Miscellanea Giovanni Mercati. Letteratura e storia bizantina [Vol. 3]
 8821004805, 9788821004803

  • Commentary
  • decrypted from B8B3DD7EED882375156FEAADA677C4F3 source file
Citation preview

STUDI E TESTI 123

MISCELLANEA GIOVANNI MERCATI Volume LETTERATURA

C IT T À

E

III.

S T O R IA

DEL

B IZ A N T IN A

V A T IC A N O

BIBLIOTECA APOSTOLICA VATICANA MCMXLVI

www.torrossa.com - For non-commercial use by authorised users only. License restrictions apply.

M IS C E L L A N E A G IO V A N N I M E R C A T I P U B B L I C A T A

SUA IH

O C C A S IO N E

SOTTO

GLI

S A N T IT À

P IO

A U SP IC I

DI

X II

D E L L ’ O T T A N T E S IM O

N A T A L IZ IO

D E L L ’E.MO C AR D IN ALE BIBLIO TECARIO E A R CH IV ISTA DI

SANTA

V

ROM ANA

olum e

C H IE S A

III.

www.torrossa.com - For non-commercial use by authorised users only. License restrictions apply.

STUDI E TESTI 123

MISCELLANEA GIOVANNI MERCATI V olume I I I . LETTERATURA

E

S T O R IA

B IZ A N T IN A

CITTÀ DEL VATICANO BIBLIOTECA APOSTOLICA VATICANA MCMXLVI

www.torrossa.com - For non-commercial use by authorised users only. License restrictions apply.

R IS T A M P A A N A S T A T IC A

1973

www.torrossa.com - For non-commercial use by authorised users only. License restrictions apply.

INDICE D evreesse, R obert (Vice-Préfet de

la Bibliothèque V a­ ticane). Le cinquième concile et l’æcumênicitê byzan­ tine .......................................................................................... Pag.

1 -1 5

Garitte, Gérard (Chargé de cours à l’Université de Louvain). Deux manuscrits italo-grecs (Vat. gr. 1238 et Barber. gr. 475) ................................................................................................

16-40

Strittmatter, A nselm, O. S. B.

(Saint Anselms Priory, Brookland, Washington, D . C.) Liturgical Latinisme in a Twelfth Century Greek E uchology...........................................

41-64

Candal , M anuel, S. X. (Catedrâtico del Pontificio Instituto de Estudios Orientales, Roma). Innovaciones palamiticas en la doctrina de la gracia..................................................................

65-103

L evi D ella V ida , Giorgio (Prof. dell’Università di Roma). Sulla versione araba di Giovanni Mosco e di Pseudo-Ana­ stasio Sinaita secondo alcuni codici vaticani.......................... 104-115

Grtjmel, Venance , A . A. (Paris). Les documents athonites concernant l’affaire de Léon de Chalcédoine.......................... 116-135

L aurent, H yacinthe Marie, O. P.

(Assistant de la B i­ bliothèque Vaticane). Georges le Métochite, ambassadeur de Michel V i l i Paléologue auprès d’innocent V ...................... 136-156

Giannelli, Ciro (Scrittore della Biblioteca Vaticana).

Un progetto di Barlaam per l'unione delle chiese (con 2 tavole)

157-208

www.torrossa.com - For non-commercial use by authorised users only. License restrictions apply.

VI

INDICE

H ofmann, Georg, S. I. (Prof, am Pâpstlichen Institut für Orientalische Studien, Bom). Papst Kalixt I I I . und die Frage der Kircheneinheit im Osten .......................... Pag. 2 0 9 - 2 3 7

D olger, F ranz (Universitàteprofessor, München). Feues zu Alexios Metochite8 und zu Theodoros Meliteniotes

.

.

.

2 3 8 -2 5 1

Cammelli, Giuseppe (Prof. dell’Università di Firenze). « Calcóndyliana »: correzioni alla biografia di Demetrio Calcondila dalla sua nascita (1423) alla sua nomina nello Studio di Padova ( 1 4 6 3 )

2 5 2 -2 7 2

L oenertz, BAymond J., O. P. (Institut historique Domini­ cain, Borne). Autour du Ghronicon Maius attribué à Geor­ ges Phrantzès ...................................................................................

2 7 3 -3 1 1

Mercati, Silvio Giuseppe (Prof. dell’Università di Borna). D i Giovanni Simeonachis protopapa di Gandia (con 4 tavole)

312-341

Jugie , M artin, A . A . (Prof, de l ’Athénée pontificai de Pro­ paganda Fide et des Facultés catholiques de Lyon). Une nouvelle invention au compte de Constantin Palaeocappa: Samonas de Gaza et son dialogue sur l’Eucharistie..................

3 4 2 -3 5 9

F aliert-Papadopoulos, Jean B aptiste (Prof, à rUniversité de Athènes). Les religues des Ss. Valére, Vincent et Eulalie et le « Gastei Damalet » ..................................................................

3 6 0 -3 6 7

B bjêhier, L ouis (Professeur honoraire de l ’Université de Cler­ mont). L ’investiture des patriarches de Constantinople au Moyen Age ........................................................................................

3 6 8 -3 7 2

L aurent , V italien , A . A . (Directeur de l’Institut français d’é­ tudes byzantines de Bucarest). Le titre de patriarche œcu­ ménique et Michel Gérulaire. A propos de deux de ses sceaux inédits (avec 6 illustrations)........................................................

3 7 3 -3 9 6

B anescu, N icolae (Prof, à l’Université de Bucarest). La si­ gnification des titres de π ρ α ίτ ω ρ et de π ρ ο ν ο η τ ή ς à Byzance aux xie et XIIe siècles ..............................................................................

3 9 7 -3 9 8

K yriakidis , Stilpon P. (Prof. dell’Università di Thessaloniki). Ά κ ρ ιτικ α Ι μελέται

............................................................................................ .....

.

3 9 9 -4 3 0

G régoire, H enri (Président de l ’École libre des Hautes Études, New York). L ’Islam et Byzance dans l’épopée française . . .

4 3 1 -4 6 3

www.torrossa.com - For non-commercial use by authorised users only. License restrictions apply.

INDICE

vu

M onneeet de V illard, U go (Presidente dell’Accademia di Belle Arti, Eoma). La tessitura palermitana sotto i Normanni e i suoi rapporti con l’arte bizantina.............................. Pag.

464-489

D elatte, A rmand (Prof, à l’Université, Liège). L ’armement d’une caravelle grecque du x n e siècle d’après un manuscrit de V ien n e....................................................................................... .

490-508

www.torrossa.com - For non-commercial use by authorised users only. License restrictions apply.

www.torrossa.com - For non-commercial use by authorised users only. License restrictions apply.

R O B E R T D EVREESSE

LE CINQUIEME CONCILE ET L’ŒCUMÉNICITÉ BYZANTINE

Q u’est-ce que le Λ'° concile? Ouvrez une Histoire de l ’ Eglise, consultez les encyclopédies, interrogez les modernes d’ Orient et d ’Occident, vous trouverez la m êm e réponse: le cinquième concile œcuménique, ou second de Constantinople, est celui qui, en 553, condamna les Trois-Chapitres, c’e st-à -d ire les écrits et la personne de Théodore de Mopsueste, la réfutation des anathématismes de Cyrille d ’Alexandrie par Théodoret de Cyr, la lettre d’Ibas d’ Édesse à Maris le Persan sur le concile d’ Éphèse et ses répercussions im ­ médiates en Osrhoène L Le croirait-on ? parmi les p eu t-être,

représentent

cette

auteurs

anciens, deux

définition aujourd’hui

seulement com m un e2;

trois semblent avoir ignoré qu’il y eut un cinquième concile 3. L a très grande majorité, par contre, - une vingtaine de témoins soit imprimés, soit encore inédits, - n ’ ont été d ’accord ni sur la date, ni sur la tâche ou les résolutions du concile; durant plusieurs siècles, les réponses les plus variées ont été faites à la question posée voici ~un instant: qu’est-ce que le V e concile?

1 La mort de Théodore peut être fixée à l’année 428, l’ouvrage de Théododoret aux derniers mois de 430 ou au début de 431, la lettre d’ Ibas est postérieure -à janvier 433. ‘ E u s t r a t e , Vie du patriarche Eutychius (P. G., L X X X Y I , 2296-7; cfr. 2305 C, 2308 C-2309); G r é g o i r e l e G r a n d , Ep. I, 24 (synodique aux patriarches, février 591); plus tard, le pape semble ignorer le concile ou s’en désintéresser (IV , 33, 37; V I, 2). s M o s c h u s , chez les Grecs (cfr. P . G., L X X X V I I , 3048 D ); chez les Latins, •Ca s s i o d o r e , Inst. div. litt., 11; I s id o r e d e S é v i l l e , Etym ., V I, 16.

Miscellanea

G.

M e r c a t i, I I I .

1

www.torrossa.com - For non-commercial use by authorised users only. License restrictions apply.

2

M iscella n ea G io v a n n i M e r c a t i . ΓΙΙ.

*

* * Trois groupes d'hérétiques ou d ’hérésiarques ont été poursuivis et voués à l’anathème durant le règne de Justinien; - en premier lieu, les monophysites: Anthim e, ancien évêque de Trébizonde, devenu patriarche de Constantinople, grâce

aux bons offices de

Théodora, durant l’été 535; Sévère, patriarche d’Antioche de no­ vembre 512 à septembre 518; Pierre d’Apam ée et le moine Zooras; - en second lieu, Origène, accusé d’avoir soutenu des théories bizarres sur l ’origine et la fin des choses, non moins que la métempsychose, et gratifié, on ne sait par quel hasard, de deux acolythes: D idym e et Évagre 4; - en troisième lieu, les dyophysites ou les Trois-Chapitres, qui ont évincé les deux autres groupes dans la tradition moderne. Le procès et la condamnation des trois groupes à la fois, tel était, pour certains auteurs, connus ou anonymes, l’objet du V e con­ cile ou des 165 Pères, c’est-à -d ire, en rigueur de termes ou à s’en tenir aux dates, que les débats de l ’ assemblée auraient commencé en mai 536 et se seraient poursuivis jusqu’à l’ été 553 5. L ’ invraisem­ blance est flagrante. L a tradition liturgique de l ’église grecque mérite d ’ être consi­ dérée; elle semble à peu près unanime, en effet, à réserver l’ appella­ tion de cinquième concile, ou des 165 Pèi’es, à l ’assemblée que réunit le patriarche Ménas sur l ’ordre de Justinien, au cours de l’été 5 3 6 , pour chasser définitivement de l ’orthodoxie Sévère et ses compères monophysites; une cérémonie destinée a commémorer cet événe­ ment - le 25 juillet ou le dernier dimanche de juillet de chaque année - se trouva de très bonne l ’église de Constantinople 6.

heure inscrite au calendrier de

4 Concilo in Trullo, 692; Pseudo-synode de Constantinople, 754 (M a n s i , X I I I , 236 D ); P i i o t i u s , cod. 18; ep. I, 8 § 15 et 16; T h é o d o r e B a l s a m o n (P. G., C X X X V I I , 497); Vat. gr. 720, ff. 64-65; Coislin 36, ff. S®-6 »; Coislin 364, ff. 81 »-S 3 ” , 5 Les trois noms sont associés dès le premier scandale de Nonnus à la Nou­ velle Laure, vers 515 ( V ie de S . Sabas § 36). 6 Μνήμη της άγιας έν Κωνσταντινουπόλει συνόδου τής κατά Σευήρου τοϋ δυσσεβοϋς, Μνήμη των άγιων ρξε’ πατέρων των έν τή ε' συνόδω συνελθόντων. C’est à la même tradition que puisait l'auteur anonyme d’un florilège recueilli dans le Paris gr. 1115, ff. 269»-270: εκ της δεήσεως των μοναχών καί κληρικών ’ Αντιόχειας κατά Σευήρου προς την ε' σύνοδον. Sur cette célébration cfr. S. S a l a v i l l e , L a fête du concile de X icé e et les fêtes des conciles (Échos d ’Orient, 1925, pp. 445-470),

www.torrossa.com - For non-commercial use by authorised users only. License restrictions apply.

R . D e v r e e s s e , L e 5e c o n c ile et l ’ œ cu m é n ic ité b y z a n tin e

3

Cependant, l ’unanimité n ’est pas complète, puisqu’un synaxaire de l ’année 3301 enregistre la commémoraison du 25 juillet sous la rubrique « Mémoire de 165 Pères qui ont repoussé les doctrines d ’Origène » 7. Pour quelques anciens, en effet, c’est contre Origène 8 ou contre les Origénistes 9, ou encore, contre Origène et les monophysites 10 que le concile se réunit et prononça l ’anathème. V oilà déjà un gra\Te désaccord, puisqu’on ne

s’ entend ni sur

l’objet du concile ni sur la personne des condamnés: monophysites seuls ? Origène seul ? Origène et Origénistes ? Origène et m onophy­ sites ? Ces quatre opinions, on vient de le voir, sont cautionnées par les textes, mais elles n ’épuisent pas la variété des systèmes, puisque la plus grande partie des auteurs anciens ont désigné sous l’ appel­ lation de concile des 165 Pères celui qui condamna dyophysites et Origénistes, - avec quelques nuances dans l ’expression, cependant, les uns citant nommément les deux principaux coryphées: Théodore et Origène u ; les autres indiquant les Origénistes et T héodore12; ceux-ci nom m ant les Trois - Chapitres et Origène 13, ceu x-là les Origénistes et les Trois-Chapitres 14.

où les textes ont été rassemblés; on les complétera par deux passages relevés dans

Schwartz, Acta conciliorum œnimenicoriim, tomus· alter, vol. primum, pars altera, 1933, p. Vil; t. I l l , p. vu. 7 Coislin 223, f. 133: Μνήμη - πατέρων των τά Ώριγένους δόγματα καθελόντων. 8 Concile de 879-880, appendice du Coislin 364, f. 205 (P itra , Iuris eccl. Grace, monumenta, II, p. 144; Constantin H arménoupoi.e , dans F abricius H a r t ,e s , X I I , p . 352). 9 Georges le Moine (éd. F. D iekamp , dans Byzaniinische Zeitschrift, 1900, p. 17); T héophane, aim. 6 0 4 5 ; A ristène (R halli- P otli, Syntagma canonum, l i , p. 307); Vat. gr. 723, fl. 99®-100; sur les erreurs d’ Origène, Évagre et Didyine c-fr. B arsanuphe (dans P . G., L X X X V I , 892-901). 10 A nastase le Sinaïte , Hodegos, 3 (P. G., L X X X I X , 92-93), 5 (op. cit., 101 B ); E uloge d ’A lexandrie (P. G., L X X X V I , 2944 B G); définition du second concile de Nieée (Mansi , X I I I , 377 A B). 11 Concile romain de 649 ( M a n s i , X , 887 D). 17 Cyrille de Scythopolis , Vie de S. Sabas (éd. Schwartz , 1939, § 90, p. 199); N icéphore de Constantinople , lettre au pape Léon III (P. G., C, 192193); dans YElenchus (Coislin 93, ff. 55®-56; Paris gr. 1250, fl. 228®-229) Nicé­ phore nomme seulement Théodore et les partisans de Nestorius; Z onaras, E p i­ tome historiarum, X I V , 8 , 13-16; F abricius-H arles , X I I , p. 350. 13 G e r m a i n d e C o n s t a n t i n o p l e , De haeresibus et synodis (P. G., X C V III, 7 2 73); E u t y c h i u s (P. G., C X I, 1073-1074); F a b r i c i u s - H a r l e s , X I I , pp. 404-405. 14 É v a g r e , Hist, eccl., IV , 38; Évagre fait commencer le concile sous Ménas (mort à la fin d’ août 552); son récit se retrouve, à quelques détails près, dans

www.torrossa.com - For non-commercial use by authorised users only. License restrictions apply.

M isce lla n e a G io v a n n i M e r c a t i . ΓΙΓ.

4

Aux

trois

dyophvsites -

groupes deux

d’hérétiques -

autres

inculpés

înonophy,sites, origénistes, furent

quelquefois

ajoutés,

Nestorius 15 et Diodore !6, mais la tradition, dans son ensemble, ne les a pas retenus.

Par contre, elle se trouva un moment singulière­

m ent embrouillée. C’est ainsi que Photius, qui semble pourtant avoir eu devant les yeux la collection des Actes du concile en trois parties, non seu­ lement fait anatliématiser par l’assemblée Diodore et Nestorius, mais encore fait entendre que les Trois-Chapitres (c'est-à -d ire Théodore de Mopsueste, Théodoret, Ibas) concernaient Origène, ajoute que le concile s’en prît aux écrits de ce dernier sur Diodore et Théo­ dore 17, rapporte enfin que D idym e et Évagre remplacèrent Eustochius de Jérusalem a b se n t18. D e son côté, Eutychius au début du X1' siècle, fait dO rigène une évêque « Origenes episcopus Mabagensis » 19.

*

% ❖

Voilà

le problème posé; l’ incertitude et la confusion de ses

éléments en font un véritable chaos.

Pour tenter de le résoudre,

reprenons l ’ordi’e des faits selon la chronologie.

N icépiiore Callisti: (P. G., O X L V II. 284-289); Chronicon Paschale, aim. 552 (P . G., X C I I, 900); Sophrone DE J érusalem (P. G., L X X X V I , 3185 C-318S A); Macaire d ’A ntioche (Mansi, X I , 357 A ); A nastase le Sinaïte (Ì P itra , op. cit., II, ]*p. 204-265); le sixième concile (édit de Constantin: M ansi, X I , 709 BC); le Trullaman, canon 1 ; Georges H amartole (P. G., C X , 780-792; éd. de B oor , pp. 629-640); V at. gr. 423, f. 53»"-»; V at. gr. 640, fl. 365»-36 6»; Coislin 120, f. 3 0 r-v; Coislin 211, f. 59»·-»; Coislin 363, fl. 156-157 ( = B halli- P otli, Syntagma, I, pp. 372-373); Coislin 374, fl. 317»-318». 15 Nestorius et Origène sont seuls nommés dans la mosaïque de Bethléem (CIG ., IV , 8963; cfr. V incent-A bel , Bethléem, 1914, pp. 150-151; Stern , Les représentations des conciles, dans Byzantion 1938, p. 404). 16 V ID concile. 17 Cod. 18 (P. G., C H I, 57): Άνεγνώσθη Πρακτικά τής z' συνόδου, έν οίς τά λεγά­ μενα τρία κεφάλαια ετρακταίσθη τά περί Ώριγενους, καί άναθεματίσθη αυτός καί τά συγγράμματα αύτοϋ τά περί Διοδώρου Ταρσοϋ καί Θεοδώρου τοϋ Μοψουεστίας, καί αυτοί ομοίως άνχθεματίσθησαν. Il faut de la bonne volonté pour ponctuer différemment. 18 Ep. I, 8 § 15 (P. G., CII, 644-645): . . . Καί δή καί Δίδυμος καί Εύάγριος Εύστοχίου των 'Ιεροσολύμων άρχιερέως τον τόπον άναπληροϋντες. 19 P . G., C X I, 1073-1074. Ne serait-ce pas un souvenir confus de Philoxène de Hiérapolis (Mabboug)? - E st-il besoin de rappeler qu’ Origène n’était pas évêque, que Diodore et Théodore lui sont de plus d’ un siècle postérieurs?

www.torrossa.com - For non-commercial use by authorised users only. License restrictions apply.

R . D e v r e e s s e , L e 5e c o n c ile et l ’ cecu m e n icité b y z a n tin e

5

E t d’abord, la condamnation officielle des monophysites, en 536;

les

circonstances

qui

la

provoquèrent

doivent

être

rap­

pelées. A u mois de juin 535, Épiphane, patriarche de Constantinople mourait et, sous l’influence de Théodora, la succession était offerte à Anthim e de Trébizonde; peu après, le palais impérial devenait le centre des intrigues monophysites: Sévère d’Antioche, rappelé d’exil durant l ’automne 535, y recevait l’hospitalité; des lettres de communion étaient échangées entre Sévère, Anthim e et Théodose d ’Alexandrie. Le pape Agapit avait été mis au courant de la prom o­ tion d’Anthim e et il advint que l’évolution des événements d ’Italie réclamait sa présence à Constantinople. Comment allait-il se com ­ porter avec Anthim e ? L a question fut bientôt réglée: pour le pape, Anthim e était évêque de Trébizonde, donc intrus à Constantinople; d’autre part, il n ’était pas en règle avec l ’ orthodoxie chalcédonienne, donc exclu de toute hiérarchie. Anthim e n ’attendit pas la sentence officielle: il déjjosa ses insignes pontificaux et gagna la cachette que Théodora lui avait préparée; le 13 mars 536, le pape consacrait son remplaçant, Ménas. Ce fut alors un afflux de demandes et de pétitions pour qu’ on se débarrassât, une bonne fois enfin, des monophysites, en commen­ çant par les têtes du parti. U n concile se préparait à cette besogne d’épuration, quand le pape mourut inopinément (22 avril 536). Cette disparition d’Agapit n ’entraîna point, cependant, l ’ajournement du programme; Justinien maintînt à Constantinople la délégation pon­ tificale qui avait accompagné le pape dans son voyage et chargea Ménas, le nouveau patriarche, de présider les débats. Le cas d’Anthim e fut le premier amené et discuté au cours des séances des 2, 6, 10 et 21 m ai 536; invité à comparaître devant le tribunal, Anthim e se déroba; le 21 mai, il était déposé par contu­ mace. Quinze jours plus tard (4 juin) la plainte des évêques et des monastères de Syrie et de Palestine contre les chefs du monophysisme (Sévère, Pierre d’Apam ée, Zooras) était inscrite à l ’ordre du jour; on renouvela contre eux les condamnations déjà portées en 518, mais demeurées inefficaces: quatre-vingt treize « pères » apposèrent leur signature. E t le 6 août 536, une loi de Justinien confirmait les décisions de l ’assemblée, éloignait les monophysites de la capitale, jetait l’interdit sur les livres de Sévère. Or ce concile de l’été 536, -

augmenté de pièces apocryphes ou

de documents étrangers à son objet, présenté sous une forme systé-

www.torrossa.com - For non-commercial use by authorised users only. License restrictions apply.

M iscella n ea G io v a n n i M e r c a t i . ΓΙΓ.

m atique et non point selon l’ordre chronologique 20, -

ce concile, la

tradition manuscrite, d’accord avec le calendrier de Constantinople, nous l’a transmis sous un seul titre : Πρακτικά της έν Κωνσταντ.νουπόλει άγιας πέμ,της συνόδου, ou

Πρακτικά της άγιας

δευτέρας συνόδου της εν

Κωνσταντινουπόλει πρ αχθείσης. *

* * Les Actes du concile de 536 se trouvent suivis, dans les m anu­ scrits, d ’une pièce qui n ’a aucun rapport avec les condamnés monophysites: une lettre de Justinien à Ménas de Constantinople contre Origène et ses erreurs 21; à la vérité, un assez long traité avec textes à l ’appui - fragments tronqués ou déformés du Περί άρχών - et neuf formules d’anathème. Ménas était prié de rassembler les évêques du « synode permanent » et les liigoumènes des monastères afin de recueillir leurs signatures; le pape Vigile et les trois patriarches

20 Mansi. VLU, 874-1175; E . Schwartz, Acta cone, cec., I l l , 1940: Collectio Sabba itica. - L ’ordre des débats doit être restitué de la façon suivante: séance du 2 mai (Schwartz , pp. 120-154); séance du 6 mai (pp. 154-161); séance du 10 mai (pp. 161-169); séance du 21 mai (pp. 169-186); séance du 4 juin, contre Sévère, Pierre d’Apamée, Zooras (pp. 27-119), au cours de laquelle on lut diverses procédures contre les monopbysites de Syrie et de Palestine entre les années 518-521 (pp. 52-110); constitution impériale du 6 août (pp. 119-123). - Le compte­ rendu des séances et la loi de Justinien durent être envoyés par Menas à ses col­ lègues d’Antioclie, d’ Égypte et de Palestine, afin de leur demander leur appro­ bation tout en leur indiquant que lui seul, Ménas, représentait la légitimité à Constantinople; ce qui est certain, c’ est que le dossier parvint à Pierre de Jéru­ salem, qui réunit ses suffragante des trois Palestinesle 19 septembre (pp. 123-125) et n’ eut pas de mal à obtenir leur acquiescement aux condamnations de Con­ stantinople (pp. 186-189). La genèse de la collection semble, en définitive, pouvoir être jalonnée de la façon suivante: d’ abord, la réunion de Jérusalem, - provoquée par Pierre à la demande de Ménas, - au cours de laquelle on donna lecture des séances de mai relatives à Anthiine de Trébizonde (pp. 123-189); afin de donnera ces Actes de Jérusalem, remplis par le procès d’Antliime, leur complément logique, on les fit précéder bonnement des débats de juin contre Sévère, Pierre et Zooras, et de la constitution de Justinien (pp. 25-123). - Plus tard, pour des raisons qu’on imagine difficilement, on inséra tout au début une correspondance fictive adressée à Pierre le Foulon ou visant ses innovations liturgiques (pp. 6-25) et divers symboles de foi (pp. 3-6). On eut ainsi trois livres: 1 = correspondance apocryphe (pp. 6-25) II: séance du 4 juin (pp. 27-119); le IIIe commence avec la διάταξις (pp. 119 ss.). 21 Schwartz, op. cit., pp. 189-214; P . G., L X X X V I , 945-989.

www.torrossa.com - For non-commercial use by authorised users only. License restrictions apply.

R . D e v r e e s s e , L e 5 e co n c ile e t l’ o ecu m én icité b y z a n tin e

7

d ’Antioche, de Jérusalem et d’Alexandrie furent également invités à donner leur assentiment. L a pièce semble devoir être datée de la fin de l’année 542 ou du début de 543, puisqu’elle parvint à Jéru­ salem en février de cette année 543 2-. Tout le monde parut s’incliner devant la volonté de Justinien. M ais la vengeance était prête: puisqu’il fallait se détacher ouver­ tem ent d’Origène pour éviter de plus grands m aux, on s’y résignait; par mesure de représailles, on allait s’en prendre à l’homme qui avait le plus fait pour discréditer la méthode exégétique d’Origène et qui, d ’autre part, était depuis longtemps regardé comme l ’ épouvantail du monophysism e, Théodore de Mopsueste. D ’ un seul coup, voici donc que tout était remis en question, à commencer par les deux natures et Chalcédoine; Théodora reprenait en main les fils de l ’in­ trigue. Il n ’était plus question d’instrumenter contre les Sévériens de toute nuance, il s’agissait de rendre le concile acceptable à tout le monde et de refaire l ’unité sur la base suivante: l ’anathème contre Théodore et ses écrits, l ’anathème contre la critique de Cyrille par Théodoret et contre la lettre d ’Ibas à Maris le Persan. A u tournant des années 5 4 3 -5 4 4 , un édit de Justinien était pro­ mulgué. A von s-n ou s encore cet édit ? J ’ai cru naguère qu’ on pou­ vait l ’identifier avec une pièce insérée par Georges H am artole dans sa chronique2 23*, et je ne vois pas que les raisons opposées par M . Pe2 wesin à m on h yp oth èse21, et entérinées par E . Schwartz 2S, m ’obligent à changer d’avis. Dans cet édit ou « type », Justinien, après un exposé des quatre premiers conciles, s’en prend à Théodore et à ses blasphèmes, puis il invite les destinataires à enquêter et à pro-

22C y r i l l e

d e

S c y t iio p o l is , Vie de S. Sabas

§

8(J (éd.

S

c h w a r t z

,

pp. 191—

192). 23 P . G., C X , 784-792; éd. d e B o o r , pp. 633 - 640: 'Ωσαύτως 8 έ καί περί Θεοδώραν* του Μομψουεστίας καί των λοιπών ουτω πάλιν φησίν ό βασιλικός τύπος. Σπουδή κτλ. Il serait fort intéressant de savoir si le « type » nous est parvenu par des voies indépendantes de cette chronique (ou le lit dans M a n s i , I X , 581-588; P . G., L X X X V I , 1036-1041; P . L ., L X I X , 267-273, sous le titre Τύπος του βασιλέως ’Ιουστινιανού προς τήν αγίαν σύνοδον περί Θεοδώρου του Μοψουεστίας), si le titre n’est pas factice et si Georges n’aurait pas été induit en erreur par la lettre de l’empereur à la première session du concile de 553; elle commence, en effet, de la même façon et ne fait guère que reprendre Pargumentation du « type » (cfr. ci-dessous, n. 39). 21 Cfr. ci-dessous, n. 28. 25 Drei dogmatisehe Schriften Justiniane (Abhandlungen de l ’Académie de Munich, Neue Folge, Heft 18, 1939, pp. 114-115).

www.torrossa.com - For non-commercial use by authorised users only. License restrictions apply.

M iscella n ea G io v a n n i M e r c a t i . I I I .

8

noncer (δ'.αξετάσαντας, έξετάσα1, ά-οφήνασθαι) sur Théodore, non m oins que sur Théodoret et Ibas; enfin il les voue tous les trois à l’ana­ thème. Les Africains flairèrent la manœuvre des monophysites, les patriarches ne cédèrent que sous la menace, les Italiens se regimbè­ rent, l ’Illyricum fit de l ’opposition28; quant au pape Vigile, qui sem­ blait faire la sourde oreille, Justinien le fit amener à Constantinople (25 janvier 547). L ’Orient se trouvait divisé sur les Trois-Chapitres comme sur le monophysisme, et certains réluctants, dont on voudrait bien savoir le nom , firent tenir à l ’empereur une protestation contre son édit} Justinien leur répliqua en termes assez durs (vers 5 4 9 -5 5 0 )27. D ’autres, par contre, entrèrent sans m al dans ses vues et firent circuler un m é­ moire contre les Trois-Ohapitres28. Ce mémoire, que Facundus d’Hermiane a réfuté tou t au long de son ouvrage, Justinien lui fit bon accueil et, dans un édit publié au début de l’été 551, s’en inspira m ani­ festement î9. L a politique religieuse de Justinien s’effondrait: il était en m au­ vais termes avec le pape Vigile, son prisonnier; la majorité de lrepiscopat d’Occident faisait opposition à ses décrets.

E n Orient, prin­

cipalement en Palestine, on se battait depuis dix ans autour d ’Origène; car tant s’en fallait que l’édit de 5 4 2 -5 4 3 eût ramené la paix et fait cesser les disputes, qu’il avait plutôt réveillé l ’ ardeur des troupes origénistes et l ’audace des meneurs so.2 8 7 6

26 Cf. mon introduction au mémoire de Pelage In defens. Trium Capitulorum Città del Vaticano, 1932, p p . x x i x - x x x i i . 27 Lettre Γράμματα ύμών (P.