Rendez-vous : français, 1er cycle du secondaire. Manuel A [1A] 9782765200314, 2765200319, 9782765200321, 2765200327, 9782892429954, 2892429951, 9782892429961, 289242996X

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Rendez-vous : français, 1er cycle du secondaire. Manuel A [1A]
 9782765200314, 2765200319, 9782765200321, 2765200327, 9782892429954, 2892429951, 9782892429961, 289242996X

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FRANÇAIS • 1er cycle du secondaire Jacqueline Fortin Carole Tremblay

MANUEL DE L’ÉLÈVE

A

CHENELIÈRE ÉDUCATION

FRANÇAIS • 1er cycle du secondaire Jacqueline Fortin Carole Tremblay

MANUEL

A

CHENELIÈRE ÉDUCATION

RENDEZ-VOUS Français, 1er cycle du secondaire

Illustrations

Manuel A

Cyril Berthou : p. 148 (carte), 164 (carte), 174 (carte), 227.

Christine Battuz : p. 66-67, 68-69, 121 à 123, 226.

Jacqueline Fortin, Carole Tremblay

Stéphane Bourrelle : p. 23 à 25, 59, 130-131, 217, 240.

© 2005 Les publications Graficor inc.

Sophie Casson : p. 215, 218.

Édition et direction de la collection : Ginette Lambert Coédition : Marie-Claude Côté Coordination et révision linguistique : Monique Daigle Correction d’épreuves : Caroline Bouffard Conception graphique : Cyril Berthou, Valérie Deltour Mise en pages et direction artistique : Valérie Deltour Collaboration : François Morin Construction de l’index : Sophie Trudeau

Christine Delezenne : p. 35 à 41, 43, 92 à 97, 116 à 120, 134 (bande décorative), 138 à 142, 191 à 197, 242, 243, 257 à 260, 276 à 280 (bande décorative). Élisabeth Eudes-Pascal : p. 64, 65. Frefon : p. 12, 63, 84, 127-128, 160, 231, 269, 275, 296, 302, 304, 309, 313, 315, 318, 324, 327, 330, 332, 337, 342, 347, 351, 356, 360, 362, 366, 369, 371, 374, 376, 382, 387, 395, 399, 402, 407, 409, 415, 418, 420, 424, 432, 435, 438, 447, 450, 454, 460, 463, 467, 471, 482, 487, 493, 498, 500. Vincent Gagnon : p. 14-15, 31, 33, 34, 108, 168 à 173, 183, 207, 238, 252, 304, 308, 310, 314, 317, 319, 323, 326, 341, 346, 352, 355, 358, 361, 364, 368, 373, 378, 384, 386, 390, 394, 397, 401, 406, 412, 417, 419, 422, 426, 433, 440, 448, 453, 458, 464, 468, 472, 478, 484, 489, 496. Philippe Germain : p. 13, 90, 91, 157, 208, 230, 272, 285, 298. Michel Grant : p. 16-17, 79, 153, 154. Stéphane Jorisch : p. 20-21, 110 à 114, 199-200 (illustrations), 202 (illustration), 204. Jacques Laplante : p. 30, 220, 221, 266, 267. Dany Lavoie : p. 17, 18, 106-107, 109, 134 à 137 (illustrations), 286 à 294. Jean Morin : p. 233. Jean-François Vachon : p. 46 à 54, 62, 74 à 76, 86 à 88, 124 à 126, 132, 146, 147, 149 à 152, 185 à 190, 212, 254 à 256, 274, 276 à 280 (illustrations), 282, 306, 312, 316, 321, 328, 334, 339, 344, 349, 353, 357, 359, 365, 370, 375, 377, 380, 383, 385, 388, 389, 392, 396, 400, 405, 408, 411, 416, 421, 427, 428, 436, 442, 444, 446, 449, 456, 461, 466, 469, 475, 476, 480, 483, 486, 490, 492, 495. Anne Villeneuve : p. 58, 72, 73, 229.

CHENELIÈRE ÉDUCATION

7001, boul. Saint-Laurent Montréal (Québec) Canada H2S 3E3 Téléphone : (514) 273-1066 Télécopieur : (514) 276-0324 [email protected] Tous droits réservés. Toute reproduction, en tout ou en partie, sous quelque forme et par quelque procédé que ce soit, est interdite sans l’autorisation écrite préalable de l’Éditeur. ISBN 2-89242-995-1 Dépôt légal : 2e trimestre 2005 Bibliothèque nationale du Québec Bibliothèque nationale du Canada Imprimé au Canada 5 64 75 8ITIB 9 ITIB 12 07 11 06 10 09 08 3 09 08

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’aide au développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) pour nos activités d’édition. Chenelière Éducation remercie le gouvernement du Québec de l’aide financière qu’il lui a accordée pour l’édition de cet ouvrage par l’intermédiaire du Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres (SODEC).

Yayo : p. 246.

Remerciements L’Éditeur tient à remercier chaleureusement tous ceux et celles qui, à titre de consultants ou de consultantes, ont examiné et commenté l’un ou l’autre aspect de ce manuel. Leurs commentaires judicieux, la pertinence de leurs suggestions et la finesse de leur esprit critique ont été des plus appréciés. Françoise Assaad, Villa Sainte-Marcelline Micheline Baril, CS des Patriotes Claude Béland, CS des Patriotes Claire Bélanger, CS des Affluents Natacha Belleau, Collège Mont-Royal Annie Boisseau, CSDM Julie Bouchard, Séminaire Saint-François de Cap-Rouge Mario Boucher, CS de la Pointe-de-l’Île Noëlle Boucher, Collège Laval Isabelle Bouthillier, Collège Durocher Saint-Lambert Mélissa Brière, CS de la Rivière-du-Nord Patrick Chartrand, École secondaire Marie-Victorin Denise Corriveau, CS de la Côte-du-Sud Linda Côté, CS De La Jonquière Bruno D’Anjou, CS des Navigateurs Nancy Desmeules, CS des Rives-du-Saguenay Sandra Dessureault, Collège Mont-Saint-Louis Roxanne Doré, CS des Laurentides Bernard Dubé, CSDM Lina Fiset, CS de Portneuf Isabelle Fortin, CS des Affluents Benoît Gariépy, CS du Val-des-Cerfs Hélène Gauthier, CS des Laurentides

Amélie Guay, Collège de Montréal Isabelle Guertin, CS de Saint-Hyacinthe Sandra Hsih, Collège Sainte-Anne de Lachine Céline L’Heureux, Collège Charles-Lemoyne Claudine L’Italien, CS des Affluents Micheline Lachance, CSDM Anne-Marie Lafleur, CSDM Élaine Lavoie, Collège Mont-Saint-Louis Marie-Josée Lévesque, Collège Regina Assumpta Danielle Longchamp, CS des Laurentides Isabelle Maheux, CS du Lac-Abitibi Mélanie Mallamo, CSDM André Massé, CS des Affluents Vicky Mathieu, CS des Draveurs Salam Mawassi, CS de la Pointe-de-l’Île Valérie Moisan, CS de l’Énergie Sylvie Moreau, École secondaire Saint-Joseph de St-Hyacinthe Joanne Pellerin, CS des Affluents Sonia Phaneuf, CS de la Vallée-des-Tisserands Monique Pouliot, CS Marguerite-Bourgeoys Liane Quevillon, Collège Laval Édith Shannon, CS des Premières-Seigneuries Noëlle Sorin, UQTR Martin Théberge, CS des Patriotes

3

ABRÉVIATIONS, SIGNES ET SYMBOLES LES ABRÉVIATIONS

LES SYMBOLES

Adj.

adjectif

C

complément

Adv.

adverbe

C de P

complément de phrase

Attr.

attribut

C du N

complément du nom

Aux.

auxiliaire

Dét.

déterminant

CD du V complément direct du verbe

f.

féminin

CI du V

m.

masculin

complément indirect du verbe

pers.

personne grammaticale

GAdj

groupe adjectival

GAdv

groupe adverbial

pl.

pluriel

GN

groupe nominal

s.

singulier

GInf

groupe infinitif

Modif.

modificateur

GPart

groupe participial

Prép.

préposition

GPrép

groupe prépositionnel

Pron.

pronom

GV

groupe verbal

Sub.

subordonnée

N

nom

Sub. compl.

subordonnée complétive

P

phrase

S

sujet

subordonnée relative

V

verbe

VAttr

verbe attributif

Sub. rel.

4

LES SIGNES =

a le même sens que… forme incorrecte ou emploi non approprié

+

addition, ajout



effacement, soustraction

 

déplacement remplacement Élément fautif

Sujet de P Prédicat de P C de P

TABLE DES MATIÈRES Abréviations, signes et symboles

.......................................................................................... 4

Une invitation à découvrir votre manuel: mode d’emploi

Partie 1 :

............................................................... 6

LES SITUATIONS D’APPRENTISSAGE MODULE 1 : RENDEZ-VOUS AVEC LA PEUR . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 Séquence 1 : Séquence 2 :

Monstres légendaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 Maisons mystérieuses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31

MODULE 2 : À VOTRE SANTÉ ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60 Séquence 1 : Séquence 2 :

Autour de la table . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62 À vos marques… . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84

MODULE 3 : SUR LA TRACE DES PERSONNAGES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106 Séquence 1 : Séquence 2 :

Des êtres à part . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108 Face à face . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132

MODULE 4 : AUTRES LIEUX, AUTRES TEMPS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 158 Séquence 1 : Séquence 2 :

Cadres de vie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160 Ces enfants d’ailleurs et d’autrefois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183

MODULE 5 : CIEL ET TERRE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 210 Séquence 1 : Séquence 2 :

La tête dans les étoiles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 212 Planète en péril . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 231

MODULE 6 : VOIR AUTREMENT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 250 Séquence 1 : Séquence 2 :

Découvrir la différence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 252 Grandir dans sa tête . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 274

Partie 2 : LES CONNAISSANCES Les connaissances . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 301 • La carte des notions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 302 • 65 notions, présentées en ordre alphabétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 304

Partie 3 : LES STRATÉGIES Les stratégies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 443 • La carte des stratégies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 444 • Stratégies en lecture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 446 • Stratégies en écriture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 467 • Stratégies en communication orale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 493

Index . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 502 5

el Votre manu p ois arties comprend tr ex. et un ind

Une invitation à découvrir votre manuel

Mode d’emploi

PARTIE 1 : Les situations d’apprentissage Six modules de deux séquences chacun Sommaire

Annonce les textes à lire et à apprécier.

La double page d’ouverture présente le thème et un aperçu du contenu du module.

La page d’ouverture présente le thème de la séquence et les apprentissages que vous ferez.

Renvoie au Recueil de textes, où sont proposés d’autres textes liés au thème. Les titres de ces textes sont mentionnés dans la rubrique D’autres rendez-vous.

Énumère les connaissances à acquérir ou à approfondir et les stratégies à utiliser.

Les compétences que vous développerez en relevant le défi sont notées en plus gros caractères.

LES PICTOGRAMMES Activité à faire oralement. Minisituation d’écriture. Question nécessitant une réflexion ou une recherche plus poussée. Défi

Présente le miniprojet à réaliser.

6

MODE D’EMPLOI

Document qu’on vous remettra.

Le déroulement d’une séquence En marche

Au départ

Une étape au cours de laquelle vous ferez part de ce que vous savez sur le thème et sur les connaissances abordées dans la séquence.

Une étape au cours de laquelle vous ferez l’acquisition de connaissances, et développerez vos compétences en lecture, en écriture et en communication orale. Vous apprendrez à utiliser des stratégies utiles dans toutes vos productions. Un court préambule introduit chaque texte et indique comment sa lecture vous aidera à relever le défi.

Au fil d’arrivée

Une étape au cours de laquelle vous utiliserez vos ressources (connaissances et stratégies) pour mener à bien un miniprojet.

Pour mieux comprendre le texte

Interroger le texte et réagir

Des questions pour vous aider à mieux comprendre certains mots et expressions du texte.

Des questions et des activités qui vous amènent à comprendre, à interpréter et à apprécier le texte. Ces activités vous aideront aussi à acquérir des connaissances et à développer des stratégies utiles pour relever le défi proposé.

En plus

PAG LA E DE P CO ARTI E NN AISS ANC ES

Rendez-vous avec…

Des capsules pour connaître des écrivains et des écrivaines et vous donner des repères culturels.

Hyperliens

Des hyperliens renvoient aux notions de la partie Connaissances et aux savoir-faire de la partie Stratégies.

Le saviez-vous ?

Des capsules pour vous informer sur une réalité d’ordre culturel.

MODE D’EMPLOI

7

Temps d’arrêt

D’autres rendez-vous…

Des exercices pour poursuivre le travail sur des points précis abordés dans la séquence.

Cet encadré renvoie à des textes de votre Recueil de textes, groupés sous le même thème.

Retour

Des questions pour faire un bilan de vos apprentissages.

PARTIE 2 : Les connaissances Cette partie présente les notions au programme. C’est un outil d’apprentissage et une ressource à consulter chaque fois que vous en avez besoin.

Carte des notions

Présente une organisation de toutes les notions de cette partie. Les notions sont regroupées selon les grandes sections auxquelles elles appartiennent.

R Renvoie à l’article «Rectifications orthographiques», aux pages 406 et 407.

Attention !

Indique une difficulté particulière ou une mise en garde. Les notions sont présentées en ordre alphabétique. Observation

Présente une activité qui vous permet de découvrir la notion étudiée dans l’article. Description et explication

Donne les explications et les exemples nécessaires pour comprendre la notion.

Coup de pouce

Propose une façon simple d’appliquer une règle. Définition

Donne, en termes simples, la définition de la notion.

8

MODE D’EMPLOI

Une flèche indique les exemples qui accompagnent les explications.

Utilité de cette connaissance

Montre l’utilité de la notion pour mieux lire, écrire ou communiquer oralement.

PARTIE 3 : Les stratégies

Cette partie présente des stratégies utiles en lecture, en écriture et en communication orale.

L’INDEX L’index vous permet de retrouver facilement et rapidement toutes les notions et les stratégies dont vous pouvez avoir besoin.

Carte des stratégies

Présente toutes les stratégies de cette partie, regroupées selon leur utilité.

Les exemples qui illustrent un savoir-faire sont présentés sur un fond de couleur.

MODE D’EMPLOI

9

RENDEZ-VOUS Bêtes étranges, monstres fabuleux, animaux maléfiques qui hantent les forêts, les mers, les marécages, les déserts, les cavernes et même les lieux habités… Créatures de cauchemar qui sèment la mort… Pourtant, si l’on vous prouvait qu’il en existe une, quelque part, dans un lac du Québec, vous feriez tout pour aller la VOIR de vos yeux… Maisons abandonnées, manoirs lugubres, châteaux isolés, villas sinistres… autant de lieux propices au mystère ! Qui y entre s’en repent ! Et pourtant, ces demeures vous fascinent… Vous ne pouvez pas vous empêcher d’y mettre le nez… Pourquoi ? Serait-ce, par hasard, que vous AIMEZ avoir peur ?…

10

1

MODULE

avec la

PEUR

SOMMAIRE SÉQUENCE 1

Monstres légendaires Des textes pour explorer l’univers des bêtes fabuleuses et des créatures fantastiques DES TEXTES NARRATIFS :

 Le

monstre du puits

. . . . . . . . . . . . . . 14

 Troussepoil . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16  Elias

et le Draug

. . . . . . . . . . . . . . . . . 17

DES TEXTES DOCUMENTAIRES :

Clabbert et Le Yéti . . . . . . . . . . . . 20  Le Graphorn et Le Phénix . . . . . . . . 21

 Le

DES PASSAGES DESCRIPTIFS DANS DES HISTOIRES DE MONSTRES :

maraîche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23  L’épouvantable tortue rouge . . . . . . 24  Le troll de Poudlard . . . . . . . . . . . . . . . 24  Le monstre guerrier . . . . . . . . . . . . . . 25

 La

SÉQUENCE 2

Maisons mystérieuses Des textes pour découvrir des histoires de maisons où règnent le mystère et l’étrange DES TEXTES NARRATIFS :

otages de la terreur . . . . . . . . . . 35 d’antan . . . . . . . . . . . . 44  Le château de Langendorf . . . . . . . . 46

 Les

 L’anniversaire

RECUEIL DE TEXTES

A

Des textes de toutes sortes pour explorer davantage le thème du module.

11

SÉQUENCE

1

Monstres légendaires

L

CONNAISSANCES ET STRATÉGIES

• Schéma narratif 412 • Passage descriptif 43 6 • Groupe adjectival 36 5 • Subordonnée relative 421 • Accord de l’adjectif 305

• Comment vérifier les accords dans le GN 489 • Comment vérifier les accords dans le GV 490

es monstres légendaires ont toujours existé et existeront toujours dans notre imaginaire. Dans l’Antiquité, les héros combattaient le Sphinx, l’Hydre, la Méduse,

le Minotaure… Aujourd’hui, Harry Potter combat les trolls avec ses camarades, la Compagnie de l’anneau combat les orques dans Le seigneur des anneaux et, dans de nombreux films, les héros et les héroïnes sont aux prises avec un Godzilla, un King Kong, un Alien ou tout autre monstre aussi charmant… Vous lirez, dans les pages qui suivent, des histoires de monstres et des textes

vous approprier le schéma narratif et vous fourniront de nombreux exemples de passages descriptifs. Vous explorerez aussi divers moyens de trouver de l’information. documentaires sur ce sujet. Ces lectures vous aideront à

Les lectures et les activités de la séquence vous permettront de vous informer pour écrire à votre tour un début de récit d’épouvante et un passage décrivant un monstre. Vous rassemblerez vos descriptions dans un recueil. Vous explorerez ainsi l’univers sans limites des créatures légendaires, ce qui vous aidera à mieux connaître ce thème en comparant les façons de le traiter.

12

MODULE 1

RENDEZ-VOUS AVEC LA PEUR

Au départ Voici une liste — bien incomplète — de bêtes monstrueuses et de créatures légendaires. Lisez-la en y repérant les monstres qui ne vous sont pas inconnus.

ARACHNE

Gollum

Manticore

RUNESPOOR

Balrog

Goule

MEMPHRÉ

Sasquatch

GRIFFON

Minotaure

Sphinx

BÊTE DU GÉVAUDAN

Harpie

Nessie (du loch Ness)

TARASQUE

Chimère

Hippogriffe

OGOPOGO

Vouivre

Fangieux

KRAKEN

Phénix

Wendigo

GAROUDA

Léviathan

Basilic

1.

Ponik

YÉTI

Parmi ces créatures, lesquelles avez-vous déjà vues dans des films ? Quels étaient les titres de ces films ?

2. a) Choisissez, dans cette liste, trois bêtes que vous ne connaissez pas et cherchez-les dans votre dictionnaire. (Au besoin, vérifiez dans la partie «noms propres».) Si vous avez choisi un mot qui ne figure nulle part dans votre dictionnaire, remplacez-le. Il vous faut trois mots présents dans votre dictionnaire. b) Transcrivez dans votre Journal culturel les trois définitions que le dictionnaire vous donne.

3. Parmi ces bêtes, il y en a au moins cinq qui «habitent» au Québec ou au Canada. En connaissezvous ? Combien ? Lesquelles ? Que savez-vous à leur sujet ?

4.

Pensez à un monstre légendaire que vous connaissez et qui ne figure pas dans cette liste. Nommez-le et décrivez-le en quelques mots.

Les monstres des lacs, les abominables hommes des neiges, les serpents de mer, etc., sont très sérieusement étudiés en zoologie. La branche qui étudie ces monstres (ainsi que les animaux peu connus qui ont été rarement aperçus) s’appelle la cryptozoologie. Cryptoveut dire «caché». Ces animaux, en effet, se «cachent» de nous, car il est vrai qu’on ne les voit pas souvent…

Séquence 1

Monstres légendaires

13

vers le

Voici deux autres extraits où vous pourrez vérifier votre habileté à reconnaître les trois premières étapes du schéma narratif ainsi que les passages descriptifs. Cette fois-ci, aucun indice n’est donné.

Troussepoil 5

10

15

16

Le cavalier guidait péniblement son cheval dans les rues encombrées du bourg. C’était jour de marché : devant les étals 1 de légumes et près des parcs à bestiaux se pressait une foule animée de paysans et de promeneurs. Le cavalier et sa monture, fatigués par une longue route, avaient soif. L’homme demanda le chemin de l’auberge. Quelques instants plus tard, il était attablé devant un cruchon de cidre, la pipe aux lèvres et les bottes délacées. Dans la grande salle, où pétillait un feu accueillant, les servantes s’affairaient, un groupe d’hommes concluait un marché, des enfants jouaient. Le cavalier savourait cet instant de repos… Soudain, venant de la rue, un cri monta, suivi de beaucoup d’autres. Bientôt ce fut une immense clameur qui s’insinua dans la salle de l’auberge : on y devinait la peur. Comme tous les clients, le cavalier s’était levé. Autour de lui, les conversations s’étaient tues 2 , la pâleur avait envahi les visages. Brusquement, la porte qui donnait sur la rue s’ouvrit et la foule fit irruption dans la pièce en hurlant : «Troussepoil ! Troussepoil !» Aussitôt l’aubergiste barricada portes et fenêtres, tandis que les clients se terraient dans le coin le plus reculé de la salle. Par une vitre, le cavalier eut le temps de voir la rue se vider : comme pris d’une soudaine folie, petits et grands couraient se mettre à l’abri.

20

Alors le cavalier entendit depuis l’extérieur une respiration rauque, un pas pesant. «Une illusion ! se dit-il, cette panique est contagieuse !» Mais, par une fente, il aperçut alors une sorte d’ours monstrueux, doué d’une force colossale, qui emportait une vache. L’animal rôda un moment autour de l’auberge, puis s’éloigna lentement en faisant trembler le sol sous son poids. «Troussepoil est parti ! Cette fois il n’a mangé que la vache de Jacques Bonhomme ! s’écria un petit garçon.

25

— Mais qui est ce Troussepoil ? demanda le cavalier à l’aubergiste. — Un monstre affreux ! Une créature diabolique, qui s’attaque aux hommes et aux animaux ! On l’appelle Troussepoil à cause de ses poils noirs qui se dressent partout sur sa grande carcasse quand il sort du torrent où il a élu domicile ! Ah comment pourrons-nous nous en débarrasser ?

30

[…] Bernard Briais et Claude-Catherine Ragache, «Troussepoil» (extrait), Les créatures fantastiques : mythes et légendes, Paris, Hachette Jeunesse, 1996, p. 86-87.

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE 1

Donnez un nom de même famille que étal.

2

Quel est le verbe utilisé dans s’étaient tues ? Pour répondre, mettez au présent la phrase «les conversations s’étaient tues».

et le

À Kvalholmen, au sud de Helgeland, vivaient jadis un pauvre pêcheur nommé Elias et sa femme Karen qui, avant leur mariage, avait travaillé au presbytère d’Alstadhaug. Ils * Le Draug est un monstre marin. Selon la légende scandinave, celui qui voit le Draug mourra bientôt.

ELIAS

Draug*

5

10

habitaient une petite cabane qu’ils avaient construite eux-mêmes et Elias était employé à la journée par les pêcheries des îles Lofoten. Kvalholmen était une île solitaire, et parfois des signes indiquaient qu’elle était hantée. Lorsque son mari ne se trouvait pas à la maison,

Séquence 1

Monstres légendaires

17

30

35

40

45

il arrivait que sa bonne épouse entendît toute sorte de cris et de bruits mystérieux qui n’étaient sûrement pas de bon augure 1 . 15

20

25

Chaque année, ils avaient un enfant; et après sept ans de mariage, la famille en comptait six. Mais les parents étaient tous deux solides et travailleurs, et lorsque le dernier enfant naquit, Elias avait réussi à mettre un peu d’argent de côté, avec lequel il pensait pouvoir acheter un sixern* qui lui permettrait de travailler pour les pêcheries en possédant son propre bateau. Un jour, alors qu’il marchait le long de la côte, un harpon à la main, Elias aperçut soudain, allongé au soleil derrière un rocher, un énorme phoque qui fut apparemment tout aussi surpris que lui de cette rencontre.

Mais Elias ne perdit pas de temps. Du haut du rocher sur lequel il se tenait, il lança son harpon qui vint se planter dans la nuque du phoque. Aussitôt — et avec quelle violence ! — l’animal se dressa et se tint droit sur sa queue, aussi grand que le mât d’un bateau, en fixant sur lui un regard noir de ses yeux injectés de sang et en montrant ses dents dans un rictus 2 si haineux, si démoniaque qu’Elias en fut saisi de frayeur. Puis, le phoque replongea dans la mer et disparut dans une gerbe d’eau mêlée de sang. Ce fut la dernière vision qu’Elias eut de lui; mais l’après-midi du même jour, le harpon, brisé au ras de sa hampe de fer, fut rejeté par la mer à proximité du bateau amarré non loin de sa cabane. Elias oublia bientôt l’incident. L’automne de la même année, il acheta son sixern et l’abrita dans un hangar à bateau qu’il avait construit pendant l’été. […]

Jonas Lie, Histoires de fantômes (extrait), traduit de l’anglais par Jean-François Ménard, Paris, Hachette, coll. «Le livre de poche jeunesse», 1985, p. 173 à 176.

* Le sixern est un petit bateau de pêche à un mât utilisé dans les pays nordiques.

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE 1

Lorsqu’une chose n’est pas «de bon augure», elle est «de mauvais augure». Expliquez dans vos mots ce que veut dire être de mauvais augure.

2

Qu’est-ce qu’un rictus ? Dites-le dans vos mots.

INTERROGER LE TEXTE ET RÉAGIR Les premières étapes du schéma narratif

5.

18

MODULE 1

Dans chacun des deux extraits que vous venez de lire, dégagez les trois premières étapes du schéma narratif à l’aide d’un tableau comme celui ci-après.

RENDEZ-VOUS AVEC LA PEUR

Extraits

Étapes

À partir de…

Troussepoil

1º Situation initiale

«Le cavalier guidait…»

Jusqu’à…

2º Élément déclencheur X

3º Déroulement 1º Situation initiale

Elias et le Draug

2º Élément déclencheur X

3º Déroulement

6. Pour chacun des deux extraits, relevez la marque de temps

Le déroulement n’est pas reproduit en entier puisqu’il s’agit d’un extrait.

qui accompagne l’élément déclencheur.

La description du monstre

7.

Indiquez, pour ces deux extraits, à quelle ligne commence le passage descriptif concernant le monstre et à quelle ligne il finit. Pour ce faire, utilisez un tableau comme celui ci-après. Extraits

Dans l’extrait de Troussepoil, il y a deux passages descriptifs à repérer.

À partir de…

Jusqu’à…

Troussepoil Elias et le Draug

La situation initiale

8.

a) Toujours dans ces deux extraits, relevez les renseignements que contient la situation initiale. Aidez-vous d’un tableau comme le suivant:

Extraits

Nature des renseignements Les personnages

Ce qu’on apprend sur eux

Les lieux

Le moment ou l’époque

Troussepoil Elias et le Draug b) Une fois votre tableau rempli, vérifiez vos réponses avec celles de vos camarades. c) En observant votre tableau, que pouvez-vous conclure au sujet du contenu habituel d’une situation initiale ?

Séquence 1

Monstres légendaires

19

Gardez les descriptions que vous relèverez dans votre Journal culturel: elles pourront vous être utiles pour écrire votre propre description.

INTERROGER LE TEXTE ET RÉAGIR Les aspects du monstre

9.

Choisissez un monstre parmi les quatre qui sont décrits aux pages 20 et 21. a) Si vous choisissez le Clabbert, vous devez relever les descriptions concernant chacun des aspects suivants : son apparence générale, sa peau, ses pieds et ses mains, ses membres, sa tête, sa gueule, son alimentation, sa caractéristique spéciale. Répondez à l’aide d’un tableau semblable au suivant: LE CLABBERT

Aspects décrits

Description donnée

Apparence générale

Son apparence «évoque un croisement entre un singe et une grenouille».

… b) Si vous choisissez le Yéti, vous devez relever les descriptions concernant chacun des aspects suivants: son origine, sa famille, sa taille, son pelage, son alimentation, une de ses caractéristiques spéciales. Répondez à l’aide d’un tableau semblable au suivant: LE YÉTI

Aspects décrits

Description donnée

Origine

Tibet.

… c) Si vous choisissez le Graphorn, vous devez relever les descriptions concernant chacun des aspects suivants : son habitat, sa taille, sa couleur, ses caractéristiques spéciales, ses pieds, son comportement, sa domestication. Répondez à l’aide d’un tableau semblable au suivant: LE GRAPHORN

Aspects décrits

Description donnée

Habitat

Régions montagneuses d’Europe.

… d) Si vous choisissez le Phénix, vous devez relever les descriptions concernant chacun des aspects suivants : sa couleur, sa taille, sa queue, son habitat, sa longévité, son alimentation, son chant, ses pouvoirs, ses larmes. Répondez à l’aide d’un tableau semblable au suivant : LE PHÉNIX

Aspects décrits

Description donnée

Couleur

Rouge vif et…

… 22

MODULE 1

RENDEZ-VOUS AVEC LA PEUR

vers le

Les textes documentaires sur les monstres ont leur utilité lorsqu’on veut écrire une histoire de monstre. Cependant, les descriptions qu’on lit dans les récits sont beaucoup plus impressionnantes, expressives, vivantes que celles qu’on trouve dans les livres documentaires. Vous devrez donc, vous aussi, écrire votre description de monstre d’une façon impressionnante. Voici quelques bons exemples de passages descriptifs pris dans des histoires de monstres. Ces passages vous aideront à faire une description vivante, étonnante, à l’aide d’expansions bien choisies. Lisez ces descriptions en prêtant attention aux expansions qu’elles contiennent.

La maraîche «Père dit encore : r innommable, — La maraîche est un animal d’une dimension indicible, d’une laideu it insatiable 1 , d’une force incommensurable, d’un âge incalculable, d’un appét d’une sournoiserie… d’une sournoiserie… 5

Mère lui vient en aide : — … d’une sournoiserie 2 incomparable.» s de dents «La maraîche est gigantesque. Sa gueule est remplie de sept rangée pieds de long.» en haut et de sept rangées de dents en bas. Ses dents ont sept

10

ines.» «De sa gueule sort un souffle glacial qui soulève des vagues assass comme des «La maraîche a des oreilles rigides et pointues qui sont coupantes maison.» la re lames. Son dos est écailleux et rond, plus rond que la colline derriè e en éventail «Sa queue est tortillée comme celle d’un cochon et se termin comme celle d’une morue.»

Descriptions extraites de: Bernard Boucher, Les triplets de Gradlon 1 : Yann et le monstre marin, Montréal, Boréal Junior, 2001, p. 11, 12, 13, 14 et 16.

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE 1

2

Montrez que vous comprenez tous les adjectifs de cette phrase en les remplaçant par une subordonnée relative ayant le même sens. Par exemple, inimaginable peut être remplacé par «qu’on ne peut pas imaginer». Donnez un antonyme de sournoiserie.

Séquence 1

Monstres légendaires

23

L’épouvantable tortue rouge diables, des eillé par un boucan de tous les «Un matin, très tôt, j’ai été rév is horrible : ça lements, et puis un cri, un seul, ma chocs, des craquements, des hur des sifflements chats fouettés par un maboul, tenait du braillement de douze temps. Je me sirène d’usine, tout ça en même d’une armée de serpents, d’une e […] et alors je l’ai vue.» 5 suis précipité hors de ma cas un de ces able tortue rouge. Haute comme «C’était Teri-Hate-Tua. L’épouvant guerre. Écarlate . Large comme un vaisseau de immeubles du Nouveau Monde rs pour deux c une tête à te filer des cauchema comme les braises de l’enfer. Ave ou trois siècles. » […] et une is, un bec dégoulinant de sang 10 «Des yeux luisants comme des rub petite tortue ait peut-être été marrante sur une espèce de crête de coq qui aur bestiau !» de rien du tout, mais pas sur ce able tortue rouge,

çois Chabas, Teri-Hate-Tua, l’épouvant Descriptions extraites de : Jean-Fran erman S.A. «Huit & plus», 2002, p. 31-33. © Cast coll. Tournai, Casterman,

Le troll de Poudlard «Une odeur nauséa bonde flottait en ef fet dans le couloir, un mélan ge de vieille chau ss et te et de toilettes mal entre tenues. Ils* entend irent alors un grognement sourd et un bruit de pa s sonores, 5 comme des pieds géants qu i martelaient le sol.» «C’était un specta cle épouvantable. Près de quatre mètres de ha uteur, une peau gr ise et terne comme de la pierre , un corps couvert de verrues, qui avait l’air d’un énorme rocher au 10 duquel sommet était plantée une petite tête chauve de la taille d’une noix de coco. La créatu re av ai t des jambes courtes, ép aisses comme des troncs d’arbre avec des pieds pl ats hérissés de po intes. L’odeur pestilentie lle qu’e lle déga geait dé fiait l’i mag i15 nation. Le monstre tenait une gigantesque m assue qui traînait par te rre au bout de so n bras d’une longueur interminab le.» Descriptions extraites de : J. K. Rowling, Harry

Potter à l’école des sor ciers, Paris, Gallimard, 199 8, p. 176-177.

* Harr y Potter et ses

24

MODULE 1

RENDEZ-VOUS AVEC LA PEUR

amis.

Le monstre guerrier «Amos tourna la tête et vit une hor rible créature remettre un carreau 1 dans son arbalète.» «La créature avait une forme hum aine. Elle avait la peau brune et très sale, un immense nez 5 aquilin , deu x gros yeu x globul eux et une bouche aux lèvres tombantes. Des crocs longs et fins saillaient de sa mâcho ire inférieure. L’humanoïde avait de très lon gs bras et de courtes jambes. Sa tête aux larges oreilles 10 pointues était recouverte d’un bonnet rouge qui dissimulait de longs cheveu x blancs et clairsemés. Une armure de cuir grossier, des bottes de métal, un léger sac et une large ceinture à laquelle pendait un grand couteau 15 rudime ntaire 2 complé taie nt le portrait de l’assassin. » Descriptions extraites de : Bryan Perro , Amos Daragon, le crépuscule des dieux , Montréal, Les Éditions des Intouchab les, 2003, p. 26-27.

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE 1

Parmi les définitions que donne le dictionnaire au mot carreau, laquelle est la bonne dans ce contexte ?

2

Si le couteau est rudimentaire, alors comment est-il ?

Séquence 1

Monstres légendaires

25

INTERROGER LE TEXTE ET RÉAGIR Des expansions pour décrire

10.

Dans les quatre extraits des pages 23, 24 et 25, on trouve beaucoup d’expansions qui servent à décrire les monstres. a) Relevez toutes celles que vous trouvez intéressantes et que vous aimeriez conserver. Classez-les dans les tableaux du document qu’on vous remettra. • Dans le tableau 1, relevez les GAdj expansions du nom. • Dans le tableau 2, relevez les subordonnées relatives expansions du nom. • Dans le tableau 3, relevez les GAdj expansions du verbe être.

Assurez-vous que vous comprenez tous les mots que vous relevez.

Quelques exemples, tirés de plusieurs extraits, sont donnés pour vous aider. EXEMPLES D’EXPANSIONS UTILES POUR UNE DESCRIPTION DE MONSTRE TABLEAU 1

Nom

Expansion du nom : groupe adjectival

• peau

grise et terne comme de la pierre

• tortue

haute comme un de ces immeubles du Nouveau Monde

•… TABLEAU 2

Nom

Expansion du nom : subordonnée relative

• souffle

qui soulève des vagues assassines

•… TABLEAU 3

Sujet

Verbe être

Expansion du verbe être: groupe adjectival

• son dos

est

écailleux et rond, plus rond que la colline derrière la maison

• sa tête

était

recouverte d’un bonnet rouge qui dissimulait de longs cheveux blancs et clairsemés

•… b) Comparez vos réponses avec celles de vos camarades et voyez s’il y en a que vous aimeriez ajouter à votre liste. c) Conservez ces tableaux dans votre Journal culturel. Vous pourrez vous en inspirer pour écrire une description vraiment impressionnante.

26

MODULE 1

RENDEZ-VOUS AVEC LA PEUR

Au fil d’arrivée Écrire un début de récit d’épouvante et un passage décrivant un monstre. Vous avez maintenant en main de nombreuses ressources pour produire votre début de récit et votre description. Vous pouvez également vous inspirer des textes proposés dans la rubrique «D’autres rendez-vous…», à la page suivante. La planification

1. Choisissez le monstre qui apparaîtra dans votre histoire. Pour cela, vous avez deux possibilités: 1) faire une recherche à la bibliothèque (dans la section «Ouvrages documentaires») ou sur le Web en tapant des expressions telles que «animaux fantastiques», «bêtes fabuleuses», «monstres légendaires», etc.; 2) inventer vous-même un monstre.

La rédaction et la révision

2. Imaginez un début d’histoire de monstre d’une centaine de mots. a) Commencez par rédiger une courte situation initiale. b) Faites de même avec l’élément déclencheur. c) Vous pouvez ensuite choisir entre les deux possibilités suivantes :

• 1 • Commencer le déroulement et passer sans trop tarder à votre description de monstre.

Utilisez des expansions pour rendre votre description plus vivante.

• 2 • Commencer tout de suite votre description de monstre.

Attention ! Rappelez-vous que, souvent, les sons, les odeurs, les mouvements, les attitudes, etc., ont aussi leur place dans les descriptions. Ne vous limitez pas à décrire uniquement les aspects physiques du monstre.

La mise en commun

3. En équipe, rassemblez vos textes pour en faire un recueil sur les monstres. Inspirez-vous d’ouvrages déjà publiés pour l’organisation et la présentation de votre recueil (page couverture, titre, illustrations, etc.).

Séquence 1

Monstres légendaires

27

D’AUTRES

rendez-vous...

Explorez d’autres textes qui vous aideront à écrire un début de récit d’épouvante et un passage décrivant un monstre. Dans votre Recueil de textes, vous trouverez… • d’autres monstres: Le chien des Baskerville, La malédiction du loup-garou, La vengeance de la momie, Alors une longue patte velue me frôla la main…; • des personnages confrontés à des monstres : Thésée et le Minotaure, À l’assaut du dragon; • des illustrations qui vous inspireront pour votre recueil de monstres.

Retour Autoévaluation e des termes d’évaluation : Lorsque c’est possible, répondez à l’aid Beaucoup / Assez / Un peu. POINTS À ÉVALUER ve que es proposées dans la séquence, je trou 1. Après avoir fait les lectures et les tâch j’ai plus de facilité à : récit; a) reconnaître le schéma narratif d’un dans un récit; b) reconnaître les passages descriptifs c) écrire une description; nsions; d) enrichir mes phrases avec des expa et les subordonnées relatives; e) reconnaître les groupes adjectivaux f) accorder les adjectifs. de mots m’ont permis d’enrichir mon bagage 2. a) Les lectures, les tâches et le défi ions. et d’expressions pour écrire des descript bulaire, sont maintenant entrés dans mon voca b) Parmi les mots et les expressions qui . il y a les suivants : causé le plus tionnées dans la séquence, celle qui m’a 3. a) Parmi les bêtes fabuleuses men . d’étonnement est : . nte parce que : b) J’ai trouvé cette créature surprena j’ai écrite est réussie. 4. a) Je trouve que la description que . b) Je trouve cela parce que : . e recueil, c’est : 5. a) Ce que j’apprécie le plus de notr . liorer l’aspect suivant : b) Une prochaine fois, j’aimerais amé s le travail en équipe, c’est : c) Ce qui a le mieux fonctionné dan

28

MODULE 1

RENDEZ-VOUS AVEC LA PEUR

.

Temps d’arrêt Les groupes adjectivaux

1. Complétez les extraits ci-après en y insérant, aux endroits indiqués, un GAdj approprié choisi parmi les suivants :

allongé aplati bestial blanchâtre dégouttant de sang frais épais féroce

horrible horrible lourd modulé monstrueux parsemé de pustules plein de verrues

Pour chacun des exercices, n’oubliez pas de bien accorder vos adjectifs. Au besoin, voyez Comment vérifier les accords dans le GN, à la page 489.

pointues comme celles d’un requin proéminent sinistre strident terrifiant

1) Au même instant, la créature poussa un hurlement. Kévin vit que les tentacules formaient une 1 moustache, sous laquelle venait de s’ouvrir une bouche 2 . Ses dents étaient 3 et son cri était une sorte de rugissement 4 et 5 . D’après Brad Strickland, Le monstre sous le pont, Monaco, Éd. du Rocher Jeunesse, 2003, p. 149-150.

2) La bête avança avec un grognement 6 . L’espace d’une seconde, j’eus la vision d’un masque 7 , d’une tête de crapaud géant, d’une peau 8 , d’une bouche 9 . Aussitôt les fourrés retentirent de craquements, et l’apparition 10 s’évanouit. D’après Arthur Conan Doyle, Le monde perdu.

3) À trente ou quarante centimètres de mon visage, une figure me regardait. Elle était 11 , 12 , 13 , avec un nez 14 , une mâchoire inférieure 15 , et quelque chose comme des favoris autour du menton. Les yeux, sous des sourcils 16 et 17 , avaient un regard 18 et 19 . D’après Arthur Conan Doyle, Le monde perdu.

Les groupes adjectivaux et les subordonnées relatives

2. Dans les extraits ci-après, ajoutez un GAdj ou une subordonnée relative aux endroits indiqués. Choisissez parmi les expansions que voici : Groupes adjectivaux

abominable atroce bestial cagneux court épais épais

Subordonnées relatives

formidable fourchue comme celle d’une vipère répugnant sombre velu velu

qu’il semblait me tirer qui crache le feu qui, dans les parties basses, tirait sur le noir qui est autant dire invulnérable

Séquence 1

Monstres légendaires

29

1) Un monstre 1 , monsieur, 2 et 3 . Il habite au fin fond de la forêt d’Organde, au nord de la ville. Et ce monstre a un corps de crapaud mais grand comme un cheval, des pattes de lézard, sept longs cous comme des serpents-boas, et au bout des sept cous, sept têtes de tigre, avec des dents à vous couper un homme en deux, et des langues 4 . D’après Vercors, «La Bête-à-sept-têtes», Contes des cataplasmes, Paris, Éd. Rouge et Or, 1989, p. 67.

2) Avec un cri de terreur, j’arrachai complètement le mouchoir. Pendant un instant, un instant très court, je regardai un visage 5 et 6 , des yeux glauques de cadavre, un nez épaté de singe, des oreilles 7 , une 8 langue noire 9 . Le visage bougea pendant que je l’observais, les traits se contorsionnaient. Quant à la tête, elle oscillait légèrement de gauche à droite, exposant ainsi un profil 10 et 11 . D’après Franck Belknap Long, «La deuxième nuit en mer», Les chefs-d’œuvre du fantastique, Paris, Éd. Planète, 1967, p. 202.

3) Au moment où, froissant la broussaille, le monstre allait se perdre dans les ténèbres de la brèche, je tirai sur lui par-derrière. À la lueur du coup de feu, j’eus le temps d’entrevoir un grand corps 12 , au poil rude et hérissé, d’une couleur grise 13 ; deux 14 pattes, 15 et 16 , supportaient cette 17 charpente. D’après Arthur Conan Doyle, La brèche au monstre.

Les groupes adjectivaux

3. Dans chacun des extraits suivants, repérez au moins cinq GAdj. Recopiez les passages contenant ces GAdj sur une feuille. Remplacez chaque GAdj par un autre de votre choix. Exemple :

Dans les deux exercices qui précèdent, nous avons facilité votre travail en vous signalant les expansions à ajouter. Ce ne sera pas le cas dans cet exercice.

Avec un hurlement infernal.

 Avec un hurlement épouvantable. 1) Avec un hurlement infernal, le monstre tenta de s’échapper de la machine. Ses dents brillaient dans l’obscurité. Une cruauté meurtrière et une avidité sanguinaire se lisaient dans ses yeux jaunes. Sa tête sortait à présent du moniteur, sa gueule devint béante et chercha à me happer. Pétrifié, je regardai s’ouvrir et se refermer les horribles mâchoires tentaculaires. Encore quelques centimètres et les crocs acérés s’enfonceraient dans mon visage. Bies van Ede, «Au loup !», Noëls macabres et autres fêtes, textes réunis par Paul van Loon et la Confrérie de l’effroi, Paris, Hachette Jeunesse, coll. «Vertige cauchemar», 1998, p. 53.

2) Tout à coup, à la surface glacée de la mer, une tête parut, une grosse tête sombre avec des yeux immenses; puis un cou. Venait ensuite — non pas un corps — mais le cou interminable, encore et toujours. La tête se dressait à présent à quarante pieds au-dessus de l’eau sur un cou frêle, beau et sombre. Ray Bradbury, «La sirène», Les pommes d’or au soleil, Paris, © Éd. Denoël pour la traduction française, 1956.

30

MODULE 1

RENDEZ-VOUS AVEC LA PEUR

SÉQUENCE

2

Maisons mystérieuses

P

CONNAISSANCES ET STRATÉGIES

• Schéma narratif 412 • Champ lexical 316 • Adverbe 310 • Modificateur 376 • Comment dégager le plan d’un texte narratif 458 • Comment faire le plan d’un texte narratif 470

armi les thèmes qui reviennent souvent dans les récits étranges, vous connaissez déjà celui des maisons hantées, des châteaux féeriques, des manoirs maudits,

des palais enchantés… Bref, ces lieux habités par des présences maléfiques ou magiques qui en font voir de toutes les couleurs à qui ose s’introduire dans leur séjour… C’est dans quelques-uns de ces antres que vous convie la présente séquence. En premier lieu, avec Maxime et ses amis, vous vous retrouverez dans une maison pleine de mystères… Vous connaîtrez ensuite l’aventure étrange qu’un Américain affirme avoir vécue alors qu’il était en panne sur une route de campagne. Enfin, en compagnie d’un marcheur égaré, vous prendrez place à la table d’un comte et d’une comtesse qui vous réserveront quelques surprises…

apprentissage du schéma narratif. Au passage, vous enrichirez votre vocabulaire pour exprimer la peur Ainsi, vous compléterez votre

afin de mieux rejoindre vos destinataires.

Les apprentissages de cette séquence vous permettront d’écrire un court récit complet sur le thème des maisons mystérieuses. Cette activité sera pour vous une occasion de développer votre habileté à trouver les mots justes pour décrire les émotions des personnages et, en même temps, d’exercer votre imagination et votre créativité.

Séquence 2

Maisons mystérieuses

31

Au départ Pour vous plonger dans l’ambiance de peur et de mystère des récits que vous lirez plus loin, lisez cet extrait du poème La complainte du fantôme. Prêtez attention aux images que les mots font surgir dans votre esprit.

La complainte du fantôme Vous voici emportés par un souffle glacé, Dans l’entrée du Manoir où brûle un candélabre; Cela sent l’âcre odeur des lieux qui se délabrent : Le moisi, la poussière et les siècles passés… Soudain, d’abominables petits craquements Se font entendre, au loin, sur le parquet de chêne… Un grincement de porte; un cliquetis de chaînes; Un envol de hibou et des bruits d’ossements… […] Yann Walcker, Le manoir des horreurs, Paris, © Gallimard Jeunesse / Erato disques, 1999, p. 4.

1.

Imaginez que vous entrez dans ce Manoir. • Qu’est-ce qui vous fait le plus peur ? • Quelle est votre réaction ? Vous fuyez ? Vous poursuivez votre visite ?

32

MODULE 1

2.

De façon générale, qu’est-ce qui fait naître la peur en vous ? Est-ce un endroit inconnu ? l’obscurité ? l’heure tardive ? des bruits suspects ? des odeurs particulières ? Dites pourquoi.

3.

Vous avez sûrement déjà vu des films ou lu des livres qui vous ont fait frémir de peur. Qu’est-ce qui vous fait peur dans ces histoires ? Expliquez votre réponse.

RENDEZ-VOUS AVEC LA PEUR

En marche vers le

Vous avez déjà fait connaissance avec le schéma narratif. Vous avez observé les étapes de ce schéma dans des histoires que vous avez lues. Dans les activités suivantes, vous constaterez que le schéma narratif est présent même dans les résumés qu’on peut lire au verso des romans. Les étapes du schéma narratif

1. Voici deux résumés de romans où les couleurs correspondent aux trois premières étapes du schéma narratif. Indiquez à quelle étape correspond chaque couleur et justifiez votre réponse.

La stratégie Comment dégager le plan d’un texte narratif, à la page 458, vous sera utile.

L’AUBERGE DE L’HORREUR Sarah, Matt, Jodie et Adam sont ravis. Leurs parents ont enfin accepté qu’ils partent en vacances ensemble. Malheureusement, l’aventure commence mal. Il fait un froid de canard et, pour couronner le tout, ils tombent en panne, en pleine nuit, dans la forêt. Après avoir marché sous une pluie battante, ils découvrent une auberge. Fermée ! Cependant, le gardien accepte de les héberger. Ouf, sauvés ? Pas vraiment… Cette auberge est étrange. Sarah a l’impression de la connaître alors qu’elle n’y est jamais venue. Elle a un drôle de pressentiment, ils ne doivent pas rester là. Mais les autres ne veulent rien entendre… T. S. Rue, notice du roman L’auberge de l’horreur, Paris, Éditions J’ai lu, coll. «Peur bleue», 1996.

UN PRINTEMPS À NIGELLE Robert Madiot et ses deux enfants se rendent en France, à Nigelle, pour prendre possession d’une maison reçue en héritage. Lors d’une visite du château local, Vincent et Cyrielle sont témoins d’un curieux incident où l’on évoque des évènements de la guerre 1939-1945. Ils apprennent également que leur nouvelle demeure fut le quartier général d’un service de renseignements de l’Allemagne nazie. Des documents et un trésor pourraient encore s’y trouver. Les deux adolescents ne peuvent résister au désir d’élucider ce mystère. Jean-Louis Trudel, notice du roman Un printemps à Nigelle, Montréal, Médiaspaul, coll. «Jeunesse Pop», 1997.

Séquence 2

Maisons mystérieuses

33

2.

Dans les notices suivantes, dégagez les deux premières étapes du schéma narratif. Répondez en inscrivant, pour chaque étape, les premiers et les derniers mots, comme dans le tableau ci-dessous.

Notices

Étapes

À partir de…

Jusqu’à…

Rendez-vous en enfer

1º Situation initiale

«Sylvain…»

«… la pointe du Raz.»

2º Élément déclencheur La maison aux 52 portes

1º Situation initiale 2º Élément déclencheur

RENDEZ-VOUS EN ENFER Sylvain et son oncle Jos le Flohic se font une joie de passer deux jours et une nuit dans le phare d’Armen — le nombril du diable, d’après Jos — à quelques encablures de la pointe du Raz. Mais, à peine installés, la tempête se déchaîne. Et ce qui devait être une belle aventure tourne au drame. Des pannes inexplicables perturbent le fonctionnement du phare; des clandestins, des ombres ou… des fantômes menacent les deux hommes. L’Ankou a-t-elle choisi ses nouvelles victimes ? Hervé Fontanières, notice du roman Rendez-vous en enfer, Paris, Rageot, 1997.

LA MAISON AUX 52 PORTES La jeune Maïlys et ses parents emménagent dans une ancienne maison, héritée d’un grand-oncle. Une pluie diluvienne retient prisonniers les membres de la famille, et ce, pendant plusieurs jours, sans contact avec l’extérieur. En attente de leur camion de déménagement, les constats désolants s’accumulent: ni eau courante, ni électricité, des portes bloquées et des bris divers. En plus de ces problèmes matériels, la jeune fille perçoit avec acuité plusieurs petits accrocs à la réalité et elle s’inquiète des images du passé, qui surgissent devant elle comme d’inquiétantes visions qui la terrorisent et la fascinent tout à la fois. Maïlys est de plus en plus intéressée à connaître la source de ce mystère. Évelyne Brisou-Pellen, notice du roman La maison aux 52 portes, Paris, Pocket, 2000.

34

MODULE 1

RENDEZ-VOUS AVEC LA PEUR

vers le

Dans cette première histoire, les personnages se retrouvent soudain en plein mystère. Accompagnezles dans leur étrange aventure. À votre tour, vous aurez à écrire une histoire de peur.

LES OTAGES DE LA TERREUR

— On s’est égarés, je vous dis ! Vérifiez vous-mêmes ! L’index appuyé sur la carte, Pouce roulait des yeux inquiets. Ses soixante-dix kilos de muscles allaient bientôt trembler si on ne le rassurait pas. 5

— Mais c’est vrai ! s’est moquée Jo en examinant le plan. On a dévié du trajet d’au moins cinq kilomètres ! C’est une catastrophe ! Il ne nous reste plus qu’à attendre la mort ! Comparée à Pouce, ma chérie était minuscule. Un écureuil à côté d’un ours. — On n’aurait jamais dû laisser nos parents en arrière ! a repris mon meilleur ami.

10

— Ils avançaient à pas de tortue, a déclaré Jo. Après cette expédition, ma mère aura tellement de courbatures qu’elle ne pourra plus marcher pendant une semaine. — Franchement, Maxime ! De quoi on aurait l’air si la nuit nous surprenait ici ? Le village le plus proche est à l’autre bout du monde !

15

20

— On est au mois d’août, lui ai-je rappelé. Le soleil se couche aux alentours de vingt heures trente. Ça nous donne six heures pour revenir à notre point de départ. Partout où l’on posait le regard, dans cette vaste prairie, la beauté sauvage de l’été se déployait. Aucune brise n’agitait les herbes qui nous entouraient à perte de vue. Heureusement qu’on portait des casquettes, car le soleil était cuisant. — Oh non ! a lancé Pouce en tendant un bras vers le ciel. Il ne manquait plus que ça !

25

Un gros nuage gris fonçait dans notre direction à une vitesse époustouflante. Par contraste avec le ciel bleu, il ressemblait à une tumeur. Un vent glacial s’est jeté sur nous, et la casquette de Jo s’est envolée comme une montgolfière miniature. — Trouvons-nous un abri ! a beuglé mon copain.

Séquence 2

Maisons mystérieuses

35

Un abri ? À une heure de marche environ, une ligne d’arbres marquait la naissance d’une forêt. À dix kilomètres dans l’autre sens se dressaient les premières montagnes. Mais, à proximité, il n’y avait pas plus d’abri que de baleine au Sahara. 30

N’empêche que Pouce avait raison. Avec nos tee-shirts et nos bermudas, nous étions mal équipés pour affronter cet orage. — Courons ! ai-je crié en prenant mes jambes à mon cou.

35

Le nuage était si bas qu’on se serait crus dans la fumée d’un incendie. On galopait à l’aveuglette, maltraités par le vent qui nous agressait de toutes parts. Les herbes nous fouettaient. Des fleurs et des arbustes virevoltaient autour de nous. — Là-bas ! a hurlé Jo. Une maison ! Je n’avais pourtant remarqué aucun bâtiment dans les parages. J’avais beau fouiller la brume du regard, cet abri refusait de me montrer le bout de sa lucarne.

40

Une méchante grêle s’est mise de la partie. On a encore zigzagué sur une bonne distance. Je serrais les mâchoires pour empêcher mes dents de claquer. Puis, à travers le voile agité du brouillard, la maison providentielle 1 est apparue : massive comme un navire, grise comme la chevelure d’un vieil homme. Juste devant nous, sur le bas de la façade, un rectangle noir se découpait. La porte d’entrée était ouverte !

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE 1

36

Pourquoi peut-on dire que cette maison est providentielle ? Aidez-vous du dictionnaire pour répondre.

MODULE 1

RENDEZ-VOUS AVEC LA PEUR

45

On a gravi le perron à fond de train et on s’est engouffrés dans l’ouverture. Une lourde averse s’est aussitôt abattue sur la prairie avant de prendre d’assaut la demeure. Nous avons poussé la porte qui, en se refermant, a produit un claquement étouffé.

50

Un impressionnant silence a suivi. Même la pluie martelant le toit et les murs était inaudible. En reprenant mon souffle, j’ai pivoté sur moi-même. Le vestibule donnait sur un hall immense où la noirceur régnait en maître. Les occupants de cette maison, s’il y en avait, brillaient par leur absence.

55

— Il y a quelqu’un ? ai-je demandé sans trop élever la voix. Aucune réponse. — On dirait qu’elle est abandonnée, a murmuré ma copine. L’odeur le laissait croire, du moins. Cela sentait la poussière, l’humidité, la moisissure.

60

— Il y a quelqu’un ? ai-je répété, plus fort. On a dressé l’oreille. L’intérieur d’un coffre-fort n’aurait pas été plus silencieux. J’ai déposé mon sac à dos sur le parquet usé et sale. Jo, accroupie, cherchait quelque chose dans le sien:

65

— Il fait un froid de canard ici, a-t-elle dit en enfilant un chandail. Heureusement qu’on a évité la pluie, sinon on serait mûrs pour un rhume. Pouce et moi nous sommes empressés de suivre son exemple.

Séquence 2

Maisons mystérieuses

37

Ma vision s’adaptait à l’obscurité. Dix mètres plus loin, à l’autre bout du hall, je distinguais un escalier monumental. À part cela, il n’y avait rien : aucun meuble, aucune décoration, aucun objet personnel. 70

— Une petite visite, ça vous tente ? ai-je proposé. Pouce a d’abord refusé, puis il s’est joint à nous en maugréant. Sans lampe de poche, il fallait se résigner à errer parmi les ombres. À cause du silence qui nous intimidait, nous parlions à mi-voix et nous marchions avec la délicatesse des chats.

75

De chaque côté du hall s’ouvrait une large porte sans battant, aussi noire qu’un trou sans fond. Tandis que je me dirigeais vers celle de gauche, un long craquement a ébranlé la maison. — Qu’est-ce que c’est que ça ? a sursauté Pouce.

80

— Le vent, a supposé Jo. Je te rappelle qu’il y a un orage dehors. Précédant mes amis, j’ai franchi la porte. Je n’ai rien distingué pendant quelques secondes. Finalement, les détails se sont précisés.

85

Cette pièce était presque aussi gigantesque que le hall. Au centre, un canapé vétuste 2 et une table basse y avaient été laissés. Une énorme cheminée était adossée au mur du fond. — Je n’ai jamais vu un salon aussi grand ! a lancé Jo. Pas la moindre lumière ne filtrait à travers les fenêtres, pourtant dépourvues de store et de rideau. On aurait dit que les vitres avaient été badigeonnées d’un enduit opaque 3 .

90

En promenant ma main sur la cloison, j’ai déniché un interrupteur. Cependant, rien ne s’est produit quand j’ai pressé le bouton. L’alimentation électrique était coupée, ce qui prouvait que personne n’habitait cette demeure.

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE

38

2

Si ce canapé est vétuste, alors comment est-il ?

3

Donnez un antonyme de opaque.

MODULE 1

Soudain, un coup a résonné au-dessus de nos têtes. Pouce m’a empoigné le bras: 95

— Ça ressemblait à un coup de masse sur une barre de fer ! Il y a quelqu’un là-haut ! Le bruit s’est répété aussitôt. Un «klong !» retentissant, suivi par plusieurs autres, de plus en plus rapides. Les doigts de mon ami s’enfonçaient dans ma chair. — On s’en va ! a-t-il ordonné lorsque le silence est revenu.

100

— Calme-toi. C’est la plomberie qui fait des siennes. Dans une maison sans entretien, les bruits bizarres sont monnaie courante. — Qu’en sais-tu ? Tu es un expert en tuyauterie ? Espérant dissiper ses craintes, j’ai mis mes mains en porte-voix et j’ai appelé :

105

— EST-CE QU’IL Y A QUELQU’UN ? POURRIEZ-VOUS NOUS RÉPONDRE, S’IL VOUS PLAÎT ? Sans résultat. On a regagné le hall qu’on a ensuite traversé jusqu’à la seconde porte sans battant. — Entendez-vous ? a demandé Pouce en se figeant. Quelqu’un se lamente !

110

— Tu commences vraiment à me taper sur les nerfs ! a grogné Jo. Le sifflement qui perçait le silence ressemblait à une lamentation, en effet. Quand il prenait du volume, il faisait même songer à un cri de souffrance. — C’est l’air qui se déplace dans les tuyaux, ai-je tenté d’expliquer.

115

— Encore la tuyauterie ! s’est insurgé Pouce. Tu ne pourrais pas forger une autre explication, pour une fois ? La plainte nous a accompagnés pendant que nous accédions à une nouvelle pièce. Comptoir pourri, armoires aux rabats disloqués, poêle démantibulé, glacière jaunie : l’ancienne cuisine, de toute évidence. Un grand espace vide, qui avait dû servir de salle à manger, la prolongeait.

120

Là aussi, les fenêtres étaient barbouillées de noir.

Séquence 2

Maisons mystérieuses

39

Jo a posé la main sur le robinet mangé de rouille, qui se dressait au-dessus de l’évier. Elle n’est parvenue à l’ouvrir qu’en y mettant toutes ses forces. Toutefois, à la place de l’eau, le grondement infernal qui en est sorti nous a fait sursauter tous les trois. 125

— Maudite maison de fous ! s’est exclamé Pouce. Ma chérie s’est empressée de couper le son. Au même instant, le martèlement de la plomberie a repris de plus belle : «Klong ! klong ! klong ! klong !» Je commençais, moi aussi, à éprouver un malaise. Il était temps de vérifier si l’orage était parti se faire voir ailleurs.

130

De retour au vestibule, Pouce a engagé un véritable combat contre la porte. — Je ne peux pas l’ouvrir ! J’ai essayé à mon tour, mais la poignée ne tournait même pas d’un millimètre. Quant au battant, il restait aussi immobile que s’il avait pesé des tonnes. •••

135

Pouce est revenu à la charge, flanquant à la porte des coups assez puissants pour assommer un taureau. Finalement, il a lancé un «ouille !» avant de se masser le poing en grimaçant. — Si on essayait de la défoncer avec un objet ? a proposé Jo.

140

Nous sommes retournés au salon et, de là, nous avons transporté la table basse jusqu’au vestibule. Trop fragile cependant, le meuble a éclaté en morceaux dès le premier choc. — Grotesque 4 ! a rugi Pouce. On ne va quand même pas se laisser avoir par une stupide porte !

145

Subitement, il s’est tu en rentrant la tête dans les épaules. Au bout d’un moment, il a dit : — C’est fini. Vous n’avez pas entendu les sanglots ? Quelqu’un pleurait, je vous assure ! — Des sanglots maintenant ! s’est impatientée Jo. Ça ne va pas assez mal sans que tu te mettes à délirer ?

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE 4

40

Donnez un autre adjectif qui pourrait s’employer pour qualifier cette situation.

MODULE 1

RENDEZ-VOUS AVEC LA PEUR

150

Quant à moi, j’examinais la porte. — Les interstices ont disparu ! ai-je annoncé. Les espaces vides entre le battant et le chambranle n’existent plus ! Comme si la porte avait fusionné avec le mur ! Je commençais à m’énerver sérieusement :

155

— La salle à manger ! J’ai remarqué qu’il y avait deux portes là-bas. L’une doit donner sur la cave. L’autre, sur l’extérieur. Suivez-moi ! Dans la pièce déserte, une nouvelle déception nous attendait : l’entrée secondaire était elle aussi scellée. La porte de la cave était verrouillée. — Une farce ! s’est affolé Pouce. Un coup monté par une bande de comiques ! Montrez-vous donc ! Sortez de votre cachette ! On ne trouve pas ça drôle !

160

J’ai cogné sur une fenêtre avec mes jointures : — Ça ne sonne pas comme une vitre. Ça sonne plein ! À la manière d’un karatéka, mon ami a projeté son coude sur l’un des carreaux. Au lieu du fracas attendu, c’est son cri de douleur qui a retenti. — Cette vitre est dure comme de la pierre ! a-t-il gémi en se tenant le bras.

165

J’ai fait le tour de la salle à manger et de la cuisine en frappant du poing toutes les fenêtres. Chaque fois, j’avais l’impression de taper sur un mur. — Venez ici ! a lancé Jo, qui se tenait dans un coin.

170

Un poste téléphonique était fixé à la cloison. Il s’agissait d’un ancien appareil, tout noir, muni d’un cadran. Ma copine a décroché le combiné délicatement. Après l’avoir porté à son oreille, elle a secoué la tête : — Je n’entends rien. Il est débranché. De plus en plus alarmés, nous nous sommes rués vers le salon. Là aussi, les fenêtres possédaient la dureté d’un mur de béton.

175

— Si j’ai bien compris, a chevroté Pouce en se prenant le front, les portes d’entrée et toutes les fenêtres sont condamnées ! Ça signifie qu’on est enfermés dans cette maison ! Denis Côté, Les otages de la terreur, Montréal, La courte échelle, coll. «Roman jeunesse», 1998, p. 9 à 22.

41

Denis Côté, l’auteur du roman Les otages de la terreur (né à Québec en 1954)

Denis Côté est romancier «à plein temps». Il compte à son actif plus d’une vingtaine de romans pour la jeunesse et presque autant de prix littéraires. À l’adolescence, il rêvait d’égaler un jour Henri Vernes, le célèbre créateur des aventures de Bob Morane. Il aimait son imagination, ses talents de conteur, son sens du suspense… Aujourd’hui, c’est presque chose faite, puisque Denis Côté jouit d’une renommée internationale: ses livres sont traduits en plus de dix langues et sont lus dans de nombreux pays. En 1997, Denis Côté a été élu «écrivain le plus aimé de la jeunesse québécoise».

INTERROGER LE TEXTE ET RÉAGIR L’élément déclencheur

3. L’histoire Les otages de la terreur commence avec la situation initiale que voici: les randonneurs sont égarés dans la campagne. Quel sera l’évènement qui déclenchera l’action du récit, c’est-à-dire l’élément déclencheur ?

Des apparitions mystérieuses

4.

Le nuage et la tempête qui apparaissent aux lignes 23 et 24 ne semblent pas naturels, comme si une force mystérieuse en était la cause. Relevez, aux lignes 23 à 33, deux ou trois faits qui donnent cette impression et expliquez pourquoi ils donnent cette impression.

5.

Aux lignes 41 et 42, la maison «providentielle» apparaît. Cette apparition semble avoir, elle aussi, quelque chose d’étrange. Aux lignes 26 à 40, relevez deux phrases qui rendent cette apparition suspecte.

Des absences étranges

6. Entrés dans la mystérieuse maison, les personnages y constatent plusieurs sortes d’absences qui la rendent très étrange. Premièrement, l’absence de lumière. a) Aux lignes 52 à 76, relevez quatre mots qui expriment l’absence de lumière. b) Notez ces mots dans votre Journal culturel sous le titre «Champ lexical de l’obscurité».

7. Les héros constatent aussi l’absence de chaleur : «Il fait un froid de canard ici» (ligne 64). Relevez, aux lignes 48 à 76, trois autres absences que le texte signale et justifiez chacune de vos réponses en citant une phrase du texte.

42

MODULE 1

RENDEZ-VOUS AVEC LA PEUR

Des bruits inquiétants

8. Après le silence initial qui a accueilli les personnages, des bruits commencent à se produire à partir de la ligne 77. Ces bruits font monter progressivement la tension et la peur chez les personnages. Le champ lexical du bruit est donc ici très important. a) Relevez, à partir de la ligne 77, une douzaine de mots appartenant au champ lexical du bruit. b) Notez ces mots dans votre Journal culturel sous le titre «Champ lexical du bruit».

Les réactions de Maxime

9. Le narrateur, Maxime, semble moins impressionnable que ses camarades. Cependant, à un certain moment, son assurance commence à fondre. Citez la phrase où cela se produit.

Une manifestation surnaturelle

10. Au début, les évènements qui se produisent dans la maison semblent tous explicables de façon naturelle. Cependant, dans la partie commençant à la ligne 135, il se produit un phénomène qui, lui, ne peut absolument pas s’expliquer par une cause naturelle. Quel est cet évènement ?

Les modificateurs qui ajoutent de l’intensité

11. Dans les histoires mystérieuses, les auteurs et auteures emploient souvent des modificateurs qui renforcent les descriptions et les idées. Relevez, dans l’extrait Les otages de la terreur, les modificateurs qui renforcent les adjectifs suivants: a) massive (ligne 42); b) grise (ligne 42); c) dure (ligne 164).

Séquence 2

Maisons mystérieuses

43

vers le

Voici maintenant une histoire fictive qui vous surprendra peut-être autant que l’histoire «vraie» que vous venez de lire… Laquelle saura vous inspirer le plus dans votre rédaction ?

L 5

e pays passe pour sauvage, et il l’est en effet, mais dans le bon sens du mot. Entendez par là qu’il est montagneux, accidenté, relativement peu habité, mais beau, très beau, nullement désert et encore moins aride. C’est vert, c’est coloré, giboyeux 1 et rocheux, plein de lacs, de torrents, de cascades, et varié avec cela, chatoyant et changeant: à chaque pas qu’on fait le paysage se modifie. J’étais parti à pied, sans aucune inquiétude, et je me croyais sûr de mon itinéraire. Avant la nuit, sauf accident, je devais arriver au village de Langendorf, et coucher à l’auberge du lieu.

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE 1

46

Donnez un mot de la même famille que giboyeux.

MODULE 1

RENDEZ-VOUS AVEC LA PEUR

10

15

Je marche donc, je marche, sac au dos, et voilà que le soir tombe. Pas de village en vue. Je prends la carte, je vérifie, je m’oriente… Il me paraît, pourtant, que je suis sur la bonne route ! Je marche encore, je regarde… Il fait de plus en plus sombre, et toujours rien de rien. À la nuit close enfin, je dois me rendre à l’évidence : je me suis bel et bien perdu. En réalité, je n’étais pas si perdu que ça, car l’agglomération était toute proche. Seulement, comme il arrive souvent dans ce type de paysage, elle m’était cachée par une colline. De toute manière, proche ou non, le résultat, pour moi, était le même : j’allais passer la nuit dehors.

20

Ce n’était pas tragique. Les étés, en Europe centrale, sont chauds, et le pays n’était pas dangereux. Je pouvais fort bien coucher sur l’herbe, en me servant de ma couverture comme isolateur. Cependant, avant de m’y résoudre, je marche encore un peu, dans le vague espoir de trouver une maison, une cabane, un refuge quelconque.

25

Me voilà donc en route, sous un ciel étoilé, sur un chemin fort caillouteux, mais éclairé d’une façon très satisfaisante par une belle demi-lune. Ça monte, ça descend, ça tourne à droite, à gauche, et tout à coup, en face de moi, j’aperçois quelque chose d’énorme : un immense bâtiment, avec une fenêtre éclairée, une seule, au rez-de-chaussée.

30

Je m’approche, à tout hasard, en espérant ne pas me faire dévorer par un chien de garde. Ce bâtiment, j’aime autant vous le dire tout de suite, c’était le château de Langendorf. Je m’en doutais, bien sûr. J’étais à peine à cinquante mètres de la fenêtre illuminée, quand une nouvelle lumière apparaît à ma gauche : celle d’une porte qu’on venait d’ouvrir, et une voix de femme se fait entendre : — Par ici, monsieur ! Soyez le bienvenu !

35

40

La voix parlait français, sans accent d’aucune sorte. Un peu étonné tout de même, car je me demandais bien comment on avait pu me voir, dans le noir où j’étais; je fais un quart de tour et je reste immobile. La voix reprend, toujours aussi aimable : — Approchez, monsieur, n’ayez pas peur ! J’obéis. Une silhouette féminine, élégante, élancée, avec ce chic particulier de la femme allemande, s’inscrit dans le rectangle de lumière jaune. Je la salue :

45

— Madame… — Entrez, je vous prie. Vous êtes perdu ? — Eh bien…

50

— Cela n’a rien d’étonnant. Vous passerez la nuit ici. Donnez-vous seulement la peine…

47

Je remercie, je m’excuse, puis j’entre. Passé une seconde porte, je me trouve dans une salle de séjour, très simple, mais assez grande, évoquant assez bien la demeure d’un paysan riche. 55

La table, les fauteuils, les chaises, le buffet, la pendule, tout cela est fait de bois massif, sévère et patiné, sobre 2 et solide. Un homme, devant moi, se lève, me salue et dit : — Un voyageur perdu, je suppose ? Et la femme, derrière moi, lui répond :

60

— Un Français, mon chéri. Là-dessus, nous nous livrons à un bref échange de civilités 3 , mais de civilités, si j’ose dire, à l’anglaise, c’est-à-dire sans baisemain à l’autrichienne ni poignées de main à la française. Mes hôtes, semble-t-il, appartiennent à une classe plutôt cosmopolite 4 , et paraissent avoir voyagé. Les politesses faites, nous nous asseyons.

65

Tout en parlant, je les examine. C’est un bien joli couple, ma foi, souriant, civilisé, moderne. Je pourrais les avoir rencontrés en croisière. Ils s’appellent Cornélie et Jean-Jacques Langendorf. Et le jeune homme ajoute, non sans humour : — Excusez-moi, mais je dois vous dire aussi que je suis comte. Ça ne se fait plus, je le sais bien, mais ce n’est pas ma faute… C’est une tare de famille…

70

Je réponds en riant : — Mais il n’y a pas de mal ! — À la bonne heure !… Vous n’avez pas dîné ? — Non. Mais c’est sans importance. Il se récrie :

75

— Mais pas du tout ! Vous allez prendre un repas froid ! Quant à nous, eh bien, nous vous regarderons, si ça ne vous gêne pas trop : nous ne mangeons pas le soir. — En ce cas, il ne faut pas…

80

— Mais si, mais si ! Nous ne mangeons pas le soir, mais ce n’est pas une raison pour vous mettre à la diète. Cornélie, ma chérie, veux-tu t’en occuper ? — Bien sûr, chéri, dit la comtesse. Et toi, pendant ce temps, tu pourrais expliquer à monsieur…

85

— Naturellement, naturellement ! La comtesse sort par une petite porte qui s’ouvre au fond de la salle. Le jeune homme, aussitôt, se penche sur la table et, sur le ton de la confidence :

90

48

MODULE 1

— Excusez-moi, monsieur. Craignez-vous les fantômes ?

RENDEZ-VOUS AVEC LA PEUR

— En principe, non, je réponds. D’abord je n’y crois guère. — Mais s’il vous arrivait d’en voir un, auriez-vous peur ? — Ça dépendrait de son comportement… 95

— Oh ! pour ça, rien à craindre ! Le nôtre est bien gentil, bien calme, très bien élevé… Mais c’est un fantôme tout de même ! — En ce cas, non, je n’aurais pas peur. — Vous en êtes sûr ? — Tout à fait sûr. Ça m’intéresserait, plutôt.

100

Il fronce les sourcils : — Ça vous intéresserait ? […] Vous n’aurez donc pas peur si mon grand-père passe par ici. — Parce que monsieur votre grand-père… ?

105

110

— Monsieur mon grand-père, comme vous dites, est un homme du monde, un parfait gentleman, qui n’a qu’un seul défaut, qui est d’être mort ici même, il y a dix-sept ans jour pour jour… Vous n’avez pas de chance… Vous tombez justement le soir où il va revenir, comme chaque année, nous rendre une petite visite. Au reste, pas gênant du tout : il ne dit pas un mot, et ne fait que passer. De son vivant, déjà, il était très… comment dites-vous ?… schweigsam… oui, c’est cela, taciturne 5 … Ah ! mais voici votre dîner ! Une servante m’apporte, en effet, sur un grand plateau, une copieuse assiette de charcuterie, une confortable tranche de pain, plus un énorme verre de bière. Elle pose le tout devant moi, me jette un regard étrange et sort sans une parole. Presque aussitôt, la comtesse Cornélie reparaît.

115

— Il ne vous manque rien ? Si cela ne suffit pas… — Cela me suffit grandement, merci beaucoup !

120

125

Je suis ravi, c’est vrai. La charcuterie allemande est franche comme l’or, et l’on peut en faire des repas entiers, ce qui serait dangereux dans une ville comme Paris*… Dès les premières bouchées, je m’aperçois que j’avais faim, sans le savoir, et je dévore tout.

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE 2

Dans ce contexte, on peut remplacer sobre par une expression synonyme commençant par «sans…». Donnez-en une.

3

Qu’est-ce qu’un échange de civilités ?

4

Le sens de ce mot est donné par le contexte. Citez la partie du texte qui donne le sens de ce mot.

5

Le sens de taciturne est donné dans le paragraphe. Relevez, dans le paragraphe, le passage qui donne le sens de ce mot.

— En voulez-vous encore ? — Non, mille fois merci. Je vais maintenant déguster votre bière.

* Parce que, selon le narrateur, la charcuterie française est plus grasse.

Séquence 2

Maisons mystérieuses

49

135

Je bois, et nous parlons. Comme je le soupçonnais, le comte et la comtesse ont vu bien des pays : l’Égypte, la Grèce, le Portugal, et même les Antilles. Ils parlent chacun deux ou trois langues, et ils ont beaucoup lu. Leur culture est plutôt classique 6 que moderne, et ils avouent connaître peu les auteurs contemporains, même de langue allemande. Moi-même, sur ce point, je n’en sais pas plus long qu’eux…

140

C’est dire que le temps passe vite, car nous avons de quoi bavarder. Et puis voilà qu’en finissant ma bière, je m’aperçois tout à coup qu’un homme est là, qui nous écoute. Un vieux monsieur très chic, en pantalon de golf, à la mode des années trente. Je reste une seconde immobile, mon verre vide à la main. Le comte et la comtesse se lèvent alors, et le comte s’écrie gaiement :

130

— Eh, mais voici grand-père ! Et il me présente au fantôme. Celui-ci me salue de loin; je me lève en reposant mon verre et je salue de même. 145

— Rasseyez-vous, me dit la comtesse, et continuons de parler. C’est sa nuit, vous savez… Alors il fait ce qu’il veut : il va, il vient, il entre, il sort… Il ne se mêle jamais à la conversation, et nous, de notre côté, nous le laissons faire. Nous pouvons même parler de lui en sa présence, il n’y fait pas attention. Je me rassieds, un peu impressionné tout de même, et je dis :

150

— C’est étonnant, cette impression de réalité qu’il donne ! Je pensais voir un ectoplasme, quelque chose de transparent, de vague, de nuageux… Mais il a l’air aussi réel que vous et moi ! Cette réflexion amuse beaucoup le jeune couple. — Alors, comme ça, vous ne croyez pas que c’est un fantôme ? s’écrie la comtesse. Eh bien, vous allez voir !

50

MODULE 1

RENDEZ-VOUS AVEC LA PEUR

155

160

Sur ces mots elle se lève, elle va droit au vieux monsieur et passe à travers lui, sans une seconde d’hésitation, en riant comme une gosse. À cette vue, je sursaute. Non de peur, à vrai dire, mais de respect humain, presque de honte. J’ai l’impression qu’une telle conduite a quelque chose d’offensant pour le vieil homme. Mais ni lui ni le jeune comte ne s’en formalisent 7 . La jeune comtesse se rassied. — Vous avez vu ? dit-elle. Et la conversation reprend. Un peu contrainte d’abord, et puis, très vite, je m’habitue à la présence du spectre. Celui-ci fait le tour de la pièce, s’arrête ici et là, et disparaît enfin, sans que je m’en aperçoive. La servante revient, remporte le plateau, l’heure tourne. Vers deux heures du matin, le comte me demande :

165

— Avez-vous sommeil ? Je réponds : — Pas vraiment, mais j’aimerais tout de même bien ne pas veiller trop tard. Je dois repartir demain matin. À ce propos… serait-il possible de me faire réveiller ?

170

Le comte et la comtesse se regardent, et la comtesse répond, avec une nuance d’embarras : — À vrai dire, nous sommes très paresseux, mon mari et moi, et la servante est vieille… Si vous pouviez vous réveiller vous-même… — Eh bien, c’est entendu ! Je ne veux déranger personne ! — En ce cas, suivez-nous. Votre lit est prêt.

175

180

— Mais je ne veux pas d’un lit ! N’importe quel divan fera l’affaire ! J’ai une couverture dans mon sac… Mais rien à faire, vous le pensez bien ! J’accepte donc un lit, dans une immense chambre, monumentale, désuète et baroque 8 . Un lit à l’allemande, cela va sans dire, avec une couette posée sur le matelas, un énorme coussin de plume, sous lequel je disparais tout entier. — Cela vous convient-il ?

185

Familier des auberges d’Europe, j’ai l’habitude de cette literie, pas plus inconfortable qu’une autre, et en fin de compte fort commode. Je remercie encore mes hôtes, nous échangeons de nouveaux saluts, toujours aussi pudiques, et ils me laissent seul, sans lumière, mais la fenêtre est grande ouverte sur la nuit d’été. Je me déshabille, je me couche, je profite quelques instants du silence de cristal qui emplit l’univers et…

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE 6

Si leur culture est classique, alors comment est-elle ?

7

Complétez : s’ils ne se formalisent pas, alors ils ne se…

8

Si la décoration de la chambre est baroque, à quelle époque le château a-t-il pu avoir été construit ?

Séquence 2

Maisons mystérieuses

51

190

Et je sens, tout à coup, qu’on me prend par le bras. J’ouvre les yeux, il fait grand jour. Quelqu’un me tient, très doucement, par la saignée du coude 9 . Je tourne la tête, et je sursaute avec un cri d’horreur… Ce n’est pas la servante, ni la comtesse, ni le comte : c’est le vieux, le grand-père, le fantôme en personne. Jamais de ma vie, je crois, je n’ai eu aussi peur. Le spectre lui-même en paraît navré. Il me lâche aussitôt, pose un doigt sur ses lèvres, s’éloigne à reculons et disparaît par une porte ouverte.

195

200

J’ai l’impression que ma chair est pâle et blanche, que mes entrailles glissent et fondent, que j’ai de l’eau glacée dans les veines. Le toucher de cette main d’outretombe, je l’ai senti comme un toucher réel. Est-il possible que les revenants, qui sont impalpables dans les pays latins, soient aussi matériels dans les contrées de langue germanique ? Je pense confusément aux spectres des sagas 10 islandaises, spectres bien consistants, parfaitement capables de s’attaquer à un vivant, de l’assommer sur place, de lui couvrir le corps de bleus…

205

À peine remis de ma peur, je me lève en tremblant, je me rhabille en catastrophe, je reprends possession de mon sac et je saute par la fenêtre, sans même chercher une porte de sortie… Fort heureusement, le village était tout près, comme je vous l’ai dit, et je l’ai trouvé sans peine. Une heure plus tard, j’entre dans l’auberge, et je me commande un café bien fort, pour me remettre de mes émotions.

210

215

220

L’aubergiste, en me servant, m’interroge. Il a reconnu, à mon accent, ma nationalité. Dans un français très schématique, mais plus que suffisant, il me dit tout le bien qu’il pense de Paris, où il a passé, jadis, une permission 11 , entre deux séjours sur le front russe… Je ne suis pas de ceux qui s’offensent devant de telles évocations, et je réponds au brave homme avec toute la cordialité dont je suis capable. À une table voisine, deux clients de son âge bavardent comme nous, mais, eux, dans un dialecte où je ne comprends goutte. — Je suis étonné, monsieur, dit l’aubergiste, que vous, ici, à cette heure… Vous avez donc la nuit dehors passé 12 ? — Non, je réponds, j’ai passé la nuit au château. Il me regarde en ouvrant de grands yeux :

225

— Au château ? Cette nuit ? — Oui, cette nuit. Et à ce propos, je voudrais vous demander… — Oui ?

230

52

J’hésite un peu, par peur du ridicule… Mais il est si gentil ! Et puis il doit savoir, il est du pays.

— Il se passe des choses curieuses, dans ce château… — Oui, monsieur. Très curieuses. Il a dit cela drôlement, presque militairement, comme un soldat répond à un sous-officier. Je reprends : 235

— Il y a… un fantôme ? — Deux fantômes, monsieur. Ils viennent une fois par an. La nuit dernière, c’était leur nuit. — Vous dites : deux fantômes ? Moi, je n’en ai vu qu’un ! Il me regarde, il hésite :

240

— Vous pouvez raconter ? Ma foi oui, je le peux ! Et même je le désire ! Ça me soulagera, ça me fera du bien ! Aussitôt l’aubergiste se retourne, et il dit quelques mots, en dialecte, aux deux hommes de la table voisine. Puis il enchaîne : — Voulez-vous pour eux aussi raconter ?

245

Je veux bien raconter pour la terre entière ! Plus il y aura de gens à connaître mon histoire, moins celle-ci me fera peur à moi-même ! Je commence donc, laborieusement, dans mon allemand plus qu’approximatif… Très vite, mon hôte me met à l’aise. — Racontez en français. Je traduis pour eux.

250

255

J’obéis. Dès le début, mes trois auditeurs paraissent intéressés. Et puis, petit à petit, ils deviennent complices, puis coquins, amusés, égrillards 13 … Ils sont pris de petits frissons, comme des tics nerveux, puis de brefs éclats de rire, de jappements de jeunes chiens. Je perçois leur gaieté grandissante, laquelle me choque un peu, car je n’en devine pas la raison. Comme je m’arrête, surpris, l’aubergiste me dit tendrement : — Continuez, continuez. Tout à l’heure je vous explique.

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE 9

Où est la saignée du coude ?

10

Dans cette phrase, qu’est-ce qu’une saga ?

11

Quel est le sens du mot permission dans ce contexte ?

12

Comme il est dit un peu plus haut, l’aubergiste s’exprime dans un français très schématique. Récrivez cette réplique en français correct.

13

S’ils deviennent égrillards, comment deviennent-ils ? Donnez un synonyme.

Séquence 2

Maisons mystérieuses

53

260

Je continue et, cette fois, c’est l’intense rigolade. Les gars éclatent, se tordent, tonitruent. Quand j’arrive à la fin, au moment où le fantôme me saisit par le coude, ils sont tous écroulés, sanglotent littéralement de rire. Je n’ai jamais eu un tel succès ! Enfin le patron de l’auberge s’essuie les yeux et dit : — Je comprends maintenant pourquoi vous tout à l’heure si pâle entré… Rassurez-vous, ce n’est pas grave. Je veux vous expliquer.

265

270

275

Il m’explique, en effet, ce que vous avez deviné peut-être. La nuit qui venait de s’écouler n’était pas celle du grand-père, mais bien celle du jeune comte et de la jeune comtesse. C’étaient eux qui étaient morts, c’étaient eux les fantômes, et le vieillard était tout ce qu’il y a de vivant. Mais la coutume du château voulait que cette nuit-là appartînt au jeune couple, et ni le vieux ni la servante ne se seraient permis de porter la contradiction… Vous me direz qu’en me réveillant le châtelain aurait pu me dire la vérité… Peut-être avait-il eu l’intention de le faire… Mais, à la vue de la frayeur qu’il me causait, il avait préféré partir. C’est ainsi, chers amis, que j’ai passé l’une des meilleures soirées de ma vie en compagnie de deux fantômes, et c’est ainsi qu’un vieux monsieur, parfaitement inoffensif et animé des meilleures intentions, m’a causé la plus belle peur de mon existence. Pierre Gripari, «Le château de Langendorf», La rose réaliste, Lausanne, L’Âge d’Homme, 1985, p. 77 à 85.

INTERROGER LE TEXTE ET RÉAGIR Les actions et l’intrigue

15.

Souvent, dans les histoires de maisons mystérieuses, l’obscurité, des cris, des ombres… font naître la peur chez les personnages. Est-ce le cas ici ? Relevez les éléments qui distinguent cette histoire des deux précédentes.

16. Une fois qu’on sait la fin de cette histoire, plusieurs détails du déroulement prennent une signification nouvelle. Les questions suivantes vous invitent à revenir en arrière pour comprendre la signification réelle de chacun de ces détails. a) Aux lignes 35 à 37, le narrateur, à qui la comtesse a souhaité la bienvenue au château, se demande comment elle a pu le voir dans le noir où il était. Comment expliquez-vous que la comtesse ait pu le voir ?

54

MODULE 1

RENDEZ-VOUS AVEC LA PEUR

b) Aux lignes 61 à 63, le narrateur précise que les salutations se sont faites sans baisemain ni poignées de main, bref sans aucun toucher. Pourquoi, selon vous ? c) Plus loin, aux lignes 75 et 76, le comte informe le narrateur que lui et sa femme ne mangent pas le soir. Pourquoi, d’après vous, le comte dit-il qu’ils ne mangent pas le soir ? d)

Plus loin encore, à la ligne 133, le comte et la comtesse avouent au narrateur qu’ils connaissent bien la littérature d’autrefois, mais très peu celle d’aujourd’hui. D’après ce que vous avez compris de cette histoire, comment expliquez-vous ce fait ?

e) Lorsque le grand-père apparaît, le narrateur est étonné de la réalité de son apparence: «Mais il a l’air aussi réel que vous et moi !» Or «cette réflexion amuse beaucoup le jeune couple» (ligne 152). Pourquoi cette réflexion l’amuse-t-elle tant ? f) Aux lignes 155 et 156, on voit la comtesse «passer à travers» le grand-père, ce qui est censé prouver que celui-ci est un fantôme. Cela prouve quoi, en réalité ? g) Lorsque le narrateur demande s’il est possible de se faire réveiller le lendemain matin (ligne 168), le comte et la comtesse sont embarrassés et laissent entendre qu’ils se lèvent très tard… (lignes 169 à 171). Est-ce la vraie raison, selon vous ? Sinon, quelle peut être la vraie raison ?

Des étapes à retrouver

17.

Ce récit contient, lui aussi, toutes les étapes du schéma narratif. À l’aide d’un tableau semblable à celui que vous avez construit à la question 13, relevez ces étapes. Étapes du schéma narratif

De…

1re étape: situation initiale

«Le pays passe…»





À…



Les modificateurs qui renforcent les adjectifs

N’oubliez pas de repérer d’abord les adjectifs !

18. L’auteur emploie, dans cet extrait, des modificateurs pour renforcer certains adjectifs. Dans les phrases suivantes, relevez les adverbes modificateurs qui renforcent des adjectifs.

Cet exercice vous fournira des moyens de renforcer vos adjectifs lorsque vous écrirez votre propre récit.

1) «Je me commande un café bien fort.» (Lignes 208 et 209.) 2) «Me voilà donc en route, sous un ciel étoilé, sur un chemin fort caillouteux, mais éclairé d’une façon très satisfaisante par une belle demi-lune.» (Lignes 23 et 24.) Remarque : Il y a ici deux modificateurs à trouver.

3) «Un vieux monsieur très chic, en pantalon de golf, à la mode des années trente.» (Lignes 138 et 139.)

4) «Je pense confusément aux spectres des sagas islandaises, spectres bien consistants, parfaitement capables de s’attaquer à un vivant, de l’assommer sur place, de lui couvrir le corps de bleus…» (Lignes 199 à 201.) Remarque : Il y a ici deux modificateurs à trouver.

Séquence 2

Maisons mystérieuses

55

Au fil d’arrivée Écrire un court récit complet sur le thème des maisons mystérieuses. En vous aidant des trois récits de la présente séquence et des lectures proposées dans la rubrique «D’autres rendez-vous…» à la page suivante, rédigez, à votre tour, une courte histoire de peur, que vous ferez lire à vos camarades de classe. La planification

1. Inspirez-vous des suggestions suivantes pour construire votre schéma narratif. a) La situation initiale : une ou plusieurs personnes sont en route (à pied, en voiture ou autrement) vers un lieu déterminé ou non. Consultez la stratégie Comment faire le plan d’un texte narratif, à la page 470.

b) L’élément déclencheur : quelque chose survient qui force le ou les personnages à rechercher de l’aide, un abri, ou autre chose, ce qui amène le ou les personnages à entrer dans une maison mystérieuse. c) Le déroulement: le ou les personnages vivent dans cette maison une aventure qui leur fait peur. d) Le dénouement : le ou les personnages échappent finalement au danger et s’en tirent avec plus de peur que de mal. e) La situation finale : elle peut être… • la conclusion que ce ou ces personnages tirent de leur aventure (comme dans L’anniversaire d’antan et Le château de Langendorf ); • ce qu’il est advenu, par la suite, de la maison mystérieuse; • toute autre idée de votre choix.

La rédaction

2. Tenez compte des éléments suivants : • votre récit ne doit pas dépasser 350 mots; • il doit avoir au moins cinq paragraphes (un pour chaque étape du schéma narratif); • il doit contenir au moins trois modificateurs servant à renforcer un adjectif (soulignez-les); • vous pouvez choisir un narrateur personnage (comme dans Les otages de la terreur et Le château de Langendorf ) ou un narrateur omniscient (comme dans L’anniversaire d’antan).

3. N’oubliez pas d’exploiter les champs lexicaux (peur, bruit, obscurité, etc.) que vous avez notés dans votre Journal culturel. Consultez aussi la liste de l’article Champ lexical, à la page 316.

La révision

4. À l’étape de la révision, servez-vous des stratégies pour réviser, corriger et améliorer un texte (p. 480 à 492).

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MODULE 1

RENDEZ-VOUS AVEC LA PEUR

D’AUTRES

rendez-vous...

Explorez d’autres textes qui vous aideront à écrire votre récit et vous inspireront pour mieux tenir en haleine vos lecteurs et lectrices. Dans votre Recueil de textes, vous trouverez… • d’autres endroits insolites où il est risqué de s’aventurer : Le livre dont vous êtes la victime, La maison; • des personnages confrontés à la peur : Un héritage pas volé, Prise au piège ; • un dossier sur la peur (les différentes manifestations physiques et psychologiques de la peur) : Frayeurs, le moment de vérité, Le corps dans tous ses états…, La peur est innée… et acquise, Les monstres existent-ils vraiment ?, Peut-on mourir de peur ?

Retour Autoévaluation e des termes d’évaluation : Lorsque c’est possible, répondez à l’aid Beaucoup / Assez / Un peu. POINTS À ÉVALUER ve que j’ai plus es proposées dans la séquence, je trou 1. Après avoir fait les lectures et les tâch de facilité à: re un récit; a) utiliser le schéma narratif pour écri ificateurs. b) renforcer les adjectifs par des mod pour exprimer veaux mots et de nouvelles expressions 2. a) Je possède maintenant de nou la peur. . b) Par exemple: is d’écrire différentes façons de raconter et m’a perm 3. a) La lecture de récits m’a fait voir plus facilement ma propre histoire. b) Voici comment :

.

tés m’a donné sons mystérieuses et des châteaux han 4. a) L’exploration du thème des mai e genre. le goût de lire d’autres histoires du mêm . b) Voici pourquoi : mes camarades. 5. a) J’ai aimé les histoires écrites par . b) Voici pourquoi :

Séquence 2

Maisons mystérieuses

57

Temps d’arrêt Le modificateur de l’adjectif

1. Voici une série de modificateurs commençant par «comme» et une série de phrases contenant des adjectifs.Transcrivez ces adjectifs en les renforçant avec le modificateur en «comme» approprié. Pour bien choisir votre modificateur, prêtez attention au sens de l’adjectif. Modificateurs à utiliser

comme du charbon comme la neige comme la queue du diable comme le vent

comme un faon comme un O comme une statue

1) Miss Virginia E. Otis était une fillette de quinze ans, souple et charmante regard plein d’une belle liberté dans ses grands yeux bleus.

, avec un

Oscar Wilde, Le fantôme de Canterville.

2) Ils étaient vêtus de longs suaires blancs

.

Paul Féval, Le joli château.

3) Face à elle, ronde , une petite bouche rouge et, immenses, deux yeux bleus s’étonnaient, puis glissaient, enfin s’effaçaient. Michel Perrin, «Étage 113», Le grand Jacady et autres contes à découdre.

4) Elle joignit ses mains dans l’attitude de la prière, puis, tirant une langue noire fit signe qu’elle avait soif.

, elle

Julie Lavergne, L’auberge de la vieille Tata.

5) Je regardai alors à gauche et vis que les flammes des bougies étaient inclinées par un souffle violent . Edward Bulwer-Lytton, «La maison aux esprits», Histoires de fantômes.

6) Ma respiration s’arrêta d’un coup. Je dus rester un moment immobile . Évelyne Brisou-Pellen, L’année du deuxième fantôme.

7) Les éclairs, fourchus , impriment leur marque incandescente sur la rétine des spectateurs. Christophe Lambert, «Amityville, la maison du diable», Contes et légendes des lieux mystérieux.

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MODULE 1

RENDEZ-VOUS AVEC LA PEUR

L’adverbe modificateur

2. Dans les phrases suivantes, les adjectifs ne sont pas signalés. À vous de les trouver et de les renforcer par un adverbe modificateur choisi parmi la liste ci-dessous. Exemples d’adverbes modificateurs que vous pouvez utiliser

absolument admirablement complètement diablement entièrement éperdument épouvantablement exceptionnellement excessivement extraordinairement extrêmement fantastiquement

Dans cet exercice, vous avez plus de liberté que dans le précédent : il y a toujours plusieurs réponses possibles.

follement formidablement gravement incomparablement merveilleusement parfaitement passablement sérieusement supérieurement terriblement totalement véritablement

Remarque : Les modificateurs comme très, tout à fait, bien, tout, etc., qui sont trop faciles à utiliser, ont été laissés de côté.

1) 2) 3) 4) 5) 6) 7) 8) 9) 10) 11) 12)

L’araignée avançait lentement vers sa proie effrayée. Devenu amoureux, il avait peu à peu oublié les manies étranges de la princesse. La lumière du brasier qui illuminait le château était sinistre. En tout cas, remarqua le châtelain, cette créature a l’air affaiblie. Ses amis étaient incapables de comprendre sa peine. L’emplacement du château est beau. Que les esprits aient fait du feu dans le donjon est inexplicable. D’un ton ironique, il s’écria : «Alors, où sont donc ces vampires ?» L’ascension du mur semblait difficile. Le spectre nous montra des appareils perfectionnés pour l’époque. Je rentrai chez moi, rassuré. Le fantôme paraissait content et léger.

Séquence 2

Maisons mystérieuses

59

À VOTRE

60

2

MODULE

SANTÉ !

SOMMAIRE SÉQUENCE 1

Autour de la table Des textes qui mettent l’eau à la bouche, pour cerner vos goûts et vos habitudes… UN EXTRAIT DE RÉCIT:

 Une

bouchée de pain

. . . . . . . . . . . . 64

DES EXTRAITS DE ROMANS :

 Chocolat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66  Saveurs

d’Orient . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74

UN POÈME :

 Comment

on fait les tartelettes amandines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72

SÉQUENCE 2

À vos marques… Des textes pour réagir et agir… DES POÈMES :

 Patins

à roulettes . . . . . . . . . . . . . . . . . 85 sportifs . . . . . . . . . . . . . . . . 85

 Quatrains

UN EXTRAIT DE ROMAN :

Des aliments savoureux, des aliments santé qu’on découvre et qu’on apprécie. Une table bien garnie, autour de laquelle sont réunis les gens qu’on aime…

 Les

. . . . . . . . . 86

DES EXTRAITS DE NOUVELLES :

 Il

me faut des ailes . . . . . . . . . . . . . . . 90 de chalet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92

 Ski

Jouer dehors, nager, courir, dévaler des montagnes enneigées, marcher en forêt, grimper des escaliers, savourer une victoire d’équipe… Bien manger et être en forme, des plaisirs essentiels à la vie.

Carcajous à Nagano

UNE ENTREVUE :

 Vélo

RECUEIL DE TEXTES

A

+ montagne = Mathilde

. . . . 98

Des textes de toutes sortes pour explorer davantage le thème du module.

61

SÉQUENCE

1

CONNAISSANCES ET STRATÉGIES

Autour de la table

• Groupe nominal 368 • Phrase 384 • Poème 392 • Pronom 402 • Phrase de base et phras e transformée 387 • Comment vérifier que les phrases sont bien construites 48 4

N

ous mangeons tous les jours, à la maison, à l’école, au restaurant, chez des amis et amies; en solitaire ou en agréable compagnie;

par plaisir ou par habitude. Nous développons, au cours de notre existence, toutes sortes d’habitudes et d’attitudes relativement à la nourriture. Dans les textes de cette séquence, vous verrez comment, en temps de guerre, une petite fille doit vivre avec une maigre ration de pain. Vous assisterez à une scène dans laquelle un curieux personnage, malgré ses scrupules, succombe à la tentation devant l’abondance des chocolats qui s’offrent à lui. Vous constaterez aussi que les sushis ne font pas l’unanimité chez les Carcajous. Ces lectures vous amèneront à réagir

à différents

comportements alimentaires.

Au terme de la séquence, vous organiserez un pique-

nique de rêve avec des personnes que vous aimez. Vous rédigerez une invitation originale et préparerez un menu auquel vos convives ne pourront pas résister. Cette activité vous permettra de mieux connaître vos goûts et ceux des autres.

62

MODULE 2

À VOTRE SANTÉ !

Au départ Examinez attentivement la scène suivante dans laquelle des jeunes sont réunis à la cafétéria.

1.

a) Comment chaque personnage de la scène se comporte-t-il vis-à-vis de la nourriture ? Essayez de tracer le profil alimentaire de chacun. b) Qu’est-ce qu’on aurait pu lire dans les bulles ? Tenez compte des caractéristiques que vous avez attribuées à chaque personnage pour imaginer les paroles qu’ils échangent. Attention ! La conversation tourne autour de l’alimentation.

2.

a) Les repas sont souvent une belle occasion de se réunir avec des gens qu’on aime. Quelles occasions avez-vous de partager un bon repas avec votre entourage ? b) Qu’est-ce que vous aimez de ces rencontres ? Séquence 1

Autour de la table

63

En marche vers le

Dans l’extrait de récit suivant, l’auteure raconte un souvenir de son enfance durant la guerre. Lisez-le en imaginant que vous vivez la même situation qu’elle. Vous amorcerez ainsi une réflexion sur vos comportements alimentaires.

UNE BOUCHÉE DE PAIN

5

On nous distribuait des tickets 1 pour acheter du pain, qui constituait souvent notre menu quotidien : 400 grammes par jour pour les enfants et les employés de bureau, 600 grammes pour les ouvriers et rien pour les adultes qui ne travaillaient pas. C’était un pain noir à la consistance argileuse, si dense que les 400 grammes de la portion quotidienne n’étaient qu’un tout petit morceau qu’il était bien difficile de ne pas dévorer d’un seul coup. Encore aujourd’hui, en regardant une miche de pain d’un kilogramme, je m’étonne de sa dimension. Il y avait aussi des tickets pour le sucre quasiment 10 absent des magasins où l’on ne pouvait en acheter que deux ou trois fois par an. À la place du sucre, on vendait un pain d’épice que j’aimais beaucoup, mais dont 15 on recevait si peu qu’il disparaissait immédiatement.

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30

64

Très vite, à la maison, les discussions sur le partage de ce pain de malheur ont commencé. Moi, j’étais d’avis qu’il fallait le manger d’un seul coup pour ne pas avoir faim au moins quelques heures dans la journée. Mes parents n’étaient évidemment pas d’accord; pour eux, la seule question qui se posait était de savoir si on le partagerait en deux ou en trois morceaux : deux auraient l’avantage d’être plus grands, trois nous permettraient de tromper la faim plus souvent. C’était un dilemme 2 difficile à résoudre, et le sujet revenait sans cesse pendant les conversations du soir.

35

40

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50

[…] Pendant un certain temps, nous avions juste assez d’argent pour acheter nos rations de pain, une soupe par jour et par personne et deux kilos de carottes en supplément. Et toujours, la faim nous tenaillait 3 . La soupe était soit un bouillon de chou auquel on ajoutait un peu de farine pour l’épaissir, soit un potage consistant, avec quelques minuscules morceaux de viande. Ce potage, consommé au restaurant, rassasiait 4 moins mais était meilleur au goût et plus nourrissant. Je le savourais avec lenteur et solennité 5 : d’abord le bouillon, que j’imaginais être mon premier plat, et ensuite, par petites bouchées, la partie consistante qui devenait mon plat de résistance. Un jour, alors que j’arrivais justement à ce moment réjouissant du repas, un mendiant s’est approché de moi me demandant si j’avais déjà terminé. Avec un énorme regret, je lui ai POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE laissé la meilleure partie de mon repas. Longtemps, j’ai considéré ce 1 Le mot ticket est un mot anglais geste comme l’acte le plus noble qui vient d’un mot français. Lequel ? de mon existence. Mais l’avais-je 2 Qu’est-ce qu’un dilemme ? accompli de bon cœur ou par timidité ? 3 Donnez un synonyme de tenailler. Ilona Flutsztejn-Gruda, Quand les grands jouaient à la guerre, Paris, Actes Sud Junior, 1999, p. 96-97.

4

Par quel autre verbe pourrait-on remplacer rassasier ?

5

Donnez un adverbe appartenant à la même famille de mots que solennité.

INTERROGER LE TEXTE ET RÉAGIR Un problème à résoudre

1.

À la ligne 31, on parle d’un «dilemme difficile à résoudre». Quel est ce dilemme ?

Des choix à faire

2.

Si vous étiez dans une situation semblable à celle qui est racontée, comment utiliseriezvous votre maigre ration de pain ?

3.

À la fin de l’extrait, l’enfant cède la meilleure partie de son repas à un mendiant. Auriez-vous fait la même chose à sa place ? Pourquoi ?

Sur une île déserte avec un seul aliment

4.

Choisissez un aliment, un mets, une sucrerie que vous aimez beaucoup. Imaginez que vous êtes sur une île déserte avec ce seul aliment. En une cinquantaine de mots, racontez de quelle façon vous le consommeriez.

Assurez-vous que vos phrases sont bien construites. Au besoin, consultez Comment vérifier que les phrases sont bien construites, à la page 484.

Séquence 1

Autour de la table

65

vers le

Il n’est pas toujours facile de résister à l’attrait d’aliments savoureux, surtout quand on en a été privé longtemps. Lisez l’extrait suivant et observez les nombreuses descriptions de friandises : vous pourrez vous en inspirer pour créer votre menu de pique-nique.

Chocolat Vianne Rocher a ouvert une confiserie dans un petit village paisible. Le narrateur cherche comment se débarrasser de cette femme qui incite les gens à la gourmandise.

errière la vitrine camouflée, des milliers de chocolats attendent d’être vendus. Des œufs, des animaux, des nids de Pâques enveloppés de rubans, des boîtes-cadeaux, des petits lapins dans de magnifiques bouillons de cellophane… Demain une centaine d’enfants se réveilleront au son des cloches de Pâques, et leur première pensée ne sera pas : Il 1 est ressuscité ! mais : Des chocolats ! Des chocolats de Pâques !

D 5

Mais : s’il n’y avait pas de chocolats ?

10

15

Cette pensée me pétrifie. L’espace d’une seconde, une joie brûlante m’envahit. […] Je pourrais entrer par effraction dans sa maison. La porte de derrière est vieille et à moitié pourrie. Je pourrais l’ouvrir avec un levier. M’introduire dans la boutique armé d’un gourdin 2 . Le chocolat est une matière friable, fragile. Cinq minutes au milieu de ses boîtes-cadeaux suffiraient. […] Les chocolats doivent se trouver dans la boutique. Sans bruit, je traverse la cuisine, puis j’ouvre l’épaisse porte en bois de pin qui mène à l’avant de la maison. Sur ma gauche, des marches conduisent aux appartements. Sur ma droite, le comptoir, les étagères, les marchandises exposées, les boîtes… J’avais beau m’y attendre, l’odeur de chocolat est stupéfiante. L’obscurité semble l’avoir intensifiée à un point tel que, l’espace d’une seconde, l’odeur se confond littéralement avec l’obscurité, m’enveloppant et m’étouffant comme une riche poudre brune. Le rayon de ma lampe repère

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MODULE 2

À VOTRE SANTÉ !

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des zones de clarté, du papier d’aluminium, des rubans, des bouillons de cellophane aux reflets étincelants. Je suis dans la caverne d’Ali Baba 3 . Un frisson me parcourt tout le corps. Être ici, dans la maison de la sorcière, tel un intrus insoupçonné. Toucher ses affaires en secret pendant qu’elle dort. J’éprouve un désir irrépressible de voir la vitrine, d’arracher

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l’écran de papier qui la dissimule et d’être le premier à la contempler. Cet élan est absurde, étant donné que j’ai l’intention de tout saccager. Mais il m’est impossible de résister à ce désir. J’avance à pas feutrés sur mes semelles de caoutchouc portant d’une main molle le lourd morceau de bois 4 . J’ai tout le temps. Suffisamment de temps pour assouvir ma curiosité, si j’en ai envie. D’ailleurs, cet instant est trop précieux pour être gaspillé. Je tiens à le savourer. Tout doucement je tire sur le fin crépon qui recouvre la vitrine. Il se détache avec un petit bruit de papier qu’on déchire, et je le pose de côté, l’oreille à l’affût du moindre signe d’activité à l’étage au-dessus. Je n’en dis-

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cerne aucun. Ma lampe électrique illumine la vitrine et, l’espace d’un instant, j’oublie presque pourquoi je suis ici. C’est un amoncellement de merveilles : des fruits glacés, des fleurs en massepain, des montagnes de chocolats de toutes les formes et toutes les couleurs, des lapins, des canards, des poules, des poussins, des agneaux me contemplant avec des yeux en chocolat à la fois joyeux et graves, telles les armées de terre cuite de l’ancienne Chine, et surplombant cet ensemble, une statue de femme, ses bras gracieux et bronzés tenant une gerbe de blé en chocolat, les cheveux ondoyants. Les détails sont magnifiquement restitués, sa chevelure est faite d’un chocolat très noir, ses yeux rehaussés de chocolat blanc. L’odeur de chocolat est presque suffocante, son parfum riche et sensuel laisse dans la gorge une exquise traînée de douceur. La femme à la gerbe de blé sourit très légèrement, comme si elle contemplait des mystères. Testez-moi. Goûtez-moi. Savourez-moi.

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Le chant diabolique résonne plus fort que jamais, ici, dans l’antre même de la tentation. Je pourrais tendre la main dans n’importe quelle direction et cueillir un de ces fruits défendus, en goûter la chair secrète. Je me sens transpercé de mille aiguillons à cette pensée. Testez-moi. Goûtez-moi. Savourez-moi. Personne ne serait au courant. Testez-moi. Goûtez-moi. Savourez… Pourquoi pas ?

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE 1

Qui est désigné par le pronom Il ? Servezvous du contexte et de vos connaissances pour répondre.

2

Donnez un synonyme de gourdin.

3

Pourquoi le narrateur dit-il qu’il est dans la caverne d’Ali Baba ?

4

Le lourd morceau de bois est une reprise d’information. Qu’est-ce que ce GN reprend ?

Séquence 1

Autour de la table

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Je prendrai la première chose que rencontreront mes doigts. Il faut que j’évite de perdre la tête. Un seul chocolat — pas précisément un vol, mais un sauvetage ; seul parmi tous ses frères, il échappera au massacre. Ma main s’attarde malgré elle comme une libellule planant au-dessus d’un amas de douceurs. Un plateau en plexiglas muni d’un couvercle protège ces friandises; le nom de chacune est inscrit sur le couvercle en fines lettres cursives. Elles portent des noms enchanteurs. Craquelin aux oranges amères. Rouleau de massepain à l’abricot. Cerisette russe. Truffe au rhum blanc. Manon blanc. […] J’en prends un sur le dessus du plateau. Je l’élève sous mes narines; il sent la crème à la vanille. Personne ne saura. Je me rends compte que je n’ai pas mangé de chocolat depuis mon enfance, il y a tant d’années que je ne m’en souviens plus, et encore, il s’agissait d’un chocolat à croquer bon marché, à quinze pour cent de cacao, avec un arrièregoût pâteux de graisse et de sucre. Une fois ou deux, je m’étais acheté du Suchard* au supermarché, mais, cinq fois plus cher que l’autre, c’était un luxe que je pouvais rarement m’offrir. Mais là, c’est totalement différent : la brève résistance de la coquille chocolatée au contact des lèvres, la pâte moelleuse à l’intérieur… Je découvre plusieurs saveurs, comme le bouquet d’un grand vin : une légère amertume, un arôme aussi riche que du café moulu. […] Après ce chocolat, j’en goûte un autre, me persuadant que cela n’a pas d’importance. À nouveau, je m’attarde sur les noms. Crème de cassis. Grappe aux trois noix. Je choisis une pépite noire sur un plateau indiquant Voyage en Orient. Du gingembre confit dans une coque de sucre, libérant une giclée de liqueur comme une concentration d’épices, une sorte de cocktail aromatique 5 où le santal**, la cannelle et le citron vert le disputent au cèdre et au myrte piment***. J’en prends un autre, sur un plateau *** De Philippe Suchard, confiseur suisse du XIXe siècle, qui a donné son nom à une marque de chocolat. *** Le santal est un arbuste exotique dont on extrait une essence. *** Le myrte piment est un arbuste dont les fruits sont utilisés comme épices.

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MODULE 2

À VOTRE SANTÉ !

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indiquant Pêche au miel millefleurs. Une tranche de pêche macérée dans le miel et l’eau-de-vie puis enrobée de chocolat, avec sur le dessus une petite écorce confite. Je regarde ma montre. J’ai encore du temps. Je sais que je ferais mieux de m’atteler sérieusement à ma juste tâche. Les marchan-

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dises exposées dans la boutique, bien qu’en quantités ahurissantes, ne suffiront pas à honorer 6 les centaines de commandes qu’elle a reçues. Il doit y avoir un autre endroit où elle entrepose ses boîtes-cadeaux et le plus gros de ses réserves. Les articles qui se trouvent ici ne sont que des articles de démonstration.

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Attrapant une amandine, je la fourre dans ma bouche pour m’aider à réfléchir. Puis j’attrape un fondant au caramel. Puis un Manon blanc, tout gorgé de crème fraîche et de poudre d’amande. Si peu de temps, alors qu’il reste une telle abondance de merveilles à goûter… Ma tâche pourra être accomplie en cinq minutes, peut-être moins. Dès que j’aurai trouvé la cachette. Je vais prendre encore un chocolat, histoire de me porter chance, avant de me mettre à chercher. Juste encore un. Un petit. On dirait un de mes rêves. Je ne sais plus où donner de la tête. Je m’imagine dans un champ de chocolats, sur une plage de chocolats, et je me vautre dedans, je fourrage dedans, je m’en empiffre. Je n’ai pas le temps de lire les étiquettes; j’enfourne les chocolats sans discrimination 7 . […] Quelque chose au fond de moi a beau me crier d’arrêter, je n’y arrive pas. Maintenant que j’ai commencé, plus moyen d’arrêter. Cela n’a rien à voir avec la faim; j’engloutis les chocolats, la bouche pleine, les mains pleines. Joanne Harris, C ho co lat, traduit de l’anglais par Anouk Neuhoff, Paris, Quai Voltaire / La Table Ronde, 2000, p. 364-365 et 369 à 373. © Éditions Leduc, 2013.

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE 5

Dans vos mots, dites ce qu’est un co cktail aro matique.

6

Quel est le sens du verbe ho no rer dans ce contexte ?

7

Dans vos mots, expliquez ce que veut dire sans discriminatio n.

L’histoire d’Ali Baba et des quarante voleurs est tirée des Mille et une nuits, un recueil de contes arabes traduits en français au début du XVIIIe siècle. Ces contes, très anciens, où le merveilleux occupe une place importante, viennent de différents pays d’Orient. Nés d’auteurs anonymes qu’on allait entendre sur la place publique, les contes ont été transcrits par des scribes dès le XIIe siècle. Ils ont subi de nombreuses modifications à travers les âges. Les plus connus sont «Ali Baba et les quarante voleurs», «Aladin et la lampe magique» et «Sindbad le marin».

Séquence 1

Autour de la table

69

INTERROGER LE TEXTE ET RÉAGIR Les pronoms

5. Dans les phrases suivantes, donnez l’antécédent de chaque pronom en couleur. 1) «L’obscurité semble l’avoir intensifiée à un point tel que…» (Lignes 28 et 29.) 2) «Toucher ses affaires en secret pendant qu’elle dort.» (Lignes 38 et 39.) 3) «J’éprouve un désir irrépressible de voir la vitrine, d’arracher l’écran de papier qui la dissimule et d’être le premier à la contempler.» (Lignes 39 à 42.) 4) «Je tiens à le savourer.» (Lignes 50 et 51.) 5) «Je n’en discerne aucun.» (Lignes 56 et 57.) 6) «… seul parmi tous ses frères, il échappera au massacre.» (Lignes 92 et 93.) 7) «… le nom de chacune est inscrit sur le couvercle en fines lettres cursives.» (Lignes 97 et 98.)

8) «Elles portent des noms enchanteurs.» (Ligne 99.) 9) «Une fois ou deux, je m’étais acheté du Suchard au supermarché, mais, cinq fois plus cher que l’autre…» (Lignes 110 à 112.) 10) «… ne suffiront pas à honorer les centaines de commandes qu’elle a reçues.» (Lignes 139 à 141.)

Difficile de résister

6.

Le narrateur pénètre dans la boutique dans l’intention de la saccager. À peine est-il entré que quelque chose vient le perturber, le déranger. a) Quelle est cette chose qui le perturbe ? Citez deux passages situés entre les lignes 20 et 35 pour appuyer votre réponse. b) Par conséquent, lequel des sens du narrateur est le premier touché ? c) Quel autre sens du narrateur est touché par la suite ? Citez un passage, entre les lignes 52 et 59, à l’appui de votre réponse.

7.

a) Les chocolats lancent une invitation au narrateur : «Testez-moi. Goûtez-moi. Savourez-moi.» (Ligne 78.) Expliquez comment ces trois phrases forment une progression. b) Lequel des sens du narrateur est touché ici ?

Une excuse

8. Le narrateur va bientôt succomber à l’invitation lancée par les chocolats. Cependant, il se donne une excuse pour ne pas que sa conscience l’accuse de vol. Quelle est cette excuse ? Relisez le passage de la ligne 78 à la ligne 98 pour la trouver.

70

MODULE 2

À VOTRE SANTÉ !

Des GN évocateurs

9. Dans la boutique, le narrateur se croit dans la caverne d’Ali Baba: partout, des chocolats attendent d’être mangés. Relevez quatre GN montrant l’abondance qui règne dans la vitrine. a) Un GN aux lignes 52 à 77. b) Un GN aux lignes 136 à 155. c) Deux GN aux lignes 156 à 167.

10.

a) Aux lignes 95 à 102, le narrateur décrit un plateau de plexiglas rempli de friandises. Relevez, dans un tableau comme celui ci-après, le nom de chacune des cinq friandises. Remplissez ensuite le tableau en inscrivant: • le noyau de chaque GN; • l’expansion dans chaque GN; • la sorte de chaque expansion.

GN

Noyau

Expansion

Sorte de l’expansion

1)

… b) Relevez, aux lignes 136 à 155, deux GN dont l’expansion est une subordonnée relative. Soulignez le noyau de chaque GN, puis mettez la subordonnée relative entre crochets.

La passion ou la raison

1 1. À la ligne 102, le narrateur s’empare d’un premier chocolat. Un peu plus loin, il en prend un autre, puis un autre. a) Saura-t-il s’arrêter ? Jusqu’où ira-t-il ? b) Citez le passage qui appuie votre réponse.

Le projet du narrateur

12. Dans l’avant-dernier paragraphe, le narrateur dit : «Je sais que je ferais mieux de m’atteler sérieusement à ma juste tâche.» (Lignes 136 et 137.) a)

Quelle est sa tâche et pourquoi dit-il qu’elle est juste ?

b) Finalement, au lieu de détruire les chocolats avec son gourdin, le narrateur dévore tout ce qui lui tombe sous la main. Peut-on dire que, d’une certaine manière, il a atteint son but ? Expliquez votre réponse.

Vous devant l’abondance

13.

Quelle attitude adoptez-vous devant l’abondance ? Savez-vous vous retenir ou, comme le narrateur, êtes-vous incapable de vous arrêter ? Dans un cas comme dans l’autre, expliquez pourquoi il en est ainsi.

Séquence 1

Autour de la table

71

vers le

Voici une halte gastronomique. Lisez le poème suivant, qui donne une recette pour le moins originale. À la fin de la séquence, vous aurez, vous aussi, à créer un court poème recette dans lequel vous vous servirez de moyens semblables à ceux que vous aurez observés ici.

Comment oens faamitandines

les tartelett

5

10

eux, Battez, pour qu’ils soient mouss Quelques œufs; Incorporez à leur mousse 1 Un jus de cédrat choisi; Versez-y Un bon lait d’amandes douces ;

15

2 Mettez de la pâte à flan Dans le flanc 3 De moules à tartelette ; 5 4 D’un doigt preste , abricotez Les côtés; Versez goutte à gouttelette

Votre mousse en ces puits, puis Que ces puits Passent au four, et, blondines, 6 Sortant en gais troupelets , Ce sont les Tartelettes amandines !

Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac, 1897.

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE 1

À quel autre fruit le cédrat ressemble-t-il ?

2

Qu’est-ce qu’un flan ?

3

En d’autres mots, où doit-on mettre la pâte à flan ?

4

Qu’est-ce qu’un doigt preste ?

5

a) Ce mot n’existe pas dans le dictionnaire. Selon vous, qu’est-ce que ce verbe veut dire ? b) Comment avez-vous fait pour le trouver ?

6

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MODULE 2

À VOTRE SANTÉ !

Qu’est-ce que le mot troupelet veut dire ? Consultez, au besoin, Formation des mots, à la page 358.

INTERROGER LE TEXTE ET RÉAGIR Des mots qui parlent

14. Parmi les jeux de mots dont s’est servi l’auteur pour écrire son poème, relevez les trois suivants : a) deux paires d’homonymes; b) une expression figée déformée; c) la création de deux mots ne figurant pas dans les dictionnaires.

15. Relevez, dans les deux premières strophes, cinq GN étendus. Remplissez ensuite un tableau comme le suivant: GN étendu

Noyau

Expansion

Sorte de l’expansion

1)

… Un dessert en poème

16.

Choisissez une recette de dessert dans une revue ou un livre de recettes. Puis, à la manière d’Edmond Rostand, transformez la recette choisie en poème.

Consignes pour la rédaction de votre poème 1) Votre poème sera rimé. 2) Il comprendra : • trois strophes de six vers; • des GN contenant des expansions variées; • deux des trois sortes de jeux de mots relevés au numéro 14 (homonymes, expression figée déformée et mot ne figurant pas dans les dictionnaires).

17. Révisez votre poème. a) Assurez-vous que les consignes ont été respectées. b) Vérifiez les accords et l’orthographe d’usage. Consultez Comment vérifier les accords dans le GN (p. 489) et Comment vérifier les accords dans le GV (p. 490). c) Échangez votre poème avec un ou une camarade et faites la même démarche de révision pour le poème de votre camarade. d) Apportez les dernières corrections à votre poème recette, s’il y a lieu. e) Transcrivez votre poème au propre.

Séquence 1

Autour de la table

73

vers le

Le multiculturalisme entraîne de grands changements dans les habitudes alimentaires. Partout, on nous offre une belle variété de produits d’autres pays, on nous présente des façons différentes de consommer certains aliments. Dans l’extrait de roman suivant, observez bien la réaction des personnages devant du poisson cru, et poursuivez votre réflexion sur vos attitudes relativement à la nourriture.

SAVEURS D’ORIENT Les Carcajous participent à un tournoi de hockey à Nagano, au Japon. Sim, qui a des origines japonaises très lointaines, se proclame grand expert du pays du Soleil levant. Il se présente au banquet inaugural avec assurance…

74

MODULE 2

À VOTRE SANTÉ !

A

près les présentations, on servit le repas. Sim insista pour manger avec ses baguettes. Il les prit avec cérémonie, repoussant d’un geste théâtral le couteau et la fourchette qui avaient aussi été déposés près de son assiette.

5

— C’est quoi ÇA ? demanda le grand expert du Japon lorsque le premier service fut apporté devant les Carcajous. — Des sushis, annonça Anou. — Tu devrais pourtant tout savoir sur les sushis, il me semble, ajouta AnneMarie. — Mais c’est quoi ? grogna Sim. On dirait que c’est vivant !

10

— C’est du poisson, répondit Anou. Du poisson cru. — Comment ça, du poisson cru ? Tu veux dire qu’ils vont le faire cuire à notre table, comme le steak dans les restaurants ? — Non, ça se mange cru, dit Anne-Marie. — Moi, je mange pas ça si c’est pas cuit 1 !

15

20

Stéphane regarda les magnifiques assiettes qui défilaient devant lui. Les sushis étaient de véritables œuvres d’art, composées d’une tranche de poisson dressée avec une harmonie parfaite sur un petit cylindre de riz entouré de pousses de légumes verts. Une tranche de poisson parfois très pâle, parfois rouge foncé et parfois — aurait-on dit — avec des tentacules. — Est-ce que c’est ce que je pense ? demanda-t-il à Anou. Anou suivit la direction de son doigt. — C’est de la pieuvre, répondit-elle. Crue.

25

Anne-Marie, qui semblait en savoir long sur les sushis, prit la relève. Avec une patience de professeur, elle montra un à un tous les sushis déposés sur les assiettes devant eux. — Ça, c’est de l’anguille. — Eurrrrkkkk ! fit Sim. — Du calmar. — Eurrrrkkkk !

30

— Des œufs crus. — Eurrrrkkkk ! — Encore des tentacules de pieuvre…

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE 1

Cette phrase, de forme négative, est en langue familière. Récrivez-la en langue standard.

Séquence 1

Autour de la table

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55

Mais Sim était déjà parti en courant. Il fonçait à toute vitesse vers la porte du fond. Stéphane remarqua que Kling était installé près de la table, dans son fauteuil roulant, et qu’il avait filmé toute la scène. Ce bon vieux Kling ! Les Carcajous voudraient certainement montrer ça un de ces jours ! Stéphane ne put s’empêcher de rire. Il avait déjà vu Sim se comporter de cette façon, quand l’équipe était en visite dans le village cri 2 de Waskaganish et que Sim avait mangé des «narines d’orignal» frites sans s’en rendre compte. Mais Sim avait fini par s’en remettre et s’était finalement décidé à manger — il avait même apprécié ! — du castor, de l’orignal et même des narines d’orignal. Ce serait sûrement la même chose ici, au Japon. Il le fallait bien. Après tout, c’était lui, M. Japon, pendant ce voyage. Et les sushis étaient le mets japonais par excellence. Stéphane goûta précautionneusement 3 aux sushis. Anou, Anne-Marie et Lars, de leur côté, mangeaient avec appétit. Stéphane commença par le sushi au thon cru. Après tout, il mangeait des sandwiches au thon presque tous les jours à l’école. Ce n’était pas si mal. Il trempa son sushi dans le petit bol de sauce soya et de moutarde verte qu’Anne-Marie lui tendait. C’était encore meilleur. Il essaya ensuite le saumon, qu’il trouva délicieux. Puis il passa à la pieuvre. C’était caoutchouteux, et il en eut un haut-le-cœur — en particulier quand il mordit dans un des tentacules. Il cracha discrètement le reste de sa bouchée dans sa serviette et ne retoucha plus à la pieuvre. Roy MacGregor, Cauchemar à Nagano : Les Carcajous VIII, traduit de l’anglais par Marie-Josée Brière, Montréal, Boréal, 2003, p. 23 à 26.

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE 2

Qui sont les Cris ? Où vivent-ils ?

3

a) Comment le mot précautionneusement a-t-il été formé ? b) Expliquez, dans vos mots, ce qu’il signifie.

Roy MacGregor, l’auteur de la série Les Carcajous (né au Canada en 1948)

Journaliste sportif et romancier, Roy MacGregor est bien connu au Canada anglais. Il a publié plusieurs ouvrages sur le hockey, sport qu’il pratique depuis sa jeunesse. Il a même été entraîneur pendant de nombreuses années. On le connaît au Québec pour sa célèbre série Les Carcajous.

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MODULE 2

À VOTRE SANTÉ !

INTERROGER LE TEXTE ET RÉAGIR La phrase

18. Voici deux phrases prononcées par Sim. Elles se terminent toutes les deux par un point d’interrogation.

1) «Tu veux dire qu’ils vont le faire cuire à notre table, comme le steak dans les restaurants ?» (Lignes 11 et 12.) 2) «Est-ce que c’est ce que je pense ?» (Ligne 20.) a) Laquelle de ces deux phrases est construite comme une phrase de type interrogatif ? Expliquez pourquoi. b) Récrivez l’autre phrase pour qu’elle soit construite comme une phrase de type interrogatif.

19. Faites l’analyse des trois phrases suivantes. Commencez par les recopier, puis encadrez le sujet en bleu, le prédicat en jaune et le complément de phrase en rose, s’il y a lieu.

1) «Anne-Marie, qui semblait en savoir long sur les sushis, prit la relève.» (Ligne 23.) 2) «Il fonçait à toute vitesse vers la porte du fond.» (Lignes 33 et 34.) 3) «Anou, Anne-Marie et Lars, de leur côté, mangeaient avec appétit.» (Lignes 48 et 49.) Des personnages aux goûts différents

20. Les personnages du texte Saveurs d’Orient ne réagissent pas tous de la même façon devant le repas qu’on leur sert. Dans vos mots, décrivez la réaction des personnages ci-dessous devant les spécialités japonaises. Citez des passages du texte qui appuient vos réponses. a) Sim. b) Stéphane. c) Anou, Anne-Marie et Lars.

Vous et les aliments nouveaux

21.

a) Goûtez-vous facilement à des aliments nouveaux ? En général, qu’est-ce qui vous attire et qu’est-ce qui vous répugne ? b) À quel personnage de Saveurs d’Orient ressemblez-vous le plus ? Expliquez pourquoi.

Séquence 1

Autour de la table

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Au fil d’arrivée Faire la planification d’un pique-nique de rêve. Les textes de la séquence ainsi que ceux du Recueil de textes vous ont permis de réfléchir à vos comportements alimentaires. Dans l’activité qui suit, vous allez faire la planification d’un pique-nique de rêve. Vous en imaginerez toutes les étapes comme si vous y étiez. La préparation du pique-nique

1. Répondez par écrit aux questions suivantes. a) Quand le pique-nique aura-t-il lieu ? Au printemps ? En hiver ? À l’automne ? Lors d’une douce journée d’été ? Le matin ? Le midi ? Le soir ? • Expliquez votre choix en quelques mots. b) Où se tiendra-t-il ? Près d’un lac ? À la montagne ? En forêt ? En ville ? Sur un balcon ? Dans un parc ? Autour de la piscine ? N’importe où ailleurs ? • Décrivez en quelques mots le lieu que vous avez choisi. c) Combien de personnes inviterez-vous ? Deux, trois, plusieurs ? • Dites pourquoi vous faites beaucoup ou peu d’invitations. d) Qui inviterez-vous ? Des amis et amies ? Un copain ou une copine seulement ? Votre père ? Votre grandmère ? Des cousins et cousines ? Votre grande sœur ? Votre petit frère ? • Décrivez vos invités en quelques mots et dites pourquoi vous avez choisi ces personnes. e) De quoi parlerez-vous pendant la rencontre ? De prêt-à-manger ? D’aliments santé ? D’aliments qui vous attirent ? D’aliments qui vous répugnent ? De végétarisme ? Des aliments biologiques ou génétiquement modifiés ?… • Un mot d’ordre: la discussion doit tourner autour de la nourriture. • Dites, en 30 mots environ, quels sujets vous aimeriez aborder avec vos convives et pourquoi ces sujets vous intéressent. f) Que mangerez-vous ? Des mets traditionnels ? Des nouveautés que vous voulez faire découvrir à vos invités ? De la cuisine étrangère ? Des aliments santé ?… • Présentez les mets que vous allez partager avec vos convives. Composez un menu d’environ 50 mots : présentez tout ce qui sera servi lors du pique-nique. Utilisez des GN aux expansions révélatrices qui mettront l’eau à la bouche !

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MODULE 2

À VOTRE SANTÉ !

Consignes pour tous les textes • Notez les questions et répondez à chacune par des phrases complètes. • Enrichissez les GN dans vos phrases. Pour cela, ajoutez une ou des expansions au noyau. • Prêtez attention à la construction des phrases. Au besoin, consultez Comment vérifier que les phrases sont bien construites, à la page 484. La rédaction de l’invitation

2. Concevez une invitation originale sous forme de poème. Votre poème devra : • être composé de six vers; • être rimé; • contenir au moins un des éléments suivants : des homonymes, une expression figée déformée, un mot que vous aurez inventé; • préciser qu’il s’agit d’une invitation à un pique-nique; • indiquer le moment et le lieu de la rencontre.

La révision

3. Révisez vos textes à l’aide des stratégies appropriées, transcrivez-les au propre et remettezles à votre enseignant ou enseignante dans l’ordre suivant: • les première et deuxième pages : les courts textes (n° 1 a à e); • la troisième page: le menu (n° 1 f); • la quatrième page: votre poème invitation (n° 2).

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D’AUTRES

rendez-vous...

Explorez d’autres textes dans lesquels la nourriture est au cœur du sujet. La lecture de ces textes vous permettra de poursuivre votre réflexion sur l’alimentation. Dans votre Recueil de textes, vous trouverez… • deux recettes amusantes: Carrés de spaghetti, Granité à la pastèque ; • un texte qui parle du plaisir de manger et de l’équilibre alimentaire: Manger, c’est vital… et agréable ! ; • deux récits émouvants sur la privation : Issa, enfant des sables, Charlie et la chocolaterie ; • des informations sur ce que vous mangez : Le sucre… c’est bon !, Diététique et santé.

Retour Autoévaluation e des termes d’évaluation : Lorsque c’est possible, répondez à l’aid Beaucoup / Assez / Un peu. POINTS À ÉVALUER naître. entaires m’a permis de mieux me con 1. La réflexion sur mes habitudes alim . : itude alimentaire, ce serait la suivante 2. a) Si j’avais à changer une seule hab . : b) Voici ce que je ferais pour y parvenir ce que j’ai écrit dans l’activité finale. 3. a) Je suis satisfait ou satisfaite de . b) Voici pourquoi : . dans l’activité finale est le suivant: 4. a) Le texte que j’ai préféré écrire . b) Voici pourquoi : le suivant : difficile à écrire dans l’activité finale est 5. a) Le texte que j’ai trouvé le plus . b) Voici pourquoi : . : j’aimerais améliorer les points suivants 6. Dans une prochaine production, séquence, je me sens plus en mesure: 7. Après le travail effectué dans cette om; a) de reconnaître l’antécédent du pron phrases. b) de vérifier la construction de mes

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MODULE 2

À VOTRE SANTÉ !

.

Temps d’arrêt Les pronoms

1. Récrivez les phrases suivantes en remplaçant les groupes en couleur par un pronom personnel. Prenez soin de placer chaque pronom au bon endroit. Exemple :

Justine déguste lentement ses chocolats.

 Elle les déguste lentement. 1) 2) 3) 4) 5) 6)

Aude et Mathieu achètent leurs fraises chez le producteur. Ziad prépare un repas exotique à ses amis. Manges-tu ton gâteau avec une fourchette ? Le marchand de fruits offre des produits équitables à ses clients. Mon père et moi adorons les mets asiatiques. Je donnerai ma recette de tarte aux pommes à Yasmina. Remarque : Il y a deux groupes à remplacer dans cette phrase.

2. Récrivez les phrases suivantes en remplaçant les GN en couleur par un pronom possessif. 1) 2) 3) 4) 5) 6)

La fermière plume ses oies elle-même. Nos recettes seront bientôt publiées. Qui se chargera de jeter vos restes à la poubelle ? Leurs récoltes ont été excellentes cette année. Je donnerai ma recette de tarte aux pommes à Yasmina. Nous achetons souvent notre pain à cette boulangerie artisanale.

3. Récrivez les phrases suivantes en remplaçant les GN en couleur par un pronom démonstratif. 1) Nous avons aperçu le camion du laitier. 2) Les enfants ont préféré les biscuits que tu avais apportés. 3) Il faut ramasser toutes les pommes qui sont tombées de l’arbre. 4) Les pamplemousses que Lucas a apportés étaient plus amers. 5) Je préfère la choucroute de ma grand-mère. 6) N’hésitez pas à acheter cette variété-là.

Séquence 1

Autour de la table

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Les expansions dans le groupe nominal

4. Lisez le passage suivant, tiré du texte Chocolat. Derrière la vitrine camouflée, des milliers de chocolats attendent d’être vendus. Des œufs, des animaux, des nids de Pâques enveloppés de rubans, des boîtes-cadeaux, des petits lapins dans de magnifiques bouillons de cellophane… Dans un tableau comme celui ci-après, inscrivez : • • • •

tous les GN étendus; le noyau de chacun de ces GN étendus; les expansions de chaque noyau; la sorte de chaque expansion.

GN étendus

Noyau

Expansions

Sorte de l’expansion

1)

… 5. Trouvez les expansions de chacun des noms mis en couleur dans les vers suivants : • • • •

récrivez chaque GN ; soulignez d’un trait les GAdj; soulignez de deux traits les GPrép; mettez entre crochets les subordonnées relatives.

1) 2) 3) 4)

Pistolets à jus de fraise. Caraméliers à planter dans votre jardin — toutes les tailles. Bonbons explosifs pour vos ennemis. Bonbons mobiles qui se tortillent délicieusement dans votre estomac après avoir été avalés. 5) Bonbons de chocolat invisibles à manger en classe. 6) Piscines à limonades gazeuses. Roald Dahl, Charlie et la chocolaterie, Paris, Gallimard Jeunesse, coll. «Folio junior, édition spéciale», 1987, p. 154.

6. a) Dans les deux extraits suivants, certains noms ont été mis en couleur. Ajoutez deux expansions ou plus à chacun de ces noms. b) Comparez ensuite votre travail avec celui de quelques camarades de classe. EXTRAIT 1

Ils passèrent devant une autre porte, puis une autre et encore une autre. Il y en avait une à peu près à tous les vingt pas, et chacune portait un écriteau. Des bruits en sortaient, des parfums filtraient par les trous de serrure, et quelquefois, des jets s’échappaient par les fentes. D’après Roald Dahl, Charlie et la chocolaterie, Paris, Gallimard Jeunesse, coll. «Folio junior, édition spéciale», 1987, p. 136.

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MODULE 2

À VOTRE SANTÉ !

EXTRAIT 2

Tout le monde s’arrêta devant la porte dont le haut était en verre. Grand-papa Joe souleva Charlie pour lui permettre de voir l’intérieur de la salle. Charlie y vit une table, et sur cette table, des rangées et des rangées de bonbons. Ces bonbons ressemblaient beaucoup à des morceaux de sucre — mais chacun d’eux avait sur l’un de ses six côtés une figure. D’après Roald Dahl, Charlie et la chocolaterie, Paris, Gallimard Jeunesse, coll. «Folio junior, édition spéciale», 1987, p. 139.

La phrase

7. a) Dans l’extrait ci-dessous, combien y a-t-il de phrases graphiques ? b) Combien y a-t-il de phrases syntaxiques autonomes ?

Très vite, à la maison, les discussions sur le partage de ce pain de malheur ont commencé. Moi, j’étais d’avis qu’il fallait le manger d’un seul coup pour ne pas avoir faim au moins quelques heures dans la journée. Mes parents n’étaient évidemment pas d’accord; pour eux, la seule question qui se posait était de savoir si on le partagerait en deux ou en trois morceaux : deux auraient l’avantage d’être plus grands, trois nous permettraient de tromper la faim plus souvent. C’était un dilemme difficile à résoudre, et le sujet revenait sans cesse pendant les conversations du soir.

8. a) Recopiez les phrases ci-après et faites-en l’analyse: • encadrez le sujet en bleu; • encadrez le prédicat en jaune; • encadrez le ou les compléments de phrase en rose, s’il y a lieu.

1) Très vite, à la maison, les discussions sur le partage de ce pain de malheur ont commencé. 2) Mes parents n’étaient pas d’accord. 3) Battez, pour qu’ils soient mousseux, quelques œufs. 4) Personne ne saura. 5) Les articles qui se trouvent ici ne sont que des articles de démonstration. 6) Je suis dans la caverne d’Ali Baba. b) Pour chacune des phrases que vous venez d’analyser, dites si c’est une phrase conforme au MODÈLE DE LA PHRASE DE BASE ou une phrase transformée et expliquez pourquoi.

9. Composez quatre phrases autour du thème de la nourriture. Assurez-vous qu’elles sont bien construites en procédant comme au numéro 8 a. a) Faites une phrase de base. b) Faites une phrase de type interrogatif et de forme négative. c) Faites une phrase de type déclaratif et de forme négative.

Au besoin, consultez Comment vérifier que les phrases sont bien construites, à la page 484.

d) Faites une phrase de type impératif et de forme négative.

Séquence 1

Autour de la table

83

SÉQUENCE

2

À vos marques…

T

CONNAISSANCES ET STRATÉGIES

• Phrase interrogative 433 • Pronom 402 • Comment vérifier que les pronoms de reprise sont bien em ployés 486 • Comment réviser un texte 480 • Comment répéter en vue d’une présentation orale 500

out le monde s’entend pour dire que l’activité physique est bonne pour la santé. Elle permet au corps de se développer, réduit les risques

de maladies et favorise la détente. En somme, elle aide à «être bien dans sa peau». En faisant de l’activité physique, on apprend la discipline personnelle, l’effort, la persévérance. Mais elle est aussi un plaisir : c’est souvent lors d’activités sportives que des liens d’amitié se créent, qu’on vit des moments intenses. Malgré tout, le sport est, pour certaines personnes, une corvée, un supplice, un cauchemar. Ou encore, tout simplement, il est synonyme d’ennui… À qui ressemblez-vous le plus ? À l’un des membres de l’équipe des Carcajous ? à Albert, à Pier-Olivier, à Mathilde ? Les pistes de réflexion

cerner les différents points de vue exprimés par des jeunes qui pratiquent des sports qui accompagnent les textes vous aideront à

et vous permettront de découvrir leurs passions, leurs motivations et, parfois, leurs craintes.

À la fin de la séquence, vous préparerez, en équipe de deux, une entrevue avec une personne qui aime faire de l’activité physique et à laquelle vous poserez des questions sur ses passions et ses motivations.

84

MODULE 2

À VOTRE SANTÉ !

Au départ Les deux poèmes suivants montrent des points de vue très différents sur le sport. Lisezles en essayant de vous retrouver dans l’un ou l’autre.

4

PATINS À ROULETTES

Quatrains sportifs

Bernard LORRAINE

Jean-Pierre VALLOTTON

Conquérants de l’asphalte Que la vitesse exalte,

Monsieur de Sauciflard est un véritable athlète : il se roule chaque soir deux ou trois cigarettes.

Nos clefs en bandoulière, Bardés de genouillères,

4

•••

De pin’s et d’amulettes, Sur patins à roulettes, 8

Bruyants météorites Dont les passants s’irritent,

8

Espiègles funambules Des trottoirs à bitume, 12

16

12

Qu’on morde la poussière En casquette à visière.

Monsieur Blanc est un grand sportif un dur, un pur, un qui dégote : à l’heure de l’apéritif, toujours fidèle à sa belote*. •••

Qu’on ramasse une pelle En trente-six chandelles, Qu’on se prenne une bûche Sans avoir vu l’embûche,

20

•••

Chevaliers de la glisse Qui fait notre délice, Quelquefois il arrive — Malheur à nos gencives ! —

Mademoiselle Mijaurée refuse d’utiliser l’ascenseur et regagne tout en sueur son appartement... au rez-de-chaussée.

16

Quant à moi, si je reste svelte, cela se passe sans efforts — je vais vous livrer ma recette : prudent, je ne fais pas de sport. * La belote est un jeu de cartes.

Ah ! seconde fatale Où soudain l’on s’étale ! Luttes et luths, 200 poèmes inédits sur le sport réunis par Jacques Charpentreau, Paris, Hachette Jeunesse, 1992, p. 220 et 258.

1.

Lequel de ces deux poèmes reflète le mieux le sportif ou la sportive que vous êtes ? Expliquez pourquoi.

2.

Racontez le souvenir, heureux ou malheureux, d’une aventure que vous avez vécue lors d’une activité sportive. Séquence 2

À vos marques…

85

En marche vers le

Des garçons et des filles forment l’équipe bien spéciale des Carcajous. Découvrez leur passion du hockey en lisant l’extrait suivant. Vous pourrez vous inspirer des raisons qui poussent ces jeunes à faire de l’activité physique pour préparer votre entrevue.

LES CARCAJOUS À NAGANO Les Carcajous 1 sont en visite au Japon où ils participent aux «Olympiques junior». Les joueurs et les joueuses de l’équipe se retrouvent sur la glace pour un match improvisé.

S 5

10

15

86

MODULE 2

téphane était content de rentrer enfin chez lui. C’est du moins l’impression qu’il avait eue en se retrouvant sur la glace, chaussé de ses patins, vêtu de son équipement de hockey — et baigné dans son odeur particulière —, entouré de ses coéquipiers. Tout était en place, là où il le fallait. Il savait où se trouvait le filet sans même avoir à regarder. Ses épaules se rappelaient le contact de la bande. Et son imagination lui suggérait un millier de façons différentes de marquer des buts. Il y avait quelque chose d’universel 2 , se disait Stéphane en faisant un premier tour sur la glace du Big Hat, dans la façon dont les patins s’enfoncent pour la première fois dans la surface nouvellement refaite d’une patinoire. Il se trouvait dans le stade même où Dominik Hasek avait offert une des plus belles performances de gardien de but que le monde ait jamais vues. Mais il aurait aussi bien pu être à l’aréna près de chez lui. Avec les Carcajous, il avait joué sur la patinoire olympique de Lake Placid et aussi à l’aréna Globen de Stockholm, où s’étaient disputés les championnats mondiaux, et le bruit que faisaient ses lames de patin sur la glace était le même qu’à Lake Placid ou en Suède — le même aussi, d’ailleurs, que sur le ruisseau gelé où il jouait parfois avec ses amis en bordure de la ville, à Chicoutimi.

À VOTRE SANTÉ !

20

25

Sur ses patins, Stéphane percevait tout son corps différemment. Il se sentait plus gros, grâce à ses protecteurs rembourrés. Plus fort, grâce à son talent de hockeyeur. Plus rapide, parce que son cœur pompait avec tellement d’émotion contenue 3 qu’il avait l’impression non seulement qu’il voulait jouer, mais qu’il le devait absolument. Maintenant qu’il était sur la glace, tout allait bien : Anou s’élançait avec grâce juste devant lui, Sim ahanait 4 derrière lui pendant les sprints, Dimitri tournoyait comme un danseur sur la glace, ses patins effleurant à peine la surface gelée, et Lars glissait longuement, à l’européenne. […]

30

35

40

Même le sifflet de Max était agréable à entendre, comme une musique venant du centre de la patinoire. Stéphane et Anou contournèrent rapidement le filet et se dirigèrent vers leur entraîneur, projetant tous deux une fine éclaboussure de glace en s’arrêtant près de lui. Les autres Carcajous arrivèrent eux aussi en soulevant des gerbes de neige. Max attendit, le sifflet à la POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE bouche, que le dernier 1 a) De quelle langue le mot Carcajous vient-il ? d’entre eux — Sim, évidemment — arrive en tournoyant b) Qu’est-ce qu’un carcajou ? à quatre pattes sur ses gants 2 Dans vos mots, dites ce que signifie et ses protège-tibias, le bout avoir quelque chose d’universel. de ses patins traçant de 3 Expliquez, dans vos mots, ce que veut dire drôles de cercles sur la glace derrière lui. de l’émotion contenue. […]

4

Qu’est-ce que le verbe ahaner signifie ?

87

45

50

55

Stéphane se demandait souvent si les autres athlètes adoraient leur sport autant que les joueurs de hockey. Est-ce que les joueurs de baseball aimaient s’entraîner ? Est-ce qu’il arrivait aux Expos ou aux Yankees de disputer des matches improvisés ou de frapper des «chandelles 5 » en attendant de jouer pour vrai ? Ou aux Alouettes de Montréal de jouer un peu au «touch-football» pour se préparer à la coupe Grey ? Il en 6 doutait. Mais pour les joueurs de hockey, c’était différent. Ils adoraient faire toutes sortes de petits jeux amusants. Le mieux, c’étaient les matches improvisés comme celui d’aujourd’hui. On pouvait essayer toutes les manœuvres et faire toutes les erreurs imaginables sans que cela porte à conséquence, et on ne se donnait même pas la peine de compter les points. Mais il y avait aussi des concours pour voir qui pouvait frapper la barre horizontale, compter le plus de points en échappée, garder la rondelle le plus longtemps, la ramasser sur la patinoire ou la faire rebondir le plus de fois en se servant uniquement de la lame de son bâton, la frapper dans les airs le plus efficacement…

Le trio de Stéphane brillait tout particulièrement pendant les matches improvisés. Anou au centre, Stéphane à l’aile gauche et Dimitri à l’aile droite. Anou la stratège, qui menait l’offensive, Stéphane qui 60 travaillait dans les coins, et le rapide Dimitri, qui POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE finissait le jeu. 5 Qu’est-ce que frapper des chandelles ? Roy MacGregor, Cauchemar à Nagano : Les Carcajous VIII, 6

Qu’est-ce que le pronom en reprend ?

traduit de l’anglais par Marie-Josée Brière, Montréal, Boréal, 2003, p. 35 à 37 et 42-43.

«Bâton de hockey» et «rondelle de hockey» sont des québécismes. En France, on parle de crosse et de palet.

88

MODULE 2

À VOTRE SANTÉ !

INTERROGER LE TEXTE ET RÉAGIR Le plaisir de patiner

1. Sur la glace, tout est un plaisir pour Stéphane. Dans vos mots, donnez trois raisons énoncées dans le texte qui justifient cette affirmation.

2. Stéphane soutient que, de façon générale, les joueurs de hockey aiment bien s’amuser. a) Qu’est-ce que Stéphane aime par-dessus tout dans l’entraînement ? b) Pourquoi ? c) Qu’est-ce qu’il apprécie aussi beaucoup ?

3. En vous inspirant des réponses données aux numéros 1 et 2, dites quel GN exprimerait le mieux la raison pour laquelle Stéphane adore jouer au hockey.

4.

Le hockey est un sport d’équipe et Stéphane est heureux entouré de ses coéquipiers. Et vous, préférez-vous les sports d’équipe ou les sports individuels ? En une cinquantaine de mots, donnez au moins deux raisons qui expliquent votre préférence.

La phrase interrogative et les pronoms

5. a) Relevez, dans le cinquième paragraphe (lignes 42 à 47), deux phrases interrogatives et soulignez la marque interrogative utilisée. b) Récrivez ces deux phrases interrogatives en n’employant aucun mot interrogatif.

6. a) Donnez l’antécédent des pronoms en couleur dans les phrases suivantes. 1) «C’est du moins l’impression qu’il avait eue en se retrouvant sur la glace…» (Lignes 1 et 2.)

2) «Mais il aurait aussi bien pu être à l’aréna près de chez lui.» (Lignes 11 et 12.) 3) «… projetant tous deux une fine éclaboussure de glace en s’arrêtant près de lui.» (Lignes 29 et 30.)

4) «Max attendit, le sifflet à la bouche, que le dernier d’entre eux…» (Lignes 32 à 34.) 5) «Ils adoraient faire toutes sortes de petits jeux amusants.» (Lignes 48 et 49.) b)

Dans le deuxième paragraphe (lignes 7 à 17), relevez deux pronoms relatifs et dites quel est l’antécédent de chaque pronom.

Séquence 2

À vos marques…

89

vers le

Si le sport en fait vibrer plusieurs, il n’en est pas de même pour tout le monde. Voyez, dans l’extrait suivant, comment Albert s’y prend pour éviter les cours d’éducation physique.

Il me faut des ailes Albert n’aime pas beaucoup le sport et déteste être forcé de jouer au ballon. Lorsque le cours d’éducation physique arrive, toutes les excuses sont bonnes pour ne pas y participer.



5

10

15

J’ai commencé par mentir et j’ai dit que je m’étais foulé la cheville droite, puis la gauche. La première fois, on m’a cru, mais la fois suivante, on a découvert le subterfuge 1 . C’est tellement facile de mettre un bandage juste avant d’entrer dans l’école et de faire semblant de boiter. Mes parents, n’ayant jamais entendu parler de mes foulures, furent choqués par mes mensonges et me privèrent de télévision. Il me fallut donc assister à quelques cours d’éducation physique, non sans protester. En plus de mon incapacité à lancer et à attraper le ballon, les enfants se battent pour ne pas m’avoir dans leur équipe. Il paraît qu’à cause de moi ils perdent toujours. Le professeur doit intervenir et m’intégrer de force dans l’équipe la plus forte et, automatiquement, elle devient la plus faible ! Avec le temps, je me suis découvert un réel talent de comédien : maintenant, je suis capable de feindre une crise d’asthme, une migraine, et je m’étouffe sur demande. Je peux aussi simuler les nausées et les maux de ventre comme personne. Et, mieux que le grand Oudini 2 , je disparais dans les endroits les plus saugrenus. Il m’est arrivé de me cacher dans le bac de recyclage, au fond des casiers, derrière les portes du gymnase et, telle une crêpe, je peux m’aplatir contre le mur ou même glisser sous un tapis. Voilà, je suis le champion des prestidigitateurs 3 ! Louise Tondreau-Levert, Les nouvelles du sport, collectif de l’Association des écrivains québécois pour la jeunesse, sous la direction de Nadia Ghalem, Gatineau, Vents d’Ouest, coll. «Girouette», 2003, p. 45 à 47.

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE

90

MODULE 2

À VOTRE SANTÉ !

1

Qu’est-ce qu’un subterfuge ?

2

Qui était Oudini ?

3

Donnez un synonyme de prestidigitateur.

INTERROGER LE TEXTE ET RÉAGIR Des arguments de taille

7. a) Pourquoi Albert cherche-t-il toujours à se soustraire au cours d’éducation physique ? Donnez deux raisons énoncées dans le texte. b) Pensez-vous que ces raisons sont valables ? Expliquez votre réponse.

8. Donnez deux autres raisons qui peuvent empêcher des adolescents de faire de l’activité physique.

Le mot «sport» vient du terme latin disportare, qui signifie «s’amuser», «se délasser». De disportare, on a tiré desport en ancien français, puis sport, qui est d’abord passé dans la langue anglaise avant de revenir dans la langue française.

Séquence 2

À vos marques…

91

vers le

Toutes les raisons sont bonnes pour faire du sport ! Dans l’extrait suivant, observez ce qui conduit Pier-Olivier sur les pentes de ski. Les activités sur les phrases interrogatives de cet extrait vous aideront à préparer l’entrevue que vous ferez à la fin de la séquence.

SKI DE CHALET — Pier-Olivier, tu ne devineras jamais ce que j’ai à te dire ! La fébrilité 1 dans la voix de Marianne me dit que je serai sûrement ravi. — Mes parents ont dit oui ! 5

J’avoue que je ne saisis pas trop, mais quand les parents disent oui, habituellement, c’est une bonne nouvelle. — Tu vas pouvoir venir passer la semaine de relâche au chalet avec nous. Ils veulent même que j’invite Hugo et Valérie. Ça va être super, hein ?

10

15

Depuis que nous sortons ensemble, Marianne a passé je ne sais plus combien de fins de semaine complètes au chalet de ses parents à Sutton ! Ce damné 2 chalet est devenu mon plus féroce compétiteur. Je veux bien croire que j’ai plusieurs amis, mais quand tu dois passer régulièrement des week-ends complets à te morfondre loin de ton amoureuse, ce n’est pas reposant ! J’appréhendais 3 la semaine de relâche scolaire depuis la fin des vacances de Noël que Marianne a passées sur les pentes de ski du mont Dufresne. Maintenant, au moins, je pourrai la voir tous les jours ! — Nous allons faire du ski tous ensemble. Qu’est-ce que tu en penses ? — Wow ! Toute la semaine avec toi ? Ça va être le paradis !

20

Je me vois déjà emmitouflé dans une grosse couette chaude, profitant du feu de foyer, avec Marianne à mes côtés. Moi qui pensais passer la semaine complète tout seul… disons que ça change la perspective ! — Tu nous imagines, dévalant les pistes d’experts l’un derrière l’autre ? On va pouvoir se coller dans le télésiège. Ça va être super romantique ! 25

92

Mais froid pour les fesses… Ah oui ! Marianne et moi ! Ensemble ! Attaquant les pentes les plus impitoyables de la montagne, descendant à la vitesse du son sur nos skis, plantant férocement nos bâtons dans la poudreuse folle pour accélérer. Wow ! Ça va être…

— Allô ? Pier-Olivier ? Es-tu toujours là ? … TERRIFIANT ! AU SECOURS !

30

— Euh… oui, oui. Je suis là.

35

Il faut que je réfléchisse. Qu’est-ce que je vais faire ? Qu’est-ce que je vais dire à Marianne ? Je ne peux quand même pas lui avouer que j’ai une peur bleue des hauteurs et qu’à l’idée de faire du ski sur un versant escarpé, j’ai des boutons qui sortent de partout ! — C’est tout l’effet que ça te fait ? me lance Marianne, déçue. Sais-tu combien de temps ça m’a pris pour convaincre mes parents qu’ils pouvaient nous faire confiance, qu’il ne se passerait rien de pas correct ? Tu pourrais au moins faire semblant d’être content ! Le ton de Marianne en dit long. Il faut que je me rachète :

40

— Excuse-moi. C’est sûr que je suis super content, qu’est-ce que tu penses ? Sauf que… je n’ai pas d’équipement de ski.

45

— Ce n’est pas grave. On peut en louer au mont Dufresne. Valérie n’a pas d’équipement non plus, alors vous serez au moins deux ! Est-ce que tes parents vont te laisser venir ?

50

C’est bien le dernier de mes soucis ! Quand j’ai dit à Marianne que j’avais déjà fait du ski (pour l’impressionner et lui faire croire que je partageais sa passion), j’ai omis de souligner qu’il s’agissait de ski de fond, que j’en avais fait une seule fois dans toute ma vie, chez mon oncle Richard dans les Laurentides, et que j’avais réussi à casser un ski en me plantant dans un arbre ! Vous imaginez les dommages que je pourrais faire sur une montagne… — Pas de doute qu’ils vont dire oui. Et ça va me faire du bien de prendre congé de mes frères. Quand partons-nous ?

55

••• Je n’ai pas dormi pendant les trois nuits précédant le départ. La panique totale ! C’est bien beau l’amour, mais de là à y laisser sa peau… Ouf ! J’espère que mes parents ont pris une bonne assurance sur ma vie ! «Mon Dieu, si je reviens de ces vacances en un morceau, je promets de toujours tenir ma chambre en ordre et de ne plus jamais remettre de devoirs en retard !»

60

[…]

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE 1

Par quel synonyme pourrait-on remplacer le nom fébrilité ?

2

a) À quelle variété de langue l’adjectif damné appartient-il ? b) Donnez un synonyme.

3

Donnez deux synonymes du verbe appréhender.

Séquence 2

À vos marques…

93

65

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95

Voilà. Ma valise est prête. Je n’ai plus qu’à attendre Marianne et ses parents. Un frisson me glace le dos. Moi, Pier-Olivier Ménard, je vais m’élancer sur les pentes de ski du mont Dufresne comme si je me prenais pour Jean-Luc Brassard* ? Heureusement qu’ils ont des secouristes à proximité dans les centres de ski. Si j’avais plus de biens matériels, je profiterais de ce moment d’attente pour rédiger mon testament, mais ça n’en vaut pas la peine… ••• Nous arrivons au chalet. Dans la mini-fourgonnette des Labelle, Valérie et Hugo ont un banc à eux seuls, Marianne et moi avons le nôtre, et il y a encore plein d’espace pour les bagages. Le grand luxe, quoi ! En voyant la montagne, Marianne s’anime… et je paralyse ! Elle semble encore plus haute et imposante que je ne me l’imaginais. Peut-être que je devrais avouer maintenant à Marianne que je n’ai jamais fait de ski alpin, que j’ai des sueurs froides juste à y penser, que je ne… non. Il faut que je fasse un homme de moi ! Si les cinq autres passagers sont assez braves pour se précipiter du sommet d’une montagne enneigée sur deux étroites petites planches en fibre de verre, je le ferai aussi. Courage, mon P.O. ! — Tu vas voir, P.O., me lance Marianne dans le but de m’émoustiller 4 . Le mont Dufresne est vraiment super ! Sentir le vent dans nos cheveux et sur nos joues, voir les arbres qui défilent à côté de nous pendant qu’on descend, il n’y a rien de plus extraordinaire. Des arbres qui défilent à côté de nous ? Je préfère les arbres qui restent bien en place, moi ! Avant même que je puisse dire un mot, nous voilà en train de décharger la camionnette et d’entrer les bagages dans le chalet. Marianne n’avait pas exagéré : le chalet est magnifique. Sur trois paliers, il pourrait facilement accueillir une douzaine de personnes. Rapidement, madame Labelle nous fait part de ses directives : Hugo et moi partagerons une chambre au sous-sol alors que Valérie et Marianne emménageront dans celle qui voisine la chambre des parents à l’étage. Si nous avions des idées croches, c’est maintenant qu’elles prennent le large ! J’ai à peine le temps de défaire ma valise, de sortir mes cahiers d’école et mon agenda (oui, nous avons des devoirs à faire pendant la semaine de relâche) que j’entends Marianne nous appeler du haut de l’escalier. — Vite, les gars ! On va profiter du ski de soirée. Il fait super beau.

100

Un nœud digne de ceux des meilleurs scouts me noue l’estomac. Je n’aurai pourtant pas le choix. Il me faudra affronter ma phobie 5 des hauteurs. J’espère que je réussirai mieux que la dernière fois au cours de laquelle j’ai dû lutter contre mes craintes. Mon père avait eu la brillante idée de nous emmener au sommet de la tour du Stade olympique. Je vous épargne les détails. Je me contenterai seulement de vous dire que tous les touristes ont rapidement deviné ce que j’avais mangé au petit déjeuner ! * Athlète québécois, médaillé d’or aux Jeux olympiques de Lillehammer (Norvège) en 1994, Jean-Luc Brassard a incité toute une nouvelle génération à faire du ski acrobatique au Québec.

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MODULE 2

À VOTRE SANTÉ !

105

110

Avant d’aller me jeter en bas de la montagne, je prends quelques minutes pour ouvrir mon agenda et relire l’énumération des devoirs qui m’attendent pendant la semaine. Catastrophe ! Je ne me dompterai donc jamais ! Aujourd’hui, dans le coin supérieur gauche de la page d’agenda, je découvre que c’est soir de pleine lune. Décidément, je n’ai aucune chance. Il est vrai que j’ai une phobie terrible des hauteurs, que je suis pris d’un vertige maladif mais, comparée à mon obsession et à ma terreur de la pleine lune, ma crainte de l’altitude n’est qu’un grain de sel dans la mer… ou, dans ce cas-ci, un flocon de neige sur le mont Everest ! […]

115

Comment puis-je aller faire du ski alors que la pleine lune me guette ? Je vais me tuer, c’est sûr ! Mais comment me sortir de cette activité nocturne 6 sans avoir l’air d’un paranoïaque 7 débile qui a peur de son ombre ? — Qu’est-ce que tu fais, P.O. ? Ce n’est pas le temps de faire tes devoirs. Les pentes de ski nous attendent !

120

Facile à dire pour lui ! Hugo est un habitué du slalom géant. Il pourrait certainement descendre les pentes du mont Dufresne un vendredi 13, sous la pleine lune, les yeux bandés, avec un chat noir dans les bras et un bout de miroir brisé dans les poches ! Mais moi…, hein ? Moi ? Les pentes vont probablement vouloir aller se cacher quand elles vont me voir arriver ! Yanik Comeau, «Ski de chalet sous la pleine lune», Peurs sauvages (collectif de nouvelles), Saint-Laurent, Éd. Pierre Tisseyre, 1998, p. 59 à 63 et 64 à 68.

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE 4

Que veut dire le verbe émoustiller ?

5

a) Qu’est-ce qu’une phobie ? b) Nommez deux phobies que vous connaissez.

6

Donnez un antonyme de nocturne.

7

Dans ce contexte, que veut dire le mot paranoïaque ?

Séquence 2

À vos marques…

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Yanik Comeau, l’auteur de Ski de chalet sous la pleine lune (né au Québec en 1968)

Écrivain, auteur de théâtre, enseignant, journaliste, comédien, metteur en scène, scénariste, traducteur, chroniqueur à la radio et à la télévision, Yanik Comeau est passionné de théâtre, d’écriture et de télé. Il se dit aussi (et surtout !) «père à la maison». Il s’occupe de sa petite Charlotte née en 2003. Il enseigne dans sa propre école de théâtre et donne des conférences dans les écoles et dans les bibliothèques pour parler de son métier d’écrivain.

INTERROGER LE TEXTE ET RÉAGIR Les craintes de Pier-Olivier

9. La seule idée de faire du ski terrifie Pier-Olivier. Avant le départ pour Sutton, cette frayeur provoque chez lui trois réactions physiques (lignes 32 à 68). Quelles sont-elles ?

10. Marianne est une fanatique de ski. Pour Pier-Olivier, le ski est un vrai cauchemar. a) Qu’est-ce qui empêche Pier-Olivier de partager la passion de Marianne pour le ski ? b) En cette première soirée de ski, quel autre obstacle Pier-Olivier rencontre-t-il ? c) Laquelle de ces deux peurs joue le plus grand rôle dans son hésitation ? Citez le passage qui appuie votre réponse.

Un beau sentiment

11. Malgré sa peur, Pier-Olivier accepte l’invitation de Marianne. a) Quelle raison le pousse à accepter ? b) Dans quelle phrase de la deuxième partie du texte (lignes 55 à 68) Pier-Olivier exprimet-il cette raison tout en faisant part d’une certaine crainte ?

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MODULE 2

À VOTRE SANTÉ !

Des perceptions bien différentes

12.

Marianne et Pier-Olivier ne partagent pas la même passion pour le ski. Dans un tableau semblable au suivant, citez les passages qui montrent cette différence.

À propos…

Marianne

Pier-Olivier

• du romantisme qu’il y a à faire du ski ensemble (lignes 16 à 28) • de la montagne (lignes 70 à 79) • des sensations lors de la descente (lignes 80 à 86)

Les pronoms et la phrase interrogative

13. Aux lignes 46 à 53, relevez trois pronoms personnels de la troisième personne et dites ce qu’ils reprennent.

14. Aux lignes 1 à 53, examinez toutes les phrases de la

Consultez Comment vérifier que les pronoms de reprise sont bien employés, à la page 486.

conversation téléphonique qui se terminent par un point d’interrogation. Parmi ces phrases, huit sont construites comme des phrases de type interrogatif. Dites lesquelles et pourquoi.

Imaginer la suite de l’histoire

15.

Qu’arrivera-t-il à Pier-Olivier ? Composez une suite à son histoire. a) Imaginez, en 125 mots environ, la catastrophe amusante qui met fin à son aventure. Servez-vous des informations contenues dans le texte et n’oubliez pas que Pier-Olivier n’a jamais fait de ski. b) Respectez les consignes suivantes: • • • •

poursuivez la narration au «je» : Pier-Olivier est le narrateur ; insérez un court dialogue; conservez le ton humoristique de l’extrait ; utilisez des pronoms de reprise pour assurer la continuité.

c) Révisez votre texte au fur et à mesure que vous rédigez et pas seulement à la fin. Consultez Comment réviser un texte, à la page 480.

Séquence 2

À vos marques…

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vers le

Aller au bout de ses rêves, mais surtout goûter au plaisir que procure la pratique d’une activité physique qu’on aime ! Une jeune cycliste raconte comment elle y parvient dans l’entrevue que vous allez lire. Cette entrevue vous servira de modèle pour bâtir la vôtre.

Vélo + montagne =

MATHILDE Fiche personnelle • Informations générales : Mathilde

Hupin Debeurme est née le 30 mars 1984, à Sherbrooke. Elle étudie au cégep en sciences de la santé. • Évènement dont elle est particulièrement fière : Sa qualification

aux Jeux du Canada en 2001, alors qu’elle était la plus jeune athlète de l’équipe québécoise (Mathilde n’avait que 17 ans !). • Objectif sportif : Atteindre le

plus haut niveau possible tout en poursuivant ses études en médecine à l’université. • Principale discipline en cyclisme :

Vélo de montagne en crosscountry. Mathilde fait aussi des compétitions de vélo de route. • Qualités athlétiques : À cause de son rapport poids/puissance, Mathilde est à son meilleur dans les parcours accidentés. Cette excellente grimpeuse a une habileté technique exceptionnelle, qui lui permet de franchir rapidement les sections difficiles pleines de roches et de racines !

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MODULE 2

À VOTRE SANTÉ !

Regard pétillant, sourire radieux, détermination exceptionnelle, nerfs d’acier et muscles de béton, Mathilde Hupin Debeurme, c’est tout cela et bien plus !

1. Mathilde, quand et pourquoi as-tu choisi le vélo ? J’ai commencé le vélo à 12 ans grâce à une amie qui en faisait. J’ai choisi le vélo, car je peux toujours repousser mes limites. De plus, me retrouver dans la nature, j’adore ça ! Je me rappelle encore ma première course, qui se déroulait à Bromont, dans ma ville. Ouh la la ! J’ai terminé en hyperventilation 1 , ne sachant pas encore comment bien doser 2 mon effort physique.

2. Comment arrives-tu à combiner le sport et les études ? C’est parfois difficile. Je suis inscrite à un programme Sport-Études depuis mon secondaire et ça se continue au cégep. Combiner les deux demande beaucoup de discipline et de persévérance, mais ça vaut le coup !

3. Comment ta famille t’a-t-elle aidée et t’aide-t-elle encore à pratiquer ton sport ? Ma famille m’a toujours soutenue au maximum. J’ai même donné la piqûre à mon père, qui fait maintenant des compétitions de vélo avec moi. Ma mère est devenue commissaire (c’est comme être arbitre) lors de certaines compétitions. Avant, mes parents m’aidaient à me procurer le matériel nécessaire et me transportaient aux compétitions. Maintenant, je peux combler ces deux besoins toute seule. Toutefois, j’ai toujours besoin de leurs encouragements.

Un moment de détente entre deux entraînements.

est quelque chose de normal et je m’y 3 suis habituée au fil des années, même si mes parents et mes frères me manquent !

5. En quoi consiste l’alimentation d’une athlète comme toi ? Il faut manger équilibré, voilà tout ! Nous devons toutefois manger beaucoup de viande pour récupérer des entraînements et des compétitions. Nous consommons des aliments riches en fer (épinards, foie de veau, brocoli, légumineuses), car l’exercice physique intense fait diminuer le taux de fer, un minéral important pour le corps. Les glucides nous donnent de l’énergie lors de nos efforts physiques. Nous mangeons peu d’aliments gras (frites, pâtisseries, etc.), mais nous avons tout de même droit à quelques gâteries de temps en temps !

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE 1

Dans vos mots, dites ce qu’est l’hyperventilation.

2

Donnez un synonyme de doser.

3

Qu’est-ce que le pronom y reprend ?

4. Es-tu souvent loin de chez toi ? L’été, je pars faire des courses chaque fin de semaine. Parfois, je suis partie des mois complets soit pour m’entraîner, soit pour faire des compétitions dans l’Ouest canadien. Être souvent partie

Séquence 2

À vos marques…

99

aller, fonce !» Le «mental 5 » est très important dans tous les sports, et ça se travaille au fil des expériences.

8. Quelle importance accordes-tu au travail d’équipe ? En vélo de montagne, c’est lors des entraînements que nous nous retrouvons en équipe, et c’est important pour se motiver. Mais, en vélo de route, le travail d’équipe peut être primordial pour gagner l’épreuve. Toute l’équipe doit alors travailler de concert pour réussir. Chaque membre doit faire de petits sacrifices pour y arriver. Une victoire d’équipe, c’est merveilleux ! Je l’ai vécu aux Jeux du Canada lorsque l’équipe du Québec a remporté plusieurs épreuves. C’est comme obtenir une bonne note lorsqu’on fait un travail d’équipe et que tout le monde y 6 a participé de tout cœur. Mathilde visualise le parcours dans sa tête.

6. Comment te prépares-tu à une course? Premièrement, je fais le parcours de la course. Cela me permet d’étudier ce parcours et de savoir où sont situées les parties plus difficiles (montées abruptes et descentes ardues) et les parties importantes (aires de départ et d’arrivée, aire de ravitaillement 4 …). Je recommence au besoin les parties plus difficiles pour être à l’aise dans tout le parcours. Deuxièmement, je visualise le parcours dans ma tête. Je me vois durant la course en train de passer les différents obstacles. Troisièmement, je nettoie mon vélo de fond en comble pour avoir une mécanique A1 et prévenir les bris mécaniques. Finalement, je prépare ma trousse de crevaison (petits outils, chambre à air de rechange et pompe ou bonbonne d’air). En vélo de montagne, il faut tout réparer soi-même. Ça fait partie des règlements.

7. Qu’est-ce qui se passe dans ta tête pendant une course ? Mille et une choses ! Ça dépend du déroulement de la course. Quand ça va bien, je me motive. Mais si j’éprouve des difficultés, des idées noires me traversent l’esprit. Je dois les chasser au plus vite et me forcer à raisonner positivement. Je me dis alors : «OK, Mathilde, tu es capable, reprendstoi en mains, c’est fini, maintenant tout va bien

100

MODULE 2

À VOTRE SANTÉ !

9. Comment envisages-tu ton avenir ? Quelle y sera la place du vélo ? Je compte poursuivre mes études en médecine l’an prochain à l’université. Je verrai comment j’arriverai à combiner sport et études à ce niveau. Les études sont très importantes pour moi. J’aimerais aussi, un jour, participer aux Jeux olympiques. Bref, mon avenir sera très occupé !

10. Quels conseils donnerais-tu aux jeunes qui veulent faire comme toi ? Je leur dirais de ne pas avoir peur : combiner sport et études, c’est possible. En fait, le sport aide à se concentrer pour étudier. J’ajouterais qu’il faut de la motivation et de la persévérance. Au début, on n’obtient pas toujours les résultats escomptés 7 , mais en continuant, on s’améliore et on se surpasse ! Propos recueillis par Sophie Trudeau. © Prose inc.

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE 4

Que fournit-on aux cyclistes dans une aire de ravitaillement ?

5

Qu’est-ce que le mental ?

6

Qu’est-ce que le pronom y reprend ici ?

7

Donnez un synonyme de escomptés.

INTERROGER LE TEXTE ET RÉAGIR Les forces de Mathilde

16. Le cyclisme exige de ses athlètes de nombreuses qualités physiques et psychologiques. Mathilde en est un bon exemple. a) Relevez, dans la fiche personnelle (p. 98) et dans l’entrevue, les qualités physiques de Mathilde, ses traits de caractère et ses habiletés. b) Quelle est la grande force de Mathilde lors des compétitions de vélo de montagne ?

17. Quelles sont les trois raisons qui motivent Mathilde dans la pratique de son sport ? S’exercer à prendre des notes

18.

Revenez à la question 6 de l’entrevue. Imaginez que c’est vous qui faites l’entrevue et que vous devez prendre des notes. Relisez attentivement la réponse donnée par Mathilde. a) Relevez les organisateurs textuels qui découpent le paragraphe en quatre étapes. b) Nommez ces étapes. Donnez chaque réponse sous la forme d’un groupe nominal. Organisateur textuel

Étape

1. 2. 3. 4.

Pour bien poser les questions

19. L’entrevue que vous avez lue contient 10 questions. a) Relevez toutes les marques interrogatives qui ont été utilisées. b) Ajoutez deux ou trois marques à cette liste.

Séquence 2

À vos marques…

101

Au fil d’arrivée Préparer une entrevue avec une personne qui aime faire de l’activité physique. Vous lisez souvent, dans des revues, des entrevues avec vos vedettes artistiques ou sportives préférées. Ces entrevues sont parfois faites par de jeunes journalistes. Faites comme ces garçons et ces filles et allez rencontrer une personne qui vous parlera de son amour pour l’activité physique. Parcourez votre Recueil de textes, vous y découvrirez de quoi vous inspirer. La préparation à l’entrevue

1. Formez des équipes de deux. Ensemble, choisissez une personne de votre entourage qui aime faire de l’activité physique ou qui pratique régulièrement un sport. Ce peut être un membre de votre famille, quelqu’un de l’école, un ami ou une amie, etc.

2. Procédez de la façon suivante pour préparer votre questionnaire. a) Composez une dizaine de questions. Variez les marques interrogatives. b) Vérifiez la construction de vos phrases interrogatives et la pertinence de vos questions avec les membres de deux autres équipes. Échangez vos idées. Éliminez les questions les moins intéressantes. Ne gardez que six questions pour l’entrevue. c) Transcrivez vos questions au propre. d) Prévoyez le matériel nécessaire pour la prise de notes lors de l’entrevue.

3. Prenez rendez-vous avec la personne qui vous accordera l’entrevue. Informez-la du sujet de l’entrevue.

L’entrevue

4. Lors de l’entrevue, un des deux membres de l’équipe pose les trois premières questions pendant que l’autre prend des notes. Inversez les rôles pour les trois dernières questions. Ainsi, vous serez tour à tour intervieweur ou intervieweuse et secrétaire. Vous trouverez des renseignements utiles sur les relations à maintenir avec votre interlocuteur ou interlocutrice au point 3 de Comment répéter en vue d’une présentation orale, à la page 500.

La transcription de l’entrevue et la révision

5. Transcrivez l’entrevue à partir des notes que vous avez prises. Assurez-vous que vos phrases sont bien construites et que les pronoms de reprise sont bien employés. Vérifiez l’orthographe d’usage et l’orthographe grammaticale.

102

MODULE 2

À VOTRE SANTÉ !

D’AUTRES

rendez-vous...

Explorez d’autres textes dans lesquels des jeunes et des moins jeunes font part d’expériences sportives marquantes et révèlent leurs rêves, leurs craintes, leurs déceptions. Dans votre Recueil de textes, vous trouverez… • l’histoire d’une fille et celle d’un garçon qui vont au bout de leurs rêves: Le rêve d’une championne, Schuss ; • un athlète québécois qui se raconte: Alexandre Despatie: champion à 13 ans ! ; • le récit, plein d’humour et d’ironie, d’un souvenir d’enfance: Je l’ai échappé belle ! ; • une réponse à une question bien d’actualité: Le sport fait-il grandir ?

Retour Autoévaluation e des termes d’évaluation : Lorsque c’est possible, répondez à l’aid Beaucoup / Assez / Un peu. POINTS À ÉVALUER à: ence, je trouve que j’ai plus de facilité 1. Après avoir travaillé dans cette séqu a) utiliser les marques interrogatives; de reprise; b) trouver l’antécédent des pronoms s un texte et la noter. c) repérer l’information essentielle dan . né en équipe sont les suivantes: 2. a) Les choses qui ont bien fonction . fonctionné: b) Les choses suivantes ont moins bien . trevue, c’est : 3. a) Ce que j’ai préféré durant l’en . c’est : b) Ce que j’ai trouvé le plus difficile, . liorer le point suivant: c) Une prochaine fois, j’aimerais amé surtout séquence, celui auquel je m’identifie 4. a) Parmi les personnages de cette . est le suivant : . b) Voici pourquoi :

Séquence 2

À vos marques…

103

Consultez Comment vérifier que les pronoms de reprise sont bien employés, à la page 486.

Les pronoms de reprise

4. Lisez l’extrait suivant en prêtant attention aux pronoms. Après un cours de danse

Géraldine sauta dans son jean, enfila son pull et sa grosse veste, jetant collants, justaucorps et chaussons au fond de son sac de sport. La fraîcheur de cette fin de novembre n’incitait pas aux confidences dans le vestiaire glacial. […] 5

D’un coup de main, elle délivra les mille petites tresses de ses cheveux noirs qui se prêtaient mal à la torture du chignon. Son visage prit du volume, et la glace des lavabos lui renvoya l’éclat sombre, presque sévère, de ses yeux. «Ma petite fille, lui disait sa mère, n’essaie pas de ressembler à une Barbie. Tu es noire comme moi, c’est ta beauté d’Afrique, sois-en fière.»

10

Elle sourit à son reflet, puis emboîta le pas de son amie Gaëlle avec qui elle ferait un bout de chemin. Franck Pavloff, «La danse du feu», Comme une fleur, 6 histoires de danse, Paris, © Groupe Fleurus, coll. «Z’azimut», 2000, p. 56.

a) Cet extrait contient neuf pronoms de reprise. Relevez-les et dites ce qu’ils reprennent. b) Parmi les neuf pronoms que vous avez relevés, deux sont des pronoms relatifs. • Relevez la phrase qui contient le premier pronom relatif rencontré. • Soulignez le pronom relatif. • Appliquez la démarche qui montre que le pronom relatif a été bien choisi.

5. L’extrait suivant contient 14 pronoms de reprise. Relevez-les et dites ce qu’ils reprennent.

La mère de Géraldine — Tu le connais, ton défaut, alors corrige-le. La voix de Maria Prudencia était calme. «Terriblement calme, pensa Géraldine, comme toujours.» 5

10

Elle aurait préféré que sa mère crie, se mette en colère, la rudoie. Mais non, penchée sur les pieds de sa fille, elle lui massait les chevilles d’une main, lui parlant de cette voix étale qui la glaçait. Elle avait décidé que le point faible de Géraldine se situait quelque part entre ses chevilles pas assez musclées et sa voûte plantaire trop tendue. Son opinion n’admettait pas de contradiction et elle pestait contre Mme Tatiana, «cette professeure qui avait dû acheter son diplôme de danseuse étoile des ballets bulgares» et qui était incapable de «comprendre les défauts de ma fille». Franck Pavloff, «La danse du feu», Comme une fleur, 6 histoires de danse, Paris, © Groupe Fleurus, coll. «Z’azimut», 2000, p. 60.

Séquence 2

À vos marques…

105

TRACE PERSONNAGES

Sur la des

Astérix et Zorro, Blanche-Neige et Ma Dalton, Croc-Blanc, Frankenstein, Guenièvre, Hermione, Matilda, le petit Nicolas, Robin des bois, Rose Latulipe, Rapunzel… La liste des personnages n’en finit pas de s’allonger. Méchantes belles-mères ou aventurières intergalactiques, vampires assoiffés ou justiciers masqués, valeureuses princesses ou bandits de grand chemin, les êtres d’encre et de papier habitent les contes, les romans, les bandes dessinées. Suivez-les au fil des pages…

© Dargaud Éditeur, Paris, 1971.

106

3

MODULE

SOMMAIRE SÉQUENCE 1

Des êtres à part Des textes pour aller à la rencontre des héros et des héroïnes, pour vous interroger sur leurs caractéristiques et pour vous découvrir… DES EXTRAITS DE ROMANS :

 Michel

Strogoff . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110 Holmes . . . . . . . . 116 et 117

 Sherlock

 Kira . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121  Lyra

Belacqua

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124

SÉQUENCE 2

Face à face Des textes pour explorer les liens entre les personnages, pour creuser leurs sentiments et comprendre leurs gestes… DES EXTRAITS DE ROMANS :

Holmes et Watson . . . . . 134 et Zachariah . . . . . . . . . . 138  Avril et David . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146  Sherlock

 Charlotte

UN EXTRAIT DE BANDE DESSINÉE :

 Yoko Tsuno

RECUEIL DE TEXTES

A

et Rosée du Matin

. . 144

Des textes de toutes sortes pour explorer davantage le thème du module.

107

SÉQUENCE

1

Des êtres à part

CONNAISSANCES ET STRATÉGIES

• Champ lexical 316 • Système verbal 430 • Temps verbaux 428 • Phrase à construction particulière 385 • Types de phrases 43 3 • Comment construire un champ lexical 471

A

imeriez-vous changer de vie ? Être quelqu’un d’autre ? Vous pourriez vivre des aventures désopilantes, participer à des découvertes stupéfiantes, combattre

des monstres terrifiants, explorer des contrées inconnues, séduire les plus rebelles… Vous rencontrerez, au fil de cette séquence, des êtres différents: d’abord un héros de roman d’aventures capable de tous les exploits, puis le célèbre Sherlock Holmes. Vous ferez ensuite la connaissance de deux adolescentes qui sont, chacune à leur manière, des héroïnes. Les activités que vous ferez vous aideront à comprendre pourquoi

ces

personnages sont des héros et des héroïnes. Vous verrez aussi qu’on peut présenter les personnages de diverses manières: dans des descriptions, des dialogues ou en plein cœur de l’action.

Ce sera finalement à votre tour de jouer : vous allez faire votre portrait comme si vous étiez le héros ou l’héroïne d’un roman. Vous pourrez vous amuser à vous montrer sous un autre jour, laisser libre cours à votre imagination, explorer des façons d’écrire que vous aurez remarquées. Et pour aller jusqu’au bout de l’aventure, vous livrerez oralement votre texte à vos camarades. Peut-être allez-vous découvrir des facettes de votre personnalité que vous ignoriez !

108

MODULE 3

SUR LA TRACE DES PERSONNAGES

Au départ Avez-vous une idée des qualités nécessaires pour devenir un héros ou une héroïne ? Faut-il être brave, héroïque ? Faut-il accomplir des exploits ? remplir de dangereuses missions ? savoir se battre ? sacrifier sa vie ? Faites part de vos idées sur le sujet et écoutez celles de vos camarades.

1.

Qu’est-ce qu’un héros ou une héroïne ? En d’autres termes, quelles sont les caractéristiques qui font qu’un personnage est un héros ou une héroïne dans un roman ou dans un film ?

beauté, • Est-ce que ce sont des caractéristiques physiques ? Si oui, lesquelles ? La la force, la jeunesse…?

• Est-ce que ce sont des traits de caractèr e ? Si oui, lesquels ? L’honnêteté, le cou rage, la maîtrise de soi…?

uelles ? istiques intellectuelles ? Si oui, lesq ctér cara des t son ce que -ce Est • ces…? L’intelligence, la quantité de connaissan

2.

Et vous, pourriez-vous être un héros ou une héroïne de roman ? Pourquoi ?

Séquence 1

Des êtres à part

109

En marche vers le

Les héros et les héroïnes de nombreux romans sont des personnages extraordinaires, capables de grands exploits comme vous rêvez peut-être d’en accomplir. Michel Strogoff fait partie de ces êtres à part, prêts à affronter les plus graves dangers et à donner leur vie pour accomplir leur mission.

Michel Strogoff Dans la steppe sibérienne, un rebelle fonce vers Irkoutsk pour en déloger le gouverneur, frère du czar. À Saint-Pétersbourg, le czar s’inquiète : comment prévenir le gouverneur ? Il lui faut un cavalier capable de franchir les 5 523 kilomètres qui séparent les deux villes pour alerter le grand-duc à temps.

110

Les souverains russes, bulgares et serbes portaient le titre de czar ou tsar. Ces mots viennent du latin Caesar, c’est-à-dire César, et rappellent que, dans la Rome antique, le nom de César était synonyme d’empereur. Caesar a aussi donné Kaiser, titre porté par les empereurs allemands.

L

a porte du cabinet impérial s’ouvrit bientôt, et l’huissier annonça le général Kissoff.

— Ce courrier ? demanda vivement le czar. — Il est là, Sire, répondit le général Kissoff.

5

— Tu as trouvé l’homme qu’il fallait ? — J’ose en répondre 1 à Votre Majesté. — Tu le connais ? — Personnellement, et plusieurs fois il a rempli avec succès des missions difficiles. — À l’étranger ?

10

— En Sibérie même. — D’où est-il ? — D’Omsk. C’est un Sibérien. — Il a du sang-froid, de l’intelligence, du courage ?

15

— Oui, Sire, il a tout ce qu’il faut pour réussir là où d’autres échoueraient peutêtre. — Son âge ? — Trente ans. — C’est un homme vigoureux ?

20

— Sire, il peut supporter jusqu’aux dernières limites le froid, la faim, la soif, la fatigue. — Il a un corps de fer ? — Oui, Sire. — Et un cœur ?… — Un cœur d’or.

25

— Il se nomme… ? — Michel Strogoff.

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE

— Est-il prêt à partir ? — Il attend dans la salle des gardes les ordres de Votre Majesté. 30

— Qu’il vienne, dit le czar.

1

Le général dit qu’il répond de l’homme qu’il a trouvé. Qu’est-ce qu’il veut dire par là ?

Séquence 1

Des êtres à part

111

Quelques instants plus tard, le courrier Michel Strogoff entrait dans le cabinet impérial. Michel Strogoff était haut de taille, vigoureux, épaules larges, poitrine vaste. Sa tête puissante présentait les beaux caractères de la race caucasique*. 35

40

45

Ce beau et solide garçon, bien campé 2 , bien planté, n’eût pas été facile à déplacer malgré lui, car, lorsqu’il avait posé ses deux pieds sur le sol, il semblait qu’ils s’y fussent enracinés. Sur sa tête, carrée du haut, large de front, se crépelait 3 une chevelure abondante, qui s’échappait en boucles quand il la coiffait de la casquette moscovite 4 . Lorsque sa face, ordinairement pâle, venait à se modifier, c’était uniquement sous un battement plus rapide du cœur. Ses yeux étaient d’un bleu foncé, avec un regard droit, franc, inaltérable, et ils brillaient sous une arcade 5 dont les muscles sourciliers, contractés faiblement, témoignaient d’un courage élevé. Son nez puissant, large de narines, dominait une bouche symétrique avec les lèvres un peu saillantes de l’être généreux et bon. Michel Strogoff avait le tempérament de l’homme décidé. Sobre 6 de gestes comme de paroles, il savait rester immobile comme un soldat devant son supérieur ; mais lorsqu’il marchait, son allure dénotait une grande aisance, une remarquable netteté de mouvements.

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE 2

Qu’est-ce que bien campé veut dire ?

3

Trouvez deux adjectifs de la même famille que ce verbe.

4

À quelle famille de mots l’adjectif moscovite appartient-il ?

5 6

112

De quelle arcade est-il question ? Dans ce contexte, qu’est-ce que sobre signifie ?

MODULE 3

SUR LA TRACE DES PERSONNAGES

50

55

Il était vêtu d’un élégant uniforme militaire. Sur sa large poitrine brillaient une croix et plusieurs médailles. Michel Strogoff appartenait au corps spécial des courriers du czar, et il avait rang d’officier parmi ces hommes d’élite. Ce qui se sentait dans toute sa personne, et ce que le czar reconnut sans peine, c’est qu’il était un «exécuteur d’ordres». * L’adjectif caucasique renvoie au Caucase, région montagneuse et frontière naturelle entre l’Europe et l’Asie.

En vérité, si un homme pouvait mener à bien ce voyage de Moscou à Irkoutsk, c’était, entre tous, Michel Strogoff. 60

65

[…] Le czar, sans lui adresser la parole, le regarda pendant quelques instants, tandis que Michel Strogoff demeurait absolument immobile. Puis le czar, satisfait de cet examen, retourna près de son bureau, et, faisant signe au grand maître de police de s’y asseoir, il lui dicta à voix basse une lettre qui ne contenait que quelques lignes. […] Le czar, se relevant alors, dit à Michel Strogoff de s’approcher. Puis, d’une voix brève : — Ton nom ? demanda-t-il.

70

— Michel Strogoff, Sire. — Ton grade ? — Capitaine au corps des courriers du czar. — Tu connais la Sibérie ? — Je suis Sibérien.

75

— Tu es né… ? — À Omsk. — As-tu des parents à Omsk ? — Oui, Sire. — Quels parents ?

80

— Ma vieille mère. Le czar suspendit un instant la série de ses questions. Puis, montrant la lettre qu’il tenait à la main : — Voici une lettre, dit-il, que je te charge, toi, Michel Strogoff, de remettre en mains propres au grand-duc et à nul autre que lui.

85

— Je la remettrai, Sire. — Le grand-duc est à Irkoutsk. — J’irai à Irkoutsk. — Mais il faudra traverser un pays soulevé par des rebelles, envahi par des Tartares* qui auront intérêt à intercepter cette lettre.

90

— Je le traverserai. — Tu te méfieras surtout d’un traître, Ivan Ogareff, qui se rencontrera peutêtre sur ta route. — Je m’en méfierai. * Tartares est le nom donné aux populations turques et mongoles d’Asie centrale.

Séquence 1

Des êtres à part

113

— Passeras-tu par Omsk ? 95

— C’est mon chemin, Sire. — Si tu vois ta mère, tu risques d’être reconnu, il ne faut pas que tu voies ta mère ! — Je ne la verrai pas, dit-il. — Jure-moi que rien ne pourra te faire avouer ni qui tu es ni où tu vas !

100

— Je le jure. — Michel Strogoff, reprit le czar en remettant le pli 7 au jeune courrier, prends donc cette lettre de laquelle dépend le salut de toute la Sibérie, et peut-être la vie du grand-duc, mon frère. — Cette lettre sera remise à Son Altesse le grand-duc.

105

— Ainsi, tu passeras quand même. — Je passerai, ou l’on me tuera. — J’ai besoin que tu vives ! — Je vivrai et je passerai, répondit Michel Strogoff. Jules Verne, Michel Strogoff, Mantes, Éd. Ronde du tournesol, coll. «Jules Verne», 1992, p. 19 à 22.

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE 7

Donnez un synonyme de pli qui convient dans ce contexte.

Jules Verne, l’auteur de Michel Strogoff (écrivain français, 1828-1905)

Au lieu de travailler en droit comme sa famille l’y encourageait, Jules Verne se tourne vers la littérature. Passionné par la géographie, la physique et les mathématiques, il donne un caractère scientifique à ses romans. L’auteur se documente, fréquente des savants, fait jouer son imagination, de sorte que des œuvres comme Cinq semaines en ballon, Le tour du monde en quatre-vingts jours, Vingt mille lieues sous les mers et de nombreuses autres racontent des explorations et présentent des découvertes des dizaines d’années avant qu’elles se fassent réellement.

INTERROGER LE TEXTE ET RÉAGIR Les caractéristiques du héros

1. a) Michel Strogoff est choisi pour une mission spéciale à cause de sa force physique exceptionnelle. Relevez, dans le dialogue entre le czar et le général Kissoff, les phrases qui montrent sa robustesse.

114

MODULE 3

SUR LA TRACE DES PERSONNAGES

b) Le héros est aussi choisi à cause de sa force de caractère. Dans le même dialogue, relevez trois qualités attribuées au héros. c)

Quelles sont les deux métaphores utilisées par le czar et le général Kissoff pour faire ressortir la force physique et les qualités morales du héros ?

2. Le dialogue est suivi d’une description où l’on redit la force et la supériorité du héros. Repérez, entre les lignes 33 et 44, six mots ou expressions appartenant au champ lexical de la force.

Les liens entre le physique du héros et son caractère

3. a) Souvent, le caractère des héros ou des héroïnes transparaît dans leur physique. Vérifiez-le en associant les caractéristiques physiques de Michel Strogoff (à gauche) à ses traits de caractère (à droite).

Traits de caractère

Caractéristiques physiques

1) 2) 3) 4)

Face ordinairement pâle Regard droit Faible contraction des sourcils Lèvres charnues

a) b) c) d)

Franchise Courage Bonté et générosité Possède un grand sang-froid, ne s’emporte pas

b) Selon vous, quels sont les traits de caractère, parmi ceux mentionnés dans le tableau ci-dessus, qui sont essentiels au héros pour accomplir sa mission ? Justifiez votre réponse.

Une mission difficile

4. Le général Kissoff mentionne au czar que Michel Strogoff a déjà rempli des missions difficiles. Qu’est-ce qui le confirme dans la description du héros ?

5. La mission confiée au courrier s’annonce périlleuse: il doit parcourir une très longue distance le plus rapidement possible. a) Qu’est-ce qui risque de faire échouer sa mission ? b)

La mère du héros pourrait être un obstacle à sa réussite. Expliquez pourquoi.

c) Relevez la phrase par laquelle on comprend que la mission du héros est secrète. d) Quelles seraient les conséquences d’un échec du héros ?

Les questions du czar

6. Examinez de nouveau le dialogue entre le czar et le général. a) Relevez, dans les questions du czar, quatre phrases à construction particulière. b) Les phrases des lignes 5, 7 et 13 ont-elles la structure de phrases déclaratives ou interrogatives ? Justifiez votre réponse. c) Trouvez deux autres phrases bâties sur le même modèle entre les lignes 18 et 30.

Séquence 1

Des êtres à part

115

INTERROGER LE TEXTE ET RÉAGIR Un héros célèbre

17.

Que savez-vous au juste sur Sherlock Holmes ? Partagez vos connaissances avec les élèves de votre classe.

Le caractère de Sherlock Holmes

18. Quels sont les faits qui permettent de vérifier que Sherlock Holmes a bien les traits de caractère donnés ci-dessous ? a) Il est routinier. Relevez deux faits. b) Il est excessif. Relevez deux faits. c) Il est secret. Relevez un fait. d) Il est très observateur et analyse les faits avec beaucoup de précision. Relevez un fait qui le prouve dans la liste de Watson.

Le système verbal du passé

19. Les deux extraits des aventures de Sherlock Holmes sont écrits dans le système verbal du passé. a) Relevez la première phrase qui contient un verbe au passé simple dans le premier extrait. Cette phrase prouve que le récit est dans le système du passé.

Ces verbes se trouvent entre les lignes 1 et 11.

b) Relevez les quatre autres verbes qui sont aussi utilisés à ce temps.

10. Examinez les deux premières répliques du premier extrait. Ne tenez pas compte des incises.

a) À quels temps les 12 verbes dans ces répliques sont-ils conjugués ? b)

Comment expliquez-vous qu’il y ait des verbes à ces temps dans un récit au passé ? Lisez attentivement le numéro 6a de l’article Temps verbaux, à la page 430, pour pouvoir répondre à cette question.

11. a) Relevez, dans le deuxième extrait, les sept verbes qui montrent que le récit est écrit dans le système du passé. Ces verbes sont situés entre les lignes 45 et 71. b) Dites à quels temps ces verbes sont conjugués. c) Quel autre temps verbal est très employé entre les lignes 45 et 49 ? d)

Pourquoi ce temps est-il utilisé dans un récit ? Pour répondre à cette question, lisez le numéro 6b de l’article Temps verbaux, à la page 431.

Séquence 1

Des êtres à part

119

vers le

Kira est une héroïne qui semble bien ordinaire. En lisant son histoire, tentez de voir en quoi vous vous rapprochez d’elle.

KIRA Kira vit dans une société guerrière où seules la force et l’habileté à la chasse comptent. Or, Kira est née infirme. Katrina, sa mère, lui raconte pourquoi elle a lutté pour lui conserver la vie. — Ils sont venus te prendre, racontait Katrina à voix basse dans leur kot 1 où rougeoyait un bon feu. Tu avais à peine un jour et on ne t’avait pas encore donné ton nom de nouveau-né, ton nom d’une syllabe. — Kir. 5

10

— Oui, c’est ça, Kir. Ils m’ont donc apporté à manger et ils étaient sur le point de t’emmener au Champ… Kira frissonna. C’était l’usage, la coutume, c’était aussi un acte de miséricorde 2 de rendre à la terre un nouveau-né imparfait et encore dépourvu de nom avant que l’esprit ne l’ait investi* pour en faire un être humain. Mais elle ne pouvait s’empêcher de frissonner à cette pensée. Kira hocha la tête. — Ils ne savaient pas que c’était moi. — Ce n’était pas encore toi. — Redis-moi pourquoi tu n’as pas voulu, murmura Kira.

15

Sa mère soupira à l’évocation de ce souvenir.

— Je savais que je n’aurais pas d’autre enfant, fit-elle observer. Ton père avait été emporté par les bêtes. Un beau jour, il était parti à la chasse et n’était pas revenu. Il y avait déjà des mois de cela. Je savais que je n’aurais plus d’enfant. Oh, ajouta-t-elle, peut20 être m’auraient-ils donné un orphelin à élever. POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE Mais comme je te tenais dans mes bras — telle que 1 Le nom kot n’est pas dans le dictionnaire. tu étais à ce moment-là, sans esprit encore, avec ta pauvre jambe de travers (il était évident que tu ne Essayez, en vous appuyant sur le pourrais jamais courir), j’ai vu tes yeux brillants. contexte, de trouver sa signification. 25 J’ai vu poindre 3 dans tes yeux quelque chose 2 Qu’est-ce que le mot miséricorde veut d’extraordinaire. Et puis il y avait tes doigts, longs dire ? et bien formés. 3 Donnez deux synonymes de poindre dans le contexte. * Autrement dit, avant que l’esprit soit entré dans le nouveauné et en ait fait un être humain.

Séquence 1

Des êtres à part

121

— Et solides. Mes mains étaient fortes, ajouta Kira avec satisfaction. Elle avait si souvent entendu l’histoire; et chaque fois qu’elle l’entendait, elle regardait avec orgueil ses fortes mains.

30

Katrina rit. — Si fortes en effet qu’elles avaient agrippé mon pouce et ne voulaient pas le lâcher. Tu tirais si farouchement sur mon pouce, comment aurais-je pu les laisser t’emmener ? […]

35

— Ils m’ont fait promettre que tu ne deviendrais pas un fardeau. — Je n’en ai pas été un, n’est-ce pas ? — Bien sûr que non. Tes fortes mains et ton esprit avisé 4 compensent ta jambe infirme. À l’atelier de tissage, tu es une robuste petite main 5 sur laquelle on peut compter ; toutes les ouvrières le disent. Et après tout, qu’est-ce qu’une jambe torse 6 en regard d’une 7 intelligence comme la tienne ? Les histoires que tu racontes aux minots 8 , les tableaux que tu crées avec les mots — et avec le fil à broder ! Les broderies que tu fais ! Elles sont différentes de toutes les broderies que j’ai jamais vues. Bien plus belles que celles que je pourrais jamais faire !

40

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE 4

Donnez un synonyme d’avisé.

5

Qu’est-ce qu’une petite main ? Attention, l’expression est employée au sens figuré !

6

a)

De quel verbe l’adjectif torse est-il issu ?

b) Donnez deux synonymes de torse. 7 8

122

MODULE 3

Trouvez deux GPrép qui pourraient remplacer en regard de. Donnez un synonyme de minot.

SUR LA TRACE DES PERSONNAGES

Lois Lowry, L’élue, traduit de l’américain par Bee Formentelli, Paris, Gallimard Jeunesse, 2001, p. 10 à 12.

INTERROGER LE TEXTE ET RÉAGIR Le combat entre la vie et la mort

14.

a) La mère de Kira lui explique que les Anciens, ceux qui gouvernent leur société, sont venus la chercher dès sa naissance. Pour quelle raison les Anciens ont-ils voulu se débarrasser de Kira ? b) Pourquoi, dans cette société, se débarrasser d’un enfant comme Kira est-il vu comme un acte de miséricorde, selon vous ? c) Quel geste Kira fait-elle pour faire comprendre à sa mère qu’elle veut vivre ?

Le portrait de Kira

15. a) Quelles sont les deux caractéristiques physiques de Kira qui sont visibles dès sa naissance et qui vont compenser son infirmité ? b) De quelle caractéristique Kira est-elle le plus fière ? Relevez les deux passages dans lesquels Kira montre sa fierté. c) Combien de fois l’adjectif fortes sert-il à qualifier le nom mains entre les lignes 28 et 39 ? À votre avis, à quoi cette répétition sert-elle ? d) Kira est particulièrement intelligente. Comment cela transparaît-il physiquement ?

16.

a) Selon vous, Kira est-elle une héroïne ? Expliquez votre réponse. b) Kira pourrait être une artisane comme d’autres femmes de son peuple. Mais elle a quelque chose en plus : c’est une artiste. Qu’est-ce qui fait d’elle une artiste ?

17.

Vous avez certainement un talent particulier, une habileté quelconque, un trait de caractère ou une caractéristique physique qui vous distingue des autres et fait de vous une personne différente, une personne qui mérite d’être connue. Expliquez en 50 mots ce que c’est. • Ne cherchez pas une caractéristique extraordinaire: prenez-vous comme vous êtes. • Si vous ne trouvez rien, demandez à quelqu’un de votre entourage, qui vous connaît bien (un parent, une amie, un camarade de classe), la caractéristique qui fait de vous un être unique.

Séquence 1

Des êtres à part

123

vers le

Voici une autre héroïne dont vous pourrez vous inspirer pour faire votre portrait. Voyezla en pleine action et découvrez les caractéristiques qui font d’elle un personnage héroïque.

LYRA BELACQUA Des enfants sont enlevés, puis emmenés dans le Grand Nord où l’on se livre à d’horribles expériences sur eux avant de les laisser mourir. Quand Lyra Belacqua, une orpheline de onze ans, se retrouve prisonnière elle aussi, elle décide d’organiser une évasion avec l’aide de Pantalaimon, un dæmon, un esprit qui prend diverses formes. Lyra n’hésita pas un instant. Pantalaimon bondit vers la porte; elle s’élança à sa suite et s’enfuit à toutes jambes, courant plus vite qu’elle n’avait jamais couru de sa vie. — L’alarme d’incendie ! s’écria Pantalaimon, qui volait devant elle. 5

10

15

20

124

MODULE 3

Apercevant un boîtier rouge à l’entrée du couloir suivant, elle brisa la glace 1 d’un coup de poing et se remit à courir en direction des dortoirs. Elle déclencha une deuxième alarme; puis une troisième; les gens commençaient à sortir dans les couloirs, cherchant à apercevoir les flammes. Alors que Lyra arrivait près des cuisines, Pantalaimon lui souffla une idée. Elle se précipita. En quelques secondes, elle avait ouvert tous les robinets de gaz et jeté une allumette enflammée près du brûleur le plus proche. Après quoi, elle tendit le bras pour attraper un sac de farine sur une étagère et le lança de toutes ses forces sur le coin de la table pour le faire éclater et remplir l’air de poudre blanche, car elle avait entendu dire que la farine explose quand on l’approche d’une flamme. Puis elle ressortit à toute vitesse et fonça vers son dortoir. Les couloirs étaient maintenant envahis d’enfants courant dans tous les sens, au comble de l’excitation, car le mot «évasion» s’était répandu. Les plus âgés se dirigeaient vers les débarras où étaient rangés les vêtements, guidant les plus jeunes. Les adultes essayaient de contrôler les opérations, mais aucun d’entre eux ne savait ce qui se passait. Dans tous les coins, ce n’étaient que cris, pleurs, rires et bousculades. Au milieu de ce chaos 2 , Lyra et Pantalaimon continuaient à foncer vers le dortoir en se faufilant comme des anguilles, et juste au moment où ils atteignaient leur but, une explosion sourde ébranla tout le bâtiment.

SUR LA TRACE DES PERSONNAGES

25

Le dortoir était désert. Lyra traîna le placard métallique dans le coin, l’escalada, récupéra les fourrures derrière le faux plafond, et palpa l’épaisseur de son parka. L’aléthiomètre* était toujours là. Elle s’habilla en hâte, en prenant soin de rabattre sa capuche sur sa tête. Pantalaimon, qui faisait le guet à la porte transformé en moineau, lui lança : — C’est bon !

30

35

40

Lyra se précipita hors du dortoir. Par chance, un groupe d’enfants qui avaient déjà récupéré des vêtements chauds fonçaient dans le couloir en direction de la porte principale, et elle se joignit à eux, en nage 3 , le cœur battant à tout rompre, et sachant qu’elle n’avait pas le choix : c’était fuir ou mourir. Hélas, la voie était bloquée. Le feu dans les cuisines s’était rapidement propagé, et quelque chose avait provoqué l’effondrement d’une partie du toit. Certaines personnes escaladaient les poutres et les étançons 4 pour accéder à l’air glacial et mordant. L’odeur de gaz s’était accentuée. Une seconde explosion se produisit, plus forte que la précédente, plus proche aussi. La détonation projeta à terre plusieurs enfants; les cris de terreur et de douleur envahirent tout l’espace. Lyra lutta pour escalader les décombres 5 et, grâce à Pantalaimon qui lui criait : «Par ici !» ou : «Par là !», au milieu des cris et des battements d’aile des autres dæmons, elle parvint à se hisser jusqu’au toit béant. L’air qu’elle respirait était gelé, et elle espérait que tous les enfants avaient réussi à récupérer leurs vêtements chauds, car à quoi bon s’enfuir de la Station si c’était pour mourir de froid ensuite ? […]

45

50

— Venez tous avec moi ! leur cria Lyra. Les secours vont arriver ! Nous devons partir d’ici ! Faites vite ! Les enfants s’élancèrent dans le plus grand désordre en direction de l’avenue de lumières; leurs bottes faisaient crisser 6 la neige dure. Philip Pullman, Les royaumes du Nord, traduit de l’anglais par Jean Esch, Paris, Gallimard Jeunesse, coll. «Folio junior », 2000, p. 350 à 352.

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE 1

Donnez un synonyme de glace dans ce contexte.

2

a) Quel est le sens de chaos ici ? b) Ce mot est-il employé au sens propre

ou au sens figuré ? 3

Qu’est-ce que être en nage veut dire ?

4

Qu’est-ce qu’un étançon ?

5

Expliquez ce que les décombres sont.

6

Donnez la définition de crisser.

* L’aléthiomètre est un objet qui dit la vérité.

Séquence 1

Des êtres à part

125

INTERROGER LE TEXTE ET RÉAGIR Les qualités de Lyra

18. Lyra est courageuse et pleine de ressources. Quelles sont les deux actions auxquelles elle pense pour faciliter sa fuite et celle des enfants prisonniers ?

19. a) Relevez la phrase qui montre que Lyra prend des décisions rapidement. b) Relevez cinq verbes, entre les lignes 1 et 15, qui montrent que Lyra agit rapidement. c) Relevez, entre les lignes 1 et 26, trois groupes prépositionnels qui sont des modificateurs du verbe et qui montrent la rapidité de l’héroïne.

20. Selon vous, quels sont les éléments qui montrent que Lyra est altruiste, c’est-à-dire qu’elle se préoccupe des autres ?

Les menaces qui pèsent sur Lyra

21. Lyra est menacée de toutes parts. Elle doit d’abord échapper aux expérimentateurs, puis au feu et, finalement, au froid. a) Trouvez six mots ou expressions appartenant au champ lexical du feu entre les lignes 1 et 34. b) Trouvez quatre mots ou expressions appartenant au champ lexical du froid entre les lignes 33 et 51.

22.

Devant la menace, Lyra choisit de fuir. Est-ce une bonne solution, selon vous ? Pourquoi ?

Votre avis sur les héros et les héroïnes

23. Revenez sur les extraits que vous avez lus dans cette séquence. a) Précisez, pour chaque héros ou héroïne, la qualité ou la caractéristique qui fait que vous aimez ce personnage. Vous pouvez choisir plus d’une qualité par personnage. b)

126

MODULE 3

Parmi les quatre personnages présentés dans cette séquence, lequel avez-vous préféré ? Expliquez votre choix dans un court texte de 30 à 50 mots.

SUR LA TRACE DES PERSONNAGES

Au fil d’arrivée Faire votre portrait comme si vous étiez le héros ou l’héroïne d’un roman. Si vous étiez le héros ou l’héroïne d’un roman, à quoi ressembleriez-vous ? Seriezvous un intrépide redresseur de torts ? une espionne qui n’a pas froid aux yeux ? un taciturne détective ? une fille lunatique ? Laissez courir votre imagination… et dressez votre portrait. Vous trouverez des modèles inspirants dans votre Recueil de textes.

VOLET PRODUCTION ÉCRITE La préparation

1. Le sujet de votre texte : comme vous devez faire votre portrait en héros ou en héroïne, mettez en valeur un de vos traits physiques ou un trait de votre personnalité, selon le genre de roman dans lequel vous aimeriez vous retrouver. Vous pouvez accentuer un trait que vous avez déjà. Par exemple: votre sens de l’humour, votre myopie, votre goût pour l’étude, votre amour des voyages, votre difficulté à supporter la chaleur, votre mauvaise habitude de tout perdre… Pensez à vous servir de votre réponse à la question 17 pour cerner la caractéristique que vous désirez mettre en valeur. Vous pouvez aussi vous inspirer de ce que vous avez répondu à la question 23, si cela convient.

2. Le titre : c’est votre nom qui constituera le titre de votre texte, comme dans les textes que vous avez lus dans cette séquence. Vous pouvez cependant le transformer quelque peu pour qu’il corresponde à vous en héros ou héroïne.

3. La longueur de votre texte : 150 mots.

Séquence 1

Des êtres à part

127

4. La forme de votre texte : vous pouvez rédiger un dialogue ou une description. a) Pour des exemples de portraits dans un dialogue, voyez les passages suivants dans les textes de la séquence: • lignes 1 à 30 dans Michel Strogoff ; • lignes 11 à 28 dans le premier extrait de Sherlock Holmes. b) Pour des exemples de portraits dans une description, voyez les passages suivants dans les textes de la séquence: • lignes 33 à 57 dans Michel Strogoff ; • lignes 29 à 44 dans le deuxième extrait de Sherlock Holmes.

La rédaction

5. À l’étape de la rédaction, pensez à observer les points qui suivent. a) Le système verbal : tracez votre portrait dans le système verbal du passé. N’oubliez pas cependant de faire les changements nécessaires si vous insérez des dialogues dans votre texte. b) La personne : vous pouvez utiliser la 3e personne (comme si quelqu’un vous décrivait) ou la 1re personne (vous vous mettez en scène dans le texte). c) La structure des phrases : vous pouvez vous inspirer des textes de la séquence. Vous pouvez même reprendre des phrases ou des portions de phrases en changeant certains mots pour mieux vous décrire. d) Le vocabulaire : utilisez cinq mots ou expressions appartenant à un même champ lexical. Inscrivez le nom du champ lexical et les mots choisis au bas de votre copie.

La révision

6. À l’étape de la révision, servez-vous des stratégies utiles pour réviser, corriger et améliorer un texte (p. 480 à 492).

VOLET PRODUCTION ORALE La présentation

7. Au jour dit, vous arriverez en classe dans la peau de votre personnage. Peut-être aurez-vous besoin de vêtements ou d’accessoires, peut-être pas.

8. Lorsque viendra le temps de vous présenter, vous lirez avec beaucoup d’expressivité votre texte. Vous pouvez même l’apprendre par cœur et le dire en jouant à fond votre rôle. S’il s’agit d’un dialogue, vous pouvez demander à un ou une camarade de vous donner la réplique.

128

MODULE 3

SUR LA TRACE DES PERSONNAGES

D’AUTRES

rendez-vous...

Découvrez d’autres héros et héroïnes et laissez-vous surprendre par ce qui fait de ces personnages des êtres uniques. Dans votre Recueil de textes, vous trouverez… • un cheval prêt à tout pour sauver un être humain : Black Beauty; • une héroïne dotée d’étranges pouvoirs: Tara Duncan ; • des personnages au caractère bien défini : Sally Lockhart, Anne… La maison aux pignons verts, Le Rat de ville et le Rat des champs; • une domestique qui n’a pas la langue dans sa poche: La robote.

Retour Autoévaluation e des termes d’évaluation : Lorsque c’est possible, répondez à l’aid Beaucoup / Assez / Un peu. POINTS À ÉVALUER ence, je suis plus en mesure: 1. Après avoir travaillé dans cette séqu personnages ; a) de cerner les traits de caractère des s lequel est rédigé un texte; b) de reconnaître le système verbal dan s un récit au passé; c) d’utiliser les bons temps verbaux dan interrogatif. d) de construire des phrases de type . is d’apprendre différentes choses sur moi 2. a) Tracer mon portrait m’a perm votre capacité ner des choses sur votre personnalité, b) Lesquelles ? Vous pouvez mention d’inventer, etc. r les présentations de mes camarades. 3. a) J’ai trouvé enrichissant d’écoute es cert ains ou certaines de mes camarad b) Voici des choses que j’ai apprises sur . er : qui me permettent de mieux les appréci mes camarades t intéressants dans les présentations de c) Voici des éléments particulièremen . haine communication orale: qui pourraient m’inspirer lors d’une proc . suivant: on écrite, j’aimerais améliorer l’aspect ucti prod e hain proc e d’un s Lor a) 4. . suivant : ion orale, j’aimerais améliorer l’aspect b) Lors d’une prochaine communicat ntage. ence m’ont donné le goût de lire dava 5. a) Les textes que j’ai lus dans la séqu . je me propose de lire: b) Voici le titre du prochain roman que

Séquence 1

Des êtres à part

129

Temps d’arrêt La phrase de type interrogatif

1. Récrivez les questions suivantes de façon qu’elles soient conformes au modèle de la phrase interrogative. Proposez deux solutions pour chaque phrase. Exemple : Tu l’as rencontré ? L’as-tu rencontré ? Est-ce que tu l’as rencontré ?

1) 2) 3) 4)

Tu as trouvé l’homme qu’il fallait ? Tu le connais ? Il a du sang-froid, de l’intelligence, du courage ? C’est un homme vigoureux ?

2. Les questions suivantes ne contiennent pas de verbes. Récrivez-les en y ajoutant un verbe et assurez-vous que chaque phrase est conforme au modèle de la phrase interrogative. Proposez deux solutions pour chaque question.

1) 2) 3) 4)

«Ce courrier ? demanda vivement le czar.» (Ligne 3.) «À l’étranger ?» (Ligne 9.) Vous aurez sans doute «Son âge ?» (Ligne 16.) besoin du contexte pour reformuler certaines phrases. Retournez pour «Quels parents ?» (Ligne 79.)

Le système verbal du passé et le temps verbal de la description

cela dans le texte Michel Strogoff, aux pages 111 et 113.

3. Les passages suivants1 sont extraits d’un récit raconté dans le système verbal du passé. Comblez les vides par les verbes demandés aux temps requis. Consultez le numéro 6 de l’article Temps verbaux, à la page 430, au besoin.

N’oubliez pas d’accorder chaque verbe avec son sujet.

1) À la porte d’entrée, un homme de haute taille nous a ; il b un visage blafard et des cheveux couleur de lin; il c à la main un calepin. Il d et e avec reconnaissance la main de mon compagnon. a) accueillir b) avoir

c) tenir d) se précipiter

e) serrer

2) Un petit corridor au plancher nu et poussiéreux a à la cuisine et à l’office. À gauche et à droite, il y b deux portes : l’une c apparemment fermée depuis plusieurs semaines; l’autre d sur la salle à manger, la pièce même où s’était accompli le crime. Holmes y e , et je le f , non sans appréhension. a) conduire b) avoir

c) être d) donner

e) pénétrer f) suivre

1. Extraits tirés de Une étude en rouge, par Sir Arthur Conan Doyle, traduit de l’anglais par Pierre Baillargeon, Paris, Gallimard, coll. «Folio junior», 1994, p. 38, 39 et 40.

130

MODULE 3

SUR LA TRACE DES PERSONNAGES

3) Mon attention a d’abord captée par la forme humaine sinistrement immobile qui b sur le parquet; grands ouverts, les yeux vides c avec fixité le plafond déteint. C’ d le cadavre d’un homme d’environ quarante-trois, quarante-quatre ans, de taille moyenne, large d’épaules, avec des cheveux noirs et crépus et une barbe de trois jours. Il e un habit et un gilet de drap épais et un pantalon clair. Son col et ses manchettes f d’une blancheur immaculée. Un chapeau haut de forme, bien brossé et lustré, g posé sur le parquet, à côté de lui. a) être b) gésir c) regarder

d) être e) porter

f) être g) être

4) Lestrade, mince de taille, la mine chafouine, a près de la porte. Il nous b . — Cette affaire fera sensation ! c -il. Elle dépasse tout ce que j’ai vu, et pourtant je ne d plus un nouveau-né ! — Toujours pas d’indice ? e Gregson. — Toujours pas ! f Lestrade en écho. Sherlock Holmes g du corps. Il h et l’ i attentivement. — Vous j sûrs qu’il n’a pas été blessé ? k -t-il en montrant du doigt alentour des caillots et des éclaboussures de sang. — Absolument ! l ensemble les deux détectives. a) b) c) d) e) f)

se tenir saluer dire être s’enquérir répondre

g) h) i) j) k) l)

s’approcher s’agenouiller examiner être demander s’exclamer

Séquence 1

Des êtres à part

131

SÉQUENCE

2

Face à face

CONNAISSANCES ET STRATÉGIES

• Ponctuation 397 • Accords dans le GV 306 • Interjection 386 • Comment vérifier les accords dans le GV 490

A

u cinéma ou dans la littérature, les personnages se trouvent rarement seuls. Faire-valoir, fidèles alliés, ennemis irréductibles, tous gravitent autour

du personnage principal. Qu’on les aime ou qu’on les déteste, peu importe, on s’attache aux personnages. De qui Watson est-il le faire-valoir ? Pourquoi Charlotte craint-elle Zachariah ? Qu’est-ce qui unit Yoko et Rosée du Matin, Avril et David ? Vous trouverez les réponses à ces questions dans les extraits de la présente séquence. Vous apprendrez à découvrir

les liens qui unissent les personnages, à reconnaître les sentiments qui les animent. Comme dans la première séquence de ce module, les dialogues, les descriptions et les actions vous aideront dans cette tâche.

Au terme de ces rencontres, vous deviendrez Goscinny, Hergé, Roger Leloup, et vous créerez, à deux, une bande dessinée. Vous imaginerez une suite à une des histoires de la séquence. Vous ferez ressortir, en mots et en images, les sentiments des personnages et les liens qui les unissent. Et peut-être reconnaîtrez-vous, dans ces personnages, un peu de vous-même.

132

MODULE 3

SUR LA TRACE DES PERSONNAGES

Au départ Dans les histoires que vous lisez, les personnages entretiennent des relations de toutes sortes. C’est ce que vous observerez au cours de la présente séquence. Avant de commencer, rappelez-vous quelques personnages et essayez de préciser les liens qui les unissent.

1. Voici une liste de personnages qui forment de joyeuses paires. Associez chaque personnage de la colonne de droite à celui qui lui correspond dans la colonne de gauche.

Personnage principal Personnage secondaire

1) Batman 2) Peter Pan 3) Harry Potter 4) Bob Morane 5) Jules César 6) Tintin 7) Lucky Luke 8) Astérix 9) Le bossu de Notre-Dame

a) Obélix b) Capitaine Haddock c) Bill Ballantine d) Esméralda e) Catwoman f) Capitaine Crochet g) Hermione Granger h) Les frères Dalton i) Cléopâtre

2.

Selon la connaissance que vous avez de ces personnages, essayez de déterminer le genre de liens qu’ils entretiennent, ce qui les unit ou ce qui les sépare.

3.

Vous connaissez sûrement d’autres personnages de films, de romans ou de bandes dessinées qui se côtoient régulièrement. Nommez-en deux ou trois exemples et dites ce qui caractérise leurs liens.

Séquence 2

Face à face

133

En marche vers le

«Élémentaire, mon cher Watson !» Vous connaissez peut-être cette phrase célèbre que le détective Sherlock Holmes adresse souvent à son fidèle ami Watson. Découvrez, dans l’extrait suivant, où Watson est le narrateur, les liens qui unissent ces deux hommes. Les dialogues, particulièrement révélateurs, vous aideront à construire les vôtres dans votre bande dessinée.

Sherlock Holmes et Watson 5

M. Sherlock Holmes se levait habituellement fort tard, sauf lorsqu’il ne dormait pas la nuit — ce qui lui arrivait parfois. Ce matin-là, pendant qu’il était assis devant son petit déjeuner, je ramassai la canne que notre visiteur avait oubliée la veille au soir. C’était un beau morceau de bois, solide, terminé en pommeau 1 . Juste au-dessous de ce pommeau, une bague d’argent qui n’avait pas moins de deux centimètres de haut portait cette inscription datant de 1884 : À James Mortimer, M.R.C.S.*, ses amis du C.C.H. Une belle canne : canne idéale pour un médecin à l’ancienne mode : digne, rassurante 2 … «Eh bien, Watson, que vous suggère cette canne ?»

10

Holmes me tournait le dos, et je n’avais rien fait qui pût le renseigner sur mon occupation du moment. «Comment savez-vous que je l’examine ? Vous devez avoir des yeux derrière la tête !

15

— Non, mais j’ai en face de moi une cafetière en argent bien astiquée 3 . Dites, Watson, que pensez-vous de la canne de notre visiteur ? Nous avons eu la malchance de le manquer, nous ignorons le but de sa démarche : ce petit souvenir prend donc de l’importance. Allons, Watson, reconstituez l’homme d’après la canne 4 ! Je vous écoute.» Je me mis en devoir de me conformer de mon mieux aux méthodes de mon ami.

20

«Selon moi, dis-je, ce docteur Mortimer est un médecin d’un certain âge, à mœurs patriarcales, aisé, apprécié, comme en témoigne le geste de ceux qui lui ont offert cette canne. — Bon ! Excellent !

25

— Je pense qu’il y a de fortes chances pour que le docteur Mortimer soit un médecin de campagne qui visite à pied la plupart de ses malades. — Pourquoi, s’il vous plaît ?

30

— Parce que cette canne, qui à l’origine était très élégante, se trouve aujourd’hui dans un tel état que j’ai du mal à me la représenter entre les mains d’un médecin de ville. Le gros embout de fer 5 est complètement usé; il me paraît donc évident que son propriétaire est un grand marcheur. * M.R.C.S. (Member of the Royal College of Surgeons) : membre de la Faculté royale de médecine.

134

MODULE 3

SUR LA TRACE DES PERSONNAGES

— Très juste ! — D’autre part, je lis « ses amis du C.C.H.». Je parierais qu’il s’agit d’une société locale de chasse* dont il a soigné les membres, et qui lui a offert un petit cadeau pour le remercier. 35

40

— En vérité, Watson, vous vous surpassez ! s’exclama Holmes, en repoussant sa chaise. Je suis obligé de dire que, dans tous les récits que vous avez bien voulu consacrer à mes modestes exploits, vous avez constamment sous-estimé vos propres capacités. Vous n’êtes peut-être pas une lumière par vous-même, mais vous êtes un conducteur de lumière. Certaines personnes dépourvues de génie personnel sont quelquefois douées du pouvoir de stimuler. Mon cher ami, je vous dois beaucoup !»

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE 1

a) Donnez un nom appartenant à la même

famille de mots que pommeau.

45

b) Qu’est-ce qu’un pommeau ? 2

En vous appuyant sur ce que Watson dit de la canne, dites quelles seraient les qualités d’un «médecin à l’ancienne mode».

3

Donnez un synonyme de astiquée.

4

Qu’est-ce que Holmes demande à Watson ici ?

5

Où est situé «l’embout de fer» sur la canne ? Qu’est-ce qui vous le fait dire ?

6

Dans vos mots, dites ce que ressentait Watson.

7

Dans ce contexte, que veut dire élémentaire, selon vous ?

50

55

Jamais il ne m’en avait tant dit ! Je conviens que ce langage me causa un vif plaisir. Souvent en effet j’avais éprouvé une sorte d’amertume 6 devant l’indifférence qu’il manifestait à l’égard de mon admiration et de mes efforts pour vulgariser ses méthodes. Par ailleurs, je n’étais pas peu fier de me dire que je possédais suffisamment à fond son système pour l’appliquer d’une manière qui avait mérité son approbation. Il me prit la canne des mains et l’observa quelques instants à l’œil nu. Tout à coup, intéressé par un détail, il s’empara d’une loupe, et se rapprocha de la fenêtre. «Curieux, mais élémentaire 7 ! fit-il en revenant s’asseoir sur le canapé qu’il affectionnait. Voyezvous, Watson, sur cette canne je remarque un ou deux indices : assez pour nous fournir le point de départ de plusieurs déductions. * Watson croit que la lettre H, dans le sigle C.C.H., est l’initiale du mot anglais hunt, qui veut dire «chasser».

Séquence 2

Face à face

135

Soyez polis

5

10

15

20

25

Il faut aussi être très poli avec la terre Et avec le soleil Il faut les remercier le matin en se réveillant Il faut les remercier Pour la chaleur Pour les arbres Pour les fruits Pour tout ce qui est bon à manger Pour tout ce qui est beau à regarder À toucher Il faut les remercier Il ne faut pas les embêter… les critiquer Ils savent ce qu’ils ont à faire Le soleil et la terre Alors il faut les laisser faire Ou bien ils sont capables de se fâcher Et puis après On est changé En courge En melon d’eau Ou en pierre à briquet Et on est bien avancé… Le soleil est amoureux de la terre La terre est amoureuse du soleil Ça les regarde

30

35

40

45

C’est leur affaire Et quand il y a des éclipses Il n’est pas prudent ni discret de les regarder Au travers de sales petits morceaux de verre fumé Ils se disputent C’est des histoires personnelles Mieux vaut ne pas s’en mêler Parce que Si on s’en mêle on risque d’être changé En pomme de terre gelée Ou en fer à friser Le soleil aime la terre La terre aime le soleil C’est comme ça Le reste ne nous regarde pas La terre aime le soleil Et elle tourne Pour se faire admirer Et le soleil la trouve belle Et il brille sur elle Et quand il est fatigué Il va se coucher Et la lune se lève […] Jacques Prévert, «Soyez polis», dans Histoires, (Éditions Gallimard) © Fatras / Succession Jacques Prévert, droits numériques réservés.

Jacques Prévert Jacques Prévert (1900-1977) est un écrivain français dont l’œuvre est pleine de fantaisie et d’humour. Dans ses poèmes, les enfants, les amoureux, les animaux et les éléments de la nature vivent libres et indépendants.

136

THÈME 5

La vérité sur Watson

4. Un peu plus loin dans l’extrait, Sherlock Holmes dit très franchement à Watson ce qu’il pense de lui. a) Relevez deux phrases dans lesquelles Holmes se montre flatteur. b) Relevez deux phrases dans lesquelles, tout en reconnaissant des qualités à Watson, Holmes n’est pas tendre à son égard.

La réaction de Watson

5. a) Watson est-il choqué ou réjoui par les propos de Sherlock Holmes ? Citez le passage qui appuie votre réponse. b) Que pensez-vous de cette réaction ? La trouvez-vous normale ? Justifiez votre réponse.

Watson, un faire-valoir

6. a) Cherchez la définition du mot faire-valoir dans le dictionnaire. b)

Expliquez comment Watson est le faire-valoir de Sherlock Holmes. Vous pouvez citer des passages de l’extrait pour appuyer votre réponse.

La ponctuation

7.

Pourquoi les mots «ses amis du C.C.H. » (ligne 32) sont-ils entre guillemets ?

8.

Observez attentivement les phrases ci-dessous (lignes 9 à 15).

«Eh bien, Watson, que vous suggère cette canne ?» «Comment savez-vous que je l’examine ? Vous devez avoir des yeux derrière la tête ! — Non, mais j’ai en face de moi une cafetière en argent bien astiquée. Dites, Watson, que pensez-vous de la canne de notre visiteur ?» a) Relevez chaque signe de ponctuation. Il y en a 12. b) Justifiez l’emploi de chaque signe relevé.

Ne tenez pas compte du tiret de dialogue. Chaque paire de guillemets (guillemet ouvrant et guillemet fermant) compte pour un signe.

Sir Arthur Conan Doyle, l’auteur de Sherlock Holmes (écrivain britannique, 1859-1930)

Arthur Conan Doyle exerce, pendant quelques années, la profession de médecin, qu’il abandonne rapidement pour se consacrer à l’écriture. Une étude en rouge est la première des 78 aventures mettant en scène Sherlock Holmes. Au terme de ces aventures, l’écrivain fait mourir son célèbre personnage en le faisant tomber au fond d’un ravin. Les lecteurs sont des milliers à protester. Il le fait alors renaître dans La résurrection de Sherlock Holmes, qui connaît un succès phénoménal. Arthur Conan Doyle est connu dans le monde entier et ses romans ont contribué à populariser le genre policier.

Séquence 2

Face à face

137

vers le

Embarquée seule sur un bateau, Charlotte fait la connaissance du vieux Zachariah, un des membres de l’équipage. Qu’est-ce qui unit ces deux êtres si différents ? Vous le découvrirez en lisant l’extrait suivant. Peut-être choisirez-vous d’inventer une suite à cette histoire…

Charlotte et Zachariah Charlotte est née en Amérique, mais, de l’âge de six ans à l’âge de treize ans, elle a vécu en Angleterre avec sa famille. Au printemps de 1832, la compagnie américaine qui emploie son père demande à ce dernier de rentrer au pays. La famille quitte alors l’Angleterre pour les États-Unis, mais Charlotte doit finir son année scolaire avant de rejoindre les siens. L’été venu, elle entreprend, seule, la traversée de l’Atlantique sur un navire.

138

MODULE 3

SUR LA TRACE DES PERSONNAGES

INTERROGER LE TEXTE ET RÉAGIR Des personnages bien différents

9.

Zachariah et Charlotte sont des personnages à l’opposé l’un de l’autre. a) Faites-en la preuve en mettant en parallèle les caractéristiques qui les opposent. Servezvous d’un tableau semblable au suivant: Caractéristique

Charlotte

Zachariah

Âge Physique Vêtements Milieu social b)

Zachariah présente les différences entre Charlotte et lui ainsi: «Miss Doyle est si jeune et Zachariah si vieux. Vous êtes la seule fille à bord, et moi le seul Noir.» (Lignes 55 et 56.) Expliquez comment ces différences sont des points de rapprochement pour le vieux marin.

c)

Pensez-vous qu’une complicité est possible entre deux personnes aussi différentes ? Discutez-en avec des camarades.

Pour gagner l’amitié de Charlotte

10. Dans le but de gagner l’amitié de Charlotte, Zachariah lui fait trois offres. a) Quelles sont les trois offres que Zachariah fait à Charlotte ? b) Comment Charlotte réagit-elle à chacune de ces offres ?

Les sentiments des personnages

11. Selon la connaissance que vous avez maintenant de Charlotte et de Zachariah, comment qualifieriez-vous la relation qui existe entre eux ? Reproduisez le schéma suivant et inscrivez sur les flèches le ou les sentiments que chacun éprouve pour l’autre.

Charlotte

142

MODULE 3

SUR LA TRACE DES PERSONNAGES

Zachariah

Le portrait de Zachariah

12. La comparaison est très utile pour décrire un personnage. À deux reprises, Charlotte l’utilise pour représenter le vieux Zachariah. Relevez ces deux comparaisons.

13. Entre les lignes 17 et 26, quel aspect de la physionomie de Zachariah semble inquiéter particulièrement Charlotte ? Relevez le passage qui nous l’apprend.

14. Quand Charlotte entend pour la première fois la voix de Zachariah, elle est surprise (lignes 24 et 25). a) Décrivez la voix de Zachariah. b) Pourquoi, selon vous, Charlotte est-elle étonnée par la voix de Zachariah ?

L’univers de Charlotte

15. «L’idée du thé était extraordinairement réconfortante. Elle me rappelait que mon univers n’avait pas complètement disparu.» (Lignes 41 et 42.) a)

Quel univers Charlotte a-t-elle quitté et pourquoi associe-t-elle le thé à cet univers ?

b) Quel mot Charlotte utilise-t-elle pour préciser le grand réconfort que lui procure le thé ? Dites à quelle classe appartient ce mot et donnez-en la fonction.

Bon ou méchant ?

16.

Pensez-vous que Zachariah est sincère ? Croyez-vous que Charlotte peut lui faire confiance ?

Les gens qui vous entourent

17. Pensez à deux personnes de votre entourage

Si vous ne trouvez pas d’exemple dans votre entourage, faites l’exercice avec les personnages d’un roman, d’un film ou d’une bande dessinée.

qui, comme Charlotte et Zachariah, présentent des caractéristiques qui s’opposent. Vous pouvez être l’une de ces personnes. a) En vous inspirant d’un schéma comme celui ci-après, inscrivez le nom des deux personnes et dressez la liste des caractéristiques qui les rendent différentes. b) Inscrivez, sur chaque flèche, les sentiments que ces deux personnes éprouvent l’une pour l’autre.

Nom de la 1re personne

sentiment

Nom de la 2e personne

Ses caractéristiques

sentiment

Ses caractéristiques

Séquence 2

Face à face

143

vers le

Dans une bande dessinée, les personnages sont révélés par leurs paroles et leurs actions, mais surtout par les images. La bande dessinée qui suit vous servira de modèle pour créer la vôtre.

YOKO TSUN O ET ROSÉE DU MATIN

Roger Leloup, Yoko Tsuno : Le dragon de Hong Kong, © Dupuis, coll. «Pirate», 1986, p. 14.

Avant les années 1970, il y avait peu de femmes ou de filles qui tenaient le rôle principal dans les bandes dessinées jeunesse. Elles avaient plutôt des rôles secondaires ou bien elles servaient de faire-valoir à des héros masculins. Yoko Tsuno, une jeune Asiatique, fait son apparition en 1970. C’est la première fois qu’une femme dotée d’une grande capacité intellectuelle (elle est électronicienne) est au premier plan dans un monde jusque-là réservé aux hommes.

144

MODULE 3

SUR LA TRACE DES PERSONNAGES

INTERROGER LE TEXTE ET RÉAGIR Des images et des mots

18.

À l’aide d’un tableau comme le suivant, faites le portrait des deux personnages de la bande dessinée. Pour chaque caractéristique relevée, indiquez si vous avez trouvé l’information dans une bulle ou dans une image. Personnage

Caractéristique

Bulle

Image

Yoko Tsuno Rosée du Matin

Les sentiments des personnages

19. En vous appuyant sur ce que le texte et les images suggèrent, dites quels sentiments Yoko et Rosée du Matin éprouvent l’une pour l’autre. Reproduisez le schéma suivant:

YOKO

ROSÉE DU MATIN

20. Dans une bande dessinée, les onomatopées et les interjections laissent voir les sentiments des personnages. Relevez, dans les vignettes de la page 144, une onomatopée et une interjection et indiquez ce qu’elles expriment.

Une nouvelle histoire

21.

Tracez six cases. Imaginez que les images sont les mêmes que dans l’extrait Yoko Tsuno et Rosée du Matin. Reproduisez ensuite les bulles comme dans l’extrait et changez les paroles pour obtenir une tout autre histoire.

La bande dessinée, qu’on appelle plus familièrement BD (ou bédé), a son propre vocabulaire. En voici des exemples. • La case, ou la vignette, représente chacune des images de la bande dessinée. Elle peut prendre différentes formes: carrée, rectangulaire, etc. • La planche est l’ensemble des cases figurant sur la même page. • La bulle, le ballon ou le phylactère, contient les paroles attribuées à un personnage, à un animal ou à une chose. • L’appendice attribue le contenu de la bulle à tel personnage, à tel animal ou à telle chose. Quand l’appendice est formé d’un pointillé ou d’une série de petits ronds, cela signifie que le personnage ou l’animal pense ou rêve. • Le scénario est le texte qui définit le contenu des diverses pages, ou planches.

Séquence 2

Face à face

145

Voici une autre histoire dont vous voudrez peut-être imaginer la suite. Avril et David sont des personnages de la vie de tous les jours. Ils ne participent pas à de grandes enquêtes, ils n’ont pas de pouvoirs magiques, ils ne vivent pas d’aventures périlleuses en mer. Ces personnages sont passionnants tout simplement parce qu’ils entrent en relation les uns avec les autres.

Avril et David Avril a seize ans et sa mère vient de mourir. Comme elle n’a pas d’autre famille, elle doit quitter la petite ville minière où elle a toujours vécu, très loin au Nord, au milieu de la forêt et des lacs. David, un travailleur social, vient la chercher pour l’amener dans une famille d’accueil qui vit à la ville.

J 5

10

15

e suis sorti de l’avion tout étourdi, les mâchoires douloureuses. Une femme s’est précipitée vers moi, m’a serré la main comme si elle voulait me l’arracher. «Je suis la directrice du centre de santé», a-t-elle dit en m’entraînant vers sa jeep. Assis côte à côte, nous avons échangé des formulaires bleus, jaunes et roses et apposé nos signatures. Elle m’a lancé un regard en coin : «N’êtes-vous pas un peu jeune pour un travailleur social ?» J’ai haussé les épaules. On me prend toujours pour un grand adolescent attardé. Elle a démarré en trombe et nous avons roulé sur une route de gravier droite comme une tranchée au milieu de la forêt. Vues sous cet angle, les épinettes noires avaient l’air de longs bâtons avec une touffe au bout. Je ne sais pas pourquoi, ça m’a fait penser à mon pauvre Crash, que j’avais laissé enfermé dans l’appartement et qui allait m’attendre et gémir jusqu’au soir, les yeux fixés sur la porte. On était pressés, l’avion repartait dans cinquante minutes, juste le temps d’aller chercher la jeune fille. — Avril nous attend dans la maison qu’elle habitait avec sa mère. C’est une fille un peu… spéciale. — Spéciale comment ? ai-je demandé, en regardant défiler les conifères et les bouleaux.

20

— Solitaire. Butée 1 . Le nez fourré dans les livres. Depuis la mort de sa mère, impossible de l’approcher. Elle passe ses journées sur les lacs à parler toute seule. — Les enfants ont droit à leur différence, vous ne croyez pas, madame la directrice ? Elle freina brusquement. Droit devant, un orignal sortait du bois et traversait la route.

146

MODULE 3

SUR LA TRACE DES PERSONNAGES

25

30

35

Vingt minutes plus tard, nous arrivions dans cette drôle de ville construite au milieu de nulle part. Ses petites habitations en planches de cèdre étaient déposées ici et là sur un immense tapis vert qui descendait en pente douce vers le lac Long. Je n’aurais jamais cru qu’autant de pelouse poussait à cette latitude. Il n’y avait personne dans les rues courbes. J’ai pensé que ce lieu était irréel. — Que fera-t-on de la maison où habitaient Avril et sa mère ? — Elle est déjà affectée à un nouvel employé de la mine. La ville n’existe que par ses travailleurs. C’est pour cette raison qu’Avril doit s’en aller. À vous qui venez de la métropole, cela peut paraître étrange, mais elle n’est jamais descendue au Sud 2 . Elle n’a jamais croisé dans la rue des chômeurs, des itinérants, des handicapés, des vieillards… À certains égards, elle est complètement inexpérimentée. En bordure du lac, nous nous sommes arrêtés devant une maison en retrait des autres, flanquée de deux épinettes dressées. Une boîte de carton attachée avec de la ficelle et un sac à dos attendaient près de la porte. J’ai sonné. Il n’y avait personne.

40

45

50

La directrice a haussé les épaules, grommelé : «Telle mère, telle fille.» Elle montrait du doigt, sur le lac, un canot qui glissait vers nous. La jeune fille qui accostait en douceur, amarrait son embarcation et se dirigeait vers moi avait des yeux de lave noire et des cheveux tressés en petites nattes. Elle ne souriait pas. J’aurais voulu me trouver à deux mille kilomètres de là, POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE exercer le métier de ramoneur, coiffeur pour chiens, gratte-papier, n’im1 Donnez un synonyme de butée. porte quoi. 2 Qu’est-ce que la directrice veut dire — Avril ? Je m’appelle David et… quand elle mentionne qu’Avril «n’est — Dépêchons ! interrompit la jamais descendue au Sud » ? directrice. Vous allez rater l’avion.

Séquence 2

Face à face

147

55

Kuujjuaq

60

NUNAVIK

QUÉBEC

Gaspé

Québec

65 Montréal

J’ai déposé la boîte de carton et le sac à dos dans la jeep et nous sommes repartis. Avril gardait les paupières baissées, refermées sur un secret. Elle ne m’a pas adressé la parole. Je sais. Les adolescents ne nous parlent jamais tout de suite. Surtout pas une orpheline de seize ans qu’on amène dans une famille d’accueil, dans la métropole où elle n’a jamais mis les pieds, et qui n’a plus personne au monde sauf son travailleur social, un drôle de zigue 3 qui a peur de voyager en avion, de prendre l’ascenseur, et qui voudrait changer de métier. À l’aéroport, nous avons couru vers l’avion, nous étions les derniers passagers. Et c’était reparti ! Au bout de la piste, le vieux coucou 4 a réussi à décoller dans un soubresaut et je me suis accroché à ma mallette pendant que la ligne d’horizon penchait d’un bord. Une main légère s’est posée sur mon bras. Je suis parvenu à sourire de travers.

— C’est une phobie. Désolé. — Maman aussi avait peur en avion… 70

L’horizon semblait plus stable, ainsi que mon estomac. J’ai attendu qu’elle poursuive, si elle en avait envie. Avec mes protégés 5 , je suis le gars le plus patient du monde. Finalement, elle a murmuré : — Je ne verrai plus jamais cet endroit. La ville sera détruite bientôt. — Détruite ? Pourquoi ?

75

80

— Le minerai de fer est presque épuisé. Dans quelques années, les travailleurs partiront vers de nouveaux chantiers et la compagnie va tout démolir. C’est la règle. Pour chaque maison, on creuse un trou et on l’enterre. Non seulement cette fille n’avait aucune famille, mais bientôt la ville où elle était née, où elle avait grandi, serait effacée de la carte. Mon travail me ramène souvent au même constat : nous vivons dans un monde de fous. J’aurais voulu lui dire : «Tu peux compter sur moi jusqu’à ta majorité.» Mais je ne pouvais rien promettre. Alors je me suis tu.

Elle regardait, par le hublot, le paysage austère, presque inhumain. J’ai attendu la suite. 85 — Il n’y a pas de cimetière dans cette ville. Ce matin, j’ai jeté les cendres de maman audessus du lac des Ténèbres. Elle n’aurait pas POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE voulu quitter le Nord. Elle aimait tant le 3 a) À quelle variété de langue le mot silence. Si elle avait vécu, nous serions allées 90 dans une autre ville de compagnie, ou même zigue appartient-il ? plus haut, là où il n’y a plus d’arbres, dans le b) Qu’est-ce que ce mot veut dire ? Nunavik 6 . J’aurais étudié par correspon4 Qu’est-ce qu’un coucou dans ce contexte ? dance. 5 Qui sont les protégés de David ? Sa voix tremblait. J’ai osé lui prendre la 6 Où le Nunavik est-il situé ? 95 main. Lorsque l’avion a amorcé sa première descente, je la tenais encore.

148

MODULE 3

SUR LA TRACE DES PERSONNAGES

Séquence 2

Face à face

149

100

Trois escales plus loin et six heures plus tard, nous avons survolé l’immense carrelage de la métropole, atterri une dernière fois. En sortant de l’aérogare, la canicule 7 est tombée sur nous comme une chape de plomb*. En plein milieu de mai ! On dirait que, chaque année, la canicule commence plus tôt. J’ai hélé un taxi et nous avons roulé longtemps, dans la fournaise de fin du jour. J’ai encore potassé le dossier d’Avril, à la recherche de l’adresse exacte de sa famille d’accueil. Je lui ai dit : «Les Gauthier ont l’air sympathiques, de jeunes retraités. Ils habitent en banlieue et ils ont très hâte de te connaître.»

105

110

Elle ne répondit pas, trop occupée par ce qu’elle découvrait. Elle regardait défiler les embranchements de l’autoroute, les têtes sinistres des automobilistes à l’heure de pointe, le béton. Personne n’eut à freiner pour laisser passer un orignal. Sympathiques, les Gauthier ? Mon œil. Dès que nous avons franchi la porte de leur bungalow, j’ai remarqué que la télé, dans le salon, placotait 8 toute seule. La dame enthousiaste qui nous accueillit parlait si fort, si vite et si proche de mon oreille que j’ai cru en perdre l’équilibre. «Mon mari est parti faire des courses, il revient tout de suite. Voulez-vous un thé glacé ? Une limonade ? Des croustilles ? Quelle chaleur !» Et, se tournant vers Avril : «C’est tout ce que tu as comme bagages ?» * L’expression «une chape de plomb» fait référence à un fardeau, à une situation pénible.

150

MODULE 3

SUR LA TRACE DES PERSONNAGES

115

120

Sans attendre de réponse, Linda Gauthier nous entraîna vers la chambre rose, au papier peint fleuri, aux rideaux de dentelle, au couvre-lit bordé de frisons, qu’elle avait inventée pour sa pensionnaire. Ne manquait qu’une collection de Barbie sur la commode. Le visage d’Avril n’exprimait rien. Julien Gauthier entra, des sacs plein les mains. Il se dirigea droit vers l’adolescente. «Quel est ton nom, déjà ? Juillette ? Novembra ?» Son rire, son barrissement plutôt, roula dans toutes les directions, se répercuta sur les murs. — Je m’appelle Avril, répondit Avril, fixant le bout de ses espadrilles.

125

Je ne pouvais rien faire de plus. J’avais assuré le transit, la marchandise était arrivée à destination, me restait le suivi, quelques heures par mois. Sur le seuil, je lui ai glissé dans la main un papier plié en quatre avec le numéro de mon téléphone cellulaire. «Si tu as des ennuis, appelle-moi n’importe quand.» Elle m’a accompagné jusqu’au trottoir, où un nouveau taxi m’attendait. Je m’engouffrais déjà sur la banquette arrière, elle m’a retenu par le bras. «David ?» — Ne t’inquiète pas. Ce sont de braves gens… — S’il vous plaît, ne me laissez pas avec eux.

130

— Je regrette, je ne peux pas. Et je suis parti comme un coupable en lui promettant qu’on se verrait sans faute dans les jours à venir. Charlotte Gingras, La fille de la forêt, Montréal, La courte échelle, 2002, p. 14 à 22.

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE 7

Qu’est-ce que la canicule ?

8

À quelle variété de langue le verbe placoter appartient-il ?

INTERROGER LE TEXTE ET RÉAGIR Les participes passés

22. «Je suis sorti de l’avion […]» (Ligne 1.)

Consultez Comment vérifier les accords dans le GV, à la page 490.

a) Relevez le participe passé dans cette phrase. b) Qu’est-ce que ce participe passé nous révèle sur l’identité de la personne qui raconte l’histoire ?

23. Relevez cinq participes passés entre les lignes 85 et 93. a) Dites s’ils sont employés avec l’auxiliaire être ou avec l’auxiliaire avoir. b)

Justifiez l’accord de chacun.

Séquence 2

Face à face

151

Des paroles qui révèlent des émotions

24. Le ton utilisé par les personnages dans le dialogue est révélateur des émotions qu’ils éprouvent. a) Examinez les répliques du dialogue dans le tableau suivant (lignes 128 à 131) et précisez, pour chacune, le ton employé par le personnage. b) À partir des réponses que vous avez données en a, exprimez les sentiments d’Avril et de David en ajoutant une incise à chaque réplique du dialogue. Chaque incise devra tenir compte du ton et sera formée d’un verbe de parole et d’un GPrép ou d’un verbe de parole et d’un adverbe. Réplique

Ton

Nouvelle réplique

«David ?

inquiet

David, implora doucement Avril.

— Ne t’inquiète pas. Ce sont de braves gens… — S’il vous plaît, ne me laissez pas avec eux. — Je regrette, je ne peux pas.»

Dans les bandes dessinées, la bulle est souvent ronde ou ovale, parfois rectangulaire. Mais les illustrateurs et illustratrices savent aussi donner des formes plus fantaisistes à la bulle. Ainsi, une bulle en forme d’étoile exprimera une grande douleur; un contour brisé ou hachuré marquera la souffrance ou la peur; la colère sera exprimée par un pourtour enflammé… La bulle peut aussi contenir des images qui traduisent les pensées et les sentiments des personnages. Par exemple, une ampoule au-dessus de la tête du personnage signifie qu’il vient d’avoir une idée brillante, une série de signes incompréhensibles peut remplacer des injures, un point d’interrogation ou d’exclamation traduit la surprise…

La réaction des personnages

25.

a) À votre avis, David a-t-il le choix de laisser ou de ne pas laisser Avril chez les Gauthier ? Expliquez votre réponse. b) Selon vous, comment Avril se sent-elle après le départ de David ?

Une réplique en image

26.

Voici une réplique donnée par David:

«— Spéciale comment ? ai-je demandé, en regardant défiler les conifères et les bouleaux.» (Lignes 17 et 18.) Imaginez une case de bande dessinée à partir de cette réplique. a) Quel texte apparaîtrait dans la bulle ? b) Qu’est-ce que vous dessineriez ?

152

MODULE 3

SUR LA TRACE DES PERSONNAGES

Au fil d’arrivée Créer une planche de bande dessinée en équipe de deux. Devenez «bédéiste» d’un jour, le temps de quelques coups de pinceau ou de crayon. Soyez scénariste et illustrateur ou illustratrice, et laissez jaillir votre créativité. Au cours de cette activité, vous créerez une courte bande dessinée illustrant la suite d’un des quatre textes que vous avez lus dans cette séquence. Vous imaginerez une scène entre les deux personnages de l’histoire en tenant compte des liens qui les unissent et que vous avez découverts lors de l’étude de ces textes. Parcourez votre Recueil de textes, vous y trouverez de quoi vous inspirer. La préparation

1. Avant de commencer, consultez différentes bandes dessinées avec votre partenaire. Observez attentivement les éléments suivants : • la disposition des cases; • la forme des bulles et des appendices; • l’expression des personnages.

Séquence 2

Face à face

153

2. Choisissez d’abord le texte auquel vous ajouterez une suite. • Sherlock Holmes et Watson : les deux personnages poursuivent leur enquête. Tenez compte de la condition de faire-valoir de Watson. • Charlotte et Zachariah : un incident se produit sur le bateau. Zachariah se portera-t-il à la défense de Charlotte ou sera-t-il son adversaire ? La jeune fille accordera-t-elle sa confiance au vieux marin ? • YOKO TSUN O ET ROSÉE DU MATIN : Yoko et Rosée du Matin quittent le lieu de leur rencontre. Se rendront-elles chez le grand-père de la petite fille ou se produira-t-il quelque chose d’inattendu ? •

Avril et David : dans quelles circonstances les deux personnages seront-ils à nouveau réunis ? Quel type de relation établiront-ils ?

La réalisation

3.

a) Construisez ensuite votre scénario : résumez, en 25 mots environ, la scène qui composera votre BD. Tenez compte du fait que vous avez une seule planche à produire. b) À partir de votre résumé, décidez des éléments suivants: • le nombre de cases et leur disposition; • la forme des bulles et des appendices; • la scène à illustrer dans chaque case. c) Pour illustrer les cases, vous pouvez : • dessiner vous-même les personnages et le décor ou les créer à l’ordinateur ; • découper, dans des revues, des personnages semblables à ceux que vous voulez représenter ; • utiliser toute autre technique qui vous convient.

4. a) Passez à l’action et réalisez votre bande dessinée : • illustrez chaque case; • rédigez le texte de chaque bulle. b) Vous devez introduire, dans l’ensemble des bulles: • une onomatopée; • une interjection; • deux participes passés.

La révision

5. Révisez le texte dans les bulles à l’aide des stratégies appropriées. Assurez-vous que la ponctuation est bien utilisée.

154

MODULE 3

SUR LA TRACE DES PERSONNAGES

D’AUTRES

rendez-vous...

Explorez d’autres textes dans lesquels les rencontres entre les personnages créent toutes sortes de rebondissements auxquels vous ne resterez pas insensibles. Dans votre Recueil de textes, vous trouverez… • une bande dessinée inspirante: Lucky Luke; • un texte plein d’humour et des personnages hauts en couleur: Anne… La maison aux pignons verts ; • un récit passionnant dans lequel des forces ennemies s’affrontent: Amos Daragon; • une histoire mystérieuse: Œil de Loup.

Retour Autoévaluation e des termes d’évaluation : Lorsque c’est possible, répondez à l’aid Beaucoup / Assez / Un peu. POINTS À ÉVALUER 1. Dans cette séquence, j’ai appris: et les liens qui les unissent ; a) à mieux comprendre les personnages tion ; b) à utiliser adéquatement la ponctua et à bien les accorder ; c) à reconnaître les participes passés en utiliser au besoin. d) à reconnaître les interjections et à relation qui me touchent le plus à cause de la 2. a) Les personnages de la séquence . qu’ils entretiennent sont les suivants : . b) Voici pourquoi : et mes mots justes pour exprimer mon opinion 3. Lors des discussions, j’ai trouvé les sentiments. m’a permis: 4. La réalisation d’une bande dessinée a) d’exploiter ma créativité; . b) d’acquérir plus de confiance en moi 5. a) b) c) d)

uipe. J’ai collaboré activement au travail d’éq . l’équipe : Je mentionne une difficulté vécue par . succès de la collaboration: Je mentionne un élément qui a fait le ail trav s améliorer lors d’un prochain Je mentionne un aspect que j’aimerai . en équipe:

Séquence 2

Face à face

155

Temps d’arrêt

Consultez l’article Ponctuation, à la page 397.

La ponctuation

1. Ajoutez les points (point, point d’interrogation, point d’exclamation) qui marquent la fin des phrases suivantes. Justifiez votre choix.

1) 2) 3) 4) 5) 6) 7) 8)

Je l’imagine bien dans ce rôle Lors de votre dernier voyage en Italie, avez-vous eu le bonheur de visiter Florence Attention Est-ce la première fois que vous venez ici Cours les rejoindre Je lui ai dit qu’il pouvait revenir demain Comme il ressemble à sa mère Nous lui avons gentiment demandé où elle allait

2. Dans les phrases suivantes, ajoutez les virgules manquantes et justifiez leur emploi. 1) 2) 3) 4) 5)

Cette nuit-là tout le quartier fut plongé dans le noir. Nous avons perdu Cannelle notre vieille chienne aveugle. J’aimerais regarder un dernier film avec toi mais je tombe de sommeil. Je vous aurai à l’œil hurla-t-il. Nous avons apporté tout ce qu’il faut : une échelle des vieilles planches un marteau et des clous. 6) Quand elle est revenue elle n’était plus la même. Les participes passés

3. Relevez les participes passés dans les phrases suivantes. a) Dites s’ils sont employés avec l’auxiliaire être ou avec l’auxiliaire avoir. b) Justifiez l’accord de chaque participe passé.

Aidez-vous de la stratégie Comment vérifier les accords dans le GV, à la page 490.

1) Avril n’est jamais descendue au Sud. 2) La directrice a haussé les épaules. 3) J’ai déposé la boîte de carton et le sac à dos et nous sommes repartis. Remarque : Il y a deux participes passés dans cette phrase.

4) J’ai hélé un taxi et nous avons roulé longtemps. Remarque : Il y a deux participes passés dans cette phrase.

5) La canicule est tombée sur nous comme une chape de plomb. 6) Linda Gauthier nous entraîna vers la chambre rose qu’elle avait inventée pour sa pensionnaire. 7) Nous avons roulé sur une route de gravier. 8) La marchandise était arrivée à destination. 9) David est reparti comme un coupable. 10) Je ramassai la canne que notre visiteur avait oubliée.

156

MODULE 3

SUR LA TRACE DES PERSONNAGES

4. Conjuguez les verbes en couleur aux temps demandés. Faites l’accord des auxiliaires et des participes passés en utilisant la méthode proposée dans Comment vérifier les accords dans le GV, à la page 490.

1) 2) 3) 4) 5) 6) 7) 8) 9) 10)

Ma grand-mère venir (conditionnel passé) si elle avait su. Jeanne et sa sœur revenir (passé composé) de vacances hier soir. Mon oncle et sa fiancée partir (plus-que-parfait) plus tôt que prévu. Dès que la saison des pommes arriver (passé antérieur), les visiteurs envahirent les vergers. Frédéric et Arnaud aller (passé composé) chercher Juliette à l’école. Nos parents intervenir (passé composé) jamais dans nos conflits. Fabienne et ses deux frères rester (plus-que-parfait) trop longtemps dans l’eau. Quand l’avion repartir (futur antérieur), je pourrai enfin laisser couler mes larmes. Son nez et ses joues devenir (plus-que-parfait) rouges. Ses grands-parents parvenir (passé composé) à le convaincre.

L’interjection

5. Pour bien comprendre et bien utiliser les interjections suivantes, associez-les à ce qu’elles expriment. Pour vous aider, prononcez-les à haute voix et mettez-y le ton approprié.

1) 2) 3) 4) 5) 6) 7)

Ah ! Aïe ! Bah ! Hé ! Ohé ! Oh ! Ouf ! Pouah !

a) b) c) d) e) f) g)

Dégoût, mépris Insouciance, indifférence Joie, douleur, admiration, colère, etc. Satisfaction, soulagement Douleur physique Interpellation Surprise, admiration

Séquence 2

Face à face

157

Autres LIEUX, autres TEMPS

Des lieux et des temps différents : des lieux où vivre est dangereux, des temps où vivre est difficile. D’autres lieux et d’autres temps dont les noms font rêver : Rio de Janeiro, Kaboul, Moyen Âge… D’autres lieux et d’autres temps, qu’on imagine pleins de promesses, mais qui se révèlent des lieux de misère, des temps d’injustice. Des vies au milieu de la pauvreté, de la violence et des abus, des vies d’hommes, de femmes et d’enfants sacrifiées, des êtres humains qui luttent pour s’en sortir. Des jeunes d’ailleurs et d’autrefois qui réclament un peu moins de misère, un peu plus de justice.

158

4

MODULE

SOMMAIRE SÉQUENCE 1

Cadres de vie Des textes pour découvrir les conditions de vie dans d’autres lieux et en d’autres temps DES TEXTES DOCUMENTAIRES :

 Sur

les favelas de Rio de Janeiro . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163  Sur le Moyen Âge . . . . . . . . . . . . . . 168  Sur l’Afghanistan . . . . . . . . . . . . . . . 174 SÉQUENCE 2

Ces enfants d’ailleurs et d’autrefois Des histoires pour connaître les difficultés vécues par des jeunes d’ailleurs et d’autrefois DES NOUVELLES :

 La

justice des 100 cruzeiros . . . . 185 la fenêtre . . . . . . . . . . . . . . 198

 Derrière

UN EXTRAIT DE ROMAN :

 Simon, bâtisseur

RECUEIL DE TEXTES

A

de cathédrale

. . 191

Des textes de toutes sortes pour explorer davantage le thème du module.

159

SÉQUENCE

1

Cadres de vie

CONNAISSANCES ET STRATÉGIES

• Déterminants de quan tité 345 • Pronoms de quantité 405 • Formation des mots 358

• Comment faire de la rec herche d’information 468 • Comment rédiger un aide-mémoire en vue d’une prise de pa role 496 • Comment réagir à un e lecture ou à une écoute 466

U

ne histoire se déroule toujours dans un lieu et à une époque. Quand on écrit une histoire, il faut donc connaître le lieu et l’époque

où elle se déroule. Il faut également les connaître, bien sûr, quand on en parle dans une présentation orale. Dans la présente séquence, vous ferez d’abord connaissance avec les bidonvilles qui entourent les grandes villes brésiliennes. Vous ferez ensuite une incursion dans le Moyen Âge pour mieux connaître cette époque qui a inspiré tant de films et de romans. Enfin, vous vous familiariserez davantage avec l’Afghanistan, à l’époque du règne des talibans. Vous vous

documenterez aussi en vue de faire une présentation orale sur un lieu ou une époque que vous choisirez. Vous trouverez les mots et les expressions appropriés et vous vous exercerez à faire de la recherche d’information.

Les activités de la séquence vous apprendront à vous informer sur des époques ou des lieux. Elles vous prépareront à faire une recherche sur une époque ou un lieu choisi, en vue de faire connaître oralement à vos camarades de classe cette époque ou ce lieu par des propos bien organisés et des mots justes.

160

AUTRES LIEUX, AUTRES TEMPS

Au départ Êtes-vous habile à reconnaître les lieux et les époques dans les récits ? Parvenez-vous à situer facilement dans le temps ou dans l’espace les histoires que vous lisez ? Vérifiez-le en participant au jeu suivant.

1. Voici cinq vignettes extraites de différents albums. Chacune d’elles évoque un lieu et une époque. a) Avec un ou une camarade, observez bien les détails de ces dessins et les paroles des personnages. b)

À l’aide de vos observations, remplissez le plus de cases possible sur le document qu’on vous remettra.

N’oubliez pas que vous pouvez vous aider d’un dictionnaire !

Remarques : 1) Pour certaines vignettes, il n’est pas possible de savoir quel est le pays. Vous pouvez cependant faire des hypothèses. 2) Pour nommer les époques, vous n’avez pas besoin de connaître les termes exacts.Vous pouvez répondre par des expressions comme : «époque des mousquetaires», «époque des gladiateurs», «époque de la colonisation de l’Amérique», etc. c) Pour chaque case remplie, donnez une justification en citant au moins un détail que vous avez remarqué dans le dessin : costumes, habitations, objets, animaux, végétation, etc.

1

ette Pointu», Wasterlain, «Les aventures de Jeann 14. p. , 2003 Femmes Massaïs, © Dupuis,

2 Wasterlain, «Les ave ntures de Jeannett e Pointu», Femmes Massaïs, © Dupuis, 2003, p. 19 .

Séquence 1

Cadres de vie

161

3

De Gieter, «Papyrus», Le masque d’Horus, © Dupuis, 2003, p. 4.

5

4

André Taymans et Rudi Miel, «Les aventures de Charlotte », Le secret des cornacs, © Cas terman S.A., 1993, p. 29.

vengeurs, Yvan Pommaux, Angelot du lac : Les frères 30. p. , 1998 pi, Astra / ns © Bayard Éditio

2.

a) Une fois le jeu terminé, échangez vos réponses oralement et faites une correction collective. Combien de bonnes réponses votre équipe a-t-elle trouvées ? b) Comparez votre résultat avec celui des autres équipes. Votre résultat vous permet-il de vous considérer comme une personne qui connaît bien le monde dans lequel elle vit ?

162

MODULE 4

AUTRES LIEUX, AUTRES TEMPS

En marche

UN LIEU: les favelas de Rio de Janeiro vers le

Les favelas sont des banlieues brésiliennes où vivent des familles pauvres et de nombreux enfants orphelins ou abandonnés. Les écrivains et écrivaines ont écrit beaucoup d’histoires qui se passent dans ces bidonvilles. Mais auparavant, ils y sont allés ou bien ils se sont documentés. Vous aurez à vous documenter vous aussi pour votre recherche. En passant par Internet, entre autres, vous trouverez des renseignements utiles. Par exemple, à l’aide d’un moteur de recherche, en tapant le mot «favelas», on peut recueillir des textes documentaires tels que les suivants.

s NOTE : Les mot xte te le en couleur dans qu es de antité. sont des marqu on Il en sera questi . in plus lo

DES BANLIEUES ILLÉGALES

R 5

10

Rio de Janeiro : une mégalopole de plus de 10 millions d’habitants.

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE 15 1

Le contexte donne le sens de ce mot. Quel est ce sens ?

2

Comment le mot bidonville a-t-il été formé ? Consultez Formation des mots.

io de Janeiro, comme bien d’autres villes de l’Amérique latine, comporte une importante population de «squatters 1 », soit des occupants de quartiers pauvres qui ont construit de façon illégale des cabanes sur des terrains publics ou privés. Comme ces villes n’ont pu fournir suffisamment d’habitations pour les pauvres, ces établissements ou « bidonvilles 2 » sont devenus une composante permanente de la scène urbaine. Au Brésil, on les appelle les favelas, et leurs habitants portent le nom de favelados. […]

Séquence 1

Cadres de vie

163

Les habitations, construites sur la pente des collines ou dans des terrains marécageux, sont habituellement faites de planches de bois, de boue, de boîtes d’étain, de tôle ondulée et de tout autre élément que les gens peuvent trouver ou acheter pour presque rien. Certaines habitations sont situées sur des pentes tellement abruptes qu’elles risquent continuellement d’être balayées par les tempêtes de pluie tropicales qui s’abattent parfois sur la ville. Il n’y a pas si longtemps,

20

25

30

35

BRÉSIL

Brasilia

OCÉAN PACIFIQUE

OCÉAN ATLANTIQUE

Rio de Janeiro

40

45

des centaines de favelados ont été tués en raison de glissements de terrain, et les autorités ont dû fermer les favelas les plus dangereuses. À quelques exceptions près, les favelas ne comportent aucun chemin pavé, ni cueillette des déchets, ni système d’égouts. La plupart de ces habitations n’ont pas l’eau courante, et certaines n’ont pas d’électricité. «Les favelas de Rio», [en ligne]. [Site Web de GlobalEd]

ROCINHA : la plus grande favela de l’Amérique latine Surplombant la mer et le quartier chic de São Conrado, Rocinha compte une population quasiment impossible à chiffrer : des recensements l’évaluent à 45 000 habitants, d’autres à 150 000. Le taux de chômage y avoisine les 100 %.

164

MODULE 4

AUTRES LIEUX, AUTRES TEMPS

DES BIDONVILLES BRANCHÉS

C 5

10

15

oupures de courant, trafic de drogue, ruelles escarpées… Les favelas brésiliennes ne sont pas vraiment l’endroit idéal pour installer un ordinateur, et encore moins Internet. Pourtant, depuis 1995, des salles d’informatique envahissent les bidonvilles de Rio. Toutes sont l’œuvre du Comité pour la démocratisation de l’informatique. En cinq ans, cette ONG 1 a bâti 146 écoles d’informatique et de citoyenneté. Objectif : réduire l’apartheid numérique* et proposer des cours quasi gratuits. Et ça marche. Des dizaines de baraques s’entassent les unes sur les autres. Sur les murs, quelques drapeaux brésiliens, des slogans verts et jaunes à la gloire de l’équipe de foot nationale. Assis sur le pas de leurs portes, des petits groupes d’hommes et de femmes discutent dans un brouhaha assourdissant. Le volume de la radio est à fond, la télé branchée au maximum. Dans le ciel, des dizaines de cerfs-volants virevoltent au-dessus d’un incroyable chaos de câbles électriques, de fils de téléphone et d’énormes paraboles**. Nous nous dirigeons vers l’une des premières écoles d’informatique installées dans les bas quartiers de Rio de Janeiro. Pendant que des gamins pianotent sur des claviers d’ordinateurs, les autres se poursuivent en riant dans les ruelles étroites. C’est un matin comme les autres dans la favela Turano, au nord de la mégalopole 2 brésilienne. Marc Fernandez, [en ligne]. [Site Web du magazine Transfert]

** L’apartheid numérique est l’impossibilité d’accéder aux technologies de l’informatique. ** Des antennes paraboliques.

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE 1

ONG veut dire «Organisation non gouvernementale». Comment le mot ONG a-t-il été formé ?

2

a) De quels éléments le mot mégalopole est-il formé ? b)

Donnez le sens de chacun de ces éléments.

Séquence 1

Cadres de vie

165

LES GRADINS DE LA PAUVRETÉ

À 5

10

15

20

Rio de Janeiro, les inégalités sont flagrantes, omniprésentes 1 , et pourtant si banales. Sur les collines qui dominent la plage de Copacabana, on aperçoit quelques-unes des 700 favelas de Rio. De loin, elles ressemblent à de gros villages de pêcheurs : un enchevêtrement de baraques sur pilotis, en équilibre précaire 2 à flanc de montagnes, mais avec une vue imprenable 3 sur l’Atlantique. Un tiers des habitants de Rio habitent dans une favela. Soit trois millions de personnes. La favela Santa Marta compte environ 12 000 âmes. De minuscules ruelles et sentiers traversent cette casbah 4 sud-américaine. Les allées sont souvent trop étroites pour que deux personnes puissent se croiser. […] Plus on grimpe, plus les gens sont pauvres. Au sommet survivent les nouveaux venus qui n’ont pas encore eu le temps ni l’argent pour construire leur baraque. Adieu l’image romantique du village dense et coloré : une cascade d’ordures suit le cours du ruisseau qui descend vers la ville. La puanteur qui s’en dégage rappelle qu’ici aucun service public — ni propreté, ni santé, ni école — n’est assuré. Le reste est piraté : électricité, eau, télévision. Benmalo, «Foot, samba et favelas», [en ligne]. [Site Web de Samizdat] (2 juillet 2002)

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE 1

a) Comment le mot omniprésent est-il formé ?

Que signifie omni- ?

b) 2

Qu’est-ce qu’un équilibre précaire ?

3

Qu’est-ce qu’une vue imprenable ?

4

a) Parmi les définitions données au mot

casbah dans votre dictionnaire, laquelle convient le mieux dans ce contexte ? b) De quelle langue ce mot nous vient-il ?

166

MODULE 4

AUTRES LIEUX, AUTRES TEMPS

INTERROGER LE TEXTE ET RÉAGIR Les caractéristiques des favelas

1.

Comparez la vie dans les favelas avec la vie dans une ville que vous connaissez au Québec. Prêtez attention aux aspects suivants :

Cette comparaison pourra vous être utile si vous projetez de faire une présentation orale sur les favelas.

• l’habitation; • le revenu des gens (richesse ou pauvreté); • la sécurité; • les services publics (écoles, rues, eau, égout, enlèvement des ordures ménagères, etc.); • la criminalité; • la pollution par le bruit.

Votre opinion

2. D’après ce que vous venez de lire, les gens sont-ils tous malheureux dans les favelas ? Qu’estce qui vous le fait dire ?

Une histoire à imaginer

3.

Imaginez que vous avez à écrire une histoire qui se passe dans les favelas. a) Quelles idées vous viennent à l’esprit ? b) Pour écrire votre histoire, avez-vous les informations nécessaires dans les textes de ce dossier ? c) Si oui, quelles sont ces informations ? Sinon, lesquelles vous manquent ?

Les mots et les expressions de quantité

4.

Les textes d’information emploient beaucoup de mots et d’expressions pour marquer la quantité. Quand on informe un public, il est important de préciser les quantités, les proportions, etc., des choses et des personnes dont on parle. a) Relisez le texte Des banlieues illégales en prêtant attention aux mots en couleur, ce sont des déterminants de quantité ou des pronoms de quantité. b) Dans Des bidonvilles branchés, relevez cinq mots ou expressions de quantité entre les lignes 1 et 10. c) Dans Les gradins de la pauvreté, relevez cinq mots ou expressions de quantité entre les lignes 1 et 14. d) Dans le même texte, relevez le déterminant de quantité situé entre les lignes 20 et 23.

Séquence 1

Cadres de vie

167

UNE ÉPOQUE : le Moyen Âge vers le

Pour écrire une histoire qui se passe au Moyen Âge, les livres documentaires ne manquent pas. Voici quelques exemples de textes d’information qu’on peut trouver en furetant dans une bibliothèque municipale. Parcourez-les comme si vous aviez en tête d’imaginer un récit se déroulant à cette époque. Vous y verrez le genre de renseignements intéressants à découvrir.

ns Les vêtements deitsetpfilaaitysosa anvre et le lin i-même la laine, le ch 5

oduisa d’une Au Moyen Âge, on pr paysans se composait s de e m stu co Le ts. s vêtemen e longue pour confectionner se u’aux genoux et d’un sq ju ait nd sce de i qu lle upées dans des tissus de tunique serrée à la tai 1 étaient tricotées ou déco chausses aisse pèleculotte, ou braies. Les t leurs épaules d’une ép ien ra uv co ns ysa pa t les ps, ient amples et tombaien laine. Par mauvais tem éta es nn ysa pa s de s be on. Les ro uvrent la tête rine 2 avec un capuch femmes mariées se co les e qu e ag us d’ it ents éta us de porter des vêtem jusqu’aux chevilles. Il ten t ien éta ns ysa pa s ulaire. Le up d’œil. d’une écharpe rectang s nobles au premier co de s ué ng sti di e êtr chevaliers, ur sombres po Augendre, À l’époque des Danielle Arnaud et Noëlle S.A. 8, p. 11. © Casterman

Tournai, Casterman, 199

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE 1

a) Quelles parties du corps sont recouvertes par les chausses ? b) Connaissez-vous des noms de vêtements appartenant

à la famille du mot chausses ? Lesquels ? 2

168

Qu’est-ce qu’une pèlerine ?

MODULE 4

AUTRES LIEUX, AUTRES TEMPS

Les voyages

5

Les déplacements sont difficiles. Les routes sont peu praticables. En plaine, il faut compter trois à quatre jours pour faire 160 km. Peu de gens ont les moyens de se déplacer à cheval. Les chariots de ferme sont mal ajustés et cahoteux. Les voyages par mer sont plus rapides, mais les naufrages sont fréquents et des pirates guettent les bateaux qui s’éloignent des côtes. La navigation sur les fleuves est malaisée, et certains, tels le Rhin et le Rhône, traversent des frontières peu sûres. À pied, on fait une vingtaine de kilomètres par jour, en marchant d’un bon pas. Fiona Macdonald, De mémoire de Moyen Âge, Paris, Hachette Jeunesse, 1995, p. 26.

Vassal et suzerain

5

10

15

Au temps des châteaux for ts, tout seigneur (le vassal) avait audessus de lui un seigneur plus pui ssant (son suzerain). Le vassal dev ait jurer foi et hommage 1 à son suz erain, en plaçant ses mains dans les mains de celui-ci en signe de soumis sion et de fidélité.

En retour, le suzerain lui remettait un objet symbolique (motte de terre, fanion 2 ) figurant le fief, c’e stà-dire un domaine destiné à nou rrir et à entretenir son vassal. Le roi éta it le suzera in suprêm e de tou s les seigneurs du royaume, dont il lui était par fois difficile d’obtenir res pect et obéissance. Certains de ses vassaux éta ient plus riches ou plus puissants que le roi luimême. Danielle Arnaud et Noëlle Augendre , À l’époque des chevaliers, Tournai, Casterman, 1998, p. 31. © Cast erman S.A.

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE 1

a) Que veut dire jurer hommage ? Cherchez hommage dans

votre dictionnaire pour trouver la réponse. b) À quelle famille de mots hommage appartient-il ? 2

Qu’est-ce qu’un fanion ?

Séquence 1

Cadres de vie

169

Les maisons

s fiques châteaux forts, les grande Quand nous voyons les magni de 1 ou les jolies maisonnettes à toit maisons à charpente de bois il qu’ ser te époque, nous pouvons pen chaume 2 qui subsistent de cet is les e dans une de ces demeures. Ma devait être bien agréable de vivr çus con ux, plus bea qui ont sur vécu étaient parmi les 5 quelques édifices aient l, les maisons des paysans ne dur pour des gens riches. En généra qu’une trentaine d’années. ne maison ordinaire ? Humide, À quoi ressemble l’intérieur d’u s les ts d’air. Le vent s’engouffre sou enfumé, sombre, plein de couran la de ieu . Au mil les rats courent sous la charpente 10 portes et les volets, e, mais e les mouches venues de l’établ pièce, la fumée de l’âtre éloign bois, de ets fort est rudimentaire : tabour pique les yeux et la gorge. Le con tures de laine rugueuse. matelas de paille craquante, couver oire de Moyen Âge,

Fiona Macdonald, De mém Paris, Hachette Jeunesse, 1995, p. 14.

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE 1

Qu’est-ce qu’une charpente ?

2

a) Avec quel matériau un toit de chaume

est-il construit ? b) Quel nom d’habitation est dérivé

de chaume ?

170

MODULE 4

AUTRES LIEUX, AUTRES TEMPS

À la ville

5

10

15

Comment vit-on en ville ? Dans la saleté, le bruit et les mauvaises odeurs. L’espérance de vie y est souvent courte. Les maladies se propagent vite quand beaucoup de gens vivent entassés sans système d’égout ni eau couran te potable. Quelques nobles et marchands hab itent de magnifiques maisons, ma is la plupart des gens se contentent d’une seu le pièce pour travailler, manger et dormir. Pourtant, c’est en ville qu’on peu t faire fortune. La plupart des cita dins sont pauvres, mais quelques «marchan ds princiers » en Italie, en Allema gne ou aux Pays-Bas démontrent qu’il est pos sible d’amasser une immense fortun e en partant de rien.

Un apprenti doit apprendre un métier pendant sept ans. Peutêtr e devien dra -t-il «m aître», et vendra-t-il très cher des produits de haute qua lité à de riches clients. Les artisans qui fabriquent des joyaux, de la vaisselle d’or ou d’argent, ou des habits de soie brodés, vendent à Londres, Paris, Venise et Rome. Fiona Macdonald, De mémoire de Moye n Âge, Paris, Hachette Jeunesse, 1995, p. 25.

L’école

5

10

Au Moyen Âge, les études dépendent du milieu dans lequel on naît. L’éducation doit servir à donner les moyens de réussir sa vie d’adulte; on n’étudie pas pour le seul plaisir d’apprendre. C’est pourquoi les enfants reçoivent des enseignements complètement différents s’ils sont nés nobles ou bien paysans, ou fils de marchands. Les filles apprendront encore d’autres choses, puisqu’elles auront un rôle bien précis dans la société. En général, la famille se charge d’instruire les jeunes et de leur inculquer 1 les bonnes manières; les nobles ont souvent recours à des répétiteurs 2 ; quant aux enfants des marchands, ils fréquentent parfois l’école du coin. Fiona Macdonald, De mémoire de Moyen Âge, Paris, Hachette Jeunesse, 1995, p. 38.

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE 1

Que veut dire inculquer ?

2

En quoi consiste le travail d’un répétiteur ?

Séquence 1

Cadres de vie

171

INTERROGER LE TEXTE ET RÉAGIR Les caractéristiques du Moyen Âge

5. Avez-vous saisi toutes les informations données sur le Moyen Âge dans ces textes ? a) Pour le savoir, dites si les informations ci-après sont vraies ou fausses. b) Relevez, chaque fois, un passage qui confirme votre réponse.

1) Les matières dont on se servait pour confectionner les vêtements étaient exclusivement d’origine végétale. 2) Les vassaux étaient des seigneurs qui dépendaient de seigneurs plus puissants. 3) Le roi était le suzerain le plus puissant et le plus riche. 4) En échange de son obéissance, le vassal recevait un domaine. 5) Les maisons des paysans étaient mal isolées. 6) Les constructions du Moyen Âge étaient solides et ont traversé les siècles. 7) En ville, les familles ordinaires vivaient entassées dans une seule pièce. 8) Les citadins mouraient jeunes. 9) La plupart des gens utilisaient le cheval pour se déplacer. 10) Peu importe leur classe sociale, tous les enfants allaient à l’école. Une histoire à imaginer

6. a)

Dans ces textes, quels éléments d’information retiendriez-vous pour écrire une histoire se déroulant au Moyen Âge ? Quels sont ceux qui vous donnent des idées ? Quelles sont ces idées ?

b) Prenez des notes et conservez-les dans votre Journal culturel.

7. Que feriez-vous pour trouver d’autres idées ou enrichir celles que vous avez déjà ?

172

Pour se comprendre

8.

Quand on présente de l’information nouvelle, il est utile de définir certains termes pour aider les destinataires à comprendre. Voyez comment faire. a) Relevez les passages où les termes placés à gauche dans le tableau ci-dessous sont définis. b) Précisez ensuite quel mot introduit le terme défini ou la définition. Servez-vous d’un tableau comme le suivant:

Terme défini

Passage où le terme est défini

Mot qui introduit le terme défini ou la définition

braies (Texte Les vêtements des paysans) fief (Texte Vassal et suzerain) roi (Texte Vassal et suzerain)

9. a) Dans le troisième texte, les mots vassal et suzerain sont introduits entre parenthèses. Cette façon d’introduire un mot est-elle valable à l’oral ? Pourquoi ? b) Trouvez au moins deux façons de remplacer les parenthèses à l’oral.

10. Pour situer les destinataires dans le temps, les auteures emploient la marque de temps Au Moyen Âge. a) Quelle autre marque de temps est utilisée dans le texte Vassal et suzerain ? b) Proposez deux autres marques de temps en vous basant sur les connaissances que vous avez de cette époque. c) En équipe, regardez vos expressions et notez dans votre Journal culturel celles qui vous semblent les plus intéressantes.Vous pourrez les utiliser lors de votre présentation orale. Séquence 1

Cadres de vie

173

UN LIEU ET UNE ÉPOQUE :

l’Afghanistan pendant la guerre civile vers le

La première section de cette séquence portait sur un lieu : les favelas du Brésil. La deuxième portait sur une époque : le Moyen Âge. La nouvelle section que voici a pour particularité de se rapporter à la fois à un lieu — l’Afghanistan — et à une époque — la guerre qui a sévi dans ce pays de 1979 à 2002. À cause des évènements tragiques qui se sont produits en Afghanistan, les écrivains et écrivaines ont beaucoup de choses à nous raconter au sujet de ce pays. Lisez attentivement les extraits documentaires suivants. Ils vous prépareront à mieux comprendre, dans la séquence 2, l’histoire Derrière la fenêtre, qui se passe en Afghanistan à l’époque de la guerre.

L’école 5

Même s’il existe une élite* afghane cultivée et bien formée, aujourd’hui en exil, la grande majorité de la population, hommes et femmes confondus, est analphabète 1 . L’instabilité politique et les conflits armés qui minent le pays depuis 30 ans ont ruiné les efforts entrepris dans les années 1960 pour développer l’enseignement; l’école ne s’est jamais généralisée dans les campagnes, demeurant un privilège 2 urbain. La plupart des équipements scolaires, détruits par les guerres, sont à recons-

10

Une classe clandestine pour les petites Afghanes.

Kaboul

AFGHANISTAN

PAKISTAN

truire et beaucoup d’autres restent à créer pour éduquer l’ensemble de la population afghane. Rolande Causse et Valérie Rohart, Destins de femmes : Filles et femmes afghanes, Paris, Syros Jeunesse, 2003, p. 80. (Ouvrage réalisé en partenariat avec l’Association NEGAR – Soutien aux femmes d’Afghanistan.)

* L’élite est l’ensemble des personnes qui sont considérées comme les meilleures à cause de leur éducation et de leur culture.

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE

174

MODULE 4

AUTRES LIEUX, AUTRES TEMPS

1

Que veut dire analphabète ?

2

Qu’est-ce qu’un privilège ?

Les enfants 5

10

Un enfant sur quatre meurt avant l’âge de cinq ans en Afghanistan. Ce record révoltant est avant tout le résultat de la guerre, la sécheresse n’ayant fait qu’aggraver la situation des plus jeunes, déjà victimes des mines 1 , des bombardements, de l’exode forcé 2 , de la dislocation 3 des familles, de l’abandon des terres agricoles, de la fermeture des écoles, de la destruction des hôpitaux, de l’exil des médecins... Rolande Causse et Valérie Rohart, Destins de femmes : Filles et femmes afghanes, Paris, Syros Jeunesse, 2003, p. 80. (Ouvrage réalisé en partenariat avec l’Association NEGAR – Soutien aux femmes d’Afghanistan.)

Les mines antipersonnel 5

L’Afghanistan est l’un des pays les plus minés du monde. Quatre cent mille Afghans ont été tués par des mines depuis 1979 et 400 000 autres blessés (souvent gravement mutilés). Les mines en plastique 4 , très diffi-

Une enfant victime d’une mine antipersonnel.

10

ciles à déceler, font 300 nouvelles victimes chaque mois. Des milliers de démineurs, employés par les Nations Unies, s’efforcent de sécuriser le pays à l’aide de chiens dressés, mais le déminage complet du territoire prendra encore de longues années. Rolande Causse et Valérie Rohart, Destins de femmes : Filles et femmes afghanes, Paris, Syros Jeunesse, 2003, p. 85. (Ouvrage réalisé en partenariat avec l’Association NEGAR – Soutien aux femmes d’Afghanistan.)

Des enfants s’approvisionnant en eau à un puits.

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE 1

a) Il s’agit de mines antipersonnel.

Expliquez dans vos mots ce qu’est une mine antipersonnel. b) Expliquez comment le mot antipersonnel

a été formé. 2

Expliquez ce qu’est un exode forcé.

3

Le mot dislocation est employé au sens figuré. Que veut-il dire ?

4

Parmi les définitions mentionnées dans votre dictionnaire au mot plastique, laquelle est la bonne dans ce contexte ? (On écrit aussi ce mot plastic.)

Séquence 1

Cadres de vie

175

Les femmes et les talibans 5

10

15

Après plus de 15 ans de guerre et la mort de beaucoup d’hommes, les femmes représentaient environ 70 % des fonctionnaires* de l’Éducation, de la Santé et de l’Administration. Pour faire s’écrouler ces trois secteurs, et ainsi contrôler le pays, il fallait en écarter les femmes. C’est pourquoi les premiers décrets** pris par les talibans*** concernaient les femmes. […] Elles avaient dorénavant l’interdiction d’étudier, de travailler, de se soigner, de se déplacer librement, de sortir sans être totalement recouvertes du tchadri****, d’aller au hammam 1 , d’entrer dans un magasin, de parler à un commerçant, d’avoir des loisirs, de prendre un taxi, de porter des chaussettes blanches (couleur du

drapeau taliban), de se promener, enfin de respirer et de prendre le soleil.

20

Les dizaines de milliers de veuves, sans homme pour subvenir à leurs besoins, ont ainsi été réduites à la mendicité 2 , au mariage forcé, au suicide et à l’exode. Rolande Causse et Valérie Rohart, Destins de femmes : Filles et femmes afghanes, Paris, Syros Jeunesse, 2003, p. 81-82. (Ouvrage réalisé en partenariat avec l’Association NEGAR – Soutien aux femmes d’Afghanistan.)

**** Ce sont des employés du gouvernement. **** Les décrets sont des décisions officielles. **** Les talibans sont des étudiants religieux qui ont pris le pouvoir en Afghanistan et y ont fait régner la terreur. **** Le tchadri est un vêtement recouvrant les femmes de la tête aux pieds. Il est grillagé à la hauteur des yeux.

Des femmes afghanes revêtues du tchadri.

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE 1 2

Qu’est-ce qu’un hammam ? a) À partir de quel mot le mot

mendicité a-t-il été formé ? b) Donnez la définition de ce mot.

176

MODULE 4

AUTRES LIEUX, AUTRES TEMPS

INTERROGER LE TEXTE ET RÉAGIR Comprendre l’information donnée

11. Répondez aux questions suivantes pour montrer votre compréhension des textes que vous venez de lire sur l’Afghanistan. a) Quelle est la cause principale du taux de mortalité infantile élevé en Afghanistan ? b) Quelle en est la deuxième cause ? c) Nommez quelques conséquences de la guerre qui touchent les enfants. d) Avant l’arrivée des talibans, les femmes étaient-elles autorisées à travailler ? Relevez le passage qui le prouve. e)

Pourquoi beaucoup de veuves afghanes sont-elles condamnées à mendier ?

12. Tracez un court portrait de l’éducation en Afghanistan. a) Examinez d’abord les points suivants: • l’alphabétisme; • l’emplacement des écoles; • l’état des écoles; • la possibilité d’étudier pour les filles. b)

Écrivez maintenant une phrase sur chaque point que vous avez examiné. • Ne reprenez pas les phrases des textes telles quelles. Habituez-vous à reformuler les idées dans de nouvelles structures de phrases et dans vos mots. • Conservez ce texte, vous en aurez besoin.

13.

Le texte Les femmes et les talibans énumère une série d’interdictions que les talibans ont imposées aux femmes. Quel était le but des talibans en imposant aux femmes toutes ces interdictions ?

Votre opinion

14.

Imaginez que des fanatiques arrivent dans votre quartier ou votre village et obligent toutes les femmes et les filles à rester désormais à la maison, à se voiler complètement la tête et le visage lorsqu’elles vont faire des courses.

Au besoin, aidez-vous de Comment réagir à une lecture ou à une écoute, à la page 466.

Comment réagiriez-vous ? Auriez-vous peur ? Vous révolteriez-vous ? Partagez avec vos camarades les réactions qu’une telle situation provoquerait en vous.

Les marques de quantité

15. Les marques de quantité fournissent des renseignements utiles aux destinataires. Dans certains cas, on peut donner un nombre plus ou moins précis. Si cela n’est pas possible, on peut alors donner une proportion.

Séquence 1

Cadres de vie

177

La ville de Kaboul.

Dites si les marques en couleur dans les phrases suivantes indiquent un nombre ou une proportion.

1) La grande majorité de la population, hommes et femmes confondus, est analphabète. 2) L’instabilité politique et les conflits armés minent le pays depuis 30 ans. 3) La plupart des équipements scolaires sont à reconstruire et beaucoup d’autres restent à créer. 4) Après plus de 15 ans de guerre et la mort de beaucoup d’hommes, les femmes représentaient environ 70 % des fonctionnaires de l’Éducation, de la Santé et de l’Administration. 5) Pour faire s’écrouler ces trois secteurs, et ainsi contrôler le pays, il fallait en écarter les femmes. 6) Quatre cent mille Afghans ont été tués par des mines depuis 1979 et 400 000 autres blessés. 7) Les mines en plastique, très difficiles à déceler, font 300 nouvelles victimes chaque mois.

16. a) Reprenez le portrait de l’éducation en Afghanistan que vous avez tracé au numéro 12. Ajoutez une marque de quantité différente dans chaque phrase. Ce peut être un nombre ou une proportion.

Vous pouvez modifier vos phrases pour que les marques de quantité s’y intègrent bien.

b) Comparez vos réponses avec celles d’un ou d’une camarade. Assurez-vous que les marques que vous avez utilisées ne contredisent pas les faits.

178

MODULE 4

AUTRES LIEUX, AUTRES TEMPS

Au fil d’arrivée Rechercher de l’information sur une époque ou un lieu en vue d’une communication orale. À vous maintenant de présenter à vos camarades un lieu ou une époque. Les textes suggérés à la rubrique «D’autres rendez-vous», à la page suivante, vous mettront sur des pistes intéressantes. Le choix du sujet et la collecte d’informations

1. Pensez à des lieux ou à des époques qui vous intéressent: favelas ou autres bidonvilles, désert du Sahara, New York, jungle africaine; époque des Romains, ère préhistorique, etc. Choisissez une époque ou un lieu sur lesquels vous pensez pouvoir trouver de l’information. Faites d’abord une petite recherche pour mieux connaître vous-même ce lieu ou cette époque.Voyez Comment faire de la recherche d’information, à la page 468, s’il y a lieu.

Le traitement de l’information

2. À l’aide des documents trouvés, faites-vous une bonne idée de ce lieu ou de cette époque en précisant des aspects tels que les suivants: • le travail; • l’habitation; • l’hygiène; • l’alimentation; • les divertissements; • l’habillement; • l’école;

• les groupes humains et l’organisation de la société; • etc.

Vous n’avez pas à préciser tous les aspects possibles. Quatre ou cinq aspects suffiront. Prenez ceux que vos documents vous offrent et, s’ils n’en contiennent pas assez, poursuivez votre recherche. (Si vous ne trouvez pas grand-chose, cela signifie peut-être que vous devriez changer de sujet.)

La préparation de la communication

3. Lorsque vous aurez précisé suffisamment d’aspects, préparez-vous à les présenter oralement à votre classe. Voici les exigences que vous devez remplir. a) Le contenu

Pour bien vous préparer, vous pouvez consulter Comment rédiger un aide-mémoire en vue d’une prise de parole, à la page 496.

Votre présentation devra comprendre les trois points suivants : • mention du lieu ou de l’époque que vous avez choisi; • précisions sur quatre ou cinq aspects; • raisons pour lesquelles ce lieu ou cette époque vous intéresse. b) Le vocabulaire

Votre présentation doit comporter le plus possible de mots ou d’expressions de quantité pour que votre public se sente bien informé. c) La durée Votre présentation devra durer environ deux minutes.

Séquence 1

Cadres de vie

179

D’AUTRES

rendez-vous...

Explorez d’autres textes pour vous documenter sur les conditions de vie dans d’autres lieux ou à d’autres époques. Dans votre Recueil de textes, vous trouverez… • des descriptions de la vie ailleurs: À Bénarès, Adieu au siècle, Grandir à Beyrouth; • des textes pour poursuivre votre réflexion sur le sort des enfants dans le monde, autrefois et aujourd’hui : Melancholia, Adieu au siècle, Enfance interdite, L’enfance volée ; • le point de vue d’une jeune victime de la guerre à Sarajevo: Le journal de Zlata.

Retour Autoévaluation e des termes d’évaluation : Lorsque c’est possible, répondez à l’aid Beaucoup / Assez / Un peu. POINTS À ÉVALUER , je suis plus les activités proposées dans la séquence 1. Après avoir accompli les tâches et en mesure: nnaître leur formation; a) de décomposer les mots et de reco de quantité; rminants de quantité et des pronoms déte des ons ucti prod mes s dan r ilise b) d’ut n; c) de faire de la recherche d’informatio d) d’informer oralement sur un sujet. mes camarades ont été enrichissantes. 2. a) Les communications orales de . b) Voici pourquoi: de e à ce qui se passe ailleurs dans le mon 3. Maintenant, je m’intéresse davantag et à ce qui s’est passé autrefois : a) grâce aux textes de la séquence ; b) grâce à mes recherches; de mes camarades. c) grâce aux communications orales . renant au cours de la séquence, c’est : 4. a) Ce que j’ai appris de plus surp . : b) J’ai trouvé cela étonnant parce que rer l’aspect tions orales à faire, je tâcherai d’amélio 5. a) Lorsque j’aurai d’autres présenta . suivant: . je trouve que : b) J’améliorerai cet aspect parce que

180

MODULE 4

AUTRES LIEUX, AUTRES TEMPS

Temps d’arrêt Les mots et les expressions de quantité

1. a) Relevez les sept marques de quantité dans les phrases ci-dessous. 1) 2) 3) 4) 5) 6)

Plusieurs paysans ne pouvaient quitter le domaine sans autorisation préalable. À l’époque médiévale, beaucoup de gens vivaient à la campagne. Dans l’Europe contemporaine, la plupart des gens vivent dans des villes. Dans de nombreux pays, les noms de famille n’existaient pas encore. Peu de machines existaient à cette époque. L’épée et le chevalier sont inséparables. Comme une personne, elle porte un nom, telle la fameuse Excalibur du roi Arthur. Certaines sont si précieuses qu’elles renferment des reliques de saints. D’autres, ayant appartenu à des héros, sont considérées comme des fées.

b) Dans l’exercice précédent, toutes les marques de quantité sont des déterminants de quantité sauf deux, qui sont des pronoms de quantité. Trouvez ces pronoms de quantité. Expliquez pourquoi ce sont des pronoms et non des déterminants.

2. Relevez les 10 marques de quantité dans les phrases ci-dessous. Parmi celles-ci, dites quelles sont les trois marques qui expriment une proportion (par exemple, «une foule de gens»).

1) L’Indonésie compte plus de 13 000 îles. Elles ont été formées par les éruptions des volcans. Certains se réveillent encore, de temps en temps… Pourtant, des millions d’Indonésiens vivent en toute tranquillité. Enfin presque ! 2) Les Koweïtiens pratiquent la religion musulmane. Du haut du minaret (petite tour) de chaque mosquée, le muezzin appelle les habitants à la prière. Au moins trois fois par jour ! À la maison, dans la rue ou au travail: tout le monde se met alors à prier, à genoux sur un tapis. La majorité des petites filles et des femmes portent le «tchador». 3) La plupart des Thaïlandais pratiquent la religion bouddhiste. Cette religion veut que chaque homme devienne moine pendant cinq mois de sa vie. D’après Marion Lemerle, Mon premier dictionnaire des pays, Infomédia Communication, 2003, p. 58, 69 et 76.

Séquence 1

Cadres de vie

181

La formation des mots

3. Voici une série de mots. Indiquez, pour chaque mot, si c’est un mot composé, un mot dérivé ou un mot savant. Dans chaque cas, justifiez votre réponse en ajoutant la formule appropriée parmi les suivantes: mot + mot

préfixe + mot

mot + suffixe

élément + élément

Exemple : Mot

Sorte de mot

Justification

international

mot dérivé

préfixe (inter-) + mot (national)

1) 2) 3) 4)

antiapartheid arabisé désertification génocide

5) 6) 7) 8)

multiethnique panafricain Proche-Orient provietnamien

9) 10) 11) 12)

subsaharien territorial tiers-monde transfrontalier

La définition

4. Dans les extraits suivants, relevez : a) le terme qui est défini; b) la définition.

1) Rio de Janeiro comporte une importante population de «squatters», soit des occupants de quartiers pauvres qui ont construit de façon illégale des cabanes sur des terrains publics ou privés. 2) C’est dans le centre-ville que vont se multiplier les corticos, des habitations précaires à loyer réduit. 3) La nourriture est posée sur une tranche épaisse qui remplace l’assiette et qu’on appelle le tranchoir.

5. Les phrases suivantes contiennent des mots qui sont définis. a) Relevez le mot qui est défini. b) Citez le passage où le mot est défini. c) Dites comment on a introduit le mot défini ou la définition. Pour faire cette activité, construisez un tableau semblable au suivant: Mot défini

Passage où le mot est défini

Moyen

1) Les hommes nobles portaient un manteau ample et long appelé houppelande. 2) Dans l’église, le déambulatoire permet d’accéder à une crypte souterraine où l’on conservait des reliques. Ce sont des morceaux du corps d’un saint ou des objets lui ayant appartenu. 3) À l’intérieur se trouve la basse-cour, c’est-à-dire la grande cour où se rassemblent tous ceux qui vivent dans le château. 4) Dans une autre partie de la pièce se trouve un grand lit, ou litière, pour toute la famille. 182

MODULE 4

AUTRES LIEUX, AUTRES TEMPS

SÉQUENCE

2

Ces enfants d’ailleurs et d’autrefois

V

CONNAISSANCES ET STRATÉGIES

• Groupe prépositionnel 370 • Modificateur du verbe 376 • Comment annoter un texte ou prendre des notes 449 • Comment faire de la recherche d’information 468

ous connaissez suffisamment le monde pour savoir combien la vie peut être différente pour les enfants qui vivent ailleurs ou pour ceux

qui vivaient autrefois. La présente séquence vous invite à lire des récits dont les personnages principaux sont des enfants ou des jeunes qui vivent dans un pays étranger ou à une autre époque : l’histoire de Mario se passe dans une favela de Rio de Janeiro; celle de Simon se situe dans le passé, au Moyen Âge; et l’histoire de Nahib, la narratrice de Derrière la fenêtre, a pour cadre l’Afghanistan à l’époque de la guerre civile. En suivant le parcours proposé par cette séquence, vous apprendrez à exploiter

l’information pour

écrire un récit, tout en vous munissant de notions importantes telles que les marques de lieu et les modificateurs, pour améliorer vos textes et vos phrases.

Ces lectures vous fourniront des exemples d’histoires où les droits humains sont bafoués et où des enfants et des jeunes luttent contre la pauvreté et l’injustice. Ces exemples d’histoires et les recherches d’information que vous avez faites à la séquence 1 vous aideront à imaginer vous-même un court récit d’action montrant des jeunes aux prises avec des injustices qui menacent leur vie.

Séquence 2

Ces enfants d’ailleurs et d’autrefois

183

Au départ À votre âge, vous avez commencé à découvrir les autres pays et les autres époques. Mais où en êtes-vous, actuellement, dans votre connaissance du monde ? L’extrait ci-dessous vous permet de vérifier vos acquis.

1. Essayez de répondre au minitest suivant sans consulter aucune source.

Layana au bord du Gange Vient de cueillir une orange Et Pablo danse, danse à Brasilia. Un enfant près de Formose Fleurit sa maison de roses. Maria repose dans son hacienda. […]

MINITEST a) Dans quel pays Layana vit-elle ? b) Quel est le pays de Pa blo ? c) Quel est celui de l’enf ant près de Formose ? d) Dans quelle région du monde Maria vit-elle ?

Pierre-André Dousset, Layana.

2.

a) Comparez vos réponses avec celles de vos camarades. Quel est votre résultat ? Quels sont ceux de vos camarades ? Faites le bilan. b) Y a-t-il des questions auxquelles personne n’a pu répondre ? Si oui, trouvez les réponses manquantes à l’aide du dictionnaire.

Vous savez également qu’il y a des pays où la vie est parfois très dure, même pour les enfants. Dans les textes de cette séquence, vous découvrirez plusieurs cas d’enfants ou de jeunes qui sont victimes d’injustices. Afin de vous préparer à reconnaître ces injustices, lisez l’extrait ci-dessous.

Lettre de deux jeunes filles russes Pour quelle raison nous a-t-on mises en prison ? Maintenant ça paraît ridicule : à cause de quatre bouteilles de yogourt, deux pains et douze pirojkis à la viande. Bref, un vol. À cette époque-là, nous n’habitions déjà plus chez nos parents, nous vivions dans la rue, couchions dans les caves ou des greniers, parfois même dehors. Galia a pris trois ans et demi et moi, Natacha, quatre ans. Lettre de Galia et Natacha (extrait), Ces enfants terribles de Russie : Lettres des enfants russes à leurs journaux, traduit du russe par Liouba Sokolova, Boulogne, Éd. du Griot, 1994, p. 67.

3. 184

MODULE 4

Expliquez pourquoi on peut dire que Galia et Natacha sont victimes d’une injustice.

AUTRES LIEUX, AUTRES TEMPS

En marche vers le

Voici un récit se déroulant dans un lieu que vous reconnaîtrez facilement. Lisez-le, vous y trouverez des idées dont vous pourrez vous inspirer pour le récit que vous avez à rédiger.

LA JUSTICE DES

100 CRUZEIROS

A h, ce sandwich à 100 cruzeiros

, Mario en a rêvé toute la nuit ! Il aurait pu se l’acheter dans la soirée, puisqu’il avait déjà le billet en poche… Il a préféré attendre. Il s’est dit que le sandwich serait encore meilleur au matin, quand il en aurait bien salivé.

5

10

15

20

1

Il a gardé le précieux billet de 100 cruzeiros au fond de ses jeans et il s’est enroulé entre Didi et Joachim dans la couverture, en rongeant une tige à moitié pourrie de canne à sucre. Il ne fait pas chaud, ces dernières nuits, à Rio de Janeiro. Mais en se couvrant de vieux cartons et en se serrant bien les uns contre les autres, ça peut aller. Et puis, ce qui réchauffe le cœur de Mario, c’est l’idée du gros sandwich à 100 cruzeiros; pas un de ces coupe-faim minables avec juste un bout de pain mouillé de tomates… Non, le vrai sandwich brésilien, avec du thon, des œufs, de la salade… moelleux, fondant dans la bouche et qui remplit bien l’estomac. Hmm ! Mario est au paradis. Hélas, à Rio de Janeiro, le paradis des enfants n’a sa place qu’en rêve. À peine le soleil levé, bing ! bang ! de grands coups de souliers cloutés viennent sortir leur petite bande du sommeil. — Hé ! on n’est pas des chiens ! crie Joachim aux policiers, ce qui lui vaut un supplément de coups de matraque dans les côtes.

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE 1

Dans quel pays cette monnaie est-elle utilisée ?

Séquence 2

Ces enfants d’ailleurs et d’autrefois

185

Encore bouffis de sommeil, ils sont bousculés, traînés contre le mur et fouillés comme des criminels. Dans l’histoire, Didi laisse un couteau et Joachim la lame qui lui sert à ouvrir les conserves. 25

Deux ou trois derniers coups de matraque au grand Jom qui les traite de bastardos 2 … et la voiture des policiers reprend sa ronde. Quand elle a passé le carrefour, Didi leur fait un bras d’honneur 3 et Mario leur montre ses fesses. Puis ils plient les cartons, planquent soigneusement la couverture et s’en vont traîner chacun de leur côté dans la ville.

30

Malgré les coups de pied qui lui brûlent les côtes, Mario siffle Berimbau. Il en a vu d’autres ! Et puis ce matin, il va se payer le festin : un vrai sandwich à 100 cruzeiros pour lui tout seul. Car maintenant, plus question d’attendre le soir ou le lendemain. Faut pas en rajouter : une nuit à en baver de désir, ça suffit bien.

35

40

Dans la rue São Carlos, le marchand est bien là, fidèle au poste, avec ses sandwichs à la place d’honneur sur l’étalage. Mario glisse la main dans sa poche, un sourire sur les lèvres… Ses doigts tournent, grattent… Panique ! Il retourne la poche, cherche dans celle de gauche, revient en courant là où il a dormi, soulève les cartons, déplie la couverture… Rien ! C’est alors qu’il se revoit les bras levés, contre le mur, tandis que le flic vérifie qu’il ne porte pas d’armes. Le salaud ! Il lui a piqué son billet. Mario ne pleure pas. Il y a longtemps qu’il ne sait plus pleurer. Il se met à marcher au hasard, en gueulant des injures à tue-tête. Mais, sans qu’il s’en rende compte, ses pas le ramènent devant la boutique du marchand de sandwichs.

45

Quand il voit la devanture avec l’étiquette marquée «100 cruzeiros», il pique une rage folle. À coups de pied, il tape comme un fou dans une grosse poubelle métallique. — Hé là, proteste le marchand, un gros bonhomme du genre «beignet à la graisse». Tu veux que j’appelle les flics ? Le mot qu’il ne fallait pas dire !

186

MODULE 4

50

— La ferme ! hurle Mario. Il a ramassé un bout de bois et frappe de toutes ses forces sur le couvercle. — Attends un peu, la vermine, on va s’occuper de toi ! Le marchand traverse la rue : — Renato, viens m’aider !

55

Soudain, Mario se calme. Non pas qu’il ait peur de ce gras-du-bide 4 de marchand. Non, au contraire. Simplement, celui-ci vient de laisser son étalage… Le festin est là, à portée de main, sans surveillance. Tout se passe très vite. Mario saute sur le premier sandwich et s’enfuit à fond de train dans les ruelles.

60

— Renato ! hurle le bonhomme. Dépêche-toi… Mario est déjà loin. Il court, il court… d’une rue à l’autre, à toutes jambes, sans s’arrêter… Près de la cathédrale, il s’assied enfin sur un banc. Et après la rage, lui revient le sourire. Il a tout de même fini par l’avoir, son sandwich à 100 cruzeiros !

65

Pas encore ! — Là ! crie une voix… Sur le banc ! Deux hommes descendent en trombe d’une voiture : le marchand et un autre gars, plus jeune, plus costaud. Pour le retrouver, ils ont sans doute dû ratisser tout le quartier, avec leur fichue bagnole.

70

Alors, Mario se remet à courir, laissant une feuille de salade sur le banc et deux rondelles d’œufs qui s’écrasent sous ses pieds. Il en rattrape au vol une troisième qu’il avale dans la foulée. C’est toujours ça de pris ! Et puis il court, il court… POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE 2

La langue française possède un mot qui ressemble à celui-là et qui a le même sens. Quel est ce mot ?

3

a) Est-ce que faire un «bras d’honneur» est une marque

de politesse ? Justifiez votre réponse à l’aide du dictionnaire. b) 4

Justifiez aussi votre réponse à l’aide du contexte.

Cherchez dans votre dictionnaire ce que veut dire bide.

187

— Il m’a piqué mon portefeuille, crie le marchand afin de rameuter 5 du monde. 75

Aussitôt, deux autres gars se joignent à lui… et la chasse au gamin s’organise : — Vous, par là ! Moi, je coupe par la cathédrale… Mario échappe de justesse à une main qui cherche à le saisir, mais de grosses miettes de thon dégringolent, perdues à jamais. Bientôt, songe-t-il avec colère, il ne me restera plus que les tranches de pain.

80

Il se glisse entre les voitures qui freinent dans un concert de klaxons. L’une d’elles lui érafle le genou. Il boite un peu mais continue à courir. Un gosse des rues ne s’arrête pas pour si peu ! Avec Didi et Joachim, il a déjà piqué plus d’un cent mètres pour échapper aux flics ou aux vigiles. Mais cette fois, il va falloir jouer serré.

85

Sa seule chance, c’est le port et les entrepôts désaffectés. Il y connaît des planques 6 où ils ne le trouveront pas. Il fonce.

90

Sa bouche écume. Sa gorge brûle. Ses cuisses sont dures comme du bois. Il ne ralentit pas son allure, zigzaguant encore et toujours entre les voitures pour gagner du terrain sur ses poursuivants. Il a même un sourire, en songeant à Bebeto, le dieu du football brésilien, crochetant ses adversaires pour aller marquer le but. Mario a l’énergie de ceux qui se savent innocents. Ce sandwich est à lui. Ils ne l’auront pas. Les flics n’avaient qu’à ne pas lui piquer ses 100 cruzeiros.

95

Voilà les entrepôts ! Là, tout près ! Mais des types en sortent qui le regardent courir. Leurs beaux habits ne disent rien qui vaille à Mario. S’il passe devant eux, ils sont bien fichus de le cravater 7 au passage. Personne n’aime «la vermine 8 » à Rio !

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE 5

a)

À partir de quel nom le verbe rameuter a-t-il été formé ?

100

b) Que signifie rameuter ? 6

a) Essayez de trouver le sens de ce mot en vous

aidant seulement du contexte.

105

b) Vérifiez ensuite à l’aide du dictionnaire.

Aviez-vous deviné ?

188

7

Vont-ils mettre une cravate à Mario ? Justifiez votre réponse à l’aide du dictionnaire.

8

Qui est désigné ainsi ?

9

«Filer le train» : devinez le sens de cette expression uniquement par le contexte.

10

S’agit-il d’une flotte de navires ? Justifiez votre réponse à l’aide du dictionnaire.

MODULE 4

AUTRES LIEUX, AUTRES TEMPS

Il jette un coup d’œil en arrière : ce gros lard de marchand n’a toujours pas abandonné la partie. Il arrive en soufflant… et avec du renfort. Ils sont cinq maintenant à lui filer le train 9 . La chasse au gosse attire les sportifs ! Des types devant, des types derrière… Mario se sent coincé, comme un rat pris au piège. Non ! ils ne l’auront pas quand même ! Il vient d’avoir une idée…

110

Il bifurque vers la jetée et fonce tout droit. L’eau dégueulasse du port, c’est bien le seul endroit où ils ne le suivront pas. Ils auront trop peur de mouiller et de salir leurs vêtements. Ensuite, il n’aura plus qu’à nager jusqu’à l’autre bord, en priant Dieu pour qu’ils laissent tomber.

115

Il évite de justesse un pêcheur qui croit malin de s’interposer, et se jette à la flotte 10 .

Une sirène a retenti. Mario ne l’a pas entendue. Mario n’a rien vu. Le bateau à moteur passe devant le débarcadère, quelques secondes à peine après son plongeon. 120

Lorsque ses poursuivants arrivent au bout de la jetée, ils ne trouvent pas trace du jeune garçon. Juste quelques bulles dans le sillage du bateau… et un sandwich qui flotte entre les nappes de mazout. Un beau sandwich à 100 cruzeiros… — Restons pas là ! dit le marchand. Les flics risquent de nous casser les pieds avec leur rapport. Et ce sale gamin nous a assez fait perdre de temps comme ça. — Il vous avait pris beaucoup ? demande un des gars.

125

— C’est pas pour les 100 cruzeiros !… répond le marchand. C’est simplement une question de justice. Les types acquiescent de la tête en retournant vers la ville : «Oui, c’est bien ça : une simple question de justice !» Michel Piquemal, Nouvelles 100 % (collectif de nouvelles), Toulouse, Milan, 1992, p. 145 à 153.

INTERROGER LE TEXTE ET RÉAGIR Les actions et les réactions

1. Vers le début du récit, Mario et ses amis sont brutalisés, au réveil, par des policiers qui les fouillent «comme des criminels» (lignes 22 et 23). Mais, dans la suite du récit, on apprend, en même temps que Mario, un fait qui semble prouver que les vrais criminels, ce sont les policiers eux-mêmes. Quel est ce fait ?

2.

À la ligne 41, on apprend qu’il y a longtemps que Mario ne sait plus pleurer. Qu’est-ce qui fait, selon vous, que Mario ne pleure plus devant le malheur ?

3. Vers la fin du récit, les poursuivants «ne trouvent pas trace du jeune garçon» (lignes 119 et 120). Ils voient seulement des bulles et un sandwich «qui flotte entre les nappes de mazout» (lignes 120 et 121). Selon vous, qu’est-il arrivé à Mario ? Expliquez votre réponse à l’aide du texte.

4. Le marchand craint ensuite d’avoir des ennuis avec la police: «Restons pas là ! Les flics risquent de nous casser les pieds avec leur rapport.» (Lignes 122 et 123.) Pourquoi craint-il cela ? Séquence 2

Ces enfants d’ailleurs et d’autrefois

189

Votre point de vue

5.

À la fin du récit, le marchand explique que s’il voulait attraper Mario, c’était pour «une simple question de justice» (ligne 128). Mais vous, que pensez-vous de cette justice ? Est-ce une bonne ou une mauvaise justice ? Pourquoi ?

Une comparaison entre deux histoires

6.

Qu’y a-t-il de commun entre l’histoire de Mario et celle de Galia et Natacha à la page 184 ? Relevez au moins trois ressemblances.

Les marques de lieu

7. Dans les récits où il y a de l’action, les auteurs et auteures emploient beaucoup de marques de lieu. C’est normal: il faut situer dans l’espace les personnages et leurs actions pour bien faire comprendre ce qui se passe. Voici un passage de La justice des 100 cruzeiros. Nous y avons enlevé les principales marques de lieu. Comparez cet extrait avec la version originale placée juste après.

VERSION MODIFIÉE

Mario saute sur le premier sandwich et s’enfuit à fond de train. — Renato ! hurle le bonhomme. Dépêche-toi… Mario est déjà loin. Il court, il court…, à toutes jambes, sans s’arrêter… Il s’assied enfin. Et après la rage, lui revient le sourire. Il a tout de même fini par l’avoir, son sandwich à 100 cruzeiros !

VERSION ORIGINALE

Mario saute sur le premier sandwich et s’enfuit à fond de train dans les ruelles. — Renato ! hurle le bonhomme. Dépêche-toi… Mario est déjà loin. Il court, il court… d’une rue à l’autre, à toutes jambes, sans s’arrêter… Près de la cathédrale, il s’assied enfin sur un banc. Et après la rage, lui revient le sourire. Il a tout de même fini par l’avoir, son sandwich à 100 cruzeiros !

a) Quelle version vous plaît le plus ? Pourquoi ? b) À quel groupe appartiennent les marques de lieu présentes dans la version originale ?

190

MODULE 4

AUTRES LIEUX, AUTRES TEMPS

Jacqueline Mirande, l’auteure du roman Simon, bâtisseur de cathédrale

(née en France en 1925)

Pour les jeunes lecteurs et lectrices qui s’intéressent au Moyen Âge ou à d’autres époques anciennes, Jacqueline Mirande est une auteure à connaître absolument. Historienne de formation, elle livre des récits pleins de rebondissements, qui allient l’aventure à l’histoire et, de ce fait, instruisent tout en divertissant. Après des études en histoire à Paris, Jacqueline Mirande épouse un marin et voyage avec lui de par le monde. C’est pendant ses nombreux voyages qu’elle note ses idées et rassemble la matière qui lui servira plus tard à composer ses histoires. Parmi ses titres à succès, on peut citer : Les chevaliers de la Table Ronde, Six récits d’un château fort, Meurtres à l’abbaye : un recueil de trois enquêtes au Moyen Âge.

INTERROGER LE TEXTE ET RÉAGIR Votre point de vue

8.

Bien qu’il soit un brave garçon, Simon a commis un délit. Il en explique les circonstances au frère Anselme aux lignes 47 à 53. a) Quel est ce délit ? b) Que pensez-vous de la façon dont Simon s’est conduit ? Avait-il raison ou non d’agir ainsi ? Pourquoi, selon vous ?

9.

Le frère Anselme est un moine, donc un «homme de Dieu». En plus des lois humaines, il respecte les lois de Dieu. Or, il commet, lui aussi, des délits. Il en commet trois, énumérés vers la fin du récit. a) Quels sont ces trois délits ? b) Que pensez-vous de la façon dont le frère Anselme s’est conduit ? Selon vous, a-t-il eu raison de penser que «Dieu était satisfait» (lignes 105 et 106) ? Qu’est-ce qui vous le fait dire ?

10.

Quant au sire de Courty, il veut rattraper le fugitif pour le faire pendre ou, «au mieux», lui faire «couper une main» (lignes 59 et 60). a) Que pensez-vous de cette «justice» ? b) Aujourd’hui, il existe encore des pays où l’on pratique une «justice» semblable. Sauriezvous en nommer ? L’existence de telles pratiques à notre époque vous étonne-t-elle ? Pourquoi ?

196

MODULE 4

AUTRES LIEUX, AUTRES TEMPS

Une comparaison entre deux histoires

11.

Au fond, la justice exercée par le sire de Courty ressemble à celle que pratiquent les policiers et les marchands dans l’histoire de Mario, La justice des 100 cruzeiros. Expliquez pourquoi on peut dire cela.

Une devinette

12. Pour se rendre à Paris, Simon devra marcher au moins trois jours (lignes 84 et 85). À environ combien de kilomètres l’abbaye est-elle située de Paris ? La clé de ce calcul se trouve dans les textes sur le Moyen Âge de la première séquence (p. 168 à 171). Trouvez cette clé et faites le calcul.

Les modificateurs du verbe

13. Répondez aux questions suivantes avec les mots fournis par le texte. a) Les aboiements des chiens se rapprochaient comment ? (Ligne 1.) b) Le long de la sente qui menait au ruisseau, Simon se mit à courir comment ? (Ligne 2.) c) Le ton de Simon changea comment ? (Lignes 25 et 26.) d) Simon a rossé le sergent comment ? (Ligne 52.) e) Frère Anselme interrompit Simon comment ? (Ligne 68.)

14. Les mots qui répondent à la question comment posée après un verbe s’appellent des modificateurs du verbe. Indiquez le nom du groupe qui remplit la fonction de modificateur dans chacune des phrases du numéro précédent.

Séquence 2

Ces enfants d’ailleurs et d’autrefois

197

vers le

Avec le récit suivant, nous nous retrouvons à une époque récente, dans un pays d’Orient que vous avez commencé à connaître dans la séquence précédente: l’Afghanistan. Vous y verrez, ici aussi, des personnages obligés de prendre la fuite. Comme vous aurez à rédiger un récit de fuite, prêtez attention aux sentiments des personnages pour vous en inspirer.

Derrière la fenêtre

Petit lexique de l’Afghanistan Madrasa École où l’on étudie le Coran, livre sacré de la religion musulmane. Motar Camion peint dans lequel voyagent les Afghans.

m ’a p p el le N ah ib J’ ai trei ze an s, je ie r ro u g e, j’a i et , d an s m o n ca h d éc id é n o s m al h eu rs e, d o ex e tr o n re ri d’ éc

Sandali Récipient métallique percé dans lequel les familles afghanes font du feu pour se réchauffer en hiver. Talibans Groupe politique et religieux qui s’est organisé militairement pour prendre le pouvoir absolu en Afghanistan. Tchadri Vêtement recouvrant les femmes de la tête aux pieds. Seul un grillage à la hauteur des yeux permet de voir.

198

MODULE 4

5

Il y a très longtemps, toute ma famille vivait à Kaboul 1 . Mon père y était jardinier. Il entretenait les parterres et les arbres autour des bâtiments publics. Avec patience, il balayait la pelouse, taillait les branches des peupliers, plantait des massifs de fleurs qui, l’été, resplendissaient tels des bouquets de couleurs. Chez un cousin, coiffeur pour dames, ma mère travaillait.

AUTRES LIEUX, AUTRES TEMPS

Mais des obus tombèrent sur Kaboul. La ville fut privée d’eau et d’électricité. Une maison voisine fut démolie, la nôtre légèrement touchée. Tous les habitants vécurent dans la peur. Le 26 septembre 1996, les talibans prirent d’assaut la capitale 2 . 10

15

20

25

Les salons de coiffure et de beauté durent fermer et, comme toutes les autres femmes, ma mère n’eut plus le droit de travailler. Dès l’arrivée des talibans, elle dut porter le tchadri, elle qui n’en avait jamais mis, préférant un foulard sur ses cheveux comme l’avait toujours fait sa belle-mère. Pire, aucune femme ne pouvait sortir de la maison sans être accompagnée d’un homme de sa famille. Doctoresses et infirmières furent renvoyées des hôpitaux. Les médecins ne devant pas voir le corps d’une femme, les habitantes de Kaboul n’avaient plus de possibilités d’être soignées. Lorsque les portes du hammam de notre quartier furent condamnées, toutes les femmes se rassemblèrent et protestèrent. Mais, à coups de fouet, les étudiants de Dieu* les chassèrent. Un soir, mes frères revinrent du terrain de jeu en disant que les cerfs-volants étaient interdits comme les oiseaux en cage, les radios, le cinéma, la musique, les danses, les rassemblements et les fêtes. Un silence inquiétant envahit les rues de Kaboul où l’on ne distinguait que des chuchotements tristes. Certains hommes n’étaient plus autorisés à pratiquer leur métier, comme les marchands d’oiseaux, les musiciens, les jardiniers et bien d’autres. C’est alors que notre père décida de partir pour le Pakistan, espérant pouvoir y travailler. Nous avons rassemblé vêtements, couvertures, tapis, ustensiles de cuisine et sandali.

30

35

Le jour où l’école des filles avait fermé définitivement ses portes, faute d’institutrices, j’avais eu un tel chagrin que je croyais que ce départ me laisserait indifférente. Mais lorsque toute la famille monta à l’arrière du motar, j’éprouvai un sentiment de catastrophe. Grimpée sur une caisse de fer, je ne cessais de regarder notre maison décorée de bleu, POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE debout parmi des décombres. Encore aujourd’hui, je pense avec 1 Kaboul est une ville de l’Afghanistan. chagrin à notre ancien logis. Est-ce une ville importante ? ••• Qu’est-ce qui vous le fait dire ? * «Étudiants de Dieu» est un surnom donné aux talibans.

2

De quelle ville s’agit-il ?

Séquence 2

Ces enfants d’ailleurs et d’autrefois

199

40

Une longue errance commençait. Rapidement le camion tomba en panne. Nous dûmes continuer le voyage à pied à travers un plateau désertique où le vent soufflait en tempête, piquant la peau et brûlant les yeux.

45

Je me souviens de notre mère avançant derrière notre père, le bras tendu, la main posée sur son épaule. Nous les suivions. Des tourbillons de sable nous aveuglaient. La faim et la soif ravageaient nos esprits. Je détestais ces longues heures, lorsque je ne rêvais plus qu’à un melon, à une pastèque ou à une crêpe fourrée aux épinards. Grand-Mère, que je n’avais jamais entendue se plaindre, avouait que ses forces l’abandonnaient. D’autres familles afghanes fuyaient comme nous.

50

Dans les villages traversés, Père tentait d’aider* afin de nourrir le mieux possible sa famille. Après un maigre repas composé d’une galette partagée en huit, nous reprenions la route.

55

Le drame survint lorsque Mourad s’éloigna du groupe. On entendit une détonation, un hurlement et l’on vit comme un nuage de terre 3 . Père courut. Il revint portant son fils. Le sang coulait le long de son pantalon. Mère et Grand-Mère se précipitèrent. Elles remontèrent le tissu et j’aperçus des lambeaux de chair. Ma mère s’affolait. Grand-Mère sortit des linges et enveloppa la jambe de Mourad dans un énorme pansement. Les mouches s’y posaient avec obstination. Mon frère hurlait. Père implorait Dieu.

60

Je souffrais pour Mourad et mes petites sœurs pleuraient. Je m’efforçais de les consoler comme je le pouvais. Avec elles, j’avançai sur le chemin; je voulais les éloigner de l’accident. Lorsque toutes trois nous revînmes, nous apprîmes que le pied droit de Mourad avait été arraché en heurtant une mine. * Il offrait son aide aux gens en échange de nourriture.

200

MODULE MODULE 44

AUTRES LIEUX, AUTRES TEMPS

65

70

Un camion passa. Devant l’attroupement, le chauffeur s’arrêta. Sur le plateau du camion, tous les occupants se serrèrent et l’on allongea le blessé. Il souffrait et geignait. Mais le camion s’arrêta bientôt. Père réussit à trouver une charrette. Il y coucha son fils et les petites montèrent près de lui. Sur la route, Père traînait la carriole, nous l’aidions en la poussant ou nous le suivions. Dans la première ville, Mourad fut amputé par un chirurgien allemand faisant partie d’une organisation humanitaire. Mon frère venait d’avoir onze ans. Depuis il marche avec des béquilles. Le chagrin nous avait tous envahis. Nous n’avions plus de force, plus d’argent, l’espoir même avait abandonné mes parents. Aussi décidèrent-ils de ne pas reprendre la route pour Peshawar 4 .

75

80

85

90

Pendant le temps où Mourad était soigné à l’hôpital, Père réussit à voir le chef d’un village voisin. Au printemps, celui-ci lui permit de travailler dans ses champs. Dur à la tâche, notre père réussit à mettre au point un système d’irrigation si perfectionné qu’il gagna les faveurs du propriétaire et quelques afghanis 5 . Ainsi, il put louer une minuscule pièce dans la ville voisine où la famille s’entassa. Mais les talibans y régnaient en maîtres absolus. Je fus choquée parce qu’il était interdit aux femmes de se promener dans le parc avec leurs enfants alors que l’on voyait de nombreux chiens y rôder. Cachée sous une montagne de tissu 6 , Mère rendait visite à son fils chaque jour. Souvent je l’accompagnais. À huit ans, je pouvais encore parcourir les rues le visage découvert. Sous son tchadri, Mère trébuchait. Le regard cloisonné, elle avait l’impression de devenir aveugle. À l’hôpital, un stupide réseau de rideaux séparait les hommes des femmes. Mon frère souffrait, la douleur obsédante lui avait fait perdre le sommeil. J’étais triste et pour le consoler je lui racontais des passages du Livre des rois, un long poème que Grand-Mère récitait et que je connais encore par cœur. Les yeux fermés, il m’écoutait. Derrière sa prison d’étoffe, je devinais la peine de notre mère. Comme il n’y avait plus aucune école, Yassin avait été envoyé dans une madrasa. Il y apprenait les prières, étudiait le Coran en arabe et recevait quelques cours de mathématiques.

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE 3

Quelle est la cause de ce nuage de terre ? Si vous n’avez pas la réponse, elle vous est donnée deux paragraphes plus loin.

4

Logiquement, d’après ce que Nahib a raconté précédemment, dans quel pays se trouve la ville de Peshawar ? Si vous ne trouvez pas la réponse par le raisonnement, consultez votre dictionnaire.

5

a) D’après le contexte, que sont des afghanis ? Faites une

hypothèse puis vérifiez-la à l’aide du dictionnaire. b) Aviez-vous deviné ? 6

Qu’est-ce qui est désigné par cette métaphore ? La réponse vous est donnée dans les phrases qui viennent ensuite.

Séquence 2

Ces enfants d’ailleurs et d’autrefois

201

95

«Quand Mourad sortira de l’hôpital, il sera obligé de rejoindre son frère. Il faut que mes garçons continuent de s’instruire», affirmait Père. Et moi, quand donc pourrais-je retourner en classe ?

100

Un soir, notre père revint avec un coffre de bois dans lequel les femmes s’empressèrent de ranger les vêtements. Je demandai qu’il fût mis devant la petite fenêtre. C’est ainsi que naquit mon lieu préféré, mon observatoire et, en grandissant, mon unique horizon. Je montais sur le coffre, m’appuyais sur le rebord de la fenêtre, calais ma tête dans mes mains et, sans me laisser voir, je regardais tout. Je devinais, suivais, examinais ce qui se passait dans la longue ruelle en pente jusqu’au carrefour.

105

Ce jour-là, deux talibans entrèrent. Fouet en main, ils s’emparèrent de notre père. Ils le poussèrent sur le chemin, le jetèrent au sol et le rouèrent de coups. Ce moment me parut interminable. Je rageais et souffrais avec lui. Sa voix me parvenait comme une plainte, pénétrant dans mon corps telle une brûlure. Et le tirant par les bras, les talibans l’emmenèrent.

110

Mère était montée près de moi. Puis elle était descendue du coffre et sanglotait, ses petites filles serrées contre elle. Heureusement Grand-Mère était auprès de Mourad. Dissimulée derrière la fenêtre, chaque jour je guettais le retour de notre père. 115

120

Un soir, j’aperçois ma mère dans la ruelle et comprends tout. Elle marche lentement, courbée sous le tchadri. Lorsqu’elle entre et ôte son habit de la rue, son visage apparaît pâle, les yeux rougis; des larmes coulent sur ses joues. Elle s’assoit et se lamente. Mes frères la questionnent.

125

— Quelles nouvelles de notre père ? — Il est en prison. — Pourquoi ?

130

135

202

MODULE MODULE 44

AUTRES LIEUX, AUTRES TEMPS

— Parce qu’il a osé porter une barbe trop courte. C’est tout ! Qu’allons-nous devenir ? murmure-t-elle. — Ne t’en fais pas, je pourrai travailler comme vendeur au bazar, répond Yassin.

— Non, tu dois rester à la madrasa. Ton père veut que tu étudies et que tu y reçoives un repas chaque jour. Jusque-là silencieuse, Grand-Mère ajoute : 140

— Mon fils n’a commis aucune faute. Bientôt il sera libre, il ne peut pas nous abandonner ! Yassin sort. Il ne rejoint pas les autres garçons. Il s’éloigne et, au carrefour, disparaît dans un nuage de poussière. Il court chercher un éventuel sac de riz auprès de la dernière organisation étrangère.

145

Malgré son chagrin, Mère prépare une soupe. Je l’aide. J’ai mal partout et ne peux arrêter de pleurer. Les petites se sont blotties dans les bras de Grand-Mère qui les berce. Son visage s’est durci comme une pierre. Mère me demande d’aller chercher du bois. J’ai grandi et ne devrais plus sortir sans tchadri. Mais je refuse de porter ce vêtement.

150

Je me glisse hors de la maison, charge le dernier fagot d’épineux ramené par Yassin et rentre vite dans notre pièce unique. De la même façon hâtive, je vais jusqu’au ruisseau remplir une cruche d’eau. À la maison, je pétris la pâte à pain. Puis je rejoins mon poste d’observation. Le regard égaré, je pense au passé.

155

C’est de là que je vois des talibans arrêter deux femmes et les battre avec des morceaux de fil électrique. L’une ne porte pas de chaussettes et l’autre a mis des souliers blancs. Rolande Causse, «Derrière la fenêtre», Destins de femmes : Filles et femmes afghanes, par Rolande Causse et Valérie Rohart, Paris, Syros Jeunesse, 2003, p. 5 et 8 à 17. (Ouvrage réalisé en partenariat avec l’Association NEGAR – Soutien aux femmes d’Afghanistan.)

INTERROGER LE TEXTE ET RÉAGIR De nombreuses interdictions

15. Aux lignes 10 à 26, la narratrice, Nahib, mentionne toute une série d’activités et de pratiques que les talibans ont interdites lorsqu’ils ont pris le pouvoir. Relevez 10 interdictions parmi celles que Nahib mentionne dans ces lignes.

16. Plus loin, on apprend que le père de Nahib décide d’emmener sa famille au Pakistan, «espérant pouvoir y travailler» (lignes 27 et 28). a) Quel était son métier à Kaboul ? b) Comment se fait-il qu’il soit maintenant sans travail ?

Séquence 2

Ces enfants d’ailleurs et d’autrefois

203

17. Parmi toutes les interdictions qui pleuvent sur le peuple afghan, l’interdiction d’aller à l’école cause un chagrin immense à Nahib. a)

Au moment où Nahib entame son récit, diriez-vous qu’il y a peu ou beaucoup de temps qu’elle ne va plus à l’école ? Relevez deux passages qui appuient votre réponse.

b)

Quelles sont, selon vous, les conséquences de l’interdiction d’aller à l’école pour cette enfant ?

c) Si vous ne pouviez plus aller à l’école, réagiriez-vous de la même façon que Nahib ?

18. Tout comme dans les deux récits précédents, il est question ici aussi de personnes qui doivent fuir. a) À quelle ligne commence l’errance de la famille de Nahib ? b) À quelle ligne les parents de Nahib décident-ils de mettre fin à leur exode ? c) Qu’est-ce qui a amené les parents de Nahib à prendre cette décision ?

Des injustices

19.

Comme les deux récits précédents, l’histoire de Nahib décrit des injustices révoltantes. Debout sur le coffre qui lui sert de poste d’observation, la jeune narratrice aperçoit, par la fenêtre, deux scènes d’injustice. Pour chaque scène, précisez : a) qui est victime; b) le «crime» commis par chaque victime.

Les marques de lieu et les modificateurs du verbe

20.

Vous n’avez pas à recopier les phrases au complet, mais seulement les mots qui manquent.

Ce texte est riche en marques de lieu et en modificateurs du verbe. Complétez les extraits ci-après à l’aide des mots du texte. Placez vos réponses dans un tableau semblable au suivant:

Marques de lieu

Modificateurs du verbe

GPrép

GPrép

GAdv

1) Mon père entretenait les parterres et les arbres où ? . Comment ? , il balayait la pelouse, taillait les branches des peupliers, plantait des massifs de fleurs qui, l’été, resplendissaient tels des bouquets de couleurs. (Lignes 1 à 4.) 2) Grimpée où ? , je ne cessais de regarder notre maison décorée de bleu, debout parmi des décombres. Encore aujourd’hui, je pense comment ? à notre ancien logis. (Lignes 33 à 37.)

3) Nous dûmes continuer le voyage comment ? où ? où le vent soufflait comment ? , piquant la peau et brûlant les yeux. (Lignes 40 et 41.) 4) Un soir, j’aperçois ma mère où ? et comprends tout. Elle marche comment ? , courbée sous le tchadri. Lorsqu’elle entre et ôte son habit de la rue, son visage apparaît pâle, les yeux rougis; des larmes coulent où ? . (Lignes 115 à 122.) 204

MODULE 4

AUTRES LIEUX, AUTRES TEMPS

Au fil d’arrivée Raconter par écrit les péripéties d’un ou de plusieurs personnages qui prennent la fuite pour échapper au danger ou à l’injustice. À la séquence 1, «Cadres de vie», vous avez exploré un lieu ou une époque et vous avez pensé à quelques idées pour écrire une courte histoire se déroulant dans ce lieu ou à cette époque. Le moment est venu de passer à l’action : l’histoire que vous écrirez ici devra montrer un ou des personnages en action, en train de fuir le danger qui les menace ou l’injustice dont ils sont victimes. Inspirez-vous des histoires que vous venez de lire ou de celles qui vous sont proposées dans la rubrique «D’autres rendezvous…», à la page suivante. La préparation

1. Choisissez un lieu ou une époque qui vous inspire: • soit un lieu ou une époque qui ont été abordés dans le présent module; • soit tout autre lieu ou toute autre époque de votre choix.

2. Documentez-vous sur ce lieu ou cette époque. Au besoin, consultez Comment faire de la recherche d’information, à la page 468, et Comment annoter un texte ou prendre des notes, à la page 449.

3. Imaginez des péripéties, c’est-à-dire une suite d’actions, à partir de votre documentation. Laissez aller votre imagination bien sûr, mais tenez compte des connaissances fournies par votre documentation.

La réalisation

4. Respectez les consignes suivantes: • votre texte devra compter environ 300 mots; • il devra contenir au moins cinq marques de lieu (soulignez-les dans une couleur); • il devra contenir au moins deux modificateurs du verbe (soulignez-les dans une autre couleur).

5. Puisque vous devez raconter les péripéties que vivent un ou plusieurs personnages fugitifs, vous pouvez commencer votre récit en pleine action, sans situation initiale ou élément déclencheur, comme dans Simon, bâtisseur de cathédrale (p. 191).

La révision

6. Parmi les stratégies utiles pour réviser, corriger et améliorer votre texte, utilisez celles qu’on vous indiquera.

Séquence 2

Ces enfants d’ailleurs et d’autrefois

205

D’AUTRES

rendez-vous...

Découvrez d’autres histoires de personnages en fuite devant le danger ou l’injustice. Vous pourrez en tirer des idées pour écrire votre récit de fuite. Dans votre Recueil de textes, vous trouverez… • d’autres personnages en fuite: Le «Chemin de Fer souterrain», L’étoile d’Erika; • des textes sur ce qui peut inciter les gens à fuir : – la guerre: Le journal de Zlata, Grandir à Beyrouth; – la misère et l’exploitation : Adieu au siècle, Enfance interdite, L’enfance volée, Melancholia; – la persécution et le rejet : L’étoile d’Erika, «Je suis venu, calme orphelin…»

Retour Autoévaluation e des termes d’évaluation : Lorsque c’est possible, répondez à l’aid Beaucoup / Assez / Un peu. POINTS À ÉVALUER que j’ai amélioré mon habileté à : 1. Au terme de cette séquence, j’estime récits; a) utiliser des marques de lieu dans mes pour préciser l’action; b) utiliser des modificateurs du verbe c) faire de la recherche d’information; ntation. s pour utiliser efficacement ma docume d) annoter les textes et prendre des note le, j’ai réussi à : 2. Pour la réalisation de l’activité fina fallait; a) trouver la documentation qu’il me t; b) imaginer les péripéties de mon réci conditions indiquées. c) écrire mon texte en respectant les fait grandir en m’aidant à : 3. La réalisation de l’activité finale m’a de qu’il peut y avoir ailleurs dans le mon a) prendre conscience des injustices ou qu’il y a eu à d’autres époques; nt les jeunes ailleurs dans le monde; b) m’intéresser davantage à ce que vive el je vis. c) mieux connaître le monde dans lequ ir davantage arades m’ont donné le goût d’en savo cam mes de ts réci les et es erch rech 4. a) Les . sur le ou les sujets suivants : . ou ces sujets parce que : b) Je m’intéresse particulièrement à ce quelque chose camarades m’ont donné le goût de faire 5. a) Mes recherches et celles de mes sance. contre les injustices dont j’ai eu connais . b) Ce que j’aimerais faire, c’est :

206

MODULE 4

AUTRES LIEUX, AUTRES TEMPS

Temps d’arrêt Les marques de lieu

1. Complétez chacun des extraits suivants à l’aide des marques de lieu fournies. Vous n’avez pas à recopier les phrases. Vous pouvez écrire seulement les numéros et ajouter à côté les marques de lieu appropriées.

Marques de lieu à utiliser entre les colis jusqu’à New York

jusqu’à Québec sur l’un d’eux

a) L’enfant se faufile alors 1 , d’un bateau à l’autre. 2 , il lit : BRAZIL. Le Brésil, c’est l’Amérique ! Il regarde sa carte du monde. Il prendra un bateau 3 , encore un bateau 4 , c’est tout près. Le Canada, c’est grand. Il sera grand lui aussi, quand il arrivera là-bas. D’après Leïla Sebbar, Lorient-Québec, Montréal, Hurtubise HMH, coll. «Plus», 1991, p. 28.

Marques de lieu à utiliser à bord du véhicule autour du véhicule

dans des villages près de buissons

b) Le car traversa des vallées, des villages et des rivières, contourna des volcans, doubla des plantations de café… Parfois, il s’arrêtait 5 , et des femmes montaient 6 pour vendre de la nourriture. Elles présentaient sur des plateaux des tortillas, des morceaux de canne à sucre, de l’eau. Il s’attardait également en pleine campagne, 7 , afin que nous puissions faire une pause. Dès que nous entendions les trois coups de klaxon, nous regagnions précipitamment le car. Romy et moi, nous en profitions pour courir 8 . D’après Frances Temple, Quoi qu’il arrive, Paris, © Éd. Flammarion, coll. «Castor Poche», 1995, p. 56.

Marques de lieu à utiliser dans la boue dans l’eau pour les rizières

sous un soleil brûlant sous une pluie diluvienne

c) Nos journées de travail furent allongées: nous devions partir 9 bien avant l’aube. Mon dos me faisait souffrir mille morts à force de rester penchée à enfoncer les pousses de riz 10 — tantôt 11 , tantôt 12 . Nos mains, continuellement plongées 13 , étaient ridées et, lorsque nous sortions de la boue qui nous baignait jusqu’aux genoux, nos jambes étaient couvertes de sangsues visqueuses que nous ôtions une par une. D’après Gloria Wheelan, Vers la ville d’argent, Paris, © Éd. Flammarion, coll. «Castor Poche», 1995, p. 18-19.

Séquence 2

Ces enfants d’ailleurs et d’autrefois

207

2. Choisissez cinq marques de lieu parmi celles de l’exercice précédent, et montrez qu’elles sont des groupes prépositionnels en construisant un schéma comme le suivant : GPrép Prép.

GN

entre les colis Les modificateurs du verbe

3. Complétez l’extrait suivant à l’aide des modificateurs du verbe fournis (groupes adverbiaux et groupes prépositionnels). Il suffit d’écrire chaque numéro avec le modificateur qui convient.

Modificateurs à utiliser à peine avec assurance comme ma poche

2

démesurément doucement douloureusement

profondément sans bruit

Je relève 1 la tête. Dans l’obscurité, la silhouette fragile de ma petite sœur se devine . Au son régulier de sa respiration, je sais qu’elle dort encore 3 . […] J’écarte l’unique couverture que nous nous partageons et je me lève.

Le ronflement des moteurs devient plus intense. La terre se rapproche chaque seconde un peu plus, et mon estomac se noue 4 . Une bouffée de chaleur enflamme mes joues. Ma peau ne rougit pas. Dans ces ponts inférieurs sans lumière, n’importe qui perdrait son chemin. Mais depuis des semaines que ce voyage a commencé, je connais ce cargo 5 . 6 , je me faufile entre deux rangées de conteneurs. Mes mains effleurent le métal, glissent le long de ces cubes géants. Elles me guident 7 près d’un hublot pas plus grand que ma tête. Devant cette précieuse fenêtre, mes yeux s’agrandissent 8 pour se nourrir de toute la lumière qui leur a manqué. Mes dents, en appétit sans doute, mordillent ma lèvre inférieure… Marc Cantin, Moi, Félix, 10 ans, sans-papiers, Toulouse, © Éditions Milan, coll. «Poche junior», 2000, p. 7-8. (Texte légèrement modifié à des fins pédagogiques.)

208

MODULE 4

AUTRES LIEUX, AUTRES TEMPS

4. Dans les phrases suivantes, montrez votre habileté à utiliser les modificateurs du verbe en remplaçant ceux qui s’y trouvent, sans changer le sens. • Remplacez chaque GAdv modificateur par un GPrép modificateur. • Remplacez chaque GPrép modificateur par un GAdv modificateur. Exemple 1 :

Une poulie me heurta violemment.  Une poulie me heurta avec violence. Exemple 2 : Aucun de nous ne pouvait se nourrir de façon suffisante.  Aucun de nous ne pouvait se nourrir suffisamment. Remarque : Vous n’avez pas besoin de récrire toute la phrase, mais assurez-vous de bien orthographier vos modificateurs. Faites spécialement attention aux adverbes.

1) Je m’élançai pour enjamber la barrière, mais mon pied buta et je tombai lourdement. 2) Il avait agi de façon imprudente et nous risquions d’être repérés. 3) Pour vaincre ma peur, je caressais machinalement le médaillon qui me restait de ma mère. 4) Désemparé, je m’embrouillais et ne parvenais plus à répondre avec naturel. 5) Seule Conchita se rappelait avec précision les instructions données par le passeur. 6) Les derniers arrivés furent poussés brutalement dans la cale. 7) Les clandestins avaient dû fuir de manière précipitée. 8) Sao avait supporté son mal avec vaillance durant la traversée, mais sa résistance faiblissait. 9) La lune éclairait sinistrement le convoi des fugitifs. 10) Lorsque des sans-papiers se présentaient, les guetteurs les refoulaient avec rudesse.

5. Trouvez, dans les phrases suivantes, le groupe qui remplit la fonction de modificateur du verbe. Posez, dans chaque phrase, la question qui vous permet d’arriver à la réponse. Exemple : Tous les habitants vécurent dans la peur.

Tous les habitants vécurent comment ? Dans la peur. (= Modificateur du verbe vivre.) 1) 2) 3) 4) 5) 6)

Les talibans chassèrent les femmes à coups de fouet. Père traînait la carriole et nous l’aidions en la poussant. Nous avancions tristement à travers le plateau désertique. Depuis, il marche avec des béquilles. Les talibans régnaient en maîtres absolus dans la ville. Avec obstination, les mouches se posaient sur sa jambe.

Séquence 2

Ces enfants d’ailleurs et d’autrefois

209

CIEL ET Au-dessus de nous, la voûte céleste : des milliards d’étoiles, des planètes à anneaux, des comètes chevelues, des soleils enflammés, des ceintures d’astéroïdes… Sous nos pieds, notre planète : des arbres gigantesques, des fleurs minuscules, des herbes flottantes, des coraux violets, des coquillages argentés, des oiseaux, des poissons, des tortues, des singes… CIEL ET TERRE : des univers à explorer, des univers à protéger.

210

5

MODULE

TERRE

SOMMAIRE SÉQUENCE 1

La tête dans les étoiles Des textes pour vous sensibiliser aux mystères et aux beautés de notre Univers UN TÉMOIGNAGE :

 Sous

les étoiles

. . . . . . . . . . . . . . . . . . 213

DES TEXTES DESCRIPTIFS :

 Dans

le voisinage de la Voie

lactée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 214 visite nocturne . . . . . . . . . . . . . . 217  De Mercure à Vénus . . . . . . . . . . . . 222  Une

UN POÈME :

 Le

feu des étoiles . . . . . . . . . . . . . . . . 220

SÉQUENCE 2

Planète en péril Des textes pour réfléchir aux conséquences des actions humaines sur l’environnement DES TEXTES DESCRIPTIFS :

planète miracle . . . . . . . . 233 et plantes : la biodiversité menacée . . . . . . . . . 235  La dégradation des milieux naturels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 239  Le béluga . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 244  Terre : la

 Animaux

DES POÈMES :

vert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 242  Tant de forêts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 242  L’espoir

RECUEIL DE TEXTES

A

Des textes de toutes sortes pour explorer davantage le thème du module. 211

SÉQUENCE

1

La tête dans les étoiles

CONNAISSANCES ET STRATÉGIES

• Organisateur textuel 382 • Majuscule 373 • Comparaison et métap hore 321 • Expression figée 351 • Reprise de l’informatio n 409 • Comment analyser un e situation d’écriture 467

U

n Univers d’une étrange et fragile beauté encore à découvrir, voilà ce que nous offre la voûte céleste. Depuis les premières

observations des astronomes, il y a plus de 5 500 ans, des pas gigantesques ont été faits : on a marché sur la Lune, un robot s’est posé sur Mars, des sondes voyagent dans l’espace, des gens habitent sur des stations spatiales. Les textes des pages suivantes parlent des galaxies, de la Voie lactée, des étoiles et des planètes. Vous verrez, en travaillant ces textes, comment on

peut guider les lecteurs et lectrices à l’aide des organisateurs textuels. Vous observerez également comment les mots et les images bien employés rendent l’information attrayante et convaincante.

À la fin de la séquence, vous appliquerez vos nouvelles connaissances en vous projetant dans l’avenir, sur le marché du travail. Vous devrez, avec deux camarades, concevoir et rédiger un dépliant présentant une planète à vendre. Ce sera à vous de communiquer de façon appropriée de l’information à des Terriens et Terriennes avides d’aventure.

212

MODULE 5

CIEL ET TERRE

En marche vers le VERS LE

Les astres que vous pouvez observer: les étoiles, le Soleil, la Lune, les planètes, font partie de notre Galaxie. Mais saviez-vous que d’autres galaxies sont également visibles à l’œil nu ? Le texte suivant vous indique le chemin à suivre pour les trouver.

Dans le

voisinage de la

lactée

Voie 5

Pour découvrir l’Univers des galaxies, rien ne vaut une petite visite du voisinage de la Voie lactée. À 160 000 années-lumière, on trouve le Grand Nuage de Magellan. C’est une petite galaxie de forme irrégulière, riche en gaz, qui contient une impressionnante concentration de jeunes étoiles dans une région appelée nébuleuse de la Tarentule.

10

15

Un peu plus loin, le Petit Nuage de Magellan : même genre en plus petit. Ces deux galaxies sont des satellites de la Voie lactée, liées à elle 1 par la force de gravité comme les planètes sont liées au Soleil. La Voie lactée a ainsi une douzaine de petits compagnons dans un rayon 2 d’un

20

214

MODULE 5

CIEL ET TERRE

25

30

million d’années-lumière. Tous sont petits et de forme irrégulière : en forme de ballon de rugby ou de cigare.

35

Si l’on s’aventure un peu plus loin, à 2,2 millions d’années-lumière, on rencontre la grande galaxie spirale de la constellation 3

d’Andromède. Elle est aussi accompagnée par une dizaine de satellites, dont deux sont proches et bien visibles sur les photographies : Messier 32 et NGC205. Fabienne Casoli et Thérèse Encrenaz, L’astronomie, Genève, Minerva, coll. «Connaître & découvrir», 1998, p. 164 à 166.

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE 1

Qu’est-ce qui est repris par le pronom elle ?

2

Que veut dire dans un rayon de ?

3

a) Trouvez quatre mots de la même famille que constellation.

(N’oubliez pas que constellation vient de stella, d’où vient également le mot étoile.) b)

Trouvez-en deux autres.

On l’appelle la Voie lactée à cause de sa forme et de sa couleur: notre Galaxie ressemble en effet à une longue bande (une voie) blanchâtre comme le lait (lactée). Le nom galaxie rappelle d’ailleurs cette blancheur : gala, en grec, veut dire lait.

INTERROGER LE TEXTE ET RÉAGIR Les voisines de la Voie lactée

1. Parmi les satellites de notre Galaxie, la Voie lactée, on trouve d’autres galaxies. Lesquelles sont nommées dans le texte Dans le voisinage de la Voie lactée ?

2. a) Dans quel ordre ces galaxies sont-elles présentées: de la plus proche de la Voie lactée à la plus lointaine ou de la plus éloignée de la Voie lactée à la plus proche ? b) Relevez les mots qui vous ont permis de répondre à la question précédente. c) Ces mots servent-ils à organiser le texte selon le temps ou selon le lieu ? d)

Compte tenu de la réponse que vous venez de donner, dites si l’année-lumière est une unité mesurant la distance ou le temps.

3. Expliquez pourquoi le texte est divisé en trois paragraphes. Des images pour décrire les satellites

4. a) Dans le deuxième paragraphe, les auteures utilisent une image pour parler des satellites de la Voie lactée. Quelle est cette image ? b) Cette image vous aide-t-elle à comprendre ce qu’est un satellite ? Expliquez votre réponse. c) Toujours dans le deuxième paragraphe, les auteures ont recours à une autre image, cette fois-ci pour décrire la forme des satellites. À quoi la forme des satellites de la Voie lactée est-elle comparée ? d) Pour décrire la forme des satellites, les auteures auraient pu écrire: «Tous sont petits et de forme irrégulière: ils ont une forme ellipsoïdale.» Trouvez-vous cette phrase plus facile à comprendre que celle du texte ? Pourquoi ?

215

La nébuleuse de la Tarentule.

Majuscules et minuscules

5. a) Classez les noms qui suivent selon qu’ils sont des noms propres ou des noms communs. Voie lactée Grand Nuage de Magellan Petit Nuage de Magellan

Noms propres

nébuleuse de la Tarentule constellation d’Andromède Messier 32

Noms communs

b) Dites pourquoi nébuleuse et constellation ne prennent pas de majuscule à l’initiale et pourquoi Andromède et Tarentule en prennent une.

Il y a Galaxie et galaxie. Quand on parle des galaxies en général, le mot s’écrit sans majuscule, mais s’il est question de la nôtre, le mot prend une majuscule. On écrira donc qu’en plus de notre Galaxie, trois galaxies sont visibles à l’œil nu.

216

MODULE 5

CIEL ET TERRE

vers le

Il fait presque nuit, vous êtes à l’extérieur, vous regardez le ciel. Pour vous aider à vous retrouver parmi les étoiles, un guide vous accompagne. Observez comment il s’y prend pour vous situer et pour diriger votre regard juste là où il le faut.

Une visite nocturne E

t maintenant, que ce soit en été ou en hiver, choisissez le lieu le plus obscur, qu’aucun éclairage, pas même la moindre lueur, ne viendra effleurer. Laissez vos pupilles s’accoutumer à la nuit. Il leur faut oublier les vestiges du jour ou les lumières domestiques 1 et se repérer aisément à travers la voûte céleste. Il est entre 23 heures et minuit. Vous choisirez de préférence une nuit sans lune. Celle-ci, pour aussi belle qu’elle soit, perturbe l’observation du ciel.

5

10

Ce sont maintenant les étoiles visibles à l’œil nu que nous allons essayer d’explorer ensemble. Tout à l’heure, vous avez peut-être contemplé le coucher du soleil. Le spectacle est quotidien 2 , mais n’en est pas moins extraordinaire. L’horizon empourpré vous indique l’ouest derrière lequel l’astre magique disparaît. Plusieurs heures se sont écoulées.

15

20

À présent, la nuit s’annonce belle et sombre, et nous apprécions l’absence de la Lune. Les étoiles les plus brillantes se sont allumées. Au nord, les sept ampoules de la Grande Ourse sont apparues.

25

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE 1

Quelles sont les lumières domestiques dont il est question ?

2

Donnez un synonyme de quotidien.

Séquence 1

La tête dans les étoiles

217

Tout près du zénith*, Véga va se dévoiler. Véga est l’une des trois belles de l’été 3 , qui forme un grand triangle avec Altaïr et Deneb. Mais ne soyons pas 30 pressés, nous les retrouverons dans quelques instants, lorsqu’elles seront à leur apogée 4 . Dites-vous que, au Moyen Âge, des astronomes arabes, inlassables observateurs du ciel, ont baptisé ces mêmes étoiles de noms empruntés aux légendes persanes 5 , mais aussi aux figures les plus populaires. Véga est un aigle qui plonge sur sa proie, Altaïr un aigle qui plane, 35 Deneb la queue d’un cygne. Mais ce cygne qui POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE navigue aux confins de la Voie lactée restera pour toujours insaisissable 6 . Une simple comparaison 3 Quelles sont les deux autres ? chiffrée va vous faire prendre conscience de l’infini. 4 Que signifie apogée ? Deneb, située à 1 600 années-lumière de la Terre, 40 est 100 000 fois plus lumineuse que le Soleil et 5 Comment appelle-t-on la Perse 10 fois plus massive que lui. aujourd’hui ? 6

a) À l’aide de quel préfixe et de quel

suffixe insaisissable est-il formé ? b)

Donnez le sens de ce préfixe et de ce suffixe, et servez-vous de ces sens pour trouver celui d’insaisissable.

45

Boire le ciel des yeux, c’est ressentir immédiatement l’ivresse de l’altitude. Alors, buvons et trinquons avec les étoiles. La grande parade sidérale 7 va commencer. Michel Boujenah, Daniel Kunth et Jacques Lanzmann, Les oreilles dans les étoiles, Paris, Ramsay, 1995, p. 47, 49, 50 et 51.

c) Quel autre adjectif est formé de

la même façon dans ce paragraphe ? Donnez-en le sens. 7

* Le zénith est le point situé au bout de la ligne imaginaire qui part de soi et monte au ciel à la verticale.

Donnez un synonyme de sidérale.

INTERROGER LE TEXTE ET RÉAGIR Situer dans le temps et dans l’espace

6. Les auteurs nous donnent l’impression que nous effectuons une vraie visite guidée. Ils commencent par nous situer dans le temps de la journée. a) Relevez, dans les trois premiers paragraphes, les quatre organisateurs textuels qui nous situent dans le temps. b) Après nous avoir situés dans le temps, les auteurs dirigent notre regard dans des directions précises. Quels sont les deux organisateurs textuels utilisés pour cela aux paragraphes 3 et 4 ? c) Ces deux organisateurs fournissent-ils un indice de temps ou de lieu ?

Des mots et des images pour décrire l’Univers

7. Ce texte contient deux métaphores qui nous font apprécier la beauté du ciel. a) Au deuxième paragraphe, qu’est-ce qui est comparé à un astre magique ?

218

MODULE 5

CIEL ET TERRE

b) Si cet astre est magique, c’est parce qu’il apparaît et disparaît. Expliquez comment. c) Dans le troisième paragraphe, on parle des «sept ampoules de la Grande Ourse». Copiez le tableau, puis remplissez-le pour montrer que vous comprenez cette métaphore. Ce qui est comparé

Outil de comparaison

Ce à quoi on compare

Points de ressemblance

Aucun

«sept ampoules»

• • • Le fait de s’allumer et de s’éteindre

8. a) À la ligne 8, les auteurs utilisent l’image de la voûte céleste pour parler du ciel. Expliquez cette image. b) Pour décrire le ciel lors du coucher du soleil (2e paragraphe), les auteurs n’ont pas choisi l’adjectif rouge. Quel adjectif ont-ils choisi ? Selon vous, pourquoi ont-ils préféré cet adjectif ?

9. a) Un petit champ lexical de l’enivrement est mis en place dans le dernier paragraphe. Relevez les mots de ce champ lexical. b) L’invitation qui vous est lancée à la fin est-elle à prendre au sens propre ou au sens figuré ? Expliquez votre réponse.

La reprise de l’information

10. a) Quel procédé de reprise les auteurs ont-ils utilisé dans les phrases suivantes ? 1) «Laissez vos pupilles s’accoutumer à la nuit. Il leur faut oublier les vestiges du jour…» (Lignes 4 à 6.) 2) «Vous choisirez de préférence une nuit sans lune. Celle-ci, pour aussi belle qu’elle soit, perturbe l’observation du ciel.» (Lignes 9 à 12.) 3) «Véga est l’une des trois belles de l’été, qui forme un grand triangle avec Altaïr et Deneb. Mais ne soyons pas pressés, nous les retrouverons dans quelques instants…» (Lignes 28 à 30.) b) Quel mot, ou groupe de mots, les mots en gras reprennent-ils ?

Vous et l’astronomie

11.

Si vous n’avez pas l’habitude d’observer les étoiles, ce texte vous donne-t-il le goût de le faire ? Pourquoi ? Si vous faites déjà de l’astronomie, ce texte vous donne-t-il le goût d’aller plus loin ? Pourquoi ?

La description de deux constellations

12.

Consultez une carte céleste de l’hémisphère Nord et faites visiter la constellation d’Hercule et celle de la Petite Ourse en une centaine de mots. Tenez compte des consignes suivantes : • donnez à votre texte un ton poétique semblable à celui du texte que vous venez de lire; • utilisez des organisateurs textuels pour guider vos lecteurs et lectrices, et encadrez ces organisateurs; • utilisez des pronoms de reprise et soulignez-les. Séquence 1

La tête dans les étoiles

219

INTERROGER LE TEXTE ET RÉAGIR Les étapes de l’évolution

13.

Dans le poème Le feu des étoiles, l’auteur rappelle, en respectant la chronologie, les grandes étapes de l’évolution, du début de l’Univers jusqu’à l’apparition de l’être humain. a) Retracez ces étapes à l’aide des organisateurs textuels. Partez d’un tableau comme celui ci-dessous. • Dans la première colonne, dites quel est l’organisateur textuel utilisé par le poète. • Dans la deuxième colonne, retracez la suite des évènements. • Dans la troisième colonne, précisez dans quels vers chaque étape est décrite. b) Pour chaque organisateur relevé, dites s’il s’agit d’un organisateur temporel, spatial ou logique.

Organisateur textuel

(Aucun)

Étape de l’évolution

Vers

Naissance du feu dans une étoile

1à3

Naissance d’une autre étoile

4

Naissance du Soleil et des planètes

Sorte d’organisateur

— temporel

Apparition de Apparition

14. a) Après avoir présenté les étapes de l’évolution, le poète tire une conclusion. Dans quel vers cette conclusion se situe-t-elle ? b) Quelle marque vous a permis de repérer la conclusion facilement ? Expliquez votre réponse. c)

Expliquez le vers de la conclusion.

Les origines de la vie

15.

Expliquez, en quelques mots, ce que vous comprenez des vers 15 à 20.

Prenez le temps d’organiser mentalement votre réponse avant de la communiquer à vos camarades.

Séquence 1

La tête dans les étoiles

221

vers le

DE

Dans le texte suivant, on décrit deux planètes. Examinez comment on s’y prend: vous aurez, vous aussi, à présenter les caractéristiques d’une planète dans votre dépliant.

Mercure À

5

Notre périple 1 interplanétaire débute par la visite des deux planètes qui circulent entre le Soleil et la Terre : Mercure et Vénus. Mercure fut explorée pour la première et unique fois en 1974. Quant à Vénus, déesse de la beauté pour les Romains, ses charmes ne furent véritablement dévoilés qu’à partir de 1990 !

MERCURE : une Terre figée à ses origines ? 10

15

222

En 1974 et 1975, Mariner 10 survole la surface de Mercure, révélant une planète rocheuse dépourvue de toute atmosphère. En l’absence d’une couche gazeuse qui pourrait faire écran, elle subit des variations de température extrêmes. Planète la plus proche du Soleil, elle reçoit un flux solaire qui fait monter sa température de surface à plus de 430 ºC le jour, MODULE 5

CIEL ET TERRE

20

25

30

Vénus

alors que la nuit elle descend à –210 ºC. En outre, de multiples corps célestes viennent s’y fracasser sans qu’aucun « bouclier atmosphérique» ne les désintègre : les météorites marquent le sol de multiples cratères d’impact et donnent à Mercure un aspect lunaire. Depuis cette mission, Mercure a été délaissée par les hommes. Moins massive que la Terre, Mercure s’est refroidie bien plus vite que notre planète au moment de sa formation, et les astronomes 2 pensent qu’elle s’est ainsi figée à une étape initiale 3 d’évolution des planètes rocheuses : elle pourrait bien être semblable à la Terre d’il y a quelques milliards d’années. Mieux connaître Mercure nous permettrait donc de mieux comprendre l’évolution de notre planète.

50

55

60

DU FEU ET DE LA GLACE Avec ses vastes cratères et ses hautes falaises, Mercure offre un paysage fortement contrasté. De loin, elle ressemble à une pomme cuite au four tant elle est ridée.

35

VÉNUS : sœur de la Terre ? Même masse rocheuse, proximité du Soleil et présence d’une atmosphère, voici bien des points communs. Pourtant, si sur Terre il fait bon vivre, sur Vénus, il n’en est rien !

40

45

La planète est entourée d’une épaisse atmosphère toxique, essentiellement constituée de gaz carbonique. En piégeant la chaleur du Soleil, elle 4 crée un effet de serre infernal et les températures y frôlent les 500 ºC de jour comme de nuit. La pression atmosphérique (le poids de l’air) est 92 fois plus forte que sur Terre. Malgré tout, quelques solides sondes soviétiques Venera ont pu y atterrir et, pendant

65

70

quelques heures, réaliser photographies et analyses du sol rocheux avant d’être détruites par les conditions de l’enfer vénusien ! Pour couronner le tout, sa surface est entièrement masquée par des nuages, en partie constitués d’acide sulfurique ! Ce sont donc des observations radar, notamment celles menées par la sonde américaine Magellan de 1990 à 1994, qui ont permis de percer les mystères de la planète. Sous les nuages se cachent des reliefs 5 marqués par un volcanisme récent*. Certains scientifiques pensent que ce volcanisme est toujours actif, mais rien ne permet, pour l’instant, de confirmer cet avis. Le mystère réside surtout dans la formation de la croûte vénusienne. L’étude des cratères météoritiques 6 montre qu’ils ont conservé leurs formes originelles 7 et n’ont pas été usés par des processus d’érosion. Cela semble indiquer que la surface de Vénus est plus jeune que celle de Mercure ou de Mars et qu’elle n’est pas soumise à des mouvements tectoniques** de l’écorce. Espace, Paris, © Groupe Fleurus, coll. «La grande encyclopédie Fleurus», 2002, p. 270-271.

** C’est-à-dire par des éruptions volcaniques récentes. ** Les mouvements tectoniques sont les mouvements souterrains qui créent des déformations importantes à la surface : plis, failles.

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE

DES VOLCANS GÉANTS SUR VÉNUS Les montagnes sur Vénus sont des volcans. Certains les croient actifs, mais on ne peut l’affirmer avec certitude parce que les nuages entourant la planète forment un écran rendant toute observation difficile.

1

Qu’est-ce qu’un périple ?

2

Expliquez la différence entre un astronome, un astronaute et un astrologue.

3

Donnez un antonyme d’initiale.

4

Quel est l’antécédent du pronom elle ?

5

Le nom relief a plusieurs sens. Quel est celui qui convient ici ?

6

Par quoi ces cratères sont-ils creusés ? Répondez à cette question sans l’aide du dictionnaire.

7

Remplacez l’adjectif originelles par un groupe prépositionnel.

Séquence 1

La tête dans les étoiles

223

Les mots astronaute, cosmonaute et spationaute partagent la racine savante -naute, qui signifie naviguer. Un astronaute, un cosmonaute et un spationaute naviguent donc parmi les astres, dans le cosmos, dans l’espace. Où est la différence ? Le premier est américain, le deuxième est russe et le troisième, français. Quand la Chine participera à l’aventure spatiale, on parlera sans doute de taïkonaute !

INTERROGER LE TEXTE ET RÉAGIR Faites ce travail en équipe.

Une comparaison entre Mercure et Vénus

16.

Dressez un tableau comparatif des caractéristiques de Mercure et de Vénus pour avoir un portrait juste des deux planètes. Servez-vous pour cela du document de travail qu’on vous remettra.

17. Changez ce qui doit l’être dans les quatre GN ci-dessous de façon à faire croire que la vie sur Mercure et Vénus est intéressante et même merveilleuse. Vous pouvez utiliser des antonymes. Exemple : Des variations de température extrêmes.

Des variations de température minimes.

Mercure

Vénus

1) Une planète glaciale. 2) Une planète bombardée par les météorites.

3) Une atmosphère toxique. 4) L’enfer vénusien.

Comment s’adresser à ses lecteurs et lectrices

18. Comparez le texte De Mercure à Vénus (p. 222 et 223) avec le texte Une visite nocturne (p. 217 et 218). a) Dans lequel de ces deux textes les auteurs s’adressent-ils directement aux lecteurs et lectrices ? Justifiez votre réponse. b) Qu’est-ce que cela a comme effet sur vous ?

Un jeu

19. a) Vous connaissez certainement plusieurs expressions figées se rapportant au ciel. Par exemple: être dans la lune, décrocher la lune, l’astre de la nuit.Trouvez-en trois avec le mot ciel et trois avec le mot étoile.

Assurez-vous de bien connaître le sens de chacune des expressions trouvées. Au besoin, consultez le dictionnaire.

b) Partagez vos découvertes avec vos camarades et notez-les dans votre Journal culturel.

224

MODULE 5

CIEL ET TERRE

Au fil d’arrivée Concevoir et rédiger un dépliant présentant une planète à vendre. Et si vous tombiez sur une annonce comme celle-ci ?

PLANÈTE CHAUFFÉE, ÉCLAIRÉE VUE SUR LA TERRE DISPONIBLE EN 2016 RÉSERVEZ VOTRE PLACE 1-522-COSMOS

Texte de Line Arsenault, La vie qu’on mène, Laval, Mille-Îles, coll. «Coup de griffe», 1995, p. 38.

Imaginez que vous travaillez dans une agence publicitaire. On vous a confié la conception et la rédaction d’un dépliant pour faire connaître une planète à des Terriens et Terriennes qui voudraient emménager ailleurs dans la Galaxie. Servezvous de tout ce que vous avez vu dans la séquence pour produire votre dépliant. Vous trouverez également des textes inspirants dans votre Recueil de textes. La préparation

1. Formez une équipe de trois personnes. Ensemble, répondez aux questions qui suivent. 1) Quel nom donnerez-vous à la planète que vous voulez faire connaître ? 2) Quel sera son emplacement dans la Galaxie ?

Séquence 1

La tête dans les étoiles

225

3) Quelles seront ses caractéristiques ? Par exemple: • une température tropicale; • des étendues d’eau gelée et peu de pression atmosphérique; • un relief particulier : de profonds cratères, etc. 4) Quelles seront les activités intéressantes à faire ? Quels seront les sites naturels à visiter ? Par exemple, une planète idéale pour les activités suivantes: • l’observation de la flore, en raison de son climat tropical; • le patin, en raison de ses patinoires naturelles et de l’absence de résistance; • l’escalade, en raison de son relief. Remarque : Notez vos idées dans un tableau semblable à celui que vous avez rempli au numéro 16.

2. Répartissez-vous le travail: chaque personne doit rédiger un texte de 100 à 120 mots maximum.

3. Lisez la stratégie Comment analyser une situation d’écriture, à la page 467.

La rédaction

4. Lisez les consignes particulières pour chaque texte.

1er texte axie planète dans la Gal la r ue sit à z re au Sujet : vous in à emprunter pour et à indiquer le chem la Terre. s’y rendre à partir de ts : les éléments suivan er rt po m co a vr de Votre texte ou s textuels de temps • deux organisateur de lieu; ée formée d’un mot fig n sio es pr ex e un • soleil, etc. ; du ciel : astre, lune, prise appropriés. • des pronoms de re

2e texte Sujet : vous aurez à décrire la planète (a tmosphère, température, qualité de l’eau, etc.). Votre texte devra co mporter les élémen ts suivants : • une comparaison ou une métaphore ; • une expression fig ée formée d’un mot du ciel : astre, lune, soleil, etc. ; • des pronoms de re prise appropriés.

3e texte urels à visiter Sujet : vous aurez à décrire les sites nat pte tenu et les activités intéressantes à faire com des caractéristiques de la planète. s suivants: Votre texte devra compor ter les élément ou de lieu ; • deux organisateurs textuels de temps ; • une comparaison ou une métaphore • des pronoms de reprise appropriés.

226

Pour tous les textes N’oubliez pas que votre intention est de convaincre des Terriens et Terriennes d’emménager ailleurs. Pour cela, utilisez: • un vocabulaire évocateur qui facilite la compréhension; • des images séduisantes qui soulignent la beauté du lieu; • les pronoms personnels appropriés pour toucher vos lecteurs et lectrices. Servez-vous des textes que vous avez lus pour aller chercher des idées et des façons de dire. La révision et l’amélioration des textes

5. Remettez une copie de votre texte à vos camarades d’équipe. 6. Lisez les textes de vos camarades. 7. En équipe, faites une séance de révision :

Pensez à utiliser les stratégies des pages 480 à 492.

• assurez-vous que les consignes sont respectées; • assurez-vous que les renseignements ne se contredisent pas d’un texte à l’autre; • assurez-vous que vos textes ne contiennent aucune faute. N’oubliez pas qu’on vous lira !

8. Mettez chaque texte au propre et faites-en une dernière lecture. Le montage du dépliant

Si vous avez accès à un ordinateur, servez-vous des logiciels appropriés pour mettre en pages vos textes et illustrer votre dépliant.

9. Montez votre dépliant en suivant les indications ci-après.

6 5 2

4

1 3 a) Pliez une feuille de 22 cm sur 28 cm en trois pour obtenir un dépliant de 9 cm sur 22 cm environ. b) Transcrivez vos textes sur les trois colonnes à l’intérieur du dépliant (pages 2, 3, 4) et sur la page 5. c) Faites une page couverture avec un titre invitant. d) Inscrivez sur la page 6 le nom de l’agence et les coordonnées pour vous joindre si les gens désirent faire une visite de la planète. e) Illustrez votre dépliant si vous le désirez.

Séquence 1

La tête dans les étoiles

227

D’AUTRES

rendez-vous...

Explorez d’autres textes qui vous aideront à monter votre dépliant et à apprécier la beauté de notre Galaxie. Dans votre Recueil de textes, vous trouverez… • une entrevue avec Julie Payette, astronaute; • des poèmes sur les astres: Soyez polis, Étoiles filantes ; • une légende sur une constellation : La balance de Dicé ; • le récit plein de fantaisie du lancement d’une fusée: Une expédition autour de la Lune ; • la description d’un phénomène céleste d’une rare beauté: Une aurore.

Retour Autoévaluation e des termes d’évaluation : Lorsque c’est possible, répondez à l’aid Beaucoup / Assez / Un peu. POINTS À ÉVALUER ence, je suis plus en mesure: 1. Après avoir travaillé dans cette séqu ; a) de repérer les organisateurs textuels organisateurs textuels ; b) de structurer un texte à l’aide des e façon intéressante ; c) de présenter de l’information d’un ce ou non par une majuscule. d) de savoir quand un mot commen 2. a) J’ai aimé travailler en équipe. . b) Voici pourquoi : . ipe, j’aimerais améliorer l’aspect suivant: c) Lors d’un prochain travail en équ es. une séance de révision avec mes camarad 3. a) J’ai trouvé enrichissant de faire . b) Voici pourquoi : autres ants dans les dépliants réalisés par les 4. Les éléments que j’ai trouvé intéress . équipes sont les suivants : apprendre davantage e séquence m’ont donné le goût d’en 5. a) Les textes que j’ai lus dans cett sur le sujet. . savoir plus sont les suivants : b) Les sujets sur lesquels j’aimerais en

228

MODULE 5

CIEL ET TERRE

Temps d’arrêt Les organisateurs textuels

1. a) Repérez les organisateurs textuels dans les extraits suivants. b) Dites, pour chacun, s’il s’agit d’un organisateur temporel ou spatial.

1) Lever les yeux vers le ciel est à la portée de tous. Le jour, rien de plus facile que de suivre la course du Soleil au-dessus de l’horizon. La nuit, il faut d’abord s’éloigner des lumières de la ville et attendre que nos yeux s’habituent à l’obscurité pour découvrir un magnifique paysage stellaire. Espace, Paris, © Groupe Fleurus, coll. «La grande encyclopédie Fleurus», 2002, p. 30.

2) Au XIIIe siècle, un moine anglais, Roger Bacon, améliora la qualité de la poudre, augmentant ainsi considérablement la portée des fusées. En France, Jean Froissart réalisa des tirs plus précis en lançant des fusées à partir d’un gros cylindre: c’est l’ancêtre du bazooka. Au XVe siècle, Joanes de Fontana conçut en Italie une torpille de surface pour anéantir les bateaux ennemis. Au XVIe siècle, l’Allemand Johann Schmidlap inventa la première fusée à étages pour envoyer des feux d’artifice encore plus haut: une grosse fusée (premier étage) emportait une fusée plus petite (deuxième étage) qui lâchait une troisième fusée… Espace, Paris, © Groupe Fleurus, coll. «La grande encyclopédie Fleurus», 2002, p. 83.

2. Complétez les phrases ci-dessous avec un organisateur temporel choisi parmi les suivants : À midi À midi

Au début du jour Finalement

Puis Tôt le matin

Servez-vous des organisateurs présents dans le texte pour retracer la suite des évènements.

1) Chaque jour, le Soleil semble parcourir le même chemin dans le ciel. a , il apparaît à l’horizon. b , il monte lentement. c , il est au plus haut dans le ciel. Après midi, il redescend et finit par disparaître sous la ligne d’horizon vers l’ouest. 2) Heure par heure, les ombres des arbres suivent la course de l’astre. d , elles sont longues. Puis, elles raccourcissent peu à peu. e , elles sont très courtes, car le Soleil est à son point culminant dans le ciel. Lorsque le Soleil commence à redescendre à l’horizon, elles s’allongent à nouveau. f , elles disparaissent, avalées par la nuit qui tombe.

Séquence 1

La tête dans les étoiles

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Les majuscules et les minuscules

3. Ajoutez les majuscules aux endroits appropriés. 1) en 1877, au moment où mars était au plus près de la terre, l’astronome américain asaph hall découvrait que la planète rouge avait deux petits satellites. ils recevront les noms de phobos et de deimos, c’est-à-dire «effroi» et «épouvante» en grec. 2) la même année, l’italien giovanni schiaparelli constate la présence de canaux sur mars. quelques années plus tard, en 1883, un richissime américain, qui possède son propre observatoire en arizona, observe des centaines de ces canaux. il conclut sans autre preuve que les martiens sont une réalité. 3) les savants grecs imaginaient que le soleil, comme la lune et les planètes, tournait autour de la terre, qui, elle, était immobile dans le ciel. dès le IIIe siècle avant jésus-christ, aristarque de samos contestait cette théorie. mais il faudra attendre l’astronome polonais copernic et le savant italien galilée pour que la vérité s’impose. 4) des hommes et un chien se sont posés sur le sol lunaire bien avant qu’apollo 11 décolle de cap canaveral ! déjà, en 1954, onze ans avant les américains, tintin, le capitaine haddock et le fidèle milou marchaient sur la lune. 5) la grande ourse et l’étoile polaire ne sont visibles que dans l’hémisphère nord. regardez vers le nord, vous les reconnaîtrez sans peine. 6) la terre ne possède qu’un satellite, mercure et vénus n’en ont pas, mais jupiter a trente lunes et saturne six de plus. Les expressions figées 4. Pour chaque expression figée de cet exercice : 1° transcrivez la définition que le dictionnaire donne et l’exemple, s’il y en a un; 2° dites à quelle entrée du dictionnaire vous avez trouvé l’expression; 3° faites une phrase contenant cette expression. Exemple : Être dans la lune.

1° Être distrait, être hors de la réalité. 2° Lune. 3° Juliette n’entend plus la voix du professeur, elle est dans la lune, elle rêve aux prochaines vacances. 1) 2) 3) 4) 5) 6)

230

MODULE 5

Demander la lune. Tomber de la lune. Coup de soleil. Être tout feu tout flamme. Être une lumière. Broyer du noir.

CIEL ET TERRE

SÉQUENCE

2

CONNAISSANCES ET STRATÉGIES

• Organisateur textuel 382 • Reprise de l’informatio n 409 • Générique et spécifique 362 • Cohérence 319 • Ponctuation: le deux-po ints 399

Planète en péril

Q

• Comment reconnaître le sujet, les aspects et les sous-as pects dans un texte descriptif 454 • Comment faire des pr édictions à partir d’un survol 44 8

u’ont en commun le chimpanzé et le noyer cendré ? la loutre de mer et le faucon pèlerin ? le sabot de Vénus et l’aloès faux dragonnier ?

le carcajou et la perruche de Maurice ? Tous sont menacés de disparaître de la surface de la Terre. Dans cette séquence, vous vous pencherez sur la question de la survie des espèces. Vous lirez des textes qui parlent d’activités humaines désastreuses pour l’environnement. Vous verrez aussi pourquoi il est important de préserver les plantes et les animaux.

textes descriptifs. Vous pourrez ainsi observer comment ces textes sont construits, quelles marques on y glisse pour faciliter la lecture. Vous examinerez ensuite diverses façons de présenter l’information pour attirer Vous aborderez ces questions dans des

l’attention et intéresser les lecteurs et lectrices.

Vous poursuivrez votre réflexion en montant

une planche descriptive dans laquelle vous ferez connaître à vos camarades de classe ou d’école une espèce animale ou végétale en danger. À vous de faire preuve à la fois de sérieux et de créativité pour les sensibiliser à la question.

Séquence 2

Planète en péril

231

Au départ Extinction, disparition, espèce menacée… Découvrez les mots du péril en faisant l’activité proposée.

1. Voici des mots pour parler du péril qui pèse sur les espèces animales et végétales: ESPÈCE

menacée (d’extinction)

en voie d’extinction

en danger de disparition

vulnérable disparue

éteinte disparue au pays

a) En équipe, essayez d’expliquer dans vos mots ce que ces différents termes signifient. Notez vos explications. b) Placez maintenant ces mots le long d’une échelle graphique comme celle-ci:

Attention, il y a deux couples de synonymes parmi ces termes.

La disparition des espèces vivantes : les mots du péril Trop tard Situation très critique Situation critique

2.

— — — — —

Commencez à réfléchir à l’espèce sur laquelle vous aimeriez travailler. Voici quelques données1 pour guider votre choix. Une fois que vous les aurez lues, poursuivez votre réflexion en consultant le document qu’on vous remettra. • Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), tous les jours, trois espèces disparaissent à tout jamais. • Actuellement, plus de 5 000 espèces animales et plus de 34 000 espèces végétales sont menacées d’extinction, dont : – 25 % des 4 300 espèces de mammifères; – 11 % des 9 700 espèces d’oiseaux (surtout des rapaces et des grands échassiers); – 20 % des reptiles (notamment des tortues et des crocodiles); – 34 % des poissons (en particulier les poissons d’eau douce migrateurs); – une espèce d’arbre sur 10.

1. Données extraites de L’homme et l’environnement, sous la direction d’Isabelle Bourdial, Paris, Larousse / VUEF, coll. «Portail des sciences», 2001.

232

MODULE 5

CIEL ET TERRE

En marche vers le

En survolant un texte, vous pouvez déjà avoir une idée de son sujet. Ici, regardez plus particulièrement le titre. Laissez-vous porter par les mots: que vous suggèrent-ils ? Qu’est-ce qu’ils évoquent pour vous ?

TERRE:

la planète miracle 5

10

15

20

25

30

«En voilà une drôle de planète !» Voilà, grossièrement traduit, ce qu’un extraterrestre en croisière dans le système solaire s’écrierait en découvrant la Terre de l’espace. En effet, vue de «là-haut», la Planète bleue qui nous héberge 1 a tout d’une énigme. Prenez son atmosphère, remplie de dioxygène (O2 ). En temps normal, ce gaz adore se combiner avec les roches ou les métaux pour former… des oxydes, comme la rouille. En tout cas, il ne reste jamais seul très longtemps. Autrement dit, si nous en 2 respirons nuit et jour, c’est que la Terre se débrouille pour en produire, d’une façon ou d’une autre ! Comment ? Grâce aux plantes, qui fabriquent à feuilles rabattues le précieux gaz en mélangeant le dioxyde de carbone (CO2 ) aux rayons solaires. C’est ce qu’on appelle la «photosynthèse». Maintenant, imaginez que notre alien, intrigué par la présence de tant d’oxygène, poursuive ses recherches. Tout porte à croire qu’il classerait définitivement la Terre parmi les planètes porte-bonheur ! Située ni trop près ni trop loin du Soleil, elle bénéficie d’une température moyenne (14 oC) permettant à l’eau d’exister sous forme liquide, la condition expresse, jusqu’à preuve du contraire, pour que la vie puisse croître et embellir. Autre coup de chance : sa masse est suffisante pour retenir, grâce à la gravité, le CO2 et l’O2 indispensables à la vie. Et son atmosphère contient de l’ozone qui bloque les rayons ultraviolets les plus dan-

35

40

gereux émis par le Soleil et qui, sans cela, nous transformeraient tous en corn flakes 3 . Dernier bon point : la Lune stabilise son axe de rotation. Sans le concours de ce satellite naturel, le climat serait très irrégulier, des âges glaciaires succéderaient sans cesse à des canicules 4 infernales 5 . L’horreur ! Fabrice Nicot, «Terre : la planète-miracle perd-elle la boule ? », Science et Vie junior, no 169, octobre 2003, p. 55.

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE 1

Expliquez l’image «la Planète bleue qui nous héberge».

2

Qu’est-ce que le pronom en remplace ?

3

Expliquez cette image.

4

Qu’est-ce qu’une canicule ?

5

a) À quelle famille de mots appartient

infernales ? b) Trouvez un synonyme qui convient

dans le contexte.

Séquence 2

Planète en péril

233

INTERROGER LE TEXTE ET RÉAGIR Repérer les idées importantes

1. Quel est le sujet du texte Terre : la planète miracle ? Choisissez un des groupes nominaux ci-dessous.

1) 2) 3) 4)

La visite d’un extraterrestre sur la Terre. L’importance de l’oxygène sur la Terre. Les caractéristiques propices à la vie sur la Terre. Les caractéristiques néfastes à la vie sur la Terre.

2. a) Le titre fournit souvent des indices sur le sujet.

Tenez compte de tous les mots du titre pour répondre.

Est-ce le cas ici ? Expliquez votre réponse. b) Quelle phrase du texte reprend l’idée contenue dans le titre ?

3. Dans l’introduction de ce texte descriptif, l’auteur constate que la Terre est différente des autres planètes. Dans le développement, il décrit les différences. Dites à quelle ligne se termine l’introduction et à quelle ligne commence le développement.

4. a) Le tableau suivant présente les idées importantes du développement. Copiez-le et remplissez-le. Donnez chaque aspect sous la forme d’un groupe nominal. Sujet du texte

Aspects

Situation dans le texte

1re caractéristique: La présence

2e paragraphe

2e caractéristique: La

3e paragraphe, lignes 24 à 29

par rapport au Soleil

3e caractéristique: Une

3e paragraphe, lignes 30 à

4e caractéristique: La présence

3e paragraphe, lignes

5e caractéristique: La présence

3e paragraphe, lignes 35 à 40

à 35

b) Relevez les organisateurs textuels qui relient les trois dernières caractéristiques. c) Dites ce que ces organisateurs expriment: une organisation temporelle, une organisation spatiale, une organisation logique d’addition, de cause ou de conséquence.

La reprise de l’information

5. a) Quels sont, dans le deuxième paragraphe, les mots qui reprennent le nom dioxygène ? Trouvez les reprises suivantes : • une reprise par un générique; • deux reprises par un pronom. b) Quel mot du dernier paragraphe reprend le groupe nominal un extraterrestre (ligne 2) ? c) Cherchez, dans le dernier paragraphe, les reprises suivantes du GN la Terre (ligne 4): • une reprise par un pronom; • trois reprises par un déterminant possessif. d) Dans le dernier paragraphe, quel GN reprend le GN la Lune (ligne 36) ?

234

MODULE 5

CIEL ET TERRE

vers le

La Terre, une belle planète, certes ! Mais également une planète en danger. En lisant le texte documentaire ci-dessous, vous verrez comment l’auteure s’y est prise pour nous intéresser à la question, pour faire en sorte que nous prenions la peine de lire son article.

ANIMAUX ET PLANTES : la biodiversité menacée Depuis l’apparition de la vie sur Terre, il y a 3,9 milliards d’années, les formes de vie se sont diversifiées. Elles constituent une ressource précieuse pour les êtres humains.

5

10

15

20

Qu’est-ce que la biodiversité ? C’est la diversité des formes de vie. Jusqu’à aujourd’hui, les scientifiques ont observé des millions d’espèces d’animaux et de plantes, et il en reste à découvrir. L’être humain diminue la biodiversité On pense que la moitié des espèces peuplant les continents de la planète s’éteindront d’ici la fin du XXIe siècle à cause de l’être humain… Certes, des espèces ont disparu naturellement au cours de l’évolution, mais les extinctions dues à l’être humain ont lieu 100 à 1 000 fois plus vite !

ESPÈCES RARES !

Les forêts tropicales ont une grande biodiversité.

En Amazonie, certaines espèces existent uniquement sur une très petite parcelle de forêt : 1 km2, par exemple. Si on déboise ce territoire, on extermine toutes les espèces qu’il contient.

Séquence 2

Planète en péril

235

LE CHAT DU GARDIEN DU PHARE En 1864, sur une île proche de la NouvelleZélande, le chat du gardien du phare extermina les xéniques, oiseaux incapables de voler.

55

60

La pervenche de Madagascar est la source d’un médicament contre certains cancers. 65

Quelles sont les causes des extinctions ? Les principales causes des extinctions sont les suivantes : 25

30

35

40

236

— la chasse, la pêche, la coupe de végétaux pour l’alimentation de populations croissantes 1 , les loisirs (collections de papillons, d’orchidées…) et le commerce (vente des défenses d’éléphant pour la fabrication de bijoux en ivoire); — la destruction des milieux naturels; — l’introduction d’espèces étrangères qui mangent les espèces locales ou les concurrencent 2 : par exemple la caulerpe, algue tropicale arrivée accidentellement en Méditerranée, élimine les autres algues.

MODULE 5

CIEL ET TERRE

45

50

Pourquoi préserver la biodiversité ? Tout d’abord parce qu’elle est indispensable aux équilibres naturels : si l’on extermine certains oiseaux, des insectes pullulent 3 . De plus, la biodiversité est l’avenir de l’alimentation; la nature renferme quantité d’espèces comestibles 4 . Comme les

70

«cousines» sauvages des plantes cultivées résistent mieux aux insectes, aux maladies, il faut les conserver par prudence. La biodiversité sert aussi à la médecine : près de 60 % des médicaments sont issus 5 des plantes. Si l’on détruit des plantes encore inconnues, on détruit les substances utiles qu’elles contiennent. Les animaux et les plantes sont aussi une source de loisirs : sans doute aimez-vous les observer, les dessiner… Enfin, d’un point de vue moral, de quel droit l’être humain détruit-il des espèces vivantes ? Isabelle Ramade ex Masson, L’écologie, agir pour la planète, Toulouse, Éditions Milan, coll. «Les essentiels Milan junior», 2000, p. 20-21. Texte remanié à des fins pédagogiques.

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE 1

a) Qu’est-ce que croissantes signifie dans le contexte ? b)

De quelles populations est-il question ?

2

Expliquez ce qui arrive lorsque les espèces se concurrencent.

3

Donnez un synonyme de pullulent.

4

Qu’est-ce qu’une espèce comestible ?

5

Par quoi peut-on remplacer sont issus ?

INTERROGER LE TEXTE ET RÉAGIR Le sujet du texte

6. a) De quoi le texte Animaux et plantes : la biodiversité menacée parle-t-il ? Dites-le en un mot seulement. b) Examinez maintenant le titre. Que constatez-vous ?

La structure du texte

7. Ce texte comporte une introduction et un développement ainsi que des capsules informatives et des illustrations. a) À quelle ligne l’introduction se termine-t-elle ? b) Le développement suit une progression logique. Retrouvez-la en plaçant les quatre aspects du sujet dans le bon ordre:

raisons pour conserver la biodiversité

définition de la biodiversité

raisons de la diminution de la biodiversité

diminution de la biodiversité

c) Qu’est-ce qui signale les quatre parties du développement ?

8. a) Dans la partie sur les causes des extinctions, combien y a-t-il de sous-aspects ? Nommezles. b) Quelle marque vous a permis de repérer les sous-aspects ?

9. a) Combien de raisons de préserver la biodiversité l’auteure donne-t-elle ? b) Par conséquent, en combien de sous-aspects la partie où l’on traite des raisons de préserver la biodiversité est-elle divisée ? c) Comment s’appelle la marque qui vous a permis de repérer les sous-aspects ? d) Relevez, dans cette même partie du texte, les exemples de la marque mentionnée au point précédent.

Séquence 2

Planète en péril

237

10.

En vous servant de tout ce que vous venez d’observer aux numéros 6 à 9, retracez l’organisation de ce texte sur le document qu’on vous remettra.

Comprendre la structure du texte descriptif aide à repérer les éléments importants d’un texte.

Une information appropriée

11. a) Trois termes sont définis dans cet article. Lesquels ? b) En tant que lecteur et lectrice, trouvez-vous ces définitions nécessaires ou superflues ? Expliquez votre réponse. c) Si ce texte s’adressait à des spécialistes de l’écologie, ces définitions auraient-elles leur place ? Pourquoi ?

Tenez compte des capsules informatives.

Pour intéresser les destinataires

12.

L’auteure suscite notre intérêt, entre autres à l’aide d’exemples, de capsules informatives et d’illustrations. a) Relevez les exemples présentés entre les lignes 25 et 43. b) Pour retenir l’attention, les exemples doivent être parlants. Prenez un exemple relevé en a et montrez qu’il est parlant. c) Relisez les capsules informatives («Espèces rares !», p. 235, et «Le chat du gardien du phare», p. 236) et montrez qu’elles sont liées au sujet. d) Que pensez-vous de chacun des titres de ces capsules ? e) Les légendes qui accompagnent les illustrations sont-elles nécessaires ? Pourquoi ?

13. 238

MODULE 5

CIEL ET TERRE

En quoi la mise en pages de l’article a-t-elle stimulé votre intérêt ?

vers le

Vous venez de lire comment nous participons à la destruction de la Terre. Voici d’autres exemples des ravages dont nous sommes souvent à l’origine.

LA

DÉGRADATION DES

MILIEUX

NATURELS

D 5

10

15

20

25

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE 1

Qu’est-ce que la culture sur brûlis ?

2

À combien de mètres un hectare correspond-il ?

éforestation, érosion, désertification, assè chement de zones humides et bétonnage des rivages : encore des dégâts dus à l’être humain. La déforestation, c’est la disparition des forêts de la planète. Les plus menacées sont les forêts tropicales et équatoriales de l’Amazonie, de l’Afrique, de l’Indonésie : 125 000 à 250 000 km2 de moins chaque année ! Des entre prises internationales défrichent pour planter des cultures d’exportation (bananiers) ou coupent les arbres pour vendre leur bois (teck, acajou…). Comme la population augmente, la coupe et les cultures sur brûlis 1 , devenues trop intenses, empêchent la forêt de se reconstituer. Autre cause de ravages, les grands incendies de forêt : en Indonésie, en 1998-1999, ils ont détruit plus de 6 millions d’hectares 2 !

Séquence 2

Planète en péril

239

30

35

40

L’érosion est la destruction des sols. La déforestation, la culture et le surpâturage 3 sur des sols légers ou en pente les 4 déstabilisent : ils sont emportés par le vent ou par les pluies. Ces mêmes activités humaines aboutissent à la désertification dans les ré gions de climat sec, comme au Sahel 5 . En effet, les forêts

45

50

55

génèrent de l’humidité : si on les coupe, il pleut moins ! La désertification touche 60 millions d’hectares par an. Les zones humides, ce sont les marécages, les deltas, c’est-à-dire les plaines inondables des fleuves par les crues 6 . Les êtres humains les 7 ont asséchées pour gagner des terres cultivables ou y faire des aménagements : des logements, des industries, des routes. Pour les mêmes raisons, les fleuves,

60

65

par exemple le Rhin, ont souvent été rectifiés et canalisés avec des digues 8 . Les rivages sont menacés par le tourisme de masse : chaque année, 150 millions de touristes déferlent sur les rives de la Méditerranée. D’où le bétonnage de la côte : on construit des logements pour les vacanciers. Isabelle Ramade ex Masson, L’écologie, agir pour la planète, Toulouse, Éditions Milan, coll. «Les essentiels Milan junior», 2000, p. 18-19. Texte remanié à des fins pédagogiques.

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE

Un hectare est l’équivalent d’un terrain de football. En 1998-1999, les incendies de forêts ont détruit plus de 6 millions d’hectares en Indonésie ! La désertification touche 60 millions d’hectares par an.

240

MODULE 5

CIEL ET TERRE

3

Expliquez le sens de ce mot en vous appuyant sur sa construction.

4

Qu’est-ce que le pronom les remplace ?

5

Où cette région est-elle située ?

6

Qu’est-ce qu’une crue ?

7

Qu’est-ce que le pronom les remplace ?

8

À quoi les digues servent-elles ?

INTERROGER LE TEXTE ET RÉAGIR Le sujet, les aspects et les sous-aspects

14. Quel est le sujet de ce texte ? 15. a)

Quatre aspects

Les intertitres qui indiquaient les quatre aspects abordés dans le développement ont été retirés. Rédigez-les en suivant le modèle proposé ci-dessous et indiquez audessus de quel paragraphe vous placeriez chacun.

Intertitre sous la forme d’un GN

Intertitre sous la forme d’une phrase interrogative

Emplacement

1

… b)

Retracez l’organisation de ce texte sur le document qu’on vous remettra.

Un ajout d’information

16. a) Rédigez une légende pour la photo de la page 239 et une autre pour celle de la page 240 de façon à créer un lien entre ces photos et l’article La dégradation des milieux naturels. b) Si vous deviez ajouter une photo pour illustrer cet article, qu’ajouteriez-vous ? c)

Rédigez une capsule informative de 30 mots environ sur la forêt québécoise. Imaginez que cette capsule accompagne l’article La dégradation des milieux naturels. Remarque : Assurez-vous que l’information fournie est juste, qu’elle va dans le même sens que l’article et qu’elle est compréhensible par un lecteur ou une lectrice de votre âge.

Rivière de L’Assomption, Saint-Jeande-Matha, au Québec. Le déboisement entraîne l’érosion.

Séquence 2

Planète en péril

241

vers le

Les poètes aussi savent parler d’environnement. Dans leur langage particulier, les poètes nous disent les périls qui guettent la Terre.

L’ESPOIR VERT 3

[…] cela faisait déjà un petit bout de temps qu’ils déboisaient 1

6

qu’ils déboisaient déboisaient déboisaient on a trouvé qu’ils abusaient

9

Bien sûr la fin des arbres ou la fin de la terre c’est pas la fin du monde […] Jacqus Pévt, «L’spo vt » (xtat), dans Arbres (Édtons Gallmad) © Fatas / Succsson Jacqus Pévt, dots numéqus ésvés.

Tant de forêts 3

6

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE 1

a) Qu sgnf déboiser ? b) Déboiser st un mot dérivé d qul

aut ? 2

a) À quo un otatv st-ll ? b)

242

Pouquo l poèt a-t-l nvnté l’adjctf rotativées ?

MODULE 5

CieL eT Terre

Tant de forêts arrachées à la terre et massacrées achevées rotativées 2 Tant de forêts sacrifiées pour la pâte à papier des milliards de journaux attirant annuellement l’attention des lecteurs sur les dangers du déboisement des bois et des forêts. Jacqus Pévt, «Tant d foêts», dans La pluie et le beau temps (Édtons Gallmad) © Fatas / Succsson Jacqus Pévt, dots numéqus ésvés.

INTERROGER LE TEXTE ET RÉAGIR Les moyens du poète pour faire connaître son point de vue

17.

a) Selon vous, pourquoi le verbe déboiser est-il répété autant de fois dans L’espoir vert ? b) Expliquez les trois derniers vers de L’espoir vert. c) Relevez le passage humoristique dans Tant de forêts et expliquez-le.

Tenez compte du sens propre et du sens figuré de «c’est pas la fin du monde».

Votre avis sur la question

18.

Revenez sur Animaux et plantes : la biodiversité menacée, La dégradation des milieux naturels, L’espoir vert et Tant de forêts. Faites un survol de ces textes pour pouvoir participer à la discussion qui suivra. a) Cela vous semble-t-il vraiment important de conserver la biodiversité ? Expliquez votre réponse. b) Vous considérez-vous comme un écocitoyen ou une écocitoyenne ? En d’autres termes, cherchez-vous à réduire les dommages à l’environnement ? Que faites-vous au juste ? c) Que pourriez-vous faire d’autre ?

Jacques Prévert, l’auteur de L’espoir vert et de Tant de forêts (poète français, 1900-1977)

Jacques Prévert est connu comme poète, auteur de chansons, de récits, de contes pour enfants, de scénarios de films. Pour décrire l’œuvre de cet écrivain pas du tout sage, les mots révolte et tendresse conviennent parfaitement. Prévert dénonce les injustices et s’attaque aux oppresseurs, mais il parle aussi de liberté et d’amour avec des mots simples, qui touchent un très large public.

243

vers le

Vous connaissez maintenant l’organisation du texte descriptif et vous savez comment rendre un article attrayant. Comme vous rédigerez un texte sur une espèce menacée, nous vous présentons un exemple que nous avons bâti à l’aide de deux sources. Observez-le attentivement, vous pourrez vous en inspirer.

Le béluga Ses caractéristiques physiques

10

On appelle aussi le béluga baleine blanche. À la naissance, la peau du petit béluga est brun rosé. À l’âge adulte, elle est blanche 5 comme neige. Son corps cylindrique est plutôt dodu : un coussinet de graisse d’environ 10 cm l’enveloppe entièrement. Ce coussin, bourré de vitamine C, sert de réserve de chaleur. Ses nageoires pectorales 1 sont courtes alors que ses nageoires caudales 2 sont grandes. Le melon, la boule de graisse située sur son front, fait paraître sa tête plus grosse. Sa peau douce est résistante, surtout sur le crâne : ce cétacé se sert de sa tête pour briser les épaisses couches de glace qui pourraient l’empêcher de venir respirer à la surface.

Son habitat 15

Le béluga vit dans les eaux arctiques et subarctiques peu profondes. Certains troupeaux migrent; d’autres, comme celui du golfe du Saint-Laurent, sont sédentaires.

Sa nourriture Le menu de cet odontocète se compose entre autres de poissons, de calmars et de crevettes, qu’il avale sans mâcher.

Ses particularités 20

25

Animal expressif, le béluga communique avec ses semblables par des mimiques faciales et une grande variété de sons, d’où son surnom de «canari des mers». À ses ennemis naturels : l’épaulard, le morse et l’ours blanc, il faut malheureusement ajouter l’être humain. Autrefois victime de la chasse commerciale, le béluga est aujourd’hui menacé par la pollution. Le troupeau du Saint-Laurent, évalué entre 5 000 et 10 000 bêtes POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE au début du XXe siècle, en compte moins de 1 000 actuellement. La 1 Où les nageoires pectorales sont-elles colonie, vieille de 10 000 ans, est en situées ? danger de disparition. 2 Où les nageoires caudales se trouventD’après Angèle Delaunois, Les animaux du Grand Nord, et Marie-Claude Ouellet, Fabuleuses elles ? baleines et autres mammifères marins du Québec.

244

MODULE 5

CIEL ET TERRE

L’étymologie, la science de l’origine des mots, nous apprend que le mot cétacé vient du grec kêtos, qui signifie gros animal marin. Un cétacé est donc un gros animal marin. En décomposant les mots, on peut découvrir leur sens. Ainsi, dans odontocète on trouve cète, l’équivalent de cétacé, et odonto, qui veut dire dent (pensez à orthodontiste). Un odontocète est tout simplement un gros animal marin muni de dents. Quant au monodontocète, c’est un gros animal marin à une seule dent, comme le narval.

INTERROGER LE TEXTE ET RÉAGIR Pour accompagner le texte

19. a) Si vous deviez choisir une photo spectaculaire pour illustrer le premier paragraphe du texte Le béluga, que choisiriez-vous ? b) Par conséquent, quelle phrase du premier paragraphe serait retirée du texte et placée en légende près de la photo ?

20. a) Quelle information du dernier paragraphe pourrait être retirée du texte et placée dans une capsule informative ? b) Quel titre donneriez-vous à cette capsule ?

Synonyme, générique et spécifique

21. Quels sont les deux synonymes de béluga employés dans ce texte ? 22. a) Béluga, cétacé, odontocète, mammifère, comment s’organise la lignée du béluga ? Placez ces mots dans un schéma comme celui-ci en commençant par le terme le plus générique.

b) Dans cette lignée, quel mot est un terme générique seulement ? c) Quel mot est un terme spécifique seulement ? d) Dans cette lignée, quels mots sont à la fois des termes génériques et des termes spécifiques ? Expliquez votre réponse.

Le deux-points

23. Ce texte comporte trois phrases dans lesquelles se trouve un deux-points (lignes 6, 11, 22). Examinez-les. a) Laquelle de ces phrases contient une énumération ? Qu’est-ce qui est énuméré ? b)

Qu’est-ce que le deux-points introduit dans les deux autres phrases : une explication ou un résultat ? Justifiez votre réponse.

Séquence 2

Planète en péril

245

Au fil d’arrivée Monter une planche descriptive sur une espèce animale ou végétale en danger. Grâce aux activités que vous avez faites dans cette séquence, vous avez en main toutes les notions nécessaires pour produire une planche descriptive sur une espèce en péril. Il ne vous reste qu’à vous mettre au travail en équipe de deux. Pour en savoir davantage sur les espèces menacées, prenez le temps de lire les textes de votre Recueil de textes. La planche descriptive

1. Voici les éléments qu’on devrait retrouver sur votre planche (grand carton de 25 cm sur 38 cm): • un titre qui indique clairement le sujet; • un texte descriptif de 200 à 225 mots s’adressant à des destinataires de votre âge; • une capsule informative titrée; • deux illustrations (dessin ou photo) accompagnées de leur légende.

Les consignes pour le texte

2. Votre texte devra contenir les éléments suivants: • des termes génériques et spécifiques; • des intertitres pour indiquer les différents aspects; • des marques (tiret, organisateur textuel, ponctuation, changement de paragraphe) pour délimiter les sous-aspects; • un deux-points devant une énumération; • la mention des deux ou trois sources principales utilisées (consultez Comment rédiger une référence bibliographique, à la page 478, s’il y a lieu).

La révision

3. Révisez votre texte avant de le placer sur la planche descriptive.

L’être humain appartient à la terre, mais la terre n’appartient pas à l’être humain.

246

MODULE 5

CIEL ET TERRE

D’AUTRES

rendez-vous...

Explorez d’autres textes pour vous renseigner sur les espèces menacées et sur la préservation de l’environnement. Vous en tirerez des idées pour réaliser votre planche descriptive. Dans votre Recueil de textes, vous trouverez… • des textes documentaires et un reportage qui font réfléchir : Qui montera dans l’arche ?, Protéger la Terre-Mère, Menace sur l’Amazonie ; • des poèmes qui disent non à la pollution : Colère, Démonter ce paysage, Épître aux oiseaux de cette côte, La planète malade ; • l’histoire d’un homme et d’un enfant qui, chacun à sa manière, luttent pour protéger la nature: L’homme qui plantait des arbres, Théo sauve un arbre.

Retour Autoévaluation e des termes d’évaluation : Lorsque c’est possible, répondez à l’aid Beaucoup / Assez / Un peu. POINTS À ÉVALUER ence, je suis plus en mesure: 1. Après avoir travaillé dans cette séqu -aspects dans un texte descriptif; a) de reconnaître les aspects et les sous à l’aide de différentes marques; b) de délimiter les part ies d’un texte e façon intéressante ; c) de présenter de l’information d’un et les termes spécifiques. d) de distinguer les termes génériques mieux : r mener à bien l’activité finale, je sais 2. Après avoir fait de la recherche pou nt des renseignements utiles; a) trouver de la documentation contena texte. b) repérer l’information utile dans un 3. a) J’ai aimé travailler en équipe. . b) Voici pourquoi: . : ipe, j’aimerais améliorer l’aspect suivant c) Lors d’un prochain travail en équ . ant: écrite, j’aimerais améliorer l’aspect suiv 4. Lors d’une prochaine production s les planches ation que j’ai trouvé intéressantes dan 5. Les façons de présenter de l’inform . antes: réalisées par mes camarades sont les suiv e aux questions environnementales : 6. Maintenant, je m’intéresse davantag a) grâce aux textes de la séquence ; b) grâce à mes recherches; mes camarades. c) grâce aux planches descriptives de

Séquence 2

Planète en péril

247

Temps d’arrêt Le deux-points

1. Dans les phrases suivantes, le deux-points introduit toujours une énumération. Dans chaque phrase: a) repérez le terme englobant (il est placé avant le deux-points); b) numérotez les éléments énumérés (ils sont situés après le deux-points). Exemple : Il existe deux espèces d’éléphants: l’éléphant d’Asie, qui pèse environ 5,5 tonnes,

et l’éléphant d’Afrique, qui peut atteindre 7,5 tonnes1. a) Terme englobant : deux espèces d’éléphants. b) Éléments énumérés : 1) l’éléphant d’Asie; 2) l’éléphant d’Afrique.

1) Les baleines disposent d’un répertoire considérable de sons sous-marins: aboiements, sifflements, cris et murmures. 2) Peu concurrencées par des mammifères, les colonies d’oiseaux prospèrent : fous, frégates et les très rares mouettes obscures. 3) Nos plus proches parents sont les quatre grands singes: le gorille, le chimpanzé (avec lequel nous avons en commun 98,4 % d’ADN), le bonobo (chimpanzé nain) et l’orangoutan. 4) La Floride possède 2 000 km2 de mangrove, avec trois espèces de palétuviers: rouge, noir et blanc.

2. Dites si le deux-points introduit une explication ou un résultat (une conséquence) dans les phrases ci-après. RAPPEL

• Le deux-points qui introduit une explication se remplace ainsi :



Quant aux Andes, leur environnement doit absolument être protégé : toute destruction ou pollution de cette région aurait un effet désastreux.

 Quant

aux Andes, leur environnement doit absolument être protégé. Pourquoi ? Parce que toute destruction ou pollution de cette région aurait un effet désastreux.

• Le deux-points qui introduit un résultat se remplace ainsi :



L’acajou est particulièrement prisé pour son bois sombre : environ 40 % de l’acajou du Brésil est exporté pour la fabrication de meubles.

 L’acajou

est particulièrement prisé pour son bois sombre. Par conséquent, environ 40 % de l’acajou du Brésil est exporté pour la fabrication de meubles.

1. Les phrases citées dans le «Temps d’arrêt» sont tirées de: Atlas des espèces en danger, par Richard Mackay, traduit de l’anglais par Brigitte François, Paris, © Éditions Autrement, coll. «Atlas/ Monde», 2002.

248

MODULE 5

CIEL ET TERRE

1) La tortue géante, jadis bien représentée sur les îles, constituait un repas facile pour les marins: trois des 14 espèces connues ont disparu. 2) Les fauves ont toujours été chassés : ils sont dangereux, et le négoce de leur fourrure, de leurs griffes et de leurs dents rapporte d’importants bénéfices. 3) L’iguane marin ne se rencontre qu’aux Galápagos : cette rareté le rend particulièrement vulnérable aux pollutions locales et à la destruction de son habitat. 4) Le rôle des primates sur l’environnement est incomparable: ils participent à la pollinisation et à la dispersion des graines. 5) L’aloès faux dragonnier se rencontre en Afrique du Sud et en Namibie sur les terrains qu’affectionnent les chèvres et les ânes: il en existe à présent moins de 200 spécimens. 6) Les habitats végétaux naturels sont d’une grande utilité: ils préviennent l’érosion des sols, filtrent les polluants de l’eau et facilitent les échanges gazeux dans l’atmosphère. Les termes génériques et spécifiques

3. Placez, dans un schéma comme celui ci-dessous, les termes suivants: amanite, bolet, champignon, chanterelle, cryptogame, morille, truffe, vesse-de-loup. terme générique terme générique et spécifique termes spécifiques

4. Les phrases suivantes contiennent des génériques et des spécifiques. Relevez-les et placez-les dans un diagramme circulaire comme celui présenté à l’article Générique et spécifique, à la page 363.

1) Les éléphants et les rhinocéros sont eux aussi des ongulés. 2) Les humains s’intéressent à certains invertébrés tels que les papillons; mais la plupart les perçoivent comme répugnants ou du moins trop nombreux pour bénéficier d’un effort de conservation. 3) Il existe entre 275 000 et 300 000 espèces de plantes vasculaires (dotées de tiges, de racines et de feuilles) telles que fougères, conifères et plantes à fleurs. 4) Le ara hyacinthe est le plus grand perroquet du monde, mais cette particularité ne le protège en rien. 5) Les équidés (chevaux), les cervidés (cerfs, chevreuils, etc.) et les animaux de bétail sont tous des mammifères ongulés, c’est-à-dire dotés de sabots composés de peau durcie leur permettant de courir.

Séquence 2

Planète en péril

249

VOIR AUTREMENT

250

MODULE

Qui es-tu ? Quelques mots, et voilà que l’autre nous parle de sa culture, de son lieu d’origine, de ses expériences, de ses idées…

6

SOMMAIRE SÉQUENCE 1

Qui suis-je ? D’autres mots, et nous nous demandons ce que nous attendons de la vie, quelles valeurs nous défendrons, quelles idées sont importantes à nos yeux.

Découvrir la différence Des textes pour découvrir les autres, leur culture, leur manière de vivre, leurs traditions…

Qui es-tu ? Qui suis-je ? Deux questions pour voir les autres autrement et pour se voir autrement.

DES EXTRAITS DE ROMANS :

voyage en Chine . . . . . . . . . . . . . 254  Des univers différents . . . . . . . . . . . 264  Un

UN EXTRAIT DE NOUVELLE :

 Aïcha . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 257 UN TEXTE DESCRIPTIF :

 Le

racisme expliqué à ma fille . . . 261

UN POÈME :

 La

langue du cœur

. . . . . . . . . . . . . . 266

SÉQUENCE 2

Grandir dans sa tête Des textes pour vous interroger sur vos opinions, vos perceptions, vos valeurs… DES EXTRAITS DE NOUVELLES :

Noël de Sylvestre . . . . . . . . . . . . 276  Retrouvailles . . . . . . . . . . . . . 286 et 290  Le

UN TEXTE DESCRIPTIF :

 Le

RECUEIL DE TEXTES

A

drame du homard

. . . . . . . . . . . 284

Des textes de toutes sortes pour explorer davantage le thème du module.

251

SÉQUENCE

1

Découvrir la différence

L

CONNAISSANCES ET STRATÉGIES

• Groupe nominal 368 • Accords dans le GN 305 • Champ lexical 316 • Comment analyser un e situation de prise de parole 493 • Comment répéter en vue d’une présentation orale 500

a différence peut être attirante comme elle peut déranger et même faire peur lorsqu’on la connaît mal. Pour lutter contre les préjugés, quoi de mieux

que de partir à la découverte des autres, de leurs traditions, de leurs coutumes, de leur culture, de leur façon de vivre ? C’est ce que vous ferez ici en voyant comment Catherine et Li finissent par se comprendre, la réaction de la nouvelle amie d’Aïcha devant ses vêtements et ce que pensent My-Lan, Ernesto, Ali et Tung de la neige. Les pistes de réflexion qui accompagnent les textes seront l’occasion de vous pencher sur vos propres façons de voir. Elles vous permettront aussi d’apprendre à apprécier la différence. Tout au long de cette séquence, vous verrez également comment mieux

communiquer en choisissant le vocabulaire approprié.

À la fin de la séquence, vous présenterez oralement à vos camarades une découverte que vous avez faite sur une autre culture. Pensez-y dès maintenant. Qu’est-ce qui vous intéresse chez les autres : leurs vêtements, leur musique, leurs objets d’art, leur nourriture, leurs coutumes, leur façon de fêter un mariage ? Tournez votre regard vers les autres, posez-leur des questions, renseignez-vous pour mieux les connaître, voilà le mot d’ordre de cette séquence.

252

MODULE 6

VOIR AUTREMENT

Au départ Avant de vous mettre à l’œuvre, partagez avec vos camarades de classe ce que vous savez sur d’autres cultures que la vôtre. Vous en savez peu ? Écoutez attentivement, vous allez beaucoup apprendre.

1.

a) Connaissez-vous des mets ou des produits alimentaires qui viennent d’ailleurs ? Nommez-les. b) Si vous avez déjà goûté ces mets ou ces produits, dites dans quel contexte vous avez fait cette expérience (au restaurant, à la maison, chez des amis et amies, lors d’une foire de dégustation…) et comment vous l’avez appréciée.

2. 3.

Nommez des vêtements qui sont associés à d’autres cultures. Avez-vous déjà porté ces vêtements ? Dans quelles circonstances ? a) Vous connaissez les fêtes religieuses et les périodes de réjouissances importantes au Québec, entre autres, Noël, Pâques, le jour de l’An, la Saint-Jean-Baptiste, le Carnaval. En connaissez-vous qui sont associées à d’autres cultures ? Lesquelles ? b) Si vous participez, vous ou votre famille, à des fêtes liées à d’autres cultures, expliquez en quoi consistent ces fêtes.

La fête qu’on connaît sous le nom de Halloween est une fête d’origine gauloise. Durant une quinzaine de jours, vers la fin d’octobre, les druides gaulois réclamaient des présents pour apaiser les morts et proféraient des malédictions en cas de refus. Lorsque la culture celte a disparu de France, la tradition s’est poursuivie en Irlande, en Écosse et au pays de Galles. Elle a ensuite gagné les États-Unis, d’où elle nous est parvenue. Halloween vient de All Hollow Even, ou veille de la fête de tous les saints, fête qui correspond à la Toussaint dans le calendrier grégorien (le calendrier des chrétiens).

Séquence 1

Découvrir la différence

253

En marche vers le

Comment se comprendre quand on ne parle même pas la même langue ? C’est le problème que doivent résoudre deux adolescentes. Suivez-les au fil de leurs découvertes.

UN VOYAGE EN CHINE Catherine a été adoptée par un couple québécois à l’âge de six mois. Aujourd’hui, à quatorze ans, elle retourne en Chine pour connaître sa famille d’origine. Les différences sont grandes entre son mode de vie et celui qu’elle découvre auprès de sa cousine Li.

5

Li devait aller chercher l’eau à la fontaine du village. Catherine l’accompagna. En sortant, Li agrippa une perche de bambou et y accrocha un seau à chaque extrémité. Puis, aussi facilement que s’il s’était agi d’installer une sacoche en bandoulière, elle jeta la palanche 1 sur son épaule. D’un geste, elle fit signe à sa nouvelle compagne de la suivre. Un homme sur le seuil de la première maison qu’elles rencontrèrent s’informa de l’identité de Catherine. À l’air moqueur de Li, Catherine devina qu’elle avait esquivé 2 la difficulté. Puis ce furent d’autres maisons et d’autres regards inquisiteurs 3 le long de la rue en terre battue. Une fois au puits, encore en fonction sur la

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MODULE 6

VOIR AUTREMENT

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place du village, Li déposa les seaux par terre et les emplit un à un. Elle les distança ensuite sur le sol et se préparait à les relever en même temps à l’aide de sa perche lorsqu’elle vit Catherine mimer son intention de les porter à son tour. Trouvant curieuse sa requête, elle s’y prêta quand même de bonne grâce. Des jeunes s’assemblèrent autour d’elles pour assister au spectacle. Li aida Catherine à se charger de la palanche. Elle lui montra où, à la jonction du cou et de l’épaule, il fallait poser le creux de la perche un peu recourbée. Malgré le poids, les premiers pas de Catherine furent engageants 4 . Mais, peu à peu, elle commença à perdre le rythme des secousses de sa charge et l’eau se mit à gicler hors des seaux, devant les sourires des spectateurs. Prête à intervenir, Li lui fit signe désespérément de procéder à petits pas si elle voulait se rendre à destination. Catherine voulait bien obéir à son injonction 5 , mais arrivait mal à épouser le rythme du balancement de l’eau dans les seaux. Par bonheur, à mesure que ceux-ci se vidaient, le poids du fardeau s’allégeait d’autant. Sauf qu’à ce train-là on manquerait vite d’eau à la maison. En désespoir de cause et l’épaule en charpie, elle déclara forfait 6 et redéposa les seaux à terre. Elle comprenait maintenant pourquoi les femmes qu’elle avait entrevues le long de la route avec ce genre de truc sur l’épaule avaient une démarche aussi saccadée. Il fallut retourner au puits et remplir de nouveau les seaux. Cette fois, Li se chargea du transport, pendant que sa cousine d’Amérique, l’épaule droite endolorie, crânait 7 sous les sourires narquois des gars et des filles du village. Guy Dessureault, Lettre de Chine, Saint-Laurent, Éd. Pierre Tisseyre, coll. «Conquêtes», 1997, p. 165 à 167.

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE 1

En vous aidant du contexte, dites ce qu’est une palanche.

2

Qu’est-ce que le verbe esquiver signifie ?

3

Trouvez deux synonymes de l’adjectif inquisiteur.

4

D’après le contexte, qu’est-ce que cette phrase signifie ?

5

Qu’est-ce qu’une injonction ?

6

Trouvez un verbe qui pourrait remplacer l’expression figée déclarer forfait.

7

a) À quelle variété de langue le mot crâner appartient-il ? b) Dites en vos mots ce que signifie crâner.

INTERROGER LE TEXTE ET RÉAGIR Les différences dans les modes de vie

1. a) Le mode de vie de Li est très différent du mode de vie nord-américain. Relevez, dans Un voyage en Chine, au moins quatre exemples de ces différences. b) Placez-vous en équipe et mettez vos réponses en commun. Séquence 1

Découvrir la différence

255

2. a) En équipe, voyez s’il y a des avantages au mode de vie de Li et faites-en une liste. Vous pouvez examiner la question sur le plan de l’environnement, de la santé, des relations humaines. b)

Aimeriez-vous vivre comme Li ? Individuellement, expliquez pourquoi dans un texte de 50 mots maximum.

Communiquer malgré tout

3. Les deux cousines ne parlent pas la même langue. Pourtant, elles arrivent à communiquer. a) Comment s’y prennent-elles ? b) Relevez quatre phrases qui montrent leur manière de faire.

4.

a) Les sentiments des personnages sont parfois visibles sur leur visage ou dans leurs attitudes. Notez, dans un tableau semblable au suivant, les passages où les sentiments des personnages apparaissent. Personnage

Sentiments manifestés

Passages de l’extrait

Li

Moquerie Étonnement Bonne volonté Attention pour Catherine

• • • •

Catherine

Orgueil



Autres personnages

Curiosité Moquerie

• •

b) Voici des groupes nominaux servant à décrire les sentiments des personnages:

1) «l’air moqueur de Li» (ligne 7) ; 2) «d’autres regards inquisiteurs» (lignes 8 et 9) ; 3) «les sourires narquois des gars et des filles» (ligne 30). Pour chacun de ces groupes nominaux, inscrivez, dans un tableau comme celui ci-après : • • • • GN étendu

le GN étendu; le noyau de chaque GN étendu; la ou les expansions de chaque noyau; la sorte de chaque expansion. Noyau

Expansion(s)

Sorte de chaque expansion

… 5.

256

MODULE 6

Pensez-vous que voyager est une bonne façon de connaître un peuple ? Pourquoi ? Discutez-en en équipe avant de rédiger une réponse individuelle d’environ 50 mots.

VOIR AUTREMENT

vers le

Il n’est pas toujours nécessaire de voyager pour connaître les autres. Ce sont parfois eux qui viennent à nous. Voyez maintenant la fascination qu’une jeune fille venue d’ailleurs peut exercer.

Aïcha 5

La directrice de l’école surgissait toujours dans notre classe comme si ses jupes étaient en flammes. Ce jour-là ne fit pas exception à la règle. J’entendis son pas de brigadier dans le couloir, ce qui me donna juste le temps de cacher quelques bandes dessinées compromettantes 1 . Elle ouvrit la porte avec brusquerie, l’œil d’aigle aux aguets, et nous toisa 2 une bonne minute avant de nous ordonner de nous rasseoir. — Mesdemoiselles, je vous présente Aïcha Ben Rachid, une nouvelle élève qui arrive tout juste du Maroc. Je vous demande de bien l’accueillir et de l’aider à s’intégrer parmi nous.

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À moitié cachée par l’imposante silhouette de la directrice, je découvris alors la plus extraordinaire petite femme que notre classe abrita jamais. Aïcha était toute petite, menue et délicate comme une poupée. Elle avait d’immenses yeux de gazelle, relevés vers les tempes, et une peau d’une blancheur de porcelaine. Elle était habillée d’une façon tellement incroyable que j’en restai bouche bée. Sa tête était couverte d’une sorte de fichu bleu clair, orné de pompons multicolores et de minuscules piécettes de monnaie, noué sur le dessus du crâne. Un haïk, sorte de grande robe noire en tissu transparent, la couvrait des pieds à la tête, mais laissait deviner des vêtements de dessous aux couleurs éclatantes : une tunique longue rose vif en tissu imprimé et un pantalon bouffant assorti, serré aux chevilles. Seule concession à nos habitudes, elle portait d’épaisses chaussettes de laine blanche dans des petits souliers dorés.

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE 1

À votre avis, pourquoi ces bandes dessinées sont-elles compromettantes ?

2

Le regard de la directrice est-il aimable ou pas ?

Séquence 1

Découvrir la différence

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Le professeur lui indiqua la place libre à côté de moi. C’était la seule disponible. Elle traversa la classe, les yeux baissés, et se glissa sur mon banc. Les piécettes de sa coiffure tintaient à chacun de ses gestes. Petite musique joyeuse qui troubla ma tranquillité. Je n’étais pas très heureuse d’être ainsi dérangée dans mon installation de luxe et de devoir entasser en catastrophe, dans une seule case, tout le bataclan 3 qui en remplissait deux. Toutes les têtes étaient tournées vers nous et le professeur eut beaucoup de mal, ce matin-là, à nous ramener aux accords du participe passé. Aïcha posa sur le pupitre une sacoche de cuir, ornée de motifs dorés en relief. Elle en sortit un cahier et plusieurs livres qu’elle aligna avec soin. Elle plongea la main une seconde fois dans son sac à merveilles et en ramena une longue boîte noire en bois, incrustée de motifs géométriques en nacre 4 . Une farandole de caractères arabes dansait tout autour du couvercle. C’était un magnifique et mystérieux objet, propre à alimenter mes envies d’envol et d’espace. Elle s’en servait comme plumier, pour ranger ses crayons et ses stylos. Je bouillais de curiosité, intriguée au plus haut point par cette fille d’ailleurs. Dans notre classe, elle ouvrait une fenêtre sur les déserts de cailloux et les oasis fragiles de son lointain pays 5 . Mine de rien, j’observai ma voisine et je me grisai 6 de nos différences. Ses mains minuscules étaient entièrement couvertes d’arabesques brunes, peintes au henné avec une patience infinie, tandis que la paume de ses mains était teinte en rouge. Un tatouage bleu en étoile soulignait son menton. Le bord inférieur de ses yeux était relevé d’un trait de khôl, noir et humide. Aïcha dégageait une odeur étrange et dérangeante. Quelque chose comme un fort parfum de fleurs, mélangé à des épices inconnues que j’imaginais brûlantes. Elle était incroyablement jolie, avec une douceur et une grâce qui n’appartenaient déjà plus à l’enfance. Ma voisine d’à côté tourna vers moi l’éclat doré de ses yeux et me sourit. Je lui tendis mon livre de grammaire en soulignant du doigt la leçon du jour et nous entrâmes ainsi, avec une sereine confiance, au pays sans frontières de l’amitié. […]

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MODULE 6

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Parfois, nous faisions des échanges. Je lui apportais du chocolat, des triangles de fromage, des tranches de gâteau aux fruits, et elle partageait avec moi les délices de sa serviette blanche. Ce n’était pas toujours de mon goût, mais cela excitait joliment mes papilles 7 . Je raffolais des petits carrés aux pistaches 8 … par contre, le chausson sucré aux oignons et au poulet me jeta le cœur au bord des lèvres pour un après-midi entier. Un jour, sans savoir que pour elle c’était chose interdite, j’apportai à Aïcha la moitié d’un sandwich au jambon. Elle me regarda d’un air paniqué, ouvrit la bouche pour s’expliquer… mais la tentation POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE fut la plus forte. Fermant les yeux sur son péché, elle mordit dans le pain, dégustant 3 a) À quelle variété de langue le nom bataclan pour la première et, sans doute, la dernière appartient-il ? fois la saveur fumée de la viande rose. b) Donnez-en deux synonymes. Délectable secret, partagé avec un sourire complice.

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Avec le retour du soleil, Aïcha se dégela. Elle aimait marcher dans la cour, sous les grands arbres. Suspendue à mon bras, elle m’arrivait à peine en dessous de l’oreille. Elle me posait mille et une questions sur ma famille et sur la façon dont nous vivions, éprouvant pour moi une curiosité jumelle de la mienne. Angèle Delaunois, «Aïcha», Entre voisins, Saint-Laurent, Éd. Pierre Tisseyre, 1997, p. 61 à 66.

4

Expliquez dans vos mots ce qu’est la nacre.

5

a) «Dans notre classe, elle ouvrait une fenêtre

sur…» La phrase est-elle au sens propre ou au sens figuré ? b)

Expliquez cette phrase.

6

Donnez le sens de se griser ici.

7

La narratrice parle-t-elle de la vue ou du goût ?

8

Comment appelle-t-on ces bouchées de pâte feuilletée gorgées de miel ?

L’alphabet arabe est composé de 29 lettres, toutes des consonnes sauf trois. L’écriture arabe se distingue également du fait que les lettres changent de forme selon qu’elles sont au début, au milieu ou à la fin d’un mot. Autre particularité: l’arabe s’écrit de droite à gauche.

Séquence 1

Découvrir la différence

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INTERROGER LE TEXTE ET RÉAGIR La narratrice

6. Vous avez compris que toutes les élèves de la classe sont des filles à la façon dont la directrice les interpelle.Trouvez trois adjectifs ou participes passés qui confirment que le personnage qui dit je est bien une fille et non un garçon.

La description d’Aïcha

7. L’extrait que vous venez de lire contient des passages descriptifs concernant Aïcha. Précisez ce qui est décrit dans les lignes suivantes. a) Lignes 18 à 28. b) Lignes 39 à 43. c) Lignes 47 à 54.

Les vêtements d’Aïcha

8. Ses vêtements et son maquillage font d’Aïcha une jeune fille très différente de ses compagnes. a) Voici des mots appartenant au champ lexical des vêtements qui se rapportent à Aïcha : habillée, fichu, pantalon. Trouvez-en huit autres entre les lignes 18 et 32. b) Cette liste comprend-elle des vêtements si extraordinaires ? Expliquez votre réponse. c) Expliquez pourquoi, malgré tout, Aïcha est habillée d’une façon extraordinaire.

9.

L’auteure a ajouté des expansions aux noms pour enrichir la description des vêtements d’Aïcha. Examinez la description des vêtements d’Aïcha pour trouver ce qui suit. a) Trois noms ayant chacun trois expansions. Soulignez les expansions. b) Un nom ayant comme expansions un GAdj et un GPrép. Soulignez les expansions. c) Un nom ayant comme expansion un GN. Soulignez l’expansion. d) Un nom ayant comme expansions deux GAdj seulement. Soulignez les expansions.

Les liens entre la narratrice et Aïcha

10. La narratrice est à la fois intéressée et dérangée par Aïcha. a) Donnez les deux raisons pour lesquelles la narratrice trouve Aïcha dérangeante. b) Quel sentiment l’emporte chez la narratrice: l’irritation ou l’amitié ?

Vous et Aïcha

11. Parce qu’elle ne sait pas tout de son amie, la narratrice commet une erreur. Auriez-vous fait la même erreur ? Répondez aux questions suivantes pour le savoir. a) Quel aliment est interdit à Aïcha ? b) Selon vous, pourquoi ne peut-elle pas consommer cet aliment ? c) Avez-vous trouvé les bonnes réponses ? Si oui, comment avez-vous procédé ? Sinon, pourquoi n’avez-vous pas réussi ?

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MODULE 6

VOIR AUTREMENT

INTERROGER LE TEXTE ET RÉAGIR Le rôle de l’éducation

12.

a) L’écrivain commence par une affirmation : «La nature spontanée des enfants n’est pas raciste.» Quelle autre phrase reprend la même idée plus simplement ? b) Qu’est-ce qui, selon l’écrivain, peut rendre un enfant raciste ?

Le rejet et la peur des autres

13.

a) L’auteur explique que les gens racistes ne rejettent pas nécessairement tout ce qui vient d’ailleurs. Il donne deux exemples pour bien faire comprendre son idée. Lesquels ? b) L’auteur ajoute que les personnes racistes ont peur des autres. Trouvez-vous cette idée surprenante ? Pourquoi ? c) Diriez-vous qu’une personne qui n’aime pas quelqu’un qui vient d’une culture différente de la sienne est automatiquement raciste ? Pourquoi ? d) Dans l’extrait de la nouvelle Aïcha, la narratrice fait-elle preuve de racisme lorsqu’elle avoue être dérangée parce qu’Aïcha s’installe à côté d’elle ? Pourquoi ?

Des gens différents peuvent avoir beaucoup en commun. Ici, les spectatrices et spectateurs sont réunis par une même passion : le football.

Séquence 1

Découvrir la différence

263

vers le

Et si c’était les autres qui nous voyaient comme des personnes différentes ? Dans l’extrait de roman suivant, les personnages, des élèves venus d’ailleurs, livrent leurs réflexions sur les différences entre leur pays d’origine et le Québec. Voyez ce qui les étonne, les choque et les intéresse. Vous en discuterez avec vos camarades.

DES UNIVERS DIFFÉRENTS Le professeur de français a organisé une fin de semaine à l’extérieur de la ville avec ses élèves pour que tous apprennent à mieux se connaître. Le soir, il demande à ceux et celles qui sont au Québec depuis peu de temps de dire comment ils se sentent dans leur nouveau milieu. Et puis, au moment où j’essayais d’oublier la voix de Sandrine — et les yeux de My-Lan, obstinément fixés sur la portion du plancher qui se trouvait devant elle — et de me concentrer sur les lueurs du feu dans la cheminée, sur l’odeur du bois qui brûlait et sur le crépitement des flammes, d’autres voix ont commencé à s’élever. 5

«Ce qui m’a frappé quand je suis arrivé ici, a dit Tung, c’est la diversité ethnique 1 . C’était la première fois que je voyais autant de Blancs, la toute première fois que je voyais des Noirs. — Et moi, a riposté Pascale dans un grand éclat de rire, c’était la première fois que je voyais des Jaunes. Ça ne court pas les rues, à Haïti !»

10

Et, les uns après les autres, Ernesto, Ali, Tung, Maria Gabriella, Pascale et MyLan ont parlé de ce qui les avait étonnés, choqués, émus, intéressés ou effrayés. Seul Karim persistait à se taire. «La neige, a soupiré Maria Gabriella. C’est tellement froid. — Oui, mais c’est beau ! s’est exclamée My-Lan.

15

— Les filles aussi sont belles, a fait remarquer Ernesto. — Moi, j’aime mieux celles de mon pays», a laissé tomber Ali, méprisant, parmi les protestations des filles d’ici…

264

MODULE 6

VOIR AUTREMENT

Tous, ils ont été frappés de voir à quel point la discipline et le respect n’avaient pas l’importance qu’on leur accorde dans leur pays d’origine. 20

25

«Au début, a avoué Tung, j’ai été très choqué par ce qui m’apparaissait comme de l’impolitesse, de l’insolence et même de l’indécence 2 . Je trouvais que les jeunes manquaient de respect envers tout le monde : leurs parents, leurs professeurs, les adultes en général, et même les uns envers les autres. À présent, j’y suis plus habitué. Je continue à trouver certaines attitudes provocantes, mais il y a beaucoup de choses qui me plaisent. On peut parler plus librement, donner notre point de vue. Mais j’ai parfois du mal à concilier 3 ce que j’apprends à l’école ou dans la rue avec les idées de mes parents.» Michèle Marineau, La route de Chlifa, Montréal, Québec Amérique Jeunesse, coll. «Titan jeunesse», 1992, p. 39 à 41.

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE 1

Expliquez dans vos mots ce qu’est la diversité ethnique.

2

Qu’est-ce que insolence et indécence veulent dire ?

3

Expliquez ce que concilier signifie.

INTERROGER LE TEXTE ET RÉAGIR Les différences entre ici et ailleurs

14.

a) Les personnages remarquent des différences entre leur pays d’origine et leur pays d’accueil sur certains points. Dites s’ils apprécient ou non les aspects suivants: 1) la neige; 2) l’attitude des jeunes quant au respect et à la discipline; 3) la liberté de parole. b) Et vous, appréciez-vous les aspects mentionnés ci-dessus ? Pourquoi ?

Michèle Marineau, l’auteure de La route de Chlifa (née à Montréal en 1955)

Avec des succès aussi retentissants que La route de Chlifa (1992), Les vélos n’ont pas d’états d’âme (1998) et Rouge poison (2000), Michèle Marineau compte parmi les romancières les plus populaires auprès des jeunes. Son parcours est particulier, elle commence par étudier en médecine, mais se laisse bientôt tenter par l’aventure des mots: elle sera traductrice et auteure ! Passionnée par les livres, Michèle Marineau en possède plusieurs milliers, en particulier des romans policiers et des dictionnaires.

Séquence 1

Découvrir la différence

265

vers le

Le poème que vous allez maintenant lire montre que les mots jettent des ponts entre les gens. Ceux et celles qui parlent la langue du cœur trouvent toujours le moyen de s’entendre malgré leurs différences.

LA LANGUE DU CŒUR 4

8

En espagnol on dit corazon en grec on dit kardia en italien on dit cuore en français on dit cœur en anglais on dit heart en allemand on dit Herz* en portugais on dit coraçaon en yiddish 1 on dit herts dans toutes les langues on parle du cœur la racine 2 est le mot sanskrit** kerd

12

les humains ne parlent qu’une langue lorsqu’ils laissent parler leur cœur Gérald Godin, Ils ne demandaient qu’à brûler, Montréal, Éd. de l’Hexagone, 2001. © 2001 Éd. de l’Hexagone et succession Gérald Godin.

* Herz prend une majuscule parce qu’en allemand les noms prennent une majuscule, peu importe leur place dans la phrase. ** Le sanskrit est une langue ancienne de l’Inde.

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE

266

MODULE 6

VOIR AUTREMENT

1

Qui parle cette langue ?

2

Le mot racine est-il employé au sens propre ou figuré ?

INTERROGER LE TEXTE ET RÉAGIR Les liens entre les langues

15.

a) Les langues énumérées dans la première strophe sont proches parentes. Quelle preuve le poète fournit-il de cela ? b) Expliquez les deux derniers vers. c) Selon vous, qu’est-ce que la langue du cœur ?

Pour combattre les préjugés

16.

a) Vous avez vu, dans cette séquence, différentes façons de combattre les préjugés. Rappelez-les. Si vous en connaissez d’autres, nommez-les aussi. b) Vous savez bien que les préjugés ne s’exercent pas seulement contre les personnes qui viennent d’ailleurs. Nommez d’autres personnes dont les différences sont parfois mal acceptées dans nos sociétés.

Les langues s’échangent des mots. Ainsi, le français a donné de nombreux mots, entre autres à l’italien, au danois, au néerlandais, à l’allemand et à l’anglais. D’ailleurs, plus de la moitié du vocabulaire de la langue anglaise est d’origine française ! Par exemple, tennis, mot anglais, vient de tenez, impératif du verbe tenir. «Tenez !» disaient les joueurs lorsqu’ils renvoyaient la balle à leur partenaire. De même, le verbe anglais to flirt descend de l’ancien français fleureter, c’est-à-dire conter fleurette, papillonner. Le verbe flirter a donc une lointaine origine française en plus de son origine anglaise.

Des mots français qui viennent d’ailleurs

17.

Le français a donné des mots, mais il en a aussi accueilli. Vérifiez-le par vous-même en faisant l’activité sur le document qu’on vous remettra.

267

Au fil d’arrivée Présenter à ses camarades une découverte sur une autre culture. Faites comme les personnages de la séquence: partez à la découverte d’une autre culture que la vôtre. Vous trouverez des idées à ce sujet dans votre Recueil de textes. Renseignez-vous d’abord. Ensuite, partagez vos trouvailles avec vos camarades lors d’une courte présentation orale. Le choix d’une activité et la collecte d’informations

1. Choisissez une activité qui vous a permis ou qui vous permettra d’enrichir vos connaissances sur une autre culture. Ce peut être: • un voyage que vous avez fait; • la visite d’une exposition; • l’écoute d’un documentaire; • l’écoute d’un spectacle; • la lecture d’un roman; • une recherche à la bibliothèque; • la rencontre de gens d’une autre culture et la discussion avec eux; • etc. Remarque : Dans certains cas, vous pouvez choisir la même activité que d’autres camarades, par exemple la visite d’une exposition ou l’écoute d’un documentaire diffusé à la télévision.

2. Recueillez de l’information pertinente (photos, enregistrement, etc.) et prenez des notes. La préparation de votre communication

3. Pour préparer votre communication, consultez Comment analyser une situation de prise de parole, à la page 493. Vous pouvez montrer des photos, placer des affiches, exposer des objets et même porter un vêtement typique pour intéresser vos destinataires et les dépayser.

Pour bien vous préparer à l’exposé proprement dit, consultez Comment répéter en vue d’une présentation orale, à la page 500.

4. Notez sur une feuille à remettre avant votre exposé: • deux champs lexicaux, dont un de cinq mots au moins, que vous utiliserez; • cinq groupes nominaux que vous utiliserez. Ces GN seront formés d’un noyau et d’une ou de plusieurs expansions, principalement des groupes adjectivaux.

268

MODULE 6

VOIR AUTREMENT

La structure de votre communication

5. Votre communication se divisera en trois parties.

1re partie Introduction: prés

entation

ez choisie. ctivité que vous av l’a t en m ve iè br z • Présente

2 e partie Développem

ent : résumé

(ou descripti on ) et appré ciation

• Résumez c e que vous av ez vu ou lu par exemple (pour un do ) ou décrive cumentaire, z ce que vou exposition, p s avez vu (p ar exemple ). our une • Précisez c e que l’activ ité vous a ap enrichissante porté, comm pour vous. V ent elle a été ous pouvez aimeriez mai ajouter ce q ntenant savo ue vous ir sur cette culture.

3e partie tion

Conclusion: invita

es à suivre vitant vos camarad in en sé po ex e tr • Terminez vo vos traces.

Séquence 1

Découvrir la différence

269

Voici un modèle pour vous aider à structurer votre exposé. Présentation Durée : 15 secondes environ

Résumé ou description

Durée : presque 2 minutes

Appréciation

Durée : presque 1 minute

Invitation

Durée : 10 secondes environ

{

J’ai eu l’occasion ce mois-ci de visiter l’exposition consacrée à la musique chilienne présentée à la bibliothèque municipale et j’aimerais vous parler de tout ce que j’ai vu et appris.

{

L’exposition est divisée en deux parties. La première partie est consacrée aux instruments de musique et aux techniques de fabrication. Saviez-vous que… Dans la deuxième partie, j’ai pu entendre des chants traditionnels chiliens…

{

{

Même si je ne comprenais pas les paroles des chants que j’ai entendus, j’ai apprécié la beauté des airs et le rythme endiablé de certaines musiques. J’ai aussi beaucoup aimé apprendre comment on fabriquait certains instruments… Depuis que j’ai vu cette exposition, je me passionne pour le Chili et je cherche à me renseigner plus particulièrement sur… L’exposition est encore à la bibliothèque, mais elle se termine dimanche prochain. Si vous ne l’avez pas vue, dépêchez-vous d’y aller, vous ne le regretterez pas.

Durée totale : 3 à 4 minutes

270

MODULE 6

VOIR AUTREMENT

D’AUTRES

rendez-vous...

Lisez d’autres textes pour élargir vos horizons et en apprendre davantage sur d’autres cultures, d’autres traditions, d’autres façons de vivre. Dans votre Recueil de textes, vous trouverez… • le récit de la rencontre touchante entre un enfant et un renard: Une leçon d’amitié ; • un conte qui explique pourquoi les Tsiganes aiment tant chanter : Les enfants du soleil ; • un portrait de la vie quotidienne d’une famille mexicaine: La famille Garcías Hernández ; • des explications sur des traditions d’ici et d’ailleurs : Des traditions culturelles différentes, La noche de los muertos.

Retour Autoévaluation e des termes d’évaluation : Lorsque c’est possible, répondez à l’aid Beaucoup / Assez / Un peu. POINTS À ÉVALUER ence, je suis plus en mesure: 1. Après avoir travaillé dans cette séqu p lexical; a) de repérer les éléments d’un cham s le groupe nominal ; b) de reconnaître les expansions dan nominal. c) de faire les accords dans le groupe s qui sont différents donné le goût de m’intéresser aux gen 2. a) Les textes de la séquence m’ont de moi. . b) Voici pourquoi: comprendre les toute la classe m’ont permis de mieux 3. Les discussions en équipe et avec textes. avec toute la classe: 4. Lors des discussions en équipe et nt mon opinion; a) j’ai collaboré activement en exprima rimer et je les ai écoutés attentivement. b) j’ai encouragé mes camarades à s’exp de mon travail à toute la classe. 5. a) J’ai aimé présenter les résultats . b) Voici pourquoi : . suivant : ion orale, j’aimerais améliorer l’aspect c) Lors d’une prochaine communicat mes camarades enrichissantes. 6. a) J’ai trouvé les présentations de nt particulièrement plu: b) Les deux présentations suivantes m’o . suivantes: c) Je les ai appréciées pour les raisons

.

Séquence 1

Découvrir la différence

271

Temps d’arrêt L’accord dans le groupe nominal

1. Trouvez, dans chaque segment en couleur, le ou les

Si vous avez de la difficulté à repérer le noyau des segments en couleur, consultez l’article Groupe nominal, à la page 368.

donneurs d’accord et le ou les receveurs d’accord. Analysez-les comme dans l’exemple qui suit. nom m. pl.

Exemple :

Elle traversa la classe, les yeux baissés.

1) Elle lui montra où, à la jonction du cou et de l’épaule, il fallait poser le creux de la perche un peu recourbée. 2) Elle comprenait maintenant pourquoi les femmes avaient une démarche aussi saccadée. 3) Sa cousine d’Amérique, l’épaule droite endolorie, crânait sous les regards narquois des gars et des filles du village. 4) Ses immenses yeux de gazelle, relevés vers les tempes, me regardaient. 5) Aïcha posa sur le pupitre une sacoche de cuir, ornée de motifs dorés en relief. 6) Elle en ramena une longue boîte noire en bois, incrustée de motifs géométriques en nacre. 7) Une farandole de caractères arabes dansait tout autour du couvercle. 8) J’essayais d’oublier les yeux de My-Lan, obstinément fixés sur le plancher.

2. Les phrases suivantes contiennent des adjectifs mal accordés. a) Repérez les adjectifs et vérifiez leur accord. b) Si un adjectif est mal accordé, corrigez-le. c) Justifiez chaque correction en traçant une flèche du donneur d’accord au receveur d’accord.

1) Maxime a eu une idée géniale pour nous permettre de passer de belle vacances. 2) La Chine, premier pays producteur de riz, exporte des quantités impressionnante de cette céréale. 3) Intrigué par Aïcha, la narratrice lui a posé bien des questions pour satisfaire sa curiosité grandissante et mieux connaître cette élève si extraordinaire. 4) On nous a présenté un nouvelle élève originaire de l’Argentine: Martino. 5) J’ai entendu une histoire complètement farfelu à ton sujet.

272

MODULE 6

VOIR AUTREMENT

La distinction entre le participe passé ou l’adjectif en -é et le verbe en -er

3. Montrez que vous savez faire la différence entre

N’utilisez pas de verbes ou d’adjectifs qui se terminent par le son [é].

le participe passé en -é ou l’adjectif en -é et le verbe en -er en remplaçant les mots en couleur dans les phrases ci-après. Exemple :

Des jeunes s’assemblèrent autour d’elles pour assister au spectacle.  Des jeunes s’assemblèrent autour d’elles pour voir le spectacle. J’écris -er puisque j’ai remplacé le mot en couleur par un verbe à l’infinitif.

J’ai été très choqué par ce qui m’apparaissait comme de l’impolitesse.  J’ai été très surpris par ce qui m’apparaissait comme de l’impolitesse. J’écris -é puisque j’ai remplacé le mot en couleur par un adjectif.

1) L’eau se mit à gicler hors des seaux. 2) Il fallut retourner au puits. 3) Sa tête était couverte d’une sorte de fichu bleu clair, orné de pompons multicolores. 4) Ce qui m’a frappé quand je suis arrivé ici, a dit Tung, c’est la diversité ethnique. 5) Et moi, a riposté Pascale, c’était la première fois que je voyais des Jaunes. 6) Son aptitude à semer la discorde et la haine est considérable. Les champs lexicaux

4. Relevez, dans le texte suivant, 20 noms et deux verbes appartenant au champ lexical de la nourriture.

Dans la culture péruvienne, le maïs est plus qu’un aliment, il est au centre de nombreuses croyances. Autrefois, on le considérait d’ailleurs comme une nourriture sacrée réservée aux dieux. Seuls les aristocrates pouvaient en consommer. Aujourd’hui, le maïs fait partie du menu de tous les jours; il constitue, avec la pomme de terre et le piment, la base de l’alimentation au Pérou. On le retrouve à toutes les étapes du repas et préparé de toutes les façons. Gâteaux, puddings et galettes sont fabriqués avec de la semoule ou de la farine de maïs. Les Péruviens et les Péruviennes le mangent aussi en bouillie ou sur épi, seul ou comme accompagnement de divers plats. Cette céréale sert également à la préparation de la chica morada, un alcool populaire, et de la chica de jora, une autre boisson fermentée, sorte de bière du pauvre, dont on arrose la terre pour demander aux dieux de bonnes récoltes et les remercier de leur générosité.

Séquence 1

Découvrir la différence

273

SÉQUENCE

2

Grandir dans sa tête

V

CONNAISSANCES ET STRATÉGIES

• Comparaison et métap hore • Modificateur 376 • Ponctuation 397 • Schéma narratif 412

321

• Comment réviser un texte 480

ous savez qu’en vieillissant vous changez. Votre corps est différent de celui d’il y a quelques années à peine : vos os se sont allongés, épaissis; vos dents

de lait ont été remplacées; votre peau se renouvelle constamment ! Mais avez-vous déjà réfléchi au fait que vos idées aussi changent ? Vos opinions sur une foule de sujets sont appelées à se modifier, à évoluer parce que vous grandissez aussi dans votre tête et que vous apprenez à vivre avec les gens qui vous entourent. Vous lirez, dans les pages qui suivent, l’histoire de Philippe qui fuit son père, vous verrez aussi ce qui arrive à Sylvestre la veille de Noël. En travaillant sur

les étapes du schéma narratif. Vous examinerez aussi quels procédés les auteurs et auteures utilisent pour mettre en évidence les sentiments et les émotions des personnages. Ces textes vous ces textes, vous reviendrez sur

permettront également de prendre conscience de vos propres façons de penser et d’être avec les autres.

Les lectures et les activités de la séquence vous aideront à mieux raconter à vos camarades comment un évènement vous a fait grandir dans votre tête. Par la suite, vous transposerez cette histoire à l’écrit en exploitant diverses façons de susciter l’intérêt.

274

MODULE 6

VOIR AUTREMENT

Au départ Qu’est-ce qui a entraîné des changements dans votre vie ? Quels évènements ont eu des répercussions sur vous ? Pensez-y en examinant la ligne de vie ci-dessous.

Date de naissance

Évènement marquant

1 an

2

3

4

Évènement marquant

5

6

7

8

9

10

Évènement marquant

11

12 ans

1. Tracez votre ligne de vie en vous servant du modèle proposé. Inscrivez-y les évènements qui, depuis votre naissance, ont été importants pour vous.

2. Si vous le désirez, vous pouvez montrer votre ligne de vie à un ou une camarade. Voyez ensemble s’il y a des évènements auxquels vous n’avez pas pensé et ajoutez-les, s’il y a lieu.

3. Choisissez deux évènements marquants et expliquez, en quelques mots, comment vos idées ont évolué à la suite de chacun de ces évènements. Servez-vous de phrases comme les suivantes :

Avant

Évènement entraînant

Maintenant

un changement d’idée • Je croyais que…

• Mais, depuis que…

• Je comprends que…

• À tel âge, je pensais que…

• Il est arrivé…

• Aujourd’hui, je sais que…

Séquence 2

Grandir dans sa tête

275

En marche vers le

Connaissez-vous le proverbe qui dit que «l’habit ne fait pas le moine», c’est-à-dire qu’il ne faut pas juger les gens sur leur apparence ? Voyez comment un adolescent apprend la signification de cette formule et revient sur ses idées. Qui sait ? Cette histoire vous inspirera peut-être quand viendra votre tour d’en raconter une !

Le Noël de Sylvestre Il est quatre heures de l’après-midi en cette veille de Noël. Sylvestre est découragé. Cela fait deux heures qu’il attend Julius dans le froid et la neige. Le jeune Rwandais n’en peut plus.

5

10

15

20

25

30

276

MODULE 6

VOIR AUTREMENT

Le garçon regarda ses mains. Il avait tellement froid que sa peau noire prenait des reflets d’ambre gris dans la lumière vaguement rose des lampadaires. N’y tenant plus, il se laissa dériver vers les grandes portes battantes pour se réchauffer dans le hall de la station de métro. Julius ne viendrait plus ! Il s’en foutait pas mal si sa propre mère et son jeune frère crevaient de faim, le soir de Noël. Depuis qu’il travaillait comme chauffeur de camion chez un déménageur, il faisait sa vie sans se soucier d’eux. Pourtant, à titre de frère aîné, il avait le devoir de soutenir sa famille. Au pays 1 , c’était comme ça… Depuis toujours… Mais ici, on était pas mal loin du Conseil des Anciens et de leurs traditions. Julius faisait ce qu’il voulait et prenait ses distances. Depuis quelques semaines, il sortait avec une espèce de grande planche à repasser blonde. Rien d’autre ne comptait. La veille, Nelly s’était une fois de plus abaissée à supplier son grand fils aîné de leur venir en aide. Le chèque d’aide sociale s’était évaporé bien avant la fin du mois. Julius avait promis cinquante dollars. Sylvestre devait l’attendre au métro Snowdon à deux heures pile pour prendre cet argent. Mais Julius n’était pas venu… […]

Vomi par l’escalier mécanique, un clochard surgit brusquement dans son champ de vision 2 . D’un pas chancelant, le vieil homme se dirigea dans sa direction, traînant derrière lui un immense sac de plastique, à moitié rempli de canettes vides. Avec un soupir de satisfaction, il s’affala sur le banc à côté de l’adolescent. 35

40

Quelle odeur ! Sylvestre faillit en tomber raide. C’était presque pas possible qu’un type puisse sentir aussi mauvais : urine, sueur, alcool frelaté 3 , pourriture humide… l’individu semblait s’être échappé d’une poubelle. En itinérant avisé, il trimballait tous ses biens terrestres avec lui. Outre 4 son trésor de canettes, il portait un sac à dos bourré à bloc et plusieurs autres sacs d’épicerie en plastique qu’il disposa en cercle à ses pieds. […]

45

50

55

Sylvestre attendait toujours, il ne savait plus quoi au juste ! Il était cinq heures passées. Les passants se faisaient plus rares. À côté de lui, le Vieux s’était affaissé, endormi sur lui-même, le menton enfoui dans le collet de son anorak. Il ronflait comme un bienheureux. Tout à coup, une décharge d’adrénaline 5 électrisa l’adolescent. Un portefeuille ! Oui, c’était bien un portefeuille qu’il voyait, là, à moitié échappé d’une des poches du clochard. Le cœur de Sylvestre s’emballa. D’un regard circulaire, il s’assura de l’indifférence générale, tendit la main vers la poche et harponna le portefeuille. Dix secondes plus tard, il avait dévalé l’escalier et s’était réfugié dans la petite cabine du photomaton en faisant glisser le rideau noir derrière lui.

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE 1

À quel pays Sylvestre pense-t-il ?

2

Au champ de vision de qui l’auteure fait-elle référence ?

3

Qu’est-ce qu’un alcool frelaté ?

4

Trouvez un synonyme de la préposition outre.

5

L’adrénaline est une hormone naturelle. Dans quel cas est-elle sécrétée ?

Séquence 2

Grandir dans sa tête

277

60

65

Le portefeuille s’ouvrit sous les doigts tremblants de Sylvestre et livra tous les vieux secrets d’une vie défaite : une carte d’assurance-maladie, trois lettres aux pliures sales, quelques photos rescapées d’un passé lointain, l’adresse d’un refuge sur un carré de papier jaune, une médaille en argent et… non… c’était pas vrai… là… dans un compartiment fermé par un velcro… cinq billets de cent dollars tout neufs, qui craquaient encore sous les doigts comme s’ils sortaient de la banque. Alors ça, c’était le bouquet ! Ce vieux clodo 6 qui se baladait avec son gros lot de canettes, dans une puanteur à faire capoter 7 une mouffette… ce vieux cinglé sans domicile fixe qui dérivait de stations de métro en refuges… ce vieux débile qui braillait des cantiques en buvant de la bière et en agaçant ses poux… ce vieux débris qui volait des rêves au milieu du vacarme… Ce Vieux possédait dans sa poche une véritable petite fortune et NE S’EN SERVAIT PAS ! Pourquoi ?

70

Sylvestre n’y comprenait rien. Pour lui, l’argent représentait la chaleur, la sécurité, un repas partagé avec des gens qu’on aime, la promesse d’un avenir meilleur… la dignité, quoi ! Qu’est-ce qui pouvait bien pousser un homme à renoncer à tout ça ? Quelles défaites, quelles terribles guerres intimes broyaient ainsi tous les espoirs ?

75

Sylvestre ne se posa pas longtemps de questions. Il n’osa pas lire les lettres et ne regarda pas davantage les photos, mais il glissa les cinq billets dans la poche intérieure de son blouson, referma le portefeuille et l’abandonna sur le siège de la cabine. Puis il remonta l’escalier, traversa le hall d’un pas pressé et se dilua sur le trottoir dans le tourbillon blanc des rafales. Écroulé sur son banc, le Vieux dormait toujours.

80

85

L’adolescent marchait vite, pressé de rentrer chez lui. Il imaginait déjà tout ce qu’il allait pouvoir acheter avec ce pactole 8 tombé du ciel… enfin pas tout à fait du ciel mais d’une poche providentielle. La Pâtisserie de Provence était encore ouverte. Des bûches de Noël chevauchées par des lutins miniatures étaient cordées dans la vitrine. Des pâtés rares, des pains aux formes inconnues, des chocolats emballés dans des papiers miroitants… Sylvestre n’avait jamais rien goûté de tout ça ! Son rêve prenait forme; le brouillard de chaleur qui se dégageait du magasin l’invitait à entrer. Il froissa les billets dans sa poche… … et rebroussa chemin vers la station de métro Snowdon.

90

278

MODULE 6

[…]

VOIR AUTREMENT

L’adolescent s’engouffra dans la station et connut un début de panique. L’itinérant n’était plus là. Sylvestre s’envola vers l’escalier et plongea dans la cabine du photomaton… Okay ! Le portefeuille était encore là. Restait maintenant à trouver le Vieux. Gelé comme il l’était, il ne devait pas être loin. 95

100

105

110

C’est la cacophonie 9 métallique des canettes qui guida Sylvestre comme un fil d’Ariane 10 sonore. Le Vieux avait passé le tourniquet et chaloupait 11 vers l’interminable escalier roulant qui descendait jusqu’aux catacombes 12 du métro. Il se balançait dangereusement sur sa marche mobile et Sylvestre pressentit qu’il allait piquer une tête dans le vide avant d’arriver en bas. L’adolescent sauta par-dessus le tourniquet et fonça dans l’escalier mécanique. Il agrippa l’épaule du vieux bonhomme juste avant qu’il ne perde ce qui lui restait d’équilibre. Ils se retrouvèrent dans le couloir menant aux quais, aussi étonnés l’un que l’autre. Le vieillard prit quelques secondes pour émerger de la léthargie mortelle 13 dans laquelle il s’était perdu. Il dévisagea l’adolescent. Ses yeux bleus exprimèrent une tendresse triste et les rides de son front se chargèrent de sens. Par vagues successives, la vie reprit ses droits et transfigura le visage usé. Sylvestre assistait à la métamorphose, stupéfait ! Non, ce type n’était pas fini… et il n’était pas si vieux que ça !

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE 6

Dans la langue standard, par quel mot remplaceriez-vous ce nom ?

7

Quel est le sens de ce verbe dans le contexte ?

8

En vous servant du contexte, dites ce que signifie pactole.

9

a) Donnez la définition de cacophonie en tenant

compte du contexte. b)

Ce nom est formé de deux éléments grecs: caco- et -phone. Quel est le sens de chacun de ces éléments ?

10

Qu’est-ce qu’un fil d’Ariane ?

11

Que veut dire chalouper ?

12

De quoi s’agit-il ?

13

a) Que veut dire léthargie ? b) Pourquoi le clochard est-il dans cet état ?

Séquence 2

Grandir dans sa tête

279

115

Sylvestre était tiraillé entre plusieurs sentiments contradictoires. Pour s’en sortir au plus vite, il pêcha le portefeuille dans la poche arrière de son jeans et le tendit à l’homme. — Heu ! Je crois que c’est à vous… je l’ai trouvé sous le banc, dans l’entrée… Le clochard esquissa un vague sourire et enfourna le portefeuille dans sa poche, sans en vérifier le contenu. Son regard bleu n’avait pas quitté Sylvestre.

120

Il y a des moments dans la vie qui sont comme des portes sur l’avenir. Un geste plutôt qu’un autre et ce n’est plus la même porte qui s’ouvre. C’est définitif ! En l’espace d’une fraction de seconde, Sylvestre eut à choisir. Ses longs doigts d’ébène plongèrent dans son blouson et en ramenèrent les cinq billets. — Ça aussi, c’est à vous ! 125

130

135

Le regard du Vieux s’illumina et devint très doux. Il comprenait. Il comprenait tout ! Et sa générosité allait bien au-delà du pardon. Très lentement, il tendit les bras vers l’adolescent et emprisonna les jeunes mains glacées entre ses doigts sales. Pendant quelques instants, il se perdit dans cette contemplation puis, reprenant pied dans la réalité, il repoussa les billets tendus. — Garde ça, mon jeune ! T’en as bien plus besoin que moi ! Il n’y avait rien à ajouter.

140

Comme une marée, la vie se retira du visage ravagé et reflua loin du sourire vide et du regard hébété. Le Vieux remonta sur son bateau ivre, traînant dans son sillage son orchestre de canettes, avant de s’échouer dans une rame de métro qui, pour lui, n’allait nulle part. Sylvestre était pétrifié 14 . •••

280

MODULE 6

VOIR AUTREMENT

145

150

155

L’appartement était vide et sombre. À l’aveuglette, Sylvestre déchargea ses paquets sur le comptoir de la cuisine. Lorsqu’il fit de la lumière, il aperçut un petit mot qui vibrait sur la porte du frigo. Nelly était partie à l’oratoire Saint-Joseph 15 . Elle devait rentrer vers huit heures. L’adolescent vida ses poches. Il rangea la monnaie et les billets qui lui restaient dans la boîte métallique, entre le paquet d’abricots secs et la farine. Il déballa la bûche de Noël — la plus grosse qu’il ait pu trouver — et la plaça bien en évidence, au milieu de la table, sur sa dentelle de papier doré. Il disposa les pains, les pâtés, les chocolats sur des assiettes et mit la bouteille de vin blanc au frais. Ensuite, il sortit les napperons africains que sa mère avait traînés dans sa valise… contre vents et tempêtes. — Bon Noël quand même, Nelly !

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE 14

a) Qu’est-ce que pétrifié veut dire ? b) Le mot est-il à prendre au sens propre

ou au sens figuré ? 15

160

Compte tenu de ce qu’est un oratoire, qu’est-ce que la mère de Sylvestre est allée faire à cet endroit, à votre avis ?

Il lui restait plus d’une heure à tuer avant le retour de sa mère… et quelques années-lumière à vivre avant d’accepter ce premier Noël, loin du soleil de son enfance. Sylvestre s’allongea sur son lit. Le regard bleu du Vieux le rejoignit et il se mit à pleurer sans bruit. Angèle Delaunois, «Le Noël de Sylvestre : La compassion», Variations sur un même «t’aime», Saint-Lambert, Dominique et compagnie, coll. «Échos», 1997, p. 33 à 35 et 37 à 43.

Angèle Delaunois, l’auteure de la nouvelle Le Noël de Sylvestre (née en France en 1946)

Angèle Delaunois s’est établie au Québec à 22 ans. Après avoir étudié et enseigné les arts plastiques à Trois-Rivières, elle se lance, en 1989, dans la rédaction de textes documentaires destinés au jeune public. Puis, elle explore d’autres formes d’écriture, dont la nouvelle, le conte, le roman et la poésie.

INTERROGER LE TEXTE ET RÉAGIR Les étapes du schéma narratif

1. Vous avez appris que le schéma narratif est le modèle auquel beaucoup de récits se conforment. Avez-vous bien en tête toutes les étapes de ce schéma ? Sinon, rappelez-les à votre mémoire en lisant l’article Schéma narratif, à la page 412.

Séquence 2

Grandir dans sa tête

281

2. Retracez les étapes du schéma narratif dans la nouvelle que vous venez de lire. Vous comprendrez mieux l’évolution de Sylvestre. a) La longue attente de Sylvestre constitue la situation initiale. Qu’est-ce qui perturbe cette attente et fait vraiment démarrer l’histoire ? b) Relevez l’organisateur textuel qui signale l’élément déclencheur. Cet évènement est l’élément déclencheur.

c) Pourquoi l’arrivée du vieillard n’est-elle pas l’élément déclencheur ? d) Copiez puis remplissez le tableau ci-dessous pour montrer votre compréhension du déroulement des actions qui suivent l’élément déclencheur. Déroulement des actions qui suivent l’élément déclencheur

Lignes

1) Sylvestre vole

50 à 88

2) Sylvestre

puis

.

.

3) Sylvestre cherche le clochard, le retrouve et

89 .

91 à 124

e) Dites, dans vos mots, quelle action met fin au déroulement et constitue le dénouement.

Les émotions de Sylvestre

3. a) La rencontre avec le clochard a permis à Sylvestre d’évoluer. Expliquez ce qui s’est passé dans la tête du garçon en vous servant du tableau suivant. Avant

Avant, Sylvestre croyait que

.

Évènement entraînant un changement d’idée

Maintenant

Mais le garçon est entré en contact avec le clochard.

Grâce à cette rencontre, le garçon comprend que .

b)

Diriez-vous que, au début, Sylvestre croit que «l’habit fait le moine» ? Expliquez votre réponse dans un texte d’environ 100 mots.

c)

Dans cette histoire, le personnage du clochard peut être comparé à celui du père Noël. Quels sont les deux éléments qui justifient cette comparaison ?

4. a) Examinez maintenant les marques utilisées par l’auteure pour transmettre les sentiments des personnages. Dites à quoi servent les suivantes:

1) les points de suspension dans «et… non… c’était pas vrai… là… dans un compartiment fermé par un velcro… cinq billets de cent dollars tout neufs» (lignes 60 à 62); 2) les majuscules dans «Ce Vieux possédait dans sa poche une véritable petite fortune et NE S’EN SERVAIT PAS !» (lignes 67 et 68). b) Comment vous y prendriez-vous pour traduire ces émotions à l’oral ? Faites quelques essais avec un ou une camarade.

282

MODULE 6

VOIR AUTREMENT

Les comparaisons

Si vous devez vous rafraîchir la mémoire sur cette notion, lisez le point 1 de l’article Comparaison et métaphore, à la page 322.

5. L’auteure crée aussi des images pour nous intéresser à son récit. Expliquez les deux comparaisons suivantes en vous servant d’un tableau comme celui ci-dessous.

1) «Il ronflait comme un bienheureux.» (Lignes 44 et 45.) 2) «Comme une marée, la vie se retira du visage ravagé…» (Lignes 137 et 138.) Phrase

Ce qui est comparé

Outil de comparaison

Ce à quoi on compare

Points de ressemblance

1) 2)

6. a) À deux reprises, l’auteure montre Sylvestre qui prend le portefeuille, une fois dans la poche du clochard et une autre dans celle de son propre jeans. Relevez ces deux passages et soulignez les verbes utilisés à la place du verbe prendre. b) En tenant compte des deux verbes que vous avez soulignés, dites à quoi est comparé le portefeuille. Expliquez votre réponse.

7.

Selon vous, pourquoi l’auteure a-t-elle écrit, à la ligne 31, que l’escalier mécanique vomit le clochard au lieu d’écrire que l’escalier dépose le clochard ?

Une question de variétés de langue

8.

Le narrateur (la personne qui raconte l’histoire) et Sylvestre ne s’expriment pas dans la même variété de langue. Vérifiez-le en faisant l’exercice sur le document qu’on vous remettra.

Une question d’argent

9. a) En remettant le portefeuille au clochard, Sylvestre se trouve à la croisée des chemins. Quel choix a-t-il à faire ? b)

À la ligne 121, on dit que ce choix est définitif. Pourquoi ?

L’évolution de Sylvestre

10. Dites si les énoncés ci-dessous sont vrais ou faux. Vous saurez comment Sylvestre a grandi dans sa tête. Énoncés

Vrai

Faux

1) Sylvestre s’est rendu compte qu’il avait des préjugés. 2) Sylvestre a finalement choisi la voie de l’honnêteté. 3) Sylvestre ne s’est pas servi de l’argent pour lui, mais pour faire plaisir à sa mère. 4) Sylvestre est triste en pensant au clochard.

Séquence 2

Grandir dans sa tête

283

INTERROGER LE TEXTE ET RÉAGIR Des jeunes fragiles

11.

a) Dans ce texte, on compare les adolescents à des homards. Remplissez le tableau suivant, qui met en évidence les ressemblances entre eux. Jeunes à l’adolescence

Homards en période de mue

• Perdent la protection qu’on accorde aux enfants.



• Sont sans défense pendant cette période de croissance.

• Sont sans défense pendant

• Sont menacés par l’extérieur et par .



.

b) L’adolescence est aussi comparée à une naissance. Retrouvez les points de ressemblance entre ces deux réalités et placez-les dans un tableau comme le suivant: Adolescence

Naissance



• On quitte le fœtus qu’on a été.



• On change le lien avec

• On perd certains privilèges de l’enfance.

• On perd certains privilèges du fœtus.

.

Des enfants protégés

12.

a) Selon vous, quels sont les privilèges dont jouit le fœtus ? Quels sont ceux de l’enfant ? b) Vous entrez actuellement dans votre adolescence. Jusqu’ici, voyez-vous plutôt des avantages ou plutôt des désavantages à quitter l’enfance et à devenir adulte ? Expliquez votre réponse.

Séquence 2

Grandir dans sa tête

285

vers le

L’histoire qui suit parle d’un adolescent qui voit ses relations avec son père complètement bouleversées. Lisez d’abord un premier extrait en prêtant attention aux changements survenus chez le garçon. Cela vous aidera à cerner des changements que vous vivez avec votre entourage et que vous pourriez raconter dans le récit que vous aurez à faire.

Retrouvailles Philippe a minutieusement préparé sa fugue. Il a un plan, un endroit où se cacher et il a attendu que sa mère parte pour travailler avant de ramasser ses affaires. Il a même rompu avec Rafaëlle, sans aucune explication. Il lui faut partir, car il ne veut surtout pas revoir son père.

C 5

10

15

286

MODULE 6

omment se retrouver aux repas assis à la même table ? Comment renouer contact après ce long silence ?

Ce silence, c’est Philippe qui l’a voulu. Papa lui a souvent écrit. Le jeune garçon se rappelle avec un serrement de cœur la lettre reçue lors de son dernier anniversaire. «Mon grand, seize ans, c’est un âge où on doit avoir un père à ses côtés; je ne peux évidemment pas être avec toi, ce qui ne m’empêche pas, cependant, de penser à toi tous les jours. Si tu m’écrivais ? Si tu essayais d’avoir confiance en moi, malgré tout ? Je pense que je pourrais t’aider, même de loin. Tu sais que j’étudie moi aussi maintenant ? Je suis des cours passionnants. J’aimerais tellement partager cela avec toi. Un jour, nous partirons tous les deux à la pêche et je te parlerai de toutes ces connaissances nouvelles, de cette formation que je reçois. Nous nous embarquerons dans une vieille chaloupe qui prend l’eau, comme autrefois, et nous parlerons d’avenir. J’ai la tête pleine de projets (si tu savais combien de projets on peut faire ici), de beaux grands projets, pour nous deux, si tu veux bien de moi…»

VOIR AUTREMENT

20

25

C’est que justement, Philippe n’en veut plus de ce père qu’il aimait pourtant si fort autrefois ! Les yeux pleins de larmes, il évoque le merveilleux papa d’antan 1 qui l’emmenait avec lui en camping, qui savait si bien expliquer les mystères de la nature, identifier les espèces d’oiseaux et les empreintes d’animaux, monter un bivouac 2 dans le temps de le dire avec les moyens du bord. Le papa des conversations sérieuses «d’homme à homme», comme il disait. Ce papa-là est mort, un beau vendredi soir. Secouant la tête, Philippe combat violemment les remords qui l’assaillent. Car la lettre, il n’y a jamais répondu. Que de fois il a failli, pourtant ! Mais on aurait dit qu’il y avait en lui une force qui rendait sa main de plomb sitôt qu’il commençait à écrire. «Pourquoi a-t-il fait ça ?» se demande le jeune homme pour la millième fois. «Qu’est-ce qui l’a poussé à commettre ce vol de banque, à se rendre complice de cette bande de faux amis qui l’entraînaient à boire tous les vendredis soirs ?» POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE 1

Qu’est-ce que d’antan veut dire ?

2

Remplacez ce nom par un synonyme.

Séquence 2

Grandir dans sa tête

287

30

35

Philippe a l’intention de changer de nom plus tard. «Ça vaudra mieux que tous ces psychiatres, psychologues ou travailleurs sociaux que ma mère voudrait me faire rencontrer pour m’aider à combattre ce blocage, selon son expression.» Et c’est vrai qu’il y a eu blocage. C’est comme si son développement avait cessé du jour au lendemain. Il a perdu son entrain pour les études et les sports d’équipe, n’essaie plus de se faire d’amis, ne recherche plus les petites jobines 3 qu’il décrochait jadis ici ou là pour se faire un peu d’argent de poche. Et aujourd’hui, il a renoncé à l’amour. Tout cela à cause de ce crime qui a sali son nom. «Rafaëlle voudrait-elle encore de moi si elle savait ? Et elle finira par savoir tôt ou tard, maintenant.»

40

45

50

Pêle-mêle, Philippe enfouit dans son havresac gilets, chaussettes, tuques, trousse de secourisme et brosse à dents. Il ajoute quelques sachets de soupe et de gruau, des pommes, des tablettes de chocolat et une gamelle tout usée. Il range soigneusement les boîtes dans les armoires pour que maman, en rentrant ce soir, retrouve sa cuisine aussi propre qu’elle l’a quittée. Ce soir qui marquera le retour au bercail du pater familias 4 , devenu admissible à la libération conditionnelle. Philippe fait rapidement le tour de la maison, sans émotion, car il ne s’est jamais vraiment senti chez lui dans ce logement exigu qu’il partage depuis deux ans avec sa mère. Mais il veut s’assurer de ne rien oublier. Il a laissé un mot d’explication. Très bref. Il n’a pas l’intention de revenir mais, une fois qu’il aura pris des dispositions précises quant à son avenir (il a l’intention de se cacher quelques semaines, puis de filer vers l’ouest, par le nord, pour aller travailler dans les vergers de la Colombie-Britannique), il leur fera savoir à tous les deux où il se trouve.

Bon. Ça va faire. Pressé tout à coup d’en finir, il sort dans le couloir, dévale l’escalier de service et se retrouve dans le garage où il s’empresse de faire jouer le cadenas à combinaison qui retient son vélo à l’anneau de fer fixé au mur. Puis il se 55 dirige avec armes et bagages vers la sortie latérale, celle qui donne sur la POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE ruelle. 3 Pourquoi ce mot est-il en italique ? — Hep, Philippe ! crie dans son 4

a) Selon vous, quelle est la signification de pater familias ? b)

288

L’expression est-elle en italique pour la même raison que vous avez donnée au numéro précédent ?

MODULE 6

VOIR AUTREMENT

dos une voix qui le fait sursauter. Marie-Andrée Clermont, «Retrouvailles», Mauve et autres nouvelles, Montréal, Médiaspaul, coll. «Lectures-VIP », 1988, p. 30 à 35.

Marie-Andrée Clermont, l’auteure de Retrouvailles (née à Montréal en 1943)

Marie-Andrée Clermont est une passionnée d’aventures. Sac au dos, elle a visité le Québec «sous toutes ses latitudes», le Canada «d’un océan à l’autre» et les États-Unis «de l’Arizona à l’Indiana». Son rêve: traverser un jour l’Arctique, du Grand Nord québécois à la Scandinavie en passant par l’Alaska ! Marie-Andrée Clermont écrit depuis son tout jeune âge. À neuf ans, elle a montré un de ses récits à un éditeur. «Continue à travailler, lui conseille celui-ci, et quand tu seras grande, reviens me voir. » C’est ce qu’elle a fait, pour le grand plaisir de son public.

INTERROGER LE TEXTE ET RÉAGIR Les sentiments de Philippe

13. a) Avant le vol, quel sentiment liait Philippe à son père ? Relevez la phrase qui appuie votre réponse. b) Maintenant, qu’est-ce que Philippe ressent pour son père ? Expliquez votre réponse. c) Quels sont les changements survenus dans la vie de Philippe depuis l’arrestation de son père ? Tenez compte des changements dans son mode de vie et dans ses idées.

14. Philippe refuse d’entretenir un dialogue avec son père quand celui-ci est en prison. Comment Philippe se sent-il relativement à sa décision ?

Les modificateurs

15.

Dans cet extrait, plusieurs modificateurs viennent préciser : • soit les sentiments des personnages; • soit la façon dont ils accomplissent certains gestes; • soit l’étendue de leurs talents. Faites l’exercice sur le document qu’on vous remettra pour montrer que vous savez reconnaître les modificateurs.

Une devinette

16.

Selon vous, qui vient d’appeler Philippe ? Sa mère revenue à l’improviste ? Un voisin ? Son père ? Son amie Rafaëlle qui veut des explications ? Que va-t-il maintenant se passer ? La fugue de Philippe est-elle compromise ? Va-t-il au contraire recevoir une aide inattendue ?

Séquence 2

Grandir dans sa tête

289

vers le

Avez-vous vu juste ? Lisez la suite pour le savoir. Encore une fois, concentrez-vous sur les changements qui interviennent dans l’esprit de Philippe.

Retrouvailles (suite) Cette voix ! — Papa !

5

Le cri a jailli sans qu’il puisse le retenir. Mais il réussit à freiner l’élan qui lui donne envie de sauter au cou de l’homme qui se tient là devant lui. Le cœur lui bat furieusement dans les veines. Après quelques secondes d’un silence inconfortable, papa dépose par terre ses deux valises et reprend, jovial : — Allez, viens, j’ai du rattrapage à faire dans mon exercice physique. Ma bécane 1 doit bien traîner quelque part. Allons nous dégourdir les jambes.

10

15

Abandonnant son havresac, Philippe réussit à dénicher dans un coin du garage la vieille bicyclette de son père. Puis tous les deux s’engagent l’un derrière l’autre vers la colline de Westmount. «Parfait, la bicyclette, songe Philippe, pas besoin de se parler. Et cette randonnée juste avant mon départ, ce sera une manière d’adieu…» Et il savoure le plaisir de rouler dans les rues tranquilles de cet enclos de fraîcheur et de beauté situé en plein cœur de la ville. Et cet autre plaisir, aussi, qu’il ne peut nier totalement malgré ses efforts, celui de partager ces instants avec… — Arrêtons-nous ici, décide papa au point d’observation de la rue Roslyn.

20

Laissant leurs vélos contre un arbre, ils viennent s’appuyer contre le mur de pierre qui domine la plaine. À leurs pieds vers le sud, le centre-ville de Montréal déploie ses gratte-ciel sur fond de fleuve et, au loin, les Montérégiennes 2 se dressent, superbes, dans le paysage automnal. — Tu veux bien qu’on cause, Philippe ?

25

Encore incapable de parler, le jeune homme hausse les épaules. — Je vois bien qu’il y aura un malaise entre nous tant que tu ne te seras pas déchargé le cœur. Je sais que tu m’en veux.

30

290

MODULE 6

Philippe se détourne brusquement, veut s’éloigner, mais la poigne de papa le retient fermement. Le jeune garçon frémit sous l’assaut.

VOIR AUTREMENT

— Tu vas tout me raconter, m’entends-tu ? Il faut que j’en aie le cœur net. 35

40

45

Le ton est tranchant mais sous la dureté perce un accent de désespoir. Subjugué 3 , Philippe se sent redevenir enfant. Quand papa dit quelque chose, il faut obéir. Mais déjà la main sur l’épaule se relâche. Et c’est l’homme qui se détourne, cette fois. — Excuse-moi, Philippe, reprend-il d’une voix plus calme, un peu rauque, je n’ai pas d’ordre à te donner. Mais si tu savais… le temps est long en prison et pour ne pas mourir d’ennui, on rêve au jour où on en sortira. Te dire mon découragement, ma révolte quand je suis entré là-bas ! Une révolte qui me faisait nier ma culpabilité. C’était une forme de défense qui, heureusement, s’est atténuée au bout de quelques semaines… La réflexion m’a ouvert les yeux. Et si toi tu as eu honte de moi… Sortant de son mutisme, Philippe coupe la parole à son père, marmonne quelques syllabes, d’ailleurs inintelligibles 4 . — Ne proteste pas. Il faut que tu saches que personne ne peut avoir eu plus honte que moi…

50

La voix casse. Une bonne respiration et l’homme poursuit :

— Un temps d’arrêt tel celui que je viens de vivre, ça peut avoir du bon, fiston. Ça permet de faire un bilan… J’ai pris conscience, entre autres, de la valeur de l’amour. Ta mère… Je l’aimais en égoïste auparavant… Et, aussi étrange que ça puisse paraître, c’est en prison que j’ai appris à être libre… Libre de toute entrave. 55 Tu sais comme j’étais avant. Un bon gars, oui, bon vivant, jovial, mais insouciant. Les responsabilités ? C’est quoi ça ? Eh bien, ça va changer tout cela. Oh, je ne me fais pas d’illusions. Il y aura des hauts et des bas. La misère humaine, je la connais bien, maintenant. Mais j’ai en moi, Philippe, appelle ça des talents, des capacités, comme tu voudras, et j’ai l’intention de 60 m’en servir positivement. Les cours que POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE j’ai suivis pendant mon incarcération 1 À quelle variété de langue ce nom appartient-il ? me rendent aujourd’hui capable de gagner ma vie mieux qu’avant. Ce sera 2 Que sont les Montérégiennes ? Faites une dur. Mais j’y arriverai, parce que je sais hypothèse si vous ne le savez pas. 65 maintenant ce qui me tient le plus à 3 Trouvez un synonyme de subjugué. cœur : ma famille, et la volonté de toujours être capable de répondre de mes 4 Expliquez ce mot en vous servant de sa construction. actes sans en avoir honte.

Séquence 2

Grandir dans sa tête

291

70

75

Philippe se détend un peu. Son pouls bat toujours à plein régime mais il sent flotter en lui une bienveillance nouvelle à l’égard de ce père qui s’ouvre ainsi à lui en toute sincérité. «Ce qui ne change rien à ma décision de partir», se dit-il cependant. — Ne va surtout pas t’imaginer que je recherche ta pitié, poursuit le père. Mais ça fait du bien de pouvoir parler de ces choses. Toi, maintenant, dis-moi, qu’as-tu fait pendant les vacances ? — Deux semaines dans un camp, le reste sur la ferme de l’oncle Gilbert. — Ah! oui ? Et tu as aimé ça, la ferme ? — C’était correct. Je conduisais le tracteur, je m’occupais des bêtes, je nettoyais les bâtiments.

80

— Il te traitait bien, Gilbert ? — Oh! oui, là-bas, ça allait. — Mais ici ? — C’est à Rosemont, avant qu’on déménage, que ç’a été le pire. — À cause de moi ?

85

90

Philippe fait oui de la tête. — Les professeurs, les copains, les voisins ! Tout le monde. Il y en a qui me le disaient en pleine face. D’autres qui parlaient dans mon dos. Même ici, parfois, j’ai l’impression que les gens bavassent 5 sur mon passage. Mais le pire, c’est quand quelqu’un nous prend en pitié et nous donne toutes sortes de choses. C’est terrible ! — Mais toi, fils, trouves-tu que tu fais pitié ? Philippe hésite. Les mots qui lui brûlent les lèvres, il sait qu’ils feront très mal. Mais papa enchaîne :

95

— Allez, raconte, Philippe. Autant que je sache, mon vieux, ça fait trois ans que je me torture avec ça, jour après jour. Et tout sort soudain. Philippe vient à bout de raconter les affronts, l’insécurité, l’humiliation, les rejets, les refus… tout, tout, TOUT ! Père et fils ont les yeux mouillés de larmes quand à la fin Philippe avoue : — Mais si tu savais, papa, comme j’ai eu envie de répondre à ta lettre…

292

MODULE 6

VOIR AUTREMENT

••• 100

En ce midi ensoleillé, deux cyclistes pédalent en bavardant 6 dans les allées ombragées d’un petit parc tranquille. Depuis que le dialogue a repris entre eux, ils se sont tout dit… ou presque. — Tu sais, confie Philippe à son père, j’ai maintenant une petite amie que j’aimerais bien te présenter. Elle s’appelle Rafaëlle. Marie-Andrée Clermont, «Retrouvailles», Mauve et autres nouvelles, Montréal, Médiaspaul, coll. «Lectures-VIP », 1988, p. 35 à 43.

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE 5

a) Bavasser est-il un verbe appartenant à la langue standard

ou familière ? b) Donnez un synonyme de ce verbe. 6

Pourrait-on remplacer bavarder par bavasser ici ? Pourquoi ?

INTERROGER LE TEXTE ET RÉAGIR Le schéma narratif de toute la nouvelle

17. Maintenant que vous connaissez l’histoire dans son ensemble, tracez le schéma narratif de toute la nouvelle en répondant aux questions du tableau ci-dessous. Étapes du schéma narratif

Questions pour vous guider

Situation initiale

Que fait Philippe au début ? Pourquoi ?

Élément déclencheur

Qu’est-ce qui interrompt cette action ?

Déroulement

Que font Philippe et son père ?

Dénouement

Qu’est-ce que Philippe avoue à son père ?

Situation finale

Que fait Philippe à la fin ? Pourquoi ?

Résumé en une phrase de chaque étape du schéma narratif

Séquence 2

Grandir dans sa tête

293

Les émotions de Philippe

18. La discussion que Philippe a avec son père l’amène à changer d’opinion sur son père. Expliquez en deux phrases ce qui s’est passé pour le jeune homme. Avant

Évènement entraînant un changement d’idée

Maintenant

Avant de discuter avec son père, Philippe .

Une discussion

Depuis cette discussion, Philippe comprend .

19. En présence de son père, Philippe passe par toute une gamme d’émotions. En équipe, précisez par quels moyens l’auteure montre la force des émotions dans les phrases ci-dessous. Phrases

Émotions ressenties

1) «Philippe se détourne brusquement, veut s’éloigner… » (Lignes 30 et 31.)

Rancune

2) «Son pouls bat toujours à plein régime… » (Ligne 69.)

Tension, énervement

3) «C’est terrible ! » (Lignes 89 et 90.)

Humiliation et colère

Moyens utilisés pour souligner la force de l’émotion

Modificateur:

Une histoire à raconter

20.

a) Placez-vous avec un ou une camarade. Racontez-vous cette histoire à tour de rôle.

Il ne s’agit pas ici de lire, mais bien de raconter l’histoire.

• Une personne raconte l’histoire comme si Philippe était un de ses amis. Elle commence donc ainsi: L’autre jour, Philippe, un de mes amis, était tellement en colère contre son père qui s’était retrouvé en prison pour vol qu’il a décidé de… • L’autre personne raconte l’histoire comme si elle lui était arrivée à elle. Elle commence donc ainsi: L’an passé, le jour où mon père sortait de prison, j’étais tellement en colère que j’ai décidé de… b) Chaque personne raconte l’histoire en moins de trois minutes et utilise les moyens nécessaires pour la rendre intéressante et faire partager ses émotions. Prenez quelques minutes de réflexion avant de vous lancer.

294

MODULE 6

VOIR AUTREMENT

Au fil d’arrivée Raconter à ses camarades comment un évènement a fait grandir dans sa tête. Transposer ensuite cette histoire à l’écrit. À votre tour maintenant d’exercer vos talents de conteur ou de conteuse ! Avant de commencer, lisez les textes proposés dans votre Recueil de textes, vous y trouverez bien des idées.

VOLET PRODUCTION ORALE La préparation

1. Vous avez relevé, au début de cette séquence, des évènements marquants dans votre vie. Prenez quelques minutes pour vous rappeler un de ces évènements qui vous ont permis de combattre un préjugé, d’évoluer, de changer d’idée pour le mieux. Pour faciliter votre tâche, remplissez la première partie du document «Raconter une histoire» qu’on vous remettra.

2. Prenez connaissance des critères à respecter lorsque vous raconterez votre histoire. Ces critères sont présentés dans la deuxième partie du document que vous avez reçu.

Les semi-finales

3. Regroupez-vous en équipe et racontez votre histoire à vos camarades. Chaque personne a trois minutes maximum pour raconter son histoire aux autres.

4. Une fois que les membres de votre équipe se seront exprimés, choisissez, toujours en équipe, laquelle des histoires entendues est la plus intéressante et la mieux racontée. a) Tenez compte des critères à respecter pour guider votre choix. b) La personne qui a raconté cette histoire devient finaliste.

La finale

5. Les finalistes (une personne par équipe) racontent, à tour de rôle, leur histoire à toute la classe. Chaque finaliste a trois minutes maximum pour s’exprimer.

6.

Pendant qu’un ou une finaliste raconte son histoire, notez ce que vous trouvez intéressant. Servez-vous pour cela du document «Raconter une histoire: des idées à retenir» qu’on vous remettra. Conservez votre document précieusement, vous en aurez besoin.

Séquence 2

Grandir dans sa tête

295

VOLET PRODUCTION ÉCRITE La rédaction de votre histoire

7. Reprenez l’histoire que vous avez racontée à votre équipe et racontez-la maintenant à l’écrit. Suivez les consignes ci-dessous.

Consignes à respecter mots. 1. La longueur du texte: 200 à 250 de mots, Comme votre production compte peu s phrases racontez la situation initiale en quelque déclencheur t men seulement. Rédigez également l’élé brièvement.

N’oubliez pas de signaler adéquatement l’élément déclencheur. Vous pouvez reprendre ce que vous avez noté d’intéressant dans les récits de vos camarades.

moyens que et plus intéressant en employant des 2. Rendez votre récit plus vivant re Recueil de cette séquence, dans ceux de vot vous avez remarqués dans les textes arades finalistes. de textes et dans les récits de vos cam Par exemple: n, points de suspension ; • la ponctuation : point d’exclamatio uscules, italique ; • le changement de caractère : maj • l’interjection; ins une (soulignez-la) ; • la comparaison : utilisez-en au mo ); moins quatre différents (encerclez-les • les modificateurs : utilisez-en au • un vocabulaire évocateur.

Utilisez ces moyens pour attirer l’attention sur une émotion, un geste, un moment important. Évitez d’en abuser.

La révision

8. Révisez votre texte au fur et à mesure que vous rédigez. Consultez Comment réviser un texte, à la page 480, pour voir comment faire. Avant de mettre votre copie au propre, révisez-la attentivement au moyen des stratégies utiles pour réviser, corriger et améliorer un texte (p. 480 à 492).

296

MODULE 6

VOIR AUTREMENT

D’AUTRES

rendez-vous...

Lisez d’autres textes pour poursuivre votre réflexion sur la différence et voir ce qui colore nos relations avec les autres. Dans votre Recueil de textes, vous trouverez… • un enfant qui découvre l’amitié grâce à un renard: Une leçon d’amitié ; • des personnages différents, qui ne se laissent pas abattre par les difficultés: Nunzia, Annie et Ben, Guillaume, Un mur autour de Lisa ; • des poèmes qui parlent de ressemblances et de rapprochement : L’homme qui te ressemble, Psaume 41.

Retour Autoévaluation e des termes d’évaluation : Lorsque c’est possible, répondez à l’aid Beaucoup / Assez / Un peu. POINTS À ÉVALUER ence, je sais mieux: 1. Après avoir travaillé dans cette séqu atif dans une histoire ; a) délimiter les étapes du schéma narr prendre; b) repérer les comparaisons et les com c) repérer les modificateurs; récit (oral ou écrit). d) faire passer mes émotions dans un oire : à l’oral/ à l’écrit.

mon hist 2. a) J’ai trouvé plus facile de raconter . b) Voici pourquoi: chissant. 3. a) Écouter mes camarades a été enri . b) Voici pourquoi:

ect suivant : ication orale, j’aimerais améliorer l’asp 4. a) Lors d’une prochaine commun suivant: ion écrite, j’aimerais améliorer l’aspect b) Lors d’une prochaine communicat ntage. ence m’ont donné le goût de lire dava 5. a) Les textes que j’ai lus dans la séqu . b) Voici pourquoi:

Séquence 2

. .

Grandir dans sa tête

297

Temps d’arrêt La comparaison

1. Analysez les comparaisons suivantes. Si nécessaire, consultez Comparaison et métaphore, à la page 321. Exemple : Les grands yeux bleus d’Amélie ressemblaient à deux calmes lacs. Ce qui est comparé

Outil de comparaison

Ce à quoi on compare

Points de ressemblance

les yeux d’Amélie

ressemblaient à

deux lacs

• la couleur • la grandeur • l’impression de calme, de tranquillité

1) Les draps dansaient sur la corde à linge comme des voiles de bateaux gonflées par le vent. 2) Sa mère, tel un guichet automatique, laissait tomber dix dollars chaque fois qu’il le lui demandait. 3) Les cheveux épais de ma grand-mère la coiffaient comme un gros bonnet blanc. 4) Semblables à d’innombrables fourmis essayant de se frayer un chemin à travers les obstacles, les voitures circulaient en tous sens. 5) La petite rentra de sa course dans la neige, le teint rosi par le froid. Ses joues ressemblaient à des pommes appétissantes. 6) Ce matin, les élèves sont agités comme des ouistitis en cage.

2. a) Il existe des comparaisons qui sont entrées dans la langue française. Les connaissez-vous ? Complétez chaque comparaison ci-après avec un nom choisi dans la liste suivante:

âne bœuf bourrique cochon 1) 2) 3) 4) 5) 6) 7) 8) 9) 10)

coq écureuil loir marmotte

mule oie paon porc

Être myope comme une . Être laid comme un ou comme un Être rusé comme un . Être fort comme un . Être bête comme une ou comme un Être sale comme un ou comme un Être têtu comme une ou comme une Être vif comme un . Être fier comme un ou comme un Dormir comme un ou comme une

pou renard singe taupe

.

. . . . .

b) Une fois que vous aurez trouvé ces comparaisons, donnez le sens de chacune.

298

MODULE 6

VOIR AUTREMENT

Les modificateurs

3. Les phrases ci-dessous contiennent toutes un modificateur. a) Repérez-le et dites quel mot il modifie. b) Remplacez chaque modificateur par un autre de votre choix. Le sens de votre phrase peut s’éloigner de celui de la phrase originale. Remarque : N’utilisez pas un même modificateur plus d’une fois. Exemple : Philippe se détourne brusquement.

a) Brusquement modifie le verbe se détourne. b) Philippe se détourne avec difficulté. Ou Philippe se détourne rapidement. 1) Sa peau noire prenait des reflets d’ambre gris dans la lumière vaguement rose des lampadaires. 2) Un clochard surgit brusquement dans son champ de vision. 3) Il portait un sac à dos bourré à bloc. 4) Il ronflait comme un bienheureux. 5) Il se balançait dangereusement sur sa marche mobile. 6) Le regard du Vieux s’illumina et devint très doux. 7) À l’aveuglette, Sylvestre déchargea ses paquets sur le comptoir de la cuisine. 8) Philippe se détend un peu. 9) Son pouls bat à plein régime, mais il sent flotter en lui une bienveillance nouvelle à l’égard de son père. 10) Très lentement, il tendit les bras vers l’adolescent et emprisonna les jeunes mains glacées entre ses doigts sales. Remarque : Il y a ici deux modificateurs.

4. Copiez les passages en couleur et remplacez chaque chiffre par un modificateur. a) N’utilisez pas un même modificateur plus d’une fois. b) Quand vous aurez terminé, relisez le texte pour vous assurer que les mots choisis s’y glissent bien.

Les vacances de Marion Un matin, Marion a surgi 1 dans la cuisine. Elle venait d’apprendre qu’elle ne passerait pas le mois de juillet à l’Île comme elle le faisait 2 . Depuis qu’elle est 3 petite, elle y fait le plein de soleil et de promenades. Mais cet été, ses parents ont décidé de rester en ville. — Tu comprends, ma chérie, nous devons nous serrer

4

la ceinture.

Marion se demande 5 comment elle occupera ses journées. Elles qui semblaient 6 courtes à l’Île, les voilà 7 longues. Marion cherche 8 une solution. Elle ne peut pas compter sur ses amies, Laurence et Natacha sont en voyage. Bien sûr, il y a la nouvelle d’en face, mais cette fille a l’air 9 étrange.

Séquence 2

Grandir dans sa tête

299

LES CONNAISSANCES

301

Carte des notions Sur cette carte, les notions sont regroupées selon les catégories auxquelles elles appartiennent. Dans chaque catégorie, ces notions sont présentées en ordre alphabétique. GRAMMAIRE DE LA PHRASE Les classes de mots

Les groupes

Les fonctions

Adjectif Adverbe Classe Déterminant Nom Préposition Pronom Verbe

Groupe Groupe adjectival Groupe adverbial Groupe nominal Groupe prépositionnel Groupe verbal

Attribut du sujet Complément de phrase Complément direct du verbe Complément du nom Complément indirect du verbe Fonction Modificateur Sujet et prédicat

L’étude des phrases

Coordonnant et subordonnant Formes de phrases Manipulations : • addition • déplacement • effacement • remplacement

ACCORDS

Accords Accords dans le GN Accords dans le GV: • accord du verbe • accord de l’adjectif attribut du sujet et du participe passé employé avec être • accord du participe passé employé avec avoir

302

Phrase Phrase à construction particulière Phrase de base et phrase transformée Subordonnée Subordonnée circonstancielle Subordonnée relative Types de phrases

CONJUGAISON

Conjugaison : • formes du verbe • parties du verbe: – radical – terminaison

ORTHOGRAPHE

Féminin des noms et des adjectifs Pluriel des noms et des adjectifs Rectifications orthographiques R Règles orthographiques Trait d’union

Vous cherchez une notion ? une définitio n? Pensez à consulter l’inde x, aux pages 502 à 511.

GRAMMAIRE DU TEXTE

Cohérence Discours rapporté Narrateur Organisateur textuel

Poème Reprise de l’information Schéma narratif

Temps verbaux Types et genres de textes Variétés de langue

PROCÉDÉS STYLISTIQUES

Comparaison et métaphore Énumération

SIGNES GRAPHIQUES

Apostrophe Majuscule Ponctuation

LEXIQUE Le sens des mots

La construction des mots

Les relations entre les mots

Antonyme Expression figée Polysémie Sens propre et sens figuré Synonyme

Famille de mots Formation des mots : • mots composés • mots dérivés • mots savants • mots tronqués • mots-valises • sigles

Champ lexical Générique et spécifique

Dans les pages qui suivent, les notions sont présentées en ordre alphabétique.

303

A Accords OBSERVATION

Lisez les phrases suivantes. Les mots surlignés sont des receveurs d’accord. Zoé avait quitté la maison familiale aux premiers jours de l’été. Elle allait rejoindre sa sœur aînée qui travaillait dans une ferme expérimentale en Gaspésie. Quelle joie immense, quel bonheur elle ressentait !  Trouvez le donneur d’accord de chaque mot surligné. DESCRIPTION ET EXPLICATION

 L’accord, représenté par une flèche, relie un donneur d’accord à un receveur d’accord. f. s.

 Quelle

m. s.

3e pers. s.

joie immense, quel bonheur elle ressentait !

receveur donneur

receveur

receveur

donneur

donneur

receveur

• Le donneur d’accord est toujours: – un nom (ex.: joie); – ou un pronom (ex.: elle). • Les receveurs d’accord sont : – les déterminants (ex.: Quelle, quel); – les adjectifs (ex.: immense) et les participes passés; – les verbes (ex.: ressentait) et les auxiliaires.

304

 Les déterminants, les adjectifs et les participes passés reçoivent : • un genre (masculin ou féminin); • un nombre (singulier ou pluriel).

Les verbes et les auxiliaires reçoivent: • une personne (1re, 2e ou 3e ); • un nombre (singulier ou pluriel).

 On distingue les accords dans le GN et les accords dans le GV.

Accords dans le GN • L’accord dans le groupe nominal se décrit ainsi: Le nom donne son genre et son nombre au déterminant et aux adjectifs qui l’accompagnent. • Voici des exemples d’accords dans le GN : GN

m. s.

 Élisabeth avait découvert

cet endroit quand elle était petite.

GN

GN

f. pl.



f. s.

Certaines routes enneigées sont fermées à la circulation . GN m. pl. f. s.

 Le canard souchet a

m. s.

la tête et le cou verts .

Accords dans le GN

305

GN

GN

f. pl.



f. s.

Les grosses grappes violettes promettent une récolte hâtive et sensationnelle .

Dans ces exemples : – les flèches partent toujours du nom qui est le noyau du groupe nominal; – les flèches aboutissent au déterminant et aux adjectifs; – les flèches transportent le genre et le nombre du nom. • Pour s’assurer de bien faire les accords dans le GN, voir Comment vérifier les accords dans le GN, à la page 489.

Accords dans le GV Les principaux accords dans le groupe verbal sont les suivants: 1) l’accord du verbe; 2) l’accord de l’adjectif attribut du sujet et du participe passé employé avec être ; 3) l’accord du participe passé employé avec avoir.  L’accord du verbe • L’accord du verbe se décrit ainsi : Le sujet donne sa personne et son nombre au verbe ou à l’auxiliaire (si le verbe est à un temps composé). • Voici des exemples d’accords du verbe: GN- Sujet de P

GV-Prédicat de P

3e pers. pl.



Les jours de cet hiver-là GN- Sujet de P

furent longs et sombres . GV- Prédicat de P

3e pers. pl. 3e pers. s.

 306

3e pers. s.

Zoé et sa sœur

nous avaient parlé de ces gens .

Pron.-Sujet de P 3e pers. pl.

GV- Prédicat de P

3e pers. pl.

 Les gens

qui

hébergent Zoé élèvent des oiseaux rares.

GV- Prédicat de P

GN -Sujet de P 3e pers. pl.

 Dans cette forêt

vivaient

les plus beaux oiseaux du monde .

Dans ces exemples : – la flèche part toujours du noyau du GN sujet ou du pronom sujet; – la flèche aboutit au verbe ou à l’auxiliaire; – la flèche transporte la personne et le nombre du noyau du GN sujet ou du pronom sujet. • Pour s’assurer de bien faire les accords dans le GV, voir Comment vérifier les accords dans le GV, à la page 490.

 L’accord de l’adjectif attribut du sujet et du participe passé employé avec être • L’accord de l’adjectif attribut du sujet et du participe passé employé avec être se décrit ainsi : Le sujet donne son genre et son nombre à l’adjectif attribut du sujet et au participe passé employé avec être. • Voici des exemples d’accords de l’adjectif attribut du sujet et du participe passé employé avec être : GN - Sujet de P

GV- Prédicat de P

m. pl.



Les jours de cet hiver-là Pron.-Sujet de P

furent longs et sombres . GV- Prédicat de P

f. pl.



Ce soir-là, elles

étaient préoccupées par leur voyage .

GN- Sujet de P

GV- Prédicat de P

m. pl. f. s.



m. s.

Élisabeth et Nicolas

sont arrivés en retard .

Accords dans le GV

307

GV- Prédicat de P

GN - Sujet de P m. pl.

 Dans cette volière

sont enfermés

les plus beaux oiseaux du monde .

Dans ces exemples : – la flèche part toujours du noyau du GN sujet ou du pronom sujet; – la flèche aboutit à l’adjectif attribut du sujet ou au participe passé employé avec être ; – la flèche transporte le genre et le nombre du noyau du GN sujet ou du pronom sujet. • Pour s’assurer de bien faire les accords dans le GV, voir Comment vérifier les accords dans le GV, à la page 490.  L’accord du participe passé employé avec avoir • L’accord du participe passé employé avec avoir se décrit ainsi: Le complément direct du verbe donne son genre et son nombre au participe passé employé avec avoir si le complément direct est placé AVANT le verbe. • Voici des exemples d’accords du participe passé employé avec avoir : f. pl.



f. pl.

J’ai rencontré tes sœurs et je les ai embrassées pour toi. CD du V

f. s.

f. s.

 La ferme que nous avons visitée était magnifique. CD du V

f. pl.



Quelles belles journées nous avons passées ensemble ! CD du V

Dans ces exemples : – la flèche part toujours du pronom complément direct du verbe ou du noyau du GN complément direct du verbe; – la flèche aboutit au participe passé employé avec avoir ; – la flèche transporte le genre et le nombre du pronom complément direct du verbe ou du noyau du GN complément direct du verbe. • Pour s’assurer de bien faire les accords dans le GV, voir Comment vérifier les accords dans le GV, à la page 490.

308

sse

Cla

Adjectif

OBSERVATION

Dans les phrases suivantes, les mots surlignés sont des adjectifs. Prêtez-leur une attention particulière. La poste est rigolote. C’est un petit bureau avec trois guichets et deux cabines téléphoniques. Une vieille dame nous ouvre la porte. Ils sont bêtes et méchants, les parents de Poil de Carotte.  À quoi servent les adjectifs dans ces phrases ? DESCRIPTION ET EXPLICATION

 L’adjectif permet de décrire ou de préciser une réalité (personne, lieu, évènement, etc.) désignée par un nom ou un pronom.

 Une vieille dame italienne nous ouvre la porte.

Ils sont bêtes et méchants.

 L’adjectif est un mot variable. C’est un receveur d’accord: l’adjectif reçoit son genre et son nombre du nom ou du pronom qu’il décrit. Adj.

N

Adj.

Pron.

f. s.

Adj.

Adj.

m. pl.

 Une vieille dame italienne nous ouvre la porte. receveur donneur receveur

Ils sont bêtes et méchants. donneur

receveurs

 De nombreux adjectifs sont issus de verbes:

 nœud coulissant, type excité, pont glacé, main ridée, magasin fermé, yeux clos, lumière éteinte, visage épanoui, regard souriant…

 Certains adjectifs changent de sens selon qu’ils sont placés avant ou après le nom. Comparez:



une artiste pauvre ➞ une pauvre artiste

(une artiste qui n’a pas d’argent)

(une artiste qui fait pitié)

 L’adjectif est le noyau du groupe adjectival. UTILITÉS DE CETTE CONNAISSANCE

 L’adjectif est une ressource appréciable pour enrichir ses propos.

 Un type gesticule sur le pont. ➞ Un type excité gesticule sur le petit pont. Adjectif

309

 Remplacer une subordonnée relative par un adjectif permet d’obtenir une phrase plus concise.



J’ai rencontré une personne qui est gentille et qui a une vaste culture.

 J’ai rencontré une personne gentille et cultivée.  Être capable de repérer les adjectifs est essentiel pour faire les accords.

Class

e

Adverbe OBSERVATION

Dans les extraits suivants, les mots surlignés sont des adverbes. Observez-les bien. Ce qu’il y a de pire avec l’école, c’est qu’elle interrompt continuellement les vacances1. En général je suis très courageux, continua-t-il à voix basse; mais, aujourd’hui, il se trouve que j’ai mal à la tête2.  Les mots de la classe des adverbes sont-ils variables ? DESCRIPTION ET EXPLICATION

 L’adverbe est un mot invariable.

 Hier, Justine m’a téléphoné. Je l’aime passionnément.  L’adverbe exprime, entre autres: le lieu : ailleurs, alentour, dehors, ici, là, partout… le temps : aujourd’hui, autrefois, bientôt, demain, hier, jamais, parfois, toujours… la manière: bien, ensemble, gentiment, tendrement, mal, mieux, vite, vivement… la négation et l’affirmation: assurément, certes, ne… jamais, ne… pas, ne… plus, non, oui… la quantité et le degré : beaucoup, environ, moins, peu, suffisamment, très, trop…  Comme l’adverbe est invariable, il ne faut pas le confondre avec l’adjectif, qui, lui, s’accorde. Comparez:

 Ces enfants parlent fort.  Camille sent bon.  Ces livres coûtent cher. 310

Ces enfants sont forts. Camille est bonne. Ces livres sont chers.

COUP Pour distinguer l’adverbe et l’adjectif DE DE

POUCE

Si le mot peut être remplacé par un adverbe, ce n’est pas un adjectif mais un adverbe.







Ces enfants parlent fort. Ces enfants parlent lentement.



Ces livres sont fort intéressants. Ces livres sont très intéressants.

 L’adverbe est le noyau du groupe adverbial.  On compte environ 1 250 adverbes en -ment, la plupart formés à partir d’un adjectif. Les règles de formation des adverbes sont présentées ci-dessous. RÈGLE GÉNÉRALE

On ajoute -ment au féminin de l’adjectif.

chaude exacte nerveuse facile

+ + + +

-ment -ment -ment -ment

= = = =

chaudement exactement nerveusement facilement

Exceptions :

• Bref fait brièvement, gentil fait gentiment et traître fait traîtreusement. • Quelques adverbes prennent plutôt la finale -ément: aveuglément, communément, énormément, immensément, intensément, précisément, profondément, etc. RÈGLES PARTICULIÈRES 1. Adjectifs qui se terminent au masculin par é, i, u

On ajoute -ment à l’adjectif tel qu’il est.

posé joli absolu

+ -ment + -ment + -ment

= = =

posément joliment absolument

Exceptions :

• Gai fait gaiement, impuni fait impunément et beau fait bellement. • Dans une dizaine de cas, le u de l’adjectif prend un accent circonflexe dans l’adverbe: assidûment, continûment, goulûment, indûment, etc. 2. Adjectifs qui se terminent au masculin par -ant ou -ent

On remplace -ant par -amment.

bruyant ➞ bruyamment

suffisant ➞ suffisamment

On remplace -ent par -emment.

patient ➞ patiemment

précédent ➞ précédemment

UTILITÉ DE CETTE CONNAISSANCE

Savoir reconnaître les adverbes est important pour ne pas les confondre avec les adjectifs. 1. A. A. Milne, «Un homme très aimé», Histoires à trembler de la tête aux pieds, présentées par Alfred Hitchcock, Paris, Hachette Jeunesse, coll. «Bibliothèque verte», 1997, p. 66. ■ 2. Lewis Carroll, De l’autre côté du miroir, 1872.

Adverbe

311

Antonyme OBSERVATION

Examinez les citations et les proverbes suivants, les antonymes y sont surlignés. Il y a un temps pour aimer et un temps pour haïr. Le mal est facile, le bien demande beaucoup d’efforts. Qui n’est pas avec moi est contre moi. Quand tu ris, tout le monde le remarque; quand tu pleures, personne ne le voit1.  D’après vos observations, qu’est-ce qu’un antonyme ? DESCRIPTION ET EXPLICATION

Les antonymes sont des mots ayant des sens contraires et appartenant à la même classe de mots. Ainsi, l’antonyme du verbe haïr n’est pas le nom amour, mais le verbe aimer. L’antonyme du nom rapidité est le nom lenteur. L’antonyme de l’adjectif rapide est l’adjectif lent. L’antonyme de l’adverbe rapidement est l’adverbe lentement. © Certains préfixes ont un sens négatif, on les utilise pour former des antonymes. aanticontredédésil-

normal/ anormal adhésif/antiadhésif poison / contrepoison boutonner/déboutonner agréable /désagréable légal /illégal

iminirmalmémés-

prévu / imprévu confortable/ inconfortable responsable /irresponsable habile/malhabile contenter/ mécontenter entente /mésentente

UTILITÉ DE CETTE CONNAISSANCE

Connaître les antonymes est utile pour s’exprimer avec précision et varier sa façon de dire les choses, à l’oral comme à l’écrit. 1. Citations et proverbes tirés de Maurice Maloux, Dictionnaire des proverbes, sentences et maximes, Paris, Larousse / VUEF, 2001.

312

Apostrophe OBSERVATION

Lisez les extraits suivants en observant bien ce signe (’) qu’on appelle apostrophe. «Vraiment, quelle voix délicieuse, continua la Grenouille. J’espère que vous viendrez jusqu’à la mare aux canards. Il faut que j’aille voir mes filles. J’ai six filles magnifiques, et j’ai peur qu’elles ne rencontrent le Brochet. C’est un véritable monstre, qui n’hésiterait pas à en faire son petit déjeuner. Eh bien ! Au revoir. J’ai beaucoup goûté notre conversation, je vous assure1.» Partout où nous paraissons, nous attirons l’attention2. S’ils avaient perdu leur fils unique, il serait inutile d’en dire là-dessus davantage3.  Dans ces extraits, quelles voyelles les apostrophes remplacent-elles ?  Pourquoi, selon vous, certaines voyelles sont-elles remplacées par une apostrophe ?

DESCRIPTION ET EXPLICATION

L’apostrophe est un signe qui indique l’élision (la disparition) d’une voyelle dans des mots généralement courts et de grande fréquence.  L’élision se fait uniquement devant un mot qui commence par une voyelle ou un h muet. Ainsi, on élide: • la voyelle «a» du déterminant la ou du pronom la : l’amitié, l’histoire, je l’ai vue…; • la voyelle «e» des mots suivants: je, me, te, se, le, ce, de, ne, que, jusque, parce que. La voyelle «e» des mots suivants s’élide généralement : lorsque, puisque, quoique ; Le «e» de presque ne s’élide que dans presqu’île; le «e» de quelque ne s’élide que dans quelqu’un, quelqu’une.

• la voyelle «i» du mot si devant il et ils seulement : S’il pouvait donc revenir !

!

Il n’y a pas d’élision devant un mot qui commence par un h aspiré. Dans les dictionnaires, un astérisque ou un autre signe indique que le h est aspiré.  Dans la langue familière, le u du pronom tu peut être remplacé par une apostrophe:

 T’as de beaux yeux, tu sais4 ! 1 à 3. Oscar Wilde, La fusée remarquable, 1891. ■ 4. Jacques Prévert.

Apostrophe

313

ion nct

Fo

Attribut du sujet

OBSERVATION

Observez les phrases suivantes dans lesquelles les attributs du sujet ont été surlignés. Béatrice était malheureuse. Il commence à faire noir et maman devient nerveuse. Gabriel ne semblait pas impressionné. Léna était une enfant ravissante.  D’après vos observations, quelles sortes de groupes de mots peuvent remplir la fonction d’attribut du sujet ? DESCRIPTION ET EXPLICATION

La fonction d’attribut du sujet (Attr. du S) est celle d’un élément qui complète un verbe attributif. Comme son nom l’indique, l’attribut du sujet caractérise le sujet. GV



Maman

VAttr

GAdj- Attr. du S

devient

nerveuse

.

Le groupe adjectival nerveuse est une expansion du verbe attributif devient et il caractérise le sujet Maman. Il remplit donc la fonction d’attribut du sujet.  Les verbes attributifs sont les verbes qui peuvent être complétés par un groupe adjectival (GAdj). Les plus courants sont être, paraître, sembler, devenir, rester, demeurer et avoir l’air.

COUP Pour savoir si un verbe est attributif DE DE

POUCE

Une façon rapide de voir si un verbe est un verbe attributif consiste à le remplacer par être. Si le remplacement est possible sans modification, il s’agit d’un verbe attributif. Par exemple:





Maman devient nerveuse. Maman est nerveuse.

Devenir est bien un verbe attributif.

314



Papa a l’air nerveux !

 Papa est nerveux ! Avoir l’air est bien un verbe attributif.

 La fonction d’attribut du sujet peut être remplie, entre autres: – par un groupe adjectival : GV VAttr GAdj- Attr. du S

 La porte

était

lourde

.

– par un groupe nominal : GV VAttr

 Léna

!

GN- Attr. du S

était une enfant ravissante

.

L’attribut du sujet fait partie du groupe verbal.

COUP Pour distinguer le GN attribut du sujet et le GN complément direct DE DE

POUCE

• Le GN attribut du sujet est une expansion d’un verbe attributif : GV VAttr

 Léna

GN- Attr. du S

est une enfant ravissante

.

• Le GN complément direct est une expansion d’un verbe qui n’est pas attributif: GV V

 Léna

GN-CD du V

a un visage ravissant

.

Attribut du sujet

315

C Champ lexical OBSERVATION

Voici un ensemble de mots formant un champ lexical. Observez leur sens et leur groupement par couleurs. affolement angoisse claustrophobie crainte

effroi épouvante frayeur frousse (fam.)

horreur inquiétude panique peur (bleue)

phobie terreur trac trouille (fam.)

affoler (s’) alarmer (s’) angoisser (s’) avoir des sueurs froides avoir la chair de poule

claquer des dents craindre effrayer (s’) être glacé d’épouvante être plus mort que vif

être transi de peur faire froid dans le dos faire peur frémir glacer le sang

mourir de peur paniquer redouter terrifier terroriser

affolant alarmant angoissé craintif

effrayant effroyable épouvantable épouvanté

horrifiant horrifié inquiétant peureux

redoutable redouté terrible terrifié

anxieusement craintivement

effroyablement épouvantablement

farouchement peureusement

redoutablement terriblement

 Quelle est l’idée commune aux mots ci-dessus ?  Ces mots sont-ils tous des synonymes ?  À quelles classes de mots appartiennent-ils ?

316

DESCRIPTION ET EXPLICATION

Un champ lexical est un ensemble de mots et d’expressions de toutes sortes qui se rattachent à une même idée, par exemple l’idée de PEUR, comme dans le champ lexical donné dans l’OBSERVATION.  Les champs lexicaux contiennent des synonymes, des mots de même famille, des suites lexicales.

!

Synonymes

Mots de même famille

Suites lexicales

frayeur / épouvante effroyable / terrifiant craindre / redouter craintivement / peureusement

crainte craindre craintif craint craintivement

peur bleue peur folle trembler de peur mourir de peur

Les mots d’un champ lexical ne sont pas tous synonymes entre eux. Par exemple, effrayant n’est pas synonyme d’effrayé, et épouvantable n’est pas synonyme de craintivement.  Dans un champ lexical, on trouve habituellement les quatre principales classes de mots: des noms, des verbes, des adjectifs, des adverbes.  On trouve des dictionnaires de champs lexicaux dans la plupart des bibliothèques municipales. Les plus courants sont les suivants: • Le Dictionnaire des idées par les mots (Éditions Le Robert); • Le Dictionnaire analogique (Éditions Larousse); • Le Thésaurus (Éditions Larousse).

UTILITÉ DE CETTE CONNAISSANCE

Voir aussi Comment construire un champ lexical, à la page 471.

Connaître les champs lexicaux est utile en écriture, puisque les champs lexicaux nous fournissent les mots et les expressions dont nous avons besoin pour exprimer une idée, une émotion, un sentiment.

Champ lexical

317

Classe OBSERVATION

Lisez le poème suivant. Ses mots La langue de ma mère a des mots pour tout dans la grande famille des mots je m’en choisis pour passer l’hiver des mots en laine du pays cette année j’ai choisi le mot guérison le mot liberté des mots qui tiennent bien au chaud1    

En incluant le titre, on compte 17 noms dans ce poème. Trouvez-les. Qu’est-ce qui vous permet de dire que ces mots sont des noms ? Repérez les verbes de ce poème. Qu’est-ce qui vous permet de dire que ce sont des verbes ? Essayez de trouver les six mots invariables présents dans le poème.

DESCRIPTION ET EXPLICATION

 Tout mot appartient à une classe. La classe d’un mot, c’est sa sorte, sa catégorie (nom, adjectif, verbe, etc.).  Il y a cinq classes de mots variables et deux classes de mots invariables. Chacune de ces classes regroupe des mots qui ont des caractéristiques communes. Classes de mots variables

Caractéristiques communes aux mots de cette classe

Exemples

Nom

• Le nom s’emploie avec un déterminant.

– des mots, la grande famille, cette année

Verbe

• Le verbe se conjugue à divers temps. • Le verbe peut s’employer avec ne… pas.

– La langue a / avait des mots… – La langue n’a pas de mots…

Adjectif

• L’adjectif décrit ou précise une réalité désignée par un nom ou un pronom.

– la grande famille des mots,

• Le déterminant se place obligatoirement à gauche du nom. • Il ne peut pas s’effacer dans le GN.

– des mots, la grande famille,

Déterminant

Pronom

318

• Plusieurs pronoms servent à reprendre quelque chose qui a déjà été mentionné. • Le pronom occupe la place d’un groupe ou d’une phrase.

des mots populaires



cette année Saison préférée est hiver.

– Ces mots me tiennent bien au chaud. Ils me réconfortent.

– L’hiver sera long. Il est déjà à nos portes.

Classes de mots invariables

Caractéristiques communes aux mots de cette classe

Exemples

Adverbe

• L’adverbe n’a pas de complément.

– Loïc choisit ses mots habilement. Demain, l’hiver sera là.

Préposition

• La préposition prend un complément.

– la langue de ma mère, des mots pour passer l’hiver

 Un mot peut changer de classe selon l’emploi qu’on en fait. • Un adjectif peut être employé comme nom :

 des mots qui tiennent bien au chaud • Un verbe peut être employé comme nom:

 Le rire sonore de son père le réjouit.

!

Il ne faut pas confondre classe et fonction. La CLASSE d’un élément, c’est sa sorte, la catégorie à laquelle il appartient (nom, verbe, etc.). La FONCTION d’un élément, c’est ce qu’il fait (sujet de…, complément de…, attribut du…, etc.). 1. Gérald Godin, Ils ne demandaient qu’à brûler, Montréal, Éditions de l’Hexagone, 2001. © 2001 Éditions de l’Hexagone et succession Gérald Godin.

Cohérence OBSERVATION

Voici un court dialogue qui ne respecte pas les règles de la cohérence. Mme Martin : Je peux acheter un couteau de poche pour mon frère, mais vous ne pouvez pas acheter l’Irlande pour votre grand-père. M. Smith :

On marche avec les pieds, mais on se réchauffe à l’électricité ou au charbon.

M. Martin :

Celui qui vend aujourd’hui un bœuf, demain aura un œuf.

Mme Smith :

Dans la vie, il faut regarder par la fenêtre.

Mme

Martin : On peut s’asseoir sur la chaise, lorsque la chaise n’en a pas.

M. Smith :

Il faut toujours penser à tout.

M. Martin :

Le plafond est en haut, le plancher est en bas.

Mme Smith :

Quand je dis oui, c’est une façon de parler1.

 Qu’est-ce qui vous empêche de bien suivre ce qui se passe dans ce dialogue ?  Donnez, à la lumière de vos connaissances, quelques caractéristiques d’un texte cohérent.

Cohérence

319

DESCRIPTION ET EXPLICATION

Un texte cohérent est un texte qui obéit à certaines règles : – la règle de la pertinence des éléments: les éléments contenus dans le texte y ont bien leur place; – la règle de la non-contradiction entre les éléments : les éléments contenus dans le texte ne sont pas contradictoires; – la règle de la continuité de l’information : il y a un lien d’une phrase à l’autre; – la règle de la progression de l’information : il y a de l’information nouvelle dans chaque phrase.  La pertinence des éléments Un texte est cohérent si les éléments qui le composent ont bien leur place dans ce texte, compte tenu du sujet, du genre de texte, de l’intention de l’auteur ou de l’auteure, etc.

 L’oreille

comporte trois parties dont une seule est visible, l’oreille externe. L’oreille moyenne et l’oreille interne sont contenues dans un os de la tête, l’os temporal. L’oreille externe comprend le pavillon et le conduit auditif jusqu’au tympan2.

Cet extrait de texte descriptif est cohérent: l’information est juste et liée au sujet.  La non-contradiction entre les éléments Un texte est cohérent s’il n’y a pas de contradiction entre les éléments qui le composent. a) Les informations ne se contredisent pas : elles vont dans le même sens.



Matisse souffre depuis toujours de ne pas avoir d’amis. Tout le monde au village le rejette et se moque de lui. Il décide donc de s’enfuir dans la forêt et d’y passer le reste de ses jours. Peu à peu, il s’installe, se bâtit une chaumière et oublie ses anciens amis.

Ce passage contient une contradiction : «ses anciens amis», dans la dernière phrase, contredit la première phrase, qui dit que Matisse n’a pas d’amis. b) L’émetteur s’exprime à la 1re personne ou à la 3e personne, il ne change pas en cours de route sans raison valable. c) Le texte est écrit dans le système verbal du présent ou dans celui du passé.



Après plusieurs mois d’hospitalisation, Julie revoit l’homme qui lui a sauvé la vie. Elle tombe amoureuse de lui et s’aperçoit rapidement que ses sentiments sont partagés. Bientôt, les deux amoureux furent inséparables.

Ce passage est incohérent : il est écrit dans le système du présent et dans celui du passé.  La continuité de l’information Un texte est cohérent s’il contient suffisamment de reprises d’information qui permettent de suivre le fil conducteur.

320

 Une mouche se posa sur sa page et Julien faillit bondir au plafond. Pas à cause de la

bestiole, mais à cause de la langue stupéfiante qui s’était à l’instant jetée sur elle. En une fraction de seconde, le caméléon l’avait ramenée dans sa bouche et il la croquait maintenant d’un air satisfait 3.

Cet extrait est cohérent : il contient des reprises. Les mots en couleur reprennent Une mouche. Sans reprises d’information, un texte n’a pas de fil conducteur, il est décousu, comme dans le texte de l’OBSERVATION où les personnages échangent des propos sans suite.  La progression de l’information Un texte est cohérent si on trouve de l’information nouvelle dans chaque phrase. Le texte ne dit pas toujours la même chose, l’information progresse. UTILITÉ DE CETTE CONNAISSANCE

Connaître les règles de la cohérence est essentiel pour toute production orale ou écrite. Si votre texte ou votre propos est cohérent, vos destinataires comprendront vos idées et vous maintiendrez plus facilement leur intérêt. 1. Eugène Ionesco, La cantatrice chauve, Scène XI, Paris, Gallimard, coll. « NRF », 1954, p. 51-52. ■ 2. Catherine Dolto et collab., Dico ado: Les mots de la vie, Paris, Gallimard Jeunesse, coll. «Giboulées», 2001, p. 136. ■ 3. Évelyne Brisou-Pellen, Deux graines de cacao, Paris, Hachette Jeunesse, coll. «Le livre de poche jeunesse», 2001, p. 140-141.

Comparaison et métaphore OBSERVATION

Lisez les exemples suivants. Les trois premiers contiennent une comparaison; le dernier, une métaphore. Judith se glissa tout à coup vers lui, vive comme une couleuvre1. L’après-midi s’étirait comme une chique de gomme de vingt kilos2. Il rebondit par terre comme un ballon de football. Tout était couvert de neige et dormait sous ce manteau blanc.  Dans chaque exemple, quel est l’élément qui est comparé ? Et à quoi le compare-t-on ?  Quel mot présent dans les trois comparaisons disparaît dans la métaphore ?  Selon vous, à quoi servent la comparaison et la métaphore ?

Comparaison et métaphore

321

DESCRIPTION ET EXPLICATION

 La comparaison La comparaison exprime une ressemblance entre deux réalités. Prenons l’exemple suivant:

 Judith se glissa tout à coup vers lui, vive comme une couleuvre. Ce qui est comparé

Outil de comparaison

Ce à quoi on compare

Point(s) de ressemblance

Judith

comme

une couleuvre

la rapidité

• La comparaison est formée de quatre éléments : – un terme qui est comparé: c’est le mot ou le groupe de mots qui désigne la réalité dont on parle ( Judith); – un outil de comparaison: c’est le mot ou le groupe de mots qui exprime la ressemblance (comme); – un terme à quoi on compare : c’est le mot ou le groupe de mots qui désigne la réalité à laquelle on compare (une couleuvre); – un point de ressemblance: c’est la caractéristique commune aux deux réalités (la rapidité, comme le mot vive l’indique). • Les principaux outils de comparaison sont les suivants: comme, ainsi que, tel, semblable à, pareil à, comparable à, ressembler à, avoir l’air de, etc.

 Une petite femme, pareille à une momie, s’approcha de Max.  On entendit une suite de longs gémissements semblables aux plaintes émises par un loup qui agonise.

!

L’expression pareil comme n’existe pas, il faut dire pareil à. • Les points de ressemblance sont parfois sous-entendus. Il faut alors les trouver soimême, comme dans la comparaison ci-dessous:

 J’ai la gorge comme un nœud papillon. Ce qui est comparé

Outil de comparaison

Ce à quoi on compare

Point(s) de ressemblance

la gorge

comme

un nœud papillon

serrée (sous-entendu)

 La métaphore La métaphore exprime aussi une ressemblance entre deux réalités, mais sans outil de comparaison.

 Bianca Castafiore chante comme un rossignol. ➞ comparaison Bianca Castafiore est un rossignol. ➞ métaphore

322

Comme la métaphore n’est pas signalée par un outil de comparaison, il faut examiner attentivement le texte pour la repérer et trouver les points de ressemblance. Voyez l’exemple qui suit:

 Tout était couvert de neige et dormait sous ce manteau blanc. Ce qui est comparé

Ce à quoi on compare

Points de ressemblance

neige

manteau blanc

– la blancheur – l’étendue (sous-entendu) – la protection : la neige protège le sol comme un manteau protège le corps (sous-entendu)

La comparaison est une figure qui exprime une ressemblance à l’aide d’un outil de comparaison. La métaphore est une figure qui exprime une ressemblance sans l’aide d’un outil de comparaison.

UTILITÉS DE CETTE CONNAISSANCE

 La comparaison, parce qu’elle crée une image, permet de mieux faire comprendre sa pensée, de la rendre plus expressive, plus précise. Comparez:

 Judith se glissa tout à coup vers lui.

Judith se glissa tout à coup vers lui, vive comme une couleuvre.

 La métaphore permet de créer des images fortes, surprenantes, c’est pourquoi elle est fréquemment utilisée en poésie.

 Le zèbre, cheval des ténèbres, 3 Lève le pied, ferme les yeux

 Ces figures sont particulièrement utiles pour enrichir la description et caractériser les personnages et les choses. Pensez à les utiliser dans vos textes. 1, 2. Yves Beauchemin, Antoine et Alfred, Montréal, Québec Amérique Jeunesse, 1992, p. 68 et 23. ■ 3. Robert Desnos, «Le zèbre», Poèmes d’aujourd’hui pour les enfants de demain : Anthologie de la poésie du XXe siècle, de Jacques Charpentreau, Paris, Les éditions ouvrières, 1972, p. 12.

Comparaison et métaphore

323

n ctio n Fo

Complément de phrase

OBSERVATION

Comparez les phrases de la colonne de gauche avec celles de la colonne de droite. Il pleut sans arrêt depuis deux jours.

Il pleut sans arrêt.

Hier, mon père a déniché un vieux parapluie.

Mon père a déniché un vieux parapluie.

Le soir même, ma mère a pris l’avion.

Ma mère a pris l’avion.

Sarah m’a traité de nigaud quand elle a appris ma mésaventure.

Sarah m’a traité de nigaud.

 Quelle différence y a-t-il entre les phrases de la colonne de gauche et celles de la colonne de droite ?  Les phrases de la colonne de droite sont-elles bien construites ? DESCRIPTION ET EXPLICATION

La fonction de complément de phrase (C de P) est celle d’un élément qui complète la phrase. Le complément de phrase est un constituant facultatif (non obligatoire) de la phrase.



Sujet de P

Prédicat de P

Mon père

partait à la pêche

C de P

chaque été .

 Deux caractéristiques permettent de reconnaître le complément de phrase. 1) On peut déplacer le complément de phrase à différents endroits dans la phrase : C de P

  Mon père partait à la pêche

chaque été .

C de P



Chaque été , mon père partait à la pêche. C de P

  Mon père,

! 324

chaque été , partait à la pêche.

Placé au début ou à l’intérieur de la phrase, le complément de phrase est généralement isolé par une ou des virgules.

2) On peut effacer le complément de phrase puisqu’il est facultatif : C de P

  Mon père partait à la pêche

chaque été .

✂ Mon père partait à la pêche.

Bien sûr, l’effacement enlève de l’information, mais la phrase reste bien construite.  Le complément de phrase exprime divers sens, entre autres : C de P

– le temps : Pendant des jours et des jours , il a fallu nettoyer la cour. C de P

– le lieu : À la maison , mon père m’a pris en photo. C de P

– le but : Pour être sûr de gagner , Christophe s’entraînait sans arrêt.  Une phrase peut contenir plusieurs compléments de phrase: C de P



C de P

Aujourd’hui , Christophe est allé au gymnase pour rencontrer son nouvel entraîneur .

 La fonction de complément de phrase peut être remplie, entre autres : • par un groupe prépositionnel : GPrép - C de P



Après le goûter , nous nous sommes promenés.

• par un groupe adverbial : GAdv-C de P



Aujourd’hui , Galina est revenue de voyage.

• par une subordonnée (de temps, de but, de cause, etc.) : Sub. de temps - C de P

 Paula est sortie

quand la pluie a cessé .

• par un groupe nominal : GN - C de P



Le jour de l’examen , nous étions nerveux comme des puces.

Complément de phrase

325

Complément direct du verbe ion ct Fon

OBSERVATION

Lisez les phrases suivantes en prêtant attention aux groupes surlignés. Ce sont des compléments directs du verbe. J’avale des toasts et un grand verre de lait, puis je gagne l’observatoire. Je lève la tête, les bras, le dos, alouette !  D’après vos observations, quelle sorte de groupe de mots remplit la fonction de complément direct du verbe ? DESCRIPTION ET EXPLICATION

La fonction de complément direct du verbe (CD du V) est celle d’un élément qui complète un verbe sans l’aide d’une préposition. GV V

 J’

GV

GN -CD du V

GN -CD du V

V

avale des toasts et un grand verre de lait

GN -CD du V

, puis je gagne l’observatoire

.

 Deux caractéristiques permettent de reconnaître le complément direct du verbe. 1) On peut remplacer le complément direct du verbe par les mots quelque chose (qqch.) ou quelqu’un (qqn) immédiatement après le verbe. GV V

 Mon voisin de cabine

GN -CD du V

prend sa guitare

.

V

Mon voisin de cabine prend qqch. (sa guitare). GV V

 Magali

GN -CD du V

rencontre Pierre V

Magali rencontre qqn (Pierre).

326

.

2) On peut remplacer le complément direct du verbe par un des pronoms suivants : • le, la, les; • en, en… un, en… une, en… plusieurs; • cela, ça. GV V

 Je

GV

GN -CD du V

V

repère mon beau voisin

 Il

.

GN -CD du V

porte une casquette verte

GV Pron.- CD du V

Je

!

le

.

GV V

Pron.- CD du V

repère .

Il

en

V

Pron.- CD du V

porte

une

.

On ne peut pas déplacer le GN complément direct du verbe avant le verbe: GV V

 La guitare

GN -CD du V

égrène ses dernières notes

.

La guitare ses dernières notes égrène.

 La fonction de complément direct du verbe peut être remplie, entre autres : • par un groupe nominal : GV V

 Je

GN -CD du V

fredonne la mélodie

.

• par un pronom : GV Pron.- CD du V

 Cette mélodie, je

la

V

fredonne .

• par un groupe infinitif : GV V

 J’

GInf- CD du V

aime mettre des textes en musique

.

Complément direct du verbe

327

!

Le complément direct du verbe fait partie du GV.

COUP Pour savoir si les pronoms me, te, se, nous, vous sont des compléments DE DE

POUCE

directs ou indirects

• Pour savoir si les pronoms me, te, se, nous, vous sont des compléments directs ou indirects, il suffit d’encadrer le pronom par C’est… que. Si aucune préposition n’apparaît, on a un complément direct :

 Je t’attends sur le quai.

C’est toi que j’attends sur le quai.

Donc, t’ est un complément direct dans cette phrase. • Si l’utilisation d’une préposition s’impose, on a un complément indirect :

 Je te promets une surprise.

C’est à toi que je promets une surprise.

Donc, te est un complément indirect dans cette phrase.

n ctio n Fo

Complément du nom OBSERVATION

Lisez les phrases suivantes en prêtant attention aux noms surlignés. Ils sont tous enrichis d’au moins une expansion. Mon oncle est un homme sociable. Il apprécie la compagnie de ses amis. Chaque année, le jour de son anniversaire, il les invite à une grande fête qui dure toute la journée.  Quelles sont les expansions de chacun des noms surlignés ? DESCRIPTION ET EXPLICATION

La fonction de complément du nom (C du N) est celle d’un élément qui complète un nom. GN N

 Après 328

GPrép -C du N

les vacances de Noël

GN N

GAdj- C du N

, la vie normale

a repris son cours1.

 Le complément du nom est le plus souvent facultatif. On peut donc l’effacer.

 ✂

Après les vacances de Noël, la vie normale a repris son cours. Après les vacances, la vie a repris son cours.

Le complément du nom est parfois indispensable: son effacement rendrait la phrase farfelue ou incorrecte. GN GPrép - C du N



Une colonne de sept voitures

était arrêtée au bord de la route2.

GN

GN

GAdj-C du N



Le cœur lourd

GPrép - C du N

et les larmes aux yeux

, nous sommes rentrées à la maison3.

 La fonction de complément du nom peut être remplie, entre autres: • par un groupe adjectival : GN N

 Maman y a rencontré

GAdj-C du N

GAdj-C du N

quelques femmes élégantes et bien coiffées4

.

• par un groupe prépositionnel : GN N

 Maintenant, tout reposait sur

GPrép - C du N

les épaules de ma mère5

.

• par une subordonnée relative : GN N

 Je lui promis d’écrire

Sub. rel.- C du N

un journal qu’il lirait à son retour6

.

• par un groupe nominal : GN N

 Les adieux à

GN -C du N

Regina, notre éducatrice,

furent pénibles7.

1 à 7. Ilona Flutsztejn-Gruda, Quand les grands jouaient à la guerre, Paris, Actes Sud Junior, coll. «Raisons d’enfance», 1999.

Complément du nom

329

Complément indirect du verbe

n ctio n Fo

OBSERVATION

Lisez le texte suivant en prêtant attention aux groupes surlignés. Après le souper, Mélanie retourne dans le jardin. Elle s’empare de la pelle et s’attaque à la dernière partie de sa tâche. Elle pense à son père. Il sera content.  D’après vos observations, quelle sorte de groupe de mots remplit la fonction de complément indirect du verbe ? DESCRIPTION ET EXPLICATION

La fonction de complément indirect du verbe (CI du V) est celle d’un élément qui complète un verbe au moyen d’une préposition. GV V

 Macha

GPrép - CI du V

n’avait pas songé à cette horrible possibilité

.

 Deux caractéristiques permettent de reconnaître le complément indirect du verbe. 1) On peut remplacer le complément indirect du verbe par, entre autres, à quelque chose (à qqch.), à quelqu’un (à qqn), de quelque chose (de qqch.), de quelqu’un (de qqn) ou quelque part (qqpart) immédiatement après le verbe. GV V

 Tous les dimanches, Zelda

GPrép - CI du V

téléphone à sa grand-mère

.

V

Tous les dimanches, Zelda téléphone à qqn (à sa grand-mère). GV V

 Karim

GPrép - CI du V

se dirige lentement vers le parc V

Karim se dirige qqpart (vers le parc).

330

.

2) On peut souvent remplacer le complément indirect du verbe par un des pronoms suivants : • lui, leur ; GV • en, y. V

 Tous les dimanches, Zelda

GPrép - CI du V

téléphone à sa grand-mère

.

GV Pron.- CI du V

Tous les dimanches, Zelda

lui

V

téléphone .

GV V

 Elle

GPrép - CI du V

se dirige vers le parc

.

GV Pron.- CI du V

Elle s’

!

y

dirige .

Normalement, le complément indirect du verbe ne se déplace pas avant le verbe: GV V

 Fabien

!

V

Fabien à ses lèvres porte la tasse. À ses lèvres Fabien porte la tasse.

GPrép - CI du V

porte la tasse à ses lèvres

.

Il peut y avoir plus d’un complément indirect du verbe dans un même groupe verbal. GV V

 Arnaud

GPrép - CI du V

GPrép - CI du V

fit part de ses inquiétudes

à son meilleur ami

.

 La fonction de complément indirect du verbe peut être remplie, entre autres: • par un groupe prépositionnel : GV V

 Macha

GPrép - CI du V

n’avait pas songé à cette horrible possibilité

• par un pronom :

.

GV Pron.- CI du V

 Les vacances approchent. Macha

y

V

a songé .

GV Pron.- CI du V

 Shawn

lui

V

a promis une belle surprise . Complément indirect du verbe

331

!

Le complément indirect du verbe fait partie du GV.

COUP Pour savoir si les pronoms me, te, se, nous, vous sont des compléments DE DE

POUCE

directs ou indirects

• Pour savoir si les pronoms me, te, se, nous, vous sont des compléments directs ou indirects, il suffit d’encadrer le pronom par C’est… que. Si l’utilisation d’une préposition s’impose, on a un complément indirect :

 Je vous permets de fouiller partout. C’est à vous que je permets de fouiller partout.

Donc, vous est un complément indirect dans cette phrase. • Si aucune préposition n’apparaît, on a un complément direct :

 Je vous verrai plus tard. C’est vous que je verrai plus tard.

Donc, vous est un complément direct dans cette phrase.

Conjugaison Les formes du verbe Les tableaux de conjugaison donnent les MODES du verbe, puis les TEMPS dans les modes. Ces temps se divisent en deux : les temps simples et les temps composés. À chaque temps simple correspond un temps composé. Le temps composé est formé de l’auxiliaire (aux.) avoir ou être au temps simple correspondant et du participe passé du verbe. MODES

Indicatif

TEMPS SIMPLES

COMPOSÉS

présent ➞ nous parlons

passé composé (aux. au présent) ➞ nous avons parlé

imparfait ➞ nous parlions

plus-que-parfait (aux. à l’imparfait) ➞ nous avions parlé

futur simple ➞ nous parlerons

futur antérieur (aux. au futur simple) ➞ nous aurons parlé

présent conditionnel ➞ nous parlerions

passé conditionnel (aux. au présent conditionnel) ➞ nous aurions parlé

passé simple ➞ nous parlâmes

passé antérieur (aux. au passé simple) ➞ nous eûmes parlé

… 332



TEMPS

MODES

SIMPLES

COMPOSÉS

présent ➞ que nous parlions

passé (aux. au subjonctif présent) ➞ que nous ayons parlé

imparfait ➞ que nous parlassions

plus-que-parfait (aux. au subjonctif imparfait) ➞ que nous eussions parlé

Impératif

présent ➞ parlons

passé (aux. à l’impératif présent) ➞ ayons parlé

Infinitif

présent ➞ parler

passé (aux. à l’infinitif présent) ➞ avoir parlé

présent simple ➞ parlant

présent composé (aux. au participe présent simple) ➞ ayant parlé

passé simple ➞ parlé, ée

passé composé (aux. au participe passé simple) ➞ eu parlé

Subjonctif

Participe

Les parties du verbe Le verbe est constitué de deux parties : le radical (la partie qui donne son sens au verbe) et la terminaison (la partie qui se conjugue, donc qui varie selon le mode, le temps et la personne).

 Aimer

Recevoir

radical

terminaison

aim recev

er oir

Finir Faire

radical

terminaison

fin fai

ir re

LE RADICAL  Le radical des verbes dont la terminaison est -ER à l’infinitif a) La majorité des verbes en -ER ont un radical qui ne varie pas. Modèle :

Ces verbes ont un seul radical :

AIMER

j’aime tu aimais

il aima que nous aimions

Remarques 1. Les verbes respectent, eux aussi, les règles d’orthographe d’usage: • le c prend une cédille devant a et o : tu plaçais, nous plaçons, etc.; • le g est suivi du e devant a et o: tu mangeais, nous mangeons, etc. 2. La grande majorité des verbes français (plus de 6 500) se conjuguent comme le verbe aimer. Il est donc très profitable de savoir le conjuguer.

Conjugaison

333

b) Certains verbes en -ER ont un radical qui varie. On observe quatre cas particuliers. • 1er cas : Les verbes dont le radical se termine par -y (aboyer, appuyer, choyer, employer, ennuyer, nettoyer, noyer…) Modèle :

BROYER

Ces verbes ont deux radicaux : nous broyons

Devant un e muet, le y du radical se change en i.

ils broient

Remarques 1. Seuls les verbes en -ayer comme balayer, essayer, payer, etc., peuvent changer le y ou le conserver : je paie ou je paye. Les formes suivantes sont donc incorrectes : ils broyent, j’envoye, il nettoye, etc. 2. Au futur et au conditionnel, envoyer et renvoyer font : j’enverrai, nous renverrions, etc. (Ils ont donc un 3e radical : enver-, renver-.) • 2e cas: Les verbes dont le radical se termine par -e + consonne (acheter, amener, geler, lever, semer, soupeser…) Modèle :

PESER

Ces verbes ont deux radicaux : nous pesons vous pesez

Devant une syllabe muette, le e du radical se change en è.

ils pèsent ils pèseront

Remarques 1. Les formes suivantes sont incorrectes :

il pésait,

ils pésent.

2. Certains verbes dont le radical se termine par -el ou -et (appeler, jeter et leurs dérivés, entre autres) doublent la consonne au lieu de prendre l’accent grave: je jetterai, ils jettent. R • 3e cas: Les verbes dont le radical se termine par -é + consonne (célébrer, posséder, régler, suggérer…) Modèle :

CÉDER

Ces verbes ont deux radicaux : nous cédons vous cédez

je cède ils cèdent

Quand la dernière syllabe est muette, le é du radical se change en è. R

• 4e cas: Le verbe aller Son radical varie tellement qu’il est préférable d’apprendre toute sa conjugaison.

334

 Le radical des verbes dont la terminaison est -IR à l’infinitif a) La plupart des verbes en -IR ont deux radicaux. Modèle :

FINIR

je finis je finirai

Ces verbes ont deux radicaux :

je finissais que je finisse

Remarques 1. Le verbe haïr perd son tréma au singulier du présent de l’indicatif et de l’impératif : je hais et non j’haïs. 2. Ces verbes sont au nombre de 300 environ. b) Certains verbes en -IR sont des cas particuliers. • 1er cas : Les verbes en -IR qui se conjuguent comme aimer. Ces verbes ont un seul radical. Offrir et souffrir : j’offre, nous offrons…; je souffre, nous souffrons… Ouvrir et ses dérivés (entrouvrir, rouvrir…) : j’ouvre, nous ouvrons… Couvrir et ses dérivés (découvrir, recouvrir…) : je couvre, nous couvrons… Cueillir et ses dérivés (accueillir, recueillir…) : je cueille, nous cueillons… • 2e cas: Les verbes venir et tenir et leurs dérivés (devenir, prévenir, appartenir, obtenir…) Modèle :

TENIR

Ces verbes ont plusieurs radicaux : je tiens

nous tenons

je tiendrai

il tint

qu’elle tienne

• 3e cas: Autres verbes en -IR (bouillir, dormir, fuir, mourir, sentir, servir…) Ces verbes ont deux ou trois radicaux. Verbes à deux radicaux

bouillir fuir mourir

je bous; nous bouillons je fuis; nous fuyons je meurs; nous mourons

Verbes à trois radicaux

dormir servir verbes en -TIR

je dors; nous dormons; je dormirai je sers; nous servons; je servirai je sens; nous sentons; je sentirai

Remarques 1. Ces verbes sont une quinzaine (plus leurs dérivés). On les emploie couramment. 2. Les verbes que vous devriez connaître sont ceux présentés ci-dessus.

Conjugaison

335

 Le radical des verbes dont la terminaison est -RE et -OIR à l’infinitif Ces verbes ont plusieurs radicaux. Les verbes que vous devriez connaître sont les suivants: avoir être voir (revoir, prévoir…) devoir pouvoir savoir

falloir vouloir prendre (apprendre, comprendre, surprendre…) faire (défaire, satisfaire…) boire dire (contredire, interdire, prédire…)

Remarque Ne vous laissez pas impressionner par les nombreux radicaux de ces verbes. Vous les employez déjà correctement pour la plupart. LA TERMINAISON  Le présent de l’indicatif La terminaison des verbes au présent de l’indicatif est la suivante: PRÉSENT DE L’INDICATIF 1re pers. s.

2e pers. s.

3e pers. s.

Verbes en -ER

-e

-es

-e

Autres verbes

-s

-s

-t

1re pers. pl.

2e pers. pl.

3e pers. pl.

-ons

-ez

-ent

Remarques 1. Les verbes avoir, être et aller ne suivent pas ce modèle. 2. Les verbes offrir, souffrir, ouvrir, couvrir et cueillir (ainsi que leurs dérivés) ont la même terminaison que les verbes en -ER. 3. Aux 1re et 2e personnes du singulier, pouvoir, vouloir et valoir se terminent par un -x : je peux, je veux, tu vaux… 4. À la 3e personne du singulier, les verbes en -DRE se terminent par un -d : il prend, elle rend. Mais, les verbes en -INDRE et en -SOUDRE se terminent par un -t : il peint, elle résout. 5. Au pluriel, on trouve les formes suivantes pour dire et faire: vous dites, vous faites, ils font. Les formes vous disez, vous faisez sont donc incorrectes.  L’imparfait de l’indicatif La terminaison de tous les verbes à l’imparfait est la suivante: IMPARFAIT DE L’INDICATIF

Tous les verbes

336

1re pers. s.

2e pers. s.

3e pers. s.

1re pers. pl.

2e pers. pl.

3e pers. pl.

-ais

-ais

-ait

-ions

-iez

-aient

COUP Pour former l’imparfait de l’indicatif DE DE

POUCE

1° On conjugue le verbe au présent, à la 1re personne du pluriel. 2° On remplace la terminaison du présent (-ons) par celle de l’imparfait à la bonne personne.

 Imparfait de manger à la 3e personne du pluriel: nous mangeons ➞ ils mangeaient

Imparfait de crier à la 2e personne du pluriel: nous crions ➞ vous criiez Imparfait de lancer à la 1re personne du singulier: nous lançons ➞ je lançais Remarques 1. Il n’y a qu’une exception : être. 2. À l’imparfait, il y a bien deux i de suite aux 1re et 2e personnes du pluriel dans les verbes comme crier, prier, etc.: nous criions, vous priiez… 3. Le y est suivi d’un i dans les verbes comme envoyer, essayer, etc.: nous envoyions, vous essayiez…

4. Si vous procédez avec méthode et connaissez bien le présent (qui est le point de départ), vous ne pouvez pas faire d’erreurs ici.  Le passé simple de l’indicatif La terminaison des verbes au passé simple est la suivante: PASSÉ SIMPLE DE L’INDICATIF 1re pers. s.

2e pers. s.

3e pers. s.

1re pers. pl.

2e pers. pl.

3e pers. pl.

Verbes en -ER

-ai

-as

-a

-âmes

-âtes

-èrent

Autres verbes

-is -us

-is -us

-it -ut

-îmes -ûmes

-îtes -ûtes

-irent -urent

Remarques 1. Les verbes venir, tenir et leurs dérivés ne suivent pas ce modèle: je vins, tu vins, il vint, nous vînmes, vous vîntes, ils vinrent ; je tins, tu tins, il tint, nous tînmes, vous tîntes, ils tinrent. 2. On ne double pas le i dans les verbes en -IR comme finir : je finis, nous finîmes. 3. Dans tous les cas, l’accent circonflexe n’apparaît qu’aux 1re et 2e personnes du pluriel. Il n’y a pas d’accent circonflexe à la 3e personne du singulier. 4. La terminaison -èrent est réservée aux verbes en -ER. Les formes suivantes sont donc incorrectes: ils mettèrent (au lieu de ils mirent ), ils prenèrent (au lieu de ils prirent), etc.

Conjugaison

337

 Le futur simple de l’indicatif La terminaison des verbes au futur simple est la suivante: FUTUR SIMPLE DE L’INDICATIF 1re pers. s.

2e pers. s.

3e pers. s.

1re pers. pl.

2e pers. pl.

3e pers. pl.

Verbes en -ER (sauf aller)

-erai

-eras

-era

-erons

-erez

-eront

Autres verbes

-rai

-ras

-ra

-rons

-rez

-ront

Remarques 1. Les verbes en -IR ne se conjuguent pas tous comme finir. Pour certains, le radical se modifie: je tiendrai (et non je tenirai ), je mourrai (et non je mourirai ). 2. Les verbes en -RE ne se conjuguent pas comme aimer. Par exemple: vous mettrez (et non vous metterez ou vous mettrerez).  Le conditionnel présent de l’indicatif La terminaison des verbes au conditionnel présent est la suivante: CONDITIONNEL PRÉSENT DE L’INDICATIF 1re pers. s.

2e pers. s.

3e pers. s.

1re pers. pl.

2e pers. pl.

3e pers. pl.

Verbes en -ER (sauf aller)

-erais

-erais

-erait

-erions

-eriez

-eraient

Autres verbes

-rais

-rais

-rait

-rions

-riez

-raient

Remarques 1. Les verbes en -IR ne se conjuguent pas tous comme finir. Pour certains, le radical se modifie: je tiendrais (et non je tenirais ), je mourrais (et non je mourirais ). 2. Les verbes en -RE ne se conjuguent pas comme aimer. Par exemple: vous prendriez (et non vous prenderiez ou vous prendreriez).  Le présent du subjonctif La terminaison de tous les verbes au présent du subjonctif est la suivante: PRÉSENT DU SUBJONCTIF

Tous les verbes

1re pers. s.

2e pers. s.

3e pers. s.

1re pers. pl.

2e pers. pl.

3e pers. pl.

-e

-es

-e

-ions

-iez

-ent

Remarques 1. Retenez qu’au singulier, il y a toujours un e dans la terminaison : que je coure, que tu voies, qu’elle croie…

2. Les verbes avoir et être ne suivent pas ce modèle. Voici les cas qui font exception : Qu’il ait, que nous ayons, que vous ayez. Que je sois, que tu sois, qu’il soit, que nous soyons, que vous soyez.

338

 Le présent de l’impératif La terminaison des verbes au présent de l’impératif est la suivante: PRÉSENT DE L’IMPÉRATIF 1re pers. s.

2e pers. s.

3e pers. s.

Verbes en -ER



-e



Autres verbes



-s



1re pers. pl.

2e pers. pl.

3e pers. pl.

-ons

-ez



Remarques 1. Les verbes offrir, souffrir, ouvrir, couvrir et cueillir (ainsi que leurs dérivés) ont la même terminaison que les verbes en -ER : souffre (et non souffres), ouvre (et non ouvres). Autrement dit, lorsque le verbe se termine par e, on n’ajoute pas de s. 2. Les verbes avoir et aller ne suivent pas ce modèle. Voici les deux cas qui font exception : aie, va.

Coordonnant et subordonnant OBSERVATION

Lisez les phrases suivantes. La femme et l’enfant restèrent longtemps à la fenêtre.

Ils me surveillent pendant que j’écris ces lignes.

Voulez-vous un crayon ou un stylo ?

Quand le chat passa, l’enfant ne le vit même pas.

Romane se retourna, mais elle ne vit rien.

Il a placé la lettre bien en vue pour que tout le monde la lise.

L’aubergiste se rongeait d’inquiétude, car Gretel avait disparu.

J’aime beaucoup la montre que tu m’as offerte.

 Selon vous, à quoi servent les mots surlignés dans la colonne de gauche ? et dans celle de droite ?

Coordonnant et subordonnant

339

DESCRIPTION ET EXPLICATION

 Les coordonnants Les coordonnants sont des mots invariables qui unissent des phrases ou des éléments remplissant la même fonction. Phrase



Il

vente

Phrase

et

il

neige

GN -CD du V

 La jeune fille portait

. GN -CD du V

un collier et un bracelet .

Dans le premier exemple, le coordonnant et unit deux phrases. Dans le deuxième, il unit deux groupes remplissant la fonction de complément direct du verbe portait. 1) On appelle aussi les coordonnants des marqueurs de relation, puisqu’ils indiquent quel lien existe entre les éléments ou les phrases qu’ils unissent. 2) Le tableau ci-dessous classe les principaux coordonnants selon leur sens. COORDONNANTS Addition

Alternative

Cause

Conséquence

ou ou bien soit… soit

car en effet

ainsi donc

Comparaison

Opposition ou restriction

Succession

Explication

autant… autant moins… moins plus… plus

cependant mais néanmoins par contre

enfin ensuite et puis

bref c’est-à-dire en somme en un mot

aussi de plus en outre

et ni

en conséquence par conséquent

3) Sauf et, ou, ni, mais, car et puis, tous les coordonnants peuvent se déplacer:

 Xavier avait apporté le repas. Cependant, il avait oublié son fameux dessert. Xavier avait apporté le repas. Il avait cependant oublié son fameux dessert. Xavier avait apporté le repas. Il avait oublié son fameux dessert cependant.

!

Le coordonnant n’est pas toujours exprimé. Il est parfois remplacé par un signe de ponctuation.

 Il vente, il neige. Dans cet exemple, la virgule remplace le coordonnant et. On dit alors que les phrases sont juxtaposées.

340

 Les subordonnants Les subordonnants sont des mots qui servent à enchâsser une phrase (la subordonnée ) dans une autre (la phrase matrice). Phrase matrice (enchâssante) Sujet de P

Prédicat de P

Phrase subordonnée (enchâssée)



Le manteau que j’

ai essayé avec toi

est trop grand .

1) Les subordonnants peuvent être: • des pronoms relatifs : qui, que, quoi, dont, où, etc.; • des mots invariables : comme, quand, que, si, etc.; • des mots invariables + que : avant que, dès que, lorsque, pour que, etc. 2) On appelle aussi les subordonnants des marqueurs de relation puisqu’ils indiquent quel lien existe entre les phrases qu’ils unissent. 3) Le tableau ci-dessous classe les principaux subordonnants selon leur sens. SUBORDONNANTS Temps

après que avant que dès que en attendant que

lorsque maintenant que pendant que quand

But

Cause

afin que de crainte que de peur que pour que

comme étant donné que parce que puisque

UTILITÉS DE CETTE CONNAISSANCE

 Connaître le sens des coordonnants et des subordonnants est utile en lecture pour saisir les relations entre les éléments liés.  Cette connaissance est aussi utile en écriture pour marquer correctement les relations entre les éléments liés.

Coordonnant et subordonnant

341

D Class

e

Déterminant OBSERVATION

Lisez l’extrait suivant. Les déterminants y sont surlignés. Il n’est que quatorze heures, mes parents ne sont pas près de revenir. Après avoir vidé trois verres de lait et ajouté un peu d’eau dans le carton pour camoufler mon forfait, j’engouffre tout net deux mini-gâteaux au caramel. Enfin rassasié, j’opte pour un après-midi de musique. Pas les mélodies mielleuses des madames au foyer, mais MA musique1…  Quelle place les déterminants occupent-ils par rapport aux noms ?  Est-ce une classe de mots variables ou invariables ? DESCRIPTION ET EXPLICATION

 Le déterminant se place avant le nom pour former avec lui un groupe nominal (GN). GN



Mes parents

Il peut y avoir un ou des mots entre le déterminant et le nom. GN



Mes pauvres parents

 Le déterminant est un mot variable. C’est un receveur d’accord : le déterminant reçoit le genre et le nombre du nom qu’il accompagne. m. pl.

 Mes pauvres parents 342

 Certains mots (le, la, l’, les, aucun, certains, plusieurs, leur, etc.) appartiennent aussi bien à la classe des pronoms qu’à la classe des déterminants. Ils sont déterminants lorsqu’ils introduisent un nom, sinon, ils sont pronoms.

!

Déterminants

Pronoms

Le train quitte la gare.

Je le regarde partir.

Plusieurs flèches furent décochées vers eux.

Plusieurs furent décochées vers eux.

Tu ne fais aucun progrès.

Tu n’en fais aucun.

Camille et Justine s’arrêtèrent pour contempler la vallée à leurs pieds.

À présent, tout leur paraissait facile.

Quand leur est un déterminant, il prend un «s» au pluriel. Quand leur est un pronom personnel, il ne prend jamais de «s».

COUP Pour reconnaître un déterminant DE DE

POUCE

Lorsqu’on a de la difficulté à reconnaître un déterminant, on peut essayer de faire un remplacement par un déterminant qu’on connaît bien :





Bon nombre de matelots affirmaient que le monstre ne pouvait passer. Des matelots affirmaient que le monstre ne pouvait passer.

Il est possible de remplacer bon nombre de par un déterminant bien connu comme des. Donc, bon nombre de est un déterminant.  Il y a neuf sortes de déterminants. Ils sont classés dans les tableaux qui suivent. LES DÉTERMINANTS DÉFINIS Singulier

Pluriel

Masculin

Féminin

Masculin et féminin

le, l’

la, l’

les

Remarque Les déterminants définis le et les peuvent fusionner avec les prépositions à et de. à + le = au à + les = aux de + le = du de + les = des

 Il est arrivé du Soudan hier. = Il est arrivé [de le] Soudan hier. Les mots ainsi obtenus sont appelés déterminants définis contractés ou prépositions contractées.

Déterminant

343

LES DÉTERMINANTS INDÉFINIS Singulier

Pluriel

Masculin

Féminin

Masculin et féminin

un de, d’

une de, d’

des de, d’

Remarque Devant un adjectif, le déterminant indéfini des est généralement remplacé par le déterminant indéfini de, d’ :

 Il découvrit de mystérieux dessins. Elle rapporta d’excellentes photos. LES DÉTERMINANTS DÉMONSTRATIFS Singulier

Pluriel

Masculin

Féminin

Masculin et féminin

ce, cet

cette

ces

Remarque Avec un déterminant démonstratif, on peut ajouter les adverbes ci ou là après le nom. On unit alors le nom et l’adverbe par un trait d’union : cet acteur-ci, ces comédiennes-là. LES DÉTERMINANTS POSSESSIFS Singulier Masculin

Un seul possesseur

mon ton son

Pluriel Féminin

Masculin et féminin

Devant une consonne

Devant une voyelle ou un h muet

ma ta sa

mon ton son

mes tes ses

Masculin et féminin

Plusieurs possesseurs

344

notre votre leur

nos vos leurs

LES DÉTERMINANTS PARTITIFS Singulier Masculin

Féminin

Devant une consonne

Devant une voyelle ou un h muet

Devant une consonne

Devant une voyelle ou un h muet

du, de

de l’, d’

de la, de

de l’, d’

Remarque Le déterminant partitif est employé devant un nom qui désigne une réalité non comptable: du vent, de l’air, de la patience, du bois. LES DÉTERMINANTS NUMÉRAUX

Un, deux, trois, vingt, cent, mille, etc. Remarques 1. Tous les nombres sont des déterminants numéraux lorsqu’ils sont suivis d’un nom. 2. Les déterminants numéraux sont tous invariables, sauf vingt et cent.

 Ce couple a quatre enfants. Une image vaut mille mots. Les déterminants vingt et cent prennent la marque du pluriel lorsqu’ils sont multipliés par un nombre et qu’ils terminent l’adjectif numéral :

 Nous avons vendu quatre-vingts exemplaires de ce roman; deux cents dollars ont été remis à une œuvre de charité.

Mais: Quatre-vingt-quatre pompiers ont participé à la campagne de sensibilisation; cinq cent sept foyers ont été visités.

3. On met un trait d’union dans les nombres complexes inférieurs à cent sauf lorsqu’il y a le coordonnant et : dix-neuf, cinquante-six, quatre-vingt-dix-huit, mais soixante et un. R

!

Million et milliard ne sont pas des déterminants numéraux, ce sont des noms. LES DÉTERMINANTS DE QUANTITÉ Exprimant une quantité égale à zéro

Exprimant une quantité imprécise

aucun, aucune nul, nulle

assez de beaucoup de certains, certaines d’autres différents, différentes divers, diverses plus d’un, plus d’une

Exprimant la totalité

plusieurs quelques tant de tellement de trop de (un) peu de une foule de

chaque n’importe quel, n’importe quelle, n’importe quels, n’importe quelles tout, toute tout le, toute la, tous les, toutes les

Déterminant

345

LES DÉTERMINANTS INTERROGATIFS OU EXCLAMATIFS Singulier

Pluriel

Masculin

Féminin

Masculin

Féminin

quel

quelle

quels

quelles

UTILITÉ DE CETTE CONNAISSANCE

Le déterminant permet d’indiquer la quantité, de façon précise ou approximative. N’hésitez pas à consulter les tableaux de cet article pour choisir les bons déterminants dans vos textes. 1. Josée Plourde, «Prenez garde au chien», Entre voisins (collectif de nouvelles), Saint-Laurent, Éd. Pierre Tisseyre, 1997, p. 135.

Discours rapporté OBSERVATION

Les extraits suivants contiennent des paroles rapportées. Mon père lui a montré le temple par la fenêtre et lui a demandé: «Qui a écrit ça ? » Caïus a d’abord paru tout ahuri, puis il a crié : «C’est Rufus, le fils de Prætonius1 ! » Mon père n’a pas cru Caïus et il a envoyé chercher les deux vigiles qui surveillent le quartier pendant la nuit. Il leur a montré l’inscription et leur a demandé s’ils n’avaient rien remarqué au cours de leurs rondes. Les deux hommes ont affirmé qu’ils n’avaient rien vu2.  Essayez de repérer précisément les paroles rapportées dans chaque extrait.  Dans quel extrait le repérage des paroles rapportées est-il plus facile ? Pourquoi ? DESCRIPTION ET EXPLICATION

 Il est possible de citer ce qu’une personne a dit ou écrit.

 Roderick Welman avait dit au notaire: «Vous remettrez cette enveloppe à Mary après ma mort.»

Sur l’enveloppe, il y avait écrit: «Pour Mary, à lui envoyer après ma mort3.»

Dans le premier exemple, on rapporte ce qu’une personne a dit; dans le second, on rapporte ce qu’une personne a écrit. 346

On appelle discours rapporté, dans les textes narratifs, chacune des paroles prononcées ou écrites par les personnages. On appelle discours rapporté, dans les textes documentaires, chacune des paroles dites ou écrites par une personne que l’on cite.  On peut rapporter les propos d’une personne directement ou indirectement. • Les discours rapportés directement sont les propos cités tels quels.

 Les deux hommes ont affirmé: «Nous n’avons rien vu.» • Les discours rapportés indirectement sont les propos reformulés par celui ou celle qui rapporte les paroles.

 Les deux hommes ont affirmé qu’ils n’avaient rien vu. Les deux hommes ont affirmé n’avoir rien vu.

 On reconnaît le discours direct aux caractéristiques suivantes : • Il est annoncé par un verbe de parole situé: – soit avant les paroles rapportées (on met alors un deux-points):

 Il a crié : «C’est Rufus !» – soit dans une incise:

 «Que se passe-t-il ? » m’a-t-il demandé. • Il constitue une phrase. Cette phrase commence obligatoirement par une majuscule.

 Jean-Philippe s’est tourné brusquement vers moi et sans que je m’y attende, il m’a avoué: « Je

t’aime . »

• Il est encadré par des guillemets. • Dans un dialogue, il est introduit par un tiret. L’incise est une formule généralement courte insérée dans la phrase ou placée à la fin de celle-ci. Elle indique qu’on rapporte les paroles de quelqu’un. Elle se caractérise par l’inversion du sujet et du verbe.

Discours rapporté

347

 On reconnaît le discours indirect aux caractéristiques suivantes: • Il est annoncé par un verbe de parole, ou un verbe comme penser ou écrire, situé avant les paroles rapportées:

 Il m’a demandé si j’avais vu quelque chose. • Il se présente, entre autres, sous les formes suivantes :

 Ils ont affirmé qu’ils n’avaient rien vu. Il leur a demandé s’ils avaient dormi. Il leur a demandé de rester.

• Il n’est pas encadré par des guillemets. UTILITÉS DE CETTE CONNAISSANCE

 On utilise souvent le discours rapporté dans les textes courants et les communications orales. Vous pouvez rapporter des paroles pour appuyer et illustrer vos propos.  Connaître les deux façons de rapporter des paroles est utile dans le récit. Vous pouvez varier la présentation des échanges entre les personnages en choisissant l’une ou l’autre façon de faire. 1, 2. Henry Winterfeld, L’affaire Caïus, traduit de l’allemand par Olivier Séchan, Paris, Hachette Jeunesse, coll. «Le livre de poche jeunesse», 1996, p. 50 et 51. ■ 3. Agatha Christie, Je ne suis pas coupable, traduit de l’anglais par Élise Champon, Paris, Hachette Jeunesse, coll. «Bibliothèque verte», 1998, p. 311.

348

E Énumération OBSERVATION

Examinez les deux exemples d’énumération suivants. L’air était chargé de délicieuses odeurs de cannelle, de réglisse, de menthe et de framboise. Chaque élève devra se procurer un exemplaire des ouvrages suivants: – – – – – – – –

Le Livre des sorts et enchantements (niveau 1), par Miranda Fauconnette; Histoire de la magie, par Bathilda Tourdesac; Magie théorique, par Adalbert Lasornette; Manuel de métamorphose à l’usage des débutants, par Emeric G. Changé; Mille herbes et champignons magiques, par Phyllida Augirolle; Potions magiques, par Arsenius Beaulitron; Vie et habitat des animaux fantastiques, par Norbert Dragonneau; Forces obscures : comment s’en protéger, par Quentin Jentremble1.

 Qu’est-ce qui est énuméré dans le premier exemple ? et dans le second ?  Quelles sont les différences dans la présentation de ces deux énumérations ? DESCRIPTION ET EXPLICATION

L’énumération est un procédé qui permet d’énoncer un à un les éléments d’un ensemble.

Énumération

349

 Il existe différentes façons de présenter une énumération. • Les éléments d’une énumération sont le plus souvent séparés les uns des autres par une virgule. Le dernier élément est souvent joint aux autres par le coordonnant et ou par le coordonnant ou.

 Comme chaque printemps, la population de Vieux-Verger se prépare joyeusement à accueillir les vacanciers, chacun s’efforçant de rendre sa maison, sa boutique ou son auberge un peu plus coquette et chaleureuse2.

• Lorsque l’énumération est incomplète, le mot etc. ou des points de suspension le signalent.

 Je veux dire de vraies horloges, avec des ressorts, des roues dentées, des engrenages, des balanciers, etc.

• Habituellement, les éléments d’une énumération ne sont pas annoncés par un signe particulier. Il arrive cependant que les éléments d’une énumération soient annoncés par le deux-points. Dans ce cas, le nom de l’ensemble sera le plus souvent donné avant le deux-points.

 Résultat : je dors mal, je broie du noir, j’ai peur. • Dans les textes courants, lorsque les éléments sont longs ou nombreux, on choisit habituellement de les énumérer à la verticale, comme dans le deuxième exemple de l’OBSERVATION.  Si le premier élément d’une énumération est précédé d’un déterminant, les autres éléments le sont aussi.

 Paule a invité ses deux meilleures amies, ses sœurs et ses parents à la rejoindre. Si le premier élément d’une énumération est précédé des prépositions à, de ou en, les autres éléments le sont aussi.

 Je rêve de visiter l’Italie, de faire du ski en Autriche et d’apprendre le danois. UTILITÉS DE CETTE CONNAISSANCE

 Connaître l’énumération est particulièrement utile pour organiser un texte descriptif puisque l’énumération sert à présenter les parties (aspects et sous-aspects) d’une réalité.  Cette connaissance sert également en lecture puisqu’elle aide à dégager le plan d’un texte descriptif. 1. J. K. Rowling, Harry Potter à l’école des sorciers, traduit de l’anglais par Jean-François Ménard, Paris, Gallimard Jeunesse, coll. «Folio junior », 1998, p. 71. ■ 2. Marie-Andrée Clermont, «L’appel de l’abîme», Peurs sauvages (collectif de nouvelles), Saint-Laurent, Éd. Pierre Tisseyre, 1998, p. 32-33.

350

Expression figée OBSERVATION

Lisez les expressions suivantes en observant leur construction et leur sens. courir comme un lapin donner du fil à retordre à… dormir à poings fermés

Après la pluie, le beau temps. Cela va sans dire. Revenons à nos moutons.

des larmes de crocodile un froid de canard une histoire à dormir debout

léger comme une plume mort ou vif triste à mourir

 Connaissez-vous le sens de toutes ces expressions ? Lesquelles vous sont inconnues ? DESCRIPTION ET EXPLICATION

Une expression figée est une suite de mots que tout le monde utilise telle quelle. On dit qu’elle est figée parce qu’on l’utilise normalement sans la modifier. Les expressions présentées dans l’OBSERVATION sont appelées expressions figées.  Les expressions figées peuvent être, entre autres: • des proverbes: Qui ne risque rien n’a rien ; • des comparaisons : courir comme un lapin ; • des périphrases : la Ville éternelle (Rome); • des expressions figurées: faire d’une pierre deux coups.  Pour mieux connaître les expressions figées, il est utile de consulter les dictionnaires qui y sont consacrés. Ils portent des titres tels que Dictionnaire des locutions, Dictionnaire des expressions imagées, Dictionnaire des expressions idiomatiques, Dictionnaire des expressions figurées, etc. UTILITÉS DE CETTE CONNAISSANCE

 Connaître les expressions figées est utile pour comprendre plus facilement le sens des textes et pour ne pas donner aux expressions un sens qu’elles n’ont pas.  Connaître les expressions figées permet aussi d’éviter de les déformer par erreur.

 Il faut dire : découvrir le pot aux roses être le dindon de la farce gai comme un pinson

Et non pas : découvrir le poteau rose être le bouffon de la farce gai comme un pinson dans l’eau

Expression figée

351

F Famille de mots OBSERVATION

Voici une famille de mots. Observez ce qui est commun aux mots de cette famille. Prêtez également attention à la façon dont les mots sont formés. déneigé, ée déneigement déneiger enneigé, ée enneigement enneiger

motoneige neige neigeotter neiger neigeux, euse nivologie

nivomètre reneiger banc de neige chasse-neige perce-neige

 Quel est, selon vous, le mot de base de cette famille ?  Comment chacun de ces mots a-t-il été formé ? DESCRIPTION ET EXPLICATION

Une famille de mots, c’est l’ensemble de tous les mots formés à partir d’un même mot de base. Dans l’OBSERVATION, le mot de base est neige.



Une famille de mots contient généralement: • des mots composés : perce-neige, chasse-neige, motoneige, banc de neige… • des mots dérivés : neiger, neigeux, déneiger… • des mots savants: nivologie, nivomètre… Certaines familles sont cependant très restreintes. Ainsi, la famille du mot clémentine ne compte que deux membres : clémentine et clémentinier. Il existe même des mots qui sont actuellement seuls dans leur famille, par exemple coccinelle.

352

UTILITÉS DE CETTE CONNAISSANCE

 Connaître les familles de mots peut être très utile pour mémoriser l’orthographe d’usage. Ainsi, quand on sait que bicyclette appartient à la famille de cycle, on sait du même coup qu’il faut conserver le «y» du mot de base (cycle) et on évite alors d’écrire byciclette, ou même biciclette.  La connaissance des familles de mots est utile pour développer son vocabulaire. En effet, elle aide à deviner le sens des mots ou à se le rappeler. Ainsi, quand on sait que insolation appartient à la famille de soleil, on se rappelle facilement que ce mot désigne un coup de soleil.

Féminin des noms et des adjectifs RÈGLE GÉNÉRALE

On ajoute un -e à la forme du masculin.

ami ➞ amie intelligent ➞ intelligente

• Il n’y a aucun changement si le mot se termine déjà par -e : aimable ➞ aimable, élève ➞ élève, mince ➞ mince • Certains mots qui se terminent par -e ont une forme féminine différente: maître ➞ maîtresse, tigre ➞ tigresse… RÈGLES PARTICULIÈRES 1. On double la consonne finale et on ajoute un -e aux mots se terminant au masculin par -el, -eil, -en, -on, -et, -ot et -s

-el ➞ -elle -eil ➞ -eille

actuel ➞ actuelle pareil ➞ pareille

-en ➞ -enne -on ➞ -onne

aérien ➞ aérienne champion ➞ championne

• Suivent aussi cette règle: gentil ➞ gentille nul ➞ nulle

Exception :

démon ➞ démone

… Féminin des noms et des adjectifs

353

… -et ➞ -ette

cadet ➞ cadette fluet ➞ fluette Exceptions :

complet ➞ complète incomplet ➞ incomplète concret ➞ concrète désuet ➞ désuète

discret ➞ discrète indiscret ➞ indiscrète inquiet ➞ inquiète secret ➞ secrète

-ot ➞ -otte

boulot ➞ boulotte pâlot ➞pâlotte • Les autres mots jeunot ➞ jeunotte sot ➞ sotte se terminant par -ot maigriot ➞ maigriotte vieillot ➞ vieillotte suivent la règle générale: idiot ➞ idiote

-s ➞ -sse

bas ➞ basse gras ➞ grasse las ➞ lasse

épais ➞ épaisse gros ➞ grosse métis ➞ métisse

• Les autres mots se terminant par -s suivent la règle générale: gris ➞ grise

2. On remplace la consonne finale et on ajoute un -e aux mots se terminant au masculin par -c, -f, -eur, -eux et -oux

-c ➞ -que

public ➞ publique turc ➞ turque Exceptions :

blanc ➞ blanche franc ➞ franche -f ➞ -ve

grec ➞ grecque sec ➞ sèche

sauf ➞ sauve veuf ➞ veuve Exception :

bref ➞ brève -eur ➞ -euse

crâneur ➞ crâneuse voleur ➞ voleuse Exceptions :

pécheur ➞ pécheresse vengeur ➞ vengeresse…

• Suivent la règle générale: extérieur ➞ extérieure intérieur ➞ intérieure majeur ➞ majeure meilleur ➞ meilleure mineur ➞ mineure supérieur ➞ supérieure • Suivent aussi la règle générale certains noms de profession : ingénieur ➞ ingénieure professeur ➞ professeure…

… 354

… -eux ➞ -euse

amoureux ➞ amoureuse joyeux ➞ joyeuse Exception :

vieux ➞ vieille -oux ➞ -ouse

époux ➞ épouse jaloux ➞ jalouse Exceptions :

doux ➞ douce roux ➞ rousse 3. Autres changements pour les mots se terminant au masculin par -eau, -er, -gu et -teur

-eau ➞ -elle

beau ➞ belle

jumeau ➞ jumelle

-er ➞ -ère

dernier ➞ dernière

policier ➞ policière

-gu ➞ -guë R aigu ➞ aiguë -teur ➞ -trice

ambigu ➞ ambiguë

directeur ➞ directrice inventeur ➞ inventrice

• Suivent la règle générale certains noms de profession : auteur ➞ auteure docteur ➞ docteure…

Exceptions :

enchanteur ➞ enchanteresse chanteur ➞ chanteuse menteur ➞ menteuse… 4. Modifications diverses

andalou ➞ andalouse fou ➞ folle mou ➞ molle

coi ➞ coite favori ➞ favorite rigolo ➞ rigolote

long ➞ longue bénin ➞ bénigne malin ➞ maligne

• Certains mots changent de forme au féminin, par exemple: coq ➞ poule frère ➞ sœur fils ➞ fille héros ➞ héroïne

frais ➞ fraîche tiers ➞ tierce…

mâle ➞ femelle monsieur ➞ madame

Féminin des noms et des adjectifs

355

Fonction OBSERVATION

Observez, dans chaque exemple, les groupes encadrés. 1. En ce moment , la petite Hélène Elle

est concentrée .

observe attentivement les taches d’encre .

2. En ce moment, la petite Hélène est concentrée . Elle observe attentivement

les taches d’encre .

3. En ce moment, la petite Hélène est concentrée. Elle observe attentivement les taches d’encre .  Dans chacun des exemples, essayez d’expliquer le rôle des groupes encadrés. DESCRIPTION ET EXPLICATION

On appelle fonction le rôle joué par un élément (groupe, pronom ou subordonnée) dans la phrase.  Dans une phrase, un élément remplit une fonction par rapport à un autre élément. • Ainsi, dans le premier exemple de la partie OBSERVATION, – En ce moment est un GPrép qui remplit la fonction de complément de phrase ; – la petite Hélène est un GN qui remplit la fonction de sujet de phrase ; – Elle est un pronom qui remplit la fonction de sujet de phrase ; – est concentrée et observe attentivement les taches d’encre sont des GV qui remplissent la fonction de prédicat de phrase. • Dans le deuxième exemple, – concentrée est un GAdj qui remplit la fonction d’attribut du sujet la petite Hélène ; – attentivement est un GAdv qui remplit la fonction de modificateur du verbe observe ; – les taches d’encre est un GN qui remplit la fonction de complément direct du verbe observe. • Dans le troisième exemple, – petite est un GAdj qui remplit la fonction de complément du nom Hélène ; – d’encre est un GPrép qui remplit la fonction de complément du nom taches. 356

!

Il ne faut pas confondre classe et fonction. La CLASSE d’un élément, c’est sa sorte, la catégorie à laquelle il appartient (nom, verbe, etc.). La FONCTION d’un élément, c’est ce qu’il fait (sujet de…, complément de…, attribut du…, etc.).  Les principales fonctions sont les suivantes : • Fonctions des constituants de la phrase – sujet de phrase:

 Demain,

Océane viendra à Montréal.

– prédicat de phrase:

 Demain, Océane

viendra à Montréal .

– complément de phrase :



Demain , Océane viendra à Montréal.

• Fonctions des expansions du verbe dans le groupe verbal – complément direct du verbe :

 Thomas a offert des fleurs à Marie. – complément indirect du verbe :

 Thomas a offert des fleurs à Marie. – attribut du sujet :

 Marie semble surprise. – modificateur du verbe :

 Marie déballe délicatement son bouquet. • Fonction des expansions du nom dans le groupe nominal – complément du nom :

 Samuel a vu un bon film d’aventures.

• Fonction de l’expansion de l’adjectif dans le groupe adjectival – modificateur de l’adjectif :

 Samuel a vu un très bon film d’aventures.

Fonction

357

Formation des mots OBSERVATION

Chacun des six groupes d’exemples ci-dessous illustre un procédé de formation des mots. Observez-les. in- + utile ➞ inutile mini- + gâteau ➞ mini-gâteau sous + terrain ➞ souterrain ligne + à + pêche ➞ ligne à pêche

informatique + autoroute ➞ inforoute écureuil + curieux ➞ écurieux bandes dessinées ➞ BD objet volant non identifié ➞ ovni

grani- + -vore ➞ granivore mégalo- + -pole ➞ mégalopole

professeur ➞ prof dégueulasse ➞ dégueu

 Essayez d’expliquer comment les mots ci-dessus ont été formés. DESCRIPTION ET EXPLICATION

 Les procédés de formation des mots utilisent des mots ou des éléments qui ne sont pas des mots : des préfixes, des suffixes, des racines savantes. • Les préfixes sont des éléments qui s’ajoutent au début du mot : in-, mé-, mini-, pré-… • Les suffixes sont des éléments qui s’ajoutent à la fin du mot: -ade, -er, -tion, -ure… • Les racines savantes sont des éléments d’origine grecque ou latine: astr-, biblio-, -fère…  On distingue les mots selon la façon dont ils ont été formés. Sortes de mots

Mode de formation

Exemples

Mots composés

mot + mot mot + mot + mot

briser + glace = brise-glace ligne + à + pêche = ligne à pêche

Mots dérivés

préfixe + mot mot + suffixe préfixe + mot + suffixe

in- + utile = inutile rêve + -er = rêver pré- + voir + -ance = prévoyance

Mots savants

racine savante + racine savante

grani- + -vore = granivore

Mots tronqués

début d’un mot

professeur = prof

Mots-valises

début d’un mot + fin d’un mot

éléphant + fanfare = éléphanfare

Sigles

initiale d’un mot + initiale d’un mot

acide désoxyribonucléique = ADN Organisation mondiale de la santé = OMS

UTILITÉ DE CETTE CONNAISSANCE

Quand on connaît les divers procédés de formation des mots, il est facile d’analyser les mots pour connaître leur sens ou leur orthographe. 358

Formes de phrases OBSERVATION

Comparez la phrase de gauche avec les phrases de droite.

Cette histoire bouleverse les enfants.

Cette histoire ne bouleverse pas les enfants. Les enfants sont bouleversés par cette histoire. C’est cette histoire qui bouleverse les enfants.

 Quelles différences observez-vous entre la phrase de gauche et les phrases de droite ? DESCRIPTION ET EXPLICATION

 Une phrase a toujours plusieurs formes: elle est positive ou négative, active ou passive, neutre ou emphatique. On reconnaît les formes de la phrase à certaines marques.  La phrase de forme positive ou de forme négative • La phrase de forme négative s’oppose à la phrase de forme positive. • Pour mettre une phrase à la forme négative, on ajoute des marques de négation à la phrase de forme positive. Les marques de négation encadrent le verbe conjugué.

 Cette histoire bouleverse les enfants.

Cette histoire ne bouleverse pas les enfants.

• Les marques de négation sont formées de ne et d’un autre mot: – ne + mot invariable: ne… pas, ne… plus, ne… jamais, ne… guère, etc. ;

 Nos parents se mêlent aux discussions.

Nos parents ne se mêlent jamais aux discussions.

– ne + déterminant: ne… aucun, ne… nul, etc. ;

 Ce produit contient un agent de conservation.

Ce produit ne contient aucun agent de conservation.

– ne + pronom : ne… personne, ne… rien, etc. ;

 J’avais quelqu’un à qui parler.

Je n’avais personne à qui parler.

– déterminant + ne: aucun… ne, nul… ne, etc. ;

 Un savonnage a réussi à enlever la tache.

Aucun savonnage n’a réussi à enlever la tache.

– pronom + ne: personne ne, rien ne, etc.

 Quelqu’un la regardait.

Personne ne la regardait. Formes de phrases

359

!

Il faut s’assurer qu’il y a un ne avant le verbe dans la phrase négative. À l’écrit, il est absolument nécessaire. Phrase fautive



Phrase correcte

Il y avait trop de monde, on a rien vu.

Il y avait trop de monde, on n’a rien vu.

Je voulais pas te déranger.

Je ne voulais pas te déranger.

• La phrase de forme négative se combine à tous les types de phrases. Types de phrases

Phrases de forme négative

Déclaratif

Je ne mange pas beaucoup.

Interrogatif

N’écoutez-vous pas la radio ?

Exclamatif

Que je n’aime pas l’hiver !

Impératif

Ne ramasse pas le sac.

 La phrase de forme active ou de forme passive • La phrase de forme passive s’oppose à la phrase de forme active. • Pour mettre une phrase à la forme passive, on fait subir des transformations à la phrase de forme active: on fait des déplacements, des remplacements et des ajouts. V

 Phrase active :

Cette histoire

 Phrase passive :

Les enfants

bouleverse les enfants .

VAttr

sont bouleversés par cette histoire .

• La phrase de forme passive se combine principalement aux types de phrases suivants :

360

Types de phrases

Phrases de forme passive

Déclaratif

Ce colis a été ouvert par moi.

Interrogatif

Ce colis a-t-il été ouvert par toi ?

Exclamatif

Que ces enfants sont aimés par leur mère !

 La phrase de forme neutre ou de forme emphatique • La phrase de forme emphatique s’oppose à la phrase de forme neutre. • Pour mettre une phrase à la forme emphatique, on ajoute des marques emphatiques à la phrase de forme neutre. Cela permet de mettre en valeur un des éléments qui la composent : le sujet, le complément direct, le complément de phrase, etc.

 Cette histoire bouleverse les enfants.

C’est cette histoire qui bouleverse les enfants.

 Papa m’a donné un chien hier.

Le chien, papa me l’a donné hier.

• Voici trois façons de construire des phrases emphatiques. 1) Encadrement par C’est… qui / C’est… que:

 C’est papa qui m’a donné un chien hier.

C’est un chien que papa m’a donné hier. C’est hier que papa m’a donné un chien.

2) Détachement et reprise par un pronom:

 Le chien, papa me l’a donné hier. 3) Annonce par un pronom et détachement :

 Papa me l’a donné hier, le chien. • La phrase de forme emphatique se combine à tous les types de phrases. Types de phrases

Phrases de forme emphatique

Déclaratif

C’est Léa qui a décoré l’arbre.

Interrogatif

Ta sœur, où est-elle ?

Exclamatif

Cette maison, qu’elle est belle !

Impératif

Mon adresse, conservez-la.

UTILITÉS DE CETTE CONNAISSANCE

 Il est important de connaître les marques de chaque forme de phrases pour construire des phrases correctement.  La connaissance des diverses formes de phrases vous permet de varier vos phrases et de mieux vous exprimer.

Formes de phrases

361

G Générique et spécifique OBSERVATION

Dans les extraits suivants, les termes génériques et spécifiques sont surlignés. Observez-les attentivement. Au Québec, on compte 27 espèces d’oiseaux de proie qui comprennent deux ordres différents: les rapaces diurnes et les rapaces nocturnes1. Les rapaces nocturnes ne construisent pas de nids. Ils utilisent un trou dans une cavité naturelle, un ancien trou de pic ou encore un nichoir artificiel. Mais certains comme le Harfang des neiges ou le Hibou des marais nichent au sol2.  Parmi les termes surlignés, lequel inclut tous les autres ?  Quels sont les termes surlignés qui n’incluent aucun autre terme surligné ? DESCRIPTION ET EXPLICATION

 Certains mots ont un sens qui inclut celui d’autres mots. Voyez l’exemple suivant :

 La famille des faucons compte quatre espèces au Québec: le gerfaut, le faucon pèlerin, le faucon émerillon et la crécerelle d’Amérique.

Le mot faucon inclut les mots gerfaut, faucon pèlerin, faucon émerillon et crécerelle d’Amérique. Un mot qui en inclut d’autres est un mot générique; un mot inclus dans un autre est un mot spécifique. La relation entre générique et spécifique est une relation d’inclusion.

362

Dans l’exemple précédent, faucon est un générique: il inclut les autres mots. Les mots gerfaut, faucon pèlerin, faucon émerillon, crécerelle d’Amérique sont des spécifiques: ils sont inclus dans le mot faucon.

!

Il ne faut pas confondre un générique ou un spécifique avec un synonyme. Par exemple, épagneul est un spécifique de chien, pas un synonyme. De même, rose est un spécifique de fleur, pas un synonyme.

COUP Pour trouver des termes génériques DE DE

POUCE

• On utilise la formule « X (spécifique) est une sorte de Y (générique)».

 Un chat est une sorte de félin, de carnivore, de mammifère, d’animal… • On consulte différents dictionnaires. Par exemple, dans la définition du mot chat, on trouve des génériques comme mammifère carnivore, petit mammifère, petit animal.  Un mot peut être à la fois générique et spécifique. Dans le texte d’OBSERVATION, les rapports entre les mots peuvent être schématisés ainsi : Oiseaux de proie Rapaces diurnes



Rapaces nocturnes

Harfang des neiges Hibou des marais …

On voit bien que rapaces nocturnes est un générique par rapport à harfang des neiges et à hibou des marais et un spécifique par rapport à oiseaux de proie. UTILITÉS DE CETTE CONNAISSANCE

 Cette connaissance est utile pour bien saisir les rapports entre les mots et classer l’information.  Connaître les mots génériques et spécifiques est utile pour reprendre une information sans se répéter. Dans l’exemple suivant, le générique reprend l’information donnée par les spécifiques.

 L’antilope, le bison, le bœuf, la chèvre appartiennent à la même famille. Comme la plupart des bovidés, ils ont des cornes.

1, 2. Suzanne Brûlotte, Les oiseaux de proie du Québec, Saint-Constant, Broquet, coll. «Familles d’oiseaux», 2002, p. 9 et 19.

Générique et spécifique

363

Groupe OBSERVATION

Observez les groupes suivants. expansion noyau

noyau

son vrai visage noyau

expansion

noyau

pendant un court instant

expansion

noyau

sortit de sa cachette

Charles

expansion noyau

expansion

l’exemplaire d’Amélie expansion

un énorme chien au poil hirsute

noyau

approchait

 Les groupes ci-dessus peuvent-ils exister seuls comme ils sont présentés ? Pourquoi ?  Y a-t-il des expansions dans tous les groupes ?  Où les expansions sont-elles placées par rapport au noyau ? DESCRIPTION ET EXPLICATION

 Tous les groupes de mots sont construits de la même manière: ils ont un noyau et, souvent, une ou plusieurs expansions. • Le noyau est l’élément indispensable du groupe. C’est le noyau qui donne son nom au groupe. Ainsi, le nom est le noyau du groupe nominal (GN), le verbe est le noyau du groupe verbal (GV) et ainsi de suite. • Quand un groupe contient seulement un noyau sans expansion, on dit qu’il est minimal.



Groupe

Groupe

Josiane

bâilla .

• Les expansions sont des éléments qui sont ajoutés avant ou après le noyau. Quand un groupe contient une ou plusieurs expansions, on dit qu’il est étendu. Groupe



Groupe

La petite Josiane

bâilla longuement

expansion

expansion

 Les principaux groupes sont les suivants: • le groupe nominal : GN



GN

GN

Un jour , le lion attaqua le dompteur .

• le groupe verbal : GV

 Un gardien 364

calma la bête .

.

• le groupe adjectival : GAdj

 La

GAdj

jeune comédienne semblait très nerveuse .

• le groupe prépositionnel : GPrép



GPrép

Après un dernier regard , elle monta dans le train .

• le groupe adverbial : GAdv

 Le professeur se comporta

normalement jusqu’à la fin du cours.

 À l’intérieur d’une phrase, les groupes sont en relation les uns avec les autres et chaque groupe remplit une fonction précise (sujet de phrase, complément direct du verbe, complément du nom, etc.).

Groupe adjectival OBSERVATION

Lisez le texte suivant en prêtant attention aux groupes surlignés. Au lever du jour, Billy Buck surgit de la baraque et resta un moment sous la véranda à regarder le ciel. C’était un petit homme large aux jambes arquées avec une moustache de morse, des mains carrées à la paume renflée et musclée. Ses yeux contemplatifs étaient d’un gris aqueux et ses cheveux, pleins d’épis et délavés par les intempéries, s’échappaient de son chapeau Stetson1.  À quelle classe de mots le noyau de chaque groupe surligné appartient-il ? DESCRIPTION ET EXPLICATION

Comme son nom l’indique, le groupe adjectival (GAdj) a pour noyau un adjectif. Cet adjectif est parfois accompagné d’une expansion. GAdj

GAdj

Adj.

 Je vous ferai de la

succulente cuisine, un petit déjeuner

Adj.

parfaitement merveilleux . expansion

Groupe adjectival

365



Les fonctions du groupe adjectival Le groupe adjectival remplit le plus souvent une des fonctions suivantes: • complément du nom : GN GAdj-C du N

 La chouette a

GAdj-C du N

GAdj-C du N

une longue tête ronde et aplatie

.

• attribut du sujet : GV

 Les hobbits

V

GAdj- Attr. du S

sont

imberbes

.

UTILITÉ DE CETTE CONNAISSANCE

Le groupe adjectival est utile pour caractériser les personnages, les lieux, les objets. Dans l’OBSERVATION, on a utilisé de nombreux GAdj pour décrire le personnage de Billy Buck. 1. John Steinbeck, Le poney rouge, traduit de l’anglais par Marcel Duhamel et Max Morise, Paris, Gallimard, coll. «Folio junior », 1997, p. 7.

Groupe adverbial OBSERVATION

Lisez les extraits suivants. Très grand, très maigre, très pâle, entièrement vêtu de noir, il avait l’air d’un croque-mort qui aurait emprunté un masque funèbre à l’un de ses silencieux clients1. J’avais beau multiplier les sachets de lavande, faire brûler de l’encens, fermer hermétiquement portes et fenêtres, l’infecte odeur finissait toujours par me surprendre au moment où je m’y attendais le moins... en m’empoisonnant littéralement la vie2.  Dites pourquoi les groupes surlignés sont des groupes adverbiaux.

366

DESCRIPTION ET EXPLICATION

Comme son nom l’indique, le groupe adverbial (GAdv) a pour noyau un adverbe. Cet adverbe est parfois accompagné d’une expansion à sa gauche. GAdv Adv.

 Harry prit la baguette et la fit tournoyer

légèrement

en se sentant

GAdv Adv.

parfaitement

idiot. GAdv Adv.

Mais M. Ollivander la lui arracha

presque aussitôt des mains3. expansion



Les fonctions du groupe adverbial Le groupe adverbial remplit le plus souvent une des fonctions suivantes: • complément de phrase : GAdv-C de P



Hier , j’ai essayé de lui jeter un sort.

• modificateur, entre autres, du verbe, de l’adjectif, de l’adverbe : GV V

 Sa mère

GAdv- modif. du V

mourait régulièrement d’inquiétude . GAdj GAdv- modif. de l’adj.

 Ce n’était pas une femme

très

Adj.

forte . GAdv

GAdv- modif. de l’adv.

 Carlos se mit à observer

plus

Adv.

particulièrement Katrina.

UTILITÉ DE CETTE CONNAISSANCE

Le groupe adverbial permet de modifier le sens de plusieurs mots de la phrase, ce qui est utile pour nuancer sa pensée. 1, 2. Angèle Delaunois, «Les chatouilles», Peurs sauvages (collectif de nouvelles), Saint-Laurent, Éd. Pierre Tisseyre, 1998, p. 85. ■ 3. J. K. Rowling, Harry Potter à l’école des sorciers, traduit de l’anglais par Jean-François Ménard, Paris, Gallimard Jeunesse, coll. «Folio junior », 1998, p. 88.

Groupe adverbial

367

Groupe nominal OBSERVATION

Lisez les deux versions du texte suivant en comparant les groupes nominaux surlignés. La toile avait été décrochée du mur et remplacée par un portrait, ce qui n’enchantait personne. Le chevalier passait la moitié du temps à provoquer tout le monde en duel et l’autre moitié à inventer des mots de passe.

La toile déchirée de la grosse femme avait été décrochée du mur et remplacée par le portrait du chevalier du Catogan et de son gros poney gris, ce qui n’enchantait personne. Le chevalier passait la moitié du temps à provoquer tout le monde en duel et l’autre moitié à inventer des mots de passe ridiculement compliqués qu’il modifiait au moins deux fois par jour1.

 Qu’est-ce qui différencie les groupes surlignés dans le texte de gauche de ceux dans le texte de droite ? DESCRIPTION ET EXPLICATION

Comme son nom l’indique, le groupe nominal (GN) a pour noyau un nom. Ce nom est habituellement précédé d’un déterminant (un, une, des, le, la, tes, etc.) et il est souvent accompagné d’une ou de plusieurs expansions. GN

GN

N



GN N

N

Mathilde a les grands yeux de son père . expansion

 Les fonctions du groupe nominal Le groupe nominal remplit le plus souvent une des fonctions suivantes : • sujet de phrase : GN- Sujet de P



L’examen de conjugaison avait été difficile.

• complément de phrase : GN - C de P

 368

Une nuit , Robinson ne put trouver le sommeil.

• complément direct du verbe : GV V

 J’

GN -CD du V

adore les randonnées en forêt

.

• attribut du sujet : GV V

 Son oncle

GN - Attr. du S

était un avare

.

• complément du nom : GN N



GN -C du N

Lucas, mon cousin préféré ,

sera là pour Noël.

 Les expansions du nom dans le groupe nominal Les expansions du nom sont variées. • L’expansion peut être un groupe adjectival : GN GAdj



N

Le jeune dauphin est malade.

• L’expansion peut être un groupe prépositionnel : GN N



GPrép

Le dauphin de l’aquarium

est malade.

• L’expansion peut être une subordonnée relative : GN N



Sub. rel.

Le dauphin que tout le monde aime

est malade.

• L’expansion peut être un groupe nominal : GN N



!

GN

Le dauphin, coqueluche de l’aquarium , est malade.

Toutes les expansions du nom remplissent la fonction de complément du nom.

Groupe nominal

369

UTILITÉS DE CETTE CONNAISSANCE

 Connaître le groupe nominal est essentiel puisque ce groupe est présent partout dans la phrase pour désigner des réalités : des personnages, des lieux, des objets…  Connaître les expansions du nom permet de les varier et, ainsi, de rendre un texte plus précis, plus riche, plus vivant. 1. J. K. Rowling, Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban, traduit de l’anglais par Jean-François Ménard, Paris, Gallimard Jeunesse, coll. «Folio junior », 1999, p. 182.

Groupe prépositionnel OBSERVATION

Lisez le texte suivant en prêtant attention aux groupes surlignés. Ma mère lisait de gros livres en français et en anglais, et suivait des cours en histoire de l’art. Aussi était-elle amie avec l’épouse d’un juge, et cette Mme Lessard avait autrefois été comédienne. Une vraie comédienne de théâtre dont je pouvais admirer sur le mur des photos d’elle-même1.  Selon vous, quelle est la classe du premier mot de chaque groupe surligné ? DESCRIPTION ET EXPLICATION

Comme son nom l’indique, le groupe prépositionnel (GPrép) a pour noyau une préposition. Cette préposition est accompagnée d’une expansion. GPrép Prép.



Prép.

Pendant toute la semaine , Laura a voyagé en train expansion

! 370

GPrép

.

expansion

Certains groupes prépositionnels sont introduits par un déterminant défini contracté (au, aux, du, des), qu’on appelle aussi préposition contractée.



Les fonctions du groupe prépositionnel Le groupe prépositionnel remplit, entre autres, les fonctions suivantes : • complément du nom : GN N

 C’était

GPrép - C du N

jour de lavage

.

• complément indirect du verbe : GV V

 Les bijoux

GPrép - CI du V

appartiennent à sa belle-mère

.

• modificateur du verbe : GV V

 Les pâtisseries

GPrép - modif. du V

disparaissaient à vue d’œil

.

• complément de phrase : GPrép - C de P

 Les gens ne s’ennuyaient guère

à cette époque .

1. Francine Allard, «Molière et les épingles à linge», Petites malices et grosses bêtises (collectif de nouvelles), Saint-Laurent, Éd. Pierre Tisseyre, 2001, p. 11.

Groupe verbal OBSERVATION

Lisez le texte suivant en prêtant attention aux groupes surlignés. Un mouvement rapide sur le plancher attira son attention. Luc eut un mouvement de recul: une horrible petite bête pleine de pattes courait sur le plancher, zigzaguant à toute allure entre des obstacles invisibles. Elle traversa la cuisine en un rien de temps, puis se confondit avec le tapis du salon. En marmonnant de dégoût, Luc s’élança à sa suite, attrapa un cendrier, repéra le monstre, l’écrabouilla. Un jet blanchâtre gicla sur le tapis1.  À quelle classe de mots le noyau des groupes surlignés appartient-il ?

Groupe verbal

371

DESCRIPTION ET EXPLICATION

Comme son nom l’indique, le groupe verbal (GV) a pour noyau un verbe. Ce verbe est souvent accompagné d’une ou de plusieurs expansions. GV

GV

V

 Jasmine

V

a entendu un cri terrifiant

: un loup hurlait .

expansion

 La fonction du groupe verbal Le groupe verbal remplit toujours la fonction de prédicat de phrase.



Sujet de P

Prédicat de P

GN

GV

Un mouvement rapide sur le plancher

attira son attention .

 Les fonctions des expansions du verbe Les principales fonctions des expansions du verbe sont: • complément direct du verbe : GV V

 La mère

GN -CD du V

embrasse son enfant

.

• complément indirect du verbe : GV V

 L’enfant

GPrép - CI du V

sourit à sa mère

.

• attribut du sujet : GV V

 Sa sœur

GAdj- Attr. du S

paraît sympathique

.

• modificateur du verbe : GV V

 L’auto

GAdv- modif. du V

roule lentement

.

1. Claude Bolduc, «Les joyeux compagnons», Petites cruautés (collectif d’auteurs), Hull, Vents d’Ouest, coll. «Ado», 1999, p. 101-102.

372

M Majuscule OBSERVATION

Observez les mots surlignés ci-dessous. La famille Martineau était arrivée de Saint-Maurice, ville située à une centaine de kilomètres de Mont-Rouge 1. Après le film — une comédie —, ils se rendirent dans un petit restaurant de la rue Principale 2. Il décida d’attendre Sauvageau à la sortie principale 3. Or, Carlos Penaloza n’avait que sa mère; son père était mort là-bas, en Amérique du Sud 4. L’agence de voyage vante des séjours dans les plaines du sud de la Lapénie 5.  Quelle est la classe des mots surlignés qui commencent par une majuscule ?  En quoi ces mots surlignés se distinguent-ils des autres mots surlignés ? DESCRIPTION ET EXPLICATION

 La majuscule de phrase La majuscule de phrase signale le début de la phrase graphique.

 Demain, c’est congé. J’ai hâte ! • Les paroles rapportées entre guillemets commencent par une majuscule si elles forment une phrase.

 Charles m’a dit: « Je t’attendrai après l’école.» • En poésie, les vers commencent traditionnellement par une majuscule. Majuscule

373

 La majuscule de mot La majuscule de mot sert principalement à signaler qu’un nom est un nom propre. Noms propres désignant des êtres

Personnes (réelles ou imaginaires)

Anne Hébert, Riopelle, Léonard de Vinci, Charlemagne, Tintin, le capitaine Haddock, Clara, Ève…

Peuples, habitants d’un lieu, races

un Amérindien, un Européen, un Français, un Montréalais, un Noir, un Québécois, un Trifluvien…

Divinités

Remarques • Les noms de peuples composés prennent une majuscule aux deux noms : un Nord-Américain… • Les adjectifs ne prennent pas de majuscule: un élève québécois, la chanson française, une touriste sud-américaine, le peuple noir… • Les noms de langue ne prennent pas de majuscule: l’anglais, l’espagnol, le français… Apollon, Bouddha, Jésus, Vénus… Remarque • Les noms des religions et des adeptes d’une religion ne prennent pas de majuscule: le judaïsme, un chrétien…

Animaux

Fido, Milou, Mistigris… Noms propres désignant des lieux

Lieux géographiques

l’Amérique, la Gaspésie, Mars, New York, la Nouvelle-Écosse, Paris…

Réalités géographiques

la rue Principale, le jardin de Métis, le parc des Braves… l’océan Atlantique, les montagnes Rocheuses, le fleuve Saint-Laurent…

Points cardinaux

• Les points cardinaux prennent la majuscule lorsqu’ils désignent un lieu précis : l’Amérique du Nord, le pôle Sud, la rue Sainte-Catherine Ouest, la Rive-Sud… • Ils ne prennent pas de majuscule lorsqu’ils indiquent une direction: le nord de l’Amérique, le sud de la ville, l’ouest de la rue Sainte-Catherine…

1, 2. Carol Ellis, Le témoin silencieux, traduit de l’anglais par Louise Binette, Saint-Lambert, Éd. Héritage, coll. «Frissons», 1994, p. 40 et 39. ■ 3. Michel Grenier, «Paranoïa ? », Petites cruautés (collectif d’auteurs), Hull, Vents d’Ouest, coll. «Ado», 1999, p. 27. ■ 4. Sylvain Meunier, «La danse infernale», ibid., p. 78. ■ 5. Christian Schott, «Sens interdits», À la rencontre des autres (collectif d’auteurs), Paris, Syros, coll. «Les uns les autres», 1996, p. 147.

374

Manipulations syntaxiques OBSERVATION

Lisez les phrases suivantes en observant le changement qui se produit entre la première phrase et la seconde de chaque bloc. Sophie rôde devant la porte.

+

Sophie rôde en hésitant devant la porte close de la cabane1. Une fois au rez-de-chaussée, le chat inspecte minutieusement chaque coin de chaque pièce, en prenant le temps de regarder sous les meubles2.



Le chat inspecte chaque coin de chaque pièce. Un peu avant minuit, Thibault est réveillé par un étrange rêve3.



Thibault est réveillé, un peu avant minuit, par un rêve étrange. Le sable du Sahara s’enfonce sous les pas comme un tapis souple4.



Il s’enfonce sous les pas comme un tapis souple.

 Essayez d’interpréter les symboles placés à gauche en tenant compte des changements apportés dans les phrases. DESCRIPTION ET EXPLICATION

 Chacun des quatre symboles présentés dans l’OBSERVATION représente une manipulation syntaxique. Symbole

Appellation

+

Addition (ou ajout)



Effacement



Déplacement



Remplacement

Les manipulations syntaxiques sont des opérations qu’on utilise pour mieux analyser les phrases, mieux les comprendre et mieux les écrire.

Manipulations syntaxiques

375

 Chacune des manipulations syntaxiques se décrit comme suit : • l’addition consiste à ajouter des mots, des groupes de mots ou des subordonnées (voir le 1er exemple dans l’OBSERVATION ); • l’effacement consiste à enlever des mots, des groupes de mots ou des subordonnées (voir le 2e exemple); • le déplacement consiste à déplacer des mots, des groupes de mots ou des subordonnées (voir le 3e exemple); • le remplacement consiste à remplacer des mots, des groupes de mots ou des subordonnées par d’autres mots, groupes de mots ou subordonnées (voir le 4e exemple). 1. Suzanne Martel, Menfou carcajou, Montréal, Fides, 1993, p. 71. ■ 2. Jean-François Somain, Parlez-moi d’un chat, Saint-Laurent, Éd. Pierre Tisseyre, 1992, p. 22. ■ 3. Arthur Ténor, Le voleur de destin, Paris, Magnard Jeunesse, 2001, p. 57. ■ 4. Nadia Ghalem, La rose des sables, Montréal, Hurtubise HMH, 1993, p. 5.

Fon ct

ion

Modificateur OBSERVATION

Lisez l’extrait suivant en prêtant attention aux groupes surlignés. Elle avait brusquement saisi la balançoire sur laquelle mon frère avait les pieds, et l’avait retournée. Heureusement, Côme se tenait solidement aux cordes; sinon, il serait tombé comme une andouille.  À quelle classe de mots le noyau des groupes surlignés appartient-il ?  Dans vos mots, dites quel rôle jouent ces groupes. DESCRIPTION ET EXPLICATION

La fonction de modificateur (modif.) est celle d’un groupe qui marque la manière ou le degré. GV V

 Le Baron

376

GAdv- modif. du V

GV V

GPrép - modif. du V

tira légèrement sur les rênes et s’éloigna avec lenteur

.

 La fonction de modificateur peut être remplie par un des groupes suivants: • un groupe adverbial : GV V

 Mon fils

GAdv- modif. du V

souffre fréquemment du hoquet !

• un groupe prépositionnel : GV V

 Ils

GPrép - modif. du V

travaillaient avec méthode

.

 Il existe plusieurs sortes de modificateurs, entre autres : • le modificateur du verbe: GV V

 Côme

GAdv- modif. du V

se tenait solidement aux cordes . GV V

GPrép - modif. du V

Elle disséquait les chapons avec un acharnement minutieux

.

• le modificateur de l’adjectif: GAdj GAdv- modif. de l’adj.

 Il y avait là des hommes

noblement

Adj.

vêtus . GAdj

Adj.

GPrép - modif. de l’adj.

C’étaient ses moustaches, droites comme des piquants de porc-épic

.

• le modificateur de l’adverbe: GAdv GAdv-modif. de l’adv.

 Les charbonniers avaient tout partagé

très

Adv.

exactement .

Exemples tirés de : Italo Calvino, Le baron perché, adaptation pour la jeunesse, Paris, Gallimard, 1976.

Modificateur

377

N Narrateur OBSERVATION

Lisez les extraits suivants en vous demandant qui raconte l’histoire. Extrait 1 On m’a souvent dit que j’étais d’une nature optimiste. C’est peut-être à cause de mon nom : je m’appelle Rafael Bontemps. Mon père est d’origine haïtienne, ma mère, elle, vient de République dominicaine. Mais moi, je suis né ici, au Québec, et j’ai l’accent du pays, ce qui surprend parfois les gens que je rencontre. Daniel G. Hébert, Le langage des lapins, Iberville, Coïncidence/Jeunesse, coll. «Transition», 1995, p. 9.

Extrait 2 Il était près de minuit dans la rue de Richelieu. Une ombre se glissa jusqu’à une jolie maison aux fenêtres obscures et frappa légèrement à la porte. Peu après, une chandelle s’alluma de l’intérieur. André Lebugle, Le château des morts, Saint-Laurent, Éd. Pierre Tisseyre, coll. «Chacal», 2003, p. 7.

 Dans chacun des extraits, essayez de déterminer qui raconte l’histoire. DESCRIPTION ET EXPLICATION

 Une histoire est toujours racontée par un narrateur ou une narratrice. Aucun récit ne peut exister sans un narrateur pour le raconter. • Dans l’extrait 1, le narrateur est Rafael Bontemps. Il nous donne son nom et, en plus, on trouve plusieurs traces de sa présence grâce aux mots de première personne (m’, j’, mon, je…). • Dans l’extrait 2, on ne trouve aucune trace du narrateur. On ne peut pas l’identifier. 378

 Le narrateur ne doit pas être confondu avec l’auteur : Narrateur

Auteur

Extrait 1

Rafael Bontemps

Daniel G. Hébert

Extrait 2

?

André Lebugle

L’extrait 1 nous montre bien que l’auteur n’est pas le narrateur et que le narrateur n’est pas l’auteur. Pour l’extrait 2, on connaît l’auteur, mais le narrateur n’est pas précisé. Il n’a pas d’identité. Le narrateur ou la narratrice est celui ou celle qui raconte l’histoire.

 Il existe deux sortes de narrateurs : • le narrateur qui est un personnage de l’histoire, comme dans l’extrait 1. Il est appelé narrateur personnage; • le narrateur qui n’est pas un personnage de l’histoire, comme dans l’extrait 2. Il est appelé narrateur omniscient.

!

Le narrateur omniscient est un narrateur qui sait tout. Il sait tout ce qui se passe dans la tête des personnages. Il connaît toutes leurs pensées, leurs émotions, leurs impressions et il peut donc les décrire. Le narrateur personnage, lui, ne peut pas savoir avec certitude ce qui se passe dans la tête des autres personnages.

COUP Pour savoir si c’est un narrateur personnage qui raconte DE DE

POUCE

Il est facile de savoir si l’histoire est racontée par un narrateur personnage. S’il y a des mots de première personne en dehors des dialogues, alors le narrateur est forcément un narrateur personnage.

UTILITÉS DE CETTE CONNAISSANCE

 Quand on écrit un récit, il est utile de savoir qu’on a le choix entre deux sortes de narrateurs. On choisit alors le narrateur qui convient le mieux à l’histoire qu’on veut écrire.  Connaître les sortes de narrateurs est important également pour respecter la cohérence du texte. Une fois qu’on a choisi une sorte de narrateur, il convient de s’y tenir tout au long du récit.  Savoir faire la différence entre les sortes de narrateurs est utile aussi pour mieux comprendre les récits.

Narrateur

379

sse

Cla

Nom

OBSERVATION

Lisez les deux extraits de roman ci-dessous en prêtant attention aux noms. Extrait 1 Mon père, ma mère et moi vivons à Brooklyn. C’est un quartier de la ville de New York. Nous habitons un minuscule appartement. Mon frère Jess est parti il y a un an pour l’université et il revient pendant les vacances. Mes parents tiennent une épicerie italienne au rez-de-chaussée de notre immeuble : Coglioni’s. La famille de mon père est originaire de Naples1. Extrait 2 Mon arrière-grand-mère se couchait à huit heures le soir pour se réveiller le matin à cinq heures, «au chant du coq» comme elle disait. Il faudrait être très fort pour trouver un coq à Brooklyn, mais la vieille toupie avait une horloge dans le crâne. Sans l’aide d’aucune sonnerie, elle s’asseyait toute raide dans son lit le matin et, comme à cette heure il faisait encore sombre, sa silhouette m’évoquait un vampire dressé dans son cercueil2.  Relevez tous les noms de ces extraits (il y en a 20 dans chaque paragraphe). Quels moyens vous ont permis de les reconnaître ? DESCRIPTION ET EXPLICATION

 Le nom sert à désigner une réalité: personne, animal, objet, lieu, évènement, sentiment, etc. Le nom est propre ou commun. • Le nom propre donne un nom particulier à la réalité désignée: Brooklyn: c’est le nom particulier du quartier où vit le narrateur; Jess: c’est le nom particulier du frère du narrateur. • Le nom commun ne donne pas de nom particulier à la réalité désignée: mon père, ma mère : père et mère ne sont pas les noms particuliers des personnages; un coq : coq n’est pas le nom particulier de l’animal.

!

Le nom propre commence par une majuscule.  Le nom a la particularité de pouvoir être accompagné par un déterminant.

 Mon père

la vieille toupie

aucune sonnerie

huit heures

Les noms sont parfois employés sans déterminant. Mais ces noms pourraient être employés avec un déterminant.

 Mon frère Jess est parti il y a un an.

Le Jess que j’aimais tant est parti il y a un an.

380

COUP Pour reconnaître les noms DE DE

POUCE

Pour reconnaître les noms dans une phrase, on peut utiliser la manipulation d’addition ( + ). Si on peut ajouter un déterminant comme un, une, du ou des devant un mot, alors ce mot est un nom:



+

La route mystérieuse serpentait à travers montagnes et vallées. La route mystérieuse serpentait à travers des montagnes et des vallées.

Donc, les mots montagnes et vallées sont des noms.  Le nom a son genre propre. • Les noms père, quartier, appartement sont du genre masculin. • Les noms mère, université, vacances sont du genre féminin. • Quelques noms ayant le trait animé peuvent s’employer aux deux genres: un journaliste, une journaliste ; un comédien, une comédienne.  Le nom est un mot variable en nombre. Le nombre du nom dépend de ce qu’on veut dire. Le nom est singulier si on parle d’un élément, il est pluriel si on parle de plusieurs éléments.

 Sébastien a apporté son cahier et ses livres.  Le nom est un donneur d’accord. Il donne son genre et son nombre aux déterminants et aux adjectifs dans le groupe nominal (GN). f. s.

 Une épicerie italienne  Un nom a divers traits de sens. Voici les principaux. • Trait humain : père, arrière-grand-mère, Jess, parents, Italiens, copain, associé… Trait non humain: quartier, New York, appartement, rez-de-chaussée, cercueil… • Trait animé: frère, Jess, coq, vampire, gamine, plante… Trait non animé: appartement, horloge, crâne, lit, cercueil… • Trait comptable : mère, quartier, an, heure, chant, silhouette… Trait non comptable : pluie, verglas, vent, patience, aide, haine… • Trait individuel : parent, quartier, immeuble, toupie, horloge… Trait collectif : famille, gang, bande, foule, troupeau, meute…  Le nom est le noyau du groupe nominal. UTILITÉS DE CETTE CONNAISSANCE

 Puisque le nom est un donneur d’accord, savoir le reconnaître est essentiel pour faire les accords requis.  Connaître les noms est utile pour désigner une réalité de façon juste et précise. 1, 2. Jean-François Chabas, Les secrets de Faith Green, Paris, Casterman, coll. «Romans dix & plus», 1998, p. 8 et 15. © Casterman S. A.

Nom

381

O Organisateur textuel OBSERVATION

Lisez les extraits suivants en observant les éléments surlignés. Extrait 1 Gino-Passe-Partout possède un trousseau de clés qui lui sont utiles toute la journée. Le matin, il commence avec sa clé à ouvrir l’œil. Un tour pour l’œil gauche, un tour pour l’œil droit, et le voilà réveillé. Lorsqu’il doit s’arracher à un sommeil profond, deux tours pour chaque œil sont nécessaires. Après le réveil, il se sert de la clé qui ouvre l’appétit. Une fois son appétit ouvert, il déjeune copieusement: café au lait, bananes et pudding. Lorsqu’il quitte l’appartement pour aller à l’école, il se sert, comme tout le monde, de la clé qui ouvre et referme la porte1. Extrait 2 La fusée atterrit sur une pelouse de gazon vert. Tout près, dans l’herbe, se dressait une biche de bronze. Un peu plus loin, s’élevait une grande maison brune, victorienne, paisible sous le soleil, surchargée de festons rococo avec des carreaux multicolores, bleus, roses, jaunes et verts aux fenêtres. Sur le perron prospéraient des géraniums, et un vieux hamac accroché au plafond du porche se balançait doucement sous la brise. Au faîte de la maison, s’érigeait une coupole avec des vitraux en losanges et un toit à pans coupés2.  Parmi les éléments surlignés dans ces deux extraits, lesquels indiquent une organisation temporelle ? Lesquels indiquent une organisation spatiale ?

382

DESCRIPTION ET EXPLICATION

 Un texte cohérent est toujours organisé d’une certaine manière. Cette organisation est marquée, entre autres, par des mots et des expressions appelés organisateurs textuels. Les organisateurs textuels expriment des liens entre les différentes parties d’un texte, comme le montrent les extraits de l’OBSERVATION. Un organisateur textuel est un mot, une expression ou une phrase qui contribue à organiser un texte.  Les organisateurs textuels indiquent, entre autres : • une organisation dans le temps (organisateurs temporels) :

 Lundi dernier…, Dès le lendemain…, Pendant ce temps…, Quand la neige a fondu… • une organisation dans l’espace (organisateurs spatiaux) :

 Tout près d’ici…, Un peu plus loin…, Là-bas…, Sur le fleuve… À gauche…, Au milieu…, À droite…

• une organisation logique (organisateurs logiques) :

 D’abord…, Ensuite…, Puis…, Finalement…

D’ailleurs…, Mais…, Cependant…, À cause de…, Donc…

 Le plus souvent, les textes narratifs et les textes descriptifs sont organisés à l’aide d’organisateurs temporels ou d’organisateurs spatiaux. Dans l’OBSERVATION, l’extrait 1 est organisé à l’aide d’organisateurs temporels et l’extrait 2, à l’aide d’organisateurs spatiaux.

UTILITÉS DE CETTE CONNAISSANCE

 Les organisateurs textuels sont des outils importants pour indiquer le fil de votre pensée quand vous écrivez un texte. Vous clarifiez ainsi la construction de votre texte pour ceux et celles qui vont le lire.  En lecture, il est utile de savoir reconnaître les organisateurs textuels présents dans le texte. Cela aide à comprendre la construction du texte et, par conséquent, le texte lui-même. 1. Claude Bourgeyx, «Gino-Passe-Partout », Le fil à retordre, Paris, Nathan / VUEF, 2002, p. 67-68. ■ 2. Ray Bradbury, «La troisième expédition», Chroniques martiennes, Paris, © Éd. Denoël pour la traduction française, 1955, p. 53. © Renouvelé 1977 par Ray Bradbury.

Organisateur textuel

383

P Phrase OBSERVATION

Lisez le texte suivant en prêtant attention aux phrases. Un jour, j’ai eu quinze ans. J’étais quasiment un homme. Le père vieillissait; ses yeux n’étaient pas bons; j’ai laissé l’école pour prendre sa place. Le village d’en face grossissait. Il y avait déjà plusieurs maisons, une rue principale, une petite usine de pulpe, puis un commencement d’église. Ça faisait beaucoup d’ouvrage pour le chaland. C’est moi qui étais traversier. Je connaissais mon métier, parce que je connaissais mon chaland; je lui avais donné un nom. Je l’appelais Marie. J’avais écrit ça sur les deux flancs : MARIE en lettres blanches. Mon père n’avait pas trouvé ça drôle; il savait que je l’aimais. Quand il y avait bien du courant, les vagues grimpaient jusqu’à son nom pour venir l’embrasser, puis elles se sauvaient; quand il faisait calme, le nom se reflétait dans l’eau, à l’envers; je le piquais avec une branche, il se défaisait en mille miettes, pour s’éparpiller dans la rivière1.  Selon vous, combien de phrases y a-t-il dans cet extrait ? DESCRIPTION ET EXPLICATION

 Quand on parle de phrase, on fait la distinction entre phrase graphique et phrase syntaxique. La phrase graphique est une suite de mots qui commence par une majuscule et se termine par un point (simple point, point d’interrogation, point d’exclamation, points de suspension).

 Un jour, j’ai eu quinze ans.

J’étais quasiment un homme. Le père vieillissait; ses yeux n’étaient pas bons; j’ai laissé l’école pour prendre sa place.

Il y a trois phrases graphiques ci-dessus. 384

La phrase syntaxique est une unité habituellement formée d’un sujet , d’un prédicat et, facultativement, d’un complément de phrase .



Un jour , j’ J’

étais quasiment un homme .

Le père ses yeux j’

ai eu quinze ans .

vieillissait ; n’étaient pas bons ;

ai laissé l’école

pour prendre sa place .

Il y a cinq phrases syntaxiques ci-dessus. • Certaines phrases graphiques contiennent plus d’une phrase syntaxique. Par exemple, la phrase graphique qui commence par Le père compte trois phrases syntaxiques. • En grammaire, on analyse des phrases syntaxiques.  Pour analyser les phrases syntaxiques, on les compare avec le BASE.

MODÈLE DE LA PHRASE DE

 Il existe trois sortes de phrases: • la phrase de base ; • la phrase transformée ; • la phrase à construction particulière. 1. Félix Leclerc, Adagio, Montréal, Bibliothèque québécoise, 1989, p. 20.

Phrase à construction particulière OBSERVATION

Lisez attentivement les exemples suivants. Aucun danger pour moi. Quel tableau ! Ah ! ces mauvaises notes !

Phrase à construction particulière

385

Silence ! Que faire ?  Selon vos observations, les exemples que vous venez de lire sont-ils des phrases ? Expliquez votre réponse. DESCRIPTION ET EXPLICATION

 Les phrases de l’OBSERVATION ne sont pas conformes au MODÈLE on les appelle phrases à construction particulière.

DE LA PHRASE DE BASE :

 Parmi les phrases à construction particulière, on trouve: • la phrase non verbale; • la phrase infinitive. a) La phrase non verbale • Cette phrase à construction particulière est formée d’un groupe dont le noyau n’est pas un verbe. Elle peut être constituée, entre autres : – d’un groupe nominal :

 Un vrai géant ! / Bonne idée ! / La panique totale ! – d’un groupe adjectival :

 Bizarre ! / Très drôle ! – d’un groupe prépositionnel :

 Au secours ! / À gauche ! / Avec plaisir. – d’un groupe adverbial :

 Forcément ! / Vite ! / Oui. / Non. • Certains mots qui ne font pas partie de la structure de la phrase sont aussi considérés comme des phrases non verbales : – l’interjection, c’est-à-dire un mot, ou une expression figée, qui fait ressortir avec vivacité les sentiments d’une personne;

 Un livre ? dit-il. Qu’est-ce que tu veux faire d’un livre, pétard de sort1 ! – l’onomatopée, c’est-à-dire la transcription qui reproduit plus ou moins fidèlement des bruits faits par les choses et des cris émis par les animaux;

 TCHOU ! TCHOU ! TC… Trop tard ! J’ai manqué le train ! – l’interpellation (ou mot en apostrophe), c’est-à-dire un nom par lequel on interpelle une personne.

 Madame, voulez-vous m’accorder cette danse ?

386

b) La phrase infinitive Cette phrase à construction particulière est formée d’un groupe infinitif (GInf), c’està-dire d’un groupe dont le noyau est un verbe à l’infinitif.

 Mettre le chocolat dans les moules. 1. Roald Dahl, Matilda, traduit de l’anglais par Henri Robillot, Paris, Gallimard, coll. «Mille Soleils», 1988, p. 16.

Phrase de base et phrase transformée OBSERVATION

Lisez les phrases suivantes et comparez chaque phrase en couleur avec celle placée en dessous. J’ai envie de pleurer en écoutant Estelle1. Pourquoi ai-je envie de pleurer en écoutant Estelle ? Estelle a toujours beaucoup d’argent dans ses poches2. Estelle n’a pas toujours beaucoup d’argent dans ses poches. Maryse invite quelques filles à passer deux jours au chalet chez sa mère3. C’est Maryse qui invite quelques filles à passer deux jours au chalet chez sa mère.  Dans chaque exemple, quelles différences observez-vous entre la phrase de départ (celle en couleur) et l’autre phrase ?  Relevez les marques qui font ces différences. DESCRIPTION ET EXPLICATION

 La phrase de base Pour étudier les phrases, on les compare avec le MODÈLE DE LA PHRASE DE BASE. Ce modèle est une formule, comme une formule de chimie ou une recette de cuisine. Pour qu’une phrase soit conforme au MODÈLE, elle doit remplir les conditions suivantes : 1° Elle comprend au moins un sujet et un prédicat . 2° Le sujet vient avant le prédicat . 3° La phrase est de type déclaratif et de formes positive, active et neutre. Phrase de base et phrase transformée

387

MODÈLE DE LA PHRASE DE BASE

sujet de phrase + prédicat de phrase + ( complément de phrase )* Type de la phrase: déclaratif Formes de la phrase: positive, active, neutre * Le complément de phrase est mobile, il pourrait être situé ailleurs dans la phrase. Dans le MODÈLE, on le place à la fin par commodité. Les parenthèses indiquent que le complément de phrase est facultatif.

Les phrases suivantes sont des phrases conformes au conditions énumérées ci-dessus. Sujet de P



Sa mère

C de P

puisqu’elles remplissent les

Prédicat de P

avait rencontré la directrice .

Sujet de P

Sa mère

MODÈLE

Prédicat de P

C de P

avait rencontré la directrice Sujet de P

La veille , elle

pour la première fois .

Prédicat de P

C de P

avait rencontré la directrice

pour la première fois .

 La phrase transformée On peut faire subir une ou plusieurs transformations à une phrase de base. On obtient ainsi une phrase transformée. Il y a trois sortes de phrases transformées: • les phrases qui ont subi une transformation de type ou de forme ; • les phrases où le sujet est inversé (placé après le prédicat ); • les phrases subordonnées. a) Les phrases ayant subi une transformation de type ou de forme Phrase de type déclaratif conforme au MODÈLE

Tu collectionnes les papillons rares.

388



Phrases transformées

Transformation de type interrogatif

Est-ce que tu collectionnes les papillons rares ?

Transformation de type impératif

Collectionne les papillons rares.

Transformation de type exclamatif

Quels papillons rares tu collectionnes !

Phrase de formes positive, active et neutre conforme au MODÈLE

Tu collectionnes les papillons rares.

Phrases transformées

➞ Transformation de forme négative

Tu ne collectionnes pas les papillons rares.

Transformation de forme passive

Les papillons rares sont collectionnés par toi.

Transformation de forme emphatique

C’est toi qui collectionnes les papillons rares.

b) Les phrases où le sujet est inversé Lorsque le sujet est déplacé après le prédicat , on obtient également une phrase transformée. La phrase n’est plus conforme au MODÈLE DE LA PHRASE DE BASE. Phrase conforme au MODÈLE

La vie

était si dure .

Phrase transformée

Transformation

Inversion du sujet

Si dure était

la vie .

c) Les phrases subordonnées Les subordonnées sont des phrases, puisqu’elles sont composées d’un sujet et d’un prédicat . Elles sont transformées par l’ajout d’un subordonnant. Elles ne sont donc pas conformes au MODÈLE DE LA PHRASE DE BASE. La phrase subordonnée est toujours enchâssée dans une autre phrase. C’est une phrase qui n’est pas autonome : elle ne peut pas exister seule. Phrase C de P

Sujet de P

Prédicat de P

Phrase subordonnée



Peu après , le livre que

Sujet de P

Prédicat de P

je

cherchais

avait disparu .

Dans cet exemple, la subordonnée que je cherchais est enchâssée dans le groupe nominal. Le subordonnant que est placé au début de la phrase subordonnée. UTILITÉ DE CETTE CONNAISSANCE

Il est essentiel de bien connaître le MODÈLE DE LA PHRASE DE BASE puisque c’est à partir de cette formule qu’on peut vérifier la construction de ses phrases et les corriger au besoin. 1 à 3. Marcia Pilote, Estelle et moi, Montréal, Hurtubise HMH, coll. «Atout», 2002, p. 41 et 54.

Phrase de base et phrase transformée

389

Pluriel des noms et des adjectifs RÈGLE GÉNÉRALE On ajoute un -s à la forme du singulier

un fou ➞ des fous un voyou ➞ des voyous un camarade charmant ➞ des camarades charmants un foulard vert ➞ des foulards verts un chandail ➞ des chandails un détail ➞ des détails Exceptions :

• Les mots suivants prennent un -x au pluriel: des bijoux, des cailloux, des choux, des genoux, des hiboux, des joujoux, des poux • Les mots suivants changent -ail en -aux : un bail ➞ des baux un soupirail ➞ des soupiraux un corail ➞ des coraux un travail ➞ des travaux un émail ➞ des émaux un vitrail ➞ des vitraux RÈGLES PARTICULIÈRES 1. Il n’y a aucun changement pour les mots se terminant par -s, -x et -z

-s

un cadenas ➞ des cadenas

un gros livre ➞ des gros livres

-x

une noix ➞ des noix

un enfant curieux ➞ des enfants curieux

-z

un nez ➞ des nez

un gaz ➞ des gaz

2. On ajoute un -x aux mots se terminant par -au, -eau, -eu et -œu

-au ➞ aux -eau ➞ -eaux -eu ➞ -eux -œu ➞ œux

un boyau ➞ des boyaux un tuyau ➞ des tuyaux un jumeau ➞ des jumeaux un vin nouveau ➞ des vins nouveaux un cheveu ➞ des cheveux un signe hébreu ➞ des signes hébreux un vœu ➞ des vœux

• Suivent la règle générale et prennent un -s : un landau ➞ des landaus un sarrau ➞ des sarraus • Suivent la règle générale et prennent un -s : un fil bleu ➞ des fils bleus un émeu ➞ des émeus un pneu ➞ des pneus

… 390

… 3. On change la finale des mots se terminant par -al

-al ➞ -aux

!

un cheval ➞ des chevaux un local ➞ des locaux un savant génial ➞ des savants géniaux un roi loyal ➞ des rois loyaux un journal ➞ des journaux

• Suivent la règle générale et prennent un -s : – les noms suivants : des bals, des cals, des carnavals, des cérémonials, des chacals,des festivals, des récitals, des régals – les adjectifs suivants : banals, fatals, finals, natals, navals

Certains noms communs ne s’emploient qu’au pluriel: les alentours, les archives, les fiançailles, les funérailles, les mœurs, les ténèbres, etc. RÈGLES DU PLURIEL DES NOMS COMPOSÉS R

!

1. Les noms et les adjectifs qui forment des noms composés prennent habituellement la marque du pluriel.

des points-virgules des grands-parents

2. Les noms précédés d’une préposition sont invariables.

des chefs-d’œuvre

3. Les autres mots (pronom, verbe…) qui forment des noms composés sont invariables.

des lève-tôt des couvre-lits

4. Les mots composés désignant une couleur sont invariables.

des bleu marine des vert pâle

Comme les exceptions sont nombreuses, n’hésitez pas à recourir au dictionnaire. RÈGLES DU PLURIEL DES NOMS PROPRES

1. Noms propres de personnes

• Ces noms ne prennent pas la marque du pluriel: les Boisvert, les Breton, les Germain

2. Noms d’habitants de villes ou de régions, de peuples, de races

• Ces noms prennent la marque du pluriel: les Bretons (de la Bretagne), les Corses, les Germains (de la Germanie), les Noirs, les Péruviens, les Trifluviens

3. Noms propres de lieux

• Certains noms propres ne s’emploient qu’au pluriel: les Alpes, les Açores, les Antilles, les Balkans, les Bermudes, les Laurentides, les Rocheuses

Pluriel des noms et des adjectifs

391

Poème OBSERVATION

Lisez les poèmes ci-dessous. Le hibou

Jouer

Mon pauvre cœur est un hibou Qu’on cloue, qu’on décloue, qu’on recloue. De sang, d’ardeur, il est à bout. Tous ceux qui m’aiment, je les loue1.

Le ciel suspendu comme un éclat de rire fait rouler son immense ballon rouge dans la bouche de la montagne et toi l’homme qui pense et qui crache l’ennui par les yeux tu ne sais pas la vie tu ne sais pas jouer3

Vertige… Vertige soudain le printemps frappe mes yeux à coups de soleil2

Les vers du poème Le hibou évoquent la pratique superstitieuse des paysans d’autrefois qui clouaient une chouette ou un hibou par les ailes sur une porte pour conjurer le mauvais sort.  Qu’est-ce qui vous permet de dire que ces textes sont des poèmes ? DESCRIPTION ET EXPLICATION

On peut exprimer ses idées et ses émotions en prose ou en vers. Les poèmes sont des textes écrits en vers. Les poètes jouent sur le rythme, les mots et les images, la mise en pages. Le tableau ci-dessous présente les différents moyens dont on se sert en poésie.

392

Rythme

Mots et images

Mise en pages

• La longueur des vers • La rime

• Les variétés de langue • Les archaïsmes et les néologismes • Les mots-valises et les jeux de mots • La répétition de mots • Les figures : comparaison, métaphore, personnification, périphrase

• La strophe • La disposition des mots • La majuscule et la ponctuation

 Le rythme Le rythme est créé, entre autres, par la longueur des vers et par la rime. 1) La longueur des vers • La longueur d’un vers (c’est-à-dire d’une ligne) dépend du nombre de syllabes :

 Rêve,

= 1 syllabe

La / nuit, = 2 syllabes Sur / la / grève, = 3 syllabes La / lu / ne / luit 4. = 4 syllabes

• On compte le e muet seulement s’il est placé entre deux consonnes qu’on entend:

 À / la / fe / nê / tre, / sif / fle / la / bise 5. 1

2

3

4

5

6

7

8

= 9 syllabes

9

2) La rime • La rime est la répétition de sons à la fin des vers. • La rime marque la fin des vers, un peu comme une ponctuation. • Les rimes peuvent être suivies, embrassées, croisées ou alternées. Types de rimes

Exemples

• Rimes suivies

Mon tendre ami, je ne saurai jamais si c’est le ciel ou bien ton cœur qui pleurait6.

• Rimes embrassées

Suis-je né trop tôt ou trop tard ? Qu’est-ce que je fais en ce monde ? Ô vous tous, ma peine est profonde; Priez pour le pauvre Gaspard7 !

• Rimes croisées ou alternées

Dans la plaine Naît un bruit C’est l’haleine De la nuit 8.

 Les mots et les images 1) Les mots sont mis en valeur de plusieurs manières en poésie. Voici quelques moyens dont les poètes se servent. Moyens

Exemples

• Un mot de la langue littéraire

Des marches opalines mènent au palais de sucre9

• Un mot de la langue familière

T’as la tête à claques10

• Un archaïsme (mot ancien ou expression ancienne, qu’on n’emploie plus habituellement)

et plus rien plus un fifrelin11 (Le fifrelin était une petite pièce de monnaie sans grande valeur.)

… Poème

393



Moyens

Exemples

• Un néologisme (mot que l’on crée ou mot existant auquel on donne un nouveau sens)

Machine à boustiflanque Machine à boustiflaque12

• Un mot-valise

Passe un nuagenouillé13

• Un jeu de mots

le printemps frappe mes yeux à coups de soleil

• Une répétition de mots

Et je dirai aux gens: Refusez d’obéir Refusez de la faire N’allez pas à la guerre14

2) Les poètes créent aussi des images, en utilisant des figures comme les suivantes: Figures créant des images

Exemples

• La comparaison

Le ciel est clair comme de l’eau de roche

• La métaphore

Mon pauvre cœur est un hibou

• La personnification*

Le soleil Passe son doigt Au fond de la fontaine15

• La périphrase*

Mais si l’astre des nuits se penche16

* La personnification consiste à faire comme si un animal, une chose ou une idée était une personne réelle. ** La périphrase est un GN étendu (le roi des animaux) qui remplace un GN minimal (le lion).

 La mise en pages 1) Dans un poème, les mots ne sont pas disposés de la même façon que dans les autres textes. C’est souvent d’ailleurs par la mise en pages qu’on reconnaît un poème. • Le poème peut être découpé en strophes, c’est-à-dire en ensembles qui équivalent à des paragraphes. • La disposition des mots sur la page est différente dans un poème. Il peut y avoir, par exemple, des marges importantes, des blancs importants entre les mots, des mots qui dessinent une forme… 2) Les majuscules et les signes de ponctuation ne sont pas nécessairement utilisés comme dans les autres textes. • Dans la poésie d’avant le majuscule.

XXe

siècle, les vers commençaient le plus souvent par une

• Aujourd’hui, beaucoup de poètes ne respectent pas cette règle. De plus, les poètes contemporains ont tendance à ne plus du tout ponctuer leurs textes.

394

 Les divers procédés ne sont pas tous exploités dans un poème. Les poètes en choisissent quelques-uns pour souligner une idée ou une émotion. Ce qu’on observe cependant, c’est que, la plupart du temps, un poème repose sur la répétition : répétition de sons, de mots, de vers, de strophes, de procédés, de figures, etc. UTILITÉS DE CETTE CONNAISSANCE

 Connaître les divers procédés utilisés en poésie est utile pour analyser un poème et pour en écrire.  Savoir ce qu’est un poème et comment il est construit nous permet de mieux apprécier cette forme de texte et de prêter davantage attention au langage. 1. Guillaume Apollinaire, «Le bestiaire», Alcools, 1913. ■ 2. André Duhaime, «Haïkus d’ici», Avec des yeux d’enfant : la poésie québécoise présentée aux enfants, par Henriette Major, Montréal, L’Hexagone / VLB éditeur, 2000, p. 95. ■ 3. Micheline La France, « Jouer », ibid., p. 59. ■ 4, 5. Jean-Pierre Davidts, «Un cauchemar», ibid., p. 139. ■ 6. Alice Lemieux-Lévesque, «Je ne saurai jamais», Fleurs de givre, Sainte-Foy, Éd. La Liberté, 1979. ■ 7. Paul Verlaine, «Gaspard Hauser chante», Sagesse, 1880. ■ 8. Victor Hugo, «Les Djinns», Les orientales, 1829. ■ 9. Mona Latif-Ghattas, «Les jardins blancs», Avec des yeux d’enfant…, op. cit., p. 113. ■ 10. Alexis Lefrançois, «La mauvaise tête», ibid., p. 127. ■ 11, 12. Alexis Lefrançois, «Machine à boustiflanque», ibid., p. 51. ■ 13. André Breton, «La courte échelle», Signe Ascendant, Paris, Gallimard, 1949, p. 61. ■ 14. Boris Vian, «Le déserteur», Textes et chansons, Paris, Julliard, 1966, p. 172. ■ 15. Cécile Cloutier, «Le matin», Avec des yeux d’enfant…, op. cit., p. 93. ■ 16. Alphonse de Lamartine, «Au rossignol», Œuvres complètes.

Polysémie OBSERVATION

Observez le schéma suivant et lisez ce qu’il contient.

LÉGER LÉGÈRE

• • • • • • • • •

Qui n’est pas lourd. Un paquet léger. Qui est peu concentré. Un café léger. Qui n’est pas épais. Une légère couche de neige. Qui se digère facilement. Un repas léger. Qui n’est pas chaud à porter. Un vêtement léger. Qui est gracieux. Une démarche légère. Qui est peu important. Une légère différence. Qui est amusant, enjoué. Un ton léger. Qui est étourdi, peu sérieux. Un caractère léger.

 Que constatez-vous en observant ce schéma ?  D’après votre observation du schéma, comment définiriez-vous la polysémie ?

Polysémie

395

DESCRIPTION ET EXPLICATION

 Un mot possède généralement plusieurs significations. C’est pour cette raison que les dictionnaires donnent plusieurs définitions à la plupart des mots:

 CROÛTON n. m. 1. Extrémité d’un pain, comportant plus de croûte que de mie. 2. Petit morceau de pain frit. Un potage aux croûtons. 3. Fam. Personne bornée ou encroûtée dans la routine. Un vieux croûton 1.

croûton [

] n. m. - 1669; de croûte 1  Extrémité d’un pain long.  quignon. Manger le croûton. 2  Petit morceau de pain sec. Croûtons frottés d’ail.  chapon. Épinards aux croûtons frits. 3  Fig. et fam. Personne arriérée, d’esprit borné.  croûte. «un vieux croûton comme vous !» (Aymé)2.

Dans ces deux articles de dictionnaire, le mot croûton possède trois sens. On dit que le mot croûton est polysémique. La polysémie est le fait d’avoir plusieurs sens possibles.

 La polysémie des mots est exploitée dans les textes humoristiques, les slogans publicitaires, etc.:

 Le chasseur a pâli

quand le rhinocéros a foncé3.

Réfléchir, c’est brillant4.

foncer réfléchir brillant

• «Se lancer contre.» • «Devenir sombre.» • • • •

«Refléter.» «Penser.» «Étincelant.» «Intelligent.»

Dans ces exemples, chacun des mots en gras est utilisé dans deux sens en même temps. On dit alors que ces phrases ont un double sens. UTILITÉ DE CETTE CONNAISSANCE

Être sensible à la polysémie permet de comprendre les doubles sens possibles dans les textes. 1. Le Petit Larousse illustré 2004, Paris, © Larousse / VUEF 2003. ■ 2. Le Petit Robert : Dictionnaire de la langue française, [cédérom], Le Robert, 2001. ■ 3. Pierre Ferran, «Charge», Les zoos effarés, © Voûte romane. ■ 4. Slogan du ministère des Transports pour inciter les camionneurs à apposer des bandes réfléchissantes sur les camions.

396

Ponctuation OBSERVATION

Voici un extrait reproduit sans sa ponctuation. Lisez-le en essayant de le comprendre. Au commencement la Terre était faite tout de travers et il fallut bien des efforts pour la rendre plus habitable pour traverser les fleuves il n’y avait pas de ponts pas de sentiers pour gravir les montagnes voulait-on s’asseoir même pas l’ombre d’un banc tombait-on de sommeil le lit n’existait pas ni souliers ni bottes pour éviter de se faire mal aux pieds si vous aviez une mauvaise vue pas moyen de trouver de lunettes aucun ballon pour faire une partie de football

Voici la version originale, avec sa ponctuation. Au commencement, la Terre était faite tout de travers, et il fallut bien des efforts pour la rendre plus habitable. Pour traverser les fleuves, il n’y avait pas de ponts. Pas de sentiers pour gravir les montagnes. Voulait-on s’asseoir ? Même pas l’ombre d’un banc. Tombait-on de sommeil ? Le lit n’existait pas. Ni souliers ni bottes pour éviter de se faire mal aux pieds. Si vous aviez une mauvaise vue, pas moyen de trouver de lunettes. Aucun ballon pour faire une partie de football1.  D’après vos observations, qu’est-ce que la ponctuation apporte dans un texte ?  Nommez les signes de ponctuation que vous connaissez. DESCRIPTION ET EXPLICATION

 La ponctuation est un moyen de rendre les textes plus faciles à lire et à comprendre.  Les tableaux qui suivent présentent les différents emplois des signes de ponctuation. LES SIGNES DE FIN DE PHRASE Signes

Emplois

Exemples

Point d’interrogation ?

Marque la fin des phrases qui servent à poser une question.

Que t’est-il arrivé ? Il y a quelqu’un ?

Point d’exclamation !

Marque la fin des phrases dites sur un ton exclamatif.

Comme c’est bon de se revoir ! Sapristi ! Sortez immédiatement !

Point .

Marque la fin des autres phrases.

Marc sauta hors du canot et le tira sur la plage. S’il te plaît, ferme la porte.

Points de suspension …

Peuvent remplacer le point pour marquer: • un silence, une hésitation; • une réflexion sous-entendue; • une interruption de la parole.

Attendez… Je suppose qu’on a tous les mêmes difficultés… Mais Laura, qu’est-ce… ?

Ponctuation

397

LA VIRGULE Emplois

Exemples

Marque la coordination de deux phrases.

Le soleil était éblouissant, mais l’air était frais.

Marque la juxtaposition de deux phrases.

La nuit tombe, les enfants rentrent sagement à la maison.

Sépare les éléments d’une énumération.

Elle entendait les campeurs s’agiter, soupirer, tousser.

Isole un complément de phrase : • en tête de phrase; • au milieu de la phrase.

Si tu es libre, nous irons au cinéma. Le chasseur, un peu plus loin, trouva des traces d’ours.

Isole certains compléments du nom.

Jules, le personnage principal, n’est pas très sympathique. Mika, inquiète, relève soudain la tête.

Isole un modificateur du verbe en tête de phrase.

Lentement, la biche s’approcha de la main tendue vers elle.

Isole une interpellation.

Mathieu, as-tu vu ma tortue ?

Isole une interjection.

Je te ramènerai ton camion, saperlipopette !

Isole une incise.

Voilà bien une autre affaire, pense-t-elle. Mais, ajouta-t-il, ce n’est pas moi qui vous accompagnerai.

!

1. On place la virgule devant le coordonnant situé entre deux phrases.

 Le soleil était éblouissant, mais l’air était frais. 2. On ne met pas de virgule devant le et d’une énumération:

 J’ai emporté la tente, les vélos et les provisions. 3. La virgule ne doit pas isoler le sujet du prédicat : Sujet de P



Prédicat de P

Un vent violent , dénudait les arbres .

4. La virgule ne doit pas isoler le verbe de son complément ( direct ou indirect ) : GV V



398

GPrép - CI du V

Je me souviens , de son regard enjoué

.

LES AUTRES SIGNES Signes

Emplois

Exemples

Introduit: • une énumération;

J’ai tout vérifié : la tente, les vélos et les provisions.

• un discours rapporté direct ;

Marie s’est écriée : « J’ai trouvé la clé !»

• une explication;

Justin ferma les yeux : il était incapable de supporter la scène.

• une conséquence, un résultat.

Le train ne put s’arrêter : la collision fut violente.

Marque un lien de sens étroit entre deux phrases.

Surveille Juliette ; je m’occupe de Charles.

Sépare les éléments d’une liste.

Mélangez les ingrédients suivants : – une tasse de cassonade ; – une tasse de sucre ; – une tasse de crème ; – une cuillerée à table de farine.

Guillemets «»

Encadrent un discours rapporté direct.

Marie s’est écriée : « J’ai trouvé la clé ! »

Parenthèses ( )

Encadrent une information complémentaire, qui pourrait être retirée.

Les protéines contribuent à la santé des tissus ( muscles, os et peau ).

Encadrent: • un ajout dans une citation;

«Depuis, il [ Victor Hugo ] vit en Belgique.»

Deux-points :

Point-virgule ;

Crochets droits [ ]

• un retrait dans une citation.

«Elle avait retrouvé son compagnon. [ … ] Trois jours plus tard, ils quittèrent l’île.»

1. Gianni Rodari, «Histoire universelle», Histoires au téléphone, Paris, Hachette Livre, 1996, p. 142.

Ponctuation

399

Préposition Class

e

OBSERVATION

Lisez l’extrait suivant en prêtant attention aux mots surlignés. Ce sont des prépositions. Par le chemin des écoliers S’en allaient deux petits souliers

Où l’on voit souliers d’écoliers Devenir souliers d’ouvriers

Deux petits souliers seuls au monde S’en allaient par la terre ronde,

Et parfois, avec de la chance, Devenir souliers de finance,

S’en allaient, les semelles molles, À regret, loin de leur école,

Et souvent, avec de l’étude, Devenir souliers de grand luxe,

S’en allaient chez le cordonnier Où l’on voit grandir les souliers,

Et toujours, avec de l’amour, Devenir souliers de velours1.

 Quelles autres prépositions connaissez-vous ? DESCRIPTION ET EXPLICATION

 La préposition est un mot invariable qui prend un complément.

 Par le chemin

loin de leur école

chez le cordonnier

 La préposition peut être de forme simple, complexe ou contractée. La préposition simple est formée d’un seul mot; la préposition complexe est formée de plusieurs mots. La préposition contractée (qu’on appelle aussi déterminant contracté ) est formée de la préposition à ou de soudée au déterminant le ou les.

!

Dans le texte d’OBSERVATION, des est une préposition contractée: des écoliers = [de les] écoliers ; au est aussi une préposition contractée: au monde = [à le] monde. Principales prépositions simples

à après avant avec chez comme contre dans

400

de depuis derrière dès devant durant en entre

envers excepté hormis outre par parmi pendant pour

sans sauf selon sous sur vers vu

Principales prépositions complexes

à cause de à côté de à force de à moins de à partir de à travers afin de au-dedans de au-delà de au-dessous de au-dessus de au lieu de au moyen de auprès de

autour de avant de contrairement à d’entre de façon à de manière à en bas de en dehors de en dessous de en face de en plus de face à grâce à hors de

jusqu’à loin de lors de malgré par-derrière par-dessous par-dessus par-devant par rapport à près de proche de quant à vis-à-vis de

Prépositions contractées

au = à + le

aux = à + les

du = de + le

des = de + les

COUP Pour choisir la bonne préposition DE DE

POUCE

Pour choisir la bonne préposition, il faut consulter un dictionnaire au mot qui commande la préposition. Ainsi, on trouvera à auto : voyager en auto, et à mer : voyager par mer.  La préposition est le noyau du groupe prépositionnel (GPrép). 1. Maurice Carême, «Les petits souliers», Volière, © Fondation Maurice Carême, tous droits réservés.

Préposition

401

Class

e

Pronom OBSERVATION

Comparez entre elles les deux versions de l’extrait 1 en prêtant attention aux éléments surlignés. Extrait 1 Version 1

Version 2

— C’est là, dit Hagrid. Le Chaudron Baveur. Un endroit célèbre.

— C’est là, dit Hagrid. Le Chaudron Baveur. Un endroit célèbre.

Le Chaudron Baveur était un pub minuscule et miteux, coincé entre une grande librairie et une boutique de disques. Si Hagrid n’avait pas montré le pub à Harry, Harry n’aurait jamais remarqué le pub. D’ailleurs, personne d’autre ne faisait attention au pub, c’était comme si Hagrid et Harry avaient été les seuls à voir le pub. Lorsque le géant fit entrer Harry à l’intérieur, Harry fut surpris qu’un endroit célèbre paraisse aussi sombre et misérable.

C’était un pub minuscule et miteux, coincé entre une grande librairie et une boutique de disques. Si Hagrid ne le lui avait pas montré, Harry ne l’aurait jamais remarqué. D’ailleurs, personne d’autre n’y faisait attention, c’était comme si Hagrid et Harry avaient été les seuls à le voir. Lorsque le géant le fit entrer à l’intérieur, Harry fut surpris qu’un endroit célèbre paraisse aussi sombre et misérable1.

 Quelle est la différence entre les deux versions ?  Pour chaque élément surligné à gauche, dites si son correspondant de droite occupe la même place que lui dans la phrase.

Lisez maintenant l’extrait suivant : Extrait 2 — Comment t’appelles-tu ? Tu permets que je te tutoie ? — Heu… Oui… Moi, c’est Khalil2…  Pourrait-on, dans cet extrait, remplacer les pronoms surlignés par des GN ? DESCRIPTION ET EXPLICATION

 On distingue le pronom de reprise et le pronom nominal. • Le pronom de reprise est un pronom qui sert à faire des reprises d’information. GN (antécédent)

La nappe n’avait pas glissé toute seule. Pronom de reprise

Le vieillard en s’écroulant l’ avait entraînée dans sa chute3.

Le pronom l’ reprend l’information donnée par le GN La nappe. Ce GN, appelé antécédent, donne son sens au pronom l’. 402

• Le pronom nominal est un pronom qui ne reprend pas d’information, il n’a pas d’antécédent. Les principaux pronoms nominaux sont : – les pronoms qui désignent la personne qui parle (je, me, moi, nous) ou la personne à qui l’on parle (tu, te, toi, vous); les pronoms surlignés dans l’extrait 2 sont des pronoms nominaux; – les pronoms qui ont une signification en eux-mêmes: tout le monde, personne, quelque chose, rien…  Le pronom est un mot variable. C’est un donneur d’accord. Par exemple, le pronom sujet donne sa personne et son nombre au verbe. 3e pers. pl.



Ils

envient son charme.

 Certains mots (aucun, certains, plusieurs, le, la, l’, les, leur, etc.) appartiennent aussi bien à la classe des pronoms qu’à la classe des déterminants. Ils sont déterminants lorsqu’ils introduisent un nom, sinon ils sont pronoms.

!

Déterminants

Pronoms

La balle rebondit sur le mur.

Mathilde la rattrape prestement.

Plusieurs colis ont été livrés en retard.

Plusieurs ont été livrés en retard.

Certains enfants allaient à l’école.

Certains allaient à l’école.

Les trois amis n’en croyaient pas leurs yeux.

Tristan leur fit signe de se taire.

Quand leur est un déterminant, il prend un «s» au pluriel. Quand leur est un pronom personnel, il ne prend jamais de «s».  Il y a sept sortes de pronoms. LES PRONOMS PERSONNELS Personne

Singulier

Pluriel

1re personne

je (j’), me (m’), moi

nous

2e personne

tu, te (t’), toi

vous

3e personne

il, elle, on le, la lui se (s’), soi en, y

ils, elles les leur, eux se (s’) en, y

Pronom

403

LES PRONOMS POSSESSIFS Personne

Singulier

Pluriel

Masculin

Féminin

1re pers. du s. 2e pers. du s. 3e pers. du s.

le mien le tien le sien

la mienne la tienne la sienne

1re pers. du pl. 2e pers. du pl. 3e pers. du pl.

le nôtre le vôtre le leur

la nôtre la vôtre la leur

Masculin

Féminin

les miens les tiens les siens

les miennes les tiennes les siennes les nôtres les vôtres les leurs

LES PRONOMS DÉMONSTRATIFS Singulier Masculin

Pluriel Féminin

Masculin

Féminin

Formes simples

celui ce / c’ ceci, cela, ça

celle

ceux

celles

Formes complexes

celui-ci celui-là

celle-ci celle-là

ceux-ci ceux-là

celles-ci celles-là

LES PRONOMS RELATIFS

Formes simples

qui, que, quoi, dont, où

Formes complexes

lequel, laquelle, lesquels, lesquelles auquel, auxquels, auxquelles duquel, desquels, desquelles

Remarque Les formes suivantes s’analysent ainsi : auquel = à + lequel auxquels = à + lesquels auxquelles = à + lesquelles

duquel = de + lequel desquels = de + lesquels desquelles = de + lesquelles

LES PRONOMS INTERROGATIFS

404

Formes simples

qui…? que…? quoi…? quel…? quelle…? quels…? quelles…?

Formes complexes

lequel…? laquelle…? lesquels…? lesquelles…? auquel…? auxquels…? auxquelles…? duquel…? desquels…? desquelles…?

LES PRONOMS NUMÉRAUX

un / une, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, etc. Remarque Ces mots sont des pronoms lorsqu’ils n’accompagnent pas un nom.

 Deux sont arrivés en retard. LES PRONOMS INDÉFINIS VARIABLES (ou pronoms de quantité variables) Singulier

Pluriel

aucun, aucune certains, certaines chacun, chacune l’un, l’une l’autre un autre, une autre le même, la même n’importe lequel, n’importe laquelle nul, nulle pas un, pas une plus d’un, plus d’une quelqu’un, quelqu’une tout

les uns, les unes les autres d’autres les mêmes n’importe lesquels, n’importe lesquelles

quelques-uns, quelques-unes tous, toutes

LES PRONOMS INDÉFINIS INVARIABLES (ou pronoms de quantité invariables) Singulier

personne rien je ne sais qui / je ne sais quoi n’importe qui / n’importe quoi quelque chose quiconque

Pluriel

plusieurs beaucoup bon nombre la plupart peu

1. J. K. Rowling, Harry Potter à l’école des sorciers, traduit de l’anglais par Jean-François Ménard, Paris, Gallimard Jeunesse, coll. «Folio junior », 1998, p. 72-73. ■ 2, 3. Gérard Hubert-Richou, «Allô ! Presto Pizza ?», À la rencontre des autres (collectif d’auteurs), Paris, Syros, 1996.

Pronom

405

R R

Rectifications orthographiques Le Conseil supérieur de la langue française a fait plusieurs recommandations pour simplifier l’orthographe et tenir compte de l’évolution naturelle de l’usage. En voici quelques-unes.  Le trait d’union • «Les déterminants numéraux composés sont systématiquement reliés par des traits d’union.» ancienne orthographe

 vingt et un

deux cents

nouvelle orthographe

vingt-et-un deux-cents

 Les accents et le tréma • «On emploie l’accent grave (plutôt que l’accent aigu) dans un certain nombre de mots.» ancienne orthographe

 événement

réglementaire

nouvelle orthographe

évènement règlementaire

• «On emploie l’accent grave (plutôt que l’accent aigu) au futur et au conditionnel des verbes qui se conjuguent sur le modèle de céder.» ancienne orthographe

 je céderai

ils régleraient

406

nouvelle orthographe

je cèderai ils règleraient

• «Les formes conjuguées des verbes en -eler ou -eter s’écrivent avec un accent grave et une consonne simple devant une syllabe contenant un e muet.» ancienne orthographe

 il dételle elle étiquettera

nouvelle orthographe

il détèle elle étiquètera

Exceptions : appeler, jeter et leurs dérivés.

• «Les mots empruntés sont accentués conformément aux règles qui s’appliquent aux mots français.» ancienne orthographe

 revolver

nouvelle orthographe

révolver

• «Le tréma est déplacé sur la lettre u prononcée dans les suites -güe et -güi- et est ajouté dans quelques mots.» ancienne orthographe

 aiguë, ambiguë ambiguité

nouvelle orthographe

aigüe, ambigüe ambigüité

 Le pluriel • «Dans les noms composés du type pèse-lettre (verbe + nom) ou sans-abri (préposition + nom), le second élément prend la marque du pluriel seulement lorsque le mot est au pluriel.» ancienne orthographe

 un compte-gouttes,

des compte-gouttes

nouvelle orthographe

un compte-goutte, des compte-gouttes

• «Dans les noms composés du type pèse-lettre (verbe + nom) ou sans-abri (préposition + nom), le second élément prend toujours la marque du pluriel lorsque le mot est au pluriel.» ancienne orthographe

 des après-midi

nouvelle orthographe

des après-midis

Il faut se rappeler que: «Aucune des deux graphies ne peut être tenue pour fautive» (Académie française). On peut donc écrire aussi bien événement que évènement, je céderai que je cèderai, des matches que des matchs, etc.

Rectifications orthographiques

407

Règles orthographiques  C devant une voyelle • C a un son dur [k] devant a, o, u.

 cage, incapable

encaisser, africain, cause

économie, abricot québécois, coin, beaucoup

curiosité, écume cuisson, cueillir, accueil

Pour avoir un son doux [s], on place une cédille sous le c devant a, o, u.

 ça, il annonçait

façon, il aperçoit

aperçu, reçu

• C a un son doux [s] devant e et i. Il n’y a donc jamais de c cédille devant e et i.

 cela, apercevoir, il commence

ciel, réciter, merci

 G devant une voyelle • G a un son dur [g] devant a, o, u.

 langage, gaieté

égorger, goutte

Pour avoir un son doux

, on ajoute un e après le g devant a, o, u.

 il mangea, geai, vengeance

• G a un son doux

Gustave, aigu

rougeole, nageons, villageois

gageure (se prononce comme jure)

devant e, i, y.

 geler, mange, échangeur, courageuse

girouette, agile, rougi

gymnase, égyptien

Pour avoir le son du «g dur», on ajoute un u après le g devant e, i, y.

 guerre, mangue, orgueil

guider, aiguiser

Guylaine

 M devant m, b et p Devant m, b et p, on écrit m plutôt que n.

 emmêler, ambulance, concombre, embarcation, timbre, ample, employer, impossible… Exceptions : bonbon, bonbonne, bonbonnière, embonpoint, nonpareil, rantanplan.

408

 S entre deux voyelles S entre deux voyelles se prononce [z].

 arrosoir, base, hasard, raison, résonner, rose, ruse, valise… Exceptions : parasol, tournesol, vraisemblable…

resonner, resurgir et autres mots commençant par le préfixe re-. Pour conserver le son [s], on double le s.

 accessoire, basse, brassard, caisson, cresson, glisser, grosse, russe…  L’accent sur le e dans les mots de la même famille Dans une même famille de mots, le e peut ne pas être accentué dans certains mots et l’être dans d’autres.

 sec, sécher, sèchement ; bec, bécoter ; crème, crémeux; bestial, bête, bétail…

Reprise de l’information OBSERVATION

Lisez l’extrait suivant et observez les éléments surlignés. Avant même que Luc ait pu se demander de quoi parlait Jasmine, celle-ci s’était penchée vers le plancher. C’est en regardant par-dessus son épaule dodue qu’il aperçut l’horrible créature qui courait par terre. Il bondit de sa chaise. […] Luc chercha un objet contondant pour éliminer le monstre mais dut se résigner à l’écraser sous son talon. En contournant la table pour attaquer, il buta sur une patte de chaise et s’étala de tout son long. Jasmine, qui s’était penchée encore davantage, ne lui jeta qu’un court regard, après quoi elle tendit une main vers le cloporte, qui ralentit sa course. […] L’immonde bestiole s’arrêta soudain, sans raison apparente. Au moment où la main de Jasmine se posait par terre, le cloporte repartit de plus belle et lui grimpa dessus. Un frisson de dégoût parcourut le dos de Luc. Soulevant avec douceur sa main, Jasmine approcha la bête de son visage. Luc eut l’impression qu’elle lui soufflait dessus, après quoi, se penchant de nouveau, elle laissa le cloporte sauter sur le plancher, puis filer en direction de la porte de la cave1.  Qu’y a-t-il de commun entre les éléments surlignés d’une même couleur ?

Reprise de l’information

409

DESCRIPTION ET EXPLICATION

 Dans un texte, lorsqu’on parle d’une personne, d’un lieu, d’un objet, d’un évènement, etc., il faut bien qu’on le mentionne une première fois: Première mention de Luc

Première mention de Jasmine

 Avant même que Luc ait pu se demander de quoi parlait Jasmine… La première mention d’un personnage, d’un lieu, d’un objet, etc., est appelée, tout simplement, première mention. Les autres mentions, qui viennent après, sont appelées des reprises d’information, ou reprises: Première mention de Luc

Première mention de Jasmine

Reprise de Jasmine

 Avant même que Luc ait pu se demander de quoi parlait Jasmine, celle-ci s’était penchée vers le plancher.

Une reprise d’information est un élément qui mentionne à nouveau une réalité déjà mentionnée.  La première mention et ses reprises forment une chaîne de reprises. Le texte d’OBSERVATION contient trois chaînes de reprises. • La première chaîne de reprises est en vert. La première mention est Luc. • La deuxième chaîne de reprises est en mauve. La première mention est Jasmine. • La troisième chaîne de reprises est en orangé. La première mention est l’horrible créature qui courait par terre.  Il existe plusieurs procédés de reprise de l’information. Voici les principaux. Procédés de reprise

Exemples

• Reprise par un pronom

Avant même que Luc ait pu se demander… Il bondit de sa chaise.

• Reprise par un GN contenant un synonyme

L’appartement de Ferraille était un peu miteux. Voilà du moins ce que pensait Luc en contemplant le petit logis2.

• Reprise par un GN contenant un générique

Excitées par la faim, les bêtes surgirent de derrière les arbres et sautèrent sur les chevaux. Le prince Otto fouetta l’attelage de toutes ses forces3.

• Reprise par un GN contenant un spécifique

… il aperçut l’horrible créature… … le cloporte…

• Reprise par une périphrase*

L’ours est tout près. J’observe la masse pleine de poils.

• Reprise par un déterminant

… de quoi parlait Jasmine… … en regardant par-dessus son épaule dodue… (son épaule = l’épaule de Jasmine)

* Une périphrase est un GN étendu (le roi des animaux) qui remplace un GN minimal (le lion).

410



possessif



!

Procédés de reprise

Exemples

• Reprise par répétition

Avant même que Luc ait pu se demander… Luc chercha un objet contondant…

• Reprise par un GN qui résume

C’est la première fois qu’elle rencontre des canards et cet évènement la passionne et l’exalte4.

Le pronom qui reprend est appelé pronom de reprise. Il faut faire preuve de vigilance dans le choix du pronom de reprise. Voir à ce sujet Comment vérifier que les pronoms de reprise sont bien employés, à la page 486.

UTILITÉS DE CETTE CONNAISSANCE

 Reconnaître une chaîne de reprises aide à faire des liens entre les idées du texte et ainsi à mieux le comprendre. C’est une connaissance essentielle en lecture.  Varier les procédés de reprise dans ses textes permet d’éviter les répétitions et ainsi de rendre les textes plus intéressants. 1, 2. Claude Bolduc, «Les joyeux compagnons», Petites cruautés (collectif d’auteurs), Hull, Vents d’Ouest, coll. «Ado», 1999, p. 113-114 et 99. ■ 3. Philip Pullman, La mécanique du diable, traduit de l’anglais par Agnès Piganiol, Paris, Flammarion, coll. «Castor Poche», 2000, p. 52. ■ 4. Marthe Pelletier, Le secret de Max, Montréal, La courte échelle, coll. «Roman jeunesse», 2002, p. 17.

Reprise de l’information

411

S Schéma narratif OBSERVATION

Lisez cette fable ancienne du Népal. Vous apprendrez à repérer les grandes étapes d’un récit à travers elle. La récompense du serpent Avec sur l’épaule son sac, Au marché s’en allait Un brave Népalais 1 . Comme il arrivait au bord d’un lac, Un superbe serpent lui demanda assistance : «Permets-moi de me glisser Dans ton sac pour traverser. Tu auras ta récompense.»

Un voyageur entendit des cris d’effroi, Il en demanda le pourquoi… «Est-il possible qu’un si superbe animal Ait eu l’intention d’agir mal ? S’indigna l’inconnu; d’ailleurs Ce sac est trop petit pour l’avoir contenu !» Mais le serpent, voulant lui prouver le contraire, Se lova 3 à nouveau dans le sac. Et, ni vu ni connu, Le rusé voyageur Le noua sans plus tarder, le lesta d’une pierre 4 Et noya le serpent dans le lac…

Le reptile ayant l’air sérieux, L’homme traversa de son mieux À la nage le lac, en portant sur sa tête Le sac qui contenait la bête… Quand ils furent sur l’autre rive, La fable montre qu’un traître Vous devinez ce qu’il arriva: Tôt ou tard trouve son maître1. De son bienfaiteur magnanime Notre ophidien, l’ingrat, voulut faire sa victime 2 . 1 2 3 4

Habitant du Népal. Notre serpent, ingrat, voulut tuer son généreux bienfaiteur. S’enroula. Le rusé voyageur noua le sac, le chargea d’une pierre.

 Quel évènement bouleverse la vie de l’homme dans les premières lignes ?  Essayez de relever deux ou trois actions liées à cet évènement.

412

DESCRIPTION ET EXPLICATION

 Les récits sont, le plus souvent, construits selon un modèle type. C’est ce modèle que nous appelons le schéma narratif. Le schéma narratif est la structure à laquelle se conforme un récit. Cette structure comporte une série d’étapes : situation initiale, élément déclencheur, déroulement, dénouement et, parfois, situation finale.  Les étapes du schéma narratif a) La situation initiale La situation initiale est la situation au commencement de l’histoire. C’est l’étape qui présente rapidement les personnages. La situation initiale permet, souvent, de répondre aux questions suivantes: La situation initiale

Dans La récompense du serpent

Qui ? Qui sont les personnages ?

Un brave homme (c’est-à-dire un homme bon) portant un sac.

Quoi ? À quoi s’occupent-ils ? Que font-ils ?

Il se rend au marché.

Où ? Où sont-ils ? Dans quel lieu ?

Au Népal, sur la route du marché.

Quand ? Quand (époque, moment de la journée) cela a-t-il lieu ?

______

La situation initiale est le plus souvent courte. L’essentiel doit s’y retrouver, mais pas plus. Parfois, certains éléments sont absents de la situation initiale, tout simplement parce qu’ils ne sont pas essentiels dans l’histoire. Dans La récompense du serpent, est-il essentiel de connaître les caractéristiques du personnage principal (sa bonté, le fait qu’il ait un sac) ? La suite de l’histoire montre que oui. Le fait que l’histoire se déroule au Népal est-il important ? Bien sûr: il faut un lieu où il y a des lacs et des serpents. Mais il n’est pas essentiel de savoir quand cette histoire se déroule, c’est pourquoi on n’en parle pas.

b) L’élément déclencheur L’élément déclencheur est ce qui vient changer, modifier, bouleverser l’histoire, par exemple: la rencontre d’un autre personnage, un appel téléphonique, une lettre, la découverte d’un objet, la présence d’un obstacle, un accident, une difficulté, une maladie, etc. Sans élément déclencheur, il n’y a pas d’histoire intéressante.

Schéma narratif

413

L’élément déclencheur est en général raconté brièvement. Malgré cela, il joue un rôle central. Il permet de répondre à la question suivante: L’élément déclencheur

Dans La récompense du serpent

Quel est le déclic qui fait vraiment commencer l’histoire ?

Un homme rencontre un serpent qui lui demande son aide pour traverser un lac.

Dans La récompense du serpent, il est facile de comprendre que si l’homme ne rencontrait pas le serpent, il poursuivrait sa route tout simplement, ce qui donnerait une histoire assez banale.

Souvent, des marques textuelles permettent de repérer l’élément déclencheur. Ce peut être: • un organisateur textuel : – un organisateur temporel: soudain, tout à coup, un matin, à cet instant, au moment où, comme… Dans La récompense du serpent, l’élément déclencheur est introduit par l’organisateur temporel «comme», à la ligne 4.

– un organisateur spatial : à cet endroit précis, là, au détour, près de là, à la croisée des chemins… – un organisateur logique : or, mais, cependant, pourtant… • un changement de temps verbal : dans un récit au passé, la situation initiale est souvent à l’imparfait (c’est, la plupart du temps, une description) et l’élément déclencheur est au passé simple. • un changement de paragraphe. c) Le déroulement Le déroulement est l’étape la plus longue du récit. On y raconte la série des actions (les péripéties) qui se sont déroulées à cause de l’élément déclencheur. C’est l’étape qui permet de répondre aux questions suivantes : Le déroulement

Dans La récompense du serpent

Qu’est-ce qui s’est passé après ?

L’homme accepte et aide le serpent.

Et après ?

Arrivé à destination, le serpent cherche à tuer l’homme.

Et après ?

Pris au piège, l’homme crie.

Et après ?

Un voyageur s’interpose et capture le serpent grâce à la ruse.

Ces questions font bien voir que le déroulement est une succession d’actions.

414

d) Le dénouement Le dénouement est l’action finale, celle qui met fin à l’histoire. Le dénouement permet de répondre une dernière fois à la question suivante: Le dénouement

Dans La récompense du serpent

Et après ?

Le voyageur noie le serpent et sauve ainsi l’homme.

Cette question fait bien voir que l’histoire est finie. Sur le plan des actions, il n’y a plus rien à ajouter. Tout est dénoué, de façon parfois heureuse, parfois malheureuse. e) La situation finale La situation finale, la cinquième étape, est parfois absente des récits. Cette étape décrit la situation des personnages après le dénouement, une fois que les péripéties sont terminées. Elle permet de répondre aux mêmes questions que la situation initiale et de voir si la situation des personnages s’est améliorée, s’est détériorée ou si elle est restée la même. La situation finale est absente dans La récompense du serpent. S’il y en avait eu une, on y aurait raconté que le Népalais continua sa route en se promettant d’être moins naïf à l’avenir.

UTILITÉS DE CETTE CONNAISSANCE

 Connaître le schéma narratif est utile pour comprendre un récit puisque la plupart des récits suivent ce schéma.  Connaître le schéma narratif est utile pour bâtir un récit cohérent. 1. Fable ancienne du Népal, «La récompense du serpent », Un poème, un pays, un enfant, anthologie rassemblée par Bernard Lorraine, Paris, le cherche midi/UNESCO, 2002, p. 125-126.

Schéma narratif

415

Sens propre et sens figuré OBSERVATION

Comparez les phrases de gauche avec celles de droite et voyez comment un mot peut prendre des sens différents. Le patient va s’en tirer. Son cœur est reparti et il est sous anticoagulants.

Laurence a toujours eu une place spéciale dans mon cœur .

Je me retrouve en train de marcher sous la pluie battante.

Arrête, je ne te crois pas. Tu me fais marcher !

Horreur ! Au lieu de s’allumer, les néons explosèrent et des nuages de fumée firent pleuvoir des étincelles sur les danseurs1 !

À l’annonce de la nouvelle, tous explosèrent de joie, sauf mon frère.

 Selon vous, les mots surlignés à gauche ont-ils exactement le même sens que leurs vis-à-vis de droite ? Expliquez en vos mots les différences de sens que vous percevez.  Dans quelles phrases les mots vous semblent-ils avoir un sens plus imagé ? DESCRIPTION ET EXPLICATION

 Un mot possède généralement plusieurs sens. Parmi ceux-ci, certains sont propres et d’autres sont figurés. Le sens propre d’un mot est son sens premier, concret, non imagé. Le sens figuré d’un mot est son sens abstrait, imagé. Dans l’OBSERVATION, les mots surlignés à gauche sont employés dans un sens propre et ceux à droite, dans un sens figuré.

Voir Comment trouver la signification d’un mot d’après le contexte, à la page 463.

416

Mots

Sens propre

Sens figuré

Cœur

muscle cardiaque

lieu des sentiments, des émotions

Marcher

se déplacer à pied

prendre pour vrai ce qui ne l’est pas

Exploser

éclater, se rompre violemment

manifester bruyamment une émotion

 Pour savoir si un mot est employé au sens propre ou figuré, il faut se fier au contexte.

 Le patient va s’en tirer. Son cœur est reparti et il est sous anticoagulants.

Dans cet exemple, les mots patient, s’en tirer, reparti, anticoagulants indiquent que le mot cœur est employé au sens propre. Nous sommes dans l’univers du corps, pas dans celui des sentiments.

 À l’annonce de la nouvelle, tous explosèrent de joie, sauf mon frère. Ici, le mot joie indique qu’il s’agit du sens figuré d’exploser : les personnes n’explosent pas vraiment, elles sont tout simplement heureuses. Exploser est donc une image, c’est pour cela qu’on parle de sens figuré ou imagé.  Il est possible de voir la différence entre les sens propre et figuré dans le dictionnaire. Le sens propre est toujours donné en premier, le ou les sens figurés viennent par la suite.

 exploser [

] v. intr. (Conjug. : 1) • 1801, répandu déb. XXe ; de explosion 1  Faire explosion. Gaz qui explose au contact d’une flamme.  détoner. Bombe, obus qui explose. […] 2  Fig. Se manifester brusquement et violemment.  éclater. Sa colère, son mécontentement explose. […] 3  S’étendre, se développer largement ou brus quement. Les ventes ont explosé en décembre 2. […]

Premier sens = sens propre accompagné d’exemples. Sens suivants = sens figurés accompagnés d’exemples. Fig. = au figuré: indique que le mot ou l’expression sont employés dans un sens figuré.

UTILITÉS DE CETTE CONNAISSANCE

 Savoir qu’un mot peut avoir un sens figuré facilite la compréhension. Ainsi, savoir que courir peut aussi vouloir dire «rechercher avec passion» permet de comprendre qu’il ne s’agit pas d’une course mais bien d’amour dans cet exemple:

 Tu me connais mal: je ne vais pas courir au-devant d’une fille…  Cette connaissance est utile pour jouer sur les mots, comme en poésie, ou pour donner une touche humoristique à vos propos. 1. Sylvain Meunier, «La danse infernale», Petites cruautés (collectif d’auteurs), Hull, Vents d’Ouest, coll. «Ado», 1999, p. 89. ■ 2. Le Petit Robert : Dictionnaire de la langue française (extraits), [cédérom], Le Robert, 2001.

Sens propre et sens figuré

417

Subordonnée OBSERVATION

Lisez les exemples suivants. Les passages surlignés sont des phrases subordonnées. Le sentier que nous suivions s’arrêtait brusquement. Le vent redoubla pendant que nous avancions péniblement. Lorsque la nuit tomba, nous étions encore loin du refuge.  Selon ce que vous observez dans ces exemples, les phrases subordonnées peuvent-elles exister toutes seules ? Expliquez votre réponse. DESCRIPTION ET EXPLICATION

La phrase subordonnée est une phrase enchâssée (incluse) dans une autre à l’aide d’un subordonnant.  On dit que la phrase subordonnée est une phrase parce qu’elle est composée d’un sujet et d’un prédicat : Phrase subordonnée Sujet



Lorsque la nuit

Phrase subordonnée

Prédicat

Sujet

tomba ,

que nous

Prédicat

suivions

On dit qu’elle est subordonnée parce qu’elle est enchâssée dans une autre phrase ou dans un groupe au moyen d’un subordonnant. Le subordonnant se place au début de la phrase subordonnée. Phrase (enchâssante) Phrase subordonnée



Le sentier que nous

suivions

s’arrêtait brusquement .

 La phrase subordonnée ne peut pas exister seule. Ainsi, on ne peut pas dire:



Lorsque la nuit tomba.

 La phrase subordonnée n’est pas conforme au MODÈLE DE LA PHRASE DE BASE. C’est une phrase transformée puisqu’on y a ajouté un subordonnant.

418

 C’est la sorte de subordonnant qui permet de classer les subordonnées. Sorte de subordonnant

Sorte de subordonnée

Subordonnant circonstanciel: quand, dès que, lorsque, tandis que, afin que, pour que, parce que…

Subordonnée circonstancielle

Pronom relatif : qui, que, dont, où…

Subordonnée relative

UTILITÉ DE CETTE CONNAISSANCE

Pour bâtir des phrases correctes, il est important de savoir que la subordonnée ne peut pas exister seule.

Subordonnée circonstancielle OBSERVATION

Lisez les exemples suivants. Les passages surlignés sont des phrases subordonnées circonstancielles. Dominique travaillait tandis que Xavier paressait au soleil. Lorsque ma sœur est rentrée, elle était exténuée. Nous comptons sur vous pour que la fête soit une réussite. Votre fils s’affaiblit parce qu’il se nourrit mal.  Dans les subordonnées surlignées, repérez les subordonnants et dites quel sens ils expriment. DESCRIPTION ET EXPLICATION

La phrase subordonnée circonstancielle est une phrase enchâssée (incluse) dans une autre à l’aide d’un subordonnant exprimant le temps, le but, la cause, etc.

Subordonnée circonstancielle

419

 La subordonnée circonstancielle de temps 1) La subordonnée de temps est introduite par un subordonnant de temps. 2) Le subordonnant de temps permet de situer un évènement par rapport à un autre. • Subordonnants de temps indiquant que deux évènements se produisent en même temps: alors que, comme, lorsque, pendant que, quand, tandis que… Phrase (enchâssante) P sub. de temps



La tortue

avance pendant que le lièvre s’amuse .

• Subordonnants de temps indiquant que deux évènements se produisent à des moments différents: après que, aussitôt que, avant que, dès que, jusqu’à ce que, sitôt que… Phrase (enchâssante) P sub. de temps



La tortue est partie dès qu’ elle a entendu le signal . Phrase (enchâssante) P sub. de temps



!

La tortue

a franchi la ligne d’arrivée

avant que le lièvre réagisse

.

Le mode utilisé dans la subordonnée de temps est le mode indicatif, sauf pour les subordonnées introduites par avant que et jusqu’à ce que, qui sont au subjonctif.  La subordonnée circonstancielle de but et la subordonnée circonstancielle de cause En plus du temps, le subordonnant circonstanciel peut exprimer, entre autres, le but et la cause. 1) La subordonnée de but est introduite par un subordonnant de but. Phrase (enchâssante) P sub. de but



420

Il

portait des lunettes noires

afin qu’ on

ne remarque pas ses yeux rougis

.

2) La subordonnée de cause est introduite par un subordonnant de cause. Phrase (enchâssante) P sub. de cause



Je

vis ici

parce que j’

aime le calme

.

 La fonction de la phrase subordonnée circonstancielle La subordonnée circonstancielle remplit le plus souvent la fonction de complément de phrase . Phrase (enchâssante) P sub. circ.- C de P



Les gens

ont sursauté

quand le vieil homme

est entré

.

UTILITÉ DE CETTE CONNAISSANCE

Pour bâtir des phrases correctes, il est important de savoir que la subordonnée circonstancielle ne peut pas exister seule.

Subordonnée relative OBSERVATION

Lisez les exemples suivants. Les passages surlignés sont des phrases subordonnées relatives. La page que je voulais lire avait été arrachée. Elle lui montra le message qu’elle avait trouvé. Je regardais la pluie qui tombait.  Dans les phrases ci-dessus, quels sont les subordonnants qui introduisent les subordonnées relatives ?  Dans chaque exemple, quel mot la subordonnée complète-t-elle ? Et quelle est la classe de ce mot ? Subordonnée relative

421

DESCRIPTION ET EXPLICATION

La phrase subordonnée relative est une phrase enchâssée (incluse) dans un groupe au moyen d’un subordonnant, le pronom relatif (qui, que, dont, où, etc.). Phrase (enchâssante) P sub. rel.



La page que je

voulais lire

avait été arrachée .

Cette phrase est la réunion de deux phrases :

 La page avait été arrachée. Je voulais lire la page. Le pronom relatif que permet de lier les deux phrases sans répéter la page.  La subordonnée relative introduite par qui Le pronom relatif qui remplit la fonction de sujet . Donc, il remplace un groupe qui serait un sujet. GN- Sujet de P

 M. Verdebois poussa un glapissement.

Ce glapissement fit trembler les vitres. P sub. rel. Pron. rel.- Sujet de P

M. Verdebois poussa un glapissement

qui fit trembler les vitres1 .

GN- Sujet de P

 La pluie nettoyait l’air.

La pluie tombait enfin.

P sub. rel. Pron. rel.- Sujet de P

La pluie

422

qui tombait enfin nettoyait l’air.

 La subordonnée relative introduite par que Le pronom relatif que remplit la fonction de complément direct du verbe. Donc, il remplace un groupe qui serait un complément direct. GN -CD du V

 La page avait été arrachée.

Je voulais lire la page .

P sub. rel. Pron. rel.- CD du V

La page

que je voulais lire avait été arrachée.

GN -CD du V

 J’ai perdu le disque.

Tu m’avais prêté un disque . P sub. rel. Pron. rel.- CD du V

J’ai perdu le disque

que tu m’avais prêté .

 On appelle antécédent le mot repris par le pronom relatif. L’antécédent est placé avant le pronom relatif et lui donne son sens.

 M. Verdebois poussa un glapissement qui fit trembler les vitres.  La subordonnée relative complète souvent un nom. Elle remplit alors la fonction de complément du nom. GN N

 J’adore

P sub. rel.-C du N montre

la montre que tu m’as offerte

.

UTILITÉ DE CETTE CONNAISSANCE

Pour bâtir des phrases correctes, il est important de savoir que la subordonnée relative ne peut pas exister seule. 1. Roald Dahl, Matilda, traduit de l’anglais par Henri Robillot, Paris, Gallimard, coll. «Mille Soleils», 1988, p. 64.

Subordonnée relative

423

ion nct

Fo

Sujet et prédicat

OBSERVATION

Lisez attentivement les phrases suivantes. Le soleil se montra enfin. Les enfants retirèrent leurs lainages. Ils sentirent la chaleur sur leurs bras nus.  De qui ou de quoi parle-t-on dans chaque phrase ? Et qu’est-ce qu’on en dit ? DESCRIPTION ET EXPLICATION

Les fonctions de sujet de phrase et de prédicat de phrase sont celles des deux constituants obligatoires de la phrase. Le sujet est ce dont on parle dans la phrase. Le prédicat est ce qu’on dit du sujet. Sujet de P



Thérèse

Prédicat de P

lit dans les astres .

De qui parle-t-on ? De Thérèse : «Thérèse» est le sujet de phrase. Qu’est-ce qu’on en dit ? Qu’elle lit dans les astres : «lit dans les astres» est le prédicat de phrase.  Le sujet de phrase • Trois caractéristiques permettent de reconnaître le sujet de phrase. 1) On peut remplacer le sujet par l’expression Qui est-ce QUI ? ou Qu’est-ce QUI ?: Sujet de P



Sa tête reposait sur l’oreiller.



Qu’est-ce QUI reposait sur l’oreiller ?

2) On peut encadrer le sujet par C’est… qui : Sujet de P



Le géant sanglotait toujours.

C’est le géant qui sanglotait toujours.

424

3) On peut souvent remplacer le sujet par un des pronoms suivants : il, ils, elle, elles, cela, ça: Sujet de P



Ses larmes glissaient sur ses joues.



!

Sujet de P

Elles glissaient sur ses joues.



Rire m’enchante.



Cela m’enchante.

Les pronoms elle, elles et cela, ça ne sont pas toujours sujets.

 Julien a de l’affection pour elle. Seuls les pronoms il et ils sont toujours sujets. • La fonction de sujet de phrase peut être remplie, entre autres: – par un groupe nominal :

 Ses bras s’étaient mis à trembler. – par un pronom :

 Ils s’étaient mis à trembler. Tu ne me fais pas peur.

– par un groupe infinitif, c’est-à-dire un groupe dont le noyau est un verbe à l’infinitif :

 Faire du bruit était défendu.  Le prédicat de phrase La fonction de prédicat de phrase est toujours remplie par un groupe verbal. Le GV est le seul groupe à pouvoir remplir la fonction de prédicat. GV-Prédicat de P

 J’

essaie . GV-Prédicat de P

L’enfant rit doucement . GV-Prédicat de P

Au loin, des arbres aux troncs marine agitaient leurs feuilles pastel .

COUP Pour trouver le prédicat DE DE

POUCE

Pour trouver le prédicat, on repère d’abord le ou les compléments de phrase et le sujet . Ce qui reste de la phrase est habituellement le prédicat .



Tous les soirs , l’inspecteur

raconte aux enfants un chapitre de cette aventure .

Tous les soirs est un complément de phrase: on peut l’effacer et le déplacer. l’inspecteur est le sujet de phrase : on peut l’encadrer par c’est… qui, et on peut le remplacer par le pronom il. raconte aux enfants un chapitre de cette aventure est le prédicat de phrase.

Sujet et prédicat

425

Synonyme OBSERVATION

Voici quatre listes de synonymes. Parcourez-les.

fatigué, ée [fatige] adj.

briller [bRije] v.

➞ brisé, courbatu, courbaturé, épuisé, éreinté,

➞ chatoyer, étinceler, luire, miroiter, rayonner,

exténué, fourbu, harassé, las, mort (fig.), moulu, recru, rendu, rompu, surmené; fam. claqué, crevé, esquinté, flagada, flapi, lessivé, nase, pompé, raplapla, vanné, vidé

resplendir, rutiler, scintiller

➞ abattu, accablé, déprimé, fam. vaseux ➞ tiré ➞ souffrant ➞ abîmé, avachi, déformé, défraîchi, usagé, usé, vieux

➞ blasé, dégoûté, ennuyé, excédé, lassé, saturé

➞ s’illuminer ➞ pétiller ➞ exceller

crainte [

] n. f.

➞ angoisse, anxiété, appréhension, effroi, émoi, épouvante, frayeur, fam. frousse, inquiétude, obsession, peur, terreur, trac

➞ phobie

maintenant [

( )

] adv.

➞ actuellement, aujourd’hui, présentement; en ce moment, à présent

➞ désormais, dorénavant; d’ores et déjà1  Dites, en vos mots, ce qu’est un synonyme.  Selon vous, peut-on choisir n’importe quel synonyme pour remplacer un mot dans un texte ? DESCRIPTION ET EXPLICATION

Les synonymes sont des mots ayant des sens semblables et appartenant à la même classe de mots. Ainsi, les synonymes de l’adjectif fatigué sont des adjectifs (brisé, abattu, tiré, souffrant…). Les synonymes du verbe briller sont des verbes (chatoyer, s’illuminer…) et ceux du nom crainte sont des noms (angoisse, phobie…).

!

426

Les adverbes peuvent cependant avoir des groupes prépositionnels pour synonymes. Par exemple, l’adverbe maintenant a pour synonymes les adverbes actuellement et aujourd’hui, mais aussi les GPrép en ce moment et à présent.

COUP Pour vérifier que deux mots sont bien des synonymes DE DE

POUCE

Pour vérifier que deux mots sont bien des synonymes, on les joint à l’aide du verbe être. Chien et cabot sont-ils synonymes ? Peut-on dire: Un chien est un cabot et Un cabot est un chien ? Oui. Ces deux noms sont donc synonymes l’un de l’autre.

● Lorsqu’on veut remplacer un mot par un synonyme, il faut éviter de choisir n’importe quel mot de la liste des synonymes du dictionnaire. En effet, deux mots sont rarement des synonymes parfaits. Voir à ce sujet Comment choisir le bon synonyme, à la page 475. UTILITÉ DE CETTE CONNAISSANCE

Connaître les synonymes est utile pour s’exprimer avec précision et varier sa façon de dire les choses, autant à l’oral qu’à l’écrit. En effet, les synonymes permettent de faire des reprises tout en évitant les répétitions. 1. Le Petit Robert : Dictionnaire de la langue française (extraits), [cédérom], Le Robert, 2001.

Synonyme

427

T Temps verbaux OBSERVATION

Lisez ce dialogue en prêtant attention au temps de chaque verbe. MAFALDA. — Hier, à la télé, un sociologue a dit que l’humanité était pleine de doutes sur son avenir. SUSANITA. — Cet homme a entièrement raison ! Moi, par exemple, je ne cesse de me demander si, quand je me marierai, je devrai faire une réception à la maison ou pas1 .  D’après vos connaissances, quel est le temps de chacun des verbes dans ce dialogue ? DESCRIPTION ET EXPLICATION

 Les temps verbaux nous renseignent sur le moment de l’action et sur son déroulement.  Dans les temps verbaux, on distingue les temps simples et les temps composés. • Les temps simples montrent que l’action ou le fait exprimé par le verbe n’est pas terminé. • Les temps composés montrent que l’action ou le fait exprimé par le verbe est terminé. Comparez:

428

Temps simples (verbe)

Temps composés (auxiliaire + participe passé)

Je suis claustrophobe. = Je le suis encore:

J’ai été claustrophobe. = Je ne le suis plus:

le fait d’être claustrophobe n’est pas terminé.

le fait d’être claustrophobe est terminé.

Je chantais avec mes frères. = À ce

J’avais chanté avec mes frères. = À ce

moment-là, je continuais à chanter, l’action durait.

moment-là, j’avais chanté pendant un certain temps, mais l’action s’était terminée.

• Les temps simples se conjuguent sans auxiliaire. • Les temps composés se conjuguent avec l’auxiliaire avoir ou être. Les verbes qui se conjuguent avec l’auxiliaire être sont: – les verbes pronominaux (se regarder, s’amuser, se nourrir…); – les verbes aller, arriver, naître, mourir, partir (repartir), rester, tomber, venir (devenir, intervenir, parvenir, revenir, survenir).

!

Certains verbes se conjuguent parfois avec être, parfois avec avoir, selon leur sens. Comparez:

 Je suis descendu voir ce qui se passait. J’ai descendu l’escalier rapidement.

Ces verbes sont peu nombreux : demeurer, descendre, disparaître, monter, retourner, sortir…  Les temps verbaux de l’indicatif • Au mode indicatif, les verbes se conjuguent aux temps suivants: Temps simples

Temps composés

Présent Imparfait Futur simple Conditionnel présent Passé simple

Passé composé Plus-que-parfait Futur antérieur Conditionnel passé Passé antérieur

• Les temps verbaux de l’indicatif servent à situer les actions dans le temps. Temps verbaux

Utilisations

Exemples

Présent Passé composé

L’action se fait au moment où la personne parle. L’action est terminée au moment où la personne parle.

Je lis ce récit. J’ai lu ce récit.

Remarque Le présent, lorsqu’il est accompagné d’une marque de temps, peut indiquer : – que l’action se fera à un moment du futur;

 Demain, nous visitons la vieille ville. – que l’action se faisait à un moment du passé.

 En 1534, Jacques Cartier découvre le Canada. Imparfait Plus-que-parfait

L’action se faisait à un moment du passé. L’action était terminée à un moment du passé.

Je lisais ce récit. J’avais lu ce récit.

Futur simple Futur antérieur

L’action se fera à un moment du futur. L’action sera terminée à un moment du futur.

Je lirai ce récit. J’aurai lu ce récit. Je croyais que je lirais ce récit. Je croyais que j’aurais lu ce récit.



Conditionnel présent L’action se ferait à un moment du futur par rapport à un moment du passé. Conditionnel passé L’action serait terminée à un moment du futur par rapport à un moment du passé.

Temps verbaux

429



Temps verbaux

Utilisations

Exemples

Passé simple Passé antérieur

L’action se fit à un moment du passé. L’action fut terminée à un moment du passé.

Je lus ce récit. Dès que j’eus lu ce récit, j’en parlai à mon amie.

Remarques 1. Le passé simple et le passé antérieur sont des temps de narration. Ils s’emploient seulement dans les textes narratifs écrits dans le système verbal du passé. 2. Le passé antérieur s’emploie surtout dans des subordonnées introduites par après que, aussitôt que, dès que, lorsque, quand…  Les autres modes Dans les autres modes, les verbes se conjuguent au présent et au passé. Modes

Présent

Passé

Mode subjonctif

que je lise

que j’aie lu

Mode impératif

lisez

ayez lu

Mode infinitif

lire

avoir lu

Mode participe

lisant

lu

 Le futur proche et le passé récent • Lorsqu’on emploie aller devant un verbe à l’infinitif, on obtient ce qu’on appelle un futur proche.

 Qu’est-ce qu’on va faire ? • Lorsqu’on emploie venir de devant un verbe à l’infinitif, on obtient ce qu’on appelle un passé récent.

 Maria vient d’apprendre une bonne nouvelle.  La cohérence des temps verbaux a) Les systèmes verbaux Lorsqu’on écrit un récit, on peut choisir de l’écrire au présent ou au passé. – Si on choisit de raconter l’histoire au présent, on utilise le système verbal du présent. – Si on choisit de raconter l’histoire au passé, on utilise le système verbal du passé. • Le système verbal du présent Dans le système verbal du présent : – le temps de base est le présent; – les temps associés sont le passé composé, l’imparfait, le plus-que-parfait, le futur simple et le futur antérieur, le conditionnel présent et le conditionnel passé.

! 430

Dans un récit fait au présent, on ne peut utiliser que les temps du système verbal du présent.

• Le système verbal du passé Dans le système verbal du passé: – le temps de base est le passé simple; – les temps associés sont l’imparfait, le plus-que-parfait, le passé antérieur, le conditionnel présent et le conditionnel passé.

!

Dans un récit fait au passé, on ne peut utiliser que les temps du système verbal du passé.

!

Dans un récit, les paroles des personnages sont toujours dans le système verbal du présent, même quand le récit est dans le système verbal du passé. b) L’emploi de l’imparfait et du passé simple dans le système verbal du passé • Dans les textes narratifs écrits dans le système verbal du passé, la différence entre le passé simple et l’imparfait s’exprime ainsi: – chaque action au passé simple se produit après la précédente: c’est le temps qu’on utilise pour montrer la suite des actions; – chaque action à l’imparfait se produit pendant une autre: c’est le temps qu’on utilise pour décrire les lieux, les personnages, leurs sentiments, etc. • L’extrait suivant et sa ligne du temps montrent bien que les actions au passé simple se succèdent, alors que celles à l’imparfait s’accumulent.

 Stupéfaite, la créature tomba par terre, sur des plants de bardanes, dont les fruits

piquants s’accrochèrent à ses vêtements. Je l’entendis gémir de douleur et j’en profitai pour me sauver. Alarmés, mon père et mon grand-père arrivèrent à ma rescousse. — Que se passe-t-il, Félix-Antoine ? On t’a entendu crier. La voix de mon père était inquiète. J’étais essoufflé. Mes paroles se bousculaient à l’entrée de ma bouche. Mon discours était incompréhensible. Je tremblais comme une feuille. Au bout d’une ou deux minutes, d’autres pas s’approchèrent, venant de la forêt. Je craignais le pire. Je me cachai le visage contre la poitrine de mon père2.

1o : tomba

o

2 : s’accrochèrent

3o : entendis

o

4 : profitai

5o : arrivèrent

o

6 : s’approchèrent

était étais se bousculaient était tremblais

7o : cachai

craignais

1. Quino, Le petit frère de Mafalda, Meylan, © Éditions Glénat, 1996, p. 6. ■ 2. Diane Groulx, «Le vampire», Petites malices et grosses bêtises (collectif de nouvelles), Saint-Laurent, Éd. Pierre Tisseyre, 2001, p. 93-94.

Temps verbaux

431

Trait d’union EMPLOIS DU TRAIT D’UNION 1. Nombre composé R

Le trait d’union unit les mots qui forment un nombre composé inférieur à cent, sauf s’ils sont joints par et: vingt-quatre / trois cent vingt-quatre / vingt et un / soixante et onze… 2. Ci et là

Le trait d’union unit les adverbes ci et là : • à des pronoms: celle-ci, ceux-ci, celui-là, celles-là, ceux-là…; • à des noms précédés d’un déterminant démonstratif: cet arbre-ci, cette fois-ci, ces temps-ci, ce soir-là, cette place-là, ces filles-là…; • à des adjectifs: là-bas, là-haut; • à des mots invariables: ci-après, ci-contre, ci-dessus, ci-dessous, ci-joint, là-dedans, là-devant, là-dessus, jusque-là… Remarques 1. Le mot ci est toujours uni à un autre mot par un trait d’union. 2. Le mot là est parfois uni par un trait d’union (là-bas), parfois non (par là ). 3. Même

Le trait d’union unit le pronom personnel au mot même : toi-même, soi-même, elle-même, nous-mêmes, eux-mêmes… 4. Phrase impérative

Le trait d’union unit les pronoms personnels compléments à leur verbe dans une phrase impérative positive:

 Donne-moi une excuse valable. Donne-m’en une.

Dis-lui que je suis amoureuse. Dis-le-lui. Va-t’en. Allons-nous-en. Donne-la-moi. Prends-en une. Prends-y garde.

Remarque Les pronoms moi, toi et lui font m’, t’ et l’ devant en et y: viens-t’en, laisse-l’y. Ces pronoms ne sont pas suivis du trait d’union à cause de l’apostrophe, qui marque l’élision. 5. Incise et phrase interrogative

• Le trait d’union unit le pronom sujet à son verbe (ou à l’auxiliaire) dans une incise :

 Cyril, ai-je dit, je ne peux pas aller au cinéma avec toi. Je vois, a-t-il murmuré.

• Le trait d’union unit le pronom sujet à son verbe dans une phrase interrogative:

 Peux-tu me donner une excuse valable ? Qu’est-ce que c’est ?

432

Remarque Dans une phrase interrogative et dans une incise, on place un -t- entre le verbe et le pronom sujet quand le verbe se termine par une voyelle et que le pronom commence par une voyelle: a-t-il / ira-t-on / aime-t-elle / regarde-t-il… Ce -t- permet aux sons de mieux se dire. Il ne faut pas le confondre avec le pronom t’ qu’on trouve dans la phrase impérative (va-t’en, viens-t’en…).

Types de phrases OBSERVATION

Comparez les phrases de gauche avec celles de droite. Julien revient de vacances.

Quand Julien revient-il de vacances ?

Nous observons une minute de silence.

Observons une minute de silence.

Amélie danse bien.

Comme Amélie danse bien !

 Quelles différences observez-vous entre chaque phrase de gauche et celle qui lui correspond à droite ? DESCRIPTION ET EXPLICATION

 Selon les marques qu’elles possèdent, on classe les phrases en quatre types : déclaratif, interrogatif, impératif et exclamatif.  La phrase de type déclaratif • La phrase déclarative sert de base à la construction des autres types de phrases. • La phrase déclarative est construite sans marque interrogative, impérative ou exclamative. Elle se termine normalement par un point.

 Julien revient de vacances aujourd’hui.  La phrase de type interrogatif • La phrase interrogative sert à poser une question. Elle est construite à partir de la phrase déclarative. Types de phrases

433

• La phrase interrogative contient une marque interrogative. Elle se termine par un point d’interrogation (?).

 Julien revient de vacances aujourd’hui.

Est-ce que Julien revient de vacances aujourd’hui ?

• On transforme la phrase déclarative en phrase interrogative à l’aide des marques interrogatives énumérées ci-après. 1) Un pronom sujet inversé:

 Tu as fait un beau voyage.

As- tu fait un beau voyage ?

On déplace le pronom sujet après le verbe. On insère un trait d’union entre le verbe et le pronom. 2) Un pronom (il, elle, ils, elles) qui reprend le sujet:

 Julien est heureux de revenir.

Julien est- il heureux de revenir ?

On ajoute, après le verbe, un pronom qui reprend le sujet. On insère un trait d’union entre le verbe et le pronom. 3) L’expression Est-ce que au début de la phrase:

 Tu as fait un beau voyage.

Est-ce que tu as fait un beau voyage ?

4) Un mot interrogatif au début de la phrase:

 Julien revient de vacances aujourd’hui. Qui revient de vacances aujourd’hui ?

 Julien revient de vacances aujourd’hui. Quand Julien revient- il de vacances ?

Dans certains cas, on ajoute, après le verbe, un pronom sujet et on met un trait d’union entre le verbe et le pronom. Les mots interrogatifs sont les suivants : – les adverbes interrogatifs: où, combien, comment, pourquoi, quand; – les déterminants interrogatifs : quel, quelle, quels, quelles; – les pronoms interrogatifs : qui, que, lequel, laquelle, lesquels, lesquelles; – les mots interrogatifs + est-ce qui ou est-ce que : qui est-ce qui / qui est-ce que, qu’est-ce qui / qu’est-ce que…

!

À l’oral, on utilise souvent la phrase déclarative plutôt que la phrase interrogative pour poser une question. C’est le ton employé qui indique qu’il s’agit d’une question.

 Tu as réussi ton examen ?

434

 La phrase de type impératif • La phrase impérative exprime souvent un ordre, mais aussi une demande, un conseil. Elle est construite à partir de la phrase déclarative. • La phrase impérative contient un verbe à l’impératif. Elle se termine par un point ou un point d’exclamation (!).

 Tu vas chercher Julien à l’aéroport. Va chercher Julien à l’aéroport.

Vous devez être à l’heure. Soyez à l’heure !

 La phrase de type exclamatif • La phrase exclamative exprime un sentiment, une émotion de manière intense. Elle est construite à partir de la phrase déclarative. • La phrase exclamative contient une marque exclamative (combien, comme, que, quel, quelle, quels, quelles, combien de, que de). Elle se termine par un point d’exclamation (!).

 Nous sommes contents de revoir Julien.

Que nous sommes contents de revoir Julien !

!

Une phrase est toujours d’un seul type : déclaratif ou interrogatif ou impératif ou exclamatif. Mais elle a toujours plusieurs formes.

UTILITÉ DE CETTE CONNAISSANCE

Il est important de connaître les marques de chaque type de phrases pour construire des phrases correctement.

Types de phrases

435

Types et genres de textes OBSERVATION

Voici quatre textes de divers types et de divers genres. Observez ce qui les différencie les uns des autres. Texte 1 Un homme qui devait une forte somme d’argent à son voisin gagna un jour la même somme d’argent que celle de sa dette. Il décida de l’enterrer près d’un arbre pour ne pas avoir à rembourser son voisin. Il épingla sur le tronc de l’arbre une feuille de papier où il avait écrit: «Ici, il n’y a pas la moindre pièce d’argent.» Le lendemain, son voisin, qui se promenait, vit et lut la feuille. Il déterra l’argent et le prit. Puis, avant de partir, il laissa sur l’arbre une feuille où il avait écrit: «Ce n’est pas le voisin qui a pris l’argent1.»

Texte 2 Le guépard est une magnifique bête de l’espèce des félidés. Mais, à l’encontre des animaux de cette famille, il ne possède pas de griffes mais des ongles, comme le chien. Sa course est superbe; c’est un spectacle inoubliable mais fort rare, car généralement on court devant2.

Texte 3 — Oncle Makhlouf, quelle est, sur cette terre, la chose la plus précieuse ? — Le livre, mon fils. — Oncle Makhlouf, je connaissais ta réponse, je voulais la réentendre… Mais, dis-moi: si l’on posait la même question à un boucher, ne répondrait-il pas que c’est la viande ? — Peut-être, mon fils; sauf si ce boucher savait lire: alors, il répondrait, lui aussi, que c’est le livre3.

Texte 4 Les propos de Gaston-le-Grognon sont justes et savoureux, et son personnage est bien cerné: une description de la vie des humains vue à nez de chat. Ce récit original, aux reparties vives et mordantes, est rédigé dans un style direct4.    

436

L’un de ces textes est descriptif. Lequel, selon vous ? Quel texte raconte une histoire ? Dans quel texte l’auteur émet-il son opinion ? Lequel de ces textes est un dialogue ?

DESCRIPTION ET EXPLICATION

 Les textes sont classés selon leur type et leur genre.  Les types de textes • Il existe quatre principaux types de textes: Types de textes

Caractéristiques

Exemples (textes de l’OBSERVATION )

Narratif

• Histoire racontée par un narrateur • Présence d’un schéma narratif

Texte 1

Descriptif

• Présentation et description d’une réalité • Présence d’un sujet, d’aspects et, au besoin, de sous-aspects

Texte 2

Dialogal ou dramatique

• Texte qui a la forme d’un dialogue, d’un entretien, d’une conversation

Texte 3

Argumentatif

• Texte qui vise à convaincre à l’aide d’arguments

Texte 4

Un texte peut être en prose ou en vers. Quand un texte est en vers, on l’appelle poème ou texte poétique.

• Un texte peut contenir des parties qui ne sont pas du même type que le sien. – Un texte narratif contient souvent des parties dialoguées. On dit alors que le texte narratif contient des séquences de type dialogal. – Un texte narratif contient souvent des parties descriptives. On dit alors que le texte narratif contient des séquences de type descriptif.  Les genres de textes Il existe un grand nombre de genres de textes. Chacun de ces genres appartient à un type : Types de textes

Genres de textes

Narratif

Conte, nouvelle, roman, légende, fable, récit de vie…

Descriptif

Article d’encyclopédie, livre documentaire, portrait, guide touristique, recette de cuisine…

Dialogal ou dramatique

Pièce de théâtre, dialogue de film, bande dessinée, interview, correspondance entre deux personnes…

Argumentatif

Lettre d’opinion, commentaire journalistique, critique de film, annonce publicitaire, discours politique…

1. Lisa Bresner, Sagesses et malices de la Chine ancienne, Paris, Albin Michel Jeunesse, 2000, p. 61-62. ■ 2. Jean L’Anselme, «Le guépard», Les animaux des poètes, Paris, Hachette, coll. «Le livre de poche jeunesse», 1991, p. 133. ■ 3. Albert Memmi, «Le livre», Le mirliton du ciel, Paris, Julliard, 1990, p. 116. ■ 4. Service de diffusion multimédia, au sujet du roman Gaston-le-Grognon, d’Anique Poitras, Montréal, Québec Amérique Jeunesse, 2001.

Types et genres de textes

437

V Variétés de langue OBSERVATION

Examinez la façon de parler des personnages dans les extraits suivants. Extrait 1 Le lendemain, je convoquai mes amis Suzie, Marjo, René et Johanne sur les marches de la tourelle. Cette construction de bois abritait l’escalier arrière de notre maison qui menait au logement du deuxième étage. C’était notre lieu de rencontre préféré. Pas un adulte pour nous espionner. Pas un petit frère pour aller tout répéter à notre mère. La tourelle était notre refuge. Mes amis ne se firent donc pas prier, et nous nous retrouvâmes tous les cinq1.

Extrait 2 — Je t’adore... même si t’as la tête enflée ! Même si t’as la tête la plus grosse en ville ! Bon ! Ouf ! Finalement, il s’est calmé un peu, puis il a dit en évitant, cette fois, de me regarder dans les yeux : — Faut que je décampe, j’ai rendez-vous avec mes chums pour affaires. Dis à m’man que j’serai pas là pour souper... J’ai pas envie, ce soir, de souper en famille ! Il n’est pas seulement gaga, mon frère ! Il est lâche comme Judas Iscariote, surtout ! Et dire que mon père et ma mère l’adorent à mort et que toutes les filles courent après lui2 !  Selon vous, qu’est-ce qui différencie la langue standard (extrait 1) de la langue familière (extrait 2) ? DESCRIPTION ET EXPLICATION

 On s’exprime différemment selon qu’on s’adresse à des inconnus ou à des gens qu’on connaît bien, que la situation de communication est officielle ou plus familière, qu’on est à l’oral ou à l’écrit. 438

Les variétés de langue sont les différentes façons de s’exprimer. On en distingue quatre: la langue standard (ou soignée), la langue familière, la langue soutenue (ou littéraire), la langue populaire.  La langue standard La langue standard s’emploie autant à l’oral qu’à l’écrit. C’est la langue qu’on dit correcte, celle qui convient à la majorité des situations. Elle est habituellement utilisée dans les journaux, les documentaires, les textes explicatifs, les demandes de renseignements, les discussions avec un enseignant ou une enseignante, les exposés oraux, etc. Principales caractéristiques : • vocabulaire correct, ni littéraire ni familier; • phrases bien construites.  La langue familière La langue familière s’emploie surtout à l’oral, dans des situations où l’on peut se permettre un certain relâchement, par exemple lors de conversations avec des amis ou des proches. À l’écrit, les auteurs et les auteures s’en servent pour rapporter les paroles d’un personnage qui n’a pas besoin de s’exprimer en faisant très attention. Principales caractéristiques : • vocabulaire familier: à mort (énormément, intensément, profondément), ça (cela), courir après (rechercher avec empressement), décamper (partir rapidement, s’enfuir), gaga (bizarre, déraisonnable, fou); • anglicismes : batterie (pile), chum (ami); • québécismes : case (armoire), niaiser (perdre son temps), placoter (bavarder); • déformations dans la construction des phrases: – ne absent dans la phrase négative: «je serai pas là» (je ne serai pas là), «j’ai pas envie» (je n’ai pas envie), – pronom placé au mauvais endroit dans la phrase impérative négative: «inquiète-toi pas» (ne t’inquiète pas), – marque interrogative dans la phrase déclarative: «je me demande qu’est-ce que c’est» (je me demande ce que c’est); • diction légèrement relâchée: m’man (maman), t’as (tu as).  La langue soutenue et la langue populaire La langue soutenue (ou littéraire) s’utilise surtout en littérature et dans les discours officiels. La langue populaire s’emploie à l’oral. Elle est souvent perçue comme la marque d’un manque d’éducation tant le français y est fautif.

!

Pour savoir dans quelle variété de langue un texte est écrit, il faut tenir compte de tout le texte et non se fier à une seule caractéristique. Par exemple, un texte peut comporter un anglicisme, mais appartenir quand même à la langue standard.

Variétés de langue

439

 Les dictionnaires sont utiles pour savoir à quelle variété appartient un mot ou une expression. Le dictionnaire signale les emplois littéraires (litt.), familiers (fam.) ou populaires (pop.). Un mot sans indication particulière appartient à la langue standard. UTILITÉS DE CETTE CONNAISSANCE

 Connaître les variétés de langue est essentiel pour choisir celle convenant à la situation de communication.  Cette connaissance est utile en lecture. En observant le vocabulaire des personnages et leur manière de parler, on peut savoir de quel milieu ils viennent et dans quel milieu ils évoluent. On peut également connaître des traits de leur personnalité. 1. Francine Allard, «Molière et les épingles à linge», Petites malices et grosses bêtises (collectif de nouvelles), Saint-Laurent, Éd. Pierre Tisseyre, 2001, p. 13. ■ 2. Ginette Anfousse, Un terrible secret, Montréal, La courte échelle, 1991, p. 23.

sse

Cla

Verbe

OBSERVATION

Révisez vos connaissances sur le verbe à l’aide du poème ci-dessous. Conjugaison de l’oiseau J’écris (à la pie)

Écris (au sirli)

J’écrivais (au geai)

Que j’écrive (à la grive)

J’écrivis (au courlis)

Que j’écrivisse (à l’ibis)

J’écrirai (au pluvier)

Écrivant (au bruant)

J’écrirais (au roitelet)

Écrit (au pipit)1

 Repérez les verbes du poème. Qu’est-ce qui vous permet de dire que ce sont des verbes ?  Essayez de trouver le mode et le temps de chacun des verbes.

440

DESCRIPTION ET EXPLICATION

 Le verbe est un mot variable qui peut se conjuguer. • Le verbe est un mot variable. C’est un receveur d’accord: le verbe reçoit le nombre et la personne du sujet. 1re pers. s.



3e pers. pl.

Je

sais

donneur

receveur

que

les

étoiles

brillent .

donneur

receveur

• Le verbe est un mot qui peut se conjuguer. Autrement dit, il peut être employé à différents modes et temps, et à différentes personnes du singulier ou du pluriel.

 Reviens-en ! grogna Simon. Le verbe est au mode impératif, au temps présent et à la 2e personne du singulier.

 Les garçons n’en revenaient pas. Le verbe est au mode indicatif, au temps imparfait et à la 3e personne du pluriel.

COUP Pour repérer les verbes DE DE

POUCE

Pour repérer le ou les verbes dans une phrase, on peut utiliser la manipulation d’addition (+). Si on peut ajouter à un mot la négation ne… pas, alors ce mot est un verbe:



+

La jeune femme sort de la salle. La jeune femme ne sort pas de la salle.

Donc, le mot sort est un verbe dans cette phrase.  Les verbes se conjuguent à divers modes. • Au mode indicatif, le verbe se conjugue avec un pronom personnel:

 J’écris, tu écris, il écrit…

Nous avons répondu, vous avez répondu, ils ont répondu…

• Au mode subjonctif, que précède le pronom personnel sujet:

 Que j’écrive, que tu écrives, qu’il écrive… • Au mode impératif, le sujet est sous-entendu:

 Écris, écrivons, écrivez. • Aux modes infinitif et participe, il n’y a pas de sujet: infinitif

 Écrire/ avoir écrit; Voir Temps verbaux, à la page 428.

Répondre/ avoir répondu.

participe Écrivant/ayant écrit; écrit /eu écrit; Répondant/ ayant répondu; répondu / eu répondu.

 Les verbes se conjuguent aussi à divers temps du passé, du présent et du futur.

Verbe

441

 Les verbes ont différents traits de sens. En voici quelques-uns. • Verbes de parole: demander, dire, expliquer, nier, remarquer, répondre, souffler… • Verbes de perception: écouter, entendre, goûter, percevoir, sentir, toucher, voir… • Verbes de sentiment : aimer, avoir peur, craindre, détester, préférer… • Verbes de volonté : désirer, défendre, exiger, interdire, permettre, souhaiter, vouloir… • Verbes d’opinion : croire, espérer, estimer, juger, penser, trouver…  Le verbe est le noyau du groupe verbal. Le verbe à l’infinitif, quant à lui, est le noyau du groupe infinitif. 1. Luc Bérimont, La poésie comme elle s’écrit, Paris, Éditions Ouvrières, coll. «Enfance heureuse», 1979, p. 188.

442

LES STRATÉGIES

443

Carte des stratégies Communication écrite : LECTURE Stratégies utiles pour se préparer à la lecture COMMENT

• analyser une situation de lecture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 446 • déterminer sa manière de lire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 447 • faire des prédictions à partir d’un survol . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 448 Stratégies utiles pour bien comprendre un texte COMMENT

• annoter un texte ou prendre des notes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 449 • reconnaître le sujet, les aspects et les sous-aspects dans un texte descriptif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 454 • dégager le plan d’un texte narratif et résumer un texte narratif . . . . . . . . 458 • dégager le plan d’un texte descriptif et résumer un texte descriptif . . . 461 • trouver la signification d’un mot d’après le contexte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 463 • comprendre une consigne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 464 Stratégie utile pour réagir à une lecture COMMENT

• réagir à une lecture ou à une écoute

444

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 466

Communication écrite : ÉCRITURE Stratégies utiles pour se préparer à l’écriture COMMENT

• analyser une situation d’écriture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 467 • faire de la recherche d’information . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 468 • faire le plan d’un texte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 469 Stratégies utiles pour rédiger un texte COMMENT

• • • • •

construire un champ lexical . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 471 diviser un texte en paragraphes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 472 choisir le bon synonyme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 475 citer des paroles et des idées à l’écrit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 476 rédiger une référence bibliographique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 478

Stratégies utiles pour réviser, corriger et améliorer un texte COMMENT

• • • • • • •

réviser un texte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 480 vérifier que le texte est cohérent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 482 vérifier que les phrases sont bien construites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 484 vérifier que les pronoms de reprise sont bien employés . . . . . . . . . . . . . . . . . 486 distinguer les homophones . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 487 vérifier les accords dans le GN . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 489 vérifier les accords dans le GV . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 490

Communication orale : ÉCOUTE Stratégie utile pour réagir à une écoute COMMENT

• réagir à une lecture ou à une écoute

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 466

Communication orale : EXPRESSION ORALE Stratégies utiles pour se préparer à prendre la parole COMMENT

• • • • •

analyser une situation de prise de parole . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 493 faire de la recherche d’information . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 468 rédiger un aide-mémoire en vue d’une prise de parole . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 496 citer des paroles et des idées à l’oral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 498 répéter en vue d’une présentation orale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 500 445

COMMENT

analyser une situation de lecture

 Pour analyser votre situation de lecture, posez-vous les questions suivantes. QUI a écrit le texte ? Une romancière, une personnalité scientifique, un ami… Son nom apparaît sur la première de couverture du livre, sous le titre ou au bas de l’article, à la fin du message… À QUI le texte s’adresse-t-il ? Autrement dit, qui sont les destinataires ? Des lecteurs et lectrices de romans jeunesse, des lecteurs et lectrices d’articles de revues scientifiques, un large public… DE QUOI parle-t-on dans le texte ? Autrement dit, quel est le sujet du texte ? Le titre peut vous mettre sur la piste. Un résumé ou un extrait sur la quatrième de couverture peut également vous renseigner. POURQUOI lisez-vous ce texte ? Pour vous divertir, vous informer, connaître l’opinion de quelqu’un… OÙ le texte a-t-il été écrit ? Dans quel pays ou dans quelle ville ? QUAND le texte a-t-il été écrit ? Si c’est un texte descriptif, a-t-il été écrit récemment ou il y a longtemps ? Si c’est un message, a-t-il été écrit quelques jours avant sa réception ou le même jour ? Si c’est un roman, a-t-il été écrit il y a 150 ans ou dans les dernières années ? Une fois que vous aurez répondu à ces questions, notez le type et le genre du texte.

446

Exemple d’analyse d’une situation de lecture

Qui ? À qui ? De quoi ? Pourquoi ? Où ? Quand ? Type et genre :

COMMENT

Roy MacGregor jeunesse À des lecteurs et lectrices de romans e équipe de hockey Roman qui raconte les aventures d’un de jeunes en tournoi au Japon Me divertir Canada 2003 Texte narratif – Roman

déterminer sa manière de lire

 Avant d’entreprendre une lecture, tenez compte des conditions dans lesquelles elle se fera.  Temps alloué • De combien de temps disposez-vous pour lire le texte ?  Manière de lire • Ferez-vous un survol seulement ou entreprendrez-vous une lecture approfondie ? • Lirez-vous quelques passages seulement ou le texte en entier ? • La lecture se fera-t-elle en une seule étape ou en plusieurs ? Si la lecture doit se faire à différents moments, comment la répartirez-vous ? • Prévoyez-vous faire une deuxième lecture ?  Type de lecture • La lecture se fera-t-elle individuellement ? • Se fera-t-elle en équipe ? La tâche devra alors être partagée entre les membres de l’équipe. • Se fera-t-elle en groupe à voix haute ? Qui lira ?  Ressources disponibles • Aurez-vous accès à des dictionnaires, à des ouvrages spécialisés ? • Pourrez-vous consulter des élèves de la classe, des personnes-ressources ? LECTURE 447

Voir Comment annoter un texte ou prendre des notes, à la page 449.

 Manière de noter Prévoyez une façon de noter les éléments importants (selon la tâche à exécuter): • soulignez, surlignez; • annotez; • préparez une fiche, une feuille de notes ou créez un fichier électronique pour consigner des commentaires, des réactions, des questions, des citations, des reformulations d’idées importantes…

COMMENT

faire des prédictions à partir d’un survol

 Faire des prédictions, c’est émettre des hypothèses sur ce qui sera dit dans le texte.  Survoler un texte permet de reconnaître son type et son genre, à partir d’indices. Cela aide à faire les bons choix de textes.  Pour survoler un texte Pour avoir une bonne idée du contenu d’un texte sans le lire en entier, on observe des indices qui «parlent» beaucoup. Voici les principaux. • • • • • • • • • • • •

!

Le titre révèle habituellement de façon claire le sujet du texte. Le sous-titre (titre secondaire placé sous le titre) apporte des précisions sur le sujet. Le chapeau (court texte placé en tête d’un article) introduit le sujet. L’introduction contient souvent les grandes lignes du sujet. Les intertitres annoncent généralement les aspects traités dans chaque section du texte. Les premiers mots du paragraphe laissent voir le contenu du paragraphe. Les énumérations verticales contiennent souvent des informations condensées. Les illustrations ou les photographies renseignent sur le contenu. Les légendes accompagnent les images pour leur donner un sens. Les tableaux fournissent souvent des informations condensées. Les encadrés attirent l’attention sur certaines informations. Le gras et le souligné permettent de repérer rapidement les informations importantes dans le texte.

Un texte ne contient pas tous ces indices à la fois. Chacun joue un rôle bien précis, qui est de permettre, à sa façon, de faire connaître le contenu du texte.  Pour faire des prédictions Quand on fait un survol, c’est parce qu’on veut savoir si un texte contient les renseignements dont on a besoin. Il faut donc se poser des questions comme celles qui suivent.

448

• Quelle est l’intention de l’auteur ou de l’auteure ? Est-ce la même que la mienne ? Par exemple, si je cherche de l’information, je me demande si l’intention de la personne qui a écrit le texte est d’informer. • Le sujet abordé est-il celui qui m’intéresse ? Les sous-titres m’indiquent-ils que le texte traite des aspects sur lesquels je cherche de l’information ? M’inspirent-ils d’autres idées auxquelles je n’avais pas pensé et qui conviendraient à ma recherche ? • Les indices me permettent-ils de reconnaître que le texte est à ma portée, que j’en comprends bien le sens ? Le fait de se poser ces questions permet de mieux entrer dans le texte, d’être à l’affût de ce qu’on cherche.

annoter un texte ou prendre des notes

COMMENT

 Il est important, lorsque vous lisez un texte, de noter ce qui pourrait être utile: – pour enrichir vos connaissances; – pour vous préparer en vue d’une production orale ou écrite, par exemple un résumé, une description, une comparaison entre deux œuvres, une appréciation, etc.  Afin de prendre des notes qui vous serviront vraiment, utilisez la démarche suivante en quatre étapes: 1) précisez ce que vous cherchez; 2) lisez; 3) prenez des notes; 4) classez vos notes.  Précisez ce que vous cherchez De quelles informations avez-vous besoin ? Faites-en une liste. Vous pourrez, grâce à cette liste, lire en accordant de l’attention à ce qui vous sera utile et ne pas tenir compte du reste.

Exemple d’informations recherchées sur les volcans • • • •

L’emplacement des volcans La formation des volcans La forme des volcans: volcan fissural, volcan bouclier, strato-volcan Les matières expulsées par les volcans

LECTURE 449

 Lisez Ne prenez pas de notes tout de suite, lisez d’abord. Si vous prenez des notes au fil de votre lecture, vous en prendrez trop. Au lieu d’être utiles, vos notes seront encombrantes. • Si le texte est court, lisez-le au complet avant de passer à la troisième étape. • Si le texte est long (trois pages et plus), lisez-le partie par partie (d’un intertitre au suivant pour un article ou d’un chapitre à l’autre pour un roman). Après chaque partie, passez à la troisième étape (c’est-à-dire prenez des notes sur cette partie).  Prenez des notes Maintenant que vous avez une bonne idée du contenu du texte, vous pouvez prendre des notes. Encore une fois, procédez avec méthode. A. Sur quoi noter

Vous avez trois possibilités: – prendre des notes sur le texte lui-même si le livre ou la revue vous appartient; – prendre des notes sur une photocopie; – prendre des notes sur une feuille à part. B. Quoi noter et comment noter

Notez les informations dont vous avez besoin. Autrement dit, notez l’essentiel compte tenu de ce que vous avez l’intention de faire. • Si vous prenez des notes sur le texte lui-même ou sur une photocopie : – notez, en haut de page, le SUJET DU TEXTE ou l’ASPECT ABORDÉ ; – notez, dans la marge, la structure du texte et les idées importantes, s’il y a lieu;

Structure à noter pour un texte courant : l’introduction, le développement (avec les aspects et les sous-aspects), la conclusion

Structure à noter pour un texte narrati f: le schéma narratif

– surlignez les idées importantes, les mots-clés, s’il y a lieu; – surlignez les organisateurs textuels dans une autre couleur, s’il y a lieu; – placez entre crochets les citations et les exemples à conserver, s’il y a lieu.

!

450

Ne surchargez pas votre copie d’annotations et de couleurs; vous risqueriez de ne pas vous y retrouver.

Exemple de texte annoté Informations recherchées : les matières expulsées par les volcans LES MATIÈRES EXPULSÉES PAR LES VOLCANS Matière expulsée : magma = gaz + roche fondue 1. Gaz sort de 2 façons : – facilement (si roche fluide) – difficilement (si magma épais)

2. Roche fondue (lave) Types de laves : – pâteuse

– fluide

La matière qui s’élève à l’intérieur d’un volcan en éruption est appelée magma. Le magma est un mélange de roche fondue et de gaz (qui sont les deux produits principaux d’une éruption). Lorsque le magma remonte dans le volcan, le gaz tend à s’échapper hors de la roche fondue. Si la roche est très fluide, le gaz s’échappe aisément et l’éruption est peu violente. Si au contraire le magma est épais, le gaz ne peut s’échapper doucement: il explose donc avant d’avoir atteint la surface, ce qui produit souvent des éruptions très violentes. Il arrive parfois que le gaz joue le rôle le plus important dans une éruption. [ C’est ainsi que lors d’une nouvelle éruption du Vésuve, en 1906, des gaz furent projetés avec une force gigantesque jusqu’à treize kilomètres de hauteur. Cette éruption, qui dura dixhuit heures, réduisit l’altitude de la montagne de cent dix mètres.] Hormis les gaz, la plupart des volcans déversent également de la roche fondue. Lorsqu’elle s’écoule hors du volcan, cette roche prend le nom de lave. Elle est très chaude (de 900 à 1 200 °C) mais finit toutefois par se refroidir pour redevenir de la roche dure. Comme nous l’avons vu, la roche fondue à l’intérieur du volcan peut être épaisse ou fluide; il en va de même pour la lave qui s’écoule à l’air libre. La lave pâteuse ne coule pas sur de grandes distances. Elle tend à s’amonceler près de la bouche du volcan, et peut même se solidifier à l’intérieur du cratère: dans ce cas, il faudra une puissante éruption pour débloquer le cratère. Les laves fluides peuvent parcourir de longues distances avant de se solidifier, même si la pente du terrain est faible. [ Certaines coulées de lave du plateau de Columbia, aux États-Unis, ont deux cents kilomètres de long et se sont étalées sur une zone presque plane.] James Carson, Les volcans, adaptation française de Nicolas Blot, Paris, Éd. Philippe Auzou, coll. «Planète Terre», 1992, p. 8 à 10.

• Si vous prenez des notes sur des feuilles à part : – préférez des feuilles ou des fiches plutôt qu’un cahier: vous pourrez changer ou ajouter des feuilles plus facilement; – écrivez sur un côté de la page seulement; – changez de page chaque fois que vous abordez un nouveau sujet; – notez, en haut de chaque page, le SUJET DU TEXTE ou l’ASPECT ABORDÉ ; – notez toujours la source de l’information (le nom de l’auteur ou de l’auteure, le titre, la page, etc.); – notez, dans vos mots, les informations à retenir (ne copiez pas de phrases ou de passages du texte, à l’exception des définitions éclairantes et des citations à conserver).

LECTURE 451

Exemple de notes prises à part Informations recherchées : les matières expulsées par les volcans 8

R LES VOLCANS LES MATIÈRES EXPULSÉES PA roche fondue Matières expulsées : magma = gaz + 1. Les gaz explosion peu violente – si magma fluide : gaz sort bien donc explosion très violente – si magma épais : gaz sort mal donc (ex. : Vésuve, gaz 13 km de haut ) 2. La roche fondue (lave) ucoup – si lave épaisse : ne s’étend pas bea distances (ex. : Columbia, 200 km) – si lave fluide : s’étend sur de grandes

t, Paris, , adaptation française de Nicolas Blo Source : James Carson, Les volcans », 1992, p. 8 à 10. Éd. Philippe Auzou, coll. «Planète Terre

!

Les notes sont des documents personnels, à vous donc de trouver votre façon de faire. Vous pouvez utiliser des abréviations, des symboles et des sigles. Veillez toutefois à ce que vos notes soient claires et lisibles. Elles seront alors utiles.  Classez vos notes Pour des notes prises sur des feuilles à part • Regroupez les fiches ou les feuilles qui traitent du même aspect du sujet, et numérotezles. • Utilisez une couleur différente pour chaque aspect. Pour des notes prises sur le texte ou sur une photocopie • Si vous travaillez sur plusieurs textes, classez-les par aspects et numérotez-les. • Utilisez une couleur différente pour chaque aspect. 3

2

La forme des volcans

1 L’emplacement des volcans

452

La formation des volcans 1 2

1

2

3

4

 Pour noter rapidement Pour noter des informations rapidement, vous pouvez utiliser des abréviations et des symboles comme ceux présentés ci-dessous. Abréviations courantes

apr. av. bcp bibl. c.-à-d. cf. ch. dc ds E. env. etc. ex. excl. ext. incl. int.

!

après avant beaucoup bibliothèque c’est-à-dire voir chacun(e), chaque donc, par conséquent dans Est environ et cetera exemple exclusivement extérieur inclus, inclusivement intérieur

jr m M. max. min. Mme ms N. no, nos ns O. p. § p.c.q. pdt pr pt

jour même monsieur maximum minimum madame mais Nord numéro, numéros nous Ouest page paragraphe parce que pendant pour point

qd qq. qqch. qqf. qqn s. S. sc. svt ts tt tte ttes 1er 1re 2e 100e

quand quelque quelque chose quelquefois quelqu’un siècle Sud science souvent tous tout toute toutes premier première deuxième centième

Vous pouvez créer vos propres abréviations (nb. = nombreux; pb. = problème) pourvu que vous vous y retrouviez. Unité de mesure de temps

Unité de mesure de longueur

Unité de mesure de poids

Unité de mesure de capacité

h min s

m cm km

g kg

l

heure minute seconde

mètre centimètre kilomètre

gramme kilogramme

litre

Symboles courants

=   + – ± >