Les productions céramiques du Québec méridional, c. 1680-1890: Analyses, caractérisation et provenances 9781841719214, 9781407329413

Historical records mention that over 200 potters were active in Southern Québec between 1655 and 1920. These locally-mad

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Les productions céramiques du Québec méridional, c. 1680-1890: Analyses, caractérisation et provenances
 9781841719214, 9781407329413

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Résumé/ Abstract
Avant-propos
Table des matieres
Liste des figures
Liste des tableaux
Table des sigles et abréviations
1. Introduction
2. Les poteries de Saint-Denis-sur-Richelieu
3. Les poteries du lac Saint-Pierre
4. Les poteries des ateliers de la région de Québec
5. Les potiers situés à distance des ateliers de la vallée du Saint-Laurent
6. Synthèse des résultats
Bibliographie
Annexe A
Annexe B

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BAR  S1490  2006  

Les productions céramiques du Québec méridional, c.1680-1890

MONETTE  

Analyses, caractérisation et provenances

LES PRODUCTIONS CÉRAMIQUES DU QUÉBEC MÉRIDIONAL, c.1680-1890

Yves Monette

BAR International Series 1490 9 781841 719214

B A R

2006

Les productions céramiques du Québec méridional, c.1680-1890 Analyses, caractérisation et provenances

Yves Monette

BAR International Series 1490 2006

Published in 2016 by BAR Publishing, Oxford BAR International Series 1490 Les productions céramiques du Québec méridional, c. 1680-1890 © Y Monette and the Publisher 2006 L’illustration représente un atelier de potier de terre, où pluseurs ouvriers sont occupés à divers ouvrages; l'un en a , à tourner au tour; un autre en b , à fabriquer des réchauds; un autre en c , à fabriquer des poëles & des fourneaux chimiques, et un autre en d , à fabriquer des pipes. e représente le four pour la cuisson des ouvrares; le reste de l'atelier est occupé par différentes sortes d'ouvrages de poterie. Extrait de la Planche I, tiré de Denis Diderot et Jean Le Rond d’Alembert, Encyclopédie, ou, Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers , Paris, Briasson, 1751-1765. vol. 25 : 1.

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The author's moral rights under the 1988 UK Copyright, Designs and Patents Act are hereby expressly asserted. All rights reserved. No part of this work may be copied, reproduced, stored, sold, distributed, scanned, saved in any form of digital format or transmitted in any form digitally, without the written permission of the Publisher.

ISBN 9781841719214 paperback ISBN 9781407329413 e-format DOI https://doi.org/10.30861/9781841719214 A catalogue record for this book is available from the British Library BAR Publishing is the trading name of British Archaeological Reports (Oxford) Ltd. British Archaeological Reports was first incorporated in 1974 to publish the BAR Series, International and British. In 1992 Hadrian Books Ltd became part of the BAR group. This volume was originally published by Archaeopress in conjunction with British Archaeological Reports (Oxford) Ltd / Hadrian Books Ltd, the Series principal publisher, in 2006. This present volume is published by BAR Publishing, 2016.

BAR PUBLISHING BAR titles are available from: BAR Publishing 122 Banbury Rd, Oxford, OX2 7BP, UK E MAIL [email protected] PHONE +44 (0)1865 310431 F AX +44 (0)1865 316916 www.barpublishing.com

Résumé

Abstract

Cette recherche porte sur la caractérisation chimique des productions de seize ateliers de poteries du Québec méridional qui ont été en activité entre 1680 et 1890. Les analyses chimiques quantitatives par spectrométrie d’émission atomique à source plasma (ICP-AES) et spectrométrie de masse à source plasma (ICP-MS) sur un échantillon de 313 rebuts de fabrication ont été entreprises dans le but de reconnaître les signatures géochimiques des différentes productions. Au total, une vingtaine de groupes chimiques ont été identifiés.

Historical records mention that over 200 potters were active in Southern Québec for the period extending from 1655 to 1920. These locally-made productions are now found on every archaeological excavation undertaken in Southern Quebec but their contribution to the understanding of the archaeological sites are very limited due to the fact that these locally-made ceramics are rarely identified as so. This study presents compositional analysis as a solution to the problem of identification and provenance of local wares.

Le but premier est de constituer un référentiel compositionnel des poteries de facture locale du sud du Québec. Ce faisant, nous désirons également resituer ces signatures géochimiques dans l’environnement géologique québécois et tenter de reconnaître les sources détritiques des argiles utilisées dans la fabrication de ces poteries utilitaires.

Through the analysis of major, minor and trace elements, using ICP-AES and ICP-MS, of about 300 ceramics uncovered on 16 production sites, we were able to characterize the different productions and distinguish them from one another, relate them to the Southern Québec geological environments, and reduce the risks of confusion with exogenous productions.

Alors que les groupes chimiques sont très bien définis et que quelques marqueurs géochimiques ont été identifiés, les compositions en éléments des terres rares (ÉTR) semblent montrer que l’essentiel des productions partagent une composition similaire à la croûte continentale supérieure (UCC) et que cette composition découlerait du mélange des farines de roches appalachiennes et grenvilliennes sédimentées en milieu maritime post-glaciaire au terme de l’Holocène.

Whereas the chemical groups are very well defined and that some geochemical tracers were identified, the compositions in rare earths elements (REE) seem to indicate that most of the productions shares a similar composition with that of the Upper Continental Crust (UCC) and that this composition would rise from the mixture of the rock flours of the Appalachian Mountain Belt and that of the Grenville tectonic province. This mixture formed large clay deposit in postglacial marine environments at the end of Holocene.

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Avant-propos Cette étude, d’abord déposée comme thèse de doctorat à l’Université Laval (Québec (QC), Canada), est le résultat de cinq années de recherche, cinq années au cours desquelles de nombreuses personnes ont été impliquées de près ou de loin dans cette aventure et je tiens à les en remercier.

William Moss pour avoir autorisé l’analyse de plusieurs collections archéologiques de la Ville de Québec. Je tiens aussi à remercier les membres du Groupe de Recherche en Archéométrie de l’Université Laval pour avoir assumé les frais d’analyse des spécimens et pour avoir défrayé à quelques reprises les coûts liés à cette recherche (stages, présentations dans des colloques internationaux, etc.). Rien n’aurait pu se faire sans ce soutien financier.

D’abord mon directeur de thèse, Marcel Moussette (CÉLAT, Université Laval, Québec (Québec), Canada), qui m’a fait confiance, qui a toujours cru en moi et qui m’a toujours poussé à aller plus loin dans mes réflexions. Ce fut un réel privilège de travailler sous sa direction et de bénéficier de sa sagesse.

Pendant ces cinq années de recherche, j’ai également bénéficié d’un soutien financier de la part du département d’histoire, de la Faculté des lettres et du Centre de recherche interdisciplinaire sur les arts et les traditions populaires (CÉLAT) de l’Université Laval.

Je voudrais ensuite remercier mes codirecteurs de thèse Daniel Dufournier et Marc Richer-LaFlèche. Merci à Daniel pour avoir également cru en mes capacités à mener à bien cette recherche, mais surtout pour sa rigueur intellectuelle et pour m’avoir si chaleureusement accueilli à Caen lors d’un stage au laboratoire de céramologie (CRAHM, UMR 6577 du CNRS, Université de Caen, Normandie, France). Sa patience et son professionalisme auront également permis de revoir la thèse pour sa publication dans cette série. Merci à Marc pour ses nombreux conseils, sa grande disponibilité, pour m’avoir fait profiter de ses connaissances en géochimique et pour m’avoir donné accès au laboratoire de géochimie de l’Institut national de recherche scientifique, Centre Eau, Terre et Environnement (INRS-ETE, Université du Québec, Québec (Québec), Canada) où les analyses ont été faites.

Merci à Réal Gosselin (INRS-ETE) pour les analyses chimiques, à Andrée Héroux pour leur cartographie. Merci à toutes les autres personnes qui m’auront encouragé de diverses façons à mener cette recherche à terme. Merci à Louis, Raymonde, Louis, Anne, Pierre, Guy, Francis, Évelyne et Geneviève pour soutien indéfectible. Enfin, je ne pourrai jamais trouver les mots pour exprimer toute ma reconnaissance à Marie et nos deux petites filles. Elles auront eu à supporter mes humeurs, mes angoisses, à profiter de mes joies et bonheurs, mais surtout elles auront dû attendre et être patientes à de trop nombreuses reprises. La fin de cette thèse, elles l’auront peut-être souhaitée plus vivement que moi finalement ! Je leur en ai demandé beaucoup. J’espère pouvoir leur rendre à mon tour.

Je voudrais également remercier Claudine Giroux, du Ministère de la Culture et des Communications du Québec (MCCQ), pour son ouverture d’esprit et pour avoir autorisé l’analyse des collections nationales. Les mêmes remerciements vont également à Lucie Boivin et

ii

2.3.1 Les produits de l’atelier des Maillet ...... 28 2.4 LA PRODUCTION DE JOSEPH BÉLANGER (1838-1887) .............................................................. 28 2.4.1 Les produits de l’atelier de Joseph Bélanger ............................................................... 29 2.5 CARACTÉRISATION CHIMIQUE DES POTERIES DES ATELIERS DE SAINT-DENIS .................................. 30 2.5.1 Des productions qui se confondent ........ 30 2.5.2 L’état de cuisson des poteries de SaintDenis ............................................................... 31 2.6 CONCLUSION SUR LES POTERIES DE SAINTDENIS .................................................................... 32

TABLE DES MATIÈRES RÉSUMÉ ........................................................................ii ABSTRACT .................................................................... i AVANT-PROPOS .........................................................ii TABLE DES MATIÈRES............................................. 1 LISTE DES FIGURES .................................................. 3 LISTE DES TABLEAUX.............................................. 6 TABLE DES SIGLES ET ABRÉVIATIONS.............. 8 1

INTRODUCTION................................................ 9

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1.1

L’ARTISANAT CÉRAMIQUE DANS LA VALLÉE DU SAINT-LAURENT : 200 ANS D’HISTOIRE ................. 9 1.2 L’ÉTAT DES CONNAISSANCES SUR LES PRODUCTIONS CÉRAMIQUES DE LA VALLÉE DU SAINTLAURENT ................................................................... 10 1.2.1 Recherches isolées ................................. 10 1.2.2 Sondages archéologiques et découvertes fortuites 10 1.3 LES RECHERCHES EN CULTURE MATÉRIELLE 11 1.3.1 Les approches au matériel et les problèmes d’identification.................................... 11 1.4 LES SITES DE PRODUCTION .......................... 12 1.4.1 L’intérêt des rebuts de fabrication dans la caractérisation des productions céramiques........ 13 1.5 LE POTENTIEL DE LA GÉOCHIMIE : ARCHÉOMÉTRIE ET CÉRAMOLOGIE ............................. 14 1.6 MÉTHODOLOGIE .......................................... 14 1.6.1 L’échantillonnage des rebuts de fabrication............................................................ 14 1.6.2 La prise d’essai...................................... 15 1.6.3 Broyage et pulvérisation ........................ 15 1.6.4 Perte au feu (PAF)................................. 15 1.6.5 Attaque chimique par fusion alcaline .... 15 1.6.6 Analyse chimique quantitative par ICP-AES ................................................................... 16 1.6.7 Analyse chimique quantitative par ICPMS ............................................................... 16 1.7 LE TRAITEMENT DES DONNÉES D’ANALYSE . 19 1.7.1 L’analyse factorielle en composantes principales (ACP)................................................. 20 1.7.2 La classification ascendante hiérarchique (CAH) ou dendrogramme..................................... 21 1.7.3 Les outils statistiques ............................. 21 1.7.4 La pétrographie ..................................... 21 1.8 PLAN DE THÈSE............................................ 21

LES POTERIES DU LAC SAINT-PIERRE ... 34 3.1 L’ATELIER DE JEAN-BAPTISTE BRIAIRE À YAMACHICHE (1847-1884)........................................ 34 3.1.1 Le site de l’atelier de Jean-Baptiste Briaire à Yamachiche........................................... 36 3.1.2 Les formes et l’échantillon..................... 37 3.2 L’ATELIER DES POTIERS BRIAIRE ET COURTEMANCHE À YAMACHICHE (1844-1861)......... 37 3.2.1 Le site de l’atelier de Jean-Baptiste Briaire et Joseph Courtemanche.......................... 39 3.2.2 Les formes et l’échantillon..................... 40 3.3 L’ATELIER D’ORILLE JOUBERT À LA BAIE-DUFEBVRE (1862-1878) ................................................. 40 3.3.1 Le site de l’atelier d’Orille Joubert ....... 41 3.3.2 Les formes et l’échantillon..................... 41 3.4 CARACTÉRISATION CHIMIQUE DES PRODUCTIONS CÉRAMIQUES DE LA RÉGION DU LAC SAINT-PIERRE ............................................................ 42

3.4.1 Caractérisation chimique des poteries des ateliers de Yamachiche ........................................ 42 3.4.2 Caractérisation chimique des poteries de Baie-du-Febvre .................................................... 44 3.5 CONCLUSION SUR LES POTERIES DU LAC SAINT-PIERRE ............................................................ 48 4 LES POTERIES DES ATELIERS DE LA RÉGION DE QUÉBEC............................................... 49 4.1 LES POTIERS DE LA BRIQUETERIE LANDRON ET LARCHEVÊQUE AU RUISSEAU LAIRET (1688-1755) .............................................................. 49 4.1.1 Rappel historique sur la Briqueterie et les artisans qui y ont œuvré ....................................... 49 4.1.2 Les formes et l’échantillon..................... 57 4.2 JEAN AUMIE À L’ÎLOT SAINT-NICOLAS, QUÉBEC (1682-1687) ................................................ 58 4.2.1 Les formes et l’échantillon..................... 59 4.3 PHILIPPE AMPLEMAN : SOLDAT D’ORIGINE ALSACIENNE DEVENU POTIER À CHARLESBOURG (17661782) .................................................................... 59 4.3.1 Le site de l’atelier Philippe Ampleman............................................................. 60 4.3.2 La collection à l’étude ........................... 60 4.4 PIERRE VINCENT, POTIER D’ORIGINE ACADIENNE, À QUÉBEC (DE 1766 À 1803) ................. 63 4.4.1 Le site de l’atelier Pierre Vincent .......... 65 4.4.2 La collection à l’étude ........................... 65 4.5 LES FRÈRES POITRAS DU FAUBOURG SAINTVALLIER, QUÉBEC (1797-1842) ................................ 67 4.5.1 Le site de l’atelier des frères Poitras ..... 67 4.5.2 Les formes et l’échantillon..................... 67

2 LES POTERIES DE SAINT-DENIS-SURRICHELIEU ................................................................ 22 2.1 LA PRODUCTION D’ANTOINE DUPLAQUET DIT LAMBERT (1799-1844) .............................................. 22 2.1.1 Les produits de l’atelier d’Antoine Duplaquet dit Lambert ......................................... 25 2.2 LA PRODUCTION DE NICOLAS PRÉVOST (18081809) .................................................................... 25 2.2.1 Les produits de l’atelier Nicolas Prévost... ............................................................... 26 2.3 LA PRODUCTION DE JEAN-BAPTISTE II MAILLET (1828-1832) ET FILS (1832-1853) .............. 27 1

PIERRE CÔTÉ, POTIER DE SAINT-AUGUSTIN4.6 DE-DESMAURES (1803-1811) .................................... 69 4.6.1 Le site de l’atelier de Pierre Côté.......... 69 4.6.2 L’originalité des poteries de SaintAugustin ............................................................... 69 4.7 LES CARACTÉRISTIQUES CHIMIQUES DES PRODUCTIONS CÉRAMIQUES DE LA VILLE DE QUÉBEC ET DE SES ENVIRONS ....................................................... 70 4.7.1 Caractéristiques chimiques des poteries de la Briqueterie ....................................................... 71 4.7.2 Caractéristiques chimiques des poteries de Jean Aumier ......................................................... 73 4.7.3 Caractéristiques chimiques des poteries du potier Philippe Ampleman............................... 73 4.7.4 Caractéristiques chimiques des poteries de l’atelier de Pierre Vincent.................................... 75 4.7.5 Caractéristiques chimiques des poteries des frères Poitras ................................................. 78 4.7.6 Caractéristiques chimiques des poteries de Pierre Côté........................................................... 82 4.8 CONCLUSION SUR LES POTERIES DE LA RÉGION DE QUÉBEC ................................................................ 85

6.1.2 Particularités stylistiques des poteries de Pierre Côté à Saint-Augustin-de-Desmaures (18031811) ............................................................. 101 6.1.3 Particularités stylistiques des poteries de Charles Belleau à La Baie, Saguenay ................ 103 6.2 SYNTHÈSE DES CARACTÉRISTIQUES CHIMIQUES ............................................................... 104 6.3 QUELQUES NOUVELLES PERSPECTIVES DE RECHERCHE ............................................................. 104 6.3.1 Discrimination des productions sur la base des éléments traces .................................... 105 6.3.2 Les signatures des sources détritiques........................................................... 108 6.3.3 Similarité de composition des poteries et de la croûte continentale supérieure (UCC) ...... 109 6.3.4 L’indice d’altération chimique............. 110 7

BIBLIOGRAPHIE .................................................... 116 ANNEXE A : DONNÉES D’ANALYSE OBTENUES PAR SPECTROMÉTRIE D’ÉMISSION ATOMIQUE À SOURCE PLASMA (ICP-AES).... 121

5 LES POTIERS SITUÉS À DISTANCE DES ATELIERS DE LA VALLÉE DU SAINT-LAURENT ...................................................... 87

ANNEXE B : DONNÉES D’ANALYSE OBTENUES PAR SPECTROMÉTRIE DE MASSE À SOURCE PLASMA (ICP-MS)................................................... 127

5.1 NICOLAS TOURANGEAU À SAINT-EUSTACHE (1799-1816) .............................................................. 87 5.1.1 Le site de l’atelier des Tourangeau à Saint-Eustache ..................................................... 89 5.1.2 Les formes et l’échantillon..................... 89 5.2 L’ATELIER JOSEPH-FÉLIX BLANCHET À SAINT-JEAN-PORT-JOLI, CHAUDIÈRE-APPALACHES (1822-1832) .............................................................. 90 5.2.1 Le site de l’atelier F. Thériault et J.-F. Blanchet ............................................................... 90 5.2.2 La collection à l’étude ........................... 90 5.3 LE POTIER CHARLES BELLEAU DE LA BAIE, SAGUENAY (1855-1889)............................................ 91 5.3.1 Le site de l’atelier de Charles Belleau ............................................................... 91 5.3.2 La collection à l’étude ........................... 91 5.4 LES CARACTÉRISTIQUES CHIMIQUES DES PRODUCTIONS DES ATELIERS PÉRIPHÉRIQUES ............ 94 5.4.1 Composition chimique des produits de Tourangeau .......................................................... 94 5.4.2 Compositions chimiques des produits de Blanchet ............................................................... 96 5.4.3 Compositions chimiques des produits de Belleau ............................................................... 97 5.4.3.1 Argiles et sable du site de production de Belleau .......................................................... 99 5.5 CONCLUSION SUR LES POTERIES DES ATELIERS SITUÉS EN PÉRIPHÉRIE DES PRINCIPAUX CENTRES .... 100 6

CONCLUSION................................................. 114

SYNTHÈSE DES RÉSULTATS ..................... 100 6.1 CARACTÉRISTIQUES MORPHOLOGIQUES ET STYLISTIQUES DE QUELQUES PRODUCTIONS CÉRAMIQUES ............................................................ 100 6.1.1 Particularités stylistiques des poteries de Philippe Ampleman à Charlesbourg (1766-1782)........................................................ 100 2

Figure 20. Fragment d’argile cuite Bela-01 potentiellement associé à la structure du four. On relève clairement les empreintes laissées par 2 briques (photo : Y. Monette)..................................................................... 30 Figure 21. Carte de localisation des ateliers de la région du Lac Saint-Pierre sur fond de carte géologique......... 36 Figure 22. Échantillons de cruches provenant de l’atelier de Jean-Baptiste Briaire à Yamachiche. Numérotation JBB-01 à JBB-05 (photo : Y. Monette). ......................... 37 Figure 23. Échantillons de terrines provenant de l’atelier de Jean-Baptiste Briaire à Yamachiche. Numérotation JBB-06 à JBB-10 (photo : Y. Monette). ......................... 37 Figure 24. Tessons de cruches B&C-01 à 04 (photo : Y. Monette)......................................................................... 40 Figure 25. Tessons de plats B&C-05, 06 et 07 (photo : Y. Monette)......................................................................... 40 Figure 26. Fragments d’assiettes B&C-08, 09 et 10 recouvertes de glaçure verte (photo : Y. Monette)......... 40 Figure 27. Fragments de terrines B&C-11 à 20 (photo : Y. Monette)..................................................................... 40 Figure 28. Fragments de jarres B&C-21 à 25 (photo : Y. Monette)......................................................................... 40 Figure 29. Fragments de contenants ouverts B&C-26 à 31. Seule la jarre (?) B&C-26 porte une glaçure de couleur brune (photo : Y. Monette)................................ 41 Figure 30. Tessons de cruches OJoub-01 et 02. Le premier porte une glaçure rougeâtre et le second est sans glaçure (photo : Y. Monette).......................................... 41 Figure 31. Tessons de terrines OJoub-03 à 07. Seul OJoub-04 porte une glaçure (brunâtre) (photo : Y. Monette)......................................................................... 41 Figure 32. Tessons d’assiette de pots de fleurs OJoub-08 à 11 non glaçurés (photo : Y. Monette). ........................ 41 Figure 33. Tessons de jarres OJoub-13 à 21 et couvercles de jarres OJoub-12 et 23. Seuls le couvercle (12) et la base de jarre (13) portent une glaçure (rougeâtre). Les autres ne sont pas glaçurés (photo : Y. Monette). ......... 41 Figure 34. Tessons de terrines OJoub- 22, 24, 25, 26, 27 et 28. Seules les terrines 27 et 28 portent une glaçure (photo : Y. Monette)....................................................... 41 Figure 35. Ba-Sr : distribution des poteries des ateliers Briaire et B&C à Yamachiche. ...................................... 42 Figure 36. ACP des poteries de Yamachiche où on remarque que les poteries de Briaire forment un ensemble plus homogène que les poteries de Briaire & Courtemanche................................................................ 44 Figure 37. Axes 1 et 2 de l’ACP des productions du lac Saint-Pierre exprimant plus de 80 % des variations de composition. À droite les deux productions de Yamachiche B&C I et Briaire I et à gauche la production de Joubert à la Baie-du-Febvre. .................................... 45 Figure 38. ACP des productions de Baie-du-Febvre et de Saint-Denis. Axes F1 et F2 exprimant 52 % de la variabilité en composition des 111 échantillons pour les 16 éléments chimiques retenus. ..................................... 46 Figure 39. ACP des productions de Baie-du-Febvre, Yamachiche et Saint-Denis. Axes F1 et F2 exprimant plus de 67 % de la variation en composition calculée sur les 16 éléments retenus........................................................ 47 Figure 40. ACP des productions de Baie-du-Febvre, Yamachiche et Saint-Denis. Axes F1 et F3 exprimant près de 53 % de la variance en composition calculée sur les 16 éléments retenus........................................................ 47

Liste des figures Figure 1. Carte de localisation des ateliers de potiers à l’étude. Chaque point sur la carte correspond à un atelier............................................................................. 13 Figure 2. Fluxy automatisé de Claisse (Québec) de l’INRS-ETE, Université du Québec (photo : Marc RLaFlèche)....................................................................... 16 Figure 3. Spectromètre d’émission atomique à source plasma (ICP-AES) de l’INRS-ETE (Université du Québec) de marque Optima 3000 fabriqué par Perkin Elmer (photo : Marc R.-LaFlèche). ............................... 16 Figure 4. Spectromètre de masse à source plasma (ICPMS) de l’INRS-ETE (Université du Québec) de marque VG PQII+. ...................................................................... 16 Figure 5. Principaux domaines géologiques du Québec méridional...................................................................... 23 Figure 6. Carte de localisation des ateliers de potier de Saint-Denis-sur-Richelieu. Le fond de carte présente la géologie du bassin de la rivière Richelieu..................... 24 Figure 7. Cruche (Dup-08) avec glaçure vert brunâtre provenant des rejets de cuisson de l’atelier d’Antoine Duplaquet à Saint-Denis (photo : Y. Monette). ............. 25 Figure 8. Tesson de cruche (Dup-11) avec glaçure grise métallique provenant des rejets de cuisson de l’atelier d’Antoine Duplaquet (photo : Y. Monette). ................... 25 Figure 9. Terrine Dup-01 dont l’état de cuisson de la pâte semble différent de celui des autres produits découverts dans le dépotoir de l’atelier Duplaquet (photo : Y. Monette). ................................................................. 25 Figure 10. Tessons de la jarre Prévost-09 où on remarque l’application d’un engobe couvrant toute la surface interne du récipient (photo : Y. Monette).......... 26 Figure 11. Gros plan sur l’un des tessons de la jarre Prévost-09 présentant la surface externe également recouverte d’engobe (photo : Y. Monette). .................... 26 Figure 12. Petit plat à aile Prévost-05 décoré de lignes d’engobe ondées sur l’aile et horizontale sur la paroi interne. Il est recouvert d’une glaçure au plomb de teinte brun verdâtre (photo : Y. Monette). ............................... 27 Figure 13. Plat à aile Prévost-10 à l’état de dégourdi présentant un décor à l’engobe composé de lignes ondées et horizontales (photo : Y. Monette). ............................. 27 Figure 14. Plat à aile Prévost-11 à l’état de dégourdi avec une bande d’engobe ondée sur l’aile (photo : Y. Monette)......................................................................... 27 Figure 15. Plat à aile Prévost-13 présentant une variante du décor à l’engobe. Il se compose ici de bandes ondées successives inter reliées (photo : Y. Monette)................ 27 Figure 16. Plat à aile (Mail-05) présentant une lèvre qui déborde de quelques millimètres à l’intérieur du contenant (photo : Y. Monette). ..................................... 28 Figure 17. Tesson de terrine (Bela-03) présentant un décor composé de lignes d’engobe horizontales et ondées (photo : Y. Monette)........................................... 29 Figure 18. Plat à aile Bela-17 présentant un décor à l’engobe composé d’une ligne ondée simple sur la paroi interne du récipient (photo : Y. Monette)....................... 29 Figure 19. Plat à aile Bela-18 présentant un décor à l’engobe composé de deux lignes, l’une ondée et l’autre horizontale. Toutes deux figurent sur la paroi interne du plat (photo : Y. Monette)................................................ 29 3

Figure 58. Carreau de touraillage Poitras-15 (photo : Y. Monette)......................................................................... 67 Figure 59. Carreau de touraillage Poitras-16 (photo : Y. Monette)......................................................................... 68 Figure 60. Plats à aile Poitras-03 et 06 avec décor à l’engobe composé de lignes ondées et horizontales sur la paroi interne des vases (photo : Y.Monette). ................. 68 Figure 61.Rebords des plats à aile Poitras-07 à 11 avec décor à l’engobe composé de lignes ondées et horizontales sur la paroi interne des vases (photo : Y. Monette)......................................................................... 68 Figure 62.Petite terrine Poitras-01 présentant un décor composé de taches et de coulures d’engobe beige, semblable à ceux de certaines poteries de Philippe Ampleman à Charlesbourg (photo : Y. Monette)........... 68 Figure 63. Plat à ailes Côté-17 présentant un décor à l’engobe recouvert d’une glaçure de couleur beige (photo : Y. Monette). ................................................................. 69 Figure 64. Fragment de plat à aile Côté-18 présentant un décor à l’engobe clair sous une glaçure (photo : Y. Monette)......................................................................... 69 Figure 65. Tessons du plat à aile Côté-28 où paraissent les traces d’un décor à l’engobe sous la glaçure (photo : Y. Monette)..................................................................... 69 Figure 66. Petit plat à aile Côté-20 (photo : Y. Monette) ....................................................................................... 70 Figure 67. Petit plat à aile Côté-21 (photo : Y. Monette). ....................................................................................... 70 Figure 68. Tasse Côté-06 recouverte d’une glaçure verte (photo : Y. Monette)....................................................... 70 Figure 69. Tasse Côté-07 recouverte d’une glaçure verte (photo Y. Monette). ........................................................ 70 Figure 70. Fragment de la terrine Côté-22 partageant les mêmes caractéristiques de pâte que les échantillons Côté23, 24, 25 et 26 : texture feuilletée, inclusions de quartz visibles à l’œil nu et surface rugueuse (photo : Y. Monette)......................................................................... 70 Figure 71. Échantillons Côté-01 à 05 représentant des briques et fragments d’argile cuite possiblement associés à la structure du four. Briques : 01, 03 et 05 ; fragments d’argile cuite : 02 et 04 (photo : Y. Monette). ............... 70 Figure 72. Classification ascendante hiérarchique des poteries de la Briqueterie. L’analyse s’appuie sur les teneurs des éléments SiO2 à La du tableau 27. À la distance de 9,75, on reconnaît les groupes chimiques composés de Briq-01-02-07-08 (auquel s’ajoute Briq-03) et de Briq-04-09-10. En revanche, les échantillons Briq05, 06, 12, 13 et 15 fusionnent avec ces groupes à des distances trop éloignées pour pouvoir en faire partie. La CAH utilise la distance euclidienne et la méthode d’agrégation de Ward.................................................... 72 Figure 73. ACP sur les compositions chimiques des poteries de la Briqueterie. Les axes F1 et F2 font bien ressortir les deux groupes chimiques Briqueterie I et Briqueterie II. ................................................................ 72 Figure 74. Projection des poteries de la Briqueterie sur les axes F1 et F4 de l’ACP. Cette combinaison F1-F4 permet de voir le bon regroupement des poteries du groupe Briqueterie I et un étalement plus marqué des poteries de Briqueterie II............................................... 72 Figure 75. Projection des poteries de la Briqueterie sur les axes F2 et F3 de l’ACP. De toutes les combinaisons factorielles possibles, c’est celle qui offre la meilleure

Figure 41. Carte de localisation des ateliers de potier de la région de Québec sur fond de carte géologique. ....... 51 Figure 42. Poteries sélectionnées, récupérées sur le site de la Briqueterie : 1, 2, 3, 5, 6, 7, 8, 9, et 10 = terrines ou contenants ouverts ; 4 et 15 = jarres ; 12 et 13 (absent de la photo) = argile cuite (photo : Y. Monette)............ 57 Figure 43. Échantillons sélectionnés et attribués à la production de Jean Aumier à l’îlot Saint-Nicolas. Les cinq tessons correspondent à des formes ouvertes de type terrine ou jatte (photo : Y. Monette). ............................. 59 Figure 44. Plat à aile Ampleman-12 présentant un décor composé de taches d’oxyde de manganèse ou de fer sur un fond de glaçure laiteuse de couleur brun verdâtre (photo : Y. Monette)....................................................... 61 Figure 45. Plat à aile Ampleman-15 présentant un décor composé de taches d’oxyde de manganèse ou de fer sur une fond de glaçure laiteuse de couleur brun verdâtre (photo : Y. Monette)....................................................... 61 Figure 46. Plan rapproché de l’échantillon Ampleman-07 ; exemple de traces laissées par l’application de la glaçure au pinceau (photo : Y. Monette). ...................... 61 Figure 47. Assiette creuse provenant de la collection de la maison Estèbe à Place Royale, Québec (photo : Y. Monette)......................................................................... 61 Figure 48. Autre exemple de pièce pouvant être attribuée à l’atelier d’Ampleman. Plat à cassoulet (?) provenant de la maison Estèbe avec glaçure int. et ext. (photo : Y. Monette)......................................................................... 61 Figure 49. Fragment de plat à aile figurant dans la collection du Château Bigot et pouvant être attribué à l’atelier d’Ampleman (photo : Y. Monette).................... 62 Figure 50. Plat à aile provenant de la fouille de l’atelier du potier d’Alexandria, Henry Piercy, dont la production se situe au cours des années 1790. Photo tirée de Barbara H. Magid (1999).............................................. 62 Figure 51. Terrine Ampleman-10 présentant une variante du décor des poteries de cet atelier : taches et coulures d’engobe blanc sous glaçure brun-clair appliquée au pinceau (photo : Y. Monette). ........................................ 62 Figure 52. Terrine Ampleman-09 présentant un décor composé de taches de glaçure vert foncé sur fond de glaçure vert pâle (photo : Y. Monette)........................... 62 Figure 53. Jatte dont les attributs morpho-stylistiques rejoignent les caractéristiques de la production de Philippe Ampleman, collection Maison Estèbe à Place Royale, Québec (photo : Y. Monette)............................. 62 Figure 54. Jatte commune du Beauvaisis, collection Maison Estèbe, Place Royale à Québec (photo : Y. Monette)......................................................................... 62 Figure 55. Terrine Vincent-01 recouverte d’une glaçure au plomb présentant des teintes jaune et brunâtre (photo : Y. Monette). ................................................................. 66 Figure 56. Contenant Vincent-02 présentant une glaçure dans des teintes de vert et jaune (photo : Y. Monette)......................................................................... 66 Figure 57. Tessons de plats à aile Vincent-11 et 12 présentant un décor à l’engobe composé de lignes horizontales et ondées sous une glaçure au plomb probablement incolore, mais qui se présente sous une teinte de couleur brune en raison de la couleur de la pâte et peut-être aussi d’une diffusion du fer de la pâte dans la glaçure (photo : Y. Monette)......................................... 67 4

discrimination entre les des deux groupes chimiques de la Briqueterie. .................................................................... 72 Figure 76. CAH des poteries de l’atelier Pierre Vincent. La CAH utilise la distance euclidienne et la méthode d’agrégation de Ward. Le programme effectue une troncature automatique de la partition à une distance de 33, 7 sur l’échelle de la dissimilarité, scindant ainsi la population en quatre classes. ........................................ 75 Figure 77. Axes F1-F2 de l’ACP des poteries de Vincent exprimant plus de 72 % de la variabilité des compositions. ................................................................. 77 Figure 78. Axes F1 et F3 de l’ACP des poteries de Vincent exprimant plus de 66 % de la variabilité des compositions. ................................................................. 77 Figure 79. Dendrogramme de la production des frères Poitras. La CAH affiche la présence de deux classes : une première pour les échantillons Poit-07 à Poit-16, et une seconde pour les échantillons Poit-01 et 05............ 79 Figure 80. CAH des poteries des Poitras après élimination des échantillons Poit-01 et 05. Douze des 14 échantillons partagent une même composition (Poit-03 à Poi-14), desquels se détachent les carreaux de touraillages Poit-15 et Poit-16 de composition légèrement différente. .................................................... 79 Figure 81. CAH des poteries des ateliers Poitras et Vincent employant l’algorithme de la distance euclidienne et le critère d’agrégation de Ward sur données centrées/réduites. Partition automatique tronquée en quatre classe qui correspondent essentiellement aux populations chimiques Poitras I : Poit-03 à Vinc-10, Vincent I : Vinc-12 à V99-12, et Vincent II : V99-01 à V99-15. Les poteries Poit-01 et 05 forment un tandem chimiquement différent des populations Poitras et Vincent. Une coupure à un niveau très légèrement supérieur réunit Poitras I et Vincent I......................................................................... 80 Figure 82. CAH des poteries des ateliers Poitras, Vincent et Ampleman employant l’algorithme de la distance euclidienne et le critère d’agrégation de Ward sur données centrées/réduites. Les populations chimiques Ampleman I, Vincent I, Poitras I et Vincent II sont parfaitement distinctes. Quant aux poteries Poit-01 et Poit-05, la CAH en fait une classe qui fusionne en priorité avec les poteries du groupe Ampleman I. ......... 81 Figure 83. Petite terrine Poit-01 (photo : Y. Monette). . 82 Figure 84. Exemple d’un produit de l’atelier de Philippe Ampleman : terrine Ampleman-10 (photo : Y. Monette). ....................................................................................... 82 Figure 85. CAH portant sur 15 poteries de l’atelier de Pierre Côté. La classification automatique effectue une troncature de la partition en quatre classes à une distance de 15,4 de l’échelle des dissimilarités. L’arborescence utilise l’algorithme de la distance euclidienne et le critère d’agrégation de Ward sur données centrées/réduites.............................................. 83 Figure 86. CAH des poteries de l’atelier Pierre Côté (sauf 20 et 21). Le calcul s’appuie sur l’algorithme de la distance euclidienne sur données centrées/réduites et le critère d’agrégation des individus est celui de Ward. À une distance de 39 la partition est tronquée en quatre classes, parmi lesquelles la poterie Côté-14 forme une classe à elle seule, et, dont la classe 4, au bas du dendrogramme, qui comprend trois sous-groupes renvoie

aux classes 2 et 4 de la CAH de la figure précédente...................................................................... 83 Figure 87. Axes F1 et F2 de l’ACP des poteries de Pierre Côté. Les cinq populations chimiques y sont bien distinctes alors que Côté-10 et surtout Côté-14 ne semblent appartenir à aucun groupe chimique.............. 84 Figure 88. Axes 1 et 2 de l’ACP des productions de la région de Québec. La somme des deux axes expriment plus de 80 % de la variation des concentrations des 16 éléments retenus. ........................................................... 86 Figure 89. Carte de localisation de l’ensemble des sites à l’étude avec mise en évidence (flèches noires) des trois localités qui seront traitées plus particulièrement dans ce chapitre.......................................................................... 88 Figure 90. Poteries du site de l’atelier de Nicolas Tourangeau à Saint-Eustache. Dans l’ordre, sur la ligne du haut : Tour-01 à Tour-04 ; au centre : Tour-05 à Tour-08 et au bas : Tour-09 à Tour-12 (photo Y. Monette) ........................................................................ 89 Figure 91. Tessons JFB-09, 10 et 11 (de gauche à droite). Les tessons portent un engobe qui recouvre toute la surface intérieure des poteries. Seule la poterie JFB-09 est également recouverte d’une glaçure, probablement plombifère (photo Y. Monette). ...................................... 91 Figure 92. Tesson de jarre Belleau-14 à l’état de dégourdi présentant un motif à la molette de triangles inversés (photo : Y. Monette)......................................... 92 Figure 93. Tessons de jarre glaçurés Belleau-16 présentant un décor à la molette de triangles inversés (photo : Y. Monette)....................................................... 92 Figure 94. Terrine Belleau-03 provenant de l’atelier Charles Belleau à La Baie (photos Yves Monette). ....... 92 Figure 95. Tesson de la petite terrine Belleau-22 (Photos Y. Monette)..................................................................... 92 Figure 96. Tesson de la petite terrine Belleau-23 (Photos Y. Monette)..................................................................... 92 Figure 97. Carte des mers post-glaciaires du Québec méridional à l’époque quaternaire. ............................... 93 Figure 98. Axes factoriels F1 et F2 de l’ACP des productions de Saint-Denis et de Tourangeau à SaintEustache. Le calcul s’appuie sur les concentrations des 16 éléments majeurs et traces mesurées par ICP-AES. ....................................................................... 95 Figure 99. Diagramme bivarié Ba/Sr vs Sc/Y des moyennes de composition des poteries de Saint-Eustache et de Saint-Denis.Les lignes horizontales et verticales expriment un écart-type à la moyenne. .......................... 95 Figure 100. Diagramme bivarié Y-Na2O des poteries de Saint-Eustache et de Saint-Denis (Bélanger, Prévost, Duplaquet et Maillet)..................................................... 95 Figure 101. Exemple de quartz à extinction roulante dans Tour-02. Lumière polarisée, grossissement 20 X. ......... 96 Figure 102. ACP effectuée sur la composition moyenne de la production de Blanchet et les moyennes des groupes chimiques de la région de Québec. Les axes F1 et F2 expriment à eux seuls plus de 80 % de la variance pour les 16 éléments retenus. ................................................. 97 Figure 103. CAH des poteries de l’atelier Belleau. La troncature de l’arborescence (à 51,5 sur l’échelle des dissimilarités) suggère la présence de deux groupes chimiques au sein de la production de Belleau.............. 99 Figure 104. Poterie Ampleman décorée de gouttelettes d’oxydes. a) Ampleman-15. b) un fragment de plat à aile 5

découvert sur le site du château Bigot (Photos Y. Monette)....................................................................... 101 Figure 105. Terrines décorées de trainées d’engobe blanchâtre. a) Ampleman-10 ; b) Poitras-01 (photos Y. Monette)....................................................................... 101 Figure 106. Terrines à pâte feuilletée de la production Côté. a) les échantillons Côté-22 à 26 ; b) plan rapproché (Côté-22) de la texture feuilletée de la pâte (photos : Y. Monette). .................................................. 102 Figure 107. Tasses de la production de Pierre Côté à Saint-Augustin. a) Côté-06 ; b) Côté-07 (photos : Y. Monette)....................................................................... 102 Figure 108. Plats à aile décorés à l’engobe « façon Pierre Côté ». a) Côté-17 ; b) Côté-19 (photos : Y. Monette)....................................................................... 102 Figure 109. Terrine Côté-15 (a) à bol Côté-27 (b) partiellement recouverts d’engobe et de glaçure verte (photos : Y. Monette). .................................................. 102 Figure 110. Comparaison des poteries à décor partiel de glaçure, des productions de Côté et d’Ampleman. a) terrine Côté-16 ; b) terrine Ampleman-09 (photos : Y. Monette)....................................................................... 103 Figure 111. Tessons de jarres présentant un décor tracé et/ou moleté de lignes et de triangles inversés. De « a » à « c » : Belleau-12, 14 et 16 (photos : Y. Monette). ..... 103 Figure 112. F1 et F2 d’une ACP des poteries analysées par ICP-MS. Les deux axes expriment plus de 82 % de la variance des compositions des 40 échantillons pour les éléments La, Ce, Nd, Y, Th, Zr, Hf, Nb, Ti et Sc. ......... 106 Figure 113 Axes F1 et F3 d’une ACP des poteries analysées par ICP-MS. Les deux axes expriment plus de 66 % de la variance des compositions des 40 échantillons pour les éléments La, Ce, Nd, Y, Th, Zr, Hf, Nb, Ti et Sc. ........................................................................ 106 Figure 114. Axes F1 et F2 de l’ACP calculée à partir d’une matrice des coefficients de corrélation de Pearson. Les deux axes expriment plus de 85 % de la variance totale des compositions en éléments traces. ................ 107 Figure 115. Axes F1 et F3 de l’ACP calculée à partir d’une matrice des coefficients de corrélation de Pearson. Les deux axes expriment près de 80 % de la variance totale des compositions en éléments traces. ................ 107 Figure 116. Diagramme bivarié des rapports Zr/Th vs Zr/Sm. .......................................................................... 107 Figure 117. Diagramme bivarié de la somme des concentrations en terres rares (incluant Sc et Y) par rapport au Hf. .............................................................. 108 Figure 118. Diagramme bivarié La-Yb illustrant le fractionnement des terres rares lourdes par rapport aux terres rares légères. Le diagramme présente à la fois les poteries et la MES des tributaires du fleuve échantillonées par Tremblay (1997)............................ 108 Figure 119. Spectres normalisés aux chondrites des terres rares du réservoir de shales composites NASC et de la croûte continentale supérieure (UCC), comparés à la composition moyenne des poteries Côté V et des 38 autres poteries analysées pour leurs concentrations en terres rares.La zone ombragée représente la composition moyenne des 38 poteries ± un écart-type..................... 109 Figure 120. Diagramme bivarié ™ÉTR vs indices MIA des poteries analysées par ICP-MS, du NASc et du UCC.Les valeurs négatives (moins que 0) impliquent une altération nulle. ........................................................... 113

Liste des tableaux Tableau 1. Chronologie des ateliers de potier à l’étude. ....................................................................................... 12 Tableau 2. Conditions opératoires de l’analyse par spectrométrie d’émission atomique à source plasma. ... 16 Tableau 3. Tableau synthèse présentant le nombre d’échantillons de poterie analysés pour chacun des ateliers. .......................................................................... 17 Tableau 4. Limites de détection analytiques des éléments dosés en spectrométrie d’émission atomique à source plasma. Les éléments ombragés n’ont pas été retenus pour participer à la caractérisation. ............................. 17 Tableau 5. Liste des échantillons analysés par ICP-MS et leur production d’appartenance .................................... 17 Tableau 6. Conditions opératoires de l’analyse par spectrométrie de masse à source plasma de l’INRS-ETE. ....................................................................................... 17 Tableau 7.Valeurs certifiées (trame grise) et mesurées des standards de calibration BHVO-2, AGV-2, BCR-2 comparées aux concentrations mesurées....................... 18 Tableau 8. Exemple de l’application du facteur de correction limité aux concentrations en éléments majeurs et mineurs des échantillons Aumier-01 et Aumier-02. Valeurs des oxydes corrigées normalisées pour une PAF nulle, une teneur en P2O5 de 0,15 % et une somme = 100 %.................................................................................... 20 Tableau 9. Valeurs mesurées du blanc analytique et du standard AGV-2 comparées aux valeurs certifiées du standard AGV-2 et % de précision des analyses pour les différents éléments dosés en ICP-MS. Les éléments Rb, Cs et Pb ont été écartés de la caractérisation. .............. 20 Tableau 10. Liste des échantillons analysés en pétrographie et leur production d’appartenance........... 21 Tableau 11. Répartition des échantillons de poterie de l’atelier d’Antoine Duplaquet selon leurs formes et quelques caractéristiques visuelles................................ 26 Tableau 12. Répartition des échantillons de Nicolas Prévost selon leurs formes et leurs caractéristiques stylistiques (finition et décoration). ............................... 27 Tableau 13. Répartition des échantillons de l’atelier Maillet selon leurs formes et leurs caractéristiques stylistiques (finition et décors)....................................... 28 Tableau 14. Description et répartition des échantillons de l’atelier Bélanger selon leurs formes et leurs caractéristiques stylistiques (finition et glaçure)........... 30 Tableau 15. Composition chimique des poteries de l’atelier d’Antoine Duplaquet. Données corrigées pour une PAF nulle et un total normalisé à 100 %. ............ 31 Tableau 16. Composition chimique des poteries de l’atelier de Nicolas Prévost. Données corrigées pour une PAF nulle et un total normalisé à 100 %....................... 31 Tableau 17. Composition chimique des poteries de l’atelier des Maillet. Données corrigées pour une PAF nulle et un total normalisé à 100 %. .............................. 33 Tableau 18. Composition chimique des poteries de l’atelier de Joseph Bélanger. Données corrigées pour une PAF nulle et un total normalisé à 100 %.................. 33 Tableau 19. Composition chimique des échantillons provenant de l’atelier de Jean-Baptiste Briaire à Yamachiche. Données normalisées à 100% avec perte au feu (PAF) nulle. ............................................................. 43

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Tableau 20. Composition chimique des échantillons provenant du site de l’atelier Briaire et Courtemanche à Yamachiche. Données normalisées à 100 % avec perte au feu (PAF) nulle. ............................................................. 43 Tableau 21. Compositions moyennes des productions de Yamachiche.................................................................... 44 Tableau 22. Composition chimique des poteries provenant de l’atelier d’Orille Joubert à Baie-du-Febvre dans le comté de Nicolet. Résultats normalisés à 100 % avec perte au feu (PAF) nulle. ....................................... 46 Tableau 23. Comparaison des compositions moyennes des productions de Baie-du-Febvre et de Saint-Denis... 48 Tableau 24. Liste des échantillons de l’atelier des frères Poitras . ......................................................................... 68 Tableau 25. Composition chimique des poteries de la Briqueterie Landron et Larchevêque au confluent de la rivière Saint-Charles et du ruisseau Lairet à Québec. .. 71 Tableau 26. Compositions chimiques moyennes des populations Briqueterie I et Briqueterie II. ................... 73 Tableau 27. Composition chimique des cinq échantillons analysés de l’atelier de Jean Aumier ............................. 74 Tableau 28. Composition chimique moyenne du groupe chimique Aumier............................................................ 74 Tableau 29. Composition chimique des poteries de l’atelier de Philippe Ampleman à Charlesbourg. La valeur de Fe2O3 de Amp-04 est présenté en caractère gras simplement pour faciliter son repérage. ................ 74 Tableau 30. Composition chimique moyenne de groupe Ampleman I rassemblant la totalité des poteries analysées de cet atelier.................................................. 74 Tableau 31. Compositions chimiques des poteries de Pierre Vincent analysées par ICP-AES ......................... 76 Tableau 32. Compositions chimiques des échantillons de l’atelier de Pierre Vincent analysées en ICP-MS (Monette 1999).............................................................................. 76 Tableau 33. Compositions chimiques moyennes des classes 1 à 4 définies par la CAH .................................. 76 Tableau 34. Compositions chimiques moyennes des deux groupes de l’atelierPierre Vincent. ............................... 77 Tableau 35. Compositions chimiques des échantillons de l’atelier des frères Poitras. ............................................ 80 Tableau 36. Comparaison entre les compositions chimiques de la population Poitras I et celles des poteries Poit-01, 05, 15 et 16. ..................................................... 80 Tableau 37. Compositions chimiques des poteries de l’atelier Pierre Côté....................................................... 82 Tableau 38. Répartition des échantillons entre les 4 classes définies par la CAH de la figure 85................... 83 Tableau 39. Composition des classes dérivées de la CAH sur l’ensemble des poteries analysées de l’atelier Côté, à l’exception des échantillons Côté-20 et 21. On reconnaît aisément les classes 1 et 2 identifiées visuellement, le regroupement des poteries de la classe 4 discuté précédemment et enfin la classe 3 qui ne comprend que Côté-14. Côté-10 se joint également à la classe 4 mais sa composition nous force à l’en écarter et à l’isoler de la même façon que Côté-14. Notons enfin que le regroupement de la classe 4 est un peu artificiel sinon réducteur vù la grande dispersion des compositions qu’on y observe.............................................................. 84 Tableau 40. Répartition des échantillons de l’atelier Côté selon les groupes morphologiques et chimiques auxquels ils appartiennent. Seules les poteries Côté-10 et 14 n’ont

pas de groupe chimique d’appartenance en raison de leur singularité...................................................................... 86 Tableau 41. Composition chimique des poteries de l’atelier Tourangeau à Saint-Eustache. Résultats normalisés à 100% avec perte au feu (PAF) nulle. ....... 94 Tableau 42. Pourcentage de la variance exprimée par les sept premiers facteurs de l’ACP de la fig. 99. ............... 94 Tableau 43. Compositions moyennes des poteries de Tourangeau à Saint-Eustache et des poteries des quatre ateliers de Saint-Denis-sur-Richelieu. ........................... 95 Tableau 44. Composition chimique des poteries de l’atelier de J.-F. Blanchet à Saint-Jean-Port-Joli. Résultats normalisés à 100 % avec perte au feu (PAF) nulle. .............................................................................. 97 Tableau 45. Compositions chimiques des 27 poteries de l’atelier Belleau. Résultats normalisés à 100 % avec perte au feu (PAF) nulle. ............................................... 98 Tableau 46. Compositions chimiques de 5 argiles et 11 pâtes échantillonnées par Proulx sur le site de l’atelier de Charles Belleau à La Baie (extrait de l’étude de Proulx, 1980).Concentrations exprimées en % poids, corrigées pour PAF nulle et total des oxydes à 100 %. . 98 Tableau 47. Signatures des deux populations chimiques de la production de Charles Belleau à La Baie. ............ 99 Tableau 48. Liste des 40 échantillons analysés par ICPMS et de leur groupe d’appartenance chimique.......... 103 Tableau 49. Présentation des groupes chimiques et de leurs composantes. Les spécimens qui figurent dans la colonne « léger décalage » pourraient appartenir au groupe chimique correspondant mais se situent en très léger décalage avec la moyenne du groupe. Les spécimens apparaissant dans la colonne « spécimens exclus » sont trop éloignés des groupes pour y être apparentés. .................................................................. 105 Tableau 50. Comparaison des concentrations en terres rares des poteries de la vallée du Saint-Laurent et des poteries de Côté V, du réservoir de shales composites NASC et de la UCC...................................................... 109 Tableau 51. Indices d’altération chimique des minéraux calculés sur l’ensemble des populations géochimiques de poteries de même que sur un échantillon de 110 argiles de la vallée du Saint-Laurent (Ousmoï, 1998)............. 111 Tableau 52. Valeurs de l’indice MIA calculé sur des mélanges d’argiles et de dégraissants de Cap Tourmente (près de Québec).......................................................... 112 Tableau 53. Indices d’altération chimique des minéraux (MIA) de 10 % et moins calculés sur les argiles laurentiennes échantillonnées par Ousmoï (1998). ..... 112 Tableau 54. Indices d’altération chimique des minéraux (MIA) compris entre 10 et 20 %, calculés sur les argiles laurentiennes échantillonnées par Ousmoï (1998). ..... 112 Tableau 55. Énumération des indices d’altération chimique des minéraux (MIA) de 20 % et plus calculés sur les argiles laurentiennes échantillonnées par Ousmoï (1998). ......................................................................... 112

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ÉTR : éléments des terres rares. Comprends les éléments aux numéros atomiques 57 à 71 du tableau périodique (La à Lu), auxquels on ajoute généralement les éléments Sc et Y. ICP-AES : spectrométrie d’émission atomique à source plasma. ICP-MS : spectrométrie de masse à source plasma. MAC : Ministère des Affaires culturelles maintenant connu sous MCCQ. MCCQ : Ministère de la Culture et des Communications du Québec. MIA : Mineralogical Index of Alteration. NASC : North American Shale Composite ; réservoir de référence des shales composites nord-américains. PAF : perte au feu. UCC : Croûte continentale supérieure (Upper Continental Crust)

Table des sigles et abréviations ACP : analyse factorielle en composantes principales. AJQ : Archives judiciaires de Québec. AJT.-R. : Archives judiciaires de Trois-Rivières. ANQM : Archives nationales du Québec à Montréal. ANQQ : Archives nationales du Québec à Québec. ANQT-R : Archives nationales du Québec à TroisRivières. CAH : classification hiérarchique ascendante. CV : coefficient de variation. DCR : données centrées réduites. Équivaut à la Cote Z, exprimée en unité d’écart-type.

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d’autres secteurs de l’économie : l’artisanat et la petite industrie.

Introduction

1.1 L’artisanat céramique dans la vallée du Saint-Laurent : 200 ans d’histoire

À partir de la seconde moitié du XVIIe siècle, on voit apparaître des artisans dans quelques villages qui parsèment les abords du fleuve Saint-Laurent. Au nombre de ceux-ci, quelques potiers font le voyage de la Mère patrie à la colonie à partir de 1655 (Langlois 1978). D’un petit groupe très restreint d’à peine une dizaine d’artisans-potiers à la fin du XVIIe siècle (Idem), concentrés dans la région immédiate de Québec, les potiers euro-canadiens vont grossir leurs rangs au cours du troisième quart du XVIIIe siècle et s’installer à proximité des nouveaux marchés qui apparaissent au rythme de l’ouverture de nouveaux fronts à la colonisation et des nouveaux villages.

L’histoire de la production céramique dans la vallée du Saint-Laurent ne peut être traitée de façon isolée. C’est une histoire qui embrasse de nombreuses autres réalités parfois très particularisantes comme le colonialisme, parfois très englobantes comme l’adaptation au milieu ou l’exploitation des ressources d’un milieu. Dans l’espace géographique qui nous intéresse ici, celui du Québec méridional, l’histoire de la production céramique commence bien avant l’arrivée et l’implantation des Européens aux XVIe-XVIIe siècles. Les populations amérindiennes qui occupaient le territoire avant le passage de Jacques Cartier en 1534 possédaient déjà le savoir-faire nécessaire à la fabrication de poterie depuis plusieurs siècles. Chez les populations iroquoiennes1 tout particulièrement, la fabrication de poteries s’est implantée dans la région avec l’arrivée des premiers groupes sédentaires au cours de la période du Sylvicole qui débute initialement en 3 000 AA (Plourde 2003 : 99 ; Tremblay, 1999). La poterie des populations sédentaires de la vallée du Saint-Laurent se retrouve chez les populations voisines au nord et à l’est, qui, si elles n’en constituent pas pour autant des cultures sylvicoles (sédentarité, agriculture) sont, au moins, caractérisées chronologiquement par cette poterie (période sylvicole) (Moreau et al. 1991).

« Though New-France began its existence as a French-settled colony early in 17th century, earlier than most Anglo-American occupations, it never achieved the independence of distance of a true colony, it the sense of developing a real internal economy or any significant native manufactures » (Webster 1971 : 39). Suivant le changement de régime qui s’effectue avec la Conquête de 1759-60 et le Traité de Paris de 1763 qui cédait la Nouvelle-France aux Anglais, la colonie semble connaître des creux ou des ratés au niveau des ravitaillements en produits divers, dont les céramiques, une situation qui aurait favorisé et stimulé la production locale de poterie : « La Conquête a fait cesser brutalement le commerce avec la France. Cela a stimulé favorablement la production artisanale locale de tradition française car la société a dû se suffire à elle-même » (Imreh-Rasonyi 1983 : 13).

En ce qui concerne les populations occidentales, leur implantation dans le Nouveau Monde s’effectue graduellement entre la fin du XVe siècle et le début du XVIIe siècle selon les régions et les peuples colonisateurs. Dans la vallée du Saint-Laurent, les premiers fondements d’une occupation européenne du territoire s’opèrent en 1608 avec l’arrivée de Samuel de Champlain et la fondation de l’Habitation de Québec sur la pointe de Québec. Dans les décennies qui ont suivi l’établissement de ce comptoir à Québec, les initiatives de peuplement et de colonisation ont obtenu de timides résultats. Il faudra attendre la Proclamation royale de 1663 pour qu’une réelle entreprise de peuplement de la Nouvelle-France soit mise en place. De 1200 habitants en 1650, la colonie passe à 7,000 âmes en 1672 (Dickinson et Young 1992 : 82). À l’aube de la Conquête, la population de la colonie s’établissait à plus de 67,000 âmes (Charbonneau 1973).

Entre 1760 et 1840, la production locale de céramique connaît son apogée alors que plus de 100 artisans-potiers sont actifs simultanément (Langlois, 1978). Cet âge d’or de la céramique canadienne-française a pris fin subitement en raison de nombreux facteurs, notamment l’introduction massive des céramiques fines anglaises fabriquées selon des procédés industriels. La mécanisation de la production et la division du travail permettaient de produire beaucoup plus que la boutique de l’artisan à des coûts moindres, donc de vendre un produit supérieur à prix compétitif. L’industrialisation de la production céramique a sonné la fin de l’artisanat dans la vallée du Saint-Laurent et très peu de potiers ont réussi le passage de l’artisanat à l’industrie, la plupart se sont retirés pour se tourner vers d’autres activités.

Parallèlement à cette augmentation de la population et à leur étalement sur le territoire, la colonie élargit ses activités économiques qui consistaient essentiellement dans la pratique de la pêche, le commerce des fourrures, la construction navale et l’agriculture, pour s’ouvrir à

Après un lent déclin qui s’est échelonné sur près de 40 ans, l’artisanat céramique s’est éclipsé cédant la place à la mécanisation de la production autour des années 18901900. Seuls quelques rares et tenaces potiers, comme

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Dans l’espace qui nous intéresse, ce sont les groupes sédentaires des Iroqoïens du Saint-Laurent qui occupaient les basses terres du StLaurent entre Hochelaga (Montréal) et Stadaconé (Québec). Des groupes semi-sédentaires d’Iroquïens partageaient le territoire de la vallée du Saint-Laurent entre Québec et Gaspé, notamment avec les chasseurs nomades algonquins, montagnais, abénakis, micmacs, etc.

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Jean Dion2, surent préserver ce savoir-faire jusqu’aux premières années du XXe siècle.

Charles à Québec (Lambart 1975) où l’auteur retrace partiellement l’histoire de ces deux concentrations d’artisans-potiers à partir de documents notariés et d’archives judiciaires.

1.2 L’état des connaissances sur les productions céramiques de la vallée du SaintLaurent

Notons toutefois que les auteurs Lambart et Webster ont grandement sous-estimé cet artisanat local. Lambart mentionne « qu’à la fin du Régime français, treize ou quatorze fabriques étaient en exploitation dans la colonie, en incluant les potiers acadiens de la région de TroisRivières et du Lac Saint-Pierre » (Lambart 1975 : 1) alors que pour Webster, « from the begining of New France until after 1850, a period in excess of two centuries, it appears that a total of not more than a dozen potters operated in New France and Quebec » (1971 : 46). Pour ces auteurs, la production artisanale semble plutôt marginale d’où peut-être le peu d’intérêt porté aux poteries locales.

L’état actuel des connaissances sur la recherche céramologique au Québec a été plus d’une fois exposé au cours des dernières années (Moussette 2004 ; Monette 2000, 2001), mais il convient tout de même d’en rappeler ici les grandes lignes en examinant ces connaissances dans l’angle sous lequel elles ont été amassées. 1.2.1 Recherches isolées Mentionnons d’abord que les recherches menées jusqu’à présent sur les céramiques québécoises ou sur les artisans-potiers ont toujours été menées de façon isolée. Les chercheurs ont œuvré en vase clos et se sont penchés sur un aspect de l’artisanat ou sur une région particulière ou sur une collection, un type céramique…

Les recherches archivistiques ont surtout été menées par Jacques Langlois dont la synthèse des travaux est présentée dans le Répertoire des artisans-potiers québécois, 1655-1916 (1978). Avec ses nombreuses références aux actes notariés, l’ouvrage de Langlois est un outil de première main pour le chercheur qui désire se pencher sur l’artisanat céramique dans la vallée du SaintLaurent et le sud du Québec en général à la période historique. En revanche, pour l’archéologue ou le chercheur en culture matérielle, ce sont principalement les résultats des recherches archéologiques menées sur des sites d’atelier qui permettront l’identification des poteries locales :

Mises à part les recherches archivistiques de Langlois (1978) et les recherches historiques et archéologiques de Michel Gaumond et Paul-Louis Martin, sur lesquelles nous reviendrons plus loin, il n’y a jamais eu de problématique globale ou générale, de volonté clairement énoncée de documenter cet artisanat pour en comprendre la dynamique, les mécanismes, le fonctionnement, pour connaître ceux qui le pratiquaient et le transmettaient. L’artisanat céramique des habitants canadiens-français n’a jamais été étudié sous l’angle de ses différentes manifestations culturelles à l’échelle du territoire du Québec méridional.

« Thus we cannot, as an absolute certainty identify all early Quebec pottery, and we cannot yet begin to identify particular pieces with specific potters, except in rare cases where the context of discovery justifies an attribution » (Webster 1971 : 44).

On a d’abord connu cet artisanat céramique par le biais des études ethnographiques de Marius Barbeau (1942 et 1945) et historique de Fauteux (cf. infra). Les premières mentions de l’industrie céramique au Canada ont été répertoriées dans l’ouvrage de Joseph-Noël Fauteux intitulé Essai sur l’Industrie au Canada sous le Régime français publié en 1927. En rapport avec l’industrie céramique, l’auteur s’intéresse surtout à la fabrication des briques et tuiles et fait remonter le début de cette production à la fin du XVIIe siècle alors que les dénommés Étienne Landron et Pierre Allemand fondent la Briqueterie sur la rive droite de la rivière Saint-Charles au confluent du ruisseau Lairet, à Québec.

1.2.2 Sondages archéologiques et découvertes fortuites La grande majorité des ateliers de potier qui font l’objet de la présente étude a été localisée lors de sondages exploratoires ou de fouilles de reconnaissance, d’autres sont des découvertes fortuites et quelques rares ateliers ont été fouillés de façon exhaustive suivant une problématique de recherche bien énoncée. Ces rares cas concernent les ateliers de Pierre Côté à Saint-Augustinde-Desmaures et de Charles Belleau à La Baie.

La principale contribution de Barbeau fut de récolter les témoignages de personnages contemporains de certains potiers comme Charles Belleau de La Baie ou les Drolet de Baie-Saint-Paul. Ces témoignages nous renseignent sur les artisans et leur métier ainsi que sur la façon dont ils procédaient pour fabriquer leur poterie ou pour préparer l’argile.

L’ensemble des ateliers localisés par des fouilles de reconnaissance devait permettre d’évaluer le potentiel archéologique du site et d’identifier les secteurs à privilégier dans l’optique d’une fouille ultérieure plus approfondie mais malheureusement ces fouilles ne se sont jamais concrétisées. Des sondages ont été menés à la fin des années 70 et au début des années 80 et très rarement depuis (Gaumond 1993), mais tous découlent d’une volonté clairement exprimée par Gaumond et Martin (1978) et par Proulx (1980) : celle de documenter la production céramique locale pour conduire à une

Il y eut ensuite les recherches de Helen Lambart sur les potiers de la vallée du Richelieu et de la rivière Saint2 Potier de l’Ancienne-Lorette à Québec, Jean Dion est issu d’une famille de potiers, mais il est le seul a ne pas avoir franchi le pas qui mène de l’artisanat à l’industrie (Godin 1981).

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meilleure interprétation des artefacts recueillis sur les sites d’occupations domestiques.

de production, il convient d’abord de documenter les ateliers. Dans le contexte archéologique du Québec méridional, les archéologues ont travaillé dans la logique inverse : ils ont d’abord documenté les céramiques d’importation (françaises, anglaises, allemandes, espagnoles, italiennes…) et par déduction, les poteries qui ne correspondaient pas morpho-stylistiquement aux critères définissant ces poteries importées étaient regroupées au sein d’un très large type céramique difficilement définissable : la poterie locale. On n’a d’ailleurs que rarement cherché à préciser ce type avant les fouilles exploratoires des ateliers de Saint-Denis-surRichelieu.

Nous nous retrouvons donc avec deux types de collection. Le premier provient de fouilles programmées d’ateliers de potiers avec ses lots de rebuts de fabrication et le second est issu des reconnaissances archéologiques avec ses références stratigraphiques incomplètes et ses collections disparates. Du premier type on peut aspirer à une compréhension de la collection à travers la chronostratigraphie si le besoin s’en fait sentir. En revanche, dans le deuxième type de collection, nous devrons nous contenter des ratés de cuisson et des mentions historiques pour saisir ces productions ; la séquence stratigraphique n’étant que rarement enregistrée dans les cas de sondages exploratoires.

1.3

C’est la mise au jour de poteries décorées à l’engobe dans les tessonnières des ateliers de cette localité qui semble avoir initié la documentation des ateliers de production. En effet, cette poterie décorée est très largement répandue dans tout le corridor de la vallée du Saint-Laurent dans les contextes archéologiques datant de la période 17801840 principalement. La découverte des tessonnières de Saint-Denis permettait enfin de référencer cette production locale très populaire dans l’espace et dans le temps (Gaumond et Martin, 1978 ; Lapointe, 1982).

Les recherches en culture matérielle

Les recherches en culture matérielle orientées vers une meilleure connaissance des céramiques récupérées sur les sites archéologiques euro-canadiens font leur apparition au cours des années 1960. En fait, les préoccupations d’ordre matériel se manifestent au moment où la recherche en archéologie historique s’organise autour de la Division de la recherche archéologique et historique de Parcs Canada, à l’échelon fédéral, et au sein du Ministère des Affaires Culturelles (MAC devenu MCCQ), à l’échelon provincial. C’est principalement au sein de ces deux organismes que la recherche archéologique portant sur les sites historiques émerge.

1.3.1 Les approches au matériel et les problèmes d’identification Les problèmes liés à l’identification des poteries locales découlent directement de l’approche que l’on a privilégiée jusqu’à présent pour les étudier. Il y a d’abord eu le fait que l’on a longtemps attendu avant d’entreprendre la recherche des ateliers de production, mais l’approche morpho-stylistique préconisée jusqu’à maintenant pour caractériser les poteries locales n’a pas eu beaucoup de succès. Mises à part les poteries industrielles de Cap-Rouge et quelques autres cas isolés, on ne retrouve que très peu de mentions dans la littérature archéologique québécoise où les archéologues parviennent à rattacher une poterie locale à son site de production.

Les premières recherches en culture matérielle répondent aux questionnements soulevés par la fouille de sites historiques. Ainsi, on cherchait à mieux connaître et à identifier les artefacts mis au jour pour apporter des datations relatives aux contextes de découvertes et à fournir des éléments relatifs à leur provenance, à leurs réseaux d’échanges, etc. Les premières recherches en céramologie se sont d’abord penchées sur les céramiques d’importation mises au jour sur les sites historiques euro-canadiens de la vallée du Saint-Laurent et d’Acadie.

Cette difficulté tient à la fois à la méconnaissance des produits locaux, mais aussi à l’approche morphostylistique. En général, les poteries issues de l’un ou l’autre des ateliers qui occupent le corridor de la vallée du Saint-Laurent partagent des attributs visuels qui compliquent la distinction des productions. Les différentes productions participent d’une certaine tradition céramique héritée des traditions régionales françaises, mais également façonnée au rythme des influences anglo-américaine, acadienne et britannique pour ne nommer que celles-ci.

Les travaux de Barton sur les céramiques de l’épave du Machault (1978) et de la forteresse de Louisbourg (1981), suivies des recherches issues des fouilles de Place Royale à Québec (Lapointe et Lueger 1984 ; Moussette 1981) marquent le début de la céramologie québécoise. Mais l’un des principaux problèmes de ces recherches est probablement lié à la méconnaissance des productions céramiques locales.

Cette tradition se transmet de génération en génération à travers l’apprentissage et la mobilité des potiers, comme partout ailleurs à la même époque, auxquels se mêle un phénomène endogamique. Sans s’étendre sur ce phénomène qui n’est pas propre aux potiers québécois mais bien à la majorité des corps de métier des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles, mentionnons seulement que le savoir-faire des artisans-potiers se transmet à l’intérieur d’un cercle réduit d’initiés au métier se limitant le plus souvent à la famille proche ou élargie ; sur les quelques

Parallèlement, soulignons que les recherches en céramologie ont presque exclusivement porté sur les collections de sites d’habitat et non sur les collections de sites de production. Ceci constitue probablement la principale limite dans la reconnaissance des poteries locales puisqu’on ne peut prétendre reconnaître une production si l’atelier à l’origine de celle-ci n’a pas encore été localisé et étudié. Ainsi, dans toute entreprise visant à reconnaître et à rattacher une poterie à son atelier 11

200 potiers répertoriés par Langlois (1978), les cas d’apprentissage d’individus non-initiés sont relativement peu fréquents. Concernant ce sujet et à propos des potiers de Saint-Denis, nous renvoyons le lecteur à l’ouvrage de Gaumond et Martin (1978).

1.4

Courtemanche (1844-1861) à Yamachiche, Pierre Côté à Saint-Augustin (1803-1811), Jean Aumier (1682-1687), Philippe Ampleman (1766-1782), Pierre Vincent (17661803), Jean-Baptiste et François Poitras (1797-1842) de même que l’atelier de la Briqueterie Landron et Larchevêque (1688-1755) à Québec, ainsi que Charles Belleau (1855-1889) à La Baie (fig. 1 et tableau 1).

Les sites de production

Seize sites de production céramique ont été choisis pour mener cette étude. Ces sites couvrent une bonne partie du Québec méridional, de Saint-Eustache (dans les BassesLaurentides) à La Baie (au Saguenay) sur la rive nord et de Saint-Denis-sur-Richelieu (en Montérégie) à SaintJean-Port-Joli (en Chaudière-Appalaches) sur la rive sud. Les sites devaient remplir deux conditions fondamentales pour être sélectionnés : 1) la production céramique devait être de type artisanal car on ne peut comparer l’industrie et l’artisanat et 2) la poterie devait être produite à partir de l’argile locale car cette étude entend également saisir la dynamique entre l’artisan et son milieu immédiat, donc toute utilisation de matière première importée transporte la production céramique à une échelle beaucoup plus vaste où le rapport au milieu se limite aux domaines de l’économie et du marché. Ainsi toute mécanisation ou division du travail dans un atelier exclut automatiquement l’atelier de l’étude, de même que tout emploi d’argile importée.

Sur la rive opposée, toujours d’ouest en est, nous avons retenu les ateliers des potiers Antoine Duplaquet dit Lambert (1799-1844), Nicolas Prévost (1808-1809), Jean-Baptiste Maillet (1828-1853) et Joseph Bélanger (1838-1887) à Saint-Denis-sur-Richelieu, Orille Joubert (1862-1878) à Baie-du-Febvre ainsi que l’atelier de Joseph-Félix Blanchet (1810-1838) à Saint-Jean-PortJoli. Pour le reste, les ateliers fouillés qui n’ont pas été retenus pour l’étude ne respectaient pas les critères liés à l’échantillonnage des collections dont nous aborderons les modalités à la section méthodologique. Dans cette thèse, sur les quelques 200 potiers répertoriés par Langlois (1978) à peine 10 % seront étudiés de près. Pourquoi limiter l’étude aux simples sites de productions ? Pourquoi ne pas l’étendre aux sites d’utilisation et de consommation puisque ces derniers renferment inévitablement des poteries fabriquées par un plus grand nombre d’artisans ?

Ainsi, sur la rive nord du fleuve, d’ouest en est, dix ateliers des potiers suivants ont été retenus : Nicolas Tourangeau à Saint-Eustache (1799-1816), Jean-Baptiste Briaire (1847-1884) et l’atelier de Briaire et Région de Québec - Briqueterie Landron et Larchevêque - Jean Aumier - Pierre Vincent - Philippe Ampleman - Frères Poitras - Pierre Côté

Région de Saint-Denis - Antoine Duplaquet - Nicolas Prévost - J.-B. Maillet - Joseph Bélanger

Région du lac Saint-Pierre - J.-B. Briaire - Briaire et Courtemanche - Orille Joubert

Région à distance des ateliers de la vallée du SaintLaurent - Charles Belleau - J.-F. Blanchet - Nicolas Tourangeau

1600 Tableau 1. Chronologie des ateliers de potier à l’étude.

12

1700

1800

1900

Figure 1. Carte de localisation des ateliers de potiers à l’étude. Chaque point sur la carte correspond à un atelier.

Cette recherche constitue une première approche du matériel céramique de fabrication locale fondée sur les caractéristiques chimiques des productions. En conséquence, il convient d’abord de procéder à la caractérisation des productions céramiques des différents ateliers afin de distinguer leurs différentes signatures chimiques. L’un des objectifs de la recherche est de proposer une grille d’interprétation de la composition chimique des poteries qui, dans sa finalité, permettra de déterminer l’origine de fabrication d’un vase découvert sur un site d’utilisation. Il s’agit donc de construire une base de données référentielles, préalable à toute recherche de provenance. La recherche doit donc être orientée vers les sites de production dans un premier temps et lorsque nous aurons défini une première grille d’interprétation, nous pourrons nous déplacer vers les sites de consommation pour rechercher l’origine de fabrication des céramiques qui y ont été utilisées.

1.4.1 L’intérêt des rebuts de fabrication dans la caractérisation des productions céramiques Dans la logique de l’approche que nous préconisons, seules les poteries mises au jour sur les sites de production seront caractérisées car les signatures chimiques voir géochimiques qui ressortiront de cette caractérisation permettront de rattacher des poteries de sites secondaires à un lieu géographique et chronologique précis. Mener la caractérisation sur les poteries des sites de consommation n’aboutit qu’à la formation de groupes, mais ces groupes restent sans ancrage géographique précis. Cette forme de caractérisation répond à des questions d’une toute autre nature comme celle de la présence des poteries anglaises de type North Devon en Nouvelle-France (Monette 2000 ; Blackburn et Moussette 2001). En revanche, l’analyse ultérieure de céramiques provenant de sites d’habitat pourrait révéler la présence 13

d’autres productions encore insoupçonnées et orienter de nouvelles recherches sur les ateliers de fabrication.

chimiques et physiques pour en connaître les propriétés, toujours dans le but de caractériser des produits et de les reconnaître parmi d’autres sur la base de certains attributs quantifiables. De ces analyses empruntées des sciences naturelles, l’analyse chimique est très probablement la méthode la plus adéquate pour aborder les problèmes d’identification et de provenance des céramiques (Bishop et al., 1982 ; Arnold et al., 1991 ; Glascock, 1992). Certains privilégient l’approche pétrographique, donc l’étude des composantes des pâtes céramiques en lames minces, mais dans un matériau aussi grossier qu’une céramique commune, l’étude de deux lames prélevées à quelques millimètres d’intervalle pourrait conduire à des interprétations différentes. Nous y aurons tout de même recours sporadiquement lorsque les populations présenteront des compositions chimiques très proches les unes de autres et seront donc très difficiles à distinguer.

L’idée de mener l’étude sur les seules poteries découvertes sur les sites de production nous assure d’abord de la provenance des céramiques que nous analysons. Les sites de production présentent toujours de grandes quantités de tessons dispersés sur l’étendue du site ou concentrés dans des fosses aussi dénommées tessonnières. Il s’agit de rebuts de fabrication ; des poteries qui ont été rejetées par l’artisan pour diverses raisons : fractures, éclatement du vase, effondrement des poteries dans le four, pâte fondue, vases soudés, etc. Certaines de ces céramiques défectueuses, ou de deuxième choix, pouvaient toujours être vendues sur le marché, on les nommait alors des « gondoles », mais les poteries non récupérables étaient tout simplement jetées. Les sites de production présentent normalement une grande quantité de ces rebuts de fabrication. Or ceux-ci constituent le lien direct entre l’archéologue et la production d’un artisan en un lieu donné et à une période donnée. Ils sont donc porteurs d’une spatialité (géographique mais aussi géologique) et d’une temporalité (i.e. la période de production de l’atelier), et dans certains cas, à travers la stratigraphie des dépôts, ils sont également porteurs d’informations chronologiques sur la production.

1.6

Cette partie présente la procédure de l’analyse géochimique des pâtes par l’une et l’autre des méthodes d’analyse que sont la spectrométrie d’émission atomique à source plasma (ICP-AES) et la spectrométrie de masse à source plasma (ICP-MS). Nous suivrons donc dans l’ordre les différentes étapes de la procédure qui va de l’échantillonnage des tessons à l’analyse proprement dite pour ensuite aborder le traitement des données d’analyse et les outils statistiques utilisés pour différencier les groupes ou populations chimiques.

1.4.1.1 L’atelier dans son milieu Analyser la composition chimique des poteries permet également de saisir certaines caractéristiques de l’environnement géologique d’une production. Les artisans-potiers exploitent des sources d’argile à l’échelle locale, c’est-à-dire dans un rayon de quelques kilomètres au plus par rapport à l’atelier. Malgré les possibles inférences de nature anthropique (ou non) dans la composition chimique finale de la pâte céramique (ex. mélanges d’argiles, adjonction d’un dégraissant, lavage de l’argile et autres contaminations et altérations chimiques), certaines concentrations d’éléments majeurs ou traces ont un lien direct avec la matière première argileuse. En théorie, les céramiques produites à partir d’argiles de formations géologiques distinctes, comme par exemple les argiles dérivées de l’altération des roches sédimentaires ordoviciennes des Appalaches versus les granites et gneiss précambriens de la Province tectonique du Grenville, auront des signatures géochimiques éloignées les unes des autres en éléments majeurs, traces et en particulier pour ce qui est des terres rares (ÉTR). Par ailleurs, les poteries issues de l’exploitation des argiles d’un même dépôt superficiel (ex. argiles de la Mer de Champlain) mais provenant de localités différentes, comme par exemple entre Saint-Eustache et Yamachiche, pourraient également se distinguer au niveau de leurs teneurs en éléments majeurs, mais surtout au niveau des traces et des terres rares (éléments réfractaires).

1.5 Le potentiel de la archéométrie et céramologie

géochimie

Méthodologie

1.6.1 L’échantillonnage des rebuts de fabrication Le choix des tessons à analyser s’est fait sur la base de caractéristiques morphologiques. Ainsi, le premier critère de sélection reposait sur la forme auquel le tesson se rapportait. Pour chaque site de production sélectionné, nous avons échantillonné un minimum de cinq tessons pour chaque type de forme représenté. Ce premier critère nous assure d’abord que la forme sélectionnée est bien représentée dans la collection et qu’il ne s’agit pas uniquement d’une pièce rapportée ou fabriquée par un autre artisan. Ensuite, le critère de la forme vise à vérifier l’homogénéité chimique à l’échelle des formes : si un artisan prépare sa pâte d’une façon particulière pour produire telle forme plutôt que telle autre, notre procédure d’échantillonnage nous permettra de l’identifier et d’expliquer les différences en composition qui pourraient en découler. Ainsi, dans le cas où quatre types de formes étaient représentés dans la collection d’un site, nous avons sélectionné cinq tessons de chaque type, soit un total de 20 tessons. Ces tessons doivent aussi se rapporter à des pièces archéologiquement complètes, c’est-à-dire, des vases dont nous avions tout le profil de la lèvre à la base. Cette contrainte du vase archéologiquement complet est nécessaire à ce stade-ci de la recherche car notre étude vise à devenir une référence en céramologie québécoise. À ce titre les pièces céramiques sont tout aussi importantes que les compositions élémentaires que nous aurons pu en tirer et les archéologues doivent pouvoir s’y référer au besoin. Les poteries analysées prendront la

:

Depuis maintenant près de 40 ans, les matériaux céramiques font l’objet d’analyses et d’expertises 14

forme d’une collection de référence de la céramique locale québécoise3.

permet de s’assurer d’une contamination minimale des échantillons.

Dans certains cas, il a fallu sélectionner des tessons dont on ignorait la forme en raison des limites imposées par une collection trop restreinte (c’est souvent le cas de collections découlant de surveillances archéologiques ou de simples sondages exploratoires) et dans d’autres cas, exceptionnels, le nombre d’échantillons n’a pas respecté la consigne des 5 échantillons par type car la collection ne pouvait en fournir autant.

1.6.4 Perte au feu (PAF) La PAF se définit comme étant la différence de poids d’un échantillon avant et après cuisson à 1 100°C. Il s’agit d’un paramètre qui peut difficilement servir à la caractérisation d’une production dans la mesure où la PAF est indicative de l’état de cuisson des différentes céramiques. Pour une même matière première argileuse, on enregistrera des valeurs de PAF différentes selon l’état de cuisson plus ou moins avancé des poteries. En revanche, on ne pourra comparer l’état de cuisson de deux matières premières argileuses différentes grâce à leurs PAF puisque celles-ci sont différentes d’une argile à l’autre. Plus une céramique est cuite, moins son poids aura tendance à varier sous l’effet d’une chauffe à 1 100°c pendant une heure. Après le passage à l’étuve à 60 °C pendant 6 heures, l’humidité contenue dans les microfissures et les pores des céramiques est éliminée. La recuisson (ou calcination) à 1100°C va essentiellement éliminer l’eau dite « de constitu-tion » ou strucutale que contient encore le matériau céramique ainsi qu’éventuellement le CO2 résultant d’une dissociation incomplète de divers carbonates ou provenant d’autres matériaux carbonatés ou organiques imprégnés.

Mentionnons enfin que la règle des cinq échantillons par forme représentée est un minimum à respecter. En revanche, ce nombre pourrait évoluer en fonction de l’hétérogénéité des résultats d’analyse obtenus. 1.6.2 La prise d’essai Sur chaque tesson sélectionné, un morceau d’un poids d’environ 3 grammes a été prélevé : la prise d’essai. Ce prélèvement s’est fait à l’aide d’une scie diamantée. Les tessons enduits d’une glaçure ont été l’objet d’un traitement plus complet afin d’éliminer cet enduit par friction de la surface sur une face latérale de la lame. Cette façon de procéder ne garantit pas l’élimination complète de la glaçure, surtout que les céramiques à l’étude sont très poreuses et que la glaçure a probablement diffusé dans la pâte.

La calcination est opérée dans un four électrique avant l’analyse chimique ; les échantillons qui présentent de très fortes PAF (de l’ordre de 10 %) font alors l’objet d’une analyse chimique sur les poudres calcinées. Les matériaux qui présentent normalement des valeurs de PAF de plus de 10 % présentent souvent une forte proportion de sulfures et ceux-ci peuvent altérer les creusets de platine que l’on utilise pour effectuer la fusion.

Une fois l’échantillon prélevé, il est placé dans une étuve à environ 60°C pendant 5 à 6 heures pour être séché. Une fois sec, l’échantillon est placé dans une fiole de plastique dont le couvercle, la base et le corps portent le numéro de l’échantillon. Celui-ci est maintenant prêt pour l’étape suivante. 1.6.3 Broyage et pulvérisation Les échantillons sont ensuite réduits un à un en poussière dans un pulvérisateur électrique formé d’un mortier et d’un pilon en agate. Nous avons privilégié l’agate à d’autres matériaux comme le ferrochrome car il y a moins de risque de contamination. La durée de la pulvérisation a été fixée à environ 7 minutes. Des tests ont révélé qu’audelà de 7 minutes, l’échantillon ne gagnait plus rien en finesse. Le mortier d’agate est constitué de silice pure. Ce type de pulvérisation peut engendrer une légère contamination en silice, mais celle-ci est négligeable eu égard aux proportions importantes en silice des céramiques.

Ainsi, dans le cas présent nous avons soumis en moyenne 0,5 gramme de poudre de chacun de nos échantillons à l’exercice de la perte au feu. Les poudres sont déposées dans de petits creusets de porcelaine pesés à vide puis mis au four pour la chauffe. 1.6.5 Attaque chimique par fusion alcaline La première étape consiste à peser 1 gramme de métaborate de lithium sur une balance électronique. Celui-ci est déposé dans un creuset de platine et à cette quantité, il faut ensuite ajouter 0,2 gramme d’échantillon précédemment pulvérisé et séché puis 3 à 4 gouttes de bromure de lithium (BrLi). Le tout est mis en fusion dans le Fluxy automatisé Claisse qui effectue la fusion de trois échantillons à la fois (fig. 2). Le processus obéit à une routine préalablement programmée pour la fusion des chromites (matériaux très réfractaires).

Une fois réduit en poudre, l’échantillon est transféré dans la fiole de plastique. Le pilon et le mortier sont ensuite nettoyé à l’eau tiède puis à l’alcool et séché à l’air comprimé. Notons aussi que la pulvérisation s’est faite par groupes d’échantillons, site après site. Lorsque les échantillons provenant d’un site ont tous été pulvérisés, nous procédons au nettoyage habituel du mortier et du pilon et nous « stérilisons » le broyeur en y pulvérisant une poudre de silice pure. Cette procédure un peu longue

Ceux-ci sont donc fixés solidement à l’aide d’ancrage qui s’attache à un anneau qui tient lieu de circonférence à quelques millimètres de l’ouverture supérieure du creuset. Cette opération dure environ 9 minutes, pendant lesquelles le creuset tourne sur lui-même au dessus du brûleur à des vitesses et avec une inclinaison variables.

3 Cette collection de référence sera insérée aux collections de référence déjà existantes du MCCQ (à Québec) et de la Ville de Québec.

15

Les concentrations de ces éléments ont été calibrées en utilisant les trois standards internationaux suivants : AGV-2 (andésite), BCR-2 (basalte) et BHVO-2 (basalte) provenant de la U.S. Geological Survey dont les compositions sont reportées au tableau 7. Les concentrations mesurées dans les pâtes pour les éléments S, As, Cd et Co étaient souvent en dessous des limites de détection de l’appareil et n’ont donc pas été retenues dans la caractérisation4 (tableau 4). Voici les conditions opératoires de l’analyse :

Sous l’effet de la chaleur et de l’action chimique du métaborate de lithium et du bromure de lithium (fondants), le tout fini par fondre.

Conditions opératoires de l'ICP-AES Optima 3000 Débit de nébulisation Débit de gaz (plasma) Débit de gaz (auxiliaire) Puissance incidente Nombre de réplicat Débit de l'échantillon

Figure 2. Fluxy automatisé de Claisse (Québec) de l’INRS-ETE, Université du Québec (photo : Marc R- LaFlèche).

Au terme de la routine, les creusets basculent automatiquement et le contenu en fusion s’écoule dans un bécher de téflon contenant 100 ml d’une solution diluée d’acide nitrique (HNO3). Après environ 5 minutes d’agitation, le contenu des bouteilles est transvidé dans une bouteille de plastique préalablement pesée.

0,8 (L/Min) 15 (L/Min) 0,5 (L/Min) 1,3 kW 3 1 (ml/min)

Tableau 2. Conditions opératoires de l’analyse spectrométrie d’émission atomique à source plasma.

par

1.6.7 Analyse chimique quantitative par ICP-MS Nous avons eu recours à la spectrométrie de masse à source plasma (ICP-MS) pour mesurer les concentrations de 26 éléments traces et ultra-traces incluant entre autres les lanthanides ou terres rares (ÉTR). L’analyse de ces éléments devait aider à mieux caractériser certains groupes chimiques identifiés par ICP-AES. Quarante échantillons (tableau 5) ont ainsi été soumis à l’analyse en ICP-MS. Les résultats en seront commentés au chapitre 6.

Une fois refroidis à température de la pièce, la bouteille et son contenu sont pésés. Toutes les données pondérales sont inscrites au fur et à mesure dans un fichier Excel qui calcule le facteur de dilution de l’échantillon dans la solution. Ce facteur est pris en compte dans le calcul des concentrations lors de l’analyse chimique. Par rapport à l’ICP-AES, l’ICP-MS permet de mesurer avec une grande précision les teneurs de l’ensemble des terres rares et un large spectre d’éléments traces. En revanche l’ICP-AES est plus efficace pour mesurer les teneurs des éléments majeurs.

L’appareil utilisé est de marque Fysons, modèle VGPQII+, équipé d’un nébuliseur de type V Groove et d’une chambre de type Scott (double pass) (fig. 4). Les tableaux 6 et 7 présentent respectivement les conditions d’analyse et les limites de détection analytique des éléments dosés en ICP-MS.

1.6.6 Analyse chimique quantitative par ICP-AES Au total 298 poteries ont été analysées par ICP-AES (tableau 3). Il s’agit d’un appareil de marque Optima 3000 de Perkin Elmer équipé d’un nébuliseur de type cross flow et d’une chambre Scott (fig. 3). Les concentrations de 26 éléments majeurs (sous forme d’oxyde) et traces ont été mesurées : SiO2, TiO2, Al2O3, Fe2O3, MnO, MgO, CaO, Na2O, K2O, P2O5, Ba, Sc, Sr, Cu, Zn, V, Cr, Y, Zr, La, S, As, Cd, Co et Pb.

Figure 4. Spectromètre de masse à source plasma (ICP-MS) de l’INRS-ETE (Université du Québec) de marque VG PQII+.

Sur le tableau périodique, les lanthanides forment un groupe de 15 éléments de numéro atomique 57 (Lanthane, La) à 71 (Luthécium, Lu). Ces éléments sont souvent regroupés dans le groupe des terres rares (ÉTR) qui englobe de plus le scandium (Sc)5 et l’yttrium (Y) qui Figure 3. Spectromètre d’émission atomique à source plasma (ICP-AES) de l’INRS-ETE (Université du Québec) de marque Optima 3000 fabriqué par Perkin Elmer (photo : Marc R.LaFlèche).

4 Seul le Co pourrait intervenir sporadiquement dans la caractérisation de certaines productions car ses concentrations ne sont inférieures aux limites de détection que pour les poteries des ateliers de Philippe Ampleman à Charlesbourg et Pierre Côté à Saint-Augustin-deDesmaures. 5 Le Sc a été mesuré par ICP-AES seulement.

16

Nb de poteries analysées

Ateliers Briqueterie Landron et Larchevêque Jean Aumier Philippe Ampleman Pierre Vincent Frères Poitras Pierre Côté Jean-Baptiste Briaire Briaire & Courtemanche

Nb de poteries analysées

Ateliers Orille Joubert Antoine Duplaquet Nicolas Prévost Jean-Baptiste Maillet Joseph Bélanger Nicolas Tourangeau Joseph-Félix Blanchet Charles Belleau

13 5 16 17 16 28 10 31

28 16 20 20 28 12 11 27

Tableau 3. Tableau synthèse présentant le nombre d’échantillons de poterie analysés pour chacun des ateliers.

Limites de détection ICP-AES SiO2

TiO2

%

%

Al2O3 Fe2O3 %

%

MnO

MgO

CaO

Na2O

K2O

%

%

%

%

%

0,003 0,0003 0,008 0,011 0,0003 0,014 0,0008 0,001 0,0027 P2O5

Ba

Sc

Sr

V

Y

Zr

La

Pb

%

ppm

ppm

ppm

ppm

ppm

ppm

ppm

ppm

0,014 S ppm

0,003

0,14

0,54

5,41

1,08

1,62

2,71

As

0,54

Cd

Co

Cr

Cu

Ni

Zn

ppm

ppm

ppm

ppm

ppm

ppm

ppm

2,71

13,54

1,62

32,49 10,83

5,41

5,41

27,07

Tableau 4. Limites de détection analytiques des éléments dosés en spectrométrie d’émission atomique à source plasma. Les éléments ombragés n’ont pas été retenus pour participer à la caractérisation. Échantillons analysés par ICP-MS Échantillon Poit-02 Poit-08 Poit-15 Vinc-01 Vinc-07 Vinc-10 Vinc-11 Vinc-15 JBB-01 JBB-04 B&C-04 B&C-14 B&C-19 Côté-08 Côté-09 Côté-13 Côté-20 Côté-21 Côté-22 Côté-24

Production Poitras

Échantillon Amp-07 Amp-09 Amp-12 Bell-04 Vincent Bell-12 Bell-14 Bell-28 JFB-03 JFB-06 Briaire JFB-07 Ojoub-12 Briaire & Ojoub-18 Courtemanche Ojoub-28 Dup-05 Côté Mail-05 Béla-11 Prev-15 Tour-02 Tour-07 Tour-11

Production Ampleman

Belleau

Blanchet

Joubert

Duplaquet Maillet Bélanger Prévost Tourangeau

Tableau 5. Liste des échantillons analysés par ICP-MS et leur production d’appartenance Conditions opératoires de l'ICP-MS VG-PQ2+ 1 (L/Min) 14,5 (L/Min) 1 (L/Min) 1,350 kW 3 1 (ml/min) In,Re,Bi

Débit de nébulisation Débit de gaz (plasma) Débit de gaz (auxiliaire) Puissance incidente Nombre de réplicat Débit de l'échantillon Standard interne

Tableau 6. Conditions opératoires de l’analyse par spectrométrie de masse à source plasma de l’INRS-ETE.

17

18

% pds

% pds

% pds

% pds

% pds

% pds

% pds

% pds

% pds

% pds

% pds

2.88 0.48 98.8

16.90 6.69 0.0994 1.79 5.20 4.19

59.30 1.05

AGV-2

2.91 0.49 97.60

16.10 6.88 0.102 1.75 5.41 4.09

60503 AGV-2 58.70 1.01

2.78 0.48 98.70

16.50 6.67 0.0979 1.73 5.17 4.09

70503 AGV-2 59.90 1.01

2.73 0.49 99.40

16.40 7.19 0.105 1.73 5.60 3.90

80503 AGV-2 59.90 1.06

97.55 98.36 –

96.69 96.80 97.71 96.93 96.46 96.08

% precision 99.67 97.78

1.79 0.35 99.82

13.50 13.80 0.152 3.59 7.12 3.16

54.10 2.26

BCR-2

1.86 0.36 100.40

12.90 14.20 0.205 3.57 7.43 3.14

60503 BCR-2 54.30 2.22

1.74 0.36 99.50

13.30 13.60 0.193 3.51 6.98 3.14

70503 BCR-2 54.20 2.22

< L.D. < L.D. 688 < L.D. 42 20 < L.D. 34 343 427 147 37 189 24 < L.D.

1.79 0.36 102.70

13.40 14.60 0.207 3.59 7.52 3.09

80503 BCR-2 55.70 2.31

n.d. n.d. 98.53 n.d. 90.76 92.68 n.d. 99.90 96.36 98.71 89.54 97.93 99.02 97.91 n.d.

99.45 97.49 –

97.87 97.74 97.32 99.06 97.38 98.84

% precision 98.87 99.66

N/A N/A 130 N/A 45 127 119 32 389 317 103 26 172 15 N/A

0.52 0.27 100.40

13.50 12.30 0.167 7.23 11.40 2.22

49.90 2.73

BHVO-2

18

Tableau 7.Valeurs certifiées (trame grise) et mesurées des standards de calibration BHVO-2, AGV-2, BCR-2 comparées aux concentrations mesurées.

.

N/A < L.D. 0.012 < L.D. n.d. N/A 0.0221 0.0412 S ppm N/A < L.D. < L.D. < L.D. n.d. N/A < L.D. < L.D. As ppm 1140 1092 1112 1146 97.96 683 658 672 Ba ppm N/A < L.D. < L.D. < L.D. n.d. N/A < L.D. < L.D. Cd ppm 16 21 22 20 76.56 37 42 38 Co ppm 53 54 59 55 94.31 19 18 23 Cu ppm 19 < L.D. < L.D. < L.D. n.d. N/A < L.D. < L.D. Ni ppm 13 13 13 13 97.85 33 33 33 Sc ppm 658 632 642 663 98.12 346 324 333 Sr ppm 120 120 117 122 99.92 416 426 412 V ppm 86 94 103 103 85.83 127 132 146 Zn ppm 20 19 20 20 98.67 37 36 36 Y ppm 23 229 230 234 99.51 188 183 186 Zr ppm 38 36 37 36 95.70 25 27 25 La ppm 13 < L.D. < L.D. < L.D. n.d. 11.0 < L.D. < L.D. Pb ppm Fe2O3* : Total iron. L.D.: limites de detection. S