Les dérivés parasynthétiques dans les langues romanes: roumain, italien, français, espagnol [Reprint 2011 ed.] 3111000362, 9783111000367, 9783111356785

193 87 9MB

French Pages 164 Year 1974

Report DMCA / Copyright

DOWNLOAD FILE

Polecaj historie

Les dérivés parasynthétiques dans les langues romanes: roumain, italien, français, espagnol [Reprint 2011 ed.]
 3111000362, 9783111000367, 9783111356785

Table of contents :
1. Le dérivé parasynthétique
2. Analyse sémantique des dérivés parasynthétiques
3. Les verbes parasynthétiques caractérisés par le trait [— action]
4. Les verbes parasynthétiques caractérisés par le trait [+ action]
5. Les formants des verbes parasynthétiques
6. Substantifs et adjectifs parasynthétiques
7. Conclusions
Bibliographie

Citation preview

JANUA

LINGUARUM

STUDIA NICOLAI

MEMORIAE

VAN

WIJK

edenda C. H.

DEDICATA

curat

SCHOONEVELD Indiana

Series

University

practica

229

LES DERIVES PARASYNTHETIQUES DANS

LES LANGUES ROMANES ROUMAIN, ITALIEN, F R A N f A I S , ESPAGNOL

par

SANDA REINHEIMER-RtPEANU UNI V E R S I T E DE B U C A R E S T F A C U L T E DE L A N G U E S ROMANES

I» 1974

MOUTON THE HAGUE »PARIS

Cet ouvrage parati par les soins de EDITURA ACADEMIEI REPUBLICII SOCIALISTE ROMANIA et de MOUTON & Co. Β. V. PUBLISHERS

Les droits de reproduction du present ouvrage appartiennent ä EDITURA ACADEMIEI REPUBLICII SOCIALISTE ROMANIA Bucuresti, str. Gutenberg 3 bis

PRINTED IN ROMANIA

TABLE DES MAT1EBES

1. Le derive parasynthötique 2. Analyse s£mantique des derives parasynth6tiques 3. Les verbes parasynthetiques caract^rises par le trait [— action] 4. Les verbes parasynthetiques caracterises par le trait [ + action] 5. Les formants des verbes parasynthetiques 6. Substantifs et adjectifs parasynthetiques . 7. Conclusions Bibliographie

7 45 65 89 125 139 149 155

1. LE DERIVE PARASYNTHETIQUE

On a attribue aux derives parasynthetiques cette particularity d'etre cre^s par suite de l'adjonction simultan^e a un meme radical d'un pröfixe et d'un suffixe. « Certain derivational formulas known as parasynthetic call for the simultaneous enlistment of two affixes, typically one prefix and one suffix. » 1 Pour les chercheurs qui considerent la suffixation comme un procede de la derivation et la prefixation comme un procede de la composition, il se trouve ä la base de la parasynthese « un procedö de composition et de derivation ä la fois » 2. Les parasynthetiques « offrent ce remarquable caractere d'etre le r6sultat d'une composition et d'une derivation agissant ensemble sur un meme radical, de telle sorte que l'une ou l'autre ne peut etre supprimee sans amener la perte du mot» 3. On applique cette denomination aussi aux formations «in cui intervengono nello stesso tempo ο sullo stesso livello formativo un prefisso ed una desinenza, aggiunti ad una sola base, senza che esistano sia la formazione con il solo prefisso ο quella con la sola desinenza »4. Pour ce qui est de la simultaneite des deux elements adjoints, un seul avis contredit cette opinion unaninie, lequel considere que 1

Y. Malkiel, « Genetic Analysis of Word Formation », Current Trends in Linguistics edited by Thomas A. Sebeok, vol. I l l , Theoretical Foundations, The Hague — Paris, 1966, p. 314. Voir aussi entre autres : Ramön Menindez Pidal, Manual de Gramdlica histdrica esponola, Madrid, 1962, p. 329; Kr. Nyrop, Grammaire historique de la longue frangaise, tome III, Copenhague, 1908, p. 206; etc. 2 A. Thorn, « L e s verbes parasynth£tiques en franjais », Lunds VI, 1909. 3

Universilcts

A. Darmesteter, Traiti de la formation des mots composes dans la langue frangaise aux autres langues romanes et au latin, Paris, 1894, p. 96. 4

Stile,

Arsskrift, comparie

Pavao Tekavcic, «Formazione delle parole neH'istroromanzo dignanese », Lingua III, 1969, p. 145.

e

LE DERIVE P A B A S Y N T H E T I Q U E

8

les derives parasynthetiques peuvent se constituer aussi par l'adjonction successive du suffixe et du prefixe 5 . On a accorde a la parasynthese d'autres denominations aussi, telles que : encadrement 6, prefixally suffixal derivation 7. Au moment oü l'on constate le niveau insuffisamment developpe des etudes concernant la formation des mots dans les langues romanes, les parasynthetiques sont mentionnes parmi les formations romanes d e r i vees qui ont assez peu appele l'attention des chercheurs 8 . 1.1. Nous nous sommes propose dans ce qui suit de donner aux derives parasynthetiques une definition plus ample et, a u t a n t qu'il est possible, complete, d'etablir les limites de cette categorie dans l'ensemble des derives, sur le plan de la forme aussi bien que sur le plan du contenu. O'est ä partir de cette definition que nous avons extrait le materiel de la recherche — unites lexicales derivees ä formation parasynthetique — dans le but d'entreprendre une analyse synchronique comparative pour quelques langues romanes — roumain, italien, frangais, espagnol. Le materiel nous a ete offert p a r des dictionnaires c o n s i d e r s fondamentaux pour ces langues, ainsi que p a r des dictionnaires bilingues - voir la bibliographie. 1.2. Derivation et analyse synchronique. Le derive parait etre un terme de la diachronie par excellence, aussi l'envisage-t-on d'habitude sur l'axe des successions, surtout comme une creation ulterieure, fondee sur une unite preexistante. Le point de vue synchronique est dominant dans u n nombre tres restreint d'etudes concernant la formation des mots, bien que l'on ait reconnu la necessite d'une telle perspective. Des ecarts en ce qui concerne sa stricte application 9 s'expliquent soit p a r la nature meme de l'objet etudie, soit par les traditions de la recherche dans ce domaine. Mais « on ne doit pas meler l'histoire des morphemes ä l'analyse descriptive des formes actuelles » 1 0 ; «l'analyse des derives ne coincide que 5

Finu^a Asan, «Forma^i parasintetice in limba ramänä», Limba romdnä, XIV, 1965, p. 88. β Pierre Haffter, Contribution ä l'etude de la suffixation, Zürich, 1956, p. 6. 7 MiloS Dokulil, Tuofeni slov ν cestine. 1. Teorie od υοζονάηϊ slov, Praha, 1962, p. 240. 8 Paul M. Lloyd, « A n Analytical Survey of Studies in Romance Word Formation », Romance Philology, X V I I , 1964, p. 736. 9 J. Dubois, Elude sur la derivation suffixale en frangais moderne el conlemporain, Paris, 1962, p. 1 3 - 1 4 . 10 Alexandra Graur, « N o t e asupra structurii morfologice a cuvintelor», Studii de gramaticä, vol. II, Bucure§ti, 1957, p. 13.

LE DERIVE PARAS YNTHETIQUE

9

par hasard et rarement avec leur histoire »11. Pour entreprendre une analyse synchronique, ind6pendante de l'histoire, il faut aboutir a. une conception de la derivation qui permette qu'on l'envisage uniquement dans la simultaneity. «La description sur le plan synchronique suppose une abstraction des faits reels du processus de la formation des mots, dans le but d'etudier les relations derivatives vivantes du moment present» 12 . Dans la synchronie, on ne congoit plus la derivation comme un procede, mais comme le resultat — a un moment donne — de l'application de ce procede; il ne s'y agit pas d'un processus, mais de la consequence de ce processus qui mene ä la formation de nouvelles unites lexicales, dans une etape donnee de la langue. Par consequent, les derives ne sont plus des mots nouveaux, formes ä partir d'autres mots, preexistants; ce sont les unites lexicales qui, en vertu des rapports associatifs, entrent en relation avec d'autres unites lexicales. « In einer synchronischer Darstellung, können wir solche Bildungen behandeln die sowohl formal als inhaltlich in der Sprache analysiert werden. » 13 Pour chacune de ses parties composantes, chaque derive est associe ä un ou plusieurs mots, avec le(s)quel(s) il forme un paradigme constitue : — en fonction de l'identite de forme de l'un des segments constitutifs 14 ; — en fonction de l'unite d'information semantique contenue dans ce segment. visätoi Ex. roum. vis a visa joc sägeatä sapä acru fr.

scie transport serrure boulange

a juca a sägeta a säpa a acri a mura scier transporter sculpter boulanger

jucä tor s&getä tor säpätOT

scie ur transporteur sculpteur

sägetaturä

sapaturä amturä mnraturä scierie

serrure rie boulange rie

etc. 11

L. Vasiliu, Sufixele verbale romänefü, thfese de doctorat, Bucarest, 1969 — manuscrit. M. Gawelko, «Problem es geniraux de la formation des mots dans la linguistique sovi^tique », Kwartalnik Neofilologiczny, XV, 1968, p. 177. Voir aussi H. Marchand, «On a Question of Contrary Analysis », English Studies, X L I V , 1963, p. 4. 13 C. Rohrer, Die Wortzusammensetzung im modern Französisch, Tiibingen, 1967, p. 10. 14 Voir R. Martin, « A propos de la (Privation adjective», TLL, VIII, 1, 1970, p. 162. 12

10

LE DfiRrvE PARASYNTHETIQUE

C'est-a-dire que du point de vue de sa constitution, aussi bien que de la relation s&nantique contracts avec une autre unite lexicale renfermant le meme radical ou le meme affixe, le d6riv6 entre dans des series dont les termes pr^sentent des ressemblances dans le plan de la forme et dans le plan du contenu 15 . « There are two conditions for a word to be called a (. . . ) derivative. Firstly, it must be analysable phonetically as well as semantically. This means that derivatives must stand in a relation to their bases both from the point of view of the signifiant and the signify». (Le paradigme y est congu uniquement en vertu de la base commune mais il peut se construire egalement ä partir d'un affixe commun). « Secondly, the relation must be characteristic of a group. It goes without saying that pairs of words in which the relation has a purely phonetic character, have no place in wordformation at all» 16 . II s'impose d'inclure dans l'analyse seulement les sequences analysables, qui sont encore «relativement motiv6es». « La notion de relativement motive implique : 1. l'analyse du terme donne, done un rapport syntagmatique; 2. l'appel ä un ou plusieurs termes, done un rapport associatif »17. « La motivation morphologique (chanteur par rapport ä chanter, n.n.) et la motivation s&nantique expliquent le mot en le rattachant ä un ou plusieurs autres elements du lexique ». . . «la motivation y est fournie par l'etymologie (— le sentiment etymologique du sujet parlant), l'id6e qu'ils se font des rapports entre les Elements de leur systeme linguistique »18. En consequence, les descriptions synchroniques de la derivation envisageront les derives comme des formations analogiques selon un modele donne et prendront en consideration uniquement les sequences qui permettent la decomposition au point de vue de la forme et du contenu en elements const.itutifs, qui justifient par cela meme l'inclusion dans la categorie des derives 19 . 16 Voir dans ce sens Ζ. M. Volotzkaja, «Problemele formärii cuvintelar la trecerea de la limbajul intermediär la limba de ie?ire», Probleme de lingoisticä matemalicä, Bucurejti, 1960, p. 5 9 - 6 0 . 14 H. Marchand, « T h e Question of Derivative R e l e v a n c y and t h e P r e f i x -s in Italian», Studia Linguistica, VII, 1953, p. 104 — 114. 17 F. de Saussure, Cours de Linguistique Ginirale, Paris, 1922, p. 177—179. 18 S. Ullniann, Pricis de sdmantique franfaise, Berne, 1952, p. 115 ; voir aussi p. 103. w Pour l'application du critfcre synchronique dans l'analyse des d6riv6s, voir Q. Mok, « Le prdfixe RE- en franjais moderne; essai d'une description synchronique», Neophilologus

LE DERIVE PARASYNTHETIQUE

11

Toute analyse synchronique concernant la formation des mots aura pour but d'ouvrir une perspective sur tout ce qui est frequent, actif dans la langue, de n^gliger les cas isoies, disparates. C'est pourquoi nous ne nous sommes pas propose d'entreprendre une recherche exhaustive des derives parasynthötiques enregistr^s comme tels par les dictionnaires, et nous avons laiss6 de cöte, ä dessein, toute unite lexicale qui, ä notre sens, n'a pas la quality d'un derive. 1.3. Actif et productif. Nous consid^rons qu'un procede de formation des mots est a c t i f s'il y a lieu de supposer le d^codage de la sequence (ainsi constitute) par le sujet parlant dans l'ensemble de la strie dont eile fait partie. Synchroniquement, un άέπνέ ne peut etre fonde que sur un procede actif, tous ses elements constitutifs — racines et affixes — sont des elements actifs. Le caractere actif est un indice de la disponibilite du procede, de la disponibilite des elements formatifs. Pour constater la productivite du procede et de ses fitments, il faudrait prendre connaissance, pour la langue respective, de la formation «illimitee en principe » de derives, conformöment au modele donne, formation depourvue de tout caractere intentionnel 20 . Or l'inventaire des derives realise uniquement ä partir du dictionnaire ne peut nous conduire qu'ä l'enregistrement des elements formatifs s u sc e p t i b l e s d'etre « sentis » comme actifs par le sujet parlant. Les proced^s de derivation obtenus sont des procMes s u s c e p t i b l e s d'etre repris par des creations analogues. Nous considerons qu'un tel examen de la derivation est dans la meme mesure et de la meme maniere realisable au niveau du sujet parlant — c'est ce qui nous permet de supposer le caractere actif des procM^s de derivation envisages. Mais une telle analyse ne nous offre pas de donnees pour pouvoir supposer la productivite du procede. Le dictionnaire ne met pas ä notre disposition des temoignages certains en ce qui la concerne. Si nous nous sommes permis pourtant de faire quelques affirmations d'ordre quantitatif, c'est parce que la repetition du meme modele de derivation dans un nombre relativement grand — relativement petit — de cas pourrait etre un indice de sa productivite — respectivement non-proXLVIII, 1964, p.97—114 ; P. Tekavcic, « Formazione . . . »; L. Vasiliu, Sufixele . . . ; Gabriela Panä, « Derivarea prin sufixe, ο procedura distribujionalä transformationalä de segmentare a derivatelor», Omagiu lui Alexandru Rosetti, Bucure$ti, 1965, p. 657—662. 20 Voir Η. Schultink, De monologische valentie Dan het ongelede adjectief im modern Nederlands, La Haye, 1962, p. 38, apud Q. Mok, «Le pr6fixe RE- . . .», p. 109.

LE DERIVE P A R A S Y N T H E T I Q U E

12

ductivite. Les memes appreciations quantitatives (non numeriques) nous serviront ä ^valuer — sur ce plan egalement — les differences ou les ressemblances concernant les langues romanes. 1.4. Les elements formatifs du derive. 1.4.1. La racine (le radical) est un fragment de la sequence phonique qui constitue le mot, la partie qui reste par suite de l'eloignement des affixes et des elements de flexion, qui a un sens lexical et se retrouve dans toutes les formes flexionnelles d'un mot et dans toutes les formes de sa serie derivative 21. « La racine est 1'eMment du mot susceptible de figurer intact ou modifiö dans diverses formations qui constituent la famille du mot respectif. » 22 « The stem of a word is a word component which after identification of all the morphological and wordformative elements in the word remains as the formal and semantic nucleus of the word. » 23 «Le radical represente cette partie de la sequence phonique dont l'occurrence est obligatoire pour toute forme flexionnelle » et άέηνέβ (n.n.) 24 . « Le radical ne peut etre jamais represente par une sequence phonemique vide, ce qui signifie dans des termes morphematiques qu'il n'admet pas de realisation ζένο.»25 II y a des racines dont l'apparition dans la chaine parl^e reclame l'adjonction des affixes — prefixes ou suffixes — des racines qui ont toujours le Statut des «bound-forms ». Ν.C.W. Spence 26 appelle «bound-roots » toutes les formes « which never occur in isolation » : lat. am- de amo, amic- de amicus, angl. crep- de crept, fr. buv- de buvons, buvette, et est d'avis qu'en anglais ou en frangais, les « bound-roots » sont beaucoup moins frequentes qu'elles ne l'etaient en latin. II considere comme racines «li6es» toutes celles qui apparaissent dans la chaine parlee suivies obligatoirement d'un morpheme, que ce soient des flexifs ou des d6ri21 Paula Diaconescu, «Evolu^ia notiunii de morfem stadiul actual al analizei morfematice », Elemente de lingvisticä structuralä, Bucure^ti, 1967, p. 94, η. 6. 22 A. Rosetti, Le mot. Esquisse d'une theorie generale, lie 6d., Copenhague — Bucarest, 1947, p. 27. 23 M. Dokulil, Tooteni slov . . . p. 244. 21

Valeria

Gutu-Romalo, Morfologie

structuralä

a

limbii

romine,

Bucure?ti,

1968,

p. 39. 26 26

Valeria Gu^u-Romala, Morfologie..., p. 39. N. C. W. Spence, «What are French Prefixes? », RUR,

X X X I I , 1968, p. 3 2 5 - 3 3 3 .

LE DERIVE P A R A S YNTHETIQUE

13

vatifs (fr. -ons ou fr. -ette en combinaison avec buv-). Nous consid6rons qu'il faut faire distinction entre les deux cas. E n latin les racines etaient «liees » par rapport ä des elements de flexion et pareillement, les langues romanes se caracterisent elles aussi uniquement par des racines « M e s »; car dans les classes du nom et du verbe toutes les racines se combinent obligatoirement avec des elements de flexion ä realisation z6ro ou differente de zero, sans qu'on les appelle pour autant racines «liees »; le fait qu'en latin les flexifs nominaux ou verbaux n'admettaient pas la realisation zero ne pourrait etre utilise comme critere pour considerer les racines qui se combinent avec eux comme des formes «liees». Nous pensons qu'il est n^cessaire de pr^ciser le terme « bound-form » applique ä la racine nominale ou verbale de la maniere suivante : II existe d'une part des racines qui ne se combinent jamais — directement — avec des elements de flexion et ne permettent leur adjonction que par suite de l'adjonction des derivatifs anteposes et/ou postposes. D'autre part, il y a des racines qui ne reclament pas necessairement la presence des derivatifs mais qui, parfois, par suite de l'adjonction de ceux-ci ou des elements flexionnels, changent de forme, subissent des modifications dans leur structure phonique (accent, alternances vocaliques ou consonantiques). Ces modifications sont reclamees par la combinaison avec un certain derivatif, avec un certain flexif 27. II est possible de distinguer : 1.4.1.1. Des racines «liees »: racines qui ne permettent la combinaison avec des elements de flexion que si l'on y ajoute un derivatif (postpose ou antepose). Ce sont des racines specifiques des unites lexicales telles que : roum. incJiide, deschide, inchizaturä, e t c . ; metamorf-ic, metamorf-ism; it. metallurg-ia, metallurg-ico ; fr. nucle-e, nucle-aire ; esp. mecan-ico, mecanismo, mecan-izar; etc. Ces racines connaissent parfois des variantes «liees » ä l'adjonction de certains derivatifs {voir ci-dessus les exemples roumains : /-kid-/, /-kiz-/). 1.4.1.2. Des racines «libres » 1.4.1.2.1. ä variantes « l i e e s » : racines qui permettent l'adjonction des elements de flexion sans qu'aucun derivatif leur soit ajoute, mais qui, en combinaison avec des derivatifs subissent des modifications de forme : [E-], [R'-], [E"-], etc. Par ex. roum. frumos, frumusete, frumusel; fr. bateau, hotelier ; etc. 27 Voir dans ce sens (mezon) et (mezö).

C. Rohrer, Die Wortzusammensetzung

...

p.

8, qui

distingue

LE DERTVß PARASYNTHETIQUE

14

On pourrait y inclure ^galement les variantes de la racine en combinaison avec des flexifs (du t y p e [frumoas-] pour frumoasa, frumoase, f. sg. et pi. de frumos, si on n ' a t t r i b u e pas ces modifications au flexif raeme, en les integrant a. sa forme : [a. . .ä], [a. . . e], en t a n t que variantes, pour certains adjectifs, des desinences -ά, -e 28. Dans le cas des racines «libres » a variantes «li(5es », on choisit symboliquement une des variantes qui repr^sente toutes les autres sur le plan phonologique et qui puisse figurer dans un inventaire des racines de la langue; ex. roum. /frumos/ pour la s6rie frumos, frumusete, frumusel ou fr. jmezöj pour maison, maisonnette, etc. Yoir aussi § 1.5. 1.4.1.2.2. sans variantes : racines qui ne connaissent pas de restrictions de forme pour ce qui est de leur combinaison avec des d&ivatifs; par ex. fr. bat- de battre, e t c . ; roum. ros- de ro§u; it. color-; esp. habl-; etc. 1.4.2. Le theme est le fragment de la sequence pbonique d'un mot qui reste apres l'&oignement des elements de flexion. Le theme a un sens lexical et se retrouve dans toutes les formes flexionnelles du mot. II est forme du radical et des elements de derivation. 1.4.3. Les d6rivatifs 29 ( = affixes): suffixes et prefixes. lis s'ajoutent ä la racine constituant avec celle-ci le theme, dont la signification lexicale (parfois aussi grammaticale) est, par suite de leur adjonction, diff^rente de celle de la racine. «Nous avons defini les derivatifs comme des morphemes qui, ä l'interieur du mot, präsupposent l'existence d'une racine et p a r t a n t d ' u n ou de plusieurs flexifs » 3 0 . 1.4.3.1. Definitions des suffixes : «A suffix is a derivative final element which is (or formerly was) productive in forming words. A suffix has a semantic value, but does not occur as independent speech u n i t . » 3 1 «Word-formative suffix is a component of the derivative t h a t follows the derivational base and forms t h e derived stem of the 28

V o i r Quelques

remarques

sur

la flexion

nominale

romane,

Bucarest,

1970,

p . 130 e t

passim. 29 Les § 1.4.3. —1.4.4. constituent une reprise succincte des definitions donn^es aux affixes. Les paragraphes qui leur suivent ann^nent des precisions requises par l'examen et la definition des parasynthetiques. 30

K . T o g e b y , Structure

31

H . M a r c h a n d , The Categories

baden, 1960, p. 157.

immanente and

de la langue Types

frangaise,

of Present-Day

P a r i s , 1 9 6 5 , p. 163. English

Word-Formation,

Wies-

LE DERIVE

PARASYNTHETIQUE

15

new word, to a certain extent event determining its characteristic morphological feature. » 32 1.4.3.2. Definitions des prefixes : «We call prefixes such particles as can be prefixed to full words but are themselves not words with an independent existence. » 3 3 Le «word-formative prefix » est « a component of the derivative that precedes the derivational base and modifies its meaning. » 34 1.4.3.3. Les prefixes et les suffixes different: 1.4.3.3.1. au point de vue de la place qu'ils occupent par rapport ä racine, les premiers etant ant6pos6s, les seconds — postpos^s; 1.4.3.3.2. au point de vue fonctionnel: Y. Bröndal 35 etablit la difference entre la « derivation relationnelle » — realisee ä l'aide des prefixes, qui modifie le sens mais ne modifie pas la classe dont fait partie le m o t ; la « derivation generique» — par exemple la derivation postverbale, qui modifie uniquement la classe du mot et la «derivation relationnelle et generique » — realisee ä l'aide des suffixes, qui modifie « le noyau et la classe du mot ». Se rapportant ä la distinction entre suffixes et prefixes, Togeby 36 ecrit: «Fonctionnellement la difference fondamentale entre les deux categories semble etre que les suffixes ont une influence decisive sur la fonction du theme, surtout sur le choix des flexifs qui doivent s'y attacher, tandis que dans le cas des prefixes, c'est des racines que depend la fonction des themes». Tekavcic 37 distingue les suffixes derivatifs de tous les autres morphemes par «la capacitä cioe di trascategorizzare di form are una parola appartenente ad una categoria sintattica differente a quella della base. ΪΓοη tutti i suffissi derivativi trascategorizzano; ma sono essi la sola categoria di morfemi formativi che abbia questa capacitä ». La distinction entre derivatifs « homogenes » — ceux qui permettent la racine de conserver la meme fonction — et derivatifs « heterogenes » — 32

Μ. Dokulil, Tüoreni slov . . ., p. 244—245 ; voir aussi Gabriela Panä, «Derivarea . . . ». Η. Marchand, The Categories . . . p. 85. 34 M. Dokulil, Tvoreni slov .. . , p. 244. 35 V. Bröndal, «Thiorie de la d6rivation», Essais de linguistique generale, Copenhague, 143, p. 124 ss. 36 Κ. Togeby, Structure . . . , p. 164. 37 P. Tekavcid,«Formazione... », p. 131. Voir aussi B. Pottier, « Los infijos modificadores, ι portugues. Nota de morfologia general», Lingiiistica moderna y filologia hispdnica, Marid, 1908, p. 166, 170., 33

LE DERIVE PARASYNTHETIQUE

16

ceux qui attribuent an theme une autre fonction que Celle de la racine — est devenue commune 38. Les combinaisons de la racine avec des derivatifs homogenes sont des constructions endocentriques, tandis que Celles avec des derivatifs heterogenes sont des constructions exocentriques. « Endocentric constructions are those in which the unit as a whole belongs to substantially the same external distribution class as the nuclear immediate constituent». « Exocentric constructions are those in which the unit as a whole belongs to a different external distribution class as the nuclear immediate constituent» 39. Etant donne la difference fondamentale etablie entre les suffixes et les prefixes, on pourrait conclure que les premiers permettent la formation des constructions exocentriques, aussi bien que des constructions endocentriques, tandis que les seconds entrent uniquement dans des constructions endocentriques. 1.4.3.4. Les prefixes et les suffixes sont des « bound-forms ». Pour ce qui est de certains prefixes romans dont la forme est identique ä celle des prepositions, nous preferons les considerer comme des unites differentes. « No se debe al acaso el hecho de que los prefijos tengan, en las nuevas decimas partes, formas comunes con las preposiciones : se trata, en nuestra opinion, de los mismos elementos exactamente, pero con una diferencia de naturaleza sino de funcion — y es que las preposiciones relacionan dos terminos carentes de puntos comunes entre si, mientras que los prefijos, por su parte, relacionan dos terminos, poseedores de una misma base semäntica» 40 . Mais l'identite formelle (et l'origine commune) de la preposition et du prefixe ne saurait etre un critere süffisant pour qu'une analyse descriptive de la langue les envisage comme deux sequences phoniques de la meme unite. C'est pourquoi nous considerons la prefixation, tout comme la suffixation, un procede de la derivation. 1.4.3.5. On peut ajouter plusieurs suffixes ou prefixes, ä la fois, ä un meme radical. Les soi-disant«resuffixes » et« reprefixes » seraient construits 38 39 40

Voir K. Togeby, Structure . . ., p. 164. E. Nida, Morphology, Ann Arbor, 1961, p. 94. B. Pottier, « Los infijos . . . », p. 168.

LE DERIVE PARASYNTIIETIQUE

17

selon la formule: [[[[[E+Sl]

+

S

2

] + S

3

] . . . + S

n

]+f]

[Pn + · . · [p, + [pa + [Pi + [R + f]]]]] II existe dans chaque langue des limites en ce qui concerne le nombre de derivatifs qui peuvent s'ajouter l'un ä l'autre, devant (ou apres) le meme radical; le choix des ^Mments derivatifs qui se succedent est lui aussi limits. Par exemple, pour les prefixes, dans les langues romanes, re- precede toujours de-, qui ne peut pas occuper la place p 2 ; en frangais, -ite peut occuper 6galement la place de Sj et celle de s 2 , etc. 41. L'adjonction d'un nombre successif de prefixes (suffixes) se trouve en r0alit£ a la base de la formation de themes ä composition diff6rente, de rangs diff^rents. Mais au point de vue de leur fonctionnement par rapport aux derivatifs avec lesquels ils se combinent, ces themes ont la quality des racines (dans le cas des «red0riv6s », la relation sömantique s'etablit entre le theme et la racine secondaire, non pas la racine primaire). « Le terme de base de toute derivation ou composition est toujours consider^ comme un tout, comme une entity donnde, car il est toujours la synthese dialectique d'une formation syntagmatique ant£rieure. Un compost ne peut pas etre derive et r^ciproquement, simplement parce qu'ä l'occasion de la nouvelle formation syntagmatique, il compte comme un tout par rapport au moneme qui s'y ajoute syntagmatiquement; un pr^fixal n'a pas de suffixe et un suffixal n'a pas de pr^fixe tout simplement parce que le premier cesse d'etre prefixal et le second suffixal au moment meme ou s'ajoute syntagmatiquement un nouveau terme par rapport auquel ils se comportent comme des signes simples » 42. Ε + Sj = T, si on l'envisage en t a n t que sequence qui se combine avec des elements de flexion; Ε + Sj = E j , si on l'envisage comme sequence ä laquelle s'ajoutent d'autres Elements de derivation antöpos^s ou postpos^s; E 1 + s a = E 2 OU p j -f E J = E , etc.

43

.

1.4.4. Les elements de flexion (les flexifs) se combinent avec la racine (directement ou par l'intermMiaire des suffixes) et caract^risent la sequence Ε ( + s ) au point de vue grammatical. 41

Voir Sanda Reinheimer-Rlpeanu,« Latitudes combinatoires des suffixes dans les langues romanes», Revue Roumaine de Linguistique XVIII, 1973, p. 167 — 168. 42 F. MikuS, «Edouard Sapir et la syntagmatique •>, CFS, XI, 1953, p. 28. 43 P. Tekavcic, «Formazione . . . » p. 127, note 8. 2 -

c. 786

LE DilRXVß PARASYNTHETIQUE

18

«Flexionsmorphemklassen unterscheiden sich von allen anderen Morphemklassen dadurch, dass ihre Elemente stets auf der obersten Ableitungsstufe der Einheiten stehen, die dadurch Wortgrenzen markiert werden »44. La n^cessite de distinguer entre flexifs et dörivatifs a suscite toujours la question de la nature dont releve, dans une description de la langue, le morpheme de l'infinitif. On l'a interprets comme: — « Suffixe lexical » : «Α l'aide d'un suffixe, on forme d'une racine un substantif ou un verbe, dans la plupart des cas on peut former ä partir de la meme racine un substantif et un verbe. On parle dans ce cas de themes nominaux ou verbaux et les suffixes avec lesquels ils sont formes sont lexicaux car ils ne forment pas des formes grammaticales mais des mots »45. — « Suffixe de la conjugaison »46. — « Suffixe lexico-grammatical»47. — « Suffixe modal» 48 ; « flexif de l'infinitif » 49. On choisit d'une maniere symbolique (traditionnelle) le morpheme de l'infinitif en tant que repr^sentant de toute la flexion d'un verbe, tout comme on choisit pour les substantifs et les adjectifs une forme de base — celle du masculin singulier. Pour le morpheme de l'infinitif, ainsi envisage, voir § 1.6.1. 1.5. La delimitation des segments. La quality de d0riv6 d'une unite lexicale implique la delimitation des elements constitutifs. 44

W. Mötsch, «Zur Stellung der'Wortbildung' in einem formalen Sprachmodell », Sludia Grammatica, vol. I, Berlin, 1962, p. 3 6 ; voir aussi Togeby, Structure . . p . 107; J. Dubois, Etude . . . p. 3—4 ; R.C. Dearmond, « T h e Concept of Word Derivation »>, Lingua, X X I I , 1969, p. 3 2 9 - 3 6 1 ; Y. Malkiel, «Genetic . . . », p. 3 0 9 - 3 1 4 . 45 46

Alexandru Graur, « N o t e . . .», p. 6. L. Vasiliu, Sufixele

47

Zizi Stefänescu-Goangä — Tatiana fugulea, «Verbe derivate de la n u m e de agent », Sludii μ maleriale privitoare la formarea cuvintelor tri limba romänä, vol. IV, Bucuresti, 1967, p. 195. 48

G. Ivänescu, «Problfemes concernant la formation des m o t s Iioumaine de linguistique, X, 1965, p. 86—87. 49 Valeria Gutu-Romalo, Morfologie . . p . 180—182.

en roumain»,

Revue

LE DßRIVfc PARASYTCTHETlQUß

19

Pour delimiter les segments d'un dirivö, oil a appliqu^ les criteres analogique et distributionnel 50 . F. de Saussure consid^rait l'analogie comme «la preuye p^remptoire qu'un 616ment formatif existe ä un moment donnö comme unitö significative »51. L'^tablissement de la quality de d^riv^ d'une unit£ lexicale exige que l'on connaisse les variantes des morphemes qui se combinent. Si la plupart des ouvrages linguistiques pr^sentent les affixes sous toutes leurs variantes (voir par exemple pour le frangais NDE, p. LX—X), on a pret£ tres peu d'attention aux variantes du radical. D'ailleurs, meme pour les affixes, les variantes sous lesquelles ils sont mentionn^s, sont valables surtout pour la langue £crite 52. II s'impose de delimiter plus strictement les segments constitutifs d'un d&riv6 et de le faire, si possible, non seulement pour la langue £crite mais aussi pour la langue parl£e. L'opinion de J . Dubois qui, donnant — pour le suffixe -aire — la Variante -naire, a en vue le redoublement par öcrit de la consonne η dans fr. actionnaire, se traduit sur le plan de la langue partee dans la d^nasalisation de la voyelle finale de la racine (« Les variantes combinatoires sont soumises ä des conditions phon^tiques : le redoublement de η dans les d^rivis des mots en -Hon indique la d£nasalisation» 53 ) et dans l'apparition, au point de contact entre la racine et l'affixe postpose de la consonne n. Sur ce plan, on devrait considörer que le suffixe -aire [-εΒ] possede une Variante qui est caract^ristique pour une racine dont la finale est une voyelle nasale ; pour ^tablir la forme orale de la Variante, il faut decomposer cette voyelle finale en traits distinctifs. (Voir par exemple action [aksjo] : la finale est une /{voyelle labiale post^rieure moyenne}/ qui se combine avec /{nasality / pour le sens 'action' et avec /{oralit^} + ηεΒ/ pour le sens 'actionnaire'. La meme chose pour d'autres suffixes, voir par exemple flexion — fleocionnel, etc.). A la Variante combinatoire icrite donn^e par Dubois, correspondrait la Variante combinatoire phonique /{oralit^} -f ηεΒ/, respectivement/ {oralite} +ηε1/. 50

Voir entre autres Henri Frei, «Critferes de (^limitation», Word, X , 1954, p. 136 — 145; Maria Manoliu, «Raporturile extralingvistice 51 criteriile structurale de segmentare », Studii μ cerceiäri lingvistice, X I V , 1963, p. 341—350; R. Martin, « A propos de . . . » Gabriela Panä, «Derivarea . . . ». 51 Voir aussi S. Marcus, Lingvistica matematicä, Bucure^ti, 1966, oü l'on d£crit la « soi-disant mithode du carre » employee pour segmenter les formes flexionnelles, mais que Ton pourrait utiiiser aussi pour decomposer les formes d(5riv0es. 52 63

Voir par exemple J. Dubois, Elude. . ., p. 17 qui attribue au suffixe -aire la Variante -naire. J. Dubois, Elude

20

LE DfiRrVfe PARASYNTHfiTlQUE

A n o t r e avis, la solution est incommode ä plusieurs points de vue : A — elle complique la delimitation des segments car il devient obligatoire d'etablir dans certains cas entre la racine et le suffixe des rapports d'inclusion 54, ce qui reclame la decomposition en traits phonologiques distinctifs des phonemes constituant la finale de la r a c i n e ; Β — elle mene ä la delimitation de certains segments (tels que /{nasality}/), que l'on doit identifier et classifier sur le p l a n de la formation des mots : /{nasalite}/ entre, dans l'exemple precedent, en distribution compMmentaire avec /{oralite} + η ε Ε / , Variante du suffixe -aire. L a meme solution menerait dans le cas des derives blanchisseur, blanchisserie, blanchiment, ä des variantes de suffixes telles -hisseur, -Msserie, -Mment, sur le plan de la langue 6crite, et ä des variantes /-JisOE/, /- JisRi/, /-Jimä/, sur le p l a n de la langue parMe. De la meme fagon, en roumain, on distinguerait pour le paradigme : frumos, frumu?el, frumusete, une racine commune : / f r u m + {voyelle labiale posterieure} + {consonne fricative sourde}/ qui se combine avec /{moyenne} + {alv^olaire} / pour le sens 'beau', avec /{ferm^e} + {alv^olaire} + e^e/ pour le sens 'beautö' et avec /{ferm^e} -f {pr^palatale} + el/ pour le sens ί joli, mignon'. Dans ce cas il s'interpose entre la racine et le suffixe proprement dit des elements qui jouissent d'une n a t u r e bien definie sur un autre plan de l'analyse : pour blanchisseur, blanchisserie, etc., c'est le morpheme du feminin / / / ; de meme pour action — actionnaire, car /{oralite} + η/ peut jouer u n tel röle aupres de certains substantifs ou adjectifs : baron, bon, etc. A j o u t e ä certaines racines, ce morpheme peut conduire a la constitution d'invariants sur le plan morphologique. Notre avis est de considirer j u s t e m e n t ces invariants du plan morphologique comme des variantes de la racine dans la derivation. E t , par consequent, nous proposons d'envisager comme telles toutes les variantes qui apparaissent ä l'interieur de la racine (ä la fin, au debut), qu'elles se constituent ou non comme invariants sur le plan morphologique: /blä/, / b l ä j / , mais aussi /nwaR/, /nwaBs,/ pour noir, noircir, noircissement, /bato/, /batl/ pour les derives de bateau, bateler, batelier, etc. P o u r le roumain : /frumos/, /frumus/, /frumu§/, etc. 5 5 . II s'agit des variantes «liees » des racines «libres >> (il en a ete question dans le § 1.4.1.2.1.), dont il serait important de dresser l'inventaire. 51

Pour la d i f i n i t i o n du terme voir Maria Manoliu,« R a p p o r t s t e m p o r e i s au n i v e a u morphem i q u e », Revue Roumaine de Linguistique, I X , 1964, p. 521 — 529. 66

Voir Gabriela P a n ä , « D e r i v a r e a . . .» p. 658, qui part, dans la division des segments, de l'hypothese que «les radicaux dilimit£s en morphologie p e u v e n t ne pas coi'ncider avec les radicaux des ά έ π ν έ β ».

le derive parasynthEtique

21

C — En attribuant ä la racine les variations qui apparaissent dans les diff^rentes formes d£riv£es, on fait diminuer le nombre des variantes des affixes ; par contrecoup le nombre des variantes des racines peut s'accroitre. II est vrai qu'il reste le merae dans bien des cas : 0tant donn6 la difficulty que l'on a ä identifier la nature d'un segment tel /{nasality}/, on l'attribue ä la racine en formant les variantes /πίεζο/ et /m εζο/ 5β , la premiere 0tant celle qui se combine avec des dörivatifs postposes, reclamant pour le suffixe /-et/ la Variante /-net/. Dans notre cas, maison se caract&rise toujours par deux variantes, qui sont /ηιεζδ/ et /mezon/, mais le suffixe n'en a qu'une seule : /et/. L'avantage de faire multiplier les variantes des racines au detriment de Celles des affixes nous semble donn^ par le fait que, dans le cas des affixes, les variations sont toujours dues ä la forme de la racine ä laquelle ils s'ajoutent — elles ne sont pas prövisibles, tandis que dans le cas des racines, les variantes sont condition n0es en general par la forme meme de la racine : quel que soit l'affixe qui s'ajoute, la forme de la racine peut etre prövue dans la plupart des cas (ce n'est que beaucoup plus rarement que la forme de l'affixe y joue un role) 57 . Le nombre des variantes ainsi que l'ampleur de la sequence affect^e different d'une langue ä l'autre. Les diverses transformations phon^tiques qui ont affects le mot primaire et le d^riv0 (pris dans son sens diachronique) ont pu determiner des modifications de forme, qui ont men6 ä la perte de la motivation dans le cas de ce dernier, ä la creation de racines nouvelles, ind^pendantes 58, ä la perte de la qualite de d£riv0 dans la synchronic. 1.6. Une fois ^tablis les segments des dMvös : racines, affixes et leurs variantes, leur classification s'impose. La plupart des descriptions des suffixes et des prefixes en donnent une classification. Les racines n'ont pas constitu£ l'objet d'une telle entreprise ; pourtant, les linguistes considerent comme implicite la classification des racines, car sans en enoncer les 56

Voir p. 19.

67

Voir des descriptions partielles des variantes des racines chez H. Marchand, « E s q u i s s e d'une d e s c r i p t i o n d e s principales alternances d e r i v a t i v e s dans le fran?ais d'aujourd'hui», Studia Linguistica, V , 1951, p. 95 — 1 1 2 ; J. Dubois, «La derivation en linguistique descript i v e et en l i n g u i s t i q u e t r a n s f o r m a t i o n n e l l e » , TLL, VI, 1968, p. 27 — 53. 68 Voir P. Micläu, « Cäile pierderii m o t i v ä r i i in francezä §i r o m ä n ä » , Probleme de ticä generalä, vol. V, Bucurejti, 1967, p. 115 — 152.

lingvis-

LE DERIVE P A R A S Y N T H E T I Q U E

22

criteres, ils parlent de racines nominales (substantivales et adjectivales) et verbales, en fonction de leurs possibility de combinaison avec des flexifs nominaux — substantivaux et adjectivaux — on avec des flexifs verbaux. On entreprend presque toujours la distinction entre bases nominales et bases verbales d'un point de vue historique sur la formation des mots : on considere notamment comme base nominale celle des unites lexicales qui ont έΐό attest^es dans la langue d'abord dans la cat6gorie du nom, le verbe s'^tant forme ult^rieurement; et, done, on considere comme base verbale celle des unites lexicales dont on sait (ou l'on suppose) qu'elles ont 0te hörit^es (ou emprunt^es) en tant que verbes, ä partir des quels se sont formes par derivation postverbale les noms existants. Par exemple, on dit dans ce sens — ce qui est parfaitement valable dans la diachronie — que roum. α bärbieri provient par suffixation du theme nominal bärbier; tandis que α pälävrägi — par derivation postverbale de palavragiu59; a iema provient de iarnä, mais alint de a alinta par la suppression du suffixe verbal 60 . Dans le but de definir la nature des racines, on fait appel aussi ä d'autres criteres : « Though the problem is more complex than one case makes it appear, the general principle will be to assume that the concept which for its definition is dependent on the concept of the other pair member, must be considered that of the derived word. Applied to scier — scie, it means that scier is the marked form derived by zero morpheme from the substantive scie »61. On attribue un suffixe zero aux verbes qui « sont derives de noms » sans autre suffixe que celui de la conjugaison — suffixe z£ro qui explique l'opposition nom/verbe; la meme solution pour les substantifs « formes de verbes » 62 . C'est la formule ä laquelle aboutit H. Marchand pour l'anglais 63, en faisant appel pour etablir le sens dans lequel on doit interpreter 59 60

Voir Zizi §tefänescu-Goangä — Tatiana fugulea, «Verbe derivate Voir Introducere

tri lingvisticä,

...»

ouvrage collectif coordonni par Al. Graur, II e edition,

Bucarest, 1965, p. 162. 61

H, Marchand, «On a Question . . . », en se röfirant ä l'article de R. Godel, «La question

d e s signes z6ro>, CFS, X I , 1953, p. 31 — 41. 62

Voir I. Rizescu, «Observajii asupra semnului zero», Probleme

vol. IV, Bucurejti, 1962, p. 1 2 3 - 1 2 4 . 63 Η. Marchand, «On a Q u e s t i o n . . . » .

de lingvisticä

generalä,

LE DERIVE PARASYNTHETIQUE

23

un certain couple nom/verbe ä des criteres de contenu, «in most cases coupled with that of frequency of use ». On difförencie de la sorte deux groupes de couples nom/verbe, pour les deux orientations possibles, selon que la signification d'un terme est importante pour pouvoir expliquer la signification de l'autre. Pour angl. father, «the semantic features of the verb ( . . . ) are not needed for the content analysis of the substantive» — il en r^sulte que «father sb.: father-0 vb. ». Ou, pour ce qui est des substantifs inanim&s, ceux qui d^signent des objets concrete sont «primary (s.n.) substantives », tandis que les noms abstraits sont postverbaux 64. De telles solutions, bien que leurs auteurs s'expriment en faveur de la synchronie, con§oivent ces couples comme etant formes de deux termes successifs, dont l'un, en tant que derive, est dependant de l'autre. 1.6.1. Une description synchronique de la derivation ne permet pas que l'on considere deux formes en succession (l'une primaire, l'autre secondare) ; elle reclame l'examen de l'existence simultan6e (parallele) des deux formes paradigmatiques (le paradigme y 6tant constituö en fonction de l'unite de la racine) 65. C'est une id6e önoncee par Al. Graur, qui exprime le point de vue de la linguistique indo-europ6enne, idee que l'analyse synchronique de la derivation dans les langues modernes n'a pas mis ä profit jusqu'ä present: « En principe, il faut ajouter un suffixe ä la racine pour former un theme verbal ou nominal ( . . . ) . On forme de la sorte de la racine munc- le theme verbal munci et le theme nominal muncä »®6. Mais quelle est la nature de ces formants appeies ä construire des themes ä partir de la meme racine ? Generalement on les appelle morphemes grammaticaux — desinences, flexifs. On dit que les flexifs, les desinences, caracterisent le mot au point de vue grammatical — on affirme de la sorte leur qualite d'indices des categories grammaticales specifiques ä chaque classe de mots ä part (classe definie par la combinaison meme, possible et 64 On reconnait d'ailleurs que le critfcre s6mantique ne rdsout pas toujours la question de l'ant6riorlt£ du nom ou du verbe. 65

Voir Sanda Golopentia-Eretescu, «Radicali adjectivali in limba romänä », Omagiu lai Alexandru Rosetti, Bucure^ti, 1965, p. 311—313, qui parle de radicaux adjectivaux, adjectivauxsubstantivaux, polyvalents, etc. ββ

Introducere in lingvisticä, p. 157; voir aussi Al. Graur, «Note . . . », p. 6.

LE DERIVE

24

PARASYNTHETIQUE

nöcessaire, entre les indices de certaines categories grammaticales : substantif — indices de « genre », « nombre », « cas » ; adjectif — indices de « genre , « nombre », « cas », « degr^s de signification »; verbe — indices de «personne», «temps », «mode >>, etc.). Mais ce ne sont pas les flexifs qui s'ajoutent, en s'imposant, ä un certain theme on ä une certaine racine ; serait-ce la racine ou le theme qui reclame la presence de certains flexifs ? 1.6.1.1. En examinant les valences combinatoires — au niveau des flexifs — des segments-base tels roum. /ginga§-/67, /iut-/, /creion-/, /lamp-/, /gon-/, /distrug-/ ou fr. /menace-/, /tendr-/, /blanc-/, /couche-/, /breche-/, /nourr-/, on constate: que roum. /creion-/, /lamp-/, /gon-/ et fr. /menace-/, /couche-/, /breche-/ se combinent avec des flexifs substantivaux; que roum. /ginga§-/, /iut-/, fr. /tendr-/, /blanc-/ se combinent avec des flexifs adjectivaux ; que roum. /iut-/, /creion-/, /gon-/, /distrug-/ et fr. /menace-/, /blanc-/, /couche-/, I nourr-/ se combinent avec des flexifs verbaux. Parmi les segments examines, il y en a qui se combinent uniquement avec des flexifs nominaux (substantivaux : roum. /lamp-/, fr. /breche-/ ou adjectivaux : roum. /gingas-/, fr. /tendre-/); d'autres uniquement avec des flexifs verbaux (roum. /distrug-/, fr. /nourr-/); mais il y a aussi des segments-base qui se combinent avec des flexifs nominaux aussi bien qu'avec des flexifs verbaux (substantivaux et verbaux : roum. /creion-/, /gon-/, fr. /menace-/, /couche- / ; adjectivaux et verbaux : roum. /iut-/, fr. /blanc-/). Pour ce qui est des combinaisons avec les flexifs, aucune exigeance ne se manifeste au niveau du contenu lexical des segments mentionn^s ci-dessus. II y en a qui se combinent avec une seule categorie de flexifs, d'autres avec deux, et, pourtant, appartiennent a une meme classe s^m antique: couleur, instrument, concret ou abstrait. II n'y a qu'une seule categorie de racines qui se distinguent par l'adjonction des deux groupes de flexifs — nominaux et verbaux : celles qui, en se combinant avec des flexifs nominaux, se r^alisent sur le plan du contenu s^mantique comme des denominations abstraites de Taction — les d£riv6s postverbaux, si on les envisage d'un point de vue diachronique; mais la non plus ce n'est pas la racine qui dirige le choix des flexifs — la signification « abstrait verbal» n'est r6alis£e qu'au niveau du terme entierement constitu^; eile n'est pas subordonn^e au contenu lexical de la racine. Les segments examines ci-dessus sont tous caracterises parce que, au point de vue de la forme, ils ne diff£rencient pas la racine du theme. 67

Nous symbolisons par cette transcription l'invariant phonologique des racines.

LE DERIVE PARASYNTHETIQUE

25

1.6.1.2. Consid^rons maintenant des segments-base formes d'une racine et d'un derivatif postpose; nous observons que les relations entre ces segments (cette fois-ci: themes) et les flexifs sont differentes de celles que nous venons d'examiner 68 : roum. numi-tor, crestin-ism. lung-ime, egal-abil; fr. tendr-esse, blanch-eur, nourriss-age, blanch-ätre se combinent uniquement avec des flexifs nominaux; roum. egal-iz-, loc-u-, pac-ific-; fr. egal-is-, ecriv-ailler^clament uniquement la combinaison avec des flexifs verbaux 69. Dans le cas de ces themes, le derivatif permet la combinaison du segment-base avec une seule categorie de flexifs seulement; on pourrait raeme affirmer qu'il impose cette combinaison au theme. 1.6.1.3. Pour revenir aux segments qui ne r^alisaient pas la distinction entre theme et racine : si la racine n'est nullement capable de röclamer une certaine caracterisation grammaticale, si elle ne la possede pas intrinsequement, si ce ne sont pas les flexifs qui la lui imposent, nous croyons qu'il faut supposer ici encore la presence d'un troisieme element qui soit apte ä fournir ä la racine la caracterisation requise. On ne pourrait attribuer ce role qu'a. un derivatif, le seul capable de determiner les valences combinatoires d'un segment-base avec des flexifs. Mais ä la difference des d^rivatifs qui apparaissent dans roum. numitor, egaliza, ou fr. tendresse, Sgaliser, ceux du roum. gingas, goni, ou fr. blanc, blanohir, se realisent sur le plan morphophon&mique comme une sequence vide —derivatifs zero. Une description synchronique de la derivation indiquerait que le derivatif zero se combine avec les racines y, x, pour cr6er des themes qui reclament des flexifs nominaux — pour creer done des themes nominaux; qu'il entre en combinaison avec les racines x, z, pour former des themes qui exigent des flexifs verbaux — pour creer des themes verbaux. Dans le premier cas il s'agit d'un derivatif zero nominal, dans le second — d'un derivatif zero verbal. Un des avantages d'une telle description semble donne par le fait que, de la sorte, la distinction entre nom et verbe se conserve au niveau des themes lexicaux et n'est pas realisee dans une description de la langue par l'intermediaire des indices grammaticaux. Une telle solution irait dans le sens de la grammaire transform ationnelle, pour laquelle chaque radical est defini dans le dictionnaire egalement par son appartenance ä une certaine classe grammati68

V o i r 1.4.3.3.2.

89

L e f a i t que ces t h e m e s

d ' i m p o r t a n c e dans ce cas.

se o o m b i n e n t ä leur t o u r a v e c d e s suffixes

nominaux

n'a

pas

26

LE DEBIVfi PARASYNTHETIQUE

cale : « On associe a. chaque formatif le symbole (ou les symboles) de la classe (des classes) syntaxique(s) a laquelle (auxquelles) il appartient. On associe par exemple an formatif /mas-/ de masä ('table', n.n.) le symbole [ + N o m ] ; au formatif /merg-/ de merge ('aller', n.n.) le symbole [ + Verbe], etc. Au cas ou le meme formatif appartient a plusieurs classes syntaxiques, on lui joint plusieurs symboles : au formatif /kint-/ de eint, cinti, cintä, etc. ('(je) chante, (tu) chantes, (il) chante', n.n.) et de cintul ('le chant', n.n.) on associe le symbole [ + Verbe] et [ + U o m ] » 7 0 . A l'appui de cette solution, qui maintient l'opposition nom/verbe au niveau des themes lexicaux, on pourrait citer le latin (ce n'est pas dans notre intention d'offrir un argument diachronique — la comparaison que nous sugg^rons n'a rien ä voir avec la parente des langues mentionn6es) : « Au d0but, en latin, le verbe et le substantif se formaient independamment l'un de l'autre, meme s'ils finissent par etre d^rivös de la meme racine (entre dux et ducere il n'y a pas de rapport hi^rarchique). Ce n'est qu'ensuite qu'apparaissent des formes nominales derivees de verbes ( . . . ) et en meme temps des verbes denominatifs, et il s'etablit une relation etroite entre verbe et substantif. . . » 71. Le nom et le verbe se distinguaient en latin par la forme du theme ou meme par le morpheme lexical. Dans la description d'un tel 6tat de langue, ce sont les derivatifs postposes diff^rents de zero qui ont leröle predominant dans la combinaison des segments-base avec des flexifs nominaux ou verbaux. Dans les langues romanes, la racine n'est pas apte non plus ä se situer d'un cot6 ou de l'autre du couple nom/verbe ; e'est toujours le d&ivatif — mais cette fois-ci le plus fr^quemment le d&rivatif z6ro — qui rend possible la distinction. Consid^rons la racine /groupe-/ ä I n t e r p r e t a t i o n semantique [ + Commun] [ + Collectif ] 7 2 : la combinaison de ce fascicule de traits semantique s avec le trait [ + Nom] correspond a la formation d'un theme forme de la racine et du d^rivatif zöro nominal; la combinaison du meme fascicule de traits avec le trait [ + Yerbe] correspond ä la constitution d'un theme formö de la racine et du d&ivatif ζέτο verbal. La meme operation pourrait etre entreprise pour d'autres racines telles que roum. /gon-/, /iut-/, etc., fr. /blanc-/, /menace-/, etc. 70

E . Vasiliu, Elemente

71

Al. Graur, Tendinfele

72

Maria Manoliu-Manea, « D i n c u r i o z i t a j i l e n e u t r u l u i r o m ä n e s c » , Sistemete

re$ti, 1970, p.

188-189.

de teorie semanticä actuate

ale limbii

a limbilor romäne,

naturale,

Bucure§tl, 1970, p. 51.

Bucurejti, 1968, p. 2 6 9 — 2 7 0 . limbii,

Bucu-

LE DERIVE P A B A S Y N T H E T I Q U E

27

Yoir dans ce sens une idee brievement έηοηοέβ par J. Dubois 73 qui, en s'occupant de la modification de la classe grammaticale du mot dans la composition (gorge — substantif feminin inanim6, different de rouge-gorge — substantif masculin anime), öcrit : « On peut alors supposer l'addition d'un suffixe zero pour rendre compte de cette nouvelle categorisation, ο Nous considerons par consequent qu'une racine compte parmi ses valences combinatoires postpos^es directes — ä droite uniquement des derivatifs: ä realisation zero ou diffärente de zero, auxquels s'ajoutent les flexifs 74 . C'est seulement en combinaison avec les derivatifs postposes que les racines devenues themes se distribuent selon les classes grammaticales, ce n'est que dans cette combinaison qu'elles peuvent choisir les flexifs (avec lesquels la liaison ne peut se faire qu'indirectement). 1.6.2. Etant donne que les liaisons que contractent a droite les racines sont differentes d'une racine a l'autre, nous allons essayer une classification des racines selon leur capacite de se combiner avec des derivatifs postposes zero ou differents de zero, auxquels s'ajoutent des flexifs nominaux et/ou verbaux. Yoilä, ä ce point de vue, le comportement de quelques racines frangaises : /rouge-/ est un radical qui a ces valences combinatoires ä droite : + derivatif nominal ( = 0 ) + flexif nominal: rouge ; + derivatif verbal ( = 0 ) + f l e x i f verbal: rougir; + derivatif nominal ( Φ0) + flexif nominal: rongeur, rougeatre; + derivatif verbal (Φ 0 ) + flexif verbal: rougeoyer; /moral-/ est un radical qui presente d'autres combinaisons ä droite : + derivatif nominal ( = 0 ) + flexif nominal: moral, morale; + derivatif nominal ( Φ 0 ) + flexif nominal: moralisme, moraliste ; + derivatif verbal ( Φ 0 ) + flexif verbal: moraliser ; /commence-/ peut se combiner ä droite avec : + derivatif verbal ( = 0 ) -f flexif verbal: commencer; + derivatif nominal ( Φ 0 ) + flexif nominal: commencement; /fratern-/ se combine ä droite a v e c : + derivatif nominal ( Φ 0 ) + flexif nominal: fraternite, fraternel; + derivatif verbal ( Φ 0 ) + flexif verbal: fraterniser; etc., etc. Un tel inventaire des racines et de leurs valences combinatoires n'est entrepris pour aucune des langues romanes ; aussi la classification ä laquelle struclurale

du franca is : la phrase

p. 45.

Grammaire

On conserve la denomination « suffixe » pour les derivatifs postpos6s ä realisation morpho-

phonemique diffirente de z6ro.

et les transformations,

Paris, 1969,

73 74

LE d e r i v e p a r a s y n t h s t i q u e

28

nous procedons sera-t-elle purement theorique, etablissant abstraitement les groupes de radicaux qui pourraient y exister. Le manque d'exemples pour certaines categories et/ou pour certaines langues romanes n'est pas un indice de leur inexistence. R6alis£e pour un inventaire fini de radicaux, une telle operation devrait 6puiser leur classification au point de vue de leurs combinaisons ä droite, dans le cas oü l'on considere que les suffixes sont les seuls determinants sur le plan fonctionnel (voir § 1.4.). Les criteres sont: — la realisation z6ro ou difförente de zero des derivatifs avec lesquels se combinent les racines; — la classe grammaticale (nominale ou verbale) ä laquelle appartiennent les derivatifs et partant les flexifs reclames par les derivatifs. On obtiendrait la classification suivante (tableau n° 1): exemples Ν

in

fv roumain franfais

d

s

d

s

I

+

+

+

+

egal, rouge

II

+

+

+



calcul afiiche,

III

+

+

-

+

canal, fertile,

IV

+

-

+

+

V

-

+

+

+

VI

+

+

-

-

VII

+

-

+

-

VIII

+

-

-

+

-

+ +

IX

-

X

-

+

-

XI

-

-

+ +

+

-

-

XII

+

-

XIII

-

+

-

-

XIV

-

-

+

-

XV

-

-

-

+

actio neige faible caricalurä ferveur

italien espagnol filosofo, fervor

folgore

fabbrica, danza

facile

fiorentino, fecundo,

fluido fertil

lubricar frugare, cabanä, cablu Age, faience

fiume, feroz,

abrl

ganghero fossa

acehiare futile fragor

furore macadam camufla assouvir, calegor-, fanat-,

calapod, icureuil

ieraser catehfratern-

federar,

fluctuar

anatommecan-

cenaclu macabro

compelimidiev-

fon-(azione, atorio) filatel-, long-

frouer

machihembrar,

mamujar

LE D £ R I V £

PARASYNTHfiTIQUE

29

a — au point de yue des combinaisons avec des derivatifs (quelle que soit leur realisation) nominaux et verbaux : les groupes VI, X I I et X I I I renferment exclusivement des raeines nominales; les groupes X I , XIV, X V sont formes uniquement de raeines verbales ; les groupes I—V, V I I — X sont composes de raeines nominalo-verbales, b — au point de vue de la realisation morphophon6mique des elements derivatifs : les groupes I—VI, VIII, I X , X I sont formes de raeines qui se combinent avec des derivatifs soit differents de zero, soit ä realisation zero (raeines « libres »); les groupes VII, X I I et X I V r&inissent des raeines qui entrent en combinaison uniquement avec des derivatifs zero (raeines «libres »); les groupes Χ, X I I I et XV r6unissent des raeines qui ne se combinent qu'avec des derivatifs difMrents de ζένο (raeines «li4es »). «; Cuantas combinaciones son 'posibles' pero no 'llegan a realizarse' ! » 75 , car sans doute « no se trata de circuitos cerrados ». Nos exemples memes pourraient etre infirm^s par l'actualisation de diff^rentes autres combinaisons dans des unites lexicales que les dictionnaires n'ont pas enregistr^es ; voir par exemple L. Hjelmslev 7 6 : « Tout verbe (base nue) peut en principe etre transform^ en un nom en y ajoutant des systemes nominaux ». Pour n'importe laquelle des langues romanes, on pourrait dresser l'inventaire des raeines entrant dans chacun de ces groupes. II est inutile d'insister sur le fait que cet inventaire correspond ä un corpus etabli, pour un moment donn£ de la langue, qu'il est loin de correspondre ä l'ensemble de la langue commune, dans son mouvement, dans sa tendance continue vers la systematisation 77. Mais il n'en reste pas moins que l'existence des types, des modeles th^oriques de derivation n'a pas determine dans ces langues la realisation de toutes les valences combinatoires des raeines, leur actualisation et, ä plus forte raison, leur productivite. Tous les groupes etablis ci-dessus n'existent pas obligatoirement et meme s'ils existent, ils ne jouissent pas d'un nombre egal de representants (le groupe XI, par exemple, est faiblement represente dans les langues romanes).

76

B. Pottier, «Los infijos . . . », p. 179 ct 170. «Le verbe et la phrase nominale», Essais linguistiques p. 187, apud Sanda Golopen^ia-Eretescu, «Radicali . . . ». 76

77

Voir Lucia AVald, Progresul

in limbä,

(TCLC, XII), Copenhague, 1959,

Bucuresti, 1969, p. 90 — 93.

LE DERIVE

30

PARASYNTHETIQUE

« Todo cuanto se puede decir es que para cada raiz hay a una epooa dada un sistema de correspondencias abriendo Camino a la categorization nominal ο verbal » 78. L'ensemble des combinaisons possibles de la racine avec les d6rivatifs postposes constitue une partie de la « famille d'un mot» (il s'y ajoute les derives ä pr&ixe, les composes). Pour les groupes Χ — X I I et XIV, il suffit qu'il y ait dans chaque classe de combinaison ( + d + fn; -f- s + fn; etc.) au moins une unite lexicale. Dans les groupes X I I et X I Y raeme, les racines ne sauraient apparaitre qu'ä l'interieur d'une seule unite lexicale; pour les groupes X I I I et XV, il est nöcessaire qu'il existe dans leur classe de combinaison unique deux unites lexicales au moins, qui se justifient röciproquement, car elles permettent qu'on en detache la meme racine. 1.6.3. Cette classification öpuise les possibility de combinaison des racines avec des flexifs, si l'on considere, conform&ment ä un avis presque unanime (voir § 1.4.3.3.2.), que seuls les suffixes sont aptes ä attribuer une certaine fonctionnalite ä un radical, qu'eux seuls ont le role classificateur. Les combinaisons avec les d6rivatifs postposes, que nous venons d'envisager, seraient les seules d^terminantes dans le choix des flexifs. La prise en consideration des combinaisons avec des derivatifs ant^poses, des liaisons contractus a gauche, ne saurait modifier la classe de combinaison de la racine. «ί,ΪΓο cambian nunca los prefijos la categoria de la raiz % Asi podria creerse observando que la presenc-ia de determinado prefijo delante de determinada raiz permite — imposibilita — la categorization nominal ο verbal » 79. Un grand nombre d'exemples — les d^rivds prefixes de la famille de fr. rouge, de faible (affaiblir, affaiblissement, etc.), de cacheter (decacheter), etc., ou tant d'autres pr^fix^s comme indechiffrable, reamenagement, confirment la validite de notre classification pour les racines qu'ils contiennent. D'autres pourtant, comme roum. a intepeni, inräma, it. improsciuttire, fr. assouplir, dessabler, esp. arroscar, aterciopelado, etc., presentent des racines qui, par suite de l'adjonction du pr&fixe, sont susceptibles de valences combinatoires nouvelles, r^clament done la modification de la categorie dans laquelle la racine a έίέ incluse : ce qui prouve que l'apparition du pr^fixe n'est pas sans relation avec la classe grammaticale a laquelle appartient l'unite lexicale qui le contient; les unites lexicales 78

B . Pottier, « L o s infijos . . . » , p. 170.

79

B . Pottier, « L o s infijos . . .», p. 179.

LE D£RIV£ PAKASYNTHETIQUE

31

cit6es font partie de classes grammaticales diff^rentes de Celles qui, tout en contenant la meme racine, ne sont fornixes qu'ä l'aide de d£rivatifs postpos^s. II y a des cas « ou le pr£verbe a pour seule fonction primaire celle de permettre la creation d'un mot en faisant passer un radical d'une cat^gorie grammaticale dans une autre » 80 . II existe Zgalement des racines qui n'actualisent de combinaison ä droite qu'ä condition d'actualiser simultan^ment des combinaisons ä gauche du radical: roum. /-brae-/ pour α tmbräca, α dezbräca; fr. /-tel-/ pour atteler, deteler, etc. 8 1 . Ces racines ne seraient pas inventorizes pour une classification qui tiendrait compte uniquement des valences combinatoires avec des dZrivatifs postposös. Dans notre tableau no 1, elles constitueraient le groupe XYI, qui ne realise aucune combinaison ä droite. Cette situation particuliere n'a pas 6t& prise en consideration dans l'analyse de la fonctionnalit^ des prefixes ; pourtant eile est caract&istique d'un nombre assez grand de d&riv^s des langues romanes. On a ignore le fait que l'adjonction d'un pr^fixe peut favoriser la combinaison d'une racine avec des types de dMvatifs (nominaux ou verbaux), qui ne s'actualiserait pas autrement, et qu'elle permet meme l'actualisation d'une racine ä l'int^rieur d'une unite lexicale, autrement impossible ä se realiser. Si dans la classification des racines e'est cet aspect qui prävaut, si on les classifie non seulement en fonction des combinaisons ä droite mais aussi des combinaisons ä gauche — en fonction des influences que celles-ci exercent sur celles-la — on observe : — qu'il existe des racines, qui, par l'adjonction d'un prefixe, conservent les memes possibility combinatoires (le groupe ou elles ont έίέ incluses ne change pas); — qu'il existe des racines pour lesquelles, par prdfixation, le nombre des valences combinatoires ä droite diminue (vu le double critere choisi pour cette derniere classification, le groupe dont elles font partie ne change pas); — qu'il existe des racines qui, par pr^fixation, multiplient le nombre de leurs valences combinatoires ä droite — celles-ci ne sont plus adäquates au groupe dont faisait partie la racine dans la classification pr6cMente : on les fera figurer dans un groupe >, p. 699. Voir aussi Iorgu Iordan, « Compuse romäne^ti cu i n - » , Buletinul Institulului de Filologie Romänä „Alexandru Philippide", III, 1936, p. 57 ss. 12 F . Suteu, « P r e f i x u l in . . . » , p. 54.

β -

c.

788

82

LES VERBES CPARAS YNTHETIQUES t— ACTION]

Les dictionnaires roumains c o n s u l t s : DLEM et D L E C nous ont permis de mettre en Evidence — pour ce qui est de l'application du pr6fixe in- aux verbes formes sur une base adjectivale — les faits suivants : α albästri est employ^ transitivement ('donner a un objet une couleur (plus) bleue'; etc.), ä la forme pronominale (laptele se albastreste : 'devenir (plus) bleu') et intransitivement (fig. 'acqu£rir, avoir, diffuser un 6clat bleu') — α inälbästri est employe; intransitivement ('devenir bleu') — d'apres D L E M ; il est employ^ transitivement, intransitivement et ä la forme pronominale d'apres DLEC. a albi : intransitif ('devenir (plus) b l a n c ' ; etc.); ä la forme pronominale (a se albi la fatä : 'devenir blanc') et transitif ('rendre blanc') — α inälbi : transitif ('rendre blanc'); rarement intransitif ('devenir blanc ; paraitre blanc'); a aspri, employ έ seulement transitivement ('rendre apre, d u r ' ) ; D L E M indique aussi son utilisation pronominale ('devenir (plus) apre, (plus) dur') — α inäspri, employ^ transitivement et ä la forme pronominale ; a acri : transitif ('rendre (plus) aigre') et ä la forme pronominale ('devenir (plus) aigre') — α inäeri, employ^ toujours transitivement et ä la voix pronominale ; d'autres verbes comme a se instäpini 'devenir maitre' ; a se indusmani 'devenir ennemis' ne connaissent que l'emploi pronominal, tandis que leurs variantes non pr6fix6es (beaucoup plus utilises) s'emploient ä la voix active aussi bien qu'ä la voix pronominale. Le seul couple qui semble refl^ter en roumain l'opposition [ + objectif] / [—objectif] est constitu6 par les termes a datora / a indatora, sans qu'ils forment pourtant une paire minimale / voir aussi [ + έ vent if] / [ - ^ventif]). Si la presence du prefixe in- en roumain contemporain dans de tels couples n'est pas relevante, eile le sera d'autant moins dans le cas des parasynth^tiques (etant donn0 que pour ces verbes-ci il n'existe pas — en roumain — la possibility de s'opposer, d'une maniere constante, sur le plan de la forme, ä d'autres segments). D'autre cote, la repartition non diff£renci£e des verbes simples ä base adjectivale et des parasynthötiques (toujouis a base adjectivale) construits ä l'aide du prefixe in- pour designer le trait [ + objectif], aussi bien que le trait [— objectif], indique que ce n'est pas la presence du prefixe qui est ä meme de rendre conrpte des combinaisons sp^cifiques de traits sömantiques. II n'existe en roumain contemporain standard aucune relation entre la presence (l'absence) du piöfixe et la forme active ou pionominale du d&iominatif. II faudrait

LES VERBES PARASYNTHETIQUES

[— A C T I O N ]

83

chercher ailleurs la preference du roumain — dans le cas des parasynthetiques ^ventifs — d'exprimer l'opposition [ + objectif] / [— objectif], p a r l'emploi ä la voix active, respectivement pronominale, du verbe. 3.4.1.2.2. Le fran^ais : l'opposition [ + objectif] / [— objectif] s'expiime par : l'emploi transitif, respectivement intrasitif du verbe : embellir ' r e n d r e plus beau' / 'devenir plus b e a u ' ; enlaidir 'rendre laid' / 'devenir l a i d ' ; empiier 'rendre pire' / 'devenir p i r e ' ; e t c . ; l'emploi actif transitif, respectivement pronominal du verbe : attendrir 'rendre tendre' / s''attendrir 'devenir t e n d r e ' ; affoler 'troubler comply tement la jaison' / s'affoler 'devenir comme f o u ' ; appauvrir 'rendre pauvre' / s^appauvrir 'devenir p a u v r e ' ; assouplir 'rendre souple' / s'assouplir 'devenir souple'; eclaircir ' r e n d r e plus clair' / s'eclaircir 'devenir plus clair' ; e t c . ; l'emploi actif transitif, respectivement actif intransitif ou pronominal du verbe : allonger 'rendre plus long' / (sallonger 'devenir plus long' ; etc. II y a des verbes pour lesquels le dictionnaire mentionne uniquement la forme active transitive : apurer, amatir, ebouillanter; la forme active intransitive : encherir; la forme pronominale : se denuer. II existe, en fvangais egalement, des variantes pr£fix0es et non pr£fix^es des verbes ä base adjectivale. A la difference du roumain (ou les variantes constituent pour la plupart des variantes regionales 13 ), ces variantes sont u t i l i s e s dans le frangais contemporain standard et s'ernploient parallelement; il n'existe pas entre les verbes prefixes et non prefixes d'identite s6mantique ou/et fonctionnelle; ainsi, dans le cas du trait [— objectif], les verbes prefixes l'expriment ä l'aide de la voix pronominale, tandis que les verbes non prefixes le designent par l'intermediaire de la voix active : ex. maigrir 'devenir maigre' — s'amaigrir au meme sens ; grandir — s'agrandir ; durcir — s'endurcir ; etc. D ' a u t r e p a r t , ainsi que l'indique P L , aux verbes non prefixes, intransitifs ä la voix active, correspondent des verbes prefixes, toujours a la voix a c t i v e : brunir transitif et intransitif ä cöte de embrunir t r a n s i t i f ; faiblir intransitif — affaiblir transitif; mollir intransitif — amollir transitif (transitif veut dire dans la m a j o r i t e des cas, meme si une telle indication m a n q u e du dictionnaire, que 13

Cf. F. §uteu, « Prefixul in...» p. 5 5 - 6 0 .

LES VERBES PARASYNTHfiTIQUES [— ACTION]

84

ces verbes sont capables de se construire egalement comme verbes pronominaux öventifs) 14 . TLF sous J . - 1 pr£f. mentionne la transitivity comme fonction grammaticale du pröfixe : « A- cr^e des verbes transitifs (ä partir de verbes intransitifs) . . . Dans les verbes parasynthötiques ä base adjectivale qui constituent la partie la plus importante et la plus homogene des verbes pr£fix£s en a- la fonction essentielle du pr£fixe consiste ä 6tablir une relation attributive entre l'adjectif de base et l'objet du verbe transitif pr0fix6» 15 . Tout comme le roumain, le fran§ais pr£fere l'emploi diff£renci0 des verbes pour exprimer l'opposition [ + objectif] / [— objectif] (voix active— verbe transitif / voix pronominale) 16 . Mais, ä la difference du roumain, on peut ^tablir pour le frangais une relation entre l'emploi distinct des formes verbales et la presence du pr^fixe (il s'agit du pr^fixe a-)17. 3.4.1.2.3. L'italien utilise les memes moyens pour rendre les traits positif et n^gatif de l'opposition [-f objectif] / [— objectif] (les exemples sont choisis selon les indications de YILI) : transitif / intransitif pour des verbes comme : inseverire 'rendere (piü) severo' / 'diventare piü severo'; impoverire 'rendere (piü) povero' / 'diventare (piü) povero' ; inveccMare 'far diventare vecchio' / 'diventare vecchio'; attristire 'rendere triste' / 'diventare triste'; etc.; actif transitif / pronominal pour des verbes comme : incivilire 'rendere (piü) civile' / incivilirsi 'farsi piü civile'; insudiciare 'rendere sudicio' / insudieiarsi 'imbrattarsi di sudiciume'; inacerbire 'rendere piü aspro, piü acerbo' / inacerbirsi 'diventare piü acerbo'; appesantire 'rendere piü pesante' / appesantirsi 'diventare piü pesante'; etc.; 14 Voir P. Haffter, Contribution..., p. 7.;R. Lagane,« Les verbes symitriques... >>, p. 24, donne comme exemples des « verbes en couples — simples/compos£s, dont chaque terme est une simple Variante combinatoire de l'autre. On voit s'6tablir lä un systeme verbe simple intransitif — verbe compos6 transitif, qui n'etait pas encore realise dans la langue du X V I I I 6 siecle ». Tandis que A. Thorn, « Les verbes... » p. 13 : «la plupart des parasynth6tiques sont des verbes transitifs et ceux qui ne le sont pas paraissent bien l'avoir έΐέ autrefois » 16 La meme opinion est exprimie par H. Marchand, β Deadj. Verben» p. 169 : « Die Präfixalität signalisiert nur teilweise ein syntaktisches Muster im Französischen. Alle Verben des Typus adoucir sint transitiv-kausativ aber Verben der Gruppe embellir bedeuten sowohl'schön machen' wie 'schön werden' ». 16

En analysant toute la cat6gorie des verbes symitriques du roumain et du fran?ais, Teodora Cristea, «Remarques sur les verbes symetriques en roumain et en franfais », Bulletin de la Societe

Roumainede

Linguistique

Romane,

difförentes. 17 Voir aussi B. Pottier, Systimatique..

I X , 1 9 7 2 , p . 11 — 21, a b o u t i t ä des

., p. 325.

conclusions

LES VERBES PARASYNTHETIQUES [— ACTION]

85

actif transitif / actif intransitif ou pronominal pour des verbes tels que : inselvatichire 'rendere selyatico' / inselvatichire ou inselvatichirsi 'diventare (piü) selvatico'; ingelosire 'rendere geloso' j ingelosire ou ingelosirsi 'diventare geloso'; impigrire 'rendere (piü) pigro' / impigrire ou impigrirsi 'farsi pigro'; impoltronire 'rendere (piü) poltrone' / impoltronire ou impoltronirsi 'diventare poltrone'; insuperbire 'rendere superbo' / insuperbire ou insuperbirsi 'diventare superbo'; etc.; parmi les verbes pour lesquels on indique uniquement l'emploi actif transitif est mentionne appianare; comme actifs intransitifs : sgallettare, sbravazzare, impaszare, impazzire; comme pronominaux : incaponirsi. II est interessant d'observer que l'italien est different du roumain et du frangais par sa capacity de räaliser plus frequemment l'opposition [ + objectif] I [— objectif], ä l'interieur de la voix active, par l'utilisation transitive, respectivement intransitive du meme verbe. Le nombre de tels couples n'est guere n6gligeable. D'ailleurs l'italien se caracterise par l'emploi tres frequent des parasynthetiques aussi bien que des denominatifs simples [ + eventif] comme verbes actifs, intransitifs plutöt qu'ä la voix pronominale 18. L'utilisation parallele des parasynthetiques, des denominatifs simples ou prefixes, soit comme verbes actifs intransitifs, soit comme verbes pronominaux (quoique la preference aille vers les premiers de ces verbes) nous indique que, en italien, tout comme en roumain, la presence du pr4fixe n'est d6terminante ni en ce qui concerne la voix ä laquelle est employe le verbe, ni en ce qui concerne se transitivite ou son instransitivite. Pour ce qui est du choix du flexif, -are ou -ire, l'italien contemporain ne semble pas continuer la situation observ6e par G. Eohlfs 19, pour une phase ancienne de la langue : « Ursprünglich scheint -are den transitiven und -ire den intransitiven Begriff ausgedrückt zu haben ». 3.4.1.2.4. On pourrait relever en espagnol les meme types de rendre l'opposition [ + objectif] / [— objectif]: transitif / intransitif : engrosar ; enverdecer ; encornudar ; etc.; actif transitif / pronominal: apropiar / apropiarse ; ennoblecer / ennoblecerse ; enrojecer / enrojecerse ; amedrentar / amedrentarse ; etc.; actif transitif / actif intransitif ou pronominal: enflaquecer j enflaquecer(se) : mi Mjo (se) enflaquece; envejecer j envejecer(se) : el vestido 18

Voir dans ce sens l'indication de D L I , qui condamne l'emploi du verbe abbrutirsi

non bene usato per abbrutire, 16

G. Rolilfs, Historische

« v. rifl.

v. intr. ». Grammatik

der italienischen

Sprache,

vol. I I I , B e r n ,

1 9 5 4 , p. 3 5 6 ,

86

LES VERBES P A R A S Y N T H E T I Q U E S

[—ACTION]

(se) envejece con el uso ; enfriar / enfriar(se) : (se) Jia enfriado el tiempo ; allanar / allanar(se) ; enmagrecer / enmagrecer(se) : el nino (se) enmagrece-j empobrecer / empobrecer(se) ; enrarecer j enrarecer(se) ; ensvciar j ensuciar(se) ; etc. Le troisieme type est predominant, sans que les deux premiers occupent des places negligeables. La raeme remarque pourrait etre faite a propos des dönominatifs simples espagnols : serenar — el viento serena la tarde et la tarde (se) ha serenado; igualar — (se) iguala a su hermano. Le dictionnaire indique pour certains verbes l'emploi ä une seule de ces formes : engalanar — actif transitif; encalvecer, enruinecer, ensandecer, enzurdecer — actifs intransitifs; enlozanarse, enmalecerse, enseriarse — pronominaux. E n espagnol non plus, la presence du prefixe n'engendre pas la stricte utilisation de la voix ou la transitivity (l'intransitivite) du verbe. 3.4.1.3. Un apergu comparatif sur les quatres langues romanes prises en consideration nous fait remarquer : 3.4.1.3.1. que, en ce qui concerne la maniere concrete de realiser l'opposition [ + objectif] / [— objectif], le roumain et le fran§ais font appel surtout a la voix : active, respectivement pronominale, tandis que l'italien et l'espagnol emploient — afin de rendre le trait [— objectif] — non eeulement la forme pronominale du verbe mais aussi la modalit6 Offerte par la forme active intransitive (en espagnol, plus qu'en italien, le meme verbe peut etre utilise avec la meme signification — soit ä la voix pronominale, soit ä la voix active — intransitif). 3.4.1.3.2. que, en roumain, italien et espagnol, la maniere d'exprimer l'opposition [ + objectif] / [— objectif] ne semble pas etre snbordonnee, ä l'int^rieur de la structure du άέπνέ, ä la construction specifique des parasynth^tiques : prefixe + radical + · · · A l'encontre de ces langues, en frangais, la presence du prefixe (surtout du prefixe a-) determine la preference pour la modality choisie. 3.4.2. L'opposition [ + 0ventif] / [— ^ventif]. 3.4.2.1. On a observe que les parasynthetiques ont rarement la possibilite d'actualiser, dans un fascicule de traits semantiques, le trait [ — eventif] (voir 3.3.) et que le trait ne semble pas caracteriser les denominatifs simples non plus : le sens 'etre . . . ' ; 'sembler . . .' est subordonne dans la plupart des cas ä celui d' 'agir'. Yu que les dictionnaires ne don-

LES VERBES PARASYNTHETIQUES

[— A C T I O N ]

87

nent pas toujours une interpretation explicite des significations de tels verbes, il serait possible de les analyser egalement en fonction de 1'opposition [ + action] / [— action] (voir 4.4.6.). II existe des langues romanes oü des denominatifs suffixes s'opposent aux parasynthdtiques f o r a y s ä partir du meme radical par ce que les premiers expriment l'etat, la permanence d'un certain etat, d'une certaine quality, tandis que les seconds d^signent le devenir, la modification de l'etat, de la quality. 3.4.2.1.1. E n italien, l'opposition se realise entre les segments Β + s + + fv et ρ + Ε + d + f v : Ex. spesseggiare 'accadere spesso, con frequenza ; petersi frecuentemente ; esser fitto, spesso, frecuente' / i(n) spessire 'diventare spesso, piü spesso', 'far diventare spesso'; biancheggiare 'apparire bianco alia vista, essere d'aspetto bianco, biancastro' / imbiancare, imbianchire ; rosseggiare 'recare segni ο riflessi tendenti a un color rosso vivo' jarrossare 'colonre di rosso, far diventare rosso' ; biondeggiare / imbiondire ; molleggiare / ammollire ; padroneggiare / impadronire ; pazzeggiare / impazzare, impazzire ; bestialeggiare j imbestialire ; pianeggiare / spianare, appianare ; lenteggiare / alientare, slentare ; tedescheggiare j intedescare ; toscaneggiare / intoscanire ; etc. L'opposition est susceptible de se realiser en italien aussi entre des verbes dönominatifs construits avec des suffixes differents : toscaneggiare et toscanizzare; cristianeggiare 'affett are ipocritamente costumi cristiani' et cristianizzare 'convertire al cristianesimo'; etc. 3.4.2.1.2. On retrouve en espagnol les memes couples d&ivatifs : Ex. bellaquear 'hacer bellaquerias' / abellacar 'hacer bellaco, envilecer (a alguno)' et embellaquecerse 'hacerse bellaco'; cobardear 'tener ο mostrar cobardia' / acobardar 'medrentar, poner miedo a u n o ' ; negrear 'mostrar una cosa la negrura que en si tiene' / ennegrecer; bermejear 'mostrar una cosa color bermeja', 'tirar a bermejo' / embermejar, embermejecer 'poner(se) bermejo'; blanquear / emblanquecer ; ronquear / arronqueeer, enronqueeer ; cojear / encojar; bobear / abobar, embobar ; loquear j alocar, enloquecer, aloquecerse; tontear j atontar, atontecer, entontar, entontecer; etc. 3.4.2.1.3. E n roumain, l'opposition peut etre signage uniquement dans quelques couples tels que a stapini (laissant de cote a se stäpini), a se %nstäpini, oü les segments compares sont Ε + d + f v et ρ + E + d + f " v ; le second verbe y est un prefix^ et non pas un parasynth^tique. De meme a datora / a indatora; a robi (intransitif) / a inrobi et a robi (transitif fig.). Le trait [— eventif] est parfois caracteristique pour des verbes prefixes ä base adjectivale, formes sur des noms de couleur; par exemple : a albi 'se faire

88

LES VERBES P A R A S Y N T H E T I Q U E S

[— A C T I O N ]

remarquer grace ä la blancheur; briller grace ä la blancheur': pe tap§a· nurile cu iarbä uscatä albea omätul nou ( D L R C ) ; le trait n'est pas caract^ristique ä la Variante ρτέίϊχέβ 20. 3.4.2.1.4. Nous n'avons pas trouvd d'exemples pour le frangais. 3.4.2.2. L'italien et l'espagnol permettent ici aussi une remarque commune : les deux disposent de la possibility de r^aliser par des moyens derivatifs l'opposition [ + ό vent if] / [— £ventif], ä l'aide d'un parasynth^tique et d'un denominatif suffix^ construits sur la meme base. 3.4.3. Pour [ - f rapprochement] / [— rapprochement], voir 4.4.4.

20 Voir aussi α vräjmäfi Iordan, «Compuse... ».

'etre ennemi' oppos6 k

α tnvräjmäfi

'rendre ennemi' chez Iorgu

4. LES VERBES PARASYNTHETIQUES CARACTERISES PAR LE TRAIT [+ ACTION]

4.1. Les verbes caract£ris£s par le trait [— action] formaient — en apparence au moins — un systeme unitaire, ä l'intörieur duquel les eventuelles lacunes provoqu^es par l'absence des denominatifs simples, suffixes et prefix«''«, et des non-d^nominatifs n'etaient pas Evidentes (il est possible pourtant que l'examen s6mantique de tous ces verbes, qui presenteraient des traits sömantiques suppMmentaires et reclameraient des combinaisons diff6rentes des traits, determine une autre organisation en classes semantiques). A l'encontre de ces verbes, ceux qui sont caracteris&s par le trait semantique [ + action] ne permettent pas une telle description globale harmonieuse. On apercoit ais£ment les espaces vides qu'engendre le manque, dans l'inventaire des verbes soumis ä l'analyse, des verbes qui disposent d'une structure differente au point de vue de leur constitution. Etant donn6 que l'on ne dispose pas d'une description s^mantique dötailMe du verbe en general, ä l'interieur de laquelle on puisse circonscrire la categorie des parasynthetiques, on se contentera d'esquisser seulement les combinaisons de traits que les parasynthetiques actualisent. On prendra en discussion certains traits meme s'ils ne sont pas representee que sous un seul de leurs cotes oppositionnels, sans ignorer pourtant qu'une interpretation unilaterale, dans ces conditions dans lesquelles elle est entreprise, peut engendrer des lacunes ou meme des erreurs dans la description initiee. Des traits que nous mettons en evidence par rapport au nom qui se trouve ä la base du verbe parasynthetique et que nous considerons fondamentaux justement en raison de cette relation, seraient subordonnes, dans une description exhaustive, ä l'essence du proces designe par le verbe. Voir par exemple une description des verbes du type labourer, piocher, herser, etc., que l'on devrait caracteriser semantiquement par le fascicule :

90

LES

VERBES PARASYNTHETIQUES

[+ACTION]

« . ... » « . ... » « (travailler) la terre » « . . . .» « Quelques-uns de ces verbes se detachent du groupe ainsi constitue, au dernier niveau de l'analyse, du fait qu'ils indiquent, par l'intermediaire de la base, l'instrument de l'action. Or, notre description est obligee de suivre une voie diff^rente : de reunir dans la meme classe semantique des verbes tels que roum. a impusca ' fusilier'; a intepa ' piquer'; a incurela ' fixer ä l'aide de courroies', etant donne leur trait semantique commun [ + instrument de l'action], qui est explicitement exprime ä l'aide du nom — terme prim aire du derive. Quel que soit le caractere de l'action entreprise a l'aide de cet instrument, les verbes font partie du meme groupe.

. ... »

Iva caracterisation des verbes par la nature du proces qu'ils designent sera accomplie parfois ulterieurement: il s'agit d'essayer de detailler cette signification, qui, si elle est envisagee uniquement dans la perspective d'une analyse des derives, est indecomposable. II n'est pas toujours possible de detailler de la sorte la diversite des proces exprimes par les verbes analyses. On se contentera quelquefois de remarquer les classes semantiques dont font partie les substantifs de base (voir par ex. 4.3.7.2.1.). 4.2. La classe des verbes caracteris^s par le trait [ + factitif]. 4.2.1. Cette classe est representee dans les langues romanes par un nombre relativement restreint de parasynthetiques si on le compare ä celui des verbes Präsentant les traits [— action] [-f- event if] ou ä ceux qui se distinguent par les traits [ + action] [— factitif]. Ce trait est caracteristique egalement pour les denominatifs simples1. Voir par exemple chez L. Vasiliu, Sufixele... le sens: 'realiser, provoquer l'apparition de l'objet, imettre l'objet'; chez M. L. Purdela, « Derivarea» : 'realiser, 6mettre ou produire l'objet disignö par le substantif de base'. Le grand nombre d'exemples qui sont donnds pour les significations mentionn£es ci-dessus timoignent de leur productivit6 dans le cas des d6nominatifs simples. H. Marchand, «Desubst. Verben», p. 115, l'observe 6galement: « Die Kategorie 'Objekt' ist sehr stark ausgebildet... », en mentionnant qu'il est impossible de d6tailler toutes les variantes sous lesquelles une telle signification peut apparaitre. II dtablit les groupes suivants de verbes : 1. « Ergebnissresultativa »: — « Sekretionen hervorbringen »: fr. baver, juier... ; — « Tierjungwerfen »: fr. chatter, chevroter. . . ; 1

LES VERBES PARASYNTHETIQUES [+ ACTION]

91

4.2.2. Les parasynthetiques factitifs pourraient etre ordonnes dans des classes semantiques utilisant uniquement 1'opposition [ + rapprochement] I [— rapprochement]. La combinaison avec le trait [ + objet] est implicite dans le cas des verbes factitifs : [ + factitif] > [ + objet] > rapprochement] 4.2.2.1. [ + rapprochement] avec la signification 'produire, emettre . . . ' ; 'realiser, creer 1'objet d^sign^ par le terme de base'. Ex. roum. a mmuguri 'bourgeonner ( m u g u r 'bourgeon')'; a inspica; a invirteji ; a involbura ; a inmiresma ; a inmiasma ; α injumätäti 'couper en deux'; α Imbucätäti 'couper, oasser en morceaux'; etc.; it. sbronciare 'fare il broncio'; ammusire, immusire 'fare il muso'; sgallare 'produrre galle ο vesciche'; svescicare 'produrre una vescica sulla pelle'; impataccare; impannare '(non com.) fabbricare panni, tessere'; smattiare 'faire des tours, des plaisanteries'; impaperare 'dire, fare papere'; sbaccanare; sbaraccare ; affettare 'tagliare a fette'; am/massellare 'ridurre in masselli' ; etc.; fr. ameuter; assieger ' faire le siege d'une place'; emietter ' reduire en miettes'; enliasser 'faire des liasses de . . . ' ; etc.; esp. enraizar 'echar raices'; agusanarse 'llenarse de gusanos una cosa'; amojamar 'hacer mojama': agigotar; asotanar 'excavar (el suelo) para construir en el sotano'; abarracar(se) 'acampar construyendo chozas ο barracas'; embanquetar (Mex.) 'poner banquetes ο aceras a las calles'; acabanar 'construirse cabanas los pastores'; abocetar 'hacer el boceto de un cuadro ο escultura'; avejigar 'levantar vejigas ο ampollas sobre alguna cosa'; embochinchar 'promover un bochincho, alborotar'; engrescar; — « sprossen »: fr. bourgeonner, boutonner.. . ; — «durch einen Veränderungsprozess etwas ( = —) ansetzen; entwickeln = sich mit — bedecken »: crimer (le lait) ; icumer (la mer, un chien )...·, — « — entwickeln, von sich geben »; il n'y a pas de reprisentants en fran?ais ; angl. fume, allem, dampfen; — « Nahrungsmittelproduktion »; il n'y a pas d'exemples pour le fran?ais ; allem, buttern ; — «Resultat, Beute, Tätigkeit des Jagens »: il n'y a pas d'exemples pour le fran^ais; angl. fish; — « sammeln, pflücken, ernten »: fr. moissonner, ricolter ; - « W e t t e r - T y p u s » : fr. bruiner, brumasser, neiger...; 2. « Handlungsresultativa »: — fr. batailler, chuter, cuisiner.. . ; — « Bewegungs-Gruppe » (« Spiel-Typus »), sans exemples pour le fran(ais : angl. golf, allem, pokern. Les nuances formulies ci-dessus sont dictdes soit par la signification sp6cifique du substantif, soit par l'action spicifique dont le risultat est l'objet exprim6 par le terme base.

LES VERBES P A R A S Y N T H E T I Q U E S [ + ACTION]

92

enzurizar 'sembrar discordia entre varias personas'; amotinar ; embodarse; atasajar 'hacer tasajos la carne'; apandillar 'hacer pandilla'; etc. 11 y a des cas ou des d^nominatifs simples et des prefixes, dörivös du meme radical ont la meme signification : it. solcare 'f ender e il terreno tracciandovi dei solchi; lasciare dei solchi sul terreno' — assolcare 'lavorare a solchi (la terra)'; Uslar e — allistare; eestire '(di piante) far cesto'— accestire 'id.'; fascinare—affascinare (derives de fascino); fr. rouiller 'produire de la rouille sur un corps' — enrouiller 'rendre rouille'; esp. grillarse 'echar grillos las patatas' — engrillarse 'id.'; remolin(e)arse 'hacer ο formar remolinos una cosa' — arremolinarse 'formar remolinos las aguas, el viento, etc.'; trenzar 'hacer trenzas' — entrenzar 'id.' ; tumultuar 'levantar un tumulto' — atumultuar 'id.'; surcar 'hacer surcos en la tierra' — asurcar 'id.'; Tioyar — ahoyar; botonar — abotonar; traicionar 'hacer traicion' — atraicionar 'id.'; etc. 4.2.2.1.1. En font partie egalement les verbes du soi-disant «WetterTypus ». Leur comportement particulier, ainsi que la classe s^mantique dont fait partie le terme primaire reclament pour ces verbes une mention ä part. Ex. roum. a intomna (intrans., poötique : se intomneaza 'l'automne vient'); a se insera : se insereazä : 'le soir descend'; a se innopta 'il fait nuit'; a se inmoia 'dögeler'; it. asserare; annotare 'farsi notte'; aggiornare 'cominciare a farsi giorno'; adorezzare; esp. anochecer 'empezar a faltar la luz del dia, venir la noche'. Des denominatifs simples et prefixes, formes sur le meme radical, peuvent presenter cette signification: esp. brumar — abrumarse. 4.2.2.1.2. Un cas ä part est constitue par les verbes que E. Benveniste 2 appelle «d&ocutifs», dont «le trait essentiel et signatetique est qu'il est avec sa base nominale dans la relation 'dire . . .' et non dans la relation 'faire . . .'». Pour les parasyntMtiques, nous n'avons trouv^ qu'un seul exemple : esp. ahuchar 'llamar al grito repetido de ; hucho !'. 4.2.2.1.3. On pourrait envisager ces verbes Egalement du point de vue de 1'opposition [ + objectif] / [— objectif], mais cette operation n'y aurait pas l'int4ret qu'elle a präsente dans la catögorie des verbes όvent ifs. Si pour ces derniers on a pu examiner le comportement syntaxique diff6i

« Les v e r b e s ddlocutifs », ProblUmes de linguistique

ginirale,

Paris, 1966, p. 277 — 285.

LES VERBES P A R A S Y N T H E T I Q U E S

[+ ACTION]

93

rent par suite de la cortibinaison successive avec les deux cötös de l'opposition — dans les conditions de l'identitö de la forme phonique, les verbes factitifs ne permettent pas une telle analyse que dans un nombre restreint de cas : il n'existe pas pour tous ces verbes la possibility d'exprimer successivement le [ + objectif] et le [ — objectif] (voir roum. a inmiresma, a se Inmiresma). II y a des verbes qui ne se combinent qu'avec le trait [ — objectif] ä la forme active intransitive (roum. a inmuguri) ou ä la forme pronominale (esp. agusanarse); c'est aussi le cas des verbes du « Wetter-Typus » ; d'autres se combinent uniquement avec le trait [ + objectif] (esp. avejigar, roum. a inmiasma, etc.). 4.2.2.1.4. Les sens des termes primaires sont varies ; ils sont tous caract6ris£s par le trait [— anim£] [ + concret], tres peu par [ - concret]. Les termes proviennent des domaines semantiques les plus divers, tres difförents d'une langue romane ä l'autre (par ex. esp. raiz, gusano, mo jama, sotano, barraca, etc.). Pourtant il y a certains termes primaires qui se reunissent sous les memes dominantes semantiques, dans toutes les langues romanes : ce sont soit des substantifs collectifs (roum. mänunchi 'bouquet, gerbe', it. fardello, truppa; fr. liasse, troupe; esp. tresnal, pandilla, cuadrilla), soit. des substantifs qui d&signent des parties d'un objet (roum. bucatä 'morceau'; it. fett a; fr. miette; esp. tuero). Voir pour les d^nominatifs simples roum. a grupa 'grouper' ; a parcela 'parceler' ; fr. grouper; etc. Parmi les d^nominatifs simples et prefixes ayant la merae valeur et le merae radical, on pourrait citer : it. fascinare 'far fascine' — affascinare 'raccogliere in fascine'; fr. javeler — enjaveler 'mettre en javelles le bl£'; gerber — engerber; esp. hactnar 'poner los haces de lena, etc., unos sobre otros formando hacina' — enhacinar ' id.'; legajar (Colomb., Chile, Hond.) 'enlegajar' — enlegajar 'reunir papeles formando l e g a j o ' ; etc. II existe aussi des d^nominatifs suffixes « synonymes » a des parasynth^tiques au meme radical: esp. tasajear (Am.) — atasajar. L e rösultat de Taction de ces verbes n'est pas un objet nouveau du point de v u e de son contenu, mais repr^sente une maniere de disposer dans l'espace l'objet (les objets) respectif(s) — diff^rente de sa disposition ant6rieure, qui constitue le point de depart de Taction ; le terme primaire sugg£re le point d'arriv^e et est en £troite relation sur le plan extralinguistique avec l'objet qui subit Taction du verbe; en vertu de l'objet direct du verbe, plus pr^cis^ment du type de matiere qu'il d^signe, on pourrait r^partir ces verbes en deux groupes (toutes ces distinctions sont possibles uniquement ä partir de la r£alit6 extralinguistique):

94

LES VERBES PARASYNTHETIQUES [ + ACTION]

4.2.2.1.4.1. Yerbes qui exercent leur action sur une matiere continue, homogene, ou sur un seul objet (eongu comme un tout); ä partir d'un ensemble indefini et homogene ou d'une unite (con Que comme un tout, homogene ou non), on realise par division des sections, des segments (egaux ou in£gaux) : Ex. roum. α imbucätäti 'couper, casser en morceaux, morceler'; a infelia '(rare) couper en tranches'; a desfibra; etc.; it. affettare 'tagliare a fette'; amannare 'raccogliere in manne'; aecovonare 'legare in covoni'; appallottolare 'ridurre in pallottole'; sbranare 'ridurre in brani'; sbriciolare 'indica la riduzione del pane ο di alinienti di analoga consistenza in minuti frammenti ο briciole'; sgretolare ; s filacciare ; sbrindellare ; sbrandellare; sbrecciare; sfascicolare ' scornporre un libro ο un quaderno nei fascicoli che lo compongono'; squinternare; scocciare; etc.; en fait partie 6galement sterzare 'dividere in tre parti', ä radical numeral; fr. depecer 'mettre en pieces, en morceaux'; debander 'disperser'; emietter 'rMuire en niiettes'; effranger; effiler; esp. despostar 'destazar una ves ο una ave'; atasajar 'hacer tasajos la carne'; amanzanar 'dividir un terreno en manzanas' (Arg. 'espacio cuadrado deterreno'); acaballonar 'AGE. hacer caballones en un terreno'; enrielar 'hacer rieles de metal'; atorar 'partir lena en tueros'; desvencijar 'aflojar, desconcertar los extremos de una tela, cinta, etc.'; desmigajar 'hacer migajas una cosa'; despizcar; descalandrajar; etc. R'il y a difference entre le r^sultat de 1'action qui s'exerce sur une mattere homogene, sur un tout homogene, et celui d'une action qui a pour objet un tout sans homogeneite, eile se manifeste, sur le plan de la reality extralinguistique, dans la conservation — non modifite en essence — de la matiere pour le premier cas, tandis que dans le second, la matiere est a l t e r e (les segments, les parties dans lesquelles l'objet est divise, ne sont plus les repr^sentants de la meme matiere). Cette difference ne s'avere pas relevante sur le plan de la langue ; une autre pourtant, qui en est· etroitement li£e, se manifeste comme telle: il s'agit de l'attitude du sujet parlant vis-a-vis de Paction designee, du point dont il la considere et qui est determinant dans le choix des derivatifs ant&poses. Pour exprimer Paction dont le r^sultat est « negatif », ressenti comme une degradation, deterioration, on prefere le ρ refixe « negatif », qui a comme trait semantique le [— rapprochement]; tandis que pour Paction dont le r£sultat est attendu, souhaite, on emploie de preference le prefixe au trait semantique [ + rapprochement] : comp, α imbucätäti — a desfibra; appallottolare — sfascicolare·, acaballonar — desvencijar', etc.

LES VERBES PARASYNTHETIQUES [ + ACTION]

95

4.2.2.1.4.2. Yerbes dont Taction s'exerce sur une quantity ind6finie, d'objets pareils ou diffbrents, qui, par l'action designee par le verbe, sont disposes dans l'espace en groupes, en ensembles 0gaux ou in6gaux, ordonn£s ou non, ου dans un seul groupe caraet^ris6 par un agencement particulier. Ex. roum. α inmäwunchea; a se mcolona 'se mettre en rang pour former une colonne'; a insira, a insirui 'alligner, mettre ä la file'; it. affastellare 'raccogliere ο legare in fastelli'; affardellare 'far fardello, ridurre a fardelli'; attrupparsi, intrupparsi; affoltare; accalcare; etc.; fr. enliasser; endivisionner; attrouper ; esp. atresnalar 'poner los haces en tresnales'; ensartar 'pasar por un hilo, alambre, etc., varias cosas'; enristrar 'haeer ristras (con ajos, cebollas, etc.)'; enhorcar; agermanarse 'entrar ο formar parte de una german i a ' ; apandillar; agremiar(se) 'reunir en gremio'; agrupar; acuadrillar 'juntar a algunas personas en cuadrilla'; adecenar; etc. 4.2.2.1.4.3. II y a aussi des yerbes qui, grace au sens du terme primaire, sont susceptibles d'exercer leur action sur les deux types de matiere : Ex. roum. α ingräm&di (zapada sau cartile) 'amasser, entasser, empiler'; α tnjumätäti; it.. ammassellare 'ridurre in masselli'; ammucchiare 'raccogliere in uno ο piü mucchi'; affagottare, infagottare; fr. amasser; amonceler; empiler 'mettre en pile1 ; esp. amontonar ' poner unas cosas sobre otras sin orden ni concierto'; entongar 'formar tongadas de una cosa'; empilonar (Cuba et P. Eico) 'apilar', apilonar (Antillas, Colomb. et Mex.) 'apilar'; apilar, empilar 'poner una sobre otra varias cosas formando pila'; embalar 'hacer balas, colocar dentro de cubiertas ο cajas las mercancias y otros objetos que se han de transportar'; enfardelar 'hacer fardeles de alguna cosa'; empacar; empaquetar; etc. 4.2.2.1.5. L'italien et l'espagnol presentent le nombre le plus grand d'exemples pour cette classe s^mantique. 4.2.2.2. [— rapprochement] avec le sens ' abimer l'objet d£sign6 par le terme de base'; ' gäter, d6t£riorer . . .'. Ex. roum. a desfigura 'defigurer' ; a desela 'Achmer, ereinter'; it. sbeccare 'riferito a recipienti fragili, romperli all'orlo ο al beccuccio'; smanigliare; slabbrare; sguanciare; snaturare 'alterare nei suoi caratteri naturali' ; fr. echeveler 'mettre en desordre les cheveux de . . . ' ; epoumoner 'se fatiguer les poumons ä force de parier, de crier';

LES VERDES PARASYNTHETTQUES [ + ACTION]

96

esp. destalonar 'quitar ο destruir el talon al calzado'; destaconar 'gastar los tacones del calzado'; desquijarar 'rasgar la boca de uno dislocando las quijadas'; despulmonarse; desojar 'quebrar el ο jo de un instrumento'; desmonar 'descomponer el mono a una m u j e r ' ; desterronar 'deshacer los terrones'; desnoviar·, etc. Ce sens caracterise peu de denominatifs simples (voir par exemple fr. echiner 'rompre Γέοΐιΐηβ'), mais est propre des denominatifs pröfix^s : roum. a deforma, a dezecMlibra; it. disformare, difformare; disarmonizzare; esp. de(s)formar; desconcertar 'turbar el orden, composition de una cosa'; descongestionar; desequilibrar(se). 4.2.2.2.1. Le nombre de ces verbes est beaucoup plus rMuit que le nombre de ceux auxquels ils s'opposent en vertu des traits [ + rapprochement] / [ — rapprochement]. 4.2.2.2.2. II n'y a pas de paire minimale, termes qui s'opposent par un choix diff^ient du derivatif antöpos^, en vertu des traits mentionn^s ci-dessus. 4.2.2.2.3. Les termes primaires, sont, dans la majority des cas, des substantifs inanimAs, d^signant des parties du corps (le sens attribue au verbe est figure pour la plupart des cas). 4.3. Les verbes caracterises par le trait [— factitif]. 4.3.1. II s'agit des verbes parasynthetiques qui, en designant une action ([ + action] [— factitif]), sp^cifient aussi les modalites de son d&roulement, des circonstances ou la source de sa realisation. Parmi les oppositions discuses sous 2.6., il est n£cessaire de faire appel aux suivantes, afin de d^crire ces verbes du point de vue s^mantique : voir 2.6.2.4. objectif] / [— objectif] voir 2.6.2.5. rapprochement] / [— rapprochement] voir 2.6.3.1. source] / [— source] voir 2.6.3.2. o b j e t ] / [ - objet] modalite]/[— modalite] voir 2.6.3.3. comparaison] / [— comparaison] voir 2.6.3.3.1. voir 2.6.3.4. instrument] / [— instrument] voir 2.6.3.5. cause] / [— cause] determination spatiale] / [— determination spatiale] voir 2.6.3.6. [ + introduction] / [— introduction] voir 2.6.3.6.1. [ + determination temporelle] / [— determination temporelle] voir 2.6.3.7.

[+ [+ [+ [+ [+ [-f [+ [+ [+

LES

VERBES PARASYNTHETIQUES

[+ACTION]

97

N'importe lequel des traits sömantiques : source, modality, instrument, cause, determination spatiale, determination temporelle, pourrait etre subordonne directement, sans mediation, au trait [— factitif]. Si, dans le cas des verbes qu'on vient d'examiner, on a pröfere d'adopter la M^rarchie des traits qui a favoris0 la description la plus economique, dans ce cas-ci, ils se trouvent au meme niveau de subordination par rapport au trait [—factitif]: [— [— [— [— [— [—

factitif] > factitif]> factitif ] > factitif] > [ ± factitif] > [ ± factitif]>

source] modalite] instrument] cause] determination spatiale] determination temporelle]

Le schema nous indique que les cötes oppositionnels negatifs de ces traits sont susceptibles de se combiner simultanement avec le cöte positif d'un d'entre eux, voire le fait qu'un trait marque implique que tous les autres ne le soient pas. Par ex. pour des verbes comme roum. a impu§ca 'fusilier'; fr. empatter 'joindre des pieces de bois au moyen des pattes', il est caracteristique le fascicule: — source — modalite + instrument — cause — determination spatiale — determination temporelle

tändis que les verbes roum. a inseua 'seller' ou fr. envaser 'enfoncer dans la vase', excepte les traits qui les distinguent, permettent leur carac7 - 0 . 789

98

LES

VERBES PARASYNTHETIQUES

[+ACTION]

terisation commune par les traits : — source — modalite — instrument — cause + determination spatiale — determination temporelle

etc. Afin de simplifier l'expose qui suit, nous considörons que, pour les traits mentionn&s ci-dessus, dans le cas d'une certaine categorie semantique de verbes, specifier le cöte positif de l'un d'entre eux signifie implicitement que les autres traits ne sont pas marques. Les autres traits mentionnes sous 4.3.1. : — [ + ob jet] I [— objet] peuvent se combiner avec le trait [ + determination spatiale]; — [ + comparaison] / [— comparaison] sont subordonnes ä [ + modalite] ; — [ + introduction] / [— introduction] sont subordonnes ä [ + determination spatiale]. 4.3.2. [ - factitif] > [ + source] avec le sens 'realiser (respectivement subir) Faction de l'agent exprime par le terme primaire' 3. Ex. roum. a se instela 'se couvrir d'etoiles'; a se tnroura 'se couvrir de rosee'; it. sbattagliare '(campane) essere percosso dal battaglio'; incimicire; fr. s'anuiter 'se laisser surprendre par la nuit'; s'ennuager 'se couvrir de nuages'; esp. aborregarse 'cubrirse el cielo de nubes blanquecinas a modo de vellones de lana'; apolillar(se) 'roer la polilla una cosa, esp. ropas'; an(i)eblar(se) 'cubrir un lugar de niebla'. Des denominatifs simples et prefixes, derives du meme radical, ont cette signification : it. tarmare — intarmare 'essere rosso dalle tarme'. Les langues romanes actualisent rarement ce fascicule de traits semantiques. Pour les d£nominatifs simples, le sens est enregistr6 par L. Vasiliu, Sujixele manque dans les autres ouvrages consult is. 3

. . . ; il

LBS VERBES P A R A S Y N T H f i T I Q U E S

t+ACTlON]

4.3.3. [ - f a c t i t i f ] > [ + o b j e t ] [ + o b j e t ] > [ ± rapprochement]4 4.3.3.1.

]

Γ + objet 1 + rapprochement J

avec le sens 'donner, attribuer ä quelqu'un ou ä quelque chose l'objet d^signe par le terme primaire' (le verbe — centre syntaxique de la construction analytique — suppose l'expression d'un b0n£ficiaire, qui devient le patient du parasynthetique et qui constitue le point d'arriv^e de Paction) ; 'recevoir l'objet d6sign0 par la base'. Ex. roum. a inzestra nloter'; a inghionti 'donner une bourrade, une gourmade ä quelqu'un'; α aläpta 'allaiter'; a inaripa 'donner de Ι'βηνοΐέβ, de l'61an'; a tnstiinta 'informer'; a insufleti 'animer (suflet 'ame')'; a inlesni 'faciliter'; a ingrijora 'causer des soucis'; a infiora 'donner le frisson, faire fr^mir'; a indoctrina 'endoctriner'; α indreptäfi 'justifier'; a incuraja 'encourager'; a indurera 'peiner, attrister'; a injuria 'mettre en colore'; a ingrozi 'jeter l'6pouvante'; etc.; it. affilare 'dare, ridare il filo a una lama'; approvvigionare; affienar 'abituare al fieno ο mantenere al fienogli animali'; spunzonare ; ammaliare ; addottrinare, indottrinare ; avvalorare 'conferire maggior valore'; indispettire 'far montare in dispetto, irritare'; infrenesire 'dare in preda ad una eccitazione incontenibile'; inorgoglir(si) ; intimorire; adirarsi·, intignare 'ammalarsi di tigna'; arrabbiare; incimurrire 'ammalarsi di cimurro'; incarbonchire 'del grano che si ammala di carbonchio'; appestare, impestare 'contagiare con la peste'; etc.; fr. achalander; empoisonner; empoissonner; amunitionner 'pourvoir des munitions necessaires'; approvisionner 'fournir des provisions, des choses necessaires' ; aviner; accrediter 'faire ouvrir un credit a ' ; assermenter·, endolorir ; (s"1 )enorgueillir ; ap eurer; empester ; etc.; esp. embojar 'colocar rames, por lo general de boja, por los gusanos de seda'; embelenar 'adormecer con beleno'; apunadar 'dar de punaladas'; ametrallar 'disparar metralla contra el enemigo'; afilar 'sacar filo a una arma ο instrumento'; arrumbar 'determinar la direccion (el rumbo) que sigue una cosa'; embelesar; atarear 'senalar tarea a uno'; aleccionar; afianzar 'dar fianza por alguno'; acreditar; apoderar 'dar poder una persona a otra para que la represente'; apesadumbrar 'causar 4

Pour les d6nominatifs simples, voir par ex. chez L . Vasiliu, Sujixele...,

le sens 'attribuer-

accorder ou percevoir (enlever) l ' o b j e t . . . ' ; chez H . Marchand, une partie des verbes minis dans le groupe des verbes instrumentaux, ayant un sens figur£ : parodier, d'autres, parmi les verbes difficiles ä classifier:

dedicacer.

sont

exa,

caricaturer,

100

LBS VERBES PARASYNTHETIQUES

[+ACTION]

pesadumbre a u n o ' ; enfurecer(se) ; enrabiar(se) ; amoscarse; aterrorizar(se) ; apestar 'causar ο comunicar la peste'; enronar 'llenar de rona, pegarla a una persona'; aletargarse; etc. 4.3.3.1.1. Les termes primaires sont tres varies au point de vue s0mantique; il y en a qui se reunissent sous la merae dominante s6mantique ([ — concret] 5 ), notamment ceux qui designent des 6tats d'esprit (colere, doute, peur, courage, depit, amour, etc.), des traits de caractere (vaillance) 6 . Voir des d^nominatifs simples et des prefixes avec le meme radical et la meme signification : it. furiare (archai'que et politique) — infuriare; fr. brouiller — embrouiller: esp. cizanar 'sembrar ο meter cizana' — encizanar ' i d . ' ; il existe aussi des d^nominatifs suffixes et des parasynthötiques dans la meme situation : esp. mosque arse — amoscarse. 4.3.3.1.2. Les d^rivds sont plus frequents en italien et en espagnol (voir par exemple les verbes dont la base dösigne une maladie). 4.3.3.2. Γ + objet — rapprochement avec le sens 'priver quelqu'un de l'objet, Eloigner de quelqu'un ou de quelque chose l'objet design^ par le terme primaire' (le verbe — centre syntaxique de la construction analytique — reclame que l'on exprime un Mn^ficiaire ( —), qui devient le patient du parasynth^tique et qui constit u e le point de depart de Paction); 'etre priv6 de . . . , perdre l'objet dfeigue par la base'. Ex. roum. a degrada; a deseuraja; it. disgradare; sfiduciare 'privare della fiducia'; spodestare 'privare della podestä'; fr. dScontenancer 'faire perdre contenance'; degrader; decolerer 'cesser d'etre en colere' (le verbe se combine avec le trait [— objectif]); dicourager ; esp. descorazonar; desflorar; desvirtuar 'quitar la yirtud ο vigor a una cosa'. Pour les derives pr&fix^s, voir roum. a dezarma; a deznädajdui 'perdre l'espoir'; a dezobismii; it. disarmare; fr. disarmer; etc. 5

V o i r B . P o l t i e r , Systematique...,

p. 201 — 2 0 2 , oil l'on r e m a r q u e q u e la n a t u r e n o t i o n n e l l e

o u s p a t i a l e e s t s p e c i f i q u e d e s p r e f i x e s en p a r a s y n t h e s e i n t e r n e , t a n d i s que la n a t u r e s p a t i a l e — a u x p r e f i x e s e n p a r a s y n t h e s e e x t e r n e (voir 2.6.3.2.). 6

Su/ixele

P o u r d e t e l s t e r m e s primaires, v o i r le sens d e s d e n o m i n a t i f s s i m p l e s chez L. V a s i l i u , . . . : 'etre m i s ou m e t t r e d a n s l ' i t a t . . . , p r o v o q u e r l'apparition de i ' ö t a t

le t e r m e de b a s e ' .

ddsignipar

LES VE R B E S PARASYNTHfiTIQUES

[+ACTION]

101

Peu de parasynth6tiques romans sont caract^ris^s par ce fascicule de traits. 4.3.4. [ — f a c t i t i f ] > 4.3.4.1.

[+modalite]

Γ + modalite [ + comparaison

avec le sens 'exöcuter Faction d'une maniere semblable ä celle qui est entreprise par le terme de base'; (d'une action) 'se realiser . . . ' 7 . Ex. roum. a se infurca, a se infurci 'bifurquer'; it. inviperire 'irritar(si) come una vipera'; intirannire; inserpentire 'assumere una scattante e rabiosa protervia'; infierire 'agire come una fiera; manifestarsi come una fiera'; indemoniarsi 'incolerirsi come un diavolo'; incruscare (fam.); incipollare, incipollire '(du bois) sfogliarsi a stratti sottili come le cipolle'; spappagallare 'repetire come un pappagallo' ; sferragliare 'produrre il rumore metallico e stridente, caratteristico di oggetti ο macchine di ferro in movimento'; sfarfallare 'agitarsi a guisa di farfalla'; etc.; esp. enquijotarse; engringarse 'seguir uno las costumbres de los gringos' ; abejucarse (Am.); achularse 'adquirir modales de chulo'; alebrarse 'pegarse al suelo como una liebre'; apayasarse 'proceder como un payaso'; agamitar 1contrahacer ο imitar la voz del gamo pequeno'; despepitarse 'gritar con vehemencia ο con enojo'; etc. II existe des d^nominatifs suffixes et des parasynth^tiques qui ont le meme radical et la meme signification : esp. ninear — aninarse 'hacerse el nino que no lo es'. 4.3.4.1.1. La plupart des verbes sont actifs intransitifs et se combinent avec le trait [— objectif]. 4.3.4.1.2. Le plus grand nombre d'exemples est fourni par l'italien et par l'espagnol. 4.3.4.2. Γ + modality 1 [ — comparaison J avec le sens '(d'une action) se realiser dans la modalite exprim^e par le terme primaire'; 'realiser une action . . .'. Ex. roum. a incruci§a 'croiser'; a indeplini 'accomplir'; a tndestula 'contenter, satisfaire'; a tngenuncMa 's'agenouiller'; ' Pour les dinominatifs simples, voir chez L . Vasiliu, Sufixeie. . . , les sens 'mener l'existence caractiristique de la personne disignie p a r . . . ' ; 'accomplir une action selon le modfele, selon les indications ou les donndes offertes par l'objet d6sign6 p a r . . . ' ; voir aussi H. Marchand, « Desubst. Verben.», p. 108.

LES VERBES PARASYNTHßTIQUES [+ACTION]

102

it. straliciare 'tagliare in tralice'; intraversare 'disporre, collocare trasversalmente'; impermalire, impermalirsi 'aversene per male'; inforsare; affacciare 'mettere faccia a faccia'; aceavaleiare 'mettere a cavalcioni'; affiorare 'venire alia superficie, a fior d'acqua, di terra . . . ' ; aggiornare 'mettere a giorni'; avvicendare 'mutare a vicenda'; etc.; fr. agreer; (s'jagenouiller '(se) mettre ä genoux'; abuter; abouter 'mettre bout ä bout'; esp. asoldar 'tomar a sueldo, asalariar'; encuerar 'dejar en cueros a una persona'; aplomar 'poner las cosas verticalmente (a plomo)'; desplomar ; ahorcajarse 'ponerse ο montar a horcajadas'; englobar; enfrentar; empopar 'calar mucho de popa un buque'; acuclillarse 'ponerse en cuclillas'; amanar 'prevenir, preparar a mano alguna cosa'; arrodillar 'hacer que una persona apoye una ο ambas rodillas en el suelo, etc.; ponerse de rodillas'; atizonar 'ALBAS", trabar la obra de mamposteria a tizon'; aforar 'dar ο tomar una heredad'; etc. Le sens est caractOristique egalement pour les denominatifs simples (doubles parfois de variantes prefixees); par ex. it. lessare 'cuocere a lesso' — allessare 'id.'. 4.3.4.2.1. Les dOrivOs ont des racines tres differentes du point de vue semantique, ce qui explique leur grande variOtO significative. Les racines peuvent etre adverbiales (adverbes ou locutions adverbiales) ou nominales (nom prOcOdO de proposition, utilise comme locution adverbiale); dans ce dernier cas, le d£riv6 n'est plus ä proprement parier un verbe parasynthOtique, ce qui rOsulte de la combinaison qui existe dans la langue : proposition + nom, devenant prOfixe + En + d + fv 8 . 4.3.4.2.2. On pourrait inclure dans la meme catOgorie les derives dont la base est un adjectif numeral, constituant un indice quantitatif (multiplicatif) en ce qui concerne la modalite dont Taction est entreprise; ces parasynthOtiques sont spOcifiques de la langue roumaine : a intrei 'tripler'; a imp&tri 'quadrupler'; a incinci 'quintupled; a inzeci 'dOcupler, augmenter de beaucoup'; a insuti 'centupler, augmenter indefiniment'; a inmii 'multiplier par mille'; etc. Ces verbes se construisent selon la formule qui est, en roumain, aussi celle des adjectifs numeraux multiplicatifs (in + numOral + -it) ; voir aussi it. incinquare; inmillare. Voir F. Dimitrescu, « Despre verbele „delocutive" », Studii μ cerceläri linguistic, X I I , 1961, p. 307—311 qui propose d'dlargir le sens du terme « dilocutif » employi par E. Benveniste, en l'appliquant aux verbes provenant des locutions ; les exemples donn6s ne se caractirisent pas tous par le trait [ + modalitd] (par ex. a tnfepa, a Inoinui). 8

LES V E R B E S P A R A S Y N T H f i T I Q U E S

103

[+ACTION]

4.3.5. [— factitif] > [ + instrument] avec la signification 'executer une action a l'aide de l'objet d&signö par le terme base'; '(d'une action) se r^aliser ä l'aide de . . .' 9. Ex. roum. a tntepa 'piquer (teapd 'έρίηβ, piquant')'; a impintena 'pouseer ä l'aide des Operons'; a impusca 'fusilier (pustcä 'fusil')'; a inveriga fixer avec des anneaux (veriga 'anneau, maillon')'; a ineurela 'fixer avec des courroies'; a incopcia 'agrafer (copcä 'agrafe')'; etc.; it. infunare 'immobilizzare con una vistosa quantitä di funi'; incordare '(non com.) legare mediante una ο piü corde'; incannucciare; incavicchiare 'fissare con cavicchi'; inchiavacciare 'chiudere ο fermare mediante il chiavaccio'; ammagliare 'congiungere mediante una ο piü maglie'; arrandellare 'colpire ripetutamente con un randello'; adunghiare 'afferrare con le unghie'; azzannare 'afferrare ο lacerare con le zanne'; sventagliare 'agitare il ventaglio per fare vento'; smarrare ; sforbiciare 'tagliare con gran colpi di forbici'; scucchiaiare 'svuotare col cucchiaio'; searriolare 'trasportare materiali con la carriola ο altro veicolo'; etc. fr. empatter 'joindre des pieces de bois au moyen des pattes'; encorner ; esp. enmaromar 'atar esp. un animal bravo como el toro con maroma'; abarrotar, embarrotar 'apretar ο fortalecer alguna cosa con barrotes'; entablillar 'sujetar con tablillas y vendaje un miembro para mantener en su sitio las partes de un hueso roto » ; entomizar 'liar con tomizas'; ensobear 'atar con el soteo el yugo al p^rtigo del carro'; empernar 'clavar ο asegurar una cosa con pernos'; engatillar 'unir ο sujetar con gatillo 9

P o u r les dönominatifs simples, voir chez L . Vasiliu, Sufixele...,

le sens 'accomplir une action

ä l'aide d e . . . ' . H . Marchand, « D e s u b s t . V e r b e n , » r i u n i t ces verbes sous le nom de «Instrumentale V e r b e n » ; en font partie plusieurs groupes s6mantiques dont l ' i d i e fondamentale est ren, arbeiten oder bearbeiten mit H i l f e dessen, was durch das Substantiv

'operie-

bezeichnet i s t ' ;

les

groupes s o n t : — des ddrives dont le radical est un nom d'instrument, ou d'un outil, ou d i s i g n e une partie du corps, par l'intermidiaire desquels on räalise difförentes actions; fr. brosser, drer,

fouelter,

— des d 6 r ^ s

calan-

etc.;

ciseler,

dont le sens est 'schlagen, angreifen, bearbeiten,

Behandlung von — u n t e r w e r f e n ' ; fr. ceinlurer,

fouetter,

misshandeln

mit — , der

matraquer;

— des deriv6s au sens 'befestigen, fest machen, stützen mit — ' ;

fr. ancrer,

etanfonner,

ilrisillonner; — des derives dont le sens est 'auf einem

Musikinstrument

s p i e l e n ' ; fr. flüter,

klaxonner,

irompeter; — des

dirivis

ä

sens

figure

'angreifen, kritisieren, h e r u n t e r m a c h e n ' ;

fr.

caricaturer,

parodier; — des d6rives avec le sens 'töten, barder,

dynamiter,

guillotiner,

hinrichten, vernichten d u r c h . . . ' :

— des d6riv6s avec le sens 'transportieren, übermitteln durch — ' bewegen mit — ' ; fr. cäbler,

fr. asphyxier,

bom-

mitrailler; camionner,

mandater,

voiturer.

ou

'reisen,

sich f o r t -

104

LES VERBES PAKASYNTHfiTlQUES

[+ACTION]

(chapas metälicas, tablas, etc.)'; enganchar; encorcJietar; engrilletar; acerrojar; encochetar; apuntillar 'acachetar, rematar el toro con la puntilla'; apegualar 'hacer uso del pegual'; amajanar 'senalar los limites de un campo con m a j a n o s ' ; acunar 'imprimir monedas, medallas, etc., por medio de c u n o ' ; etc. II existe en italien et en espagnol des derives simples et des derives pr0fix0s avec le meme radical et la raeme signification; it. tanagliare — attanagliare 'stringere con tanaglie'; piallare 'lavorare mediante la pialla' — appialare 'id.'; esp. redar — enredar 'tender los redes para cazar'; 'echar la red al agua para pescar'; broquelarse — dbroquelarse 'cubrirse con el broquel' — embroquelarse 'id.'; tenacear 'atenacear' — atenacear, atenazar 'arrancar con tenazas pedazos de carne a uno'. Voir aussi roum. a zävori 'verrouiller' — α deszävori 'ouvrir la porte fermee au verrou', qui expriment des actions opposöes realisees ä l'aide du meme instrument. Des parasynthetiques et des d&iominatifs suffixes peuvent etre « synonymes », co nstruits sur le meme radical; esp. lacear 'adornar ο atar con lazos' — enlazar 'coger ο juntar una cosa con lazos'. 4.3.5.1. E n faisant appel aux distinctions introduites par Π. Marchand, i m p o s e s par le type d'action qu'expriment les «verbes instrumentaux », il r^sulte que les langues romanes se caractörisent par les sens sp^cifiques suivants des parasynthetiques : — 'fixer, raffermir, consolider'; — 'fermer'; — 'piquer'; — 'frapper, battre, t u e r ' ; — 'prendre, saisir'; ces sens sont representee dans toutes les langues romanes avec un grand nombre de derives (et sur tout en italien et en espagnol); — 'couper'; 'vider'; 'faire du b r u i t ' ; 'transporter'; 'frotter'; 'aiguiser' — moins frequents ; — les sens figures ne caracterisent pas les derives parasynthetiques. 4.3.5.2. L'opposition [ + objectif] / [— objectif] peut se r^aliser par 1'intermMiaire de la voix active / pronominale. 4.3.6. [ — factitif] > [ + cause] avec le sens 'r6aliser une action ä cause de . . . ' ; '(d'une action) se röaliser ä cause de l'objet designe par le terme de base'. Ex. roum. a degera 'geler'; a insplina (pop.) 'tomber malade ä cause de la r a t e ' ;

LES

VERBES PARASYNTHETIQUES

[+ACTION]

105

it. agghiadare (vielli); esp. asolanar 'dafiar el yiento solano (las frutas, mieses, vino, etc.)'; achajanuarse (Colomb.) 'sofocarse las bestias por trabajar mucho cuando hace calor ο estän muy gordas (chajuan Colomb. 'bochorno, calor')'. Le sens n'est pas enregistre pour les denominatifs simples. Voir quand meme fr. geler 'blesser par Taction du froid, avoir tres froid'. Le fascicule de traits est rarement actualise dans les langues romanes. 4.3.7. [— factitif] > [ + determination spatiale]. Pour l'analyse s6mantique de ces verbes, il est necessaire de faire appel aux traits s6mantiques suivants : [+rapprochement]/[—rapprochement] voir 2.6.2.5. [ + objet] I [— objet] voir 2.6.3.2. [ + introduction] / [— introduction] voir 2.6.3.6.1. qu'il est possible de subordonner de la maniere suivante : [ + determination spatiale] > [ ± rapprochement] [ + rapprochement] > [ ± introduction] [ + introduction] > [ ± objet] [— introduction] > objet] [— rapprochement] > [ ± introduction] [ + introduction] > [ ± objet] [— introduction] > [ ± objet]

raprochement introduction objet

+ determination spatiale" + rapprochement + introduction _+ objet avec le sens 'introduire l'objet design^ par le terme de base dans un autre objet'. Ex. roum. α impäia 'empailler'; 'remplir de paille la peau d'un animal mort pour en conserver la forme'; a inealusa; a inspuma (techn.); it. insemenzare; fr. ensemencer; empailler; 4.3.7.1.

LBS

106

VERBES PARASYNTHETIQUES

[+ACTIONJ

esp. encebollar 'echar abundente cebolla a un manjar'; encascotar 'ALBAN, rellenar con cascote la mezcla despues de tendida'; eneristalar 'colocar cristales ο vidrios en nna ventana'; engocetar 'poner el gocete de la lanza en el restre'; empastar ; etc. Bien des difficulties surgissent lorsqu'il s'agit d'interpröter cette cat^gorie, en opposition avec la suivante par les traits [ + objet] / [ - objet] (voir 4.3.7.2.) 10 . Le sens n'est pas enregiströ pour les denominatifs simples. II existe pourtant des denominatifs simples et des denominatifs prefixes avec le meme radical ayant cette signification : fr. bourrer — embourrer 'remplir de bourre'; esp. mechar 'introducir mechas de tocino gordo en la carne ο vianda que se ba de asar' — enmechar 'id.'; ripiar 'enripiar' — enripiar 'ALBAS, poner ripio en un hueco de pared ο piso'; ou meme des denominatifs suffixes ä sens identique ä ceux des parasynthetiques, construits sur le meme radical: it. lardellare — allardare. 4.3.7.1.1. Les verbes sont actifs transitifs. 4.3.7.1.2. II y a peu d'exemples romans, ce qui prouve que l'actualisation de ce fascicule de traits est peu frequente. 4.3.7.2.

Γ + determination spatiale + rapprochement + introduction objet

avec le sens 'introduire quelque chose (quelqu'un) dans l'objet design^ par le terme primaire' 11 . Ex. roum. a intemnita 'emprisonner (temnitä 'prison')'; a msiloza 'ensiler'; α inräma 'encadrer'; a inregimenta 'enregimenter'; a inregistra 10

Voir A. Thorn, «Les v e r b e s . . . », p. 15 : «pour empoisonner, ensemencer, pour lesquels A. Darmesteter propose : 'mettre le champ en semence' et 'mettre un chien en p o i s o n ' , . . . , ce serait plutdt 'mettre de la semence en un champ', 'mettre du poison en un chien' ». "Voir aussi 4.3.3.1. 11 Pour les denominatifs simples, voir chez L.Vasiliu, Sufixele.... le sens «introduire dans l'objet »; chezM. L. Purdela, «Derivarea. . .», «(d'une action) se passer dans l'endroit design£ par le terme primaire ». H . M a r c h a n d , t D e s u b s t . Verben », fait entrer ces verbes dans le groupe «lokative Verben s — « w o das zugrunde liegende Substantiv die adverbiale B e s t i m m u n g des Ortes ist». Le sens est formula par «in— stellen, legen, eintragen » et est considiri tres f r i q u e n t en anglais pour les denominatifs simples, tandis qu'en frangais et en allemand « andere Wortbildungst y p e n v o r z i e h e n » ; quelques exemples : bivouaquer, blouser, cantonner, caser, coffrer, casemer.

LES

VEHBES PARASYNTHfiTIQUES

[+ACTION]

107

'enregistrer'; a inmagazina 'emmagasiner'; a ingloda 'embourber'; etc.; it. imbarilare 'mettere in barile'; imbaulare 'mettere nel baule'; imbossolare 'introdurre nel bossolo'; imbottare 'mettere in una ο piü botti'; imbottigliare 'condizionare in bottiglie'; incastonare 'incastare ο legare nel castone'; ineestare; incavernarsi 'penetrare in caverne'; impugnare; inreggimentare 'inquadrare in un reggimento'; inscatolare 'confezionare in scatole per la conservazione ο la vendita' ; accasermare 'alloggiare le truppe in caserma'; allibrare ; appozzare 'immergere spec, in un pozzo'; etc.; fr. envaser 'enfoncer dans la vase'; ensacher 'mettre en sac'; enrdler 'inscrire sur les röles de l'arm^e'; enregistrer; enregimenter; empocher 'fam. mettre en poche'; encuver ; enchemiser; enchasser ; embrigader ; emboiiteiller; etc.; esp. atrojar, entrojar 'guardar en la troje frutos, esp. cereales'; aprisionar 'poner a uno en prison'; acorralar, encorralar 'encerrar los ganados en el corral'; enfrascar 'echar algo en frascos'; encorar, encorecer 'meter una cosa dentro de un cuero'; encubar 'echar un liquido en las cubas'; embotellar; encantarar 'meter algo en un cäntaro'; encanastar 'meter algo en una canasta'; envagonar; envasar; enceldar; embodegar·, encMquerar; engranerar ; ahuchar ; etc. II existe des denominatifs simples et prefix0s avec le meme radical et le meme sens; ex. it. trdppolare — intrappolare 'prendere in una trappola'; fr. chatonner — enchatonner 'insurer dans un chaton'; caserner — encaserner; caquer — encaquer 'mettre en caque'. 4.3.7.2.1. Les substantifs qui se trouvent ä la base de ces verbes d^signent, pour la plupart, des espaces limitös : bätiments, pieces, surfaces entour^es de clötures, etc., destines ä des etres humains ou ä des animaux (prison, cellule, enclos, Stable, cage, ruche); des groupes organis6s de gens (regiment, brigade); des objets qui servent ä transporter (ou ä conserver) des liquides (bouteille, cruche, tonneau, etc.) ou des solides (panier, vagon, sac, boite, caisse, gaine, etc.) ou ä stocker des provisions en grande quantity (des aliments Burtout: cage, silo, grenier, etc.); cahier, registre, liste (pour les verbes dont le sens est '£crire dans . . ; 'inscrire dans . . .'). 4.3.7.2.2. Les verbes sont — pour la plupart — transitifs actifs lorsqu'ils se combinent avec le trait [ + objectif] et pronominaux en combinaison avec le trait [— objectif]: roum. a se inregistra ; il y en a aussi qui actualisent uniquement la combinaison avec ce dernier trait et sont employes

108

LES VERBES P A R A S Y N T H E T I Q U E S

[+ACTION]

exclusivement comme verbes pronominaux ou comme verbes actifs intransitifs; ex. esp. engolfar(se); ahoeinarse; ensotarse 'meterse en un soto'; emparamarsc '(Am.) entumecerse ο morirse de frio en los paramos'; embrenarse 'meterse entre brenas'. 4.3.7.3. Γ + determination spatiale + rapprochement — introduction + objet avec le sens 'approcher l'objet designe par le terme de base d'une limite finale, en assurant on non le contact' 12 . Ex. roum. α inzäbäla 'mettre le mors ä . . ; a intoli 'fournir des nippes ä quelqu'un, l'habiller de neuf'; a inzorzona; a mcununa 'couronner'; α imbläni 'doubler de fourrure'; α impäpuri '^tancher un tonneau (avec des feuilles de massettes, de cannes de jonc, etc.)'; a mdigui 'endiguer'; etc.; it. imbastare 'caricare del basto'; intabarrare 'coprire con un tabarro'; imparruccare 'ricoprire con una parrucca'; inanellare 'ornare con anello'; imperlare 'coprire con perle, adornare con perle'; infronzolare, infronzolire 'adornare con fronzoli'; assiepare 'circondare con una siepe'; inargentare; inviscMare 'spalmare di yischio'; invermigliare 'colorare di vermiglio'; impomatare 'ungere abbondantemente di pomata ο altri cosmetici untuosi'; impegolare; incenerare 'coprire con cenere'; imbril12 Pour les d6nominatifs simples, voir chez L. Vasiliu, Sufixele. . . , l e s s e n s ' m u n i r d e . . . ' ; 'couvrir d e . . . " ; chez M. L. P u r d e l a , « D e r i v a r e a . . . », 'pourvoir, munir d e . . . " ; 'munir de l ' o b j e t d6sign6 par le terme b a s e ' ; 'couvrir quelque chose de i'objet design6 p a r le substantif b a s e ' ; 'saupoudrer d e . . . ' ; ' t r a i t e r au moyen de la substance (g6n£ralement chimique) design6e par le substantif b a s e ' ; chez H . Marchand,« Desubst. "Verben »,ces significations sont spdcifiques des verbes 'ornative', qui expriment en essence 'versehen mit — ', mais que l'auteur repartit en dif£6rents groupes :

— 'bedecken, zudecken, anfüllen, verkleiden, umgeben', a y a n t ä la base un substantif concret ou a b s t r a i t ; fr. bander, baslionner, border, breveier, ceinturer, ganter, giner, meubler, nuancer, palissader, peiner, ulcirer ; e t c . ; — 'äusserlich mit einer Schicht überdecken = enduire d e ' ; fr. beurrer, goudronner, huilet , — 'die Schicht k a n n solide sein und aus Metall, Baustoff oder ähnlichen b e s t e h e n ' ; fr. argenter, biionner, bronzer, imailler, gazer. Les catögories qui suivent n ' o n t pas έΐέ incluses dans notre description dans la classe 4.3.7.3.: — 'eine Speise oder ein Getränk mit — anrichten, zubereiten'; fr. houblonner, pimenter, poivrer; les quelques parasynth6tiques qui faisaient partie de cette catögorie se t r o u v e n t sous 4.3.7.1., vu qu'ils se caractirisent par le trait [ + introduction] ; — la Variante ' m i t einer chemischen Substanz b e h a n d e l n ' ; f r . camphrer, chloroformer, sulfater ; pour laquelle nous n'avons pas trouv6 d'exemples de verbes parasynthdtiques.

LES VERBES PARASYNTHETTQUES

[+ACTION]

109

lantinare 'ungere con excessiva quantitä di brillantina'; imbertescare 'fortificare con una serie di bertesche'; etc.; fr. embeguiner ' coiffer d'un b^guin'; ensoutaner; emperler 'garnir de perles'; enrubanner; enguirlander; empierrer 'couvrir d'une couche de pierres'; enfariner; encroüter; embuer 'couvrir de bu£e'; enrayer 'garnir une roue de ses raies'; etc. | esp. enjaquimar 'poner la jäqaima a una bestia'; abozalar, embozalar 'poner bozal a un animal'; encamisar 'poner la camisa a u n o ' ; entunicar 'cubrir ο vestir con una tunica'; entrapajar 'envolver con trapos una parte del cuerpo'; acernadar 'aplicar ο poner cernadas'; encaratulavse 'cubrirse la cara con mascarilla ο carätula'; encobrar 'cubrir con una capa de cobre'; encenizar 'echar ceniza sobre una cosa' ; enharinar; empecinar 'untar de pecina'; encMnarrar 'empedrar con chinarros'; enjuncar 'cubrir de juncos'; acollarar ; enastar 'poner el mango ο asta a un arma, herramienta, etc.'; enllantar 'guarnecer con llantas una rueda'; ensolerar 'echar ο poner soleras a las colmenas'; encabriar; abaluartar; abetunar, embetunar; etc. Des d^nominatifs simples et des prOfix^s au meme radical ont cette signification; it. sellare — insellare; piombare (meno com.) — impiombare 'ricoprire ο rivestire di piombo'; gMrlandare — inghirlandare 'ornare con una ο piü ghirlande'; gioiellare — ingioiellare 'ornare con abbondanza di gioielli' (en italien, ce sont les variantes pr^fixöes qui sont plus fröquentes pour ces sens); fr. gazonner — engazonner 'revetir de gazon'; coller — encoller 'enduire de colle'; esp. (ou le nombre de tels paires s'avere assez όΐβνέ): almagrar 'tenir de almagre alguna cosa' — enalmagrar 'id.'; tronerar — atronerar. Pour des dönominatifs suffixes et des parasynth^tiques avec la meme base et la meme signification, voir esp. cerotear 'dar cerote los zapateros a los hilos con que cosen' — encerotar 'id.'; chapear 'cubrir ο guarnecer con chapas' — enchapar 'id.'; etc. 4.3.7.3.1. II est possible de nuancer le sens de ces verbes ä partir non seulement du caract^re sp6cifique du proces entrepris, mais aussi des propositions qui accompagnent le verbe centre dans la construction analytique : 'mettre SUR . . .' [ + ornement] [— ornement] (dans ce cas, les verbes parasynth^tiques se combinent avec des objets directs [ + aniιτιέ] [ + personnel] signifiant 'vetir' ou [ + animö] [— personnel]).

110

LES VERBES PARASYNTHETIQUES t+ACTION]

'mettre AU-DESSUS, PAR-DESSUS

'mettre A . . .' 'mettre Α CÖTE de . . AUTOUE DE

par ex. 'couvrir d'une couche de . . (beaucoup de substantifs-base d^signent des teintures); 'saupoudrer de . .etc. 'munir un objet de . . .' dans la plupart des cas avec le sens 'fortifier ä l'aide de . . '.

4.3.7.3.2. Les verbes sont surtout actifs transitifs, en se combinant avec le trait [— subjectif]. 4.3.7.3.3. L'espagnol et l'italien sont ici aussi plus riches en ce qui concerne ces verbes que le roumain ou le fran§ais. 4.3.7.4.

Γ + determination spatiale + rapprochement — introduction objet

avec le sens 'approcher un objet d'une limite finale designee par le terme base (en etablissant ou non le contact)'; 's'approcher . . .' 1 3 . Ex. roum. a (se) inseäuna 'mettre (monter) sur le tröne'; a aborda·, a acosta ;

it. attergare 'scrivere a tergo di un documento'; arroccare 'avvolgere sulla rocca'; ammarare '(idrovolanti) posarsi sulla superficie del mare'; allunare '(veicoli spaziali) posarsi sul suolo lunare'; abbittare 'legare ä una bitta'; abbancare 'disporre sul banco'; etc.; fr. entoiler

'fixer sur une t o i l e ' ; aborder ; accroupir ; afflouer

'remettre

ä flot un navire echou6'; alunir·, aliter; amerrir; attabler 'se mettre ä table'; atterrir; esp. ahormar 'ajustar una cosa esp. el calzado, a su horma ο molde'. 4.3.7.4.1. A la difference des classes präcMentes, il n'est pas possible de syst&natiser les sens des termes primaires, qui, dans les diff^rentes langues, sont tres differents au point de vue s^mantique (embauchoir, perche, metier ä tisser, table, etc.), ce qui rend impossible une organisation des sens des verbes, comme repr^sentants d'un certain type d'action. 13 Le sens n'est pas enregiströ pour les denominatifs simples, ä part quelques exemples riunis par H. Marchand dans le mime groupe que ceux qui se trouvent ci-dessus sous le trait

[+introduction]; fr. bobiner, pilorier.

LES VERBES P A R A S Y N T H E T I Q U E S

[+ACTION]

111

Une seule cat6gorie de verbes est plus stable, Celle des verbes de mouvement, qui signifient que le point d'arriv^e est atteint (atterrir, amerrir, etc.). 4.3.7.4.2. On pourrait y inclure les parasynthetiques formes SUP des racines adverbiales ( [ + determination spatiale]), du type it. arretrare ' trarsi indietro; portare piü indietro'; inoltrare ' spingere oltre, piü oltre'; adimare; allontanare 'mandare (piü) lontano, mettere, andare piü lontano'; slontanare; abbassare, sbassare, dibassare; fr. eloigner; deraser 'abaisser le niveau de . . ; esp. alejar(se) 'poner lejos ο mas lejos (a una persona ο cosa)'; acercar(se) 'poner cerca ο a menor distancia, en orden al espacio, tiempo . . .'. Voir aussi des denominatifs simples ou suffixes : it. addentrare 'penetrare addentro'; indietreggiare; appressare; des denominates simples et prefixes avec le meme radical et le meme sens : roum. α depärta — α indepärta; fr. baisser — abaisser; esp. bajar — abajar (anticuado ο rüstico). 4.3.7.4.3. L'italien et le fran§ais offrent un nombre plus grand d'exemples que le roumain et l'espagnol; peu pourtant si l'on se rapporte aux deux categories pröc6dentes. 4.3.7.5.

+ — + +

determination spatiale" rapprochement introduction objet

avec le sens « Eloigner l'objet d£sign6 par le terme de base d'un autre objet». Ex. roum. a denicotiniza; a decafeiniza; it. sfiocinare; sgranare 'togliere i grani degli alveoli'; fr. dSnicotiniser; decafeiniser; derater 'öter la rate ä ' ; esp. deshuesar 'quitar los huesos de la carne de un animal ο f r u t o ' ; desliar 'separar las lias del v i n o ' ; desmantecar 'quitar la manteca'; desmeollar 'sacar el meollo ο tuetano'; despepitar 'quitar las pepitas de un f r u t o ' ; desvenar 'quitar las venas a la carne': desyemar 'quitar las yemas a las plantas'; desabejar 'sacar las abejas de la colmena'; etc. L e sens ne caracterise pas les denominatifs simples mais il est sp£cifique des prefixes; par ex. roum. a dezaerisi 'evacuer l'air qui persiste dans les parties superieures des conduites ou reservoirs'; esp. descarburar; desgranar. L e fascicule de traits est assez peu actualist dans les langues romanes. Les verbes sont actifs transitifs.

112

LES VERBES PARASYNTHßTIQUES [+ACTION]

4.3.7.6.

determination spatiale" — rapprochement + introduction — objet

Γ+

avec le sens Eloigner quelqu'un (quelque chose) de l'objet designe par le terme primaire'; 'faire sortir de . . . ' ; 'sortir de . . .'. Ex. roum. a desjuga; a descle§ta; it. sbandellare 'togliere delle bandeile'; sfavare; sfoder are 'tirar fuori da un fodero ο da una guaina'; sfucinare; sgattaiolare; sgusciare 'liberare dal guscio'; svaligiare 'togliere dalla valigia'; etc.; fr. debourser 'tirer de sa bourse'; evosser 'tirer un Mgume de sa cosse'; esp. desalforjar 'sacar de las alforjas una cosa'; desgargolar 'sacar de los gärgoles una pieza de madera'; desorbitarse 'salirse una cosa de su orbita habitual'; desvainar 'sacar los granos de las vainas en que se crian'; desvenar 'sacar de la vena ο filon el mineral'; etc. Le sens ne caracterise pas les denominatifs simples. Nous n'avons pas trouve d'exemples pour les denominatifs prefixes. 4 . 3 . 7 . 6 . 1 . II ,y a tres peu de verbes faisant partie de cette classe (surtout si on les compare ä ceux de la classe 4.3.7.2., auxquels ils s'opposent en vertu des traits [ + introduction] / [— introduction]). II y a peu de paires minimales (roum. a injuga / a desjuga). 4 . 3 . 7 . 6 . 2 . Les traits de ces verbes se combinent avec le trait [ + objectif], pour correspondre ä des formes actives transitives et avec le trait [— objectif], equivalant dans ce cas surtout ä des formes pronominales. 4.3.7.7. Γ + determination spatiale — rapprochement — introduction _+ objet avec le sens 'eloigner d'une limite initiale (en general atteinte) l'objet designe par le terme de base' 1 4 . 14 Le sens est enregistrd par L. Vasiliu, Sufixele.. ., pour a borf&i 'enleverlesnippesä quelqu'un'. Chez H. Marchand,« Desubst. Verben », p. 115, ce sens est formuli de la manifere suiv a n t e : 'das — wegnehmen' et 1'on indique qu'il est faiblement repr£sent£ dans les trois langues analysies par l'auteur, «mehr oder weniger auf die Bildung von Fachausdrücken beschränkt, die einen technischen oder quasi technischen Reinigungs-, Säuberungs-, Entfernungsprozess ausdrücken ». En mentionnant que l'on pröffere les constructions pr£fix£es, l'auteur donne aussi quelques exemples de denominatifs simples, tels que fr. baguer, plumer, zesler, icailler, ecaler, ecorcer, ecumer (le sujet parlant met probablement en liaison ces denominatifs simples ä l'initiale e-, avec les prefixis en i- et leur attribue d'autant plus un sens privatif; cf. P. Guiraud, « Le champ morpho-simantique de la dörivation pseudo-suffixale», BSLP, 56, 1961, p. 104 — 121, apud H. Marchand, «Desubst. Verben».

LES

V E R B E S

PARASYNTIlETIQUES

[+ACTION]

113

Ex. roum. α descärna 'debar η er la p e a u ' ; a decuscuta 'döcuscuter'; a despäduehea 'dpouiller'; a deparazita 'döbarrasser de parasites'; a descintra 'ddcintrer'; etc.; it. dischiomare 'privare della chioma'; descappottare, scappottare; sbarbarsi 'radersi la b a r b a ' ; sboceiolare 'liberare dai boccioli in soprannumero'; scamiciare 'spogliare della camicia'; scapocchiare 'privare della capocchia'; scotennare 'privare della cotenna'; smoccolare 'privare del moccolo'; spampanare 'privare dei p a m p a n i ' ; spellare; diliscare 'privare delle lische'; diramare 'privare una pianta di un certo numero di r a m i ' ; etc.; fr. decalotter 'öter la calotte'; deculasser; debalourder 'enlever le balourd'; debonder 'öter la bonde d'un t o n n e a u ' ; defibrer 'öter les fibres d e ' ; dehouiller ; assarmenter 'd^barrasser une vigne des sarments inutiles'; essouchef; epucer ; epousseter ; epierrer ; egermer ; ecrouter ; echenilller ; ebouter 'couper le bout ä ' ; ebourgeonner 'öter les bourgeons'; etc.; esp. deslechuguillar 'limpiar las vinas de lechuguillas'; desnatar 'quitar la nata a la leche, a las licores, etc.'; despezonar; desbonetarse ; desbornizar 'arrancar el corcho bornizo de los alcornoques'; descascarar 'quitar la cascara de una cosa'; deseogollar 'quitar los cogollos a una pianta ο ärbol'; deshilachar 'sacar hilachas de una t e l a ' ; desraspar 'quitar las raspas de la uva pisada antes de ponerla a fermentar'; desternerar ; desunar 'quitar ο arrancar las u n a s ' ; desvastigar; dessocar 'quitar el zocalo de una columna'; escardar 'arrancar los cardos y otras hierbas nocivas de un sembrado' ; etc. Pour les d^nominatifs simples, voir par exemple roum. a coji '6corcer, peler'; fr. ecorcer; etc. Pour les ddnominatifs pr0fix0s, voir le meme fascicule de traits dans les verbes roum. a descoji; a desigila ; a despecetlui ; a despotcovi ; it. dibarbicare, sbarbieare 'svellere una pianta delle b a r b e ' ; dirugginire 'liberare dalla ruggine'; disalberare; disargentare; esp. desbardar 'quitar la barda a una t a p i a ' ; desbotonar '(Cuba, P. Eico) quitar los botones a la pianta del tabaco'; descalzar. 4.3.7.7.1. Parmi les fascicules qui renferment le trait [— rapprochement], c'est la combinaison la plus productive. II est vrai, on ne trouve pas de paires minimales fornixes de derives qui s'opposent uniquement en vertu de l'opposition [ + rapprochement] / [— rapprochement], notamment des verbes formes sur le meme radical avec des sens opposes. Pourt a n t les verbes sont susceptibles d'exprimer toutes les nuances o b s e r v e s 8 -

C. 786

114

LES VERBES P A R A S Y N T H f i T I Q U E S

[+ACTION]

sous 4.3.7.3.3., en ce qui concerne le caractere spöcifique du proces, sous la domination du trait [— rapprochement] : 'oter de . . .' [ + ornement] [— ornement] (le verbe se combinant avec des objets directs ayant les traits [ + aniηιέ] [ + personnel] et signifiant dans ce cas 'devetir' ou avec des objets directs avec les traits [ + anim£] [— personnel]. 'öter de par-dessus' Eloigner la couche de . . .' 'öter de . . .' Eloigner l'objet (d&sign ό par le terme de base) d'un autre ob jet dont il a 6t6 muni' 'öter de . . .' (roum. 'de lingä', 'din jurul'); etc. Dans la plupart des cas, Faction exprim£e ä l'aide du trait [— rapprochement] suppose, comme limite initiale, le point qui a constitu^ la limite finale d'une action ant&rieure, caract^risee par le trait [ + rapprochement], A l'exception de ces verbes, il y en a qui designent une action ne supposant nullement la realisation d'une action ant^rieure contraire (il s'agit surtout des verbes appartenant aux langages scientifiques, techniques). 4.3.7.7.2. Les verbes sont actifs transitifs. 4.3.7.8.

+ determination spatiale — rapprochement — introduction — objet

avec le sens Eloigner quelqu'un ou quelque chose d'une limite initiale (g^nöralement atteinte) exprim^e par le terme de base'; 'sYloigner . . .'. Ex. roum. a demoda; it. dirottare 'far deviare della rotta stabilita'; disarcionare 'far cadere dell'arcione'; scasare ; slabbrare ; stempiarsi 'perdere i cappelli sulle tempie'; divassallare 'liberare da un vassallaggio'; dirazzare 'perdere i caratteri distintivi della propria razza'; smodare 'eccedere la misura'; sgrammaticare 'commettere errori di grammatica'; etc.; fr. dejanter 'faire sortir un pneumatique de la jante d'une roue'; dtrailler ; derader;

devoyer ;

esp. encarrillarse 'salir la soga del carrillo ο polea, imposibilitando el movimiento'; descarrilar 'salir fuera del carril'; desarzonar 'hacer que el jinete saiga violentemente de la silla'; despenar 'precipitar a una persona ο cosa desde una eminencia'; etc.

LES

VERBES

PARAS YNTHflTIQUES

[+ACTION]

115

Ce fascicule de traits n'est pas actualist par les denominatifs simples. Des denominatifs prefixes : roum. a dezlesina (vieilli); it. disaffezzionare 'allontanare dell'affetto . . . per cose ο persone'; disalbergare ; disalveare 'deviare dell'alveo'; esp. descaminar 'apartar a uno del camino que debe seguir'; desnivelar 'sacar de nivel una cosa'; desconsolar 'privar de consuelo'; desinfartar. 4.3.7.8.1. La classe est faiblement representee dans les langues romanes. 4.3.7.8.2. Les verbes sont actifs transitifs ([ + objectif]) ou actifs intransitifs ou pronominaux ([— objectif]). 4.3.8. [— factitif] > [ + determination temporelle] avec le sens '(d'une action) se röaliser dans le moment exprime par le terme de base'; 'r^aliser une action . . .' Ex. roum. a intirzia 'etre (mettre) en retard'; it. insemprare. Des denominatifs simples et des prefixes au meme radical peuvent avoir cette signification : it. tardare — attardare; etc. 4.3.8.1. Les racines de ces verbes sont adverbiales (adverbes au trait [ + determination temporelle]). 4.3.8.2. Les verbes parasynthetiques au trait [ + determination temporelle] sont peu nombreux dans les langues romanes. 4.4. Modalit^s d'expression des oppositions. On essaiera de pr^ciser dans ce qui suit dans quelle mesure les oppositions dont les traits se sont av&räs n^cessaires pour la description s6mantique des verbes parasynthetiques [ + action] sont exprim^s par des verbes ä construction diff^rente, mais ayant le meme radical nominal. II s'agit des oppositions etablies entre des verbes parasynthetiques ou entre des verbes de ce type et des denominatifs simples, suffixes ou prefixes. 4.4.1. [ + factitif] / [ - factitif] On observait (4.2.1.) la productivity du fascicule de traits dominus par H- factitif] pour les denominatifs simples, en comparaison avec celle qui est attests par les parasynthetiques. C'est ce qui explique l'existence des paires de derivation fornixes ä partir du meme radical nominal, ä l'interieur desquelles se realise l'opposition mentionn^e ci-dessus. La meme opposition peut se r^aliser egalement entre des verbes denominatifs simples et des verbes prefixes. Le premier terme peut etre analyse au point de vue semantique a l'aide des traits

116

LES

VERBES PARASYNTHETIQUES

[+ACTION]

mentioning sous 4.2., le second fait partie d'un groupe de verbes que l'on peut comparer aux classes sömantiques des parasynthötiques; par ex. it. salivare 'produrre, emettere saliva' / insalivare 'bagnare, umettare, intridere di saliva; impastare con saliva' (cf. les parasyntMtiques de la classe d^crite sous 4.3.7.3.); bucare 'guastare, trapassare con buchi, forare' / imbucare 'nascondere, occultare in una buca; mettere nella buca di lettere . . .' (cf. 4.3.7.2.); fr. neiger 'tomber en parlant de la neige' / enneiger 'couvrir de neige' (cf. 4.3.7.3.); fourrager 'couper et amasser du fourrage' / affourrager 'donner du fourrage aux bestiaux' (cf. 4.3.3.1.); esp. barbar 'echar raices las plantas' / embarbascarse 'enredarse el arado en las raices fuertes, ο cualquier otro herramienta entre las fibras de los materiales ο entre cuerdas' (cf. 4.3.7.2.); mallar 'hacer malla' / enmallarse 'quedarse un pez sujeto entre las mallas de la red' (cf. 4.3.7.2.); bregar 'luchar, renir unos con otros' I embregarse 'meterse en bregas y cuestiones' (cf. 4.3.7.2.). 4.4.1.1. Les termes du couple dörivatif peuvent etre aussi: un d^nominatif et un parasynthötique : Ex. it. frondeggiare 'apparire coperto ο adorno di ricca vegetazione' / infrondare 'coprire di fronde' (4.3.7.3.); esp. tablear 'dividir madera en tablas; hacer tablas en la tela' / entablar 'cubrir, cerrar ο asegurar con tablas una cosa' (4.3.7.3. ou 4.3.5.); linear 'tirar lineas' / alinear (4.3.7.4.), etc. 4.4.1.2. Les termes de la paire derivative sont des parasynthetiques. Ex. esp. apotrerar '(Am.) dividir una hacienda en potreros' / empotrerar 'poner el ganado en un potrero' (4.3.7.2.); abarranear(se) 'hacer barrancos en un sitio' mais aussi 'meter en un barranco a alguna persona ο cosa' I embarrancar 'atascarse en un barranco ο atolladero' (4.3.7.2.). 4.4.2. L'opposition [ + determination spatiale] [— instrument] / [ — determination spatiale] [ + instrument] se realise tres rarement par un couple dont au moins un des termes soit un parasynth^tique : esp. cascabelear j encascabelar. Elle se realise pourtant entre des d0nominatifs ä structure diff6rente: — entre un denominatif simple et un denominatif prefix^ : it. puntare, impuntare 'evitare un ostacolo con la punta dei piedi' / appuntare, appuntire 'munire di punta'; esp. cunar, cunear \ encunar; — entre deux prefixes : esp. acunar 'mecer al nino en la cuna' / encunar 'poner al nino en la cuna'.

LES VERBES PARASYNTHETIQUES [+ACTION]

117

4.4.3. A l'int&ieur du trait [ + determination spatiale], l'opposition [ + introduction] / [— introduction]. Elle peut se r6aliser £galement entre un d0nominatif simple et un d^nominatif pr6£ix6; par ex. fr. gainer 'recouvrir d'une gaine' / engainer 'mettre dans une gaine'; pailler 'couvrir de paille, entourer ou garnir de paille' / empailler 'remplir de p a i l l e . . . ' ; ou entre deux verbes pr£fix6s : fr. enterrer 'mettre en terre, enfouir' / atterrer 'prendre terre'. Entre deux parasyntMtiques: esp. abovedar 'cubrir una construction con boveda' / embovedar 'abovedar' mais aussi 'poner ο encerrar una cosa en

una boveda'; entarquimar / atarquimar.

4.4.4. L'opposition [+rapprochement]/[—rapprochement] (nous nous occupons ci-dessous des verbes caract^ris^s par le trait [ + action] ainsi que de ceux qui pr6sentent le trait [— action]). II existe dans les langues romanes nombre de possibilites d'exprimer par des verbes cette opposition: — le type (p -f)R + d + fv ou (p + )R + s + fv oppose ä la sequence (p' + ) R ' + d + fv ou ä (ρ' + )R' + s + f v ; ou R est toujours different de R', ρ et ρ', s et s' pouvant etre identiques : a ingro§a / a subtia 'grossir' / 'amincir'; a lungi / a scurta

'allon-

ger' I 'accourcir'; etc. Le second verbe rend le trait [—rapprochement] par rapport au point limite χ — exprim6 par le terme de base du premier verbe, notamment du verbe provenant du terme oppos^ au point de vue de la signification. Le sens donn0 par le trait [ — rapprochement] par rapport ä χ derive dans ce cas du sens donn6 par le trait [ + rapprochement] par rapport ä lion x ; — le segment R + d + fv ouR + s + f v oppos0 au segment ρ + R -f + d + fν et respectivement ä ρ + R + s + fν ; la Variante no η pr6fix0e exprimant le [ + rapprochement] s'oppose ä la Variante pr0fix£e qui exprime le [ — rapprochement]: ex. roum. a colora / a decolora 'colorer' / 'döcolorer' ; α nädäjdui / α deznädäjdui 'esp^rer'/ 'd6sesp6rer'; a echipa / a dezechipa '6quiper' / 'des^quiper'; it. formare / disformare, deformare ; gelare / disgelare; frenare / disfrenare ; salare ] dissalare ; fr. saler / dessaler ; verrouiller / deverrouiller; visser / dSvisser; commander j decommander; esp. bloquear /

desbloquear 'levantar el bloqueo de una cantitad ealzarjdescalzar 'quitar el calzado'; rar j descolorar; etc.

ο credit ο';

cimentar / descimentar;

colo-

118

LES VERBES P A R A S Y N T H E T I Q U E S

[+ACTION]

(Tres rarement, l'opposition s'etablit pourtant aussi entre le denominatif simple caract6ris6 par le trait [— rapprochement] et un pr0fix6 qui marque, lui, le [ + rapprochement]; dans ce cas le d^rivatif ant£pos£ utilise dans le pröfixe n'est plus un pr^fixe « n^gatif », comme dans les exemples precedents; par ex. it. pelare 'privare del pelo, dei peli' / impelare 'sporcare coi propri peli'; fr. plumer 'arracher les plumes' ou deplumer 'öter les plumes' / emplumer 'garnir de plumes'; ou bien entre un dönominatif suffixö et un parasyntMtique : it. borseggiare 'derubare della borsa' / imborsare 'mettere in borsa'; esp. caperuzear / encaperuzar (dans ces derniers cas, les oppositions ne sont plus minimales).) De ce type d'opposition fait partie aussi l'exemple donn6 par le couple : verbe parasynth^tique ρ + Ε + d + fv ou p + E + s + f v oppose ä verbe parasyntMtique pr^fixe : ρ' + Ρ + R + d + fv, respectivement p' + p + E + s + f v ; dans une analyse synchronique, cette opposition se röduit ä non pr6fix0 / pr&fixe; — le segment p + E + d + fv ou p + E + s + fv oppose ä ρ' + Ε + d + fv, respectivement a ρ' + Ε + s + fv : parasynthetique ορροδέ ä parasynth£tique, la distinction se r6alisant par l'emploi de prefixes diff^rents; par ex. roum. α invinoväti / α dezvinoväti. Nous allons analyser pour les quatre langues romanes envisagees l'expression de l'opposition [ + rapprochement] / [ — rapprochement] du point de vue qui nous intöresse, notamment lorsque au moins un des termes de la paire derivative est un parasynth^tique. 4.4.4.1. Le roumain. 4.4.4.1.1. Parasynth^tique oppos6 ä parasynthötique : a inereti 'rider, froncer' / a descreti 'd^rider, d6froncer'; a tncrunta 'froncer les sourcils' / a descrunta 'd^froncer'; α invinoväti / a dezvinoväti ; α imbäta 'griser' / α dezbäta 'd^griser'; a intepeni 'engourdir' / a destepeni 'd6gourdir'; α ineoläci / a descolaci ; a mchiaburi j a descMaburi ; a impodobi 'orner' / a despodobi 'enlever les ornements'; α infäta / α desfäta; a ingropa 'enter rer' / a dezgropa 'döterrer'; etc. 4.4.4.1.2. Parasynth6tique ορροδέ ä parasynthötique prefix^ : a intoxical a dezintoxica; a acorda / a dezacorda — ces couples sont beaucoup moins frequents. 4.4.4.2. L'italien. 4.4.4.2.1. Parasynth6tique oppose ä parasynth6tique: impazientire / spazientire ; accontentare / scontentare ; arrozzire / dirozzare ; inacerbire / di-

LES VERBES PARASYNTHETIQUES

[+ACTION]

119

sacerbare ; anneghittire / snegMttire ; invecchiare / svecchiare ; ingrossare J digrossare, sgrossare; apigrire, impigrire j spigrire; imbiettare 'collegare solidalmente mediante una ο piü biette' / sbiettare 'togliere le biette'; incapsulare 'mettere di Capsula' / scapsulare 'privare della Capsula'; incardinare j scardinare ; impelagare / spelagare ; inerbare 'rivestire di erba' I diserbare 'liberare dalle erbe nocive'; abbottonare / sbottonare ; ammagliare j smagliare; assetare 'ridurre alia sete' / dissetare 'liberare dalla sete'; incapucciare 'coprire con il capuccio' / scapucciare 'liberare dal capuccio'; incavezzare / scavezzare ; appaiare / dispaiare, spaiare; etc. 4.4.4.2.2. ParasyntMtique oppose ä parasynthötique prefix^ : intossieare / disintossicare ; abbellire j disabbellire; imboscare / disimboscare — ces paires sont moins nombreuses. 4.4.4.3. Le fran§ais. 4.4.4.3.1. Parasynth^tique ορροβέ ä parasynth£tique: appareiller / depareiller ; engourdir j degourdir; encaisser 'mettre en caisse' / decaisser 'tirer d'une caisse'; encourager / decourager; emmancher / 'mettre un manche' / demancher 'öter le manche d'un instrument'; enfourner 'mettre dans le four' / defourner 'retirer du four' ; etc. 4.4.4.3.2. Parasynthetique oppose ä parasynth^tique pr^fixe : embourgeoiser / desembourgeoiser; encadrer j dSsencadrer 'öter de son cadre'; encJiainer / desenchainer 'dölivrer de ses chaines'; enfumer / desenfumer 'faire sortir la fum0e de'; envaser / dSsenvaser; entoiler / desentoiler ; etc. 1 5 . 4.4.4.4. L'espagnol. 4.4.4.4.1. Parasynthötique opposö ä parasynthötique : embravar, embravecer / desbravar, desbravecer; embastecer / desbastar; engoznar 'poner goznes a una puerta, ventana, etc.' / desgoznar 'quitar los goznes a una cosa'; aboquillar 'poner boquillas a alguna cosa' / desboquillar 'quitar ο romper la boquilla de una cosa'; enmangar 'poner mango a un instrumento' / desmangar 'quitar el mango a un instrumento'; etc. 4.4.4.4.2. Parasynthötique oppose ä parasynth^tique pr0fix6 : acobardar I desacobardar; empeorarse / desempeorarse; anublar / desanublar ; ajustar I desajustar ; enmudecer j desenmudecer; encadenar / deseneadenar 'quitar la cadena a que estä con ella amarrado'; encantarar J desencantarar 'sacar del cantaro el nombre ο nombres metidos en έΐ para una eleccion « Sur le plan de l'expression, le fran?ais hisite toujours entre les parasynthitiques simples oü alternent les priverbes et ceux ou de(s) — se cumule avec a- ou en-», R. L. Wagner, «Remarques sur les priverbes . . . » Pour le fran?ais contemporain, les dinominatifs iventifs surtout ne permettent pas la remarque. ls

120

LES

VERBES

PARAS YNTHfiTIQUES

[+ACTION]

por insaculacion'; encapotar j desencapotar; encarcelar / desencarcelar, excarcelar; encolerizar / desencolerizar; encovar / desencovar; etc. 1 6 . 4.4.4.5. Toutes les langues romanes emploient en dehors de ces moyens, avec une grande productivity l'opposition entre le verbe d^nominatif simple et le d&iominatif pr^fix^. Pour ce qui est des parasynthötiques, le roumain, l'italien et le frangais pr^ferent l'emploi en distribution compMmentaire du pr£fixe au trait [ + rapprochement] et du pröfixe au trait [— rapprochement], tandis que l'espagnol accorde de la prioritö au pr6fixe « n^gatif » en distribution complementaire avec z6ro et ajout6 au d6rivatif antepos^ ä sens «positif». 4.4.4.6. L'opposition [ + rapprochement] / [— rapprochement] peut etre accompagn^e parfois d'autres oppositions 6galement, les paires n'^tant pas minimales dans ces cas : Ex. roum. a infrunzi 'donner des feuilles' / a desfrunzi 'perdre les feuilles', 'enlever les feuilles d'un arbre' — le deuxieme sens du second terme se caracterise par le trait [ + objectif], tandis que pour a infrunzi, seul le trait [ — objectif] est specifique; it. incapare 'adattarsi convenientemente alia testa', incaparsi 'chiudersi con sorda ostinazione in un atteggiamento' / scapare 'privare del capo, della testa', scaparsi 'scervellarsi nella soluzione di problemi capitali'; atterrare 'posarsi a terra; gettare a terra' / sterrare 'scavare, portando via la terra' — ou l'opposition se realise ^galement entre [— objectif] I [ + objectif]; fr. allaiter 'nourrir de son lait' / delaiter 'oter le petit-lait'; affruiter 'porter, produire des fruits' / defruiter 'döpouiller de ses fruits' — ou l'opposition s'£tablit entre [ + f a c t i t i f ] [ — objectif] / [— factitif][ + objectif] ; esp. apedrear 'tirar piedras a una persona ο cosa' / despedrar 'limpiar de piedras un terreno, camino'; apezunar 'hincar los animales en el suelo sus pezunas' / despezunar 'inutilizarse a un animal la pezuna'; enmatarse 'ocultarse la caza entre las matas' / desmatar 'descuajar las matas de un terreno'; encepar 'meter a uno en el cepo' et 'MAE., poner los cepos a las anclas' / descepar 'quitar los cepos a las anclas ο anclotes'; emplumecer 'echar plumas las aves', emplumear 'poner plumas a una cosa para adorno ο para que vuele' / desplumar 'quitar las plumas a una ave'; etc. «Au X V I e sifecle, on combinait volontiere fr. des- avec un composi parasynth6tique plutöt qu'avec le radical; on disait par ex. disembarquer au lieu de dibarquer. C'est le proc6d6 habituel de l'espagnol et du portugais », A. Darmesteter, Traile..p. 110. le

LBS

VERBES

PARASYNTHETIQUES

[+ACTXON]

121

4.4.4.7. Dans certaines des langues romanes, le modele derivatif : parasynth6tique / parasynthetique et le modele : parasynthetique / parasynthetique prefixe peuvent se combiner et crtier, a. partir du meme radical, des verbes tels que : accoupler j decoupler, desaccoupler. Dans ce cas, entre les deux termes non marques par le trait rapprochement peut exister une identity significative (voir dans PL desapparier 'syn. de deparier'') ou des differences (parfois dans le sens de l'utilisation de l'un des termes dans un certain domaine d'activite : decoupler 'detacher les chiens attaches deux ä deux' — desaccoupler 's^parer des animaux, des choses qui etaient par couples ; supprimer une liaison m^canique ou eiectrique'; degager 'lib^rer ce qui avait ete donne en gage' / desengager 'lib6rer d'un engagement'). La meme chose en espagnol: afamar / desfamar, desafamar; aplomar j desplomar, desaplomar; atornillar j destomillar, desatomillar 'destornillar'; encapillar / descapillar, desencapillar; emparejar / desparejar 'separar dos cosas que forman pareja'; desemparejar 'desigualar lo que estaba ο iba igual y parejo'; etc. 4.4.4.8. D'autres parasynthetiques, qui sont representatifs pour l'expression de 1'opposition [ + rapprochement] / [— rapprochement] sont ceux dont la base est fournie par une racine qui n'actualise, dans l'absence du prefixe, aucune liaison ä droite (voir 1.7.6.4.); ce type de parasynthetiques ne font pas partie de la categorie des denominatifs, car le radical en question ne connait pas la combinaison avec des flexifs nominaux ä realisation zero. Ce sont de faux derives du moment que l'on peut former ä partir de la meme sequence phonique (non attestee comme telle dans la langue mais qui gagne la qualite de radical) au moins deux segments et l'on peut analyser ces segments ä l'aide des moyens d'analyse semantique des derives, en tant que termes d'une serie derivative. La relation semantique ne s'etablit pas dans le cas de ces derives par rapport ä un terme soi-disant primaire, mais par rapport de l'un a. l'autre, indifferemment. Le plus fr6quemment, ces parasynthetiques sont des representants de l'opposition [ + rapprochement] / [ — rapprochement] et le roumain dispose, parmi les langues romanes, du nombre le plus grand d'exemples. Ex. roum. a impresura 'cerner, entourer, assieger' / a despresura 'lever le siege'; a tncinge 'ceindre' / a descinge 'deboucler la ceinture'; a se incoto$mäni 's'emmitoufler' / a se descoto§mäni 'öter les vetements dont on est emmitoufie'; a incovoia 'courber' / a descovoia 'redresser, rendre droit'; a incurca 'embrouiller' / a descurca 'debrouiller'; a imbräca 'vetir' I α dezbräca 'devetir'; α incälta 'chausser'/ α descälta 'dechausser'; a inchide 'fermer' / a deschide 'ouvrir'; etc.;

122

LES

VERBES P A R A S Y N T H E T I Q U E S

[+ACTION]

it. imbarrazzare / sbarazzare ; fr. atteler / deteler 'detacher des animaux attelcV; enclencher 'rendre solidaires diverses pieces mecaniques au moyen d'un enclenchement' / declencher 'Sparer par d6clenchement (operation s6parant deux pieces enclench6es)'; empetrer 'embarrasser les pieds' / depetrer 'd^barrasser les pieds d'un animal d'une entrave'. 4.4.5. [-)- objectif] / [— objectif]. Yoir pour les verbes caractörises par le trait [— action] sous 3.4.1. Dans le cas des verbes qui pr^sentent le trait [ + action], cette opposition semble moins complexe. Pendant la description des classes semantiques, nous avons signal^ la pröf^rence de I'une ou de l'autre pour la combinaison avec le trait [ + objectif] ou avec [ — objectif]. A l'intörieur du raeme fascicule de traits, la combinaison successive avec les deux traits se traduit le plus frequemment par l'intermMiaire de la voix du verbe, active, respectivement pronominale. Dans les quelques exemples dont nous disposons en ce qui concerne l'opposition susmentionnee, les denominatifs simples ou suffixes marquent le trait [— objectif], tandis que ceux qui sont prefixes ou formes par parasynthese — le trait [ + objectif]. Denominatifs simples opposes ä des prefixes : roum. a singera — a insingera; it. puzzare 'esalare, mandare puzza ο puzzo' / appuzzare 'far puzzare'; esp. codiciar j 'desear con ansia' / acodiciar 'encender en deseo ο codicia de una cosa'. Ex. esp. balsear intr. 'pasar en balsas los rios' / abalsar 'meter una cosa en balsas'; barquear / embarcar. L'opposition [ + objectif] / [— objectif] peut etre parfois accompagn^e d'autres oppositions : esp. pernear 'mover violentemente las piernas' / apernar 'asir ο aganar el perro por las piernas a una res'; pajear 'comer bien mucha paja las caballerias' / empajar 'cubrir ο rellenar con paja alguna cosa'. 4.4.6. L'opposition [ + action] / [— action]. La merae racine nominale peut se trouver a la base de deux denominatifs, le premier etant caract6ris0 par le trait [ + action], tandis que le deuxieme n'en est pas marqu6. D^nominatif simple oppose au pr6fix£ : esp. dehesar et adehesar 'convertir un

terreno

en

dehesa'

pour

les

traits

[— action]

[ + ^ventif] / endehesar 'meter el ganado en la dehesa' pour les traits [ + action] [— f a c t i t i f ] ; helear et ahelear [— action] [ + 6vent i f ] [ - f comparaison] / enhelear 'mezclar una cosa con hiel' tion] [ — factitif].

[ + ac-

LES VERBES PAR ASYNTHETIQUES

[+ACTION]

123

D6nominatif simple caract6ris6 par le trait [ + action] et prefixö par le trait [— action]: it. feltrare 'coprire di feltro' [ + action] [ — factitif ] I infeltrare 'di vent are, rendere (simile a) feltro' et feltrare 'trasformare in feltro ο in materia simile a feltro' [— action] [ + 6 v e n t i f ] ; esp. bocinar 'tocar la bocina ο usarla para hablar' [ + a c t i o n ] [— factitif] / abocinar 'dar forma de bocina a alguna cosa' [— action] [ + 6 vent if]; pastar 'conducir el ganado al pasto' [ + action] [ — factitif] / empastar 'Am. empradizar un terreno' [— action] [ + 6ventif]. 4.4.6.1. Denominatif suffixe opposö au parasynth^tique: 4.4.6.1.1. Le premier terme n'est pas marqu^, le second est marqu^ : esp. carbonear, carbonizar [— action] [ + £ventif] / encarbonar [ + action] [—factitif]; golosear, golosin(e)ar 'andar comiendo ο buscando golosinas' [—action] [ + 6ventif] / engolosinar 'excitar el deseo de uno con algiin atractivo' [ + action] [— factitif]. 4.4.6.1.2. Le premier terme est marqu6, le second est non marquö : it. barbareggiare 'comportarsi da barbaro, da selvaggio' [ + action] [— factitif] I imbarbarire 'diventare, rendere barbaro' [—action] [ + έ ventif]; bamboleggiare '(di adulti) trastullarsi e comportarsi in modo sciocco e incoerente' / imbambolare 'cadere in uno stato di fissitä distratta, spec, del vollo e dello sguardo'; esp. gauchear 'practicar el gaucho sus costumbres' [ + action] [— factitif] / agaucharse '(Am. MMd.) adquirir aspecto ο costumbres de gaucho' [— action] όvent if]; moeear 'ejecutar acciones propias de gente moza' [ + action] [ — factitif] / enmocecer 'recobrar la vigor de la mocedad' [—action] [ -f 6ventif ]; campanear 'tocar las campanas con frecuencia' [ + action] [— factitif] / acampanar 'dar figura de campana' [— action] [ + 6vent if]; etc. 4.4.0.2. Parasynthötique oppose ä parasynthötique : Ex. it. invelenare 'diventare, rendere (come) velenoso' [—action] [-feventif]/ avvelenare 'uccidere propinando veleno' [ + action] [—factitif]; aecartocciare 'avvolgere in forma di cartoccio' [—action] [-f ^ventif] / incartocciare 'raccogliere in un cartoccio' [ -f- action] [ — factitif]; aggraziare / ingraziare; esp. apelar 'ser del mismo pelo ο color' [— action] [— eventif] / empelar 'echar ο criar pelo' [ + a c t i o n ] [ + f a c t i t i f ] mais aussi 'igualar ο asemejarse mucho en el pelo dos ο mas caballerias »; avinagrarse 'poner agria una cosa, esp. el vino' [—action] [ + 6ventif] / envinagrar 'echar vinagre en una coea' [ + action] [— factitif]; acartonarse 'ponerse como

124

LES

VERDES PARASYNTHETIQUES

[+ACTION]

carton' [— action] [ + eventif] / encartonar 'poner cartones ο resguardar con cartones nna cosa' [ + action] [— factitif]; abovedar dont l'un des sens est 'dar a un techo ο cubierto figura de boveda' [— action] [ + ένβηtif] I embovedar [ + action] [— factitif]; etc. 4.4.6.3. On peut observer que dans la grande majority des paires oppositionnelles, le terme caracteris^ par le trait [— action] marque le trait [ + Eventif], tandis que le [ + action] est accompagn^ par le [— factitif].

5. LES FORMANTS DES VERBES PARASYNTHETIQUES

5.1. Lea prefixes. On a observe que les sens r6alis£s par les fascicules de traits distinctifs, sp0cifiques des yerbes parasy nthi tiques, peuvent etre exprim6s aussi par des d&iominatifs simples, par des dönominatifs suffixes et/ou par des d£nominatifs prefixes. Parmi les traits qui caract^risent moins fr^quemment les d^nominatifs simples, on pourrait mentionner le [—rapprochement] 1 , trait qui se realise ä l'aide des dönominatifs pr0fix&s (opposes ä des d6nominatifs simples cr0£s ä partir du meme radical et dominus par le trait [ + r a p prochement]) et [ + introduction] (pour lequel les ouvrages envisageant les d6nominatifs simples donnent assez peu d'exemples de realisation). Etant donn£ que les sens des yerbes parasynth^tiques ne se constituent pas comme des fascicules de traits sömantiques distinctifs ä part, vu que dans le plan du contenu ces d£riv6s ne t^moignent pas des memes particularit^s, de la meme originality par rapport aux d6nominatifs simples que nous avons constat^es dans le plan de l'expression, les chercheurs ont έΐέ tenths de parier de prefixes