Élites et ordres militaires au Moyen Âge. Rencontre autour d'Alain Demurger 9788490961476, 9788415636885

Depuis une trentaine d'années, l'étude des ordres militaires au Moyen Âge a enregistré un profond renouvelleme

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Élites et ordres militaires au Moyen Âge. Rencontre autour d'Alain Demurger
 9788490961476, 9788415636885

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Élites et ordres militaires au Moyen Âge Rencontre autour d'Alain Demurger

Philippe Josserand, Luís Filipe Oliveira et Damien Carraz (dir.)

Éditeur : Casa de Velázquez Année d'édition : 2015 Date de mise en ligne : 7 mars 2017 Collection : Collection de la Casa de Velázquez ISBN électronique : 9788490961476

http://books.openedition.org Édition imprimée ISBN : 9788415636885 Nombre de pages : IX-465 Référence électronique JOSSERAND, Philippe (dir.) ; OLIVEIRA, Luís Filipe (dir.) ; et CARRAZ, Damien (dir.). Élites et ordres militaires au Moyen Âge : Rencontre autour d'Alain Demurger. Nouvelle édition [en ligne]. Madrid : Casa de Velázquez, 2015 (généré le 25 avril 2019). Disponible sur Internet : . ISBN : 9788490961476.

© Casa de Velázquez, 2015 Conditions d’utilisation : http://www.openedition.org/6540

ÉLI TE S E T ORD RE S MI LI TA IR ES AU M OYE N Â G E RENCONT RE AUTOU R D’ AL AIN DEMU RGER É t u d e s r É u n i e s pa r p h i l i p p e J o s s e r a n d , l u í s F.   o l i v e i r a Et DaMIEN Carraz

É t u d e s r É u n i e s p a r p h i l i p p e J o s s e r a n d , l u í s F.   o l i v e i r a

  au  siècle, depuis la péninsule Ibérique jusqu’à la Baltique et à l’Orient méditerranéen.

COLLECTION dE La Casa dE vELázquEz

COLLECTION dE La Casa dE vELázquEz Volume 145

É LI T ES ET OR D R E S M IL I TAI R ES AU M OY E N ÂG E RENCONTRE AUTOUR D’ALAIN DEMURGER É t u D E s r É u N I E s pa r p h I l I p p E J o ss E r a N D, l u í s F. o l I v E I r a E t D a M I E N C a r r a z

MaDrID 2015

Directeur des publications : Michel Bertrand Responsable du service des publications : Catherine Aubert Secrétariat d’édition et mise en pages : Anne-Laure Couvreur Maquette originale de couverture : Manigua En couverture : Alfonso X el Sabio, El Rey Alfonso X con caballeros de la orden de la Estrella, Cantigas de Santa Maria, fº 100, xiiie siècle (Biblioteca Nazionale, Florence, Ms. Br 20) Ouvrage publié avec le soutien de l’Institut universitaire de France (IUF) et le concours de l’UMR 5648-CIHAM.

ISBN : 978-84-15636-88-5. ISSN : 1132-7340 © Casa de Velázquez 2015 pour la présente édition Casa de Velázquez, c/ de Paul Guinard, 3. Ciudad Universitaria 28040 Madrid España Tél. : (34) 91 455 15 80. Fax : (34) 91 549 72 50. Site Internet : www.casadevelazquez.org En application du Code de la propriété intellectuelle, il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement, par photocopie ou tout autre moyen, le présent ouvrage sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie (20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris). Cualquier forma de reproducción, distribución, comunicación pública o transformación de esta obra solo puede ser realizada con la autorización de sus titulares, salvo excepción prevista por la ley. Diríjase a CEDRO (Centro Español de Derechos Reprográicos) si necesita fotocopiar o escanear algún fragmento de esta obra (www.conlicencia.com; 91 702 19 70 / 93 272 04 47). Le catalogue des publications de la Casa de Velázquez peut être consulté sur le site Internet de l’établissement ou expédié sur demande

SOMMAIRE

Introduction. — Élites et ordres militaires. Quelques pistes pour une rencontre, de Philippe Josserand

1

Ouverture Michel Balard

Alain Demurger, une carrière à l’ombre des ordres militaires

11

Alain Demurger

Éléments pour une prosopographie du « peuple templier ». La comparution des Templiers devant la commission pontiicale de Paris (février-mai 1310)

17

I. — Les ordres militaires et les élites sociales Damien Carraz

Le monachisme militaire, un laboratoire de la sociogénèse des élites laïques dans l’Occident médiéval ?

39

Gérard Dédéyan

Le combattant noble arménien : un miles Christi ?

65

Sylvain Gouguenheim

L’aventure de la petite aristocratie allemande. Le recrutement de l’ordre Teutonique en Prusse de 1230 à 1309

79

VIII

sommaire

Zsolt Hunyadi

Entering the Hospital. A Way to the Elite in the Fiteenth Century?

101

Carlos de Ayala Martínez

Formas de asociación laical en las órdenes militares hispánicas. Reinos de Castilla y León (siglos xii y xiii)

111

Philippe Contamine

L’ordre de la Passion de Jésus-Christ de Philippe de Mézières. Une utopie de chevalier

125

Jean-Philippe Genet

Le recrutement de l’ordre de la Jarretière en Angleterre

135

II. — Hiérarchies et élites au sein des ordres militaires Luís F. Oliveira

La sociologie des ordres militaires. Une enquête à poursuivre

155

Simonetta Cerrini

Rang et dignités dans l’ordre du Temple au regard de la règle

169

Luis Rafael Villegas Díaz

En torno a los criterios de distinción interna en la orden de Calatrava

189

Alan J. Forey

he Careers of Templar and Hospitaller Oice-Holders in Western Europe during the Twelth and hirteenth Centuries 201 Jürgen Sarnowsky

he Priests in the Military Orders. A Comparative Approach of heir Standing and Role

215

Isabel Cristina Ferreira Fernandes

Les lieux de pouvoir des ordres militaires au Portugal

225

Joan Fuguet Sans, Carme Plaza Arqué

La arquitectura militar del Temple en la Corona de Aragón como símbolo del poder feudal

241

sommaire

IX

III. — Les ordres militaires et les élites de pouvoir Helen J. Nicholson

«Nolite conidere in principibus». he Military Orders’ Relations with the Rulers of Christendom

261

Pierre-Vincent Claverie

Les relations du Saint-Siège avec les ordres militaires sous le pontiicat d’Honorius III (1216-1227)

277

Francesco Tommasi

Giovanniti al servizio dei papi (secc. xiii-xiv in.)

293

Kristjan Toomaspoeg

Les ordres militaires au service des pouvoirs monarchiques occidentaux

321

Marie-Anna Chevalier

Les ordres religieux-militaires et les pouvoirs arméniens en Orient (xiie-xive siècles)

333

Pierre Bonneaud

Les Hospitaliers catalans entre Rhodes, l’Italie et la Catalogne (1420-1480)

347

Anthony Luttrell

Observations on the Fall of the Temple

365

Conclusion. — Les ordres militaires à la rencontre des élites… de Damien Carraz et Nicole Bériou

373

Sources

383

Bibliographie

401

Index des noms propres

457

Introduction

ÉLITES ET ORDRES MILITAIRES : QUELQUES PISTES POUR UNE RENCONTRE

Philippe Josserand Université de Nantes

Depuis quelque trente-cinq ans, l’étude des ordres religieux-militaires a enregistré un profond renouvellement1 : un peu partout, les rencontres sur le thème se sont multipliées2, des revues spécialisées sont apparues3, et plusieurs cycles de colloques réguliers surtout, à Toruń, en Pologne, à Palmela, au Portugal, ou encore à Londres4, ont développé des analyses toujours plus comparatives et davantage 1 K. Toomaspoeg, «  Die Geschichtsschreibung zu den mittelalterlichen geistlichen Ritterorden », p. 25. 2 Pour la péninsule Ibérique, par exemple, une quinzaine de colloques, consacrés à l’ensemble des ordres militaires ou à l’un d’eux en particulier, ont été organisés depuis le premier congrès itinérant, à l’été 1971, dont les actes, publiés avec dix ans de retard, constituent le onzième volume de l’Anuario de Estudios Medievales, en date de 1981. En Allemagne ou en France, l’intérêt, certes quantitativement plus mesuré, n’est pas moindre, ainsi qu’en témoignent d’importants travaux comme J. Fleckenstein et M. Hellmann (éd.), Die geistlichen Ritterorden Europas ; Les ordres militaires, la vie rurale et le peuplement  ; D.  Buschinger et W.  Spiewok (éd.), Die Ritterorden im Mittelalter ; ou A. Luttrell et L. Pressouyre (éd.), La commanderie, institution des ordres militaires dans l’Occident médiéval. Une constatation semblable vaut pour l’Angleterre, l’Italie, voire pour l’Europe centrale, comme l’atteste Z. Hunyadi et J. Laszlovszky (éd.), he Crusades and the Military Orders. 3 En 1997, à Porto, parut la première revue consacrée en propre aux ordres militaires, Militarium Ordinum Analecta, dirigée par Luís Adão da Fonseca : ayant évolué en collection, elle en est actuellement à son dix-septième numéro. Deux autres publications ont également investi ce terrain au début des années 2000 : Sacra Militia. Rivista di storia degli ordini militari, créée à Pérouse par Franco Cardini et Francesco Tommasi, et, en Espagne, la Revista de las Órdenes Militares, patronnée par le Real Consejo de las Órdenes Militares, dont le premier numéro date de 2001. D’excellent niveau, la première de ces deux revues a hélas été abandonnée après le troisième numéro, paru en  2003. Récemment, deux nouvelles publications ont vu le jour  : Militiae Christi. Handelingen van de Vereniging voor de Studie over de Tempeliers en de Hospitaalridders, en Belgique en 2010, et Deus vult. Miscellanea di studi sugli ordini militari, en Italie l’année suivante. Pour la seconde, un deuxième numéro est paru en 2012 avant que la revue cesse inalement de paraître. 4 Depuis 1983, dix-sept colloques ont été rassemblés à Toruń. Les actes du dernier ont été publiés dans deux volumes de la collection désormais transformée en revue annuelle, Ordines Militares Colloquia Torunensia Historica. Yearbook for the Study of the Military Orders, 17 (2012) et 18 (2013). Le dix-septième colloque, intitulé he Military Orders in the Social, Political and Religious Networks in the Middle Ages and the Early Modern Time / Die Ritterorden in sozialen, politischen und religiösen Netzwerken in Mittelalter und Früher Neuzeit, s’est réuni du 26 au 29 septembre 2013. Pour la série de congrès de Palmela et de Londres, c’est respectivement de six et cinq volumes

Philippe Josserand, Luís F. Oliveira et Damien Carraz (éd.), Élites et ordres militaires au Moyen Âge, Collection de la Casa de Velázquez (145), Madrid, 2015, pp. 1-8.

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introduction

intégrées dans les préoccupations des médiévistes. De ces avancées, l’ouvrage collectif Prier et combattre. Dictionnaire européen des ordres militaires au Moyen Âge, qui a réuni deux cent quarante auteurs issus de vingt-cinq pays, s’est fait l’écho, tout en voulant susciter des questionnements nouveaux5. C’est peu de dire que, dès le début des années 1980, Alain Demurger a amplement participé à ce mouvement historiographique. Il est celui qui, en France, depuis trente ans, a le plus contribué à l’étude des ordres militaires6, et ses principaux travaux, traduits en de nombreuses langues, ont profondément inluencé tous ceux qui, en Europe voire au-delà, se sont intéressés au passé médiéval de ces institutions. En 2009, Alain Demurger a eu soixante-dix ans. L’occasion était belle de saluer son œuvre en lui consacrant un volume qui, fruit d’une rencontre célébrée à Lyon, rassemble autour de l’un de ses textes ceux d’une vingtaine de ses collègues qui, depuis des horizons très divers, ont tout comme lui fréquenté les ordres religieux-militaires. De cette pluralité de points de vue, on peut attendre des questionnements larges et nouveaux, dans l’esprit des recherches de celui auquel on veut rendre hommage. Parti du Temple, Alain Demurger a en efet étendu sa rélexion à l’ensemble des autres ordres militaires7 : à partir d’une interrogation sociale, institutionnelle et politique, liée à sa longue pratique de l’administration capétienne de la in du Moyen Âge8, il a abordé leur histoire dans sa totalité, s’intéressant à ce que l’archéologie, l’analyse du bâti subsistant ou encore la numismatique ont apporté à l’étude des textes, lesquels ont en priorité retenu son attention. Surtout, derrière les ordres, par-delà les rouages institutionnels, Alain Demurger s’est toujours attaché à considérer les hommes, ces frères auxquels, pour le Temple, il consacre des recherches prosopographiques dont il s’apprête à révéler l’ampleur9, après avoir suivi déjà, il y a quelques années, l’itinéraire singulier de Jacques de Molay et de son coreligionnaire Berenguer de Cardona10. dont nous disposons, les plus récents étant I.  C.  Fernandes (éd.), As ordens militares. Freires, guerreiros, cavaleiros ; et P. Edbury (éd.), he Military Orders, t. V : Politics and Power. Une rencontre internationale, he Military Orders: Culture and Conlict, s’est tenue au Royaume-Uni du 5 au 8 septembre 2013 ; la prochaine au Portugal est prévue du 14 au 17 octobre 2015, tout juste un mois après le dix-huitième congrès de Toruń, annoncé du 17 au 20 septembre. 5 Ph. Josserand et N. Bériou (éd.), Prier et combattre. 6 Ph. Josserand, « Les Templiers en France : histoire et héritage », p. 212. 7 A. Demurger, Vie et mort de l’ordre du Temple, dont l’édition a été intégralement revue et augmentée dans Les Templiers : une chevalerie chrétienne au Moyen Âge (l’ouvrage originel, en 1989, a été traduit en espagnol, et sa refonte, entre 2006 et 2007, l’a été entre autre en italien, en portugais et en brésilien) ; et Id., Chevaliers du Christ, réédité il y a peu sous le titre : Moines et guerriers (des traductions allemande, espagnole, portugaise et italienne ont été faites entre 2002 et 2007 ; d’autres existent en roumain et en russe). 8 Id., Temps de crises, temps d’espoirs. 9 Ce catalogue, en cours d’élaboration, appelé à paraître sous forme électronique, fera l’objet d’un volume introductif intitulé Le peuple templier. L’article intégré au présent ouvrage en constitue un premier aperçu. 10 A. Demurger, Jacques de Molay (des traductions anglaise, italienne, espagnole et allemande ont été publiées entre 2002 et 2007  ; d’autres sont aussi parues en russe et en tchèque)  ; et Id., « Between Barcelona and Cyprus: the Travels of Berenguer de Cardona ».

élites et ordres militaires. quelques pistes pour une rencontre 3 Jamais Alain Demurger n’a cessé de s’inscrire dans les champs nouveaux ouverts par la recherche sur les ordres militaires depuis trente ans, et c’est en se fondant sur eux qu’il est apparu pour ainsi dire naturel d’organiser ce volume. L’idée est de mieux connaître, de mieux comprendre les rapports que les Templiers, les Teutoniques et leurs pairs ont pu entretenir avec les élites médiévales, s’associant à elles, les attirant à eux et s’intégrant, le cas échéant, en leur sein, en particulier à la faveur du service de l’État. Sur ce dernier point comme sur d’autres qui lui sont liés, des contributions importantes, classiques ou récentes, peuvent représenter de très intéressants jalons, mais la question des élites, s’agissant des frères, n’a jamais été envisagée autrement que de façon ponctuelle. On sait bien sûr toute la labilité de cette notion qui, formée bien après le Moyen Âge, ressortit à la sociologie et, en particulier, aux analyses de Vilfredo Pareto11. Pourtant, depuis plus d’une quinzaine d’années, d’importants travaux consacrés au haut Moyen Âge ont démontré la fécondité de son emploi12, l’utilisant ain de désigner le groupe minoritaire composé de « tous ceux qui jouissent d’une position sociale élevée, passant non seulement par la détention d’une fortune, d’un pouvoir ou d’un savoir, mais aussi par la reconnaissance d’autrui13 ». D’élites, de façon quelque peu paradoxale, il n’est guère question pour le Moyen Âge central14, alors que le mot y trouve bel et bien tout son sens. Alain Demurger, avec l’esprit que l’on lui connaît, dirait sans doute que, preuve en est, les ordres militaires les ont rencontrées, et c’est sur cette rencontre que je voudrais lancer quelques pistes, convaincu qu’elle ne relève pas du troisième type et que, la catégorie conceptuelle opérant, l’histoire des élites comme celle des ordres militaires ont tout à gagner au présent volume. « Les spécialistes savent bien que les membres des ordres militaires n’étaient pas des moines et qu’il leur était explicitement interdit de prendre la croix, de même qu’ils sont conscients que la guerre juste développée par ces institutions n’était pas une croisade, mais parfois le titre de leurs œuvres montre qu’il peut leur arriver malencontreusement d’oublier ces réalités  »  : ces mots sont ceux d’Anthony Luttrell qui, avec quelque ironie sans doute et en tout cas beaucoup de justesse, rappelait récemment combien il est important toujours de caractériser 11 R. Boudon et F. Bourricaud, Dictionnaire critique de la sociologie, s. v. « Élites », pp. 225-232, notamment p. 225. 12 Le travail pionnier en la matière est R. Le Jan (éd.), La royauté franque et les élites dans l’Europe carolingienne. Depuis 2003, d’autres rélexions collectives se sont inscrites dans cette ligne : R. Le Jan (éd.), L’historiographie des élites ; F. Bougard, L. Feller et R. Le Jan (éd.), Les élites au haut Moyen Âge. Crises et renouvellements ; F. Bougard, Ph. Depreux et R. Le Jan (éd.), Les élites et leurs espaces : mobilité, rayonnement, domination ; F. Bougard, D. Iogna-Prat et R. Le Jan (éd.), Les hiérarchies des élites ; F. Bougard, R. Le Jan et R. McKitterick (éd.), La culture du haut Moyen Âge. Une question d’élites ? ; J.-P. Devroey, L. Feller et R. Le Jan (éd.), Les élites et la richesse au haut Moyen Âge ; et enin F. Bougard, H.-W. Goetz et R. Le Jan (éd.), héorie et pratiques des élites au haut Moyen Âge. 13 R. Le Jan, « Historiographie des élites. Introduction », p. 1. 14 Ph. Depreux, « L’historiographie des élites politiques », p. 2, n. 3.

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introduction

exactement les Templiers et leurs émules15. De tels hommes étaient certes des religieux — et jamais leurs contemporains, à la diférence des historiens, ne l’ont oublié —, mais ils n’étaient pas des religieux comme les autres du fait de l’activité à laquelle ils se consacraient ou qu’à tout le moins ils se donnaient pour but, la guerre pour la défense de la chrétienté. Du siècle, de ses théâtres, de ses engagements comme de ses cadres, que la plupart des clercs alors n’avaient de cesse de fustiger, les frères des ordres militaires ne se sont jamais tenus à l’écart. C’est même cette façon d’être au monde qui, pour paraphraser Simonetta Cerrini, constituerait « la révolution des Templiers16 ». Le mot, évidemment, peut apparaître fort et même exagéré, mais le Temple, sans conteste, a changé la donne et son irruption dans le paysage, en 1120, puis sa reconnaissance oicielle par le Saint-Siège, en  1129, ont transformé les cadres de l’expérience chrétienne en validant le « concept » d’ordre religieux-militaire17. L’ordre du Temple, on le sait, fut l’exemple qui permit la création de structures du même type dans la péninsule Ibérique comme dans l’espace baltique ainsi que la transformation d’institutions à l’origine strictement charitables telles que Saint-Jean de Jérusalem ou encore Saint-Lazare18. Il existe ainsi dans l’Église latine, comme Alain Demurger n’a eu de cesse de le manifester, une « famille » des ordres religieux-militaires, liée à toute la tradition du monachisme occidental et en même temps profondément distincte19. Certains historiens de la spiritualité l’ont senti, comme Kaspar Elm ou André Vauchez20, et Bernard de Clairvaux, sur lequel il ne serait pas sans intérêt de revenir, l’a formulé le premier dans son traité De laude novæ militiæ, qu’il faudrait déinitivement traduire par l’Éloge de la chevalerie nouvelle tant c’est l’adjectif qui doit être mis en valeur21. Parler de révolution est peut-être excessif, mais accordons à Simonetta Cerrini qu’il s’agit bel et bien là d’une « expérience neuve », comme elle l’a très justement souligné dans le titre de sa thèse de doctorat22. Dans la chrétienté latine du xiie siècle, les Templiers et leurs émules ont promu une façon nouvelle d’être au monde, liée intrinsèquement à leur mission. La protection des pèlerins se rendant à Jérusalem s’est très vite efacée devant la défense des États latins d’Orient et, plus largement, de la chrétienté partout où cette dernière se trouvait en proie aux « Inidèles », et c’est un tel objectif qui a impliqué d’organiser de l’arrière vers le front de continuels transferts de moyens dont l’époque n’ofrait guère d’équivalents23. 15

A. Luttrell, « Préface » à Ph. Josserand et N. Bériou (éd.), Prier et combattre, p. 15. S. Cerrini, La révolution des Templiers. 17 A. Demurger, « Introduction. L’étude des ordres religieux-militaires en France », p. 170. 18 Ph. Josserand, « Prier et combattre hors du Temple », pp. 91-93. 19 A. Demurger, Chevaliers du Christ, p. 7. 20 A. Vauchez, La spiritualité du Moyen Âge occidental ; et K. Elm, « Die Spiritualität der geistlichen Ritterorden. Forschungsstand und Forschungsprobleme ». 21 Bernard de Clairvaux, Liber ad Milites Templi de laude novæ militiæ. 22 S. Cerrini, Une expérience neuve au sein de la spiritualité médiévale. 23 Ph. Josserand, « De l’arrière au front : perspectives croisées, perspectives comparées ». 16

élites et ordres militaires. quelques pistes pour une rencontre 5 Dans tout l’Occident, de France, d’Angleterre, mais aussi du nord de la péninsule Ibérique ou des terres d’Empire, des envois d’équipements, d’armes, de chevaux, d’argent ou d’hommes ont été régulièrement acheminés ou à tout le moins réalisés par les ordres militaires à destination des zones de guerre, que ce soit dans l’Orient latin, sur la frontière d’al-Andalus ou aux conins de la Prusse et de la Livonie. On ne saurait trop souligner que l’on touche ici à leur raison d’être même. Dans un bilan des recherches françaises sur les ordres militaires paru il y a sept ans, Alain Demurger l’a rappelé avec force : « C’est en fonction de “la” mission [des frères] qu’il faut étudier leur implantation locale et leurs activités à l’arrière ». Et l’auteur d’ajouter : « À cet égard, leur insertion dans un tissu social dont les membres sont, à des niveaux et des titres divers, impliqués dans la croisade et dans la défense de l’Église et de la foi, mais aussi dans ce que j’appellerai pour faire vite les valeurs chevaleresques, est fondamentale »24. D’emblée, quel que soit l’espace considéré, l’intégration des frères aux cadres de la société locale s’est avérée essentielle. En France, le travail que Damien Carraz a consacré au Bas-Rhône l’a très justement montré25, faisant écho à ce que Luís F. Oliveira et moi-même avons établi pour la péninsule Ibérique26. Partout, dans l’installation des ordres militaires — que ceux-ci aient fait igure ou non de « tard venus27 » —, les relations avec les pouvoirs, locaux ou régionaux, laïques ou ecclésiastiques, furent déterminantes. Elles le sont restées bien après la phase d’expansion expérimentée par les frères jusque dans la seconde moitié du xiiie siècle. Pro ipsorum captando adiuterio et favore : la raison alléguée par le maître de l’Hôpital Déodat de Gozon en 1347 ain d’autoriser Juan Fernández de Heredia à recevoir comme chevaliers au prieuré de Castille quatre ils de la noblesse locale traduit mieux que bien des développements la richesse et la complexité du rapport entre les frères et les membres des couches investies tant par elles-mêmes que par les autres d’une certaine supériorité sociale28. Entre les ordres militaires et les élites, les ainités furent d’emblée réciproques. Leurs relations peuvent avoir été symbiotiques, comme à l’échelle du Bas-Rhône29, mais quand bien même elles ne le furent pas, toujours elles se sont révélées nécessaires, la mission que les frères s’étaient donnée opérant précisément à ce prix. Rappeler la diiculté qu’il y a à parler d’élites pour le Moyen Âge n’a rien d’original. Le mot, entre le singulier et le pluriel duquel Vilfredo Pareto avait coutume de distinguer30, vient de la sociologie et, passé par l’anthropologie, il a été progres24

A. Demurger, « Introduction. L’étude des ordres religieux-militaires en France », p. 171. D. Carraz, L’ordre du Temple dans la basse vallée du Rhône. 26 Ph. Josserand, Église et pouvoir en péninsule Ibérique ; et L. F. Oliveira, A Coroa, os Mestres e os Comendadores. 27 Ch. Higounet, « Avant-propos » ; et R. Fossier, « Les Hospitaliers et les Templiers au nord de la Seine et en Bourgogne », pp. 8 et 25-26. 28 Archives of the Order of Malta, La Valette, Registri delle Bolle di Cancilleria, vol. 317, f° 218v°. 29 D. Carraz, L’ordre du Temple dans la basse vallée du Rhône, p. 395. 30 R. Boudon et F. Bourricaud, Dictionnaire critique de la sociologie, s. v. « Élites », p. 225. 25

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introduction

sivement adopté en histoire à partir des années 197031. Utilisé d’abord pour les périodes moderne et contemporaine, puis pour les sociétés protohistoriques et antiques, il n’a intégré qu’assez tard le vocabulaire des médiévistes. Encore ne l’at-il pas fait sans mal, comme il ressort des débats qui eurent lieu lors du colloque réuni à Rome en 1996 autour des élites urbaines32. Soulignant « les lottements sémantiques du vocable », Élisabeth Crouzet-Pavan avait estimé que « l’emploi des termes du temps est encore préférable à tous les autres »33. Pourtant, s’il faut assurément « traquer les mots », comme Claude Gauvard l’avait alors rappelé, on peut s’accorder avec celle-ci pour raisonner « sur un concept global, constitué a priori comme opératoire »34. Bien des intervenants présents à Rome le irent, et, désireux dans ses conclusions de bien cerner l’objet du colloque, Jacques Le Gof airma qu’«  élites  » était «  le concept le plus intéressant par la diversité de ses références, à condition qu’il soit bien employé au pluriel, la diversité demeurant une caractéristique essentielle des réalités auxquelles renvoie le terme35 ». Depuis lors, la labilité du concept n’a cessé d’être relevée36, mais c’est précisément cette souplesse — Philippe Depreux l’a souligné en préalable aux importants travaux consacrés au haut Moyen Âge que j’évoquais — qui devrait permettre de « mieux déinir la stratiication sociale » et « de regarder aux marges, de scruter les zones de contact entre des catégories sociales mieux établies »37, c’est-à-dire plus fondées au plan juridique que ne le sont évidemment les élites. Au seuil du présent volume, toutefois, un efort de déinition s’impose. « À un niveau de généralité extrême  », comme l’ont manifesté voici plus de trente ans les sociologues Raymond Boudon et François Bourricaud, «  les élites peuvent être considérées comme collaborant au guidage des systèmes sociaux38  ». Cette approche est fondée sur l’idée qu’il y a dans toute société une minorité qui dirige, constituant, pour reprendre les mots du sociologue allemand Otto Stammer, « une minorité choisie dotée de qualités sociales, morales, religieuses et politiques particulières » (« eine ausserlesene Minderheit von besonderer sozialer, sittlicher, geistlicher und politischer Qualität39 »). À quelque échelle que l’on situe l’analyse, y compris aux plus modestes, éclairées notamment par Laurent Feller, c’est cette étroite catégorie qui possède « la capacité à prendre des décisions pesant sur le destin de tout un groupe40 ». Dans la façon dont elles se percevaient, dont elles se donnaient à voir, les élites médiévales, ces « virtuoses de la mise en scène et des rites » pour 31

G. Chaussinand-Nogaret, « Élites », p. 242. Les élites urbaines au Moyen Âge. 33 É. Crouzet-Pavan, « Les élites urbaines : aperçus problématiques », pp. 18-19. 34 C. Gauvard, « Avant-propos », p. 7. 35 J. Le Goff, « Tentative de conclusions », p. 448. 36 F. Leferme-Falguières et V. Van Renterghem, « Le concept d’élites. Approches historiographiques et méthodologiques ». 37 Ph. Depreux, « L’historiographie des élites politiques », p. 10. 38 R. Boudon et F. Bourricaud, Dictionnaire critique de la sociologie, s. v. « Élites », p. 231. 39 O. Stammer, « Elite und Elitenbildung », p. 217. 40 L. Feller, « L’historiographie des élites rurales du haut Moyen Âge », p. 7. 32

élites et ordres militaires. quelques pistes pour une rencontre 7 reprendre la belle expression attachée par Jacques Le Gof à celles des villes41, se sont toujours airmées comme supérieures et se sont considérées au-dessus. Il y a chez elles une volonté de diférenciation, de distinction, voire d’exclusion. Les mots utilisés pour les désigner, en latin comme dans chacune des langues vernaculaires, le manifestent, se déclinant le plus souvent sur un mode comparatif42 : on parle des nobiliores, des sapientiores, des honestiores, des meliores viri, et un mandement royal envoyé aux Dijonnais en 1377 s’adresse aux « “plus poissans”, qui disposent d’une “force et puissance de fait”43 ». Au Moyen Âge, les critères de l’appartenance aux élites étaient multiples : la naissance, l’aisance, le savoir constituaient bien sûr des facteurs importants, mais la renommée, l’exercice d’une charge ou la faveur du prince pouvaient jouer un rôle tout aussi déterminant. En réalité, comme Régine Le Jan l’a justement rappelé44, c’est surtout par leur combinaison que valent de tels éléments, pour la plupart susceptibles de se cumuler, et c’est ensemble qu’ils contribuent à déinir les groupes et les individus formant les élites médiévales, reconnus à titre personnel et collectif, par eux-mêmes et par les autres, comme porteurs d’une qualité particulière et donc d’une supériorité sociale. En ce sens, plus qu’à l’histoire sociale, les élites médiévales ressortissent à l’histoire politique, entendue de la façon dont elle l’est depuis une trentaine d’années comme une histoire du pouvoir. À Rome en 1996, Jacques Le Gof signalait l’un des premiers que « la plupart des atouts qui ont permis à ces « élites » de se former, de s’imposer et de durer relevaient du pouvoir45 ». Une telle constatation était alors très neuve : dix ans plus tôt, dans le Dictionnaire des sciences historiques, paru sous la direction d’André Burguière, la notice consacrée aux élites, rédigée par Guy Chaussinand-Nogaret, l’un des pionniers du thème46, avait donné pour seul corrélat « histoire sociale »47. Le politique, à la charnière des xxe et xxie siècles, s’est imposé dans la recherche sur les élites médiévales, et c’est dans une optique conçue en termes de pouvoir que celles-ci peuvent avec proit rencontrer l’histoire des ordres militaires. Les liens qui se sont développés tiennent pour beaucoup à ce que l’on pourrait appeler — Alain Demurger ne devrait pas me démentir — la culture pragmatique des frères : demeurer en marge des acteurs majeurs de la société médiévale aurait exposé ces derniers à subir des évolutions qu’en accueillant les membres des groupes privilégiés ils se sont au contraire donné les moyens de contrôler ou du moins de moduler48. Les manifestations d’un tel rapport, en revanche, sont multiples, et je ne m’y étendrai évidemment pas puisque, tout au long de ce volume, elles constituent l’axe même de la rélexion. Élites sociales, nobles mais également 41

J. Le Goff, « Tentative de conclusions », p. 446. C. Gauvard, « Avant-propos », p. 7. 43 T. Dutour, « La supériorité sociale à Dijon à la in du Moyen Âge », p. 306. 44 R. Le Jan, « Historiographie des élites. Introduction », p. 1. 45 J. Le Goff, « Tentative de conclusions », p. 444. 46 L. Bergeron et G. Chaussinand-Nogaret, Les masses de granit ; ainsi que C. Charle et G. Chaussinand-Nogaret (éd.), Prosopographie des élites françaises. 47 G. Chaussinand-Nogaret, « Élites », p. 245. 48 Ph. Josserand, Église et pouvoir en péninsule Ibérique, pp. 373-458. 42

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introduction

citadines, élites de pouvoir et de gouvernement, élites des ordres militaires euxmêmes croiseront ainsi la route du lecteur depuis l’Orient méditerranéen jusqu’à la péninsule Ibérique et à la Baltique entre le xiie et le xve siècle. Sans plus attendre, je voudrais conclure ces considérations introductives, dont j’espère qu’elles n’auront pas été trop longues, par quelques mots de remerciement. En mon nom et en celui de Nicole Bériou et de Luís F. Oliveira, les deux autres organisateurs de la manifestation qui a ouvert sur cet ouvrage, je sais un gré très particulier à tous ceux qui ont rendu possible l’une et l’autre. L’Institut des sciences de l’Homme de Lyon, une fois de plus, s’est distingué par son hospitalité, lui qui, pendant plusieurs années, de 2003 à 2006, a abrité les réunions très régulières de l’équipe scientiique préparant l’ouvrage Prier et combattre. Dictionnaire européen des ordres militaires au Moyen Âge. Pour le colloque qui, en octobre 2009, a coïncidé avec la parution de ce livre, des institutions nombreuses se sont manifestées pour nous procurer, à Nicole Bériou, à Luís F. Oliveira et à moi, un appui matériel et inancier. Aussi est-ce un grand plaisir de remercier publiquement l’Universidade do Algarve, dont Luís F. Oliveira était alors vice-directeur de la faculté des lettres, l’université de Nantes et l’équipe d’accueil, rattachée à celle-ci, dont je suis membre, le Centre de recherches en histoire internationale et atlantique (CRHIA). Auprès de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, où Alain Demurger a longuement enseigné, nous avons aussi trouvé de puissants soutiens, et une gratitude toute particulière doit être exprimée au Laboratoire de médiévistique occidentale de Paris (LAMOP) et au Centre d’histoire et de civilisation de Byzance, ainsi qu’à leurs directeurs respectifs de l’époque, Monique Goullet et Laurent Feller, d’un côté, Michel Kaplan, de l’autre. L’université Lyon 2, par l’intermédiaire de diférentes instances, nous a également manifesté sa coniance, et nous tenons à l’en remercier très chaleureusement. Olivier Christin, alors président de l’université, et Nathalie Fournier, vice-présidente en charge de la recherche, nous ont permis de prétendre au BQR, et l’UMR 5648, par le biais de celui qui en était le directeur, Denis Menjot, ne nous a pas ménagé son appui. Aux élus de l’université, aux membres des conseils de l’UMR, nous voulons exprimer notre vive reconnaissance, l’étendant pour leur engagement à Frédéric Chartrain, à Pierre Dimoyat et à Karyn Mercier, qui se sont mobilisés au moment du colloque. Sans l’Institut universitaire de France, que Nicole Bériou, entre 2002 et 2012, a engagé dans la recherche sur les Templiers et leurs émules, ni Prier et combattre. Dictionnaire européen des ordres militaires au Moyen Âge, ni les journées qui en ont accompagné le lancement n’auraient pu voir le jour. Il est juste de signiier à l’institution combien nous sommes sensibles à son efort. La Casa de Velázquez, pour avoir toujours manifesté sa coniance en l’actuel projet éditorial et lui avoir permis de déboucher sur un livre, mérite également d’être saluée et remerciée. Enin, last but not least, je voudrais dire avec Luís F. Oliveira toute ma gratitude à Damien Carraz. Sans son aide eicace, sans son amitié et sa générosité, les actes du colloque de Lyon, qu’accueille aujourd’hui la Collection de la Casa de Velázquez, n’auraient probablement pas pu voir le jour, au risque de priver le lecteur de la plupart des contributions qu’il tient à présent entre ses mains.

OUVERTURE

ALAIN DEMURGER, UNE CARRIèRE À L’OMBRE DES ORDRES MILITAIRES

Michel Balard Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

C’est un grand plaisir pour moi que de célébrer dans ces pages le talent d’Alain Demurger, qui, pendant tant d’années à l’université Paris 1 PanthéonSorbonne, a assumé avec moi les cours de licence sur les rapports entre l’Orient et l’Occident, dans un esprit de très cordiale coopération, dont je lui suis particulièrement reconnaissant. Quelques bonnes bouteilles de Bourgueil, dégustées ensemble, venaient de temps à autre sceller une amitié partagée avec Jacqueline, qui a toujours soutenu le travail de son mari. Que dire d’une belle carrière accomplie entre l’École Normale Supérieure de Saint-Cloud, l’agrégation d’histoire en  1964, deux années d’apprentissage de l’enseignement secondaire au lycée de Pontoise, et l’appel à la Sorbonne en 1968, au moment de l’explosion des efectifs étudiants, qui fut pour beaucoup d’entre nous l’occasion d’entrer dans l’enseignement supérieur. Alain Demurger y arrive en janvier 1969, détaché du lycée par un proviseur bienveillant. Il avait dans les mois précédents fréquenté les séminaires de Bernard Guenée et s’était entendu avec lui pour déposer sous sa direction un sujet de thèse sur les baillis et sénéchaux du royaume de France. Il fallait alors pour progresser dans la carrière être inscrit sur la liste d’aptitude aux fonctions de maître-assistant (LAFMA), ce qui impliquait la préparation soit d’une thèse de troisième cycle, soit un gros travail de recherche. Alain choisit cette dernière solution et s’intéresse aux changements du personnel administratif chez les baillis et sénéchaux au cours des années de quasi guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons. Il en résulta un gros article de 150 pages publié en 1979 dans la revue Francia de l’Institut historique allemand de Paris. Allait-il continuer dans cette voie et préparer une thèse d’État  ? Une énième réforme de l’université qui entraîna la création d’une nouvelle thèse en quatre ans, réalisation paraissant impossible à notre ami, et une bienheureuse opportunité allaient en décider autrement. En 1982, les éditions du Seuil, qui souhaitaient transformer leur vieille collection « Microcosme », proposent à Alain d’écrire un ouvrage sur l’ordre du Temple. Plutôt que de mettre à jour un travail ancien, Alain décide très justement de faire du neuf. Il se lance dans la recherche documentaire dès 1983 et publie ce best-seller que fut en 1985 Vie et mort de l’ordre du Temple, Philippe Josserand, Luís F. Oliveira et Damien Carraz (éd.), Élites et ordres militaires au Moyen Âge, Collection de la Casa de Velázquez (145), Madrid, 2015, pp. 11-15.

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deux fois réédité, puis totalement refondu dans le gros volume Les Templiers. Une chevalerie chrétienne au Moyen Âge, publié en 2005 et réédité dans la collection « Points Histoire » en 20081. Mais avant de suivre notre ami à l’ombre des ordres religieux-militaires, je voudrais évoquer deux publications originales, marquant un retour vers l’histoire politique du royaume. D’abord, en 1990, une participation à la Nouvelle histoire de la France médiévale, dont il rédige le cinquième tome, portant sur les xive et xve  siècles, considérés non comme une époque de transition vers la Renaissance mais, après une crise multiforme, comme le douloureux accouchement de l’État moderne2. Il s’agissait pour les éditions du Seuil d’ofrir aux étudiants et au public cultivé une œuvre aisément accessible, destinée à remplacer les vieux volumes de l’Histoire de France d’Ernest Lavisse. Six ans plus tard, en 1996, à l’usage des étudiants débutants, paraissait chez Hachette une brève synthèse sur l’Occident médiéval du xiiie au xve siècle3. L’examen des réalités politiques de l’Occident y précédait l’étude de la crise de la in du Moyen Âge et s’achevait par l’évocation des nouvelles dynamiques en œuvre au xve siècle. Dans ces deux ouvrages se déploient l’esprit de synthèse et le talent pédagogique d’Alain Demurger. Suivons-le pour commencer dans l’ouvrage qui it de lui le spécialiste des ordres religieux-militaires. Comment justiier un nouveau livre sur l’ordre du Temple ? D’abord pour pourfendre les auteurs d’une pseudo-histoire, alimentant mythes et légendes, ain de mettre en exergue la survie du Temple sous la forme de sociétés secrètes. À cet efet, il faut réunir une solide documentation, l’étudier sans parti pris, sortir du cadre français pour évoquer la dimension internationale de l’ordre, seule à même de faire comprendre les raisons du procès qui n’est en rien l’aboutissement logique et inéluctable de deux siècles d’histoire. Malgré la pauvreté de la documentation sur les origines, notre ami s’eforce d’expliquer la genèse de l’ordre, l’action d’Hugues de Payns et le soutien de Bernard de Clairvaux. Il suit les armées en campagne, décrit les liens indispensables entre l’arrière — les commanderies d’Occident — et la Terre sainte et montre les inléchissements du xiiie siècle, qui vont donner naissance aux fatales rumeurs et à la chute du Temple. L’examen des pièces du procès est un modèle de pondération et de critique scrupuleuse. Atténuant l’importance des mobiles inanciers dans l’attitude de Philippe IV le Bel, Alain Demurger montre plutôt le fanatisme de l’État moderne naissant, qui cherche à réduire l’inluence des ordres militaires et à uniier ceux-ci pour en faire un instrument au service de la politique royale. À l’occasion d’un congrès des historiens médiévistes tenu à Montpellier en 1987, Alain Demurger devait approfondir sa recherche sur les activités militaires de l’ordre, en mettant en valeur les quelques chifres de combattants 1 A. Demurger, Vie et mort de l’ordre du Temple ; Id., Les Templiers. Une chevalerie chrétienne au Moyen Âge. 2 Id., Temps de crises, temps d’espoir. 3 Id., L’Occident médiéval.

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connus, l’organisation de l’armée en campagne, la tactique employée, ainsi que les diverses batailles, heureuses ou malheureuses, au cours desquelles s’illustrèrent les Templiers. Il en résulta un excellent article que l’auteur devait ensuite reprendre dans la nouvelle version de son ouvrage sur l’ordre4. Pourquoi dès lors opérer un remaniement complet vingt ans plus tard ? Le changement de titre a un sens : mettre en valeur les hommes qui ont constitué l’ordre, leur vie dans les commanderies ou sur le champ de bataille, leur pouvoir sur leurs dépendants et leur inluence tant en Orient qu’en Occident, plutôt que de réécrire une histoire institutionnelle, plus attentive aux structures, et faire droit aux apports récents de la recherche. Par petites touches, notre ami corrige erreurs et approximations. Le Temple est né en 1120 et a été conirmé au concile de Troyes en janvier 1129, selon la démonstration faite par Rudolf Hiestand5. L’analyse de la règle et des retraits bénéicie de l’étude menée par Simonetta Cerrini dans sa thèse de 19986. La vie conventuelle et la spiritualité templière font l’objet d’amples développements. La présence du Temple dans la péninsule Ibérique et sa « culture de la guerre » sont mises en valeur. L’auteur explique les activités inancières de l’ordre, mais repousse énergiquement le mythe qui en fait le « banquier de l’Occident ». Surtout, il reconsidère l’ensemble du procès, en s’appuyant sur les travaux de Barbara Frale7, pour conclure à l’existence d’un procès politico-policier, ne reculant devant aucun moyen pour obtenir des aveux, alors même que l’attitude louvoyante du pape Clément V ne facilite pas la résistance des Templiers. Au total, un ouvrage riche d’informations, rigoureux dans sa critique des sources, et d’une écriture fort plaisante. Nul historien ne résiste à la vogue de la biographie. Dans la lignée de sa recherche, il était tout naturel qu’Alain Demurger s’intéressât à la personnalité controversée du dernier grand-maître de l’ordre, Jacques de Molay8. Personnage falot pour les uns, incapable de s’opposer aux sbires royaux, homme orgueilleux et trop sûr de lui pour les autres, il méritait d’être mieux connu. L’entreprise n’était pas aisée, car il fallait s’appuyer sur quelques pièces de correspondance (27 lettres données en appendice par l’auteur), sur les deux mémoires écrits par le grand-maître et sur les interrogatoires des Templiers, toujours suspects d’erreur, en raison des méthodes employées pour les mener. On ignore même la date et le lieu précis de naissance du personnage : vers 1245-1250 sans doute et probablement à Molay (Haute-Saône) dans une famille de moyenne noblesse. Entré dans l’ordre en 1265, son parcours reste peu connu jusqu’à son élection comme grand-maître en 1292, au lendemain du repli de l’ordre sur Chypre, après la chute d’Acre aux mains des Mamelouks. Que dire de sa gestion, avant le funeste procès ? Alain Demurger décrit son voyage en Occident, où il se rend en 1293 pour rechercher de l’aide pour 4

Id., « Templiers et Hospitaliers dans les combats de Terre sainte ». R. Hiestand, « Kardinalbischof Matthäus von Albano ». 6 S. Cerrini, Une expérience neuve au sein de la spiritualité médiévale. 7 B. Frale, L’ultima battaglia dei Templari ; Ead., Il Papato e il processo ai Templari. 8 A. Demurger, Jacques de Molay. 5

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la Terre sainte et réformer l’ordre en accord avec les chapitres généraux qu’il réunit. De retour en Orient, il est favorable à la recherche de l’alliance mongole, une tentative d’envergure, et non un épiphénomène, souligne l’auteur. À Chypre, il s’oppose au roi Henri II, qui veut taxer le Temple, mais il est faux de dire qu’il a soutenu l’usurpateur Amaury de Tyr contre le roi. Il gouverne l’ordre avec sagesse et en concertation avec les grands dignitaires. Convoqué par le pape en 1306, il se rend en Occident pour tomber dans les ilets du roi de France, qui fait arrêter le 13 octobre 1307 l’ensemble des membres de l’ordre dans le royaume. Alain Demurger revient évidemment sur les principaux épisodes du procès et s’interroge sur la responsabilité du grand-maître dans la suppression de l’ordre. Adoptant une défense maladroite, fondée sur le silence face aux enquêteurs royaux, refusant la fusion des ordres militaires et appréciant mal l’attitude de Philippe le Bel, en croyant se sauver au seul jugement de Clément V, Jacques de Molay s’ofre au martyre dans un sursaut bien tardif de dignité. Alain Demurger a entrepris avec cet ouvrage une réhabilitation mesurée d’un homme de caractère, constant dans ses amitiés, mais trop coniant dans l’attitude d’un pape qui n’a pas su le soutenir. Si bien documenté sur l’ordre du Temple, notre ami se devait d’élargir sa recherche à l’ensemble des ordres religieux-militaires, en constatant qu’il n’existait aucune synthèse écrite en français sur le sujet. L’ouvrage Chevaliers du Christ promène le lecteur de la Terre sainte, berceau de ces institutions, à la péninsule Ibérique, et du Portugal à la Baltique9. Il montre d’abord les conditions dans lesquelles les diférents ordres militaires ont été créés, dans un contexte d’opposition aux musulmans et aux païens, le transfert des Teutoniques de la Terre sainte vers la Prusse et la présence du Temple dans la péninsule Ibérique, où il sert de modèle aux ordres nationaux. Il s’intéresse ensuite à l’originalité d’une telle institution au sein de la chrétienté médiévale. Des comparaisons bienvenues entre les règles des divers ordres, entre leur recrutement, où est souligné le grand nombre de laïcs qui les composent, des tableaux comparatifs sur l’organisation, les structures guerrières et charitables et les signes et symboles d’appartenance soulignent les rapprochements à opérer et le paradigme que représentent les ordres nés en Terre sainte pour les ordres de la péninsule Ibérique ou des pays de la Baltique. La dernière partie de l’ouvrage, portant sur la in du Moyen Âge, du xive au xvie siècle, montre les crises dans lesquelles se débattent les ordres après la perte de la Terre sainte et la manière dont certains ont su s’adapter à une conjoncture changeante, avec la création des Ordensstaaten hospitalier, à Rhodes, et teutonique, en Prusse, et avec l’étroite soumission des ordres ibériques aux souverains péninsulaires. Alain Demurger souligne pour conclure l’originalité de l’expérience spirituelle des ordres dans la chrétienté médiévale, balaie le rapprochement que certains auteurs ont voulu faire avec le ribât musulman et examine les survivances des ordres militaires médiévaux dans le monde moderne. 9

Id., Chevaliers du Christ.

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Dans le débat qui oppose les historiens de la croisade, avec d’une part les traditionalistes, pour lesquels il ne peut s’agir que d’une expédition voulue par la papauté pour la délivrance du Saint-Sépulcre, et d’autre part les pluralistes, qui considèrent que toute expédition suscitée par la papauté contre les ennemis de l’Église mérite le nom de croisade, Alain Demurger apporte une rélexion originale sur le concept de croisade et la déinition du croisé10. Partant de l’appel lancé au concile de Clermont par le pape Urbain II, le 27 novembre 1095, l’auteur s’interroge sur les origines du concept, en rappelant que le mot luimême est largement postérieur à l’événement. Il est faux, dit-il, de voir dans les opérations de la Reconquista du xie siècle des antécédents à la croisade. C’est plutôt les croisades qui ont transformé la reconquête en Espagne. Prédication, recrutement, routes suivies, inancement, spiritualité et récompenses promises aux participants sont tour à tour examinés, avant que l’auteur ne revienne sur le concept de guerre sainte, en se ralliant aux vues exprimées par Jean Flori sur la guerre «  saintissime11  » plutôt qu’à celles de Norman Housley privilégiant par trop l’importance de l’indulgence accordée aux croisés12. Le développement sur les expériences de croisade met en évidence la création des États croisés, les entreprises guerrières menées pour les défendre, les relations entre croisades et peuplement, croisades et commerce, ainsi que les critiques exprimées au cours du Moyen Âge contre ces expéditions outre-mer ou même à l’intérieur de la chrétienté13. Notre ami examine ensuite les réactions de l’Autre face à la croisade : Byzantins, musulmans, juifs, chrétiens d’Orient, en soulignant certes les modes de domination des Occidentaux, mais aussi les relations paciiques et les échanges culturels auxquels les États latins d’Orient ont donné naissance. La chute de ces derniers en 1291 n’est pas synonyme de in de la croisade. Sans aller jusqu’à adopter les thèses d’Alphonse Dupront, qui voit dans la croisade un sursaut essentiel de la chrétienté occidentale, jusqu’à l’époque moderne14, Alain Demurger montre l’apport des traités de récupération de la Terre sainte et les tentatives menées pour reprendre Jérusalem, bloquer l’expansion ottomane ou encore briser la résistance des Hussites15. Il propose en conclusion une déinition dynamique de la croisade, faisant la part de l’idée et des réalités. Dans une histoire encombrée de mythes et de légendes, la tâche de l’historien s’avère diicile. Alain Demurger a su la mener avec intelligence et rigueur, et s’il n’a pu débusquer le trésor des Templiers, au moins a-t-il fait revivre ce que la documentation authentique, certes insuisante et dispersée, nous permet de connaître sur les ordres religieux-militaires, qui gardent encore aujourd’hui une partie de leurs secrets. 10

Id., La croisade au Moyen Âge ; Id., Croisades et croisés au Moyen Âge. J. Flori, La guerre sainte ; Id., La croix, la tiare et l’épée. 12 N. Housley, he Later Crusades. 13 M. Aurell, Des Chrétiens contre les croisades. 14 A. Dupront, Le mythe de croisade. 15 J. Paviot, Projets de croisade (v. 1290-v. 1230).

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ÉLÉMENTS POUR UNE PROSOPOGRAPHIE DU « PEUPLE TEMPLIER » La comparution des Templiers devant la commission pontificale de Paris (février-mai 1310)

Alain Demurger Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Le procès des Templiers — les procès, plutôt — continuent à faire couler beaucoup d’encre. Ils en ont fait couler à l’époque même puisque, partout où les Templiers ont été interrogés, des procès-verbaux de leurs dépositions ont été rédigés et les archives en conservent un nombre important à défaut de la totalité1. L’objectif premier des enquêteurs et des juges était évidemment d’obtenir des Templiers des aveux sur les crimes dont ils étaient accusés, et dans cette documentation, les historiens ont cherché, là aussi en priorité, de quoi démontrer la culpabilité ou la non-culpabilité des frères et comprendre les raisons de ce procès. Mais il est un autre angle d’attaque — moins passionné — de cette documentation : elle ofre à l’historien un matériau abondant pour une enquête prosopographique. Les procès-verbaux renseignent sur l’identité et la carrière des Templiers interrogés, mais aussi sur ceux que les frères citent devant leurs juges2. Ces renseignements, même succincts, permettent de constituer un catalogue des frères du Temple dans les trente, voire les quarante dernières années de l’existence de l’ordre et ils ofrent de répondre en partie à cette question : qui étaient les Templiers ? On s’en doute, la grande majorité des frères qui surgissent ainsi de ces dépositions n’appartiennent pas aux élites de l’ordre ; le petit noyau des dignitaires est certes présent mais leurs témoignages ne nous donnent guère plus d’informations sur eux-mêmes que sur ceux qui composent ce que j’appellerai le « peuple templier ». Pour faciliter la compréhension de ce qui va suivre, je crois nécessaire de rappeler brièvement les diférentes procédures qui ont été conduites contre les Templiers à partir de leur arrestation dans le royaume de France le 13 octobre 1307.

1 A. Demurger, « Encore le procès des Templiers », fait l’inventaire des diférents interrogatoires et de leur publication. Le travail que je présente ici est fondé uniquement sur la publication par Jules Michelet, en deux volumes, des interrogatoires parisiens de 1307 et de 1310-1311 : J. Michelet, Le procès des Templiers (ci-après M. I et M. II). 2 J’ai donné un premier aperçu de l’intérêt prosopographique de cette documentation dans  : A.  Demurger, «  Le personnel des commanderies d’après les interrogatoires du procès des Templiers ».

Philippe Josserand, Luís F. Oliveira et Damien Carraz (éd.), Élites et ordres militaires au Moyen Âge, Collection de la Casa de Velázquez (145), Madrid, 2015, pp. 17-36.

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alain demurger LES PROCÉDURES, 1307-1312

L’afaire ayant été initiée par le roi de France, la première procédure engagée contre l’ordre a été menée par des agents royaux ; elle a eu lieu en octobre et novembre  1307 et, bien sûr, dans le seul royaume de France (Paris, Caen, Carcassonne, etc.). L’usage de la torture a été général, et des aveux conformes aux accusations portées contre l’ordre ont été rapidement obtenus3. Dans cette première phase de l’afaire, le pape a été écarté et l’Église bafouée. Aussi est-ce pour remettre la procédure sous la coupe de l’Église que le pape Clément  V ordonna, le 22 novembre 1307, l’arrestation des Templiers dans toute la chrétienté. À l’issue d’une lutte opiniâtre, il init par obtenir du roi de France de pouvoir interroger ou faire interroger des Templiers. Les interrogatoires de Poitiers (in juin 1308) et de Chinon (cinq dignitaires, dont le grand-maître, en août 1308) ont donc été conduits sous l’autorité directe du pape, même si la pression royale est restée très forte comme on le pressent à Chinon où le procès-verbal original des interrogatoires est rédigé par les notaires royaux parfaitement identiiables à leur signum4. Au même moment, Clément V décidait par les bulles Faciens misericordiam et Regnans in coeli de deux procédures pour juger de la véracité des accusations d’hérésie : une procédure contre les personnes et une procédure contre l’ordre5. Chacune devait se dérouler en deux temps : le temps de l’enquête et des interrogatoires ; le temps du jugement et de la sanction. Ce que résume le tableau suivant : Procédure contre les personnes

Procédure contre l’ordre

1e phase

Devant l’évêque : enquête dans le cadre du diocèse

Commission pontiicale, une par État

2e phase

Devant l’archevêque : jugement à l’échelle des provinces

Devant un concile œcuménique convoqué à Vienne

Les enquêtes épiscopales contre les personnes eurent lieu le plus souvent en 1309, mais seules sont connues et publiées celle de Nîmes (1310-1311) et surtout celle de Clermont (5 au 9 juin 1309), qui a fait l’objet d’une édition et d’une 3

Les interrogatoires menés à Paris à l’automne 1307 se trouvent dans M. II, pp. 277-420 ; ceux de Caen, Cahors et Carcassonne ont été édités en partie par H. Finke, Papsttum, t. II, pp. 313-324. 4 Les interrogatoires de Poitiers ont été publiés pour une partie par H. Finke, dans Ibid., pp. 329342, et pour une autre par K. Schottmüller, Der Untergang des Templer-Ordens, t. II, pp. 9-71. Les interrogatoires de Chinon, connus par l’édition qu’en it H. Finke, Papsttum, t. II, pp. 324-329, sont maintenant accessibles dans leur version originale dans B. Frale, Il Papato e il processo ai Templari, pp. 198-215. Je dois à Ghislain Brunel, qui a consulté le document à Rome, l’information sur les notaires royaux ; qu’il en soit ici remercié. 5 C. Port, « Le livre de Guillaume Le Maire », pp. 422-424 et 435-441. En outre, la bulle Faciens Misericordiam est publiée par J. Michelet puisqu’elle est le point de départ de la procédure mise en place pour juger l’ordre (M. I, pp. 2-7).

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étude approfondie d’Anne-Marie Chagny-Sève6. La procédure contre le Temple fut plus lente à démarrer : à Paris, où siège la principale commission pontiicale chargée de juger l’ordre, les Templiers de tout le royaume qui voulaient défendre l’ordre furent convoqués pour novembre 1309, mais ce n’est qu’au début février — les obstacles mis par les autorités royales et épiscopales ayant été levés — que les premiers groupes de frères se présentèrent devant la commission. Ailleurs, les commissions ne commencèrent à procéder qu’en 1310, voire en 1311. Parfois — ce fut le cas à Chypre ou en Angleterre —, les deux procédures furent menées de front. Il semble qu’un pacte tacite ait conduit les évêques à ne porter les enquêtes contre les personnes devant le concile de la province chargé de prononcer le jugement qu’une fois la procédure contre l’ordre terminée. Cela se it quasiment partout, sauf dans les provinces de Sens, Reims et Rouen, en France, où les jugements contre les personnes furent prononcés en mai 1310, alors que la procédure contre l’ordre ne faisait que commencer. Ce fut le moyen trouvé par le roi et ses agents, servis en cela par la docilité des métropolitains concernés — en particulier le nouvel archevêque de Sens, Philippe de Marigny —, pour briser la résistance des Templiers rassemblés à Paris. Le résultat recherché fut atteint : cette résistance fut brisée nette. Les interrogatoires purent commencer dans le sens souhaité par le pouvoir royal français et, peut-être à ce moment-là, par le pape. Hors de France, à quelques exceptions près, les Templiers défendirent leur ordre et rejetèrent les accusations portées contre lui. Les commissions pontiicales achevèrent les interrogatoires à l’été 1311. Le concile général, dont la date de convocation à  Vienne en  Dauphiné avait été ajournée d’un an, put donc se réunir et commencer ses travaux. La majorité des pères du concile, sans être forcément favorable aux Templiers, souhaitait néanmoins les entendre avant de se prononcer. Devant cette fronde, Clément V, par ailleurs soumis aux pressions du roi de France, présent à Vienne, dut se résoudre à décréter le 3 avril 1312 la suppression du Temple par provision administrative, sans le condamner puisqu’aucune hérésie ne pouvait être prouvée contre lui7. LES PROCÈS-VERBAUX, SOURCE D’UNE ENQUÊTE PROSOPOGRAPHIQUE

J’en viens maintenant aux informations biographiques que nous fournissent les procès-verbaux des interrogatoires. Elles émanent des Templiers interrogés : ce sont soit des informations directes qu’ils donnent sur eux-mêmes, soit des 6

L. Ménard, Histoire civile, ecclésiastique et littéraire de la ville de Nîmes, t. I, pp. 172-181 et pp. 183-194 ; R. Sève et A.-M. Chagny-Sève, Le procès des Templiers d’Auvergne. Il est à noter que les procès-verbaux de Nîmes, Alès et Aigues-Mortes contiennent les interrogatoires de toutes les procédures contre les personnes : procédure royale de novembre 1307, procédure épiscopale de 1310, nouvelle procédure épiscopale, sur injonction du pape, de 1311 et, enin, jugement des personnes, prononcé après la in du concile de Vienne, en novembre 1312. 7 Les actes du concile sont facilement accessibles à partir de leur publication et de leur traduction en français dans G. Alberigo, Les conciles œcuméniques, t. II, vol. 2 : Les décrets, pp. 698-725.

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informations indirectes que ces mêmes frères fournissent sur d’autres, le plus souvent décédés, qu’ils citent dans leur déposition. Les enquêteurs demandaient en efet aux Templiers de préciser les circonstances de leur réception dans l’ordre, qui les avait reçus, qui était présent lors de la cérémonie ; et ils voulaient savoir si, devenus frères de l’ordre, ils avaient assisté à la réception d’autres postulants. D’autres noms, d’autres dates, d’autres lieux sont donc mentionnés. L’exemple de la déposition de Petrus Gotandi ou Pierre Gosan, que je présente en appendice, témoigne de la richesse de l’information : il cite neuf Templiers, entre ceux qui furent présents à son entrée dans l’ordre et ceux qu’il y a vu recevoir8. Tous les procès-verbaux des diférents procès n’ont pas, du point de vue biographique, la même valeur. Les renseignements fournis par les Templiers interrogés à Nîmes, à Aigues-Mortes et à Alès, par exemple, sont très succincts, tout comme ceux que donnent les dépositions des 138 Templiers interrogés lors du procès parisien d’octobre-novembre 1307. En revanche, les procès-verbaux des interrogatoires auxquels a procédé la commission apostolique siégeant à Paris de novembre 1309 à juin 1311 sont beaucoup plus détaillés et précis, les commissaires pontiicaux chargés d’enquêter sur les accusations portées contre l’ordre (et non pas sur les personnes) ayant accompli leur tâche avec sérieux. C’est cette enquête devant la commission pontiicale de Paris qui est à la base de mon propos. Elle constitue l’essentiel de la publication faite en 1841-1851 par Jules Michelet9. Après quelques pages citant les textes qui mettent en place la commission et fondent ses pouvoirs (pp. 1-21), les pages 22-56 portent sur les premières réunions, de novembre 1309 à début février 1310 ; puis, les Templiers arrivent à Paris pour défendre l’ordre ; ils sont recensés à trois reprises au cours des mois de février, mars et avril 1310, période qui voit la commission tenter de mettre en place une procédure d’enquête en accord avec les procureurs que, à la demande des commissaires, les Templiers se sont donnés ; cela fait l’objet des pages 56-162 ; enin, une dernière partie, la plus importante, est consacrée aux interrogatoires de 231 Templiers jusqu’à mai 1311 : cela couvre tout le reste du tome I et les pages 1-274 du tome II. Tous les noms des Templiers interrogés ou cités ont été relevés  ; toutes les données biographiques les concernant ont été rassemblées ; toutes les informations issues de dépositions diférentes ont été recoupées. Deux obstacles sont bien vite apparus qui gênent l’établissement d’un catalogue prosopographique uniié et cohérent : — la graphie des noms, variable, changeante et parfois complètement diférente d’un témoignage à l’autre et même au sein d’un même témoignage  : Ducamur ou de Came par exemple10. De plus, elle est parfois incomplète : un témoin cite frère Albert, prêtre, dont il ne sait pas le nom ; 8

M. II, pp. 158-160, voir l’annexe 1, p. 33 ; A. Demurger, « Le personnel des commanderies », p. 142. L’enquête couvre tout le premier volume (pp. 1-648) et une partie du second (pp. 1-274), soit 922 pages en tout. 10 M. I, pp. 105 et 117. 9

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pour un autre, c’est frère Aubert, prêtre ; il s’agit en fait du frère Albert de Grumesnil (Albertus de Gremenilio, ou Grumenilio, ou Crimenilio) cité dans d’autres dépositions11. La confrontation des quatre listes établies pour les dix-huit Templiers venus de Tours telle qu’elle est présentée en tableau dans l’annexe 3, pp. 34-35 est éclairante à ce sujet ; — les incohérences, les erreurs ou les divergences (de dates, de lieux, de personnes) entre les témoignages directs et indirects concernant un même templier cité. Les dépositions successives de Johannes Durandi, Johannes de Ruivans ou Ruans, Petrus de Sancto Benedicto, ainsi que celle, antérieure, de Guillelmus de hatan ou Tenten qui se citent les uns les autres sont symptomatiques : Johannes Durandi a assisté à la réception de Guillelmus de hatan, mais il n’indique pas de date ; pour Petrus de Sancto Benedicto, cette réception est intervenue en 1296 (16 ans auparavant), mais Guillelmus de hatan déclare avoir été reçu en 1304 (6 ans auparavant). Même incertitude pour Johannes de Ruans, reçu en  1303 selon Johannes Durandi, en  1299 selon Martinus de Monte Trichardi et en 1301 selon ses propres dires12. Sur le premier point, le recours à l’index de l’édition de Michelet n’est pas d’un grand secours. Il n’est pas exempt de qualités et ne laisse pas échapper beaucoup de noms, mais il présente un défaut majeur. Le travail critique sur les noms cités n’a pas été fait, ou il l’a été de façon purement accidentelle : parfois, deux ou trois personnes sont distinguées là où il n’y en a qu’une ; à l’inverse, une seule référence peut recouvrir plusieurs individus diférents. Et il n’y a aucune harmonisation entre l’index du premier volume et celui du second. Pour nous aider à résoudre ces questions, la troisième partie du document (les pages 56-162 du premier volume), celle qui recense les noms des Templiers venus à Paris pour défendre leur ordre, est d’un intérêt majeur. Elle donne aussi un éclairage intéressant sur la façon dont la commission pontiicale a travaillé. LE RECENSEMENT DES TEMPLIERS VENUS DÉFENDRE L’ORDRE La commission pontiicale s’est réunie pour la première fois le 12 novembre 1309, après avoir envoyé dans tous les lieux du royaume où étaient détenus des Templiers des lettres convoquant à Paris tous ceux qui étaient désireux de défendre leur ordre13. Les évêques, responsables de la détention des Templiers depuis l’été  1308, et les agents royaux, leurs geôliers efectifs, ne mirent pas beaucoup d’empressement pour donner suite aux instructions de la commission, si bien que le 12 novembre 1309, aucun frère souhaitant défendre l’ordre 11

M. II, pp. 41, 69-71, 318 et 341. M. I, p. 222 ; M. II, pp. 93-94 et 97 (hatan) ; M. I, pp. 90, 93 et 94 (Ruans). 13 Voir la convocation des Templiers détenus à Bazas, en Guyenne, dans A. Demurger, « Encore le procès des Templiers », pp. 25-39 ; J.-B. Marquette, « À propos d’un document bazadais inédit concernant le procès des Templiers ». 12

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ne se présenta. Les jours suivants, il n’y en eut pas plus, et la commission fut obligée d’ajourner ses travaux à plusieurs reprises14. Les commissaires durent intervenir vigoureusement auprès des archevêques et du conseil royal pour que leurs ordres soient obéis. Ils inirent par l’être. À partir du 5  février 1310, par petits groupes, les Templiers vont aluer à Paris. Il s’agit, précisons-le bien, des seuls Templiers ayant manifesté le souhait de défendre l’ordre, mais la règle a soufert quelques exceptions. Ainsi, soixanteneuf Templiers avaient été interrogés par l’évêque de Clermont en juin  1309 dans la procédure concernant les personnes  : quarante avaient reconnu les accusations portées contre eux et vingt-neuf les avaient niées. Ces vingt-neuf arrivèrent efectivement à Paris le 7 février et ils furent recensés comme défenseurs de l’ordre  ; trois autres frères, qui avaient reconnu leurs erreurs devant l’évêque de Clermont, les accompagnaient15. Les notaires de la commission ont relevé jour après jour les noms de ces Templiers venus de tout le royaume, en commençant par seize frères venus du diocèse de Mâcon, arrivés le 5 février et présentés le lendemain devant la commission. Au total, jusqu’au 27 février, trente-six groupes de Templiers se sont présentés. Il faut en ajouter cinq autres, arrivés plus tard, alors que la commission avait déjà commencé son travail en tenant plusieurs réunions avec les frères présents : un groupe venu de Bourges le 13  mars  ; un autre groupe fort de trente-deux membres, également arrivé de Bourges, et quatre Templiers venus de Tarbes le 27 mars ; et, enin, le 2 mai les deux derniers groupes, l’un venu de Périgueux et l’autre du Mans. Nous avons donc au total quarante et un groupes rassemblant 652 Templiers. Cela constitue la « liste A »16. N’ont pas été pris en compte dans cette liste onze Templiers qui sont bien présents à Paris à ce moment-là mais qui, pour des raisons diverses, ne igurent pas dans les groupes. C’est le cas en particulier de ce que l’on peut appeler le groupe du grand-maître réunissant, autour de Jacques de Molay, Hugues de Pairaud, Geofroy de Gonneville, Philippe Agate et Jean de Tour, trésorier du roi. Or, à partir du mois de mars et durant les mois d’avril et mai 1310, la commission s’eforce de mettre en place une procédure de travail, la consultation individuelle de plus de 600 Templiers se révélant impossible. C’est ainsi que diférents événements se sont succédé qui ont conduit à l’établissement d’autres listes. Le 14  mars 1310, les articles d’accusation, tels qu’ils ont été établis par les bulles pontiicales de l’été 1308, sont lus en latin et en français à quatre-vingtdix Templiers dont quatre-vingt-huit ont déjà été recensés dans la liste A. Ces frères appartiennent aux groupes arrivés parmi les premiers à Paris, entre le 6 et le 10 février : ils proviennent de Mâcon (douze sur seize), Clermont (quinze sur trente-trois), Amiens (la totalité des douze), Tours (la totalité des dix-huit), 14

M. I, p. 18. R. Sève et A.-M. Chagny-Sève, Le procès des Templiers d’Auvergne, pp.  65-70  ; les trois qui avaient avoué sont Guillaume Brughat (Bremaz, Brinaz, Brimatz), Guillaume d’Espinasse (Spinasso) et Gilbert Laporte (ou Gumbertus, Gubertus). 16 Voir l’annexe 2, p. 34, où sont inventoriées les diférentes listes (de A à F). 15

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Paris (treize sur quinze), Sens (la totalité des dix) et Nîmes (la totalité des sept). Cela constitue la «  liste B  ». Pour quelles raisons et selon quels critères ces Templiers ont-ils été réunis ? La seule raison invoquée est celle de leur lire les articles d’accusation. Est-ce à dire qu’ils ne les connaissaient pas ? Cela paraît bien improbable. Les charges contre l’ordre peut-être ? Ou bien un galop d’essai avant la réunion générale du 28 mars ? Je n’ai pas de solution. Le 28 mars, en efet, dans le verger de la maison de l’évêque de Paris, tous les Templiers présents, y compris ceux qui étaient arrivés la veille, sont rassemblés ain qu’on leur donne lecture de la liste des 127 articles d’accusation. Lecture en a été faite efectivement, sous les protestations des frères. Avec cette réunion, la commission pontiicale poursuit cependant un autre objectif : obtenir des frères qu’ils désignent des procureurs chargés de les représenter ain de faciliter la procédure. Deux prêtres se proposent, Pierre de Bologne, procureur des Templiers en cour de Rome avant 1307, et Renaud de Provins, bientôt rejoints par deux chevaliers auvergnats  : Renaud de Sartiges et Guillaume de Chamborent. Ce sont au total 546 Templiers qui ont été recensés au verger ce jour-là. C’est dire que tous ceux qui sont présents à Paris à cette date ne sont pas venus, il faudra se demander pourquoi. Ils constituent la « liste C ». Le lendemain, les commissaires invitent les quatre représentants à consulter les Templiers dans leurs lieux de détention et à demander à chaque groupe de désigner des procureurs et de présenter ses observations ou ses requêtes sous forme de mémoires ou de cédules. La « tournée des prisons » entreprise par des notaires de la commission pontiicale mais sans les quatre procureurs du Temple occupe les trois journées des 31 mars, 1er et 2 avril 1310. Vingt-trois lieux de détention sont visités à cette occasion — certains l’ont été deux fois — et les noms de tous les frères détenus ont été relevés. Cela forme la « liste D ». Les notaires font une nouvelle visite les 5, 6 et 7 avril pour relever les noms des procureurs désignés par les Templiers. Seuls les noms de ces représentants furent alors notés. Mais, à cette occasion, cinq lieux de détention qui n’avaient pas été visités les jours précédents le sont, et les noms de tous les frères sont indiqués. Il convient donc d’ajouter ces noms à la liste D. Cela porte à vingt-huit le nombre de lieux d’emprisonnement décrits. À l’occasion de ces visites et de rencontres avec les quatre procureurs généraux de l’ordre, les Templiers purent présenter des cédules ou mémoires (on en compte cinq) pour défendre leur ordre ou pour se plaindre de leurs conditions de détention. La cédule lue le 3 avril devant les commissaires par Jean de Montréal était présentée au nom des Templiers de huit prisons diférentes17. Le 11 avril, le prévôt de Poitiers et Jean de Janville, gardiens des Templiers à Paris, font comparaître devant la commission — en présence des quatre procureurs de l’ordre — un groupe de vingt frères qui déclarent ne pas ou, pour quelques-uns, ne plus vouloir défendre l’ordre ; quatre autres témoins, des séculiers, les accompagnent et sont prêts à témoigner contre le Temple18. Quinze 17 18

M. I, pp. 140-146. M. I, pp. 172-174.

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de ces frères avaient fait partie du groupe des soixante-douze Templiers examinés par le pape à Poitiers en juin-juillet 130819. Ce groupe forme la « liste E ». À cette date, la commission décida de commencer les enquêtes et les premiers à déposer furent justement deux de ces séculiers, Raoul de Presles, un juriste, et Nicolas Simon, un écuyer20. Les commissaires se rendirent ensuite à Saint-Cloud pour entendre la déposition de Jean de Saint-Benoît, un octogénaire entré au Temple soixante ans auparavant, trop malade pour se déplacer et qui, d’ailleurs, devait mourir quelques jours plus tard21. De retour à Paris, les commissaires poursuivirent les interrogatoires les jours suivants avec l’audition de cinq des vingt Templiers venus le 11 avril. Ceux-ci témoignèrent à charge22. Les quatre procureurs de l’ordre, qui assistaient aux interrogatoires de la commission, sentaient bien que, après deux mois de lottements, la machine judiciaire se mettait en marche et que cela n’annonçait rien de bon pour les frères, mais c’est en vain qu’ils tentèrent de la bloquer en donnant lecture d’une cédule23. Deux groupes de défenseurs de l’ordre, les derniers, se présentèrent le 2 mai 1310, je l’ai déjà indiqué. Trois jours plus tard, le 5 mai, furent présentés à la commission huit Templiers, lesquels, contrairement à ce qui est souvent dit, n’ont pas été interrogés à Poitiers. Les procureurs de l’ordre émettant des réserves sur l’appartenance au Temple de certains, l’un d’eux, homas de Chamino, leur répondit qu’il avait été à la réunion du 28 mars 1310 au verger parmi ceux qui voulaient parler en faveur de l’ordre, mais qu’à présent il ne voulait ni n’entendait plus le défendre24. Quatre autres l’imitèrent et témoignèrent contre l’ordre25. C’est le signe que les premières issures apparaissent dans le front jusque-là uni des défenseurs du Temple. On en arrive alors au 11 mai 1310 et au coup de force de l’archevêque de Sens, Philippe de Marigny. Pressentant ce qui allait arriver, les quatre procureurs de l’ordre avaient tenté, la veille, d’alerter la commission pontiicale. En vain. Le 11  mai, l’archevêque de Sens prononçait les sentences contre les Templiers du diocèse de Paris : ceux qui avaient manifesté devant la commission pontiicale leur volonté de défendre l’ordre alors qu’ils avaient auparavant avoué leurs erreurs devant les juridictions épiscopales étaient considérés comme relaps ; le 12 mai, ils furent conduits au bûcher. Ils étaient au nombre de cinquante-quatre. La nouvelle parvint à la commission pontiicale au cours de l’interrogatoire de Johannes Bochandi (ou Bertaldi), l’un des huit Templiers à s’être présentés le 5 mai26. La résistance des frères fut alors brisée nette. Le 19 mai, quarante-quatre Templiers recensés comme défenseurs 19

M. Barber, he Trial of the Templars, p. 164. M. I, pp. 175-177. 21 M. I, pp.178-182 et 222. 22 M. I, pp. 187-193 (Johannes Taylafer), pp. 193-201 (Johannes Anglici de Hinquemata), pp. 205212 (Huguetus de Buris), pp. 212-222 (Gerardus de Pasagio) et pp. 222-229 (Guaufredus de hatan). 23 M. I, pp. 201-204, soit après les deux premières dépositions référencées ci-dessus. 24 M. I, p. 233. 25 M. I, pp. 233-259. 26 M. I, pp. 270 et 274. 20

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de l’ordre vinrent dire aux commissaires qu’ils se désistaient de leur intention. Leurs noms furent relevés. Cela forme la dernière liste, la « liste F ». La commission ajourna alors ses travaux jusqu’en novembre 1310. Le concile de Vienne, quant à lui, avait été retardé d’un an. Une nouvelle phase — celle des enquêtes — s’ouvre alors, qui va durer de novembre  1310 à  mai  1311. On n’entend plus parler des Templiers venus défendre l’ordre. Les dépositions faites devant la commission à cette occasion sont, à l’exception d’une partie des quarante-quatre qui s’étaient désistés le 19 mai, le fait d’autres frères, qui n’avaient pas souhaité défendre l’ordre et donc n’avaient pas été conduits à Paris jusque-là. Le processus est presque toujours le même : ils arrivent aussi par petits groupes, venus probablement d’un même lieu de détention, mais celui-ci n’est que rarement indiqué, et ils se présentent devant la commission : leurs noms sont alors relevés et ils sont successivement interrogés dans les jours qui suivent27. Voilà donc comment et pourquoi ont été établies ces listes de Templiers entre février et mai 1310. Que peut-on attendre de ces documents et de leur confrontation ? CONFRONTER LES LISTES

Je m’attacherai principalement aux trois grandes listes A, C et D. N’attendons pas de ces listes plus qu’elles ne sauraient donner ; elles ne peuvent égaler les témoignages des Templiers interrogés par les commissaires, c’est évident, mais les informations qu’elles apportent ne sont cependant pas négligeables. Il s’agit : — du nom (ou des noms) et prénom des Templiers ; — de leur statut, nommément indiqué pour les chevaliers et les chapelains ; par défaut, on peut considérer tous les autres comme des sergents. On relève donc trente-six chevaliers et cinquante-neuf prêtres ; — de la fonction (quand il y en a une) exercée par les Templiers au moment de l’arrestation en 1307. Cette précision ne semble pas avoir été relevée de façon systématique, mais on trouve mention de huit commandeurs, de onze chapelains curés de paroisse, d’un procureur en cour de Rome et d’un agricola. Ajoutons naturellement les dignitaires de l’ordre, bien qu’ils ne soient pas comptés dans ces listes ; — du diocèse d’origine de chaque templier (diférent du diocèse d’où sont venus les groupes) ; cette information toutefois ne igure pas dans les listes D ;

27 M. II, pp. 198-199 : le 7 mai 1311, l’évêque de Saintes répond à la commission qui l’a sollicité d’envoyer à Paris les Templiers détenus à Saintes : sept frères sont envoyés à Paris mais deux autres sont jugés par lui hors d’état de faire le voyage.

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alain demurger — du lieu ou du diocèse dans lequel les Templiers étaient emprisonnés avant leur venue à Paris, dans le cas de la liste A ; — et, naturellement, du lieu de détention à Paris, qui peut être le même que celui indiqué dans la liste A pour les Templiers qui étaient prisonniers à Paris.

Une constatation est essentielle. Nous avons afaire à des groupes homogènes : les groupes recensés dans la liste A se retrouvent, quasiment inchangés, dans la liste D et l’on a aucun mal à les identiier dans la liste C, bien que celle-ci soit d’un seul tenant. Un bon exemple de la « compacité » d’un groupe est fourni par celui des dix-huit Templiers venus du diocèse de Tours le 9 février 1310 ; ils sont recensés dans la liste A et cités, toujours ensemble, dans les listes B, C (sauf un) et D28. Dans la liste B, on retrouve sans diiculté sept groupes recensés dans la liste A29. De même, dans l’imposante liste C (voir l’annexe 4, p. 36), on retrouve, dans leur majorité, les groupes de la liste A quasi compacts. Mais il y a de notables exceptions, comme, par exemple, les frères cités à la page 103 ou à la page 108. Les Templiers, en efet, ont été conduits à la réunion du 28 mars à partir de leurs lieux de détention parisiens. Or, plusieurs groupes de la liste A peuvent avoir été réunis dans un même lieu de détention : au Temple de Paris, par exemple, les frères qui étaient détenus avant même le démarrage de la procédure ont été présentés en trois groupes devant la commission : trente-sept, le 10 février, vingt-trois, le 18, et quinze, le 1930 ; le 28 mars, ils ont été amenés ensemble dans le verger de l’évêque et sont recensés toujours ensemble, mais en désordre31. À l’inverse, un même groupe peut avoir été scindé en deux. Deux groupes sont venus de Bourges, l’un fort de quinze frères est arrivé le 13 mars, l’autre, composé de trente-deux personnes, le 27 mars32. Le premier groupe est détenu dans la maison de Johannes Rosselli33 ; le deuxième groupe est scindé en deux : treize frères sont également détenus dans la maison de Johannes Rosselli, et les dix-neuf autres dans la maison du prieur de Cornay34. Le 28 mars, la totalité des Templiers détenus dans la maison de Johannes Rosselli sont recensés ensemble, alors que les frères venus de la maison du prieur de Cornay le sont un peu plus loin dans la liste35. 28

Voir l’annexe 3, pp. 34-35. M. I, pp. 96-98 : successivement, groupes de Clermont (M. I, p. 59) ; Paris, Saint-Martin des Champs (M. I, pp. 62-63) ; Sens (M. I, pp. 63-64) ; Mâcon (M. I, p. 57) ; Tours (M. I, p. 61) ; Amiens (M. I, p. 60) ; Nîmes (M. I, p. 63). Seul le groupe de Clermont est scindé en deux ; trois membres du groupe de Mâcon sont au milieu. 30 M. I, pp. 64-65 et 77-80. 31 M. I, pp. 107-108. 32 M. I, pp. 89 et 98-99. 33 M. I, p. 138. 34 M. I, p. 125. 35 M. I, p. 109 pour les premiers, p. 111 pour les seconds. Seul Stephanus de Ripera, arrivé le 27 mars et détenu dans la maison de Johannes Rosselli, est recensé avec quatre frères du diocèse de Tarbes venus à Paris le 27 mars, comme le second groupe de Bourges, mais détenus en une autre maison (M. I, p. 107). 29

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Ces constatations sont importantes car elles prouvent que, tout au long des trois mois où la commission a tenté de mettre en place une procédure commode pour interroger les Templiers sans être débordée par leur nombre, les frères sont restés groupés. Venus de la région parisienne et de diférents lieux de province, ils n’ont pas été dispersés et encore moins mis au secret. Ils ont pu communiquer entre eux et même, on l’a vu, présenter des cédules communes à plusieurs groupes. Les instructions royales, pourtant reproduites dans le procès-verbal de l’enquête de la commission pontiicale, n’ont pas été respectées36. Ceci est la règle, laquelle soufre naturellement des exceptions. Celles-ci sont de trois ordres : — on ne retrouve pas toujours le même nombre de Templiers dans un groupe recensé dans les trois listes : le 9 février, quinze Templiers sont venus de Saint-Martin-des-Champs, une abbaye parisienne où ils étaient détenus avant que ne commence cette procédure ; mais treize seulement sont mentionnés le 31 mars, lorsque les notaires de la commission viennent les visiter dans leur prison. Ces treize étaient ensemble au verger le 28 mars ; les deux qui manquent étaient également présents le 28 mars, mais ils sont cités en dehors de leur groupe et on ne sait pas où ils ont été détenus par la suite37. Il y a parfois des discordances dans les groupes de la liste D entre le nombre annoncé des Templiers détenus et le nombre de ceux qui sont cités nommément (en général cela porte sur une unité). Les vingt et un Templiers venus de Janville, dans le diocèse d’Orléans, le 25 février sont détenus dans la maison de l’évêque de Beauvais : le 31 mars, lorsque les notaires de la commission se rendent sur les lieux, ils annoncent vingt et un Templiers, mais ils ne relèvent les noms que de vingt d’entre eux : Simon de Floriaco in Beria (Fleury-en-Brie) manque à l’appel : simple erreur humaine de la part des notaires ou autre chose38 ? — la « compacité » des groupes dans la liste C que j’avais relevée pour le groupe de Tours n’est pas toujours aussi évidente que dans ce cas. Ainsi, pour les vingt et un arrivés de Janville mentionnés ci-dessus : le 28 mars, seize frères sont cités en groupe (avec cependant un intrus appartenant à un autre groupe)  ; trois, ensemble, et un autre, seul, sont cités quelques lignes au-dessus. Et il en manque un, cité pourtant dans les listes A et D, Oddo de Garnuhi39. On peut trouver d’autres exemples où la « compacité » n’est pas absolue, mais cela reste des exceptions. L’explication n’est pas unique : erreur ou oubli du scribe, disparition de certains Templiers (décès ou autres causes) ? Et puis il y a le cas des frères qui sont venus à Paris sans 36

M. I, pp. 50-52 ; M. Barber, he Trial of the Templars, p. 149. M. I, pp. 62-63, 107 et 116. Petrus de Verenis et Decanus de Chifelli sont présents le 28 mars ; ils sont cités à la suite des frères venus de Saint-Denis et détenus dans ce même lieu et avant un groupe de Templiers du diocèse de Clermont détenus à l’abbaye Sainte-Geneviève (M. I, pp. 110). 38 M. I, pp. 84, 103 et 119. 39 M. I, p. 103. 37

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alain demurger s’être déclarés défenseurs de l’ordre ou qui ont émis quelques réserves  ; cela a pu conduire les commissaires à ne pas les faire assister à la réunion du 28  mars. L’exemple du groupe arrivé de Poitiers le 17  février, toutefois, montre que cela n’est pas systématique. Ce groupe est en fait scindé en deux : les quatorze premiers Templiers se proposent tous de défendre l’ordre, sauf un, Humbertus de Reiet ; celui-ci n’est efectivement pas présent le 28  mars. Suivent seize autres frères venus du même diocèse qui, à la question de savoir s’ils veulent défendre l’ordre, donnent des réponses nuancées, ce qui amène les scribes de la commission pontiicale à détailler et à singulariser leurs propos. Quatre seulement disent sans détour qu’ils veulent défendre l’ordre ; ils sont présents le 28 mars. Les autres ne se prononcent pas franchement : chacun se dit pauper homo, ne pouvant ou ne sachant pas se défendre ; ils s’en remettent au maître ; ils défendraient bien l’ordre s’ils n’étaient pas prisonniers, etc. Seuls quatre d’entre eux sont inalement présents le 28 mars40 ; — il y a plus problématique encore : des groupes entiers de la liste A ne sont pas recensés dans l’une ou l’autre des listes  C et  D. Il y avait 546 Templiers dans le verger de l’évêché le 28 mars (liste C) ; or, à cette date, 625  frères appartenant à trente-neuf groupes étaient présents à Paris. Les notaires qui ont visité la maison de Gossuin de Brabant où étaient détenus six Templiers venus, le 9 février, du diocèse de Sens précisent qu’aucun de ceux-ci n’était à la réunion du 28  mars41. Mais les Templiers eux aussi venus — en deux groupes — du diocèse de Sens le 14 février ne se retrouvent pas non plus dans la liste C, alors que, selon les notaires qui les visitent dans leur prison le 2 avril, ils étaient bel et bien présents à la réunion du 28 mars42. Dernier cas de igure, celui de groupes de Templiers mentionnés dans les listes A et C, mais dont on ne connaît pas le lieu de détention et dont aucun membre ne igure donc dans la liste  D  : c’est le cas des groupes venus de Mâcon le 6  février, du diocèse de Paris, sans plus de précision, le 9 février, de Nîmes et de Montlhéry le 10 février, de la baillie de Chaumont, au diocèse de Sens, le 12 février, et de Saint-Denis le 13 février43. À l’inverse, un groupe de huit frères détenus dans la maison de Tiron et qui sont recensés nommément lors des deux visites du lieu par les notaires de la commission (je reprends l’exemple de ce groupe un peu plus loin) est mentionné au complet dans la liste  C  ; mais aucun de ses membres, sauf un, n’a été recensé dans la liste A44.

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M. I, pp. 75-77 et 111. M. I, p. 158. 42 M. I, pp. 70-72 et 137. 43 M. I, pp. 57-58, 60-61, 63-64, 66 et 67. 44 Il s’agit de Pierre de Cortemple ou Court Temple (M. I, p. 70), recensé au sein d’un groupe venu de Sens. Lui et les sept autres frères du groupe sont présents dans la liste C (M. I, p. 105). 41

éléments pour une prosopographie du « peuple templier »

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L’erreur humaine ou un incident mineur non mentionné peuvent expliquer l’absence d’un groupe dans la liste C. Cela est plus diicile à comprendre pour la liste D, puisqu’il s’agissait d’obtenir de tous les Templiers qu’ils désignent des procureurs pour chaque lieu de détention. Il est vrai que, lors de leur première tournée, les notaires ont « oublié » cinq de ces lieux. Aucune explication pertinente ne pouvant être donnée à ce stade de la recherche, acceptons la situation comme elle est et remettons au hasard, à la distraction ou à une bévue des notaires, bref, à l’erreur humaine, l’absence de ces groupes dans l’une ou l’autre des listes. Relativisons les choses toutefois : neuf groupes sont concernés, à peine un quart du total ; mais chacun de ces groupes igure toujours dans deux listes sur trois. IDENTIFIER LES TEMPLIERS

Une conclusion s’impose de la confrontation de ces trois grandes listes, où les groupes de Templiers sont, à de rares exceptions, homogènes : les mêmes frères doivent se retrouver dans les trois listes  ; parallèlement, dans chaque liste, un Templier ne peut être cité qu’une fois. S’il y a homonymie, c’est que l’on est en présence de personnes diférentes. La liste  A mentionne à deux reprises Johannes de Turno ; ce sont deux frères distincts, dont l’un fut le dernier trésorier du Temple de Paris, également trésorier du roi, et l’autre l’ancien aumônier du roi45. Nous trouvons dans la liste C, dans le même groupe des Templiers venus de Janville, au sud d’Étampes, deux Guillelmus de Stampis (Guillaume d’Étampes) ; ce sont deux personnages diférents, l’un étant originaire du diocèse de Sens, l’autre de celui de Chartres. Si le premier frère igure sous ce nom dans les trois listes A, C et D, il en va autrement pour le second, qui n’est mentionné comme Guillelmus de Stampis que dans la liste C ; dans les listes A et D, au sein du même groupe de Templiers, on trouve un Guillelmus de Guilherval, lui aussi issu du diocèse de Chartres : c’est le même que le Guillelmus de Stampis du diocèse de Chartres, Guilherval étant une localité proche d’Étampes46. À partir de cette constatation en forme d’hypothèse de travail, beaucoup de problèmes d’onomastique peuvent être résolus, avec un facteur d’incertitude réduit, qu’il convient néanmoins de garder à l’esprit. Les questions auxquelles nous sommes confrontés vont de la simple variation de graphie du nom à une diférence complète de celui-ci ; il y a parfois aussi des diférences de prénom. Prenons quelques exemples, tous choisis dans le groupe venu de Clermont le 7  février  : Andreas Jacoti apparaît aussi sous le nom de Jacobi et Jacob  ; Petrus de Bretona est aussi dit de Brecina ou de Bréone. Tous les deux sont du diocèse de Clermont, comme Johannes de Zelzils ou Gentils ; enin, Gilbertus 45 L’aumônier Jean de Turno apparaît dans les trois listes (M. I, pp. 78, 108 et 114) ; le second, le trésorier, n’est mentionné qu’une fois (M. I, p. 87), dans le groupe des dignitaires. 46 M. I, pp. 84, 103 et 119.

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alain demurger

Lafon, du diocèse de Limoges, est aussi Lambertus Lafont ou Ambertus la Font47. À propos de prénom, relevons la fréquente confusion entre Bernardus et Bertrandus. J’ai déjà cité le groupe des Templiers venus du diocèse de Tours qui sont présents dans les quatre listes A, B, C et D : trois seulement des dix-huit frères recensés conservent leurs noms et prénoms inchangés, d’une liste à l’autre (voir l’annexe 3, pp. 34-35) ; pour les autres noms, nous avons tous les cas de igure indiqués cidessus, plus un quatrième : une diférence touchant au diocèse d’origine. Les diférences de graphies n’ont rien qui doive surprendre. Les scribes transcrivent en latin des noms donnés en vernaculaire : Anricus, Enricus, Henricus, c’est la même chose. Au cours de son interrogatoire, Johannes Bertaldi est aussi orthographié Johannes Bochandi. Il est probable aussi que le témoin ne dit pas toujours la même chose ou que le scribe, qui n’est pas forcément le même d’un jour à l’autre, soit plus ou moins soucieux de précision, ne retenant pas nécessairement la même chose. Il faut cependant demeurer prudent avant d’accorder à une seule personne des noms parfois très éloignés l’un de l’autre. Pour autant, l’hypothèse de travail que je fais n’est pas arbitraire et se trouve fondée par quelques exemples explicites. Quel rapport immédiat existe-t-il entre Johannes de Nivelles ou Nivela, du diocèse de Liège (listes B, C et D), et Johannes Borletta ou de Barletta, du diocèse de Trani (liste A)48 ? C’est pourtant le même individu, comme le prouve son interrogatoire  : le 11  février 1311, un Johannes de Barleta, du diocèse de Liège, se présente avec un petit groupe devant la commission, et deux jours plus tard, le 13 février, est interrogé Johannes de Nivella, serviens, Leodiensis diocesis, preceptor de Barleta, Tranensis diocesis49. Parfois, la même liste de détenus est donnée deux fois, en latin et en français. C’est le cas pour les huit Templiers qui sont détenus dans la maison de l’abbé de Tiron. Les diférences de graphie sont quasi générales : M. I, page 136

M. I, page 150

P. de Court Temple

P. de Cortemble, prestre

P. de la Chassancha

P. de la Cassemea

Johannes de Buris

Jehan de Bures

Gerardus de Byasseres

Evrart de Buissiers

Johannes de Colancuris

Jehans de Coleurs

47 M. I, pp. 58, 110 et 131. Johannes de Zelzils ou de Gentils (déformation de Gentioux, localité du département de la Creuse, où il fut reçu dans l’ordre en 1282) est aussi identiié comme Johannes de Sornac ou Sornat (du nom d’une localité de Corrèze) dans le procès des Templiers d’Auvergne en 1309 (R. Sève et A.-M. Chagny-Sève, Le procès des Templiers d’Auvergne, pp. 228-229 et 296). 48 M. I, pp. 63, 97, 107 et 153. 49 M. I, pp. 540 et 548.

éléments pour une prosopographie du « peuple templier » Matheus de Bures

Mathie de Bures

Petrus de Clerimont

P. de Clermont en Biauvoisin (Beauvaisis)

Petrus de Verinis

P. de Vatan

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a  Celui-ci igure probablement sous le nom de P. Foresta dans le groupe tel qu’il est recensé dans la liste C (M. I, p. 105).

Pour mieux appréhender ces rapprochements, j’ai été amené à établir deux index qui se sont révélés fort utiles : un index par diocèse (à partir des listes A, B et C) et un index par prénom50. C’est ce qui a permis de rapprocher et d’assimiler sans grand risque d’erreur Anricus li Abès, du diocèse de Laon (liste A), à Henricus de Antinhi (liste B), Anricus de Archeim (liste C) ou encore Henricus de Hintingentis (liste D), toujours du diocèse de Laon et toujours inscrit dans le même groupe de Templiers, et de ne pas le confondre avec Arbertus de Yengentis ou de Integentis, natif du diocèse de Langres et prêtre (listes A et C)51. Sous le nom de Henricus de Harcigny, Anricus li Abès a été interrogé à Paris le 10 novembre 1307 ; il est l’un des quatre Templiers (sur 138) qui n’ont pas avoué alors et qui n’avoueront jamais, ce pourquoi il igure, sous le nom Henri de Harsegin cette fois, dans la liste de huit frères non réconciliés détenus à Senlis en janvier 131252. La grande majorité des noms de frères indiqués correspondent à des toponymes  ; les noms patronymiques sont minoritaires. Ainsi, quinze Templiers portent le nom de Bures, désignant une commanderie du diocèse de Langres. Cela ne signiie pas qu’ils soient nés à Bures, mais plutôt qu’ils y ont été reçus ou y ont fait une partie de leur carrière. Dans leurs dépositions, les Templiers interrogés, lorsqu’ils citent des frères qu’ils ont croisés au cours de leur carrière au sein de l’ordre, se contentent parfois de donner le seul prénom, ayant oublié ou ne connaissant pas d’autres formes de dénomination. Dans les listes, au contraire, il est rare qu’un Templier ne soit identiié que par son seul prénom : les notaires de la commission pontiicale et leurs scribes voulaient sans doute davantage de précision et ont cherché à obtenir des frères qu’ils recensaient une mention d’origine à défaut d’un nom patronymique. Il existe aussi des noms d’origine ethnique, si je puis dire : Anglicus, Anglici ; Normanni ; Picardus ; Burgondus, Burgondo ; Le Français, Francisci, etc. Cela se réfère à deux stades d’évolution du nom : un Johannes Anglici de Hinquemata est assurément d’origine anglaise (il se trouve en Normandie)53 ; de même qu’est Bourguignon un templier oriundo de Borgogna ou Picard un autre dit de nacione picarda54. Cette simple indication d’origine géographique, toutefois, 50

Contrairement à toutes les règles, l’index de Michelet est établi en fonction du nom. M. I, pp. 63, 97, 107 et 153 ; pp. 66 et 109. 52 M.  II, p.  375  ; Archives nationales de France, K38, 8/2 (document que m’a aimablement communiqué Ghislain Brunel, conservateur aux Archives Nationales). 53 M. I, pp. 193-201. 54 M. II, p. 147. 51

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alain demurger

peut devenir un patronyme  : Anglicus, Anglici devient l’Anglais, Langlais ou Lenglois ; Picardus, Picardo devient Picard, Le Picard, etc. Dans un autre interrogatoire, cette dualité est bien mise en évidence : si Petro nato de Gastineio est simplement originaire du Gâtinais, le Guillelmo cognominato le Normant, cité dans le même texte, n’est quant à lui pas forcément Normand, puisque son nom correspond à un patronyme55. De même, Johannes Francisci ou Le Français, un Templier décédé, est cité à plusieurs reprises par des frères au cours de leurs dépositions, et chaque fois sous ce nom : Francisci, Lo Francès, Lo Franceys56 ; c’est la preuve que ce nom est devenu un patronyme. Un autre exemple est associé au nom de Gaufredus de Charnayo ou Charneyo, Charnaio ou Charneio57. Il s’agit de Geofroy de Charnay ou Charny, un frère chevalier qui, en 1306, après avoir exercé l’oice de drapier à  Chypre, est rentré en Occident avec Jacques de Molay pour devenir commandeur de Normandie ; il mourra sur le bûcher avec le grand-maître en mars 1314. Il a été parfois confondu — sous prétexte d’une origine géographique berrichonne totalement infondée — avec Geofroy Le  Berruyer (Guaufredus Le  Berroyer), qui exerça la charge de commandeur de Normandie en 1294 ou 129558. L’exercice à quelque douze ans d’intervalle de cette fonction est d’ailleurs le seul point commun entre les deux hommes. En réalité, le second est un tout autre personnage que le premier : Le Berroyer ou Le Berroier, ou Berruer (il y a aussi un Humbaud Lo Berroyer ou Berruer), est devenu un nom patronymique comme Le Français ou Le Normand59. Il a été remarqué que, dans les procès-verbaux des interrogatoires, jamais les noms patronymiques n’alternent avec des noms de lieux pour désigner un même personnage ; parfois, ils s’y ajoutent pour compléter l’identiication, preuve d’un processus en cours : Robertus d’Amblevilla est aussi Robertus Sicci de Ambleyvilla ou Robert le Sech d’Ambleville60. Pour nous en tenir à l’objectif d’une prosopographie, et à condition d’agir avec précaution, la confrontation de ces listes entre elles et la comparaison de leurs informations avec celles que procurent les interrogatoires des procès (ceux qu’a publiés Jules Michelet et les autres) doivent permettre de progresser sensiblement dans le processus d’individualisation et d’identiication des Templiers. Cela doit permettre d’établir un catalogue iable quant aux noms et au nombre des frères cités dans les procès-verbaux des interrogatoires et, en particulier, de ceux qu’a édités Jules Michelet. Restera à corriger les index établis par ce dernier !

55

M. I, p. 598. M. II, pp. 89, 118, 205, 295 et 312. 57 M. II, pp. 290 et 295. 58 M. I, p. 628. 59 M. II, pp. 179 et 302. 60 M. I, pp. 66, 110, 153. 56

éléments pour une prosopographie du « peuple templier »

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Annexe 1

LES RENSEIGNEMENTS FOURNIS PAR UN INTERROGATOIRE L’exemple de l’interrogatoire de Pierre Gosan

Interrogatoire de Petrus Gotandi ou Gozani ou Gosan (3 avril 1310, Paris) sergent preceptor domus de la Cavalaria 50 ans Reçu il y a 22 ans (1288) dans la chapelle de la maison du Temple de Sainte-Eulalie par Pierre Raymond, chevalier, jadis preceptor de Sainte-Eulalie Reçu également le même jour : Raymond Bernard, sergent du diocèse de Lodève Étaient présents : — Aymeric Ada, presbyter — Berenger de Rogas et Raymond Palart, chevaliers, défunts et d’autres dont il ne se souvient pas. A vu recevoir Bernard de Bort, chevalier, il y a 8 ans (1302) dans la dite chapelle par Bernardus de Rocha, chevalier de Provence, preceptor de Provence, actuellement détenu outre-Rhône. Étaient présents : — Bernard Ginebaud, chevalier, preceptor de Sainte-Eulalie. — Guillaume Roca et Raymond Penario, sergents, détenus à Najac. Source : J. MICHELET, Le procès des Templiers, t. II, pp. 158-160.

Le même Petrus Gosani avait été interrogé à Aigues-Mortes le 11 novembre 1307. Sergent du couvent de Montpellier et preceptor Cavallarie Source : L. Ménard, Histoire civile, ecclésiastique et littéraire de la ville de Nîmes, t. I, p. 103.

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alain demurger Annexe 2

LISTES DES TEMPLIERS PRÉSENTS À PARIS (FÉVRIER-MAI 1310)

— Liste A : 652 frères venus à Paris en 41 groupes entre le 6 février et le 2 mai 1310 (M. I, pp. 56-87, 98-99 et 229-231). — Liste B : 90 frères réunis le 13 mars 1310 (M. I, pp. 96-98). — Liste C : 546 frères réunis dans le verger de l’évêché de Paris le 28 mars 1310 (M. I, pp. 102-111). — Liste D : noms des frères emprisonnés dans 28 lieux de détention à Paris, visités les 31 mars, 1er et 2 avril 1310 (M. I, pp. 113-164). — Liste E : 20 frères non défenseurs de l’ordre, recensés le 11 avril 1310 (M. I, p. 174). — Liste F : 44 frères se désistant de la défense de l’ordre le 19 mai 1310 ; ils étaient déjà mentionnés dans les listes A, C et D (M. I, pp. 282-283).

Annexe 3

GROUPE DES TEMPLIERS VENUS DE TOURS (9 FÉVRIER 1310)

Liste A

Liste B

Liste C

Liste D

Diocèse

Gerardus de Cabilone

G. de Cabilone

G. de Cathalonea

G. de Chatalano

Chalon/Saône

Guido de Tonaco

G. de horiaco

G. de Turiaco

G. de Toriaco

Autun

Guill. de s. Leonardo

G. de s. Leonardo

G. de s. Leonardo

G. de s. Leonardo

Autun

éléments pour une prosopographie du « peuple templier » Liste A

Liste B

Liste C

Liste D

Petrus de Pedagio

Poncius de P.

P. de Pedagio

P. de Pedagio

Autun

Gaufredus de Malomonte

Guaufredus de M. monte

Guauf. de M. Monte

Guauf. De M. monte

Tours

Petrus Trecie

P. Trecie

P. Trecie

P. Tressie

Tours

Andreas Beri

A. Berib

A. Berri

A. Beri

Saint-Brieuc

Raynardus Baliani

Reynaldus de Balan

Renaudus de Malezis

Raynaldus de Malesis

Laon

Johannes Coyfer

J. Coyfer

J. Coyier

J. Coyier

Tours

Raynandus de Bonis

Reynaldus de Bans,

Bernardus de Bonisc

Raymundus de Barinis

Bourges

Martinus de Lineriis

M. Ponchart

M. Ponhardid

M. Ponchardi

Bourges

Symon de Lineriis

Symon Martinete

S. Martinetf

S. Martineti

Bourges

Petrus Maliani

P. Meliani

P. Maliani

P. Maliani

Limoges

Johannes Malon

J. Malon

J. Malon

J. Malon

Tours

Johannes Dusseam

J. Visello

J. Visandi

J. Vissandi

Chartres

Petrus Foberti

P. Foubertig

P. Fouberti

P. Fouberti

Tours

Johannes La Chara

J. de Castra

(absent)

J. de Castra

Tours

Guillelmus de Blere

G. de Bleri

G. de Blereyo

G. de Bleri

Tours

a

Diocèse de Laon. Diocèse de Bayeux. c Diocèse de Saint-Brieuc. d Idem. e Diocèse de Tours. f Idem. g Il est précisé P. Fouberti de Turonis. b

Source :

J. Michelet, Le procès des Templiers, t. I, pp. 62, 97, 109 et 113.

Diocèse

35

36

alain demurger Annexe 4

L’IDENTIFICATION DES GROUPES DANS LA LISTE C

L’exemple du tome i, page 104 : La liste, continue dans l’édition de Michelet, a été ici scindée en paragraphes ain de faire apparaître chaque groupe de Templiers venu de lieux diférents, ces derniers étant portés en marge de droite. Les lignes de l’édition ont pour le reste été respectées. Johannes de Foresta Lingonensis, Guillelmus de Sornayo miles Pictavensis, homas de Bonchancuria Ambianensis, Johannes de Villaribus Suessionensis, Gervasius de Fallasia Sagensis, Cristianus de Chaumerio Laudunensis, Millo de Paians presbyter Lingonensis, P. de Bragella Belvacensis, Johannes de Septem Montibus presbyter Suessionensis, Guillelmus de Puteolis Parisiensis, Droco de Viveriis, Suessionnensis, Gervasius de Fellinis Carnotensis, Lambertus de Romancuria Remensis, Jacobus de Calido Furno Meldensis, Philippus de Tribus Fontibus Trecensis, Dominicus de Verduno civitate, Nicolaus de Manra presbyter Remensis, P. de Cathalano, P. de Monte Goyni Meldensis, P. de Sornayo Ambianensis, Droco de Sornayo Ambianensis, Johannes le Champanoys Cathalonensis, Johannes de Sornayo Remensis, Dominicus preceptor de Jonneyo Lingonensis, Anricus de Favarolis Lingonensis, Bertholameus de Volenis Lingonensis, Johannes Fort de vin Altisiodorensis, Robertus le Briays Senonensis, Johannes de Nons presbyter Ambianensis, Guillelmus de Maynillio presbyter PariSiensis, Addam de Inferno preceptor Belvacensis, Philippus de la Vercines Belvacensis, Johannes de Chaenes Ambiacensis, Nicolaus de Valiaco Belvacensis Radulphus de Taverniaco presbyter Parisiensis, Raymondus presbyter de Parisius, Helia de Jocro Meldensis, Nicolaus de Compendio Suessionensis, P. de sancto Lupo Parisiensis, Matheus de Tabulla Belvacensis, Bono de Vollenis Lingonensis, Johannes Lochan Parisiensis, P. de Landres Remensis, Bertrandus de sancto Paulo Viennensis, Petrus de Maybresis Remensis, Johannes de Malvo Laudunensis civitatis, Johannes de Brueria Tornacensis, Hugo de Villaribus Lingonensis, Johannes Poytavini presbyter Belvacensis, Laurencius de Pruino, Senonensis, Johannes de Gisiaco presbyter Laudunensis, Jacobus de Villaribus Ducis Lingonensis, Bernardus de Ploysiaco Suessionensis, Robertus de Pontissera Rothomagensis, Baudoynus de Gisiacho Lauduensis, Stephanus de Bavenant Bisuntinensis, Guillelmus Alberti Ruthenensis,

de Aciis, p. 65

du diocèse de Meaux, p. 73

de Vidiraco, diocèse de Châlons-enChampagne, p. 68

du diocèse de Beauvais, p. 68

de Crespino, diocèse de Senlis, p. 77

de Tyers, diocèse de Sens, p. 69

de Co[n]lant p. 67 de Toulouse, p. 74

I

LES ORDRES MILITAIRES ET LES ÉLITES SOCIALES

LE MONACHISME MILITAIRE, UN LABORATOIRE DE LA SOCIOGENèSE DES ÉLITES LAïQUES DANS L’OCCIDENT MÉDIÉVAL ?

Damien Carraz Université Blaise Pascal – Clermont-Ferrand 2

Quel fut le rôle du monachisme militaire dans la sociogenèse et dans les recompositions permanentes des élites médiévales1  ? Dans quelle mesure cette forme révolutionnaire de vie religieuse régulière fut, elle-même, élitiste ? Avant de tenter de faire un point sur ces questions, il faut rappeler le caractère assez insaisissable du concept d’élite(s) et, plus généralement, la complexité de la stratiication sociale au Moyen Âge. En fonction de leur positionnement, notamment par rapport à la sociologie marxiste, les diférentes traditions historiographiques tendent à privilégier plutôt l’économie, le politique ou bien des systèmes de valeurs — le « status » wéberien — pour expliquer la constitution des élites2. On sait comment la taxinomie de ces élites a également alimenté des débats sans in, nés de découpages de la société médiévale souvent anachroniques, voire idéologiques : quel sens donner à « noblesse » et à « bourgeoisie » et a-t-il même existé un «  patriciat  »  ? Ce n’est pas le lieu d’entrer dans ces discussions, mais en rappeler l’existence permet de mesurer combien il est dificile de mener une sociologie précise des élites au sein des ordres militaires en l’absence de grilles de lecture communes sur la déinition et les composantes 1 Le terme de « sociogenèse » est employé par N. Elias, La dynamique, pour expliquer la naissance d’institutions — comme l’État, la monarchie, la iscalité — vues comme le «  produit de l’interdépendance sociale ». Il désigne ici la constitution d’un groupe d’individus en tant que catégorie sociale. La notion fournit par exemple à J. Morsel, « La noblesse », une clé d’analyse pour expliquer l’« invention » de la noblesse allemande. 2 Les élites englobent « tous ceux qui jouissent d’une position sociale élevée, qui passe non seulement par la détention d’une fortune, d’un pouvoir et d’un savoir, mais aussi par la reconnaissance d’autrui  » (F.  Menant et J.-P.  Jessenne, «  Introduction  »  , p.  8). Ces élites sont en recomposition permanente car elles intègrent de nouveaux membres, mais également car la hiérarchie des valeurs qui fondent leur domination évolue dans le temps. À la diférence d’une lecture en terme de « classes sociales », l’utilisation du mot « élites » permet donc de privilégier les hiérarchies que les sociétés se donnent et les marques fonctionnelles et culturelles de la supériorité. Les rélexions suivantes m’ont aidé à formaliser la notion pour le Moyen Âge  : F.  Menant et J.-P.  Jessenne, « Introduction » ; J. Morsel, L’aristocratie ; M. Aurell, « Complexité sociale » ; P. Boucheron et D. Menjot, « Exercice du pouvoir » ; Les élites urbaines au Moyen Age (spécialement les contributions d’É. Crouzet-Pavan, pp. 9-28, et de Ph. Braunstein, pp. 29-38). Et, pour une rélexion plus générale sur les élites : R. Sablonier, « Les mobilités sociales » ; et J.-Ph. Luis, « Les trois temps ».

Philippe Josserand, Luís F. Oliveira et Damien Carraz (éd.), Élites et ordres militaires au Moyen Âge, Collection de la Casa de Velázquez (145), Madrid, 2015, pp. 39-64.

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des diférents groupes dominants. Plutôt que « bourgeoisie », j’utiliserai donc le terme à peu près consensuel de « patriciat » pour désigner un groupe constitué de fait ou de droit à partir de la fusion des élites économiques et politiques et airmant sa domination sur la communauté urbaine. J’entends également le terme «  noblesse  » comme une classe héréditaire qui puise ses racines dans le passé et qui tend à se déinir juridiquement à partir du xiiie  siècle seulement. On préférera donc la notion d’«  aristocratie  militaire  » pour désigner plus généralement le groupe qui fonde l’essentiel de sa domination sociale sur le métier des armes. Ain de discerner des évolutions et d’espérer percevoir des nuances spatiales, il faut bien sûr raisonner sur tout le Moyen Âge des ordres militaires, en survolant l’ensemble des territoires où ils se développèrent. Mais, ain de resserrer un propos déjà extrêmement large, j’exclus un certain nombre de catégories sociales comme la très haute noblesse (princière et royale), ainsi que les élites ecclésiastiques, car les relations avec les évêques, les oligarchies capitulaires ou d’autres dignités du clergé relèvent d’enjeux diférents. J’écarte également les représentants de minorités chrétiennes (Grecs et autres chrétiens orientaux, Mozarabes) et les élites non chrétiennes. Les relations avec les petits potentats musulmans en Terre sainte, avec les représentants des communautés hébraïques ou avec les noblesses païennes des marges germano-slaves sortent également du cadre de ce rapport. Enin, j’oublie les femmes et notamment le problème du recrutement des sœurs et consœurs. En efet, la prise en compte des relations des milices au «  deuxième sexe  » aurait conduit à élargir la rélexion à des logiques socio-familiales diférentes et à d’autres clés de lecture, marquées notamment par l’histoire du genre. Mes propres centres d’intérêt et les recherches de ces deux dernières décennies ont fourni matière à un exposé qui ne peut naturellement être exhaustif et qui ne cherchera pas forcément à mettre en exergue les spéciicités des diverses traditions historiographiques. Il a semblé plus pertinent de montrer comment les ordres militaires ont soutenu la constitution de groupes dominants, en leur sein, mais également dans leur proche entourage laïque. On abordera donc, dans un premier temps, l’intégration des élites laïques par le biais du recrutement des milices. On envisagera ensuite les relations entre ces dernières et les élites externes  : protecteurs et bienfaiteurs, pour la majorité sortis de l’aristocratie militaire, puis élites politiques et économiques, souvent issues de l’essor urbain. Dans tous ces cas, la domination sociale n’est, en général, pas redevable aux liens noués avec les milices et l’on raisonnera donc plutôt en termes de relations horizontales égalitaires, susceptibles de proiter aux deux acteurs. On évoquera pour inir les individus ou groupes entrés au service des ordres, comme clients ou intermédiaires. Que les rapports noués soient égalitaires ou non, ces laïcs tirent proit des prestations qu’ils octroient à la communauté régulière qui agit, dans ce cas, comme levier d’ascension sociale.

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L’ATTRACTION DES ÉLITES AU SEIN DES ORDRES MILITAIRES

Il s’agit d’envisager les processus de constitution d’élites internes. Les modalités de recrutement ont-elles permis l’émergence d’un groupe dominant à l’intérieur des ordres militaires ou étaient-elles, dès l’origine, élitistes ? La sociologie du recrutement

L’ouverture à des élites élargies L’étude du recrutement, comme des carrières et de la mobilité sociale et spatiale, igure depuis longtemps au centre des préoccupations des historiens et passe nécessairement par l’outil prosopographique3. Toutefois, avant le xive siècle, la conservation très inégale des sources limite souvent l’approche sociologique au monde des dignitaires, ainsi que l’illustre la thèse de Jochen Burgtorf sur la composition des couvents centraux du Temple et de l’Hôpital4. L’approche élargie à l’ensemble des frères n’autorise souvent qu’un proil général, malgré la pertinence du recours aux critères anthroponymiques5. C’est donc surtout dans les deux derniers siècles du Moyen Âge, lorsque les ordres éprouvent le besoin de mieux connaître leurs personnels et de multiplier les contrôles de toutes sortes — visites et enquêtes, preuves de noblesse, procédures disciplinaires… — que les sources permettent vraiment d’élaborer des statistiques et de déterminer des types de carrières. Ainsi, les procédures accumulées contre l’ordre du Temple de 1307 à 1312 permettent de cerner, bien mieux que pour n’importe quel autre religieux, l’âge moyen du recrutement, la parenté, la carrière, et même la « mentalité » du Templier des années 1260-13106. Pour les xive et xve siècles, les visites internes et les enquêtes imposées par la papauté autorisent également une analyse sociologique assez précise pour l’ensemble des ordres. Même si les limites documentaires empêchent souvent de préciser les contours de la middle class de l’aristocratie militaire au cours des deux premiers  siècles d’existence des ordres, l’emprise de cette dernière se trouve bien conirmée par l’ensemble des études7. La petite aristocratie rurale et la chevalerie urbaine alimentent largement le recrutement des milices en Castille8. Si l’on relève quelques représen3

La question du recrutement a fait l’objet d’un article de synthèse d’A. Forey, « Recruitment ». J. Burgtorf, he Central Convent. 5 Les limites de la prosopographie sont souvent soulignées, par exemple chez  J.-P.  Molénat, «  Les Tolédans  », p.  263  ; et K.  Borchardt, «  Die deutschen Johanniter  », pp.  68-69. Pour un recours modèle à l’anthroponymie : Ph. Josserand, « La igure ». 6 Cette source exceptionnelle a été exploitée par de nombreux historiens, parmi lesquels on retiendra les travaux d’A. Barbero, « Motivazioni religiose » ; A. Forey, « Towards a Proile » ; et A. Demurger, « Le personnel ». 7 Un cas symptomatique parmi d’autres de la diiculté à appréhender «  la nobleza media y  basa » : C. Barquero Goñi, « Los Hospitalarios y la nobleza », pp. 37-39. 8 Ph. Josserand, Église et pouvoir, pp. 393-401. 4

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tants de la vieille noblesse, les chevaliers et, à moindre mesure, la nouvelle élite des probi homini fournissent également l’essentiel du recrutement aristocratique aux Templiers et Hospitaliers de Provence9. Les Teutoniques rentrent dans ce schéma puisque, sur cent cinq frères recensés en huringe au xiiie siècle, soixante-quatorze sont de rang ministérial et une dizaine sont assimilables au patriciat. Seule une minorité relève ici de la haute noblesse : onze sont issus de vieilles familles (Edelfreie) et un seul est de rang comtal10. Les données fournies pour la in du Moyen Âge conirment cette tendance, notamment dans la péninsule Ibérique. La plupart des Calatravans de Castille, tout comme la moitié des Hospitaliers de la châtellenie d’Amposte, doivent être des caballeros non nobles11. Pour le Portugal, la prosopographie des dignitaires d’Avis et de Santiago entre 1330 et 1449 montre que les deux tiers des commandeurs sont issus de la idalga ou des élites urbaines, autrement dit plutôt d’une petite noblesse régionale12. Et un autre type d’approche fondée sur les livres de lignages conirme la rareté des vocations de la haute noblesse portugaise13. Essor du monachisme militaire et mutations sociales Au-delà de la constatation, la désafection relative de la haute noblesse pour les ordres militaires est rarement expliquée. L’attraction de la petite et moyenne aristocratie aux xiie et xiiie siècles suggère un parallélisme avec les autres représentants du nouveau monachisme. À l’instar des milices, les ordres nés de la réforme bénédictine ou de la tradition érémitique furent plus ouverts socialement que les monastères traditionnels. Ainsi, le succès de Cîteaux a été associé à la montée de la chevalerie, tandis que l’on a souvent remarqué que les protecteurs des moines blancs et ceux des moines soldats étaient les mêmes14. En diversiiant les genres de vie régulière, le monachisme du xiie siècle a ouvert la profession religieuse à une plus grande partie de la population15. Il est incontestable que le monachisme mili9

D. Carraz, L’ordre du Temple, pp. 298-301. D. Wojtecki, Studien zur Personengeschichte, pp. 78-90. Il en va de même à la même époque en Livonie où seulement 16 % des frères identiiés viennent de la haute noblesse et 12 % du patriciat urbain, K. Militzer, « he Recruitment », pp. 275-276. Au xiiie siècle, les ministeriales forment l’essentiel du groupe chevaleresque au sein de l’ordre et investissent les fonctions de commandement local, au moment même où cette aristocratie de service s’émancipe et tend à fusionner avec la noblesse, K. Militzer, Die Geschichte, pp. 92-93. 11 E. Rodriguez-Picavea Matilla, « Caballería y nobleza » ; Id., « Caballeros calatravos » ; et P. Bonneaud, Els Hospitalers catalans, p. 88. C. Barquero Goñi, « Órdenes militares y nobleza », pp. 148-149, souligne encore la rareté de la grande noblesse dans l’ordre de l’Hôpital à l’échelle de la péninsule Ibérique — Portugal excepté — des xiie et xiiie siècles. 12 L. F. Oliveira, A Coroa, os Mestres e os Comendadores, pp. 173-193. 13 J. A. de Sotto-Mayor Pizarro, « A participação da nobreza », pp. 150-152. 14 A.-R. Carcenac, Les Templiers du Larzac, pp. 171-172 ; A. Demurger, « L’aristocrazia », pp. 63-66 ; et J. Schenk, Templar families, pp. 85-114. 15 G. Constable, « he Diversity ». Malgré son titre, l’article insiste sur les justiications théologiques de la diversité des coutumes monastiques, plus que sur l’ouverture sociale induite par ce foisonnement spirituel. 10

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taire a proité de ce nouvel élan social, indépendamment de la portée de ses propres valeurs. Le facteur démographique doit également être pris en compte : la part modeste des nobiles, lords et autres ricos hombres recensée dans les milices n’estelle pas tout simplement proportionnelle à leur part numérique dans le siècle, face à une chevalerie, ministérialité, gentry ou infanzonia jugées parfois pléthoriques ? Dans les zones de (re)conquête, comme celles de la péninsule Ibérique, la cristallisation d’une véritable noblesse — quels que soient les critères qui la fondent — n’intervient pas avant la in du xiiie siècle16. Il n’y a donc rien d’étonnant, dans ce cas, à voir les frères guerriers recruter dans la masse des cavaliers d’origine roturière. Ceci est d’autant plus vrai que le resserrement lignager coïncide avec l’essor du monachisme militaire qui peut, dès lors, absorber le trop-plein de cadets de cette petite aristocratie proliique17. À partir du xiiie siècle, spécialement dans la « vieille Europe » (Italie, France, Angleterre), les carrières ofertes par les ordres militaires ont probablement gardé tout leur attrait auprès d’une aristocratie militaire appauvrie par les partages successoraux et confrontée tant au retour de l’État qu’à l’airmation politique des villes18. En revanche, pour la noblesse baronniale, on peut penser que les hautes carrières ofertes par l’Église et par l’administration princière étaient socialement plus prometteuses et physiquement moins risquées que la vocation régulière et guerrière proposée par la « nouvelle milice ». L’ouverture à la petite et moyenne aristocratie doit être reliée à un dernier phénomène, celui de la synchronie entre essor urbain et difusion des ordres militaires. On sait combien la ville est le terrain d’élection de nouvelles couches entreprenantes, en même temps qu’elle constitue le creuset, économique et social, permettant la fusion des élites et l’émergence des oligarchies. La question du recrutement est donc bien une pièce majeure à verser au dossier de l’inurbamento des commanderies. On observe sur ce point une grande diversité de situations. La bourgeoisie parisienne étudiée par Boris Bove n’a, a priori, donné presque aucun des siens au Temple ou à l’Hôpital19. En Provence, les couches supérieures urbaines soutiennent les frères guerriers par des donations et des legs, intègrent éventuellement leurs confraternités, mais franchissent assez peu le pas de la profession complète20. L’Italie du Nord relève peut-être d’une situation intermédiaire, puisque le Temple semble recruter autant au sein de l’aristocratie castrale que des consorterie implantées à Verceil, Asti ou Parme, mais la disparité des sources compromet toute approche statistique21. En revanche, on sait depuis longtemps que, dès l’origine, les ordres militaires et notamment les Teutoniques mobilisèrent pas mal les patriciats des villes d’Empire22. De même, dans le cadre des sociétés 16

Par exemple, dans le Sud portugais : S. Boissellier, Naissance, pp. 384-389. L’explication a été avancée, pour le Portugal, par J. Mattoso, Ricos-Homens, pp. 233-235. 18 E. Bellomo, he Templar Order, pp. 142. 19 B. Bove, Dominer la ville. Une seule exception est relevée, pp. 185 et 285, mais il est vrai que l’auteur n’a, sauf erreur, pas dépouillé les fonds des ordres militaires. 20 D. Carraz, L’ordre du Temple, pp. 300-301. 21 E. Bellomo, he Templar Order, pp. 129-147 et 159-160. 22 E. Maschke, « Deutschordenbrüder », a identiié plusieurs frères issus de Geschlechter urbains, 17

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ouvertes et mobiles de la péninsule Ibérique, il n’est guère étonnant de voir les milices puiser parmi les oligarchies urbaines  souvent nées de la réussite de la « chevalerie vilaine ». Une part importante des lignages castillans qui ont investi l’ordre de Calatrava entre 1350 et 1450 appartient sans doute à l’oligarchie de Tolède, Cordoue, Séville ou Soria23. Dans le même temps, presque tous les maîtres et un bon tiers des commandeurs d’Avis et de Santiago proviennent de lignages issus des villes du Sud portugais24. Si le phénomène apparaît généralisé à l’échelle de la péninsule Ibérique, seule la multiplication des approches monographiques permettra d’en donner une juste mesure et de déceler une périodisation. Ainsi, à y regarder de plus près, le cas de Tolède montre que l’intégration des encomiendas de Santiago et de Calatrava à la ville fut progressive, puisqu’il faut attendre le xve siècle pour voir les cadets des familles dominantes (Ayala, Silva) accaparer les établissements de la région25. Il ne faudrait donc pas se laisser abuser par quelques exemples de carrières illustres pour postuler un recrutement massif dans les groupes dominants des villes26 ; seules des études statistiques, comme Luís F. Oliveira l’a montré pour le Portugal, permettront de raisonner sur des bases iables. Si l’on raisonne enin en termes de mobilité spatiale, la plupart des études ont conirmé qu’en Occident, les frères des ordres internationaux étaient recrutés près de leur lieu d’origine et passaient, pour la majorité d’entre eux, une grande partie de leur carrière dans la même région27. Certes valable pour les frères de base, ce schéma ne doit pas faire oublier que la circulation des combattants est au cœur de la mission des milices. Il faut donc se demander dans quelle mesure la mobilité géographique n’a pas favorisé la mobilité verticale. En efet, dans les zones de front, comme dans certaines marges d’Occident, il s’est d’abord constitué une élite expatriée. Ainsi, dans la Sicile du xiiie siècle, si les simples frères furent parfois recrutés sur place, les postes de commandement sont restés aux mains d’étrangers : Français et Provençaux chez les Templiers, essentiellement Rhénans et Hollandais chez les Teutoniques28. On relève la même situation dans la Hongrie angevine où les prieurs et commandeurs de l’Hôpital étaient encore dont l’origine, ministériale ou bourgeoise, est souvent diicile à cerner. L’article d’A. Czacharowski, « Forschungen über die sozialen », s’il constitue un utile état de la question sur la stratiication sociale des villes de la Prusse teutonique, n’évoque pas, hélas, le rôle joué par l’ordre dans le processus de sociogenèse. Pour les baillies hospitalières du prieuré d’Alemania, K. Borchardt, « Die deutschen Johanniter  », a montré l’importance du méliorat urbain au sein duquel il se refuse de distinguer noblesse et bourgeoisie. 23 E. Rodriguez-Picavea Matilla, « Caballería y nobleza », pp. 721-722 ; et Id., « Caballeros calatravos », p. 172. On assiste, en Catalogne également, à la montée des familles urbaines au sein de l’Hôpital au cours du xive siècle (voir P. Bonneaud, Els Hospitalers catalans, pp. 90-93). 24 L. F. Oliveira, A Coroa, os Mestres e os Comendadores, pp. 59-62 et 194. 25 J.-P. Molénat, « Les Tolédans ». 26 Voir les dignitaires provenant de lignages de Tolède, Baeza ou Burgos cités par Ph. Josserand, Église et pouvoir, pp. 396-401. 27 Par exemple : D. Carraz, L’ordre du Temple, pp. 291-294 ; J. Bronstein, he Hospitallers, p. 133. 28 C. Guzzo, Templari in Sicilia, pp. 60-65 ; K. Toomaspoeg, « Les premiers commandeurs », pp. 245-249.

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Français, puis Italiens et Provençaux, avant que n’apparaissent quelques grandes familles locales à partir de milieu du xive siècle29. Aux xiiie et xive siècles, en Livonie, les Teutoniques venaient de l’Empire et les postes de dignitaires étaient fermés aux autochtones. Après 1410, l’ouverture au recrutement local se limita ici aux ils de nobles germanophones30. Le critère ethnique ou culturel y devint donc discriminant : au xve siècle, l’admission s’était restreinte à la nation allemande et, en Livonie comme en Sicile, la milice se trouvait probablement coupée des élites locales31. Enin, il faut mettre à part le cas de la Terre sainte et de Chypre, sociétés de type colonial, où, étrangement, le Temple et l’Hôpital recrutaient assez peu au sein de l’aristocratie et de la bourgeoisie latines32. Joshua Prawer a expliqué cette situation par le fait que l’aristocratie latine considérait les ordres militaires internationaux comme des corps étrangers et était, dès lors, peu tentée de leur donner ses ils. Ouverture ou endogamie sociale ? Une fermeture limitée jusqu’au milieu du xive siècle Très souvent reprise, notamment dans la «  littérature  » espagnole, la thèse de l’aristocratisation des ordres militaires mérite d’être remise en perspective33. Rappelons qu’à l’origine, le monachisme militaire est théoriquement opposé aux valeurs portées par la noblesse : l’otium, le luxe, l’héroïsme sont très logiquement condamnés par les règles34. Confrontés à des diicultés de recrutement à leurs débuts, les ordres ne purent pas imposer de critères d’entrée trop sélectifs. La règle du Temple, par exemple, ne contient aucune référence particulière à la qualité sociale requise des frères. Mais, entre 1250 et 1325, les dispositions normatives en vinrent à exiger unanimement l’ascendance chevaleresque pour les frères chevaliers, avant d’y ajouter la légitimité de la naissance35. Toutefois, 29 À partir de 1380, la prépondérance des dignitaires étrangers a disparu et, passé le milieu du siècle suivant, les commanderies sont peuplées de petits nobles et même de non nobles locaux : voir Z. Hunyadi, « Hospitaller Oicials » ; et Id., « he Social Composition », p. 326. 30 K. Militzer, « he Recruitment ». 31 J. A. Mol, «  he “Hospice…”  », pp.  124-125. Après 1410, l’ère de recrutement des frères envoyés en Sicile se restreint à la Rhénanie et à la Hesse (K. Toomaspoeg, Les Teutoniques en Sicile, p. 375). 32 Conirmée par J. Burgtorf, he Central Convent, pp.  380-382 et 706-707, l’absence de la « noblesse croisée » parmi les ordres militaires avait déjà surpris J. Prawer, he Latin Kingdom, pp. 278-279. Les Templiers présents en Chypre au début du xive siècle viennent tous d’Occident, ainsi que le rappelle P. Edbury, « he Military Orders in Cyprus », p. 105. 33 C. Barquero Goñi, « Órdenes militares y nobleza » ; E. Rodriguez-Picavea Matilla, « El proceso » ; et Id., Los monjes guerreros, pp. 442-450. 34 Cela a notamment été souligné pour les Templiers : J. Flori, L’essor, pp. 209-214 ; et S. Cerrini, « I templari: une vita de fratres ». 35 J. Burgtorf, he Central Convent, pp. 378-379 ; Ph. Josserand, Église et pouvoir, pp. 374377 ; K. Militzer, « he Recruitment », p. 270.

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cette réglementation se limite aux seuls chevaliers, et l’origine aristocratique ne constitue en aucun cas un critère discriminant, ni pour la profession, ni même pour l’accès aux carrières de commandement36. L’insistance sur le statut chevaleresque suggère d’ailleurs que, plus que le statut social, c’est surtout la valeur militaire des candidats qui importait aux yeux des frères guerriers37. Aussi, à l’échelle de l’ensemble des efectifs, les non nobles restèrent sans doute majoritaires dans toutes les milices, notamment dans les zones éloignées des combats. Les appréciations sur le spectre social du recrutement au cours du premier siècle d’existence des ordres militaires restent toutefois assez empiriques. Faute de sources, bien des études se sont contentées de signaler l’emprise aristocratique, sans aller plus avant. Une documentation plus favorable permet parfois d’avancer quelques estimations, comme en Provence où, sur la durée de l’existence du Temple, environ un tiers des frères sont issus du groupe dominant38. Cette évaluation semble bien devoir être conirmée par les statistiques tirées du procès : au début du xive siècle, les milites ne représentent pas plus de 10 à 20 % de la population des commanderies de France et de Provence — et ceci malgré les nuances prudentes récemment apportées à ces estimations par Alan Forey39. Et même sur les frontières, comme l’Aragon et Chypre, où la proportion des chevaliers templiers remonte respectivement au tiers et à la moitié, l’aristocratie guerrière n’est pas en position dominante. Si l’on se ie au cas du Temple, et même en supposant que tous les chevaliers fussent réellement de naissance aristocratique, on voit bien que ce milieu reste minoritaire au début du xive siècle40. Philippe Josserand partage la même conclusion pour la Castille, où la majorité des frères n’étaient probablement pas nobles, dans la mesure où la fermeture ne s’appliquait ni aux clercs ni aux sergents41.

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Même si les chevaliers sont proportionnellement les plus nombreux aux postes de commandeurs, des frères non nobles peuvent encore accéder à ces dignités au début du xive siècle : voir Ph. Josserand, « La igure », p. 167 ; J. Burgtorf, he Central Convent, p. 382 ; A. Forey, « Templar Knights ». 37 Cela ressort bien des établissements de Santiago de 1249 prescrivant qu’un idalgo, c’est-à-dire un aristocrate moyen, ne peut être recruté que s’il est déjà cavaleiro (S. Boissellier, Naissance, p. 388). 38 D. Carraz, L’ordre du Temple, pp. 294-298. 39 A. Forey, « Recruitment », pp. 144-145. Id., « Notes on Templar Personnel », pp. 151-156, a rappelé que les désastres militaires, particulièrement meurtriers pour la classe des chevaliers, peuvent fausser les estimations. Il ne voit, en tout cas, aucun signe probant de déclin du recrutement dans le groupe chevaleresque. 40 L’importance numérique des sergents et leur rôle dans les rouages administratifs du Temple plaideraient en faveur d’une ouverture accrue de l’ordre aux non nobles. Voir en dernier lieu  : J. Schenk, « Aspects of Non-Noble ». Souvent mis en avant, le caractère aristocratique plus accusé de l’Hôpital est toutefois discuté par A. Forey, « Notes on Templar personnel », pp. 151-156. En efet, la disparité des sources rend diicile toute comparaison entre les proportions respectives des sergents et des chevaliers dans les deux ordres. 41 Ph. Josserand, Église et pouvoir, pp. 380-381.

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Élitisme et aléas du recrutement Ce n’est donc pas la supériorité numérique, mais l’imprégnation des valeurs et des usages nobiliaires qui fonde la domination sociale au sein des milices. Sans doute sous-jacente dès les origines, malgré la coloration anti-aristocratique des règles, l’identiication des milices à la noblesse triomphe en efet au cours des deux derniers siècles du Moyen Âge, tandis que s’atténuent les caractères religieux du monachisme militaire. Il est inutile d’insister ici sur les diférentes dimensions culturelles et idéologiques de l’aristocratisation et de la « sécularisation » des frères guerriers : ce processus a été maintes fois souligné42. Il s’accompagne d’un véritable accaparement de tous les rouages du pouvoir et de la richesse, et ceci à tous les niveaux du groupe dominant. En Provence, les rejetons de la petite aristocratie castrale investissent les commandements locaux oferts par le Temple, tandis que les familles patriciennes des cités rhénanes parviennent à occuper des positions dominantes dans la plupart des commanderies teutoniques de la région43. Dans les ordres de l’Hôpital, Santiago ou Calatrava implantés en Castille, le népotisme et le cumul des charges permettent de réserver les dignités provinciales et centrales à une oligarchie dès le milieu du xive siècle44. Aussi, les ordres militaires apparaissent comme le terrain d’élection de la compétition que se livrent les familles aristocratiques pour le monopole des richesses et des pouvoirs45. Cette évolution a été bien mise en valeur pour Calatrava par Enrique Rodríguez-Picavea Matilla : à partir du milieu du xive siècle, un nombre de lignages de plus en plus restreint conisque progressivement les plus hautes dignités et les patrimoines aférents. Certains lignages sont de haute noblesse (Girón, Guzmán…), mais la plupart sont d’origine moins relevée (Padilla, Carrillo…)46. Le cas castillan montre bien l’enjeu que représentait l’accès aux milices pour des familles dominantes placées dans une situation de concurrence dans le siècle. L’aristocratisation doit également être reliée à la restriction générale du recrutement qui commence à toucher certains ordres dès la in du xiiie siècle47. Les diicultés économiques, qui apparaissent dès avant 1300 mais se font surtout sensibles à partir de 1350, expliquent la limitation des efectifs. Dans les prieurés de France ou d’Allemagne, depuis le premier tiers du xive siècle, l’Hôpital s’efforce d’ajuster les efectifs de chaque commanderie à ses revenus48. En péninsule 42 Il s’agit encore d’un thème récurrent dans l’historiographie ibérique. Par exemple : Ph. Josserand, Église et pouvoir, pp. 165-230 ; E. Rodriguez-Picavea Matilla, « Mentalidad ». Mais le phénomène touche également les Teutoniques, K. Militzer, Die Geschichte, pp. 179-183. 43 D. Carraz, L’ordre du Temple, p. 302 ; Kl. Van Eickels, « Secure Base », p. 169. 44 Ph. Josserand, « La igure », pp. 160-163 ; et Id., Église et pouvoir, pp. 391-393. 45 Ibid., pp. 407-409. 46 E. Rodriguez-Picavea Matilla, « Caballeros calatravos ». 47 La préoccupation apparaît dès 1292 à l’Hôpital et à partir de 1325 à Calatrava  : J.  RileySmith, he Knights, p. 231 ; et A. Forey, « Recruitment », p. 142. 48 A.-M. Legras, « Les efectifs », pp. 362-363 ; et K. Borchardt, « Die deutschen Johanniter », pp. 72-73.

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Ibérique, la fermeture coïncide également avec le ralentissement de la reconquête qui dissuade désormais les frères d’ouvrir leurs rangs aux non nobles. En un temps de diminution des ressources et de redistribution des théâtres d’opérations militaires, il semble en efet que les restrictions de la mobilisation ont afecté d’abord les non-combattants et, par une sélection accrue, ont favorisé les meilleurs. On peut, dès lors, expliquer par une sorte de « darwinisme social » l’élitisme croissant du monde des dignitaires et l’extension du phénomène à l’ensemble des frères49. À partir de la deuxième moitié du xive  siècle, l’étiage démographique qui touche l’ensemble de l’Occident conirme le ralentissement sensible du recrutement global50. Mais il explique aussi le déclin numérique de l’aristocratie et la nette cléricalisation des milices, notamment dans les zones où une véritable tradition militaire s’est afaiblie. Prenons le cas de l’Hôpital. Dans le prieuré de Saint-Gilles, le nombre de recrues caractérisées par le service des armes a chuté de près de 42,5 % entre 1338 et 1373. En 1373, les chevaliers ne représentent plus que 18 % des efectifs dans le prieuré de Saint-Gilles et ils sont moins de 3 % dans le prieuré de France, tandis que la proportion des frères ordonnés est respectivement de 42,5 % et 69 %51. Dans les commanderies de l’arrière, l’ordre est, à l’évidence, devenu bien plus religieux que militaire ! Ce clergé modeste attaché à l’Hôpital ne vient certainement pas de la haute noblesse, mais il peut être alimenté par une aristocratie besogneuse ou par des citadins en quête de réussite52. On relève la même tendance chez les Teutoniques : après le choc de Tannenberg en 1410, l’ordre doit afronter un déclin dramatique de ses efectifs, tandis que le rapport entre chevaliers et clercs tend à s’inverser. Ainsi, dans les bailliages d’Allemagne, le déclin des chevaliers est compensé par une augmentation du nombre de prêtres53. Cette cléricalisation ne se vériie pas à Rhodes, en Castille ou en Livonie : là où les frères sont susceptibles de se battre, la valeur militaire des recrues reste un critère fondamental54. 49 Sur les acceptions, souvent opposées, de la notion : D. Guillo, « Darwinisme social », dans M. Borlandi (éd.), Dictionnaire de la pensée sociologique, pp. 153-155. 50 Pour le prieuré de France, A.-M. Legras, « Les efectifs », p. 362, rappelle ainsi les efets des épidémies de peste de 1348 et 1361. 51 N. Coulet, « Les efectifs », pp. 107-111 ; et A.-M. Legras, « Les efectifs », pp. 364-365. Si le déclin éventuel du prestige de l’ordre aux yeux de la classe combattante et le coût élevé de l’équipement militaire ont pu dissuader les chevaliers de professer, l’Hôpital semble au contraire avoir constitué un pôle d’attraction pour les jeunes clercs. 52 En l’absence d’études d’ensemble, ceci n’est qu’une hypothèse ; mais l’on peut remarquer qu’à partir du dernier tiers du xiiie siècle, les chapelains et sergents du Temple proviennent du même milieu social majoritairement roturier, comme le montre J. Schenk, « Aspects of Non-Noble », p. 160. Dans l’Empire, lorsque l’accès au statut de chevalier se ferme aux ils d’artisans et de marchands, ceux-ci intègrent les ordres en qualité de sergents et surtout de clercs (voir K. Borchardt, « Urban Commanderies », p. 301). 53 K. Militzer, Die Geschichte, p. 182 ; J. A. Mol, « he “Hospice…” », p. 118 ; D. J. Weiss, « Spiritual Life », p. 168. 54 Sur 320 Calatravans identiiés entre 1350 et 1450 en Castille, on compte 258 caballeros et 56 clercs (E. Rodriguez-Picavea Matilla, « Caballeros calatravos », pp. 157-159).

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Fabrique des élites et « oligarchisation » Le tournant oligarchique intervient essentiellement au xve siècle et donnera aux ordres militaires la physionomie qui les caractérisera sous l’Ancien Régime. Progressivement fermée aux roturiers, l’admission chez les Teutoniques exige ainsi une preuve de quatre ancêtres nobles à la in du xve siècle55. En 1468, l’abbé de Morimond réserve l’accès aux ordres de Montesa et de Calatrava aux seuls hidalgos susceptibles de prouver la « pureté de leur sang » (limpieza de sangre)56. Dès les années 1420-1430, les chapitres généraux de l’Hôpital avaient réservé le titre de chevalier aux « gentilshommes de nom et d’armes » et de naissance légitime et s’étaient occupés d’instaurer des procédures de preuve de noblesse57. Peut-être pour réagir au déclin des efectifs chevaleresques observé au xive siècle, les milices ont clairement souhaité dégager une élite en distinguant les membres à vocation militaire, efectivement issus de l’aristocratie guerrière, des autres frères, sergents et clercs. Ce besoin de distinction intervient au moment même où l’aristocratie militaire laïque s’érige en ordo et airme plus que jamais des valeurs propres en opposition aux élites issues de la marchandise58. Comme l’a montré Pierre Bonneaud, les tensions qui traversent alors l’Hôpital en Catalogne opposent deux aristocraties : celle qui se réclame encore des valeurs militaires et celle qui a dû sa promotion aux afaires ou à l’administration59. Au moment où l’ordre intensiiait sa lutte contre les Turcs en Méditerranée, l’expression « gentilhomme de nom et d’armes » visait bien l’exclusion d’une oligarchie étrangère aux valeurs militaires. Des normes aussi drastiques furent toutefois diiciles à faire accepter. Les ciutadans honrats de Barcelone exercèrent des pressions pour continuer à introduire leurs ils dans l’Hôpital60. Il en allait de même dans les bailliages teutoniques : la régionalisation de l’ordre devait accroître les concurrences entre les puissants et, malgré l’exclusion théorique des patriciens, bâtards et autres demi-nobles, certains Geschlechter de la bourgeoisie urbaine purent continuer à s’introduire dans l’institution61. Il n’en demeure pas moins, qu’à l’aube des Temps modernes, l’ordre Teutonique apparaît, aux yeux des historiens, comme un « asile de la noblesse allemande »62. 55

K. Militzer, « Die Aufnahme von Ritterbrüdern » ; et J. A. Mol, « he “Hospice…” », pp. 122-123. P. Bonneaud, « Noblesse », p. 653. La formule « de muy limpia sangre » apparaît en 1355 pour Santiago (Ph. Josserand, Église et pouvoir, p. 401). 57 P.  Bonneaud, «  Regulations  ». G. O’Malley, he Knights Hospitaller, p.  32, souligne également le caractère de plus en plus rigoureux de l’entrée dans l’Hôpital au cours du xve  siècle (licences d’admission, preuves de noblesse, examen des cas par le chapitre provincial). 58 Sur la fermeture de la noblesse militaire : M. Aurell, La noblesse, pp. 94-104 ; et J. Morsel, L’aristocratie, pp. 252-258. Le phénomène suit des logiques et une chronologie propres dans chaque région d’Occident et il n’est, ainsi, pas sensible avant le début du xive siècle en péninsule Ibérique. 59 P. Bonneaud, Els Hospitalers catalans, pp. 167-170. 60 À l’aube des Temps modernes, les chevaliers anglais sont également issus des milieux des gentlemen et de la gentry, plutôt que de la nobility : G. O’Malley, he Knights Hospitaller, p. 40. 61 J. A. Mol, « he “Hospice…” », pp. 124-129. 62 U. Arnold, Deutscher Orden und Preußenland, p. 170, parle de « Spital des deutschen Adels » ; 56

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Tout au long du Moyen Âge, les ordres militaires ont donc très largement participé à la « fabrique » des élites. Aux xiie et xiiie siècles, notamment dans les zones de combat, ces institutions ont favorisé la fusion de la cavalerie de métier, entrée en masse dans leurs rangs, avec la noblesse de sang. Au milieu du xve  siècle encore, les ordres militaires restent, au Portugal, «  un espace important d’osmose sociale », à en juger par la perméabilité de la distinction entre noblesse et familles urbaines63. Les frères guerriers ont, sans doute très tôt, adopté et difusé les valeurs associées à la chevalerie. Il y aurait, à ce titre, une vaste enquête à mener sur la promotion, par les milices, des rites chevaleresques comme l’adoubement ou la bénédiction des armes et des étendards64. L’idée n’est certes pas neuve, puisque Georges Duby pensait déjà que l’armement des chevaliers et la difusion du titre de miles dans les pays germaniques avaient pu être liés à l’implantation des ordres militaires65. En ville également, les milices ont très probablement contribué à intégrer des hommes nouveaux qui trouvèrent ainsi à partager des valeurs guerrières encore dominantes au Moyen Âge central66. Aussi, à la in du Moyen Âge, bien que devenues des « corporations aristocratiques », les milices contribuaient encore au renouvellement des élites, comme l’atteste l’origine souvent obscure de bien des Hospitaliers présents à Rhodes67. Par ailleurs, la cléricalisation caractérisant certains ordres dans les espaces éloignés des frontières a probablement favorisé l’absorption de nouvelles élites étrangères à toute tradition militaire. Enin, les ordres ont servi la quête de pouvoir et de renommée de couches qui relevaient déjà de l’establishment aristocratique. On sait bien comment les nobles lignages s’appuyèrent sur les positions acquises par les leurs au sein des ordres pour accroître leur inluence dans la société. L’historiographie ibérique fournit à ce sujet des exemples à foison : dès les décennies centrales du xive siècle, on peut citer les Pimentel, qui tirèrent proit de leurs liens avec l’Hôpital pour se rapprocher du roi Denis Ier de Portugal, ou bien les Valbuena, petit lignage galicien qui acquit et K. Militzer, Die Geschichte, pp. 179-181, d’« Aufenthalt des deutschen Adels », de « Zulucht für den deutschen Adels » ou encore d’« Adelskorporation ». 63 L. F. Oliveira, A Coroa, os Mestres e os Comendadores, p. 184 ; et Id., « Fidalgos, Cavaleiros et Vilões », p. 155.  64 À la in du xiiie  siècle, beaucoup de frères du Temple étaient adoubés au moment de leur profession : A. Barbero, L’aristocrazia, p. 212 ; d’autres éléments sont dispersés dans G. Ligato, « Fra ordini cavallereschi e crociata », notamment pp. 686-687, sur la traditio vexilli à Santiago. Un rituel de bénédiction des armes apparaît lors de la réception des frères de Santiago en 1440 (voir A. Luttrell, « Hospitaller Life in Aragon, 1319-1370 », repris dans he Hospitallers of Rhodes and their Mediterranean World, n° XV, pp. 103-105). 65 L’idée est, plus exactement, empruntée à Arno Borst par G. Duby, Hommes et structures, t. I, pp. 22-23. 66 Il est très probable que bon nombre des sergents templiers aient été issus de ces nouvelles couches urbaines. Mais, s’il relève l’action de réseaux familiaux inluents, J. Schenk, «  Aspects of Non-Noble  », ne s’attache pas du tout à l’origine sociale de ces frères en principe d’origine roturière. 67 Voyez par exemple les itinéraires exemplaires de quelques représentants de la « mà mitjana » catalane, dans P. Bonneaud, Le prieuré de Catalogne, pp. 132-133.

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une position inluente dans le prieuré castillan de l’Hôpital68. À partir de la in du xive siècle, le jeu du népotisme, de la cooptation et même de la transmission héréditaire de certaines charges — pas avant 1450 toutefois — permirent à quelques lignages de coloniser encomiendas et autres oices, précipitant ainsi la tendance à la patrimonialisation des temporels religieux69. LES FRèRES GUERRIERS ET LEURS RÉSEAUX SOCIAUX

On envisagera ici le rapport des ordres militaires aux élites extérieures, en distinguant les groupes dominants socialement constitués de ceux qui purent se former au contact des frères guerriers. Parmi les premiers groupes sociaux igurent les laïcs qui soutinrent le développement du monachisme militaire. Par simple souci de clarté, on diférenciera ici plusieurs catégories, qui ne sont évidemment en rien étanches  : les fondateurs qui jouèrent un rôle déterminant dans l’implantation d’un ordre dans un lieu donné, les simples donateurs, et les ailiés de toutes sortes. Les laïcs bienfaiteurs Fondateurs, donateurs et ailiés La fondation d’une maison religieuse, qui supposait une inluence locale et un certain niveau de richesse, était réservée aux membres de l’élite sociale. Dans le cas des ordres militaires, se sont illustrées toutes les catégories de l’aristocratie : monarques et princes, membres de la haute noblesse, mais également — ce qui constitue une rupture par rapport au monachisme traditionnel — parentés issues d’une aristocratie militaire de plus basse extraction. Un exemple entre cent : dans les années 1130, la commanderie du Temple de Richerenches a dû sa fondation à la détermination des Bourbouton, un lignage chevaleresque assez obscur du marquisat de Provence70. La fondation d’un établissement redevable seulement à l’action d’un grand laïc ou d’un unique réseau lignager demeura toutefois assez rare. En efet, une telle initiative relevait plutôt de la seule volonté des milices qui adoptèrent, dès l’origine, une organisation centralisée peu propice à la création de « commanderies familiales » assimilables aux Eigenklöster. De toute manière, la plupart des propriétaires voisins des maisons religieuses se contentèrent de donner seulement une fraction de leur patrimoine. 68

B. Vasconcelos e Sousa, « Memória familiar » ; Ph. Josserand, « Un maître politique » ; et Id., Église et pouvoir, pp. 411-419. 69 Comme cela a été fort bien démontré dans le cas de Calatrava par E. Rodriguez-Picavea Matilla, « El proceso », pp. 517-521 ; ou par L. F. Oliveira, A Coroa, os Mestres e os Comendadores, pp. 201-211, pour Avis et Santiago. 70 D. Carraz, « Mémoire lignagère ». Pour quelques autres cas de fondation de commanderies : J. Riley-Smith, « he Origins ».

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Le don est, on le sait bien, une manifestation du statut aristocratique, un geste symbolique de pouvoir social. La constitution des patrimoines monastiques a donc, très logiquement, essentiellement reposé sur les «  générosités nécessaires » du groupe dominant, toutes nuances confondues71. On retrouve cependant la nette prédilection de la petite et moyenne aristocratie, comme en Normandie où les donateurs furent surtout des « hobereaux au pouvoir relativement localisé72 ». Cette constatation doit, une fois encore, être replacée dans la perspective plus générale de l’évolution des échanges entre l’aristocratie et l’Église : les ordres militaires se difusèrent au moment où les donations issues du groupe ascendant de l’aristocratie locale prenaient partout le pas sur les générosités de la haute noblesse73. Il faut néanmoins s’empresser de rappeler que l’aumône ne fut pas le privilège des puissants et que toutes les catégories de idèles donnèrent aux frères, en fonction de leur statut et de leurs possibilités74. Il est impossible de revenir ici sur les motifs de ces libéralités, sauf pour rappeler le poids des structures lignagères et féodo-vassaliques et de la tradition de croisade : on donnait pour perpétuer un lien — à titre de bienfaiteur, confrère, frère, croisé… — qu’un parent ou un seigneur avait initié avec un ordre et l’idéal qu’il représentait75. On retrouve, en déinitive, les motivations très diverses qui déterminaient également la profession dans un ordre militaire où la pression des structures lignagères jouait sans doute un rôle primordial76. Je ne peux insister sur ces aspects ici, mais renvoie par exemple aux travaux de John Walker et de Carlos Barquero Goñi qui, respectivement à l’échelle de l’Angleterre et de la Castille, montrent toute la variété des liens — donations, ailiations, élections de sépulture… — qui se nouaient entre les divers échelons de l’aristocratie et un ordre militaire77. Il faudrait enin évoquer ces familles qui donnèrent à un ordre 71 L’expression «  générosités nécessaires  » est de G. Duby, Guerriers et paysans, p.  68 — et pp. 61-69, sur le don inspiré du système maussien. 72 M. Miguet, Templiers et Hospitaliers, p. 27. 73 Cette évolution concerne, bien sûr, le nouveau monachisme, mais également les anciennes communautés bénédictines, comme en Champagne où, à la in du xiie siècle, les milites sont devenus la catégorie de donateurs la plus nombreuse, alors que les grands seigneurs jouent désormais un rôle secondaire (voir R. Keyser, « La transformation », pp. 798-801). 74 Templiers et Hospitaliers du Midi héritèrent de modestes pièces de terre, de quelques sommes d’argent ou même de vêtements de la part d’individus qu’il est souvent diicile de situer socialement (voir D. Carraz, « Les ordres militaires et le fait urbain », p. 131). 75 Quelques exemples dans H. Nicholson, Templars, Hospitallers and Teutonic Knights, pp. 60-68 ; et sur le lien entre croisade et soutien aux commanderies : A. Demurger, « L’aristocrazia laica », pp. 59-60 ; J. Walker, « Alms », pp. 67-69 ; et E. Bellomo, he Templar Order, pp. 129-134. 76 Le népotisme, bien documenté à partir de la in du xiiie siècle, est souligné par de nombreux travaux, notamment A. Barbero, « Motivazioni », pp. 722-723 ; Ph. Josserand, Église et pouvoir, pp.  411-413  ; et J.  Burgtorf, he Central Convent, p.  723. Les liens de parenté entre frères du Temple sont encore prégnants à l’échelon des sergents  : J.  Schenk, «  Aspects of Non-Noble  », pp. 157-158. 77 C. Barquero Goñi, « Los Hospitalarios y la nobleza » ; et J. Walker, « Alms », qui met particulièrement en évidence le rôle, dans le soutien au Temple, des liens familiaux et d’autres réseaux de idélité.

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l’ensemble de leur descendance mâle et de leurs biens au point de s’autodétruire, comme les Bourbouton avec le Temple de Richerenches ou bien les comtes d’Arnstein, en Souabe, avec les Teutoniques78. Ces cas de « suicide dynastique », intrigants mais attestés pour l’ensemble du monachisme, montrent encore tout le pouvoir d’attraction des ordres militaires auprès de l’élite guerrière79. Je serai bref sur le cas plus spéciique des ailiés car Carlos de Ayala Martínez revient sur le dossier dans ces mêmes pages80. Globalement, il semble que la sociologie des confrères, donnés et autres Halbbrüder connaisse sensiblement la même évolution que celle des frères profès. On constate en efet la fermeture progressive d’une pratique qui fut, à l’origine, relativement « démocratique ». Pour les xiie et xiiie siècles, la plupart des travaux suggèrent une certaine diversité sociale, même si le recrutement des confrères reste coniné à une population relativement favorisée. Auprès des Templiers, on trouve par exemple certaines familles consulaires ou podestariales d’Italie septentrionale ou bien quelques bourgeois du Nord de la France81. En Provence, les confrères sont essentiellement issus des mêmes milieux que les frères : ce sont des membres du groupe chevaleresque et, à moindre mesure, des individus sortis des nouvelles élites de l’artisanat et du commerce82. Mais, à partir du dernier tiers du xiiie siècle, les confrères inissent par céder la place aux donnés dont les liens avec les commanderies sont plus formalisés. Chez les Hospitaliers, les donnés tendent à être recrutés de plus en plus dans la noblesse : dès  1262, les statuts insistent sur la naissance, tandis que nobles et non nobles sont soigneusement distingués dans les enquêtes de 133883. L’enquête pontiicale de 1373 donne, en revanche, un tout autre visage de l’Hôpital : les efectifs généraux des ailiés se sont efondrés et les donnés nobles ont quasiment disparu84. Il semble bien que, pour les hommes et les femmes d’un certain standing social, la vie religieuse dans le siècle proposée par l’ordre ait alors perdu tout attrait. Échanges matériels et liens sociaux Les motivations pieuses qui amenaient bienfaiteurs laïcs et ailiés à s’associer aux commanderies furent toujours prolongées par des échanges matériels que nous limiterons essentiellement ici aux transferts fonciers. L’engouement des médiévistes pour l’anthropologie du don nous dispense d’insister sur le rôle 78

D. Carraz, « Mémoire lignagère » ; et K. Toomaspoeg, « Arnstein », p. 120. J. Morsel, L’aristocratie, p.  138, relativise toutefois l’expression de «  suicide dynastique  » employée par A. Murray, Reason and Society in the Middle Ages. 80 Pour une première approche du phénomène : D. Carraz, « Confraternité », pp. 252-256. 81 E. Bellomo, he Templar Order, pp. 125-126 ; et A. Demurger, « Les Templiers à Auxerre », p. 311 : exemple d’un orfèvre, bourgeois d’Auxerre, qui, après avoir rassemblé des terres à Serain, donna tous ses biens au Temple (1272), devint confrère et élut sépulture à la commanderie de Saulce. 82 D. Carraz, L’ordre du Temple, pp. 339-341. 83 J. Riley-Smith, he Knights, pp. 244-245 ; et C. de Miramon, Les « donnés » au Moyen Âge, pp. 329-332. 84 A.-M. Legras, « Les efectifs », p. 378 ; et N. Coulet, « Les efectifs », pp. 116-117. 79

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central de la terre, à la fois dans la fabrication du lien social et dans la déinition des hiérarchies85. La grande période des donations excède rarement le  siècle qui suit la création d’un ordre religieux  : passé l’attrait de la nouveauté et le dynamisme fondateur, toutes les institutions religieuses sont confrontées à un tarissement, plus ou moins sensible, de la générosité laïque. C’est bien évidemment le cas des ordres militaires qui connaissent une érosion progressive des donations au cours du xiiie siècle86. Les diicultés économiques de l’aristocratie entraînent en efet une redéinition des échanges avec les commanderies, illustrée par la généralisation du contre-don. Abondamment documentées dans le Midi français au xiie siècle, les prestations en terres ou en chevaux dont bénéiciaient les milites voisins des commanderies ne peuvent être interprétées comme une crise des échanges entre frères guerriers et élites laïques87. Ces contre-dons rappellent plutôt les prestimonios de la péninsule Ibérique : ces rentes viagères que les milices concédaient à des personnages inluents peuvent être, certes, analysées en termes économiques et féodo-vassaliques, mais elles s’inscrivaient surtout dans la constitution de réseaux d’amis puissants, souvent liés aux familles royales, dont les frères pouvaient attendre services et protection88. D’autre part, d’autres formes d’échanges, plus ou moins formalisées, se substituent progressivement aux donations « classiques ». À partir du xiiie siècle, les frères guerriers proitent, eux aussi, des legs testamentaires, des fondations de messes anniversaires et de chapellenies ou bien d’autres œuvres pies — puisque, ne l’oublions pas, les ordres militaires sont aussi hospitaliers. Encore assises sur des rentes foncières, mais de plus en plus souvent sur des prestations monétaires, ces « générosités réciproques » sont désormais sous-tendues par une logique comptable et monétarisée du don. Il serait, dès lors, important de déterminer quelles élites s’adonnent à ces pratiques d’échange et témoignent ainsi d’une adhésion renouvelée au monachisme militaire. On manque encore d’études de cas, mais il semble bien que les milices furent plutôt perméables aux nouvelles formes de dévotion, dont on présume qu’elles furent d’abord popularisées par les couches dominantes et surtout urbaines. Il en va ainsi de la piété funéraire induite par les pratiques testamentaires et à laquelle se conformèrent sans réticences les Templiers et les Hospitaliers du Midi français89. Dans les villes rhénanes du xve siècle, les Hospitaliers se prêtèrent encore pleinement aux attentes des élites inancières ou artisanales en accueillant confréries et chapellenies privées. Karl Borchardt ou Klaus Militzer ont ainsi montré 85 Pour dépasser les débats théoriques, on se limitera à citer ici une analyse modèle des échanges qui purent se développer entre communautés monastiques et diférents groupes sociaux laïques : A. Rodriguez et R. Pastor, « Générosités nécessaires ». 86 Quelques aperçus statistiques et chronologiques chez H. Nicholson, Templars, Hospitallers and Teutonic Knights, pp. 57-60. 87 D. Carraz, L’ordre du Temple, pp. 166-167. 88 C. Barquero Goñi, « Los Hospitalarios y la nobleza », pp. 27-28 et 35-37 ; S. Boissellier, Naissance, pp. 397-398 ; et Ph. Josserand, Église et pouvoir, pp. 421-423. 89 D. Carraz, L’ordre du Temple, pp. 347-355. Pour le xiiie siècle, J. Oberste, « Donaten », a bien montré comment les Templiers et les Hospitaliers avaient noué, avec le méliorat toulousain, des liens privilégiés articulés autour de la confraternité et du testament.

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que les modèles de piété ne circulaient pas en sens unique : à la in du Moyen Âge, c’est l’Hôpital, massivement cléricalisé, qui se conforme à la devotio moderna popularisée par le patriciat urbain90. Si les testateurs provençaux du xiiie siècle relevaient surtout de l’aristocratie militaire traditionnelle, c’est bien un méliorat renouvelé qui igure dans la documentation hospitalière du Moyen Âge tardif. Les nouvelles élites économiques Passons à une dimension plus « économique » des relations entre ordres militaires et dominants. Les achats de terres, qui complétèrent puis supplantèrent les donations, ont d’abord permis aux commanderies de prolonger des liens avec leurs partenaires traditionnels. En Provence comme en Roussillon, les vendeurs appartiennent aux lignages chevaleresques dont les membres donnent aussi des biens ou s’ailient au Temple91. Mais l’appauvrissement de la middle class aristocratique coïncide avec la montée de nouvelles couches urbaines  : au cours du xiiie  siècle, ce sont désormais avec les artisans et les marchands que les Templiers font afaire à Avignon ou à Perpignan92. Il resterait encore à déterminer dans quelle mesure ces travailleurs, qui proitent de l’essor économique et se retrouvent comme tenanciers ou fournisseurs des commanderies, relèvent d’une élite… Le processus est plus clair en Prusse, où la politique économique volontariste des Teutoniques a favorisé l’émergence d’élites urbaines constituées, d’une part, par un groupe intermédiaire d’artisans structuré par les métiers et, d’autre part, par une oligarchie de grands marchands93. Dans le contexte économique plus instable de la in du Moyen Âge, il faudrait scruter les relations qui se nouent avec certains groupes sociaux promis à un riche avenir. Je pense par exemple aux fermiers ou autres procuratores qui, à partir du xive et surtout du xve siècle, arrentent ou gèrent les domaines des milices et parfois même l’intégralité des commanderies94. Qui sont-ils ? Les enquêtes et contrats d’arrentement concernant l’Hôpital en Provence laissent deviner leur appartenance à une certaine élite économique : laboureurs aisés des environs des commanderies ou petits nobles qui investissent dans la terre95. Se sont-ils vraiment enrichis ? Dans le Midi, la belle documentation hospitalière, croisée 90

K. Borchardt, « Hospitallers, Mysticism, and Reform » ; et K. Militzer, « he Hospitaller Fraternity ». 91 L. Verdon, La terre et les hommes, pp. 44-48. 92 D. Carraz, L’ordre du Temple, pp. 396-401 ; et L. Verdon, La terre et les hommes, pp. 112-116. 93 S. Gouguenheim, Les chevaliers teutoniques, pp. 390-396. 94 Éléments pour l’Hôpital et les Teutoniques dans Les Ordres militaires, la vie rurale et le peuplement, pp. 58-60, 156 et 250. 95 En 1373, la grange de Launac, au diocèse de Maguelonne, est arrentée à un marchand de grains de Montpellier (Archivio Segreto Vaticano, Coll. 137, fº 278), tandis que la tour de Codolet l’est par un certain Berengarius Sabaterii, habitant du lieu (ASV, Coll. 17, fº 147vº). À cette date, toutefois, la plupart des biens sont encore arrentés par des frères de l’ordre. En 1443, la commanderie d’Avignon est arrentée à deux petits seigneurs (Archives départementales du Vaucluse, 3E5/710, fos 531-532) et, en 1461, elle l’est à deux marchands (ADV, 3E12/1615).

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avec les registres notariés, permettrait sans doute d’étudier ces hommes qui, d’une certaine manière, tirèrent proit des diicultés de gestion de l’ordre96. Les relations se limitèrent-elles aux afaires ? Dans l’Angleterre du xve siècle, beaucoup de fermiers étaient associés à des Hospitaliers par le sang, le mariage ou les services, et certains faisaient entrer leurs ils dans l’ordre97. Désormais complètement urbanisé, et à un niveau plus relevé de l’échelle sociale, igure le vaste monde du grand négoce. De l’espace hanséatique à l’« économie-monde » méditerranéenne, les intérêts des ordres militaires se sont partout conciliés avec ceux des milieux inanciers et maritimes98. À Marseille, l’oligarchie des armateurs et négociants a largement proité des relations régulières que Templiers et Hospitaliers ont entretenues avec l’Orient latin jusqu’au milieu du xive  siècle. Si, au xiie  siècle, l’Hôpital fut soutenu par de vieux lignages chevaleresques, comme les Anselme-Fer, les familles présentes aux côtés de l’ordre deux siècles plus tard aichent plutôt une réussite récente, à l’instar des Lengres99. À Barcelone, l’Hôpital se lia à quelques ciutadans honrats comme les Gualbes, qui prolongèrent leurs liens d’afaires en donnant au moins quatre frères à l’ordre dans les années 1380-1430100. Les réseaux tissés par les milices, et notamment par les Teutoniques et les Hospitaliers, trouvèrent des ramiications dans le monde de la inance internationale. Pour se limiter à ce seul exemple, Anthony Luttrell a montré comment les Hospitaliers se rendirent dépendants des compagnies toscanes au xive siècle, pour les avances et les transferts de fonds. Jusqu’au krach inancier des années 1343-1346, tout un milieu d’agents et de facteurs gravitait autour du Collachium à Rhodes, au point que certains d’entre eux embrassèrent même la carrière hospitalière101. Partout, donc, les échanges économiques débouchèrent sur des liens spirituels. À l’aube des Temps modernes, les marchands londoniens qui vendaient de beaux vêtements aux Hospitaliers et leur avançaient le prix de leur passage à Rhodes continuaient encore à intégrer la confraternité et à demander des messes anniversaires102. 96 Il y aurait, de même, une étude à conduire sur ces bourgeois qui ont proité de la coniscation des biens du Temple à partir de 1307. De quels milieux sortaient-ils et étaient-ils, déjà, des partenaires de l’ordre avant sa suppression ? Il y eut, en tout cas, de belles réussites grâce aux positions acquises sur le temporel templier, comme Guillaume Pisdoe et Rénier Bourdon, marchands nommés curateurs des biens du Temple à Paris, ou Antonio Pessagno, riche marchand génois qui tira proit du séquestre en Champagne et en Aquitaine : B. Bove, Dominer la ville, pp. 290, 306 et p. 315 ; et J.-M. Roger, « Antonio Pessagno », p. 98. 97 G. O’Malley, he Knights Hospitaller, p. 104. 98 Sur les intenses relations des Teutoniques avec les marchands hanséatiques et, de manière générale, sur la politique économique volontariste de l’ordre : J. Sarnowsky, Die Wirtschatsführung ; et R. Czaja, « Preussische Hansestädte ».  99 D. Carraz, « Les Lengres », pp. 763-768. 100 P. Bonneaud, Le prieuré de Catalogne, pp. 364-366 ; et Id., Els Hospitalers catalans, pp. 90-91. 101 Comme Bartolomeo di Lapo Benini, un facteur des Bardi à Avignon, qui, malgré son entrée à l’Hôpital en 1339, poursuivit ses propres afaires avant de devenir prieur de Rome et Pise : A. Luttrell, he Town of Rhodes, p. 139 ; et Id., « he Hospitallers and their Florentine Bankers ». 102 G. O’Malley, he Knights Hospitaller, pp. 107-108. 

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L’establishment issu de l’essor économique fut aussi celui qui prit le pouvoir dans les villes, ce qui nous amène à évoquer un aspect plus politique des relations entre ordres militaires et dominants. À Rhodes et dans l’Ordensstaat prussien, les Hospitaliers et les Teutoniques durent souvent arbitrer les tensions sociales qui traversaient les villes dont ils étaient maîtres103. Tout autre fut le cas des centres urbains qui s’étaient constitués en municipalités autonomes et où la surveillance croissante exercée sur la vie civique, économique et religieuse ne devait pas manquer d’opposer les ordres militaires aux autorités civiles104. On sait bien comment l’exacerbation des concurrences économiques et juridictionnelles provoqua partout des tensions à partir du xiiie siècle. Toutefois, ces conlits sont le plus souvent étudiés du point de vue des ordres militaires et non de celui des oligarchies urbaines qui leur sont opposées. Quelque peu réiiés, les pouvoirs urbains sont envisagés dans leur dimension institutionnelle — le concejo, l’échevinage, le consulat — plutôt que comme des associations d’individus mus par les mêmes intérêts économiques et politiques105. Les individus s’efacent derrière des groupes aux contours lous — « bourgeois », « citoyens » —, et on a donc du mal à rentrer dans les arcanes des réseaux de pouvoirs et à bien cerner les positionnements des diférentes nébuleuses sociales vis-à-vis des frères guerriers106. C’est donc en multipliant les monographies et en croisant les sources que l’on pourra peut-être mieux appréhender les partenaires comme les adversaires des ordres militaires dans toute leur profondeur sociale, mais aussi dans leurs choix politiques107. La convergence d’intérêt des frères guerriers avec certaines oligarchies urbaines, ou certaines factions au sein de ces oligarchies, conirme en tout cas la profonde intégration du monachisme militaire au monde urbain. Mais les interrelations furent réciproques. Les frères se sont adaptés à des pratiques spi103

Comme à Dantzig et à Culm, au xive siècle, où l’ordre prit le parti du patriciat contre les bourgeois et les compagnons des métiers (S. Gouguenheim, Les chevaliers teutoniques, p. 392). 104 Pour une première approche : J. Kreem et P. Monnet, « Pouvoir municipal », pp. 734-735. La surveillance des activités spirituelles des milices n’a pas encore attiré l’attention des historiens, alors que les municipalités ont, par exemple, statué sur les confrères : C. de Miramon, Les « donnés » au Moyen Âge, pp. 391-394 ; et Ph. Josserand, Église et pouvoir, p. 423. 105 Les recherches conduites sur Villa Real sont à cet égard symptomatiques  : les relations trilatérales entre Calatrava, le concejo et la monarchie sont décortiquées dans leur dimension essentiellement événementielle, mais à aucun moment n’est posée la question de la composition du concejo, L. R. Villegas Díaz, « Algunos datos » ; et Id., « Calatrava y Ciudad Real ». J. A. C. F. de Oliveira, « A gestão de conlictos », analyse de même les diférentes facettes de la confrontation, mais ne dit rien non plus de la composition des concelhos. 106 H. Nicholson, Templars, Hospitallers and Teutonic Knights, p. 76, évoque par exemple de façon elliptique les « citoyens » de Provins (c. 1270) ou les « bourgeois » des villes du Devon. Peu d’individus émergent, comme cette famille Ratier, à Millau au xiiie siècle, éleveurs devenus inanciers, qui ont accédé au rang consulaire et qui disputaient aux Templiers des terrains de pâture : A.-R. Carcenac, Les Templiers du Larzac, pp. 179-180. 107 À Plaisance, par exemple, les Templiers furent étroitement mêlés aux luttes de factions entre Scotti et Visconti qui déchirèrent la cité au début du xive siècle : E. Bellomo, he Templar Order, pp. 172-174.

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rituelles, culturelles ou administratives plutôt urbaines, mais ils ont également contribué à l’auto-représentation — à la Selbstverständnis — des diférentes strates supérieures. Aux xiie et xiiie siècles, l’entrée en confraternité ou bien l’association comme miles ad terminum ofraient la possibilité aux milites d’exalter leur status chevaleresque108. À la in du Moyen Âge, la participation aux Reisen de Prusse permettait de même aux patriciens des villes d’Empire de manifester leur intégration à l’ethos nobiliaire109. Le vivier des intermédiaires et des employés Gestionnaires et agents de la domination seigneuriale La faiblesse des efectifs résidant dans les commanderies dut, dès l’origine, poser des problèmes de gestion des temporels. Cela a incité les frères à développer des liens étroits avec les notables de leur voisinage. Il fallait recourir à des hommes respectés au sein de leur communauté et surtout bien introduits dans les arcanes de l’économie locale, à l’image des procureurs et syndics des Teutoniques de Sicile. À partir du xive siècle, pour pallier le déclin de ses efectifs, cet ordre favorisa en efet l’émergence d’un corps d’intermédiaires et de représentants locaux recrutés parmi les notables et les confrères110. Les milices se sont également appuyées sur des intermédiaires dans la constitution des temporels. On a ainsi souligné le rôle de ces procuratores d’origine chevaleresque qui ont soutenu l’expansion foncière du Temple dans les villes du Bas-Rhône au xiiie siècle111. On retrouve leur équivalent dans l’Essex, où les Hospitaliers s’attachèrent des gestionnaires domaniaux laïques112. L’attachement de certaines élites locales au service des frères est encore plus net dans les pays de colonisation. En Prusse, les Teutoniques ont suscité l’émergence d’une nouvelle aristocratie germanique constituée de locatores et de vassaux auxquels étaient coniés domaines et fortiications113. La conquête ouvrit ainsi de nouveaux horizons à la petite aristocratie, souvent issue de la ministérialité, venue de Basse-Saxe, de la Misnie ou de l’Allemagne moyenne114. En Livonie, quelques grands propriétaires inirent 108

D. Carraz, L’ordre du Temple, pp.  339-342  ; et G. Ligato, «  Fra ordini cavallereschi e crociata ». 109 W. Paravicini, Die Preußenreisen, t. I, pp. 153-158, sur la participation de la « Stadtadel » aux voyages de Prusse. 110 K. Toomaspoeg, « Confratres, procuratores ». 111 D. Carraz, L’ordre du Temple, pp. 127 et 405-406. 112 Il s’agissait d’hommes sans héritiers qui accroissaient leur patrimoine personnel avant de le céder à l’ordre, lequel leur procurait en échange des avantages matériels (rentes, bienfonds) et/ou spirituels (confraternité) : voir M. Gervers, « Pro Defensione », pp. 11-14. 113 Ch. Higounet, Les Allemands, pp. 243-250 ; et S. Gouguenheim, Les chevaliers teutoniques, pp. 377-382. 114 Comme ce Dietrich de Dypenow qui, au milieu du xiiie siècle, fut chassé d’Hildesheim et réussit en Prusse, où il reçut plusieurs villages des Teutoniques (S. Gouguenheim, Les chevaliers teutoniques, pp. 382-383).

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par s’assimiler, par exemple en délaissant leurs anthroponymes germaniques pour prendre le nom de leurs domaines115. Les locatores trouvent leur équivalent chez les populatores de la péninsule Ibérique dont il est malaisé de cerner le relief social, mais qui devaient être assez puissants pour recruter les colons et se faire obéir, tout en restant contrôlables par les ordres militaires qui leur coniaient des terres à peupler116. Je n’évoque pas la question de l’assimilation culturelle et religieuse, puis de l’intégration aux ordres, des élites indigènes117 ; le phénomène n’en est pas moins essentiel pour réléchir sur la promotion sociale liée aux ordres militaires. Pour médiatiser leur domination sur les populations de leurs seigneuries et accomplir des fonctions administratives, les ordres militaires se sont encore subordonnés des élites locales118. Certains intermédiaires issus des élites paysannes ne sont pas toujours faciles à distinguer de la petite aristocratie militaire à laquelle ils pouvaient accéder119. On aimerait ainsi pouvoir étudier les agents du pouvoir seigneurial qui représentaient les frères face aux communautés d’habitants, comme les bayles des sauvetés hospitalières du Sud-Ouest français ou bien les batlles catalans120. Ces agents détenaient des pouvoirs à même d’assurer leur domination sur les villageois  : investis de l’autorité seigneuriale au nom du commandeur, ils avaient la capacité d’édicter des règlements municipaux, partageaient l’exercice de la justice et, bien sûr, avaient en main l’organisation agraire et les prélèvements seigneuriaux. Dans les grandes seigneuries catalanes, les batlles ont rendu leur fonction héréditaire et les seigneurs, parmi lesquels les Templiers et les Hospitaliers, se sont eforcés de limiter leur pouvoir au cours du xiie siècle121. Ce type d’ascension engage à s’intéresser au statut privilégié de certains dépendants, puisque les avancées historiographiques récentes ont permis de sortir d’une vision univoque et misérabiliste de la servitude paysanne122. On sait bien, désormais, que certains hommes assujettis jouissaient d’un statut 115

Ch. Higounet, Les Allemands, p. 232. Pour un exemple concernant Santiago dans l’Alentejo portugais en 1274 : S. Boissellier, Naissance, p. 115. 117 Pensons notamment à la Prusse teutonique, où l’aristocratie prutène fut assez rapidement christianisée et germanisée (S. Gouguenheim, Les chevaliers teutoniques, pp. 370-373). 118 Précisons toutefois combien cette notion d’élite locale peut être relative et luctuante, dans l’espace et dans le temps. Par exemple, à la in du xiiie siècle, dans les villages de l’Alentejo relevant de la seigneurie d’Avis, un charpentier, un éleveur ou un « homme » du seigneur pouvaient igurer parmi les notables, alors qu’à Evora, ville-siège de l’ordre, il fallait être marchand ou juge pour jouir de la reconnaissance sociale (S. Boissellier, Naissance, p. 409). 119 Comme ce bayle seigneurial de la région d’Arles armé et reçu comme miles par les Templiers (D. Carraz, L’ordre du Temple, p. 180). 120 P. Ourliac, « Les sauvetés de Comminges », p. 71. 121 Les bayles durent ainsi rendre compte de leur gestion, prêter hommage et furent attachés à leur tenure : P. Benito i Monclús, « Agents du pouvoir ». 122 On a appris, notamment, à se méier de ces donations d’hommes avec leurs biens, très courantes dans la documentation méridionale des ordres militaires, tandis que le sens de l’hommage servile a été complètement revu : M. Mousnier, « Jeux de mains ». 116

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juridique privilégié et, souvent, d’un niveau de vie supérieur au reste de la communauté paysanne. Ce dut être le cas de la catégorie des « hommes propres du Temple » en Occitanie : ceux-ci bénéiciaient de la protection de l’ordre auquel ils étaient exclusivement attachés, n’étaient en général pas soumis aux mauvaises coutumes et pouvaient quitter leur tenure. Certains hommes amansats apparaissent comme des personnages éminents au sein de leur communauté et élisaient sépulture dans le cimetière du Temple123. Ils formaient donc, au sein de la société paysanne, une catégorie privilégiée fournissant aux Templiers agents seigneuriaux ou médiateurs auprès de leur communauté. Comme toute seigneurie, celle des ordres militaires contribuait donc à renforcer les hiérarchies au sein des sociétés rurales. La nébuleuse des serviteurs Les seigneuries des ordres militaires employaient également une maind’œuvre de travailleurs agricoles, artisans et domestiques en tous genres. Ce petit peuple ne relève certes pas de l’élite, mais il pouvait néanmoins se dégager en son sein des individus tirant proit de leur savoir-faire et de leurs liens privilégiés avec les frères. Ainsi, à la in du xiiie siècle, quelques serviteurs de l’ordre d’Avis, probablement d’assez humble origine, étaient gratiiés de prédicats honoriiques, comme « don » ou « mestre »124. Certaines fonctions semblent d’ailleurs s’être transformées en véritables oices dont l’attribution pouvait récompenser un lien particulier avec les frères et init même par être réservée à quelques personnages en vue. Dans le prieuré d’Angleterre, à la in du Moyen Âge, certains oiciers externes de l’Hôpital — chapelains séculiers, baillis, garde forestiers… — étaient logés, vêtus et salariés, tandis que les oices domaniaux les plus prestigieux, comme l’intendance (stewartship of the court), étaient attribués à des notables locaux125. Par ailleurs, de nombreux serviteurs étaient personnellement liés aux dignitaires des ordres militaires126. Paula Pinto Costa a ainsi dressé des listes de ces bataillons de procureurs, écuyers, criados ou autres alcaides gravitant autour des prieurs et des commandeurs de l’Hôpital au Portugal. Mais, à aucun moment, elle n’étudie ces serviteurs comme un milieu social cohérent et ne s’interroge sur l’inluence qu’ils obtenaient de leur proximité personnelle avec les dignitaires de l’ordre127. Ces familiers recevaient de leurs protecteurs 123

P. H. Freedman, « Military Orders and Peasant Servitude », pp. 102-105 ; L. Verdon, La terre et les hommes, pp. 172-173 ; M. Mousnier, « Jeux de mains », pp. 38-39 ; et D. Carraz, L’ordre du Temple, pp. 367-368. 124 S. Boissellier, Naissance, pp. 409-410. 125 G. O’Malley, he Knights Hospitaller, pp. 105-106. 126 On ne discutera pas de la nature de ces liens auxquels l’historiographie espagnole confère une dimension vassalique de façon un peu trop systématique, par exemple E. Rodriguez-Picavea Matilla, « Caballería y nobleza », pp. 522-523. 127 Pour certains prieurs, l’auteur a identiié plus d’une quarantaine de clients : P. M. de Carvalho Pinto Costa, A ordem militar do Hospital, pp. 241-318.

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cadeaux et rentes pris sur les patrimoines des milices. Sans doute ces personnages, qui tiraient partie de leur position privilégiée, constituaient-ils également un milieu homogène, soudé par une conscience de service commune. Toutefois, à ma connaissance, aucune approche n’a été tentée de ces clientèles liées aux ordres militaires, sans doute parce que, relevant de la sphère privée, de tels liens sont peu documentés avant la in du Moyen Âge128. Dans un monde où le savoir intellectuel init par devenir l’un des plus sûrs vecteurs de réussite, il reste à évoquer l’ascension, aux côtés des frères guerriers, de toutes sortes d’individus détenteurs de compétences techniques ou d’une culture pratique. On pense aux médecins desservant les hôpitaux des milices, même s’il est impossible d’en établir une prosopographie129. Je m’attarderai un peu plus sur le monde de l’écrit : juristes, notaires, traducteurs130. Les quartiers généraux et les commanderies employaient des escouades de spécialistes de l’écriture et du droit et, dans les zones de frontière comme Rhodes, les milices suscitèrent un véritable creuset ethnique et culturel131. Au sein des seigneuries purent également se constituer de véritables intelligentsia qui se concentraient plutôt dans les bourgs réunissant un certain nombre de fonctions urbaines. À Montfrin, dans le Bas-Rhône, l’ascension, au service du Temple, de familles notariales comme les Lobas et les Montauros, qui inirent par intégrer le consulat, est tout à fait représentative à cet égard132. L’administration de la seigneurie et, plus encore, celle de l’Ordensstaat requéraient un personnel compétent et dévoué dont les ordres militaires ont pu organiser la formation et le recrutement. Au xve siècle, les Teutoniques subventionnaient des étudiants, qui, une fois formés au droit, trouvaient à s’employer comme conseillers, juges, procureurs ou évêques au service des principautés de Livonie et de Prusse ou des grands dignitaires de l’ordre133. On voit donc apparaître, associées aux ordres militaires, de véritables élites bureaucratiques dont il faudrait entreprendre la prosopographie. Le notariat constitue notamment un milieu omniprésent dans l’entourage des frères. Kristjan Toomaspoeg a ainsi 128 Ainsi que l’a noté Ph. Josserand, Église et pouvoir, p. 415, qui livre tout de même quelques exemples de criados pour le xive siècle. Il ne fait pas de doute que dans les grandes places économiques, des serviteurs de haute volée étaient recrutés dans les cercles les plus inluents. Le cas de Dragonetto Clavelli, receveur et procureur du maître de l’Hôpital à Rhodes de 1382 à 1415, est à ce titre éclairant puisque la position acquise au service de l’Hôpital permit à ce inancier de devenir un « quasi-seigneur » de l’île : J. Sarnowsky, « Dragonetto Clavelli », p. 308. 129 Seuls quelques noms de médecins nous sont parvenus : F.-O. Touati, « Médecine », pp. 598599. Pour les xive et xve siècles rhodiens, on a tout de même quelques exemples de ces spécialistes devenus hommes de coniance du grand-maître de l’Hôpital : A. Luttrell, « Fourteenth-Century Hospitaller Lawyers », pp. 451-452. 130 Comme le fameux « Templier de Tyr », scribe et traducteur au service du Temple d’Acre, qui entra ainsi dans l’intimité du grand-maître Guillaume de Beaujeu (L. Minervini, « Les Gestes des Chiprois », pp. 316-317). 131 Par exemple, A. Luttrell, he Town of Rhodes, pp. 148-151. 132 D. Carraz, L’ordre du Temple, p. 372. 133 J. Brundage, « he Lawyers », p. 354.

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reconstitué le milieu des notaires liés à la Magione teutonique de Palerme au cours des xiiie et xive siècles : ceux-ci n’instrumentaient pas seulement pour les religieux, mais ils prenaient en location des biens du bailliage, développant parfois de véritables entreprises agricoles, et scellaient leurs liens avec l’ordre par la confraternité134. La diplomatique, qui commence à être appliquée aux chartes des ordres militaires, pourrait aider à cerner les contours sociaux de ces professionnels de l’écrit135. Sans doute l’identiication des scribes et de leurs graphies, des lieux et dates de production, ainsi que l’analyse des formulaires permettraient-ils de pister quelques-uns de ces hommes et de cerner un peu mieux ces milieux attachés aux frères. Bref, il y aurait matière à réléchir, dans une perspective comparatiste, à tout ce petit monde de serviteurs et à la mobilité sociale entretenue grâce à ces faisceaux de liens, personnels et institutionnels, avec les milices. Il semble que le monachisme militaire constitue un laboratoire pertinent pour observer les mutations sociales et les multiples tensions qui traversèrent la société médiévale. Aux xiie et xiiie siècles, la haute noblesse, présente au sommet de l’État et de la hiérarchie de l’Église séculière, semble hésiter à embrasser les carrières ofertes par les ordres militaires. Ces derniers se sont, en revanche, largement ouverts aux cadets, voire aux bâtards, de la petite et moyenne aristocratie. Les travaux prosopographiques ont montré que les milices avaient ofert de brillantes carrières à des individus qui n’appartenaient pas forcément au sommet de l’élite guerrière136. On ne peut donc s’étonner de la forte imprégnation chevaleresque qui caractérise les ordres militaires, au moment même où les milites et autres caballeros villanos s’airment comme des professionnels de la guerre, avant de proiter, eux aussi, de l’essor économique. À l’image de la société du Moyen Âge central, et spécialement sur ses frontières, les ordres militaires sont alors des institutions ouvertes, susceptibles de promouvoir des hommes nouveaux. À partir de la deuxième moitié du xive siècle, les milices participent toujours au renouvellement des élites en intégrant massivement les méliorats, désormais essentiellement urbains, tout en airmant avec force l’idéologie de l’aristocratie militaire. Parallèlement, ces institutions favorisent la constitution d’élites internes pleinement conscientes d’elles-mêmes et imprégnées des valeurs nobiliaires. Dès lors, l’oligarchisation observée au sein des milices relète la fermeture qui caractérise les grandes élites de la in du Moyen Âge, la noblesse de sang et le sommet du patriciat urbain. Or, c’est cette fermeture idéologique, aichée avec force mais pas toujours suivie dans les faits, qui permet aux membres des ordres militaires de maintenir une domination sociale qui, dès l’origine,

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K. Toomaspoeg, Les Teutoniques en Sicile, pp. 140-155 et 258-259. M. Gervers et N. Hamonic, « Scribes and Notaries » ; et S. Gomes, « Observações ». 136 J. Burgtorf, he Central Convent, pp. 378-382. 135

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s’était fondée sur l’absorption des hommes et des biens de l’aristocratie137. Il resterait à savoir si l’élitisme des ordres militaires à la in du Moyen Âge est un phénomène commun au reste du clergé régulier et séculier. Il semble, par exemple, que, dans la France de la in du Moyen Âge, le recrutement du haut clergé séculier était plus ouvert138. Sans doute l’Église séculière acceptait-elle plus facilement la fusion de la noblesse d’armes et des élites du négoce et du savoir que des ordres militaires moins réceptifs à la promotion intellectuelle. Mais il ne s’agit que d’une impression rapide et, pour évaluer réellement l’impact social du monachisme militaire, il faudrait inscrire le phénomène dans l’évolution sociologique de l’institution ecclésiale prise dans son ensemble. On a pu, par exemple, avancer que les ordres militaires avaient mieux résisté au déclin des vocations monastiques à partir de la in du xiiie siècle139. Seules des analyses comparatives précises du recrutement ecclésiastique à l’échelle d’une ville ou d’une région permettraient de vériier ce présupposé. J’ai rappelé, si besoin était, l’intensité des liens tissés avec les diférents groupes dominants : bienfaiteurs ou simples partenaires économiques, ailiés ou clients, serviteurs idèles ou salariés temporaires, guerriers comme marchands, gens de savoir comme paysans. Il resterait encore à développer les études de cas sur les relations avec les élites extérieures en essayant de cerner au mieux la profondeur sociale de ces dernières. Dans bien des régions, les abondantes archives laissées par les commanderies jettent une lumière vive sur un paysage documentaire jusque-là souvent obscur  : les chartes, cartulaires ou autres enquêtes permettent enin, à partir des xiie et xiiie  siècles, d’appréhender un peu mieux la stratiication sociale dans toute sa complexité. Or, bien souvent, cette documentation a inspiré une histoire sociale dans laquelle les frères n’apparaissent qu’à l’arrière-plan ou bien, au contraire, une histoire « internaliste » des ordres militaires140. Il est temps de croiser les deux approches et d’intégrer encore mieux le monachisme militaire dans la société et l’ecclésiologie de son temps. La documentation permettrait, par exemple, de creuser les rapports avec les agents seigneuriaux ou la paysannerie enrichie, qui ressortent d’une certaine élite. Le développement des relations entre les commanderies et ces diférents intermédiaires traduit ainsi une hiérarchisation et une complexité croissantes des stratiications sociales. L’étude des nébuleuses de serviteurs et de clients gravitant autour des commanderies montre de même l’intérêt qu’il y a à raisonner en termes de réseaux, plutôt 137 Sur les avantages retirés, par les ordres militaires, de leurs liens intrinsèques avec l’aristocratie, voir par exemple : Ph. Josserand, Église et pouvoir, pp. 419-426. 138 V. Tabbagh, Gens d’Église, p. 95. 139 A. Barbero, L’aristocrazia, p. 207. 140 Les thèses de A.-R. Carcenac, Les Templiers du Larzac, et de L. Verdon, La terre et les hommes, sont par exemple représentatives du premier cas de igure. La seconde situation a longtemps caractérisé l’historiographie des ordres militaires considérés « comme une sorte d’en-soi, étudiés pour eux-mêmes, pour ainsi dire en marge de leur environnement » (Ph. Josserand, « Les ordres militaires dans les royaumes », p. 40).

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que seulement de groupes sociaux. L’analyse des échanges et des obligations réciproques devrait aider à comprendre comment se structurent des groupes tirant partie de leur proximité avec les frères guerriers. Cela paraît essentiel pour appréhender la façon dont ces derniers s’insèrent dans une société, surtout lorsque celle-ci leur est en partie exogène, comme c’est le cas des sociétés de frontière141. Tout cela tient de l’analyse sociologique, mais il ne faudrait en aucun cas négliger les processus de dominations idéologiques ou culturels. Dans la mesure où la diférenciation sociale est fondée sur des jugements de valeurs sociaux, sur un status accordé à un individu ou à un groupe par la société, on comprend tout l’intérêt de la notion de Selbstverständnis, des représentations que les milices se créent mais qu’elles renvoient aussi au reste de la société.

141 Pour l’analyse d’une société de frontière liée à un ordre militaire à l’époque moderne  : A. Brogini, Malte.

LE COMBATTANT NOBLE ARMÉNIEN : UN MILES CHRISTI ?

Gérard Dédéyan Université Paul Valéry (Montpellier)

S’inscrivant dans le premier État oiciellement converti au christianisme (le roi Tiridate reçoit le baptême des mains de saint Grégoire l’Illuminateur, en 305 ou 314, soit environ soixante-dix ans avant la proclamation du christianisme comme religion d’État, dans l’Empire romain, par héodose le Grand, en 380), les Arméniens constituent très vite ce que le Père Levon Zekiyan a opportunément appelé une « chrétienté de frontière1 ». Cette chrétienté confrontée au cours des siècles à un environnement hostile ou, à tout le moins, défavorable — voisinage ou domination, principalement des Perses, des Arabes, des Turcs — vit sa foi chrétienne d’une façon très spéciique qui se traduit souvent par le témoignage au prix de sa vie, le martyre, soit dans les combats, dans une guerre pour la défense de la foi et de la patrie, soit dans les supplices. D’autres peuples ou communautés pourraient mériter l’appellation de chrétienté de frontière — au premier chef, les Géorgiens, voisins septentrionaux des Arméniens, les Éthiopiens, entre autres — mais c’est dans le cas des Arméniens que les caractéristiques en apparaissent de manière la plus précoce et la plus marquante. Notons que, chez les Arméniens, c’est le même terme de nahatak (d’abord « athlète », puis, par extension « martyr ») qui caractérise les martyrs — tant « actifs » que « passifs » —, et que même les martyrs militaires, tombés dans une guerre défensive, sont portés sur les autels, tels les saints Vardanank’ (le sparapet/ connétable Vardan) et ses compagnons d’armes, tombés face aux Perses en 451, solennellement commémorés, chaque année, par l’Église arménienne. C’est à eux que se réfère ce passage du charakan (hymne religieuse), chanté chaque année à l’occasion de leur fête : Les pasteurs vigilants, Avec leurs enfants saints et glorieux, Par le feu de l’Esprit Saint, Éteignirent la lamme 1 L. B. Zekiyan, « Une chrétienté de frontière », pp. 98-100. Nous nous permettons de renvoyer une fois pour toutes à nos articles «  Défense de l’Arménie  » et «  Idéologie de croisade  », ainsi qu’au t. II de notre ouvrage Les Arméniens entre Grecs, Musulmans et Croisés, pp. 780-797. Nous nous en sommes largement inspiré ici pour présenter une vue d’ensemble de la question, du ve au xive siècle.

Philippe Josserand, Luís F. Oliveira et Damien Carraz (éd.), Élites et ordres militaires au Moyen Âge, Collection de la Casa de Velázquez (145), Madrid, 2015, pp. 65-78.

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gérard dédéyan Des Persans adorateurs du feu : Par leurs prières épargnez-nous Ô Donateur de biens Et ayez pitié de vos créatures2.

C’est ainsi que, enraciné dans le christianisme, le sentiment national se manifeste de manière éclatante dans une série d’œuvres historiques3, marquant l’Âge d’Or de la littérature arménienne (née avec l’invention de l’alphabet par le moine Mesrop Machtots — un ancien militaire — vers 406) : l’Histoire des Arméniens, d’Agathange (l’auteur grec — imaginaire — de l’œuvre), ampliiant la prédication de saint Grégoire l’Illunimateur et ixant la doctrine de l’Église arménienne, composée vers 451 pour contrer le zoroastrisme ; le Bouzandaran — suite du précédent jusqu’au partage de 384-387 — dont le titre se réfère à un « recueil de gestes épiques », combinées vers 470 par un partisan de la «  maison  » des princes Mamikonian, sauveurs de l’Arménie (en tout cas de l’identité arménienne), plus dignes de respect que les rois Archakouni (Arsacides), déchus en 428 ; l’Histoire de l’Arménie, du moine Ghazar de P’arpi, ami de Vardan Mamikonian, le récit couvrant le  siècle qui va du partage de 384-387 au rétablissement de l’autonomie consécutive à la victoire arménienne de 484, sur les Perses4 ; une Histoire primitive de l’Arménie, datant des ve-vie  siècles, et utilisée par Movsês Khorénatsi (Moïse de Khorène), l’hypothèse de l’existence d’une Histoire primitive n’ayant de sens que si l’on place Khorénatsi au viiie siècle, et non au ve siècle ; le récit sur la guerre des Vardanank’, dû au moine Yéghichê (Elisée) qui exalte la lutte et le martyre du général Vardan Mamikonian et de ses compagnons en 451, face aux Perses mazdéens venus éradiquer le christianisme de l’Arménie et présentant les héros d’Awarayr comme de nouveaux Maccabées5. LES VARDANANK’ : DE NOUVEAUX MACCABÉES

L’Arménie est dans une situation particulièrement tragique après que, en 387, l’Empire romain et l’Empire perse se sont partagé son territoire, un royaume arménien sous la tutelle de la dynastie iranienne des Sassanides — adeptes d’un mazdéisme extrémiste — subsistant jusqu’en 428. Perdant rapidement leur spéciicité nobiliaire, marquée par l’empreinte parthe, dans un Empire romain bureaucratique et centralisé qui cherchera bientôt à imposer à ses coreligionnaires arméniens les clauses diophysites du concile de Chalcédoine (451), les 2

G. Amadouni, La Divine Liturgie, p. 92 ; M. Gianascian, Inni sacri, p. 183. Sur les références fondamentalement vétéro-testamentaires des historiens arméniens, particulièrement ceux du premier millénaire, voir J.-P.  Mahé, «  Entre Moïse et Mahomet  », pp. 125-126. 4 Id., « Airmation de l’Arménie chrétienne », p. 183. 5 Ibid., p. 184. 3

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Arméniens, de l’autre côté de la frontière, s’ils bénéicient du maintien de leurs structures sociales — les nakharar, « les grands », coifant la pyramide sociale —, sont soumis à de fortes pressions religieuses, même si le fait de servir un souverain non chrétien (souvent contre les peuplades barbares du nord du Caucase ou de l’Asie centrale) ne leur pose pas de problème de conscience majeur. C’est ainsi que le souverain sassanide Yazdgard (439-457), indisposé par la célébration du culte arménien lors des campagnes militaires, où il mobilisait de nombreux nakharar, promulgua, en 449, un édit adressé à la noblesse arménienne, mettant les Arméniens en demeure d’abandonner leur religion « fausse et stérile ». La feinte apostasie des nakharar, convoqués à la cour de Ctésiphon, suscita, à leur retour en Arménie, un vif sentiment d’indignation de la part du clergé et du peuple et déclencha une violente révolte, dont le sparapet Vardan Mamikonian — chef de la plus puissante maison arménienne — prit la tête et qui se traduisit d’abord par le massacre des mages qui avaient accompagné les renégats et par la destruction des autels du feu6. Dans le récit de Yéghichê, le choix paraît être, pour les prêtres et les combattants, le royaume de Dieu plutôt que le royaume terrestre. Haranguant les troupes arméniennes à Awarayr, à la veille de l’engagement avec l’armée perse, en 451, Vardan rappelle la solidité des fondements de l’Église arménienne, à laquelle les combattants idèles au Christ sont incorporés : « Bien que nous soyons sur la terre avec nos corps, nous sommes enracinés avec la foi dans le ciel. Là, personne ne peut toucher à l’édiice du Christ7 ». Le prêtre Ghéwond ouvre une perspective eschatologique : « Car si, par la mort, la mort fut anéantie, ne regrettons pas d’être les compagnons du Christ dans la mort, ain qu’avec lui, pour qui nous mourons, nous soyons aussi gloriiés8  ». Les historiens arméniens de l’âge d’or nous introduisent là à un registre hagiographique qui exalte non plus les individus, mais la collectivité nationale, le peuple arménien. Yéghichê airme, en introduction à son chapitre v sur « l’invasion des Orientaux » : « L’amour de Dieu est au-dessus de toutes les grandeurs terrestres, et il rend les hommes intrépides, à la manière des cohortes incorporelles des anges, comme cela s’est vu très souvent en diférents endroits depuis le commencement9 ». Le modèle héroïque qui inspire cet auteur semble être puisé dans le soulèvement national juif (167 av. J.-C.) contre Antiochus  IV Épiphane, roi séleucide, dont la politique d’hellénisation menaçait l’identité du peuple d’Israël. À l’issue de cette révolte, la Palestine recouvra son indépendance et la liberté religieuse. Les chroniqueurs arméniens inscrivant leurs ouvrages 6 Sur tout ceci, voir R. Grousset, Histoire de l’Arménie, pp. 197-199 ; et J.-P. Mahé, « Airmation de l’Arménie chrétienne », pp. 189-190. 7 Maténagirk’ Hayots, t. I, p. 638, col. 1 et 2 (texte) / V. Langlois, Collection, t. II, p. 216, col. 2 (trad. fr.). 8 Maténagirk’ Hayots, t. I, p. 643, col. 2 (texte) / V. Langlois, Collection, t. II, p. 218, col. 1 (trad. fr.). 9 Maténagirk’ Hayots, t. I, p. 633, col. 1 (texte) / V. Langlois, Collection, t. II, p. 215, col. 1 et 2 (trad. fr.).

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dans la continuité de la Bible, Yéghichê est nourri des Livres des Maccabées, qui relatent cette épopée — le premier, écrit vers 100 av. J.-C., s’avérant plus historique que le second (écrit d’ailleurs près d’un quart de siècle avant) — qui se présente comme un ouvrage d’édiication, à caractère théologique et historiographique10. Vardan Mamikonian, dans le récit de Yéghichê, semble avoir galvanisé les troupes chrétiennes sur le point de combattre les Perses en leur faisant la lecture (assurément par des clercs) des Livres des Maccabées, au fur et à mesure de leur installation dans le théâtre d’opérations, la plaine d’Awarayr. L’auteur, à en croire les propos attribés à Vardan Mamikonian, connaît bien la réaction de Mattathias l’Asmonéen face aux tentatives d’hellénisation de Jérusalem (pillage, autel païen dans le Temple, massacre des Juifs, destruction des livres de la Loi), suivi de ses cinq ils, dont Judas Maccabée (« le Désigné » ?), qui devait prendre la tête de la révolte à la mort de Mattathias (166). Si le sparapet raconte aux soldats « les souvenirs des braves », c’est certes, en leur rappelant « les coutumes militaires » — celles des Arméniens —, mais aussi et surtout grâce à « la connaissance des Saintes Écritures », dont il était familier depuis l’enfance. Les références historiques font plutôt songer au premier des Livres des Maccabées : Choisissant le mémorable exemple des Maccabées, il le lisait pour le faire entendre à tous, et il leur commentait la marche des événements : comment, en combattant, ils avaient, grâce aux lois divines, résisté au roi Antiochus  ; et, bien qu’alors ils aient terminé leur existence par la mort, toutefois la renommée de leur vaillance est parvenue jusqu’à notre époque, non pas seulement sur la terre, mais éternellement dans le ciel11.

La guerre menée contre les Perses apparaît encore comme une «  guerre juste » au sens où l’entendait saint Augustin (354-430) — qui avait réagi contre le paciisme des premiers chrétiens dans La Cité de Dieu, dont l’écho n’était assurément pas parvenu en Arménie : seul Dieu, par le biais de son vicaire sur terre — ce pouvait être, dans le cas présent, le catholicos — et le souverain (ce dernier étant impie, Vardan Mamikonian en faisait oice) avaient la responsabilité de décider de la nécessité du recours à la guerre. Il fallait que la cause fût juste et l’intention droite  : venger des injustices subies — ici la tentative d’éradication de la foi chrétienne, la destruction d’édiices religieux — justiiait l’ouverture des hostilités, que la guerre fût ofensive ou, comme dans le cas des Arméniens, défensive12.

10

Bible de Jérusalem, « Jérusalem nouvelle », Paris, 1979, pp. 671-673. Yéghichê, Maténagirk’ Hayots, t. I, p. 641, col. 1 et 2 (texte) / V. Langlois, Collection, t. II, p. 217, col. 2 (trad. fr.). Voir l’encadré « Les “saints” Maccabées » dans A. Chouraqui, L’univers de la Bible, t.  VII, p.  109  ; voir aussi R. W. Thomson, «  he Maccabees in early Armenian historiography », pp. 329-341. 12 Sur le christianisme et la guerre, voir J.-M. Hornus, Evangile et labarum. La sainteté du guerrier est étudiée par A. Orselli, dans Santità militare. 11

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L’HEROïSME CHRÉTIEN SELON LES ARMÉNIENS

Deux formes d’héroïsme chrétien sont déinies dans les récits des historiens arméniens  : l’une pour les combattants, et plus particulièrement les nobles  ; l’autre pour les non-combattants, à savoir le clergé et ceux, qui, par leur statut social ou en raison des circonstances, ne portent pas les armes. C’est sur la première forme que nous insisterons. Dans le cas du combattant noble, le lignage sort rehaussé des hauts faits militaires — jusqu’au sacriice de sa vie — accomplis pour la défense de la foi. Ces maisons arméniennes — Mamikonian, Artzrouni, Bagratouni (les Siouni, en la personne de Vasak, ont rallié la cause sassanide) — qui, au temps de la royauté arménienne des Arsacides, s’estiment égales en noblesse au souverain arménien et tiennent farouchement à leur rang à la cour arménienne, puis perse — veulent rivaliser d’exploits non plus pour le roi terrestre, mais pour le roi céleste. Dans sa harangue aux troupes, telle que nous la présente Yéghichê, Vardan Mamikonian rappelle que les nombreux combats où les Arméniens ont été victorieux ont été livrés « en vue d’une gloire terrestre », avec la perspective de recevoir « un nom illustre dans la nation » et « de très riches présents ». Mais, selon lui, il y a une valeur plus haute : « Car si, pour un chef mortel, nous avons déployé tant de bravoure, que ne ferons-nous pas dès lors pour notre roi immortel… ? ». Il s’agit, en fait, d’être un martyr plutôt qu’un paladin. Si les combattants chrétiens doivent bannir toute crainte, c’est parce que « notre chef n’est pas un homme, mais le suprême commandant de tous les martyrs »13. Aucune confusion n’est possible entre motivation temporelle et motivation spirituelle, dans le cas du sacriice suprême du combattant, comme l’établit Hovhan Mamikonian, vers le milieu du viie siècle, dans son Histoire du Tarôn (dont la première partie est attribuée à Zénob Glak), récit populaire consacré à la révolte des Arméniens contre les Sassanides, vingt ans après Awarayr en 571, et aux premières incursions arabes ; léguant, à la veille de sa mort, ses domaines et ses pouvoirs à Vahan le Loup, prince de Tarôn, Mouchegh, un grand seigneur du sud-ouest de l’Arménie, s’exprime sans équivoque : « Or, mon ils, sachez bien que si vous succombez pour les chrétiens et pour l’Église, vous serez un martyr ; si vous entreprenez la guerre pour des honneurs temporels, c’est de la bravoure14 ». C’est bien dans la catégorie des martyrs que vont se ranger Vardan et ses compagnons. Lors de la bataille avec les Perses qui s’engagea près du village d’Awarayr, au centre d’une plaine arrosée par le Deghmout, dont le cours séparait les troupes arméniennes et les troupes perses, ces dernières étaient très supérieures en nombre et confortées par la présence des éléphants de guerre15. 13

Maténagirk’ Hayots, t. II, p. 638, col. 2, p. 639, col. 1 et 2, p. 640, col. 1 (texte) / V. Langlois, Collection, t. II, p. 217, col. 1 (trad. fr.). 14 Maténagirk’ Hayots, t. V, p. 1065, col. 2 (texte) / V. Langlois, Collection, t. I, p. 366, col. 1 (trad. fr.). 15 R. Grousset, Histoire de l’Arménie, p. 204.

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La place centrale de l’eucharistie dans la vie des chrétiens arméniens est mise en évidence, dans le récit de Yéghichê : après les exhortations du « saint prêtre » Ghéwond, les ecclésiastiques «  célébrèrent les saints mystères  ». Les catéchumènes, à la veille d’une bataille décisive — l’afrontement entre christianisme et mazdéisme — brûlèrent les étapes pour être admis dans l’Église : « Ils [les prêtres] préparèrent aussi les fonts et, s’il se trouvait dans la masse des troupes quelque catéchumène, il recevait le matin le baptême et l’eucharistie ». L’airmation de Yéghichê selon laquelle, « de cette manière, ils se puriièrent comme à la grande solennité de Pâques », suggère une communion générale16. La conjonction, en particulier pour les nakharar, des prouesses du lignage et de l’héroïsme chrétien, apparaît dans les procédés stylistiques — par exemple, l’énumération épique d’une trentaine de noms de lignages ou de personnages héroïques, à la tête de leurs contingents — mis en œuvre par Yéghichê. À l’issue de la bataille, c’est le même type d’énumération épique : « Voici les noms des illustres héros qui endurèrent le martyre [dans cette bataille] ». Cela commence avec « le héros Vardan, de la race des Mamigoniens, avec cent trente-trois hommes ». L’auteur compte en tout « deux cent quatre-vingt-sept héros » et, en outre, « des martyrisés qui appartenaient à la race royale, à celle des Artzrouni, et aux autres dynasties de satrapes, huit cent quarante hommes, dont les noms, le jour de ce grand combat, furent inscrits dans la liste de la vie »17. Ghazar de P’arpi mentionne aussi « les noms de ceux qui, en ce jour, méritèrent, avec saint Vardan, d’être appelés [au séjour] fortuné et céleste et subirent le martyre ». Il accole au nom des plus éminents parmi deux cent soixante-seize hommes « couronnés avec les illustres satrapes » — ceux qu’il cite — l’épithète de « bienheureux ». C’est pour l’ensemble des combattants arméniens d’Awarayr morts pour la défense de la foi chrétienne, à savoir « mille trente-six hommes », que Ghazar airme : « Le nom de chacun est conservé dans le livre de vie par le Christ rémunérateur »18. Au nom de certains de certains d’entre eux — les plus éminents —, il accole l’épithète de « bienheureux ». Le martyre de non-combattants est présenté dans le même esprit, et donc en des termes semblables, par les sources arméniennes  : ainsi pour les saints Ghéwondiank’ — ou Léontiens —, compagnons du prêtre Ghéwond, martyrisés près de Nichapour où un certain nombre d’ecclésiastiques, dont Ghéwond et le patriarche Hovsêp’ de Hoghotsim, étaient retenus prisonniers et qui, refusant catégoriquement malgré leur loyalisme sassanide de se rallier au mazdéisme, furent livrés au bourreau le 24 juillet 45419.

16

Maténagirk’ Hayots, t. I, p. 652, col. 2 (texte) / V. Langlois, Collection, t. II, p. 220, col. 2 (trad. fr.). Maténagirk’ Hayots, t. I, p. 660, col. 1 et 2 (texte) / V. Langlois, Collection, t. II, p. 222, col. 2 (trad. fr.). 18 Maténagirk’ Hayots, t. II, p. 2269, col. 1 et 2 (texte) / V. Langlois, Collection, t. II, p. 298, col. 1 et 2 (trad. fr.). Sur tout ceci, voir R. Grousset, Histoire de l’Arménie, p. 206. 19 Ibid., pp. 211-213. 17

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L’EXALTATION DU MARTYRE

Dans les  siècles suivants, les combattants arméniens apparaissent vraiment comme relevant d’une « chrétienté de frontière  ». Au témoignage de presque toutes les chroniques arméniennes médiévales, comme à celui de l’épopée populaire arménienne Dawit’ de Sasoun, contemporaine pour sa mise en forme (in xiie siècle) de l’épopée byzantine Digénis Akritas (l’akrite étant le guerrier de la frontière orientale) et, comme cette dernière, célébrant les exploits des combattants chrétiens (ceux du canton de Sasoun) face aux ghâzî arabes20, la communion du guerrier avant la bataille est une tradition bien ancrée, qui peut remonter au vie siècle, mais est réellement attestée comme une pratique régulière, pour l’ensemble des soldats, sous les empereurs macédoniens (dynastie d’ascendance arménienne)21. On la relève également chez les Byzantins. Une diférence essentielle s’observe cependant : si, malgré les éclatantes victoires de Nicéphore Phokas (963-969) sur les Arabes du Proche-Orient, et en dépit des eforts obstinés du basileus, le patriarcat de Constantinople, idèle aux canons de l’Église, refuse de porter sur les autels les guerriers morts au combat contre l’«  inidèle  »22, en revanche, les Arméniens (comme leurs voisins géorgiens) n’hésitent pas à vénérer comme saints des martyrs qui se situent dans la lignée aussi bien des Vardanank’ que des Ghéwondiank’. C’est également sur le même plan que les sources postérieures — par exemple, au xe  siècle, T’ovma Artzrouni, un moine issu de la lignée royale des Artzrouni — placent le sacriice des guerriers morts pour la défense de l’Arménie chrétienne et celui des chrétiens arméniens morts dans les pires supplices pour rester idèles à leur foi. Mais, ici également, c’est sur le premier cas que nous insisterons. La notion de martyre est récurrente dans les sources arméniennes, et particulièrement chez T’ovma Artzrouni, dont l’ouvrage, Histoire de la Maison des Artzrouni, fait largement écho aux ravages et persécutions suscités par al-Mutawakkil, calife abbasside de Bagdad (847-861) qui mit à la tête de l’Arménie des gouverneurs arabes redoutables et y envoya, à la tête d’armées considérables, l’émir turc Bughā al-Kabīr. Avant la victoire éclatante remportée en 852 dans le Vaspourakan (province méridionale de l’Arménie) sur l’armée de Bughā par Gourgên Artzrouni, frère d’Achot Artzrouni (le grand prince du Vaspourakan), avec un modeste contingent (900 hommes face à une armée musulmane de 15 000 combattants, selon le chroniqueur), une sereine préparation au combat à caractère religieux, clôturée par la communion, est évoquée par T’ovma Artzroutni :

20

Voir N. Adontz, « Les fonds historiques de l’Épopée byzantine », pp. 7-36. Voir B. Caseau et J.-Cl. Cheynet, « La communion du soldat », pp. 115-116. 22 G. Dagron, P. Riché et A. Vauchez (éd.), Histoire du christianisme, p. 238. Sur la « guerre sainte » à Byzance, A. Kolias-Dermitzakè, Ho hiéros polémos ; et A. Carile « La guerra santa nella Romània ». 21

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gérard dédéyan Pour les Arméniens, ne bougeant pas encore, ils achevaient la liturgie du jour, les prêtres lisaient le Saint Évangile en divers lieux du camp. La  prière terminée, ayant rendu gloire à Dieu et prononcé l’«  amen  », ils s’assirent pour manger le pain23.

Dans cet afrontement, il ne s’agit pas seulement d’une guerre juste, mais d’une guerre sainte, à laquelle le clergé prend part légitimement, selon T’ovma Artzrouni : « Les prêtres même qui se trouvaient parmi les émigrés mirent aussi la main aux travaux guerriers, car il s’agissait d’une guerre spirituelle et non corporelle, puisqu’ils combattaient pour la sainte Église et le peuple de Dieu24 ». Dans le registre du martyre « passif », rappelons au moins que la dynastie princière puis royale des Bagratouni, ou Bagratides (884/885-1045), souverains de l’Arménie du Nord, autour de la province de Chirak (avec, pour capitale, Ani, la ville « aux mille églises »), a donné deux martyrs illustres : le sparapet (chef de la cavalerie) Sembat Abelabas, déporté à Samarra, en Irak, sous le calife Mutawakkil (il y mourut entre 862 et 867), qui, sans avoir été exécuté par ses geôliers, souffrit de terribles tourments pour avoir refusé d’apostasier et mérita ainsi le nom de Khostovanogh (le Confesseur)25. Vaillant adversaire des Arabes, le roi Sembat Ier (890-914), traîné aux pieds de la forteresse arménienne de Yérendjak, dans le Siounik’, dont la garnison refusait de se rendre, fut supplicié pour faire céder les assiégés, puis décapité, et son corps exposé à Dwin sur une croix : aussi fut-il appelé Nahatak (le Martyr)26. Le catholicos Hovhannês V Patmaban (l’Historien) le déclara saint aussitôt après son martyre et témoigna de ses miracles. LA « GUERRE SAINTE » DES ARMÉNIENS : UNE PRÉ-CROISADE ?

La présentation de la « guerre sainte » défensive pratiquée par les Arméniens pendant le Haut Moyen Âge nous renvoie parfois, par anticipation, aux usages latins des xiie-xiiie siècles. Après la bataille d’Awarayr, Ghazar de P’arpi donne sur le mode de vie de certains princes des détails qui les apparenteraient avant l’heure aux moines-soldats des ordres militaires apparus au xiie siècle en Occident (et dont le principe fut alors rejeté par l’Église arménienne) et qui faisaient d’eux « des anges avec une enveloppe corporelle » : Ils avaient établi des écoles à leur propre usage, où ils apprenaient la doctrine de l’Église […], ils suivaient les exercices spirituels même dans le camp, comme dans une maison, quelquefois publiquement, et d’autres 23 M.-H. Darbinyan-Melik’yan, T’ovma Artzrouni, p. 163 (texte) / M.-F. Brosset, Collections, p. 123 (trad. fr.). 24 M.-H. Darbinyan-Melik’yan, T’ovma Artzrouni, p. 166 (texte) / M.-F. Brosset, Collections, p. 125 (trad. fr.). 25 M.-H. Darbinyan-Melik’yan, T’ovma Artzrouni, pp.  231-233 (texte)  / M.-F. Brosset, Collections, pp. 166-167 (trad. fr.) ; R. Grousset, Histoire de l’Arménie, pp. 362-363. 26 Sources mentionnées dans ibid., p. 439.

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fois en secret, selon les circonstances […]. En prenant les armes, ils récitaient mentalement les psaumes, et, en attaquant l’ennemi, ils priaient intérieurement dans leur cœur27.

Cette ascèse faisait qu’ils revenaient vainqueurs. Les historiens de l’époque font état de visions, comme celles qui, plus tard, s’agissant de saints militaires dans les chroniques arméniennes ou latines de l’époque des croisades, sont décrites à l’occasion des combats contre les Perses mazdéens. Ainsi, à la veille d’une bataille engagée par le général des Arméniens, Vahan Mamikonian, ceux qui devaient « obtenir la couronne du martyre », dont Vasak, frère de Vahan, sont transigurés et apparaissent semblables aux guerriers de l’« armée céleste »28. La notion même de «  croisade  », au sens le plus matériel, et par référence à la croix de tissu que les «  pèlerins  » armés des xie-xiiie  siècles cousaient sur leur épaule droite (et dont les chevaliers des ordres religieux-militaires — croix blanche des Hospitaliers, croix noire pour les Templiers — ornaient leurs manteaux) aleure dans l’historiographie arménienne, dès le haut Moyen Âge, entre autres chez T’ovma Artzrouni, à propos d’un représentant de sa maison, Gourgên, ils d’Apoulpeldch  ; dominant un temps le Vaspourakan après le milieu du ixe  siècle, il combattit vaillamment les conquérants arabes  : «  Toujours à la recherche du martyre des batailles […], ayant préparé la défaite de la race d’Ismaël, le grand général Gourgên dressa partout, en tous lieux, en toute rencontre, le signe du triomphe »29. Cette référence à la croix de la Passion — dont la restitution triomphale, à Jérusalem, en 630, par l’empereur byzantin Héraclius, avait valu à ce dernier la vénération des Arméniens, et dont des reliques étaient conservées dans le monastère de Varag, au Vaspourakan — pourrait être un prélude à une idéologie de croisade, si la « guerre sainte » des Arméniens n’était restée strictement défensive. Environ un siècle après la « croisade » de Gourgên, pendant la Reconquête byzantine (945, date de la véritable entrée en scène au plan militaire de la dynastie des Phokas — 1031, date de la reconquête d’Édesse opérée par les Macédoniens), dans une lettre célèbre adressée au roi bagratide Achot III le Miséricordieux (le premier souverain de la dynastie à avoir reçu l’onction davidique) et conservée dans la chronique du moine Matt’êos d’Ourha (Matthieu d’Édesse), l’empereur Jean Ier Tzimiskès (969-976) — un usurpateur de souche arménienne —, faisant le récit de sa campagne victorieuse de l’année 975, jusqu’aux abords de Jérusalem, écrivait à son allié arménien : « L’Empire de la Croix s’est étendu de tous côtés30  ». De ce grand artisan de la Reconquête en Orient — avec son 27

Maténagirk’ Hayots, p. 2305, col. 1 (texte) / V. Langlois, Collection, t. II, p. 320, col. 1 (trad. fr.). Maténagirk’ Hayots, p. 2329, col. 1 (texte) / V. Langlois, Collection, t. II, p. 337, col. 1 (trad. fr.). 29 M. Darbinyan-Melik’yan, T’ovma Artzrouni, p.  223 (texte)  / M.-F. Brosset, Collections, p. 160 (trad. fr.). La référence aux Maccabées est présente : « Gourgên purgea le pays de ses impurs persécuteurs et, comme Judas Machabée, en puriiant Israël de l’impiété d’Antiochus, rendit la paix aux pays de son commandement » (ibid, p. 224 [texte] et p. 161 [trad. fr]). 30 « Chronique de Matthieu d’Édesse », dans Recueil des historiens des croisades : documents arméniens, t. I, pp. 13-20. 28

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prédécesseur, Nicéphore Phokas (969-976) — Matt’êos nous rapporte qu’il collectait soigneusement les reliques conservées dans les villes enlevées aux Arabes, à l’instar de Romain Ier Lécapène qui, en 940, avait obtenu des Arabes d’Édesse la cession du mandylion (le « linge » qui aurait miraculeusement conservé les traits de la face du Christ, pour encourager dans sa foi le roi syriaque d’Édesse, Abgar). Il apparaît, cependant, risqué de parler même, à propos de la Reconquête byzantine, de théorie de la « guerre sainte », dans la mesure où l’Église n’est sans doute pas directement engagée dans la promotion de la guerre31. C’est là une diférence essentielle avec l’Église arménienne, largement impliquée dans l’engagement de la guerre contre les mazdéens, puis contre les musulmans, et qui n’hésitait pas à reconnaître comme martyrs voire, dans les cas les plus exemplaires, à canoniser ceux qui, les armes à la main, avaient versé leur sang pour témoigner de leur foi. DE LA BATAILLE D’AWARAYR (451) À LA DÉFENSE D’ÉDESSE (1144)

Chez saint Nersês IV Chenorhali, l’un des plus éminents catholicos des Arméniens (1166-1173), contemporain des premiers États latins du Levant, le thème du combat et du témoignage suprême pour la croix est explicite dans l’un des nombreux charakan qu’il a composés, à propos de Vahan Mamikonian : Muni du bouclier de la foi, Couvert de la cuirasse de l’espérance, Ayant mis sur la tête, Comme le casque sauveur, Le signe de la croix, Vahan, apparaissant comme chef, rendant témoignage dans la leur de la jeunesse, Fut gloriié par son sang En vrai martyr du Christ32.

Le même Chenorhali, dans son Élégie sur la prise d’Édesse (capitale du comté franco-arménien d’Édesse, prise par l’émir turc Zengī en 1144), composée d’après le témoignage oculaire d’un de ses neveux, qui avait participé à la défense de la ville, évoque dans une atmosphère qui rappelle, près de sept siècles plus tard, celle de la bataille d’Awarayr et dans une intention sans doute — comme à Awarayr — défensive : Les prêtres, revêtus de la chape, S’armaient de l’épée ; Les évêques vénérables Prenaient en main le cruciix33. 31 Voir J.-Cl. Cheynet, Compte-rendu, pp. 290-291, où il tempère les conclusions de A. KoliaDermirtzakè sur la « guerre sainte » byzantine. 32 F. Nève, L’Arménie chrétienne, p. 210 ; et M. Gianascian, Inni sacri, p. 195. 33 Recueil des historiens des Croisades : documents arméniens, t. I, p. 253.

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Notons encore que les défenseurs d’Édesse apparaissent sous la plume de l’auteur des charakan vardaniens, comme des : « Émules des Maccabées/ Et des guerriers compagnons de Vardan34 ». Il faut signaler, à ce propos, que la référence aux Maccabées était récurrente dans les chroniques franques relatives aux croisades et que les ordres religieux-militaires leur étaient volontiers comparés. C’est, probablement en raison de ce contexte franc, mais aussi de l’exemplarité séculaire des Maccabées dans l’historiographie, voire dans l’hymnologie arménienne, que le roi Lewon Ier (prince de 1187 à 1198, roi de 1198 à 1219) compare l’Hôpital des Teutoniques — à qui il fait des donations accompagnées d’octroi de franchises — aux Maccabées défendant le peuple d’Israël35. DU DZIAWOR AU CHEVALIER

Avec l’arrivée des Francs de la Croisade, dès l’année 1097, allaient se révéler de fortes similitudes entre le dziawor (littéralement « cavalier ») arménien, intégré à l’azatagound, ou contingent des azat — les traditionnels cavaliers de la noblesse arménienne, entièrement cuirassés, homme et cheval, en fait des cataphractaires, combattants à la lance, arme de choc ou de jet — et le miles, le chevalier franc, protégé par une lourde armure, armé lui aussi de la lance, maintenue, dans la charge frontale, sous l’aisselle droite, et éventuellement projetée. Défendant les uns et les autres l’honneur de leurs lignages, pratiquant, pour les premiers, une guerre défensive, pour les seconds, une guerre initialement de libération (de la Terre sainte, voire des chrétiens en Orient — Grecs, Syriaques, Arméniens) — la Croisade —, nobles arméniens et nobles francs vont, par leurs similitudes idéologiques (mises en relief par l’implication de leurs Églises respectives dans la « guerre sainte »), technologiques, sociologiques, idéologiques, se rejoindre — quand ils ne se disputent pas les territoires ciliciens, antiochiens ou euphratésiens. Il est, à ce propos, curieux de voir les chroniqueurs latins et les chroniqueurs arméniens appliquer les mêmes qualiicatifs aux héros chrétiens de l’époque des Croisades. C’est néanmoins la variante franque de cette typologie nobiliaire chrétienne qui s’avère prépondérante. Dans la Chronique attribuée au Connétable Smbat36, un adoubement arménien princier est mentionné dès le milieu du xiie siècle : en efet, l’auteur (tardif, il est vrai, puisque ce supposé chancelier royal écrit à la in du xiiie siècle) airme que le Roubênien T’oros Ier, après la prise de Mesis en 1151 sur les Byzantins et les seigneurs arméniens du parti grécophile « it dziawor », c’est-à-dire chevalier, « le ils d’Ochin de Lambroun, Hét’oum37  ». C’est plus manifestement dans la «  Lettre au roi Léon  », 34

Ibid., t. I, p. 248. M.-A. Chevalier, «  Les chevaliers teutoniques en Cilicie », pp.  147-148. L’idéologie arménienne de la « guerre sainte » pourra être située dans un cadre plus large avec J. Flori, Guerre sainte, jihad, croisade. 36 Sembat, La chronique attribuée au Connétable Smbat, trad. de G. Dédéyan. 37 Id., Chronique, éd. de S. Akelian, p. 171. 35

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rédigée à la in du xiie siècle par l’archevêque de Tarse, Nersês de Lambroun, et adressée à Léon/Lewon le Magniique, prince (1187-1198), puis premier roi (1198-1219) de l’Arménie cilicienne, qu’apparaît nettement la mutation du dziawor en miles, à travers la description de l’équipement, du vêtement, voire même du « look » du cavalier arménien, qui ne combat plus sous les ordres d’un spasalar ou sparapet, mais sous ceux d’un goundesdapel/connétable38. Pour ce qui concerne les modes de combat ou entraînements au combat, nous conservons le témoignage du chanoine allemand Wilbrand d’Oldenbourg qui, passant par la Cilicie en 1211, s’arrête à Tarse. Après avoir décrit la procession de l’Épiphanie (Lewon Ier, montant un lourd destrier, y chevauche encadré par les maîtres des Hospitaliers et des Teutoniques), puis les festivités qui s’ensuivent, il évoque le roi et les milites (chevaliers) se hâtant vers une plaine « où ceux-ci, chevauchant dans toutes les directions des chevaux ornés de plaques de métal et rompant des lances, se livrèrent à des jeux militaires ». L’expression hastas dirumpentes suggère bien des tournois à la façon des Francs39. Le sceau de Raymond-Roupên, petit-neveu de Lewon (comme ils de la princesse arménienne Alix et de Raymond, prince d’Antioche), présente un cavalier vêtu à l’occidentale, galopant lance en avant et portant un casque un peu archaïque. Les monnaies, surtout celles de Hét’oum Ier (1226-1269), successeur de Lewon (dont il épousa la ille Zapêl/Isabelle), montrant le roi à cheval, passant à droite, et tenant une croix double, de type latin, n’ofrent pas de détails bien précis40. Mais dans l’Ordo du Sacre, traduit en latin (et adapté à la royauté arménienne) par Nersês de Lambroun, nous trouvons une description précise du roi en costume de chevalier  : l’élu devra revêtir ses habits de chevalier, le pilon (manteau royal), le tchaghcher (tunique de dessous), le mahmez (éperon). De la main des évêques, le roi reçoit l’épée. En sortant de l’église, le roi monte sur son cheval couvert d’un caparaçon. Les seigneurs le raccompagnent l’épée « à demi au clair ». Après le repas solennel, le roi fait cadeau du cheval, de la selle, des brides, au connétable41. La Chronique attribuée au Connétable Smbat mentionne plusieurs adoubements princiers, occasion de fêtes somptueuses à la cour de Sis : ainsi, en 1256, selon le Pseudo-Smbat (dans le manuscrit de Venise), le roi Hét’oum Ier, de retour de Karakorum, résidence — au cœur de la Mongolie — du khan Môngke, dont il avait obtenu l’alliance contre les musulmans, décide d’armer chevalier, dziaworetsoutsanel (littéralement « faire chevalier »), son ils aîné, le futur Lewon II, et invite à cette cérémonie, qui a lieu à Mesis/Mopsueste, son gendre Bohémond VI, prince d’Antioche et comte de Tripoli, Julien, sire de Sidon, avec 38 Nersês de Lambroun, «  Lettre adressée au Roi Léon II  », dans Recueil des historiens des Croisades : Documents arméniens, t. I, pp. 597-599. 39 Cité dans G. Dédéyan, « Le cavalier arménien », p. 218. Voir P. Halfter, « Die Beschreibung des armenischen Königreiches Kilikien ». 40 G. Dédéyan, « Le cavalier arménien », pp. 218-219. 41 Voir L. Alichan, Léon le Magniique, Appendices, A, pp. 327, 331 et 334 et la partie intitulée « Ordre de la cérémonie du sacre du Roi, selon la grande église romaine » (ibid., pp. 579-603).

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leurs épouses, ainsi que la comtesse de Jafa, tous ses amis et toute la hiérarchie ecclésiastique42. En 1264, à la nouvelle de la naissance d’un ils de Lewon, éclate « la joie du roi, des grands et du peuple ». Le Pseudo-Smbat souligne encore que beaucoup d’individus de rang inférieur « furent jugés dignes de la gloire et de l’honneur de la chevalerie »43. Un rituel latin de bénédiction des armes fut traduit en arménien au xive siècle. Un passage de ce livre dit : « Que le signe et la bénédiction de Dieu Tout-puissant, Père + Fils + Saint Esprit + soient sur les armes de N.N. … et sur celui qui s’en servira ! Qu’il s’en serve en toute justice et que vous, Notre-Seigneur, vous y veilliez et les guidiez ain qu’elles protègent celui qui va les porter44 ». Les alliances matrimoniales arméno-franques sont si nombreuses que les maisons princières et royales arméniennes (Roubêniens, Hét’oumiens) sont intégrées au « Gotha » de l’Orient latin, les Lignages d’Outremer, dont, au xive siècle, le moine uniteur Nersês Balianents a donné une adaptation en arménien45. Il est enin notoire que les nobles arméniens de Cilicie ont utilisé la législation féodale de la principauté normanno-poitevine d’Antioche, traduite en arménien par le Connétable Smbat — et conservée dans cette seule version à savoir les Assises d’Antioche46 —, ce qui atteste la substitution du régime féodo-vassalique centripète (qu’il s’agisse du duché de Normandie, du royaume d’Angleterre sous Guillaume le Conquérant et ses descendants, du royaume normand de Sicile, ou de la principauté d’Antioche) des Normands, au régime nobiliaire centrifuge des rois de Grande Arménie (dont le titre iranien de chahenchah, « roi des rois », utilisé sous la dynastie des Bagratides de Chirak (884/885-1045), révèle, en fait, que le souverain n’est qu’un primus inter pares) et la transmutation de l’ichkhan (« prince », en arménien) en paron (« baron »), c’est-à-dire le sommet de la hiérarchie nobiliaire dans le Levant des Croisades. RALLIEMENT À L’IDÉE DE CROISADE, REFUS D’ORDRES RELIGIEUXMILITAIRES NATIONAUX

Cependant, en dépit de toutes les convergences ci-dessus soulignées (et auxquelles il faudrait ajouter, pour l’époque des Croisades, la fréquente vénération des mêmes saints militaires) entre les combattants nobles arméniens et francs, la fusion entre les orantes et les bellatores, et, plus précisément, dans le contexte latin, entre le moine et le chevalier, n’a jamais été oiciellement admise par l’Église arménienne, idèle aux canons de l’Église primitive, comme le montre 42 Sembat, Chronique, éd. de S. Akelian, pp. 231-232 ; Id., La chronique attribuée au Connétable Smbat, trad. de G. Dédéyan, p. 100. 43 Sembat, Chronique, éd. de S. Akelian, p. 244 ; Id., La chronique attribuée au Connétable Smbat, trad. de G. Dédéyan, p. 114. 44 Texte dans L. Alichan, Léon le Magniique, p. 213, n. 1. 45 Traduction dans M.-A. Nielen, Les lignages d’Outremer. 46 Sembat, Assises d’Antioche, trad. de L. Alichan.

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Marie-Anna Chevalier, même si des princes, des rois, voire une reine ont été ailiés à un ordre religieux-militaire, et si les Hospitaliers, les Teutoniques — parfois les Templiers — ont joué un rôle important dans la défense de l’État arménien de Cilicie47. Il n’en reste pas moins que, après la chute des États du Levant latin (Antioche, 1268, Tripoli, 1289, Acre, 1291), le royaume d’Arménie cilicienne (1198-1375) avec son quasi-jumeau, le royaume franc de Chypre (1197-1489), apparut comme une base possible pour la croisade. C’est du moins le propos de Hét’oum  Ier, comte de Korykos et connétable du royaume d’Arménie. Il fut, dans la Flor des Estoires de la Terre d’Orient (ouvrage dicté à Poitiers pour le pape Clément V et qui l’immortalisa comme écrivain français sous le nom de Hayton), un défenseur de l’idée de croisade : en efet, la première partie de son ouvrage était un projet de « passage » (c’est-à-dire de croisade) préconisant le débarquement des troupes chrétiennes en « Petite Arménie » ; il rappelait à dessein la puissance de l’armée arménienne sous Hét’oum Ier, à l’époque de la suzeraineté des Mongols. Selon lui, le souverain cilicien, dans cette période de prospérité du royaume, pouvait aligner 12 000 hommes à cheval et 60 000 hommes à pied48 ; ces efectifs importants (peut-être explicables par l’éphémère extension du royaume en direction des anciens territoires arméniens de l’Euphratèse, à la faveur de l’alliance mongole) rappellent ceux du royaume bagratide d’Ani. Pas plus que les nombreux autres projets de croisade qui furent composés dans cette période critique, celui de Hét’oum/Hayton ne fut mis en œuvre. Non seulement il parut peu réaliste, mais de plus et surtout, il vit le jour en un siècle où les intérêts nationaux primaient largement, en Occident — à l’exception de la papauté, bientôt exilée en Avignon — ceux de la chrétienté. De plus, la guerre de Cent Ans allait bientôt distraire des champs de bataille de la Terre sainte les deux plus puissantes monarchies, la France et l’Angleterre. Le projet de Hét’oum/Hayton montrait néanmoins que l’azat, héroïque jusqu’au martyre, des épopées de Yéghichê et de T’ovma Artzrouni, s’était appuyé sur des principes qui pouvaient concorder — accompagnés par une évolution lignagère, législative, voire technologique — avec ceux du miles Christi. Les nobles dépêchés à la cour pontiicale d’Avignon par les rois d’Arménie (dont deux furent des Lusignan) au xive siècle sont bien qualiiés de « chevaliers », dans la correspondance de ces derniers avec la papauté49.

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M.-A. Chevalier, Les ordres religieux-militaires en Arménie cilicienne, passim. Recueil des historiens des Croisades : documents arméniens, t. II, p. 170. Traduction en français par Chr. Deluz. Sur ce personnage, voir Cl. Mutafian, « Héthoum de Korykos ». 49 J. Richard, « Les Arméniens à Avignon », pp. 245-255. 48

L’AVENTURE DE LA PETITE ARISTOCRATIE ALLEMANDE Le recrutement de l’ordre Teutonique en Prusse entre 1230 et 1309

Sylvain Gouguenheim École Normale Supérieure de Lyon

Mettre en valeur la spéciicité des ordres militaires, oui, mais pour mieux intégrer leur apport à l’histoire générale et passer ainsi de las historias de las ordenes a las ordenes en la historia. Alain Demurger, dans N. Bériou et Ph. Josserand, Prier et combattre, p. 45.

L’étude du recrutement des membres de la branche prussienne de l’ordre Teutonique oblige à déterminer avec précision plusieurs éléments. Les questions auxquelles les chercheurs s’eforcent de répondre se formulent de manière simple. Combien d’hommes participèrent à la conquête de la Prusse ? De quelles régions étaient-ils issus ? Quelles furent les catégories sociales qui peuplèrent les rangs des combattants, des clercs et des autres frères participant au processus ? Est-il possible d’évaluer le type de carrière promis à ces hommes ? La Prusse fut-elle une in en soi ou une simple étape dans la vie des membres d’un ordre militaire engagé sur plusieurs fronts ? Peut-on enin estimer les possibilités de promotion en fonction des origines sociales ou géographiques : les fonctions les plus élevées au sein de l’ordre étaient-elles promises uniquement aux hommes issus des couches supérieures de l’aristocratie  ? Les fonctions administratives subalternes étaient-elles l’apanage des seuls frères sergents placés au bas de la hiérarchie de l’ordre ? À ces interrogations qui relèvent des bases de toute enquête démographique ou sociale, il n’est pas aisé de répondre. Les deux premiers problèmes qui se présentent et se représentent à chaque pas sont ceux du dénombrement précis et de l’identiication des personnages : les noms ne sont pas toujours donnés de manière complète par les sources, les indications de provenance géographique et d’origine sociale sont souvent approximatives ; le même individu peut être désigné de façons diférentes, tandis que plusieurs personnages peuvent ne pas être clairement distingués par les documents. Depuis les travaux de Johannes Voigt, les historiens ont à maintes reprises parcouru ce terrain1. Les synthèses, désormais classiques (Klaus Scholz, Dieter 1 J. Voigt, Namen-Codex der Deutschen Ordens Beamten. Pour une présentation historiographique du thème : M. Hellmann, « Bemerkungen zur Sozialgeschichtlichen Erforschung ».

Philippe Josserand, Luís F. Oliveira et Damien Carraz (éd.), Élites et ordres militaires au Moyen Âge, Collection de la Casa de Velázquez (145), Madrid, 2015, pp. 79-99.

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Wojtecki)2 ou récentes (Klaus Militzer)3, les études prosopographiques (Martin Armgart, Maciej Dorna ou Mario Glauert)4 fournissent de solides aperçus. Elles sont complétées par des travaux importants concernant l’organisation administrative de la Prusse qu’il convient de signaler ici, même s’ils sont légèrement en marge de notre thème5. Si l’on ne peut guère espérer découvrir de sources nouvelles, celles qui sont éditées et ont été largement exploitées sont suisamment nombreuses pour permettre de poursuivre les investigations6. Il reste encore beaucoup à apprendre, malgré les apports de la prosopographie, dont on perçoit également les limites7. Toutefois, l’état actuel des sources interdit d’imaginer que l’on puisse sortir de l’ombre la carrière de la grande majorité des membres de l’ordre Teutonique en Prusse. Avant de présenter cet état de la question, il est utile de rappeler quelles étaient les diférentes strates composant l’aristocratie germanique au xiiie siècle. Le sujet est complexe et je me limite ici aux distinctions nécessaires à la compréhension des phénomènes prussiens8. L’ensemble des aristocrates est classé au début du xiiie  siècle au sein de l’Herrschildordnung, l’«  ordre des boucliers d’Empire  », dominé par les princes, tant ecclésiastiques que laïques (archevêques, évêques, ducs, margraves), suivis par les comtes et les nobles dits « libres » (« Edelfrei »), puis par les nobles dits « Schöfenbar », équivalents de nos « seigneurs » ou « sires », 2

K. Scholz, Beiträge zur Personengeschichte des Deutschen Ordens ; D. Wojtecki, Studien zur Personengeschichte. Il est regrettable que D. Wojtecki n’ait pu éditer l’intégralité de sa thèse qui débordait largement du seul espace thuringien : Beiträge zur Personen- und Sozialgeschichte. 3 Kl. Militzer, Von Akkon zur Marienburg ; et Id., « Die Aufnahme von Ritterbrüdern in den Deutschen Orden ». 4 M. Armgart, Die Handfesten des preussischen Oberlandes  ; M.  Dorna, Braci Zakonu krzyzackiego ; M. Glauert, Das Domkapitel von Pomesanien. 5 M. Dygo, Studia na poczatkami wladztwa  ; M. Löwener, Die Einrichtung von Verwaltungsstrukturen. 6 Il s’agit pour l’essentiel de recueils d’actes et de chroniques. En premier lieu  : E.  Strehlke, Tabulae ordinis heutonici et le Preussisches Urkundenbuch. Voir aussi les recueils concernant les territoires voisins de la Prusse : C. P. Woelky, Urkundenbuch des Bistums Culm ; C. P. Woelky et H. Mendthal, Urkundenbuch des Bistums Samland ; H. Cramer, Urkundenbuch zur Geschichte des vormaligen Bisthums Pomesanien ; C. P. Woelky, M. Saage et H. Schmauch, Codex diplomaticus Warmiensis ; M. Perlbach, Pommerellisches Urkundenbuch. Les recueils relatifs à l’ordre Teutonique en Allemagne fournissent des indications complémentaires : J. H. Hennes, Codex diplomaticus ordinis Sanctae Mariae heutonicorum ; Id., Urkundenbuch des Deutschen Ordens ; A. Wyss, Urkundenbuch der Deutschordensballei Hessen  ; K.-H.  Lampe, Urkundenbuch der Deutschordensballei hüringen. Pour les sources narratives, il faut essentiellement se reporter à la Chronique de la terre de Prusse (livre III, § 133) de Pierre de Dusbourg, éd. de J. Wenta et S. Wyszomirski, Piotr z Dusburga. 7 Pour la Prusse, M. Glauert, « Vorbermerkungen zu einer Prosopographie ». Plus généralement : Prosopographie als Sozialgeschichte, . 8 La bibliographie concernant l’aristocratie allemande au Moyen Âge est immense. Sont, parmi bien des titres, ici directement utiles : K. Bosl, Die Reichsministerialität ; J. Fleckenstein, Herrschat und Stand ; Id., Rittertum und ritterliche Welt ; W. Hechberger, Adel, Ministerialität und Rittertum ; P. C. von Planta, Adel, Deutscher Orden und Königtum ; D. Rübsamen, Kleine Herrschatsträger in Pleissenland ; h. Zotz, « Die Formierung der Ministerialität ».

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qui détenaient des droits de justice. Vient enin la classe de ces aristocrates non libres qui a fait couler tant d’encre : les ministériaux, ceux qu’Alfred Haverkamp désigne sous le nom d’« aristocratie de service ». Elle représente la catégorie la plus originale au regard du reste de l’Europe latine et celle qui connaît la plus forte ascension sociale, grâce à ses liens avec les couches supérieures de l’aristocratie, mais aussi parce qu’elle constitua le fer de lance de l’expansion allemande en Europe centrale et orientale. Parmi les ministériaux, ceux qui dépendaient du roi, formant la Reichsministerialität, c’est-à-dire les « ministériaux d’Empire », étaient les plus prestigieux et ils pouvaient accéder à de très hautes fonctions politiques. Il est diicile de les maintenir au sein du reste des ministériaux, et les historiens préfèrent souvent les intégrer à la base des couches supérieures de l’aristocratie. Les autres relevaient des prélats, des princes ou des comtes. Rappelons enin que l’ordre Teutonique, comme tous les ordres militaires, était composé de plusieurs catégories de membres. Le prologue de la règle institue les deux plus importantes : ceux qui combattaient, les « chevaliers » — milites et bellatores —, et ceux qui priaient, les clerici, en charge des oices divins, du soin des âmes, voire des activités d’enseignement9. S’y ajoutèrent au cours du xiiie siècle les alii fratres non militi, les sergents (« Sariantbrüder »), qui pouvaient combattre mais étaient aussi afectés à toutes sortes de tâches administratives et matérielles10, les « demi-frères » (« Halbbrüder »), qui ne participaient pas aux opérations militaires11, et les « familiers » (« familiares »), laïcs acceptés comme confrères au sein de l’ordre12. La proportion entre les chevaliers et les sergents était sans doute de cinq pour un au xiiie siècle comme aux siècles suivants. Maciej Dorna trace une ligne de démarcation nette entre ces catégories ; à ses yeux, les frères sergents étaient cantonnés à des fonctions domestiques subalternes (charron, cuisinier, meunier, etc.)13. Cette vision a été vivement contestée — avec raison semble-t-il — par plusieurs historiens, notamment Slawomir Jozwiak et Radosław Biskup14. Les distinctions entre les catégories de frères mises par écrit dans les statuts de l’ordre n’entraînaient pas de répartition homothétique des charges administratives. En réalité, en dehors des dignités supérieures (maître de Prusse, maréchal, commandeur et vice-commandeur), aucune fonction n’était 9

M. Perlbach, Die Statuten des Deutschen Ordens, p. 24 (Prologue, 4 et 5). Ibid., p.  98 (Règle, Coutumes, 9). Le terme de «  Sariantbrüder  » igure dans la version allemande des Coutumes, 10 (ibid., p. 99). 11 Ils n’apparaissent que dans la révision des statuts de 1264 (M. Perlbach, Die Statuten des Deutschen Ordens, p. 136). Leur mission est déinie avec précision dans les statuts de Burchard de Schwanden de 1289 (Ibid., p. 138) ; voir M. Dorna, Braci Zakonu krzyzackiego, pp. 34-35. 12 Le statut des familiers est ixé au chap.  xxxii de la règle (M. Perlbach, Die Statuten des Deutschen Ordens, p. 52). 13 M. Dorna, Braci Zakonu krzyzackiego, p. 33. 14 S. Jozwiak et J. Trupinda, Organizacja zycia, pp.  399-403. Recension critique du livre de M. Dorna par R. Biskup et R. Krajniak dans Zapiski Historyczne, t.  LXXIII, vol.  2/3, 2008, pp.  229-236. Les recenseurs insistent sur des oublis bibliographiques importants (travaux de M. Armgart, M. Glauert) et un manque de méthode dans l’approche prosopographique (pp. 231233 notamment). 10

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réservée à une catégorie particulière. Des frères sergents ont pu occuper des fonctions intermédiaires voire assez élevées (ainsi le dispensator Engelbert que l’on trouve dans l’entourage du grand-maître Burchard de Schwanden en 128715) et des frères chevaliers être en charge de fonctions subalternes au sein des commanderies. En revanche, il y avait sans doute — et de manière logique — une ligne de partage assez nette entre les frères sergents, les Halbbrüder et les familiers  : seuls les premiers détenaient tous les droits (plenum consortium) conférés aux membres de l’ordre et portaient un habit spécial, le « manteau gris »16. Quoi qu’il en soit, ces catégories n’apparurent qu’assez tardivement en Prusse ; les demifrères sont signalés pour la première fois en 1263, les sergents n’émargent pas dans les sources locales avant 1284, bien que les frères combattant de l’ordre disposassent d’écuyers ou de valets et qu’il paraît douteux que des sergents n’aient pas servi en Prusse avant cette date17. UN FAIBLE NOMBRE D’HOMMES POUR UNE VASTE TERRE

Les Teutoniques n’ont jamais été très nombreux comme le montrent les estimations faites à diférentes dates pour la Prusse et la Livonie18, mais leur nombre a sui pour conquérir puis diriger ces terres. Au début de l’installation sur les rives de la Vistule ne se rencontraient que peu d’hommes, chargés de remplir les deux indispensables fonctions du combat et de la prière. Pour la période qui nous intéresse, les estimations varient légèrement selon les historiens. Klaus Militzer évalue qu’entre 1230 et 1309, à peu près 2  800  Teutoniques furent présents en Prusse19. Selon Maciej Dorna, la branche prussienne aurait compté au total pour la même période dans ses rangs environ 2 700 hommes20. Au tournant des xiiie et xive siècles, il y avait sans doute en Prusse à peu près 600 frères (dont une centaine de clercs). Ils étaient vraisemblablement 700 en 1 400 (et 250 en Livonie)21. La présence s’accrut lentement au il du temps. Les débuts furent modestes, limités à quelques chevaliers : à en croire Pierre de Dusbourg, Hermann Balk 15

C. P. Woelky, Urkundenbuch des Bistums Culm, t. I, n° 116. L’expression plenum consortium apparaît dans le chapitre xxxi de la règle relatif aux sœurs de l’ordre, qui ne bénéicient pas de ce statut de plein droit (M. Perlbach, Die Statuten des Deutschen Ordens, p. 52). 17 Un acte de Casimir de Cujavie signale la mort au combat d’un semifrater (R.  Philippi, C.  P.  Woelky et A.  Seraphim, Preussisches Urkundenbuch, I/2, n°  188)  : voir M. Dorna, Braci Zakonu krzyzackiego, p.  35. Voir pour les frères sergents le catalogue de M. Dorna (Ibid., pp. 367-370). 18 Voir, en dehors des travaux cités ci-dessus, les synthèses de J. Tandecki (pour les frères laïcs) et A. Radziminski (pour les clercs) dans M. Biskup, R. Czaja et alii (éd.), Panstwo zakonu krzyzackiego, pp. 405-411 et 420-431. 19 Kl. Militzer, Von Akkon zur Marienburg, p. 391. 20 M. Dorna, Braci Zakonu krzyzackiego, p. 86. 21 L. Fenske et Kl. Militzer, Ritterbrüder im livländischen Zweig. 16

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n’aurait été accompagné que de quatre frères lorsqu’il répondit à l’appel de Conrad de Mazovie en 1230, et seulement sept hommes assurèrent la défense du premier castrum établi à Toruń22. Ce nombre ne semble guère évoluer dans les années qui suivent : Dietrich de Bernheim, lors de la prise de la forteresse de Sardewicz en 1242, n’aurait eu sous ses ordres que quatre frères chevaliers, ce qui correspond à un bien faible efectif, même si l’on garde en mémoire le fait que ceux-ci étaient accompagnés de valets d’armes23. À la in des années 1240, les efectifs ont sensiblement augmenté. On en veut pour preuve la mort de 54 frères lors d’une bataille en Natangie en 124924. Dieter Wojtecki estimait que la branche prussienne de l’ordre disposait alors d’environ 150 à 200 frères25. Klaus Militzer double volontiers ce nombre, tandis que Maciej Dorna propose une estimation autour de 250 à 300 hommes pour la période 1250-126026. Quelques indications précises et iables étayent ces évaluations. Les Teutoniques déplorent ainsi la perte de 150 combattants à la défaite de Durben en 126027. Et, le 11 décembre 1261, une lettre pontiicale d’Urbain IV évalue à 500 le nombre des frères engagés en Prusse, Livonie et Courlande depuis leur arrivée dans ces régions28. Il est possible qu’entre 1230 et 1260, près de 300 Teutoniques aient péri en Prusse. Tous les ans des hommes venaient sur place, d’autres mouraient ou quittaient la Prusse : Maciej Dorna estime que le nombre des décès et des départs annuels dans les années 12301260 avoisinait les 15  frères, ce qui ferait un total de 450  hommes disparus durant ces années29. Il juge par ailleurs que l’ordre a dû recruter au moins deux fois plus d’hommes. Lorsque l’on essaie de mieux connaître le contingent engagé en Prusse, on se heurte à l’opacité des sources et à leurs lacunes. Il faut être prudent dans les déductions  : moins que des résultats fermes, ce sont des tendances que l’on peut espérer dégager, guère mieux. Certes, les échantillons fournis par les sources étant aléatoires, ces tendances ne sont pas nécessairement biaisées, mais il est impossible de constituer des séries statistiques ou d’efectuer des dénombrements complets. Klaus Militzer et Maciej Dorna aboutissent à des 22

Pierre de Dusbourg, Cronica terrae Prussiae, livre II, chap. xi, p. 47 et livre III, chap. i, p. 49. Voir le Bericht Salza : h. Hirsch, Hermann von Salza Bericht, p. 164. 24 Pierre de Dusbourg, Cronica terrae Prussiae, livre III, chap. lxvi, pp. 98-99. 25 D. Wojtecki, Beiträge zur Personen- und Sozialgeschichte, p. 31 (cité par M. Dorna, Braci Zakonu krzyzackiego, p. 83). 26 Kl. Militzer, Von Akkon zur Marienburg, p. 391 ; M. Dorna, Braci Zakonu krzyzackiego, p. 84. 27 Pierre de Dusbourg, Cronica terrae Prussiae, livre III, chap.  lxxxiv, pp.  109-111  : « Cecideruntque in illo conlictu in die beatae Margarethae in terra Curoviensi in campo iuxta luvium Durbin frater Burgardus magister Livoniae et frater Henricus Botel marscalcus Prussiae et cum eis 150 fratres et de populo Dei tanta multitudo, quod eorum numerum non audivi ». Le nécrologe de la commanderie de Berne signale la mort de 140 frères (M. Perlbach, « Deutschordens Nekrologe », p. 362). Voir aussi : L. Meyer, Livländische Reimchronik, v. 5657. 28 R. Philippi, C. P. Woelky et A. Seraphim, Preussisches Urkundenbuch, I/2, n° 141. 29 M. Dorna, Braci Zakonu krzyzackiego, p. 86. 23

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résultats très proches, qui diférent toutefois quelque peu. Il ressort de l’étude de Klaus  Militzer que diplômes et chroniques fournissent pour cette période 468 noms, soit moins de 17 % de l’ensemble. Cent quatre-vingt-dix-neuf ne sont que des noms, il ne reste donc que 269 hommes étudiables, en réalité 203 car on ne sait rien de la famille de 66 d’entre eux. Si on ajoute les 24 milites qui, selon Pierre de Dusbourg, accompagnèrent le margrave de Misnie en 127230, 227 chevaliers sont connus autrement que par leur seul nom, soit 8 % du total des efectifs engagés en Prusse et 43,4 % des hommes dont les sources ont conservé une trace31. Le catalogue prosopographique de Maciej Dorna comporte 455 chevaliers, 116 clercs et 19 sergents, soit un total de 590  individus dont on peut suivre, avec plus ou moins de précision, la trajectoire32. Sur ces 590 hommes, 225 (dont environ 25 clercs et un sergent) présentent des proils un peu détaillés ; pour les autres on doit se contenter de leur nom… Arrivés en Prusse, les membres de l’ordre se répartissaient au sein de commanderies, dont les efectifs étaient variables. Les plus importantes d’entre elles (Königsberg, Elbing, Balga, Christbourg) comptaient une vingtaine de membres ; beaucoup d’autres ne dépassaient pas les 5 ou 6 hommes. L’examen des listes de témoins des actes amène Maciej Dorna à estimer que les commanderies du Culmerland étaient moins peuplées que celles de Prusse, sans doute pour des raisons de sécurité militaire. Les incursions prutènes ou lituaniennes frappaient plus durement les maisons du centre et du nord de la principauté teutonique que les environs de Culm ou Toruń (encore que ceux-ci n’échappèrent pas aux ravages des combats). Ainsi l’évêque de Samland, de loin le plus exposé aux dangers d’agression, disposa-t-il à partir de la in du xiiie siècle d’une troupe permanente assez nombreuse de chevaliers et de sergents. De cela, il ressort que l’efectif de 12 membres (auquel s’ajoutait le commandeur) attribué à chaque commanderie, nombre inscrit dans l’article  13 de la règle de l’ordre, relevait plus d’un critère de complétude, à la rigueur d’un idéal de perfection, que d’une prescription impérative33. On ne s’inquiétait pas apparemment de le dépasser ou de ne pas l’atteindre. DES HOMMES VENUS DU CŒUR DE L’ALLEMAGNE

La tendance générale est connue depuis longtemps  : les chevaliers de la branche prussienne proviennent en majorité de la ministérialité ou de la petite noblesse d’Empire, principalement de Saxe, de huringe et de la basse vallée du 30

Pierre de Dusbourg, Cronica terrae Prussiae, livre III, chap. cxxxiii, pp. 137-138. Kl. Militzer, Von Akkon zur Marienburg, p. 425. 32 Dénombrement présenté par M. Dorna, Braci Zakonu krzyzackiego, p. 41. 33 «  Ubi numerus fratrum ad integritatem conventus est completus ut scilicet XII fratres et tercius decimus preceptor eorum ibidem morentur secundum numerum discipulorum Christi  » (M. Perlbach, Die Statuten des Deutschen Ordens, p. 41). 31

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Rhin (en Livonie les familles comtales ou princières sont mieux représentées). Selon les estimations de Klaus Militzer, les huringiens et les Franconiens dominent (65 % des frères, 57 % des dignitaires et 13 maîtres de Prusse). À partir du xve siècle, le nombre des Souabes et des Franconiens augmenta. Entre 1230 et 1309, l’ordre en Prusse compta dans ses rangs 52 huringiens, 17  frères originaires des terres de Saxe et de Misnie — auxquels il faudrait ajouter les 24  chevaliers venus en  1272 avec le margrave de Misnie —, 13 du Vogtland, ce qui porte à 40,4 % la proportion des frères issus du bailliage teutonique de huringe. Quarante, soit 19,7  % de l’ensemble, venaient du bailliage de Saxe. Quarante-neuf hommes, soit 24,1 % du total, étaient issus de « l’Oberdeutschland » (l’ensemble des terres au sud du Main : Souabe, Bavière, Franconie, Autriche, Nordgau)34, 14 (6,9 %) de Rhénanie (avec la Hesse et les comtés de Nassau et de Brabant), et enin 18 (8,9 %) de diverses autres régions (Silésie, Bohême, Poméranie, Brandenbourg, Westphalie). Si l’on examine les 157 dignitaires (commandeurs, commandeurs du bailliage de Culm, maîtres et vice-maîtres de Prusse, maréchaux) recensés par les documents, on obtient les résultats suivants35. Neuf sont inconnus et 73 ne sont connus que par leur nom. Parmi les 75 restants, le bailliage de huringe vient toujours en tête avec 32 % des hommes (24 dignitaires), suivi de celui de Saxe (29,3 % pour 22 dignitaires), de l’Oberdeutschland (25,3 % pour 19 hommes) et de la Rhénanie (10,7 % pour 8 dignitaires) ; les 2,7 % restants viennent des autres régions. On remarque enin que, au sein d’un même bailliage, les pourcentages du nombre des chevaliers et de celui des dignitaires ne correspondent pas  : le bailliage de Saxe fournit 29,3 % des dignitaires pour seulement 19,7 % des chevaliers, alors que celui de huringe, dont sont issus 40,4 % des chevaliers, n’occupe que 32 % des hautes fonctions de la branche prussienne. Mais, si les proils de carrière paraissent diférents, il n’en demeure pas moins que les bailliages qui fournissent les plus gros efectifs de l’ordre sont aussi ceux qui sont les mieux représentés à sa tête. L’importance du bloc constitué par la huringe, la Saxe et l’Oberdeutschland est quasiment la même : 86,6 % du total des dignitaires contre 84,4 % de l’ensemble des chevaliers. Enin, Klaus Militzer a relevé que sept Franconiens et six huringiens étaient devenus maîtres de Prusse, contre trois Saxons et deux Souabes. Il y a ainsi égalité entre les hommes issus de l’espace mitteldeutsch (huringe et Saxe) et ceux de l’Oberdeutschland. La carrière de maître de Prusse semble avoir obéi à un principe de répartition équilibrée. Mais, note Klaus Militzer, les hommes venus de Souabe et Franconie sont restés au total 30 ans en fonction, ceux de huringe et de Saxe 49 ans. Cette inégalité peut en partie s’expliquer par le fait que certains dignitaires issus du sud de l’Allemagne furent appelés à la 34

Le terme d’Oberdeutschland permet aux historiens de distinguer les régions où l’on parlait l’« oberdeutsch » de celles, plus au nord, où dominaient le « mittel- » et le « niederdeutsch » (voir W. König, Dtv-Atlas zur deutschen Sprache, p. 64). 35 Kl. Militzer, Von Akkon zur Marienburg, p. 427.

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fonction de grand-maître de l’ordre (Poppo d’Osterna, Konrad de Feuchtwangen)  ; d’autres moururent au combat (Helmrich de Wurzbourg en  1293). Il n’est pas impossible, comme le suggère Klaus Militzer, que les hommes issus de l’Oberdeutschland aient été choisis par le chapitre général de l’ordre et imposés à la branche prussienne, qui aurait sans doute plutôt jeté son dévolu sur des huringiens ou des Saxons36. Les enquêtes de Maciej Dorna sur l’origine des frères ont conirmé les tendances dégagées par Klaus Militzer, même si ses nombres et ses pourcentages difèrent quelque peu. Les deux chercheurs n’aboutissent pas toujours à des dénombrements égaux et par ailleurs n’opèrent pas systématiquement des regroupements identiques. La base de recrutement des Teutoniques se rendant en Prusse demeure le bloc des terres de l’Allemagne centrale et orientale : huringe, Vogtland et Pleissenland, terre de Wettin, Saxe orientale, autrement dit les bailliages teutoniques de huringe et de Saxe, qui formaient une unité jusqu’à leur séparation en 1287. De cette zone provint plus de la moitié des membres de la branche prussienne de l’ordre dont l’origine est identiiable, soit pour Maciej Dorna 137 hommes sur 223 (59 %)37. La huringe fournit environ 22  % des efectifs teutoniques en Prusse avec 49 frères. 17 % (37 hommes) étaient originaires de la Saxe orientale ; le Vogtland et le Pleissenland fournirent chacun 7 % des efectifs (respectivement 16 et 15 hommes), tandis que du margraviat de Misnie vinrent 5 % des frères de Prusse38. La Souabe, avec 16 hommes, et la Franconie (28 ou 29 frères) furent les deux autres centres de recrutement importants de la branche prussienne, fournissant 20 % des efectifs engagés au-delà de la Vistule au xiiie siècle. Si l’on raisonne en fonction des bailliages, qui étaient, plus que les principautés, le cadre du recrutement, Maciej Dorna relève que 61 % des Teutoniques étaient issus de ceux de huringe (96 frères) et de Saxe (40 frères) ; 17 % des frères (38  hommes) vinrent du bailliage de Franconie39. Les autres circonscriptions fournirent entre 0,5 % (bailliage de Lombardie) et 5 % des efectifs (Marbourg, Alsace-Bourgogne)40. Quelques combattants ou clercs furent originaires d’Autriche (1 %), de Westphalie (2 %), de Rhénanie (bailliage de Coblence, 2,5 %) ou de Hollande (2 %). La prépondérance de la huringe parmi les frères venus en Prusse relète la part de ce bailliage dans le recrutement général de l’ordre : Dieter Wojtecki avait évalué à 339 le nombre total des membres présents dans les commanderies du bailliage de huringe au xiiie siècle, contre 230 pour celles de Franconie. Et c’est à juste titre que Maciej Dorna, après d’autres, constate l’existence pour 36

Ibid., p. 429. M. Dorna, Braci Zakonu krzyzackiego, pp. 43-44. 38 Ibid., p. 44. 39 Ibid., p. 47. 40 Le bailliage d’Alsace-Bourgogne englobait l’Alsace, la Suisse actuelle, le Brisgau et le sud de la Souabe ; celui de Marbourg comprenait la Hesse, le Palatinat et la région du cours inférieur du Main. 37

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la Prusse de cet «  hinterland thuringien  »41. Ce fait est la conséquence des liens tissés entre les landgraves et l’ordre dès l’assemblée fondatrice d’Acre en 1198 et prolongés par la suite (règnes d’Hermann puis de son ils Louis de huringe, dont le frère, Conrad, devint grand-maître en  1239). Les bonnes relations entre l’ordre et Frédéric II expliquent aussi que les Teutoniques aient largement recruté dans les terres où l’empereur exerçait son autorité (Vogtland, Souabe, Pleissenland) ou dans celles des nobles qui lui étaient proches (huringe). Notons enin que l’on rencontre en Prusse des frères issus d’autres royaumes que l’Allemagne, en nombre inime. Tous — sauf un issu de Lombardie mais qui porte un nom germanique, Henri Klieber — sont d’origine slave (sans doute en grande partie issus du proche bailliage de Bohême)42  ; aucun, avant  1310, ne semble être natif de Prusse. Pierre de Dusbourg mentionne ainsi un « nobilis vir de Cracovia » entré dans les rangs de l’ordre à Toruń43. Klaus Militzer estimait que quelques Prutènes entrèrent dans l’ordre, tel ce commandeur de Zantyr (1251-1260) dénommé Quhalo/Hualo en qui Maciej Dorna voit au contraire un Slave, en se iant au prénom « Chwal » qui apparaît dans les sources44. De même, le frère Henri Tuwel, que l’on rencontre dans les années 1305-1319, semble être Allemand et non Prutène : son nom renverrait à celui de «  Teufel  » assez répandu en Allemagne45. On demeure là dans le cadre d’hypothèses : un Prutène converti peut fort bien adopter un nom germanique ou germaniser son nom. Comme l’avait remarqué, dès  1971, Dieter  Wojtecki, un recrutement local était quasi impossible en Prusse tant que la conquête n’était pas achevée. Ici, les dignitaires de l’ordre sont presque toujours Allemands, originaires de Souabe, Saxe et huringe (xiiie siècle), de Rhénanie et Franconie (xive et xve siècles) ou de Westphalie (pour les frères installés en Livonie) : l’ordre Teutonique n’ofrit que de rares possibilités de promotion aux autochtones46. Il n’est guère douteux au total, pour le xiiie siècle, que les localisations géographiques ont joué un rôle déterminant : la majorité des frères provinrent des bailliages orientaux, les moins éloignés de la Prusse.

41

M. Dorna, Braci Zakonu krzyzackiego, p.  47. On n’oubliera pas que parmi les premiers frères arrivés dans le Culmerland avec Hermann Balk iguraient trois huringiens Konrad de Teutleben, Heinrich de Berg et Heinrich de Zeitz-Wittgendorf, ainsi qu’un Franconien, Dietrich de Bernheim. 42 Ibid., p. 49. 43 Pierre de Dusbourg, Cronica terrae Prussiae, livre III, § 52, p. 88. 44 Qui de fait se prononce « Rvawo » ; voir l’analyse de M. Dorna, Braci Zakonu krzyzackiego, p. 49. 45 R. Philippi, C. P. Woelky et A. Seraphim, Preussisches Urkundenbuch, I/2, n° 838. M. Dorna, Braci Zakonu krzyzackiego, pp. 49-50. 46 D. Wojtecki, Studien zur Personengeschichte.

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sylvain gouguenheim LA PRUSSE, TERRE D’ÉLECTION DE L’ARISTOCRATIE DES NON LIBRES

Le recrutement de l’ordre Teutonique n’était au xiiie siècle entravé par aucune barrière sociale, comme il le sera à partir de la révision des statuts efectuée par le grand-maître Dietrich d’Altenbourg (1335-1341)47. Dans ce domaine également, l’historien bute sur l’opacité des sources. Selon Klaus Militzer, les origines sociales sont encore plus mal connues que les origines géographiques48. Il évalue à 168 chevaliers, soit 6 % des membres de la branche prussienne de l’ordre, le nombre de ceux dont on connaît la provenance sociale ! Sur ces 168 hommes, 109 sont des ministériaux et 18 des ministériaux d’Empire, dont 7 appartenaient à des familles alors en pleine ascension, les Gera, les Weida et les Plauen. Cela représente un total de 127 ministériaux (75 % de l’ensemble). Proportion que l’on doit sans doute majorer car les sources ont tendance à retenir en priorité les noms des nobles. La part des ministériaux dans le reste des membres de l’ordre, ignorés par les documents, était probablement supérieure à ce pourcentage déjà élevé. Les membres de la couche la plus élevée de l’aristocratie sont au nombre de 21, soit 12,5 % du total ; les nobles dits Edelfrei sont 13, soit 7,7 %, et l’on compte un seul noble dit Schöfenbar, c’est-à-dire l’échelon immédiatement supérieur aux ministériaux ; enin, les ils de bourgeois sont au nombre de 6, soit 3,6 %. Bref, 24,4 % des membres de la branche prussienne de l’ordre étaient issus des couches supérieures de l’aristocratie  : haute noblesse, Edelfrei et ministériaux d’Empire ; 72 % provenaient de la petite aristocratie et 3,6 % de la bourgeoisie49. Si l’on examine la part de chaque couche sociale au sein des dignitaires dont l’origine sociale est repérable (et que Klaus Militzer évalue à 74 au total), on voit apparaître des tendances assez nettes. Les diférentes catégories se répartissent ainsi : 13 membres de la haute aristocratie, soit 17,6 % des dignitaires, 5 nobles Edelfrei (6,7  %), 9 ministériaux d’Empire (12,1  %)50. Ainsi, 27  dignitaires (36,4 %) venaient des couches supérieures de l’aristocratie qui, on l’a vu, fournissaient 24,4 % de l’ensemble des membres de l’ordre en Prusse : la noblesse d’Empire représentait donc un quart des membres de la branche prussienne, mais un bon tiers de ses dignitaires. On dénombre ensuite 44 ministériaux, c’est-à-dire 59,5 % des dignitaires, un noble dit Schöfenbar et 2 ils de bourgeois seulement (1,4 % et 2,7 %). Les ministériaux placèrent moins de la moitié des leurs (44 sur 109) au sein des dignitaires, 47 Voir l’article 2 de cette révision limitant l’accès de l’ordre aux hommes « nobles et bien nés » (« wirdig unde wol dâzu geboren ») : M. Perlbach, Die Statuten des Deutschen Ordens, p. 149. 48 Kl. Militzer, Von Akkon zur Marienburg, p. 430. 49 Ibid., p.  430. D. Wojtecki, Studien zur Personengeschichte, p.  90, était parvenu à des conclusions semblables. 50 Kl. Militzer, Von Akkon zur Marienburg, p. 432, sépare les ministériaux d’Empire en deux couches, une « haute », qu’il incorpore à la haute aristocratie, et une « basse », qu’il associe au reste des ministériaux. Cette distinction est parfois malaisée à percevoir. Aussi ai-je préféré réunir en un bloc les ministériaux d’Empire.

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alors qu’ils représentaient 64,9 % des frères présents en Prusse. Un écrémage se produisait donc, même si être ministérial n’empêchait pas de faire carrière au sein de l’ordre. La trajectoire des plus importants parmi les ministériaux d’Empire contraste avec ce que l’on vient de voir : 18 d’entre eux irent carrière en Prusse, soit 10,7 % des efectifs, mais ils constituèrent 12,3 % des dignitaires : signe de l’ascension de cette classe, qui croise dans sa promotion les nobles Edelfrei, en déclin partout en Allemagne (ici 7,7 % des frères pour 6,7 % des dignitaires). L’enquête de Maciej  Dorna corrobore pour l’essentiel ces résultats  : il décèle l’origine sociale de 186  frères (laïcs, sergents et clercs)51. La prépondérance des ministériaux et de la petite noblesse est indéniable : 71 ministériaux, 33 ministériaux d’Empire, 17 comtes, 14 nobles Edelfrei, 34 chevaliers de petite extraction et 15 bourgeois (en outre un prince et un noble Schöfenbar). La majorité (56 %) des membres de la branche prussienne de l’ordre relevait de la ministérialité52. Si l’on agglomère les plus importants des ministériaux d’Empire, les membres de la haute noblesse, les comtes et les nobles Edelfrei, on aurait environ un quart des efectifs (27,5  %) présents en Prusse, soit à peu de chose près la proportion calculée par Klaus Militzer. La bourgeoisie n’émergeait que faiblement (7,5 %). Autrement dit, la ministérialité et les couches inférieures de l’aristocratie (Schöfenbar et petits ministériaux d’Empire) auraient représenté 65 % des efectifs de la branche prussienne. L’étude des tableaux par bailliages proposés par Maciej  Dorna donne des nombres très légèrement diférents. Après plusieurs vériications, je dénombre en efet 252 frères dont 20, venus de manière temporaire, sont écartés. Sur les 232 restants, 40 sont d’origine inconnue ; il en reste donc 192 (frères chevaliers, clercs et frères sergents), parmi lesquels j’ai cru repérer : 2 princes, 17 comtes, 19 nobles Edelfrei, 35 chevaliers, 31 ministériaux d’Empire et 73 ministériaux, enin 15 bourgeois. Je n’ai pas réussi à comprendre d’où venait la diférence, très minime il est vrai. Au sein des clercs, Maciej Dorna parvient aux résultats suivants : 13 sur 27 sont déterminés socialement. Parmi eux, on trouve 8  ministériaux (dont 2 d’Empire), 2 comtes, 1 chevalier et 2 bourgeois. Le groupe des clercs amalgame donc des hommes venus d’horizons divers, mais le pourcentage des nobles y est moins élevé que chez les frères laïcs. Il est par ailleurs très faible — ce qui semble logique — chez les frères sergents (on note l’exception représentée par Heinrich de Schletten au service de l’évêque de Samland Siegfried de Regenstein entre  1301 et  1310). La base sociale de la branche prussienne de l’ordre Teutonique a bien été la petite noblesse d’Empire53. Cette proportion est-elle identique d’une région d’origine à une autre ? Maciej Dorna établit que le nombre des ministériaux s’élève à 51 sur 96 hommes originaires du bailliage de huringe54, à 22 sur 40 issus de celui de Saxe, à 15 sur 38 51

Voir ses résultats dans M. Dorna, Braci Zakonu krzyzackiego, p. 50. Ibid., pp. 56-63. 53 Ibid., p. 54. 54 Si l’on examine les hommes venus du bailliage de huringe, 13 étaient issus de la ministérialité des familles de Weida, Gera et Plauen  ; 9 de celle des landgraves et 8 de celle des comtes de Schwarzbourg (Ibid., pp. 54-55). 52

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pour celui de Franconie, soit respectivement environ 53 %, 55 % et 39 %. La proportion de chevaliers de la couche inférieure de l’aristocratie est quant à elle — en considérant les trois mêmes bailliages — de 12 %, 5 % et 31 %. huringe et Saxe présentent un proil comparable, tandis que la Franconie se caractérise par une plus forte importance relative des chevaliers aux dépens des ministériaux. La répartition sociale des 20 Landmeister (maître de Prusse)55 est quant à elle étonnante car les familles les plus nobles n’apparaissent qu’une fois et les ministériaux dominent. D’après les identiications établies par Maciej Dorna dans ses tableaux, il apparaît que 2 maîtres de Prusse sont d’origine inconnue, un seul est issu de la couche des Edelfrei, 2 sont comtes, 2 chevaliers, 3 sont des ministériaux d’Empire et 10 de simples ministériaux. Au total, ministériaux et chevaliers représentent 15 Landmeister (71 %) et les seuls ministériaux 62 %. La dignité la plus élevée a échappé aux familles les plus nobles ! Le seul maître de Prusse issu de leurs rangs, Sieghard de Schwarzbourg, ne gouverna que quatre mois (de juillet à novembre 1306) dans un contexte, il est vrai, violemment troublé. De la sorte, des aristocrates issus de familles puissantes et réputées durent obéir à de simples ministériaux, qui pouvaient être leurs supérieurs en tant que maître de Prusse, voire maréchal ou vice-maître. Après tout, le grand-maître Hermann de Salza n’était-il pas un ministérial d’origine thuringienne ? «  Coloniser rend libre  », disait l’adage allemand des  siècles centraux du Moyen Âge56. La conquête de la Prusse rendit libres des hommes qui, sans cesser d’être ministériaux, durent à leur entrée dans un ordre religieux et à leur action dans une terre que seule cette institution dirigeait, une promotion sociale que pouvait leur envier le reste de la classe des ministériaux, pourtant elle-même alors en pleine ascension. Laboratoire politique et religieux, la Prusse du xiiie siècle fut aussi un laboratoire social et la rigidité de la règle d’un ordre militaire ne contrevenait pas à la souplesse exigée par le caractère inédit de la situation locale. Au sein de l’ordre Teutonique, les frontières entre les catégories sociales ne recoupaient pas exactement les limites entre les différents états, chevaliers, clercs ou sergents. CARRIèRES ET PERSPECTIVES DE CARRIèRES

Le type de carrière des Teutoniques commence seulement à être bien connu à partir du début du xive siècle57. Commandeurs, prévôts et curateurs étaient nommés pour une durée variable, d’au minimum un an mais qui pouvait dépasser dix années. Il était interdit à ces fonctionnaires célibataires, sans enfants, sans famille (souvent restée en Allemagne) de tirer parti de leur charge pour se tailler une seigneurie ; toute leur puissance dépendait de leur appartenance à l’ordre 55 Ils furent en fait 21, mais Konrad de Bamberg, nommé le 3 août 1299, n’exerça pas réellement sa fonction. 56 Voir Ch. Higounet, Les Allemands en Europe centrale. 57 Kl. Militzer, Von Akkon zur Marienburg, pp. 342-362.

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dont ils avaient ainsi intérêt à défendre les biens et les droits. Ils gagnaient beaucoup à servir de leur mieux l’institution qui les faisait vivre. On entrait dans l’ordre Teutonique après en avoir fait la demande et satisfait à l’exigence d’une période probatoire, à l’instar de ce qui se pratiquait au sein des ordres monastiques. Ce noviciat demeure un phénomène mal connu et à propos duquel les chercheurs ne s’accordent pas58. Combien de temps durait-il et combien de temps fut-il inscrit dans les pratiques de l’ordre ? Selon Maciej Dorna, cette mise à l’essai durait un an en général et fut exigée jusqu’à la in du xiiie siècle59. Il reste que l’on voit mal cette probation être imposée à des nobles d’âge mûr. Par ailleurs, le pape Alexandre IV, le 28 juillet 1257, avait autorisé à s’en passer ain de ne pas ralentir le recrutement des combattants nécessaires60. La Prusse, étape essentielle d’une carrière réussie Au cours de toute une vie accomplie dans les rangs de l’ordre, le séjour prussien pouvait être d’une durée très variable et se situer à des étapes diférentes du cursus. La Prusse fut une terre d’accomplissement des vocations, certains frères y déroulant l’essentiel de leur carrière ; elle constitua aussi une sorte de terrain d’essai pour de nombreux Teutoniques qui y séjournèrent ain de participer aux opérations militaires du « front de la Baltique »61. Ce temps de service accompli sur place relevait d’une politique de rotation des cadres voulue par la direction de l’ordre mais qui ne fut pas érigée en système. Il est certain que la Prusse constitua une sorte de polygone de formation militaire, dont on ressortait après quelques années avec les honneurs. Ainsi, Wolmar de Bernhausen, originaire du bailliage de Souabe, que l’on rencontre sur place en 1257, se retrouve à la tête du bailliage de Franconie entre 1268 et 1276. De même Otton de Reichau, présent en Prusse en 1265, it-il ensuite carrière dans les commanderies du bailliage de Saxe-huringe avant d’être nommé à la tête du bailliage de Saxe en 1288. L’épreuve du feu subie en Prusse semble avoir été une clé d’accès à des fonctions plus élevées, au sein des bailliages d’Allemagne. Les choses changèrent à la in du xiiie siècle, une fois la Prusse conquise, lorsqu’il fallut essentiellement songer à la mise en place et au gouvernement d’une principauté. Le modèle inverse de carrière existait aussi : après avoir fait leurs premières armes dans les commanderies d’Empire, des frères venaient parachever leur vocation en Prusse. Tel fut le cas de Gunther de Schwarzbourg, qui fut en 58 Cette période probatoire apparaît dans la règle au chapitre xxix (M. Perlbach, Die Statuten des Deutschen Ordens, p. 51). 59 M. Dorna, Braci Zakonu krzyzackiego, p. 37. 60 E. Strehlke, Tabulae ordinis theutonici, n° 560 : « … indulgemus, ut clericos seu laicos liberos et absolutos […] a vobis statim recipi et sine dilatione vestrum habitum sibi dari, libere, prout in eodem ordine vestro fuit hactenus observatum, in fratres recipere valeatis ». 61 M. Dorna, Braci Zakonu krzyzackiego, p. 65, insiste sur ce phénomène, en signalant que Dieter Wojtecki l’avait déjà relevé dans sa thèse.

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fonction dans le bailliage de huringe entre 1277 et 1281, avant de venir en Prusse, où il resta de 1285 à 1309. Heinrich de Plötzke fut commandeur d’Altenbourg en 1287 et il n’arriva en Prusse qu’en 1304, pour prendre la direction de la commanderie de Balga ; en 1307, il devint Landmeister. On rencontre aussi le cas de frères qui passèrent de nombreuses années en Prusse, pour revenir dans leur bailliage d’origine au déclin de leur vie. Berthold de Nordhausen passa près de trente ans en Prusse (1258-1285) et fut notamment commandeur du Culmerland, avant de se retirer dans le bailliage de Lotharingie, sa famille était originaire d’Alsace. Slawomir Jozwiak a observé qu’au xiiie siècle une majorité des frères en in de carrière s’en retournait en terre d’Empire, dans des commanderies, des forteresses, voire dans l’entourage du grand-maître à Venise, alors qu’au xive siècle la plupart restèrent en Prusse62. Enin, certains membres de l’ordre conduisirent une carrière qui les amena à occuper des postes importants alternativement en Prusse et dans les bailliages d’Empire. Werner de Battenberg fut commandeur de Marbourg (1250), puis devint commandeur de Balga en Prusse (1257). Il revint à Marbourg (1260) avant de devenir maréchal de Prusse (1262), puis d’être nommé maître d’Allemagne (de 1267 à 1271). Il acheva sa carrière à la tête du bailliage d’Alsace-Bourgogne (1271-1273) puis de la commanderie de Sachsenhausen (1273-1277). La Prusse put donc être, selon les cas, une base de formation initiale, prélude à une belle carrière, une étape importante menée au sein d’un cursus de valeur ou le terrain d’accomplissement de presque toute une vie passée au service de l’ordre63. Faire carrière en Prusse Que la Prusse fût une étape, un point de départ ou un aboutissement, elle ofrait presque toujours la possibilité d’exercer plusieurs fonctions, donc d’accomplir un segment important de ce qui était réellement une carrière. On débutait en général à la tête d’une forteresse, avant de diriger un district puis une commanderie pour accéder enin à de hautes fonctions. L’ascension était d’autant plus facile que l’on n’était pas seul, mais inséré dans l’un de ces groupes qui rassemblaient les frères en fonction de leur origine (Franconiens, huringiens…). L’habitude voulait que l’on ne descendît pas  : la promotion sociale était inscrite dans le service de l’ordre qui s’assurait ainsi de la idélité de ses membres. Si l’on ne descendait pas les échelons, on pouvait être victime de purges. Ainsi, de brusques dépositions ont eu lieu lors du conlit entre le grandmaître Karl de Trèves et le maître de Prusse Friedrich de Wildenberg en 1312. Les promotions pouvaient réciproquement être impressionnantes de rapidité. Si les carrières des dignitaires paraissent obéir à des règles de plus en plus précises, celles des autres membres sont plus aléatoires, dépendant autant des qualités individuelles que des occasions qui se présentaient aux uns ou aux 62

S. Józwiak, Centralne y terytorialne, pp. 114-117. Notons enin que deux grands maîtres de l’ordre, Poppo d’Osterna et Konrad de Feuchtwangen, furent à un moment de leur carrière maîtres de Prusse. 63

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autres. La rotation des postes semble fréquente : Arnold Kropf fut entre 1270 et 1294 à la tête successivement de six commanderies (Birgelau, Althaus-Culm, Gniew, Rogow, Kowalewo et Nessau)64. Dietrich de Spire fut, quant à lui, successivement commandeur de Gniew, Balga, Elbing, Tapiau ou encore Birgelau65. On peut demeurer à la tête d’une commanderie quelques mois ou plusieurs années  : Arnold Kropf dirigea celle de Birgelau pendant six ans, Dietrich de Spire ne resta que quatre mois à la tête de celle de Gniew. Il ressort des analyses efectuées par Maciej Dorna que la fonction de maître de Prusse fut jusqu’à Dietrich de Grüningen (1251-1258) coniée à des membres de l’entourage du grand-maître qui n’avaient pas nécessairement accompli de carrière sur place. Ensuite, elle fut dévolue au terme d’un cursus précis, découpé en plusieurs étapes correspondant à l’exercice de fonctions de plus en plus ardues et culminant dans la charge d’une commanderie de grande importance (Dzierzgon, Elbing), dans celle de commandeur du Culmerland ou dans les fonctions de maréchal ou de vice-maître de Prusse. Le phénomène s’accentua dans les années 1280-130966. Ainsi, Konrad de hierberg le Jeune occupa les fonctions de maréchal et de vice-maître, Konrad Sack fut commandeur de Toruń, du Culmerland ou encore de Dzierzgon. On occupait la fonction de maître de Prusse en in de carrière, alors que l’on était d’âge mûr, voire en in de vie, comme le montrent les fréquents décès frappant leur détenteur (Konrad de hierberg l’Ancien, Dietrich de Grüningen, Meinhard de Querfurt) ou leur disparition peu de temps après la in du mandat (Hermann Balk, Conrad Sack, etc.). Cela n’empêcha pas certains de demeurer de longues années à la tête de la province, tels Dietrich de Grüningen, de 1251 à 1256, et Meinhard de Querfurt, entre 1288 et 1299. En revanche, Ludwig de Quedin et Konrad de Feuchtwangen ne furent qu’un an en fonction. Les fonctions de commandeur du Culmerland ou de maréchal pouvaient être dévolues à des hommes plus jeunes, qui avaient cependant déjà auparavant exercé en Prusse des responsabilités importantes67. Trois commandeurs du Culmerland, Konrad de hierberg l’Ancien (1270), Hermann de Schönburg (1277-1289) et Konrad Sack (1296-1298), furent ainsi auparavant commandeurs de Dzierzgon ; Gunther de Schwarzbourg (1299-1309) dirigea, quant à lui, la commanderie de Grudziadz. De même, avant de devenir maréchal de Prusse, Werner de Battenberg (1262) fut à la tête des commanderies de Marbourg puis de Balga, et Konrad de hierberg le Jeune (1273-1283) dirigea la commanderie de Zantyr68. Les clercs n’avaient de leur côté pas d’autres possibilités de promotion qu’au sein des évêchés de Prusse, en particulier dans les chapitres cathédraux de Culm, de Samland et de Pomésanie que l’ordre contrôlait, tandis que celui d’Ermland 64

M. Dorna, Braci Zakonu krzyzackiego, pp. 69 et 111-112. Ibid., pp. 69 et 145. 66 Ibid., pp. 71-72. 67 M. Dorna, Braci Zakonu krzyzackiego, pp. 69-70. 68 Ibid., p. 70. 65

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lui échappait69. Il n’était pas impossible de inir avec la dignité épiscopale : entre la création des évêchés en 1243 et 1309, on voit à treize reprises des membres de l’ordre accéder à l’un des quatre sièges épiscopaux de Prusse. Mais seuls trois d’entre eux avaient auparavant accompli leur carrière ecclésiastique sur place ; les autres venaient des terres d’Empire. Il semble que leur groupe ait eu, en la personne du prieur de Marbourg Ulrich de Dürn, un supérieur propre, dont l’exercice de la fonction daterait des années 1240-125070 : des diplômes pontiicaux parlent dès 1244 et à maintes reprises du prieur de l’ordre (prior ordinis vestri). Par ailleurs, un diplôme du grand-maître Conrad de huringe (7 mai 1240) mentionne Ulrich de Dürn comme prior sans le rattacher à une quelconque commanderie71. La carrière de cet homme s’est toutefois partagée entre la Prusse et l’Allemagne72. Perspectives de promotion Peut-on évaluer les chances de carrière d’un membre de l’ordre en Prusse ? Autrement dit, quel est le pourcentage de chaque couche qui entre dans la catégorie des dignitaires ? Sans reprendre la distinction opérée par Klaus Militzer et Maciej Dorna entre haute et basse ministérialité d’Empire, on obtient les résultats suivants : 13 nobles sur 21, soit 61,9 %, ont accédé à des fonctions élevées. Le pourcentage est de 50 % pour les ministériaux d’Empire, de 40,4 % pour les ministériaux (44 hommes sur 109), et il tombe à 38,5 % pour les nobles Edelfrei. Il est enin de 33 % (2 hommes sur 6) pour les bourgeois, dont les possibilités de promotion sont donc évidentes, bien que le faible nombre des personnes en jeu invite à la prudence. En somme, environ 40 % des hommes issus des couches inférieures de l’aristocratie ou de la bourgeoisie ont pu accéder aux fonctions importantes en Prusse, contre plus de 60 % pour leurs confrères issus des strates supérieures de l’aristocratie. L’ascension sociale au sein de l’ordre Teutonique en Prusse relète ainsi les mouvements de la hiérarchie sociale allemande. L’accès à ces fonctions n’est interdit à personne. Mais la haute aristocratie et les ministériaux d’Empire tirent le mieux leur épingle du jeu ; la bourgeoise et la catégorie des Edelfrei ont des perspectives d’ascension moins souriantes, ce qui est conforme à ce que l’on sait de la société allemande du temps. La corrélation entre l’origine noble et l’importance des fonctions exercées au sein de l’ordre était réelle. En outre, la part des ministériaux qui réussit à exercer ces prestigieuses fonctions était sans doute moins importante dans la réalité que dans ces calculs, car la grande majorité des frères non identiiés devait faire partie de cette catégorie. Il faut donc relativiser les possibilités de promotion sociale ofertes aux ministériaux, sans toutefois les minimiser. 69 Ibid., pp.  76-77. Sur l’histoire de ces évêchés, voir A. Radziminski, Biskupstwa panstwo krzyzackiego. 70 M. Dorna, Braci Zakonu krzyzackiego, p. 30. Ulrich est prieur de Marbourg à partir de 1235. 71 K.-H. Lampe, Urkundenbuch der Deutschordensballei hüringen, n° 75. 72 M. Dorna, Braci Zakonu krzyzackiego, pp. 362-364.

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Néanmoins, la branche prussienne de l’ordre apparaît dominée par les ministériaux, non seulement en nombre, mais également hiérarchiquement, puisqu’ils accaparent la fonction de maître de Prusse. On ne s’explique pas comment les familles de la haute aristocratie, si bien représentées aux échelons élevés de la hiérarchie prussienne, ont laissé échapper cette fonction, la plus importante de toutes. Il y a là une véritable énigme de l’histoire sociale de l’ordre Teutonique en Prusse. Ainsi, les chances de réussir une belle carrière semblent liées à l’importance de l’origine sociale. La plupart des Teutoniques issus de familles puissantes et qui passèrent un temps assez long en Prusse accédèrent aux plus hautes fonctions. S’ils représentaient environ 15 % des membres de la branche prussienne, ces nobles atteignaient la proportion de 30 % au sein des dignitaires73. La Prusse, paradis des hors-la-loi ? L’histoire de Dietrich de Dypenow, chassé d’Hildesheim, promu à Marienwerder Terminons ce panorama par la présentation d’un personnage singulier, mais qui n’est peut-être pas un cas isolé dans le lot des trajectoires que menèrent en Prusse des membres de la petite aristocratie d’Empire venus aider les Teutoniques, sans toujours intégrer leurs rangs. Ces combattants faisaient partie de ce que l’on pourrait appeler le « recrutement extérieur » de l’ordre. L’homme en question, Dietrich de Dypenow, apparaît pour la première fois en Prusse dans un acte d’Hermann Balk de 1236, lui donnant la garde de la forteresse de Marienwerder74. La mission était d’importance et incite à rechercher par quelles voies ce personnage était parvenu à occuper une telle fonction en Prusse. La moisson, sans être extraordinaire, permet néanmoins de reconstituer un itinéraire fascinant et révélateur des portes qu’ouvrait à certains hommes en rupture de ban l’aventure prussienne. C’est dans le cartulaire de l’évêché d’Hildesheim que l’on retrouve la trace de Dietrich de Dypenow. Les choses commencent sous de mauvais augures : en 1226, un Tidericus liber de Depenove igure parmi les hommes excommuniés par l’évêque d’Hildesheim75. Ses crimes paraissent nombreux, comme l’indique la formule « excommunicatus pro multis causis » accolée à son nom. Le qualiicatif de liber ne permet guère de déterminer ses origines, sauf qu’il ne peut faire partie de la classe des ministériaux encore non libres à cette époque. Dans un autre acte, en date du 23 octobre 1226, l’évêque Konrad précise que ce « libre » est un « noble homme » (vir nobilis), qui est relevé de sa fonction d’avoué de l’archidiaconat de Hohenhameln et a dû en outre renoncer à tous les droits féodaux qu’il 73

Ibid., p. 64. J. Voigt, Codex diplomaticus prussicus, n° 46. Voir W. Paravicini, « L’ordre Teutonique et les courants migratoires ». 75 H. Hoogeweg, Urkundenbuch des Hochstits Hildesheim, t. II, n° 164. L’année précédente, Konrad, évêque d’Hildesheim, ordonnait à un noble inconnu de partir en Terre sainte, en raison de ses péchés, avec interdiction de retour (Ibid., n° 137). Peut-être, comme le suggère l’éditeur du volume, s’agirait-il de Dietrich de Dypenow. 74

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détenait dans ce territoire. L’évêque indique au passage que l’on se méie du personnage, homme « d’une abondante cautèle »76. L’avouerie, si répandue en terre d’Empire depuis le xie siècle, était souvent l’objet de pratiques délictueuses, d’usurpations de biens ou de droits, d’exactions iscales, et elle it donc l’objet de plaintes que les évêques eurent souvent à trancher. On sait par ailleurs que la taille des évêchés allemands rendait indispensable la création d’archidiaconés et que, souvent, la fonction d’archidiacre permettait à son détenteur d’atteindre une puissance équivalente à celle d’un évêque. Être l’avoué d’un archidiacre permettait donc d’exercer une autorité seigneuriale d’importance. En 1227, avant le mois de septembre, l’évêque annonce avoir racheté l’avouerie en question pour la somme de 150  marcs d’argent et obtenu de Dietrich de Dypenow, mais aussi de sa femme et de son ils, qu’ils y renoncent déinitivement77. On cherchait donc à se débarrasser entièrement de la famille. Mais Dietrich est encore là en 1230 et il igure parmi les témoins d’un acte de Konrad, où il est cité avant les ministériaux de l’évêque78. Un autre acte, sans doute également de 1230, nous apprend qu’il dispose de son propre sceau79. Voilà qui en fait de toute évidence un membre de l’aristocratie régionale et, en dépit des sanctions qui l’ont frappé, un personnage puissant. On le trouve encore, le 11 juillet 1234, toujours comme témoin d’un acte de l’évêque Konrad80. L’excommunication avait dû être levée depuis longtemps et la présence de Dietrich paraît avoir été indispensable au sein du réseau de domination épiscopal. Néanmoins, l’homme fait toujours l’objet de mesures de rétorsion : en 1234 ou 1235, il doit renoncer à une autre avouerie qu’il détenait, celle du monastère de Saint-Godehard, sous la pression de deux comtes, Konrad et Heinrich de Lowenroth81. Enin, avant le 4 juillet 1235, il cède contre 102 livres son héritage de Giesen (l’église, ses dépendants et ses biens) au monastère de Saint-Godehard et renonce à tous ses

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«  Notum […] quod vir nobilis hidericus de Depenowe, qui ius sibi dicebat advocatie archidiaconatus in Honhamelen, omni iuri, quod sibi vendicabat sive quod competebat ei iure feodali de manu nostra in eisdem bonis, in manu nostra renuntiavit […] et ad habundantem cautelam ilius antedicti hederici eandem renuntiationem sive cessionem, licet a nobis nichil teneret in feodo, in presentia nostra suo irmavit assensu magister Johannes archidiaconus » (Ibid., t. II, n° 193). 77 « Nos advocatiam in Honhamelen a domino Tiderico libero de Depenove CL marcas examinati argenti et 8 talentis denariorum emptionis titulo comparasse et tam ipse cum uxore sua quam suus ilius renunciavit circa dictam advocaciam penitus omni iuri » (Ibid., t. II, n° 244). Dietrich avait une femme, Alena, et deux ils, Volrad et Heinrich. 78 « heodericus liber » (Ibid. t. II, n° 291). 79 Il déclare n’avoir aucun bien héréditaire à Vorsato/Förste et reconnaît que la dîme de l’île adjacente (Rossewerder) appartient au monastère Saint-Barthélémy (ecclesie Sultensis) : « Tidericus de Depenowe […] notum esse volumus […] quod ego neque mei antecessores hereditatem non habuimus in Vorsato, insula vero, que adiacens est, que Rossewerdere nuncupatur, pertinet ad bona in Aerberghe, cuius insule decimam ecclesie Sultensis esse protestamur […] Hanc paginam sigilli nostri munimine duximus roborandam » (Ibid., t. II, n° 304). 80 Cette fois, il igure sous l’appellation de heodericus liber de Depenowe (Ibid., t. II, n° 391). 81 Il renonce à deux manses à Algermissen « cum advocacia et omni iure » contre la somme de 30 livres et appose son sceau au bas de l’acte : « sigillim ei appensione roboravi » (Ibid., t. II, n° 404).

l’aventure de la petite aristocratie allemande

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biens d’avoué82. Tout s’accorde pour donner l’impression qu’il a été forcé de se débarrasser de ses avoueries, sans doute en raison de méfaits ; les puissants de la région d’Hildesheim ont manifestement voulu le chasser. De fait, lorsqu’on le retrouve, en janvier 1236, il est en Prusse… Là, le 29 janvier 1236, Hermann Balk lui donna le castrum de Marienwerder, ainsi qu’une terre et des droits83. La donation est d’importance : elle comprend 300 manses, le droit de pêche dans la Nogat et les lacs (à condition de ne pas en faire un usage commercial, donc à se limiter à en tirer des ressources personnelles, le reste de l’exploitation des pêcheries servant à l’ordre) ainsi que la dîme de trois villages84. Il sera libre de vendre son bien, sauf à des Polonais ou à des Poméraniens, ce que l’insécurité existant en ces années de guerre et d’installation des Teutoniques explique aisément85. La garde de la forteresse de Marienwerder montre l’estime que lui portait Hermann Balk et la coniance que l’on avait dans ses compétences militaires. Dietrich de Dypenow a pris de l’importance au il des années. Le 1er octobre 1239, le vice-maître de Prusse, Berlewin, lui accorde 22 manses dans la région entre Marienwerder et Christburg86. Il a par ailleurs renoncé à revenir en Saxe : le 25 septembre 1239, un acte dressé à Hildesheim montre en efet qu’il a vendu son héritage paternel de Hotteln à l’église Saint-Barthélémy87. Or, une semaine plus tard, il est en Prusse  : le laps de temps paraît bien court. En tout cas, la méiance des élites saxonnes envers la famille ne s’est pas atténuée : le 22 mai 1240, son ils Volrad renonça également à ces biens à Förste, en présence de l’évêque Konrad. Son autre ils, Heinrich, it de même, également en présence

82 « heodericus liber de depenowe […] universam herditatem meam in Iesen tam in ecclesia quam in hominibus et agris et silvis et aquis et aquarum discursibus liberaliter redonavimus. Dehinc eadem bona in comicio, quod vulgariter dicitur grevoding/Gogericht cum heredibus meis […] resignavi » (Ibid., t. II, n° 416). 83 « Nobili viro domino heoderico de Dypenow contulimus castrum quod dicitur parvum Quedin adiacentes quoque ac inculte que possunt culta ieri CCC mansos lamingicos quorum ipse numerum mensurabit » (J. Voigt, Namen-Codex der Deutschen Ordens Beamten, n° 46). 84 « Item liberam piscacionem in lacubus insule transnogatum et ipsa Nogata secundum quod ipsi suicit ad coquinam. Item decimas de uncis trium villarum quarum hec sunt nomina Wadekowicz, Sircoy et Myrowicz quales et quante nunc sunt vel provenient in futuro salvo tamen iure parrochiale Pastoline » (Ibid.). 85 «  Dabit autem ipse et successores sui domui nostre pro annuali censu talentum cere id est pondus… marcam et coloniensem denarium, pro decima vero de singulis aratris heutonicalibus unam mensuram que schepil dicitur siliginis et aliam tritici annuatim et quia nobilitati eius deferre decernimus, ipsi et heredibus suis nullam describimus obsequi quantitatem. Hoc autem addicimus ut si ipse vel heredes suorum voluerint ea vendere vendat libere cui vult preterquam polono seu pomerano » (Ibid.). Ici, Hermann Balk prend clairement en compte la noblesse du personnage. 86 J. Voigt, Namen-Codex der Deutschen Ordens Beamten, n° 50. 87 «  Universum patrimonium cum patronatu ecclesie et omnibus que habui iure hereditario  » (H. Hoogeweg, Urkundenbuch des Hochstits Hildesheim, t. II, n° 536). Acte conirmé le 22 mai 1240 par Konrad d’Hildesheim, qui parle du « nobilis homo heodericus de Diepenowe » (Ibid., t. II, n° 564).

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sylvain gouguenheim

de Konrad et du duc de Brunswick88. Même sa femme it l’objet d’une requête en ce sens. Or, elle était en Prusse et c’est l’ordre qui transmit à Konrad l’acte de renonciation d’Alena au dit héritage89  ! La lettre de l’ordre est datée du 3 des calendes de mai 1240 et a été rédigée à Balga : il a donc fallu un mois pour qu’elle arrive à Hildesheim. La méiance de l’évêque n’est pourtant pas totalement éteinte : il dit que, malgré l’accord des ils de l’épouse et des témoins et en dépit de la lettre authentique de l’ordre, il a fait procéder par prudence à une mise par écrit sous son nom («  conscribi sub nomine nostro ad cautelam90  »). Autant Dietrich de Dypenow semble considéré en Prusse, autant son souvenir demeure désagréable en Saxe. Sa carrière continue en tout cas en Prusse. Le 26 novembre 1242, le maître de Prusse Heinrich de Weida lui accorda plusieurs villages91. Il obtint en outre les dîmes de plusieurs autres et, surtout, eut le droit d’y installer des colons, y compris des Prutènes, à condition toutefois de se comporter envers eux avec la même rigueur que celle dont les Teutoniques faisaient preuve. Dietrich de Dypenow joua donc le rôle d’un locator au service de l’ordre92. Finalement, Dietrich de Dypenow, avoué coupable de crimes dans la région d’Hildesheim, excommunié, chassé ou peu s’en faut, s’est refait une situation en Prusse, où sa famille l’a suivi93. Là, il fut à la tête de l’une des forteresses 88 Ibid., t. II, n° 564. L’acte donne les trois listes de témoins. Chaque fois igure « Otto dux de Brunesvic ». 89 «  Uxor etiam prefati nobilis viri h. sicut ipse ante date ide cum aliis quibusdam militibus promiserat, coram militibus Christi in Pruscia renuntiavit omni iuri, quod ipsi in eisdem bonis competere videbatur, qui nobis secundum quod convenerat inter partes de facta renuntiatione uxoris litteram transmiserunt, cuius tenorem […] inserendum duximus […] Litterarum vestrarum et domini prepositi de Sulta intellecto tenore peticionem vestram in eis factam iudicavimus exaudiri et non solum illam, sed et omnem, que ex desiderio vestro emanaverit tanquam patris et ordinem nostrum iam ex multo tempore diligentis. Igitur testimonium perhibemus attestatione presentium, quod uxor domini heoderici de Diepenowe nobilis viri publice renuntiavit coram fratribus nostris et aliis multis in Insula sancte Marie omnibus bonis, que habuit in villa et in campo Hottenem nichil sibi iuris in eis excipiens vel reservans, ita ut maritus suus ea libere possit vendre cui velit » (Ibid., t. II, n° 564). 90 Ibid., t. II, n° 564. 91 « Nos dilecto et ideli nobis nobili viro domino T. de Tyfenow cunctisque suis heredibus tres villas prutenicas […] Ceterum libertatem habeant hec et omnia alia bona sua ex omni nacione hominibus collocandi, dummodo prutenis si quos locaverint in eis eundem rigorem quem nos nostris prutenis iniunxerimus iniungant et ipsi » (J. Voigt, Namen-Codex der Deutschen Ordens Beamten, n° 54). 92 Sa fonction de burgrave a pu en faire un membre de l’ordre, mais aucun document ne l’indique clairement. 93 Un acte du 4 août 1243 montre que son ils Heinrich est établi à demeure en Prusse, alors que Volrad paraît être resté en Saxe  : «  Data etiam ide in manus plurium militum ego et ilius meus iunior Heynricus coram fratribus domus heutonice in Prutia renuntiabit eidem actioni  » (H. Hoogeweg, Urkundenbuch des Hochstits Hildesheim, t. II, n° 685). Il s’intitule toujours « dictus liber de Dypenov ». Dietrich indique que son ils cadet fera parvenir une lettre munie du sceau de l’ordre et il ajoute que dès que Henri sera revenu de Prusse, il prêtera serment devant l’évêque : « promittentes, quod cito ilius meus H. de Prutia in patriam reversus fuerit, renuntiationem factam debet coram domino nostro puplice protestari ». Volrad apparaît dans plusieurs actes, mais ne semble

l’aventure de la petite aristocratie allemande

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de l’ordre, se constitua une petite seigneurie et semble n’avoir jamais déçu ses nouveaux maîtres, bien qu’il ne fît apparemment jamais partie de l’ordre. La Prusse aurait-elle été le « Far West » des hors-la-loi issus de la petite aristocratie germanique ? Après l’installation du grand-maître à Marienbourg en 1310, le recrutement teutonique se modiia quelque peu mais conserva ses principales tendances. En 1410, l’ordre comptait dans ses bailliages d’Empire 398 chevaliers. À la lumière d’un tel nombre, on comprend quel désastre a pu représenter la perte à Tannenberg de 203 membres de la branche prussienne, environ 1/8e du nombre total des Teutoniques. Cela dit, le recrutement ne tarit pas et l’on voit par exemple la commanderie de Schlochau, en Pomérélie, passer entre 1412 et 1423 de 17 à 29 frères (avant, il est vrai, de retomber à 15 en 1437-1438). Partout où il s’est implanté, l’ordre Teutonique s’est airmé comme un des moyens de promotion de la petite noblesse allemande. Mais, au il du temps, il apparut de plus en plus, faute d’ofrir aux élites locales de réelles carrières en son sein, comme une corporation étrangère, ce qui fut une des causes de son efondrement. Si, comme l’a bien montré Alain Demurger94, les Templiers furent victimes de l’État, les Teutoniques furent victimes de son corrélat, la Nation (lors de la guerre de Treize Ans entre 1453 et 1466). L’État it un procès politique, la Nation une guerre… Il reste que l’histoire du recrutement des Teutoniques en Prusse permet d’évaluer la dimension sociale de cet ordre militaire, que l’on ne peut limiter à son rôle politique et religieux. La conquête de la Prusse est à insérer dans l’ample mouvement de colonisation allemande en Europe centrale et orientale, dont elle constitue une facette originale. S’y retrouvent des traits communs au reste du processus (fondations urbaines et rurales, défrichements et mise en valeur, promotion de catégories sociales) agglomérés à des spéciicités religieuses et militaires propres à la Prusse et aux ordres militaires. On en déduit que l’ordre Teutonique — remarque que l’on peut sans doute étendre aux autres ordres militaires, Templiers, Hospitaliers, ordres ibériques — fut à la fois un mouvement religieux, un organisme politique et une institution ofrant des perspectives d’ascension sociale à des hommes qui ne trouvaient pas leur voie dans la société du temps. L’entrée dans une corporation internationale, soumise au pape, favorisait la mise en œuvre de capacités individuelles que les perspectives de l’aventure militaire ou la vocation religieuse avaient déjà placées sur orbite. Aller combattre, prier et travailler en Prusse fut l’une des grandes aventures migratoires des xiiie et xive siècles.

être jamais allé en Prusse au contraire du reste de sa famille. On le trouve constamment dans la région d’Hildesheim entre 1260 et 1272 : ibid., t. III, nos 10 (1260), 70 (28 octobre 1264), 109, 223, 275 (22 mars 1271), où il s’intitule miles dictus de Depenowe, et aussi nos 297 (1er mars 1272), 311 (1272) et 317 (1272) ; dans ces deux derniers, il est appelé dominus. 94 A. Demurger, Les Templiers, une chevalerie.

ENTERING THE HOSPITAL A Way to the Elite in the Fifteenth Century?

Zsolt Hunyadi University of Szeged, Hungary

he rule of the Neapolitan Angevin king of Hungary, Charles I (1301-1342), caused fundamental changes in the governance of the realm. Charles introduced a system which was in use during the late Carolingian period and it based on the oices and the landed estates collated together. From the beginning of the fourteenth century onwards the only way to rise to the circle of the Hungarian aristocracy was to obtain royal oices and the revenues of the attached landed estates which were known as honores until the irst third of the iteenth century1. he ruler conferred the oice and the lands which he could revoke at any time providing no explanation of the withdrawal. As a consequence of the exposure to the pleasure of the king, referred in charters with the expression durante beneplacito, the social mobility of the aristocracy dwindled and these oices were passed over in a quasi-hereditary way during the Angevin rule (1301-1387). he descendants of oice-holders who proved to be faithful adherents of the king during their tenure almost automatically inherited the oice and the landed estates. Accordingly, they let not so much space for new applicants. he accession of King Sigismund of Luxembourg to the Hungarian throne found to be a turning point concerning the entrance to the circle of the elite. Sigismund ceased collating honores, instead he alienated the royal domain in form of perpetual donations, primarily, during the irst years of his rule (13871392)2. he social change can be observed in the mirror of the terminological shit. hose who rose through the huge donations but did not held major oices were called ilii baronum which term did not refer their very agnation but the fact that there is a baron in their family even though they themselves are not 1 P.  Engel, «Honor, castrum, comitatus», pp.  91-100; Id., «Die Monarchie der Anjoukönige», pp. 169-182; P. Engel, Gy. Kristó and A. Kubinyi, Histoire de la Hongrie médiévale, t. II, p. 420. For somewhat diferent considerations on the topic, see E.  Fügedi, «Castles and castellans in Angevin Hungary», pp. 49-65. 2 J. K. Hoensch, Kaiser Sigismund, pp. 64-80; P. Engel, Gy. Kristó and A. Kubinyi, Histoire de la Hongrie médiévale, t.  II, pp.  115-120. For the political situation, see Sz. Süttő, AnjouMagyarország alkonya, passim.

Philippe Josserand, Luís F. Oliveira et Damien Carraz (éd.), Élites et ordres militaires au Moyen Âge, Collection de la Casa de Velázquez (145), Madrid, 2015, pp. 101-110.

102

zsolt hunyadi

oice-holders3. By the mid-iteenth century, the ilii baronum label was replaced by the expression barones naturales or barones solo nomine. he latter was to emphasize the diference from the barones (et prelati) veri regni who were still the holders of major oices4. Sigismund, nonetheless, made several eforts to counterbalance the power of the league of the «old» barons established in the Angevin era and he elevated lesser nobles on a regular basis to his government. In the course of his long-lasting rule (1387-1437), half (c. 60) of the identiied (c. 120) royal oicers were regarded homo novus, that is, new player in the political arena. One of the ways of climbing up the social ladder from the level of the lesser nobility was to obtain ecclesiastical oices or beneices. Besides those of the archbishops and bishops, the prior of the Hospitaller Hungarian-Slavonian priory gradually belonged to the prelates of the realm from the beginning of the iteenth century onwards5. he rule of Sigismund created a new situation for the Hungarian-Slavonian priory as the king «reinterpreted» the concept of ius patronatus or that of collatio6. In addition, as with the properties of other ecclesiastical establishments, he oten let (or better to say, kept) the priory vacant and appointed secular governors (gubernatores) to collect its revenues. Hungarian historiography explained the king’s attitude by pointing out that the treasury almost constantly sufered from shortage of money. In other words, Sigismund wanted to assure the liquidity of the treasury by appropriating the incomes of the Hungarian-Slavonian priory. Some scholars, however, emphasized that the establishment and the maintenance of the defensive system of the border castles (castra initima) on the southern frontiers of the kingdom required enormous inancial eforts7 (see map 1, p. 103). For this very reason, Sigismund did not eliminate the system of honores in the South and a remarkable proportion of the incomes of the oices (those of the wardens) he ordered to be rendered for the military needs against the Ottoman Turks. his attitude proved to be a turning point in another respect, namely, from this time onwards, locals were appointed as priors of Hungary, since Sigismund gave priority to the frontier defensive system and regarded the appointment of those in charge of the management as raison d’État. Accordingly, from the beginning of the iteenth century onwards the preponderance of the foreign oicers ceased.

3

See J. M. Bak et alii (ed.), he Laws of the Medieval Kingdom of Hungary, t. II, p. 25. P. Engel, he Realm of St Stephen: A History of Medieval Hungary, 895-1526, pp. 204-205. 4 P. Engel, Gy. Kristó and A. Kubinyi, Histoire de la Hongrie médiévale, t. II, pp. 305-308. 5 P. Engel, «Die Einkünte Kaiser Sigismunds in Ungarn», pp. 179-182. See also Zs. Hunyadi, «he Hungarian Nobility», pp. 616-617. 6 Zs. Hunyadi, «he Choice of Hungary». 7 F. Szakály, «Phases of Turco-Hungarian Warfare», pp. 65-111; Gy. Rázsó, «Hungarian Strategy against the Ottomans», pp. 226-237; F. Szakály, «he Hungarian-Croatian Border», p. 148.

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entering the hospital

0

80

160 km

Maros

Tisza

Temesvár

Sebes s me Te Duna

Torniste Szá va

Haram

Dombó Keve

Haram

Orosva Görgény Sinice Librasd Szörény (Severin) Pécs I. Galambóc Pécs II. (Golubac) Drankó Staniloc Pozsezsin Szentlászló

Possession of the Teutonic Order (1429-1435) Forts rebuilt by Filippo Scolari

Du na

Map. 1. — he southern frontier forts, 1403-1437. Based on E. Fügedi, «Medieval Hungarian Castles in Existence at the Start of the Ottoman Advance», p. 63c. © Judit Ruprech

Priors and major officers of the Hungarian-Slavonian priory in the late Middle Ages Name

Title

Emeric Bwbek

Tenure

prior Aurane

1392-1405

Bartholomew Carafa

priore di Roma e d’Ungheria

1405

Johannes de Varras

gubernator prioratus Aurane (provost of Csázma)

1405

a

Vacancyb

--

Andrea de Capponic

administrator prioratus

Michael Ferrand

prior Ungarie

(1405) 1408-1417

Vacancyd

--

1417

Albert of Nagymihály

prior Aurane

1417-1434

Robert de Dianae

prior Hungarie

1428-1430

Johannes Cavallion (Romei)

1408

prior Ungarie

1433-1434

Matkó of Tallóc

gubernator Aurane

1434-1439

Jovan of Tallóc

prior Aurane

1438-1445

Jacopò de Soris

prior

1446-1475?

homas Szekler of Szentgyörgy

(gubernator), prior

(1446) 1453-1461

f

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zsolt hunyadi Name

Title

Tenure

John Szekler of Hídvég

prior

c.1461-c.1468

Bartholomew Berislavić

prior

1475-1512

Peter Berislavić

gubernator

1513-1517

Matthias of Baracs

prior

1521-Feb. 1526

John of hah

prior

1526

A. Theiner, Vetera Monumenta Slavorum, t. I, pp. 344-345; J. Delaville le Roulx, Les Hospitaliers à Rhodes, p. 335.



National Library of Malta (Malta), Libri bullarum, cod. 333, fos 93-94.

b  c 

Archivio di Stato di Firenze, Carteggio della Signoria, reg. 24, fº 8vº. Malta, Libri bullarum, cod. 340, fº 158vº.



Malta, Original doc., cod. 45, fº 207rº-vº; Libri bullarum, cod. 348, fos 126vº-127vº; cod. 351, fos 112rº-113vº.



Malta, Original doc., cod. 27, nos 5-6; Libri bullarum, cod. 350, fº 183rº; cod. 351, fos 36vº-37rº, fº 37vº.



Most of the priors of the late fourteenth- and early iteenth-century or rather their families, rose during the Angevin period, which turned against even Sigismund of Luxembourg in the second decade of his rule. In addition, from this time onwards, the Hungarian rulers, especially Sigismund, laid claim not only for the appointment of the Hospitaller prior, but sometimes deposed priors as happened to John Palisna and Emeric Bwbek upon their rebellions against the ruler. According to contemporary reports of the Hospital and that of the papacy, many of the Hospitallers’ landed properties were occupied and usurped by powerful noblemen from the beginning of the iteenth century8. Some scholars have asserted that the situation as a whole was closely connected to the Great Schism, but it is still unproven9. Certainly, both the grand master of the Hospital and the popes protested against Sigismund’s intervention. he king’s action seemed particularly illegal when he entrusted laymen—mostly the current Slavonian and/or CroatianDalmatian warden (banus)— with the governance of the estates of the Hungarian priory, even though there were priors appointed by the grand master. hese reports undisputedly pointed out the illegitimate intervention of the Hungarian ruler, but at the same time they failed to igure out the very motivation of Sigismund. It is advisable to have a closer look at the afairs which lasted for decades and inally elevated the Hospitaller priors among the prelates of Hungary. Ater the deposition of John of Palisna10, Emeric Bwbek became the prior of the Hungarian-Slavonian priory from 1392, but in efect only from 139411. He was the member of a middling noble family which rose very quickly. Emeric Bwbek started his career as a royal oicer of a Hungarian county (Fejér) but in the

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A. Theiner, Vetera Monumenta Historica Hungariam, t. II, pp. 244-246. Zs. Hunyadi, «he Choice of Hungary». 10 N. Budak, «John of Palisna», p. 286; A. Luttrell, «he Hospitallers in Hungary», p. 276; Zs. Hunyadi, he Hospitallers in the Medieval Kingdom of Hungary, pp. 62-63. 11 Zs. Hunyadi, he Hospitallers in the Medieval Kingdom of Hungary, pp. 104, 109. 9

entering the hospital

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meantime his father12, Detric Bwbek, was appointed as palatine of the kingdom, that is the most powerful aristocrat of the realm. hrough his family relations, Emeric became the member of the royal court and as such he followed his king to Nicopolis in 1396. His assumed loyalty, however, ceased soon. Emeric Bwbek joined the league of aristocrats who—being let out from the late fourteenthcentury donations—conspired against Sigismund in 1401. hey went so far as to imprison the king and they made Emeric Bwbek the warden of Slavonia in the same year. Having been extricated, Sigismund deprived Emeric Bwbek from the wardenship in 1402 but the king did not attempt to depose the rebellious Hospitaller as prior13. Emeric Bwbek never pretended to be an adherent of the king and it was openly manifested by the fact that he also participated in the subsequent rebellion against Sigismund. he above league of barons invited Ladislas of Naples (also known as Ladislas of Durazzo) to the Hungarian throne and the rebels crowned him in 1403 in the presence of Emeric and Detric Bwbek among other aristocrats at Zara in Dalmatia14. Emeric Bwbek, moreover, for the backing the Angevin claimant, gave Vrana and its belongings to the military leader of Ladislas of Naples which he sold to Venice in 1409 and thus it had been lost for the Hospital15. By the autumn of 1403, however, the majority of the rebels surrendered and asked for the king’s pardon. Sigismund pardoned Emeric but he deposed him as prior and appointed lay governors in November of 1405. he vacancy in the priory became widely known and the pope appointed Bartholomew Carrafa but he died unexpectedly before taking his oice16. hus the pope and grand master appointed Michael Ferrand, respectively in 1405 and 1408. He bore the prior’s title until 1417, but there is no record to prove that he ever came to Hungary or, at least, attempted to take this position17. he reason for his absence was that Sigismund wanted his own appointee to govern the priory in the person of his adherent, Albert of Nagymihály, sometime before 1408. he ancestors of Albert of Nagymihály were the retainers (familiares) of higher nobles during the Angevin rule18. He himself was a married layman and the conident 12

P. Engel, Középkori magyar genealógia, nº 50. Id., «he Estates of the Hospitallers in Hungary», p. 296. 14 A.  Theiner, Vetera Monumenta Historica Hungariam, t.  II, pp.  172-176. See E. Mályusz, Kaiser Sigismund, pp. 63-69. 15 S. Ljubić, Monumenta spectantia, t. V, pp. 163-165. 16 A. Theiner, Vetera Monumenta Slavorum, t. I, pp. 344-345. 17 I.  Kukuljević, «Priorat vranski», pp.  7-8; Gy.  Nagy, A nagymihályi és sztárai gróf Sztáray család okmánytára, t. II, p. 183; I. Nagy et alii, Codex diplomaticus patrius, t. III, p. 307. National Library of Malta (henceforth: Malta), Libri bullarum, cod. 333, fº 93vº, cod. 340, fº 158rº-159rº; J. Delaville le Roulx, Les Hospitaliers à Rhodes, p. 335. 18 Zs. Hunyadi, «Albert de Nagymihály», p. 56. Gy. Nagy, A nagymihályi és sztárai gróf Sztáray család okmánytára, t. II, pp. 176-178, 183-187, 189-191, 200-212, 232-235, 238-239, 241-243, 247248, 295; G. Fejér, Codex diplomaticus Hungariae, t. X, vol. 6, pp. 113-116, 128-133, 208-209, 234235, 244-246, 492-493, 590-591, 594, 741, 761-762, 771-773, 837-840, 846, 944-946; t.  X, vol.  7, pp.  120-125, 339, 344-346, 446-449, 564-566; P.  Palásthy, A Palásthyak, t.  I, p.  241; National Archives of Hungary (NAH), Budapest, Collectio Antemohacsiana, original charters (henceforth: 13

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of Sigismund who grew up in the royal court. He was also invited by the king to the knightly Order of the Dragon, that is to the circle of the ruling elite, as homo novus upon its foundation in 140819. Albert participated in wars against the Turks (1411-1412) as well as against Venice20. Once widowed, he entered the Hospital. Sigismund lobbied a lot in favor of Albert of Nagymihály at Philibert de Naillac, especially, at the council of Constance where all of them were present in 1417 and 1418. Sigismund was successful as Philibert de Naillac appointed Albert of Nagymihály Hungarian-Slavonian prior in February 141821. Moreover, the Hungarian king conferred him the oice of warden (banus) of Croatia and Dalmatia in 1419 and thus Albert unquestionably belonged to the barons, that is the most powerful aristocrats of the realm until his death in 143422. In return of the royal backing, Albert of Nagymihály fought not only against the Turks but also against the Hussites in 1420-1422 to which he even recruited troops at his own expenses23. By the end of Sigismund’s rule, several political and administrative changes took place, notwithstanding the approaching Ottoman Turkish menace. he king managed to consolidate his power and thus during the second half of his rule no barons manifestly threatened his power24. In addition he conferred baronial titles to his adherents who remained loyal to him for decades. In order to fully balance the power of the major oice-holders, Sigismund introduced a system of «twin» oice-holding, that is, he appointed two oicers to the same oice, very oten brothers or relatives, as happened in the case of the Tallóci brothers25. he practical importance of this new system manifested in system of frontier castles where the oicers always had to be present in order to provide prompt reaction for the Turkish operations. his system outlasted Sigismund as it properly functioned well until the beginning of the sixteenth century. It might have afected the prior oice of the Hospitaller priory too. Following the death of Albert of Nagymihály in 1434, Sigismund appointed Matkó of Tallóc Dl.), Dl. 11157, Dl. 11493, Dl. 11911, Dl. 12364, Dl. 12641, Dl. 33058; J. Házi, Sopron szabad királyi város története, t. I, vol. 2, p. 193; S. Barabás, A római szent birodalmi széki Teleki család oklevéltára, t. I, pp. 454-456; I. Tkalčić, Monumenta Historica liberae regiae civitatis Zagrabiae, t. II, pp. 50-51; I. Nagy et alii, Codex diplomaticus domus senioris, t.  IX, p.  574; L. Thallóczy and A. Áldásy, A Magyarország és Szerbia közti összeköttetések okmánytára, p. 72; L. Thallóczy and A. Áldásy, Codex diplomaticus partium regno Hungariae, pp. 163-171; L. Thallóczy and A. Áldásy, Codex diplomaticus comitum de Blagay, pp. 299-300; Malta, Libri bullarum, cod. 340, fº 158vº, cod. 350, fº  190; J. Delaville le Roulx, Les Hospitaliers à Rhodes, p.  335; P.  Engel, Gy.  Kristó and A. Kubinyi, Histoire de la Hongrie médiévale, t. II, p. 420. 19 h. Bogyay, «Drachenorden», p. 1346. 20 P. Engel, A nemesi társadalom a középkori Ung megyében, p. 37. 21 Gy. Nagy, A nagymihályi és sztárai gróf Sztáray család okmánytára, t. II, pp. 176-177; I. Nagy et alii, Codex diplomaticus patrius, t.  III, pp.  303-305; J. Delaville le Roulx, Les Hospitaliers à Rhodes, p. 335; E. Reiszig, A jeruzsálemi Szent, t. I, p. 148. 22 G. Fejér, Codex diplomaticus Hungariae, t. X, vol. 6, p. 244; E. Reiszig, A jeruzsálemi Szent, t. I, p. 149. 23 E. Reiszig, A jeruzsálemi Szent, t. I, p. 150. 24 J. K. Hoensch, Kaiser Sigismund, pp. 119-147. 25 E. Mályusz, «he Four hallóci Brothers», pp. 137-176.

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as governor of the goods of the priory26. Since he was already the royal oicer and the captain of Belgrade, Sigismund expected him to play a crucial role in the maintenance of the defensive system of the southern frontiers. Matkó of Tallóc originated from a well-to-do burgher family based on the island of Curzola (Korčula) of Dalmatia and he moved to Hungary through Ragusa (Dubrovnik) being accompanied by his brothers: Petko, Frank and Jovan (John). Following the death of King Sigismund (1437), the youngest brother Jovan was appointed to the oice of the prior in 1438 which he took by 1439 the latest27. His main duty was the same as his brother’s: organizing the defensive system28. When the Mamluks besieged Rhodes, the troops of the Ottoman Sultan Murad attacked Belgrade in 1440. Jovan of Tallóc successfully defended the castle but ater the assault he resigned from being the captain of Belgrade as he had to pass over the captainship of the castle to John Hunyadi29. In the same year, Jovan asked for permission to enter the convent at Rhodes. Pope Eugene IV ordered the papal legate, Giuliano Cesarini, in February 1444 to arrange it30, but Jovan irst had to take part in the crusade launched by the pope in January to expel the Ottoman forces from the Balkans. Indeed Jovan himself, together with his brothers Matkó and Frank, fought against the Turks at Varna in 1444 together31. All of them survived the otherwise tragic battle where even the Hungarian king died, but Frank fell in captivity and was released only months later. he idea of Jovan to join the convent at Rhodes never came true as he was killed in 144532. Ater the death of Matkó, the oldest brother, the great antagonist of the Tallóci brothers, Ulrich of Cilli (Celje) attacked both the properties of the family as well as the belongings of the Hospital. Ulrich besieged the headquarters of the order, the castle of Pakrac, and in the course of the attack, Jovan was deadly injured33. It has been debated ever since that the Hungarian-Slavonian priory did not send the payments to the convent34. From the tenure of Jovan of Tallóc, the Hungarian-Slavonian priors and governors or administrators spent a remarkable part of the incomes for the military preparations against the Turks. hey are also known to levy special taxes from the tenants and leaseholders of the landed estates of the priory35. Moreover, the Tallóci brothers levied the same extra taxes on their own estates as they did on the Hospitaller lands. Doing so, they risked 26

Ibid., pp. 150-151. Ibid., pp. 157-158. 28 F. Szakály, «he Hungarian-Croatian Border», p. 146. 29 P. Engel, he Realm of St Stephen, pp. 283-285. 30 A. Theiner, Vetera Monumenta Slavorum, t. I, pp. 382 sqq; E. Mályusz, «he Four hallóci Brothers», pp. 160-161. 31 C. Imber, he Crusade of Varna, p. 11. 32 E. Mályusz, Kaiser Sigismund, p. 166. 33 E. Reiszig, A jeruzsálemi Szent, t. I, p. 168; J. K. Hoensch, Kaiser Sigismund, pp. 438-440. 34 A. Luttrell, «he Hospitallers in Hungary», p. 277; P. Engel, «he Estates of the Hospitallers in Hungary», p. 291; Zs. Hunyadi, «Adalékok a johannita magyar-szlavón», pp. 31-34. 35 E. Mályusz, Kaiser Sigismund, p. 166. 27

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to loose their tenant peasants who had the right to leave their tenants as soon as their lord expected more than the general seigniorial revenues regulated by the customs of the realm. In order to increase the incomes in cash, later on the priors began to pledge the lands of the priory as it happened during the tenure of homas Szekler of Szentgyörgy36 and that of Bartholomew Berislavić in the second half of the iteenth century37. As the sign of the last eforts against the Ottomans, the younger Berislavić, namely Peter, pledged almost all the landed estates of the priory, as he had no right to alienate them38—reported by the papal legate Antonio Burgio in the second decade of the sixteenth century39. homas Szekler of Szentgyörgy was appointed as governor of the priory in 1446 by the acting ruler of the kingdom, by John Hunyadi who acted as regent. homas, who was a close relative of John Szekler, the Croatian-Dalmatian-Slavonian warden, and who most likely was a retainer (familiaris) of Hunyadi, bore the prior’s title only from 1453 perhaps because the order appointed Jacopò de Soris Hungarian-Slavonian prior in 1446 which title he used until 147540. he efort of the Hospital to install its own nominee was partly based on the investigation of 1447 which reported most of the preceptories and landed estates of the priory occupied originally by the christianissimus rex Sigismundus41. As an adherent of Hunyadi, homas fought against the Turks in the battle of Kosovopolje in 1448 and he participated along with Hospitaller troops in the defence of Belgrade in 145642. homas outlived Hunyadi who died shortly ater the triumph of Belgrade, but loosing his promoter stopped his rising carrier during the last ive years in the oice of prior43. 36 NAH, Dl. 14786, Dl. 14807; I. Kukuljević, «Priorat vranski sa vitezi templari hospitalci», p. 19; J. Házi, Sopron szabad királyi város története, t. III, pp. 290-291; G. Fejér, Codex diplomaticus Hungariae, t. IX, vol. 2, p. 194; G. Pray, Dissertatio historico-critica de prioratu Auranae, pp. 48-50; I. Nagy et alii, Codex diplomaticus domus senioris, t. IX, p. 480; t. X, p. 182; L. Thallóczy and A. Áldásy, A Magyarország és Szerbia közti összeköttetések okmánytára, pp. 227-228; I. Tkalčić, Monumenta Historica liberae regiae civitatis Zagrabiae, t.  II, pp.  263-264; L. Thallóczy and J.  Gelchich, Diplomatarium Ragusanum, p.  616; L.  Thallóczy and S.  Horváth, Codex diplomaticus partium regno Hungariae, p.  190; V.  Fraknói, Monumenta romana episcopatus Wesprimiensis, t. III, pp. 184-185; I. Nagy et alii, Codex diplomaticus patrius, t. I, pp. 367-368. 37 NAH, Dl. 19253, Dl. 19669, Dl. 22341, Dl. 36670. Malta, Original doc., cod. 76, fº  26rº; I.  Kukuljević, «Priorat vranski sa vitezi templari hospitalci», p.  24; V.  Fraknói, Monumenta romana episcopatus Wesprimiensis, t.  III, p.  285; L. Thallóczy, Jajcza (bánság, vár és város) története, p. 77, 145, 208, 213-214; L. Bártfai Szabó, A körösszeghi és adorjáni gróf Csáky család története, t.  I, vol.  1, pp.  480-482; G. Fejér, Codex diplomaticus Hungariae, t.  X, vol.  4, p.  169; L. Thallóczy and S. Horváth, Codex diplomaticus partium regno Hungariae, p. 269. 38 L. Thallóczy and J. Gelchich, Diplomatarium Ragusanum, pp.  676-677; L. Thallóczy, Jajcza (bánság, vár és város) története, pp.  250-251; L. Thallóczy and S. Barabás, Codex diplomaticus comitum de Frangepanibus, t. II, p. 306. 39 V. Fraknói and A. Ipolyi, Relationes oratorum pontiiciorum, pp. 341-342. 40 Malta, Chapters general, cod. 283, fº  1rº; Libri bullarum, cod. 376, fº  116, 132; cod. 358, fos  65vº-66rº, fos  82vº-83rº; cod. 1649, fos  565vº-572rº; I. Bosio, Dell’Istoria della sacra religione, pp. 228, 354; A. Theiner, Vetera Monumenta Historica Hungariam, t. II, pp. 249-250. 41 NAH, Dl. 106517; A. Theiner, Vetera Monumenta Historica Hungariam, t. II, pp. 243-249. 42 P. Engel, he Realm of St Stephen, p. 291; E. Reiszig, A jeruzsálemi Szent, t. I, p. 172. 43 E. Reiszig, A jeruzsálemi Szent, t. I, p. 165.

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Ater the death of homas, a lay governor was in charge of the properties of the priory but soon, around 1461, another «Szekler» took the prior’s oice, a certain John of Hídvég, but his kinship cannot be fully reconstructed44. On the basis of the sources at our disposal he seems to be related to both homas of Szentgyörgy and to John Hunyadi. Both his career and activity are somewhat obscure. One of the very facts he is known of was the defence of the castle of Jajca against the troops of Sultan Murad II in 146445. John led the priory until his death in 1468 although there was an appointed governor of the priory in the person of Emeric Szapolya46. hese years were followed by disorder since the order still regarded Jacopò de Soris the legitimate prior but King Matthias Corvinus appointed lay governors, for instance, Nicholas of Újlak in 1471, who also acted as Bosnian king47. he long lasting disaccord between the Hospital and the Hungarian ruler seemed to come to an end by the appointment of Bartholomew Berislavić as prior of the Hungarian-Slavonian priory in 1475, or, better to say, in 1477 when Matthias let him governing the goods of the priory48. he origin or the social standing and the early career of Bartholomew are almost unknown. All what is known that he belonged to the kindred of the late warden Borics and that most likely started his political activity as the member of the order49. he reservations of the Hungarian king ceased soon and Bartholomew became an adherent of Matthias during the last decade of his life. Moreover, ater the death of Matthias he took side with John Corvin, the illegitimate son of Matthias, but the league of barons on the side of the Jagiellonian claimant Wladislas II imprisoned him50. It was Matthias’ widow, Queen Beatrice of Aragón, who intervened in his release. Under the pressure of his adherents, King Wladislas imprisoned Bartholomew again in 1495, this time for his lifetime. he brethren of the priory protested against the process in Rome but the all they could achieved that a new prior was appointed in the person of Andrea di Martini51. here is no trace of Andrea’s arrival to Hungary and Bartholomew was released in 1499. Surprisingly, he managed to return not only to the lead of the priory but also to the political life. In 1505 he participated at the general assembly held at the camp of Rákos as of the prelates of the realm52. Two years later he was the member of the delegation appointed for the negotiation 44 NAH, Dl. 16051, Dl. 16727; G. Pray, Dissertatio historico-critica de prioratu Auranae, p. 54; L. Thallóczy and S. Horváth, Codex diplomaticus partium regno Hungariae, pp.  218-223; E. Reiszig, A jeruzsálemi Szent, t. I, p. 177. 45 P. Engel, Gy. Kristó and A. Kubinyi, Histoire de la Hongrie médiévale, t. II, p. 420. 46 L. Thallóczy, Jajcza (bánság, vár és város) története, p. 45. 47 E. Reiszig, A jeruzsálemi Szent János, t. I, p. 178. 48 Collectio Hevenesiana, Budapest, University Library, cod. 36, p. 7. 49 P. Engel, Középkori magyar genealógia, nº 153. 50 E. Reiszig, A jeruzsálemi Szent János, t. I, p. 183. 51 I. Kukuljević, «Priorat vranski sa vitezi templari hospitalci», pp. 29-30; G. Wenzel, Marino Sanuto, pp. 86, 118, 134. 52 E. Reiszig, A jeruzsálemi Szent János, t. I, p. 191.

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Tisza

Duna

between King Wladislas II of Hungary and King Sigismund of Poland and Bartholomew himself signed the treaty in 150753. In the same year, the Hungarian king appointed him as the warden of Jajca which was not only a merit but rather a diicult task to fulill on the front-line54 (see map 2).

Maros

Drá va

Temesvár Sz

Senj

Krupa

Bihać

Ključ

Banja Luka Tešanj

Jajce Jezero

Pétervárad Zimony

Srebrnik Šabac

Érsomlyó Orosva

Belgrade

Travnik

Szörény

Skradin

IA CH LA

L WA

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Knin

Lugos

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Duna

d r i

Drina

A

Klis a t i c S e a

Hungarian - Croatian fortresses

0

30

60 km

Map. 2. — Hungarian border fortresses at the turn of the 15th-16th centuries. Based on F. Szakály, «he Hungarian-Croatian Border Defense System and its Collapse», p. 158b. © Judit Ruprech

It is tempting to think that the more important role the priors played in the military activity in the Ottoman wars, the higher prestige they enjoyed in the circle of the aristocracy. From the rule of King Matthias, the priors were always regarded as prelates of the kingdom who had the right to lead their troops under their own banner (known as domini banderiati). From the mid-iteenth century they also had the right to be present at the royal councils. In addition, by the token of the article 20 of the law of 1498 the status of the Hungarian-Slavonian prior was secured among the prelates, that is, in the circle of elite55; in return, the Hungarian kings, Wladislas and Louis II of Jagellonian origin, kept attempting to reserve their right to have a say in the appointment of the prior56.

53

I. Katona, Historia critica Regum Hungariae, t. XVIII, p. 513. L. Thallóczy, Jajcza (bánság, vár és város) története, p. 213. 55 J. M. Bak et alii, he Laws of the Medieval Kingdom of Hungary, t. IV, pp. 100-101. 56 On the late medieval Jagiellonian rule in Hungary see, recently, M. Rady, «Rethinking Jagiello Hungary», pp. 3-18. 54

FORMAS DE ASOCIACIÓN LAICAL EN LAS ÓRDENES MILITARES HISPÁNICAS Reinos de Castilla y León (siglos xii-xiii)

Carlos de Ayala Martínez Universidad Autónoma de Madrid

PLANTEAMIENTO

El III concilio de Letrán de 1179 establecía una clara distinción entre los miembros de las «fraternidades» de las órdenes militares —y también de otras instituciones religiosas— en dos grupos perfectamente deinidos: los que se vinculan a ellas de modo radical sin conservar bienes propios y aquellos otros cuya vinculación resulta más atenuada permitiéndoles conservar sus bienes o parte de ellos1. Por su parte, el IV concilio de Letrán de 1215 matiza algo más esta distinción y al primer grupo lo deine como el de aquellos que permaneciendo en el siglo deciden donarse a una orden —oblati sunt—, abandonando de este modo su hábito secular; y el segundo grupo sería el de quienes donan a la institución elegida sus bienes en vida, reteniendo el usufructo de los mismos mientras vivieran o decidieran permanecer en el siglo2. Es decir que, desde un punto de vista estrictamente canónico, la Iglesia entiende la «familiaridad» propia de los laicos vinculados a una determinada entidad o corporación religiosa o bien como una integración en su disciplina con asimilación de género de vida incluyendo la renuncia a la propiedad pero, eso sí, manteniendo el estado laical, o bien como el establecimiento de una estrecha relación con la institución elegida a la que deben donar todos los bienes, pero sin entrar en la disciplina y régimen de vida propia de la misma y por ello mismo disfrutando de los bienes entregados desde fuera y en régimen de usufructo. El esquema, obviamente, posee la rigidez de lo excesivamente teórico. No obedece ciertamente a la realidad, mucho más compleja y, como veremos, caracterizada por una extraordinaria variedad de situaciones. El propio IV concilio de Letrán reconoce que existen otras formas «relajadas» de familiaridad, como la de 1 Este estudio forma parte del proyecto de investigación Iglesia y legitimación del poder político. Guerra santa y cruzada en la Edad Media del occidente peninsular (1050-1250), inanciado por la Subdirección General de Proyectos de Investigación del Ministerio de Ciencia e Innovación (referencia: HAR2008-01259/HIST). J. Alberigo, Conciliorum Oecumenicorum, pp. 216-217. 2 Ibid., p. 261.

Philippe Josserand, Luís F. Oliveira et Damien Carraz (éd.), Élites et ordres militaires au Moyen Âge, Collection de la Casa de Velázquez (145), Madrid, 2015, pp. 111-124.

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quienes simplemente pagan dos o tres denarios al año, pero ciertamente no se trata de algo ni mucho menos modélico. El modelo de familiaridad es la autoentrega disciplinada a la institución o, en todo caso, la entrega de propiedades con retención de usufructo como algo que, en cierto modo, debe contemplarse como transitorio en espera de la oblación personal. El reconocimiento de esta segunda y «menos perfecta» modalidad nos pone sobre la pista de que se trataba de la opción más realista y extendida. Por ello algunos códigos civiles, como concretamente el de Las Siete Partidas, contemplan que «familiares son llamados, o cofrades, los que toman señal de hábito de alguna orden, e moran en sus casas, siendo señores de lo suyo, e no se desamparan de ello3». Es precisamente la complejidad del fenómeno de la «familiaridad» religiosa lo que impide recoger desde un punto de vista jurídico y canónico la variedad de manifestaciones en que puede expresarse4. Por ello puede ser más útil establecer, en primer lugar, las motivaciones que se encuentran detrás de este tipo de iniciativas y ver cómo, a través de ellas, es posible descubrir una tipología de situaciones más rica y menos sujeta a estereotipos canónicos. En realidad, esas motivaciones se resumen en una sola: la necesidad de protección en una sociedad muy sensibilizada ante el miedo y la amenaza. El miedo a la pobreza y la enfermedad, el miedo también a la violencia y la agresión, y el miedo no mucho menor a la ira de Dios provocada por el pecado. Todas estas amenazas son el estímulo que convierte en necesidad la búsqueda de la protección, una protección en primer lugar, y sobre todo, espiritual. Estamos en un contexto de profunda religiosidad en el que la lectura providencial de los acontecimientos hace de Dios y de quienes en su estilo de vida ascética se acercan a la perfección por él deseada, la fuente de una seguridad que desemboca en salvación. Participar en los beneicios espirituales de las comunidades orantes de la Iglesia y asegurarse la sepultura junto a la casa de Dios eran motivos más que suicientes para vincularse a una institución religiosa. Pero esa seguridad para muchos era también la derivada de lo estrictamente material, y no nos referimos únicamente, aunque desde luego también, a sectores sociales amenazados por la pobreza. A casi todos asustaba el futuro y la precariedad que podía derivarse de la vejez y de la enfermedad. Por eso mismo son todas las capas de la sociedad las que se acercan a este tipo de institución que es la «familiaridad» religiosa, y por eso también ésta puede adoptar las formas más diversas, desde la entrega personal en muy distintos grados a las más heterogéneas fórmulas de vinculación socio-económica, siempre mediatizadas por el factor religioso. A este amplio abanico de posibilidades nos vamos a acercar en estas breves páginas, pero con la particularidad de que las instituciones religiosas de las que vamos a tratar son las órdenes militares de implantación hispánica. 3

Primera Partida, Tit. xiii, ley vii. Esa variedad comienza por expresarse a través de una nomenclatura de lo más diverso: familiarii, fratres, laici, socii, oblatiarii, devoti, donati… La cuestión ha sido apuntada en reiteradas ocasiones. Véase A. Linage, La vida cotidiana de los monjes, p. 75. 4

formas de asociación laical

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Habremos, por tanto, de atender a las particularidades que ofrece este tipo de «familiaridad», haciendo especial hincapié en hasta qué punto la importancia numérica y también cualitativa de los «familiares» de los freires no constituyen un auténtico índice de la aceptación social de la igura del religioso armado y su especíico y muy particular carisma vocacional5. ÓRDENES MILITARES Y «FAMILIARIDAD»

Especialistas de las órdenes del Temple y Hospital han establecido algunas tipologías de vinculación laical a dichas instituciones con cierta pretensión de exhaustividad. Hace unos años, Helen Nicholson hablaba con respecto al Temple de cuatro categorías relativamente bien deinidas, integradas indistintamente por hombres y mujeres: familiares, conversos, cofrades y donados. Los primeros, a cambio de participación en beneicios espirituales y, en caso de necesidad, materiales, entregaban sus bienes a la orden reservándose exclusivamente lo necesario para vivir, prometían ingresar en ella si optaban por la vida religiosa y tenían derecho a ser enterrados en sus conventos. Los conversos optaban por la vida religiosa directamente formulando votos aunque no necesariamente los tres típicamente monásticos. Los cofrades no abandonaban sus viviendas pero quedaban asociados a un convento concreto al que realizaban pequeños donativos anuales y sólo si decidían optar por la vida religiosa ingresarían formalmente en la orden; en cualquier caso, en la vejez recibirían la atención de los freires y serían sepultados en sus encomiendas. Finalmente, los donados entraban en dependencia disciplinaria respecto al maestre y hacían voto de entrar formalmente en la orden, si bien hasta entonces podían vivir fuera de sus dependencias conventuales6. Jonathan Riley-Smith, por su parte, hace algunos años más propuso en relación a la orden del Hospital una clasiicación integrada exclusivamente por dos colectivos: cofrades y donados, no siempre fáciles de distinguir y que acabarían inalmente confundiéndose en una única categoría en el transcurso del siglo xiv. Los primeros, cofrades o consores, se hallaban siempre asociados a una casa local, ya fuera el convento central, un priorato o una encomienda; eran formalmente recibidos en la orden, se comprometían a defenderla y, en caso de optar por la vida religiosa, lo harían por la del Hospital. Podían enterrarse donde quisiesen, aunque naturalmente podían elegir los cementerios de la orden. Manifestaban su dependencia respecto a ella y el reconocimiento de los beneicios espirituales que obtenían mediante la entrega anual de un presente en la festividad de San Juan. Los donados o donadas, por su parte, tenían dos 5 L. J. Lekai, Los cistercienses, p. 489, en relación a los cistercienses, ha llamado la atención acerca de que el éxito indiscutible de la orden solo puede explicarse gracias a la interacción que se produjo desde un principio entre ésta y la sociedad. El fenómeno de familiaridad es obviamente una de las manifestaciones de esa interacción. 6 H. Nicholson, Los templarios, pp. 37-39 y 187-189.

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características que claramente les diferenciaban de los cofrades: su noble cuna y su irme compromiso de profesar formalmente en la orden. Naturalmente entregaban todos sus bienes a la institución y recibían de ella manutención. A inales del siglo xiii se iltró la posibilidad de acceder a la orden en calidad de donado imponiendo la necesidad de obtener expresa autorización capitular, salvo en España donde, dadas las permanentes necesidades de reclutamiento, se eliminaba tal requisito7. EL ÁMBITO CASTELLANO-LEONES: LA AMBIGÜEDAD TERMINOLÓGICA

Estas tipologías clasiicatorias —a ellas conviene añadir la esclarecedora aportación de Francesco Tommasi8— pueden ser útiles y sin duda tienen su fundamento en amplios elencos documentales, pero encierran un peligro del que sus autores sin duda son conscientes, y es el derivado de la polisemia terminológica propia del momento. Lo puso de relieve Philippe Josserand9 y, sobre la base de trabajos anteriores, más recientemente ha vuelto sobre el particular Damien Carraz10. Ciertamente para el ámbito cronológico de los siglos xii y xiii una caracterización de tipo institucional basada en la terminología empleada en los documentos no resulta fácil de establecer. No lo es al menos en el marco geográico peninsular en el que nos desenvolvemos, y más concretamente en el ámbito occidental de los reinos de León y Castilla11. ¿Qué denominaciones, además de la bastante habitual de familiar reciben las personas vinculadas a las distintas órdenes militares peninsulares? Palabras como socios, compañeros, profesos o confreires se combinan también con la palabra freire —o en su forma latina frater—, sin que podamos apreciar diferencias signiicativas entre todas ellas. Es cierto que, en ocasiones, esta última expresión, la más conlictiva, va precedida de alguna partícula matizadora. Así, en febrero de 1180 el matrimonio compuesto de Pelayo Gallego y su mujer 7

J. Riley-Smith, he Knights of St John, pp. 243-245. Para F. Tommasi, «Uomini e donne negli ordini militari», existen fundamentalmente dos categorías de laicos vinculados a la espiritualidad de las órdenes militares y responden a lo que él deine como «internos» y «externos», dependiendo del grado de compromiso personal —donados frente a meros beneiciados espirituales— y su permanencia dentro o fuera de la institución. 9 Ph. Josserand, Église et pouvoir, pp. 112-121. 10 En este sentido, resulta modélico su exhaustivo artículo: D. Carraz, s. v. «Confraternité», pp.  252-256. Ya en un importante trabajo anterior, Carraz había establecido los criterios de la sepultura del familiar y de la distinción monástica entre cofrades y donados como los más determinantes a la hora de establecer diferencias en el complejo mundo de la vinculación laical a las órdenes militares: D. Carraz, L’ordre du Temple, pp. 332-337. Véase igualmente C. de Ayala Martínez y D. Carraz, s. v. «Confréries militaires», pp. 256-258. 11 En su momento hicimos una aproximación general al tema: C. de Ayala Martínez, Las órdenes militares hispánicas, pp. 185-188. Véase asimismo: E. Rodríguez-Picavea Matilla, Los monjes guerreros, pp. 318-320. 8

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Ocenda se entregaban con todas sus propiedades a los fratribus de fraternitate de Santiago, comprometiéndose a servirles a cambio de ser defendidos por ellos «como su hermano» («sicut suum fratrem12»). La fórmula quasi fratri es la empleada por los hermanos Menéndez cuando en 1187 se vinculaban con la orden de San Juan de Jerusalén como colaboradores y defensores de la misma13. Más adelante, en 1241, Pedro Peláez y su mujer María Pérez ofrecían cuerpos y almas al monasterio de San Marcos y al prior Rodrigo Fernández con casi todas sus propiedades de Benvibre, siendo recibidos por el prior «por nuestros socios e por nuestros companneros» y haciendo por ellos como «por nuestros freres14». Por último, en 1254, el infante Alfonso, señor de Molina y Mesa, se comprometía con Fernando Ordóñez, maestre de la orden de Calatrava, a que, caso de profesar, lo hiciera en su institución, ofreciéndose desde ese momento como familiar de la misma, lo cual conllevaba la protección por su parte y el compromiso de defenderla como «si fuera hermano nuestro» («si essem frater vester15»). Los ejemplos podrían multiplicarse. Pero al mismo tiempo nos encontramos con casos de clara identiicación entre familiares y fratres. Hacia 1185, Pascual Alberit y su mujer María se entregaban a la orden de Santiago con todos sus bienes, entrando de este modo en su círculo de familiaridad; pues bien, la acción de la pareja es descrita por el documento como que «se hicieron hermanos» («facti sunt fratres16»). Tampoco se trata de un caso aislado. Pelayo Peláez y su mujer Loba, que en diciembre de 1198 entregaban sus cuerpos y heredad a la orden de Santiago, fueron caliicados por los responsables de ésta como «fratribus nostris17». Incluso vemos enfatizada esta identiicación en algún documento calatravo. En 1223, Juan Estébanez y su mujer Justa se entregaban con todos sus bienes a la orden de Calatrava, y lo hacían «no como cualquier familiar sino como hermanos regulares» («non pro qualibuscumque familiaribus, sed pro rectis fratribus18»). Por las mismas fechas, otro documento calatravo caliicaba también de fratres derechos a otro matrimonio sujeto a familiaridad19.

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J. L. Martín , Orígenes, doc. 107, p. 290. Archivo Histórico Nacional de Madrid (AHN), Órdenes Militares (OOMM), San Juan de Jerusalén, carp. 580, doc. 2; C. Barquero Goñi, Los hospitalarios en Castilla y León, t. III, doc. 189, pp. 1205-1207. 14 B. Casado, Colección documental del Priorato de San Marcos de León, doc. 389, pp. 539-541. 15 I. J. Ortega y Cotes et alii, Bullarium ordinis militiae de Calatrava, p. 89. 16 J. L. Martín, Orígenes, doc. 178, p. 359. 17 B. Casado, Colección documental del Priorato de San Marcos de León, doc. 158, pp. 265-266. 18 AHN, OOMM, Calatrava, carp. 458, doc. 87; I. J. Ortega y Cotes et alii, Bullarium ordinis militiae de Calatrava, pp. 57-58. 19 AHN, OOMM, Calatrava, carp. 458, doc. 78. Torres y Tapia alude a un documento alcantarino de 1235 en el que una tal María Querasa se hacía familiar y freira de la orden, tras la entrega de ciertos bienes y con el compromiso de enterrarse en Santo Tomás de Alba (A. de Torres y Tapia, Crónica de la orden de Alcántara, t. I, p. 292). 13

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De estos ejemplos, y otros muchos que podrían citarse20, se desprende claramente la imposibilidad de conceder valor absoluto a los términos de referencia que, con toda libertad, sirven para designar a personas vinculadas en una u otra medida con las distintas órdenes. Excesivo respeto hacia esas deiniciones formales puede generar más problemas que aportar soluciones21.

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En relación a la equiparación de profeso y confreire es signiicativo el supuesto por el que en 1242 Fernando Pérez y María Pérez, su mujer, acuerdan con el priorato de San Marcos que renunciarían a una heredad que el monasterio reclamaba como suya y, a cambio, además de recibirla, junto con otra, en préstamo vitalicio no enajenable con pago de la correspondiente renta, se entregaban «por uestros professos» comprometiéndose a «tomar» la orden de Santiago si se decidían por la vida religiosa, y si inalmente no ingresaban en la orden, en cualquier caso sí se enterrarían en el convento haciéndolo objeto de las limosnas que pudieran dar. El prior, en efecto, los recibía por «nostros familiares e por nostros confreires en todo nuestro beneicio enno temporal como enno spiritual» (B. Casado, Colección documental del Priorato de San Marcos de León, doc. 391, pp. 543-545). 21 Pensemos en el conocido caso de una donada del Temple, Ermengarda, que en los últimos años del siglo xii entra en la orden junto con su marido en calidad de soror y que poco después igura como preceptrix de la casa de Rourell. Los documentos sobre el particular: J. Mª Sans i Travé, Col·lecció diplomática de la Casa del Temple de Barberà, docs. 184, 185 y 193. Véase H. Nicholson, Los templarios, pp. 186-187. Pero es evidente y nada excepcional que un familiar pudiera llegar a hacerse con la gestión de bienes de una determinada milicia, recibiendo, junto a la encomienda de bienes, la propia designación de comendador. Es el caso, por ejemplo, de un médico de la corte de Alfonso VIII, Gonzalo, que después de entregar en 1186 un conjunto de bienes a la orden de Santiago, se convertía vitaliciamente y en nombre de la orden en comendador de todas esas posesiones, con las naturales restricciones de enajenación (J. L. Martín, Orígenes, doc. 195, pp. 376-377). La confusión a la que este tipo de reconocimientos podía dar lugar, la demuestra que la propia orden no llegara a tener del todo claro el carácter de auténticos profesos de este tipo de «comendadores». De hecho, y en lo que respecta al médico Gonzalo, solo tres años después de su acuerdo con los santiaguistas, éstos les dispensaban de todo voto o profesión, «si fecerunt», revertiendo a ellos nuevamente los bienes que habían entregado a la orden, de los que ésta solo se beneiciaría del quinto post mortem (J. L. Martín, Orígenes, doc. 251, p. 426). Hay que decir, sin embargo, que tampoco el concepto de profesión tiene el signiicado inequívoco que hoy le podemos conceder. Cuando en 1190 Fernando Rodríguez de Azagra, Dei gratia señor de Albarracín, entregaba «pro anima» a la orden de Santiago Santa María de Albarracín, él mismo dice entregarse y hacer profesión en la milicia; pero está claro que esa profesión no equivale por supuesto a la toma de hábito; de hecho, más adelante el documento de concesión especiica que si aconteciese su muerte «antes de tomado el hábito» («ante susceptum religionis habitum»), tenga la orden potestad de enterrar su cuerpo según prescripción reglar (J. L. Martín, Orígenes, doc.  266, pp.  438-439). En este caso, es obvio que la profesión es una promesa solemne de connotaciones feudales que no se relaciona con el ingreso formal en la orden. Así, a principios del siglo  xiii, el hijo de Fernando Rodríguez, Pedro Fernández de Azagra, «famulus Sancte Marie et dominus de Alvarrazin», hace «voto et promissione» en mano de don García González, comendador de Uclés, de modo que nunca ingresará en otra orden que no sea la de Santiago y para que, cuando fallezca, sea enterrado en el convento de la orden (M. Rivera, La encomienda, el priorato y la villa de Uclés, doc. 67, pp. 281-282). De todas formas, y volviendo concretamente sobre el tema de la presencia de la mujer en el Temple, no está del todo resuelto. Sabemos que, al menos, sí disponían de un convento de monjas en Alemania: en 1272 el obispo de Worms traspasaba a la jurisdicción de la orden el convento femenino de Mühlen (H. Nicholson, Los templarios, pp. 184-185).

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MODELOS DE VINCULACIÓN: APROXIMACIÓN CLASIFICATORIA

Por tanto, más que en los términos de designación conviene ijarse en los matices de contenido que ofrecen las muy diversas posibilidades de asociación. Esos matices pueden ser reducidos a tres grandes modelos de adscripción que, desde luego, pueden estar simultáneamente presentes en una misma vinculación de familiaridad. El primero de los modelos es el más genuinamente religioso, aquel que entronca con la tradición monástica de los donados, se traduce para el nuevo familiar en una suerte de «benefactoría» de índole espiritual que no excluye una faceta estrictamente material, una faceta, por otra parte, que no desentona en aquella tradición monástica. Pongamos algunos ejemplos representativos. En 1174, Sancha Martínez, una propietaria de tierras de Zorita, con el acuerdo de su marido, entregaba bienes a la orden de Calatrava con la inalidad de que, a partir de sus rentas, se celebrasen cien misas en beneicio de la donante y con carácter anual; la nueva familiar conservaba el usufructo de sus antiguas propiedades, incluso la posibilidad de vender alguna de ellas a la orden caso de que tuviera necesidad de ello22. El beneicio espiritual que se espera obtener por esta vía debe, en principio, generar una importante transformación en los donantes. En efecto, en 1177, en esta ocasión un matrimonio, el compuesto por Nuño Aloitiz y María Ovéquiz, donaban a la orden de Santiago su heredad dependiente de la iglesia de Santa Eulalia de Cañás, en territorio de Nendos; la entrega comportaba para los donantes un nuevo estilo de vida acorde con la religiosidad santiaguista: «ya no militaremos ni combatiremos para este siglo, sino que lo haremos al lado de todos los que militan y combaten en la orden, de modo que nos hagamos acreedores de la corona inmarcesible y la remuneración de Jesucristo el Señor23». El carácter de auténtica «benefactoría» espiritual que comportaba este tipo de vínculos es a veces manifestado de manera expresa: en 1204, Martín Pérez donaba a la orden de Santiago la parte que le correspondía en la iglesia de San Pedro de Villadecanes y la mitad de la heredad que poseía en esa villa, y ello lo hacía «pro anima» y «por el mucho bien que me hacen» («multo bono quod mihi faciunt24»). En cualquier caso, aunque no siempre de manera expresa, suele especiicarse con claridad que la donación de bienes comporta un vínculo personal que compromete a la obediencia. En estos supuestos, claramente se habla de autoentrega, con independencia de la categoría social de donde proceda el donante. En 1179, era Urraca Rodríguez quien se entregaba a la orden de Santiago, «para servir en ella todos los días de mi vida» («servituram ibi in omnibus diebus vite mee»); la entrega se producía con su villa de 22 AHN, Registro de Escrituras de la Orden de Calatrava (REOC), I (1341c), fº 43; E. RodríguezPicavea Matilla, La orden de Calatrava en los siglos xii-xiii, t. III, doc. 33, pp. 721-722. 23 «… iam non militemus nec pugnemus huic seculo, set militemus et pugnemus una cum omnibus qui in Ordine militant et pugnant ut accipiamus coronam inmarcessibilem et remunerationem a Domino Ihesu Christo». J. L. Martín, Orígenes, doc. 85, pp. 264-265. 24 B. Casado, Colección documental del Priorato de San Marcos de León, doc. 186, p. 297.

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Vega de Infanzones y toda su heredad de Mancilleros, herencias ambas de su marido, y en el documento se especiicaba el rango de idalga (ile de alco) de la donante25. Hemos mencionado ya el documento por el que, al año siguiente, Pelayo Gallego y su mujer Ocenda se entregaban con todas sus propiedades a fratribus de fraternitate de Santiago y mantenían el usufructo de dichas propiedades donde habitarían mientras vivieran, quedando para la orden después de su muerte; la entrega signiicaba que en adelante sólo harían servitium a los freires, y éstos les defenderían «como a su hermano» («sicut suum fratrem») de cualquier otra obligación26. Es también el caso, en 1213, de Gonzalo Ibáñez que, al ofrecerse a la orden de Santiago y al prior de San Marcos con toda la heredad que poseía en Fáilas, prometía obediencia a la orden y al prior, así como vivir «según su mandato» («secundum mandatum eorum27»). Los ejemplos podrían multiplicarse dentro y fuera de la orden de Santiago a lo largo del tiempo28. Dentro de estas premisas de connotaciones esencialmente espirituales, es preciso incluir las numerosísimas donaciones en las que se especiica la entrega del propio cuerpo con el in de recibir sepultura en los dominios de la institución. En tales casos, y normalmente a cambio de una porción de propiedades —con frecuencia un quinto o la mitad de los bienes—, el nuevo familiar entraba en la órbita protectora de la institución beneiciaria durante y después de esta vida. Algunos primitivos documentos hospitalarios, calatravos y alcantarinos resultan extraordinariamente concisos29, pero en general la mecánica es siempre 25

J. L. Martín, Orígenes, doc. 96, pp. 276-277; B. Casado, Colección documental del Priorato de San Marcos de León, doc. 66, pp. 139-140. 26 J. L. Martín, Orígenes, doc. 107, p. 290. 27 B. Casado, Colección documental del Priorato de San Marcos de León, doc. 223, p. 337. 28 Un nuevo y signiicativo ejemplo santiaguista es el que nos proporciona en 1197 Marina Núñez quien, al donar la heredad que poseía en la tierra asturiana de Nava, en Villamartín, donaba también su cuerpo «ad suum seruicium»; la única condición era que, en caso de que la orden decidiera desprenderse de estos bienes, los ofreciera en primer lugar a los padres de la donante (B. Casado, Colección documental del Priorato de San Marcos de León, doc. 148, pp. 253-255). Un ejemplo calatravo puede ser el de Domingo Fierro y Leocadia de Cifuentes, su mujer, quienes en 1232 se entregaban a la orden de Calatrava con cuerpos y haberes y con lo que pudieran ganar en adelante «a seruitio de Dios e de la orden de Calatraua»; se comprometían, además, a que si uno de ellos enviudara, no podría volver a casarse (R. Menéndez Pidal, Documentos lingüísticos de España, t. I, doc. 254, p. 341). 29 En 1150, Tomás de Villaescusa se entregaba a la orden del Hospital con la mitad de sus bienes (C. de Ayala Martínez, Libro de privilegios de la orden de San Juan de Jerusalén, doc. 61, p. 214). Cinco años después era Pedro Gonzalo quien se entregaba a la misma orden donándole post mortem todos sus bienes (ibid., doc. 67, p. 222), y en 1173 lo hacía el conde don Pedro de Asturias con todas sus heredades en Galicia, Asturias, León, Castilla y Nájera (ibid., doc.  111, pp. 280-281). Algunos ejemplos calatravos pueden ser el de María, mujer de Pedro Domínguez «el Tuerto», quien en 1200 daba al convento de Salvatierra y al comendador Rodrigo Díaz de Maqueda su cuerpo y la quinta parte de sus bienes muebles y raíces (AHN, OOMM, Calatrava, carp. 456, doc.  40; AHN, REOC, I [1341c], fº  160), y al año siguiente era Pedro Miguel Cojo y su mujer María quienes se entregaban como familiares a la orden de Salvatierra con el quinto de todos sus bienes (AHN, OOMM, Calatrava, carp. 456, doc. 44). Este mismo año lo hacía don Pedro Ruiz concediendo 1.000 maravedíes para que le enterrasen en su convento (AHN, OOMM, Calatrava,

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la misma. Lo vemos en documentos santiaguistas de mediados del siglo xiii. Entre 1241 y 1242 el maestre de Santiago Rodrigo Íñiguez, junto al comendador y freiles de Uclés, reconocía haber recibido el quinto pagado por don Moriel, nuestro freyre, y doña Elvira, su mujer, nuestra freyra; únicamente quedaban por pagar 200  maravedíes que los herederos de doña Elvira debían satisfacer tras su muerte; por último, el maestre disponía que el entierro de esta última se produjera en el monasterio de Las Huelgas si fallecía al norte de la Sierra, o en Uclés si tenía lugar en el sur30. Alguna cautela vemos en el testamento de Suero Rodríguez en el que, en 1251, disponía su enterramiento en San Marcos junto a la entrega de un importante conjunto de propiedades, con la condición de que el monasterio pagara al cabildo de Santa María de Regla, la catedral de León, cuatro maravedíes por mio aniversario; si San Marcos no cumplía con esta condición, las propiedades entregadas pasarían a la Iglesia de León31. Un segundo y muy habitual modelo de vinculación familiar con las órdenes militares es el derivado de fórmulas meramente prestimoniales. Aunque en los ejemplos anteriores no han faltado mecanismos asimilables, nos ijaremos ahora en algunos ejemplos que, sin perder de vista nunca la órbita espiritual en que se enmarcan todas las relaciones de familiaridad, se apartan un tanto de las connotaciones fundamentalmente religiosas que acabamos de ver. En todo caso, estas relaciones prestimoniales de familiaridad conllevan protección y servicios mutuos. En 1182, por ejemplo, Fernando Arias y su mujer Teresa Vermúdez, juntamente con sus hijos, entregaban «por la salvación de nuestras almas» («pro remedio animarum nostrarum») al maestre y toda la orden de Santiago su heredad del monasterio de San Juan de Savardes, a condición de que los donantes o sus hijos, si estaban en condiciones de hacerlo, fueran sus defensores, no pudiendo la orden entregar a otro tal responsabilidad; por su parte, Teresa Vermúdez tendría derecho, en caso de necesidad, viuda o no, de ser aceptada en el monasterio y recibir de él consilium et auxilium, según las posibilidades del mismo; sólo en caso de que la orden desapareciese, la heredad volvería al matrimonio32. Es evidente que la donación es «pro anima» y que la recepción de consilium et auxilium de parte del nuevo monasterio santiaguista sin duda incluye una dimensión claramente espiritual, pero un documento de estas características no desvela una especial sensibilidad religiosa. Cierta «neutralidad espiritual» no deja tampoco de estar presente en la operación que Pelayo carp. 456, doc. 43). Años más tarde, en 1232, era la condesa doña Elo quien se entregaba en cuerpo y alma a la orden de Calatrava y a su maestre Gonzalo Ibáñez con un quinto de 2.000 maravedíes, poniendo como garantía de esa cantidad su heredad en Cuéllar (AHN, REOC, II [1342c], fº 158). Por in, en 1246, otro conde, don Rodrigo, se entregaba como familiar a la orden de Calatrava con 5.000 maravedíes en concepto de quinto para ser enterrado en el convento de Calatrava (Cit. F. de Rades y Andrada, Chronica de las tres órdenes. Chronica de Calatrava, fº 41). 30 M. Rivera, La encomienda, doc.  189, p.  396. La editora da por supuesto que el quinto es satisfecho a raíz de la recepción en la orden, pero expresamente este dato no aparece en el documento. 31 B. Casado, Colección documental del Priorato de San Marcos de León, doc. 418, pp. 576-580. 32 J. L. Martín, Orígenes, doc. 141, pp. 327-328.

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Peláez y su mujer Loba realizan a favor de la orden de Santiago a inales de 1198: entregaban a los freires de Santiago sus cuerpos y cuanta heredad poseían en Marmello; el maestre, a su vez, entregaba a los donantes, fratribus nostris, los bienes cedidos de manera vitalicia y no enajenable, donde vivirían «secundum mandatum et consilium ordinis», permitiéndoles quedarse con la mitad de lo que ganaran en adelante, y entregando al maestre su mejor «equitatura»33. No es infrecuente que toda una encomienda entrara a formar parte de una relación de familiaridad prestimonial. En 1226, Martín y su mujer Cristina, con sus dos hijos, entregaban cuerpos y almas junto con todas sus propiedades ubicadas en Zamora al comendador mayor de la orden de Santiago en León y al prior y freires de San Marcos; a cambio, éstos recibían al matrimonio por nostros companneros entregándoles en encomienda la casa santiaguista de Lauadrina34. A veces, era la mera relación prestimonial la que, con el tiempo, generaba los correspondientes lazos de familiaridad. Lo vemos en el caso de Urraca Díez que, cuando en 1268 renovaba con el prior santiaguista de Vilar de Donas el prestimonio de que había gozado su marido, comienza entonces a tenerse por «igresa do moesteyro e por amigo [sic]35». Es una relación fundamentalmente económica la que, en este caso, ha generado la familiaridad espiritual. Un tercer modelo de vinculación familiar, con independencia que aparezcan en él muchos, incluso todos los elementos que hemos visto hasta ahora, es el que prima la entrada del familiar en la institución. Se trata, en deinitiva, de un eventual mecanismo de reclutamiento. En muy pocos casos ese reclutamiento es cauce de incremento del potencial militar de las distintas órdenes. En el supuesto de haber enviudado podría haber sido el caso de Rodrigo Ibáñez que, en 1203, recibía vitaliciamente del maestre y orden de Salvatierra una heredad en Seseña; a cambio, quedaba obligado a pagar el diezmo anual por ella recuperándola la orden a su muerte, momento en que entregaría también el quinto de sus bienes muebles por sua alma; pues bien, en caso de quedar viudo, el beneiciario podría ingresar en la orden como fraire con lo que conservara de su heredad36. Años antes, probablemente en 1185, habría sido también la viudez la causa de un destino estrictamente militar para Pascual Alberit, un comprometido familiar de la orden de Santiago37. Y es posible que también ingresara, en este caso en la orden de Salvatierra —nombre que recibe la de Calatrava en el transcurso de los años en que esta plaza cayó en poder de los musulmanes— un caballero llamado 33

B. Casado, Colección documental del Priorato de San Marcos de León, doc. 158, pp. 265-266. Ibid., doc. 301, pp. 425-427. 35 J. L. Novo, El priorato santiaguista de Vilar de Donas, doc. 38, p. 241. 36 AHN, OOMM, Calatrava, carp. 456, doc. 48; R. Menéndez Pidal, Documentos lingüísticos de España, t. I, doc. 263, p. 356. 37 Ya conocemos el caso de Pascual de Alberit y su mujer María que se entregaban a la orden de Santiago con todos sus bienes, salvo la mitad, si tuvieran hijos; en caso de que María enviudara, conservaría todos los bienes mientras viviese habitando en su casa, según acuerdo y provisión del maestre, y quedando a su muerte todo para la orden; si fuera Pascual quien enviudara, iría a la frontera y disfrutaría allí de todos sus bienes vitaliciamente, según provisión del maestre (J. L. Martín, Orígenes, doc. 178, p. 359). 34

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Peregrino; éste, en vísperas de Las Navas de Tolosa, se comprometía a ingresar en la orden de Salvatierra, «sin ninguna otra unión extra marital sino la vuestra» («nullam aliam nisi vestram extra maritalem copulam»); se contemplaba la posibilidad de que muriera in hoc bello, en cuyo caso todos sus bienes pasarían al convento de la milicia a condición de que éste, a su vez, entregara veinte áureos al convento de Escalda y otros veinte a los hijos de un hortelano de su padre; con todo su compromiso de ingreso no era demasiado irme, pues el documento que lo contiene acaba especulando con la doble posibilidad de que el caballero acabara sus días con y sin hijos38. En ninguno de estos supuestos el compromiso de ingreso en las activas ilas de la caballería militar resulta veriicable. En realidad, no lo es en la inmensa mayoría de los casos en que tal compromiso se convierte en una eventualidad de futuro sujeta a la libre elección de la vida religiosa por parte del nuevo familiar de la institución39, una eventualidad que en algunos casos solo se veriicaba cuando ese familiar se hallaba en trance de morir40. Por otra parte, en ocasiones, 38 Si sobreviviera al combate y muriera sin hijos, la manda se mantendría en los mismos términos, y sólo si muriera con hijos, éstos heredarían sus bienes quedando obligados a entregar a la orden 200 áureos, su caballo y armas de madera y hierro. AHN, REOC, II (1342 c), fº 51; I. J. Ortega y Cotes et alii, Bullarium ordinis militiae de Calatrava, pp. 451-452. 39 Los ejemplos son muy numerosos. En el caso de la orden de Santiago, vemos cómo ya a comienzos de 1197 Juan y Domingo se entregaban con todos sus bienes al puente y convento de San Marcos, «debiendo disponer a partir de ellos de lo suiciente para sustentarse y vivir bajo techo» («habentes igitur de predictis bonis uictus et tegumentum his contenti esse uolumus», B. Casado, Colección documental del Priorato de San Marcos de León, doc. 144, pp. 248-249). Lo que sobrara sería invertido en la obra del puente que se comprometían a custodiar. En caso de querer ingresar en la orden, serían recibidos en ella (Ibid., doc. 144, pp. 248-249). Solo unos años antes, la condesa doña Sancha se entregaba a la orden de San Juan en 1178, comprometiéndose a tomar el hábito hospitalario o a donar a la orden cuantos bienes había recibido en arras de su marido el conde Pedro Alfonso (C. de Ayala, Libro de privilegios de la orden de San Juan, doc. 131, pp. 306-307). A comienzos del siglo xiii, Pedro Fernández de Azagra, famulus Sancte Marie et dominus de Alvarrazin, hacía voto et promissione en mano de don García González, comendador de Uclés, de modo que nunca ingresaría en otra orden que no fuera la de Santiago (M. Rivera, La encomienda, doc. 67, pp. 281-282). En 1242, Fernando Pérez y María Pérez, su mujer, ingresaban como professos comprometiéndose a tomar la orden de Santiago si se decidían por la vida religiosa (B. Casado, Colección documental del Priorato de San Marcos de León, doc. 391, pp. 543-545). Otro caso especialmente conocido en la orden de Santiago es el del infante don Manuel y su mujer Constanza que en 1261 se comprometían a tomar su hábito si optaban por la vida religiosa (M. Rivera, La encomienda, doc. 213, pp. 420-422. Véase Ph. Josserand, Église et pouvoir, p. 118). No faltan tampoco ejemplos en la orden de Calatrava. En 1223, Juan Estébanez y su mujer Justa, utilizando una curiosa retórica justiicativa, prohijaban a la orden huyendo de la bíblica maldición de la esterilidad y decidían que solo ingresarían Calatrava caso de decidirse a tomar el hábito (AHN, OOMM, Calatrava, carp.  458, doc.  87; I. J. Ortega y Cotes et alii, Bullarium ordinis militiae de Calatrava, pp.  57-58). Es muy conocido, por otra parte, el caso del infante Alfonso, señor de Molina y Mesa, que en 1254 se comprometía ante Fernando Ordóñez, maestre de la orden de Calatrava, a, caso de profesar, hacerlo en su milicia (ibid., p. 89). 40 Son muy conocidos los casos de los hermanos Lara en las primeras décadas del siglo xiii. En efecto, la Crónica Latina de modo más escueto, y la de Rodrigo Jiménez de Rada, de forma más detallada, relatan los últimos días de los condes Álvaro y Fernando Núñez de Lara, el primero

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ese compromiso de ingreso afecta a mujeres viudas que podían o debían, según los supuestos, abrazar la vida religiosa si el acuerdo de familiaridad suscrito previamente se veía truncado por la muerte del esposo41. Aunque cabe también la posibilidad de que una separación en la que mediara una anulación matrimonial fuese el origen del ingreso de una mujer sin que previamente hubiera ningún compromiso en este sentido. Es el caso de la reina de León Urraca Alfonso, la mujer de Fernando  II, a la que una sentencia canónica obligó en 1175 a separarse de su esposo. Pues bien, aquel mismo año Urraca ingresaba en la orden de San Juan42. Vemos, pues, que los distintos modelos de adscripción laical a las diversas órdenes, en general, no conllevan obligaciones estrictas de carácter militar. La especiicidad vocacional y carismática de los freires no encontró un cauce de enriquecimiento especialmente relevante en el ámbito de la familiaridad. Todo lo más, y dejando al margen los casos de potencial ingreso por parte de caballeros, a los que acabamos de referirnos, las mandas de los nuevos familiares incluyen ocasionalmente caballos y armamento. Veamos algunos casos. Nos hemos referido ya a la entrega de una equitatura como parte del pacto de familiaridad suscrito en 1198 entre el matrimonio formado por Pelayo Peláez y doña Loba y la orden de Santiago43. Más interés tiene otro documento santiaguista solo un poco posterior: cuando a comienzos del siglo  xiii Miguel ingresando en la orden de Santiago y el segundo en la del Hospital. Según el relato más detallado del arzobispo, el conde don Álvaro, aliado de Alfonso IX, comenzó a sentirse enfermo cuando se irmaba la tregua entre el monarca leonés y su hijo Fernando III (Toro, agosto de 1218). Fue trasladado a Toro donde, acuciado por la angustia de la muerte y también del tratado, ingresó en la orden de Santiago. Murió allí y su cuerpo fue conducido a Uclés donde fue enterrado. Poco tiempo después, su hermano el conde Fernando, ante el fracaso de sus planes en Castilla, se trasladó a Marruecos para ponerse al servicio del califa almohade. Sintiéndose enfermo, fue trasladado al barrio de Elvira, cercano a Marrakech, habitado únicamente por cristianos. Próxima su muerte, tomó el hábito del Hospital de manos del freire Gonzalo, que había sido familiar de Inocencio III, y junto con otros cristianos fallecidos también allí, fue trasladado a la casa del Hospital de Puente Fitero, en la diócesis de Palencia, y allí fue enterrado por su esposa la condesa Mayor y sus hijos Fernando y Álvaro (Crónica Latina de los Reyes de Castilla, p. 58; R. Jiménez de Rada, Historia de Rebus Hispaniae, lib. IX, cap. ix). 41 No tenía opción Teresa Fernández, mujer de Gil Manrique; como ya sabemos, ambos esposos en 1238 habían sido recibidos en la orden de Calatrava «por nuestros familiares en espiritual y en temporal», entregando un quinto traducido en heredades y rentas concretas por valor de 3.000 maravedíes, así como lorigas personales y de caballos, para después de su muerte. En caso de enviudar, don Gil podría tomar el hábito de Calatrava, pero si era su mujer la viuda, habría de hacerlo necesariamente (L. Salazar, Pruebas, pp. 672-673; I. J. Ortega y Cotes et alii, Bullarium ordinis militiae de Calatrava, pp. 452-453). 42 J. González, Regesta de Fernando II, p. 112. Un año después, la reina desposeída entregaba un conjunto de bienes a la orden con reserva de usufructo «por la salvación de mi alma y la de mis padres, y porque soy profesa en esta orden» («pro remedio anime mee et parentum meorum, et idcirco quod sum professa in ipso ordine», C. de Ayala Martínez, Libro de privilegios de la orden de San Juan, doc. 127, pp. 302-303). A partir de entonces, en la documentación es designada como freyra de la orden (J. González, Regesta de Fernando II, p. 112). 43 B. Casado, Colección documental del Priorato de San Marcos, doc. 158, pp. 265-266.

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Ibáñez entregaba Aloyón a la orden de Santiago con todas sus rentas salvo «la meatad del pan» que quedaría para su mujer, el donante entregaba también, además de su cuerpo y otros bienes, su caballo con brafoneras, loriga personal y de caballo, yelmo, espada, escudo, lanza y una tienda de lino44. En fechas muy cercanas, concretamente en 1210, en la antesala cruzadista de Las Navas, el adalid Farripas, que junto con su mujer había entregado un quinto de sus bienes a la orden de Salvatierra con compromiso de enterramiento en las dueñas de San Clemente de Toledo, no deja de especiicar que su caballo y armas pasarían al hospital de Salvatierra45. Ya hemos visto, por otra parte, cómo en vísperas de Las Navas —en abril de 1212— un caballero llamado Peregrino se comprometía a ingresar en la orden de Salvatierra, pero en caso de morir con hijos, éstos heredarían sus bienes con la obligación de entregar a la orden 200 áureos, además de su caballo y armas de madera y hierro46. También conocemos el caso del ingreso en 1238 como familiar de la orden de Calatrava de Gil Manrique y su mujer Teresa Fernández entregando, para después de su muerte, el quinto de sus propiedades así como lorigas, tanto personales como de sus caballos47. Las diicultades que ofrece el estudio de la familiaridad laical vinculada a las órdenes militares es proporcional a la importancia que adquirió el fenómeno en los siglos centrales de la Edad Media. De esa importancia nos habla el recelo que en ocasiones mostraron los más altos responsables de la jerarquía eclesiástica ante un fenómeno que podía llegar a poner en peligro el complejo entramado de derechos diocesanos y su fundamento parroquial48. Los recelos no impidieron su desarrollo, y la Península Ibérica, y concretamente los reinos de León y Castilla en que hemos ijado nuestra atención, fueron escenario generoso para el mismo. Hemos visto las diicultades que ofrece reducir a parámetros precisos un fenómeno cuya complejidad deriva de las motivaciones fundamentalmente espirituales de quienes lo protagonizan. La familiaridad supone la entrada en una vida semi-religiosa, en una parentela espiritual49, abierta por el imperativo del imaginario devocional a las fórmulas más variadas que quepa imaginar. Por ello, la terminología puede no ser siempre un buen aliado a la hora de establecer criterios clasiicatorios. Solo desde el análisis de las consecuencias que comportan los distintos procedimientos de vinculación, es posible atisbar un complejo panorama que hemos procurado reducir a tres posibilidades. 44

M. Rivera, La encomienda, doc. 70, pp. 283-284. R. Menéndez Pidal, Documentos lingüísticos, doc. 269, pp. 364-365. 46 AHN, REOC, II (1342 c), fº  51; I. J. Ortega y Cotes et alii, Bullarium ordinis militiae de Calatrava, pp. 51-52. 47 L. Salazar, Pruebas, pp. 672-673; I. J. Ortega y Cotes et alii, Bullarium ordinis militiae de Calatrava, pp. 452-453. 48 Así lo hizo Inocencio III en 1213. Véase Ph. Josserand, Église et pouvoir, p. 114. 49 D. Carraz, L’Ordre du Temple, pp. 337-345. 45

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Utilizando esta perspectiva, nos hemos encontrado en primer lugar con la familiaridad que busca ante todo y esencialmente protección espiritual. Ciertamente no es incompatible con los correspondientes compromisos sobre bienes materiales, pero la intencionalidad de este supuesto descansa fundamentalmente en la tranquilidad que generaba en los ieles contar con la cobertura de una poderosa institución religiosa en vida y también en muerte, ya que la obtención de sepultura bajo jurisdicción de los freires constituye un aliciente fundamental. En segundo lugar, hemos visto una familiaridad tejida en torno a intereses derivados de fórmulas prestimoniales. No queda excluido en ningún caso el planteamiento espiritual, pero son los servicios mutuos los que cimentan esta segunda vía de acceso a la protección de las órdenes. Finalmente hemos aludido también a un supuesto en el que lo que prima es la posibilidad de un futuro ingreso de pleno derecho en la institución protectora, una suerte de cauce de reclutamiento que ciertamente no constituyó nunca una vía masiva para el incremento de los efectivos de las milicias. Ninguno de estos modelos se da en estado puro, y el protagonismo de la mujer resulta en todo caso decisivo.

L’ORDRE DE LA PASSION DE JÉSUS-CHRIST DE PHILIPPE DE MÉZIèRES Une utopie de chevalier

Philippe Contamine Institut de France

Mon propos n’a sa raison d’être que si l’on admet qu’à côté des Templiers, des Hospitaliers, des Teutoniques et des diférents ordres ibériques, il peut y avoir une place dans le cadre du présent volume pour un ordre demeuré en quelque sorte virtuel, la « religion » de la chevalerie de la Passion de Jésus-Christ ou du Cruciix, que, durant la seconde moitié du xive  siècle, Philippe de Mézières, tout un temps chancelier de Pierre Ier de Lusignan, roi efectif de Chypre et roi titulaire de Jérusalem, entreprit de fonder, de façon à la fois intermittente et obstinée1. Vers 1385-1395, il parvint même à dresser une liste d’une centaine de personnages (essentiellement mais pas uniquement des laïcs d’origine princière ou nobiliaire, relevant de plusieurs royaumes ou nations) qui auraient fait vœu d’entrer dans son ordre ou se seraient engagés à lui apporter leur soutien2. Traditionnels au moins depuis saint Bernard et son Éloge de la chevalerie nouvelle3, les liens entre chevalerie et croisade, entre chevalerie et Terre sainte, étaient très loin d’avoir disparu au début du xive siècle, même après la dissolution en 1312 de l’ordre du Temple. Il suit pour s’en rendre compte de relire tout simplement la Vie de saint Louis par Joinville4, ou encore de considérer 1 Interruption probable de son dessein de 1369 à 1384 — le temps de Charles V, dont Philippe de Mezières fut l’un des proches conseillers. Assurément, Philippe n’ignorait nullement l’existence à son époque d’autres « chevaleries » ou « religions », approuvées, dit-il, par l’Église de Rome, tel l’ordre Teutonique, objet de son admiration, ou l’ordre des Hospitaliers, au sujet duquel il est plus discret, mais, à son avis, « helas aujourduy, comme chascun le voit, elles vont en defalant et sont toutes enviellies ». Pour lui, l’une des causes principales de ce déclin est liée à la « chasteté virginale » exigée de ses membres, car celle-ci est « trop forte a garder es parties d’Orient » (« La Sustance de la Chevalerie de la Passion de Jhesu Crist », Oxford, Bodleian Library, Ashmole 813, fº 9rº). 2 Ph. Contamine, « Recherches prosopographiques sur l’ordre de la Passion de Jésus-Christ ». Pour les volontaires d’origine anglaise, on se reportera à A. Bell, « English Members of the Order of the Passion. heir Political, Diplomatic and Military Signiicance ». 3 Bernard de Clairvaux, Choix de textes, pp. 247-260. Sur saint Bernard, la chevalerie et la croisade, voir entre autres M. Meschini, San Bernardo e la seconda crociata ; J. Flori, La guerre sainte ; et S. Cerrini, La révolution des Templiers. 4 Joinville, Vie de saint Louis. Voir aussi J. Dufournet et L. Harf (éd.), Le prince et son historien.

Philippe Josserand, Luís F. Oliveira et Damien Carraz (éd.), Élites et ordres militaires au Moyen Âge, Collection de la Casa de Velázquez (145), Madrid, 2015, pp. 125-134.

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l’initiative prise par Philippe IV le Bel en 1313, à des ins de propagande mais aussi, peut-être, par conviction. À partir du 3 juin, dimanche de la Pentecôte, et pendant près d’une semaine, se déroulèrent à Paris des fêtes qui, au-delà de leur caractère somptueux, furent de grande portée politique sinon religieuse. Il s’agissait en particulier d’efacer les échecs répétés en Flandre. Le premier jour, en présence d’Édouard  II, roi d’Angleterre, et de sa femme, Isabelle, ille de Philippe le Bel, et de nombreux barons et nobles venus d’outre-Manche, furent faits « chevaliers nouveaux », recevant à cette occasion le baudrier de chevalerie (cingulum militiae), les trois ils du roi de France, Louis, déjà roi de Navarre et futur Louis X le Hutin, Philippe, futur Philippe V le Long, et Charles, futur Charles IV le Bel, ainsi qu’un grand nombre de nobles : sans doute près de deux cents, encore que des récits, plus généreux, parlent de quatre cents et même de mille. La comptabilité royale montre que chacun d’eux reçut à cette occasion un ier destrier et un paciique palefroi, sans doute montés à deux moments diférents de la cérémonie. Le dimanche 3, le roi de France ofrit un banquet, le 4 ce fut au tour du roi de Navarre, auquel succéda le 5 le roi d’Angleterre. Des tentes, dressées dans le jardin de l’abbaye Saint-Germain-des-Prés, abritaient les convives, tous masculins. Mais le même jour la « dînée » fut oferte aux dames par Philippe le Bel en son château du Louvre. Le mercredi 6, Louis de France ofrit le repas, auquel son frère Charles succéda le jeudi 7. La « largesse  » s’imposait. À cette fête de chevalerie furent pleinement associés la bourgeoisie et l’artisanat parisiens, qui non seulement déilèrent dans les rues encourtinées, à pied ou à cheval, mais encore ofrirent aux rois, aux seigneurs, aux nobles, un étonnant spectacle vivant, à la fois profane et religieux, au cours duquel l’histoire ou plutôt le roman de Renart fut mis en valeur5. En ces temps, littérature et fête faisaient bon ménage. Ces divertissements débouchèrent, en présence d’un cardinal légat du pape6 et d’autres prélats, sur la prise de croix, en vue du « passage d’outre mer », par Philippe le Bel, par ses trois ils, par le roi d’Angleterre et une grande partie de son entourage, par l’ensemble des nouveaux chevaliers, dont Hugues, duc de Bourgogne, et Gui, comte de Blois, et par bien d’autres nobles. Même les dames prirent la croix, tout en se réservant le droit de renoncer à leur vœu si leurs époux décédaient avant le départ de la croisade ou si celle-ci était décommandée7. Issu d’une famille de la moyenne noblesse picarde (rien de plus, rien de moins), notre Philippe, né au château de Mézières-en-Santerre, entre  1325 et 1327, devait avoir dès sa jeunesse une certaine idée de la chevalerie ainsi que 5 Sur les rapports à cette époque entre noblesse et bourgeoisie parisienne, voir B. Bove, Dominer la ville, notamment pp. 537-621. 6 Nicolas de Fréauville, dominicain, confesseur de Philippe le Bel et parent d’Enguerrand de Marigny (X. de La Selle, Le service des âmes, pp. 263-264). 7 Guillaume de Nangis, Chronique, t. I, p. 396 ; Grandes chroniques de France, t. VIII, pp. 288290 ; Geoffroi de Paris, Chronique, pp. 180-195. Voir aussi É. Lalou, Les comptes sur tablettes de cire de la Chambre aux deniers, pp.  860-864. Sur les projets de croisade à cette époque, voir J. Paviot, Projets de croisade.

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de la croisade : de fait, lui-même raconte, dans une lettre à son neveu et pupille Jean, chanoine de Noyon, qu’il s’eforce de remettre dans le droit chemin, comment saint Louis, après sa première croisade, s’était arrêté et avait logé dans le château familial, où désormais existait une chambre à son nom : Nos prédécesseurs, très célèbres parmi leurs contemporains pour leur hospitalité […], contraignaient d’entrer dans leurs propres demeures non seulement leurs amis et leurs intimes mais aussi les voyageurs passant leur chemin, et, de peur d’être coupables de ne pas accueillir le Christ dans ses membres, ils reçurent même chez eux charitablement saint Louis, roi de France, si bien que toute leur demeure fut inondée de son odeur par l’onguent de sa bénédiction. Et c’est pourquoi jusqu’à nos jours la chambre dans laquelle coucha le saint, qu’ils ofraient à tous leurs hôtes, a conservé le nom de saint Louis8.

L’idée de chevalerie devint pour lui, semble-t-il, de plus en plus prégnante au il des années. Voici ce qu’il en dit, au soir de sa vie, dans le prologue de son traité encore inédit, l’Oratio tragedica seu declamatoria Passionis Domini Nostri Jhesu Christi (1389-1390) : C’est un fait. Parmi les chevaliers chrétiens accédant à la dignité de la chevalerie dans une intention magnifique et sincère, avec la dévotion convenable et non pas de façon cursive ou comme s’il s’agissait d’un jeu pour enfants, certains d’entre eux, selon la grâce qui leur est donnée, désirent exercer singulièrement leur chevalerie en faveur et pour la défense des veuves, des pauvres, des orphelins et des personnes vivant en tribulation : en combattant virilement, ces chevaliers choisis ne seront pas privés de leur désir dès lors qu’ils auront accompli leurs œuvres en chrétiens. […] D’autres exercent leur chevalerie pour la justice, l’équité et la chose publique, en servant fidèlement les princes et les pouvoirs chrétiens et en faisant justice à la lettre des péchés et des maléfices. […] Mais d’autres chevaliers exercent leur chevalerie pour la défense et la protection de l’Église de Dieu et des personnes ecclésiastiques, à savoir contre les mauvais princes, les tyrans, les hérétiques, les schismatiques et tous ceux qui perturbent la paix et l’unité de l’Église de Dieu. De semblables chevaliers célèbres et magnifiques défendent virilement l’Épouse du Crucifix et de l’Agneau immaculé : s’approchant dirions-nous du saint des saints, ils reconstituent par leurs labeurs le pain viatique qui donne vie au monde et conduit à la vie éternelle.

8 N. Iorga, «  L’épître de Philippe de Mézières  », pp.  31-32. L’itinéraire de Louis  IX ne signale aucun séjour à Mézières  ; toutefois, à l’occasion de la célèbre «  mise d’Amiens  », il séjourna dans cette cité entre le 9 et le 23 janvier 1264. Dès lors que Mézières se trouve à une vingtaine de kilomètres au sud-est d’Amiens, on peut penser que c’est à l’occasion de ce déplacement, à l’aller ou au retour, qu’il s’y arrêta (je remercie vivement Élisabeth Lalou pour son aide).

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Dernière catégorie, la plus haute, toujours selon Philippe : D’autres chevaliers, très dévots et zélateurs de la maison de Dieu qui est à Jérusalem, embrasés par un zèle singulier et animés de façon plus dévote par l’honneur du Cruciix, désirent exercer leur chevalerie contre les Agaréens et les Sarrasins, lesquels occupent par le droit de la piraterie la sainte cité de Jérusalem et la Terre sainte, violant honteusement les saints lieux de la Passion du Seigneur Jésus Christ. Ces Sarrasins foulent aux pieds et oppriment partout jusqu’à la mort amère nos idèles chrétiens, ils les maintiennent sous un joug insupportable9.

On voit la gradation. Plus banalement, Philippe s’exprime en ces termes au sujet des chevaliers de France dans le Songe du Vieil Pelerin (1389) : Que la dicte chevalerie veuille ung peu estudier les loix de vraye chevalerie, par lesquelles ilz doivent combatre en vivant justement pour la foy, l’Eglise, pour leur seigneur et pour le peuple, pour les vesves, povres et orphelins et pour ceulx qui sont oppressez et ne se pevent defendre et generalment pour le bien de Justice […] et pour le bien singulierement du royaume de France10.

En dépit du modèle qu’ofrait saint Louis, il n’est pas sûr que Philippe ait eu une idée aussi exaltée de la chevalerie lorsque, à peine âgé de 20 ans, il partit à l’aventure d’abord pour l’Italie, ensuite pour l’Orient, cette fois dans le cadre de la croisade contre les Turcs qu’avec la caution de la papauté Humbert II, dauphin de Viennois, entreprenait alors (1345-1347)11. Toujours est-il que c’est au cours de cette expédition qu’il reçut l’ordre de chevalerie, peut-être lors de la bataille de Smyrne ou de l’Esmire, livrée et gagnée par les chrétiens le 24 juin 1346, jour de la Saint-Jean-Baptiste12. Plus tard, il devait dire que cet adoubement était immérité, compte tenu de l’insuisance de ses prouesses et de ses vertus. Ce qui signiierait que dans son esprit la chevalerie était tout autant une récompense qu’un engagement, tout autant une consécration qu’un rite de passage : «… Et bien qu’en vertu de la dignité de la chevalerie que le jeune homme en question, indigne de ce nom, n’avait pas obtenue là en raison de son mérite mais qu’il avait plutôt usurpée de façon arrogante, il n’ait pas combattu courageusement, comme il aurait dû le faire, les vices et les péchés, ainsi qu’il est dit dans la première distinction de la chevalerie13 ». 9

Oratio tragedica, Paris, Bibliothèque Mazarine, ms. 1651, fº 129ro. Philippe de Mézières, Songe du Vieil Pelerin, t. I, p. 532. Depuis quelques années, cette œuvre majeure suscite un intérêt renouvelé. J. Blanchard (ibid., 2008) en a proposé une traduction en français moderne, précédée d’une pénétrante introduction et d’une importante bibliographie. Voir aussi G. Naegle, « Miroirs des princes et écrits de réforme » ; et Ead., « Bien commun et réforme de l’État ». 11 U. Chevalier, « La croisade du dauphin Humbert II ». 12 N. Iorga, Philippe de Mézières, pp. 54-55. 13 « … Et licet dignitate milicie ibidem ab ipso juvene indigno nominis non pro merito suo obtenta sed pocius arroganter usurpata, contra vicia et peccata, ut tactum est in prima distinctione milicie, 10

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Il n’en demeure pas moins que Philippe devint chevalier en Orient : ce ne fut pas sans conséquence. Philippe, en mainte occasion, se présenta désormais oiciellement comme un « chevalier », comme un « inime chevalier » (modestie oblige), comme un « inime chevalier picard14 », même si, à l’évidence, le titre de « chancelier de Chypre » que Pierre Ier lui avait attribué assez peu de temps après son avènement en 135815, puis de chancelier honoraire16, avait de loin sa préférence. Philippe fut un homme complet, ce qui est exceptionnel en son temps et même en tous les temps : pour un peu on le qualiierait de « super hominem », tel saint Louis selon le sermon de Boniface VIII, du 6 août 1297, et selon sa bulle de canonisation du 11 août suivant17. On peut l’imaginer doté d’une assez robuste constitution même s’il se mit à se plaindre beaucoup de ses maux à partir des années 1380 et à beaucoup parler de médecine et de remèdes18. Il eut l’expérience directe de la guerre sur terre, il en éprouva les dangers dans sa chair19, il connut mainte expéviriliter non certavit ut debuerit  » (Oratio tragedica, Paris, Bibliothèque Mazarine, ms. 1651, fº 129vº). Dans un texte de 1395-1396, il écrit à propos de son séjour en Orient : « Le jeune et povre Ardent Desir avoit pris l’ordre de chevalerie, duquel il n’estoit pas digne ». N. Iorga, Philippe de Mézières, p. 70, n. 2 (d’après Paris, Bibliothèque de l’Arsenal, ms. 2251, fº 13vº). 14 Dans une lettre à Pierre de homas, il se désigne ainsi : « Picardus miles inimus et publicanus et cancellarius indignissimus » (cité par N. Iorga, « Une collection », p. 45). 15 Pierre Ier fut couronné roi de Chypre à Nicosie le 24 novembre 1358, du vivant de son père Hugues IV, lequel mourut le 10 octobre 1359. Il fut couronné roi de Jérusalem à Famagouste le 5 avril 1360. C’est en 1360 ou 1361 que Philippe devint chancelier de Chypre, succédant, semblet-il, au médecin Hugues Ognibuono. Pierre Ier mourut assassiné le 17 janvier 1369. Avant le 16 août 1395, un nouveau chancelier de Chypre fut institué en la personne de Manuel de Valenye, N. Iorga, Philippe de Mézières, pp. 102-103, 105-106, 128 et 390. 16 « Philippi quondam cancellarii Cipri », lit-on sur son épitaphe (Les fastes du gothique, p. 143). Sa dalle funéraire dans la chapelle qu’il avait fait construire au couvent des Célestins de Paris comportait l’inscription suivante  : «  Cy gist monseigneur Philippes de Maisieres en Sangters, chevalier, chancelier de Chypre, conseillier et banneret de l’hostel du roy de France Charles le Quint, qui trespassa de la gloire de l’ostel royal a l’umilité des celestins [une sorte de première mort] l’an de grace 1380 et rendit son esprit a Dieu le vint neuisme jour de may l’an de grace mil quatre cents cinq  » (N. Iorga, Philippe de Mézières, p.  511). On notera l’expression, assez exceptionnelle, de « banneret de l’hôtel », ce qui voudrait peut-être dire qu’il se considérait à cette date non comme un chevalier simple mais comme un chevalier banneret. Une autre inscription sur sa tombe commençait par : « Ledit chevalier fut faict chancelier de Chypre ». Une copie de la in du xve siècle du Songe du Vieil Pelerin le désigne ainsi : « Ung tres saige et catholicque chevalier chanssellier de Chippre nommé sire Philippe de Meisieres  », Bibliothèque nationale de France, n.a., fr. 25164. 17 L. Carolus-Barré, Le procès de canonisation de saint Louis, p. 291. 18 Dans un texte de 1395-1396, « La substance abregee de la chevalerie de la Passion de Jhesu Crist en françoys », il se met en scène comme « un ancien homme en simple habit tout courbé de viellesce », tenant « en l’une de ses mains une potence pour lui appuyer », « de petite apparence et de pauvre existence » (Paris, Bibliothèque de l’Arsenal, ms. 2251, fº 7vo). 19 « Pluries et bellis vulneratum et quoque semivivum relictum », dit-il de lui-même dans l’Oratio tragedica (Paris, Bibliothèque Mazarine, ms. 1651, fº 199vo). On peut penser que sa carrière militaire proprement dite s’acheva entre 1365 et 1368 (Ph. Contamine, « Guerre et paix », p. 185). Il avait alors une quarantaine d’années.

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rience maritime, essentiellement à travers la Méditerranée (que de naufrages !), il parcourut l’Europe, en pèlerin, en propagandiste, en diplomate, il fut un homme de pouvoir in actu, un sagace conseiller du prince (Charles V), un pédagogue en charge de l’éducation du dauphin de France, le futur Charles VI. Cet ami de Pétrarque, qui connaissait Dante, avait une vaste culture, de type universitaire, sacrée et profane. Il fut un homme de dévotion, en mesure de composer des prières et de rédiger des traités de haute spiritualité. Son œuvre témoigne d’une belle et parfois étrange imagination. Aux meilleurs moments, il se montre un véritable écrivain, pourvu d’une réelle éloquence. Bref, Philippe fut un homme de conviction, de savoir et d’action. Naturellement, on pourrait estimer que cet utopiste entêté, vivant à côté de son siècle, a échoué sur toute la ligne. Ce ne serait pas faux mais ce serait peut-être trop réducteur. Même les rêves ne sont-ils pas révélateurs d’une époque ? Fort de son expérience de terrain, Philippe savait qu’un chevalier, un miles, n’est pas seulement quelqu’un appelé par vocation à pratiquer un certain nombre de vertus au nom de la justice et au bénéice de l’Église, des « personnes misérables » et du bien commun, mais d’une part un homme occupant un rang reconnu dans la société nobiliaire, au-dessus de l’écuyer, et d’autre part un certain type de combattant, un homme d’armes, au sens exact du terme, apte à l’« escrime cavalière » et disposant nécessairement pour bien accomplir sa tâche de plusieurs auxiliaires et de plusieurs montures. Dans le premier de ses écrits qui se soit conservé, consacré au récit hagiographique de la vie et de la mort de son mentor, de son maître, ou, comme il le dit, de son père, le Carme Pierre de homas, prélat énergique et exalté, il évoque en des termes vibrants mais clairs la croisade dite d’Alexandrie (1365), ce qui lui donne l’occasion de décrire une lotte de guerre ainsi qu’un corps expéditionnaire composé de milites, d’armati, de sagittarii et de ballistarii. Il mentionne la bénédiction, par la main du légat pontiical Pierre de homas, de Pierre Ier, roi de Chypre, des barons et des nobles, qui communièrent à cette occasion. «  Combien parmi ces hommes d’armes [homines armorum] ne s’étaient pas confessés depuis dix ou vingt ans20 ! ». Une sorte de conversion. Mais également combien d’entre eux s’étaient joints à ce passagium non par dévotion mais par vanité, cupidité et désir d’obtenir du roi un bienfait : « Certe major pars exercitus21 » (« certes, la majeure partie de l’armée »). Philippe est sans illusion. Il donne des chifres : 1 000 nobiles armati, des homines armati, des ballistarii, des sagittarii, des marinarii. Soit environ 10 000 combattants (bellatores) et environ 1 400 chevaux, ce qui est comparativement peu. On sait comment l’occupation surprise d’Alexandrie, le 10 octobre 1365, accompagnée de pillages et de massacres, ne dura qu’un instant : au bout de quelques jours, tout le monde se replia, à la grande indignation de Pierre de homas, de Philippe et aussi de beaucoup à travers la chrétienté latine. Retenons ici l’équivalence possible ou

20 21

J. Smet, he Life of Saint Peter homas, p. 126. Ibid.

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suggérée entre les milites et les nobiles armati22 : ce groupe n’était-il pas appelé à constituer dans son esprit le fer de lance de l’armée des croisés ? Il faut dire que Philippe avait un bref moment espéré que la prise d’Alexandrie lui donnerait enin l’occasion, grâce aux revenus tirés de cette ville et qui lui avaient été partiellement consentis par le roi de Chypre, de fonder concrètement sa chevalerie du Cruciix. Il pensait aussi que cette expédition constituerait un primum passagium, selon un modèle mainte fois proposé depuis le début du xive siècle, et qu’elle serait suivie par un passagium generale cette fois à l’échelle de la chrétienté. Très rapidement, il se heurta à la dure réalité : mort en 1366 de Pierre de homas, réticence de plus en plus nette des barons chypriotes envers l’ambition personnelle de leur roi, qu’ils étaient loin de partager, rivalité entre Venise et Gênes, réserve formelle du pape Urbain V et de l’empereur Charles IV de Luxembourg, sans compter la disparition en  1364 de Jean le  Bon, lequel avait fait vœu de croisade l’année précédente à Avignon : son ils et successeur Charles V avait, on le comprend, d’autres soucis, plus urgents. On aurait donc pu imaginer l’abandon complet par Philippe de son projet de la « religion » de la Passion du Christ. Et pourtant, c’est après l’échec d’Alexandrie, dans un contexte somme toute défavorable, que Philippe trouva le moyen et le loisir de rédiger en latin, peut-être à Venise et non à Chypre mais du vivant de Pierre Ier, lequel devait être assassiné dans la nuit du 16 au 17 janvier 1369, la règle de son ordre. Des fragments de cette règle ont survécu dans un manuscrit de la Bibliothèque Mazarine, le nº 1943, datant de la in du xive siècle (après 1384)23, en provenance du couvent des Célestins de Paris, où, comme on sait, Philippe devait passer les vingt-cinq dernières années de sa vie24. Cette première rédaction occupe 44 feuillets du manuscrit en question : elle réunit une préface (prefacio seu compendium) [fos 1 à 15], une lettre ou épître adressée à tous les idèles, où se trouvent exposés le rôle de la nouvelle « religion » et les raisons qui en rendent la création nécessaire (fos 16 à 23), enin 25 chapitres décrivant les habits destinés aux membres du nouvel ordre (fos 24 à 44) : sans entrer dans le détail, disons que ces habits devaient être blancs (du moins les manteaux), à l’image de la robe de l’ange de la Résurrection, mais marqués d’une croix rouge, rappel visible de la Passion25. 22 Ibid., p. 127. Sur cette œuvre, voir M. Thiry-Stassin, « Remarques sur la traduction de la Vita sancti Petri homae » ; et R. Blumenfeld-Kosinski, « Philippe de Mézières’s Life of Saint Pierre de homas ». 23 Ce même manuscrit contient en efet des fragments de la seconde règle, adressée, semble-t-il, à des membres de sa chevalerie, comme si son recrutement avait d’ores et déjà commencé. Trois dates y igurent : 1347, lorsqu’à Jérusalem il reçut de Dieu sa règle tel Moïse les tables de la Loi ; 1365, l’éphémère prise d’Alexandrie ; et 1384, date de la rédaction de cette règle. 24 Ce manuscrit a été tiré de l’ombre il y a quelque 130 ans par A. Molinier, « Description de deux manuscrits ». 25 Sur les vêtements des femmes de chevaliers de la Passion, voir Ph. Contamine, « La place des femmes ». Le manuscrit Ashmole 813 de la Bodleian Library, à Oxford, aux pages 3, 4, 5 et 6, comporte des représentations du « prince de la chevalerie », d’un « chevalier de la religion », d’une « dame de la religion » (tous trois en long manteau blanc marqué d’une croix rouge) et d’un chevalier en armure, revêtu d’une cotte d’armes aux armes de la « religion ».

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Un moment fort de la préface est le passage où est utilisée la métaphore du miroir. Dans la réalité, un miroir, dit Philippe, est composé de verre et de plomb : une fois ces substances unies au moyen du feu, le miroir ne soufre aucune tache et montre clairement les taches des autres. Au temps de Salomon, les prêtres du temple de Dieu, lorsqu’ils voulaient y entrer, se regardaient d’abord dans des miroirs, ils y voyaient leurs taches et se lavaient, ensuite seulement ils entraient. De même, il est nécessaire aux chrétiens de trouver un semblable miroir pour qu’ils y reconnaissent leurs taches et leurs péchés et qu’ils aient l’occasion de se laver. Ici le miroir sera composé de l’intellect et du corps humain. L’intellect de l’homme sera nettoyé de la macule de la concupiscence, il deviendra clair et subtil comme le verre, au fourneau de la charité ; le corps humain, infect, inirme et pesant comme le plomb, sera débarrassé par le feu de la « religion » de ses appétits voluptueux. L’intellect et le corps pourront se conjuguer et l’homme ainsi puriié par Dieu de ses vices, ayant subi l’épreuve du fourneau, deviendra un miroir très clair et très lucide, un miroir non seulement corporel mais aussi spirituel d’où sortiront des rayons pour illuminer et rénover l’ensemble des chrétiens, par l’opération de la Passion du Christ. C’est que l’ingratitude des chrétiens, qui leur fait oublier la dite Passion, se retrouve à tous les niveaux et dans tous les états de la société. C’est pourquoi il importe, pour que chacun contemple son modèle spéciique et y prenne exemple, que le miroir comporte les quatre états dont se compose la société chrétienne : l’état sacerdotal, l’état militaire (les dirigeants, les barons, les chevaliers, les simples nobles), l’état civil (les marchands et les rentiers), l’état des travailleurs. On notera que dans l’état militaire, Philippe prévoit expressément la présence de ces grands pécheurs, hommes d’armes et « compagnies26 », répandant au moment où il écrit le sang des chrétiens, se déplaçant comme à des noces alors qu’ils sont dans la voie de la perdition, et aussi les cadets de famille, déjà experts en armes mais quasiment dépourvus de biens héréditaires. Dès lors, les princes, ces personnes si délicates, pourront demeurer chez eux bien en paix et s’occuper tranquillement de leurs afaires : ils feront accomplir leur « passage » par cette « religion » (par la suite, dans les années 1390, Philippe imagina que les chevaliers deviendraient les fourriers de la grande armée des chrétiens, cette fois conduite et commandée par les rois de France et d’Angleterre). Issus de tous les états et de tous les degrés des chrétiens, y seront admis des hommes dont sera fait le miroir en question dans lequel tous les chrétiens universellement percevront leur modèle, dans la vie contemplative comme dans la vie active. Il y aura par exemple dans la « religion » un archevêque pour l’état sacerdotal, un prince pour l’état militaire. Moralement parlant, chaque artisan reçoit son nom de son art : il en ira de même, dit Philippe, pour nos chevaliers. Toute intention, méditation et opération de la « sainte religion » résidant dans la Passion du Christ, elle recevra son nom de cette très sainte Passion comme de son fondement.  Elle sera appelée « religio militaris sive milicie sive militum Passionis Jhesu Christi » (« la religion 26

Au sens de « grandes compagnies ».

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chevaleresque ou de la chevalerie ou des chevaliers de la Passion de JésusChrist »). Tous ceux qui y entreront seront appelés par ce nom : N., archevêque de la religion de la chevalerie de la Passion de Jésus-Christ, N., princeps milicie vel militum Passionis Jhesu Christi. Pour l’état dit civil, N., « frère » de la religion de la Passion du Christ, pour l’état des travailleurs, N., « sergent » de la religion de la Passion du Christ. Dans l’épître qui suit la préface, Philippe explique les six raisons qui rendent nécessaire l’ordre de la Passion : 1. l’exemple de la nouvelle congrégation incitera les chrétiens à s’amender ; 2. le culte de la Passion du Christ redeviendra à l’honneur ; 3. les chrétiens d’Orient seront eicacement secourus ; 4. Jérusalem et la Terre sainte pourront être recouvrées et conservées ; 5. la foi chrétienne se répandra chez les nations les plus éloignées ; 6. l’Église de Rome pourra mieux lutter contre les hérétiques et les schismatiques. On sent ici la reprise du modèle proposé deux siècles et demi auparavant par saint Bernard. La « religion » de la Passion du Cruciix est une « chevalerie » : même si cette chevalerie n’est pas composée que de chevaliers (elle doit compter des prélats, des chanoines, des prêtres — les clercs — et, comme laïcs, de simples nobles, des bourgeois, des gens de métier, et aussi des femmes), il n’empêche que ce sont les chevaliers qui en constituent l’ossature. L’idée est ainsi de conier à d’authentiques chevaliers le soin de réformer la chrétienté. Car les chevaliers, c’est par déinition la croisade, Jérusalem, la Terre promise. C’est dire que pour Philippe, la chevalerie, réformée ou non, amendée ou non, reste la pièce maîtresse de la société. Tous les états gravitent autour d’elle. De même que, pour Jean le Bon et son entourage, l’ordre de l’Étoile était un moyen de transformer en profondeur, par un processus d’émulation et de contagion, tout l’ost de France, de même la « sainte chevalerie » sera selon Philippe le moyen de régénérer la chrétienté, occidentale et même orientale, et de la conduire au salut, vers la nouvelle Jérusalem. Philippe n’ignore nullement que la chevalerie de son temps est en déclin, malade, souillée, mais précisément il s’agit de la ressourcer, de la ressusciter. Pour cela, il faut lui proposer un modèle, un miroir : ce sera la nouvelle religion du Cruciix. Alors, elle se transformera : tâche diicile mais essentielle, irremplaçable. Nous sommes là au cœur de l’utopie mézérienne. La chevalerie du Cruciix ne sera pas seulement, au plan pratique, le fourrier préparant la future croisade des rois et des princes, elle ne constituera pas seulement, le moment venu, leur garde rapprochée, l’avant-garde et l’arrière-garde de leur armée, elle ne veillera pas seulement au sérieux du guet de nuit, du guet des engins, toutes fonctions proprement militaires, elle ofrira aussi et surtout, au plan mystique, sa lumière, elle sera pour la chrétienté une « forte medecine27 ». La chevalerie du Cruciix, «  biau miroir de toute la crestienté  », «  miroir regulé de noble chevalerie28  », 27 28

Bibliothèque de l’Arsenal, ms. 2251, fº 40ro. Cité dans Ph. Contamine, « La Consolation de la desconiture de Hongrie », p. 42.

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« large, honeste et honnourable entre toute la chevalerie du monde », illuminera « la sainte cité de Jherusalem militant et les regions non tant seulement d’orient mais d’austre ou midi, de septentrion et de toute occident voire d’une lambe de charité et d’amour tresperchant »29. Seront présents en son sein des représentants des « VII langages de crestienté » de même que des représentants de toutes les conditions. Réunissant des clercs ainsi que des laïcs pourvus de leurs épouses légitimes, elle sera donc un peuple mais un peuple élu. Outre « l’estat des nobles non chevaliers30 et de bourgeoisie et l’estat des gens de mestier et des laboureurs31 », Philippe imagine ou conçoit au cœur du dispositif un millier de chevaliers de la « religion », élus entre cent mille, authentiques milites Christi, chacun ayant pour sa personne « III chevaulx, deux gros varlés armés de jaques et de capelines et un varlet a pié pour aider a garder les chevaulx et pour sa femme quant elle vendra oultremer une damoiselle et une chamberiere, qui seront lors VII personnes et III chevaux32 ». La chevalerie « en vie active, morale et civile et espirituele » sera bien gouvernée, elle mènera une « bonne policie », en sorte qu’elle sera « comme un miroir cler et net de toutes gens, crestiens et mescreans ». Ainsi, même les inidèles y auront leur part. Telle sera la « nouvelle chevalerie de la crestienté de toutes les langues, royaumes et regions de la crestienté catholique », qui, après s’être formée en Occident, voguera vers l’Orient éternel. Il convient dès lors de voir l’utopie de Philippe comme une utopie de chevalier, mais une utopie à double titre : d’une part, le recrutement de cette « nouvelle religion » était-il envisageable, dans le contexte économique, démographique, social et mental du temps ? Et d’autre part, on a quand même quelque peine à imaginer que ce microcosme aurait à lui seul sui à entreprendre la « réformation » de la chrétienté, voire du monde, dans toutes leurs dimensions.

29

Bibliothèque de l’Arsenal, ms. 2251, fº 42r°. N’oublions pas qu’encore à la in du xive  siècle, la ligne de partage est très nette au sein de la noblesse entre les chevaliers et les dames d’un côté, les écuyers (les « écuyers d’honneur », comme les appelle Philippe pour les distinguer des simples serviteurs de guerre) et les demoiselles de l’autre : voir par exemple la mise en scène des fêtes de Saint-Denis en 1389 (M. Barroux, Les fêtes royales de Saint-Denis). Un  siècle plus tard, cette ligne de partage avait incontestablement perdu beaucoup de sa netteté et de son importance. 31 Bibliothèque de l’Arsenal, ms. 2252, fº 75ro. 32 Bibliothèque de l’Arsenal, ms. 2251, fº 103vo. Voir aussi ce qu’il dit dans Bibliothèque de l’Arsenal, ms. 2251, fº 86vo : le « mendre chevalier de la sainte chevalerie », à supposer qu’il ne soit titulaire d’aucun oice, devra avoir à sa disposition « un escuier armé de toutes armes et un gros valet qui portera sa lance et son heaume ou bacinet et un autre gros varlet armé du jaque qui portera sa male et un varlet de pié qui conduira son sommier  », soit cinq chevaux et cinq personnes, lui compris. 30

LE RECRUTEMENT DE L’ORDRE DE LA JARRETIèRE EN ANGLETERRE

Jean-Philippe Genet Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

L’ordre de la Jarretière n’est pas un ordre religieux-militaire, mais c’est bien un ordre « absolument militaire », pour reprendre l’expression de son premier historien, Elias Ashmole1. C’est l’un des premiers, et sans doute l’un des plus remarquables — ne serait-ce que par sa longévité, car il est toujours bien vivant — de ces ordres militaires princiers dont D’Arcy Boulton nous a donné un précieux répertoire2. L’élément religieux, nous aurons l’occasion d’y revenir, est cependant loin d’être totalement absent des préoccupations de son fondateur, comme la création de la chapelle Saint-Georges à Windsor et la mise en place de son clergé en témoignent abondamment. De même, le désir de donner à la fondation un caractère charitable a abouti à la création d’un troisième élément, hospitalier celui-là  : il s’agit donc d’une structure assez complexe, tout à fait caractéristique de ce que la période de la genèse de l’État moderne voit se développer, au moment même où cessent pratiquement d’être créés de nouveaux ordres religieux-militaires. Désigné en fait par toute une série de vocables, en latin comitiva, societas ou ordo, en français « ordre » ou « compagnie », l’ordre de la Jarretière — ou, pour l’appeler par son véritable nom, les Chevaliers de saint Georges de la compagnie de la Jarretière — a eu une gestation compliquée, d’autant plus opaque pour nous que ses premiers statuts ont disparu3. On peut toutefois cerner d’assez près ses origines, grâce notamment aux travaux de Juliet Vale, qui se fonde sur les informations indirectes fournies par les comptes de la Great Wardrobe où sont rassemblées les dépenses des tailleurs, des armuriers 1 E. Ashmole, he Institution, Laws and Ceremonies. Dans son introduction, après un chapitre «  Of knighthood in general  » (pp.  1-47), Elias Ashmole établit une distinction entre le religieux («  Of the religious orders of Knighthood  », pp.  47-93, qui donne la description de 46 ordres) et le militaire («  A briefe account of the Orders absolutely Military  », pp.  47-126 où il décrit aussi 46 ordres militaires). Cette dernière partie contient aussi deux brefs exposés assez pittoresques, l’un consacré à la chevalerie précolombienne, «  Of knights in the West Indies  », pp.  124-125, et l’autre aux « Feminine Cavaliers of the Torch in Tortosa », pp. 125-126. 2 D’A. J. D. Boulton, he Knights of the Crown, pp. 93-166. 3 Il est vraisemblable qu’ils aient existé, mais la plus ancienne version disponible ne date que du règne d’Henri V : voir L. Jefferson, « Statutes and Records ».

Philippe Josserand, Luís F. Oliveira et Damien Carraz (éd.), Élites et ordres militaires au Moyen Âge, Collection de la Casa de Velázquez (145), Madrid, 2015, pp. 135-152.

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et des constructeurs et décorateurs des pavillons royaux4, et à l’interprétation de laquelle se rallie aujourd’hui pour l’essentiel l’historien le plus récent de l’ordre5 : elle laisse évidemment de côté l’épisode fameux de la jarretière de la comtesse de Salisbury, dont la légende fait l’origine de la devise de l’ordre, « Honni soit qui mal y pense6 ». Juliet Vale met en tout cas le doigt sur ce qui est essentiel dans cette devise, à savoir qu’elle est en français, alors que toutes les autres devises d’Édouard III sont en anglais, ce qui renvoie bien évidemment à la revendication de la couronne de France par le roi d’Angleterre. À la in de 1343, Édouard III aurait eu l’idée de renouveler une initiative de son grand-père Édouard Ier, qu’il cherchait à imiter en tous points au début de son règne personnel. Comme lui, il entend faire renaître la table ronde du roi Arthur et il décide donc d’organiser une grande fête avec un tournoi à Windsor pour la Pentecôte 1344, à la suite de ceux qu’il a déjà fait s’y dérouler en 1343 et en janvier 1344. Une compagnie de 300 chevaliers aurait été envisagée, modelée sur l’ordre de Franc-Palais fondé par Perceforest, et peut-être même cette compagnie aurait-elle eu pour insigne une jarretière — à cette époque une pièce d’habillement masculine, précisons-le. Tout ceci restait encore de l’ordre de la compagnie de tournoi, virile, festive et sportive, mais, en 1344-1345, la guerre avec la France entre à nouveau dans une phase active. À la in de 1344, le projet du grand bâtiment où se seraient déroulées les joutes est abandonné et, en 1345, Édouard III s’attelle à la préparation d’une grande campagne sur le continent — celle-là même qui sera couronnée par sa victoire à Crécy, dont les vainqueurs arborent dès 1346 une Jarretière qui n’est encore qu’un simple badge de reconnaissance. Or, peut-être dès 1344, Édouard III a entendu parler du projet du duc de Normandie, le futur Jean le Bon, de créer ce qui allait devenir l’ordre de l’Étoile, une compagnie de chevaliers, mais aussi une organisation religieuse, avec une chapelle, des chanoines et des prêtres7. C’est vers cette solution que va donc se tourner le roi d’Angleterre, car c’est la seule qui, dans les circonstances particulières des débuts de la guerre de Cent Ans, est acceptable aux yeux de la papauté. Si elle avait l’avantage de permettre la pérennisation de l’ordre, elle impliquait des coûts considérables : la victoire en France va permettre au roi de disposer des sommes nécessaires. 4

J. Vale, Edward III and Chivalry, pp. 76-91. H. L. Collins, he Order of the Garter. Dans la bibliographie particulièrement riche consacrée à l’ordre de la Jarretière, il faut signaler les ouvrages anciens mais qui restent utiles de G. F. Beltz, Memorials of the Order of the Garter ; et de Sir Nicholas Harris Nicolas, « Observations on the Institution of the Most Noble Order of the Garter ». Parmi les ouvrages plus récents, signalons celui, très précieux, entre autres, pour son inventaire des sources littéraires, de D. Schneider, Der Englische Hosenbandorden. 6 L’épisode, popularisé en France par le roman d’Alexandre Dumas, La comtesse de Salisbury, remonte à la chronique de Jean Le Bel, Chronique de Jean le Bel, p. 30 sqq. Sur cette afaire, que Froissart lui-même estime inventée de toutes pièces, voir A. Gransden, « he Alleged Rape of the Countess of Salisbury by Edward III », pp. 333-344 : elle estime que l’épisode est emprunté à un tract de propagande français. 7 Y. Renouard, « L’ordre de la Jarretière et l’ordre de l’Étoile », pp. 281-300. 5

le recrutement de l’ordre de la jarretière en angleterre

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L’ordre de la Jarretière a donc vu le jour à un moment que l’état de la documentation ne permet malheureusement pas de préciser, entre  1348 et  1350. L’institution formelle de l’ordre et la réalisation de la première liste des membres ont été accomplies avant décembre 1348. Ses statuts ont sans doute été promulgués en avril 1349, et la première réunion qui est attestée est celle qui a eu lieu le 23 avril 1350, jour de la fête de saint Georges. L’ordre est structuré en trois éléments. Il y a tout d’abord une compagnie de 25 compagnons réunis autour du « souverain », soit 26 membres. Cette compagnie a, d’après les statuts, trois oiciers, le prélat de l’ordre (l’évêque de Winchester, ex oicio), un gardien du sceau de l’ordre (l’un des vingt-cinq compagnons) et un secrétaire (le « registre »), un poste qui ne semble pas avoir été occupé avant le règne d’Henri V ; en revanche, dès 1351, il existe un huissier de la compagnie. Un deuxième ensemble correspond à la chapelle, installée à Windsor et dédiée à saint Georges. Vingt-six prêtres, en l’occurrence un maître, douze chanoines et treize vicaires, lui sont attachés, ainsi que quatre clercs et six choristes : les lettres patentes fondant le collège sont publiées le 6 août 13488. Enin, vingt-six pauvres chevaliers, vétérans des guerres, forment un troisième ensemble. Ces trois ensembles sont institutionnellement distincts, même s’ils fonctionnent en symbiose, ne seraitce qu’en raison de leur implantation — à des degrés divers — à Windsor. À cela s’ajouteront ensuite les Ladies of the Fraternity of Saint George ou plus simplement les Ladies of the Garter (dans l’ordre breton de l’Hermine, on les appelle les « chivalresses ») : la reine Philippa de Hainaut et la ille d’Édouard III d’abord, mais par la suite les reines et beaucoup de princesses anglaises9, des dames de la noblesse souvent choisies pour des raisons politiques10 et, à partir du xve siècle, beaucoup de princesses étrangères11. Ce qui va faire beaucoup pour l’importance sociale et diplomatique de l’ordre est, en 141712, l’adjonction d’un cinquième oicier, «  Jartier, Roy d’armes des Angloys », le Garter King of Arms, qui est d’emblée constitué comme le roi d’armes d’Angleterre et le supérieur hiérarchique de tous les oiciers d’armes anglais, ce qui fera de lui le maître du College of Arms13 quand celui-ci sera organisé. Dès le xve siècle, et ceci doit beaucoup à la personnalité du premier détenteur de l’oice, 8

Calendar of Patent Rolls, 1345-1350, p. 144. Par exemple, au xve siècle, les reines Catherine de Valois et Marguerite d’Anjou, les épouses des ducs de Gloucester et de Bedford, Jacqueline de Hainaut et Jacquette de Luxembourg. 10 Le cas le plus signiicatif est celui de l’épouse morganatique du duc de Lancastre, Jean de Gand, Katherine Swynford, la mère des Beaufort. Elle est la belle-sœur du poète Geofrey Chaucer, dont la petite-ille, Alice Chaucer, épouse de William de la Pole, comte de Sufolk, sera elle aussi une Lady et porte d’ailleurs à son bras l’insigne de l’ordre sur la magniique tombe d’albâtre érigée pour elle et son deuxième époux à Ewelme. 11 La première semble avoir été en 1399 Catherine de Bavière, duchesse de Gueldre, dont le mari et le père étaient l’un et l’autre chevalier : H. L. Collins, he Order of the Garter, p. 83 et, pour une liste complète, pp. 202-203. 12 La date de 1415 a aussi été proposée. La question semble résolue en faveur de 1417 par P. J. Begent, « he Creation of the Oice of Garter King of Arms », pp. 134-140. 13 A. Wagner, Heralds of England. 9

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Sir William Bruges14, Garter King of Arms devient l’un des rouages essentiels de la diplomatie anglaise (et son oice est d’ailleurs directement inancé par le pouvoir royal, non par l’ordre), une distinction qui rejaillit sur l’ordre tout entier. Plus important encore, au siècle suivant, il va se trouver à la tête d’une institution qui est devenue le rouage essentiel dans la reproduction de la classe dirigeante anglaise, puisque c’est le College of Arms qui vériie les titres de noblesse et les armoiries des familles qui prétendent appartenir à la gentry ; ce sont aussi les hérauts membres du College qui attribuent des armoiries aux familles qui désirent entrer oiciellement dans la gentry. Tout ceci suppose un travail de recherche complexe dans les archives, ce qui va aussi prédisposer les hérauts à devenir sinon des historiens, du moins des antiquaries. Ils vont de la sorte jouer dans le développement de la culture et de la pratique historiques en Angleterre un rôle essentiel. Bruges luimême s’est d’ailleurs illustré dans ce domaine par une recherche minutieuse pour reconstituer les armes des premiers compagnons de la Jarretière, ain de décorer avec la plus grande exactitude possible les stalles de la chapelle Saint-Georges à Windsor15, puisque celles-ci ne datent pas de la fondation même de l’ordre, mais n’ont été installées qu’à partir de 1421. À l’issue de cette présentation rapide, il est possible de tenter d’analyser le recrutement de l’ordre depuis sa fondation entre  1348 et  1350 jusqu’à la in du règne d’Henri  VII en 1509. Si l’on exclut les souverains, cela représente 265  membres. Le premier recrutement ne pose guère de problèmes  : il a été analysé en détail par Juliet Vale, qui constate que l’on a afaire, en gros, aux deux équipes de tournoi d’Édouard III et du Prince Noir. D’où l’origine assez modeste de certains chevaliers, ce dont on s’aperçoit quand ils sont remplacés. Ainsi, sans doute mort de la peste, Richard Fitz Simon (le porte-étendard du Prince Noir à Crécy) est remplacé par l’un des capitaines sous les ordres desquels il a servi, le comte (earl) de Sufolk. L’autre caractéristique de ces hommes est leur idélité politique au souverain : Richard Fitzalan, comte d’Arundel — qui commandait l’une des divisions anglaises à Crécy —, et William Clinton, comte de Huntingdon, présent au siège de Calais et l’un des négociateurs avec les envoyés du pape, ne font pas partie de la première sélection, sans aucun doute parce qu’Édouard III ne leur a pas pardonné leur appartenance au conseil dirigé par l’archevêque de Canterbury John Stratford qui l’avait contraint à mettre un terme à la ruineuse ofensive diplomatique dans laquelle il s’était engagé en 134016. Chaque souverain aura ses propres critères et ses propres préférences  : aussi, pour l’analyse statistique, faudra-t-il fractionner l’efectif global entre chacun des règnes. Mais, dans un premier temps, considérons les chevaliers comme une population suisamment homogène pour permettre une analyse d’ensemble. 14

H. S. London, he Life of William Bruges. W. H. St John Hope, he Stall Plates of the Knights of the Order of the Garter  ; voir aussi G. Holmes, he Order of the Garter. 16 J. Vale, Edward III and Chivalry, pp. 87-90. 15

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Un premier groupe saute aux yeux, formé de 46 personnages que l’on serait tenté de déinir avant tout comme des «  étrangers  ». L’emploi d’un tel terme, cependant, est délicat : il est clair que Sanchet Dabrichecourt (ou Daberchicourt), sans doute ils de ce Nicolas d’Abrichecourt qui avait reçu Isabelle de France et le prince Édouard, lors de leur voyage à Paris en 1326, et frère d’Eustache d’Abrichecourt dont Froissart évoque les exploits, n’est pas un étranger au même titre que le roi de Portugal Jean Ier, par exemple ! On est en présence, d’un côté, de princes qui font avant tout l’objet d’une élection diplomatique et qui souvent ne sont pas installés — quand ils le sont, ils ne se déplacent pas en personne, mais délèguent un membre de leur cour (ainsi Baldassaro Castiglione recevra en Angleterre les insignes de la Jarretière au nom de son patron, Federico de Montefeltre, duc d’Urbino) — et, de l’autre, de chevaliers d’origine étrangère mais entrés au service des rois d’Angleterre qui, comme Guichard d’Angle, ont sacriié leur patrimoine par idélité envers leur nouveau maître. Les Français sont en fait tous au service du roi d’Angleterre, qu’ils soient Gascons comme le Soudan de la Trau, les trois Captal de Buch (Jean de Grailly, Jean de Foix et Gaston de Foix) ou Gaillard de Durfort, ou Poitevin comme Guichard d’Angle. Un cas un peu particulier est celui d’Enguerrand de Coucy, comte de Bedford et gendre d’Édouard III dont il a épousé la seconde ille, Isabelle Plantagenêt : à la mort de son épouse, il renoncera d’ailleurs à son comté et à la Jarretière pour redevenir à part entière un prince français. Les seuls Valois igurant dans le groupe sont les ducs de Bourgogne. Disons donc que l’on retrouve parmi ces 46 étrangers deux catégories distinctes, d’une part, des nobles ou des soldats de renom engagés au service de l’Angleterre et, de l’autre, des princes européens. La première catégorie, abondante avec Édouard III (les Hennuyers Sanchet Dabrichecourt et Gautier de Mauny, le Brabançon Frank Van Halen, l’Allemand Henri d’Eam) ou Henri V (les Hennuyers Sir John et Sir Lewis Robesart, ou Hartung von Klux, dont l’origine n’est pas très claire17), semble se tarir avec la in de la guerre de Cent Ans  : d’ailleurs, les derniers étrangers de cette catégorie à être entrés dans l’ordre ont souvent dû le quitter. Cela avait déjà été le cas, je l’ai dit, d’Enguerrand de Coucy, comte de Bedford et gendre d’Édouard III, qui choisit en 1377 de revenir en France : il renonce à son comté et renvoie en Angleterre, outre sa femme et l’une de ses illes, ses insignes de la Jarretière. La suite de sa carrière militaire se déroulera en France, jusqu’à son départ pour la croisade de Nicopolis — fait prisonnier à la bataille, il mourra en 1397 à Brousse18 — où il est le seul à avoir été, ne fusse qu’un temps, Garter Knight. François de Surienne, dont l’attaque surprise sur Fougères peut diicilement passer pour véritablement chevaleresque, est obligé de renoncer à l’ordre19. De fait, Jean 17 Voir l’article de R. Griffiths dans Oxford Dictionary of National Biography, Oxford, 2004, vol. 23, pp. 864-865, s. v. « Klux, Sir Hartung von » : ses domaines étaient en Silésie, mais on ne sait s’il était d’origine danoise ou allemande. 18 G. F. Beltz, Memorials of the Order of the Garter, pp. 150-153. 19 A. Bossuat, Perrinet Gressart et François de Suriennes. La correspondance de « l’Aragonais » sur cette afaire est dans Letters and Papers of the Wars of the English in France, p. 276 sqq.

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de Foix et Gaillard de Durfort seront aussi conduits à renoncer à la Jarretière, l’un en 1462, l’autre en 147520. L’appartenance nationale init dans leur cas par être déterminante. La catégorie des princes pose d’autres problèmes. À dire vrai, il n’est pas sûr que les premiers d’entre eux, Robert de Namur, élu en 1369, et le duc de Bretagne Jean IV de Montfort, soient là en tant que princes étrangers, tant leurs activités militaires sont étroitement liées à celles des armées anglaises. Les premières élections diplomatiques datent seulement de 1390, avec celles du duc de Gueldre Guillaume Ier et du duc de Bavière Guillaume VI. À partir de là, leur nombre ne fera que croître et leur présence symbolisera les alliances anglaises : l’une des stalles, placée dans la chapelle Saint-Georges tout près de celle du souverain, est ainsi dévolue aux princes portugais : Jean Ier, Édouard Ier, Alphonse V et Jean II s’y succéderont. Même parmi ceux qui ont été installés, plusieurs ont renoncé, pour des raisons d’ailleurs diverses, à l’honneur qui leur était fait, comme le duc de Bourgogne Philippe le Bon ou le roi d’Aragon Ferdinand le Catholique. Avec les princes viennent leurs ministres ou leurs conseillers, quand ils n’ont guère de titres militaires, comme Inigo d’Avalos, comte de Monte-Odorisio, l’homme de coniance du roi Ferrante21, ou leurs proches, comme Rolando Álvaro Vaz de Almada, le bras droit et le frère d’armes du duc de Coimbra, le régent de Portugal Don Pedro22. Cette contradiction était au cœur même de la conception de la Jarretière  : si ses premiers membres sont bien les compagnons d’armes d’Édouard III, l’ordre a en même temps un « souverain » qui se trouve être aussi le souverain de l’État anglais. L’ordre ne pouvait donc échapper ni à sa vocation nationale, parfois en contradiction avec l’éthique du compagnonnage guerrier ou nobiliaire, ni à une implication internationale et aux stratégies diplomatiques qu’elle implique. Si l’on se tourne maintenant vers les Anglais, on peut les répartir très grossièrement en trois catégories : les membres de la famille royale (20), les nobles (135) et les gentlemen (64). Il n’est pas facile en Angleterre de cerner avec précision le contour de ce que l’on peut appeler la famille royale : à partir du règne d’Édouard Ier, les Plantagenêt se sont mariés avec les membres de l’aristocratie nobiliaire23, et l’on s’en tiendra ici à ceux qui portent le nom de Plantagenêt et à deux des Tudors, le prince Arthur et le futur Henri VIII, installés alors qu’ils n’ont que quatre ou cinq ans : la plupart de ces personnages royaux ont en efet en commun d’avoir été élus et installés très jeunes. Les Beaufort, en principe exclus de la succession au trône par acte du Parlement, ne sont pas à proprement parler membres de la famille royale. Presque la moitié des 135 nobles (soit 61 chevaliers) 20

M. G. A. Vale, War and Chivalry, p. 34. G. F. Beltz, Memorials of the Order of the Garter, pp. xx-xxiv. Ferrante a été élu en 1463, son ministre en 1467. 22 Le cas est un peu diférent car le régent Pedro — qui a séjourné en Angleterre — et Rolando sont l’un et l’autre des soldats  ; ils mourront d’ailleurs ensemble à la bataille d’Alfarrobeira, H. L. Collins, he Order of the Garter, p. 181. 23 J.-Ph. Genet, « Une arme mortelle ? ». 21

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appartiennent à seulement onze familles de magnats : les Staford (9 chevaliers), les Holland (7), une famille qui tient de très près à la famille royale24, les Beauchamp et les Neville (6), les Fitzalan, les Grey25, les Talbot, les Percy et les Stanley (5), les Bourchier et les Mowbray (4). Au total, environ 37 % des membres anglais de la Jarretière appartiennent à la famille royale et à ces onze familles nobles. Des familles nobles mais plutôt baronniales, comme les Scrope ou les Willoughby, comptent au plus trois chevaliers. Certaines des élections paraissent résulter de la seule position dans l’échelle sociale, un peu comme pour les membres de la famille royale. Cela produit parfois des efets regrettables, comme dans le cas de Richard Grey, comte de Kent, élu en 1505 qui se révélera « a natural ideott », et inira, après s’être rendu coupable d’enlèvement, par mourir en 1524 dans la misère après avoir dilapidé toute sa fortune26. Il arrive d’ailleurs que certains de ces nobles soient élus encore très jeunes. Au total, la distinction entre nobles et gentlemen se révèle assez fragile : simples gentilshommes quand ils sont élus, bien des chevaliers sont ensuite anoblis ; dans la mesure où ce changement de statut était prévisible au moment de leur élection, il n’est pas utile d’en tenir compte. En revanche, plus encore que celle des nobles, la carrière des gentlemen qui précède leur entrée dans l’ordre est riche d’enseignements pour nous, puisqu’elle révèle les critères qui ont présidé à leur élection — un processus assez obscur mais dans lequel, à n’en pas douter, le poids de la Couronne est important — et, à travers eux, l’échelle de valeurs qui les sous-tend. Comme il est naturel pour un ordre chevaleresque, ses membres sont d’abord des soldats. Parmi les membres de la gentry, on trouve d’abord les soldats de fortune et les capitaines de la guerre de Cent Ans. Il n’est pas sûr qu’à l’instar d’un François de Suriennes ou d’un homas Kyriell, ils aient tous été des chevaliers à l’éthique irréprochable, mais presque tous aichent des états de service impressionnants. C’est le cas pour les compagnons d’Édouard  III comme pour ceux du Prince Noir, dont les plus âgés ont commencé leur 24

Ainsi, le Prince Noir s’est remarié avec Joan of Kent, veuve de homas Holland, comte de Kent : celui-ci, qui doit sa fortune à son rôle militaire (en Flandres en 1342 puis à Crécy et à Calais, il est l’un des vainqueurs de la bataille navale des Espagnols sur mer, lieutenant du roi en Bretagne et en Poitou puis en Normandie), a eu quatre enfants, demi-frères ou demi-sœurs du roi. Le frère de homas Holland, Otes [Otho] est aussi chevalier de la Jarretière mais n’est pas noble. Henri IV et Richard  III ont aussi pris leurs épouses dans la noblesse anglaise  ; quant à Édouard  IV, il a fait scandale en épousant une dame de la gentry, ce qui a rapproché la dynastie royale de deux familles de la gentry, les Woodville et les Grey (voir note suivante) au point que Lady Jane Grey sera décapitée pour avoir prétendu à la couronne à la mort d’Édouard VI. 25 Il y a sept Grey, mais un Grey de Heaton (le comte de Tancarville, tué à Baugé en 1421) et un Grey de Rotherield, Lord Grey, compagnon d’Édouard III, mort en 1359. Les autres Greys appartiennent à la même famille, un à la branche des Greys de Codnor, trois à celle des Greys de Ruthin qui, en dépit de leur ancienneté, doivent leur situation à leur proximité avec le sang royal : le premier époux d’Elizabeth Woodville, veuve qui s’est ensuite remariée avec Édouard IV, est un Grey. 26 Voir l’article de G. W. Bernard dans Oxford Dictionary of National Biography, Oxford, 2004, vol. 23, pp. 877-878, s. v. « Grey, Richard, third earl of Kent ».

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carrière militaire dans les rudes campagnes écossaises d’Édouard II et des Balliol (Lord Ughtred, apparemment le seul à avoir combattu à Bannockburn en 1314, les Lords Grey et Bryan, John Sully) ou pendant la guerre de Saint-Sardos. Les plus jeunes ont fait leurs premières armes en Bretagne ou en Flandre, participé à la bataille de Crécy et au siège de Calais, avant de poursuivre la guerre en France avec le Prince Noir, combattant à Poitiers avant de le suivre en Espagne et de participer à la bataille de Nájera. Certaines carrières militaires sont d’une impressionnante longévité : celle d’un Ralph Staford, né sans doute en 1301, débute en 1326, dans la retenue de Ralph, Lord Basset et commence véritablement en Écosse, lors de la campagne de 1327-1328, pour s’achever en 1361 avec l’expédition que mène Lionel d’Anvers en Irlande ; quant à Gautier de Mauny, venu en Angleterre avec Philippa de Hainaut, il commence avec l’expédition d’Edward Balliol en Écosse en 1332 pour terminer avec le terrible raid mené en 1369 par Jean de Gand en Picardie. William Montagu, comte de Salisbury, a combattu de 1344 à  138427, Sir John Sully, si l’on en croit sa déposition dans la controverse Scrope-Grosvenor devant la Cour de Chevalerie en 1388 à l’âge de 105 ans28, de 1315 en Écosse à 1370 en Aquitaine : il aurait eu 84 ans lorsqu’il participe à la bataille de Nájera ! Bien que l’âge de leur élection soit variable, il est toujours en rapport avec leurs exploits guerriers : si certains comme Staford sont déjà blanchis sous le harnais, Montagu et Roger Mortimer ont à peine vingt ans quand ils font partie des premiers membres, mais ils viennent de se distinguer dans la campagne de France, faits chevaliers dès le débarquement à La Hougue et combattant à Crécy, tout comme le Prince de Galles, âgé de 18 ans en 1348. En revanche, les capitaines plus liés après 1348 au Prince Noir qu’à Édouard III, et qui ne font donc pas partie de « l’équipe de tournoi » du Prince, doivent attendre les années 1360, voire la minorité de Richard II, pour être élus dans l’ordre. En efet, si le caractère militaire de l’ordre est resté une constante, il est devenu de moins en moins déterminant. La plupart des premiers membres de la Jarretière ont combattu à Crécy29, et les campagnes de France, d’Écosse et d’Espagne, sous Édouard III et Richard II, ainsi que celle de Normandie, sous Henri V, ont fourni pléthore de héros : chaque parti disposait ainsi, pour chaque élection, de candidats possédant les états de service nécessaires. Les élections sont mal documentées, mais il subsiste quelques lettres de recommandation ou des proclamations des résultats dans lesquelles sont soulignées les raisons pour lesquelles tel ou tel a été élu : l’élément militaire arrive toujours en premier. Mais l’élection dépendait en fait du roi seul, qui pouvait 27

Né en 1328, il participe encore à une joute en 1382 au cours de laquelle il tue accidentellement son propre ils et seul héritier. 28 he Controversy between Sir Richard Scrope and Sir Robert Grosvenor. 29 H. L. Collins, he Order of the Garter, p. 39 : 22 sur 26 ont combattu de façon certaine à Crécy ; pour deux autres, Sanchet d’Abrichecourt et Henri d’Eam, ce n’est pas impossible. Quant à Henri de Grosmont, comte de Derby et futur duc de Lancastre, et au Captal de Buch, ils étaient en action ailleurs.

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choisir quelqu’un d’autre que celui dont le nom avait été suggéré par les compagnons de la Jarretière. Le dernier vétéran de Crécy à avoir reçu les insignes de l’ordre est sans doute Sir Richard Pembridge, élu en  1368, plus de vingt ans après la bataille  ; le dernier combattant de Poitiers serait le Soudan de la Trau, Bernard de Preissac, élu en 1379. Quant à John, Lord Bourchier, élu en 1390, il avait commencé sa carrière militaire en Gascogne dès 1355 ! Sous Richard II et Henri IV, les préoccupations politiques sont dominantes : mais les membres de la coterie de l’entourage royal (les Burley, Stapleton, Robert de Vere, homas Mowbray), leurs adversaires, les Appellant (Richard Fitzalan, John Devereux, Henry Percy, Peter Courtenay, Edward Despenser), enin, les ennemis de ces derniers, la « nouvelle noblesse » promue par le roi pour éliminer ses ennemis (Beaumont, William Scrope, John Beaufort, homas Holland, John Montagu), ont tous, à l’exception de quelques nobles promus très jeunes au moment où ils reçoivent un titre prestigieux, une carrière militaire brillante. Il en va de même des élus lancastriens, Henri V revenant même à un recrutement presque purement militaire, dans la lignée de celui d’Édouard III. En revanche, sous le règne d’Henri VI, les considérations militaires perdent de leur importance dès que la guerre en France tourne mal. Les considérations de politique intérieure prennent le dessus : mais les élus, même quand ils sont jeunes, ont encore des titres militaires à faire valoir. Les ailiations partisanes reprennent le dessus, qu’elles soient lancastriennes (les Earls de Shrewsbury [Talbot], Ormond [Butler] et Pembroke [Tudor], les Lords Stanley, Dudley, Berners et Welles) ou yorkistes, après la première bataille de Saint Albans et le début de ce qu’il est convenu d’appeler la guerre des Deux Roses : encore les Yorkistes prennent-ils soin de nommer deux capitaines renommés, membres de la gentry, Sir homas Kyriell et Sir John Wenlock. Il faut dire que le stock des soldats ayant acquis la célébrité sur les champs de bataille de la guerre de Cent Ans commence à se tarir. Édouard IV continue dans la même veine, commençant par nommer William Chamberlaine, un vétéran des campagnes de France sous Bedford, mais choisissant ensuite, outre ses frères Clarence et Gloucester, des nobles représentant les familles qui l’avaient porté au pouvoir ou l’y avaient ramené après la crise de 1470-1471. En plus de Chamberlaine, seuls quatre chevaliers représentent la gentry dans ces vingt-six élections, compte non tenu des étrangers : John Astley, surtout célèbre pour ses exploits dans les joutes et les tournois, homas Montgomery, un membre de la household d’Édouard  IV dont les seules expériences militaires sont d’avoir combattu à Towton et d’avoir participé à l’expédition de Picquigny (où il obtint de Louis XI une jolie pension) mais qui était un diplomate et un expert en matière monétaire et deux retainers du Kingsmaker, Richard Neville, comte de Warwick, Robert Harcourt, tué en 1470 en suivant son patron du côté lancastrien, et William Parre, promu en 1474 pour l’avoir trahi. Le même schéma se retrouve à peu près sous Henri VII, où le seul véritable soldat est Edward Woodville, une véritable tête brûlée qui trouvera la mort à SaintAubin du Cormier.

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Les chevaliers restent tout de même, dans l’ensemble, des militaires. On les retrouve souvent comme capitaine de Calais (au moins quatre d’entre eux), sénéchal de Bordeaux et gouverneur de Guyenne, constables de Windsor ou de la Tour de Londres, porte-étendards des diférents souverains ou encore Master of the Ordnance quand l’artillerie a commencé à jouer un rôle important. Aussi n’est-il pas étonnant que nombre de chevaliers de la Jarretière soient morts au combat. Les morts glorieuses, voire héroïques, de John Chandos au pont de Lussac, du duc d’York à Azincourt, de Clarence et de Lord Grey à Baugé, de Louis Robessart à Germigny, de Hull ou Talbot à Castillon sont de celles qui contribuent à forger la légende d’un ordre militaire. Mais il est plus surprenant de constater que plus nombreux encore sont ceux qui ont été exécutés, sommairement décapités à l’issue d’une bataille, assassinés ou massacrés par la foule ou par des bandes incontrôlées dans les tumultes des guerres civiles : 24 morts au combat mais, à partir du règne de Richard II30, 26 morts exécutés ou assassinés31 ; encore ceux qui ont perdu la vie au combat sont-ils souvent victimes de la guerre civile, tels les morts de Wakeield (Richard, duc d’York), de Towton (Lionel Welles), de Tewkesbury (Wenlock), de Barnet (Richard et John Neville) ou de Bosworth (Richard III, Radclife, John Howard, duc de Norfolk, Walter Devereux). Et il faudrait ajouter ceux qui sont morts en exil, comme Robert de Vere, homas Mowbray ou Francis Lovell. Le champ de bataille de Bosworth est presqu’aussi riche, du moins potentiellement, en chevaliers de la Jarretière que celui de Crécy et l’est bien plus que ceux de Poitiers et d’Azincourt32 : ils étaient au moins 21, en comptant ceux qui vont intégrer l’ordre sous Henri VII. Au total, ce ne sont pas moins de 35 chevaliers de la Jarretière qui sont morts au cours des luttes intestines qui ont déchiré le royaume, soit près de 16 % des 219 membres anglais de l’ordre. On comprendra mieux la signiication de ces résultats si l’on se tourne vers les activités non militaires des chevaliers de la Jarretière, même si certaines d’entre elles — ainsi à Calais, dont la garnison est le seul contingent militaire permanent en Angleterre, ou à la Tour de Londres, la forteresse qui tient la City — ont une évidente résonance politique. Ils sont en efet présents, en grand nombre, tant au Conseil royal que dans la household royale. Pour le conseil, les données manquent au début de la période, mais si l’on se concentre sur la période 1399-1485, 64 des 108 chevaliers (soit 59,17 %) ont été, à un moment ou à un autre, membres du conseil33. Et Henri VII a repris la même politique, 30 Simon Burley ouvre la marche : son titre de chevalier de la Jarretière lui a valu d’être décapité, au lieu d’être pendu et coupé en quartiers pour exposition publique. 31 Le bilan de la famille royale est plus impressionnant  encore  : trois morts au combat (dont Richard III à Bosworth) et six exécutés ou assassinés (homas de Woodstock, Richard II, Richard d’York, après Wakeield, George de Clarence, les deux ils d’Édouard IV), si l’on admet que la mort d’Humphrey, duc de Gloucester, est naturelle. 32 Pour Azincourt, les noms igurent dans le Agincourt Roll, éd. par N. H. Nicolas, History of the Battle of Agincourt, pp. 331-364. Sur la nature et la valeur du document qui a disparu aujourd’hui, voir A. Curry, he Battle of Agincourt, pp. 407-408. 33 Voir liste et bibliographie dans J.-Ph. Genet, « Les conseillers du Prince en Angleterre », pp. 117-151.

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partageant ses nominations entre des étrangers, des magnats et ses conseillers, Edward Woodville représentant l’exception militaire. Tous ses proches, ceux qui l’ont accompagné en Bretagne ou ont fait front avec lui à Bosworth, sont là : John Cheyne, Giles Daubeny, John Dynham, tous trois immédiatement pourvus d’une baronnie, John Savage, aux côtés des Stanley, les proches de sa mère Lady Margaret, et du gendre d’Édouard IV, Lord Welles. Ce n’est qu’après avoir ainsi constitué un fort noyau partisan au sein de l’ordre qu’il nomme des magnats, sans jamais cesser d’introduire les membres de son conseil, Edward Poynings, Reginald Bray ou homas Lovell. Ils ne sont pas totalement dépourvus d’expertise militaire34, mais ce n’est pas ce critère qui a guidé le choix d’Henri VII. Conseillers, ces hommes sont aussi de précieux auxiliaires du pouvoir royal : parmi les oices détenus par des chevaliers de la Jarretière, on remarque que plusieurs d’entre eux ont été trésoriers d’Angleterre. Beaucoup sont retenus à vie (retainers at life) et membres de la household royale : si l’on s’appuie sur les recherches de Christopher Given-Wilson, on constate que 34 des 132 chevaliers anglais élus entre 1350 et 1460 (25,7 %) sont des membres de la household. Sous Richard  II, dix-huit des chevaliers de la Jarretière en sont membres, nombre qui tombe à huit sous Henri IV, mais remonte rapidement sous Henri VI35. Et ici aussi, les souverains yorkistes et le premier des Tudors accentuent encore cette pratique. Hommes de coniance du souverain dont ils sont proches, ils sont aussi utilisés pour manœuvrer au proit du roi : homas Lovell est le Speaker des Communes à un moment crucial pour Henri VII et il lui a sans doute été plus utile alors que sur le champ de bataille de Stoke ! Enin, leur statut social, leur prestige, tout comme leur proximité avec le souverain quand ils appartiennent à la household, tout cela fait des chevaliers de la Jarretière des diplomates de première qualité. On les retrouve donc dans un très grand nombre de missions diplomatiques, trop longues à détailler ici. Détenteurs des postes militaires sensibles, conseillers du souverain, membres de sa maison, diplomates, les Anglais chevaliers de la Jarretière ne sont-ils pas plus porteurs des valeurs de l’oicier que de celles du chevalier ? Le portrait du chevalier36 que brosse Geofrey Chaucer dans les Canterbury Tales37 manifeste bien comment les lecteurs de la « poésie ricardienne », dont on connaît la fonction sociale et l’impact, imaginaient le chevalier idéal : 34 Lord Wenlock est un vétéran de la campagne d’Henri  V en 1415, gouverneur de Vernon sous Bedford : d’abord lancastrien, il se rapproche de Warwick et doit sa promotion dans l’ordre de la Jarretière au fait qu’il s’est emparé de la Tour de Londres en 1461, permettant ainsi au futur Édouard  IV d’entrer dans la ville. Sa idélité à Warwick le fera se ranger du côté lancastrien à Tewkesbury. 35 C. Given-Wilson, he Royal Household and the King’s Ainity. 36 T.  Jones, Chaucer’s Knight, a voulu faire du chevalier un mercenaire, mais cette position n’apparaît pas tenable. Voir notamment M. Keen, « Chaucer’s Knight », pp. 45-47 ; et la mise au point de P. Strohm, Social Chaucer, p. 88 et n. 4. 37 Geofrey Chaucer, Canterbury Tales, dans he Riverside Chaucer, p. 24.

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d’abord un chevalier chrétien, ensuite un combattant38. Le premier trait qui « distingue » en efet le chevalier des Canterbury Tales, c’est sa participation à des expéditions lointaines contre les païens et à la croisade. A Knyght ther was… et aussitôt s’enchaînent les noms magiques  : Alexandrie, la Prusse (« above all nacions », dit à juste titre Chaucer, on le vériiera…), la Lituanie et la Russie, Grenade, Algésiras, Benmarin, Ayash, Atalya (« At Lyeys was he and at Satalye/ Whan they were wonne…  »), la Turquie… En revanche, pas un mot des campagnes de la guerre de Cent Ans ! Celles-ci sont abandonnées à son ils, le jeune squire, âgé de vingt ans : « And he hadde been somtyme in chyvachie in Flaundres, in Artoys, and Pycardie… » En somme, c’est là le terrain d’apprentissage qui propulse ensuite le noble et le gentleman vers les pays des Inidèles où il va, mué en défenseur du Christ, pouvoir donner la pleine mesure de sa chevalerie. Les chevaliers sont d’ailleurs soucieux des traditions de la chevalerie, comme le montre la querelle entre Fastolfe et Talbot à propos de l’attitude du premier sur le champ de bataille de Patay39, et comptent dans leurs rangs quelques combattants célèbres pour leurs exploits dans les joutes et tournois. Si l’on considère les états de service des Garter knights, la seule croisade qui les a mobilisés largement est celle contre les Lituaniens païens. Le voyage de Prusse jusqu’à la bataille de Tannenberg qui y mit in en 1410 est assez bien connu par les travaux de Werner Paravicini40. Le nom de tous les Anglais qui ont participé à ces voyages n’est pas connu, mais l’on est frappé par l’importance des compagnies qui accompagnent de grands seigneurs, comme le futur Henri IV, qui va deux fois en Prusse alors qu’il n’est encore que comte de Derby, entouré pratiquement des mêmes compagnons dont trois deviendront chevaliers de la Jarretière après la révolution lancastrienne41. Il y a des déplacements plus spectaculaires encore, comme la compagnie d’Henri de Lancastre en 1351-1352 qui inclut six chevaliers et trois futurs chevaliers. Un tableau où les identiications ne sont pas certaines résume les participations des chevaliers de la Jarretière. Il exclut les étrangers : Robert de Namur, par exemple, patron de Froissart et beau-frère de la reine Philippa de Hainaut, est allé quatre fois en Prusse : ses armes ornaient les parois de la cathédrale de Königsberg  ; Jean de Grailly et Enguerrand de Coucy ont eux aussi été jusqu’en Prusse42.

38

M. Keen, Chivalry, pp. 44-63 ; et R. Kaeuper, Holy Warrior. H. L. Collins, « Sir John Fastolfe, John Lord Talbot, and the Dispute over Patay », pp. 114-140. 40 W. Paravicini, Die Preussenreisen des europäischen Adels, t. I, pp. 115-135. 41 F. R. H. Du Boulay, « Henry of Derby’s Expeditions to Prussia », pp. 153-172. 42 W. Paravicini, Die Preussenreisen des europäischen Adels, t. I, p. 9 ; voir p. 76-77 et n. 246 du chapitre iii, ibid., t. I, p. 95, n° 50 (1357-1358), p. 96, n° 74 (1364-1365) et, incertain, p. 97, n° 84 (1369-1370). 39

le recrutement de l’ordre de la jarretière en angleterre Tableau 1. — Les chevaliers de la Jarretière en Prusse Année du Reise

Date d’entrée dans l’ordre

1331, 1348, 1362/3, 1365

1360

Reginald Cobham William Fitzwarin

1340/1345

1352 1348

homas Holland

1340/1341

1348

Henri, duc de Lancastre William Latimer Nigel Loryng William Montagu, comte de Salisbury Walter Paveley Miles Stapleton Robert de Uford, comte de Sufolk Henry Percy John Neville

1351/1352

1348 1361 1348 1348

(aussi 1357/8, 1362/3 ?) (aussi 1366 ?)

1348 1348 1348 1366 1369

James Audley

1357/1358

1348

homas le Despenser

1360/1361

1388

John Burley

1362/1363

1377

homas Beauchamp, comte de Warwick William Beauchamp Humphrey Bohun, comte de Hereford William Scrope of Bolton

[1365/6] et 1367/8

1373

Henry Percy « Hotspur »

1383, 1391, 1391/2

1388

1385/7

1404

1390

1392 1366

1390/1391 et 1392 1390/1391 et 1392 1390/1391 1390/1391 et 1392

1377 1401 1403 1400

1391

1393 1388 1392

1391 (peut-être rejeté par la tempête en Angleterre)

1397

homas de Uford (il ne s’agit pas forcément du même !)

John Ld. Lovell John Ld. Bourchier Henry Percy, comte de Northumberland ? Henry, comte de Derby [Henri IV] homas Erpingham homas Rempston William Willoughby John, Ld. Beaumont homas, Ld. Despenser John, Ld. Bourchier homas, comte de Gloucester homas, Ld. Morley

1376 1364 1393

1411

147

148

jean-philippe genet Année du Reise

Date d’entrée dans l’ordre

John Montague Simon Felbrigg

1391/1392

1397 1397

John Beaufort

1393/4

1396

Henry, Ld. Fitzhugh

1408

1408

Richard Beauchamp, comte de Warwick

1409

1403

Les chevaliers de la Jarretière sont certainement moins présents en Méditerranée qu’en Lituanie. Dès avant la fondation de l’ordre, l’un de ses futurs membres, Henry de Grosmont, comte de Derby et plus tard duc de Lancastre, s’était rendu auprès du roi de Castille Alphonse XI en 1343. Avec son compagnon, William Montagu, comte de Salisbury43, il avait participé au siège d’Algésiras, mais aussi à l’attaque des Maures par la lotte d’Egidio Boccanegra au large de Ceuta44. Il était revenu en 1344, pour regagner Algésiras, cette fois en compagnie de Richard Fitzalan, comte d’Arundel : ils arrivèrent trop tard toutefois, apprenant la prise de la ville à Logroño, et Fitzalan se contenta sans doute d’accompagner sa future épouse, Éléonore de Lancastre (la sœur d’Henry), à Saint-Jacques de Compostelle45. Selon son biographe, Derby serait aussi allé en croisade à Grenade, à Rhodes et à Chypre46, mais il n’y a pas trace de ces expéditions. Bien sûr, certaines guerres sont techniquement des croisades, comme les expéditions d’un autre duc de Lancastre, Jean de Gand, en Espagne47 : mais ce ne sont pas des guerres contre les Inidèles, seulement des conlits dans lesquels la papauté a un intérêt. homas Beauchamp, comte de Warwick, est l’un de ceux qui a certainement tenté de partir, mais, malgré ses ofres de service au pape, il n’est pas allé plus loin que Venise et s’est rabattu sur la Prusse48. Si les chroniqueurs mentionnent la présence d’Anglais dans l’expédition de Chypre et au sac d’Alexandrie, les seuls membres de la Jarretière présents en Méditerranée orientale semblent avoir été Humphrey de Bohun, comte de Hereford, et Sir Miles Stapleton qui auraient accompagné le 43

C’est le père du Garter Knight homonyme, second comte de Salisbury : l’un des principaux artisans du coup d’État qui a débarrassé Édouard  III de Mortimer  : membre de la compagnie de 1344, il aurait certainement été membre de la Jarretière s’il n’était mort avant. 44 K. Fowler, he King’s Lieutenant, pp. 45-46. 45 Ce mariage explique pourquoi Fitzalan, qui comme Salisbury igurait parmi les compagnons d’Édouard III en 1344, n’est jamais devenu chevalier de la Jarretière : il avait répudié sa première femme, Isabella Despenser, et déshérité et rejeté dans la bâtardise le ils né de ce mariage, Edmund, marié à Sybil, ille de William Montague, premier comte de Salisbury, et sœur du second, lui-même chevalier de la Jarretière, M. Burtscher, he Fitzalans Earls of Arundel and Surrey, pp. 43-48. 46 J. Capgrave, Liber de illustribus Henricis, p. 161. 47 N. Housley, « France, England and the ‘National Crusade’ », pp. 195-198. 48 Id., he Avignon Papacy and the Crusades, pp. 78 et 100-101. Pour d’autres Anglais impliqués dans les croisades du xive siècle, ibid., pp. 236-237 ; et M. Keen, « Chaucer’s Knight », p. 54.

le recrutement de l’ordre de la jarretière en angleterre

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roi de Chypre Pierre Ier à la prise d’Atalia en 1361 et pris part au sac d’Alexandrie. Il est vrai que leur présence constante sur les champs de bataille de France et d’Écosse ne laissait guère à ces soldats le temps de partir en Orient. Dans les années 1390, après la trêve conclue en  1389 entre les Français et les Anglais, un nouvel élan semble donné  : Bolingbroke (Henry de Derby, le futur Henri IV) veut partir en Afrique du Nord, avec l’expédition contre Tunis inancée en 1390 par les Génois et menée par le duc Louis II de Bourbon. Ses troupes s’assemblent et il participe avec ses hommes aux joutes de Saint-Inglevert, comme bien des membres de la future expédition. Il n’obtiendra pas le sauf-conduit nécessaire pour gagner Marseille, mais John Beaufort participera à l’expédition, et peut-être aussi le tout jeune Henry Scrope. Lorsque Philippe de Mézières49 veut relancer la lutte contre les Turcs, il s’adresse à Richard  II, envoyant Robert l’Ermite lui porter une « épître » dans laquelle, s’il se fait l’avocat d’une paix déinitive entre la France et l’Angleterre scellée par le mariage de Richard II et de la petite Isabelle de France, il plaide pour la reprise de la croisade : « Il a este revele a vous ii. roys que par vous sera faitte la paix, et de vous et de la crestiente, l’eglise raunie et conquise Surie50 ». C’est sur la chevalerie de leurs royaumes que doivent s’appuyer les deux souverains. Philippe avait déjà présenté à Richard  II par l’intermédiaire de John Holland, comte de Huntingdon et chevalier de la Jarretière, La Sustance de la Chevalerie de la Passion de Jhesu Crist, abrégé de son grand projet51, la fondation de l’ordre de « la Chevalerie de la Passion »52 : « Comment le vieil solitaire presente au roy d’Angleterre une nouvelle chevalerie du Cruceix qui doit estre mandee oultremer devant les ii. Roys, qui par la grace de Dieu feront le seint passage53 ». La Jarretière n’est pas mentionnée, mais la miniature où est dépeinte la présentation du livre, pourtant exécutée en France, met au premier plan, parmi les courtisans qui entourent le souverain, un membre de l’ordre, reconnaissable à ses insignes54. Et dans l’épître, Philippe de Mézières vante la réception chaleureuse de son projet par les nobles anglais : « vostre tres amee frere, le comte de Hontintone […] vostre tresame oncle ; le duc de Wyork, et par messire Jehan de Harlestone, et autres tres vaillans chevaliers, vos loyaux subgies…55 ». Les circonstances ne permettront pas aux deux souverains de donner à leur collaboration l’ampleur exigée par l’enjeu d’une nouvelle croisade. Le contingent 49 Sur l’auteur, voir maintenant Ph. de Mezieres, Une epistre lamentable et consolatoire, introduction. 50 Id., Letter to King Richard II, p. 119. 51 A. H. Hamdy, « Philippe de Mézières and the New Order of the Passion ». 52 Philippe de Mézières, De la Chevallerie de la Passion de Jhesu Crist, Paris, Bibliothèque de l’Arsenal, ms. 2251. 53 Ph. de Mezieres, Letter to King Richard II, p. 103. 54 London British Library, ms. Royal 20 B VI, fº 2. Voir M. V. Clarke, Fourteenth Century Studies, pp. 286-287, à propos du célèbre Wilton Diptych, sans doute peint dans ce contexte de préparation à la croisade ; voir aussi J. J. N. Palmer, England, France and Christendom, pp. 242-244. 55 Ph. de Mezieres, Letter to King Richard II, p. 105.

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jean-philippe genet

anglais à la croisade de Nicopolis était peu nombreux56 : il semble que son chef ait été John Beaufort, qui sera créé comte de Somerset à son retour  ; un autre Anglais, Sir Ralph Percy, trouvera la mort pendant l’expédition, de même qu’un ex-chevalier de la Jarretière, Enguerrand de Coucy, mort à Brousse des suites de ses blessures. La révolution lancastrienne devait mettre in au rêve, ce qui est un peu paradoxal, si l’on se souvient des entreprises de Bolingbroke avant qu’il ne devienne le roi Henri IV. Ce n’est qu’après 1461 et avec l’accalmie dans la guerre des Deux Roses que représente le règne d’Édouard IV (lui-même plutôt indiférent à l’idéal de la croisade) que l’on retrouve deux croisés authentiques, les Woodville, frères d’Elizabeth, l’épouse d’Édouard IV : Anthony est apparemment le seul Garter Knight à avoir envisagé de gagner le Portugal — en y entraînant John Paston III57 — pour participer aux expéditions que le roi de Portugal, pourtant membre de l’ordre, conduisait au Maroc58 ! Et son jeune frère Edward, rescapé du désastre familial, fut de même le seul à s’engager dans la reconquête du royaume de Grenade, débarquant avec ses hommes à Lisbonne avant de rejoindre Cordoue, où il est présenté à la reine Isabelle la Catholique, et de participer vaillamment à la prise de Loja59. Bien qu’il puisse être inligé comme une pénitence pour une faute commise — c’était d’ailleurs également vrai pour la croisade —, le pèlerinage lointain pouvait aussi être source de prestige. On l’a vu, Richard Fitzalan était peut-être allé à Saint-Jacques de Compostelle, comme d’ailleurs Gautier de Mauny : ce dernier, l’un des fondateurs de la Chartreuse de Londres, a d’ailleurs donné maintes preuves de sa piété. Anthony Woodville, plus tard, fera lui aussi le pèlerinage. Il est vrai qu’un tel acte de piété relève de la dévotion privée et qu’il n’a pas la même aura que la participation à une croisade : outre le fait que les sources risquent de ne pas l’enregistrer, il n’est pas l’apanage de la chevalerie. Il y a néanmoins trace d’une dizaine de pèlerinages vers l’Orient et vers la Terre sainte : les détails sont rarement connus, hormis pour Sir Richard Guildford, dont le chapelain a laissé un itinéraire60, mais plusieurs pèlerins sont morts en route, tels Hugh Staford61, en 1386, à Rhodes, à l’aller, homas Mowbray, à Venise au retour, et Guildford lui-même, à Jérusalem. Bartholomew, Lord Burgersh, 56

J. J. N. Palmer, England, France and Christendom, pp. 239-240. C. Tyerman, England and the Crusades, p. 308. 58 Woodville avait reçu en juillet 1471 de son beau-frère Édouard  IV le commandement d’un navire espagnol, la Galante, pour commercer avec la Castille et le Portugal. Il ne partit pas, mais dès octobre, il avait obtenu une licence pour aller combattre les Sarrasins avec le roi de Portugal, ce qu’il ne it pas non plus, puisqu’il dut conduire 1 000 archers au secours du duc de Bretagne François II. Mais sa réputation ibérique était telle qu’il est devenu l’un des personnages du roman catalan de Joan Martorell, Tirant lo Blanch ; voir J. Edwards, he Spain of the Catholics Monarchs, p. 125. 59 Ibid., pp. 126-128 ; et Id., « Reconquista and Crusade in Fiteenth-Century Spain », p. 178. 60 Imprimé par Richard Pynson en 1512 : he pylgrymage of Sir Richard Guyldford to the Holy Land. 61 L’un des motifs du pèlerinage de Hugh Staford est probablement le meurtre de son ils Ralph par l’un des demi-frères de Richard  II, lui-même chevalier de la Jarretière, John Holland, un incident longuement raconté par Froissart.  57

le recrutement de l’ordre de la jarretière en angleterre

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Ralph, Lord Basset, Bolingbroke, accompagné de deux futurs chevaliers de la Jarretière, ses compagnons du voyage en Prusse, Sir homas Erpingham et Sir William Willoughby62, Sir Simon Felbrigg avec Sir William Arundel, John Tiptot et Anthony Woodville complètent cette liste, qui ne prétend pas être exhaustive, d’autant qu’elle ne tient pas compte des chevaliers étrangers. Enin, les aspects les plus spectaculaires de la chevalerie, comme les cérémonies somptueuses et les prouesses dans les joutes et les tournois, sont aussi des composantes du prestige chevaleresque. Celles-ci ont gardé tout leur attrait63 et restent bien présentes dans les mentalités jusqu’à l’extrême in du Moyen Âge, comme le montre la fascination qu´elles exercent sur John Paston III. L’ordre de la Jarretière compte dans ses rangs quelques illustres champions, même s’ils sont par ailleurs aussi des soldats renommés. Mentionnons parmi eux Sir John Cornwall, élu en  1409, Sir Richard Woodville, élu en  145064, Sir John Astley, élu en 1462, qui est connu pour avoir participé à plusieurs combats célèbres en 1438 (à Paris, contre Pierre Massé, qui fut tué) et en 1442 (contre l’Aragonais Philippe Boyle à Smithields), ou Anthony Woodville, dont le combat — arbitré par Astley — contre Antoine de La Roche, bâtard de Bourgogne, est resté dans les annales. Est-ce une coïncidence si deux au moins de ces champions doivent leur élévation sociale à des mariages avec des veuves d’un rang très supérieur, Cornwall avec la sœur d’Henri IV, Elizabeth de Lancastre, et Sir Richard Woodville avec Jacquette de Luxembourg, veuve du duc de Bedford ? Leur réputation de jouteur ne leur avait en tout cas pas nui. En son temps, saint Bernard contrastait le vrai chevalier, celui qui combattait à la fois la chair et l’Inidèle, et le chevalier laïc, qui ne combattait que pour la gloire et le proit. Il n’aurait pas eu d’hésitation à ranger les chevaliers de la Jarretière, comme d’ailleurs tous les autres Knights of the Crown, avec ces derniers. Dans l’optique chrétienne du salut, il n’aurait sans doute pas eu tort. Pour l’historien, qui a d’autres préoccupations, les choses sont plus complexes. Certes, l’implication des chevaliers de la Jarretière dans les guerres « nationales », luttes fratricides entre chrétiens, leur investissement dans les organes de gouvernement, la diplomatie et les guerres civiles montrent à quel point ils appartiennent aux élites politiques du royaume : l’idéologie de la chevalerie curiale participe pleinement de celle de l’État moderne. Elle y tient cependant un rôle particulier. La Jarretière, comme la Toison d’Or ou l’ordre de Saint-Michel, est un ordre qui participe de la parure religieuse et sacrale dont tente de se revêtir l’État à  la in du Moyen Âge, une parure dont les vertus légitimatrices sont 62

Expeditions to Prussia and the Holy Land, pp. l-li. Il n’y eut pas de reyse cette année-là et Bolingbroke se décida à gagner Venise directement, pour s’arrêter à Prague chez le frère de la reine d’Angleterre, le roi Wenceslas, avant de partir pour la Terre sainte ; voir aussi J. L. Kirby, Henry IV of England, pp. 28-43. 63 M. Keen, Chivalry, pp. 200-218. 64 Il est aussi l’époux de Jacquette de Luxembourg, la veuve du duc de Bedford (et le père d’Elizabeth, la future épouse d’Édouard IV).

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jean-philippe genet

d’ailleurs équitablement partagées entre la noblesse et le pouvoir du prince. Après tout, les ordres religieux-militaires de la in du Moyen Âge, notamment ceux de la péninsule Ibérique, se sont également éloignés des idéaux de saint Bernard et de ceux des fondateurs du Temple. L’ordre de la Jarretière, avec sa somptueuse chapelle, ses cérémonies grandioses, ses chanoines et leurs vicaires, illustre deux courants importants qui, l’un et l’autre, contribuent à en faire un héritier des ordres religieux-militaires : comme le sacre, comme les diférentes composantes de la religion royale, il participe de ce jeu d’apparences par lequel le pouvoir royal développe son pouvoir symbolique aux dépens de l’Église sans doute, mais avec sa complicité active65. Et il fait aussi partie d’une politique consciente d’exaltation de l’idéal nobiliaire, à travers une gloriication et une mise en scène des valeurs traditionnelles de la chevalerie symboliquement unie autour du prince, au moment même où, d’une façon plus concrète, la monarchie appesantit son contrôle sur les nobles et où les transformations de l’art de la guerre réduisent à néant les qualités et les compétences du chevalier, qui n’est désormais plus qu’un soldat66.

65 Un point que j’ai développé dans J.-Ph. Genet, «  Légitimation religieuse et pouvoir  », pp. 381-418. 66 R. Kaeuper, Chivalry and Violence.

II

HIÉRARCHIES ET ÉLITES AU SEIN DES ORDRES MILITAIRES

LA SOCIOLOGIE DES ORDRES MILITAIRES Une enquête à poursuivre

Luís Filipe Oliveira Universidade do Algarve – Instituto de Estudos Medievais

Ces dernières années, nous avons assisté à des avancées signiicatives en ce qui concerne la connaissance de la composition sociale des ordres militaires. Grâce à plusieurs études de nature prosopographique, l’analyse des historiens polonais et allemands sur le recrutement de l’ordre Teutonique a pu être conirmée dans d’autres zones géographiques et pour d’autres institutions1. La partie la plus substantielle de leurs conclusions — c’est-à-dire le manque de frères provenant de la haute noblesse et la prédominance des recrues issues des familles de la petite noblesse et du patriciat urbain — n´était pas tombée dans l’oubli, ayant été accueillie et divulguée par certains travaux de synthèse2. Manquaient cependant les données concrètes et iables capables de donner à ces observations une portée plus générale. C’est, peut-être, pour cela qu’un grand nombre de chercheurs ont continué à insister sur la prédominance des nobles parmi les frères, tout en reconnaissant l’inexistence de preuves pour le démontrer, soit faute de données iables, soit parce que ces dernières étaient, souvent, d’une interprétation trop controversée3. L’inluence des réalités observées à l’époque moderne, lorsque les ordres présentaient un proil aristocratique très accentué, n’était sûrement pas étrangère à ces options4. D’une manière générale, les études prosopographiques ont démontré que pour les ordres établis en Provence, en Castille et au Portugal, ou même en 1 K. Gorski, «  L’ordre Teutonique  : un nouveau point de vue  », pp.  288-289, 292 et 294  ; K. Militzer, « he Recruitment of Brethren for the Teutonic Order in Livonia, 1237-1562», pp. 275277 ; J. A. Mol, « he Hospice of the German Nobility », pp. 122-123. Et aussi K. Toomaspoeg, Histoire des chevaliers teutoniques, pp.  48-49  ; Ph. Josserand, «  L’ordre de Sainte-Marie des Teutoniques », p. 177. 2 A. Forey, « Recruitment to the Military Orders », pp. 143-144, Id., he Military Orders, pp. 133135 ; A. Demurger, Chevaliers du Christ, pp. 102-103. 3 S. Barton, he Aristocracy in Twelth-Century León and Castille, p.  158. Pour d’autres références à la prédominance des nobles parmi les frères, D. Seward, he Monks of War, p. 17 ; J. Mattoso, Ricos Homens, Infanções e Cavaleiros, pp. 232-236 ; S. Boissellier, Naissance d’une identité portugaise, pp. 394-395, 406 et n. 177 ; C. Barquero Goni, « Los Hospitalarios y la Nobleza Castellano-Leonesa », pp. 13-40. 4 A. Forey, « Rank and Authority in the Military Orders », p. 297.

Philippe Josserand, Luís F. Oliveira et Damien Carraz (éd.), Élites et ordres militaires au Moyen Âge, Collection de la Casa de Velázquez (145), Madrid, 2015, pp. 155-168.

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Catalogne, le nombre de frères nobles ne dépassait que rarement le tiers de l’échantillon5. Dans les couvents centraux de l’Hôpital et du Temple, qui ont été récemment étudiés, la proportion des nobles n’était pas plus importante. Sur un ensemble de 144 oiciers — 12 sénéchaux du Temple, 84 commandeurs et 48 maréchaux des deux institutions —, seuls 42 (29 %) avaient des origines nobles6. Parmi ceux-ci, certains étaient issus de la haute noblesse, bien que beaucoup fussent des puînés, voire des enfants illégitimes, mais nombreux étaient ceux qui provenaient des strates inférieures de la noblesse7. Le panorama n’est pas diférent dans les régions occidentales pour lesquelles il existe des données disponibles telles que la Hongrie, le nord de l’Italie, la Provence, la Catalogne et la Castille8. Au Portugal, il était également rare de trouver des profès originaires des principales familles nobles de la cour et du royaume, bien que, parmi eux, les bâtards et les puînés ne semblent pas avoir été particulièrement importants9. Par ailleurs, les données disponibles pour les ordres portugais d’Avis et de Santiago ont également révélé l’importance des commandeurs recrutés dans les zones urbaines. Le fait n’était pas inconnu et il avait déjà été signalé dans la péninsule Ibérique, en Provence et même en Italie10, mais on ignorait la véritable ampleur du phénomène. Parmi les 204 commandeurs attestés entre 1330 et  1449, près du tiers (27  %) est issu des villes, bien que la proportion doive être utilisée avec prudence au vu la grande diiculté à identiier les frères dans les sources connues11. La grande majorité des commandeurs attestés venait de familles de chevaliers associées à la gouvernance des villes, bien qu’il y en eût certains qui appartenaient aux milieux commerçants ou à des familles associées de longue date au service bureaucratique des monarques. Pourtant, 5

D. Carraz, L’ordre du Temple dans la basse vallée du Rhône, pp. 295-296, 308 ; Ph. Josserand, «  La igure du commandeur dans les prieurés castillans et léonais du Temple et de l’Hôpital  », pp.  167-169  ; Id., Église et pouvoir dans la péninsule Ibérique, pp.  383-391, L. F. Oliveira, A Coroa, os Mestres e os Comendadores, pp. 174 sqq. Parmi les 88 frères identiiés en Catalogne (P. Bonneaud, Els hospitalers catalans a la i de l’Edat Mitjana, pp. 84-93), environ la moitié était d’origine noble, mais seulement sept appartenaient à des familles de barons et beaucoup étaient originaires de lignages de chevaliers appauvris. 6 J. Burgtorf, he Central Convent of Hospitallers and Templars, pp. 380-381. 7 Ibid., pp. 379-383. 8 Z. Hunyadi, «  he Social composition of the Military-Religious Orders in the Medieval Kingdom of Hungary », pp. 323-332 ; Id., he Hospitallers in the Medieval Kingdom of Hungary, p.  20  ; E. Bellomo, he Templar Order in North-West Italy, pp.  129-147  ; D. Carraz, L’ordre du Temple dans la basse vallée du Rhône, pp. 115-125 et 298-302 ; P. Bonneaud, Els hospitalers catalans a la i de l’Edat Mitjana, p. 88 ; Ph. Josserand, Église et pouvoir dans la péninsule Ibérique, pp. 393-395. 9 L. F. Oliveira, A Coroa, os Mestres e os Comendadores, pp. 166-167 et 176-179. 10 A. Luttrell, « Las órdenes militares en la sociedad hispánica », p. 593 ; Id., « he Hospitaller Priory of Catalunya in the Fourteenth Century », pp. 7-8 ; Ph. Josserand, Église et pouvoir dans la péninsule Ibérique, pp. 396-401 ; P. Bonneaud, Els hospitalers catalans a la i de l’Edat Mitjana, pp. 88 et 90-93 ; D. Carraz, L’ordre du Temple dans la basse vallée du Rhône, pp. 125-129 et 300301 ; E. Bellomo, he Templar Order in North-West Italy, pp. 134-135, 161 sqq. 11 L. F. Oliveira, A Coroa, os Mestres e os Comendadores, pp. 174-176.

la sociologie des ordres militaires

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les dignitaires d’origine encore plus modeste n’étaient pas rares  ; c’est le cas d’un grand-commandeur de Santiago qui était le ils d’un cordonnier ou d’un grand-commandeur d’Avis descendant d’un avocat de province. Les maîtres eux-mêmes étaient également recrutés dans les zones urbaines, parfois après avoir exercé une fonction aussi importante que celle de juge, même si cette tendance était en train de disparaître au milieu du xive siècle12. En se fondant sur les données portugaises, il a été aussi possible de démontrer que l’aristocratisation des milices fut un processus tardif13, très particulier au xve  siècle. Jusqu’à cette époque, les frères recrutés dans les élites urbaines dominaient les ordres. Le changement du panorama est dû, en grande partie, à une évolution du proil des maîtres qui se manifeste à partir de la moitié du xive siècle et s’est concrétisée par l’attribution du rang le plus élevé des milices aux vassaux des monarques et aux hommes de la cour, lesquels faisaient leurs vœux uniquement au moment de leur élection. Au siècle suivant, cette tendance s’accentua par la remise des magistères aux infants de la famille royale. Par la voie du contrôle sur les professions, ces maîtres et administrateurs pouvaient placer beaucoup de leurs parents et de leurs serviteurs dans les ordres, ce qui a favorisé sûrement l’atmosphère aristocratique des milices. Même s’il y a d’autres facteurs à considérer — comme l’anoblissement de certaines familles d’origine roturière, ou le contrôle accru que les frères exerçaient dès lors sur les biens des commanderies, ou même sur la provision de celles-ci —, le poids de ce changement ne doit pas être minimisé. Au milieu du xve siècle, plus de la moitié des commandeurs étaient d’origine aristocratique, bien qu’à cet instant les ordres ne soient pas encore devenus un espace exclusivement destiné aux nobles du royaume. Il serait important de procéder à l’analyse de la chronologie de ce processus dans d’autres ordres et dans d’autres régions. À ce qu’il semble, l’aristocratisation des ordres établis en Hongrie a suivi une chronologie très similaire et plusieurs indices montrent que le processus n’a pas été très diférent dans les ordres castillans14. Cependant, ces indices ne sont pas suisants pour généraliser le phénomène. Des données iables pour d’autres régions européennes seraient nécessaires. En réalité, la chronologie détectée au Portugal peut correspondre à une particularité régionale, explicable, très probablement, par la in précoce de la Reconquista, au milieu du xiiie siècle. Étant donné que les ordres perdirent le droit de faire la guerre aux inidèles dans le royaume — en 1319, l’installation du nouvel ordre du Christ sur la frontière maritime n’a pas renforcé la guerre navale —, la profession dans les milices n’aurait-elle pas cessé d’être attractive pour les jeunes de l’aristocratie guerrière ? Qu’est-ce qui pourrait encore les attirer vers les milices ? L’idéal de servir 12

Ibid., pp. 59-62, 186-193, 238-241 et 437-438. Ibid., pp. 193-201. Pour les observations qui suivent, voir les pp. 62-79, 113-124, 184-185 et 201-211. 14 Z. Hunyadi, «  he Social Composition of the Military-Religious Orders in the Medieval kingdom of Hungary », pp. 326-329 ; Ph. Josserand, Église et pouvoir dans la péninsule Ibérique, pp. 401-403 ; E. Rodríguez-Picavea Matilla, « Caballeros calatravos y linajes castellanos » ; Id., « Prosopograia de la Orden de Calatrava en Castilla: La primera mitad del siglo xv ». 13

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la chrétienté ? Le service du roi, service de plus en plus important pour les frères ? L’espoir d’une place prestigieuse ? Même si répondre à de telles questions est très diicile, nous pourrions expliquer de la sorte le nombre réduit de profès d’origine noble tout au long du xive siècle, sachant toutefois qu’il existe, comme nous le verrons, des signes d’animosité de la noblesse envers les ordres. Quoi qu’il en soit, il est curieux que l’aristocratisation des milices soit de peu postérieure aux guerres contre la Castille à la in du xive siècle, lesquelles se caractérisèrent parfois par une opposition religieuse signiicative15, ou qu’elle soit contemporaine de la mise en place d’un front de croisade en Afrique, ouverte par la conquête de Ceuta en 1415. Disposer de données comparables sur l’importance du recrutement des milices en milieu urbain est également fondamental. Le rapport des ordres militaires aux villes et à leurs gens n’a pas toujours été suisamment valorisé16, et les informations disponibles sont rares et parfois trop circonscrites17. En tant qu’institutions qui avaient été fondées dans des milieux urbains et y avaient installé leurs couvents et bon nombre des sièges de commanderie, il est probable que les ordres aient eu un rôle actif dans diférents domaines de la vie urbaine. C’est ce qui est certainement arrivé pour quelques commanderies hongroises du Temple et de l’Hôpital dont les compétences furent utilisées, à partir de la moitié du xiiie siècle, pour valider des documents de nature privée18. On connaît mal les contours d’une telle insertion dans la vie locale et, en particulier, les rapports de solidarité et de familiarité auxquels les frères prirent part19, mais en tout cas, les liens du voisinage jouaient, comme nous le savons, un rôle décisif dans le recrutement des ordres20. Les frères eux-mêmes semblent avoir cultivé cette proximité avec les milieux urbains, comme le suggèrent leurs préoccupations pour les œuvres caritatives — toujours plus nécessaires en ville —, ou encore leur intérêt pour les cultes populaires21. Parmi ceux-ci, on pense pour le Portu15

Pour l’analyse de la dimension messianique de ce conlit, M. Ventura, O Messias de Lisboa ; M. Coelho, D. João I: o que re-colheu Boa Memória, pp. 242 sqq. 16 A. Demurger, « Les Templiers à Auxerre (xiie-xiiie siècles) », pp. 303-312 ; K. Borchardt, « Urban Commanderies in Germany », pp. 297-303 ; D. Carraz, L’ordre du Temple dans la basse vallée du Rhône, pp. 255-283 ; Id., « Les ordres militaires et le fait urbain en France méridionale (xiie-xiiie siècle) ». 17 D. Carraz, L’ordre du Temple dans la basse vallée du Rhône, pp.  125-129 et 295-302  ; E. Bellomo, he Templar Order in North-West Italy, pp. 159-174 ; P. Bonneaud, Els hospitalers catalans a la i de l’Edat Mitjana, pp. 86-88 et 90-93 ; J. Schenk, « Aspects of Non-Noble Family Involvement in the Order of the Temple ». 18 Z. Hunyadi, « he Locus Credibilis in Hungarian Hospitaller Commanderies », pp. 285-296. 19 Sur les formes d’association des frères servants les milices, F. Tommasi, « Men and Women of the Hospitaller, Templar and Teutonic Orders », pp. 71-88. 20 A. Forey, « Recruitment to the Military Orders », pp. 140-141 et 170 ; D. Carraz, L’ordre du Temple dans la basse vallée du Rhône, pp. 291-294 ; L. F. Oliveira, A Coroa, os Mestres e os Comendadores, pp. 167-170. 21 H. Nicholson, Templars, Hospitallers and Teutonic Knights, pp.  116-122  ; A. Demurger, Chevaliers du Christ, pp.  186-191  ; Ph. Josserand, Église et pouvoir dans la péninsule Ibérique, pp.  147-163. Sur la Vera Cruz et son culte au Portugal, L. Krus, A Concepção Nobiliárquica do Espaço Ibérico, pp. 129 sqq.

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gal à la vénération des Martyrs, de S. Braz, de Santiago et de la Vera Cruz, tous promus par les ordres. Ce que l’on sait sur la géographie et la sociologie de l’un de ces cultes, celui des saints martyrs de Lisbonne, révèle une empreinte urbaine extrêmement accentuée22, et le fait devient d’autant plus signiicatif lorsque l’on sait que le monastère de Santos, où les religieuses de Santiago gardaient et vénéraient ces reliques, recrutait aussi une grande partie de ses professes parmi les familles de Lisbonne et d’autres bourgs et villes du royaume23. De la même manière, le culte des martyrs de la conquête de Tavira, qui s’était développé depuis la moitié du xiiie  siècle, devint le principal culte civique de cette ville d’Algarve à la in du Moyen Âge 24. Il est ainsi probable que la syntonie des ordres militaires avec le monde urbain a été très importante. Ceci est suggéré, par exemple, dans le témoignage d’un commandeur de Santiago en 1328, lorsqu’il déclara être disposé à utiliser son corps et ses amis ain de défendre les intérêts des habitants de deux bourgs portugais25, situés chacun à proximité de Lisbonne. Les témoignages de ce genre ne sont malheureusement pas très abondants, mais les relations amicales entre les frères et les citadins étaient fréquentes26. La preuve la plus éloquente se trouve assurément dans la remarquable inclusion d’un marchand parmi les Santiaguistes martyrs de la conquête de Tavira  : on peut la lire dans la Crónica de Portugal de 141927, dans un passage certainement fondé sur la chronique perdue de Paio Peres Correia, maître de l’ordre entre 1242 et 127528. À travers le culte d’un marchand qui associe, par le martyre, sa catégorie d’origine à une mémoire de sainteté, on marquait l’intention de revaloriser un des groupes sociaux les plus liés à l’airmation des villes. D’une certaine manière, c’était cette même syntonie que rappelaient, aussi, les hommes des villes baltes lorsqu’ils insistaient sur l’importance des marchands dans la fondation de l’ordre Teutonique, ou quand ils signalaient leur rôle auprès des frères lors de la conquête et la colonisation de la Prusse29. Cependant, dans les villes, la présence des ordres pouvait avoir d’autres implications. Selon les données disponibles pour la Provence, c’était dans les banlieues des villes, en règle générale dotées de bons accès et d’un plus grand dynamisme 22 O. Gameiro, «  Sociologia e geograia do culto medieval dos Santos Mártires de Lisboa  », pp. 371-387 ; L. F. Oliveira, « O mosteiro de Santos, as freiras de Santiago e o culto dos Mártires », pp. 429-436. 23 Id., « Uma barregã régia, um mercador de Lisboa e as freiras de Santos », pp. 182-196. 24 P. Picoito, « Os Sete Mártires de Tavira. História de um culto local ». 25 Arquivo Municipal de Sesimbra (AMS), Câmara Muncipal de Sesimbra/D/01, Lv. 01, ls. 9 e v. (de 4-IV-1328). 26 L. F. Oliveira, A Coroa, os Mestres e os Comendadores, pp. 165 (n. 85) et 197-198. 27 Crónica de Portugal de 1419, pp. 153-154. 28 Sur cette chronique, voir D. Lomax, «  A Lost Medieval Biography  »  ; L. Krus, «  Crónica da Conquista do Algarve » ; D. Rodriguez Blanco, « Pelay Pérez Corea. Entre la Historia y la Leyenda » ; Ph. Josserand, « Portrait de maître en héros croisé : la chronique perdue de Pelayo Pérez Correa ». 29 A. Demurger, Chevaliers du Christ, p. 269.

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économique, que se situaient la majorité des maisons des commanderies30. Dans certains cas, les constructions dirigées par les frères se sont transformées en pôle organisateur de ces localités, ayant des conséquences notamment dans la redéinition des axes routiers, la création de champs ouverts adjacents aux commanderies ou même le lotissement31. Pareils cas ne sont en rien isolés, et on peut trouver d’autres exemples32. Pourtant, il n’existe rien de semblable pour le royaume de Portugal. Il est probable, toutefois, que la capacité d’attraction de certaines commanderies y fût suisante pour conditionner ou, du moins, inluencer l’aménagement de l’espace urbain. Tel doit être le cas, au xiiie siècle, pour les commanderies d’Évora et d’Arruda dont les églises ont vu leur activité drastiquement réduite — les cloches de celle-là ont été matière à conlit et l’autre ne pouvait que servir les gens de la commanderie —, par la réaction de l’évêque d’Évora et du prêtre de S. Vicente de Lisbonne33. À Évora, où la maison des frères se situait à côté de la cathédrale, le conlit s’est éteint seulement quelques années plus tard, lorsque la couronne transféra le siège de l’ordre à Avis, dont il devait désormais conserver le nom34. Dans les communes sous la juridiction des milices, celles-ci ont eu, en contrepartie, un rôle important dans la difusion de l’urbanisme à plan régulier. Parmi les cas étudiés, il faut faire référence non seulement aux bourgs templiers de Nisa et de Tomar, mais aussi à celui de Sines qui a été urbanisé au xive  siècle et qui appartenait à l’ordre de Santiago35. On peut peut-être ajouter d’autres exemples, comme Coina et les zones portuaires de Sesimbra et d’Alcácer36, sous la juridiction des frères de Santiago, voire, à la limite, l’espace enserré à l’intérieur des remparts d’Avis37, également caractérisé par son plan régulier. De tels exemples ne peuvent nous faire oublier tout ce qu’on ignore sur l’implantation et la morphologie des couvents et des maisons des commanderies dans d’autres bourgs et villes, en particulier dans les cas où leur localisation ne coïncidait pas avec le château du lieu. On peut dire que les couvents ont été en grande partie étudiés pour leur valeur artistique et architecturale38. Ce fait 30

D. Carraz, L’ordre du Temple dans la basse vallée du Rhône, pp. 259 sqq. Ibid., pp. 274-278. 32 R. Vinas, s. v. « Lotissement » ; K. Toomaspoeg, s. v. « Ville » ; A. Demurger, s. v. « Villeneuve », dans Ph. Josserand et N. Bériou (éd.), Prier et combattre. 33 H. Vilar, « A Diocese de Évora e a Ordem de Avis » ; C. Tarouca, « As Origens dos Cavaleiros de Évora (Avis) », pp. 30-31, doc 2 ; L. F. Oliveira, « O mosteiro de Santos, as freiras de Santiago e o culto dos Mártires », p. 431. 34 Id., « Convento de São Bento de Avis », pp. 491-493. 35 Voir M. Conde, Tomar Medieval, pp.  86-87  ; L. Trindade, Urbanismo na composição de Portugal, pp. 421-443, 471-490 et 503-523. 36 J. Oliveira, Na Península de Setúbal, em inais da Idade Média, pp. 144-163 ; M. Pereira, Alcácer do Sal na Idade Média, pp. 91-103. 37 A. Pereira, « Avis, viagem a uma vila medieval », pp. 31-33 et 35. 38 En particulier, J. Rodrigues et P. Pereira, Santa Maria de Flor da Rosa ; P. Costa et L. Rosas, Leça do Balio no tempo dos Cavaleiros do Hospital ; J. Macedo, Mosteiro de S. Bento de Avis ; H. Pombo I. Corte e J. Cunha, O Convento de S. Bento de Avis ; M. Pereira, « O Convento da Ordem de Santiago em Alcácer do Sal » ; I. Fernandes, « Os conventos da Ordem de Santiago em Palmela ». 31

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a contribué à les isoler des centres urbains au sein desquels ils s’inscrivaient. D’un autre côté, on ne sait que peu de choses de la structure et de la localisation d’un bon nombre de sièges de commanderies39. Leur étude nous aiderait peut-être à comprendre la place que tenait le développement des réseaux qui structuraient l’espace urbain ainsi que la façon dont les frères s’inséraient dans la vie urbaine et dans les circuits économiques locaux. La circulation des hommes, au même titre que celle des biens et de l’argent, était une activité bien connue des ordres, quoique ses diférentes implications sur le plan local restent mal connues. Une telle dimension urbaine des ordres militaires peut expliquer en bonne partie le divorce entre ceux-ci et la noblesse que l’on vériie dans le cas portugais. Dans le discours nobiliaire des xiiie et xive siècles40, les villes surgissent en fait comme un espace hostile, particulièrement inadapté aux valeurs, aux coutumes et aux comportements des nobles. L’opinion était partagée par les auteurs des Livres de lignages comme par les troubadours qui composaient surtout pour un auditoire aristocratique41. Pour eux tous, c’était dans les villes que l’on échangeait l’honneur contre la richesse et la idélité contre l’avidité puisque c’était l’endroit où l’on mettait à l’épreuve la virilité et la vaillance des guerriers par le contact avec les plaisirs et les commodités les plus diverses42. En général, c’étaient aussi ces souillures que les milieux nobles censuraient chez les chevaliers des ordres. Par l’ambition et l’avarice qui les déinissaient — comme l’attestent l’épisode de ce maître qui détourna l’argent de son ordre pour une entreprise commerciale43, ou celui de ce commandeur santiaguiste s’attachant uniquement à « juntar aver44 » (« accumuler ») —, ils subvertissaient eux aussi les conduites et les valeurs, mettant en cause l’identité de la noblesse. Certains frères étaient même accusés d’inverser la hiérarchie du sang et du mérite personnel comme fut le cas d’un Santiaguiste, d’origine très modeste, arrivé à commander la milice grâce à son expertise dans les arts magiques45. Il n’est donc pas surprenant que les Livres de lignages regardent les frères avec certaine méiance et animosité et qu’ils enregistrent leurs origines provenant d’unions adultères, sacrilèges et, surtout,

39 Pour quelques indications importantes concernant seulement l’Estremadura castillane, A. Ruiz Mateos, Arquitectura Civil de La Orden de Santiago en Extremadura, 1985. 40 L. Krus, « A Cidade no Discurso Cultural Nobiliárquico », pp. 381-393. 41 Ibid., p. 384; Id., A Concepção Nobiliárquica do Espaço Ibérico, pp. 105-111. Sur les troubadours et leurs auditoires aristocratiques, A. Oliveira, Depois do Espectáculo Trovadoresco, notamment pp. 215 sqq. ; Id., « Cortes Senhoriais », pp. 170-173. 42 L. Krus, « A Cidade no Discurso Cultural Nobiliárquico », pp. 383-384 et 388. 43 Cantigas d’Escarnho e de Mal Dizer, pp. 484-485, nº 326. 44 Ibid., pp. 482-483, nº 325. 45 Ibid., p.  592, nº 402. Le frère de la chanson qui s’appelait Paio a été identiié à Paio Peres Correia, grand-commandeur puis maître de Santiago, (voir E. Ferreira Priegue, « Chegou Paio de Maas Artes », pp. 361-369), bien que la composition soit très postérieure à l’époque où vécut ce dignitaire. À ce propos, A. Oliveira, Depois do Espectáculo Trovadoresco, pp. 421-422.

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roturières46. Parfois, ils dénoncent les comportements indignes caractérisant les frères, comme pour ce maître du Christ qui tua les neveux de celui qui l’avait élevé et adoubé47. N’étant pas vus avec de bons yeux ni jugés dignes des plus grands exploits, on comprend que ce ne soient pas aux chevaliers des ordres militaires mais aux nobles portugais que le comte Pedro de Barcelos a attribué, dans son Livre de lignages, la mission prophétique de régénérer la chevalerie hispanique et de libérer la chrétienté de la menace musulmane48. À la moitié du xive  siècle, comme le discours noble sur la ville changeait, notamment grâce au développement d’une noblesse plus urbaine et courtoise49, l’image des frères que les aristocrates avaient commença à se transformer aussi. Dans les refondations du Livre de lignages de Pedro de Barcelos — la première faite entre 1360-1365, l’autre autour de 138050 —, les références aux chevaliers des ordres militaires sont déjà plus abondantes. De ces références, beaucoup étaient désormais dépourvues d’un côté négatif, et certaines se teintaient d’éloges51. On peut l’observer pour plusieurs prieurs de l’Hôpital au Portugal ou pour les maîtres de Santiago de Castille,52 tous responsables du maintien des idéaux de la Reconquista et, surtout, de la sauvegarde et la défense du royaume lui-même, notamment lors des perturbations du règne de Pierre Ier de Castille53. D’ailleurs, c’est au bénéice des chevaliers des ordres et, en particulier, des frères de l’Hôpital54, que le dernier compilateur du Livre des lignages développa la mission prophétique que le comte Pedro de Barcelos avait autrefois attribuée aux nobles portugais. Évidemment, les éléments analysés ne suisent pas pour expliquer le désintérêt de la noblesse pour les ordres militaires, ni la façon dont les valeurs et les comportements de celle-ci ont pu néanmoins rencontrer l’idéal de vie des frères. De toute évidence, il semble qu’il faille chercher en des temps plus éloignés, quand la frontière culturelle entre eux était plus marquée. Appelant à la conversion des chevaliers du siècle, la règle primitive du Temple inversait pratiquement 46

B. Sousa, «  As Ordens Militares nos nobiliários medievais portugueses  », pp.  623-630  ; L. F. Oliveira, A Coroa, os Mestres e os Comendadores, pp. 198-199. 47 Livro de Linhagens do Conde D. Pedro, t. II, p. 28 (44 S6). 48 L. Krus, A Concepção Nobiliárquica do Espaço Ibérico, pp.  115-116, 137-142 et 298-299. À propos du comte de Barcelos, L. F. Oliveira, « Pedro de Barcelos », pp. 701-702. 49 L. Krus, «A Cidade no Discurso Cultural Nobiliárquico», pp. 389-390 ; sur la noblesse urbaine et courtisane, J. Mattoso, « Os nobres nas cidades portuguesas da Idade Média » ; L. Ventura, D. Afonso III, pp. 172-195. 50 Livro de Linhagens do Conde D. Pedro, t. I, pp. 47-60 ; J. Mattoso, « A transmissão textual dos livros de linhagens », pp. 285 sqq. 51 L. F. Oliveira, A Coroa, os Mestres e os Comendadores, pp. 199-201. 52 Livro de Linhagens do Conde D. Pedro, t. I, pp. 214-217 (21A15), 218-219 (21F14-15) et 238257 (21G14-15). 53 L. Krus, A Concepção Nobiliárquica do Espaço Ibérico, pp. 235-236 et n. 573. Pour une analyse du rôle politique des maîtres en Castille, Ph. Josserand, Église et pouvoir dans la péninsule Ibérique, pp. 554-555. 54 L. Krus, A Concepção Nobiliárquica do Espaço Ibérico, pp. 137-142.

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l’idéologie chevaleresque, niant le mérite de l’héroïsme, de l’ostentation et de la libéralité aristocratique55. Un tel contraste pouvait être moindre dans d’autres milices, notamment à Santiago, où la règle autorisait le mariage des frères ainsi qu’une activité aussi mondaine que la chasse, présentant donc une matrice laïque plus accentuée56. Toutefois, ce contraste ne disparut pas. Plus que l’activité militaire, c’étaient les autres fonctions exercées par les frères, en règle générale de nature monastique et religieuse, qui attiraient prioritairement l’attention des auteurs de poèmes épiques et de romans chevaleresques des xiie et xiiie siècles57. Ce n’était donc pas le modèle du chevalier de Christ qui les intéressait le plus et, pour certains auteurs, exercer la chevalerie dans le monde était plus agréable aux yeux de Dieu que servir dans un ordre militaire58. Pour de tels esprits, la seule chevalerie suisait pour garantir leur salut et ouvrir les portes du Paradis. En dépit de cela, la spiritualisation de la chevalerie peut constituer néanmoins un bon indice des échanges culturels entre les ordres militaires et l’aristocratie. Le phénomène a été signalé récemment dans la Castille de la première moitié du xive siècle, soit à partir des œuvres de l’infant Juan Manuel, soit sur la base d’autres textes littéraires dans lesquels le combat contre l’inidèle est vu comme une forme de martyre59. Le problème n’est pas étudié au Portugal. Cependant, il existe des indices qui révèlent cette même tendance développant la sacralisation de la chevalerie. Tel était déjà le programme de Pedro de Barcelos, peu avant le milieu du xive siècle, quand il revendiqua l’avant-garde de la foi pour les nobles du royaume et leur donna la mission prophétique de régénérer la chevalerie hispanique et de libérer la chrétienté du joug musulman60. À l’initiative d’un prieur de l’Hôpital, le projet aurait été développé pour les chevaliers de son ordre, avant d’être repris par la couronne au début du xve parce que celle-ci assumait aussi des fonctions sacrées dans la défense du royaume et de la chrétienté61. Comme le service du roi se confondait avec le service de Dieu, les conquêtes dans le nord de l’Afrique pouvaient être présentées comme des vraies croisades62, tandis que la mort d’un chevalier au service du monarque était en mesure d’être interprétée

55 S. Cerrini, La révolution des Templiers, pp. 135-188 ; A. Demurger, Chevaliers du Christ, pp. 181-182. 56 J. Leclercq, « La vie et la prière des chevaliers de Santiago » ; D. Lomax, La orden de Santiago, pp. 90-100 et doc. 1 de l’appendice. 57 H. Nicholson, Templars, Hospitallers and Teutonic Knights, pp. 86-87, 96-97, 204-207 ; Ead., Love, War, and the Grail, pp. 100, 187 et 204-205. 58 Ead., Templars, Hospitallers and Teutonic Knights, pp. 12-14 et 66-67 ; Ead., Love, War and the Grail, pp. 204-205 et 215. 59 Ph. Josserand, Église et pouvoir dans la péninsule Ibérique, pp.  214-225  ; Id., «  Itinéraires d’une rencontre : les ordres militaires et l’ideal chevaleresque », surtout les pp. 86-88. 60 L. Krus, A Concepção Nobiliárquica do Espaço Ibérico, pp. 137-142. 61 L. F. Oliveira, A Coroa, os Mestres e os Comendadores, pp. 73-77. 62 L. Thomaz et J. Alves, «  Da cruzada ao Quinto Império  », pp.  81-164  ; I. Fernandes et L. F. Oliveira, « Les ordres militaires au royaume du Portugal », pp. 151-153. Pour un panorama de la littérature chronistique portugaise, L. Krus, « Historiograia Medieval ».

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comme un véritable martyre63. Plusieurs exemples en témoignent à partir de la deuxième moitié du xve siècle, notamment les morts ayant pris place dans les scénarios de guerre sainte en Afrique. Les échanges se faisaient ainsi dans les deux sens. Il faudrait éclaircir le rapport des ordres militaires avec la difusion du rituel d’initiation des nouveaux chevaliers, en tenant compte de l’estime forte des chroniqueurs du xve  siècle pour les épisodes et les prouesses chevaleresques64. Il existe plusieurs indices d’un certain engagement de la part des frères dans la difusion des romans de chevalerie — la traduction d’une partie de la Quête du Graal a été réalisée par un frère de Santiago, probablement vers la in du xiiie siècle, et, un siècle après, on pouvait lire L’histoire de Galahad chez un prieur de l’Hôpital65 —, mais ils sont malheureusement trop rares et la généralisation de ces romans ne semble pas s’être faite avant le milieu du xve siècle66. Il se peut que ce problème puisse se résoudre à travers l’analyse de l’image qu’à cette époque projetaient les maîtres et les commandeurs dans les chroniques ou dans d’autres textes littéraires, en prenant appui sur les recherches existant pour l’espace européen et, en particulier, pour la Castille67. Bien que cette image soit essentiellement forgée sur le modèle du idèle vassal68, il est probable qu’une pareille analyse révèle l’adoption de quelques valeurs et des coutumes de l’aristocratie. À l’appui de cette idée, on peut rapporter l’identiication des milices comme ordres de chevalerie69, mais aussi la création de menses magistrales plus grandes et mieux organisées au milieu du xive siècle, pures imitations du modèle suivi à la cour et chez les grands seigneurs70. C’est à partir de cette époque que se difusa l’usage d’emblèmes héraldiques familiaux, surtout parmi les maîtres, qui adoptaient ainsi des codes avec lesquels ils s’identiiaient aussi bien durant leur vie que dans la mort71. Datent aussi de cette période les premiers témoignages d’une préoccupation des frères pour personnaliser leur sépulture à travers la commande d’épitaphes et 63

M. Rosa, « Mortos – Tidos por Vivos », pp. 9-46. Pour quelques observations, A. Figueiredo, O ideal de Cavalaria na Crónica da Tomada de Ceuta, pp. 9-60 ; L. Krus, « Historiograia Medieval », p. 314. Pour la Castille, Ph. Josserand, Église et pouvoir dans la péninsule Ibérique, pp. 172-183. 65 I. Castro, « Sobre a data da introdução na Península Ibérica do ciclo arturiano » ; Estoria de Dom Nuno Alvrez Pereyra, chap. iv, p. 8. 66 J. Mattoso, « Romance ». 67 H. Nicholson, Templars, Hospitallers and Teutonic Knights, pp. 80-101 ; Ead., Love, War and the Grail, surtout les pp. 1-31, 187 sqq ; Ph. Josserand, Église et pouvoir dans la péninsule Ibérique, pp. 166 sqq. 68 L. F. Oliveira, A Coroa, os Mestres e os Comendadores, pp. 81-86. Sur la prévalence de l’idéal du courtisan au Portugal, J. Mattoso, « João Soares Coelho e a gesta de Egas Moniz ». En Castille, on forgeait l’image des maîtres par rapport à leurs vertus héroïques, à leurs dons chevaleresques et, au xve siècle, à leurs attributions monarchiques. Consultez, là-dessus, Ph. Josserand, Église et pouvoir dans la péninsule Ibérique, pp. 172-183, 219-225 et 451-454 ; C. de Ayala Martínez, Las órdenes militares hispánicas en la Edad Media, pp. 210-211 et 229. 69 Ph. Josserand, Église et pouvoir dans la péninsule Ibérique, pp. 207-209. 70 L. F. Oliveira, A Coroa, os Mestres e os Comendadores, pp. 106-109. 71 Ibid., pp. 88-90. 64

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l’institution de chapelles, soit dans les églises de leurs ordres, soit chez les Dominicains72. Les données disponibles pour la Castille montrent que, passé le milieu du xive siècle, l’image sociale des maîtres des ordres se construisait sur l’héroïsme et la prouesse guerrière73, comme s’ils étaient les meilleurs chevaliers du monde. Sans prétendre résoudre ces problèmes, qui exigent des recherches mieux structurées et plus prolongées, rien ne suggère qu’une plus grande proximité des frères avec la noblesse et ses valeurs culturelles a eu des conséquences immédiates sur l’organisation interne des milices. À travers le contrôle que la couronne exerçait sur l’élection des maîtres, le proil sociologique de ceux-ci s’est aristocratisé à partir de la deuxième moitié du xive siècle74 avec la remise de la dignité suprême à des vassaux du roi et à des illustres nobles de la cour. Ces faits ont contribué à renforcer sûrement l’autorité des maîtres, vite ampliiée par les nouveaux pouvoirs délégués par les chapitres75, dans un processus qui débuta à la in du xiiie siècle et qui éloignait les ordres de leur dimension corporative des premiers temps76. L’exercice des mandats ne se convertit pas pour autant en un simple bénéice. Certains maîtres élus à ce moment-là étaient des guerriers expérimentés, et nombreux étaient ceux qui avaient des liens familiaux anciens avec les ordres77. Ainsi, à la in du xive siècle, un grand-commandeur d’Avis fut élu maître de la milice où il avait prononcé ses vœux, étant le ils d’un avocat d’un bourg de la province78. D’ailleurs, le caractère bénéicial des maîtrises s’est imposé uniquement à partir des années 1420, par le biais de la désignation d’infants de la famille royale au terme d’un processus qui relevait aussi de la volonté de réforme des ordres et de régénération de la croisade en Afrique79. Quelques années plus tard, le chroniqueur principal du royaume a jugé bon de parler de la provision des maîtrises dans le chapitre où il avait abordé le paiement des vassaux du monarque80, sûrement parce qu’il considérait ces deux matières de la même nature. 72 Ibid., pp. 223, 239, 254 (n. 257), 420, 439, 464, 472 et 475 ; Id., « Gil Martins do Outeiro », p. 389. Pour la situation en Castille, où cette coutume a été répandue dès le xive siècle, devenant plus fréquente au siècle suivant, consultez C. de Ayala Martínez, Las órdenes militares hispánicas en la Edad Media, pp. 393-397. 73 Ibid. pp. 209-220 ; Ph. Josserand, Église et pouvoir dans la péninsule Ibérique, pp. 214-235 ; Id. « Itinéraires d’une rencontre : les ordres militaires et l’idéal chevaleresque », pp. 92-99. Pour les données disponibles sur le Portugal, voir l’étude de 118 inscriptions tumulaires des xve et xvie siècles dans L. Pontes, Do mundo da Corte ao mundo da Memória, pp. 81 sqq. 74 L. F. Oliveira, A Coroa, os Mestres e os Comendadores, pp. 53-54, 62-71. 75 Ibid., pp. 110-113 ; I. Silva, « A Ordem de Cristo durante o mestrado de D. Lopo Dias de Sousa », pp. 37 et 71-72. Pour le cadre péninsulaire, C. de Ayala Martínez, Las órdenes militares hispánicas en la Edad Media, pp. 247-248. 76 Ibid., pp. 199-208 ; Id. « Las Órdenes Militares en el siglo xiii castellano. La consolidación de los maestrazgos ». 77 L. F. Oliveira, A Coroa, os Mestres e os Comendadores, pp. 62-71, 264-266 et 271-273. 78 Ibid., pp. 67-69 et 238-248 ; M. Pimenta, « Fernão Rodrigues de Sequeira ». 79 L. F. Oliveira, A Coroa, os Mestres e os Comendadores, pp. 72-79. 80 F. Lopes, Crónica del Rei Dom Joham I, 2ª Parte, chap. cxxix.

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Contrairement aux maîtrises, les autres oices des ordres ont conservé une dimension fonctionnelle importante. Malgré ce que certains auteurs ont dit et répété81, rares sont les indices qui suggèrent que les commanderies se soient changées en bénéices viagers. Les normes de l’ordre cistercien ne permettaient pas la provision de commanderies pour la durée d’une vie et, si cette pratique avait été acceptée par les statuts du Christ en 1326 et par les établissements de Santiago l’année suivante82, cet idéal n’était respecté que de temps à autre. On peut dire qu’au moins jusqu’à la in du xive siècle, la rotation des frères à travers diférentes commanderies était un phénomène fréquent, et la plupart des mandats de commandeur avaient une durée limitée, en règle générale inférieure à trois ou à cinq ans83. Comme le rappelaient la règle et les textes normatifs, l’action des frères au sein d’une commanderie n’échappait pas à l’évaluation du maître, grâce aux visiteurs et aux chapitres. Les titulaires pouvaient être déplacés vers des commanderies moins rentables ou même privés de leur administration84. Le contrôle exercé par les commandeurs sur les revenus du lieu qui leur avait été conié restait limité puisque l’autorisation pour pouvoir jouir d’une partie à des ins particulières — en cas de décès ou pour récompenser la idélité des domestiques et des serviteurs — n’est devenue une pratique courante qu’à partir de la in du xive  siècle85. Jusqu’à cette époque, les mandats des commandeurs s’inscrivaient donc dans une réelle dimension fonctionnelle. Cette situation changea seulement au siècle suivant lorsqu’il devint possible de négocier la transmission d’une commanderie entre les membres d’une même famille. D’ailleurs, il faut attendre la seconde moitié du siècle pour trouver le premier cas de succession héréditaire d’une commanderie86. Rien ne démontre, tout au contraire, que les diférents oices des milices soient sous le contrôle d’un groupe particulier de frères. La grand-commanderie, par exemple, n’était l’apanage de personne et y ont été pourvus, au long du xive siècle, aussi bien des frères nobles que des profès d’origine citadine. Entre 1341 et 1351, le grand81 Voir, entre autres, C. de Ayala Martínez, Las órdenes militares hispánicas en la Edad Media, pp. 243, 246 et 347-350 ; Ph. Josserand, Église et pouvoir dans la péninsule Ibérique, pp. 337-339. 82 J. O’Callaghan, « he Earliest ‘Diiniciones’ of the Order of Calatrava, 1304-1383 », p. 279, nº 37  ; I. Silva, «  A Ordem de Cristo durante o mestrado de D. Lopo Dias de Sousa  », p.  32  ; I. Barbosa, « A Ordem de Santiago em Portugal na Baixa Idade Média », p. 234, doc. E. 83 L. F. Oliveira, A Coroa, os Mestres e os Comendadores, pp. 127-130. 84 Ibid., pp. 124-127. 85 AMS, Câmara Municipal de Sesimbra/D/01, Lv. 01, fos  111v112 (19-III-1389)  ; Arquivo Nacional da Torre do Tombo (ANTT), Mesa da Consciência e Ordens, Ordem de Avis / Convento de São Bento, Caixa. 14, Maço 10, nº 913. Le diplôme a été promulgué en décembre 1412, d’après deux chartes royales de conirmation du 4-X-1421 (ANTT, Mesa da Consciência e Ordens, Ordem de Avis / Convento de São Bento, Caixa 14, Maço 10, nº 910  ; Chancelaria de D. João I, Lv. 4, fos 57vº-58vº). 86 L. F.  Oliveira, A Coroa, os Mestres e os Comendadores, pp.  209-210. Pour le panorama péninsulaire qui n’est pas très diférent, C. de Ayala Martínez, Las órdenes militares hispánicas en la Edad Media, p. 352 ; D. Rodriguez Blanco, La orden de Santiago en Extremadura en la baja Edad Media, pp. 129-132 ; M. Bonet Donato, La orden del Hospital en la Corona de Aragón, p. 110.

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commandeur de Santiago était le ils d’un cordonnier de Beja et, peu avant la in du siècle, la grande-commanderie d’Avis était dirigée par le ils d’un avocat de province87. Les exemples ne datent pas uniquement du xive siècle : entre 1432 et 1451, la grande-commanderie de Santiago a été occupée par le ils d’un ancien serviteur de la couronne qui était originaire d’Évora88. Bien que l’information soit moins claire, le conseil des Treize de l’ordre de Santiago obéissait aussi à des normes semblables, étranger à la nature oligarchique qui lui avait été attribuée89. Sa constitution dépendait d’ailleurs de la volonté du maître et personne, y compris le grand-commandeur, n’y avait une place déinitive90. D’après les données disponibles, il est très probable que la nomination des membres du conseil fût dictée par les qualités et les compétences de chaque frère et par la coniance que les maîtres déposaient en eux. Plus qu’à une quelconque oligarchie existant à l’intérieur de l’ordre, les membres du conseil des Treize semblent correspondre surtout à une élite de type fonctionnel, sans rapport immédiat avec les distinctions sociales en vigueur dans le siècle. Si la hiérarchie interne des ordres militaires n’avait pas un caractère sociologique précis, exprimant, au contraire, jusque très tard des réalités fonctionnelles, l’exercice d’un mandat avait bien sûr des implications sociales. Outre les rentes et les prérogatives qui lui étaient associées, indispensables à la distribution de faveurs entre parents, serviteurs et amis91, il pouvait être l’occasion de consolider ou de réhabiliter le pouvoir et le prestige d’un lignage. Ce fut le cas des Pereira ou des Pimentel — de ces lignages sont sortis plusieurs prieurs de l’ordre de l’Hôpital, un maître d’Avis, un grand-commandeur de Santiago et de nombreux frères92 — et d’autres familles encore, comme les Correia, les Avelar et les Vasconcelos93. Mais, si la profession dans un ordre militaire pouvait ouvrir sur 87 L. F.  Oliveira, A Coroa, os Mestres e os Comendadores, pp.  117, 238-243 et 437-440  ; Id., «Gomes Lourenço de Beja » ; M. Pimenta, « Fernão Rodrigues de Sequeira ». 88 L. F. Oliveira, A Coroa, os Mestres e os Comendadores, pp. 429-433. 89 En ce qui concerne les rares données disponibles sur la composition de ce Conseil, voir. A. de Vargas-Zúñiga, « Los Trece de la orden de Santiago. Catálogo biográico ». Pour une discussion de sa nature oligarchique, D. Rodriguez Blanco, « La organización institucional de la orden de Santiago en la Edad Media », pp. 178-179 ; C. de Ayala Martínez, Las órdenes militares hispánicas en la Edad Media, pp. 318-319 ; Ph. Josserand, Église et pouvoir dans la péninsule Ibérique, pp. 392393 et 401 ; L. F. Oliveira, A Coroa, os Mestres e os Comendadores, pp. 131-134 et 195-196. 90 Ibid., pp. 132-133. 91 Pour quelques observations, B. Sousa, Os Pimentéis. Percursos de uma linhagem da Nobreza Medieval Portuguesa, pp.  129-132  ; Ph. Josserand, Église et pouvoir dans la péninsule Ibérique, pp. 413-415 ; L. F. Oliveira, A Coroa, os Mestres e os Comendadores, pp. 118-123. 92 J. Pizarro, Linhagens Medievais Portuguesas, t.  II, pp.  302-303 et 308-309  ; B. Sousa, « Memória familiar e ordens militares. Os Pimentéis no séc. xiv », pp. 37-49 ; Id., Os Pimentéis. Percursos de uma linhagem da Nobreza Medieval Portuguesa, pp. 148-179 ; L. F. Oliveira, A Coroa, os Mestres e os Comendadores, pp. 54, 117-118, 222-236, 310, 387-388, 490-492. 93 J. Pizarro, Linhagens Medievais Portuguesas, t. II, pp. 391-392, 400 ; M. López Fernández, La Orden de Santiago y el Maestre Pelay Pérez Correa, pp. 37 sqq. ; L. F. Oliveira, A Coroa, os Mestres e os Comendadores, pp.  57-58, 60, 67-70, 118-119, 162, 229-235, 270-276 et passim  ; A. Vasconcelos, « Os Vasconcelos e as ordens militares ».

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une longue carrière pleine de succès, elle était également susceptible de donner accès à la noblesse, aidant à forger la gloire et l’honneur indispensables à ceux qui étaient issus des milieux modestes. Cela arriva notamment aux Mascarenhas et, plus particulièrement, au maître d’Avis, Fernão Rodrigues, qui dissimula une origine roturière derrière un nom prestigieux, celui de Sequeira, et une descendance mythique le liant à un chevalier des temps de la Reconquista94. Il faut dire enin qu’il est possible que les ordres militaires aient eu un rôle d’espaces importants d’osmose sociale puisqu’ils acceptaient la profession de nobles, de chevaliers urbains et de bourgeois, réunissant ainsi des frères de différentes origines. Pour les ordres d’Avis et de Santiago, il existe des données, tant pour le xive que pour le xve siècle, qui démontrent la régularité des mariages entre les familles qui étaient impliquées en leur sein ou entre celles-ci et d’autres familles qui étaient d’origine urbaine ou noble95. Il serait important de tester ces observations pour d’autres milices et, aussi, pour d’autres zones géographiques. De correspondre à une pratique plus généralisée, elles pourraient être un bon indice des échanges culturels qui avaient lieu à l’intérieur des ordres militaires et seraient capables d’aider à comprendre comment l’idéal de vie des frères pouvait se rapprocher des valeurs et des usages des lignages nobles et des citadins.

94 L. F. Oliveira, A Coroa, os Mestres e os Comendadores, pp. 67-68, 119-120, 184-185, 238-248 et 429-433; A. Vasconcelos, « Os Mascarenhas, uma família da ordem de Santiago ». Sur le lien d’autres lignages aux ordres, bien que ces données se rapportent surtout aux xve et xvie siècles, voir Id., Nobreza e Ordens Militares. Relações Sociais e de Poder (Séculos xiv a xvi), pp. 221 sqq. 95 L. F. Oliveira, A Coroa, os Mestres e os Comendadores, pp. 181-184.

RANGS ET DIGNITÉS DANS L’ORDRE DU TEMPLE AU REGARD DE LA RèGLE

Simonetta Cerrini Docteur de l’université Paris 4 Sorbonne

Tout comme les Cisterciens ou les Franciscains, les Templiers sont d’abord un ordre religieux de l’Église catholique1. Ainsi, la structure hiérarchique révélée par la règle renvoie au monde des moines et des frères plutôt qu’au monde des chevaliers. Mieux  : il s’agit d’une hiérarchie monastique qui englobe une hiérarchie militaire. Au sommet de la hiérarchie, se trouve le Christ et nous verrons quel est le rôle du Christ dans la règle de 1129 et dans deux textes très proches des premiers templiers. Ensuite, on abordera le thème de la structure hiérarchique du Temple selon le texte latin et la version française de la règle et, inalement, on donnera une esquisse des dignités de l’ordre selon les retraits et les statuts qui nous sont parvenus. LE CHRIST BELLATOR, LABORATOR ET REX AU SOMMET DE LA HIÉRARCHIE DE L’ORDRE DU TEMPLE

Pour connaître le véritable chef de l’ordre religieux et militaire du Temple, il faut se référer à trois sources : la Lettre en louange de la nouvelle chevalerie de saint Bernard de Clairvaux2 ; la lettre Aux chevaliers du Christ de Hugo peccator, à identiier avec Hugues de Payns, fondateur et premier maître du Temple, comme je pense, ou avec le celèbre théologien Hugues de Saint-Victor3  ; et 1 En 1993, boursière italienne à la Sorbonne, j’avais demandé à Franco Cardini des conseils pour ma recherche sur le Temple : il m’avait donné l’adresse d’Alain Demurger et, en Italie, de Francesco Tommasi. Ainsi, depuis vingt ans, les travaux d’A. Demurger, mais aussi l’amitié dont il m’a honorée, et les nombreuses conversations que nous avons menées, ont constitué le cadre de référence essentiel de toutes mes recherches sur l’ordre du Temple, y compris de cet article : à partir de A. Demurger, Vie et mort de l’ordre du Temple, jusqu’à Templiers, une chevalerie chrétienne au Moyen Âge et Moines et guerriers. 2 Pour le traité de saint Bernard, voir Saint Bernard, De laude nove militie, éd. de J. Leclercq et H. Rochais ; et une nouvelle édition avec traduction française dans Bernard de Clairvaux, Éloge de la nouvelle chevalerie, éd. de P.-Y. Emery ; et enin la traduction italienne de F. Cardini : Bernardo di Clairvaux, Il libro della nuova cavalleria. 3 Le texte intégral de la lettre Christi militibus est publié par Cl. Sclafert, « Lettre inédite de Hugues Saint-Victor aux Chevaliers du Temple  »  ; et la traduction française est donnée par J.  Leclercq,

Philippe Josserand, Luís F. Oliveira et Damien Carraz (éd.), Élites et ordres militaires au Moyen Âge, Collection de la Casa de Velázquez (145), Madrid, 2015, pp. 169-187.

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inalement la règle originelle des Templiers, issue du texte en latin établi à Troyes le 10 janvier 1129 sous la forme d’actes conciliaires et de sa version en « français d’Outremer »4. La dénomination exacte de l’ordre du Temple peut donner un point de départ à notre rélexion. Selon la règle latine, il s’agit de l’approbation, par l’Église catholique, de la Regula pauperum commilitonum Christi Templique Salomonici, c’est-à-dire de la «  règle des pauvres compagnons de bataille du Christ et du Temple de Salomon ». Les frères du Temple sont ainsi liés en même temps à une personne, le Christ, et à un lieu, le palais de Salomon, qui était connu à l’époque sous le nom de « Temple de Salomon », et qui est la maison-mère, le quartier général des Templiers5. Il s’agit d’un lieu spécial car, selon les Juifs, le Temple est la maison de Dieu bâtie par le roi Salomon, tandis que d’après l’Évangile selon saint Jean (chap. ii), le Temple est comparable au corps du Christ, comme le dit Jésus lui-même : « Solvite templum hoc et in tribus diebus excitabo illum ». La dénomination la plus exacte et la plus ancienne pour ceux qu’on appellera plus tard « Templiers » comprend ainsi la formule de « commilitones Christi »6. La version française a un titre bien diférent, car on y eface la référence directe au Christ : la « Règle de la povre chevalerie dou Temple ». Cette remarque suit à démontrer que la version française de la règle du Temple apporte une perspective bien diférente qui oblige à se référer d’abord au texte latin. Revenons à la déinition originaire du Templier : le fait qu’il soit évoqué comme le compagnon de bataille du Christ semble indiquer d’une part que le Templier n’est pas simplement un miles Christi — appellation qui à l’époque était plutôt réservée à la tradition monastique —, mais aussi que le Christ lui-même était un combattant que les Templiers imitaient et suivaient7. Ce n’est donc pas un hasard si nous retrouvons cette image du Christ bellator dans les deux textes qui, à mon « Un document sur les débuts des Templiers ». Je donne mes arguments pour l’attribution à Hugues de Payns dans S. Cerrini, La Révolution des Templiers, pp.  48-51  ; et une traduction italienne intégrale dans Ead., L’Apocalisse dei Templari, pp. 119-124. D. Poirel, « Les Templiers, le diable et le chanoine », a récemment attribué ce texte à Hugues de Saint-Victor. Sa recherche ouvre à nouveau la question de l’attribution de cette lettre, car si certaines des motivations qu’il ofre sont sûrement très convaincantes, il n’arrive pas à résoudre toutes les énigmes liées à ce texte. 4 Voir S. Cerrini, Une expérience neuve. Toutes les citations de la règle du Temple seront tirées dorénavant de cette édition critique qui a été traduite en anglais par M. Barber et K. Bate, he Templars, et qui sera publiée dans la collection CC CM de Brepols. Les sigles vl et vf signiient « version latine » et « version française ». Pour le « français d’Outremer », voir L. Minervini, « Le français dans l’Orient latin ». 5 B. Z. Kedar et D. Pringle, «  1099-1187, he Lord’s Templum (Templum Domini) and Solomon’s Palace (Palatium Salomonis)  »  ; à la p.  133, les auteurs reproduisent une inscription médiévale qui mentionne la «  Militia Templi  » retrouvée dans les restaurations de la mosquée al-Aqsa faites dans les années 1930. 6 Sur les premières dénominations des Templiers, voir F. Tommasi, «  Pauperes commilitones Christi ». 7 Sur la igure du Christ miles et dux militum, voir F. Cardini, I poveri cavalieri del Cristo, p. 88 et n. 20, où pour la igure du Christ dux, Cardini renvoie à Apocalypse 19.11-16. Voir aussi Id, Alle radici della cavalleria medievale.

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avis, ont servi, sinon de sources, du moins de point de départ pour les débats du concile de Troyes : le De laude nove militie que saint Bernard écrivit à la demande d’Hugues de Payns et la lettre Christi militibus de Hugo peccator. Dans le De laude (V, 9), Bernard parle du Christ qui chasse les marchands du Temple comme d’un chef militaire : « militum Dux, vehementissime inlammatus, armata illa sanctissima manu, non tamen ferro, sed lagello […] introivit in Templum, negotiantes expulit, nummulariorum efudit aes et cathedras vendentium columbas evertit ». Il faut aussi remarquer le fait que le Christ combattant agit à l’intérieur du Temple de Salomon8. Dans la Lettre aux chevaliers du Christ, Hugues place le Christ rex et bellator à côté des Templiers et dans le contexte de l’opposition « classique » entre la vie contemplative et la vie active9. L’opinion novatrice, dirais-je révolutionnaire, de maître Hugues est que le combat n’est rien de plus qu’une espèce de travail. Le combat ne fait pas accéder à un statut social plus élevé. De plus, le combat est l’activité spéciique du Templier. On peut voir aisément que la vision du combat comme un travail parmi d’autres comporte un déclassement social du combattant et, en parallèle, une ascension du travailleur. La dignité et la valeur du travail sont des idées surprenantes pour l’époque, même s’il ne faut pas oublier le rôle joué par la Regula Benedicti. La question du rapport entre les Templiers et le travail mérite toutefois une recherche approfondie. L’assimilation des milites aux laboratores pourrait avoir son origine dans la réponse de saint Jean-Baptiste aux soldats, dans l’Évangile selon saint Luc (3.14) où le saint dit que les milites avaient droit à un salaire. Les chevaliers du Christ étaient des salariés, donc ils étaient des travailleurs. Puisque les Templiers exercent un travail, ils ont droit à un salaire, comme le dit saint Paul (I Tm 5.18 : « Dignus est operarius mercede sua »). Ainsi, selon maître Hugues, le butin de guerre correspond exactement au salaire du soldat : « Hoc aufertis quod pro peccatis eorum iuste tollitur, et vobis pro labore vestro iuste debetur: “Dignus est enim operarius mercede sua”10 ». Dans ce cas, il y a une parfaite coïncidence entre la spiritualité du Temple et la spiritualité des chanoines, toutes les deux centrées sur la primauté de la vie active. Déjà saint Bernard, dans sa lettre au comte Hugues de Champagne — qui en 1125 avait renoncé à son ief pour entrer au Temple —, avait souligné le rabaissement que comportait le fait de devenir Templier : « Causa Dei », lui écrira saint Bernard de Clairvaux « factus es ex comite miles et pauper ex divite » (« Pour la 8

Bernard de Clairvaux, Éloge de la nouvelle chevalerie, éd. de P.-Y. Emery, pp.  74-75, chap. v, § 9. 9 «  Audite quid vobis Christus respondeat non ego. Vos queritis sedere ad dexteram eius et sinistram in regno eius. Sedere vultis et quiescere cum regnante, sed laborare non vultis et fatigari cum pugnante. […] Ordo enim iustitie hoc exigit ut qui vult regnare non refugiat laborare. Qui querit coronam non subtus fugiat pugnam » (Cl. Sclafert, « Lettre inédite de Hugues de Saint-Victor aux Chevaliers du Temple », p. 296). Ce thème est développé dans S. Cerrini, La Révolution des Templiers, pp. 159-160, qui cite A. Vauchez, Les laïcs au Moyen Age, p. 59 : « Avec les croisades, enin, le christianisme occidental remet en cause pour la première fois la primauté absolue de la contemplation sur l’action ». 10 Voir S. Cerrini, La Révolution des Templiers, p. 210 et notes.

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cause de Dieu, de comte tu es devenu chevalier, de riche tu es devenu pauvre », Ép. 31). Dans ce cas, pour un membre de la noblesse, il s’agit d’un déclassement social et d’une perte économique. Mais Hugues de Payns, s’il est bien l’auteur de la Lettre aux chevaliers du Christ, précise que tous les chevaliers du Temple sont des travailleurs. Ce renoncement aux privilèges et aux honneurs liés à la condition sociale réelle du chevalier fait partie des caractéristiques « antihéroïques » de la règle du Temple11. Le Templier, dit Hugues, combat à l’instar du Christ qui, avant de monter au Ciel, a dû combattre sur la terre contre les méchants : « Ipse Christus, quem sequi debetis, priusquam ad celum ad dexteram Patris securus ascendit, in terram (sic) cum impiis et malis hominibus pugnando laboravit12 ». Ainsi, ce Christ, que les Templiers doivent suivre et auquel ils doivent obéir en renonçant à leur propre volonté, est à la fois un Christ bellator et un Christ laborator, mais c’est aussi un Christ roi, comme le rappellent la lettre de maître Hugues et le prologue de la règle du Temple citant la Regula Benedicti (« summo ac vero regi militare »). Cependant, il faut lire la règle du Temple pour déterminer le rapport « oiciel » entre le Christ et les Templiers. Si les chevaliers du Temple obéissent au Christ combattant, les chapelains et les clercs se réfèrent au « Summo Sacerdoti » (chap. i), au Grand Prêtre. Les Templiers sont des « pauvres chevaliers » à cause de leur « spontanea paupertas », pauvreté volontaire (chap. i). Ce thème mérite d’être approfondi13. Toutefois, l’on peut déjà remarquer que le rôle joué par les pauvres et la pauvreté à l’intérieur de l’ordre, qui n’est pourtant pas un ordre hospitalier, est important. Avec les pauvres et les malades, le Christ est aussi le « Christ malade », car le chapitre xlix évoque sa phrase : « Inirmus fui et visitastis me14 ». Le commandement aux Templiers est de servir les malades « quasi Christo », comme s’ils étaient le Christ. Le chapitre v de la règle latine nous donne inalement la clé du rapport entre le Christ et le Templier : « Calicem salutaris accipiam, id est mortem, id est morte mea mortem Domini imitabor, quia sicut Christus pro me animam suam posuit, ita et ego pro fratribus animam meam ponere sum paratus15 ». En même temps, la version française de cet article nous montre un étonnant changement de perspective : l’imitatio Christi évoquée dans la règle devient « la vengeance de la mort du Christ », de l’imitatio à la vengeance : d’un monde à un autre monde. Le chapitre xiii nous montre que le Christ n’est pas seulement un modèle à imiter, un idéal à poursuivre, mais, à l’intérieur de l’ordre, il est vraiment la plus haute hiérarchie, c’est lui « Le 11

S. Cerrini, « I templari : una vita da fratres, ma una regola anti-ascetica », pp. 19-48. Cl. Sclafert, « Lettre inédite de Hugues de Saint-Victor aux Chevaliers du Temple », p. 296. 13 Premier approfondissement dans S. Cerrini, « L’économie idéale des Pauvres chevaliers du Christ et du Temple de Salomon », dans A. Baudin, G. Brunel et N. Dohrmann (éd.), L’économie templière en Occident. 14 Comme il arrive souvent, les citations bibliques de la règle sont tirées de la règle de saint Benoît : « Inirmorum cura ante omnia et super omnia adhibenda est, ut sicut revera Christo ita eis serviatur, quia ipse dixit: ‘Inirmus fui et visitastis me’ » (36.1-2) ; voir Mt 25.36 « nudus et operuistis me, inirmus et visitastis me, in carcere eram et venistis ad me ». 15 « Je prendrai le calice du salut, c’est-à-dire j’imiterai par ma mort la mort du Seigneur, car ainsi que le Christ sacriia sa vie pour moi, je suis prêt de la même manière à sacriier ma vie pour les frères », S. Cerrini, La Révolution des Templiers, p. 242. 12

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Templier » par excellence. On ne peut expliquer autrement le titre de « summus procurator », « souvrains Procurieres », qui est à traduire comme « oicier », celui qui a un rôle précis, une fonction à remplir dans l’ordre du Temple — une fonction qui, en l’occurrence, semble être celle de médiateur entre les Templiers et Dieu. Le chapitre xxxii est un chapitre « fondateur », dans le sens où il précise le rapport entre le Christ et le maître, ainsi que la position des frères : Quod nullus iuxta propriam voluntatem incedat.  Convenit his nempe militibus, qui nichil sibi Christo carius existimant, propter servitium sanctum quod professi sunt, seu propter gloriam summe beatitudinis vel metum Gehenne, ut obedientiam indesinenter magistro teneant. Tenenda est itaque, ut mox ubi aliquid imperatum a magistro fuerit vel ab illo, cui magister mandatum dederit, sine mora ac si divinitus imperetur, moram pati nesciant in faciendo. De talibus enim ipsa Veritas dicit: «Ob auditu auris obedivit michi»16.

La version française précise que la Vérité est à identiier avec Jésus-Christ qui parle par la bouche de David. Ce chapitre se termine par ce paragraphe : Itaque communi consilio airmamus, ut in tali domo ordinata a Deo, quod nullus secundum propriam voluntatem militet aut quiescat, sed secundum magistri imperium totus se incumbat, ut illam Domini sententiam imitari valeat, qua dicit: «Non veni facere voluntatem meam, sed Eius qui misit me»17.

En résumant, le Christ a obéi à Dieu et a renoncé à sa propre volonté ; ainsi, pour imiter le Christ, le Templier doit obéir au maître et renoncer à sa propre volonté. Mais aussi : le Templier, qui aime le Christ et qui lui obéit, doit de la même manière obéir au maître. La règle du Temple airme qu’il y a identiication symbolique du maître avec le Christ mais aussi avec Dieu. LES HIÉRARCHIES DU TEMPLE SELON LA RèGLE EN LATIN ET SA TRADUCTION EN LANGUE D’OïL D’OUTREMER

Le maître Si l’on songe à un ordre religieux, on n’envisagerait pas le mot « maître » pour désigner le responsable de l’ordre. On penserait à « abbé » ou à « prieur », d’ailleurs utilisé par Guigues Ier de la Grande Chartreuse dans sa lettre à Hugues de Payns : « Hugoni, sanctae militiae priori, et omnibus qui reguntur eius consilio » (« À Hugues, prieur de la sainte chevalerie et à tous ceux qui sont dirigés par son conseil18 »). 16

Ead., Une expérience neuve, version latine de la règle, chap. xxxii, p. 195. Ibid., p. 195. 18 Lettres des premiers chartreux, p. 154. 17

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Autour de la dénomination du responsable de l’ordre, deux mondes s’affrontent, celui des oratores et celui des bellatores. Ces derniers, semble-t-il, emportèrent la victoire. En efet, le titre réservé au premier responsable de la nouvelle fraternité, Hugues de Payns, fut celui de magister militie, maître de la chevalerie. C’est ainsi qu’on l’appelle dans les premiers documents qui le concernent19, ainsi qu’au début du De laude de saint Bernard : « Hugoni, militi Christo et magistro militiae Christi » (« Hugues, chevalier du Christ et maître de la chevalerie du Christ  »). Même si ce titre laisse la place au plus simple magister, et très rarement à celui de maior magister20, il ne faut pas oublier que la plus haute autorité du Temple n’avait pas choisi un titre ecclésiastique, tel abbé ou prieur, mais un titre laïque, militaire, de chef d’armée. Cette volonté est corroborée par l’utilisation de la règle de saint Benoît dans la règle du Temple : chaque fois que la règle bénédictine emploie le mot « abbé », la règle du Temple adopte le mot « maître ». Les deux titres ont la même valeur, mais ils ne sont pas interchangeables. D’après une lecture rapide des règles des Hospitaliers ainsi que des Teutoniques, on peut déduire que le Temple a été le seul à utiliser le titre de magister militiae. Toutefois, le titre de magister est la dénomination courante pour le supérieur de l’ordre des Hospitaliers (« sacre domus magister », « magister Hospitalis »)21 et des Teutoniques (« magister ordinis »)22. Cependant, il est évident que dans la règle de l’Hôpital, il n’y a pas de construction théologique visant à placer le maître au sommet de la hiérarchie et le mot même de magister est parfois substitué ou traduit en ancien français par le mot prior. On sait bien que, à l’origine, la règle de l’Hôpital n’était pas la règle d’un ordre militaire et que la militarisation de cet ordre a été postérieure à celle du Temple, alors que la règle des Teutoniques, issue pour l’aspect hospitalier de la règle de l’Hôpital, a reçu en 1198 la règle du Temple comme modèle pour le versant militaire. Ainsi, on peut 19 R. de Torigny, Chronique et opuscules religieux, t.  I, p.  176  ; et par exemple, A. d’Albon Cartulaire général de l’Ordre du Temple, nos 16, 30, 59. Ces documents sont repris par h. Leroy, Hugues de Payns. 20 S. Cerrini, Une expérience neuve, p. 56 : le terme « maior magister » est utilisé dans le fragment en latin des actes du chapitre des Templiers qui a eu lieu «  in villa Mausonii  » pendant que le « grand-maître » se trouvait «in his Italiae partibus » (Munich, Bayerische Staatsbibliothek, Clm 2649, fo 32vº). J’avais fait l’hypothèse que ce titre devait se référer au maître Arnaud de Torroja qui meurt à Vérone à la in de l’année 1184. C’est une mention importante car elle provient d’une source templière. J. Burgtorf, he Central Convent of Hospitallers and Templars, p. 182 et n. 22-23, ajoute un autre document espagnol, daté de 1182, qui se réfère à Arnaud de Torroja avec ce même titre de «  maior magister  ». La rareté de cette mention permet ainsi d’identiier le maître dont parlent les actes du chapitre et de dater le chapitre avant 1184. 21 G. Lagleder, Die Ordensregeln der Johanniter/Malteser, p.  168. Sur l’histoire de la règle des Hospitaliers, en dernier lieu  : A. Luttrell, «  Préface  », dans A. Calvet, Les Légendes de l’Hopital de Saint-Jean de Jérusalem, pp. 5-7 ; et K. Klement, « Le prime tre redazioni della regola giovannita », pp. 233-259. 22 M. Perlbach, Die Statuten des Deutschen Ordens, p. 45. Pour la règle des Teutoniques, voir H.  Houben, «  Regole, statuti e consuetudini dell’ordine teutonico  »  ; et pour une mise à jour récente : K. Toomaspoeg, « Sainte-Marie des Teutoniques ».

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vériier que la présence du mot magister est bien attestée dans la règle du « sacre ordo milicie […] domus heutonicorum sancte Marie in Ierusalem », même si la rédaction de ce texte est coniée à un clerc qui ne manque pas de souligner la primauté spirituelle des chapelains de l’ordre23. Bien diférente, la règle du Temple insiste sur le caractère laïque de l’ordre, dont le magister est le seul dépositaire. Comme j’ai déjà eu l’occasion de le remarquer, dans le monde monastique, le titre de magister n’était pourtant pas inconnu24. Les Cisterciens, en particulier, l’employaient surtout pour désigner la personne qui avait la responsabilité d’une communauté spéciique, comme par exemple le « magister conversorum » ou le «  magister inirmantium  ». Pour bien atteindre le sens du mot magister dans la règle du Temple, il ne faut pas oublier que le Christ est Le Maître par excellence. La règle crée un parallèle entre le magister et le Christ25. Ainsi, par le principe de l’imitatio Christi, les frères doivent suivre les enseignements du Maître, Jésus-Christ, c’est-à-dire les Domini praecepta  : «  dominicis preceptis eruditi et irmati  » (vl, i, 3)  ; «  Domini precepta libenter audire  » (vl, xl, 2)  ; « Cum autem frater fratrem liquide aliquid peccasse agnoverit, paciice et fraterna pietate iuxta Domini preceptum inter se et illum solum corripiat  » (vl, lxviii, 3)26. Par le même principe, les Templiers doivent obéir à leur maître. Le Christ est un législateur, le maître aussi : le chapitre lxxi de la règle latine précise que « Omnia superiora precepta et quecumque in hac scripta sunt regula, in voluntate et proposito magistri erunt », texte traduit en français dans le chapitre lvi par « Tos les comandemens qui sont dis et escrit dessus en ceste presente regle sont en la discrecion et en l’esgart dou maistre »27. Ainsi, la règle du Temple prévoit que toute la législation soit soumise à la volonté et aux décisions du maître, en lui coniant un rôle très important qui sera précisé par la bulle Omne datum optimum envoyée par le pape Innocent II au maître Robert de Craon et à tous les Templiers, le 29 mars 1139 : Porro consuetudines, ad vestre religionis et oicii observantiam, a magistro et fratribus communiter institutas, nulli ecclesiastice secularive persone infringere vel minuere sit licitum. Easdem quoque consuetudines a vobis aliquanto tempore observatas, et scripto irmatas, nonnisi ab eo qui magister est, consentiente tamen saniori parte capituli, liceat immutari28.

Dans ce texte, le pontife conie les consuetudines, c’est-à-dire les statuts du Temple, à l’autorité directe du maître et des frères, donc de l’entière communauté, alors que la règle qui a été déjà appliquée et mise par écrit peut être 23

M. Perlbach, Die Statuten des Deutschen Ordens, p. 25. S. Cerrini, La Révolution des Templiers, p. 162. 25 Sur le rapport entre la règle et le maître, voir ibid, pp. 220-221. 26 S. Cerrini, Une expérience neuve : version latine de la règle, chap. i, § 3, p. 172 ; chap. xl, § 2, p. 200 ; chap. lxviii, § 3, p. 224. 27 Ibid. : version latine de la règle, chap. lxxi, p. 226 ; version française, chap. lvi, p. 307. 28 La bulle est commentée et éditée d’après treize manuscrits dans R. Hiestand, Papsturkunden für Templer und Johanniter, pp. 67-103. 24

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modiiée seulement par le maître, avec l’accord des plus éminents membres du chapitre29. Depuis la règle, on voit que le maître a l’autorité absolue sur tous les frères30. Tous ses pouvoirs sont résumés dans le paragraphe 5 du chapitre lxv. Le maître y est représenté avec le bâton pour soutenir les faiblesses et la verge pour frapper les vices : « Ceterum magister, qui baculum et virgam manu tenere debet, baculum videlicet, quo aliorum virium imbecillitates sustentet, virgam quoque, qua vitia delinquentium zelo rectitudinis feriat… » (vl, lxv, 5)31. Le grand nombre d’occurrences du terme « maître » dans la règle fournit un autre indice de la primauté de ce rôle dans les premières décennies de la vie du Temple32. Les autres dignités du Temple Dans la règle on repère le chapelain, le commandeur de la viande, le drapier, le frère inirmier, le procureur, le bailli, les frères sergents, les écuyers : capellanus, clericus, elemosinarius, dapifer, dator pannorum, procurator, ministrator, armiger, cliens, famulus, serviens. La règle évoque aussi une catégorie spéciale : les sorores, les sœurs du Temple. L’oice du prêtre est mentionné d’une façon variée : nous avons d’abord le capellanus, soit le « chapelain », le clerc, le prêtre, l’aumônier. Cependant, en 1129, il s’agit uniquement de clercs présents pour une période déterminée : le frère chapelain avec les vœux perpétuels sera accepté dans l’ordre à partir de 1139, grâce à la bulle Omne datum optimum. Dans la règle, les occurrences de l’oice du chapelain « à temps déterminé » sont très peu nombreuses, signe de la portée limitée de ce rôle33. Dans le texte latin, le terme clericus est toujours 29

S. Cerrini, La Révolution des Templiers, p. 221. « … et nichil amplius habere presumant, nisi magister sponte caritative dederit » (vl, iii, 3) ; « Hanc autem collationem in dispositione et arbitrio magistri ponimus » (vl, xv, 3) ; « sed assensu magistri vel illius, cui creditum fuerit a magistro […]. Hoc autem in arbitrio magistri semper consistere debet » (vl, xvii, 2-3) ; « nisi cum magistri licentia » (vl, xxix, 2) ; « ut nullus presumat cambiare sua […] sine licentia magistri » (vl, xxxviii, 1) ; « ne habeantur absque magistri licentia » (vl, xl, 2)  ;«  nullatenus […] litteras liceat […] accipere vel dare sine iussu magistri vel procuratoris  »(vl, xli, 1) ; « in consideratione et providentia magistri […] pendeat » (vl, lv, 4) ; « sed quos idoneos et consilio providos magister cognoverit […] omnem congregationem, si magistro placet, convocare est competens […] quod melius et utilius magister consideraverit, illud agatur » (vl, lvi) ; « iudicio magistri totus se incumbat » (vl, lxiv, 3). Cité dans S. Cerrini, Une expérience neuve, pp. 175, 183, 185, 193, 199-201, 212, 219. 31 Cet article de la règle du Temple est développé dans l’article 34 de la règle des Teutoniques, M. Perlbach, Die Statuten des Deutschen Ordens, p. 54. 32 Voici la liste de toutes les occurrences depuis le glossaire publié dans S. Cerrini, Une expérience neuve, p. 231 : « magister », maître, dans le sens de celui qui enseigne (Prologue 17), vf « maistre » ; dans le sens de « maître de la chevalerie » du Temple (Pr. 8, Pr. 9, Pr. 20, Table des chapitres xv, xvii, xxxii, xxxvi, xxxviii, xl, iii, 3, xv, Rubrique, 3, xvi, 4, xvii, 2-3, xxix, 2, xxxi, 4, xxxii, 1-2, 4, 8, xxxiii, 4-5, xxxiv, 3, xxxvi, R, 1, xxxviii, 1, xxxix, 1-2, xl, 3, xli, 1-2-3-4, lv 3-4, lvi, 1-2-3, lxi, 8, lxiv, 1, 3, lxv, 5, lxvii, 2, [lxxi, 1]), vf « maistre » ; « magister militie » (Pr. 19), vf « maistre de la chevalerie ». Pour une vision générale de son rôle : J. Burgtorf, s. v. « Maître ». 33 Les occurrences sont publiées également dans le glossaire de S. Cerrini, Une expérience neuve, pp. 228-229, 308 : « capellanus » (vl, Table des chapitres iii, iii Rubrique, chap. ix, 4) est traduit en 30

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associé à capellanus. On retrouvera le chapelain avec ses retraits dans les statuts de l’ordre, établis à partir des chapitres généraux. Le terme dapifer garde, en soi, une valeur double, de refectuarius ou depositarius ou cellerarius dans les monastères, et de sénéchal comme oice militaire. Dans la règle, on souligne plutôt la valeur «  monastique  », bien que ce titre puisse être traduit par « sénéchal » dans plusieurs documents templiers depuis le xiie siècle34. Le « commandeur de la viande » au sens strict, est cité une seule fois dans la règle35, comme dignitaire qui peut substituer le maître dans la réception des cadeaux. Il est présent aussi dans les statuts, surtout dans la partie consacrée aux règlements à suivre en campagne, en temps de guerre, avec le titre de « commandeur de la viande36 ». L’on doit déduire que, à l’époque de la rédaction des statuts, l’ancienne igure du dapifer était désormais partagée entre le rôle majeur du sénéchal, lieutenant du maître, dont les retraits sont écrits juste après ceux du chef de la communauté templière, et le « commandeur de la viande », fonction qui est activée lors de la campagne militaire du Temple. L’article 366 des statuts (éd. Curzon) le démontre clairement : « Quant li frere sont herbergié, il doivent avoir I comandor, lequel doit estre sur les viandes ; et celui doit despartir et livrer les viandes as freres, bien et comunaument ensi come il est devisé ci après ; et celui comandour doit estre uns des viels hommes de la maison, et tel qui doute Dieu et s’arme ayme »37. Le drapier, en latin, est nommé « procurator id est dator pannorum » ou simplement « dator pannorum », et en ancien français il est appelé « drapier ». Il est cité sept fois dans la règle latine38. Dans les statuts, il y a les retraits du drapier, signe de la vitalité de cette fonction à l’intérieur de l’ordre39. Le frère qui a la charge des

français par « chapelain » ; « capellanus ad terminum », c’est-à-dire le chapelain qui restait dans l’ordre pour une période déterminée, est traduit par « les prestres qui… a vos sont a termine » ; meme chose pour le « capellanus ad tempus » (vl, ii, 1) qui est traduit par « chapelains et … clers… qui remainent par termine » (vf, iii) ; « clericus », clerc du Temple (vl, Tiii) ; par contre, l’expression « clericus ad terminum » (vl, ii, 1) est omise dans la version française ; « Elemosinarius », aumônier du Temple (Table des chapitres, Rubrique chap. xiv, et § 2) est traduit en français par « aumohnier » (vf, xvii, 2). 34 La liste la plus récente est dans J. Burgtorf, he Central Convent of Hospitallers and Templars, pp. 249-251, Table 17. 35 S. Cerrini, Une expérience neuve, p. 229 : « dapifer » (vl, xxxix, 1), traduit par « comandor de la viande » (vf, xxix, 1). 36 H. de Curzon (éd.), La règle du Temple, art. 148 (« et la tente de la viande avec son comandor ») et 150 (« et se gens dou siecle ou freres qui ne soient herbergé en l’erberge lor envoient presens de viandes, il les doivent envoier au Comandeor de la viande, et nen doivent riens retenir sans congié. Et se li Comandeor lor envoie, il en puent mangier et donerla ou il voudront ; mais plus bele chose est que li Comandeor la lor rende, que il la retenist »). Ce dernier article constitue une sorte de commentaire de l’article 39 de la règle latine. Voir encore les art. 151-152, 185, 366, 368-369 et 372-374. 37 Ibid., art. 366, pp. 206-207. 38 S. Cerrini, Une expérience neuve, pp. 229, 233, 311 : procurator « id est dator pannorum » (vl, xix, 10, xxiii, 1, xxvi, 1) est traduit par « drapier » (vf, vi, 12, viii, 7), alors que « dator pannorum » (vl, Table des chapitres xxvi, xxiii, 1, xxv, 2, xxvi Rubrique) est omis dans la version française. 39 Pour une vision rapide du rôle du drapier dans les ordres militaires : J. Burgtorf, s. v. « Drapier ».

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malades, c’est-à-dire le frère inirmier40, est une autre fonction qui est reconnue aussi dans les statuts. Dans la règle, le terme procurator désigne un oicier dont la charge est spéciiée dans le contexte. Cependant, pour le sens général du terme, le traducteur de la règle latine introduit le titre de comandor41. Ce titre est destiné par la suite à avoir un grand succès, comme le montre le grand nombre de dignitaires du Temple pour qui il est employé. Une dernière mention pour le mot ministrator, titre utilisé une seule fois dans la règle latine et qui est traduit par deux termes, « commandeur » ou « bailli », considérés comme synonymes42. Selon la règle et les statuts du Temple, tous les membres de la communauté, à l’exception naturellement des sorores, sont appelés « frères », jamais « moines ». Le titre de «  moines  » leur est parfois attribué par des autorités religieuses externes au Temple. Parmi les frères, il faut distinguer entre les frères chevaliers et les autres, qu’ils soient combattant ou pas. Cependant, la règle latine semble identiier les frères du Temple avec les frères chevaliers, les seuls autorisés à porter le manteau blanc. La règle a tendance à dénommer les autres frères, c’està-dire les frères sergents ou les écuyers ou les hommes d’armes qui prêtaient leur service au Temple pour une période déterminée, par les mots serviens, cliens, famulus, armiger, traduits en ancien français par les mots sergant/serjant/ sergent ou escuier43. Les sorores mentionnées dans la règle latine et dans sa version française sont une trace d’une tentative des Templiers de formuler une voie parallèle de sainteté pour la femme44. Mais la règle témoigne de leur échec, bien que la vie pratique de l’ordre nous dise autre chose45. 40

S. Cerrini, Une expérience neuve, pp.  233, 310  : «  procurator inirmantium  » (vl, l 1), « enfermier » (vf, xlv, 4). 41 Ibid., pp.  233, 310  : «  procurator  » (vl, Tables des chapitres l, xxxiii, 5, xl, 3, xli, 1, 4), « comandor » (vf, iii, 8, xxviii, 3, 4, 5, xxix, 4). 42 Ibid., pp. 232, 309 : « ministrator » (vl, xxxix, 3), « bailli » (vf, xxix, 4). 43 Ibid., pp. 228, 230, 234, 311, 313 : « armiger ». D’après le contexte, ce mot semble désigner l’écuyer, frère du Temple qui est au service d’un chevalier. Ce mot est souvent associé à celui de cliens, de famulus ou de serviens. Ce mot est traduit par « escuier ». Dans la règle latine, le mot « cliens » désigne le frère du Temple armé qui n’est pas un chevalier adoubé et qui est souvent associé avec armiger. Il est traduit par les mots sergant, serjant, sergent ou escuier. Le cliens remanens semble désigner le frère profès du Temple avec des obligations militaires, et il est traduit par escuier. Le cliens ad terminum est un homme d’armes qui prête son service au Temple pour une période déterminée, et il est traduit par sergan ou escuier. Le famulus est quelqu’un qui prête service au Temple, probablement un service militaire, comme le sergent, frère du Temple armé, qui cependant n’est pas chevalier, et que l’on traduit par sergent. Le titre de serviens devrait indiquer un frère sergent; il semble être un synonyme pour cliens, et il est traduit par serjan. Sur le sergent d’armes dans les ordres militaires, voir A. Demurger, « Sergents d’armes ». 44 S. Cerrini, Une expérience neuve : « Ut amplius sorores non coadunent. Sorores quidem amplius periculosum est coadunare, quia antiquus hostis femineo consortio complures expulit a recto tramite paradisi. Ideoque fratres carissimi, ut integritatis los inter vos semper appareat, hac consuetudine amodo uti non liceat » / « Des serors. Perillouze choze est conpaignie de feme, car le diable ancien par conpaignie de feme a degeté plusors dou droit sentier de paradis. Dames por serors de ci en avant ne soient receües en la maison dou Temple ; por ices, trés chers freres, de ci en avant ne covient acostumer ceste uzance, que lor de chasteté aparisse tos tens entre  » (vl p. 210 ≈ vf p. 305). 45 S. Cerrini, La Révolution des Templiers, pp. 204-207 et n. 21, ainsi que la bibliographie citée dans l’ouvrage. Il faut y ajouter : H. J. Nicholson, s. v. « Sœur » ; Ch.Vogel, Das Recht der Templer,

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LES RANGS ET LES FONCTIONS DES TEMPLIERS D’APRèS LES RETRAITS ET LES AUTRES STATUTS

Les retraits : une invention templière ? Dans les manuscrits en ancien français, après les articles composant la règle et la liste des fêtes et des jeûnes que les Templiers doivent observer, une rubrique indique : « Ci commencent les retrais et les établissements de la maison dou Temple46 ». À l’entrée « Retrait » dans le Dictionnaire européen des ordres militaires au Moyen Âge, Alain Demurger pose la question suivante : « Doit-on, comme les historiens ont l’habitude de le faire, considérer ces deux termes comme synonymes et tenir les retrais du Temple pour l’équivalent des établissements d’autres ordres comme l’Hôpital47  ?  ». À la suite de ses réflexions, je pense qu’il faut changer les mauvaises habitudes et, dorénavant, utiliser le mot « retraits » seulement pour désigner les statuts hiérarchiques et le mot « statuts », plus générique, pour les autres délibérations du chapitre ou pour dénommer l’ensemble des règlements émanant des chapitres généraux de l’ordre, remaniés ou pas. En effet, il me semble que le critère adopté dans l’assemblage de la législation du Temple est bien celui de l’autorité qui a promulgué les règlements. Ainsi, la règle du Temple reste à part car elle a été promulguée par une autorité différente, c’est-àdire par un concile provincial. On a vu plus haut que le dernier chapitre de la règle du Temple (paru dans un ensemble de manuscrits qui a laissé une version « augmentée » en latin et en ancien français, vl, lxxi et vf, lvi) se termine avec l’attribution au maître de l’autorité sur la règle établie au cours du concile de Troyes. Mais il faut séparer aussi les deux articles qui suivent la règle et qui gardent une liste des fêtes et des jeûnes que les Templiers doivent observer « selonc les comandamens dou pape Innocent par le concile que fu fais en la cité de Pise », c’est-à-dire les prescriptions du pape Innocent II lors du concile de Pise de 113548. L’autonomie partielle de ces deux textes, la règle et la liste, est confirmée par la tradition manuscrite qui est bilingue, en latin et en ancien français, mais qui n’a pas été conservée par les mêmes témoins. Pour ce qui est de la règle du Temple, on connaît sept pp. 184-185 ; F. Tommasi, « Men and Women of the Hospitaller, Templar and Teutonic Orders », pp. 71-88 ; et Id., « Il monastero femminile di San Bevignate », pp. 53-78. 46 H. de Curzon (éd.), La règle du Temple, art. 75. 47 A. Demurger, s. v. « Retrait ». Voir aussi : Id., s. v. « Chapelain » ; D. Carraz, s. v. « Clergé » ; Ph. Josserand, s. v. « Commandeur » ; J. Burgtorf, s. v. « Maréchal » ; A. Demurger, s. v. « Sergents d’armes  »  ; J. Sarnowsky, s.  v.  «  Trésorier  »  ; J. Richard, s.  v.  «  Turcoples  »  ; J.  Burgtorf, s. v. « Turcoplier ». Le thème des dignitaires de l’ordre du Temple a été traité par A. Demurger, Les Templiers, pp. 120-162 ; Id., Chevaliers du Christ, pp. 83-87 et 96-130 ; A. J. Forey, « Rank and authority in the Military Orders » ; J. Burgtorf, he Central Convent of Hospitallers and Templars ; Ch.Vogel, Das Recht der Templer ; D. Carraz, L’ordre du Temple dans la basse vallée du Rhône, pp. 307-324 ; et F. Cygler, « Pour une approche comparée des normes ». 48 H. de Curzon (éd.), La règle du Temple, art. 74.

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manuscrits latins et quatre manuscrits en ancien français, dont un perdu en 198549  ; et, pour la liste, j’ai pu retrouver et décrire sept manuscrits, trois latins et quatre en langue d’oïl, contenant les chapitres 74-76 de l’édition d’Henri de Curzon50. La tradition manuscrite des statuts hiérarchiques du Temple, c’est-à-dire des « retrais » (articles 77-197 de l’édition Curzon), est confiée à cinq manuscrits, tous en langue romane51, bien que la mention de « retrais » ou de « retragia » puisse se trouver même dans les autres statuts des Templiers ou dans des chartes qui les concernent. De toute manière, jusqu’à maintenant, je n’ai pas trouvé cet emploi juridique du mot au-delà du monde templier. Est-on en présence d’un usage du mot inventé par les Templiers ? Mais quel est-il le véritable sens de ce terme ? 49 S. Cerrini, «  La tradition manuscrite de la Règle du Temple  »  ; et Ead., Une expérience neuve, pp. 32-150, où je donne la recensio, la description des manuscrits avec leur bibliographie et le stemma codicum. Les manuscrits de la règle du Temple sont : Bruges, Stedelijke Openbare Bibliotheek, ms. 131 ; Londres, British Library, Cotton, Cleopatra B. III. 3 ; Munich, Bayerische Staatsbibliothek, Clm 2649 ; Nîmes, Bibl. Municipale, ms. 37 ; Paris, Bibliothèque nationale de France, lat. 15045 ; Prague, Národní knihovna, XXIII. G. 66 ; Paris, Bibliothèque nationale de France, fr. 1977 ; Rome, Accademia dei Lincei, Cod. 44. A. 14 ; Baltimore, Walters Art Gallery, W. 132  ; et Dijon, Archives départementales de la Côte-d’Or, 1 F 149 (ancienne cote H 111), qui a disparu en 1985. Heureusement, pour la nouvelle édition critique de la règle du Temple à paraître chez Brepols, José Eugenio Domínguez et James McGrath m’ont communiqué l’existence d’un nouveau manuscrit, Edimburgh, National Library of Scotland, ms. 32.6.9, que j’ai signalé dans S. Cerrini, L’Apocalisse dei templari, pp. 166 et 183 et qui est en partie reproduit dans S. Cerrini, « L’économie idéale des Pauvres chevaliers du Christ et du Temple de Salomon », dans A. Baudin, G. Brunel et N. Dohrmann (éd.), L’économie templière en Occident, pp. 39-43. De plus, grâce au Conservateur en chef des Archives départementales de la Côte-d’Or, Gérard Moyse, pour le manuscrit perdu de Dijon, j’ai pu utiliser un fac-similé en parchemin réalisé à partir du microilm coté 2 Mi 271 (« Secretum Templi». Regla primitiva del Temple, éd. de C. Alvar Ezquerra). L’existence d’un microilm du codex de Dijon, que j’avais cherché à l’époque sans résultat, a été découverte par G. Amatuccio, Il corpus normativo templare. Son édition de la règle et des statuts du Temple a aussi le mérite de faire connaître le texte des statuts du manuscrit de Baltimore, qui a été collationné, et de permettre une vue d’ensemble de plusieurs textes normatifs du Temple. Cependant, son introduction philologique, son status quaestionis et son commentaire historique sont faibles et lacunaires. Le manuscrit de Barcelone, Arxiu de la Corona d’Aragó, Codices Varia IX (olim cartas reales 3344) qui contient seulement les statuts du Temple, sans la règle, est publié dans J. Upton-Ward, he Catalan rule of the Templars. Jusqu’à maintenant, il existe quinze mentions de manuscrits de la règle ou des statuts du Temple perdus, S. Cerrini, Une expérience neuve, pp. 314-328 (avec 14 mentions) et une quinzième ajoutée par K. V. Sinclair, « La traduction française de la Règle du Temple ». 50 Les sept manuscrits sont  : Baltimore, Walters Art Gallery, W. 132  ; Dijon, Archives départementales de la Côte-d’Or, 1 F 149 (ancienne cote H 111), manuscrit perdu  ; Munich, Bayerische Staatsbibliothek, Clm 2649 ; Paris, Bibliothèque nationale de France, fr. 1977 ; Paris, Bibliothèque nationale de France, lat. 10478 ; Rome, Accademia dei Lincei, Cod. 44. A. 14 ; Città del Vaticano, Biblioteca apostolica vaticana, Barb. Lat 659, voir S. Cerrini, Une expérience neuve, pp. 328-336 ; Ead., La Révolution des Templiers, pp. 28-29, 155-156 et surtout 251-258 (avec une table de concordance de la liste des fêtes et des jeûnes d’après tous les manuscrits subsistants). 51 Il s’agit des manuscrits français de Paris, Rome, Dijon et Baltimore, auxquels il faut ajouter une partie du manuscrit de Barcelone, G. Amatuccio, Il corpus normativo templare, table de concordance, pp. 423-432, section III, et H. de Curzon (éd.), La règle du Temple, art. 77-197.

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Pour avoir un cadre complet du champ sémantique du mot retrait, il me semble utile d’examiner toutes les occurrences, dans la règle et les statuts du Temple, du terme « retrait » (pl. « retrais ») ou du verbe « retraire ». Dans la règle, il y a un seul cas à citer : il s’agit du verbe « retraire », utilisé dans le sens de « se retirer », « s’éloigner »52. Il est présent aussi dans les statuts du Temple, mais je ne vais pas le prendre en compte. Dans l’ensemble des statuts du Temple53, on arrive à quatorze occurrences du nom « retrait » dans la section des retraits (Curzon, art. 77-197) ; deux occurrences dans la section des pénalités (Curzon, art. 224-267) ; une occurrence dans les retraits du chapelain (Curzon, art. 268-278) ; une occurrence dans la section de la vie conventuelle (Curzon, art. 279-543) ; trois occurrences dans les exemples (Curzon, art. 544-642), plus une dans la règle de Barcelone54. La dernière section, ainsi que celles de la justice (Curzon, art. 643-656) ou de la réception dans l’ordre (Curzon, art. 657-686) ne présentent pas ce mot. Dans deux cas, les retraits sont cités à côté d’autres déinitions qui nous permettent d’identiier dans le corpus législatif du Temple trois éléments : la règle, les retraits et les établissements du Temple (« Ci comencent les retrais et les establissemens de la maison dou Temple », Curzon art. 77 ; « Nul frere ne doit tenir retrais ne regle », Curzon, art. 326). Une autre source, tirée des actes des procès, mentionne deux livres provenant de la maison de Montpellier : « in quibus, ut dixit, erant scripta statuta vel retragia ac iustitiae ordinis Templi55 », où l’on assimile les statuts avec les retraits et on les fait suivre par les pénalités. Il s’est avéré intéressant de vériier l’usage du verbe «  retraire  » dans l’ensemble des statuts56. Les verbes qui sont utilisés à côté du verbe «  retraire  », 52

«  … que l’envious ennemi ne lor mete en corage d’iaus repentir, ne retraire de lor bon proposement  »  / «  … ne forte veternus hostis in Dei servitio aliquid furtive vel indecenter eis intimet, aut a bono proposito repente exterminet » (vf 50 ≈ vl 58). On peut voir que le traducteur ne comprend pas l’adverbe latin « repente », « aussitôt », et le transforme avec le verbe « se répentir » pour compléter la traduction du verbe latin « exterminare », « s’éloigner », qui est donc traduit par deux verbes « de iaus repentir, ne retraire de lor bon proposement ». 53 Je remercie Barbara Frale qui m’a permis d’utiliser sa transcription sur ichier électronique de l’édition de la règle de Curzon. À propos du sens du mot « retrais », Barbara Frale suggère le sens de « extraits », articles « tirés » à part, sélectionnés à partir de l’ensemble des délibérations du chapitre. 54 J. Upton-Ward, he Catalan rule of the Templars, p. 134. 55 Texte cité dans S. Cerrini, Une expérience neuve, p.  323. Voir aussi A. Demurger, s. v. « Retrait ». 56 H. de Curzon (éd.), La règle du Temple : section des Retrais, art. 78-197, art. 177 (« et leur doit les establissements de la maison retraire ») ; section sur l’élection du maître, art. 198-223, art. 223 (« De toutes les choses qui ont estés dites et retraites entre les freres esliseors doit estre tenue silence, a celer come chapistre, quar grant escandre et grant haine en porroit sordre, qui soufreroit a retraire les paroles qui entre les freres ont estées dites et retraites ») ; section de la vie conventuelle, art. 279-384, art. 345 (« nule autre avenie les freres ne doivent faire fors ensi come il est retrait ») ; art. 348 (« li frere doivent faire ausi come il est dessus retrait ») ; art. 349 (« ensi come sera retrait ci après ») ; art. 359 (« Et tout le servise que l’on fait en cel mostier que nos avons ci retrait ») ; Tenue des chapitres ordinaires, art. 386-543, art. 390 (« Après que le frere aura retrait tout ce de quoi il cuidera avoir failli… Après, quant le frere est hors dou chapistre, celui qui tient cel leuc doit retrait la faute del frere devant tout le chapistre, et se doit prendre garde que il ne change riens; et quant il lor aura retrait ensi come le frere aura confessé ») ; art. 391 (« et li doit mostrer la faute, et retrait

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comme des synonymes avec des nuances, sont : « dire », « mostrer », « raconter », « aprendre ». Qu’est-ce qu’on « retrait » ? Les « établissements », « les usances de la maison  », «  les choses qui ont été dites  », «  les paroles  », «  le service  » religieux, « la faute », « le resgart » des frères. Qui peut « retraire » ? C’est toujours quelqu’un qui a l’autorité pour le faire : les frères du Temple en qualité de témoins qui relatent une faute ou un événement ; les frères électeurs qui doivent garder le silence sur ce qui a été dit et retrait57 (établi, débattu, traité, examiné) pendant l’élection du nouveau maître et ne peuvent pas le « retraire » (référer, reporter, raconter) à l’extérieur  ; le rédacteur des statuts qui tire son autorité des retraits ou qui désigne par ce verbe son activité (« comme il est retrait plus haut ») ou qui cite comme témoins les prudhommes de la maison qui lui ont « retrait » un épisode délicat dans l’histoire du Temple qui faisait autorité ; le maître, celui qui peut se substituer à ce dernier ou le commandeur qui « retrait » (communique oiciellement) « l’esgart » (le jugement, la sentence) du chapitre au frère coupable ; et inalement le maître qui, à la in du chapitre, « doit mostrer as freres et aprendre coment il doivent vivre ; et lor doit aprendre et retraire les establissemens, une partie, et des usances de la maison  » (Curzon, art.  532). Cette dernière airmation renvoie au rôle essentiel du maître dans la structure du Temple : c’est lui qui a le droit et le devoir d’enseigner aux frères l’idéal du Temple, par la règle (« coment il doivent vivre ») et par la communication pondérée d’une série d’actes58, de décisions prises lors des chapitres et d’usages de la maison. En ce sens, le maître ajoute au rôle du législateur celui de médiateur, de magister, qui opère grâce à sa parole. come ele est grant… et li doit retraire l’esgart des freres ») ; art. 397 (« et li doit retraire la faute ») ; art. 400 (« et li doit retraire la chose ou la faute ensi come ele aura esté dite ou faite ») ; art. 405 (« le comandor doit raconter la cose ou la faute de quoi il auront crié merci et seront ataint, ensi come ele aura esté retraite devant lui ») ; art. 406 (« tantost come il lor aura retrait le resgart des freres ») ; art. 448 (« ensi come il a esté retrait dessus ») ; art. 467 (« toutes les choses qui ont esté retraites por quoi frere puet perdre l’abit ») ; art. 482 (« ensi come il est desus retrait ») ; art. 513 (« le Maistre ou celui qui tient cel luec doit dire a cel frere, quant il aura retrait l’esgart des freres, que il preigne la descipline ») ; art. 523 (« tantost come celui qui tient le chapistre li aura retrait l’esgart des freres ») ; art. 532 (« le Maistres ou cil qui tient le chapistre, devant qu’i le departe, il doit mostrer as freres et aprendre coment il doivent vivre ; et lor doit aprendre et retraire les establissemens, une partie, et des usances de la maison ») ; art. 536 (« l’esgart des freres lor ait esté retrait ») ; art. 543 (« En quel maniere les prieres des chapistres se doivent faire et en quel manier les freres doivent estre tant come les proieres se font, et quant se doivent agenoillier et faire avenies et quant non, il a bien esté retrait dessus ») ; section avec nouveaux détails sur les pénalités, exemples, art. 544-656, art. 549 (« Et ces choses oy-je retrait as prodomes qui furent en celui tens ») ; art. 550 (« Mais se une faille est regardée en un chapistre, il la puet bien retraire, mais que il ne nome nul frere ; […] mais se li frere estoit mors ou avoit perdu la maison, il le porroit bien retraire et nomer sans avoir damaige. Et aussi quant li bailli se font par chapistre, il ne le doivent pas retraire ne raconter au quel s’acorde li uns ni a quel li autres »). 57 Le couple de verbes « dire et retraire » se trouve aussi dans une pièce lyrique de Guiraut de Bornelh, « Cum ia dis ni retrais », Gedichte der Troubadors, éd. C. Mahn, p. 143 (d’après le ms. 7226, n° 885, « De chantar ab deport »). 58 Glossarium latino germanicum, éd. de Ch. du Cange, G. Henschel et L. Diefenbach, t. VII, p. 288 : « retractum », copie ou communication d’un acte.

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Le retrait est aussi une délibération à laquelle les Templiers arrivent dans le secret du chapitre ou des leurs assemblées, après une rélexion commune. Cet article (Curzon, art. 326) nous l’explique clairement : Nul frere ne doit tenir retrais ne regle, se ne les tiens par le congié dou couvent  ; quar par le couvent ont esté desfendus et furent desfendus a tenir as freres, por ce que les escuiers les troverent aucune fois et les lisoient, et nos establissemens si descovroient as gens dou siecle, laquel chose peust estre damages de nostre relegion. Et por ce que tel chose ne peust avenir, le couvent establit que nus frere ne les tenist, nul frere se il ne fust bailli, tel qui le peust tenir por l’oice de la baillie.

Il s’agit du noyau de la tradition de l’esprit du Temple. Ce sont les retraits et l’action de retraire qui véhiculent la mémoire oicielle du Temple. Les dignités évoquées par les retraits et les autres statuts du Temple Si nous revenons au cas spéciique de «  retrais  » dans le sens de statuts hiérarchiques, nous voyons apparaître quatorze dignités dans la section nommée des « retrais » et, bien plus loin, le rang du frère chapelain avec ses retraits. Pourquoi cette séparation entre les dignitaires laïques du Temple et le chapelain ? D’une part, car la igure du chapelain est entrée dans le Temple seulement en 1139, d’autre part car les retraits du chapelain sont insérés dans la section des pénalités, le champ d’action du chapelain, car c’est lui qui doit confesser les frères. Dans les « Retrais des frères chapelains », qui se trouvent aux articles 268-271 de l’édition de Curzon, on parle du pape (« l’apôtre ») qui donna aux Templiers « les frères chapelains ». Comme c’est le cas de tous les dignitaires du Temple, même le frère chapelain est souvent nommé dans les autres statuts de l’ordre. D’après tous les articles qui le concernent, nous savons que la igure du chapelain est toujours présente avec le maître. Il est le seul qui peut s’asseoir à ses côtés. Lors de l’élection du nouveau maître, le chapelain prend la place du Christ à côté des douze apôtres, qui sont les frères électeurs. Cependant, quand il y a le maître, c’est lui qui a la place du Christ, comme il arrive par exemple lors de la liturgie du Jeudi saint, quand le Christ lave les pieds à ses disciples. À cette occasion, c’est le maître et non le prêtre qui assure le rôle du Christ et qui lave les pieds de treize pauvres. L’interdiction qui est faite au chapelain de porter le blanc manteau, présente dans la règle et aussi dans les statuts de l’ordre, montre clairement que la hiérarchie du Temple prévoit qu’un laïque doit être à la tête de l’ordre et jamais un clerc. Ce choix est une caractéristique importante de l’ordre du Temple, qui s’est toujours montré à contre-courant de la cléricalisation des ordres monastiques. L’attitude des autres ordres militaires vis-à-vis des chapelains a été bien moins nette. D’ailleurs, selon la Chronique d’Ernoul, le Temple naît du refus d’obéir à un prêtre et de la décision d’élire un maître : « Nous obéissons à un prêtre,

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ainsi nous ne combattons mie. Prenons conseil, et élisons maître un parmi nous qui, avec la permission de notre prieur, nous conduise en bataille, quand il sera nécessaire59 ». Au-delà de ces quinze retraits, on a vu plus haut que des articles concernent le « Commandeur de la viande » : il s’agit cependant d’une fonction temporaire. On peut proposer que les rubriques « Des freres sergens comandeors des maisons  » (Curzon, art.  180) et «  Des freres kasaliers  » (Curzon, art.  181) soient aussi à considérer comme des retraits, à cause de leur contenu. Pour déterminer la hiérarchie des diférentes dignités de l’ordre, il suit de relever le nombre et la qualité des chevaux qui sont attribués à chaque frère : le cheval devient la mesure du pouvoir à l’intérieur du Temple60. Parmi les frères sergents, on attribue le deuxième cheval à cinq fonctionnaires, dont « le frere Quec dou couvent », « le Ferreor dou couvent  » et «  le Comandeor de la vote de la mer d’Acre  ». Il y a aussi les «  châtelains  ». En plus, le mot «  commandeur  » vient peu à peu à désigner l’oicier par excellence et les statuts permettent de retracer plusieurs charges spéciiques, dont une, celle du « caravanier », nous renvoie directement à l’Orient61. On obtient ainsi trente-cinq fonctions oicielles environ, dont la majeure partie est absente dans la règle originaire. La liste fournie en annexes (pp.  185-187) sert uniquement à donner l’idée de la richesse inépuisable que constitue l’ensemble de la règle et des statuts du Temple62. La règle et les statuts du Temple ont démontré encore une fois qu’ils constituent un extraordinaire champ de recherche. Cette investigation nous a révélé que le Temple a une structure hiérarchique avec une tête bien solide, qui est constituée par le binôme Christ/Maître, et un corps en mouvement, qui s’accroît et qui se développe selon les époques. Les pièces du procès nous signalent que ce mouvement ne s’arrêtera jamais  : le Temple inventera d’autres dignitaires, mais en même temps il ne mettra jamais en question la primauté du maître. Cette primauté est airmée même dans le rapport dialectique entre le maître et le chapelain, au point que la législation templière interdit aux chapelains le port du blanc manteau, qui est réservé aux frères chevaliers. La hiérarchie renversée laïque/clerc, qui est déjà airmée à la naissance du Temple, manifeste encore une fois que les « Pauvres chevaliers du Christ et du Temple de Salomon » constituent un ordre religieux-militaire avec des caractères et des valeurs spéciiques, où l’élément laïque joue un rôle primordial. 59 Chronique d’Ernoul et de Bernard le trésorier, éd. de L. de Mas-Latrie, pp. 7-9. Le texte est traduit et commenté dans S. Cerrini, La Révolution des Templiers, pp. 88-89. 60 Ead., « I templari, la regola e il cavallo sacriicato », pp. 95-100. 61 Dans les statuts du Temple, le mot « commandeur » est en concurrence avec ceux de « bailli » et de « visiteur ». La fonction du caravanier est traitée par L. Minervini, « Les emprunts arabes et grecs dans le lexique français d’Orient », pp. 119-120, et aussi par S. Cerrini, « I templari, la regola e il cavallo sacriicato », pp. 91-92. 62 Dans la liste des retraits, le numéro après la parenthèse se réfère au premier article des retraits ; dans la liste des autres dignitaires, le numéro se réfère à la première occurrence du titre.

rangs et dignités dans l’ordre du temple Annexe

TABLEAUX RÉCAPITULATIFS DES RETRAITS

Retrais (Curzon, art. 77-197) Nº

Référence

Texte

1

Curzon, 77

Ci comencent les retrais et les establissemens de la maison dou Temple. [Retrais dou Maistre]

2

Curzon, 99

Retrais do Seneschau

3

Curzon, 101

Ci comencent les retrais dou Mareschau dou couvent del Temple

4

Curzon, 110

Ci comencent les retrais dou Comandeor de la terre de Jerusalem et dou Royaume (il est aussi « trésorier »)

5

Curzon, 120

Ci comencent les retrais dou Comandor de la cité de Jerusalem

6

Curzon, 125

Ci comencent les retrais des Comandeors de la terre de Triple et d’Antioche

7

Curzon, 130

Ci comencent les retrais do Drapier

8

Curzon, 132

Ici comencent les retrais des freres chevaliers Comandeors des maisons

9

Curzon, 137

Ici comence le retrait dou Comandor des chevaliers

10

Curzon, 138

Ici comencent les retrais des freres chevaliers et des freres sergens dou covent

11

Curzon, 169

Ci comencent les retrais dou Turcoplier

12

Curzon, 173

Ici comencent les retrais dou Sousmareschau

13

Curzon, 177

Ci comencent les retrais dou Confanonier

14

Curzon, 190

Les retrais dou frere enfermier

Pénalités (Curzon, art. 221-278) Nº

Référence

15

Curzon, 268

Texte Ces sont les retrais des freres chapelains

185

186

simonetta cerrini

TABLEAUX RÉCAPITULATIFS DES AUTRES OFFICIERS

Retrais (Curzon, art. 77-197) Nº

Référence

Texte

1

Curzon, 87

Comandeour d’Acre

2

Curzon, 87

Comandeour de France et d’Engleterre

3

Curzon, 87

Comandeour de Peito (Poitou)

4

Curzon, 87

Comandeour d’Aragon

5

Curzon, 87

Comandeour de Portegal

6

Curzon, 87

Comandeour de Puille

7

Curzon, 87

Comandeour de Hongrie

8

Curzon, 119

Comandeor de la vote de la mer d’Acre

9

Curzon, 143

Le frere Quec dou couvent

10

Curzon, 143

Le Ferreor dou couvent

11

Curzon, 148

Comandor de la viande

12

Curzon, 180

Des freres sergens comandeors des maisons

13

Curzon, 181

Des freres kasaliers

Vie conventuelle (Curzon, art. 279-384) Nº

Référence

14

Curzon, 135

Texte Comandour dou palais ou Comandeor de la maison

Tenue des chapitres ordinaires (Curzon, art. 386-543) Nº

Référence

Texte

15

Curzon, 382

Comandor de la maison ou dou chastel

16

Curzon, 399

Le « Comandour » « qui tient le chapistre »

rangs et dignités dans l’ordre du temple

Nouveaux détails sur les pénalités — Exemples (Curzon, art. 544-656) Nº

Référence

Texte

17

Curzon, 582

Comandeor d’Espaigne

18

Curzon, 591

Comandour de la boverie

19

Curzon, 604

Quarravanier/ caravaner/ quaravaner

20

Curzon, 633

Li chastelains des chastiaux

187

EN TORNO A LOS CRITERIOS DE DISTINCIÓN INTERNA EN LA ORDEN DE CALATRAVA

Luis Rafael Villegas Diaz Universidad de Granada

El tema que encabeza estas páginas no es fácil. Tal vez lo acepté demasiado ligeramente sin tener ahora la posibilidad de cambiarlo. No pensé muy bien, en un primer momento, las implicaciones que conllevaría, si bien, cuando fui consciente de ello, me propuse su tratamiento como un reto, del que no sé muy bien si he salido suicientemente airoso. Me temo que escasamente. Viene esto a cuento por la polisemia que encierra el vocablo distinción, al menos en español, aunque supongo que de modo parecido, si no igual, ocurrirá en otras lenguas, al menos en las derivadas del latín. Entre los múltiples signiicados, puede remitir a la acción y efecto de distinguir o distinguirse y, en consecuencia, habría que abordar el tema desde la doble óptica de qué criterios adoptó la institución calatrava para diferenciarse del contexto social en que se hallaba inmersa, así como también de qué posibles diferencias internas hizo uso. Se trataría de ofrecer una radiografía, en cierta medida estática, de los rasgos externos que pudo presentar en este terreno la institución y que en parte perdurarían a lo largo del tiempo. Pero puede signiicar también — y va en cierto modo implícito en lo antes dicho — la prerrogativa, excepción y honor concedido a alguien en virtud de los cuales se diferencia de otros sujetos, lo que instalaría la relexión aquí ofrecida en los diversos criterios adoptados internamente por la institución para promocionar a algunos sujetos y conferirles ciertas prerrogativas y honores en el seno de la misma, debiendo hacerlo de un modo dinámico y diacrónico, pues los mencionados criterios podrían cambiar con el paso del tiempo. Y no sólo los inherentes a los cargos superiores institucionales, que siempre existirían en un colectivo jerarquizado y que se mantendrían al menos de un modo formal, sino a otros miembros para encargarles otro tipo de funciones. Si a ello añadimos que el tratamiento debe llevarse a cabo en el seno de la propia institución, la cosa se complica bastante más. Porque tal vez deberíamos comenzar a distinguir lo que podrían ser criterios estructurales de aquellos otros funcionales y, en consecuencia, coyunturales. Sin duda se trata de matices, pero que permiten enfoques diversos. Sobre ambos campos de análisis nos hallamos desigualmente informados, por lo que un tratamiento de ambos en conjunto necesariamente está abocado a un cierto fracaso, Philippe Josserand, Luís F. Oliveira et Damien Carraz (éd.), Élites et ordres militaires au Moyen Âge, Collection de la Casa de Velázquez (145), Madrid, 2015, pp. 189-199.

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especialmente en lo que se reiere a ese segundo bloque. Pero no es menos cierto que es susceptible de que sobre el mismo se planteen al menos algunos interrogantes y sugerencias, esperando también el concurso del lector en esta tarea. Además —aparte de las desigualdades de conocimiento aludidas—, nos encontramos con una información insuiciente al respecto, pues la institución calatrava no contó con una normativa precisa sobre su organización y funcionamiento en los primeros instantes de su nacimiento. Cierto que existen indicaciones en los documentos emanados del capítulo general del Císter y que las conirmaciones de las bulas papales introducen alguna precisión más. Pero prácticamente eso es todo, pues los estatutos de comienzos del siglo xiii ofrecen múltiples lagunas y hay que tomar, en mi opinión, con unas ciertas cautelas las indicaciones de las deiniciones conservadas desde comienzos del siglo xiv. Y con ciertas cautelas porque están datadas en una época en la que los cambios introducidos en el seno de la institución se habrían consolidado —o estaban en vías de hacerlo— y Morimond, de cuyo abad dependía la visita, posiblemente se vio forzado a aceptar algunas novedades, aunque no sepamos exactamente cuáles, haciendo derivar antiguos comportamientos propios de la institución1. Por eso, la inferencia automática resulta peligrosa y distorsionadora. Por todo ello —especialmente por la ausencia y carácter de las fuentes—, la exposición no puede resultar lo suicientemente sistemática, pese a seguir indagando sobre el tema. En consecuencia, será un cúmulo de relexiones en voz alta, sobre las que espero también futuras sugerencias de quienes quieran sumarse a las mismas. Y dado que he abordado la cuestión correspondiente al primer bloque en otro trabajo2, considero que en la presente ocasión puede resultar más pertinente centrarme sobre el segundo, carente aún de un tratamiento suiciente. Son tres las cuestiones implícitas en el título del presente análisis sobre las que desearía plantear algunas relexiones, tratando de ajustarme al mismo. La primera de ellas —algo retórica, pues se da por presupuesto en la formulación—, si existen distinciones entre los miembros en el seno de la orden, más allá de las obvias inherentes a las jerarquías de la institución, a la división entre conversos y freiles, y a la de clérigos y laicos entre estos últimos —pese a las brumas que aún se ciernen sobre algunas, son bien conocidas y han sido suicientemente tratadas3, por 1

Sobre tales cambios pueden verse los trabajos más recientes de Ph. Josserand, «Vientos de cambio»; L. Villegas Diaz, «Los cambios organizativos de la orden de Calatrava». Quisiera, no obstante, alertar sobre la pertinencia de esperar la edición de ese texto que cita el primero de los autores, que deberá terminar su descubridor, Luís Filipe Oliveira, para ver en qué medida se puede corroborar lo aquí expuesto y qué deberíamos añadir más. 2 L. Villegas Diaz, «El monje-soldado calatravo: imagen y gestos». Añadía en él algunas sugerencias a las ofrecidas ya tiempo antes por M. Yaguez Boza, «Imagen y signos del caballero calatravo». 3 Además del ya clásico estudio de J. O’Callaghan, «he Ailiation of the Order of Calatrava with the Order of Citeaux», cabe remitir a las síntesis ofrecidas por C. de Ayala Martínez, Las órdenes militares hispánicas en la Edad Media; y la más reciente de E. Rodriguez-Picavea Matilla, Los monjes guerreros en los reinos hispánicos. A ellas se pueden añadir, aunque referida a otra institución homologable, las páginas dedicadas a estos temas por L. Corral Val, Los monjes soldados de la orden de Alcántara en la Edad Media, que pueden resultar complementarias para el caso calatravo.

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lo que su repetición aquí tal vez aporte poco—; sino, sobre todo, si se dan otras de tipología diversa y en qué consistirían. La segunda, en íntima conexión con la anterior, si se detectan o sospechan internamente algunas distinciones que supusiesen una diferenciación mediante promoción o concesión de honores de unos miembros respecto de los otros. Finalmente, en tercer lugar, qué posibles criterios se seguirían para uno u otro caso, aunque la detección resulte difícil. De cualquier modo, las cuestiones debemos plantearlas de un modo diacrónico, pues, como cualquier otra institución, la orden de Calatrava evolucionó con el tiempo. UN INELUDIBLE ESCENARIO DE FONDO

Dado que el lector puede que no esté muy familiarizado con la referida institución, objeto aquí de estudio —aunque lo mismo sería de aplicación para quien lo estuviese—, creo que convendría registrar ciertos rasgos que, en mi opinión, deben ser tenidos en consideración. Un primer aspecto es el carácter de su nacimiento. No se trató de seguir las pautas de instituciones similares surgidas en el resto de los territorios europeos. Se pretendió, desde los inicios, integrar a ese grupo de hombres con funciones militares dentro del estamento monacal —en este caso sí es de aplicación justa la etiqueta de monjes guerreros tan utilizada dentro de la historiografía peninsular—, y concretamente dentro del Císter, lo que motivó ciertos rechazos y reticencias por parte de dicha institución. Suponía una enorme y sorprendente novedad, puesto que en nada se pretendía seguir el modelo templario —pese a lo que siguen diciendo algunos autores, dado que seguían una regla inluida por ambos modelos benedictino y canonical—, aunque se tomasen de él algunos elementos funcionales. El fenómeno es suicientemente conocido y puede parecer una obviedad4. Con ello pretendo advertir que la vigilancia cisterciense sobre la nueva institución debió resultar muy férrea en los inicios y ello sin duda imposibilitó el surgimiento de otros mecanismos de adaptación de la misma. El hecho se aprecia en ciertos rasgos de la organización de lo temporal. La adaptación, por otro lado, tiene mucho que ver con el territorio de implantación. Este tendría unos rasgos que conviene tener en consideración. En primer lugar, se trataba de una zona de frontera5, con todo lo que ello podía implicar, 4

Además de lo ya dicho en el estudio de J. O’Callaghan, «he Ailiation of the Order of Calatrava with the Order of Citeaux», que precisamente se centra en ello, y de las referencias que a lo mismo dedican los autores antes citados, véase L. Villegas Diaz, «El Císter y la fundación de la orden de Calatrava» (con errores informáticos en su apéndice); C. de Ayala Martínez, «Órdenes militares castellano-leoneas y benedictismo cisterciense»; Ph. Josserand, «D’un couvent l’autre  : l’abbaye de Morimond et les ordres militaires hispaniques». Una interesante interpretación en S. Olcoz Yanguas, San Raimundo de Fitero, donde se relatan los primeros tiempos y pasos del nuevo instituto. 5 Sobre esto, véase E. Rodríguez-Picavea Matilla, «Fortalezas y organización territorial en el Campo de Calatrava (siglos xii-xv)»; L. Villegas Díaz, «En torno de la red castral fronteriza Calatrava».

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dada su doble fachada, meridional y oriental. Su control no resultó efectivo hasta más de media centuria después de su primera instalación, incluso tras una pérdida del mismo coyuntural. Y, en segundo lugar, la amplitud del referido territorio en esa primera instalación dentro de la meseta meridional (unos 11.500 km2), al margen de los enclaves en otras zonas. Un territorio homogéneo de una considerable amplitud y en una situación geográica de centralidad dentro del conjunto peninsular. No me voy a extender más sobre tales aspectos, que estimo suicientemente conocidos, pero ellos deben ser tenidos muy en consideración para comprender el desarrollo de los fenómenos internos institucionales. Porque no se trataría de organizar el dominio siguiendo unas pautas de dispersión del mismo —como ocurría en otras instituciones, más o menos similares—, sino de hacerlo sobre un todo homogéneo y extenso en el que habría que operar desde la base. Por otro lado, escasamente poblado y que demandaría contar con una masa crítica de población suiciente para poder diseñar el modelo. Este último, además, sujeto a constricciones propias del monástico adoptado. En mi opinión no se puede entender bien la orden de Calatrava, salvo que se pretenda una fotografía plana y difusa, si no se tienen en cuenta los factores aludidos. La tensión y dialéctica entre ambos factores —aparte de la ocasional concurrencia de otros— creo que es la que soporta las distinciones y diferencias introducidas en el seno de la institución. Una vez consolidado el dominio territorial se imponía un proceso de organización del espacio, pero la institución no había desarrollado adecuadamente, dadas las cortapisas cistercienses, un sistema perilado de ejercicio del poder que diese respuesta a ese reto. Se imponía, pues, proceder a su desarrollo e implantación. ALGUNAS DE LAS DIFERENCIAS DETECTABLES

Sin ánimo de exhaustividad, desearía formular algunas relexiones sobre determinados elementos diferenciales que, en mi opinión, aún se encuentran necesitados de una mayor profundización, sin que con ello quiera decir que se encuentren solucionados en estas páginas que siguen. En primer lugar, quisiera referirme a la igura de los comendadores, cuyos periles cambian a lo largo del tiempo, especialmente en la segunda mitad del siglo  xiii, cuando se produce un fenómeno de organización del territorio de la orden, especialmente en la zona manchega, pero que repercutirá sobre los restantes6. El referido proceso hunde sus raíces en la implantación —como consecuencia del fenómeno repoblador— de la municipalización, o si se preiere de la territorialización municipal, hasta esos momentos prácticamente inexistente en la zona. La carencia de cartas de población, prácticamente inexistentes en estos dominios de la orden, sería buena prueba de ello. 6

Para algunas alusiónes, Id., «Los cambios organizativos de la orden de Calatrava».

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En mi opinión, la del comendador es una igura interna de la institución cuyos contenidos funcionales evolucionaron y cambiaron a lo largo del tiempo. Hasta prácticamente la mitad del siglo xiii no pasarían de ser, bien en ocasiones homólogos de los alcaides de castillos —en los primeros tiempos del instituto, hasta pasadas Las Navas (1212)—, bien equivalentes, al seguir el modelo cisterciense, a un magister grangie —dado que los citados en los textos más antiguos suelen ubicarse fuera del territorio manchego, hasta mediados del siglo xiii—, lo que no quiere decir que dejasen de tener este tipo de funciones con posterioridad7. Su igura sin duda cambiaría a partir de esa segunda mitad del siglo xiii. Es el momento de mayores cambios territoriales, que acarrearon los funcionales. Fue la etapa en que se organizó el territorio calatravo manchego, que acabará por cristalizar en el corónimo Campo de Calatrava, pero que no hay que confundir con todo el conjunto del dominio señorial en la zona, pues no era equivalente al mismo. A partir de tales momentos se conigurarían como personajes con caracteres más gubernativos y político-administrativos que como simples gestores del patrimonio material de la orden, aunque seguirían teniendo estas funciones. En este sentido, se acabaría por producir una distinción interna, pues se llevaría a cabo una promoción y diferenciación interior cuyo alcance se nos escapa en buena medida. Los criterios de designación, que recaía sobre el maestre, probablemente cambiaron. Se buscaría a personas que cumpliesen mejor ese tipo de nuevas funciones, relegando en cierto modo las de mera y simple gestión patrimonial del modelo primigenio. Las resistencias, al menos aparentes, a tales cambios comenzarían a suscitarse, como dejan intuir algunos textos, en cierta medida por las arbitrariedades que cometería el maestre8. Pese a todo, la acumulación de funciones resultaría un hecho y tal vez en este sentido hay que entender la expresión de los visitadores de 1422-1423 referida al comendador de Calatrava la Vieja: «fallamos al dicho comendador ser buen granjero e buen comendador e buen administrador e buen destribuydor, segúnd deve destribuyr los bienes de la orden e deve aver en la orden más honrra9». 7

Sobre el modelo primitivo, Id., «El modelo de gestión en la orden de Calatrava». A ello remiten las expresiones recogidas en los estatutos de comienzos del xiii (D. Lomax, «Algunos estatutos primitivos de la orden de Calatrava», pp. 492-494, n. 9): «Fratres uero qui in grangiis et castellis manent». 8 Sospecho en esa línea, aunque a ello pudieron contribuir también otros factores, hay que entender las quejas que se relejan en las deiniciones de 1325 (J. O’Callaghan, «he earliest “Diiniciones” of the Order of Calatrava, 1304-1383», pp. 269-273) reiriéndose al maestre García López de Padilla. Concretamente en el nº 7 se dice: «E viendo ser servicio de la casa de Calatrava, ordenamos que el maestre non nombre a ninguno que non sea legítimo o ixo de dueña, de cavallero, o de escudero, que cavallero pueda ser. Assí guarde». La introducción de individuos no pertenecientes al referido grupo social parece evidenciarse y posiblemente sobre ellos se pretendiesen establecer determinados tipos de idelidades o de clientelismo, fenómeno que sería un hecho, aunque se pretenda erradicar. Y abundando en la arbitrariedad maestral, en el nº 19 se registra: «E mandamos que el maestre que dé las comiendas a los freyres complidamente, [e] que él los no tome ninguna cossa delos». 9 Visita de 1422-1423. Archivo Histórico Nacional (AHN), Madrid, Órdenes Militares, Lib. 1.412 C, fº 31vº.

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En dicha visita hubo también casos, como el del comendador de Daimiel, que se presentan buenos gestores desde el punto de vista económico, pero no se dice de su titular nada parecido, sin duda porque en esos otros ámbitos del gobierno y la administración no resultaba tan ejemplar. Las palabras recogidas por los visitadores resultan ilustrativas, pese a la cierta ambigüedad que tiene alguna de ellas, como la de granjero. Pese a ello —dada la yuxtaposición de funciones que designan—, ilustran bastante bien los periles de la nueva igura que adquiere el comendador a partir de los cambios introducidos en el seno de la institución en la segunda mitad del siglo xiii y que se intuyen en los textos de las deiniciones del siglo siguiente. La nueva situación de tales personajes tiene su relejo, al parecer muy signiicativo, en el registro que de los mismos se hace en los documentos de la institución. De registrarse, cuando se hace, en el escatocolo durante los primeros tiempos, pasan a reseñarse en el protocolo, acompañando al maestre10. En este mismo orden de cosas, se impone también una relexión sobre otros miembros de la institución que suelen aparecer en las fuentes vinculados en cierto modo a tales comendadores. Me reiero a esos miembros de la institución que vivían también en las encomiendas y que parecen estar al frente de una casa. Este es un término que se presenta en los textos como algo equívoco, sobre cuyo carácter convendría relexionar. Se trataría en principio, en mi opinión, de unidades de explotación —homologables a las granjas cistercienses—, si bien su signiicado posterior pasaría en ocasiones a designar la cabeza de encomienda, no siempre. Ahora bien, convendría ser más cuidadosos en su análisis y no asociarlo siempre al último signiicado. Los estatutos del xiii parecen más bien sustentar lo dicho. Es más, en esa fecha no parece que exista la red comendataria tal como se conoce con posterioridad, como deja ver el texto11. Los mencionados miembros de la institución, que no tendrían el cargo de comendador, viven en una especie de comunidad en cada encomienda, pero no a costa de las rentas de la referida encomienda. Más bien se trataría, como se ha indicado antes, de una suerte de granjeros de corte cisterciense, al frente de una explotación ubicada en el territorio de la encomienda, pero que no pertenecería a los bienes de la misma. Es por ello que los textos normativos contemplan que si alguno de ellos desempeñase o adquiriese algún bien, podría disfrutarlo de por vida, pasando luego al patrimonio de la orden. En otras palabras, tendrían una disponibilidad de gestión material que usufructuarían. ¿A cambio de qué? Es una incógnita. En cualquier caso, vivirían en comunidad dentro de la

10 A este respecto pueden verse los trabajos de B. Casado Quintanilla, del que destaco el último: «Organización de la escribanía de la orden de Calatrava (siglos xii-xiii)». 11 Ver D. Lomax, «Algunos estatutos primitivos de la orden de Calatrava», nº  19: «Item preceptum est ut omnes oiciales domus Salueterre et qui uariis persunt domibus tempore uisitationis coram uisitatore et magistro et aliquantis senioribus et omnibus, illis que illo dederit anno receperit uel expederit et de beneiciis computatione faciant competente ut magistro et comendatori ac ceteris senioribus profectum ac defectus domorum suarum plenius innotescat».

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encomienda, aunque no totalmente bajo el mando del comendador12. Pero este hecho vuelve nuevamente a plantearnos si no se llevarían a cabo, mediante este procedimiento, algunas distinciones entre los miembros de la institución. Es probable que esta situación se desarrollase a partir de la coniguración de la nueva red de encomiendas, cuyos periles y contenidos diferirían de la anterior consideración de tales personajes. Dicho proceso de organización territorial —y la necesidad de articular el conjunto— acabará por incidir sobre otros ámbitos, tanto de la administración civil como de la eclesiástica. La necesidad de contar con un aparato administrativo, que fuese más allá del simple control local, cuyas competencias recaerían sobre los mencionados comendadores, llevaría al desarrollo de iguras como, por ejemplo, de lugartenientes del maestre, sin que tales competencias recayesen en el comendador mayor, cuyo cargo las tendría de un modo natural si se atiende meramente al organigrama de la institución13. El hecho, en mi opinión, es signiicativo de los cambios internos introducidos en la institución. Cambios que llevarían a romper en buena medida el modelo primigenio y que conducirían a la introducción de diferencias entre los miembros de la misma. Porque, en deinitiva, quien nombraría a tales lugartenientes sería el maestre, que actuaría, en este sentido, bajo criterios propios. ¿De competencia del nombrado para dicha función, de amistad, de clientelismo, bajo otros criterios? La respuesta resulta enormemente difícil de responder, pues no es posible, por el momento, pasar de la simple constatación del hecho. Del mismo modo las fuentes registran un incremento, en el plano eclesiástico, de la igura de los priores, bien asociados en ocasiones a distritos territoriales, bien vinculados a diferentes dignidades de la orden. 12 Ya en las deiniciones de 1304 se lee: «E mandamos, e amonestamos a todos los freyres que fagan reverencia e honrra a su maestre, e a sus prelados, como es derecho. E non vayan contra el maestre […] Ni contra los comendadores de que fueren moradores. E los que fueren contra sus comendadores, fagan la penitencia del desobediente, [y sean encarcerados por un año]. Et otrosí, mandamos a los comendadores que fueren contra los moradores que fagan la penitencia sobredicha». Publ. en J. O’Callaghan, «he earliest “Diiniciones” of the Order of Calatrava, 1304-1383», nº 11. El comer en comunidad se registra en el nº 21. Y aquí se refuerza que «quien lo pasare, pierda la casa que tobiere, e las armas, e el cavallo». 13 El hecho se puede apreciar en el documento de 1368, agosto 2. Torredonjimeno, por el que Pedro Muñiz, maestre de Calatrava, junto con el capítulo de la orden, delimita nuevamente los términos de Miguelturra y otorga ciertos privilegios a los nuevos pobladores y moradores que allí fueren: «E el que no se pagare del juicio de los alcaldes, que se alce para ante el lugarteniente que huviere puesto por el maestre en el dicho Campo de Calatrava». A. M. Miguelturra, s.n. En conf. de los maestres Rodrigo Téllez Girón (1477-XI-24. Almagro) y García López de Padilla (1487-II23. Almagro), y de los reyes: Fernando el Católico (1511-IV-13. Sevilla), Felipe  II (1562-III-10. Madrid), Felipe III (1601-V-20. Valladolid) y Felipe IV (1656-XI-28. Madrid). Otros documentos, algunos publicados por I. de Ortega y Cotes et alii, Bullarium ordinis militiae de Calatrava, del mismo siglo, recogen diversas menciones, personalizando incluso su cargo. Se puede ver más adelante la cita de otro de 1324. Dada la amplitud que el fenómeno tendría y que requiere una exposición más amplia y detallada, no me detendré ahora, por obvias razones de espacio, en describir los periles del asunto.

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Estos últimos procesos mencionados se maniiestan con evidente nitidez ya en el siglo xiv, cuando se habrían desarrollado en una determinada línea los elementos de ese proceso organizativo que habría precipitado con el surgimiento del corónimo Campo de Calatrava en las décadas inales del xiii. UNAS DIFERENCIAS DIFUSAS

Coincidiendo con la aparición de tales distingos en el seno de la institución, nos encontramos también con que los textos suelen hacer referencia a otro tipo de distinción cuyo alcance se me escapa en gran medida, pero que no quisiera pasar por alto en esta ocasión por si la perspicacia de otros puede permitir ahondar en el asunto. Es el uso que en algunos documentos se hace de frey, don o don-frey, junto este último, asociados a distintos miembros de la institución. Así, nos encontramos con que en las deiniciones del maestre Pedro Muñiz de Godoy, en 1388, se registra a las jerarquías de la orden con el título de don frey, a excepción del maestre que lleva sólo el título de don, mientras que el resto de los comendadores asistentes, junto con el prior del maestre, sólo llevan el título de frey14. Como digo, se me escapa qué signiicación pueda tener esa diferenciación. Pensar que van asociados los referidos títulos al carácter laico o eclesiástico de la persona que los detenta, como puede ocurrir en otros documentos al margen de la institución, queda fuera de sitio con esa referencia mencionada. Parece intuirse que se trata de distinciones sociales, aunque no conozco claramente a qué sean debidas. En cualquier caso, resultan funcionales y sólidamente instaladas en el seno de la institución. Porque la cuestión se vendría arrastrando desde comienzos del siglo, quizá como resultado de esos cambios y diferencias introducidas en el seno de la institución. La realidad que maniiesta un documento de 1306, conirmatorio de algunos anteriores, es mucho más dispar. El maestre se titula «frey», el comendador mayor y el clavero como «don», al igual que, por ejemplo, el comendador de Benavente, mientras que el comendador de los diezmos lo hace como «don frey». Mientras que en uno de los textos conirmados aparece el maestre como «don frey», el clavero como «don» y el comendador de Bolaños como «don frey», por poner algunos ejemplos15. En otro de 1313 aparecen el maestre y el comendador mayor como «don», mientras el clavero como «don frey»16. En otro de 1324 el comendador mayor se registra como «don frey» y el clavero como «frey», apareciendo este último 14 J. O’Callaghan, «he earliest “Diiniciones” of the Order of Calatrava, 1304-1383», pp. 280-281. 15 AHN, Calatrava, carp. 462, nº 184. Muy deteriorado e ilegible en muchos párrafos. 16 Archivo del Reino de Valencia, Justicia Civil, Mandamientos y Amparos, año 1697, lib. 2, mano 12, fos 29vº-30rº. Publ. en E. Guinot Rodriguez, Les cartes de poblament medievals valencianes, nº 250 (da otras ediciones anteriores).

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también como «lugarteniente del maestre». En este último documento, entre los conirmantes aparecen una serie de comendadores, algunos de los cuales no llevan título ninguno (los de Caracuel, Almodóvar, de los montazgos), otros el de «frey» (los de las vacas, Torres, Argamasilla, Malagón y otros varios), apareciendo otros miembros de la institución, no comendadores, con el título de «frey»17. En otro de 1326 aparecen todos, tanto el maestre como los comendadores y otros miembros, con el apelativo de «frey»18. Lo mismo sucede en otro de 1368, apareciendo con tal apelativo incluso el prior, lo que invalida la asignación al carácter laico o eclesiástico de la persona19. En 1387 aparece el maestre como «don frey»20. Y lo mismo sucede en otro de 1395, aunque en éste el comendador mayor, clavero, obrero, sacristán y el resto de comendadores aparecen sólo con «frey», mientras que el prior lleva el apelativo de «don frey». Un comendador incluso (el de Puertollano) carece de título21. En otro de 1424, inalizando con él los ejemplos, aparece como «don frey» el maestre, comendador mayor y el clavero, mientras que el obrero, sacristán y el resto de comendadores o miembros de la institución son titulados «frey», incluido el prior. En este documento aparecen también otros priores, del maestre y del clavero22. Aparte de otro tipo de posibles consideraciones, se plantea el interrogante de la signiicación de tales diferencias. Es difícil asignarlas a un hecho concreto, pero posiblemente sean indicadoras de unas distinciones internas en algunos de tales individuos, máxime al no presentar una homogeneidad total en alguno de los textos. ¿Se trata, tal vez, de un relejo de la igura de los treces, cuya existencia en Calatrava no aparece explicitada, aunque sí en Alcántara, su ilial y de ailiación cisterciense? Y aunque no se asignase exactamente a ese concreto colectivo, del que, como digo, desconocemos su existencia, ¿pueden estar relejando la pertenencia del individuo a esa sanior pars de la que hablan los textos normativos? Aunque fuese esto último, habría que convenir, no obstante, que su relejo en los escritos se llevaría a cabo a partir ya de la consolidación de la nueva organización territorial de la institución y, en consecuencia, de los cambios introducidos en su interior para dar respuesta a los nuevos retos.

17

Archivo Municipal de Ciudad Real (AMCR), nº 18. AMCR, nº 170, fos 153rº-158vº. Trasl. de 1550-V-4. Ciudad Real, por el escribano Francisco de Asexas. También en Archivo General de Simancas, Consejo Juntas Hacienda, leg. 130, nº 17. Trasl. de 1573-XI-30. Ciudad Real, por el escribano Pedro de Ortega. 19 Cit. en el documento de 1368 registrado en la nota 13, p. 195. 20 AHN, Calatrava, carp. 466, nº 272. Publ. en A. Matilla Tascon, Historia de las minas de Almadén, t. I, pp. 297-303. 21 AHN, Calatrava, carp. 466, nº 275. 22 AMCR, nº 186, fos 1vº-11rº. Inserto en trasl. de 1532-III-1. Ciudad Real, del escribano Pablo de Molina. También en el mismo archivo, nº 170, f os 162rº-11rº. Trasl. de 1550. Y nº 46, f os 2vº-19vº. Inserto en trasl. de 1597-XII-10. Ciudad Real, del escribano Juan Pérez Meléndez. 18

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A MODO DE CONCLUSIÓN

Un análisis más exhaustivo de las fuentes probablemente pudiera llevar a otra serie de datos, sobre los que convendrá volver. No es mi intención ahora agotar el tema, sino, por el contrario, suscitar interrogantes que nos puedan hacer avanzar en estas cuestiones. Sobre tales distinciones mencionadas hay que preguntarse no sólo a qué motivos fueron debidas, sino qué pudieron suponer en el seno de la institución y qué criterios se siguieron para tales promociones, como se planteaba al comienzo. La cuestión es difícil de responder, dada la carencia de fuentes suicientes en tal sentido y a lo ambiguas que resultan las existentes. Cierto que los criterios morales desarrollados en el seno de Císter —como la curiositas, la superluitas, etc., que se hallan en los textos bernardianos— parece que decayeron, por distintos motivos, en Calatrava23, pese a haber formado parte de las señas de identidad de la institución durante los primeros momentos. Siguieron reiterándose a lo largo del tiempo dentro de la misma, aunque hay que preguntarse si lo fueron en buena medida de un modo estereotipado y formalista, más fruto del interés eclesiástico, de los visitadores de Morimond que de las prácticas profundas en el seno del colectivo calatravo. No pretendo con ello hacer un juicio de intenciones, sino de seguir la pista a los cambios introducidos y a las motivaciones que a ello llevaron. Las necesidades de dar respuesta a los procesos de organización territorial sin duda hicieron cambiar los criterios, aunque no sepamos muy bien cuáles fueron los nuevamente adoptados. Lo que no cabe duda es de que tales cambios servirían de base al desarrollo en el seno de la institución a la formación de clientelas y élites, que acabarían por fraguar ya en el siglo xv. Tales retos darían como resultado la formación de grupos diferenciados en el seno de la orden, que acabaron por romper el sentido de la comunidad, aunque se persiguiese su mantenimiento al menos formal. El nuevo sistema comendatario acabaría por formar una suerte de microcomunidades, al frente de las cuales se colocó a un miembro de la institución, el comendador, pero que apenas tendría funciones de responsabilidad —la obediencia de que hablas las deiniciones, parece un concepto demasiado impreciso como para sostener otra cosa— respecto a los otros miembros que pudieran vivir con él. Ahora bien, el simple hecho de ponerlo al frente del referido distrito espacial, lo colocaba en un grado superior al resto de los miembros que con él pudieran convivir, lo distinguía respecto a los otros miembros. Las distinciones, pues, en el seno de la institución serían un hecho que se fue abriendo paso de un modo algo oscuro, si bien las nuevas funciones las impondrían. Lo que no resulta fácil es percibir los motivos de las mismas. La competencia de los miembros que se diferenciaban sería una de las causas, pero ¿hasta dónde se extendían éstas? 23 Sobre otros diversos factores que intervinieron en los cambios puede verse el interesante panorama que ofrece, aunque referido al conjunto de las órdenes militares, Ph. Josserand, Église et pouvoir dans la péninsule Ibérique; Id., «In servitio Dei et domini regis».

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El que se pretendiesen intereses espúreos, como la designación de miembros carentes de los periles personales adecuados, no sólo fue un hecho en determinados momentos, como relejan las fuentes mencionadas, sino abrir un portillo para la formación no sólo de clientelas, sino también de intereses de linaje, que parecen percibirse ya con claridad en el siglo  xv24, pero que se iniciaría con anterioridad. De ahí a que determinados grupos, bien apoyándose en las referidas clientelas, bien en los intereses del linaje, abriesen un frente de tensiones internas, como se detecta ya en la última centuria del Medievo, sólo faltaría un paso, que en ocasiones se dio, como es bien conocido. Pero esto no sería, a mi modo de ver, lo más grave. Lo verdaderamente destructor del primigenio espíritu fue que la formación de tales élites, fruto de las diferencias instauradas en el seno de la institución, hicieron saltar por los aires el espíritu de comunidad que la misma había implantado en sus orígenes. No hay más que rastrear en los textos de las deiniciones, de los siglos xiv y xv, las continuas llamadas a que los miembros acudan al convento para ciertas prácticas o celebraciones, a que no vayan confesores libremente a las encomiendas, etc., para percibir la carencia de ese sentido de comunidad y los intentos de preservarla aunque fuese de un modo formal. Probablemente no pudo ser de otro modo. Los retos que tuvo que enfrentar la institución para organizar el territorio, aparte de darnos algunas pistas sobre cómo lo hizo en la etapa precedente, la obligó a tomar determinadas medidas que fueron las causantes de sus profundas transformaciones. Que se instauraron distinciones entre sus miembros y que las mismas, aunque desconozcamos en buena medida su entidad, se aprovecharon para ines muy distintos, creo que son un hecho. Sin embargo, la carencia de fuentes normativas —a la espera de las prometidas— para profundizar en los aspectos mencionados, dejan esta pequeña aportación en una serie de relexiones sobre las que habrá que seguir incidiendo, pues lo conocido hasta el momento no es suiciente para dar por cerrada la cuestión.

24 Sobre ello puede verse el estudio de E. Solano, La orden de Calatrava en el siglo xv. Y, más racientemente, es un tema objeto de reiterado tratamiento por E. Rodriguez-Picavea Matilla, «Linaje y poder en la Castilla Tratámara. El ejemplo de la orden de Calatrava»; Id., «El proceso de aristocratización de la orden de Calatrava»; Id., «Caballeros calatravos y linajes castellanos».

THE CAREERS OF TEMPLAR AND HOSPITALLER OFFICE-HOLDERS IN WESTERN EUROPE DURING THE TWELFTH AND THIRTEENTH CENTURIES

Alan J. Forey Independent scholar

he subject of career patterns among those who held oice in the central convents of the Temple and Hospital in the twelth and thirteenth centuries has recently been discussed by Jochen Burgtorf1, but comparatively little has been written about the careers of Templars and Hospitallers who held posts in western provinces and priories during that period. his is perhaps not surprising, as the topic is beset with pitfalls. here might be two or more brothers with the same name who cannot easily be distinguished2. Only the irst name of some oicials is given in surviving documents, and names may appear in varying forms. Some documents do not assign a title to a brother who is known to have held an oice, and most give no indication of the ranks of lay brothers. It is diicult to discern the precise status of many houses in the West, and the terms «commander» and «preceptor» were, of course, used of a variety of diferent posts. here is the further problem that an oicial in charge of a major house might be called commander of a subordinate one which was under his authority. It should also be remembered that information provided in the records of the Templar trial depended on a witness’s memory, and may therefore be faulty. More generally, the sources which survive for some regions are meagre, and this precludes the compilation of comprehensive lists of oicials. It is for this reason that, especially in the examination of lesser oices, attention will be focused particularly on the Templars in Aragon, whose records are fairly full, although evidence from elsewhere will, where possible, also be used3. 1

J. Burgtorf, he Central Convent of Hospitallers and Templars, pp. 406-424. At the time of the Templar trial there were two brothers in England called William of Graton, and in the irst half of the thirteenth century there were two Aragonese Templars called Raymond of Serra whose careers overlapped. he epithet juvenis or junior was at times applied to the younger: see, for example, Madrid, Archivo Histórico Nacional, Sección de Códices, códice 648B/466, p.  353, doc. 420; Lincoln, Lincolnshire Archives, Episcopal register 3, fo 267ro; but it cannot be assumed that this was always done, especially ater one of the two had died. 3 Only the careers of brothers will be discussed: those of sisters in Hospitaller convents will not be examined. 2

Philippe Josserand, Luís F. Oliveira et Damien Carraz (éd.), Élites et ordres militaires au Moyen Âge, Collection de la Casa de Velázquez (145), Madrid, 2015, pp. 201-214.

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he most minor administrative oicers were chamberlains (camerarii/clavigeri) and brothers who had charge of a group of estates comprising a dependency or grange within a commandery4. Although the Templar Gerald of Caercino, who was chamberlain of Tortosa on the lower Ebro from 1184 to 1186, later became provincial master and can therefore be assumed to have been a knight5, evidence from the Templar trial both in France and in Aragon suggests that at the turn of the thirteenth and fourteenth centuries the post of chamberlain was then commonly occupied by sergeants6, some of whom were given oice soon ater entering the order: during the Templar trial Peter of Cercelles stated that he was sent to be claviger at Lagny le Sec immediately ater being admitted to the order7. Aragonese evidence also indicates that dependencies or granges were during the later part of the Temple’s history usually held by brothers who were sergeants, although Torres de Segre in Catalonia, which housed a small community and which was dependent on the convent of Miravet, was an exception and was at times under the control of a knight in the later thirteenth century8. Some brothers who held the oice of chamberlain or who had charge of a dependency later became heads of commanderies, although they did not always move directly from one post to another. Bernard of Cornellá was chamberlain of the Templar convent of Tortosa in 1260 and commander of Pina in Aragon in 12629, and the Templar Peter of Gissona was chamberlain of the Catalan house of Gardeny before becoming commander of the nearby convent of Barbens in 124910. Similarly, Sancho of Hueso was in charge of La Litera, a dependency of the Templar convent of Monzón, in 1238 and was commander of Huesca in northern Aragon in 124111; Peter of San Román had charge of Perpignan, in the Templar commandery of Mas-Déu, from 1242 to 1244 and became commander of Zaragoza in 124512; and Francis of Tallada was appointed Templar 4 he term «commandery» will be used here to imply a convent with a community of brothers which included a chamberlain as well as a commander, and also a chaplain, although the latter was not necessarily a professed brother. 5 Barcelona, Archivo de la Corona de Aragón (ACA), Órdenes religiosas y militares (ORM), San Juan de Jerusalén, Cartulario de Tortosa, fos 30ro, 75vo-76ro, docs. 91, 248; A. Forey, Templars in the Corona de Aragón, p. 420. 6 Id., «Templar Knights and Sergeants», p. 636; J. Michelet, Procès, t. I, pp. 331, 373, 465, 522, 574, 577, 588; t. II, pp. 161, 173, 288, 296, 308; K. Schottmüller, Untergang des Templer-Ordens, t. II, p. 63; L. Ménard, Histoire de Nismes, t. I: Preuves, pp. 201-202. 7 J. Michelet, Procès, t. I, p. 577; see also A. Forey, «Templar Knights and Sergeants», p. 639. 8 A. Forey, «Templar Knights and Sergeants», p.  636. For sergeants in charge of granges in France, see L. Ménard, Histoire de Nismes, t. I: Preuves, pp. 189, 200, 203. 9 L. Pagarolas i Sabaté, Els Templers de les terres de l’Ebre, t. I, p. 125; A. Forey, Templars in the Corona de Aragón, p. 439. 10 he last reference to him as chamberlain of Gardeny before going to Barbens occurs in 1245: ACA, ORM, San Juan de Jerusalén, Pergaminos, Gardeny 1898; A. Forey, Templars in the Corona de Aragón, p. 425. 11 ACA, Cancillería Real, Registro 310, fos 76ro-76vo; A. Forey, Templars in the Corona de Aragón, p. 433. 12 L. Verdon, La terre et les hommes en Roussillon, p. 218; A. Forey, Templars in the Corona de Aragón, p. 445.

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commander of Puigreig in northern Catalonia in 1274 ater having responsibility for Segriá, a dependency of the convent of Gardeny13. As information about the ranks of lay brothers is usually lacking, except for those mentioned in the records of the Templar trial, it cannot of course be proved that throughout the thirteenth century those who became commanders ater holding lesser oice were normally sergeants. Yet it is clear that those Templar sergeants who are known to have been set over commanderies in the Aragonese province at the turn of the thirteenth and fourteenth centuries tended to be appointed to minor houses in the more northerly parts of Aragon and Catalonia, such as Añesa, Pina, Boquiñeni, Castellón de Ampurias and Puigreig, or to those in cities, such as Barcelona or Tortosa, or to houses elsewhere, such as Burriana in northern Valencia, which were not centres of major Templar lordships. hey were not usually given convents which were based in the more important Templar castles. Presumably, because of their rank in the order, they were assigned commanderies where there was no, or only a negligible, knightly element14. A survey of those promoted earlier ater acting as chamberlains or having charge of dependencies reveals a similar pattern: they were not usually given charge of convents housed in important castles15. It may therefore be postulated that those promoted in this way during the thirteenth century were normally sergeants. In France, however, where the Temple had no military role, it was apparently more possible for those who had occupied minor administrative posts to become heads of important commanderies. he Templar Bertrand of Viviers was chamberlain of St Gilles in 1266 and commander of Jalès in 1273 and later of St Gilles itself; and Arnold of Calmon, who had earlier been Templar chamberlain at La Capelle, was commander of Toulouse in 127616. It should not be assumed, however, that all sergeants who were appointed to commanderies had earlier been chamberlains or had had charge of dependencies. Berenguer Guamir, who had joined the Temple at the Aragonese house of Ambel about the year 128417 and who was commander of Tortosa in the 1290s and commander of Barcelona in the irst decade of the fourteenth century18, had beforehand apparently held no lesser oice in the Aragonese province. Knights who gained oice in the West had, by contrast, oten spent a period in the East during their early years in an order. Over 80% of the Templar knights 13

Ibid., p. 440; ACA, ORM, San Juan de Jerusalén, Pergaminos, Gardeny 594. See A. Forey, «Templar Knights and Sergeants», p. 635. 15 here are occasional exceptions: Peter Jiménez irst held oice when he was placed in charge of Coita, a dependency of Monzón, in 1238; but from 1250 until 1252 he was commander of Monzón: ACA, Registro 310, fos 76ro-76vo; A. Forey, Templars in the Corona de Aragón, p. 437; and Arnold of Cursavell, chamberlain of Tortosa in 1228, was commander of Horta in the following year: L. Pagarolas i Sabaté, Els Templers de les terres de l’Ebre, t. I, p. 124; A. Forey, Templars in the Corona de Aragón, p. 432. 16 É. Léonard, Introduction au cartulaire manuscrit, pp. 31, 48. 17 Barcelona, Archivo Capitular, codex 149, fos 65-66. 18 A. Forey, Templars in the Corona de Aragón, pp. 439, 442. 14

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without oice who were interrogated during the Templar trial in Cyprus had been brothers for less than ten years when they were questioned in 1310, and the vast majority of these had been recruited in western provinces; and some questioned in the West during the Templar trial said that they had spent a period in the East shortly ater admission19. Such service might be followed by appointment to a commandery in the West: the Templar knight Peter of San Justo returned from the East in 1291 and became commander of Villel in southern Aragon within a year20. In some cases knights returning from the East were either recommended for commanderies by the grand master or given them by him21. Yet not all knights who served in the East received commanderies soon ater their return to the West. Dalmacio of Timor was in the Holy Land about the year 128822, when he was apparently still a young knight23, and is known to have been back in the Aragonese province without oice in 1292 and 129424: he was irst mentioned as the head of a Templar commandery there in 1305 ater a further stay in the East, during which he held the oice of turcoplier25. Nor can it be ascertained whether all knights who were appointed to commanderies in the West had earlier served in the East. In 1304, the Hospital decreed that brothers must have served for at least three years before being given bailiwicks, and that castles should not be entrusted to brothers with less than ive years’ service26. here is no evidence of a similar regulation in the Temple, but in the later thirteenth century Templar knights in the Aragonese province oten had ten or more years’ service before they were appointed to a commandery27. Some in the meantime became companions of the provincial master, but the numbers occupying this position were inevitably small28. Some knights who held commanderies in western provinces later became provincial master in the Temple or provincial prior in the Hospital. Half of the Templar masters of the Aragonese province had been in charge of commanderies within the province before their promotion. Yet a considerable number had 19

Id., «Towards a Proile of the Templars», pp. 198, 200-201. For the evidence given by brothers in Cyprus, see K. Schottmüller, Untergang des Templer-Ordens, t. II, pp. 143-400; A. GilmourBryson, Trial of the Templars in Cyprus. See also J. Bronstein, «Mobilization of Hospitaller Manpower», p. 27. 20 On Peter of San Justo’s career, see A. Forey, «he Career of a Templar», pp. 183-194. 21 A. Forey, «Aragonese Templars in the Holy Land and in Cyprus», p. 455. 22 H. Finke, Papsttum und Untergang, t. II, p. 371. 23 He took part in the conquest of Sardinia in 1323: A. Forey, Fall of the Templars, p. 227. 24 ACA, ORM, San Juan de Jerusalén, Pergaminos, Gardeny 366, 892, 1736, 1818: L. Pagarolas i Sabaté, Els Templers de les terres de l’Ebre, t. II, pp. 193-195,198-209, 213-215, docs. 169, 172, 174. 25 A. Forey, Templars in the Corona de Aragón, p.  426; J. Burgtorf, he Central Convent of Hospitallers and Templars, pp. 507-509. 26 J. Delaville le Roulx, Cartulaire général de l’ordre des Hospitaliers, t. IV, pp. 93-98, doc. 4672 (arts. 14-15). 27 A. Forey, «Templar Knights and Sergeants», pp. 636-637. 28 Ibid., pp. 637-638.

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not, even though their origins lay within the province. Arnold of Torroja became provincial master in 1166 ater entering the order in Catalonia some three years earlier: he is mentioned without any oice in various documents relating to the house of Gardeny during the intervening period29. Pons Menescalci was named as a brother in Catalonia in 1192 and 119430, but is not known to have held a commandery before he became provincial master in 1196, and similarly Peter of Moncada apparently held no post before he was made provincial master in 127931. In France there were similarly a number of Templar provincial masters who had apparently held no commandery in their provinces before becoming provincial master32. Arnold of Torroja and Peter of Moncada belonged to leading Catalan families, and their rapid advancement may partly be explained by their social standing and family connections33, but not all those who were promoted without holding lesser oices in the province beforehand fell into this category. By contrast, some heads of western provinces or priories had beforehand held oice elsewhere, sometimes in the East, before being placed in charge of a western province or priory: Garnier of Nablus was Hospitaller grand preceptor in the Holy Land before taking up oice as English prior in 1185 and Andrew Polin was similarly grand preceptor in the East before becoming Hospitaller prior of France in 1239, while Joseph of Chauncy was Hospitaller treasurer before he was appointed prior in England in 127334. A few heads of western provinces or priories who did not die in oice later became grand master. hree Templar masters of the Aragonese province— Arnold of Torroja, Gilbert Eral and Peter of Monteagudo—were promoted in this way35. Similarly William of Sonnac and William of Beaujeu were Templar provincial masters in Aquitaine and the kingdom of Sicily respectively before becoming grand master36. Yet command of a province or priory was not a necessary qualiication for candidates to the oice of grand master: some appear 29 Id., Templars in the Corona de Aragón, p. 420; R. Sarobe i Huesca, Col·lecció diplomàtica de Gardeny, t. I, pp. 226-227, 232, 233-238, 239-246, 247, 248-249, 252-253, docs. 115, 120, 122-125, 128-132, 134, 136, 139; J. Sans i Travé, Arnau de Torroja, pp. 42-49. 30 R. Sarobe i Huesca, Col·lecció diplomàtica de Gardeny, t. II, pp. 872-876, 926-928, docs. 597, 631. 31 A. Forey, Templars in the Corona de Aragón, pp. 420-421. 32 his conclusion is based on the information provided by É. Léonard, Introduction au cartulaire manuscrit. 33 On Arnold of Torroja, see J. Sans i Travé, Arnau de Torroja, chaps. ii, iii; N. Jaspert, «he Election of Arnau de Torroja», pp. 378-383. Peter of Moncada was the younger son of Raymond II of Moncada: S. Sobrequés i Vidal, Barons de Catalunya, p. 125. 34 J. Burgtorf, he Central Convent of Hospitallers and Templars, pp. 482-483, 523-526, 587-591. 35 M. Bulst-Thiele, Sacrae domus militiae Templi magistri, pp. 99, 135, 171-172. N. Jaspert, «he Election of Arnau de Torroja  », pp.  396-397, suggests that Arnold’s appointment had the purpose of checking the challenge from the new order of Mountjoy; but it was while he was provincial master in Aragon that the Aragonese King Alfonso II had begun to favour Mountjoy rather than the Temple in southern Aragon: A. Forey, «he Order of Mountjoy», pp. 252-253. 36 M. Bulst-Thiele, Sacrae domus militiae Templi magistri, pp. 217, 260; É. Léonard, Introduction au cartulaire manuscrit, p. 95; F. Bramato, Storia dell’ordine dei Templari, pp. 137, 158.

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to have held no post at all before their election to the mastership37. Although it is diicult to establish a precise ranking between the oice of provincial master or prior and leading posts in central convents other than that of grand master, it may be pointed out that some heads of provinces or priories were also later appointed to other senior posts in the East, such as those of grand preceptor and marshal. he Templar Amblardus, for example, who was provincial master in England from 1261 until 1266, apparently later became marshal of the order, as did Guy of Foresta, who was Templar provincial master in England from 1272 until 127538. Reynald of Vichiers, Templar provincial master in France until 1248, then held the oice of marshal before being appointed master of the Temple39. But not all holders of these oices in central convents had earlier been heads of provinces40. Some heads of provinces or priories went on to become masters deça mer or visitors in the West. he Templar Hugh of Pairaud was provincial master in France before occupying the post of visitor from 1299 until 130741. Yet the posts of master deça mer and visitor were oten held in conjunction with the headship of a province or priory: at the turn of the thirteenth and fourteenth centuries the Templar Berenguer of Cardona was both provincial master in Aragon and visitor in the ive kingdoms of Spain42. Others who occupied these positions had previously held oice in the East or in other countries in the West: the Hospitaller Arnold of Montbrun, who was comendador mayor in the ive kingdoms of Spain in 1237, had earlier been marshal in the East43; and Simon de la Tor, Templar visitor in Spain in 1277, had earlier been commander of Safet in the Holy Land in 1262, grand preceptor in the East in 1271, and provincial master in Apulia in 127544. Although in some instances brothers moved from lesser to more important oices, many held several posts in succession in diferent places at the same level. When he was interrogated in Paris during the Templar trial, Peter of Poignen37 On the careers of Templar masters, see M. Bulst-Thiele, Sacrae domus militiae Templi magistri, passim. James of Molay may have held no oice before becoming master: on his early years in the Temple, see A. Demurger, Jacques de Molay, chaps. ii, iii. 38 J. Burgtorf, he Central Convent of Hospitallers and Templars, pp. 474-476, 551-553. 39 Ibid., pp. 636-640. 40 For the careers of grand preceptors and marshals, see J. Burgtorf, he Central Convent of Hospitallers and Templars, chap. vii. 41 É. Léonard, Introduction au cartulaire manuscrit, pp. 17, 115. 42 A. Forey, Templars in the Corona de Aragón, pp. 329-330. 43 N. Coureas and C. Schabel, Cartulary of the Cathedral of Holy Wisdom, pp. 226-228, doc. 87; J. Delaville le Roulx, Cartulaire général de l’ordre des Hospitaliers, t. II, pp. 44, 46, docs. 2034, 2067; C. de Ayala Martínez et alii, Libro de privilegios de la orden de San Juan de Jerusalén, pp. 465-470, doc. 267; J. Burgtorf, he Central Convent of Hospitallers and Templars, p. 488. 44 A. Forey, Templars in the Corona de Aragón, p.  329; J. Burgtorf, he Central Convent of Hospitallers and Templars, pp. 656-657; R. Filangieri, Registri della cancelleria angioina, t. XII, p. 226 and t. XIV, p. 14; J. Delaville le Roulx, Cartulaire général de l’ordre des Hospitaliers, t. III, pp. 30-33, 254, docs. 3028, 3029, 3422; F. Bramato, Storia dell’ordine dei Templari, p. 137.

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court said that he had been claviger or chamberlain in at least four houses, and Robert le Verrier similarly stated that he had held that oice in four houses45. In the Aragonese province, the Templar Peter of Lena was chamberlain at Tortosa in 1271 and at Castellote from 1272 until 127446. In the Templar commandery of Mas-Déu in Roussillon several brothers had charge of a succession of dependencies: Peter of Canois, for example, was at Perpignan in 1255, La Garrigue from 1256 to 1258, St Arnac in 1261 and Orle in 126547. he Templar Peter of Montesquiu similarly had charge in turn of three dependencies of Gardeny: Monlleó (1293), Urgel (1295-1296) and Segriá (1296-1302)48. In the Templar Aragonese province William of Montgrí between 1243 and 1277 had terms of oice as commander in eleven houses49. Transfer from the charge of one commandery to that of another was also common elsewhere in the Temple and in the Hospital. Bernard of Casa, for example, was Templar commander of St Gilles in 1199 and 1200, of Arles in 1201 and of Marseille in the following year, and later held the oice of commander elsewhere50; and similarly in Catalonia the Hospitaller Peter of Fonolet was commander of the house of Villafranca in 1282 and of Espluga de Francolí in the next year51. Some western provincial masters or priors similarly held terms of oice in more than one province or priory. John le Franceys was Templar master of Aquitaine from 1269 until 1276 and master of France in 127952. he Templar William of Alliac was master of Provence and certain parts of Spain from 1221 to 1223 and master of Auvergne in 122853. Similarly, within Spain, the Templar Stephen of Belmonte held the oice of provincial master in Castile, León and Portugal from 1230 until 1239, was briely master of Provence and certain parts of Spain in 1239, and then master of Provence in 1246, ater it had become a separate province54. In the same way, James of Taxy was Hospitaller prior of Messina from 1269 until 1273 and prior of Barletta from 1278 till 128155. 45

J. Michelet, Procès, t. I, p. 373; t. II, p. 43. L. Pagarolas i Sabaté, Els Templers de les terres de l’Ebre, t. I, p. 125; A. Forey, Templars in the Corona de Aragón, pp. 447-448. 47 L. Verdon, La terre et les hommes en Roussillon, pp. 218-219. 48 ACA, ORM, San Juan de Jerusalén, Pergaminos, Gardeny 199, 200, 227, 310, 584. 49 A. Forey, Templars in the Corona de Aragón, p. 266. 50 É. Léonard, Introduction au cartulaire manuscrit, pp. 30, 36, 43, 51, 53; see also C. Vogel, «Mobility of Templars from Provence», pp. 120-123. 51 J. Miret y Sans, Les Cases de Templers y Hospitalers, pp. 522, 525. For a similar practice in the Dominican order with regard to conventual priors in the thirteenth century, see G. Galbraith, Constitution of the Dominican Order, pp. 123-124. 52 É. Léonard, Introduction au cartulaire manuscrit, pp. 96, 115. 53 Ibid., p. 165; A. Forey, Templars in the Corona de Aragón, p. 420. 54 G. Martínez Diez, Templarios en los reinos de España, p.  422; A. Forey, Templars in the Corona de Aragón, p. 420; É. Léonard, Introduction au cartulaire manuscrit, p. 27. 55 J. Delaville le Roulx, Hospitaliers en Terre Sainte et à Chypre, p.  419; M. Salerno, Gli Ospedalieri di San Giovanni, p. 157; J. Burgtorf, he Central Convent of Hospitallers and Templars, pp. 579-580. 46

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It has sometimes been suggested that brothers who held a succession of posts at the level of commander progressed from having charge of a small house to being set over a more important one56. It is, of course, diicult to establish any precise ranking between commanderies, but for the Aragonese province of the Templars records survive of the responsions due from commanderies in 1307, as do evaluations compiled by the Hospital and Montesa ater these orders had taken over Templar properties there57. hese do not provide an altogether consistent picture, but it is possible to gain some impression of the relative standing of Templar houses in Aragon, and to be able to state that there was no clear progression in appointments from less important to more important houses. In 1240 Peter Jiménez was commander of Monzón, which in 1307 paid a responsion of 1,100 mazmodinas and was evaluated later by the Hospitallers at 2,500 lib. Jaca, and in the following year held oice at Novillas, which in 1307 paid no responsion and had a Hospitaller evaluation of only 200 lib. Jaca58; and similarly, ater having charge of Monzón, William of Miravet was in 1273 commander of Huesca, whose responsion was 350 mazmodinas and which, together with the Hospitaller house there, was later worth 1,000 lib. Jaca59. It would similarly be diicult to maintain that the Templar province of Auvergne, of which William of Alliac had charge in 1228, was more important than that of Provence and parts of Spain, where he had earlier been provincial master60. his lack of progression is further illustrated by the common practice in the Temple and Hospital of holding a particular post more than once: this occurred at all levels within a province or priory61. Dominic of Alcorisa was Templar chamberlain of Zaragoza from 1264 to 1266 and from 1270 until 1274, and William of St Estève had charge of the Templar dependency of Perpignan from 1239 to 1240 and from 1252 until 125362. he Templar Fulk of Montpesat had three separate terms of oice as commander of Jalès63, and Raymond of Bastida was commander of the Templar house of Castellote in southern Aragon three times between 1265 and 127864. In the Hospital Lope of Grisén had charge of the Aragonese commandery of Zaragoza from 1212 to 1217 and from 1223 to 122565. At a higher 56

B. Frale, Ultima battaglia dei Templari, p.  13; see also J. Bronstein, «Mobilization of Hospitaller Manpower», p. 26. 57 A. Forey, Templars in the Corona de Aragón, pp. 415-419, doc. 45; J. Miret y Sans, Les Cases de Templers y Hospitalers, pp. 399-400; E. Guinot Rodríguez, Feudalismo en expansión en el norte valenciano, p. 418. 58 A. Forey, Templars in the Corona de Aragón, pp. 437-438. 59 Ibid., pp. 433, 437. 60 É. Léonard, Introduction au cartulaire manuscrit, p. 165; A. Forey, Templars in the Corona de Aragón, p. 420. 61 In the central convents of the orders some brothers similarly held the same oice more than once: J. Burgtorf, he Central Convent of Hospitallers and Templars, p. 209. 62 A. Forey, Templars in the Corona de Aragón, p. 448; L. Verdon, La terre et les hommes en Roussillon, p. 218. 63 É. Léonard, Introduction au cartulaire manuscrit, p. 47. 64 A. Forey, Templars in the Corona de Aragón, pp. 266, 429. 65 M. Ledesma Rubio, Encomienda de Zaragoza, p. 614.

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level, Pons of Rigaud was Templar master of the Aragonese province from 1189 until 1195 and from 1202 to 120666; the Hospitaller García Artiga had two separate terms of oice as prior of Navarre in the 1230s67; and the Hospitaller Raymond of Ribelles held the prioral oice of castellan of Amposta from 1276 until 1285 and from 1298 until 130168. As short terms of oice were common at the level of commander and below69, appointment of the same brother to oices at the same level allowed orders to utilize fully those who had the required skills; and the reappointment of a Templar or Hospitaller to the same post ater an interval meant that a brother was taking charge in a place of which he already had some knowledge and experience. It was also very common for brothers who had held oice at a certain level to be assigned to a lesser post or to cease to hold oice altogether. he Templar Berenguer of San Justo, ater occupying the posts of provincial master in Aragon and then commandeur de la terre in Cyprus, became commander of Miravet in the lower valley of the Ebro in 129770. William Cadell was Templar master of Provence, acting as deputy of the provincial master, from 1204 to 1209, but was commander of Monzón from 1210 to 121271. William of Puignaucler was commander of the Templar house of Puigreig from 1281 until 1283 but in the following years had charge of Gandesa, which was merely a dependency of Miravet72. Raymond of Montegalhardo was similarly Templar commander of Toulouse in 1264 but in 1271 had charge of Larmont, which at the time of the Templar trial was described as a grange73. he Templar Raymond of Lunel was commander of Tortosa in 1234 but chamberlain of Monzón in 123874. hese brothers moved to lesser posts, but Arnold of Claramunt, who was Templar provincial master in the Aragonese province until April 1200 was listed in the following month as a brother without any oice75. Peter of Aguda, ater 66

A. Forey, Templars in the Corona de Aragón, p. 420. S. García Larragueta, Gran priorado de Navarra, t. I, p. 261. 68 J. Miret y Sans, Les Cases de Templers y Hospitalers, p. 520; J. Burgtorf, he Central Convent of Hospitallers and Templars, pp. 631-633. 69 here were exceptions: William of Lege was Templar commander of La Rochelle from 1269 until 1297, and Arnold of Castellví held the commandery of Castellote in southern Aragon from 1283 until 1306: É. Léonard, Introduction au cartulaire manuscrit, p. 101; A. Forey, Templars in the Corona de Aragón, p. 429. 70 Ibid., pp. 405-406, 421, 436; J. Burgtorf, he Central Convent of Hospitallers and Templars, pp. 494-497. 71 É. Léonard, Introduction au cartulaire manuscrit, p. 26; A. Forey, Templars in the Corona de Aragón, p. 436. 72 Ibid., p. 440; F. Carreras y Candi, «Entences y Templers», p. 223. 73 É. Léonard, Introduction au cartulaire manuscrit, pp. 77-78; see also C. Vogel, « Mobility of Templars from Provence », pp. 121-122. 74 A. Forey, Templars in the Corona de Aragón, p. 442; L. Pagarolas i Sabaté, Els Templers de les terres de l’Ebre, t. I, p. 120; ACA, Registro 310, fos 76ro-76vo. 75 A. Forey, Templars in the Corona de Aragón, p. 420; R. Sarobe i Huesca, Col·lecció diplomàtica de Gardeny, t. II, pp. 1083-1085, doc. 750. 67

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being Templar commander of Barberá and then Gardeny, was without oice in 120176, and Peter Morut, Templar commander of Zaragoza in 1220-1221, was similarly merely a brother at Tortosa in 122677. he Templar John of Alcover was a brother without oice at Gardeny in 1261 ater being chamberlain at Tortosa in 1258-9 and in charge of the dependency of Segriá in 126078, while the Templar Pelabous was similarly chamberlain of Tortosa in 1234 but held no oice there in 123879. In some cases there were particular reasons for such demotions. In 1265 the Hospitaller general chapter ruled that oicials transferring from the West should not hold oice during their irst year in the East: the intention was presumably to ensure that newcomers gained experience before taking on responsibilities80. his ruling did not, of course, afect oice-holding in the West, but there some may have lost oice or been moved to a lesser post because of unsuitability in certain roles. A brother who had been a chamberlain or had charge of a small dependency might be found not to possess the skills needed for managing a group of brothers in a commandery. In some other instances the loss of oice may be explained by age or inirmity. he English Templar Richard Peitevyn, who was a brother at Dinsley at the time of the arrests in 1308, and who had earlier been preceptor at Wilbraham and apparently lieutenant of the English provincial master, may well have become too inirm to hold oice, for when interrogated in 1309 he stated that he had entered the order forty-two years earlier, and two years later he was said to be unable to stand81. William of Scotho, at one time Templar preceptor of Denny in Cambridgeshire, may have been in the same situation. He had been a Templar for twenty-eight years when arrested and was then merely a brother at Denny, where there was an inirmary for the aged and inirm82. Yet there were many instances where such explanations are not valid. Berenguer of San Justo occupied the post of commander of Miravet for ten years until the arrest of the Templars and did not die until 1319 or 132083: he was obviously 76 A. Forey, Templars in the Corona de Aragón, pp. 425, 430; ACA, ORM, San Juan de Jerusalén, Pergaminos, Gardeny 1589. 77 A. Forey, Templars in the Corona de Aragón, p. 445; L. Pagarolas i Sabaté, Els Templers de les terres de l’Ebre, t. I, p. 131. 78 Ibid., t. I, p. 125; ACA, ORM, San Juan de Jerusalén, Pergaminos, Gardeny 634, 726, 729. 79 L. Pagarolas i Sabaté, Els Templers de les terres de l’Ebre, t. I, pp. 124, 132. 80 J. Delaville le Roulx, Cartulaire général de l’ordre des Hospitaliers, t.  III, pp.  118-121, doc. 3180 (art. 4). 81 E. Gooder, Temple Balsall, pp. 113, 122, 124, 149; D. Wilkins, Concilia magnae Britanniae, t. II, pp. 339-340, 347, 391; H. Nicholson, Proceedings against the Templars, t. I, pp. 34, 110, 367; Calendar of Patent Rolls, 1281-1292, p. 24; Calendar of Patent Rolls, 1292-1301, pp. 332, 391. 82 E. Gooder, Temple Balsall, pp.  112, 149; D. Wilkins, Concilia magnae Britanniae, t.  II, pp. 339, 347; H. Nicholson, Proceedings against the Templars, t. I, pp. 32, 109 ; A. Forey, «Provision for the Aged», pp. 177-178. 83 He was listed as receiving a pension in 1319, and in the following year, ater his death, his brother was involved a in dispute with the Hospitallers about his possessions: J. Miret y Sans, Les Cases de Templers y Hospitalers, p. 392; A. Forey, Fall of the Templars, p. 240.

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still capable of holding oice when he returned from Cyprus, and his appointment on that island ater he had been provincial master in Aragon suggests that he was regarded as being a competent administrator at that level. It was also common for brothers who had moved from a more important to a lesser oice to be promoted again later, and for those who had ceased to hold any oice to be given another administrative post later. Although the Catalan Templar William of Puignaucler was set over the dependency of Gandesa in 1284 ater having charge of the convent of Puigreig, he later had terms of oice as commander again in several convents84; and Peter Morut had a second term of oice as commander of Zaragoza from 1231 until 1233 ater being merely a brother at Tortosa85. Of course, apparent gaps between terms of oice may in some instances relect merely the inadequacy of the evidence, but clearly for some brothers periods of oice were interspersed with times when they held no post. Although much of the evidence which has been used in tracing the nature of oice-holding in western Europe relates to the Aragonese Templars, sources for the Temple in other regions and for the Hospitallers suggest that similar practices existed in both orders throughout the West, as the examples quoted about the Hospitallers in western Europe and about the Templars outside Aragon could on some points easily be multiplied. Of course, appointments do not in all cases relect general policies adopted by the Templar and Hospitaller authorities. Some were inluenced by particular factors. hese included outside pressure. he Templar marshal Hugh of Jouy became Aragonese provincial master in 1254 ater he had apparently been banished from the Holy Land by the French King Louis IX86; and Albert of Canelli, who was irst mentioned as Templar master in Sicily in 1262 and who was related to the Hohenstaufen Manfred, had to leave the kingdom when Charles of Anjou assumed control: he was later holding lesser posts farther north87. Amaury de la Roche was given charge of the Templar province of France ater royal and papal inluence had been exerted in 126488. In 1293 James II of Aragon sought to prevent the Hospital from nominating visitors or other oicials to exercise authority in his territories who were not his subjects, although this was only a temporary measure taken during time of war89. James’s decree implies that intervention might occur not only with regard to the most important posts in a province, and there are examples of outside pressure on the appointment of commanders of houses. In 1283 Peter III 84

Id., Templars in the Corona de Aragón, pp. 424, 430, 441, 445. Ibid., p. 445. 86 Ibid., pp. 311-312; J. Burgtorf, he Central Convent of Hospitallers and Templars, p. 426. 87 E. Bellomo, «Mobility of Templar Brothers and Dignitaries», p. 106; M. Bulst-Thiele, Sacrae domus militiae Templi magistri, p.  246; E. Trota, «L’ordine dei cavalieri Templari a Modena», pp. 48-49. 88 J. Guiraud, Registres d’Urbain IV, t. I, pp. 364-365, 369-370, 373-374, docs. 760, 765, 771; H. Prutz, Entwicklung und Untergang, pp. 286-288. 89 J. Delaville le Roulx, Cartulaire général de l’ordre des Hospitaliers, t. III, p. 623, doc. 4225. 85

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of Aragon inluenced the choice of commander for the Hospitaller house of Mallén; and when in 1290 Romeo of Burguet was removed from oice as Templar commander of Barcelona, the Aragonese King Alfonso III protested, as he had been employing that brother in the collection of a royal aid; and Romeo was restored to his post90. Eleven years later the Hospitaller general chapter ruled that if a request was made by a great lord in the East or West to the master that a certain brother should be given an oice—presumably at any level—the letter should not be read out until the next chapter91. Alexander IV had earlier warned the Temple against granting houses or provinces to individuals at the request of kings, princes or nobles, and this caution was repeated by Clement IV in 1267, but clearly appointments were sometimes determined by outside inluence92. Yet, as has been seen, some interventions were occasioned by particular circumstances, and are not an indication of continuous interference; and rulers were more likely to concern themselves with appointments to senior, rather than to more junior, posts. Nor were the candidates of kings and popes always accepted: in Aragon James  II’s nominees for the oice of Templar provincial master in 1302 and 1307 were rejected93. Outside inluence probably afected only a small minority of appointments. Nepotism within an order could, however, also occur: in the records of the Templar trial a considerable number of brothers stated that they had been admitted in the presence of a relation94, and it is clear that many did have members of their families who were brothers. his might be a factor inluencing appointments, as in the case of Fulk of Villaret, who seems to have beneited from the fact that his uncle was master of the Hospital95. Brothers themselves might also lobby for oice: the Aragonese provincial master Berenguer of Cardona wrote that he was approached at Limassol in 1306 by a number of Templars who were seeking the Catalan commanderies of Gardeny and Corbins96. Personal wishes were at times also of importance in the relinquishing of oice, as in the resignation of the Hospitaller master Gilbert d’Assailly97; but little evidence survives on this point from western Europe. 90

Ibid., t. III, p. 440, doc. 3817; A. Forey, Templars in the Corona de Aragón, p. 265. J. Delaville le Roulx, Cartulaire général de l’ordre des Hospitaliers, t. IV, pp. 14-23, doc. 4549 (art. 7). 92 B. Barbiche, Actes pontiicaux originaux, t. II, p. 157, nº 1438. 93 A. Forey, Templars in the Corona de Aragón, pp.  310-311. A request by Clement IV and Charles of Anjou in 1266 for Amaury de la Roche to be transferred to hold oice in South Italy and Sicily was similarly not implemented: É. Jordan, Registres de Clément IV, p. 122, doc. 418; J. Burgtorf, he Central Convent of Hospitallers and Templars, pp. 471-472; M. Bulst-Thiele, «Templer in königlichen und päpstlichen Diensten», pp. 303-304. 94 A. Forey, «Recruitment to the Military Orders», p. 170. 95 A. Luttrell, «Notes on Foulques de Villaret», p. 73. On nepotism in military orders in the Iberian peninsula, see Ph. Josserand, Église et pouvoir dans la péninsule Ibérique, pp. 411-419. 96 ACA, Cancillería Real, Cartas Reales Diplomáticas, Templarios 247. 97 For the most recent discussion of this resignation, see J. Burgtorf, he Central Convent of Hospitallers and Templars, pp. 65-74. 91

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Yet, although in some cases appointments were subject to particular pressures, it is possible to draw some conclusions about the practices which were commonly followed by the Temple and Hospital in the twelfth and thirteenth centuries in appointments to administrative posts in western Europe. Although some brothers progressed from less important to more important posts in the West, there was not a fixed route which was followed by all who achieved high office. When discussing office-holding in the central convents of the Templars and Hospitallers, Jochen Burgtorf concluded that there were no career patterns in the sense that those who held high office had all progressed in the same way98, but he suggested that certain tendencies may be discerned. The same may be said of appointments in the West. It is also clear that for many Templars and Hospitallers there was no steady progression from less important to more important offices: in many cases there was in fact movement in the opposite direction, even though a brother had not been considered inadequate in any way. The custom of holding office within a province or priory for only a short term, together with the practice of moving brothers to less important posts, suggests that office in the twelfth and thirteenth centuries was normally regarded as a responsibility, not as a reward, and was to be held as the needs of the order required. There seems to have been a concern to ensure that brothers did not become too established in a post, and to distribute the burdens of administration as widely as possible, although there were, of course, many brothers who never held any administrative posts and who were engaged solely in domestic or agricultural work. It is true that Hospitaller statutes of the later thirteenth and early fourteenth centuries allude to the granting of offices for life as well as for a term in western priories: in 1301, for example, reference was made to the granting of houses in Germany for life or a period99. At a Templar chapter at Arles in 1296 James of Molay similarly granted to John Fernández, cubicularius of the pope, several Templar houses in north-western Spain for life, and ten years later Peter of San Justo was given a life grant of the Templar commandery of Alfambra in southern Aragon100. During the Templar trial it was also said that Henry Danet had as a favour been placed

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Ibid., p. 424. J. Delaville le Roulx, Cartulaire général de l’ordre des Hospitaliers, t. IV, pp. 23-24 doc. 4550 (art. 1); see also t. III, pp. 368-370, 525-529, docs. 3670 (art. 1), 4022 (art. 22); t. IV, pp. 36-41, 57-58, 136-137, docs. 4574 (art. 19), 4612 (art. 4), 4734 (art. 1). In 1270 the Hospitaller master Hugh Revel had assigned to Stephen of Fulburn, the prior and treasurer of the order’s London house, for his own use for life the properties which he acquired for the Hospital and the order’s mills on the hames in London: ibid., t. III, p. 219, doc. 3388. For Hospitaller appointments for life in the irst decade of the fourteenth century, see ibid., t. IV, pp. 143-144, 187-189, docs. 4749, 4812. 100 S. Domínguez Sánchez, Documentos pontiicios referentes a la diócesis de León, pp.  592593, doc. 623; Id., Documentos de Bonifacio VIII, pp. 356-357, doc. 300; A. Forey, Templars in the Corona de Aragón, pp.  414-415, doc. 44. When proceedings began against the Temple in 1307, however, Peter of San Justo was commander of Peñíscola. 99

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in charge of Templar houses in Ireland for life101. But this evidence is late, and the lists of officials which can be compiled do not suggest that appointments for life were common for most of the twelfth and thirteenth centuries. In that period heads of provinces seem to have been appointed for a limited, though renewable, term—in the Temple it appears to have been four years102—while those holding the office of commander may have had their appointments reviewed at the annual provincial chapter103. Yet references to life appointments in the later thirteenth and early fourteenth centuries serve as a reminder that practices could change, as is also apparent later, for example, with the emergence of the concept of ancianitas in the Hospital104.

101 H. Nicholson, Proceedings against the Templars, t. I, p. 331; Ead., «Testimony of Brother Henry Danet», pp. 411, 416. 102 H. Finke, Acta Aragonensia, t. III, p. 10, doc. 5. 103 It is clear that in the second half of the thirteenth century Templar commanders in the Aragonese province were oten—though not always—appointed to, or removed from, oice at the provincial chapter: A. Forey, Templars in the Corona de Aragón, p. 265; see also H. de Curzon (éd.), La règle du Temple, p. 103 (art. 127); J. Upton-Ward, he Catalan Rule of the Templars, p. 52 (art. 126). In the Teutonic order, commanders were expected to resign their oices each year at the provincial chapter: M. Perlbach, Die Statuten des Deutschen Ordens, pp. 59-60, Gesetze IIb. 104 P. Bonneaud, «La règle de l’ancianitas dans l’ordre de l’Hôpital», pp. 221-232.

THE PRIESTS IN THE MILITARY ORDERS A Comparative Approach on Their Standing and Role

Jürgen Sarnowsky University of Hamburg, Department of History

In one of the treatises on the reform of the Empire, the Reformatio Sigismundi from about 1438, the Hospitallers and the Teutonic Knights are accused to suppress their priest brethren: «he commanders, great or small, they represent the order, carry the cross and do not sing and read, and take the priest that they have in the order to be nothing and their servants1». A similar impression was also at some point prominent at the Roman Curia. In summer 1456, Pope Calixtus III in gave orders to the cardinal legate Ludovico Trevisan to initiate reforms that would strengthen the standing of the Hospitaller priest brethren, who are expressly described as the former leading branch of the order2. he bull refers to the precedence the knight brethren had gained in all military orders since the 12th century, though the situation seems not to have been this dramatic, because the text was cancelled and then revoked by another bull from early 14573. In fact, the situation of the priest brethren of the military orders was ambivalent. hey could neither become masters nor one of the main oicials in the orders’ headquarters, but they held at least some inluential positions, and they were responsible for the spiritual afairs of their communities. Research on the military orders was mostly focussed—and today still is focussed—on the knight brethren. his may oten be caused by the lack of sources, but, as has been pointed out quite recently, «historians have tended to concentrate on them [the orders] as military phenomena, international institutions, economic powerhouses, and landowners; very little attention has been paid to their primary role as religious orders4». his essay cannot replace a detailed study or studies on single orders or regions, but will propose a irst drat for a comparative approach 1 «… Dye comether, clein oder groß, dye tragen den ordenn, das creutz und singen und lesen nit und dye priester, dye sye im orden haben, dye halten sie für nichtz nit und als yr knecht », in Reformation, ed. H. Koller, version N, p. 184, similar in the other versions. 2 he bull dated 29 June 1456 in Archivio Segreto Vaticano, Reg. Vat. 444, fos 23r-25v, cancelled; see J. Sarnowsky, Macht, p.  200; K. Setton, Papacy, p.  188, n. 110 (erroneously referring the cancellation only to the date). 3 Revocation of the earlier bull from 11 February 1457, Archivio Segreto Vaticano, Reg. Vat. 444, fº 23rº, in the margin. 4 J. Riley-Smith, Templars, p. 2.

Philippe Josserand, Luís F. Oliveira et Damien Carraz (éd.), Élites et ordres militaires au Moyen Âge, Collection de la Casa de Velázquez (145), Madrid, 2015, pp. 215-224.

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on the standing and role of the priests in the military orders, concentrating on the three greater international orders, Templars, Hospitallers, and Teutonic Knights, and on four main points: irstly, on the institution of the priest brethren in the military orders, secondly, on their recruitment and social standing, thirdly, on their role in the internal organization, and, fourthly and inally, on the scope of their activities and tasks within the orders. THE INSTITUTION OF THE PRIEST BRETHREN IN THE MILITARY ORDERS

he classiication of the members of military orders in knight brethren, priest brethren and sergeants seems to be an ideal representation of the earlier medieval tripartite model of society, divided into those who ight, those who pray and those who work5. But in fact, the membership structure of the orders only developed slowly and diferently in each of the orders, and it became also more complicated by further divisions, for example between sergeants-at-arms and sergeants-of-oice with diferent tasks. he priest brethren can also be distinguished in priests and other clerical brothers, as do the statutes of the Teutonic Knights6, and there are also the ranks of ordination, but these diferences are rarely recorded in the sources. he oldest institution of what became the three great military orders, the Hospital of St John, essentially started as a lay community with no formal distinction between its members7. Contrary to the impression given by the papal bull of 1456, priests seem never to have played a leading role8. Sometimes priests related to the Hospital are mentioned, as for example in 1119, but only in a charter of 1150 clerical and lay brothers are clearly distinguished. his distinction is taken over by the irst rule of the Hospitallers compiled under Master Raymond du Puy before 1153, in which even the diferent ranks of ordination are mentioned9. Finally, the papal bull Christiane idei religio in 1154 established the admittance of priests, even without the consent of their bishops. he bishops were still needed for the ordinations, but the priests were clearly under the authority of the Order and that of the pope10. About the same time, the irst knights were associated with the Hospital, mirrored only in the statutes of 1181/82 which also give a tripartite division in clerical, lay, and converse brethren11. hough the priests were formally 5

For the tripartite model of bellatores, oratores, and laboratores and its consequences for the military orders, see A. Demurger, Chevaliers du Christ, pp. 12-13, 17-18. 6 Sacerdotes et clerici fratres, or brudere prister und pfafen, M. Perlbach, Die Statuten des Deutschen Ordens, pp. 27, 64, and 87, Regel, 10, and Gesetze, 2, and 40; see M. Glauert, Domkapitel, p. 183. 7 I follow here J. Burgtorf, he Central Convent of Hospitallers and Templars, p. 92. 8 J. Riley-Smith, Templars, pp. 35-36. 9 1150 as fratribus, clericis et laicis see J. Burgtorf, he Central Convent of Hospitallers and Templars, pp. 34-35; J. Delaville le Roulx, Cartulaire général de l’ordre des Hospitaliers, t. I, nos 17, 53, 70. 10 J. Delaville le Roulx, Cartulaire général de l’ordre des Hospitaliers, t. I, nº 226. 11 Ibid., I, nº 627.

the priests in the military orders

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subjected to the authority of the knights in the 1230s under Master Bertrand de Comps12, the Hospitallers remained a multi-functional institution. his was diferent for the Templars who were mainly dedicated to military tasks13. Nevertheless, priests in the service of the Templars are mentioned quite early, already in the irst statutes14, and priest brethren were formally introduced by the great privilege of 1139, Omne datum optimum15. Like the Hospitallers, the Templars were allowed to admit priest even without the consent of their bishops, and they could dismiss them by vote of the chapter when they were useless or disturbed the peace of the community. While the regulations make clear that the Templar masters had to be «military and religious», only a subordinate position is assigned to the priests. he irst priest brethren can be found already in 1140, and regulations for the chaplains, as they were also called, followed in the retrais from the years 1165/118716. he Teutonic Knights had similar origins like the Hospitallers and may have employed priests in the hospital at Acre from its beginnings. Contrary to the Hospitallers, even one of the principals of the German hospital, Henry, in 1193/94, may have been priest17. When an assembly of high ranking oicials from the Holy Land and German crusaders applied to Pope Innocent  III to allow the admittance of knight brethren, in February 1199, the pope followed the proposals concerning the rule of the new institution and decided it should observe «the practice of the Temple with respect to clerics and knights and the example of the Hospitallers with respect to the poor and the sick18». he standing of the priest brethren of the Teutonic Knights was thus like those of the Templars, as was conirmed by a bull of Honorius III of December 1220 according to which the priests in the order were responsible for the souls of the other brethren, but were subjected to the power of discipline of master and chapter19. RECRUITMENT AND SOCIAL STANDING OF PRIEST BRETHREN

Little is known about the recruitment of priest brethren, especially in the earlier centuries, and about their social status. Most probably, there were no social requirements for them, except that they should be personally free, while the 12

J. Riley-Smith, he Knights of St John, pp. 234, 238. In general, see A. Demurger, Les Templiers. 14 he most recent edition of the rule in: S. Cerrini, Expérience neuve; it was not available in Hamburg, thus the old edition is used here: H. de Curzon (ed.), La règle du Temple, nº 64 (4). 15 R. Hiestand, Papsturkunden für Templer und Johanniter, vol. I, pp. 204-210. 16 J. Burgtorf, he Central Convent of Hospitallers and Templars, p.  37; see A. d’Albon, Cartulaire général de l’Ordre du Temple, nº 202. 17 See the discussion of his title prior in K. Militzer, Von Akkon zur Marienburg, pp. 21-22. 18 E. Strehlke, Tabulae Ordinis heutonici, nº 297; Die Register Innozenz’ III., ed. O. Hageneder, vol. 1, p. 823; transl. in J. Riley-Smith, Templars and Hospitallers, S. 9. See also the report of the Narratio de primordiis ordinis heutonici, in M. Perlbach, Die Statuten des Deutschen Ordens, p. 160. 19 E. Strehlke, Tabulae Ordinis heutonici, nº 306. 13

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knights at least from the 13th century onwards had to prove their noble origins20. hus, though the chaplains did not come from lower class families, it seems that they were mostly not equal in social rank to the knight brethren. Priest brethren are not easily to be identiied, since there are not so many surnames or even names to be found in the sources21. heir social status has been studied for the Teutonic Knights in the bailiwick of huringia in the 13th century22. Of at least 28 priest brethren there to be found with surnames, 14 can be identiied. From them, two were born from families of counts, nine from other noble families, mostly ministeriales, only three from bourgeois families. his does not say much about the social composition because the chances to identify sons of cratsmen are minimal, but, at least in the 13th century, there were some scions of noble and patriciate families in this branch of the Order23. his basically holds true also for later centuries, though the noble participation seems to have decreased. hus, for example, of the 150 priest brethren in the bishopric of Pomesania in Prussia, ive can be related to leading, 20 to other bourgeois families, and only ive to knightly families. Of the latter, only one, Wikbold Dobbelstein, later promoted to the bishopric of Kulm, came from a knightly family from the Rhineland while the others were born from the Prussian knightly class not present in the ranks of the knight brethren of the Order24. As becomes clear already from the Templar privilege Omne datum optimum, the military orders could recruit secular priests or have members of the orders ordained by local bishops25. he recruitment of the priests seems to have taken part mostly in the regions in which they were to serve later26, with the exception of those who went to the areas of employment in the Holy Land, the Eastern Mediterranean or the Baltic. For the later Middle Ages, the situation was much diferent for Hospitallers and Teutonic Knights. Since the majority of Hospitaller subjects on Rhodes were Greek, the Order completely relied on priest brethren recruited in the West. Similar to the knight brethren, in the 15th century ixed numbers of priests were summoned to Rhodes, «to celebrate the divine oices in the church of St John in the collachium of Rhodes together with our other priests and to fulil the other [duties] which are imposed on you by your superiors here in Rhodes27…». his was diferent for the Teutonic Knights. When several of their priest brethren have surnames which point to towns and villages of Prussia, this is partially misleading, because we know that 20 A. Forey, he Military Orders, p. 175; for the Hospitallers, see J. Sarnowsky, Macht, pp. 197201; for the Teutonic Knights M. Glauert, Domkapitel, pp. 182, 280; K. Militzer, Von Akkon zur Marienburg, p. 465. 21 For the problems of identiication, see M. Glauert, «Vorbemerkungen». 22 D. Wojtecki, Studien, pp. 66-77, 103-119. 23 K. Militzer, Von Akkon zur Marienburg, pp. 466-467. 24 M. Glauert, Domkapitel, p. 20. 25 See also J. Riley-Smith, Knights of St John, p. 234. 26 See again K. Militzer, Von Akkon zur Marienburg, pp. 467-468. 27 J. Sarnowsky, Macht, p. 70, nº 116; quoting from National Library of Malta, Archives of the Order of St John, Arch. 407, fos 8vº-9rº, summons of 1518.

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one Johann von Marienburg in fact came from Austria, possibly only later, ater 1345, serving in the town parish of Marienburg, and others may have taken their name from their irst convent in Prussia as one Jakob von Roggenhausen28. But the general picture becomes clear for the bishopric of Pomesania, in which 36 priests can be related to regions of origin; here only four came from outside Prussia: one from Austria, two from the Rhineland, and one from Pomerania. he actual numbers of priest brethren in the orders and their proportions in relation to the other members are unknown. In 1179, the Master of the Hospitallers declared that, in return for alms, the Order could celebrate 1000 masses held by 14.130 priests, but these igures may be exaggerated and cannot be taken for the priest brethren alone because the Order still employed secular priests29. In any case, priests played an important role in the West: in 1338 there were 58 knights, 144 sergeants and 117 priests in Eastern Provence, at the same time in England 34 knights, 48 sergeants, and 34 priests; and in 1373 only 31 knights and 82 priests in Bohemia30. his was diferent on Rhodes, where, according to the statutes of 1466, in total 300 knights, 30 priests and 20 sergeants should reside31. he situation was similar in the Teutonic Order where, contrary to the Prussian houses, some bailiwicks in the Empire were dominated by priests. hus, in the bailiwick of huringia in spring 1451, lived only seven knights and two sergeants, but 87 priests of the order32. THE ROLE OF PRIEST BRETHREN IN THE INTERNAL ORGANIZATION OF THE MILITARY ORDERS

Since clerics held a high rank in medieval society, especially ater the reform movement of the 11th and 12th centuries, it is no surprise that priest brethren have a special status in the statutes of the military orders: they are to be treated with respect and receive their supplies irst as state the statutes of the Teutonic Knights33. hey formed their own group with internal jurisdiction34. heir most important oice was the prior, situated in the headquarters of the orders, to whom the priests had to confess and answer for their penances. he Templars appointed conventual priors only in the 13th century35, but conventual priors were at an early point instituted in most of the military orders, also in Spain36. 28

Following M. Glauert, Domkapitel, pp. 275-276. J. Riley-Smith, Knights of St John, pp. 235-236. 30 A. Luttrell, «Spiritual Life», pp. 76-77. 31 See the detailed table in J. Sarnowsky, Macht, p. 511. 32 B. Jähnig, «Der Deutsche Orden und hüringen», p. 342. 33 See M. Perlbach, Die Statuten des Deutschen Ordens, p. 64, Gesetz 2. 34 For the regulations for the Teutonic Knights, see K. Militzer, Von Akkon zur Marienburg, p. 67. 35 See J. Burgtorf, he Central Convent of Hospitallers and Templars, p. 336. 36 A. Forey, he Military Orders, p. 187; for Calatrava, see also F. de Rades y Andrada, Crónica de Calatrava, fos 9rº-10rº, who mentions a prior as the head of priest brethren in the main convent, with episcopal powers similar to the other conventual priors to be presented below. 29

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The first Hospitaller conventual priors are mentioned in 1153 and 1163. At least in theory, these priors were responsible for all priest brethren, the conventual church and all other churches of the order and had their own jurisdiction. They were the first in the rank of the conventual bailiffs, but, unlike the others, did not have to answer to the chapters general37. Their position was often compared to that of a bishop or archbishop. In fact, Eugenius IV allowed them in 1433 to wear the insignia of mitre and ring during solemn occasions38, but it seems clear that the priors could not ordain the priests themselves. The priests at the conventual church on Rhodes met, like the Order’s langues, for decisions on property donated to them or on the absence of chaplains from the convent. Similarly, they were also the first to make proposals for the appointment of a new conventual prior39. In the Teutonic Order, the first prior in the main house in Acre is mentioned in 1242, his lieutenant in 125340. There were other important priors of the Order, in Marburg and Plauen, but the conventual priors held a similar position like that of the Hospitallers’ priors41. There status found papal approval in June 1400 when Boniface IX allowed the priors of Marienburg the use of bishop’s insignia, mitre, ring, and crozier, during the celebration of mass and other solemn festivities42. Priest brethren normally were integrated into the convent, separate communities were an exception. These can be found in the orders of Santiago and Calatrava43, but also for the other military orders, especially in collegiate foundations or in priest commanderies. For the Templars, the attempt to establish a Templar canonry in the bishopric of Lebus, in 1244, failed44, but in 1278, the Teutonic Knights took over the former house of Augustinian canons in Zschillen in Thuringia, related to the control over nine churches in two dioceses, to be staffed by 12 priest brethren under a provost from the order45. For the Hospitallers, there are several examples, like Caspe in Aragón, where, in 1394, Master Juan Fernández de Heredia established a community of nine Hospitaller priests46. 37

J. Riley-Smith, Knights of St John, pp. 280, 338-40; J. Sarnowsky, Macht, p. 269. Acta Eugenii IV, ed. G. Fedalto, nº 234. 39 J. Sarnowsky, Macht, pp. 271-273. 40 K. Militzer, Von Akkon zur Marienburg, p. 67. 41 See M. Perlbach, Die Statuten des Deutschen Ordens, pp. 87-89, Gesetze 40-44; nevertheless the priest brethren remained under the control of the grand commander, ibid., p. 106, Gewohnheit 28. 42 E. Strehlke, Tabulae Ordinis heutonici, nº 700. 43 A. Forey, he Military Orders, p.  187; for Santiago, see Rule of the Order of St.  James, ed. E. Gallego Blanco, nº 40, p. 118; for Calatrava, see F. de Rades y Andrada, Crónica de Calatrava, fos 9rº-10rº. 44 Urkunden und Regesten zur Geschichte des Templerordens, ed. W. Irgang, nº 26. 45 B. Jähnig, «Der Deutsche Orden und hüringen», pp. 315-18, for the detailed regulations for Zschillen. 46 He later was buried there, see J. Delaville le Roulx, Les Hospitaliers à Rhodes, p. 237. 38

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Many commanderies were dominated by priest brethren, for example in the Hospitaller priory of Francia, in which in 1373 even 64% of commanders were priests47. he Knights of St John later, in the 15th century, developed a clear division of oices for knight brethren, sergeants, and priests48. his was quite oten related to parishes and the spiritual care for seculars. In Mühlhausen in huringia, for example, the Teutonic Knights had two priest commanderies related to the two main churches of the town49, and in Frisia, there were priest commanderies of the Teutonic Knights in Nes and of the Hospitallers in Sneek, which were responsible for seven or ten parish churches, respectively50. A special kind of communities can be found in the Teutonic Order: the diocesan chapters in Prussia and Livonia which had been founded as chapters of priest brethren or had been incorporated51. heir life followed the norms, especially concerning the oices like provost, dean, and custodian. But there were some characteristic diferences: more frequent changes in oice, and new members of the chapters could only be elected by consent of the bishops and the leading oicials of the Teutonic Knights52. Priest brethren only rarely appear in other higher oices within the orders. In 1283, there was one priest brother as land commander in the Bailiwick of Bozen, Konrad von Tscheve53, but when, in 1308, the Hospitaller conventual prior John of Laodicea acted as lieutenant of the master and of the Grand Commander for Spain, this was only connected with a visitation54. he Hospitallers had already in 1283 decided that no priest brother could held an oice which was connected with the shed of blood by judicial sentences55—the special status of the priests leading to restrictions. THE SCOPE OF THE ACTIVITIES AND TASKS OF THE PRIEST BRETHREN WITHIN THE ORDERS

he main tasks of priest brethren lay in the ield of spirituality. hus, the priests of the Teutonic Knights should celebrate masses for knights and sergeants, also for the sick brethren in the hospital, and care for the funeral and commemoration of the dead. hey had to pray before and ater the meals, and to read while the others 47

A. Luttrell, « Spiritual Life », p. 78. J. Sarnowsky, Macht, pp. 201-202. 49 B. Jähnig, «Der Deutsche Orden und hüringen», p. 339. 50 See the survey in J. Mol, «Wirtschatsführung der Ritterorden in den friesischen Ländern», pp. 111, 126. 51 For a survey see R. Biskup and M. Glauert (eds.), Die Domkapitel des Deutschen Ordens; see also the studies of the editors: M. Glauert, Domkapitel; R. Biskup, Domkapitel von Samland. 52 M. Glauert, Domkapitel, pp. 238-39, 184-185. 53 K. Militzer, Von Akkon zur Marienburg, p. 65. 54 J. Riley-Smith, Knights of St John, p. 234; J. Burgtorf, he Central Convent of Hospitallers and Templars, p. 437. 55 J. Delaville le Roulx, Cartulaire général de l’ordre des Hospitaliers, III, nº 3844, § 22. 48

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were eating. hey took also part in the reception ceremonies, received the vows and issued the blessings, and surveyed the penance of knights and sergeants while they did penance themselves not in public but only to their prior56. he internal confessions became problematic during the Templars’ Trial. According to the statutes, the brethren should confess only to the priests of the Order who had «greater power to absolve them on behalf of the pope than an archbishop57». hough the knights in fact from time to time confessed to outsiders like the Carmelites, this led to the accusation that the Templars had tried to cover up their heretical practices. Since the spiritual tasks of the priest brethren required literacy including at least basic Latin, they also played an important role in nearly every aspect of written communication and documentation in the military orders58. he orders also employed secular priests and, since the 13th century, secular scribes, but priest brethren always remained in the entourage of the higher oicials. hus, there was one chaplain serving the Templars’ provincial master in Aragón at least since 1172 who—at least until the 1230s—also acted as scribe59, and the chaplains of the Templar masters always played an important role. he irst chaplains of the Hospitaller master already appear in 1157, and the statutes of 1206, repeated in 1302, allow one chaplain and one clerk of the master60. On Rhodes, the masters had their own chapels in which at least three priest brethren were serving under their own prior. hough during the 15th century the chancery became dominated by secular clerks, there were still some exceptions like the German Johannes Erfstein von Straßburg who served as chaplain of the master and scribe of the chancery in the 1470s61. here were also literal activities. At least two Hospitaller priest, Jean and Simon de Hesdin, were masters of heology, and the latter, in about 1375, translated the work of Valerius Maximus into French62. Priest brethren were even more dominant in the chancery of the Teutonic Knights. According to the Order’s customs, the masters were permitted to employ one priest and one younger cleric (scolaris or schuler)63. In the 15th century or even before, these chaplains of the grand masters acted at the same time as chancellors, while the chaplains of the local oicials in Prussia were employed

56 K. Militzer, Von Akkon zur Marienburg, pp. 66-67, based on M. Perlbach, Die Statuten des Deutschen Ordens, pp. 36-38, 40-41, 43-44, 51, 69, 72-73, 85, 87-89, 117; Regel 10, 13, 16, Gesetze 12, 23-24, 29, 38, 40-44, Gewohnheit 63; for the Hospitallers see A. Luttrell, «Spiritual Life», p. 78. 57 H. de Curzon (ed.), La règle du Temple, nº 269; translation quoted from M. Barber, he New Knighthood, p. 198, also with references to the following remarks. 58 For the diferent aspects see: R. Czaja and J. Sarnowsky (eds.), Die Rolle der Schritlichkeit. 59 A. Forey, «Literacy in the Aragonese Templars», p. 211; Id., he Templars in Aragón, p. 315. 60 In fact, later two chaplains and one clerk are mentioned in the documents, J. Riley-Smith, Knights of St.  John, p.  235, based on J. Delaville le Roulx, Cartulaire général de l’ordre des Hospitaliers, nos 251, 1193 §10, 2280, 4413, 4549 §21, 4574 §4. 61 J. Sarnowsky, Macht, pp. 250-251, 303-304, 316. 62 A. Luttrell, «Jean and Simon de Hesdin». 63 M. Perlbach, Die Statuten des Deutschen Ordens, p.  98, Gewohnheit 11; there is also the inclusion of a scriptor sarracenicus of cause due to the situation in the Holy Land.

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as scribes and notaries64. At the same time, priest brethren contributed works of historiography. Peter von Dusburg, in 1326, composed a lengthy Chronicle of Prussia dedicated to Grand Master Werner von Orseln65, which was soon translated into German by another priest brother, Nikolaus von Jeroschin, in a rhymed version which found wide reception66. he priest brethren also took part in other internal events of the orders, like chapters general or the elections of masters, not only responsible for the liturgy. For the elections of masters of the Templars and the Teutonic Knights, at least one chaplain was required for the group of 13 electors67. he elections in the Knights of St John followed the same model, one of the 13 electors being a priest brother, and in the 15th century, when the number of electors was raised to 16, the number of chaplains in the committee of electors was limited to two68. Furthermore, as in the Order of Santiago69, quite oten one knight and one priest were employed in visitations70, even when, at least in the Teutonic Order, the knight chose the priest brother who would accompany him71. On Rhodes, the younger priest brethren had to take part, like their knightly counterparts, in the service on St Peter, Kos, or the ships of the order, the caravana, to be promoted72. Finally, another important position for priest brethren was that of the proctors general of the Hospitallers or the Teutonic Knights at the Roman curia73. Some of the priest brethren had an extraordinary career. Wikbold Dobbelstein started in Prussia as chaplain of the Grand Master Winrich von Kniprode in 1352/63. In 1356 member of the diocesan chapter of Pomesania, in 1363 he was promoted to the bishopric of Kulm74. One grand masters’ chaplain and chancellor, Sylvester Stodewescher, became even archbishop of Riga in 144875, and this was not the only priest brother of the Teutonic Knights to become archbishop in this diocese76. Also, in each of the bishoprics in which the diocesan chapter was stafed by priest brethren, these were elected regularly to bishops, in Kulm, Pomesania, and Sambia in Prussia, and in Curonia in Livonia. 64

M. Armgart, Handfesten des preußischen Oberlandes, pp. 120-125. H. Bauer, Peter von Dusburg; J. Wenta, «Deutschordenspriester Peter von Dusburg». 66 U. Arnold, «Nikolaus von Jeroschin». 67 H. de Curzon (ed.), La règle du temple, nº 211, comparing the chaplain with Jesus, the other twelve brethren with the Apostles; M. Perlbach, Die Statuten des Deutschen Ordens, pp. 92-93, Gewohnheit 4. 68 See J. Riley-Smith, Knights of St John, pp. 274-75; J. Sarnowsky, Macht, p. 228. 69 A. Forey, he Military Orders, p. 179. 70 Not clear in the case of the Hospitallers cf. J. Sarnowsky, «he Convent and the West», pp. 156-157. 71 U. Arnold, «Die Schritlichkeit des Deutschen Ordens», p. 13. 72 J. Sarnowsky, Macht, p. 221. 73 J.-E. Beuttel, Generalprokurator des Deutschen Ordens; J. Sarnowsky, Macht, pp. 192-196. 74 M. Armgart, Handfesten des preußischen Oberlandes, pp. 157-60; M. Glauert, Domkapitel, pp. 552-55. 75 K. Murawski, Zwischen Tannenberg und horn, p.  162; H. Boockmann, «Einzug des Erzbischofs Sylvester Stodewescher». 76 For a survey see M. Glauert, «Die Bindung des Domkapitels von Riga», passim. 65

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Similarly, some members of the other military orders were promoted to bishoprics. he Templar priest Humbert is mentioned as titular bishop of Banyas in 1272, while in 1288/90 Guillaume de Saint-Jean was titular archbishop of Nazareth. here were also Templars as bishops in Senlis and Savona in Liguria77. For the Hospitallers, there was an archbishop of Tarsus in 1303, but the Order did not succeed in establishing a succession of priest brethren in the bishoprics controlled by it politically. For Valenia, in the lordship of Margat, there may have been Hospitaller bishops in 1187 and 1250/66, and ater 1289, Hospitaller bishops in partibus, partly connected with the Order’s preceptory at Senlis78. On Rhodes, only two Hospitallers were elected archbishops, both before conventual priors, Nicolaus in 1373, and Jean Morel in 144779. here was also one priest brother as bishop on the island of Nisyros, in 1436, and another conventual prior as bishop of Paphos on Cyprus, in 145980. Even though this survey was much incomplete, it should have become clear that the priest brethren played an important role for the history of the military orders. Instituted at an early point and recruited in the commanderies, they experienced respect for their clerical status even if they never gained a standing like priests in other orders of the church—with some characteristic diferences between Templars and Teutonic Knights on one, and Hospitallers on the other side. hey held inluential positions as conventual priors and priest commanders, were responsible for the spiritual afairs of the community, served as clerks, and took over other important tasks. Even if they were normally integrated into the orders’ houses, they formed a spiritual and intellectual élite which could be employed in the orders’ relationship to other ecclesiastical and secular authorities, especially to the Roman curia. Several aspects of their history deserve further attention, from their prosopography and history in certain regions to everyday life in priest communities, and research on individual careers may throw more light on the complex relationship between the noble knight brethren and their more spiritual orientated counterparts. Hopefully, we may thus learn more about this underestimated branch of the military orders.

77 M. Barber, he New Knighthood, p. 369, nº 64; R. Hiestand, «Templer- und Johanniterbistümer», pp. 153-56; another Templar, Hugues de Nissun, let the Order for the Canons of the Holy Sepulchre when he was provided with the bishopric of Sebaste in Armenia. 78 See also J. Burgtorf, «Die Herrschat der Johanniter», p. 46. 79 R. Hiestand, «Templer-und Johanniterbistümer», p.  155; Jean Morel had irst been elected archbishop of Nicosia, but was immediately transferred to Rhodes, while the former Rhodian archbishop Andreas Chrysoberges took the post in Nicosia, see J. Sarnowsky, «Die Kirche auf Rhodos», pp. 194-195. 80 Matthieu de Chaselles on Nisyros, Michele de Castellacio at Paphos, J. Sarnowsky, «Die Kirche auf Rhodos», pp. 194-95; Id., Macht, p. 270.

LES LIEUX DE POUVOIR DES ORDRES MILITAIRES AU PORTUGAL

Isabel Cristina Ferreira Fernandes Gabinete de Estudos sobre a Ordem de Santiago et CIDEHUS – Universidade de Évora

Par lieux de pouvoir des ordres militaires, nous entendons avant tout les sièges respectifs de ces institutions, leurs couvents et leurs châteaux abritant des couvents. On peut néanmoins leur associer d’autres constructions qui s’inscrivent dans le cadre d’une politique d’airmation territoriale et également dotées d’un fort caractère symbolique. Les principaux ordres militaires, internationaux ou ibériques, se sont installés dans le royaume de Portugal au cours du xiie siècle : l’Hôpital vers 1122, le Temple à partir de 1128, Santiago en 1172, tandis que la milice d’Évora créée en 1175 se transforma ensuite en ordre d’Avis. Outre les bâtiments conventuels, ces ordres ont pris l’initiative de construire ou d’aménager plusieurs dizaines de fortiications dont certaines ont abrité les couvents (carte. 1, p. 226). L’ ORDRE DE SAINT-JEAN-DE-JÉRUSALEM OU DE L’HÔPITAL

L’ordre de l’Hôpital s’installe tôt au Portugal (1122), grâce à  une donation qui serait ensuite conirmée par le roi Alphonse-Henri, de l’église et du cautum de Leça do Balio (Matosinhos). Il semble que, durant les premiers temps de sa présence en territoire portugais, l’ordre se consacra essentiellement à l’assistance, qui était sa vocation d’origine depuis sa création en Terre sainte. Ce n’est que plus tard que l’Hôpital s’engagea réellement dans les campagnes militaires contre les musulmans : sa participation dans la conquête de Silves est documentée en 1189, de même lors de la conquête d’Alcácer do Sal en 12171. De caractère roman à l’origine, l’église de Leça do Balio (ig. 1, p. 227) a souffert d’un profond remaniement à l’époque du prieur Estêvão Vasques Pimentel (1306-1336), qui lui a donné son aspect actuel, dans l’esprit du gothique mendiant portugais. Caractérisée par un plan à trois nefs terminées par un chœur à trois chapelles polygonales, l’église fut dotée, au xive siècle, de merlons et d’une tour seigneuriale en façade qui lui donnent son caractère d’église-forteresse. Outre 1

M. Barroca, « A Ordem do Hospital e a Arquitectura Militar Portuguesa », pp. 192-193.

Philippe Josserand, Luís F. Oliveira et Damien Carraz (éd.), Élites et ordres militaires au Moyen Âge, Collection de la Casa de Velázquez (145), Madrid, 2015, pp. 225-239.

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isabel cristina ferreira fernandes

Penas Róias Mogadouro

Ordre de Avis

Leça do Bailio

Ordre de l’Hôpital Ordre de Santiago Ordre du Temple

Porto Longroiva

Ordre du Christ

Coimbra Ega Soure

Monsanto Idanha-a-Velha

Pombal Sertã Zêzere Tomar

Castelo Branco Rodão Montalvão

Belver Amieira

Almourol Cardiga

Tolosa Flor da Rosa

Santarém

Crato

Nisa

Avis

Arruda

Veiros

Lisboa Palmela

Alandroal

Sesimbra

Évora Alcácer-do-Sal

Noudar Santiago-do-Cacém Sines

Mértola Alcoutim Aljezur Castro Marim

Carte 1. — Sites des ordres militaires au Portugal mentionnés dans le texte © Ana Soia Gomes

les lieux de pouvoir des ordres militaires au portugal

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Fig. 1. — Église de Leça do Balio (ordre de l’Hôpital) © DGEMN / IHRU

cette église, subsistent de l’ancien monastère de Leça do Balio — qui fut la première maison des Hospitaliers au Portugal — des éléments d’un cloître jamais achevé ainsi qu’un logis seigneurial2. Même si le siège de l’Hôpital ne fut oiciellement jamais transféré à Belver, sur la ligne de défense du Tage, on présume que ce château occupa cette fonction de fait à partir de la in du xiie siècle, au moment des attaques almohades d’Abū Yūsuf Ya’qūb al-Manãūr, et ce, jusqu’à  l’installation du quartier général au monastère de Flor da Rosa. En 1194, le domaine de Guidimtesta avait été remis par Sanche Ier au prieur Afonso Pais, à condition que les Hospitaliers y construisent un château nommé Belver (ig. 2, p. 228) — vocable évoquant le château hospitalier de Belvoir dans le royaume de Jérusalem. Avec d’autres châteaux, celui-ci sera désigné pour abriter le trésor royal, comme l’atteste le testament du roi Sanche Ier, daté de 12103. Cette forteresse est considérée comme le meilleur exemple de château roman au Portugal : l’enceinte de plan ovale est munie de créneaux à proil rectangulaire, de deux portes et de six tours pour le tir lanqué, tandis que le donjon de plan carré se dresse au centre de la cour4. Selon Mário Barroca, la plus grande originalité du château réside dans les onze meurtrières ouvertes du côté est, à un niveau bas. Reconstruite au xive siècle, la fortiication connaîtra en 1439 les afrontements de la régence de l’infant Pedro, auquel les Hospitaliers s’opposèrent. 2

C. Almeida et M. Barroca, História da Arte em Portugal, pp. 66-67. M. Barroca, « A Ordem do Hospital e a Arquitectura Militar Portuguesa », pp. 193 et 196 ; P. Pinto costa et M. Barroca, « A doação de Belver à Ordem do Hospital por D. Sancho I…», pp. 679-714. 4 Ibid., pp. 197-198. 3

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isabel cristina ferreira fernandes

Fig. 2. — Château de Belver (ordre de l’Hôpital) © DGEMN / IHRU

Fig. 3. — Monastère de Flor da Rosa, Crato (ordre de l’Hôpital) © I.C.F. Fernandes

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Reposant sur des donations et sur de multiples privilèges, et encore renforcée par l’initiative royale, la puissance de l’Hôpital n’empêcha pas les contentieux liés aux exportations à destination de Rhodes. Au début de la seconde dynastie, sous le roi Jean Ier, l’ordre fut presque ignoré pour avoir pris position en faveur de Leonor Teles et il fut même écarté de la campagne militaire contre Ceuta5. Cette situation se modiia à partir d’Alphonse V et l’époque du roi Manuel Ier constitua un âge d’or pour l’ordre, comme en témoignent les aménagements du monastère de Flor da Rosa. À partir de 1341, sous le prieur Álvaro Gonçalves Pereira (vainqueur à la bataille de Salado), l’expression de « prieuré du Crato » désigne déjà les possessions des Hospitaliers dans la région de l’Alentejo. En 1356, ce même prieur commanda la construction d’un nouveau siège conventuel à Crato, dans le haut Alentejo, connu sous le nom de monastère de Flor da Rosa (ig. 3, p. 228). L’ensemble conservé aujourd’hui présente une entrée en narthex au centre, l’église cruciforme à  droite et le noyau fortiié du palais à  gauche. Derrière cet ensemble, mais invisible de la façade, se trouve l’espace conventuel avec son cloître. Des études récentes ont identiié plusieurs phases de construction6. Un premier bâtiment, antérieur à 1340, est déterminé par un appareil régulier de pierres de taille. À l’origine, le couvent aurait plutôt ressemblé à une maison-forte dépourvue d’église. La coniguration relèverait donc d’un parti militaire, avec un plan rectangulaire et une muraille inspirés de l’architecture de l’ordre en Terre sainte. Cet édiice présente donc une marque originale au sein des maisons des ordres militaires au Portugal. Au milieu du xive siècle, le prieur Álvaro Gonçalves Pereira ordonna la construction des tours, du noyau central et de l’église. Le premier tiers du xvie siècle, dans la phase Renaissance et manuéline, connut plusieurs adjonctions et remaniements : nouvelles divisions des espaces, ouverture de portes et de baies, ajout d’une sacristie, modiication de l’entrée. En outre, d’après une publication récente, le nom « Flor da Rosa » évoquerait le siège de l’Hôpital à Rhodes7. LES ORDRES DU TEMPLE ET DU CHRIST

L’une des premières constructions majeures commandées par un ordre militaire au Portugal fut le château de Tomar avec sa rotonde (ig. 4, p. 230). Les initiatives des Templiers en matière de construction dans la seconde moitié du xiie siècle font émerger la igure emblématique du maître Gualdim Pais. Possédé par la milice depuis 1159, le château abrite notamment une chapelle octogonale : la Charola. Un seul anneau circulaire, couronné par une voûte annulaire portée par seize arcs, est englobé par le corps octogonal soutenu par des piliers et des contreforts extérieurs. Sous la coupole se situe l’autel. La première phase constructive, de type roman et 5

P. Costa, « A Ordem do Hospital », pp. 187-192. P. Pereira et J. Rodrigues, O Mosteiro de Flor da Rosa, pp. 49-50 et 105-106. Plus récemment, Jorge Rodrigues a montré l’origine fortiiée de ce couvent : J. Rodrigues, « Os hospitalários, o prior Álvaro Gonçalves Pereira e a igreja-panteão de Flor da Rosa », pp. 331-370. 7 P. Pereira et J. Rodrigues, O Mosteiro de Flor da Rosa, pp. 35, 36 et 43. 6

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Fig. 4. — Rotonde et couvent du Christ, à Tomar (ordre du Temple et ordre du Christ) © DGEMN / IHRU

comprenant l’octogone, est attribuée à Gualdim Pais, tandis que l’anneau circulaire du xiiie siècle dénote déjà des caractéristiques gothiques. Le symbolisme du bâtiment et l’association au Saint-Sépulcre sont évidents8. La fortiication de Tomar, élevée entre 1160 et 1169, comprend une citadelle où s’est installé l’ordre, avec le château à l’est et la rotonde à l’ouest, tandis qu’une basse-cour a pris place entre la forteresse et la médina, avec lesquelles elle communiquait par deux portes. Les études archéologiques sur les voies de circulation externes et internes de ce complexe permettent de distinguer une voie réservée au pouvoir religieux-militaire et une autre, « civile »9. Le peuplement de la médina, enclose par une muraille adaptée au relief, fut encouragé par l’ordre grâce à  la concession d’une charte de franchise (foral) en 116210. L’organisation de l’urbanisme de Tomar par le Temple est ainsi attestée pour la in du xiie et le xiiie siècles11. Cette fortiication, organisée selon les modèles des châteaux du sud portugais, présente plusieurs caractéristiques nouvelles : des corbeaux sur les murs d’enceinte de la citadelle, un glacis massif (alambor) et un donjon auprès de 8 Les références et les parallèles avec le temple de Salomon, le Templum Dominis, sont envisagés par plusieurs auteurs  : C. Almeida, História da Arte em Portugal, pp.  138-139  ; P.  Pereira, « Convento de Cristo, Tomar », pp. 39-52 ; N. Oliveira, Castelos Templários, pp. 319-350. 9 A. Dias, « O castelo dos templários », pp. 305-320. 10 M. Barroca, « A Ordem do Templo e a arquitectura militar », p. 191. 11 M. Conde, « O urbanismo regular », pp. 287-294.

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l’entrée du château. Daté de 1160 par une inscription, ce donjon est considéré comme le plus ancien du Portugal. De 20 mètres de hauteur, il présente un plan rectangulaire sur quatre étages. Le château de Tomar est aussi pionnier sur le territoire portugais par l’usage du glacis appliqué à  la muraille extérieure, un aménagement que Gualdim Pais a pu observer dans l’Orient latin12. L’ordre du Christ, fondé en 1319 après l’extinction des Templiers, a hérité de la plupart de leurs biens. Pour justiier son éloignement vis-à-vis des Templiers, son siège aurait initialement été installé dans le château de Castro Marim, reçu de la Couronne en 1319 ; mais en 1357, il avait déjà été transféré à Tomar et commençait à être nommé « Couvent du Christ » (ig. 4, p. 230). Des études récentes laissent toutefois croire que ce déplacement n’eut jamais véritablement lieu13. À la suite d’un échange, Castro Marim fut déinitivement livré à la Couronne en 137314. Dans la première moitié du xve siècle, sous la maîtrise de l’infant Henri, le couvent de Tomar fut doté de nouveaux bâtiments : deux nouveaux cloîtres (du Cimetière et des Lavages), dont le premier, annexé à  la chapelle-rotonde, est attribué à  Fernão Gonçalves. Plus tard, sous Manuel  Ier, l’agrandissement de l’espace attribué au couvent du Christ motiva le déplacement de la médina en un autre lieu15. Il faut également mentionner à Tomar l’église de Sainte Marie d’Olivais où, d’après l’épigraphie, Gualdim Pais et d’autres maîtres de l’ordre furent inhumés au cours des xiiie et xive  siècles. Cette œuvre est attribuée à  l’architecte João Anes Pereiro de Ourém, avec une datation tardive, vers la in du xive ou le début du xve siècle, pour le bâtiment qui a subsisté jusqu’à aujourd’hui16. Une sobriété toute cistercienne caractérise cette église à trois nefs. L’ORDRE D’AVIS

On trouve, à partir de 1176, des mentions des chevaliers d’Évora qui observaient la règle de saint Benoît. Ils conservèrent leur siège à  Évora jusqu’au moment où, tout en étant ailiés à Calatrava, ils se transportèrent à Avis, obtenu à la suite d’une donation d’Alphonse II, en 1211. C’est à partir de là qu’ils commencèrent à être connus comme frères d’Avis. Une intervention archéologique conduite près de la cathédrale d’Évora a livré des données matérielles sur l’ordre et notamment l’existence d’une nécropole de frères où l’on a exhumé une boucle et des boutons avec la croix de Calatrava17. 12

M. Barroca, « A Ordem do Templo e a arquitectura militar », pp. 194 et 198. L. F. Oliveira, « Duas memórias em confronto », pp. 249-261. 14 Id., « Ordem Militar de Cristo », p. 495. 15 M. Conde, « Tomar Medieval », p. 72. 16 C. Almeida et M. Barroca, História da Arte em Portugal, p. 65. 17 A. Gonçalves, T. Hauschild et F. Teichner, « Intervenção arqueológica no Museu de Évora, Centro Histórico de Évora, 1996 », pp. 123-136. 13

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Fig. 5. — Château et couvent d’Avis (ordre d’Avis) © I.C.F. Fernandes

Fig. 6. — Château de Palmela (ordre de Santiago), Munícipio de Palmela © Ricardo Pais

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Fort importantes, les donations dans le haut Alentejo ont porté sur des terres fertiles qu’il fallait rentabiliser. Dans la localité d’Avis, les frères ont, à partir de 1214, construit un château où ils ont installé leur siège. Tout au long du Moyen Âge, l’ordre ne s’est pas limité à l’exercice d’une autorité religieuse mais a renforcé sa domination au sein de l’administration municipale18. Aujourd’hui, subsistent essentiellement les vestiges du couvent, de l’église et de la partie de la forteresse qui protégeait la population (ig. 5, p. 232). De cette forteresse demeurent trois tours d’angle quadrangulaires lanquant la partie subsistante du mur d’enceinte, encore identiiables. Elle disposait d’une citadelle et était desservie par plusieurs portes : Porte du Couvent, Porte de l’Abattoir, Porte de l’Enceinte ou du Rempart et Porte de la Trahison. D’après un document de 155619, on sait que la forteresse intégrait le couvent, l’église Notre-Dame de la Grâce et un logis seigneurial pour les maîtres, situé entre le donjon et le couvent. Élevé au xiiie siècle, ce dernier fut modiié au milieu du xve siècle. La description détaillée atteste l’existence d’un logis avec plusieurs salles et chambres, un scriptorium, « un jardin et une orangerie entourés par de hauts murs crénelés20…  ». L’étage supérieur du couvent abritait le dortoir des frères et le niveau inférieur accueillait des ateliers. Il y avait aussi, au sud de l’église, une autre orangerie enclose avec une citerne, la maison des prieurs et d’autres dépendances destinées au stockage et au traitement de produits agricoles. Au milieu du xve  siècle, le maître ordonna d’importants remaniements sur la forteresse, y compris la construction (ou reconstruction) du donjon, bien décrit dans le Tombo de 1556 et qu’Armando Pereira considère comme une tentative pour réairmer un pouvoir qui s’était trouvé limité par le pouvoir royal21. L’ORDRE DE SANTIAGO

Probablement à  la suite d’Alcácer, le château de Palmela accueillit le cheflieu de l’ordre de Santiago entre c. 1194 et 1217 : il s’agissait d’établir un centre militaire sur la frontière ain de préparer l’avancée portugaise sur les terres musulmanes du sud. Le château avait été donné aux frères de Santiago en 1186, sous la maîtrise de Sancho Fernandes. Des installations primitives subsistent seulement quelques traces archéologiques. L’agrandissement et le réaménagement de la forteresse intervinrent entre le xiiie et le xive siècles, notamment la construction du donjon, face à la ville, et la réorganisation de l’entrée du château. Le château et la première église paroissiale Sainte-Marie se trouvaient sous la juridiction de l’ordre (ig. 6, p. 232). 18

A. Pereira, « Avis, viagem a uma vila medieval », pp. 4 et 14. Tombo de 1556 – Direitos, Bens e Propriedades da Ordem e Mestrado de Avis, nas suas três vilas…, p. 82. 20 Ibid. 21 A. Pereira, « Avis, viagem a uma vila medieval », pp. 19-22. 19

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Fig. 7. — Couvent du xviie siècle et église du couvent du xve siècle, à Palmela (ordre de Santiago), Município de Palmela © Ricardo Pais

Fig. 8. — Chapelle de l’église Senhor dos Mártires, panthéon de l’ordre de Santiago, Alcácer do Sal © Luís Sousa

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Entre 1443 et 1482, fut élevé le couvent-siège à l’intérieur du château de Palmela, où les frères s’installèrent déinitivement jusqu’au xixe  siècle. De cette période subsistent l’église de Santiago, le logis seigneurial du dernier maître Jorge et quelques dépendances. Le dernier couvent remontant aux xviie-xviiie siècles a efacé presque toutes les traces du précédent (ig. 7, p. 234). Caractérisée par un dépouillement formel et décoratif où se mêlent tendances archaïques et éléments de modernité, l’église est considérée comme un exemple caractéristique de l’architecture gothique tardive du Portugal. D’autres travaux ont concerné le château dans les espaces résidentiels ou bien l’enceinte, où furent élevées de nouvelles tours. Au xvie siècle, le maître Jorge, bâtard du roi Jean II, it bénéicier le couvent et l’église d’importants travaux d’embellissement. Le Règlement du Couvent de Palmela de 1547 livre d’importantes informations sur le quotidien de la vie conventuelle et l’organisation fonctionnelle de la maison : sont notamment mentionnés l’église, la sacristie, le chœur, le dortoir, le réfectoire, la cuisine, l’auberge, une étude de notaire, la pharmacie et l’inirmerie. On ne connaît pas, néanmoins, de descriptions de l’architecture des bâtiments22. Le siège de l’ordre avait été installé à  Alcácer do Sal en 1218, avant d’être transféré à Mértola. Il retourna à Alcácer do Sal, du milieu du xive siècle à 1482, date à laquelle il fut ixé à Palmela. Le complexe conventuel d’Alcácer do Sal, connu comme « meysom de l’alcaçar » dans la documentation23, fut implanté dans le château, où seuls subsistent aujourd’hui l’église de Santiago et le couvent d’Aracoeli transformé en hôtel. Ce couvent s’inscrit probablement dans la continuité du précédent qui incluait le logis du maître et des frères. L’église des Martyrs, à  l’extérieur de l’enceinte, constitue un «  panthéon  » de l’ordre de Santiago qui intègre la chapelle des maîtres et la chapelle de Diogo Pereira, grand-commandeur. La décision d’aménager cette nécropole, dans un espace déjà utilisé pour l’inhumation de guerriers chrétiens, fut prise en 1333 par le maître Garcia Peres. Il s’agit d’une chapelle octogonale, avec voûtes nervées et contreforts d’angle à l’extérieur (ig. 8, p. 234)24. On ignore l’ampleur des travaux alors accomplis par les frères, mais ils ont certainement procédé à la réparation et à l’adaptation des murailles, des espaces religieux et civils. Le transfert de l’ordre à Mértola, qui accompagna l’impulsion conquérante vers le sud, interrompit les réaménagements à Alcácer, qui furent repris seulement à la in du xiiie ou au début du xive siècle. Des maîtres de l’ordre, comme Pedro Escacho, Garcia Peres et l’infant João, ont laissé des documents témoignant du gouvernement de l’ordre à partir de la maison d’Alcácer. 22 I. Fernandes, O Castelo de Palmela ; Ead., « Os conventos da Ordem de Santiago em Palmela », pp. 583-634. 23 M. Pereira, « Um olhar sobre o convento », p. 1028. 24 C. Almeida et M. Barroca ont trouvé des parallèles de ce plan octogonal à usage funéraire en Navarre, dans les chapelles d’Eunate et de Torres del Rio (C. Almeida et M. Barroca, História da Arte em Portugal, p. 68).

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À Mértola, conquis par Paio Peres Correia en 1238, et où fut placé le siège de l’ordre en 1245, les frères de Santiago commencèrent des restructurations à la in du xiiie siècle : renforcement des murailles de la ville et reconstruction du château doté d’un donjon en 1292 ; aménagement des espaces conventuels dans la citadelle qui ont laissé peu de vestiges25. L’intervention de l’ordre a peu concerné la mosquée qui a été adaptée au culte chrétien sans grandes modiications. Les travaux les plus signiicatifs datent des xve et xvie siècles26. Il est important de mentionner encore le monastère de Santos-o-Velho, construit dans le domaine donné à  l’ordre par le roi Sanche  Ier en 1194 et reconnu traditionnellement comme son premier siège. Néanmoins, il apparaît plutôt aujourd’hui comme un monastère où, en 1233, furent installées les sœurs de l’ordre transférées d’Arruda. Ce couvent féminin devait pourvoir à  l’éducation des illes des frères (un collège est mentionné en 1363) et héberger les veuves. En 1490, la communauté fut transférée dans de nouveaux bâtiments. Aujourd’hui, nous ne connaissons que le dernier couvent à  Lisbonne, appelé monastère de Santos-o-Novo27. D’AUTRES LIEUX DE POUVOIR

L’ordre du Temple a détenu plusieurs châteaux ain d’organiser la défense des accès à Coimbra et des frontières avec la Castille et les territoires musulmans, en particulier sur la ligne du Tage : Soure, Ega, Pombal, Tomar, Mogadouro, Penas Róias, Longroiva, Idanha-a-Velha, Monsanto, Castelo Branco, Zêzere, Almourol, Cardiga, Ródão, Montalvão et Nisa. Les châteaux templiers de la ligne du Tage sont probablement ceux qui expriment le mieux le pouvoir de cet ordre au temps de la reconquête. Gualdim Pais apparaît de nouveau comme l’instigateur d’une architecture militaire inspirée par les constructions de l’Orient latin et qui comportent des techniques constructives et des aménagements fortiiés novateurs, à l’avant-garde de l’architecture militaire romane au Portugal. Mais les interventions dans les châteaux préexistants — notamment la construction de donjons à Soure, Penas Róias et Longroiva — démontrent un savoir-faire qui a fait penser que le maître en fut lui-même l’architecte, grâce à son expérience acquise en Terre sainte28. Outre le château de Tomar, ceux de Pombal et d’Almourol (1171) témoignent encore de cette période de constructions templières. Le château de Pombal fut la première fortiication commandée par le maître Gualdim Pais, à partir de 1156. Il s’agit d’une forteresse rectangulaire avec neuf tours, comportant à  l’intérieur de la citadelle des installations pour les frères, un 25

S. Gomez-Martínez et M. Barros, « O castelo de Mértola », pp. 343-345. J. Boiça et M. Barros, « A mesquita-igreja », pp. 343-344. 27 L. F. Oliveira, « Convento de Santos ». 28 C. Almeida, História da Arte, p. 147. 26

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Fig. 9. — Château d’Almourol (ordre du Temple) © DGEMN / IHRU

logis seigneurial pour le maître et l’église São Miguel. Édiié en 1171, le donjon dispose d’un alambor, comme la muraille de l’enceinte extérieure construite à la même époque29. Almourol, situé sur un îlot contrôlant un passage sur le Tage, a été érigé entre 1169 et 1171 (ig. 9). C’est une forteresse de plan irrégulier, comportant de hauts murs scandés de dix tours d’angle circulaires adaptées au tir lanqué. Il dispose de deux cours séparées par une courtine interne tandis que le donjon s’élève dans la haute cour. La construction intègre divers remplois. Concernant l’Hôpital, les châteaux de Sertã, d’Amieira et de Crato constituent également des références remarquables. L’ordre reçut des terres à Gavião, Amieira, Tolosa et Crato en 1232 et domina ainsi une vaste région qui atteignait le haut Alentejo. Le château et l’église du Crato furent achevés en 1248. Le château d’Amieira (ig. 10, p. 238), construit entre 1356 et 1362 sous la direction d’Álvaro Gonçalves Pereira, ain de renforcer la ligne du Tage en lien avec Belver, présente des caractéristiques typiquement gothiques : un plan rectangulaire avec quatre tours aux angles, entouré d’un fossé avec barbacane et un donjon près de l’entrée du château30. Sous les règnes de Jean II et de Manuel Ier, le château connut divers aménagements. 29 30

M. Barroca, « A Ordem do Templo e a arquitectura militar », pp. 189 et 190. Id., « A Ordem do Hospital », pp. 202-209.

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Fig 10. — Château d’Amieira (ordre de l’Hôpital) © DGEMN / IHRU

L’ordre des chevaliers d’Évora, futur ordre d’Avis, a gardé plusieurs châteaux dans l’Alentejo. Dans le cadre des réformes du xive siècle, ces châteaux suivent un modèle propre : un bâtiment conventuel inséré dans une citadelle avec un donjon tourné vers la cité, lui-même protégé par une enceinte ovale. On trouve cet archétype dans les fortiications d’Alandroal, Veiros et Noudar. Outre Palmela, Alcácer do Sal et Mértola, l’ordre de Santiago a possédé d’autres châteaux dans l’Alentejo et l’Algarve liés à son engagement dans la reconquête dans la première moitié du xiiie  siècle  : Sesimbra, Santiago do Cacém, Sines, Aljezur, Alcoutim, entre autres. Le dynamisme de cet ordre, qui intervient dans une phase relativement tardive, apparaît dans l’adoption de plans géométriques typiques du château gothique, comme à Santiago do Cacém, Sines et Alcoutim ou pour les citadelles de Sesimbra et de Mértola. CONSIDÉRATIONS FINALES

S’ils ont bénéicié d’importantes donations royales en échange de leur engagement militaire dans la reconquête, au Portugal, les ordres militaires n’ont pas échappé à l’empreinte de la monarchie. Entre le xiie et le xive siècle, une fois les

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frontières consolidées, l’attitude royale à l’égard des ordres militaires fut marquée par une générosité modérée : il s’agissait de s’assurer la collaboration des ordres dans le peuplement du royaume, tout en conservant un équilibre entre des pouvoirs fondés sur les possessions foncières, les revenus iscaux et d’autres droits. Les eforts du roi Denis  Ier pour obtenir la constitution d’une branche portugaise de l’ordre de Santiago relètent bien ces préoccupations. Le risque était encore plus grand dans le cas des ordres internationaux, avec l’exportation des richesses vers les sièges centraux, comme dans le cas de l’ordre de l’Hôpital. La nomination de maîtres issus de la maison royale, à partir du roi Jean Ier, visa à conjurer partiellement cette situation, en maintenant le gouvernement des ordres au sein d’un cercle proche de la monarchie. À partir de leurs sièges et des commanderies, le rôle des ordres militaires dans la structuration du paysage urbain et agraire du Portugal médiéval a été déterminant. L’administration des patrimoines, parfois l’exercice d’une juridiction propre, la domination des moyens de production et de transformation (pressoirs, fours, moulins) et l’accumulation des revenus et d’autres biens ont conditionné l’organisation des couvents. Ces derniers intégraient de nombreuses dépendances destinées non seulement aux activités artisanales satisfaisant à la vie de la communauté mais encore au stockage de ces biens ou à des fonctions administratives. Cette distribution fonctionnelle est bien identiiée dans les couvents d’Avis et de Palmela. La structuration de villes comme Avis, où les pouvoirs politiques et administratifs étaient partagés entre l’ordre et les autorités municipales, fut aussi inluencée par les décisions des frères. Il s’agissait par là d’assurer la continuité d’une puissance dont l’expression militaire se voyait graduellement restreinte au proit de la monarchie. De la même façon, à Tomar, le Temple puis l’ordre du Christ ont contrôlé l’organisation du peuplement. Il faut souligner la modernité et le caractère innovant des réalisations architecturales des ordres militaires dans le territoire portugais : c’est surtout le cas des forteresses, pour certaines construites selon des modèles inspirés de l’Orient latin, pour d’autres habilement adaptées de châteaux musulmans antérieurs. Plus tard, ce fut encore le cas des couvents et de leurs églises, dont les plans furent pensés par les plus prestigieux architectes du royaume, dont les travaux furent dirigés par les meilleurs maîtres et dont les programmes décoratifs furent coniés à des artistes fameux, tout en suivant les progrès techniques et les goûts des élites européennes. Les châteaux et les couvents des ordres militaires au Portugal sont vraiment l’expression des multiples pouvoirs — militaires, religieux et politiques — qui ont caractérisé ces milices durant plus de six siècles.

LA ARQUITECTURA MILITAR DEL TEMPLE EN LA CORONA DE ARAGÓN COMO SÍMBOLO DEL PODER FEUDAL

Joan Fuguet Sans – Carme Plaza Arqué Universitat de Barcelona

El Temple gozó en la corona de Aragón de una situación privilegiada debido, en buena parte, al hecho de haber renunciado a la porción que le correspondía del testamento de Alfonso I el Batallador de Aragón (1131). En virtud de los pactos negociados en Girona, el Temple aceptó participar en la conquista de los territorios musulmanes, a cambio de importantes donaciones. Después, a lo largo de su corta historia, la orden acumuló en un extenso territorio de la corona catalanoaragonesa uno de los patrimonios más vastos de Occidente1 (ig. 1). Perpinyà El Masdéu

Aberin

Castelló d’Empúries Huesca Añesa Ribaforada Ambel

Novillas Boquiñeni

Monzón Corbins

Zaragoza

Ricla

Aiguaviva

Puig-reig

Gardeny

Pina

Granyena Barbens

Barberà Riba-roja

Calatayud La Zaida

Ascó Horta

Castellote Alfambra

Palau-solità

Selma Barcelona La Joncosa

Miravet Tortosa

Cantavieja Peníscola

Villel

Xivert Borriana Pollensa València

Ciutat de Mallorca

Fig. 1. — Encomiendas templarias de la Corona de Aragón. Elaboración de J. Fuguet Sans a partir de Forey, 1973

1

J. Miret i Sans, Les cases de templers y hospitalers; A. Forey, Templars in the Corona de Aragón.

Philippe Josserand, Luís F. Oliveira et Damien Carraz (éd.), Élites et ordres militaires au Moyen Âge, Collection de la Casa de Velázquez (145), Madrid, 2015, pp. 241-257.

242

joan fuguet sans – carme plaza arqué

De todo este patrimonio hay que señalar dos regiones a causa de la gran signiicación de la arquitectura militar que en ellas se desarrolló: el distrito de Ribera (ig. 2, p. 243) situado en ambos lados del Ebro catalán2, y la del Maestrazgo, es decir el territorio litoral del norte de Valencia3. Con las fortalezas que allí construyó, el Temple ejerció no sólo la defensa del territorio que le fue coniada, sino que puso en evidencia su poder feudal: los castillos del Temple, con Miravet al norte, al frente del distrito de Ribera, y Peníscola al sur, a la cabeza del Maestrazgo, se constituyeron en símbolo de la autoridad de la orden. PRIMERA ETAPA (1148-1236): EL DISTRITO DE RIBERA

Con la conquista de Tortosa (1148) y Miravet (1153), el Temple ejerció su dominio sobre una gran parte del territorio del Ebro catalán y constituyó dos importantes encomiendas en estos lugares (ig. 3, p.  243). En ambos casos, la orden recibió inicialmente la parte convenida con el conde Ramón Berenguer IV en Girona, en 1143. En Tortosa, recibió la quinta parte del total, más una décima parte del tercio que correspondió a la Corona4; y en Miravet, el castillo y su término, que era muy extenso. Todo este patrimonio inicial aumentó muy pronto. En Tortosa, con las cesiones privadas, pero principalmente con la donación que recibieron en 1182, de Alfonso II el Trovador, del tercio perteneciente a la Corona, más el tercio de los genoveses, que el rey había comprado; con estos legados, el Temple obtuvo la mayor parte del dominio sobre la ciudad. En Miravet, el Temple incrementó su patrimonio con la progresiva integración de las encomiendas de Horta (1193), Ascó (1181) y Riba-roja. A partir de aquel momento, el territorio del Ebro controlado por el Temple se organizó como una estructura a mitad de camino entre la provincia y la encomienda, una especie de distrito que, dentro de la organización territorial y administrativa templaria, actuó en cierto modo como un organismo independiente, lo cual constituye un hecho insólito dentro de los mecanismos de funcionamiento de la orden del Temple. Al principio, este organismo fue dirigido por un comendador de «Miravet-Tortosa y Ribera», nombrado más tarde «Comendador de Ribera». Hasta 1190 este cargo estuvo asociado al de comendador de Miravet; en consecuencia Miravet pasó a ser el verdadero centro y la sede de la supra-encomienda de Ribera, de la cual dependían las encomiendas de 2

El término «distrito» lo utiliza Pagarolas para destacar el carácter territorial y administrativo, a medio camino entre la encomienda y la provincia, que controlaba el comendador de Ribera (L. Pagarolas i Sabaté, Els templers de les terres de l’Ebre, t. I, pp. 114-116). 3 Utilizamos el término «Maestrazgo» de forma restrictiva para referimos al territorio de la provincia de Castelló (norte del país valenciano) que perteneció al Temple. Históricamente, el Maestrat (Maestrazgo) fue el dominio territorial del maestre de la orden de Montesa (de ahí el nombre), heredera del Temple y del Hospital, que comprendía el conjunto de pueblos de esta zona pertenecientes a ambas órdenes. 4 L. Pagarolas i Sabaté, La comada del Temple de Tortosa, pp. 41-42.

la arquitectura militar del temple en la corona de aragón 243

Perpinyà Huesca Girona Lleida Zaragoza Barcelona

MIRAVET

Teruel

Tarragona

Tortosa

PENÍSCOLA

Castelló

Palma de Mallorca València

Alacant

Capital de provincia española actual (excepto Perpinyà) Encomienda capital del territorio

Fig. 2. — Territorios de la corona de Aragón que pertenecieron a la orden del Temple en el «distrito de Ribera» (Cataluña) y en el Maestrazgo (reino de Valencia). Elaboración de J. Fuguet Sans

Riba-roja Nonasp

Ascó

TERRA ALTA RIBERA D’EBRE

Algars

Gandesa Miravet

Horta

BAIX EBRE Tortosa

Riu Eb re

EL MONTSIA Encomienda o sub-encomienda

Fig. 3. — «Distrito de Ribera» en el contexto de las tierras del Ebro catalán. Elaboración de J. Fuguet Sans

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Horta, Ascó, Riba-roja, Miravet y Tortosa. A pesar de ello, la progresiva pujanza individual de las encomiendas ribereñas fue aminorando la cada vez más débil organización intercomunal hasta llegar a la deinitiva desaparición, hacia 1236, de la dignidad de Comendador de Ribera. A partir de entonces, actuaron como encomiendas más o menos independientes5. Para la defensa de la ciudad de Tortosa, los templarios construyeron una fortaleza extramuros, junto al río, en un emplazamiento que controlaba la puerta de Barcelona, una de las principales entradas de la ciudad6, y con los Montcada, asumieran funciones militares en la defensa de la Zuda, la fortaleza principal de la ciudad. El castillo de Miravet fue construido inmediatamente después de la conquista, por razones evidentes de seguridad y defensa. El dominio de Miravet supuso para el Temple el control de numerosos lugares fortiicados con sus respectivos territorios, cuya mayor parte ya existían en época musulmana, aunque alguno (como el de Almudèfer) fuera construido ex novo7. Las tierras comprendidas entre el Ebro y la ribera del Algars, que actualmente constituyen la comarca de la Terra Alta, formaban parte del territorio de Miravet. Allí el Temple fue señor de todos los castillos y pueblos. En el lado noroeste del término, lindando con Aragón, allí donde se juntan las aguas del Matarraña y el Algars, controlaron el castillo de Nonasp; más al sur, junto al río Algars, poseyeron los castillos de Algars y Almudéfer, y aún más al sur, separándose de la ribera de este río, tenían la importante fortaleza de Horta, lindante con el término de Tortosa. En el interior de la Terra Alta había otro castillo importante, Gandesa, que con el tiempo se convirtió en centro administrativo de la casa de Miravet; al sureste de Gandesa se encontraba el castillo de Pinell de Brai; al norte, el de Corbera, y aún más al norte, el de Vilalba dels Arcs. También gran parte de las tierras a uno y otro lado del Ebro pertenecían al castillo de Miravet. En la ribera derecha se encontraba el castillo, centro de la encomienda, y más al sur, sobre la ribera izquierda, el de Rasquera. Los castillos de Ascó y de Riba-roja fueron otros dos puntos estratégicos situados algo más al norte. La mayor parte de estas fortiicaciones han desaparecido; de Riba-roja, Vilalba, Rasquera, Pinell, Horta, Corbera, sólo queda la toponimia y la documentación; otras, reducidas a vestigios, son irrecuperables (Algars, Almudèfer, Ascó); dos (Nonasp y Gandesa) conservan parte del ediicio en buen estado y en fase de restauración; inalmente, hemos de considerarnos afortunados ya que Miravet, la principal fortaleza del Ebro, que fue uno de los castillos principales del Temple en Occidente, se ha conservado prácticamente intacta y actualmente está en curso de restauración. 5

A. Forey, Templars in the Corona de Aragón, pp. 93-96; L. Pagarolas i Sabaté, Els templers de les terres de l’Ebre, t. I, pp. 114-116. 6 J. Fuguet Sans, L’arquitectura dels templers, pp. 74-75. 7 Véase el territorio y fortalezas controladas por el castillo de Miravet en: ibid., pp. 69-153; Id., Templers i hospitalers, t. II, pp. 19-26.

la arquitectura militar del temple en la corona de aragón 245 SEGUNDA ETAPA (1233-1307): EL MAESTRAZGO

Da la impresión de que durante la segunda mitad del siglo  xii, una vez conquistados los territorios del Ebro con el concurso de la orden, ésta proyectó ya la posesión de un vasto dominio en el norte de Valencia, que debía comprender de una parte el territorio litoral de la sierra de Irta —con los castillos de Peníscola, Polpís y Xivert— y de otra, los territorios interiores de los castillos de Culla, Ares y les Coves8 (ig. 4).

PENÍSCOLA Ares Coves Culla

XIVERT

ENCOMIENDAS Pueblos

Fig. 4. — Posesiones del Temple en el Maestrazgo del reino de Valencia. Elaboración de J. Fuguet Sans

La posesión del castillo de Polpís siguió una trayectoria algo azarosa. En 1190, después de la conquista de la plaza, Alfonso II el Trovador la entregó al Temple. Era el primer dominio templario en esta región del reino de Valencia, pero pronto fue recuperado por los musulmanes, ya que era difícil retenerlo en tanto fueran enemigas las vecinas fortalezas de Peníscola y Xivert. En 1223, los freires de Calatrava conquistaron el castillo (la Crónica de Jaime I dice que fue el rey) y lo poseyeron por lo menos hasta 1275. Finalmente, después de un largo proceso de reclamaciones por parte del Temple, que tenía mucho interés en Polpís a causa de su proximidad con Xivert y Peníscola, el castillo pasó a manos del obispo de Tortosa quien lo cedió al Temple en 1277. 8 Sobre este territorio, véanse: E. Díaz Manteca, «Notas para el estudio de los antecedentes históricos de Montesa»; E. Guinot Rodríguez, Feudalismo en expansión en el norte valenciano.

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En 1169, Alfonso  II el Trovador había prometido dar al Temple el castillo de Xivert, pero en 1225, cuando todavía era musulmán, lo cedió al caballero Ximén de Llussia. A pesar de ello, el Temple no cesó de reivindicar sus derechos sobre aquella plaza hasta que, por in, en 1223, Jaime I se la dio una vez hubo conquistado Borriana con el concurso de la orden. No se sabe con certeza cuándo se establecieron allí los templarios, puesto que no se conoce comendador hasta 1243. En los primeros tiempos, la encomienda fue administrada desde Miravet por el preceptor de Ribera, motivo por el cual supone Forey9 que, en 1236, cuando este cargo desapareció, ya se habría organizado la encomienda de Xivert. En 1298, el comendador de Xivert obtuvo de Jaime I el mero y mixto imperio sobre el territorio. En 1225, Jaime  I intentó tomar Peníscola pero fracasó. En 1233, una vez conquistada Borriana, Peníscola capituló ante el rey y pasó a formar parte del patrimonio real. Peníscola pasó a los templarios en 1294 a causa de la permuta efectuada por Jaime II con la orden mediante la cual los templarios cedieron Tortosa al rey y éste les donó Peníscola junto con Ares, la «Tinenza» de les Coves y otros feudos de menor importancia10. Una de las causas de este concambio se halla en el hecho de que con el tiempo, a causa de las presiones ciudadanas y de los enfrentamientos con el obispo y los Montcada, los templarios de Tortosa habían visto peligrar sus privilegios jurisdiccionales sobre la ciudad, y no dudaron en aceptar la proposición de Jaime II de cambiar su dominio señorial sobre Tortosa por otros territorios menos conlictivos. Gracias a la permuta, que tuvo lugar el 15 de septiembre de 1294, Tortosa (con el castillo de la Zuda, el mero y mixto imperio, la jurisdicción sobre la ciudad y los pueblos situados en su territorio) pasó al rey11. Este mismo año, Peníscola se organizó como encomienda; Xivert pasó entonces a depender de Peníscola y dejó de tener comendador propio. El camino seguido por el castillo de Culla para llegar al Temple fue tan complicado como el de Xivert y Polpís y más oneroso para la orden, ya que inalmente ésta tuvo que comprarlo. En 1213, cuando aún era musulmán, Pedro II el Católico lo había prometido al Temple, pero, en 1234, después de conquistarlo, Jaime I hizo caso omiso de las promesas de su padre y en 1235 lo cedió a Blasco de Alagón. Finalmente, en 1303 el Temple compró a sus descendientes el dominio de Culla por 500.000 sueldos jaqueses, una cantidad considerable. Fue la adquisición más importante que la orden llevó a cabo en la Corona de Aragón. Parece claro que ello obedecía a la voluntad de crear un vasto dominio en el norte del país valenciano después de la permuta de Tortosa. A pesar de todo, resulta difícil entender el interés mostrado por el Temple en la adquisición de estos territorios, ya que no tenía el potencial económico 9

A. Forey, Templars in the Corona de Aragón, pp. 95-96. L. Pagarolas i Sabaté, «La i del domini de l’Orde del Temple a Tortosa». 11 En la permuta, el Temple retuvo alrededor de Tortosa importantes torres y casas en la ciudad. Véase ibid., y J. Fuguet Sans, «Fortiicacions menors i altre patrimoni retingut pels templers a Tortosa». 10

la arquitectura militar del temple en la corona de aragón 247 del siglo anterior12. Y ello parece aún más curioso si se considera que el Temple se vio obligado a vender otras rentas, a causa del elevadísimo coste de aquella adquisición. Después de la anexión de Culla, en 1304, la encomienda de Peníscola comprendía los castillos y territorios de Peníscola, Polpís, Xivert, Ares, les Coves y Culla; algunos, como Xivert y Ares eran subencomiendas. LOS CASTILLOS

A ines del siglo xii, los castillos del Ebro, con Miravet a la cabeza, se mostraban como un símbolo del más importante poder feudal del Temple catalano-aragonés: el distrito de Ribera. Un siglo más tarde, las fortalezas de Peníscola y Xivert, presididas por la primera, serán su réplica en las tierras adquiridas al sur, es decir al norte del país valenciano. Todos estos castillos templarios, tanto los de Ribera como los del Maestrazgo, tienen en común el haber sido construidos aprovechando castillos musulmanes (husûn) anteriores13, cuyas estructuras fueron aprovechadas en mayor o menor grado: mientras que en Xivert se aprecian claramente los elementos musulmanes, en Miravet fueron sólo parcialmente aprovechados, i en Peníscola no quedan rastros del antiguo hisn y el castillo fue construido ex novo. El azar ha querido que las dos fortalezas que presidieron los dos territorios feudales del bajo Ebro y del norte de Valencia, Miravet y Peníscola, sean aquellas que han llegado hasta nosotros en mejor estado de conservación. La mayor parte de los otros castillos que fueron sede de encomienda han sido demolidos. No queda ninguno en el distrito de Ribera: el de Horta es hoy un simple topónimo; los de Ascó, Riba-roja y Algars no conservan más allá de algunos restos de torres y muros. La región del Maestrazgo ha tenido más suerte con los castillos que habían sido sede de encomienda y con sus dependencias, ya que si en el castillo de Ares hay sólo ruinas, se conserva gran parte de las estructuras arquitectónicas del de Xivert y de su dependencia de Polpís. Dado que la compra de Culla data de 1303, los templarios no tuvieron apenas ocasión de intervenir en su castillo, sin embargo, su emplazamiento muy estratégico, los restos de la muralla conservados y el aspecto que el recinto superior ofrece en los dibujos de época moderna, hacen de él uno de los principales castillos de esta región14.

12 No es la primera vez que nos interrogamos acerca de los propósitos que empujarían al Temple a realizar una política territorial tan ambiciosa en los últimos años de su existencia. Véase J. Fuguet Sans, «De Miravet (1153) a Peníscola (1294)», pp. 65-67; A. Demurger, Les Templiers, p. 299. 13 Hisn (singular), husun (plural) son habitats fortiicados en zonas rurales. Véase A. Bazzana, P. Cressier y P. Guichard, Les châteaux ruraux d’Al-Andalus. 14 Para los castillos de Ares y Culla puede verse M. Navarro Benito, Los castillos de la orden de Montesa, pp. 55-59 y 115-124.

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Miravet El castillo de Miravet, ediicado junto al Ebro en una poderosa peña que se eleva cien metros sobre el nivel del río, es una fortiicación de perímetro ovalado que se adapta a la orografía de la roca y desciende de la cima hasta casi tocar el agua15 (ig. 5). El conjunto del castillo formaba los dos recintos característicos del hisn musulmán: la celoquia, o recinto superior en lo alto, y el albacar16 o recinto inferior que desciende hacia el río. Al abrigo del lado oeste del hisn había, como de costumbre, el arrabal (barrio) donde habitaba la población musulmana que gozaba de la protección del castillo. De este primitivo lugar, que los documentos del asedio de 1308 llaman Blora17 no queda hoy más que el topónimo y algunos vestigios de construcciones por excavar.

Fig. 5. — Miravet, castillo: patio interior del recinto superior © J. Fuguet Sans

15 Sobre Miravet, véase, J. Fuguet Sans, L’arquitectura dels templers, pp. 81-89; Id., Templers i hospitalers, t. II, pp. 63-67; VV. AA., s. v. « Miravet », en F. Ruiz i Quesada, Tortosa i les terres de l’Ebre, la Llitera i el Baix Cinca pp. 190-197. 16 Según algunos autores, el albacar era un recinto para guardar el ganado mientras para otros el albacar acogía una población y formaba parte de la fortiicación del hisn. Una buena discusión en A. Bazzana, P. Cressier y P. Guichard, Les châteaux ruraux d’Al-Andalus, pp. 28-32. 17 H. Finke, Papsttum und Untergang, t. II, p 85-87, doc. 58, cit. por A. Forey en Fall of the of the Templars, p. 36.

la arquitectura militar del temple en la corona de aragón 249 A partir de la conquista cristiana (1153) los templarios modiicaron todo el conjunto castral de Miravet, de manera particular el recinto superior, donde se ubicara la celoquia del castillo andalusí, de modo que se convirtió en el poderoso castillo feudal que conocemos. Se ha airmado18 que la construcción templaria aprovechó el antiguo lienzo del castillo andalusí que lo cerraba por poniente, que quedó incorporado en el poderoso muro actual. Sin embargo, mientras la arqueología no resuelva de manera clara la construcción y constitución de dicho muro, cualquier especulación carece de sentido. Resulta aún menos clara la autoría (andalusí o templaria) del lanco sur que contiene la rampa de acceso al recinto superior o castillo propiamente dicho, a causa de su deterioro y de las numerosas remodelaciones sufridas en épocas moderna y contemporánea19. Se aprecia con claridad la obra templaria en los lados norte y este, en los cuales se ubicaron los principales ediicios del castillo-convento: en el norte, la iglesia conventual (en la planta noble), habitaciones y otros servicios; y en el este, el gran ediicio de planta rectangular que los documentos hospitalarios dieron en llamar «refectorio». Recientes prospecciones arqueológicas20 han puesto al descubierto en el suelo de dicho refectorio cinco cilindros de mampostería regular de 1,80 metros de diámetro y unos 2,5 metros de altura, asentados sobre la roca madre de la pendiente, dispuestos ordenadamente en el eje longitudinal de la fábrica. Es evidente que se trata de un primer proyecto de cubrición del salón con bóveda de crucería, que presumiblemente fue descartado tras detectar algún problema estructural (algún cilindro está ligeramente inclinado). Los cilindros enterrados habrían de ser los cimientos de los pilares, probablemente también cilíndricos, que conjuntamente con ménsulas parietales soportarían la estructura de la bóveda de crucería. A partir de aquí, cabe imaginar un refectorio estructural y formalmente muy próximo a las construcciones cistercienses del vecino monasterio de Poblet, en Occidente, o a las hospitalarias del refectorio del Hospital de San Juan de Acre, en Oriente (ig. 6 y 7, p. 250). La misma excavación, realizada en el subsuelo de este ediicio en la zona adyacente al muro del patio de armas, ha revelado también aspectos interesantes de la antigua muralla andalusí que cerraba la celoquia por oriente (en la ig. 7 precisamente se aprecian cimientos de pilares cilíndricos y bloques de tapial de esa muralla derribada). El muro recorría en dirección N-S la plataforma rocosa de la cima, justo al borde de un escalón o desnivel de seis metros abierto sobre el recinto inferior. El lienzo desenterrado de la muralla andalusí 18

F. Ruiz i Quesada, Tortosa i les terres de l’Ebre, la Llitera i el Baix Cinca, pp. 192-193. Por su situación orográica en la Edad Media, este lanco gozó de una defensa natural que le permitía no estar excesivamente reforzado. Esta circunstancia favorable cambió radicalmente con la aparición de la artillería que lo castigó duramente desde la orilla opuesta del Ebro en el curso de las guerras modernas. 20 Han sido realizadas durante el verano de 2010, por lo tanto posteriores a la primera redacción de este artículo. Agradecemos a Carles Brull, arquitecto director de la restauración de Miravet, la información y dibujos sobre la misma. 19

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Construcción derribada de época andalusí (s. xi-xii) Construcción interrumpida de época templaria (s. xii) Construcción deinitiva de época templaria (s. xii-xiii)

Fig. 6. — Planta y sección del refectorio de Miravet, según las prospecciones arqueológicas de 2010. Elaboración de J. Fuguet Sans a partir de los planos del arquitecto Carles Brull

Fig. 7. — Miravet: refectorio © J. Fuguet Sans

la arquitectura militar del temple en la corona de aragón 251 —de unos treinta metros— tenía dos bestorres rectangulares de lanqueo y era una construcción de tapial con zócalo de mampostería. Los templarios la derribaron y construyeron el refectorio sobre el citado desnivel; para ello, levantaron la pared occidental, más o menos siguiendo la línea de la derrumbada muralla, y asentaron la oriental sobre la roca del recinto inferior. Para disponer el suelo del refectorio a nivel del patio de armas se terraplenó la pendiente con materiales de derribo, con tan buena fortuna para la investigación actual, que buena parte de aquel material de relleno ha resultado ser los bloques del encofrado del antiguo tapial, esparcidos por el subsuelo. Al margen de estos aspectos técnicos, la excavación ha puesto en evidencia el interés de los templarios por hacer tabula rasa de la construcción andalusí. El nuevo castillo fue concebido por los templarios como una fortaleza que pudiera desarrollar de manera racional la actividad conventual y la defensa. Al aprovechar algunos elementos de la antigua celoquia, los templarios supieron integrarlos en un nuevo esquema que consistió en ordenar los ediicios alrededor de un patio y dotarlos de un carácter unitario espectacular a modo de gran donjon que pudiera representar simbólicamente el poderío feudal del «distrito de Ribera». Esta disposición en cuadro representaba una nueva concepción de castillo-convento que las órdenes militares ensayaban en la misma época (mediados del siglo xii) en las fortalezas del reino de Jerusalén y que fue el tipo de castillo que, a partir del siglo xiii, acabaría imponiéndose en Occidente. Hay que tener en cuenta que en este momento el castillo de Miravet incorporaba a la arquitectura un nuevo esquema defensivo, originado por los nuevos sistemas de ataque, que se estaba desarrollando en Oriente y Occidente21. Por este motivo, dentro del contexto de la arquitectura militar cristiana, representa una suerte de síntesis peninsular de la conluencia de dos mundos: el islámico y el cristiano. El albacar o recinto inferior del castillo forma dos plataformas escalonadas, limitadas por potentes muros de contención. La superior abriga en el subsuelo servicios complementarios del castillo, una gran nave cubierta de bóveda de cañón, que en un dibujo de 1719 es señalada como «bodega antigua», y una gran cisterna. Xivert Entre todos los castillos reutilizados por los templarios, Xivert es el que conserva la mayor parte de elementos del hisn musulmán22. A pesar del deterioro sufrido, el arrabal (el antiguo poblado morisco) y buena parte del albacar han llegado a nosotros con pocos cambios; solamente la celoquia fue muy modiicada cuando se convirtió en castillo templario. 21

Véase P.  Contamine, La guerra en la Edad Media, pp.  133-142, y H. Kennedy, Crusader castles, pp. 98-119. 22 Sobre el castillo de Xivert, véanse: A. Bazzana, «Problèmes d’architecture militaire au Levant espagnol»; Id., Maisons d’al-Andalus, pp. 296, 412-413; J. Antonio Otal, «Desarrollo del conjunto de Xivert a lo largo de la historia»; J. Fuguet Sans, Templers i hospitalers, t.  II, pp.  101-104; M. Navarro Benito, Los castillos de la orden de Montesa, pp. 80-91.

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Según Bazzana23, el hisn de Xivert fue construido entre los siglos x y xii en la cima de una colina rocosa en la parte occidental de la sierra de Irta. Su albacar y su celoquia se emplazaron sobre una doble plataforma en la zona más elevada, y el arrabal en una pendiente del lado occidental. El albacar forma un polígono con muros merlonados, una torre cuadrangular al sur y dos torres cilíndricas al este. En el lado oeste hay una gran cisterna. Este recinto presenta diversas técnicas constructivas propias de la arquitectura musulmana: opus spicatum, grandes sillares ligados con mortero, mampostería con falsas juntas imitando la sillería, y un muro de tapial, que en la zona más antigua, imita, con falsas juntas, sillería de grandes dimensiones. La celoquia, situada al norte, es un recinto poligonal con muros y torres cuadradas y redondas, parecido al albacar pero más reducido. Cuando fue reconvertido en castillo templario, se reforzó el recinto y se dispuso la capilla y los otros servicios alrededor de un patio interior (ig. 8). La cinta fue reforzada doblando los muros con mampostería, y las torres con sillería. Además, éstas fueron sobreelevadas con nuevos merlones cargados sobre los antiguos. Cuando fue construido Xivert, la frontera de la conquista estaba ya cerca de Valencia y, por consiguiente, en aquel momento el castillo apenas tenía función militar. Su remodelación obedeció a otro in: se trataba de mostrar de forma maniiesta el dominio feudal del Temple. La sobreelevación de los merlones de las torres corresponde a este objetivo (ig. 9, p. 253).

Fig. 8. — Xivert, castillo: patio interior del recinto superior © J. Fuguet Sans

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A. Bazzana, «Problèmes d’architecture militaire au Levant espagnol», pp. 26-33.

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Fig. 9. — Xivert, castillo: muro este del recinto superior © J. Fuguet Sans

Peníscola A partir de 1294 comenzó la conversión del hisn de Peníscola24, que, en trece años, lo convirtió en el castillo templario prácticamente igual al que conocemos25. La fortaleza ocupa la cima de una península rocosa de 6 hectáreas aproximadamente de supericie, situada en la parte más septentrional del litoral valenciano (ig. 10, p. 254). A causa de sus características naturales, el lugar ha sido siempre un punto estratégico de primer orden. Como en otras fortalezas, los templarios debieron construir el castillo en la celoquia del hisn (mas, en este caso, sin reutilizar nada), y probablemente dejarían con pocas modiicaciones los recintos del albacar y el arrabal, que ocupaban el resto de supericie de la península, para refugio de la nueva población (se conservan restos de muros medievales que precedieron los actuales bastiones de época moderna). El castillo fue proyectado siguiendo el esquema cuadrangular ensayado en Miravet: cortinas murales y torres prismáticas alrededor de un patio interior (ig. 11, p. 254). Puesto que la plataforma de su emplazamiento no es plana, el castillo adoptó dos niveles. El nivel inferior fue destinado a servicios, y el superior a los ediicios de residencia, culto y representación, que se distribuyeron alrededor del patio. El acceso, como en Miravet, siguió la tradición árabe de los recodos, pero aquí la puerta fue protegida por dos torres de lanqueo. 24

Sobre el hisn de Peníscola, véase: A. Bazzana, Maisons d’al-Andalus, p. 432. Véanse: J. Simó Castillo, El castillo templario-pontiicio de Peñíscola; J. Fuguet Sans, «De Miravet (1153) a Peníscola (1294)»; Id., Templers i hospitalers, t. II, pp. 93-98. 25

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Fig. 10. — Peníscola, castillo: croquis de planta y sección. Elaboración de J. Fuguet Sans

Fig. 11. — Peníscola, castillo: patio interior © J. Fuguet Sans

la arquitectura militar del temple en la corona de aragón 255 Los ediicios siguieron la tradición constructiva tardo-románica, tanto en las estructuras como en los materiales. Fueron completamente construidos con buena piedra de sillería, y tienen planta rectangular y bóvedas de cañón de medio punto o apuntado que parten de impostas muy austeras (ig. 12). En este sentido, se puede decir que poco diieren de los de Miravet, circunstancia que, a una distancia de cien años, los muestra como formalmente anacrónicos. Al parecer, el modelo de fortaleza iniciado en Miravet y seguido en Xivert había propiciado un esquema arquitectónico y defensivo satisfactorio para las necesidades militares de los templarios.

Fig. 12. — Peníscola, castillo: capilla © J. Fuguet Sans

Una novedad en este castillo fue la utilización de la heráldica para subrayar su pertenencia al Temple. Todavía se puede observar en varios ediicios —sobre la gran puerta principal, sobre la de la capilla, sobre la de la sala de caballeros— los escudos representando las armorías del Temple (la cruz), la del maestre provincial (los cardos de Berenguer de Cardona) y la del comendador de Peníscola (las fajas del linaje Banyuls).

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Dentro del contexto de la segunda mitad del siglo xii, la construcción de la fortaleza de Miravet es, desde el punto de vista estratégico, lógica, y su tipología es innovadora en lo que concierne a la arquitectura militar. Sin embargo, en los últimos años del siglo xiii, la construcción de un castillo como el de Peníscola no tiene sentido, pues no se debe olvidar que en aquel tiempo los musulmanes habían dejado de ser un peligro. Resulta, por la tanto, difícil encontrar una justiicación a la magniicencia y al potencial defensivo de Peníscola, del mismo modo que respecto a su conservadurismo estilístico y constructivo (si no es en el contexto arquitectónico de los templarios de la Corona de Aragón). En razón de todos estos argumentos, Peníscola abre un vasto terreno a las hipótesis. CONSIDERACIONES FINALES

El devenir histórico de la Orden del Temple en territorio catalán puede ser analizado bajo diferentes ángulos. En este artículo hemos querido subrayar ciertas relaciones entre el poder feudal que ella ejerció sobre dos importantes regiones (el distrito de Ribera y el Maestrazgo) y la arquitectura militar allí desarrollada. Cuando, a inales del siglo xiii, la hegemonía del Temple disminuyó en la región del Ebro a causa del crecimiento del poder real y la asunción de protagonismo por parte de las clases urbanas, el Temple, como un mal menor, permutó la ciudad de Tortosa por Peníscola con la esperanza de reproducir un segundo distrito de Ribera (de lejos ambicionado) en las tierras meridionales del Maestrazgo. La adquisición de Peníscola y Ares, y inalmente la compra de Culla parecen formar parte de este nuevo proyecto feudal; sin embargo, esta vez el Temple no obtenía el territorio por conquista o por donación real sino por compra. A pesar de que esta actuación en tierras del norte de Valencia no constituyera una excepción, puesto que al mismo tiempo la orden realizaba operaciones semejantes en otros territorios, la cantidad que pagó por la tinença de Culla sí que fue excepcional. Las fortalezas del Temple en estas dos regiones son un claro ejemplo del poder territorial conseguido por la orden: el castillo de Miravet en el territorio de Ribera, y el de Peníscola en el Maestrazgo. En este sentido queremos señalar que la destrucción de las fortalezas andalusíes, previa a la construcción de los castillos cristianos, parece mostrar una clara intención de humillar al enemigo al tiempo que mostrar ostensiblemente el poder del nuevo señor. Los castillos de Miravet y Peníscola, a la cabeza de sus respectivos territorios, aparecen como dos enormes donjon simbolizando con piedra el poder de la orden templaria. Es preciso remarcar que, salvo en los primeros tiempos de Miravet, estos castillos, que fueron donados al Temple con la misión de defender las fronteras y de colonizar el territorio, abandonaron pronto esta función cuando la frontera avanzó hacia Valencia. Aún así, convertidos en símbolo del dominio feudal de la orden, conservaron todas las características de la arquitectura militar.

la arquitectura militar del temple en la corona de aragón 257 Desde un punto de vista arquitectónico, es signiicativo que si Miravet y Peníscola contienen una secuencia temporal que comprende toda la historia del Temple catalán (1153-1307); sin embargo, esta secuencia no representa una progresión dentro de la arquitectura militar catalana, ya que ambos presentan soluciones poliorcéticas semejantes y las mismas tipologías estilísticas del románico tardío. Este anacronismo, sobre todo en el caso de Peníscola, se podría explicar dentro de un contexto de complacencia acerca de un modelo de castillo innovador probado con éxito en Miravet. Y aún más, este mimetismo arquitectónico es una nueva tentativa de reproducir en el Maestrazgo la representación de un dominio feudal semejante al del distrito de Ribera, en el momento en que el poder de este último empezaba a debilitarse.

III

LES ORDRES MILITAIRES ET LES ÉLITES DE POUVOIR

«NOLITE CONFIDERE IN PRINCIPIBUS» The Military Orders’ Relations with the Rulers of Christendom

Helen J. Nicholson Cardif University

As Alain Demurger has noted, the military religious orders in Prussia and Rhodes were themselves states, «dont une bonne partie des ressources provient des domaines possédés et exploités dans d’autres États souverains1» («a good part of whose resources came from properties owned and exploited within other sovereign states»)—and, as he went on to add, it was hardly surprising that the kings of modern states reacted against these orders: «Comment un roi de France […] pouvait-il accepter la présence d’un ordre international, soumis au pape mais indépendant de fait ?2» («How could the king of France accept the presence of an international order, subject to the pope but de facto independent?»). Yet, whatever their privileges in theory, in practice the military religious orders were not independent of secular powers, nor of the local ecclesiastical authorities, the bishops and archbishops. In order to survive and to pursue their vocation of the defence of Christendom, they had to negotiate with those who held power, to protect their lands and their incomes and to ensure that they could export resources and personnel to the East. hey relied on the powerful elites of Christendom to assist them in their work. However, those in power generally expected some return for their assistance, and not simply the spiritual reward of prayer. Sometimes the cost of trusting in princes appeared to outstrip the returns. In the Holy Land, the Military Orders were clearly very close to the king. Charters and chronicles show the masters of the Military Orders present in the king’s council, giving advice. he master of the Hospital was present at the siege of Ascalon in 1153, even though his forces were not apparently ighting. It was the master of the Hospital who advised the king of Jerusalem to invade Egypt in 1168—and the master of the Temple who advised against it3. William of Tyre wrote that the Templars did not accompany that expedition, but Lambert of 1

A. Demurger, Chevaliers du Christ, p. 306. Ibid., p. 306. 3 Guillaume de Tyr, Chronique, 17.28, 20.5; t.  II, pp.  800 and 917-918; A. Demurger, Chevaliers du Christ, pp. 42-43. 2

Philippe Josserand, Luís F. Oliveira et Damien Carraz (éd.), Élites et ordres militaires au Moyen Âge, Collection de la Casa de Velázquez (145), Madrid, 2015, pp. 261-276.

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Wattrelos, writing his annals of Cambrai, recorded that they did. In fact they could hardly stay behind—the king would have demanded that they go. Two masters of the Temple before 1187 had served as royal ministers in Jerusalem before becoming Templars: Eudes de Saint-Amand (master 1171-1179) and Gerard de Ridefort (1185-1189)4. he account of the events of 1187 told by Ernoul the squire indicates that the masters of the Temple and Hospital held the keys to the royal treasury, where the royal crown was kept. When a king of Jerusalem was crowned, the feast which followed took place in the Templar’s hall. According to the chronicle attributed to Ernoul, the Templars’ house had been a royal palace before King Baldwin II gave it to the Templars5. All this makes the Templars appear very similar to a royal militia. And certainly in Spain they were treated as a royal militia, as were the Hospitallers6. he Hospitallers in the Holy Land acted less like a royal militia than did the Templars—but then the Hospitallers had close links with the counts of Tripoli, who gave them so much border territory in the county of Tripoli that they virtually had their own principality there, and they ransomed Count Raymond III of Tripoli from the Muslims7. In France and England we see the same pattern. he Templars were closely associated with the kings of France and of England from the mid-12th century, with members of their Order in the royal entourage. For example, in France, hierry Galeran, servant of Louis VII of France, joined the Order of the Temple in around 1163 and continued in the king’s service8. In 1164, Brother Geofroy Foucher of the Order of the Temple wrote to Louis VII of France, addressing him as «his dearest lord» and reporting that he had faithfully discharged a mission which Louis had given him when he let France for the East9. Fulk of Anjou, grandfather of King Henry II of England, had served with the Templars for a year in the East10. Henry II had Templars at his court, notably Oste de Saint-Omer and Richard d’Hastings11. Over time, the Hospitallers became more prominent at both the French and English royal courts: Brother Guérin the Hospitaller, later bishop of Senlis, was a trusted oicial of King Philip Augustus of France, while in the 1270s the Hospitaller Joseph de Chauncy was royal treasurer of King Edward I of England12. 4

M. L. Bulst-Thiele, Sacrae Domus, pp. 87 and 106. Ernoul, Chronique, pp. 9 and 133. 6 See, for example, A. Forey, «he Military Orders and the Spanish Reconquest», pp. 220-221 and 230-233. 7 J. Riley-Smith, he Knights of St John, pp. 55-56 and 66-68. 8 A. Luchaire, Études sur les actes de Louis VII, pp. 254-255, nº 485, pp. 259-260, nº 504, pp. 291292, nº  608 and p.  305, nº  652; M. L. Bulst-Thiele, «Templer in königlichen une päpstlichen Diensten», p. 292. 9 Recueil des historiens des Gaules et de la France, t. XVI, pp. 38-39, nº 124; R. Röhricht, Regesta regni Hierosolymitani, p. 105, nº 398. 10 Ordericus Vitalis, he Ecclesiastical History, t. VI, pp. 308-310. 11 M. L. Bulst-Thiele, «Templer in königlichen une päpstlichen Diensten», p. 293. 12 H. Nicholson, he Knights Hospitaller, p. 108. 5

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In short, although the Military Orders were theoretically independent from all forms of authority excluding papal authority, in fact they had close relations with kings—as we would expect for knights. heir relationship to kings was very like that of knights to kings; they served them as their faithful men. Relations between the military religious orders and the elites of power were bound to be complex because whatever exemptions the military religious orders might have received from the papacy13, the monarchies and high nobility of Christendom were their most valued patrons, who had given them their most valuable estates and founded their leading houses. So, for example, in Aragon in 1188 Queen Sancha founded the house of Sigena as a house of Hospitaller women, which became (in the words of Luis García-Guijarro Ramos) «one of the most important Hospitaller female communities in Europe from both quantitative and qualitative standpoints14». Sancha was «the real head of the house15», who acted on behalf of the house and introduced new members. She, her son and one of her daughters were buried there ater their deaths, and Sigena acted as a royal archive. he Aragonese monarchy continued to intervene directly in its afairs16. Again, much of the Templars’ property in the British Isles was given to them by the monarch. In England in 1137 Countess Matilda of Boulogne, niece of the irst two rulers of the Latin kingdom of Jerusalem, gave the Templars extensive estates in Essex. She and her husband, King Stephen, also gave them estates at Cowley in Oxfordshire17. Stephen gave the Templars their estates at Eagle in Lincolnshire, while his rival and successor on the English throne, Henry II, gave the Templars land at Garway on the Welsh/English border, and at Keele in Stafordshire18. He also gave them estates in Ireland19. His son and heir, Richard the Lionheart, conirmed his father’s gits and also gave some land in the English/Welsh border country to the Hospitallers. he English Hospitaller historian John Stillinglete, writing in the 1420s, recorded that Richard had been a very great friend of the Hospitallers, holding its brothers in specialem amorem20. In January 1194, from Speyer, at the time of his release from prison, Richard issued the Hospitallers with an impressive conirmation charter in which he declared 13

L. García-Guijarro Ramos, «Exemption in the Temple, the Hospital and the Teutonic Order». Id., «he Aragonese Hospitaller Monastery of Sigena», p. 113. 15 Ibid., p. 115. 16 Ibid. 17 M. Gervers, Cartulary of the Knights of St John of Jerusalem in England, pp. xli and 1-3; A. Leys, he Sandford Cartulary, t. I, pp. 33-34, nos 39-40; D. Knowles and R. N. Hadcock, Medieval Religious Houses: England and Wales, pp. 293-296. 18 B. Lees, Records of the Templars in England, pp. clxxx-clxxxi and p. 31; W. Rees, A History of the Order of St John of Jerusalem in Wales, p. 51. 19 A. Gwynn and R. N. Hadcock, Medieval Religious Houses in Ireland, pp. 329-330. 20 W. Rees, History of the Order of St John of Jerusalem in Wales, pp. 39-40, 51, 120-121 and 126; John Stillingflete, «Liber», pp. 836 and 839. 14

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his immense gratitude to the Order for all that they had done for him «both while I was beyond the sea and on this side of the sea21» (that is, while he was on crusade and since he had been in prison). Arguably the gits of Henry II and Richard the Lionheart at Garway and at Dinmore were to establish the Templars and Hospitallers in frontier territory, in regions where monarchical authority required support, as representatives of the monarch. Recently Luis García-Guijarro Ramos has argued that the Templars’ acquisition of property in the northern part of the kingdom of Valencia between 1293 and 1303—where their landholdings doubled in the space of a decade—was promoted by King Jaime II of Aragon, to strengthen «the position of the Temple in a geostrategic area vital for the monarchy: the point where Aragon, Catalonia and Valencia had common boundaries22». Hence, when the Templars in France were arrested in October 1307, Jaime acted to protect these Valencian estates. He set up the Order of Montesa to hold the Templars’ and Hospitallers’ Valencian estates, instead of allowing these strategically important strongholds to pass to the Hospitallers. It was not that he did not trust the Hospitallers, and he was happy for them to acquire the former Templar estates in Aragon and Catalonia, but he wanted to maintain close control over the Valencian strongholds23. In Valencia, unlike in England and Wales, the Templars had originally been established because of their military capabilities. Sometimes they were entrusted with fortresses elsewhere in Europe. he «History of the bishops of Salona and Split» by Archdeacon homas of Split mentions that in 1217 King Andrew II of Hungary came to Split and entrusted the castle of Klis to Pontius de Cruce, master of the Temple in Hungary and Slavonia, because none of the citizens of Split were prepared to garrison it24. he Teutonic Order’s links with the Hohenstaufen have been studied in detail by scholars. Although the Order was not founded by the Staufen, even during the hird Crusade it received support from Duke Frederick V of Swabia, son of the Emperor Frederick I Barbarossa. From the irst decade of the thirteenth century it was the recipient of patronage from his nephew, Frederick II of Hohenstaufen, king of Sicily, and its fourth master, Hermann von Salza (12101239), strove to maintain good relations with both the Staufen dynasty and the papacy. he Order’s establishment in Prussia was in the interests of Frederick II: in the Golden Bull of Rimini he approved the Order’s activities there, although in fact he had no right to jurisdiction in the region25. 21

J. Delaville le Roulx, Cartulaire général de l’ordre des Hospitaliers, t. I, pp. 604-605, nº 955. L. García-Guijarro Ramos, «he Extinction of the Order of the Temple», p. 205. 23 Ibid. 24 Thomas archidiaconus Spalatensis, Historia Salonitanorum, pp. 160-163. 25 A. Demurger, Chevaliers du Christ, pp. 45-46; D. Wojtecki, «Der Deutsche Orden unter Friedrich II.», pp.  219-223; J. M. Powell, «Frederick II, the Hohenstaufen, and the Teutonic Order»; K. Militzer, «he Role of Hospitals in the Teutonic Order», p. 51; Id., «From the Holy Land to Prussia»; N. Morton, he Teutonic Knights, pp. 29-84; K. Toomaspoeg, Les Teutoniques en Sicile, pp. 35-58. 22

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In these cases, the development of individual orders was dependent on the patronage of the monarchy. Some military religious orders were actually founded by monarchs, most signiicantly several in the Iberian peninsula26. However, the Iberian orders were also supported by the ecclesiastical elites. In 1187 the Order of Calatrava was placed under the oversight of the abbey of Morimond, one of the four daughter-houses of Cîteaux. Although the knight-brothers did not have equal status with the professed monks and were not permitted to enter the choir of a Cistercian abbey—they had the status of lay-brothers—nevertheless this particular religious elite efectively acknowledged the value of their work for Christendom27. A knightly confraternity founded at Cáceres, a fortress conquered by King Ferdinand II of León in 1169, became the Order of Santiago ater the brothers reached an agreement with the archbishop of Santiago de Compostella in 117128. In the Baltic region, where holy war was being conducted against the pagan Prussians, Lithuanians and their neighbours, the military religious orders were set up by the local ecclesiastical elite: the knights of Christ of Livonia or Swordbrothers were founded by Bishop Albrecht of Riga in 1202, while the Knights of Christ of Prussia, whose base was at Dobrin, were founded by Bishop Christian of Prussia. In contrast, the secular elite power, Duke Conrad of Masovia-Cujavia, invited the internationally-based Teutonic Order to the Prussian frontier and established them at Kulm (Chelmno). He discovered both the advantages and disadvantages of using an order with an international base and international inluence: the advantage was that the Teutonic Order had the resources and skills to wage a successful campaign against the Prussians, but the disadvantage was that the brothers quickly moved out of his control and set up their own Ordensstaat29. he motivations which these powerful patrons gave in their charters for supporting the military religious orders was that they were acting for the beneit of their soul and their family’s souls, and to help the Holy Land. However, to judge by the location of their gits, many also wanted to establish reliable men, on whose support they could rely, in a disputed area. By giving disputed territory to a religious order they in efect removed that territory from dispute—it was now in neutral hands. At the same time, as patrons of the religious order they still had some inluence over that territory. All religious orders received gits for this reason. We can see these concerns in the gits of the de Lacys, the de Clares and William Marshal to the Hospitallers in Ireland, the gits of the de Lacys to the Templars in Ireland, and gits by Roger de Clare and Prince Rhys of Deheubarth to the Hospitallers in south Wales30. he same concerns were evident in north-eastern Europe. From the mid-twelth 26

A. Demurger, Chevaliers du Christ, pp. 54-63, 277-280 and 289-291. Ibid., p. 59. 28 Ibid., p. 61. 29 Ibid., pp. 68-73. 30 H. Nicholson, «he Knights Hospitaller on the Frontiers of the British Isles».

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century, the Hospitallers received gits in the east German and Polish lands31, while in the irst half of the thirteenth century the margraves of Brandenburg (the Ascanier family), and the dukes of Silesia gave the Templars property on their mutual frontier32. hese donations in north-eastern Europe tailed of ater 1250, when all religious orders, including the Templars and Hospitallers, had to renew many of the agreements by which they held their land, and give up some of their territory. Scholars have argued that the religious Orders sufered because of their success in settling the area and setting down frontiers; in efect, their presence was no longer needed. Donations continued to be given in areas where the land remained unsettled and frontiers were disputed33. he military religious orders were bound to give their support to these elites of power, because they relied on them for the bulk of their landholdings. hey also received from these powerful men and women charters of exemption, allowing them not to pay certain dues and not to perform certain duties, to enable them to perform their vocation of defending Christendom more eiciently. So in November 1208 Pere II of Aragon exempted the Templars from paying taxes, tolls and other dues, the right to judge homicide, thet and kidnapping, and to receive legal ines34. In 1189 King Richard the Lionheart of England exempted the Templars from a multiplicity of feudal dues and tolls and gave them the right to try certain legal cases, while his nephew Henry III of England did the same for the Hospitallers in February 122735. In 1285 Bishop Hermann of Kammin exempted the Templars of Quartschen (now Chwarszczany, Poland) from most of the dues which they owed him and his canons, so that they could be as generous with their alms to the poor as possible36. Without such exemptions, the military religious orders would lose a great deal of their income to the local powerful elites. he alternative was to spend valuable income in defending themselves against those elites. Successive papal privileges allowed the military religious orders to defend themselves against those who would do them harm, but away from the frontiers of Christendom, the military religious orders did not normally engage in warfare or have weapons to hand37. Besides, not all of the attacks on the military religious orders’ resources were physical in nature; many were cases brought 31

B. Szczesniak, he Knights Hospitallers in Poland and Lithuania, pp. 15-16. W. Kuhn, «Kirchliche Siedlung als Grenzschutz»; K. Borchardt, «he Hospitallers in Pomerania», p. 300; M. Starnawska, «Crusade Orders on Polish Lands during the Middle Ages», p. 129; M. Schüpferling, Der Tempelherren-orden in Deutschland, p. 241; M. Barber, he New Knighthood, p. 249. 33 W. Kuhn, «Kirchliche Siedlung als Grenzschutz», pp. 46-54. 34 A. Forey, he Templars in the Corona de Aragón, pp. 377-378. 35 B. Lees, Records of the Templars in England, pp. 139-142; J. Delaville le Roulx, Cartulaire général de l’ordre des Hospitaliers, t. II, pp. 358-359, nº 1852. 36 K. Conrad and R. Prümers, Pommersches Urkundenbuch, t. II, pp. 569-570, nº 1352. 37 A. Forey, «he Military Orders and Secular Warfare». 32

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through the courts, or customary demands. Rather than attempt to meet every threat, it was easier for the brothers to pay local lords to leave them alone or to protect them. In 1338 the Hospitallers of Halston in Shropshire, on the Welsh/ English border, recorded that they were incurring a cost of 100 shillings a year (£5) giving «to various lords there and to their seneschals and conidential oicials, in order to ensure and maintain the Hospital’s liberties and to have their aid and favour and to have and expedite their friendship38». Again, at Slebech in south-west Wales, near the frontier of Welsh and Anglo-Norman lordship, the Hospitallers were paying four pounds a year to «two magnates of Wales to maintain and protect the bailie, because of the highwaymen and evildoers in Welsh parts, who are bold there: i.e., 40 s. to Richard Penres and 40 s. to Stephen Perot39». he military historian Roger Turvey has pointed out that 40 shillings a year would have been a welcome addition to the Perot family income, as would the prestige of being appointed protector of this wealthy commandery of an inluential supra-national religious order40. he military-religious orders seem to have endeavoured to appoint as oicials in each realm brothers who were acceptable to the ruling monarch and other elites. King Jaime I of Aragon claimed in his autobiography that he had made Hugh of Forcalquier master of the Hospital in Aragon (Castellan of Amposta), ater asking permission from the grand master overseas41. When King Louis IX of France decided to appoint Amaury de La Roche, then grand commander of the Temple in the East, as commander of the Temple in France, he enlisted the help of Pope Urban IV to persuade the Order in the East to send Amaury to him. In February 1264, Pope Urban wrote to the Templar master and convent, explaining that the king wanted the commandery of France to be committed to a man whose sincere faith and probity he could trust, and that the king believed Brother Amaury to be prudent and conspicuous for his wise advice. What was more, Brother Amaury was an old friend of the king. he Order complied42. In June 1343 King Edward III of England wrote to the Grand Master of the Hospital, Hélion de Villeneuve, that if the Order wished to retain his favour it must not demote Philip de hame, then grand commander of England43. Again, the Order complied. he presence of such favoured men at a royal court or acting as part of a royal administra38 «Ibidem diversis dominis, et eorum senescallis, et eorum secretariis, pro libertate hospitalis habenda, et manutenenda, et eorum auxiliis, et favore, et amicitia habenda et expedienda»: L. B. Larking and J. M. Kemble, he Knights Hospitallers in England, pp. 39-40. 39 «… ij magnatibus Wallie, ad maintenendam et protegendam bajuliam, pro insidiatoribus et malefactoribus in partibus Wallie, qui sunt ibidem feroces; videlicet, Ricardo Penres xl s. et Stephano Perot xl s»: ibid., p. 36. 40 R. K. Turvey, «Priest and patron», p. 9. 41 James I, Book of Deeds, chap. 95, pp. 114-115. 42 J. Guiraud et alii, Les registres d’Urbain IV, t. II, pp. 364-365, nº 760, pp. 369-370, nº 765 and pp. 373-374, nº 771; J. Burgtorf, he Central Convent of Hospitallers and Templars, pp. 425, 445 and 471. 43 Calendar of the Close Rolls, Edward III, AD 1343-1346, p. 219.

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tion could be extremely beneicial for the Order—but compliance with such requests also limited the military religious orders’ freedom to appoint whom they wished to high oice. he monarchs of Christendom claimed such rights not only as patrons of the military religious orders but also as part of their duty to God in governing their realm. In return for their patronage and protection, they required the military religious orders to serve them in various ways. Kings increasingly expected the leading oicials of the military religious orders within their realm to perform homage to them: such was the case in the fourteenth century in both England and Aragon, for example44. he Orders were expected to put their military forces at the disposal of their monarch, even if this could involve them in ighting Christians45. he most famous role of the military religious orders nowadays is their inancial services, oten described as «banking»—although, as Alain Demurger has pointed out, although the Templars were engaged in inancial operations they were not strictly bankers in the modern sense. he Templars and Hospitallers did lend money, for example to King Louis VII during the second crusade. Both the Templars and Hospitallers guaranteed loans for nobles and kings. he Temple of Paris acted as a treasury for the king of France, the New Temple at London acted as a safe-deposit for the king of England, while the Templars of Aragon also took care of royal monies; nobles, merchants and ecclesiastical oicials also deposited money and valuables with them. Other examples abound: for example, Archdeacon homas of Split mentions that in 1203 the king of Hungary had deposited a quantity of silver with the Templars of Vrána in Croatia46. he kings of France, England and Aragon also borrowed from the Templars, although by the end of the thirteenth century they were borrowing the bulk of their inancial needs from the Italian merchants. he military religious orders did not have the extensive credit facilities to which a bank would have access47. Yet the kings continued to use the Temple as a place to deposit treasure—and as a source of treasure. Nearly a month before King Philip IV of France had the Templars arrested and their property coniscated, on 20 September 1307 King Edward II of England broke into the New Temple of London and coniscated 50,000 pounds sterling and many jewels which had been deposited there by the disgraced Walter Langton, bishop of Coventry and Lichield. He passed this money to his comrade Piers Gaveston, who could ensure that it would be kept

44 S. Phillips, he Prior of the Knights Hospitaller, pp.  3, 41 and 123-124; A. Demurger, Chevaliers du Christ, p. 281. 45 A. Forey, «he Military Orders and Holy War against Christians»; H. Nicholson, Knights Hospitaller, p. 111. 46 A. Demurger, «Trésor des Templiers»; A. Forey, he Templars in the Corona de Aragón, pp. 346-349; Thomas archidiaconus Spalatensis, Historia Salonitanorum, pp. 148-149. 47 A. Demurger, «Trésor des Templiers», p. 82; A. Forey, he Templars in the Corona de Aragón, pp. 349-352.

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out of the hands of the king’s many creditors48. his was not the irst time that a member of the English royal family had «raided» the New Temple when they were in need of money: in May 1262 Edward’s father, then the Lord Edward, had broken into chests in the New Temple treasury and stolen around a thousand pounds49. Whereas the king of France used the machinery of a heresy trial to get money from the Templars, the kings of England simply by-passed the law. To judge by the oices that they held in papal, royal and noble courts, the Templars, the Hospitallers and the Teutonic knights were well trusted by the powerful elites of Christendom. Under Pope Alexander III, three brothers of the Order of the Temple held the posts of papal almoner and chamberlains: Brothers Petrus, Franco and Bernardus50. A Templar and a Hospitaller oten appear in the records as papal chamberlains; Brother Giovanni de Capua of the Teutonic Order appears as papal notary under Alexander IV and Urban IV, while Brother Wultard of the Teutonic Order was Urban’s chaplain and penitentiary, and Brother Hermann von Livland, of the same Order, was his porter51. hese three won a number of concessions for their Order from the popes they served. Other oices illed by members of the orders include that of marshal under Urban IV, illed by successive Templars; chaplain, held by the prior of the Hospital in Acre under Urban IV; and ostarius or doorman, held by a Templar under Nicholas III, and by a Hospitaller under Martin IV52. Popes also employed the knight-brothers in a variety of other duties suited only to men of the utmost idelity. Following the treaty of San Germano between Pope Gregory IX and the emperor Frederick II in 1230, Hermann von Salza, master of the Teutonic Order, was entrusted with a number of properties by the emperor which he was to retain, as a neutral party, until the treaty was carried out53. A similar arrangement was agreed between King Louis VII of France and King Henry II of England in 1160 over castles in the Vexin, entrusted to the Templars as neutral parties; in the event, the Templars turned out to be not so neutral as the king of France believed, as they surrendered the castles to Henry II54. Pope Urban IV appointed Brothers Raymundus, Berardus de Gallerceto and 48

Walter of Guisborough, Chronica, p. 383; I. de la Torre, «he Monetary Fluctuations». Annales Prioratus de Dunstaplia, p. 222; Calendar of the Patent Rolls, Henry III, AD 1258-1266, p. 279. 50 he references are given by M. L. Bulst-Thiele, «Templer in königlichen une päpstlichen Diensten», p. 301. 51 E. Strehlke, Tabulae ordinis heutonici, p.  387, nº  560; J. Guiraud et alii, Les registres d’Urbain IV, t. II, pp. 87-88, nº 213. 52 J. Guiraud et alii, Les Registres d’Urbain IV, t. III, p. 154, nº 1244, p. 280, nº 1786 and p. 419, nº 2487; M. L. Bulst-Thiele, «Templer in königlichen une päpstlichen Diensten», pp. 303-304; J.  Delaville le Roulx, Cartulaire général de l’ordre des Hospitaliers, t.  III, p.  87, nº  3094 and p. 430, n° 3789. 53 Epistolae Saeculi xiii, MGH, t. I, pp. 334-335, nº 415, nº IV, VIII and XVII. 54 W. L. Warren, Henry II, pp. 72, 88 and 90; Roger of Howden, Chronica, t. I, p. 218; B. Lees, Records of the Templars in England, pp. li-liv and 273. 49

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Martinus, of the Order of the Temple, as custodians of the castle of Perrochio, near Spoleto, Rocca Caesis, Spoleto diocese, and Trebis respectively55. Gregory X appointed Brother Guillaume de Villaret of the Hospital as vicar of the county of Venaissin in 1274; this appointment was renewed by Nicholas III and Martin IV56. Members of the military orders were also used by successive popes as messengers, treasurers and judge-delegates57. In July 1220 Honorius III explained to his legate, Pelagius, that he had entrusted the transportation of a large volume of cash to the Templars and Hospitallers because he had no other messengers whom he could trust better58. However, not all the brothers were as trustworthy as the pope hoped: for example, one of Villaret’s successors in the Venaissin, Brother Raymond de Grasse, was later convicted of adjudging to his Order some castles and villages within his county to which his Order had no right59. he monarchs of Europe also appointed the knight-brothers to positions of responsibility. hey served as procurators and messengers60, and inancial oicers. Templars in particular acted as royal almoners: King David of Scotland had a Templar as his almoner, as did James II of Aragon—one Pere Peyronet, who also acted as a crown agent—while the Templars acted as royal almoners in England from 1177 to 125561. Members of the military orders also acted as royal ministers,

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J. Guiraud et alii, Les Registres d’Urbain IV, t. II, p. 427, nº 880, t. I, p. 14, nº 59 and p. 33, nº 126; M. L. Bulst-Thiele, «Templer in königlichen une päpstlichen Diensten», p. 303. 56 J. Delaville le Roulx, Cartulaire général de l’ordre des Hospitaliers, t.  III, pp.  306-307, nº 3536, pp. 356-357, nº 3648, pp. 419-420, nº 3770 and p. 422, nº 3778. 57 For examples, see M. L. Bulst-Thiele, «Templer in königlichen une päpstlichen Diensten», pp. 301-304. Note that in fact Brother Durand, here called a Templar (ibid., p. 301), was probably Brother Durand or hurand, a Hospitaller: see Constitutiones et acta publica, MGH, t. II, p. 42, nº 33; Thomas Wykes, «Chronicon», p. 56. See also L. Auvray, Les Registres de Grégoire IX, nº 3696, 3846, 3852 and 4455; E. Berger, Les Registres d’Innocent IV, nº 5288 and 5300; J. Delaville le Roulx, Cartulaire général de l’ordre des Hospitaliers, t. II, p. 857, nº 2897, and t. III, p. 430, nº 3789. 58 Epistolae Saeculi xiii, MGH, t. I, p. 90, nº 124. 59 E. Langlois, Les Registres de Nicolas IV, t. II, pp. 994-995, nº 7283. 60 A few examples: L. Delisle and E. Berger, Recueil des actes de Henri II, t. I, pp. 407-408, nº  262 (in 1166 Henry II asked for Brother Ernold or Brother Philip, Hospitaller, to guide his envoys on a mission to the pope); Constitutiones et acta publica, MGH, t. II, pp. 206-209, nº 168 and 169 (Brother Hermann von Salza, master of the Teutonic order, acting as the representative of Frederick II in peace negotiations in 1232); Constitutiones et acta publica, MGH, t. III, p. 64, nº 76 (in 1274, one of the procurators of King Rudolf of the Romans in negotiations with Pope Gregory X was Brother Berengarius, prior of the Hospital in Germany); Brother Guérin, Hospitaller, vicechancellor of France and bishop of Senlis, was described by the anonymous of Béthune : Anonyme de Béthune, «Extrait d’une Chronique française des rois de France», pp. 764 and 768; see also M. L. Bulst-Thiele, «Templer in königlichen une päpstlichen Diensten». 61 See for example ibid.; H. Johnstone, «Poor-relief in the royal households of thirteenthcentury England», p. 163; A. Sandys, «he inancial and administrative importance of the London Temple»; L. Delisle, «Mémoire sur les opérations inancières des Templiers», pp. 40-73; A. Forey, he Templars in the Corona de Aragón, pp. 344-346, especially p. 345; A. Macquarrie, Scotland and the crusades, pp. 15-16 and 50; R. I. Burns, he Crusader Kingdom of Valencia, t. I, p. 194; H. Nicholson, «he Military Orders and the kings of England», pp. 205-206.

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oten with great authority and inluence62. In England from the late thirteenth century, the masters of the Temple and Hospital were summoned to Parliament with other leading religious oicials, and from the second half of the fourteenth century the Prior of the Hospital in England regularly held government oice63. Nobles also employed the brothers in trusted positions. At his death in 1219 William Marshal, count of Striguil and Pembroke, had a Templar, Brother Geofroy, as his almoner, while his biographer commented on the great friendship which existed between Marshal and the master of the Temple in England, Aimery de Saint-Maur. hierry de Nusa, prior of the Hospital in England from 1236, was a friend of Richard, earl of Cornwall, and Simon of Montfort, earl of Leicester. According to charter evidence, in the 1250s Brother Heidenreich, of the Teutonic Order, commander of Zwatzen, was a close friend of Dietrich, burgrave of Kirchberg64. hese instances point to generally good relations between the power-elites of Christendom and the military religious orders. he papal registers may give the impression that the ecclesiastical authorities and the military religious orders were usually locked in bitter dispute, but this is a result of the nature of the source. he papal registers record disputes and papal attempts to resolve them: they do not record good relations. In fact, the episcopal registers indicate that good relations were the norm. he register of Eudes Rigord, archbishop of Rouen 1248–1269, shows him lodging with the Hospitallers or at the Paris Temple, and installing the candidates of both Templars and Hospitallers to their churches, without argument65. Although Matthew Paris depicted the saintly Bishop Robert Grosseteste of Lincoln in lengthy and fruitless dispute with the Templars, Hospitallers and other exempt orders over their privileges, Bishop Robert not only instituted the Templars’ and Hospitallers’ presentees to their churches without objection, but also allowed the Order of the Temple to have the parish church of Rothley in Leicestershire, under certain conditions. In 1279, Walter Gifard, archbishop of York, gave the Hospital the church of St Felix, referring to the brothers’ hospitality, honour and support for the downtrodden poor, and their constant and generous liberality66. 62 For example, the Teutonic brothers in the Holy Roman Empire c. 1240: C. Höfler (ed.), Albert von Beham und regesten Innocenz IV, p.  14; D. Wojtecki, «Der Deutsche Orden unter Friedrich II.», pp. 219-223; Hug de Forcalquier, Castellan of Amposta under James I of Aragon: James I, he Book of Deeds, chaps 95-98, 101, 127, 165, 196-197, 257 and 353, pp. 114-116, 118, 137, 161-162, 180-181, 217 and 268. 63 S. Phillips, he Prior of the Knights Hospitaller, pp. 97-124. 64 L’histoire de Guillaume le Maréchal, lines 18317-18320, 18351-18442, especially 1843318442; Matthew Paris, Chronica Majora, t. IV, pp. 44 and 56; K. H. Lampe, Urkundenbuch der Deutschordensballei hüringen, t. I, nº 132 and 137. 65 T. Bonnin, Regestrum visitationum archiepiscopi Rothomagensis, pp. 67, 85, 95, 247, 709, 716 and 722. 66 F. N. Davis, Rotuli Roberti Grosseteste; F. N. Davis, Rotuli Ricardi Gravesend, pp.  162-163; Matthew Paris, Chronica Majora, t. V, p. 97; W. Brown, he Register of Walter Gifard, pp. 47-48.

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In the Holy Land, the orders won the praise of some of the higher clergy who worked alongside them. Jacques de Vitry, an Augustinian canon and bishop of Acre from 1216 to around 1228, praised the Templars’ hard work and expense in building Castle Pilgrim, and their courage during the siege of Damietta. He praised the Teutonic Order as still free from the faults of pride, wealth and litigation. Fidenzio de Padua, provincial vicar of the Franciscans in the Holy Land from around 1266 to 1291, had friendly relations with the Order of the Temple, giving a long and sympathetic account of the loss of the Templars’ castle of Saphet in 1266, in which he depicted the executed defenders as martyrs67. Both these ecclesiastical dignitaries were aware that the Hospitallers and Templars were not perfect, but Jacques de Vitry argued that they were necessary for the defence of Christendom, and should be encouraged to reform themselves. he documents from the trial of the Templars give us a « snap shot » of relations between the Templars and the ecclesiastical elites, and show a variety of difering views. he attitude of Pope Clement V towards the trial is still a subject of debate among scholars. Sophia Menache has argued that Clement V did not necessarily believe the charges against the Templars and that he wanted «to ind a suitable solution to the fait accompli with which the king of France had confronted him68». Despite the doubts of Philip IV, he insisted that the former property of the Templars should pass to the Hospital of St John. In efect, Clement realised that he could not save the Templars, but he ensured that their property was kept for the Church, for its original purpose69. Jean Coste—and Alain Demurger agrees—has argued that Pope Clement V sacriiced the Templars in return for the king of France allowing him to abandon the investigation into the alleged heresy of Pope Boniface VIII70. Demurger concluded: «Le Temple est mort victime d’une double raison d’État; celle de l’Église; celle de la variante totalitaire de l’État moderne en gestation71» («he Order of the Temple perished, victim of a doublé “reason of state”: of the Church and of a modern totalitarian state in gestation»). Turning to those members of the ecclesiastical elite below the pope, the comments of the Cistercian abbot and scholar Jacques de hérines on the Templars’ trial have been discussed by scholars, most recently by William Jordan. hérines defended the Templars, but his views of the trial of the Templars were coloured by his concern to protect exempt orders of the Church—as the Cistercians were,

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Jacques de Vitry, «Sermones vulgares», sermon 37, pp. 405-414; Id., Lettres, pp. 99-100, 115, 121, 124: letter III, l. 41-48, letter V, l. 69-75 and 251-252, letter VI, l. 34-5 and 47-52; Id., Historia Orientalis, p. 1085; Fidenzio de Padua, Liber recuperationis Terre Sancte, pp. 87-90. 68 S. Menache, Clement V, p. 215. 69 Ead., «he Hospitallers during Clement V’s Pontiicate». 70 A. Demurger, Les Templiers, p.  501, citing J. Coste, Boniface VIII en procès: Articles d’accusation et dépositions des témoins (1303–1311), p. 757, n. 1. 71 A. Demurger, Les Templiers, p. 502.

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like the Templars, an exempt Order72. Not all Cistercians were so favourable to the Templars, but the hostility of the chronicler of the Cisterican abbey of Tintern towards the Templars at Garway was probably the result of a local dispute73. Among the ecclesiastical hierarchy, the English, Irish and Scottish higher clergy proceeded with the trial of the Templars without enthusiasm, not going ahead with the trial before the arrival of the papal inquisitors in England in September 1309, but not acting to protect the Templars. he Provincial Church Council of Canterbury urged King Edward II to allow the use of torture against the Templars, although the Provincial Council of York apparently rejected its use74. In contrast, in Italy, Elena Bellomo has recently studied how Rinaldo da Concorezzo, archbishop of Ravenna, organised the trial of the Templars in northern Italy: following the correct procedure, but not using torture. Rinaldo summoned a Church Council at Ravenna to discuss the Templars’ case in June 1311: Bellomo argues that this council essentially acquitted the Templars, allowing them to make a public statement of their innocence75. So far it appears that the military religious orders’ relations with the elites of power within Christendom were to the equal beneit of both parties, and that the military religious orders could only gain from them. In fact, relations with powerful elites had their disadvantages for the orders. Disputes arose, which damaged the orders’ reputations and/or led to the loss of property and privileges. Rulers asked for more than the orders could supply, or prevented the orders from carrying out their vocation efectively. he powerful elites could even bring about the end of the military religious orders. Some of the disputes which arose occurred simply because of diferences in priorities. When in the 1260s to 1280s Charles of Anjou, king of Naples and Sicily, was issuing instructions to his oicials to allow the Hospitallers, Templars and Teutonic Knights to export foodstufs to the Holy Land, there is no reference to previous disputes, but clearly export was not carried on freely76. Charles wished to protect the resources of his kingdom, while the military orders wished to supply their garrisons and fortiications in the East. During time of war, kings of England would not allow religious houses whose mother-houses were based overseas to export resources, and this applied equally to the Hospitallers and

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For a discussion of the debates at the Council of Vienne, see W. C. Jordan, Unceasing Strife, Unending Fear: Jacques de hérines, pp. 40-55. 73 F. M. Powicke and C. R. Cheney, Councils and Synods, t.  II, vol.  2, p.  1309; [Matthew Paris], Flores Historiarum, t. III, p. 333; H. Nicholson, he Knights Templar on Trial, p. 51. 74 H. Nicholson, he Knights Templar on Trial, pp. 60, 99 and 122. 75 E. Bellomo, he Templar Order in North-west Italy, pp.  191-195; Ead., «Rinaldo da Concorezzo ». 76 For example, J. Delaville le Roulx, Cartulaire général de l’ordre des Hospitaliers, t.  III, pp. 208-209, nº 3360 and 3362; R. Filangieri et alii, I Registri della chancelleria Angioina, t. II, nº 473, p. 124; t. XI, nº 145, p. 122; t. XXVII, nº 62, p. 386.

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Templars in England77. Again, the king wished to protect the resources of his kingdom and wanted to prevent his enemy beneiting from those resources. he brothers of the military religious orders sometimes incurred the wrath of powerful elites because they also had to maintain good relations with those whom these elites regarded as their enemies. In 1239 Pope Gregory IX wrote to the master and brothers of the Teutonic Order, rebuking them for supporting the excommunicated emperor, «that Sathenas». He also wrote several other critical letters to the Order in this and the following year, reversing a donation made to the Order in the Morea, rebuking the brothers for their oppression of the Prussians, and complaining that they had thrown of the authority of the Hospital of St John. he Order’s relations with Emperor Frederick II seem to have cost it dear in terms of papal support, at least for a short period, although the brothers were also striving to maintain good relations with the papacy78. he monastic commentator Matthew Paris recorded under 1252 that King Henry III of England had complained that the Templars and Hospitallers were so obsessed with maintaining their privileges that he was going to revoke all of them —as in any case they had far too many privileges and exemptions. he prior of the Hospital in England in response criticised Henry III’s arbitrary policies, reminding him that he would only be king as long as he acted justly. Matthew may have been putting his own views into the prior’s mouth, but his comments did relect both Henry’s expressed views and the Hospitallers’ subsequent actions. Between 1264 and 1265 the Hospitallers and Templars in England, along with many of the leading churchmen of the realm, acted as negotiators between Simon de Montfort, who had taken over the reins of government from King Henry III, and King Louis IX of France. Although previous to de Montfort’s rebellion, Templars and Hospitallers had frequently been employed as ambassadors by English kings, ater Montfort’s defeat and death at the battle of Evesham on 4 August 1265 the brothers of the military orders were not used in this role by English kings again until late in the next century; nor were they used to carry the king’s money abroad any longer79. Apparently, ater de Montfort’s rebellion, they were no longer trusted in these tasks. In June 1288 King Alphonso III of Aragon complained to the marshal and convent of the Hospital that the Hospitallers had betrayed him during the recent French crusade against Aragon (1285), in which French Hospitallers had fought against the Aragonese. He reminded them that he and his predecessors had given the Order preferential treatment and afection and promoted them in the kingdom of Aragon and elsewhere, hoping to win divine reward and the Order’s 77

H. Nicholson, «International Mobility versus the Needs of the Realm», pp. 91-92. Evidence in Ead., Templars, Hospitallers and Teutonic Knights, p.  26; K. Toomaspoeg, Les Teutoniques en Sicile, pp. 54-58. For similar problems a decade later see N. Morton, «Institutional Dependency », p. 41. 79 Matthew Paris, Chronica majora, t. V, p. 339; H. Nicholson, «International Mobility versus the Needs of the Realm», pp. 91 and 98, n. 33 and 34; J. R. Maddicott, Simon de Montfort, p. 242 and 272-306. 78

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gratitude. He complained that since the crusade two Hospitallers, one a relative of his and the other a dear friend, had been mistreated by the Order: his relative had been sent to Armenia, where, the king claimed, he was sure to die quickly because of the unhealthy air, while the other had been dishonoured by being sent to Aragon on a frivolous mission. He threatened to take revenge on the Order if these wrongs were not quickly righted80. In contrast, when the Hospitallers were planning their crusade in the early fourteenth century, to begin with an attack on Rhodes, King Philip IV of France refused to support the campaign because, he said, the French Hospitallers were not given suicient inluence81. Such conlicts were bound to occur when an institution had property and interests within the realms of several diferent powerful lords who were in conlict with each other. he military religious orders appear to have attempted to minimise the possibility of conlict by acknowledging that members would naturally remain loyal to the ruler of their home country, and maintaining most of their members in the land of their birth. For international institutions, it is remarkable how few of the members moved around Christendom82. he majority of brothers and all sisters moved only within their own homeland. A minority, the ighting men, went to the East, and most did not return. his meant that within a single realm, most members of an order would be naturally loyal to the local power elites and conlict would be kept to a minimum. Nevertheless, conlicts did arise between the diferent language groups within the Hospitallers83. his was less of a problem for the Teutonic Order, which had few members from outside German-speaking lands, but there is some indication from evidence given in Ireland during the trial of the Templars that there may have been conlict between diferent language-groups within the Templars on Cyprus. Henry Danet, grand commander of Ireland, made baseless accusations against the Portuguese and Catalan brothers of the Order, which might have been based on conlict between the linguistic groups within the Order84. Some of the disputes which arose between the powerful elites of Christendom and the military-religious orders are less easily explained and could not easily be resolved. Bernard Schotte has drawn attention to documents in the archives of Bruges which indicate that Templars and Hospitallers were among the troops sent by the town to ight the king of France and his army in 130285. It is diicult to see how this involvement could have assisted them in defending Christendom, unless the Flemish saw the war against the French as a type of holy war—which, 80

J. Delaville le Roulx, Cartulaire général de l’ordre des Hospitaliers, t.  III, pp.  518-519, nº 4007. 81 A. Luttrell, «Gli Ospitalieri e eredità dei Templari, 1305-1378», p. 71; Id., «he Hospitallers and the Papacy, 1305-1314». 82 See the papers in J. Burgtorf and H. J. Nicholson (eds), International Mobility in the Military Orders. 83 A. Luttrell, «Intrigue, Schism and Violence among the Hospitallers of Rhodes». 84 H. Nicholson, he Knights Templar on Trial, pp. 155-157. 85 B. Schotte, «Fighting the King of France».

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Schotte has argued, may well have been the case. Given the Templars’ and Hospitallers’ reliance on the king of France’s aid for their military operations in the East, however, it was a risky action, and may even have given King Philip IV of France an additional pretext for attacking the Templars in 1307. Peter Edbury has argued that on Cyprus in 1306, during Lord Amaury of Tyre’s coup against his brother King Henry II, the Hospitallers remained neutral while the Templars gave peaceful support to Amaury—not, however, military assistance. Perhaps the Templars believed that Amaury was more likely than his brother to assist a new crusade to recover the Holy Land. However, no crusade took place, and when King Henry returned to power in 1310 he had the leading Templars and the remaining leaders of the coup imprisoned, where they died in around 131686. he Hospitallers meanwhile proceeded with their invasion of Rhodes without the help or hindrance of the king of Cyprus. Again, on this occasion the Templars’ involvement with the elites of power may have appeared to give them short-term advantage, but certainly not in the longer term. Nolite conidere in principibus («Put not your trust in princes»): the words appear in Psalm 145, v. 2 in the Vulgate Bible, Ps. 146:3 in the modern English Bible. Yet the military religious orders were forced to trust princes and popes: they relied on them for their possessions, for exemptions and privileges and for protection. hey served kings as their natural lords and popes as Christ’s representatives on Earth. In return, popes, kings and princes endowed the military orders generously, intervened to protect them, and gave their brothers important responsibilities within their realms. hey also expected the military religious orders to promote their interests, obey their orders and supply them with military forces as required. As the concept developed that any war against the enemies of the realm could be a holy war87, so the military religious orders could be expected to assist in the defence of their realm just as much as in the defence of Christendom. his was not possible for the supranational military religious orders, whose ultimate vocation spanned the whole of Christendom; they could have found themselves ighting their own brothers. he Templars, perhaps the closest to kings, were destroyed through the actions of King Philip IV of France88. he Hospitallers, less reliant on kings for support, survived but continued to be bedevilled by demands from rival monarchs and «national» conlicts within the Order. he Teutonic Order, more limited in its geographical extent than the Temple and Hospital, sufered less from the demands of princes. he military religious orders must always balance the demands of the powerful elites against the defence of Christendom, and sometimes balance was impossible to achieve. 86

On this coup and its atermath, see P. W. Edbury, he Kingdom of Cyprus and the Crusades, pp. 107-117, 121, n. 76, and pp. 125-131; P.-V. Claverie, L’ordre du Temple en Terre Sainte et à Chypre, t. II, pp. 253-257. 87 C. Tyerman, England and the Crusades, pp. 133-151. 88 J. Théry, «Procès des Templiers».

LES RELATIONS DU SAINT-SIèGE AVEC LES ORDRES MILITAIRES SOUS LE PONTIFICAT D’HONORIUS III (1216-1227)

Pierre-Vincent Claverie Assemblée nationale, Paris

Il est d’usage d’aborder dans un volume d’hommage un point d’histoire négligé ou cher au dédicataire de cet ouvrage. C’est le sens de la présente étude qui entend restaurer l’image de marque d’un souverain pontife du xiiie siècle, considéré comme le père des ordres mendiants. Ce cliché est si vrai qu’Alain Demurger n’évoque pas une seule fois la igure d’Honorius III dans son indémodable Vie et mort de l’ordre du Temple. Cette omission tient autant à l’édition incomplète des registres d’Honorius  III qu’à l’image de faiblesse attachée au proil du camérier Cencio depuis les travaux d’Ernst Kantorowicz. Ce constat nous a amené à rédiger une monographie sur sa politique orientale, dont un chapitre traite de ses relations avec les ordres militaires. La présente étude résumera les conclusions de cet essai, en évoquant succinctement le inancement de la cinquième croisade, la protection canonique du Saint-Siège, ainsi que ses interventions politiques et disciplinaires dans la vie des ordres militaires1. Avant d’entamer cette étude, il convient de présenter sommairement la igure d’Honorius III, élu pape le 18 juillet 1216 par un duumvirat de cardinaux chargés de trouver un successeur à Innocent III. Le cardinal Cencio était un homme d’une cinquantaine d’années, qui avait efectué toute sa carrière à la Curie. Né vers 1160 dans un lignage aristocratique romain, il avait été successivement chanoine de Sainte-Marie Majeure, camérier pontiical et cardinal-diacre de Santa Lucia in Orthea. Le pape Célestin III, qu’il avait servi dans sa jeunesse, lui conia entre 1194 et 1198 la direction conjointe de la Chambre apostolique et de la Chancellerie. Cette situation exceptionnelle ne fut pas reconduite sous Innocent III, qui ne renouvela aucune de ces charges à Cencio, pourtant promu cardinal-prêtre des titres de SaintJean et Saint-Paul. L’élection d’Honorius III par voie de compromis démontre qu’il garda un grand prestige au sein du Sacré-Collège pendant ces années de retrait2. 1

A. Demurger, Vie et mort de l’ordre du Temple ; E. H. Kantorowicz, L’empereur Frédéric II ; P.-V. Claverie, Honorius III et l’Orient, pp. 235-270. 2 J. Clausen, Papst Honorius III., pp. 1-7 ; A. Paravicini-Bagliani, « Honorius III ». Honorius n’appartenait, semble-t-il, pas au lignage des Savelli qui comptait à son époque un représentant au sein du Sacré-Collège en la personne du cardinal de Saint-Jean-et-Saint-Paul, Bertrand, mort en 1223 (R. Lefevre, « Cronache del Duecento romano »). Philippe Josserand, Luís F. Oliveira et Damien Carraz (éd.), Élites et ordres militaires au Moyen Âge, Collection de la Casa de Velázquez (145), Madrid, 2015, pp. 277-292.

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pierre-vincent claverie

LE FINANCEMENT DE LA CINQUIèME CROISADE

Cela n’est pas un hasard si la première bulle émise par Honorius III, le lendemain de son couronnement, fut adressée au roi de Jérusalem, Jean de Brienne, et aux maîtres du Temple et de l’Hôpital qui espéraient la poursuite de la croisade décrétée lors du concile de Latran IV. Les encycliques expédiées à l’ensemble du clergé européen se irent l’écho des projets nourris par le pape ain de libérer la cité de Jérusalem, enlevée par Saladin en 1187. Une bulle adressée aux archevêques du sud de l’Italie révèle le système de collecte opérée par la Chambre apostolique. Les évêques italiens et siciliens recevaient en même temps que les commandeurs des ordres militaires une injonction de payer la contribution afectée au inancement de la croisade. La Chancellerie apostolique veillait à répercuter auprès des états-majors des ordres militaires les progrès réalisés dans la collecte des sommes, comme l’illustre une bulle du 13 août 1218 faisant suite à un rapport des événements survenus en Orient3. Le zèle des Templiers et des Hospitaliers alimenta en Europe des rumeurs infamantes, qui parvinrent aux oreilles de la papauté au printemps 1218. Ces quolibets incitèrent le pape à ordonner une enquête outre-mer. Elle démontra l’innocence éclatante des Templiers et des Hospitaliers qui n’entretenaient pas moins de 2 000 hommes et de 700 montures au sein de l’ost de Damiette. Autant d’éléments qui conduisirent Honorius III à ordonner, en novembre 1218, aux prélats siciliens d’organiser des campagnes de prédication ain de rétablir l’honneur bafoué des ordres militaires, en convaincant les idèles de l’utilité de leurs donations4. Cet exemple démontre la détermination de la papauté à lever le maximum de fonds en faveur de l’ost de Damiette qui luttait farouchement contre les forces ayyoubides. Aucune région d’Europe n’échappa à cette contribution triennale, bien que certains ordres religieux fussent exemptés par nature ou dérogation spéciale du Siège apostolique. Le pape envoya deux frères du Temple et de l’Hôpital en Allemagne ain de recueillir les sommes centralisées par l’archevêque Gerhard de Brême. Le coût exorbitant des machines de guerre amena le Saint-Siège au bord du goufre inancier après l’investissement de 20 000 marcs d’argent — soit cinq tonnes de in — dans l’afrètement d’une escadre romaine. Honorius  III parvint cependant à rassembler 5  000 marcs supplémentaires durant l’hiver 1218, qui gagnèrent la Terre sainte sous la forme de deux enveloppes séparées au printemps suivant5. La prise de Damiette ne ralentit pas la contribution de la papauté, qui avait dépensé la somme appréciable de 30 000 marcs d’argent en près d’une année. Le templier Aymar reçut l’ordre, le premier juillet 1220, de ponctionner à hauteur de 6 000 marcs la contribution au vingtième de l’Église d’Angleterre qui était cen3

P. Pressutti, Regesta Honorii papae III, t. I, nº 1-3, pp. 1-2, nº 101-102, p. 18, nº 111, p. 19 et nº 1580-1581, pp. 263-264. 4 Epistolae saeculi xiii, MGH, t. I, nº 79, pp. 57-58 (singulis diebus, dominicis et festivis). 5 P. Pressutti, Regesta Honorii papae III, t. I, nº 1779, p. 295, nº 1815, p. 301 et nº 1824, p. 303 ; P.-V. Claverie, L’ordre du Temple en Terre sainte et à Chypre, t. II, nº 1, pp. 411-412.

les relations du saint-siège avec les ordres militaires

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tralisée à Paris. Une notiication de cet envoi fut signiiée, le jour même, au légat Pélage d’Albano dont la papauté attendait un inventaire des sommes parvenues en Orient. Cette demande découle autant de l’insécurité des voies de communication de l’époque que de la somme de 4 000 à 6 000 marcs d’argent que le commandeur de l’Hôpital de Paris devait envoyer en Orient sur ordre du pape6. Le souverain pontife adressa, le 24 juillet 1220, un rapport inancier à Pélage d’Albano qui révèle l’investissement des ordres militaires dans la collecte du vingtième. Il mentionne, à cette occasion, l’acheminement de 5 000 onces d’or par le biais du Temple et de l’Hôpital après le départ du cardinal d’Albano de la Curie. La Chambre apostolique semble, par la suite, avoir transmis au légat pontiical 5 000 onces par le truchement de l’évêque Rainier de Bethléem et de plusieurs Teutoniques : Nous avons ordonné également, dit le pape, que 13 000 marcs sur le vingtième collecté en Angleterre te soient remis par nos ils aimés, les frères de la milice du Temple, Hugh of St George, John of Neville, Gerald of Surrey et Roger English d’Engleburgh et que l’on œuvre ain de te transmettre le reste avec célérité7.

Les registres pontiicaux signalent, en marge de cette lettre, le virement par les Templiers au cours des mois écoulés de 5  000 marcs d’argent provenant d’Angleterre et de 6 000 onces d’or collectées en France. La bienveillance d’Honorius III à l’égard du trésorier Aymar se changea en réprobation quand la Curie apprit l’envoi inopiné de 13 000 marcs d’argent en Orient durant l’été 1220. La chose parut insupportable au pontife qui préférait vivre d’expédients plutôt que de diminuer le poids de sa contribution à la croisade. Il s’en ouvrit à son légat en Angleterre en avouant crouler sous les dettes, après avoir envoyé en Orient 104  000 marcs d’argent en 36 mois. L’élu de Norwich reçut l’ordre de transmettre aux Templiers et aux Hospitaliers les sommes dues au titre du denier de Saint-Pierre, du cens de l’Église romaine et du vingtième ecclésiastique. La capitulation de Barâmûn força cependant les chrétiens à évacuer, l’année suivante, l’Égypte en restituant Damiette aux Ayyoubides8. LA PROTECTION CANONIQUE DU SAINT-SIèGE

Les ordres militaires tiraient leur légitimité au Moyen Âge de la tutelle que la papauté exerçait sur leurs institutions conirmées par voie conciliaire ou apostolique. L’examen des archives des milices laisse apparaître l’émission d’une abondance de privilèges en faveur de l’ordre Teutonique, qui avait été fondé 6

P. Pressutti, Regesta Honorii papae III, t. I, nº 2513-2514, p. 415, nº 2517, p. 416 et nº 2519, p. 416. 7 Epistolae saeculi xiii, MGH, t. I, nº 124, pp. 89-90. 8 Ibid., t.  I, nº  124, pp.  90-91  ; P.  Pressutti, Regesta Honorii papae III, t.  I, nº  2600, p.  431, nº 1824, p. 303, nº 2620, p. 435 et nº 3450, p. 560.

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à Acre durant la troisième croisade. Les historiens en ont déduit qu’Honorius III était mieux disposé à l’endroit de l’ordre naissant que son prédécesseur Innocent III. Il est vrai qu’Honorius III conirma dans une bulle solennelle, le 8 décembre 1216, la protection accordée aux Teutoniques par le Siège apostolique. Cette nouvelle version de la bulle Efectum justa postulantibus, promulguée en 1196, dresse un inventaire des privilèges spirituels et temporels accordés à l’ordre outre-mer9. Le privilège du pape reconnaît « la juste et canonique possession » des biens que l’ordre a acquis depuis 1192, en mentionnant son hôpital d’Acre, ses maisons d’Ascalon, Rama, Césarée, Jafa et Tyr, ainsi que les casaux de Zamzi, Kafr Jâsîf et Betzal, sans oublier la voûte que les Teutoniques détiennent à proximité de la porte Saint-Nicolas d’Acre. Honorius III mentionne en dehors de la Terre sainte une cour chypriote et deux villages situés en Cilicie arménienne. La suite du privilège exempte l’ordre Teutonique du paiement de dîmes sur les novales qu’il exploite, et de la moindre redevance pour le chrême ou l’huile sainte délivrés par le clergé séculier. Les Teutoniques se voient conirmer la liberté de sépulture de leur cimetière et l’immunité de leurs clôtures, avant d’obtenir l’assurance de ne pouvoir élire dorénavant comme maître qu’un chevalier. Cette mesure sollicitée par Hermann von Salza témoigne de l’aristocratisation rapide de la fraternité fondée par des marchands de Lübeck10. Une partie de ces privilèges fut renouvelée dans la bulle Etsi neque, du 15 décembre 1220, qui plaça l’ordre sur un rang d’égalité avec les Templiers et les Hospitaliers. Ce privilège ne pouvait qu’exaspérer le clergé séculier qui avait dénoncé au moment du concile de Latran  III de 1179 les abus des Templiers et des Hospitaliers en matière de quêtes. La bulle Etsi neque est le second privilège pontiical à mentionner le statut des frères servants, admis dans l’ordre Teutonique depuis deux décennies11. La générosité du pape s’explique par les déplacements successifs à la Curie du grand-maître Herman von Salza, qui fut l’un des plus ins négociateurs de la première moitié du xiiie siècle. La moitié des 116 privilèges accordés à l’ordre Teutonique par Honorius III vit ainsi le jour durant le séjour prolongé d’Hermann von Salza à Rome en janvier 1221. Le pape veilla, à cette occasion, à accorder solennellement aux Teutoniques « l’ensemble des libertés, immunités et indulgences » concédées par le Siège apostolique aux Templiers et aux Hospitaliers. Il est révélateur que la Chancellerie apostolique n’ait enregistré qu’une faible part des privilèges octroyés aux ordres militaires en raison de leur dimension répétitive12. 9 D. Buschinger et M. Olivier, Les chevaliers teutoniques, p. 39 ; P. Pressutti, Regesta Honorii papae III, t. I, nº 161, p. 30 (éd. d’E. Strehlke, Tabulae ordinis heutonici, nº 303, pp. 272-274). 10 D. Buschinger et M. Olivier, Les chevaliers teutoniques, p. 39 ; P. Pressutti, Regesta Honorii papae III, t. I, nº 161, p. 30 (éd. d’E. Strehlke, Tabulae ordinis heutonici, nº 303, pp. 272-274). 11 P. Pressutti, Regesta Honorii papae III, t. I, nº 161 p. 30 et nº 2867, pp. 474-475 ; E. Strehlke, Tabulae ordinis heutonici, nº 306, pp. 275-279. 12 S. Gouguenheim, Les chevaliers teutoniques, p. 102 ; E. Strehlke, Tabulae ordinis heutonici, nº 309, p. 281.

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L’année 1221 fait manifestement igure d’année faste en ce qui concerne l’attention portée par la papauté aux milices. Honorius III entérina la fusion de l’ordre de Monfragüe avec celui de Calatrava, fondé en 1158 ain de sécuriser la rive gauche du Rio Guadiana, en Estrémadure. Les frères de Monfragüe appartenaient à une branche castillane de l’ordre de Montjoie qui avait refusé à la in du xiie siècle d’être absorbée par l’ordre du Saint-Rédempteur de Teruel. Le pape proita de cette opportunité pour conirmer le statut des terres exploitées par l’ordre de Calatrava dans la péninsule Ibérique. Le concile de Latran IV avait exempté du paiement de la dîme les terres cultivées par les Calatravans avant 1215, en afranchissant leurs novales de toute redevance ecclésiastique. Le pape enjoignit à l’ordre de verser au clergé séculier les dîmes aférentes aux terres acquises après 1215, en reprenant les termes d’une bulle adressée aux Templiers le 17 janvier 121913. L’année 1221 vit également la conirmation par la papauté d’un nouvel ordre, créé ain de lutter contre le catharisme. Le pape Honorius III fut invité, le 7 juin 1221, à approuver la fondation de la Chevalerie de la Foi de Jésus-Christ, appelée à combattre les hérétiques dans les provinces de Narbonne et d’Auch. Le destin de cet ordre éphémère est mal connu après le déplacement à la Curie de son fondateur, Pierre Savary, et de plusieurs de ses membres. Il en va de même de l’ordre de Saint-Samson de Constantinople auquel le pape accorda, le 14 juillet 1222, le bénéice intégral des chevaux et des armes légués par les idèles en sa faveur. Les registres pontiicaux conservent la copie de plusieurs privilèges contemporains émis en faveur de l’Hôpital du Saint-Esprit, installé à Montpellier depuis 119514. Si Honorius III accompagna le développement de nouveaux ordres, il ne négligea pas les ordres plus anciens dont les archives contiennent de nombreuses bulles de son pontiicat. C’est le cas de l’Hôpital de Saint-Jacques d’Altopascio, qui n’accéda jamais au statut d’ordre militaire malgré sa localisation sur une portion ardue de la Via Francigena reliant Rome au sud de l’Angleterre15. Les privilèges contemporains octroyés au Temple et à l’Hôpital peuvent faire l’objet d’une analyse statistique en raison de leur recensement exhaustif à ce jour. Près d’un sixième des privilèges octroyés aux Templiers français entre 1155 et 1312 datent des onze années du pontiicat d’Honorius III, alors que celles-ci représentent 7 % de la période considérée. Des chifres tout aussi éloquents peuvent être calculés pour les Hospitaliers, qui reçurent 241 bulles pontiicales entre 1216 et 122716. 13 A. Demurger, Chevaliers du Christ pp. 64 et 93-94 ; P. Pressutti, Regesta Honorii papae III, t. I, nº 1806, p. 300. Le rattachement de l’ordre de Monfragüe à celui de Calatrava fut décrété, le 23 mai 1221, par le roi de Castille Ferdinand III, « considerans penuriam et annullationem ordinis de Montfrac, qui licet quondam magnus fuerit a miniculo indiget jam extremo » (A. Forey, « he Order of Mountjoy », p. 263). 14 A. Demurger, Chevaliers du Christ, pp. 293-294 ; P. Pressutti, Regesta Honorii papae III, t. I, nº 3502, p. 569 ; t. II, nº 4088, p. 87, nº 5422, p. 326 et nº 5433, p. 328. 15 P. Pressutti, Regesta Honorii papae III, t. II, nº 3749, p. 35, nº 3836, p. 49, nº 4315, p. 128 et nº 4688, p. 195 ; J.-M. Poisson, s. v. « Altopascio, ordre de San Jacopo d’ » ; E. Bellomo et K. Toomaspoeg, s. v. « Via Francigena ». 16 A. Demurger, Chevaliers du Christ, pp. 293-294 ; A. de Loisne, « Bulles de papes pour l’ordre du Temple conservées aux archives nationales » ; J. Delaville le Roulx, Cartulaire général de

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L’examen des privilèges concédés aux Templiers livre des informations intéressantes sur les pratiques de la Curie et la stratégie des ordres militaires. Les séries L et M des Archives nationales conservent une trentaine de bulles émises lors de trois périodes fastes, correspondant aux mois de décembre  1216, janvier 1217 et avril 1220. Honorius III conirma cependant, dès le 11 août 1216, la bulle Religiosos viros fratres de son prédécesseur Innocent III, qui ordonnait aux prélats de la chrétienté de dissuader les idèles d’exiger des Templiers des droits de péage, de vente, de passage et de cauchiage aux portes des villes. Il est intéressant de remarquer que la première vague de privilèges accordés aux Templiers et aux Hospitaliers ne s’écarta guère de cette perspective conservatrice17. Honorius III renouvela, le 15 décembre 1216, la bulle Cum apostolica Sedes de son prédécesseur Eugène III qui sommait le haut-clergé de laisser les Templiers user librement de la sépulture ecclésiastique lorsque ces derniers n’étaient pas frappés d’anathème. Le pontife accompagna ce privilège d’une injonction en vue de permettre la collecte par les Templiers des aumônes et des legs détournés par certains pasteurs indélicats. Une autre bulle enjoignit aux prélats de ne prétendre qu’au quart des biens laissés par testament aux Templiers, en exonérant les armes et les chevaux de tout prélèvement du fait de leur envoi en Terre sainte. Cette missive révèle l’attachement du pape à la cause des Templiers, en évoquant « la grande révérence que l’on doit aux frères de la chevalerie du Temple18 ». La seconde vague de privilèges, concédée par Honorius III en janvier 1217, allie des dispositions anciennes à des exemptions nouvelles. Le souverain pontife renouvelle un privilège d’Alexandre III, assurant aux Templiers leur immunité face aux excommunications décrétées sans l’aval du Saint-Siège. Il rappelle, le 30  janvier, au haut-clergé qu’il ne doit excommunier sous aucun prétexte les Templiers, qui n’ont d’autre évêque que le pape. Cette mise au point fait suite à une bulle en date du 18 janvier, par laquelle le pape ordonne aux prélats de faire respecter les personnes et biens du Temple, sous peine d’excommunication19. Les registres pontiicaux conservent la trace d’un privilège important concédé aux Templiers dans la foulée de la bulle Efectum justa postulantibus, accordée aux Teutoniques en 1216. Ce dernier autorise les Templiers et les Hospitaliers à édiier des sanctuaires sur les terres arrachées aux Sarrasins, dont ils ont hérité par droit de conquête ou fait l’acquisition20. Un autre précepte du mois de janvier 1217 révèle la bienveillance du pape à l’égard des idèles qui visiteront l’église du Temple de Paris le jour anniversaire de sa dédicace. Certes, les quinze jours d’inl’ordre des Hospitaliers, t. II, nº 1477-1849, pp. 192-357 ; t. IV, nº 1597 bis et nº 1741 bis, p. 273, nº 1741 ter, nº 1746 bis, nº 1767 bis et nº 1767 ter, p. 274, nº 1769 bis, nº 1770 bis, nº 1775 bis et nº 1815 bis, p. 275, nº 1849 bis, p. 276, nº 1849 ter, pp. 276-277, nº 1851 bis et nº 1854 bis, p. 277. 17 A. de Loisne, « Bulles de papes pour l’ordre du Temple conservées aux archives nationales », nos 19-45, pp. 184-195. 18 Ibid., nos 24-27, pp. 186-188. 19 Ibid., nos 28-32, pp. 188-191. 20 P. Pressutti, Regesta Honorii papae III, t. I, nº 257, p. 47, J. Delaville le Roulx, Cartulaire général de l’ordre des Hospitaliers, t. II, nº 1528, p. 207 (exemplaire non enregistré).

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dulgence qu’il octroie aux pèlerins font pâle igure en face des un an et quarante jours accordés au même sanctuaire par Nicolas IV en 1289. Cette indulgence est cependant caractéristique de la politique du Saint-Siège au commencement du xiiie siècle, l’église mère de l’Hôpital de Saint-Jean n’héritant que d’une remise de vingt jours à la in de l’année 122621. La dernière vague de privilèges accordée par Honorius III aux Templiers s’étale entre les 22 et 25 avril 1220 en raison des diverses opérations de relecture pratiquées par la Chancellerie apostolique. Le pape renouvela deux privilèges d’Eugène III de 1145 et 1151, aux côtés d’une bulle relative aux produits des églises templières. Il chargea par ailleurs les prélats d’empêcher la coniscation des ofrandes faites aux Templiers et autorisa l’absolution des frères coupables de violences à l’encontre de religieux ou de confrères de l’ordre. Il est intéressant d’observer que la plupart de ces privilèges furent étendus aux Teutoniques au moment du séjour d’Hermann von Salza à la Curie au mois de janvier 1221. Il serait toutefois vain de réduire le pontiicat d’Honorius III à la lente et patiente reconduction de ces privilèges entachés d’une période de validité variable. De nombreux exemples montrent que la papauté attendait une pleine et entière soumission de la part des « ils de dilection » que représentaient, pour elle, les membres des ordres militaires22. LES INTERVENTIONS POLITIQUES DE LA PAPAUTÉ

Honorius III arbitra durant ses onze années de pontiicat nombre de litiges opposant les ordres militaires à des puissances séculières ou ecclésiastiques de leur temps. L’une des missions les plus ardues consista à défendre l’implantation des Teutoniques en Transylvanie. Le roi de Hongrie André II avait cédé à l’ordre, le 7 mai 1211, la terre de Borza, en spéciiant qu’une partie de l’or ou de l’argent découverts sur place reviendrait aux frères. Les Teutoniques signèrent en 1213 un accord avec l’évêque de Transylanie, Guillaume de Weissenbourg, ain de pouvoir percevoir librement les dîmes du Burzenland et de choisir sans entraves les pasteurs de la région. Honorius III conirma le 19 avril 1218 cette convention, sans soupçonner les tensions grandissantes qui se faisaient jour en Transylvanie. Le roi André II envisagea même au début des années 1220 de reprendre le Burzenland aux Teutoniques. Il agrandit cependant leur territoire, le 3 mai 1222, dans un acte solennel conirmé par Honorius III, le 19 décembre suivant. Le Saint-Père mit dans ces circonstances deux années à prendre la terre de Borza « sous le droit et la propriété de saint Pierre23 ». 21

A. de Loisne, « Bulles de papes pour l’ordre du Temple conservées aux archives nationales », nº  30, pp.  189-190 et nº  161, p.  229  ; J.  Delaville le Roulx, Cartulaire général de l’ordre des Hospitaliers, t. II, nº 1849, p. 357. 22 A. de Loisne, « Bulles de papes pour l’ordre du Temple conservées aux archives nationales », os n  36-41, pp. 192-194 ; A. Paravicini Bagliani, La cour des papes au xiiie siècle, pp. 92-93. 23 P. Pressutti, Regesta Honorii papae III, t. I, nº 1243, p. 205 ; t. II, nº 4172, p. 103 et nº 4187, pp. 105-106 ; S. Gouguenheim, Les chevaliers teutoniques, pp. 43-49.

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Le roi de Hongrie réagit assez violemment à l’ingérence de la papauté dans les afaires intérieures de la Transylvanie. Il envahit au printemps 1225 le Burzenland, en tuant plusieurs frères qui s’opposaient à leur éviction. Le pape l’enjoignit, le 12 juin, de cesser ses exactions contre les Teutoniques qu’il avait installés dans la terre de Borza et sur le revers des Alpes de Transylvanie. Il chargea trois abbés austro-hongrois de mener une enquête sur les usurpations de terres, éventuellement commises par les frères. Honorius  III justiia son intervention auprès du roi par le proit que la Terre sainte pourrait retirer du maintien de l’ordre Teutonique en Transylvanie. Sa vision rejoignait ainsi celle d’Innocent III à l’égard de l’utilité de l’Empire latin de Constantinople pour la reconquête des Lieux saints24. L’Europe orientale faisait oice, à cette époque, de front pionnier de la chrétienté après l’érection en 1186 d’un évêché latin à Üxküll (Ikšķile), sur les bords de la Daugava. Le troisième évêque du lieu, Albrecht von Buxhövden, avait transféré l’évêché de Livonie sur le site côtier de Riga ain de disposer de l’appui des marchands des villes hanséatiques. S’en était suivie la fondation d’une confrérie de chevaliers vouée à défendre les conquêtes réalisées par les croisés germaniques. Cet ordre du Christ de Livonie rudoya dans sa soif d’expansion les populations baltes du cours inférieur de la Daugava. Leurs plaintes parvinrent aux oreilles d’Honorius III qui chargea le 8  février 1222 l’évêque Bernard de Selburg (Sēlpils) de mettre un terme à ces agissements avec l’aide d’ecclésiastiques locaux25. Les progrès des Porte-Glaive devaient beaucoup à cette époque au soutien du pape, qui rêvait de rattacher la Livonie au patrimoine de Saint-Pierre. Si Honorius III autorisa en 1226 les Porte-Glaive à enrôler les croisés sur le retour, il chargea l’évêque Guillaume de Modène de parcourir la Livonie ain d’expliquer aux convertis leurs droits efectifs. Guillaume de Modène proita de son séjour pour négocier une série de conventions entre l’ordre du Christ de Livonie et les évêques de Riga et de Leal (Lihula) qui subissaient les empiétements fonciers des frères. Honorius III conirma trois de ces traités, le 10 décembre 1226, avant de commettre Albrecht von Buxhövden à la résolution d’un litige opposant l’ordre à l’évêque de Sémigallie, Lambert. Le pape invita l’évêque de Riga à révoquer les sentences ecclésiastiques fulminées par l’évêque de Leal, en trouvant une issue rapide au problème26. Il est révélateur que le pontiicat d’Honorius III présidât à l’apparition à travers la chrétienté des premiers évêques issus des ordres militaires. Nous savons qu’il admonesta, le 29 janvier 1224, le chapitre cathédral et le clergé du diocèse de 24

P.  Pressutti, Regesta Honorii papae III, t.  II, nos  5531-5532, pp.  345-346, nº  5525, p.  344, nº 5702, p. 319 et nº 5831, p. 404 ; S. Gouguenheim, Les chevaliers teutoniques, pp. 43-51. 25 P. Pressutti, Regesta Honorii papae III, t. II, nº 3787, p. 41 ; F. Benninghoven, Der Orden der Schwertbrüder : Fratres milicie Christi de Livonia, p. 172 (référence aimablement communiquée par Kristjan Toomaspoeg). 26 P. Pressutti, Regesta Honorii papae III, t. II, nº 6068, p. 448 et nº 6091, p. 452 ; E. Christiansen, Les croisades nordiques, p. 210 ; E. Strehlke, Tabulae ordinis heutonici, nos 236-240, pp. 229-230.

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Passau qui refusaient d’obéir à leur nouveau pasteur au prétexte que ce dernier appartenait à l’ordre Teutonique. L’évêque Gebhard Ier von Plain n’entretenait pourtant pas des rapports cordiaux avec Hermann von Salza, qui avait obtenu sa condamnation à la Curie à propos d’un diférend foncier, entaché d’insubordination27. L’année 1226 vit, pour la première fois, un Templier accéder à l’épiscopat dans le sud de la péninsule Italienne, où l’évêché de Lavello reçut un pasteur du nom de Richard. Cette décision fut le fait d’Honorius III qui accepta de démembrer, au préalable, le diocèse de Venosa28. Le monde méditerranéen n’échappa pas aux tensions qui se faisaient jour dans le reste de la chrétienté dans le premier quart du xiiie siècle. La péninsule Ibérique fut à la fois le théâtre d’exploits militaires et de rivalités entre les diférents pouvoirs politiques en place. Le pape ménagea la chèvre et le chou, en accordant son soutien aux ordres militaires engagés dans la Reconquista. C’est ainsi qu’il accorda la protection de saint Pierre, en janvier  1217, aux châteaux templiers de Roda et de Castelo Branco — au Portugal — en échange d’un cens annuel d’une once d’or. La reconquête de la ville d’Alcácer do Sal n’empêcha pas les mesquineries de prospérer entre les ordres ibériques. Le maître de Calatrava, Gonzalo Yáñez de Novoa, se plaignit en 1220 de l’indulgence coupable des Hospitaliers à l’égard des transfuges de son ordre qui désiraient poursuivre la lutte contre les « inidèles ». Le pape interdit au prieur de l’Hôpital en Espagne de recevoir ces déserteurs sans l’aval de Calatrava. Cette interdiction, teintée de moralisme, incita les deux ordres à passer des conventions sur le modèle des accords conclus en Orient entre le Temple et l’Hôpital29. L’année 1225 fut tout aussi riche en événements pour la Curie avec le déclenchement d’un procès entrepris par les frères de Monfragüe à l’encontre de l’ordre de Calatrava, qui les avait expulsés de leur maison et réduits à la mendicité. Le chevalier Alonso Téllez de Meneses sensibilisa le pape, quelques semaines plus tard, à la vulnérabilité de son château situé à une quarantaine de kilomètres au nord de Badajoz. Honorius III ordonna aux Hospitaliers, Calatravans, Templiers et Santiaguistes de secourir le château d’Alburquerque à chaque fois que son maître leur en ferait la demande. Cette décision assura la pérennité de la seigneurie d’Alburquerque, que le roi de Castille Ferdinand III avait arrachée aux Almohades en 121730. Le sort des chrétiens n’était guère plus avantageux en Orient où une longue guerre de succession sévissait dans la principauté d’Antioche. L’un des premiers gestes politiques d’Honorius  III fut de recommander aux ordres militaires le vainqueur du conlit, le 25 juillet 1217. Le prince Raymond-Roupên avait de 27

P. Pressutti, Regesta Honorii papae III, t. II, nº 4736, p. 203 et t. I, nº 3231, p. 528. Ibid., t. II, nº 5969, p. 429. 29 Ibid., t. I, nº 327, p. 58, nº 997, p. 170 et nos 2889-2890, p. 478. 30 Ibid., t. II, nº 5354 pp. 314-315 ; D. Mansilla, La documentación pontiicia de Honorio III, nº 569, pp.  421-422 (cette édition corrige la transcription fautive de J. Delaville le Roulx, Cartulaire général de l’ordre des Hospitaliers, t. II, nº 1819, pp. 340-341). 28

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bonnes chances, à cette date-là, de succéder à son grand-oncle Léon Ier sur le trône d’Arménie. Le pape félicita le roi de son choix, sans se douter que les événements allaient prendre un tour tragique. Léon Ier disparut en 1219, en laissant trois héritiers présomptifs se disputer le trône arménien. Le comte de Tripoli, Bohémond  IV, proita de ces entrefaites pour reprendre la ville d’Antioche à Raymond-Roupên, qui n’eut d’autre recours que de se réfugier en Cilicie. L’afaire rejaillit sur l’ordre de l’Hôpital, à qui Raymond-Roupên avait cédé la citadelle d’Antioche en prenant la fuite. Bohémond IV entreprit le siège de la forteresse et essuya une excommunication en bonne et due forme de la part du légat pontiical, Pélage d’Albano31. Le pape ignorait que Bohémond IV avait ini par prendre le contrôle d’Antioche et mettre sous séquestre un grand nombre de propriétés de l’Hôpital. Le comte n’hésita pas à envahir la commanderie de Tripoli avec ses troupes, en tuant un frère qui s’opposait à son passage, tandis qu’un second était écorché par ses hommes. Le pape autorisa dans ces conditions les Hospitaliers à user de la force, le 18 décembre 1225, ain de repousser les assauts du comte de Tripoli, nonobstant sa qualité de « chrétien »32. La papauté accentua la pression en février 1226, en habilitant l’Hôpital à utiliser les armes pour recouvrer la citadelle d’Antioche occupée par les troupes tripolitaines. Le maître de l’Hôpital, Garin de Montaigut, obtint d’Honorius III, après une nouvelle ofensive diplomatique, que les évêques de Valénie et de Tortose contraignent la population de la principauté d’Antioche à n’approcher le comte sous aucun prétexte. Cette mesure ne régla pas l’afaire, qui perdura jusqu’en 123333. L’action politique d’Honorius  III ne négligea pas l’île de Chypre, que les Latins avaient arrachée à la domination byzantine en 1191 et érigée en royaume, quatre ans plus tard, avec l’aval de l’empereur Henri VI. Le pape apprit la disparition au cours de l’été 1218 du roi Hugues Ier de Lusignan, qui avait été terrassé par une ièvre foudroyante dans les premiers jours de janvier. Il présenta ses condoléances à la reine Alix de Champagne, le 12 juillet, en lui annonçant sa décision de prendre le royaume sous la protection de saint Pierre. Le légat Pélage d’Albano et les maîtres du Temple et de l’Hôpital reçurent une missive d’Honorius III, déplorant que certains agitateurs envisagent de porter atteinte à la famille royale. Les ordres militaires se virent conier la responsabilité de dissuader par la force ceux qui souhaiteraient proiter de la régence exercée par la reine Alix pour bousculer l’ordre établi34. 31 P. Pressutti, Regesta Honorii papae III, t. I, nos 676-677, p. 118 et nº 3495, p. 568 ; J. RileySmith, he Knights of St John in Jerusalem and Cyprus, pp. 158-160. 32 P. Pressutti, Regesta Honorii papae III, t. II, nº 5759, p. 390 ; C.-A. Horoy, Honorii III Romani pontiicis opera omnia, t. V, nº 89, col. 17-18 et nº 94, col. 25-26 (pour l’inventaire des méfaits du comte de Tripoli). 33 P. Pressutti, Regesta Honorii papae III, t. II, nº 5843, p. 406, nos 6105-6106, p. 454, nº 6197, p.  471 et nº 6243, p.  480  ; J. Riley-Smith, he Knights of St John in Jerusalem and Cyprus, pp. 160-162. 34 P. Pressutti, Regesta Honorii papae III, t. I, nos 1522-1524, pp. 252-253 et t. II, nº 5822, p. 402

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L’enlisement de la cinquième croisade poussa le pape à conseiller en 1221, par deux fois, aux ordres militaires et au légat Pélage d’Albano de négocier une paix proitable avec les Ayyoubides pour l’intérêt de la chrétienté. Honorius III annonça dans le second de ses courriers le passage imminent en Orient de l’empereur Frédéric  II et du marquis Guillaume de Montferrat avec une armée importante35. Ces projets furent contrariés par la lenteur des préparatifs de Guillaume de Montferrat, qui ne gagna la Grèce qu’au printemps 1226 pour trouver la mort au mois de septembre suivant dans le golfe de Volos. La détermination d’Honorius III parvint à des résultats plus probants en matière de discipline ecclésiastique, comme le prouvent de nombreuses bulles conservées au Vatican36. LES ARRÊTS OU COMMANDEMENTS DE LA COUR DE ROME

Par « Cour de Rome » on entendait au Moyen Âge l’ensemble des services de la Curie qui supervisaient le règlement des litiges ecclésiastiques. Le dépouillement des registres d’Honorius III montre que les ordres militaires ont subi ou bénéicié de nombreuses sentences exécutoires, prononcées au nom du pape. Certains transfuges regrettaient leur choix à l’instar d’un dénommé homas, qui sollicita l’appui du Siège apostolique à la in de l’année 1224. Honorius III demanda, le 22 janvier 1225, au maître Pierre de Montaigut de faciliter le retour du frère au sein de l’ordre du Temple, après une expérience malheureuse au sein d’un ordre contemplatif dont il n’avait pu supporter l’austérité. Le pape luimême avait dû dissuader en 1223 les Cisterciens, les Templiers et les Hospitaliers d’admettre dans leurs rangs des profès qui s’étaient engagés préalablement à Grandmont37. Honorius  III dut régler durant son pontiicat une afaire encore plus délicate, survenue dans le Velay à la in de l’année 1219. Le chevalier Bertrand de Cares prémédita l’assassinat de l’évêque du Puy, Robert de Mehun, qui l’avait excommunié pour diverses déprédations contre des biens ecclésiastiques. Ses complices allèrent demander l’absolution de leur faute auprès d’Honorius III, après avoir essuyé la vindicte de la population anicienne révoltée. Le pontife, le 10 juillet 1220, imposa une lourde pénitence aux coupables dont il conia l’exécution aux évêques de Viviers et de Saint-Paul-Trois-Châteaux : ils devaient gagner, au terme de cette procédure, la Terre sainte ain de combattre les « inidèles » durant deux ans et observer un jeûne pénitentiel le reste de leur vie, le jour de la Passion du Christ38. 35

Ibid., t. I, nº 3478, p. 565. Ibid., t. II, nº 5186, p. 283. 37 Ibid., t.  II, nº  5794, p.  397; C.-A. Horoy, Honorii III Romani pontiicis opera omnia, t.  IV, nº 131, col. 350-351. 38 P. Pressutti, Regesta Honorii papae III, t. I, nº 2543, p. 420 (éd. dans Recueil des historiens des Gaules et de la France, t. XIX, p. 703). 36

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Ces dispositions furent durcies pour Bertrand de Cares, qui avait porté le coup fatal à l’évêque du Puy aux abords de l’abbaye de Doue. Le chevalier vellave se vit ofrir la possibilité d’intégrer les ordres cistercien ou cartusien à l’issue d’une pénitence publique dans les rues du Puy39. Il préféra gagner la Terre sainte, où il essuya une in de non-recevoir de la part du patriarche Raoul de Mérencourt, en l’absence d’un ordre oiciel de la papauté. Il exposa son problème au maître du Temple, Pierre de Montaigut, qui accepta de l’intégrer dans son ordre pendant une année avant de le renvoyer à la Curie. Honorius III valida cette solution, le 15 décembre 1224, en priant Pierre de Montaigut de déduire des sept années de pénitence la période de service déjà accomplie par Bertrand de Cares40. Les registres d’Honorius III conservent les traces de rivalités survenues entre les ordres militaires ou à l’intérieur d’une même congrégation. Le commandeur du Temple dans les royaumes de Castille, León et Portugal sollicita ainsi en 1223 l’appui du Siège apostolique avant de se soumettre à la justice de ses coreligionnaires. Honorius  III invita le maître du Temple à encenser plutôt qu’à sanctionner Pedro Alvítiz lors de l’examen de sa cause en Terre sainte. Les prud’hommes du Temple se jugèrent incompétents pour apprécier l’ampleur des sommes que le dignitaire hispanique avait inconsidérément empruntées. Ils renvoyèrent Pedro Alvítiz à la Curie, en laissant au pape la possibilité de le priver de son manteau. Honorius III engagea Pierre de Montaigut à le traiter avec déférence, le 29 mars 1224, après avoir imaginé un règlement amiable de l’afaire. La décision d’Honorius III laisse entendre que les fonds gagés relevaient de la décime collectée au titre de la croisade. La chose n’est pas étonnante au vu du rôle prépondérant joué par la commanderie léonaise de Ponferrada dans la centralisation du vingtième levé par la papauté. Pedro Alvítiz parvint, quoi qu’il en soit, à rembourser les sommes qu’il devait et à être conirmé dans ses fonctions jusqu’au printemps 122741. Le pontiicat d’Honorius  III présida au développement d’une querelle plus sérieuse entre les Templiers et les Teutoniques au niveau vestimentaire. Ces derniers avaient tenté d’arborer en 1210 le manteau de laine blanc qui faisait la réputation et la spéciicité du Temple à travers la chrétienté. L’afaire rebondit durant la cinquième croisade pendant laquelle les Teutoniques abandonnèrent le manteau d’estanfort, qu’ils portaient auparavant, pour arborer un manteau blanc. Le coup de force des Teutoniques eut lieu après la concession à l’ordre d’une rente annuelle de 200 onces d’or par l’empereur Frédéric II42. 39 Ibid., t. I, nº 2543, p. 420 (éd. dans Recueil des historiens des Gaules et de la France, t. XIX, pp. 703-704). 40 Ibid., t. II, nº 5219, p. 289. 41 Ibid., t. II, nº 4403, p. 142 et nº 4899, p. 231 (voir D. Mansilla, La documentación pontiicia de Honorio III, nº 447, pp. 324-325) ; G. Martínez Díez, Los Templarios en la corona de Castilla, pp. 40, 42 et 64. 42 P.-V. Claverie, L’ordre du Temple en Terre sainte et à Chypre, t. II, pp. 193-194 ; K. Toomaspoeg, Les Teutoniques en Sicile, nº 37, p. 572 (24 juin 1217) et nº 42, p. 573 (3 janvier 1218).

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Les Templiers exprimèrent leur indignation auprès du Siège apostolique, après avoir découvert les modiications apportées à la donation de 1217 dans un privilège impérial du mois de décembre 1221. La rente accordée pour l’achat de vêtements chauds avait en efet été dévoyée ain de permettre aux Teutoniques de copier l’uniforme du Temple. Les protestations des Templiers se heurtèrent à la volonté conciliatrice d’Honorius III, qui conirma, le 19 avril 1222, les termes de la donation de Catane, en révoquant un de ses privilèges antérieurs. Le Saint-Père prit soin d’inviter les Templiers dans une lettre exemplaire à abandonner leur rancœur pour se joindre aux Teutoniques dans un esprit de charité et d’unité retrouvée43. Les ordres militaires entretinrent plusieurs contentieux sous le pontiicat d’Honorius III avec le clergé séculier, qui admettait mal leurs multiples exemptions. Les Templiers eurent la sagesse de demander la conirmation en 1217 d’une sentence rendue par Innocent III à propos du statut de l’église de Tomar, abritant le siège de leur ordre au Portugal. Les frères du Temple subissaient à l’époque, en tant que seigneurs fonciers, de multiples vexations de la part des communes en voie d’autonomie. Honorius III s’inquiéta en 1220 d’une querelle qui opposait les frères aux échevins d’Ypres, avant d’ouvrir au mois de juin 1222 une enquête sur le statut juridique des maisons que le Temple occupait dans la ville de La Rochelle44. L’ordre du Temple était alors parvenu à une opulence et une puissance foncière qui lui permettaient de prendre le contrôle de diocèses entiers en Terre sainte. L’évêque Durand de Tortose, au cours de l’année 1224, dressa un réquisitoire sévère contre les empiétements dont l’ordre se rendait coupable dans son diocèse et sa cité sur le plan féodal et ecclésiastique. Honorius  III exhorta le maître Pierre de Montaigut à amender ses torts, le 10 janvier 1225, en cessant de léser les « hommes, pêches, forêts et autres biens » relevant de l’Église de Tortose. Le souverain pontife conia le soin aux archevêques de Tyr et de Césarée de veiller à la régularisation de la situation avec l’aide de l’évêque d’Acre45. Les règlements du Siège apostolique pouvaient être longs et pénibles, comme le démontre un accord négocié en 1225 entre l’archevêque de Bourges, Simon de Sully, et les Templiers berrichons, qui refusaient de voir leurs hommes se fédérer en communes. L’afaire avait été coniée, en première instance, au chancelier de l’Église de Chartres qui l’avait renvoyée devant le pape en raison de ses implications féodales. Un scandale plus grand était survenu en Artois, l’année précédente, après l’ouverture d’églises templières et hospitalières à des clercs frappés d’excommunication. L’évêque Pons d’Arras obtint du Siège apostolique une condamnation formelle de ces pratiques préjudiciables à l’exercice du droit canon46. 43

P. Pressutti, Regesta Honorii papae III, t. II, nos 3927-3928, p. 63 et t. I, nº 1172, p. 195. Ibid., t. I, nº 295, p. 53 (éd. C.-A. Horoy, Honorii III Romani pontiicis opera omnia, t. II-B, nº 184, col. 225-227), nº 2761, p. 458, et t. II, nº 4051, p. 82 (éd. C.-A. Horoy, Honorii III Romani pontiicis opera omnia, t. IV, nº 223, col. 197-198). 45 Ibid., t. II, nº 5266, p. 297 (éd. P.-V. Claverie, L’ordre du Temple en Terre sainte et à Chypre, t. II, nº 2, pp. 412-413). 46 Ibid., t. II, nº 5507, p. 341 et nº 4889, p. 230 (éd. C.-A. Horoy, Honorii III Romani pontiicis opera omnia, t. IV, nº 168, col. 577-578). 44

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La papauté faisait l’économie d’une enquête de terrain lorsque les plaintes revêtaient un caractère général. Le 20 février 1222, Honorius  III donna ainsi satisfaction aux Teutoniques qui se plaignaient de l’hostilité de certains curés à l’encontre de leurs campagnes de quêtes. La prudence du pape ressort de nombreuses commissions édictées en réponse à des plaintes oicielles en Cour de Rome. Il chargea par exemple, le 30 avril 1222, l’abbé et le prieur du monastère de Czikator d’enquêter sur les usurpations de dîmes dont l’abbé de Szekszárd avait grevé les Hospitaliers de Hongrie. Ce soin revint en 1225 à l’abbé de Bakony dans le cadre de l’arbitrage d’un conlit opposant les Hospitaliers au monastère bénédictin du Saint-Esprit47. La volonté d’Honorius III se heurtait parfois à la complexité des appels interjetés devant le Saint-Siège. L’évêque de Langres, Hugues de Montréal, proposa en 1225 de céder aux Hospitaliers l’hôpital de Mormant, dont il souhaitait réformer les fondements spirituels et matériels. Le pape accéda d’abord à sa demande, avant de recevoir à la Curie une délégation du chapitre de Langres et de l’hôpital, hostile à une inféodation aux Hospitaliers. Honorius III chargea alors l’abbé de Sainte-Geneviève, Herbert, et deux clercs parisiens de veiller à préserver les droits du chapitre de Langres sur l’hôpital en Mormant, en amendant la procédure engagée. Les manœuvres des Hospitaliers ne trompèrent pas Grégoire IX, qui annula dès l’année 1227 les conventions signées sous l’égide de son prédécesseur48. Honorius III fut jusqu’à son dernier soule un allié de poids pour les ordres militaires qui se retrouvaient dans certaines situations particulièrement démunis. Il enjoignit ainsi, au mois de mai 1226, à l’archidiacre et au chapitre cathédral de Brindisi de contraindre les habitants de la cité à rendre aux Hospitaliers la cargaison d’une nef naufragée. Rien n’indique que la mesure fut suivie d’efets en raison de l’anonymat des pilleurs d’épaves impliqués dans le dépeçage du navire. Ces décisions montrent que les sentences d’Honorius  III présentent, dans le détail, une aussi grande variété que les missions coniées aux ordres militaires durant ses onze années de pontiicat49. LES COMMISSIONS DU SIèGE APOSTOLIQUE

Alexandre III avait été le premier pape à admettre des Templiers dans sa familia en la personne des frères Petrus, Franco et Bernardus, pourvus des charges d’aumônier et de camérier sous son long pontiicat. Honorius III n’hésita pas à déléguer, pour sa part, en 1219 un Hospitalier de son entourage auprès du calife almohade, Yūsuf al-Mustansir, qui refusait de laisser les communautés 47

Ibid., t. II, nº 3812, pp. 44-45, nº 3934, p. 64 et nº 5469, p. 334 (éd. C.-A. Horoy, Honorii III Romani pontiicis opera omnia, t. IV, nº121, col. 99-101, nº 164, col. 140 et nº 152, col. 847-848). 48 Ibid., t. II, nº 5788, p. 396 (éd. C.-A. Horoy, Honorii III Romani pontiicis opera omnia, t. V, nº 86, col. 10-12). 49 Ibid., t. II, nº 5957, pp. 426-427.

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chrétiennes du Maroc pratiquer librement leur foi50. Le pape ne voyait pas dans les Templiers et les Hospitaliers seulement des hommes de guerre. Il commit ainsi, à plusieurs reprises, des clercs des ordres militaires pour régler des afaires délicates. Il chargea, le 3 décembre 1220, le chapelain de la maison du Temple de Paris, frère Raoul, de veiller à la collecte des revenus de l’élu de Beauvais, Milon de Nanteuil, qui participait à la cinquième croisade. La nomination du Templier aux côtés du prieur de l’abbaye Saint-Victor de Paris, Jacques, résultait d’une prérogative accordée au Saint-Siège en cas de force majeure. Milon de Nanteuil avait en efet organisé l’administration de son diocèse avant de partir en Terre sainte, en nommant des procureurs qui avaient trouvé la mort rapidement ou accédé à l’épiscopat51. La collaboration engagée entre le templier Raoul et le prieur de l’abbaye Saint-Victor de Paris fut reconduite en 1223, à la suite d’une plainte de l’évêque de Lisieux contre l’un des monastères de son diocèse. Guillaume du Pont-del’Arche avait dénoncé au pape l’incurie de l’abbé Guillaume de Bernay, qui avait souscrit près de 7 000 livres de dettes auprès de prêteurs juifs et chrétiens. L’imprudent abbé avait été contraint d’aliéner une partie des bois de son couvent ain de rembourser ces créances. Le témoignage accablant des moines de NotreDame-de-la-Couture incita Honorius III à conier à l’abbé Jean de Saint-Victor une enquête de moralité avec l’appui de son prieur conventuel et du templier Raoul. Si l’abbaye de Bernay survécut à cette crise, ses efectifs tombèrent en 1249 à 15 misérables moines52. Honorius III employa sur tous les fronts de la chrétienté les compétences des chapelains appartenant aux ordres militaires. La population du diocèse de Lisbonne lui adressa en 1222 une plainte véhémente contre l’évêque Soeiro Viegas, qui exigeait avec plusieurs clercs le tiers des héritages transmis dans son diocèse. Le pape conia au prieur de l’ordre franciscain et à celui de l’ordre de Santiago le soin de ramener ce taux à la normale, en dissuadant les prélats incriminés de suspendre les sacrements ecclésiastiques en cas de résistance de la population. La décision d’Honorius III fut appliquée par le franciscain Zacharie de Rome avant la conirmation par le Saint-Siège de la seconde règle de son ordre53. La situation était plus tendue en Orient, où l’ancien vice-chancelier de l’Église romaine, Raniero da Castelvecchio, administrait le patriarcat d’Antioche depuis 1219. Il dénonça auprès d’Honorius III les agissements de nombreux laïcs qui 50 M. L. Bulst-Thiele, «  Templer in königlichen une päpstlichen Diensten  », pp.  301-302  ; P. Pressutti, Regesta Honorii papae III, t. I, nº 2190, p. 364 (éd. C. Baronio, Annales ecclesiastici, t. XX, § 46, pp. 420-421). 51 P. Pressutti, Regesta Honorii papae III, t. I, nº 2815, pp. 466-467 (éd. C.-A. Horoy, Honorii III Romani pontiicis opera omnia, t. III, nº 114, col. 580-581). 52 P. Pressutti, Regesta Honorii papae III, t. II, nº 4410, pp. 143-144 ; A. du Monstier, Neustria pia, p. 403 ; A. Blais, Notice historique et archéologique sur Notre-Dame-de-la-Couture de Bernay, p. 56. 53 P. Pressutti, Regesta Honorii papae III, t. II, nº 3911, p. 60 (éd. C.-A. Horoy, Honorii III Romani pontiicis opera omnia, t. IV, nº 155, col. 129-130) ; Crónica da Ordem dos Frades Menores, t. I, pp. 16-17.

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rejetaient sa juridiction «  en instituant ou destituant à volonté des prélats  ». Le pape chargea, le 19 juillet 1225, l’archevêque de Césarée, Pierre, et l’évêque d’Acre, Jacques de Vitry, de mettre un terme à ces pratiques sous peine d’anathème. Il avait invité, la veille, le « prieur de la milice du Temple » d’Antioche à remettre personnellement le patriarche Raniero en possession physique de ses églises. Il est probable que cet ordre de mission échut en fait au commandeur de la terre d’Antioche, qui dirigeait les opérations militaires dans les frontières de la principauté54. L’ensemble de ces exemples donne un aperçu des relations complexes tissées par la papauté avec les ordres militaires sous le pontiicat d’Honorius III. Ses registres épistolaires aichent avec leurs 6288 bulles un taux d’enregistrement annuel de 585 lettres, qui s’avère honorable au regard des 164 bulles enregistrées par certains pontifes du xiiie siècle comme Grégoire X. La documentation vaticane présente le mérite supplémentaire d’embrasser tous les domaines de compétence du Saint-Siège à son apogée, en englobant des règlements pénétrés de considérations féodales aussi bien que canoniques. Les statistiques démontrent l’égale prédisposition du Saint-Siège vis-à-vis des sollicitations des ordres militaires. Si Honorius III plaça les Teutoniques sur un pied d’égalité avec les Templiers et les Hospitaliers, aucune de ses largesses ne fut dictée par le moindre projet en rapport avec leur installation imminente en Prusse. Les rivages de la Baltique étaient à son époque l’apanage de l’ordre du Christ de Livonie, qui œuvrait à l’évangélisation des Sémigalliens et des Séloniens, l’épée à la main. Le pape croyait en la possibilité du retour des Teutoniques en Transylvanie, qu’il voyait comme le premier jalon d’une voie sacrée en direction de la Terre sainte. Il implora le roi de Hongrie, André II, de revenir sur sa décision malheureuse, en entretenant une correspondance suivie sur la question avec le cardinal de SaintAnge, qui supervisait la lutte contre les Albigeois dans le Midi de la France. Honorius III relaya toujours les attentes des ordres combattants auprès des monarques dont il avait l’oreille. Il ne fut cependant jamais la créature des ordres militaires, dont il admirait la vocation guerrière et religieuse. Ses décrétales montrent qu’il ne transigea jamais en matière disciplinaire, bien que la diplomatie ait été son maître mot au niveau politique. L’ancien camérier Cencio veilla durant ses onze de pontiicat à assurer la pérennité de l’ordre établi à travers la chrétienté et à œuvrer en faveur de la reconquête des Lieux saints.

54 P. Pressutti, Regesta Honorii papae III, t. II, nº 5572, p. 353 et nº 5568, p. 352 ; P.-V. Claverie, L’ordre du Temple en Terre sainte et à Chypre, t. II, p. 161.

GIOVANNITI AL SERVIZIO DEI PAPI (secc. xiii-xiv in.)

Francesco Tommasi Università degli Studi di Perugia

Come lascia intendere il titolo, argomento della presente relazione sono i membri dell’Ospedale Gerosolimitano di San Giovanni, che anche solo occasionalmente sono stati alle dipendenze della Santa Sede, sebbene la grande maggioranza dei fratres in questione fosse formata da curiali o da appartenenti alla più ristretta cerchia dei familiares del papa. In ogni caso di tutti si parlerà in questa sede, tranne che dei procuratori (fratres e saeculares) giovanniti presso la Curia1 — anche se al rappresentante legale di una corporazione religiosa era permesso di accedere alla familia del sovrano ponteice2 e di ricoprirvi un uicio, non ultimo quello di ostiarius addetto alla custodia degli appartamenti papali3. Senza contare che al procuratore generale, come capo della rappresentanza diplomatica dell’Ospedale presso la Santa Sede, verosimilmente spettava la responsabilità dell’intero personale giovannita gravitante intorno alla Curia4. 1 La distinzione tra religiosi e laici è espressa in una deliberazione giovannita del 1395 (« Procuratores, Advocati, et Oiciales, tam Fratres Ordinis eorum quam saeculares … creati hinc retro pro dicta eorum Religione defendenda in Curia Romana  »)  ; S. Pauli, Codice diplomatico del sacro militare ordine Gerosolimitano, II, p. 106, nº 84. Per un laico, procuratore generale dell’Ospedale in Romana curia nel 1297, Append. nº 4, p. 317. Manca una letteratura sui procuratori dei Giovanniti e dei Templari ; ma vedi K. Forstreuter, Die Berichte der Generalprokuratoren des Deutschen Ordens an der Kurie, pp. 7-28 ; J.-E. Beuttel, Der Generalprokurator an der römischen Kurie, all’Indice s. v. «  Johanniterorden  »  ; J. Burgtorf, he Central Convent of Hospitallers and Templars, all’Indice s. v. « Proctors » ; M. Bertram, « Johannes de Ancona ». La bibliograia, di cui qui mi sono servito, non va oltre l’anno 2010. 2 Un procuratore dell’ordine di San Giacomo della Spada presso la Curia, fra Ugolino, è attestato nel 1253. A lui Innocenzo  IV si rivolge come familiari nostro  ; testo in O. Tavoni, Mercanti e banchieri senesi nella Spagna del Duecento, p. 9 ; analisi : É. Berger, Les registres d’Innocent IV, III, p. 226, nº 6559. Forse è identiicabile con fra Ugolino de Spata, uno dei tre hostiarii maiores di Niccolò III nel 1278 ; F. Baethgen, « Quellen und Untersuchungen zur Geschichte der päpstlichen Hof- und Finanzverwaltung », pp. 196, 199, 201 e 204. 3 Si conosce più di un frater dell’ordine teutonico, nella doppia veste di ostiario papale e procuratore generale in curia Romana ; K. Forstreuter, Die Berichte der Generalprokurator des Deutschen Orden an der Kurie, pp. 66-71. 4 Per esempio, questa facoltà di controllo nel 1334 è riconosciuta al generalis procurator dei Carmelitani (« valebit insuper causas et lites conventuum et fratrum dicti ordinis in curia Romana tractare, potestatem super fratres ibidem residentes vel ad eam venientes habere ») ; ibid., p. 15, n. 7.

Philippe Josserand, Luís F. Oliveira et Damien Carraz (éd.), Élites et ordres militaires au Moyen Âge, Collection de la Casa de Velázquez (145), Madrid, 2015, pp. 293-319.

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Nonostante la molteplicità dei ruoli e delle qualiiche, i curiali degli ordini militari hanno condiviso almeno tre funzioni  : diplomatica, amministrativa e militare. Spesso si trattava di incarichi speciali, e una quantità di esempi mostrano che anche un membro della familia papale poteva essere utilizzato per compiti diferenti da quelli istituzionali. Tra i familiares si distinguevano i cubicularii e gli ostiarii — igure spesso di alto rango e molto inluenti, che uno speciale rapporto iduciario legava alla persona del ponteice5. Dai primi decenni del Duecento l’uicio di cubicolario divenne appannaggio sempre più esclusivo degli ordini militari. Nati come servitori di camera e accompagnatori, i cubicularii (ma anche gli ostiarii) non tardarono a trasformarsi in vere guardie del corpo responsabili dell’incolumità isica del papa, oltre che in esperti diplomatici e amministratori. Impiegati anche nelle cerimonie uiciali6, particolarmente sotto Bonifacio VIII i cubicularii degli ordini militari entrarono nella rappresentazione scenograico-simbolica del potere. Chi aveva conosciuto papa Caetani in efetti era rimasto colpito dal suo modo di presentarsi alle udienze circondato da un Templare e da un Giovannita7. Fonti iconograiche accertano la persistenza della consuetudine — peraltro prevista dal cerimoniale — anche sotto il successore Benedetto XI8. La soppressione dell’ordine del Tempio nel 1312 determinò una svolta, e un indizio di discontinuità con il passato è sicuramente ravvisabile nella sospensione dell’oicium cubiculariorum9. Per la verità il provvedimento ebbe applicazione solo temporanea, ma per l’Ospedale le conseguenze furono durevoli. Così dopo il pontiicato di Clemente V la Curia per molto tempo non sembra più disporre di cubicularii giovanniti — sebbene, per ritrovarvene uno, forse non sia necessario attendere addirittura il secolo xviii10. In compenso crebbe la speciicità delle 5

B. Rusch, Die Behörden und Hobeamten der päpstlichen Kurie, pp. 99-107 (ostiarii) e 91-99 (cubicularii). Sui cubicularii resta insostituibile E. Göller, «  Die Kubikulare im Dienste der päpstlichen Hofverwaltung ». Onorio III per esempio in talune circostanze, come nel 1220, si serve di Templari e Giovanniti, perché « nuntios alios, de quibus videamur melius posse conidere, non habemus » ; Epistolae saeculi xiii, MGH, I, p. 90, nº 124. 6 Sulle loro competenze soprattutto di carattere cerimoniale e liturgico, E. Göller, «  Die Kubikulare im Dienste der päpstlichen Hofverwaltung », p. 631. 7 J. Coste, Boniface VIII en procès, pp. 706, 711 e 724. 8 Anche se nella miniatura in questione i cubicolari non aiancano Benedetto XI  ; vedi più avanti, p. 313. Per il cerimoniale, J. Haller, « Zwei Aufzeichnungen über die Beamten der Curie », p. 12. 9 Di questa misura parla Giovanni XXII ; E. Göller, « Die Kubikulare im Dienste der päpstlichen Hofverwaltung  », pp.  632-633. Ancora nel 1308 vi era un cubicolario papale dell’Ospedale  : Raymond Bernard de Funel. A. Luttrell, « he Hospitallers and the Papacy », p. 613. 10 Tra i 20 dignitari giovanniti presenti ad Avignone nel luglio 1317 non risulta alcun curiale, con l’eccezione dello spoletino fra Leonardo de’ Tiberti, procuratore generale presso la Sede apostolica già dal 1312 ; B. Dudik, Iter Romanum, II, pp. 135-136, nº 1 ; J. Delaville le Roulx, Les Hospitaliers à Rhodes, p.  7. Nel 1770 Clemente XIV scelse come proprio cubicolario il commendatore di S. Maria del Tempio di Bologna, fra Cesare Lambertini ; L. Schiavone, « L’ultimo commendatore di Bologna  : Cesare Lambertini  », p.  373. Per i nomi di alcuni cubicularii, sicuramente non giovanniti, tutti posteriori al pontiicato di Clemente V, E. Göller, « Die Kubikulare im Dienste

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prestazioni che i membri dell’ordine continuarono a fornire ai ponteici, anche se per esempio fra Rodrigo de Luna, come rettore del Comtat Venaissin dal 140811, in realtà ricopriva una carica appartenuta nel 1274 a fra Guillaume de Villaret. Si tratta cioè di frati-cavalieri, che trovarono impiego preferibilmente come rettori di province e città dello Stato Pontiicio12. Anche in questi casi frequentazione, contiguità e parentela con il ponteice possono avere inluito sulle scelte. Fra Daniele del Carretto, per esempio, come familiaris aveva saputo guadagnarsi la stima di Gregorio XI. Quando nel febbraio 1374 il papa lo creò « capitano generale » di Piacenza e del suo distretto13, il frate giovannita ligure era già priore di Lombardia e rettore papale di Benevento14. Non meno istruttiva è la carriera di fra Guglielmo Maramauro, un ainis napoletano di Urbano VI al quale il ponteice conferì nel 1379 la dignità senatoriale, il priorato di Roma e il vicariato generale di Orvieto15. Alessandro III (1159-1181) fu un ponteice che, secondo il contemporaneo Geraldo di Cambridge, coltivava una speciale predilezione per tre domus religiose : i Templari, i Giovanniti e i Cistercensi16. Un numero particolarmente alto di privilegi restano a testimoniare il suo favore per i due principali ordini militari17. Il papa senese, grande avversario di Federico Barbarossa, sembra essere stato anche il primo a tenere presso di sé frati del Tempio come camerarii18. Quanto alla presenza di Giovanniti in Curia sotto Alessandro III, invece resta tutto molto incerto19. der päpstlichen Hofverwaltung », pp. 634-637 ; L. Tacchella, Il pontiicato di Urbano VI a Genova, pp. 61 e 112 ; e, per Gregorio XI, A. Esch, « Das Papsttum unter der Herrschat der Neapolitaner », p. 720, n. 20. 11 Il nipote di Benedetto XIII ottenne la nomina il 26 ottobre ; C. Faure, Étude sur l’administration et l’histoire du Comtat-Venaissin, p. 179 ; P. Bonneaud, Le prieuré de Catalogne, pp. 369-370. 12 J. Delaville le Roulx, Les Hospitaliers à Rhodes, pp. 77-78. 13 Archivio Segreto Vaticano (ASV), Reg. Vat.  266, fos  73r°-v° (22.2.1374). Tra le motivazioni nella lettera di nomina c’è anche l’apprezzamento di Gregorio XI per il lavoro svolto da fra Daniele come familiaris (« … virtutibus pluribus, quibus prout familiari experientia cognovimus »). 14 Senza considerare la nomina a rettore della provincia di Campagna e Maritima, che risaliva al 1370. Il governatorato della città di Rieti invece fu assegnato a fra Daniele dal successore di Urbano V solo nel 1376 ; A. Luttrell, s. v. « Del Carretto, Daniele », pp. 394-397. 15 Perugia, Archivio di Stato, Archivio Storico del Comune di Perugia, Diplomatico, nº  265 (25.2.1379) ; Ephemerides Urbevetanae, pp. 390-391 ; A. Terzi, s. v. « Maramaldo, Guglielmo », pp.  402-403. Il nepotismo di Urbano VI si espresse anche attraverso la distribuzione tra i consanguinei di cariche nell’ordine giovannita ; A. Esch, « Das Papsttum unter der Herrschat der Neapolitaner », p. 724, n. 34. 16 M. L. Bulst-Thiele, « Templer in königlichen und päpstlichen Diensten », p. 301. 17 R. Hiestand, Papsturkunden für Templer und Johanniter, I, pp. 243-334. 18 M. L. Bulst-Thiele, « Templer in königlichen und päpstlichen Diensten », p. 301. 19 Tra il 1171 e il 1174 il papa aidò una causa matrimoniale a R. hospitalario ; W. Holtzmann, « Kanonistische Ergänzungen zur Italia Pontiicia », p. 126, nº 166). Nel 1165, durante lo scisma di Pasquale III (1164-1168), i Giovanniti misero a disposizione di Alessandro III una nave a Maguelonne, anche se poi il papa non poté servirsene per tornare in Italia ; Romualdo II Guarna, Chronicon, p. 190 ; Ph. Jaffé, Regesta pontiicum Romanorum, II, p. 195, nº 11238 ; J. Laudage,

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Narrano i Gesta di Innocenzo III (1198-1216) che Lotario di Segni circa familiares suos liberalissimus exstitit, ma nell’allegata lista di beneiciati composta quasi interamente di capellani sarebbe inutile cercare nomi con sicurezza riconducibili all’ordine dell’Ospedale20. Una lunga serie di chiese e monasteri variamente gratiicati prova che negli anni dal 1198 al 1208 il ponteice non si mostrò generoso soltanto con le persone a sé più vicine21. Tuttavia, per interpretare correttamente l’elargizione pecuniaria (centum libras proventuum) a favore della « chiesa di S. Basilio  », non sembra fuori luogo ricordare che proprio dalla sede romana dei Giovanniti provenne forse più di un collaboratore di Innocenzo III22. Così come per il Tempio, anche per l’Ospedale il secolo xiii ha costituito l’epoca di maggiore impegno nei ranghi della Curia. Come tutti sanno, il riscatto di Gerusalemme e il soccorso ai cristiani di Terra Santa hanno costantemente ispirato la politica orientale di Innocenzo III — anche se una nuova spedizione oltremarina era estranea al programma iniziale del papa e l’idea si fece strada in lui solo alcuni mesi dopo la sua elezione, complice l’emozione suscitata dal fallimento degli eserciti imperiali in Siria23. Per questo Innocenzo III a partire dal 15 agosto 1198 — data del suo appello generale alla crociata— non si limitò a pianiicare una strategia, a inviare lettere e a dare disposizioni organizzative che coinvolgevano anche singoli frati dell’ordine dell’Ospedale24. Nell’ottobre 1199, per sua iniziativa, fu armata e aidata a tre religiosi — uno dei quali era il miles giovannita fra Raimondo — una nave di grosso tonnellaggio con un carico di frumento destinato alla popolazione più indigente del Regno di Gerusalemme25. Alexander III. und Friedrich Barbarossa, pp. 174-175. 20 Innocentii III papae gesta, coll. ccxii-ccxxv. Su un cappellano giovannita di Bonifacio VIII, Appendice, nº  2. Fra Perpinianus Marqueti, precettore della casa giovannita de Orulo, Elnensis dioecesis, era cappellano di Gregorio XI  : L. Mirot et alii, Lettres secrètes et curiales du pape Grégoire XI, pp. 785 e 457, nº 2331 e 1402. 21 Innocentii III papae gesta, coll. ccxxvi-ccxxvii. Sulla cronologia degli opera pietatis del papa, V. Pfaff, « Die Gesta Innocenz’ III. und das Testament Heinrichs VI. », p. 81. Sono stati ipotizzati ritocchi e inserzioni nei Gesta, che l’anonimo autore avrebbe apportato dopo il 1208, comunemente ritenuto l’anno di conclusione dell’opera : G. Barone, « I “Gesta Innocentii III” : politica e cultura a Roma », pp. 8-9. 22 Giovanni de Sambuco, frate Ierosolimitani Hospitalis Sancti Basilii, è l’unico inora accertato ; vedi più avanti, p.  297. Dettagli sulla precettoria giovannita di S. Basilio de Urbe  : F. Tommasi, « L’ordinamento geograico-amministrativo dell’Ospedale in Italia », pp. 86-89. 23 H. Roscher, Papst Innocenz III. und die Kreuzzüge, pp. 51-58 ; C. Naumann, Der Kreuzzug Kaiser Heinrichs VI., pp. 195-210. Imprecisati informatori oltremarini avevano messo il papa al corrente dell’attività dei crociati tedeschi e della defezione dell’arcivescovo Corrado di Magonza ; O. Hageneder et alii, Die Register Innocenz’ III., I, p. 501, nº 336. 24 Nelle lettere a vescovi e prelati europei spesso Innocenzo III raccomanda loro di servirsi di un Templare e di un Giovannita per la raccolta di fondi per la crociata. Membri dei due principali ordini militari gli servono anche per inviare dispacci ai sovrani (es. l’inglese) sulla condizione dei Latini in Oriente. Sui preparativi per la crociata, ino all’aprile 1201, H. Roscher, Papst Innocenz III. und die Kreuzzüge, pp. 58-99. 25 O. Hageneder et alii, Die Register Innocenz’ III., II, pp. 345-346, nº 180 ; H. Roscher, Papst Innocenz III. und die Kreuzzüge, p. 79.

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Neppure forme di aiuto inanziario diretto furono trascurate dal papa26, ed egli nella primavera del 1209 stanziò una forte somma per la Terra Santa : della sua consegna al patriarca di Gerusalemme e ai maestri generali dei due maggiori ordini militari fu incaricato il frate dell’Ospedale Giovanni de Sambuco27. Durante la tutela papale del piccolo Federico (II) di Svevia, uomini dell’ordine giovannita ebbero un ruolo nei negoziati tra la Chiesa e Ottone (IV) di Braunschweig-Lüneburg, preliminari all’incoronazione romana dell’ottobre 1209. Tra marzo e settembre dello stesso anno Innocenzo III e il futuro imperatore si scambiarono diverse ambascerie e lettere. Alla ine di agosto il re dei Romani informava il papa di avere convenientemente accolto e ascoltato i suoi due nuntii, cioè il « suddiacono e chierico vostro » Andrea e fra Turando dell’Ordine dell’Ospedale  : erano trascorsi quasi due mesi da quando Ottone aveva varcato i conini d’Italia con un « forte e valoroso » esercito che adesso si trovava nel territorio di Mantova, accampato presso il iume Po28. Qualche settimana dopo, nuovi messi papali — questa volta due laici — incontrarono il sovrano in un luogo imprecisato e tuttavia abbastanza distante da Roma, visto che Ottone non raggiunse la città prima della ine di settembre29. L’episodio dell’agosto 1209 risale all’epoca dei primissimi contatti dell’ordine con Ottone IV, che conobbero interessanti sviluppi e si consolidarono in un rapporto capace di resistere anche alla scomunica imperiale dell’ottobre 121030. Inoltre, con fra Turando l’attività politico-diplomatica dei Giovanniti per conto dei papi sembra muovere i primi passi, al punto che diicilmente può considerarsi frutto del caso la presenza accanto al Giovannita di un cappellano papale, cioè di

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G. Martini, « Innocenzo III ed il inanziamento delle crociate », p. 65. Appendice, nº 1, p. 314 ; R. Röhricht, Geschichte des Königreichs Jerusalem, p. 700, n. 1. 28 F. Kempf, Regestum Innocentii III, p.  404, nº  190. Per le trattative tra le parti, W. Stürner, Friedrich II., I, p. 123. Come punto di attraversamento del Po, si è pensato a Brescello o a Borgoforte ; J. F. Böhmer et alii, Regesta Imperii,  V, 1, p.  94. Ma non è da escludere neppure S.  Benedetto in Polirone, da dove nel 1155 un ponte di barche permise alle truppe di Federico I di raggiungere la riva settentrionale del iume ; Gesta Friderici I imperatoris, p. 146. Infatti, anche se in senso inverso, l’itinerario di Ottone : Mantova (territorio) – attraversamento del Po – Bologna (dintorni) – Imola ricorda quello di Federico I : Imola – Bologna (dintorni) – S. Benedetto in Polirone – Mantova ; J. F. Böhmer et alii, Regesta Imperii, V, 1, pp. 94-95 ; F. Opll, Das Itinerar Kaiser Friedrich Barbarossas, pp.  175-176. Nel 1251 Innocenzo  IV attraversò Mantova, il Po e fece sosta nel monastero di S. Benedetto in Polirone, prima di proseguire per Ferrara ; Salimbene de Adam, Cronica, p. 1242. Per altri ponti di barche sul Po ; F. Güterbock, « Die Lage der roncalischen Ebene », pp. 214 e 219. 29 F. Kempf, Regestum Innocentii III, pp. 404-405, nº 191. Sul possibile itinerario di Ottone, dopo l’attraversamento della Romandiola, J. F. Böhmer et alii, Regesta Imperii, V, 1, p. 96. 30 Innocenzo III rese pubblica la scomunica di Ottone IV il 18 novembre 1210 e la convalidò il 31 marzo successivo ; W. Stürner, Friedrich II., I, pp. 126-129. L’imperatore nell’agosto 1211 prese sotto la sua protezione gli insediamenti giovanniti nei territori dell’Impero e del Regno di Sicilia ; E. Winkelmann, Acta imperii inedita, I, pp. 60-61, nº 63 ; nel dicembre dello stesso anno egli alloggiò in S. Angelo a Subterra (intorno a Capalbio), ospizio dell’ordine almeno dal 1173 ; ibid., I, p. 62, nº 64 ; Carte dell’Archivio di Stato di Siena, p. 175, nº 77, dove invece di de Sultra si legga de Subterra. 27

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un esponente della diplomazia professionale di Curia31. Ma, mentre è conosciuta la qualiica curiale di Andrea, prima della sua promozione ad arcivescovo di Bari (1216-1225), altrettanto non si può dire della posizione di fra Turando32. Il collegio dei cappellani di Innocenzo III contava tra i suoi membri anche il suddiacono italiano Pandolfo. Egli nell’aprile 1211 ricevette l’ordine di recarsi presso il re Giovanni d’Inghilterra, che era anche zio di Ottone IV, per tentare di risolvere la crisi innescata nel 1206 dalla contestata nomina papale di Stephen Langton ad arcivescovo di Canterbury. Dopo il 15 agosto, a Northampton, il sovrano ricevette a colloquio i due nuncios domni Papae, senza raggiungere con loro alcun accordo33. Nelle lettere di Innocenzo III il nome di fra Durando, il secondo componente dell’ambasceria, non è mai associato a un ordine di provenienza34. Tuttavia il sospetto, per quanto ragionevole, di trovarsi dinanzi allo stesso frate giovannita hurandus incontrato nelle trattative italiane con l’imperatore sembra cadere, alla luce delle testimonianze dei cronisti. Infatti il nostro principale informatore sulla prima missione diplomatica del suddiacono Pandolfo in terra anglosassone senza esitazione assegna fratrem Durandum all’ordine dei Templari (de militia Templi)35. In ogni caso, questa è l’ultima volta che le fonti menzionano un fra Durando (o Turando) in relazione agli afari di Curia sotto Innocenzo III, e — almeno per motivi anagraici — sembra diicile riconoscere l’antico collaboratore del papa nel precettore giovannita Durandus segnalato in Outremer a partire dal 123536. Il dirottamento verso Costantinopoli della spedizione occidentale nel 1204, dal ponteice fortemente disapprovato, non aveva distolto Innocenzo  III dal proposito di una vera crociata con destinazione Gerusalemme, e a questo ine

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R. Elze, « Die päpstliche Kapelle » : l’autore elenca numerose importanti missioni diplomatiche, per le quali Innocenzo III ricorse ai suoi cappellani. 32 Su Andrea (da Celano?) suddiacono e cappellano papale, O. Hageneder et alii, Die Register Innocenz’ III., X, p.  347, nº  197, e p.  367, nº  207  ; R. Elze, «  Die päpstliche Kapelle  », p.  179. Prosopograia : N. Kamp, Kirche und Monarchie im stauischen Königreich Sizilien, II, pp. 582- 584. 33 C. R. Cheney, Pope Innocent III and England, pp. 41 e 322-325. Sulla igura di Pandolfo, ibid., all’ Indice, s. v. « Masca, Pandulf ». Si veda anche W. Maleczek, Papst und Kardinalskolleg, dove è questione di più dignitari ecclesiastici, tutti coevi e rispondenti al nome di Pandolfo. Per la fonte cronachistica della citazione e la data del negoziato di Northampton, vedi n. 35. 34 Selected letters of Pope Innocent III concerning England, pp.  125-127, nº  43 («  Dilectis iliis Pandulpho subdiacono et fratri Durando familiaribus nostris »), e pp. 130-136, nº 45 (« per dilectos ilios P. subdiaconum et fratrem D. familiares nostros »). Le due lettere, malamente inserte senza indicazione cronologica nel registro papale (ASV, Reg. Vat. 8), si riferiscono alla prima missione di Pandolfo in Inghilterra. Il Potthast invece le data al 28 e 29 febbraio 1212 ; A. Potthast, Regesta pontiicum Romanorum, I, pp. 379, nº 4392 e 4393. 35 Roger of Wendover, Flores historiarum, II, p. 58. Marie Luise Bulst-hiele e Christopher Cheney ritengono fra Durando un Templare ; M. L. Bulst-Thiele, « Templer in königlichen und päpstlichen Diensten  », p.  301  ; C. R. Cheney, Pope Innocent III and England, pp.  41 e 323-325. 36 Presumibilmente di nazionalità francese ; J. Burgtorf, he Central Convent of Hospitallers and Templars, p. 510.

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egli promosse nel 1215 il IV concilio lateranense37 ; ma nel mezzo dei preparativi la morte lo sorprese a Perugia il 16 luglio 1216. Il successore Onorio III (1216-1227) si dedicò ugualmente alla causa della Terra Santa, anche se poi il deludente bilancio della quinta crociata gli fece riporre le maggiori aspettative sull’annunciata impresa oltremarina di Federico II. In ogni caso, neppure questo papa lasciò gli ordini militari inoperosi. Intorno alla ine del gennaio 1219 egli spedì in Francia e in Inghilterra due nuntii, un Giovannita e un Templare, a ritirare sussidi, anche se il denaro lì raccolto da solo non sarebbe bastato a soddisfare tutte le richieste dei capi della crociata, che non nascondevano la loro crescente preoccupazione per le sorti dell’assedio cristiano alla città di Damietta38. Spiegando tutto ciò per iscritto all’arcivescovo di Sens e ai suoi sufraganei, Onorio III aveva presentato uno dei due latori della missiva — il frate giovannita Stefano — genericamente come suo familiaris. Così è possibile apprendere la sua qualiica curiale di panectarius39 per la prima volta attraverso una lettera papale del 4 aprile 1219, che mostra il Giovannita tra i destinatari40. Sempre nel gennaio 1219 le urgenze inanziarie della crociata resero non procrastinabile il viaggio in Germania di altri due uomini del papa : il cubicularius templare Martino e il marescalcus giovannita Giovanni41. Con fra Giovanni ci troviamo davanti al primo caso di un maresciallo papale dell’Ordine dell’Ospedale. Frater Petrus è invece ricordato in un atto dell’ottobre 1218/1219 : prima di lui non si conoscono cubicolari giovanniti42. Nella senese Pala del Carmine (c. 1329) Pietro Lorenzetti senza dubbio ha voluto rappresentare un cubicularius con una delle due igure ritratte in abito giovannita alla destra di un papa, ma non è altrettanto chiaro se la scena si riferisca alla prima o alla seconda conferma della Regola carmelitana, rispettivamente accordate da Onorio III nel 1226 e da Innocenzo IV nel 124843. 37

H. Roscher, Papst Innocenz III. und die Kreuzzüge, pp. 140-169. Epistolae saeculi xiii, MGH, t. I, pp. 58-60, nº 80 (lettera all’arcivescovo di Sens e, in eundem modum, a tutti gli altri nei regni di Francia e Inghilterra) ; P. Pressutti, Regesta Honorii papae III, I, p. 330, nº 1998 : lettera ai vescovi di Noyon e Meaux e, in eunden modum, al tesoriere del Tempio a Parigi e agli inviati del papa, St. hospitalario et Hen. Templario. Il 19 gennaio gli ultimi due non si erano ancora messi in viaggio ; ibid., I, p. 301, nº 1815. 39 Su questo funzionario della Panetaria, preposto a tutte le operazioni per l’approvvigionamento e la distribuzione del pane per la Curia, B. Rusch, Die Behörden und Hobeamten, pp. 118-120. 40 ASV, Reg. Vat.  10, fº  80v° (Stephano panectario nostro)  ; A. Potthast, Regesta pontiicum Romanorum, I, pp. 528-529, nº 6038 = P. Pressutti, Regesta Honorii papae III, I, p. 329, nº 1995 ; Epistolae saeculi xiii, MGH, I, pp. 90-91, nº 124. 41 P. Pressutti, Regesta Honorii papae III, I, p. 301, nº 1815 ; ibid., I, p. 295, nº 1779, e p. 296, nº 1783 ; vedi A. Gottlob, Die päpstlichen Kreuzzugs-Steuern, p. 181. Fra Giovanni de Limeriis, dell’ordine del Tempio, è stato maresciallo di Urbano IV prima del 1264 ; M. L. Bulst-Thiele, « Templer in königlichen und päpstlichen Diensten », p. 303. Sul maresciallo di giustizia e sul maresciallo capo delle scuderie papali, B. Rusch, Die Behörden und Hobeamten, pp. 111-112 e 122-128. 42 E. Rossi Passavanti, Interamna dei Naarti, p. 149, nº 3 ; F. Angeloni, Storia di Terni, p. 608, nº 8. Innominati cubicularii nel 1222 assistettero Onorio III durante la sua malattia ; Chronicon Montis Sereni, p. 200. 43 A. Luttrell, « Iconography and Historiography », pp. 31-32. 38

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Frati giovanniti assicurarono la loro collaborazione anche al ponteice che prese il posto del defunto Onorio III. Ne reca testimonianza visiva il celebre dipinto murario di scuola giottesca nella Basilica Superiore d’Assisi, raigurante l’apparizione di san Francesco a Gregorio IX (1227-1241). Precisa e fedele al dato storico-documentario appare la ricostruzione dell’arredamento della camera pape soprattutto nel dettaglio dei letti per i cubicolari44, anche se stranamente l’afresco assisano ne mostra solo uno : esso si presenta vuoto, mentre siedono sul nudo pavimento i quattro religiosi che vegliano il ponteice dormiente, adagiato sul suo letto a baldacchino45. Il mantello nero e la croce bianca rendono il primo personaggio da sinistra ben riconoscibile come un frate dell’ordine dell’Ospedale. L’unico cubicolario giovannita di Gregorio IX inora noto è fra Tommaso. La sua attività coincise con la fase di più acuta conlittualità tra la Chiesa e l’imperatore Federico II. Si è a conoscenza anche di un Tommaso familiaris del papa, ma secondo il cronista Matthew Paris si trattava di un Templare46. Il cubicularius Tommaso indubitabilmente si identiica con l’omonimo priore di Roma, che non è accidentale incontrare a Terni nel giugno 1236, durante il terzo soggiorno di Gregorio IX nella città umbra47. Nel gennaio 1226 fra Tommaso aveva aiancato il priore di Roma, fra Monaldo, nelle trattative con il podestà di Cortona per l’apertura di una domus dell’ordine in città48. Nulla ci assicura che in qualità di cubicolario il Giovannita fosse al suo primo incarico diplomatico, quando nel gennaio 1234 il papa gli aidò una lettera per il re di Castiglia e León, nella quale erano riafermati i diritti della Chiesa romana su Castrotorafe49. Nel febbraio 1236 il camerarius fra Tommaso, vice et nomine domini pape et ecclesie Romane, acquistava da privati i tre castra sabino-laziali di Poza, Paliano e Serrone50. 44

I documenti contabili, dove sono registrate anche le spese per l’acquisto di letti ad iacendum in camera pape, prout est ieri consuetum, risalgono al sec. xiv ; E. Göller, « Die Kubikulare im Dienste der päpstlichen Hofverwaltung », pp. 635-636. 45 Un’aggiornata scheda sull’afresco, a cura di Maria Doglioni, si trova nel catalogo della mostra dedicata nel 2000 all’ordine di Malta (Venezia, Chiesa di san Giovanni Battista del Tempio 28 maggio-30 giugno 2000) ; Lungo il tragitto crociato della vita, pp. 101-102 ; Luttrell, « Iconography », p. 32. 46 Matthew Paris, Chronica majora, III, p. 374 ; M. L. Bulst-Thiele, « Templer in königlichen und päpstlichen Diensten  », p.  302. Nel 1226 un Tommaso, ex Templare, cercò di rientrare nell’ordine ; P. Pressutti, Regesta Honorii papae III, II, p. 397, nº 5794. 47 Todi, Archivio Capitolare, Diplomatico, 8 (10.6.1236). La presenza di Gregorio IX a Terni è attestata dal 22 maggio al 1° luglio ; A. Paravicini Bagliani, « La mobilità della Curia Romana », p. 234. 48 C. Lucheroni, «  Registrum comunis Cortone  », p.  135 (24.1.1226)  ; F. Tommasi, « L’ordinamento geograico amministrativo dell’Ospedale in Italia », p. 88. 49 L. Auvray, Les registres de Grégoire IX, I, coll.  967-968, nº  1758 e 1759, e coll.  1077-1078, nº 1986. 50 Le Liber censuum de l’Église romaine, I, pp. 555-557 (Puza : 17.2.1236) e pp. 569-573 (Paliano e Serrone : 7.2.1236). Sulla storia dei tre castelli : G. Silvestrelli, Città, castelli e terre della regione romana, pp. 91-97 e 458. Per altri esempi di scambi terminologici tra cubicularius e cambrerius/ camerarius, vedi più avanti n. 134, p. 313 ; E. Göller, « Die Kubikulare im Dienste der päpstlichen Hofverwaltung », p. 634 ; B. Guillemain, La cour pontiicale d’Avignon, pp. 373-376 ; A. Paravicini Bagliani, La vita quotidiana alla corte dei papi, p. 60.

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Tommaso torna a dare notizie di sé sotto Innocenzo IV (1243-1254). Centrale per il ponteice genovese era l’irrisolto problema dei territori dello Stato della Chiesa, poiché l’imperatore si riiutava di restituirli senza precise garanzie su tempi e modalità della propria assoluzione dalla scomunica. Una prima trattativa tra le parti a Viterbo fu bruscamente interrotta da una sollevazione antimperiale provocata di proposito nel settembre 124351. è probabile che il frate si trovasse con il papa a Civita Castellana già dall’inizio del giugno 1244, quando Terni ospitava Federico II e l’intermedia Narni era stata scelta come sede dei nuovi negoziati. Naufragati anche questi, fra Tommaso fu tra i pochi familiares che allo spirare del mese accompagnarono Innocenzo IV nell’improvvisa fuga a Civitavecchia, dove presumibilmente anche il cubicolario giovannita s’imbarcò su una nave genovese, con destinazione la città natale di papa Fieschi. Anche fra Bonvicino, dell’ordine del Tempio, viaggiava con i più idati collaboratori del papa e, come altri, da Genova seguì Innocenzo IV oltralpe52. Nel luglio 1245, a Lione, il ponteice non si fece cogliere impreparato : Ospitalieri e Templari in armi fecero buona guardia, anche se poi i timori di un’imminente azione di forza di Federico II si rivelarono eccessivi e il concilio presieduto da Innocenzo IV poté dare libero corso a lavori che, com’è noto, si conclusero con la deposizione dell’imperatore53. I frequenti spostamenti dei papi attraverso il Patrimonio e le questioni legate ai rapporti con le città ospiti talora rendevano inevitabile cercare sul posto i futuri familiares e i funzionari della Curia. Così, ad esempio, per l’assunzione di cubicularii e ostiarii spesso si privilegiavano le case degli ordini militari sparse nel territorio. A ciò non si assiste solo con fra Bonvicino, oriundo di Assisi e cubicolario templare di ben tre papi, o con i frati giovanniti tuderti (un cubicolario e un ostiario) dell’entourage di Benedetto XI54, ma anche con il perugino fra Giacomo. Costui, dopo aver servito come ostiario Innocenzo  IV55, si era visto confermare l’uicio con l’avvento del successore. è in tale veste che lo fa conoscere un documento stilato il 16 marzo 1255 a Napoli, da dove Alessandro  IV (1254-1261) non si era più mosso dopo la sua elezione avvenuta nel dicembre precedente56. 51

W. Stürner, Friedrich II., II, pp. 519-522. Nicolaus de Carbio, Vita Innocentii IV, pp. 266-269. Sulla presenza di Bonvicino oltralpe, Constitutiones et acta publica imperatorum et regum, II, p. 629, nº 458, e F. Tommasi, « L’ordine dei Templari a Perugia », pp. 34-35, n. 63. 53 Constitutiones et acta publica imperatorum et regum, II, p. 515, nº 401 ; Annales Caesenates, 53, p. 24 ; W. Stürner, Friedrich II., II, pp. 533-539. 54 Rinaldo de Assisio era fratello di Bonvicino ; É. Berger, Les registres d’Innocent IV, II, p. 101, nº 4629 ; U. Nicolini, s. v. « Bonvicino », e F. Tommasi, « L’ordine dei Templari a Perugia », pp. 6, 9 e 12-13. Sui funzionari tuderti vedi più avanti, p. 16. Quanto al transalpino Guillaume Charnerii, ostiario di Niccolò III tra il 1277 e il 1280, ignoriamo se già da allora fosse anche precettore della casa del Tempio di Perugia ; F. Tommasi, « L’ordine dei Templari a Perugia », p. 12. 55 É. Berger, Les registres d’Innocent IV, III, p.  93, nº  5886 (23.7.1252)  : su ordine del papa, che si trovava a Perugia, fra Giacomo aveva da poco (dudum) raggiunto Terni, per ricevere la sottomissione della città alla Chiesa. 56 G. Verci, Storia degli Ecelini, III, p. 161, nº 76. 52

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Quasi certamente si riferiva a beni patrimoniali coniscati dal Comune di Perugia alla commenda di S. Giovanni a Pian di Carpine (od. Magione)57 il papa, quando nel marzo 1258 ne richiese l’immediata restituzione, ma senza risultato. All’epoca commendatore di Pian di Carpine era il frate perugino Giacomo Massoli58  : egli forse si nasconde sotto l’hostiarius noster fra Giacomo, indicato da Alessandro IV nel reclamo alle autorità perugine come la persona autorizzata a prendere in consegna le terre dell’ordine59. A questo riguardo, è signiicativa la presenza del dominus Senso di Glutto, nipote dell’uiciale di Curia, alle formalità legali per il risarcimento dei Giovanniti di Pian di Carpine che furono perfezionate il 3 maggio 1261 a Perugia in una sessione del Consiglio maggiore60. Il 1° ottobre 1260, in sede di Consiglio speciale, il consigliere Senso de Gluto aveva proposto di invitare a Perugia Alessandro IV, di fatto anticipando una richiesta che il giorno dopo fu presentata in forma uiciale dalla delegazione pontiicia composta anche dallo zio61. Dopo di ciò, si perde ogni traccia dell’ostiario papale fra Giacomo. Ma, se l’identiicazione con fra Giacomo Massoli fosse confermata, l’uscita di scena del curiale potrebbe collegarsi con un grave fatto di sangue, che vide sotto accusa anche il comandator dell’ospedale di Pian di Carpine e, nel febbraio 1261, gli costò la condanna a una pesante ammenda pecuniaria62. In efetti, già nel maggio successivo la strut57 Sui gravi contrasti tra i Giovanniti e il personale rustico della commenda, che fanno da sfondo alla misura coercitiva del Comune, G. Riganelli, « Una controversia ». Sintomi della ribellione si hanno già nel febbraio 1256 ; V. Ansidei, Regestum reformationum comunis Perusii, p. 14, nº 48. Nel marzo 1260 il papa scrisse al Comune di Perugia, perché restituisse le possessiones sottratte ai Giovanniti di S. Cristoforo del Chiugi  ; ibid., p.  141, nº  122  ; F. Tommasi, «  L’ordinamento geograico-amministrativo dell’Ospedale in Italia », pp. 88-89, n. 108. 58 Nel settembre 1236 fra Giacomo Massoli compare come testimone  ; A. Bartoli Langeli, Codice diplomatico del comune di Perugia, I, p. 334, nº 153. 59 Appendice, nº  2, p.  315. Neppure questa fonte menziona l’ordine di appartenenza di fra Giacomo. 60 Nel relativo atto si fa riferimento a fra Giacomo Massoli (non presente) come all’«  ex precettore » dell’ospedale di Pian di Carpine ; G. Riganelli, « Una controversia », pp. 244-246. Senso Glutti possedeva terre anche a Pian di Carpine ; S. Tiberini, Le signorie rurali nell’Umbria settentrionale, p.  75. Nel marzo 1260 il domini pape hostiarius aidò ex parte domini pape al cardinale Ottaviano degli Ubaldini la causa legale, che il nobilis vir Sensus de Glutto intendeva promuovere contro il Comune di Narni ; ASV, Collectoriae, 397, fº 14v° ; A. Paravicini Bagliani, « Il “Registrum causarum” di Ottaviano degli Ubaldini », p. 649, nº 37. Nel 1262 la causa attendeva ancora una conclusione, e Urbano IV se ne occupò su richiesta dilecti ilii nobilis viri Sensi, civis Perusini ; J. Guiraud et alii, Les registres d’Urbain IV, IV, p. 50, nº 2930. Tra le fonti esaminate, solo una esplicitamente deinisce Sensum, nepotem fratris Iacobi, hostiarii domini pape  ; ASV, Collectoriae, 397, fº 90r°. 61 V. Ansidei, Regestum reformationum comunis Perusii, p. 281, nº 260 ; A. Paravicini Bagliani, « La mobilità della Curia Romana », p. 254, nº 1 ; V. Ansidei, Regestum reformationum comunis Perusii, p. 283, nº 262. 62 Una persona non era sopravvissuta all’accecamento, e Giacomo Massoli ne divideva la maggiore responsabilità con un confratello ; altri abitanti (religiosi e laici) della precettoria di Pian di Carpine ricevettero pene minori ; A. Bartoli Langeli e M. P. Corbucci, « I “libri dei banditi” del comune di Perugia », pp. 307-308, no 710 e 711.

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tura caritativo-assistenziale giovannita non era più diretta dal Massoli, che in un documento è ricordato appunto come « ex precettore »63. Se dall’ottobre 1258 l’azione di Alessandro IV fu rivolta soprattutto a contrastare l’ofensiva diplomatico-militare degli agenti del re Manfredi di Sicilia nella Marca d’Ancona e nel Ducato di Spoleto64, i mesi precedenti avevano visto il papa prodigarsi nella ricerca della pace tra Genovesi e Pisani in Sardegna. Poiché ad essere contesa era la villa di Sant’Igia, il 6 luglio a Viterbo le parti belligeranti si accordarono per mettere la fortezza sotto la custodia di due inviati del papa, prima del suo giudizio arbitrale atteso per il mese di settembre65. La scelta di Alessandro IV cadde su un Giovannita e un Templare66, ma la loro missione in Sardegna si scontrò con l’inlessibilità dei Pisani, che il 20 luglio avevano espugnato Sant’Igia. Senza eicacia restarono le pressioni di Alessandro IV, che nel dicembre ricorse anche alla minaccia di sanzioni ecclesiastiche, per indurre gli occupanti a consegnare il sito fortiicato all’unico rimasto degli inviati papali : fra Pietro, il precettore giovannita di Città di Castello67. è poco probabile che la pratica di circondarsi di uomini dell’ordine dell’Ospedale sia stata negletta dai ponteici che vennero immediatamente dopo Alessandro IV — ma, almeno per alcuni di loro, le fonti storiche risultano assai parsimoniose, quando non afatto reticenti. Così, per esempio, tutto quanto è dato sapere dei cubicolari giovanniti al tempo di Clemente IV (1265-1268) sembra contenuto in una lettera del 29 ottobre 1268, dove il papa raccomandava al maestro generale, Hugues Revel, fra P. de Bello vicino, che l’aveva servito ideliter et honeste68. Il 25 aprile 1274 Gregorio X (1271-1276) nominò il priore di S. Gilles, fra Guillaume de Villaret, amministratore temporale del Comtat-Venaissin, l’enclave in territorio francese appena venduta al papa dal re Filippo III. Confermato nell’incarico da Niccolò III nel 1278 e da Martino IV nel 1281, il Villaret risulta ancora in esercizio nel 128469. è assai verosimile che Gregorio X fosse quoti63

Sopra n. 60, p. 302. F. Tenckhoff, Der Kampf der Hohenstaufen, pp.  69-84  ; E. Jordan, Les origines de la domination angevine, II, pp. 262-289. 65 F. Tenckhoff, Papst Alexander IV, Paderborn 1907, pp. 90-92. 66 Codex diplomaticus Sardiniae, pp. 378-379, nº 100 : i nomi dei mandatari sono espressi solo con le iniziali P. e P. ; per il ruolo degli ordini militari e le connessioni con le vicende della Terra Santa, F. Tommasi, « L’ordine dei Templari a Perugia », pp. 12-13 ; vedi più avanti, n. 72. 67 Codex diplomaticus Sardiniae, p. 379, nº 101 : il nome completo del precettore è Pietro de Latum, ma il complemento di origine de Latum in realtà rispecchia solo la graia del manoscritto, perché l’editore non scioglie il segno di abbreviazione sopra la lettera m. Sull’insediamento giovannita tifernate (S. Giacomo di Rignaldello), F. Tommasi, «  L’ordinamento geograico-amministrativo dell’Ospedale in Italia », p. 88. 68 E. Martène e U. Durand, hesaurus novus anecdotorum, II, col. 633, nº 707 ; E. Jordan et alii, Les registres de Clément IV, I, p. 442, nº 1421. Probabilmente l’ex cubicolario aveva origini provenzali  : un fra Raimondo de Bello Vicino nel 1338 viveva nella baiulia giovannita di Aix  ; B. Beaucage, Visites générales, p. 451. 69 J. Delaville le Roulx, Les Hospitaliers en Terre Sainte et à Chypre, p. 251, n. 5 ; C. Faure, Étude sur l’administration et l’histoire du Comtat-Venaissin, p. 175. Per le conferme, J. Gay et alii, Les registres de Nicolas IV, nº  227, p.  81 (21.1.1278)  ; G. Rudolph, Das Kammerregister Papst 64

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dianamente assistito anche da un frate giovannita, ma stabilirlo non sarà facile — almeno ino a quando i cubicularii segnalati con il ponteice a Lione nel 12731275 resteranno senza identità70. Malgrado il brevissimo pontiicato, Innocenzo  V (21.1-22.6.1276) seguì la falsariga di Urbano IV (1261-1264) il quale, forte dell’esperienza maturata in Outremer come patriarca di Gerusalemme, aveva conferito capitale importanza ai castelli pontiici per il controllo del territorio. Tuttavia diversamente da Jacques Pantaléon71, per custodire le rocche spoletine di Cesi e Pirocchio, Pierre de Tarentaise preferì un Giovannita a un Templare. Si tratta di fra Giovanni, che nel maggio 1276 deteneva anche l’uicio di governatore delle Terre Arnolfe72. Niccolò III (1277-1280) seppe apprezzare le doti diplomatiche e militari dei Giovanniti abbastanza da renderle funzionali al suo disegno politico, che poneva al centro il ripristino dello Stato papale. Il 29 luglio 1278 il suo cubicolario, fra Giacomo da Pocapaglia, fu tra quanti assistettero a Viterbo, in episcopali palacio in camera domini pape, alla sottomissione di Bologna che riconosceva al ponteice e ai suoi successori diritti pari a quelli in precedenza goduti dagli imperatori73. Nell’ottobre dello stesso anno frater Zampus, ordinis Hospitalis S. Ioannis Hierosolymitani, amministrava i castelli di Cesi e Pirocchio per conto della Chiesa romana74. Nel novembre successivo papa Orsini fece assegnare il Castrum S. Angeli — forse non ancora venuto in possesso della famiglia — et fortellitias ipsius Urbis ai due camerarii della città  : uno di essi, fra Rolando, militava nell’ordine giovannita75. Fra Bonagiunta già nel Martins IV., pp.  77-78, nº  82  (19.10.1281)  ; inoltre ibid. all’Indice, s. v.  «  Guglielmo Villaret  ». Prosopograia : J. Burgtorf, he Central Convent of Hospitallers and Templars, pp. 689-694. 70 Vita Gregorii papae X, c. 13, p. 605. Non sembra che fra Ponce de Brozet (de Bruçeto), già cubicolario di Clemente IV, sia stato confermato nell’uicio da Gregorio X ; ASV, Misc. Arm. XV, 288, fº 49v°. In ogni caso si trattava di un Templare provenzale ; D. Carraz, L’ordre du Temple dans la basse vallée du Rhône, all’Indice. 71 M. L. Bulst-Thiele, « Templer in königlichen und päpstlichen Diensten », p. 303 ; K. Hampe, Urban IV. und Manfred, pp. 38-40. 72 Antirisposta apologetica per le Memorie Historiche della Terra di Cesi, p.  99. Nell’analisi del documento fra Giovanni è un «  Cavalliero Gierosolimitano  », mentre altrove l’ordine di appartenenza del castellano rocce de Cesis et de Peroclo è omesso  ; A. Sansi, Documenti storici inediti in sussidio allo studio delle memorie umbre, p. 336, nº 65. Sulle più recenti vicende delle due arces, poste ai conini occidentale (Cesi) e orientale (Pirocchio) delle Terre Arnolfe : E. Jordan, Les origines de la domination angevine, II, pp. 319-320. Un non meglio speciicato fra Giovanni, ostiario di Alessandro IV, è documentato a Viterbo nelle trattative pisano-genovesi del luglio 1258 ; Liber iurium reipublicae Genuensis, col. 1274, nº 908 (3.7.1258). 73 Chartularium Studii Bononiensis, I : Registro Grosso, p. 12, nº 47 ; A. Hessel, Storia della città di Bologna, p. 272 ; F. Baethgen, « Quellen und Untersuchungen zur Geschichte der päpstlichen Hof- und Finanzverwaltung », pp. 196, 199, 201 e 204, nº 1 (5.1278 : fr. Iacobus cubicularis). 74 Antirisposta apologetica per le Memorie Historiche della Terra di Cesi, pp. 83-85 ; per i castellani templari, M. L. Bulst-Thiele, « Templer in königlichen und päpstlichen Diensten », p. 303. 75 C. De Cupis, «  Regesto degli Orsini e dei Conti Anguillara  », p.  276. Secondo Giovanni Villani, Niccolò III « tolse alla Chiesa Castello Santo Angelo, e diello a messer Orso suo nipote » ; Giovanni Villani, Nuova cronica, 8, 54, I, pp. 495-496. Ancora nel 1364 la fortezza apparteneva agli Orsini ; P. Pagliucchi, I Castellani del Castel S. Angelo di Roma, I, pp. 13-24, e II, p. 138, nº 1.

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1278 faceva parte del gruppo degli hostiarii maiores76, ma la sua ailiazione all’Ospedale si apprende solo da fonti posteriori al pontiicato di Niccolò III. Con Martino IV (1281-1285), l’ultimo papa francese del Duecento, gli ordini militari divennero più che mai strumento di lotta politica. Simon de Brie, l’ex cancelliere di Luigi IX, non solo impose la decima anche ad ordini esenti come i Giovanniti, ma per sostenere lo sforzo bellico di Carlo I d’Angiò in Sicilia autorizzò perino il prelievo di denaro riservato alla Terra Santa77. Identiche risorse inanziarie, sommate a quelle della Camera apostolica78, inoltre furono utilizzate per piegare la vivace resistenza ghibellina in Romagna, che preoccupava il ponteice anche più della guerra del Vespro79. Di fatto, il 1° maggio 1282 le truppe angioino-papali subirono a Forlì una severa sconitta per opera delle forze iloimperiali sotto il comando del conte Guido da Montefeltro80. Eppure — neanche venti giorni dopo — il papa era già nelle condizioni di rimpiazzare, almeno parzialmente, le perdite con 300 cavalieri assoldati da città della Marca d’Ancona : alla loro testa l’ostiario papale fra Bonagiunta, ordinis hospitalis sancti Iohannis Ierosolimitani, doveva raggiungere quanto prima il teatro di guerra81. Alla ine di giugno, Martino IV fu informato dal « maresciallo della nostra famiglia », fra Giovanni, e dal chierico di camera, Angelo da Foligno, che la loro opera di reclutamento di mercenari incontrava diicoltà nella Campagna Romana82. Nel successivo dicembre al maresciallo papale giunse l’ordine di recarsi in Romagna dove, a causa della riduzione invernale dell’attività bellica, era necessario porre in congedo un certo numero di stipendiarii83. La guerra in corso richiedeva ingenti spese : per questo 76 F. Baethgen, «  Quellen und Untersuchungen zur Geschichte der päpstlichen Hof- und Finanzverwaltung », pp. 196, 199, 201 e 204. 77 N. Housley, he Italian Crusades, pp. 102-103, 131-132, 208, 211, 215, 231-232 e 244. 78 Richiesta di somme pro Terre Sancte subsidio, in deposito presso i Templari di Parigi  : F. Olivier-Martin et alii, Les registres de Martin IV, I, pp. 106-107, nº 272, 273 e 274 ; G. Rudolph, Das Kammerregister Papst Martin IV., pp. 252-253, nº 248. Lettera al collettore della decima Terre Sancte nelle province della Chiesa : ibid., p. 40, nº 47. Richiesta di mutuo a nome della Camera apostolica : ibid., pp. 12-13, nº 13, e pp. 70-71, nº 76. 79 E. Pasztor, « La guerra del Vespro e i suoi problemi », pp. 144-145. 80 H. M. Schaller, Stauferzeit.  Ausgewählte Aufsätze, pp.  423-442  ; G. Franceschini, I Montefeltro, pp. 102-103. 81 Il contratto di reclutamento aveva scadenza trimestrale ; G. Rudolph, Das Kammerregister Papst Martin IV., p. 128, nº 128. 82 La missione dei due inviati si estendeva anche alla Maritima ; il servizio militare, previsto dal contratto d’ingaggio, che inora non era stato concluso, ancora una volta non superava i tre mesi ; ibid., pp. 144-145, nº 144, e p. 148, nº 148. Nessun documento, relativo al pontiicato di Martino IV, collega esplicitamente il maresciallo all’Ordine giovannita. Né è ben chiaro se si tratti di fra Giovanni Mackarii, attestato dal luglio 1289 semplicemente come « maresciallo della famiglia » del papa ; Le Liber censuum de l’Église romaine, I, pp. 599-600 ; vedi anche ibid., p. 598 (2.1.1291) ; A. Thomas et alii, Les registres de Boniface VIII, I, col. 495, nº 1363 (13.9.1296) ; A. Kiesewetter, Die Anfänge der Regierung König Karls II., pp. 240-241. 83 Lasciando integre al loro posto le forze franco-angioine ; G. Rudolph, Das Kammerregister Papst Martin IV., pp. 204-206, nº 198a. Nell’estate il re Carlo aveva chiesto inutilmente al papa di poter ritirare le truppe francesi dalla Romagna, per impiegarle nella guerra del Vespro ; E. Pasztor, « La guerra del Vespro e i suoi problemi », pp. 144-145.

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tra il luglio e l’ottobre 1282 Giacomo da Pocapaglia, Giovanni e Bonagiunta — rispettivamente cubicolario, maresciallo e ostiario di Martino IV — uno dopo l’altro provvidero personalmente a trasferire grosse somme di denaro nelle mani del vicario papale in Romagna, Guillaume Durand84. Probabilmente fra Giovanni è una sola persona con l’omonimo castellanogovernatore delle Terre Arnolfe sotto Innocenzo V. Il suo posto nel luglio 1281 era occupato da fra Bonagiunta, che però al rettorato delle Terre Arnolfe univa la castellania di Cesi-Pirocchio e la villa di Costa San Severo85. Nell’ottobre del 1282 Martino IV lo sostituì con il laico hostiario nostro, Biancuccio da Lucca, fors’anche allo scopo di lasciare a fra Bonagiunta più tempo per il negotium Romaniole. Nel 1288 frerius Bonaçunta igura come priore di Roma : quasi certamente era succeduto a fra Inghiramo da Gragnana, che ricopriva questa carica ancora nel luglio 128586. Il pontiicato di Niccolò IV (1288-1292) corrisponde al periodo di più intensa pressione dell’Islam, culminata con la deinitiva espulsione dei Latini dalla Siria nel maggio 1291. Un epilogo tragico e inglorioso per la cristianità, che invano cercarono di prevenire i ripetuti appelli alle potenze occidentali per un passagium generale, ma anche diverse autonome iniziative del papa. Una di queste fu l’allestimento di 20 navi da guerra, che nella tarda estate del 1289 il Giovannita Pietro con un Templare e due Domenicani ricevette l’incarico di condurre ad Acri87. Fra Pietro era reduce da una missione in Inghilterra, dove era andato con il collega templare per consegnare al re Edoardo II una lettera papale e informarlo de statu Terrae Sanctae88. Nella gestione del Patrimonium non intervennero novità di rilievo. Niccolò IV sembra aver posto la stessa attenzione dei predecessori al sistema difensivo, al consolidamento di punti strategici e ad eventuali nuove acquisizioni. Nel 1260 con l’aiuto militare dei Viterbesi Alessandro IV aveva coniscato il castrum di Chia al locale signore ghibellino che, prevedibilmente, era stato accusato con i seguaci anche di eresia89. Da quel momento il fortilizio posto nella diocesi di Orte fu considerato un bene demaniale della Chiesa. Nell’aprile 1288, tre anni 84

G. Rudolph, Das Kammerregister Papst Martin IV., pp. 158-159, nº 158, e pp. 193-194, nº 190. ASV, Arm. I-XVIII, 3760. Bonagiunta nominò due procuratori. Uno, fra Ventura, apparteneva all’ordine dell’Ospedale e, nel settembre 1281, fungeva da vicario del castellano  ; Antirisposta apologetica per le Memorie Historiche della Terra di Cesi, pp. 87-88, dove, al posto di Bonaventuram, si deve leggere Bonaiuntam. Costa San Severo era una delle ville di Montemartano  ; A. Sansi, Documenti storici inediti, p. 283. 86 G. Rudolph, Das Kammerregister Papst Martin IV., pp. 183-185, nº 183a, 183b e 184. Per il priorato di Bonagiunta, Todi, Archivio Storico Comunale, Riformanze, 3, fos 10r°-v° ; su Inghiramo da Gragnana, vedi da ultimo J. Burgtorf, he Central Convent of Hospitallers and Templars, p. 538. 87 E. Langlois, Les registres de Nicolas IV, p. 396, nº 2252-2257. 88 J. Delaville le Roulx, Cartulaire général de l’ordre des Hospitaliers, III, p. 541, nº 4094 ; E.  Langlois, Les registres de Nicolas IV, p.  1031, nº  7509  ; R. Röhricht, Regesta regni Hierosolymitani, II, p. 102, nº 1491a. ; vedi Id., Geschichte des Königreichs Jerusalem, p. 1003. 89 Capello, signore di Chia e Collecasale (dioc. Bagnoregio)  ; M. d’Alatri, L’inquisizione francescana nell’Italia centrale, pp. 53-54. 85

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prima di passare in amministrazione temporanea a un laico viterbese90, Chia fu aidata da Niccolò IV al cubicolario Giacomo da Pocapaglia91. Nel maggio 1289 lo stesso ponteice incaricò anche il frate giovannita di riscuotere il censo, che i re di Sicilia dovevano alla Chiesa romana in dal tempo dei Normanni : la crisi inanziaria e di liquidità del Regno durante la guerra del Vespro ben spiega perché la corresponsione non avvenne più sotto forma di denaro, ma con imprecisati oggetti preziosi (jocalia sive bona), lasciati in pegno da funzionari angioini e custoditi presso i Francescani di Assisi92. Nel dicembre 1291 Niccolò IV aveva annunciato come prossimo l’invio di sue navi in Terra Santa sotto la guida del gran precettore dell’Ospedale in partibus cismarinis, fra Bonifacio da Calamandrana93. Nell’aprile 1292 agenti genovesi di fra Bonifacio noleggiarono navi da guerra da impiegare contro i Saraceni94. Nel marzo 1293 il gran precettore era pronto a far salpare da Marsiglia due navi mercantili giovannite dirette in Outremer95. Inine, all’inizio del luglio 1294, il grant seignor96 piemontese progettava di armare in Sicilia galee e vascelli in servicium ecclesie Romane et subsidium Terre Sancte. Tuttavia il piano, che prevedeva l’assunzione del comando della lotta da parte del re Giacomo II d’Aragona o del suo ammiraglio Ruggero di Lauria, era precedente all’elezione di Celestino V (5.7-13.12.1294)97. Così, dopo un presumibile primo consenso all’iniziativa, il nuovo papa ebbe un ripensamento e il 13 ottobre richiese indietro i 15.600 iorini che fra Bonifacio aveva mutuato da mercatores della Camera apostolica98. 90

Geppo da Viterbo, castellano di Collecasale e Chia ; A. Theiner, Codex diplomaticus dominii temporalis S. Sedis, I, p. 318, nº 491. Nel 1293 i due luoghi avevano un altro castellano viterbese, Guiduccio ; ibid., p. 319, nº 491. Da un formulario del 1298 si sa che anche i castellani di Collecasale e Chia erano nominati annualmente dal rettore del Patrimonio di San Pietro in Tuscia ; P. Fabre, « Un registre caméral du cardinal Albornoz », p. 177 ; G. Silvestrelli, Città, castelli e terre della regione romana, pp. 682-683. 91 E. Langlois, Les registres de Nicolas IV, p. 945, nº 7001-7002. 92 Testo del mandato : Regestum Clementis papae V, I (Prolegomena), p. xxxiii, n. 1 ; sintesi : E. Langlois, Les registres de Nicolas IV, p.  1047, nº  7654  ; vedi anche nº  7653. Per gli aspetti inanziari e la situazione debitoria verso la Chiesa romana, A. Kiesewetter, « Bonifacio VIII e gli Angioini », pp. 184-187. 93 J. Burgtorf, « A Mediterranean Career in the Late hirteenth Century », p. 79. 94 Id., he Central Convent of Hospitallers and Templars, p. 502. Si trattava di Manuele e Benedetto Zaccaria. Con il secondo, famoso mercante e ammiraglio al servizio di Genova, fra Bonifacio era entrato in contatto nel 1288 in Siria ; J. Burgtorf, « A Mediterranean Career in the Late hirteenth Century », p. 77, n. 95. 95 R. Filangieri et alii, I registri della cancelleria angioina, XXXXV, p. 107, nº 54. 96 Così un cronista coevo presenta frere Boniface de Calamandrane ; Cronaca del Templare di Tiro, p. 192. 97 H. Finke, Acta Aragonensia, I, pp. 14-15, nº 10 ; per la correzione della data, che è da anticipare al 6 luglio, A. Kiesewetter, Die Anfänge der Regierung König Karls II., p. 266. Quando il 5 luglio fu eletto a Perugia, Pietro del Morrone non era presente, e solo l’11 luglio fu inviata un’ambasceria a Sulmona per informarlo ; P. Herde, Cölestin V., p. 71. 98 J. Delaville le Roulx, Cartulaire général de l’ordre des Hospitaliers, III, pp. 652-653, nº 4260 ; A. Potthast, Regesta pontiicum Romanorum, II, p. 1920, nº 23997.

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A questo proposito, è stato sottolineato il minore interesse di Celestino V per la crociata rispetto a Niccolò IV99. In realtà per Pietro del Morrone e per la sua Curia — entrambi fortemente condizionati dalla linea politica di Carlo II d’Angiò — le priorità erano altre, anche se predominava senza dubbio la questione della Sicilia. Come mediator per conto del re Carlo II di Napoli, sfruttando la parentela con Giacomo II d’Aragona100, fra Bonifacio da Calamandrana aveva già concorso a preparare l’accordo preliminare di La Junquera, sottoscritto dalle parti nel dicembre 1293101. Il gran precettore era da poco rientrato in Italia quando, nell’ottobre 1294, Celestino V lo rispedì in Aragona102. L’ambasceria era composta anche dal vescovo Raimondo Despont di Valencia. All’arrivo in terra iberica, però, una delusione attendeva i due inviati del papa : Giacomo II non mostrava più grande interesse a dare veste deinitiva al trattato di La Junquera da poco ratiicato da Celestino V e, ancora meno, a recarsi in Italia per incontrare ad Ischia il re di Napoli in occasione della programmata conferenza di pace. Per il momento tuttavia, invece di rientrare in Italia, Bonifacio da Calamandrana preferì trattenersi in Catalogna per sbrigare certi afari dell’ordine103. Successivamente l’alto dignitario giovannita si adoperò ancora per la pace tra Aragonesi e Angioini, anche se non più per volontà di Celestino V, ma di Bonifacio VIII (1294-1303). In efetti nell’agosto 1295, meno di due mesi dopo il trattato di Anagni, il papa inviò fra Bonifacio da Calamandrana a ricevere l’omaggio ligio di Ruggero di Lauria per le isole tunisine di Gerba e Kerkenna strappate ai Saraceni104. Il gennaio 1296 vide il gran precettore occidentale dei Giovanniti farsi ancora portavoce di Bonifacio VIII e intervenire in Sicilia. Obiettivo prioritario era persuadere un sempre più scettico Federico (III) d’Aragona ad accettare il « trattato di pace » di Anagni e, soprattutto, a non ostacolare nell’isola la transizione e il passaggio dei poteri prima alla Chiesa romana e poi agli Angioini105 ; 99

A. Luttrell, « he Hospitallers in Cyprus », p. 163, n. 3. J. Burgtorf, « A Mediterranean Career in the Late hirteenth Century », p. 74. 101 Nella lettera del 2 gennaio 1294 al fratello Federico (III), Giacomo II ripercorre le tappe dei negoziati con Carlo II d’Angiò, che hanno portato alla « tregua » del 14 dicembre 1293 : fra Bonifacio è deinito communis amicus et mediator ; F. Giunta et alii, Acta Siculo-aragonensia, I, 1, p. 239, nº 284 ; A. Kiesewetter, Die Anfänge der Regierung König Karls II., p. 271. Nel 1292 le istanze e le preghiere di fra Bonifacio erano riuscite a far migliorare le condizioni degli ostaggi angioini trattenuti in Catalogna ; J. Burgtorf, « A Mediterranean Career in the Late hirteenth Century », p. 80. 102 ASV, Reg. Vat.  46a, fos  6v°-7r°  ; testo (con qualche errore di lettura e l’introduzione del dittongo ae, assente nel ms.) : O. Raynaldi Annales ecclesiastici, IV, pp. 150-151 (8.10.1294). Il 18 agosto fra Bonifacio si trovava ancora in Aragona ; P. Herde, Cölestin V., p. 115, n. 208. 103 Ibid., p.  116, n. 214. Per la ratiica della pace di La Junquera  : ibid., pp.  214-219, nº  7  ; A. Kiesewetter, Die Anfänge der Regierung König Karls II., p. 272, e J. Burgtorf, « A Mediterranean Career in the Late hirteenth Century », pp. 81-82. 104 Per la loro concessione in feudo all’ammiraglio siciliano, A. Thomas et alii, Les registres de Boniface VIII, I, coll. 272-273, nº 810-811 ; J. Burgtorf, « A Mediterranean Career in the Late hirteenth Century », p. 82, et S. Runciman, I Vespri siciliani, p. 354. 105 Lettera al re Giacomo II ; M. Amari, La Guerra del Vespro Siciliano, II, 1, Append., pp. 371372, nº  67. Ai mandatari del papa, Bonifacio da Calamandrana e il vescovo Guillem d’Urgell, 100

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ma neppure in merito alle auspicate nozze del fratello di Giacomo II con Caterina I de Courtenay, imperatrice titolare di Costantinopoli, sembra che la «  legazione  » siciliana di fra Bonifacio da Calamandrana e del vescovo Guillem d’Urgell ottenesse migliori risultati di altre analoghe iniziative della diplomazia pontiicia106. Così la nipote del re di Napoli — la quale aveva manifestato a Bonifacio VIII le proprie perplessità sul matrimonio di due persone tante nobilitatis, ma prive di mezzi consoni al loro rango — nel 1301 andò in sposa al conte Carlo de Valois107. Durante la querelle con Filippo IV di Francia non furono risparmiate neppure le più strane accuse contro Bonifacio VIII. Tuttavia, la sottrazione di mezzi economici agli Ospitalieri108, sebbene enfatizzata dalla propaganda politica, non era totalmente falsa, perché di fatto il ponteice aveva impiegato anche denaro giovannita per la sua guerra contro i Colonna e i loro fautori109. Per converso, è facilmente dimostrabile che l’ordine dell’Ospedale non solo fu oggetto di beneici e favori materiali110, ma occupò anche una posizione particolare nel disegno politico-teocratico di papa Caetani. Ne fa fede il ruolo svolto da alcuni dei numerosi frati giovanniti che intrattennero relazioni con la Curia. spettava anche di notiicare un termine perentorio per il ritiro dall’isola e dagli altri territori occupatione detentis a diversi sostenitori di Federico d’Aragona, tra i quali Giovanni da Procida e Ruggero di Lauria ; A. Thomas et alii, Les registres de Boniface VIII, I, coll. 288-289, nº 854. 106 Lettera alla regina madre Costanza d’Aragona  ; ASV, Reg. Vat.  47, fº  206v°  ; regesto  : A. Thomas et alii, Les registres de Boniface VIII, I, col. 296, nº 858 (senza i nomi dei due inviati del papa). Analogo è il contenuto della lettera che, sempre in data 2 gennaio, Bonifacio VIII scrisse a Federico d’Aragona ; ASV, Reg. Vat. 47, fos 206r°-v° ; A. Thomas et alii, Les registres de Boniface VIII, I, col. 290, nº 857 (neppure in questo regesto si trovano fra Bonifacio e il vescovo di Urgell, che dovevano incontrarsi con Federico). Il matrimonium inter Fredericum et imperatricem Constantinopolitanam igurava al secondo posto tra i capitula delle istruzioni per i nunzi papali ; H. Finke, Acta Aragonensia, III, p. 50, nº 25. 107 J. Petit, Charles de Valois, pp. 53-56 ; P. Lock, he Franks in the Aegean, pp. 66 e 106. Il 27 giugno 1295 Bonifacio VIII si era rivolto all’«  imperatrice  », per richiederne l’assensus al matrimonio dopo averle esposto i termini del tractatus pacis d’Anagni : del recapito in Francia della lettera era incaricato l’abate di Saint-Germain-des-Prés ; A. Thomas et alii, Les registres de Boniface VIII, I, coll. 299-301, nº 874. Nel gennaio successivo Federico d’Aragona fu informato della risposta negativa di Caterina. 108 J. Coste, Boniface VIII en procès, pp. 342-343. 109 N. Housley, he Italian Crusades, p. 182 ; A. Thomas et alii, Les registres de Boniface VIII, II, coll. 31-32, nº 2427 e 2430 ; A. Potthast, Regestum pontiicum Romanorum, II, p. 1971, nº 24630. Nel dicembre 1298 Bonifacio VIII pro urgentibus negociis Ecclesie Romane ottenne la consegna di ingenti somme, che il defunto fra Bonifacio da Calamandrana aveva depositato o fatto depositare presso diversi banchieri toscani ; A. Thomas et alii, Les registres de Boniface VIII, II, coll. 267-268, nº 2827 ; J. Riley-Smith, he Knights of St John in Jerusalem and Cyprus, p. 300. Anche per gli altri ordini : F. Baethgen, « Quellen und Untersuchungen zur Geschichte der päpstlichen Hof- und Finanzverwaltung », pp. 173-174. 110 Si veda ad esempio la concessione ai Giovanniti dell’ex abbazia benedettina di S. Trinità a Venosa ; F. Tommasi, « L’ordinamento geograico-amministrativo dell’Ospedale in Italia », p. 75, n. 54, e J. Coste, Boniface VIII en procès, pp. 374, n. 3, e 504, n. 2.

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Secondo una fonte posteriore i magistri hostiarii di Bonifacio VIII, cioè coloro che debent custodire hostium domini, erano stati milites111. Ma, mentre in documenti contabili del 1299-1302 si parla di somme erogate a un numero variabile di « maestri ostiari », solo sotto il mese di novembre 1299 sono registrati i nomi di tre hostiarii, che per altre vie sappiamo appartenere ai tre principali ordini militari : Templari, Teutonici e Giovanniti112. Del frate giovannita Henricus Gallicus, che altrove è indicato come magister hostiarius, si conosce anche il luogo di origine : Najac nell’Aveyron113. Nel 1297 Henri de Nagiaco si trovava ad Orvieto, dove il papa si era stabilito con la Curia nel giugno precedente. Qui, il 22 agosto, un nipote di Bonifacio VIII ricevette in feudo un castello in Toscana dal maior preceptor in cismarinis partibus, fra Bonifacio da Calamandrana114. Il documento notarile steso in hospitio dicti preceptoris è di cospicuo interesse, perché tra gli uiciali dell’ordine testimoni dell’investitura qui menzionati si contano anche curiali. Con la qualiica di sotius del gran precettore si fa conoscere per la prima volta il provenzale Foulques de Villaret. Si tratta del nipote del maestro oltremarino in carica, Guillaume de Villaret : nel 1305 prenderà il posto del defunto zio alla guida dell’ordine115. Altra importante presenza giovannita ad Orvieto nell’agosto 1297 era quella del già citato fra Giacomo da Pocapaglia. Su di lui siamo particolarmente bene informati, così da conoscere perino il nome del proprietario-locatore delle domus, dove a Perugia nel 1285 alloggiò frater Jacobus Pocapalea cubicularius domini pape prima che Onorio IV il 15 aprile lasciasse la città116. Come si è visto, la carriera curiale di questo aristocratico piemontese — forse un consanguineo del templare gran precettore di Lombardia, Artusio117 — risaliva senza 111

J. Haller, « Zwei Aufzeichnungen über die Beamten der Curie », p. 13. I magistri hostiarii oscillano da un minimo di 2 a un massimo di 9  ; T.  Schmidt, Libri rationum camerae Bonifatii papae VIII, pp. 90, 282, 81, 373, 210, 179, nº 550 (2), 2140 (7), 496, 2951 (8), 1628 (9), 1321 (Item fratribus Mauro, Henrico heotonico et Henrico Gallico hostiariis pro 29 diebus 36 sol. et 3 den. tur. gross.) ; ibid., p. 184, nº 1376. Per Mauro, frate templare, A. Thomas et alii, Les registres de Boniface VIII, IV, pp. 41-42, nº 5503-5505. Su Enrico, frate teutonico, che è stato contemporaneamente procuratore generale dell’ordine presso la Curia romana, K. Forstreuter, Die Berichte der Generalprokuratoren des Deutschen Ordens an der Kurie, pp. 70-71. In generale, sarebbe restrittivo pensare solo ad ecclesiastici, perché i magistri hostiarii potevano essere anche layci ; J. Haller, « Die Verteilung der servitia minuta », p. 287. 113 Najac (dep. Aveyron, arr. Villefranche-de-Rouergue, cant. Najac) ; h. Boespflug, La Curie au temps de Boniface VIII, p. 293. 114 Appendice, nº 4, pp. 317-318 ; R. Amico, « Priamo Gambacorti », pp. 52-54. 115 J. Delaville le Roulx, Les Hospitaliers en Terre Sainte et à Chypre, pp. 267-84. Prosopograia : J. Burgtorf, he Central Convent of Hospitallers and Templars, pp. 689-694 (dove la prima notizia su Foulques de Villaret è del 3 giugno 1299). Su alcuni socii, consiliarii e coadiutores del maestro Foulques de Villaret a Rodi, S. Pauli, Codice diplomatico del sacro militare ordine Gerosolimitano, II, p. 36, nº 29. 116 Sinibaldo Meli. Testo : A. Paravicini Bagliani, « La mobilità della Curia Romana », p. 266 ; ibid., p. 241, n. 1 (data di partenza del papa per Roma). 117 A. Gilmour-Bryson, he Trial of the Templars in the Papal State, all’Indice. Sui signori di Pocapaglia nel 1217, Chartae, I, col. 1244. Nel 1316 a Torino era attivo fra Francesco da Pocapaglia, inquisitore domenicano ; B. Galland, Les papes d’Avignon et la maison de Savoie, p. 194. 112

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soluzione di continuità almeno al pontiicato di papa Niccolò III. Durante la lunga vacanza della Sede apostolica fra Giacomo, come tutti i curiali, obbediva al collegio cardinalizio. Così, quando Orvieto riaprì un antico contenzioso con la Chiesa romana e cercò di impossessarsi militarmente del sito strategico di Acquapendente, i cardinali residenti a Perugia furono scrupolosamente tenuti al corrente della situazione da fra Giacomo da Pocapaglia, che era il « capitano » della piazzaforte pro Ecclesia romana. Il 18 luglio 1294, dopo oltre due mesi di assedio, un armistizio pose ine alle ostilità, ma fra Giacomo non lasciò Acquapendente — per andarsene « con sua gente a Roma » — prima di aver ricevuto assicurazioni sull’efettiva applicazione della tregua e sul ritiro delle truppe orvietane118. Nella primavera del 1295 il domini pape cubicularius risulta ancora a Roma, dove fu presente all’atto di riconciliazione siglato alla presenza di Bonifacio VIII il 18 aprile in palatio Laterano tra i Viterbesi e il cardinale Matteo Rosso Orsini119. Nel marzo 1297 il ponteice aidò la podesteria del castrum di Acquapendente al suo cubicolario che, come convenuto, portò a termine il mandato nel marzo 1298. In efetti nel maggio successivo il nome di fra Giacomo non igura tra quelli dei « rettori » e degli altri notabili locali, che aprirono le porte del castello agli Orvietani120. Diicile stabilire se, all’epoca, il Pocapaglia avesse già preso congedo dal papa e rinunciato alla precettoria giovannita di S. Maria di Raserio121. Certamente alle sue dimissioni da curiale non seguì la cessazione di ogni attività, perché nel giugno 1300 fra Giacomo era già priore di Capua122. Nel 1327 un suo probabile parente, frater Fulco de Pocapalea, governava la casa giovannita di S. Eufemia in Calabria123.

118 Ephemerides Urbevetanae, pp.  164 e 326. Lettera dei cardinali al Pocapaglia (analisi)  : L. Fumi, Codice diplomatico della città d’Orvieto, pp. 341-342, nº 553. Almeno fino all’agosto 1293, podestà di Acquapendente era stato Oddone Gaetani da Pisa  ; A. Theiner, Codex diplomaticus dominii temporalis S. Sedis, I, p. 319, nº 491. Sulle origini e cause della contesa tra Orvieto e la Chiesa romana per il possesso di Acquapendente, M. Maccarrone, Studi su Innocenzo III, pp. 23-30 ; per gli sviluppi, D. Waley, Orvieto medievale, pp. 61-63, 72, 73, 93 e 100. 119 Testo in C. Pinzi, Storia della città di Viterbo,  III, pp.  20-1, n. 1. Nel 1291 Giacomo da Pocapaglia era stato priore della commenda giovannita di S. Maria di Raserio, nel Viterbese, un beneicio forse ancora goduto nel 1295  ; G. Silvestrelli, «  Le chiese e i feudi dell’ordine dei Templari e dell’ordine di San Giovanni nella regione romana », p. 521. 120 A. Theiner, Codex diplomaticus dominii temporalis S. Sedis, I, pp. 343-344, nº 515 ; A. Thomas et alii, Les registres de Boniface VIII, I, coll. 917-920, nº 2331-2332 ; L. Fumi, Codice diplomatico della città d’Orvieto, pp. 368-370, nº 582. Sull’annualità del mandato dei castellani delle fortezze papali (tra le quali era il castrum Aquependentis), assegnato dal rettore del Patrimonio, P. Fabre, « Un registre caméral du cardinal Albornoz », p. 177 ; G. Silvestrelli, Città, castelli e terre della regione romana, pp. 796-799. 121 Vedi sopra, n. 119. 122 J. Delaville le Roulx, Cartulaire général de l’ordre des Hospitaliers, III, p. 807, nº 4508. 123 D. Vendola, Rationes decimarum Italiae nei secoli xiii e xiv. Apulia-Lucania-Calabria, p. 335, nº 5342. Nel 1317 era stato nominato prior di S. Eufemia da Giovanni XXII ; G. Mollat, Lettres communes de Jean XXII, I, p. 410, nº 4469.

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Chi subentrò a Giacomo da Pocapaglia fu — come pare — Gerardo da Gragnana124. Certamente originario della Toscana, fra Gerardo già dal dicembre 1290 guidava il priorato di Pisa125. Nell’agosto 1297 era tra coloro che nella residenza (in hospitio) orvietana di fra Bonifacio da Calamandrana intervennero all’investitura feudale di Giacomo Gaetani, ma nel relativo atto notarile la sua qualiica è solo prior de Pisis ordinis Hospitalis. Invece in un documento redatto ad Anagni il 26 giugno 1299 questo titolo è fatto seguire da quello di cubicolario del papa126. Di fatto, quella di Gerardo da Gragnana nella familia papale fu una breve esperienza, che però ignoriamo se fosse già conclusa nell’ottobre 1301, cioè quando il frate giovannita era a capo del priorato di Venezia127. Nel febbraio 1303 egli si trovava a Cipro, e all’inizio di novembre il capitolo generale lo nominò maresciallo128. Quindi neanche Gerardo da Gragnana poteva trovarsi ad Anagni il 7 settembre 1303, quando Bonifacio VIII subì lo storico oltraggio. Così l’innominato cubicolario giovannita, che insieme al collega templare restò vicino al papa anche in quella dolorosa circostanza129, quasi sicuramente fu fra Martino da Santo Stefano. Tutto fa credere che questo aristocratico norditaliano (Lombardus), nel 1296 priore di Lombardia130, appartenesse alla famiglia del più celebre Guglielmo da Santo Stefano131. Come cubicolario papale, Martino da Santo Stefano è attestato per la prima volta a Roma il 10 e 12 dicembre 1300, quando un lodo arbitrale di Bonifacio VIII appianò le principali divergente tra Todi e Orvieto in merito alla giurisdizione sul castello coninario di Montemarte132. 124 Prosopograia : J. Burgtorf, he Central Convent of Hospitallers and Templars, pp. 538-539 ; F. Tommasi, « Templarii e Templarii Sancti Iohannis », pp. 380-381. 125 F. Tommasi, « L’ordinamento geograico-amministrativo dell’Ospedale in Italia », p. 85, n. 91 (è deinito « priore di Corsica, Pisa, Sardegna »). Sembra confermare l’origine toscana della famiglia un atto del priore di Roma, fra Filippo da Gragnana, rogato da Bonafede Pieri de Camporegiano, Lunensis diocesis (Camporgiano, a sud-est di Gragnana) ; Ravenna, Archivio Arcivescovile, Diplom., 7599 (ante 18.5.1312). Sui nobili di Gregnano(!) in Garfagnana, vassalli dell’Impero, H. Appelt, Friderici I. diplomata, IV, p. 154, nº 899 ; G. Volpe, Toscana medievale, Firenze 1964, all’Indice. 126 J. Delaville le Roulx, Cartulaire général de l’ordre des Hospitaliers, III, p. 785, nº 4471. 127 Ibid., IV, p. 13, nº 4547. 128 J. Riley-Smith, he Knights of St John in Jerusalem and Cyprus, p. 282. 129 A. Luttrell, « Templari e Ospitalieri in Italia », p. 6. Un cronista orvietano, invece, parla di infedeltà degli ostiari (prodeuntibus hastiariis[!], de quibus papa conidebat), che aprirono le porte del palazzo papale a Guillaume de Nogaret e ai suoi ; Ephemerides Urbevetanae, p. 203 ; vedi anche J. Coste, Boniface VIII en procès, pp. 787-788. 130 Testo : A. Ratti, « Bonvesin della Riva e i Frati Gerosolimitani pp. 191-192, dove la lezione fratris Marci de sancto Stefano va corretta in fratris Mart(in)i de sancto Stefano  ; A. Colombo, «  I Gerosolimitani e i Templari a Milano  », p.  228. Martino è detto «  Ospitaliere lombardo  »  : F. Tommasi, « L’ordine dei Templari a Perugia », p. 60. 131 Sullo storico e legislatore dell’ordine, da ultimo, J. Burgtorf, « Die Pariser Sammlung des Johanniters Wilhelm von St. Stefan ». Inoltre sui signori di Santo Stefano, C. Minieri Riccio, « Il regno di Carlo I° d’Angiò », p. 37. 132 L. Fumi, Codice diplomatico della città d’Orvieto, pp. 376-379, nº 589-590. Sempre a Roma, fra Martino ordinis Hospitalis Sancti Iohannis Ierosolimitani è presente, quando il nipote del papa, Pietro Caetani, riceve l’investitura di beni e diritti posseduti dalla Chiesa romana a Ninfa ; G. Gaetani, Regesta chartarum. Regesto delle pergamene dell’Archivio Caetani, I, p. 213, nº 854 (10.10.1300).

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L’attività di Martino da Santo Stefano in Curia non si esaurisce con Bonifacio VIII, perché nel 1304 ritroviamo il frate giovannita a Perugia, dove il successore di papa Caetani trascorse gli ultimi tre mesi della sua vita. Le testimonianze purtroppo non speciicano il ruolo di fra Martino133, ma probabilmente la sua posizione in Curia sotto Benedetto XI (1303-1304) non era cambiata. Infatti nell’aprile 1306 il frate giovannita risulta ancora cubicolario papale, oltre che priore di Roma134. Durante la residenza di Benedetto XI a Perugia, la Curia appare frequentatissima dagli ordini militari135, e vi si incontrano anche dignitari giovanniti estranei agli uici curiali. Così, oltre a quella di fra Martino da Santo Stefano, è attestata a Perugia anche la presenza di fra Bevignate da Spello, forse già da allora vicepriore di Roma136. Un cubicolario di Benedetto XI rispondeva al nome di fra Bernardo137, mentre ostiari papali erano fra Gregorio da Todi e fra Alberto de Calacço138. Ma le possibilità conoscitive non si limitano alle fonti storico-documentarie, e si deve a un caso fortunato, se la rappresentazione graica di una scena di vita alla corte dei papi ci ha consegnato i ritratti di frati dell’Ospedale che, seduti ai piedi di Benedetto XI, in una sala del palazzo canonicale assistono alla concessione dell’indulgenza ai Domenicani139. Contestualmente, la trecentesca miniatura perugina rievoca un passaggio-chiave per la storia della Chiesa, perché è nella Perugia di Benedetto XI che ha inizio il conlitto con Filippo IV di Francia per la memoria di Bonifacio VIII140 — mentre l’ambientazione scenica si colloca nell’ultima dimora italiana dei ponteici, prima dell’emigrazione oltralpe della Sede apostolica. Di fatto, a partire dal successore di Clemente V, dovrà trascorrere un lungo intervallo prima che cubicularii e, forse, ostiarii papali siano nuovamente reclutati nelle ile degli ordini militari. 133 F. Tommasi, « L’ordine dei Templari a Perugia », p. 60. Il documento è stato integralmente trascritto : Indulgenza, città, pellegrini, pp. 84-89. 134 Regestum Clementis papae V, I, p. 257, nº 1413. In un documento del febbraio precedente il priore di Roma, fra Martino da Santo Stefano, è deinito camerarius  ; A. Luttrell, «  he Hospitallers and the Papacy », p. 613. Probabilmente muore prima del 1310 ; Regestum Clementis papae V, I (Prolegomena), p. clxxi. 135 F. Tommasi, « L’ordine dei Templari a Perugia », pp. 20 e 60-61. 136 Precettore di S. Benedetto di Mugnano (Perugia)  ; ibid., pp.  61 e 22. Come vicepriore di Roma, è documentato a partire dal 1312  ; ibid., pp.  61-62 (15.7.1312)  ; L’Aquila, Archivio di Stato, Archivio Comunale dell’Aquila, perg. V. 36. III. 3., nº 8 (11.6.1329). Sulla casa giovannita di Mugnano, D. Moullot, Le Liber prioratus Urbis de l’ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem, pp. 409-418. 137 Precettore di S. Trinità di Todi ; F. Tommasi, « L’ordine dei Templari a Perugia », p. 61. Un fra Bernardo igura ad Orvieto nell’agosto 1297 ; Appendice, nº 4, p. 317. Sulla precettoria, F. Orsini, « Todi e le commende dell’Umbria meridionale », pp. 63-73 ; D. Moullot, Le Liber prioratus Urbis de l’ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem, pp. 177-188. 138 F. Tommasi, « L’ordine dei Templari a Perugia », p. 60. 139 Perugia, Biblioteca Comunale Augusta, ms. 975. Una riproduzione in M. Roncetti et alii, Templari e Ospitalieri in Italia. La chiesa di San Bevignate a Perugia, Milano 1987, p. 24 ; A. Luttrell, « Iconography and Historiography », p. 33 ; Indulgenza, città, pellegrini. Il caso della perdonanza di San Domenico di Perugia, p. 100, ig. 1. Il primo a segnalare l’importanza della miniatura e i « frati degli ordini militari » raigurativi è stato W. Bombe, Geschichte der peruginer Malerei, p. 50. Sulla residenza perugina dei papi, P.-Y. Le Pogam, De la « cité de Dieu » au « palais du pape », pp. 203-268. 140 F. Tommasi, « L’ordine dei Templari a Perugia », pp. 20-21.

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1209 ‹aprile 23›, Laterano Innocenzo III annuncia al patriarca di Gerusalemme e ai maestri oltremarini dell’Ospedale e del Tempio l’invio di una somma tramite il frate giovannita Giovanni de Sambuco, perché la spendano per le necessità della Terra Santa. Di nuovi trasferimenti di denaro, già disposti dal papa, si occuperanno i Giovanniti e i Templari. Fonte : Archivio Segreto Vaticano (ASV), Reg. Vat. 7A, fº 108v°. Copia del sec. xiv. Ed. : E. Baluze, Epistolarum Innocentii III Romani pontiicis libri undecim, Paris, 1682, II, p. 314, n° 28 = J.-P. Migne, Patrologia Latina, CCXVI, coll. 37-38, n° 28. Reg. : A. Potthast, Regesta pontiicum Romanorum, I, p. 321, n° 3716 (datazione : 23.4.1209) ; R. Röhricht, Regesta regni Hierosolymitani (1097-1291), Innsbruck, 1904, II (Additamentum), p.  55, n° 837A (datazione  : 23.4.1209)  ; P.-V. Claverie, L’ordre du Temple en Terre sainte et à Chypre au xiiie siècle, Nicosie, 2005, III, pp. 414-415, n° 482.

Patriarche Ierosolimitano1 et magistris Hospitalis2 ac Templi3. Ecce mittimus vobis per dilectum ilium Iohannem de Sambuco, fratrem Ierosolimitani Hospitalis Sancti Basilii4, bis mille ac ducentos et sex obolos et dimidium inter novos, veteres atque duplices, novem skifatos, septem marabuttinos et preterea in skifatis et auro fracto ad pondus Romanum uncias octoginta, que videlicet omnia summam octingentarum quinquaginta librarum(a) Proveniensium senatus attingunt, discretioni vestre per apostolica scripta mandantes, quatinus ea in necessitatibus Terre Sancte, prout melius expedire videritis, expendatis, habentes predictum fratrem in Domino commendatum et eum ad domum suam, cui satis esse noscitur necessarius, quantocius potueritis remittentes. Tantundem etiam assignari fecimus magistro et fratribus Aventini5, qui per nuntium suum debent illud vobis similiter destinare. Misimus quoque vobis anno preterito per Templarios6 summam auri mille librarum Proveniensis monete valentem, de qua nullum adhuc habuimus responsum a vobis. Disponimus etiam mittere vobis per Hospitalarios et Templarios mille quadringentas marcas argenti cum consilio vestro et nobilis viri Iohannis Brenensis comitis7, cum ad vos Deo duce pervenerit, expendendas. Sed et electo Antiocheno8 proposuimus pro necessitatibus suis pecuniam mutuare, quam ipse demum reddet pro necessitatibus Terre Sancte. Dat. Laterani anno duodecimo. (a)

librarum quinquaginta ; librarum con segno di inversione.

1 Alberto, vescovo di Vercelli (1185-1205), patriarca latino di Gerusalemme (1205-1214)  ; K. P. Kirstein, Die lateinischen Patriarchen von Jerusalem, pp. 411-447. 2 Garin de Montaigu, maestro generale dell’ordine dei Giovanniti (1207-1227/28) ; J. Delaville le Roulx, Les Hospitaliers en Terre sainte et à Chypre, pp. 137-159 ; J. Burgtorf, he Central Convent of Hospitallers and Templars, pp. 518-523. 3 Philippe du Plessis, maestro generale dell’ordine dei Templari (1201-1209)  ; M.  L.  BulstThiele, Sacrae domus, pp. 147-158. 4 S. Basilio de Urbe, precettoria romana dei Giovanniti ; F. Tommasi, « L’ordinamento geograico-amministrativo dell’Ospedale in Italia », pp. 86-89. 5 S. Maria dell’Aventino, principale precettoria romana dei Templari ; R. U. Montini, S. Maria del Priorato, pp. 7-13 ; Monasticon Italiae. 1 : Roma e Lazio, p. 63. 6 O. Hageneder et alii, Die Register Innocenz’ III., XI, pp. 162-163, nº 104.

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7 J.-P. Migne, Patrologia Latina, CCXVI, coll. 36-37, nº 27. Giovanni di Brienne, futuro suocero dell’imperatore Federico II ; L. Böhm, Johann V. von Brienne, p. 27. 8 Pietro d’Ivrea (O. Cist.), patriarca latino d’Antiochia ; B. Hamilton, he Latin Church in the Crusader States, pp. 219-223.

Appendice 2 1258 marzo 1, Viterbo Alessandro IV invita il Comune di Perugia ad astenersi dal molestare il maestro e i frati dell’Ospedale Gerosolimitano in Tuscia. Chiede inoltre la restituzione delle terre ad essi sottratte e ne aida la temporanea custodia al suo ostiario, fra Giacomo. Fonte : Perugia, Archivio di Stato, Diplomatico, 14. Originale. Ed. : – . Reg. : Potthast, – .

Alexander episcopus servus servorum Dei. Dilectis iliis . . potestati1, consilio et communi Perusinis salutem et apostolicam benedictionem. Ex parte dilectorum iliorum magistri et fratrum Hospitalis Ierosolimitani in Tuscia fuit propositum coram nobis quod vos nuper statuisse2 dicimini, ut quedam possessiones vestri districtus, que certis inibus designantur, communibus civitatis vestre utilitatibus debeant applicari, statutum huiusmodi iuramento et penarum adiectione vallantes. Quare magister et fratres predicti nobis humiliter supplicarunt, ut, cum quedam possessiones eorum in eodem districtu posite infra ines includantur eosdem3 et ex hoc eis et Hospitali predicto grave immineat detrimentum, super hoc indempnitati eorum subvenire oportuno remedio curaremus. Cum igitur vos et ideles quoslibet ab iniuriis et molestiis eorundem magistri et fratrum eo magis abstinere deceat, quo ipsi personas et bona sua pro Iesu Christi servitio contra hostes idei ferventius exponunt cotidie in partibus transmarinis, universitatem vestram rogamus, monemus et hortamur attente per apostolica vobis scripta mandantes, quatinus habentes ipsos pro nostra et apostolice sedis reverentia propensius commendatos possessiones eorum, que occasione statuti predicti taliter occupasse noscimini, iuramento et penis eisdem nequaquam obstantibus dilecto ilio fratri Iacobo4 hostiario nostro nomine ipsius Hospitalis sublato cuiuslibet diicultatis dispendio restituere procuretis, preces nostras et mandatum in hac parte taliter impleturi quod iidem magister et fratres eas per efectum sibi sentiant profuisse nosque id gratum habentes super hoc ulterius scribere non cogamur. Dat. Viterbii, kalendis martii pontiicatus nostri anno quarto. 1 Rolando dei Guidibuoi da Parma ; V. Giorgetti, Podestà, capitani del popolo e loro uiciali a Perugia, pp. 83-84. 2 Già nel novembre 1257 Alessandro IV aveva chiesto alle autorità comunali di Perugia la revoca di norme iscali lesive degli interessi (valde damnosa) del clero locale, recentemente inserite negli statuta ; J. H. Sbaralea, Bullarium Franciscanum, II, p. 263, nº 383 ; F. Tommasi, « L’ordinamento geograico-amministrativo dell’Ospedale in Italia », pp. 88-89, nº 108. 3 Ancora nel 1260 il Comune di Perugia occupava possessioni dell’ordine, che solo un anno dopo furono restituite ; ibid. ; G. Riganelli, « Una controversia », Appendice, pp. 244-248.

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4 Già hostiarius di Innocenzo  IV  ; É. Berger, Les registres d’Innocent IV,  III, p.  93, nº  5886 (23.7.1252). Il funzionario di Curia aveva inluenti parentele a Perugia  ; Archivio Segreto Vaticano, Collectoriae, 397, fº 90rº (29.11.1259). L’ultima notizia certa di fra Giacomo è dell’ottobre 1260 ; A. Paravicini-Bagliani, « La mobilità della Curia Romana », p. 254, nº 1. Testo abbreviato : V. Ansidei, Regestum reformationum comunis Perusii, I, p. 283, nº 262 (2.10.1260).

Appendice 3 1296 maggio 23, Roma Bonifacio VIII assegna al suo cappellano Franco, dell’ordine dell’Ospedale, una rendita annua, che gli sarà corrisposta dal priore della provincia giovannita, entro i conini della quale risieda la Curia romana. Fonte : ASV, Reg. Vat. 48, fos 78vº-79rº. Ed. : –. Reg. : Potthast, –. Analisi : A. Thomas et alii, Les registres de Boniface VIII, I, col. 434, nº 1218 (con qualche imprecisione).

Dilectis iliis magistro Benedicto de Aquino1, archidiacono de Belvacino in ecclesia Belvacensi, ac Matheo de Neapoli2, canonico Baiocensi, notariis nostris et . . abbati monasterii Sancti Laurentii extra muros Urbis. Grata devotionis et familiaritatis obsequia, que dilectus ilius Franco, frater Hospitalis Sancti Iohannis Ierosolimitani capellanus noster, nobis et apostolice sedi exhibuit hactenus et exhibere sollicite non desistit, nostrum instant(er) sollicitant animum, ut eum specialis favoris et gratie ubere prosequentes ad statum ipsius votivum et prosperum intendamus. Cum itaque prefatus cappellanus(a) nullos ecclesiasticos redditus obtinere noscatur ac in nullo sibi postquam nostris et eiusdem sedis extitit deputatus obsequiis per magistrum Hospitalis eiusdem provisum existat, per quod huiusmodi nostris insistens obsequiis immorans indigentiam paciatur, dilectioni vestre per apostolica scripta mandamus, quatinus vos vel duo aut unus vestrum per vos vel per alium seu alios eidem capellano predictis obsequiis insistenti vel procuratori suo eius nomine centum libras turonensium parvorum ab illo predicti ordinis priore, infra cuius prioratum curia Romana tunc temporis residebit, faciatis pensionis nomine annis singulis exhiberi, contradictores etc. usque compescendo, non obstantibus si eidem priori vel eius ordini a sede apostolica sit indultum quod ad provisionem alicuius in pensione minime teneantur quodque ad id compelli seu quod interdici, suspendi vel excommunicari non possint per litteram dicte sedis non facientem plenam et expressam de indulto huiusmodi mentionem et qualibet alia prefate sedis indulgentia generali vel speciali, cuiuscumque tenoris existat, per quam efectus huiusmodi gratie impediri valeat quomodolibet vel differri et de qua in nostris litteris habenda sit mentio specialis. Dat. Rome apud Sanctum Petrum, X kalendas iunii anno secundo. (a)

Così il ms.

1 Benedetto d’Aquino, arcidiacono di Beauvais (1289-1304) ; h. Boespflug, La Curie au temps de Boniface VIII, p. 90. 2 Matteo Caracciolo ; ibid., p. 284.

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Appendice 4 1297 agosto 22, Orvieto Fra Bonifacio da Calamandrana, gran precettore dell’Ospedale in partibus cismarinis, infeuda a Giacomo di Oddone Gaetani da Pisa alcuni beni dell’ordine situati a Pietracassa, nella diocesi di Volterra. Fonte : Pisa, Archivio di Stato, Miscellanea manoscritti, 50, fos 5rº-vº. Copia del sec. xv incompleta e adattata dall’amanuense, come mostrano le forme verbali con il passaggio dalla prima (dell’originale) alla terza persona plurale nei tempi perfetto e presente indicativo. Altre copie incomplete : ibid., fos 1rº-vº ; 9vº-10rº ;13vº-14rº. Ed. : –. Reg. : –.

In(a) nomine Domini amen. Anno ab eius nativitate(b) millesimo ducentesimo nonagesimo septimo, indictione decima, die vigesimo secundo mensis augusti, pontiicatus domini Bonifatii pape VIII anno III. In presentia mei notarii et testium infrascriptorum venerabilis et religiosus vir dominus frater Bonifatius de Colamandrano1, maior preceptor in cismarinis partibus Sancti Iohannis Ierosolimitani, frater Gherardus de Gragnano2, prior de Pisis ordinis Hospitalis eiusdem, in presentia etiam religiosorum virorum freriorum Iacobi Pogapalia(c)3, cubicularii, et Henrici de Nagiaco4, magistri hostiarii domini pape, Fulconis de Villaretto5, dicti magni domini preceptoris sotii et militis, Petri Folchetti, generalis procuratoris dicti ordinis in Romana curia, et fratris Bernardi, presbiteri et cappellani(d) preceptoris ; et de ipsorum consilio et consensu, nomine dictorum Hospitalis et ordinis Sancti Iohannis, attendentes idem et devotionem, quam nobilis vir dominus Iacobus, natus domini Oddonis Gaitani de Pisis6, domini pape miles et familiaris, erga ordinem prelibatum et fratres ipsius ordinis semper habuerat incessanter ; considerantes etiam grata et accepta servitia, que idem ordo(e) et fratres ipsius ordinis Sancti Iohannis et nos hactenus recepimus(f) et speramus posse recipere(g) in futurum, ex certa scientia et ob remunerationem obsequiorum eiusdem domini Iacobi, eidem domino Iacobo, tamquam benemerito in signum dilectionis perpetuo conservande, dederunt et concesserunt in feudum et iure(h) feudi recipienti pro se et suis heredibus et pro heredibus ex se in perpetuum legitime descendentibus omnes domos, hediitia, casalina, terras, prata, pascua, herbasia, nemora, aquas, silvas, possessiones cultas et incultas, redditus et introytus, merum et mixtum imperium et alia quecumque bona et iura, que dictum Hospitale seu dictus ordo habet vel habere debet et ad ipsum Hospitale vel ad ipsum ordinem quomodolibet spectant vel pertinent seu spectare possunt et debent in castro seu roccha, terra et curia de Petracassa7, Vulterrane diocesis, nec non castri seu rocche, terre vel curie, territorii, districtus pertinentiis et coninibus, ad habendum, tenendum, possidendum et quicquid sibi et suis heredibus placuerit inde perpetuo faciendum. Sic ipsum dominum Iacobum predictus frater Bonifatius, maior preceptor, (i) presentialiter investivit de omnibus et singulis supradictis cum omnibus et singulis actionibus et possessionibus et coninis eorundem ad predictum castrum, roccham, terram vel curiam, territorium et districtum quomodolibet pertinentibus. Quas terram et curiam de Petracassa district(us) idem preceptor ac prior se eiusdem domini Iacobi nomine constituent(es) pos-

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sidere, usque quo dictarum rerum possessionem adceperit corporalem, quam adcipiendi sua auctoritate et mandato deinceps ei licentiam omnimodam concesserunt, promictentes predictus maior preceptor suo nomine et dicti ordinis iam dicto domino Iacobo, pro se et suis heredibus legitime stipulanti et recipienti, litem, controversiam sive molestiam aliquam de dictis rebus concessis vel parte ipsarum ei vel suis heredibus modo aliquo non inferre ullo umquam tempore vel inferenti consentire, sed ea omnia sic concessa, nominata et expressa ei et suis heredibus legitime defendere, autoriçare, prout pertinet ad dictum Hospitale, et predicta omnia perpetuo(j) irma, ratha habere, tenere et contra non facere vel venire per se vel per alios aliquo modo vel iure. Quam quidem donationem et concessionem idem frater Bonifatius, maior preceptor, et Gherardus, prior de Pisis, fecerunt eidem domino Iacobo ut supra recipienti, pro(k) (l) quod idem dominus Iacobus per se et suos heredes ibidem presentialiter promisit eisdem preceptori et priori suo et subcessorum suorum et dicti ordinis nomine legitime stipulantibus et excipientibus, implicitis manibus tunc manu dicti preceptoris, idelitatem(m) perpetuo observare, et res et bona et honores dicti ordinis perpetuo defendere, et custodire et ideliter conservare, et quod dampnum aliquod vel iacturam incurrent nullatenus consentire et quod res et bona predicta vel partem ipsorum nullatenus pro se et suis heredibus absque licentia et mandato prioris Pisarum, qui pro tempore fuit, (n) ; acto (n) inter partes quod heredes domini Iacobi teneantur idelitatem tenere, dare et adsignare annuatim in signum recognitionis dicti feudi priori de Pisis, qui pro tempore fuerit, vel alii(o) eius nomine in festo (n) Iohannis Baptiste (n) sex libras bone et pure cere. Et hec omnia idem dominus Iacobus attendere et observare promisit per se et suos heredes et contra non facere vel venire, etc., sub obligatione omnium bonorum, etc. Datum apud Urbem Veterem in hospitio dicti preceptoris(p), presentibus nobilibus viris Francisco Giannini de Subiaco8, domini pape domicello, et Bondo Gerbi, etc.(q) Ego Bonacursus dictus Cursinus, ilius quondam Gerardi de Vegnali, notarius, etc., ut supra continetur(r), scripsi, etc. Ms. Copia in testa al foglio, della stessa mano. (b) Ms. nativitate con segno di abbr. superluo. (c) de Pocapalia, fos 1r°, 13v°  ; de Pochapalia, f°  9v°. (d) Così il ms. (e) Ms. odo (f) Ms. recipinus (g) Ms. recipe (h)  Ms. vice ; emendazione giustiicata da fos 1rº, 9vº, 13vº. (i) Integrazione giustiicata da fos 1vº, 10rº, 14rº. (j) Ms. pptuo (k) pro agg. nell’interlinea. (l) Integr. giust. da fº 10rº (pro eo) ; vedi fos 1vº, 14rº (pro ea). (m) Ms. felicitatem ; emend. giust. da fos 1vº, 10rº, 14rº. (n) Integr. giust. da fos 1vº, 10rº, 14rº. (o) Ms. alio (p) Ms. preceptorem, come pare. (q) Segue Copia, della stessa mano. (r) Segue ripetuto continetur, come pare. (a)

1 Fra Bonifacio da Calamandrana era precettore dell’Ospedale in Occidente almeno dalla ine del 1291 ; vedi sopra, p. 307 e J. Burgtorf, he Central Convent of Hospitallers and Templars, pp. 500-504. 2 Gerardo da Gragnana (Lucca) ricopriva la carica di priore di Pisa già alla ine del 1290. A Cipro nell’autunno 1303 fu promosso maresciallo dell’Ordine ; vedi sopra, p. 312 ; inoltre J. Burgtorf, he Central Convent of Hospitallers and Templars, pp. 538-539, con l’attribuzione di origini friulane (Grignano) a fra Gerardo. 3 Fra Giacomo da Pocapaglia, originario del Piemonte, è stato cubicolario di tutti i papi, da Niccolò III a Bonifacio VIII, per i quali ha portato a termine diversi incarichi (vedi sopra, pp. 306 sqq e 310 sqq). Come dignitario dell’Ospedale, ha governato la precettoria di Viterbo (1291) e, verso la ine della sua carriera, il priorato di Capua (1300).

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4 Altrimenti conosciuto come Henricus Gallicus ; h. Boespflug, La Curie au temps de Boniface VIII, p. 293. 5 Foulques de Villaret, ammiraglio (1299) e poi gran commendatore dell’Ospedale (1301-), succedette allo zio Guillaume come maestro generale (1305-1317/19). Prosopograia e tappe della carriera : J. Burgtorf, he Central Convent of Hospitallers and Templars, pp. 512-517. 6 Su Oddone Gaetani e sul iglio Giacomo, h. Boespflug, La Curie au temps de Boniface VIII, pp. 324 e 219-220. 7 Il castello restò alla famiglia Gaetani in verso lo scadere del xiv secolo ; R. Amico, « Priamo Gambacorti », p. 54. 8 Si tratta certamente di Francesco Gratiani de Sublaco. Egli apparteneva al gruppo di persone vicine a Bonifacio VIII, che parteciparono all’attentato di Anagni e, per questo, furono scomunicate da Benedetto XI o bandite dal comune di Anagni ; J. Coste, Boniface VIII en procès, pp. 525 e 788 n. 1 ; h. Boespflug, La Curie au temps de Boniface VIII, pp. 132-133.

LES ORDRES MILITAIRES AU SERVICE DES POUVOIRS MONARCHIQUES OCCIDENTAUX

Kristjan Toomaspoeg Università del Salento (Lecce, Italie)

Ce n’est pas sans hésitation que j’ai accepté de me confronter au problème des ordres militaires au service des monarchies occidentales car il s’agit d’une thématique vaste, importante et encore peu étudiée. Après quelques mois passés à rassembler la documentation, je ne peux que conirmer la spéciicité et l’envergure du sujet, dont je n’ébaucherai que les contours, en me limitant à quelques problématiques principales. Évoquer les ordres militaires au service des monarchies, cela implique d’abord la collaboration avec les souverains européens, par exemple dans le contexte des combats en Terre sainte ou en péninsule Ibérique, donc les actions menées par les ordres dans leur ensemble. Cela renvoie ensuite aux activités des frères, à titre individuel, au service des cours royales comme fonctionnaires, diplomates, spécialistes de l’art de guerre, etc. Le présent volume étant consacré au problème des élites, donc aux hommes, j’ai donné la préférence au second aspect, celui des frères au service des rois, sans oublier que, souvent, ce service ne fut qu’une conséquence de la politique d’un ordre dans son ensemble1. Parce que la question est abordée ailleurs dans ce volume, on exclut ici la présence des frères à la cour pontiicale de Rome ou d’Avignon, en conservant toutefois à l’esprit que les papes ont fréquemment eu recours aux membres des ordres militaires et que le service du Saint-Siège a pu quelquefois constituer un exemple pour le service du roi. Plusieurs historiens se sont demandés si l’entrée d’un frère ou d’un dignitaire au service d’une cour royale était due à ses capacités personnelles ou bien à son appartenance à un ordre militaire. La réponse est en général assez simple  : les capacités de l’homme sont importantes mais non décisives, car s’il n’avait pas appartenu à un ordre, il lui aurait été beaucoup plus diicile d’intégrer le service curial. Ainsi, comme le relève Udo Arnold, Hermann von Salza avait des origines trop modestes pour pouvoir exercer son inluence auprès des pouvoirs laïques et ecclésiastiques, et sa position fut uniquement redevable à son rang de maître de 1 Je ne parlerai pas des fonctionnaires ou membres des cours royales qui, dans le sens inverse, s’ailièrent aux ordres militaires, comme Sanche d’Aragon, entré à l’Hôpital au début du xive siècle, A. Luttrell, « he Aragonese Crown and the Knights Hospitallers of Rhodes », p. 18. Il s’agit dans ces cas des mesures prises par les pouvoirs monarchiques pour exercer un contrôle sur les Ordres.

Philippe Josserand, Luís F. Oliveira et Damien Carraz (éd.), Élites et ordres militaires au Moyen Âge, Collection de la Casa de Velázquez (145), Madrid, 2015, pp. 321-332.

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l’ordre Teutonique2. D’autre part, les capacités d’une personne et les sympathies réciproques pouvaient inciter le roi à donner la préférence à l’un ou à l’autre des ordres militaires. Ainsi, Helen Nicholson le souligne, le roi d’Angleterre Henri III s’est servi du Templier Geofroy, à un moment où la cour anglaise avait plutôt tendance à collaborer avec les Hospitaliers3. Ces deux éléments, capacités personnelles et prestige des ordres, s’entremêlent d’une manière souvent imperceptible. Dans ses travaux, Alain Demurger a souligné l’importance de l’adhésion des ordres militaires et de leur personnel au service des monarchies d’Occident et il a surtout approfondi cette question dans le cas des Templiers et de leurs activités au sein des cours françaises, anglaises et ibériques. Les frères des ordres étaient des «  fonctionnaires  » royaux, des administrateurs des inances, des ambassadeurs, des oiciers de l’armée4. Cette thématique a été étudiée d’une manière systématique depuis le mémoire de Léopold Delisle sur les activités inancières du Temple publié en 1889, puis, plus récemment, par Marie Luise Bulst-hiele dans sa recherche sur les Templiers au service des rois de France et d’Angleterre et des papes5. Par la suite, sont parues de bonnes synthèses concernant diférentes monarchies, parmi lesquelles on peut citer celles de Philippe Josserand pour la Castille6, d’Alan Forey et de Pierre Bonneaud pour l’Aragon7, d’Helen Nicholson et de Jürgen Sarnowsky pour l’Angleterre8, de Karl Borchardt pour l’Europe centrale et de Damien Carraz pour les territoires angevins9, sans oublier les articles de Manuel Alejandro Rodríguez de la Peña qui regardent plutôt l’ensemble des ordres au xiiie siècle10. Ces divers travaux proposent une approche conceptuelle sur la question, mais bien d’autres ont abordé cette même thématique. Dans le dernier colloque de Cardif, Karl Borchardt a comparé l’ensemble des ordres militaires à une « école d’administrateurs » qui fournissait des fonctionnaires aux bureaucraties européennes et il a souligné la nécessité d’une étude approfondie fondée sur une prosopographie des membres des ordres au service

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U. Arnold, « Der Deutsche Orden zwischen Kaiser und Papst », p. 58. H. Nicholson, « he Military Orders and the Kings of England… », p. 217. 4 A. Demurger, « Service curial ». 5 L. Delisle, Mémoire sur les opérations inancières des Templiers  ; M.-L. Bulst-Thiele, « Templer in königlichen und päpstlichen Diensten ». 6 Ph. Josserand, Église et pouvoir dans la péninsule Ibérique, surtout pp. 463-626. 7 A. Forey, he Templars in the Corona de Aragón, pp. 344-350 ; P. Bonneaud, Le prieuré de Catalogne, surtout pp.  245-270. Voir aussi E. Albert i Corp, «  Els templers i la politica de la Corona d’Aragó ». 8 H. Nicholson, « he Military Orders and the Kings of England » ; J. Sarnowsky, « Kings and Priors ». 9 K. Borchardt, « he Hospitallers, Bohemia, and the Empire » ; Id., « he Templars in Central Europe  »; D. Carraz, L’ordre du Temple dans la basse vallée du Rhône  ; Id., «  Christi ideliter militantium in subsidio Terre Sancte »; Id, « Pro servitio maiestatis nostre ». 10 M. A. Rodríguez de la Peña, « La orden de Santa María de España y la orden Teutónica » ; Id., « Las órdenes militares como instrumento de la monarquía ». 3

les ordres militaires au service des pouvoirs monarchiques 323 des États11. Nikolas Jaspert, lors du dernier congrès sur les ordres militaires à Palmela, a encore souligné le rôle des ordres au service des pouvoirs laïques et l’importance de la méthode prosopographique12. Il s’agit ici d’une recherche de grande envergure qui sort du cadre de l’histoire des ordres militaires proprement dite et qui devrait se baser sur un dépouillement systématique des registres des chancelleries européennes, ce qui est encore loin d’être fait. Nous avons des informations plus précises dans les cas anglais, aragonais, bohémien, castillan, hongrois, portugais et sicilien, mais partout, une liste exhaustive fait encore défaut. Dans le cadre de cet article, j’ai recueilli les noms d’environ deux cents membres de divers ordres qui ont travaillé pour les administrations royales, à plusieurs niveaux ; mais le nombre de ces frères pourra sans doute être multiplié par deux ou trois, lorsque l’ensemble des sources aura été dépouillé région par région et royaume par royaume. ORIGINE DES LIENS ENTRE ORDRES MILITAIRES ET MONARCHIES

Les ordres militaires sont entrés au service des monarchies au moment même de leur création. Dans certains cas, la fondation ou la militarisation des ordres furent redevables aux pouvoirs laïques ou furent tout au moins inluencées par ces derniers. C’est le cas de plusieurs institutions de la péninsule Ibérique, formées sur la base de milices destinées à lutter contre les musulmans13, tout comme de l’ordre Teutonique, favorisé par la cour impériale qui y vit un instrument logistique pour les opérations en Terre sainte et dans le royaume de Sicile14. Ce fut encore le cas d’ordres plus modestes, comme Saint-homas d’Acre15 — fondé par Richard Ier Cœur de Lion selon Matthieu Paris—, l’ordre de Dobrzyń16 — création du duc de Mazovie Conrad Ier — ou l’ordre des Croisiers à l’Étoile rouge17 — formé à l’initiative de la cour de Bohême pour faire face à l’invasion mongole. Ces ordres furent créés avec la participation plus ou moins explicite du pouvoir qui, souvent, ne cachait pas ses intentions. Ainsi, pour Sanche III de Castille, la mission de l’ordre de Calatrava consistait également à contribuer à sa propre 11

K. Borchardt, « he Military-Religious Orders: A Medieval “School for Administrators”? ». N. Jaspert, « Military Orders and Social History ». 13 Prenons seulement l’exemple de l’ordre de Montjoie, fondé en 1174 par le comte de Sarria dans le royaume de León, A. Forey, « he Order of Mountjoy », p. 251. 14 U. Arnold, « Die Staufer und der Deutsche Orden » ; Id., « Entstehung und Frühzeit des Deutschen Ordens ». 15 A. Forey, « he Military Order of St homas of Acre », p. 482. 16 Z. H. Nowak, « Milites Christi de Prussia. Der Orden von Dobrin » ; B. Jähnig, « Zisterzienser und Ritterorden » ; A. Demurger, Chevaliers du Christ, pp. 70-71 ; J. Sarnowsky, s. v. « Dobrin, ordre de ». 17 A. Rüther, «  Between International Horizon and Regional Boundary  », p.  106  ; L. Jan, A. Rüther et M. Starnawska, s. v. « Croisiers ». 12

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autorité, tandis qu’Alphonse II d’Aragon précisa que la fondation du petit ordre d’Alcalá de la Selva, en 1174, était faite « en l’honneur de Dieu et pour le bien de la chrétienté et la destruction des Sarrasins, et au service et en idélité de moimême et de mes successeurs, pour toujours18 ». Toutefois, en s’appuyant souvent sur l’ailiation cistercienne et en tirant proit des périodes de troubles politiques, ces ordres parvinrent à s’émanciper du pouvoir royal19. En revanche, ceux qui n’arrivèrent pas à une autonomie complète, comme Alcalá de la Selva ou Sainthomas d’Acre, furent condamnés à rester des réalités d’une importance réduite. Les deux ordres majeurs du Temple et de l’Hôpital restèrent, quant à eux, en dehors de ce schéma et les pouvoirs princiers n’eurent aucun rôle direct dans leur formation. Le lien entre les administrations royales, les Templiers et les Hospitaliers se constitua d’une manière diférente, mais non moins rapidement, dès les années 1130. Les deux ordres entrèrent tôt au service des royaumes ibériques dans le cadre de la Reconquête20, tandis que dès 1139 on trouve le premier Templier, hierry Galeran, dans la familia de Louis VII de France21. Cette collaboration culmina durant la Seconde Croisade, lorsque la contribution des Templiers à l’armée royale fut décisive au point de pousser Louis VII à écrire à l’abbé Suger : « Nous ne savons pas, nous ne pouvons pas imaginer comment nous aurions pu exister dans ce pays sans leur aide. Leur assistance ne nous manqua jamais depuis le premier jour de notre arrivée22 ». Il se pourrait, comme le suggère Marion Melville, que les prouesses des Templiers tirent leurs origines de leur expérience de la guerre en montagne, acquise dans les Pyrénées23 ; soulignons cependant que le roi apprécia surtout le rôle d’intermédiaires inanciers et les transferts de ressources assumés par les Templiers. La formation des liens entre la monarchie française et les Templiers relève d’un contexte social précis qui est celui de la noblesse européenne. Josef Fleckenstein a rappelé la double appartenance des chevaliers allemands à une réalité locale, le Rittertum, et à une institution universelle, le Kaisertum24. On pourrait utiliser le même schéma pour les chevaliers des ordres militaires qui représentent leur institution d’appartenance, mais restent malgré tout attachés à leurs familles et régions d’origine. Hugues de Payns était un vassal du comte de Champagne Hugues Ier — qui, lui-même, s’ailia au Temple25 — ; et la naissance des liens entre les Templiers 18 « … ad honorem Dei et ad bonum Christianitatis et destructionem saracenorum, et ad servicium et idelitatem meam meorumque successorum per secula cuncta  » (Ph. Josserand, «  Ad bonum Christianitatis et destructionem saracenorum », p. 324). 19 B. Schwenk, « Aus der Frühzeit der geistlichen Ritterorden Spaniens », pp. 129 et 131. 20 A. Forey, «  he Military Orders and the Spanish Reconquest  »  ; B. Schwenk, «  Aus der Frühzeit der geistlichen Ritterorden Spaniens  », p.  120  ; et sur le rôle joué par les Teutoniques, J. M. Rodríguez García, « Alfonso X and the Teutonic Order », p. 320. Voir aussi R. Hiestand, « Die Anfänge der Johanniter ». 21 M. L. Bulst-Thiele, « Templer in königlichen une päpstlichen Diensten », p. 292. 22 M. Melville, « Les débuts de l’ordre du Temple », p. 29. 23 Ibid., pp. 28-29. 24 J. Fleckenstein, « Kaisertum und Rittertum in der Stauferzeit », pp. 18-19. 25 J. Richard, « Les Templiers et Hospitaliers en Bourgogne et Champagne méridionale », p. 234.

les ordres militaires au service des pouvoirs monarchiques 325 et les Hospitaliers et les cours européennes reposa surtout sur l’intégration des maîtres et des autres frères au système féodal, comme sur les rapports noués avec la noblesse, tant en Terre sainte qu’en Europe. De ce point de vue, les voyages des fondateurs des ordres en Occident, comme celui d’Hugues de Payns entre 1127 et 112926, durent revêtir une importance essentielle. LES MODALITES DU SERVICE CURIAL

Après la seconde croisade, les ordres militaires se retrouvèrent d’une manière très régulière au service des monarchies européennes, et il convient à présent d’examiner les modalités de cette collaboration. Selon la déinition proposée par Helen Nicholson, les ordres pouvaient prodiguer aux cours royales des services de nature religieuse ou séculière27. Ces derniers concernent surtout la participation aux opérations militaires, le rôle de conseiller du roi, la gestion des inances ou d’autres tâches dans l’appareil bureaucratique ou les missions diplomatiques, tandis que dans d’autres champs, comme l’administration de la justice, l’implication des frères au service de la monarchie fut plus limitée. Presque tous les ordres, à l’exception de ceux qui furent isolés sur le plan géographique — comme les Porte-Glaive de Livonie qui opéraient dans une région sans monarchie constituée28 — ont servi les rois d’Occident à un moment ou à un autre. En France et en Angleterre, les Templiers collaborèrent d’abord au service curial, mais par la suite, si les rois de France continuèrent à préférer les Templiers, les rois d’Angleterre se tournèrent vers les Hospitaliers. De leur côté, les rois de Sicile ne commencèrent à s’entourer des membres des ordres qu’avec l’arrivée des Angevins en 1265. Les premiers frères à servir les rois furent des conseillers et familiers des souverains : ce fut le cas surtout de prieurs ou maîtres régionaux qui gagnèrent ces positions, non seulement grâce à leurs qualités mais surtout grâce à leur rang. Il ne s’agissait pas d’une simple position honoriique, mais d’un rôle du premier plan dans la participation aux afaires du royaume et la prise de décision, avec la possibilité d’inluencer la politique du roi. Ainsi, la collaboration entre Frédéric II et Hermann von Salza fut institutionnalisée en 1216, lorsque le maître des Teutoniques devint membre de la cour du souverain et son conseiller29. Sans doute, il y eut une évolution chronologique, dans la mesure où, à l’origine, tous les maîtres régionaux n’étaient pas forcément proches des rois, alors que, par la suite, le prieur ou le maître fut automatiquement le conseiller du souverain. On retrouve ce 26

A. Demurger, Vie et mort de l’ordre du Temple, pp. 55-59. H. Nicholson, «he Military Orders and the Kings of England », p. 209. 28 À l’exception de la partie septentrionale de l’actuelle Estonie qui appartenait à la couronne danoise, cet espace ayant toutefois été usurpé par les Porte-Glaive, qui n’y reconnurent pas l’autorité royale. Pour tout ce qui touche à l’histoire de cet ordre, voir F. Benninghoven, Der Orden der Schwertbrüder ; et K. Militzer, s. v. « Porte-Glaive, ordre des ». 29 H. Kluger, Hochmeister Hermann von Salza und Kaiser Friedrich II. ; et J. Sarnowsky, s. v. « Hermann de Salza ». 27

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schéma en Castille au xiie siècle30, en Sicile et en Hongrie dans la seconde moitié du xiiie siècle31, en Navarre au xive siècle32, ou encore en Angleterre au xve siècle33, pour ne donner que quelques exemples. Cette forme de collaboration servit aussi bien les intérêts de la cour que ceux des ordres eux-mêmes qui en proitaient pour inluencer la politique monarchique. Cela est bien visible durant le conlit entre la papauté et l’Empire de Frédéric II, lorsque les Hospitaliers nommèrent en Europe centrale deux grands-commandeurs, le frère Clément, pour les régions sous l’inluence du pape, et Raimbaud de Voczon, pour les zones pro-impériales34, ce qui leur permit de maintenir des hommes de coniance auprès de pouvoirs en conlit35. Un peu plus tard, les chapitres du Temple et de l’Hôpital déléguèrent auprès de Charles Ier d’Anjou une série d’oiciers comme Guillaume de Beaujeu, Philippe d’Égly et Jacques de Taxy36, qui furent à la fois ses conseillers et des représentants de leurs propres institutions. Les Teutoniques à leur tour surent maintenir une subtile « équidistance » — bien soulignée par Udo Arnold et Klaus Militzer — entre les pouvoirs pontiicaux et impériaux grâce à l’habileté d’Hermann von Salza37. Après la mort du maître, en 1239, ces mêmes pouvoirs en conlits jouèrent sur les divisions internes de l’ordre Teutonique dont une partie se présenta comme pro-impériale, tandis qu’une autre soutenait la papauté. Une fonction fréquemment exercée par les membres des ordres fut celle d’oiciers de l’armée royale et de spécialistes de la guerre. Comme on l’a relevé plus haut, l’implication du Temple dans les guerres contre les musulmans en péninsule Ibérique et en Terre sainte remonte aux années 1130 ; les ordres ibériques se mirent au service des rois d’Aragon, de Castille et de Portugal au cours du xiie siècle ; les Hospitaliers, militarisés plus tard, commencèrent à servir les armées royales aragonaise, castillane et sicilienne au siècle suivant ; en revanche, la participation des Teutoniques aux armées européennes en dehors de la Terre sainte resta plus épisodique38. Rappelons à cet égard que le présent bilan regarde exclusivement les services rendus en Occident et qu’il écarte la question, bien documentée et importante, de la collaboration entre les ordres militaires et les souverains européens dans l’Orient latin39. 30

Ph. Josserand, Église et pouvoir dans la péninsule Ibérique, p. 545. K. Toomaspoeg, Templari e Ospitalieri nella Sicilia Medievale  ; et Z. Hunyadi, «he Hospitallers in the Kingdom of Hungary ». 32 C. Barquero Goñi, « he Hospitallers and the Kings of Navarre », p. 252. 33 J. Sarnowsky, « Kings and Priors », p. 85. 34 K. Borchardt, « he Hospitallers, Bohemia, and the Empire », pp. 205-206. 35 Sur les rapports entre Frédéric II et les ordres militaires en général, voir H. Cleve, « Kaiser Friedrich II. und die Ritterorden ». 36 K. Toomaspoeg, Templari e Ospitalieri nella Sicilia Medievale, pp. 70-72. 37 K. Militzer, « From the Holy Land to Prussia ». 38 Par exemple, Johann Frechen, commandeur du bailliage teutonique de Sicile, fut obligé de participer, au milieu du xve siècle, à la guerre du roi d’Aragon d’Alphonse V pour la conquête du royaume angevin de Sicile, K. Toomaspoeg, Les Teutoniques en Sicile, pp. 281-283. 39 Ainsi, la collaboration entre le roi d’Angleterre Richard Ier Cœur de Lion et les Templiers et les Hospitaliers durant la troisième croisade, J. Riley-Smith, he Knights of St John in Jerusalem and Cyprus, p. 119. 31

les ordres militaires au service des pouvoirs monarchiques 327 Les ordres se distinguèrent surtout comme spécialistes de la guerre maritime, en se chargeant non seulement des aspects strictement militaires, mais encore de la logistique navale et de l’organisation de la navigation. Ce fut le cas du Temple dans l’Angleterre d’Henri III, de l’Hôpital dans le royaume angevin de Sicile et dans l’Angleterre d’Édouard II et de Richard II40, comme de Santa María de España en Castille sous Alphonse X41. Une autre spécialité des ordres était la défense des régions frontalières, comme aux limites orientales de la Pologne ou bien aux conins méridionaux de la Castille et de l’Aragon42. Mais on connaît encore bien des exemples de leur participation à des expéditions terrestres, à des opérations de « sécurité intérieure »43 ou à des épisodes de guerre civile où ils soutenaient, en principe, les souverains en place44. À l’origine, ce rôle militaire des frères dérivait de leur lutte contre les musulmans ou les païens, mais au cours du xiiie siècle, il se trouva étendu aux conlits entre pouvoirs chrétiens. Les Hospitaliers participèrent à la croisade d’Aragon de 1285, puis à la guerre des Vêpres siciliennes45 et aux hostilités entre Aragon et Castille, pour inir, aux xive et xve siècles, par servir les pouvoirs ibériques dans des circonstances bien éloignées de la guerre sainte — comme la conquête du royaume angevin de Sicile réalisée par Alphonse V le Magnanime dans les années 144046. La même constatation vaudrait encore pour les ordres hispaniques, comme Alcántara, Santiago et Calatrava, et plus encore pour les petits ordres «  nationaux  ». La lutte pour la défense de la foi au service des pouvoirs monarchiques continua toutefois à exister et fut même ranimée avec la menace mongole, au xiiie siècle47, et celle des Ottomans, aux deux siècles suivants48. Une autre fonction régulièrement exercée par les membres des ordres militaires, celle d’ambassadeur, envoyé et négociateur, nécessiterait des études plus approfondies au vu de l’importance de la question49. Les premiers Templiers et 40

H. Nicholson, « he Hospitallers in England, the Kings of England », p. 39. Ph. Josserand, Église et pouvoir dans la péninsule Ibérique, p. 623. 42 Ibid., pp. 545 et 548 ; A. Luttrell, « he Aragonese Crown and the Knights Hospitallers of Rhodes », pp. 8-9. 43 Il suit d’évoquer la participation des Hospitaliers à l’administration de l’Irlande pour le compte des rois anglais du xive siècle, A. Demurger, « Service curial », p. 866. 44 Ainsi, en Angleterre au début du xiiie siècle, les Templiers soutinrent Jean Sans Terre lors des afrontements entre la noblesse et la cour royale, M. L. Bulst-Thiele, « Templer in königlichen und päpstlichen Diensten », p. 297. En Aragon, en 1347, le châtelain d’Amposte de l’Hôpital, le maître de Montesa et le grand-commandeur de Montalbán restèrent loyaux envers le roi, A. Luttrell, « La Corona de Aragón y las órdenes militares », p. 72. Pour un autre contexte plus complexe, voir J. F. O’Callaghan, « he Masters of Calatrava and the Castilian Civil War ». 45 A. Luttrell, «  he Aragonese Crown and the Knights Hospitallers of Rhodes  », p.  4  ; P. Bonneaud, Le prieuré de Catalogne, p. 247. 46 Ibid., pp. 269 sqq. 47 B. Stossek, « Maisons et possessions des Templiers en Hongrie », p. 247. 48 Ainsi, l’empereur Sigismond essaya-t-il, dans la première moitié du xve  siècle, d’utiliser les Teutoniques contre les Turcs, Z. H. Nowak, « Die imperialen Vorstellungen Siegmunds von Luxemburg und der Deutsche Orden ». 49 K. Toomaspoeg, « Les ordres religieux-militaires et la diplomatie ». 41

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Hospitaliers au service des rois de France et d’Angleterre ou bien du pape servirent aussi comme envoyés « diplomatiques », tandis que, par la suite, même les souverains qui recoururent peu aux ordres militaires, comme l’empereur Frédéric II, se servirent des dignitaires des ordres dans leurs négociations avec la cour pontiicale ou avec d’autres pouvoirs laïques. Sur ce point, il faut distinguer la participation de certains frères aux accords et les simples missions exercées pour le compte du roi. Si les missions impliquent une idélité au souverain et une coniance de sa part — comme l’illustre bien le cas des Templiers au service d’Henri II d’Angleterre, en particulier dans l’afaire homas Becket50 —, les négociations d’accords exigeaient en plus des connaissances spéciiques. Or, dans ce cadre, les frères des ordres militaires étaient souvent considérés comme les meilleurs diplomates de leur temps. Les envoyés et négociateurs issus des rangs des ordres militaires représentent, comme nous l’avons vu dans le cas d’Hermann von Salza, un bon exemple d’ascension sociale oferte aux membres de la petite et moyenne noblesse. La même constatation vaut pour ceux qui, d’une manière ou de l’autre, travaillèrent dans les administrations royales. Le service administratif, à la diférence de la fonction diplomatique, ne fut pas exercé partout, et l’on rencontre des singularités chronologiques et géographiques plutôt signiicatives. Les fonctionnaires royaux issus des ordres militaires apparaissent dans les cours pontiicale, française, anglaise et castillane dans la seconde moitié du xiie siècle, puis on les retrouve, au siècle suivant, dans les autres États ibériques et dans le royaume angevin et aragonais de Sicile. Bien qu’ils fussent des conseillers et envoyés du monarque, les frères des ordres militaires exercèrent rarement des fonctions d’administrateur dans la plupart des autres États, comme les royaumes de Bohême, de Pologne ou de Hongrie, ou encore en Scandinavie et dans le monde germanique51. Cette diférence s’explique par les divers modes de recrutement des fonctionnaires comme l’illustre bien le cas du royaume de Sicile. Les rois normands et les Staufen n’ont jamais utilisé les ordres militaires dans leur administration, qui comportait peu de religieux par ailleurs, à l’exception de quelques Cisterciens. Avec Charles Ier d’Anjou, en 1265, tout changea et le nouveau roi et ses successeurs se servirent des Templiers et des Hospitaliers qui exercèrent aussi bien des tâches traditionnellement coniées aux ordres, comme celles de trésorier, de provisor castrorum ou de responsable de la logistique militaire52, que des fonctions très spéciiques, comme celle de responsable des mines d’argent de Calabre, coniées en 1274 à l’Hospitalier Raymond d’Avignon53. Il s’agit d’une tradition importée du comté de Provence, où les Angevins s’appuyaient depuis longtemps sur les 50

H. Nicholson, « he Military Orders and the Kings of England », pp. 210-211. Voir par exemple I. Hlaváček, « Zur Rolle der geistlichen und ritterlichen Orden am Hofe der böhmischen Luxemburger » ; Z. Hunyadi, « Milites Christi in the Medieval Kingdom of Hungary ». 52 D. Carraz, « Christi ideliter militantium in subsidio Terre Sancte » ; K. Toomaspoeg, Templari e Ospitalieri nella Sicilia Medievale. 53 R. Filangieri et alii, Registri della cancelleria Angioina, t. XII, p. 170, et t. XIX, p. 92. 51

les ordres militaires au service des pouvoirs monarchiques 329 administrateurs templiers et hospitaliers et où ces derniers possédaient un certain bagage de connaissances techniques, également utilisé par d’autres pouvoirs locaux54. Comme l’a bien relevé Alan Forey, à une époque où les couronnes ne possédaient pas encore un corps suisant d’administrateurs professionnels, les ordres militaires, comme les autres institutions ecclésiastiques, servirent de base de recrutement pour les fonctionnaires55. Les membres des ordres militaires provenaient souvent des couches dynamiques et quelquefois instruites de la société, comme la petite noblesse urbaine, et ils avaient acquis une bonne expérience administrative en gérant leurs propres possessions56. Par ailleurs, à  partir du xve siècle au moins, ces institutions se soucièrent également de l’éducation de leurs propres personnels, en envoyant quelquefois des frères dans les universités pour étudier le droit et d’autres compétences nécessaires à l’administration du patrimoine. Les qualités des administrateurs issus des ordres militaires sont particulièrement évidentes dans les domaines des inances et de la gestion du trésor57. Plusieurs frères du Temple furent trésoriers des rois de France et d’Angleterre ou fonctionnaires du trésor aragonais ; certains furent trésoriers des rois angevins de Sicile et d’autres travaillèrent pour le trésor aragonais de l’île. À cet égard, l’œuvre de Léopold Delisle sur les inances templières reste indispensable car elle montre nettement la distinction entre les simples activités de dépôt et de prêt et la gestion propre des divisions du trésor royal58. Savoir manipuler l’argent comptant est une caractéristique propre aux ordres militaires, qui, en théorie, devaient produire en Occident des ressources et les envoyer d’une manière sûre et rapide en Orient. En réalité, les ressources pouvaient aussi être utilisées en Europe, mais la clef du système résidait de toute manière dans la capacité à produire, gérer et distribuer de l’argent en s’appuyant sur une organisation très centralisée. Outre la fonction de trésorier, les membres des ordres militaires, en particulier les Templiers et les Hospitaliers, ont exercé d’autres tâches dans le domaine de l’économie et des inances, comme celle d’aumônier du roi (dans les cas anglais, aragonais, français et sicilien)59, qui correspondait parfois à un véritable « ministère 54

H. Bresc, «  Gli ordini ospedalieri e militari nel Mediterraneo  »  ; D. Carraz, L’ordre du Temple dans la basse vallée du Rhône, pp. 213-217. 55 A. Forey, he Templars in the Corona de Aragón, pp. 344-345 : « he Order thus contributed a not inconsiderable number of those temporary oicials on whom any royal administration of the period so much depended ». 56 Ibid., p. 345. 57 L. Delisle, Mémoire sur les opérations inancières des Templiers ; E. Ferris, « he Financial Relations of the Knights Templar to the English Crown  »  ; M. L. Bulst-Thiele, «  Templer in königlichen und päpstlichen Diensten » ; A. Forey, he Templars in the Corona de Aragón, pp. 345350 ; A. Demurger, s. v. « Trésor ». Pour le cadre général, voir aussi A. Baudin, G. Brunel et N. Dohrmann, L’économie templière en Occident. 58 L. Delisle, Mémoire sur les opérations inancières des Templiers, pp. 37 sqq sur la gestion du trésor royal. 59 M. L. Bulst-Thiele, «  Templer in königlichen und päpstlichen Diensten  », pp.  295-297  ; A. Forey, he Templars in the Corona de Aragón, p. 345 ; H. Nicholson, « he Military Orders

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de l’économie ». En outre, ils avaient souvent la responsabilité de la logistique maritime et militaire et s’occupaient de l’administration territoriale : ainsi, ce Templier Geofroy qui, en 1266, gouverna les Abruzzes au nom de Charles Ier d’Anjou60. LE PATRONAGE ROYAL

La collaboration entre les ordres militaires et les monarchies européennes fut, dès l’origine, étroite et intense, et les souverains ont manifesté une coniance, de prime abord, étonnante envers les frères. Les maisons du Temple de Londres et de Paris abritèrent pas mal de secrets d’État ; en 1158, lors du siège de Milan, Frédéric Ier Barberousse établit son quartier général chez les Templiers, hors les murs de la ville ; de la même façon, un siècle plus tard, Charles Ier d’Anjou utilisa la maison templière de Marseille pour ses négociations diplomatiques61. Pour expliquer les motivations qui poussaient les rois à se servir des frères, il ne paraît nullement naïf de souligner l’importance de la discrétion et de la discipline interne des ordres militaires, donc leur capacité à tenir le secret. Les autres facteurs d’explication résident dans la présence capillaire des maisons des ordres militaires dans toute l’Europe, la fascination qu’ils exercèrent sur le plan idéologique et religieux, enin, les capacités personnelles et les connaissances des frères. Les ordres étaient très bien vus par la plupart des monarchies, qui, quelquefois, entrèrent même en concurrence pour obtenir leur collaboration : ainsi, dans les années 1240, le dernier empereur latin de Constantinople, Baudouin II, et le roi Ferdinand III de Castille irent tous les deux appel à l’aide militaire de Santiago, inalement acquise par la cour de Castille62. On a évoqué plus haut le lien étroit entre la fondation de quelques ordres militaires, en substance ceux de la péninsule Ibérique, et les dynasties royales. Ces liens se sont intensiiés au cours du temps. Entre 1250 et 1350, dans tous les royaumes ibériques, les ordres, locaux comme internationaux, ont été placés sous le contrôle du pouvoir monarchique, selon un processus bien établi par Carlos de Ayala Martínez et Philippe Josserand63. Le même constat vaut pour les « satellites » du royaume aragonais, comme la Sicile, mais aussi pour le royaume d’Angleterre. À la in du Moyen Âge, dans des circonstances diverses mais de façon inéluctable, tous les ordres militaires à l’exception de l’Hôpital ont perdu leur autonomie. Rappelons qu’à partir de 1466, même l’ordre Teutonique and the Kings of England », pp. 205 sqq ; et D. Carraz, L’ordre du Temple dans la basse vallée du Rhône, p. 449. 60 R. Filangieri di Candida, Registri della cancelleria Angioina, t. I, pp. 69, 117 et 149. 61 E. Bellomo, he Templar Order in North-west Italy, p. 32 ; D. Carraz, L’ordre du Temple dans la basse vallée du Rhône, p. 447. 62 E. Benito Ruano, « Balduino II de Constantinopla y la orden de Santiago » ; J. Longnon, « L’empereur Baudouin II et l’ordre de Saint-Jacques ». 63 C. de Ayala Martínez, « Las órdenes militares y los procesos de airmación monárquica en Castilla y Portugal » ; Ph. Josserand, Église et pouvoir dans la péninsule Ibérique, pp. 463-647.

les ordres militaires au service des pouvoirs monarchiques 331 en Prusse ne fut juridiquement qu’un vassal de la couronne polonaise. Cette dépendance est en partie issue du système des liens féodaux : comme le rappelle Karl Borchardt, les grands ordres militaires ne furent jamais exonérés des obligations envers les seigneurs laïques et leurs privilèges, pontiicaux ou autres, ne les libéraient pas du serment d’hommage64. Au fond, leur position n’était donc pas radicalement diférente de celle des autres pouvoirs féodaux. Jürgen Sarnowsky relève qu’en Angleterre, au xve siècle, le prieur de l’Hôpital n’était pas seulement le représentant d’un ordre religieux mais aussi le premier baron du royaume65. Il existe de très nombreux exemples des liens de dépendance féodale entre les monarchies et les ordres militaires. Ainsi, en 1295, le maître du Temple en personne prêta hommage au roi de Sicile Charles II pour la possession de certains iefs, hérités du monastère de la Terre Majeure, en Capitanate, et incorporés au temporel de l’ordre66. Toutefois, il ne s’agit pas pleinement d’une soumission de type féodal, mais plutôt d’une conséquence du patronage royal sur l’Église, et ce notamment dans le cas des royaumes ibériques. Le patronage royal se trouve théorisé dans quelques manuscrits du xvie siècle ; par exemple, les Beneicia Ecclesiastica, rédigés entre 1511 et 1521 par un fonctionnaire de la cour sicilienne, Giovanni Luca Barberi, sont très explicites sur ce point67. La dépendance par rapport au pouvoir princier plaça les ordres militaires face à une série de diicultés. Sans parler des problèmes liés à l’utilisation des ressources propres aux institutions, désormais contrôlées par les rois, il n’était pas rare que les frères d’un même ordre fussent contraints de combattre les uns contre les autres. Ainsi, en 1361, dans la bataille de Miedes, entre Castille et Aragon, des Hospitaliers furent présents dans les deux camps opposés68. De même, les frères furent souvent amenés à servir deux patrons. On a évoqué ce phénomène à travers la lutte entre la papauté et Frédéric II, une situation diicile que seule l’habileté diplomatique des ordres permit de contourner. En 1285, lorsque fut proclamée la croisade contre Pierre III d’Aragon, les Hospitaliers durent participer aux opérations militaires du côté du pape, mais sans « trahir » la couronne aragonaise : il fallut donc marcher sur une corde bien étroite. Une légende veut qu’à la suite de la chute de Tripoli, les Templiers aient protesté contre le détournement de la croisade en Occident. Il est pourtant très peu probable que l’ordre ait critiqué les décisions du pape69. Les Teutoniques, de leur côté, surent s’attirer l’amitié de toutes les dynasties au pouvoir dans l’Italie méridionale, sans entrer pour cela en conlit avec la papauté70. 64

K. Borchardt, «Military Orders in East Central Europe », p. 252. J. Sarnowsky, « Kings and Priors », p. 85. 66 T. Leccisotti, Il «Monasterium Terrae Maioris», pp. 102-103, n° 69. 67 G. L. Barberi, Beneicia Ecclesiastica. 68 Ph. Josserand, Église et pouvoir dans la péninsule Ibérique, p. 581. 69 N. Housley, he Italian Crusades, p. 77 : il s’agit d’un passage de Bartolomeo de Neocastro, Historia sicula, pp. 108-109. 70 K. Toomaspoeg, « he Teutonic Order in Italy: an Example of the Diplomatic Ability of the Military Orders ». 65

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Pour conclure ce rapide tour d’horizon, il faut une nouvelle fois souligner l’importance et le caractère universel de l’adhésion des ordres militaires et de leur personnel au service des monarchies. Certes, les modalités de ce dernier varièrent souvent, et si les dignitaires furent presque partout des conseillers des rois et souvent des diplomates, le service administratif et militaire des ordres se distingua avant tout dans la péninsule Ibérique, en Sicile angevine et aragonaise, en France et en Angleterre. Les liens entre les monarchies et les ordres s’établirent au moment de leur fondation et se transformèrent progressivement en une dépendance par rapport au pouvoir princier. Rares furent inalement les cas où se déclencha un conlit violent entre les rois et les ordres militaires, comme par exemple en Norvège71. Il est de même diicile d’évoquer la préférence des frères pour une monarchie en particulier car, pour les ordres militaires, les nécessités politiques rendaient tout simplement ce genre de choix impossible. Le personnel des ordres militaires au service des monarchies occidentales ofre un formidable exemple d’ascension sociale pour des hommes qui, par leurs seules origines, auraient diicilement pu s’élever au rang de proches collaborateurs de la cour. Ce phénomène s’avère particulièrement intéressant si l’on prend en considération les origines géographiques de ces frères qui parfois n’étaient pas issus du royaume qu’ils servaient, tels les ressortissants de territoires français en Angleterre, les Provençaux en Sicile ou encore les Italiens du Nord en Hongrie72. Une telle constatation renvoie parfaitement à la question des frères des ordres militaires comme membres d’une élite médiévale. Finalement, on peut se référer à Léopold Delisle, en concluant que l’éclat des prouesses militaires des frères a peut-être éclipsé les services « civils » que leurs ordres ont rendus à la société européenne, « mais [que] de tels services ne devront pas être oubliés, quand il s’agira de porter un jugement équitable et déinitif sur un ordre de chevalerie73 ».

71 T.  Nyberg, «  Skandinavisches Königtum, Papsttum und Johanniter: Versuch einer Charakterisierung », p. 134. 72 Z. Hunyadi, « Hospitaller Oicials of Foreign Origin ». 73 L. Delisle, Mémoire sur les opérations inancières des Templiers, p. 94.

LES ORDRES RELIGIEUX-MILITAIRES ET LES POUVOIRS ARMÉNIENS EN ORIENT (xiie-xive siècles)

Marie-Anna Chevalier Université Montpellier 3 – CEMM

En dépit d’une certaine proximité idéologique1, le rapprochement dans les faits entre les ordres religieux-militaires et les pouvoirs arméniens fut loin d’être évident pendant tout le premier siècle de l’existence de ces institutions d’un nouveau genre. L’État arménien de Cilicie étant lui-même dans une phase de construction, il fallut attendre la charnière des xiie et xiiie siècle pour assister à l’émergence d’un souverain suisamment puissant et, qui plus est, familiarisé avec les usages politiques et sociaux des Francs au point de s’emparer activement de la question des relations avec les frères en vue de s’imposer comme le principal acteur de la présence de ces derniers dans son royaume. Après le règne de Lewon Ier achevé en 1219, les querelles successorales compliquèrent la donne entre les autorités arméniennes et certains ordres, de même que la chute des derniers États latins d’Orient à la in du xiiie siècle. Les sources les plus précises faisant état des relations des ordres religieuxmilitaires avec les souverains et les seigneurs arméniens sont les chartes de donation. La correspondance des rois d’Arménie avec les papes, en particulier sur l’attitude de certains membres des ordres, est également riche de renseignements. Les chroniques et les histoires rédigées par des auteurs chrétiens orientaux ou francs nous apportent des informations complémentaires, en particulier pour les périodes où les princes arméniens de Cilicie n’avaient que peu de contacts avec la papauté ainsi qu’à propos de certains conlits ou désaccords ponctuels résolus sans intervention extérieure. Nous pouvons nous interroger sur ce qui constitua le moteur des rapports des dignitaires des ordres avec les pouvoirs arméniens ainsi que sur la teneur réelle des relations qu’ils développèrent entre eux. Nous nous intéresserons à la nature des premiers contacts, dans une certaine mesure imposés, entre les ordres militaires et les autorités arméniennes ; puis, nous envisagerons la politique volontariste de Lewon Ier à l’égard des ordres avant d’essayer de comprendre l’origine des facteurs qui provoquèrent une forme de dégradation des relations de certaines de ces institutions avec les détenteurs du pouvoir en Arménie. 1

G. Dédéyan, « Idéologie de croisade », pp. 55-65.

Philippe Josserand, Luís F. Oliveira et Damien Carraz (éd.), Élites et ordres militaires au Moyen Âge, Collection de la Casa de Velázquez (145), Madrid, 2015, pp. 333-345.

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UNE PRISE DE CONTACT DÉLICATE : DES DÉBUTS DE RELATIONS INDIFFÉRENTS OU CONFLICTUELS

Pendant une grande partie du xiie siècle, la situation politique de la Cilicie évolua sans cesse, passant de l’autorité byzantine à celle des Francs, puis à celle des Arméniens, sans compter les invasions turques seldjoukides, ni les renversements périodiques de certains pouvoirs ou encore les partages tacites du territoire en cas d’équilibre relatif des forces. C’est dans ce contexte que le premier ordre à faire son apparition en Cilicie fut celui de l’Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem. Il était alors une simple institution charitable étrangère à toute forme de militarisation. Les donations les plus anciennes dont il fut le bénéiciaire dans la région ont été réalisées entre 1100 et 1130. Les princes arméniens de Cilicie, T’oros Ier (1100/2-1129) puis son frère Lewon Ier (1129-1139), purent seulement constater cet état de fait et ne prirent en aucune manière part à ces donations ; les territoires cédés étant relativement modestes et limités, ils n’avaient pas de raison d’en prendre ombrage d’autant plus que le caractère de l’ordre était alors strictement charitable et que les frères présents dans la région ne pouvaient représenter une quelconque menace pour eux. À l’époque où ces concessions furent faites, c’étaient les princes d’Antioche, Bohémond Ier et Bohémond II, ou leurs régents, Tancrède et Roger de Salerne, qui dominaient la plaine cilicienne. Dans cette province, ils octroyèrent aux frères les casaux de Chourar, dans le territoire de Hâroûnîyâ, et de Sarata, dans le territoire de Mesis (Mamistra)2. L’arrivée des Templiers en Cilicie se révéla plus mouvementée. Ils furent, eux aussi, imposés dans le pays par un prince d’Antioche, Renaud de Châtillon (1153-1163), mais, cette fois, par la force et au détriment de certaines des possessions du véritable détenteur du pouvoir en Cilicie, le prince arménien T’oros II (1145-1169). Après un combat entre les deux souverains voisins, l’issue étant favorable au Franc, celui-ci parvint à contraindre le chef arménien d’accepter de remettre toutes les forteresses de l’Amanus, région frontalière qui séparait les principautés arménienne et antiochienne, à l’ordre du Temple. C’est ainsi qu’en 1155-1156, les frères de cet ordre s’installèrent probablement dans les châteaux de Gaston (Baghrâs), Trapesac (Darbsâk), La Roche-Guillaume et La RocheRoissol, qu’ils restaurèrent, renforcèrent et agrandirent, et qu’ils occupèrent également certains ports du sud du littoral du golfe d’Alexandrette3. En réalité, lorsqu’il prit l’initiative d’aller combattre T’oros II, l’intention première de Renaud de Châtillon n’était pas d’imposer le Temple sur son territoire. Il répondait en efet à la requête que lui avait adressée le basileus Manuel Ier 2 Ces donations furent conirmées par une charte du prince d’Antioche Raymond de Poitiers le 1er février 1149 ; S. Pauli, Codice diplomatico del sacro militare ordine Gerosolimitano, t. I, pp. 27-28, n° 25  ; J. Delaville le Roulx, Cartulaire général de l’ordre des Hospitaliers, t.  I, pp.  143-144, n° 183. Voir aussi M.-A. Chevalier, Les ordres religieux-militaires en Arménie cilicienne, pp. 68-78. 3 Bar Hebraeus, Chronography, p. 283 ; Michel le Syrien, Chronique, éd. de J.-B. Chabot, p. 314, et éd. d’É. Dulaurier, p. 349. Sur cette question, voir M.-A. Chevalier, Les ordres religieuxmilitaires en Arménie cilicienne, pp. 56-68.

les ordres religieux-militaires et les pouvoirs arméniens

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Comnène, qui voulait afaiblir la puissance croissante de son vassal arménien. L’empereur byzantin avait promis de multiples richesses à Renaud de Châtillon en échange de la mobilisation de ses troupes contre son voisin, mais, comme il ne tint pas ses engagements, peu après l’installation des Templiers dans la région amanique, le prince d’Antioche rallia la cause de son ancien rival et commit avec lui des déprédations aux dépens des Grecs en Cilicie et en Chypre4. Ainsi les Templiers, d’abord adversaires du prince arménien, devinrent très vite de précieux alliés militaires. Cela put se vériier lors de l’attaque lancée par le sultan d’Iconium Masfiūd dans la plaine cilicienne vers 1156, et celle, concomitante, de Ya’qūb Arslān, l’émir de Mélitène, dans l’Amanus. Les Templiers alors présents dans la région apportèrent leur appui militaire à Stép’anê, le frère du prince T’oros II, parvenant ensemble à mettre les troupes turques de Ya’qūb en déroute près de La Portella5. Ces bonnes relations en Cilicie entre les pouvoirs arméniens et les ordres militaires furent remises en question sous le règne d’un prince usurpateur prénommé Mleh. Ce personnage, frère de T’oros II, s’empara du pouvoir — grâce à l’aide de Nūr ad-Dīn — en chassant le bayle homas, régent de son neveu, puis en faisant assassiner son neveu lui-même, le jeune Roupên II, ce qui laissait présager les méthodes de gouvernement qu’il comptait instaurer6. Il avait été admis dans l’ordre du Temple dans sa jeunesse, soit comme frère à part entière, soit comme confrater, le mot latin de frater utilisé par Guillaume de Tyr pour le désigner pouvant avoir ces deux sens au milieu du xiie siècle7. Il semble ensuite avoir quitté l’ordre dans des circonstances obscures mais houleuses, ce qui lui laissa un fort ressentiment envers cette institution8. À son arrivée au pouvoir en Arménie, en 1169, l’une des premières décisions de Mleh fut de chasser les Templiers de leurs forteresses amaniques, ce qui déclencha contre lui une coalition réunissant le roi de Jérusalem, Amaury Ier (qui tenta d’abord vainement d’arranger la situation par l’envoi de plusieurs ambassades), le prince d’Antioche, Bohémond III, et les membres des ordres du Temple et de l’Hôpital des États francs. Cependant, l’expédition menée aux alentours de 1173 par les coalisés n’obtint pas les résultats escomptés, et ils durent repartir pour aller défendre 4

Michel le Syrien, Extrait de la chronique, éd. De J.-B. Chabot, p. 315, et éd. d’É. Dulaurier, p. 350 ; Jean Dardel, Chronique d’Arménie, p. 7. 5 Grigor Yérêts, Chronique, éd. de Jérusalem, pp. 511-515, trad. d’É. Dulaurier, pp. 337-339, et Id., Chronique dans Armenia and the Crusades trad. d’A. Dostourian, pp. 262-264. 6 Bar Hebraeus, Chronography, p. 292 ; Michel le Syrien, Chronique, éd. de J.-B. Chabot, p.  331, et éd. d’É.  Dulaurier, p.  362  ; Sembat, Chronique, éd. d’É.  Dulaurier, pp.  622-624, et trad. de G.  Dédéyan, pp.  49-50 et 53-54  ; Vahram Raboun, Chronique rimée, pp.  508-509, et trad. p.  14  ; Hét’oum l’Historien, Rovbinank’, pp.  102-103  ; Lignages d’Outremer, pp.  135136 ; Guillaume de Tyr, Chronique, l. 20, chap. xxvi, éd. de R. Huygens, p. 949, et dans Recueil des Historiens des Croisades, Historiens Occidentaux (ci-après RHC, HOcc.), t. I, p. 991 ; S. Der Nersessian, « Cilician Armenia », p. 642. 7 Guillaume de Tyr, Chronique, l. 20, chap. xxvi, éd. de R. Huygens, p. 949, et RHC, HOcc., p. 99. 8 Guillaume de Tyr, Chronique, l. 20, chap. xxvi, éd. de R. Huygens, p. 949, et RHC, HOcc., p. 991 ; G. Bosio, Dell’istoria, t. I, pp. 11-12 ; L. Alichan, Léon le Magniique, pp. 52-53 ; Id., Sissouan, p. 55.

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le Krak de Moab attaqué par Nūr ad-Dīn pour faire diversion9. Les Templiers ne reprirent possession de leur marche amanique qu’après la mort de Mleh, à l’avènement de son neveu et successeur, Roupên III (1175-1187). Celui-ci prit en efet la décision de normaliser ses relations avec ses voisins francs et avec leurs composantes dans son État. À l’extérieur de la Cilicie, les pouvoirs arméniens étant moins représentés, les contacts des seigneurs arméniens avec les ordres militaires furent plus anecdotiques. Cependant, il en subsiste quelques témoignages. Dans la principauté d’Édesse, les princes, issus d’alliances matrimoniales franco-arméniennes, avaient accueilli les ordres militaires10, et c’est d’ailleurs vraisemblablement lors de son séjour à leur cour que le prince Mleh, dans sa jeunesse, avait côtoyé des frères du Temple, dont il décida un temps d’intégrer l’ordre. Dans le royaume de Jérusalem, certains seigneurs arméniens, probablement entraînés dans le sillage de Baudouin Ier puis de Baudouin II, lorsque ces derniers vinrent dans la Ville sainte après avoir gouverné le comté d’Édesse, irent des concessions à l’ordre de l’Hôpital. Ce fut par exemple le cas d’un chevalier arménien prénommé Vardan, qui octroya aux Hospitaliers deux casaux dans la seigneurie de Cabor, à une quinzaine de kilomètres au sud-est d’Acre11. Dans le contexte de l’apparition de ces ordres d’un nouveau type que furent les ordres religieux-militaires et de leur implantation dans tout l’Orient chrétien, les pouvoirs arméniens se trouvèrent dans un premier temps dépassés à la fois par les visées expansionnistes des princes d’Antioche sur leur territoire et par le fait qu’on leur impose la présence du Temple, dont ils ne concevaient pas l’utilité sur leur marche amanique, mais qui démontra ensuite tout son intérêt dans la défense de la frontière méridionale du pays contre les envahisseurs turcs. LA POSITION DE FORCE DES POUVOIRS ARMÉNIENS

À la in du xiie  siècle, les souverains arméniens acquirent une meilleure connaissance des institutions des États francs voisins — ils en adoptèrent même un certain nombre — et, parallèlement, ils perçurent mieux les avantages qu’ils pouvaient tirer de la présence des ordres militaires, pourtant de recrutement majoritairement occidental, dans leur pays, et cela à plusieurs niveaux. 9

Guillaume de Tyr, Chronique, l. 20, ch. 25-26, éd. de R. Huygens, pp. 947 et 949-950, RHC, HOcc., pp. 991-992 ; G. Bosio, Dell’istoria, t. I, pp. 11-12. Voir aussi L. Alichan, Léon le Magniique, p.  54  ; Id., Sissouan, p.  56. Par contre, selon Michel le Syrien (Chronique, éd. de J.-B.  Chabot, p. 337) et Bar Hebraeus (Chronography, p. 295), le roi de Jérusalem Amaury Ier aurait vaincu Mleh, récit peu plausible étant donné la suite des événements. Voir aussi M.-A. Chevalier, Les ordres religieux-militaires en Arménie cilicienne, pp. 106-111. 10 M. Amouroux-Mourad, Le comté d’Édesse, p. 141. 11 J. Delaville le Roulx, Cartulaire général de l’ordre des Hospitaliers, t. I, pp. 172-173, n° 225 ; S. Pauli, Codice diplomatico del sacro militare ordine Gerosolimitano, t. I, pp. 32-33, n° 30.

les ordres religieux-militaires et les pouvoirs arméniens

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Le prince roubênien précurseur dans ce domaine fut Lewon II, qui accéda au pouvoir en Arménie cilicienne en 1187 et qui, dix ans plus tard, parvint à se faire couronner roi en janvier 1198 avec l’accord du pape et des empereurs germanique et byzantin, prenant en tant que monarque le nom de Lewon Ier. Ayant efectué un rapprochement signiicatif avec l’Église romaine, le roi d’Arménie était tout disposé à accueillir dans son pays des institutions qui en relevaient. Par ailleurs, il avait connaissance de leur expérience militaire en Orient et de leur capacité à fortiier des zones frontalières exposées aux raids et aux invasions. Un ordre nouvellement créé au moment de son couronnement, celui de Sainte-Marie des Teutoniques, attira particulièrement la bienveillance de Lewon Ier, puisque cela lui permettait de consolider durablement ses relations diplomatiques avec l’empereur germanique, premier protecteur de l’institution avec le pape12. Ainsi, au début du xiiie  siècle, Lewon Ier se lança dans une politique de donations au proit de l’ordre Teutonique et de celui de l’Hôpital, leur coniant d’importants châteaux avec les territoires qui en dépendaient, principalement aux frontières de son royaume. L’ordre Teutonique fut oiciellement établi au nord-ouest de l’État arménien autour de la forteresse d’Amouta en avril 121213, tandis qu’une partie des possessions de l’Hôpital fut regroupée à la frontière occidentale du pays, avec la donation de Séleucie, Camardias et Castellum Novum en avril 121014. Les Hospitaliers furent ensuite dotés de nouveaux territoires, dans la riche plaine cilicienne, mais, cette fois, en échange d’importantes sommes d’argent données et prêtées au roi d’Arménie pour le mariage de sa ille Rita avec le roi de Jérusalem, Jean de Brienne, en 121415. Ainsi, Lewon Ier reprit pleinement la main sur la présence des ordres militaires dans son royaume, en particulier s’agissant des deux ordres dotés d’une dimension hospitalière. Ces institutions furent reconnaissantes des donations réalisées en leur faveur par les pouvoirs arméniens et les soutinrent à la fois militairement et diplomatiquement  : militairement, contre les intrusions des musulmans et, diplomatiquement, auprès du pape et des autres souverains chrétiens du Proche-Orient, dans la querelle qui opposa Lewon au comte de Tripoli pendant une vingtaine d’années pour la succession à la principauté d’Antioche. L’engagement des frères fut réel et parfois lourd de conséquences puisqu’en 1208, le maître des Teutoniques, Hermann Bart, et plusieurs membres 12

M.-A. Chevalier, « Les chevaliers teutoniques en Cilicie », pp. 137-153. V. Langlois, Le Trésor des chartes d’Arménie, pp. 117-120, n° 6, et p. 121, n° 7 ; E. Strehlke, Tabulae ordinis heutonici, pp. 37-39, n° 46 ; K. Forstreuter, Der Deutsche Orden am Mittelmeer, p. 234. 14 S. Pauli, Codice diplomatico diplomatico del sacro militare ordine Gerosolimitano, t.  I, pp.  98-99, n° 94  ; V. Langlois, Le Trésor des chartes d’Arménie, pp.  112-114, n° 3, et pp.  114115, n° 4 ; J. Delaville le Roulx, Cartulaire général de l’ordre des Hospitaliers, t. II, pp. 115-116, n° 1344, et p. 119, nos 1350-1351. 15 J. Delaville le Roulx, Cartulaire général de l’ordre des Hospitaliers, t.  II, pp.  164-166, nos 1426-1427 ; S. Pauli, Codice diplomatico diplomatico del sacro militare ordine Gerosolimitano, t. I, pp. 105-106, n° 100 ; V. Langlois, Le Trésor des chartes d’Arménie, pp. 124-125, n° 9. 13

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de l’ordre trouvèrent la mort alors qu’ils combattaient aux côtés du roi d’Arménie pour l’aider à repousser le sultan seldjoukide d’Iconium Kaykhusraw Ier, qui était entré en Cilicie16. L’année suivante, l’ordre Teutonique envoya l’un de ses membres auprès du pape Innocent III ain de lui présenter des arguments en faveur des revendications de Lewon Ier sur Antioche17 et, lorsque le souverain arménien parvint à imposer son petit-neveu, Raymond-Roupên, à la tête de la principauté en 1216, ce fut en partie grâce à l’aide des Hospitaliers18. Le seul ordre militaire sur lequel le roi Lewon tenta d’avoir une emprise sans y parvenir fut celui du Temple, implanté depuis longtemps dans le pays et, on l’a vu, contre la volonté du prince arménien de l’époque. En efet, les Templiers prirent parti en faveur du comte de Tripoli dans le conlit pour la succession à la principauté d’Antioche et, ain de tenter de les en dissuader, Lewon, en 1203-1204, it pression sur leurs biens et pilla leurs domaines, occasionnant, selon le maître de l’ordre Philippe du Plessis, quelque 50 000 besants de dégâts. Le souverain arménien assiégea également les châteaux templiers de La RocheGuillaume et de La Roche-Roissol et refusa de restituer aux frères la forteresse de Gaston qu’il avait récupérée après le départ de la garnison laissée par Saladin depuis la conquête de 118819. En 1211, l’attitude de Lewon Ier se it encore plus dure contre les Templiers. Il proita de leur absence pour se saisir de leurs possessions à Port-Bonnel et dans d’autres lieux dont ils avaient la garde sur le littoral du golfe d’Alexandrette. C’est pendant cette période que certains membres de l’ordre, parmi lesquels le maître Guillaume de Chartres, furent blessés et que l’un d’eux fut même tué, lors d’une embuscade tendue par les hommes du roi. Cette violence contre les biens et les frères du Temple valut au souverain d’être excommunié à plusieurs reprises, en 1203 et en 1211, par les légats pontiicaux, Pierre de Capoue, cardinal de Saint-Marcel, et Albert de Verceil, patriarche de Jérusalem20. La colère du Roupênien avait été en partie déclenchée par l’implication militaire des Templiers dans la succession de la principauté d’Antioche, mais elle était surtout due au fait qu’ils avaient tué des soldats arméniens tentant de pénétrer dans la ville d’Antioche lors d’un siège que le roi menait pour s’en emparer, à l’été 120321. 16

F. de Salles, Annales de l’ordre Teutonique, éd. Genève, p. 15. Innocent III, Patrologiae cursus completus, éd. J.-P.  Migne, t.  216, col. 54-56, n° 45  ; M.-A. Chevalier, Les ordres religieux-militaires en Arménie cilicienne, pp. 160-161. 18 Ibn Shadd®d, Description de la Syrie du Nord, p. 260 ; M.-A. Chevalier, Les ordres religieuxmilitaires en Arménie cilicienne, p. 164. 19 Innocent III, Patrologiae cursus completus, éd. J.-P. Migne, t. 214, col. 1003-1006, n° 43, et t. 215, col. 504, n° 189 ; O. Hageneder et alii, Die Register Innozenz’ III., t. V, pp. 78-82, n° 36 (37), et t. VII, pp. 340-341, n° 189. 20 Innocent III, Patrologiae cursus completus, éd. J.-P.  Migne, t.  215, col. 687-692, n° 119, col. 692-694, n° 120, t. 216, col. 430-431, n° 64, col. 431-432, n° 65, et col. 432, n° 66 ; O. Hageneder et alii, Die Register Innozenz’ III., t. VIII, pp. 211-217, n° 120 (119), et pp. 218-220, n° 121 (120). Voir aussi Sicardi Cremonensis episcopi Chronicon, col. 535. 21 Innocent III, Patrologiae cursus completus, éd. J.-P.  Migne, t.  215, col. 687-692, n° 119  ; O. Hageneder et alii, Die Register Innozenz’ III., t. VIII, pp. 211-217, n° 120 (119). 17

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Le désaccord politique prit in en 1216, lors de l’accession du petit-neveu de Lewon Ier, Raymond-Roupên, au trône d’Antioche, le 14 février. À cette occasion, le roi d’Arménie voulut témoigner de sa bonne volonté au pape en remettant la forteresse de Gaston à l’ordre du Temple22. Les frères changèrent par la suite d’attitude envers le Roupênien puisqu’ils l’informèrent de la trahison fomentée contre lui par son petit-neveu trois ans plus tard, lui évitant probablement ainsi d’être assassiné23. L’accession de Lewon Ier au trône d’Arménie cilicienne marqua un tournant dans les relations entretenues par les ordres militaires avec les pouvoirs arméniens puisque, pour la première fois, la présence des frères n’était plus imposée au souverain mais sollicitée par lui24. Une meilleure connaissance mutuelle it comprendre au roi tous les avantages qu’il pouvait tirer des ordres militaires, mais ce rapprochement conduisit aussi à des querelles fratricides entre les chrétiens d’Arménie et ceux d’Antioche et de Tripoli, impliquant pleinement les frères, partagés entre les deux camps. DES RELATIONS PLUS CHAOTIQUES ET IRRÉGULIèRES

À la mort du roi Lewon Ier en 1219, alors que sa succession était disputée entre plusieurs prétendants au trône, l’un des régents du royaume, Kostandin, tenta de prendre le contrôle du pays en éliminant tous les candidats potentiels ain de placer l’un de ses ils au pouvoir. Dans cette perspective, il voulut contraindre les ordres militaires — lesquels avaient pris parti pour l’un ou l’autre des postulants au trône — de se soumettre à sa volonté par divers moyens. Les Hospitaliers, soucieux de se conformer aux décisions pontiicales, soutinrent dans un premier temps, assez bref, la candidature de la ille aînée de Lewon, Rita, représentée par son mari, le roi de Jérusalem, Jean de Brienne25. Mais la mort prématurée de Rita et de leur jeune ils, Jean, dès juin-juillet 1220, contraignit Jean de Brienne à renoncer à réclamer le royaume d’Arménie pour son épouse et son enfant26. L’ordre de l’Hôpital décida ensuite d’apporter son 22 Ernoul, Chronique, p. 322 ; La Continuation de Guillaume de Tyr, p. 96, § 93 ; L’Estoire de Eracles, pp.  137 et 318  ; Annales de Terre sainte, pp.  436-437, col. A-B  ; Les Gestes des Chiprois, p.  665  ; F. Amadi, Chronique, p.  101  ; Bar Hebraeus, Chronography, pp.  370-371; Vahram Raboun, Chronique rimée, p.  512  ; Sembat, Chronique, éd. d’É.  Dulaurier, p.  643, et trad. de G. Dédéyan, p. 89 ; Hét’oum l’Historien, Chronique, p. 63 (en arm.) ; Hét’oum II, Annales, p. 79 (en arm.) ; Id., Tables chronologiques, p. 483 ; O. Raynaldi, Annales ecclesiastici, t. I, p. 221, § 38 ; Abū Shāma, Le Livre des Deux Jardins, t. V, p. 160 ; Ibn Shadd®d, Description de la Syrie du Nord, pp. 258-260 et 265. Sur toute la querelle de succession d’Antioche, M.-A. Chevalier, Les ordres religieux-militaires en Arménie cilicienne, pp. 146-166. 23 Bar Hebraeus, Chronography, p. 370. 24 Sur la perception des ordres militaires par les Arméniens, M.-A. Chevalier, « La vision des ordres religieux-militaires par les chrétiens orientaux ». 25 B. Hamilton, « he Armenian Church and the Papacy », p. 77. 26 Sembat, Chronique, éd. d’É. Dulaurier, p. 645, et trad. de G. Dédéyan, pp. 89 et 94 ; Ernoul, Chronique, p. 427 ; Cl. Cahen, La Syrie du Nord à l’époque des croisades, p. 631 ; W. H. Rudt de

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soutien, tout comme le légat du pape en Orient, Pélage d’Albano, au petit-neveu du défunt roi, Raymond-Roupên, qui fut prince d’Antioche pendant deux ans et qui avait été désigné dans sa jeunesse comme l’héritier de Lewon Ier, étant même couronné en 121227. Cependant, quelques années avant sa mort, Lewon  avait choisi de conier le royaume à sa ille cadette, Zapêl, aux dépens de RaymondRoupên, et il avait rendu oicielle cette décision en faisant prêter serment à l’enfant par ses barons28. Les Hospitaliers envoyèrent des hommes depuis l’Égypte, où se déroulait la cinquième croisade, pour porter secours à Raymond-Roupên et aux seigneurs qui le soutenaient, contre le régent Kostandin, qui le poursuivait. Cependant, les frères de l’ordre, sous le commandement d’Aymar, neveu du maréchal Aymar de Layron, arrivèrent trop tard — par la faute de leur chef semble-t-il, lequel est accablé dans l’Estoire de Eracles —, et le jeune prince fut fait prisonnier à Tarse, avant de disparaître, assez mystérieusement, dans sa geôle, quelques mois plus tard29. Le régent Kostandin dut céder à la pression des barons du royaume et accepter l’union de l’héritière Zapêl avec Philippe, l’un des ils cadets du prince d’Antioche Bohémond IV, à une date comprise entre 1221 et 122330. Cependant, il parvint rapidement à mettre en défaut le jeune homme en l’accusant d’écarter les dignitaires arméniens au proit des Francs et de transférer, à la demande de son père, les trésors de la couronne d’Arménie vers Antioche. Dans cette afaire, les Templiers furent eux aussi considérés comme coupables d’avoir incité Philippe à accomplir la volonté de Bohémond IV. Plusieurs décennies plus tard, Hét’oum l’Historien leur reprocha même d’avoir voulu causer la destruction de l’Église arménienne ; cette assertion provient toutefois d’un personnage aux relations troubles avec l’ordre, puisque, plus de quatre-vingts ans après les faits mentionnés ici, Hét’oum fut mandaté par Clément V pour apporter au gouverneur de Chypre l’ordre d’arrestation des frères de l’île31. En 1225, le régent Collenberg, he Rupenides, Hethumides and Lusignans, tabl. I ; C. Toumanoff, Les dynasties de la Caucasie chrétienne, p. 428, tabl. 94. 27 Wilbrand d’Oldenbourg, Peregrinatio, pp. 162 et 178, et Id., Itinerarium Terrae Sanctae, pp. 197 et 223 ; Bar Hebraeus, Chronography, p. 371 ; Marino Sanudo, Liber secretorum, p. 209 ; L’Estoire de Eracles, pp.  318 et 347  ; P.  Halfter, «  Die Staufer und Armenien  », pp.  199-201  ; Id., « Die Beschreibung des armenischen Königreiches Kilikien », pp. 403-404 et 412 ; Id., « Eine Beschreibung Kilikiens aus westlicher Sicht », pp. 179, 191 et 197. 28 Sembat, Chronique, trad. de G. Dédéyan, p. 90 ; Hét’oum l’Historien, Rovbinank’, p. 104 ; Lignages d’Outremer, p. 137. 29 L’Estoire de Eracles, p. 347 ; Sembat, Chronique, trad. de G. Dédéyan, pp. 94-95 ; Hét’oum II, Annales, p. 79 ; Id., Tables chronologiques, p. 485 ; Hét’oum l’Historien, Chronique, p. 64 ; Id., Rovbinank’, p. 104 ; Lignages d’Outremer, pp. 137-138 ; Les Gestes des Chiprois, pp. 665 et 671 ; F. Amadi, Chronique, p. 115 ; Bar Hebraeus, Chronography, p. 380. 30 Ibid., p. 381 ; Vardan le Grand, « Extrait de l’Histoire universelle », pp. 442-443 ; Kirakos de Gandzak, Histoire d’Arménie, éd. Mélik‘-Ohandjanyan, pp. 188-189 ; Hét’oum l’Historien, Chronique, p. 64 ; Hét’oum II, Annales, p. 80 ; J. Dardel, Chronique d’Arménie, p. 10. 31 Hét’oum l’Historien, Rovbinank’, p.  104  ; Lignages d’Outremer, p.  138. Sur le rôle de Hét’oum de Korykos dans l’arrestation des Templiers de Chypre, M.-A. Chevalier, Les ordres religieux-militaires en Arménie cilicienne, pp. 597-608.

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Kostandin it donc arrêter le nouveau roi d’Arménie. Philippe mourut probablement empoisonné plusieurs mois plus tard, quelques jours à peine après avoir été libéré de sa geôle, qui se trouvait dans le château teutonique d’Amouta32. Zapêl, cherchant à fuir le régent Kostandin, qui voulait la contraindre à épouser son ils Hét’oum, le futur roi Hét’oum Ier, alla trouver refuge auprès des Hospitaliers de Séleucie. Les frères l’accueillirent, mais Kostandin, dont les desseins se trouvaient ainsi compromis, se rendit en personne sur les lieux. Après avoir essuyé un premier refus des frères de lui livrer la reine, il init par leur proposer d’acheter la forteresse. Comme il était le véritable détenteur du pouvoir en Arménie et que les membres de l’ordre se trouvaient dans une position délicate auprès des souverains de tous les États chrétiens du nord du Proche-Orient, ceux-ci inirent par céder, ce qui revenait à livrer la reine au régent. C’est dans ces circonstances que l’ordre perdit sa principale forteresse arménienne et que la reine Zapêl dut épouser Hét’oum, le 14 juin 1226 ; il fut couronné sous le nom de Hét’oum Ier, instaurant ainsi la dynastie royale des Hét’oumiens en Arménie cilicienne33. Dans l’afaire de la succession au trône d’Arménie, les ordres du Temple et de l’Hôpital subirent les foudres du régent Kostandin ; seul l’ordre Teutonique soutint le camp le plus fort, car c’est dans sa forteresse d’Amouta que Philippe fut emprisonné et c’est tout juste quelques jours après en être sorti qu’il mourut soudainement. Les Teutoniques, à la diférence de leurs homologues, parvinrent d’ailleurs à obtenir de nouvelles concessions territoriales en Arménie cilicienne pendant le long règne de Hét’oum Ier, le roi coniant au maître Hermann von Salza, au commandeur d’Arménie Littold et à l’ensemble des frères la forteresse de Haroûnîyâ et son territoire, le 22 janvier 123634. Les relations des Templiers avec Kostandin, puis avec le roi Hét’oum Ier, furent assez mauvaises dans les années qui suivirent l’afaire de la succession. En efet, au milieu des années 1230, certains frères, soupçonnés d’avoir 32 Ibn al-A∑īr, al-Kāmil fī l-tārīá, t. II, p. 168 ; Bar Hebraeus, Chronography, pp. 380-381 ; Michel le Syrien, Chronique, éd. d’É.  Dulaurier, pp.  407-408  ; Kirakos de Gandzak, Histoire d’Arménie, éd. de Mélik’-Ohandjanyan, pp.  188-189, éd. d’É.  Dulaurier, p.  428, et trad. de M.-F. Brosset, p. 93 ; Sembat, Chronique, éd. d’É. Dulaurier, pp. 647-648, et trad. de G. Dédéyan, pp. 95-96 ; Vardan le Grand, « Extrait de l’Histoire universelle », pp. 442-443 ; Samouêl d’Ani, Extrait de sa Chronographie, p. 460 ; Hét’oum l’Historien, Chronique, p. 64 ; Hét’oum II, Annales, p. 80 ; Id., Tables chronologiques, p. 485 ; Marino Sanudo, Liber secretorum, pp. 210-211 ; F. Amadi, Chronique, p. 115 ; Les Gestes des Chiprois, pp. 665-666 et 671 ; Annales de Terre sainte, pp. 437, col. A-B et p. 438, col. B ; L’Estoire de Eracles, p. 348. 33 Bar Hebraeus, Chronography, pp.  381 et 389-390  ; Michel le Syrien, Chronique, éd. d’É. Dulaurier, p. 408 ; Kirakos de Gandzak, Histoire d’Arménie, éd. de Mélik’-Ohandjanyan, p. 189, éd. d’É. Dulaurier, pp. 428-429, et trad. de M.-F. Brosset, p. 93 ; Vardan le Grand, « Extrait de l’Histoire universelle », p. 443 ; Samouêl d’Ani, Extrait de sa Chronographie, p. 460 ; Hét’oum l’Historien, Chronique, p.  64  ; Id., Rovbinank’, pp.  104-105  ; Hét’oum II, Annales, p. 80 ; Id., Tables chronologiques, p. 485 ; Sembat, Chronique, éd. d’É. Dulaurier, p. 648, et trad. de G. Dédéyan, p. 96 ; Lignages d’Outremer, p. 139 ; L. Alichan, « Zapêl », pp. 128-131. 34 V. Langlois, Le Trésor des chartes d’Arménie, pp.  141-143  ; E. Strehlke, Tabulae ordinis heutonici, pp. 65-66, n° 83 ; K. Forstreuter, Der Deutsche Orden am Mittelmeer, pp. 235-236.

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participé à l’organisation d’un complot contre le souverain, furent pendus et écorchés. La réaction du maître du Temple, Armand de Périgord, fut vive et il ne put s’apaiser qu’après avoir obtenu d’importants dédommagements. En efet, Kostandin et son ils pouvaient craindre une réponse forte de la part de l’ordre, puisque, après cet épisode, le maître et le couvent du Temple s’apprêtèrent à accepter les demandes réitérées du prince d’Antioche Bohémond V de se joindre à lui pour attaquer le royaume arménien ain de venger son frère Philippe35. Par ailleurs, Hét’oum Ier éprouva également une forte rancœur envers les Templiers quand, en 1260, ils acceptèrent d’acheter la cité de Sidon et le château de Beaufort à son gendre, Julien de Sidon. Accablé par des dettes de jeu, le mari de la princesse hét’oumienne Fimi amenuisait ainsi considérablement l’héritage des petits-enfants du souverain arménien36. Les murailles de Sidon venaient alors d’être détruites par les Mongols et le seigneur de la cité n’avait pas d’autre choix que de la vendre à l’ordre puisque celui-ci avait les moyens d’en faire reconstruire les remparts et d’en assumer la défense. Lors des puissantes invasions mameloukes de la seconde moitié du xiiie siècle, les ordres dont les marches étaient les plus exposées, à savoir le Temple et l’Hôpital, tentèrent de résister aux assaillants. En dépit de leurs eforts, les Templiers furent contraints d’abandonner progressivement leurs places fortes, fragilisées par la conquête d’Antioche par le sultan Baybars, à commencer par Gaston, La Roche-Roissol et Port-Bonnel en 126837. La dernière forteresse de l’ordre, La Roche-Guillaume, fut, quant à elle, conquise assez tardivement, en juillet-août 1298, par le sultan Lâdjîn38. 35

L’Estoire de Eracles, pp. 405-406. Annales de Terre sainte, p. 449, col. A-B ; L’Estoire de Eracles, p. 445 ; Sembat, Chronique, trad. de G. Dédéyan, p. 96 ; Hét’oum II, Annales, p. 82 ; Hét’oum l’Historien, Chronique, pp. 70-71 ; Les Gestes des Chiprois, pp. 752, 775 ; Marino Sanudo, Liber secretorum, p. 221 ; J. Delaville le Roulx, Cartulaire général de l’ordre des Hospitaliers, t.  III, pp.  31-33, n°  3029  ; G. Bosio, Dell’istoria, t. I, p. 46 ; P. Deschamps, Les châteaux des croisés en Terre sainte, t. II, pp. 179 et 194196  ; G.  Bordonove, La vie quotidienne des Templiers, p.  158  ; A. Forey, he Military Orders, pp. 61-62 ; M. Barber, he New Knighthood, p. 156 ; J. Richard, Histoire des croisades, p. 415 ; H. Kennedy, Crusader Castles, pp. 122, 128 ; A. Demurger, Chevaliers du Christ, p. 138 ; Id., Les Templiers. Une chevalerie chrétienne au Moyen Âge, p. 233. 37 J. Upton-Ward, he Catalan Rule of the Templars, pp. 81-87, n° 180 ; J. Delaville le Roulx, Cartulaire général de l’ordre des Hospitaliers, t. IV, pp. 291-293, n° 3308 ; Les Gestes des Chiprois, p. 772 ; Hét’oum l’Historien, Chronique, p. 74 ; L’Estoire de Eracles, p. 457 ; Marino Sanudo, Liber secretorum, p. 223 ; F. Amadi, Chronique, p. 210 ; F. Bustron, Chronique de l’île de Chypre, p. 113 ; Ibn al-Furāt, Ayyubids, Mamlukes and Crusaders, t. II, p. 127 ; Abū al-Fidā, Résumé de l’Histoire des Annales, p.  152  ; Ibn Shadd®d, Description de la Syrie du Nord, pp.  266-267  ; al-Moufaddal, «  Histoire des sultans mamelouks  », t.  XII, p.  514  ; al-Makrīzī, Histoire des sultans mamelouks, t.  I, 2e partie, p.  56  ; Cl. Cahen, La Syrie du Nord à l’époque des croisades, p. 717 ; M. Melville, La vie des Templiers, pp. 256-258 ; A. Forey, he Military Orders, p. 85 ; H. Nicholson, he Knights Templar, p. 63 ; A. Demurger, Jacques de Molay, pp. 46 et 58. 38 Abū al-Fidā, he Memoirs of a Syrian Prince, p. 29 ; Al-Moufaddal, « Histoire des sultans mamelouks », t. XIV, pp. 601-603 ; Les Gestes des Chiprois, pp. 839-841 ; M.-A. Chevalier, Les ordres religieux-militaires en Arménie cilicienne, pp. 554-559. 36

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Les teutoniques combattirent vaillamment contre les troupes égyptiennes à Amouta en 1266 et ils ofrirent un refuge aux populations de la région, mais la forteresse init par être conquise39. Ils perdirent Haroûnîyâ quelques décennies plus tard40. Les châteaux des ordres militaires représentèrent donc un rempart contre les ennemis du royaume et servirent en cela aussi à protéger pour un temps les pouvoirs arméniens. Après la chute d’Acre en 1291 et la perte des derniers États latins de Terre sainte, les Templiers se rassemblèrent à Chypre et, à l’exception de la garde de leur forteresse amanique de La Roche-Guillaume, ils n’intervinrent plus que de manière ponctuelle en Arménie, dans le cadre de coalitions plus larges, avec les autres ordres militaires, les Chypriotes et même les Mongols, entre 1299 et 130341. Les Teutoniques, quant à eux, établirent leur nouveau quartier général à Venise avant de rejoindre la Prusse42. Les Hospitaliers semblent avoir quitté leur commanderie cilicienne pour se replier en Chypre, raison pour laquelle les autorités du pays leur tinrent rigueur43. Cependant, lorsque le roi Hét’oum II fut écarté du pouvoir par l’un de ses frères, Sembat, qui se it couronner roi à sa place, il n’hésita pas à faire appel aux Hospitaliers, entre autres, pour l’aider à récupérer son trône, témoignant ainsi de sa coniance envers l’ordre44. Un autre événement refroidit nettement les relations des Hospitaliers avec les gouvernants arméniens  : il s’agit du soutien que les frères apportèrent au roi de Chypre Henri II, retenu prisonnier en Cilicie en 1310 à la demande du gouverneur de l’île, Amaury de Tyr, frère de ce roi et beau-frère du roi d’Arménie Ochin  Ier. L’ordre, qui tenta de faire libérer le souverain chypriote, fut ensuite volontairement écarté du territoire arménien, et ses possessions dans le pays furent conisquées45. Il fallut l’insistance du pape Jean XXII et la bonne 39 Ibn al-Furāt, Ayyubids, Mamlukes and Crusaders, t.  II, p.  99  ; al-Makrīzī, Histoire des sultans mamelouks, t. I, 2e partie, p. 34 ; Abū al-Fidā, Résumé de l’Histoire des Annales, p. 151. 40 Un acte conclu entre le grand-maître Anno de Sangerhausen et Kostandin de Sarwandik’ar indique que les Teutoniques tenaient toujours cette forteresse en 1271 ; Archivio di Stato de Venise, inventario sommario sec. xix ex Ss. Trinita o S. Maria dei Teutonici, bb. 3, n° 59 ; L. Alichan, Sissouan, texte, p. 209, trad., p. 239 ; K. Forstreuter, Der Deutsche Orden am Mittelmeer, pp. 236237 ; J. Riley-Smith, « Templars and Teutonic Knights », p. 114. 41 M.-A. Chevalier, Les ordres religieux-militaires en Arménie cilicienne, pp. 559-571. 42 H. Bogdan, Les chevaliers teutoniques, p. 70. 43 G. Mollat, Lettres communes de Jean XXII, t.  II, p.  350, n° 14104  ; A. Luttrell, «  he Hospitallers’ Interventions in Cilician Armenia  », pp.  126 et 135-137  ; A. Forey, he Military Orders, pp. 221-222 ; P. Edbury, he Kingdom of Cyprus and the Crusades, pp. 101-102 ; Id., « he Templars in Cyprus », pp. 192-193. 44 Sembat, Extrait de la Chronique, trad. de V. Langlois, p. 33 ; Hét’oum l’Historien, Flor des estoires, liv. III, chap. xliv, p. 328 ; Hét’oum II, Annales, p. 87 ; Id., Tables chronologiques, p. 490 ; Les Gestes des Chiprois, p. 833 ; Marino Sanudo, Liber secretorum, p. 233 ; F. Amadi, Chronique, p. 233 ; G. Bosio, Dell’istoria, t. I, pp. 56-57 ; H. Finke, Acta Aragonensia, t. II, p. 742, n° 459. 45 G. Mollat, Lettres communes de Jean XXII, t. II, p. 350, n° 14104 ; Lignages d’Outremer, p. 144 ; Les Gestes des Chiprois, pp. 856-857 et 871 ; F. Amadi, Chronique, pp. 240-242, 248, 314-315, 320-324, 336-340, 358-359, 365-368, 371-374 et 376 ; D. Strambaldi, Chronique, t. II, p. 26 ; F. Bustron, Chronique, pp.  135, 137-138, 184-185, 188-192, 201-204, 224, 227-230 et 232  ; L.  Machairas,

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volonté du nouveau commandeur d’Arménie, Maurice de Pagnac, pour restaurer des relations convenables entre l’Hôpital et le pouvoir hét’oumien, et assister à la réinstallation des frères dans leur ancien bailliage arménien. Au cours des années 1320, Maurice de Pagnac s’attela à défendre le royaume, et ce jusqu’à sa mort, avec toutes les ressources dont il pouvait disposer, alors que l’État arménien était attaqué par les Mongols, les Turcomans et les Mamelouks46. Lorsque le jeune roi Lewon IV élimina ses régents plutôt hostiles à l’Hôpital, il décida, en 1332, de conier les châteaux de Sechin et d’Antiochette aux frères, témoignant ainsi de sa coniance à leur égard47. Pendant tout le xive siècle, les Hospitaliers de Rhodes tentèrent d’intervenir pour porter secours au royaume d’Arménie, mais leurs faibles moyens et la multiplicité des fronts sur lesquels ils étaient engagés, à la demande des papes, ne leur permirent pas d’être suisamment eicaces48. L’État arménien lui-même se réduisait à chaque nouvelle attaque des Mamelouks, des Syriens, des Karamanides et des Turcomans, perdant progressivement ses possessions littorales et se trouvant coniné, dès avant sa chute, en avril 1375, à sa capitale, Sis, et au territoire environnant49. Chronique, trad. d’E. Miller et C. Sathas, pp. 38-39, et trad. d’I. Cervellin-Chevalier, pp. 53-54 ; Philippe de Mézières, Le Songe du vieil Pèlerin, t. II, l. III, pp. 22 et 227 ; L. Alichan, Sissouan, p.  335  ; G. Hill, A History of Cyprus, t.  II, pp.  216-219, 226-227, 242-244 et 249-250  ; J. RileySmith, he Knights of St John in Jerusalem and Cyprus, pp. 210-215 ; A. Luttrell, « Hospitallers’ Interventions in Cilician Armenia  », pp.  125-126 et 135-137  ; P. Edbury, he Kingdom of Cyprus and the Crusades, pp. 115, 118-119 et 124 ; Id., « he Templars in Cyprus », p. 194 ; Cl. Mutafian, Le royaume arménien de Cilicie, p. 79 ; Id., « Héthoum de Korykos », p. 170 ; M.-A. Chevalier, Les ordres religieux-militaires en Arménie cilicienne, pp. 589-622. 46 G. Mollat, Lettres communes de Jean XXII, t.  III, p.  189, n°  12388, p.  350, n° 14104, et t.  V, pp.  245-246, n° 20907  ; G. Bosio, Dell’istoria, t.  I, p.  62  ; A. Luttrell, «  Hospitallers’ Interventions  in Cilician Armenia  », pp.  126 et 135-137  (d’après Reg. Av. 14, fº 426b, v. 71, ep. 108) ; Id., « he Hospitallers in Cyprus », p. 161 ; Id., « Notes on Foulques de Villaret », p. 85 ; M.-A. Chevalier, Les ordres religieux-militaires en Arménie cilicienne, pp. 627-635. 47 G. Mollat, Lettres communes de Jean XXII, t. X, p. 242, n° 57909 ; J. Delaville le Roulx, Les Hospitaliers à Rhodes, p. 17, n. 2, et p. 87 ; A. Luttrell, « Hospitallers’ Interventions in Cilician Armenia », p. 128 ; W. H. Rudt de Collenberg, « Les Bullae et Litterae adressées par les papes d’Avignon à l’Arménie cilicienne », p. 717. 48 H. Finke, Acta Aragonensia, t. II, pp. 741-743, n° 459 ; A. Coulon et S. Clémencet, Lettres secrètes de Jean XXII, t. III, fasc. 9, pp. 9-11, nos 4308-4310, fasc. 10, pp. 116-117, n° 5292, pp. 153-154, n° 5412, et pp. 175-177, nos 5484-5486 ; E. Deprez et G. Mollat, Lettres closes, patentes et curiales de Clément VI, t. I, pp. 193-195, nos 1488-1493 et 1495 ; Ch. Köhler, « Lettres pontiicales concernant l’histoire de la Petite Arménie », p. 323, nos 12-13 ; L. de Mas-Latrie, Histoire de l’île de Chypre, t. II, pp. 304 et 328-329 ; Philippe de Mézières, Le Songe du vieil Pèlerin, t. I, liv. I, p. 295, et t. II, liv. III, p. 419 ; L. Machairas, Chronique, trad. d’E. Miller et C. Sathas, pp. 116-117, et trad. d’I. Cervellin-Chevalier, p. 111 ; D. Strambaldi, Chronique, pp. 84-85 ; G. Bosio, Dell’istoria, t. I, p. 64 ; G. Hill, A History of Cyprus, t. II, pp. 353-354 ; J. Delaville le Roulx, Les Hospitaliers à Rhodes, pp. 87-91 et 160 ; J. Gay, Le pape Clément VI et les afaires d’Orient, p. 130 ; A. Luttrell, « he Crusade in Fourteenth Century », p. 135 ; Id., «  Hospitallers’ Interventions in Cilician Armenia  », pp.  127-131  ; M.-A. Chevalier, Les ordres religieux-militaires en Arménie cilicienne, pp. 630-658. 49 G. Mollat, Lettres secrètes et curiales de Grégoire XI intéressant les pays autres que la France, fasc. 3, p. 1, n° 3701 ; J. Dardel, Chronique d’Arménie, pp. 31 et 67-81 ; Colophons de manuscrits arméniens du xive siècle, p. 451, n° 546 ; Cl. Mutafian, Léon V, p. 205 ; H. Kühl, Leon V., pp. 131-139.

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Les ordres religieux-militaires connurent plusieurs phases dans leurs relations avec les pouvoirs arméniens. Elles évoluèrent au fur et à mesure d’une meilleure connaissance mutuelle, mais aussi du contexte politique intérieur de l’Arménie et du climat politique international. Les relations des Hospitaliers avec les autorités arméniennes furent les plus mouvantes : elles débutèrent par l’installation précoce mais limitée de l’ordre en Cilicie, dans l’indiférence des seigneurs arméniens, puis continuèrent avec une solide implantation dans des zones riches ou stratégiques voulue par le roi Lewon Ier, pour inir sur des rapports plus compliqués avec ses successeurs en raison des prises de position de membres de l’ordre en faveur de personnages qu’ils estimaient être plus légitimes ou dont ils voulaient défendre la cause. L’Hôpital fut toutefois le seul ordre militaire à continuer à intervenir sur le territoire arménien pendant une grande partie du xive siècle, que ce soit de l’intérieur, depuis son bailliage, ou de l’extérieur, par la voie maritime, en venant de Rhodes ou de Chypre. Dans ses actions vis-à-vis de l’Arménie, l’Hôpital fut guidé par le respect de la volonté pontiicale, la idélité aux souverains ou aux causes qu’il estimait légitimes, mais aussi, par la défense de ses propres intérêts. Le Temple fut l’ordre qui, en Arménie, a entretenu la relation la plus conlictuelle avec les pouvoirs. Le fait remonte aux circonstances de son arrivée dans les montagnes amaniques. Toutefois, les Templiers surent démontrer leur utilité aux souverains arméniens en constituant un rempart face aux envahisseurs, nombreux à tenter d’emprunter la marche dont les frères avaient la garde pour entrer dans le pays. Par contre, lors des conlits entre les souverains chrétiens de la région, les Templiers choisirent systématiquement le camp du prince d’Antioche aux dépens du roi ou du régent d’Arménie cilicienne  ; ils suscitèrent donc toujours la méiance des autorités arméniennes, malgré quelques périodes d’accalmie et la manifestation ponctuelle d’une certaine forme de solidarité. Il apparaît que, pendant tout le temps de sa présence en Arménie, l’ordre du Temple semble avoir privilégié ses propres intérêts et ceux du prince d’Antioche, ne suivant les consignes pontiicales que lorsque cela pouvait lui être favorable et n’apportant son appui aux souverains arméniens que de manière très épisodique. La relation de l’ordre Teutonique avec les pouvoirs arméniens fut la plus linéaire ; apparus au début du xiiie siècle dans le pays par la volonté de Lewon Ier, ses membres restèrent idèles à leur bienfaiteur et, après la mort de celui-ci, ils choisirent de suivre la politique de celui qui incarnait véritablement le pouvoir en Arménie, à savoir Kostandin, pourtant peu apprécié des autres ordres militaires. Les Teutoniques maintinrent leurs positions dans le royaume jusqu’à la chute complète de la marche qui leur avait été coniée, à la in du xiiie siècle, sous les coups des Mamelouks. À la diférence de ses homologues également, l’ordre Teutonique était une institution au recrutement majoritairement national. Fortement lié par son origine à l’empereur germanique, il en suivait les orientations politiques et diplomatiques, en particulier en faveur de certains rois d’Arménie, même lorsque ceux-ci se trouvaient sous le coup d’une excommunication.

LES HOSPITALIERS CATALANS ENTRE RHODES, L’ITALIE ET LA CATALOGNE (1420-1480)

Pierre Bonneaud Chercheur indépendant

Pour être admis comme frère chevalier dans l’ordre de l’Hôpital, il fallait avoir au moins quatorze ans et la plupart des réceptions concernaient des adolescents1. La décision de briguer l’acceptation de l’un des siens comme chevalier de l’Hôpital relevait donc des stratégies familiales à l’égard des cadets2. En Catalogne, la majeure partie du patrimoine familial revenait normalement au ils aîné, l’hereu, la part des puînés dans la succession ne pouvant excéder le quart de celle-ci depuis le milieu du xive siècle3. Les familles destinaient souvent leurs cadets à des carrières d’Église, assorties de bénéices et de rentes. Obtenir une commanderie de l’Hôpital présentait au xve  siècle un grand intérêt du fait du statut d’usufruitier des commandeurs, qui étaient autorisés à conserver leur vie durant sous forme de biens propres le surplus que leur laissaient les rentes de la maison qui leur avait été coniée, une fois assumés les frais de fonctionnement de celle-ci et le paiement des contributions à Rhodes, les responsions, estimées généralement au quart des rentes. Passant souvent d’une commanderie à l’autre, les commandeurs pouvaient espérer en obtenir de meilleures, voire en cumuler plusieurs dans l’un des deux prieurés hospitaliers de la couronne d’Aragon, le prieuré de Catalogne et la châtellenie d’Amposta. Les rentes dont ces dignitaires disposaient permettaient parfois à des cadets de bénéicier de revenus supérieurs à ceux que leurs aînés retiraient du patrimoine familial. Toutefois, les biens qu’avait pu accumuler l’Hospitalier revenaient à l’ordre à sa mort et ils ne pouvaient donc être transmis à son lignage. Qu’ils fussent issus de l’un des quelques mille lignages de la chevalerie catalane, soucieuse de voir ses cadets exercer le métier des armes dans le cadre d’un ordre religieux, ou du dynamique patriciat urbain de Barcelone, Perpignan ou Majorque, toujours désireux de permettre à certains des siens de prendre pied 1 La Valette, Archives of the Order of Malta (AOM), Cod. 1649, statut 72 de 1433. Les folios indiqués dans les notes suivantes sont ceux qui correspondent à la nouvelle numérotation. 2 Nous concentrons cette étude sur la catégorie des frères chevaliers, excluant les frères prêtres d’origine souvent inconnue et généralement plus modeste, peu afectés par la mobilité, ainsi que les frères sergents, pratiquement inexistants en Catalogne au xve siècle. 3 M.-C. Gerbet, Les noblesses espagnoles au Moyen Âge, p. 60.

Philippe Josserand, Luís F. Oliveira et Damien Carraz (éd.), Élites et ordres militaires au Moyen Âge, Collection de la Casa de Velázquez (145), Madrid, 2015, pp. 347-363.

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dans le monde militaire, les nouveaux chevaliers de l’Hôpital bénéiciaient de l’aide de leur famille, tel Joan de Bellpuig, qui, en 1442, reçut de son père, le chevalier ampurdanais Roger Alemany de Bellpuig, une avance sur hoirie de 500  lorins d’Aragon et l’engagement de ses deux frères à lui verser chacun 20 lorins par an jusqu’à ce qu’il reçoive sa première commanderie4. Au xive siècle, tout en se rendant occasionnellement au couvent central de Rhodes5, lieu de résidence du maître et des hauts dignitaires de l’Hôpital depuis 1310, ain de mieux progresser dans leurs carrières, et en accompagnant temporairement le roi dans ses expéditions militaires, en Sardaigne ou en Sicile notamment, les commandeurs et les frères du prieuré de Catalogne et de la châtellenie d’Amposta se consacraient avant tout à administrer leurs commanderies et à participer à la gestion collégiale de leur prieuré. Un commandeur hospitalier, jouissant de ses rentes et de ses droits seigneuriaux, s’apparentait donc, dans la gestion du patrimoine et des sujets de l’ordre ainsi que dans son mode de vie, aux nombreux petits et moyens seigneurs séculiers catalans. Cette situation changea considérablement à partir de 1420, ouvrant désormais à une extraordinaire mobilité des commandeurs et des frères catalans en Méditerranée. Nous souhaitons ici mettre en lumière, outre les causes d’un tel changement que nous avons déjà largement étudiées, les motivations de ces Hospitaliers et de leurs lignages pour accepter de bon gré de s’éloigner de leurs commanderies et de leurs pays6. LA PRÉSENCE MASSIVE DES FRèRES CATALANS À RHODES

Rappel des circonstances Après la période troublée du schisme pontiical pour l’Hôpital et l’absence du couvent des deux maîtres Juan Fernández de Heredia et Philibert de Naillac pendant une trentaine d’années, entre 1379 et 1420, Rhodes avait repris énergiquement en mains la conduite des afaires à partir du chapitre général de 1420, le premier à se tenir au siège de l’ordre depuis quarantequatre ans. Philibert de Naillac voulait certainement préparer l’ordre à faire face aux conlits armés qui menaçaient, tant avec les Mamelouks d’Égypte, ennemis traditionnels de la chrétienté depuis l’expulsion des Latins d’Acre en 1291, qu’avec les Ottomans, qui prenaient en tenaille Constantinople et ne 4

Arxiu de la Corona d’Aragó (ACA), Arxiu del Gran Priorat (AGP), Testaments 649, armari 28. On désignait en général par « couvent » l’ensemble des frères réunis en Orient autour du maître de l’ordre. Le couvent de Rhodes, installé dans l’enceinte de l’ancien château byzantin que l’on appelait le Collachium, abritait le palais du maître, l’hôpital, l’église Saint-Jean, les auberges des diférentes langues et des maisons diverses. 6 P.  Bonneaud, Le prieuré de Catalogne, le couvent de Rhodes et la couronne d’Aragon  ; Id., « Catalan Hospitallers in Rhodes » ; Id., Els Hospitalers catalans a la i de l’Edat mitjana ; Id., « Un débouché fréquent pour les cadets des diférentes aristocraties catalanes ». 5

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cessaient d’avancer dans l’Europe danubienne et balkanique, où ils s’étaient installés inexorablement après la déroute à Nicopolis, en 1396, de la croisade à laquelle avait participé le maître de l’Hôpital. Philibert de Naillac entreprit de renforcer la présence au couvent de frères convoqués d’Occident. La proportion d’Hispaniques fut particulièrement importante puisque, en 1418 et 1419, le maître it recevoir quarante-quatre nouveaux chevaliers des prieurés d’Espagne sur un total de soixante-quinze pour l’ensemble de l’ordre, leur intimant de rejoindre le couvent avec armes et cheval. Parmi ces nouveaux chevaliers espagnols, vingt-deux appartenaient au prieuré de Catalogne et douze à la châtellenie d’Amposta. Simultanément, Philibert de Naillac avait convoqué au chapitre, outre le prieur de Catalogne et le châtelain d’Amposta, dix-sept commandeurs et frères du prieuré et dix-sept autres, dont sept Catalans, de la châtellenie. Au total, près de soixante-dix chevaliers des deux prieurés, dont 80 % de Catalans, étaient donc attendus au couvent7. En 1426, après que le sultan d’Égypte, excédé par les actes de piraterie contre les vaisseaux de ses sujets dont il rendait responsables tant les Lusignan que l’Hôpital, eut envahi Chypre, le maître catalan Antoni de Fluvià (1421-1437), qui avait succédé à Philibert de Naillac, multiplia jusqu’en 1434 les convocations à Rhodes d’un nombre toujours plus grand de commandeurs et de frères du prieuré de Catalogne et de la châtellenie d’Amposta. Une première attaque d’une lotte mamelouke contre Rhodes en 1440, puis un débarquement sur l’île et un siège de quarante jours contre la ville, en 1444, furent repoussés par Jean de Lastic, successeur d’Antoni de Fluvià (1437-1454). À l’instar de son prédécesseur, Jean de Lastic avait appelé à la rescousse en 1440 et 1441 les Hospitaliers d’Occident et en particulier ceux du prieuré de Catalogne et de la châtellenie d’Amposta8. Après la chute de Constantinople, en 1453, le danger vint des Ottomans, qui exigèrent de l’Hôpital un tribut annuel de 2 000 ducats, que Jean de Lastic refusa de payer9. Le couvent dut faire face aux incursions et aux destructions auxquelles se livraient les vaisseaux du sultan et assumer de coûteuses mesures de défense. Jean de Lastic, qui avait cru pouvoir diminuer le nombre de frères présents au couvent après l’échec des Mamelouks en 1444, appela dès juillet 1453, soit moins de deux mois après la chute de Constantinople, tous les prieurés à envoyer chacun à Rhodes quatre commandeurs supplémentaires et tous les frères disponibles avec des escortes de « serviteurs experts en armes10 ». Entre 1455 et 1458, l’Hôpital participa à la croisade menée par la lotte dépêchée en mer Égée par le pape Calixte III, qui it de Rhodes le centre logistique des opérations en Méditerranée orientale11. Pendant la longue guerre qui opposa 7

Id., Els Hospitalers catalans a la i de l’Edat mitjana, pp. 145-148. AOM, Cod. 354, f os 103rº-104rº ; ACA, AGP 569, f os 129rº-130rº ; S. Pauli, Codice diplomatico del sacro militare ordine Gerosolimitano, t. II, pp. 121-123, n° 102. 9 R. Valentini, « L’Egeo dopo la caduta di Costantinopoli ». 10 AOM, Cod. 364, fos 5vº-6vº. 11 M. Navarro Sorni, Alfonso de Borja, papa Calixto III, pp. 449-570. 8

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Venise aux Ottomans entre 1463 et 1479, l’ordre mit deux galères à disposition de la ligue éphémère rassemblant le pape Sixte IV, le roi de Naples Ferdinand Ier et Venise12. Lorsque Venise, ayant inalement perdu la guerre et une partie de ses possessions en Grèce, dut pactiser avec le sultan, celui-ci considéra que le moment était venu d’en terminer avec Rhodes. En 1480, une lotte ottomane de cent cinquante bâtiments entreprit le siège de la ville après avoir débarqué dans l’île. Mais, après trois mois de durs combats, les Ottomans durent se résoudre à l’échec et lever le camp. Ce succès de l’Hôpital fut suivi de plusieurs années de paix, en partie dues à la crise dynastique à Constantinople qui suivit la mort du sultan Mehmed II. Les afrontements reprirent sur mer au xvie siècle et conduisirent au deuxième siège de Rhodes par les Ottomans, entraînant le départ des Hospitaliers en 1523, après plus de deux siècles de présence dans l’île13. Les maîtres Jacques de Milly (1454-1461), le Catalan Pere Ramon Sacosta (14611467), Giovan Battista Orsini (1467-1476) et Pierre d’Aubusson (1476-1503) accrurent le nombre de frères de toutes origines présents à Rhodes ; ce nombre fut ixé d’abord à 335 en 1459, puis 350 en 1466 et 450 en 147114. L’importance numérique ainsi que l’inluence au couvent des Catalans et des Aragonais avaient été soulignées lorsque le chapitre général de 1462 avait décidé de scinder en deux la langue d’Espagne, distinguant d’un côté la Castille et le Portugal et de l’autre l’Aragon, la Catalogne et la Navarre. Parmi les 350 frères prévus statutairement au couvent en 1466, 54 étaient assignés à la langue d’Aragon, soit sans doute entre 30 et 35 Catalans, si l’on ajoute aux 21 frères du prieuré de Catalogne un bon tiers de ceux de la châtellenie d’Amposta. Ce nombre, toutefois, devait être supérieur dans les faits et voisin de la cinquantaine après l’augmentation globale à 450 frères décidée en 147115. Entre 1420 et 1480, les Hospitaliers catalans constituèrent donc une communauté très importante au couvent de Rhodes, tant par leur nombre que par leur inluence. Pour la période antérieure, nous n’avons pu dénombrer à Rhodes entre 1396 et 1418 que treize frères ou commandeurs catalans : en 1403, une réunion de tous les frères de la langue d’Espagne présents au couvent rassemblait en vue la réception d’un nouveau frère trois Hospitaliers aragonais seulement et huit Catalans16. La diférence était donc considérable. Le séjour à Rhodes, condition d’une carrière dans l’ordre Il devint habituel aux alentours de 1418 de convoquer à Rhodes avec armes et cheval tout nouveau frère chevalier. À partir du chapitre général de 1420 et à la suite d’une longue évolution amorcée au xive siècle, l’ancienneté dans l’ordre, l’ancianitas, calculée à compter du premier départ pour Rhodes puis en 12

G. Bosio, Dell’istoria della sacra religione, t. II, pp. 333-337. N. Vatin, L’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, l’empire ottoman et la Méditerranée orientale. 14 G. Bosio, Dell’istoria della sacra religione, t. II, p. 264 ; AOM, Cod. 501, fº 342rº, et Cod. 283, fº 87vº. 15 P. Bonneaud, Els Hospitalers catalans a la i de l’Edat mitjana, pp. 282-283. 16 A. Luttrell, « English Contributions to the Castle of Bodrum », p. 163. 13

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fonction du temps passé dans l’île, devint la condition requise pour obtenir une première commanderie dite de cabimentum17. On pouvait ensuite prétendre à une meilleure commanderie au titre du melioramentum, toujours en fonction de l’ancienneté au couvent. Les frères prirent l’habitude de se réunir à l’auberge de leur langue, celle d’Espagne pour les chevaliers de la châtellenie d’Amposta et du prieuré de Catalogne, pour justiier leur ancienneté et leurs droits aux commanderies et aux autres dignités. Le maître accorda formellement aux frères du prieuré, en 1442, et à ceux de la châtellenie, en 1446, le droit de déclarer, entre eux et d’un commun accord, leur rang d’ancienneté, accord toutefois soumis à son approbation. Il conserva également un droit assez étendu d’attribuer lui-même ou avec l’accord de son conseil des commanderies par grâce magistrale, droit ensuite limité à une commanderie par prieuré tous les cinq ans par le chapitre général de 146218. Dans tous les cas, il était désormais acquis que l’octroi de commanderies selon les règles de l’ordre supposait de longs séjours à Rhodes. Au cours du xive  siècle, les trois langues dites françaises, celles de France, de Provence et d’Auvergne, avaient dominé la conduite des afaires et bénéicié de privilèges dans l’accès aux meilleures dignités, situation que n’acceptaient plus les langues dites mineures, celles d’Espagne, d’Italie, d’Angleterre et d’Allemagne. Il en résultait des conlits particulièrement aigus, notamment dans la gestion des inances de l’ordre. L’élection de deux Catalans, Antoni de Fluvià et Pere Ramon Sacosta, comme maîtres de l’ordre renforça l’inluence de la langue d’Espagne et favorisa évidemment le rassemblement à Rhodes ainsi que les carrières des Hospitaliers catalans. Dans l’entourage immédiat du maître de l’ordre, la charge la plus importante de l’hôtel était celle du sénéchal, qui participait au conseil ordinaire, fonction occupée, sous Antoni de Fluvià, par les Catalans Lluís de Gualbes, Pere Metge, Joan de Vilagut et Lluís de Mur et, sous Pere Ramon Sacosta, par Pere de Lordat et Ramon Jou. Mais les autres fonctions étaient nombreuses au palais magistral, par exemple celle de maître du palais (Vicenç de Claramunt, Pere de Lordat), de chambellan (Galceran de Sentmenat, Baltasar Menaguerra), de chambrier (Bernat Villosa), d’écuyer et de chapelain. Le maître, en tant que seigneur de l’île de Rhodes, pourvoyait aussi aux oices de châtelain de Rhodes, aux mains de Joan de Vilafranca, entre 1428 et 1439, et de Joan Despilles, en 1465, de bailli du commercium, charge détenue entre 1428 et 1431 par Garcia de Torres et par Jordi Saplana en 1461, et, enin, de bailli de l’île de Rhodes, poste successivement conié à Albert Ermengol, en 1428, à Rafael Saplana, en 1433, et à Pere Ramon Sacosta, en 1436. En dehors des oices accordés directement par le maître, il existait des fonctions institutionnelles dont certaines donnaient accès au conseil ordinaire, organe collégial, décisionnel dans la plupart des matières. Tel était le cas des 17 Voir, pour le fonctionnement complexe des règles de l’ancianitas que nous ne pouvons développer ici, P. Bonneaud, « La règle de l’ancianitas dans l’ordre de l’Hôpital ». 18 AOM, Cod. 282, fº 114vº.

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baillis conventuels représentant chacune des langues. Ces hauts dignitaires, outre les revenus de leurs commanderies, recevaient un salaire annuel de 300 lorins, ramené à 200 en 146619. Parmi les baillis, la dignité de drapier était réservée à la langue d’Espagne, puis, après 1462, à la langue d’Aragon-Catalogne. Il était habituel que le drapier accédât à la tête du prieuré dont il était originaire lorsque cette fonction devenait libre, après la mort de son détenteur. Ainsi, Lluís de Gualbes et Rafael Saplana devinrent prieurs de Catalogne, alors que Pere Ramon Sacosta et Diomedes de Vilaragut furent châtelains d’Amposta. À partir de 1420 et jusqu’à la in du xve siècle, seize Catalans du prieuré ou de la châtellenie occupèrent la charge de drapier du couvent. En dehors de Rhodes, des dignités que l’on appelait bailliages capitulaires, telles que les commanderies de Majorque ou, dans le Levant, celles de Chypre et de Cos, donnaient également accès au conseil ordinaire du maître. Le bailliage capitulaire de Nègrepont était réservé à la langue d’Espagne et fréquemment attribué à un Catalan. Une autre fonction importante, celle de capitaine du Château Saint-Pierre, forteresse hospitalière sur la côte de l’Anatolie, donnait accès au conseil complet, dont faisaient aussi partie deux procureurs de chaque langue. Ce conseil se réunit fréquemment à partir de 1462 pour prendre des décisions importantes. Plus de trente Hospitaliers catalans irent partie ainsi, entre 1420 et 1480, de l’oligarchie qui, à un degré plus ou moins important, participait au gouvernement collégial de l’ordre. Certains demeurèrent de longues années au couvent, voire toute leur vie, tel Felip d’Hortal, reçu chevalier en 1417 et mort à Rhodes trente-deux ans plus tard, alors qu’il était devenu prieur de Catalogne et commandeur de Chypre, sans être apparemment jamais retourné en Espagne. Un autre prieur de Catalogne, Jaume de la Geltrú, demeura dans le Levant pendant soixante et un ans d’une carrière de soixante-dix ans : il fut, entre 1461 et 1493, lieutenant des trois maîtres Pere Ramon Sacosta, Giovan Battista Orsini et Pierre d’Aubusson20. Chaque fonction de quelque importance disposait aussi d’un 19

AOM, Cod. 283, fº 35rº. Mentionnons parmi les dignitaires catalans, outre les membres de l’hôtel du maître, les châtelains de Rhodes, les baillis du commercium et de l’île de Rhodes que nous avons cité plus haut, les drapiers Dalmau Ramon Xetmar (1421-1422), Lluís de Gualbes (1422-1428), Ramon Roger d’Erill (1428-1432), Gabriel de Gualbes (1433), Gispert de Miralpeix (1434), Rafael Saplana (1434-1439), Pere Ramon Sacosta (1439-1446, avec une interruption en 1441-1442, la fonction étant temporairement attribuée à Felip d’Hortal), Azbert de Vilamari (1456-1466), Joan Despilles (1470-1475), Nicolau Saplana (1478-1479), Guillem de Castellvi (1479-1483), Galceran d’Oluja (1485-1486), Diomedes de Vilaragut (1487-1493), Martí Blanch (1495-1498) et Albert de Vilanova (1498-1501)  ; les baillis de Majorque Lluís de Gualbes (1428-1429), Joan de Vilafranca (14391447), Felip d’Hortal (1447), Simon de Vallgornera (1447-1451), Jaume de la Geltrú (1454-1460), Joan de Cardona (1460-1487), Francesc de Boxols (1487-1495), Martí Blanch (1495-1498) et Joan d’Argensola (1498-1500)  ; les grands-commandeurs de Chypre Felip d’Hortal (1444-1449) et Nicolau Saplana (1471-1475) ; le commandeur de Cos Jaume de la Geltrú (1461-1467) ; les baillis de Nègrepont Ramon Roger d’Erill (1423-1428), Garcia de Torres (1428-?), Gispert de Miralpeix (?-1433), Rafael Saplana (1434), Lluís de Mur (1435-1450), Ramon Jou (1464-1467) et Bernat Guillem de Foxa (1480-1481) ; les capitaines du Château Saint-Pierre Jaume de la Geltrú (1433 et 1446-1447), Ramon Jou (1448), Francesc de Boxols (1470-1472, 1480-1482 et 1483-1486), Baltasar 20

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lieutenant, généralement rémunéré, qui suppléait si nécessaire à l’absence de détenteur. La perspective d’accéder à de telles dignités devait être très motivante en raison de l’inluence qu’elles procuraient et de leurs retombées inancières. Pour les frères du couvent non pourvus de commanderies et n’ayant pas accédé aux plus hautes dignités, un très grand nombre de fonctions rémunérées étaient réservées, telles celles de connétable du Château Saint-Pierre ou, à Rhodes, de maître écuyer, de capitaine des portes de la ville, des tours du port ou des châteaux forts de l’île. D’une manière générale, les frères non pourvus recevaient une rémunération dont le montant annuel de 40  lorins avait été décidé lors du chapitre général de 144621. Leur nourriture donnait également lieu au paiement, à leur auberge, de dépenses de table, les tabulae22. La situation des frères non pourvus résidant à Rhodes, chevaliers ou sergents, pouvait donc apparaître comme plus avantageuse et davantage porteuse de perspectives que celle dont jouissaient les simples frères des prieurés d’Occident. Ceux-ci, en efet, étaient envoyés en stage dans une commanderie ou auprès d’un commandeur, et seuls leur étaient garantis l’habit et le couvert. Autres attraits du séjour à Rhodes Le mode de vie des Hospitaliers à Rhodes était à bien des égards celui d’une ville de garnison, mais il était loin d’être spartiate. Les frères avaient en principe l’obligation de résider à l’intérieur du collachium, c’est-à-dire de l’espace urbain emmuré qui délimitait le couvent, et ils ne pouvaient en sortir sans cause légitime entre l’heure du déjeuner et celle du dîner, d’après les prescriptions du chapitre général de 1466 qui constituaient un rappel à la discipline dicté par le pape Paul II23. On peut toutefois douter de la rigueur réelle de pareils horaires à en juger par la participation d’Hospitaliers à des rixes hors les murs de la cité ou par le rapatriement à Rhodes de frères vagabonds s’étant incrustés à Chypre ou à Cos sans y exercer aucune mission24. Les auberges des langues fournissaient des lieux de réunions et de restauration et elles possédaient aussi sans doute quelques chambres comme celle qu’utilisait en 1426 le prieur de Catalogne Lluís de Gualbes25. Les frères, toutefois, semblent surtout avoir résidé par petits groupes dans des maisons dont certaines appartenaient aux langues. Ainsi, en 1428, le maître Antoni de Sunyer (1473-1476), Galceran d’Oluja (1478-1480). Références dans P. Bonneaud, Le prieuré de Catalogne, le couvent de Rhodes et la couronne d’Aragon, pp. 347-389 ; Id., «Un débouché fréquent pour les cadets des diférentes aristocraties catalanes » ; et J. Sarnowsky, Macht und Herrschat im Johanniterorden des 15. Jahrhunderts, pp. 651-694. 21 AOM, Cod. 1698, fos 82rº-vº. 22 AOM, Cod. 283, fº 35rº indique qu’en 1466 huit mille lorins étaient consacrés annuellement aux tabulis albergiarum, camerarum et aliorum fratrum. 23 AOM, Cod. 283, fº 37vº. 24 AOM, Cod. 74, fos 53vº-54vº et 64rº ; N. Tsirpanlis, Anekdota, pp. 604-609, doc. 244 ; AOM, Cod. 374, fº 79vº et Cod. 375, fº 108r°. 25 ACA, AGP 567, fos 96rº-98rº. Référence à un acte notarial fait par Gualbes in colatu Rhodi infra cameram albergie Yspanie habitacionis dicti domini constituentis.

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Fluvià donna l’usage d’une maison du collachium qui lui appartenait à trois frères catalans, Antoni de Fluvià, son neveu, Lluís de la Sala et Pere Ramon de Fluvià, jusqu’à ce qu’ils fussent dotés d’une commanderie, puis il la remit en 1433 à son chambellan, Galceran de Sentmenat, étant entendu que le lieu deviendrait à la mort du dignitaire propriété de la langue d’Espagne26. D’autres maisons du collachium étaient tenues en propriété par des frères qui les avaient soit achetées, soit reçues en donation du maître. En 1445, Jean de Lastic avait autorisé son maître d’hôtel, le frère catalan Vicenç de Claramunt, à vendre des maisons de la ville de Rhodes qu’il avait acquises ou qui lui avaient été concédées27. En 1461, les frères Guillem Sesavasses et Ramon Llull détenaient une maison du collachium, en surplomb de l’église Saint-Dimitri28. Par l’utilisation de leurs biens propres, les Hospitaliers de Rhodes pouvaient acheter des maisons et des jardins, voire des boutiques et des moulins, dont ils retiraient des rentes. Ainsi, à sa mort, en 1488, le prieur de Catalogne Jaume de la Geltrú légua à la langue d’Aragon deux moulins, cinq boutiques, une vigne et un terrain qu’il possédait à Rhodes29. De nombreux Hospitaliers étaient aussi propriétaires d’esclaves. En 1436, le maître Antoni de Fluvià avait autorisé le châtelain d’Amposta Joan de Vilagut à émanciper certains de ses nombreux esclaves et, en 1446, Jean de Lastic accorda au frère Miquel d’Olzinelles, qui se rendait à Alexandrie pour négocier une trêve avec les Mamelouks, d’afranchir son jeune esclave, Louis, de nation russe30. L’existence d’esclaves détenus par des Hospitaliers de Rhodes nous est connue par les licences d’afranchissement délivrées par le maître  ; celles-ci étaient obligatoires du fait de la diminution du patrimoine de l’ordre que cette liberté nouvelle supposait puisque, au décès des frères qui les possédaient, les esclaves faisaient partie de leurs dépouilles et devenaient la propriété du trésor jusqu’à ce qu’ils soient afranchis ou revendus. On manque cependant d’informations sur la manière dont les esclaves étaient achetés ou bien acquis par les frères ; leur nombre, à Rhodes, a été estimé à trois mille en 1522, mais, dans son ouvrage sur l’esclavage dans l’Europe médiévale, Charles Verlinden a souligné à quel point nous sommes peu renseignés sur l’organisation d’un véritable marché des esclaves dans l’île, les archives de l’ordre semblant muettes à ce sujet précis31. Il est évident que, du fait de sa situation géographique et de la fréquentation de son port par les vaisseaux de marchands et de pirates, Rhodes était un lieu de transit important dans le traic des esclaves, dont beaucoup demeuraient dans l’île après y avoir été achetés ou conservés par qui les avait capturés. 26 AOM, Cod. 348, fº 88v°, Cod. 350, fº 235rº, et Cod. 381, fos 202vº-203rº (il est fait également référence, en 1472, à des maisons qui étaient propriétés de la langue de France). 27 AOM, Cod. 357, fº 237vº. 28 AOM, Cod. 1471, fº 81rº. 29 AOM, Cod. 53, sans numérotation. 30 AOM, Cod. 352, fº 66rº, et Cod. 357, fº 233rº. 31 N. Vatin, L’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, l’empire ottoman et la Méditerranée orientale, p. 31 ; Ch. Verlinden, L’esclavage dans l’Europe médiévale, t. II, pp. 975-977.

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Des commandeurs voire de simples frères catalans ou aragonais possédaient aussi des embarcations diverses, des fustes, des gripariae, des birèmes, des baleinières, des galiotes ou même des galères, alors qu’ils étaient à Rhodes. Ce fut le cas pour Antoni Pere de Torelles, en 1441, Gilabert de Loscos, en 1443, Juan Claver, entre 1451 et 1457, Francesc Pallers, en 1453, Galceran de Toroella, en 1454, Jaume de la Geltrú, en 1458, Guillem de Castellvi et Lluís de Vilanova, entre 1461 et 1467, Jordi Saplana, en 1463, Galvany Tolsa, entre 1465 et 1467, et Lluís de Caramany, en 146632. On a constance, en 1413, d’une licence de course accordée par le lieutenant du maître à deux Hospitaliers de la langue de France33. Cependant, nous n’avons trouvé par la suite aucune autre mention relative à de telles licences avant les chapitres généraux de Rhodes, en 1462, et de Rome, en 1466, qui entendirent mettre in à des pratiques de piraterie de la part des frères34. La possession d’une embarcation armée était sans aucun doute une source de proit à en juger par les disputes qui surgissaient lors du partage des prises35. Ces dernières étaient légitimes lorsque les attaques visaient des musulmans, mais des actes de piraterie furent également pratiqués contre des bateaux de Venise, de Gênes ou d’ailleurs par des Catalans notamment, y compris par des frères36. À Rhodes, les embarcations étaient également utiles, moyennant une rémunération à leurs propriétaires, pour renforcer la défense du couvent et, plus largement, du Dodécanèse et assurer des missions de transport de vivres et d’armement. Mais, devant l’aggravation de la menace turque, l’ordre prit conscience qu’il ne pouvait s’exposer à se créer d’autres ennemis que les Ottomans et il tenta de limiter les dérives de la piraterie qui risquaient de lui aliéner bien des chrétiens. Les avantages de carrière et les proits ou le bien-être que les Hospitaliers pouvaient retirer de leur résidence à Rhodes devaient contribuer à rendre plus légères leurs obligations militaires. L’éloignement était sans doute d’autant mieux vécu que les Catalans étaient devenus plus nombreux au couvent et que des liens familiaux les unissaient fréquemment entre eux. Ce fut le cas notamment de l’important lignage du patriciat urbain barcelonais des Gualbes, représenté par les deux frères, Lluís et Gabriel de Gualbes, et par leurs cousins Felip de Gualbes 32

ACA, Registre de Cancilleria (RC) 2521, fº 20 (Torelles) ; AOM, Cod. 355, fº 144rº (Loscos), Cod. 363, fº 244rº (Claver)  ; ACA, RC 2551, fos  174vº-176rº (Pallers)  ; AOM, Cod. 365, fº 66rº (Toroella), Cod. 372, fos 82rº-vº (La Geltrú), Cod. 373, fº 69vº (Castellvi et Vilanova), Cod. 374, fos 88vº-89rº (Saplana), Cod. 375, fº 53vº (Tolsa) et fº 61rº (Caramany). 33 A. Luttrell, « he Earliest Documents on the Hospitaller Corso at Rhodes », p. 183. 34 AOM, Cod. 282, fos 114 vº et 172rº-173rº, et Cod. 283, fº 41rº. 35 En 1443, Gilabert de Loscos s’était approprié la totalité de la prise lors d’une opération contre les Turcs au grand dam de ses deux associés qui réclamaient leur part (AOM, Cod. 355, fº 144rº). En 1462, les deux frères Francesc de Boxols et Aymeric Despilles, qui étaient en charge d’une galée ou trirème appartenant au prieur de Catalogne, Jaume de la Geltrú, se plaignaient que ce dernier ne les faisait pas suisamment bénéicier des gains de leur activité (AOM, Cod. 372, fos 82rº-vº). 36 Citons, en 1466, l’attaque d’une embarcation lorentine par le commandeur Galvany Tolsa, qui avait mis sa galère à disposition de l’ordre pour aller chercher du blé en Sicile (AOM, Cod. 375 fº 54vº, et Cod. 376, fos 82vº-83rº).

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et Jaume de la Geltrú. Signalons aussi, parmi d’autres exemples, Rafael Saplana et ses deux neveux, Jordi et Nicolau, ainsi que cinq membres du lignage noble de Vilanova et quatre du lignage de Foxa37. La présence de nombreux marchands catalans à Rhodes contribuait aussi à gommer le sentiment d’être en terre étrangère. L’île, en efet, était devenue au xve siècle la première destination du grand commerce catalan vers le Levant, à la fois plaque tournante et entrepôt pour les marchandises en provenance ou à destination des diférents pays d’Orient. Plusieurs marchands de Barcelone, Perpignan ou Majorque résidaient ou se rendaient fréquemment à Rhodes38. En l’espace de quatre ans, entre 1463 et 1466, malgré la vigueur de la guerre civile sur leur sol natal, quarante-trois marchands catalans avaient contribué au inancement de la dette de l’Hôpital en remettant en personne au trésor de Rhodes des fonds remboursables soit à Rhodes même, soit en Occident, principalement à Avignon, par des lettres de change39. Ces marchands, qui ne dédaignaient pas à l’occasion de pratiquer la piraterie, étaient très utiles à l’ordre, tant en approvisionnant l’île, en payant l’impôt du commercium et de la gabelle, qu’en apportant éventuellement le concours rétribué de leurs galères lors d’attaques des Mamelouks ou des Ottomans. Les difficultés rencontrées Cependant, de graves déséquilibres se manifestaient pour les frères résidant à Rhodes. Après les attaques des Mamelouks, l’Hôpital dut faire face, pour s’armer et se défendre, à une grave crise inancière. Les diférents maîtres s’endettèrent lourdement, notamment auprès de marchands catalans ou génois, tant pour armer ou contracter des vaisseaux que pour engager des mercenaires, construire ou renforcer les fortiications et maintenir au couvent un plus grand nombre de frères. La dette, qui avait déjà été supérieure à 100  000  lorins de Rhodes sous Antoni de Fluvià, s’éleva à 160 000 lorins après l’assaut des Mamelouks contre Rhodes en 1444. En 1462, l’ordre devait à ses créanciers 450  684  lorins et, en 1466, 575 858 lorins, soit plus de dix fois le coût annuel estimé de fonctionnement du couvent40. La gestion des inances par les maîtres et par le trésor provoqua d’aigres dissensions entre les langues. Lors du chapitre général de 1459, les frères catalans conduisirent une véritable fronde des langues

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P. Bonneaud, « Un débouché fréquent pour les cadets des diférentes aristocraties catalanes ». Voir, au sujet du grand commerce catalan en Méditerranée orientale, les ouvrages de C. Carrère, Barcelone, centre économique, de D. Coulon, Barcelone et le grand commerce d’Orient, et de M. Del Treppo, I mercanti catalani. 39 AOM, Cod. 374, fos 96r°-103r°, Cod. 375, fos 130r°-162v°, Cod. 376, fos 130v°-134v° et Cod. 377, fos 178r°-197v°. 40 Sur la crise inancière, voir J. Sarnowsky, Macht und Herrschat im Johanniterorden des 15. Jahrhunderts, pp. 525-582, et P. Bonneaud, « La crise inancière des Hospitaliers de Rhodes au xve siècle ». 38

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mineures41. L’ampleur de la dette de l’Hôpital et la férocité des conlits internes amenèrent les papes Eugène IV, en 1446, et Paul II, en 1466, à prendre les choses en main et à convoquer le chapitre général à Rome, en clair désaveu des maîtres Jean de Lastic et Pere Ramon Sacosta. Ces diicultés obligèrent les maîtres à prélever auprès des commandeurs de lourdes annates, soit en sus des responsions, soit à leur place. En 1462, Pere Ramon Sacosta décida que pendant trois ans la totalité des rentes de chaque commanderie devrait être versée au trésor, à l’exception uniquement d’un quart jugé indispensable pour faire face localement aux frais courants. Le rejet d’un tel remède fut tel que le chapitre général de 1466 ramena cette ponction à 50 % des rentes pendant cinq ou six ans. En fait, cette demi-annate continua à être imposée jusqu’en 1480 et au-delà. Devant les diicultés inancières croissantes, les coûts de fonctionnement du couvent irent également l’objet de réductions drastiques. Dès 1450, Jean de Lastic et son conseil avaient décidé que les commandeurs résidant à Rhodes ne pourraient plus être nourris par l’ordre, ni recevoir de l’orge pour leurs chevaux. Ils ne devraient dorénavant compter que sur les revenus de leurs commanderies pour faire face à leurs besoins. Cependant, il fut entendu que, pour les commandeurs dont les maisons rapportaient moins de 100 lorins annuellement, le trésor compléterait leurs revenus jusqu’à un tel seuil42. Le chapitre général de 1466 imposa certaines baisses des frais liés à la présence des Hospitaliers à Rhodes : de nombreux salaires diminueraient d’un tiers ou de moitié, à commencer par ceux des huit baillis conventuels et de leurs lieutenants  ; des rémunérations seraient dorénavant perçues en pièces de drap et non plus en argent43. L’augmentation des prélèvements dans les commanderies et la diminution des salaires et des avantages procurés aux frères résidant à Rhodes rendaient sans doute moins motivants les passages vers le Levant, mais un autre élément concourait également à les décourager. Les commanderies du prieuré de Catalogne et de la châtellenie d’Amposta ne se libéraient pas assez vite pour permettre aux nouveaux venus d’obtenir leur cabimentum avant dix à quinze ans, à moins que la faveur du maître ne leur accorde une commanderie par grâce magistrale. La concurrence et les querelles étaient donc continuelles entre les frères. Pour y remédier, le chapitre général de 1449 avait décidé d’augmenter le nombre de commanderies dans les deux prieurés en morcelant les plus importantes44. Les rentes de ces nouvelles unités étaient faibles, ce qui les rendait moins attrayantes. Les frères convoitaient en priorité les commanderies les plus riches. Or, il apparaissait qu’il pouvait y avoir, en dehors du couvent, d’autres chemins pour les obtenir. En voici une illustration. En 1447, trois frères de la châtellenie d’Amposta non encore pourvus d’une commanderie conclurent entre eux un 41

AOM, Cod. 282, f os 55rº-62rº. Z. Tsirpanlis, Anekdota, pp. 566-567 et 571-573, nos 225 et 227. 43 AOM, Cod. 283, fos 34vº-36rº. 44 AOM, Cod. 361, fos 130vº-131rº, et 108rº-109rº.

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pacte de solidarité qu’ils déclarèrent comminatoire et qu’ils irent inscrire dans le registre de chancellerie. Le premier à recevoir une commanderie céderait aux deux autres les deux tiers des rentes de celle-ci. Il en irait de même du second jusqu’à ce que le troisième soit à son tour pourvu. L’accord précisait que peu importait l’origine de l’attribution : il pouvait s’agir d’un cabimentum ou d’une grâce magistrale, donc d’une décision prise au couvent, mais également d’une concession du pape ou d’une intervention du roi d’Aragon, autorités qui se trouvaient à Rome, dans le premier cas, et à Naples, dans le second45. LES FRèRES CATALANS EN ITALIE

Auprès du roi d’Aragon Bien que ne disposant d’aucun droit formel pour faire admettre de nouveaux frères ni pour accorder des commanderies hospitalières dans les territoires de la couronne, les rois d’Aragon ont néanmoins toujours fait usage de leur inluence auprès du pape, du maître, du prieur de Catalogne et du châtelain d’Amposta en faveur des cadets des familles qui leur apportaient leur appui militaire ou inancier. Cependant, à quelques exceptions près, comme le prieur de Catalogne Guillem de Guimerà, auprès de Pierre IV, ou bien le prieur de Messine Alamany de Foxa, avec Martin Ier, la plupart des Hospitaliers catalans n’avaient prêté leurs services à la monarchie que de manière épisodique46. Avec Alphonse V le Magnanime, dont le règne s’étendit de 1416 à 1458, le recours de la monarchie à des Hospitaliers prit un tout autre aspect. Le roi passa trente ans en Italie en deux séjours, le premier d’une durée de quatre ans, de mai 1420 à novembre 1423, le second de vingt-six ans ininterrompus, entre 1433 et  1458. Il lutta pendant de longues années contre les Angevins pour obtenir le royaume de Naples, qu’il emporta en 1442 et qu’il gouverna, depuis Naples même, jusqu’à sa mort47. Pour conduire à son terme cette conquête, le roi avait eu désespérément besoin de fonds et de chevaliers. Il avait donc fait appel à un certain nombre d’Hospitaliers aragonais et catalans. Lors de la première expédition catalano-aragonaise en Italie, la lotte d’une trentaine de bâtiments rassemblés par Alphonse V appareilla dans l’intention de prendre la Corse aux Génois, mais elle se détourna rapidement vers Naples après que la reine Jeanne II eut décidé d’ofrir sa succession au roi. La reine ne tarda point ensuite à changer d’opinion, forçant le roi d’Aragon à guerroyer contre les Angevins et les troupes napolitaines. L’envoi d’une lotte en renfort depuis Barcelone fut nécessaire, et ses bateaux raccompagnèrent Alphonse V en péninsule Ibérique en 1423. Lors de ces premiers épisodes, sept Hospitaliers 45

AOM, Cod. 361, fº 101vº. P. Bonneaud, Els Hospitalers catalans a la i de l’Edat mitjana, pp. 100-116. 47 Sur le règne et la personne d’Alphonse V, voir A. Ryder, Alfonso the Magnanimous, King of Aragon, Naples and Sicily. 46

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catalans servirent aux côtés du roi à un moment ou à un autre, les commandeurs Joan de Vilagut, Garcia de Torres, Lluís de Mur, Dalmau Ramon Xetmar, Hug de Pau et les frères Rafael Saplana et Roger de Peguera. Toutefois, après l’échec de l’expédition, cinq d’entre eux ne tardèrent pas à rejoindre le couvent de Rhodes, où ils assistèrent au chapitre général de 1428, obtinrent des dignités importantes et cessèrent d’apporter au roi leur concours armé48. La seconde étape de la conquête de Naples, entre 1433 et 1442, vit au contraire une douzaine d’Hospitaliers catalans du prieuré de Catalogne et de la châtellenie d’Amposta se mettre au service d’Alphonse V et combattre à ses côtés de manière permanente. Il s’agissait de Joan Barutell, Joan de Cardona, Pere Cases, Lluís d’Espès, Berenguer de Fontcoberta, Bernat Guillem de Foxa, Pelegrí de Montagut, Francesc de Montsoriu, Bernat Roger Sarriera, Ramon de Siscar, Ramon de Soler et Galvany Tolsa. Outre ces Catalans, les commandeurs et frères aragonais Juan de Heredia et Juan Claver étaient également au service du roi. Face au maître de Rhodes, Alphonse V revendiquait son droit à disposer à ses côtés d’un groupe d’Hospitaliers jouissant des mêmes privilèges que ceux qui demeuraient au couvent, bien qu’ils ne s’y rendissent pas49. Pour constituer un tel groupe, qui faisait partie de sa garde rapprochée, le roi parvint à faire accorder l’habit de l’Hôpital à certains de ses proches comme Berenguer de Fontcoberta et Pere Cases, qui avaient fait partie de son hôtel comme maîtres des écuries, ou comme Joan de Cardona, qui combattait aux côtés de ses deux frères à Naples. Pour eux, comme pour ceux qui étaient déjà frères ou commandeurs, il intervint sans cesse auprès du maître, mais surtout auprès du pape, ain de leur faire obtenir une première commanderie ou, le cas échéant, une meilleure. L’acharnement d’Alphonse V le conduisait à inciter ses protégés à occuper les maisons auxquelles ils prétendaient avec l’appui des oiciers royaux au prix d’incessantes tensions entre le roi et le maître. Le souverain parvint à imposer Pere Cases comme prieur de Messine, mais échoua pour les dignités de prieur de Catalogne et de châtelain d’Amposta. Il considérait que les revenus de leurs commanderies devaient permettre à ces idèles chevaliers de faire face aux frais de leur service armé, sollicitant l’intervention des oiciers royaux pour que les rentes des maisons leur parviennent efectivement. Il ne faut donc point s’étonner que, mieux que Rhodes, en proie aux attaques des musulmans et en pleine détresse inancière, une carrière en Italie auprès du roi Alphonse V comportât bien des attraits. Une fois passée la dure étape de la conquête, Alphonse V, installé à Naples, continua à intervenir avec une inluence accrue dans l’attribution des commanderies et à retenir à sa cour des Hospitaliers. Il ne s’opposa plus à ce que certains 48

P. Bonneaud, Le prieuré de Catalogne, le couvent de Rhodes et la couronne d’Aragon, pp. 267270. Joan de Vilagut devint châtelain d’Amposta puis, par la suite, lieutenant du maître Jean de Lastic, Garcia de Torres, bailli du commercium et procureur de l’ordre auprès du pape, Lluís de Mur, sénéchal du maître et bailli de Nègrepont, Dalmau Ramon Xetmar, drapier puis châtelain d’Amposta, Rafael Saplana, drapier puis prieur de Catalogne. 49 Ibid., pp. 296-312.

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d’entre eux, comme Joan de Cardona ou Juan Claver, visitent le couvent, assistent aux chapitres généraux et jouent même un rôle d’ambassadeurs ou de porte-parole auprès du maître. Jean de Lastic accorda d’ailleurs l’ancianitas à Juan Claver en dépit de ses absences du couvent, louant « sa constante habileté et sa diligence à servir au mieux les intérêts de l’ordre auprès du roi d’Aragon et ailleurs lorsque nécessaire50 ». De nombreux Hospitaliers catalans visitèrent la cour de Naples, certains sur le trajet de Rhodes à Barcelone, comme le prieur de Catalogne Gilabert de Loscos, avant de prendre sa nouvelle fonction, ou Pere Ramon Sacosta, rejoignant, lui, la châtellenie d’Amposta. D’autres venaient retrouver à la cour, à Gaète puis à Naples, des membres de leurs familles, car trente-cinq lignages catalans, dont beaucoup comptaient des Hospitaliers, avaient accompagné ou rejoint Alphonse V en Italie51. Après la mort du souverain, en 1458, la situation se modiia profondément car le royaume de Naples fut séparé de la couronne d’Aragon et remis au ils naturel du roi, Ferdinand, par testament paternel. Le nouveau souverain ne paraît pas avoir conservé à ses côtés le noyau d’Hospitaliers qui avaient été idèles à son père. Plusieurs, à l’instar de Joan de Cardona, Pere Cases, Bernat Guillem de Foxa ou Pelegrí de Montagut, rejoignirent le couvent de Rhodes pour y occuper parfois des dignités importantes. D’autres, comme Ramon de Siscar ou Luis d’Espès, maintinrent des relations de caractère clientéliste avec Jean II, successeur d’Alphonse V dans les territoires de la couronne d’Aragon. Les recours à la papauté L’espoir d’obtenir des dignités par décision pontiicale pouvait constituer un autre motif de se rendre en Italie pour les Hospitaliers catalans. Attribuer des commanderies ou accepter d’accorder l’arbitrage de la Curie dans des conlits opposant des Hospitaliers au maître et au couvent faisait partie des pouvoirs du Saint-Siège. Après les conciles de Pise et de Constance, dans lesquels le maître Philibert de Naillac avait joué un rôle de premier plan, les supérieurs de l’Hôpital s’employèrent à obtenir des papes le respect de leurs prérogatives et des règles de l’ordre en matière de carrières, notamment s’agissant de l’ancienneté. Certains papes, comme Martin V, Calixte III et Pie II, acceptèrent de se plier à cette exigence, mais d’autres, à l’instar d’Eugène IV, de Nicolas V et de Paul II, n’en irent que peu de cas. Les cas d’appels d’Hospitaliers catalans au jugement du pape ne manquent pas, le plus signiicatif étant celui du futur maître Pere Ramon Sacosta, qui obtint d’Eugène IV d’être rétabli dans la charge de drapier dont l’avaient privé Jean de Lastic et son conseil52. À cette occasion, le dignitaire it certainement acte de présence à Rome, où il gagna la coniance du pape, qui lui accorda ensuite la 50

AOM, Cod. 361, fº 102r°. P. Bonneaud, « Un débouché fréquent pour les cadets des diférentes aristocraties catalanes », p. 11. 52 AOM, Cod. 355, fos 86-87, et Cod. 362, fos 64rº et 78vº-79rº. 51

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châtellenie d’Amposta. Je ne pense pas néanmoins que des Catalans faisaient habituellement partie de ces Hospitaliers qui s’installaient en permanence auprès de la Curie ain d’en obtenir des bénéices et dont Jean de Lastic obtint de Nicolas V le renvoi53. L’octroi de commanderies par grâce pontiicale à des frères catalans répondit plus fréquemment aux interventions du roi d’Aragon qu’à un quelconque lobbying direct des bénéiciaires. Le premier pape Borgia, Calixte III, recourut à plusieurs Hospitaliers catalans comme patrons de quelques-unes des embarcations qu’il avait contractées ou fait construire pour mener à bien sa croisade contre les Ottomans entre 1455 et 1458. Il s’agissait, pour les galères engagées, de celles de Joan Barutell et de Juan Claver armées à Naples, certainement avec l’accord, sinon à l’initiative d’Alphonse V, dont les deux frères étaient des proches, ainsi que celle de Pere de Biure, occupant illégitime de la commanderie de Tortosa avec l’appui du roi. D’autre part, Jaume de la Geltrú, bailli de Majorque et homme du couvent, Ramon de Siscar, commandeur de Torrente et de Valence, engagé au service du roi d’Aragon, et Joan Rotllan, neveu du pape, furent faits capitaines ou patrons d’embarcations pontiicales armées à Ostie. Juan de Alcañiz, qui avait été le procureur général de l’Hôpital à Rome, fut désigné comme administrateur de la lotte pontiicale. Sept frères catalans participèrent donc à un moment ou à un autre à la conduite de la lotte de la croisade54. Quatre d’entre eux n’avaient pas fait carrière au couvent, mais ils devaient leurs dignités au roi. Tous se retrouvèrent cependant à Rhodes, qui servit de base d’opérations à la croisade, et ils participèrent aux combats qui permirent de reprendre aux Turcs plusieurs îles du nord de la mer Égée. L’un d’entre eux, Juan Claver, trouva même la mort dans l’assaut lancé contre l’île de Taxos55. LE MAINTIEN DE LIENS AVEC LA CATALOGNE

Entre 1420 et 1480, la grande majorité des commandeurs et des frères chevaliers catalans se trouvait habituellement soit dans le Levant, soit en Italie. Il ne faut cependant pas imaginer qu’ils perdaient tout contact avec la Catalogne ou l’Aragon où se trouvait la source de leurs rentes. Ils s’y faisaient représenter par un procureur, presque toujours un très proche parent, frère ou bien neveu, qui procédait en leur nom à l’afermage des commanderies, en principe en vertu d’une autorisation magistrale, et encaissait le montant des fermages. Leur lignage se substituait donc aux commandeurs dans la gestion de leurs intérêts et dans la perception des rentes. Ainsi, en 1435, le chevalier Joan Saplana était-il procureur de son frère Rafael Saplana, drapier du couvent, pour la commanderie de Barbens, et de son ils Antoni Pere pour celle d’Huesca56. 53

AOM, Cod. 1441, bulle nº 244, fos 371rº-vº. M. Navarro Sorni, Alfonso de Borja, papa Calixto III, pp. 476-527. 55 AOM, Cod. 367, fos 64rº-65vº. 56 ACA, RC 3176, fº 47vº. 54

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Toutefois, sous le magistère de Jacques de Milly, devant le coût excessif de tant de frères à Rhodes, deux mesures vinrent inciter les Catalans à retourner au pays. D’une part, les règles de l’ancienneté furent assouplies et il fut généralement accordé que les droits acquis par la présence au couvent continueraient à se constituer lorsque leurs bénéiciaires étaient autorisés à en partir. D’autre part, il fut décidé qu’à part les plus pauvres, les commandeurs devraient faire face entièrement à leurs frais de séjour et de nourriture au couvent. Une troisième raison majeure des retours était la multiplication des occupations de commanderies par d’autres que leurs légitimes détenteurs, en général des Hospitaliers soutenus par le roi d’Aragon57. On assista donc, surtout dans la deuxième moitié du xve siècle, à des allées et venues fréquentes entre Rhodes et la Catalogne, contradictoires dans la mesure où les attaques des Mamelouks et des Ottomans provoquaient des demandes de renforts tandis que la défense des intérêts des commandeurs exigeait un certain degré de présence en Occident. Il s’agissait aussi de l’intérêt de l’ordre car d’une bonne perception des rentes dépendait l’arrivée au trésor central des responsions et des annates. Lors du chapitre provincial du prieuré de Catalogne, le nombre de commandeurs et de frères chevaliers présents qui oscillait entre quinze et vingt de 1400 à 1428 s’était ensuite trouvé réduit à six ou huit, en raison d’une présence importante au couvent ou en Italie58. Mais, en 1451, douze commandeurs assistaient au chapitre provincial du prieuré et, en 1453, seize étaient présents à celui de la châtellenie d’Amposta59. La présence permanente de certains dignitaires dans leurs prieurés était requise et assurée ; lorsque le châtelain d’Amposta ou le prieur de Catalogne étaient absents, l’autorité de l’ordre était exercée par leurs lieutenants et par les receveurs du Trésor de Rhodes. D’autres frères, enin, une fois acquis à Rhodes leurs bénéices, ne souhaitaient pas retourner dans le Levant. Ainsi, Antoni de Fluvià, commandeur de Gebut, Cervera et Puig-Reig, avait regagné ses commanderies après la mort de son oncle et homonyme, le maître Antoni de Fluvià, en 1437. Bien ancré en Catalogne, il fut menacé vingt-trois ans plus tard par le maître Jacques de Milly d’être privé de l’habit s’il ne se rendait à Rhodes pour défendre le couvent. La même menace était adressée à Guillem de Santceloni, commandeur de Castelló d’Empuries, et à Guillem de Sagaró, commandeur d’Aiguaviva, qui se trouvaient dans la même situation60. Entre 1460 et 1472, une crise politique entraîna une longue guerre civile en Catalogne entre le roi Jean II, successeur d’Alphonse V en 1458, et une grande partie des nobles, des chevaliers et surtout des membres du patriciat urbain barcelonais regroupés autour de la Generalitat. Trois Hospitaliers combattirent 57

P. Bonneaud, Els Hospitalers catalans a la i de l’Edat mitjana, pp. 300-302. Id., Le prieuré de Catalogne, le couvent de Rhodes et la couronne d’Aragon, p. 182. 59 Arxiu Històric de Protocols de Barcelona, Mateu de Mitjavila 1451-1452, Llibre de negocis de la orden de Sant Joan de Jerusalén ; Archivo Histórico Nacional, Cod. 606, Capítulos provinciales 1453-1466, fos 2v°-3v°. 60 AOM, Cod. 369, fº 76rº. 58

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aux côtés du souverain. Le plus important d’entre eux fut Bernat Hug de Rocabertí, l’un des principaux capitaines de l’armée royale à qui Jean II it conférer la châtellenie d’Amposta par le pape Paul II en 146761. Les deux autres partisans du roi furent Ramon de Siscar, commandeur de Valence et d’Horta, et Pere de Biure, commandeur intrus de Tortosa. Trois autres frères catalans jouèrent un rôle dans la guerre du côté de la Generalitat, Pere Joan Saplana, commandeur de La Guardia-Lada, Joan Despilles, commandeur de Barbens, et frère Joan de Pinos. En fait, les commandeurs et frères catalans avaient dans leur majorité suivi Pere Ramon Sacosta à Rhodes et ils demeurèrent au couvent pendant toute la durée du conlit. Le roi Jean II conisqua un grand nombre des commanderies abandonnées par ces détenteurs absents, et il fallut à l’Hôpital plusieurs décennies pour les récupérer62. Au total, alors que longtemps les Hospitaliers catalans s’étaient avant tout consacrés à la gestion de leurs commanderies, en demeurant la plupart du temps au pays, les événements et les crises militaires qui traversèrent la Méditerranée au xve siècle les amenèrent à se porter en masse à la défense de Rhodes et, dans une moindre mesure, au service de la monarchie aragonaise en Italie. Leur première motivation était sans doute d’en retirer des commanderies et d’autres bénéices. Toutefois, un certain nombre d’entre eux accéda ainsi aux élites et aux groupes de pouvoir, tant à l’intérieur de l’ordre qu’aux côtés de la monarchie. L’inluence catalane dans les hautes instances de l’Hôpital ne se limita pas aux périodes de gouvernement des deux maîtres catalans, Antoni de Fluvià et Pere Ramon Sacosta  ; elle se poursuivit bien au-delà, car deux catégories sociales constituaient en Catalogne un important réservoir pour les chevaliers de l’ordre : d’une part, la pléthorique classe militaire, avec un millier de lignages chevaleresques, et d’autre part, le dynamique patriciat urbain de Barcelone et des autres villes catalanes qui, plus prospère, briguait et obtenait une reconnaissance sociale égale à celle de la petite et de la moyenne noblesse.

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AOM, Cod. 379, fos 64vº-65vº. Nous ne pouvons nous étendre davantage, dans le cadre de cette étude, sur la longue et complexe guerre civile catalane, ni sur le rôle joué par les Hospitaliers mentionnés ci-dessus, non plus que sur les efets du conlit dans les deux prieurés catalan et aragonais. Nous renvoyons sur ces sujets à P. Bonneaud, Els Hospitalers catalans a la i de l’Edat mitjana, pp. 349-411. 62

OBSERVATIONS ON THE FALL OF THE TEMPLE

Anthony Luttrell Royal Holloway College, University of London

As Master of the Temple, Jacques de Molay faced enormous diiculties throughout some two decades and he proved an unsatisfactory and somewhat incompetent leader1. However, the downfall of the Temple was not fundamentally the fault of its Master or of the crimes attributed to its members during their extended trials ater 1307. he Temple’s deiciencies were essentially symptoms of a deep malaise; they were the result of bad practices, of the absence of essential reforms, and of an elite or oligarchy which from 1292 onwards was largely Burgundian and Catalan in composition and incapable of controlling its Master2. hese were long-standing institutional or constitutional defects. he Templars contrasted strongly with the Hospitallers whose government was more efective, who had a more sophisticated, better organized and less obscure system of legislation, who possessed a conventual seal which allowed their senior oicers to limit the power and actions of their Master, and who developed a system of langues which made it more diicult for regional groupings to dominate their Order’s afairs. An institutional approach to Templar history is not a new one, and there have been calls for an interpretation of the Templars’ diiculties along such constitutional lines3. Jonathan Riley-Smith has recently developed that approach in much fuller detail, emphasizing the autocracy of the Temple’s Master, the comparative weakness of its chapter general and its other failings: «the state of the order seems to have been so dire that one wonders how long it could have been allowed to remain in existence4». Jonathan Riley-Smith argues that it was the weakness of the Temple that, its religious nature apart, it had an exclusively military ethos in contrast to the Hospitallers’ devotion to the sick and the poor, a point which was well observed by contemporaries and which made the

1 Some of Molay’s weaknesses and mistakes are noted in A. Demurger, Jacques de Molay. Karl Borchardt, Damien Carraz and Jean-Marc Roger most kindly helped on particular issues. 2 Molay’s companion of April 1292 Bertran l’Aleman may have been Catalan rather than, as oten assumed, German. 3 A. Luttrell, «Templari e Ospitalieri: alcuni confronti», pp. 139-143. 4 J. Riley-Smith, «Towards a History of Military-Religious Orders», p. 281.

Philippe Josserand, Luís F. Oliveira et Damien Carraz (éd.), Élites et ordres militaires au Moyen Âge, Collection de la Casa de Velázquez (145), Madrid, 2015, pp. 365-372.

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Hospital’s continued existence more defensible5. Other publications have made major contributions to the subject6, but without providing a complete or rigorous study of all aspects of Templar government. It seems important to pay less attention to heresies, trials and tortures and more to prosopography, legislation, inances and administrative structures. Jacques de Molay, a Burgundian from the Franche-Comté, was not a subject of the King of France. He was elected Master of the Temple on Cyprus, probably by some forty brethren, at a date ater 8 September 1291, perhaps in the irst months of the following year and at latest by 20 April 1292. It seems likely that a fellow-Burgundian, the English king’s envoy Otton de Granson, had some inluence in his election. Molay seems to have visited Armenia in Granson’s company soon ater becoming Master. his visit with Granson must have taken place in 1292 or early 1293 since Molay was in Provence by May 1293; it cannot be dated to the years 1298 or 1299 during which Granson was in the West7. Granson was returning from an Armenian visit early in 12948, but he could have stayed in Armenia longer than Molay or have made more than one visit there. he two men were closely associated. At Paris on 14 July 1296 Granson gave the Templars 200 livres of revenues at Salins in Burgundy in consideration of the great help he had received from «mes chiers amis en dieu freres Jaques de Molai» («my dear friend in God brother Jacques de Molay») and he referred to the help which «li freres du celle meismes Relegion ont fait a mes anccesseurs, e a moi deca mer et de la mer en la sainte terre e ne cesse encore de faire» («the brethren of that same order have given to my ancestors and to myself in the West and in the East in the Holy Land, and still continue to give»). his text did not actually state that Granson had known Molay in Syria, that is in or before 1291. In Paris, probably in 1296 or possibly in 1297, Molay and the Temple granted Granson an annual pension for life of 2,000 livres; apparently, Granson was securing a conspicuous income for his lifetime while the Temple acquired a revenue which was payable in perpetuity9. Molay failed to introduce any signiicant reform of the Temple and he sponsored or at least accepted curious schemes such as the expensive construction of a great new castle at Peñiscola in Valencia10. he occupation of the tiny islet 5

Id., «he Structures of the Orders of the Temple and Hospital», p.  193; Id., Templars and Hospitallers as Professed Religious in the Holy Land, pp. 49-55 and 68-70. 6 P.-V. Claverie, L’ordre du Temple en Terre sainte et à Chypre, t. I, especially pp. 101-233. 7 Details, not here repeated, in A. Luttrell, «he Election of the Templar Master Jacques de Molay», pp. 28-30. Two royal documents issued at Aix-en-Provence on 5 November 1293 at Molay’s recent (nuper) request may indicate his presence there: R. Filangieri et alii, I Registri della cancelleria angioina, t. 48, p. 148. 8 A. Demurger, Jacques de Molay, pp. 116-118. 9 A. Luttrell, «he Election of the Templar Master Jacques de Molay», pp. 29-30, n. 58. he grant to Otton de Granson survives only in a copy giving the date 1287; A. Demurger, Jacques de Molay, pp. 121-123 and 339, argues that the grant was made by Guillaume de Beaujeu in 1287. 10 Ater 1294 the Templars’ possessions in Valencia were greatly expanded but why they invested in the great castle at Peñiscola remains unclear. It has been suggested that the brethren planned

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of Ruad of Tortosa on the Syrian coast between late 1300 and 1302 proved a strategic disaster, even if it was comprehensible in terms of a prospective alliance with the Mongols; it was hoped that such an alliance might justify the Templars’ existence by leading to the recovery of Jerusalem or at least to the establishment on the Syrian mainland of a Templar staging post, perhaps even a permanent mainland bridgehead as a precocious form of Ordensstaat. Yet that initiative, while demonstrating a determination for military action, proved to be misguided. he Mongols had never succeeded in taking Jerusalem and the Hospitaller and Cypriot forces wisely withdrew from Ruad before it fell; the island was virtually indefensible and many Templars were killed or captured there by the Mamluks11. It was not the fault of Molay that the Templars had long been conducting extensive inancial operations or that they held large sums of money in some of their houses, practices which let them open to criticism and to attacks from those who sought the order’s treasure or the extinction of their own debts. Molay returned to France in November or December 1306 and there made further errors of judgement, which included too open a refusal to accept French projects for the union of the major international military orders. In June 1308 the Templar Jean de Folliaco testiied during his trial that he had heard from another Templar, Guy Dauphin, that in 1306 Molay had taken 150,000 gold lorins and ten pack animal loads of gros tournois from Cyprus to France, which was not the normal direction for moving funds, and that once in Provence he had divided the money, possibly among his family12. his event would have taken place only some 20 months before June 1308. Jean de Folliaco was a priest who as a renegade and informer was a highly dubious witness13; Guy Dauphin was the son of Robert Count of Clermont and was, in some matters at least, apparently a reliable witness14. A contemporary Cypriot chronicler, the so-called Templar of Tyre who was close to the order but not in fact a Templar brother, recounted that King Philippe had been allowed to borrow a large sum, reportedly—but the chronicler was uncertain—amounting to 400,000 gold lorins, roughly 265,000 livres tournois, from the Templars’ treasury in Paris, and that Molay, on discovering this provisionally to establish their headquarters there: J. Fuguet Sans, «De Miravet (1153) a Peníscola (1294)», p. 67. A. Forey, «A Templar Lordship in Northern Valencia», pp. 61-65, argues strongly against this notion; L. García-Guijarro Ramos, «he Extinction of the Order of the Temple in the Kingdom of Valencia and Early Montesa», pp.  202-205, difers from Forey but without discussing the idea of a provisional convent at Peñiscola. In about 1310 the ictitious Chronicle of Ottokar wrote that in 1291 its Master announced that the Temple would go to ight the inidel in Spain: H. Nicholson, Love, War and the Grail, pp. 80 and 84-85. Molay was in fact in Catalunya in 1294; Ottokar may have relected some knowledge of Molay’s intentions. 11 A. Demurger, Jacques de Molay, pp. 138-157; P. Crawford, «Imagination and the Templars»; J. Burgtorf, he Central Convent of the Hospitallers and Templars, pp. 136-137. 12 K. Schottmüller, Der Untergang des Templer-Ordens, t.  II, pp.  36-38  : «magister divisit, postquam fuit in Provincia, et misit fratri suo de Molaio [… parenti?] centum milia lorenorum». 13 M. Barber, he Trial of the Templars, pp. 66, 79, 93, 117-118, 120 and 164. 14 A. Demurger, Jacques de Molay, pp. 20 and 82.

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fact, was so angry that a serious quarrel with the king ensued, presumably in the irst half of 130715. It was true that the Templars held large sums of money in various countries and that in 1307 the Prince of Wales took money and jewels worth about 50,000 pounds sterling from the Temple in London16. Whether in 1307 the French crown was in debit or credit with the Temple is uncertain. he uncorroborated story of the loan to King Philippe, of which there is no sign in the surviving royal documentation, has provoked considerable doubt and discussion17, but its author was close to the leading Templar brethren on Cyprus and his account might in a general way have relected a real situation; it seems to require further consideration. In a largely neglected study, Ignacio de la Torre Muñoz de Morales argues that the major reform of the French currency which Philippe carried out between 1307 and 1308 required just over 106,000 kilograms of silver18. If this enormous igure were correct, or nearly correct, the question would arise as to how the king acquired the necessary silver. he surviving inancial records of the crown give no hint, but some silver could have been found through ordinary or exceptional taxation, by imposing drastic ines, by the sale of privileges, by expelling the Jews in July 1306, by forcing the nobility and others to hand over quantities of plate, and so forth19. he 400,000 gold lorins or some other sum which could perhaps have been taken from the Paris Temple might have produced all or part of the 106,000 kilograms of silver which the crown needed and the removal of such a sum or of a considerable part of it could have led to a quarrel with the king. Whether the Paris Temple would in 1306 or 1307 have held coin containing a sum capable of producing 106,000 kilograms of silver, maybe more than 1,400,000 livres tournois, is unclear. Ignacio de la Torre argues that ater the fall of Acre in 1291 the Templars’ expenditures would have diminished, even though there were major expenses such as those of the Ruad campaign of 1301 to 1303, and he therefore assumes that a surplus would have accumulated in Paris. he calculations involve multiple hypotheses: for example, that responsions were paid at one-third of total incomes as opposed to proits, which was seldom, if ever, the case20; that there were 660 Templar houses in «France» which seems exaggerated, especially as in 1373 there were only 68 former Templar houses in Hospitaller hands within the 15

L. Minervini, Cronaca del Templare di Tiro, pp. 340-342. M. Barber, he New Knighthood, pp. 278-279; I. de la Torre, «he Monetary Fluctuations», pp. 65-67. 17 A. Demurger, Jacques de Molay, pp. 221-228, and M. Barber, he New Knighthood, p. 289, discuss this story without really accepting it; P.-V. Claverie, L’ordre du Temple en Terre sainte et à Chypre, t. II, pp. 271-273, and J. Burgtorf, he Central Convent of the Hospitallers and Templars, pp. 578-579, are sceptical; B. Frale, L’ultima battaglia dei Templari, pp. 48-59, accepts the story but regards the chronicler as a Templar and publishes the loan as of 3,000 rather than 400,000 lorins. 18 I. de la Torre, Los Templarios y el origen de la banca en la Europa medieval, pp. 270-272 and 345-347; that author is to be thanked for his trouble in explaining his calculations. 19 E. Brown, Customary Aids and Royal Finance in Capetian France, pp. 29-33. 20 A. Forey, he Templars in the Corona de Aragón, pp. 233-234, 319-327, 340 (n. 137) and 415419; many authors ignore this problem. 16

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Hospital’s Priory of France to the north of the Loire21; that the average «renta» of a house was 232 livres tournois; that all such houses sent responsions to Paris; that the Temple in Paris might have held 106,000 kilograms of silver in 1307; and so forth. hese statistics are debatable but it does seem possible that in 1306 or 1307 the Temple held considerable funds in Paris and that Philippe could have secured them for his otherwise unexplained restoration of the French currency22. In that case, the need for silver could have been one of the multiple possible motives for Philippe’s arrest of the Templars. When the French Templars were arrested in October 1307, Pope Clement V and Foulques de Villaret, Master of the Hospital, both of them French subjects, were in France. he trial of the Templars became part of a wider confrontation between King Philippe and the papacy in which the Hospitallers played an astute role. he pope was forced into ignominious concessions but his resistance was partially successful. he Hospitallers had established a strong position for themselves by initiating their conquest of Rhodes and a show of active opposition to the inidel Turks in 1306. Together with the Hospitaller Master, Clement V pursued a form of crusade, the passagium particulare, which enabled him to preach a crusading expedition without having to grant valuable crusading tenths from the French clergy to the French crown; Philippe IV was furious and withdrew his support for the coming Hospitaller crusade. Clement V was compelled to suppress the Templar Order in 1312 but the bulk of its landed properties was saved through their transfer to the Hospital; a form of union of the military orders had been achieved but not under the control of the French crown. he Hospital’s possessions in France itself were more than doubled and in the long term they served to support the defence of Latin Christendom for the centuries to come. Philippe IV’s policies were frustrated23. King Philippe certainly secured a number of short-term advantages. hese included those movable goods and monies of the Templars which passed to the crown or to its oicials and to others, as well as the proits arising from the administration of the Templars’ lands for six or more years; possibly they also included the extinction of any debts which the king or members of his family may, despite their denials, have owed to the Temple. In and ater 1313, under pressure from the pope, the king did hand over a large part of the Templars’ possessions in France. Many authors have repeated the belief that through agreements made in 1313, 1316 and 1318 the crown received from the French Hospitallers 200,000 or 260,000 or even 310,000 livres tournois, perhaps very approximately 300,000 or 390,000 or 465,000 lorins, over and above what the crown had already extracted from the Templar inheritance. hat, however, was 21

A.-M. Legras, L’enquête pontiicale de 1373 sur l’ordre des Hospitaliers, pp. 93-97. I. de la Torre, Los Templarios y el origen de la banca en la Europa medieval, especially pp. 34-35, 271-279 and 346; some further reservations are expressed in a review by J. M. Mínguez, in Studia Historica: Historia Medieval, 24 (2006), pp. 376-381. 23 A. Luttrell, «he Hospitallers and the Papacy», with much detail. 22

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unlikely. here seems to be no indication in the inancial records of the French treasury, many of them admittedly lost, that any such sums were received. Furthermore, the costs of the conquest of Rhodes, of the Hospital’s subsequent crusading passagium and, allegedly, of the Master’s own extravagances had let the Hospitallers with immense debts; in 1315 the Master claimed over 154,000 lorins from the Convent of the order for the expenses of the «war of Rhodes» and by about 1320 the Hospital’s debts to its two main Florentine bankers alone amounted, admittedly as the result of a steep increase due to compound interest, to 575,000 lorins. In 1329 the pope wrote that in 1319 the Hospital’s debts had stood at over 800,000 livres tournois. he Order would have had immense diiculty in inding 300,000 lorins or more for the French crown24. In July 1317 extremely heavy dues were imposed on all seven French priories; a special levy was to raise 80,000 livres tournois designed to repay loans to the Florentines, while their responsions were set at 13,470 livres tournois and perhaps more25. his arrangement was made by the pope acting with a group of senior Hospitallers; it was not designed to help the French crown which had already, in 1312 and 1313, been granted crusading tenths for six years worth vast sums26. he Hospital’s French priories were forced, apparently in 1317, to contract new loans, the Priories of Auvergne and Saint-Gilles borrowing respectively 20,000 and 40,000 livres from the Peruzzi of Florence27. In 1317 the Templar goods in Regno Francie and in Aquitaine and Champagne had been pledged for a ixed period to Antonio Pessagno of Genoa in return for a loan28. It is not known how much was eventually raised or how much of that would have remained ater expenditures at Rhodes and repayments to the Florentines, but in 1319/1320 the pope wrote to the King of France of the miserable state of the order which was quasi dispositum ad ruinam, saying that more than 360,000 lorins were owed to two Florentine banks alone and «nothing or little» could be expected from the Hospital for a crusade29. he documents regulating the transfer of the Templars’ goods in France read obscurely and much detail is lacking. he question remains debatable and certainly requires further investigation30. Matters were complicated by the fact that 24

Ibid., p. 618, n. 126; Id., «he Hospitallers and their Florentine Bankers», pp. 17-20. Archivio Segreto Vaticano (ASV), Reg. Aven. 7, fos 575-591 = Reg. Vat. 66, fos 335-341: one text in F. Blatt and K. Olsen, Diplomatarium Danicum, 2 ser., t. VII, pp. 369-376. he igures given seem partly incomplete and unreliable. 26 he tenth of 1313 due from 10 French priories was supposed to be worth 260,228 livres tournois (B. Causse, Église, inance et royauté: la loraison des décimes dans la France du Moyen Âge, t. I, p. 218). 27 J. Delaville le Roulx, Les Hospitaliers à Rhodes, pp. 22-23. 28 ASV, Reg. Vat. 66, fos 339vº-341; N. Fryde, «Antonio Pessagno of Genoa, King’s Merchant of Edward II of England»; J.-M. Roger, s. v. «Antonio Pessagno». 29 A. Coulon et alii, Lettres secrètes et curiales du pape Jean XXII relatives à la France, t. I, cols. 1018-1021, nº 1227. 30 he transfer of the Templars’ wealth has been well studied for some areas but there is no satisfactory overall work; the sources, published and otherwise, and the bibliography are extremely 25

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the royal treasury had been in the Temple and remained there ater October 1307. he transfer of the Templar possessions was not completed in 1313 and prolonged disputes over many properties and payments dragged on for years. Royal and Hospitaller representatives must have been aware of exaggerated claims and other ictions as they bargained over debts and expenses, and over missing inventories and accounts. In July 1312 Philippe IV reportedly demanded 200,000 livres tournois for expenses in connection with the Templars’ possessions31. In and ater 1313 the king, under pressure from the pope, did hand over a large part of the Templars’ possessions in France, but Philippe compelled the Hospital to agree in 1313 to renounce its claims to incomes and movable goods taken from the Temple by the French crown or by its oicers, an arrangement revised in 1316 and 131832. In 1313, the Hospital promised within three years to pay Philippe 200,000 livres tournois for the monies which the king pretended that he had lent to the Temple and for the expenses of the administration of the Templars’ lands for six or more years, but with the reservation that from the 200,000 livres there should be deducted the revenues of the goods which had been under sequestration since 1307. he crown clearly hoped to secure some money from the Hospital. A document of 28 November 1314 issued by Philippe IV’s successor Louis X agreed that Louis’ brother Charles de la Marche should have 140,000 livres tournois to be paid out of the sums owed by the Hospital for its obligations with regard to the Templars’ goods33; the money was still owed late in 1314, and indeed in June 1315 Charles de la Marche was claiming 200,000 livres tournois which were due to him from the Hospital as had been agreed when Philippe IV had assigned him those monies at Vienne in 1312. Charles’ oicials seem to have secured some monies, and Louis X promised him what he was still owed of the 200,000 livres. he text of June 1315 still referred to deductions from the 200,000 livres to take account of what both the crown and Charles de la Marche had already received from the Templars’ goods but Charles was promised that he would receive the rest34. Papal pressure on the French must have been relieved during the vacancy which lasted from Clement V’s death in April 1314 until August 1316. Many accounts were lacking and the dispute became so detailed and complicated that a revised general arrangement was reached in February 1316. Reference was made to the 200,000 livres tournois extensive. Recent studies include M. Miguet, Templiers et Hospitaliers en Normandie, pp. 44-57; A. Forey, he Fall of the Templars in the Crown of Aragon ; A. Luttrell, «he Hospitallers and the Papacy», pp. 618-619; J.-M. Roger, «La prise de possession par l’Hôpital de maisons du Temple en Poitou et en Bretagne», pp.  224-228; and contributions in J. Burgtorf, P.  Crawford and H. Nicholson (ed.), he Debate on the Trial of the Templars. 31 H. Finke, Acta Aragonensia, t. I, p. 325. 32 Texts of 1313, 1316 and 1318 in L. Delisle, Mémoire sur les opérations inancières des Templiers, pp. 228-238; the most sensible detailed study seems to be L.-L. Borrelli de Serres, Recherches sur divers services publics, t. III, pp. 31-45 (but amend some dates). 33 E. Brown, he Monarchy of Capetian France and Royal Ceremonial, IV, pp. 23 and 48-52. 34 J. Guerout, Registres du Trésor des Chartes: Inventaire analytique, t. II, p. 40.

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mentioned as owing in 1313, a sum evidently still not settled. he Hospitallers agreed to surrender all that the king and his family had secured from the Temple down to 1316, plus two-thirds of what the royal administrators had received from the Templar goods down to the time when they were handed over to the Hospital; two-thirds of all debts and movables owed to the Temple; two-thirds of all arrears due from «farms» or leasing out of Templar lands down to the time they were handed over to the Hospital; and two-thirds of all movables taken from Templar houses and chapels. Furthermore, the Hospitallers would pay the crown over three years an additional 60,000 livres tournois for certain unspeciied expenses. hese conditions, laid out in extensive detail, should have been to the crown’s advantage35. By a third and complicated settlement of 5 March 1318 the crown was to keep most of what it held or owed with regard to the Temple, including the movables from their houses and chapels, and Charles de la Marche was to retain what he had collected or secured. he Hospital was over the next three years to pay 50,000 livres tournois said to be owing for expenses «and certain other things», but there is no sign that any such sum was handed over36. he rights of Philippe IV’s brother Charles de Valois were reserved; he seems to have been promised a share of the 200,000 livres agreed in 1313 but apparently he received no more than some minor sums, in 1319 and 1320 for example37. he contemporary chronicler Giovanni Villani wrote that the Hospitallers had to «collect and repurchase» Templar lands from the King of France and other rulers, and that ater paying of such great loans and the interest on them the Hospital was poorer than it had been before38. Villani’s remark could in the short term have been generally correct but it did not necessarily imply the payment of enormous sums to Philippe IV or his successors. How much the Temple was securing annually as proit from its French lands in 1307 is unknown. To what extent the crown proitted from the administration of those lands and from their movables was evidently incalculable; in fact it was one of the questions under dispute with the Hospital between 1313 and 1318. he crown must have beneitted from the Templars’ inheritance in movable goods and incomes which it and its allies had secured, and possibly in the elimination of debts which the king or others may have owed to the Paris Temple. In 1318 the crown was in efect to keep what it had already received. he Hospital secured the Templar’s vast possessions and it seems that it never paid 200,000 or 260,000 livres mentioned in 1313 and 1316 or even the 50,000 livres agreed in 1318. Yet again eicient Hospitaller oicials largely frustrated the intentions of the King of France.

35 L. Delisle, Mémoire sur les opérations inancières des Templiers, pp. 229-238; A. Coulon et alii, Lettres secrètes et curiales du pape Jean XXII relatives à la France, t. I, col. 361-367, nos 453-454. 36 L. Delisle, Mémoire sur les opérations inancières des Templiers, pp. 234-238. 37 J. Petit, Charles de Valois, pp. 132-133 and 392-393. On 2 August 1312 King Philippe cancelled all Charles de Valois’ debts and awarded him 100.000 livres tournois (E. Brown, Customary Aids and Royal Finance in Capetian France, pp. 166-167, n. 80). 38 Giovanni Villani, Nuova Cronica, t. II, p. 184.

Conclusion

LES ORDRES MILITAIRES À LA RENCONTRE DES ÉLITES

Nicole Bériou et Damien Carraz Université Lumière Lyon 2 – Université de Clermont-Ferrand 2

Choisir de faire se rencontrer les ordres militaires et les élites, c’était se confronter à deux objets diiciles à cerner. L’introduction de Philippe Josserand a rappelé la diversité et la « labilité » des élites médiévales, et en même temps l’intérêt évident de cette notion pour une approche renouvelée des ordres militaires. Si l’idée d’oligarchie s’inscrit dans le champ du politique, celle d’élite, que les historiens ont empruntée à la sociologie, renvoie plutôt à la distinction sociale1. Elle-même cernée à partir de critères multiples et généralement cumulatifs — richesse, savoir, naissance, pouvoir… —, la distinction sociale incite à raisonner en termes de hiérarchies plutôt que d’« ordres », de « groupes » ou encore de « classes »2. C’est la raison pour laquelle, au sein d’une société complexe comme l’était celle du Moyen Âge, ne se distinguent pas une mais des élites3. Le critère essentiel est donc celui de la reconnaissance par autrui : soit par une société partageant un même système de valeurs, soit par ceux qui, au sein de cette société, ont le pouvoir de choisir, et par là, de distinguer4. Ainsi, le mot existe bien au Moyen Âge, mais d’abord dans le sens usuel de choix opéré par un individu. À l’article « élite », le Littré cite par exemple le Testament de Jean de Meung : « Pechié porte sa peine et bienfait son

1 Sur l’usage de cette autre notion empruntée à la sociologie, on renverra à L. Jean-Marie et C.  Maneuvrier (éd.), Distinction et supériorité sociale, et notamment aux rélexions méthodologiques de h. Dutour, « Construire et justiier la supériorité sociale (ixe-xviiie siècle). Rélexions sur la pensée du sens commun », pp. 289-302. 2 O. G. Oexle, « Les groupes sociaux du Moyen Âge » ; Jean Cazeneuve, s. v. « Classes sociales », dans Dictionnaire de la sociologie, pp. 120-129 ; et Raymond Boudon, s. v. « Hiérarchie », dans ibid., pp. 392-398. 3 Le foisonnement des théories sociales, particulièrement aux xe-xie siècles, traduit bien toute la complexité de cette société médiévale, voir par exemple : H. W. Goetz, « Les ordines dans la théorie médiévale de la société ». Selon l’auteur, la plupart des schémas théoriques médiévaux sont moins fondés sur un ordonnancement hiérarchique que sur un modèle fonctionnel et horizontal qui exige une collaboration étroite entre les diférents ordres. 4 C’est là l’étymologie du terme élite qui désigne « celui qui est élu » ou « choisi » (eligere => eslire => eslit(e) en ancien français), voir F. Godefroy, Dictionnaire de l’ancienne langue française, t. III, Paris, 1891-1902, p. 484.

Philippe Josserand, Luís F. Oliveira et Damien Carraz (éd.), Élites et ordres militaires au Moyen Âge, Collection de la Casa de Velázquez (145), Madrid, 2015, pp. 373-380.

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conclusion

mérite/ De ces deux choses sont homme et femme eslite5 ». La même entrée renvoie encore à Froissart, dans une formulation qui se rapproche cette fois de notre point de vue : « … le roi englès qui avoit avoecq lui bien .LXm. hommes d’eslite et que il leur valloit mieux ensi maintenir que tout aventurer et perdre6  ». On retrouve donc ici un usage précoce de l’acception qui entrera dans le vocabulaire courant de la chose militaire, celle de la troupe ou de l’homme d’élite. La réalité que désigne l’expression d’« ordres (religieux)-militaires », tous les auteurs de ce livre le savent bien, n’est pas plus simple à appréhender. Certains des meilleurs spécialistes de cette forme spéciale de vie régulière et d’histoire religieuse en général se sont eforcés de dresser les contours d’un phénomène à bien des égards insaisissable7. Les notions d’« ordre », de « militia/milice » ou de « religion » ont été discutées8. Ce n’est donc pas le lieu de refaire le point sur ces questions, sauf pour rappeler la séparation, a priori consensuelle, avec la catégorie des ordres laïques de chevalerie9. Pour autant, on n’a pas hésité à étendre le champ d’analyse du présent volume à deux des plus éminents ordres chevaleresques de la in du Moyen Âge : celui de la Passion de JésusChrist et celui de la Jarretière, respectivement abordés par Philippe Contamine et par Jean-Philippe Genet. Ces créations princières de l’automne médiéval eurent toujours comme horizon théorique, plus ou moins mythiié, les ordres de chevalerie du temps des croisades et notamment le Temple, ce «  novum militie genus  » exalté par saint Bernard. D’autre part, les ordres militaires eux-mêmes connurent, au cours des deux derniers siècles du Moyen Âge, une sécularisation et une «  instrumentalisation  » de la part des monarchies qui tendirent à les rapprocher des milices princières, théoriquement «  laïques  » mais où la dimension spirituelle et même sacrale fut toujours bien vivante. Si la ligne de démarcation entre corporations de guerriers laïques et ordres religieux réguliers eut tendance à s’efacer au xve siècle, les contours de l’une et de l’autre catégorie paraissaient à peine plus clairs à l’aube de la période médiévale10. C’est du moins l’idée qui vient à l’esprit en lisant l’évocation, par 5

P.-É. Littré, Dictionnaire de la langue française, t. II, Chicago, 1982, p. 1972. Froissart, Chroniques, Livre I, § 110, p. 141. 7 K. Elm, « Gli ordini militari. Un ceto di vita religiosa… » ; A. Luttrell, « he Military Orders: Some Deinitions » ; et G. Constable, « he Military Orders ». 8 J.-L. Lemaître, s. v. « Ordre » ; «Militia Christi» e Crociata ; et D. Carraz, « Les ordres militaires et hospitaliers : une “nouvelle religion” ». Dans sa dernière synthèse en date, Alain Demurger a exprimé ses réticences face à l’emploi de la notion de « milice » à propos des ordres militaires, A. Demurger, Les Hospitaliers, p.  16. «  Militia  » désigne certes la chevalerie, mais s’applique également à tout corps militaire constitué ou au service militaire en général. Parallèlement, comme cela est bien connu, l’idée de « militia Christi » ou de « militare Deo » a été symboliquement reprise depuis les Pères de l’Église pour désigner un engagement militant en faveur de la foi chrétienne. À ce double titre, le terme de « militia » traduit par « milice » semble particulièrement bien adapté à la démarche même des ordres militaires ; on peut donc se permettre de continuer à revendiquer son utilisation, voir D. Carraz, Les Templiers et la guerre, p. 2. 9 Pour une déinition rapide : D’A. J. D. Boulton, s. v. « Ordres laïques de chevalerie ». 10 Sur les groupements de milites encadrés par l’Église et qui ont pu constituer une préhistoire 6

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Gérard Dédéyan, de ces princes arméniens qui, dès le ve siècle, menaient une vie apparemment commune et surtout partagée entre exercices spirituels et militaires11. Pourtant, l’Église d’Arménie, pas plus que les autres chrétientés orientales, n’allait accepter la fusion de l’orator et du bellator qui rendrait possible la naissance des ordres militaires dans le monde latin. À leur origine, les Templiers, les Hospitaliers et leurs émules acceptèrent tous les hommes, mais également quelques femmes, désireux de vivre l’ethos bien particulier du « monachisme militaire ». Il s’agissait d’institutions ouvertes, susceptibles d’accueillir et de promouvoir des hommes nouveaux. Cela était vrai notamment de la catégorie des combattants à cheval, avant que les milites ne constituent un groupe socio-professionnel qui, à partir du xiiie siècle, s’érigerait en ordo. L’ouverture sociale se vériierait sans doute encore pour les autres membres, combattants ou non, même si les origines des diverses catégories de servientes et de frères ordonnés sont encore plus diiciles à cerner, au moins pour le premier siècle de l’existence des ordres. Le modèle spirituel et social initialement porté par ces derniers n’était donc pas particulièrement élitiste. Dans un système de pensée animé par la caritas et par des « échanges généralisés » entre ici-bas et au-delà12, ce modèle serait plutôt — mais l’idée resterait à creuser — celui de l’Église militante en ce monde et triomphante en l’autre, une Église dont les « véritables élites » étaient au Ciel, aux côtés du Christ bellator que les Templiers avaient pris pour guide, comme le rappelle Simonetta Cerrini. On pourrait renvoyer, dans ce contexte, à l’ascèse dans le combat et à la dévotion martyriale cultivées par les frères13 — une dévotion déjà bien ancrée dans certains milieux guerriers laïques comme l’illustre encore le cas arménien. Sur terre, ce modèle se référait essentiellement à l’humilité monastique et à l’idéal apostolique et fraternel — et on rappellera que la plupart des ordres procèdent justement de confraternités/confréries de chevaliers. En ce sens — et Luis Rafael Villegas Díaz l’écrit encore ici à propos de Calatrava —, les ordres militaires s’inscrivent pleinement dans la mouvance de ce « nouveau monachisme » qui a enrichi la gamme des formes de vie régulière et qui, par là même, a ouvert cette dernière à une plus large frange du peuple chrétien. Or, au sein d’un long xiie  siècle «  réformateur14  », l’une des originalités du monachisme militaire réside encore dans l’importance du recrutement en milieu urbain, au moment des ordres militaires, nous nous permettons de renvoyer à D. Carraz, « Precursors and Imitators of the Military Orders ». 11 En réalité, sur cette frontière religieuse avec la Perse mazdéenne puis avec l’islam, plus séduisante encore serait la comparaison avec ce qui deviendra le ribāt musulman. La proximité du mode de vie des murabitūn nous paraît bien plus grande avec ces nobles arméniens décrits par Ghazar de P‘arpi qu’avec les premiers frères du Temple. Mais il n’y a pas lieu de ranimer ici le débat concernant la très hypothétique inluence du ribāt sur l’origine des premiers ordres militaires… 12 Nous renvoyons ici aux rélexions développées par A. Guerreau-Jalabert, « Caritas y don ». 13 Cl. Andrault-Schmitt, « L’imitation des apôtres et le martyre au combat ». 14 Si l’on peut se permettre cette expression inspirée de G. Constable, he Reformation.

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conclusion

même où la ville devenait justement le creuset de nouvelles élites. Soulignée par bon nombre de travaux récents, cette osmose avec les sociétés urbaines constituera une caractéristique commune à l’ensemble des ordres militaires, avant même l’apparition des ordres mendiants. Au regard de la grande distinction entre clercs et laïcs, les ordres militaires ont proposé deux caractères originaux, voire en porte-à-faux par rapport à l’ordre social entériné par la Réforme grégorienne et déinitivement ixé par le Décret de Gratien15. Le premier est la place ménagée aux idèles aspirant à un idéal de vie monastique : l’entrée dans l’une de ces institutions permettait, sans renoncer à l’état laïque, de combiner les exigences de la vie monastique et les fonctions exercées dans le siècle. Le second caractère — déjà évoqué — est justement cette idélité au modèle de perfection monastique quand d’autres mouvements réguliers, comme Cluny, avaient « absorbé » les moines parmi les clercs. Avec un efacement de l’action militaire à la in du Moyen Âge, on assistera également à une certaine cléricalisation du personnel des commanderies, mais le phénomène, constaté seulement pour quelques régions, demanderait de plus amples investigations. De fait, si les clercs furent bien présents dans tous les ordres, ils restèrent en général minoritaires. Ils n’occupèrent donc jamais le sommet de la hiérarchie des dignitaires, mais Jürgen Sarnowsky souligne qu’ils n’en formèrent pas moins une élite spirituelle et intellectuelle au sein de leur institution. Poser la question des élites, c’était d’abord s’intéresser aux hommes avant d’aborder la réalité plus abstraite des institutions. Plusieurs contributions envisagent ici les relations des ordres militaires avec les élites « externes », essentiellement laïques. Si le don est au cœur du processus de distinction sociale dans la société médiévale, on a également rappelé le rôle intégrateur des bienfaits en tous genres prodigués aux maisons des ordres militaires. Les «  générosités nécessaires  » conféraient aux laïques un certain pouvoir de contrôle sur les établissements religieux, notamment lorsque ceux-ci constituèrent de véritables fondations lignagères, comme le démontrent Damien Carraz et Helen Nicholson. Dans le même sens, les frères profès cultivèrent toujours un double attachement : membres de puissantes institutions régulières, ils rompaient très rarement avec leurs parents demeurés dans le siècle et restaient donc pleinement intégrés aux réseaux lignagers16. Les liens spirituels et les échanges de services qui découlaient de cette double intégration, parfois prolongés sur plusieurs générations, proitaient à la fois à l’établissement favorisé et à la famille bienfaitrice. De façon plus générale, les maisons religieuses, dont les efectifs restèrent modestes, s’appuyèrent toujours sur des relais extérieurs : spécialistes de l’écriture et du droit, médecins et aides-soignantes, domestiques, agents seigneuriaux, « entrepreneurs de colonisation » et bien d’autres encore constituèrent autant de catégories de « serviteurs ». Indispensables aux missions des ordres militaires et 15 A. Boureau, « Hypothèses sur l’émergence lexicale et théorique de la catégorie de séculier au xiie siècle ». 16 Plusieurs cas sont développés par J. G. Schenk, Templar Families.

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souvent recrutés au sein d’élites locales, ces relais surent en général s’appuyer sur les institutions qu’ils servaient pour assurer leur propre « situation de classe » (selon l’expression de Max Weber). Fluctuant dans un entre-deux souvent délicat à cerner, les diférents genres de familiers et surtout d’ailiés, sur lesquels Carlos de Ayala Martínez est revenu ici pour la Castille, ne relevaient ni des frères profès ni des simples laïques. Souvent eux-mêmes issus de milieux dominants (chevalerie ici, milieux du notariat ailleurs…), confrères et autres donnés tiraient de toute façon avantage du status lié à la proximité étroite avec un ordre pour acquérir (ou accroître) une forme de reconnaissance sociale. Si les ordres militaires ont donc contribué à l’émergence de nouvelles élites dans la sphère séculière, ou bien à l’afermissement de positions plus anciennes, qu’en fut-il au sein même des institutions ? Plusieurs articles, à commencer par les études de cas d’Alain Demurger et de Sylvain Gouguenheim, ont rappelé que toute étude sociologique des ordres militaires passait obligatoirement par l’outil prosopographique. Les diicultés et les limites de la méthode, bien connues de manière générale17, trouvent une illustration particulière dans le cas des frères : confronté à une anthroponymie encore aléatoire et à des sujets caractérisés par une certaine mobilité géographique, l’historien doit encore s’accommoder de la luctuation et de la diversité des titulatures qui compliquent notamment la reconstitution des carrières. En retraçant les parcours de plusieurs dignitaires du Temple et de l’Hôpital au cours des xiie et xiiie siècles, Alan Forey montre qu’il n’exista pas vraiment de cursus honorum. Plus nuancé, Sylvain Gouguenheim parle vraiment de « carrière » pour décrire les trajectoires des Teutoniques en Prusse et s’il voit dans leur ordre de réelles possibilités d’ascension sociale, il n’en demeure pas moins que celui qui était déjà dépositaire d’un certain status familial avait plus de chances de gravir rapidement les échelons au sein même de l’institution. La situation se clariiera à la in du Moyen Âge lorsque la compétition pour les oices et pour les revenus aférents obligera chaque institution à statuer sur l’octroi des honneurs, en fonction de critères sociaux — prééminence de la noblesse d’épée — et de l’état de service — notamment de l’ancienneté. Aux vertus requises depuis l’origine — sens de la responsabilité et du « service », valeurs de discrétion et de discipline —, s’est rapidement ajoutée l’expertise. Fondées sur de véritables valeurs militaires comme le courage et la discipline, les milices favorisèrent en efet bien d’autres compétences, comme l’eicience administrative, la maîtrise de l’écrit ou bien encore l’art de la médiation18. Ces savoirs techniques reposent sur des valeurs partagées et sur des échanges culturels avec l’aristocratie laïque dont Luís F. Oliveira donne des illustrations pour le Portugal. Il n’y a, par conséquent, rien d’étonnant à ce que les ordres militaires 17

Au sein d’une tradition historiographique déjà riche, on peut par exemple se reporter aux rélexions réunies dans J.-P. Genet et G. Lottes (éd.), L’État moderne et les élites, et notamment au rapport de N. Bulst, « Objet et méthode de la prosopographie » dans ibid., pp. 467-482. 18 Pour une première approche des valeurs typiquement guerrières attachées aux ordres militaires : Ph. Contamine, s. v. « Courage » ; et D. Carraz, Les Templiers et la guerre, pp. 13-19 et 39-43.

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conclusion

aient constitué de véritables viviers de « serviteurs de l’État19 ». Helen Nicholson et Kristjan Toomaspoeg ont rappelé avec force comment les frères contribuèrent au renforcement de l’État, en tant que trésoriers, aumôniers, châtelains, ambassadeurs et à bien d’autres postes encore. Francesco Tommasi et Pierre-Vincent Claverie évoquent quant à eux, pour les xiie et xiiie siècles, ces hostiarii, cubicularii, nuntii et autres rectores que les papes recrutèrent essentiellement au sein du Temple et de l’Hôpital. Cette tradition de collaboration fut prolongée par des ordres princiers comme celui de la Jarretière, au sein duquel le souverain anglais trouvait ambassadeurs et négociateurs idèles et habiles. L’introduction des frères capables de se distinguer dans les arcanes du pouvoir s’explique par le caractère international des ordres militaires. En outre, comme le suggère Kristjan Toomaspoeg, l’inluence acquise dans le monde par certains frères était moins redevable à leur origine ou à leurs compétences personnelles qu’à leur appartenance à des institutions puissantes. Les milieux curiaux — auxquels il faudrait peut-être ajouter ceux des gouvernements urbains — ofrirent donc à quelques religieux adroits et favorisés par des liens personnels, de réelles possibilités de distinction en dehors de leur ordre. Un seul milieu ferait inalement exception : celui de la « cour de paradis », du moins telle qu’elle est vue de ce monde. Contrairement au renom acquis par un certain nombre de frères dans la société, la fama sanctitatis n’a touché que par exception les hommes et les femmes des ordres militaires, que ce fût sous la forme de cultes spontanés ou par le biais de la reconnaissance oicielle orchestrée à partir du xiiie siècle par les procès de canonisation20. Les institutions, enin, s’inscrivent dans une autre durée que celle des hommes. Fondée sur des transferts matériels — donations de terres et de châteaux… — et sur des privilèges juridiques — dont Pierre-Vincent Claverie a rappelé l’importance pour le pontiicat d’Honorius III —, l’institutionnalisation de certaines milices reste encore à étudier de manière approfondie. Même l’organisation du Temple, supposée bien connue, mériterait d’être reconsidérée à nouveaux frais si l’on adhère au débat, ici évoqué par Anthony Luttrell, sur la solidité et la cohérence institutionnelles réelles de l’ordre dans la deuxième moitié du xiiie siècle21. Le contenu du volume invite plutôt à insister sur le rôle des ordres militaires dans la fabrique des élites et ce, surtout pour la in du Moyen Âge, lorsque la précision et la variété des sources permettent de reconstituer les mécanismes de la reproduction sociale. On a rappelé comment, depuis 19 Sur la notion : Ph. Contamine, « Le Moyen Âge occidental a-t-il connu des “serviteurs de l’État” ? ». 20 Première approche  : N. Jaspert, s. v. «  Saints, culte des  ». Et sur les indices de la bonne réputation religieuse des Templiers qui peuvent être discernés à la lecture de quelques Vitae de saints proches de leur ordre, voir J. G. Schenk, « Some Hagiographical Evidence ». 21 La discussion a notamment opposé deux des plus éminents spécialistes  : J. Riley-Smith, « he structures of the Orders of the Temple and the Hospital in c. 1291 » ; et A. Forey, « Notes on Templar personnel and Government ».

les ordres militaires à la rencontre des élites

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toujours, l’appartenance à l’institution pouvait servir les intérêts personnels et familiaux. Cela est particulièrement évident au xve  siècle, lorsque s’observe, au sein même des ordres, une certaine « patrimonialisation » des biens et des dignités. Pierre Bonneaud évoque ainsi les proits que pouvait rapporter à son détenteur une commanderie de l’Hôpital en Catalogne, dont la gestion même était souvent coniée à des parents restés dans le siècle pendant que le commandeur en titre résidait à Rhodes. De fait, au cours des deux derniers siècles du Moyen Âge, ces institutions encore riches et puissantes restèrent des pôles d’attraction pour les élites. On a pu observer, dans ce contexte, une fermeture sociale des ordres militaires qui devinrent ainsi des sortes de champs clos livrés aux compétitions entre diférentes élites. Le phénomène s’inscrit, de manière générale, dans une phase de ralentissement de la mobilité sociale, alors que le monde des villes est précisément « traversé par des pulsions de fermeture oligarchique22 ». La notion d’« aristocratisation », notamment employée dans l’historiographie ibérique relative aux ordres militaires, n’implique pas une prééminence numérique de l’aristocratie au sein des milices, mais renvoie bien davantage à une domination culturelle et idéologique23. Les nobles, et notamment l’ancienne noblesse de sang, restèrent toujours minoritaires, mais leurs valeurs et leurs critères de distinction imprégnaient désormais profondément l’image et la conscience collective des ordres militaires. La «  chevalerie  » de la Passion rêvée par un Philippe de Mézières restait, elle-même, résolument élitiste. Même si le projet avait, idéalement, vocation à englober tous les états de la société, princes et nobles devaient avant tout trouver à y exalter leur position dominante. La prosopographie de l’ordre de la Jarretière conirme quant à elle la dimension élitaire de cet ordre monarchique qui recrutait surtout dans les milieux de la cour, quitte à favoriser aussi la promotion de quelques guerriers de plus basse extraction récompensés pour leur bravoure sur le champ de bataille. Avec le temps, toutefois, cet ordre attaché à la monarchie anglaise recruta de moins en moins parmi les aidés français. Il s’agit bien là d’une autre caractéristique liée à l’afermissement de l’État moderne : les dignitaires des ordres militaires eux-mêmes furent priés de privilégier la idélité à une dynastie et à une patrie avant l’obéissance due à leur propre institution. C’est ainsi qu’à la in du Moyen Âge, certains ordres, déjà traversés par les compétitions internes pour le contrôle des honneurs, devaient se trouver déchirés par des rivalités nationales. Soumis aux logiques féodales et au patronage général de l’Église par les monarchies, les ordres militaires n’avaient jamais été réellement indépendants. Helen Nicholson peut ainsi comparer à une « milice royale » le rôle joué par les 22

La citation est de Sandro Carocci, dans M. Bourin, S. Carocci, F. Menant et L. To Figueras, « Les campagnes de la Méditerranée occidentale autour de 1300 », p. 694. Pour une synthèse des rélexions menées sur la mobilité sociale dans la « conjoncture de 1300 » : S. Carocci (éd.), La mobilità sociale nel medioevo. 23 Ph. Josserand, Église et pouvoir en péninsule Ibérique, pp. 165-226 et 427-454 ; et L. F. Oliveira, A Coroa, os Mestres e os Comendadores, pp. 152-158 et 193-201.

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conclusion

Hospitaliers et plus encore par les Templiers auprès des souverains du royaume de Jérusalem au xiie siècle. L’exemple de l’Arménie développé par Marie-Anna Chevalier montre toute la complexité des facteurs orientant les relations entre une monarchie et les ordres militaires  : du xiie au xive  siècle, l’attitude des souverains vis-à-vis des diférents ordres installés en Cilicie varia à la fois en fonction de la conjoncture extérieure (actions des princes d’Antioche ou des rois de Chypre, agressivité des dynastes turcs) et des soubresauts de la cour arménienne. Caractéristique de l’automne médiéval et d’abord étudiée dans les cas castillan et portugais, l’instrumentalisation des milices au service du prince et de la défense de la patrie, est désormais illustrée avec force par le cas de la Hongrie présenté par Zsolt Hunyadi. Sensiblement de la même manière, les monarques qui ont fondé des répliques des ordres militaires s’arrogèrent le choix des membres de ces corporations chevaleresques, quitte à introduire un numerus clausus qui en accentuait l’élitisme. À travers les ordres militaires traditionnels ou les nouvelles corporations chevaleresques, le prince ixait ainsi les contours de certaines élites et s’eforçait de domestiquer sa noblesse. Si la mémoire des hommes est périssable et si les institutions elles-mêmes peuvent sombrer, restent les témoignages matériels de la puissance. Les « lieux de pouvoir  » qui abritaient ces élites sont encore bien présents dans les paysages du Portugal et de la Catalogne, respectivement décrits par Isabel Cristina Fernandes et par Joan Fuguet Sans et Carme Plaza Arqué. On voit bien, à l’évocation de ces commanderies, châteaux et sièges des ordres, comment le pouvoir des milices, en même temps que leur hiérarchie administrative, se trouvaient ainsi «  monumentalisés  » et ancrés dans l’espace. Finalement, encore à la in du xiiie siècle, quels plus beaux symboles de l’ambition qui animait l’ordre du Temple que le château de Peníscola ou le quartier général de Tomar ? À l’heure où la reconquête de Jérusalem restait d’une actualité brûlante, les ordres militaires apparaissaient plus que jamais comme l’élite des combattants de la guerre sainte et même de ces armées professionnelles qui assureraient l’un des fondements de l’État moderne.

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INDEX DES NOMS PROPRES

Abū Yūsuf Ya’qūb al-Manãūr, calife almohade : 227 Achot III le Miséricordieux, roi d’Arménie : 73 Achot Artzrouni, prince arménien : 71 Afonso Pais, hospitalier : 227 Aimery de Saint-Maur, templier : 271 Albert de Grumesnil, templier : 21 Albert de Nagymihály, hospitalier : 105, 106 Albert de Verceil, patriarche de Jérusalem : 338 Albert Ermengol, hospitalier : 351 Alberto de Calacço, hospitalier : 313 Alberto de Canelli, templier : 211 Albrecht de Buxhövden : 265, 284 Alemany de Foxa, hospitalier : 358 Alexandre III, pape : 269, 282, 290, 295 Alexandre IV, pape : 91, 212, 269, 301-303, 306 Alfonso de Molina : 115 Alix, princesse arménienne : 76 Alix de Champagne, reine de Chypre : 286 Alonso Téllez de Meneses : 285 Alphonse Ier le Batailleur, roi d’Aragon : 241 Alphonse II le Troubadour, roi d’Aragon : 242, 245246, 324 Alphonse III, roi d’Aragon : 212, 274 Alphonse V, roi d’Aragon : 327, 358-362 Alphonse X, roi de Castille : 327 Alphonse XI, roi de Castille : 148 Alphonse Ier, roi de Portugal : 225 Alphonse II, roi de Portugal : 232 Alphonse V, roi de Portugal : 140, 229 Álvaro Gonçalves Pereira, hospitalier : 229, 237 Álvaro Vaz de Almada, voir Rolando Álvaro Vaz de Almada Amaury Ier, roi de Jérusalem : 335 Amaury de la Roche, templier : 211, 267 Amaury de Tyr : 14, 276, 343 Amblard, templier : 206 André II, roi de Hongrie : 264, 283-284, 292 Andrea, archevêque de Bari : 297-298 Andrea di Martini : 109 André Polin, hospitalier : 205

Andrew, voir André Angelo da Foligno, clerc de Martin IV : 305 Anselme-Fer, lignage : 56 Anthony Woodville : 150-151 Antiochus IV Épiphane, roi séleucide : 67-68 Antoine de La Roche : 151 Antoni de Fluvià, grand-maître de l’Hôpital  : 349, 351-354, 356, 362-363 Antoni de Fluvià, hospitalier, neveu du grand-maître : 353, 362 Antoni Pere de Torelles, hospitalier : 355 Antoni Pere Saplana, hospitalier : 361 Antonio Pessagno : 370 Arbertus de Yengentis, templier : 31 Archakouni (Arsacides), rois arméniens : 66, 69 Armand de Périgord, grand-maître du Temple : 342 Arnau de Claramunt, templier : 209 Arnau de Torroja, grand-maître du Temple : 205 Arnaud de Calmon, templier : 203 Arnaud de Montbrun, hospitalier : 206 Arnold Kropf, frère teutonique : 93 Arnstein, lignage : 53 Arthur, roi : 136 Arthur, prince Tudor : 140 Artusio da Pocapaglia, templier : 310 Artzrouni, lignage arménien : 69, 70, 71 Ascanier, lignage : 266 Augustin, saint : 68 Avelar, lignage : 167 Ayala, lignage : 44 Aymar, hospitalier : 340 Aymar, templier : 278-279 Aymar de Layron, hospitalier : 340 Bagratouni (Bagratides), dynastie arménienne : 69, 72, 77 Baldassaro Castiglione : 139 Balliol, lignage : 142 Baltasar Menaguerra, hospitalier : 351

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index des noms propres

Banyuls, lignage : 255 Bartholomeo Berislavić : 108, 109 Bartholomeo Carrafa, hospitalier : 105 Basset, Lord : 142, 151 Baudouin Ier, roi de Jérusalem : 336 Baudouin II, roi de Jérusalem : 262, 330, 336 Baybars, sultan mamelouk : 342 Béatrice d’Aragon, reine de Hongrie : 109 Beauchamp, lignage : 141 Beaufort, lignage : 140 Beaumont, lignage : 143 Benoît XI, pape : 294, 313 Berardus de Gallerceto, templier : 269-270 Berenguer de Cardona, templier : 2, 206, 212, 255 Berenguer de Fontcoberta, hospitalier : 359 Berenguer de Sant Just, templier : 209-210 Berenguer Guamir, templier : 203 Berlewin, frère teutonique : 97 Bernard de Casa, templier : 207 Bernard, évêque de Selburg : 284 Bernard de Clairvaux : 4, 12, 125, 133, 151, 152, 169, 171, 174, 374 Bernard de Preissac (Soudan de la Trau) : 139, 143 Bernardo, hospitalier : 313 Bernardus, templier : 269, 290 Bernat de Cornellá, templier : 202 Bernat Guillem de Foxa, hospitalier : 359-360 Bernat Hug de Rocabertí, hospitalier : 362 Bernat Roger Sarriera, hospitalier : 359 Bernat Villosa, hospitalier : 351 Berners, Lord : 143 Berthold de Nordhausen, frère teutonique : 92 Bertrand de Cares : 287-288 Bertrand de Viviers, templier : 203 Bertrand de Comps, grand-maître de l’Hôpital : 217 Bevignate da Spello, hospitalier : 313 Biancuccio da Lucca : 306 Blasco de Alagón : 246 Bohémond Ier, prince d’Antioche : 334 Bohémond II, prince d’Antioche : 334 Bohémond III, prince d’Antioche : 335 Bohémond IV, prince d’Antioche : 286, 340 Bohémond V, prince d’Antioche : 342 Bohémond VI, prince d’Antioche : 76 Bonagiunta, hospitalier : 304-306 Boniface VIII, pape : 129, 272, 294, 308-313 Boniface IX, pape : 220 Bonifacio da Calamandrana, hospitalier : 307-310, 312 Bonvicino, templier : 301 Bourbouton, lignage : 51, 53 Bourchier, lignage : 141 Bryan, Lord : 142 Bughā al-Kabīr, émir turc : 71 Burgersh, Lord : 150 Burley, lignage : 143 Butler, lignage : 143

Calixte III, pape : 215, 349, 360-361 Cardona, lignage : 359 Carrillo, lignage : 47 Catherine de Courtenay : 309 Célestin III, pape : 277 Célestin V, pape : 307-308 Cencio, voir Honorius III Charles IV de Luxembourg, empereur : 131 Charles IV le Bel, roi de France : 126 Charles V, roi de France : 130, 131 Charles VI, roi de France : 130 Charles Ier, roi de Hongrie : 101 Charles Ier d’Anjou, roi de Sicile : 211, 273, 305, 326, 328, 330 Charles II d’Anjou, roi de Sicile : 308, 331 Charles de la Marche : 371-372 Charles de Trèves, grand-maître teutonique : 92 Charles de Valois : 309, 372 Christian, évêque de Prusse : 265 Clarence Chamberlaine : 143-144 Clares, lignage : 265 Clément IV, pape : 212, 303 Clément V, pape  : 13, 14, 18, 19, 78, 272, 294, 313, 340, 369 Clément, hospitalier : 326 Colonna, lignage : 309 Conrad Ier, duc de Mazovie : 83, 265, 323 Conrad, évêque d’Hildesheim : 95-98 Conrad de Feuchtwangen, grand-maître teutonique : 85 Conrad de hierbeg l’Ancien, frère teutonique : 93 Conrad de hierberg le Jeune, frère teutonique : 93 Conrad de huringe, grand-maître teutonique : 87 Conrad de Tscheve, frère teutonique : 221 Conrad Sack, frère teutonique : 93 Correia, lignage : 167 Dalmau de Timor, templier : 204 Dalmau Ramón Xetmar, hospitalier : 359 Daniele del Carretto, hospitalier : 295 Dante : 130 David, roi biblique : 173 David Ier, roi d’Écosse : 270 Denis Ier, roi de Portugal : 50, 239 Déodat de Gozon, grand-maître de l’Hôpital : 5 Detric Bwbek : 105 Dietrich, burgrave de Kirchberg : 271 Dietrich d’Altenbourg, grand-maître teutonique : 88 Dietrich de Bernheim, frère teutonique : 83 Dietrich de Dypenow, frère teutonique : 95-98 Dietrich de Grüningen, grand-maître teutonique : 93 Dietrich de Spire, frère teutonique : 93 Diogo Pereira, frère de Santiago : 235 Diomedes de Vilaragut, hospitalier : 352 Domingo de Alcorisa, templier : 208 Duarte, voir Édouard Dudley, Lord : 143

index des noms propres Durand, évêque de Tortose : 289 Durando (Durandus), templier : 298 Édouard Ier, roi d’Angleterre : 136, 140, 262, 268 Édouard II, roi d’Angleterre : 126, 139, 142, 268, 272, 306, 327 Édouard III, roi d’Angleterre : 136-143, 267 Édouard IV, roi d’Angleterre : 143, 145, 150 Édouard Ier, roi de Portugal : 140 Edward Balliol : 142 Edward Despenser : 143 Edward Poynings : 145 Edward Woodville : 143, 145, 150 Egidio Boccanegra : 148 Eléonore de Lancastre : 148 Elisabeth, épouse d’Édouard IV : 150 Elizabeth de Lancastre : 151 Elvira : 119 Emeric Bwbek, hospitalier : 104-105 Emeric Szapolya, hospitalier : 109 Enguerrand de Coucy : 139, 146, 150 Ernoul : 262 Estebán de Belmonte, templier : 207 Estêvão Vasques Pimentel, hospitalier : 225 Étienne Ier, roi d’Angleterre : 263 Eudes de Saint-Amand, grand-maître du Temple : 262 Eudes Rigord : 271 Eugène III, pape : 282-283 Eugène IV, pape : 220, 357, 360 Eustache d’Abrichecourt : 139 Farripas : 123 Federico de Montefeltre : 139 Felip d’Hortal, hospitalier : 352 Felip de Gualbes, hospitalier : 355 Ferdinand II le Catholique, roi d’Aragon : 140 Ferdinand III, roi de Castille : 285, 330 Ferdinand II, roi de León : 122, 265 Ferdinand Ier, roi de Naples : 140, 350, 360 Fernando Arias : 119 Fernando Ordóñez, maître de Calatrava : 115 Fernão Gonçalves : 231 Fernão Rodrigues, maître d’Avis : 168 Ferrante d’Aragon, voir Ferdinand Ier, roi de Naples Fidence de Padoue : 272 Fimi, princesse d’Arménie : 342 Fitzalan, lignage : 141 Foulques V, comte d’Anjou, puis roi de Jérusalem : 262 Foulques de Montpezat, templier : 208 Foulques de Villaret, grand-maître de l’Hôpital : 212, 310, 369 Foxa, lignage : 356 Francesc de Montsoriu, hospitalier : 359 Francesc de Tallada, templier : 202 Francesc Pallers, hospitalier : 355 Francis Lovell : 144

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Franco, templier : 269, 290 François d’Assise, saint : 300 François de Surienne : 139, 141 Frank Van Halen : 139 Frédéric Ier Barberousse, empereur : 264, 295, 330 Frédéric II, empereur : 269, 274, 287-288, 297, 299301, 325-326, 328, 331 Frédéric III, roi de Sicile : 264, 308 Frédéric V, duc de Souabe : 264 Frédéric de Wildenberg, grand-maître teutonique : 92 Froissart : 139, 146, 374 Fulco da Pocapaglia, hospitalier : 311 Gabriel de Gualbes, hospitalier : 355 Gaillard de Durfort : 139, 140 Galceran de Sentmenat, hospitalier : 351, 354 Galceran de Toroella, hospitalier : 355 Galvany Tolsa, hospitalier : 355, 359 García Artiga, hospitalier : 209 García de Torres, hospitalier : 351, 359 Garcia Peres, maître de Santiago : 235 Garin de Montaigut, grand-maître de l’Hôpital : 286 Garnier de Naplouse, hospitalier : 205 Gaston de Foix : 139 Gautier de Mauny : 139, 142, 150 Gebhard de Plain, frère teutonique : 285 Geofrey Chaucer : 145 Geofroy, templier, aumônier de Guillaume le Maréchal : 270 Geofroy, templier, serviteur d’Henri III d’Angleterre : 322 Geofroy, templier, gouverneur des Abruzzes : 330 Geofroy de Charnay, templier : 32 Geofroy de Gonneville, templier : 22 Geofroy Foucher, templier : 262 Geofroy Le Berruyer, templier : 32 Gera, lignage : 88 Gérald de Caercino, templier : 202 Gérald de Cambridge : 295 Gérald de Surrey, templier : 279 Gérard de Ridefort, grand-maître du Temple : 262 Gerardo da Gragnana, hospitalier : 312 Gerhard, archevêque de Brême : 278 Ghazar de P‘arpi : 66, 70, 72 Ghéwond : 67, 70 Giacomo, templier : 301 Giacomo da Pocapaglia, hospitalier  : 304, 306-307, 310-312 Giacomo di Oddone Gaetani : 312 Giacomo Massoli, hospitalier : 302-303 Gil Manrique : 123 Gilabert de Loscos, hospitalier : 355, 360 Gilbert d’Assailly, grand-maître de l’Hôpital : 212 Giles Daubeny : 145 Giovan Battista Orsini, grand-maître de l’Hôpital  : 350, 352

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index des noms propres

Giovanni de Capoue, frère teutonique : 269 Giovanni de Sambuco, hospitalier : 297 Giovanni Luca Barberi : 331 Giovanni Villani : 372 Giovanni, hospitalier, maréchal de l’Hôpital : 299 Giovanni, hospitalier, maréchal de Martin IV : 304-306 Girbert Eral, grand-maître du Temple : 205 Girón, lignage : 47 Giuliano Cesarini : 107 Gloucester Chamberlaine : 143 Gonzalo Ibáñez : 118 Gonzalo Yáñez de Novoa, maître de Calatrava : 285 Gourgên Artzrouni, prince arménien : 71, 73 Grégoire IX, pape : 269, 274, 290-300 Grégoire X, pape : 270, 292, 303 Grégoire XI, pape : 295 Grégoire l’Illuminateur, saint : 65, 66 Gregorio da Todi, hospitalier : 313 Grey, lignage : 141, 142, 144 Gualbes, lignage : 56 Gualdim Pais, templier : 229-231, 236 Guérin, hospitalier : 262 Guglielmo da Santo Stefano, hospitalier : 312 Guglielmo Maramauro, hospitalier : 295 Gui, comte de Blois : 126 Guichard d’Angle : 139 Guido di Montefeltro : 305 Guigues I, chartreux : 173 Guillaume d’Alliac, templier : 207-208 Guillaume de Beaujeu, grand-maître du Temple : 205, 326 Guillaume de Chartres, grand-maître du Temple : 338 Guillaume de Montferrat : 287 Guillaume de Saint-Jean, templier : 224 Guillaume de Sonnac, grand-maître du Temple : 205 Guillaume de Tyr : 261, 335 Guillaume de Villaret, grand-maître de l’Hôpital  : 270, 295, 303, 310 Guillaume de Weissenbourg : 283 Guillaume du Pont-de-l’Arche : 291 Guillaume Ier le Conquérant, roi d’Angleterre : 77 Guillaume VI, duc de Bavière : 140 Guillaume Ier, duc de Gueldre : 140 Guillaume le Maréchal : 265, 271 Guillaume, abbé de Bernay : 291 Guillaume, évêque de Modène : 284 Guillaume Durand : 306 Guillelmus de hatan (Tenten), templier : 21 Guillem Cadell, templier : 209 Guillem de Castellvi, hospitalier : 355 Guillem de Guimerà, hospitalier : 358 Guillem de Miravet, templier : 208 Guillem de Montcada : 309 Guillem de Montgrí, templier : 207 Guillem de Puignaucler, templier : 209, 211 Guillem de Sagaró, hospitalier : 362

Guillem de Santceloni, hospitalier : 362 Guillem de Sant Esteve, templier : 208 Guillem Sesavasses, hospitalier : 354 Gunther de Schwarzbourg, frère teutonique : 91 Guy Dauphin, templier : 367 Guy de Foresta, templier : 206 Guzmán, lignage : 47 Hartung de Klux : 139 Heidenreich, frère teutonique : 271 Heinrich, frère teutonique : 217 Heinrich, voir Henri Hélion de Villeneuve, grand-maître de l’Hôpital : 267 Helmrich de Wurzbourg, frère teutonique : 86 Henri d’Eam : 139 Henri de Dypenow : 97 Henri de Lancastre : 146, 148 Henri de Lowenroth : 96 Henri de Nagiaco, hospitalier : 310 Henri de Plötzke, frère teutonique : 92 Henri de Schletten, frère teutonique : 89 Henri de Weida, maître teutonique : 98 Henri VI, empereur : 286 Henri II, roi d’Angleterre : 262-264, 269, 328 Henri III, roi d’Angleterre : 266, 274, 322, 327 Henri IV, roi d’Angleterre : 143, 145-146, 149-151 Henri V, roi d’Angleterre : 137, 139, 142-143 Henri VI, roi d’Angleterre : 145 Henri VII, roi d’Angleterre : 138, 143-145 Henri VIII, roi d’Angleterre : 140 Henri II, roi de Chypre : 14, 276, 343 Henri Klieber, frère teutonique : 87 Henri le Navigateur, administrateur de l’ordre du Christ : 231 Henri Tuwel, frère teutonique : 87 Henricus de Hintingentis (alias de Harcigny), templier : 31 Henry Danet, templier : 213, 275 Henry de Derby, voir Henri IV Henry de Grosmont : 148 Henry Percy : 143 Henry Scrope : 149 Héraclius, empereur byzantin : 73 Herbert, abbé de Sainte-Geneviève : 290 Hermann, évêque de Kammin : 266 Hermann Balk, frère teutonique : 82, 95, 97 Hermann Bart, grand-maître teutonique : 337 Hermann de Livland, frère teutonique : 269 Hermann de Salza, grand-maître teutonique : 90, 264, 269, 280, 283, 285, 321, 325-326, 328, 341 Hermann de Schönburg, frère teutonique : 93 Hermann de huringe : 87 Héthoum Ier, roi d’Arménie : 76, 78, 341-342 Héthoum II, roi d’Arménie : 343 Hét‘oum, chroniqueur : 340 Holland, lignage : 141

index des noms propres Honorius III, pape : 217, 270, 277-292, 299-300 Honorius IV, pape : 310 Hovannês V Patmaban : 72 Hovhan Mamikonian : 69 Hovsêp’ de Hoghotsim : 70 Hug de Forcalquier, hospitalier : 267 Hug de Pau, hospitalier : 359 Hugh Staford : 150 Hugues Ier, roi de Chypre : 286 Hugues, duc de Bourgogne : 126 Hugues, comte de Champagne : 171, 324 Hugues de Jouy, templier : 211 Hugues de Montréal : 290 Hugues de Nissun, templier : Hugues de Pairaud, templier : 22, 206 Hugues de Payns, grand-maître du Temple : 12, 169, 171-174, 324-325 Hugues de Saint-Georges, templier : 279 Hugues de Saint-Victor : 169 Hugues Revel, grand-maître de l’Hôpital : 303 Humbert II, dauphin de Viennois : 128 Humbert, templier : 224 Humbertus de Reiet, templier : Humphrey de Bohun : 148 Inghiramo da Gragnana, hospitalier : 306 Iñigo d’Avalos : 140 Innocent II, pape : 175, 179 Innocent III, pape : 217, 277, 280, 282, 284, 289, 296298, 338 Innocent IV, pape : 299, 301 Innocent V, pape : 304, 306 Isabelle Iere la Catholique, reine de Castille : 150 Isabelle de France, épouse d’Édouard II : 126, 139, 149 Isabelle Plantagenêt : 139 Jacopò de Soris, hospitalier : 108, 109 Jacques Ier, roi d’Aragon : 245-246, 267 Jacques II, roi d’Aragon  : 211-212, 246, 264, 270, 307-309 Jacques, prieur de Saint-Victor de Paris : 291 Jacques de Milly, grand-maître de l’Hôpital : 350, 362 Jacques de Molay, grand-maître du Temple : 2, 13-14, 22, 32, 213, 365-367 Jacques de Taxy, hospitalier : 207, 326 Jacques de hérines : 272 Jacques de Vitry : 272, 292 Jacquette de Luxembourg : 151 Jakob de Roggenhausen, frère teutonique : 219 Jaume de la Geltrú, hospitalier : 352, 354-356, 361 Jean XXII, pape : 343 Jean Ier Tzimiskès, empereur byzantin : 73 Jean II, roi d’Aragon : 360, 362-363 Jean II le Bon, roi de France : 131, 133, 136 Jean Ier, roi de Portugal : 139, 140, 229, 239 Jean II, roi de Portugal : 140, 235, 237

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Jean IV de Montfort, duc de Bretagne : 140 Jean, chanoine : 127 Jean, ils de Jean de Brienne : 339 Jean-Baptiste, saint : 171 Jean Corvin : 109 Jean de Brienne, roi de Jérusalem : 278, 337, 339 Jean de Foix : 139-140 Jean de Folliaco, templier : 367 Jean de Gand : 142, 148 Jean de Grailly : 139, 146 Jean de Hesdin, hospitalier : 222 Jean de Hídvég : 109 Jean de Laodicée, hospitalier : 221 Jean de Lastic, grand-maître de l’Hôpital : 349, 354, 357, 360-361 Jean Hunyadi : 107, 108, 109 Jean le Français, templier : 32, 207 Jean Morel, hospitalier : 224 Jean Palisna, hospitalier : 104 Jean Szekler : 108 Jeanne II, reine de Naples : 358 Joan Barutell, hospitalier : 359, 361 Joan Claver, hospitalier : 361 Joan de Alcover, templier : 210 Joan de Bellpuig, hospitalier : 348 Joan de Cardona, hospitalier : 359, 360 Joan de Pinos, hospitalier : 362 Joan de Vilafranca, hospitalier : 135 Joan de Vilagut, hospitalier : 351, 354, 359 Joan Despilles, hospitalier : 351, 362 Joan Rotllan, hospitalier, neveu de Calixte III : 361 Joan Saplana : 361 João, infant de Portugal et maître de Santiago : 235 João Anes Pereiro de Ourém : 231 João Fernandes, templier : 213 Johann de Marienburg, frère teutonique : 219 Johannes de Ruivans (Ruans), templier : 21 Johannes Durandi, templier : 21 Johannes Erfstein de Strasbourg, hospitalier : 222 John Astley : 143 John Beaufort : 143, 149, 150 John Bourchier : 143 John Chandos : 144 John Cheyne : 145 John Cornwall : 151 John de Neville, templier : 279 John Devereux : 143 John Dynham : 156 John Holland : 149 John Howard : 144 John Montagu : 143 John Neville : 144 John Paston III : 150, 151 John Robesart : 139 John Savage : 145 John Stillinglete, hospitalier : 263

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index des noms propres

John Stratford : 138 John Sully : 142 John Tiptot : 151 John Wenlock : 143, 144 Jordi Saplana, hospitalier : 351, 355-356 Jorge, infant de Portugal et maître de Santiago : 235 Joseph de Chauncy, hospitalier : 205, 262 Jovan de Tallóc, hospitalier : 107 Juan Claver, hospitalier : 355, 359-360 Juan de Alcañiz, hospitalier : 361 Juan de Heredia, hospitalier : 359 Juan Estébanez : 115 Juan Fernández de Heredia, grand-maître de l’Hôpital : 5, 221, 348 Juan Manuel, infant de Castille : 163 Judas Maccabée : 68 Julien de Sidon : 76, 342 Karl, voir Charles Kaykhusraw Ier, sultan d’Iconium : 338 Konrad, voir Conrad Kostandin, regent d’Arménie : 339-342, 345 Lacys, lignage : 265 Ladislas, voir Wladislas Ladislas de Naples : 105 Lājīn, sultan mamelouk : 342 Lambert, évêque de Sémigallie : 284 Lambert de Wattrelos : 261-262 Lengres, lignage : 56 Léon Ier, roi d’Arménie  : 75-76, 286, 333, 334, 337340, 345 Léon II, roi d’Arménie : 76-77 Léon IV, roi d’Arménie : 344 Leonor Teles, reine de Portugal : 229 Lewis Robesart : 139 Lewon, voir Léon Lionel d’Anvers : 142 Lionel Welles : 144 Littold, frère teutonique : 341 Lluís d’Espés, hospitalier : 359-360 Lluís de Caramany, hospitalier : 355 Lluís de Gualbes, hospitalier : 351-353, 355 Lluís de la Sala, hospitalier : 353 Lluís de Mur, hospitalier : 351, 359 Lluís de Vilanova, hospitalier : 355 Lobas, lignage : 61 Lope de Grisén, hospitalier : 208 Lotario di Segni, voir Innocent III Louis VII, roi de France : 262, 268-269, 324 Louis IX, roi de France : 128-129, 211, 267, 274, 305 Louis X le Hutin, roi de France : 126, 371 Louis XI, roi de France : 143 Louis II Jagellon, roi de Pologne-Hongrie : 110 Louis II, duc de Bourbon : 149 Louis de huringe : 87

Louis, esclave d’un hospitalier : 354 Louis Robessart : 144 Ludovico Trevisan : 215 Lusignan, lignage : 349 Maccabées : 66, 68, 75 Mamelouks, sultans : 354, 356, 362, 367 Mamikonian, rois arméniens : 66, 69 Manfred de Hohenstaufen, roi de Sicile : 211, 303 Manuel Ier Comnène, empereur byzantin : 334-335 Manuel Ier, roi de Portugal : 229, 231, 237 Margaret, Lady : 145 María Ovéquiz : 117 María Pérez : 115 Martin IV, pape : 269-270, 303, 305-306 Martin V, pape : 360 Martin Ier, roi d’Aragon : 358 Martín, ailié de Santiago : 120 Martín Pérez : 117 Martino da Santo Stefano, hospitalier : 312-313 Martino, templier, cubiculaire d’Honorius III : 299 Martinus, templier, gardien du château de Trebis : 270 Martinus de Monte Trichardi, templier : 21 Mascarenhas, lignage : 168 Masfiūd, sultan d’Iconium : 335 Mathilde, comtesse de Boulogne : 263 Matkó de Tallóc, hospitalier : 106, 107 Mattfiêos d’Ourha (Matthieu d’Édesse) : 73-74 Mattathias l’Asmonéen : 68 Matteo Rosso Orsoni : 311 Matthias Corvin, roi de Hongrie : 109, 110 Matthieu Paris : 271, 274, 323 Maurice de Pagnac, hospitalier : 344 Mehmed II, sultan ottoman : 350 Menéndez, lignage : 115 Mesrop Machtots : 66 Michel Ferrand, hospitalier : 105 Miguel Ibáñez : 122-123 Miles Stapleton : 148 Milon de Nanteuil : 291 Miquel d’Olzinelles, hospitalier : 354 Mleh, prince arménien : 335-336 Monaldo, hospitalier : 300 Môngke, khan mongol : 76 Montauros, lignage : 61 Montcada, lignage : 244, 246 Moriel : 119 Mouchegh : 69 Movsês Khorénatsi : 66 Mowbray, lignage : 141 Murad II, sultan ottoman : 109 al-Mutawakkil, calife abbasside : 71, 72 Nersês Balianents : 77 Nersês IV Chenorhali : 74 Nersês de Lambroun : 76

index des noms propres Neville, lignage : 141 Nicéphore Phokas, empereur byzantin : 71, 74 Nicolas III, pape : 269-270, 303-305, 311 Nicolas IV, pape : 283, 306-308 Nicolas V, pape : 360-361 Nicolas d’Abrichecourt : 139 Nicolas de Újlak : 109 Nicolau Saplana, hospitalier : 356 Nicolaus, hospitalier : 224 Nikolaus de Jeroschin, frère teutonique : 223 Nuño Aloitiz : 117 Nūr al-Dīn, prince d’Alep : 335-336 Oschin Ier, roi d’Arménie : 343 Oste de Saint-Omer, templier : 262 Otton IV de Brunswick, empereur : 297-298 Otton de Granson : 366 Otton de Reichau, frère teutonique : 91 P. de Bellovicino, hospitalier : 303 Padilla, lignage : 47 Paio (Pelayo) Peres Correia, maître de Santiago : 159, 236 Pandolfo, chapelain d’Innocent III : 298 Pascual Alberit : 115, 120 Paul II, pape : 357, 360, 362 Pedro, infant de Portugal : 140, 227 Pedro Alvítiz, templier : 288 Pedro de Barcelos : 162-163 Pedro de Ortega, greier de Ciudad Real : Pedro Escacho, maître de Santiago : 235 Pedro Jiménez, templier : 208 Pedro Muñiz de Godoy, maître de Calatrava : 196 Pedro Peláez : 115 Pelabous, templier : 210 Pélage d’Albano : 270, 278-279, 286-287, 340 Pelayo Gallego : 114, 118 Pelayo Peláez : 115, 119-120, 122 Pelegrí de Montagut, hospitalier : 359-360 Perceforest : 136 Percy, lignage : 141 Pere Cases, hospitalier : 359-360 Pere de Aguda, templier : 209 Pere de Biure, hospitalier : 361-362 Pere de Canois, templier : 207 Pere de Fonolet, hospitalier : 207 Pere de Gissona, templier : 202 Pere de Lena, templier : 207 Pere de Lordat, hospitalier : 351 Pere de Montagut, templier : 205 Pere de Montcada, templier : 205 Pere de Montesquiu, templier : 207 Pere de Sant Just, templier : 204, 213 Pere de Sant Romà, templier : 202 Pere Joan Saplana, hospitalier : 362 Pere Metge, hospitalier : 351

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Pere Morut, templier : 210-211 Pere Peyronet, templier : 270 Pere Ramón de Fluvia, hospitalier : 353 Pere Ramón Sacosta, grand-maître de l’Hôpital : 350352, 357, 360, 362 Peregrino, chevalier : 120-121, 123 Pereira, lignage : 167 Perot, lignage : 267 Peruzzi, lignage : 370 Peter Courtenay : 143 Peter, voir Pedro, Pere ou Pierre Pétrarque : 130 Petrus, hospitalier : 299 Petrus, templier : 269, 290 Petrus de Sancto Benedicto, templier : 21 Philibert de Naillac, grand-maître de l’Hôpital : 106, 348-349, 360 Philip de hame, hospitalier : 267 Philippa de Hainaut, reine d’Angleterre : 137, 142, 146 Philippe II Auguste, roi de France : 262 Philippe III, roi de France : 303 Philippe IV le Bel, roi de France  : 12, 14, 126, 268, 272, 275-276, 309, 313, 367-369, 371-372 Philippe V le Long, roi de France : 126 Philippe le Bon, duc de Bourgogne : 140 Philippe, ils de Bohémond IV d’Antioche : 340-342 Philippe d’Égly, hospitalier : 326 Philippe de Marigny : 19 Philippe de Mézières : 125-134, 149, 379 Philippe du Plessis, grand-maître du Temple : 338 Pie II, pape : 360 Pierre II le Catholique, roi d’Aragon : 246, 266 Pierre III, roi d’Aragon : 211-212, 331 Pierre IV, roi d’Aragon : 358 Pierre Ier, roi de Castille : 162 Pierre Ier de Lusignan, roi de Chypre : 125, 129, 130, 131, 148 Pierre, archevêque de Césarée : 292 Pierre d’Aubusson, grand-maître de l’Hôpital : 350, 352 Pierre de Capoue : 338 Pierre de Cercelles, templier : 202 Pierre de Dusbourg, frère teutonique : 82, 84, 87, 223 Pierre de Montaigut, grand-maître du Temple : 287-289 Pierre de Poignencourt, templier : 206-207 Pierre de homas : 130-131 Pierre Gosan, templier : 20, 33 Pierre Savary : 281 Piers Gaveston : 268 Pietro Lorenzetti : 299 Pietro, hospitalier, commandeur de Città di Castello : 303 Pietro, hospitalier, ambassadeur de Nicolas IV : 306 Pimentel, lignage : 50, 167 Plantagenêt, lignage : 140  Plauen, lignage : 88 Ponç de Rigalt, templier : 209

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index des noms propres

Ponç Menescal, templier : 205 Pons, évêque d’Arras : 289 Pontius de Cruce : 264 Poppo d’Osterna, grand-maître teutonique : 85 Prince Noir : 138, 141-142 Pseudo-Smbat : 76-77 Quhalo (Hualo), frère teutonique : 87 Radclife : 144 Rafael Saplana, hospitalier : 351-352, 356, 359, 361 Raimbaud de Voczon, hospitalier : 326 Raimondo, hospitalier : 296 Raimundo Ponte : 308 Rainier, évêque de Bethléem : 279 Ralph Percy : 150 Ralph Staford : 142 Ramón de Bastida, templier : 208 Ramón de Ribelles, hospitalier : 209 Ramón de Siscar, hospitalier : 359-362 Ramón de Soler, hospitalier : 359 Ramón Jou, hospitalier : 351 Ramón Llull, hospitalier : 354 Raniero da Castelvecchio : 291-292 Raoul, templier : 291 Raoul de Mérencourt : 288 Raymond, prince d’Antioche : 76 Raymond III, comte de Tripoli : 262 Raymond d’Avignon, hospitalier : 328 Raymond de Grasse, hospitalier : 270 Raymond de Lunel, templier : 209 Raymond de Montgaillard, templier : 209 Raymond du Puy, grand-maître de l’Hôpital : 216 Raymond-Bérenger IV, comte de Barcelone : 242 Raymond-Roupên, prince d’Antioche : 76, 285-286, 338-340 Raymundus, templier : 269-270 Reginald Bray : 145 Renaud de Châtillon, prince d’Antioche : 334-335 Renaud de Vichiers, grand-maître du Temple : 206 Rhys de Deheubarth : 265 Richard Ier Cœur de Lion, roi d’Angleterre : 263-264, 266, 323 Richard II, roi d’Angleterre : 142-145, 149, 327 Richard III, roi d’Angleterre : 144 Richard, comte de Cornouailles : 271 Richard, duc d’York : 144 Richard, templier : 285 Richard de Hastings, templier : 262 Richard Fitzalan : 138, 143, 148, 150 Richard Fitz Simon : 138 Richard Grey : 141 Richard Guildford : 150 Richard Neville : 143, 144 Richard Peitevyn, templier : 210 Richard Pembridge : 142

Richard Pernes : 267 Richard Woodville : 151 Rinaldo da Concorezzo : 273 Rita, princesse d’Arménie : 337, 339 Robert d’Ambleville, templier : 32 Robert de Clermont : 367 Robert de Craon, grand-maître du Temple : 175 Robert de Mehun : 287 Robert de Namur : 140, 146 Robert de Vere : 143-144 Robert Grosseteste : 271 Robert Harcourt : 143 Robert l’Ermite : 149 Robert le Verrier, templier : 207 Rodrigo de Luna, hospitalier : 295 Rodrigo Fernández : 115 Rodrigo Ibáñez : 120 Rodrigo Íñiguez, maître de Santiago : 119 Roger Alemany de Bellpuig : 348 Roger de Clare : 265 Roger de Peguera, hospitalier : 359 Roger de Salerne, régent d’Antioche : 334 Roger English d’Engleburgh, templier : 279 Roger Mortimer : 142 Rolando, hospitalier : 304 Rolando Álvaro Vaz de Almada : 140 Romain Ier Lécapène, empereur byzantin : 74 Romeu de Burguet, templier : 212 Roupên II, prince arménien : 335 Roupên III, prince arménien : 336 Ruggero di Lauria : 307-308 Saladin, sultan ayyoubide : 278, 338 Salomon : 132, 170 Sancha, épouse d’Alphonse II d’Aragon : 263 Sancha Martínez : 117 Sanche III, roi de Castille : 323 Sanche Ier, roi de Portugal : 227, 236 Sanchet Dabrichecourt : 139 Sancho Fernandes, maître de Santiago : 233 Sancho de Hueso, templier : 202 Sassanides, dynastie perse : 66, 69 Scrope, lignage : 141-142 Sembat Ier, martyr arménien : 72 Sembat, frère du roi d’Arménie Héthoum II : 343 Sembat Abelabas, martyr arménien : 72 Senso di Glutto : 302 Sequeira, lignage : 168 Siegfried de Regenstein : 89 Sieghard de Schwarzbourg, grand-maître teutonique : 90 Sigismond Ier de Luxembourg, empereur et roi de Hongrie : 101-102, 104-107 Sigismond Ier, roi de Pologne : 110 Silva, lignage : 44 Simon de Hesdin, hospitalier : 222

index des noms propres Simon de la Tor, templier : 206 Simon de Montfort : 271, 274 Simon de Sully : 289 Simon Felbrigg : 151 Sixte IV, pape : 350 Soeiro Viegas : 291 Staford, lignage : 141 Stanley, lignage : 141, 143, 145 Stapleton, lignage : 143 Staufen, lignage : 264, 328 Sté‘panê, prince arménien : 335 Stefano, hospitalier : 299 Stephen Langton : 298 Stephen Perot : 267 Stephen, voir Estebán ou Étienne Suero Rodríguez : 119 Suger : 324 Sylvester Stodewescher, frère teutonique : 223 Talbot, Lord : 141, 143-144, 146 Tallóci, lignage : 106-108 Tancrède, régent d’Antioche : 334 Teresa Fernández : 123 Teresa Vermúdez : 119 héodose le Grand, empereur romain : 65 hierry de Nusa, hospitalier : 271 hierry Galeran, templier : 262, 324 homas, templier : 287 homas Beauchamp : 148 homas Becket : 328 homas de Split : 264, 268 homas Erpingham : 151 homas Holland : 143 homas Kyriell : 141, 143 homas Lovell : 145 homas Montgomery : 143 homas Mowbray : 143-144, 150 homas Szekler de Szentgyörgy : 108-109 homas, baile de Cilicie : 335 horos Ier, prince arménien : 75, 334 horos II, prince arménien : 334-335 Tiridate, roi d’Arménie : 65 Tommaso, hospitalier, cubiculaire de Grégoire IX  : 300-301 Tommaso, templier, familier de Grégoire IX : 300 T’ovma Artzrouni : 71, 72, 73, 78 Tudor, lignage : 143, 145 Turando, hospitalier : 297-298 Ughtred, Lord : 142 Ulrich de Cilli : 107 Ulrich de Dürn, frère teutonique : 94 Urbain II, pape : 15 Urbain IV, pape : 83, 267, 269, 304 Urbain V, pape : 131 Urbain VI, pape : 295

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Urraca Alfonso, reine de León : 122 Urraca Díez : 120 Urraca Rodríguez : 117 Vahan le Loup, prince arménien : 69 Vahan Mamikonian : 73, 74 Valbuena, lignage : 50 Valère Maxime : 222 Valois, lignage royal : 139 Vardan, chevalier arménien : 336 Vardan Mamikonian : 66, 67, 68, 69, 70 Vardanank‘, saint (Vardan) : 65, 70, 71, 75 Vasconcelos, lignage : 167 Vicenç de Claramunt, hospitalier : 351, 354 Vilanova, lignage : 356 Volrad de Dypenow : 97 Walter Devereux : 144 Walter Gifard : 271 Walter Langton : 268 Weida, lignage : 88 Welles, Lord : 143, 145 Werner de Battenberg, frère teutonique : 92-93 Werner d’Orseln, grand-maître teutonique : 223 Wikbold Dobbelstein, frère teutonique : 218, 223 Wilbrand d’Oldenbourg : 76 William Arundel : 151 William Bruges : 138 William Chamberlaine : 143 William Clinton : 138 William Marshal, voir Guillaume le Maréchal William Montagu : 142, 148 William of Scotho, templier : 210 William Parre : 143 William Scrope : 143 William Willoughby : 151 Willoughby, lignage : 141 Winrich de Kniprode, grand-maître teutonique : 223 Wladislas II Jagellon, roi de Pologne : 109-110 Wolmar de Bernhausen, frère teutonique : 91 Wultard, frère teutonique : 269 Ximén de Llussia : 246 Ya‘qūb Arslān, émir de Mélitène : 335 Yazdgard, empereur sassanide : 67 Yéghichê : 66-70, 78 Yūsuf al-Mustansir, calife almohade : 290 Zacharie de Rome, franciscain : 291 Zampus, hospitalier : 304 Zapel, reine d’Arménie : 340-341 Zengī, émir turc : 74

Ce cent quarante-cinquième volume de la Collection de la Casa de Velázquez a été imprimé et broché en mars 2015 par Grafo, S. A. à Basauri. Dépôt légal : M-5802-2015. Imprimé en Espagne - Printed in Spain Impreso en España

COLLECTION DE LA CASA DE VELÁZQUEZ

voluME 145

É t u d e s r É u n i e s pa r p h i l i p p e J o s s e r a n d , l u í s F.   o l i v e i r a

ÉL I TE S ET O RD R ES M I LI TAI R E S AU M OYE N ÂGE RENCONTRE AUTOUR D’ALAIN DEMURGER É t u d e s r É u n i e s p a r p h i l i p p e J o s s e r a n d , l u í s F.   o l i v e i r a Et DaMIEN Carraz

depuis une trentaine d’années, l’étude des ordres militaires au Moyen Âge a enregistré un profond renouvellement auquel alain demurger a particulièrement œuvré. derrière l’histoire politique, par-delà les rouages institutionnels, la recherche s’est toujours plus attachée à considérer les hommes. Pourtant, la question des élites, s’agissant des frères, n’a jamais été analysée sinon de façon ponctuelle. En considérant à la fois les élites sociales, nobles ou citadines, les élites de pouvoir et de gouvernement et les propres élites des ordres militaires, ce livre n’apporte pas seulement un nouvel éclairage sur l’histoire des frères. Il contribue plus largement à la connaissance des sociétés médiévales, du XIIe  au Xve siècle, depuis la péninsule Ibérique jusqu’à la Baltique et à l’Orient méditerranéen.

29 € IsBN 978-84-15636-88-5