germaniques C. Staboratius 76 et L. Cultius 77, de Macédoine C. Valerius Longinus 78, de la région pontique C. Pontius Coxx[---] 79, des provinces d’Asie Mineure et du Proche-Orient C. Iulius Magnus 80, d’Afrique L. Cornelius

62 ISM V, 174–175. Voir aussi Mihailescu-Bîrliba, Piftor 2005, 331–337 ; Mihailescu-Bîrliba, Piftor 20052006, 209–216 ; Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2012a, 41–45 ; Mihailescu-Bîrliba, Piftor 2017, 127– 138. 63 ISM V, 186. 64 ISM V, 184. 65 ISM V, 196. Voir aussi Alexandrescu 2016, 57–65. 66 ISM V, 178. 67 ISM V, 172. 68 ISM V, 194. 69 ISM V, 203. 70 Bâltâc, Paraschiv-Grigore 2013, 155–163. 71 ISM IV, 110. 72 ISM IV, 115. 73 AE 1998, 1136. 74 IGLNovae 79. 75 IGLNovae 88. 76 IGLNovae 24. 77 AE 2003, 1539. 78 IGLNovae 86. 79 AE 2013, 1540. 80 IGLNovae 33.

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Fronto 81. D’une province voisine, la Dacie, est originaire l’ancien primipile M. Ulpius Peregrinus 82. La campagne d’Oescus fournit également des textes mentionnant d’anciens soldats installés ici après le service. Leurs origines sont diverses. Ainsi, Iulius Saturio provient de la Lugdunaise 83, C. Firmius Valentinus de la Narbonnaise 84 et Suplicius Massa de la Belgique 85. C. Falcius Constans 86 et M. Iunius Montanus 87 sont originaires d’Italie, tandis que G. Iulius Longinus vient de la province de Macédoine 88. D’autres vétérans sont originaires ou ont leur domicile dans les provinces d’Asie Mineure, comme C. Furius Valens 89, C. Roscius Capito 90, C. Iulius Celer 91, P. Scribonius Varus 92 (tous d’Asie) et G. Crispinus Firmus 93 (de Lycie et Pamphylie). Les inscriptions mentionnent également d’autres vétérans dont l’origine ne peut pas être déterminée : Flavius [---] 94, Tib. Claudius Victor 95, Tettius Plotus, 96 C. Valerius Rufus 97 et un ancien soldat dont le nom ne peut pas être reconstitué 98. Un texte d’Istros confirme que les anciens soldats de la Ve légion Macedonica ont reçu des propriétés dans la zone. On ne sait pas s’ils appartenaient à la communauté des ueterani consistentes, mais il est sûr qu’ils avaient des propriétés dans le milieu rural appartenant à la cité. L’inscription mentionne Braetius Favorinus, ayant pris sa retraite à la campagne 99. J’ai déjà parlé de l’origine italienne des Braetii 100. Son recrutement a été fait au début du IIe siècle, si l’on accepte la datation de l’époque d’Antonin proposée par F. Matei-Popescu 101. Un autre texte, daté du 19 septembre 157, parle de L. Pompeius Valens, originaire d’Ancyre, qui ne mentionne pas son statut de vétéran, mais qui est archonte et aedilicius du territoire 102. J’ai montré à plusieurs occasions que plusieurs militaires de la legio V Macedonica provenaient d’Ancyre 103. Même si les sources sont pauvres en informations, je 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 102 103

IGLNovae 80. IGLNovae 10. AE 1912, 187. ILB 63. ILB 122. ILB 60. ILB 65. ILB 55. ILB 139. ILB 52. ILB 56. ILB 58. ILB 59. ILB 61. ILB 120. ILB 32. ILB 130. ILB 66. ISM I, 336. CIL V 2097, 2098, 2446, 2851, 4056 (= XVI 153) ; AE 1998, 587 ; 2009, 374. Matei-Popescu 2010, 70. ISM I, 373 ; Bâltâc 2011, 254 ; Matei-Popescu 2013, 219. Mihailescu-Bîrliba, Piftor 2005, 331–337 ; Mihailescu-Bîrliba, Piftor 2005-2006, 209–216 ; Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2012a, 41–45 ; Mihailescu-Bîrliba, Piftor 2017, 127–138.

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pense pourtant que L. Pompeius Valens a été un vétéran d’Ancyre, recruté probablement dans l’une des légions de Mésie Inférieure, puis qui s’est établi dans la province après sa libération. C’est un cas de vétéran qui possède des propriétés rurales et qui appartient en même temps à l’élite politique de la cité. Dans le territoire de Tomi, j’ai remarqué d’abord M. Ulpius Longinus, vétéran, ayant rempli la charge de décurion dans l’armée et buleuta à Tomi, qui fait ériger l’épitaphe pour lui-même et pour sa femme, sur sa propriété (in praedio suo) 104. C’est un deuxième cas d’ancien soldat ayant une propriété rurale et remplissant en même temps des charges officielles dans la cité. Sa femme s’appelle Ulpia Aquilina ; soit elle a acquis le droit de cité en même temps que lui, soit elle a été sa liberta pendant le service militaire de Longinus. Sa charge militaire atteste qu’il a servi dans une unité auxiliaire, obtenant sa citoyenneté probablement sous Trajan. Un autre texte représente la mention indirecte d’un anonyme, ex signifero de la legio XIII Gemina, père d’un certain Annius Super, mort à 26 ans 105. De la même légion proviennent C. Antonius Fronto, ancien bénéficiaire consulaire, qui fait ériger pour soi-même lucus et sepulchrum 106, et Q. Baebius Proculus 107. J’ai montré que notre Baebius peut avoir des racines, sinon des origines, italiennes 108. Proculus est probablement né à la fin du Ier siècle ou au début du IIe (il a vécu 60 ans). Il a été recruté, semble-t-il, pendant le règne de Trajan, moment où l’on recrutait encore d’Italie. Dans le territoire tomitain, un vétéran anonyme est commémoré par sa femme et par son esclave Dionysius 109. Le milieu rural d’Ibida fournit un autre exemple. Aufidius Helius provient d’Asie Mineure, d’Amorium 110. Je pense que le lieu de naissance de ce personnage, tout comme les occurrences de son gentilice en Mésie Inférieure 111, ont constitué des arguments pour le considérer comme un ancien militaire retiré à la campagne. Les recrutements du Pont et de Bithynie ont eu lieu sous Trajan (pour les guerres parthiques) et sous Hadrien (pour la guerre de Judée) 112. Après son service, on trouve Aufidius Helius à la retraite dans la zone rurale d’Ibida. Il est bien probable qu’il ne soit pas impliqué dans la vie politique locale, préférant vivre sur son domaine. Les informations archéologiques de Topolog 113, associées

104 ISM II, 180 ; voir aussi Bâltâc 2011, 265 ; Bărbulescu, Buzoianu 2013, 187 ; Bărbulescu, Buzoianu 2016, 198. 105 ISM II, 363 ; Bărbulescu, Buzoianu 2013, 186. 106 ISM II, 190 ; IDRE II, 344 ; Voir aussi Alexianu 2005, 307, 310–312 ; Ruscu, Ciongradi 2006, 276, note 28 ; Bărbulescu, Buzoianu 2013, 186. 107 ISM II, 296 ; voir aussi Bărbulescu, Buzoianu 2013, 186. 108 Voir le commentaire élargi de ce texte dans le deuxième chapitre. 109 ISM II, 264 ; voir aussi Bărbulescu, Buzoianu 2013, 186. 110 Baumann 1971, 597 ; Baumann 1984, 228–229, nr. 16, 626, fig. 69 ; Aricescu 1973, 105. Sur les Aufidii, voir aussi Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2012a, 63–64. Sur Helius, voir aussi MihailescuBîrliba 2015e, 443. 111 ISM I, 276–277 ; II, 458 ; V, 127, 278 ; ILB 438. 112 Voir Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2012a. 113 Dragomir 1962, 421–429 ; Baumann 1984, 213–214 ; Baumann 2011, 208–209 ; Baumann 2015, 91– 106 ; Covacef 1998, 163–179 ; Bărbulescu 2001, 245–280 ; Irimia 2006, 142, note 60 ; Irimia 2007, 156.

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aux sources épigraphiques 114, font preuve de l’existence d’au moins un uicus et de plusieurs uillae dans la zone. Le milieu rural d’Halmyris fournit deux textes sur les vétérans restés ici après la fin de leur service : ce sont des légionnaires. Dans un cas, la source l’affirme directement : il s’agit de C. Valerius Longinus, ex beneficiario consularis de la Ve légion Macedonica 115. Dans l’autre cas, le texte n’est pas si précis, mais le nom du vétéran, Aelius Valens, fait penser à un soldat de légion 116. Noviodunum, l’ancien port de la flotte de Mésie Inférieure, est une autre cité où la zone rurale a été habitée par les vétérans. Ainsi, un diplôme militaire de 112 atteste l’ancien marin C. Iulius C. f. [---], avec ses enfants 117. Le nom de la flotte n’est pas gardé, mais il s’agit probablement de la flotte mésique. Le soldat a donc été recruté sous Domitien, mais il n’est pas originaire de Mésie Inférieure. Après la fin de son service, il s’est installé dans le territoire rural de Noviodunum en s’achetant probablement une propriété. Un autre vétéran fait ériger ex uiso une inscription votive en 162 118 ; on ne connaît pas l’unité où il a servi, mais, ce qui est sûr, c’est qu’après la honesta missio il a préféré se retirer à la campagne. Macrinus, fils d’Acrésion, est un soldat qui est resté dans le milieu rural de Mésie Inférieure après le service ; il est originaire d’Apamée 119. Le document attestant sa honesta missio a été trouvé dans la zone d’Aegyssus, à Cataloi. La zone Capidava-Beroe-Carsium-Cius fournit également des documents concernant les vétérans habitant les campagnes après la fin de leur service. J’ai discuté le cas de M. Cocceius Vitlus, vétéran de la cohors I Ubiorum, mort à 70 ans après un service militaire de 28 ans, commémoré par sa femme Claudia et par ses fils Cocceius Veturius, Cocceius Nardus et M. Cocceius Titio 120. M. Cocceius Vitlus est probablement parmi les premiers Cocceii arrivés à Capidava avec la cohorte des Ubiens et il s’est installé ici à la retraite. Son origine des provinces celto-germaniques est confirmée par le surnom de Vitlus 121. Ses descendants, comme on l’a déjà vu, possèdent des uillae à la campagne. Dans le même milieu rural, se sont installés un vétéran provenant de la même unité, M. Ulpius Piso 122, et un ancien militaire provenant probablement de la Ve légion Macedonica, C. Iulius [---] 123. Près de Cius sont mentionnés des vétérans ayant servi dans plusieurs unités auxiliaires : G. Valerius Herculanus (ala II Arauacorum) 124 et M. Ulpius Domitius Anthius (cohors I Lusitanorum) 125. Dans la région Sacidava-Axiopolis, le plus récent document concernant l’installation d’un vétéran dans ce milieu rural est un diplôme militaire attestant M. Antonius Rufus, qui 114 115 116 117 118 119 120 121 122 123 124 125

Mihailescu-Bîrliba 2014, 303–307 ; voir aussi Mihailescu-Bîrliba 2015e, 439–445. Zahariade 1990, 262–263 ; Zahariade, Alexandrescu 2011, no 18. Zahariade 1990, 260–261 ; Zahariade, Alexandrescu 2011, no 20. Baumann 2003b, 169. Baumann 2013, 82. Petolescu, Popescu 2004, 269–276. ISM V, 24. Pour les Cocceii, voir aussi Dumitrache 2017, 175–179. AE 1897, 114t. ISM IV, 35. ISM V, 7. ISM V, 117. iSM V, 118.

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a servi dans la cohors II Gallorum et qui a reçu la honesta missio le 14 août 99 126. Les autres textes attestent une installation des vétérans surtout dans la seconde moitié du IIe siècle et au IIIe siècle : Valerius Septimius 127, M. Valerius [---] 128, C. Antonius [---] 129, M. Aurelius Saturninus 130. Dans le milieu rural de Marcianopolis, à Pliska, un vétéran originaire de Nicomédie (M. Octavius Domitius) fait ériger une épitaphe pour son frère, médecin, et pour sa mère 131. Il a accompli son service dans la legio V Macedonica, étant probablement recruté sous Hadrien, lorsque la légion se trouvait détachée en Orient pour la guerre contre Bar-Kochba 132. C’est un autre exemple d’ancien militaire, à côté de ceux de Braetius Favorinus ou d’Aufidius Helius, qui a préféré rester dans la province où il a fait son service. Même si la légion se trouvait à Troesmis, les campagnes de Nicopolis ont exercé plus d’attraction. N’oublions pas que les vexillations de cette légion ont été détachées partout dans la province ; il n’est donc pas impossible qu’il se soit acheté la propriété en tant que militaire. Sa famille s’est installée ici. Dans la zone rurale de Nicopolis ad Istrum, P. Pompeius Magnus, né à Stobi (Macédoine), a été recruté dans la legio I Italica et après avoir fini le service militaire, il a habité la même région avec sa famille 133. La Macédoine a fournit plusieurs soldats à la légion mentionnée ci-dessus, comme c’est le cas de C. Valerius Longinus 134. Le petit-fils de P. Pompeius Magnus est attesté en tant que buleuta de Nicopolis 135, ce qui prouve que la famille reste dans la cité et dans son territoire pendant plusieurs générations. Toujours dans le milieu rural de Nicopolis ad Istrum, on remarque le vétéran L. Aurelius Surus, qui est commémoré probablement sur sa propriété par son fils, devenu buleuta de Nicopolis 136. Un autre vétéran mort à la campagne est P. Aelius Gerrius 137. M. Antonius Valens a servi dans la Ve légion Macedonica, puis il s’est retiré à Abrittus où il a fini sa vie 138. T. Aelius Apollonius, ex duplicario, est attesté dans une épitaphe avec toute sa famille 139. Malheureusement, ni pour Antonius Valens, ni pour T. Aelius Apollonius, on ne peut apprendre leur origine 140. La zone Transmarisca-Sexaginta Prista nous fournit d’autres exemples des vétérans ayant des maisons ou peut-être des propriétés dans les villages, mais dont on ne peut pas 126 127 128 129 130 131 132 133 134 135 136 137 138 139 140

ISM IV, 2. ISM IV, 181. ISM IV, 191. ISM IV, 193. ISM IV, 186. Conrad 2004, 316. Voir surtout Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2012a, 40. ILB 431. IGLNovae 86. ILB 433. ILB 377. ILB 351. Conrad 2004, 223, no 358. http://www.ubi-erat-lupa.org/monument.php?id=22281. Pour les Antonii militaires en Mésie Inférieure, voir Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2012a, 63–64. En ce qui concerne Apollonius, son surnom est grec et il a probablement acquis le droit de cité sous Antonin, mais il est difficile d’avoir une opinion tranchée sur son lieu d’origine.

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apprendre leur origine. L’un de ces anciens militaires est de la Ve légion Macedonica (L. Memmius Aquila) 141, tandis que dans les cas d’Avidius Felix 142 et de M. Ulpius Victor 143, les unités ne sont pas mentionnées. Dans le milieu rural de Montana, il y a quelques vétérans qui, probablement, ont habité la zone après la honesta missio : [---] Marcianus, vétéran de la legio I Italica 144, et L. Naevius Probus, ancien militaire, probablement de la même légion 145. On observe que Probus, même s’il a des origines italiennes (selon son nom) 146, utilise l’épithète Saldaecaputenus pour Asklépios, épithète rencontrée dans autre deux textes du sanctuaire 147. Le matériel épigraphique est, comme on peut l’observer, riche (voir aussi les annexes 19.1 et 19. 2 de la fin du chapitre) ; il sera encore discuté dans les conclusions de ce chapitre. Je me contenterai d’exposer quelques observations préliminaires. On remarque d’abord les anciens soldats originaires de Mésie Inférieure qui rentrent chez eux ou qui s’installent non loin de la maison. Les sources, en ce qui les concerne, sont nombreuses ; la plupart d’entre eux ont servi dans les unités auxiliaires ; ceux qui ont accompli leur service dans les légions ou dans les unités prétoriennes l’ont fait surtout au IIIe siècle, ayant acquis le droit de cité en 212 ou après. Cela correspond avec le statut juridique de la population indigène de cette période. Ils rentrent dans la province d’origine en tant que citoyens, certainement pour mener une vie prospère et plus sûre à la campagne. On ignore s’ils retournent à leurs anciennes terres, mais l’argent accumulé après les années de service leur permet de s’acheter des propriétés. Certains d’entre eux prouvent indirectement une certaine aisance, au moins par le fait qu’ils possèdent des affranchis (comme T. Aelius Damanaeus 148 et Diurdanus, fils de Dekebalos 149). Quant aux autres vétérans restés dans le milieu rural de la province après la honesta missio qui n’ont pas une origine indigène, on observe qu’ils arrivent presque du toto orbe Romano, de l’Italie et des provinces occidentales jusqu’à l’extrémité orientale de l’Empire. Cela peut être expliqué par les étapes de recrutement dans les légions stationnées en Mésie Inférieure, en commençant avec les Italiens et les personnes provenant des provinces occidentales et continuant avec les « Orientaux » recrutés à l’occasion des guerres portées dans les parties de l’est de l’Empire. Les raisons sont diverses, mais je pense qu’il s’agit de deux causes principales : la distance vers la province d’origine ou de domicile et la relative aisance qui permettait aux vétérans de s’acheter des propriétés dans les campagnes de Mésie Inférieure.

141 142 143 144 145 146 147 148 149

Conrad 2004, 209, no 307. AE 1939, 102. Stančev 2006, 245. ILB 203. ILB 207. Sur les Naevii militaires en Mésie Inférieure, voir Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2012a, 79. ILB 204, 206. Voir aussi Dorcey 1988, 294, 296 ; Dorcey 1992, 96 ; Dana, Nemeti 2014, 106. Conrad 2004, 222, no 356. ISM IV, 189.

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4. Les vétérans membres de l’élite locale Dans les villages où il y avait des conuentus de vétérans et de citoyens romains, les premiers avaient sans doute (sinon chaque année, au moins d’une façon assez régulière) un représentant dans les structures administratives de ces entités locales. Malheureusement, parmi les magistri citoyens romains on ne peut pas distinguer lequel est un ancien soldat, car ils ne dévoilent que rarement leur statut. Les canabae et l’établissement rural situé près de canabae à Troesmis constituent les structures rurales de Mésie Inférieure où les vétérans sont les mieux documentés en tant que membres de l’élite locale. Il y a plus de dix ans, avec mon collègue V. Piftor, j’ai dressé un tableau des anciens soldats dans les élités locales de la partie septentrionale de la province, en analysant aussi les structures urbaines 150. C’est pourquoi je ne reprendrai pas en détail le dossier, mais je vais dresser un tableau des vétérans qui se sont impliqués dans l’administration des villages (voir aussi l’annexe 19.3 de la fin du chapitre). Je me contenterai de rappeler les vétérans membres de l’élite villageoise des canabae à Troesmis et leur origine (où cette chose est possible). C. Valerius Pudens est magister canabensium sous Hadrien 151. Un édile des canabae est Tuccius Aelianus (attesté dans le même texte) 152 ; même s’il ne mentionne pas son statut, je pense, à cause des occurrences du nom de Tuccius en Italie, qu’il peut être un vétéran de la légion 153. Sous Antonin, encore quatre vétérans sont attestés comme ayant des charges dans l’administration locale. Il s’agit d’abord de P. Valerius Clemens et L. Cominius Valens 154. Si, en ce qui concerne le premier personnage, détecter son origine semble une chose impossible, pour L. Cominius Valens les occurrences du gentilice montrent qu’il est probablement originaire de l’Italie 155. Un vétéran provenant d’Ancyre est mentionné en tant quinquennalis canabensium, dans un texte datant de 151–154 156. J’ai déjà discuté à plusieurs occasions des Ancyréens à Troesmis 157. Est-ce que C. Plancius, magister territorii Troesmensium en 163, également originaire d’Ancyre 158, était un vétéran ? Si ce n’est pas le cas, on peut supposer qu’il ait fait partie d’une famille des soldats recrutés dans la legio V Macedonica lorsqu’elle a stationné en Orient. Dans ce cas là, il s’agit du territoire qui se trouvait sous l’autorité de la légion, donc le magister a eu certainement affaire avec la légion. L. Licinius Clemens, originaire de Nicopolis (probablement ad Istrum) est quinquennalis canabensium et decurio Troesmensium, c’est-à-dire qu’il remplit deux charges dans deux entités administratives : les canabae et l’établissement civil à côté des canabae 159.

150 151 152 153 154 155 156 157

Mihailescu-Bîrliba, Piftor 2005-2006, 209–216. ISM V, 154. ISM V, 154. Voir aussi Mihailescu-Bîrliba, Piftor 2017, 128. ISM V, 156. Voir surtout Mihailescu-Bîrliba, Piftor 2017, 129. ISM V, 155. Mihailescu-Bîrliba, Piftor 2005, 331–337 ; Mihailescu-Bîrliba, Piftor 2005-2006, 209–216 ; Mihailescu-Bîrliba, Piftor 2017, 129–130, 133–134 ; Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2012a, 41–45. 158 ISM V, 135. 159 ISM V, 158.

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Par conséquent, on voit qu’à Troesmis il y a trois magistri canabensium, un quinquennalis canabensium et un quinquennalis canabensium et decurio Troesmensium. Si on compte aussi Tuccius Aelianus et C. Plancius, on voit qu’il y a sept vétérans mentionnés dans l’administration des structures rurales situées près du camp de la Ve légion Macedonica. Ce qui me semble aussi important, c’est que les descendants des vétérans arrivent dans l’élite du municipe après 177. C. Egnatius Valens, originaire d’Ancyre, est lui-aussi vétéran et décurion du municipe 160, mais un Egnatius Valens est attesté dans l’inscription monumentale qui contient une liste des soldats libérés en 134 161. M. Antistius Rufus, pontifex, et M. Antistius Domitius, aedil et quaestor 162, appartiennent à la famille d’Antistii originaire d’Ancyre 163. C. Iulius Saturninus, commémoré en tant que quaestor, aedil et ancien duumuir 164 (peut-être identique à un autre Iulius Saturninus qui apparaît dans un texte comme questeur 165) est sans doute apparenté avec le vétéran C. Iulius Saturninus, originaire d’Oescus 166. Une probabilité que C. Valerius Longinianus et Iulius Herculanus 167 soient des descendants des vétérans est fondée sur les occurrences de ces gentilices parmi les militaires présents à Troesmis 168. La fréquence du surnom Sacco en Italie 169 fait penser à la même chose dans le cas du duumuir quinquennalis Aelius Sacco 170. De même, L. Publicius Viator, augure du municipe 171, peut être apparenté avec L. Publicius Niger, soldat de la légion, originaire de Bithynie 172. L’analyse des personnes impliquées dans l’élite municipale à Troesmis m’a mené à la conclusion que la première génération de notables locaux est formée par les vétérans (certains d’entre eux descendants d’anciens soldats) et les générations suivantes par leurs descendants 173. Par conséquent, Troesmis constitue un modèle d’implication des vétérans et des membres de leurs familles dans la vie politique et administrative locale, dans toutes les structures (rurales et urbaines, prémunicipales et municipales) 174. C’est pourquoi ce milieu rural constitue un cas spécial dans l’activité des vétérans au sein de ces structures locales. Hormis ces exemples, il y a seulement deux cas de vétérans attestés comme ayant des charges dans l’administration locale rurale. C. Iulius Valens, ancien militaire de la Ve légion Macedonica, est magister du uicus Vero[..]rittiani 175. Après le service, il s’est installé dans ce uicus (où résidaient des ueterani et probablement des ciues Romani) et il a

160 161 162 163 164 165 166 167 168 169 170 171 172 173 174 175

ISM V, 183. Voir aussi Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2012a, 125. ISM V, 137. ISM V, 148. Voir ISM V, 174–175. Voir aussi Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2012a, 124. ISM V, 187. ISM V, 149. ISM V, 188. ISM V, 163. Voir Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2012a, 126–127. CIL X 6392 ; XII 1176, 3126, 3183–27 ; AE 1911, 234 ; 1995, 1071. ISM V, 185. Voir aussi Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2012a, 127. ISM V, 180. ISM V, 193. Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2012a, 134–135. Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2012a, 139. ISM V, 115. Voir aussi Mihailescu-Bîrliba 2015d, 181.

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Les vétérans dans le milieu rural de Mésie Inférieure. Rôle social et politique

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été élu comme magister. À Abrittus, la communauté des ueterani et ciues Romani consistentes a un vétéran comme magister (G. Iulius Aenonus) 176. On observe ainsi, qu’excepté le cas de Troesmis, les inscriptions n’attestent pas des vétérans impliqués dans l’administration locale. Cela ne veut pas dire qu’ils n’avaient pas des charges dans le milieu rural, mais il n’y en a pas de mentions. Quelques uici, comme le uicus Quintionis, le uicus Petra, le uicus Bad[---] ou d’autres uici, ont d’anciens soldats à leur tête. On voit pourtant une préférence des anciens militaires à s’installer à la campagne et à continuer à vivre ici, en bénéficiant d’une certaine aisance et prospérité économique.

5. Les descendants des vétérans J’ai déjà présenté les descendants des vétérans qui ont acquis des charges dans l’élite locale (voir aussi l’annexe 19.4). Il s’agit du cas de Troesmis, où j’ai constaté que l’élite municipale est formée d’abord par des vétérans puis par leur descendants (j’ai préféré les nommer « descendants », car il est difficile dans certains cas d’établir un lien de parenté certain). Ce sont les situations de C. Egnatius Valens 177, de M. Antistius Rufus et de M. Antistius Domitius 178, de C. Iulius Saturninus 179 et probablement de C. Valerius Longinianus et de Iulius Herculanus 180, d’Aelius Sacco 181 et de L. Publicius Viator 182. Il faut aussi ajouter le cas de Nicopolis ad Istrum : L. Aurelius Surus, fils d’un vétéran portant les mêmes noms, est buleuta ciuitatis 183. Mais que se passe-t-il avec les autres membres des familles de vétérans ? Bien sûr, on ne peut pas identifier toutes ces familles, même s’il y a des personnes qui ne mentionnent pas leurs relations de parenté et peuvent être descendants ou parents des anciens soldats. Je vais énumérer seulement les membres de leurs familles qui sont certainement apparentés aux ueterani. Dans plusieurs cas, le statut de la femme ou des enfants, hormis le fait qu’ils sont des citoyens, n’est pas précisé. Probablement, les fils ont eu un statut civil et n’ont pas suivi une carrière militaire comme leurs pères. Dans cette catégorie, on peut mentionner Valerius Ingenu(u)s, fils de Braetius Favorinus 184, Pompeius Donatus, fils de L. Pompeius Valens 185 dans le territoire d’Istros, Annius Super 186 dans le milieu rural de Tomi, C. Pompeius Magnus, fils de P. Pompeius Magnus, dans la campagne de Nicopolis ad Istrum, Aurelius Drizuparus, fils d’Aurelius Victor 187, Aelius Apollinaris, fils de T. Aelius Apollonius 188 176 177 178 179 180 181 182 183 184 185 186 187 188

AE 2010, 1421 a et b. ISM V, 183. ISM V, 148. ISM V, 187. ISM V, 163. ISM V, 185. ISM V, 180. ILB 377. ISM I, 336. ISM I, 373. ISM II, 363. AE 1919, 78. ubi-erat-lupa.org/monument 2281.

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dans la proximité d’Abrittus, C. Iulius Macer et C. Iulius Saturninus, fils de C. Iulius Macrinus dans le milieu rural d’Aegyssus 189, Antistius Zoticus, fils de C. Antistius Valens, Tiberius Vitales, fils du vétéran portant les mêmes noms 190, Valerius Firminus et Valerius Firminianus, fils de Valerius Firmus 191 dans le territoire de Troesmis, M. Ulpius, fils de M. Ulpius Piso 192, Iulius Capito, fils du vétéran ayant les mêmes noms 193 à Capidava, les fils de l’ancien soldat G. Valerius Herculanus à Cius 194, les fils des C. Valerius Iulianus 195, Valerius Decebalus, fils de Valerius Marcus dans le milieu rural de la zone DurostorumAxiopolis-Sacidava 196, les enfants de Valerius Septimius 197 et le fils de l’ancien militaire Diurdanus, fils de Décébale 198 à Sacidava, M. Valerius Macenius, fils d’un vétéran de la Ière légion Minervia dans le milieu rural de Novae 199, Valerius Rufus, fils de C. Valerius Rufus et Aelius Valentinus, fils d’Aurelius Drigissa à Oescus. Je n’ai pas compté dans mon enquête les cas où les fils sont décédés très jeunes, comme L. Cornelius Mampsalachanus, enfant de L. Cornelius Fronto 200. À Troesmis, Flavius Alexander, frère de l’ancien soldat T. Flavius Valens, ne semble pas avoir servi dans l’armée romaine 201. Un texte provenant de la même cité évoque les cas de deux couples de frères : dans un cas, un frère a été militaire, l’autre ne l’était pas, tandis que dans le deuxième cas, les frères ont servi dans l’exercitus 202. Dans d’autres situations, les descendants restent des civils, mais les textes nous informent qu’ils possèdent des propriétés à la campagne (comme les Cocceii à Capidava) 203. M. Octavius Domitius, vétéran de la Ve légion Macedonica, fait ériger l’épitaphe à son frère médecin (mais on ignore s’il a également servi dans la légion) et à sa mère 204. Un autre personnage, Aurelius Dizze, a été soldat comme son frère, Aurelius Mucianus 205. Mucianus a été bénéficiaire dans la legio I Italica : on ignore le rang de Dizze. Il s’agit d’une famille d’indigènes, les hommes suivant la carrière militaire après avoir acquis leur droit de cité. C. Iulius Crescens, fils du vétéran C. Iulius Celer, suit également une carrière militaire, devenant centurio de la legio I Italica 206. Dans la même situation se retrouve Scribonius Celer, fils du vétéran P. Scribonius Varus : il est militaire dans la Ve 189 190 191 192 193 194 195 196 197 198 199 200 201 202 203

Petolescu, Popescu 2004, 269–276. ISM V, 194. ISM V, 196. ISM V, 35. ISM V, 7. ISM V, 117. ISM IV, 115. ISM V, 116. ISM V, 181. ISM V, 189. IGLNovae 76. IGLNovae 80. ISM V, 184. ISM V, 186. M. Cocceius Hilus (ISM V, 6) ; Cocceius Veturius, Cocceius Nardo, Cocceius Titio (ISM V, 24) ; M. Cocceius Vitalis, M. Cocceius Albucius, M. Cocceius Valerius, M. Cocceius Vitalis, M. Cocceius [--]us (ISM V, 28), Cocceius (H)elius (ISM V, 29–30), Cocceius Vitales, Cocceiua Iulia, Cocceius Clemens (ISM V, 30). 204 Conrad 2004, 211–212, 316. 205 ILB 430. 206 ILB 56.

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315

légion Macedonica 207. Dans d’autres cas, ce sont les affranchis qui sont évoqués à côté de leurs patrons, comme commémorateurs (Tib. Claudius Zoticus, libertus de Tb. Claudius Niger dans la zone de Nicopolis ad Istrum 208, Atticus et Amaranthus, affranchis de T. Aelius Damanaeus à Abrittus 209, M. Valerius, affranchi du vétéran ayant les mêmes noms 210 et Felix, libertus de l’ancien soldat Diurdanus, fils de Décébale à Sacidava 211, Helpideforus et Papias, affranchis du vétéran Aurelius Cotus à Sexaginta Prista 212, Agatus, libertus de Iulius Saturio 213, G. Iulius Hermes, affranchi de G. Iulius Longinus 214, Firmia Secunda, ancienne esclave de L. Firmius Valentinus 215). On voit, par conséquent, que les inscriptions enregistrent seulement deux cas de fils qui suivent les carrières militaires de leurs pères : C. Iulius Crescens 216 et Scribonius Celer 217, tous les deux à Oescus. Cela ne veut pas dire qu’il n’y avait pas d’autres fils qui servaient dans l’armée. Mais d’après les âges de décès de la plupart des vétérans, il semble que leurs fils étaient des civils. Cela s’explique par la certaine aisance des anciens soldats, suffisante pour que les enfants mènent une vie assez prospère dans le milieu civil. En ce qui concerne les mariages de vétérans, on constate (c’est normal, d’ailleurs) que leurs femmes sont citoyennes. Il y a quelques cas où l’on peut s’interroger : sont-elles leurs affranchies ou ont-elles eu le droit de cité en même temps que leurs époux (comme, par exemple, Ulpius Longinus et Ulpia Aquilina dans le milieu rural de Tomi, Aelius Sola et Aelia 218, Valerius Ponticus et Valeria Nene 219, Flavius Valens et Flavia Primitiva 220 à Halmyris) ? Il y avait des situations où les femmes étaient certainement les affranchies de leurs époux, mais les textes ne les attestent pas d’une manière explicite. Pourtant, la situation est confirmée par la mention des épouses affranchies des militaires actifs, comme Publicia Cyrilla à Troesmis 221, Valeria (H)elphis à Novae 222 et Placulia à Oescus 223.

6. Conclusions La présence des vétérans dans le milieu rural de Mésie Inférieure est extrêmement remarquable et on peut dire qu’ils ont constitué la principale catégorie active du point de 207 208 209 210 211 212 213 214 215 216 217 218 219 220 221 222 223

ILB 58. ILB 376. AE 2004, 1261. ISM V, 191. ISM V, 189. AE 1940, 34. AE 1912, 187. ILB 55. ILB 63. ILB 56. ILB 58. Zahariade Alexandrescu 2011, no 24, sub numero. Zahariade 1990, 261sqq. ; Zahariade, Alexandrescu 2011, no 26. Zahariade 1990, 264 ; Zahariade, Alexandrescu 2011, no 23. ISM V, 192. AE 1999, 1334. ILB 148.

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vue de l’epigraphic habit, à côté des élites locales (il y a des situations où ils se confondaient aux élites). Les conuentus des vétérans, à côté de ceux des citoyens (avec ou sans les communautés indigènes) sont bien documentés dans le milieu rural : uicus Quintionis, uicus Bad[---], uicus Nou[---], uicus Abrittus, uicus classicorum et peut-être uicus Petra. L’observation d’A. Avram selon laquelle, dans le territoire d’Istros, ces conuentus se sont formés après que la retraite de la première génération des soldats de la legio V Macedonica stationnée à Troesmis se vérifie pour toute la partie septentrionale de la province ; les parties du sud et de l’ouest de la province ne sont pas documentées à propos de ce sujet, mais il faut préciser qu’il y avait d’autres villages de communautés indigènes dans les territoires de Marcianopolis 224, de Nicopolis ad Istrum 225, de Melta 226 ou de Montana 227 qui pourraient abriter des communautés de vétérans. Beaucoup de sources mentionnent les anciens militaires originaires de Mésie Inférieure qui rentrent à la maison ou qui s’installent dans la province d’origine. L’annexe 19.1 de la fin du chapitre constitue un argument en ce sens. On constate ainsi que le recrutement de la population locale a commencé sous Tibère et a continué jusqu’à la moitié du IIIe siècle. Sauf une exception 228, toutes les inscriptions sont rédigées en latin, ce qui montre, en même temps la coutume individuelle et celle de la communauté où ils s’installent. La plupart d’entre eux ont servi dans les unités auxiliaires ; ceux qui ont servi dans les légions ou dans les unités prétoriennes l’ont fait surtout au IIIe siècle, ayant acquis la citoyenneté en 212 ou après, ce qui correspond avec le statut juridique de la population indigène de cette période. Les raisons pour lesquelles ils rentrent sont, sauf le retour au pays originaire, la vie assez prospère et d’une relative tranquillité à la campagne. D’ailleurs, comme on l’a vu, ils semblent être assez aisés. Les vétérans originaires des autres provinces qui se sont installés dans les campagnes de Mésie Inférieure proviennent surtout des légions. Recrutés dans tout le monde romain, ils préfèrent rester dans la province de leur service militaire. J’ai expliqué cela par l’éloignement de la province d’origine ou du domicile et par la relative aisance qui leur permet d’acheter des propriétés rurales. Je n’ai pas compris dans mon enquête les anciens soldats qui restent dans les villes. Ils sont assez nombreux, notamment les légionnaires. C’est pourquoi, la relativement faible représentation locale dans l’élite rurale chez les vétérans peut s’expliquer par leur préférence pour les cités. Troesmis reste le cas où les canabae sont dirigées par les anciens militaires, mais les cas isolés de uicus Vero-[..]rittiani et du uicus Abrittus montrent qu’il existe la possibilité qu’ils se soient affirmés en tant qu’élite dans d’autres villages. Les inscriptions ne font pas preuve des fils qui suivent la carrière militaire de leurs pères. La documentation est faible, mais cela peut s’expliquer par l’aisance des vétérans qui assure aux enfants une vie civile honorable. Le municipe de Troesmis constitue un

224 225 226 227 228

CIL V 892. CIL VI 2933 ; RMD IV, 311, 317 ; V, 463. CIL VI 2736. CIL III 13721 ; ILB 209, 180, 183 ; AE 1957, 99. IGB II, 590.

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argument en ce sens : les descendants (fils ou petits-fils) des anciens soldats entrent dans l’élite de la cité sans avoir une carrière militaire. Pour conclure, il faut admettre que la présence des vétérans dans le milieu rural de la Mésie Inférieure est l’une des plus remarquables parmi les catégories sociales documentées du point de vue épigraphique ; ils font partie de la population stable du village et ils constituent l’un des principaux éléments qui contribuent à la diffusion de la langue latine à la campagne.

Annexe 19.1. Vétérans originaires de Mésie Inférieure qui reviennent dans la province après leur service Nom Romaesta Rescenti f.

Unité ala Gallorum et Thraecum

Tarsa Duzi f.

flotte de Ravenne

Cothus Tharsae f. Aurelius Victor T. Aelius Damanaeus T. Valerius Marcianus L. Licinius Valens Diurdanus Decebali f. Aurelius Marcus Aurelius Dalenis Tib. Claudius Niger M. Aurelius Mucianus Clagissa Clagissae f. M. Aurelius Marcus M. Aurelius Secundus Aurelius Cotus

Milieu rural

Datation

Source

Durostorum

54

ISM IV, 1

Ibida

71

Chiriac, MihailescuBîrliba, Matei 2004, 265–269

Abrittus

79

RGZM 3

Abrittus

IIIe s.

?

Abrittus

IIe–IIIe s.

AE 1919, 78 Conrad 2004, 222, no 356

leg. V. Mac.

Troesmis

170

ISM V, 160

leg. V. Mac.

Troesmis

159–160

ISM V, 158

?

Sacidava-Axiopolis

avant 212

ISM IV, 189

ala I Thracum victrix leg. XI Cl.

e

prétorien prétorien

Sacidava-Axiopolis Callatis

III s. IIIe s.

ISM IV, 188 ISM III, 237

leg. I Italica

Nicopolis ad Istrum

IIe s.

ILB 376

leg. I Italica

Nicopolis ad Istrum

IIIe s.

ILB 430

coh. II Mattiacorum

Nicopolis ad Istrum

138

CIL XVI 83

prétorien

Nicopolis ad Istrum

226

CIL XVI 143

prétorien

Nicopolis ad Istrum

228

RMD II, 132

ala Arauacorum

TransmariscaSexaginta Prista

IIIe s.

AE 1940, 34

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Nom

Unité

Milieu rural

Datation

Valerius Rufus

?

Montana

IIe–IIIe s.

Flavius Bassus

? coh. IIII Thracum

Montana

IIe s.

Source Conrad 2004, 260, no 503 IGB II 590

Montana

127

RMD IV, 239

leg. VII Cl.

Montana

IIe s.

CIL III 7421

leg. I Italica

Novae

IIe s.

IGLNovae 82

leg. I Italica

Novae

IIe s.

leg. I Italica

Novae

e

II –III s.

IGLNovae 49

?

Novae

IIIe s.

leg. I Italica

Novae

e

III s.

AE 2004, 1250 Sarnowski 2015, 508–509

coh. I Tyriorum sagitt.

Novae

105

RGZM 10

leg. I Mineruia

Novae

IIIe s.

IGLNovae 76

leg. I Italica

Novae

IIIe s.

ILB 338

leg. I Italica

Novae

IIIe s.

IGLNovae 33

marin

Novae

après 225

IGLNovae 8, 9

[---]sa Natusis f. C. Iulius Aemilius Flavius Decebalus [---] Severus T. Aurelius Bithus Aurelius Lupo M. Aurelius Teres Tarsa Tarsae f. M. Aurelius Macenius Aurelius Mucianus M. Valerius Flavianus M. Aurelius Statianus Aurelius Drigisa

IGLNovae 89 e

e

?

Oescus

III s.

Aelius Sola (incertain)

?

Halmyris

IIe–IIIe s.

Valerius Ponticus (incertain)

?

Halmyris

IIe–IIIe s.

Flavius Valens (incertain)

?

Halmyris

IIe–IIIe s.

ILB 133 Zahariade, Alexandrescu 2011, no 24 Zahariade, Alexandrescu 2011, no 26 Zahariade, Alexandrescu 2011, no 24

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Annexe 19.2. Vétérans originaires d’autres provinces installés dans les campagnes de Mésie Inférieure Nom Braetius Favorinus L. Pompeius Valens M. Ulpius Longus Anonyme C. Antonius Fronto Anonyme Q. Baebius Proculus

Unité

Origine (domicile)

Milieu rural

Datation

Source

leg. V Mac.

Italie

Istros

Antonin

ISM I, 336

?

Ancyre

Istros

157

ISM I, 373

?

?

Tomi

Trajan ?

ISM II, 180

leg. XIII Gem.

?

Tomi

IIe s.

ISM II, 363

leg. XIII Gem.

?

Tomi

IIe s. e

ISM II, 180 e

?

?

Tomi

II –III s

ISM II, 264

leg. XIII Gem.

?

Tomi

IIe s.

ISM II, 296

Aufidius Helius

leg. V Mac.?

Amorium

Tomi

IIe s.

[---] Victor

ala Dardanorum

?

Ibida

IIe s.

M. Octavius Domitius

leg. V Mac.

Nicomédie

Marcianop olis

moitié du IIe s.

P. Aelius Gerrius

?

?

P. Pompeius Magnus

leg. I Italica

Stobi

L. Aurelius Surus

?

?

G. Iulius Aenonus

?

?

Abrittus

IIe s.

M. Antonius Valens

?

?

Abrittus

IIe–IIIe s

T. Aelius Apollonius

?

?

Abrittus

IIe–IIIe s

leg. I Italica

?

Montana

IIe s.

AE 2010, 1421 a, b Conrad 2004, 222, no 358 http://www. ubi-eratlupa.org/mo nument.php? id=22281 ILB 203

leg. I Italica

?

Montana

IIe s.

ILB 207

coh. VII Gallorum

Apamée

Aegyssus

92

Petolescu, Popescu

[---] Marcianus L. Naevius Probus Macrinus, fils d’Acrésion

Nicopolis ad Istrum Nicopolis ad Istrum Nicopolis ad Istrum

Baumann 1971, 597 ISM V, 131 Conrad 2004, 211– 212, no 316

IIe s.

ILB 351

IIe s.

ILB 431

IIe–IIIe s

ILB 377

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320

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Origine (domicile)

Milieu rural

Datation

flotte mésique

?

Noviodunu m

112

leg. V Mac.

?

Troesmis

117–139

ISM V, 154

leg. V Mac.

?

Troesmis

139–161

ISM V, 156

leg. V Mac.

Italie

Troesmis

139–161

ISM V, 156

leg. V Mac.

Ancyre

Troesmis

151–54

ISM V, 155

P. Aelius Abi[---]

leg. V Mac.

?

Troesmis

C. Antistius Valens

leg. V Mac.

Ancyre

Troesmis

T. Claudius Priscus

leg. V Mac.

Emèse

Troesmis

T. Flavius Valens

leg. V Mac.

Amastris

Troesmis

Sentius Ponticus

leg. V Mac.

Tib. Vitales Valerius Firmus Anonyme M. Cocceius Vitlus

leg. V Mac. leg. V Mac. leg. V Mac.

Pont et Bithynie? ? Nicée ?

coh. I Ubiorum

Germanie

Capidava

M. Ulpius Piso

coh. I Ubiorum?

?

Capidava

?

Capidava

161–169

ISM V, 23

?

Capidava

IIe s.

ISM V, 7

?

Cius

IIe s.

ISM V, 115

?

Cius

e

II s.

ISM V, 117

?

Cius

IIe s.

ISM V, 118

Pont et Bithynie ?

Durostorum

fin du IIe s.– début du IIIe

Bâltâc, ParaschivGrigore 2013,

Nom

C Iulius [---] C. Valerius Pudens P. Valerius Clemens L. Cominius Valens T. Flavius Alexander

Unité

G. Iulius Valens C. Valerius Herculanus M. Ulp. Domitius Anthius

ala II Arauacorum probablement une légion leg. V Mac. ala II Arauacorum coh. I Lusitanorum

Iulius Ponticus

?

Aelius Longinus C. Iulius Capito

Troesmis Troesmis Troesmis Troesmis

moitié du IIe s. moitié du IIe s. première moitié du IIe s. environ 170 moitié du IIe s. IIe s. IIe s. IIe s. moitié du IIe s. début du IIe s.

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Source 2004, 269–276 Baumann 2003b, 169

ISM V, 172 ISM V, 174 ISM V, 178 ISM V, 184 ISM V, 186 ISM V, 194 ISM V, 196 ISM V, 203 ISM V, 24 ISM V, 35

Les vétérans dans le milieu rural de Mésie Inférieure. Rôle social et politique

Nom C. Antonius Herculanus Publicius Priscus Iulius Crispinus Iulius Iulianus Aurelius Asclas Cocceius Herculanus Valerius Valerianus Cornelius Lucius Aelius Aelianus Flavius Caius Flavius Valerius Valerius Quintus Valerius Apollinaris Cocceius Valens Septimius Sempronius Valerius Valentinus Valerius Pudi[---] C. Valerius Iulianus M. Antonius Rufus Valerius Septimius

321

Origine (domicile)

Milieu rural

Datation

leg. XI Cl.

?

Durostorum

209

leg. XI Cl.

?

Durostorum

209

ISM IV, 110

leg. XI Cl.

?

Durostorum

209

ISM IV, 110

leg. XI Cl.

?

Durostorum

209

ISM IV, 110

leg. XI Cl.

hellénophone ?

Durostorum

209

ISM IV, 110

leg. XI Cl.

?

Durostorum

209

ISM IV, 110

leg. XI Cl.

?

Durostorum

209

ISM IV, 110

leg. XI Cl.

?

Durostorum

209

ISM IV, 110

leg. XI Cl.

?

Durostorum

209

ISM IV, 110

leg. XI Cl.

?

Durostorum

209

ISM IV, 110

leg. XI Cl.

?

Durostorum

209

ISM IV, 110

leg. XI Cl.

?

Durostorum

209

ISM IV, 110

leg. XI Cl.

?

Durostorum

209

ISM IV, 110

leg. XI Cl.

?

Durostorum

209

ISM IV, 110

leg. XI Cl.

?

Durostorum

209

ISM IV, 110

leg. XI Cl.

?

Durostorum

209

ISM IV, 110

leg. XI Cl.

?

Durostorum

209

ISM IV, 110

leg. XI Cl.

?

Durostorum

Gallien

ISM IV, 115

coh. II Gallorum

?

SacidavaAxiopolis

14.08.99

ISM IV, 2

?

?

SacidavaAxiopolis

probalement seconde moitié du IIe s.

ISM IV, 181

Unité

© 2018, Otto Harrassowitz GmbH & Co. KG, Wiesbaden ISBN Print: 978-3-447-11062-4 ISBN E-Book: 978-3-447-19781-6

Source 155–163 ISM IV, 101, 110

322

Nom

Les vétérans dans le milieu rural de Mésie Inférieure. Rôle social et politique

Unité

Origine (domicile)

Milieu rural

Datation fin du II – début du IIIe s. fin du IIe– début du IIIe s.

M. Valerius [---]

coh. Gallorum

?

SacidavaAxiopolis

C. Antonius [---]

?

?

SacidavaAxiopolis

M. Aurelius Saturninus

leg. XI Cl.

?

Avidius Felix

?

?

L. Memmius Aquila

leg. V Mac.

?

M. Ulpius Victor

?

?

leg. I Italica

Italie

Novae

IIe s

leg. I Italica

Norique

Novae

IIe s

[---] Tauriscus

leg. I Italica

Norique

Novae

IIe s

L. Cultius (?)

leg. I Italica

Germanies

Novae

IIe s

C. Staboratius

leg. I Italica

Germanies

Novae

IIe s

leg. I Italica

Macédoine

Novae

IIe s

leg. I Italica

région pontique

Novae

IIe s

leg. I Italica

Ancyre

Novae

IIe s

L. Cornelius Fronto

leg. I Italica

Afrique

Novae

IIIe s.

Iulius Saturio

leg V. Mac.

Lugdunaise

Oescus

Flavius [---] C. Furius Valens C. Roscius Capito Sulpicius Massa

leg V. Mac. leg V. Mac.

? Asie

leg V. Mac. leg V. Mac.

C. Caesellius Vitalis C. Bruttius Goutus

C. Valerius Longinus C. Pontius Cox[--] C. Iulius Magnus

SacidavaAxiopolis Transmarisca -Sexaginta Prista Transmarisca -Sexaginta Prista Transmarisca -Sexaginta Prista

Source

e

ISM IV, 191

ISM IV, 193

IIIe s.

ISM IV, 186

IIe s.

AE 1939, 102

IIe s.

Conrad 2004, 209, no 307

IIe s.

Stančev 2006, 245

Oescus Oescus

NéronFlaviens Flaviens Ier s.

AE 1998, 1136 IGLNovae 79 IGLNovae 88 AE 2003, 1539 IGLNovae 24 IGLNovae 86 AE 2013, 1540 IGLNovae 33 IGLNovae 80 AE 1912, 187 ILB 61 ILB 139

Asie

Oescus

Ier s.

ILB 52

Belgique

Oescus

deuxième

ILB 122

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Les vétérans dans le milieu rural de Mésie Inférieure. Rôle social et politique

Nom

Unité

Origine (domicile)

Milieu rural

Datation

fin du Ier s.

G. Iulius Longinus

leg V. Mac.

Macédoine

Oescus

C. Iulius Celer

leg V. Mac.

Asie

Oescus

Q. Falcius Constans

leg V. Mac.

Italie

Oescus

P. Scribonius Varus

leg V. Mac.

Asie

Oescus

C. Firmius Valentinus

leg V. Mac.

Narbonnaise

Oescus

G. Crispinus Firmus

leg V. Mac.

Lycie et Pamphylie

Oescus

leg V. Mac.

Italie

Oescus

leg V. Mac.

?

Oescus

Anonyme

leg V. Mac.

?

Oescus

Tettius Plotus

leg V. Mac.

?

Oescus

C. Valerius Rufus

leg V. Mac.

?

Oescus

M. Iunius Montanus Tib. Claudius Victor

323

Source

moitié du Ier s.

premier quart du IIe s. première moitié du IIe s. première moitié du IIe s. première moitié du IIe s. première moitié du IIe s. moitié du IIe s. moitié du IIe s. deuxième moitié du IIe s. deuxième moitié du IIe s. deuxième moitié du IIe s.

ILB 55 ILB 56

ILB 60

ILB 58

ILB 63

ILB 59 ILB 65 ILB 120 ILB 66

ILB 32

ILB 130

Annexe 19.3. Les vétérans membres de l’élite rurale en Mésie Inférieure Nom du vétéran C. Valerius Pudens T. Flavius Alexander P. Valerius Clemens L. Cominius Valens

Charge remplie magister quinquennalis canabensiu magister magister

Milieu rural Troesmis

Source ISM V, 154

Troesmis

ISM V, 155

Troesmis Troesmis

ISM V, 156 ISM V, 156

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324

Les vétérans dans le milieu rural de Mésie Inférieure. Rôle social et politique

L. Licinius Clemens Aelius Longinus G. Iulius Valens G. Iulius Aenonus

quinquennalis canabensium et decurio Troesmensium magister magister magister

Troesmis

ISM V, 158

Capidava Cius Abrittus

ISM V, 24 ISM V, 115 AE 2010, 1421 a, b

Annexe 19.4. Les vétérans et leurs familles Nom du vétéran

Membres

Braetius Favorinus

Valerius Ingenuus Flavia Firma

Lien de parenté fils épouse

L. Pompeius Valens

Mansueta Donatus

épouse fils

Ulpia Aquilina

épouse

Aurelia [---] Dionysius

fils épouse esclave

Statut juridique /social citoyen citoyenne probablement citoyenne probablement citoyen affranchie ou citoyenne citoyen Citoyenne esclave

Germinia Valentina

épouse

citoyenne

ISM II, 296

Aurelia Uthis

épouse

citoyenne

Tarsa Duzi f.

Macedo

fils

citoyen

M. Octavius Domitius

M. Octavius Firmus Lisame Polla

frère mère

citoyen, médecin citoyenne ?

ISM III, 237 Chiriac, MihailescuBîrliba, Matei 2004, 265–269 Conrad 2004, 211–212, no 316

M. Aurelius Mucianus Tib. Claudius Niger L. Aurelius Surus P. Pompeius Magnus

Aur. Muciana Aurelius Dizze

fille frère

citoyenne citoyen

ILB 430

Tib. Claudius Zoticus

affranchi

affranchi

ILB 376

Claudia Gailla Domitia Valentia C. Pompeius Magnus Pompeia Marcia Anonyme Aurelius Drizuparus Sporus

mère épouse fils épouse épouse fils fils

citoyenne citoyenne citoyen affranchie ? citoyen pérégrin

M. Ulpius Longinus Anonyme Anonyme Q. Baebius Proculus Aurelius Dalenis

Aurelius Victor Clagissa

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Source ISM I, 336

ISM I, 373

ISM II, 180 ISM II, 363 ISM II, 264

ILB 377 ILB 431 AE 1919, 78 CIL XVI 83

Les vétérans dans le milieu rural de Mésie Inférieure. Rôle social et politique

Aelius Martialis Antonia [---] Vitalius Apollodorus Restuta

Lien de parenté fils fils fils fils affranchi affranchi épouse fille fils fils belle-fille fils fils ou affranchi petit-fils petite-fils petit-fils petit-fils petite-fille

Statut juridique /social pérégrin pérégrin pérégrin pérégrin affranchi affranchi citoyenne citoyen citoyen citoyen citoyenne citoyen citoyen ou affranchi citoyen citoyen ? ? ?

Aurelia Zuraturme

épouse

citoyenne

Aemilianus Vitalis Victor Iulius Aelius Dudis Apamenus Macer Saturninus Augusta Iulia Florentina Flavius Alexander Flavius Valens Flavius Piso Flavia Maximilla Flavia Respecta Licinia Veneria Lucia Licinia Iulius Clemens Octavius Clementianus Licinia Clementiena Octavius Clemens

fils fils fils fils frère fils fils fils fille épouse fils fils fils fille fille épouse fille petit-fils petit-fils petite-fille petit-fils

citoyen & prétorien citoyen? citoyen? citoyen? pérègrin citoyen citoyen citoyen citoyenne citoyenne citoyen citoyen citoyen citoyenne citoyenne affranchie citoyenne citoyen citoyen citoyenne citoyen

Nom du vétéran

Membres

Clagissae f.

Derzizenus Eptacentus Zina Eptaperus Atticus Amaranthus Aurelia Restuta Aelia Apollonia [Aelius] Varius Aelius Apollinarius Antonia Sabina Aelius Sabinus Aelius Herculanus

T. Aelius Damanaeus

T. Aelius Apollonius

Valerius Rufus

C. Iulius Aemilianus

C. Iulius Capito

T. Flavius Alexander

L. Licinius Clemens

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325

Source

Conrad 2004, 222, no 356

www.ubi-eratlupa.org/monu ment.php?id=2 2281

Conrad 2004, 260, no 503

CIL III 7421

Petolescu, Popescu 2004, 269–276

ISM V, 155

ISM V, 158

326

Les vétérans dans le milieu rural de Mésie Inférieure. Rôle social et politique

Nom du vétéran

Membres

T. Valerius Marcianus

Licinius Clemens Octavius Licinius Marcia Basilissa Valeria Longa

Lien de parenté petit-fils petit-fils épouse soeur

P. Aelius Abi[---]

Anonyme

épouse

Atilia Fortunata Antistius Zoticus Antistia Antonina Valeria Fortunata Flavius Alexander Marcia Basilissa

épouse fils belle-fille épouse frère belle-soeur frère, militaire

C. Antistius Valens T. Flavius Valens Sentius Ponticus C. Iulius Saturninus Tib. Vitales

Sentius Ponticus

Statut juridique /social citoyen citoyen citoyenne citoyenne probablement citoyenne citoyenne citoyen affranchie citoyenne citoyen citoyenne

Source

ISM V, 160 ISM 172 ISM V, 174, 175 ISM V, 184

citoyen

ISM V, 186

Scribonia Melitine

épouse

citoyenne

ISM V, 188

Tib. Vitales Decria Procula Valerius Firminus Valerius Firmianus

fils épouse fils fils

ISM V, 194

[---] Restituta

épouse

Claudia Cocceius Veturius Cocceius Nardus M. Cocceius Titio Veturia [---] Veturia Ulpia M. Ulpius

épouse fils fils fils épouse fille fils

C. Iulius Capito

fils

citoyen citoyenne citoyen citoyen probablement citoyenne citoyenne citoyen citoyen citoyen citoyen citoyenne citoyen citoyen

G. Valeria Casta

épouse

G. Valerius [---] G. Valerius Valentinus

M. Ulp. Domitius Anthius C. Valerius Iulianus

Valerius Firmus Anonyme M. Cocceius Vitlus

M. Ulpius Piso C. Iulius Capito G. Valerius Herculanus

ISM V, 196 ISM V, 203

ISM V 24

ISM V, 35 ISM V, 7

fils fils

citoyenne ou affranchie citoyen citoyen

ISM V, 117

Iulia

épouse

citoyenne

ISM V, 118

Pompeia Aquilina Valerius Aquilinus Pompeia Iuliane Valerius Iulianus

épouse fils fille fils

citoyenne citoyen citoyenne citoyen

ISM IV, 115

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Les vétérans dans le milieu rural de Mésie Inférieure. Rôle social et politique

327

Valerius Vibianus Pompeius Iulianus

Lien de parenté fils fils

Statut juridique /social citoyen citoyen

Marcus

fils

citoyen

Aelia Domna Valerius Valerianus Valerius Vitalis Valerius Martialis M. Valerius [---] Antonia Coelia Firmina Aurelia Sispiris Aurelia Marcia Priscus Felix Vibia Helpis Iulia Iuliana Aurelius Helpideforus Aurelius Papias

épouse fils fils fils affranchi fille épouse épouse fille fils affranchi épouse épouse affranchi affranchi

citoyenne citoyen citoyen citoyen affranchi citoyenne citoyenne citoyenne citoyenne pérégrin affranchi citoyenne citoyenne affranchi affranchi

Sammonia Antonia

épouse

citoyenne

IGLNovae 82

Marcia Marcella

épouse

citoyenne

IGLNovae 89

M. Valerius Macenius

fils

citoyen

IGLNovae 76

L. Cornelius Mampsalachanus Vibia Marcia Agato Pieris

fils

citoyen

épouse affranchi épouse

citoyenne affranchi pérégrine

G. Iulius Hermes

affranchi

affranchi

Iulia Tyche C. Iulius Crescens Arelia Celerina Scribonius Celer

épouse fils épouse fils

affranchie citoyen & militaire citoyenne citoyen & militaire

Firmia Secunda

affranchie

affranchie

ILB 63

C. Crispinus Firmus

Aurelia Severa Aurelius ? Primilla

épouse petit-fils petite-fille

citoyenne citoyen citoyenne

ILB 59

M. Iunius Montanus

Antonia

épouse

citoyenne

ILB 65

Nom du vétéran

M. Antonius Rufus Valerius Septimius M. Valerius [---] C. Antonius Aurelius Marcus Diurdanus Decibali f. Avidius Felix Aurelius Cotus Flavius Decebalus [---] Severus M. Aurelius Macenius L. Cornelius Fronto Iulius Saturio Sulpicius Massa G. Iulius Longinus C. Iulius Celer P. Scribonius Varus L. Firmius Valentinus

Membres

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Source

ISM IV, 2

ISM IV, 181 ISM IV, 191 ISM IV, 193 ISM IV, 188 ISM IV, 189 AE 1939, 102 AE 1940, 34

IGLNovae 80 AE 1912, 187 ILB 122 ILB 55 ILB 56 ILB 58

328

Nom du vétéran Tib. Claudius Victor Anonyme C. Valerius Rufus Aurelius Drigissa

Les vétérans dans le milieu rural de Mésie Inférieure. Rôle social et politique

Membres

Lien de parenté

Statut juridique /social

Source

Claudia Proculla

épouse

citoyenne

ILB 120

Anonyme Iulia Verecunda Valerius Rufus Valeria Aelius Valentinus Aelia Sissa Aurelius Vitalis

épouse épouse fils épouse fils fille affranchi

citoyenne citoyenne citoyen citoyenne citoyen citoyenne affranchi

ILB 66

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ILB 130

ILB 133

XX. SOLDATS DU MILIEU RURAL DE MÉSIE INFÉRIEURE RECRUTÉS DANS L’ARMÉE ROMAINE 1. Introduction J’ai abordé le problème des militaires recrutés dans le milieu rural de Mésie Inférieure dans le chapitre précédent, lorsque j’ai mentionné quatre militaires originaires des villages situés dans les territoires de Nicopolis ad Istrum et de Novae qui rentraient chez eux après la fin de leur service 1. Les soldats sont certainement plus nombreux ; j’ai expliqué que l’une des raison pour laquelle je n’ai discuté ce problème en parlant seulement de vétérans est l’incertitude concernant le lieu de provenance des diplômes militaires, les sources principales de cette question. Bien que ces diplômes aient été trouvés, fort probablement, sur le territoire des anciennes provinces de Mésie Inférieure et des Thrace, il est encore difficile de faire une distinction nette. Les bénéficiaires sont des Thraces et des Daces. Si en ce qui concerne les Daces, nous pouvons être plus sûrs qu’ils ont habité la Mésie Inférieure (même si, après 102, la Dacie ne peut pas être exclue), pour les Thraces nous n’avons pas encore de certitude sur leur maison, sauf les cas où ils le mentionnent. Même la dénomination des Bessi, qui ont habité surtout la Mésie Inférieure à partir de la fin du Ier siècle, ne peut constituer un indicateur pour la province car une partie des Bessi a continué d’habiter en Thrace. Pourtant, la liste des soldats d’origine thrace et dace est immense. Même si dans la plupart des diplômes le lieu d’origine n’est pas mentionné, on peut bien supposer qu’il s’agit du territoire rural car c’est là que sont mentionnés les indigènes. Mon intention n’est pas de passer en revue toute la liste des soldats du milieu rural de Mésie Inférieure qui sont attestés dans l’armée romaine, car cela peut constituer le sujet d’un autre livre. Je vais commencer mon approche en examinant les textes où il est question de soldats certainement originaires du milieu rural de Mésie Inférieure ; puis, je rappellerai certaines sources qui me semblent plus importantes du point de vue de l’information et je suivrai les moments de recrutement dans la province, en cherchant à distinguer, dans la mesure du possible, certains aspects qui ont déterminé les recrutements.

2. Les villages mentionnés comme sources de recrutement Les villages sont mentionnés surtout dans les diplômes militaires comme lieu d’origine des soldats qui reçoivent la honesta missio. Le territoire rural le mieux documenté est, comme je l’ai déjà suggéré, Nicopolis ad Istrum. Les textes datent du IIIe siècle, mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas eu un recrutement dans le milieu rural avant cette période. Je 1 CIL XVI, 83, 143 ; RMD II, 132 ; RMD IV, 311.

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330

Soldats du milieu rural de Mésie Inférieure recrutés dans l’armée romaine

reviendrai plus tard avec d’autres textes. Un premier soldat mentionné dans ce territoire est M. Aurelius Bassus, fils de Derus, originaire de Nicopolis (ex Moesia Inferiore), issu d’un uicus nommé Bres[---], qui a servi dans la flotte de Ravenne et qui a été libéré en 221 2. Un deuxième texte, datant de 224, atteste M. Aurelius Victor, fils de Sporus, ayant l’agnomen Drubius, qui a également servi dans la flotte de Ravenne 3. J’ai remarqué que le nom de Drubius, même s’il n’a pas d’autres occurrences que celle-ci, a une origine thrace car Aurelius Victor est originaire du uicus Dizerpera 4. La formule cui et, rencontrée aussi chez Aurelius Bassus (sans que, dans son cas, l’agnomen soit conservé), apparaît à cette époque, comme le remarque P. Weiß 5. En fait, il est clair que la formule était utile pour les bénéficiaires des diplômes lorsqu’ils rentraient chez eux. Les textes mentionnaient leur nom de citoyen, mais aussi leur ancien nom indigène, pouvant ainsi servir comme documents d’authenticité 6. Le troisième texte évoque un personnage sur lequel j’ai discuté, M. Aurelius Statianus, aussi nommé Apta, ancien marin de la même flotte 7. Il est originaire du village de Zinesdina Maior, du territoire de Nicopolis ad Istrum, mais on le rencontre après comme actor dans le milieu rural de Novae. On voit ainsi que, même s’il n’est pas rentré chez lui, il revient dans la province et s’installe toujours à la campagne. Le quatrième texte sur un ancien marin du territoire de Nicopolis a été trouvé en Bétique 8. Je ne reprendrai pas les discussions concernant la restitution d’un groupe de lettres ([---]tsitsi) 9 ; il semble que ce mot désignait le village d’origine de l’ancien marin, sesquiplicarius dans la flotte de Ravenne. Comme je l’ai affirmé, Nicopolis ad Istrum était une cité dont le territoire a été une source de recrues pour l’armée romaine. Même si dans plusieurs diplômes militaires le territoire n’est pas mentionné, les noms indigènes représentent un indicateur comme quoi le milieu rural était un fournisseur de recrues. Ainsi, on mentionne seulement, sans être entièrement certain qu’il s’agit du village et non de la cité, les noms des soldats recrutés de Nicopolis ad Istrum pour les cohortes prétoriennes : L. Septimius Purula 10, C. Valerius Bassus 11, libérés en 208 ; L. Marius Maximus, ayant reçu la honesta missio en 212 12, et T. Flavius Mucianus, libéré en 225 13 ; C. Iulius Gaianus 14, M. Aurelius Marcus (qui rentre à la maison) 15, ayant fini leur service en 226 ; M. Aurelius Secundus (qui rentre chez lui), devenu vétéran en 228 16, et M. Aurelius Aulutralis, libéré en 231 17 ; P. Camurius [---], qui a 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16

RMD IV, 317=RMD V, 457 = RGZM 54 ; AE 2001, 2165. RMD V, 463. Mihailescu-Bîrliba, Răileanu 2014, 194–195. Weiß 2000, 279–280. Mihailescu-Bîrliba, Răileanu 2014, 195. RMD IV, 311. Eck, Fernández 1991, 209–216 ; RMD II, 201. Eck, Fernández 1991, 215–216 ; RMD III, 201, sub numero ; Weiß 2000, 281–282. RGZM 49. RGZM 50. RMD V, 455. RMD IV, 310. RGZM 54. CIL XVI 143. RMD II, 132.

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Soldats du milieu rural de Mésie Inférieure recrutés dans l’armée romaine

331

terminé son service en 233 18, et M. Aurelius Mucianus, vétéran en 248 19. Il est remarquable que les textes attestent un recrutement du territoire rural de cette cité à partir de Septime Sévère, lorsque la cité a fait partie de la province de Mésie Inférieure. Mais les recrutements dans la province ont commencé encore plus tôt. Les villages d’origine des vétérans sont mentionnés plus récemment dans les inscriptions. À Cius, l’ancien stator du préfet de l’ala II Arauacorum, G. Valerius Herculanus, est originaire d’un uicus nomme Rami[---] 20. Il provenait sans doute de la région. À Callatis, l’ancien prétorien Aurelius Dalenis a comme lieu d’origine le uicus Amlaidina 21, dont la localisation ne peut pas être réalisée. Valerius Rufus, ancien soldat, fait ériger un monument funéraire pour lui-même et pour sa femme, qui porte un nom indigène (Zuraturme) ; il est originaire du uicus Vorouum Minor 22. Un diplôme de 223 évoque un anonyme, fils d’un certain Mucatralis, originaire d’un uicus Thiuri[---] 23. Les inscriptions font preuve, par conséquent, des plusieurs uici d’où les militaires ont été recrutés. On voit que la plupart des textes proviennent de Nicopolis ad Istrum et datent du IIIe siècle, mais l’inscription de Cius est datée du IIe siècle. Pourtant, les inscriptions que je présenterai ci-dessous montreront que les recrutements ont commencé beaucoup plus tôt.

3. Soldats provenant du milieu rural de la Mésie Inférieure? Probablement oui Un autre groupe de textes attestent des soldats portant des noms indigènes. Dans beaucoup de cas, le lieu de provenance n’est pas mentionné, car les diplômes militaires qui les mentionnent sont connus par l’intermédiaire du marché noir. Dans d’autres cas, même si les textes ont été trouvés dans la province et même si les bénéficiaires des diplômes portent des noms thraces, le lieu d’origine n’est pas rappelé. Théoriquement, ils peuvent être originaires de Thrace ou ils ne peuvent pas provenir d’un milieu rural. Je pense pourtant que, dans la plupart des cas (si l’on suit la statistique par provinces), les diplômes proviennent de Mésie Inférieure et que les nouveaux vétérans proviennent de la campagne, à voir leurs noms indigènes retrouvés surtout dans ce milieu. Les plus anciennes mentions datent de l’époque des Julio-Claudiens. Un texte évoque Sparticus, fils de Diuzenus, soldat dans la flotte de Misène, libéré en 52 24. Le texte le décrit comme Bessus, mais je répète que cela n’est pas un indicateur sûr de sa naissance en Mésie Inférieure ; c’est seulement un indicateur de son origine thrace. Romaesta est libéré en 54, après avoir servi en ala Gallorum et Thracum 25. On a déjà évoqué Tarsa, ancien

17 18 19 20 21 22 23 24 25

RGZM 61. RGZM 62. RMD V, 474. ISM V, 117. ISM III, 237. Conrad 2004, 260, no 503. RMD V, 462. CIL XVI 1. ISM IV, 1.

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Soldats du milieu rural de Mésie Inférieure recrutés dans l’armée romaine

tessserarius dans la flotte de Ravenne, libéré en 71 26, et Cothus, fils de de Tharsa, qui a reçu la honesta missio en 79, après avoir servi dans l’ala I Thracum victrix 27. Il faut également rappeler le texte de 70 mentionnant un Thrace libéré de la legio I Adiutrix. Il s’agit d’un diplôme militaire, accordé par Vespasien à Dules, fils de Datus 28. Cette légion a été composée à partir de la flotte impériale, comme expression de reconnaissance de Vespasien envers le soutien des marins dans la guerre civile 29. Le recrutement a eu lieu en 44–45, lorsque Claude a commencé la campagne contre les Thraces, terminée avec l’organisation de la province de Thrace 30. Un autre Thrace, Cersus, fils de Denturasadus, est libéré par Vespasien en 71, après avoir servi en ala I Brittonum 31. Les recrutements ont continué sous les Julio-Claudiens car il y a des diplômes accordés par Titus (sauf celui pour Cotus, fils de Tharsa, il y a aussi, la constitutio pour Gusula, fils de Doques en 79 32, pour Soius, fils de Muscellus en 80 33, pour Durises, fils de Bithus en 80 34 et pour un anonyme en 80/84) 35. Les dernières années de Néron ont également représenté des moments importants pour les recrutements des Thraces dans les unités auxiliaires. Il s’agit des soldats comme Turcus Doian[---] f. ( libéré en 83) 36, Bithus Seuthi f. 37, Gisusetes Heptasi 38, Bithus Soi[---]iae f. 39 (libérés en 88), Mucaporus Eptacenti f. 40, Thasis Casiporis f. 41 (qui ont reçu la honesta missio en 90), Quelse Dolae f. 42, [---] Genimoli f. 43 (libérés en 91). À partir des Flaviens, les recrutements des indigènes sont devenus, peu à peu, une habitude. La plus grande quantité de diplômes militaires provient du temps de Domitien puis des Antonins. On peut seulement mentionner une partie des soldats ayant des noms thraces ou daces qui ont probablement été recrutés dans le milieu rural de Mésie Inférieure (pendant les années de la honesta missio) : Dolens Sublusi f. 44 (96), Lucius, qui a un fils nommé Mucaseis 45 (97), Meticus Solae f. 46 (99), un anonyme avec la femme Dasia 47 (99–

26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47

Chiriac, Mihailescu-Bîrliba, Matei 2004, 265–269. RGZM 3. CIL XVI 10. Voir Tacite, Hist. 4, 68 ; Dion Cassius 55, 24, 3. Tacite, Ann. 12, 63. RMD V, 324. Weiß 2004, 239–246. CIL XVI 26. CIL XVI 158. RMD V, 326. RMD IV, 210. CIL XVI 35. RMD V, 329. RMD V, 330. CIL XVI 36. RMD V, 333. RMD I, 4. RMD IV, 214 RMD I, 6. RMD V, 337. CIL XVI 45. RMD IV, 221.

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110), Hebrenus Bithi f. 48 (107), Sitralis Cultra[---] f. (109) 49, un Ti. Claudius [---] ayant un fils Dizala et l’autre Torcus 50 (113–114), anonyme Bessus d’origine 51 (Hadrien), Aulusenus 52 (118), [---]oli f., Bessus 53 (122),[---] Isesi f., Bessus 54 (125), Ulpius Valens, Bessus 55 (126). Bithus Solae f. 56 (140), Aulenus Her[---] f. 57 (144), Thidi Thi[---] f. 58 (144– 146), [---] Bithi f. (157–158) 59, Heptaporus Isi f. 60 (158), [---] Tarsae f. 61 (159–160), Aulutralis Rebocenthis 62(158), Deses Dasoni f. 63 (159) un anonyme avec un fils nommé Dolatus 64 (147–160), Mucatralis Bithi f. 65 (164) etc. Les changements dans les unités prétoriennes et dans la flotte 66 ont déterminé Septime Sévère à recruter encore plus de provinciaux et les gens originaires de Mésie Inférieure sont souvent mentionnés dans les diplômes militaires. Certes, certains d’entre eux ont été recrutés sous Marc Aurèle, mais on retrouve beaucoup de soldats qui ont commencé leur service militaire sous Septime Sévère et ses descendants. Je ne dresserai pas une liste complète de ces personnages, mais je rappellerai certains noms et l’année de leur libération, afin d’avoir une image sur les recrutements de cette province : Iulius Iulianus de Noviodunum 67 (202), L. Marius Maximus de Nicopolis ad Istrum 68 (212), M. Aurelius Valens de Marcianopolis 69 (226), G. Valerius Gaius de Nicopolis ad Istrum 70 (227), M. Aurelius Bithus de Marcianopolis 71 (230), Fl. Iulius Iulianus de Nicopolis ad Istrum 72 (232) etc. Il ya aussi des mentions de prétoriens à Rome, comme Aurelius Mucco du uicus Pereprus 73, Flavius Proclianus, Aurelius Mucianus, Claudius Valerianus, Valerius Maximus du uicus Agatapara appartenant probablement à la ciuitas Ausdecensium 74. On

48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74

Eck, Pangerl 2009, 514–519. RMD II, 84. RMD IV, 225. RMD I, 19. RMD V, 348. RMD V, 361. RMD IV, 235. RMD IV, 236. RMD I, 39. CIL XVI 90. RMD V, 402. RMD V, 421. CIL XVI 108. RMD V, 423. Eck, Pangerl 2007, 283–290. RMD V, 424. RMD II, 106. RMD III, 163. Voir Mihailescu-Bîrliba, Răileanu 2014, 203. RMD V, 449. Weiß 2002, 505–512. RMD V, 466. RMD V, 467. RMD V, 469. RMD V, 471a. CIL VI 2736. CIL VI 2807.

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voit, par conséquent, qu’il y a des citoyens provenant des cités (ou de leurs territoires ruraux) qui ne gardent plus (sauf Bithus) les surnoms indigènes. On remarque l’absence des diplômes au temps de Marc Aurèle. W. Eck a interprété cette absence comme une conséquence de la peste : plusieurs auxiliares sont morts à cause de l’épidémie. Un laterculus de Viminacium de 195 constitue, dans l’opinion de W. Eck, une preuve qu’à l’époque des guerres marcomanes on recrutait plus que la moyenne dans une légion : c’était aussi, à son avis, un effet de la peste. Eck offre aussi une explication secondaire : la fabrication des diplômes en bronze a cessé, à cause de l’utilisation du métal pour les besoins de la guerre, ce qui signifie que les diplômes ont été confectionné avec des matériaux comme le bois ou la cire 75. Je vais désormais essayer de commenter cette situation dans le cadre de mon analyse sur les moments du recrutement.

4. Moments du recrutement Les soldats mentionnés, même s’il y a une liste incomplète, font preuve du grand réservoir de recrues du milieu rural dans la province. Pourtant, le monde romain connaît de nombreux exemples de soldats provenant du milieu rural provincial. La plupart des documents datent de l’époque des Sévères. On mentionne seulement M. Herennius Papaio, isaurien, du uicus Catesous 76, C. Iulius Montanus, fils de Bargadas, du uicus Araba en Syrie 77, M. Aurelius Bithus, d’un village appartenant au territoire de Philippopolis (province de Thrace, qui se trouve dans la Péninsule balkanique) 78, M. Aurelius Valens, d’un établissement rural appartenant à la cité de Cibalae en Pannonie Inférieure 79, T. Domitius Domitianus, du uicus Vindenis du territoire de Claudiopolis en Cilicie 80, tous anciens marins ; Antonius Paterio, du uicus C[.]niscus appartenant au territoire de Ratiaria (Mésie Supérieure) 81, Aurelius Marcus, du uicus Statuis en Thrace 82, Aurelius Valerius, d’un village inconnu 83, Aurelius Aurelianus, [---] Epicadus et Flavius Fuscus, du uicus Perdica et du uicus Titis en Dardanie 84, Aurelius Verus, d’un village nommé Budalia en Pannonie Inférieure 85, Aurelius Abitus, du uicus Magaris près de Serdica (Thrace) 86, prétoriens. Aux prétoriens, s’ajoute une liste des soldats provenant de plusieurs uici du territoire de Philippopolis, dans une inscription votive de Rome 87. Les militaires originaires des campagnes, recrutés dans les autres unités auxiliaires, sont moins nombreux dans les 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87

Eck 2012, 66–71. RMD II, 131. RMD IV, 307. RMD V, 459. RMD III, 194 RMD II, 133. CIL VI 2730. CIL VI 2797. CIL VI 2818. CIL VI 2845. CIL VI 37213. CIL X 1754. CIL VI 2799.

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inscriptions, mais cela ne signifie pas qu’ils n’étaient pas recrutés. Ainsi, on rappelle Silvanus, fils de Tescoris, du uicus Cuetro, en Pannonie Inférieure 88. Revenant à la Mésie (à partir de 86, Mésie Inférieure), on distingue des recrutements à chaque époque. Les diplômes des Julio-Claudiens sont plus rares, mais on voit que les premiers recrutements ont commencé à l’époque de Tibère, plus précisément après la révolte des Thraces du sud du Danube contre les Romains. Tacite nous informe que Poppaeus Sabinus a réprimé une émeute en Thrace environ 25–26 89 ; l’information a été reprise par Suétone d’une manière plus laconique 90. Les Thraces se sont soulevés puisqu’ils ne voulaient plus combattre dans l’armée romaine, comme l’affirme Tacite 91. Cette révolte a été précédée par d’autres mouvements, en 19 (sous Rhascuporis) 92 et en 21 93. Cela prouve que les recrutements, au moins au sud du Danube, avaient eu lieu encore à l’époque de Tibère, sinon d’Auguste. Les recrutements des Thraces dans la flotte et dans les unités auxiliaires ont suivi ces émeutes, en montrant que la situation était plus stable. Il faut aussi dire que dans le diplôme accordé à Romaesta (54), les témoins sont des Bessi qui ont eu le droit de cité après avoir servi dans la flotte impériale 94. Ces recrutements ont continué sous Claude et Néron, surtout après la réorganisation de la province de Thrace en 45. Ces phénomènes confirment les conclusions de D. Dana et de F. Matei-Popescu comme étant aussi un moment important pour le recrutement des Daces au sud du Danube 95. Le recrutement de Tarsa (libéré en 71, dont le diplôme a été trouvé à Mihai Bravu 96) prouve que le territoire nord-danubien a aussi commencé à fournir des recrues vers la seconde moitié du règne de Claude et au début du règne de Néron. Les années 55 et suivantes font preuve d’un recrutement des gens provenant des campagnes de la province dans les unités auxiliaires terrestres ; c’est le moment, à mon avis, où ces personnes combattent de plus en plus dans ces unités 97. Pourtant, la flotte reste encore un corps d’armée où la population indigène provenant des villages de la Mésie (puis Mésie Inférieure) est encore recrutée. Le milieu rural de Mésie Inférieure fournit, semble-t-il, un grand nombre de recrues sous les Antonins, même si les recrutements ont continué aussi sous les Flaviens. La division de la Mésie semble être un moment où les recrutements pour les troupes de la province nouvellement créée de Mésie Inférieure s’intensifient. Après cet épisode, les campagnes de Trajan et la guerre d’Hadrien en Judée, constituent encore des moments où l’on peut dire que la population rurale de la province a fourni un nombre important de soldats. À partir de Trajan, toutefois, les recrutements du milieu rural de la province ont constitué un processus devenu habituel, qui s’est maintenu jusqu’à l’époque des Sévères. Le temps de Marc Aurèle, plus précisément après la diffusion de la peste en Europe et le début des guerres marcomanes (environ 167–180), sont des périodes pour lesquelles 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97

AE 2002, 1183. Tacite, Ann, 4, 46–51. Suétone, Tib. 41. Tacite, Ann. 4, 46, 1–2. Tacite, Ann. 2, 64–67 ; Suétone, Tib. 37. Tacite, Ann. 3, 38–39 ; voir surtout 3, 38, 3–4 sur leur refus de combattre dans l’armée romaine. CIL XVI, 3. Voir aussi Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2012b, 11. Dana, Matei-Popescu 2009, 236. Chiriac, Mihailescu-Bîrliba, Matei 2004, 265–269. Voir aussi Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2012b, 15.

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l’émission de diplômes manque. Les recrutements, pourtant, ont eu lieu sous Antonin. J’ai déjà mentionné l’opinion de W. Eck à propos de ce sujet : les effets de la peste et la fabrication des diplômes en bois ou en cire, afin de remplacer le métal qui devait servir pour l’armée 98. La deuxième explication semble plus logique, du moins en ce qui concerne la Mésie Inférieure ; dans la province, les traces d’une épidémie ne sont pas visibles. La legio V Macedonica est déplacée en Dacie, pour combattre contre les Sarmates : c’est un signe que la situation dans la province était stable. D’ailleurs, les inscriptions du temps de Marc-Aurèle, y compris dans le milieu rural 99, ne dévoilent pas les traces d’une épidémie. Il est vrai, que l’absence de la Ve légion Macedonica provoque l’invasion des Costoboces en 170 100 mais il s’agit d’une expédition de pillage qui avance jusqu’en Grèce 101. L’époque des Sévères marque un autre moment de recrutements massifs des provinces balkaniques et danubiennes. Les changements dans les unités prétoriennes ont favorisé ce phénomène. Les diplômes militaires sont, pour la plupart, pour les soldats de Mésie Inférieure et de Thrace et, exceptés les textes où les noms des uici sont mentionnés, mon avis est que les autres militaires provenaient en majorité de la campagne. Ces militaires ont servi dans les cohortes prétoriennes et dans la flotte. Les cohortes changent, comme je l’ai dit, de composition, les provinciaux étant préférés aux Italiens, en particulier pour des raisons de fidélité. Les marins recrutés dans les villages de la Mésie Inférieure m’ont déterminé, en travaillant avec ma collègue V.-M. Răileanu, à avancer une hypothèse à propos du recrutement dans la flotte à partir de Septime Sévère. Malgré la règle établie sous Vespasien, selon laquelle l’empereur accorde la citoyenneté à ceux qui ne l’ont pas lorsqu’ils entrent dans la flotte, Septime Sévère a recruté des pérégrins dans la flotte, ce qui correspondait à ses buts politiques et militaires et à la nécessité d’augmenter les effectifs militaires. Puis ces soldats obtiennent la citoyenneté, en 212 ou peu après, et c’est pourquoi ils portent les noms de Marci Aurelii. Sur les diplômes sont inscrits leurs anciens noms de pérégrins, accompagnés par la formule cui et. La mention de village et de leur nom de pérégrin est commandée par des raisons pratiques en ce qui concerne les nouveaux vétérans : ils rentrent chez eux, où ils étaient connus selon leur ancien nom de pérégrin 102.

5. Conclusions Les soldats recrutés dans le milieu rural de la Mésie Inférieure sont, par conséquent, très nombreux. Tous les corps d’armée sont représentés dans les textes : les ailes et les cohortes, la flotte, les unités prétoriennes. Quant aux légions, il y a certainement des soldats provenant des campagnes : j’ai discuté ce point dans le chapitre réservé aux vétérans. Les recrutements ont existé tout au long de la présence des Romains sur les bouches du Danube. Sous Tibère, d’abord dans la flotte et dans des unités auxiliaires de Thraces, le recrutement a eu lieu surtout au sud du Danube. À partir de Claude, les recrutements s’achèvent partout 98 99 100 101 102

Eck 2012, 66–67. ISM I, 328, 330–332 ; V, 63–64. ISM IV, 49–50. Robertson-Brown 2011, 80–82. Mihailescu-Bîrliba, Răileanu 2014, 202–203.

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dans la province de Mésie, puis de Mésie Inférieure, en devenant un phénomène habituel. L’intensité a varié selon les époques ; on constate une ampleur sous Trajan et Hadrien (due aux expéditions en Dacie, contre les Parthes et en Judée). Sous Marc Aurèle, je ne pense pas qu’il y ait eu un rebond de ce phénomène : les sources sont plus silencieuses car elles ne se sont pas conservées. D’ailleurs, l’évidence épigraphique sous Marc Aurèle en Mésie Inférieure ne révèle pas une situation de crise ou une épidémie, Enfin, sous les Sévères, grâce à la nouvelle situation politique et militaire, les recrutements dans la région sont massifs et la population indigène du milieu rural de la province forme un contingent nombreux dans les unités prétoriennes et dans la flotte. Une autre chose me semble très importante : ces recrutements du milieu rural représentent une preuve que l’autorité romaine a été en direct et étroit contact avec ce milieu. Le principal intermédiaire de ce contact a été l’armée. La présence romaine et latinophone a contribué, en fait, aux recrutements massifs de ce milieu ; l’acquis du droit de cité à la fin de service, les avantages financiers ont constitué également un enjeu décisif pour les membres de la communauté rurale. Mais, encore une fois, cette permanence des contacts des autorités (par leurs représentants) avec la population de la campagne a été une prémisse importante à la romanisation profonde de cet espace.

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XXI. LA POPULATION DES VILLAE EN MÉSIE INFÉRIEURE : PROPRIÉTAIRES ET PERSONNEL ADMINISTRATIF 1 1. Introduction Les uillae et des structures semblables dans l’Empire romain ont constitué depuis longtemps un sujet de recherche, concrétisé par la publication d’ouvrages (individuels ou collectifs), d’articles ou de chapitres des livres 2. Les auteurs ont la communis opinio que la uilla a constitué un complexe de type romain, selon l’information épigraphique et archéologique, avec une population « en majorité romanisée » 3. Pour vérifier cette affirmation, il faut répondre d’abord à plusieurs questions. Qui étaient les propriétaires des uillae ? Est-ce qu’on peut parler, à l'exception des structures édilitaires romaines, d’une population romaine ou romanisée ? Les recherches approfondies des dernières années ont montré que dans les cités grecques de la province, les territoires ruraux ont été colonisés avec des citoyens romains, des vétérans et, dans certains cas, des populations thraces (Bessi et Laii) qui rédigeaient les inscriptions en latin 4. Récemment, A. Bâltâc a dressé un tableau archéologique et épigraphique des uillae en Mésie Inférieure, avec une prédominance du premier élément 5. En ce qui concerne l’approche épigraphique, elle constate que les propriétaires sont surtout des citoyens romains, que les domaines sont administrés par les membres du personnel servile ou par les propriétaires en personne, qui peuvent avoir des connexions avec le milieu militaire 6. Mais, au-delà de ces structures administratives qui sont organisées selon le modèle romain, il y a les propriétés rurales privées, qui n’appartiennent pas forcément aux habitants les plus aisés du village, mais qui entraînent une population rurale diverse, avec des tâches du travail brut et d’administration. La même chose est valable pour les territoires villageois des cités romaines. Comme le sujet fait partie d’une étude plus détaillée en cours de publication, j’insisterai seulement sur les personnages mentionnés par les documents épigraphiques. Pourtant, le sujet est important dans l’ensemble de ce livre, en dévoilant des aspects économiques de la 1 Ce chapitre est en cours de publication dans une forme plus détaillée : Mihailescu-Bîrliba 2017 sous presse. Je présenterai ici les aspects significatifs en ce qui concerne la population. 2 Voir surtout D’Encarnação 1993, 237–259 ; Ardevan 1998, 45–56 ; Mitrofan 1998, 169–172 ; Dyson 2003 ; Kovács 2013, 131–154 ; pour la Mésie Inférieure, voir Suceveanu 1998a, 11–23 ; Bărbulescu 1998, 229–242 ; Bărbulescu 2001 ; Bounegru 2011, 233–242 ; Bâltâc 2011, 138–140, 149–151 ; Ruscu 2014, 475. 3 Voir Bounegru 2011, 242 ; Bâltâc 2011, 216. Voir aussi l’analyse du dossier épigraphique (Bâltâc 2011, 138–140, 149–151) et archéologique (Bâltâc 2011, 166–167). 4 Avram 2007 ; Bounegru 2011, 233–242 ; Mihailescu-Bîrliba 2012a, 91–98. 5 Bâltâc 2010, 437–444. 6 Bâltâc 2010, 441.

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vie rurale en Mésie Inférieure. La mise en examen des textes visera, dans la même mesure, l’origine de ces personnages et la langue des inscriptions.

2. Le dossier épigraphique L’évidence des inscriptions n’est pas très riche pour les uillae de la Mésie Inférieure ; pourtant, on identifie 28 structures de cette sorte sur un total de 32 inscriptions (une inscription dans le territoire rural d’Istros est un doublet, dans quatre autres textes il s’agit du même personnage 7) (voir aussi l’annexe 21.1 à la fin du chapitre). Ces propriétés ont été identifiées selon le témoignage direct (l’attestation de la uilla, du domaine ou les bornes qui délimitaient une propriété rurale privée), ou bien selon des mentions indirectes (l’attestation des responsables de l’administration d’une uilla – uilici ou actores – ou les lieux de découverte en liaison avec les personnages rappelés par les textes). Il faut aussi préciser que le nombre de propriétaires était certainement plus grand, à voir les nombreux vétérans présents par exemple à Tomi 8. Toutefois, j’ai préféré discuter seulement les exemples qui, directement ou indirectement, font preuve d’une manière sûre de l’existence des uillae. Ainsi, on peut compléter le catalogue des uillae en Mésie Inférieure (d’ailleurs, attentivement réalisé par A. Bâltâc 9). Comme j’ai discuté tous ces textes à diverses occasions (lorsque j’ai parlé de milieux ruraux des cités ou des vétérans), je ne vais pas les reprendre en détail. Je me contenterai d’énumérer les attestations de ces structures rurales et, plus particulièrement, de leur population. Dans le territoire d’Istros, par exemple, on a déjà discuté sur L. Pomponius Valens, originaire d’Ancyre, vétéran, archonte et aedilicius du territoire, qui fait ériger durant sa vie (lorsqu’il avait 76 ans!) un monument funéraire pour lui-même et pour sa femme, morte à 50 ans 10. Encore deux autres inscriptions (en doublet) font preuve d’une délimitation entre la propriété de Messia Pudentilla et de celle appartenant aux uicani Buteridauensis 11. On ne connaît pas la situation familiale de la femme, mais elle doit faire partie d’une famille non seulement aisée, mais aussi influente. La délimitation est achevée par l’ordre du gouverneur Ovinius Tertullus, par le soin du préfet de la flotte, ce qui suppose une situation de conflit territorial. F. Matei-Popescu est d’avis qu’une partie des uicani travaillaient en système d’affermage une partie des terres de Messia Pudentilla 12. C’est pour le moment la seule explication qu’on peut accepter, en l’absence d’autres informations fournies par les sources. De toute façon, il est probable que Messia Pudentilla ait appartenu à une famille de notables locaux. Un Messius Valens est attesté dans la liste des soldats libérés à Troesmis par Hadrien 13, mais il est impossible d’établir une liaison familiale entre Messia Pudentilla et le vétéran. 7 8 9 10 11 12 13

ISM I, 359–360 ; ISM I 374–377. Bărbulescu, Buzoianu 2013, 175. Bâltâc 2011, 231–268. ISM I, 373 ; Bâltâc 2011, 254 ; Matei-Popescu 2013, 219. ISM I, 359–360 ; Bâltâc 2011, 250–251. Matei-Popescu 2013, 222. ISM V, 137.

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Une autre inscription du territoire d’Istros est celle de T. Manius Bassianus, buleuta de la cité, dont la tombe a été érigée dans le uicus Quintionis, où il avait certainement une propriété 14. Une preuve indirecte de l’existence d’une uilla à Ulmetum est fournie par une inscription votive, érigée pour le salut de L. Valerius Victorinus et de sa femme et de ses fils par l’actor L. Valerius Nilus, leur affranchi 15. Dans le territoire de Tomi, il y a les seuls textes attestant indirectement des uillae qui sont rédigés en grec. Castresios, πραγματευτής du primipilaire Iulius Fronto, fait ériger un monument funéraire pour lui-même et pour sa femme Euphrosyne, qui a vécu 25 ans 16. Sa fonction (l’équivalent grec du latin actor) me fait penser plutôt à un esclave (statut qui est le même pour sa femme), et non à un affranchi, comme le pensent A. Bâltâc, M. Bărbulescu et L. Buzoianu 17. Le fait qu’il rédige le texte en grec est dû à son origine hellénophone : il n’est pas exclu qu’il soit originaire d’une des cités ouest-pontique. En tout cas, le propriétaire est certainement latinophone ; son statut d’ancien primipile fait preuve d’une aisance qui lui a permis de détenir une telle propriété. Une autre inscription rédigée en grec est représentée par l’épitaphe de Rufus, fils de Priscus, prêtre de Jupiter Dolichenus, érigée par son collègue de sacerdoce Iulianus, fils d’Alexandros 18. M. Bărbulescu et L. Buzoianu considèrent, à juste titre, que l’expression ™n œdíö tópö mnëmhß xárin signifie l’existence d’une propriété funéraire située dans un milieu rural, plutôt à côté d’une uilla 19. Même si les deux prêtres étaient d’origine pérégrine, leur aisance n’est pas remise en question. Il faut aussi rappeler la série des quatre vœux pour Mithra, accomplis par Flavius Horimos, intendant et affranchi d’un certain Flavius Macedo, dans une grotte située non loin de Târgușor (dép. de Constanța) 20. Je suis tenté de dater les inscriptions de la première moitié du IIIe siècle, et non des IIIe–IVe siècles, comme le pense D. M. Pippidi 21. Au-delà des vœux proprement-dits, la charge d’Horimos nous fait penser à une propriété rurale appartenant à Flavius Macedo. Le texte sur le sarcophage d’Annius Super, fils d’un ex signifero (voir l’âge du défunt – 26 ans) de la legio XIII Gemina 22, est rédigé aussi en grec. Cette inscription a été trouvée à Agigea, non loin de Constanța. C. Antonius Fronto, vétéran de la XIIIe légion Gemina, ancien bénéficiaire consulaire, fait ériger pour lui-même lucum et sepulchrum 23. L’inscription est bilingue ; le nom du vétéran est latin, mais la rédaction du texte également en grec peut être expliquée par le milieu hellénophone où il a mis l’inscription.

14 15 16 17 18 19 20 21 22 23

ISM I, 339. ISM V, 72 ; Bâltâc 2011, 241. ISM II, 289 ; Bâltâc 2011, 264–265 ; Bărbulescu, Buzoianu 2013, 185. Bâltâc 2011, table I. 13 ; Bărbulescu, Buzoianu 2013, 185. ISM II, 292, Bâltâc 2011, 265 ; Bărbulescu, Buzoianu 2013, 187. Bărbulescu, Buzoianu 2013, 187. ISM I, 374–377 ; Bărbulescu, Buzoianu 2013, 188. ISM I, 374–377, sub numero ; voir aussi Pippidi 1969, 284–310. ISM II, 363 ; Bărbulescu, Buzoianu 2013, 186. ISM II, 190 ; IDRE II, 344 ; Bărbulescu, Buzoianu 2013, 186.

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La tombe d’Aemilius [---], librarius d’une légion (probablement de la Ve Macedonica) trouvée à Cumpăna est un témoignage indirect d’une propriété rurale sur laquelle a été érigée l’épitaphe 24. Toujours à Cumpăna, deux pierres tombales, l’une d’un vétéran anonyme (commémoré par sa femme et probablement par son esclave Dionysius) 25, l’autre de Q. Baebius Proculus, ancien militaire de la XIIIe légion Gemina, font preuve indirecte de l’existence des propriétés, où les épitaphes ont été érigées 26. Un autre cas qui constitue une preuve indirecte de l’existence d’une propriété est celui d’un soldat anonyme, dont la tombe a été trouvée à Analdochioi, à côté de Constanța 27, ainsi que pour un certain Catonius, dont les affranchis font rédiger sa pierre funéraire à Murfatlar 28. Enfin, un autre propriétaire de terres rurales est M. Ulpius Longinus, vétéran, ancien décurion de l’armée et buleuta à Tomi, qui fait ériger un monument funéraire pour luimême et pour sa femme, in praedio suo 29. Sa femme a reçu la citoyenneté en même temps que lui ou elle a été son affranchie, lorsqu’il était encore militaire. Après la fin de son service militaire, il est devenu décurion et propriétaire rural à côté de Tomi. Les cités romaines situées le long du Danube et dans l’intérieur de la province fournissent d’autres attestations des uillae. Ainsi, Flavius Romanus, décurion du territoire d’Aegyssus, est décédé ad uillam suam, lorsqu’il habitait le uicus URBI[---] 30. L’inscription a été érigée sur l’ordre d’un certain Im[---], qui remplissait la charge de sesquiplicarius. Cela prouve les liaisons de Flavius Romanus avec le milieu militaire, mais son âge de décès (40 ans) ne montre pas qu’il était vétéran. Une autre cité où sont mentionnées des propriétés rurales est Capidava. Deux inscriptions attestent, à mon avis, la même uilla. Un texte rappelle Cocceius Vitales et Cocceia Iulia dans une épitaphe érigée par leurs fils, Cocceius Clemens et Cocceius Helius 31. L’autre texte représente la pierre funéraire de Cocceius (H)elius et da sa femme, Titia Matrina : Cocceius (H)elius fait élever le monument de son vivant, Titia Matrina est décédée ad uillam suam à 30 ans 32. M. Cocceius Vitlus est vétéran de la cohors I Ubiorum 33. Il est donc possible que ces Cocceii soient des descendants de vétérans. Ainsi s’explique leur aisance et leur capacité à avoir des uillae en propriété. Toujours à Capidava, une borne mentionne les limites de la propriété rurale de Tib. Claudius Firminus 34. Il était sans doute un citoyen romain assez aisé, qui possédait un domaine rural à côté de Capidava. 24 ISM II, 184. Le dédicant est son père, comme le pensent Bărbulescu, Buzoianu 2013, 186 et non son fils, comme le croit I. Stoian (ISM II, 184, sub numero). 25 ISM II, 264 ; Bărbulescu, Buzoianu 2013, 186. 26 ISM II, 296 ; Bărbulescu, Buzoianu 2013, 186. 27 ISM II, 214 ; Bărbulescu, Buzoianu 2013, 186. 28 ISM II, 297 ; Bărbulescu, Buzoianu 2013, 185. 29 ISM II, 180 ; Bâltâc 2011, 265 ; Bărbulescu, Buzoianu 2013, 187. 30 Baumann 1984, 223 ; Bâltâc 2011, 236. 31 ISM V, 30 ; Bâltâc 2011, 240. 32 ISM V, 29 ; Bâltâc 2011, 240. 33 ISM V, 24. Pour les Cocceii, voir aussi une brève discussion chez Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2012a, 64. Voir aussi Dumitrache 2017, 177–181. 34 ISM V, 59 ; Bâltâc 2011, 241.

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De Tropaeum Traiani est originaire un autel voué au Héros Invincible par Iaehetav, le uilicus du sénateur L. Aelius Marcianus 35. La uilla appartient donc à un membre du Sénat romain : est-ce qu’il est originaire de cette province ou a-t-il eu des tâches administratives en Mésie Inférieure ? Pour l’instant, il est impossible de répondre à cette question. Son intendant est un esclave et, selon son nom, possède une origine sémitique. À Novae, un texte mentionne Aurelius Statianus, actor, qui voue un autel à Deus Aeternus, après avoir été sauvé d’un danger sur la mer. L’inscription a été trouvée à Novae, mais Statianus a été identifié avec un personnage portant les mêmes noms, originaire du uicus Zinesdina Maior, du territoire de Nicopolis ad Istrum 36. Du territoire de Nicopolis ad Istrum (le village moderne de Kramolin), un texte mentionne Herculanus, actor de Flavius Gemellus 37. Herculanus était certainement l’esclave de Gemellus ; malheureusement, on ne connaît rien de plus sur son maître. On sait qu’il est citoyen romain et qu’il est assez aisé, ayant une propriété à la campagne. Dans le milieu rural de la zone entre Nicopolis ad Istrum et Marcianopolis, une inscription grecque atteste Chrestos, le πραγματευτής du M. Antonius Theodoros 38. Le propriétaire et son esclave-intendant étaient tous les deux hellénophones, mais le maître possédait le droit de cité. Du territoire d’Oescus, on dispose de deux textes : l’un atteste Narcissus, esclave et actor de M. Titius Maximus, duumviralis et quinquennalis de la colonie, flamen perpetuus et praefectus saltus 39, l’autre rappelle Viator, esclave de L. Gavius Maximus, qui voue un autel à Mithra 40. Le premier propriétaire fait partie de l’élite municipale, possédant sans doute une fortune considérable. Sa famille avait acquis le droit de cité sous Trajan, le fondateur de la colonie ; Titius Maximus est inscrit dans la tribu Papiria, la tribu de Trajan. Le même personnage fait ériger un autel pour Mithra 41. Sur le deuxième propriétaire, L. Gavius Maximus, on ne connaît rien sauf les informations du texte. Il semble pourtant qu’il ait eu une certaine aisance, au regard de sa propriété rurale et son esclave. Dans le territoire de la ciuitas Dianensium, un texte rappelle le uilicus Primus, dont la femme Aurelia Victorina, fait ériger un autel pour Apollon et pour Diane 42. Primus semble être un esclave ; sa relation avec une citoyenne (peut-être une affranchie) n’est pas surprenante car il y a encore de tels cas 43, d’autant plus qu’il s’agit d’un intendant qui est assez aisé. Il est possible qu’Aurelia Victoria soit une affranchie ou une ancienne pérégrine ; selon son nom, je suis enclin à dater le texte du IIIe siècle (plus probablement après 212). Enfin, les derniers textes proviennent de Montana. Une inscription trouvée dans le territoire rural (près de Kravoder) atteste le vétéran Valerius Rufus, qui a fait ériger le tombeau pour lui-même et pour sa femme Aurelia Zuraturme insuper solum suum 44. 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44

ISM IV, 34, Bâltâc 2011, 267. Tomas, Sarnowski 2006, 5–8. ILB 403 ; Bâltâc 2011, 260. IGB V, 5271 ; Bâltâc 2011, 235. ILB 16 ; Bâltâc 2011, 262. ILB 33 ; Bâltâc 2011, 263. CIL III 6127 (=7426) ; ILB 29. ILB 233 ; Bâltâc 2011, 242. CIL VI 1930 ; 2365, 2374, 5062, 9110 ; AE 1912, 191 ; 1975, 64 ; 1988, 153 etc. Conrad 2004, 260, no 503 ; Bâltâc 2011, 258 (elle lit Aurelia, fille de Zuraturmenus, mais Zuraturmeni

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Valerius Rufus est originaire du uicus Vorouum Minor, situé probablement dans la proximité de la cité. Le nom de la femme est thrace 45 et elle provenait probablement du village mentionné dans le texte. Il n’est pas exclu que Valerius Rufus était un pérégrin qui a servi dans une unité auxiliaire et ayant obtenu le droit de cité à la fin de son service. Le deuxième texte mentionne Sergilianus, un uilicus qui voue un autel à Diana Lucifera 46. On ne connaît pas le propriétaire de la uilla. En tout cas, les vœux pour Diane sont fréquents dans le milieu rural de Mésie Inférieure 47 et surtout à Montana et dans ses environs 48.

3. La langue des inscriptions et les dédicants Au-delà de l’organisation des structures villageoises selon le modèle romain, regardons la vie rurale dans le cadre des uillae. D’après les informations fournies par les sources épigraphiques, nous disposons de 32 textes : huit textes sont rédigés en grec et un est bilingue. Sept inscriptions grecques et le texte bilingue proviennent du territoire de Tomi ; de ces sept inscriptions, quatre textes forment la série de vœux de Flavius Horimos pour Mithra 49. Mais qui sont les dédicants dans les inscriptions grecques ? On a déjà vu Flavius Horimos, affranchi et intendant de Flavius Macedo. Il était sans doute un hellénophone et c’est pourquoi il a fait ériger ses vœux en grec. Un autre dédicant est Castresios, πραγματευτής (actor) du primipilaire Iulius Fronto 50. Il faut énumérer aussi Iulianos, fils d’Alexandros, prêtre de Dolichenus 51 et l’anonyme ancien signifer de la XIIIe légion Gemina 52. Iulianos, même s’il porte un nom romain, est le fils d’un grec et il n’a pas la citoyenneté. Le texte du vétéran et l’inscription bilingue de C. Antonius Fronto (lui aussi vétéran de la même légion) 53 sont en fait les seuls textes rédigés en grec par des personnes dont on suppose qu’elles parlaient latin en première langue. Cela est explicable par leur présence dans un milieu fort hellénophone, ayant aussi vécu dans ce milieu après la fin de leur service. Enfin, le huitième texte grec provient du territoire d’Abrittus, où il y avait une cohabitation des latinophones avec les hellénophones et les indigènes, mais il faut souligner qu’il s’agit d’un vœu de Chrestos, πραγματευτής d’un citoyen romain, M. Antonius Theodorus 54. Maître et esclave étaient hellénophones, mais ici c’est l’esclave qui fait ériger l’inscription. Autrement dit, à l’exception des deux vétérans de la legio XIII Gemina établis à Tomi, les personnes qui s’occupent de la rédaction des inscriptions sont les esclaves et les affranchis des propriétaires et ils le font dans leur langue d’origine.

45 46 47 48 49 50 51 52 53 54

semble être une forme de datif de Zuraturme). Dana 2008, 100. AE 1987, 874 ; Bâltâc 2011, 258–259. CIL III 12372, 12386, 13722 ; ILB 193, 197, 207 ; ISM V, 246–247 etc. CIL III 7445, 7447, 12370–12371 ; AE 1985, 747 ; 1987, 868, 875, 882 etc. ISM I, 374–378. ISM II, 289. ISM II, 292. ISM II, 363. ISM II, 190. IGB V, 5271.

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Les autres textes sont rédigés en latin. Qui sont les personnages qui font ériger les monuments ? L. Pompeius Valens, vétéran établi à Istros, est originaire d’Ancyre 55 ; probablement hellénophone (car il remplit les fonctions d’archonte et d’aedilicius dans la cité) mais aussi latinophone, il est sans doute l’un des « Romains » d’Asie Mineure qui sont arrivés en Mésie Inférieure 56. Messia Pudentilla est sans doute une propriétaire assez aisée et j’ai avancé l’hypothèse qu’elle ait pu faire partie d’une famille de notables locaux 57. Manius Bassianus fait partie des notables locaux à Istros, mais il est un citoyen romain probablement bilingue 58. Sa femme, son fils et son petit-fils portent des noms latins. Je suppose qu’il était un latinophone installé à Istros. Valerius Victorinus est aussi un citoyen romain ; sa femme porte un surnom grec (Nicandra), mais ses ancêtres ont acquis la citoyenneté sous Trajan ; quant à ses fils, deux ont des surnoms latins (Victorinus et Turbo) et un autre grec, Soter 59. Les surnoms grecs peuvent être mis en liaison avec la divinité à laquelle l’inscription est vouée et dont le nom n’est pas conservé. La propriété de Victorinus est, selon toutes les probabilités, bien organisée, un de ses actores, l’affranchi Valerius Nilus, étant le dédicant du texte. Même si son surnom peut suggérer une origine égyptienne, il était depuis longtemps au service de Victorinus et il était sans doute latinophone. Même si Tomi était une cité grecque, il y a pourtant des textes latins mentionnant d’une manière directe ou indirecte l’existence des uillae. M. Ulpius Longinus est un vétéran, ancien décurion, établi à Tomi où il pénètre dans l’élite locale 60. Sa femme est son affranchie, ou bien elle a reçu la citoyenneté en même temps avec son mari. C. Antonius Fronto est vétéran ; son inscription est bilingue et je l’ai discuté ci-dessus 61. L’épitaphe d’Aemilius, librarius de la legio V Macedonica, a été érigée probablement par son père 62. Il n’est pas exclu que son père ait suivi, lui aussi, une carrière militaire, car parmi les Aemilii de Mésie Inférieure, il y de nombreux soldats ou vétérans. Deux Aemilii apparaissent dans l’inscription monumentale de Troesmis de 134, en tant que militaires ayant fini leur service dans la Ve légion Macedonica 63. Peut-être faisaient-ils partie de la même branche de la famille, sinon ils étaient apparentés. C. Aemilius Donatus, centurio de la XIe légion Claudia, voue un autel à Diane à Montana 64. Un M. Aemilius Optatus est mentionné dans une liste des vétérans (probablement de la flotte) à Noviodunum 65. Même si le premier éditeur du texte croit qu’il s’agit d’un autel voué à une divinité 66, la liste des noms et la particule ueteran(us) nous font penser à la variante exposée ci-dessus. Un autre Aemilius, L. Aemilius Severus, centurion de la XIIIe légion Gemina, est commémoré par sa femme et 55 ISM I, 373. 56 Curcă, Zugravu 2005, 313–329 : ils ont montré que les « Orientaux » du nord de la province étaient des Romains ou des Grecs, seulement leur origo étant d’Orient. 57 ISM I, 359, 360. 58 ISM I, 339. 59 ISM V, 72. 60 ISM II, 180. 61 ISM II, 190. 62 ISM II, 184. 63 ISM V, 137. 64 AE 1987, 871. 65 ISM V, 270. 66 Barnea 1975, 257–258.

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par ses fils à Tropaeum Traiani 67. Enfin, des Aemilii sont attestés encore à Ulmetum 68, à Nedan 69, à Lazen 70, à Novae 71 et à Pavlikeni 72. Le gentilice a été adopté même par les Thraces, un certain Aemilius B[---]rozis étant commémoré à Gauren 73. Même si Aemilius est un nom rencontré surtout en Italie 74, il a été porté par des gens qui n’ont pas leur origo dans cette zone (voir le cas très clair de Gauren). J’étais enclin à penser que, pour les militaires, les racines étaient plutôt d’Italie 75 mais, à une certaine époque, il était difficile de se prononcer sur l’origine d’un certain personnage. Aemilius le père, qui est mentionné dans le territoire de Tomi, a probablement suivi une carrière militaire puis s’est établi dans sa propriété rurale. Les vétérans mentionnés dans le milieu rural de Tomi (où l’on suppose qu’ils avaient des propriétés) sont également représentés par un anonyme 76 et par Q. Baebius Proculus 77, ancien soldat de la XIIIe légion Gemina. J’ai remarqué que les ueterani de cette légion sont présents dans le territoire rural, comme Q. Antonius Fronto, évoqué lorsque j’ai parlé du texte bilingue 78, et le père d’Annius Super 79. Remarquons qu’à Tomi est mentionné un bénéficiaire de cette légion 80, ce qui montre que la présence des militaires de la legio XIII Gemina était assez habituelle dans la cité, où ils remplissaient des charges diverses. Un autre anonyme est un soldat dont l’unité dans laquelle il a servi reste inconnue 81. Enfin, un dernier texte latin de Tomi est celui érigé par Catonius, aidé par son affranchi, pour son patron. On a discuté l’hypothèse qu’il soit lié à la famille d’un militaire ou vétéran de la Ve légion Macedonica 82. Le surnom de ce Catonius est inconnu, mais il s’exprime en latin, comme probablement son patron. Les autres uillae sont directement ou indirectement attestées dans les cités situées le long du Danube ou à l’intérieur de la province. On ignore l’origo de Flavius Romanus, decurio territorii Aegysensis 83, mais il est certainement un citoyen Romain latinophone. Quant aux Cocceii de Capidava, on peut les mettre en liaison avec des militaires portant le même gentilice 84. Tib. Claudius Firminus, un autre propriétaire de Capidava, est aussi un citoyen Romain latinophone, mais une descendance des militaires n’est pas exclue 85. 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85

CIL III 14214-8. ISM V, 81. ILB 435. ILB 438. IGLNovae 137. ILB 426. ILB 127. CIL I 2670, 2788, 2814 ; IV 3456, 3775, 3790 ; V, 106, 530, 864 ; IX 5560, 5564, 6073 et encore beaucoup d’autres exemples. Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2012a, 62. ISM II, 264. ISM II, 296. ISM II, 190. ISM II, 363. ISM II, 221. ISM II, 214. ISM II, 297. Baumann 1984, 223. ISM V, 29, 30. ISM V, 59.

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À Tropaeum Traiani, le propriétaire est un sénateur romain, P. Aelius Marcianus, qui devait avoir des grandes possessions 86. Son esclave actor, même s’il a, selon son nom, une origine sémitique, fait rédiger l’inscription en latin. J’ai présenté l’origine de l’actor M. Aurelius Statianus 87 ; c’était un Thrace, mais, après avoir effectué plusieurs années dans la flotte impériale de Ravenne et avoir acquis la citoyenneté romaine, il parlait et s’exprimait en latin. Le propriétaire était sans doute un citoyen romain latinophone. Dans le territoire de Nicopolis ad Istrum, une cité où le grec était intensément utilisé, on retrouve le propriétaire Flavius Gemellus dont l’esclave actor Herculanus semble aussi latinophone 88. On ignore l’origine de Flavius Gemellus, mais il est sûr qu’il est un citoyen qui détenait des propriétés dans cette région. Un autre actor, Narcissus, est présent dans le territoire d’Oescus : il est l’esclave de M. Titius Maximus, magistrat de la colonie, flamen perpetuus et praefectus saltus 89. Par conséquent, il s’agit d’un personnage qui, par les charges remplies, devait posséder une fortune importante et sans doute des propriétés rurales. Même si l’esclave porte un nom grec, il rédige le texte en latin, la langue de son maître et langue qu’on utilise surtout dans la cité et dans le territoire d’Oescus. L’autre texte a été trouvé dans le territoire d’Oescus et atteste également un esclave d’un certain L. Gavius Maximus, qui utilise aussi le latin comme langue de l’inscription 90. Le latin est aussi la langue de rédaction des textes de ciuitas Dianensium (un vœu consacré par la femme d’un uilicus 91) et dans le territoire de Montana 92. De cette dernière région, l’un des dédicants est un vétéran, qui a épousé une pérégrine indigène qui a eu sa citoyenneté après 212, et l’autre un esclave intendant d’une propriété. J’ai déjà affirmé qu’il est possible que le vétéran soit aussi un indigène qui a fait son service et qui est rentré chez lui (le uicus porte un nom thrace). Qui sont, par conséquent, les personnes mentionnées dans les documents épigraphiques attestant des uillae ou des propriétés rurales ? Les annexes de la fin du chapitre présentent les propriétaires, leurs familles et le personnel d’origine servile des uillae. Les textes mentionnent 24 propriétaires, quatre affranchis (dont un est l’ancien esclave d’un affranchi), huit esclaves et un citoyen (ancien pérégrin) impliqués dans les activités des propriétés rurales. Treize propriétaires sont attestés avec leurs familles (enfants, épouses, petit-fils), tandis qu’un esclave est rappelé avec sa partenaire. Parmi les affranchis, un est actor (Valerius Nilus), un est oœkonómoß (uilicus) (Flavius Horimos) et les deux autres n’ont pas leurs charges bien précisées, mais ils remplissent des tâches dans l’exploitation rurale du domaine de leur ancien maître. Trois esclaves sont actores et trois uilici, deux d’entre eux (Dionysius et Viator) n’ayant pas précisé leur charge, mais il est sûr qu’ils ont détenu des responsabilités sur les domaines ruraux de leurs domini. Il faut aussi rappeler Aurelius Statianus, ancien pérégrin qui, après son service dans la flotte et après 86 87 88 89 90 91 92

ISM IV, 34. IGLNovae 8 ; RMD IV, 311. ILB 403. ILB 16 ; Bâltâc 2011, 262. ILB 33 ; Bâltâc 2011, 263. ILB 233 ; Bâltâc 2011, 242. Conrad 2004, 260, no 503 ; Bâltâc 2011, 258 ; AE 1987, 874 ; Bâltâc 2011, 258–259.

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avoir acquis la citoyenneté, devient actor sur l’un des domaines ruraux à proximité de Novae. En ce qui concerne les propriétaires, à une exception près (un prêtre de Dolichenus), tous sont citoyens, avec des statuts divers, mais sans doute tous riches ou aisés. Dans le territoire de Tropaeum Traiani, les sources attestent même un membre du Sénat qui y possède des propriétés (P. Aelius Marcianus). Il faut aussi mentionner les notables locaux, comme L. Pomponius Valens, Manius Bassianus, M. Ulpius Longinus, Flavius Romanus et M. Titius Maximus. D’autres sont militaires actifs ou vétérans (Iulius Fronto, C. Antonius Fronto, Q. Baebius Proculus, Valerius Rufus et trois anonymes). Il n’est pas exclu que L. Pomponius Valens ait été militaire, aussi bien que Flavius Romanus. D’autres propriétaires sont des citoyens romains portant des noms latins, mais il est difficile d’établir leur origine. De toute façon, ils parlent latin et ils font partie d’une élite économique locale. On remarque ainsi que les textes épigraphiques font preuve de l’existence des propriétaires romains (au moins, de point de vue de la citoyenneté et de la langue) et d’une organisation typiquement romaine des uillae (avec des actores, des uilici, des esclaves et des affranchis attachés aux propriétés rurales). Je ne reprendrai pas maintenant la riche documentation sur les actores et sur les uilici (parfois synonymes en ce qui concerne les tâches administratives) 93, mais ils s’occupaient des affaires privées du maître et, dans ce cas particulier, de leurs domaines ruraux. Pour ce domaine, les textes juridiques témoignent que les actores supervisent le travail des colons et après que les esclaves les aient remplacés, ceux-ci furent dirigés par un uilicus 94. J.-J. Aubert observe que, même si les uilici sont utilisés en général dans les mêmes domaines que les actores, ils ont plus de devoirs à accomplir 95. Dans notre cas, les actores sont les agents administratifs de leurs maîtres ou patrons, tandis que les uilici sont les intendants du domaine rural. Les uilici sont, en général, des esclaves et ceux de Mésie Inférieure ne font pas exception 96. On remarque ainsi une organisation romaine des uillae, explicable par la « romanité » des propriétaires : tous, à une exception près, sont des citoyens romains.

4. Conclusions L’organisation des uillae en Mésie Inférieure confirme, au moins d’un certain point de vue, l’organisation typiquement romaine des villages, même dans les territoires des cités hellénophones. Les propriétés rurales sont détenues, comme on l’a remarqué, par des citoyens romains latinophones. S’il s’agit d’inscriptions rédigées en grec, c’est parce que dans la plupart des cas, les dédicants sont des esclaves ou des affranchis originaires d’un milieu hellénophone. Les deux cas où les dédicants sont supposés être latinophones (militaires actifs ou vétérans et portant des noms latins) et où les textes sont rédigés en grec s’expliquent par le milieu fort hellénophone dans lequel les inscriptions ont été érigées. Les 93 Voir surtout Carlsen 1991, 625–637 ; Carlsen 1995 ; Aubert 1993, 171–181 ; Aubert 1994 ; Chiusi 1991, 172 ; Rosafio 1994, 145–158. 94 Dig. 20, 1, 32 ; 33, 7, 20, 3. 95 Aubert 1994, 134. 96 Même leur nom l’indique : ce ne sont pas des affranchis, comme le suppose Bâltâc (2011, Tableau I.13).

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La population des villae en Mésie Inférieure : propriétaires et personnel administratif

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propriétaires sont des personnes riches ou aisées : un sénateur, des notables locaux, des militaires actifs ou des vétérans. Les domaines sont administrés par des gens d’origine servile (esclaves et affranchis), dont les agents privés et les intendants sont mentionnés dans les textes. C’est, en fait, une administration qui se retrouve partout dans les propriétés rurales du monde romain. Annexe 21.1. Les propriétaires, leurs familles et le personnel administratif des uillae en Mésie Inférieure Nom Messia Pudentilla L. Pomponius Valens Mansueta Donatus Manius Bassianus Scapulia Gemella Vitalianus Bassianus Manius Vitales Valerius Victorinus Ulpia Nicandra Valerius Nilus Iulius Fronto Castresios M. Ulpius Longinus Ulpia Aquilina Rufus, fils de Priscus Iulianus, fils d’Alexandros C. Antonius Fronto Anonyme Annius Super Aemilius [---] Aemilius [---] Anonyme

Statut juridique et/ou social citoyenne, propriétaire notable local, propriétaire, probablement vétéran probablement citoyenne, femme de L. Pomponius Valens probablement citoyen, fils de L. Pomponius Valens notable local, propriétaire citoyenne, femme de Manius Bassianus citoyen, fils de Manius Bassianus citoyen, petit-fils de Manius Bassianus citoyen, propriétaire citoyenne, femme de Valerius Victorinus affranchi, actor primipilaire, propriétaire esclave, πραγματευτής (actor) notable local, vétéran, propriétaire affranchie ou citoyenne, femme de M. Ulpius Longinus pérégrin, propriétaire

Milieu rural Istros

Source(s) ISM I, 359, 369

Istros

ISM I, 373

Istros

ISM I, 373

Istros

ISM I, 373

Istros

ISM I, 339

Istros

ISM I, 339

Istros

ISM I, 339

Istros

ISM I, 339

Ulmetum (Istros)

ISM V, 72

Ulmetum (Istros)

ISM V, 72

Ulmetum (Istros) Tomi Tomi Tomi

ISM V, 72 ISM II, 289 ISM II, 289 ISM II, 180

Tomi

ISM II, 180

Tomi

ISM II, 180

pérégrin, prêtre de Dolichenus

Tomi

ISM II, 180

vétéran, propriétaire ancien signifer, vétéran, propriétaire citoyen, fils du précédent librarius legati legionis citoyen, père du précédent, propriétaire vétéran, propriétaire

Tomi

ISM II, 190

Tomi

ISM II, 363

Tomi Tomi

ISM II, 363 ISM II, 184

Tomi

ISM II, 184

Tomi

ISM II, 264

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La population des villae en Mésie Inférieure : propriétaires et personnel administratif

Nom Aurelia [---]

Milieu rural Tomi

Source(s) ISM II, 264

Tomi

ISM II, 264

Tomi Tomi Tomi

ISM II, 296 ISM II, 296 ISM II, 214

Tomi

ISM II, 214

Catonius [---] Catonius [---] Catonius Epaphroditus

Statut juridique et/ou social citoyenne, femme du précédent probablement esclave des précédents vétéran, propriétaire citoyenne, femme du précédent soldat, propriétaire probablement citoyenne, femme du précédent citoyen, propriétaire affranchi du précédent affranchi de l’affranchi Catonius [---]

Tomi Tomi

ISM II, 296 ISM II, 296

Tomi

ISM II, 296

Flavius Macedo

citoyen, propriétaire

Tomi

Flavius Horimos

affranchi du précédent, oœkonómoß (uilicus)

Tomi

Flavius Romanus

notable local, propriétaire

Aegyssus

Cocceius (H)elius Titia Matrina

citoyen, propriétaire citoyenne, femme du précédent citoyen, père de Cocceius (H)elius, propriétaire citoyenne, femme du précédent citoyen, fils de Cocceius Vitales

Capidava Capidava

ISM II, 374-377 ISM II, 374-377 Baumann 1984, 223 ISM V, 29, 30 ISM V, 29

Capidava

ISM V, 30

Capidava Capidava

ISM V, 30 ISM V, 30

citoyen, propriétaire

Capidava

ISM V, 59

Dion[ysius?] Q. Baebius Proculus Geminia Valentina Anonyme Longina

Cocceius Vitales Cocceia Iulia Cocceius Clemens Tib. Claudius Firminus P. Aelius Marcianus

sénateur, propriétaire

Iaehetav

esclave, uilicus

Aurelius Statianus

actor

Flavius Gemellus

citoyen, propriétaire

Herculanus

esclave, actor

M. Antonius Theodoros

citoyen, propriétaire

Chrestos

esclave, πραγματευτής (actor)

M. Titius Maximus Narcissus

notable local, propriétaire esclave, actor

Tropaeum Traiani Tropaeum Traiani Novae Nicopolis ad Istrum Nicopolis ad Istrum Nicopolis ad Istrum– Marcianopolis Nicopolis ad Istrum– Marcianopolis Oescus Oescus

ISM IV, 34 ISM IV, 34 IGLN 8 ILB 403 ILB 403 IGB V, 5271

IGB V, 5271 ILB 16 ILB 16

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La population des villae en Mésie Inférieure : propriétaires et personnel administratif

Nom L. Gavius Maximus Viator

Statut juridique et/ou social citoyen, propriétaire esclave

Primus

esclave, uilicus

Aurelia Victorina

citoyenne, femme de Primus

Valerius Rufus

vétéran, propriétaire

Aurelia Zuraturme Sergilianus

citoyenne, femme de Valerius Rufus esclave, uilicus

Milieu rural Oescus Oescus ciuitas Dianensium ciuitas Dianensium Montana Montana Montana

351

Source(s) ILB 33 ILB 33 ILB 233 ILB 233 Conrad 2004, 260, no 503 Conrad 2004, 260, no 503 AE 1987, 874

Annexe 21.2. Le personnel d’origine servile dans l’administration des domaines ruraux en Mésie Inférieure Nom Valerius Nilus Castresios Flavius Horimos

Statut juridique et/ou social affranchi, actor esclave, πραγματευτής (actor) affranchi du Flavius Macedo, oœkonómoß (uilicus)

Iaehetav

esclave, uilicus

Aurelius Statianus

actor

Herculanus

esclave, actor

Chrestos

esclave, πραγματευτής (actor)

Narcissus Viator

esclave, actor esclave

Primus

esclave, uilicus

Sergilianus

esclave, uilicus

Milieu rural Ulmetum (Istros) Tomi Tomi Tropaeum Traiani Novae Nicopolis ad Istrum Nicopolis ad Istrum– Marcianopolis Oescus Oescus ciuitas Dianensium Montana

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Source(s) ISM V, 72 ISM II, 289 ISM II, 374-377 ISM IV, 34 IGLN 8 ILB 403 IGB V, 5271 ILB 16 ILB 33 ILB 233 AE 1987, 874

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XXII. LA « ROMANISATION » DES NOMS THRACES DANS LE MILIEU RURAL DE MÉSIE INFÉRIEURE 1. Introduction Je ne propose pas une étude onomastique proprement dite. L’évidence épigraphique des noms « mixtes » thraco-romains, dans le sens où le patronyme est thrace, mais le nom du fils est romain, sera suivie seulement dans le milieu rural, le but principal de cette analyse étant d’observer depuis quand ce phénomène est remarquable dans cet espace. D’un côté, il s’agit des noms dans les familles de pérégrins, d’un autre côté, on peut observer ce processus chez les indigènes qui ont acquis la citoyenneté. La bibliographie concernant la population thrace en Mésie Inférieure est extrêmement riche, y compris au niveau de l’onomastique 1. D. Dana a proposé quatre groupes de l’onomastique thrace, divisés par le critère géographique : l’onomastique spécifique à la province de Thrace, l’onomastique daco-moesienne (particulière pour les provinces de Dacie, de Mésie Inférieure et pour une partie de la Mésie Supérieure), l’onomastique spécifique à la Macédoine orientale, au reste de la Mésie Supérieure et l’ouest de la Thrace, l’onomastique spécifique à la Bithynie 2. Pour la Mésie Inférieure, R. Curcă a repris les noms thraces, en les divisant en six groupes (en fonction de la combinaison entre le nom, le patronymique, le surnom et l’agnomen) 3. En ce qui me concerne, je ne m’occuperai pas des cas où il s’agit de citoyens romains portant un surnom thrace. On retrouve pourtant des textes où les citoyens ont le nom et surnom romains, mais un patronyme thrace. Je les prendrai aussi en discussion. Plus intéressantes semblent être les situations chez les pérégrins, où il y a un nom romain et un patronyme thrace, ou un nom thrace et un patronyme romain. La deuxième situation est d’un côté explicable par les mariages mixtes, mais la plus fréquente me semble la probabilité que le grand-père portait un nom thrace, le fils portait un nom romain et le petitfils portait de nouveau un nom thrace 4.

1 A l’exception des ouvrages plus anciens (Casson 1927, 97–101 ; Detschew 1976 ; Mihailov 1977), on rappellera aussi quelques-uns plus récents, comme Minkova 2000, Stoev 2012, 199–212, Alexandrov 2012, 219–234, Curcă 2012, 51–58. 2 Dana 2011, 44. Voir surtout Dana 2014a, LXIII–LXXXII. 3 Curcă 2012, 51–58. 4 Curcă 2012, 53. La deuxième situation n’a pas été prise en considération.

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La « romanisation » des noms thraces dans le milieu rural de Mésie Inférieure

2. Les noms mixtes thraces et romains dans le milieu rural de la Mésie Inférieure : le dossier épigraphique Le territoire rural d’Istros fournit quelques exemples dans ce sens. Il s’agit des villages où se trouvent les communautés des Bessi et des Lai, qui ont un magister uici de même origine qu’eux. Il y a des personnes qui portent un nom romain et un patronyme thrace, comme Genicius Brini 5, Valerius Cutiunis 6 (magistri dans le uicus Quintionis), Fronto Burtsitsinis (quaestor dans le même village) 7, Antonius Dolentis (simple pérégrin dans le uicus Quintionis), Valerius Cosenis, magister dans le uicus Secundini 8. Un autre personnage qui a reçu le droit de cité en 212 ou après, dont le père s’appelle Seuthes, est Aurelius Herculanus 9. Sa mère est citoyenne, mais elle a un surnom thrace (Aurelia Dusia). Marié avec une citoyenne portant un surnom thrace, Herculanus a quatre enfants, tous citoyens, qui portent tous des noms romains (Aurelius Cocceius, Aurelius Genialis, Aurelius Claudius et Aurelius Vindix). On observe que les formes de gentilice, comme Cocceius et Claudius, sont employées comme surnoms, mais cela n’est plus une rareté au IIIe siècle. On peut dire qu’après le grand-père Seuthes, les deux générations suivantes portent des surnoms romains. Une situation intéressante est dans le uicus Secundini. Hormis l’inscription de 220, mentionnant Valerius Cosenis 10, trois autres textes attestent Iustinus Valeri 11, Aelius Herculanus 12 et Iustus Iustini 13. Tous sont magistri uici. D. M. Pippidi est d’avis que ces trois derniers personnages ont une origine thrace, si l’on prend en compte la dualité citoyen romain-Thrace dans la charge collégiale des magistri 14. Je partage l’opinion de D. M. Pippidi, en ajoutant que la façon « pérégrine » d’écrire les noms, même après l’acquisition de la citoyenneté (trois textes datent d’après 212, dont deux sur lesquels les noms sont rédigés sur la pierre de la manière évoquée) est un argument de plus pour considérer ces personnes d’origine thrace. En plus, Iustinus Valeri peut être le fils d’un certain Valerius, fils d’Untel, comme on l’a vu déjà dans les inscriptions précédentes (Valerius Cutiunis, par exemple). Iustus Iustini peut à son tour être un descendant de Iustinus Valeri, puisque la différence chronologique entre la rédaction de ces deux textes est de 36 ans. Aelius Herculanus est le seul citoyen parmi ces personnages dont le nom apparaît transcrit comme chez un ciuis Romanus. On observe ici que les personnages présentent une tendance évidente à « romaniser » leurs noms. C’est le cas de Valerius Cosenis, mais surtout de Iustinus Valeri, d’Aelius Herculanus et de Iustus Iustini, dont les noms sont romains et seulement les circonstances nous permettent d’identifier ces personnages comme ayant des racines thraces 15. 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15

ISM I, 328. ISM I, 331. ISM I, 332. ISM I, 345. ISM I, 337. ISM I, 345. ISM I, 344. ISM I, 346. ISM I, 347. ISM I, 344, 346, 347, sub numero. Voir aussi Mihailescu-Bîrliba, Dumitrache 2016, 333.

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La « romanisation » des noms thraces dans le milieu rural de Mésie Inférieure

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Le territoire de Tomi nous présente deux familles de Thraces où non seulement le père porte un nom romain avec le patronyme thrace, mais tous ses descendants ont des noms romains. Il s’agit de Castus, fils de Mucaporus, pérégrin du uicus Clementianenses ; ses enfants s’appellent Longinus, Martia et Valerius 16. Saturninus, fils de Bitus, a comme filles Sabina et Valeria 17. Dans le milieu rural d’Ibida, le nom Macedo porté par le fils de Tarsa 18 (marin de la flotte de Ravenne, libéré en 71) prouve que déjà sous les Julio-Claudiens, avait commencé la tendance des indigènes à nommer leurs enfants avec des noms romains. Un autre Thrace devenu citoyen, Aelius Aulusenus, a un fils dont le surnom est Marcus (Aelius Marcus) 19. Dans le territoire de Tropaeum Traiani, à Abrit (Bulgarie), un texte en grec atteste le culte du correspondant thrace d’Hefaistos, Dabatopeios 20. Parmi ceux qui vouent le texte, on observe Prokilios, fils d’Aulupor. Le nom est latin (Procilius), mais présenté à la manière grecque. De toute façon, notre personnage est indigène, d’autant plus que les autres dédicants sont aussi des Thraces (Mucianus et Roemetalkes, fils de Doulos. Le phénomène où le père porte un nom latin et le fils un nom thrace est observable dans le milieu rural de Marcianopolis. Ainsi, trois textes en grec attestent Darzalas, fils de Turbo 21, Dizatralis, fils de Iulius 22, et Auluzenis, fils de Pius 23. Les noms latins des pères ne signifient pas forcément qu’ils ont été les enfants d’un mariage mixte, mais qu’ils avaient les noms latinisés et qu’ils ont décidé d’adopter, pour leurs fils, l’ancienne onomastique de leur famille. Du même territoire proviennent deux frères, nés dans un certains village nommé [---]dianus 24. Je pense que le toponyme a une terminaison thrace et que les deux frères, Aurelius Clarianus et Aurelius Maximianus, militaires dans la legio I Adiutrix à Aquilée, sont des Thraces qui ont eu leur droit de cité sous Caracalla ou peu après. De nombreux inscriptions provenant du milieu rural de Nicopolis ad Istrum font preuve d’une situation semblable. Il y a dans la même mesure des personnes portant des noms romains et des patronymes thraces et des gens ayant des noms thraces et des patronymes romains. De la première catégorie font partie Severus, fils de Pistinis 25, Maximus, fils de Baradus 26, Silvanus, fils de Dentusucus 27, et Florus, fils de Gerulo 28. Le fils du dernier porte aussi un nom romain, Festivus. Dans la deuxième catégorie, il faut rappeller le marin Quirinalis, fils de [---]ura 29. Un cas particulier est celui des soldats provenant du territoire rural de la cité qui latinisent leur nom après avoir acquis le droit de cité à la fin de leur service. On a déjà discuté les cas de M. Aurelius Victor, nommé Drubio (dont le fils M. 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29

ISM II, 191. ISM II, 303. Chiriac, Mihailescu-Bîrliba, Matei 2004, 265–269. Baumann 1984, 229–230. IGB II, 868. IGB II, 768. IGB II, 856. IGB V, 4368. CIL V, 892. ILB 417. ILB 421. ILB 378. ILB 382. RMD II, 201a.

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La « romanisation » des noms thraces dans le milieu rural de Mésie Inférieure

Aurelius Valerius porte déjà tous les noms romains) 30, ou de M. Aurelius Statianus, dit aussi Apta 31. On constate ainsi que le droit de cité détermine l’adoption des surnoms romains dans le cas de certains militaires. On ne peut pas dire que c’est une situation générale, mais c’est une pratique parmi les soldats indigènes qui rentrent chez eux au IIIe siècle. Dans le milieu rural d’Abrittus, deux exemples de la « romanisation » des noms thraces sont attestés par les sources. Le premier est constitué par une famille de pérégrins, où le père s’appelle Drei..uzedies, fils de Bourtheitos, tandis que le fils porte le nom Maximus 32. Le deuxième cas est celui du vétéran Aurelius Victor, qui avait servi dans la XIe légion Claudia : son fils s’appelle Drizuparus 33. Ici c’est le père qui porte un nom latin, mais il n’est pas exclu, puisqu’il avait acquis le droit de cité sous Caracalla ou peu de temps après, que son nom ait été un nom thrace ; sinon, au moins son patronyme était sûrement thrace, d’autant plus que son fils porte un nom indigène. Le territoire de Montana fournit également des noms mixtes thraces et romains. Je rappellerai les pérégrins Maximus Bazitenos 34, Diogenès, fils de Marcus 35, Severus, fils de Mucus 36, Mucatralis, fils de Crispus 37, Quintus, fils de Geru[---] 38. Un autre personnage est Aurelius Maximus, fils de Daezerus, qui a certainement eu le droit de cité en 212 ou peu après. Aurelius Valerianus, son frère, a été militaire dans la cohors Bracarorum 39. Dizas, fils d’Attius 40 constitue un exemple inverse, d’un indigène au nom « romanisé » qui adopte pour son fils un nom thrace 41. J’ai déjà évoqué le cas de Valerius Rufus, vétéran, originaire du uicus Vorouum Minor, qui fait ériger une épitaphe pour lui-même et pour sa femme, Aurelia Zuraturme 42. Comme le nom de la femme est thrace 43 et le lieu d’origine de l’ancien militaire porte aussi un nom indigène, il est fort probable que Valerius Rufus soit aussi indigène. Il n’est pas exclu, non plus, qu’il ait servi dans une unité auxiliaire en tant que pérégrin, ayant acquis la citoyenneté à la fin de son service. Dans le district minier de Montana, un texte mentionne une citoyenne ayant un surnom thrace, Annia Detustaina, tandis que son mari s’appelle Iustus, fils de Rescuporis 44.

30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42

RMD V, 463. RMD IV, 311. IGB II, 744. AE 1919, 78. IGB II, 524. IGB II, 525. IGB II, 543. IGB II, 556. IGB V, 5163. IGB V, 5180. IGB II, 560. IGB II, 560. Conrad 2004, 260, no 503. Bâltâc (2011, 258) restitue Aurelia, fille de Zuraturmenus. J’explique dans le texte pourquoi je ne suis pas d’accord avec cette restitution. 43 Dana 2008, 100. 44 ILB 406.

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La « romanisation » des noms thraces dans le milieu rural de Mésie Inférieure

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Le milieu rural d’Halmyris nous offre l’exemple de Valerius Valens, militaire de la Ière légion Italica, même si, dans son cas, un mariage mixte ne peut pas être exclu (les parents s’appellent Valerius Ponticus et Valeria Nene) 45. La région Durostorum-Sacidava-Axiopolis présente un autre cas intéressant. Le militaire Valerius Marcus, qui avait servi dans la XIe légion Claudia, est évoqué dans une épitaphe par sa femme, Aurelia Faustina, et par ses enfants 46. Ceux-ci portent des noms indigènes : Decebalus, Seiciper, Mamutzis. Le soldat est certainement né dans la province, mais il a adopté un surnom romain (on ne sait pas si ce fut avant ou après avoir obtenu le droit de cité). Ses enfants, pourtant, ont des noms daces. Une quatrième fille s’appelle Macaria. Dans la même région, l’ancien prétorien Aurelius Marcus est marié avec une femme qui porte un nom indigène (Aurelia Sisipiris) 47. Cela me fait penser que lui aussi est né dans la zone ; ils ont eu la citoyenneté sous Caracalla ou après, l’homme adoptant un surnom romain. On observe que Marcus, qui constitue une forme de prénom, est souvent utilisé en tant que surnom par les indigènes au IIIe siècle (on a déjà vu les exemples d’Aelius Marcus 48 et juste avant de Valerius Marcus). La fille d’Aurelius Marcus et d’Aurelia Sisipiris a aussi un surnom latin (Aurelia Marcia). Un autre exemple de « romanisation » des noms thraces est celui du pérégrin Valerius, fils de Diocatus 49. Priscus est le fils du Dace Diurdanos, lui-aussi enfant de Décébale 50. Le nom de Décébale, en tant que nom « historique » des Daces, a environ 25 occurences 51. Le cas de Piasus, fils de Pius 52, fait preuve de l’autre situation : le père, un indigène qui a le nom romanisé, adopte pour son fils un nom trahissant son origine. Dans le territoire de Novae, il est à remarquer l’épitaphe érigée par Aelia Dionysia et Aurelius Victor à leur fille défunte, Aelia Publia 53. J’ai déjà discuté cette inscription et ce n’est pas la peine de reprendre toute la discussion. Ce qui est important pour le problème qui nous intéresse ici est le lieu d’origine du père, plus précisément d’un uicus appelé Perburidava, dit aussi Buricodava. Selon F. Matei-Popescu, Aurelius Victor est un soldat 54. De toute façon, c’est un indigène qui a eu un surnom latin, utilisé avant l’acquisition de la citoyenneté comme nom de pérégrin (contrairement à ce que pensent les éditeurs des IGLNovae, qui datent le texte de 140–200 d’après les gentilices Aelius et Aurelius 55, je pense que la datation doit être placée après la constitution antoninienne). Enfin, à Oescus il y a le cas de la famille d’Aurelius Drigissa, que j’ai aussi discuté en détail 56. Le personnage est un vétéran d’origine dace (selon son surnom) mais dont le fils 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56

Zahariade 1990, 261 sqq. ; Zahariade, Alexandrescu 2011, no 26. ISM IV, 116. ISM IV, 188. Baumann 1984, 229–230. ISM IV, 127. ISM IV, 189. Voir surtout Dana 2006, 114–116, 121–124 ; Dana 2007, 43–45 ; Dana 2011, 79–82 ; Dana 2014a, 115– 117 ; Dana 2016b, 100. ISM IV, 179. IGLNovae 91. Matei-Popescu 2017, 143. IGLNovae 91, sub numero. ILB 133.

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La « romanisation » des noms thraces dans le milieu rural de Mésie Inférieure

s’appelle Aelius Valentinus (portant probablement le gentilice de sa mère avant que son père n’ait acquis le droit de cité).

3. Conclusions L’utilisation des noms romains chez les indigènes est liée à plusieurs situations. 1) La situation la plus souvent évoquée dans les inscriptions est celle où les personnages portent un nom romain et un patronyme indigène (thrace ou dace). 2) Un autre exemple est celui où le pérégrin indigène obtient la citoyenneté, ayant comme surnom l’ancien nom indigène. Les enfants portent, en tant que citoyens, des surnoms romains. 3) Chez les citoyens, certains adoptent un surnom romain, mais ils mentionnent aussi leur patronyme thrace. C’est le cas d’Aelius Herculanus, fils de Seuthes dans le territoire rural d’Istros 57. 4) Une autre situation rencontrée dans les textes évoque des noms thraces ou daces avec des patronymes romains chez les pérégrins. Cela peut signifier soit un mariage mixte, comme l’affirme R. Curcă 58, soit l’adoption à nouveau d’un nom thrace pour leurs enfants, après que les parents aient adopté un nom romain. 5) Il y a également le cas où les fils des indigènes pérégrins ont un nom romain et leurs enfants portent aussi des noms romains. Iustinus Valeri 59 et Iustinus Iustini 60 dans le uicus Secundini du territoire d’Istros sont des exemples dans ce sens. 6) Enfin, notons aussi la situation des pérégrins qui ont des noms indigènes, leurs enfants portent des noms romains et les petits-fils ont également des noms romains. Les textes évoqués montrent que le milieu rural a connu, du point de vue onomastique, une « romanisation » assez intense. Pourtant, comme le remarque justement D. Dana, « comme dans d’autres régions et provinces, on constate la coexistence, le mélange et l’alternance, dans les mêmes familles et dans les mêmes milieux sociaux, de noms grecs, latins et thraces » 61. Une question qui s’est posée concernait la chronologie de la « romanisation » des noms thraces. Pour le territoire rural d’Istros, O. Bounegru pense que la romanisation des Thraces a connu une première phase, reflétée par les textes du uicus Quintionis, pour que dans la seconde phase, illustrée par les inscriptions du uicus Secundini, les Thraces soient fortement romanisés 62. Je considère qu’il s’agit plutôt d’une « romanisation » des noms, car au niveau de l’acculturation, il est difficile d’apprendre dans quelle mesure les Bessi et les Lai étaient romanisés. En Mésie Inférieure, dans le milieu urbain, il faut mentionner, par exemple, Iulius Dizzace, qui fait ériger une épitaphe à son fils, Valerius Valens, soldat de la Ve légion Macedonica, tombé pendant l’expédition parthique de Marc Aurèle et de Lucius 57 58 59 60 61 62

ISM I, 337. Curcă 2012, 53. ISM I, 344. ISM I, 347. Dana 2014a, CXI. Bounegru 2011, 241–242.

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La « romanisation » des noms thraces dans le milieu rural de Mésie Inférieure

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Verus 63. Le père est déjà citoyen : c’est un indicateur clair que la « romanisation » des noms avait commencé plus tôt, mais les cas avant le règne de Marc Aurèle sont encore rares. En tout cas, le fils porte déjà un gentilice et un surnom latin qui n’indiquent plus son origine 64. À Tomi, une certaine Cornelia Fortunata, affranchie, porte l’agnomen de Doutouros, qui indique son origine thrace 65. Elle a préféré prendre, après l’affranchissement, un cognomen latin. La formule memoriae causa indique plutôt une datation vers la fin du IIe siècle ou vers le début du IIIe siècle. Toujours à Tomi, les inscriptions datant du IIe siècle attestent deux Claudii Mucasii 66. Revenons au milieu rural où les inscriptions du territoire d’Istros sont pour la plupart datées avec précision, la plus récente de notre répertoire datant de 169 (Genicius Brini) 67 et la plus tardive de 238. Cela ne veut pas dire que cette pratique n’existait pas avant ces dates, dans la mesure où la communauté des ciues Romani et Bessi consistentes habitait le territoire d’Istros même avant. Le reste des textes, à une exception près, se situe dans l’intervalle chronologique des IIe–IIIe siècles. Le nom de Macedo porté par le fils de l’ancien marin Tarsa en 71 (dans le diplôme militaire trouvé à Mihai Bravu) 68 prouve que le phénomène avait commencé plus tôt et que le processus est lié à l’octroi de la citoyenneté. Cet octroi se manifeste le plus souvent en relation à la fin du service militaire. C’est pourquoi le phénomène de « latinisation » des noms a commencé dans ce contexte, mais il est devenu général aux IIe– IIIe siècles, lorsque l’acquis du droit de cité était plus répandu.

63 64 65 66 67 68

ISM V, 185. Valerius Valens fait partie de la catégorie des noms banals évoquée par Dana (2011, 56–57). ISM II, 195. ISM II, 138, 237. ISM I, 328. Chiriac, Mihailescu-Bîrliba, Matei 2004 + Petolescu, Popescu 2007, 147–152.

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CONCLUSIONS L’étude de la population dans le milieu rural de la Mésie Inférieure a mené, d’une part, à des résultats intéressants, mais d’autre part, a montré que la situation a été complexe et différenciée d’une zone à une autre. J’essayerai, dans les lignes suivantes, de reconstituer une partie du tableau de la dynamique démographique et répondrai, dans la mesure du possible, aux questions que j’ai posées dans l’introduction de mon ouvrage. L’installation des Romains a été réalisée par étapes et a été inégale du point de vue de l’occupation du territoire. Bien sûr, les villes et les camps militaires ont été les structures où ils ont résidé au début. Hormis les canabae, qui se développaient d’habitude près des camps, le reste de la campagne a commencé à être occupé par les Romains. Avant la conquête, il y avait aussi une population mélangée. Les communautés grecques habitaient principalement la zone littorale, mais aussi l’intérieur de la province, à Nicopolis ad Istrum, Marcianopolis et, dans une plus petite proportion, à Abrittus et à Montana. La population indigène (les tribus thraces et daces) était répandue dans toute la province au moment de son organisation, mais cette distribution a été inégale. Dans les zones habitées par les Grecs, l’organisation villageoise des indigènes a suivi le modèle des komai, tandis que dans les autres régions de l’intérieur de la province et sur la ligne danubienne, il y avait des formes propres d’organisation, sur lesquelles les informations manquent. On observe d’ailleurs, que dans les zones habitées par les Grecs, dans le milieu villageois, ce double élément gréco-indigène a survécu à l’époque romaine, sans que cette règle soit partout confirmée (le territoire d’Istros est une preuve en ce sens). Sur la rive danubienne, il semble que les indigènes se sont organisés seuls dans des communautés villageoises (comme à Oescus, par exemple). Il y avait, semble-t-il, des territoires moins habités, où les établissements ruraux étaient probablement composés par des habitats individuels, mais on ignore s’ils étaient soumis à une autorité. La formation de la province de Mésie a connu plusieurs étapes, et nous ne reprendrons pas ici toute la discussion. Il faut remarquer, quand-même, que la côte ouest de la mer Noire faisait partie de l’Empire au moment où Ovide fut exilé à Tomi 1 ; elle a été englobée plus tôt, peut-être sous le légat P. Vinicius 2. Les cités étaient alors sous l’autorité du proconsul de la Macédoine. Lorsque la Mésie a été organisée sous Tibère, la partie méridionale de la future Mésie Inférieure était encore contrôlée par les rois odryses ; il semble que les cités ouest-pontiques étaient organisées dans une praefectura ciuitatium et le contrôle des Odryses était également exercé 3, au moins formellement, dans la partie continentale de l’actuelle Dobroudja 4. Ainsi s’expliquent les conflits fréquents des Romains

1 2 3 4

Pippidi 1974, 256–260 ; Pippidi 1975, 141–150 ; Suceveanu 209, 77–95. Avram 1998, 115–129. ISM III, 55, sub numero. Matei-Popescu 2013, 203–204, avec la bibliographie.

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Conclusions

avec les tribus indigènes, relatés par Ovide 5. À ce dossier, il convient d’ajouter un document très important publié par M. Bărbulescu et L. Buzoianu : une inscription datant du temps de Tibère (début du règne), qui parle des attaques des « Barbares » dans le territoire d’Istros 6. Le texte confirme l’appartenance des cités ouest-pontique à l’Empire (Q. Iulius Vestalis, envoyé officiel du légat L. Pomponius Flaccus, agissant au nom de l’empereur, est évoqué par le texte). Ovide mentionne le centurion primipile Iulius Vestalis dans une de ses élégies 7, tout comme L. Pomponius Flaccus 8. Par conséquent, ce document confime le récit d’Ovide et, en même temps, l’autorité officielle romaine sur les cités du Pont Gauche. Il est sûr qu’à la fin de l’époque d’Auguste et surtout sous Tibère, au cours des conflits qu’il y a eu dans les Balkans avec les Thraces, ces contacts sont devenus plus étroits. L’inscription de l’ala Pansiana à Oescus 9 montre que le camp (dont la première phase de fonctionnement, d’après les fouilles, remonte à la première moitié du Ier siècle ap. J.-C.) 10 a fonctionné pendant le règne de Tibère 11. À cette époque, on remarque les premiers recrutements d’indigènes dans l’armée romaine, comme le prouvent les diplômes accordés à Sparticus, fils de Diuzenus, soldat dans la flotte de Misène, libéré en 52 12, et à Romaesta, qui avait fini son service dans la ala Gallorum et Thracum en 54 13. Dans le premier cas, le lieu de découverte reste inconnu, mais dans le deuxième, il s’agit du milieu rural de Durostorum. Les recrutements ont continué encore sous Claude et sous Néron ; d’ailleurs, la VIIIe légion Auguste est stationnée à Novae en 45. Un diplôme de 71 atteste un ancien marin, Tarsa, fils de Duzius, qui rentre chez lui après avoir été libéré avant le terme légal de service, comme récompense de Vespasien accordée aux flottes impériales 14. C’est à partir de Vespasien qu’on constate une occupation de la campagne par les Romains. Les mentions de vétérans à Tomi à cette époque 15 constituent un indicateur de cette occupation. Je pense qu’à cette époque il y a eu dans le milieu rural de Tomi les premiers propriétaires ruraux, marquant ainsi ce que M. Bărbulescu et L. Buzoianu 16, tout comme A. Ibba 17 ont considéré comme la première phase de l’occupation du sol par les Romains. Ces propriétaires sont des vétérans ou des Thraces aisés qui ont obtenu leur droit de cité. En ce qui concerne les milieux ruraux de Callatis et d’Odessos, les communautés de Grecs et de Thraces, qui semblent bien organisées selon le système de komai, sont plus silencieuses pendant cette période, et mon opinion est que ce silence s’explique par le manque d’un epigraphic habit. À partir du règne de Vespasien, la legio I Italica est stationnée à Novae. Les canabae des légions sont habitées par les familles des soldats et par d’autres civils qui ont 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17

Ovide, Tristia 3, 10, 7–8 ; 5, 7, 11–12 ; Epistulae ex Ponto 1, 7, 5–15 ; 4, 9, 78–79. Bărbulescu, Buzoianu 2014, 415–434. Voir aussi Jones 2016, 122–132 ; Kantor 2017, 85–91. Ovide, Epistulae ex Ponto 4, 7, 1–54. Ovide, Epistulae ex Ponto 1, 8, 11–20. ILB 50. Kabakchieva 1996, 91–114. Voir aussi Kabakchieva 2014, 181–193. Matei-Popescu 2010-2011, 216. CIL XVI 1. ISM IV, 1. Chiriac, Mihailescu-Bîrliba, Matei 2004, 265–269+ Petolescu, Popescu 2007, 147–152. ISM II, 8, 169–170. Bărbulescu, Buzoianu 2015-2016, 196 sqq. Ibba 2016, 372.

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Conclusions

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notamment des connexions avec l’unité militaire. La plupart des anciens soldats qui décident de rester dans le milieu rural de la cité sont des Italiens car c’est une époque où les péninsulaires constituent un contingent nombreux de cette légion. La même situation est à remarquer dans le cas de la Ve légion Macedonica, stationnée à Oescus de 69 à 102–103. Les soldats et leurs familles proviennent de l’Italie, des Gaules et des provinces germaniques ; on observe aussi des militaires originaires des provinces hellénophones, comme la Macédoine, l’Asie et la Syrie. On constate, par conséquent, dans la région danubienne d’Oescus à Novae, la présence des vétérans venus de toto orbe Romano et installés dans les milieux ruraux de la zone. Probablement, comme dans le cas de Tomi ou d’Istros, ils ont reçu des propriétés individuelles (uiritim fundi), sans que l’autorité romaine ait organisé des structures administratives villageoises. Montana constitue un cas particulier. J’ai déjà précisé qu’il y avait une communauté grecque organisée selon le modèle de komai, forme d’organisation suivie également par les indigènes. La conquête romaine a mené à une organisation plus efficace, du point de vue technique et administratif, de l’exploitation minière. Ainsi, il y a eu une colonisation des citoyens romains, dont on ignore les origines. Plus tard, l’exploitation des mines d’or a déterminé une colonisation illyrienne, documentée par la mention du uicus Tautiomosis. Le district minier a été organisé en tant que propriété impériale. La présence des soldats détachés de plusieurs légions stationnées en Mésie Inférieure, surtout de la Ière légion Claudia, a mené probablement à la fondation d’un uicus militaris, où habitaient les membres de leurs familles et d’autres civils. Dans le même milieu, il y avait un bureau des douanes et une statio de beneficiarii du gouverneur. L’attestation d’un centurion frumentarius confirme l’utilisation des gens attachés à l’office du gouverneur 18. Dans le bureau des douanes travaillaient des fonctionnaires ayant pour la plupart un statut servile (les esclaves des conductores). L’ancienne organisation des komai et l’intégration de la population rurale indigène dans ce type d’organisation sont suggérées par les inscriptions du sanctuaire de Glava Panega, consacré à Asklépios, divinité grecque qui reçoit des épithètes thraces, mais les textes sont consacrés également au Chevalier thrace, à Silvanus, Diane et à Apollon. Les dédicants sont divers du point de vue ethnique, mais la plupart sont des indigènes. La présence des militaires et des citoyens romains à côté des hellénophones indique que le lieu, situé à proximité d’une source d’eau aux propriétés curatives, était fréquenté par des personnes ayant des statuts sociaux divers et d’ethnies différentes. La langue grecque est la langue de rédaction des inscriptions et n’est pas, à mon avis, un indicateur de la langue de tous les dédicants : c’était la langue de rédaction des textes dans ce sanctuaire. L’attestation des personnes habitant Pautalia est une preuve que les adorateurs de Glava Panega pourraient être originaires d’autres provinces. En parlant de Montana (sujet sur lequel je reviendrai), j’ai dépassé un peu la limite chronologique de cette première phase de l’occupation des campagnes par les Romains (ou, plutôt, par des vétérans romanisés et par leurs familles). En effet, la transformation profonde du paysage villageois est marquée, à mon avis, par les campagnes de Trajan qui se sont déroulées en Mésie Inférieure contre les Daces et leurs alliés. Notons que la réorganisation militaire de la province sous Trajan n’est qu’un début d’un nouveau 18 CIL III 6125.

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peuplement des campagnes, dont les effets seront visibles plus tard. En effet, après la première guerre dace, Trajan fait transférer la Ve légion Macedonica à Troesmis et renforce la ligne du Danube, dans son secteur du nord, avec des camps et des castella. Cette initiative a comme conséquence une présence plus forte des militaires puis des vétérans dans le milieu rural de la province. De Trajan date, à mon avis, l’organisation de la regio Histriae, structure différente du territorium, pour permettre la colonisation des citoyens romains, des vétérans et de certains Thraces 19. Les mêmes raisons ont probablement mené à la création de la regio Marcianopolitana et de la regio Montanensium, à la différence que, dans le dernier cas, il s’agissait des vétérans et des citoyens qui avaient eu une connexion au domaine minier. Mon opinion est que la fondation des uici organisés selon les modèle romain et comprenant parfois des conuentus d’anciens soldats, de citoyens et de Thraces colonisés des autres régions, date de l’époque d’Hadrien et ici, je suis d’accord avec A. Ibba (qui ne donne pas de raison à son choix) 20 et non avec M. Bărbulescu et L. Buzoianu (qui voient ce processus débuter avec Antonin) 21. C’est vrai que les premiers textes datent du temps d’Antonin, mais en tenant compte que les premiers soldats de cette région ont fini leur service sous Hadrien (certains d’entre eux sous Trajan), une solution plus pratique serait de situer, me semble-t-il, cette organisation sous le successeur de Trajan. D’ailleurs, on voit à Troesmis une liste des soldats libérés en 134 22, ce qui confirme ma supposition. Sur ce point-là, on dispose d’une riche documentation concernant non seulement l’organisation des villages, mais aussi la population. Il ne semble pas, comme le pense A. Ibba, que le milieu rural d’Istros a été moins peuplé 23 car les anciennes formes grecques d’organisation des territoires d’Istros 24 et de Tomi 25 attestent la présence des Grecs et probablement des indigènes ; il s’agit plutôt d’un epigraphic habit qui émerge ici en même temps avec la présence romaine. D’une part, les toponymes latins indiquant les noms des anciens concessionnaires de terres (uicus Quintionis, uicus Secundini, uicus Celeris) sont associés à la présence des citoyens et des vétérans, parfois à côté des Thraces qui ont colonisé le sud de la province. J’ai montré que pour les milieux ruraux d’Istros et d’Ibida, leur colonisation a eu des raisons économiques (l’exploitation du cuivre). D’autre part, les toponymes indigènes des uici (uicus Turris Muca[---], uicus Longinopara, uicus Bueridauensis, uicus Zinesdina Maior peut-être uicus Bad[---]) indiquent une présence indigène assez forte, qui adopte, au moins nominalement, les formes romaines d’organisation. En même temps, dans les régions où il y avait des militaires (notamment sur la ligne du Danube, mais aussi les cités comme Abrittus), les milieux ruraux se trouvent sous l’autorité militaire. Dans la zone septentrionale de la province (uicus classicorum, Aegyssus, Noviodunum, Barboși), on constate une forte présence des vétérans, à côté des éléments indigènes. En même temps, à Noviodunum et à Barboși, j’ai signalé l’existence d’une communauté hellénophone, probablement arrivée des cités ouest-pontiques pour des raisons 19 20 21 22 23 24 25

Voir en particulier Avram 2007, 99. Ibba 2016, 372. Bărbulescu, Buzoianu 2015-2016, 199. ISM V, 137. Ibba 2016, 370 ISM I, 378. Bărbulescu, Rădulescu 1994, 168–170.

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Conclusions

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commerciales ; leur activité est sans doute liée à la présence militaire dans la zone, notamment dans le cas de Noviodunum, où son statut de chef-lieu de la flotte mésique est devenu très attirant pour les commerçants ; dans le cas de Barboși, il y avait la possibilité de faire du commerce avec les centres de pouvoir daces situés le long de la rivière Siret. Les milieux ruraux de la partie centrale de la province sont également colonisés avec des vétérans et des citoyens (il existait même des gentes installés ici – Iulii, Claudii, Flavii), comme dans les cas d’Ibida, Tropaeum Traiani, Nicopolis ad Istrum, Abrittus. Il y a bien évidemment des différences. Dans le milieu rural d’Ibida, dans le uicus Bad[---], il y a aussi un conuentus de ueterani. À Tropaeum Traiani, il y avait des structures indigènes, organisées probablement selon le modèle des komai, mais transformées par les Romains après la conquête. Les propriétés privées ont continué à exister, comme le prouve un texte attestant un grand propriétaire, le sénateur L. Aelius Marcianus 26. Dans le cas de Marcianopolis, jusqu’à un certain moment, il y a deux uici connus par l’intermédiaire des textes, mais on peut supposer qu’il y en avait davantage. La plupart des textes trouvés dans le milieu rural de cette cité sont rédigés en grec, attestant une population majoritairement indigène, cohabitant avec des éléments hellénophones. On observe que les structures indigènes ont été colonisées avec des vétérans et, possiblement, des citoyens ; que d’autres villages indigènes ont gardé leur organisation de type grec et ont utilisé comme langue officielle le grec. Même si Nicopolis ad Istrum a fait partie de la province à partir de Septime Sévère, la situation du IIe siècle a continué à exister même dans le premier quart du IIIe siècle. Les vétérans installés dans la campagne de Nicopolis ad Istrum sont plus nombreux que dans le milieu rural de Marcianopolis. Une explication est la proximité de Novae, où il y avait le camp de la Ière légion Italica. La population thrace rédige les inscriptions en latin et représente un réservoir important de recrues pour les cohortes prétoriennes et pour les flottes impériales. Beaucoup de vétérans appartenant à ces unités militaires rentrent chez eux. Il y a aussi des soldats libérés qui ont comme domicile Nicopolis, mais les diplômes militaires ne précisent pas s’il s’agit de la cité ou du territoire rural. C’est tout à fait remarquable que la formule cui et suivie par le nom thrace, à côté du nom de citoyen, apparaît seulement à l’époque des Sévères, chez les soldats d’origine thrace rentrant chez eux après la fin de leur service militaire. Les stationes de bénéficiaires et les bureaux des douanes ont favorisé aussi le contact des militaires avec la population indigène et le développement du village. En ce qui concerne les stationes des beneficiarii, sauf le cas de Montana, où l’existence du district minier imposait comme une condition sine qua non la présence des bénéficiaires, on remarque des stations dans les milieux ruraux d’Ibida, Troesmis, Novae, Oescus. On observe également la richesse épigraphique du milieu rural d’Ibida, où les structures villageoises se sont développées le long de la route qui menait de Noviodunum (chef-lieu de la flotte mésique) à Tomi (la plus grande cité dela région). Quant aux bureaux douaniers, placés dans des points importants stratégiques ou économiques, la présence des membres de l’administration impériale a sans doute contribué au développement des établissement ruraux, comme ce fut le cas à Dimum. Le personnel administratif était composé par des gens généralement aisés, qui s’étaient achetés des propriétés à la campagne. 26 ISM IV, 34.

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Conclusions

Troesmis représente, je l’ai déjà dit, un cas spécial. À côté du camp de la Ve légion Macedonica se trouvaient les canabae et un établissement civil. L’établissement civil a été élevé au rang de municipium, qui a eu, à son tour, son territoire. Les élites des canabae et de l’établissement civil ont été formées par les vétérans. Leur origine a été diverse et ils se sont installés à la campagne en plusieurs étapes. Les vétérans provenaient de l’Italie (recrutés au Ier siècle ap. J.-C.) et de beaucoup cités d’Asie Mineure et du Proche-Orient (Galatie, Pont et Bithynie, Syrie, Cappadoce). Le recrutement de ces derniers a eu lieu à l’occasion de deux événements importants : les guerres parthiques de Trajan et la guerre de Judée contre Bar-Kochba. À côté de ces anciens soldats, leurs familles se sont installées à Troesmis et habitaient les canabae et le uicus qui était à côté. Les descendants des soldats ont formé l’élite du futur municipe. Leur origine était celle des anciens militaires, principalement l’Italie et l’Asie Mineure. La population du reste du territoire rural qui apparaît dans les inscriptions est formée surtout par des citoyens qui rédigent les inscriptions en latin. On observe aussi des Orientaux (citoyens ou pérégrins) qui sont arrivés surtout pendant la période municipale, lorsque la cité s’est développée et les possibilités de faire prospérer leurs affaires sont devenues plus nombreuses. Troesmis est un cas spécial également par l’insertion des vétérans parmi les notables locaux, en commençant avec le milieu rural : dans ce cas, ce n’est pas surprenant que leurs descendants aient constitué l’élite du municipium Troesmensium. L’époque de Marc Aurèle et des Sévères marque une continuité en ce qui concerne la présence de cette population mélangée dans les entités rurales de la Mésie Inférieure. Les institutions villageoises d’Istros, par exemple, fournissent les mêmes situations de cohabitation des communautés de citoyens romains, de vétérans et de Thraces. L’immigration est visible seulement au niveau des vétérans, qui continuent de s’installer à la campagne, même si les sources qui les évoquent sont moins nombreuses. J’ai identifié des soldats recrutés encore de l’Occident (de l’Italie et des provinces germaniques, mais moins nombreux), mais aussi des provinces du Moyen et du Bas-Danube. Le règne de Septime Sèvère constitue le début du recrutement des indigènes dans les cohortes prétoriennes (bien évidemment, dans une proportion plus large). Le processus de recrutement dans l’armée romaine des indigènes avait commencé plus tôt, comme on l’a vu ; surtout, dans les légions stationnées en Mésie Inférieure, à partir d’Hadrien, les recrutements de la population locale sont devenus de plus en plus nombreux. Cette population locale n’était plus forcément des Thraces, mais déjà des descendants des anciens soldats installés dans la province. En tout cas, on constate sous les Sévères le même mélange de populations. Il faut pourtant dire que la plupart des « étrangers » sont, en fait, les descendants des anciens colons. On constate un phénomène qui existait avant, mais qui se manifeste maintenant plus intensivement du point de vue épigraphique : le recrutement de la population locale dans l’armée (unités auxiliaires, cohortes prétoriennes, etc...) et les nombreux retours dans la province après la fin du service militaire. Il y a aussi des recrutements pour les unités locales. Ainsi, près de Sacidava, on constate l’existence d’un burgus, destiné à la protection de la forteresse et de la rive du Danube ; beaucoup de membres de la population locale sont mentionnés en tant que burgarii, ce qui montre que dans certains cas, pour les unités stationnées dans la province, les recrutements se réalisaient directement dans le milieu local. J’ai souligné que ce phénomène avait commencé dans les légions avec Hadrien : à la

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fin du IIe siècle et au début du IIIe, les indigènes recrutés dans l’armée romaine sont de plus en plus nombreux, ce qui prouve le degré d’intégration de ce segment de la population dans le système militaire romain. J’ai essayé de présenter, de manière étendue les sources attestant ce processus et elles sont très nombreuses : la grande partie de la population militaire (au moins pour les unités auxiliaires) provenait du milieu rural. On a, d’un côté, les inscriptions (surtout des diplômes militaires) qui mentionnent directement cette chose ; de l’autre côté, on dispose d’un nombre considérable de diplômes dont le lieu de découverte est inconnu, mais il est presque sûr, à mon avis, qu’ils provenaient du milieu rural, la plupart étant récupérés (du point de vue scientifique) sur le marché noir des antiquités. La période des empereurs-soldats marque un temps où la rédaction des inscriptions ne constitue plus un habit. Pourtant, le milieu rural fournit encore des textes (voir, par exemple, les vœux consacrés par les ciues Romani et Lai consistentes dans le uicus Secundini près d’Istros sous Maximin, sous Gordien et sous Philippe 27). On constate ainsi, la continuité du conuentus de citoyens romains et des Thraces présents dans le territoire de la cité. Par conséquent, malgré la crise militaire, il semble qu’il n’y a pas eu un dépeuplement des villages à l’époque. Pourtant, le nombre beaucoup moins élevé d’inscriptions montre les troubles de cette période. Pour synthétiser ce bref regard de la colonisation romaine dans les campagnes de la Mésie Inférieure, on a constaté qu’il s’agissait d’une colonisation romaine dans le milieu rural qui a commencé par les installations des vétérans, au début au niveau individuel, puis organisées en conuentus. Les vétérans, au IIe siècle, forment des communautés avec les citoyens romains (membres des familles de militaires) et, dans certains cas, avec des Thraces colonisés d’autres parties de la province. Les membres de l’administration romaine achètent, eux aussi, des propriétés à la campagne. La population des villages est formée donc par ces vétérans, par les citoyens romains et par les indigènes (auxquels s’ajoutent les Grecs habitant le littoral de la mer Noire). Ces colons provenaient, comme on l’a vu, des provinces occidentales, mais à partir du deuxième quart du IIe siècle, ils venaient aussi de l’Orient romain (Asie Mineure, surtout Galatie, Pont et Bithynie, mais aussi Syrie). Afin de conclure cet ouvrage, je reprendrai les questions posées en introduction. En ce qui concerne la dynamique de la population dans le milieu rural de la Mésie Inférieure, ses étapes, la manière d’installation des colons, leur origine, l’interaction entre les colons et la population indigène, je crois avoir répondu à toutes ces questions, non seulement dans les lignes précédentes, mais tout au long de ma recherche sur les textes provenant des campagnes de cette province. Il reste les questions sur le degré de romanisation du milieu rural et sur la possibilité de rattacher la campagne de la Mésie Inférieure à un modèle de romanisation. La première question ne peut pas offrir une réponse directe par l’intermédiaire des sources, car la romanisation est un processus complexe, qui ne touche pas seulement les problèmes de langue, d’autant plus que les inscriptions ne représentent pas une preuve de la langue parlée dans la région. Pourtant, les analyses entreprises dans la quatrième partie de ce livre ont apporté quelques éclaircissements. D’abord, la présence des vétérans dans le milieu rural de Mésie Inférieure a essentiellement influencé la vie de la campagne. Les conuentus des vétérans, à côté de ceux 27 ISM I, 346–347, 349.

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des citoyens (avec ou sans les communautés indigènes) sont documentés non seulement dans les zones latinophones (Ibida, Noviodunum, Abrittus par exemple), mais aussi dans le territoire des cités hellénophones (comme le uici du territoire d’Istros et de Tomi). On constate dans le cas d’Istros que, même si dans la cité la langue des inscriptions est le grec, le milieu fournit des inscriptions rédigées presque exclusivement en latin. L’observation d’A. Avram selon laquelle, dans le territoire d’Istros, ces conuentus se sont formés après la retraite de la première génération des soldats de la legio V Macedonica stationnée à Troesmis se vérifie pour toute la partie septentrionale de la province ; les parties du sud et de l’ouest de la province ne sont pas documentées à propos de ce sujet, mais il faut préciser qu’il y avait d’autres villages de communautés indigènes dans les territoires de Marcianopolis, de Nicopolis ad Istrum, de Melta 28 ou de Montana, qui pourraient abriter des communautés de vétérans. Les citoyens et les vétérans ne se sont pas installés seulement dans le cadre de conuentus, mais aussi au niveau individuel. Toutefois, leur présence est aussi liée à la présence de l’armée. J’ai remarqué des soldats qui, encore en service, sont mentionnés dans le milieu rural où leurs familles s’étaient installées et où ils étaient parfois enterrés. Les vétérans originaires de diverses provinces de l’Empire, surtout ceux des légions, préfèrent rester à la campagne après la honesta missio, par des raisons personnelles (l’éloignement de la province d’origine, la famille, la sécurité de la vie) et économiques (l’aisance de la fin du service, la possibilité d’achat des propriétés etc.). Le service militaire, ainsi que l’octroi de la citoyenneté à l’heure de la retraite, ont attiré beaucoup de membres de la population indigène. Il est vrai, les recrutements ont commencé aussi sous Tibère et sous Claude, mais il semble que les perspectives d’un service militaire ont été perçues d’une manière positive, à un moment où l’on observe un nombre accru des soldats enrôlés dans les flottes impériales et dans les unités auxiliaires. Ainsi s’expliquent les très nombreux militaires provenant du milieu rural de Mésie Inférieure. Ils ne constituent pas les seuls cas de militaires recrutés dans les milieux ruraux dans l’Empire. On peut évoquer, par exemple, les soldats de la flotte impériale, comme C. Iulius Montanus, originaire de Doliche, uico Araba, qui est recruté en 193 29, ainsi qu’un autre militaire dont le nom reste incertain 30; ou peut-être un autre militaire, recruté en 197, qui provient d’Isaurie, uico Catessoo 31, un soldat anonyme qui a servi à partir de 198 32, T. Domitius Tumeli f. Domitianus, recruté en 201, originaire de Claudiopolis en Cilicie, uico Vindemis 33 et un autre anonyme qui a servi à partir de 208 34. En revenant à la Mésie Inférieure, ce qui est encore plus remarquable, c’est que beaucoup de militaires provenant de cette région rentrent chez eux, dans les campagnes, après avoir terminé leur service. Ce n’est pas les cas de tous les soldats, surtout ceux des unités prétoriennes, mais le fait que beaucoup d’entre eux reviennent dans le pays natal montre qu’ils préféraient rentrer à la maison en tant que citoyens. Il faut pourtant remarquer deux choses importantes : 1) hormis les diplômes militaires attestant leur citoyenneté et parfois leur nouveau nom romain, ils ne 28 29 30 31 32 33 34

CIL VI 2736. RMD IV, 307. RMD V, 458. Roxan, Stylow 1999, 189. RMD III, 196. RMD II, 133. RMD V, 471b.

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laissent pas d’autres monuments épigraphiques ; 2) le phénomène est beaucoup mieux attesté dans la partie du sud du Danube que dans son côté septentrional. Ce dernier processus semble être expliqué partiellement par le recrutement précoce de la population indigène du sud du Danube, tandis que dans le nord, les conuentus des vétérans étaient probablement composés par les anciens soldats des légions. La « latinisation » des noms thraces est un phénomène qui commence au Ier siècle ap. J.-C., mais on constate son intensification à partir de la deuxième moitié du IIe siècle. Dans certains cas, ce n’était pas forcément lié à la perspective de se faire octroyer la citoyenneté. Je pense que dans certains cas (comme les milieux ruraux d’Istros, de Tomi, de Nicopolis ad Istrum), il s’agit d’une conséquence de la cohabitation des Thraces avec les citoyens romains et donc d’une mode onomastique. Par conséquent, ce que constate M. Tarpin pour l’Occident romain, plus précisément que la présence militaire est « insuffisante à provoquer un réflexe épigraphique chez les populations civiles » 35, n’est pas valable pour la Mésie Inférieure, au moins sur la ligne du Danube et dans le nord de la province. L’armée a définitivement changé l’epigraphic habit de la population civile, notamment par l’intermédiaire des vétérans. Un autre aspect que j’ai considéré très important est représenté par l’organisation des uillae. Cette organisation semble être uniforme sur tout le territoire de la province, par rapport aux différences nord-sud que j’ai signalé auparavant. L’administration des domaines privés implique l’emploi d’un personnel spécialisé, recruté parmi des esclaves ou des affranchis, et le système des charges ne diffère pas de celui existant dans le reste du monde rural romain. Pour répondre à cette première question, je constate que le milieu rural de la province a été influencé par la civilisation romaine et, même si les sources ne l’affirment pas explicitement, a connu une romanisation profonde. Le rôle de l’armée dans la pénétration de la langue latine (et implicitement les coutumes et les traditions transportées par l’armée) est visible dans les sources écrites. L’organisation des domaines ruraux, avec des propriétaires et des fonctionnaires qui parlaient le latin, ont imposé l’usage de cette langue, au moins au niveau élémentaire, pour les indigènes. D’ailleurs, ceux qui revenaient dans leur village après le service militaire connaissaient beaucoup mieux le latin. Quant aux uillae, il faut observer que la plupart de ces domaines sont attestés du point de vue épigraphique notamment dans le nord de province et la ligne du Danube (Istros, Tomi, Capidava, Ulmetum, Novae, Oescus), les zones Marcianopolis-Nicopolis ad Istrum et Montana étant les seules ayant mentionnés (indirectement) ces domaines. Le matériel archéologique trouvé dans ces établissements est pour la plupart romain ; les produits locaux imitent les produits romains. Pour conclure, la romanisation du milieu rural ne peut pas être remise en question, mais une différence entre l’intensité de la romanisation entre le sud de la province (vers les Balkans) et le nord (représenté par la ligne du Danube) est visible. On remarque aussi la profonde romanisation des campagnes des anciennes cités grecques, comme Istros et Tomi, par la colonisation intense des vétérans, citoyens romains et Thraces provenant du sud du Danube. Une romanisation à ce niveau dans les cités grecques situées plus au sud (Callatis et Odessos) est moins visible. La deuxième question concerne la possibilité que la Mésie Inférieure s’attache à un modèle de romanisation en ce qui concerne le milieu rural. On constate que les entités 35 Tarpin 2002, 260. Cf. Mann 1985, 205.

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rurales attestées sur le territoire de la province sont moins nombreuses que celles mentionnées dans l’Occident romain 36. En ce qui concerne la population, on observe que, par rapport aux Gaules et aux Germanies, l’insertion épigraphique de la communauté indigène est moins visible. Pourtant, dans le milieu hellénophone du sud de la province, les Thraces rédigent de nombreuses inscriptions en grec. La campagne du nord de la province et la ligne du Danube ont été colonisées surtout par l’élément militaire (actif ou à la retraite). Dans ce cas là, on peut comparer la situation avec celle des Germanies où les soldats et les vétérans ont été décisifs dans l’économie des campagnes 37. De plus, les vétérans et leurs descendants ont été actifs non seulement dans le milieu rural, mais aussi dans les cités, sans avoir des charges de notables (situation valable aussi pour la Gaule Belgique) 38. En Mésie Inférieure, les vétérans jouent, dans le cas de Troesmis, un rôle très important dans les canabae. Les mêmes anciens soldats et leurs descendants forment ensuite l’élite du municipe de Troesmis. Troesmis constitue une situation particulière en ce qui concerne les charges des ueterani dans l’élite locale. Dans les Germanies, le milieu rural n’est pas colonisé comme celui de Mésie Inférieure. Le rôle des vétérans provenant de la région est prédominant, contrairement à ceux qui sont originaires d’autres provinces. Ce rôle se manifeste notamment au niveau économique et non politique 39. Par contre, au premier siècle, on constate une affluence des soldats originaires de l’Italie et des Gaules, arrivés en Germanies avec leurs familles 40. L’octroi de la citoyenneté à une partie des élites locales s’est accompagné d’un recrutement de la population indigène dans l’armée romaine dès la fin du Ier siècle. D’autres établissements ruraux sont colonisés en Germanie Inférieure avec des vétérans originaires de Gaules et de Germanies 41. H. Galsterer montre que les régions des futures villes en Germanie Inférieure étaient déjà romanisées lorsque les fondations des cités ont eu lieu 42. En ce qui concerne les indigènes en Mésie, les noms de certaines uici et les personnes mentionnées dans les textes nous montre que ce segment de population, probablement majoritaire dans le village, a été intégré dans les institutions villageoises romaines. Les indigènes ont formé une élite très locale, les charges dans les uici (magistri ou quaestores) étant les plus hautes. En Pannonies, P. Kovács suppose, en fondant son affirmation sur des textes datant du début de l’organisation des provinces, que les villages étaient dirigés par deux magistri et qu’il y avait des conuentus des citoyens et des communautés pérégrines d’indigènes, mais les sources sont très parcimonieuses avec ce type d’information 43. Qu’est-ce qu’on peut dire sur les provinces plus proches, comme la Dacie, par exemple ? En Dacie, le milieu rural avant et après la conquête n’a pas été intensivement peuplé 44. Les nouvelles structures rurales romaines, moins attestées du point de vue épigraphique,

36 37 38 39 40 41 42 43 44

Tarpin 2002, 307 sqq. Voir surtout Boppert 2005 ; Broekaert 2013 ; Mihailescu-Bîrliba 2015i, 196–196. Demougin 1999, 355–380. Demougin 1999, 370. CIL XIII 6954, 6958–6961, 11860 etc. Galsterer 1999, 254. Galsterer 1999, 257–265. Kovács 2013, 138–139. Mihailescu-Bîrliba 2011c, 34–35, 40–41.

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mais identifiées dans une mesure considérable grâce aux recherches d’I. Oltean 45, ont été non seulement des uici militares, situés près des camps des unités auxiliaires, mais aussi des uici civils. Pourtant, les indigènes sont très peu présents dans les inscriptions 46. Oltean pense qu’ils ont pu constituer une élite économique, mais cette élite est difficile à identifier 47. L’évidence épigraphique des villages en Dacie montre aussi des colons ayant des origines diverses et des statuts diverses : des vétérans et leurs descendants, mais aussi des colons civils qui se sont achetés des propriétés à la campagne. On voit, par conséquent, que le milieu rural de la Mésie Inférieure ne s’inscrit pas dans un modèle quelconque de la colonisation. Je n’ai pas essayé d’établir une comparaison avec les provinces hellénophones car, même si bilingue, la province est plutôt sous l’influence de la partie latinophone de l’Empire. Cette dichotomie latin-grec est la marque de sa spécificité. C’est une province où le milieu rural, de plus en en plus étudié ces dernières années, dévoile une population en permanence dynamique, mais une dynamique qui n’est pas uniforme ni du point de vue chronologique, ni du point de vue spatial. Chronologique, parce qu’il y a eu différentes étapes dans la colonisation du monde rural ; spatial, puisqu’on constate une intégration plus forte des indigènes dans la partie du nord de la province et sur tout le limes danubien, par rapport au sud de la province. L’insertion des vétérans dans le monde rural, les recrutements de plus en plus fréquents de ce milieu, le peuplement des campagnes avec les citoyens romains et leur interaction avec les indigènes a mené, finalement, à une intégration culturelle (non forcément linguistique) et à une romanisation de cet espace. Ce qui me semble encore plus important c’est que le déroulement de ce phénomène a été dirigé par l’État et tous les textes et les événements qui font l’histoire du village en Mésie Inférieure laissent entrevoir un vrai programme de développement démographique de la province.

45 Oltean 2007, 210 sqq. 46 Voir la nouvelle lecture d’une inscription de Cășeiu chez Dana, Zăgreanu 2013, 145–159. 47 Oltean 2007, 237.

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© 2018, Otto Harrassowitz GmbH & Co. KG, Wiesbaden ISBN Print: 978-3-447-11062-4 ISBN E-Book: 978-3-447-19781-6

INDEX DES SOURCES (la numérotation des pages est en gras) Sources litteraires et juridiques Digeste 1, 6, 2 101 20, 1, 32 348 33, 7, 20, 3 348 Dion Cassius 55, 24, 3 332 Ovide, Epistulae ex Ponto 1, 7, 5–15 262 1, 8, 11–20 18, 362 4, 7, 1–54 18, 262 4, 9, 78–79 362 Ovide, Tristia 3,10 35, 362 4, 1 35 5, 7, 11–12 362

Suétone, Tibère 37 335 41 335 Tacite, Annales 2, 64–67 335 3, 38–39 335 4, 46, 1–2 335 4, 46–51 335 12, 63 332 Tacite, Historiae 4, 68 332 Végèce 2, 11 35 4, 24 35

Sources epigraphiques AE 1897 114t 200, 308 1900 27 86 58 86 1907 127 240 1908 205 240 1911 234 312 1912 187 281, 289, 306, 315, 322, 327 191 343 1916 65 240 1919 78 127, 302, 313, 317, 324 1925

66 125 1926 135 119 146 169 1927 28 174 1928 152 199 153 203, 276, 288 1930 132 249 1932 29 141 1934 72 254 107 203, 276, 288 1935 70 170 1939 101 239

102 239, 242, 310, 312, 327 132 169 1940 34 241-242, 304, 315, 317, 327 1944 4 240 6 240, 275 7 240, 275 8 540, 275 9 240, 275 1947 112 86 1954 34 240, 275 177 240 1955 66 141 199 240 1957

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99 140, 316 1959 56 141 1960 343 203, 266, 327 1962 253 86 1966 356 252 1967 425 281 1969–1970 577 142 1972 669 86 1973 481 62 1974 572 61 1975 64 343 1976 129 240 532 251 1977 767 142 1978 183 240 1981 259 340 750 72 1985 725 85 747 140, 344 762 25, 158, 259, 275 765 72, 126, 199 1986 386 278 571 135 1987 251d 240 413 240 868 140, 344 871 345 874 140, 344, 351 875 140, 344 881 136, 144, 199 882 140, 344 893 85 1988 153 339

988 22 1990 326 82 862 280 1991 1171 244 1993 203 82 1376 68 1484 276 1994 1532 72 1995 227 250 1071 312 1996 1342 135, 142 1997 681 185 1259 254 1998 587 21, 306 1136 36, 251, 262-263, 305, 322 1161 221 1999 1131 286 1331 247 1332 246 1333 247 1334 262, 315 1335 250 1386 117 1571 280 2000 93 76 179 76 2001 120 25, 162 1325 32 1376 202 1705 86 1734 27 1736 71 2165 330 2002 295 169 1183 339 2003 266 186

1319 250 1538 260, 264 1539 260, 262-263, 322 1542 275 1564 117 2004 413 202 911 202 1244 248 1249 263 1250 248, 262-263, 318 1261 315 1304 212 1704 27 2005 1315 57 1327a 175 1327b 275 1327c 275 1333 275 2006 1202 85 2008 877 73 892 73 1020 135 1187 250 1198 72 2009 374 21, 306 1109 179 2010 1272 86 1420 127 1421a 127, 300, 313, 319, 324 1421b 127, 300, 313, 319, 324 1422 127 1802 202 2013 1540 260, 262-263, 305, 322 CBI 62 179 123 179 130 179 186 28 187 28 267 28 613 141

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615 179 623 137 624 137 625 137 626 137 627 137 642 85 644 179 646 179 647 179 648 117 649 117 CCET II/1 225 112 229 112 244 112 335 111 II/2 539 116 564 115, 123 565 116 566 115, 123 653 116 CIL I 2822 255 3420 255 II 1043 202 2322 2670 346 2788 346 2814 346 III 34 119 129 86 751 204 784 240, 275 787 159, 304 837 86 1568 203, 276, 288 1770 278 1835 278 2065 73 2686a 251 3062 278 3122 279 3175 251 3487 281 3845 28

4015 135, 204 4017 135, 204 4019 204 4024 276 4155 276 4245 281 4434 28 4585 28 4720 203, 276, 288 4875 135, 204 5121 142, 204, 258 5122 204 5124 258 5127 204 5146 135, 204 5220 21 5495 28 5519 28 5831 73 5914 162 6010 28 6124 142, 204 6125 142, 363 6127 285, 343 6144 26, 158 6150 167 6238 68 6580 86 7127 204 7421 142, 303, 318, 325 7422 142 7426 285 7434 142 7444 141 7445 140, 344 7447 140, 344 7464 112 7466 82, 109 7470 99, 103, 199 7472 242 7473 240 7484 26 7625 141, 240 8740 281 8806 278 10224 281 10823 254 10826 254 10877 54 11107 28 12014 73

IV

12045 86 12347 257 12359 26 12363 203, 276, 288 12367 141 12369 141 12370 140, 344 12371 140, 344 12372 140, 344 12379 142 12380 240 12381 141 12384 143 12386 140, 344 12402 247 12447 242 12448 242 12449 240 12465 36 12507 72 12508 72 13283 204 13721 140, 300, 316 13722 140, 341 14062 276 14211 57, 99, 112 14214 86 14354 135 14368 28 14409 141, 171, 259, 261 14413 284 14441 87, 161, 300 14442 87, 300 14458 75 14460 72 14464 275 15184 135, 276 276 28 292 28 376 28 526 28 2155 170 2457 170 3456 346 3689 28 3751 28 3775 346 3790 346 7443 207 7637 207

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8565b 170 10 17 42 202 76 255 106 346 110 255 129 255 137 255 424 202 530 346 645 248 740 254 746 255 752 255 772 255 792 255 864 346 877 254 892 108, 122, 316, 355 905 255 906 255 949 255 1008 255 1026 255 1133 254 1134 254 1139 254 1149 255 1150 255 1151 255 1173 170 1174 170 1175 170 1780 241, 288 1815 241, 288 1838 241, 288 1839 241, 288 1842 248 1847 241 1848 158 1857 241, 288 1882 58 2097 21, 306 2098 21, 26 2310 170 2311 248 2404 241, 288 2408 28 2446 306 2450 248

VI

2478 32 2499 85 2530 248 2678 28 2704 28 2851 21, 306 3061 133, 248 3069 131, 248 3122 279 3123 279 3135 279 3141 278 3142 278 3161 279 3163 279 3179 279 3186 279 3189 279 3194 279 3195 279 3206 279 3207 133, 279 3212 279 3249 202 3440 170 3554 170 3746 133 3845 133 3945 133 4056 21, 306 4201 278 4353 278 4354 278 4490 278 4491 278 5079 203, 276, 288 5080 203, 276, 288 5863 171 5972 171 6016 171 6017 171 6018 171 6166 162 6405 207 7757 170 7758 170 240 169 531 202 555 169 559 203, 276, 288

682 169 760 171 904 171 1060 178 1220 178 1313 207 1314 207 1343 178 1638 206 1911 169 1930 343 1971 28 2004 86 2185 28 2345 28 2365 343 2374 343 2375 170, 178 2379 170 2407a 251 2595 207 2719 28 2730 334 2736 131, 134, 316, 332, 368 2797 334 2799 334 2807 102, 333 2818 334 2845 334 2933 113, 121-122, 316 2958 171 3105 207 3412 286 3564 178 4404 169 5062 343 5903 284 7911 171 8453 206 9110 343 9679 81 10105 178 10299 178 11576 286 11577 286 11578 286 11671 178 11674 178 11675 178 11676 178

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11686 178 12712 86 12713 86 13674 251 13991 251 13992 251 13993 251 17282 206 17283 206 17284 206 17285 206 22831 250 23179 81 28195 178 30712 81 31856 57 32549 275 32583 108 32624 108 32627 155 32640 108 33168 133 33188 133 33189 133 34004 133 34384 286 34385 286 36589 133 37045 133 37213 334 41225 86

248 73 332 86 1124 119 1336 73 VIII 1331 169 2184 73 4094 169 4098 169 4099 169 4707 174 4966 174 5051 174 5406 174 17566 174 18065 85 IX 66 248 207 248

X

338 178 422 178 508 171 854 206 1070 170 1156 171 1206 170 1617 206 1618 202 2325 170 2336 170 3188 85 4222 206 4234 178 4235 178 4476 206 5548 171 4639 251 4968 169 5088 286 5096 251 5190 286 5560 346 5564 346 5673 169 5692 284 5932 284 6073 346 6078 284 596 171 726 170 1403 171 1754 334 2192 251 2319 170 2388 206 2389 206 2390 206 2809 207 3144 248 3448 251 3593 149, 304 3722 207 3776 169 4146 284 4256 248 4645 85 4947 284 5425 248 5601 178

XI

XII

5971 248 5972 248 5994 248 6036 171 6392 312 6400 169 6482 171 7917 171 8216 178 179 283 757 170 881 248 1083 170 1147 202 1355a 248 1858 120 1944 248 1959 248 1960 248 1961 248 1962 248 1963 248 2085 248 2934 248 3303 207 3844 251 4768 283 4769 283 4852 170 5041 170 5676 76 5677 76 5680 76 5754 283 5815 283 5816 283 5866 283 5868 283 5869 283 6179 76 6509 251 6825 284 7884 76 336 258 594 202 1176 312 3058 73 3126 312 3183 312

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5686 73 XIII 384 202 566 73 613 73 614 73 1750 203, 276, 288 1843 252 1856 253 1886 253 2834 283 3415 283 3636 203, 276, 288 3727 283 4335 226 4550 283 5462 283 5606 283 6676 220 6863 281 6873 281 6874 281 6887 21 6954 370 6958 370 6959 370 6960 370 6961 370 6969 281 6979 281 6986 281 7067 226 7574 279 8067 250 8086 281 8377 28 8644 28 11860 370 12380 141 XIV 221 81 250 169, 248 251 169, 248 256 169 426 169 427 169 428 169 477 251 727 251 728 251 1686 169

XV

1687 169 2213 220 2335 251 2532 185 2639 248 2759 248 4090 85-86 4496 132 4569 169 5357 132

2238 85-86 2239 85-86 XVI 1 84, 331, 362 3 219, 335 10 84, 332 12 85 26 332 35 332 36 332 44 226 45 149, 304, 332 78 102 83 303, 324-325, 329 90 332 106 86 108 333 143 114, 303, 329-330 145 24 153 21, 306 158 332 IDR III/1 60 204 III/2 110 6 113 6 366 6 369 6 370 6 391 6 405 6 452 6 500 6 III/3 345 99 III/5 37 89 60 179 99 288

IDRE II 344 53, 307, 341 349 86 IGB I2 33 74 34 74 217 73 254 73 257 73 261 73 269 73, 75-76 270 73, 76 271 73 272 73, 76 273 74 275 75-76 276 73 277 73 278 74, 76 279 74 281 74 281 bis 76, 81 282 110 283 74 283 bis 74 284 74 285 74 286 76 287 74, 76 288 74 289 74, 76 290 74 291 74, 76 292 74 293 74 294 74 301 73 II 483 140 486 140 487 140 504 139 505 139 506 139 507 13339 508 139 510 138 511 138 512 137-138, 144

© 2018, Otto Harrassowitz GmbH & Co. KG, Wiesbaden ISBN Print: 978-3-447-11062-4 ISBN E-Book: 978-3-447-19781-6

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Index des sources

513 139 514 137, 139 515 139 516 137 517 137-138 518 138 519 138 520 138, 144 521 137, 139 522 138 523 138 524 138, 356 525 137-138, 356 526 137 529 136, 139 530 137 531 138 532 137-138, 144 533 138, 144 534 138, 144 535 138 536 137-138 537 137-138 538 138 539 138 540 138 541 139 542 138 543 138, 144, 356 544 138 551 137 553 138 555 138 556 356 554 138 556 138, 144 557 138 558 138 560 138, 144, 356 561 138, 144 562 138 563 138 564 138 566 144 573 137 576 138 577 137 586 140 587 110, 137, 140 590 140, 148, 303, 315, 318

689 35 696 116 697 115 698 116 699 116 700 116 701 115 703 116 704 116 705 115 706 116 708 116 709 116 710 115 711 116 714 115 715 116 716 115 718 116 719 116 720 116 721 115 722 116 723 116 724 116 744 126, 129 748 126, 129 749 126, 129 750 126, 129 752 111 753 111 755 111 756 111 758 111 759 111 761 110-111 763 111 765 111 766 111 768 111, 122, 355 769 111 770 111 771 111 777 111 778 111 779 110 796 111 797 71 832 110 835 111 836 111

V

837 111 838 111 839 111 841 111 843 75-76, 111 844 111 845 111 846 111 847 111 848 112 850 112 851 110 853 112 854 112 855 110 856 112, 122, 355 858 112 859 11112 868 99, 103, 355 869 99 870 99 871 99 872 99, 103 874 99, 103 4368 122, 355 5011 70 5012 70 5076 74-75 5078 74 5162 140 5163 140, 144, 356 5164 140 5170 140 5180 140-141, 356 5244 115-116 5245 115 5250 115-116 5251 116 5252 116 5268 126 5269 126 5270 116 5271 115, 117, 343-344, 350 5274 116 5275 116 5276 115, 125 5279 116 5280 115, 117 5281 116

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5283 116 5284 115, 117 5286 116 5287 109, 260 5288 110 5290 110, 261 5291 261 5292 261 5293 109 5294 109 5296 110 5300 109 5301 109 5302 110 5303 110 5304 109 5305 110 5306 109 5308 110 5309 109 5311 110 5315 109 5318 110-111 5328 112 5329 112 5346 112 5365 112 5366 109 5367 112 5368 112 5381 111 5382 111 5383 110 5385 112 5386 112 IGLNovae 3 120, 247, 262 4 120, 247, 262 8 113, 264, 304, 318, 347, 350-351 9 248, 262, 264, 304, 318 10 248, 263, 306 13 120, 262 19 247-248, 260, 262 24 36, 251, 262-263, 305, 322 25 248, 250 26 249 27 249 31 248, 263

33 249, 261-262, 304-305, 318, 322 34 257 35 245, 258, 264 38 265, 264 40 250 46 247, 262 47 248, 250, 262 48 255, 264 49 248, 263, 304, 318 57bis 120, 241, 247-258, 262-263, 288 63 285 68 245 72 245-246 76 252, 262-264, 304, 314, 327 78 253 79 250, 255, 258, 262-264, 305, 322 80 251, 263, 306, 314, 322, 327 81 249, 254, 262-263 82 252, 258, 262-264, 304, 318, 327 83 251, 264 84 248-250 85 250, 263 86 248, 263, 305, 309, 324 87 61, 253 88 258, 262-264, 305, 322 89 252, 304, 318, 327 91 35, 256, 264, 357 93 254, 263-264 94 255 95 254, 264 96 255, 258, 264 97 255, 264 99 252 101 254, 264 103 256 104 256 104bis 253 105 57 107 255, 254 114 251, 255, 264 137 346 141 241, 288 168 250 174 250, 263 181 255

183 256, 264 184 256 IGRR I 854 85 III 173 169 IK 33 280 59 280 ILAlg I 205 174 1530 174 1813 174 ILB 11 284 16 285, 343, 347, 350 20 277, 288 22 285 24 286 26 285-286 27 275, 286 29 343 31 286 32 281, 290, 306, 323 33 285, 343, 347, 351 34 286 35 286 37 286 40 286 47 278, 289 48 278, 289 49 278, 289 50 277, 279, 289, 362 51 278, 289 52 279, 289-290, 306, 322 53 278, 289 55 279, 290, 306, 315, 323, 327 56 173, 280, 290, 306, 314-315, 323, 327 58 174, 280, 290, 306, 315, 323, 327 59 282, 290, 306, 323, 327 60 279, 282, 290, 306, 323 61 281, 290, 322 62 279, 282 63 280, 290, 306, 315, 323, 327 64 282, 290-290

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Index des sources

65 282, 290, 306, 323, 327 66 281, 290, 306, 323, 328 69 286 73 288 77 286 78 286 80 286 82 286 84 285 87 284 93 286 120 26, 283, 290, 306, 323, 328 122 283, 290-291, 306, 322 127 287, 291, 346 128 283 129 287 130 284, 290, 306, 323, 328 131 284 132 285 133 284, 287, 290-291, 304, 318, 328, 357 135 287 137 284, 290 138 283, 289 139 283, 290, 306, 322 140 287 142 287 143 287 145 287 147 58, 241, 288 148 315 156 36 169 221, 280, 282 180 139, 316 183 139, 316 184 245 191 141 192 36, 141 193 140-141 194 137 195 137 197 140 199 137 200 137 203 137, 310, 319 204 137, 310 205 137

206 137, 310 207 137, 140, 310, 319 208 137 209 137, 316 223 132, 134, 199 233 133-134, 343, 347, 341 234 132 235 36, 82 237 133-134, 275 238 36 239 249 241 249 242 249 249 133-134 257 132 258 132 259 132 302 251 317 35 338 259, 262-263, 304, 318 341 26, 260 342 260, 264 343 259 347 256, 264 348 256 349 118-119 350 118-119 351 118-120, 309, 319 352 118-119 353 118 354 118, 120 355 118 356 118 357 245-246 358 245-246 361 288 375 119 376 26, 117, 120, 302, 315, 324 377 59, 117, 120, 309, 313, 319, 324 378 119, 121-122, 355 379 119 380 118 382 120, 122, 355 382a 121 382b 118 383 118 385 118

386 245-246 388 118, 123 390 245-246 391 118, 121 392 118 393 118, 120 394 118, 120 395 118, 120 396 118 400 115 401 115 402 118 403 118, 343, 347, 350351 406 141, 144, 356 409 118 410 118 411 118 413 118 416 118 417 119, 122, 355 419 118 421 119, 122, 355 422 118-119 423 118 424 118 425 36, 118 426 118, 346 428 116 430 114, 119, 123, 303, 314, 324 431 117, 119, 309, 319, 324 432 117 433 120, 309 435 116, 346 438 71, 82, 307, 346 440 119 441 258, 264 442 55 443 115 444 258 446 247 447 171, 259, 264 ILD 38 86 ILJug I 43 173, 279 II 308 254

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Index des sources

411

539 173, 279 ILN 59 28 ILS 2268 85 4640 86 5084 202 5273 85 IMS VI 209 276 212 276 IOSPE I2 174 85 IPOstie–A 146 81 147 81 ISM I 67 87 68 87, 275 138 87, 300 276 81, 307 277 81, 307 278 286 320 71 321 71 322 72 323 24, 30, 38 324 31-32, 82, 84, 87, 300 325 19-20, 31-32, 36, 82 326 19, 31-32, 36, 82, 84, 87, 300 327 20, 31-32, 36-37, 82, 87, 300 328 20, 30-32, 37, 39-40, 82, 84, 87, 300, 336, 354, 359 329 20, 31-32, 36-37, 3940, 82 330 20, 31-32, 36, 82, 84, 87, 300, 336 331 20, 31-32, 37, 39-40, 82, 87, 300, 336, 354 332 20, 31-32, 37, 39-40, 82, 84, 87, 300, 354 333 20 334 20 335 20, 37, 39-40

II

336 21, 30, 36, 306, 313, 319, 324 337 21, 38-39, 354, 358 338 20, 38-39 339 20, 37, 341, 344, 349 340 22, 36, 38, 220 341 20 342 33, 39, 41 343 32, 84, 300 344 32-33, 39, 41, 82, 84, 301, 354, 358 345 22, 32-33, 37, 41-42, 70, 84, 301, 354 346 22, 32-33, 36, 38, 4041, 70, 82, 84, 301, 354, 367 347 22, 32-33, 36, 40-41, 82, 84, 301, 354, 358, 367 349 22, 38, 84, 367 350 24 351 38, 55, 62, 151 352 55, 62, 151 353 55 354 55 355 55 356 55 357 55 358 22 359 23, 340, 345, 349 360 23, 38, 340, 345, 349 363 22 365 22 368 22, 36, 82 371 22 373 23, 30, 36, 306, 313, 319, 324, 340, 345, 349 374 53, 62, 341, 344, 350351 375 53, 62, 341, 344, 350351 376 53, 62, 341, 344, 350251 377 53, 62, 341, 344, 350351 378 22, 82, 344, 364 8 60, 360 43 285 44 285 46 285 56 285

80 205 109 72 128 26, 52, 61, 63 133 55, 62, 151 134 54 136 54, 62 137 55, 60, 62 138 34, 359 141 56, 62, 82, 301 160 54, 62 161 57, 60-61, 63 169 60, 362 170 60, 362 180 52, 61, 307, 319, 324, 342, 345, 349 183 63 184 57, 60, 63, 342, 345, 349 190 53, 60, 62, 307, 341, 344-346, 349 191 54, 61, 63-64, 355 195 359 203 58 210 58 214 56, 63, 342, 346, 350 221 346 223 63 224 58 227 34 233 56, 59 234 58 237 359 245 58 249 58 263 58 264 57, 63, 307, 319, 324, 342, 346, 349-350 266 70 280 58 289 52, 60-61, 341, 344, 349, 351 292 53 295 55 296 58, 60, 63, 541, 288, 307, 319, 324, 342, 346, 350 297 56, 63, 346 303 60-31, 64, 355 307 59 331 55, 62 348 27, 59, 222

© 2018, Otto Harrassowitz GmbH & Co. KG, Wiesbaden ISBN Print: 978-3-447-11062-4 ISBN E-Book: 978-3-447-19781-6

412

III

IV

Index des sources

349 215, 285 351 58 352 59 357 59 363 53, 60, 62, 307, 313, 319, 324, 341, 344, 346, 349 376 58 381 55, 62 426 56 448 222 458 81, 307 466 60 51 70 55 361 74 71 97 57 98 57 99 57 100 57 104 71 117 71 118 71 179 71 184 71 190 71 237 35, 70, 76, 302, 317, 324, 331 238 71 239 71 240 71 241 70, 199 242 71 243 72 249 36, 72 250 72 1 98, 219, 228, 301, 317, 331, 362 2 226, 228, 309, 321, 327 3 9 97, 285 11 97 12 97 13 97 19 97, 100 20 100 34 101, 223, 343, 347, 350, 365 35 223, 318

43 178, 225 44 98 46 100 49 13, 336 50 13, 57, 336 51 57, 100 55 205 61 97 62 97 66 98, 103, 199 72 98, 100 82 1001, 103, 199 83 98 84 98 85 98 86 208, 285 91 217, 219-220, 257 92 102, 220 93 219 94 58, 217 96 219 97 219 101 220, 228, 321 106 221 110 217, 221, 228, 305, 321 115 222, 228, 305, 321 116 220, 228-229, 357 117 221 120 220-211 121 220 122 220 127 220, 229, 357 128 217, 222 131 220 132 221 153 222 156 59 157 222 158 222 159 217 161 217 169 227 170 102, 223 172 102, 217, 223 173 178, 224 174 227, 224 175 227, 223 176 225 178 225, 285 179 215, 224, 229, 347

V

180 215, 214, 229 181 224, 228, 309, 327 184 221, 223-224 186 223-224, 228, 322 187 223, 229 188 224, 228-229, 327, 357 189 224, 228-229, 310, 327, 357 190 224 191 223-224, 228, 321, 327 193 224, 228, 309, 327 194 223, 225 200 223 201 223 202 223 217 226 224 226 226 226 228 226 229 226 230 226 231 226 232 226 233 226 235 226 237 226 242 161

321, 309, 302, 302, 309, 322,

3 226 5 201 6 27, 199, 208 7 203, 209, 308, 314, 320, 356 10 197, 203 12 204 13 36, 82, 201, 208 14 36, 82, 201, 208 15 36, 82, 201-203, 208209 16 25, 197 17 36, 82, 201, 208 18 36, 82, 201, 208 19 201, 208 21 202-203, 208-209 22 202, 208 23 36, 201, 208-209, 320

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Index des sources

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24 27, 200, 209, 314, 320, 324, 326, 342 25 203 26 203, 208 27 25, 203, 208-209 28 27, 200, 314 29 27, 199, 201, 314, 342, 346, 350 30 27, 199, 314, 342, 346, 350 31 203, 209 33 203 34 223 35 200, 209, 314, 320, 326 36 25 37 203 38 203 40 203 41 204 42 202 43 203 44 25 53 197 54 197 55 205 56 28, 200-201, 208, 258 59 25, 342, 346, 350 62 25, 27, 31, 34, 36, 82, 151 63 25-26, 31, 34, 36, 82, 151, 336 64 25, 29, 34, 37, 82, 152, 336 65 26, 31, 37 66 26, 36 67 26, 31, 36 69 25, 28, 33, 37, 40-41 70 28, 37 72 27, 29, 31, 37, 159, 349, 351 73 27, 38, 200 75 25, 36 76 27, 29, 37 77 28, 36-37, 99, 197-198 78 29-30, 32, 173 79 29, 34 80 29, 31, 37, 205 81 28-29, 31, 37 87 28-29, 54 88 30, 32 89 29

90 28 91 28-29, 54 92 54, 62 93 54, 62 94 201, 206 95 205, 210 97 71, 283 98 283 100 72 101 207 103 206 104 207 105 207 110 207 113 206 115 205, 209, 312, 314, 320, 324, 326-327 116 314 117 86, 206, 209, 308, 314, 320, 326, 331 118 206, 209, 220, 308, 320, 326 119 206, 209 121 205 123 24, 36, 82 124 24 127 81, 307 128 29-30, 307 129 36, 82 131 83, 319 134 168, 181 135 158, 168, 170, 311 137 23, 27, 55-59, 149, 168, 172, 177, 183-188, 199, 239, 241, 288, 312, 340, 345, 364 140 26, 158 141 168, 170 143 168 144 168 145 159, 168 148 172, 177, 312-313 149 1, 312 150 172 154 158, 168-169, 181182, 311, 320, 323 155 158, 168-169, 177, 181, 311, 320, 323, 325 156 158, 170, 181-182, 311, 320 157 168, 171

158 87, 168-170, 181-182, 311, 317, 324-326 160 171, 182, 302, 317, 316 161 176 163 312-313 169 176 171 172, 181 172 172, 182, 305, 320, 326 173 176 174 172, 181-182, 305, 312, 320, 326 175 172, 181, 305, 312, 326 176 174, 181 177 175, 182 178 158, 173, 181, 305, 320 179 25, 117, 158, 174 180 312-313 181 176, 314 182 27, 59, 176 183 177, 181, 312-313 184 171, 177, 181-182, 305, 314, 320, 326 185 38, 312-313, 358 186 172, 182, 221, 305, 314, 320, 326 187 174, 312-313 188 173, 182, 280, 312, 317, 326 189 176-177, 314-315, 317 190 176 191 315 192 175, 181, 315 193 175, 181, 312 194 26, 158, 182, 305, 314, 320, 326 195 34, 174, 176, 182 196 172, 181-182, 305, 314, 326 198 176 199 176 202 175 203 174, 182, 305, 320, 326 204 175 217 150 218 173, 177

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Index des sources

219 159, 177, 179, 181, 224-225 221 178 222 81, 119, 300 223 71, 300 224 26 227 26-27 228 81, 87, 89 229 81, 87, 89 233 87, 157 237 87 239 178, 181 240 178 241 178 243 179 244 161 245 178-179, 181 246 140, 179, 344 247 85, 140, 179, 344 248 85, 179 249 158, 77, 224 251 83 252 158, 177 261 158 262 158 263 150, 158 264 158 267 158 268 26, 157-158 270 345 272 159 278 81 280 159, 169 281 155, 160 282 27 283 155 285 155 292 54, 161 294 85 296 162, 164 297 162 299 162 300 163 301 162, 164

302 162, 164 303 163-164 305 161 306 162 307 161 308 150, 162 RGZM 3 127, 302, 317, 332 8 253 10 252, 262-263, 304, 318 32 86 34 256 49 114, 122, 330 50 114, 122, 330 54 114, 122, 330 61 71, 114, 122, 331 62 114, 122, 331 RIB I 2063 86 2401 86 RIS 402 54 RIU V 1087 28 RMD I 4 332 6 332 8 86 19 333 39 149, 304, 333 II 84 333 106 252, 333 131 334 132 114, 317, 329-330 133 334, 368 136 84 III 163 333 165 102 194 334

IV

V

195 109 196 368 201 114, 330 201a 126, 355 208 143 210 332 214 332 221 332 225 333 235 333 236 333 239 303, 318 307 334, 368 310 114, 122, 330 311 71, 113, 122, 257, 304, 329-330, 347, 356 317 113, 122, 330 324 332 326 332 329 332 330 332 333 332 348 82, 333 361 333 402 333 421 333 423 333 424 333 449 155, 333 453 257 455 114, 122, 330 457 257, 330 458 368 459 334 462 335 463 71, 113, 122, 330, 356 466 109, 333 467 333 469 71, 109, 333 471a 333 471b 368 474 114, 122, 331

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INDEX DES LOCALITÉS ANCIENNES ET MODERNES 2 Mai 69 23 August 70 Abrettene 226 Abrit 99, 104, 355 Abrittus 72, 79, 109, 125-130, 300-302, 313-317, 319, 324, 344, 356, 361, 368 Adamclisi v. Tropaeum Traiani Aegyssus 150, 155-156, 160-161, 163, 300-301, 308, 314, 319, 342, 346, 364 Agigea 53, 341 Albanum 86 Albești 71 Aliman 218 Almus 259 Altinum 226 Amasia 205 Amastris 171-172, 184, 320 Amorium 81, 89, 319 Analdolchioi 56, 342 Ancyre 23, 30, 36, 169-170, 172, 177, 251, 305-307, 311, 313, 319-320, 345 Apamée 161, 308, 319 Appiaria 253 Aquae Statiellae 60 Aquilée 108 Argamum 87 Ariminium 278, 282 Arretium 120 Arrubium 83, 158, 168, 172, 177 Arsa 71 Aspendus 282 Ateste 85 Attidium 86 Augusta Emerita 8 Augustonementum 4 Axiopolis 197, 217, 223, 226-228, 237, 308, 314, 317, 321-332, 357 Babadag 80, 157 Balaklava 221 Balcik 70 Barboși 150, 155-156, 161-164, 168, 364-365 Băltăgești 202

309, 365, 165, 350,

183, 340,

303,

275,

Bărăganu 52 Beaurieux 4 Beidaud 80 Belene v. Dimum Beli Lom 125 Beljanovo 246 Bent v. Cogealac Berghiu 5 Berkovitsa 141 Beroe 82, 86, 197-198, 205, 207-209, 308 Biala Cerkva 107 Bježanovo 132 Bonna 252-253 Brampton 86 Bregare 288 Brestovene 217, 219 Brigetio 108 Brixia 282 Bugeac 218 Butovo 107, 115, 245-246 Caesaromagus 7 Cales 85 Callatis 35, 69-72, 75-77, 101, 302, 331, 362, 369 Camena v. uicus Petra Capaclia 159 Capidava 25, 27-28, 30, 36-37, 57, 62, 168, 197-205, 207-213, 215, 223, 258, 308, 314, 320, 324, 342, 346, 350, 369 Capitolias (Capetolias) 27, 59, 222 Carsium 29-30, 71-72, 197-198, 201, 205209, 226-227, 241, 283, 308 Carthage 174 Camena v. uicus Petra Casimcea 80, 83-84, 94 Castelu 52, 57 Cataloi 161, 308 Ceamurlia de Sus 80 Celeia 250 Celic-Dere 156 Cerbu 81 Cerna 158, 167, 173, 177-179, 224 Cernavoda v. Axiopolis Čerkovica 284, 287 Červen Brjag 141, 303 Cetatea v. ciuitas Ausdecensium

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Chersonèse Taurique 137 Chora Dagei 23, 31 Chur 180 Cibalae 334 Cinciș 5 Cirta 249, 304 Ciucurova 84 Ciuitas Ausdecensium 79, 98, 101-103, 333 Ciuitas Dianensium 79, 131-134, 276, 343, 347, 351 Cius 24, 82, 86, 197-198, 205-209, 216, 241, 308, 314, 320, 324, 331 Claudiopolis 334, 368 Cogealac 9, 18, 22 Cologne 3 Conacu 98 Constanța v. Tomi Corfinium 85 Corinthe 285 Cotu Văii 71 Crângu 98 Credința 69 Crucea 198 Crustumina Arnia 254 Čumakovci 280 Cumpăna 57-58, 68, 342 Cyzique 255 Devetaki 131 Dierna 203 Dimum 133, 375-276, 288, 365 Dinogetia 150, 155-156, 158, 160, 162 Dionysopolis 69-70, 75-76 Dolapite 72 Doliche 368 Dolna Verenica 141 Domnești 141, 240 Dorobanțu 27, 199 Doryleum 24 Draganovec 109 Drašan 136 Dulgheru 29 Dumbrăveni 98 Dunavățul de Sus 148 Durostorum 10, 58, 99, 127, 158, 217-223, 225-228, 230-233, 253, 257, 279, 285, 301-302, 305, 314, 317, 320-321, 357, 362 Edessa 278 Eining-Unterfeld 180 Emèse 173, 320 Emporium Piretensium 115, 245

Enisala 80 Ephèse 174, 280 Fanum Fortunae 249 Faventia 175 Făgărașul Nou 82 Fântâna Seacă 80 Fântânele 9, 19, 24 Floriile 98-99 Formiae 248 Frecăței 155 Galata 69 Gauren v. Utus Gălbiori 200 Gârliciu v. Ciusu Gigen v. Oescus Giridava 133, 275-276 Glava Panega 137, 139, 143-144, 363 Goliana Brestnica 136 Gorna Lipnica 236 Gorna Orjahovica 117 Gorsko Kosovo 115 Gradina 246 Greci 167 Gura Canliei 218, 222 Halmyris v. aussi uicus classicorum 10, 147153, 156-157, 160, 275, 304, 308, 315, 318, 356 Hamcearca 167 Hârșova v. Carsium Héraklée Lynkestis 173, 279 Héraklée Syntique 248, 279 Histria β (ou B) 9, 19 Horia 167, 178 Hotnica 107 Iatrus 26, 246, 259-260 Ibida 26-27, 79-91, 300-301, 307, 317, 319, 355, 365, 368 Ignatievo 73 Independența 98 Industria 44 Ion Corvin 98, 100 Isaccea v.Noviodunum Iulia Concordia 58 Iulium Carnicum 241 Istria (village) 22 Istros 9, 17-41, 53-54, 66, 69, 71, 75, 84, 87, 301, 306, 313, 319, 340-341, 349, 351, 354, 358-359, 362, 364, 367-369 Izvoarele 167 Kalevo 135-136 Kalma Češma 252

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Kamen 107 Karagac 171 Karaisen 119 Komè Apolloniou 56 Komè Ba[---] 110 Komè Ké[---] 70 Komè Masciobria 126 Kovacevec 125 Kozlovec 256 Kramolin 343 Kralevo 108 Kravoder 343 Krivina v. Iatrus Krivnia 108 Kunino 139 Laodicée (Syrie) 117, 174 Lazen 171, 346 Lazu 58-59 Les Grèves 8 Lesiceri 111 Leskovec v. Variana Levski 246-247, 258-259 Limanu 69 Liublen 129 Lom 142 Lozica 246 Luca 278 Lyon 4 Luminița 81 Mamaia 52 Marcianopolis 71, 79, 85, 107-113, 115, 121123, 131, 136, 309, 316, 333, 343, 350351, 355, 361, 365, 368-369 Marten 71 Masaca 256 Măcin v. Arrubium Mečka 71 Medgidia 59, 161 Melta 79, 131-134, 316, 368 Mihai Bravu 80, 82, 84-92, 94, 301, 335, 359 Mihail Kogălniceanu 54-55 Mircea Vodă 178 Misène 84-85, 331, 362 Montana 11, 13, 79, 131, 135-145, 171, 179, 240, 303, 310, 316, 318-319, 343-345, 347, 351, 356, 361, 363, 365, 368-369 Morava 246 Moșneni 69 Murfatlar 56 Murighiol v. Halmyris Nalbant 179

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Narbonne 7, 280 Neatârnarea 22 Nedan 346 Neptun 69 Nevsha 118 Nicée 172, 320 Nicomédie 112, 170, 309, 319 Nicopolis (Judée) 170 Nicopolis ad Istrum 10, 35, 79, 81, 85, 107, 113-123, 170, 241, 247, 257, 288, 302304, 309, 311, 313, 315-317, 319, 329331, 333, 343, 347, 350-351, 355. 361, 365, 368-369 Nicopolis ad Nestum 58 Niculițel 10, 156, 158-159, 177, 224 Nifon 85, 167, 179-180 Nikopol 282, 287 Nistorești 23 Novae 10-11, 27, 35, 113, 127, 120, 204, 241, 245-273, 275, 285, 302, 304-305, 314315, 318, 320, 322, 329-330, 343, 346, 350-351, 357, 362-363, 365, 369 Noviodunum 26-27, 85, 87-88, 147-148, 150, 155-160, 163, 168, 300, 308, 320, 333, 345, 364-365 Odessos 69, 75-76, 82, 87, 99, 128, 131, 362, 369 Oescus 10-11, 85, 87, 173-175, 221, 252, 275, 277-297, 304, 306, 312, 314-315, 318, 322-323, 343, 347, 350-351, 357, 361-363, 365, 369 Olbia 85, 150 Oltina v. Altinum Oreš 256 Ostie 81 Ostrite Mogili 10, 245, 261 Ostrov v. Durostorum Paidushko 118 Palamarca 110 Pautalia 138-139, 143, 248 Pavie 254 Pavlikeni 107 Pecineaga 69 Pejčinovo 246 Périnthe 124 Pessinus 60 Philippopolis 253, 334 Piroboridava 256 Pleven v. ciuitas Dianensium Pliska 57, 112, 309

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Poarta Albă 63 Poetovio 54, 58 Poiana 156, 163 Pompéi 7 Porolissum 86, 180 Potaissa 168 Preslav 108 Prez Livada 277 Prisovo 107 Ratiaria 334 Ravenne 88, 113-114, 155, 304, 330, 332, 355 Razgrad v. Abrittus Revărsarea 156 Rogacevo 69 Rosenentsa 136 Rome 81, 86, 88, 102, 105, 108-109, 113114, 131-133, 155, 169, 178, 180, 251 Rositsa 99 Ruse v. Sexaginta Prista Ryahovo v. Appiaria Sacidava 72, 178, 217, 223-228, 235-236, 260, 285, 302, 308, 314-315, 317, 321322, 357, 366 Sadina 125 Saldae 137 Salinae 86 Salmorus 147 Samaria 170, 259 Samovodone 107 Sarsânlar v. Brestovene Sarmizegetusa (Ulpia Traiana) 113, 305 Sassone 86 Satu Nou 59 Săpata de Jos 180 Sâmbăta Nouă 81-82, 93 Seimeni 226 Seimenii Mari 61 Serdica 334 Sexaginta Prista 109, 113, 128, 220, 239-244, 253, 275, 304, 309, 315, 317, 322 Shumen 109 Silistra v. Durostorum Sinoe v. uicus Quintionis Slava Rusă v. Ibida Slomer 246 Smirnenski 143 Smileč 222 Smočan 131-132 Somova 155 Spoletium 86

Srajitsa 108 Statio Saltensis 225 Stărmen 246 Stobi 119, 309, 319 Strahilovo 108, 120 Straja 52 Suasa 186 Sucidava 217 Synaus 283 Târgușor 52-53, 341 Tegulicium v. Vetren Telița 155, 159 Ticinum 254 Töging 180 Tomi 11, 13, 27, 29, 34-35, 51-69, 71-72, 75, 84, 89, 101, 109, 127-128, 159, 205, 222223, 227, 285, 301, 307, 313, 315, 319, 340-342, 344-346, 349-351, 354, 359, 361-362, 364-365, 368-369 Topalu 28, 36 Topola 69 Topolog 80-83, 307 Topraisar 59 Transmarisca 59, 239, 242, 304, 309, 317, 322 Trănčovica 246 Trèves 279 Troade 279 Troesmis 26-37, 56-58, 87, 150, 158, 160, 167-195, 221, 239, 241, 261, 277, 299, 301-302, 305, 311-315, 317, 320, 323324, 340, 345, 364-366, 369 Tropaeum Traiani 26, 79, 97-104, 178, 199, 205, 223, 285, 343, 346-348, 350-351, 355, 365 Tsarev Brod 27, 222 Tučenica 131 Tulcea 11, 155, 161 Tulucești 156 Turda 86, 91 Turin 21 Tusculum 85 Turcoaia 167 Tutrakan v. Transmarisca Tvărdica 70-71 Urluia 98 Utus 283-284, 287, 346 Valea Roștilor 82-83 Valea Teilor 158, 178-179 Valu lui Traian 59 Vama Veche 71

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Vardim 246 Variana 281 Varna v. Odessos Velika Cezava 252 Veliko Târnovo 107 Vérone 21 Vetren 218, 220 Vicetia 279 uicus [---]dianus 108, 355 uicus Abrittus v. Abrittus uicus Agatapara 102, 333 uicus Amlaidina 70, 72, 331 uicus Araba 334, 368 uicus Aslobodinenses 70 uicus Arcidaua 22 uicus Arnumtus Superior 218-219 uicus Bad[---] v. aussi Mihai Bravu 80, 8491, 94-95, 207, 300, 313, 316, 364-365 uicus Bres[---]113, 330 uicus Budalia 334 uicus Buricodava v. uicus Perburidaua uicus Buteridauensis 12, 23, 38, 340, 364 uicus C[---] 24 uicus C[.]niscus 334 uicus Catesous 334, 368 uicus Capidauensis v. Capidava uicus Casianus 24 uicus classicorum 147-153 uicus Clementianenses 54-55, 61, 63-64, 66, 355 uicus Celeris 22, 38, 55, 67, 151, 364 uicus Cuetro 335 uicus Dizerpera 113, 123, 330 uicus Gauidina 218-219 uicus Hi[---] 208 uicus Icacidunum 284 uicus Longinopara 139, 364 uicus Magaris 334 uicus Narcissianus 55, 151 uicus Nou[---] 80, 147, 155, 157-158, 300, 316

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uicus Quintionis 19, 21, 30-32, 34, 36-344, 56, 72, 224, 313, 316, 354, 358, 364 uicus Parsal[---] 24 uicus Perburidaua 35, 256, 262, 357 uicus Perdica 334 uicus Pereprus 131-133, 333 uicus Petra 80, 88-89, 119, 300, 313, 316 uicus Ratumagus 7 uicus Rami[ani?] 86, 206-207, 216, 331 uicus S[---] 55 uicus Saprisara 113 uicus Sardes 70 uicus Sc[---]ia 55 uicus Scenopesis 202, 208-209, 214 uicus Secundini 22, 31-34, 37-41, 45, 56, 354, 358, 364, 367 uicus Statuis 334 uicus Siamaus 284 uicus Tautiomosis 140, 143, 363 uicus Thiuri[---]331 uicus Titis 334 uicus Trullensium 139 uicus Turris Muca[---] 56, 60, 364 uicus Ulmetum 19, 24-33, 35-38, 40-41, 4649, 54, 151, 341, 346, 349, 351, 369 uicus Vero[…]rittiani 86, 205, 207, 312, 316 uicus Vindemis 334, 368 uicus Vorouum Minor 140, 145, 331, 344, 356 uicus VRBI[---] 160-161, 342 uicus Zinesdina Maior 113, 304, 330, 343, 364 Vienna 119 Viminacium 142, 303, 334 Vinitsa 69 Virunum 251 Vishovgrad 107 Xanten 3 Zaldapa v. aussi Abrit 99

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