Entre Université et Ordres mendiants: La production des bibles portatives latines au XIIIe siècle 3110757192, 9783110757194

La plupart des bibles latines produites au XIIIe siècle sont des bibles portatives issues des circuits de fabrication de

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Entre Université et Ordres mendiants: La production des bibles portatives latines au XIIIe siècle
 3110757192, 9783110757194

Table of contents :
Table des matières
Remerciements
Préface d’Ezio Ornato
Introduction
I Les avatars de la Bible latine jusqu’au XIIIe siècle
II Les sources et leur traitement
III Les manuscrits conservés : caractéristiques générales
IV Le contenu biblique et paratextuel des bibles portatives au XIIIe siècle
V Support et structure matérielle des bibles portatives
VI La mise en page des bibles portatives
VII Quelques considérations sur l’écriture et les copistes
VIII La décoration et son usage fonctionnel
IX Éléments pour la localisation des bibles portatives
X Objets de luxe ou outils de travail ? Les commanditaires et les possesseurs des bibles portatives
Conclusions
Annexe 1 Liste des bibles complètes recensées
Annexe 2 Bibles complètes consultées
Annexe 3 Bibles avec un ordre des livres non parisien
Annexe 4 Bibles portant une mention de date, de lieu ou de copiste
Annexe 5 Dole, Bibliothèque municipale, 15
Bibliographie
Index des manuscrits cités
Index des noms de lieux et de personnes
Index codicologique
Liste des tableaux et des graphiques
Liste des illustrations
Illustrations

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Chiara Ruzzier Entre Université et ordres mendiants

Manuscripta Biblica

Edited by Martin Wallraff and Patrick Andrist

Volume 8

Chiara Ruzzier

Entre Université et ordres mendiants La production des bibles portatives latines au XIIIe siècle

ISBN 978-3-11-075719-4 e-ISBN (PDF) 978-3-11-075739-2 e-ISBN (EPUB) 978-3-11-075745-3 ISSN 2626-3955 Library of Congress Control Number: 2021952649 Bibliographic information published by the Deutsche Nationalbibliothek The Deutsche Nationalbibliothek lists this publication in the Deutsche Nationalbibliografie; detailed bibliographic data are available on the Internet at http://dnb.dnb.de. © 2022 Walter de Gruyter GmbH, Berlin/Boston Cover image: Paris, Bibliothèque nationale de France, NAL 3233, f. 336r Typesetting: Integra Software Services Pvt. Ltd. Printing and binding: CPI books GmbH, Leck www.degruyter.com

À la mémoire de mon père

Table des matières Remerciements 

 IX

Préface d’Ezio Ornato  Introduction 

 XI

 1

I

 7 Les avatars de la Bible latine jusqu’au XIIIe siècle  a Les manuscrits de la Bible latine de l’Antiquité tardive au XIIIe siècle   7 b De la Vetus latina au « texte de l’Université »   9 c Les bibles portatives, une nouveauté dans l’histoire de la Bible   13 d Le rôle des bibles portatives chez les Franciscains et les Dominicains   15 e Les modalités de production des bibles portatives   19

II

 22 Les sources et leur traitement  a Le recensement des bibles portatives   22 b La constitution du corpus   26 c Les bibles portatives dans les inventaires médiévaux 

III Les manuscrits conservés : caractéristiques générales  a Chronologie de la production   32 b Origine des manuscrits   37 c Aspects dimensionnels   41 d Nombre de feuillets    46

 27

 31

IV Le contenu biblique et paratextuel des bibles portatives au XIIIe siècle  a L’ordre des livres bibliques   50 b La présence des livres deutérocanoniques   55 c Les Psaumes   58 d La capitulation et les rubriques   65 e Les prologues   68 f Conclusions sur l’« habillage du texte »   73 g La tradition textuelle : quelques considérations   74 h Les Interprétations des noms hébreux   81 i Autres textes associés à la Bible   84 V

 89 Support et structure matérielle des bibles portatives  a Veau ou chèvre ? Le parchemin des bibles portatives   b La structure des cahiers   100 c Les marques de succession   112 d Les techniques de réglure   119

 121 VI La mise en page des bibles portatives  a La proportion des feuillets   121 b La disposition du texte   124 c Les schémas de réglure   127 d La proportion du cadre d’écriture et des marges  e Le remplissage de la page   138

 135

 93

 50

VIII  f g h

 Table des matières

L’exploitation de la page   140 La dynamique de fabrication des bibles portatives  Quelques cas particuliers   156

VII Quelques considérations sur l’écriture et les copistes 

 153

 161

 167 VIII La décoration et son usage fonctionnel  a Les initiales   172 b Les rubriques et les incipit, les numéros de chapitre et les titres courants  IX Éléments pour la localisation des bibles portatives  a Paris et la France   189 b L’Angleterre   191 c L’Italie   191 d Les autres pays   193 X

 181

 189

 194 Objets de luxe ou outils de travail ? Les commanditaires et les possesseurs des bibles portatives  a Les utilisateurs des bibles portatives selon les notes de possession et les autres indices   194 b Les bibles utilisées par les frères mendiants   200 c Un autre indice d’usage : la présence de marginalia   202 d Les lieux de conservation actuelle des bibles portatives : un reflet de leur passé ?   203

Conclusions 

 207  211

Annexe 1 Liste des bibles complètes recensées   267

Annexe 2 Bibles complètes consultées 

Annexe 3 Bibles avec un ordre des livres non parisien 

 279

Annexe 4 Bibles portant une mention de date, de lieu ou de copiste  Annexe 5 Dole, Bibliothèque municipale, 15  Bibliographie 

 287

Index des manuscrits cités 

 301

Index des noms de lieux et de personnes  Index codicologique 

 309

Liste des tableaux et des graphiques  Liste des illustrations  Illustrations 

 285

 317

 315

 311

 305

 283

Remerciements Ce livre trouve son origine dans une thèse de doctorat menée sous la direction de Jean-Philippe Genet et soutenue en 2010 à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. À lui sont adressés mes plus vifs remerciements pour m’avoir accueillie au Laboratoire de Médiévistique occidentale de Paris et avoir supervisé mon travail avec attention et bienveillance. Ma plus profonde gratitude va à Ezio Ornato, qui non seulement m’a suggéré d’aborder l’étude des bibles portatives – sujet qui s’est par la suite révélé si passionnant –, mais surtout a guidé mes recherches avec sollicitude en me stimulant sans cesse par de nouveaux questionnements. Les choix méthodologiques les plus innovants et les réflexions les plus abouties de cet ouvrage doivent beaucoup à nos discussions animées et à sa générosité sans faille. Aux trois autres membres de mon jury de thèse j’adresse un remerciement particulier : au regretté Peter Gumbert, pour la minutie avec laquelle il a lu mon travail et notamment pour ses remarques judicieuses dans le domaine codicologique ; à Guy Lobrichon, pour les suggestions et les encouragements qu’il m’a prodigués ; et à Xavier Hermand, dont le soutien indéfectible m’a permis de poursuivre mes recherches sur les bibles médiévales. Je voudrais aussi exprimer toute ma reconnaissance à Laura Light, dont les études sur la Vulgate au XIIIe siècle ont grandement inspiré les débuts de ma recherche et qui m’a ensuite toujours aimablement encouragée dans mes travaux, et à Marilena Maniaci, qui m’a généreusement adressé un grand nombre de précieuses suggestions pour améliorer le manuscrit de ma thèse. Nombreux sont les collègues avec lesquels j’ai pu profitablement discuter de mon sujet de recherche et qui m’ont plus d’une fois fourni des données utiles sur des manuscrits. Je songe en particulier à Laura Albiero, Élodie Attia, Paul Bertrand, Maria Alessandra Bilotta, Pierre-Maurice Bogaert, Carla Bozzolo, Matthew Collins, Luís Correia de Sousa, Alex Devine, Isabel Escandell Proust, Thomas Falmagne, Sarah Fiddyment, Sabina Magrini, Martin Morard, Giovanna Murano, Denis Muzerelle, Eef Overgaauw, Marco Palma, Eyal Poleg, Claire Priol, Riccardo Saccenti, Innocent Smith, Patricia Stirnemann, Nadia Togni, Anne Tournieroux et Jiří Vnouček. Qu’ils trouvent ici l’expression de ma gratitude. Je remercie chaleureusement l’ancienne équipe du LaMOP à Villejuif, qui m’a accueillie en son sein pendant mes années de thèse en m’offrant un cadre quasiment familial pour mes recherches, ainsi que tous les membres du département d’Histoire de l’Université de Namur, où j’ai mené la plupart de mes recherches postdoctorales. Je voudrais également y associer tous les amis qui m’ont généreusement hébergée pendant ma quête de bibles portatives dans différentes villes européennes. Sans leur aide, ma recherche aurait été beaucoup moins « quantitative ». Merci de tout cœur à Nicoletta Giovè, dont les cours de paléographie à l’Université de Trieste ont éveillé en moi l’envie de me consacrer à l’étude des manuscrits médiévaux. Sans son soutien initial, ce livre n’aurait jamais vu le jour. Je suis profondément reconnaissante à Patrick Andrist, qui m’a opportunément « obligée » à concrétiser ce travail et en a suivi avec attention et sollicitude la publication. À lui et à Martin Walraff va aussi ma gratitude pour avoir reçu ce texte dans la série Manuscripta biblica. Enfin, un grand merci à Étienne Renard, qui m’a quotidiennement soutenue dans la publication de ce livre et en a corrigé la langue avec son acribie habituelle.

https://doi.org/10.1515/9783110757392-203

Préface d’Ezio Ornato L’étude de Chiara Ruzzier sur les bibles portatives copiées en Europe occidentale principalement au cours du XIIIe siècle est le premier travail d’envergure consacré à une population homogène de manuscrits médiévaux faisant largement appel à l’ensemble des méthodes que l’on regroupe couramment sous la dénomination « codicologie quantitative ». Du fait du grand nombre de témoins survivants, ce type de production apparaît d’emblée comme un terrain de choix, où l’utilité, voire la nécessité, du recours aux méthodes quantitatives s’avère indiscutable. On peut citer d’autres ensembles de livres, manuscrits ou imprimés, qui pourraient avantageusement faire l’objet, eux aussi, d’une analyse systématique : les textes de base du savoir juridique, romain ou canon ; les bréviaires et les livres d’heures, dont les témoins se comptent par centaines, sinon par milliers. Il faut espérer que ce sera le cas dans un avenir pas trop lointain. Cependant, au-delà de l’abondance du matériel pouvant être soumis à l’analyse, c’est la richesse et la complexité des problématiques sous-jacentes qui doivent susciter l’intérêt de l’historien. Dans le cas des bibles portatives, ce qui apparaît fascinant pour l’historien du livre, c’est avant tout l’aspect codicologique de la question : le texte de la Bible est très long, si bien qu’à l’époque monastique il était d’ordinaire partagé en deux ou trois tomes. Il était difficile de faire mieux, et d’ailleurs la volonté de concentrer la totalité du texte dans un volume unique s’était traduite au XIe siècle dans des objets exceptionnellement volumineux – les bibles dites « atlantiques » – dont la maniabilité, qui n’était de toute façon pas le but recherché, était pratiquement nulle. Or voilà que tout à coup, dans la première moitié du XIIIe siècle, très vraisemblablement en concomitance avec l’essor de la prédication itinérante, émerge ex nihilo le besoin d’avoir toujours un exemplaire de la Bible sous la main, et donc l’exigence d’une matérialisation miniaturisée du texte sacré. À la différence d’autres « livres de poche », tels les bréviaires, dont la lecture s’échelonnait en fonction de la pratique liturgique, il n’était pas envisageable de diviser le texte en deux parties chronologiquement distinctes pouvant être consultées séparément. Face à la nécessité de réduire le texte dans un volume monolithique, l’artisanat livresque fut soumis à des contraintes très sévères, qui par ailleurs allaient à l’encontre des habitudes enracinées depuis des siècles : spontanément, on faisait en sorte que la longueur d’un texte soit positivement corrélée aux dimensions de la page, à la fois pour préserver la lisibilité de l’écriture et pour éviter de multiplier démesurément le nombre de feuillets, ce qui aurait nuit à la maniabilité et à la solidité du livre. Dans le cas de la Bible, la tension entre la finalité et les contraintes était telle qu’obtenir un livre qui soit à la fois portatif, lisible et solide représentait une véritable gageure, car le respect de l’une de ces trois conditions avait toute chance de porter préjudice aux deux autres. Malgré ces graves difficultés, dans les principaux centres culturels de l’Europe, les fabricants de livres se sont attelés consciencieusement à la tâche qui leur était imposée, en adoptant les solutions, souvent différentes, qui étaient à leur portée ou en en inventant de nouvelles. Cependant, l’étude de la miniaturisation du texte biblique ouvre la voie à bien d’autres interrogations : l’apparition subite d’une typologie livresque absolument nouvelle, la concentration de la production dans un laps de temps relativement court, son déclin rapide et définitif, qui à première vue apparaît contradictoire par rapport à une très longue durée d’utilisation, soulèvent beaucoup de questions non seulement quant aux capacités productives de l’artisanat médiéval, mais aussi quant au mode de transmission des textes et à la manière d’assurer la meilleure gestion des besoins culturels. Concrètement, il ne faut pas oublier qu’il fallait environ deux ans pour qu’un manuscrit de la Bible puisse voir le jour, et que pendant ces longs mois il fallait disposer d’un modèle dont on empêchait nécessairement l’usage. Tout le monde sait que le système de la pecia, qui permettait de mutualiser l’accès de plusieurs copistes à un même exemplar, a été inventé précisément pour faire face à ce type de situation et a été largement utilisé, y compris, semble-t-il, pour le texte biblique. Cela étant, tout comme pour d’autres textes de l’époque scolastique, pour les bibles portatives aussi, à côté d’une tradition remontant aux boutiques des stationnaires, sont attestées des lignées de transmission indépendantes. Dans le cas des bibles, les deux types de tradition sont rigoureusement contemporains et ce qui est étonnant dans les témoins « indépendants », c’est la variété qui caractérise la quantité et la nature du corpus des textes liminaires : en effet, en dehors des copies parisiennes qui relèvent sans doute du système de la pecia, on ne connaît aucun autre groupe de manuscrits dont la composition des recueils est identique. Doit-on en déduire que le commanditaire d’une bible portative jouissait d’une large liberté et qu’il choisissait les textes d’accompagnement, pour ainsi dire, à la carte, parmi la littérature qui circulait autour de lui ? Nous n’en savons rien. Cette question devra bien être posée un jour. Mais il y en a bien d’autres, et comme le texte de la Bible a été transmis sous des formes diverses pendant des siècles dans toute l’Europe et l’aire méditerranéenne, on voit bien qu’il y a là un territoire très étendu où la production et l’usage d’un même texte – en l’occurrence le texte sacré – peuvent faire l’objet https://doi.org/10.1515/9783110757392-204

XII 

 Préface

d’analyses comparées d’envergure. Personnellement, l’existence d’un centre qui impulserait et coordonnerait diverses initiatives de recherche sur le Livre m’a toujours séduit, et il m’est même arrivé de suggérer autrefois cette initiative à plusieurs collègues avec lesquels j’entretenais des contacts suivis. Mais, de toute évidence, les temps n’étaient pas mûrs. Le sont-ils maintenant ? Je le souhaite ardemment et j’ai confiance dans l’énergie des nouvelles générations de chercheurs. L’étude de Chiara Ruzzier paraît quarante ans après que les méthodes quantitatives ont été appliquées pour la première fois à l’histoire du livre manuscrit, et l’anniversaire d’un aussi long parcours donne nécessairement lieu à quelques réflexions. Reçue à ses débuts avec une bonne dose de scepticisme par la communauté scientifique à cause de l’absence de toute interaction avec la démarche érudite – et vue à tort pour cette raison comme une forme d’opposition, voire une tentative inutile, ignorante et prétentieuse de substitution –, la codicologie quantitative a gagné peu à peu du terrain, favorisée par le développement des bases de données consultables en ligne et les progrès de la numérisation du patrimoine livresque. On peut dire aujourd’hui qu’elle tend à être considérée comme la compagne presque indispensable des recherches, de plus en plus nombreuses mais encore trop timides, qui portent sur des ensembles organiques de livres médiévaux. Cet enracinement progressif est bien sûr réjouissant. On ne peut que se réjouir, en effet, de ce qu’une certaine approche de l’histoire du livre qu’on a longtemps pratiquée et préconisée cesse d’être contestée ou ignorée et acquière enfin droit de cité dans cette discipline. Mais le phénomène suscite en même temps une sorte d’inquiétude, car on ne peut qu’être inquiet lorsqu’on constate combien cette approche se banalise, en ce sens qu’elle se réduit trop souvent à l’application mécanique de quelques recettes éprouvées en dehors de tout esprit d’initiative : il arrive qu’on « fasse du quantitatif » sur des populations trop peu nombreuses, dont les individus sont trop uniformes ou, plus souvent, trop disparates, sans se demander s’il y a la moindre chance que l’analyse se révèle réellement efficace et aboutisse à des connaissances nouvelles. Bref, il n’est pas rare que le recours au quantitatif, agrémenté d’un cortège plus ou moins imposant de tableaux et de graphiques, se révèle être l’habillage d’un roi finalement assez nu, une sorte de ticket de péage qui garantirait l’accès à l’autoroute de la science : calculo, ergo sum. Qu’on me pardonne si parfois l’image de la « tarte à la crème » me vient irrésistiblement à l’esprit. Qu’est-ce que sous-tend, en réalité, la notion de « codicologie quantitative » ? La question est loin d’être anodine. Dans cette expression, dont la paternité revient pourtant, avec Carla Bozzolo, à l’auteur de ces lignes, je ne saurais dire aujourd’hui lequel des deux termes est le moins ambigu. L’un et l’autre sont à mon avis incomplets et font habituellement l’objet d’une interprétation trop restrictive. Déjà, le terme « codicologie » recèle une bonne dose d’ambiguïté, due au fait que, le terme codex étant synonyme, dans certaines langues, de « livre manuscrit », les codicologues sont censés se concentrer exclusivement sur ce dernier ; inversement, et tout aussi abusivement, les bibliologues sont censés se pencher uniquement sur le livre imprimé, comme si la dénomination « livre » était naturellement réservée à la forme actuelle (mais jusqu’à quand ?) de l’objet. On fait donc abstraction du fait qu’à la fin du Moyen Âge les manuscrits et les imprimés se sont côtoyés dans les armaria pendant quelques dizaines d’années, ont été parcourus par les mêmes regards et ont assuré rigoureusement la même fonction. Bien entendu, la distorsion sémantique n’est que la façade formelle d’un état des lieux dont le caractère insatisfaisant est encore insuffisamment perçu. Codicologues et bibliologues sont séparés par une barrière aussi tenace que nuisible. Il est donc urgent que ces spécialisations cloisonnées abattent leurs murs respectifs ; que la codicologie cesse de se cantonner dans la sphère du manuscrit et la bibliologie dans celle de l’imprimé, au profit d’une histoire du livre qui ciblerait dans la mesure du possible (eu égard aux dégâts du temps) tous les avatars du véhicule de la culture écrite. Dans cette perspective, il est essentiel, avant tout, qu’on se souvienne de la définition scientifique du mot latin codex, qui ne désigne pas un livre écrit à la main, mais un objet fait de feuilles pliables réunies en cahiers rendus solidaires par un travail de couture. Aussi, pour éviter toute ambiguïté, ne devrait-on plus parler de « codicologie quantitative », mais d’une histoire du livre quantitative, où des populations de manuscrits et d’imprimés – deux objets au faciès semblable mais dont tous les autres aspects diffèrent radicalement – pourraient être traitées et comparées de manière systématique. Comparaison qui serait d’autant plus féconde que l’essor du nouveau média comporte autant de ruptures que de continuités matérielles et culturelles : alors que d’importantes nouveautés se font jour, les mêmes catégories livresques survivent d’une époque à l’autre et se développent au fil des années, en améliorant leurs fonctionnalités et en s’adaptant à l’évolution qualitative et quantitative des besoins. Quant au terme « quantitatif », il faut bien insister sur le fait que ce terme doit être pris au sens le plus large : il doit s’appliquer non seulement aux données strictement numériques, mais à tout ce qui, dans un livre, peut faire l’objet d’une mesure. Sur ce point, le sens commun se focalise spontanément sur ce qui apparaît évident au premier abord

Préface 

 XIII

et tend à ne pas regarder au-delà. Or, la notion de mesure est beaucoup plus large que ce que suggère la perception immédiate du concept. On peut y voir, bien sûr, la valeur numérique d’un paramètre (un feuillet mesure 200×150 mm ; la page comporte 35 lignes écrites), mais le terme peut tout autant s’appliquer à une caractéristique qualitative à l’intérieur d’un système de classification préétabli, système qui peut être ou non hiérarchisé : ainsi, la mesure de la propriété « couleur de la reliure » peut donner les résultats « jaune », « vert », « violet » etc., que l’on place sur un même plan, tandis que celle de « type d’initiale » peut assumer les valeurs « historiée », « peinte » ou « filigranée », ce qui renvoie indirectement à une échelle hiérarchique de richesse. Cette définition élargie du concept de mesure implique de fait que tout, dans un livre, est théoriquement mesurable, ou mieux, que toute caractéristique observée dans un livre peut être formalisée pour en extraire des données mesurables, à condition, cependant, que cela en vaille la peine, et donc que l’on ait préalablement évalué son intérêt potentiel. Ainsi, même une information aussi complexe et discursive que celle qui nous est livrée par les colophons de copiste peut être fragmentée en plusieurs données exploitables en faisant abstraction de ce qui relève de la carte d’identité de l’objet : certes, la date et le lieu de copie, ainsi que le nom du copiste, demeurent les informations les plus importantes dans l’absolu, mais le degré de précision de la donnée chronique (mention de l’année, du mois, du jour), son mode d’expression (calendrier moderne, romain ou liturgique), ou encore la manière dont le copiste s’identifie, ne sont pas non plus dépourvus d’intérêt si l’objectif n’est pas simplement d’inscrire un livre dans des coordonnées spatio-temporelles, mais de cerner de près certains comportements des acteurs, ainsi que certaines pratiques collectives sous-jacentes, telles que la présence de cycles saisonniers ou hebdomadaires dans la fabrication du livre et le déroulement du processus de copie. Étant donné l’omniprésence de la mesure dans les procédures quantitatives et les difficultés qui surgissent au moment de la planifier, le sens commun amène à supposer que la disponibilité d’un mode d’emploi universel, soigneusement balisé et explicité, constituerait ipso facto un socle sûr sur lequel bâtir une opération de recherche. L’élaboration d’un protocole de description détaillant la nature des données à mesurer, ainsi que la manière de les mesurer et de les classifier, définirait alors un cadre assez contraignant qu’il suffirait d’appliquer, avec quelques modifications à la marge, à tout nouvel ensemble d’objets pour obtenir des résultats valides. L’illusion que l’application répétée de règles éprouvées permettrait de ne pas se tromper et de produire des connaissances nouvelles est une caractéristique incontournable de ce qu’on pourrait appeler l’« esprit étudiant » : qu’il s’agisse de dater ou localiser un livre ou de définir son niveau qualitatif, le petit pélican est toujours dans l’attente d’un critère infaillible ou d’un indicateur à la fois clair, pertinent et incontestable. Cet état d’esprit présente beaucoup d’avantages lorsqu’il s’agit de se former, puisqu’il y a beaucoup de connaissances qui peuvent et doivent être transmises et assimilées sans discussion, mais il devient un frein dès que l’on s’engage dans la voie de la recherche parce que, dans le meilleur des cas, il favorise la multiplication d’études calquées sur un même modèle, qui aurait déjà fait ses preuves – démarche par ailleurs non dépourvue d’utilité, et en tout cas très flatteuse pour le directeur de thèse, qui savourerait avec satisfaction la confirmation du rayonnement de son œuvre et de la validité des hypothèses défendues avec brio, mais dont le contenu innovant serait finalement assez faible. En fait, je suis enclin à penser que le chercheur devrait s’efforcer de s’affranchir radicalement de l’« esprit étudiant » : il devrait quitter son cocon de certitudes toutes faites pour voler capricieusement comme un papillon très curieux, mais qui serait aussi perpétuellement sur ses gardes. Le point de départ d’une recherche novatrice n’est pas la réutilisation, mutatis mutandis, d’un savoir-faire existant mais, bien au contraire, la constatation de l’absence de tout savoir-faire prémâché dont la maîtrise suffirait pour se tirer aisément d’affaire : ne pas connaître d’avance le cheminement qui permettrait d’aborder le problème posé avec les meilleures chances de succès ; s’interroger sur les mesures auxquelles il faudrait procéder pour éclairer le chemin ; se demander si ces mesures sont réalisables dans la pratique et réfléchir d’avance à la manière de contourner les obstacles qui s’opposent à leur réalisation ; une fois que la mesure a été réalisée, s’interroger sur sa pertinence et ses implications, en se méfiant des biais qui pourrissent inévitablement les données historiques ; enfin, se montrer particulièrement vigilant quant à l’influence d’artefacts cachés qui pourraient fausser l’interprétation des corrélations entre les divers paramètres observés… Loin de l’effrayer, cette redoutable absence de repères devrait susciter l’enthousiasme du chercheur. À la limite, elle devrait engendrer une sensation d’ivresse intellectuelle : on est en face d’une problématique qui a toujours été ignorée ou qui a été négligée d’emblée parce qu’on a estimé qu’il était impossible de l’aborder. Or, lorsqu’on en arrive à se poser des questions inédites, c’est parce qu’on a déjà quelques idées sur le chemin qui permettrait d’y répondre. Ainsi, il ne faut pas craindre de revêtir les habits de Christophe Colomb et de naviguer avec audace dans une mer inconnue… Mais pour découvrir quoi ?

XIV 

 Préface

Déterminer le « où », le « quand » et le « comment », c’est le but premier du travail de l’historien lorsqu’il s’engage dans l’étude d’un phénomène. Cependant, la représentation descriptive, toujours indispensable, ne constitue pas l’aboutissement d’une recherche : l’observation n’est pas grand-chose si l’explication ne suit pas. J’ose à peine formuler cette constatation d’une consternante banalité, mais le fait est que la recherche du « pourquoi » fait cruellement défaut dès que l’objet d’investigation est le livre. Or, en l’absence de ce type d’interrogation, les méthodes quantitatives n’apportent rien de plus que la démarche traditionnelle et se limitent à conférer une aura d’exactitude à des observations empiriques qu’on se borne habituellement à étayer par quelques exemples. Ainsi, l’affirmation que dans telle ou telle édition de textes latins imprimée dans la décennie 1470-1480 on coupe rarement les mots en fin de ligne gagnerait sans aucun doute à être remplacée par un tableau qui fournirait une vision quantifiée du phénomène dans une population d’éditions stratifiée d’après un certain nombre de critères. Malheureusement, si on s’arrêtait là, l’application des méthodes quantitatives prêterait inévitablement et à juste titre le flanc à un jugement sarcastique récurrent, asséné avec une condescendance certaine : la codicologie quantitative sert à découvrir ce que l’on savait déjà. Le panorama change du tout au tout si l’observation des coupures en fin de ligne est replacée dans un arrière-plan dialectique dont la structure et le faciès du livre sont le reflet : la contradiction perpétuelle entre les exigences économiques, esthétiques et fonctionnelles. Mais avancer sur ce terrain implique qu’on élabore un questionnement planifié, qu’on identifie ou qu’on fabrique des indicateurs représentatifs du phénomène analysé, qu’on découvre des manières performantes d’observer le « comportement » de la population étudiée dans différentes configurations. Ce type d’approche d’un problème, qui requiert une bonne dose de sagacité créative, est encore trop rare dans nos disciplines, soit parce que le questionnement est absent, soit parce que les méthodes sont mal maîtrisées, soit parce qu’on est incapable d’établir une interaction efficace entre le questionnement et les méthodes. L’étude de Chiara Ruzzier sur les bibles portatives ne tombe pas dans ce travers, et c’est pourquoi j’aimerais qu’elle apparaisse comme un exemple à suivre.

Introduction La production de bibles portatives au XIIIe siècle constitue un phénomène exceptionnel dans l’histoire de la production manuscrite et en particulier de la réalisation matérielle de la Vulgate. En moins d’un siècle, à partir des années 1230, plusieurs milliers de bibles complètes – des pandectes – de petites dimensions, contenant un texte plus ou moins standardisé, ont été fabriquées en France, en Angleterre et en Italie et se sont rapidement répandues dans toute l’Europe. Il s’agit de manuscrits si petits et si compacts qu’ils peuvent être tenus d’une seule main comme les livres de poche modernes. Ils ont été produits en très grand nombre pour répondre à de nouveaux besoins, qui reflètent quelques-unes des grandes mutations de la société européenne à cette époque : l’essor de la culture scholastique, la naissance des universités et la création des ordres mendiants. Cette nouvelle forme livresque, qui naît, se développe et meurt en l’espace de quelques dizaines d’années, constitue un phénomène remarquable, non seulement dans le cadre de la transmission de la Vulgate, mais aussi dans le contexte plus général de la production manuscrite médiévale. Sa diffusion a été d’une ampleur telle qu’on en trouve des exemplaires dans presque toutes les bibliothèques européennes. Quiconque fréquente les catalogues de manuscrits médiévaux est confronté à ces manuscrits qui, parfois, dans les inventaires des grandes bibliothèques de conservation, constituent des listes de dizaines d’entrées – sans compter les nombreux volumes qui circulent encore aujourd’hui sur le marché destiné aux collectionneurs. La grande disponibilité des données ne s’est pourtant pas traduite, comme on le verra, dans une bibliographie abondante sur le sujet et ce pour plusieurs raisons, parmi lesquelles figurent avant tout le grand nombre de manuscrits disponibles et, partant, la longueur d’une analyse globale et systématique. L’intérêt somme toute limité qu’elles ont suscité chez les historiens de l’art tient à la standardisation de leur apparat décoratif et, du côté des philologues, au caractère tardif du texte biblique qu’elles contiennent. Pourtant, nous sommes face à la fois à un grand exploit de l’artisanat livresque médiéval et à un important changement dans l’utilisation du texte sacré, qui, probablement pour la première fois, devient véritablement un livre à usage personnel. La Vulgate est en effet un texte extrêmement long – environ trois millions de caractères – qui jusqu’au XIIe siècle occupait normalement un et même deux ou trois volumes de très grandes dimensions. Au XIIIe siècle, ce texte est pour la première fois comprimé dans un volume unique et miniaturisé dont la taille (hauteur+largeur) est parfois réduite à moins de 200 mm – une taille qui correspond à celle des in-16° imprimés au début du XVIe siècle. Cette performance requiert une restructuration complète tant des constituants matériels du volume (parchemin, cahiers) que de la mise en page et des caractéristiques de l’écriture, dont le module était parfois réduit à la valeur limite d’un millimètre, exploit qui suscitait déjà l’admiration des contemporains. Ce savoir-faire raffiné n’était pas mis en œuvre au profit de quelques exemplaires d’une richesse exceptionnelle, mais d’une production courante destinée à la demande « ordinaire ». La nécessité de réduire au minimum le coût d’un produit qui était intrinsèquement cher – du fait de l’énorme quantité de travail qu’il exigeait – ne pouvait qu’entraîner une simplification et une standardisation de ses éléments constitutifs, notamment de la décoration. Cependant, puisqu’il s’agissait du texte sacré, ce processus ne pouvait se faire au détriment de la qualité des matériaux et de la présentation. Ainsi, même lorsque la simplification est poussée au maximum, on a toujours affaire à des manuscrits d’un bon niveau, copiés par des scribes professionnels sur un parchemin très fin et la plupart du temps exempt de défauts, où les éléments décoratifs servent essentiellement à guider le lecteur dans le texte. De ce fait, la très vaste population de bibles portatives conservées, bien que constituée de sous-ensembles d’origine différente, se révèle finalement très homogène par rapport à d’autres catégories livresques. L’uniformité des dimensions et du contenu, ainsi que le haut degré de professionnalisme dont ces bibles sont le reflet, en font un terrain de choix pour l’étude du livre médiéval au XIIIe siècle, qui correspond à l’apogée de la culture scholastique. Or les bibles portatives représentent par elles-mêmes un objet des plus intéressants pour comprendre les contradictions de natures diverses qui pèsent sur la fabrication d’un livre : aux contraintes habituelles d’ordre économique viennent ici s’ajouter celles qui découlent de la nécessité de faire tenir un texte de longueur considérable dans un volume unique de dimensions réduites. Ainsi, l’artisan à qui l’on confie la réalisation d’une bible portative se trouve toujours dans une situation extrême : il est obligé de produire un livre qui soit maniable, qui ne risque pas de se disloquer au fil des ans et qui demeure malgré tout lisible sans trop de difficultés. Le présent travail est donc né tout d’abord de la volonté de comprendre les stratégies employées pour rendre ces bibles aisément transportables sans compromettre la maniabilité du volume et la lisibilité de la page écrite – la réponse à cette problématique constitue le cœur de cet ouvrage –, d’analyser ensuite les dynamiques de production de ces https://doi.org/10.1515/9783110757392-001

2 

 Introduction

manuscrits. Y est étroitement associée toute une série de questions annexes, mais non moins importantes aux yeux de l’historien : quelles sont les caractéristiques du texte biblique adopté ? quelle est la place de ces manuscrits dans l’histoire de la production manuscrite de la Bible ? quels sont les centres de production et de diffusion des manuscrits ? qui sont leurs destinataires et à quels nouveaux besoins répondent-ils ? Nous avons essayé de répondre à ces questions en adoptant une approche «  sociologique  » et en utilisant les méthodes quantitatives1, ce qui nous semblait la solution la plus adaptée à la fois pour analyser un si grand nombre de manuscrits et pour prendre en compte tous les aspects de chaque objet à la fois. Les bibles portatives se prêtent bien à l’analyse quantitative pour deux raisons essentielles : d’une part, le nombre de manuscrits conservés qui, par rapport à d’autres catégories livresques, est très élevé (plus de 1500 exemplaires conservés) ; d’autre part, l’homogénéité du corpus tant du point de vue textuel que matériel – car, si des variations existent dans la production, les caractéristiques générales du texte biblique et la réalisation matérielle restent suffisamment homogènes pour rendre possible une analyse d’ensemble. Ces deux spécificités du corpus – abondance des témoins et homogénéité – ont permis de surmonter, au moins en partie, les problèmes qui se présentent souvent dans l’analyse quantitative d’objets manufacturés tels que les manuscrits, à savoir la subdivision en sous-ensembles trop petits pour être représentatifs et la difficulté de transformer les caractéristiques observées en données mesurables. La recherche exposée ici se fonde sur l’analyse poussée d’un corpus de 357 manuscrits examinés directement au moyen d’une fiche descriptive détaillée. Cette sélection repose sur un recensement aussi exhaustif que possible de toutes les bibles portatives conservées et recensées à l’heure actuelle (1739)2, ensemble qui a aussi donné lieu à une analyse plus générale fondée sur les données tirées des catalogues. Si l’on ne disposait pas jusqu’à présent d’une étude systématique de cette forme livresque, la spécificité de ces bibles et quelques-unes de leurs caractéristiques avaient déjà été notées par les pionniers de l’étude de la Vulgate dès la fin du XIXe siècle, même si ceux-ci s’intéressaient davantage au texte biblique qu’à sa réalisation matérielle et se focalisaient sur les manuscrits les plus anciens3. Il n’est pas possible d’énumérer ici toutes les études sur l’histoire des manuscrits de la Bible latine4, mais il faut mentionner brièvement les principaux ouvrages érudits portant spécifiquement sur les bibles du XIIIe siècle. La première étude approfondie de ces bibles, y compris les bibles portatives, prenant en compte à la fois les aspects textuels et matériel, est constituée par la thèse restée inédite de Josephine Case Schnurman, soutenue

1 Pour un aperçu des principes et méthodes de la codicologie quantitative, voir Bozzolo C. − Ornato E., « Pour une codicologie ‘expérimentale’ », Scrittura e civiltà, 6 (1982), p. 233–239 ; republié dans La face cachée du livre médiéval. L’histoire du livre vue par Ezio Ornato, ses amis et ses collègues, Roma, 1997 (I libri di Viella, 10), p. 3–31 ; Eid., « L’étude quantitative du manuscrit médiéval : aspects méthodologiques et perspectives de recherche  », dans Probleme der Bearbeitung mittelalterlicher Handschriften, Vorträge gehalten anlässlich einer Tagung der Jagiellonischen Universität und Bibliothek in Krakow – Mogilany (Juni 1983), Härtel H. − Milde W. − Pirozynski J. − Zwiercan M. éd., Wiesbaden, 1986, p. 233–239 ; republié dans La face cachée, op. cit., p. 33–39 ; Maniaci M. – Ornato E., « Che fare del proprio corpus? », Gazette du livre médiéval, 22 (printemps 1993), p. 27–37 ; 23 (automne 1993), p. 18–27 ; republié dans La face cachée, op. cit., p. 67–75 ; Ornato E., « La codicologie quantitative, outil privilégié de l’histoire du livre médiéval », Historia, istituciones, documentos, 18 (1991), p. 375–482 ; republié dans La face cachée, op. cit., p. 41–45 ; Id., « L’histoire du livre et les méthodes quantitatives. Bilan de vingt ans de recherche », dans La face cachée, op. cit., p. 607–679 et, tout récemment, Id., « The Application of Quantitative Methods to the History of the Book », dans The Oxford Handbook of Latin Palaeography, Coulson F. – Babcock R. éd., Oxford, 2020, p. 651–668 et Maniaci M., « Statistical Codicology. Principles, Directions, Perspectives », dans Trends in Statistical Codicology, Maniaci M. éd., Berlin – Boston, 2022 (Studies in Manuscript Cultures, 19), p. 1–32. 2 Nous n’avons posé aucune borne chronologique à ce recensement, mais dans les faits l’analyse se limite au XIIIe siècle, car la production avant et après cette période est quasi-inexistante. Pour la discussion des limites dimensionnelles, on se reportera au chapitre II. 3 Samuel Berger consacre seulement quelques pages au texte biblique utilisé au XIIIe siècle. Il en va de même pour Henri Quentin. Voir Berger S., Histoire de la Vulgate pendant les premiers siècles du Moyen Âge, Paris, 1893 [réimpr. Hildesheim, 1976], p. 304–305 et Quentin H., Mémoire sur l’établissement du texte de la Vulgate, Roma – Paris, 1922 (Collectanea biblica latina, 6), p. 385–388. En revanche, Heinrich Denifle et Hans H. Glunz lui dédient une étude plus approfondie. Voir Denifle H., « Die Handschriften der Bibel-Correctorien des 13. Jahrhundert », Archiv für Literatur- und Kirchengeschichte des Mittelalters, 4 (1888), p. 263–311, 471–601, en particulier p. 277–292 et 567–574 et Glunz H. H., History of the Vulgate in England from Alcuin to Roger Bacon, Cambridge, 1933, p. 259–293. 4 Comme introduction au sujet, on se bornera à renvoyer à deux articles de Pierre-Maurice Bogaert : Bogaert P.-M., « La Bible latine des origines au Moyen Âge. Aperçu historique et état des questions », Revue théologique de Louvain, 19 (1988), p. 137–159, 256–314 et Id., « The Latin Bible, c. 600 to c. 900 », dans The New Cambridge History of the Bible. 2. From 600 to 1450, Marsden R. – Matter E. A. éd., Cambridge, 2012, p. 69–92.

Introduction 

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à Oxford en 19605. Dans les travaux des dernières décennies consacrés au texte de la Bible du XIIIe siècle, on trouve aussi des observations sur l’aspect matériel et l’usage des manuscrits. Nous songeons en particulier aux travaux de Guy Lobrichon6, de Sabina Magrini7, de Paul Saenger8 et surtout de Laura Light. Son étude de 1984 consacrée au texte de la « Bible de Paris » et à sa matérialité a été le point de départ pour des approfondissements non seulement sur le texte biblique et les textes annexés aux pandectes, mais aussi sur leur usage au XIIIe siècle9. Ses travaux sont certainement à l’origine du regain d’intérêt pour la production biblique de cette époque et nos propres études leur doivent beaucoup. Plus récemment, Eyal Poleg a étudié de façon approfondie l’usage de la Bible en Angleterre pendant les derniers siècles du Moyen Âge en apportant aussi de précieuses informations sur l’aspect matériel des manuscrits10. En ce qui concerne plus spécifiquement les bibles portatives, le panorama est un peu plus restreint. Paola Supino Martini et Rosanna Miriello ont proposé quelques pistes de travail, notamment sur les bibles d’origine italienne11. Dans son ouvrage de vulgarisation La Bible. Histoire du livre, Christopher de Hamel a consacré à ce type de bible un chapitre entier, qui constitue une excellente introduction au sujet12. Au cours des dix dernières années s’est manifesté un intérêt croissant pour ces pandectes : une thèse récente, postérieure à la nôtre et soutenue en 2016 à l’Université de Pennsylvanie par Alexander Devine, portait spécifiquement sur les bibles portatives et leur usage13. Les articles dédiés à tel ou

5 Case Schnurman J., Studies in the Medieval Book Trade from the Late Twelfth to the Middle of the Fourteenth Century with Special Reference to the Copying of Bibles, British Literature Thesis, St. Hilda’s College, Oxford, 1960. La thèse est consultable à la Bodleian Library. Elle offre aussi un recensement partiel des bibles (600 environ), tous formats confondus, des XIIe et XIIIe siècles. 6 En particulier : Lobrichon G., « Les éditions de la Bible latine dans les universités du XIIIe siècle », dans La Bibbia del XIII secolo. Storia del testo, storia dell’esegesi, Convegno della Società Internazionale per lo Studio del Medioevo Latino, Firenze, 1–2 giugno 2001, Cremascoli G. − Santi F. éd., Firenze, 2004, p. 15–34 ; Id., « Pour l’étude de la tradition et du texte de la Vulgate latine en Italie (XIIIe siècle) », dans La Bibbia in italiano tra Medioevo e Rinascimento, Atti del Convegno internazionale (Firenze, Certosa del Galluzzo, 8–9 novembre 1996), Leonardi L. éd., Firenze, 1998 (Millennio Medievale, 10), p. 23–33. 7 Magrini S., La Bibbia latina in Italia tra i ss. XIII–XIV, dalla produzione al consumo, Tesi di dottorato in Paleografia greca e latina, Università degli studi di Roma « La Sapienza », 1999 ; Ead., « La Bibbia all’università (secoli XII–XIV) : La ‘Bible de Paris’ e la sua influenza sulla produzione scritturale coeva », dans Forme e modelli della tradizione manoscritta della Bibbia, Cherubini P. éd., Città del Vaticano, 2005, p. 407–421 ; Ead., « La ‘Bible parisienne’ e i Vangeli », dans I Vangeli dei Popoli. La Parola e l’immagine del Cristo nelle culture e nella storia, D’Aiuto F. −  Morello G. −  Piazzoni A.M. éd., Roma, 2000, p. 99–105 ; Ead., « Production and Use of Latin Bible Manuscripts in Italy during the Thirteenth and Fourteenth Centuries », Manuscripta, 51/2 (2007), p. 209–257 ; Ead., « Vernacular Bibles, Biblical Quotations and the Paris Bible in Italy from the Thirteenth to Fifteenth Century : a First Report », dans Form and Function in the Late Medieval Bible, Light L. – Poleg E. éd., Leiden – Boston, 2013, p. 237–259. 8 Saenger P., « The British Isles and the Origin of the Modern Mode of Biblical Citation », Syntagma, 1 (2005), p. 77–123 ; Id., « The AngloHebraic Origins of the Modern Chapter Division of the Latin Bible », dans La fractura historiografica : las investigaciones de Edad Media y Renacimiento desde el tercer milenio, Burguillo J. – Mier L. éd., Salamanca, 2008, p. 177–202 ; Id., « The Twelfth-Century Reception of Oriental Languages and the Graphic Mise en page of Latin Vulgate Bibles Copied in England », dans Form and Function, op. cit., p. 31–66. 9 Light L., « Versions et révisions du texte biblique », dans Le Moyen Âge et la Bible, Lobrichon G. – Riché P. dir., Paris, 1984 (Bible de tous les temps, 4), p. 55–93 ; Ead., « French Bibles c. 1200–30 : a New Look at the Origin of the Paris Bible », dans The Early Medieval Bible. Its Production, Decoration and Use, Gameson R. éd., Cambridge, 1994, p. 155–176 ; Ead., « The New Thirteenth-Century Bible and the Challenge of Heresy », Viator, 18 (1987), p. 275–288 ; Ead., « Roger Bacon and the origin of the Paris Bible », Revue bénédictine, 111, n° 3–4 (2001), p. 483–507 ; Ead., « Non-biblical Texts in Thirteenth-Century Bibles », dans Medieval Manuscripts, Their Makers and Users. A Special Issue of Viator in Honor of Richard and Mary Rouse, Turnhout, 2011, p. 169–183 ; Ead., « The Bible and the Individual », dans The Practice of the Bible in the Middle Ages. Production, Reception, and Performance in Western Christianity, Boynton S. – Reilly D. J. éd., New York, 2011, p. 228–246 ; Ead., « The Thirteenth Century and the Paris Bible », dans The New Cambridge History of the Bible, op. cit., p. 380–391 ; Ead., « The Thirteenth-Century Pandect and the Liturgy : Bibles with Missals », dans Form and Function, op. cit., p. 185–215 ; Ead., « What was a Bible for ? Liturgical Texts in ThirteenthCentury Franciscan and Dominican Bibles », dans Heranças e usos da Biblia medieval, Lusitania Sacra, 2a série, 34 (2016), p. 165–182. 10 Poleg E., Approaching the Bible in Medieval England, Manchester, 2013 ; Id., « The Bible in Medieval Scotland : Reassessing the Manuscript Evidence », dans Comment le Livre s’est fait livre. La fabrication des manuscrits bibliques (IVe-XVe siècle), Ruzzier C. – Hermand X. éd., Turnhout 2015 (Bibliologia, 40), p. 231–246 ; Id., A Material History of the Bible, England 1200–1553, Oxford, 2020. 11 Supino Martini P., « Qualche riflessione sulla Bibbia ‘da mano’ », Estudis castellonencs, 6 (1994–95), p. 1411–1416 ; Miriello R., « La Bibbia portabile di origine italiana del XIII secolo. Brevi considerazioni e alcuni esempi », dans La Bibbia del XIII secolo, op. cit., p. 47–77. 12 Voir de Hamel C., La Bible. Histoire du livre, Paris, 2002, p. 114–139 (première édition en anglais : The Book. A History of the Bible, London, 2001, p. 114–139). 13 Devine A.  L., A Portable Feast  : The Production and Use of the Thirteenth-Century Portable Bible 1200–1500, Dissertation in English, University of Pennsylvania, 2016. Cette thèse, non publiée mais que son auteur m’a permis de consulter, est fondée principalement sur l’exploitation de manuscrits conservés en Angleterre et aux États-Unis et est consacrée surtout à leur usage. Elle offre aussi une réflexion très intéressante sur les prix des bibles au Moyen Âge.

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 Introduction

tel petit groupe de bibles portatives se sont également multipliés14. Ils s’ajoutent à des études détaillées plus anciennes qui s’intéressaient avant tout à des volumes luxueux, décrits dans le cadre de recherches sur l’enluminure. Parmi ceuxci, on citera les bibles d’origine napolitaine étudiées par Hélène Toubert15, quelques bibles d’origine italienne, ibérique et anglaise décrites dans les catalogues des manuscrits enluminés de la Bibliothèque nationale de France16 ou les nombreuses bibles recensées dans le catalogue des manuscrits enluminés dans les Îles Britanniques17. Dans ce panorama, une exception notable est constituée par le récent catalogue des bibles du XIIIe siècle, pour la plupart portatives, conservées au Portugal, édité par Luís Correia de Sousa18. Dans cet ouvrage, à la description de la décoration illustrée par de belles images, s’ajoutent des informations d’ordre codicologique, une description très soignée du contenu ainsi qu’un remarquable effort de datation et de localisation des exemplaires. Enfin, on doit à un historien d’art la seule étude systématique de grande ampleur consacrée aux bibles d’origine parisienne, bibles portatives comprises. Il s’agit du livre de Robert Branner sur les ateliers d’enluminure à Paris à l’époque de Saint Louis19. Grâce à une comparaison stylistique avec des manuscrits dont la localisation était bien établie, Robert Branner a repéré une série de bibles attribuables à des ateliers parisiens identifiables. L’étude est toutefois centrée sur les facteurs stylistiques – ce qui exclut ipso facto les bibles non enluminées – et ne fournit aucune information sur l’aspect matériel des manuscrits en dehors des dimensions. La miniaturisation poussée d’un texte long comme la Bible et sa production massive et concentrée dans le temps sont-elles véritablement des exceptions dans le panorama de la production manuscrite médiévale en général et biblique en particulier ? Parmi les autres catégories de manuscrits20, on songera immédiatement aux livres liturgiques, dont le grand nombre de manuscrits conservés ne fait aucun doute et qui, pour certains ouvrages, dépasse largement celui des pandectes. À partir du XIIIe siècle mais surtout vers la fin du Moyen Âge, la production de psautiers, bréviaires et livres d’heures de petite taille est très abondante. Le Psautier a été certainement l’un des textes les plus copiés durant la période médiévale, et surtout à partir du XIIe siècle. Plusieurs milliers d’exemplaires ont été conservés21, mais la production semble moins concentrée dans le temps et dans l’espace et moins systématique que celle des bibles. Il est clair en outre que, vu la brièveté du texte, sa copie ne nécessitait pas d’effort particulier de compression pour une incorporation dans des manuscrits de petite taille. Il en va différemment des bréviaires, où la quantité de texte est importante et qui ont eux aussi fait l’objet d’un processus de miniaturisation à partir de la première moitié du XIIIe siècle22, sans pour autant parvenir au même degré de compression du texte que les bibles portatives. Les bréviaires étaient parfois divisés en 14 Citons, tout récemment, Paolini A., « Dalla Francia a Dresda. Le Bibbie portatili della Sächsische Landesbibliothek-Staats- und Universitätsbibliothek », Scrineum Rivista, 17/2 (2020), p. 191–258, https://oajournals.fupress.net/index.php/scrineum/article/view/11376. 15 Toubert H., « Influences gothiques sur l’art frédéricien : le maître de la Bible de Manfred et son atelier », dans Federico II e l’arte del Duecento italiano. Atti della III settimana di studi di storia dell’arte medievale dell’università di Roma (15–20 maggio 1978), 2 vol., Romanini A. M. éd., Roma, 1980, II, p. 59–76 ; Ead., « Trois nouvelles bibles du maître de la Bible de Manfred et de son atelier », Mélanges de l’École Française de Rome. Moyen-Âge, Temps Modernes, 89/2 (1977), p. 777–810. 16 Avril F. – Aniel J.-P. – Mentré M. – Saulnier A. – Załuska Y., Manuscrits enluminés de la péninsule ibérique, Paris, 1983 ; Avril F. – Stirnemann P., Manuscrits enluminés d’origine insulaire, Paris, 1987 ; Avril F. – Gousset M. T. – Rabel C., Manuscrits enluminés d’origine italienne, II : XIIIe siècle, Paris, 1984. 17 Morgan N., Early Gothic Manuscripts. I. 1190–1250, II. 1250–1285, Oxford, 1982–1988 (A Survey of Manuscripts Illuminated in the British Isles, 4). 18 Correia de Sousa L., Sacra pagina. Textos e imagens das Bíblias portáteis do século XIII pertencentes às coleções portuguesas, Lisboa, 2015. 19 Branner R., Manuscript Painting in Paris during the Reign of Saint Louis : A Study of Styles, Berkeley – Los Angeles, 1977. 20 Notons que la réduction des dimensions, ou du moins une contraction du texte et de la mise en page, semble concerner, à partir du XIIIe siècle, aussi certaines formes documentaires. À ce sujet, voir Bertrand P., Les écritures ordinaires. Sociologie d’un temps de révolution documentaire (entre royaume de France et empire 1250–1350), Paris, 2015, p. 134–149. 21 Martin Morard a recensé près de 6000 manuscrits, mais ce nombre comprend, en plus des psautiers simples, des psautiers glosés, ceux contenus dans les bréviaires et les bibles, et les commentaires. Voir Morard M., La harpe des clercs. Réceptions médiévales du Psautier latin entre usages populaires et commentaires scolaires, Thèse de doctorat, Université Paris IV, 2008 : t. I. Voir aussi le carnet Sacra pagina : https:// big.hypotheses.org/1031-2 (dernière consultation : 24/09/2021). 22 Voir Albiero L., « Le bréviaire, de l’autel à la poche. Quelques considérations à propos des bréviaires portatifs », dans Change in Medieval and Renaissance Scripts and Manuscripts, Proceeding of the 19th Colloquium of the Comité International de Paléographie Latine (Berlin, 16–18 September, 2015), Overgaauw E. – Schubert M. éd., Turnhout, 2019 (Bibliologia, 50), p. 147–160. Cette étude se fonde sur 1695 bréviaires conservés en France et en Italie.

Introduction 

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deux volumes (la partie hivernale et la partie estivale) et surtout le texte variait fortement d’une région à l’autre et d’un ordre religieux à l’autre, ce qui au demeurant rend beaucoup plus compliquée l’exploitation statistique des données. Le nombre de livres d’heures conservés23 dépasse largement celui des pandectes latines, mais ils constituent avant tout une production de luxe, ample terrain de recherche sur l’enluminure, où la compression du texte n’est pas du tout une priorité. Il n’en reste pas moins que ces deux dernières catégories de livres, qui partagent avec les bibles portatives l’abondance de témoins, les dimensions réduites et la destination à usage personnel, mériteraient une étude globale prenant en compte à la fois les aspects textuels et matériels. Du côté des bibles médiévales en grec et en hébreu, il n’y a absolument rien de comparable à ce dont on dispose pour le texte latin. Après les trois grandes pandectes grecques des IVe–Ve siècles – les codex Vaticanus, Sinaiticus et Alexandrinus –, ne subsistent que quelques exemplaires de bibles complètes en un seul volume pour le reste du Moyen Âge, et aucun de petite taille24. Les manuscrits anciens en hébreu ayant massivement disparu, les premières bibles complètes conservées sous forme de codex remontent seulement au Xe siècle25. Si la production s’intensifie à partir du XIIe siècle, elle reste relativement limitée en nombre et, du moins dans l’aire ashkénaze, subit certainement l’influence de la production biblique latine dominante, comme en atteste notamment une véritable bible portative, vraisemblablement d’origine parisienne26. Celle-ci est copiée sur un parchemin présentant les mêmes caractéristiques que les bibles latines, ce qui laisse supposer un phénomène d’imitation de la production des bibles latines portatives. L’exceptionnalité de cette production latine par rapport aux autres traditions demeure donc entière. Reste à fournir quelques précisions sur la terminologie utilisée dans cet ouvrage pour définir notre objet de recherche. En effet, dans la littérature, et en particulier dans l’histoire de l’art, il existe une certaine confusion autour de l’expression « bible parisienne » /Paris Bible, qui peut désigner à la fois un type de texte, une bible en un seul volume, une bible de petite taille et/ou une bible présentant une série caractéristique d’initiales enluminées, sans que l’on sache toujours de quoi on parle exactement. Comme on le verra, presque toutes les combinaisons sont possibles : on peut être confronté à une bible portative avec un texte ne présentant aucun caractère parisien, comme à une bible produite en Italie ou ailleurs, avec des caractères parisiens, etc. Un ouvrage récent, Form and Function in the Late Medieval Bible27, a tenté de faire la clarté sur cette terminologie (du moins en anglais), sans toutefois arriver à un terme consensuel traduisible dans toutes les langues. Dans leur excellente introduction à ce volume, Laura Light et Eyal Poleg ont proposé l’expression late medieval Bible pour les manuscrits qui offrent les traits distinctifs devenus communs dans la production du XIIIe au XVe siècle indépendamment de son origine : un texte biblique complet copié dans un seul volume et présentant un certain nombre de caractéristiques paratextuelles et les Interprétations des noms hébreux à la fin. Les bibles étudiées ici font partie de cet ensemble et en constituent certainement le groupe le plus remarquable. Si l’expression citée nous convient, bien qu’elle ne soit pas entrée dans le langage francophone en la matière, il faut cependant apporter quelques précisions aux termes que nous utiliserons. Tout d’abord, notre critère de sélection des manuscrits étant dimensionnel, l’expression « bible portative » fera référence uniquement à la taille, indépendamment de l’origine et du contenu. Ensuite, l’expression « Bible de Paris » désignera uniquement l’ensemble des attributs du texte biblique élaboré vraisemblablement à Paris au début du XIIIe siècle, appelé aussi « texte de l’Université », et diffusé ensuite dans une partie des manuscrits d’autres origines. Enfin, on parlera « d’origine parisienne » (ou anglaise, italienne, etc.) pour désigner le lieu de production. Nous éviterons ainsi l’expression « bible parisienne », trop ambiguë et à la limite utilisable seulement pour les bibles, en nombre relativement limité, qui réunissent toutes ces caractéristiques à la fois.

23 Dominique Stutzmann en a recensé 7220. Pour un aperçu général de cette production, voir Stutzmann D., « Résistance au changement ? Les écritures des livres d’heures dans l’espace français (1200–1600) », dans Change in Medieval and Renaissance Scripts, op. cit., p. 97–116. 24 Voir Andrist P., « Au croisement des contenus et de la matière : l’architecture des sept pandectes bibliques grecques du premier millénaire. Étude comparative sur les structures des contenus et de la matérialité des codex Vaticanus, Sinaiticus, Alexandrinus, Ephraemi rescriptus, Basilianus, ‘Pariathonensis’ et de la Biblia Leonis », Scrineum Rivista, 17/2 (2020), p. 3–106, https://oajournals.fupress.net/index. php/scrineum/article/view/11466. 25 Voir Stern D., The Jewish Bible. A Material History, Seattle – London, 2017, p. 63–68. Voir aussi Attia E., « Bibles hébraïques partielles : le cas des ‘Pentateuque – Megillot – Haftarot’ ashkénazes », dans De la Tamise à l’Euphrate : regards croisés sur les Bibles grecques, latines et hébraïques/From the Thames to the Euphrates : Intersecting Perspectives on Greek, Latin and Hebrew Bibles, Attia E. – Andrist P. – Maniaci M. éd., Berlin (Manuscripta Biblica) [à paraître]. Je remercie Élodie Attia pour les informations qu’elle m’a fournies sur les bibles hébraïques. 26 Le manuscrit Paris, BnF, Hébreu 33 (100×75 mm) datable du XIIIe siècle. 27 Form and Function in the Late Medieval Bible, Light L. – Poleg E. éd., Leiden – Boston, 2013.

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 Introduction

Précisons enfin que nous avons préféré l’expression « bible portative » à « bible de poche » pour deux raisons. D’une part, l’expression latine biblia portatilis est déjà présente, comme on le verra, dans plusieurs sources médiévales décrivant des bibles de petites dimensions. D’autre part, cette expression prend en compte aussi des bibles pas nécessairement minuscules, mais qui répondent tout de même aux critères de légèreté et de transportabilité, sinon dans une poche, du moins dans une besace, et dont la fabrication a exigé le recours à des stratégies de compression du texte. Dans les autres langues européennes, les expressions utilisées sont les suivantes : Bibbia da tasca, Bibbia da mano ou Bibbia portatile en italien, pocket Bible ou portable Bible en anglais, Taschenbibel en allemand, Biblia de bolsillo en espagnol et Bíblia de bolso ou Bíblia portátil en portugais.

I Les avatars de la Bible latine jusqu’au XIIIe siècle a Les manuscrits de la Bible latine de l’Antiquité tardive au XIIIe siècle Les pandectes1 constituent seulement une très petite partie de la production totale de manuscrits bibliques latins. Le nombre de manuscrits subsistants a en effet été estimé, lors des travaux pour l’édition critique de la Vulgate, à environ 30 0002. À l’heure actuelle, nous avons recensé presque 2700 pandectes et on est en droit de supposer que quelques centaines de manuscrits pourront encore être ajoutés à la liste. Si la première estimation est exacte, voire un peu inférieure à la réalité étant donné qu’elle ne prend probablement pas en compte les manuscrits encore dans le circuit de vente, on doit en conclure que les pandectes constitueraient 10% environ de la production de manuscrits bibliques tous types confondus. Parmi les pandectes, les bibles portatives constituent le plus grand sous-ensemble produit au cours du Moyen Âge, réprésentant à elles seules environ la moitié des bibles complètes recensées par nous-même à l’heure actuelle. Ce n’est toutefois qu’à partir du XIIIe siècle que cette configuration en un seul volume contenant la totalité du texte biblique se généralise et s’impose définitivement au monde chrétien occidental. Au début de son histoire, la Bible latine était généralement conçue comme une bibliotheca. Ce terme désigne un recueil de livres bibliques qui ne faisaient pas nécessairement l’objet d’un projet unitaire. Chaque unité pouvait en regrouper un certain nombre : le Pentateuque, les grands prophètes, les Épîtres, mais surtout les Évangiles et le Psautier3, c’est-à-dire les deux livres les plus utilisés dans la liturgie et qui constituaient souvent le seul patrimoine livresque des églises mineures, tandis que la possession de bibles complètes est restée pendant longtemps un privilège des monastères et des cathédrales les plus importants. Dès l’Antiquité tardive, ceux-ci s’étaient très probablement dotés de bibles complètes dont il ne subsiste, malheureusement, que des fragments4. Dans ses Institutiones, Cassiodore nous apprend qu’il avait fait réaliser trois ensembles complets de livres bibliques pour le monastère qu’il avait fondé à Vivarium5. L’un d’entre eux – le Codex Grandior –, réalisé en un seul volume, a servi de modèle deux siècles plus tard pour la plus ancienne bible latine complète en un seul volume qui ait survécu jusqu’à nos jours, le Codex Amiatinus, produit en Angleterre au tout début du VIIIe siècle6. À l’époque carolingienne, on assiste à la première production à grande échelle de pandectes, associée à plusieurs tentatives de révision du texte biblique et de diffusion d’une version complète et uniforme7. Les premières virent le jour à l’initiative de Maudramme, abbé de Corbie, qui fit copier une bible en plusieurs volumes, dont certains ont survécu8, et d’Angilram, évêque de Metz, dont le deuxième volume d’une bible subsistait encore avant la dernière guerre mondiale9. Mieux conservée est l’œuvre de Théodulf, évêque d’Orléans et abbé de Fleury, dont il nous reste six bibles, entières ou fragmentaires10. 1 C’est Cassiodore qui, en s’inspirant des Pandectae de Justinien, semble avoir utilisé pour la première fois ce terme pour une bible complète en un seul volume. Dans certains cas, le terme désigne aussi une bible conçue comme un ouvrage unique et matériellement homogène dont la division en deux ou trois volumes n’obéit qu’à des finalités fonctionnelles. Voir Bogaert P.-M., « La Bible latine », op. cit., p. 137–159, 256–314 : p. 284–285 et 299–301 et Halporn J. W., « Pandectes, Pandecta, and the Cassiodorian Commentary on the Psalm », Revue bénédictine, 90 (1980), p. 290–300 : p. 292–293. 2 Voir Grégoire R., Histoire de la révision de la Vulgate, dans Les Bibles atlantiques. Le manuscrit biblique à l’époque de la réforme de l’Église du XIe siècle, Togni N. éd., Firenze, 2016 (Millennio Medievale, 110), p. 183–208 : p. 183. 3 Voir, à ce sujet, Vezin J., « I libri dei Salmi e dei Vangeli durante l’alto medioevo », dans Forme e modelli, op. cit., p. 267–279. 4 Le mieux préservé d’entre eux est le « palimpseste de León » (León, Archivo de la Catedral, 15), copié au VIIe siècle dans la péninsule ibérique et qui contient des parties de l’Ancien et du Nouveau Testament ayant pu constituer une pandecte. Voir, entre autres, Ganz D., La Bible palimpseste de León, dans Comment le Livre s’est fait livre, op. cit., p. 51–58. De manière plus générale, voir McGurk P., « The oldest manuscripts of the Latin Bible », dans The Early Medieval Bible, op. cit., p. 1–23. 5  À ce sujet, voir Fischer B., Lateinische Bibelhandschriften im frühen Mittelalter, Freiburg, 1985 (Vetus latina, 11), p. 10–18. 6 Firenze, Biblioteca Medicea Laurenziana, Amiat. 1. Pour la vaste bibliographie sur ce manuscrit, voir la fiche descriptive publiée dans Bibbie miniate della Biblioteca Medicea Laurenziana di Firenze, Alidori Battaglia L. et al. éd., Firenze, 2003 (Biblioteche e archivi, 12), p. 3–58. Voir aussi Chazelle C., The Codex Amiatinus and its ‘Sister’ Bibles : Scripture, Liturgy, and Art in the Milieu of the Venerable Bede, Leiden, 2019 (Commentaria, 10). 7 Sur la production biblique du haut Moyen Âge, voir surtout Fischer, Lateinische Bibelhandschriften, op. cit. 8 Amiens, BM, 6–9, 11–12 ; Paris, BnF, lat. 13176, f. 136–138. 9 Metz, BM, 7, détruit pendant la Seconde Guerre mondiale. 10 Stuttgart, Württembergische Landesbibliothek HB. II. 16 ; London, BL, Add. 24142 ; Le Puy-en-Velay, Trésor de la Cathédrale, Cath. 1 ; Paris, BnF, lat. 9380 et lat. 11937 ; København, Kongelige Bibliotek, N. K. S. 1. Voir Chevalier-Royet C., « Les révisions bibliques de Théodulf https://doi.org/10.1515/9783110757392-002

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 I Les avatars de la Bible latine jusqu’au XIIIe siècle

Sa contribution est sans contexte la meilleure sur le plan de la critique textuelle, mais elle a très vite été supplantée par la révision d’Alcuin. Celle-ci a été copiée en plusieurs dizaines d’exemplaires, notamment au monastère de Saint-Martin de Tours qui, entre la fin du VIIIe siècle et le milieu du siècle suivant, produisait, semble-t-il, deux exemplaires par an11. Sa révision n’était pas à la hauteur de celle de Théodulf : elle témoigne surtout de l’effort de diffuser un texte correct, à travers l’uniformisation de l’organisation du contenu, de l’orthographe et de la décoration. C’est ce modèle de bible complète qui a inspiré la production postérieure de pandectes, même si les bibles tourangelles n’ont pas été recopiées telles quelles. Au cours des siècles suivants, les pandectes en un seul volume se feront rares12 jusqu’à la réforme grégorienne, lorsque, à partir du milieu du XIe siècle, vraisemblablement sous l’impulsion directe de la Cour pontificale, on recommença à produire des bibles complètes de très grandes dimensions : les bibles dites « atlantiques »13. Il s’agissait, cette fois, de volumes d’apparat porteurs de connotations symboliques qui, comme les bibles tourangelles, devaient véhiculer un message réformateur. Ce sont des volumes d’un très grand format (500–600 mm de hauteur et 300–400 mm de largeur), dont il subsiste de nos jours plus d’une centaine d’exemplaires14. Leur diffusion s’est limitée essentiellement à l’Italie centrale, bien que quelques exemplaires aient migré au-delà des Alpes dès l’époque de leur fabrication. Au cours du XIIe siècle, la production de bibles géantes conçues pour les chœurs des monastères et des cathédrales se répand dans toute l’Europe. Ces bibles sont de dimensions imposantes, car elles étaient destinées à être lues au pupitre. Dans le même temps, les monastères du nord de l’Europe produisaient aussi des volumes de dimensions moins exceptionnelles qui étaient le plus souvent divisés en deux ou trois volumes, voire davantage15. La diffusion des nouvelles pandectes au début du XIIIe siècle est le reflet d’une situation entièrement inédite. Ces bibles ne sont pas issues d’une impulsion dictée par une autorité ; elles sont plutôt la conséquence d’une mutation radicale qui affecte les études bibliques et l’usage même du texte sacré. Cette mutation est liée à l’essor des études

d’Orléans et la question de leur utilisation par l’exégèse carolingienne », dans Études d’exégèse carolingienne : autour d’Haymon d’Auxerre, Shimahara S. éd., Turnhout, 2007 (Haut Moyen Âge, 4), p. 237–256 ; Ead., « The Pandects of Theodulf of Orleans (d. 821) : Carolingian Bibles with critical apparatus. State and Prospects of Research », dans De la Tamise à l’Euphrate, op. cit. 11 Voir Ganz D., « Mass Production of Early Medieval Manuscripts : the Carolingians Bibles from Tours », dans The Early Medieval Bible, op. cit., p. 53–62. Dix-huit bibles probablement tourangelles ont survécu jusqu’à nos jours (elles contiennent en moyenne 450 f. et mesurent environ 500×350 mm), ainsi que quelques dizaines de fragments. Voir aussi Fischer B., Lateinische Bibelhandschriften, op. cit., p. 254–275 ; McKitterick R., « Carolingian Bible Production : The Tours Anomaly », dans The Early Medieval Bible, op. cit., p. 63–77 ; Bassetti M., « Le Bibbie imperiali d’età carolingia e ottoniana », dans Forme e modelli, op. cit., p. 175–265 : p. 187–230 ; Lobrichon G., « Le texte des bibles alcuiniennes », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, 111–3, 2004, p. 209–219 et Ganz D., « Carolingian Bibles », dans The New Cambridge History of the Bible, op. cit., p. 380–391. 12 C’est seulement dans la péninsule ibérique que la production reste vivante : on conserve quelques dizaines de manuscrits bibliques (dont des pandectes) datables des IXe et Xe siècles en écriture wisigothique. Voir Cherubini P., « Le Bibbie spagnole in visigotica », dans Forme e modelli, op. cit., p. 109–173 et Tischler M. M., « The Biblical Tradition of the Iberian Peninsula from the Eighth to the Twelfth Centuries seen from a Typological Standpoint », dans Heranças e usos, op. cit., p. 33–59. 13 Pour un aperçu de cette production manuscrite, voir toutes les contributions du volume Le Bibbie Atlantiche. Il libro delle Scritture tra monumentalità e rappresentazione, Abbazia di Montecassino, 11 luglio – 11 ottobre 2000, Maniaci M. – Orofino G. éd., Roma, 2000 ; en particulier, Lobrichon G., « Riforma ecclesiastica e testo della Bibbia », p. 15–26 et Maniaci M., « La struttura delle Bibbie atlantiche », p. 47–60. Voir aussi Ayres L. M., « The Italian Giant Bibles : Aspects of their Touronian Ancestry and Early History », dans The Early Medieval Bible, op. cit., p. 125–154 et, pour d’autres hypothèses sur leur origine, Yawn L., « The Italian Giant Bibles, Lay Patronage, and Professional Workmanship », dans Les usages sociaux de la Bible, XIe-XVe siècles, CEHTL, 3 (2010), p. 162–255, https://lamop.pantheonsorbonne.fr/sites/default/files/inline-files/Lila_Yawn.pdf. Les avancées récentes de la recherche dans ce domaine sont réunies dans Les Bibles atlantiques, op. cit. 14 Voir Togni N., « Inventario delle Bibbie atlantiche », dans Les Bibles atlantiques, op. cit., p. 507–517. 15 Les autres manuscrits bibliques du XIe et du XIIe siècle n’ont pas encore fait objet d’études globales et systématiques, à l’exception de l’aspect décoratif pour lequel on dispose de l’ouvrage de Walter Cahn (Cahn W., La Bible romane. Chefs-d’œuvre de l’enluminure, Fribourg – Paris, 1982), qui fournit aussi un catalogue sélectif des bibles des XIe et XIIe siècles (p. 251–294). On citera en outre Tischler M. M., « Dal Bec a San Vittore : l’aspetto delle Bibbie ‘neomonastiche’e ‘vittorine’ », dans Forme e modelli, op. cit., p. 373–405 ; Mielle de Becdelièvre D., Prêcher en silence. Enquête codicologique sur les manuscrits du XIIe siècle provenant de la Grande Chartreuse, Saint-Étienne, 2004 ; Bogaert, P.-M., « Les bibles monumentales au XIe siècle : autour de la Bible de Lobbes (1084) », dans L’exégèse monastique au Moyen Âge (XIe-XIVe siècle), Dahan G. – Noblesse-Rocher A. éd., Paris, 2014, p. 27–55 ; Stirnemann P., « Les bibles monastiques existent-elles ? », ibidem, p. 19–25. Le recensement que nous avons réalisé fait état d’au moins 360 bibles du XIe et du XIIe siècle en un ou plusieurs volumes et permet d’envisager une étude d’ensemble (voir Ruzzier C., « Des bibles géantes aux bibles portatives. État de la question et pistes de recherche », dans Heranças e usos, op. cit., p. 17–32 et Ead., « Item Biblia in uno volumine. Le compactage du texte biblique du XIe au XIIIe siècle », dans De la Tamise à l’Euphrate, op. cit.

b De la Vetus latina au « texte de l’Université » 

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théologiques dans les écoles parisiennes, puis dans les universités. On assiste donc, entre le début du XIIe siècle et le début du XIIIe, à l’apparition de deux nouveaux types, diamétralement opposés, de manuscrits bibliques, qui témoignent dans leur aspect textuel et matériel d’un souci d’uniformité et d’une volonté de faciliter la consultation rapide du texte : d’abord la bible glosée16, conçue comme une bibliotheca et donc comme une série de volumes, ensuite la bible portative, une véritable nouveauté dans l’histoire des pandectes, qui, grâce à ses nouvelles fonctionnalités17, jouit d’une énorme diffusion en Europe. Ainsi, l’Université aurait indirectement réussi là où Charlemagne et les papes réformateurs avaient en bonne partie échoué : diffuser dans l’Europe entière une seule forme manuscrite de bible avec un certain nombre de caractéristiques uniformes. Cela a été possible parce que, durant cette période, les modalités et les finalités de lecture de la Bible ont radicalement changé : ce qui avait été principalement un livre d’autel, de réfectoire et d’apparat devient avant tout un livre d’étude, de consultation et de prédication, perdant au passage une partie de son caractère sacré. Bien évidemment, ce changement d’attitude à l’égard du texte biblique prend place dans un contexte général d’évolution tant du statut du livre que des pratiques de lecture18 et, parallèlement, d’évolution du système de production du livre, qui passe des scriptoria monastiques aux ateliers, souvent laïques, installés dans les villes. Ainsi, le livre devient un outil au service de l’étude et de la prédication, initiant un processus qui sera développé par les frères mendiants et qui conduira au livre moderne. Cette nouvelle « édition » de la Bible prend couramment le nom de « Bible de Paris » ou de « texte de l’Université  »19. Cette dénomination, sans doute inappropiée mais désormais entrée dans le langage, est indépendante du format, indifféremment grand ou petit. Elle se rapporte principalement à l’organisation du contenu, même si souvent la structure monolithique en un seul volume est sous-entendue car elle est la plus courante. Il nous faut donc examiner brièvement l’histoire de ce texte.

b De la Vetus latina au « texte de l’Université » De même que l’assemblage des livres bibliques a beaucoup évolué dans le temps, son texte latin n’a jamais assumé une forme « définitive ». Pour comprendre l’importance du changement qui a eu lieu au XIIIe siècle, il faut donc parcourir brièvement l’histoire du texte biblique à partir des premiers siècles du christianisme qui ont vu les docteurs de l’Église s’interroger aussi bien sur le choix des livres canoniques que sur la qualité des traductions du texte. Pendant les premiers siècles de l’ère chrétienne, le texte qui circulait en Occident était la Vetus Latina, un ensemble de traductions de l’Ancien et du Nouveau Testament, réalisées à partir du texte grec de la Septante, dont la valeur littéraire était discutée et dont le regroupement variait à l’infini20. Ce n’est qu’à partir de 387 que saint Jérôme entreprend,

16 Voir Lobrichon G., « Une nouveauté : les gloses de la Bible », dans Le Moyen Âge et la Bible, op. cit., p. 95–114, et surtout de Hamel C., Glossed Books of the Bible and the Origins of the Paris Booktrade, Woodbridge, 1984, et Smith L., The Glossa Ordinaria. The Making of a Medieval Bible Commentary, Leiden – Boston, 2009 (Commentaria, 3). Voir aussi Morard M., « Les manuscrits de la Bible latine glosée au Moyen Âge », Sacra Pagina, https://big.hypotheses.org/1362, version du 24/09/2021. 17 Voir Light L., « The New Thirteenth-Century Bible », op. cit., p. 280 : « The pocket Bible was eminently ‘searchable’, and should be considered as one of the most important of the new tools created for the preachers and schoolmen of the thirteenth century ». 18 Voir à ce sujet Rouse R. H. − Rouse M. A., « Statim invenire : Schools, Preachers and New Attitudes to the Page », dans Renaissance and Renewal in the Twelfth Century, Benson R. L. − Constable G. éd., Cambridge, 1982, p. 201–225 et Rouse R. H., « L’évolution des attitudes envers l’autorité écrite : le développement des instruments de travail au XIIIe siècle », dans Culture et travail intellectuel dans l’Occident médiéval. Bilan des Colloques d’humanisme médiéval (1960–80), Hasenohr G. − Longère J. éd., Paris, 1981, p. 115–144. Sur cette problématique en général, voir aussi Supino Martini P., « Il Libro Nuovo », dans Il Gotico europeo in Italia, Pace V. – Bagnoli M. éd., Napoli, 1994, p. 351–359. 19 Les premiers historiens de la Vulgate qui ont étudié les caractéristiques du texte parisien de la Bible ont été Jean-Pierre-Paulin Martin, Henri Denifle et Samuel Berger à la fin du XIXe siècle. Martin, qui l’appelle « texte parisien », met en lumière d’une part les différences par rapport aux bibles antérieures, d’autre part le rapport de filiation entre le texte parisien et la Vulgate clémentine. Denifle le définit comme Pariser Bibel ou Exemplar Parisiense, ce qui par la suite a fait parfois accroire qu’il s’agissait d’une véritable édition. Voir Martin J. P. P., « Le texte parisien de la Vulgate latine », Le Muséon, 8 (1889), p. 444–466, 9 (1890), p. 55–70, 301–316 ; Denifle, « Die Handschriften der BibelCorrectorien », op. cit., p. 277–292 ; Berger, Histoire de la Vulgate, op. cit., p. 304–305. 20 Voir Bogaert, « La Bible latine », op. cit., p. 143–156 ; Gribomont J., « Les plus anciennes traductions latines », dans Le monde latin antique et la Bible, Fontaine J. − Petri C. dir., Paris, 1985 (Bible de tous les temps, 2), p. 43–65.

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 I Les avatars de la Bible latine jusqu’au XIIIe siècle

sur la base du texte grec, la révision des traductions latines des Évangiles qui circulaient à son époque et, surtout, qu’il commence à traduire l’Ancien Testament de l’hébreu21. Il établit ainsi un canon de 22 livres22, qu’il propose dans le Prologus Galeatus aux livres des Rois – les premiers qu’il avait traduits – et qui restera une référence pendant tout le Moyen Âge. À peu près à la même époque, en 382, un document connu sous le nom de Decretum Damasii23 établit un canon des livres bibliques qui, bien longtemps après, sera définitivement confirmé par le concile de Trente. L’ensemble des traductions de saint Jérôme et des anciennes versions latines de certains livres non révisées par lui donne corps à la Vulgata, la version du texte biblique la plus diffusée en Occident à partir du IXe siècle et qui demeura en usage dans l’Église latine jusqu’au XXe siècle. En réalité, la succession des textes proposée dans le Prologus Galeatus n’a jamais joui d’une adhésion unanime. Au cours des siècles suivants, l’organisation du texte a beaucoup varié selon les traditions locales : on a notamment ressenti de bonne heure le besoin de modifier l’ordre de Jérôme en rapprochant les livres de contenu similaire qu’il avait maintenus séparés. Si l’ordre même des livres demeurait sujet à de fréquentes variations, il n’est pas étonnant que la situation fût encore plus mouvante en ce qui concernait l’organisation des livres en chapitres et le choix des prologues. Cette situation de désordre s’est poursuivie jusqu’à la fin du XIIe siècle, si bien qu’on a pu affirmer qu’il y avait « autant d’éditions que de copies »24, mais de toute évidence elle se prêtait mal à l’enseignement universitaire. En effet, puisque le cursus des études avait comme base le commentaire du texte biblique dans sa totalité, l’intérêt pour les étudiants, de plus en plus nombreux, de disposer d’un exemplaire de la Bible identique à celui du maître était indéniable. Ce sont donc très probablement les maîtres en théologie qui se sont efforcés d’établir un texte de référence, avec une nouvelle capitulation uniforme, utilisable dans toutes les écoles, même si aucun document émanant de l’Université n’officialise cette initiative. La nouvelle « édition » de la Bible essaie donc de résoudre ces problèmes en recherchant tout d’abord l’ordre et l’uniformité25. Les caractéristiques principales du « texte de l’Université » sont les suivantes : 1. un nouvel ordre des livres bibliques (Octateucus, I–IV Reg., I–II Par., Or. Man., I–III Esdr., Tob., Jdth, Esth., Job, Ps., Prov., Eccle., Cant., Sap., Sir., Is., Ier., Lam., Bar., Ez., Dan., XII Prophetae, I–II Macc., Evangelia, Ep. Pauli, Act., Ep. Cath., Apoc.) ; 2. une nouvelle division en chapitres ; 3. une série fixe de 64 prologues ; 4. la présence d’un glossaire des noms hébreux (Interpretationes nominum Hebraicorum) ; 5. la suppression d’un certain nombre de pièces annexes (listes de chapitres et sommaires en tête de chaque livre, indications stichométriques, tables des canons d’Eusèbe). Certaines de ces caractéristiques étaient déjà présentes dans un groupe de bibles, pour la plupart de grand format et datables du début du XIIIe siècle, qui ont été mises en lumière par Laura Light26, mais ce n’est qu’après 1230 que le contenu se stabilise. Le premier manuscrit daté qui présente toutes les caractéristiques de la « Bible de Paris » est le manuscrit Dole, 21 Voir Bogaert, « La Bible latine », op. cit., p. 156–159 et, tout récemment, Jérôme, Préfaces aux livres de la Bible, Canellis A. dir., Paris, 2017 (Sources chrétiennes, 592), p. 77–164. 22 Cet ordre de l’Ancien Testament correspond au canon des Hébreux (voir aussi chapitre IV.a). Dans le texte qui ouvrait la Vulgate au Moyen Âge – l’épître à Paulin –, saint Jérôme propose un canon différent de celui qu’il avait lui-même adopté et qui n’a pas été suivi par la suite. 23 Voir à ce sujet, Wermelinger O., « Le canon des Latins au temps de Jérôme et d’Augustin », dans Le canon de l’Ancien Testament. Sa formation et son histoire, Kaestli J.-D. − Wermelinger O. éd., Genève, 1984, p. 153–210 : p. 166–170. Pour l’Ancien Testament, il reconnaît l’autorité des livres « deutérocanoniques », exclus par les juifs et par saint Jérôme et à propos desquels il y aura encore des controverses dans le monde chrétien : Sagesse, Ecclésiastique, Tobie, Judith, Maccabées, Baruch. L’Épître aux Hébreux est attribuée à saint Paul. En revanche, il exclut du canon quelques textes qu’on trouvera encore souvent dans les bibles des siècles suivants : l’Oratio Manasse, les IIIe et IVe livres d’Esdras, le Psaume 151 et l’Épître aux Laodicéens. 24 Voir Berger, Histoire de la Vulgate, op. cit., p. 301. 25 Sur le « texte de l’Université » et l’historiographie à son sujet, voir principalement Light, « Versions et révisions », op. cit., p. 75–93. 26 Laura Light a analysé un corpus de quatorze bibles de différents formats, datables du début du XIIIe siècle et sélectionnées en fonction d’un certain nombre de caractéristiques textuelles communes. D’après l’auteur, ce corpus montre un mélange d’éléments anciens – tels que les listes des chapitres – et nouveaux, qui préfigurent la « Bible de Paris », dont la version définitive serait le fruit d’une deuxième révision du texte effectuée autour de 1230. Voir Light L., « French Bibles c. 1200–30 », op. cit. D’autres manuscrits avec les mêmes caractéristiques ont été recensés par la suite.

b De la Vetus latina au « texte de l’Université » 

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Bibliothèque municipale, 1527, copié en 1234 (voir ill. 5). Étant donné ses petites dimensions (162×108 mm), il s’agit aussi du second plus ancien exemplaire daté de « bible portative ». Elle est précédée seulement par New York, Pierpont Morgan Library, M. 163, copiée en France en 1229, qui est un peu plus grande (216×152 mm), présente un ordre des livres parisien (mais omet le livre de Baruch) et place le glossaire des noms hébreux en fin de volume28. Le « texte de l’Université » se distingue tout d’abord par un nouvel ordre des livres bibliques, désormais regroupés uniquement sur la base de leur sens littéral : livres historiques (sauf les Maccabées), livres doctrinaux, livres prophétiques, Maccabées, Nouveau Testament. Il se caractérise aussi par la présence de la prière de Manassé à la suite des Paralipomènes, de III Esdras, du prophète Baruch, jusqu’alors intégré sporadiquement, et par le rejet de l’Épître aux Laodicéens. Cet ordre sera également celui de l’édition romaine publiée en 1592 sur ordre du pape Clément VIII29 – dont le texte a été utilisé par l’Église catholique jusqu’à une époque récente –, sauf pour les Actes, qui dans la Bible du XIIIe siècle se trouvaient après les Épîtres pauliniennes et sont désormais placés immédiatement à la suite des Évangiles. Cet ordre correspond en bonne partie à celui que saint Augustin avait exposé dans son De doctrina christiana, mais qui, dans les faits, n’avait eu qu’une influence négligeable sur l’ordre suivi dans les bibles et était du reste rarement cité à ce propos par les commentateurs médiévaux. Les principaux points de convergence entre l’ordre augustinien et la « Bible de Paris » sont l’absence de distinction entre livres canoniques et deutérocanoniques et le regroupement des livres selon le contenu. Il est possible que la lecture de saint Augustin ait inspiré directement la nouvelle succession, mais celle-ci est plus probablement la conséquence naturelle des méthodes d’enseignement des théologiens dans les écoles parisiennes du XIIe siècle. En effet, les commentaires d’Hugues de Saint-Victor, Pierre le Mangeur et Étienne Langton soulignent l’importance du sens littéral des Écritures. L’on peut donc supposer que, dans les cours de la faculté de théologie, les textes bibliques étaient commentés selon cette nouvelle séquence, qui est devenue tout naturellement celle de la Bible30. Le trait le plus frappant de la nouvelle « édition » est certainement la nouvelle division des livres en chapitres, assez proche de celle en usage de nos jours. Jusqu’alors, en effet, la capitulation était demeurée extrêmement arbitraire31, ce qui empêchait la création d’un véritable système de références. Les divisions sont désormais moins nombreuses et les chapitres plus homogènes, coïncidant avec les articulations du récit. Cette nouvelle capitulation, née pour répondre aux besoins de l’étude et de l’enseignement, a été longtemps attribuée à Étienne Langton32, mais elle constitue plus probablement l’aboutissement de différentes tentatives, effectuées en France et en Angleterre dès la fin du XIIe siècle, et le mérite de Langton serait de l’avoir cautionnée par son autorité33.

27 Ce manuscrit vient de changer de cote. Il faut désormais le commander à la Médiathèque du Grand Dole avec la cote 13-MS-P-1. Dans cet ouvrage, nous utiliserons l’ancienne cote sous laquelle il était connu jusqu’à présent. 28 Nous n’avons pas pu consulter ce manuscrit et la description ne donne pas d’informations supplémentaires sur ses caractéristiques textuelles. 29 La Vulgate Sixto-Clémentine contient les traductions hiéronymiennes de l’hébreu de l’Ancien Testament (à l’exception des Psaumes et des livres deutérocanoniques), sa révision du Psautier et des Évangiles sur l’édition hexaplaire d’Origène, les textes deutérocanoniques et le reste du Nouveau Testament dans des traductions « vieilles latines ». L’Oratio Manasse et III Esdras sont rejetés. Une édition critique moderne de la Vulgate en plusieurs volumes a été achevée à Oxford en 1954 pour le Nouveau Testament et à l’abbaye de Saint-Jérôme à Rome en 1995 pour l’Ancien Testament (editio maior) : Biblia sacra iuxta latinam vulgatam versionem ad codicum fidem, cura et studio monachorum abbatiae pontificiae Sancti Hieronymi in Urbe OSB, 18 vol., Roma, 1926–1995 ; Novum testamentum domini nostri Iesu Christi latine secundum editionem sancti Hieronymi, Wordsworth J. – White H. I. éd., Oxford, 1889–1954. Pour une brève histoire des éditions critiques de la Bible, voir Gribomont J., « Les éditions critiques de la Vulgate », Studi medievali, serie terza, II (1961), p. 363–377 et Grégoire, « Histoire de la révision de la Vulgate », op. cit. Pour un usage courant, on peut aussi se référer à l’editio minor, qui toutefois écarte les témoins du XIIIe siècle : Biblia sacra iuxta vulgatam versionem, Fischer B. – Frede H. I. – Gribomont J. – Sparks H. F. D. – Thiele W. – Weber R. éd., Stuttgart, 1969, 19944. 30 Sur l’exégèse de la Bible au Moyen Âge, voir principalement Smalley B., The Study of the Bible in the Middle Ages, Oxford, 1952, Dahan G., L’exégèse chrétienne de la Bible en Occident médiéval. XIIe-XIVe siècle, Paris, 1999, et Verger J., « L’exégèse de l’Université », dans Le Moyen Âge et la Bible, op. cit., p. 199–232. 31 Le nombre des chapitres de la Genèse, par exemple, variait entre 46 et 154 (Martin, « Le texte parisien », op. cit., p. 448), et certains livres n’étaient pas capitulés. 32 Voir d’Esneval A., « La division de la Vulgate latine en chapitres dans l’édition parisienne du XIIIe siècle », Revue des sciences philosophiques et théologiques, 62 (1978), p. 559–568 : p. 561. Langton, originaire du Lincolnshire, arrive jeune à Paris et y séjourne jusqu’en 1206, lorsqu’il devient archevêque de Cantorbéry. Il meurt en 1228. Dans deux manuscrits, BnF, lat. 14417 et Oxford, Magdalen College, 168, la capitulation est formellement attribuée à l’archevêque de Cantorbéry, ainsi que dans les Annales de Nicolas Trivet. 33 Sur cette problématique, voir Saenger, « The Anglo-Hebraic Origins », op. cit., et la mise au point de Morard M., « Étienne Langton († 1228) prédicateur, bibliste et théologien », Bulletin de Philosophie médiévale, 49 (2007), Compte rendu de « congrès terminé », p. 256–271 : p. 265–271.

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 I Les avatars de la Bible latine jusqu’au XIIIe siècle

La présence d’une capitulation figée rend inutiles les « sommaires »34 ou capitula, qui rassemblaient en tête de chaque livre des résumés très brefs des chapitres et qui jusque là avaient permis tant bien que mal la recherche d’une référence à défaut d’un système cohérent de divisions. Avec la diffusion du nouveau système, on assiste à leur disparition rapide. À partir du début du XIIIe siècle, la nouvelle capitulation s’impose en France et se répand bientôt ailleurs, en Angleterre puis en Italie. Son succès a été tel que les bibles plus anciennes ont souvent été renumérotées en marge selon le nouveau système. La stabilité de la nouvelle division en chapitres a en outre permis l’élaboration du premier système de concordances, qui a été établi par les Dominicains de la rue Saint-Jacques sous la direction d’Hugues de Saint-Cher. Ces concordances furent complétées aux alentours de 1239. Il s’agissait d’un index des occurrences de chaque mot avec l’indication du livre et du chapitre35, dépourvue toutefois de toute référence contextuelle36. Un autre trait distinctif de la « Bible de Paris » est la fixation d’une série de 64 prologues37 qui, dans les manuscrits, sont si étroitement associés au texte qu’ils donnent l’impression de faire partie de la Bible. Il s’agit d’une part des prologues classiques de Jérôme et d’autre part de textes qui circulaient déjà dans les manuscrits de la Glossa ordinaria38. Le glossaire des noms hébreux – lui aussi longtemps attribué à Langton39 – après avoir circulé quelque temps indépendamment de la Vulgate, y a été habituellement annexé à partir du deuxième quart du XIIIe siècle et constitue l’un des plus importants instruments de travail, non seulement pour les exégètes de l’époque, mais aussi pour les prédicateurs. En effet, ce glossaire en ordre alphabétique répond à un intérêt accru pour le sens littéral de l’Écriture et pour les noms de lieux et de personnes d’origine sémitique. Les étymologies proposées sont tantôt correctes, tantôt hasardeuses. La version du glossaire que l’on trouve dans la « Bible de Paris » commence avec les mots « Aaz, apprehendens vel apprehensio »40 et semble représenter l’aboutissement d’une série de tentatives, faites depuis le XIIe siècle, d’adaptation et d’enrichissement du Liber interpretationis nominum Hebraicorum de saint Jérôme, dont la consultation était peu pratique car les interprétations y étaient réparties selon les livres bibliques. En fait, bien qu’étroitement liées au renouvellement des études bibliques à l’Université, toutes ces innovations étaient d’ordre pratique et constituent une sorte d’habillage pouvant en théorie s’appliquer à n’importe quelle version du texte biblique. Dans les faits, ce qu’on appelle « Bible de Paris » n’est pas le résultat d’une révision critique systématique du texte même de la Vulgate41. Cette version a par ailleurs été qualifiée dès le début de sa diffusion d’« horriblement corrompue », notamment par Roger Bacon42. En substance, il n’a pas été possible d’empêcher que se perpétue le

34 Ils ont été en bonne partie édités dans De Bruyne D., Sommaires, divisions et rubriques de la Bible latine, Namur, 1914. 35 La numérotation des versets ne fut introduite qu’en 1555 par l’imprimeur Robert Estienne. 36 Vers 1280, une troisième version des concordances, qui situait les mots dans leur contexte, eut un succès rapide et durable, comme en témoigne son introduction dans les listes d’ouvrages transmis par le système de la pecia. Ces concordances sont, elles aussi, l’œuvre des Dominicains. Voir Rouse R. H. − Rouse M. A., « The Verbal Concordance to the Scriptures », Archivum fratrum praedicatorum, 44 (1974), p. 5–30 ; Rouse, « L’évolution des attitudes », op. cit., p. 116–118. 37 Voir la série des prologues du manuscrit décrit dans l’Annexe 5. Pour leur fréquence dans les bibles, voir le chapitre IV.e. 38 Voir Bogaert, « La Bible latine », op. cit., p. 287–288. 39 Voir d’Esneval A., « Le perfectionnement d’un instrument de travail au début du XIIIe siècle : les trois glossaires bibliques d’Étienne Langton », dans Culture et travail intellectuel, op. cit., p. 163–175. Dans les manuscrits, on le trouve parfois attribué à Rémy d’Auxerre (mort en 906) ou à Bède le Vénérable (mort en 735), mais ces attributions sont erronées puisqu’il s’agit manifestement d’un ouvrage du XIIIe siècle. Les études les plus récentes sur le sujet ont démontré l’inconsistance de l’attribution à Langton et soulignent la présence de plusieurs versions sans cesse remaniées dans le milieu universitaire. Voir Dahan G., «  Lexique hébreu-latin ? Les recueils d’interprétation des noms hébraïques », dans Les manuscrits des lexiques et glossaires de l’Antiquité tardive à la fin du Moyen Âge, Hamesse J. éd., Louvain-la-Neuve, 1996 (Textes et études du Moyen Âge, 4.), p. 481–526, Murano G., « Chi ha scritto le Interpretationes hebraicorum nominum ? », dans Étienne Langton prédicateur, bibliste, théologien, Bataillon L.-J. − Bériou N. − Dahan G. − Quinto R. éd., Turnhout, 2010, p. 353–371, et Poleg E., « The Interpretations of Hebrew Names in Theory and Practice », dans Form and Function, op. cit., p. 217–236. 40 Pour sa diffusion dans les bibles, voir chapitre IV.h. 41 Les auteurs les plus récents qui se sont penchés sur la « Bible de Paris » ont en effet hésité à donner le nom d’édition à cette Bible, dans la mesure où il n’y a jamais eu de collation officielle du texte et d’approbation de la part d’une quelconque autorité. Néanmoins, on utilise souvent ce terme depuis le travail de Martin : « Ce fut cette innovation [la nouvelle capitulation] qui fit du ‘texte parisien’ une édition de la Bible, au sens où nous entendons encore ce mot, et qui rendit cette édition reconnaissable pour tout le monde, surtout à une époque où les bibles anciennes étaient encore assez nombreuses pour qu’on pût les comparer » (Martin, « Le texte parisien », op. cit., p. 64). Sur cette problématique, voir aussi Lobrichon, « Les éditions de la Bible latine », op. cit. 42 Roger Bacon revient sans cesse dans ses ouvrages sur la corruption du texte parisien. Voir à ce propos Light, « Roger Bacon and the Origin », op. cit., p. 487–490.

c Les bibles portatives, une nouveauté dans l’histoire de la Bible 

 13

grand nombre de variantes textuelles qui caractérisait depuis le début l’histoire de la Vulgate43 et les bibles d’origine parisienne sont loin de présenter un texte identique44, même si on y trouve des variantes récurrentes, vraisemblablement tirées du texte biblique de la Glose45. Ce texte hybride et non stabilisé, qui a continué à être corrigé au cours du XIIIe siècle, en particulier dans les milieux dominicains et franciscains, est toutefois resté en usage jusqu’à la fin du Moyen Âge et nous a été aussi transmis par les premières éditions imprimées de la Bible. On continuera à l’appeler « texte de l’Université », même si cette appellation n’est pas tout à fait appropriée. Toutes les caractéristiques paratextuelles mentionnées se retrouvent déjà dans la majorité des bibles produites en région parisienne à partir du 2e quart du XIIIe siècle, et elles vont rapidement se diffuser dans le reste de l’Europe : il existe de bonne heure en Angleterre et en Italie des bibles munies de la nouvelle capitulation et du glossaire des noms hébreux. Ce sont là, en effet, les deux éléments qui apparaissent le plus fréquemment dans les bibles produites hors de France : ils répondaient à des besoins largement répandus, tandis que l’ordre des livres et le choix des prologues propre au « texte de l’Université » ont eu plus de mal à s’imposer, dans la mesure où ils se heurtaient à des traditions bien enracinées46.

c Les bibles portatives, une nouveauté dans l’histoire de la Bible Conjointement à tous les changements que nous venons de décrire à propos du texte et de sa transmission, on assiste à une révolution dans l’aspect matériel de la Bible, qui prend de plus en plus souvent la forme d’un volume unique de dimensions réduites. Le processus de miniaturisation, s’il peut être indépendant de la structure textuelle, est étroitement lié à l’évolution de l’usage du texte biblique. A-t-on vraiment affaire au premier exemple de miniaturisation du texte sacré ? Si certains livres bibliques pris séparément, notamment le Psautier et les Évangiles, ont été copiés dans des volumes de format réduit au cours des siècles précédents, tout simplement parce qu’une quantité de texte limitée permettait de réduire aisément le format du volume, il n’en va pas de même pour l’ensemble de l’Ancien et du Nouveau Testament. Nous ne prendrons ici en considération que des textes bibliques complets ou des ensembles de livres cohérents ayant fait l’objet d’une miniaturisation systématique. Il en ressort qu’avant le XIIIe siècle les exemples connus sont presque inexistants et ne concernent que le Nouveau Testament. C’est ainsi qu’entre le VIIe et le IXe siècle, des manuscrits des Évangiles de format maniable et transportable ont été produits en zone insulaire. Ils étaient très probablement destinés à l’usage personnel des moines irlandais qui se déplaçaient souvent, comme le feront, quelques siècles plus tard, les frères mendiants47. Cette production est toutefois limitée et ne semble pas avoir fait d’émules au cours des siècles suivants.

43 Pour la position du « texte de l’Université » dans la tradition du texte de la Vulgate, voir les quelques pages qu’Henri Quentin a consacrées au « groupe de l’Université » : Quentin, Mémoire sur l’établissement du texte, op. cit., p. 385–388. En substance, il s’agirait d’un texte de dérivation alcuinienne, mais avec de nombreuses variantes provenant des textes théodulfiens et italiens. Voir aussi Glunz, History of the Vulgate, op. cit., p. 259–293 ; Haastrup N., « Zur frühen Pariser Bibel − auf Grund skandinavischer Handschriften », Classica et Mediaevalia, 24 (1963), p. 242–269 ; 26 (1965), p. 394–401, et le stemma codicum dans Loewe R., « The Medieval History of the Latin Vulgate », dans Cambridge History of the Bible, op. cit., p. 102–154 : p. 103–105. Pour une discussion de ces études, voir Light, « Versions et révisions », op. cit., p. 75–82. La famille parisienne est identifiée par les philologues au moyen de la lettre Ω. Voir aussi plus loin, chapitre IV.g. 44 On citera par exemple le cas des bibles enluminées à Paris dans l’« atelier de Soissons » dans les années 1235–1245. Elles présentent de nombreuses ressemblances, mais ne semblent pas avoir été copiées à partir du même exemplar. Voir Branner R., «  The ‘Soissons Bible’ Paintshop in Thirteenth-Century Paris », Speculum, 44 (1969), p. 13–34 : p. 15. 45 Voir Glunz, History of the Vulgate, op. cit., p. 259–267 ; Haastrup, « Zur frühen Pariser Bibel », op. cit., p. 394–401. Pour une édition en ligne, toujours en cours, de la Bible latine glosée, voir le site Glossae Scriturae Sacrae-Electronicae (Gloss-e), dirigé par Martin Morard (https:// gloss-e.irht.cnrs.fr/index.php, dernière consultation  : 24/09/2021). Voir aussi le carnet Sacra pagina (https://big.hypotheses.org/, dernière consultation : 24/09/2021). 46 Voir Light, « Versions et revisions », op. cit., p. 91–93 ; Lobrichon, « Pour l’étude de la tradition et du texte », op. cit., et le chapitre IV.f. 47  « The pocket Gospels were carried by the Irish monks in satchels, and they may have served the same function as the small bibles or portable breviaries carried by the friars in later centuries. » Voir McGurk P., « The Irish Pocket Gospels Book », Sacris Erudiri, 8/2 (1956), p. 248–276 : p. 250. Huit de ces manuscrits sont conservés : ils ont une hauteur comprise entre 125 et 175 mm et présentent une écriture de petit module, très riche en abréviations, tracée sur un parchemin de qualité médiocre. En outre, leur structure est « modulaire » : chaque cahier contient le texte complet d’un Évangile (sans préfaces, listes de chapitres et tables de canons), chacun copié par un scribe différent. À propos

14 

 I Les avatars de la Bible latine jusqu’au XIIIe siècle

Il faut attendre la fin du XIIe siècle pour voir se multiplier les nouveaux testaments miniaturisés (ill. 15). Il s’agit de manuscrits portatifs contenant le texte complet du Nouveau Testament, qui ont été copiés surtout dans le nord de l’Italie et dans le sud de la France entre la fin du XIIe siècle et le milieu du XIIIe. Nous en avons compatibilisé une centaine. Ces manuscrits n’ont pas été conçus en fonction de la liturgie, mais semblent plutôt avoir été destinés à la lecture personnelle, et leur production, presque absente du nord de l’Europe, paraît liée, au moins en partie, à l’activité des confréries de laïcs nées dans cette région. Il s’agissait aussi de contrer l’influence des groupes hérétiques qui exaltaient une lecture littérale du Nouveau Testament48. Bien que ces manuscrits, dont les caractéristiques textuelles et codicologiques sont encore traditionnelles, ne soient liés ni au monde universitaire ni aux frères mendiants, ils présentent une intéressante série de convergences avec les bibles portatives d’origine italienne et se prêtent à des comparaisons concernant la diffusion du texte de l’Université, la mise en page et la décoration49. En ce qui concerne les pandectes, le panorama est différent : jusqu’à la fin du XIIe siècle, elles sont normalement de dimensions imposantes, à quelques exceptions près. La principale est constituée par les bibles de Théodulf d’Orléans, dont les dimensions sont réduites par rapport aux autres bibles carolingiennes. Elles mesurent environ 320×230 mm. Il s’agit là de volumes assurément maniables, mais on est encore loin d’une véritable miniaturisation et cette production est restée sans émules au cours des siècles suivants. Le processus qui portera à la réalisation des bibles portatives débute vers le milieu du XIIe siècle. À cette époque remontent les premières bibles de format maniable (taille 380 mm), plus difficiles à transporter et dont le public était vraisemblablement différent46. Est-ce que la distribution de la taille est la même pour tous les grands centres de production ? Le Graphique 5 illustre les disparités entre les trois principaux pays de production et le Tableau 8 montre les détails de chaque distribution. L’un comme l’autre font apparaître que les moyennes globales masquent, en réalité, des différences considérables entre pays. Graphique 5: Distribution des manuscrits par taille et pays d’origine. 40% 35% 30% 25% 20% 15% 10% 5% 0%

600 f.

226

15,8%

1432

100,0%

total

Le nombre de feuillets est en moyenne beaucoup plus élevé que dans les catégories textuelles « ordinaires ». En effet, selon une estimation fournie par Denis Muzerelle et Ezio Ornato49, le nombre optimal de feuillets dans les manuscrits médiévaux se situe entre 100 et 200 feuillets, et même si on assiste à une augmentation du pourcentage des manuscrits comportant plus 200 de feuillets pendant les derniers siècles du Moyen Âge, à peine 5% des manuscrits avaient plus de 350 feuillets aux XIIIe et XIVe siècles. La raison première de cette abondance de feuillets réside bien évidemment dans la longueur considérable du texte biblique. Face à cette donnée incontournable, les solutions adoptées dépendent des choix – souvent interdépendants, voire contradictoires – privilégiés au moment de la transcription. Sur le plan matériel, ces choix relèvent essentiellement du domaine de la volumétrie : il s’agit premièrement des dimensions, qui peuvent être grandes, moyennes ou petites ; deuxièmement, du caractère plus ou moins « monolithique » de la masse textuelle, qui peut être ou non répartie sur deux ou plusieurs volumes ; enfin, de l’épaisseur du (ou de chaque) volume, qui ne doit pas dépasser une certaine limite, au risque de compromettre la solidité et la maniabilité de l’ensemble. Les caractéristiques de l’objet fini sont tributaires du degré plus ou moins contraignant de l’un ou l’autre choix et, bien entendu, de l’existence de techniques artisanales permettant de répondre aux contraintes matérielles d’une manière satisfaisante ou du moins acceptable. Dans la pratique, les solutions adoptées jusqu’au XIIIe siècle ont été au nombre de deux : soit la réalisation d’un volume unique de très grande taille, soit la subdivision du texte biblique en plusieurs volumes de dimensions grandes ou moyennes. Étant donné la longueur du texte biblique et les faibles « performances », en termes d’encombrement, de l’écriture utilisée – l’onciale d’abord et dans une moindre mesure la caroline –, la confection d’une bible « monolithique » s’accompagnait nécessairement d’une augmentation à la fois de la taille et du nombre de feuillets. Ainsi, la première bible en un seul volume qui nous soit parvenue, le Codex Amiatinus, écrit au début du VIIIe siècle, présente une volumétrie absolument remarquable : il contient 1030 feuillets et sa taille est de 845 mm (505×340 mm)50. Si à l’époque carolingienne on continue à produire des bibles de grandes dimensions, souvent en un seul volume, à l’époque romane on préfère souvent alléger la contrainte dimensionnelle en subdivisant le texte en deux ou trois volumes. Une exception remarquable est constituée par les bibles atlantiques. Leurs dimensions imposantes ne semblent pas être seulement le fruit d’une contrainte matérielle : il s’agit de bibles d’apparat dont la taille comporte en quelque sorte une composante

48 Nous ignorons le nombre de feuillets pour 57 manuscrits, soit 3,3% du corpus. Les manuscrits mutilés (14,4% du total) ont aussi été exclus de tous les calculs suivants. En revanche, on n’a pas tenu compte ici de la présence ou de l’absence volontaire de certains livres de la Bible, tels que le Psautier, Baruch, III Esdras, étant donné que beaucoup de catalogues ne signalent pas les lacunes textuelles. Cette omission n’est pas de nature à changer les grandes tendances que nous avons dégagées. 49 Voir Muzerelle – Ornato, « La terza dimensione del libro », op. cit., p. 48–61. 50 Firenze, Bibl. Medicea Laurenziana, Amiat. 1. Dans ce manuscrit, le texte est disposé par cola et commata, ce qui entraîne assurément une perte d’espace.

d Nombre de feuillets  

 47

« idéologique ». En effet, leur nombre de feuillets ne dépasse que rarement les 400, et de plus le texte est parfois divisé en deux volumes, sans doute pour en accroître la maniabilité51. La dialectique des contraintes et des choix envisageables est déjà perceptible chez Cassiodore, qui avait fait établir pour son monastère de Vivarium trois transcriptions de la Bible (toutes perdues aujourd’hui), une pour chacune des versions du texte qui circulait à l’époque. Dans un passage bien connu de ses Institutiones, il mentionne une bible en neuf volumes, destinée vraisemblablement à l’étude, ainsi qu’un codex grandior – duquel s’inspire le Codex Amiatinus –, constitué de 95 quaternions, soit 760 feuillets. Comme on le voit, la première transcription est exempte de toute contrainte volumétrique tandis que, dans l’autre, le texte doit nécessairement être contenu dans un seul volume. Cependant, la troisième transcription voulue par Cassiodore semble avoir été soumise à une condition supplémentaire : Hunc autem pandectem propter copiam lectionis minutiore manu in senionibus quinquaginta tribus aestimavimus conscribendum, ut quod lectio copiosa tetendit, scripturae densitas adunata contraheret52.

D’après ce passage, la longueur du texte aurait requis l’adoption d’une écriture particulièrement petite, qui aurait dû couvrir 53 sénions, correspondant à 636 feuillets. Or, puisque la longueur du texte était une donnée commune aux trois versions53, nous pouvons en déduire que ce n’était pas seulement ce paramètre qui avait imposé ce tour de force, mais aussi, et surtout, la volonté de le contenir dans un volume unique de format maniable54. Dans ces conditions, le fait de rassembler toute la bible en 636 feuillets constituait un exploit hors du commun, qui n’allait cependant pas sans compromis : l’utilisation d’une écriture anormalement petite pour l’époque devait constituer un pis-aller puisque, à propos du codex grandior, Cassiodore fait mention d’une écriture plus lisible (clarior)55. D’après les témoignages dont nous disposons – et à l’exception des bibles de Théodulf, déjà mentionnées –, l’expérience ne semble pas avoir été rééditée avant la fin du XIIe siècle, avec les premiers essais de réduction significative des dimensions. Au XIIIe siècle, avec les bibles portatives, le monolithisme de la transcription constitue pratiquement une règle absolue. Dans notre corpus, la solution « de facilité » consistant à diviser le texte en plusieurs volumes n’est adoptée que dans 1,4% des cas56. Pour comprendre comment on est arrivé à ce résultat, il convient donc de mieux cerner l’interrelation entre les dimensions des feuillets et leur nombre et il nous paraît important de donner dès à présent quelques résultats portant sur la totalité du corpus ; en effet, l’interdépendance entre ces deux paramètres constitue l’une des caractéristiques spécifiques de notre catégorie livresque et sera omniprésente dans la suite de l’analyse. Cette interdépendance saute immédiatement aux yeux : le nombre de feuillets est inversement proportionnel à la taille (Tableau 11). 44,7% des manuscrits de taille inférieure à 230 mm ont un nombre de feuillets supérieur à 600, alors que ce pourcentage n’est que de 6,4% pour les tailles comprises entre 380 et 450 mm. Inversement, aucun manuscrit de la première tranche dimensionnelle ne réussit l’exploit de contenir la Bible entière dans moins de 300 feuillets.

51 Le poids d’une bible atlantique en un seul volume est considérable. La division en deux volumes a pu avoir lieu dès l’origine ou à une époque plus tardive. La structure modulaire de ces manuscrits (la fin d’un livre de la Bible coïncide souvent avec celle d’un cahier – voir plus loin chapitre V) avait pour but, entre autres, de faciliter cette opération. Sur la structure de ces bibles, voir Maniaci, « La struttura delle Bibbie atlantiche », op. cit. 52 « À cause de l’amplitude du texte, nous avons décidé de transcrire cette pandecte d’une écriture plus petite dans cinquante-trois sénions, de sorte que l’amplitude du texte soit compensée par la densité de l’écriture. » Voir Cassiodorus, Institutiones, I, XII, 3 (Cassiodori senatoris institutiones, Mynors R. A. B. éd., Oxford, 1961, p. 37). Au sujet des bibles décrites par Cassiodore, voir, entre autres, Gribomont J., « Cassiodore et ses bibles latines », dans Flavio Magno Aurelio Cassiodoro. Atti della settimana di studi, Cosenza – Squillace 19–24 settembre 1983, Leanza S. éd., Catanzaro, 1986, p. 262–280 et Fischer B., « Codex Amiatinus und Cassiodor », Biblische Zeitschrift, 6 (1962), p. 57–79. Par ailleurs, la célèbre image d’Esdras dans le premier cahier du Codex Amiatinus semble représenter la situation décrite par Cassiodore : on y voit en effet neuf volumes disposés à plat dans une armoire, un volume de grandes dimensions sur les genoux d’Esdras et, sur le plancher, un volume plus petit qui pourrait bien être celui dont parle Cassiodore dans le passage cité. Voir, entre autres, Corsano K., « The first quire of the Codex Amiatinus and the Institutiones of Cassiodorus », Scriptorium, 41 (1987), p. 3–34 : p. 15–22. 53 Le terme « commune » doit être pris au sens large puisqu’il s’agit de traductions différentes du texte biblique. 54 Bien évidemment, cela ne signifie pas qu’il s’agissait d’un volume portatif, mais plutôt d’un volume dont les dimensions étaient courantes pour l’époque. 55 Tertia vero divisio est in codice grandiore, littera clariore conscripto, qui habet quaterniones nonaginta quinque (Cassiodorus, Institutiones, I, 14, 2). « La troisième division se trouve dans le plus grand codex, transcrit dans une écriture plus lisible, qui contient 95 quaternions. ». 56 19 bibles du grand corpus sont aujourd’hui divisées en deux volumes, cinq en trois volumes, une en cinq. Soulignons que la configuration actuelle ne préjuge en rien de celle d’origine.

48 

 III Les manuscrits conservés : caractéristiques générales

Tableau 11: Corrélation entre la taille et le nombre de feuillets. Taille

≤300 f.

301–450 f.

451–600 f.

>600 f.

total

nombre moyen de feuillets

≤230 mm

0,0%

6,8%

48,5%

44,7%

100,0%

583

231–280 mm

0,3%

18,8%

53,5%

27,5%

100,0%

536

281–330 mm

2,2%

50,3%

38,0%

9,6%

100,0%

459

331–380 mm

5,4%

51,0%

38,5%

5,0%

100,0%

439

381–450 mm

1,9%

54,0%

37,7%

6,4%

100,0%

446

total

2,0%

38,8%

43,2%

15,9%

100,0%

484

La réalisation d’une bible de petites dimensions présuppose donc une augmentation parallèle du nombre de feuillets. Ce phénomène semble tout à fait logique, dès lors que le module de l’écriture ne peut être rapetissé à l’infini pour comprimer le texte. Il semble toutefois en contradiction avec un constat de portée générale : dans les livres normaux », le nombre de feuillets tend à croître avec la taille57 et le nombre de feuillets y est beaucoup plus faible que dans les bibles portatives. D’ordinaire, les manuscrits d’une taille inférieure à 400 mm contiennent en moyenne entre 50 et 150 feuillets, et les grands manuscrits comptent à peine 250 feuillets. Ce phénomène obéit lui aussi à la logique, car, à nombre de feuillet égal, un petit volume apparaît toujours plus « massif » qu’un grand, ce qui, dans les cas extrêmes, porterait préjudice à la fois à l’esthétique et à la maniabilité. Cette corrélation positive entre les dimensions et le nombre de feuillets est observable dans les manuscrits tout au long du Moyen Âge et peut donc être considérée comme une caractéristique intrinsèque du manuscrit médiéval. La corrélation positive s’explique par une exigence d’ordre esthétique : celle d’obtenir un volume d’une épaisseur optimale, c’est-à-dire ni trop épais ni trop mince. Cette exigence peut se manifester sans entraves au niveau général, car le paramètre « longueur du texte » n’est pas fixe ; dans une telle situation de liberté, on aura spontanément tendance à inscrire les textes les plus longs dans des volumes de grandes dimensions. Le cas des bibles portatives est à l’évidence différent, car il y a une double contrainte supplémentaire : tous les copistes doivent transcrire le même texte, et ce texte, très long, doit être comprimé dans un espace limité, tout en en préservant la lisibilité. Il s’agit là d’une logique d’ordre fonctionnel qui prime nécessairement sur la précédente. En effet, dans un contexte aussi contraignant, il était impossible de réduire le nombre de feuillets en deçà d’une certaine limite ; pour le faire, il aurait fallu multiplier le nombre de lignes par page, ce qui aurait à coup sûr compromis la lisibilité du texte. L’augmentation du nombre de feuillets était donc la seule solution qui s’offrait à l’artisan. Or, une augmentation du nombre de feuillets implique une augmentation notable de l’épaisseur du volume ou, à défaut, une éventuelle division du texte en deux volumes – solution qui, semble-t-il, dans le cas des bibles portatives, n’avait pas la préférence des lecteurs. Et cela se comprend : alors que les bréviaires portatifs pouvaient être aisément divisés en deux sections « saisonnières » (pars hiemalis et pars aestivalis) qui ne demandaient pas à être utilisées simultanément, la nouvelle finalité de la Bible était difficilement compatible avec une division en plusieurs volumes. Ce qu’il fallait réaliser, c’étaient donc des volumes unitaires qui seraient en même temps maniables et lisibles. Cet exploit ne pouvait être accompli qu’au moyen d’autres expédients que nous étudierons dans les prochains chapitres. Par ailleurs, on ne s’étonnera pas du manque d’homogénéité dans la distribution géographique des manuscrits en fonction du nombre de feuillets, qui reflète logiquement les différences nationales constatées à propos des dimensions (Tableau 12 et Graphique 6). Les manuscrits d’origine française, de petites dimensions, comportent un grand nombre de feuillets, alors que les bibles italiennes, plus grandes, concentrent la même quantité de texte dans un nombre inférieur de feuillets. Les bibles d’origine anglaise, usant de formats plus variés, se retrouvent encore une fois à mi-chemin. Semblablement, le nombre de feuillets moyen des bibles d’origine parisienne est supérieur à celui du corpus : il s’élève à 539 feuillets contre 473 feuillets en moyenne pour toutes les autres. Certes, de multiples facteurs viennent compliquer l’interprétation de ce tableau général, mais ce premier aperçu devrait faciliter la lecture des analyses des chapitres suivants, dans lesquelles les classes dimensionnelles et de nombre de feuillets seront systématiquement utilisées.

57 Voir Muzerelle – Ornato, « La terza dimensione del libro », op. cit., p. 54–59. Certains livres liturgiques, dont les bréviaires portatifs, font exception au même titre que les bibles.

d Nombre de feuillets  

Tableau 12: Distribution des manuscrits en fonction du pays d’origine et du nombre de feuillets (en nombre et en pourcentage). Nombre de feuillets ≤300 f.

Angleterre

France

France du Nord ou Angleterre

Italie

pays germaniques et slaves

péninsule ibérique

autres origines ou origine inconnue

total

8 4,1%

6 1,0%

1 1,7%

3 2,0%

0,0%

0,0%

11 2,7%

29 2,0%

301–450 f.

90 46,4%

157 26,9%

24 41,4%

95 62,1%

8 40,0%

14 70,0%

170 42,2%

558 39,0%

451–600 f.

74 38,1%

290 49,7%

27 46,6%

52 34,0%

6 30,0%

3 15,0%

167 41,4%

619 43,2%

>600 f.

22 11,3%

131 22,5%

6 10,3%

3 2,0%

6 30,0%

15,0%

55 13,6%

226 15,8%

58

20

20

total mss

194

584

total %

100,0%

100,0%

153

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

Graphique 6: Distribution des manuscrits en fonction du pays d’origine et du nombre de feuillets. 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0%

≤300 f.

301–450 f. Angleterre

451–600 f. France

Italie

>600 f.

403 100,0%

1432 100,0%

 49

IV Le contenu biblique et paratextuel des bibles portatives au XIIIe siècle Si les manuscrits bibliques ont constitué, tout au long du Moyen Âge, un laboratoire des plus intéressants pour les nouveaux procédés de fabrication livresque et fournissent ainsi un champ d’étude privilégié pour la codicologie, il ne faut pas oublier que c’est justement en raison du caractère exceptionnel de ce texte. C’est pourquoi les deux principales approches de la Bible manuscrite – concernant le contenu et la matière – sont indissociables dans l’étude quantitative de cette catégorie de livres. Avant de procéder à une analyse fouillée de l’aspect matériel, nous tenterons donc d’offrir ici une vue d’ensemble des caractéristiques du contenu des bibles portatives. Comme nous l’avons déjà noté, en l’absence d’une version officielle, authentifiée par des autorités compétentes, la nouveauté du « texte de l’Université » ou « Bible de Paris » réside avant tout dans un ordre déterminé des livres bibliques et dans une série de caractéristiques paratextuelles1 que nous appellerons désormais, ensemble, « habillage du texte ». C’est principalement à ces caractéristiques, ainsi qu’à l’absence ou à la présence des textes deutérocanoniques et de quelques textes complémentaires, que sera consacré ce chapitre.

a L’ordre des livres bibliques La caractéristique la plus aisément observable dans les bibles du XIIIe siècle, et qui, dans la plupart des cas, permet d’identifier assez vite une « Bible de Paris », est certainement l’ordre des livres bibliques. Il faut rappeler ici que cet ordre – qui se stabilise dans les bibles à partir du début du XIIIe siècle et correspond presque exactement à celui de la Bible en usage aujourd’hui2 – était à l’époque une nouveauté. Il convient donc de rappeler cette nouvelle séquence des livres bibliques, ainsi que les ordres les plus couramment utilisés dans les bibles latines depuis l’Antiquité3, qu’on trouve encore représentés dans notre corpus du XIIIe siècle. Précisons que la numérotation et les regroupements typologiques proposés dans ce chapitre ont été créés en fonction de l’analyse statistique nécessaire à notre recherche et n’ont pas l’ambition de devenir une référence4. C’est pour cette raison que nous avons tenu à expliciter en annexe l’ordre de chacun des manuscrits concernés (voir Annexes 2 et 3). I. – – – – –

Ordre parisien : Octateuque et autres livres historiques, dans cet ordre : I–IV Rois, I–II Paralipomènes (+ Prière de Manassé), Esdras – Néhémie, III Esdras, Tobie, Judith, Esther ; Livres poétiques et sapientiaux, dans cet ordre : Job, Psaumes, Proverbes, Ecclésiaste, Cantique des cantiques, Sagesse, Ecclésiastique (Siracide) ; Grands et Petits Prophètes, dans cet ordre : Isaïe, Jérémie, Lamentations, Baruch, Ézéchiel, Daniel, Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahum, Habacuc, Sophonie, Aggée, Zacharie, Malachie ; I–II Maccabées ; Nouveau Testament, dans cet ordre : Évangiles, Épîtres pauliniennes, Actes des Apôtres, Épîtres catholiques, Apocalypse.

1 Pour une réflexion sur la notion de paratexte et sur son usage dans l’étude des manuscrits médiévaux, voir Andrist P., « Toward a Definition of Paratexts and Paratextuality : The Case of Ancient Greek Manuscripts », dans Bibles as Notepad. Tracing Annotations and Annotation Practices in Late Antique and Medieval Biblical Manuscripts, Lied L. I. – Maniaci M. éd., Berlin – Boston, 2018 (Manuscripta Biblica,  3), p. 130–149. 2 La seule différence – en dehors de l’absence de certains livres deutérocanoniques – est constituée par la position des Actes des Apôtres qui dans la Vulgate en usage aujourd’hui sont placés à la suite des Évangiles. En revanche, dans les traductions en langues modernes de la Bible – du moins celles en usage chez les catholiques –, les Maccabées sont normalement situés entre Esther et Job, et non à la fin de l’Ancien Testament. 3 La concurrence d’au moins trois ordres différents – selon saint Jérôme, selon saint Augustin et selon la version des Septante – est déjà attestée au VIe siècle par la description de Cassiodore dans les Institutiones (I, 1–14 ; Cassiodori senatoris institutiones, op. cit., p. 11–41). Au sujet du canon biblique et de l’ordre des livres, voir, entre autres, Wermelinger, « Le canon des latins », op. cit., p. 153–210. 4 Nous n’avons pas utilisé la repartition en sept groupes proposée par Samuel Berger car elle ne s’adaptait pas à l’analyse de notre corpus. Voir Berger, Histoire de la Vulgate, op. cit., p. 331–339. https://doi.org/10.1515/9783110757392-005

a L’ordre des livres bibliques 

 51

Cet ordre se caractérise en particulier par le regroupement de tous les livres historiques au début du volume – à l’exception des livres des Maccabées qui, relatant des faits très tardifs, se prêtaient à être placés juste avant le Nouveau Testament. Il s’agit en effet d’un ordre fondé sur le contenu – en particulier sur son « sens littéral » –, inspiré par l’ordre suivi dans les écoles du XIIe siècle pour les commentaires de la Bible5. II. Ordre hiéronimien6. Le premier par son importance, mais non par sa diffusion, est assurément l’ordre que propose saint Jérôme dans son prologue au livre des Rois7. Cet ordre des livres de l’Ancien Testament, basé sur le canon hébraïque, est caractérisé principalement par l’insertion des Prophètes après le livre des Rois et par l’élimination ou le regroupement à la fin de l’Ancien Testament des livres deutérocanoniques. S’il n’a presque jamais été suivi à la lettre, sinon dans les bibles théodulfiennes, cet ordre était largement commenté au Moyen Âge et il a été utilisé, avec des variantes, dans un bon nombre de manuscrits antérieurs au XIIIe siècle, notamment dans les bibles de Tours8 et dans certaines bibles atlantiques9. III. Ordre augustinien10. Saint Augustin avait aussi proposé son propre ordre dans le De doctrina christiana, mais celui-ci ne semble pas avoir eu beaucoup de succès avant le XIIIe siècle, du moins en tant que projet de réalisation des bibles manuscrites. Saint Augustin n’utilisait pas la Vulgate hiéronymienne, mais les vieilles traductions dérivées de la version grecque des Septante, et il acceptait donc les livres deutérocanoniques. L’ordre qu’il propose est ainsi inspiré de l’ordre hexaplaire et se caractérise par le fait que tous les livres historiques sont regroupés au début. C’est précisément cette caractéristique augustinienne qui est reprise dans le nouvel ordre du XIIIe siècle. Au XIIIe siècle, ces ordres sont encore présents, avec des nombreuses variantes mineures, partout en Europe, mais d’autant plus qu’on est loin de Paris11. En même temps, la grande diffusion du nouvel ordre parisien témoigne de son succès, d’autant plus remarquable que cet ordre ne pouvait se prévaloir d’aucune tradition préexistante. Quelle est donc sa fréquence d’apparition dans notre corpus ? Avant toute chose, on soulignera la grande variété des séquences de livres qui y sont représentés : nous avons décompté, en effet, 72 séquences différentes12. Afin d’en faciliter l’étude, nous les avons regroupées en « types » qui se rapportent aux ordres principaux décrits ci-dessus. Par ailleurs, nous avons limité l’analyse aux manuscrits consultés par nos soins13, avec cependant quelques exceptions. Nous avons exclu du décompte les manuscrits qui étaient sévèrement mutilés, au point qu’il était impossible de s’assurer de la présence de certains livres ou de leur place dans la succession du texte. Les résultats pour les 262 manuscrits retenus sont présentés dans le tableau suivant. 5 Sur ces sujets, voir les contributions de Laura Light et en particulier Light, « French Bibles c. 1200–30 », op. cit., p. 159–163. Sur l’exégèse littérale des Écritures au XIIe siècle, voir Smalley, The Study of the Bible, op. cit., p. 214–242. 6 Pentateuque, Prophètes « antérieurs » (Ios., Iud., Ruth, I–IV Reg.), Prophètes postérieurs (tous les prophètes à l’exclusion de Daniel et Baruch), Hagiographa (Job, Ps., Prov., Eccle., Cant., Dan., Par., I–II Esdr., Esth.). Les livres deutérocanoniques (Sap., Sir., Jdth, Tob., I–II Macc.) sont parfois regroupés à la fin. 7 Prologus Galeatus (RB 323). 8 Voir Fischer, Bibelhandschriften, op. cit., p. 271–275. 9 Dans la plupart de ces bibles, les Prophètes prennent place après les livres des Rois, l’Ancien Testament se termine avec la séquence Job − Tobie – Judith – Esther – Maccabées et les épîtres pauliniennes se trouvent à la fin du Nouveau Testament. Puisque la caractéristique principale de cet ordre est la position des Prophètes à la suite de l’Octateuque, ce choix soulignait aux yeux des réformateurs du XIe siècle la liaison entre la Loi et le Nouveau Testament à travers les prophéties. Voir Lobrichon, « Riforma ecclesiastica », op. cit., p. 15–26. 10 Octat., I–IV Reg., Par., Job, Tob., Esth., Jdth, I–II Macc., I–II Esdr., Ps., Prov., Eccle., Cant., Sap., Sir., XII Proph., Is., Ier., Ez., Dan., Evang., Ep. Paul., Ep. Cath., Act., Apoc. (Augustinus, De doctrina christiana, II, 8, 13). Voir La Bonnardière A.-M., « Le canon des divines Écritures », dans Saint Augustin et la Bible, La Bonnardière A.-M. éd., Paris, 1986 (Bible de tous les temps, 3), p. 287–301. 11 Notons que les bibles antérieures au XIIIe siècle, et surtout celles produites au sein de certains ordres monastiques tels que les cisterciens et les chartreux, pouvaientt aussi présenter les livres ordonnés selon le cycle annuel des lectures à l’office de Matines, à partir du dimanche de la Septuagésime. Toutefois, cet ordre n’est pas du tout représenté dans notre corpus. 12 Samuel Berger avait compté 212 séquences différentes des livres dans les bibles latines qu’il avait consultées. L’ordre parisien est le n° 93, dans le IVe groupe. Voir Berger, Histoire de la Vulgate, op. cit., p. 331–339. 13 Faute de pouvoir les vérifier de visu, nous n’avons pas tenu compte des renseignements provenant des descriptions catalographiques. Il faudrait d’ailleurs distinguer les notices qui donnent la liste complète du contenu, comme c’est le cas pour plusieurs catalogues récents, de celles qui ne livrent qu’une définition générique (« texte parisien » – « texte monastique ») dont on ne peut pas déduire grand-chose étant donné qu’un texte avec des variantes textuelles anciennes peut être ordonné selon l’ordre parisien et vice-versa.

52 

 IV Le contenu biblique et paratextuel des bibles portatives au XIIIe siècle

Tableau 13: Répartition des manuscrits par ordre des livres. Type d’ordre I. ordre de type parisien

total « parfait »

%

128

48,9%

avec omissions de contenu (OrMan, III Esdr, Ps)

69

26,3%

avec inversions (et omissions de contenu)

33

12,6%

II. ordre de type hiéronymien

4

1,5%

III. ordre de type augustinien

14 5

1,9%

autres ordres

9

3,4%

262

87,8%

5,3

IIIbis. ordre de type augustinien avec Sapientiaux à la fin de l’AT tous les ordres

%

12,2%

100,0% 100,0%

Il en ressort que la grande majorité des manuscrits (87,8%) présente un ordre des livres de type parisien et que les autres ordres ne regroupent que quelques manuscrits chacun14. Précisons que, parmi les ordres non parisiens, il n’y a pas deux manuscrits ayant exactement la même séquence. Néanmoins, on peut leur trouver de nombreuses ressemblances. Tout d’abord, les quatre manuscrits avec un ordre de type hiéronymien présentent, comme la plupart des bibles atlantiques, tous les Prophètes réunis à la suite des livres des Rois. Ensuite, les manuscrits présentant un ordre que nous avons qualifié d’augustinien ont une importante caractéristique en commun avec l’ordre parisien : ils rassemblent les livres historiques au début, mais avec des séquences très variables. Ils terminent l’Ancien Testament avec les Prophètes, alors que les Maccabées sont généralement placés dans une position variable, mais toujours avant les Prophètes. Ensuite, il existe une variante de ce type qui regroupe tous les livres sapientiaux à la fin de l’Ancien Testament. Près de la moitié des bibles ont adopté une version « parfaite » de l’ordre parisien. 26,3 % des manuscrits suivent le même ordre, mais avec une ou plusieurs omissions concernant les Psaumes ou deux textes deutérocanoniques (Prière de Manassé et III Esdras) – nous reviendrons plus loin sur ces omissions. Enfin, 12,6 % des manuscrits, tout en restant globalement fidèles à l’ordre parisien, présentent une inversion dans l’ordre des livres. Précisons que, dans ces derniers cas, il ne s’agit pas du déplacement de « blocs » de livres de l’Ancien Testament de contenu similaire, mais d’inversions mineures, ainsi que d’inversions des livres placés à la suite des Évangiles. En ce qui concerne l’Ancien Testament, les cas se réduisent à neuf ; ils consistent en un déplacement des Psaumes, ou en une inversion dans l’ordre des livres sapientiaux, ou encore en une inversion dans le couple Judith – Esther, qui s’explique par le fait que, dans les ordres anciens suivis aux siècles précédents, la séquence Tobie – Esther – Judith était tout aussi courante. Les modifications de l’ordre du Nouveau Testament sont en revanche beaucoup plus fréquentes et concernent 23 manuscrits, soit 10% des bibles dont l’ordre est de type parisien. Au total, on observe 11 séquences différentes, dont quatre ne sont pas représentées dans les bibles avec l’ordre de type parisien ; ces quatre séquences constituent par ailleurs des singularités. La répartition de ces séquences est fournie dans le Tableau 14. Toujours à propos de l’ordre du Nouveau Testament, on assiste dans sept cas à une inversion interne de la séquence des Épîtres pauliniennes : l’épître aux Colossiens est déplacée après les épîtres aux Thessaloniciens dans quatre bibles avec l’ordre parisien dans le Nouveau Testament et dans trois bibles qui présentent un ordre différent. Ce phénomène, très rare dans les bibles complètes du XIIIe siècle mais relativement fréquent aux siècles précédents, ne concerne qu’un seul manuscrit – assez précoce – d’origine parisienne15. On le rencontre, en revanche, dans trois bibles originaires du nord-est de l’Italie16. 14 Ces résultats sont très proches de ceux qu’on obtient en incluant dans le décompte un certain nombre de notices plus ou moins approfondies (pour arriver à 500 bibles au total) provenant des catalogues : ordre de type parisien : 85,4% ; ordres non parisiens : 14.6%. 15 Paris, BnF, lat. 15475. Il s’agit d’une des premières bibles à adopter l’ordre parisien (voir Light, « French Bibles c. 1200–30 », op. cit., p. 176). La taille de ce volume reste cependant très élevée (450 mm). 16 Quelques manuscrits portatifs contenant le Nouveau Testament copiés au XIIIe siècle et originaires de cette région présentent la même particularité.

a L’ordre des livres bibliques 

 53

Tableau 14: Répartition des manuscrits selon l’ordre des livres du Nouveau Testament. Ordre du Nouveau Testament

ordre AT de type parisien

Evang – Act – Apoc – Cath – Paul Evang – Act – Cath – Apoc – Paul Evang – Act – Cath – Paul – Apoc Evang – Act – Paul – Cath – Apoc Evang – Apoc – Act – Cath – Paul Evang – Apoc – Cath – Paul – Act Evang – Cath – Paul – Act – Apoc Evang – Paul – Act – Apoc – Cath Evang – Paul – Act – Cath – Apoc Evang – Paul – Apoc – Act – Cath Evang – Paul – Cath – Act – Apoc

2 207 1 6

tous les ordres

230

1 7 6

autres

total

%

1 2 7 3 1 1 1 2 13 1

1 3 14 9 1 1 1 4 220 1 7

0,4% 1,1% 5,3% 3,4% 0,4% 0,4% 0,4% 0,4% 84,0% 0,4% 2,7%

32

262

100,0%

À l’évidence, le nouvel ordre de la bible parisienne jouit d’une faveur certaine au XIIIe siècle, bien qu’un petit nombre de manuscrits conserve des ordres anciens. Néanmoins, tout en acceptant dans les grandes lignes le nouvel ordre des livres, plus d’un tiers des volumes présente des variantes mineures portant notamment sur la séquence néotestamentaire et, dans l’Ancien Testament, sur l’insertion des Psaumes et des textes deutérocanoniques. Or, ces variations ne sont pas distribuées uniformément dans notre population de bibles. Sur le plan chronologique d’abord : si aucun manuscrit antérieur au premier quart du XIIIe siècle ne contient l’ordre parisien, celui-ci est déjà très majoritairement attesté en France et en Angleterre dès le deuxième quart du siècle. La bible portative conservée à Dole et datée de 123417 comporte déjà l’ordre parisien « parfait ». À la bible copiée à Toulouse en 123518 il ne manque que III Esdras. Au contraire, aucune bible italienne datable de la première moitié du siècle ne contient l’ordre de type parisien, alors qu’il devient largement majoritaire vers le milieu du siècle19. La bible copiée à Viterbe en 125020, première bible portative datée d’origine italienne, est l’une des rares de cette origine à offrir un ordre parisien « parfait ». Sur le plan géographique surtout : 92,8% des manuscrits produits en France présentent un ordre de type parisien et 76,4% sous sa forme « parfaite » (Tableau 15). Ces pourcentages globaux grimpent respectivement à 98,4% et 86,9% pour les bibles qu’on peut supposer originaires de la ville même de Paris, tandis qu’ils descendent à 86,8% et 63,3% si l’on considère les bibles françaises non localisables à Paris. Les valeurs sont significativement inférieures lorsque nous avons affaire aux bibles d’origine anglaise ou italienne. En Angleterre, l’ordre parisien est bien représenté (83,4%), mais il l’est fréquemment avec des omissions concernant les Psaumes ou les livres deutérocanoniques, ou encore avec des inversions dans le Nouveau Testament. Les omissions textuelles sont fréquentes également en Italie, où l’ordre de type parisien est présent dans 74,1% des cas. On notera aussi que l’ordre parisien parfait est utilisé surtout dans le nord de l’Italie, alors qu’il n’apparaît jamais à Naples, où pourtant la production des bibles portatives semble avoir été influencée par la production française. L’ordre parisien est aussi prévalent, comme on pouvait s’y attendre, dans les bibles assurément d’origine septentrionale, mais de localisation incertaine (France du Nord ou Angleterre), dans les quelques bibles d’origine ibérique et dans les pays germaniques, où cependant la production est plus tardive. Touchant les variations dans la séquence du Nouveau Testament – présentes, nous l’avons vu, même dans les manuscrits qui pour l’Ancien Testament suivent l’ordre parisien –, on constate là encore des différences corrélées à l’origine. En France et en Angleterre, les ordres autres que l’ordre parisien – majoritaire – ont pour caractéristique de placer préférentiellement les Actes à la suite des Évangiles. En Italie, en revanche, presque toutes les combinaisons

17 Dole, BM, 15. Sur les premières bibles complètes, tous formats confondus, qui présentent l’ordre parisien, voir également Light, « French Bibles c. 1200–30 », op. cit. 18 Firenze, Bibl. Medicea Laurenziana, Acq. e doni, 149. 19 Dans les nouveaux testaments portatifs d’origine italienne, dont la production se concentre dans la première moitié du siècle, l’ordre parisien n’est suivi que dans 5 % des cas. 20 Città del Vaticano, BAV, Ottob. lat. 532.

54 

 IV Le contenu biblique et paratextuel des bibles portatives au XIIIe siècle

Tableau 15: Distribution des manuscrits par ordre des livres et par pays d’origine. Type d’ordre

I. ordre de type parisien

Angleterre

France

Italie

autres pays ou origine inconnue

ensemble

ordre parisien « parfait »

 4 11,1%

84 76,4%

10 17,2%

30 51,7%

128 48,9%

ordre parisien avec omissions de contenu (OrMan, III Esdr, Ps)

15 41,7%

11 10,0%

25 43,1%

18 31,0%

69 26,3%

ordre de type parisien avec inversions (et omissions de contenu)

11 30,6%

7 6,4%

 8 13,8%

 7 12,1%

33 12,6%

 0,0%

1 0,9%

 3 5,2%

0,0%

4 1,5%

III. ordre de type augustinien

 3 8,3%

1 0,9%

 8 13,8%

2 3,4%

14 5,3%

IIIbis. ordre de type augustinien avec Sapientiaux à la fin de l’AT

 1 2,8%

3 2,7%

 1 1,7%

0,0%

5 1,9%

autres ordres

 2 5,6%

3 2,7%

 3 5,1%

 1 1,7%

9 3,4%

total

36

58

58

II. ordre de type hiéronymien

total %

100,0%

110 100,0%

100,0%

100,0%

262 1000%

sont envisageables et en particulier celles qui présentent les Épîtres pauliniennes à la suite des Évangiles (5 cas) ou, au contraire, à la fin du volume, comme c’était le cas dans de nombreuses bibles atlantiques (4 cas). Dans l’ensemble, les dérogations par rapport à la séquence néotestamentaire parisienne constituent 8,2% des cas en France, 33% en Angleterre et 25,9% en Italie. La représentation réelle de chacun des ordres non parisiens est plus difficile à cerner, vu la faiblesse des effectifs. Du Tableau 15 ressort toutefois la présence de l’ordre de type hiéronymien en Italie, le pays d’origine des bibles atlantiques qui l’avaient mis à l’honneur et dont l’héritage pèse certainement sur la production ultérieure, même si à ce stade nous ne sommes pas en mesure d’établir une filiation directe. Sans doute, des recherches systématiques sur l’ordre des livres dans les bibles des XIe et XIIe siècles permettraient de rendre compte de la permanence de tel ou tel ordre dans les régions où l’influence parisienne était moindre. Quoi qu’il en soit, une corrélation positive entre la diminution de la taille et l’adoption de l’ordre parisien est bel et bien avérée. Comme en atteste le Tableau 16, cette séquence est davantage représentée parmi les manuscrits de petite taille, et ce phénomène concerne également la séquence néotestamentaire : la prépondérance de l’ordre parisien descend progressivement de 95,5% à 76,9% avec l’augmentation de la taille. On pourrait penser que nous avons affaire à un effet de structure puisque la France – pays où l’ordre parisien est le plus répandu – est surreprésentée dans les tranches dimensionnelles inférieures. En fait, bien que les résultats concernent un nombre limité de manuscrits, la tendance est visiblement la même lorsqu’on considère isolément chaque pays. Ainsi, en France, 100% des manuscrits ayant moins de 230 mm de taille ont un ordre de type parisien et ce pourcentage descend progressivement à 81,8% dans les manuscrits d’une taille comprise entre 380 et 450 mm. Il en va de même en Italie : parmi les manuscrits ayant moins de 280 mm de taille, 90% ont un ordre de type parisien, tandis que le pourcentage descend à 70% environ pour toutes les tranches supérieures21. En Angleterre cependant, où le nombre de manuscrits concernés n’est pas assez élevé pour obtenir des résultats absolument fiables, la tendance semble moins nette. L’inverse est également vrai : les différences entre les pays sont visibles à l’intérieur de chaque tranche dimensionnelle. Ce sont donc ces deux facteurs, l’origine et la taille, qui déterminent au moins en partie l’adoption de l’ordre parisien.

21 Sabina Magrini a aussi noté qu’en Italie les bibles du XIIIe siècle de grand format et en plusieurs volumes sont celles qui présentent le plus souvent un ordre non parisien. Voir Magrini, « Production and Use of Latin Bible Manuscripts », op. cit., p. 239.

b La présence des livres deutérocanoniques 

 55

Tableau 16: Corrélation entre la taille et l’ordre des livres bibliques. Type d’ordre

≤230 mm

231–280 mm

281–330 mm

331–380 mm

381–450 mm

ordre de type parisien

21 95,5%

77 96,3%

73 83,0%

39 84,8%

20 76,9%

230 87,8%

1 4,5%

3 3,8%

15 17,0%

7 15,2%

6 23,1%

32 12,2%

88

46

26

autres total total %

22 100,0%

80 100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

total

262 100,0%

Notons enfin que les bibles qui présentent l’ordre parisien ont été conçues dès l’origine en fonction de ce paramètre. En effet, puisque la structure matérielle des bibles du XIIIe siècle, contrairement à celle des bibles atlantiques par exemple, n’est pas modulaire, on ne rencontre pratiquement pas de situations laissant supposer un réordonnancement du manuscrit selon l’ordre parisien22.

b La présence des livres deutérocanoniques Après cet aperçu général, il faut maintenant prendre en considération les omissions de contenu par rapport au « canon parisien » et la présence éventuelle d’autres livres dont l’inclusion à l’intérieur du canon biblique a fait l’objet de discussions tout au long du Moyen Âge et jusqu’au Concile de Trente. Même en ce domaine, nous verrons que la Bible du XIIIe siècle marque encore une fois un tournant. Les textes deutérocanoniques23 sont les livres, ou parties de livres, absents du canon hébraïque et qui, pour certains, ont été d’emblée composés en grec ou en araméen. Pour cette raison, ils ont été écartés, ou acceptés avec difficulté, par saint Jérôme. Une partie d’entre eux24 sont toutefois considérés comme canoniques par la plupart des Pères de l’Église, y compris saint Augustin, et ont été retenus dans le canon biblique catholique par le Concile de Trente. Ils sont de ce fait généralement présents dans la plupart des réalisations manuscrites de la Bible latine, y compris dans notre corpus, même s’ils sont placés dans certains volumes à la fin de l’Ancien Testament, comme le préconisait Jérôme. Le livre de Baruch fait toutefois exception, car il a tardé à se faire accepter au cours du Moyen Âge et il est encore occasionnellement absent, ou placé à part, dans nos bibles. La Bible du XIIIe siècle, dans la quasi-totalité des cas, présente le livre de Baruch dans la séquence de la Vulgate actuelle, caractérisée par la succession Jérémie − Lamentations (très souvent considérés comme constituant un seul livre)25 − chapitres 1–5 de Baruch − Épître de Jérémie (intégrée comme 6e chapitre de Baruch). Cette séquence se stabilise précisément à partir du XIIIe siècle26. Si Jérôme excluait résolument ce texte de son canon, tout en acceptant les Lamentations et en les rapprochant du texte de Jérémie, la Septante et les vieilles versions latines, ainsi que les Pères latins, rattachaient les chapitres 1–5 de Baruch à Jérémie et les faisaient suivre par les Lamentations et l’Épître de Jérémie. La diffusion de la traduction hiéronymienne de la Bible dans les siècles suivants a toutefois entraîné la disparition provisoire de Baruch 1–5 et de l’Épître de Jérémie, qui sont ainsi absents du Codex Amiatinus et des bibles d’Alcuin. En revanche, ils sont intégrés dans les bibles théodulfiennes qui suivent la séquence Ier./Bar./Ep. Ier./Lam., et c’est à partir de ces bibles que les deux textes se sont transmis à une partie des bibles des siècles suivants. En particulier, la présence de Baruch est rare en Italie jusqu’au XIe siècle, au moment où ce livre fait son apparition dans la 22 Il y a cependant une exception : la bible München, Bayerische Staatsbibliothek, Clm 7774 est datable du début du siècle, mais a été remaniée peu après : la nouvelle capitulation a été ajoutée en marge et elle présente aujourd’hui l’ordre parisien, alors qu’à l’origine les Prophètes étaient placés entre les Paralipomènes et Esdras. 23 Pour la liste de ces livres et une discussion sur leur insertion dans le canon, voir Bogaert P.-M., « Les compléments deutérocanoniques dans la Bible. Un ‘interstatement’ canonique », Revue théologique de Louvain, 38/4 (2007), p. 473–487. 24 Tobie, Judith, Maccabées, Baruch, Sagesse, Ecclésiastique (Siracide), passages en grec d’Esther et Daniel. 25 La cinquième lamentation est parfois distinguée comme Oratio Ieremie. 26 Sur la transmission du livre de Baruch, voir Bogaert P.-M., « Le livre de Baruch dans les manuscrits de la Bible latine. Disparition et réintégration », Revue bénédictine, 115/2 (déc. 2005), p. 286–342.

56 

 IV Le contenu biblique et paratextuel des bibles portatives au XIIIe siècle

plupart des bibles atlantiques27, soit dans l’ordre théodulfien, soit, pour la première fois, dans l’ordre moderne Ier./ Lam./Bar./Ep. Ier. Cette même disposition fait son apparition en Angleterre et en France au cours du XIIe siècle et l’Épître de Jérémie commence à être intégrée comme chapitre 6 de Baruch, même si ce livre, parfois copié, n’est pas commenté dans la Glossa ordinaria. Huit bibles du corpus de manuscrits consultés ne contiennent pas le livre de Baruch28. Aucun de ces manuscrits n’est d’origine parisienne : trois sont d’origine italienne, un d’origine anglaise, un a été copié en Bavière au XIVe siècle et les trois derniers sont probablement d’origine française « provinciale ». Les rares absences d’autres livres deutérocanoniques retenus par le canon catholique représentent des cas isolés ou correspondent à des lacunes matérielles. Il en va tout autrement pour quatre autres textes deutérocanoniques qu’on peut trouver dans des bibles médiévales, mais qui seront ensuite exclus du canon par le Concile de Trente : la Prière de Manassé, les IIIe et IVe livres d’Esdras (3E, 4-5-6E), le Psaume 151 et l’Épître aux Laodicéens. Deux de ces écrits – le IIIe livre d’Esdras et la Prière de Manassé – sont inclus dans l’ordre des livres du « texte de l’Université », tandis que la présence des autres est tout à fait optionnelle et rare au XIIIe siècle (Tableau 17). Tableau 17: Présence des textes deutérocanoniques selon l’ordre des livres. Textes Prière de Manassé

ordre de type parisien oui non ajoutée

IV Esdras (4-5-6E)

Psaume 151

Épître aux Laodicéens

total

67,2% 29,3% 3,4%

23,2% 62,5% 1,8%

58,9% 35,9% 3,2%

100,0%

100,0%

100,0%

85,9% 11,9% 2,2%

48,9% 46,9% 4,0%

79,3% 18,2% 2,5%

total

100,0%

100,0%

100,0%

oui non

3,9% 96,0%

6,8% 93,1%

4,5% 95,5%

total

100,0%

100,0%

100,0%

oui non

2,5% 97,4%

3,4% 96,5%

2,7% 97,3%

total

100,0%

100,0%

100,0%

4,3% 94,6% 1,0%

8,6% 89,6% 1,7%

5,1% 93,7% 1,2%

100,0%

100,0%

100,0%

total III Esdras (3E)

autres

oui non ajouté

oui non ajoutée total

L’inclusion à la fin de Paralipomènes de la Prière de Manassé29, traduction d’un psaume en grec composé au début de notre ère, n’est pas fréquente au cours du Moyen Âge, mais elle est très répandue dans les bibles du XIIIe siècle, notamment dans celles d’origine française (83,2%). Sa présence chute en dessous de 50% dans les bibles d’origine anglaise et plus encore (27,8%) dans celles d’origine italienne (Tableau 18). L’intégration de III Esdras dans le canon semble mieux

27 Seules 12 sur 60 en sont dépourvues. Voir Bogaert, « Le livre de Baruch », op. cit., p. 323, 340–341. 28 Pierre-Maurice Bogaert donne en appendice de son article (ibidem, p. 332–342) une liste de bibles latines dépourvues de ce texte, liste qui, en raison du grand nombre de manuscrits subsistants, est toutefois loin d’être complète pour le XIIIe siècle. Aux deux bibles déjà connues de l’auteur et présentes dans notre corpus des manuscrits consultés (Paris, Bibl. Mazarine, 33 et Paris, Bibl. Sainte-Geneviève, 1182), il faut ajouter : Città del Vaticano, BAV, Pal. lat. 19 ; München, Bayerische Staatsbibliotek, Clm 7206, Clm 14402 ; Paris, BnF, lat. 164, lat. 14770, lat. 17950. Dans deux autres cas, qui concernent cette fois des bibles dont l’ordre n’est pas parisien, Baruch se trouve déplacé : entre Ezechiel et Daniel dans München, Bayerische Staatsbibliothek, Clm 23352 et entre III Esdras et Proverbes dans Città del Vaticano, BAV, Ross. 321. 29 Dans les bibles du XIIIe siècle, elle n’est identifiée que très rarement par une initiale décorée.

b La présence des livres deutérocanoniques 

 57

partagée. Plus des deux tiers des bibles italiennes l’incluent, pour seulement 46,1% des bibles anglaises. Le fait que ces deux textes ont été de facto intégrés dans le canon de la Bible du XIIIe siècle est confirmé également par un petit nombre de manuscrits où ils apparaissent sous la forme d’ajouts dans les marges ou à la fin du volume. Tableau 18: Présence des textes deutérocanoniques selon le pays d’origine des manuscrits. Textes Prière de Manassé

Angleterre oui non ajoutée

IV Esdras (4-5-6E)

Psaume 151

Épître aux Laodicéens

Italie

total

37,8% 56,7% 5,4%

83,2% 15,1% 1,7%

27,8% 70,4% 1,6%

60,3% 37,4% 2,3%

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

46,1% 48,7% 5,1%

93,0% 5,2% 1,7%

67,7% 29,0% 3,2%

77,3% 19,9% 2,8%

total

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

oui non

5,5% 94,0%

4,2% 95,8%

1,1% 98,9%

3,5% 96,5%

total

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

oui non

7,4% 92,5%

1,4% 98,6%

2,2% 97,8%

2,8% 97,2%

total

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

3,7% 94,4% 1,8%

2,8% 95,7% 1,4%

4,4% 94,4% 1,1%

3,5% 95,1% 1,4%

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

total III Esdras (3E)

France

oui non ajouté

oui non ajoutée total

En ce qui concerne les livres d’Esdras, il est nécessaire d’ouvrir une parenthèse sur leur nomenclature et leur numérotation, qui ont évolué au cours des siècles pour arriver à la forme moderne30. En bref, les livres d’Esdras (1E) et Néhémie (2E) étaient considérés par Jérôme, ainsi que par la bible hébraïque et la Septante, comme un seul livre, et ce n’est qu’à partir des VIIIe-IXe siècles que les copistes introduisent une division. À ce moment, le deuxième livre ne prend pas le nom de Néhémie, mais de II Esdras (2E) et par conséquent la traduction du texte grec deutérocanonique d’Esdras (Esdras A’ dans la Septante) devient III Esdras (3E) et l’Apocalypse d’Esdras est appelée IV Esdras (4-5-6E). La nomenclature de ces livres est immédiatement visible dans les rubriques et, surtout, dans les titres courants des bibles. C’est ainsi qu’on constate au XIIIe siècle, à côté de la numérotation que nous venons de décrire, l’apparition d’une nouvelle nomenclature : Esdras – Néhémie – II Esdras (pour 1E+2E+3E). Elle est majoritaire dans les bibles d’origine parisienne alors qu’en Italie et en Angleterre le système « ancien » (Esdras – II Esdras – III Esdras) est encore couramment utilisé31. Par ailleurs, la confusion engendrée par ces usages concurrents dans la numérotation des livres conduit aussi à l’usage de différents systèmes pour la numérotation de III–IV Esdras et ses éventuelles divisions ultérieures appelées V et VI Esdras (3-4-5-6E). Dans ces cas, le titre courant ne correspond pas toujours au texte effectivement copié. L’utilisation de l’un ou l’autre système de numérotation s’est donc révélée utile pour la datation et la détermination de l’origine des manuscrits (Tableau 19) : en France le nouveau système est très majoritaire, alors qu’en Italie il n’est suivi que dans 27,8% des cas. L’Angleterre se trouve, comme souvent, à mi-chemin, mais avec une légère prédominance du nouveau système. 30 Pour les détails de la transmission assez compliquée de ces textes, voir Bogaert P.-M., « Les livres d’Esdras et leur numérotation dans l’histoire du canon de la Bible latine », Revue bénédictine, 110/1 (déc. 2000), p. 5–26. Voir aussi Morard M., « Esdras et la Bible parisienne », dans Sacra Pagina, https://big.hypotheses.org/1287, version du 23/11/2021. 31 On notera aussi que, dans trois cas (2 bibles d’origine italienne et une d’origine française), le titre courant de III Esdras ne comporte que le mot apocrypha.

58 

 IV Le contenu biblique et paratextuel des bibles portatives au XIIIe siècle

Tableau 19: Type de titres courants des livres d’Esdras (1E+2E+3E) par pays d’origine. Titre courant Esdras – Néhemie – II Esdras Esdras – II Esdras – III Esdras Total

Angleterre

France

Italie

total

60,0% 40,0%

91,8% 8,2%

27,8% 72,2%

67,3% 32,7%

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

Comme en attestent dans les tableaux 17 et 18, les autres textes deutérocanoniques ne concernent qu’une petite minorité de manuscrits. IV Esdras n’est présent que dans 4,5% des manuscrits et il est pratiquement absent en Italie32. Le Psaume 151, un texte d’origine juive presque toujours ajouté au Psautier dans la Septante, est très rare, mais il semble plus répandu en Angleterre qu’ailleurs. L’inclusion de l’Épître aux Laodicéens – une compilation tardive ajoutée aux Épîtres pauliniennes après celle aux Colossiens – est en revanche un peu plus courante, surtout hors de France. Elle est aussi présente dans un tiers des nouveaux testaments produits en Italie à la même époque.

c Les Psaumes Comme nous l’avons dit, dans les manuscrits de la Vulgate le livre des Psaumes fait l’objet d’un traitement particulier. Tout d’abord, il peut être présent ou absent. Ce phénomène relève certainement des modalités de lecture du Psautier, qui ont donné lieu à des types de livres différents33. C’est pourquoi il nous faudra prendre en compte, au moins en partie, les aspects matériels de la question. L’absence des Psaumes dans de nombreuses bibles a bien sûr déjà été relevée, sans pour autant que l’ampleur de ce phénomène au XIIIe siècle soit reconnue, mais on n’a guère formulé d’hypothèses satisfaisantes à propos des anomalies observables lorsqu’ils sont présents. Les Psaumes constituent l’un des livres bibliques les plus utilisés au Moyen Âge, à la fois dans le cadre de l’exégèse34 – surtout christologique – et dans la liturgie. Cependant, l’utilisation pour la prière des Psautiers transcrits dans des bibles pandectes de grandes dimensions présentait des problèmes pratiques. C’est pourquoi, à l’instar des Évangiles et des Épîtres de Paul, ils étaient fréquemment copiés à part dès le haut Moyen Âge. Cela peut expliquer leur absence dans un certain nombre35 de manuscrits bibliques antérieurs au XIIIe siècle. À partir du moment où la Bible était devenue un texte unitaire, dont les livres sont copiés dans un ordre souvent figé, quelle raison pouvait encore justifier l’exclusion des Psaumes ? On peut supposer que le poids de la tradition le considérant avant tout comme un livre liturgique était trop fort pour conduire à une intégration totale de ce texte. Ce qui est moins facile à comprendre, c’est pourquoi, lorsque les Psaumes ont été intégrés dans l’ordre, ils continuent à présenter des particularités difficiles à justifier, telle que l’absence de titres courants36. Pour y voir clair, il convient tout d’abord de quantifier aussi bien la présence des Psaumes que les modalités de leur transcription au sein de notre corpus.

32 Sa présence, ainsi que celle d’autres textes deutérocanoniques, a été cependant constatée dans des bibles italiennes de format plus grand et copiées vraisemblablement sur des modèles anciens. Voir Magrini, « Production and Use », op. cit., p. 237–238. Pour l’histoire de la transmission de ce texte et une liste des manuscrits où il est présent, voir Bogaert P.-M., « IV Esdras (2 Esdras ; 4-5-6 Ezra) dans les bibles latines », Revue bénédictine, 125/2 (déc. 2015), p. 266–304. 33 Pour un aperçu de l’histoire du Psautier, on se reportera à Bogaert P.-M., « Le psautier latin des origines au XIIe siècle. Essai d’histoire », dans Der Septuaginta-Psalter und seine Tochterübersetzungen, Aejmelaeus A. – Quast U. éd., Göttingen, 2000, p. 51–81, et à la thèse inédite de Martin Morard, en particulier la première partie consacrée au « livre des Psaumes » : Morard, La harpe des clercs, op. cit. Sur les psautiers manuscrits en général, voir aussi l’introduction de Leroquais V., Les psautiers manuscrits latins des bibliothèques publiques de France, 2 vol., Mâcon, 1940–1941. 34 Voir Morard M., Entre mode et tradition : les commentaires des Psaumes de 1160 à 1350, dans La Bibbia del XIII secolo, op. cit., p. 323–352. 35 Aux XIe et XIIe siècles, environ un tiers des bibles sont dépourvues du Psautier. Voir Ruzzier, « Item Biblia in uno volumine », op. cit. Dans le même ordre d’idées, l’écriture utilisée pour les Psaumes, comme pour les Évangiles, pouvait être de module plus petit que pour les autres livres. Voir Ganz, « Mass Production », op. cit., p. 59 pour les bibles tourangelles, et Maniaci, « La struttura delle Bibbie atlantiche », op. cit., p. 53 pour les bibles atlantiques. Dans ces dernières, la mise en page du Psautier peut aussi être à trois colonnes. 36 Sur la mise en page particulière du Psautier dans les bibles du XIIIe siècle, voir aussi Poleg, Approaching the Bible, op. cit., p. 129–134.

c Les Psaumes 

 59

Ainsi qu’il ressort du Tableau 20, près de 85% des manuscrits sont pourvus des Psaumes. L’intégration courante de ce texte dans la séquence biblique est une innovation du XIIIe siècle, ce que confirme l’écart entre les bibles qui présentent l’ordre parisien (89,1%) et celles dont l’ordre est lié à une tradition antérieure (63,6%). En outre, à peine 4,4% des bibles portatives d’origine française sont dépourvues des Psaumes (Tableau 21) et le pourcentage se réduit même à 1,4% (un seul manuscrit)37 pour les bibles produites vraisemblablement à Paris, alors qu’il s’élève à plus de 20% ailleurs. Tableau 20: Présence des Psaumes selon l’ordre des livres bibliques. Ordre de type parisien

autres ordres

ensemble

avec les Psaumes

238 89,1%

35 63,6%

273 84,8%

sans les Psaumes

29 10,9%

20 36,4%

49 15,2%

total

267

total %

100,0%

55

322

100,0%

100,0%

Tableau 21: Présence des Psaumes selon le pays d’origine. Angleterre

France

Italie

autres pays

ensemble

avec les Psaumes

40 78,4%

131 95,6%

65 78,3%

53 75,7%

289 84,8%

sans les Psaumes

11 21,6%

6 4,4%

18 21,7%

17 24,3%

52 15,2%

total

51

83

70

total %

100,0%

137 100,0%

100,0%

100,0%

341 100,0%

Les Tableaux 20 et 21 ne tiennent pas compte de 13 manuscrits (3,8% du total) pour lesquels il est raisonnable de supposer, sans en être complètement sûr, que les Psaumes étaient présents au départ mais qu’ils sont tombés par la suite. Ce phénomène, somme toute assez rare dans des livres aussi compacts que les bibles portatives, nous conduit à aborder brièvement la question de la présence des Psaumes sous l’aspect matériel, sur lequel nous reviendrons plus en détail dans le chapitre consacré à la structure matérielle et à la décoration des bibles. Pour bien cerner le problème, il faut rappeler que les Psaumes, dans les manuscrits qui suivent l’ordre parisien, se situent à peu près au milieu du volume. Dans le cas où l’on voudrait opérer une division en deux tomes – ce qui est extrêmement rare dans les faits –, il faudrait nécessairement prévoir une discontinuité modulaire, c’est-à-dire une concomitance entre le début d’un texte et celui d’un cahier38, qui devrait précisément se faire entre les Psaumes et les Proverbes. C’est effectivement ce qui arrive dans bon nombre de bibles (26,2%) qui pourtant se présentent en un seul volume, vraisemblablement dès leur conception. Il s’agit d’un pourcentage assez élevé qui pourrait être un héritage des traditions des siècles précédents, où les bibles étaient fréquemment divisées en deux volumes et où le Psautier occupait parfois un bloc de cahiers indépendants39, qui à la rigueur pouvait exister séparément des autres. Dans les bibles portatives, cette pratique reste toutefois très limitée : elle ne concerne que 5,8% des manuscrits (Tableau 22), un peu plus en Italie (8,3%).

37 Firenze, Bibl. Medicea Laurenziana, Plut. 15. 9. 38 L’expression « discontinuité modulaire » traduit le terme italien « snodo », employé pour la première fois par Marilena Maniaci dans l’analyse codicologique des bibles atlantiques. Voir Maniaci, « La struttura delle Bibbie atlantiche », op. cit., p. 55. Pour son usage dans l’étude de la structure des manuscrits, voir Andrist, « Au croisement des contenus et de la matière », op. cit. Voir aussi plus loin, chapitre V.b. 39 Dans les bibles atlantiques, l’usage de copier les Psaumes dans des cahiers séparés était très répandu. Voir Maniaci, « La struttura delle Bibbie atlantiche », op. cit., p. 57.

60 

 IV Le contenu biblique et paratextuel des bibles portatives au XIIIe siècle

Tableau 22: Présence et emplacement des discontinuités modulaires autour des Psaumes. Angleterre

France40

30 81,1%

84 67,2%

29 48,3%

34 64,2%

177 64,4%

début seulement

3 8,1%

10 8,0%

6 10,0%

7 13,2%

26 9,5%

début et fin

2 5,4%

8 6,4%

5 8,3%

1 1,9%

16 5,8%

fin seulement

2 5,4%

23 18,4%

20 33,3%

11 20,8%

56 20,4%

60

53

Présence de discontinuités Aucune

total total %

37

Italie

125

100,0%

100,0%

autres pays ou origine inconnue

100,0%

100,0%

total

275 100,0%

D’autres particularités semblent découler de cette autonomie matérielle : dans la plupart des cas, les Psaumes ne comportent pas de titres courants. Il est vrai que, en raison de la mise en page et de la décoration qui lui sont propres, il est très facile de repérer ce livre en feuilletant une bible sans avoir besoin de titres courants. Toutefois, le souci d’uniformité qui caractérise la Bible du XIIIe siècle n’aurait-il pas dû suggérer une uniformisation de ce texte par rapport au reste ? Cette remarque est d’autant plus justifiée que les titres courants sont presque toujours présents dans les bibles des siècles précédents et, au XIIIe siècle41, plus fréquents dans les bibles avec des ordres anciens et d’origine non parisienne (voir ill. 2) que dans les bibles parisiennes typiques (Tableau 23). Tableau 23: Présence de titres courants dans les Psaumes selon l’ordre des livres bibliques. Titres courants des Psaumes

ordre de type parisien

autres

total

absents

201 85,9%

26 72,2%

227 84,0%

présents

28 11,9%

9 25,0%

23 8,5%

partiels

2 0,8%

1 2,7%

3 1,1%

ajoutés

3 1,2%

0,0%

3 1,1%

total

234

total %

100,0%

36 100,0%

270 100,0%

Les singularités propres à ce livre sont donc largement attestées sans qu’on puisse y trouver d’explication satisfaisante. De nombreux cas concrets illustrent les résultats globaux. Ainsi, dans un manuscrit d’origine parisienne42, une main à peu près contemporaine de la copie a ajouté une foliotation en rouge (mêlant des chiffres romains et arabes), qui toutefois omet le Psautier. Or, dans ce cas, comme dans la plupart des bibles d’origine parisienne, les Psaumes ont été copiés par le même scribe que le reste de la bible à la suite du livre de Job, donc sans discontinuité modulaire au début. La personne qui a tracé la foliotation a donc délibérément sauté de la fin de Job aux Proverbes sans aucune raison apparente, sinon qu’elle percevait les Psaumes comme un livre à part. De semblable manière, dans une bible originaire du nord de l’Italie et présentant l’ordre parisien43, trois prologues des Psaumes ont été copiés à la fin de Job, mais le 40 Les pourcentages pour les bibles d’origine parisienne ne diffèrent pas sensiblement de ceux pour les autres bibles d’origine française. 41 Le libellé du titre varie, mais les solutions les plus fréquentes sont : Psalterium, Liber psalmorum et David. 42 Città del Vaticano, BAV, Vat. lat. 32. 43 Città del Vaticano, BAV, Barb. lat. 414.

c Les Psaumes 

 61

Psautier est absent. Une discontinuité modulaire entre Job et les Proverbes pourrait faire penser qu’il y a une lacune matérielle, mais les signatures des cahiers ne présentent pas de solution de continuité. Dans un autre manuscrit44, le copiste commence à transcrire les Psaumes à la fin de Job, mais il interrompt la tâche au deuxième psaume pour recommencer la copie à partir du premier psaume sur un nouveau cahier. Enfin, dans trois cas on trouve un titre courant sur la première ou les premières pages et puis plus rien, les rubricateurs s’étant rappelé un peu trop tard qu’il ne fallait pas transcrire les titres courants pour ce livre. Ces exemples pourraient donner l’impression que les psautiers étaient préparés à part et ajoutés ensuite aux bibles. Pourtant, même dans les bibles où ils occupent effectivement des cahiers à part constituant une unité modulaire (5,8%), celle-ci ne se distingue presque jamais du reste de la bible par le parchemin, la mise en page, le nombre de lignes, l’écriture ou la décoration. Nous sommes donc en droit de supposer que les particularités décrites soulignent étrangement la spécificité du Psautier dans un type de bible où cette spécificité n’avait plus raison d’être, ce livre étant désormais appréhendé de la même manière que les autres. Si, en effet, les psautiers bibliques présentent presque toujours des initiales mettant en évidence la division fériale, on peut douter qu’ils aient été utilisés pour la liturgie à une époque où les bréviaires portatifs étaient déjà courants dans la dotation des clercs et des prêcheurs. Et de fait, on constate que leurs pages ne présentent pas beaucoup plus de marques d’usage que les autres. Surtout, nous n’avons recensé que sept cas où les cantiques bibliques et les hymnes normalement utilisés dans la liturgie des Heures ont été prévus ou ajoutés à la fin des Psaumes. Par ailleurs, leur utilisation liturgique n’est pas totalement négligée : lorsqu’un missel abrégé a été inséré dans une bible dès sa conception, cela s’est fait presque toujours entre les Psaumes et les Proverbes45. Quelle est la version du Psautier utilisée dans nos bibles (Tableau 24) ? On sait que trois versions principales, dont les appellations remontent au IXe siècle, circulaient dans l’Occident chrétien depuis la fin de l’Antiquité46. Le Psautier romain – une ancienne version latine en usage à Rome et en Italie, mais aussi dans les Îles Britanniques jusqu’au XIIe siècle – n’apparaît qu’une seule fois dans notre corpus47. Le Psautier gallican, qualifié de la sorte en raison de sa diffusion primitive en Gaule, est appelé aussi « hexaplaire », car il est le fruit d’une traduction de saint Jérôme à partir de la version grecque d’Origène. Conçu initialement pour une utilisation savante et non liturgique, il a tout de même été utilisé partout dans la liturgie à partir de l’époque carolingienne et son introduction dans les pandectes est due à Alcuin. Une troisième version, également due à Jérôme, est une traduction directe de l’hébreu. Cette version iuxta Hebreos apparaît dans le Codex Amiatinus, dans les bibles théodulfiennes, dans de nombreuses bibles anciennes d’origine ibérique ou insulaire, mais sa fréquence diminue fortement à partir du IXe siècle. Elle est toutefois encore attestée au XIIIe siècle. À partir du VIe siècle, on commence aussi à produire des psautiers doubles et triples – voire quadruples avec la version grecque – qui présentent côte à côte les différentes versions. Cette solution est rare dans les pandectes48, mais on trouve une faible proportion (2,3%) de Psautiers doubles – gallican/iuxta Hebreos – dans les bibles portatives, excepté en Italie (Tableau 24). Les deux versions du Psautier sont normalement disposées l’une à côté de l’autre sur deux colonnes. Le Psautier gallican est largement majoritaire dans notre corpus, mais le Psautier iuxta Hebreos est présent en tant que version unique dans 4,2% des manuscrits. Sa présence est plus fréquente en Angleterre où, si on comptabilise aussi les Psautiers doubles, il figure dans 6 bibles au total (17,2%). Les observations sur les bibles plus

44 München, Bayerische Staatsbibliothek, Clm 9687. 45 À ce sujet, voir aussi Light, « Thirteenth-Century Pandect and the Liturgy », op. cit., p. 192. 46 Voir Estin C., « Les traductions du Psautier », dans Le monde latin antique et la Bible, op. cit., p. 67–88 : p. 77–83 et Bogart P.-M., « Le psautier latin », op. cit., p. 58–61. 47 La bible London, British Library, Add. 15452, produite en Angleterre au début du XIIIe siècle, contient un Psautier double romain/iuxta Hebreos. La présence du Psautier romain dans d’autres manuscrits n’est cependant pas tout à fait exclue, vu la difficulté de l’identifier rapidement. C’est seulement après la fin de la phase de consultation des manuscrits du corpus qu’est paru un article très utile : Bogaert P.-M., « La survivance du psautier romain dans les bibles : comment le reconnaître ? », Revue bénédictine, 124/2 (2014), p. 348–352. Notons que les ordres mendiants ont généralement adopté, même en Italie, le Psautier gallican, ce qui a certainement contribué à sa diffusion dans les bibles d’origine italienne. 48 Signalons le cas singulier d’une bible complète originaire du Mont Cassin (Montecassino, Archivio dell’Abbazia, 557), qui contient quatre versions latines du Psautier copiées l’une à la suite de l’autre. Par ailleurs, il s’agit d’un exemple précoce, mais réussi, de réduction des dimensions d’une bible complète : le manuscrit, datable du troisième quart du XIIe siècle, mesure seulement 275×200 mm. Voir Unfer Verre G. E., « Una Bibbia di Montecassino del XII secolo : continuità e innovazione », dans Per Gabriella. Studi in ricordo di Gabriella Braga, Palma M. – Vismara C. éd., Cassino, 2013, t. IV, p. 1799–1832 et La Bibbia a Montecassino/The Bible at Montecassino, Casavecchia R. – Maniaci M. – Orofino G. éd., Turnhout, 2021 (Bibliologia, 60), p. 223–234.

62 

 IV Le contenu biblique et paratextuel des bibles portatives au XIIIe siècle

anciennes (datables du XIIe siècle) d’origine anglaise confirment l’importance de cette version outre-Manche. C’est également cette version que reproduit la moitié des bibles produites dans la péninsule ibérique que nous avons pu consulter49. Tableau 24: Version du Psautier selon le pays d’origine. Version du Psautier gallican

Angleterre

France

Italie

autres pays ou origine inconnue

total

29 82,9%

115 95,8%

50 94,3%

49 94,2%

243 93,5%

iuxta Hebreos

3 8,6%

2 1,7%

3 5,7%

3 5,8%

11 4,2%

double

3 8,6%

3 2,5%

0,0%

0,0%

6 2,3%

total total %

35 100,0%

120 100,0%

53 100,0%

52 100,0%

260 100,0%

Durant la période médiévale coexistent différentes manières de diviser en sections le livre des Psaumes. Les deux systèmes les plus courants sont d’une part la division en trois cinquantaines, due à une récitation fractionnée par trois notamment dans la liturgie irlandaise50, d’autre part la division fériale, dominante à partir du XIIe siècle. Celle-ci prévoit huit subdivisions qui correspondent à la répartition hebdomadaire en fonction de la liturgie des Heures51. C’est pour cette raison que le premier psaume lu aux matines de chaque jour de la semaine52, ainsi que le Psaume 109 qui marque le début du Psautier diurnal, sont identifiés au moyen d’une initiale plus grande et/ou plus décorée, ce qui permet d’identifier au premier coup d’œil le type de subdivision utilisée. Si au XIIIe siècle la division courante est la division fériale, on y intègre dans un certain nombre de cas la division tripartite. Les Psaumes 51 et 10153 sont alors munis d’une initiale de statut inférieur – plus petite et/ou moins décorée – par rapport aux initiales de la division fériale, ou bien seul le Psaume 51 jouit d’un statut particulier mais pas le 101 – l’inverse ne se produisant presque jamais54. Dans le cas des bibles historiées, chacun de ces psaumes présente une scène spécifique, selon le principe de l’illustration verbale, c’est-à dire une représentation en image du premier verset du psaume55. Dans notre corpus, la division liturgique fériale est majoritaire, bien qu’elle présente souvent des variantes. Toutefois, si un seul manuscrit56, copié en France du Nord ou en Angleterre dans la première moitié du siècle, présente uniquement la division tripartite, dans bon nombre d’autres manuscrits les initiales des Psaumes 51 et 101 sont mises en valeur en plus des initiales de la division fériale (ill. 16). Le Tableau 25 permet de relever des différences nationales notables à ce propos : l’impact de la division tripartite est presque nul en Italie, alors qu’il est très fort en Angleterre où elle est intégrée, partiellement ou totalement, dans plus de la moitié des cas et où l’utilisation de la division fériale seule ne dépasse pas 31%. En particulier, dans ce dernier pays, aucun manuscrit où l’ordre des livres n’est pas parisien

49 Paris, BnF, lat. 201, lat. 222, lat. 16264. 50 Voir Taft R., La liturgie des Heures en Orient et en Occident. Origine et sens de l’Office divin, Turnhout, 1991 (Mysteria, 2), p. 119–120. Cette habitude se serait ensuite répandue grâce aux missionnaires en Angleterre et dans les pays germaniques. C’est après la conquête normande que les deux systèmes liturgiques se mêlent en Angleterre. 51 Voir le schéma dans Gy P-M., « La Bible dans la liturgie au Moyen Âge », dans Le Moyen Âge et la Bible, op. cit., p. 537–552 : p. 546–549. 52 Psaumes 1. Beatus vir, 26. Dominus inluminatio mea, 38. Dixi custodiam vias meas, 52. Dixit insipiens, 68. Salvum me fac, 80. Exultate Deo, 97. Cantate Domino, 109. Dixit Dominus Domino meo. Dans la version iuxta Hebreos : 26. Dominus lux mea, 52. Dixit stultus, 68. Salva me Deus, 80. Laudate Deum. 53 Psaumes 51. Quid gloriaris in malitia, 101. Domine exaudi orationem meam. 54  À ce sujet, il est impossible de savoir si ce décalage relève d’un simple oubli ou d’une volonté délibérée. 55 Les différentes séries de scènes ont été répertoriées dans Haseloff G., Die Psalterillustration im 13. Jahrhundert. Studien zur Geschichte der Buchmalerei in England, Frankreich und den Niederlanden, s. l., 1938. Voir aussi Leroquais, Les psautiers manuscrits, op. cit., I, p. XCIV-XCVI. 56 München, Bayerische Staatsbibliothek, Clm 7774.

c Les Psaumes 

 63

ne contient la division fériale, ce qui témoigne de l’intégration tardive de cette dernière, sans doute sous l’influence française. En Italie au contraire, la division liturgique tripartite n’a jamais détrôné la division fériale. Les trois volumes isolés où elle est présente à coté de la fériale devraient être plutôt considérés comme des cas d’imitation de manuscrits de provenance septentrionale. En France, la division fériale est adoptée dans une large majorité de manuscrits, mais la division fériale+tripartite est aussi bien représentée (25%). Les manuscrits d’origine ibérique adoptent la division fériale et tous les manuscrits d’origine incertaine qui mettent en valeur les psaumes 51 et 101 ont, eux aussi, été produits au nord des Alpes. Tableau 25: Division liturgique des Psaumes selon le pays d’origine. Division liturgique

Angleterre

France

Italie

autres pays ou origine inconnue

total

absente

4 13,8%

1 0,9%

3 5,6%

1 2,0%

9 3,7%

fériale

7 24,1%

75 65,8%

38 70,4%

28 57,1%

148 60,2%

2 6,9%

7 6,1%

8 14,8%

4 8,2%

21 8,5%

0,0%

2 1,8%

2 3,7%

0,0%

4 1,6%

fériale + Ps 51

7 24,1%

17 14,9%

1 1,9%

6 12,2%

31 12,6%

fériale + Ps 101

1 3,4%

0,0%

1 1,9%

0,0%

2 0,8%

0,0%

0,0%

0,0%

1 2,0%

1 0,4%

fériale + tripartite

8 27,6%

12 10,5%

1 1,9%

9 18,4%

30 12,2%

total

29

fériale partielle fériale + autres psaumes

tripartite

total %

100,0%

114 100,0%

54 100,0%

49 100,0%

246 100,0%

Chaque psaume est introduit par un titre rubriqué (présent dans 75% des cas), qui le plus souvent se réduit aux mots psalmus David. L’usage des séries de tituli57 plus ou moins longs à contenu exégétique tend en revanche à disparaître au XIIIe siècle. Les psaumes ne sont pas numérotés, ce qui constitue l’énième exception présentée par le Psautier dans le cadre de l’organisation de la « Bible de Paris », par ailleurs conçue comme une unité. L’absence de numérotation d’une série de poèmes courts est a priori surprenante dans le cadre d’une bible désormais organisée de façon à faciliter le plus possible les références58. Cette absence devait également paraître anormale à une partie des utilisateurs du XIIIe siècle, car une numérotation a été ajoutée dans bon nombre de manuscrits59 (Tableau 26). En particulier, même s’il n’est pas toujours aisé de déterminer si une numérotation rubriquée est d’origine ou simplement contemporaine, on peut remarquer 57  Édités dans Salmon P., Les tituli psalmorum des manuscrits latins, Paris, 1959 (Études liturgiques, 3). Voir aussi De Bruyne, Sommaires, divisions et rubriques, op. cit., p. 563–589. 58 La raison exacte pour laquelle la numérotation ne s’est pas imposée en même temps que la nouvelle numérotation des chapitres n’est pas connue, mais on est en droit de supposer qu’à l’époque le renvoi à un psaume, facilement reconnaissable par son incipit que tous les clercs connaissaient par cœur, posait beaucoup moins de problèmes que le renvoi à un passage situé dans des livres longs avec des divisions fluctuantes. En effet, dans la plupart des textes médiévaux, y compris dans les livres liturgiques, les Psaumes sont cités par leur incipit, à l’exception des Concordances dominicaines où on y renvoie par un numéro. Voir Saenger P., « The Impact of the Early Printed Page on the Reading of the Bible », dans The Bible as a Book. The First Printed Editions, Saenger P. − Van Karpen K. éd., London – New Castle, 1999, p. 31–51 : p. 40–43. Sur ce sujet, voir aussi l’analyse des Psaumes dans Carruthers M., Le Livre de la Mémoire. Une étude de la mémoire dans la culture médiévale, Paris, 2002, p. 143–150. 59 Alors que les titres courants des Psaumes ne sont ajoutés que dans deux manuscrits de notre corpus.

64 

 IV Le contenu biblique et paratextuel des bibles portatives au XIIIe siècle

que dans 21,3% des cas elle semble avoir été tracée dès le XIIIe siècle. Dans un cas au moins, nous avons l’assurance qu’elle a été prévue dès la conception, car on en trouve les « préparations » dans les marges60. Au XIIIe siècle, cette numérotation se fait normalement en chiffres romains, sauf dans deux manuscrits, l’un d’origine castillane, l’autre du nord-est de l’Italie61, où elle est en chiffres arabes. Tableau 26: Présence de la numérotation des Psaumes par pays. Numérotation des psaumes absente

Angleterre

France

Italie

autres pays ou origine inconnue

total

14 38,9%

65 53,3%

33 57,9%

25 47,2%

137 51,1%

0,0%

3 2,5%

3 5,3%

5 9,4%

11 4,1%

ajoutée au XIIIe siècle

11 30,6%

16 13,1%

11 19,3%

8 15,1%

46 17,2%

ajoutée aux XIVe-XVe siècles

11 30,6%

38 31,1%

10 17,5%

15 28,3%

74 27,6%

total

36

57

53

d’origine

total %

100,0%

122 100,0%

100,0%

100,0%

268 100,0%

Quelle est la raison des singularités qui affectent le Psautier dans les bibles portatives du XIIIe siècle ? Christopher De Hamel suggère62 que le traitement particulier des Psaumes au XIIIe siècle trouve son origine dans le fait que la révision de la Bible, et en particulier la nouvelle capitulation, aurait été faite sur la base d’une bible dépourvue de Psautier, si bien que cette lacune, présente dans un exemplar, se serait répandue dans les copies successives du « texte de l’Université ». Si cette hypothèse peut expliquer l’absence de numérotation, il est peu probable qu’elle soit à l’origine de toutes les particularités observées dans les réalisations bibliques de ce texte, et ce en dehors même du fait que l’existence d’un seul exemplar à l’origine de toutes les « Bibles de Paris » est, comme on l’a vu, très discutée. En effet, les Psaumes sont présents dans les deux exemplaria survivants de la Bible63 qui, il est vrai, sont assez tardifs. Dans l’exemplar parisien, le Psautier est copié à la suite de Job, sans discontinuité modulaire, ce qui montre bien son intégration dans la « Bible de Paris », alors que dans l’exemplar italien il couvre un ensemble indépendant de cinq peciae. Dans les deux cas, il n’y a pas de titres courants ni de numérotation. Enfin, on pourrait difficilement imputer à un hypothétique exemplar parisien le fait que les Psaumes sont absents des bibles dans la première moitié du siècle en Italie, tout comme en Angleterre, dans près d’un tiers des cas (contre 5% en France), et surtout qu’ils présentent des titres courants dans seulement 20% des cas. En outre, les Psaumes manquent plus souvent dans les bibles n’ayant pas adopté l’ordre parisien (Tableau 20 : 36,4%, contre 10,9% des bibles qui présentent l’ordre parisien)64. L’exceptionnalité du Psautier était donc bien partagée dans toute l’Europe, et imputable plutôt à l’héritage de son utilisation liturgique comme livre à part. C’est donc le « texte de l’Université », surtout dans les transcriptions parisiennes, qui l’a normalisé en l’intégrant de force, tout en généralisant sa bizarrerie principale : l’absence de titres courants65.

60 Città del Vaticano, BAV, Ross. 129, originaire du nord-est de l’Italie (ill. 2). Dans un autre manuscrit, les préparations figurent dans les marges inférieures, mais le rubricateur n’a pas tracé les numéros (Paris, BnF, lat. 16264 ; d’origine castillane). 61 Paris, BnF, lat. 222 et lat. 16268. On trouve très sporadiquement des chiffres arabes aussi dans la foliotation, les signatures des cahiers et les tables des péricopes. 62 De Hamel, La bible, op. cit., p. 128–129. 63 Voir Ruzzier, « Quelques observations », op. cit., p. 165 et 174. 64 Au contraire, presque toutes les bibles de notre corpus avec une capitulation ancienne contiennent les Psaumes. 65 Dans la Bible de Gutenberg, les Psaumes sont encore dépourvus de titres courants et de numérotation, qui auraient éventuellement dû être tracés par un rubricateur.

d La capitulation et les rubriques 

 65

d La capitulation et les rubriques Comme nous l’avons souligné, l’une des principales nouveautés de la « Bible de Paris » est constituée par une nouvelle division de chaque livre en chapitres. Cette nouveauté, attribuée à Étienne Langton mais dont les origines remontent probablement à la fin du XIIe siècle et sont encore très discutées66, présente l’avantage de structurer le texte de façon plus uniforme. C’est sans doute en cela, plus que dans l’ordre des livres, que réside le succès majeur de la nouvelle Bible. Jusqu’à la fin du XIIe siècle, la plupart des livres bibliques étaient divisés en un nombre assez variable de chapitres, souvent très courts et non numérotés, et leur contenu était résumé au début de chaque livre dans des sommaires ou des listes de chapitres (tituli, breves, capitula) parfois rubriquées et/ou numérotées, qui existent en différentes versions67. La diversité géographique de cette pratique et son manque de commodité, notamment la difficulté de donner des références précises, rend ce système obsolète à l’époque de la scolastique et assure le succès presque immédiat68 du nouveau système, beaucoup plus cohérent. L’utilisation du nouveau système rend aussi inutile la présence des sommaires, qui disparaissent assez rapidement, bien qu’il en reste des traces dans un certain nombre de manuscrits. La quasi-totalité des bibles du corpus présente la nouvelle capitulation, même si, dans un petit nombre de cas (5,1%), celle-ci est présente à côté de l’ancienne. Cette cohabitation peut se faire de deux manières : soit la capitulation ancienne était la seule prévue et la nouvelle numérotation des chapitres a été ajoutée dans les marges à une époque postérieure, soit les deux capitulations ont été prévues depuis le début. Dans ce dernier cas, toutes les initiales de la division ancienne sont tracées en rouge et celles, moins fréquentes, qui font référence à la nouvelle division, sont d’un module plus grand et correspondent à une numérotation qui se trouve dans les marges. Il faut cependant souligner que, dans la plupart des cas, la double capitulation n’est pas systématique, en ce sens qu’on peut trouver dans le même manuscrit des livres bibliques qui portent seulement la capitulation ancienne, d’autres qui ne sont pourvus que de la nouvelle capitulation, et d’autres encore qui intègrent les deux69. Dans tous les cas, cette situation montre que la nouvelle capitulation est désormais indispensable au point qu’on l’ajoute dans les manuscrits qui en étaient dépourvus. Parmi l’ensemble des bibles de notre corpus, la nouvelle capitulation est totalement absente de trois manuscrits seulement. Parmi eux figure une bible portative produite à Paris vers 1225, le manuscrit Paris, BnF, lat. 16267 (ill. 21) : il s’agit d’un exemple précoce de miniaturisation (277 mm de taille), mais qui ne présente aucun trait spécifique du « texte de l’Université ». Quelques années plus tard, en 1234, le manuscrit Dole, Bibliothèque Municipale, 15 (ill. 5) contient la nouvelle capitulation, tout comme la bible copiée à Toulouse l’année suivante70. À partir du deuxième quart du siècle, tous les manuscrits d’origine française de notre corpus ont adopté exclusivement la nouvelle capitulation, et la situation n’est pas très différente en Angleterre (Tableau 27). En revanche, en Italie, la nouvelle capitulation n’apparaît pas avant le milieu du siècle, en concomitance avec l’essor de la production de bibles portatives dans ce pays, et encore dans la seconde moitié du siècle un petit nombre de manuscrits conserve seulement la capitulation ancienne71. Il convient toutefois de souligner que la nouvelle capitulation est présente dans 90,5% des bibles portatives produites en Italie au XIIIe siècle, alors que dans 74,1% des manuscrits l’ordre des livres bibliques est de type parisien, et que seuls 66 Sur ce sujet, voir d’Esneval, « La division de la Vulgate latine », op. cit. ; Saenger, « The British Isles and the Origin », op. cit. ; Saenger, « The Anglo-Hebraic Origins », op. cit. ; Saenger, « The Twelfth-Century Reception », op. cit., et Morard, « Étienne Langton », op. cit., p. 265–271. 67 Les différentes séries de tituli de chaque livre ont été éditées par De Bruyne, Sommaires, divisions et rubriques, op. cit., p. 1–399. 68 Voici un exemple d’utilisation de la capitulation en dehors du milieu strictement exégétique : dans un sermon prononcé entre 1243 et 1253, Federico Visconti, qui avait fait ses études à Paris et devint ensuite archevêque de Pise, soutient que lorsqu’on adresse un sermon à des clercs lettrés, il convient de toujours donner la localisation précise (livre et chapitre) d’une citation biblique ut illuminetur ipsorum intellectus (Sermon VI, 3). Cette dernière expression pourrait faire allusion au fait que les auditeurs pouvaient plus facilement situer la citation dans son contexte. Voir Les sermons et la visite pastorale de Federico Visconti archevêque de Pise (1253–1277), Bériou N. dir., Roma, 2001 (Sources et documents d’histoire du Moyen Âge publiés par l’Ecole française de Rome, 3), p. 378. 69 Dans le manuscrit Città del Vaticano, BAV, Vat. lat. 6026, originaire de l’Italie du Nord, les deux systèmes sont présents : les numéros relatifs à la nouvelle capitulation sont en bleu, ceux relatifs à l’ancienne sont en rouge et de module plus petit ; les initiales des chapitres anciens et nouveaux sont toutes rehaussées dans l’Ancien Testament, alors que dans le Nouveau les initiales des chapitres anciens sont rehaussées et celles des nouveaux sont filigranées. 70 Firenze, Bibl. Medicea Laurenziana, Acq. e doni, 149. 71 Dans les nouveaux testaments portatifs produits en Italie, qui comportent une capitulation ancienne dans 86% des cas, celle-ci est encore abondamment attestée au milieu du siècle, à une époque où elle avait déjà été abandonnée dans les bibles portatives. Cependant, dans un tiers des cas, la nouvelle capitulation est ajoutée dans la marge.

66 

 IV Le contenu biblique et paratextuel des bibles portatives au XIIIe siècle

17,2% d’entre eux présentent une correspondance parfaite avec ce dernier. Les fonctionnalités offertes par la nouvelle division en chapitres ont donc suscité davantage de consensus dans ce pays que l’adoption de l’ordre « universitaire » des livres. Cette nouvelle capitulation est ainsi présente dans un certain nombre de manuscrits72 qui ignorent tous les autres aspects de la « Bible de Paris », ce qui nous amène à nous demander de quelle façon elle se transmettait. La présence de certaines irrégularités dans la division en chapitres, notamment dans les cas où un chapitre commence avec des mots qui sont présents ailleurs sur la même page, laisse supposer qu’il existait des listes de chapitres avec leurs incipit permettant de diffuser le nouveau système et de l’adapter à toutes les bibles, même celles qui étaient produites loin des centres universitaires73. Enfin, dans notre corpus, il ne semble pas y avoir de corrélation entre la nature de la capitulation et les dimensions des volumes. Toutefois, le lien devrait apparaître si l’on insérait dans le corpus les bibles d’une taille supérieure à 450 mm provenant de milieux non universitaires74. De fait, un sondage sur une cinquantaine de ces manuscrits indique que la présence de la nouvelle capitulation décroît avec la taille (jusqu’à 67% des cas environ dans les bibles ayant plus de 550 mm de taille). Tableau 27: Type de capitulation par date (au demi-siècle près) et pays d’origine. XIIIe-1

XIIIe-milieu

XIIIe-2

XIIIe non précisé

Pays d’origine

type de capitulation

Angleterre

ancienne ou double

2 20,0%

1 16,7%

  0,0%

  0,0%

3 6,3%

nouvelle

8 80,0%

5 83,3%

21 100,0%

11 100,0%

45 93,8%

total

 

10

total %

 

France

6

21

11

total

48

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

ancienne ou double

6 31,6%

0,0%

0,0%

0,0%

6 4,5%

nouvelle

13 68,4%

35 100,0%

52 100,0%

26 100,0%

126 95,5%

total

 

19

total %

 

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

Italie

ancienne ou double

4 100,0%

0,0%

2 4,1%

1 7,7%

7 9,5%

nouvelle

  0,0%

8 100,0%

47 95,9%

12 92,3%

67 90,5%

total

 

4

8

49

13

74

total %

 

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

autres pays ou origine inconnue

ancienne ou double

1 20,0%

0,0%

1 2,8%

0,0%

2 2,9%

nouvelle

4 80,0%

4 100,0%

35 97,2%

23 100,0%

66 97,1%

35

total

 

5

4

total %

 

100,0%

100,0%

52

36 100,0%

26

23 100,0%

132

68 100,0%

72 Voir plus loin, Tableau 33. 73  À ce sujet, voir Magrini, « Production and Use », op. cit., p. 242–245. Une de ces listes se serait conservée dans le manuscrit Paris, BnF, lat. 14417, signalé par Jean-Pierre-Paulin Martin (« Le texte parisien », op. cit., p. 462–465). 74 Guy Lobrichon note que le seul caractère parisien qui s’est vraiment généralisé en Italie c’est la nouvelle capitulation, à l’exception toutefois des bibles de grand format qui continuaient à présenter souvent la capitulation ancienne. Voir Lobrichon, « Pour l’étude de la tradition et du texte », op. cit., p. 28.

d La capitulation et les rubriques 

 67

Pour une subdivision plus fine de chaque chapitre en versets, on devra attendre le XVIe siècle, mais il y a eu des tentatives de subdivision en paragraphes dès le XIIIe siècle. Chaque chapitre a ainsi été divisé en sept sections, indiquées par les lettres a-g, pouvant être tracées dans les marges ou dans l’entrecolonne, qui devaient permettre de situer de manière plus précise une citation biblique75. Toutefois, si ce système a été utilisé dans d’autres ouvrages pour référencer les citations de passages bibliques, sa présence dans les bibles elles-mêmes semble très rare76. De plus, dans les quelques cas où les lettres a-g sont présentes, elles semblent être l’œuvre d’une main postérieure77. À peine neuf manuscrits consultés (2,5% du corpus), cinq d’origine anglaise, deux d’origine française et deux d’origine italienne, les contiennent et dans la moitié des cas seulement dans quelques livres. Il est donc manifeste que, sans constituer pour autant un corps étranger, le statut de ces marques de paragraphe est très différent de celui de la capitulation qui, elle, fait partie intégrante de la révision universitaire de la Bible. Avec cette nouvelle organisation du texte, les tituli placés au début des livres disparaissent dans presque tous les cas où la nouvelle capitulation a été introduite et indépendamment de l’origine du manuscrit. La nouvelle division n’a donc pas pour conséquence la composition de nouveaux sommaires pour chaque chapitre, et les livres ne sont désormais introduits que par quelques mots rubriqués annonçant leur titre. Cela dit, d’autres rubriques anciennes ont sporadiquement survécu : des rubriques accompagnent parfois le Cantique des cantiques. Elles permettent de théâtraliser ce texte en attribuant à des personnages – le Christ, l’Église, la Synagogue – les différentes parties du poème78. Déjà présentes dans certaines pandectes grecques et très fréquentes dans les bibles latines des XIe et XIIe siècles, ces rubriques semblent avoir ensuite disparu en premier lieu dans les bibles glosées79, puis, progressivement, dans les manuscrits d’origine française, notamment parisienne. En France, au XIIIe siècle, on ne les trouve que dans quelques manuscrits ayant conservé l’ancien ordre des livres. En revanche, leur usage reste très courant en Italie (66,7%) (Tableau 28) et leur présence est l’un des indices les plus utiles – car facilement vérifiable – en faveur d’une origine italienne, puisque 55% des manuscrits qui les contiennent sont originaires de ce pays. Ces rubriques sont également présentes dans un tiers des bibles d’origine ibérique et dans toutes les bibles d’origine germanique que nous avons pu consulter. Tableau 28: Présence des rubriques du Cantique des cantiques par pays d’origine. Rubriques présentes80 absentes total

Angleterre

France

Italie

autres pays ou origine inconnue

total

29,0% 71,0%

9,8% 90,2%

66,7% 33,3%

29,3% 70,7%

31,1% 68,9%

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

75 Voir d’Esneval, « La division de la Vulgate latine », op. cit., p. 567. Ce système, qui a son origine dans les concordances dominicaines, pouvait être utilisé aussi dans d’autres textes. Apparemment, la division d’un chapitre en sept sections se faisait mentalement et n’était pas marquée dans le texte. Voir Rouse, « L’évolution des attitudes envers l’autorité écrite », op. cit., p. 130–131 et Rouse − Rouse, « The Verbal Concordance », op. cit., p. 5–30 : p. 10. 76 La bible Città del Vaticano, BAV, Barb. lat. 414, déjà citée, contient en appendice des canones evangeliorum qui donnent les références des passages des Évangiles à l’aide des numéros de chapitres en chiffres arabes et, fait exceptionnel, des lettres a-g pourtant absentes du texte biblique de ce manuscrit. Un exemple similaire est le manuscrit Chicago, Newberry Library, Ms. 19, une petite bible d’origine parisienne produite pour les Franciscains : elle contient une table des lectures pour la messe où les péricopes sont référencées avec les lettres a-g, qui sont absentes du texte biblique. Les Psaumes sont en revanche cités par leur incipit (manuscrit signalé dans Saenger, « The Impact of the Early Printed Page », op. cit., p. 35, 41). 77 Par exemple, dans le manuscrit München, Staatsbibliothek, Clm 23351, d’origine italienne, les chapitres a-g ont été ajoutés dans l’entrecolonne pour servir de repère à une glose marginale, elle-même ajoutée par une main cursive postérieure à la transcription de la Bible. 78 Pour la typologie et la position de ces rubriques dans quelques manuscrits anciens, voir De Bruyne, Sommaires, divisions et rubriques, op. cit., p. 558–561. On peut parfois trouver des rubriques aussi dans l’Ecclésiastique et dans le livre de Baruch. Voir ibidem, p. 562. Sur la dramaturgie du Cantique, voir également Lobrichon G., « Ascension, triomphe et limites du Cantique des cantiques dans l’ouest européen. La fortune du dialogue dans les cercles réformateurs (c. 1050–1150) », dans Il Cantico dei cantici nel Medioevo, Atti del Convegno Internazionale dell’Università degli Studi di Milano e della Società Internazionale per lo Studio del Medioevo Latino, Gargnano sul Garda, 22–24 maggio 2006, Guglielmetti R. E. éd., Firenze, 2008, p. 337–370 : p. 348–370. 79 Voir Lobrichon, « Les éditions de la Bible latine », op. cit., p. 29. 80 Nous avons inclus dans la catégorie « présents » trois manuscrits où l’espace pour les rubriques est réservé et quatre dans lesquels les rubriques sont tracées en marge mais semblent être de la main du rubricateur qui est intervenu sur le reste du volume.

68 

 IV Le contenu biblique et paratextuel des bibles portatives au XIIIe siècle

e Les prologues La « Bible de Paris » se distingue aussi par la présence régulière d’une série de 64 prologues, dont certains sont utilisés pour la première fois. Samuel Berger avait déjà signalé l’apparition de quelques prologues nouveaux, mais il se bornait à en mentionner trois81. Plus récemment, la liste des prologues typiques de la « Bible de Paris » a été dressée par Neil Ker dans la description du manuscrit London, Lambeth Palace, 136482, puis, en 1977, par Robert Branner83 dans son ouvrage sur l’enluminure parisienne. On a dû cependant attendre les travaux de Laura Light pour une première mise au point concernant leur insertion84. Cela dit, la diffusion de cette série fixe de prologues n’a pas encore été quantifiée, et nous n’avons guère d’informations, a fortiori, sur l’utilisation au XIIIe siècle de tous ceux qui circulaient déjà dans les manuscrits de la Vulgate des siècles précédents. Tâche délicate, car le nombre de prologues est assez élevé et aucune autre séquence figée ne semble se dégager de la masse. C’est pourquoi, lors de la consultation directe des manuscrits, nous avons privilégié les prologues caractéristiques de la « Bible de Paris », dont nous avons relevé la présence ou l’absence. C’est uniquement pour les manuscrits qui ont fait l’objet d’une analyse fouillée que nous avons identifié les autres prologues éventuellement présents, en renonçant toutefois à une analyse globale de leur distribution dans le corpus. L’étude a porté avant tout sur la présence et la distribution géographique des prologues typiquement parisiens, qui fournissent un certain nombre de résultats intéressants. Notons d’emblée que cette séquence parisienne se caractérise surtout par une diminution du nombre des prologues, qui se réduisent à 64, alors que dans les bibles plus anciennes ils étaient souvent beaucoup plus nombreux. Pour l’Ancien Testament, on a conservé des prologues composés par Jérôme85, des réélaborations ou des segmentations de ces derniers, ou encore d’écrits pseudo-hiéronymiens. Dans le Nouveau Testament, on retrouve, en revanche, les prologues les plus anciens de la Vulgate : les quatre arguments « monarchiens » aux Évangiles et la série des brefs arguments « marcionites » aux Épîtres de Paul, auxquels on doit ajouter les prologues hiéronymiens aux Actes et aux Épîtres catholiques. Tous ces textes sont accompagnés de huit prologues caractéristiques de la « Bible de Paris », que nous allons analyser en détail. Inversement, la « Bible de Paris » écarte plusieurs prologues typiques des bibles antérieures, comme la plupart des prologues composés par Isidore de Séville ou les arguments qui introduisent les Épîtres catholiques. De plus, les Psaumes, qui normalement étaient introduits par plusieurs prologues, en sont totalement dépourvus dans les bibles parisiennes typiques. Ces prologues réapparaissent parfois avant le Psautier dans les bibles de dimensions plus grandes ou d’origine italienne ou anglaise. Notons enfin que, dans les bibles du XIIIe siècle, deux prologues faisant partie du texte même de la Bible, celui de l’Ecclésiastique et celui de l’Évangile de Luc86, sont traités de façon erronée comme étant des prologues indépendants et sont donc mis en valeur par une initiale décorée. Au contraire, les deux prologues d’Esther sont fusionnés et il en va de même pour ceux d’Abdias87, ce qui porte à 64 le nombre total d’initiales des prologues. Ces prologues sont tellement intégrés sur le plan visuel au texte biblique qu’ils semblent en faire partie – et du reste leur présence ne sera pas mise en cause avant l’édition clémentine de la Bible au XVIe siècle. De fait, les premières bibles imprimées contiennent encore de nombreux prologues88, alors que les éditions critiques de la Vulgate n’en conservent qu’une petite partie et plus particulièrement ceux composés par Jérôme. 81 Il s’agissait de deux prologues aux Maccabées attribués à Raban Maur et du prologue à l’Apocalypse Omnes qui pie. Voir Berger S., Les Préfaces jointes aux livres de la Bible dans les manuscrits de la Vulgate, Paris, 1902, p. 28. C’est aussi dans cet ouvrage qu’on trouve la première classification des prologues. Voir ibidem, p. 33–70. Pour une édition critique d’un grand nombre de ces derniers, voir [De Bruyne D.], Préfaces de la Bible latine, Namur, 1920. Presque tous les prologues de la Vulgate sont répertoriés dans Stegmüller F., Repertorium biblicum Medii Aevi, 11 vol., Madrid, 1940–1980 : I. Initia biblica. Apocrypha. Prologi, Madrid, 1940 [=RB], p. 235–306. Un nombre restreint de prologues est recensé, pour diverses raisons, dans d’autres volumes du même répertoire. 82 Voir Ker, Medieval Manuscripts, op. cit., I, p. 96–97. L’ordre des livres et les prologues de ce manuscrit constituent une référence pour les nombreuses bibles décrites dans cet ouvrage, mais aussi dans d’autres catalogues. 83 Branner, Manuscript Painting in Paris, op. cit., p. 154–155. 84 Light, « French Bibles c. 1200–30 », op. cit., p. 163–168. 85 Recemment reédités et traduits dans Jêrome, Préfaces aux livres de la Bible, op. cit. 86 Multorum nobis et magnorum et Quoniam quidem multi conati sunt. 87 Librum Esther + Rursum (RB 341+343) ; Iacob patriarcha + Hebrei (RB 519+517). 88 La Bible de Gutenberg, qui présente les livres dans l’ordre parisien complet avec l’ajout de IV Esdras, contient une séquence mêlant des prologues parisiens et non parisiens. Pour la liste complète des livres et des prologues contenus dans cette édition, voir Weber P. R., « Der Text der Gutenbergbibel und seine Stellung in der Geschichte der Vulgata », dans Johannes Gutenbergs Zweiundvierzigzeilige Bibel. Faksimile-Aus-

e Les prologues 

 69

Quels sont donc les prologues typiques de la « Bible de Paris » ? Tout d’abord, la « Bible de Paris » se caractérise par l’introduction systématique de trois textes anciens, déjà présents dans des manuscrits des siècles précédents, mais assez rarement : le prologue Liber Sapientiae (RB 468) au livre de la Sagesse, extrait des Étymologies d’Isidore, le prologue hiéronymien Quomodo Grecorum (RB 327) au IIe livre des Paralipomènes et Maccabeorum libri duo (RB 551), un prologue anonyme aux Maccabées qui circulait depuis le IXe siècle. Ensuite, et surtout, nos bibles se caractérisent par six prologues qui y sont intégrés pour la première fois au début du XIIIe siècle et pourraient provenir des manuscrits de la Glossa ordinaria dans lesquels ils circulaient au XIIe siècle89. En voici la liste : – Memini me hoc ferme (RB 462), prologue de Jérôme à son commentaire de l’Ecclésiaste ; – Hic Amos propheta et pastor (RB 513), prologue de source inconnue au prophète Amos ; – Cum sim promptus et Memini me in palatio (RB 547 et 553), prologues de Raban Maur aux Maccabées ; – Matthaeus cum primo praedicasset (RB 589), révision d’auteur inconnu du prologue hiéronymien Plures fuisse aux Évangiles ; – Omnes qui pie volunt vivere (RB 839), prologue anonyme à l’Apocalypse, attribué parfois à Gilbert de la Porrée. Ce texte est le seul qui est absent de la glose avant le XIIIe siècle. Nous avons vu que le nouvel ordre des livres et, plus encore, la nouvelle capitulation ont connu un succès rapide et se sont en définitive répandus largement dans l’Europe entière. Il en va autrement pour la séquence parisienne des prologues. Du Tableau 29 il ressort qu’un tiers seulement des bibles contient la séquence parfaite des 64 prologues typiques de Paris, et cette remarque est également valable pour les manuscrits avec un ordre de type parisien. Nous avons distribué les manuscrits avec des ordres différents en distinguant ceux qui ne contiennent aucun des six prologues caractéristiques que nous avons mentionnés (catégorie : non parisiens) ; ceux, très nombreux, qui en reprennent seulement quelques-uns, associés à des prologues différents (mixtes) ; ceux qui présentent uniquement la séquence parisienne mais incomplète (parisiens incomplets) ; ceux qui en plus de tous les prologues parisiens en comprennent d’autres (64 + autres). On remarque ainsi, non seulement que le nombre de bibles qui n’ont aucun des six prologues typiquement parisiens est presque égal au nombre de bibles contenant la séquence parisienne typique, mais qu’il existe également une quantité non négligeable de bibles comprenant seulement quelques prologues parisiens associés à beaucoup de prologues non parisiens. Dans les nombreux cas contenant une séquence mixte, on notera que le prologue Omnes qui pie à l’Apocalypse demeure rare et que l’on ajoute – ou mieux, l’on conserve – les prologues aux Psaumes et aux Évangiles, les arguments aux Épîtres catholiques, ainsi que les prologues d’Isidore aux Petits Prophètes. Si telle est la situation générale, le succès somme toute assez faible de la séquence parisienne est encore plus visible si l’on détaille la situation pays par pays (Tableau 30). Le pourcentage de bibles avec la séquence parisienne parfaite est seulement de 6,8% en Angleterre et de 2,7% en Italie. En outre, l’Angleterre, pays où les bibles ont généralement un aspect beaucoup plus proche des manuscrits français qu’ailleurs, compte le pourcentage le plus élevé (56,8%) de bibles n’ayant aucun des nouveaux prologues parisiens. En Italie, le gros des manuscrits se partage, sans qu’il soit possible de repérer des constances au niveau régional, entre ceux qui ne contiennent aucun prologue parisien (49,3%) et ceux qui en adoptent quelques-uns accompagnés des prologues anciens. Enfin, en France, seul pays où la séquence parisienne a connu un réel succès, il existe un écart remarquable entre les manuscrits copiés sans aucun doute à Paris et ceux qui ont été copiés en province ou dont il est impossible de préciser l’origine. Si à Paris le pourcentage de bibles avec la séquence parisienne parfaite s’élève à 80,6%, il est de moitié inférieur (41,4%) pour les autres bibles d’origine française.

gabe nach dem Exemplar der Staatsbibliothek Preussischer Kulturbesitz Berlin. Kommentarband, Schmidt W. − Schmidt Künsemüller F. A. dir., München, 1979, p. 11–31 : p. 15–16. Sur les caractéristiques de ce texte, voir aussi Needham P., « The Text of the Gutenberg Bible », dans Trasmissione dei testi a stampa nel periodo moderno, II seminario internazionale Roma-Viterbo 27–29 giugno 1985, Crapulli G. éd., Roma, 1987 (Lessico intellettuale europeo, XLIV), p. 43–84. 89 Voir Lobrichon, « Les éditions de la Bible latine », op. cit., p. 20–21.

70 

 IV Le contenu biblique et paratextuel des bibles portatives au XIIIe siècle

Tableau 29: Types de prologues selon l’ordre des livres bibliques. Prologues

ordre de type parisien

absents

autres

total

2 0,8%

3 5,5%

5 1,6%

non parisiens

61 23,7%

32 58,2%

93 29,8%

mixtes

62 24,1%

18 32,7%

80 25,6%

parisiens incomplets

15 5,8%

1 1,8%

16 5,1%

64 parisiens + autres

17 6,6%

1 1,8%

18 5,8%

64 parisiens

100

 

100

38,9%

0,0%

32,1%

total

257 100,0%

55 100,0%

312 100,0%

total avec au moins un prologue parisien

194 75,5%

20 36,4%

214 68,6%

Tableau 30: Type de prologues par pays d’origine. Prologues absents

Angleterre

France

Italie

autres pays ou origine inconnue90

total

3 6,8%

  0,0%

2 2,7%

  0,0%

5 1,6%

non parisiens

25 56,8%

12 9,6%

37 49,3%

19 27,9%

93 29,8%

mixtes

9 20,5%

19 15,2%

33 44,0%

19 27,9%

80 25,6%

incomplets parisiens

3 6,8%

6 4,8%

1 1,3%

6 8,8%

16 5,1%

64 parisiens + autres

1 2,3%

10 8,0%

  0,0%

7 10,3%

18 5,8%

64 parisiens

3 6,8%

78 62,4%

2 2,7%

17 25,0%

100 32,1%

68

312

total total %

44 100,0%

125 100,0%

75 100,0%

100,0%

100,0%

L’existence de différences aussi remarquables entre Paris et le reste de l’Europe91, beaucoup plus importantes que les écarts constatés pour la capitulation, pour l’ordre des livres et même pour la présence des livres deutérocanoniques, appelle une explication. Tout d’abord, il est indéniable que le succès de la capitulation parisienne et, dans une moindre mesure, de l’ordre des livres parisien, est dû à leur fonctionnalité. Au contraire, l’adoption des prologues parisiens ne répondait pas à des exigences pratiques, mais relevait plutôt de choix liés à l’exégèse biblique, qui étaient, partant, davantage sujets à caution et qui pouvaient de plus aller à l’encontre de traditions locales plus ou moins enracinées. Il 90 Les pourcentages de cette colonne dans ce tableau (et dans d’autres encore) permettent de supposer qu’elle recèle un bon nombre de manuscrits d’origine parisienne. 91 Deux manuscrits d’origine ibérique sur six contiennent les prologues parisiens, mais aucun des trois manuscrits originaires des pays germaniques.

e Les prologues 

 71

est compréhensible que l’on n’ait eu aucune réticence à lire une bible dans le même ordre qu’à Paris ou à référencer le texte de la même façon que dans l’université parisienne, mais il est tout aussi normal que l’on ait souhaité privilégier des prologues différents. Ce n’est pas un hasard si l’incorporation postérieure des prologues parisiens est un phénomène somme toute peu fréquent, alors que la nouvelle capitulation a fréquemment été ajoutée dans les marges des manuscrits qui en étaient dépourvus. Deuxièmement, le panorama esquissé, et notamment le fait que la situation diffère radicalement entre Paris et le reste de la France, et plus encore entre la France et l’Angleterre, doit nous faire réfléchir aux conditions de la copie du texte biblique. En effet, des nouveautés telles que l’ordre des livres ou la capitulation étaient à la rigueur compatibles avec n’importe quel texte biblique. Aussi suffisait-il de connaître la séquence parisienne pour copier les textes selon le nouvel ordre et, bien qu’avec davantage de difficultés, pour segmenter le texte qu’on avait sous la main en fonction de la nouvelle division en chapitres. La copie des nouveaux prologues requérait en revanche la présence d’un exemplar, ne serait-ce que pour les prologues totalement nouveaux. Ainsi, 79,1% des bibles copiées à Paris contiennent le nouveau prologue le plus « inédit », Omnes qui pie, mais le pourcentage descend à 56,9% parmi les manuscrits d’origine française indéterminée et chute à 15% en Angleterre et en Italie. Or, on peut aisément supposer que les exemplaria utilisés à Paris comportaient depuis le début tous les prologues parisiens insérés entre les livres bibliques dans un ordre figé. Cela est indirectement confirmé par le haut pourcentage (80%) de bibles d’origine parisienne présentant la séquence parfaite, mais aussi, matériellement, par un exemplar 92 qui a survécu jusqu’à nos jours et qui contient effectivement la séquence parisienne. Ailleurs, aussi bien en France que dans le reste de l’Europe, il est vraisemblable qu’on prenait pour modèle les manuscrits bibliques les plus faciles d’accès, qui, bien évidemment, présentaient leur propre série de prologues. De plus, ces prologues étaient souvent l’objet d’un phénomène d’accumulation délibérée, sans doute héritage de pratiques plus anciennes, car les bibles des XIe et XIIe siècles contenaient souvent un nombre très élevé de prologues. On remarquera, enfin, qu’il n’existait pas de séquence figée de prologues dans les autres villes où le système de la pecia était utilisé, à savoir Oxford et Bologne. La séquence parisienne parfaite est absente des manuscrits consultés originaires de ces deux villes, et aucune autre séquence figée ne s’en dégage. Nous ne savons pas, cependant, dans quelle mesure la diffusion de la Bible y fut assurée au XIIIe siècle par le recours à ce système. Un petit manuscrit93 offre un témoignage frappant de l’ancrage des différentes traditions dans la production des bibles. Dans ce volume, dont la présentation, unitaire94, fait clairement apparaître une origine française, un copiste italien est intervenu au début du Nouveau Testament. Ce copiste a écrit sur des cahiers structurés en sénions, alors que l’Ancien Testament était en duodénions, mais surtout il a transcrit des prologues non parisiens aux Évangiles et aux trois premières Épîtres de Paul. Un copiste français, le même que pour l’Ancien Testament, a repris la copie à partir du milieu de la première lettre aux Thessaloniciens et a remis les choses dans l’ordre (parisien), sauf en ce qui concerne la structure des cahiers, qui n’était plus modifiable. Ce volume constitue bien sûr un cas isolé mais, outre qu’il pose beaucoup de questions sur les aspects matériels de la fabrication des bibles, il suggère à la fois que le copiste pouvait avoir une certaine liberté dans le choix du contenu à copier et que les copistes italiens étaient réellement attachés à leurs traditions textuelles. La diffusion de ces nouveaux prologues semble augmenter avec le temps dans tous les pays. En fait, on assiste plutôt, dans la seconde moitié du siècle, à une diminution des manuscrits qui ne contiennent aucun prologue nouveau, diminution qui se fait, dans tous les pays, au profit des séquences mixtes, alors que la part de bibles avec la séquence parisienne parfaite demeure à peu près stable. Si on prend en considération les quelques bibles datées déjà citées, on observera que la petite bible copiée en 1234 comporte la séquence parisienne complète, la bible copiée à Toulouse en 1235 contient les 64 prologues parisiens plus d’autres prologues ajoutés, tandis que la bible copiée à Viterbe en 1250 présente une séquence mixte, qui comporte toutefois le prologue Omnes qui pie dont on ne trouve pas de trace en Italie avant cette date95. On relève enfin une corrélation entre la présence des prologues parisiens et la taille des volumes. Comme pour l’ordre de livres, mais dans une proportion encore plus élevée, c’est dans les bibles les plus petites que l’option « parisienne » est la plus fréquemment retenue (Tableau 31). Ce phénomène pourrait lui aussi être interprété comme un effet 92 Paris, Bibl. Mazarine, 37. Toutefois, l’exemplar s’arrêtant au Psautier, nous ne pouvons pas savoir si les six prologues parisiens les plus typiques étaient présents. 93 Roma, Accademia Nazionale dei Lincei e Corsiniana, Rossi 317. 94 Même parchemin de type français, même schéma de réglure, même décoration. 95 Voir aussi Lobrichon, « Pour l’étude de la tradition et du texte », op. cit., p. 29.

72 

 IV Le contenu biblique et paratextuel des bibles portatives au XIIIe siècle

de structure car les bibles d’origine françaises sont surreprésentées dans les tranches dimensionnelles inférieures. Or, ce n’est pas le cas. Si toute corrélation est effectivement absente en Italie (Tableau 32), le lien est tout à fait perceptible en France96 et, dans une moindre mesure, en Angleterre ; et à Paris même, il s’avère que 90% des bibles ayant moins de 330 mm de taille présentent la séquence parisienne parfaite, contre 55% pour les manuscrits dont la taille est comprise entre 330 et 450 mm. Encore une fois, on doit constater que les bibles portatives ont été un moyen de diffusion des nouveautés parisiennes. Les bibles « de poche » semblent donc être porteuses d’un contenu beaucoup plus standardisé. Ainsi, même pour les exemplaires produits à la même époque, au même endroit et souvent dans les mêmes ateliers d’enluminure, il semble que non seulement différents modèles coexistaient, mais aussi que les variations étaient liées à la taille des volumes, et donc au public visé. Tableau 31: Répartition des différentes séquences de prologues selon la taille. Prologues

≤230 mm

231–280 mm

281–330 mm

331–380 mm

381–450 mm

total

absents

1 4,3%

1 1,1%

1 1,0%

2 3,8%

  0,0%

5 1,6%

non parisiens

1 4,3%

13 14,3%

42 40,0%

21 39,6%

18 41,9%

95 30,2%

mixtes

2 8,7%

24 26,4%

30 28,6%

15 28,3%

9 20,9%

80 25,4%

incomplets parisiens

3 13,0%

6 6,6%

1 1,0%

3 5,7%

3 7,0%

16 5,1%

64 parisiens + autres

2 8,7%

6 6,6%

4 3,8%

5 9,4%

1 2,3%

18 5,7%

14 60,9%

41 45,1%

27 25,7%

7 13,2%

12 27,9%

101 32,1%

23 100,0%

91 100,0%

105 100,0%

53 100,0%

43 100,0%

315 100,0%

64 parisiens total

Tableau 32: Répartition des différentes séquences de prologues selon la taille et le pays. Prologues

Angleterre ≤330 mm

France

Italie

331–450 mm

≤330 mm

331–450 mm

≤330 mm

 

 

 

 

absents

3 10,3%

non parisiens

15 51,7%

10 66,7%

5 5,6%

mixtes

5 17,2%

4 26,7%

incomplets parisiens

3 10,3%

64 parisiens + autres

total

331–450 mm

0,0%

2 7,1%

5 2,0%

7 20,0%

25 50,0%

14 50,0%

76 30,8%

12 13,3%

7 20,0%

25 50,0%

8 28,6%

61 24,7%

  0,0%

4 4,4%

2 5,7%

  0,0%

1 3,6%

10 4,0%

  0,0%

1 6,7%

6 6,7%

4 11,4%

  0,0%

  0,0%

11 4,5%

64 parisiens

3 10,3%

  0,0%

63 70,0%

15 42,9%

  0,0%

3 10,7%

84 34,0%

total

29

90

35

total %

100,0%

0,0%

15 100,0%

0,0%

100,0%

0,0%

100,0%

50 100,0%

28 100,0%

247 100,0%

96 Sachant que la séquence parisienne comporte un nombre limité de prologues par rapport aux traditions plus anciennes, on pourrait y voir une raison de son choix dans les manuscrits plus petits, où la compression du texte était une nécessité cruciale. Cependant, vu la brièveté de la plupart des prologues, l’argument ne paraît pas recevable – sans compter que cette solution n’a pas été adoptée en Italie.

f Conclusions sur l’« habillage du texte » 

 73

f Conclusions sur l’« habillage du texte » En conclusion de cette analyse des caractéristiques paratextuelles, il ne sera pas inutile de fournir un aperçu synthétique de l’ensemble des éléments pris en compte. Nous appellerons « habillage parisien parfait » l’ensemble des caractéristiques reconnues comme parisiennes : ordre des livres parisien sans lacunes, nouvelle capitulation, séquence de 64 prologues, absence de listes de chapitres et de rubriques additionnelles. On aurait pu ajouter à cette liste le glossaire des noms hébreux, mais nous avons préféré l’analyser à part car son statut (d’origine/ajouté/mutilé) n’est pas toujours aisé à déterminer, étant donné que le glossaire se trouve à la fin des manuscrits. Nous appellerons « mixte » un habillage qui comporte seulement une partie des éléments parisiens, et nous comptabiliserons à part les bibles qui présentent seulement la capitulation parisienne, ainsi que celles qui sont dépourvues de tout élément parisien. Les tableaux qui suivent confirment le succès majeur de l’« habillage parisien », dans la mesure où les manuscrits qui lui demeurent tout à fait étrangers se limitent à 4,1% du corpus. Cependant, si la diffusion de cet habillage a été universelle, force est de constater que son succès fut inégal. Ainsi, dans sa forme la plus aboutie, l’habillage parisien n’est présent que dans 31% des bibles ; de plus, il n’est majoritaire qu’en France, alors que sa diffusion en Angleterre, et surtout en Italie, est extrêmement faible (Tableau 33). Dans ces pays, en effet, la plupart des bibles optent pour un habillage « mixte » qui accueille seulement quelques éléments parisiens, et parfois uniquement la nouvelle capitulation97. Ce n’est qu’à Paris que la proportion de bibles à l’habillage « parfait » est très élevée (79%). Même là pourtant, une partie des manuscrits, et pas nécessairement les plus anciens, mêle des éléments anciens et des éléments modernes (Tableau 34). Tableau 33: Habillage du texte en fonction de l’origine. Type d’habillage non parisien

Angleterre

France

Italie

1 2,2%

6 4,7%

6 7,8%

capitulation seule

8 17,4%

3 2,4%

mixte

34 73,9% 3 6,5%

parisien parfait total total %

46 100,0%

autres pays ou origine inconnue 0,0%

13 4,1%

18 23,4%

10 14,5%

39 12,2%

40 31,5%

52 67,5%

41 59,4%

167 52,4%

78 61,4%

1 1,3%

18 26,1%

100 31,3%

69

319

100,0%

100,0%

127 100,0%

77 100,0%

 

total

Outre l’origine, la variable qui semble le plus étroitement associée au choix du paratexte est la taille (Tableau 35). Le pourcentage de bibles présentant l’habillage parisien parfait décroît sensiblement avec l’augmentation de la taille. Comme nous l’avons déjà noté, ce phénomène ne concerne pas dans la même mesure tous les éléments parisiens, mais il est dans l’ensemble loin d’être négligeable. Peu visible en Italie et modérément en Angleterre, il est significatif surtout en France. À Paris, 90% des bibles « de poche » (taille ≤330mm) présentent un habillage parisien parfait, contre seulement 52% des bibles « de besace » (taille comprise entre 330 et 450 mm). La bible portative se présente donc incontestablement comme le principal vecteur de nouveauté, non seulement sur le plan matériel, mais également sur le plan textuel pris au sens large.

97 En ce qui concerne les manuscrits d’origine italienne, Sabina Magrini a plusieurs fois souligné que les bibles produites à Bologne étaient les plus proches, du point de vue textuel, du modèle parisien (voir Magrini, « Production and Use of Latin Bible Manuscripts », op. cit., p.  245–246). Pourtant, les bibles d’origine bolonaise de format portatif sont étonnamment peu nombreuses, et celles que nous avons pu consulter ne semblent pas plus proches de ce modèle que les autres bibles portatives produites en Italie du Nord. La nouvelle capitulation est bien sûr présente et l’ordre des livres est de type parisien, mais souvent avec des omissions ; ces bibles ne suivent pas la séquence parisienne des prologues et on n’y trouve pas les variantes du texte parisien.

74 

 IV Le contenu biblique et paratextuel des bibles portatives au XIIIe siècle

Tableau 34: France : habillage du texte en fonction de l’origine. Type d’habillage

France sans Paris

Paris

total

non parisien

4 6,8%

2 2,9%

6 4,7%

capitulation seule

3 5,1%

0,0%

3 2,4%

mixte

28 47,5%

12 17,6%

40 31,5%

parisien parfait

24 40,7%

54 79,4%

78 61,4%

total

59

68

total %

100,0%

127

100,0%

100,0%

Tableau 35: Corrélation entre l’habillage du texte et la taille des manuscrits. Type d’habillage

≤230 mm

231–280 mm

281–330 mm

331–380 mm

381–450 mm

non parisien

 

0,0%

1 1,1%

5 4,8%

4 7,4%

3 6,5%

13 4,1%

2 8,7%

4 4,4%

18 17,1%

6 11,1%

9 19,6%

39 12,2%

mixte

7 30,4%

44 48,4%

55 52,4%

38 70,4%

23 50,0%

167 52,4%

parisien parfait

14 60,9%

42 46,2%

27 25,7%

6 11,1%

11 23,9%

100 31,3%

total

23

91

54

46

319

capitulation seule

total %

100,0%

100,0%

105 100,0%

100,0%

100,0%

total

100,0%

En conclusion, on peut affirmer que si, en général, ce que nous avons appelé « habillage parisien » de la Bible a connu un succès certain au cours du XIIIe siècle, sa diffusion n’a pas été uniforme. Les deux facteurs principaux qui en déterminent la fréquence sont, dans une mesure différente selon chaque caractéristique, l’origine du manuscrit et la taille. L’origine interfère avec le contenu en fonction de l’éloignement plus ou moins grand de Paris et de la concurrence avec les modèles locaux. Pour ce qui est de la taille, on relèvera d’une part que les bibles portatives, surtout liées au circuit de transmission universitaire, ne s’appuyaient pas sur des modèles matériels plus anciens et étaient donc plus susceptibles d’accueillir des nouveautés textuelles ; d’autre part, que leurs destinataires principaux, que ce soit les frères mendiants ou d’autres clercs, constituaient les franges les plus modernes du lectorat. Il semble que la nouveauté matérielle (le format portatif) et la nouveauté textuelle (le nouveau paratexte) − formaient au départ un ensemble presque indissociable dont seuls les aspects les plus visibles et les éléments les plus fonctionnels se sont réellement diffusés, dans une mesure plus ou moins large, en dehors de Paris.

g La tradition textuelle : quelques considérations Passons à présent aux aspects proprement textuels de la « Bible de Paris ». Une analyse approfondie de ceux-ci outrepasserait le champ de la problématique définie pour le présent travail, mais il vaut la peine de s’y intéresser brièvement pour deux raisons essentielles. D’une part, les catalogues de manuscrits font souvent état de « texte parisien » ou de

g La tradition textuelle : quelques considérations 

 75

« texte monastique » à propos de bibles ; d’autre part, et surtout, la présence et la diffusion des variantes textuelles fournissent aussi des indices sur les modalités de production de ces manuscrits, en particulier sur l’utilisation du système de la pecia. On ne cherchera donc pas dans les pages qui suivent une étude de la diffusion du texte parisien, mais seulement des éléments de réflexion sur la production des bibles au XIIIe siècle. Dans le chapitre I.b, nous nous sommes déjà demandé si le texte de la Bible – et par « texte » nous n’entendrons ici que la succession pure et simple des mots – a été l’objet, du moins à partir d’une certaine époque, d’une véritable « édition ». Une telle édition n’aurait certainement pas échappé à la tutelle de l’Université et aurait abouti tôt ou tard à la préparation d’un texte authentifié, concrétisé dans l’archétype des exemplaria, un « exemplar original »98. Si les critiques exprimées par Roger Bacon à son égard, ainsi que, comme nous allons le voir, l’existence de variantes propres aux manuscrits originaires de Paris, semblent indiquer qu’un original universitaire a bel est bien existé, ces mêmes critiques laissent aussi assez clairement entendre que, faute de consensus et d’authentification, il n’y a jamais eu un contrôle effectif du texte de la Bible de la part de l’Université, ce qui a laissé le champ libre à la fois aux corrections des exégètes et à la négligence des libraires et des copistes. Nous nous sommes également demandé si et dans quelle mesure la diffusion du nouveau texte avait été assurée grâce au système de la pecia. Nous avons constaté la présence de la Bible dans les listes de taxation parisiennes de 1275 et 1304 et l’existence de deux exemplaria, vraisemblablement tardifs eux aussi, dont un italien99 et l’autre parisien100 : ce dernier manuscrit contient le « texte de l’Université », prologues compris, jusqu’au livre des Psaumes. Il subsiste par ailleurs des notes de copiste dans trois autres manuscrits, dont deux d’origine parisienne, qui attestent sans équivoque le recours à cette technique pour la production de manuscrits bibliques à Paris101. Si l’on se fie à la liste de taxation, ainsi qu’à la composition de notre exemplar parisien et aux mentions numériques contenues dans les deux bibles d’origine française portant des mentions de pecia, il apparaît qu’il existait à Paris plusieurs exemplaria segmentés en un nombre différent de peciae102. Ces considérations, jointes aux résultats de l’analyse effectuée sur l’ordre des livres et sur la présence des textes deutérocanoniques et des prologues, corroborent l’hypothèse selon laquelle l’Université ne s’est jamais donné les moyens de proposer un texte unifié de la Bible, ni de s’assurer le monopole de sa diffusion. Puisque l’essor très rapide de la production est aussi lié à celui des ordres mendiants, on peut supposer que c’est l’accroissement subit et sans précédent de la demande qui, au cours des premières décennies du XIIIe siècle, a imposé la création ex nihilo de réseaux de diffusion dont les stationnaires étaient les dépositaires naturels. La rapidité de ce processus semble avoir eu comme conséquence la multiplication un peu anarchique d’exemplaria diversement structurés, copiés sur un ou plusieurs originaux peu fiables et non authentifiés. Une demande aussi importante pour un texte aussi long ne pouvait certainement pas être satisfaite par le système traditionnel d’emprunt ou de location d’un modèle monolithique qu’il aurait fallu immobiliser plusieurs mois durant. L’adoption d’un système de production fondé sur la distribution de cahiers non reliés – le support technique du système de la pecia – s’imposait donc, et un tel système ne pouvait être géré que par les stationnaires, qui se préoccupaient de fabriquer les modèles, d’assurer la fluidité du processus de copie et d’assurer la maintenance des peciae face à l’éventualité d’accidents, qui ne devaient pas être rares, et à l’usure, qui devait être rapide. Ces exemplaria parisiens seraient à l’origine de la diffusion d’une série de variantes communes, qui semblent provenir des bibles glosées et distinguent le texte parisien de toutes les traditions antérieures ; les éditions critiques récentes font parfois état de ces variantes dans leur apparat103. 98 Pour cette terminologie, voir Murano G., « Tipologia degli exemplaria giuridici », dans Juristische Buchproduktion im Mittelalter, Colli V. éd., Frankfurt am Main, 2002 (Studien zur Europäischen Rechtsgeschichte, 155), p. 105–172 : p. 118–119. 99 Novara, Bibl. Capitolare, VII : 349×230 mm, 420 f., en 101 binions numérotés. 100 Paris, Bibl. Mazarine, 37 : 310×210 mm, 241 f., en ternions numérotés. Chaque cahier porte à la fin la note : correctus. Ce manuscrit, qui provient des Dominicains de la rue Saint-Jacques, est d’origine parisienne et date de la seconde moitié du XIIIe siècle. Son appartenance à la statio de la famille de Sens est discutée dans Rouse – Rouse, « The Book Trade », op. cit., p. 57–58. 101 Bologna, Collegio di Spagna, 2 ; Paris, BnF, lat. 28 et 9381. Dans ces manuscrits, tous de grandes dimensions, des marques marginales font clairement mention de pe[cia]. 102 Au moins sept, avec un nombre de peciae allant de 60 à 120. Voir Ruzzier, « Quelques observations », op. cit., p. 161–170. 103 Le manuscrit Paris, BnF, lat. 15467, provenant de la bibliothèque de la Sorbonne, est un exemple du texte parisien connu déjà par Samuel Berger. Il est identifié par le sigle ΩS dans l’édition critique de la Vulgate. Le célèbre correctoire de Saint-Jacques (Paris, BnF, lat. 16719–16722 = ΩJ) et le manuscrit Paris, Bibl. Mazarine, 5 (ΩM) sont d’autres exemples du texte parisien. Ces trois manuscrits ont été collationnés par les éditeurs de l’editio maior, mais en raison de leur caractère tardif, leurs variantes n’ont pas été retenues dans l’établissement du texte. Henri Quentin cite un quatrième manuscrit, Città del Vaticano, BAV, Vat. lat. 7664, dont le texte semble pourtant plus éloigné. De fait, il s’agit d’une bible portative

76 

 IV Le contenu biblique et paratextuel des bibles portatives au XIIIe siècle

Pour retracer les péripéties du texte biblique dans l’Europe du XIIIe siècle, il eût été nécessaire de procéder à une collation minutieuse de beaucoup de manuscrits, pas nécessairement du XIIIe siècle ni portatifs. Cette tâche apparaît a priori très lourde, ne serait-ce que dans la mesure où il faudrait repérer un certain nombre de variantes discriminantes, probablement disséminées à travers la totalité du texte, permettant de distinguer nettement les diverses branches de la tradition. Elle serait aussi très malaisée, puisqu’on se trouverait inévitablement face à des phénomènes de transmission latérale – la contamination, bien connue de tous ceux qui se sont penchés sur l’établissement du texte de la Bible – qui ne manqueraient pas de brouiller ultérieurement les cartes104. Malheureusement, ce genre de reconstitution, lorsqu’il porte sur les branches tardives de la tradition, n’attire guère l’attention des spécialistes de l’ecdotique de la Bible, dont l’intérêt porte tout naturellement sur le texte lui-même plutôt que sur son histoire105. Malgré ces difficultés, pour essayer d’obtenir au moins quelques éléments de jugement concernant la diffusion du texte parisien dans les bibles portatives, nous avons réparti les manuscrits consultés en fonction de deux variantes qui semblent être discriminantes et représentatives de cette tradition106. La première, déjà utilisée à ces fins par François Avril et Patricia Stirnemann107, est située au début du livre de Ruth et consiste en une interversion des deux termes consécutifs « posita revertendi » (Rt, I, 7). Nous avons repéré nous-même une seconde variante opératoire au début du livre de Job : dans la phrase « vocabant tres sorores suas ut comederent et biberent vinum cum eis » (Job, I, 4), le mot vinum est un ajout absent de la tradition antérieure au XIIIe siècle. Bien entendu, le fait que ces variantes ne se trouvent que dans le texte parisien ne signifie pas qu’elles apparaissent simultanément dans tous les témoins de cette tradition : certains manuscrits sont porteurs de l’une et pas de l’autre. Dans les tableaux qui suivent, nous avons dénommé « texte parisien » les manuscrits qui portent les deux variantes dont il vient d’être question ; « texte mixte »108 ceux qui portent l’une ou l’autre des deux variantes ; « texte non parisien » ceux qui ne portent ni l’une ni l’autre. Il s’agit – répétons-le – d’un sondage très grossier de la situation, étant donné que la configuration des variantes présente de toute manière une certaine dose d’instabilité, dans un même volume, d’un livre de la Bible à l’autre. Au vu des résultats, cependant, ce choix se révèle suffisamment opératoire pour établir un certain nombre d’observations. Nous savons que le texte des manuscrits originaires de Paris est loin d’être homogène. Robert Branner avait déjà remarqué que les bibles d’origine parisienne, même lorsqu’elles étaient enluminées dans un même atelier, ne portaient pas nécessairement le même type de texte109 : selon lui, elles auraient été transcrites auprès de libraires différents, à partir de l’exemplar de chacun d’eux. On peut déduire de cette remarque que les ateliers de peinture n’étaient en fait que le lieu de confluence de produits de provenances disparates, ce qui contredit le postulat « spontané » – suggéré à la fois par les pratiques des scriptoria monastiques et celles de l’imprimerie – selon lequel Paris aurait été le siège de véritables ateliers de fabrication de manuscrits qui se chargeaient de la totalité du travail. Par ailleurs, Guy Lobrichon

que nous avons pu consulter, mais qui, à notre avis, n’est pas d’origine parisienne. Voir Quentin, Mémoire sur l’établissement du texte, op. cit., p. 385–388. Pour les variantes du texte de l’Université dans le Nouveau Testament, voir aussi Glunz, History of the Vulgate, op. cit., p. 262–273. 104 Les exemples explicites de contamination sont rares, mais pour qu’une partie importante de la tradition soit contaminée, il suffit qu’au moins un exemplar portant le texte parisien ait été collationné avec un manuscrit témoignant d’une tradition différente ou qu’une pecia perdue ait été remplacée par une pecia copiée sur un autre antigraphe. On aurait alors affaire à une tradition pure issue d’un modèle contaminé. 105 La reconstitution de ce texte est toutefois en cours à travers l’édition en ligne de la Glossa ordinaria, dont le texte biblique correspond à celui en usage au XIIIe siècle. Voir Glossae Scriturae Sacrae-Electronicae (Gloss-e) https://gloss-e.irht.cnrs.fr/index.php (dernière consultation: 21/10/2021). 106 Une approche philologique du texte biblique n’ayant pas été dans nos intentions au début de cette enquête, nous n’avons pas procédé à une collation plus étendue. Malheureusement, on ne peut presque jamais utiliser les dénominations qui apparaissent dans les catalogues, car il n’est pas dit si la distinction entre « texte parisien » (ou « texte de l’Université ») et « texte monastique » a été opérée à partir des leçons du texte ou des caractéristiques paratextuelles. 107 Cette variante a été utilisée par François Avril et Patricia Stirnemann pour identifier le texte parisien dans les manuscrits enluminés d’origine anglaise de la Bibliothèque nationale de France, et Laura Light en a confirmé l’utilité à cette fin (Avril – Stirnemann, Manuscrits enluminés d’origine insulaire, op. cit., p. 50–51). D’autres catalogueurs l’ont ensuite également utilisée. 108 Par ailleurs, les deux variantes n’ont pas exactement la même pertinence : l’ajout de vinum est assez facilement reconnaissable comme une interpolation, alors que l’inversion de deux mots pourrait passer inaperçue. En effet, parmi les manuscrits porteurs du texte mixte, c’est l’inversion dans le livre de Ruth qui est la plus fréquente (75%) et non l’ajout de vinum dans le livre de Job (25%). 109 Voir Branner, « The ‘Soissons Bible’ Paintshop », op. cit., p. 15.

g La tradition textuelle : quelques considérations 

 77

Tableau 36: Type de texte biblique selon l’origine. Type de texte

Angleterre

non parisien

19 61,3%

27 28,7%

48 96,0%

27 57,4%

121 54,2%

mixte

9 29,0%

12 12,8%

2 4,0%

3 6,4%

26 11,7%

3 9,7%

55 58,5%

0,0%

17 36,2%

75 33,9%

47

222

parisien total total %

31 100,0%

France

94 100,0%

Italie

50 100,0%

autres pays ou origine inconnue

100,0%

total

100,0%

a observé que, dans les bibles exécutées à Paris, certaines variantes se distribuent de manière assez cohérente en fonction du format110, ce qui suggère a priori que les circuits de production n’étaient pas toujours les mêmes pour les bibles de dimensions moyennes ou grandes et les bibles portatives. Les résultats obtenus à partir de la répartition des deux variantes parisiennes viennent corroborer ces conjectures. D’après le Tableau 36, la diffusion du texte parisien est loin d’être aussi étendue et capillaire qu’on pourrait l’imaginer en se fiant à l’aspect extérieur des volumes et à leur caractéristiques paratextuelles : si l’on considère le pourcentage de manuscrits qui présentent un texte typiquement parisien, on constate qu’il atteint certes 58,5% en France, mais à peine 9,7% en Angleterre et se révèle nul en Italie. Le pourcentage global pour la France cache un écart sensible entre Paris et le reste de la France, écart révélé lorsque le calcul est effectué en séparant les manuscrits d’origine parisienne raisonnablement sûre et les autres. Les manuscrits qui portent un texte typiquement parisien sont nettement majoritaires dans le premier groupe (68%), alors qu’ils sont moins représentés dans le second (48%). La comparaison est davantage éloquente lorsqu’on considère, à l’inverse, les textes manifestement non parisiens : 16% à Paris contre 43% en France sans Paris. Le faible nombre de manuscrits datés et l’imprécision des critères de datation au jugé rendent pratiquement impossible toute évaluation de l’évolution du texte dans la diachronie. Tout ce que l’on peut dire, c’est qu’en France le pourcentage de manuscrits avec un texte non parisien reste plus ou moins stable au cours du XIIIe siècle111. Malgré le caractère peu vigoureux de son expansion, il est indéniable que le texte parisien s’est tout de même diffusé en dehors de Paris. Cependant, lorsqu’il a eu lieu, le processus s’est vraisemblablement fait, non pas directement à partir des exemplaria, dont il n’y a aucune raison de penser qu’ils se soient exportés hors de Paris, mais plutôt à travers des copies parisiennes transportées ailleurs – chose aisément concevable, vu le caractère cosmopolite de la population estudiantine et universitaire en général. Il s’agirait donc de bibles « de deuxième génération ». Même en Angleterre, pays dont les théologiens avaient porté beaucoup d’intérêt au texte biblique, il ne semble pas qu’on ait tiré profit directement ou indirectement des exemplaria parisiens, soit parce que la production n’y relevait pas du circuit universitaire, soit parce que, comme nous l’apprennent implicitement les critiques de Bacon, on se méfiait sans doute de ces « originaux » douteux. Ainsi, il faut se rendre à l’évidence : malgré l’engouement suscité par l’apparition de la « Bible nouveau modèle», la tradition textuelle est fondamentalement hétérogène : le texte parisien est loin d’avoir conquis le terrain et n’a jamais atteint le statut de version de référence. En ce qui concerne ce que nous avons appelé l’« habillage » du texte – prologues, ordre des livres, capitulation –, 82% des manuscrits portant le texte parisien présentent la série de 64 prologues (Tableau 37). Pour ce qui est de l’ordre

110 Voir Lobrichon, « Les éditions de la Bible latine », op. cit., p. 32.  111 Parmi les 14 bibles datables des années 1200–1230 et produites à Paris analysées par Laura Light, 12 ont le texte parisien, une un texte ancien et une présente le texte parisien dans l’Ancien Testament et un texte non parisien dans le Nouveau. Voir Light, «  French Bibles c. 1200–30 », op. cit., p. 173–176.

78 

 IV Le contenu biblique et paratextuel des bibles portatives au XIIIe siècle

des livres, le lien avec le texte parisien est encore plus flagrant : lorsque l’on a affaire à un manuscrit qui présente le texte parisien, l’ordre est parisien dans la quasi-totalité des cas112, et la même remarque vaut pour la capitulation. Tableau 37: Type de prologues selon le type de texte biblique. Prologues

texte non parisien

texte parisien

absents

1 0,8%

1 1,4%

non parisiens

61 50,8%

1 1,4%

mixtes

43 35,8%

4 5,5%

incomplets parisiens

6 5,0%

2 2,7%

64 parisiens + autres

8 6,7%

5 6,8%

parisiens

1 0,8%

60 82,2%

total

120

73

total %

100,0%

100,0%

L’existence d’un lien aussi contraignant ne doit guère nous étonner : il est dû aux caractéristiques du système de la pecia qui, en dehors de la mise en page qui demeurait absolument ouverte, ne laissait guère de place au libre arbitre du commanditaire. Il convient de rappeler ici que le début et la fin d’une pecia ne coïncidaient pas systématiquement avec le début ou la fin d’un livre de la Bible. Les peciae étaient constituées de binions (ou de tout autre type de cahier) et ce qui importait avant tout, c’était l’uniformité de leur longueur, car elle servait de référence pour la rémunération des copistes. Aussi, chaque fois qu’une pecia était copiée, il ne restait aucune marge de manœuvre pour changer l’ordre des livres ou remplacer certains prologues par d’autres, alors que la situation était différente quand on pouvait disposer d’un modèle complet pendant le temps nécessaire à la copie. L’utilisation de cette méthode apparaît donc comme un important facteur de rigidification du texte. L’examen du seul exemplar parisien conservé révèle que le texte des prologues était intégré aux peciae du texte de la Bible et qu’il était donc soumis au même traitement que ce dernier113. Comme il n’y a pas de raison de supposer que les autres exemplaria des stationnaires aient été construits d’une manière différente, on en déduira que les volumes parisiens sont probablement issus d’exemplaria où le texte, pourvu des 64 prologues, était disposé selon l’ordre parisien et comportait d’emblée la nouvelle capitulation. Si tel n’était pas le cas, nous ne nous trouverions pas en présence d’un ensemble monolithique coexistant avec un grand nombre de configurations disparates, comme c’est le cas, mais nous aurions recensé d’autres ensembles tout aussi organisés. Dès lors, le véritable rayonnement intellectuel de la Bible parisienne gagne à être mesuré dans les situations où la dépendance de la copie par rapport au modèle se révèle moins contraignante qu’elle ne l’était dans le cadre du système de la pecia : autrement dit, sur les manuscrits qui ne sont pas porteurs du texte parisien. Si, dans le cas des prologues, on prend comme référence l’absence totale des six textes typiquement parisiens, on s’aperçoit que, lorsque le texte de la Bible n’est pas parisien, cette absence ne concerne qu’un peu plus de la moitié des manuscrits (Tableau 37). Dans 35,8% des manuscrits, on relève une solution « hybride », où les prologues parisiens cohabitent avec d’autres dans une proportion variable ; ce pourcentage est loin d’être négligeable. Puisque la probabilité que ces prologues aient été introduits à partir d’une source différente est somme toute très faible, leur présence témoigne d’un rayonnement partiel de la Bible parisienne en dehors de sa sphère d’influence « mécanique » à travers les exemplaria des stationnaires. À ces 35,8%, on doit ajouter les cas moins nombreux où la série des six prologues est 112 Laura Light a aussi noté que les bibles contenant les variantes typiques du « texte de l’Université » selon Quentin et Glunz présentent aussi l’ordre des livres parisien. Voir Light, « Versions et révisions », op. cit., p. 84. 113 Le statut des prologues de la Bible était donc très différent de celui de la glose dans les manuscrits juridiques bolonais qui, elle, était conservée dans des peciae séparées.

g La tradition textuelle : quelques considérations 

 79

massivement présente (environ 12%), bien que le texte ne soit pas parisien. Ainsi, presque la moitié des volumes ne relevant pas de la tradition textuelle parisienne porte malgré tout des traces de la « Bible de Paris ». Il est intéressant, à ce sujet, de noter que ce même pourcentage se retrouve en Italie, pays où la pénétration du texte parisien semble pratiquement nulle, alors qu’en Angleterre, où 10% environ des copies présentent le texte parisien, il est inférieur à 36%. Le rayonnement de l’ordre parisien est, assez logiquement, encore plus important que celui des prologues : globalement, 67% des manuscrits dont le texte n’est pas parisien présentent l’ordre de la « Bible de Paris » (Tableau 38). Le pourcentage est de 58% en France (hors de Paris), de 66% en Italie et de 74% en Angleterre. Tableau 38: Type d’ordre des livres selon le type de texte. Type de texte

ordre de type parisien

autres

total

non parisien

81 67,5%

39 32,5%

120 100,0%

mixte

23 88,5%

3 11,5%

26 100,0%

parisien

74 98,7%

1 1,3%

75 100,0%

total total %

178 80,5%

43

221

19,5%

100,0%

On constate enfin que, parmi les trois éléments constitutifs de l’« habillage du texte », c’est la capitulation qui a joui de la plus grande diffusion en dehors du texte parisien, au point que sa présence semble être partout entièrement indépendante de la tradition textuelle. En effet, elle est présente au total dans 92% du corpus et aussi dans 89% des volumes dont le texte n’est pas parisien114. Aucun manuscrit portant le texte parisien ne présente la capitulation ancienne. Comme nous l’avons vu, l’avantage fonctionnel de la nouvelle capitulation était en effet maximal et son intégration dans le texte était sans doute moins laborieuse que la « gymnastique » à laquelle il aurait fallu s’adonner si l’on avait souhaité changer l’ordre du modèle et/ou en remplacer les prologues. Dès lors, on peut supposer que des bibles porteuses de la division parisienne ont rapidement circulé à Paris et ailleurs ; cette nouvelle division en chapitres ayant suscité un consensus presque unanime, elle aurait alors été ajoutée dans les marges des bibles préexistantes dont le texte et la capitulation étaient antérieures à la révision de l’Université, de la même façon que la glose juridique avait été ajoutée dans les marges des manuscrits qui en étaient dépourvus. Dans une deuxième phase, de nouvelles bibles auraient été copiées sur ces modèles dont elles auraient conservé le texte tout en y intégrant la nouvelle capitulation. Ainsi, aux yeux des utilisateurs du XIIIe siècle, l’élément le moins nécessaire, et donc le moins rayonnant, de la « nouveauté » parisienne était le texte même, ce qui est aisément compréhensible si l’on songe au fait que la transmission d’un texte suit presque obligatoirement certaines lignes de force : on retient plus facilement les solutions qui sont les plus utiles et les plus rapides, voire les plus commodes à mettre en œuvre. C’est pourquoi, à défaut de motivations fortes, capables d’imposer des choix différents, on n’allait presque jamais chercher bien loin le modèle de la copie que l’on souhaitait réaliser ; toute l’histoire des traditions manuscrites témoigne de cette « paresse » ou, si l’on préfère, de l’inertie qui, en l’absence d’une volonté intellectuelle délibérée, caractérise tout processus de transmission115. Il n’en reste pas moins que, dans le cas de la Bible de Paris, ces motivations étaient inexistantes, puisque le texte ne jouissait pas d’une réputation sans faille ; dans le cas contraire, nous aurions assisté, sinon à une généralisation de cette tradition, du moins à une multiplication rapide et considérable des manuscrits porteurs d’une tradition mixte. On peut raisonnablement penser, par ailleurs, que la finalité essentiellement pragmatique de la nouvelle Bible n’était pas favorable à un travail critique minutieux portant sur telle ou telle leçon. La remarque de Guy Lobrichon concernant l’existence d’une corrélation entre les dimensions des volumes et la diffusion du texte parisien nous a par ailleurs amenée à vérifier si cette hypothèse pouvait être confirmée grâce aux 114 Comme on pouvait s’y attendre, aucun manuscrit doté de la capitulation ancienne ne présente le texte parisien. 115 Voir les exemples concernant la tradition des classiques latins dans Texts and Transmission. A Survey of the Latin Classics, Reynolds L. D. éd., Oxford, 1983.

80 

 IV Le contenu biblique et paratextuel des bibles portatives au XIIIe siècle

données chiffrées, comme nous l’avions déjà fait pour l’ordre des livres et les prologues. Pour une centaine de manuscrits d’origine française116, la corrélation paraît assez évidente, sans être spectaculaire  : le pourcentage des bibles contenant les variantes parisiennes diminue progressivement avec l’augmentation de la taille (Tableau 39). D’après un sondage sur une trentaine de bibles de taille supérieure, le pourcentage du texte parisien se situe autour de 45%. Tableau 39: Distribution des manuscrits d’origine française par type de texte et par taille. Type de texte

≤230 mm

231–280 mm

281–330 mm

331–380 mm

381–450 mm

non parisien

2 16,7%

5 17,2%

7 29,2%

6 50,0%

7 41,2%

27 28,7%

1 8,3%

6 20,7%

3 12,5%

  0,0%

2 11,8%

12 12,8%

parisien

9 75,0%

18 62,1%

14 58,3%

6 50,0%

8 47,1%

55 58,5%

total

12

29

24

12

17

94

mixte

total %

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

total

100,0%

Il est vraisemblable qu’à Paris les possesseurs ou les usagers des bibles portatives étaient plus que les autres liés au monde universitaire et s’adressaient en premier lieu au circuit géré par les stationnaires, qui véhiculait tout naturellement le texte parisien. Les commanditaires de volumes plus grands, particuliers ou institutions, étaient plus éloignés de ce circuit et avaient sans doute la possibilité d’utiliser des modèles préexistants plus anciens. Pour conclure ces considérations autour du texte de la « Bible de Paris », il faut mentionner le fait que la plupart de nos manuscrits ont fait l’objet d’un travail de correction : un intervenant – l’écriture ne permet que rarement de savoir s’il s’agit du copiste ou d’une tierce personne – a contrôlé le texte entier de la bible en ajoutant dans les marges les passages omis lors de la copie, souvent assez nombreux. La réintégration des passages omis était vraisemblablement le seul but de l’opération, car nous n’avons presque jamais affaire à une véritable collation avec des traditions différentes117. Les exceptions sont rares, surtout dans le sens d’une intégration des variantes parisiennes118. On relève, en revanche, quelques cas d’intégration en sens inverse : la bible Dole, Bibliothèque Municipale, 15, datée de 1234, qui contient un texte comportant les leçons parisiennes, a été corrigée systématiquement à l’encre rouge sur la base d’un texte « ancien »119. Le Tableau 40 révèle cependant que cette pratique de correction pouvait être assez fluctuante : certains manuscrits en sont complètement dépourvus ; d’autres ne la présentent que sporadiquement ; dans d’autres, enfin, le travail a été effectué dans un deuxième temps. Les passages omis sont parfois mis en évidence par un encadrement120, souvent de forme triangulaire, à l’encre rouge parfois redoublé, surtout dans les bibles d’origine parisienne, à l’encre bleue (ill. 17). La présence de cette décoration est aussi un indice du fait que la correction n’a pas été le fruit de l’improvisation ; elle a été prévue depuis le début et exécutée vraisemblablement avant l’intervention du rubricateur.

116 L’analyse n’est pas possible pour les autres pays, le texte parisien n’y étant pas suffisamment attesté. 117 Au contraire de ce qui se passait dans les correctoires. Le plus célèbre de ces manuscrits, celui de Saint-Jacques, comporte dans les marges du texte biblique de type parisien une série de listes de variantes, sans toutefois trancher quant à leur valeur. Ces correctoires répondent à l’insatisfaction à l’égard du texte de la « Bible de Paris », mais ils ne semblent pas avoir été utilisés pour corriger les bibles ellesmêmes. L’étude de référence à ce sujet reste Denifle H., « Die Handschriften der Bibel-Correctorien », op. cit. 118 Nous pouvons néanmoins citer deux exemples : dans les manuscrits Paris, BnF, lat. 198 et lat. 16262, dont le texte n’est pas parisien, quelques variantes parisiennes ont été ajoutées. 119 Ainsi, les variantes qui nous ont servi pour définir le « texte parisien » ont été dûment relevées : le mot vinum est rayé en rouge et dans le premier chapitre de Ruth le mot revertendi figure entre guillemets rouges, ce qui indique une inversion avec le mot suivant (posita). Un autre exemple de ce type est le manuscrit Paris, BnF, lat. 13141. 120 Cela arrive, globalement, dans environ 40% de cas, un peu davantage à Paris.

h Les Interprétations des noms hébreux 

 81

Tableau 40: Présence de réintégrations de passages omis selon le type de texte. Réintégrations de passages omis

texte non parisien

texte mixte

texte parisien

non relevé

absentes

20 20,6%

5 22,7%

1 1,6%

6 10,3%

32 13,4%

sporadiques

28 28,9%

5 22,7%

11 18,0%

11 19,0%

55 23,1%

systématiques

49 50,5%

12 54,5%

49 80,3%

41 70,7%

151 63,4%

total total %

97 100,0%

22 100,0%

61 100,0%

58 100,0%

total

238 100,0

Compte tenu de l’imprécision qui caractérise la mention « sporadiques »121 dans le Tableau 40, l’évaluation du phénomène doit se faire à partir de la catégorie « absents ». On en déduit alors que ce travail de réintégration était systématique pour les volumes qui présentaient le texte parisien. L’opération était sans doute prévue dans tous les contrats ou accords de gré à gré qui étaient conclus dans le cadre du système de transmission géré par les stationnaires122. D’autres modalités de copie, sur lesquelles nous n’avons pas beaucoup d’information, expliquent probablement le pourcentage relativement élevé de manuscrits qui ne présentent aucune réintégration.

h Les Interprétations des noms hébreux Nous arrivons enfin à la dernière caractéristique de la « Bible de Paris » : la présence en appendice d’un glossaire anonyme intitulé Interpretationes nominum Hebraicorum. Comme nous l’avons dit, il s’agit d’une liste d’interprétations des noms hébreux disposée en ordre alphabétique continu pour toute la Bible123. Élaborée autour de 1200, elle a circulé seule pendant quelques années, mais la plupart des témoins conservés se trouvent à la fin des bibles produites au XIIIe siècle. Son usage se généralise en France et en Angleterre à partir de 1230 environ et en Italie à partir de 1250 environ. 66% des manuscrits datables de la première moitié du siècle – dont la première bible de poche datée (1234) – la contiennent, et ce pourcentage grimpe à 80% dans la seconde moitié du XIIIe siècle. Bien que dans une moindre mesure, on continue à la reproduire en appendice des bibles aux XIVe et XVe siècles, y compris dans les incunables124. Plusieurs versions de ce glossaire ont circulé au XIIIe siècle. La version que l’on trouve couramment en appendice des bibles est la plus récente. Elle débute avec les mots Aaz apprehendes vel apprehensio (RB 7709) et est présente dans 92,6% des cas. 3,5% des manuscrits présentent des versions plus anciennes du glossaire, attestées déjà au XIIe siècle, parmi lesquelles celle qui commence avec les mots Aaron, mons fortitudinis sive mons fortis (RB 8949 et variantes) et qui apparaît dans six bibles d’origine anglaise125, dans une d’origine française126 et dans trois bibles d’origine non

121 Dans le Tableau 40, la mention « systématiques » signifie que les réintégrations sont présentes très souvent, parfois sur toutes les pages ; « sporadiques » signifie, au contraire, que la majorité des pages en sont dépourvues. 122 Dans le manuscrit Paris, BnF, lat. 13144, une bible portative assez luxueuse produite à Paris et contenant le texte parisien, une main contemporaine de la transcription du texte a tracé le mot correctus à la fin de chaque cahier. Il est clair, en l’occurrence, que ce mot se réfère à la révision du texte pour y intégrer les passages omis. Il s’agit cependant d’un cas exceptionnel. Un autre exemple est fourni par le manuscrit Bologna, Collegio di Spagna, 2, d’origine vraisemblablement bolonaise et présentant des mentions de peciae, cité dans Murano, Opere diffuse per exemplar e pecia, op. cit., p. 318. 123 Voir plus haut, chapitre I.b. 124 La Bible de Gutenberg ne contient pas ce glossaire, mais celui-ci est présent dans 50 éditions incunables de la Bible à partir de l’édition (format in-folio) publiée en 1471 à Rome par Sweynheym et Pannartz. Le glossaire continue à être fréquemment publié en appendice des bibles jusque dans le troisième quart du XVIe siècle. Voir Szerwiniack O., « Les glossaires de noms hébreux dans les bibles latines imprimées aux XVe et XVIe siècles : quelques jalons », dans Biblia. Les Bibles en latin, op. cit., p. 211–229. 125 London, BL, Add. 52778 et Royal 1 A VII ; Oxford, Bod. L., Auct. D 48 A.; Paris, BnF, lat. 10425 et lat. 13153 ; Roma, Accademia Nazionale dei Lincei, Rossi 318. 126 Paris, BnF, lat. 13154.

82 

 IV Le contenu biblique et paratextuel des bibles portatives au XIIIe siècle

déterminée mais sans doute septentrionale127. Enfin, dans 3,3% des cas, le glossaire, en l’absence de toute mutilation apparente, commence avec une autre interprétation128. Dans les Bibles d’origine parisienne, les Interpretationes font corps, en général, avec le texte de la Bible129 : elles appartiennent à la même unité codicologique, sont transcrites par le même copiste et munies de la même décoration. Dans les bibles non parisiennes, il arrive en revanche que ce texte soit transcrit par un copiste différent et/ou sur un cahier différent, qui parfois a été ajouté à une époque un peu postérieure ou bien prélevé sur un autre manuscrit et ajouté à la fin. Les cas les plus courants sont les suivants : a. Même copiste que la Bible ; glossaire qui commence dans le même cahier (37% des cas environ) ; b. Copiste différent ; glossaire qui commence dans le même cahier (4,5%) ; c. Même copiste que la Bible ; glossaire qui commence dans un cahier différent (39%) ; d. Copiste différent ; glossaire qui commence dans un cahier différent (19,5%). Remarquons que dans le dernier cas on peut avoir affaire soit à des volumes de conception unitaire, soit à des ajouts postérieurs. Si l’ajout remonte au XIIIe siècle, la différence n’est pas toujours facile à établir. Dans les tableaux qui suivent, la mention « glossaire ajouté » désigne les cas où ce texte a été manifestement ajouté à une époque postérieure ou réalisé à partir de cahiers détachés d’une autre bible de la même époque130. En outre, le glossaire se trouvant dans la quasi-totalité de cas à la fin du volume, il a souvent subi des mutilations accidentelles. Lorsque le volume a perdu la fin de l’Apocalypse et que le glossaire aurait dû commencer sur un nouveau cahier, il est difficile de déterminer s’il était initialement présent. Il est donc possible que la catégorie « absent » comprenne aussi des volumes qui à l’origine étaient pourvus de glossaire. Ces réserves énoncées, il ressort du Tableau 41 que le glossaire est présent dès l’origine dans 75,7% des manuscrits au total et qu’il est associé avant tout à « l’habillage parisien parfait » (88,4% de cas avec glossaire). Son succès est aussi attesté par le fait qu’il a été souvent ajouté aux manuscrits qui en étaient dépourvus, et cela surtout dans les cas de bibles avec un contenu dans l’ensemble non parisien (38,5%), copié à partir d’un modèle dépourvu du glossaire. Tableau 41: Présence du glossaire des noms hébreux selon le type d’habillage du texte. Glossaire

non parisien

capitulation seule

absent

6 46,2%

14 40,0%

30 18,5%

9 9,5%

59 19,3%

ajouté

5 38,5%

1 2,9%

7 4,3%

2 2,1%

15 4,9%

présent

2 15,4%

20 57,1%

125 77,2%

84 88,4%

231 75,7%

total

13

35

162

95

305

total %

100,0%

100,0%

mixte

100,0%

parisien parfait

100,0%

total

100,0%

En général, la répartition par pays de production révèle que c’est en France que le glossaire est le plus répandu (Tableau 42), avec un maximum de 88% à Paris. L’Italie est le pays où il est le moins attesté, même si le taux de pré127 Paris, BnF, lat. 13150 ; Paris, Bibl. Sainte-Geneviève, 1179 et Venezia, Bibl. Marciana, Lat. I. 59. 128 Dans quelques cas, ce texte semble en effet commencer avec la deuxième interprétation du glossaire Aaz : Aad testificans vel testimonium. Faute d’analyse approfondie, il est impossible d’établir s’il s’agit d’un simple « accident de parcours » ou d’une des nombreuses versions remaniées. Dans une seule bible, un peu plus grande, on trouve un autre glossaire qui commence avec le mot Abba interpretatur pater (Paris, BnF, lat. 40, d’origine napolitaine, déjà citée dans Dahan, « Lexique hébreu-latin ? », op. cit., p. 490). La version Adam interpretatur homo (RB 10278) n’est pas attestée dans nos bibles portatives. 129 Dans la liste de taxation parisienne de 1304, le glossaire fait l’objet d’une taxation à part au prix de seize deniers. Voir CUP, op. cit., II, p. 109. En outre, un contrat de copie bolonais de 1269 mentionne la transcription de la Bible avec les Interpretationes. Voir Murano, Opere diffuse per exemplar e pecia, op. cit., p. 318. 130 C’est notamment le cas de quelques bibles d’origine italienne où le glossaire semble avoir été prélevé sur un volume d’origine française de taille similaire.

h Les Interprétations des noms hébreux 

 83

sence reste élevé (65,9%) par rapport à d’autres caractéristiques du texte parisien, comme les prologues. Si dans ce pays le pourcentage de manuscrits où le glossaire est présent ne s’éloigne pas trop de la moyenne générale, il s’avère néanmoins que, dans 68% des cas, il a été copié dans un cahier différent, et pour 35% par un copiste différent. Cette différenciation laisse supposer qu’en Italie ce texte n’était pas perçu comme faisant partie intégrante de la Bible, contrairement à ce que l’on observe souvent en France. En France, précisément, dans un peu plus de la moitié des manuscrits analysés, la copie du glossaire n’implique pas une discontinuité modulaire (Tableau 43) : il est copié à la suite de la Bible soit sans solution de continuité, soit sur le verso qui suit l’Apocalypse lorsque ce texte s’achève avant la fin d’un recto, soit en « belle page »131. Dans ces situations de continuité, le glossaire, comme les prologues, est traité comme s’il faisait partie du texte même de la Bible132. Ce type d’enchaînement se retrouve dans 52% des cas en France, 36% en Angleterre et 31% en Italie. Tableau 42: Présence du glossaire des noms hébreux selon l’origine des manuscrits. Glossaire

Angleterre

France

Italie

autres pays ou origine inconnue

total

absent

8 15,7%

13 9,4%

24 28,2%

20 29,4%

65 19,0%

ajouté

2 3,9%

8 5,8%

5 5,9%

  0,0%

15 4,4%

présent

41 80,4%

117 84,8%

56 65,9%

48 70,6%

262 76,6%

total

51

138

85

68

342

total %

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

Tableau 43: Position du glossaire des noms hébreux par pays d’origine. Début du glossaire

Angleterre

France

Italie

autres pays ou origine inconnue

total

nouveau cahier

18 64,3%

47 48,5%

33 68,8%

26 57,8%

124 56,9%

belle page

5 17,9%

31 32,0%

6 12,5%

11 24,4%

53 24,3%

  0,0%

5 5,2%

1 2,1%

4 8,9%

10 4,6%

à la suite du texte biblique

5 17,9%

14 14,4%

8 16,7%

4 8,9%

31 14,2%

total

28

97

48

verso du feuillet

total %

100,0%

100,0%

100,0%

45 100,0%

218 100,0%

Comme nous l’avions constaté pour d’autres aspects de la « Bible de Paris », la présence des Interpretationes est elle aussi négativement corrélée aux dimensions des manuscrits, en ce sens qu’elle décroît avec l’augmentation de la taille. Le glossaire apparaît ainsi dans 88% des manuscrits dont la taille est inférieure à 230 mm133 et se fait de moins en moins fréquent dans les tranches dimensionnelles plus élevées (Tableau 44). Ce phénomène est plus accentué en France et en Italie qu’en Angleterre. 131 C’est-à-dire sur le recto du feuillet suivant. 132 Pour la mise en page, voir chapitre VI.b. 133 Notons que, dans les bibles de très petite taille, le glossaire occupe nécessairement davantage de feuillets et augmente donc l’épaisseur du volume. Le fait qu’il ne soit pas éliminé malgré cet inconvénient est une preuve supplémentaire de son intégration dans l’habillage standardisé de la « Bible de Paris ».

84 

 IV Le contenu biblique et paratextuel des bibles portatives au XIIIe siècle

Tableau 44: Présence du glossaire selon la taille. Glossaire

≤230 mm

231–280 mm

281–330 mm

331–380 mm

381–450 mm

absent

3 12,0%

11 12,1%

21 20,0%

14 25,0%

16 25,4%

65 19,1%

ajouté

  0,0%

1 1,1%

5 4,8%

3 5,4%

6 9,5%

15 4,4%

présent

22 88,0%

79 86,8%

79 75,2%

39 69,6%

41 65,1%

260 76,5%

total

25

91

56

63

340

total %

100,0%

100,0%

105 100,0%

100,0%

100,0%

total

100,0%

i Autres textes associés à la Bible Nous avons jusqu’à présent examiné l’ensemble textuel standardisé qui a caractérisé les bibles du XIIIe siècle, période au cours de laquelle le texte sacré devient de plus en plus un véritable instrument de travail. C’est précisément en tant qu’instrument de travail que le texte biblique a été agrémenté d’outils supplémentaires, en fonction des exigences des commanditaires et des possesseurs successifs de ces manuscrits. Il s’agit de textes étrangers à la Bible qui ont été ajoutés en appendice à de nombreux manuscrits, soit à une époque contemporaine à la copie du texte principal, soit au cours des deux siècles suivants, ce qui témoigne par ailleurs d’une remarquable continuité dans l’usage de ces manuscrits. En raison de leur intégration standardisée dans la « Bible de Paris », nous avons traité à part les Interprétations des noms hébreux, mais elles ne constituent pas le seul instrument de travail ajouté aux bibles. En fait, les pièces ajoutées s’inscrivent dans des finalités multiples : l’exégèse, la prédication, mais aussi la liturgie. 46% des manuscrits contiennent l’une ou l’autre de ces pièces134. On se rappellera qu’au cours de ce premier tiers du XIIIe siècle qui voit l’essor de la production des bibles portatives, on assiste non seulement à la multiplication, déjà amorcée au siècle précédent, d’instruments de travail facilitant les travaux exégétiques135, mais aussi à l’apparition d’instruments de travail pour les prêcheurs136. Il s’agit en effet d’une période de grande expansion de la prédication. Dès la fin du XIIe siècle, se répand l’exigence d’une prédication populaire, en partie destinée à répondre à l’émergence des mouvements hétérodoxes, qui bien évidemment faisaient un large usage de la prédication. C’est pour cette raison que se multiplient également les instruments utiles à la rédaction des sermons, dont la thématique trouvait très souvent ses sources d’inspiration dans la Bible137 : outre, bien sûr, la Bible elle-même, désormais aisément référençable grâce à la nouvelle capitulation, on peut citer parmi ces outils les distinctiones, les concordances verbales, les tables alphabétiques des sujets, les recueils d’exempla … Dans nos bibles, seuls

134 Sur ce sujet, voir surtout Light, « Non-biblical Texts », op. cit., et Ead., « What was a Bible for ?  », op. cit., mais aussi Poleg, Approaching the Bible, op. cit., p. 112–118. 135 Voir Rouse − Rouse, « Statim invenire », op. cit. Les auteurs soulignent la façon dont tous les nouveaux instruments de travail, bibliques et autres, conçus aux XIIe et XIIIe siècles répondent essentiellement à deux impératifs : « putting to order » et « searchability » (ibidem, p. 202–209). Voir aussi Mulchahey M. M., « The Dominican Order and the Development of Reference Tools in the Thirteenth Century. A Contribution Revisited », dans Florilegium mediaevale. Études offertes à Jacqueline Hamesse à l’occasion de son éméritat, Meirinhos J. – Weijers O. éd., Louvain-la-Neuve, 2009 (Textes et études du Moyen Âge, 50), p. 393–417. 136 Sur ce sujet, voir Bataillon L. J., « Les instruments de travail des prédicateurs au XIIIe siècle », dans Culture et travail intellectuel, op. cit., p. 197–206 ; Rouse, « L’évolution des attitudes », op. cit. ; Rouse R. H. − Rouse M. A., Preachers, Florilegia and Sermons : Studies on the Manipulus florum of Thomas of Ireland, Toronto, 1979, p. 3–26. Plus généralement, sur l’usage de la Bible dans la prédication, voir Bériou, L’avènement des maîtres de la Parole, op. cit., p. 475–506, et La predicazione dei frati dalla metà del ‘200 alla fine del ‘300, Atti del XXII Convegno internazionale di Studi Francescani (Assisi, 13–15 ottobre 1994), Spoleto, 1995. 137 Dans les sermons destinés à un public savant, les citations de passages de l’Ancien Testament sont plus nombreuses, alors que dans ceux qui s’adressaient aux simples fidèles c’est le Nouveau Testament qui l’emporte. Voir Longère J., « La prédication en langue latine », dans Le Moyen Âge et la Bible, op. cit., p. 517–535. Voir aussi Rouse − Rouse, « Statim invenire », op. cit., p. 216–218 à propos du « thematic sermon », et Magrini, « Vernacular Bibles », op. cit., p. 237–259.

i Autres textes associés à la Bible 

 85

des instruments plus courts et simplifiés ont droit de séjour, comme les index, les canones evangeliorum138 et les listes de thèmes pour les sermons du jour – assez répandues –, voire quelques sermons isolés ou des morceaux d’Ars predicandi. Par ailleurs, les prêcheurs itinérants avaient besoin des ouvrages nécessaires à la célébration de la messe, mais ils avaient en même temps intérêt à limiter le nombre et le poids des livres à transporter dans leur besace. On ajoute donc aux manuscrits de la Bible toute une série de textes à usage plus précisément liturgique : tout d’abord des tabulae epistularum et evangeliorum (ou capitularia evangeliorum de circulo anni)139 réunissant les péricopes du temps liturgique et du sanctoral, puis des calendriers et, dans quelques rares cas, des missels abrégés140, les cantiques bibliques et des recueils d’hymnes pour la liturgie des Heures. On trouve aussi, plus rarement, d’autres textes additionnels, tels des conseils pour célébrer la messe, des tables pascales ou des vers mnémotechniques sur la Bible. Toujours dans le même ordre d’idées, on peut repérer sporadiquement des indications dans les marges des Évangiles, et parfois des Épîtres de Paul, permettant de mieux localiser les péricopes à l’aide des lettres p(rincipium)/f(inis), indications complémentaires des tabulae evangeliorum copiées en appendice. Nous examinerons ici les textes les plus fréquemment copiés, dont les tables de péricopes et les calendriers (ill. 10), non seulement parce que ce sont les plus répandus, mais aussi parce que, dans un certain nombre de bibles, leur présence a été prévue dès leur conception, alors que les autres textes ont presque toujours été ajoutés dans un deuxième temps par les possesseurs des volumes141. Le seul texte présent dans une proportion très significative (25,2%) est la table des péricopes (Tableau 45) ; cette présence assez diffuse atteste que les bibles pouvaient assez souvent être utilisées dans un contexte liturgique. La liste des lectures pour l’année liturgique est presque toujours suivie de celle pour les fêtes des saints, mais parfois également de listes de lectures pour des messes votives, pour les défunts, les lépreux, les moniales et ainsi de suite. Il s’agit donc d’un outil qui servait tout particulièrement aux prêcheurs itinérants. Ces textes peuvent se trouver au début, à la fin ou au milieu du manuscrit ; dans ce dernier cas, ils sont placés juste avant ou après les Psaumes. En fait, une large majorité de manuscrits contient ces textes à la fin du volume, où ils remplissent soit les feuillets restés blancs dans le dernier cahier, soit des feuillets volants, soit encore des cahiers ajoutés. Ces deux dernières situations concernent surtout des pièces ajoutées tardivement aux XIVe et XVe siècles, des sermons ou de brefs commentaires bibliques. Les textes référencés dans notre tableau sont au contraire de véritables outils pour la prédication, qui sont très répandus au XIIIe siècle. Tableau 45: Présence de textes additionnels. inclus à l’origine

inclus au XIIIe siècle

inclus aux XIV e-XV e siècles

Tabula evangeliorum et epistularum

27 7,6%

43 12,0%

calendrier

10 2,8%

Canones evangeliorum missel abrégé

Textes

Auctoritates contra hereticos

absent

total

20 5,6%

267 74,8%

357 100,0%

11 3,1%

0,0%

336 94,1%

357 100,0%

2 0,6%

11 3,1%

0,0%

344 96,4%

357 100,0%

5 1,4%

1 0,3%

0,0%

351 98,3%

357 100,0%

0,0%

9 2,5%

0,0%

348 97,5%

357 100,0%

138 Les canons d’Eusèbe sont au contraire absents dans notre corpus des manuscrits consultés et ils ne sont presque plus utilisés au XIIIe siècle. Voir Vezin J., « Les divisions du texte dans les Évangiles jusqu’à l’apparition de l’imprimerie », dans Grafia e interpunzione del latino nel Medioevo, Atti del Seminario Internazionale Roma, 27–29 settembre 1984, Maierù A. éd, Roma, 1987 (Lessico intellettuale europeo, XLI), p. 53–68 : p. 64–67. En revanche, d’autres outils plus récents et basés sur la nouvelle capitulation sont présents. Voir, par exemple, RB 846, édité dans De Bruyne, Préfaces de la Bible latine, op. cit., p. 158–170. 139 Voir par exemple RB 852, édité dans De Bruyne, Préfaces de la Bible latine, op. cit., p. 196–208. Sur ces textes, voir Klauser Th., Das römische Capitulare evangeliorum. Texte und Untersuchungen zu seiner ältensten Geschichte, Münster, 1972. 140 Voir à ce sujet Light, « The Thirteenth-Century Pandect and the Liturgy », op. cit., p. 185–215. 141 De plus, les deux textes cités permettent parfois de remonter au destinataire ou au possesseur du manuscrit grâce aux spécificités du calendrier liturgique. Voir chapitre X.a-b.

86 

 IV Le contenu biblique et paratextuel des bibles portatives au XIIIe siècle

Étant donné le grand nombre de pièces additionnelles qui présentent une écriture du XIIIe siècle, donc pratiquement contemporaine de la production des bibles, il n’est pas exclu que des feuillets aient été laissés blancs à la fin de la Bible exprès pour que le commanditaire puisse y faire copier, souvent dans un deuxième temps, les outils qu’il jugeait nécessaires. On pourrait objecter que de toute manière il est peu probable que le texte biblique se termine exactement à la fin d’un cahier. Cependant, nous savons que dans beaucoup de cas, soit les feuillets excédentaires étaient coupés pour réutiliser le parchemin, soit la structure du dernier cahier était modulée en fonction de la quantité de texte qui restait à copier. Si le remplissage de pages vierges préexistantes semble être le cas le plus fréquent, il arrive également, mais dans une moindre mesure, que le commanditaire souhaite dès le départ que sa bible soit complétée par des pièces supplémentaires : cette situation nous est révélée par le caractère unitaire de l’écriture, de la mise en page et de la décoration. Les textes ainsi ajoutés sont des listes de péricopes, des calendriers et des missels abrégés, qui sont alors fréquemment placés au milieu du volume. Cet emplacement constitue la norme, notamment, pour les missels abrégés. À l’exception des Auctoritates contra hereticos, dont il sera question plus loin, on ne décèle aucune spécificité géographique dans la diffusion de ces textes. En revanche, un ensemble de caractéristiques communes concourent à lier la présence de ces textes à la prédication itinérante. Tout d’abord, ces textes sont plus fréquents dans des bibles contenant un texte avec l’habillage parisien plutôt que dans les bibles à l’ancienne ; ils accompagnent donc des manuscrits conçus comme des outils de travail et destinés à un public nouveau. Ensuite, on constate une fois encore que la présence de ces pièces utilitaires est plus fréquente dans les bibles de petites dimensions et décroît avec l’augmentation de la taille. Il y a donc une coïncidence entre la présence de ces textes et la maniabilité de l’objet, qui constituait sans doute la fonctionnalité la plus appréciée par les prêcheurs. Cette coïncidence est somme toute assez logique puisque, dans un contexte de sédentarité, les textes liturgiques étaient copiés dans des volumes à part et les instruments pour la prédication étaient moins utiles. Le Tableau 46 montre les résultats relatifs au texte additionnel le plus fréquent : la Table des péricopes. Tableau 46: Présence de la Table des péricopes selon la taille du manuscrit. Tabula evangeliorum et epistularum

≤230 mm

231–280 mm

281–330 mm

331–380 mm

381–450 mm

présente

9 36,0%

32 34,0%

27 24,1%

14 24,1%

8 12,1%

 90  25,4%

absente

16 64,0%

62 66,0%

85 75,9%

44 75,9%

58 87,9%

265  74,6%

66

355

total total %

25 100,0%

94 100,0%

112 100,0%

58 100,0%

100,0%

total

100,0%

On notera aussi que ces textes sont rares dans les bibles de grand luxe, alors qu’ils sont fréquents dans les bibles de facture plus médiocre, celles qui devaient être en possession des prêcheurs142. Les tableaux 47 et 48 révèlent en tout cas une corrélation positive entre la présence des textes annexés et les notes de possession de frères mendiants. Près de la moitié des bibles ayant appartenu à des frères mendiants sont ainsi pourvues d’une table des péricopes. Il s’agit même du seul outil qui soit très représenté et le seul qui apparaisse également dans des manuscrits, souvent plus tardifs, ayant appartenu à des possesseurs étrangers aux ordres mendiants. Tous les autres outils, à l’exception partielle des calendriers, sont absents des exemplaires relevant d’autres catégories de possesseurs qui, il est vrai, sont beaucoup moins nombreux (Tableau 48). Ce constat nous permet de supposer que les bibles sans notes de possession, mais pourvues de l’un de ces outils, sont elles aussi vraisemblablement passées dans les mains d’un frère, même si, bien entendu, il est impossible d’en fournir la preuve. Les neuf manuscrits qui contiennent des arguments à utiliser contre les « hérétiques » méritent un discours à part143. Il s’agit de listes plus ou moins longues de thèmes qui faisaient l’objet de controverses avec les hétérodoxes, suivis des 142 Voir plus loin, chapitre X.b. 143 Ce sujet a été abordé par Laura Light dans l’un de ses articles sur la Bible du XIIIe siècle (Light, « The New Thirteenth-Century Bible », op. cit.). Sept de ces manuscrits ont déjà été cités par cet auteur : Paris, BnF, lat. 174, 10423, 13146, 13151, 13152, NAL 836 ; Oxford, Bodleian Library, Auct. D 5 18. Il faut y ajouter : Oxford, Bodleian Library, Canon Bibl. lat. 81 et Città del Vaticano, BAV, Ross. 315 (ill. 3). Enfin, un texte de ce type figure dans une bible portative d’origine ibérique que nous n’avons pas pu consulter : Los Angeles, University of California at Los Angeles, Charles E. Young

i Autres textes associés à la Bible 

 87

Tableau 47: Distribution des textes additionnels selon le statut du possesseur. Textes

ordres mendiants

ordres monastiques

maîtres d’université

clergé séculier

laïcs ou non déterminé

sans notes de possession

Tabula evangeliorum et epistularum

29 32,3%

2 2,2%

2 2,2%

2 2,2%

4 4,4%

51 56,7%

90 100,0%

calendrier

14 66,6%

2 9,5%

  0,0%

1 4,7%

  0,0%

4 19,2%

100,0%

3 23,1%

  0,0%

  0,0%

  0,0%

  0,0%

10 76,9%

100,0%

missel abrégé

4 66,6%

  0,0%

  0,0%

  0,0%

  0,0%

2 33,4%

100,0%

Auctoritates contra hereticos

5 55,6%

  0,0%

  0,0%

  0,0%

  0,0%

4 44,4%

100,0%

Canones evangeliorum

total

21 13 6 9

auctoritates bibliques – tirées presque exclusivement du Nouveau Testament – sur lesquelles on pouvait s’appuyer, et qui étaient référencées au moyen de la nouvelle capitulation (ill. 3). Ce texte est connu dans au moins six versions différentes, qui présentent toutes des ressemblances dans la thématique, mais pas toujours dans les citations scripturaires. Parmi elles se trouve une Summa contra hereticos et manicheos de articulis et sacramentis ecclesiae, qui est la seule de ces versions à présenter une organisation formelle144. Ces listes, appelées dans les manuscrits thematha/auctoritates contra hereticos ou summa breviata contra manicheos (et patarinos), ont toujours été ajoutées à un moment ultérieur, vraisemblablement par des prêcheurs confrontés à des hétérodoxes, notamment albigeois, ou bien à des prosélytes potentiels de ces « fausses doctrines ». De plus, tous les manuscrits qui les contiennent sont originaires du sud de l’Europe145 : parmi eux, deux sont d’origine ibérique et six d’Italie du Nord, et du Nord-Est en particulier. Dans cette même région, ces argumentaires ont parfois été ajoutés aux nouveaux testaments portatifs146. Cette production était liée à un regain d’intérêt pour le Nouveau Testament bien attesté au sein des mouvements religieux laïques qui se sont diffusés surtout dans le sud de l’Europe à partir du XIIe siècle. Ces manuscrits ont ensuite été très probablement utilisés au XIIIe siècle dans le contexte de la lutte contre les hérésies évangéliques. Dans le renouvellement de l’intérêt des prédicateurs pour le Nouveau Testament147, on peut voir aussi la nécessité de combattre sur leur terrain les albigeois – qui, rappelons-le, rejetaient l’Ancien Testament. C’est probablement pour cette raison que, dans nos bibles portatives, les marginalia se concentrent souvent dans les Évangiles148, et non plus seulement dans les Épîtres pauliniennes.

Research Library, 170/348. Ces bibles, toutes de petites dimensions, présentent un ordre des livres de type parisien et la nouvelle capitulation, sans autres ressemblances textuelles néanmoins. Du point de vue matériel, elles différent aussi, notamment dans l’apparat décoratif qui peut être plus ou moins riche et soigné. Le fait que ce texte soit assez bref et souvent « caché » parmi d’autres ajoutés à la fin des bibles, laisse supposer qu’il pourrait être également présent dans d’autres manuscrits dont la description catalographique n’est pas suffisamment détaillée pour en rendre compte. 144 Ce texte serait d’origine espagnole et est présent, toujours partiellement, dans les bibles Paris, BnF, lat. 174 et 13152, Oxford, Bodleian Library, Auct. D 5 18 et Los Angeles, University of California at Los Angeles, Charles E. Young Research Library, 170/348. Voir Light, « The New Thirteenth-Century Bible », op. cit., p. 281–284, 287. 145 Déjà Samuel Berger avait relevé la présence de textes contre les hétérodoxes ajoutés aux bibles et nouveaux testaments produits dans le sud de la France et en Italie. Voir Berger, Histoire de la Vulgate, op. cit., p. 79 : « Dans le Midi, pays de polémique religieuse et de piété individuelle, il devait en être de même que dans les pays protestants, où le Nouveau Testament est le compagnon inséparable du pasteur et de l’évangéliste itinérant. Au reste, l’hostilité bien connue des Albigeois à l’égard de l’Ancien Testament suffirait à expliquer cette préférence pour le Nouveau [Testament], qui était déjà presque une présomption d’hérésie. Les prêtres et moines voyageurs, au contraire, portaient parfois avec eux une bible de poche, de petit format, mais complète, et pourvue de tout l’attirail de la controverse antialbigeoise ». 146 Cambridge, Fitzwilliam Museum, McClean 24 ; Città del Vaticano, BAV, Chigi A.IV.74 ; Philadelphia, Free Library, Lewis E 40. Le nombre total de manuscrits bibliques portatifs contenant ces listes s’élève donc à treize. 147  À la différence des bibles portatives, la production des nouveaux testaments ne peut être liée aux ordres mendiants, mais rien n’empêche que certains d’entre eux aient été par la suite utilisés par des frères. Par ailleurs, cinq des bibles citées conservent des notes de possession de frères, sans que l’on puisse cependant leur attribuer avec certitude la transcription des arguments contre les hétérodoxes. 148 Sur les Évangiles dans la Bible parisienne du XIIIe siècle, voir Magrini, « La ‘Bible parisienne’ e i Vangeli », op. cit. Sur le regain d’intérêt pour les Évangiles et leur exégèse à partir du XIIe siècle, voir Smalley B., I Vangeli nelle scuole medievali (secoli XII–XIII), Padova, 2001 (Fonti e ricerche, 16) (= The Gospel in the Schools : c. 1100 – c. 1280, London, 1985).

88 

 IV Le contenu biblique et paratextuel des bibles portatives au XIIIe siècle

Parmi les autres appendices transcrits plus occasionnellement et souvent à une époque plus tardive, mentionnons pour finir un texte curieux, appelé Summarium biblicum149. Il s’agit d’un poème en hexamètres, apparemment sans aucun sens, où chaque terme symbolise un chapitre biblique et qui devait donc servir à mémoriser le contenu de la Bible entière. Il a été ajouté aux XIVe et XVe siècles dans sept bibles portatives de notre corpus. Tableau 48: Présence des textes additionnels selon le statut du possesseur.150 Textes Tabula evangeliorum et epistularum

ordres mendiants présente absente total total %

calendrier

29 46,8%

présent

33

total total % Canones evangeliorum

présents

missel abrégé

8

10

10

100,0% 14 48

100,0%

2

 

20,0% 8

77,4%

80,0%

62

10

100,0% 3 59 62

0,0% 10 10

100,0%   0,0% 10 10

1 12,5% 87,5%

100,0%   0,0%

  0,0% 8

100,0% 10

8

90 25,2%

79,8%

267 74,8%

100,0%

100,0%

100,0%

 

4

0,0%

1,6% 248

100,0% 100,0%   0,0% 15

100,0%

51 20,2%

357

15

100,0%

total

252

15

8

10

100,0%

100,0%

sans notes de possession

201

73,3% 15

7

100,0%

26,7% 11

75,0% 8

100,0%

laïcs ou non déterminés 4

25,0% 6

62

98,4%

15

5,9% 336 94,1%

252

357

100,0%

100,0%

10 4,0% 242

100,0%

21

96,0%

13 3,6% 344 96,4%

252

357 100,0%

total %

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

présent 

4

 

 

 

 

2

6

0,8%

1,7%

6,5% absent

58 93,5%

total total % Auctoritates contra hereticos

8

clergé séculier 2

20,0% 80,0%

95,2% total

2

20,0% 80,0%

4,8% absents

2

maîtres d’université

53,2%

22,6% absent

ordres monastiques

présentes

62 100,0% 5 8,1%

absentes

57 91,9%

total total %

62 100,0%

0,0% 10

0,0% 10

100,0% 10

8

100,0% 10

100,0%   0,0% 10 100,0% 10 100,0%

0,0%

15

100,0% 8

100,0%   0,0% 10 100,0% 10 100,0%

0,0%

250

100,0% 15

100,0%   0,0% 8 100,0% 8 100,0%

100,0%   0,0% 15 100,0% 15 100,0%

99,2%

351 98,3%

252

357

100,0%

100,0%

4

9

1,6%

2,5%

248 98,4%

348 97,5%

252

357

100,0%

100,0

149 Il commence avec le vers suivant: Sex. prohibet. peccant. Abel. Enoch. archa fit. intrant. Voir Doležalová L., « Mémoriser la Bible au bas Moyen Âge ? Le Summarium Biblicum aux frontières de l’intelligibilité », dans Les usages sociaux de la Bible, XIe-XVe siècles, CEHTL, 3 (2010), Paris, Lamop (1er éd. en ligne 2011), p. 2–45, https://lamop.pantheonsorbonne.fr/sites/default/files/inline-files/Lucie_Dolezalova.pdf et Doležalová L., « The Summarium biblicum a Biblical Tool both Popular and Obscure », dans Form and Function, op. cit., p. 163–184. 150 Il s’agit dans ce cas du possesseur le plus ancien. Notons cependant que les preuves de possession qui remontent au XIIIe siècle sont presque uniquement celles attribuables à des frères mendiants. Voir chapitre X.a.

V Support et structure matérielle des bibles portatives Après avoir examiné d’un point de vue macroscopique le contenu des bibles portatives, nous allons aborder cette production livresque sous l’angle matériel. Les résultats obtenus pourront alors être croisés, le cas échéant, avec la classification du contenu définie au chapitre précédent. Il convient d’abord de revenir sur deux aspects déjà abordés dans l’analyse globale du corpus des manuscrits recensés : les dimensions et le nombre de feuillets, que les manuscrits consultés permettent de préciser. Nous analyserons ensuite toutes les autres caractéristiques liées à ces deux paramètres, notamment, s’il y a lieu, la division en deux volumes, la qualité du parchemin et la structure des cahiers, en tenant compte des éléments qui perturbent à la fois l’observation et la mesure : les opérations de reliure qui se sont succédé dans le temps et le rognage plus ou moins invasif qui lui a été associé. Chaque élément sera d’abord analysé séparément et nous nous efforcerons d’en faire ressortir les spécificités, surtout au niveau géographique, à l’intérieur de notre corpus. Enfin, nous analyserons la dynamique de fabrication des bibles, à savoir l’interrelation entre les contraintes et les solutions adoptées, eu égard aux performances des techniques artisanales dans les divers pays. Relevons tout d’abord quelques obstacles à l’analyse des deux variables principales : les dimensions et le nombre de feuillets. En ce qui concerne cette dernière, il apparaît que 49 manuscrits, soit 13,7% du petit corpus, présentent des lacunes dues à des mutilations. En réalité, si l’on entend par « mutilation » toute perte d’au moins un feuillet, ce pourcentage est très vraisemblablement sous-estimé. Celui que nous avons calculé n’englobe que les volumes ayant perdu plus de 12 feuillets, correspondant à l’étendue d’un sénion1. Parmi les manuscrits qui ont été inscrits dans la catégorie « mutilé », un quart est sévèrement mutilé en plusieurs endroits, tandis que les autres présentent une seule lacune d’un ou plusieurs cahiers consécutifs au début (10,2%), au milieu (47%) ou à la fin (18,4%) du manuscrit. Tous ces manuscrits mutilés seront donc exclus des calculs relatifs au nombre de feuillets. D’autres limitations concernent les dimensions et, de manière indirecte, toutes les marques qui sont hébergées dans les marges extérieures2 des manuscrits. En effet, seule une petite partie des bibles conserve une reliure ancienne, antérieure au XVIIe siècle, et aucune des bibles consultées de visu n’est encore pourvue de sa reliure d’origine3. Avec les changements de reliure, non seulement beaucoup d’informations ont été perdues, comme les notes de possessions conservées dans les plats ou dans les feuilles de gardes anciens, mais les feuillets ont subi des rognages successifs qui ont parfois complètement modifié la présentation visuelle de la page. Certes, un rognage était effectué avant la première opération de reliure pour aligner les bords des feuillets et, vraisemblablement, pour faire disparaître certaines préparations tracées dans les marges pour le rubricateur. Il s’agit, cependant, d’un rognage « naturel », exécuté par un artisan bien au fait des exigences fonctionnelles et des goûts de son temps. Au contraire, les relieurs ultérieurs ont sans doute privilégié d’autres finalités que la préservation de l’intégrité de la page et de sa décoration (voir ill. 13). Le rognage a donc pu amputer les paraphes marginaux de la décoration, voire les titres courants et les numéros de chapitres – ce qui diminue considérablement la lisibilité du texte – ou encore, dans un autre ordre d’idées, il a pu modifier fondamentalement le rapport entre la surface d’écriture et celle des marges, ainsi que les proportions respectives de ces dernières4. Seules 14,7% des bibles présentent des reliures anciennes : la plupart sont vraisemblablement du XVe siècle, mais les quelques spécimens de reliure souple en parchemin pourraient bien être plus anciens. Dans ce dernier cas, il n’est pas exclu qu’il s’agisse de reliures d’origine, mais nous n’en avons aucune preuve et, somme toute, cette éventualité

1 Les petites amputations – surtout lorsqu’elles affectent les premiers ou derniers feuillets – sont en effet fréquentes et une définition trop restrictive aurait fait baisser excessivement l’effectif de notre corpus. La solution adoptée représente un point d’équilibre car, compte tenu du nombre de feuillets très élevé des bibles portatives, une perte de maximum 12 feuillets ne semble pas de nature à perturber les calculs. 2 La marge interne n’est concernée que lorsque la reliure est trop serrée pour permettre l’ouverture à plat du volume. Notons que les reliures anciennes étaient beaucoup plus fonctionnelles de ce point de vue. 3  À notre connaissance, parmi les volumes recensés mais non consultés en bibliothèque, seule une bible aurait conservé sa reliure d’origine : le manuscrit Cambridge, Corpus Christi College, 246 (155×104 mm), vraisemblablement d’origine anglaise, qui présente une reliure très simple en parchemin sur ais de bois, avec deux lacets en cuir (visible sur la page https://parker.stanford.edu/parker/catalog/ns059km6096, dernière consultation : 12/05/2021). 4 Dans ces cas, la marge intérieure, qui normalement est la plus étroite, peut apparaître beaucoup plus large. https://doi.org/10.1515/9783110757392-006

90 

 V Support et structure matérielle des bibles portatives

paraît peu probable5. Pour évaluer le niveau de rognage, nous avons attribué des notes de 0 à 3 à chaque manuscrit. À peine 27% des manuscrits présentent un rognage de niveau 0, c’est-à-dire sans altération visible par rapport à l’état d’origine du manuscrit, et 6% présentent au contraire un niveau 3 (très élevé), qui affecte l’esthétique et surtout la lisibilité des pages6. De ce point de vue, nous nous attendions à observer un écart entre les manuscrits dont la reliure est ancienne et ceux dont la reliure est moderne. En fait, si le pourcentage des bibles sans trace visible de rognage est légèrement plus élevé pour celles munies d’une reliure ancienne (32% contre 26,4%)7, les différences ne sont pas significatives dans l’ensemble. Le rognage est en revanche corrélé à la taille des volumes. Il diminue avec l’augmentation des dimensions (Tableau 49) : 21,7% des manuscrits parmi les plus petits sont sévèrement rognés mais aucun des plus grands. Ce phénomène est aisément explicable : un rognage de quelques millimètres est proportionnellement beaucoup plus invasif sur une page de petites dimensions que sur une page de grandes dimensions. Par conséquent, dans le premier cas, la probabilité que le rognage affecte certains éléments péritextuels, comme les numéros de chapitres, les titres courants, les paraphes, les préparations ou les notes marginales, est beaucoup plus grande. Une autre explication pourrait être suggérée : les manuscrits portatifs, davantage soumis à l’usure à cause, précisément, des déplacements et d’un usage intensif, auraient été reliés plus souvent. Toutefois, si tel était le cas, les manuscrits les plus riches, qui auraient été moins exposés à ce genre d’aléas, devraient être moins rognés. Or il n’en est rien : ayant croisé le niveau de rognage avec la richesse du manuscrit (en utilisant l’indicateur « présence d’initiales historiées » et « or ») et avec son usage (en utilisant la « présence de marginalia »), nous n’avons trouvé de corrélation significative ni avec le luxe ni avec les modalités d’utilisation du manuscrit8. Tableau 49: Corrélation entre le niveau de rognage et la taille. Niveau de rognage 0

≤230 mm

231–280 mm

281–330 mm

331–380 mm

381–450 mm

total

 1

13

42

19

18

93

 4,3%

14,4%

38,5%

34,5%

31,6%

27,8%

1

 6 26,1%

41 45,6%

44 40,4%

21 38,2%

31 54,4%

143 42,8%

2

11 47,8%

28 31,1%

19 17,4%

11 20,0%

 8 14,0%

77 23,1%

3

 5 21,7%

 8  8,9%

 4  3,7%

 4  7,3%

 

21  6,3%

total

23

90

55

57

total %

100,0%

100,0%

109 100,0%

100,0%

0,0%

100,0%

334 100,0%

5 Il est difficile d’imaginer que des volumes dont le standard d’exécution était aussi élevé et qui étaient nécessairement fragilisés à la fois par leur masse et par leur vocation à être transportés n’aient pas été munis d’une reliure avec ais de bois, à moins que, dans un volume transportable, la fonctionnalité d’une reliure légère ait été plus appréciée que la durabilité d’une reliure rigide. 6 Les niveaux 1 et 2 correspondent à des cas où le rognage affecte de plus en plus les notes marginales, les titres courants, les numéros de chapitres et les extensions marginales de la décoration. Le niveau 3 correspond à des cas où il y a disparition complète d’au moins un de ces éléments. Un cas extrême : dans le manuscrit Paris, BnF, lat. 200, relié au XIXe siècle, la limite du rognage correspond au périmètre du cadre d’écriture. 7 La faiblesse de l’écart laisse supposer que les dégâts du rognage se sont produits de bonne heure. Nous en avons repéré des témoignages irréfutables, tels que les cornes repliées dans les coins du feuillet (sur ce phénomène, voir Bozzolo – Ornato, Pour une histoire, op. cit., p. 245–248), même dans les bibles avec des reliures anciennes. 8 Au contraire, Albert Derolez a observé que dans son corpus de manuscrits en écriture humanistique sur parchemin, seuls 2,9% des manuscrits étaient visiblement rognés, ce que l’auteur explique par le fait qu’il s’agit en général de manuscrits de luxe très peu utilisés. Il faut cependant noter que, contrairement à nos bibles, beaucoup de ces manuscrits – qui datent tous du XVe siècle – conservent leur reliure d’origine, et leurs dimensions sont en général plus grandes. Voir Derolez A., Codicologie des manuscrits en écriture humanistique sur parchemin, 2 vol., Turnhout, 1984, I, p. 28.

V Support et structure matérielle des bibles portatives 

 91

Enfin, la sévérité du rognage peut introduire un biais en diminuant artificiellement la taille des manuscrits ; ainsi, on peut supposer que les bibles les plus petites étaient en réalité légèrement plus grandes. Le doute s’impose, notamment, pour les tailles extrêmes, inférieures à 200 mm. Nous pouvons citer un exemple de ce phénomène : le plus petit spécimen de bible en un seul volume de notre petit corpus est le manuscrit Paris, BnF, lat. 219 (ill. 13), dont la taille apparente est de 193 mm (113×80), mais dont le taux de rognage est très important. Mutilations et rognage affectent donc en partie les résultats de l’analyse concernant le nombre de feuillets et les dimensions. Ces précisions étant fournies, nous pouvons revenir sur la corrélation que nous avions déjà observée au niveau général entre le nombre de feuillets et la taille. Le Tableau 50 fait apparaître l’existence et les modalités de cette corrélation en se limitant aux manuscrits consultés non mutilés. Tableau 50: Corrélation entre la taille et le nombre de feuillets dans les bibles consultées.9 Taille

≤300 f.

301–450 f.

451–600 f.

>600 f.

total

0,0%

 0,0%

 8 34,8%

15 65,2%

 23 100,0%

642

0,0%

17 21,0%

47 58,0%

17 21,0%

 81 100,0%

530

281–330 mm

2 2,3%

48 55,8%

29 33,7%

 7   8,1%

 86 100,0%

457

331–380 mm

1 2,0%

21 42,9%

22 44,9%

 5 10,2%

 49 100,0%

455

0,0%

29 51,8%

20 35,7%

 7 12,5%

 56 100,0%

458

51

295

17,3%

100,0%

≤230 mm 231–280 mm

381–450 mm total

3

total %

1,0%

115 39,0%

126 42,7%

nombre moyen de feuillets

491

Comme on pouvait s’y attendre, les bibles les plus petites (taille ≤230 mm) ont un nombre moyen de feuillets très élevé : aucune ne présente moins de 450 feuillets dans la première tranche dimensionnelle et moins de 300 feuillets dans la seconde. On observe, de plus, un effet de seuil très accentué qui se manifeste dès que la taille descend au-dessous de 280 mm : l’augmentation des feuillets devient alors indispensable. Au final, si la « longueur de texte » est à peu près fixe, comme dans le cas des bibles du XIIIe siècle, une diminution des dimensions comporte nécessairement, vu l’impossibilité de réduire au-delà d’un certain seuil le module de l’écriture, une augmentation du nombre de feuillets. Or, une augmentation du nombre de feuillets implique, à conditions égales, une augmentation de l’épaisseur du volume. En supposant que l’on ait employé en toutes circonstances un parchemin d’épaisseur constante, nous aurions dû rencontrer des bibles petites, certes « monolithiques », mais extrêmement épaisses, et donc inesthétiques et difficilement maniables, ce qui n’a pas été le cas. Pour atténuer la contrainte d’épaisseur, la solution « normale » consisterait à subdiviser la Bible en deux ou trois volumes, mais nous avons déjà noté que cette solution n’était pas privilégiée, et ne pouvait l’être du fait de la finalité du produit et du public principalement concerné. De fait, dans notre corpus de manuscrits consultés, cinq manuscrits seulement (1,4%) sont divisés en plusieurs volumes, trois dans un cas seulement et deux pour les autres. Chacun de ces manuscrits constitue un cas d’espèce. Deux d’entre eux sont sûrement d’origine parisienne. Les trois volumes du manuscrit Paris, BnF, lat. 13155-13156-13157 ont été enluminés dans l’atelier parisien dit « d’Aurifaber » et présentent, après avoir été sévèrement rognés, la taille record de 183 mm et 1061 feuillets au total. Avec ces valeurs, même l’habilité extrême des artisans parisiens ne pouvait réussir l’exploit de faire tenir cette bible en un seul volume. Pour rappel, dans

9  Par rapport aux résultats obtenus pour tous les manuscrits recensés (chapitre III, Tableau 11), la corrélation négative entre la taille et le nombre des feuillets est ici encore plus manifeste dans le cas des bibles les plus petites.

92 

 V Support et structure matérielle des bibles portatives

notre corpus, le nombre moyen de feuillets des manuscrits les plus petits est de 642 et le nombre de feuillets maximal d’une bible « monolithique » est de 75410. Le deuxième cas parisien (Paris, BnF, lat. 248/1–2 [ill. 14]) concerne un manuscrit assez particulier. Il s’agit de la seule bible d’origine parisienne de notre petit corpus datable du début du XIVe siècle. Divisée en deux volumes, elle contient 1074 feuillets au total et présente une taille relativement élevée – par rapport bien sûr aux exemples précédents – de 317 mm. Elle constitue un intéressant exemple d’imitation des bibles portatives du siècle précédent à une époque où les procédés de miniaturisation de la page écrite n’étaient plus en vogue, ce qui peut expliquer le choix d’augmenter le nombre de feuillets au point de devoir diviser la bible en deux, tout en optant pour des dimensions moins extrêmes11. Les autres exemples de partition du texte concernent des manuscrits non parisiens  : ainsi, une bible d’origine française, mais sans doute « provinciale », de 315 mm de taille, qui contient 689 feuillets (Paris, BnF, lat. 16258–16259) et dont le texte est exceptionnellement à longues lignes et l’épaisseur totale trop importante pour permettre une reliure en un seul volume. Pour les trois bibles mentionnées ci-dessus, nous avons assez d’éléments pour affirmer que la partition est d’origine. Nous avons au contraire quelques doutes sur une bible d’origine vénitienne (Paris, BnF, lat. 216/1–2), de 252 mm de taille et 519 feuillets au total, du fait que ses caractéristiques matérielles ne diffèrent pas de celles des bibles monolithiques de la même origine. Il est par ailleurs très vraisemblable, au vu de ses dimensions, qu’une autre bible italienne en deux volumes (Città del Vaticano, BAV, Vat. lat. 7634), de 433 mm de taille et 402 feuillets, n’en ait initialement constitué qu’un seul. Cette opération de division à une époque ultérieure d’un volume conçu à l’origine comme unitaire semble avoir été rare et ce, pour deux raisons. D’une part, la nécessité ne s’en présente presque jamais, car une bible produite à Paris, voire en Angleterre ou en Italie du Nord, par des artisans spécialisés n’est finalement pas très épaisse ; son épaisseur est normalement inférieure à 10 cm environ12 et, dès lors, sa maniabilité n’est pas compromise. D’autre part, l’éventualité d’une partition fonctionnelle – coïncidant avec la fin d’un livre de la Bible – devrait être prévue depuis le début. Pour une partition « harmonieuse » en deux volumes, la discontinuité modulaire se situe normalement avant ou après les Psaumes ; pour une partition en trois volumes, les discontinuités sont placées avant les Psaumes et entre l’Ancien et le Nouveau Testament. Ce dernier étant plus court, la répartition n’est pas symétrique ; on peut donc supposer, dans ce cas précis, que cette dissymétrie était due à des exigences autres que matérielles. Or, comme on le verra, contrairement aux bibles atlantiques du XIe siècle13, la plupart des bibles portatives, et notamment les bibles plus petites d’origine parisienne, ne présentent pas de discontinuités modulaires à ces endroits et ne sont donc pas prédisposées à une partition. On soulignera en outre qu’une telle division a posteriori n’intervient presque jamais, même dans les bibles qui présentent des discontinuités modulaires, ce qui est souvent le cas des bibles italiennes. Ce constat corrobore l’hypothèse selon laquelle les partitions n’étaient pas envisagées tout simplement parce qu’elles n’étaient pas voulues, le monolithisme étant, avec la miniaturisation, la finalité principale de l’objet. Dans ces conditions, il n’est pas étonnant qu’on n’assiste jamais à la fusion de deux volumes conçus d’emblée comme des entités séparées14. Si le fait de contenir la totalité du texte biblique dans un volume unique constituait une priorité absolue, il devenait indispensable de mettre en œuvre des pratiques inédites aptes à maintenir le nombre de feuillets dans des limites acceptables et faisant en sorte que l’augmentation inévitable du nombre de feuillets n’aboutisse pas à une épaisseur excessive qui aurait rendu très malaisé le maniement du volume. Le premier paramètre sur lequel pouvaient agir les artisans de l’époque était l’épaisseur du parchemin.

10  Città del Vaticano, BAV, Barb. lat. 368 (125×85 mm). 11  Voir aussi plus loin, chapitre VI.h. 12  Nous n’avons pas pris en compte l’épaisseur globale actuelle des volumes car elle est très difficile à mesurer avec précision et semble dépendre beaucoup des caractéristiques de la reliure et des conditions de conservation. 13  Dans le cas de ces bibles de taille imposante, l’éventualité d’une partition était induite moins par l’épaisseur que par le poids. 14  Dans notre corpus de manuscrits consultés, un doute subsiste seulement pour la bible Città del Vaticano, BAV, Barb. lat. 415, aujourd’hui en un seul volume, mais qui était peut-être à l’origine divisée en deux au moyen d’une discontinuité modulaire avant les Proverbes.

a Veau ou chèvre ? Le parchemin des bibles portatives  

 93

a Veau ou chèvre ? Le parchemin des bibles portatives La finesse et la blancheur du parchemin utilisé pour la fabrication des bibles portatives15 suscitaient déjà l’admiration au Moyen Âge – les descriptions dans les inventaires de l’époque en témoignent – et, à l’époque moderne, beaucoup d’interrogations, notamment sur son origine animale. Cette production est sans doute associée à l’apogée qualitatif du parchemin, représenté par les bibles plus petites d’origine parisienne, copiées sur un parchemin parfaitement blanc des deux côtés, opaque, très fin (voir ill. 16–17) et très souple au toucher. Ailleurs, la qualité et la finesse du support se situent à un niveau légèrement inférieur, mais demeurent remarquables. Pour donner corps à cette impression, nous avons essayé de déterminer les caractéristiques qualitatives de ce support dans notre corpus. Malheureusement, les volumes dont nous avons pu mesurer l’épaisseur du parchemin au moyen d’un instrument approprié sont peu nombreux et, pour d’autres caractéristiques, à savoir la coloration, le contraste entre côté chair et côté poil et la présence de défauts, nous avons dû nous accommoder d’évaluations subjectives, consistant dans l’attribution d’une évaluation chiffrée de 0 (la meilleure qualité) à 3 (la moins bonne qualité). Ainsi, la note 0 attribuée à chacune des caractéristiques indiquées correspond à un parchemin très fin, parfaitement blanc, où les deux côtés sont impossibles à distinguer même au toucher16, exempt de défauts17. Pour ce qui est de l’épaisseur du support, une évaluation au jugé peut sembler éminemment hasardeuse, mais nous nous sommes tout de même attelée à cet exercice, eu égard au faible nombre de bibles (57, c’est-à-dire 16% du total du corpus) pour lesquelles nous avons été autorisée à mesurer l’épaisseur avec une jauge18. Nous avons ensuite vérifié la pertinence de la notation subjective par rapport à la mesure instrumentale (cf. les trois dernières lignes du Tableau 51) : la corrélation est apparue suffisante pour autoriser le croisement de ce paramètre avec d’autres sur des populations plus vastes19. Tableau 51: Épaisseur moyenne des feuillets selon la taille et le nombre de feuillets. Taille

 

≤300 f.

301–450 f.

451–600 f.

>600 f.

moyenne globale

≤330 mm

épaisseur moyenne en mm nombre de mss

0,119 2

0,105 10

0,079 18

0,066 10

0,083 40

331–450 mm

épaisseur moyenne en mm nombre de mss

   

0,121 7

0,107 10

 

0,113 17

0,119

0,112

0,089

0,066

0,092

épaisseur moyenne en mm  note moyenne pour lʼépaisseur

1,71

nombre de mss

2

 

1,69 17

1,08 28

0,66 10

1,04 57

En dépit du nombre restreint de manuscrits, les résultats du Tableau 51 sont éloquents  : l’épaisseur du parchemin est corrélée à la fois au nombre de feuillets et à la taille. Elle diminue avec l’augmentation du nombre de feuillets et l’amenuisement de la taille – jusqu’à la valeur remarquable de 0,066 mm pour les bibles les plus petites. À taille égale, la corrélation entre la diminution de l’épaisseur et l’augmentation du nombre de feuillets s’explique aisément par la nécessité de maintenir une épaisseur acceptable pour les bibles en un seul volume. De la même manière, à nombre de feuillets égal, la corrélation entre la diminution de l’épaisseur et la réduction de la taille s’explique par le souhait 15  À ce sujet, voir aussi Ruzzier C., « Le rôle du parchemin dans la miniaturisation de la Bible au XIIIe siècle », Gazette du livre médiéval, 63 (2017), p. 64–78. 16  Du moins dans la plupart des feuillets. Une régularité absolue était en effet impossible à atteindre, même pour les meilleurs artisans. 17  Vu l’extrême rareté des imperfections, il nous a semblé inutile de dénombrer les défauts cahier par cahier. 18  Dans ce cas, nous nous sommes bornée à utiliser une valeur synthétique, à savoir la moyenne des neuf mesures effectuées sur les trois marges externes de trois feuillets, respectivement au début, au milieu et à la fin du manuscrit. Cette option est justifiée par le fait que nous n’avons pas noté de différences remarquables et systématiques d’épaisseur entre les points de mesure situés sur le même feuillet (ce qui est somme toute normal étant donné qu’il s’agit de feuillets très petits), ni entre les feuillets d’un même cahier, voire du volume entier. 19  Il va de soi que nous avions des doutes sur la pertinence de ce type d’évaluation, mais les résultats obtenus nous ont convaincue qu’il valait la peine de s’y essayer si l’effectif de la population est suffisamment grand pour noyer les quelques évaluations erronées, et surtout suffisamment homogène pour ne pas perturber l’échelle de mesure subjective. Par ailleurs, la prégnance du paramètre « épaisseur » que l’on constate dans le processus de construction matérielle du manuscrit rend encore plus regrettable le fait de n’avoir pu procéder à des mesures instrumentales pour la totalité des manuscrits.

94 

 V Support et structure matérielle des bibles portatives

d’éviter le « livre tour »20, alors que pour un manuscrit plus grand on pouvait se contenter du parchemin commun, moins mince et vraisemblablement moins cher. Les résultats de l’évaluation subjective notée pour toute la production conduisent aux mêmes conclusions. La ventilation par pays des diverses caractéristiques du parchemin aboutit aux résultats suivants (Tableaux 52–53). Ces évaluations moyennes révèlent que c’est en France – et plus particulièrement à Paris21 – qu’on utilisait le meilleur parchemin, alors qu’en Italie il était de moindre qualité, le parchemin anglais se situant entre les deux. Tableau 52: Évaluation du parchemin selon le pays d’origine (valeur moyenne des notes). Caractéristiques du parchemin

Angleterre

France

Italie

autres pays ou origine inconnue

moyenne globale

couleur contraste poil/chair défauts épaisseur épaisseur moyenne en mm22

1,45 0,86 1,54 1,44 0,107

1,15 0,82 1,01 1,00 0,086

1,70 1,81 1,29 1,70 0,100

1,64 1,15 1,59 1,45 0,093

1,43 1,13 1,27 1,33 0,092

moyenne globale des notes

1,32

1,00

1,63

1,46

1,29

Tableau 53: Évaluation du parchemin selon l’origine – France sans Paris et Paris (valeur moyenne des notes). Caractéristiques du parchemin

France sans Paris

Paris

couleur contraste poil/chair défauts épaisseur épaisseur moyenne en mm

1,59 1,02 1,53 1,55 0,104

0,76 0,64 0,59 0,62 0,071

moyenne globale des notes

1,42

0,65

Malheureusement, nous manquons de données pour pouvoir comparer notre corpus avec le reste de la production manuscrite de l’époque. En ce qui concerne l’épaisseur de la feuille de parchemin à l’époque médiévale, les données chiffrées sont rares et disparates. Les plus fiables concernent les manuscrits italiens : une série de mesures effectuées sur un corpus de 320 manuscrits du XIe siècle, pour un total de 1600 cahiers, a fourni une moyenne de 0,223 mm23. Au XIVe siècle, une enquête systématique portant sur 56 manuscrits juridiques originaires d’Italie du Nord24 a abouti à une moyenne de 0,182 mm. Pour le siècle suivant, l’examen de 121 manuscrits provenant de la bibliothèque du seigneur

20  L’utilisation de feuillets trop fins de grandes dimensions aboutirait au contraire à un « livre lame ». Voir Muzerelle – Ornato, « La terza dimensione del libro », op. cit., p. 58–61. Par ailleurs, de grands feuillets trop minces risqueraient beaucoup plus de se déchirer et donneraient une sensation de manque de « corps » lors des manipulations. 21  Sur la régulation de la parcheminerie à Paris, voir Rouse – Rouse, Illiterati et uxorati, op. cit., p. 79–80. Les parcheminiers cités dans les sources de l’époque, qui étaient installés dans le centre de Paris, n’étaient en fait que des vendeurs de parchemins provenant de l’extérieur de la ville. Ils se limitaient peut-être à faire le travail final, mais nous ne savons pas dans quelle mesure. 22 Attention : les valeurs de cette dernière ligne pour l’Angleterre et l’Italie ne concernent que 3 et 4 manuscrits respectivement (contre 38 pour la France), ce qui peut expliquer le contraste avec la ligne d’au-dessus. 23  Pour l’analyse de ces données, voir Bianchi F. − Canart P. − Federici C. et al., « La structure matérielle du codex dans les principales aires culturelles de l’Italie du XIe siècle », dans Ancient and Medieval Book Materials and Techniques (Erice, 18–25 settembre 1992), Maniaci M. − Munafò P. F. éd., Città del Vaticano, 1993 (Studi e Testi, 357–358), II, p. 363–452 : p. 390–395. Le parchemin des manuscrits italo-grecs est cependant plus épais, avec une moyenne de 0,25 mm. Sur le parchemin des manuscrits byzantins, voir aussi Maniaci M., « La pergamena nel manoscritto bizantino dei secoli XI e XII : caratteristiche e modalità d’uso », Quinio, 2 (2000), p. 63–92. 24  Pour un total de 112 cahiers, soit 560 bifeuillets. Puisqu’il s’agit de volumes de grandes dimensions, chaque bifeuillet correspond à une peau. Voir Bianchi F. − Buovolo D. − De’Caterina M. G. et al., « Facteurs de variations de l’épaisseur du parchemin italien du VIIIe au XVe siècle », dans Ancient and Medieval Book, op. cit., I, p. 95–184, republié dans La face cachée, op. cit., p. 275–345 : p. 279–291, 298–301.

a Veau ou chèvre ? Le parchemin des bibles portatives  

 95

de Cesena, Malatesta Novello25, a fourni une moyenne pratiquement identique à la précédente : 0,185 mm. Ce résultat est d’autant plus intéressant que les peaux, dans ce dernier corpus – il s’agit de chèvres, comme dans le précédent –, proviennent certainement d’animaux plus petits26 ; il témoigne donc de ce que les peaux du corpus juridique ont été travaillées davantage, surtout à proximité de l’échine de l’animal27, ce qui suggère que le travail de finition était tout aussi déterminant pour l’épaisseur du parchemin que la taille initiale des peaux. Pour les manuscrits de dimensions moins grandes, pouvant être considérés, du moins théoriquement, comme la résultante d’un pliage in-quarto de la peau, les informations sont assez sporadiques. Ainsi, selon un sondage effectué sur un groupe de 20 manuscrits vraisemblablement de ce format, datables du IXe au XVe siècle, l’épaisseur moyenne du parchemin diminue progressivement de 0,184 mm au IXe siècle jusqu’à 0,144 au XVe28. En général, on observe à partir du XIIIe siècle un perfectionnement des techniques de fabrication de ce support comportant une diminution progressive de l’épaisseur du parchemin29. Sur la base de ces informations, on voit bien que l’épaisseur du parchemin des bibles portatives se situe largement au-dessous de la moyenne. On peut vraisemblablement attribuer ces caractéristiques particulières et les différences relevées entre les pays d’origine d’une part à l’espèce animale utilisée, d’autre part aux procédés de fabrication. Le parchemin de veau (vellum) est très probablement à l’origine de toute la production du nord de l’Europe. Depuis le haut Moyen Âge, il semble que dans cette zone les deux animaux les plus utilisés pour la production du support de l’écriture étaient le veau et le mouton30. En Italie, mais aussi dans le sud de la France et en général dans l’Europe méridionale, on utilisait soit la peau de mouton, soit celle de chèvre. L’utilisation courante de la chèvre est en effet attestée en Italie depuis le haut Moyen Âge31 ; au XIe siècle, il semble qu’on employait surtout la chèvre en Italie du Nord et le mouton dans le Sud32 ; par ailleurs, comme nous l’avons déjà noté, c’est la chèvre qui est le plus souvent utilisée aux XIIIe et XIVe siècles dans les manuscrits juridiques, ainsi que, au XVe, dans les manuscrits exécutés pour Malatesta Novello à Cesena. Les résultats de l’examen folliculaire sur les manuscrits juridiques bolonais sont corroborés par la teneur des contrats de vente de manuscrits établis à Bologne à la même époque, où il est souvent question de carta edina. Parmi ces documents, on en trouve un, daté de 1300, qui concerne la vente à un frère dominicain d’une bible : Usepus q. Rodulfi capelle S. Vitalis dedit et vendidit d. fratri Petro de Fundis de Regio ecclesie ordinis fratrum predicatorum commoranti Bon. in studio ementi unam Bibliam in cartis edinis in duabus alipis coperta de panno lineo totam completam de littera minuta, cuius secundum sisternus incipit ‘reliqua est’ et penultimus finit ‘vel’ ... pro precio treginta duarum lib. Bon.... etc33.

La bible complète en question était en parchemin de chèvre et probablement de petites dimensions, vu l’écriture minuta. Il devait s’agir d’un exemplaire de bon niveau dans la mesure où le prix de vente − 32 livres bolonaises − était assez élevé. On peut donc raisonnablement supposer que les bibles originaires d’Italie étaient avant tout écrites sur du parchemin de chèvre. Le choix entre veau et chèvre d’une part, et mouton de l’autre, semble être également lié, au moins

25  Pour un total de 242 cahiers, soit 1210 bifeuillets. Comme dans le corpus juridique, tous les volumes sont des in-folio. Voir Bianchi et al., « Facteurs de variations », op. cit., p. 291–297. 26  La taille des volumes du corpus juridique varie entre 660 mm et 787 mm ; celle du corpus malatestien, entre 520 mm et 690 mm. Voir ibidem, p. 279–280. 27  Ibidem, p. 299 : « Il apparaît donc que la peau brute des animaux – presque toujours des chèvres – utilisés dans la fabrication des manuscrits juridiques était à l’origine aussi épaisse que celle qu’on utilisera plus tard dans les manuscrits malatestiens, mais qu’elle est devenue plus mince une fois travaillée, le polissage ayant affecté surtout la partie la plus épaisse et rigide, celle qui correspond à l’échine ». 28  Ibidem, p. 319–320. Notons cependant la divergence qui affecte les valeurs du XIe siècle par rapport aux résultats obtenus dans l’enquête systématique citée plus haut. 29  Voir Bischoff F. M., « Observations sur l’emploi de différentes qualités de parchemin dans les manuscrits médiévaux », dans Ancient and Medieval Book, op. cit., I, p. 57–94 : p. 71–77. 30  Voir, entre autres, Bischoff, « Observations sur l’emploi », op. cit., p. 60. 31  Voir Di Majo A. − Federici C. − Palma M., « La pergamena dei codici altomedievali italiani. Indagine sulle specie utilizzate », Scriptorium, 39 (1985), p. 3–12. 32  Voir Bianchi et al., « La structure matérielle du codex », op. cit., p. 382–383. 33  « Joseph, fils de Rodolphe, de la chapelle de saint Vital, a donné et vendu au dit frère Pierre de Fundis, de l’église de Reggio, de l’ordre des frères Prêcheurs, demeurant à l’Université de Bologne, acquéreur : une bible en parchemin de chèvre, avec deux ais recouverts de tissu de lin, complète, en petite écriture, dont le deuxième sénion commence avec ‘reliqua est’ et l’avant-dernier se termine avec ‘vel’ ... pour le prix de trente-deux livres bolonaises ... etc. » Voir Orlandelli G., Il Libro a Bologna dal 1300 al 1330, documenti. Con uno studio su il contratto di scrittura nella dottrina notarile bolognese, Bologna, 1959, p. 43. L’enregistrement des contrats de vente était obligatoire seulement pour les objets dont le prix dépassait 25 livres bolonaises.

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 V Support et structure matérielle des bibles portatives

en partie, à la richesse du manuscrit. Il a en effet été observé que les manuscrits plus luxueux et enluminés, y compris les bibles et les livres liturgiques, étaient fabriqués de préférence avec du parchemin de veau, ou de chèvre si le veau n’était pas en usage, alors que le mouton, moins cher, était plutôt réservé aux manuscrits d’apparence plus modeste34. L’uniformité de la surface et l’invisibilité des follicules pileux dans nos bibles ne permettant pas de déterminer l’espèce animale par examen visuel35, nous avons simplement mesuré la corrélation entre la qualité du parchemin et les paramètres relatifs à la richesse de l’exécution36 pour deux groupes de bibles : celles d’origine septentrionale, vraisemblablement constituées de peau de veau, et celles d’origine italienne, vraisemblablement constituées de peau de chèvre. Si l’on prend comme indicateur de richesse la présence des initiales historiées au début des livres bibliques, on constate sans surprise que les manuscrits richement enluminés ont un parchemin de meilleure qualité. Les moyennes concernant les manuscrits qui comportent des initiales historiées, surtout les bibles septentrionales, se révèlent systématiquement plus basses. On obtient des résultats similaires si l’on utilise un autre indicateur de richesse : la présence de l’or37. Tableau 54: Évaluation du parchemin selon le pays d’origine et la richesse des initiales (valeur moyenne des notes). Qualité du parchemin

Angleterre et France

Italie

total

historiées

non historiées

historiées

non historiées

couleur contraste poil/chair défauts épaisseur

1,03 0,67 0,71 0,88

1,38 0,94 1,45 1,27

1,62 2,08 0,78 1,45

1,72 1,76 1,45 1,76

1,38 1,13 1,17 1,29

total

0,82

1,26

1,48

1,67

1,24

Le parchemin italien, même lorsqu’il est de bonne qualité, apparaît plus épais et plus rigide, de couleur jaunâtre ou grisâtre, et la différence entre côté poil et côté chair est toujours visible38. Seuls 2,5% des manuscrits présentent une note 0 pour le contraste en Italie (Tableau 55), alors que ce pourcentage monte à 29% en Angleterre39, à 38% en France sans Paris et à 50% pour les bibles parisiennes. L’aspect du parchemin constitue ainsi l’un des critères permettant de reconnaître une bible produite au sud ou au nord des Alpes.

34  Voir Bischoff, « Observations sur l’emploi », op. cit., p. 62–71. 35  Pour ce procédé d’identification, voir Federici C. – di Majo A. – Palma M., «  Animal Species Used in Medieval Parchment Making: Non-Destructive Identification Techniques », dans Roger Powell. The Compleat Binder, Turnhout, 1996 (Bibliologia, 14), p. 146–153. 36  On pourrait au demeurant se demander quelle était la part d’un parchemin de qualité dans le coût total d’une bible au XIIIe siècle. Très peu de données sont disponibles à ce sujet. On connaît en revanche le détail des prix pour la fabrication d’une grande bible de luxe en Italie au XVe siècle : le parchemin y représente 1,2% du coût total, mais si on enlève le prix de l’enluminure (87,8%), il s’élève à 10% du total. Voir Melograni A., « Quanto costa la magnificenza ? Il caso della ‘Bibia bella’ di Borso d’Este », Bollettino d’arte, 144 (2008), p. 7–24, p. 12. 37  Si les résultats sont analogues pour le parchemin septentrional, ils sont plus controversés pour le parchemin italien. Pour une évaluation de la richesse des manuscrits, voir aussi chapitre VIII.a. Par ailleurs, la corrélation entre la qualité du parchemin et le niveau de décoration a été récemment confirmée dans une étude sur les espèces animales utilisées pour les manuscrits, presque tous du XIIIe siècle, de l’abbaye cistercienne d’Orval : les manuscrits de meilleure qualité, surtout s’ils sont enluminés, sont plus souvent copiés sur un parchemin de veau que de mouton. Voir Ruffini-Ronzani N. – Nieus J. F. – Soncin S. et al., « A Biocodicological Analysis of the Medieval Library and Archive from Orval Abbey, Belgium », Royal Society Open Science, 8 (2021) : 210210, https://royalsocietypublishing.org/doi/10.1098/rsos.210210. 38  En particulier, le côté chair apparaît brillant et le côté poil, assez foncé, laisse apparaître de nombreux follicules. Au XVe siècle, en revanche, le parchemin de chèvre italien était de très bonne qualité, bien que plus épais, comme l’attestent les manuscrits, déjà cités, produits pour Malatesta Novello et aussi les lettres des humanistes cherchant à se procurer du parchemin très blanc. Voir Rizzo, Il lessico filologico, op. cit., p. 13–21. 39  Selon certains auteurs, les procédés de fabrication du parchemin anglais différaient sensiblement de ceux connus pour le parchemin continental, et méridional en particulier ; les procédés anglais prévoyaient l’écharnage de deux côtés des peaux et produisaient de la sorte un parchemin sans contraste entre côté poil et côté chair. En Italie, au contraire, on n’aurait écharné que le côté chair, et par conséquent le côté poil apparaît beaucoup plus foncé. Voir Di Majo A. − Federici C. − Palma M., « Indagine sulla pergamena insulare (secoli VII–XVI) », Scriptorium, 42 (1988), p. 131–139 : p. 137.

a Veau ou chèvre ? Le parchemin des bibles portatives  

 97

Tableau 55: Niveau de contraste poil/chair selon le pays d’origine. Contraste poil-chair (note)

Angleterre

0 1 2 3 total

France

Italie

autres pays ou origine inconnue

total

29,4% 56,9% 11,8% 2,0%

44,4% 35,3% 14,3% 6,0%

2,5% 28,8% 53,8% 15,0%

32,9% 26,0% 34,2% 6,8%

29,7% 35,0% 27,6% 7,7%

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

Ce qu’il faut remarquer, c’est que les aspects qualitatifs du parchemin sont interdépendants. Certes, un parchemin qui obtient une note 0 pour la couleur peut en théorie présenter une note 3 pour les défauts ou l’épaisseur, mais, bien que ces situations ne soient pas complètement absentes, il est rarissime qu’un manuscrit reçoive des évaluations très divergentes pour ces différents paramètres. En revanche, les défauts – qui, rappelons-le, sont rares – dépendent essentiellement des dimensions (Tableau 56) : la plupart des bibles de petites dimensions en sont tout à fait dépourvues, alors que leur nombre dans les cahiers examinés croît en moyenne avec la taille40. Tableau 56: Présence de défauts du parchemin selon la taille. Défauts (note) 0 1 2 3 total

≤230 mm

231–280 mm

281–330 mm

331–380 mm

381–450 mm

total

81,3% 18,8% 0,0% 0,0%

52,7% 34,5% 5,5% 7,3%

8,7% 42,0% 31,9% 17,4%

16,7% 27,8% 25,0% 30,6%

8,0% 28,0% 36,0% 28,0%

27,9% 33,8% 21,4% 16,9%

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

Parmi ces défauts, on prendra soin de distinguer lisières et trous. Si les uns comme les autres sont rares dans les bibles portatives, les lisières le sont tout particulièrement dans les bibles de dimensions très petites. La probabilité que les marges d’un feuillet correspondent à une partie des bords extérieurs de la peau d’origine, où l’on peut trouver des lisières, est naturellement faible avec les bibles portatives, mais elle augmente avec la taille des feuillets (plus exactement, dans une proportion inverse au nombre de pliages subis par la peau). Par contre, les trous sont plus difficiles à éviter : nous avons parfois relevé la présence de quelques trous à l’intérieur du cadre d’écriture, situation que l’on s’efforçait normalement d’éviter. Sans doute y parvenait-on plus difficilement lorsque les pages étaient plus petites : la dimension des trous demeurant la même quelle que soit la surface des feuillets, il est plus difficile de les confiner dans les marges lorsque celles-ci sont très étroites en valeur absolue. Les caractéristiques qualitatives du parchemin semblent donc dépendre à la fois de l’origine animale de la peau et des habitudes de travail des parcheminiers dans les différentes zones de production. Une étude récente vient confirmer, avec l’aide de sciences expérimentales, les hypothèses énoncées quant à l’origine animale41. L’analyse protéomique du

40  Malheureusement, on ne dispose pas de points de comparaison pour les autres catégories de manuscrits occidentaux à la même époque. Pour les manuscrits byzantins, en revanche, le parchemin des manuscrits bibliques était de meilleure qualité que celui des autres catégories. Soulignons cependant qu’on ne saurait comparer le parchemin des bibles portatives, même de qualité courante, avec celui des manuscrits byzantins, dont la qualité était en général bien inférieure. Voir Maniaci, « La pergamena nel manoscritto bizantino », op. cit. 41  Voir Fiddyment S. – Holsinger B. – Ruzzier C. et al., « Animal origin of 13th-Century Uterine Vellum Revealed Using Noninvasive Peptide Fingerprinting », Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America, vol. 112, n. 49 (08 December 2015), p. 15066–15071, https://www.pnas.org/content/pnas/early/2015/11/18/1512264112.full.pdf et Fiddyment S. – Collins M., « From Field to Frame. The Contribution of Bioarchaeological Methods to Understanding Parchment Production », Gazette du livre medieval, 63 (2017), p. 55–63. Un résultat expérimental est aussi disponible pour une autre bible d’origine parisienne (Firenze, Bibl. Medicea Laurenziana, Plut. 3 caps. 1, dite « Bible de Marco Polo »), copiée sur peaux de veau. Voir Toniolo L. – D’Amato A. – Saccenti R. et al., « The Silk Road, Marco Polo, a Bible and its Proteome: A Detective Story », Journal of Proteomics, 75 (2012), p. 3365–3373.

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 V Support et structure matérielle des bibles portatives

parchemin d’un corpus de 79 bibles du XIIIe siècle, presque toutes portatives42, démontre que des peaux de veau ont été utilisées pour la très grande majorité des manuscrits d’origine française et anglaise. Pour la production italienne, on a moins de certitudes, car l’échantillon étudié est malheureusement beaucoup plus restreint, mais les résultats confirment l’hypothèse qu’on a affaire à des peaux de chèvre. Bien évidemment, le choix de la peau à utiliser dépend en premier lieu de la nature du cheptel disponible, mais on peut supposer qu’on a chaque fois préféré la peau qui se prêtait le mieux à l’amincissement et qui donnait les meilleurs résultats en termes qualitatifs. C’est la raison qui a probablement conduit à écarter le mouton et à préférer le veau partout où cela était possible. L’étude citée balaie aussi toutes les hypothèses, plus ou moins fantaisistes, qui avaient été émises sur l’origine animale de ces peaux et notamment sur l’utilisation de peaux d’écureuil ou de lapin43. Toutefois, l’hypothèse la plus répandue ne concerne pas tellement l’animal utilisé mais plutôt son âge. En effet, on peut lire souvent que ce parchemin proviendrait de veaux, ou même d’agneaux, mort-nés (pergamenum abortivum44). Or, s’il est vraisemblable que les peaux utilisées provenaient d’animaux très jeunes, âgés d’un ou deux mois tout au plus, le grand nombre de manuscrits produits dans un laps de temps très court donne à penser que la disponibilité de veaux mortnés pour la production de parchemin n’aurait pu y suffire. Les naissances naturelles de ce type ne pouvant être assez nombreuses, il est difficilement concevable dans le contexte de l’économie médiévale qu’elles puissent avoir été systématiquement provoquées45. Cette conclusion dépend, en fait, du nombre de peaux nécessaires pour produire une bible portative. Or, lorsque les manuscrits sont de très petites dimensions, il est quasiment impossible de savoir à partir de combien de peaux on les a fabriqués, car l’extrême rareté des irrégularités du parchemin empêche de reconstituer leur position par rapport à la peau d’origine46. Néanmoins, nous pouvons avancer des suppositions sur la base des dimensions de peaux d’animaux actuels47. En basant nos calculs sur une peau dont le rectangle utile mesure 600×450 mm environ, le nombre de peaux 42  Toutes ces bibles font aussi partie de notre grand corpus. 43  Voir Thompson D. V., The Materials of Medieval Painting, London, 1936, p. 27–28. Notons par ailleurs que si les peaux d’origine avaient été celles d’animaux aussi petits, le nombre de lisières visibles auraient été certainement plus élevé. 44  Le terme abortivum est attesté, certes très rarement, dans quelques sources médiévales à propos du parchemin et il est également présent dans le glossaire de Du Cange : Pergamenum abortivum, quod vulgo virgineum vocant, ex pelle vitulina vel hædina leviori præparatum, Gall. Velin. Necrol. eccl. Paris. Ms.: Item unum bonum breviarium et pulcrum, notatum ad usum Parisiensis ecclesiæ, scriptum in pergameno Abortivo de littera formæ (Du cange et al., Glossarium mediae et infimae latinitatis, I, Niort, 1883, p. 28), « Parchemin d’animal mort-né, appelé vulgairement virginal, préparé à partir de la peau la plus fine de veau ou de chèvre, Gall. Velin. Necrol. eccl. Paris. Ms.: un beau bréviaire, noté à l’usage de l’église parisienne, écrit sur parchemin d’animal mort-né en lettres de forme. » Toutefois, nous ne l’avons pas relevé dans les descriptions médiévales de bibles portatives. 45  Cet argument a été avancé il y a longtemps déjà par Pollard G., « Notes on the Size of the Sheets », The Library, Fourth series, 22 (1941), p. 105–137 : p. 112 : « Each manuscript would require about forty or fifty stillborn calves; and these small bibles are about the commonest type of manuscript surviving from the latter half of the thirteenth century. I must admit that I have no statistics on the infant mortality of cattle at this date, but it is plainly impossible that there should have been sufficient genuine uterine vellum to produce more than a small fraction of the books supposed to have been made from it ». 46  Ce qui est en revanche possible pour les manuscrits de dimensions plus grandes obtenus grâce à un pliage in-folio ou in-quarto. Sur cette problématique, voir principalement Gilissen L., Prolégomènes à la codicologie. Recherches sur la construction des cahiers et la mise en page des manuscrits médiévaux, Gand, 1977 (Les publications de Scriptorium, 7) ; Gumbert J. P., « Sizes and Formats », dans Ancient and Medieval Book, op. cit., I, p. 227–263, et Maniaci M., « Suddivisione delle pelli e allestimento dei fascicoli nel manoscritto bizantino », Quinio, 1 (1999), p. 83–122. 47  Malheureusement, nous ne disposons pas de dimensions moyennes pour les peaux d’animaux jeunes. Une enquête sur un certain nombre de peaux de chèvre, de mouton et de veau d’origine italienne et anglaise fournies par des tanneurs contemporains, mais dont on ne connaît pas l’âge exact, fournit les mesures moyennes suivantes (relatives au rectangle « utile » que l’on obtient à partir d’une peau) : chèvre 750×630 mm, agneau 650×400, mouton de 30–40 jours 760×510, veau 800×650. Voir Ansalone M. − Di Majo A. − Mita L. – Pascalicchio F., « Caractérisation matérielle du parchemin moderne », dans Ancient and Medieval Book, op. cit., I, p. 185–225. Cependant, les mesures effectuées sur des manuscrits médiévaux en parchemin pouvant être considérés avec certitude comme des in-folio, aboutissent systématiquement à des « rectangles utiles » de dimensions inférieures, qu’on ne saurait expliquer par le recours au rognage. Ainsi, dans le corpus des manuscrits en écriture humanistique recensés par Albert Derolez (Derolez, Codicologie des manuscrits, op. cit., II, p. 27–163), on obtient des « rectangles utiles » mesurant en moyenne 550×400 mm. Pour 14 manuscrits juridiques des XIIIe et XIVe siècles d’origine bolonaise mesurés par Luciana Devoti dans le cadre d’une enquête sur la mise en page des manuscrits glosés, la moyenne du « rectangle utile » est de 526×428 mm (voir Devoti L., « Un rompicapo medievale: l’architettura della pagina nei manoscritti e negli incunaboli del codex di Giustiniano », dans Busonero – Casagrande Mazzoli – Devoti – Ornato, La fabbrica del codice, op. cit., p. 154). Ces dimensions se rapprochent de celles des agneaux appartenant à l’échantillon « moderne » ; il pourrait donc s’agir de chevreaux, identifiables avec les « capretti » que l’on importait par dizaines de milliers à Rome au cours du XVe siècle (voir Cherubini A. P. – Esposito A. – Modigliani A. et al., « Il costo del libro », dans

a Veau ou chèvre ? Le parchemin des bibles portatives  

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nécessaires pour la fabrication d’une bible portative s’élèverait à une vingtaine au minimum pour les bibles les plus petites (600 feuillets de taille inférieure à 230 mm) et à 30 environ pour les bibles « de besace » (500 feuillets de 350 mm de taille environ). Un feuillet serait théoriquement le produit d’un pliage ou d’une subdivision in-32° du rectangle utile dans le premier cas, d’un pliage ou subdivision in-16° du même rectangle dans le second cas. Ces considérations se fondent essentiellement sur un cas d’« imposition » signalé par Léon Gilissen48. Le manuscrit Paris, BnF, lat. 1107 – un missel du XIIIe siècle – mesure 220×135 mm (355 mm de taille, correspondant donc à une bible « de besace ») ; la garde postérieure est constituée par une feuille de parchemin où sont transcrites côte à côte et têtebêche quatre pages « imposées » provenant d’un livre d’heures du XVe siècle. Chaque feuillet virtuel de ce livre d’heures mesure donc environ 110×68 mm, c’est-à-dire 1/32 d’un « rectangle utile » de 540×440 mm. Cela ne signifie pas, bien sûr, que la peau d’origine était pliée cinq fois sur elle-même : elle pouvait tout d’abord être coupée en deux ou en quatre pour être ensuite pliée respectivement in-16° et in-8°. Le cas de ce livre d’heures extrêmement petit devait être rare, mais les calculs montrent que si l’on subdivise in-16° une peau de dimensions analogues ou bien in-32° une peau un peu plus grande, on obtient les dimensions d’un feuillet de bible portative49. Si l’on admet une moyenne de 25 peaux par bible50, cela fait 8  925 animaux pour notre petit corpus de bibles consultées et 32 975 pour toutes les bibles portatives (taille ≤380 mm) recensées. Si l’on prend en compte un taux de survie de 10%51, 329 750 peaux au minimum auraient été utilisées pour l’ensemble de la production présumée. Bien évidemment, il ne s’agit là que de spéculations, mais ces calculs montrent malgré tout que, si la production de ce parchemin demandait sans aucun doute une grande maîtrise des procédés de fabrication, le nombre de peaux nécessaires pour produire chaque petite bible était bien moindre que pour un exemplaire de grand format. Bien évidemment, dans notre cas, la multiplication du nombre de bibles portatives a pour conséquence que la quantité globale de peaux utilisées compense largement la relative faiblesse de la consommation unitaire. Cette estimation globale semble en tout cas incompatible avec l’hypothèse de l’utilisation de parchemin provenant uniquement, ou même principalement, de veaux mort-nés. Un autre problème concerne l’extrême finesse du parchemin parisien. Comment était-elle obtenue  ? Une hypothèse a été avancée à ce sujet : celle d’un dédoublage des peaux52. Il s’agit d’une technique qui aurait permis de fendre une peau en deux pour obtenir, à partir d’une seule peau, deux peaux des mêmes dimensions mais deux fois moins épaisses. Cette opération, qui se fait de nos jours couramment à la machine, aurait pu être réalisée à l’époque médiévale à l’aide de procédés enzymatiques. Nous n’avons toutefois aucun indice de l’utilisation d’une technique artisanale de dédoublage dans l’Occident médiéval. Certes, les Juifs du Moyen-Orient paraissent avoir maîtrisé une telle technique, puisque les supports de l’écriture ainsi obtenus sont mentionnés dans un texte de Maïmonide53 et par des exégètes médiévaux du Talmud. Cependant, non seulement cette technique a été perdue par la suite même en Orient, mais apparemment elle n’a jamais été utilisée dans les communautés juives européennes. Surtout, elle concerne vraisemblablement le cuir, support utilisé pour les textes sacrés hébraïques, ou un matériel « mi-cuir mi-parchemin » qui, à la Scrittura, biblioteche e stampa a Roma nel Quattrocento, Atti del 2° Seminario, 6–8 maggio 1982, Miglio M. éd., Città del Vaticano, 1983 (Littera antiqua, 3), p. 323–553 : 458–553). Voir aussi le tableau comparatif des mesures des peaux, très variables, publié dans Maniaci, « Suddivisione delle pelli », op. cit., p. 114. 48  Gilissen, Prolégomènes, op. cit., p. 117 ; la page « imposée » est reproduite aussi dans Vezin J., « Manuscrits ‘imposés’ », dans Mise en page et mise en texte, op. cit., p. 423–426 : p. 425. 49  Précisons cependant qu’il est très improbable que des bibles portatives aient été copiées par la méthode de l’imposition, même si rien ne l’interdit en théorie. Les exemples d’utilisation de cette méthode remontent en effet presque tous au XVe siècle et aucune bible n’a été signalée (pour une liste complète, voir Gilissen, Prolégomènes, op. cit., p. 114–118 et Obbema P. F. J., « Writing on uncut sheets », Quaerendo, VIII (1978), p. 337–354 : p. 340). Par ailleurs, compte tenu de la structure des cahiers dans les petites bibles parisiennes, c’eût été une véritable gageure que de travailler sur des feuillets non coupés. Sur la problématique de l’imposition dans les livres manuscrits, voir aussi Bozzolo – Ornato, Pour une histoire, op. cit., p. 154–202. 50  Valeur toutefois inférieure à l’estimation de Graham Pollard. Voir note 45 ci-dessus. 51  Voir chapitre III. 52  Hypothèse avancée dans Clarkson C., « Rediscovering Parchment : The Nature of the Best », The Paper Conservator, 16 (1992), p. 75–96 : p. 75 ; Zerdoun Bat-Yehouda M. – Sirat C., « La description des manuscrits hébreux : vingt-cinq ans d’expérience », dans Ancient and Medieval Book, op. cit., II, p. 333–353, p. 337 et Chahine C., « Le dédoublement de la peau », dans Matériaux du livre médiéval, Actes du colloque du Groupement de recherche (GdR) 2836 « Matériaux du livre médiéval », Zerdoun Bat-Yehouda M. – Bourlet C. éd., Turnhout, 2010 (Bibliologia, 30), p. 1–11 : p. 11. 53  Voir Chahine C., « De la peau au parchemin : évolution d’un support de l’écriture », Quinio, 3 (2001), p. 17–50 : p. 45–46.

100 

 V Support et structure matérielle des bibles portatives

différence du parchemin occidental, aurait été soumis à une opération de tannage en surface. Selon Maïmonide, il était impossible d’utiliser pour l’écriture les quatre faces obtenues, et l’on devait se contenter de trois : les deux faces de la couche inférieure (celle qui était en contact avec la chair) et le côté interne de la couche supérieure54. Notons aussi que cette opération de dédoublage est facilitée par l’utilisation d’une peau grasse, comme celle de mouton, et semble très difficilement applicable au veau et à la chèvre. En conclusion, il est très vraisemblable que le « vélin » soit surtout le fruit de l’amélioration des techniques de fabrication traditionnelles du parchemin, en particulier d’une utilisation de peaux d’animaux très jeunes, et donc très souples, et de l’affinement des techniques d’écharnage et de ponçage sur les deux côtés de la peau55. L’un des rares cas de description ancienne du support d’une bible portative vient conforter cette hypothèse : une bible, déjà mentionnée, ayant appartenu au couvent de San Domenico à Pérouse au XVe siècle, est décrite in volumine parvo et pulchro, in membrana et cartis vitulinis utrinque rasis56. La description très détaillée de cette bible complète suggère une origine septentrionale. Dans un pays où l’on utilisait couramment un parchemin de chèvre beaucoup plus contrasté57, le parchemin de veau « rasé » des deux côtés devait sembler digne de mention au rédacteur de l’inventaire.

b La structure des cahiers La fabrication des bibles portatives était porteuse d’un ensemble d’exigences contradictoires et contraignantes qui requéraient des solutions artisanales inédites par rapport aux pratiques habituelles de l’époque. Pour contenir dans des limites acceptables la volumétrie de l’objet, il fallait concevoir des feuilles de parchemin parfaitement adaptées à cette fin, dont la finesse, tout en constituant une condition sine qua non, ne devait pas gêner le travail d’écriture et d’enluminure. Cependant, cette finesse, destinée à pallier les conséquences de la quantité imposante de feuillets nécessaire pour la transcription du texte intégral de la Bible, risquait elle-même d’accroître la fragilité de l’ensemble. Dans ce contexte, l’artisan ne pouvait plus recourir à l’assemblage en quaternions, la méthode traditionnelle qui avait été privilégiée jusqu’au XIIe siècle, aussi bien dans l’Occident médiéval que dans l’Orient byzantin. Le renforcement de la structure des cahiers n’est toutefois pas un processus réservé à la seule production biblique : l’hégémonie du quaternion cesse à partir du XIIIe siècle dans toute la production manuscrite européenne58. Cette période voit l’apparition de plus en plus fréquente de cahiers dont le cardinal, c’est-à-dire le nombre de bifeuillets dans un cahier normal59, est supérieur : de quatre bifeuillets, on passe à cinq (quinion) ou à six (sénion), voire davantage. Ce phénomène ne doit rien au hasard. Tableau 57: Structure majoritaire des cahiers. Nombre de bifeuillets

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

15

total

mss %

5 1,6%

16 5,1%

123 39,2%

6 1,9%

50 15,9%

1 0,3%

29 9,2%

2 0,6%

78 24,8%

2 0,6%

1 0,3%

1 0,3%

314 100,0%

54  Cette partie est encore aujourd’hui couramment considérée comme un déchet. 55  Cette hypothèse nous a été confirmée par Jiří Vnouček, qui a essayé de reproduire le parchemin des bibles portatives. D’après son expérience en parcheminerie, la peau de veau très jeune doit être soumise à un long procédé de ponçage à la craie, et puis à sec, sur les deux côtés de la peau. Pour la chèvre (et surtout pour le mouton), ce procédé s’appliquerait seulement au côté chair, et les deux côtés se distingueraient d’autant plus aisément. C’est en effet ce qu’on observe dans nos bibles. 56  « Dans un volume petit et beau, en parchemin de veau rasé des deux côtés. » Voir Kaeppeli, Inventari di libri di San Domenico, op. cit., p. 196. Il s’agit d’un cas exceptionnel, car le type de parchemin n’est pas spécifié dans la plupart des descriptions de bibles de petit format contenues dans les inventaires médiévaux que nous avons consultés (voir chapitre II.c.). En revanche, la qualité générale du support est parfois relevée (carta bona). 57  Cependant, le parchemin de chèvre des bibles portatives italiennes était sans doute plus travaillé que celui des manuscrits plus grands de même origine. En effet, l’épaisseur moyenne que nous avons mesurée dans les bibles italiennes est de 0,1 mm, alors que, comme nous l’avons vu, celle des manuscrits juridiques du XIVe siècle et des manuscrits malatestiens est presque double : 0,183 mm. 58  Le pourcentage de quaternions passe de 95% au XIIe siècle à 40% au XIIIe. Voir Busonero, « La fascicolazione del manoscritto », op. cit., p. 48–49, 109. 59  Le terme, emprunté au langage mathématique, indique le nombre d’éléments qui composent un ensemble. Pour son utilisation dans notre domaine, voir Ornato E., « Introduzione », dans La fabbrica del codice, op. cit., p. 19.

b La structure des cahiers 

 101

Le Tableau 57 montre la distribution dans nos bibles de la structure majoritaire des cahiers60. Il en ressort qu’à côté du sénion, d’autres structures « inhabituelles » ont été privilégiées, et c’est sur elles que nous allons concentrer notre analyse. Dans un souci de simplification, les structures les moins représentées seront donc absentes des tableaux qui vont suivre et c’est pourquoi elles font l’objet d’un commentaire immédiat. Dans notre corpus, il n’y a que cinq manuscrits qui présentent la structure traditionnelle en quaternions : il s’agit de quatre bibles d’origine française dont la taille est supérieure à 330 mm, et d’une seule bible vraiment portative, le manuscrit Paris, BnF, lat. 16267 (162×115 mm [ill. 21]), d’origine parisienne, sur lequel nous reviendrons, car il présente plusieurs caractères archaïques. Les manuscrits en septénions sont au nombre de six, presque tous portatifs, dont deux sont originaires de la péninsule ibérique, deux italiens et deux français. Seul un manuscrit, assez grand et d’origine française61, est fait de cahiers systématiquement constitués de neuf bifeuillets. Enfin, toutes les bibles structurées en cahiers épais mais peu représentés dans le corpus, c’est-à-dire en cahiers de 11, 13, 14 ou 15 bifeuillets, sont des bibles produites à Paris et ont une taille inférieure à 280 mm. Ces structures peuvent en fait être assimilées à des variantes du duodénion62, qui constitue la solution préférée lorsque l’augmentation du cardinal s’impose à l’artisan. En général, donc, dans les bibles collationnées prédominent la structure en sénions d’une part, et des structures comportant un nombre élevé de bifeuillets d’autre part. On peut supposer que la prédominance du sénion par rapport aux pratiques communes aux siècles précédents, aussi bien que les nombreuses dérogations que l’on observe dans la production biblique en faveur de structures comportant un nombre encore plus élevé de bifeuillets63, obéissent à des exigences de conservation : pour garantir la pérennité de l’assemblage d’une quantité déterminée de feuillets de parchemin très mince, il fallait recourir à une structure de cahiers qui donnait de meilleures garanties de solidité que le quaternion traditionnel, ce qui revenait à augmenter le nombre de bifeuillets jusqu’à dix ou douze, voire quinze dans des cas extrêmes64. En effet, si le parchemin est excessivement fin et les bifeuillets peu nombreux, l’action de la couture sur le pli des bifeuillets accélère l’usure de ces derniers et provoque leur détachement65. Notons cependant que le renforcement de l’assemblage n’était pas le seul avantage de l’augmentation du cardinal du cahier. L’utilisation de cahiers plus épais en présente au moins deux autres : primo, si le volume comporte moins de cahiers, l’ensemble sera plus résistant aux manipulations, ce qui diminue le risque de démembrement ; secundo, il y a moins de cahiers à coudre lors de la reliure. Ainsi, une bible de 480 feuillets structurée en duodénions contiendrait vingt cahiers, mais elle en comprendrait soixante si elle était structurée en quaternions. Si ces hypothèses correspondent réellement aux préoccupations qui animaient l’artisan médiéval, on devrait observer une corrélation entre l’épaisseur du parchemin et la structure des cahiers et, par ricochet, avec le nombre de feuillets et les dimensions des volumes66. La corrélation entre la structure des cahiers et l’épaisseur du parchemin ressort clairement des données collectées (Tableau 58), surtout si l’on compare les deux notes extrêmes : plus le parchemin est fin, plus l’emploi de cahiers composés d’un nombre élevé de bifeuillets devient fréquent. Puisque nous avons établi l’existence de corrélations entre l’épaisseur, le nombre de feuillets et les dimensions, il est assez logique que cette corrélation se répercute sur la corré-

60  43 manuscrits (12%) ont été exclus du calcul, soit parce que la structure était trop irrégulière, soit parce que nous n’avons pu procéder à la collation. En effet, les reliures anciennes ou en parchemin souple permettent toujours d’ouvrir aisément le volume et de vérifier les cahiers sans effort, alors que dans les manuscrits reliés à l’époque moderne la couture est parfois tellement serrée que la collation est impossible. 61  Paris, BnF, lat. 162. 62  La terminologie pour les cahiers dont le cardinal est supérieur à huit (dénions et duodénions), absente des dictionnaires, nous a été suggérée par Denis Muzerelle sur la base des adjectifs distributifs en latin. 63  54% des manuscrits du corpus présentent des structures majoritaires supérieures à six bifeuillets. 64  Rappelons au passage que ces structures n’étaient vraisemblablement pas obtenues par le pliage d’une seule peau ; en effet, dans l’artisanat du manuscrit et de l’imprimé médiéval, contrairement à ce qui se passe pour la typographie moderne, il n’y a pas d’équivalence stricte entre la structure du cahier et le nombre de pliages subis par la surface d’origine. Ainsi, un pliage in-quarto ne donne pas lieu à un binion (à l’exception des exemplaria universitaires). 65  La faible épaisseur des feuillets n’est que l’un des facteurs pris en compte dans l’évaluation du degré de résistance du support. Paola Busonero a démontré qu’aux XIVe et XVe siècles les manuscrits sur papier – matériau qui était à ses débuts beaucoup plus épais que le parchemin, mais qui était considéré comme moins résistant – sont systématiquement constitués de cahiers plus épais que les manuscrits en parchemin, ce qui confirme que c’est bien la robustesse du support qui conditionne principalement le cardinal des cahiers. Voir Busonero, « La fascicolazione del manoscritto », op. cit., p. 61–68, 94–99. 66  Sur les exigences sous-jacentes au choix de la structure des cahiers et quelques premières hypothèses concernant les bibles portatives, voir Ornato E., Apologia dell’apogeo. Divagazioni sulla storia del libro nel tardo medioevo, Roma, 2000, p. 51– 77.

102 

 V Support et structure matérielle des bibles portatives

lation entre le nombre de feuillets, les dimensions et la structure des cahiers. Le problème consiste toutefois à démêler l’agencement de ces divers facteurs et à déterminer si et dans quelle mesure les deux premiers – nombre de feuillets et taille – exercent éventuellement un impact autonome sur le troisième, la structure des cahiers. Tableau 58: Corrélation entre la structure des cahiers et l’épaisseur du parchemin. Cahiers (structure majoritaire)

épaisseur (note) 0

quinions sénions octonions dénions duodénions total

1

total

2

épaisseur moyenne en millimètres67

3

0,0% 2,3% 2,3% 11,6% 83,7%

2,2% 31,5% 19,1% 18,0% 29,2%

4,1% 64,4% 21,9% 5,5% 4,1%

21,7% 73,9% 4,3% 0,0% 0,0%

4,4% 40,8% 15,4% 11,0% 28,5%

0,115 0,099 0,97 0,070

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

0,091

Les tableaux 59 et 60 montrent clairement que le choix de la structure des cahiers est lié au nombre de feuillets, l’accroissement du nombre de bifeuillets par cahier étant proportionnel à l’augmentation des feuillets du volume. La proportion des sénions y diminue d’une tranche à l’autre jusqu’à disparition complète, tandis que, parallèlement, les duodénions deviennent presque hégémoniques. Tableau 59: Corrélation entre la structure des cahiers et le nombre de feuillets. Cahiers (structure majoritaire) quinions

≤300 f.

301–375 f.

1 100,0%

sénions

  0,0%

octonions

 

dénions

 

duodénions total total %

5

2

1

8,5%

3,3%

2,1%

32

31

24

80,0%

52,5%

39,3% 23,0%

5 8,5%

 

  0,0%

1

14

27,1%

2

40

9

total

 

 

11

0,0%

0,0%

2

12,5%

7,4%

6

  0,0%

3

12,5%

11,1%

7

14,8%

>676 f.

14,6%

 

4,5% 95 38,5% 43

0,0%

17,4%

2

1

26

7,4%

9,1%

10,5%

2

12

28

20

10

72

3,4%

19,7%

58,3%

74,1%

90,9%

29,1%

59

100,0%

601–675 f.

6

16

5,0%

0,0% 100,0%

526–600 f.

2

10,0%

0,0%

451–525 f.

5,0%

4

0,0%

376–450 f.

100,0%

61

48

100,0%

27

100,0%

100,0%

11 100,0%

247 100,0%

Tableau 60: Nombre moyen de feuillets selon la structure des cahiers et la taille. Cahiers (structure majoritaire)

≤230 mm

231–280 mm

281–330 mm

331–380 mm

381–450 mm

total

quinions sénions octonions dénions duodénions

      632 611

  392 475 502 569

377 414 484 441 596

387 424 465 506 658

421 428 438 496 578

404 419 469 501 583

total

615

533

451

448

449

483

67 Mesuré sur 57 manuscrits.

b La structure des cahiers 

 103

Il est intéressant, dans ce contexte, d’observer un effet de seuil entre la tranche 451–525 feuillets et la suivante : la proportion des manuscrits structurés en sénions chute brusquement de 39% à 12,5%, alors que celle des manuscrits structurés en duodénions grimpe de 19,7% à 58,3%68. On remarquera aussi l’oscillation qui caractérise l’emploi des octonions et des dénions. Leur nombre commence par augmenter parallèlement à l’accroissement du nombre des feuillets, puis il redescend à partir, respectivement, de 525 et 600 feuillets. Ainsi, au fur et à mesure de l’accroissement du nombre de feuillets, les sénions cèdent la place d’abord aux octonions et dénions, puis, à partir de la valeur seuil, toutes les structures cèdent, dans l’ordre, la place au duodénion. Ces phénomènes sont par ailleurs mis en évidence par l’augmentation du nombre moyen des feuillets proportionnellement à l’augmentation du nombre de bifeuillets par cahier (cf. dernière colonne du Tableau 60). Avec un pourcentage de presque 40%, le sénion reste néanmoins le cahier le plus représenté dans l’absolu. Ce chiffre global cache toutefois, comme on le verra, de grandes disparités. Tableau 61: Corrélation entre la structure des cahiers et la taille. Cahiers (structure majoritaire)

≤230 mm

231–280 mm

281–330 mm

331–380 mm

381–450 mm

quinions

 

 

0,0%

6 6,4%

4 7,8%

6 10,9%

16 5,4%

0,0%

 8 10,3%

53 56,4%

31 60,8%

31 56,4%

123 41,6%

0,0%

total

sénions

 

octonions

 

0,0%

11 14,1%

21 22,3%

8 15,7%

10 18,2%

50 16,9%

dénions

3 16,7%

10 12,8%

7 7,4%

6 11,8%

3 5,5%

29 9,8%

duodénions

15 83,3%

49 62,8%

7 7,4%

2 3,9%

5 9,1%

78 26,4%

total total %

18 100,0%

78 100,0%

94 100,0%

51 100,0%

55 100,0%

296 100,0%

Quelle est la dynamique réelle de ces interactions ? Du Tableau 60, il ressort que la corrélation entre la structure des cahiers et le nombre de feuillets se manifeste quelle que soit la taille du volume ; autrement dit, une bible dont la taille est de N mm aura d’autant plus de chances d’être structurée en duodénions que son nombre de feuillets est élevé. Le Tableau 62, lui, fait apparaître le phénomène inverse : la corrélation entre la structure des cahiers et la taille, visible dans le Tableau 61, se manifeste quel que soit le nombre de feuillets du volume ; autrement dit, une bible de N feuillets aura d’autant plus de chances d’être structurée en duodénions qu’elle est petite. Si la corrélation entre la structure des cahiers et le nombre de feuillets – qu’elle se fasse ou non par l’intermédiaire de l’épaisseur du parchemin – apparaît en quelque sorte « normale » au vu de ses avantages fonctionnels, il n’en va pas de même en ce qui concerne les dimensions. Pourquoi les dimensions du volume exerceraient-elles un impact sur la structure des cahiers ? Est-ce qu’un rapport trop élevé entre l’épaisseur totale du volume et sa taille – qui caractérise ce qu’on a pu appeler les « livres tours »69 – était jugé plus risqué pour l’intégrité du volume et se répercutait sur la

68  La valeur qui délimite ce seuil n’est sans doute pas anodine. Dans un autre domaine, il semble qu’elle était réellement perçue comme une limite par les relieurs : on a observé, en effet, que dans les incunables – dont le papier n’était pas spécialement mince –, les éditions dont le nombre de feuillets dépasse 500 étaient presque toujours reliées en deux volumes, et cette option devait être dictée par un souci aussi bien de maniabilité que de durabilité. En d’autres termes, le nombre de 500 feuillets était perçu comme la valeur au-delà de laquelle un volume monolithique, en l’absence de solutions spécifiques, était exposé à des risques accrus et devait être divisé en deux (information fournie par Ezio Ornato). 69  Voir Muzerelle – Ornato, « La terza dimensione del libro », op. cit., p. 59–61.

104 

 V Support et structure matérielle des bibles portatives

Tableau 62: Taille moyenne selon la structure des cahiers et le nombre de feuillets. Cahiers (structure majoritaire) quinions sénions octonions dénions duodénions total

≤300 f.

301–375 f.

376–450 f.

451–525 f.

526–600 f.

601–675 f.

>675 f.

total

345    

406 345 380

347 336 315

410 357 316

405 339 323

  405 315

 

374 346 323

   

369

297 245

314 265

280 259

298 280

226 253

301 264

345

353

325

325

283

295

250

315

structure des cahiers ? On ne saurait l’exclure a priori, mais rien ne le confirme d’emblée. Ce qui est sûr, c’est que l’artisan s’efforçait à toute époque de maintenir ce rapport dans des limites acceptables – limites que les bibles portatives dépassent souvent, et de manière considérable70. Cependant, nous n’avons pas la preuve que le choix de la structure des cahiers dépendait effectivement, ne serait-ce qu’en partie, de ce genre de déséquilibre. Si, pour y voir plus clair, on considère uniquement les structures les plus représentées – le sénion et le duodénion –, on peut envisager quatre situations différentes selon que la taille est inférieure ou supérieure à 330 mm et le nombre de feuillets inférieur ou supérieur à 450 feuillets. On peut ensuite représenter ces situations, pour chacune des deux structures, dans un « tableau de contingence à double entrée » (Tableaux 63 et 64) et ce, sous deux angles correspondant à deux questionnements différents : combien y a-t-il de manuscrits en sénions ou en duodénions dans chacune des quatre situations possibles ? Combien de manuscrits se trouvant dans chacune des quatre situations sont structurés en sénions ou en duodénions ? Tableau 63: Pourcentage de manuscrits en sénions selon la taille et le nombre de feuillets. Nombre de feuillets

distribution des mss en sénions sur le total des sénions

% de manuscrits dans la situation structurés en sénions Taille

≤450 f. >450 f.

≤330 mm

>330 mm

≤330 mm

>330 mm

34% 13%

32% 21%

61% 12%

66% 47%

Tableau 64: Pourcentage de manuscrits en duodénions selon la taille et le nombre de feuillets. Nombre de feuillets

distribution des mss en duodénions sur le total des duodénions

% de manuscrits dans la situation structurés en duodénions

Taille

≤450 f. >450 f.

≤330 mm

>330 mm

≤330 mm

>330 mm

3% 88%

0% 10%

4% 60%

0% 16%

70  Il semble évident qu’un rapport élevé entre l’épaisseur totale et la taille d’un volume ne peut qu’accroître le stress subi lors des manipulations : l’ensemble joue beaucoup plus lorsque la base est petite et l’épaisseur considérable.

b La structure des cahiers 

 105

La distribution de la structure en sénions (côté gauche du tableau) se répartit assez uniformément sur trois des quatre situations, avec une légère diminution pour les situations où les volumes sont relativement grands mais le nombre de feuillets élevé (>450 f. et 0 0 0 0 0 0 0 0 0

lignes texte biblique = lignes texte biblique < lignes texte biblique total

2 colonnes

3 colonnes

4 colonnes ou plus

total

22,5% 62,8% 14,7%

55,6% 30,0% 14,4%

63,6% 18,2% 18,2%

37,4% 47,8% 14,8%

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

Tableau 85: Nombre de lignes du glossaire selon le pays d’origine. Nombre de lignes du glossaire > lignes texte biblique = lignes texte biblique < lignes texte biblique total

Angleterre

France24

51,6% 38,7% 9,7%

29,2% 59,4% 11,3%

46,8% 34,0% 19,1%

37,0% 41,3% 21,7%

37,4% 47,8% 14,8%

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

Italie

autres pays ou origine inconnue

total

23 Par contre, aucune corrélation n’est visible avec le nombre de feuillets. 24 Le nombre de lignes dans le glossaire et dans le texte est le même dans 70% du groupe « Paris » et dans 46% du groupe « France sans Paris ».

c Les schémas de réglure 

 127

En conclusion, les bibles de petites dimensions d’origine française, et parisienne en particulier, qui traitaient le glossaire comme s’il était partie intégrante de la Bible25, présentent majoritairement une continuité visuelle entre les deux textes, alors que dans les bibles plus grandes et dans celles d’origine italienne, où ce glossaire était au contraire bien distingué du texte biblique, son traitement pouvait être différent. Même dans les cas où sa présence était programmée dès le départ, le glossaire était plutôt perçu comme un « appendice » vis-à-vis duquel on jouissait d’une plus grande liberté ; on s’autorisait à changer le nombre de colonnes et à alourdir l’aspect de la page écrite en vue de comprimer davantage le texte. En Italie, notamment, ces expédients sont incontestablement le reflet d’une exigence fonctionnelle : l’utilisation de trois colonnes et l’augmentation du nombre de lignes par rapport au texte biblique (Tableaux 83 et 85) permettent d’agir sur le nombre de feuillets, ce qui n’était pas sans importance dans ce pays où l’on ne disposait pas d’un parchemin très fin. En France, au contraire, l’ajout de quelques dizaines de feuillets ne posait pas les mêmes problèmes et il était vraisemblablement préféré à un changement de mise en page26.

c Les schémas de réglure On appelle « schéma de réglure »27 le dessin formé par les lignes verticales et horizontales tracées sur la page. Alors que pour les manuscrits byzantins – qui présentent une très grande variété de schémas – on dispose d’une importante monographie qui recense des centaines de dessins différents28, il n’existe pas de travaux d’ensemble sur les manuscrits occidentaux qui puisse servir de référence. Albert Derolez, dans son étude sur les manuscrits en écriture humanistique, a été le seul à définir une typologie sommaire29 à la mesure de son corpus, mais qui se prête aussi à la description de nos manuscrits. Il n’y a pas lieu de fournir une liste de tous les dessins rencontrés dans notre corpus ; nous nous bornerons à analyser les schémas les plus utilisés et leurs modalités d’utilisation en faisant référence, avec quelques aménagements, aux schémas définis par Albert Derolez. Par ailleurs, on notera que si les dimensions et la proportion du cadre d’écriture, ainsi que son remplissage, touchent directement à la question de la miniaturisation de la page, le dessin luimême, et surtout la présence de lignes marginales, bien qu’ils puissent être corrélés à d’autres facteurs, relèvent sans doute avant tout du domaine de l’esthétique. Les schémas de réglure représentés sont au nombre de cinq pour l’essentiel : les types 41, 42, 43, 51 et 53 selon la codification de Derolez (voir les dessins à la page 128). Ces schémas se réfèrent seulement au cadre d’écriture alors que les lignes marginales verticales et horizontales situées dans les marges, destinées à guider des notes marginales ou d’autres éléments péritextuels, sont traitées à part par l’auteur. Précisons d’emblée qu’il est rare que, dans la mise en page de nos bibles, les lignes marginales, somme toute peu fréquentes, répondent à une exigence fonctionnelle. Puisque le texte est dépourvu d’une glose organisée, il n’y a pas d’éléments textuels ou péritextuels nécessitant des lignes marginales. La seule exception notable est représentée par les titres courants.

25 Voir plus haut, chapitre IV.h. 26 Soulignons qu’il existait un autre moyen très performant pour gagner de l’espace : faire commencer chaque entrée du glossaire à la suite de la précédente au lieu de passer à la ligne suivante. Ce procédé reste pourtant très rare. Nous avons rencontré deux cas : London, British Library, Add. 11843 et München, Bayerische Staatsbibliothek, Clm 3811. 27 L’expression « type de réglure » est également utilisée, surtout pour les manuscrits grecs. À ne pas confondre avec « technique de réglure », qui désigne l’ensemble « instrument traçant / matière traçante / résultat visuel », et « système de réglure », qui décrit l’alternance des reliefs et des sillons dans les pages des cahiers réglés à la pointe sèche. Sur la terminologie en la matière, voir aussi Andrist – Canart – Maniaci, La syntaxe du codex, op. cit., p. 52–57. 28 Leroy J., Les types de réglures des manuscrits grecs, Paris, 1976 (IRHT. Bibliographies. Colloques. Travaux préparatoires) ; Sautel J.-H., Répertoire de réglures dans les manuscrits grecs sur parchemin. Base de données établie à l’aide du fichier Leroy et des catalogues récents, Turnhout, 1995 (Bibliologia, 13). Leroy propose également une classification des schémas et une méthode de description codée qui a fait l’objet de critiques et de discussions. Denis Muzerelle a proposé à son tour une méthode de codification : Muzerelle D., « Pour décrire les schémas de réglure : une méthode applicable aux manuscrits latins (et autres) », Quinio, 1 (1999), p. 123–170 et Id., « L’approche analytique des schémas de réglure d’après l’exemple des manuscrits humanistiques », Gazette du livre médiéval, 59/2 (2012), p. 41–63. 29 Derolez, Codicologie des manuscrits, op. cit., p. 67. La classification des schémas se fonde en premier lieu sur le nombre de lignes verticales du cadre d’écriture, puis sur le nombre de lignes horizontales.

128 

 VI La mise en page des bibles portatives

Voici les principaux schémas utilisés prenant en compte les lignes verticales (justification) et horizontales (rectrices majeures) qui délimitent le cadre d’écriture.

41

51

42

43

53

Schémas de réglure selon Albert Derolez. Schéma 41 : justification simple, aucune rectrice majeure. Il s'agit du dessin le plus simple ; Schéma 42 : justification simple, une rectrice majeure supérieure ; Schéma 43 : justification simple, une ou deux rectrices majeures en haut et en bas ; Schéma 51 : justification double, aucune rectrice majeure ; Schéma 53 : justification double, une ou deux rectrices majeures en haut et en bas.

Deux remarques s’imposent. Tout d’abord, dans un même manuscrit, il est rare que les « lignes rectrices majeures » soient visibles sur toutes les pages : si la ligne de tête et la ligne de pied – celles qui délimitent le cadre – sont toujours présentes (dans les schémas 42, 43, 53), la deuxième et l’avant-dernière lignes, quand elles sont prévues, ne sont prolongées que de manière intermittente30. Ensuite, nous avons défini deux schémas, 43bis et 53bis (non reproduits ici), qui présentent des lignes horizontales prolongées au milieu de la page ; ce sont des lignes rectrices, d’ordinaire deux ou trois, qui s’étendent dans les marges et dont l’exigence fonctionnelle reste incertaine. Deux groupes de schémas se distinguent entre eux par la présence de la justification double ou simple. Voyons d’abord la distribution de chacun de ces groupes. En général, moins de 20% des manuscrits adoptent la justification double, et la corrélation entre la complexité du schéma de justification et la taille (Tableau 86) est assez manifeste : aucun manuscrit d’une taille inférieure à 230 mm ne présente de double justification ; par ailleurs, la fréquence de cette dernière augmente avec la taille.

30 C’est pour cette raison que nous avons réuni les schémas 43 et 46 de Derolez (le deuxième non représenté dans les manuscrits humanistiques), ainsi que 53 et 56. Déjà Neil Ker avait remarqué, dans les manuscrits d’origine anglaise de la fin du XIIe siècle, que « some [scribes] changed their minds from quire to quire, and even from sheet to sheet, about which of the horizontal lines, if any, below the top and above the bottom line should be prolonged into the margins » (Ker, English manuscripts, op. cit., p. 43–44).

c Les schémas de réglure 

 129

Tableau 86: Corrélation entre le type de justification et la taille. Type de justification

≤230 mm

231–280 mm

281–330 mm

331–380 mm

381–450 mm

justification simple

 24 100,0%

 82  92,1%

 77  73,3%

 44  84,6%

 37  67,3%

264  81,2%

  0,0%

  7   7,9%

 28  26,7%

  8  15,4%

 18  32,7%

 61  18,8%

total

 24

 89

105

 52

 55

325

total %

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

justification double

total

La justification simple est dominante dans tous les pays de production, mais avec des pourcentages variables. La justification double est ainsi très peu représentée en France (11%), un peu plus en Angleterre (22,4%)31 et plus encore en Italie (30,8%). Le rôle du facteur « taille » est évident en France et, dans une moindre mesure, en Angleterre (Tableau 87), contrairement à l’Italie, où il n’y a pas de grands écarts entre les tranches dimensionnelles32. La variabilité d’un pays à l’autre est assez visible dans les tranches dimensionnelles plus petites, alors qu’elle est quasi inexistante pour les bibles relativement grandes, pour lesquelles, quelle que soit l’origine, la part de la justification double remonte (Tableau 88). La singularité de l’Italie, où l’on continue à utiliser la justification double même pour les bibles de petite taille, explique vraisemblablement l’oscillation dans les tranches centrales du tableau global 86, si l’on considère le fait que les manuscrits italiens sont très représentés dans la tranche 281–330 mm. Tableau 87: Type de justification selon le pays d’origine et la taille. Type de justification

Angleterre

France

Italie

total

600 f.

SGdm2 nombre de mss

5217 11

4375 14

2873   6

2820   3

1454   3

4019 37

5347

4881

4243

3051

2279

4192

18

63

 65

 34

 15

195

−8,7%

−13,1%

−28%

−25,3%

+39%

+33,8%

total SGdm2 total manuscrits écart entre deux tranches dimensionnelles successives

+9,5%

+15%

La valeur moyenne ainsi obtenue (4192 signes graphiques au dm2) est très élevée (Tableau 108). Nous ne disposons pas de termes de comparaison pour le XIIIe siècle, mais nous savons que la valeur moyenne pour les manuscrits d’origine monastique des XIVe et XVe siècles est de 1439 pour la taille 240–390 mm et de 939 pour les manuscrits humanistiques de la même taille83. Or, dans notre cas, pour la même tranche dimensionnelle, la valeur moyenne observée est d’environ 4000 81  Il faudrait, dans ce cas, que le calcul porte sur un nombre de lignes suffisant pour réduire au minimum les fluctuations engendrées par les variations du texte. Pour un calcul minutieux de la longueur optimale des échantillons de tracé dans le cadre de l’évaluation des pratiques « invisibles » d’un copiste, voir Bischoff F. M., « Le rythme du scribe. Analyse sérielle de la densité d’écriture dans les évangiles d’Henri le Lion », Histoire & mesure, XI-1/2 (1996), p. 53–91. 82  SGdm2=10 000/lo×UR, où lo = largeur moyenne de la lettre o. Étant donné la base du calcul, les espaces entre les mots sont considérés comme des signes. Cette analyse a porté sur 205 manuscrits. Notons que l’uniformité de l’écriture utilisée dans nos bibles, une littera textualis de petit module, rend ce type de calcul particulièrement performant. Voir aussi plus loin, chapitre VII. 83  Voir Casagrande mazzoli − Ornato, « Elementi per la tipologia », op. cit., p. 233. Pour les manuscrits d’origine française du XIIIe siècle, nous disposons de quelques résultats, obtenus au moyen d’un indicateur quelque peu différent, qui font apparaître une nette augmentation de l’exploitation de la page au début du XIIIe siècle, et cela surtout pour les manuscrits à deux colonnes. Les valeurs les plus élevées sont

148 

 VI La mise en page des bibles portatives

signes au dm2, et même la valeur minimale est déjà bien supérieure (2099). Il va de soi qu’en dehors de toute considération de détail, ce taux particulièrement élevé est dû aux contraintes exceptionnelles imposées par la longueur du texte biblique. Le Tableau 108 fait ressortir la très nette corrélation négative entre le taux d’exploitation de la page et la taille et, dans une moindre mesure, la corrélation négative entre le taux d’exploitation et le nombre de feuillets. Entre les bibles les plus grandes et les plus petites, le taux augmente de 135% ; cependant, contrairement à ce qui a été observé pour d’autres phénomènes, cet accroissement est visible surtout dans les trois tranches dimensionnelles supérieures, alors que l’augmentation est proportionnellement inférieure au-dessous de 280 mm de taille et descend à 10% environ entre les deux tranches inférieures. L’explication du phénomène réside dans les limites de ce que l’on pourrait appeler l’élasticité de la page : lorsque la page rapetisse, la compression du texte à travers la diminution de l’unité de réglure et du module de l’écriture peut d’abord se faire sans trop de difficulté. Mais au-delà d’un certain seuil, les lignes sont trop rapprochées et deviennent difficilement repérables ; l’écriture, trop menue, défie l’acuité visuelle et comme, en raison de la miniaturisation poussée à l’extrême, elle tend également à être moins riche en détails84, son intelligibilité devient de plus en plus malaisée – sans compter que l’épaisseur de l’instrument d’écriture même pose des limites infranchissables à la diminution du module d’écriture. C’est pourquoi l’accroissement du taux d’exploitation de la page tend progressivement vers zéro au fur et à mesure que la taille diminue. Dès lors que l’on n’est plus à même d’accroître le taux d’exploitation et que le volume doit demeurer monolithique, il faut agir sur le nombre de feuillets. C’est ce qui explique que, quelle que soit la tranche dimensionnelle, le taux d’exploitation diminue parallèlement à l’augmentation du nombre de feuillets (Tableau 108). Toutefois, la dynamique du phénomène est cette fois bien moindre : le taux global de variation de l’exploitation entre les valeurs extrêmes du nombre de feuillets n’est que de 9%, contre 135% entre les valeurs extrêmes de la taille. Cet écart suggère que l’artisan, lorsqu’il prévoit des volumes de taille réduite, préfère agir d’abord et autant que possible sur l’exploitation de la page, et seulement en deuxième instance sur le nombre de feuillets. Ce parti pris peut relever en partie d’un souci d’ordre économique, puisque l’augmentation du nombre de feuillets implique que l’on emploie davantage de parchemin. Mais une deuxième interprétation – qui n’est pas nécessairement incompatible avec la précédente – est tout autant, sinon davantage, à prendre en considération : ni l’exploitation, ni le nombre de feuillets ne peuvent augmenter indéfiniment. Or, si l’on choisit – ou si l’on est obligé – d’agir avant tout sur la première variable, c’est aussi parce que la seconde atteint plus rapidement son « seuil d’intolérance ». Ces analyses permettent d’expliquer pourquoi il y a peu de manuscrits d’origine italienne dans les tranches inférieures à 280 mm : comme le parchemin employé dans la fabrication des bibles y est moins fin qu’ailleurs, l’augmentation du nombre de feuillets aboutit assez rapidement à des volumes trop massifs, dont l’épaisseur excessive gênerait la maniabilité. C’est pourquoi, dans ce pays, on observe une exploitation élevée du cadre une fois que la taille passe sous la barre des 330 mm. Le taux d’exploitation de la page dans la tranche 281–330 mm (5063 signes graphiques) correspond en effet à des valeurs qui, en France et en Angleterre, ne se retrouvent que dans les manuscrits plus petits (Tableau 109). Ne pouvant ni augmenter le nombre de feuillets, ni exploiter le cadre au-delà d’une certaine limite, les artisans italiens ont dû renoncer à la fabrication de bibles minuscules. En revanche, dès que la taille des manuscrits est plus élevée, les différences entre les divers centres de production tendent à s’estomper. Dans les trois pays producteurs, la dynamique d’exploitation du cadre d’écriture est similaire ; ce qui change, ce sont les contraintes de départ imposées par le support. En effet, si l’on compare le taux d’exploitation en France et en Italie, on constate qu’à dimensions égales, l’écart entre les deux pays varie de 10% à 25% en faveur de l’Italie. Cependant, lorsque l’analyse tient compte du nombre de feuillets (Tableau 110), l’écart à l’intérieur de chaque classe devient beaucoup moins significatif, à l’exception, précisément, de la classe où la situation est particulièrement contraignante : celle des manuscrits qui sont à la fois les plus petits et comportent le moins de feuillets. À contraintes égales, l’exploitation du cadre se fait donc à peu près de la même manière, même si les valeurs italiennes restent tou-

atteintes au début du XIVe siècle et décroissent ensuite légèrement au XVe. La forte augmentation générale, qui coïncide avec la période de production de nos bibles, correspond aussi au transfert de la production livresque dans les villes, et en particulier dans le milieu universitaire. Voir Bozzolo et al., « Noir et blanc », op. cit., p. 486–487, 501–502. 84  Voir aussi plus loin, chapitre VII.

f L’exploitation de la page 

 149

jours plus élevées – mais on se rappellera, à ce propos, que la valeur du « noir » était au contraire toujours plus faible en Italie qu’en France. Tableau 109: Nombre moyen de signes graphiques par dm2 selon la taille et l’origine. Taille

Angleterre

France

≤230 mm

SGdm nombre de mss

5131 2

5417 15

231–280 mm

SGdm2 nombre de mss

4453 6

4744 36

281–330 mm

SGdm2 nombre de mss

4320 4

331–380 mm

SGdm2 nombre de mss

381–450 mm

SGdm2 nombre de mss

2

total SGdm2 total nombre de mss

Italie

autres pays ou origine inconnue

total

4741 1

5347 18

5530 11

4927 11

4883 64

3702 21

5063 27

4034 22

4331 74

3180 6

2856 14

3115 6

3250 8

3051 34

2186 1

2089 6

2641 6

1804 2

2279 15

3975

4155

4642

4029

4230

19

92

50

44

205

Tableau 110: Nombre moyen de signes graphiques par dm2 selon la taille et le nombre de feuillets : France – Italie. Taille

France

301–450 f.

Italie

France

451–600 f.

Italie

total

600 f.

nombre de mss moyenne de SGpage

12 2606

14 2871

6 2746

3 2953

2 2604

37 2757

19

63

64

33

11

190

2693

3361

3918

4001

3734

3615

total nombre de mss total moyenne de SGpage

87  SGpage = (lcol/lo)×nl×2 où lcol = largeur d’une colonne ; lo = largeur moyenne de la lettre o ; nl = nombre de lignes écrites. 88  Notons que le nombre moyen de signes graphiques par page dans les bibles italiennes avoisine celui qui a été estimé dans les bibles atlantiques : 4000 « caractères de texte » (voir Maniaci, « La struttura delle Bibbie atlantiche », op. cit., p. 53).

f L’exploitation de la page 

 151

Tableau 113: Nombre moyen de signes graphiques par page selon la taille et l’origine. Taille

Angleterre

France

≤230 mm

nombre de mss moyenne de SGpage

2 2321

16 2739

231–280 mm

nombre de mss moyenne de SGpage

6 3046

36 3165

281–330 mm

nombre de mss moyenne de SGpage

4 4684

331–380 mm

nombre de mss moyenne de SGpage

381–450 mm

nombre de mss moyenne de SGpage

total nombre de mss total moyenne de SGpage

Italie

autres pays ou origine inconnue

total

1 2704

19 2693

11 3945

11 3553

64 3354

21 3455

26 4466

22 3875

73 4009

6 4112

13 3770

6 4080

8 4232

33 4001

1 3505

3 4057

6 3802

1 2580

11 3734

19

89

49

43

200

3675

3275

4220

3802

3658

Venons-en maintenant à la seconde méthode d’évaluation de l’exploitation de la page, le décompte des lignes d’écriture occupées par le livre de Job. Il introduira dans l’analyse, bien que de manière indirecte, un autre dispositif autorisant une économie d’espace. Ce décompte permet, en utilisant la largeur du o, d’exprimer en signes graphiques la longueur totale du livre de Job. Il est inutile de rappeler qu’il s’agit d’un calcul approximatif et que le nombre total de signes graphiques comptabilisés par cette méthode (qui comprend les blancs, mais exclut les lettres éliminées par les abréviations) ne correspond pas au nombre réel de signes contenus dans le livre biblique de Job. Dans les manuscrits d’origine française et anglaise, le nombre de lignes nécessaires à la copie de Job augmente au fur et à mesure que les dimensions de l’espace disponible s’amenuisent (Tableau 114). En effet, la diminution de la longueur de chaque ligne n’est pas linéairement associée à une diminution de la largeur moyenne des signes ; dans ces conditions, le nombre total de signes par ligne, calculé en divisant la largeur d’une colonne d’écriture par la largeur moyenne du o, se réduit dans les petits volumes (Tableau 115), si bien que le nombre de lignes nécessaires à la transcription ne peut que s’accroître89. Il n’en va pas de même en Italie : le nombre total de lignes – qui de toute manière est moins élevé qu’en France – y demeure pratiquement stable, voire diminue par rapport à la tranche dimensionnelle la plus grande, et le même constat vaut pour le nombre de signes par ligne. Tableau 114: Nombre moyen de lignes du livre de Job selon la taille et l’origine. Taille

Angleterre

France

≤230 mm

nombre de mss nombre moyen de lignes Job

2 2021

15 2135

231–280 mm

nombre de mss nombre moyen de lignes Job

8 1892

35 1963

281–330 mm

nombre de mss nombre moyen de lignes Job

7 1809

331–380 mm

nombre de mss nombre moyen de lignes Job

381–450 mm

nombre de mss nombre moyen de lignes Job

total manuscrits total nombre moyen de lignes Job

Italie

autres pays ou origine inconnue

total

1 518

18 2032

10 1552

13 1829

66 1866

19 1851

23 1522

23 1728

72 1702

8 1613

12 1778

6 1529

10 1750

36 1692

3 1649

7 1766

5 1680

3 1777

18 1724

28

88

44

50

210

1775

1927

1548

1737

1782

89  À ne pas confondre avec le nombre de lignes par page qui, au contraire, diminue en même temps que les dimensions (voir plus haut).

152 

 VI La mise en page des bibles portatives

Tableau 115: Nombre moyen de signes graphiques contenus dans une ligne selon la taille et l’origine. Taille

Angleterre

France

≤230

Italie

29,79

230–380

32,65

33,13

37,17

280–330

37,47

35,91

40,60

330–380

39,23

34,84

38,04

37,63

39,23

33,92

39,85

380–450 moyenne globale

35,83

De ce point de vue, la comparaison des manuscrits français et italiens est instructive (Tableau 115). Toutes tranches dimensionnelles confondues, une ligne « italienne » contient en moyenne 12% de signes graphiques en plus qu’une ligne « française »90. Les caractéristiques de l’écriture italienne ne suffisent pas à rendre compte de ces différences. Si l’on considère le nombre de lignes occupées par le livre de Job (Tableau 114), le décalage observé globalement entre les deux pays est de 18%, et monte même à 21% dans la tranche 230–280 mm. Comment expliquer l’écart supplémentaire ? Tout simplement, en Italie, le texte de Job comporte un nombre inférieur de signes graphiques (Tableau 116), en raison d’un recours plus intensif aux abréviations. L’étude de l’emploi du système abréviatif n’entrant pas dans le cadre de notre étude, nous nous bornerons à fournir quelques données provisoires sur le nombre de mots abrégés, issues de la collation intégrale des 250 premiers mots du livre de Job dans les manuscrits consultés. Dans cette section restreinte du texte, le nombre de mots abrégés est de 42 sur 100 en moyenne, sans variations significatives en fonction de la taille du manuscrit. La ventilation par pays (41 en Angleterre, 42 en France, 46 en Italie) fait cependant ressortir un surcroît de 9% en Italie par rapport à la France, susceptible de rendre compte de la portion de l’écart inexpliquée. Cette estimation est bien évidemment approximative et demanderait à être étayée par des études plus approfondies, car elle ne prend pas en considération le taux de sévérité des abréviations (nombre de lettres éliminées par l’abrègement), qui semble être plus important dans les manuscrits italiens, surtout dans les tranches dimensionnelles inférieures. Tableau 116: Nombre moyen de signes graphiques du livre de Job selon la taille et l’origine. Taille

 

Angleterre

France

≤230 mm

manuscrits moyenne de SGJob

2 61356

15 64145

 

1 17083

18 61221

231–280 mm

manuscrits moyenne de SGJob

6 58196

31 65325

10 58051

11 62493

58 62796

281–330 mm

manuscrits moyenne de SGJob

4 70297

19 65985

22 62144

19 63549

64 64211

331–380 mm

manuscrits moyenne de SGJob

6 66570

11 63518

6 61750

8 75146

31 66768

381–450 mm

manuscrits moyenne de SGJob

1 66248

3 66697

5 63461

1 63660

10 64730

19

79

43

40

181

64144

65060

61290

64419

63927

total manuscrits total moyenne de SGIob

Italie

autres pays ou origine inconnue

90  Dans ce calcul, nous n’avons pas pris en compte la tranche inférieure, qui n’est pas représentée en Italie.

total

g La dynamique de fabrication des bibles portatives 

 153

g La dynamique de fabrication des bibles portatives Après avoir analysé dans le détail la structure matérielle des bibles portatives et leur mise en page, ainsi que les contraintes sous-jacentes au processus de fabrication, nous pouvons essayer de résumer la dynamique mise en œuvre dans chaque pays pour aboutir au résultat souhaité. Comme point de départ, on prendra en considération à nouveau la distribution des manuscrits selon la taille, le nombre de feuillets et le pays d’origine (Tableaux 117 et 118 relatifs aux seuls manuscrits consultés91). La distribution de la taille se caractérise principalement par une prédilection pour les petites dimensions en France et, au contraire, par une concentration de la production italienne sur des dimensions intermédiaires (281–330 mm de taille). En conformité avec la corrélation négative mise en évidence entre la taille et le nombre de feuillets, la production française se distingue par l’emploi d’un grand nombre de feuillets, tandis que la production italienne présente un nombre de feuillets plus réduit. La production anglaise est à mi-chemin entre ces deux positions extrêmes. Tableau 117: Distribution des manuscrits selon la taille et l’origine. Taille ≤230 mm

Angleterre

France

Italie

autres pays ou origine inconnue

total

5 9,3%

17 12,3%

  0,0%

3 4,1%

25 7,0%

231–280 mm

14 25,9%

49 35,5%

13 14,4%

18 24,7%

94 26,5%

281–330 mm

13 24,1%

30 21,7%

40 44,4%

29 39,7%

112 31,5%

331–380 mm

13 24,1%

16 11,6%

15 16,7%

14 19,2%

58 16,3%

381–450 mm

9 16,7%

26 18,8%

22 24,4%

9 12,3%

66 18,6%

total

54

138

90

73

355

total %

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

taille moyenne

314

301

333

313

314

À la base de ces divergences de fabrication des bibles de petites dimensions en France et en Italie, il y a essentiellement un paramètre, l’épaisseur du parchemin, qui conditionne l’augmentation du nombre de feuillets et, par là, limite la possibilité d’en réduire la taille. Nous avons donc affaire à deux réponses différentes à un même problème – faire tenir un texte très long dans un seul volume de petites dimensions. Elles découlent des caractéristiques de la peau employée et de la manière de travailler le parchemin. Si la technique permet d’obtenir un parchemin très fin, on peut accroître le nombre de feuillets sans que l’épaisseur du volume devienne excessive, et il sera ainsi plus aisé de réduire les dimensions des feuillets. Dans le cas contraire, il sera nécessaire de limiter le nombre de feuillets et l’on devra se contenter de dimensions légèrement plus grandes. Cependant, le problème n’est pas entièrement résolu, car on constate que, même à dimensions égales, le nombre moyen de feuillets n’est pas le même dans les deux pays. D’après le Tableau 119, il apparaît que, pour chaque tranche dimensionnelle, le nombre moyen de feuillets est systématiquement beaucoup moins élevé en Italie qu’en France. L’Angleterre, à l’exception de la première tranche dimensionnelle, se situe toujours sur des valeurs intermédiaires entre les deux autres pays. Notons aussi que les écarts les plus sensibles entre les pays et entre deux tranches dimensionnelles successives concernent les manuscrits ayant moins de 330 mm de taille (Tableau 120). Au-dessus de ce seuil, les différences géographiques s’estompent et le nombre moyen de feuillets ne diminue plus significativement.

91  Pour la totalité du corpus, voir chapitre III.c–d.

154 

 VI La mise en page des bibles portatives

Tableau 118: Distribution des manuscrits selon le nombre de feuillets et l’origine. Nombre de feuillets

Angleterre

≤300 f.

France

Italie

autres pays ou origine inconnue

total

1 2,2%

  0,0%

1 1,6%

1 1,7%

3 1,0%

301–375 f.

6 13,3%

7 5,7%

18 28,6%

9 15,0%

40 13,7%

376–450 f.

14 31,1%

19 15,4%

24 38,1%

17 28,3%

74 25,4%

451–525 f.

7 15,6%

29 23,6%

18 28,6%

16 26,7%

70 24,1%

526–600 f.

8 17,8%

33 26,8%

2 3,2%

13 21,7%

56 19,2%

601–675 f.

4 8,9%

24 19,5%

  0,0%

4 6,7%

32 11,0%

>676 f.

5 11,1%

11 8,9%

  0,0%

  0,0%

16 5,5%

total

45

123

63

60

291

total %

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

nombre moyen de feuillets

486

535

415

464

487

Tableau 119: Nombre moyen de feuillets selon la taille et l’origine. Taille

Angleterre

France

Italie

≤230 mm 231–280 mm 281–330 mm 331–380 mm 381–450 mm

689 510 437 472 468

618 569 511 482 488

427 392 443 451

total

481

538

420

 

autres pays ou origine inconnue

total

570 513 441 496 391

620 531 449 473 463

471

492

Tableau 120: Écart entre le nombre moyen de feuillets en Italie et en Angleterre par rapport à la production française. Taille

France

écart Italie

écart Angleterre

≤230 mm 231–280 mm 281–330 mm 331–380 mm 381–450 mm

618 566 504 482 491

−24% −21% −16% −10%

+10% −10% −13% −1% −9%

total

535

−22%

−9%

La distribution du nombre moyen de feuillets selon l’origine correspond assez bien aux résultats de la mesure de l’épaisseur du parchemin dans les trois pays de production92 : pour la même tranche dimensionnelle, là où parchemin est plus épais, le nombre moyen de feuillets est moins élevé. Ainsi, un manuscrit d’origine française – pays où le parchemin employé est le plus fin – ayant une taille entre 231 et 280 mm peut rassembler en moyenne 566 feuillets, alors qu’en Italie un volume avec le même nombre de feuillets aurait été trop épais. On voit bien que, si le processus de compres92  Voir plus haut, V.a.

g La dynamique de fabrication des bibles portatives 

 155

sion du texte biblique relevait uniquement des propriétés du support, la réalisation de bibles portatives monolithiques aurait été pratiquement impossible en Italie. Ce n’est pas par hasard si la tranche dimensionnelle la plus petite n’est pas représentée dans ce pays. Aussi l’augmentation du nombre de feuillets ne pouvait-elle suffire, à elle seule, à comprimer le texte dans un volume portatif. Si elle avait été le seul expédient à la disposition de l’artisan, même l’emploi d’un parchemin très fin n’aurait pu éviter d’aboutir à des épaisseurs excessives qui auraient imposé la répartition du texte en deux volumes. Or, la compression dans un volume unique est précisément le but de tout ce processus. Le deuxième dispositif adopté, qui permet d’aller au-delà de ce qu’autorise le support matériel, se situe au niveau de la mise en page et consiste en une augmentation du remplissage et de l’exploitation de la page. Ce dispositif se déploie sur trois niveaux : premièrement, sur l’étendue de la surface du cadre d’écriture par rapport à la page ; deuxièmement, sur la compression de l’écriture à l’intérieur du cadre, en agissant sur le nombre de lignes – donc sur l’unité de réglure – et, par là, sur le module de l’écriture ; troisièmement, sur la longueur même du texte, à travers l’usage plus ou moins intensif du système abréviatif. Tous les paramètres de ce dispositif sont modulés, de manière plus ou moins importante, en fonction des dimensions du volume et du nombre de feuillets. Ainsi, une augmentation excessive de l’exploitation de la page, rendue nécessaire par la réduction des dimensions, peut être contrebalancée, dans la mesure du possible, par l’augmentation du nombre de feuillets, et vice-versa. Si le moteur de cette dynamique est le même dans tous les pays de production, la possibilité d’augmenter quasiment à son gré le nombre de feuillets grâce à la finesse du parchemin offre davantage d’aisance au niveau de l’exploitation de la page. Cela étant, le support matériel ne peut être aminci à l’infini et c’est pourquoi un ajustement de l’exploitation du cadre écrit se révèle presque toujours nécessaire. Dans la production italienne, les contraintes matérielles sont plus sévères : comme il n’était pas possible de réduire l’épaisseur du parchemin en-deçà d’une certaine limite, les artisans se devaient d’agir sur l’exploitation de la page. L’une des possibilités qui s’offraient à eux était d’étendre la surface du cadre d’écriture par rapport à celle du feuillet, mais cette solution n’a pas été retenue en Italie, sans doute parce qu’elle était à la fois mal venue sur le plan esthétique et trop peu « rentable » en termes de gain d’espace comparativement à la réduction du module de l’écriture, qui permet d’augmenter le nombre de lignes par page, et à l’usage plus intensif des abréviations, qui permet de comprimer la longueur du texte. Dans les deux cas opposés, français et italien, nous avons affaire à des solutions extrêmes qui paraissent pratiquement obligatoires au-delà de certaines limites dimensionnelles. Le seuil se situe généralement dans la tranche 281–330 mm, mais il varie en fonction des phénomènes analysés. Il se manifeste à un niveau un peu plus bas (vers 280 mm) lorsqu’il s’agit de facteurs purement matériels, et un peu plus haut (vers 330 mm) pour ce qui est de l’exploitation de la page. De toute façon, dans les deux tranches les plus élevées, les différences nationales sont moins marquées et les solutions adoptées sont plus variées. L’effacement des différences nationales s’explique par le fait qu’on retrouve là des manuscrits de dimensions plus traditionnelles, où les contraintes matérielles ne se font plus sentir avec la même acuité. Dans ce contexte, on est libre de privilégier l’aération de la page, au détriment de la légèreté du volume, ou l’inverse. Les tableaux 122 et 123 à la fin de ce chapitre présentent l’ensemble des données relatives à l’exploitation de la page selon la taille et l’origine des manuscrits93. Les artisans français ont-ils été mieux inspirés que les italiens dans la recherche d’une solution optimale  ? La solution apparaît comme la plus satisfaisante du point de vue de l’esthétique et de la lisibilité : soucieux de conserver une page aérée et une écriture d’un module acceptable, ils ont eu l’idée – et se sont donné les moyens – d’amincir le parchemin pour pouvoir jouer sur le nombre de feuillets sans nuire à la maniabilité et à la solidité du volume. Toutefois, on doit reconnaître qu’en dépit de l’obligation d’exploiter au maximum la surface disponible, la page italienne offre un compromis acceptable entre la densité de la page et sa lisibilité94. De toute manière, les pratiques artisanales que nous avons dégagées doivent être interprétées comme des tendances de fond qui comportent de nombreuses exceptions. La production d’origine anglaise se situe presque toujours à mi-chemin entre les choix français et italiens. Cependant, ses résultats sont souvent plus proches des premiers que des seconds. Cela est visible surtout en ce qui concerne les caractéristiques du parchemin, ce qui n’est guère étonnant étant donné la proximité géographique et les échanges qui devaient exister entre les deux pays. En revanche, pour d’autres aspects moins liés aux

93  Dans les manuscrits d’origine anglaise, les résultats prenant en compte le module de l’écriture concernent seulement 19 manuscrits. 94  Voir ill. 22. Dans quelques rares manuscrits italiens, l’exploitation de la page est au contraire si poussée que la lecture en devient fatigante.

156 

 VI La mise en page des bibles portatives

contraintes matérielles, comme la typologie des schémas de réglure, les Anglais témoignent d’un certain degré d’autonomie. Paris mérite un traitement à part : les solutions appliquées s’y distinguent toujours par leur caractère extrême et leur homogénéité. C’est à Paris que l’on met au point les pratiques les plus novatrices et les plus accomplies – qu’il s’agisse du travail du parchemin, de la construction des cahiers, de l’utilisation de nouvelles marques de succession – tout en maintenant l’exploitation de la page dans des limites raisonnables. Le souci de limiter la densité de la page entraîne nécessairement un certain « gaspillage » de parchemin, tout à fait compatible, par ailleurs, avec la richesse d’une bonne partie de cette production. Ce qui caractérise la production parisienne, c’est enfin son homogénéité, largement imputable à la nature du circuit de production géré par les stationnaires. L’importance numérique de la production parisienne n’est pas sans incidence sur les résultats globaux pour la France. Il est certes possible – et nous l’avons fait à plusieurs reprises – de constituer deux classes distinctes : « Paris » et « France sans Paris ». Toutefois, même en procédant de la sorte, les résultats du groupe « France sans Paris » ne s’écartent pas sensiblement de ceux de « Paris ». Comment l’expliquer ? Cette similitude relative peut être attribuée à deux phénomènes différents. Tout d’abord, à un effet de structure : le groupe « France sans Paris » recèle sans aucun doute des manuscrits d’origine parisienne dont l’origine n’a pas pu être établie avec certitude. Ensuite, la production non parisienne semble provenir pour l’essentiel d’autres centres de production du nord de la France que nous ne pouvons identifier mais qui subissaient sans aucun doute l’influence à la fois de Paris et de l’Angleterre. La production française d’origine monastique ou de régions plus périphériques semble par contre extrêmement limitée et est difficilement localisable. Enfin, nous pouvons supposer qu’une bonne partie des manuscrits que nous avons réunis sous la dénomination «  autres pays ou origine inconnue  » et pour lesquels nous avons tenu tout de même à fournir autant que possible les résultats, est elle aussi d’origine française, puisque les données relatives à ce groupe se rapprochent toujours de celles des manuscrits français. Rappelons que ce groupe comprend, outre les quelques manuscrits d’origine ibérique et germanique et ceux d’origine indéterminée, un certain nombre de bibles pour lesquelles les catalogues donnent une localisation ambiguë (« France du Nord ou Angleterre ») que nous n’avons pas pu trancher.

h Quelques cas particuliers Pour clore ce parcours, arrêtons-nous brièvement sur quelques manuscrits qui dérogent à la dynamique que nous venons de décrire et qui, en tant que contre-exemples, font ressortir son efficacité. Nous avons déjà parlé des manuscrits en deux ou trois volumes comme de réalisations qui présentaient des anomalies dans le rapport entre les dimensions des feuillets et l’épaisseur du support95. Nous pouvons à présent les réexaminer sous l’angle de l’exploitation de la page pour montrer comment ils constituent, au moins pour certains d’entre eux, des échecs dans le processus de miniaturisation des bibles. Le nombre de feuillets excessif (1074 feuillets) du manuscrit Paris, BnF, lat. 248 (1–2) (ill. 14), fabriqué à Paris au début du XIVe siècle, est dû au nombre limité de lignes par page : 32 seulement, contre 43 en moyenne pour les manuscrits d’origine parisienne de la même taille96, alors que le coefficient de remplissage se situe dans la moyenne. La limitation du nombre de lignes est liée aux caractéristiques de l’écriture, très élancée et peu abrégée, dont le module est trop grand pour une bible de petites dimensions (hauteur du o = 2,26 mm, contre 1,73 en moyenne). C’est ainsi que, dans cette bible, le livre de Job comprend 74 904 signes graphiques (contre 60 600 en moyenne). Pour ce qui est de l’écriture, deux hypothèses sont ici en concurrence : le module relativement gros est attribuable soit à une volonté délibérée, soit à l’incapacité d’utiliser une écriture très petite et de mettre en œuvre tous les procédés d’exploitation de la page. Étant donné qu’il s’agit d’une bible de luxe qui a fait partie de la collection de Jean duc de Berry et qui, selon une note manuscrite de Jean Flamel dans un feuillet de garde, aurait appartenu à Philippe le Bel97, la deuxième hypothèse semble devoir être écartée : il est peu plausible que l’on ait confié la réalisation d’un tel produit à un artisan inexpérimenté, à moins de supposer qu’à cette époque tardive par rapport à l’apogée de la production, il

95  Voir chapitre V. 96  La taille de cette bible est de 315 mm. Pour les valeurs moyennes, on se rapportera aux tableaux 122 et 123. 97  Quoi qu’il en soit, le volume ne présente aucun signe d’usage.

 157

h Quelques cas particuliers 

n’existât plus de copiste capable d’accomplir le tour de force dont témoignent certaines pages plus anciennes. Quoi qu’il en soit, il est vraisemblable qu’à une époque où la production de bibles portatives avait été presque complètement abandonnée, il n’existait plus de circuit de production ayant intérêt à reproduire le standard antérieur. La volonté de réaliser un produit luxueux s’est concrétisée au détriment de l’exploitation de la page dans la bible Paris, BnF, 13155-13156-13157, divisée en trois volumes nonobstant le parchemin très fin, et qui aurait été richement enluminée dans l’atelier parisien d’Aurifaber. Tout en appartenant pleinement au canon des bibles portatives du XIIIe siècle, le manuscrit comporte au total 1016 feuillets. Ce nombre élevé de feuillets est dû tout d’abord à ses dimensions minuscules (183 de taille après rognage sévère), mais pas seulement : dans ce cas aussi, le nombre de lignes écrites est nettement inférieur à la moyenne (33 contre 46 pour la même classe) car le module de l’écriture est important (hauteur du o = 1,86 contre 1,18 en moyenne pour la même classe). Enfin, l’apparat décoratif semble disproportionné par rapport à la place disponible. Le désir de fabriquer une bible portative luxueusement décorée a pris une direction qui allait à l’encontre des exigences fonctionnelles respectées dans la plus grande partie de la production. Une autre bible scindée en deux volumes, le manuscrit Paris, BnF, lat. 16258–16259, doit cette division surtout à l’épaisseur du parchemin. Cependant, le nombre de feuillets total (689) reste très élevé pour une bible de sa taille (315 mm), ce qui est probablement dû à la transcription du texte à longues lignes98. En effet, dans ce manuscrit, le paramètre qui s’éloigne le plus de la moyenne et qui est responsable d’une exploitation limitée de la page, c’est l’unité de réglure, dont la valeur est particulièrement élevée (3,75 contre 2,62 en France pour la même classe). Cette valeur découle vraisemblablement de l’adoption de la disposition à longues lignes, choix dont nous ignorons par ailleurs les motivations99. Une autre bible « d’étude » à longues lignes est le manuscrit Paris, Bibliothèque Mazarine, 70, l’une des rares bibles de format maniable qui présentent une glose dans les marges de la plupart des livres bibliques. Datée par Laura Light des années 1210–1220100, elle serait l’une des premières représentantes du texte de type parisien et, sans être véritablement de poche (235×170 mm), elle est également l’une des premières à pouvoir être rangée dans la catégorie des bibles de format réduit. Le coefficient de remplissage est particulièrement bas (0,314 contre 0,426 en moyenne pour les volumes de même taille). Nous devons vraisemblablement cette particularité à l’adoption de la disposition à longues lignes et à la volonté de réserver de la place pour la glose, mais peut-être aussi au souci d’éloigner la surface écrite des lisières, qui sont ici nombreuses et profondes. La perte d’espace semble compensée d’abord par un nombre de feuillets relativement élevé pour des volumes de cette taille (552), puis par l’adoption d’une écriture de module assez petit qui permet, malgré le nombre limité de lignes par page (41), d’aboutir à une bonne exploitation de la surface disponible (2488 signes graphiques par dm2 contre 2089 en moyenne pour la même classe). Tableau 121: Bibles à longues lignes selon la taille et l’origine. Taille

Angleterre

France

France du Nord ou Angleterre

231–280 mm

 

Paris, BnF, lat. 16267

 

1

281–330 mm

 

München, Bayerische Staatsbibliothek, Clm 4627 Paris, BnF, lat. 16258–16259 Paris, BnF, lat. 13147

 

3

   

total

331–380 mm

London, British Library, Egerton 2867

 

Paris, Bibliothèque Mazarine, 17

2

381–450 mm

 

Paris, Bibliothèque Mazarine, 70

 

1

total

1

5

1

7

98  Contrairement aux deux exemples précédents, il s’agit ici d’un manuscrit de fabrication courante, avec une ornementation réduite au minimum, et qui présente de nombreux signes d’usage. Cette bible a en effet fait partie de la bibliothèque de la Sorbonne, où elle a été fréquemment empruntée au XVe siècle. Voir Delisle, Le cabinet des manuscrits, op. cit., III, p. 11 ; Le registre de prêt, op. cit., passim. 99  L’unité de réglure des manuscrits à longues lignes est normalement plus élevée que celle des manuscrits à deux colonnes. Pour l’explication de ce phénomène, voir plus haut, VI.b. et Bozzolo – Ornato, Pour une histoire, op. cit., p. 322–323. 100  Light, « French Bibles », op. cit., p. 175. Le manuscrit a été aussi cité par Guy Lobrichon, qui le date du milieu du XIIIe siècle, mais les caractéristiques textuelles et matérielles nous semblent s’accorder davantage avec la datation antérieure. Voir Lobrichon, « Une nouveauté : les gloses », op. cit., p. 101, n. 17.

158 

 VI La mise en page des bibles portatives

Les autres bibles à longues lignes présentent toutes ce mélange de caractères anciens et modernes101. Ce qui est sûr, c’est que si cette disposition du texte permettait encore de contenir de manière acceptable le texte biblique dans des bibles «  de besace », elle constituait un obstacle à une miniaturisation plus poussée. La taille de la plus petite bible à longues lignes, le manuscrit Paris, BnF, lat. 16267 (ill. 21), datable de 1225 environ102, est de 277 mm. Il s’agit d’un manuscrit très maniable et élégant, originaire de Paris ou du nord de la France, mais qui révèle son extranéité à la norme parisienne par son contenu, qui ne présente aucune des caractéristiques du « texte de l’Université », et par sa structure matérielle : un parchemin épais, une structure en quaternions dont le côté de la face d’ouverture est variable, une écriture above top line. Comme la page présente seulement 38 lignes d’écriture et que l’unité de réglure est par conséquent élevée, l’exploitation de la page reste au-dessous de la moyenne des bibles portatives. Il s’agit donc à la fois de l’une des dernières bibles « à l’ancienne » produites à Paris à une époque où la production commençait à se standardiser, et de l’un des exemples les plus précoces de miniaturisation, limitée mais tout de même réussie – on se rappellera que la bible de 1234 est la plus ancienne datée présentant toutes les caractéristiques modernes matérielles et textuelles. Notons pour finir qu’aucune de ces bibles ne contenait dès l’origine les Interprétations de noms hébreux103 et que nous ne connaissons aucune bible portative à longues lignes d’origine italienne, peut-être parce que la production est plus tardive et que les copistes avaient déjà complètement adhéré à la disposition à deux colonnes, peut-être aussi parce que la surexploitation de la page interdisait ce type de disposition.

101  Signalons ici un autre manuscrit assez singulier à longues lignes, qui ne fait pas partie de notre petit corpus : Bruxelles, Bibl. Royale de Belgique, 4911 (130×93 mm). Il s’agit d’un manuscrit très petit et de facture modeste contenant un abrégé de la Bible, obtenu par omission drastique de parties plus ou moins longues du texte de la Vulgate, ce qui a permis d’en condenser le contenu en seulement 180 feuillets. 102  Voir de Hamel, La Bible, op. cit., p. 118. 103  Dans quatre cas, elles ont été ajoutées par la suite.

h Quelques cas particuliers 

 159

Tableau 122: Exploitation de la page selon la taille et l’origine. Taille

valeurs moyennes

Angleterre

France

≤230 mm

noir lignes écrites unité de réglure hauteur lettre o hauteur o / unité de réglure SGdm2 SGpage SGJob

0,451 40 2,24 1,28 0,557 5131 2321 61356

0,469 46 2,05 1,21 0,584 5294 2739 64145

 

0,505 46 2,09 1,44 0,642 4741 2704 17083

0,470 45 2,09 1,23 0,584 5248 2693 61221

231–280 mm

noir lignes écrites unité de réglure hauteur lettre o hauteur o / unité de réglure SGdm2 SGpage SGJob

0,424 46 2,40 1,30 0,552 4453 3046 58196

0,445 47 2,23 1,28 0,576 4744 3165 65325

0,417 52 2,07 1,11 0,536 5530 3945 58051

0,428 49 2,20 1,23 0,571 4927 3553 62493

0,435 48 2,23 1,24 0,566 4883 3354 62796

281–330 mm

noir lignes écrites unité de réglure hauteur lettre o hauteur o / unité de réglure SGdm2 SGpage SGJob

0,412 53 2,46 1,26 0,515 4320 4684 70297

0,418 49 2,62 1,43 0,537 3702 3455 65985

0,408 54 2,24 1,15 0,527 5063 4466 62144

0,425 51 2,48 1,34 0,548 4034 3875 63549

0,416 52 2,42 1,29 0,535 4331 4009 64211

331–380 mm

noir lignes écrites unité de réglure hauteur lettre o hauteur o / unité de réglure SGdm2 SGpage SGJob

0,395 50 2,89 1,49 0,506 3180 4112 66570

0,428 50 2,98 1,59 0,535 2856 3770 63518

0,406 52 2,75 1,42 0,492 3115 4080 61750

0,411 52 2,81 1,59 0,533 3250 4232 75146

0,411 51 2,86 1,54 0,522 3051 4001 66768

381–450 mm

noir lignes écrites unité de réglure hauteur lettre o hauteur o / unité de réglure SGdm2 SGpage SGJob

0,404 46 3,21 1,94 0,534 2186 3505 66248

0,426 50 3,35 2,01 0,526 2089 4057 66697

0,384 51 3,09 1,71 0,538 2641 3802 63461

0,451 50 3,41 2,29 0,607 1804 2580 63660

0,412 50 3,25 1,92 0,542 2279 3734 64730

total

noir

0,414

0,437

0,403

0,430

0,423

48

48

53

50

50

2,64

2,58

2,50

2,57

2,57

lignes écrites unité de réglure hauteur lettre o

Italie

autres pays ou origine inconnue

total

1,38

1,40

1,24

1,40

1,36

hauteur o / unité de réglure

0,529

0,559

0,526

0,556

0,548

SGdm2

3975

4148

4642

4029

4226

SGpage

3675

3275

4220

3802

3658

64144

65060

61290

64419

63927

SGJob

160 

 VI La mise en page des bibles portatives

Tableau 123: Production parisienne et française : exploitation de la page selon la taille. Taille

valeurs moyennes

Paris

≤230 mm

noir lignes écrites unité de réglure hauteur lettre o hauteur o / unité de réglure SGdm2 SGpage SGJob

0,465 46 2,04 1,18 0,579 5400 2774 64418

0,502 48 2,12 1,58 0,644 3707 2215 60320

231–280 mm

noir lignes écrites unité de réglure hauteur lettre o hauteur o / unité de réglure SGdm2 SGpage SGJob

0,449 47 2,25 1,32 0,593 4711 3063 66340

0,439 48 2,20 1,20 0,541 4810 3369 63193

281–330 mm

noir lignes écrites unité de réglure hauteur lettre o hauteur o / unité de réglure SGdm2 SGpage SGJob

0,431 43 2,96 1,73 0,578 3057 2865 63147

0,415 50 2,53 1,31 0,521 3960 3691 66998

331–380 mm

noir lignes écrites unité de réglure hauteur lettre o hauteur o / unité de réglure SGdm2 SGpage SGJob

0,401 47 2,99 1,72 0,580 2862 3330 60600

0,445 52 2,98 1,52 0,510 2852 4044 65186

381–450 mm

noir lignes écrites unité de réglure hauteur lettre o hauteur o / unité de réglure SGdm2 SGpage SGJob

0,417 48 3,48 2,18 0,558 1966 3981 68051

0,437 52 3,21 1,67 0,460 2335 4210 63987

total

noir

0,441

0,433

46

50

unité de réglure

2,54

2,63

hauteur lettre o

1,43

1,35

hauteur o / unité de réglure

0,584

0,525

SGdm

4344

3876

SGpage

3018

3637

64983

65167

lignes écrites

2

SGJob

France sans Paris

VII Quelques considérations sur l’écriture et les copistes L’analyse de la mise en page a montré que le processus de surexploitation présuppose la capacité de miniaturiser l’écriture. Celle que l’on utilisait dans les bibles portatives n’a pas encore beaucoup attiré l’attention des paléographes qui, en général et non sans raisons, se limitent à noter qu’il s’agit d’une version simplifiée, mais en même temps raffinée, parfois appelée Perlschrift1, de la littera textualis utilisée dans les manuscrits de dimensions plus grandes2. Sans entrer dans les détails d’une analyse paléographique, nous nous nous limiterons ici à quelques constats, qui peuvent se révéler utiles à la détermination de l’origine des bibles. Notons tout d’abord que cette écriture, qui au premier regard pourrait sembler trop petite pour être lue, est en réalité aisément lisible dans la plupart des cas. La miniaturisation poussée ne compromet donc pas sérieusement la facilité de lecture, car l’écriture est presque toujours soigneusement tracée et même dans les manuscrits plus modestes on ne trouve pas d’écritures négligées ou difficilement lisibles. L’admiration pour la petitesse et en même temps la finesse de cette écriture est d’ailleurs déjà manifeste dans les mots utilisés dans les inventaires médiévaux pour la décrire : subtilissima littera, bona lictera3, litteris minutis et bonis4 et, plus précisément, litteris parvis, sed pulchris et formatis, quasi modernis5. Si la lecture est toujours possible, le module extrêmement réduit de cette écriture empêche d’en évaluer les caractéristiques morphologiques sans utiliser une loupe ou un agrandissement photographique. Au premier regard en effet, à part une distinction générique entre écriture italienne et écriture septentrionale, les écritures employées offrent un faciès similaire  ; il est donc difficile d’en proposer non seulement une datation et une localisation mais même une classification précise. Il va de soi que la concentration de cette production dans le temps et le fait que la plupart des manuscrits proviennent d’un circuit universitaire caractérisé d’une part par un grand professionnalisme, d’autre part par la présence au même endroit de copistes pouvant être d’origines différentes, ne nous aident pas dans la poursuite de cet objectif. Cette écriture dériverait de celle qui était employée pour les gloses dans les bibles de grand format du siècle précédent – hypothèse assez convaincante. L’écriture de petit module et très abrégée utilisée dans les marges du texte biblique aurait été jugée la plus adaptée pour la transcription des bibles portatives6. Pour l’heure, nous n’avons pas d’éléments pour déterminer si l’écriture employée dans les bibles portatives italiennes, de toute manière plus tardive, serait née du même processus7.

1  Terme utilisé dans les catalogues et les travaux en langue allemande et parfois en anglais (pearl script). Il est apparemment dérivé du petit corps (5 points) utilisé dans l’impression de bibles de très petit format en Allemagne à l’époque moderne. Il ne semble pas que l’origine de ce terme soit la même pour l’écriture grecque du même nom. 2  Voir par exemple Bischoff B., Paléographie de l’Antiquité romaine et du Moyen Âge occidental, Paris, 1985, p. 151–152, et Derolez A., The Paleography of Gothic Manuscript Books. From the Twelfth to the Early Sixteenth Century, Cambridge, 2003, pl. 20. 3  « Écriture très fine, bonne écriture. » Voir Cenci, Bibliotheca manuscripta, op. cit., I, p. 180–181. 4  « Écriture petite et belle. » Voir Kaeppeli, Inventari di libri di San Domenico, op. cit., p. 280. 5  « Écriture petite, mais belle et bien tracée, presque moderne. » Ibidem, p. 196. 6  Voir Ker, English Manuscripts, op. cit., p. 3 : « [...] some time about 1170 they [the scribes] began to use different kinds of script for the text and the gloss of glossed books of the Bible. Hitherto the gloss had been written in a smaller size of the ordinary round hand used for the text, with as a rule space-saving modifications derived from current writing, the rounded instead of the upright form of d, the tironian nota 7 instead of the ampersand, and more abbreviations. Henceforth the text is usually in a tall angular hand and the gloss often in a comparatively round hand, not very different from the old round glossing hand and with the same modifications. Soon the scribes were employing this small round hand, not merely in glosses, but as a text hand, suitable particularly for transcribing works by modern authors. A date for this way in England is the year 1191 [...] ». Voir aussi de Hamel, Glossed Books of the Bible, op. cit., p. 37 : « It is an important stage when this type of script ceases to be a glossing hand and becomes a script in its own right. It appears then in classical texts, a number of them associated with the Paris school, and finally – and this is one of its most interesting development – as the standard script for the small portable one-volume Bibles which became popular from the later twelfth century. Thus script had reversed its role: the glossing script had in these manuscripts become the script of the Bible text itself ». Cette écriture se trouve par exemple dans les marges du manuscrit London, British Library, Add. 15253 (480×318 mm), une bible d’origine parisienne du début du XIIIe siècle dont certains livres présentent une glose marginale organisée. 7  Pour quelques réflexions sur les différences entre l’écriture du texte et des gloses en littera bononiensis, voir Tomiello A., « Scrittura di testo e scrittura di glossa nella cosiddetta littera bononiensis », dans Le commentaire entre tradition et innovation, Actes du colloque international de l’Institut des traditions textuelles (Paris et Villejuif, 22–25 septembre 1999), Goulet-Cazé M.-O. dir., Paris, 2000, p. 147–153. Sans faire référence aux bibles portatives, Stefano Zamponi note par ailleurs que dans les écritures italiennes de petit module on met en œuvre https://doi.org/10.1515/9783110757392-008

162 

 VII Quelques considérations sur l’écriture et les copistes

Les caractéristiques propres à la littera textualis8 rendent d’autant plus délicate la mise en évidence des caractéristiques locales. Dans la plupart des cas, il est néanmoins possible d’établir si la main est italienne ou septentrionale et, dans une moindre mesure, si elle est française ou anglaise. Au-delà de cette première subdivision, il est moins aisé d’isoler des distinctions morphologiques associées à des modalités systématiques d’apparition. Bien évidemment, nous ne pouvons pas localiser un manuscrit seulement sur la base de l’écriture à cause de la mobilité internationale des copistes de l’époque et aussi de l’influence des modèles parisiens. Pour les mêmes raisons, dans certaines bibles, on peut trouver des variantes graphiques italiennes dans des écritures dont les traits stylistiques sont français et viceversa ; tout cela, sans compter le fait que le tracé peut être plus ou moins calligraphique ou cursif. Le trait commun à toutes ces écritures est bien évidemment la réduction du module. Nous avons déjà noté que les dimensions moyennes de l’œil des lettres dépassent de peu le millimètre en hauteur et en largeur. Ajoutons que le rapport entre la largeur et la hauteur des lettres est partout assez élevé (0,774 en moyenne), ce qui signifie que les yeux des lettres ne sont pas très allongés verticalement. Ce phénomène s’accentue au-dessous de 380 mm de taille pour répondre à la nécessité de diminuer l’unité de réglure. De même, la réduction de l’unité de réglure oblige à réduire la hauteur des hastes, qui dépassent rarement les deux millimètres (1,8 mm en moyenne). Le rapport entre l’œil des lettres et les hastes est de 1/1,25 en moyenne. Ainsi, les caractéristiques habituellement attribuées à la littera textualis française, comme l’allongement des traits verticaux et leur redressement, la compression latérale et la brisure des courbes, sont fortement limitées par la réduction de module. L’écriture est donc simplifiée, moins anguleuse et la brisure est très mitigée dans la plupart des cas. Seules quelques bibles d’origine parisienne copiées avec une textualis très calligraphique conservent ces caractéristiques. En dépit de la tendance à l’arrondissement des formes de l’écriture en France, l’écriture italienne des bibles portatives reste toujours plus souple et arrondie, si bien qu’elle pourrait même être considérée comme une réalisation simplifiée de la rotunda. Les Tableaux 124–128 présentent les données relatives aux variantes graphiques pays par pays sur la base de 122 manuscrits. Les pourcentages se réfèrent à la présence régulière de l’une ou l’autre variante dans les manuscrits du corpus, et non à la représentation moyenne de chaque variante à l’intérieur de chaque manuscrit. Il ne s’agit, bien entendu, que de résultats provisoires ; ils sont toutefois suffisants pour faire ressortir quelques modalités graphiques, relativement faciles à observer, qui caractérisent la pratique des copistes dans chaque pays9. Dans notre corpus, les règles de Meyer, relatives à la fusion des courbes opposées et à l’usage du r rond après une lettre dotée d’une courbe à droite, sont en général respectées. En revanche, l’utilisation de variantes graphiques, ou allographes10, pour les lettres d et s ne suit pas toujours des règles bien établies (Tableaux 124–125). Ainsi, l’utilisation du d oncial devant les lettres pourvues d’une courbe et du d droit devant les lettres « à jambages » n’est systématique ni en France ni en Italie. Si l’usage du d oncial est majoritaire, la présence du d droit, quoique plus fréquente en Italie et en Angleterre, ne semble pas toujours avoir une fonctionnalité distinctive : on trouve plusieurs exemples d’usage de d droit avant des lettres dotées d’une courbe et vice-versa11. Une autre lettre qui pourrait être soumise à une règle est le s, qui se présente parfois dans la forme ronde en fin de mot et après une lettre dotée d’une courbe à droite12. La forme ronde est en tout cas beaucoup plus diffusée en Italie.

des procédés pour mieux différencier les lettres et faciliter ainsi la lecture ; on y retrouve également quelques caractéristiques de l’écriture documentaire, telle l’utilisation de formes simplifiées du a et du s en fin de mot, que nous avons effectivement remarquée dans nos bibles. En revanche, l’une des caractéristiques de l’écriture des documents, l’allongement des hastes, est totalement absente dans nos manuscrits. Voir Zamponi S., « La scrittura del libro nel Duecento », dans Civiltà Comunale: Libro, Scrittura, Documento, Atti del convegno, Genova, 8–11 novembre 1988, Genova, 1989, p. 315–354 : p. 345. 8  Pour les caractéristiques générales de cette écriture, voir essentiellement Derolez, The Paleography, op. cit., p. 72–101. 9  Il va de soi qu’une analyse plus poussée de ces phénomènes exigerait de les mettre en relation avec toutes les autres caractéristiques du manuscrit et de l’écriture. Il faudrait, notamment, relever la position exacte de chaque allographe à l’intérieur du mot et de la ligne. Sur l’importance des variantes graphiques pour la reconnaissance des mots, et donc pour la lisibilité, voir les articles déjà cités de Stefano Zamponi et, plus globalement, Ornato, « L’histoire du livre », op. cit., p. 671–674. Tous les éléments à prendre en compte dans une étude sur la lisibilité de l’écriture sont illustrés dans Bergeron R. − Ornato E., « La lisibilité dans les manuscrits et les imprimés de la fin du Moyen Âge. Préliminaires d’une recherche », Scrittura e civiltà, 14 (1990), p. 151–198 ; republié dans La face cachée, op. cit., p. 521–554. 10  Toutes les observations sur les variantes graphiques proviennent principalement de la transcription des 250 premiers mots du livre de Job relevés dans 122 bibles, mais aussi d’une observation moins systématique de l’écriture des autres manuscrits. 11  À ce sujet, voir aussi Zamponi, « La scrittura del libro », op. cit., p. 326, 334 ; Derolez, The Paleography, op. cit., p. 105. 12  Voir Derolez, The Paleography, op. cit., p. 107. Quelques copistes qui ne suivent pas cette règle utilisent cependant le s rond en fin de ligne.

VII Quelques considérations sur l’écriture et les copistes 

 163

La lettre a peut en revanche présenter une morphologie différente selon le pays (Tableau 126) : on observe, en effet, un a simplifié à une panse, sans trait supérieur, dans la plupart des manuscrits italiens, alors que, dans les manuscrits septentrionaux, existe à côté de la forme standard un a à double panse, présent surtout dans les manuscrits tardifs ou d’origine anglaise13. On s’arrêtera enfin sur la dissimilation des traits dans les mots qui contiennent deux ou plusieurs lettres à jambages consécutives : i, m, n, u. Les caractéristiques de la textualis rendent la lecture parfois difficile, puisque les traits verticaux se ressemblent fortement et sont dotés de traits de jonction qui, du moins en France, ont pratiquement la même forme. Cette morphologie très peu redondante rend extrêmement utile la présence d’un apex sur les lettres i (Tableau 127). Ce dernier est utilisé assez systématiquement dans les cas où deux lettres i sont accolées, mais pas toujours dans les cas où la lettre i apparaît dans une suite de lettres à jambages. Ce dernier usage, qui se révèle très utile dans la production française, semble plus rare en Italie, où son absence est peut-être justifiée, du moins dans un certain nombre de cas, par le fait que la reconnaissance des lettres est rendue plus facile grâce au traitement différent des traits descendants de chacune de ces lettres et des traits de jonction avec celles qui les entourent14. Tableau 124: Variantes graphiques de la lettre d selon le pays d’origine. Lettre d toujours droite toujours ronde application d’une règle mélange incohérent total

Angleterre

France

Italie

autres pays ou origine inconnue

ensemble

15,0% 60,0% 10,0% 15,0%

2,9% 88,4% 2,9% 5,8%

5,0% 60,0% 7,5% 27,5%

0,0% 83,3% 2,8% 13,9%

4,2% 77,0% 4,8% 13,9%

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

Tableau 125: Variantes graphiques de la lettre s en fin de mot ou de ligne selon le pays d’origine. Lettre s en fin de mot

Angleterre

France

Italie autres pays ou origine inconnue

ensemble

toujours droite toujours ronde

36,8% 36,8%

28,4% 27,0%

18,4% 47,4%

24,3% 43,2%

26,2% 36,3%

mélange incohérent

26,3%

44,6%

34,2%

32,4%

37,5%

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

total

Tableau 126: Variantes graphiques de la lettre a selon le pays d’origine. Lettre a à double panse normale ronde total

Angleterre 56,0% 40,0%

France 25,3% 64,6%

Italie autres pays ou origine inconnue 0,0% 43,9%

12,2% 70,7%

ensemble 21,0% 58,1%

4,0%

10,1%

56,1%

17,1%

21,0%

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

13  Voir ill. 11, ici et là. 14  Sur cette problématique, voir, pour l’écriture française, Zamponi S., « Elisione e sovrapposizione nella littera textualis », Scrittura e civiltà, 12 (1988), p. 135–176 et, pour l’écriture italienne, Id., « La scrittura del libro », op. cit., p. 329–337.

164 

 VII Quelques considérations sur l’écriture et les copistes

Tableau 127: Présence d’apex sur les lettres i selon le pays d’origine. Apex sur le i

Angleterre

France

absents ii seuls

18,2% 18,2%

20,4% 22,4%

20,0% 44,0%

15,0% 35,0%

19,0% 29,5%

tout i accolé à une lettre à jambage sporadiques

63,6%

55,1%

36,0%

45,0%

49,5%

0,0%

2,0%

0,0%

5,0%

1,9%

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

total

Italie autres pays ou origine inconnue

ensemble

Tableau 128: Variantes graphiques de l’abréviation pour et selon le pays d’origine. Et & 7 avec trait horizontal 7 « italien » 7 normal variable total

Angleterre

France

Italie

autres pays ou origine inconnue

ensemble

0,0% 76,9%

1,1% 62,9%

0,0% 4,0%

0,5% 50,0%

0,7% 47,9%

3,8% 15,4% 3,8%

1,1% 32,6% 2,2%

40,0% 50,0% 6,0%

8,0% 35,5% 6,0%

12,1% 35,1% 4,2%

100,0% 100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

En ce qui concerne les abréviations, on relèvera surtout une différence morphologique dans le tracé de la note tironienne en forme de 7 pour la conjonction et (Tableau 128). Dans les bibles d’origine parisienne ou anglaise, le 7 est souvent traversé par un trait horizontal qui est absent des bibles italiennes15. Dans ce dernier pays, par ailleurs, la note est tracée en commençant par un petit trait ascendant et courbe, ce qui est rare dans l’écriture septentrionale. Enfin, la plupart des copistes français et anglais signalent systématiquement ou presque les coupures de mots en fin de ligne par un trait très fin16. En Italie, cet usage semble un peu moins répandu, mais son repérage est beaucoup plus malaisé du fait que les traits sont extrêmement fins et tracés à l’encre claire sur un parchemin plus jaunâtre que le parchemin français, ce qui les rend souvent presque invisibles. En ce qui concerne l’encre, elle est toujours brune claire ou beige dans les manuscrits d’origine italienne17 (Tableau 129). Cependant, la tonalité de la couleur est souvent variable et il n’est pas rare que l’encre ait subi par endroit une décoloration qui rend certaines pages difficilement lisibles. En France et en Angleterre, l’encre est noire ou brune foncée et présente moins de variations. Si les ruptures nettes d’une nuance à l’autre sont extrêmement rares, on relève plus souvent des changements très progressifs de tonalité. Ce phénomène concerne surtout les nuances de brun clair, et il est donc beaucoup plus fréquent dans les manuscrits d’origine italienne. En revanche, la régularité est plus grande et le contraste avec le parchemin est plus accentué dans les bibles d’origine septentrionale, ce qui en facilite d’autant la lecture.

15  Il est également absent dans le sud de la France. La ligature & (esperluette) a en revanche pratiquement disparu, même si elle fait parfois une apparition sporadique en alternance avec la note tironienne. 16  Voir par exemple ill. 5 et 11. 17  Et aussi dans les manuscrits originaires de la France du Sud et de l’Espagne. Voir ill. 12.

VII Quelques considérations sur l’écriture et les copistes 

 165

Tableau 129: Couleur de l’encre selon l’origine des manuscrits. Couleur de l’encre

Angleterre

France

Italie

autres pays ou origine inconnue

ensemble

brun très clair brun brun très foncé noir variable brun/noir

3,4% 20,7% 27,6% 34,5% 13,8%

3,9% 12,7% 26,5% 50,0% 6,9%

42,9% 38,1% 14,3% 3,2% 1,6%

8,8% 29,8% 26,3% 26,3% 8,8%

14,7% 23,9% 23,5% 31,1% 6,8%

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

total

Chaque bible a-t-elle été transcrite par un seul copiste ? Bien évidemment, l’approche quantitative ne permet pas une observation approfondie de chaque exemplaire pour déceler d’éventuels changements de main, ce qui du reste est rendu difficile par le degré élevé de standardisation de l’écriture et la volonté de dissimuler les éventuels passages d’une main à l’autre. Nous nous sommes bornée à signaler les changements de mains plus manifestes et les bibles dans lesquelles, même si l’on n’arrive pas à déceler l’endroit exact du changement, il est évident que plusieurs copistes se sont relayés (Tableaux 130–131). Au demeurant, ces exemples ne sont pas nombreux et, lorsqu’ils apparaissent, c’est surtout dans les bibles réalisées en dehors du circuit de production parisien. À Paris, en effet, 93% des manuscrits semblent avoir été copiés par un seul copiste. Dans cette ville, le texte des Interprétations des noms hébreux est également copié par le même copiste dans 98% des cas, alors qu’ailleurs il peut y avoir un changement de main même dans le cas où la présence du glossaire était prévue depuis le début18. On doit sans doute cette pratique « monolithique » de la copie, d’une part aux caractéristiques intrinsèques du système de la pecia, d’autre part à la présence de clauses contractuelles (dont il ne reste aucune trace à Paris, mais dont témoignent de nombreux contrats bolonais)19 prescrivant que le copiste devait assurer seul la totalité du travail et qu’il lui était interdit de s’engager à l’égard d’un deuxième commanditaire avant d’avoir achevé sa tâche20. Tableau 130: Estimation du nombre de mains repérables dans le texte de la Bible selon l’origine des manuscrits. Mains une deux trois ou plus total

Angleterre

France

Italie

autres pays ou origine inconnue

ensemble

75,9% 3,4% 20,7%

81,0% 9,5% 9,5%

79,6% 11,1% 9,3%

70,7% 8,6% 20,7%

77,6% 8,9% 13,4%

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

Tableau 131: Main ayant copié les Interprétations des noms hébreux selon l’origine des manuscrits21. Main différente de celle de la Bible identique à celle de la Bible total

Angleterre

France

Italie

autres pays ou origine inconnue

ensemble

25,0% 75,0%

2,4% 97,6%

29,0% 71,0%

6,3% 93,8%

10,9% 89,1%

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

18  Comparer avec les résultats relatifs à la présence de ce glossaire (IV.h), qui s’accordent avec ce panorama. 19  Voir Orlandelli, Il Libro a Bologna, op. cit., p. 32–37. 20  Il s’agissait sans doute d’une garantie donnée au commanditaire : s’il y avait déséquilibre entre l’offre et la demande, il arrivait qu’un copiste soit « débauché » en cours de travail par un tiers qui lui offrait une rémunération plus alléchante. 21  Les manuscrits où les Interpretationes ont été ajoutées ultérieurement sont exclus du calcul.

166 

 VII Quelques considérations sur l’écriture et les copistes

Combien de copistes ont laissé une trace de leur identité ? Notons d’emblée que si la présence du nom du copiste est extrêmement rare au XIIIe siècle, il s’agit tout de même de la mention la plus fréquente dans les souscriptions de cette époque, devant celle de la date et du lieu22. Elle est présente dans 24 manuscrits du corpus, dont 20 (1,4%) du XIIIe siècle23. Dans le corpus de manuscrits consultés, les bibles portant une mention de copiste sont au nombre de 12 (3,7%). Les souscriptions sont normalement très courtes et ne donnent pas beaucoup de renseignements sur l’identité du copiste, se limitant bien souvent au prénom. Dans certains cas toutefois, on peut en déduire leur origine. Rappelons ici la mention de Thomas clericus de Pontisara (Pontoise) dans la bible portative datée de 123424, mais aussi celle de deux copistes vraisemblablement étrangers, au moins par leur nom, Albregadus Lombardus et Fredericus Theutonicus, qui copient des bibles à Paris dans une écriture tout à fait conforme aux canons parisiens25. En revanche, ce sont bien deux Italiens – le frère franciscain Tomasinus Ferrariensis et un certain Bonifacius Veronensis – qui copient l’un après l’autre une bible originaire de l’Italie du Nord26. Cependant, déjà à cette époque, des copistes étrangers pouvaient exercer leur activité en Italie. Dans notre corpus, nous en avons la preuve grâce aux souscriptions, dans une bible de format de bésace27, émanant d’un copiste exceptionnellement « bavard », Raulinus Devoniensis : ce personnage, né dans le Devonshire, narre ses péripéties entre Paris et Bologne, où il travaillait comme copiste. Enfin, l’unique souscription d’une femme, Mehildis monialis, mérite d’être mise en évidence. Mathilde est la copiste d’une bible de très petite taille – Paris, Bibl. Thiers, 124928 (141×97 mm) –, originaire probablement du nord de la France et datable du milieu du XIIIe siècle ; elle est aussi l’une des rares copistes de nos bibles à demander au lecteur une prière en sa faveur. Soulignons cependant que son écriture ne diffère en rien de celle de ses collègues masculins, mais confirme au contraire que des femmes pouvaient travailler dans les circuits professionnels de copie29.

22  Sur cette problématique, voir Derolez A., « Pourquoi les copistes signaient-ils les manuscrits ? », dans Scribi e colofoni, op. cit., p. 37–56 ; Ornato E., « Libri e colofoni : qualche considerazione », Gazette du livre médiéval, 42 (printemps 2003), p. 24–35 et Overgaauw, « Where are the Colophons ? », op. cit., p. 84–91. Ce dernier auteur relève que les copistes professionnels, qui transcrivent des manuscrits non destinés à leur propre usage ou à celui de leur entourage, ne souscrivent que très rarement leur travail. 23  Voir chapitre III.a. 24  Dole, BM, 15. En l’occurrence, la mention du lieu d’obtention de la cléricature indique, selon toute vraisemblance, que le manuscrit n’a pas été copié à Pontoise. 25  Berlin, Staatsbibliothek-Preussischer Kulturbesitz, Theol. Lat. oct. 7 et Paris, BnF, lat. 198. On se souviendra aussi de cette bible d’origine française où un copiste italien a copié le Nouveau Testament (Roma, Accademia Nazionale dei Lincei e Corsiniana, Rossi 317). 26  Firenze, Bibl. Medicea Laurenziana, Conv. Soppr. 600. 27  Paris, BnF, NAL 3189 (270×178 mm). À propos de ce manuscrit, voir Rouse R. H. − Rouse M. A., « Wandering Scribes and Traveling Artist : Raulinus of Fremington and His Bolognese Bible », dans A Distinct Voice. Medieval Studies in Honor of Leonard E. Boyle, O.P., Notre Dame (Indiana), 1997, p. 32–67. 28  Pour une description de ce manuscrit voir aussi Miglio L. – Palma M., « Presenze dimenticate (IV) », dans In uno volumine. Studi in onore di Cesare Scalon, Pani L. éd., Udine, 2009, p. 407–420 : p. 408–409, 419–420. 29  Les contrats de copie bolonais ont conservé les noms de quelques copistes femmes et laïques pour la seconde moitié du XIIIe siècle. On trouve également des femmes employées, souvent dans un contexte familial, dans les métiers du livre à Paris. Voir Miglio L. « ‘A mulieribus conscriptos arbitror’: donne e scrittura », dans Scribi e colofoni, p. 235–265 : p. 244–250. Pour Paris, voir aussi le registre biographique des professionnels du livre établi dans Rouse − Rouse, Illiterati et uxorati, op. cit., II, passim. Plusieurs femmes y sont répertoriées, notamment parmi les parcheminiers. À l’heure actuelle, on connaît une seule autre bible latine copiée par une femme : le manuscrit Padova, Bibl. Antoniana, 542 I/II a été copié en 1297 par Agnese Scarabella, une moniale bénédictine de Padoue. Voir Magrini, « Production and use », op. cit., p. 227, n. 43.

VIII La décoration et son usage fonctionnel S’il y a bien un aspect des manuscrits bibliques du XIIIe siècle qui a toujours suscité un intérêt marqué, c’est sans conteste leur apparat décoratif. Cet intérêt est assurément dû au fait que les bibles, indépendamment de leurs dimensions, ont constitué un terrain de choix où s’est déployé le talent des enlumineurs et où s’est développé le style parisien du XIIIe siècle. Ainsi, le nombre de contributions consacrées à l’enluminure des bibles, notamment parisiennes, dépasse de loin toutes celles qui ont porté sur d’autres aspects du manuscrit biblique du XIIIe siècle, y compris le texte. Cependant, même dans ce cadre restreint, nous avons affaire dans la plupart des cas à des analyses relatives à quelques petits groupes de manuscrits, tandis que les études systématiques à grande échelle font défaut. Le seul travail de ce genre consacré à l’enluminure parisienne du XIIIe siècle, et en particulier aux bibles, demeure celui de Robert Branner, qui date des années 1970. Dans les bibles portatives, néanmoins, les illustrations sont extrêmement rares et l’enluminure est « enfermée » dans l’espace, souvent très réduit, de l’intérieur des initiales. Si la décoration, qu’elle soit à la plume ou au pinceau, a malgré tout suscité notre attention, c’est moins pour ses caractères stylistiques que pour son rôle majeur dans la mise en page du texte et, en fin de compte, dans la lisibilité de la Bible elle-même. Toutes ses composantes concourent en effet à donner corps au texte biblique, à l’organiser au sein de la page, à mettre en évidence sa structure hiérarchique pour faciliter le repérage des diverses sections. En un mot, l’apparat décoratif permet de structurer sur la page ce que nous avons appelé l’« habillage du texte », quelle que soit la tradition dont relève ce dernier. Cela dit, il ne faut pas oublier qu’en dehors de son rôle spécifique et de ses caractéristiques propres, la décoration fonctionne pour l’historien en tant que « variable de contrôle » : il s’agit de l’indicateur le plus apte à définir le niveau d’exécution d’un manuscrit et c’est pourquoi il nous arrive souvent de croiser cette donnée avec les autres aspects du processus de production des bibles portatives. Vu l’importance de l’apparat décoratif en tant que relais entre l’œil et le texte, notre analyse portera non seulement sur la décoration peinte, mais aussi, et surtout, sur tous les éléments, même les plus modestes, qui relevaient du travail du rubricateur, et notamment les balises de repérage : titres rubriqués, numéros de chapitre, titres courants et lettrines. En ce qui concerne les initiales, notre attention se concentrera sur leur typologie, leur position et leur hiérarchie à l’intérieur du volume ; nous reléguerons ainsi à l’arrière-plan les facteurs stylistiques que nous allons brièvement évoquer uniquement dans la mesure où ils peuvent se révéler utiles à la localisation des manuscrits. Sur l’enluminure parisienne, le travail de Robert Branner1 offre une analyse générale des modalités de production des manuscrits enluminés à Paris, qui donne lieu à l’attribution de ces derniers à un certain nombre d’ateliers. Cette attribution ne concerne que l’atelier d’enluminure et ne saurait être étendue aux autres étapes de la fabrication du manuscrit. En outre, elle se fonde exclusivement sur des considérations stylistiques, puisque l’iconographie de cette période ne diffère pas beaucoup d’un atelier à l’autre et que le nombre d’enlumineurs qui signent leur œuvre est très limité, cette pratique n’étant d’ailleurs pas attestée dans des bibles portatives. De fait, Robert Branner lui-même assimile explicitement la notion de « style » à celle, beaucoup plus concrète, d’« atelier », si bien que seule la seconde est restée dans l’usage2. L’enluminure des bibles à Paris aurait ainsi été répartie entre une quinzaine d’ateliers principaux, la plupart ayant été actifs dans la première moitié du XIIIe siècle. Deux de ces ateliers se seraient même spécialisés dans la décoration de bibles : l’atelier de Soissons, surtout actif entre 1235 et 1245 et dont la production biblique se caractérise par une certaine répétitivité, favorisée par un niveau de demande élevé ; puis l’atelier dit d’Aurifaber, actif entre 1250 et 1290. À l’intérieur de ces ateliers, la collaboration entre plusieurs artistes était la norme. Le maître de l’atelier se réservait l’enluminure de la page d’ouverture et de l’initiale de la Genèse, alors que les autres initiales historiées ou ornées pouvaient être confiées à ses collaborateurs. On aurait même affaire à des cas de sous-traitance, favorisés par la proximité des 1 Branner, Manuscript Painting, op. cit. Voir aussi Id., « Manuscript-Makers », op. cit., et Id., « The ‘Soissons Bible’ Paintshop », op. cit. 2 Id., Manuscript Painting, op. cit., p. 11 : « What emerges from this study is that a style of painting constituted the tradition of an atelier. I regard this as a fundamental point, so much so that in fact I shall use the terms ‘style’ and ‘atelier’ almost interchangeably. There are many dangers in this usage, as I fully recognize, for individual painters of talent – the interesting ones – often alter the manner in which they were taught to paint. But these changes can, for the most part, be traced. On the other hand if we do not pay close attention to the stylistic traits and traditions of each atelier, we cannot proceed with the first step, which is that of classification. And it is only after the ateliers, and in some cases the painters, have been identified that we can draw any conclusions from their work. » https://doi.org/10.1515/9783110757392-009

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 VIII La décoration et son usage fonctionnel

ateliers, tous localisés dans le quartier universitaire : les éléments les moins importants de l’apparat décoratif auraient été confiés à des ateliers dont le savoir-faire était plus « ordinaire ». Cette pratique concernerait particulièrement les bibles portatives, décorées à la chaîne3. Le travail de l’enlumineur portant essentiellement sur les initiales, chaque atelier aurait choisi les séries de scènes à privilégier pour chaque livre biblique4, tout en se donnant une certaine liberté de choix. L’ensemble de ces scènes constitue néanmoins une iconographie parisienne aisément reconnaissable5. Dans le domaine spécifique des bibles portatives, d’autres caractéristiques doivent être soulignées  : d’abord, la limitation de l’espace disponible due à la miniaturisation entraîne nécessairement une simplification des scènes, par exemple une diminution du nombre de personnages présents dans l’initiale ; la simplification comporte aussi une limitation du nombre de couleurs employées qui, dans les cas extrêmes, se limitent au rose saumon et au bleu (en plus du noir et blanc), si caractéristiques de la production parisienne de cette époque. Dans les bibles les plus petites, on observe également une réduction drastique du nombre d’initiales historiées. Leur nombre peut descendre à sept : premier prologue, Genèse, Psaume 1, Proverbes, Matthieu, première épître aux Romains (mais il ne s’agit pas de constantes)6, ou même se limiter aux deux premières seulement. Même dans les manuscrits parisiens de plus petite taille, l’initiale I de la Genèse est presque toujours historiée avec les sept jours de la Création7 (ill. 13 et 21), qui eux aussi subissent une simplification par rapport aux réalisations plus largement dimensionnées. Beaucoup plus rarement, l’initiale L de l’évangile de Matthieu est historiée avec l’arbre de Jessé (ill. 14), lui aussi sous une forme très simplifiée, limitée à trois ou quatre personnages (David, Salomon, Marie et le Christ)8. Quant aux initiales des psaumes indiquant la division liturgique, elles sont enluminées selon le principe de l’illustration littérale des premiers mots du texte (ad verbum)9 et à Paris elles sont très standardisées. Sur la base du travail de Branner, d’autres historiens de l’art ont pu attribuer à tel ou tel atelier d’autres manuscrits bibliques10. Au contraire – et ce n’est guère étonnant –, l’intérêt a été bien moindre pour les manuscrits qui ne présentent que des formes de décoration quantitativement et qualitativement plus pauvres, telles que les lettres ornées au pinceau et les filigranes. Un article de Patricia Stirnemann11 propose une classification et une datation des motifs filigranés parisiens du XIIIe siècle, mais la concentration de la production parisienne de bibles vers le milieu du siècle, au moment où se diffusent les filigranes à « bande d’I » (voir ill. 16–17) et les « œufs de grenouille », ainsi que la permanence de ce style dans la seconde moitié du siècle, font que cette étude n’est pas d’une grande utilité pour la datation de nos bibles, sauf pour les cas qui se situent aux limites chronologiques de la production parisienne.

3 Ibidem, p. 14–15, 66. Les transferts de cahiers d’un atelier à l’autre qui seraient la conséquence de ce procédé justifient par ailleurs l’élaboration d’un système de repérage plus performant que précédemment (voir chapitre V.c). Sur le travail de l’enlumineur à Paris au XIIIe siècle, on verra aussi Avril, « À quand remontent les premiers ateliers », op. cit. ; Stirnemann, « Nouvelles pratiques en matière d’enluminure », op. cit., et, d’un point de vue plus général, Alexander J. J. G., Medieval Illuminators and Their Methods of Work, New Haven – London, 1992, p. 22–26, 95–120. Beaucoup d’informations à ce sujet peuvent en outre être puisées dans Rouse − Rouse, Illiterati et uxorati, op. cit., p. 17–97. 4 L’absence d’instructions de la main du copiste laisse supposer que le choix des scènes était laissé à l’atelier. Voir Branner, « The ‘Soissons Bible’ », op. cit., p. 16. 5 Pour une liste des scènes adoptées à Paris, voir Branner, Manuscript Painting, op. cit., p. 178–195. Une belle reproduction commentée de chacune des initiales habituellement historiées dans les bibles portatives se trouve dans Correia de Sousa, Sacra pagina, op. cit., p. 54–223. 6 Voir aussi Branner, Manuscript Painting, op. cit., p. 18, n. 61. 7 Il s’agit d’une iconographie entrée en usage à partir de la fin du XIe siècle. Le nombre de scènes représentées varie toutefois selon l’espace à disposition. Voir Toubert H., « L’initiale historiée 2 : la lettre I », dans Mise en page, p. 387–391 et Mariéthoz G., « Monogrammes et initiales historiés introduisant la Genèse dans les bibles d’époque romane », dans Comment le Livre s’est fait livre, op. cit., p. 111–129. 8 Sur cette iconographie, voir Watson A., The Early Iconography of the Tree of Jesse, Oxford, 1934. 9 Voir Haseloff, Die Psalterillustration im 13. Jahrhundert, op. cit. 10 Voir par exemple Ayres L. M., « Parisian Bibles in the Berlin Staatsbibliothek », Pantheon, 40 (1982), p. 7–13. Il n’y a pas lieu de citer ici le grand nombre d’articles et de fiches descriptives consacrés à telle ou telle bible parisienne dans les catalogues d’exposition et les ouvrages collectifs. 11 Stirnemann, « Fils de la Vierge », op. cit. Voir aussi Scott-Fleming S., The Analysis of Pen Flourishing in Thirteenth-Century Manuscripts, Leiden, 1989.

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VIII La décoration et son usage fonctionnel 

On trouvera ci-dessous la distribution des manuscrits d’origine parisienne de notre corpus selon l’atelier d’enluminure12. Environ la moitié des manuscrits identifiés comme parisiens sont attribués à un atelier13, mais trois ateliers seulement émergent du lot : l’atelier d’Aurifaber, celui de Mathurin et celui de Soissons14. Dans ces trois ateliers, la production se concentre sur les bibles ayant une taille inférieure à 330 mm. Tableau 132: Bibles d’origine parisienne : distribution par atelier d’enluminure et par taille. Atelier

≤230 mm

231–280 mm

281–330 mm

331–380 mm

381–450 mm

total

 

  2 11

1

 

6

2 4 2 4 14 1 9 2 46

1 2 1 1 6 3 3 1 3 17

2 3 1

4 2 4

2 1 1 1 1 1 4 17

1 3 1 1 1 2 2 3 24

5 4 27 3 4 7 10 9 24 6 16 5 13 122

2,0% 1,6% 10,6% 1,2% 1,6% 2,7% 3,9% 3,5% 9,4% 2,4% 6,3% 2,0% 5,1% 47,8%

1 1 7   1   3 2 3   7 2   48

97

45

34

48

255

100,0%

75

Alexander Amiens Aurifaber Blanche Corpus Du Prat Gauthier Lebaube Johannes Grusch Mathurin Pierre de Bar Soissons Vie de saint Denis autres non déterminé

4       2 2 2   1 1 1 18

total

31

%

dont consultés

L’art français de l’enluminure a eu un impact non négligeable dans les autres pays de production. Ainsi, l’enluminure anglaise du XIIIe siècle15 témoigne d’une forte influence de l’enluminure française dans les styles peints, au point qu’il est parfois difficile de les distinguer16. Parmi les bibles de notre corpus, quelques-unes – dont deux consultées – sont attribuées à l’atelier de l’un des rares enlumineurs anglais laïques de cette époque dont on connaisse le nom, William de Brailes, actif à Oxford pendant la première moitié du siècle17. La décoration effectuée en Angleterre se différencie toute-

12 Toutes les attributions aux ateliers sont le fait de Robert Branner ou proviennent d’autres articles d’historiens de l’art, ou encore des catalogues, à l’exception de deux cas. Nous croyons en effet pouvoir attribuer à l’atelier de Soissons deux manuscrits, München, Bayerische Staatsbibliothek, Clm 15409 et London, British Library, Harley 2824, dont les initiales de la Genèse sont quasi identiques à celles d’autres bibles portatives de cet atelier reproduites dans Branner, Manuscript Painting, op. cit., pl. 174, 175, 178. 13 Plus exactement, 52% des manuscrits que les catalogueurs ont localisés à Paris ont été attribués à un atelier, mais on ne saurait extrapoler ce pourcentage à l’ensemble des manuscrits, identifiés ou non, qui ont été produits à Paris. Le pourcentage descend en effet à 36% si on se limite aux manuscrits consultés, ce qui est dû non seulement au fait que nous avons été très prudente dans l’attribution des manuscrits aux ateliers, mais aussi au fait que les manuscrits dépourvus d’initiales historiées ont été moins souvent localisés à Paris par les catalogueurs. 14 Les noms des ateliers ont été attribués à l’époque moderne, et notamment par Robert Branner, sur la base de noms de copistes, d’enlumineurs ou de possesseurs des premiers manuscrits répertoriés. 15 Voir l’introduction de Morgan, Early Gothic Manuscripts, op. cit., p. 11–33 ; Morgan N., « The Decorative Ornament of the Text and Page in Thirteenth-century England : Initials, Border Extensions and Line Fillers », dans Decoration and Illustration in Medieval English Manuscripts, Edwards A. S. G. éd., London, 2002 (English Manuscript Studies 1100–1700, 10), p. 1–33 et Avril et al., Manuscrits enluminés d’origine insulaire, op. cit. Plus généralement, voir aussi Millar, La miniature anglaise, op. cit., p. 51–78. 16 Voir Alexander J. J. G., « English or French? », op. cit., et Ruzzier, « Bibles anglaises et bibles françaises », op. cit. 17 Voir à son sujet CockerellS. C., The Work of W. de Brailes, an English Illuminator of the Thirteenth Century, Cambridge, 1930 et Pollard G., « William de Brailles », Bodleian Library Record, V (1955), p. 202–209. Parmi ses bibles, on notera surtout Oxford, Bodleian Library, Lat. Bib. e. 7, l’une des premières bibles portatives anglaises (vers 1234–1240), vraisemblablement destinée à un dominicain (la bible contient un missel et la seule messe du sanctoral est celle pour saint Dominique, voir Light, « The New Thirteenth-Century Bible », op. cit., p. 277 ). Les autres bibles portatives sont : Oxford, Bodleian Library, Laud. Lat. 13 ; Cambridge, Gonville and Caius College, 350/567 ; London, British Library, Harley 2813, également avec missel et probablement destinée à un franciscain (voir Kidd P., « A Franciscan Bible Illuminated in the Style of William de Brailes », Electronic British Library Journal, [2007], Article 8) ; Perth, Museum and Art Gallery, 462 ; Philadelphia, Free Library, Lewis E 29 ; olim Phillipps 9534 (vendu par Sotheby’s 01.12.1987 Cat. Guerino, lot 29).

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 VIII La décoration et son usage fonctionnel

fois par le traitement des filigranes, dont l’éventail est beaucoup plus varié, la réalisation plus fine et les prolongements dans les marges plus fréquents qu’en France. On relève aussi la présence de rehaussements au lavis (surtout vert, mais aussi jaune ou beige, voir ill. 11) et l’usage presque exclusif de l’encre rouge pour les prolongements filiformes – cette couleur aurait été plus facile à travailler à la plume que l’encre bleue18. Dans un certain nombre de bibles, les initiales filigranées ne sont pas à couleurs alternées, mais présentent un corps uniformément bleu associé à une ornementation rouge. En Italie aussi, l’influence du style gothique septentrional était très marquée19. Dès le milieu du XIIIe siècle, la production livresque septentrionale s’était diffusée en Italie, et les ordres mendiants ont certainement eu une grande part dans ce processus, même s’il ne faut pas négliger pour autant le rôle des autres ordres et des prélats20. La constitution des premières bibliothèques des ordres mendiants doit beaucoup aux dons faits par des nobles et des prélats ainsi qu’à la récupération de manuscrits ayant appartenu aux frères qui avaient fait leurs études à Paris et Oxford, où ils s’étaient procuré des bibles. Ce phénomène est attesté par la présence de manuscrits – et surtout de bibles – de cette origine dans les plus anciennes bibliothèques des couvents franciscains et dominicains, comme celle d’Assise21. La présence de ces manuscrits aurait favorisé la diffusion du style gothique septentrional dans la production livresque italienne de l’époque. Un cas très frappant d’imitation est constitué par un groupe de manuscrits, dont quelques bibles, produits à Gênes et enluminés vraisemblablement dans un atelier qui travaillait pour le couvent de San Domenico de cette ville22. L’influence gothique est aussi évidente dans la production de l’Italie méridionale23 et notamment dans un groupe de bibles enluminées dans l’atelier du Maître de la Bible de Manfred, qui a été actif à Naples dans les années 1250–1270 et se serait formé sur des modèles parisiens des années 1240–1250. S’il est surtout connu pour une bible de format moyen destinée au prince Manfred24, cet atelier aurait aussi enluminé un certain nombre de bibles de dimensions plus modestes, principalement portatives25. Cette production s’intégrait vraisemblablement dans un circuit assez vivace26, favorisé par la

18 Avril et al., Manuscrits enluminés d’origine insulaire, op. cit., p. 49 ; Stirnemann, Fils de la vierge, op. cit., p. 59. 19 Voir La miniatura in Italia, I. Dal tardoantico al Trecento con riferimenti al Medio Oriente e all’Occidente europeo, Putaturo Donati Murano A. − Periccioli Saggese A. éd., Napoli − Città del Vaticano, 2005, p. 141–246 (avec bibliographie par région de production) ; Avril et al., Manuscrits enluminés d’origine italienne, op. cit., p. 1–4 (Padoue-Venise), 23–27 (Ligurie), 63–64 (Bologne), 151–153 (Sud et Naples). 20 Dans cet ordre d’idées, on peut retenir le legs fait au monastère de Sant’Andrea à Vercelli par le cardinal Guala Bicchieri, mort en 1226, qui avait été légat pontifical en France et en Angleterre : une bonne partie des manuscrits cités dans son legs sont d’origine septentrionale, dont deux des cinq bibles complètes qu’il possédait. Voir Supino Martini, « Il Libro Nuovo », op. cit., p. 352. 21 Voir Ayres L. M., « Bibbie italiane e bibbie francesi : il XIII secolo », dans Il Gotico europeo, op. cit., p. 361–374 et Dal poz L., « Manoscritti francesi e inglesi del Duecento in Italia dal XIII agli inizi del XV secolo », ibidem, p. 391–401. Pour les manuscrits d’origine septentrionale présents à Assise dès le XIIIe siècle, voir Assirelli M., « I manoscritti francesi e inglesi del Duecento », dans Ciardi Duprè dal Poggetto M. G. – Assirelli M. – Bernabò M. – Bigalli Lulla G., La biblioteca del Sacro convento di Assisi, I. I libri miniati di età romanica e gotica, Assisi, 1988, p. 105–130. Pour l’influence septentrionale dans les bibles, voir aussi Ruzzier C., « Les manuscrits de la Bible au XIIIe siècle : quelques aspects de la réception du modèle parisien dans l’Europe méridionale », dans Medieval Europe in Motion. The Circulation of Artists, Images, Patterns and Ideas from the Mediterranean to the Atlantic Coast (6th-15th centuries), Bilotta M. A. éd., Palermo, 2018, p. 281–297. 22 Voir Avril et al., Manuscrits enluminés d’origine italienne, op. cit., p. 23–27 et Gousset M.-T., « Étude de la décoration filigranée et reconstitution des ateliers : le cas de Gênes à la fin du XIIIe siècle », Arte Medievale, II serie, 1 (1988), p. 121–149. Deux des manuscrits étudiés sont des bibles portatives : Fulda, Hessischen Landesbibliothek, Aa 80 et Hannover, Niedersächsischen Landesbibliothek, I 2, mais on peut leur associer aussi la bible portative Paris, BnF, lat. 180. 23 Voir à ce sujet Orofino G., « Cavalleria e devozione. Libri miniati francesi a Napoli e a Bari in età protoangioina », dans Il Gotico europeo, op. cit., p. 375–389. 24 Il s’agit du manuscrit Città del Vaticano, BAV, Vat. lat. 36 (269×182 mm), copié par Johensis, également copiste de la bible Paris, BnF, lat. 40 (258×189 mm) dans notre corpus. 25 Le style des initiales de ces bibles napolitaines, qui présentent parfois des portraits d’oiseaux (ill. 18), aurait des points communs avec les initiales du célèbre manuscrit commandité par Manfred et contenant le traité frédéricien De arte venandi cum avibus (Città del Vaticano, BAV, Pal. lat. 1071). Voir Toubert, « Influences gothiques », op. cit. ; Ead., « Trois nouvelles bibles », op. cit. Les bibles enluminées dans cet atelier et dont on connaît l’existence, seraient au nombre de neuf, dont quatre portatives : Bourges, BM, 5 ; London, British Library, Add. 31830 ; Oxford, Bodleian Library, Canon. Bibl. lat. 77 ; Paris, BnF, lat. 217 ; et deux de format plus grand, mais encore maniable : Paris, BnF, lat. 40 et lat. 10428 (ill. 18). La bible portative Palermo, Bibl. Centrale della Regione Siciliana, I. C. 13, peut être également rapprochée de ce groupe. Notons que la bible conservée à Londres contient un calendrier dominicain de la même main que le texte. 26 Hélène Toubert avance même l’hypothèse que la décoration de certains manuscrits, tel que Paris, BnF, lat. 217, aurait été partiellement sous-traitée à d’autres ateliers, comme cela se faisait à Paris (voir plus haut). Voir Toubert, « Influences gothiques », op. cit., p. 75.

VIII La décoration et son usage fonctionnel 

 171

présence d’une université depuis 1224 et par le studium des Dominicains installé à San Domenico Maggiore, circuit de production qui restera actif pendant la période angevine27. Malgré tout, l’enluminure italienne reste reconnaissable dans la plupart des cas : elle se distingue par le choix des couleurs, souvent beaucoup plus vives et variées que dans l’enluminure parisienne, même dans les bibles de petites dimensions. L’héritage du style byzantin est encore visible, notamment dans l’enluminure des bibles du nord-est de l’Italie, fortement influencée par Venise. Dans cette production, datable du troisième quart du XIIIe siècle et localisée plus précisément à Padoue et Venise28, on notera, en lieu et place des scènes parisiennes, une prédilection pour les initiales ornées (voir ill. 22) – géométriques, végétales ou zoomorphes – ou illustrées par un portrait, et qui se détachent sur un fond bleu ou beige ; l’usage de teintes vives et surtout quelques représentations iconographiques très particulières, qui fournissent un élément de localisation assez fiable : la présence fréquente d’atlantes soutenant les initiales, ainsi que de figures anthropozoomorphes dans les initiales des évangiles – en particulier un saint Jean avec tête et éventuellement pattes d’aigle. Au moins onze bibles29 de notre corpus, dont cinq consultées (ill. 4), présentent cette iconographie. Ces éléments dans la ligne de la tradition byzantine s’insèrent cependant dans un schéma décoratif repris essentiellement aux modèles parisiens. Ce groupe de bibles – auxquelles il faut certainement en ajouter d’autres dépourvues de cette iconographie spécifique mais dont le style est proche – est l’un des rares en dehors de Paris qui se distingue à la fois par l’enluminure et par ses caractéristiques codicologiques. En effet, cette production biblique padouane et vénitienne est presque exclusivement constituée de manuscrits portatifs. Sans doute des bibles portatives septentrionales sont-elles arrivées assez tôt dans les couvents franciscains et dominicains de cette région, et en particulier dans la bibliothèque Antoniana de Padoue30, l’une des plus anciennes bibliothèques franciscaines d’Italie. Elles auraient alors inspiré de manière déterminante les artisans locaux31.

27 Voir Magrini, « La Bibbia di Matheus de Planisio », op. cit., p. 1–3. 28 De manière générale, voir La miniatura a Padova dal Medioevo al Settecento, Baldissin Molli G. – Canova Mariani G. – Toniolo F. éd., Modena, 1999, p. 16–18. Pour un exemple de ce style, voir Bauer-Eberhardt U., « La Bibbia privata nel Duecento : un esemplare sconosciuto a Monaco di Baviera », Rivista di Storia della Miniatura, 11 (2007), p. 95–102. Pour la décoration des livres du Nouveau Testament, on verra aussi Eleen L., « A Thirteenth-Century Workshop of Miniature Painters in the Veneto », Arte Veneta, 39 (1985), p. 9–21, et Ead., « Acts Illustration in Italy and Byzantium », Dumbarton Oaks Papers, 31 (1977), p. 253–278. Quelques décennies avant la diffusion des bibles portatives dans cette région, se développe la production de nouveaux testaments portatifs dont la décoration est souvent proche de celle de nos bibles. C’est à la même époque que remonte aussi l’une des dernières bibles géantes produites au XIIIe siècle (Venezia, Bibl. Marciana, Lat. I. 1–4, 560×360 mm), fabriquée vraisemblablement à Venise et enluminée dans un style italo-byzantin qui présente déjà quelques influences françaises. Voir Garrison E. B., « A Giant Venetian Bible of the Earlier Thirteenth Century », dans Scritti di storia dell’arte in onore di Mario Salmi, I, Roma, 1961, p. 363–390. Par ailleurs, n’oublions pas que l’influence française s’était diffusée dans cette région grâce, aussi, à d’autres types de livres, tels les romans chevaleresques français. 29 Caen, BM, 2; Paris, BnF, lat. 174, 232, 13146 ; Wien, Österreichische Nationalbibliothek, 1101 ; olim Chester-Beatty 57 (vendu par Sotheby’s, 24.06.1969). À ces manuscrits déjà connus de François Avril (Avril et al., Manuscrits enluminés d’origine italienne, p. 3), il faudra ajouter Milano, Bibl. Nazionale Braidense, Gerli 59 et Città del Vaticano, BAV, Barb. lat. 414, Vat. lat. 30 et 31 (ill. 4). On trouve aussi un saint Marc à la tête de lion dans le manuscrit Cambridge (MA), Harvard University, Houghton Library, Typ 295 (voir les photos publiées sur le site Digital Scriptorium), donné comme originaire d’Italie et dont les caractères iconographiques et stylistiques permettent, à notre avis, une attribution à Padoue-Venise. Cette iconographie est d’ailleurs présente aussi dans quelques nouveaux testaments portatifs, légèrement antérieurs, originaires de la même région, et notamment dans le manuscrit Padova, Bibl. del Seminario Vescovile, 434 (saint Matthieu avec tête et pattes de bœuf). 30 Voir Dal poz, « Manoscritti francesi », op. cit., p. 392. Déjà vers 1240 cette bibliothèque s’enrichit d’une bible glosée en 25 volumes d’origine parisienne. Voir Luisetto G., « La biblioteca antoniana e i suoi manoscritti », dans Abate G. – Luisetto G., Codici e manoscritti della Biblioteca Antoniana col catalogo delle miniature, Vicenza, 1975 (Fonti e studi per la storia del Santo a Padova, 1–2), p. xiii–xliii : p. xxvii et, de manière générale, Giovè Marchioli N., « Circolazione libraria e cultura francescana nella Padova del Due e Trecento », dans Predicazione e società nel Medioevo : Riflessione etica, valori e modelli di comportamento, Atti del Medieval Sermon Studies Symposium, Padova, 14–18 luglio 2000, Gaffuri L. – Quinto R. éd., Padova, 2002, p. 131–141. 31 La moitié des bibles produites dans cette région conserve des indices d’utilisation par des frères. Quatre d’entre elles contiennent des arguments contre les « hérétiques » (voir plus haut, chapitre IV.h). Pour les autres caractéristiques matérielles et textuelles de ce groupe, voir aussi plus loin, chapitre IX.

172 

 VIII La décoration et son usage fonctionnel

Quant au style bolonais, le moins influencé par le style septentrional et peut-être le plus connu et étudié pour cette époque, il est très peu représenté dans notre corpus, à l’exception de quelques bibles tardives32. La production biblique, pourtant florissante, de cette ville ne semble pas avoir privilégié le format portatif33, bien que les commanditaires fussent souvent franciscains ou dominicains. Il en va de même à Rome, où une seule bible portative a été localisée par son enluminure d’inspiration française34, alors que quelques bibles de format supérieur y ont vraisemblablement été produites au XIIIe siècle. Notons pour finir que les quelques bibles portatives d’origine castillane, dont le décor est tout simplement filigrané, ont un aspect général qui trouve de manière évidente son inspiration dans les bibles portatives françaises. L’influence du style gothique septentrional semble avoir été prépondérante dans le royaume de Castille au XIIIe siècle, en particulier à l’époque d’Alphonse X le Sage35, peut-être par l’intermédiaire de Blanche de Castille ou du réseau franciscain. Ces bibles se distinguent cependant par la présence assez singulière d’un décor vermiculé à la plume rouge ou bleue et d’initiales à rinceaux réservés assez caractéristiques36 (voir ill. 12). Trois bibles de notre corpus sont d’origine catalane, mais cette région se caractérise plutôt par la production de bibles de dimensions plus grandes, dont l’enluminure s’inspire du style parisien37.

a Les initiales Venons-en aux aspects plus typologiques et fonctionnels de l’apparat décoratif en concentrant l’analyse sur notre corpus de manuscrits consultés. Bien que l’apparat décoratif relève de deux phases différentes de la fabrication, l’une confiée au rubricateur et l’autre à l’enlumineur, nous analyserons ensemble les deux phases en commençant par les éléments les plus importants, les initiales, pour aborder ensuite la réalisation des éléments péritextuels. En feuilletant une bible du XIIIe siècle, on remarque toujours la présence de trois types d’initiales différentes qui présentent, dans la quasi-totalité des cas, une hiérarchie portant à la fois sur les dimensions et la typologie : les initiales des livres, des prologues et des chapitres, auxquelles s’ajoutent parfois des initiales rehaussées au début des versets. Laissons pour l’instant de côté les initiales de chapitres, dont l’ornementation peut être plus ou moins riche en détails, mais qui sont presque toujours filigranées, et concentrons-nous sur la hiérarchie entre les deux premiers niveaux. Leur décoration est particulièrement intéressante, non seulement parce qu’elle nous offrira la possibilité d’observer les caractères stylistiques nationaux que nous venons d’exposer, mais aussi parce qu’elle nous aidera à évaluer sous un jour différent la répartition géographique de la production globale. Dans les Tableaux 133 et 134, nous avons regroupé les manuscrits en classes en fonction du rapport hiérarchique entre les deux initiales principales. Bien évidemment, nous avons simplifié à dessein la description de l’ini-

32 La plus petite de notre corpus (146×100 mm) est le manuscrit London, British Library, Egerton 2908, datable du troisième quart du siècle, qui est munie d’un calendrier franciscain. Elle est suivie par une bible en deux volumes, (190×130 mm), destinée elle aussi à un franciscain : Paris, Archives de la Compagnie de Saint-Sulpice, 1972–1973 (voir Gousset M.-T., « Un témoignage inédit de l’enluminure bolonaise du XIIIe siècle », Revue de l’art, 55 [1982], p. 53–55). Sur les dix-huit bibles d’origine bolonaise recensées dans notre grand corpus, dix ont été utilisées par des frères mendiants. 33 Voir aussi Magrini, « Production and Use », op. cit., p. 217, 222–223. 34 Poitiers, BM, 11 (206×143 mm). Voir Bilotta M. A., « La Bibbia ms. 11 della Médiathèque di Poitiers : un testimone della miniatura a Roma nella seconda metà del Duecento », dans La pensée du regard. Études d’histoire de l’art du Moyen Âge offertes à Christian Heck, Charron P. – Gil G. – Vilain A. éd., Turnhout, 2016, p. 47–60. Pour d’autres bibles produites à Rome, voir Casavecchia R., « Una Bibbia inedita a Montecassino: il ms. Archivio Privato dell’Abbazia, 3 », Scrineum Rivista, 15 (2018), p. 155–213. 35 Le roi aurait par ailleurs commandité une bible en deux volumes, portant un texte de type parisien, qui présente quelques traits codicologiques en commun avec les bibles portatives. Voir Rodríguez Díaz E. E. – García Martínez A. C., « Un códice de la biblioteca de Alfonso X en la Catedral de Sevilla. Estudio codicológico y paleográfico de la Biblia de Pedro de Pamplona », dans Sevilla 1248. Congreso Internacional Conmemorativo del 750 Aniversario de la Conquista de la Ciudad de Sevilla por Fernando III, Rey de Castilla y León, Sevilla, 2000, p. 919–928. 36 Voir Avril et al., Manuscrits enluminés de la péninsule ibérique, op. cit., p. 71 et pl. CVII. Les catalogues des bibliothèques espagnoles ne fournissent pas davantage de renseignements au sujet de la décoration des bibles. 37 Voir Escandell Proust I., « La recepción y adopción de modelos pictóricos en las Biblias catalanas del siglio XIII », dans Medieval Europe in Motion, op. cit., p. 251–269.

a Les initiales 

 173

Tableau 133: Typologie des initiales des livres et des prologues selon le pays d’origine. Initiales des livres – initiales des prologues

 

Angleterre

France

toutes historiées – ornées38

Italie

autres pays ou origine inconnue

total

mss % mss

 11  20,8%

 52  37,4%

 10  11,1%

  8  11,0%

 81  22,8%

historiées/ornées – ornées

mss % mss

  4   7,5%

 18  12,9%

 12  13,3%

  2   2,7%

 36  10,1%

ornées – ornées

mss % mss

  7  13,2%

 14  10,1%

  7   7,8%

  5   6,8%

 33   9,3%

ornées – filigranées

mss % mss

  9  17,0%

 23  16,5%

 25  27,8%

 11  15,1%

 68  19,2%

filigranées – filigranées

mss % mss

 18  34,0%

 32  23,0%

 28  31,1%

 47  64,4%

125  35,2%

réservées ou absentes

mss % mss

  4   7,5%

    0,0%

  8   8,9%

    0,0%

 12   3,4%

total mss

 

 53

139

 90

 73

355

total % mss

 

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

tiale : nous appelons « initiale historiée » toute initiale qui présente une scène avec des personnages, y compris les simples portraits ; « initiale ornée », toute autre initiale décorée au pinceau (initiales champies, à rinceaux, phytomorphes, zoomorphes ...) ; « initiale filigranée », toute initiale qui présente une décoration à la plume rouge et bleue, y compris les initiales « en puzzle », c’est-à-dire celles où les deux couleurs se côtoient en dents de scie. Dans certains cas, la décoration des initiales des livres n’est pas uniforme et peut présenter deux niveaux hiérarchiques (deuxième ligne du Tableau 133 et 134) 39. Avant toute considération sur la diversité des solutions privilégiées dans chaque pays, ces tableaux suggèrent deux observations importantes. Tout d’abord, 35,2% des manuscrits ne présentent qu’une décoration filigranée. Il s’agit donc d’une part non négligeable de la production qui était de toute manière moins coûteuse. Si l’on tient compte, par ailleurs, du taux de perte vraisemblablement beaucoup plus élevé pour les manuscrits à décor filigrané que pour les manuscrits enluminés, on peut raisonnablement supposer que la part de ces manuscrits de fabrication plus courante dans la production générale était en réalité proportionellement plus importante40. Au vu de ces premières observations, un autre constat s’impose avec force : dans la classe qui comprend les manuscrits des autres pays ou d’origine inconnue, le pourcentage des volumes dont la décoration est exclusivement filigranée est beaucoup plus élevé que dans le reste du corpus : 64,4% (Tableau 133). D’un examen plus détaillé de cette classe, il ressort que dans la péninsule ibérique et dans les pays germaniques une préférence se manifestait pour le décor filigrané, mais aussi que la catégorie « origine indéterminée » comprend presque exclusivement des manuscrits où la décoration est de ce type. Cette anomalie n’a bien sûr rien à voir avec la réalité ; elle indique plutôt qu’en l’absence d’une décoration au pinceau, il est moins aisé de localiser un manuscrit. Comme nous l’avons déjà noté, la plupart des catalogues s’abstiennent de localiser les manuscrits non enluminés, ce qui est tout à fait compréhensible. Compte tenu des tendances observées à propos des caractéristiques textuelles et codicologiques – qui faisaient constamment apparaître une proximité de cette classe avec la France –, on peut en déduire que la plupart de ces manuscrits d’origine indéterminée devraient sans doute migrer dans la classe « France ». Si ce transfert ne devrait pas altérer les résultats déjà obtenus par ailleurs, il n’en irait pas de même pour la décoration : le 38 Les très rares cas de « saut de hiérarchie » (initiales des livres historiées – initiales des prologues filigranées) ont été également insérés dans cette catégorie. 39 De cette classe, nous avons cependant exclu les manuscrits dont les seules initiales historiées sont celles du premier prologue et celle de la Genèse. Ces manuscrits sont classés d’après les caractères des initiales des autres livres bibliques. 40 Ainsi, on doit admettre qu’au moins un tiers de la production a été, à quelques exceptions près, complètement ignoré dans les études sur la décoration du XIIIe siècle, qu’il s’agisse de la monographie de Branner, des articles des historiens de l’art ou des catalogues d’exposition. Bien que dans une moindre mesure, on peut ajouter à cet ensemble 30% des bibles du corpus qui présentent une décoration au pinceau, mais non historiée.

174 

 VIII La décoration et son usage fonctionnel

pourcentage des manuscrits à décor filigrané se rapprocherait probablement beaucoup plus de celui de l’Italie et de l’Angleterre, pays dont les spécificités textuelles et codicologiques favorisent incontestablement la localisation des manuscrits, et pour lesquels on peut légitimement supposer que la distribution observée est plus proche de la situation véritable. Tableau 134: Typologie des initiales des livres et des prologues à Paris et en France sans Paris. Initiales des livres – initiales des prologues

 

Paris

France sans Paris

total

toutes historiées – ornées

mss % mss

 39  52,7%

 13  20,0%

 52  37,4%

historiées/ornées – ornées

mss % mss

 11  14,9%

  7  10,8%

 18  12,9%

ornées – ornées

mss % mss

  9  12,2%

  5   7,7%

 14  10,1%

ornées – filigranées

mss % mss

 11  14,9%

 12  18,5%

 23  16,5%

filigranées – filigranées

mss % mss

  4   5,4%

 28  43,1%

 32  23,0%

total mss

 

 74

 65

139

total % mss

 

100,0%

100,0%

100,0%

Enfin, le Tableau 134 fait apparaître un écart considérable entre le pourcentage des manuscrits à décor filigrané qui ont été localisés à Paris (5,4%) et celui des autres manuscrits français (43,1%). Ces deux pourcentages sont « suspects » : le premier est trop faible et le second trop élevé, compte tenu de la distribution observée en Italie et en l’Angleterre. Là encore, les anomalies peuvent être expliquées. Comme nous l’avons dit, l’appellation « France sans Paris » se rapporte moins à des manuscrits produits dans d’autres régions de France qu’à des volumes d’apparence française dont l’origine parisienne ne peut être établie avec certitude. Cependant, ce groupe ne constitue pas un artefact, car ses caractéristiques paratextuelles et codicologiques le distinguent à la fois de la production anglaise et italienne et des manuscrits dont la localisation parisienne ne fait aucun doute. C’est cette dernière catégorie qui, dans les faits, soulève des problèmes. Car sur quoi se fonde, en substance, la certitude d’une origine parisienne ? Essentiellement sur l’enluminure et – mais seulement en second lieu – sur la présence du « texte de l’Université », d’un parchemin blanc et fin, puis, très loin derrière, sur d’autres aspects codicologiques. Or, si ces indicateurs permettent à eux seuls de conclure à une origine parisienne, cela n’implique pas, inversement, que toute la production parisienne possède ces caractéristiques : des manuscrits à décor filigrané dépourvus des attributs typiquement parisiens, en ce sens qu’ils témoignent d’une tradition textuelle mixte et présentent une mise en page moins standardisée, ont ainsi pu échapper à une localisation plus précise. En d’autres termes, l’identification exclusive de la production parisienne avec celle, très standardisée, émanant du circuit de transmission des stationnaires, a empêché l’attribution à Paris des manuscrits qui ne semblent être ni anglais ni italiens mais qui, en même temps, ne sont pas « parisiens parfaits » dans tous leurs aspects41. Ainsi, même si le grand nombre de manuscrits de luxe dans la production parisienne est incontestable, la part des produits plus courants pourrait s’en trouver augmentée, ce qui devrait conduire à rééquilibrer l’image d’une bible portative parisienne où les volumes richement enluminés prédomineraient largement.

41 Cette problématique vient donc s’ajouter à la confusion qui existe déjà entre « Bible de Paris » (= « texte de l’Université »), bible d’origine parisienne et bible portative.

a Les initiales 

 175

Tableau 135: Bibles d’origine française : typologie des initiales selon la blancheur du parchemin.42 Initiales des livres – initiales des prologues

 

0–1

toutes historiées – ornées

mss % mss

31 43,7%

 6 18,8%

37 35,9%

historiées/ornées – ornées

mss % mss

10 14,1%

 4 12,5%

14 13,6%

ornées – ornées

mss % mss

11 15,5%

 2 6,3%

13 12,6%

ornées – filigranées

mss % mss

11 15,5%

 7 21,9%

18 17,5%

filigranées – filigranées

mss % mss

 8 11,3%

13 40,6%

21 20,4%

total mss

 

71

32

total % mss

 

100,0%

2–3

100,0%

total

103 100,0%

Les données des Tableaux 135–137 confortent cette interprétation. Ces tableaux, qui ne sont pas biaisés par l’absence de localisation ou par le caractère nécessairement subjectif de cette dernière, montrent très bien que les initiales historiées sont plus fréquentes en France non seulement quand le parchemin a été beaucoup travaillé, mais aussi dans les manuscrits de très petite taille et dans les manuscrits avec l’habillage du texte de type « parisien parfait ». Ils mettent ainsi en évidence de manière incontestable l’existence d’une production très standardisée alliant nouveauté textuelle, dimensions très petites, parchemin très fin et enluminure de haut niveau. En revanche, on trouve davantage de décors filigranés dans les manuscrits relativement « grands » qui présentent un niveau de fabrication plus courant et/ou un texte mixte, voire non parisien. Dans le doute, ces derniers ont été plus facilement classés – par les catalogueurs et par nous-même – dans la catégorie générique « France » plutôt que « Paris », mais il est très vraisemblable que beaucoup d’entre eux ont également été produits dans cette ville. Deux arguments plaident en faveur de cette hypothèse : d’une part, même lorsque l’origine parisienne est avérée, les manuscrits de format plus grand sont moins standardisés et contiennent plus souvent un texte avec des caractéristiques anciennes43 ; d’autre part, il est peu vraisemblable qu’à Paris l’on ait produit seulement 5,4% de bibles à décor filigrané (Tableau 134), alors que la plupart des acquéreurs potentiels des bibles portatives – et parmi eux les très nombreux frères mendiants44 – ne pouvaient prétendre acquérir une bible richement enluminée45. Cela dit, les tableaux précédents où les résultats ont été ventilés entre « Paris » et « France sans Paris » gardent toute leur validité, parce qu’ils font justement ressortir les caractéristiques propres aux bibles issues du circuit de stationnaires, tout en fournissant des données de référence pour cette production mieux connue et dont la localisation est plus assurée. Il découle de cette analyse que les innovations techniques plus poussées dont il a été question jusqu’ici ont expressément été mises en œuvre au service d’une production assez luxueuse, mais qui n’était sans doute pas aussi exclusive qu’on l’a longtemps cru. La part des manuscrits à décor filigrané, déjà assez importante au niveau global, pourrait l’avoir été également à Paris, où les commanditaires de ce genre de manuscrit ne devaient certainement pas manquer. Nous aurions ainsi affaire à une production de double nature : d’une part, de minuscules bibles de luxe, dont les dimensions et la sophistication technique constituaient en elles-mêmes un attrait et dont l’acquisition a pu devenir une mode auprès d’un public aisé ; d’autre part, un grand nombre de bibles portatives moins miniaturisées, et certainement beaucoup moins chères, destinées

42 Pour les notes, voir chapitre V.a. L’indicateur « épaisseur du parchemin » donne les mêmes résultats. 43 Voir plus haut, chapitre IV.f. 44 On verra par ailleurs que, parmi les bibles qui ont appartenu à des frères mendiants, celles à décor plus simple sont les plus nombreuses. Voir plus loin, chapitre X.b. 45 Notre interprétation justifierait a posteriori le choix (dicté, il est vrai, également par des soucis d’ordre pratique) de réunir dans la plupart des tableaux toute la production française sous une même étiquette.

176 

 VIII La décoration et son usage fonctionnel

Tableau 136: Manuscrits d’origine française : typologie des initiales selon les dimensions. Initiales des livres – initiales des prologues

 

≤230 mm

231–280 mm

281–330 mm

331–380 mm

381–450 mm

toutes historiées – ornées

mss % mss

 7 41,2%

17 34,7%

 9 30,0%

 6 37,5%

11 44,0%

50 36,5%

historiées/ornées – ornées

mss % mss

 5 29,4%

 7 14,3%

 3 10,0%

 2 12,5%

 1 4,0%

18 13,1%

ornées – ornées

mss % mss

 2 11,8%

 7 14,3%

 3 10,0%

 

0,0%

 2 8,0%

14 10,2%

ornées – filigranées

mss % mss

 2 11,8%

11 22,4%

 3 10,0%

 3 18,8%

 4 16,0%

23 16,8%

filigranées – filigranées

mss % mss

 1 5,9%

 7 14,3%

12 40,0%

 5 31,3%

 7 28,0%

32 23,4%

total mss

 

17

49

30

16

25

total % mss

 

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

total

137 100,0%

Tableau 137: Manuscrits d’origine française : typologie des initiales selon l’habillage du texte. Initiales des livres – initiales des prologues

 

non parisien

toutes historiées – ornées

mss % mss

 1 16,7%

 

0,0%

11 27,5%

34 43,6%

46 36,2%

historiées/ornées – ornées

mss % mss

 

 1 33,3%

 6 15,0%

11 14,1%

18 14,2%

ornées – ornées

mss % mss

 

 

0,0%

 4 10,0%

10 12,8%

14 11,0%

ornées – filigranées

mss % mss

 1 16,7%

 1 33,3%

 7 17,5%

12 15,4%

21 16,5%

filigranées – filigranées

mss % mss

 4 66,7%

 1 33,3%

12 30,0%

11 14,1%

28 22,0%

total mss

 

 6

 3

40

78

total % mss

 

0,0% 0,0%

100,0%

capitulation seule

100,0%

mixte

100,0%

parisien parfait

100,0%

total

127 100,0%

à devenir de véritables outils de travail46. Ces réserves étant posées, nous pouvons toutefois affirmer que l’initiale historiée a eu en France un succès certain même dans des manuscrits de petites dimensions, qui de ce fait n’étaient pas destinés à héberger des initiales très riches en détails. Les manuscrits munis d’initiales historiées se concentrent en effet dans les deux premières tranches dimensionnelles, puis dans la plus grande, alors que la tranche intermédiaire comporte un pourcentage élevé (40%) de manuscrits à décor filigrané (Tableau 136). Le même phénomène se produit, comme on le verra, dans tous les pays. On notera aussi qu’en France l’initiale ornée est nettement moins représentée : elle semble n’avoir joué qu’un rôle utilitaire au niveau hiérarchique, permettant une meilleure identification des prologues. La situation est différente dans les manuscrits d’origine anglaise et italienne, pour lesquels les résultats de la ventilation par type d’initiales a beaucoup moins souffert des biais induits par les intérêts très ciblés des historiens de l’enluminure. Dans ces deux pays, environ le tiers des bibles possède un décor filigrané, et parmi les manuscrits à décoration peinte, la lettre ornée a eu beaucoup plus de succès qu’en France. En Italie, en particulier, plus du tiers des bibles ne comporte que des initiales ornées sans figures humaines, mais l’option « modeste » qui réduit l’enluminure 46 On verra que 51% des bibles ayant été utilisées par les frères des ordres mendiants se retrouvent précisément dans la classe « 231–330 mm avec décor mixte orné-filigrané ou exclusivement filigrané ». Voir plus loin, X.b. Voir aussi la corrélation entre les marginalia, la taille et la richesse, chapitre X.c.

a Les initiales 

 177

Tableau 138: Manuscrits d’origine italienne : typologie des initiales selon les dimensions. Initiales des livres – initiales des prologues

 

231–280 mm

281–330 mm

331–380 mm

381–450 mm

toutes historiées – ornées

mss % mss

 

historiées/ornées – ornées

total

  0,0%

  5  12,5%

  1   6,7%

  4  18,2%

 10  11,1%

mss % mss

  3  23,1%

  3   7,5%

  3  20,0%

  3  13,6%

 12  13,3%

ornées – ornées

mss % mss

  2  15,4%

  1   2,5%

  1   6,7%

  3  13,6%

  7   7,8%

ornées – filigranées

mss % mss

  6  46,2%

  9  22,5%

  4  26,7%

  6  27,3%

 25  27,8%

filigranées – filigranées

mss % mss

  1   7,7%

 20  50,0%

  3  20,0%

  4  18,2%

 28  31,1%

réservées ou absentes

mss % mss

  1   7,7%

  2   5,0%

  3  20,0%

  2   9,1%

  8   8,9%

total mss

 

 13

 40

 15

 22

 90

total % mss

 

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

aux quelques initiales des livres principaux est elle aussi bien représentée (Tableau 138). Tandis qu’en France la tranche dimensionnelle la mieux représentée (231–280 mm) est aussi celle qui présente le plus haut pourcentage de manuscrits à initiales historiées (49%), en Italie la tranche la plus représentée (281–330 mm) offre le plus haut pourcentage de manuscrits à décor filigrané (50%). Dans les manuscrits ayant moins de 330 mm de taille, la richesse se concrétise plutôt dans la présence d’initiales ornées. Le panorama offert par l’Angleterre (Tableau 139) confirme la préférence pour le décor filigrané dans les manuscrits de petit format. Cependant, les initiales historiées y sont également attestées, mais elles ont incontestablement davantage de succès dans les manuscrits plus grands. Notons aussi que le filigrane bleu peut présenter en Angleterre une forte nuance verte (30% des cas environ). Plus de la moitié des initiales filigranées, tous pays confondus, sont des initiales dites « en puzzle » (67% en France, 50% en Angleterre et 45% en Italie). En cas de décor exclusivement filigrané, elles permettent de hiérarchiser les initiales de livres, en puzzle, et les initiales des prologues, simples. Tableau 139: Manuscrits d’origine anglaise : typologie des initiales selon les dimensions. Initiales des livres – initiales des prologues

 

≤280 mm

281–330 mm

331–450 mm

toutes historiées – ornées

mss % mss

 3 15,8%

   0,0%

 8 38,1%

11 20,8%

historiées/ornées – ornées

mss % mss

 1  5,3%

   0,0%

 3 14,3%

 4   7,5%

ornées – ornées

mss % mss

 3 15,8%

 2 15,4%

 2  9,5%

 7 13,2%

ornées – filigranées

mss % mss

 3 15,8%

 5 38,5%

 1  4,8%

 9 17,0%

filigranées – filigranées

mss % mss

 7 36,8%

 4 30,8%

 7 33,3%

18 34,0%

réservées ou absentes

mss % mss

 2 10,5%

 2 15,4%

   0,0%

4   7,5%

total mss

 

19

13

21

total % mss

 

100,0%

100,0%

100,0%

total

53 100,0%

178 

 VIII La décoration et son usage fonctionnel

Trois initiales méritent un exposé spécifique : celle du premier prologue, Frater Ambrosius – qui constitue la page d’ouverture de la Bible –, l’initiale I de la Genèse, avec les sept jours de la Création, et l’initiale L de l’évangile de Matthieu47. Les deux premières ont été plus souvent mutilées du fait de leur position au tout début des manuscrits : l’initiale F est perdue dans 9% des cas, l’initiale I dans 5,5%. Dans un très petit nombre de manuscrits, ces initiales ont même été découpées aux ciseaux à l’époque moderne. Nous avons exclu ces manuscrits des tableaux suivants, mais on peut supposer qu’il s’agissait toujours d’initiales historiées. Tableau 140: Typologie de l’initiale du premier prologue selon le pays d’origine. Initiale Frater

Angleterre

France

Italie

autres pays ou origine inconnue

total

Jérôme écrivant

34,9%

59,0%

33,9%

22,2%

41,4%

ornée

34,9%

20,0%

35,6%

22,2%

26,6%

filigranée

30,2%

21,0%

30,5%

55,6%

32,0%

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

total

Tableau 141: Typologie de l’initiale de la Genèse selon la taille. Initiale Genèse 7 jours de la Création Christ ou autre scène ornée filigranée total

≤230 mm

231–280 mm

281–330 mm

331–380 mm

381–450 mm

total

78,3% 0,0% 13,0% 8,7%

47,7% 3,5% 26,7% 22,1%

32,6% 3,2% 23,2% 41,1%

38,3% 8,5% 31,9% 21,3%

66,7% 0,0% 13,0% 20,4%

47,2% 3,3% 23,0% 26,6%

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

Tableau 142: Typologie de l’initiale de la Genèse selon le pays d’origine. Initiale Genèse 7 jours de la Création Christ ou autre scène ornée filigranée total

Angleterre

France

Italie

autres pays ou origine inconnue

total

41,9% 2,3% 30,2% 25,6%

63,3% 1,6% 18,8% 16,4%

39,2% 9,5% 25,7% 25,7%

29,0% 0,0% 22,6% 48,4%

47,6% 3,3% 22,8% 26,4%

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

L’initiale F du premier prologue constitue la page d’ouverture de la bible dans la quasi-totalité des cas. Cette page ne présente pas une décoration beaucoup plus riche que les autres ; elle est d’ordinaire dépourvue de décoration encadrant les marges. En revanche, l’initiale elle-même peut présenter un niveau de décoration plus élevé : elle est historiée dans bien des manuscrits où les initiales des livres sont normalement ornées (23% des cas), voire simplement filigranées (6% des cas). La seule scène répertoriée représente saint Jérôme en train d’écrire sa lettre à Paulin48. Elle est diffusée dans tous les pays, mais beaucoup plus fréquente en France (Tableau 140). Comme la première initiale, la lettre I de la Genèse peut elle aussi être historiée dans des bibles dont l’apparat décoratif est substantiellement plus simple. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la miniaturisation des bibles n’est nullement un obstacle à l’insertion des sept jours de la Création, puisque cette représentation iconographique est bien attestée, et même très majoritaire (78,3%) dans les

47 Cette initiale, normalement précédée par un ou plusieurs prologues, ne forme presque jamais une seconde page d’ouverture, même dans les cas où il y a une discontinuité modulaire au début du Nouveau Testament. 48 Cependant, dans certains cas, on trouve un personnage avec mitre d’évêque, ce qui est peut-être dû à une confusion entre l’Ambrosius cité au début de la lettre et l’évêque de Milan saint Ambroise.

a Les initiales 

 179

bibles les plus petites (Tableau 141) ; elle semble constituer un attribut indispensable des bibles de luxe. La présence d’autres images, tel un Christ en majesté, est beaucoup plus rare et presque seulement attestée en Italie (Tableau 142). Il en va autrement pour l’initiale L de l’évangile de Matthieu. Elle est moins souvent historiée et, à la différence des deux autres, il arrive qu’elle présente un décor d’un niveau inférieur aux initiales des autres livres49. Contrairement aux deux initiales déjà commentées, l’iconographie est ici plus variée : si la version simplifiée de l’arbre de Jessé est la scène la plus fréquente, elle peut être remplacée, surtout en Italie et en Angleterre (Tableau 143), par le portrait de l’évangéliste ou celui de son animal symbolique ou, encore plus rarement, par une Nativité. Tableau 143: Typologie de l’initiale de l’évangile de Matthieu selon le pays d’origine. Initiale de l’évangile de Matthieu arbre de Jessé portrait de Matthieu écrivant symbole de Matthieu autres scènes historiées ornée filigranée total

Angleterre

France

Italie

autres pays ou origine inconnue

total

15,6% 8,9% 2,2% 4,4% 31,1% 37,8%

44,6% 3,3% 2,5% 0,8% 27,3% 21,5%

10,4% 7,8% 5,2% 2,6% 39,0% 35,1%

11,1% 1,6% 0,0% 0,0% 17,5% 69,8%

24,8% 4,9% 2,6% 1,6% 28,8% 37,3%

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

autres pays ou origine inconnue

ensemble

Tableau 144: Présence de l’or dans l’apparat décoratif selon le pays d’origine. Or

 

Angleterre

absent

mss % mss

27 51,9%

45 34,1%

55 65,5%

53 72,6%

180 52,8%

une ou deux pages53

mss % mss

 7 13,5%

 8 6,1%

 9 10,7%

 3 4,1%

27 7,9%

présent

mss % mss

18 34,6%

79 59,8%

20 23,8%

17 23,3%

134 39,3%

total mss

 

52

84

73

341

total % mss

 

100,0%

France

132 100,0%

Italie

100,0%

100,0%

100,0%

En dehors de ces initiales historiées spécifiques, la présence d’illustrations est extrêmement rare51 et constitue toujours un indice de richesse. Seulement 19 des manuscrits consultés (5,3%) en contiennent. Un seul manuscrit de petit format et d’origine anglaise, London, British Library, Arundel 250, présente une série de six illustrations en pleine page. Dans les autres cas, il s’agit de petits tableaux occupant une demi-page ou, plus souvent, une demi-colonne et représentant une crucifixion (trois cas dans des missels abrégés), une Vierge ou un Christ en majesté. Ces tableaux sont normalement insérés avant la Genèse. La présence de l’or suit la même logique que les initiales historiées (Tableaux 144–145). Il est utilisé plus fréquemment en France que dans les autres pays, surtout dans les manuscrits de petite taille. Par contre, on y recourt moins dans la tranche 281–330 mm, la plus étoffée en volumes, mais où il y en a davantage à décor filigrané. Dans les manuscrits où il est présent, l’or est utilisé avec une certaine parcimonie : il n’est presque jamais employé en dehors des initiales52 et

49 La décoration du Nouveau Testament est souvent moins riche que celle de l’Ancien : les initiales peuvent être d’une taille inférieure et, dans le cas d’une alternance entre initiales historiées et ornées, ces dernières sont utilisées plus fréquemment dans le Nouveau Testament. 50 En général, la page d’ouverture et l’initiale de la Genèse. 51 Les drôleries dans les marges sont aussi presque complètement absentes. 52 Les cas où il est utilisé ailleurs sont extrêmement rares : Milano, Bibl. Ambrosiana, R 2 sup, d’origine italienne (alternance or/bleu dans les titres courants et les numéros de chapitre) ; Den Haag, Koninklijke Bibliotheek, 76 F 23, d’origine française (or aussi dans les numéros et les initiales des chapitres).

180 

 VIII La décoration et son usage fonctionnel

même dans ce cas, sa présence est circonscrite aux boutons typiques de l’encadrement des initiales parisiennes et aux auréoles. Les initiales historiées sur fond doré sont également rares : on ne les trouve que dans une dizaine de bibles, pour la plupart d’origine anglaise. Cette utilisation généralisée, mais sobre, de l’or dans les initiales semble donc une caractéristique de la production parisienne de bibles portatives53. De plus, dans environ 35% des manuscrits d’origine française, il ne s’agit pas d’or à la feuille, mais plutôt d’un travail au pinceau. Tableau 145: Présence de l’or dans l’apparat décoratif selon la taille. Taille

 

absent

une ou deux pages

présent

≤230 mm

mss % mss

 8 32,0%

1 4,0%

16 64,0%

 25 100,0%

231–280 mm

mss % mss

39 43,3%

10 11,1%

41 45,6%

 90 100,0%

281–330 mm

mss % mss

79 70,5%

9 8,0%

24 21,4%

112 100,0%

331–380 mm

mss % mss

27 48,2%

3 5,4%

26 46,4%

56 100,0%

381–450 mm

mss % mss

27 46,6%

4 6,9%

27 46,6%

58 100,0%

total mss

 

total % mss

 

180 52,8%

27 7,9%

134 39,3%

total

341 100,0%

Les initiales des chapitres sont toujours décorées à la plume. À trois exceptions près : la bible parisienne de luxe et très tardive Paris, BnF, lat. 248 (1–2), dont il a déjà été question54, qui présente de petites initiales ornées ; et deux manuscrits où les débuts de chapitres ne sont mis en évidence que par un signe de paragraphe à l’encre rouge55. Dans tous les autres manuscrits, ces initiales, qui occupent d’ordinaire deux lignes en hauteur, présentent une décoration à la plume plus ou moins élaborée (Tableau 146). Le niveau de décoration le plus simple consiste en une initiale en couleur rouge ou bleue alternée56 ; on passe ensuite à différentes formes de lettres filigranées dont le corps est alternativement rouge et bleu, avec des paraphes plus ou moins longs et développés. Une forme particulière est constituée par le filigrane à « bande d’I », typique de Paris (présent dans 31% des manuscrits en France et dans quelques cas d’imitation, en Angleterre et en Italie), qui dans ses réalisations les plus développées se présente comme une bande continue tout au long du côté gauche des colonnes (voir ill. 16–17). Les initiales simples en couleur sont très rares quand les initiales des livres et des prologues sont peintes (seulement 6% des cas). Elles sont au contraire beaucoup plus nombreuses quand le décor est filigrané (28%), car elles s’inscrivent alors dans une échelle hiérarchique : initiales des livres en puzzle, initiales des prologues filigranées, initiales des chapitres nues en couleur. Elles sont également plus fréquentes en Italie et en Angleterre qu’en France, dans les manuscrits de taille supérieure ou qui contiennent un texte ancien. Les initiales des psaumes présentent le même niveau de décoration que les initiales de chapitres : elles sont toutes filigranées ou, plus rarement, peintes en rouge, à l’exception des huit psaumes indiquant la division fériale du Psautier, lesquels présentent des initiales historiées, ornées ou filigranées (mais elles sont alors plus grandes), en accord avec l’ornementation des livres bibliques.

53 Le fond d’or est au contraire utilisé dans certaines bibles de grand format enluminées dans les ateliers parisiens. 54 Voir chapitre VI.h et ill. 14. 55 Paris, BnF, lat. 13141 et lat. 16258–16259. 56 Dans 15% des cas, elles ne sont que rouges. Sur l’alternance des couleurs, voir aussi plus loin.

b Les rubriques et les incipit, les numéros de chapitre et les titres courants 

 181

Tableau 146: Typologie des initiales des chapitres selon le pays d’origine. Initiales des chapitres

 

Angleterre

en couleur

mss % mss

11 21,2%

10 7,4%

16 18,2%

23 31,9%

60 17,2%

filigranées

mss % mss

41 78,8%

126 92,6%

72 81,8%

49 68,1%

288 82,8%

total mss

 

52

136

88

72

348

total % mss

 

100,0%

France

Italie

100,0%

autres pays ou origine inconnue

100,0%

100,0%

total

100,0%

Le passage d’un verset à l’autre est normalement indiqué par un signe de ponctuation suivi d’une lettre majuscule parfois rehaussée de rouge57. La présence de ces capitales rehaussées de couleur n’est pas corrélée à la typologie des initiales des autres niveaux hiérarchiques, mais plutôt à l’origine : elles sont plus fréquentes en Angleterre et en France (notamment dans les manuscrits avec un contenu de type parisien, où elles apparaissent dans 79% des cas), moins en Italie. Dans les Psaumes, les versets se distinguent, dans 90% des cas, par une lettrine rouge ou bleue en alternance, mais parfois les initiales peuvent aussi être simples ou seulement rehaussées. Cette dernière solution, qui permet de gagner de l’espace, est adoptée dans un quart des bibles ayant une taille inférieure à 230 mm. Tableau 147: Typologie des initiales des versets selon le pays d’origine. Initiales des versets simples rehaussées total

Angleterre

France

Italie

autres pays ou origine inconnue

total

35,6% 64,4%

29,5% 70,5%

46,0% 54,0%

43,8% 56,3%

37,3% 62,7%

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

b Les rubriques et les incipit, les numéros de chapitre et les titres courants Nous avons déjà fait allusion à l’existence de deux types différents de rubriques, celles des Psaumes et celles du Cantique des cantiques58. Il faut maintenant se pencher sur les titres, généralement très courts, des livres et des prologues, qui sont en lettres minuscules rubriquées. Cet usage – qui constitue la norme dans les manuscrits médiévaux – est bien sûr systématique dans tous les pays. On observe pourtant un pourcentage relativement élevé (10,7%) de manuscrits où l’espace a été réservé mais où la rubrication n’a pas été réalisée. Si, comme on l’a vu, ce phénomène peut parfois concerner d’autres éléments de la décoration, il est assurément plus fréquent dans le cas des rubriques. En France, et surtout dans la production standardisée d’origine parisienne, l’absence de rubrication reste tout de même extrêmement rare (6,1%), contrairement à ce qui se constate en Italie (11,3%) et surtout en Angleterre (voir ill. 11), où ce pourcentage monte à 23,1%. On pourrait y voir le reflet de la mise en œuvre, à Paris, d’un circuit de production assez contraignant et parfaitement rodé qui laissait peu de place aux initiatives isolées du commanditaire et aux aléas conjoncturels. Par ailleurs, il y a dans nos bibles deux manières différentes de disposer les rubriques. La disposition traditionnelle consiste à copier la rubrique à la suite du livre ou du prologue précédent, en occupant la totalité de la ligne ou des lignes consécutives nécessaires. On rencontre cependant fréquemment une autre disposition : le texte du livre commence à la première ligne qui suit le texte précédent, mais l’espace pour son titre est découpé en forme de triangle à l’intérieur de la justification, dans les premières lignes du texte concerné, adossé à la marge de droite de la colonne (ill. 17). Cette dernière disposition est majoritaire en France et assez fréquente en Angleterre, mais rare en Italie, où l’on préfère la 57 Rappelons que, si la division en versets n’est pas encore fixée au XIIIe siècle, elle est relativement constante dans les manuscrits qui présentent le « texte de l’Université ». 58 Voir chapitre IV.c-d.

182 

 VIII La décoration et son usage fonctionnel

transcription sur la totalité de la ligne (Tableau 148). En France, l’usage des titres « inclus » est corrélé aux dimensions : les manuscrits véritablement portatifs présentent quasi exclusivement la forme incluse, qui se fait en revanche rare dans les manuscrits plus grands. Tableau 148: Position des titres rubriqués selon le pays d’origine. Position des titres rubriqués

Angleterre

titres inclus position traditionnelle position variable total

France

Italie

autres pays ou origine inconnue

total

37,8% 46,7%

58,7% 33,3%

12,9% 82,9%

46,0% 46,0%

42,4% 49,3%

15,6%

7,9%

4,3%

7,9%

8,2%

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

Aux XIe-XIIe siècles, l’incipit des livres bibliques faisait souvent l’objet d’une décoration assez riche. Il en allait tout autrement au XIIIe siècle, en particulier dans les bibles portatives où, dans la grande majorité des cas, seule la première lettre était décorée ; dès la deuxième lettre on revient à l’encre et au module du texte. Dans quelques cas, la deuxième lettre peut être une majuscule et/ou rehaussée en rouge, mais l’usage d’écritures distinctives est assez limité dans notre corpus. Cependant, dans un certain nombre de manuscrits, surtout d’origine italienne et anglaise, on trouve parfois des écritures distinctives de différents types (Tableau 149). La plus répandue consiste en des lettres majuscules, parfois onciales, de forme allongée et occupant trois ou quatre lignes d’écriture, qui présentent une alternance de mots, voire de lettres, en rouge et bleu (ill. 9). Il s’agit d’un usage « ancien » qui a été totalement rejeté par la production standardisée parisienne, mais qui subsiste ailleurs, surtout dans des manuscrits présentant un habillage du texte non parisien (Tableau 150). Tableau 149: Typologie de l’incipit des livres selon le pays d’origine. Incipit des livres

 

Angleterre

France

traité comme le texte

mss % mss

43 86,0%

121 93,1%

majuscules à l’encre

mss % mss

  0,0%

1 0,8%

majuscules rehaussées de rouge ou jaune

mss % mss

  0,0%

majuscules allongées en rouge et bleu

mss % mss

majuscules en blanc sur fond coloré

Italie

total

66 90,4%

295 88,6%

0,0%

2 2,7%

3 0,9%

1 0,8%

3 3,8%

2 2,7%

6 1,8%

4 8,0%

3 2,3%

5 6,3%

  0,0%

12 3,6%

mss % mss

  0,0%

1 0,8%

2 2,5%

1 1,4%

4 1,2%

autres solutions

mss % mss

3 6,0%

2 1,5%

1 1,3%

  0,0%

6 1,8%

variable

mss % mss

  0,0%

1 0,8%

4 5,0%

2 2,7%

7 2,1%

total mss

 

total % mss

 

50 100,0%

130 100,0%

65 81,3%

autres pays ou origine inconnue

 

80 100,0%

73 100,0%

333 100,0%

À l’intérieur de chaque livre de la Bible, la division en chapitres est scandée par leur numérotation. Avant d’en analyser la typologie, il faut s’arrêter sur la manière dont le copiste gère le passage d’un chapitre au suivant. Ce passage peut se faire de deux manières : soit le nouveau chapitre commence immédiatement à la suite du précédent, soit il débute à

b Les rubriques et les incipit, les numéros de chapitre et les titres courants 

 183

Tableau 150: Typologie de l’incipit des livres selon l’habillage du texte. Incipit des livres

 

non parisien

traité comme le texte

mss % mss

 6 46,2%

32 82,1%

144 87,3%

96 97,0%

278 88,0%

majuscules à l’encre

mss % mss

 1  7,7%

1 2,6%

 1 0,6%

  0,0%

3 0,9%

majuscules rehaussées de rouge ou jaune

mss % mss

 1  7,7%

1 2,6%

 4 2,4%

  0,0%

6 1,9%

majuscules allongées en rouge et bleu

mss % mss

 2 15,4%

3 7,7%

 6 3,6%

1 1,0%

12 3,8%

majuscules en blanc sur fond coloré

mss % mss

   0,0%

  0,0%

 3 1,8%

1 1,0%

4 1,3%

autres solutions

mss % mss

 2 15,4%

  0,0%

 4 2,4%

  0,0%

6 1,9%

variable

mss % mss

 1  7,7%

2 5,1%

 3 1,8%

1 1,0%

7 2,2%

total mss

 

13

total % mss

 

100,0%

capitulation seule

39 100,0%

mixte

165 100,0%

parisien parfait

99 100,0%

total

316 100,0%

la ligne suivante en laissant vide, le cas échéant, une partie de la ligne précédente59. Dans le premier cas, l’initiale du nouveau chapitre est inscrite à l’intérieur de la colonne (exemple 1 ci-dessous, et ill. 9 et 12) et, bien qu’elle puisse être décorée, son module ne sera pas beaucoup plus grand que celui du texte ; en outre, le numéro de chapitre devra obligatoirement être rejeté dans les marges. Dans le deuxième cas, l’initiale du chapitre se trouve à gauche de la colonne ; elle peut donc être d’un module plus grand et présenter une décoration plus élaborée. Cette solution laisse au copiste la liberté de placer le numéro de chapitre dans la marge, en laissant vide l’espace entre les lignes (exemple 2 et ill. 11 et 22)60, ou bien de l’inscrire dans l’espace vide entre la fin du chapitre précédent et le début du suivant (exemple 3 et ill. 5, 17, 18 et 21). Lorsqu’on adopte cette dernière solution, il arrive que le texte du chapitre précédent occupe la totalité de la dernière ligne ; dans cette éventualité, on a la possibilité de rejeter exceptionnellement ce numéro de chapitre dans la marge, ou de lui ménager un espace à la fin de la première ligne du chapitre suivant61 (exemple 3bis). Typologie de la position sur la page des initiales et des numéros de chapitre. 3. 1. xxxxxxxxxxxxxxx xxxxxxxxxxxxxx xxxxxxx XVIII xxxxxxxCxxxxxx XVIII Cxxxxxxxxxxxxx xxxxxxxxxxxxxx 3bis. 2. xxxxxxxxxxxxxxx xxxxxxxxxxxxxxx Cxxxxxxxx XVIII xxxxxxx XVIII xxxxxxxxxxxxxxx Cxxxxxxxxxxxxx

59 C’est au demeurant la solution adoptée généralement dans le psautier. À l’intérieur de chaque psaume, les versets sont écrits les uns à la suite des autres à l’exception de 12 cas (4,3%), pour la moitié d’origine anglaise, où le copiste retourne à la ligne entre chaque verset. 60 Dans ce cas, l’espace aurait pu être rempli par un bout-de-ligne, mais cette solution est extrêmement rare dans notre corpus. 61 À la manière des titres rubriqués « inclus ».

184 

 VIII La décoration et son usage fonctionnel

Comme pour l’incipit des livres, ces choix dépendent de l’origine du manuscrit et du type d’habillage du texte, mais avec une distribution encore plus significative (Tableau 151–152). En France, l’usage d’insérer le numéro à la fin de la dernière ligne du chapitre précédent est largement majoritaire, et il est même presque exclusif dans les manuscrits d’origine parisienne sûre (94%, contre 73% pour la France sans Paris). Dans les cas où l’espace fait défaut, on préfère en général tracer le numéro à la fin de la ligne suivante plutôt que dans les marges. Au contraire, les numéros de chapitre se trouvent en marge dans les trois quarts des cas en Italie et dans presque la moitié en Angleterre. Le passage d’un chapitre au suivant sans solution de continuité est en tout cas partout minoritaire et il est surtout associé à un habillage du texte non parisien62 (Tableau 152). La manière de gérer la numérotation est aussi corrélée à la taille (Tableau 153), surtout en France et en Angleterre. C’est ainsi que la disposition sans solution de continuité, qui implique le rejet de la numérotation dans les marges, est la plus économique en termes d’espace, mais elle n’est presque jamais utilisée dans les manuscrits les plus petits, alors que le pourcentage augmente avec le passage aux dimensions supérieures. Il s’agit donc d’une pratique ancienne, associée à une production qui n’est en rien parisienne, qu’il s’agisse du texte ou du lieu d’origine des manuscrits. L’option intermédiaire prévoyant le retour à la ligne et le numéro dans la marge dépend en revanche essentiellement de l’origine du manuscrit (Tableau 151). Tableau 151: Disposition du début des chapitres selon le pays d’origine. Début des chapitres

 

Angleterre

à la suite avec numéro en marge (1)

mss % mss

12 23,5%

9 6,8%

12 14,8%

18 24,7%

51 15,1%

à la ligne suivante avec numéro en marge (2)

mss % mss

10 19,6%

9 6,8%

40 49,4%

11 15,1%

70 20,8%

numéro dans le cadre + début à la ligne suivante (3 et 3bis)

mss % mss

28 54,9%

112 84,8%

20 24,7%

40 54,8%

200 59,3%

variable

mss % mss

 1 2,0%

2 1,5%

 9 11,1%

 4 5,5%

16 4,7%

total mss

 

51

81

73

total % mss

 

100,0%

France

132 100,0%

Italie

autres pays ou origine inconnue

100,0%

100,0%

total

337 100,0%

Tableau 152: Disposition du début des chapitres selon l’habillage du texte. Début des chapitres

 

non parisien

à la suite avec numéro en marge (1)

mss % mss

 5 38,5%

12 30,8%

27 16,3%

 6  6,0%

50 15,7%

à la ligne suivante avec numéro en marge (2)

mss % mss

 3 23,1%

12 30,8%

47 28,3%

 5  5,0%

67 21,1%

numéro dans le cadre + début à la ligne suivante (3 et 3bis)

mss % mss

 4 30,8%

11 28,2%

84 50,6%

88 88,0%

187 58,8%

variable

mss % mss

 1 7,7%

 4 10,3%

 8  4,8%

 1  1,0%

14  4,4%

total mss

 

13

39

total % mss

 

100,0%

capitulation seule

100,0%

mixte

parisien parfait

total

166

100

318

100,0%

100,0%

100,0%

62 Rappelons, à ce sujet, que la capitulation ancienne n’est pas toujours numérotée ; dans ce cas, le choix de poursuivre le texte sans solution de continuité est plus naturel.

b Les rubriques et les incipit, les numéros de chapitre et les titres courants 

 185

Tableau 153: Disposition du début des chapitres selon la taille. Début des chapitres

 

231–280 mm

281–330 mm

331–380 mm

381–450 mm

à la suite avec numéro en marge (1)

mss % mss

0,0%

3 3,3%

23 21,3%

10 18,2%

15 26,3%

51 15,2%

à la ligne suivante avec numéro en marge (2)

mss % mss

1 4,2%

13 14,3%

32 29,6%

15 27,3%

 9 15,8%

70 20,9%

numéro dans le cadre + début à la ligne suivante (3 et 3bis)

mss % mss

23 95,8%

71 78,0%

47 43,5%

26 47,3%

31 54,4%

198 59,1%

variable

mss % mss

0,0%

4 4,4%

 6 5,6%

 4 7,3%

 2 3,5%

16 4,8%

total mss

 

total % mss

 

≤230 mm  

 

24

91

100,0%

100,0%

108 100,0%

55 100,0%

57 100,0%

total

335 100,0%

Typologie d’alternance des couleurs dans les numéros de chapitre et dans les titres courants63. a. I II III IV V Liber / Iob b. I

II

III

IV

V

Liber / Iob

I

II

III

IV

V

Liber / Iob

I

II

III

IV

V

Liber / Iob

c.

d.

Presque toujours, les numéros de chapitres sont en chiffres rouges et bleus alternés chiffre à chiffre. Les rares cas (7,5%) où la numérotation est tracée entièrement à l’encre rouge concernent les manuscrits plus anciens dont le texte n’est pas parisien. Normalement, ils ne comportent pas d’éléments décoratifs, sauf dans 16% des cas, où ils sont précédés d’un pied de mouche qui parfois présente un prolongement filigrané – une pratique encore plus rare à Paris (4% des cas). Un point intéressant à relever est constitué par l’alternance du rouge et du bleu : à l’intérieur de chaque numéro l’alternance est toujours respectée, mais les numéros de chapitres peuvent soit commencer systématiquement par la même couleur, soit alterner les deux couleurs (voir exemples a-b/c-d ci-dessus). Le choix d’une alternance systématique dépend essentiellement de l’origine des manuscrits (Tableau 154). En France, l’alternance est pratiquée dans 79% des cas, mais n’est tout à fait systématique que dans un peu plus de la moitié d’entre eux (74% à Paris, contre 33% en France sans Paris). Dans ce pays, elle dépend essentiellement des dimensions : l’alternance parfaite est presque toujours suivie dans les manuscrits les plus petits, mais sa fréquence diminue dès que les dimensions augmentent (Tableau 155). Par contre, en Italie et en Angleterre, plus de la moitié des manuscrits ne présentent pas d’alternance de couleur du premier chiffre, et ce indépendamment des dimensions (et de l’habillage du texte). Dans ce cas, le premier chiffre est le plus souvent rouge, le bleu étant assez rare. Enfin, le dernier élément décoré de la page est constitué par les titres courants, élément indispensable pour le repérage rapide du texte, et donc toujours présent dans nos bibles, à l’exception notable des Psaumes64. Dans 93% des cas, les titres courants se présentent en lettres majuscules alternées en rouge et en bleu, quelque soit l’origine du manus-

63 Normalement, dans les titres courants, l’alternance recommence à chaque page ; c’est pourquoi les cas a/c et b/d sont identiques. 64 Voir chapitre IV.c.

186 

 VIII La décoration et son usage fonctionnel

Tableau 154: Alternance de couleur du premier chiffre dans les séries de numéros de chapitres selon le pays d’origine. Alternance r/b

 

Angleterre

oui (c-d)

mss % mss

12 26,7%

68 58,6%

15 22,4%

28 43,8%

123 42,1%

non (a-b)

mss % mss

23 51,1%

24 20,7%

39 58,2%

24 37,5%

110 37,7%

imparfaite

mss % mss

 2 4,4%

12 10,3%

 1 1,5%

 2 3,1%

17 5,8%

sporadique

mss % mss

 8 17,8%

12 10,3%

12 17,9%

10 15,6%

42 14,4%

total mss

 

total % mss

 

45 100,0%

France

116 100,0%

Italie

autres pays ou origine inconnue

67

total

64

100,0%

100,0%

292 100,0%

Tableau 155: Manuscrits d’origine française : alternance de couleur du premier chiffre dans les séries de numéros de chapitres selon la taille. Alternance r/b

 

≤230 mm

331–380 mm

381–450 mm

oui (c-d)

mss % mss

15 93,8%

25 56,8%

12 44,4%

7 43,8%

9 69,2%

  68 58,6%

non (a-b)

mss % mss

1 6,3%

 7 15,9%

 7 25,9%

7 43,8%

2 15,4%

  24 20,7%

imparfaite

mss % mss

  0,0%

 8 18,2%

 3 11,1%

1 6,3%

0,0%

  12 10,3%

sporadique

mss % mss

  0,0%

 4 9,1%

 5 18,5%

1 6,3%

2 15,4%

  12 10,3%

total mss

 

44

27

16

13

total % mss

 

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

16 100,0%

231–280 mm

281–330 mm

 

total

 116 100,0%

crit65. Le titre figure normalement sous une forme abrégée et doit être lu en continu sur les deux pages à livre ouvert. Si un livre commence sur un recto, deux solutions sont attestées : soit le titre courant du livre précédent est maintenu, soit le libellé complet est concentré sur le recto. Les erreurs commises au moment du passage d’un livre au suivant sont toutefois assez fréquentes, malgré la présence d’indications dans les marges66. C’est avant tout le type de contenu biblique et paratextuel qui détermine la forme du titre courant. Le système décrit est ainsi le seul qui apparaisse dans les bibles présentant un habillage du texte de type « parisien parfait ». D’autres formes de titres courants – notamment à l’ancienne, en minuscule rouge – se rencontrent, parfois tracés sur un seul côté du feuillet et non abrégés. Ces formes dominent dans les manuscrits totalement dépourvus de l’habillage parisien, mais se raréfient rapidement dès qu’un seul élément de la « Bible de Paris » est introduit (Tableau 156). Nous avons vu que l’alternance plus ou moins stricte du rouge et du bleu constitue pratiquement la norme dans tous les éléments décorés à la plume, des initiales jusqu’aux titres courants, et que là où il n’y pas d’alternance, c’est le rouge qui domine. Le choix de la couleur utilisée pour commencer chaque élément ou série d’éléments obéit-il à une « règle » ? Si l’on prend en considération les séries de numéros de chapitres sans tenir compte de l’alternance entre les chiffres à l’intérieur de chaque numéro, on peut rencontrer quatre solutions différentes : le premier chiffre de chaque numéro est toujours rouge (voir p. 185, exemple a) ; le premier chiffre est toujours bleu (exemple b) ; il y a une alternance

65 Voir aussi plus haut, chapitre VI.c., sur la réglure des titres courants. Dans de très rares cas (2,5%), la réglure est présente, mais les titres courants sont tracés à l’extérieur des lignes. 66 Voir plus loin.

b Les rubriques et les incipit, les numéros de chapitre et les titres courants 

 187

Tableau 156: Typologie des titres courants selon l’habillage du texte. Type de titres courants

 

non parisien

capitulation seule

majuscules alternées rouge/bleu

mss % mss

 4 30,8%

30 83,3%

150 95,5%

majuscules toujours rouges ou toujours bleues

mss % mss

 1 7,7%

 2 5,6%

 2 1,3%

 

minuscules rouges

mss % mss

 5 38,5%

 4 11,1%

 3 1,9%

 

autres solutions

mss % mss

 3 23,1%

 

 2 1,3%

 

total mss

 

13

36

total % mss

 

100,0%

0,0%

mixte

157

100,0%

100,0%

parisien parfait 95 100,0%

total 279 92,7%

0,0%

 5 1,7%

0,0%

12 4,0%

0,0%

5 1,7%

95 100,0%

301 100,0%

Tableau 157: Couleur du premier chiffre dans les séries de numéros de chapitres. Couleur premier chiffre

 

Angleterre

rouge+rouge (a.)

mss % mss

 3 9,7%

18 16,1%

37 59,7%

 15  24,2%

73 27,3%

bleu+bleu67 (b.)

mss % mss

10 32,3%

 4 3,6%

 3  4,8%

  3   4,8%

20 7,5%

rouge+bleu (c.)

mss % mss

16 51,6%

87 77,7%

22 35,5%

 41  66,1%

166 62,2%

bleu+rouge (d.)

mss % mss

 2 6,5%

 3 2,7%

 

  3   4,8%

 8 3,0%

total mss

 

total % mss

 

31 100,0%

France

112 100,0%

Italie

0,0%

62 100,0%

autres pays ou origine inconnue

total

 62

267

100,0%

100,0%

entre les numéros, et le premier chiffre du premier numéro de la série au début du chapitre est rouge (exemple c) ; il y a une alternance et le premier chiffre du premier numéro de la série est bleu68 (exemple d). Ces solutions peuvent s’appliquer aussi aux titres courants et, de manière quelque peu différente selon les manuscrits, aux initiales des chapitres, de sorte que, dans un même volume, il peut ressortir une prédilection pour le bleu ou pour le rouge. Le Tableau 157 résume cette problématique. Si l’alternance rouge-bleu avec le premier chiffre de la série en rouge est majoritaire en France (90% à Paris, 70% en France sans Paris), en Italie l’alternance est moins fréquente, mais la couleur préférée pour le début est presque toujours le rouge. En revanche, un bon pourcentage de manuscrits d’origine anglaise (39%) présente, avec et surtout sans alternance, le premier chiffre en bleu – ce qui est associé, dans la moitié des cas, à l’usage d’initiales bleues à filigrane rouge. Cette prédominance du bleu peut constituer un indice subsidiaire en faveur d’une origine anglaise. En conclusion de ce panorama sur la décoration à la plume, nous pouvons formuler deux remarques. D’abord, l’adoption du « texte de l’Université » de la Bible et la production à grande échelle vont de pair avec l’abandon des pratiques anciennes dans les systèmes de repérage textuel et l’introduction d’une ornementation très standardisée fondée sur l’alternance plus ou moins stricte du rouge et du bleu – une alternance qui, bien évidemment, n’est pas l’apanage des bibles mais est commune à la production universitaire du XIIIe siècle. L’habillage parisien du texte s’accompagne de ce type d’ornementation, et cela dans tous les pays. C’est en effet la synergie entre les deux qui rend ces bibles « eminently

67 Dans cette classe nous avons aussi inséré deux manuscrits où le bleu est alterné avec l’or. 68 En revanche, il n’y a pas alternance autre qu’accidentelle entre le dernier chiffre du numéro de chapitre et le premier du suivant.

188 

 VIII La décoration et son usage fonctionnel

searchable »69. Ensuite, à l’intérieur de ce cadre, il y a des différences nationales qui se manifestent d’une part dans la disposition sur la page de ces éléments – et notamment des numéros de chapitres –, d’autre part dans la répartition des deux couleurs et leur alternance. Ce sont là des variations d’ordre esthétique qui ne modifient en rien la fonctionnalité de ces éléments. Cependant, l’alternance stricte des couleurs dans la page parisienne ainsi que l’élimination des éléments dans la marge accentuent l’impression de régularité et de compacité. L’espace blanc à l’intérieur du cadre d’écriture est alors presque réduit à néant. On se rappellera aussi que les manuscrits d’origine parisienne sont presque totalement dépourvus de discontinuités entre les livres70 : dans la plupart des cas l’écriture d’un livre commence à la suite précédent. Dès lors, nous avons affaire à un flux continu de texte qu’aucune ligne blanche ne vient interrompre et ce, de la première page du premier prologue jusqu’à la dernière page de l’Apocalypse au moins71. Il s’agit bien sûr d’un idéal de perfection rarement atteint, car une telle régularité ne se retrouve que dans un petit nombre de manuscrits, tous d’origine parisienne et tous portatifs. Tous les éléments de la décoration dont il a été question étaient généralement réalisés par d’autres artisans après la transcription du texte, sur la base des indications fournies par le copiste. Les lettres d’attente et les autres indications pour les rubriques, les numéros de chapitre et les titres courants72 se repèrent dans environ deux tiers des manuscrits. Si leur conservation est en partie tributaire de l’ampleur du rognage, elle dépend surtout de leur emplacement sur la page, et donc de la volonté plus ou moins marquée de les faire disparaître après l’achèvement du manuscrit. Ainsi, les rubriques d’attente – l’élément le plus « envahissant » et, partant, sans doute le plus inesthétique – sont les moins fréquemment visibles (9% des cas), dans la mesure où elles sont toujours tracées à l’encre vers le bord de la marge inférieure, de manière à être systématiquement rognées. L’emplacement des éléments d’attente pouvant en outre varier d’une page à l’autre, leur survie est naturellement assez sporadique à l’intérieur de chaque manuscrit. Quoi qu’il en soit, l’usage de ces indications semble assez généralisé dans tous les pays de production. La lettre d’attente est l’élément le plus souvent visible (72% des manuscrits). Dans la moitié des cas, elle est tracée dans la marge extérieure, plus ou moins loin de l’initiale ; dans l’autre moitié, elle se trouve sous l’initiale (36%), à côté de l’initiale (8%) ou dans la marge inférieure (6%). À côté de la lettre d’attente, on peut trouver le numéro de chapitres d’attente. Visible dans 60% des cas, il est normalement placé dans les marges latérales73 (70%), ou bien dans la marge inférieure. Ces deux éléments sont presque systématiquement tracés avec l’encre du texte. Le titre courant d’attente est le seul élément qui soit tracé presque toujours à la mine de plomb. Il est visible dans 30% des volumes et placé dans la marge supérieure de chaque page74. Sa présence n’empêche pourtant pas des erreurs de transcription de la part du rubricateur.

69 Light, « The New Thirteenth-Century Bible », op. cit., p. 280. 70 Voir plus haut, chapitre V.b. 71 Il arrive aussi que les Interpretationes suivent sans solution de continuité. 72 Faute d’une terminologie spécifique, on appliquera le terme « d’attente » à tous les éléments concernés. 73 Dans la plupart des cas, ils sont visibles seulement dans la marge intérieure. 74 Exceptionnellement, il arrive qu’ils soient au contraire tracés uniquement sur la page contenant le début d’un nouveau livre.

IX Éléments pour la localisation des bibles portatives En conclusion de cette analyse de notre corpus, il serait intéressant de vérifier si les résultats obtenus permettent de relocaliser les manuscrits préalablement classés dans la catégorie « origine inconnue ». En théorie, la réponse devrait être positive, mais cette opération présente tout de même quelques difficultés. Les critères de localisation qui sont ressortis de l’analyse sont de deux ordres. Certains, que l’on pourrait appeler « classiques », relèvent de l’observation directe du manuscrit : quand un lien a pu être établi entre telle ou telle modalité d’apparition d’un élément textuel ou matériel et un lieu d’origine, il devrait être possible de cerner l’origine des manuscrits non localisés qui présentent ces modalités « sensibles ». Il en est ainsi lorsqu’on se trouve en présence de certains textes ou d’un certain type de numérotation des chapitres. D’autres critères sont issus de l’analyse de données calculées, telles que la proportion du cadre, le « noir » ou le nombre de signes graphiques par page. Leur validité n’est que tendancielle. C’est pourquoi, pour relocaliser les manuscrits concernés, il faudrait d’abord vérifier dans quelle mesure les paramètres calculés ou mesurés pour chaque manuscrit se rapprochent de manière cohérente des moyennes obtenues pour les volumes localisés de manière sûre (la « ressemblance » étant d’autant plus significative que la dispersion autour de ces moyennes n’est pas trop élevée). De cette manière, si nous constations que les moyennes relatives à la classe « origine inconnue » se rapprochent systématiquement de celles calculées pour la France, nous pourrions en déduire que la majorité des manuscrits de cette classe sont en fait originaires de ce pays. À partir de là, il serait possible de réexaminer la situation de chaque manuscrit pour évaluer l’éventuelle pertinence d’une localisation française. Ce type de démarche, cependant, n’est pas toujours opératoire. Elle ne nous serait par exemple d’aucun secours pour attribuer avec certitude à Paris des manuscrits auparavant classés « France », précisément parce que, dans ce cas, les moyennes calculées divergeaient de celles qui caractérisent la production très standardisée du circuit des stationnaires et dont l’origine parisienne est « sûre ». Quoi qu’il en soit, une simple adéquation des résultats numériques n’est pas suffisante : il faudrait qu’elle soit corroborée en plus par un nouvel examen de chaque manuscrit, ou au minimum d’une bonne reproduction. Il est néanmoins possible de proposer ici une série de critères utiles pour la localisation des bibles qui restent encore à examiner. Tout en étant consciente des risques que comporte pareille schématisation, nous sommes convaincue de son utilité potentielle. Dans cette perspective, l’accent sera mis sur les critères d’ordre paratextuel et codicologique susceptibles d’aider à la localisation des manuscrits dépourvus de décoration peinte. Pour ce faire, nous passerons en revue la production de chaque pays en récapitulant ses principales caractéristiques paratextuelles et codicologiques, puis en mettant en évidence les indices pouvant être utiles à la localisation1, fondés avant tout sur l’analyse de bibles ayant moins de 380 mm de taille. Bien évidemment, si certains indices sont très discriminants, d’autres sont seulement attestés dans une plus ou moins grande mesure dans deux ou plusieurs pays. Un cas typique concerne la structure des cahiers : la présence de quinions est, au XIIIe siècle, un indice presque certain d’origine italienne ; la présence d’octonions peut suggérer une origine anglaise, mais il ne faut pas perdre de vue qu’on en trouve sporadiquement dans les autres pays de production – surtout, il est vrai, pour des manuscrits un peu plus grands.

a Paris et la France La production parisienne de bibles portatives débute au cours de la troisième décennie du XIIIe siècle et se poursuit jusqu’aux années 1270–1280 environ. Les manuscrits datables après cette période sont extrêmement rares. Dès le début de la décennie 1230–1240 apparaît une production extrêmement standardisée du point de vue du contenu et des caractéristiques codicologiques et décoratives. La première bible datée présentant presque toutes les caractéristiques répertoriées ci-dessous est le manuscrit Dole, Bibliothèque municipale, 15, copié en 1234 (voir Annexe 5).

1  Les caractéristiques communes à la quasi-totalité de la production, comme la nouvelle capitulation ou les titres courants en lettres majuscules rouges et bleues, ne sont pas prises en compte. Pour les moyennes des données dérivées relatives à chaque groupe, on se rapportera au chapitre VI, tableaux 122 et 123. https://doi.org/10.1515/9783110757392-010

190 

 IX Éléments pour la localisation des bibles portatives

Caractéristiques paratextuelles : – présence d’un ordre des livres parisien « parfait », incluant la prière de Manassé et III Esdras (avec titre courant « II Esdras ») ; – inclusion systématique des Psaumes sans titres courants et sans discontinuités modulaires au début ou à la fin ; – présence des 64 prologues parisiens sans autre prologue ajouté ; – absence de rubriques dans le Cantique des cantiques ; – réintégration systématique des passages omis, souvent encadrés en rouge et/ou bleu ; – présence systématique des Interpretationes qui suivent l’Apocalypse, souvent sans aucune discontinuité modulaire. Caractéristiques codicologiques : – nombre de feuillets très élevé, pouvant dépasser 600 ; – utilisation d’un parchemin très fin, très blanc et souple au toucher ; – structure des cahiers exclusivement en duodénions pour toutes les bibles ayant moins de 280 mm de taille ; – absence de toute discontinuité, ce qui implique un flux textuel continu de la première à la dernière page ; – utilisation de signatures par bifeuillets, tracées à la mine ou en couleur, présentant une lettre identifiant les feuillets et une marque identifiant le cahier ; – réglure exécutée à la mine de plomb très fine, avec des schémas extrêmement simples, la justification double restant très rare ; – nombre de lignes par page inférieur à 50 ; – encre noire ou brun foncé ; – décoration à la plume basée sur une alternance stricte du rouge et du bleu (le rouge est la première couleur de chaque série) ; – titres rubriqués souvent « inclus »2 ; – utilisation fréquente des filigranes « en bande d’I » ; – numéros de chapitres à l’intérieur du cadre d’écriture ; – initiale I de la Genèse presque toujours illustrée avec les Sept jours de la Création ; – initiale L de l’évangile de Matthieu illustrée avec l’Arbre de Jessé. On retiendra aussi qu’un degré de miniaturisation très élevé (taille inférieure à 230 mm) est également un indice fort d’une origine parisienne. Cependant, la standardisation est moins stricte pour les volumes de dimensions supérieures. C’est pourquoi, pour les bibles ne présentant qu’une partie des caractéristiques énoncées, l’attribution parisienne ne pourra être assurée. Le style des enluminures peut certainement venir en aide lorsque les bibles sont pourvues d’un décor peint. En pratique, les bibles françaises se répartissent en deux groupes : d’une part, les bibles, assez peu nombreuses, d’origine « monastique » ou « provinciale », qui présentent encore des caractères archaïques du point de vue textuel et codicologique ; d’autre part, des bibles « modernes », mais dont le degré d’éloignement par rapport à la norme parisienne est plus ou moins fort selon les cas. Ce dernier groupe, qui est sans doute en grande partie originaire du nord de la France, pourra être agrégé à la production parisienne en fonction des circonstances, mais l’attribution restera toujours incertaine en l’absence de preuves. Nous n’avons pas réussi à repérer en France de véritables centres de production à grande échelle autres que Paris. Il est toutefois probable que des bibles portatives ont été fabriquées aussi dans le sud de la France, où par ailleurs la prédication des ordres mendiants était particulièrement vivace et où une production de bibles de grand format, localisées grâce au style de l’enluminure, est également attestée3. Rappelons que la seule bible portative d’origine française portant une mention explicite de lieu a été précisément réalisée à Toulouse, déjà siège d’une université, et qu’elle date de 1235 (Firenze, Biblioteca Medicea Laurenziana, Acq. e doni, 149). 2  Voir plus haut, VIII.b. 3  Voir par exemple Bilotta M. A., « La Bibbia miniata Cleveland Museum of Art, MS 2988.2 : un esempio dell’illustrazione della Bibbia lungo le coste del Mediterraneo, al crocevia tra l’Occitania e la Catalogna, fra XIII e XIV secolo », Hortus Artium Medievalium, 20/1 (2014), p. 339–356. Une enquête dans les bibliothèques du sud de la France pourrait apporter quelques renseignements à ce sujet. Parmi les manuscrits recensés dans la base « Enluminures » – recensement partiel et qui n’offre pas toujours une localisation des manuscrits –, quelques-uns pourraient être originaires de la France méridionale. Néanmoins, la grande majorité des bibles conservées dans les bibliothèques du Midi semble être d’origine parisienne et, dans une moindre mesure, italienne.

b L’Angleterre 

 191

b L’Angleterre La production anglaise couvre le même arc chronologique que la production française et présente un aspect général qui, au premier regard, se distingue assez peu de celui des bibles françaises. Il faudra donc être attentif à un petit nombre de caractéristiques particulières. Aucune bible portative datée n’est conservée, mais quelques bibles datables, grâce à d’autres indices, du deuxième quart du XIIIe siècle présentent la plupart des caractéristiques décrites ci-dessous4. Du point de vue du contenu textuel, l’ordre des livres de type parisien est assez répandu (82% des cas), mais la prière de Manassé et III Esdras manquent souvent. Les livres d’Esdras comportent parfois les titres courants du type « Esdras – II Esdras – III Esdras ». On retiendra par ailleurs que : – les Psaumes, normalement copiés sans discontinuités modulaires, peuvent présenter la division tripartite en plus de la division fériale ; la version iuxta Hebreos peut également être un indice d’une origine anglaise ; – les rubriques du Cantique peuvent être présentes ; – la séquence des prologues ne coïncide presque jamais avec la séquence parisienne (seulement 7% des cas), et d’autres prologues peuvent être ajoutés ; – les Interpretationes sont souvent copiées sur un cahier séparé. Du point de vue codicologique : – le parchemin est de bonne qualité, même s’il n’est pas aussi fin qu’à Paris ; il se caractérise par la faiblesse du contraste entre les deux côtés ; – les duodénions sont extrêmement rares, les structures privilégiées pour les bibles les plus petites sont les octonions et les dénions ; – des discontinuités modulaires peuvent être présentes ; – les marques de succession sont rarement visibles ; – la réglure à la mine est souvent épaisse et fort visible ; – le schéma de réglure est caractérisé par l’usage fréquent de lignes marginales verticales et horizontales ; – dans la décoration, on observe parfois l’usage du bleu pour le corps de lettres et du rouge pour les prolongements en filigrane ; en général, le bleu est prédominant dans les éléments péritextuels et il est souvent utilisé en début de série ; – les numéros de chapitres apparaissent souvent en dehors du cadre d’écriture. Les manuscrits semblent avoir été produits dans différentes villes du sud de l’Angleterre, notamment à Oxford ; en l’absence d’indices directs, cependant, ils ne sont pas localisables avec certitude. Un certain nombre de bibles présente un mélange de caractéristiques anglaises et françaises qui ne permet pas de les attribuer à l’un ou l’autre des deux pays.

c L’Italie La production italienne de bibles portatives débute tardivement, vers le milieu du siècle, et les exemplaires les plus récents sont datables du XIVe siècle. En moyenne, les dimensions sont légèrement plus grandes que celles des bibles septentrionales. Si la nouvelle capitulation est adoptée dès le début de la production, les autres éléments de l’habillage parisien du texte ne sont retenus qu’avec des réserves ; en outre, leur présence est corrélée négativement aux dimensions : les bibles de petit format sont porteuses d’un contenu plus moderne. La plus ancienne bible portative datée est le manuscrit Città del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana, Ottob. Lat. 532, copié à Viterbe en 1250. Caractéristiques paratextuelles : – l’ordre parisien des livres dans sa forme parfaite est rare (17%) ; – la prière de Manassé est très souvent absente (dans 72% des manuscrits) ; – III Esdras, quand il est présent (67%), présente normalement le titre courant « III Esdras » ; 4  Par ailleurs, une bible de plus grandes dimensions, London, British Library, Royal 1 B XII (350×200 mm), originaire de Salisbury et datée de 1254, présente une mise en page et une décoration similaires à celles décrites ici.

192 

– – – –

 IX Éléments pour la localisation des bibles portatives

les Psaumes sont moins systématiquement présents que dans la production parisienne et comportent une discontinuité modulaire très souvent avant et presque toujours après ; les rubriques du Cantique des cantiques, qui permettent un dialogue dramatique, sont majoritairement présentes (67%) ; les prologues ne suivent presque jamais la séquence parisienne (3% des cas seulement) et ils sont souvent plus nombreux, surtout dans le Nouveau Testament ; le prologue à l’Apocalypse Omnes qui pie reste rare (15% des cas) ; les Interpretationes sont souvent copiées sur un cahier séparé.

Caractéristiques codicologiques : – le nombre de feuillets est limité et dépasse rarement 500 ; – le parchemin est plutôt épais, parfois jaunâtre et présente un contraste marqué entre le côté poil et le côté chair ; – la structure de cahiers privilégiée est la structure en sénions ; occasionnellement, elle peut être en octonions ou en quinions, ce dernier cas étant un indice presque certain d’une origine italienne ; – presque tous les manuscrits présentent au moins une discontinuité modulaire, la plus fréquente étant située avant le Nouveau Testament (60% des cas) ; – les réclames sont très souvent visibles, alors que les signatures par bifeuillets sont très rares ; – la réglure est à la mine beige ou plus rarement à l’encre ; le schéma de réglure peut prévoir la double justification ; – par rapport aux bibles septentrionales de même taille, le nombre de lignes par page est élevé, compris entre 50 et 60 ; l’espacement des lignes apparaît donc assez serré ; – la décoration à la plume est marquée par une alternance du rouge et du bleu moins stricte qu’en France et chaque élément de chaque série commence souvent avec la même couleur (rouge) ; – les titres rubriqués couvrent normalement la totalité de la ligne ; – les numéros de chapitre sont presque toujours dans les marges ; – l’or est moins utilisé qu’en France (totalement absent dans 65,5% des cas). Si la production italienne provient en grande partie du nord de la péninsule, il est cependant possible d’isoler, au niveau régional, deux ensembles de manuscrits qui témoignent d’une préférence marquée pour le format « de poche ». Un premier groupe – de loin le plus fourni5 – est constitué par les manuscrits produits en Vénétie, plus particulièrement à Padoue et Venise pendant le troisième quart du siècle. Il s’agit de bibles dont les caractéristiques textuelles ne diffèrent pas de celles de la production italienne en général, mais qui présentent une certaine homogénéité du point de vue codicologique et décoratif. Elles ont une taille comprise entre 250 et 330 mm, une structure de cahiers presque toujours en sénions avec trois discontinuités modulaires (à la fin des Psaumes, avant le Nouveau Testament, avant les Interpretationes). La mise en page ne présente jamais de caractères « anciens » ; les schémas de réglure peuvent varier, mais l’exploitation du cadre est toujours élevée (nombre de lignes très souvent supérieur à 55) ; les numéros de chapitre sont toujours dans les marges ; l’apparat décoratif est très soigné mais ne présente que rarement des initiales historiées ; l’or est complètement absent ou limité à l’initiale de la Genèse. Même si l’on est très loin de la standardisation parisienne, ces bibles semblent donc constituer un ensemble spécifique et aisément reconnaissable. Un deuxième groupe, beaucoup plus clairsemé (cinq bibles consultées et quatre non consultées), se rapporte à la ville de Naples pendant la seconde moitié du siècle. Ces bibles présentent une mise en page et un décor qui les rapprochent davantage des bibles françaises que des bibles du nord de l’Italie : schéma de réglure simple, numéros de chapitres parfois à l’intérieur du cadre, décor assez riche avec initiales historiées et usage de l’or. Cependant, leur structure matérielle – parchemin, structure des cahiers, discontinuités modulaires − est pleinement italienne et cela vaut surtout pour les bibles les plus petites. Le contenu révèle aussi une influence française légèrement plus marquée, car l’ordre des livres est toujours parisien ; cependant, la prière de Manassé n’est jamais présente et les prologues ne suivent jamais la séquence parisienne. On n’y trouve pas non plus les intégrations de passages omis. Ce groupe confirme ainsi qu’en Italie, même là où la volonté d’imitation était la plus forte, elle n’était jamais totale sur le plan du contenu. De son côté, la production bolonaise de bibles portatives6 reste limitée (seulement sept manuscrits recensés ont moins de 380 mm de taille, dont deux consultés) et il est difficile d’y reconnaître des caractéristiques spécifiques. En 5  17 manuscrits consultés et 17 non consultés (pour certains volumes, nous avons pu examiner des reproductions). 6  Pour les caractéristiques textuelles et matérielles de la production biblique bolonaise en général, voir magrini, « Production and Use », op. cit.

d Les autres pays 

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prenant en compte aussi les bibles « de besace » et de moyen format que nous avons pu consulter, on retiendra que, si la structure matérielle ne s’éloigne pas de la norme des bibles italiennes, l’apparat décoratif est cependant beaucoup plus riche. En ce qui concerne le texte, l’ordre des livres est toujours parisien, mais la prière de Manassé est majoritairement absente et la séquence des prologues n’est pas parisienne.

d Les autres pays Dans les pays germaniques, la production de bibles portatives n’est pas attestée au XIIIe siècle 7, vraisemblablement en raison de l’absence de villes universitaires et du système de production livresque qui leur était associé : seules subsistent quelques bibles « de besace » plutôt tardives. Les trois exemplaires que nous avons pu consulter datent du début du XIVe siècle, ont une structure matérielle assez rudimentaire, un décor exclusivement filigrané et un habillage du texte mixte. Les Psaumes en sont absents. En revanche, en Espagne, et plus précisément en Castille, une production de bibles portatives – probablement suscitée par l’arrivée de bibles d’origine française, très présentes dans les fonds espagnols – s’est développée surtout pendant la seconde moitié du XIIIe siècle, même si la Bibliothèque nationale de France conserve un exemplaire daté déjà de 1240 (Paris, BnF, NAL 836). L’importance quantitative de ce groupe n’est pas encore connue, mais il mériterait certainement d’être mieux étudié. Le nombre limité de manuscrits consultés nous autorise seulement à noter quelquesunes de leurs caractéristiques : – présence du Psautier iuxta Hebreos (dans trois cas sur six) ; discontinuité modulaire avant et/ou après ; – parchemin ressemblant au parchemin italien ; – structure des cahiers en sénions ou septénions ; – réclames parfois verticales ; – encre brune ; – présence d’un décor filigrané caractéristique à rinceaux réservés et avec prolongements vermiculés.

7  Par ailleurs, la production de bibles en un seul volume y était presque inexistante à la même période, indépendamment des dimensions. Par exemple, la Bayerische Staatsbibliothek de Munich ne conserve qu’une bible monolithique d’origine allemande du XIIIe siècle et quatre du XIVe (voir Hernad B., Die Gotischen Handschriften deutscher Herkunft in der Bayerischen Staatsbibliothek, I. Vom späten 13. bis zur Mitte des 14. Jahrhunderts, Wiesbaden, 2000). Un nombre très restreint de bibles portatives ont été localisées par les catalogueurs dans le territoire des anciens Pays-Bas. Toutefois, elles ne présentent pas de traits spécifiques les distinguant des bibles produites dans le nord de la France et certaines attributions semblent plutôt basées sur la première provenance attestée. Des bibles de plus grand format ont en revanche été fabriquées dans la région.

X Objets de luxe ou outils de travail ? Les commanditaires et les possesseurs des bibles portatives Les bibles portatives ont souvent été associées à la population universitaire, destinataire d’une bonne partie de la production manuscrite du XIIIe siècle, et parfois aux laïcs1. Si le lien avec l’Université est incontestable à la fois pour les caractéristiques du contenu et pour les modalités de production, il faut admettre que les traces directes de l’usage de bibles portatives dans ce milieu sont bien rares. Il en va de même pour l’utilisation de la part de laïcs, au moins au XIIIe siècle. À quelques exceptions près, les commanditaires des bibles portatives nous sont inconnus2 et les bibles consultées qui conservent au moins une marque de possession d’époque médiévale ne représentent que 21% du total3. Les considérations qui suivent se fondent sur l’analyse de ces marques et de quelques autres indices d’utilisation, comme le type des textes ajoutés, mais aussi sur les indices présents dans les autres manuscrits recensés. Les sources secondaires ne seront prises en compte que ponctuellement4.

a Les utilisateurs des bibles portatives selon les notes de possession et les autres indices Pour 67% des manuscrits consultés, nous n’avons aucun indice qui permette de remonter aux possesseurs de l’époque médiévale. La perte de toutes les reliures originales et bien souvent celle des feuillets de garde anciens en est en partie la cause. 21% des bibles contiennent au moins une note de possession et pour 12% il a été possible de déduire le lieu et/ou le type de possesseur sur la base d’indices indirects : caractéristiques des textes ajoutés, en particulier les calendriers, personnages représentés dans les illustrations, identification avec des manuscrits mentionnés dans les inventaires. La preuve de possession sur la base d’indices indirects est à l’origine de la moitié des attributions aux ordres mendiants. Elle a rarement permis une attribution à d’autres types de possesseurs, ce qui pourrait provoquer quelques distorsions dans les résultats. Les tableaux qui suivent portent donc exclusivement sur les 108 manuscrits consultés pour lesquels il est possible de cerner le statut des possesseurs5. La moitié d’entre eux seraient des frères mendiants (Tableau 158). Dans 42 cas sur 68, l’ordre d’appartenance est indiqué ou aisément reconnaissable, ce qui a conduit à la ventilation suivante : 28 dominicains, 14 franciscains, 2 ermites de Saint Augustin, 1 carme. Les provenances d’un autre type sont en nombre nettement inférieur. Dans la classe « maîtres d’université » (14 manuscrits) sont compris les six manuscrits consultés de la bibliothèque de la Sorbonne, dont la présence est attestée par le catalogue de 1338 et dont il sera question plus loin, ainsi que ceux ayant appartenu à des personnes se déclarant magister, magister theologie. Il est indéniable que la faiblesse de l’effectif aboutit à des pourcentages peu significatifs pour toutes les appartenances autres qu’à des frères, mais nous pouvons néanmoins formuler quelques observations. Tout d’abord, on notera que les trois quarts des preuves de possession, directes ou indirectes, du XIIIe siècle concernent les ordres mendiants. Si, dans la moitié des cas, l’identification s’appuie sur une mention de type iste liber est ad usum fratris / ad conventum ..., 1 Voir notamment Lobrichon, « Les éditions de la Bible latine », op. cit., p. 33. Sur le sujet traité dans ce chapitre, voir aussi Ruzzier C., « Qui lisait les bibles portatives fabriquées au XIIIe siècle ? », dans Lecteurs, lectures et groupes sociaux au Moyen Âge, Hermand X. – Renard E. – van Hoorebeeck C. dir., Turnhout, 2014 (Texte, codex & contexte, 17), p. 9–28 et Devine, A Portable Feast, op. cit., p. 221–291. 2 La seule mention explicite parmi les bibles consultées se trouve dans Paris, BnF, lat. 198, f. 571v : Finit Biblia. Liber quem scribi fecit decanus de Columnes. Scripsit Theutonicus me cui nomen Fredericus. « Fin de la Bible. Livre qu’a fait transcrire le doyen de Columnes. Un Allemand nommé Frédéric m’a transcrite. » Parmi les manuscrits non consultés, la bible Cambridge, Corpus Christi College, 485, qui a appartenu au monastère de Saint-Pierre à Gloucester, contient cette note datable entre 1263 et 1284 : hunc librum fecit scribi Robertus de Aldeswyrth, « Robert de Aldeswyrth a fait copier ce livre. ». 3 Ce décompte comprend toutes les notes de possession datables jusqu’au début du XVIe siècle environ. Pour le corpus des manuscrits recensés, le pourcentage est encore plus bas (15%), car les notices des catalogues, surtout anciens, ne donnent pas toujours d’informations sur les possesseurs. 4 Voir à ce propos les sources franciscaines et dominicaines dont il a été question aux chapitres I et II. 5 Nous avons écarté des tableaux les preuves de possession – le plus souvent du XVe siècle – où le statut du possesseur n’est pas spécifié (nom seul ou date et lieu sans autre spécification). En revanche, comme certains manuscrits contiennent plus d’une marque de possession, les totaux des tableaux peuvent être supérieurs au nombre de manuscrits concernés. https://doi.org/10.1515/9783110757392-011

a Les utilisateurs des bibles portatives selon les notes de possession et les autres indices 

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Tableau 158: Distribution des preuves de possession par date et statut du possesseur. Type de possesseur

XIIIe siècle %

ordres mendiants ordres non mendiants clergé séculier maîtres d’université laïcs ensemble

total

XIVe-XVe siècles

mss

%

mss

%

mss

69,4% 16,7% 8,3% 5,6% 0,0%

25 6 3 2  

48,9% 15,9% 8,0% 13,6% 13,6%

43 14 7 12 12

54,8% 16,1% 8,1% 11,3% 9,7%

68 20 10 14 12

100,0%

36

100,0%

88

100,0%

124

dans les autres elle se fonde sur la présence d’un calendrier où les fêtes franciscaines ou dominicaines sont soulignées en rouge6 (ill. 10) ou accompagnées de la mention ordinis nostri. Si le calendrier était présent dans le manuscrit dès l’origine, on peut présumer que la bible a été réalisée à la demande des frères mendiants. Il est par contre plus délicat d’établir le véritable destinataire du manuscrit quand on trouve un frère en prière dessiné sur une ou plusieurs marges du manuscrit, et notamment à côté de l’initiale de la Genèse (ill. 13). C’est une pratique peu courante et dans plus de la moitié des cas il s’agit d’un portrait de saint François, parfois prêchant aux animaux ou recevant les stigmates, alors que les portraits de dominicains sont un peu plus rares. Nous avons comptabilisé ces bibles parmi celles ayant appartenu aux frères, même s’il faut garder à l’esprit que l’iconographie franciscaine7 était assez fréquente dans la production manuscrite italienne, surtout pendant la seconde moitié du siècle. Heureusement, dans bon nombre de cas, une note plus explicite enlève le doute. Les frères mendiants sont donc les seuls qui apparaissent plus ou moins explicitement comme commanditaires de bibles au XIIIe siècle, même si une bonne partie de celles-ci a dû leur parvenir grâce à des dons ou à des legs et ensuite, surtout aux XIVe et XVe siècles, à travers des achats. Certaines notes de possession font en effet état de l’achat de la bible via un frère pour son propre couvent ou pour lui-même, en spécifiant toutefois que le manuscrit devait être restitué au couvent après sa mort8. C’était là, sans doute, le mode d’accroissement ordinaire des bibliothèques conventuelles9.

6 Certains manuscrits portent les traces de l’appartenance successive aux deux ordres mendiants. Ainsi, la bible d’origine anglaise Paris, BnF, lat. 163, a très probablement été établie à la demande des Dominicains puisqu’on y trouve un calendrier (ill. 10), de la même main que le texte, où les fêtes dominicaines apparaissent en rouge (24 mai, 5 et 12 août, 10 octobre). Le volume a ensuite dû passer à un franciscain qui a rayé ces fêtes, parmi lesquelles l’octave de saint Dominique, le 12 août, qui a été remplacée par la fête de sainte Claire, célébrée le même jour, et a ajouté celle de saint François (qui d’habitude est présent aussi dans les calendriers dominicains). Ensuite, la bible a appartenu de nouveau à un dominicain qui, en 1402, l’a vendue à son tour à un prêtre pour 10 livres tournois. 7 Comme par exemple dans les bibles suivantes dont toutes les initiales sont historiées : Paris, BnF, NAL 3189 (portraits de saint François et saint Antoine) ; Città del Vaticano, BAV, Ottob. lat. 878 (frère à la place de Jérôme dans l’initiale Frater). Voir aussi la bible, déjà mentionnée, décrite dans l’inventaire de la bibliothèque de San Domenico à Pérouse : [...] et in principio est in una carta imago crucifixi cum beata virgine et sancto Iohanne evangelista et uno frate minore genibus flexis [...]. 8 Deux exemples dans deux bibles d’origine italienne : Città del Vaticano, BAV, Barb. lat. 414, f. 413v : Iste liber concessus est michi, fratri Antonio de Venetiis ordinis predicatorum, quem ego emi pro pretio florenorum Venetorum de auro triginta (XIVe siècle), « Ce livre a été concédé à moi, frère Antoine de Venise de l’ordre des Prêcheurs, qui l’ai acheté au prix de 30 florins vénitiens d’or. » ; Milano, Bibl. Ambrosiana, R 2 sup. : MCCCCLVIII die XV novembris. Ego frater Rochus de Papia emi hac bibliam in civitate Mediolani pro ducatis largis viginti ex denari convenctus sancte Marie de incoronata ; que biblia concessa est ad usum fratris Maximi de Mediolano totus temporibus vite sue, post cuius decessus deveniat in potestatem et usum prefati conventus sancte Marie de incoronata, « 15 novembre 1458. Moi, frère Roch de Pavie, j’ai acheté cette bible dans la cité de Milan au prix de 20 gros ducats de l’argent du couvent de Sainte Marie Couronnée. Cette bible a été concédée en usage au frère Maxime de Milan pour tout le temps de sa vie ; après son décès, elle passera en la possession et à l’usage du couvent susdit de Sainte Marie Couronnée. » Le couvent de Sainte Marie Couronnée appartenait aux Ermites de Saint Augustin. 9 [...] de libris decedentium provideant priores fratrum ydoneis, et convertant omnia in communes usus, « [...] que les prieurs confient aux frères qui en sont dignes les livres de ceux qui sont décédés, et fassent retourner toute chose à l’usage commun. » (Chapitre général dominicain de Toulouse, 1258). Voir Acta cap. gen. O.P, op. cit., p. 94.

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 X Objets de luxe ou outils de travail ? Les commanditaires et les possesseurs des bibles portatives

Aucune personnalité connue du XIIIe siècle n’apparaît dans les manuscrits consultés10, mais au cours des siècles suivants, les bibles portatives continuent à être utilisées par des prédicateurs itinérants  : on sait que saint Jean de Capistran (1386–1456), vicaire général de l’Observance franciscaine, a utilisé une bible portative de luxe, mesurant 175×130 mm, probablement reçue en cadeau11. Saint Bernardin de Sienne (1380–1444) a utilisé et annoté une bible aux initiales historiées mesurant 176×114 mm12. Le bienheureux Albert de Sarteano (1385–1450), franciscain et humaniste, aurait utilisé une bible de 160×100 mm13. Le dominicain saint Vincent Ferrier (1350–1419) a utilisé et annoté une bible portative14. Rappelons aussi que les bibles portatives sont mentionnées dans les catalogues des bibliothèques franciscaines et dominicaines, surtout italiennes, des XIVe et XVe siècles15. Par ailleurs, ces bibles ont certainement fait partie des bagages des frères missionnaires en Orient et en Extrême-Orient, même si, à notre connaissance, une seule bible du XIIIe siècle a survécu à ces voyages : la bible portative Firenze, Biblioteca Medicea Laurenziana, Plut. 3 caps. 1 (165×110 mm, d’origine parisienne), baptisée Bible de Marco Polo et qui a été conservée en Chine jusqu’au XVIIe siècle, avant de revenir en Europe grâce au jésuite Philippe Couplet. Elle présente des annotations marginales qui suggèrent une utilisation dans un contexte de prédication à des « idolâtres »16. Les ordres monastiques traditionnels sont pour leur part beaucoup moins représentés. Les notes de possession, quand elles sont présentes, mentionnent le monastère, mais elles remontent pour la plupart aux XIVe et XVe siècles. Par ailleurs, des sources secondaires nous informent que des bibles portatives étaient en possession de moines, et surtout d’abbés, qui les léguaient ensuite à leurs communautés. C’est ainsi qu’on les retrouve dans les inventaires de l’époque, que ce soit chez les bénédictins17, les cisterciens18 ou les chanoines réguliers19. On peut s’étonner, en revanche, du faible nombre global des maîtres d’université concernés, au XIIIe siècle notamment : il paraît exclu qu’ils n’aient pas du tout fait usage de bibles portatives, à côté des bibles glosées. Si ces dernières constituaient certainement l’outil fondamental pour les études théologiques à l’Université20, le coût de la fabrication de plusieurs volumes de grand format devait dépasser les moyens de la plupart des étudiants et des maîtres. On peut donc présumer qu’en général les bibles en un seul volume de format moyen, maniables mais disposant de marges amples, étaient les plus adaptées à leur travail. Elles portent plus souvent que les bibles portatives des traces du travail exégétique et, même si les notes de possession restent rares, c’est pour les bibles de format moyen que le pourcentage de possesseurs universitaires est le plus élevé21. Il reste que nous n’avons guère d’indices sur les spécificités des bibles privilégiées par cette catégorie de lecteurs. Sur les onze bibles mentionnées dans le catalogue de la Sorbonne de 1338 qui ont survécu jusqu’à nos jours, quatre sont de petites dimensions (≤ 380 mm de taille), mais aucune n’a une taille inférieure à 300 mm. S’il est certes probable que les bibles du catalogue de la Sorbonne aient été léguées par des maîtres de l’université, nous n’en avons la certitude que pour quelques-unes d’entre elles (dont les bibles de petit format Paris, 10 Selon une note ajoutée au XIVe siècle à la chartreuse de Montebracco, près de Saluzzo, dans la bible portative d’origine bolonaise Torino, Bibl. Nazionale, D. V. 32, ce manuscrit aurait été utilisé par Thomas d’Aquin (voir Calligrafia di Dio, op. cit., p. 134), mais cette attribution paraît sans fondement. La bible qui aurait été utilisée par saint Bonaventure était en revanche de dimensions plus grandes. Voir Bennet A., « La Bibbia di Bagnoregio », dans Il Gotico europeo, op. cit., p. 403–414. 11 Capestrano, Bibl. del Convento di San Giovanni, cod. XLIII, avec note de possession autographe. Voir Bartoli M., « La biblioteca e lo scriptorium di Giovanni da Capestrano », Franciscana. Bollettino della Società internazionale di studi francescani, 7 (2006), p. 239–259 : p. 244. 12 Siena, Bibl. Comunale degli Intronati, U.V.1. Voir Codex. Inventario dei manoscritti medievali della Toscana (http://www406.regione.toscana.it/bancadati/codex/, dernière consultation: 09/12/2020). 13 Bologna, Bibl. Universitaria, 1528 (2849), selon une note ajoutée. 14 Valencia, Archivo Catedralicio, 304. Sur ce manuscrit, voir Gimeno Blay F. M., La Biblia de San Vicente Ferrer (Codice manuscrito del siglo XIII), Valencia, 1992. Une autre bible du XIIIe siècle, plus grande et d’origine française, aurait aussi été utilisée par lui. Voir Espinel J. L., « Biblia de San Vicente. Convento de San Esteban. Salamanca », Ciencia tomista, 119/3 (1992), p. 521–548. 15 Voir toutes les bibliothèques mentionnées au chapitre II. 16 Voir Saccenti R., « Il testo biblico e i marginalia della Bibbia di Marco Polo », dans In via in saecula. La Bibbia di Marco Polo tra Europa e Cina, Melloni A. éd., Roma, 2012, p. 21–44 et Ruzzier C., « La ‘Bibbia di Marco Polo’ e la produzione duecentesca di Bibbie portatili », ibidem, p. 3–20. 17 Voir par exemple Cantoni Alzati, La Biblioteca di S. Giustina a Padova, op. cit. ; English Benedictine Libraries, op. cit. ; St Augustine’s Abbey, Canterbury, op. cit. Sur l’utilisation des bibles du XIIIe siècle en milieu bénédictin anglais, voir aussi Gameson R., « Durham’s Paris Bible and the Use of Communal Bibles in a Benedictine Cathedral Priory in the Later Middle Ages », dans Form and Function, op. cit., p. 67–104 : p. 84–99. 18 Vernet, La Bibliothèque de l’abbaye de Clairvaux, op. cit. 19 The Libraries of the Augustinian Canons, op. cit. 20 Voir Lobrichon, « Les éditions de la Bible latine », op. cit., p. 26–27. 21 Voir Ruzzier, « Qui lisait les bibles portatives », op. cit., p. 12.

a Les utilisateurs des bibles portatives selon les notes de possession et les autres indices 

 197

BnF, lat. 1626222 et Paris, BnF, lat. 1626423). Par ailleurs, nous savons que les bibles de cette bibliothèque continuaient d’être intensément utilisées au XVe siècle  : grâce au registre de prêt de la Sorbonne, nous pouvons dénombrer les emprunts de chacune d’elles dans le courant de ce siècle. 120 emprunts effectués entre 1404 et 1485 concernent les 10 bibles complètes non glosées qui ont été identifiées, dont 42 se rapportent aux trois volumes déjà cités24 ayant moins de 380 mm de taille : la bible la plus petite, Paris, BnF, lat. 16263 (313 mm de taille), a été empruntée 15 fois, suivie par lat. 16258–16259 (16 fois) et lat. 16262 (11 fois), mais les bibles empruntées le plus fréquemment sont des bibles de format moyen (380–550 mm de taille environ)25. Des maîtres d’universités anglaises ont également possédé des bibles de petit format, tant au XIIIe siècle qu’aux siècles suivants. Nous en avons parfois connaissance à travers les legs faits par d’anciens élèves aux collèges dont ils avaient été membres26, et grâce aux catalogues des bibliothèques de collèges27. En ce qui concerne le clergé séculier, force est de constater que les attestations directes sont extrêmement rares28, surtout pour le XIIIe siècle. Il est cependant probable qu’une partie de la production de bibles portatives d’un excellent niveau d’exécution est entrée dans les bibliothèques du haut clergé : on peut conjecturer que les prélats possédaient, à côté des grandes bibles d’apparat, des bibles plus petites pour leur usage personnel. Les notes de possession faisant défaut, il faut recourir aux sources secondaires, tels que les testaments et les inventaires après décès, qui malheureusement précisent rarement les dimensions des manuscrits29. Nous en avons quelques exemples remontant au XIIIe siècle. Ainsi, le cardinal Guala Bicchieri, mort en 1226, possédait une bibliotheca parva pretiosissima de littera Parisiensi cum litteris aureis et ornamento purpureo30. Cette mention est d’ailleurs un témoignage précoce du développement de la production de bibles de petit format et de luxe à Paris dès les années 1220 et de leur arrivée rapide en Italie. Au moment de sa mort en 1269, le patriarche d’Aquilée Gregorio de Montelongo répartit les deux volumes de sa bible de grand format entre les Dominicains et les Franciscains de Cividale et lègue sa petite bible (Bibliam suam parvam) à son neveu, plebanus de Gemona31. Au siècle suivant, Philippe d’Alençon, archevêque de Rouen, possédait, d’après l’inventaire de 1368 de sa riche bibliothèque, une bible en deux volumes et une parva biblia in qua cotidie legitur32. Plusieurs autres mentions de bibliae parvae sont présentes dans les inventaires après décès de certains prélats, inventaires conservés dans les archives du Vatican33. On relève le même type de mention en Angleterre, à propos de prélats qui font des dons similaires à différentes institutions34. Du côté des laïcs enfin, on doit constater l’absence de toute mention directe35 d’usage jusqu’au tout début du XVe siècle, lorsque Jean Flamel, bibliothécaire de Jean de Berry, transcrit de sa main deux notes sur les deux bibles porta22 Léguée par Robertus Bernardus de Normannia, magister du début du XIVe siècle (voir Delisle, le cabinet des manuscrits, op. cit., II, p. 172, III, p. 10–11). Par ailleurs, une autre bible (Paris, BnF, lat. 16260), très richement décorée, a été donnée plus tard à la Sorbonne par Pierre Plaoul, enseignant à la Faculté de théologie et évêque de Senlis (1409–1415). 23 Cette bible a été fabriquée dans la péninsule ibérique dans la seconde moitié du siècle, mais elle est arrivée très tôt en France selon les notes de possession des maîtres Stephanus de Lemovicis (probablement Etienne de Limoges, chanoine de Paris en 1288, maître ès Arts, voir Glorieux P., Répertoire des maîtres en théologie de Paris au XIIIe siècle, I–II, Paris, 1936, n. 1357) et Riciardus Lombardus. 24 Trois, car la bible portative BnF, lat. 16264, mentionnée dans le catalogue de 1338, ne semble pas avoir été empruntée au XVe siècle. 25 BnF, lat. 15473 (25 fois), lat. 15474 (9 fois), lat. 15475 (23 fois [ill. 20]), lat. 15476 (15 fois). Pour la liste des emprunteurs de toutes les bibles concernées, voir Le registre de prêt, op. cit., p. 714–715, 733–734. 26 Pour Oxford et Cambridge, nous conservons quelques mentions de petites bibles données ou léguées aux collèges (voir Emden A. B., A Biographical Register of the University of Cambridge to 1500, Cambridge, 1963, p. 66, 589 ; Id., A Biographical Register of the University of Oxford to A.D. 1500, Oxford, 1957, II, p. 1229). 27 Voir The University and College Libraries of Cambridge, op. cit., passim et Scottish Libraries, op. cit., passim. Néanmoins, il est très rare que les dimensions soient précisées. 28 Quelques exemples d’attestation directe concernent des possesseurs qui s’identifient comme presbiter ainsi que la bible de format maniable, mais pas vraiment portative (231×161 mm), Città del Vaticano, BAV, Vat. lat. 35 ayant appartenu au cardinal Ascanio Maria Sforza (armes au f. 9) dans la seconde moitié du XVe siècle. 29 De plus, le mot portatilis est rarement attesté en dehors des sources italiennes. 30 « Une petite bible très précieuse, en écriture parisienne, avec des lettres dorées et une décoration pourpre. » Voir Supino Martini, « Qualche riflessione sulla Bibbia », op. cit., p. 1415. 31 Nebbiai-Dalla Guarda D., « Bibliothèques en Italie jusqu’au XIIIe siècle. État des sources et premières recherches », dans Libri, lettori e biblioteche, op. cit., p. 7–129 : p. 103. 32 « Une petite bible pour la lecture quotidienne. » Voir Bibliothèques ecclésiastiques au temps de la papauté d’Avignon, II, Jullien de Pommerol M.-H. − Monfrin J . éd., Paris, 2001, p. 384. 33 Voir Bibliothèques ecclésiastiques, op. cit., I–II, passim. 34 Informations fournies par Jean-Philippe Genet. 35 Des sources documentaires semblent attester la possession de la bible portative d’origine française Lisboa, Bibl. nacional de Portugal, Alc. 458 par l’infante Mafalda de Portugal (1195–1256), mais lorsqu’elle était déjà moniale cistercienne. Voir Correia de Sousa, Sacra pagina, op. cit., p. 38–39, 231.

198 

 X Objets de luxe ou outils de travail ? Les commanditaires et les possesseurs des bibles portatives

tives de luxe que possédait le duc : le manuscrit Paris, BnF, lat. 10426 (ill. 16 et 17), mesurant 183×133 mm et enluminé dans l’atelier d’Aurifaber dans le troisième quart du XIIIe siècle36, aurait appartenu à Louis IX et la bible Paris, BnF, lat. 248 (1–2)37 (ill. 14) à Philippe le Bel. Les deux bibles ne portent ni marques d’usage ni indice explicite permettant d’en attribuer la propriété aux rois de France, même si l’affirmation de Jean Flamel n’a rien d’invraisemblable. Les sources secondaires sont elles aussi pratiquement muettes à propos des possesseurs laïques, même après le XIIIe siècle. Rarissimes sont les mentions dans les inventaires après décès en France et en Italie38. Les inventaires des bibliothèques de nobles aux XIVe et XVe siècles ne sont pas plus riches. Une enquête sommaire de Léopold Delisle les trouvait très pauvres en bibles latines et ne relevait aucune bible portative dans leurs collections. La seule exception notable est représentée par les inventaires de 1373 et 1380 de la bibliothèque du Louvre, qui font état de cinq bibles de petit format (« petite bible », « Bible de très menue lettre ») sur dix-neuf bibles latines39. Enfin, au XVe siècle toujours, trois bibles portatives au moins ont été utilisées par des humanistes, et notamment le manuscrit Città del Vaticano, BAV., Pal. Lat. 18, qui contient des postilles en latin, hébreu et grec de Giannozzo Manetti40. Les données sont plus maigres encore en ce qui concerne la région où vivaient les utilisateurs des bibles de notre corpus : 62% seulement des marques de possession contiennent des indices directs ou indirects permettant de l’appréhender. Le déficit est d’ailleurs encore plus important lorsqu’il s’agit du XIIIe siècle. Notons que trois quarts des preuves de possession localisables en Italie concernent les ordres mendiants, un pourcentage nettement plus élevé que dans les autres pays (Tableau 159). Tableau 159: Statut du possesseur selon le lieu de possession. Type de possesseur

Angleterre %

ordres mendiants ordres non mendiants clergé séculier maîtres d’université laïcs ensemble

France

mss

pays germaniques41

Italie mss

%

mss

%

%

mss

37,5% 50,0% 0,0% 12,5% 0,0%

3 4   1  

36,7% 10,0% 23,3% 13,3% 16,7%

11 3 7 4 5

76,9% 11,5% 0,0% 7,7% 3,8%

20 3   2 1

45,5% 36,4% 0,0% 18,2% 18,2%

5 4 2 2

100,0%

8

100,0%

30

100,0%

26

100,0%

13

Tableau 160: Lieu d’origine des bibles selon leur lieu de possession médiévale. Lieu d’origine

Angleterre %

Angleterre France Italie autres origines/origine inconnue total

France

mss

%

Italie mss

%

pays germaniques mss

%

mss

91,7% 8,3% 0,0% 0,0%

11 1

9,1% 66,7% 6,1% 18,2%

3 22 2 6

3,6% 28,6% 57,1% 10,7%

1 8 16 3

6,3% 50,0% 18,8% 25,0%

1 8 3 4

100,0%

12

100,0%

33

100,0%

28

100,0%

16

36 Au sujet de cette bible, voir aussi Petitmengin, « La Bible de saint Louis », op. cit., p. 85–87. 37 Voir la description plus haut, chapitre VI.h. 38 Parmi les 28 mentions de bibles définies comme parva/picola repertoriées dans des inventaires après décès au XVe siècle, cinq ont appartenu à des laïcs, tous italiens (deux bourgeois et trois juristes), alors que la majorité appartenait à des membres du haut clergé (information fournie par Anne Tournieroux). 39 Voir Delisle, Le cabinet des manuscrits, III, p. 115–116 ; tous les autres manuscrits bibliques sont en français. Une autre exception est constituée par la bibliothèque des ducs de Milan, qui contenait quelques bibles latines et un nouveau testament portatif (peut-être Paris, BnF, lat. 320). Voir Pellegrin E., La bibliothèque des Visconti et des Sforza ducs de Milan, au XVe siècle, Paris, 1955, p. 200. 40 L’humaniste travaillait à une nouvelle traduction de la Bible. Sur ce manuscrit, voir I Vangeli dei Popoli, op. cit., p. 300–303. Deux autres bibles consultées contiennent des postilles en écriture humanistique : Roma, Accademia dei Lincei e Corsiniana, Rossi 318 et Città del Vaticano, BAV, Barb. lat. 402. 41 Y compris deux manuscrits provenant des anciens Pays-Bas.

a Les utilisateurs des bibles portatives selon les notes de possession et les autres indices 

 199

Sans surprise, le pays de production est aussi le principal pays d’utilisation (Tableau 160). Toutefois, dès l’époque médiévale, certaines bibles ont été utilisées loin de leur lieu de production, et l’on peut supposer que le phénomène a été beaucoup plus répandu que ne l’attestent nos rares mentions. Si le manuscrit était copié à la commande et,  partant, destiné à un public majoritairement local, la grande mobilité des lettrés favorisait une diffusion assez rapide des livres en dehors de la région où ils avaient été produits. Les étudiants de l’Europe entière qui se pressaient dans les grandes universités, comme Paris ou Bologne, pour y étudier la théologie ou le droit, faisaient copier ou se procuraient des volumes in loco qu’ils rapportaient chez eux à la fin du cursus universitaire42. Quant aux prêcheurs itinérants, ils constituaient par leur activité un vecteur de déplacement des livres dont ils avaient l’usage. Cela explique pourquoi, sur les huit bibles d’origine française de notre corpus utilisées au Moyen Âge en Italie, quatre appartenaient aux Dominicains, une aux Franciscains, une aux Bénédictins et une à un évêque (pour la dernière, le statut du possesseur est inconnu). Aucune note de possession antérieure au XVe siècle ne se rapporte aux pays germaniques. Comme on l’a vu, la production de bibles portatives ne s’est pas développée dans cette aire. Toutefois, les universités françaises et italiennes accueillaient beaucoup d’étudiants en provenance de ces régions43  ; l’essor des ordres mendiants est assez précoce dans les pays germaniques et la multiplication des couvents au XIIIe siècle y est aussi remarquable qu’ailleurs44. Pour toutes ces raisons, on est en droit de supposer que les mendiants ont dû ramener dans leur pays les bibles portatives qu’ils utilisaient et qui seraient demeurées in loco – une hypothèse apparemment corroborée par le grand nombre de bibles actuellement conservées en Allemagne. Pourtant, si l’on considère les provenances des manuscrits conservés aujourd’hui à la Staatsbibliothek de Munich, il apparaît que la plupart d’entre eux sont issus de monastères, principalement bénédictins. Une seule bible (Clm 6101) provient d’un couvent dominicain45. Si certains manuscrits portent le témoignage de possessions médiévales, la plupart des marques de provenance font référence à l’institution qui les détenait à l’époque moderne, juste avant l’entrée du volume dans la Staatsbibliothek, et par conséquent elles n’ont pas été insérées dans nos tableaux. Étant donné la stabilité de ces fonds monastiques, on peut néanmoins raisonnablement admettre que ces mentions correspondent au lieu de conservation à la fin du Moyen Âge. Il reste qu’aucun des manuscrits consultés ne porte une trace d’utilisation dans ce pays qui soit datable du XIIIe siècle. Par ailleurs, une brève enquête dans les inventaires médiévaux disponibles pour les bibliothèques de frères mendiants en Bavière ne nous a pas permis d’y repérer de bibles définies comme parvae ou portatiles46. Au bout du compte, pour le XIIIe siècle, la part des ordres mendiants apparaît globalement prépondérante. Cette donnée doit correspondre en bonne partie à la situation réelle : c’étaient les mendiants, surtout, qui avaient besoin de bibles transportables ; ce sont eux qui apparaissent, au moins de manière indirecte, comme commanditaires de ces manuscrits ; enfin, la production de bibles portatives explose en parallèle avec le développement de ces ordres, porteurs de nouveaux besoins. S’il n’est pas exclu que des laïcs aient commandité des bibles portatives, ce phénomène a dû être très marginal et limité aux couches les plus aisées de la population. En revanche, la part des prélats parmi les possesseurs est peut-être sous-estimée. N’oublions pas en effet que la surreprésentation des ordres mendiants est en partie due au fait que les autres catégories de possesseurs n’ont pas laissé beaucoup de marques d’usage : les témoignages les concernant nous viennent avant tout de sources secondaires, dont les mentions de bibles ne peuvent que rarement être associées à des manuscrits subsistants identifiables. Quoi qu’il en soit, et bien que les attestations explicites ne soient pas fréquentes, il apparaît clairement que ces livres, faits pour durer, étaient destinés à une lecture privée et ont été utilisés de manière continue jusqu’à la fin du Moyen Âge par toutes les catégories de lecteurs. Les bibles portatives avaient

42 Les archives de Bologne contiennent un certain nombre de contrats concernant le transport de livres à l’étranger ; il y avait même des compagnies qui se portaient garantes de l’opération. Voir Orlandelli, Il Libro a Bologna, op. cit., p. 41–123. 43 Sur la mobilité des étudiants, voir Verger J., « La circulation des étudiants dans l’Europe médiévale », Les Cahiers du Centre de Recherches Historiques, 42 (2008), p. 87–95. 44 Voir à ce sujet, Freed J. B., The Friars and German Society in the Thirteenth Century, Cambridge (MA), 1977, p. 21–26. 45 Celui d’Eichstätt, avec une note du XVe siècle émanant d’un frère qui demande la restitution du volume à ce couvent après sa mort. 46 En revanche, quelques bibles définies comme parvae, mais non identifiées, sont présentes au XVe siècle dans la bibliothèque du collège de l’Université d’Erfurt. Voir Mittelalterliche Bibliothekskataloge Deutschlands und der Schweiz, II. Bistum Mainz Erfurt, Lehmann P. éd., München, 1928, p. 110, 119, 181 (Biblia parva pergamenea in littera minuta et notabili, « Petite bible en parchemin en écriture menue et remarquable »), 207, 275.

200 

 X Objets de luxe ou outils de travail ? Les commanditaires et les possesseurs des bibles portatives

été produites en grand nombre au XIIIe siècle pour satisfaire des besoins nouveaux. La production ne pouvait augmenter indéfiniment et dépendait strictement de l’augmentation du nombre des commanditaires concernés. Une fois celui-ci stabilisé, et compte tenu de l’investissement nécessaire à la confection d’un nouveau manuscrit, la demande était désormais presque entièrement satisfaite par le mécanisme des legs et le recours au marché de l’occasion. C’est pourquoi la production de bibles portatives aux XIVe et XVe siècles est très faible. Le seul événement qui pouvait interrompre la carrière de ces livres presque inusables était leur remplacement par des objets de nature différente : les bibles imprimées. Toutefois, l’utilisation des bibles manuscrites se prolonge au-delà de l’invention de l’imprimerie car l’influence de cette dernière sur la production manuscrite ne se manifeste qu’à partir des années 1470–1480. De plus, parmi les incunables, le cas de la Bible présente des aspects spécifiques : tout comme celle de Gutenberg, les premières bibles imprimées sont toutes de grand format et il faut attendre la dernière décennie du siècle pour disposer d’éditions aux dimensions réduites. Sur 81 éditions incunables de bibles latines complètes non glosées, 69 sont in-folio, 8 in-quarto et seulement 4 in-octavo. La première bible in-quarto (200×150 mm environ, soit les dimensions de nos bibles « de besace ») a été imprimée à Plaisance en 1475 par Giovanni Pietro de’ Ferrati47, la première édition in-octavo (165×110 mm environ, dont les dimensions sont tout de même supérieures à celles de bien des bibles portatives présentes dans notre corpus) a été imprimée à Bâle en 1491 par Johann Froben48, qui a produit ensuite une autre édition de ce format en 1495. Les autres éditions de petit format sont toutes vénitiennes. Pour avoir des bibles encore plus petites, in-16° ou même in-24°, divisées toutefois en plusieurs volumes, on devra attendre les bibles imprimées à Paris à partir des années 1520 par Simon de Colines et Pierre Vidoue49.

b Les bibles utilisées par les frères mendiants Le nombre relativement élevé de manuscrits consultés ayant appartenu à des frères mendiants nous permet d’en analyser la typologie, ce qui n’est pas possible pour les autres catégories, vu la faiblesse des effectifs. Les résultats relatifs aux deux ordres principaux ne diffèrent pas sensiblement et nous les présenterons donc ensemble. Les trois quarts des bibles utilisées par des frères appartiennent indiscutablement à la catégorie « portative », leur taille étant comprise entre 230 et 330 mm (Tableau 161). La distribution diffère légèrement entre les bibles d’origine française et italienne du fait que la part des deux tranches dimensionnelles dans ces pays n’est pas identique. Dans ces deux tranches, les manuscrits ayant appartenu aux frères correspondent à 22,8% de la production totale et surtout à 66,1% des manuscrits pourvus de notes de possession. Ces données confirment donc la position des frères mendiants comme principaux destinataires des bibles portatives, à l’exclusion des plus petites qui étaient sans doute moins fonctionnelles eu égard à l’usage qu’ils en avaient50. La préférence des frères pour ce format est confirmée par la prise en compte des bibles du XIIIe siècle de format moyen et grand : le pourcentage de frères parmi les possesseurs diminue progressivement avec l’augmentation de la taille – jusqu’à 18% seulement pour les bibles ayant plus de 550 mm de taille – au profit de tous les autres types de possesseurs51.

47 ISTC ib00542000 : 394 f., 2 colonnes de 60 lignes ; avec les Interprétations des noms hébreux. 48 ISTC ib0059000 : 496 f., 2 colonnes de 56 lignes ; avec les Interprétations des noms hébreux et concordances marginales. 49 Voir Needham P., « The Changing Shape of the Vulgate Bible in the Fifteenth-Century Printing Shops », dans The Bible as a Book, op. cit., p. 53–70 : p. 53–62. En général, sur la typologie des bibles incunables et leur usage, voir aussi Jensen K., « Printing the Bible in the Fifteenth Century. Devotion, Philology and Commerce », dans Incunabula and their Readers. Printing, Selling and Using Books in the Fifteenth Century, Jensen K. éd., London, 2003, p. 115–138 et Adam R., « Le Livre et l’Imprimerie : étude sur la production des bibles latines au XVe siècle », dans Comment le Livre s’est fait livre, op. cit., p. 247–266. 50 Les trois bibles les plus petites qui ont appartenu aux frères sont d’origine anglaise (Città del Vaticano, BAV, Barb. lat. 378 et Oxford, Bodleian Library, Auct. D 5 12) et française (Firenze, Bibl. Medicea Laurenziana, Conv. Soppr. 622), mais, contrairement à la plupart des bibles septentrionales de mêmes dimensions, elles ont un décor assez sobre. 51 Voir Ruzzier, « Qui lisait les bibles portatives », op. cit., p. 12.

b Les bibles utilisées par les frères mendiants 

 201

Tableau 161: Distribution par taille et origine des manuscrits utilisés par des frères mendiants. Taille

 

Angleterre

France

Italie

autres pays ou origine inconnue

≤230 mm

mss % mss

    2  40,0%

  1   5,0%

0,0%

231–280 mm

mss % mss

  1  20,0%

  8  40,0%

281–330 mm

mss % mss

  2  40,0%

331–380 mm

mss % mss

381–450 mm

 

total

% de la production totale52

0,0%

3 4,8%

1,2% ; 42%

  4 16,0%

3 23,1%

16 25,4%

17,0% ; 55,1%

  6  30,0%

 16 64,0%

7 53,8%

31 49,2%

27,7% ; 73,8%

    0,0%

  4  20,0%

  3 12,0%

  0,0%

7 11,1%

12,0% ; 50%

mss % mss

    0,0%

  1   5,0%

  2 8,0%

3 23,1%

6 9,5%

total mss

 

  5

 20

 25

13

total % mss

 

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

9,0% ; 35,2%

63

16,9%57,7%

100,0%

En ce qui concerne la richesse des manuscrits, notons que la moitié des manuscrits ayant appartenu aux frères se trouvent dans le groupe « 231–330 mm avec décor mixte orné-filigrané ou exclusivement filigrané », ce qui correspond à 30% de la production totale de ce groupe. Il s’agissait donc d’une catégorie de bibles qui était sans aucun doute prisée par les frères. On observe néanmoins que les bibles moins sobres et munies d’initiales historiées sont loin d’être absentes53. Même si les effectifs sont faibles, les bibles ayant appartenu à des franciscains semblent plus riches que celles des dominicains. Il est dès lors probable que la valeur d’une bible franciscaine était parfois bien supérieure à la limite fixée par les statuts de l’ordre54. Cela dit, bon nombre de ces bibles pouvaient provenir de dons ou de personnes qui étaient entrées dans l’ordre après une carrière séculière. Tableau 162: Distribution par niveau de décoration et par taille des manuscrits utilisés par des frères. Décoration des initiales

 

≤230 mm

231–280 mm

281–330 mm

331–380 mm

381–450 mm

toutes historiées – ornées

mss % mss

  0,0%

3 18,8%

3 9,7%

1 14,3%

3 50,0%

10 15,9%

12,3%

historiées/ornées – ornées

mss % mss

  0,0%

3 18,8%

4 12,9%

1 14,3%

  0,0%

8 12,7%

21,0%

ornées – ornées

mss % mss

1 33,3%

  0,0%

1 3,2%

  0,0%

1 16,7%

3 4,8%

9,0%

ornées – filigranées

mss % mss

1 33,3%

9 56,3%

7 22,6%

2 28,6%

2 33,3%

21 33,3%

28,0%

filigranées – filigranées

mss % mss

1 33,3%

1 6,3%

16 51,6%

3 42,9%

  0,0%

21 33,3%

16,8%

63

16,9%

total mss

 

total % mss

 

3 100,0%

16 100,0%

31 100,0%

7 100,0%

6 100,0%

total

% de la production totale

100,0%

52 Les deux pourcentages ont respectivement comme dénominateur l’effectif total de chaque classe et le nombre de manuscrits dont le statut du possesseur est connu dans chaque classe. 53 Pour ce qui est de l’or, 60% des bibles qui ont appartenu aux frères en sont dépourvues (pour la production totale le pourcentage est de 52,8%). 54 20 livres parisis, ce qui, au XIIIe siècle, représentait un investissement non négligeable. Sur la problématique du prix du livre chez les Franciscains, voir plus haut, chapitre I.d. À propos de bibles de luxe destinées à des franciscains, voir aussi Giovè Marchioli N., « Il codice francescano. L’invenzione di una identità », dans Libri, biblioteche e letture, op. cit., p. 375–419 : p. 384–386.

202 

 X Objets de luxe ou outils de travail ? Les commanditaires et les possesseurs des bibles portatives

Les bibles utilisées par les frères étaient-elles plus « modernes » du point de vue paratextuel ? La distribution de ces bibles selon le type d’habillage du texte ne fait pas apparaître de divergences par rapport à celle de la production totale ; elle suit plutôt la distribution géographique55. Cependant, aucun manuscrit d’origine française utilisé par des frères ne contient un texte ancien. Il est dès lors assez probable qu’à Paris tout au moins les frères faisaient partie de la frange la plus « moderne » du public. Par ailleurs, nous avons déjà relevé que certains textes ajoutés en appendice de la bible sont associés aux frères mendiants56. 62% des bibles ayant appartenu à des frères contiennent en effet au moins un texte ajouté, notamment des tables de péricopes57 (46,8%) et des calendriers (22,6%), alors que le pourcentage est de 46% pour la production totale et de 37% pour les manuscrits ayant appartenu à d’autres possesseurs.

c Un autre indice d’usage : la présence de marginalia Ces bibles ont-elles fait l’objet d’un usage intensif de la part de leurs possesseurs ? Le degré d’usure n’est pas aisé à évaluer : certains volumes ne présentent aucune trace d’usage, et ce constat concerne la partie la plus riche de la production ; d’autres, en revanche, au vu tant de leur degré d’usure que de la quantité d’adjonctions textuelles (pièces et annotations) qui les ont enrichis au fil du temps, semblent avoir été utilisés de manière intense et prolongée. Pour tenter malgré tout d’établir une évaluation chiffrée du phénomène, nous nous sommes fondée sur la présence de marginalia58. Ces derniers constituent un ensemble de nature hétérogène : il peut s’agir de remarques d’ordre lexical, de variantes ajoutées par une deuxième ou troisième main, de concordances avec d’autres passages de la Bible, voire de simples maniculae59. Compte tenu de notre objectif, nous avons laissé de côté l’analyse du contenu de ces notes, nous contentant d’en évaluer la fréquence. Nous avons attribué à la catégorie « notes sporadiques » les manuscrits qui ne présentent que des maniculae ou de très rares annotations, à la catégorie « fréquentes » les manuscrits qui présentent quelques annotations éparses sur un grand nombre de pages, à la catégorie « très fréquentes », enfin, les manuscrits qui conservent des annotations sur toutes les pages ou qui sont pourvus d’une glose marginale organisée au moins dans certains livres60. La distribution de ces marginalia n’est pas homogène, car ils sont souvent concentrés dans les livres sapientiaux – surtout les Proverbes –, les Évangiles et les Épîtres de Paul. Par ailleurs, la présence des marginalia est étroitement corrélée à la richesse du manuscrit (Tableau 163). Les bibles avec une riche décoration peinte en contiennent très rarement, mais leur présence augmente au fur et à mesure que la décoration devient plus simple61. Nous avons d’une part des bibles de fabrication plutôt courante, destinées au théologien ou au prêcheur, où l’aspect fonctionnel est prépondérant, d’autre part des volumes plus luxueux, destinés au mieux à la lecture privée, où la fonction de représentation sociale constitue, au contraire, l’aspect dominant. Ces résultats sont confirmés lorsque la quantité des marginalia est croisée avec la dimension des manuscrits : les manuscrits les plus petits possèdent rarement des notes marginales. Cette rareté s’explique moins par le manque d’espace que par la destination différente de ces petits volumes, qui, on l’a vu, sont aussi les plus richement décorés. On remarque au contraire que les notes marginales se trouvent surtout dans les manuscrits dont la taille dépasse 280 mm (Tableau 164) et dont le décor est filigrané. Ces caractéristiques correspondent en bonne partie au domaine d’utilisation des frères mendiants, dont les manuscrits sont dépourvus d’annotations seulement dans 27% des cas.

55 Voir chapitre IV.f., tableau 33–34. 56 Pour leur typologie, voir plus haut, chapitre IV.i, tableaux 47–48. 57 À leur sujet, voir O’Carroll M., « The Lectionary for the Proper of the Year in the Dominican and Franciscan Rites in the Thirteenth Century », Archivum Fratrum Praedicatorum, 49 (1979), p. 79–103. 58 Ce type d’analyse pose toutefois un problème pour les bibles ayant fait partie de bibliothèques institutionnelles : on peut présumer que, comme de nos jours, les emprunteurs n’étaient pas censés emplir les marges de leurs annotations personnelles. Cependant, sur les cinq bibles ayant fait partie de la bibliothèque de la Sorbonne, qui ont été empruntées très souvent au XVe siècle, quatre sont pourvues de marginalia. 59 Les intégrations des passages omis, analysées au chapitre IV.g, sont bien évidemment exclues, puisque leur présence était prévue dès le début. 60 Il s’agit de cinq bibles : Den Haag, Koninklijke Bibliotheek, 76 E 22 ; München, Bayerische Staatsbibliothek, Clm 23351 ; Paris, Bibl. Mazarine, 70 ; Città del Vaticano, BAV, Barb. lat. 401, Ottob. lat. 532. 61 Lorsqu’on utilise la blancheur du parchemin au lieu de la décoration en tant qu’indicateur de richesse, on parvient au même résultat : 54% des manuscrits dont la couleur est notée 0–1 ne présentent pas de marginalia, contre 30% des manuscrits notés 2–3. Il en va de même pour la présence de l’or : les marginalia sont absents de 58% des manuscrits où l’or est présent, contre 25% dans la situation contraire.

d Les lieux de conservation actuelle des bibles portatives : un reflet de leur passé ? 

 203

Tableau 163: Présence de marginalia selon la richesse des initiales. Initiales livres – prologues

notes marginales

total

absentes

sporadiques

fréquentes

très fréquentes

toutes historiées – ornées historiées/ornées – ornées ornées – ornées ornées – filigranées filigranées – filigranées

63,0% 58,3% 40,0% 32,4% 26,2%

18,5% 16,7% 25,0% 10,8% 26,2%

16,7% 25,0% 30,0% 37,8% 43,1%

1,9% 0,0% 5,0% 18,9% 4,6%

100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0%

ensemble

42,5%

20,0%

31,5%

6,0%

100,0%

On notera aussi le pourcentage élevé de marginalia dans les bibles de dimensions un peu plus grandes, certes encore maniables, mais moins adaptées au transport : leurs marges sont assez grandes pour accueillir des annotations, sinon des gloses organisées, et ces volumes correspondent probablement au format privilégié par les universitaires. Enfin, la ventilation du corpus selon la richesse et les dimensions a des répercussions sur la distribution géographique des marginalia : ces derniers sont plus rares en France (50% dépourvus de notes), et à Paris en particulier (66%), qu’en Italie (28%). Tableau 164: Présence de marginalia selon les dimensions. Taille

notes marginales

total

absentes

sporadiques

fréquentes

très fréquentes

≤230 mm 231–280 mm 281–330 mm 331–380 mm 381–450 mm

64,7% 56,5% 33,8% 43,8% 16,0%

17,6% 14,5% 24,6% 28,1% 12,0%

17,6% 22,6% 35,4% 25,0% 60,0%

0,0% 6,5% 6,2% 3,1% 12,0%

100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0%

ensemble

42,8%

19,9%

31,3%

6,0%

100,0%

d Les lieux de conservation actuelle des bibles portatives : un reflet de leur passé ? Il n’est pas possible de retracer ici l’histoire de la dispersion de nos bibles à l’époque moderne. Nous pouvons néanmoins fournir un panorama de la distribution des manuscrits subsistants par pays de conservation, en tenant compte du fait que l’évaluation relative à certains pays a pu être sous-estimée du fait d’un catalogage insuffisant. L’Angleterre et la France sont les principaux pays de conservation (Graphique 14), avec respectivement 23,9% et 19,6% des exemplaires conservés. Le catalogage pour ces deux pays étant probablement à peu près exhaustif, bien que la qualité des descriptions soit très variable, on peut supposer que leur part n’augmentera pas. Le catalogage n’a peut-être pas été aussi systématique en Allemagne, en Autriche et en Suisse (15,2%), mais l’évaluation pour ce groupe devrait elle aussi refléter la réalité, et il en va de même pour la Belgique et les Pays-Bas (3,6%). On s’étonnera, en revanche, du nombre relativement réduit d’exemplaires conservés dans la péninsule italienne (12,3%), d’autant qu’il s’agit non seulement d’un pays producteur, mais encore de celui qui a livré le plus grand nombre d’indices quant à l’utilisation de ces bibles au cours du Moyen Âge. Vu l’état d’avancement de la catalographie italienne, on peut admettre que quelques bibles portatives restent enfouies dans les bibliothèques dont les fonds sont vierges de tout recensement, même s’il est peu probable que le panorama puisse être radicalement modifié par les découvertes à venir. Il ne faut toutefois pas perdre de vue le fait qu’une grande quantité de manuscrits italiens – souvent les plus luxueux – a quitté la péninsule et rejoint des collections dispersées dans le monde entier. Dans le cas de la péninsule ibérique, le déficit de catalogage laisse également entrevoir une sous-évaluation du nombre de bibles qui y sont conservées (4%), même si pour le Portugal le recensement doit être à peu près complet. Aux États-Unis et au Canada, le pourcentage calculé (9%) concerne essentiellement les collections des grandes bibliothèques publiques et privées. On peut pourtant présumer qu’un grand nombre de bibles vendues aux enchères

204 

 X Objets de luxe ou outils de travail ? Les commanditaires et les possesseurs des bibles portatives

Graphique 14: Lieu actuel de conservation des manuscrits recensés. 450

416

400 350

341

300

265

250

214

200

159

150 100

63

71

108

83

50 0

19 France

RoyaumeUni et Irlande

Italie et Vatican

Allemagne, Belgique et Espagne et Nord et est Autriche et Pays-Bas Portugal de l'Europe Suisse

USA et Canada

reste du monde

lieu inconnu

au cours du XXe siècle, voire plus récemment, se trouvent également dans ces pays. Ces bibles – qui nous sont partiellement connues à travers les catalogues de vente et dont il n’a pas été possible d’identifier le dernier acheteur – sont réunies dans la classe « lieu inconnu » (6,2%). Leur nombre n’est pas négligeable, et il est certain qu’il est sous-estimé62. Peut-on néanmoins postuler que dans la plupart des cas un lien subsiste entre le pays d’origine des bibles et leur lieu de conservation actuel ? En première approche, la réponse à cette question semble ne pouvoir être que négative, dans la mesure où bon nombre de fonds ou de bibliothèques anciennes ont connu des déplacements considérables au cours des siècles. Cependant, si le phénomène est avéré pour les grandes bibliothèques de conservation dont les fonds rassemblent des volumes de provenances les plus diverses63, il l’est beaucoup moins pour les nombreuses bibliothèques « provinciales », qui reflètent plus fidèlement la localisation originelle des manuscrits et d’où provient, en fin de compte, une grande partie des manuscrits conservés. Ce qui par contre limite assurément l’analyse, c’est la rareté des localisations fournies par les catalogues, surtout dans certains pays, et une possible surreprésentation de la localisation « France », due à la confusion entre bible portative, « Bible de Paris » et bible d’origine parisienne. Malgré ces facteurs de distorsion, quelques tendances générales devraient ressortir. Dans le Tableau 165, tous les manuscrits localisés ont été distribués selon leur pays d’origine et celui de conservation actuelle. Comme on pouvait s’y attendre, dans chacun des trois principaux pays de production, le pourcentage le plus élevé concerne les manuscrits produits sur place. Le pourcentage des bibles qui n’ont pas été produites in loco n’est toutefois pas négligeable. Ainsi, plus d’un tiers des manuscrits conservés en Italie et en Angleterre sont d’origine française ; cela confirme le rayonnement de la production de ce pays, qui est en tout cas la plus abondante dans l’absolu64. À l’inverse, les manuscrits d’origine anglaise semblent avoir assez peu migré, même si la difficulté de localisation a pu en diminuer artificiellement le nombre. Les manuscrits d’origine italienne sont assez présents en France et

62 Rappelons que notre recensement de ces manuscrits n’est pas exhaustif, même pour les catalogues de vente existants. 63 Bien évidemment, le phénomène varie selon les caractéristiques de chaque bibliothèque. Par exemple, dans la Bayerische Staatsbibliothek de Munich les volumes qui avaient appartenu aux congrégations religieuses de la région ont conflué en masse. En revanche, la British Library conserve de nombreux fonds provenant de collectionneurs d’époque récente. On rappellera à nouveau le cas de la Bibliothèque Vaticane, qui conserve d’une part des fonds d’origine locale, d’autre part des fonds importants d’origine moderne et étrangère. À titre d’exemple, précisons l’itinéraire de la bible Città del Vaticano, BAV, Pal. lat. 18 : originaire d’Italie du Nord, elle était encore en Italie au début du XVe siècle quand elle a été utilisée par Giannozzo Manetti (voir plus haut), elle a ensuite été vendue aux banquiers Fugger ; elle est passée plus tard à la Bibliothèque Palatine de Heidelberg, pour enfin revenir en Italie avec ce fonds entré à la Bibliothèque Vaticane au XVIIe siècle. 64 On rappellera ici la distribution globale par pays de la production localisée : 55% d’origine française, 20% d’origine anglaise, 15% d’origine italienne.

d Les lieux de conservation actuelle des bibles portatives : un reflet de leur passé ? 

 205

en Angleterre : le pourcentage français paraît refléter davantage les mouvements de l’époque médiévale65 que celui de l’Angleterre, qui semble surtout dû à l’apport des collectionneurs66. Tableau 165: Distribution par origine des bibles conservées dans chaque pays. Pays de conservation actuelle

pays d’origine

total

Angleterre

France

Italie

France Royaume-Uni et Irlande Italie et Vatican Allemagne, Autriche et Suisse Belgique et Pays-Bas Espagne et Portugal Nord et est de l’Europe États-Unis et Canada reste du monde lieu inconnu

13,0% 48,4% 4,8% 2,5% 2,4% 5,7% 2,6% 24,5% 28,6% 20,8%

65,8% 42,4% 42,9% 82,4% 90,5% 82,9% 94,7% 60,8% 71,4% 67,7%

21,1% 9,2% 52,4% 15,1% 7,1% 11,4% 2,6% 14,7% 0,0% 11,5%

100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0%

total

21,9%

61,4%

16,7%

100,0%

Dans les autres pays européens où la production a été inexistante ou très limitée, les bibles importées seraient presque exclusivement d’origine française. Bien qu’un déficit de catalogage puisse en être tenu pour partiellement responsable, cet état des choses reflète vraisemblablement une situation ancienne. Le cas des manuscrits conservés aux États-Unis ou qui demeurent encore dans le circuit de ventes aux enchères mérite également un commentaire. La situation de l’ensemble de ces volumes n’est évidemment en rien liée au commerce du livre au Moyen Âge, mais elle a précisément le mérite de la clarté. Or, on constate que la distribution géographique des manuscrits est similaire dans les deux groupes, et se rapproche de la répartition de la production totale par origine. Cela corrobore l’hypothèse selon laquelle la distribution observée dans les pays européens reflète en bonne partie la situation initiale. Le critère qui a guidé les collectionneurs n’était pas l’origine, mais plutôt la richesse des manuscrits67. Ce fait n’a rien d’étonnant, mais il est intéressant de pouvoir chiffrer le phénomène dans notre corpus : 40% des manuscrits conservés aux ÉtatsUnis et au Canada ont des initiales historiées, et le pourcentage monte à 72% pour les manuscrits vendus récemment. À l’autre bout du spectre, le pourcentage des manuscrits avec initiales exclusivement filigranées pour les deux groupes est de 11% et 8% respectivement. Rappelons que, parmi les manuscrits consultés, les pourcentages des deux catégories de décor sont radicalement différents : 32% ont des initiales historiées et 35% des initiales filigranées68. Par ailleurs, le fait que les bibles d’origine italienne présentent moins souvent des initiales historiées explique qu’elles soient un peu moins présentes sur le marché des ventes. Le Tableau 166 aborde la même problématique d’un autre point de vue : la distribution par lieu de conservation actuelle des bibles fabriquées dans les principales aires de production médiévales (pour cette analyse, les pays extra-européens ont naturellement été exclus). Il en ressort que seule une petite partie de la production française, la plus abondante dans l’absolu, est demeurée dans son pays d’origine ; elle est la seule, en fait, à avoir été diffusée partout, et en particulier dans les pays d’Europe non producteurs. La production italienne s’est exportée elle aussi, quoique dans une moindre mesure, tandis que seule une petite partie des bibles d’origine anglaise a quitté les Îles Britanniques69. 65 Malheureusement, la plupart des catalogues de la série des bibliothèques municipales ne fournissent aucune localisation, mais il est tout à fait possible que dans le sud de la France les bibles d’origine italienne soient nombreuses. C’est ainsi que deux bibles portatives sur quatre conservées à Dole sont d’origine italienne et que cette origine est également représentée à Dijon. 66 Ainsi, six des onze bibles portatives du fonds Canonici de la Bodleian Library – fonds dont les livres sont en bonne partie de provenance vénitienne – sont d’origine italienne. La plupart des autres bibles italiennes aujourd’hui conservées en Angleterre font partie des fonds de collectionneurs de la British Library (Arundel, Harley ...). Au contraire, les bibles d’origine italienne sont presque absentes des bibliothèques mineures cataloguées par Neil Ker, qui établit systématiquement l’origine des manuscrits. 67 Ce critère de choix par les collectionneurs a été démontré aussi pour les incunables, où les gravures prennent la place de l’enluminure. Voir Ruzzier – Hermand – Ornato, Les stratégies éditoriales, op. cit., p. 100–102. 68 Voir plus haut, chapitre VIII.a, Tableau 133 (les deux premières classes ont été ici réunies). 69 On avait constaté le même phénomène pour les notes de possession d’époque médiévale.

206 

 X Objets de luxe ou outils de travail ? Les commanditaires et les possesseurs des bibles portatives

En conclusion, comme il est vraisemblable qu’une bonne partie des localisations actuelles remonte au moins à la fin du Moyen Âge, les bibles portatives représentent un cas remarquable de diffusion sur tout le territoire européen d’une production livresque particulière et ce, en l’absence même de toute stratégie commerciale d’exportation, à la différence de ce qui se produira pour certaines catégories d’incunables70. Tableau 166: Distribution par lieu de conservation des bibles produites dans chaque pays. Pays de conservation actuelle

pays d’origine Angleterre

France Royaume-Uni et Irlande Italie et Vatican Allemagne, Autriche, Suisse Belgique et Pays-Bas Espagne et Portugal Nord et est de l’Europe total

France

Italie

ensemble autres pays ou origine inconnue

13,2% 80,3% 2,7% 2,2% 0,5% 1,1% 0,7%

22,5% 26,0% 8.3% 28,2% 7,2% 5,4% 2,4%

25,0% 19,2% 35,2% 15,3% 1,9% 2,5% 0,9%

27,4% 17,6% 18,9% 18,3% 3,6% 6,3% 7,9%

23,5% 28,4% 14,7% 18,3% 3,6% 6,3% 5,2%

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

100,0%

70 Cependant, la majorité des volumes imprimés dans un pays y sont restés jusqu’à nos jours et ce, même si la mobilité des livres, favorisée par le nouveau mode de production et de diffusion, était sans rapport avec celle de l’époque antérieure. Voir Bozzolo et al., « La production du livre », op. cit., p. 213.

Conclusions L’abondance des témoins conservés de la production manuscrite analysée dans ce travail était déjà largement soupçonnée, ce qui en faisait un champ d’application idéal pour une approche quantitative. Toutefois, seul le recensement exhaustif – au moins dans ses intentions – des volumes subsistants a pu mettre en évidence l’ampleur sans précédent de cette production, ampleur qui est sans doute la démonstration la plus frappante de la révolution dans l’usage du texte biblique qui eut lieu au XIIIe siècle. L’apparition de nouvelles catégories de lecteurs et le grand nombre de ces derniers ont permis le développement d’une production à grande échelle dans un laps de temps étonnamment court. Les limites chronologiques de cette production ont été précisées : les nouvelles modalités de fabrication se développent en l’espace d’une décennie environ, et au cours des années 1230–1240 nous sommes déjà en présence d’un circuit de production performant qui reproduit des volumes hautement standardisés. À la fin du siècle, le nombre de manuscrits mis en circulation est largement suffisant pour couvrir les besoins d’une population de lecteurs qui a désormais cessé d’augmenter. Si cette production a très probablement eu Paris pour berceau, elle démarre pratiquement au même moment en Angleterre, puis se développe aussi ailleurs, à une époque légèrement plus tardive, en particulier en Italie du Nord. Nous nous sommes efforcée de comparer ces trois productions d’origine différente d’un double point de vue : la diffusion du modèle paratextuel de la « Bible de Paris » et les différentes solutions apportées aux problèmes d’ordre matériel posés par la miniaturisation. Les bibles produites à Paris comportent un haut degré d’homogénéité paratextuelle, à l’origine de laquelle se trouve une réorganisation du contenu qui venait d’être établie sans doute par les maîtres de l’université parisienne. Si cette homogénéité est presque totale en ce qui concerne une série d’éléments paratextuels aptes à réorganiser le contenu et à en faciliter le référencement, elle l’est beaucoup moins pour ce qui est du texte biblique lui-même. Dès qu’on s’éloigne du groupe des bibles assurément parisiennes, la fidélité au modèle décroît. Si, en général, ce que nous avons appelé « l’habillage parisien » de la Bible a été adopté bien au-delà de cette ville, sa diffusion n’a pas été uniforme. Deux facteurs principaux déterminent le niveau d’adéquation au modèle parisien : l’origine du manuscrit et ses dimensions. L’origine semble être fonction de l’éloignement plus ou moins grand de Paris, mais surtout de la concurrence avec les modèles locaux. Ainsi, seuls la nouvelle capitulation et, dans une moindre mesure, l’ordre des livres et l’intégration du glossaire des noms hébreux ont rencontré un réel succès en dehors de Paris. Les prologues typiquement parisiens ont connu au contraire une diffusion plus limitée et, quand ils sont recopiés en Italie ou en Angleterre, c’est toujours à côté de prologues relevant d’autres traditions et dont la diffusion est encore à chiffrer. Alors que les aspects les plus fonctionnels de ce renouveau se sont imposés d’eux-mêmes dans toute l’Europe en l’espace de deux ou trois décennies, l’université parisienne ne jouissait pas d’une autorité suffisante pour imposer un texte uniforme à toute la chrétienté latine. Dans ce contexte, les caractéristiques intrinsèques de la production manuscrite, qui dépendait étroitement de la commande d’individus auxquels revenait également le choix du modèle à transcrire, ont empêché la diffusion du texte à partir d’une source unique. Toutefois, le problème des modèles utilisés localement, surtout en dehors du circuit parisien, n’a pas pu être éclairci et reste une des principales questions encore en suspens. En France et à Paris même, les bibles portatives sont celles qui présentent le plus souvent l’« habillage parisien » du texte. Il apparaît que les manuscrits les plus miniaturisés ont été le vecteur des nouveautés paratextuelles : même dans des pays, comme l’Italie, où les traditions locales étaient très prégnantes et tenaces, ce sont les bibles de petit format qui ont accueilli le plus facilement ces nouveautés. L’importance du facteur dimensionnel, qui ne pouvait être évaluée que dans le cadre d’une démarche quantitative, tient sans doute au fait que les utilisateurs de ces bibles constituaient la frange la plus moderne du lectorat. L’uniformité du contenu des bibles portatives d’origine parisienne découle, selon toute vraisemblance, de ce qu’elles étaient produites en recourant au système de la pecia, tout au moins en ce qui concerne l’aspect technique du procédé. On voit mal, en effet, comment on aurait pu, autrement, produire un si grand nombre de manuscrits dans un laps de temps aussi court : puisque la transcription du texte demandait certainement plus d’une année, tout autre procédé aurait requis l’immobilisation prolongée d’un grand nombre de modèles, qu’il eût d’ailleurs été impossible de se procurer. Les traits fondamentaux du système de production parisien, pris au sens large, expliquent aussi le haut degré d’uniformisation de l’apparat décoratif, mais surtout la recherche de nouvelles solutions pour résoudre le problème de la miniaturisation  : un parchemin extrêmement fin, de nouvelles modalités d’assemblage des cahiers, https://doi.org/10.1515/9783110757392-012

208 

 Conclusions

une mise en page standardisée – des solutions incompatibles avec le système de production monastique, mais qui pouvaient être mises en œuvre par un réseau d’ateliers gérés par des professionnels rémunérés et hautement qualifiés. Ainsi, la bible portative est certainement l’une des manifestations les plus éloquentes du rayonnement de l’Université de Paris dans l’Europe du XIIIe siècle. Car ce sont en bonne partie ses maîtres qui ont réorganisé le texte biblique et, surtout, c’est l’Université qui, en attirant une vaste population estudiantine, a favorisé un système de production et de fabrication hautement performant, capable de répondre aux exigences d’un nombre croissant de personnes désirant posséder des livres pour leur usage propre. C’est encore l’Université qui, de manière indirecte, a contribué à la diffusion de la nouvelle Bible, grâce à l’essaimage de ses anciens étudiants dans l’Europe entière. À tout cela, il faut ajouter que l’essor urbain a attiré de très bonne heure les ordres mendiants récemment fondés, qui semblent avoir joué un rôle majeur dans la diffusion, sinon dans l’élaboration, de cette nouvelle forme livresque. Ce sont les Dominicains et, dans une moindre mesure, les Franciscains, qui apparaissent comme les principaux possesseurs de ces bibles. Si la rareté des marques de possession conservées peut en partie fausser la donne et s’il n’est pas exclu que d’autres catégories de lecteurs soient sous-représentées, ce sont en tout cas les mendiants qui ont véritablement fait usage de toutes les nouvelles fonctionnalités de ces manuscrits et en ont assuré le succès. Parallèlement, nous espérons avoir montré que l’équation « Bible de Paris = bible portative = bible d’origine parisienne » ne correspond à la réalité que dans une minorité de cas. Des réponses diverses, tant du point de vue paratextuel que matériel, à la demande de pandectes de format portatif ont été mises en œuvre avec succès dans d’autres centres de production : au moins 45% des bibles portatives ont été réalisées hors de France, et des productions locales, dont beaucoup de témoins restent certainement inconnus, ont vu le jour même dans des régions géographiquement éloignées du foyer parisien, comme la Castille et Naples, où l’influence de la production française était manifeste. Dans tous ces cas, le texte au sens strict du terme a été la caractéristique la moins prisée, dans la mesure où la révision universitaire n’apportait pas d’amélioration décisive sur le plan qualitatif et n’était pas cautionnée par une autorité ecclésiastique. Ce qu’on imite, c’est en premier lieu le format portatif et en deuxième lieu les aspects les plus fonctionnels de l’apparat paratextuel, ceux qui étaient les plus aptes à en faciliter la consultation et le référencement. Du reste, dès que l’on se détache de Paris pour considérer l’ensemble de la production française, il apparaît que la standardisation est loin d’être totale : en témoignent les difficultés de localisation pour toute une partie de la production, qui est sans doute d’origine française mais ne présente pas toutes les caractéristiques du « texte de l’Université » ni sa mise en page la plus typique. C’est pourquoi rien n’empêche de supposer qu’à Paris même on ait pu continuer à copier des bibles en dehors du circuit des stationnaires. Il s’agit là d’une autre question qui reste ouverte. En France, il n’a pas été possible de cerner des centres importants autres que Paris et, de manière beaucoup moins précise, la France du Nord, où la production présente des caractéristiques en partie communes avec la production d’outre-Manche. Une analyse de visu des manuscrits actuellement conservés dans le sud de la France, et très rarement localisés dans les catalogues, ferait sans doute ressortir l’importance de cette région. Les modalités d’organisation des circuits de production autres que Paris, notamment en Angleterre et dans le nord-est de l’Italie, restent encore à préciser, ainsi que le rôle éventuel de la méthode de la pecia dans ces régions, où la production présente des caractéristiques spécifiques, mais pas le même degré d’homogénéité paratextuelle qu’à Paris. Ce qui semble en tout cas incontestable, c’est l’étroite corrélation entre l’existence d’un système de production organisé en relation avec les universités et une production à grande échelle de bibles. Ce système de fabrication somme toute centralisé constituait un terrain adéquat pour expérimenter les nouvelles solutions techniques nécessaires à la miniaturisation des volumes. Les villes universitaires ont aussi attiré les frères mendiants, public idéal pour les bibles portatives, en raison de leurs activités de prédication. Il convient cependant de souligner que la présence des frères n’était pas une condition suffisante pour le démarrage et le développement d’une telle production. Même en Italie et en Angleterre, la production était concentrée dans les villes universitaires ou dans celles qui hébergeaient au moins un studium generale. Elle était pratiquement absente ailleurs, dans des régions où les frères mendiants étaient pourtant nombreux, comme les pays germaniques ou – plus significativement encore – dans le berceau franciscain : les bibles portatives originaires d’Italie centrale sont extrêmement rares, et pourtant les bibliothèques de la région conservent des exemplaires importés. L’étude de cette forme livresque aux contours si nets s’est avérée un terrain de choix pour l’analyse quantitative, qui a permis de préciser plusieurs aspects du processus de fabrication. La variable déterminante dans la construction d’un manuscrit est constituée par les dimensions, dans la mesure où elles conditionnent un grand nombre de paramètres de la mise en page. Une fois posé que ce que l’on voulait obtenir ce sont des bibles petites et en un seul volume, il a fallu déterminer les autres variables concourant à ce but et évaluer leur rôle respectif. Dans cette perspective, l’analyse du processus de

Conclusions 

 209

miniaturisation a fait ressortir l’importance primordiale du facteur « épaisseur du parchemin » et son impact sur le choix de telle ou telle option dans le processus de fabrication du manuscrit. Ce facteur agit également de manière déterminante sur la mise en page : puisque, pour des dimensions données, la possibilité de moduler le nombre de feuillets dépend de l’épaisseur du support, la disponibilité d’un parchemin plus ou moins fin a des répercussions sur la mise en page dans les trois principaux pays de production. C’est ainsi que l’exploitation de la page est beaucoup plus élevée en Italie – où le nombre de feuillets est en quelque sorte « bridé » par leur épaisseur – qu’en France, où la minceur du parchemin permet de transcrire le texte biblique sur un nombre de feuillets beaucoup plus élevé. De ce point de vue, beaucoup reste à préciser. Si le haut degré de compression du flux textuel, assuré conjointement par une réduction sévère du module de l’écriture et par le recours aux abréviations est désormais bien établi, il faudrait encore préciser la manière dont les copistes parvenaient en pratique à accroître l’exploitation du cadre d’écriture et mettaient à profit les multiples ressources du système abréviatif, puis croiser ces données avec d’autres variables (origine géographique, richesse de la décoration). Fondamentales pour la fabrication de l’objet, les contraintes matérielles deviennent en revanche secondaires au niveau de la décoration et de son usage fonctionnel, où ce sont au contraire les caractéristiques nationales qui jouent le rôle le plus important. Néanmoins, les solutions adoptées dans les trois principaux pays de production ont en commun de répondre à l’exigence de disposer d’une bible facilement référençable, où tous les éléments péritextuels qui aident au repérage du texte sont hautement standardisés, quel que soit le niveau d’exécution du manuscrit. Sur ce dernier point, il est ressorti que la proportion des manuscrits à décor exclusivement filigrané était très importante et sans doute encore inférieure à la réalité. Cette part de la production correspond à un peu plus du tiers du total des manuscrits subsistants, mais on peut raisonnablement supposer qu’elle était initialement supérieure, les probabilités de survie étant certainement moindres pour les volumes de niveau courant. Elle répondait adéquatement aux exigences de la prédication itinérante et, si elle présente moins d’attrait du point de vue artistique, elle se révèle instructive à d’autres points de vue : le contenu, bien sûr, mais aussi la présence de notes marginales et le grand nombre de pièces annexes, notamment d’outils de travail prévus ou ajoutés en appendice par les possesseurs. Dans tous les cas, la mise en évidence de cette partie de la production éclaire de façon nouvelle la production tout entière, qui ne peut plus être considérée uniquement comme un artisanat de luxe, comme le laissait accroire la focalisation des études sur les manuscrits enluminés d’origine parisienne. Il est vrai que les manuscrits dépourvus de décoration peinte présentent davantage de problèmes de localisation, mais nous espérons avoir établi quelques critères solides, et partant susceptibles d’offrir des indices utiles lors de l’expertise. C’est ainsi que nous avons fait ressortir certaines particularités de la production anglaise, qui semblait jusqu’alors ne pas se distinguer clairement des manuscrits produits en France. Les résultats obtenus se prêtent bien évidemment à des études comparatives, notamment avec d’autres catégories de livres de la même époque qui présentent elles aussi un degré de standardisation élevé, tels que les manuscrits juridiques ou, pour demeurer dans la même tranche dimensionnelle, les bréviaires portatifs. Toutefois, les développements les plus immédiats devraient concerner au premier chef les autres manuscrits bibliques, du fait que l’étude comparative est grandement avantagée lorsqu’on peut faire abstraction de la variabilité du texte. On songe d’abord aux bibles du XIIIe siècle de dimensions supérieures. L’analyse de ces manuscrits, certes moins nombreux, semble fournir des résultats moins spectaculaires pour ce qui a trait à l’aspect strictement matériel, car les contraintes de ce type y sont plus réduites, mais elle est néanmoins prometteuse1, dans la mesure où nous avons constaté dans notre corpus que certaines caractéristiques textuelles, et notamment la présence de « l’habillage parisien », étaient négativement corrélées aux dimensions. Par ailleurs, si le XIIIe siècle a sans aucun doute été celui de l’apogée de la production de pandectes, il est indispensable de mieux évaluer sa place à l’intérieur du continuum de la production biblique latine de l’Antiquité tardive à l’invention de l’imprimerie. Pour atteindre cet objectif, un recensement exhaustif et une étude globale de la production des bibles latines semblent de plus en plus nécessaires. Ils permettraient notamment de mieux évaluer la transformation de la bible entre les XIe-XIIe siècles, dont la production est fort variée du point de vue textuel et matériel, et le XIIIe siècle2, mais aussi de se pencher sur les deux siècles suivants, dont la production, à l’exception de quelques spécimens richement enluminés, est assez méconnue. Car, si les bibles portatives sur parchemin sont désormais minoritaires à cette époque tardive, des bibles de plus grand format ont été produites, ainsi que des bibles plus modestes copiées sur papier. L’impact que les bibles du XIIIe siècle ont exercé du point de vue textuel et codicologique sur la production manuscrite postérieure, puis sur les premières bibles imprimées n’est assurément pas négligeable, mais il reste à évaluer de manière précise. 1 Pour un premier aperçu, voir Ruzzier, « Continuité et rupture », op. cit. 2 Sur cette problématique, voir Ead., « Des bibles géantes aux bibles portatives », op. cit., et Ead., « Item Biblia in uno volumine », op. cit.

Annexe 1  Liste des bibles complètes recensées Cette liste comprend les 1739 bibles latines complètes recensées ayant une taille (H+L) inférieure à 450 mm ou un format inférieur ou égal à un in-quarto. Chaque bible est identifiée par un numéro suivi par un astérisque dans les cas, minoritaires, où la bible a une taille comprise entre 381 et 450 mm ou un format in-quarto. Les manuscrits sont regroupés en deux sections : A. Localisations sûres : les bibles conservées dans des collections publiques et dont la localisation actuelle peut raisonnablement être considérée comme assurée. Les manuscrits actuellement détruits, partiellement ou totalement, mais qui étaient conservés dans ces institutions sont également recensés. Les bibliothèques sont regroupées par pays. B. Localisations incertaines ou inconnues : les bibles qui étaient conservées dans des collections privées aujourd’hui disparues et dont on a perdu la trace, ainsi que les bibles connues à travers des catalogues de ventes. Pour ces dernières, la cote de la collection d’origine est parfois indiquée (c’est le cas pour les manuscrits recensés par Seymour De Ricci ou pour ceux provenant de certaines collections célèbres ayant fait objet d’un catalogue). Dans la mesure du possible, la localisation donnée est la plus récente, mais il faut garder à l’esprit que cette section n’est pas exhaustive et restera sujette à des corrections et modifications.

A Afrique du Sud Cape Town, South African Library, Grey Collection 1 G3a8 2 G 3 a 10 3 G 3 b 19 4 G3c1 5* G4b1 6 G 7 a 22

Allemagne Aschaffenburg, Hofbibliothek 7 Ms. 17 8 Ms. 18 Augsburg, Staats- und Stadtbibliothek 9 Cod. 4 Bamberg, Staatsbibliothek 10 A I 19 11* A I 20 12 A I 21 13 A I 22 14 J.H. Msc. Theol. 29

https://doi.org/10.1515/9783110757392-013

212 

 Annexe 1 Liste des bibles complètes recensées

Berlin, Staatsbibliothek – Preussischer Kulturbesitz 15 Diez C oct. 35 16 Ham. 83 17 Ham. 84 18 Hdschr. 286 19 Hdschr. 288 20 Phill. 2001 21 Theol. lat. oct. 3 22 Theol. lat. oct. 4 23 Theol. lat. oct. 5 24 Theol. lat. oct. 6 25 Theol. lat. oct. 7 26 Theol. lat. oct. 8 27 Theol. lat. oct. 9 28 Theol. lat. oct. 70 29 Theol. lat. oct. 121 30* Theol. lat. qu. 277 31* Theol. lat. qu. 1017 Bernkastel-Kues, Bibliothek des St. Nikolaus-Hospitals 32* 4 Bonn, Universitäts- und Landesbibliothek 33* S 263 Darmstadt, Hessichen Landes- und Hochschulbibliothek 34 Hs. 491 35 Hs. 670 36 Hs. 694 37 Hs. 1967 Donaueschingen, Fürstlich-Fürstenbergischen Hofbibliothek 38* 177 39 178 Dortmund, Stadt- und Landesbibliothek 40 Hds. 77 Dresden, Sächsischen Landesbibliothek 41 A 134 42 A 179 43 A 197 44 A 201 45 A 202 Düsseldorf, Universitäts- und Landesbibliothek 46 P1 Erfurt, Lorenzarchiv 47 sine numero

Annexe 1 Liste des bibles complètes recensées 

Erlangen, Universitätsbibliothek 48 4 49 5 Frankfurt am Main, Stadt- und Universitätsbibliothek 50* Ms. Barth. 122 51 Ms. Lat. oct. 4 52* Ms. Lat. qu. 56 53 Ms. Praed. 188 Freiburg im Breisgau, Universitätsbibliothek 54 Hs. 36a 55 Hs. 369 Fulda, Hessischen Landesbibliothek 56 Aa 52 57 Aa 53 58 Aa 80 Göttingen, Universitätsbibliothek 59 Theol. 2 60 Theol. 3 61 Theol. 4 62 Theol. 5 Hamburg, Staats- und Universitätsbibliothek 63 Cod. 92 in scrin. 64 Jacobi 27 Hannover, Kestner-Museum 65 3929 Hannover, Niedersächsischen Landesbibliothek 66 I1 67 I2 68 I3 69 I4 Hildesheim, Dombibliothek 70 Hs 642 71 Hs 642a 72 Hs 643/1–2 73 Hs 647 Karlsruhe, Badischen Landesbibliothek 74 L7

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 Annexe 1 Liste des bibles complètes recensées

Kassel, Landesbibliothek und Murhardsche Bibliothek 75* 8° Ms. theol. 1 76 8° Ms. theol. 6 77 8° Ms. theol. 7 78 8° Ms. theol. 8 Koblenz, Bibliothek des Staatlichen Görresgymnasium 79 Hs. B/1 Köln, Historisches Archiv der Stadt 80 GB 4° 252 Leipzig, Stadtbibliothek 81 CXIX 82 CXX 83 CXXI 84 CXXII Leipzig, Universitätsbibliothek 85* 7 86 8 Lüneburg, Ratsbücherei 87 Theol. 4° 58 88 Theol. 4° 63 München, Bayerische Staatsbibliothek 89* Clm 357 90 Clm 926 91 Clm 2754 92* Clm 4484 93* Clm 4578 94 Clm 4627 95 Clm 5560 96 Clm 5992 97 Clm 6101 98 Clm 6917 99 Clm 7206 100 Clm 7774 101* Clm 8202 102 Clm 9687 103* Clm 10007 104 Clm 10010 105 Clm 10011 106* Clm 11318 107 Clm 11331 108 Clm 12672 109 Clm 13113 110* Clm 14402 111* Clm 14530 112 Clm 14650

Annexe 1 Liste des bibles complètes recensées 

113 114* 115 116 117 118 119 120 121 122 123 124 125 126* 127

Clm 15409 Clm 15507 Clm 16008 Clm 16009 Clm 19103 Clm 23351 Clm 23352 Clm 23352a Clm 23353 Clm 23354 Clm 23355 Clm 23357 Clm 28243 Clm 28534 Clm 28842

München, Universitätsbibliothek 128 8° Cod. ms. 5 129 8° Cod. ms. 6 Münster, Universitätsbibliothek 130 3 (726) Münster, Westfälische Wilhelms-Universitäts, Bibelmuseum 131 Lat. Hs. 18 Nürnberg, Stadtbibliothek 132 Cent. V, 86 133 Cent. V, 87 134 Hert. Ms. 2 135 Solg. Ms. 1. 4° Paderborn, Erzbischöfliche Akademische Bibliothek 136 Ms. Hux. 4 Rostock, Universitätsbibliothek 137* Ms. Theol. 4 Sigmaringen, Fürstlich Hohenzollernsches Museum 138 16 Stuttgart, Wüttembergischen Landesbibliothek 139* Bibl. Fol. 14 140 Bibl. Qu. 8 141 HB II 1 142 HB II 2 143 HB II 3 Trier, Bibliothek des Priesterseminars 144 116

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 Annexe 1 Liste des bibles complètes recensées

Trier, Stadtbibliothek 145 3 Weimar, Herzogin Anna Amalia Bibliothek 146 Oct 1 Wolfenbüttel, Herzog-August-Bibliothek 147 12. 1. Aug. 4to 148 12. 3 Aug. 4to 149 19. 9. Aug. 4to 150 54. 1. Aug. 4to 151 56. 12. Aug. 8vo 152 60. 9. Aug. 8vo 153 60. 12. Aug. 8vo 154 62. 19. Aug. 8vo 155 65. 3. Aug.8vo 156 67. Aug. 8vo 157 81. Aug. 8vo 158 84. 2. 2. Aug. 12mo 159 25. 8 Extravagantes 160 25. 9 Extravagantes 161 324. Gud. Lat. 4° 162 1152. a. Helmst. 163 1332 Helmst. 164 1333 Helmst. 165 1334 Helmst. 166 1335 Helmst. Würzburg, Universitätsbibliothek 167 M.p.th.o.16a

Australie Camberra, National Library of Australia 168 Clifford coll. MS 1097/1 169 Clifford coll. MS 1097/3 Corio, Geelong Church of England Grammar School 170 184 Melbourne, University of Melbourne Library 171 Rare S 091 B47C Victoria, State Library 172 091/B47C

Annexe 1 Liste des bibles complètes recensées 

Autriche Admont, Stiftsbibliothek 173 805 Götweig, Stiftsbibliothek 174* 61 175* 62 176* 63 177* 90 Graz, Universitätsbibliothek 178* 168 179* 178 180 1440 181 1499 Heiligenkreuz, Stiftsbibliothek 182 D4 183* D 24 184* D 26 Innsbruck, Tirolisches Landesmuseum « Ferdinandeum » 185 1015 186 1120 Innsbruck, Universitäts- und Landesbibliothek Tirol 187 Cod. 379 188 Cod. 469 189 Cod. 656 Klagenfurt, Bischöfliche Bibliothek 190 XXX c 3 Klagenfurt, Museum Rudolfinum 191 6/6 Klagenfurt, Priesterseminar 192 2 Kremsmünster Stiftsbibliothek 193* CC 91 Lilienfeld, Stiftsbibliothek 194 10 195 11 196 12

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 Annexe 1 Liste des bibles complètes recensées

Reun, Stiftsbibliothek 197 3 Salzburg, Bibliothek des Museums Carolino-Augusteum 198 XIX. E 54 Priesterhaus-Bibliothek S. Scriptura Salzburg, Salzburg Museum 199 Hs 2159 Salzburg, Stiftsbibliothek St. Peter 200 a. IV. 13 201 a. IV. 31 202 a. V. 22 203 a. VII. 36 Sankt Florian, Stiftbibliothek 204* III 222 Sankt Paul im Lavanttal, Stiftsbibliothek 205* XXV/2, 28 206 XXVII/5, 31 207 XXIX/2, 4 Schwaz, Bibliothek des Franziskanerklosters 208 42 Stams, Stiftsbibliothek 209* 42 Wien, Österreichische Nationalbibliothek 210* 1085 211* 1089 212* 1094 213* 1096 214* 1101 215* 1105 216 1111 217 1112 218 1115 219 1119 220* 1120 221 1122 222* 1123 223 1125 224 1127 225 1135 226 1136 227 1138 228 1139 229* 1141 230* 1142

Annexe 1 Liste des bibles complètes recensées 

231* 232 233 234* 235* 236 237 238 239 240

1143 1144 1145 1148 1149 1150 1151 1152–1153 1155 1156

Zwettl, Zisterzienserstift 241 250 242* 251

Belgique Antwerpen, Museum Plantin-Moretus 243 M 14.9 244* M 17.3 Brugge, Grootseminarie 245 4/1 Bruxelles, Bibliothèque Royale de Belgique 246 2053 247 2663–64 248* 3939 249 4911 250 5617 251 5627 252* 8318–19 253 8428 254 8882 255* 9883 256 10517 257 10518 258 10519 259 10520 260 10521 261 10522 262 10523 263 10524 264 10545 265 10610 266* 10730 267 10753 268 10860

 219

220  269 270* 271 272*

 Annexe 1 Liste des bibles complètes recensées

14680 15002 21700 IV. 290

Gent, Universiteitsbibliotheek 273 Hs. 222 274 Hs. 223 Liège, Bibliothèque de l’Université 275 Wittert 1 276 Wittert 2 Mons, Bibliothèque publique 277 221/116 Namur, Bibliothèque du Grand Séminaire 278 Sem. 2 Tournai, Bibliothèque de la Ville 279 Cod. 7/b

Canada Halifax, University of King’s College 280 4 Toronto, Bergendal Collection 281 MS. 13 Toronto, Royal Ontario Museum of Archaeology 282 1 Toronto, University Library, Lee Collection 283 7

Croatie Zagreb, Knjižnica Hrvatske Akademije Znanosti i Umjetnosti 284 I A 76 Zagreb, Metropolitanska Knjižnica 285 94

Danemark København, Kongelike Bibliotek 286 Gl. Kgl. S. 1306 4°

Annexe 1 Liste des bibles complètes recensées 

287 288 289 290 291 292 293* 294 295 296 297 298 299 300 301

Gl. Kgl. S. 1307 4° Gl. Kgl. S. 1308 4° Gl. Kgl. S. 1309 4° Gl. Kgl. S. 1310 4° Gl. Kgl. S. 3375 8° Gl. Kgl. S. 3376 8° Thott 1 4° Thott 1 8° Thott 2 4° Thott 2 8° Thott 3 4° Thott 3 8° Thott 4 8° Thott 5 8° Thott 6 8°

Espagne Barcelona, Biblioteca Universitaria 302 856 El Escorial, Real Biblioteca del Monasterio de San Lorenzo de El Escorial 303* a III 9 304* a III 10 305* a III 11 306 d IV 26 307 e IV 9 308 e IV 12 309 e IV 15 310 e IV 17 311 h IV 12 312 p III 6 Madrid, Biblioteca Nacional 313* 140 314 146 315 171 316 553 317 559 318 874 319 3245 320 4331 321 10167 322 Res. 188 323 Res. 253 Vitrina 2–4 324 Vitr/23/7 Madrid, Real Academia de la Historia 325 102

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222 

 Annexe 1 Liste des bibles complètes recensées

Montserrat, Archivo y Biblioteca de la Abadía 326* 1063 Salamanca, Archivo del Convento de San Esteban 327* sine numero Salamanca, Biblioteca Universitaria 328 Ms. 145 329 Ms. 2669 Santiago de Compostela, Biblioteca Universitaria Xeral 330 322 (Ms. Res. 2) 331 323 (Ms. Res. 3) Toledo, Archivo y Biblioteca Capitulares 332* MS. 1–2 333 MS. 1–3 334 MS. 1–4 335 MS. 1–5 336 MS. 1–6 337 MS. 1–7 338 MS. 1–8 339 MS. 1–10 Tortosa, Archivo Capitular de Tortosa 340* 213 Valencia, Archivo Catedralicio 341 304 Valencia, Biblioteca Universitaria 342 229 343 231

États-Unis d’Amérique Ann Arbor, University of Michigan Library 344* 1 Austin, University of Texas, Harry Ransom Humanities Research Center 345 HRC 025 [olim Bristol, Baptist College, Z. d. 39] 346 HRC 026 Baldwin City, Baker University, Collins Library 347 2 Baltimore, Walters Art Gallery 348 De Ricci 39 349 De Ricci 46

Annexe 1 Liste des bibles complètes recensées 

350 351* 352* 353 354 355 356 357 358 359 360* 361* 362*

De Ricci 51 De Ricci 52 De Ricci 53 W 48 W 49 W 50 W 52 W 53 W 54 W 56 W 57 W 58 W 60

Berkeley, University of California, The Bancroft Library 363 UCB 012 364* UCB 146 Bloomington, Indiana University, Lilly Library 365 Ricketts 5 366 Ricketts 6 367* Ricketts 12 Boston, Museum of Fine Arts 368 00.17 369 22.375 370 34.146 Boston, Public Library 371 2 (G. 402.12) 372 MS qMed 202 Boulder, University of Colorado, Feldman deposit 373* sine numero [Yates Thompson 53] Brooklyn (CT), Brooklyn Museum 374 2 Bryn Mawr, Bryn Mawr College 375 Gordan MS 56 Cambridge, Harvard University, Houghton Library 376 Lat 261 377 Lat. 264 378 Lat. 354 379 Typ 4 380 Typ 295 381 Typ 446 382* Richardson 1

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224 

 Annexe 1 Liste des bibles complètes recensées

Charlottesville, University of Virginia Library 383 Alderman 4 Chicago, Art Institute 384 15.524 Chicago, Newberry Library 385 Case Ms 203 386 Case Ms 216 387* Ms. – 16 388 Ms. – 17 389 Ms. – 18 390 Ms. – 19 391 Ms. – 22 392 Ruggles 26 Chicago, University of Illinois Library 393 61 Cincinnati, University Library 394 1 Claremont, Claremont Colleges Library, John I. Perkins Collection 395 1 Claremont, Scripps College, Denison Library 396 Perkins 1 Claremont, University Colleges, Honnold Library 397 Crispin 1 398* Crispin 2 Columbia, University of Missouri, Ellis Library 399 RARE RES BS70.B5 1300 Eugene, University of Oregon Library, Burgess collection 400* 1 Gettysburg, Library of the Lutheran Theological Seminary 401 2 402 6 Hartfort, Trinity College 403 1 Iowa City, University of Iowa Libraries 404 Bi4

Annexe 1 Liste des bibles complètes recensées 

Los Angeles, University of California at Los Angeles, Charles E. Young Research Library, Special Collection 405 170/348 Los Angeles, University of Southern California, Doheny Library 406 1 407 3 Malibu, Getty Museum 408* De Ricci 1 409 Ludwig I, 7 New Haven, Yale University, Beinecke library 410 Beinecke MS 81 411* Beinecke MS 206 412* Beinecke MS 407 413 Beinecke MS 433 414 Beinecke MS 589 New York, American Bible Society 415 De Ricci 1 New York, Columbia University, Burke Library at Union Theological Seminary 416 47 417 48 418 UTS MS 46 New York, Columbia University, Rare Book and Manuscript Library 419 Smith Western MS 19 420 UTS 72 421 X.893.B.4794 New York, Grolier Club 422 1 New York, Hispanic Society of America 423 B1450 424* HC397/344 New York, Metropolitan Museum of Art 425 31.134.9 426 X. 418 [B. 483] New York, Pierpont Morgan Library 427 G.11 428 G.15 429 M.65 430 M.66 431 M.112 432* M.138 433 M.163 434 M.177

 225

226  435 436 437 438 439 440

 Annexe 1 Liste des bibles complètes recensées

M.178 M.193 M.269 M.295 M.970 W.1

New York, Public Library 441 MA 7 442 MA 9 443 MA 11 444 MA 12 445 MA 14 446 MA 18 447 MA 130 448 MA 131 449* MA 132 450 Spencer 77 Notre Dame, University Library 451 Lat. b. 7 [Corbett 7] Columbus, Ohio State University Library 452 MS.MR Philadelphia, Free Library 453 Lewis E 28 454 Lewis E 29 455 Lewis E 30 456* Lewis E 31 457 Lewis E 32 458 Lewis E 33 459* Lewis E 34 460 Lewis E 36 461* Lewis E 38 462 Lewis E 39 463 Lewis E 242 Philadelphia, Ridgway Branch of the Library Company 464 9 Philadelphia, University of Pennsylvania, Rare Book & Manuscript Library 465 Codex 236 466 Codex 1053 467 Codex 1065 Portland, Multnomah County Library 468 1

Annexe 1 Liste des bibles complètes recensées 

Princeton, University Library 469 3 470* Garrett 28 471* MS. 5168.1200 472 Princeton MS. 82 473 Scheide M4 474 Scheide M5 475* Scheide M6 476* Scheide M7 San Marino, Huntington Library 477* HM 51 478* HM 1069 479 HM 1070 480 HM 1071 481* HM 1072 482 HM 1073 483 HM 1074 484 HM 1083 485 HM 25776 486 HM 26061 487 Millard 1 St. Bonaventure, University Library, Friedsam Collection 488 9 489 10 St. Louis, Saint Louis University Library 490 VFL MS 56 Swarthmore, Swarthmore College Library 491 Treasure MS BS 75 1200z Washington, Library of Congress 492 1 493 2 494 3 495 4 496 5 Wellesley MA, Wellesley College Library 497 Milne 43 [Phillipps 502] Williamstown, Williams College 498 Loan 505

 227

228 

 Annexe 1 Liste des bibles complètes recensées

France Agen, Bibliothèque municipale 499 7 Albi, Bibliothèque municipale 500* Rochegude 98 Alençon, Bibliothèque municipale 501* 55 502 57 Amiens, Bibliothèque municipale 503* 1 504 2 505 4 Angers, Bibliothèque municipale 506* 7 507 8 508* 9 509* 10 510 11 511 12 Arles, Bibliothèque municipale 512* 1 513 2 Arras, Bibliothèque municipale 514 431 515 743 Aurillac, Bibliothèque municipale 516 1 Autun, Bibliothèque municipale 517* S 197 Auxerre, Bibliothèque municipale 518 1 519 2 Avignon, Bibliothèque municipale 520 4 Bayeux, Bibliothèque du chapitre 521 49

Annexe 1 Liste des bibles complètes recensées 

Beaune, Archives hospitalières 522* 1 Beaune, Bibliothèque municipale 523 38 524 57 525 58 Besançon, Bibliothèque municipale 526* 3 527* 4 528 10 529 11 Boulogne-sur-Mer, Bibliothèque municipale 530 7 Bourg, Bibliothèque municipale 531 37 Bourges, Bibliothèque municipale 532 2 533 5 534 8 535 10 Caen, Bibliothèque municipale 536* 2 Caen, Musée des Beaux-Arts (Collection Mancel) 537 236 Cambrai, Bibliothèque municipale 538* 321 539 328 Carcassonne, Bibliothèque municipale 540 1 541 2 Carpentras, Bibliothèque municipale 542 1 543 2 Châlons-sur-Marne, Bibliothèque municipale 544* 163

 229

230 

 Annexe 1 Liste des bibles complètes recensées

Chambéry, Bibliothèque municipale 545 6 Chantilly, Musée Condé 546 1 Charleville-Mézières, Bibliothèque municipale 547* 30 548* 101 549* 105b 550 107 Chartres, Bibliothèque municipale 551* 221 552* 337 553* 338 Clermont-Ferrand, Bibliothèque municipale 554 20 555 21 556 22 557 23 Colmar, Bibliothèque municipale 558* 3 559* 4 Dijon, Bibliothèque municipale 560* 4 561 6 562 7 563* 8 564 2246 Dole, Bibliothèque municipale 565 15 (13-MS-P-1) 566 16 (13-MS-P-2) 567 17 (13-MS-P-3) 568 18 (13-MS-P-4) 569 19 (13-MS-P-5) Douai, Bibliothèque municipale 570 10 Grasse, Bibliothèque municipale 571 1 572 3 (558) 573 5 (606) 574 6 (880.1) 575* 8 (430)

Annexe 1 Liste des bibles complètes recensées 

576* 577

10 (440) 11 (766)

Lille, Bibliothèque municipale 578 5 579 7 Lisieux, Bibliothèque municipale 580 18 Lunel, Bibliothèque municipale 581 2 Lyon, Bibliothèque du Palais des Arts 582 35 Lyon, Bibliothèque municipale 583 404 584 405 585 406 586 407 587 409 588 412 589 413 590 414 591* 415 592 416 593* 417 594 419 595* 421 596 423 Mans (Le), Bibliothèque municipale 597 142 Marseille, Bibliothèque municipale 598* 1 Meaux, Bibliothèque municipale 599 1 Melun, Bibliothèque municipale 600 1 601* 2 602 3 Metz, Bibliothèque municipale 603* 1199 604 1246

 231

232 

 Annexe 1 Liste des bibles complètes recensées

Montpellier, Bibliothèque de la Faculté de Médecine 605 195 606 283 Montpellier, Société archéologique 607 1 Moulins, Bibliothèque municipale 608 81 Nantes, Bibliothèque municipale 609 2 Nantes, Musée Dobrée 610 VII Nice, Bibliothèque municipale 611 1 Orléans, Bibliothèque municipale 612 7 613* 11 614* 12 Paris, Archives de la Compagnie de Saint-Sulpice 615 Ms. 1972–1973 Paris, Bibliothèque de l’Arsenal 616* 33 617* 65 618* 66 619* 67 620 68 621 69 622 70 623 71 624 115 625 116 626 117 627 118 628 119 629 764 630* 1170 Paris, Bibliothèque Mazarine 631* 14 632 15 633* 16 634 17 635 18 636 19

Annexe 1 Liste des bibles complètes recensées 

637 638 639 640 641 642 643 644 645 646*

20 21 22 23 24 25 28 31 33 70

Paris, Bibliothèque nationale de France 647* lat. 14 648* lat. 15 649* lat. 26 650* lat. 27 651* lat. 33 652* lat. 34 653* lat. 35 654* lat. 38 655* lat. 40 656* lat. 44 657 lat. 161 658* lat. 162 659 lat. 163 660* lat. 164 661 lat. 165 662 lat. 166 663 lat. 167 664 lat. 168 665 lat. 170 666* lat. 171 667 lat. 172 668* lat. 173 669 lat. 174 670 lat. 175 671* lat. 176 672 lat. 177 673 lat. 178 674* lat. 179 675 lat. 180 676 lat. 181 677 lat. 182 678 lat. 198 679 lat. 199 680 lat. 200 681 lat. 201 682 lat. 202 683 lat. 203 684 lat. 204 685 lat. 205

 233

234  686 687 688 689 690 691 692 693 694 695 696 697 698 699 700 701 702 703 704 705 706 707 708 709 710 711 712 713 714 715 716 717 718* 719* 720* 721 722 723 724 725 726 727* 728 729 730* 731 732* 733* 734 735 736

 Annexe 1 Liste des bibles complètes recensées

lat. 206 lat. 207 lat. 208 lat. 209 lat. 210 lat. 211 lat. 212 lat. 213 lat. 214 lat. 215 lat. 216 (1–2) lat. 217 lat. 218 lat. 219 lat. 220 lat. 221 lat. 222 lat. 223 lat. 224 lat. 225 lat. 226 lat. 227 lat. 228 lat. 229 lat. 230 lat. 231 lat. 232 lat. 233 lat. 233A lat. 234 lat. 247 lat. 248 (1–2) lat. 10419 lat. 10420 lat. 10421 lat. 10422 lat. 10423 lat. 10424 lat. 10425 lat. 10426 lat. 10427 lat. 10428 lat. 10429 lat. 10430 lat. 10431 lat. 13141 lat. 13142 lat. 13143 lat. 13144 lat. 13145 lat. 13146

Annexe 1 Liste des bibles complètes recensées 

737 738 739 740 741 742 743 744 745 746 747* 748* 749 750* 751 752 753 754 755 756 757 758 759* 760 761 762 763 764 765 766 767 768 769 770 771 772 773* 774* 775 776 777

lat. 13147 lat. 13148 lat. 13149 lat. 13150 lat. 13151 lat. 13152 lat. 13153 lat. 13154 lat. 13155-56-57 lat. 14770 lat. 15475 lat. 15476 lat. 16258–16259 lat. 16260 lat. 16261 lat. 16262 lat. 16263 lat. 16264 lat. 16265 lat. 16266 lat. 16267 lat. 16268 lat. 17947 lat. 17948 lat. 17950 lat. 17951 lat. 17952 lat. 17953 lat. 17954 lat. 17955 lat. 17956 lat. 17957 NAL 702 NAL 836 NAL 1015 NAL 1115 NAL 3184 NAL 3189 NAL 3233 NAL 3235 Smith-Lesouëf 19

Paris, Bibliothèque Sainte-Geneviève 778 1176 779 1178 780 1179 781 1180 782* 1181 783 1182 784 1183 785 1184/3

 235

236  786 787* 788 789 790 791 792

 Annexe 1 Liste des bibles complètes recensées

1185 1187 2584 2585 2586 2587 2593

Paris, Fondation Thiers 793 1249 Poitiers, Bibliothèque municipale 794 11 795 12 796 13 797 14 Provins, Bibliothèque municipale 798 1 Puy-en-Velay (Le), Bibliothèque municipale 799 1 Reims, Bibliothèque municipale 800 33 Rennes, Bibliothèque municipale 801 2 802 3 803 4 804 5 Rochelle (La), Bibliothèque municipale 805 369 Rouen, Bibliothèque municipale 806* 16 807 17 808 18 809 19 810 20 811 3015 Saint-Dié, Bibliothèque municipale 812 61 Sélestat, Bibliothèque municipale 813* 117

Annexe 1 Liste des bibles complètes recensées 

Toulouse, Bibliothèque municipale 814* 2 815* 6 816 7 817 8 818 9 819 10 820* 11 821 14 Tours, Bibliothèque municipale 822* 1 823* 2 824 3 825* 4 826 5 827 6 828 7 829 16 830 17 Troyes, Bibliothèque municipale 831 1299 832 1852 833 2590 Valenciennes, Bibliothèque municipale 834 8 Valognes, Bibliothèque municipale 835* 1 Vendôme, Bibliothèque municipale 836 183 837 185 Vesoul, Bibliothèque municipale 838 5 Vitry-le-François, Bibliothèque municipale 839 75

Hongrie Budapest, Eötvös Loránd Tudomány Egyetem Könyvtára 840* 18 841 45

 237

238 

 Annexe 1 Liste des bibles complètes recensées

Budapest, Magyar Tudományos Akadémia Könyvtára 842 K 396 843 K 399 Budapest, Országos Széchényi Könyvtár 844 lat. 32 845 lat. 37 846 lat. 100 847 lat. 127 Pécs, Század Második Negyede. Püspöki Könyutár 848 O. IX. 10

Irlande Dublin, Chester Beatty Library 849* 51 Dublin, Marsh’s Library 850 Z4. 3. 29 851 Z4. 3. 30 852 Z4. 3. 31 853 Z4. 3. 32 854 Z4. 3. 33 Dublin, Trinity College 855* 37 856* 40 857 41 858 42 859 43 860 44 861 54

Israel Jerusalem, Jewish National and University Library 862* MS Var. 502 863 Yah. MS Var. 14

Italie Arezzo, Biblioteca Città di Arezzo 864 220 865 224

Annexe 1 Liste des bibles complètes recensées 

Assisi, Biblioteca del Sacro Convento di S. Francesco 866* 72 867 370 Bologna, Biblioteca Comunale dell’Archiginnasio 868 A. 53 Bologna, Biblioteca Universitaria 869* 199 (297) 870 200 (298) 871 1498 (2812) 872 1528 (2849) Bolzano, Biblioteca dei Benedettini di Muri-Gries 873* 16 Capestrano, Biblioteca del Convento di S. Giovanni 874 cod. XLIII Cava dei Tirreni, Archivio e Biblioteca della Badia 875 51 Fermo, Biblioteca Comunale 876* 37 Firenze, Biblioteca Medicea Laurenziana 877 Acq. e doni 149 878 Acq. e doni 449 (2–4) 879 Conv. Soppr. 496 880* Conv. Soppr. 593 881* Conv. Soppr. 597 882 Conv. Soppr. 600 883 Conv. Soppr. 608 884 Conv. Soppr. 610 885 Conv. Soppr. 619 886 Conv. Soppr. 622 887 Edili 129 888 Edili 130 889 Plut. 3 caps. 1 890 Plut. 15. 3 891 Plut. 15. 4 892 Plut. 15. 5 893 Plut. 15. 6 894 Plut. 15. 7 895 Plut. 15. 8 896* Plut. 15. 9 897 Rinuccini 3 898 San Marco 731 899 San Marco 732

 239

240  900 901* 902 903

 Annexe 1 Liste des bibles complètes recensées

San Marco 733 San Marco 734 San Marco 739 Strozzi 5

Firenze, Biblioteca provinciale dei Frati Minori, Fondo Giaccherino 904 I. F. 10 Firenze, Museo di San Marco 905 481 906 482 Macerata, Biblioteca Comunale « Mozzi-Borgetti » 907* 383 Massa Marittima, Biblioteca Comunale « Gaetano Badii » 908* 5 Milano, Biblioteca Ambrosiana 909 B 17 sup. 910 E 22 sup. 911 E 23 sup. 912 E 33 sup. 913 I 3 sup. 914 L 19 sup. 915* Q 34 sup. 916 R 2 sup. 917 Z 66 sup. Milano, Biblioteca Nazionale Braidense 918 AC IX 36 [Chester Beatty 56] 919 AD X 44 920 AD XI 54 921 AD XI 55–56 922* AD XII 45 923 Gerli 59 Montecassino, Archivio e Biblioteca dell’Abbazia 924 501 Napoli, Biblioteca Nazionale Vittorio Emanuele III 925* VI. A. 10 926 VI. A. 20 927 VI. A. 21 928 VI. A. 25 929 VI. A. 26 930 VI. A. 30 931 VI. A. 31 932 VI. A. 32 933 VI. A. 33

Annexe 1 Liste des bibles complètes recensées 

Padova, Biblioteca Antoniana 934 225 Padova, Biblioteca del Seminario Vescovile 935 216 936* 219 937 280 Palermo, Biblioteca Centrale della Regione Siciliana 938 I. C. 13 939 I. D. 13 940* I. E. 5 Pavia, Biblioteca Universitaria 941 Aldini 374 Perugia, Biblioteca Comunale Augusta 942 I. 70 (676) 943 I. 99 (705) 944 L. 43 (791) 945 M. 57 Pisa, Biblioteca Cateriniana del Seminario 946 144. (176) 947 145. (177) Pistoia, Convento di S. Francesco a Giaccherino 948 I. F. 10 Poppi, Biblioteca Comunale 949 82 950 85 Reggello, Abbazia di Vallombrosa 951 19. A 952 II. 18 Roma, Accademia Nazionale dei Lincei e Corsiniana 953* Cors. 1 954 Rossi 294 (40 E 14) 955 Rossi 317 (40 E 15) 956 Rossi 318 (40 E 25) Roma, Biblioteca Alessandrina 957 219 Roma, Biblioteca Angelica 958 32 (A.5.6.) 959 33 (A.5.7.) 960 38 (A.5.13.) 961 1386

 241

242 

 Annexe 1 Liste des bibles complètes recensées

Roma, Biblioteca Casanatense 962 4 963 5 964 270 965 1466 Rovereto, Biblioteca Civica Girolamo Tartarotti 966 1 San Daniele del Friuli, Biblioteca Civica Guarneriana 967* 248 968 284 Savignano sul Rubicone, Biblioteca Comunale 969 62 Siena, Biblioteca Comunale degli Intronati 970 F. II. 1 971 U. V. 1 Todi, Biblioteca Comunale 972 37 Torino, Biblioteca Nazionale Universitaria 973* D. II. 1 974* D. II. 4 975* D. II. 6 976* D. V. 16 977 D. V. 32 978* E. IV. 44 979 E. VI. 1 980 E. VI. 19 981* K. III. 19 Trento, Biblioteca Comunale 982* 2868 Trento, Fondazione Biblioteca S. Bernardino 983 311 Trento, Castello del Buonconsiglio. Monumenti e collezioni provinciali 984* 1597 Udine, Biblioteca Arcivescovile e Bartoliniana 985 22 Venezia, Biblioteca Marciana 986 Lat. I. 6 (2895) 987 Lat. I. 59 (2993) 988 Lat. I. 60 (2059) 989 Lat. I. 78 (2899)

Annexe 1 Liste des bibles complètes recensées 

990 991 992 993 994 995* 996

Lat. I. 90 (2959) Lat. I. 96 (2063) Lat. I. 97 (2064) Lat. Z. 3 (1561) Lat. Z. 5 (1767) Lat. Z. 6 (1859) Lat. Z. 7 (1768)

Vercelli, Archivio Capitolare 997* CXCI (171) Verona, Biblioteca Capitolare 998* XII (10) Vibo Valentia, Biblioteca dei Conti Capialbi 999* 1 Vicenza, Biblioteca Civica Bertoliana 1000 68

Lituanie Vilnius, Lietuvos Mokslų Akademijos Biblioteka 1001 ф 22–98

Norvège Oslo, Schøyen Collection 1002 15 1003 115 1004* 262

Nouvelle-Zélande Auckland, Henry Shaw Collection 1005 Ms 57 (II) Dunedin, Public Library 1006* Reed Ms. 1 1007 Reed Ms. 2 1008 Reed Ms. 3 Wellington, British and Foreign Bible Society 1009* Ms 24 1010 Ms 77

 243

244 

 Annexe 1 Liste des bibles complètes recensées

Pays-Bas Den Haag, Koninklijke Bibliotheek 1011* 76 E 22 1012* 76 F 23 1013 76 G 2 1014 76 J 2 1015 76 J 3 1016* 129 E 20 1017 132 F 21 1018 133 D 25 Den Haag, Rijksmuseum Meermanno-Westreenianum 1019* 10 D 18 1020 10 D 19 1021 10 D 20 1022 10 E 32 1023 10 E 33 1024 10 E 34 1025 10 E 35 1026 10 E 36 Enschede, Rijksmuseum Twenthe 1027 282 Groningen, Bibliotheek der Rijksuniversiteit 1028 2 1029 3 1030 4 Haarlem, Bisschoppelijk Museum 1031 1 Leiden, Bibliotheek der Rijksuniversiteit 1032 BPL 14 D 1033 BPL 136 A 1034 BPL 198 A Utrecht, Bibliotheek der Rijksuniversiteit 1035* Hs. 29 Utrecht, Rijksmuseum Het Catharijneconvent 1036 BMH 1

Pologne Gdańsk, Biblioteka Gdańska Polskiej Akademii Nauk 1037 Ms 1901 1038 Ms akc. 7415

Annexe 1 Liste des bibles complètes recensées 

Kornik, Biblioteka Kornicka Polskiej Akademii Nauk 1039* 3 1040 4 Kraków, Biblioteka Jagiellońska 1041* 290 1042* 291 1043 4385 1044* 5079 Kraków, Museum Narodowe, Biblioteka Czartoryskich 1045 2387 II 1046 2789 I 1047 3202 I 1048 3486 I Poznań, Archiwum Archidiecezjalne 1049* 55 1050 56 Sandomierz, Biblioteka Diocezjalna 1051* 13 Toruń, Biblioteka Uniwersytecka 1052* Ms 32/III Warszawa, Biblioteka Narodowa 1053 Rps 3313 I 1054 Rps 8051 II 1055 Rps 12517 I 1056 Rps 12666 II 1057 Rps BOZ 22 1058 Rps BOZ 36 Warszawa, Muzeum Narodowe 1059* 1164 Wrocław, Biblioteka Uniwersytecka 1060 B 1957 1061 M 1455

Portugal Coimbra, Universidade de Coimbra – Biblioteca Geral 1062* Cofre 3 1063 Cofre 5 1064 Cofre 6 1065 Cofre 7

 245

246 

 Annexe 1 Liste des bibles complètes recensées

Évora, Biblioteca pública de Évora 1066 Cod. CXXIV 1067* Cod. CXXIV/1-7 1068 Cod. CXXIV/2-1 Lisboa, Arquivo Nacional Torre do Tombo 1069 CF 113 1070 CF 114 1071* CF 138 1072* CF 141 1073 CF 112 1074 CF 115 Lisboa, Biblioteca da Ajuda 1075 52-XII-33 1076 52-XII-37 1077 52-XII-40 Lisboa, Biblioteca Nacional de Portugal 1078* Alc. 205 1079* Alc. 455 1080 Alc. 457 1081 Alc. 458 1082 IL 20 1083 IL 33 1084 IL 34 1085 IL 50 1086 IL 51 1087* IL 63 Porto, Biblioteca Pública Municipal do Porto 1088* ms. 617 1089 ms. 621 Vila Viçosa, Biblioteca D. Manuel II 1090 ms. 10 Adq.

République Tchèque Brno, Státní Vědecká Knihovna 1091 NŘ 68 Křivoklát, Křivoklátská Knihovna 1092 I d 54 Olomouc, Vĕdecká Knihovna 1093* M I 716 Praha, Knihovna Metropolitní Kapitoly 1094* A CLII

Annexe 1 Liste des bibles complètes recensées 

1095 1096

B III 2 B LXIII

Praha, Národní Knihovna České Republiky 1097 1129 1098 1661 1099 DG IV 22 1100* XIV D 14 Vyšší Brod, Klásterní Knihovna 1101 CVI

Roumanie Alba Iulia, Biblioteca Batthyaneum 1102 420 1103 427

Royaume-Uni Aberdeen, University Library 1104 139 1105 275 Birmingham, Public Library 1106 091/MED/4. Blackburn, Museum and Art Gallery 1107 091.21038 Blickling, Blickling Hall 1108 6855 Brighton, Public library 1109 1 Bristol, Baptist College 1110 Z. d. 41 1111 Z. e. 38 Bristol, Public Library 1112 15 Cambridge, Clare College 1113 8 Kk. 3. 8 Cambridge, Corpus Christi College 1114 246 1115 437

 247

248  1116 1117 1118*

 Annexe 1 Liste des bibles complètes recensées

463 484 485

Cambridge, Emmanuel College 1119* I. 2. 1 1120* I. 2. 2 1121 I. 2. 3 1122 I. 3. 15 1123 I. 3. 29 1124 I. 4. 3 1125 I. 4. 8 1126 I. 4. 3 Cambridge, Fitzwilliam Museum 1127* 2 1128* 3 1129 4 1130 5 1131 Add. 1059-1975 1132* Add. 1060-1975 1133 Add. 4-1969 1134 BL 23 1135 BL 24 1136* McClean 10 1137 McClean 12 1138 McClean 13 1139 McClean 14 1140 McClean 16 Cambridge, Gonville and Caius College 1141* 346 1142 224/239 1143* 350/567 1144 361/442 1145 412/416 Cambridge, King’s College 1146 25 1147 26 Cambridge, Magdalen College 1148 F. 4. 2 1149 F. 4. 3 1150 F. 4. 4 Cambridge, Newnham College 1151 1 Cambridge, Ridley Hall 1152 R. H. 2.

Annexe 1 Liste des bibles complètes recensées 

Cambridge, Sidney Sussex College 1153* Δ 421 Cambridge, St. John’s College 1154 (123) E. 20 1155 (137) E. 37 1156* (158) F. 21 1157 (224) I. 28 1158 (228) K. 15 1159* (239) N. 1 1160 (241) N. 3 1161 (246) N. 8 1162 (524) N. 11 Cambridge, Trinity College, Wren Library 1163* B. 10. 8 1164* B. 10. 10 1165 B. 10. 18 1166 B. 10. 21 1167 B. 10. 22 1168 B. 10. 23 1169 B. 10. 24-25 1170 B. 10. 26 1171 B. 10. 27 1172 B. 10. 28 1173 O. 1. 48-49-50 1174 O. 1. 63 1175* O. 2. 9 1176 O. 3. 36 1177 O. 7. 34 1178 O. 8. 15 1179 O. 8. 19 Cambridge, University Library 1180 Add. 1848 1181* Add. 3029-3030 1182 Add. 4083 1183 Add. 6159 1184* Add. 7801 1185 Add. 8438 1186 Dd. 5. 52 1187* Dd. 10. 29 1188 Dd. 12. 47 1189 Dd. 15. 35 1190 Ee. 1. 9 1191 Ee. 1. 16 1192 Ee. 6. 26 1193 Ff. 6. 19 1194 Ff. 6. 20 1195 Ff. 6. 45-49 1196 Gg. 1. 3

 249

250  1197 1198 1199 1200 1201* 1202 1203 1204* 1205 1206

 Annexe 1 Liste des bibles complètes recensées

Gg. 1. 27 Gg. 6. 15 Gg. 6. 45 Hh. 1. 3 Ii. 4. 10 Ii. 6. 12 Ii. 6. 22 Mm. 1. 2 Pembroke 268 Pembroke 303

Canterbury, Cathedral and Chapter Library 1207* add. 38 1208 HH N. 2.1 (5) Cardiff, Public Library 1209 I. 382 Colchester, Parish Church of St. Mary 1210 sine numero Douai Abbey, Abbey Library 1211 3 Durham, Cathedral Library 1212 A. IV. 30 1213* A. IV. 37 Durham, University Library 1214 MS Cosin V. V. 17 1215 MS Cosin V. V. 18 Edinburgh, National Library of Scotland 1216 18.7.10 1217 18.7.19 1218 18.8.10 1219 1901 Edinburgh, University Library 1220 MS 1 1221 MS 3 1222 MS 4 1223 MS 5 1224 MS 6 1225 MS 8 1226 MS 313 Eton, Eton College 1227 179

Annexe 1 Liste des bibles complètes recensées 

Glasgow, University Library 1228 338 1229 493 1230 Euing I. 1231 Gen. 7 1232 Hepburn 1 Hatfield House, Marquess of Salisbury Collection 1233 Cecil Papers 309 Holkham, Holkham Hall Library 1234 Holkham MS 10 1235 Holkham MS 11 1236 Holkham MS 12 1237 Holkham MS 13 1238 Holkham MS 14 Leicester, Leicestershire Record Office 1239 sine numero Leicester, Old Town Hall Library 1240* 2 Leicester, University Library 1241* 7 1242 8 1243 9-10 Lincoln, Chatedral Chapter Library 1244 131 (C. 5. 6) 1245 246 (C. 6. 4) Liverpool, Cathedral 1246 13 Liverpool, Merseyside County Museum 1247 12008 1248 12038 Liverpool, University Library 1249* F. 2. 1 1250 F. 2. 5 1251* F. 2. 17 London, British and Foreign Bible society 1252* Lat. 1 1253 Lat. 2 1254 Lat. 3 1255 Lat. 4

 251

252 

 Annexe 1 Liste des bibles complètes recensées

London, British Library 1256 Add. 5160 1257* Add. 11697 1258 Add. 11844 1259* Add. 11845 1260 Add. 15452 1261 Add. 18860 1262 Add. 26796 1263 Add. 27694 1264 Add. 28626 1265 Add. 31830 1266 Add. 35085 1267 Add. 37487 1268 Add. 39629 1269* Add. 40006 1270 Add. 52778 1271 Add. 54232 1272 Add. 54235 1273 Add. 57531 1274 Add. 78829 1275 Arundel 250 1276 Arundel 287 1277 Arundel 303 1278 Arundel 311 1279 Arundel 324 1280 Arundel 354 1281* Burney 4 1282* Burney 5 1283 Burney 6 1284 Burney 7 1285 Burney 8 1286 Burney 9 1287 Burney 10 1288 Burney 11 1289 Cotton, Titus A. XXII 1290 Egerton 2867 1291 Egerton 2908 1292 Harley 507 1293* Harley 1034 1294 Harley 1280 1295 Harley 1287 1296* Harley 1297 1297 Harley 1661 1298* Harley 1748 1299 Harley 1793 1300 Harley 2351 1301 Harley 2353 1302 Harley 2442 1303 Harley 2806 1304 Harley 2807 1305 Harley 2808

Annexe 1 Liste des bibles complètes recensées 

1306 1307 1308 1319 1310 1311 1312 1313 1314 1315 1316* 1317* 1318* 1319* 1320* 1321 1322 1323* 1324 1325 1326 1327 1328 1329 1330 1331 1332 1333 1334 1335 1336 1337* 1338* 1339* 1340 1341 1342

Harley 2809 Harley 2810 Harley 2811 Harley 2812 Harley 2813 Harley 2814 Harley 2815 Harley 2816 Harley 2818 Harley 2819 Harley 2822 Harley 2824 Harley 2825 Harley 2827 Harley 2828 Harley 2832 Harley 2847 Harley 3438 Harley 3815 Harley 4067 Harley 5367 Henry Davis Collection 50 King’s 2 Royal 1 A I Royal 1 A II Royal 1 A III Royal 1 A V Royal 1 A VI Royal 1 A VII Royal 1 A VIII Royal 1 A XI Royal 1 A XVII Royal 1 A XIX Royal 1 B III Sloane 1521 Yates Thompson 1 [olim Yates Thompson 2] Yates Thompson 41

London, Dr. Williams’s Library 1343* Anc. 1 1344 Anc. 5 London, Dutch Church, Austin Friars 1345 10 London, Gray’s Inn 1346* 24 London, Lambeth Palace 1347* 348 1348 476

 253

254  1349 1350 1351 1352* 1353 1354

 Annexe 1 Liste des bibles complètes recensées

533 534 544 756 1362 1364

London, Lincoln’s Inn 1355* 123 London, Sion College 1356 Arc. L. 40. 2/L 3 1357 Arc. L. 40. 2/L 4 1358 Arc. L. 40. 2/L 5 London, Sir John Soane Museum 1359 9 London, Victoria and Albert Museum 1360 Reid 21 1361 Reid 22 London, Westminster Abbey 1362 3 1363 4 1364 5 Manchester, Chetham’s Library 1365* 6688 1366 6689 Manchester, John Rylands University Library 1367* 17 1368 359 Norwich, Public Library 1369* TC 27/2 Norwich, St. Peter Mancroft Church 1370 sine numero Oakham, Oakham Church 1371 sine numero Oxford, All Souls College 1372 I 1373* II 1374* III

Annexe 1 Liste des bibles complètes recensées 

Oxford, Balliol College 1375 330 1376 348 Oxford, Bodleian Library 1377 Ashmolean 748 1378 Auct. D 4 8 1379* Auct. D 4 9 1380 Auct. D 4 10 1381* Auct. D 4 11 1382 Auct. D 5 6 1383 Auct. D 5 7 1384 Auct. D 5 8 1385 Auct. D 5 9 1386 Auct. D 5 10 1387 Auct. D 5 11 1388 Auct. D 5 12 1389 Auct. D 5 13 1390 Auct. D 5 14 1391 Auct. D 5 15 1392 Auct. D 5 16 1393 Auct. D 5 17 1394 Auct. D 5 18 1395 Auct. D 5 19 1396 Auct. D 5 20 1397 Auct. D 5 21 1398* Auct. D inf. 2. 1 1399* Auct. D inf. 2. 2 1400* Auct. D inf. 2. 3 1401* Auct. D inf. 2. 4 1402 Broxb. 89.9 [olim Dyson Perrins 28] 1403 Canon. Bibl. Lat. 3 1404 Canon. Bibl. Lat. 5 1405 Canon. Bibl. Lat. 6 1406 Canon. Bibl. Lat. 8 1407 Canon. Bibl. Lat. 10 1408 Canon. Bibl. Lat. 11 1409 Canon. Bibl. Lat. 12 1410 Canon. Bibl. Lat. 15 1411 Canon. Bibl. Lat. 17 1412 Canon. Bibl. Lat. 21 1413* Canon. Bibl. Lat. 44 b. 1414 Canon. Bibl. Lat. 47 1415 Canon. Bibl. Lat. 48 1416 Canon. Bibl. Lat. 49 1417 Canon. Bibl. Lat. 77 1418 Canon. Bibl. Lat. 78 1419 Canon. Bibl. Lat. 79 1420 Canon. Bibl. Lat. 80 1421 Canon. Bibl. Lat. 81

 255

256  1422 1423 1424 1425 1426* 1427 1428 1429* 1430 1431 1432 1433 1434 1435 1436* 1437 1438 1439 1440 1441 1442 1443 1444 1445 1446* 1447*

 Annexe 1 Liste des bibles complètes recensées

Canon. Bibl. Lat. 83 Canon. Bibl. Lat. 84 Digby 9 D’Orville 212 Douce 113 E. D. Clarke 31 Kennicott 16 Lat. Bib. d. 9 Lat. Bib. e. 7 [olim Dyson Perrins 5] Lat. Bib. f. 1 Lat. Bib. f. 2 Lat. Bib. f. 3 Laud. Lat. 10 Laud. Lat. 11 Laud. Lat. 13 Lyell 10 Rawl. G 5 Rawl. G 6 Rawl. G 7 Rawl. G 8 Rawl. G 9 Rawl. G 13 Rawl. G 14 Rawl. G 16 Rawl. G 125 Rawl. G 126

Oxford, Brasenose College 1448 2 1449 3 1450 4 1451 5 Oxford, Christ Church 1452* 107 1453* 108 1454 109 1455 110 1456 111 Oxford, Corpus Christi College 1457 3 Oxford, Exeter College 1458* 5 Oxford, Hertford College 1459 1 Oxford, Jesus College 1460 55

Annexe 1 Liste des bibles complètes recensées 

1461* 1462

56 59

Oxford, Keble College 1463 20 1464 80 Oxford, Lincoln College 1465* Lat. 23 1466* Lat. 24 Oxford, Magdalen College 1467 2 1468 Lat. 1 Oxford, New College 1469 316 1470* 318 Oxford, Oriel College 1471 78 Oxford, Pembroke College 1472* 7 Oxford, Queen College 1473* 70 1474 358 Oxford, St John’s College 1475* 100 1476* 110 1477 123 1478 193 1479 207 Oxford, Trinity College 1480* 24 Oxford, University College 1481 20 1482 106 Oxford, Wadham College 1483* 1 (A.5.2) 1484* 9 Perth, Museum and Art Gallery 1485 462

 257

258 

 Annexe 1 Liste des bibles complètes recensées

Peterborough, Cathedral 1486 10 Reigate, Parish Church, Cranston Library 1487 2444 Rugby, Rugby School 1488* Bloxam 1005 1489 Bloxam 1006 1490 Add. 2 Salisbury, Library of the Cathedral Church 1491* 127 Sheffield, Graves Art Gallery 1492 R. 3551 Shrewsbury, Shrewsbury School 1493* 2 Spalding, Gentlemen’s Society 1494 M. J. 15 Taunton, Somerset County Record Office 1495* DD/SAS C/1193/70 Ushaw Moor, St. Cuthbert’s College 1496 1 1497 2 1498 4 Waddesdon Manor, Rothschild Collection 1499 1 Wells, Cathedral 1500 4 Worcester, Cathedral 1501* F. 162 1502 Q. 83 1503 Q. 105 York, Minster 1504 XVI. N. 5 1505 XVI. N. 6 1506 XVI. N. 10

Annexe 1 Liste des bibles complètes recensées 

Russie Sankt Peterburg, Biblioteka Rossijskoj Akademii Nauk 1507* Q 21 (XXAb/1) 1508 Lat. O. v. I, 43 1509 Lat. O. v. I, 172 1510 Lat. O. v. I, 174 1511 Lat. Q. v. I, 227

Slovénie Ljubljana, Narodna in univerzitetna knjižnica 1512 38 Ljubljana, Semeniška knjižnica 1513 sine numero

Suède Göteborg, Stadsbibliothek 1514 33 1515 34 Stockholm, Kungliga Biblioteket 1516* A 167 1517 A 167a 1518 A 168 Stockholm, Riksarkivet 1519 Skokloster I 4° 49 Uppsala, Universitetsbibliothek 1520 C 149

Suisse Aarau, Aargauer Kantonsbibliothek 1521 MsWettQ 2 Basel, Kunstmuseum, Öffentliche Kunstsammlung 1522 KK inv. A 11 (U. IX. 30) Basel, Universitätsbibliothek 1523 A N IV 3 1524 B VI 1 1525 B VI 28 1526 O IV 24

 259

260 

 Annexe 1 Liste des bibles complètes recensées

Bern, Burgerbibliothek 1527 638 1528 647 1529 A 72 1530 A 73 1531 B 51 Cologny, Bibliotheca Bodmeriana 1532 Bible Rothschild Einsiedeln, Stiftsbibliothek 1533 26 Genève, Bibliothèque Publique et Universitaire 1534 lat. 3 1535 lat. 4 1536 lat. 5 1537 lat. 138 Sankt Gallen, Kantonsbibliothek, Vadianische Sammlung 1538 VadSlg Ms. 332 Sarnen, Bibliothek des Kollegiums 1539* Collegium 16 Schaffausen, Stadtbibliothek 1540 Gen 4a 1541 Min. 7 Sion/Sitten, Couvent des Capucins/Kapuzinerkloster 1542 W 35 Solothurn, Zentralbibliothek 1543* S 438 Zofingen, Stadtbibliothek 1544 Pa 65 Zürich, Zentralbibliothek 1545 C 85 1546 C 152 1547* C 158 1548 C 160 1549 Car. C 150 1550 Car. C 167 1551 Car. C 177 1552 Car. C 179 1553 Rh. 184 1554 Rh. 185

Annexe 1 Liste des bibles complètes recensées 

Vatican Città del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana 1555* Arch. Cap. S. Pietro D 141 1556 Barb. lat. 368 1557 Barb. lat. 378 1558 Barb. lat. 401 1559 Barb. lat. 402 1560 Barb. lat. 413 1561 Barb. lat. 414 1562 Barb. lat. 415 1563 Barb. lat. 424 1564 Chigi A. IV. 70 1565 Chigi A. IV. 71 1566 Chigi A. IV. 72 1567 Chigi A. IV. 73 1568* Chigi A. IV. 161 1569 Chigi A. V. 118-119-120 1570* Chigi A. VII. 195 1571 Ottob. lat. 512 1572 Ottob. lat. 513 1573 Ottob. lat. 523 1574 Ottob. lat. 532 1575 Ottob. lat. 665 1576* Ottob. lat. 684 1577 Ottob. lat. 878 1578* Pal. lat. 18 1579 Pal. lat. 19 1580 Pal. lat. 20 1581 Pal. lat. 21 1582 Pal. lat. 22 1583 Pal. lat. 23 1584 Pal. lat. 25 1585 Reg. lat. 3 1586* Reg. lat. 16 1587 Reg. lat. 22 1588 Ross. 127 1589 Ross. 128 1590 Ross. 129 1591 Ross. 130 1592* Ross. 154 1593 Ross. 314 1594 Ross. 315 1595 Ross. 316 1596 Ross. 317 1597 Ross. 318 1598 Ross. 319 1599 Ross. 320 1600 Ross. 321 1601 Ross. 342 1602 Urb. lat. 587

 261

262  1603 1604 1605 1606* 1607* 1608 1609 1610 1611* 1612* 1613 1614 1615* 1616* 1617 1618 1619 1620 1621* 1622* 1623 1624 1625 1626 1627 1628 1629 1630 1631

 Annexe 1 Liste des bibles complètes recensées

Urb. lat. 588 Urb. lat. 589 Urb. lat. 597 Vat. lat. 24 Vat. lat. 25 Vat. lat. 27 Vat. lat. 28 Vat. lat. 29 Vat. lat. 30 Vat. lat. 31 Vat. lat. 32 Vat. lat. 33 Vat. lat. 34 Vat. lat. 35 Vat. lat. 37 Vat. lat. 3513 Vat. lat. 6026 Vat. lat. 7559 Vat. lat. 7634 Vat. lat. 7638 Vat. lat. 7664 Vat. lat. 7682 Vat. lat. 7687 Vat. lat. 8941 Vat. lat. 8942 Vat. lat. 9211 Vat. lat. 9350 Vat. lat. 10271 Vat. lat. 10921

B. Austin, University of Texas [olim] 1632 23.04.1971 Lot 4 cat. Texas ms Brooklyn College, Library of Pr. S. Rypins [olim] 1633 sine numero Brooklyn, Library of A. van Sinderen [olim] 1634 7 Chicago, Saint Ignatius College [olim] 1635 1 Cleveland, Library of Otto F. Ege [olim] 1636 1 1637 4 Colorado Springs, Library of Charles A. Baldwin [olim] 1638* 5

Annexe 1 Liste des bibles complètes recensées 

Covington, Collection of Harry A. Walton, Jr. [olim] 1639 A-1 1640* A-12 1641 A-793 1642 A-2039 Dublin, Chester Beatty Collection [olim] 1643 55 Kenilworth, Collection of Roger W. Barrett [olim] 1644 2 London, Christie’s 1645* 24.11.1993 Lot 14 cat. 5085 1646 23.11.1994 Lot 12 1647 25.06.1997 Lot 22 1648* 03.06.1998 Lot 15 [olim Phillipps 446] 1649 11.07.2000 Lot 14 cat. 6348 [olim Dyson Perrins 8] 1650 04.06.2003 Lot 14 cat. 6723 1651 13.06.2012 Lot 7 London, Maggs Brothers 1652 n. 34 cat. 830 London, Marlborourgh Rare Books 1653 Spring 1960 n. 34 London, Parke-Bernet Galleries 1654 1938.03.29 lot 220 [olim San Francisco, Library of David S. Spector, 1] London, Private Collection 1655* sine numero [olim Yates Thompson 1] London, Quaritch 1656 01.1914 Lot 558 cat. 328 London, Sokol Books Ltd. 1657 2018 Manuscripts 2018 Lot 7 1658 2019.12 Bible Catalogue Lot 1 [olim Stadtbibliothek Königsberg, S 28. 8°] London, Sotheby’s 1659 21.04.1902 Lot 165 cat. White 1660 18.06.1903 Lot 413 1661* 16.12.1903 Lot 96 1662* 17.06.1907 Lot 57 cat. Perrins 1663 17.03.1912 Lot 2172 cat. Butler 1664 28.03.1912 Lot 333 1665 15.07.1912 Lot 192 cat. Hooper 1666* 14.07.1915 Lot 263 1667 03.07.1922 Lot 1089 1668 08.12.1924 Lot 55

 263

264  1669* 1670* 1671 1672 1673 1674 1675 1676 1677 1678* 1679* 1680 1681 1682 1683 1684 1685 1686 1687 1688 1689 1690 1691 1692 1693 1694 1695 1696 1697 1698 1699 1700 1701* 1702

 Annexe 1 Liste des bibles complètes recensées

03.07.1933 Lot 228 23.04.1956 Lot 42 cat. Ford 29.11.1960 Lot 106 05.07.1965 Lot 230 [olim Brooklyn, Long Island Historical Society, 10] 10.07.1967 Lot 56 10.07.67 Lot 72 [olim Cuthbert Adamson Collection] 24.06.1968 Lot 50 [olim Chester Beatty 53] 03.12.1968 Lot 16 cat. Beatty [olim Chester Beatty 52] 24.06.1969 Lot 51 cat. Beatty2 [olim Phillipps 447, Chester Beatty 57] 20.06.1978 Lot 2979 [olim J. R. Abbey 1489] 08.07.1974 Lot 84 cat. Orlando 11.07.1978 Lot 38 cat. Justemont 11.12.1984 Lot 40 cat. Anselm 01.12.1987 Lot 29 cat. Guerino [olim Phillipps 9534] 20.06.1989 Lot 36 cat. 1716 22.06.1993 Lot 81 cat. 93317 05.12.1994 Lot 78 cat. 4725 [olim Yates Thompson 5] 05.12.1994 Lot 79 cat. 4725 20.06.1995 Lot 63 cat. 5361 20.06.1995 Lot 84 cat. 5361 20.06.1995 Lot 85 cat. 5361 05.12.1995 Lot 31 cat. 5691 18.06.1996 Lot 56 cat. 6364 18.06.1996 Lot 57 cat. 6364 18.06.1996 Lot 58 cat. 6364 16.06.1997 Lot 13 cat. LN 7382 17.06.1997 Lot 52 17.06.1997 Lot 53 02.12.1997 Lot 51 01.12.1998 Lot 72 cat. LN 8737 01.12.1998 Lot 73 19.06.2001 Lot 8 coll. Ritmann 22.06.2004 Lot 52 cat. 4240 05.07.2011 Lot 85 [olim Toronto, Bergendal Collection, 17]

Madison, Wisconsin State Historical Society [olim] 1703 61 Mosman, Private Collection 1704 28 München, Hartung & Karl 1705 28.05.1973 Lot 111 cat. 3 1706* 18.05.1976 Lot 2 cat. 16 [olim Phillipps 501] 1707 18.11.1980 Lot 3 cat. 33 1708 18.11.1980 Lot 4 cat. 33 1709 12.05.1981 Lot 4 1710 04.11.1986 Lot 407 cat. 53 1711 13.11.1990 Lot 3 cat. 63 1712 27.04.1993 Lot 1A cat. 71

Annexe 1 Liste des bibles complètes recensées 

München, Zisska & Lacher Buch 1713 23.10.1995 Lot 1 cat. 26/1 New York, Christie’s 1714 25.09.1981 Lot 3 Cat. 5081 1715 07.10.1994 n. 7964 Lot 1 [olim Chester Beatty 49] New York, Collection of Joel and Maxine Spitz [olim] 1716 1 New York, Estate of W. M. Voynich [olim] 1717 7 New York, Kraus 1718 1965 No 111 Lot 37 1719 1967 cat. 117 item 3 [olim Phillipps 503] Olympia, Washington, Library of Judge W.B. Beals [olim] 1720 2 1721 34 Omaha, Library of C.N. Dietz [olim] 1722 1 Paris, Hôtel des Commissaires-Priseurs 1723 06.06.1955 n. 12 Paris, Librairie Camille Sourget 1724 11.2003 Lot 1 cat. XXVII 1725 1989 Lot 1 No. 6 Paris-New York-Chicago, Les Enluminures 1726 1993-No 2 Lot 1 1727 10.12.1998 Lot 1 1728 09.2002 Lot 27 [olim Cleveland, Library of Otto F. Ege] 1729 21.10.2005 Lot 18 [olim Chester Beatty 50] 1730 09.2006 Lot 213 1731 01.2012 Lot 485 1732 2014 Lot 3 TM 781 1733 04.2016 Lot 22 TM 844 [olim Ricketts 11] 1734 2020 Lot 50 TM 941 Philadelphia, Borneman Collection [olim] 1735 806 South Pasadena, Library of George Clinton Ward [olim] 1736 1 Stalden-Basel, Dr. Jörn Günther Rare Books AG 1737 2015 Cat. 11 n. 6

 265

266 

 Annexe 1 Liste des bibles complètes recensées

Washington Crossing, Pennsylvania, Library of F.J. Mather jr. [olim] 1738 2 Wollaston, Library of C.E. Goodspeed [olim] 1739 1

Annexe 2  Bibles complètes consultées Cette annexe présente la liste des 357 bibles complètes consultées de visu et fournit leur datation et origine, des données codicologiques essentielles et l’ordre des livres bibliques (ordre parisien parfait ou avec des omissions ou des ajouts mineurs de contenu indiqués par les signes - et +). Un astérisque dans la dernière colonne signale les manuscrits où l’ordre des livres n’est pas parisien – dans ce cas, celui-ci est intégralement fourni en annexe 3. Ces bibles sont également reprises dans la liste de tous les manuscrits recensés en annexe 1. Pour certains manuscrits, toutes les colonnes ne sont pas remplies. C’est notamment le cas pour les manuscrits mutilés, pour ceux dont la reliure est trop serrée et pour ceux qui n’ont pas fait l’objet d’une consultation fouillée (voir chapitre II.b).

https://doi.org/10.1515/9783110757392-014

1556 1557 1558 1559 1560 1561 1562 1563 1574 1575 1576* 1577 1578* 1579 1580 1581

263

15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30*



              mutilé                

   

    mutilé                            

 

Berlin, Staatsbibliothek – Preussischer Kulturbesitz

Diez C oct. 35 Ham. 83 Ham. 84 Hdschr. 286 Hdschr. 288 Phill. 2001 Theol. Lat. oct. 3 Theol. Lat. oct. 4 Theol. Lat. oct. 5 Theol. Lat. oct. 6 Theol. Lat. oct. 7 Theol. Lat. oct. 8 Theol. Lat. oct. 9 Theol. Lat. oct. 70 Theol. Lat. oct. 121 Theol. Lat. qu. 277 Bruxelles, Bibliothèque Royale de Belgique 10524 Città del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana Barb. lat. 368 Barb. lat. 378 Barb. lat. 401 Barb. lat. 402 Barb. lat. 413 Barb. lat. 414 Barb. lat. 415 Barb. lat. 424 Ottob. lat. 532 Ottob. lat. 665 Ottob. lat. 684 Ottob. lat. 878 Pal. lat. 18 Pal. lat. 19 Pal. lat. 20 Pal. lat. 21

statut matériel

Ville, bibliothèque et cote

AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT AT+NT+Int. AT+NT AT+NT AT+NT+Int. AT+NT

AT+NT+Int  

AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int.  

 

contenu

XIIImed XIII/4q. XIII/2 XIII/2 XIII/4q. XIII/3q. XIIImed XIII/1 1250 XIII/2 XIV XIIImed XIII/2 XIII XIII/4q. XIV

XIII  

XIII/2 XIII/2 XIII XIII/4q. XIII/4q. XIII/2 XIII/2 XIIImed XIII/2 XIII/2 XIII/1 XIII/2q. XIII/2 XIII/2 XIII/2 XIII  

 

datation

Paris Angleterre France, n./Angl. France, n./Angl. France, n./Angl. Padoue-Venise Italie, nord-est Italie, nord Viterbo France, n./Angl. Bologne Paris Italie, nord Italie France, n./Angl. P. germaniques

France, n./Angl.  

Paris France Italie, nord France France Paris Paris Paris France, n./Angl.   Paris Paris Paris Paris Paris France, nord  

 

origine  

754 685 514 629 538 416 382 328 518 593 508 465 391 332 446 393

418  

594 427 268 442 573 455 683 688 592 530 612 532 686 528 491 373  

f.

125×85 134×92 154×107 161×104 168×120 174×120 168×117 182×120 154×109 159×105 235×187 210×134 225×158 214×157 203×136 190×136

169×117  

148×104 157×118 172×115 176×135 154×107 145×98 145×95 160×106 170×118 159×102 130×86 152×101 128×84 132×83 150×105 221×172  

 

H×L (mm)  

12 10 12 12 8 6 6 6 8 12 6 10 8 6 8 6

6  

12 11 6 8 12 11 12 12 8 12 13 12 15 12 12 8  

cardinal maj.  

42 38 48 46 44 49 62 60 48 44 43 47 55 50 55 49

56  

44 50 60 52 46 52 44 46 45 47 48 50 46 53 50 52  

lignes écrites

hist./orn. orn. orn. hist. fil. hist. orn. fil. orn. hist. hist. hist. orn. hist./orn. orn. fil.

fil.  

orn. hist./orn. orn. fil. orn. orn. orn. hist./orn. orn. fil. orn. orn. orn. orn. hist. fil.  

 

initiales livres

Par. * Par. Par.-Or Man Par. Par.-Ps,+Laod * * Par.+IV Esr Par.   Par. Par.+IV Esr * Par. *

Par.  

Par.+IV Esr *     Par.+IV Esr Par. Par. Par. Par. Par. Par. Par. Par. Par. Par.    

 

ordre des livres

268   Annexe 2 Bibles complètes consultées

1019* 1020 1021 1022 1024

1011* 1012* 1013 1014 1015 1016* 1017 1018

1582 1586* 1590 1594 1595 1596 1599 1600 1602 1605 1606* 1607* 1611* 1612* 1613 1614 1615* 1616* 1618 1619 1621* 1623 1628 1630

Pal. lat. 22 Reg. lat. 16 Ross. 129 Ross. 315 Ross. 316 Ross. 317 Ross. 320 Ross. 321 Urb. lat. 587 Urb. lat. 597 Vat. lat. 24 Vat. lat. 25 Vat. lat. 30 Vat. lat. 31 Vat. lat. 32 Vat. lat. 33 Vat. lat. 34 Vat. lat. 35 Vat. lat. 3513 Vat. lat. 6026 Vat. lat. 7634 Vat. lat. 7664 Vat. lat. 9211 Vat. lat. 10271 Den Haag, Koninklijke Bibliotheek 76 E 22 76 F 23 76 G 2 76 J 2 76 J 3 129 E 20 132 F 21 133 D 25 Den Haag, Rijksmuseum MeermannoWestreenianum 10 D 18 10 D 19 10 D 20 10 E 32 10 E 34 mutilé        

              mutilé  

mutilé     mutilé                       mutilé         2 vol.     mutilé  

AT+NT AT+NT+Int. AT+NT AT+NT+Int. AT+NT+Int.

AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT  

AT+NT AT+NT+Int. AT+NT AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT AT+NT+Int. AT+NT AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT AT+NT+Int. AT+NT  

XIII/2 XIIImed XIIImed XIII/2 XIIImed

XIII/3q. XIII/2 XIII XIII/2 XIII/2 XIII/2 XIIImed XIII/2  

XIII XIII/1 XIIImed XIII XIIImed XIII/2q. XIII/2 XIV XIII/2 XIIImed XIII/4q. XIII XIII/2 XIII/2 XIII/2 XIII/4q. XIV XIV XIII XIII/1 XIII XIII XIIImed XIV  

France France France France Paris

Paris France Paris Italie, nord France, nord France, nord Paris France, n./Angl.  

Italie, nord Paris Italie, nord-est Italie Italie Paris Italie, nord Italie France Paris Angleterre Italie Italie, nord-est Italie, nord-est Paris Paris Italie, nord Italie Paris Italie, nord Italie France prov./Italie Paris Italie  

321 439 471 505 539

453 326 462 362 479 425 656 366  

263 499 471 350 320 704 462 468 538 628 631 449 504 455 669 364 575 358 583 370 402 453 637 226  

250×179 182×135 185×138 171×113 115×84

266×172 239×157 198×139 188×129 173×118 235×158 134×84 186×141  

182×127 243×163 186×128 175×126 164×117 161×113 154×104 156×108 192×131 132×90 234×168 233×160 255×188 240×172 184×128 226×153 234×178 238×161 125×84 187×130 252×181 176×123 146×104 183×130  

6 10 6 8 12

8 8 10 6 8 8 12 6  

  10 6 6 6 12 12 10 12 12 10 5 6 6 12 10 6 5 12 6 6 6   6  

59 50 43 53 47

52 63 48 61 44 52 45 54  

62 54 51 54 55 46 51 51 40 47 42 53 50 53 39 49 43 55 50 57 58 42 44 46  

orn. fil. fil. hist. hist./orn.

hist. hist. hist. orn. fil. fil. hist. hist.  

fil. orn. fil. fil. orn. orn. rés. fil. fil. hist./orn. fil. fil. hist. orn. hist. hist. orn. fil. orn. hist. orn. fil. hist. fil.  

  Par. * Par. Par.

    * Par.-Or Man Par.   Par. Par.-Or Man  

  Par. Par.-Or Man Par.-Or Man, Ps * Par. Par.-Or Man * Par. Par. * * Par. Par.-Or Man Par. Par. Par.-Or Man Par.-Or Man Par. *   * Par.    

(suite)

Annexe 2 Bibles complètes consultées   269

10 E 35 10 E 36 Dijon, Bibliothèque municipale 6 7 8 Dole, Bibliothèque municipale 15 (13-MS-P-1) 16 (13-MS-P-2) 18 (13-MS-P-4) 19 (13-MS-P-5) Firenze, Biblioteca Medicea Laurenziana Acq. e doni 149

Conv. Soppr. 496 Conv. Soppr. 597 Conv. Soppr. 600 Conv. Soppr. 610 Conv. Soppr. 619 Conv. Soppr. 622 Plut. 15. 9 Rinuccini 3 San Marco 731 San Marco 732 San Marco 733 San Marco 734 San Marco 739 Genève, Bibliothèque Publique et Universitaire lat. 3 lat. 4 lat. 5 London, British Library Add. 11697 Add. 11845 Add. 15452

1025 1026

879 881* 882 884 885 886 896* 897 898 899 900 901* 902

1257* 1259* 1260

1534 1535 1536

877

565 566 568 569

561 562 563*

Ville, bibliothèque et cote



(suite)

mutilé            

      mutilé   mutilé         mutilé   mutilé  

 

      mutilé  

       

     

statut matériel

AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int.   AT+NT+Int. AT+NT AT+NT+Int.

AT+NT+Int. AT+NT AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT AT+NT+Int. AT+NT  

AT+NT+Int.

AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT  

AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int.  

AT+NT+Int. AT+NT+Int.  

contenu

XIII/2 XIIImed XIIImed   XIII/2 XIII XIII/1q.

XIII XIII/2 XIII/2 XIII XIII XIII XIII XIII XIII/2 XIII XIII XIII/2 XIII  

1235

1234 XIII/3q. XIII/2 XIII/2  

XIIImed XIIImed XIII/3q.  

XIII/2q. XIIImed  

datation

Italie, nord Paris France, nord   Bologne Italie Angleterre

Italie Bologne Italie, nord Italie Paris France Paris Paris Italie, nord-est Paris Italie, centre Bologne Italie  

Toulouse

France, nord Italie, nord Italie, nord France prov./Italie  

France, nord Paris Italie, nord  

Paris Paris  

origine

 

292 531 516   480 348 462

358 506 423 263 594 438 482 627 355 544 227 410 150  

441

484 397 430 486

428 672 524  

646 687  

f.

187×133 203×134 148×100   267×192 271×186 209×150

222×156 235×169 206×154 188×130 150×100 130×92 238×161 149×100 181×121 156×104 188×126 234×161 168×121  

187×127

162×108 177×120 168×121 161×119  

227×153 142×90 246×175  

169×112 139×92  

H×L (mm)

 

5 8 12   6 6 6

5 6 6 5 12 12     6 12 5 6 5  

8

12 7 6  

8 12 6  

12 12  

cardinal maj.

 

52 48 50   47 62 50

55 44 51 55 47 53 50 43 61 45 44 56 53  

52

49 53 51 49

54 47 46  

44 45  

lignes écrites

orn. hist. fil.   hist./orn. fil. hist.

orn. orn. hist. fil. hist. fil.   orn. fil. orn. en coul. orn. rés.  

orn./fil.

fil. orn. hist. fil.  

orn. hist. orn.  

hist. hist.  

initiales livres

Par.-Or Man, III Esdr Par. Par.   Par.-Or Man   *

Par.-III Esdr+Ps151 (Ps=GH)                 Par.          

Par. Par. Par.    

Par. Par. Par. -Ps  

Par. Par.  

ordre des livres

270   Annexe 2 Bibles complètes consultées

89* 91 92* 94 95 96 97

mutilé         mutilé  

     

 

Milano, Biblioteca Ambrosiana E 22 sup. R 2 sup. München, Bayerische Staatsbibliothek Clm 357 Clm 2754 Clm 4484 Clm 4627 Clm 5560 Clm 5992 Clm 6101

910 916

    mutilé                       mutilé           mutilé    

Arundel 287 Arundel 303 Arundel 354 Burney 6 Burney 7 Burney 10 Cotton Titus A. XXII Egerton 2867 Egerton 2908 Harley 1034 Harley 1280 Harley 1287 Harley 2808 Harley 2809 Harley 2810 Harley 2824 Harley 2825 Harley 2828 Harley 3438 Harley 4067 Harley 5367 Royal 1 A VII Sloane 1521

1276 1277 1280 1283 1284 1287 1289 1290 1291 1293* 1294 1295 1305 1306 1307 1317* 1318* 1320* 1323* 1325 1326 1334 1340

mutilé      

Add. 26796 Add. 31830 Add. 52778 Arundel 250

1262 1265 1270 1275

AT+NT AT+NT AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT AT+NT+Int.

AT+NT+Int. AT+NT+Int.  

 

AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT AT+NT+Int. AT+NT AT+NT+Int. AT+NT AT+NT+Int. AT+NT AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT AT+NT+Int. AT+NT AT+NT+Int. AT+NT+Int.

AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT

XIII/2 XIIImed XIII XIII/1 XIIImed XIII XIII/2

XIII/2 XIII  

 

XIII/2 XIII/2q. XIII XIII/4q. XIII XIII/2 XIII XIII/2q. XIII/3q. XIII XIII XIII/1 XIII XIII XIII XIIImed XIII XIII XIII XIII/2 XIII XIIImed XIII

XIII XIII/3q. XIII/3q. XIIImed

Bologne Paris France France Paris   France

Italie, nord Italie, nord  

 

Italie, nord Angleterre Italie Angleterre France, n./Angl. Paris Angleterre Dover Bologne Angleterre Angleterre France, n./Angl. France prov./Italie   Italie Paris France Paris   Italie, nord Angleterre Angleterre Angleterre

Italie Naples York Norwich

356 597 524 545 621 206 523

508 476  

 

405 482 300 377 437 604 381 535 390 542 426 416 469 362 404 576 370 570 341 355 573 528 399

316 480 427 323

223×158 144×94 233×166 191×132 158×103 182×126 172×120

162×120 212×148  

 

202×139 140×91 190×132 208×145 155×112 159×102 228×149 208×146 146×100 228×161 181×121 192×120 193×139 196×138 183×132 241×165 242×164 230×156 235×171 183×126 160×108 161×111 144×106

195×162 146×102 207×141 211×167

6 12 7 6 12 6 6

8 6  

 

6 8 6 6 10 12 6 6 8 8 8 7 6 6 6 12 6 8 6 6 10 8 8

  6 8 6

57 45 42 60 45 56 51

48 54  

 

54 44 62 55 52 45 55 42 56 40 55 48 49 56 47 46 53 49 49 58 45 45 49

52 45 49 46

hist./orn. orn. hist. hist. hist. fil. hist./fil.

fil. fil.  

 

fil. orn. rés. fil. fil. hist. fil. hist. hist./orn. fil. orn. en coul. fil. fil. fil. hist./orn. fil. hist. orn./fil. hist. hist. fil. hist./orn.

orn. hist./orn. hist. hist./orn.

  Par.   Par.+IV Esdr Par.   *

Par. Par.-Or Man  

(suite)

  Par.-Or Man * Par.-Or Man+Laod, Ps 151   Par.-III Esdr   Par. Par. Par. Par. Par.-III Esdr Par.-Or Man (PS=H) Par.-Ps   * Par.-Or Man, Ps     Par.-Or Man Par. Par.   Par.-Or Man   * Par.-Or Man+IV Esdr, Ps 151 (Ps=H)  

Annexe 2 Bibles complètes consultées   271

Clm 6917 Clm 7206 Clm 7774 Clm 8202 Clm 9687 Clm 10011 Clm 11318 Clm 11331 Clm 12672 Clm 13113 Clm 14402 Clm 14530 Clm 14650 Clm 15409 Clm 16008 Clm 16009 Clm 19103 Clm 23351 Clm 23352 Clm 23353 Clm 23354 Clm 23355 Clm 23357 Clm 28243 Clm 28534 Namur, Bibliothèque du Grand Séminaire Sem. 2 Oxford, Bodleian Library Ashmolean 748 Auct. D 4 8 Auct. D 4 9 Auct. D 4 10 Auct. D 5 7 Auct. D 5 9 Auct. D 5 12 Auct. D 5 13 Auct. D 5 18 Auct. D 5 19

98 99 100 101* 102 104 106* 107 108 109 110* 111* 112 113 115 116 117 118 119 121 122 123 124 125 126*

1377 1378 1379* 1380 1383 1384 1388 1389 1394 1395

278

Ville, bibliothèque et cote



(suite)

                mutilé   mutilé mutilé

        mutilé         mutilé           mutilé   mutilé mutilé              

statut matériel

AT+NT+Int.   AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int.

AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT AT+NT+Int. AT+NT AT+NT AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT AT+NT AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT  

contenu

XIII   XIII/2 XIII/2q. XIII/2 XIII/3q. XIII/3q. XIII/4q. XIII/2 XIII/4q. XIII/2 XIII/3q.

XIII XIII/2 XIII/1 XIV/1q. XIII/1 XIII/1 XIII XIIImed XIII XIII XIV/2q. XIII XIII/4q. XIII/2q. XIII XIII/2 XIII XIII/2 XIII/2 XIII/2 XIII XIII XIII XIII XIV/1q.  

datation

    Angleterre Angleterre Angleterre Angleterre Angleterre Angleterre Angleterre Angleterre France prov./Italie Angleterre

France Italie, nord France, n./Angl. Augsburg France, n./Angl. Paris France France France France, n./Angl. Regensburg France, nord   Paris France prov./Italie France, n./Angl. France Italie, nord Italie France prov./Italie France Paris   France France  

origine

 

352 714 539 601 719 693 577 676 339 743

497

400 472 402 380 442 628 532 482 571 397 606 637 384 569 604 452 473 321 407 490 505 581 396 399 424  

f.

175×119   193×137 218×139 201×140 206×145 117×82 125×78 132×93 141×92 169×118 163×109

201×149 211×153 186×131 231×168 206×151 127×87 quarto 215×142 144×98 209×137 259×184 231×150 213×147 143×103 210×157 176×120 200×134 169×103 162×119 165×118 146×102 octavo 186×125 176×128 223×160  

H×L (mm)

 

8     8         6  

8

6 6 6 6 4 14   10 12 8 6 12 6 12 6 8 8 6 6 6 12   6 6 4  

cardinal maj.

 

59 34 54 49 40 40 45 46 56 40

50

56 52 50 57 55 42 51 47 41 55 43 42 46 43 43 53 51 59 48 48 50 46 50 52 50  

lignes écrites

orn.   fil. hist. hist./orn. hist./orn. fil. hist. orn. hist. fil. fil.

fil. hist./orn. fil. fil. fil. hist. hist. hist./orn. fil. orn. fil. orn. fil. orn. fil. fil. orn. orn. fil. orn. fil. hist. fil. fil. orn./fil.  

initiales livres

Par.-Or Man, III Esdr   *     * * Par.-Or Man   Par. Par.-Or Man,Ps *

* Par.-Or Man, Bar Par. Par.+Laod Par.-Or Man Par.   Par. * Par. *   * Par. * * Par.   * Par. Par. Par.+IV Esdr, Ps151     *  

ordre des livres

272   Annexe 2 Bibles complètes consultées

935 936*

934

1450

1396 1397 1398* 1399* 1403 1404 1405 1407 1408 1409 1410 1412 1413* 1414 1415 1416 1417 1418 1419 1420 1421 1422 1423 1424 1430 1434 1435 1436* 1437 1441

Auct. D 5 20 Auct. D 5 21 Auct. D inf. 2. 1 Auct. D inf. 2. 2 Canon. Bibl. Lat. 3 Canon. Bibl. Lat. 5 Canon. Bibl. Lat. 6 Canon. Bibl. Lat. 10 Canon. Bibl. Lat. 11 Canon. Bibl. Lat. 12 Canon. Bibl. Lat. 15 Canon. Bibl. Lat. 21 Canon. Bibl. Lat. 44 b. Canon. Bibl. Lat. 47 Canon. Bibl. Lat. 48 Canon. Bibl. Lat. 49 Canon. Bibl. Lat. 77 Canon. Bibl. Lat. 78 Canon. Bibl. Lat. 79 Canon. Bibl. Lat. 80 Canon. Bibl. Lat. 81 Canon. Bibl. Lat. 83 Canon. Bibl. Lat. 84 Digby 9 Lat. Bib. e. 7 Laud. Lat. 10 Laud. Lat. 11 Laud. Lat. 13 Lyell 10 Rawl. G 8 Oxford, Brasenose College 4 Padova, Biblioteca Antoniana 225 Padova, Biblioteca del Seminario Vescovile 216 219 mutilé  

   

mutilé  

          mutilé mutilé                                       mutilé     mutilé  

AT+NT AT+NT+Int.

AT+NT+Int.  

AT+NT+Int.  

AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT AT+NT+Int. AT+NT AT+NT AT+NT+Int. AT+NT AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT AT+NT+Int. AT+NT  

XIII/3q. XIII/4q.

XIII/2  

XIII/3q.  

XIII/2 XIIImed XIII/4q. XIII/2 XIII/2q. XIII/2 XIV XIII/2 XIII/3q. XIII XIII/4q. XIII/2 XIV/1q. XIIImed XIII/4q. XIII/4q. XIII/4q. XIII/2 XIIImed XIII/2 XIII XIII/2 XIII XIII/2med XIII/2q. XIII/2 XIII/2 XIII/1 XIII/3q. XIII/4q.  

Italie, nord-est  

Italie, nord-est  

Angleterre  

Angleterre Angleterre Angleterre Angleterre France Padoue   Angleterre France Angleterre Paris   Italie Paris Bologne Italie Naples France France Italie, nord Italie France France France Oxford France, n./Angl. Angleterre Oxford Angleterre Angleterre  

282 423

350  

495  

597 391 465 367 419 335 269 412 554 448 465 562 491 460 492 533 400 429 534 426 409 433 406 530 443 533 531 372 473 521  

174×122 240×172

193×138  

160×112  

172×123 175×121 238×174 238×168 185×135 191×132 198×127 164×117 167×104 165×110 144×101 145×95 230×164 213×155 154×154 199×135 163×105 185×131 188×127 178×137 195×131 141×100 195×144 141×101 168×115 130×86 160×108 228×158 165×107 178×119  

5 6

6  

8  

        8       12 8 12   6 6 6 6 6       6 12   12 6     6   8  

51 49

54  

43  

49 53   56 54 55 58 50 43 50 47 51 48 48 50 47 51 55 48 53 57 50   48 48 49 56 57 48 46  

fil. fil.

fil.  

orn.  

fil. orn. orn. orn. fil. orn. fil. orn. hist. fil. hist./orn. fil. orn. hist. hist. hist./orn. orn. fil. hist. orn. fil. hist./orn. fil. hist. hist./orn. fil. fil. hist. orn. orn.  

(suite)

  Par.-Or Man, III Esdr, Ps

*  

*  

  Par.     Par.     Par.-Or Man Par. * Par. Par.-Or Man   Par. Par.-Or Man Par.-Or Man Par.-Or Man,Ps Par. Par.-Or Man Par.-Or Man * Par. Par.-Or Man,Ps Par.-Or Man Par.-III Esdr Par.-Or Man Par.-Or Man,Ps   Par.-III Esdr, Or Man *  

Annexe 2 Bibles complètes consultées   273

lat. 44 lat. 161 lat. 162 lat. 163 lat. 164 lat. 165 lat. 166 lat. 167 lat. 168 lat. 170 lat. 171 lat. 172 lat. 173 lat. 174 lat. 175 lat. 176

648* 649* 651* 652* 653* 655*

656* 657 658* 659 660* 661 662 663 664 665 666* 667 668* 669 670 671*

634 635 639 646*

mutilé                     mutilé   mutilé    

           

         

             

 

Paris, Bibliothèque de l’Arsenal 33 68 69 71 115 119 Paris, Bibliothèque Mazarine 17 18 22 70 Paris, Bibliothèque nationale de France lat. 15 lat. 26 lat. 33 lat. 34 lat. 35 lat. 40

616* 620 621 622 624 628

statut matériel

Ville, bibliothèque et cote



(suite)

AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT AT+NT AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT AT+NT+Int. AT+NT AT+NT+Int.

AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int.

AT+NT AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int.  

AT+NT AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int.  

 

contenu

XIII/3q. XIII/4q. XIII/2 XIIImed XIII/2 XIII/1q. XIII XIII XIII/2 XIII/2q. XIII/2 XIII XIII XIII/3q. XIII XIII/2

XIII/2q. XIII/2 XIII/4q. XIII/4q. XIII/4q. XIII/3q.

XIIImed XIII XIIImed XIII/1q.  

XII/2 XIII/4q. XIII XIII/4q. XIIImed XIII/2  

 

datation

  Angleterre France Angleterre Italie Italie   Angleterre France Angleterre Italie   Angleterre Italie, nord-est France, n./Angl. France

Worcester France, n./Angl. Paris France Italie Naples

France, n./Angl.   France, sud Paris  

France Angleterre France Angleterre Paris Italie  

 

origine  

526 388 442 285 390 385 347 379 699 336 434 344 338 205 399 353

505 322 531 431 316 463

453 390 333 552  

458 493 570 505 735 370  

f.  

238×163 193×130 238×161 181×121 223×159 222×154 194×131 199×149 217×146 190×135 238×158 207×138 248×172 193×133 209×138 242×159

234×163 258×178 248×154 243×161 245×168 258×189

221×144 207×146 201×148 235×170  

258×163 195×137 190×133 212×153 143×91 174×124  

H×L (mm)

6 6 9   5 6 10 8 12 6 6 6 6   6 8

6 6     5 5

  5 6 5  

4 6 12 6 12 6  

 

cardinal maj.

52 65 50 60 43 46 49 58 48 60 52 53 55 56 53 57

46 65 51 53 55 45

50 61 63 41  

45 50 50 47 47 52  

 

lignes écrites

orn. orn. hist. orn. fil. orn. fil. hist. orn. orn. fil. fil. fil. orn. orn. orn.

hist. fil. hist. fil. orn. hist.

fil. hist. fil. fil.  

orn./fil. fil. fil. orn. orn. fil.  

 

initiales livres

Par.-Or Man, III Esdr Par.+IV Esdr, Laod Par. Par.-Or Man * Par.-Or Man+Ps151 (Ps=H)   * Par. Par.-III Esdr (Ps=H) * * * Par. Par. Par.-Or Man, III Esdr Par. Par.-Or Man *   Par. Par.

* Par.-Or Man Par.+Laod *  

* Par.-Or Man       *  

 

ordre des livres

274   Annexe 2 Bibles complètes consultées

672 673 674* 675 676 678 679 680 681 682 684 688 689 690 691 692 693 694 695 696 697 699 700 701 702 703 704 705 706 707 708 709 710 711 712 713 714 715 716 717 718* 719*

lat. 177 lat. 178 lat. 179 lat. 180 lat. 181 lat. 198 lat. 199 lat. 200 lat. 201 lat. 202 lat. 204 lat. 208 lat. 209 lat. 210 lat. 211 lat. 212 lat. 213 lat. 214 lat. 215 lat. 216 (1–2) lat. 217 lat. 219 lat. 220 lat. 221 lat. 222 lat. 223 lat. 224 lat. 225 lat. 226 lat. 227 lat. 228 lat. 229 lat. 230 lat. 231 lat. 232 lat. 233 lat. 233A lat. 234 lat. 247 lat. 248 (1–2) lat. 10419 lat. 10420

      mutilé mutilé                             2 vol.                       mutilé     mutilé     mutilé mutilé 2 vol.    

AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int.

XIII/4q. XIII/4q. XIIImed XIII/3q. XIII/4q. XIIImed XIII/2 XIII/2q. XIII/4q. XIII/4q. XIII/2q. XIII/2 XIII/3q. XIIImed XIII/3q. XIII/2q. XIIImed XIII/3q. XIII/2 XIII/3q. XIII/3q. XIII XIII/2 XIII/4q. XIII/4q. XIII XIII/2 XIIImed XIII/3q. XIIImed XIIImed XIIImed XIII XIII XIIImed XIII XIIImed XIII/2 XIII/4q. XIV/1q. XIII/2q. XIII

Paris Paris Paris Gênes Italie Paris France Paris Castille Angleterre Oxford France, nord Italie, nord-est France, n./Angl. Paris Paris France, nord Italie, nord France, n./Angl. Venise Naples Angleterre France France Castille   France, n./Angl. Paris Paris France, nord Paris Italie, sud Paris France Padoue-Venise Paris Paris France, n./Angl. France Paris Oxford  

550 605 613 357 211 617 474 510 447 590 552 674 406 436 664 535 513 387 584 519 397 638 609 587 433 506 478 512 612 695 574 210 568 458 283 586 680 300 252 1074 379 324

221×147 189×123 234×154 167×122 160×114 134×94 178×120 148×108 196×134 187×130 167×111 164×110 191×128 156×116 167×111 192×118 161×104 157×114 137×94 149×103 163×112 113×80 174×112 176×117 183×132 165×104 158×106 158×102 148×94 136×87 127×92 173×121 136×86 145×100 169×112 137×90 141×94 199×131 143×92 188×129 243×164 239×162

10 12 12   6 12 10 12 7 6 12 12 6 10 8 12 10 6 10 8 7 10 12 6 7 12 10 13 12 12 12 6 12 12 6 12 12   12 6 6 6

48 45 43 60 56 47 53 49 52 41 43 45 54 54 44 46 51 53 43 51 52 38 49 48 54 52 52 50 45 42 47 59 50 49 53 46 45 54 51 32 60 60

hist./orn. hist. hist. orn. orn. hist./orn. fil. hist. fil. orn. orn. hist./orn. fil. orn. hist. hist. fil. hist./orn. orn. orn. orn. hist./orn. orn. hist./fil. fil. fil. fil. orn. hist./orn. hist. hist. fil. hist. orn. hist. hist./orn. hist. fil. hist./orn. hist. fil. fil. (suite)

* Par. Par. *   Par.-Or Man Par. Par. Par.-Or Man+Laod (Ps=H) * * Par. * Par. Par.-Or Man Par. Par. Par.-Or Man Par. Par.-Or Man Par.-Or Man, III Esdr * Par. Par. Par.+Laod (Ps=H) Par. Par. Par. Par. Par. Par.   Par. Par.   Par. Par.-Or Man Par.+Laod        

Annexe 2 Bibles complètes consultées   275

Ville, bibliothèque et cote

lat. 10421 lat. 10422 lat. 10423 lat. 10424 lat. 10425 lat. 10426 lat. 10427 lat. 10428 lat. 10429 lat. 10430 lat. 10431 lat. 13141 lat. 13142 lat. 13143 lat. 13144 lat. 13145 lat. 13146 lat. 13147 lat. 13148 lat. 13150 lat. 13151 lat. 13152 lat. 13153 lat. 13154 lat. 13155-56-57 lat. 14770 lat. 15475 lat. 15476 lat. 16258-16259 lat. 16260 lat. 16261 lat. 16262 lat. 16263 lat. 16264 lat. 16265 lat. 16266 lat. 16267 lat. 16268



720* 721 722 723 724 725 726 727* 728 729 730* 731 732* 733* 734 735 736 737 738 740 741 742 743 744 745 746 747* 748* 749 750* 751 752 753 754 755 756 757 758

(suite)

                        mutilé         mutilé mutilé           3 vol.     mutilé 2 vol.                  

statut matériel AT+NT AT+NT AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT AT+NT+Int. AT+NT AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT AT+NT+Int.

contenu XIII/4q. XIIImed XIII/4q. XIII XIIImed XIII/3q. XIII/2 XIII/3q. XIIImed XIIImed XIII/2q. XIII/2 XIII/4q. XIII/4q. XIII/2 XIII/1 XIII/3q. XIII/1 XIII XIII XIII/3q. XIII/4q. XIIImed XIII XIII/3q. XIII/2 XIII/1q. XIIImed XIII XIII XIII XIII/2 XIIImed XIII/4q. XIIImed XIIImed XIII/1 XIII/2

datation Paris France, n./Angl. Italie, nord-est France, n./Angl. Angleterre Paris Angleterre Naples France, nord Italie, nord Angleterre France, n./Angl.   France, n./Angl. Paris Italie Italie, nord-est France France, nord France, n./Angl. Venise Castille Angleterre France, nord Paris France Paris Paris France Paris France France France, nord Castille Paris Paris Paris Italie, nord-est

origine 659 572 370 404 593 694 624 381 400 346 357 520 687 506 616 376 341 382 442 479 359 426 440 503 1061 359 362 453 689 659 540 487 561 369 452 656 438 361

f. 237×158 114×87 163×115 161×112 143×99 152×99 183×133 230×160 179×122 212×154 241×171 186×130 230×156 229×166 212×130 183×122 176×121 182×118 174×119 176×121 174×121 171×121 152×112 142×94 109×74 190×138 269×181 265×189 195×120 251×177 153×116 218×162 183×130 179×131 139×98 152×97 162×115 189×131

H×L (mm)   10 6 8   12 8 6 8 6 10 8 8 8 12 5 6 6 8 8 6 6 8 12 12 6 6 6 6 var 12 6 8 6 12 12 4 6

cardinal maj. 40 41 56 52 50 44 48 51 55 57 58 48 34 44 44 48 59 57 48 55 48 56 45 48 33 64 60 52 41 40 50 49 43 55 49 48 38 55

lignes écrites hist. orn./fil. orn. fil. fil. hist. fil. hist./orn. orn./fil. orn. hist. fil. hist. hist. hist. fil. hist./orn. orn. orn. fil. orn. hist./fil. orn. orn. hist. orn. orn./fil. fil. fil. hist. fil. fil. fil. fil. hist. orn. fil. fil.

initiales livres

Par. Par.-III Esdr Par. Par.-Ps * Par. Par. Par.-Or Man, III Esdr Par.+IV Esdr Par.-Or Man,Ps   Par.     Par. * * * Par. Par.-Or Man * * * Par.-Ps Par. Par.-Or Man, III Esdr, Bar Par.   Par. Par.-Or Man * Par.+Laod Par. Par. (Ps=H) Par. Par. * *

ordre des livres

276   Annexe 2 Bibles complètes consultées

lat. 17951 lat. 17952 lat. 17953 lat. 17954 lat. 17955 lat. 17956 lat. 17957 NAL 702 NAL 836 NAL 1015 NAL 1115 NAL 3184 NAL 3189 NAL 3233 NAL 3235 Smith-Lesouëf 19 Paris, Bibliothèque Sainte-Geneviève 1176 1179 1182 2585 Paris, Fondation Thiers 1249 Roma, Accademia Nazionale dei Lincei e Corsiniana Cors. 1 Rossi 317 (40 E 15) Rossi 318 (40 E 25) Roma, Biblioteca Angelica 32 (A.5.6.) 33 (A.5.7.) 38 (A.5.13.) 1386

762 763 764 765 766 767 768 769 770 771 772 773* 774* 775 776 777

958 959 960 961

953* 955* 956

793

778 780 783 789

lat. 17947 lat. 17948 lat. 17950

759* 760 761

       

    mutilé  

      mutilé      

              mutilé     mutilé     mutilé mutilé    

     

AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT

AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int.  

AT+NT AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int.   AT+NT+Int.  

AT+NT AT+NT AT+NT AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int.  

AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int.

XIII/2 XIII/2 XIII/2 XIV

XIII/3q. XIII/2 XIII  

XIII/2 XIII/2q. XII/4q. XIII/2q.   XIIImed  

XIII XIII/2 XIIImed XIII XIII XIII/2 XIIImed XIII/4q. 1240 XIII/3q. XIII/2 XIII/3q. XIII/3q. XIII/3q. XIII/1med XIII/2  

XIII/3q. XIIImed XIIImed

Italie   France, n./Angl. Italie

Paris Paris Angleterre  

France, n./Angl. France, n./Angl. France Paris   France, n./Angl.  

  France, n./Angl. Paris France, n./Angl. France, n./Angl. Angleterre Paris Castille Castille Paris France, n./Angl. Bologne Bologne Padoue France, sud France, nord  

Paris France, nord Angleterre

 

467 517 475 274

606 545 550  

342 571 483 567   549  

464 502 583 470 527 399 434 307 317 613 263 428 402 388 310 570

457 490 459

170×121 155×108 150×113 202×143

240×161 158×107 150×104  

199×146 218×149 223×144 143×91   141×97  

193×134 219×146 143×96 185×123 179×124 195×135 178×121 174×127 166×108 132×92 197×127 225×167 270×178 194×137 219×161 146×98  

240×154 189×123 216×150

 

10 var var 5

12 12 10  

6 10 4 12   12  

8 8 12 8 10 10 10 6 6 12   6 6 6 6 12

12 6 6

 

50 44 42 55

44 50 40  

52 40 50 44   48  

51 52 44 50 51 57 51 56 59 43 51 50 61 52 51 45

48 53 52

fil. fil. fil. orn.

hist. orn. fil.  

fil. orn. hist. hist.   orn.  

fil. hist. hist. fil. fil. fil. hist./orn. fil. orn. hist. fil. orn. hist. orn. en coul. hist.  

hist. hist. orn.

* Par.-Ps Par. *

Par. Par.    

(suite)

* Par.-Or Man, III Esdr * Par.   Par.+IV Esdr  

  Par. Par.-Or Man, III Esdr, Bar+Laod,+Ps 151 Par. Par. Par. Par. Par. * Par. Par. Par.-Or Man, III Esdr Par.   Par. Par.-Or Man * * Par.  

Annexe 2 Bibles complètes consultées   277

147 159 160 161 163 164 165 166

987 989

962 963 964



(suite)

 

Roma, Biblioteca Casanatense 4 5 270 Venezia, Biblioteca Marciana Lat. I. 59 (2993) Lat. I. 78 (2899) Wolfenbüttel, HerzogAugust-Bibliothek 12. 3. Aug. 4to 25. 8 Extravagantes 25. 9 Extravagantes 324. Gud. Lat. 4° 1332 Helmst. 1333 Helmst. 1334 Helmst. 1335 Helmst.                

     

       

statut matériel

Ville, bibliothèque et cote

AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT AT+NT+Int.

AT+NT+Int. AT+NT+Int.  

AT+NT+Int. AT+NT+Int. AT+NT  

 

contenu

XIV/1 XIII/4q. XIII/2 XIII/2 XIV XIII/2 XIII/2 XIII/4q.

XIII/4q. XIII  

XIII XIII/2 XIV/1q.  

 

datation

Italie Paris Italie, nord     Paris Italie Italie, nord

France, n./Angl. France, n./Angl.  

France, n./Angl. Paris Italie  

 

origine  

496 526 398 552 392 438 377 418

607 342  

570 529 370  

f.  

220×152 160×111 164×114 150×106 170×117 145×104 176×125 171×121

139×90 170×116  

147×98 146×100 213×150  

H×L (mm)

5 12 6 12 6 12 5 6

12 6  

10 10 6  

 

cardinal maj.

46 53 50 48   52 58 58

47 54  

47 48 54  

 

lignes écrites

orn. fil. orn. fil. en coul. orn. fil. hist./orn.

hist. hist./orn.  

orn. orn. orn.  

 

initiales livres

Par.-Or Man, III Esdr Par. Par.-Or Man Par.-Ps     Par.-Ps Par.-Or Man, III Esdr

Par. Par.  

Par. Par. Par.  

 

ordre des livres

278   Annexe 2 Bibles complètes consultées

Annexe 3 Bibles avec un ordre des livres non parisien Berlin, Staatsbibliothek – Preussischer Kulturbesitz 16

Ham. 83 : Octat, I–IV Reg, I–II Esdr, III Esdr, Par, Or Man, Ps (G), Tob, Jdth, Esth, Job, Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, I–II Mac, Evang, Ep. Pauli, Act, Ep. Cath, Apoc.

Città del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana 1557 1562 1563 1579 1581 1595 1600 1606* 1607* 1619 1623

Barb. lat. 378 : Octat, I–IV Reg, Par, I–II Esdr, III Esdr, IV Esdr, Tob, Esth, Jdth, Job, Ps (G), Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, I–II Mac, Evang, Ep. Pauli, Act, Ep. Cath, Apoc. Barb. lat. 415 : Octat, I–IV Reg, Par, Ps (G), Job, Tob, Jdth, Esth, I–II Esdr, III Esdr, IV Esdr, Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, I–II Mac, Evang, Act, Ep. Cath, Ep. Pauli, Apoc. Barb. lat. 424 : Octat, I–IV Reg, Par, Jdth, Esth, I–II Esdr, I–II Mac, Job, Ps (G), Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Tob, Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, Evang, Act, Apoc, Ep. Cath, Ep. Pauli. Pal. lat. 19 : Octat, I–IV Reg, Par, I–II Esdr, Job, Tob, Jdth, Esth, Ps (H), Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Is, Ier, Ez, Dan, XII Proph, I–II Mac, Evang, Ep. Pauli (+Laod), Act, Ep. Cath, Apoc. Pal. lat. 21 : Octat, I–IV Reg, Par, I–II Esdr, Tob, Jdth, Esth, Job, Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, I–II Mac, Evang, Ep. Pauli, Act, Apoc, Ep. Cath. Ross. 316 : Octat, I–IV Reg, Par, Or Man, I–II Esdr, Tob, Jdth, Esth, Job, Ps (G), Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, I–II Mac, Evang, Ep. Pauli, Act, Apoc, Ep. Cath. Ross. 321 : Octat, I–IV Reg, Par, I–II Esdr, Tob, Jdth, Esth, Job, Ps (G), III Esdr, Bar, Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Is, Ier, Ez, Dan, XII Proph, I–II Mac, Evang, Ep. Pauli, Act, Ep. Cath, Apoc. Vat. lat. 24 : Octat, I–IV Reg, Par, Or Man, I–II Esdr, Esth, Tob, Jdth, Job, Ps (G), Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, I–II Mac, Evang, Ep. Pauli, Act, Ep. Cath, Apoc. Vat. lat. 25 : Octat, I–IV Reg, Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, Job, Prov, Sap, Eccle, Cant, Sir, Esth, Tob, Jdth, I–II Esdr, Par, I–II Mac, Evang, Ep. Pauli, Act, Ep. Cath, Apoc, Ps (G). Vat. lat. 6026 : Octat, I–IV Reg, Par, I–II Esdr, III Esdr, Tob, Jdth, Esth, I–II Mac, Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, Job, Ps (G), Prov, Eccle, Cant, Sir, Evang, Ep. Pauli, Act, Ep. Cath, Apoc. Vat. lat. 7664 : Octat, I–IV Reg, Par, Or Man, I–II Esdr, III Esdr, Tob, Job, Jdth, Esth, Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, I–II Mac, Evang, Ep. Pauli, Act, Ep. Cath, Apoc.

Den Haag, Koninklijke Bibliotheek 1013

76 G 2 : Octat, I–IV Reg, Par, Or Man, I–II Esdr, Tob, Jdth, Esth, Job, Ps (G) (+Ps CLI), Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, I–II Mac, Evang, Act, Ep. Pauli, Ep. Cath, Apoc.

Den Haag, Rijksmuseum Meermanno-Westreenianum 1021

10 D 20 : Octat, I–IV Reg, Par, I–II Esdr, III Esdr, Tob, Jdth, Esth, Job, Ier, Bar, Is, Ez, Dan, XII Proph, Prov, Eccle, Cant, Sir, Sap, I–II Mac, Evang, Ep. Pauli, Act, Ep. Cath, Apoc.

London, British Library 1260 1270 1295 1334

Add. 15452 : Octat, I–IV Reg, Par, I–II Esdr, Tob, Jdth, Esth, I–II Mac, Job, Ps (R+H), Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, Evang, Act, Ep. Cath, Ep. Pauli, Apoc. Add. 52778 : Octat, I–IV Reg, Par, I–II Esdr, III Esdr, IV Esdr, Tob, Jdth, Esth, Job, Ps (G), Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, I–II Mac, Evang, Act, Ep. Cath, Ep. Pauli, Apoc. Harley 1287 : Octat, I–IV Reg, Par, I–II Esdr, Jdth, Esth, Tob, I–II Mac, Job, Prov, Eccle, Cant, Sir, Sap, Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, Evang, Ep. Cath, Ep. Pauli, Act, Apoc. Royal 1 A VII : Octat, I–IV Reg, Tob, Jdth, Esth, Job, Par, Or Man, I–II Esdr, Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, I–II Mac, Evang, Act, Ep. Pauli, Ep. Cath, Apoc.

https://doi.org/10.1515/9783110757392-015

280 

 Annexe 3 Bibles avec un ordre des livres non parisien

München, Bayerische Staatsbibliothek 97 98 108 110* 112 115 116 119 126*

Clm 6101 : Octat, I–IV Reg, Par, I–II Esdr, III Esdr, Tob, Jdth, Esth, I–II Mac, Job, Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, Evang, Ep. Pauli, Act, Ep. Cath, Apoc. Clm 6917 : Octat, I–IV Reg, Par, I–II Esdr, Tob, Jdth, Esth, Job, Ps (G), Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, I–II Mac, Evang, Ep. Pauli, Ep. Cath, Act, Apoc. Clm 12672 : Octat, I–IV Reg, Par, I–II Esdr, Tob, Jdth, Esth, Job, Prov, Cant, Eccle, Sir, Sap, Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, I–II Mac, Evang, Ep. Pauli, Act, Ep. Cath, Apoc. Clm 14402 : Octat, I–IV Reg, Par, I–II Esdr, III Esdr, Tob, Jdth, Esth, Job, Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Is, Ier, Ez, Dan, XII Proph, I–II Mac, Evang, Ep. Cath, Act, Ep. Pauli, Apoc. Clm 14650 : Octat, I–IV Reg, Par, Or Man, I–II Esdr, III Esdr, Tob, Esth, Jdth, Job, Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, I–II Mac, Evang, Ep. Pauli, Act, Ep. Cath, Apoc. Clm 16008 : Octat, I–IV Reg, Par, I–II Esdr, Tob, Jdth, Esth, Job, Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, I–II Mac, Evang, Ep. Pauli, Act, Ep. Cath, Apoc. Clm 16009 : Octat, I–IV Reg, Par, Or Man, I–II Esdr, III Esdr, Tob, Jdth, Esth, Job, Ps (G), Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, I–II Mac, Evang, Act, Ep. Cath, Ep. Pauli, Apoc. Clm 23352 : Octat, I–IV Reg, Par, I–II Esdr, Tob, Jdth, Esth, Job, Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Is, Ier, Ez, Bar, Dan, XII Proph, I–II Mac, Evang, Ep. Pauli, Apoc, Act, Ep. Cath. Clm 28534 : Octat, I–IV Reg, Par, I–II Esdr, III Esdr, IV Esdr, Jdth, Esth, Tob, I–II Mac, Ps (G+H), Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, Prov, Eccle, Cant, Sap, Job, Evang, Ep. Pauli, Ep. Cath, Act, Apoc.

Oxford, Bodleian Library 1377 1380 1383 1395 1409 1421 1441

Ashmolean 748 : Octat, I–IV Reg, Job, Tob, Jdth, Esth, Par, I–II Esdr, Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, I–II Mac, Evang, Act, Ep. Cath, Ep. Pauli, Apoc. Auct. D 4 10 : Octat, I–IV Reg, Par, I–II Esdr, Tob, Jdth, Esth, I–II Mac, Ps (G) (+Ps CLI), Job, Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Evang, Ep. Pauli, Act, Ep. Cath, Apoc. Auct. D 5 7 : Octat, I–IV Reg, Par, I–II Esdr, III Esdr, I–II Mac, Ps (G), Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, Tob, Jdth, Esdr, Job, Evang, Ep. Pauli, Act, Ep. Cath, Apoc. Auct. D 5 19 : Octat, I–IV Reg, Par, I–II Esdr, Tob, Jdth, Esth, Job, Ps (G), Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, I–II Mac, Evang, Act, Ep. Pauli, Ep. Cath, Apoc. Canon. Bibl. Lat. 12 : Octat, I–IV Reg, Par, I–II Esdr, Tob, Jdth, Esth, Job, Ps (G), Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, I–II Mac, Evang, Act, Ep. Pauli, Ep. Cath, Apoc. Canon. Bibl. Lat. 81 : Octat, I–IV Reg, Par, I–II Esdr, Tob, Jdth, Esth, Job, Ps (G), Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, I–II Mac, Evang, Act, Ep. Cath, Apoc, Ep. Pauli. Rawl. G 8 : Octat, I–IV Reg, Par, I–II Esdr, Tob, Jdth, Esth, Job, Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, I–II Mac, Evang, Act, Ep. Cath, Ep. Pauli, Apoc.

Oxford, Brasenose College 1450

4 : Octat, I–IV Reg, Par, I–II Esdr, Tob, Jdth, Esth, Job, Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, I–II Mac, Evang, Ep. Pauli, Ep. Cath, Act, Apoc.

Padova, Biblioteca Antoniana 934

225 : Octat, I–IV Reg, Par, I–II Esdr, Tob, Jdth, Esth, Job, Ps (G), Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, I–II Mac, Evang, Act, Ep. Cath, Ep. Pauli, Apoc.

Paris, Bibliothèque de l’Arsenal 616✶

33 : Octat, I–IV Reg, Is, Ier, Ez, Dan, XII Proph, Job, Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Par, III Esdr, I–II Esdr, Tob, Jdth, Esth, I–II Mac, Evang, Act, Ep. Cath, Apoc, Ep. Pauli, Ps (G).

Annexe 3 Bibles avec un ordre des livres non parisien 

628

 281

119 : Octat, I–IV Reg, Par, I–II Esdr, III Esdr, Ps (G), Job, Tob, Jdth, Esth, Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, I–II Mac, Evang, Ep. Pauli, Act, Ep. Cath, Apoc.

Paris, Bibliothèque Mazarine 634 646*

17 : Octat, I–IV Reg, Par, I–II Esdr, Jdth, Esth, Ps (G), Tob, Job, Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, I–II Mac, Evang, Ep. Pauli, Act, Ep. Cath, Apoc. 70 : Octat, I–IV Reg, Par, Or Man, I–II Esdr, III Esdr, Tob, Jdth, Esth, Ps (G), Job, Prov, Eccle, Sap, Sir, Cant, Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, I–II Mac, Evang, Ep. Pauli (+Laod), Act, Ep. Cath, Apoc.

Paris, Bibliothèque nationale de France 653* 657 660* 661 662 668* 672 675 682 684 689 699 724 735 736 737 741 742 743

lat. 35 : Octat, I–IV Reg, Is, Ier, Bar, Ez, XII Proph, Job, Tob, Jdth, Esth, Ps (G) (+Ps CLI), Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Dan, Par, I–II Esdr, I–II Mac, Evang, Act, Ep. Cath, Ep. Pauli (+Laod), Apoc. lat. 161 : Octat, I–IV Reg, Par, I–II Esdr, III Esdr, Tob, Jdth, Esth, Job, Ps (G), Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, I–II Mac, Evang, Act, Ep. Pauli, Ep. Cath, Apoc. lat. 164 : Octat, I–IV Reg, Par, Or Man, I–II Esdr, Tob, Esth, Jdth, I–II Mac, Job, Ps (G), Prov, Eccle, Cant, Sir, Sap, Is, Ier, Ez, Dan, XII Proph, Evang, Act, Ep. Cath, Ep. Pauli (+Laod), Apoc. lat. 165 : Octat, I–IV Reg, Ps (G), Is, Ier, Dan, XII Proph, Ez, Bar, Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Job, Tob, Jdth, Esth, I–II Esdr, I–II Mac, Par, Evang, Apoc, Act, Ep. Cath, Ep. Pauli. lat. 166 : Octat, I–IV Reg, Par, I–II Esdr, Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Tob, Jdth, Esth, I–II Mac, Job, Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, Evang, Ep. Pauli (+Laod), Act, Apoc, Ep. Cath. lat. 173 : Octat, I–IV Reg, Par, Job, Ps (H), Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, I–II Esdr, Tob, Jdth, Esth, I–II Mac, Evang, Act, Ep. Pauli, Ep. Cath, Apoc. lat. 177 : Octat, I–IV Reg, Par, Or Man, I–II Esdr, III Esdr, Tob, Jdth, Esth, Job, Ps (H), Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, I–II Mac, Evang, Ep. Pauli, Ep. Cath, Act, Apoc. lat. 180 : Octat, I–IV Reg, Par, Job, Tob, Jdth, Esth, I–II Esdr, III Esdr, I–II Mac, Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, Evang, Ep. Pauli, Act, Ep. Cath, Apoc. lat. 202 : Octat, I–IV Reg, Par, Or Man, I–II Esdr, III Esdr, Ps (G), Tob, Jdth, Esth, Job, Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, I–II Mac, Evang, Ep. Pauli, Act, Ep. Cath, Apoc. lat. 204 : Octat, I–IV Reg, Par, Or Man, I–II Esdr, III Esdr, Tob, Jdth, Esth, Job, Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, I–II Mac, Evang, Act, Ep. Pauli, Ep. Cath, Apoc. lat. 209 : Octat, I–IV Reg, Par, I–II Esdr, III Esdr, Tob, Jdth, Esth, Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Job, Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, I–II Mac, Evang, Ep. Pauli, Act, Ep. Cath, Apoc. lat. 219 : Octat, I–IV Reg, Par, I–II Esdr, Tob, Esth, Jdth, Job, Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, I–II Mac, Evang, Ep. Pauli, Act, Ep. Cath, Apoc. lat. 10425 : Octat, I–IV Reg, Par, Or Man, I–II Esdr, III Esdr, Tob, Jdth, Esth, Job, Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, Ps (G), I–II Mac, Evang, Ep. Pauli, Act, Ep. Cath, Apoc. lat. 13145 : Octat, I–IV Reg, Par, Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, Job, Tob, Jdth, Esth, I–II Esdr, I–II Mac, Ps (G), Evang, Act, Ep. Cath, Apoc, Ep. Pauli. lat. 13146 : Octat, I–IV Reg, Par, I–II Esdr, III Esdr, Tob, Jdth, Esth, Job, Ps (G), Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, I–II Mac, Evang, Ep. Pauli, Ep. Cath, Act, Apoc. lat. 13147 : Octat, I–IV Reg, Par, I–II Esdr, III Esdr, IV Esdr, Jdth, Esth, Tob, I–II Mac, Ps (H), Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, Job, Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Evang, Act, Ep. Cath, Ep. Pauli (+Laod), Apoc. lat. 13151 : Octat, I–IV Reg, Par, I–II Esdr, Ps (G), Job, Tob, Esth, Jdth, Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, I–II Mac, Evang, Apoc, Ep. Cath, Ep. Pauli, Act. lat. 13152 : Octat, I–IV Reg, Par, I–II Esdr, III Esdr, Ps (G), Tob, Jdth, Esth, Job, Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, I–II Mac, Evang, Ep. Pauli, Act, Ep. Cath, Apoc. lat. 13153 : Octat, I–IV Reg, Par, I–II Esdr, Tob, Jdth, Esth, Job, Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, I–II Mac, Evang, Ep. Pauli, Act, Ep. Cath, Apoc.

282 

 Annexe 3 Bibles avec un ordre des livres non parisien

751

lat. 16261 : Octat, I–IV Reg, Par, Or Man, I–II Esdr, III Esdr, Tob, Jdth, Esth, Job, Ps (G), Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, I–II Mac, Evang, Act, Ep. Cath, Ep. Pauli, Apoc. lat. 16267 : Octat, I–IV Reg, Par, Or Man, Ps (H), Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, Job, Tob, Jdth, Esth, I–II Esdr, I–II Mac, Evang, Act, Ep. Pauli, Ep. Cath, Apoc. lat. 16268 : Octat, I–IV Reg, Par, I–II Esdr, III Esdr, Tob, Jdth, Esth, Job, Ps (G), Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, I–II Mac, Evang, Ep. Pauli, Ep. Cath, Act, Apoc. lat. 17956 : Octat, I–IV Reg, Par, Or Man, I–II Esdr, Tob, Jdth, Esth, Job, Ps (G), Prov, Eccle, Cant, Sir, Sap, Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, I–II Mac, Evang, Act, Ep. Cath, Ep. Pauli, Apoc. NAL 3233 : Octat, I–IV Reg, Par, Or Man, I–II Esdr, III Esdr, Tob, Jdth, Esth, Ps (G), Job, Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, I–II Mac, Evang, Ep. Pauli, Act, Ep. Cath, Apoc. NAL 3235 : Octat, I–IV Reg, Par, Ps (G), Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, I–II Esdr, III Esdr, Job, Tob, Jdth, Esth, I–II Mac, Evang, Ep. Pauli, Act, Ep. Cath, Apoc.

757 758 767 775 776

Paris, Bibliothèque Sainte-Geneviève 778 783

1176 : Octat, I–IV Reg, Par, Or Man, I–II Esdr, III Esdr, Tob, Jdth, Esth, Job, Ps (G), Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, I–II Mac, Evang, Act, Ep. Pauli, Ep. Cath, Apoc. 1182 : Octat, Esth, I–IV Reg, Par, Is, Ier, Bar, I–II Esdr, Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Job, Tob, Jdth, I–II Mac, Ez, Dan, XII Proph, Evang, Act, Ep. Cath, Ep. Pauli, Apoc, Ps (G).

Roma, Biblioteca Angelica 958 961

32 (A.5.6.) : Octat, I–IV Reg, Par, Or Man, I–II Esdr, III Esdr, Tob, Jdth, Esth, Job, Ps (G), Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, I–II Mac, Evang, Act, Ep. Cath, Ep. Pauli, Apoc. 1386 : Octat, I–IV Reg, Par, I–II Esdr, I–II Mac, Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Is, Ier, Bar, Ez, Dan, XII Proph, Job, Tob, Jdth, Esth, Evang, Ep. Pauli, Act, Ep. Cath, Apoc.

Annexe 4 Bibles portant une mention de date, de lieu ou de copiste N°

Ville et bibliothèque

Cote

Date

Ville

Copiste

506*

Angers, Bibliothèque municipale

7

1225

 

 

8

Aschaffenburg, Hofbibliothek

Ms. 18

1273

 

 

11*

Bamberg, Staatsbibliothek

A I 20

1263

Faenza

Bonaventura Veroniensis

1523

Basel, Universitätsbibliothek

A N IV 3

1286

 

 

25

Berlin, Staatsbibliothek-Preussischer Kulturbesitz

Theol. Lat. oct. 7

 

 

Albregadus Lombardus

847

Budapest, Országos Széchényi Könyvtár

lat. 127

1469

Pettau

Gallum Sachs

1208*

Canterbury, Cathedral and Chapter Library

HH N. 2.1 (5)

1438

 

 

1574

Città del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana

Ottob. Lat. 532

1250

Viterbo

Johannis

564

Dijon, Bibliothèque municipale

2246

 

 

Alanus

565

Dole, Bibibliothèque municipale

15

1234

 

Thomas clericus de Pontisara

877

Firenze, Biblioteca Medicea Laurenziana

Acq. e doni 149

1235

Toulouse

 

882

Firenze, Biblioteca Medicea Laurenziana

Conv. Soppr. 600

 

 

Bonifacius Veronensis, Tomasinus Ferrarriensis

193*

Kremsmünster, Stiftsbibliothek

CC 91

 

 

Nicholaus de Acerbis

604

Metz, Bibliothèque municipale

1246

1242

 

 

115

München, Bayerische Staatsbibliothek

Clm 16008

 

 

Leonardus Egropcius

124

München, Bayerische Staatsbibliothek

Clm 23357

 

 

Jacobus

433

New York, Pierpont Morgan Library

M.163

1229

 

Brito

451

Notre Dame, University Library

Lat. b. 7

1417

 

 

132

Nürnberg, Stadtbibliothek

Cent. V, 86

1431

 

Mathia

1433

Oxford, Bodleian Library

Lat. Bib. f. 3

1254

 

 

1447*

Oxford, Bodleian Library

Rawl. G 126

 

 

Ricardolus de Samforte

1483*

Oxford, Wadham College

1 (A.5.2)

1244

 

Guillermus miles Parisiensis

655*

Paris, Bibliothèque nationale de France

lat. 40

 

 

Johensis

678

Paris, Bibliothèque nationale de France

lat. 198

 

 

Fredericus Theutonicus

770

Paris, Bibliothèque nationale de France

NAL 836

1240

 

 

774*

Paris, Bibliothèque nationale de France

NAL 3189

 

Bologna

Raulinus Devoniensis Almarici filius

777

Paris, Bibliothèque nationale de France

Smith-Lesouëf 19

 

 

Arnold de Camphaing

793

Paris, Fondation Thiers

1249

 

 

Mehildis monialis

1097

Praha, Národní Knihovna České Republiky

1129

1423

 

 

1542

Sion/Sitten, Couvent des Capucins

W 35

1440

 

 

209*

Stams, Stiftsbibliothek

42

1489

 

 

822*

Tours, Bibliothèque municipale

1

1224

 

Bergognonus de Nigraxio de Caronno, Novariensis civis

832

Troyes, Bibliothèque municipale

1852

 

 

Johannes

1499

Waddesdon Manor, Rothschild Collection

1

 

 

Vitalis

218

Wien, Österreichische Nationalbibliothek

1115

1247

 

Henricus de Nemosio

165

Wolfenbüttel, Herzog-August-Bibliothek

1334 Helmst.

 

 

Benevegnia

https://doi.org/10.1515/9783110757392-016

Annexe 5 Dole, Bibliothèque municipale, 15 nunc Médiathèque du Grand Dole, 13-MS-P-1

[Paris] 1234

Contenu Biblia sacra cum prologis et argumentis (p. 1–879) : (RB 284, 285) Gen, Ex, Lev, Num, Deut, (RB 311) Ios, Iud, Ruth, (RB 323) I–IV Reg, (RB 328, 327) Par, Or Man, (RB 330) I–II Esdr, III Esdr, (RB 332) Tob, (RB 335) Jdth, (RB 341+343) Esth, (344, 357) Job, Ps (G), (RB 457) Prov, (RB 462) Eccle, Cant, (RB 468) Sap, Sir, (RB 482) Is, (RB 487) Ier, (RB 491) Bar, (RB 492) Ez, (RB 494) Dan, (RB 500, 507) Os, (RB 511, 510) Ioel, (RB 515, 512, 513) Am, (RB 519+517) Abd, (RB 524, 521) Ion, (RB 526) Mich, (RB 528) Nah, (RB 531) Hab, (RB 534) Soph, (RB 538) Agg, (RB 539) Zach, (RB 543) Mal, (RB 547, 553, 551) Mac, (RB 590, 589) Matth, (RB 607) Marc, (RB 620) Luc, (RB 624) Ioh, (RB 677) Rom, (RB 685) I Cor, (RB 699) II Cor, (RB 707) Gal, (RB 715) Eph, (RB 728) Phil, (RB 736) Col, (RB 747) I Thes, (RB 752) II Thes, (RB 765) I Tim, (RB 772) II Tim, (RB 780) Tit, (RB 783) Philem, (RB 793) Hebr, (RB 640) Act, (RB 809) Iac, I Petr, II Petr, I Ioh, II Ioh, III Io, Iudae, (RB 839) Apoc [ordre parisien]; Interpretationes nominum Hebraicorum (p. 881–959) ; Tabula evangeliorum (p. 958–966) [ajoutée au XIIIe siècle] ; Expositores divinorum librorum (p. 967–968) [ajouté au XIIIe siècle]. Support et structure matérielle : Parch., 484 f. (pagination moderne 1–968), duodénions réguliers à l’exception des deux derniers cahiers (quelques feuillets manquent entre l’Ancien et le Nouveau Testament), signatures des cahiers en chiffres romains et réclames à l’encre brune, signatures par bifeuillets en rouge combinant une lettre et une marque de cahier, croix sur le bifeuillet central des cahiers. Dimensions, mise en page, réglure : 162×108 mm (p. 99) = 6/2/6[110]38 × 3/1/9[33(5)33]10/1/13 ; 2 colonnes, 49 lignes, réglure à la mine.

Décoration Initiales  : initiales des livres et des prologues filigranées en puzzle, initiales des prologues filigranées, initiales des versets rehaussés en rouge. Les initiales des Psaumes 1, 26, 38, 52, 68, 80, 97 et 109 sont également en puzzle. Titres et capitulation : titres des livres et des prologues rubriqués, titres courants et numéros de chapitre en rouge et bleu alternés. Une numérotation des Psaumes a été ajoutée en chiffres arabes. Annotations d’attente et marginalia : lettres d’attente parfois visibles, numéros de chapitre d’attente tracés à l’encre dans les marges latérales, titres d’attentes visibles dans la marge inférieure, titres courants d’attente tracés à la mine dans la marge supérieure. Correction systématique du texte biblique dans les marges. Écriture et mains : textualis de très petit module. Une seule main a transcrit tout le texte biblique et les Interpretationes. Souscription : Explicit liber iste quem Thomas clericus de Pontisara scripsit anno gratie m° cc° xxx° quarto [« Fin de ce livre, qui a été écrit par Thomas, clerc de Pontoise, en l’an de grâce 1234 »] à la p. 879 (fin de l’Apocalypse). Reliure : moderne. Provenance : Cordeliers de Dole.

https://doi.org/10.1515/9783110757392-017

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Index des manuscrits cités Cet index comprend les manuscrits cités dans le texte (p. 1–209) et dans les annexes 3, 4 et 5. Il doit être complété par la consultation des listes des bibles en annexe 1 et 2. Alba Iulia, Biblioteca Diocezana Batthyaneum – 420 43 n. 40 Amiens, Bibliothèque municipale – 6-9, 11-12 7 n. 8 Angers, Bibliothèque municipale – 7 283 Aschaffenburg, Hofbibliothek – Ms. 18 283 Bamberg, Staatsbibliothek – A I 20 33 n. 9, 283 Basel, Universitätsbibliothek – A N IV 3 283 Berlin, Staatsbibliothek-Preussischer Kulturbesitz – Ham. 83 279 – Theol. Lat. oct. 7 166 n. 25, 283 Bologna, Biblioteca Universitaria – 1528 (2849) 196 n. 13 Bologna, Collegio di Spagna – 2 75 n. 101, 81 n. 122 Bourges, Bibliothèque municipale – 5 170 n. 25 Bruxelles, Bibliothèque Royale de Belgique – 4911 158 n. 101 Budapest, Országos Széchényi Könyvtár – lat. 127 33 n. 9, 283 Caen, Bibliothèque municipale – 2 171 n. 29 Cambridge (MA), Harvard University, Houghton Library – Typ 295 171 n. 29 Cambridge, Corpus Christi College – 48 14 n. 51 – 246 89 n. 3 – 485 194 n. 2 Cambridge, Fitzwilliam Museum – McClean 24 87 n. 146 Cambridge, Gonville and Caius College – 350/567 169 n. 17 Canterbury, Cathedral and Chapter Library – HH N. 2. 1 (5) 283 Capestrano, Biblioteca del Convento di San Giovanni – cod. XLIII 196 n. 11 Chester Beatty, 57 [olim] voir London, Sotheby’s 24.06.1969 Lot 51 Chicago, Newberry Library – Ms. 19 67 n. 76 Città del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana – Barb. lat. 368 92 n. 10 – Barb. lat. 378 200 n. 50, 279 – Barb. lat. 401 202 n. 60 – Barb. lat. 402 198 n. 40 – Barb. lat. 414 60 n. 43, 67 n. 76, 171 n. 29, 195 n. 8 – Barb. lat. 415 92 n. 14, 279 – Barb. lat. 424 279 https://doi.org/10.1515/9783110757392-019

– Chigi A.IV.74 87 n. 146 – Ottob. lat. 532 33 n. 9, 43, 53 n. 20, 112 n. 91, 191, 202 n. 60, 283, ill. 1 – Ottob. lat. 878 195 n. 7 – Pal. lat. 18 198, 204 n. 63 – Pal. lat. 19 56 n. 28, 279 – Pal. lat. 21 279 – Pal. lat. 1071 170 n. 25 – Ross. 129 64 n. 60, ill. 2 – Ross. 315 86 n. 143, ill. 3 – Ross. 316 279 – Ross. 320 108 n. 77 – Ross. 321 56 n. 28, 279 – Vat. lat. 24 279 – Vat. lat. 25 279 – Vat. lat. 30 171 n. 29 – Vat. lat. 31 171 n. 29, ill. 4 – Vat. lat. 32 60 n. 42 – Vat. lat. 35 197 n. 28 – Vat. lat. 36 170 n. 24 – Vat. lat. 6026 65 n. 69, 279 – Vat. lat. 7634 92 – Vat. lat. 7664 75 n. 103, 279 Den Haag, Koninklijke Bibliotheek – 76 E 22 202 n. 60 – 76 F 23 179 n. 52 – 76 G 2 279 Den Haag, Rijksmuseum Meermanno-Westreenianum – 10 D 20 279 Dijon, Bibliothèque municipale – 2246 283 Dole, Bibliothèque municipale – 15 [nunc 13-MS-P-1] 11, 43, 53, 65, 80, 112 n. 91, 119, 142 n. 73, 166 n. 24, 189, 283, 285, ill. 5–6 Dyson Perrins, 5 [olim] voir Oxford, Bodleian Library, Lat. Bib. e. 7 Eton, Eton College – 26 14 n. 51, ill. 7 Firenze, Biblioteca Medicea Laurenziana – Acq. e doni 149 53 n. 18, 65 n. 70, 112 n. 91, 190, 283 – Amiat. 1 7 n. 6, 46 n. 50 – Conv. Soppr. 600 18 n. 76, 166 n. 26, 283 – Conv. Soppr. 610 120 n. 113 – Conv. Soppr. 622 200 n. 50 – Plut. 3 caps. 1 97 n. 41, 196 – Plut. 15. 9 59 n. 37 – San Marco 739 115 n. 103 Fulda, Hessischen Landesbibliothek – Aa 80 170 n. 22 Grenoble, Bibliothèque municipale – 384 14 n. 51

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 Index des manuscrits cités

Hannover, Niedersächsischen Landesbibliothek – I 2 170 n. 22 København, Kongelige Bibliotek – N. K. S. 1. 7 n. 10 Kremsmünster, Stiftsbibliothek – CC 91 283 León, Archivo de la Catedral – 15 7 n. 4 Lille, Bibliothèque municipale – 7 23 Lisboa, Biblioteca nacional de Portugal – Alc. 458 197 n. 35 London, British Library – Add. 15253 161 n. 6 – Add. 15452 61 n. 47, 279 – Add. 24142 7 n. 10 – Add. 26796 122 n. 7 – Add. 31830 170 n. 25 – Add. 52778 81 n. 125, 279 – Arundel 250 179 – Egerton 2867 157 – Egerton 2908 172 n. 32 – Harley 1287 279 – Harley 2810 115 n. 103 – Harley 2813 169 n. 17 – Harley 2824 105 n. 72, 169 n. 12 – Royal 1 A VII 81 n. 125, 279 – Royal 1 B XII 191 n. 4 London, Lambeth Palace – 1364 68 London, Sotheby’s – 24.06.1969 Lot 51 171 n. 29 – 01.12.1987 Lot 29 cat. Guerino 169 n. 17 Los Angeles, University of California at Los Angeles, Charles E. Young Research Library – 170/348 86 n. 143, 87 n. 144 Madrid, Biblioteca Nacional – Vitr. 21-4 20 n. 89 Metz, Bibliothèque municipale – 7 7 n. 9 – 1246 283 Milano, Biblioteca Ambrosiana – R 2 sup 179 n. 52, 195 n. 8 Milano, Biblioteca Nazionale Braidense – Gerli 59 171 n. 29 Mons, Bibliothèque publique – 221/116 29 n. 38 Montecassino, Archivio dell’Abbazia – 557 14 n. 51, 61 n. 48 München, Bayerische Staatsbibliothek – Clm 4627 157 – Clm 6101 199, 280 – Clm 6917 280 – Clm 7206 56 n. 28 – Clm 7774 55 n. 22, 62 n. 56 – Clm 7775 137 n. 57 – Clm 9687 61 n. 44

– Clm 12672 280 – Clm 14402 56 n. 28, 105 n. 73, 280 – Clm 14530 105 n. 72 – Clm 14650 120 n. 114, 280 – Clm 15409 169 n. 12 – Clm 16008 105 n. 73, 280, 283 – Clm 16009 280 – Clm 23351 67 n. 77, 122 n. 7, 202 n. 60 – Clm 23352 56 n. 28, 280 – Clm 23357 283 – Clm 28534 280 New York, Pierpont Morgan Library – M. 163 11, 43, 283 Notre Dame, University Library – Lat. b. 7 283 Novara, Biblioteca Capitolare – VII 75 n. 99 Nürnberg, Stadtbibliothek – Cent. V, 86 283 Oxford, Bodleian Library – Ashmolean 748 280 – Auct. D 4 10 280 – Auct. D 5 7 280 – Auct. D 5 12 200 n. 50 – Auct. D 5 18 86 n. 143, 87 n. 144 – Auct. D 5 19 280 – Auct. D 48 A 81 n. 125 – Canon. Bibl. Lat. 12 280 – Canon. Bibl. Lat. 77 170 n. 25 – Canon. Bibl. Lat. 81 280 – Lat. Bib. e. 7 169 n. 17 – Lat. Bib. f. 3 283 – Laud. Lat. 13 169 n. 17 – Rawl. G 8 280 – Rawl. G 126 283 Oxford, Brasenose College – 4 280 Oxford, Magdalen College – 168 11 n. 32 Oxford, Wadham College – 1 (A.5.2) 283 Padova, Biblioteca Antoniana – 225 28 n. 32, 280 – 542 I/II 166 n. 29 Padova, Biblioteca del Seminario Vescovile – 434 171 n. 29 Paris, Archives de la Compagnie de Saint-Sulpice, – 1972-1973 172 n. 32 Paris, Bibliothèque de l’Arsenal – 33 14 n. 51, 35 n. 15, 120 n. 112, 280 – 119 281 Paris, Bibliothèque de l’Assemblée Nationale – 2 14 n. 51 Paris, Bibliothèque Mazarine – 5 75 n. 103 – 17 157, 281 – 33 56 n. 28

Index des manuscrits cités 

– 37 21 n. 91, 71 n. 92, 75 n. 100, ill. 8 – 70 157, 202 n. 60, 281 Paris, Bibliothèque nationale de France – hébreu 33 5 n. 26 – lat. 28 75 n. 101 – lat. 35 281 – lat. 40 82 n. 128, 170 n. 24–25, 283 – lat. 161 281 – lat. 162 101 n. 61 – lat. 163 195 n. 6, ill. 9–10 – lat. 164 56 n. 28, 281 – lat. 165 120 n. 113, 281 – lat. 166 281 – lat. 170 ill. 11 – lat. 173 281 – lat. 174 86 n. 143, 87 n. 144, 171 n. 29 – lat. 177 281 – lat. 179 105 n. 72 – lat. 180 170 n. 22, 281 – lat. 198 80 n. 118, 166 n. 25, 194 n. 2, 283 – lat. 200 90 n. 6 – lat. 201 62 n. 49, ill. 12 – lat. 202 281 – lat. 204 281 – lat. 209 281 – lat. 213 219 – lat. 216 (1-2) 92 – lat. 217 170 n. 25–26 – lat. 219 91, 281, ill. 13 – lat. 222 62 n. 49, 64 n. 61 – lat. 248 (1-2) 156, 180, 198, ill. 14 – lat. 320 198 n. 39 – lat. 341 ill. 15 – lat. 1107 99 – lat. 9380 7 n. 10 – lat. 9381 75 n. 101 – lat. 10423 86 n. 143 – lat. 10425 81 n. 225, 281 – lat. 10426 15 n. 58, 198, ill. 16–17 – lat. 10428 170 n. 25, ill. 18–19 – lat. 11929 14 n. 51 – lat. 11937 7 n. 10 – lat. 13141 80 n. 119, 180 n. 55 – lat. 13144 81 n. 122 – lat. 13145 281 – lat. 13146 86 n. 143, 171 n. 29, 281 – lat. 13147 157, 281 – lat. 13150 82 n. 127 – lat. 13151 86 n. 143, 281 – lat. 13152 86 n. 143, 87 n. 144, 281 – lat. 13153 81 n. 125, 281 – lat. 13154 81 n. 126 – lat. 13155-13156-13157 91, 157 – lat. 13176 7 n. 8 – lat. 14238 21 n. 90 – lat. 14417 11 n. 32, 66 n. 73 – lat. 14770 56 n. 28 – lat. 15467 75 n. 103 – lat. 15473 197 n. 25

 303

– lat. 15474 197 n. 25 – lat. 15475 52 n. 15, 197 n. 25, ill. 20 – lat. 15476 197 n. 25 – lat. 15477 141 n. 69 – lat. 16258-16259 17 n. 73, 92, 157, 180 n. 55, 197 – lat. 16260 197 n. 22, – lat. 16261 282 – lat. 16262 17 n. 73, 80 n. 118, 197 – lat. 16263 17 n. 73, 197 – lat. 16264 17 n. 73, 18, 62 n. 49, 64 n. 60, 115 n. 103, 197 et n. 24 – lat. 16267 65, 101, 157–158, 282, ill. 21 – lat. 16268 64 n. 61, 282 – lat. 16719-16720-16721-16722 75 n. 103 – lat. 17947 105 n. 72 – lat. 17950 56 n. 28 – lat. 17956 282 – NAL 836 43, 86 n. 143, 112 n. 91, 193, 283 – NAL 3189 166 n. 27, 195 n. 7, 283 – NAL 3233 282, ill. 22 – NAL 3235 282 – Smith Lesouëf 19 283 Paris, Bibliothèque Sainte Geneviève – 1176 282 – 1179 82 n. 127 – 1182 56 n. 28, 282 Paris, Bibliothèque Thiers – 1249 166, 283 Perugia, Biblioteca Comunale – N.F.22 28 n. 35 Perth, Museum and Art Gallery – 462 169 n. 17 Philadelphia, Free Library – Lewis E 29 169 n. 17 – Lewis E 40 87 n. 146 Phillipps 9534 [olim] voir London, Sotheby’s, 01.12.1987 Lot 29 cat. Guerino Praha, Národní Knihovna České Republiky – 1129 283 Le Puy-en-Velay, Trésor de la Cathédrale – Cath. 1 7 n. 10 Roma, Accademia Nazionale dei Lincei e Corsiniana – Cors. 1 105 n. 72 – Rossi 317 71 n. 93, 166 n. 25 – Rossi 318 81 n. 125, 198 n. 40 Roma, Biblioteca Angelica – 32 (A.5.6.) 282 – 33 (A.5.7.) 115 n. 103 – 1386 282 Siena, Biblioteca Comunale degli Intronati – U. V. 1 196 n. 12 Sion/Sitten, Couvent des Capucins – W 35 283 Stams, Stiftsbibliothek – 42 283 Stuttgart, Württembergische Landesbibliothek – HB. II. 16 7 n. 10

304 

 Index des manuscrits cités

Torino, Biblioteca Nazionale – D. V. 32 196 n. 10 Tours, Bibliothèque municipale – 1 20 n. 89, 283 Troyes, Bibliothèque municipale – 1299 29 n. 38 – 1852 283 Valencia, Archivo Catedralicio – 304 196 n. 14 Venezia, Biblioteca Marciana – Lat. I. 1-4 171 n. 28 – Lat. I. 59 82 n. 127

– Lat. I. 60 23 – Lat. I. 78 115 n. 103 Waddesdon Manor, Rothschild Collection – 1 283 Warszawa, Biblioteka Narodowa – Rps BOZ 22 42 n. 37 Wien, Österreichische Nationalbibliothek – 1101 171 n. 29 – 1115 283 Wolfenbüttel, Herzog-August-Bibliothek – 1334 Helmst. 283

Index des noms de lieux et de personnes Cet index contient les noms de lieux et de personnes mentionnés dans le texte (p. XI–209) et dans les annexes 4 et 5, à l’exclusion de : Angleterre, France, Italie et Paris. Alanus (copiste) 283 Albert de Sarteano, bienheureux 196 Albregadus Lombardus (copiste) 37, 166, 283 Alcuin 8, 55, 61 Alexander (atelier) 169 Allemagne 24, 161 n. 1, 199, 203–206 Alphonse X « le Sage », roi de Castille-León 172 Ambroise de Milan, saint 178 n. 48 Amiens (atelier) 169 Angilram 7 Antoine de Padoue, saint 195 n. 7 Antonius de Venetiis 195 n. 8 Arnold de Camphaing (copiste) 283 Arundel (fonds) 205 n. 66 Aquilée 197 Assise 18 n. 76 et 78, 28 et n. 32, 170 et n. 21 Attia, Élodie 5 n. 25 Augustin d’Hippone, saint 11, 50 n. 3, 51, 55 Augustin de Cantorbéry, saint 14 Aurifaber (atelier) 21, 91, 157, 167, 169, 198 Autriche 24, 203–206 Avril, François 76 et n. 107, 171 n. 29 Bacon, Roger 12 et n. 42, 20, 75, 77 Bâle 200 Barberini (fonds) 24 n. 14, 26, 34 n. 14 Bavière 56, 105 n. 73, 199 Bède le Vénérable 12 n. 39 Belgique 36 n. 25, 203–206 Benevegnia (copiste) 283 Berger, Samuel 2 n. 3, 9 n. 19, 50 n. 4, 51 n. 12, 68, 75 n. 103, 87 n. 145 Bergognonus de Nigraxio de Caronno (copiste) 283 Berlin 26 Bernardin de Sienne, saint 196 Bicchieri, Guala 170 n. 20, 197 Bischoff, Bernard 137 n. 57 Blanche (atelier) 169 Blanche de Castille, reine 172 Bogaert, Pierre-Maurice 2 n. 4, 56 n. 28 Bologne 16 n. 66, 18–19, 21 et n. 95, 22 n. 2, 28 et n. 32, 37, 38 n. 31, 39–40, 71, 73 n. 97, 95 et n. 33, 166, 170 n. 19, 199 et n. 42, 283 Bonaventure, saint 196 n. 10 Bonaventura Veroniensis (copiste) 283 Bonifacius Veronensis (copiste) 166, 283 Bozzolo, Carla XII, 33, 35–36, 41 n. 35, 43, 121 n. 3 Branner, Robert 4, 68, 76, 139, 167–168, 169 n. 12 et 14, 173 n. 40 Brito (copiste) 283 Busonero, Paola 22, 101 n. 65, 106, 107 n. 76 Cambridge 24, 197 n. 26 Canterbury 40 Case Schnurman, Josephine 2, 22 https://doi.org/10.1515/9783110757392-020

Cassiodore 7 et n. 1, 47 et n. 52, 50 n. 3 Cesena 95 Charlemagne 9 Chigi (fonds) 24 n. 14 Christ, Jesus 67, 168, 178–179 Cividale 197 Claire, sainte 195 n. 6 Clairvaux, abbaye 29 Colines, Simon de 200 Colomb, Christophe XIII Corbie 7 Cordeliers 285 Correia de Sousa, Luís 4, 24 n. 13 Couplet, Philippe 196 Coxe, Henry Octavius 24 David 168 de Hamel, Christopher 3, 64 Delisle, Léopold 24 et n. 16, 198 Denifle, Heinrich 2 n. 3, 9 n. 19 Derolez, Albert 90 n. 8, 98 n. 47, 127–128 et n. 30, 130–131 Devine, Alexander 3, 22 Devonshire 166 Devoti, Luciana 20 n. 89, 98 n. 47 Dijon 28 n. 30, 205 n. 65 Dole 205 n. 65, 285 Dominique, saint 169 n. 17, 195 n. 6 Du Cange, Charles du Fresne 98 n. 44 Du Prat (atelier) 169 Espagne 24, 39, 164 n. 17, 193, 240, 204–206, 115 n. 104 Estienne, Robert 12 n. 35 États-Unis 3 n. 13, 25, 203, 205 Étienne de Limoges 197 n. 23 Eusèbe de Césarée 10, 85 n. 138 Faenza 37, 40, 283 Ferrati, Giovanni Pietro de’ 200 Flamel, Jean 156, 197–198 Fleury 7 Florence 24, 28 n. 35 François d’Assise, saint 16, 17, 76, 195 et n. 6, 7 Fredericus Theutonicus (copiste) 37, 166, 194 n. 2, 283 Froben, Johann 200 Fugger (famille) 204 n. 63 Gallum Sachs (copiste) 283 Gemona 197 Gênes 40, 170 et n. 22 Genet, Jean-Philippe 30 n. 44, 197 n. 34 Gilbert de la Porrée 69 Gilissen, Léon 99 Glunz, Hans H. 2 n. 3, 78 n. 112 Gregorio de Montelongo 197

306 

 Index des noms de lieux et de personnes

Grusch, Johannes (atelier) 141 n. 69, 169 Guillermus miles Parisiensis (copiste) 37, 283 Gumbert, Peter 20 et n. 89 Gutenberg, Johannes 32 n. 4, 42 n. 38, 64 n. 65, 68 n. 88, 81 n. 124, 200 Harley (fonds) 205 n. 66 Heidelberg 204 n. 63 Henricus de Nemosio (copiste) 283 Hugues de Saint-Cher 12 Hugues de Saint-Victor 11 Innocent II, pape 14 Irlande 204–206 Isidore de Séville, saint 68–69 Jacobus (copiste) 283 James, Montague Rhodes 24 Jean de Berry, duc 156, 197 Jean de Capistran, saint 196 Jean, évangéliste 29 n. 37, 171 Jérôme, saint 9–10 et n. 22–23, 12, 50 n. 3, 51, 55, 57, 61, 68–69, 178, 195 n. 7 Jessé (arbre de) 168, 179, 190 Johannes (copiste) 283 Johannis (copiste) 283 Johensis (copiste) 170 n. 24, 283 Justinien 7 n. 1 Ker, Neil 24, 68, 128 n. 30, 136 n. 52, 205 n. 66 Langton, Étienne 11 et n. 32, 12 et n. 39, 65 Lebaube, Gauthier (atelier) 169 Leicester 30 n. 43 Leonardus Egropcius (copiste) 283 Leroy, Julien 127 n. 28 Light, Laura 3, 5, 10 et n. 26, 22, 51 n. 5, 68, 76 n. 107, 77 n. 111, 78 n. 112, 86 n. 143, 157 Lobrichon, Guy 3, 15 n. 54, 66 n. 74, 76, 79, 157 n. 100 Louis IX, saint, rois de France 198 Louvre 198 Mafalda de Portugal 197 n. 35 Magrini, Sabina 3, 54 n. 21, 73 n. 97 Maïmonide 99–100 Maître de la Bible de Manfred 39, 170 Manetti, Giannozzo 198, 204 n. 63 Manfred, roi de Sicile 170 et n. 25 Maniaci, Marilena 59 n. 38, 109 Mansueti, Leonardo 29 Marco Polo 97 n. 41, 196 Marie, sainte 168 Martin, Jean-Pierre Paulin 9 n. 19, 12 n. 41 Mathia (copiste) 283 Matthieu, évangéliste 168, 171 n. 29, 179 Mathurin (atelier) 169 Maudramme, abbé de Corbie 7 Maximus de Mediolano 195 n. 8 Mehildis (moniale et copiste) 166, 283 Metz 7

Milan 178 n. 48, 195 n. 8, 198 n. 39 Miriello, Rosanna 3, 22 Mont Cassin 61 n. 48 Montebracco, chartreuse 196 n. 10 Morard, Martin 4 n. 21, 13 n. 45, 58 n. 33 Munich 26, 34 n. 14, 137 n. 57, 193 n. 7, 199, 204 n. 63 Muzerelle, Denis 43 n. 44, 46, 101 n. 62, 127 n. 28 Naples 24, 39–40, 42 n. 38, 45, 53, 170, 192, 208 Nicholaus de Acerbis (copiste) 283 Norwich 40 Novello, Malatesta 95, 96 n. 38 Orléans 7 Ornato, Ezio 32 n. 4, 35–36, 41 n. 35, 43, 103 n. 68, 121 n. 3, 141 n. 68 Ottoboni (fonds) 24 n. 14 Oxford 3, 11 n. 29, 18, 21 et n. 95, 24, 39–40, 71, 123, 169, 170, 191, 197 n. 26 Padoue 18, 22, 28 et n. 32, 29, 39–40, 166 n. 29, 171 et n. 29, 192 Palma, Marco 120 n. 115 Pannartz, Arnold 81 n. 124 Pays-Bas 38, 193 n. 7, 198 n. 41, 203–206 Pérouse 28 et n. 33 et 35, 29 n. 37, 100, 195 n. 7 Petrus de Aghignies 23 et n. 10 Petrus de Fundis 95 et n. 33 Petrucci, Armando 43 n. 43 Pettau 283 Philippe Auguste, roi de France 118 Philippe d’Alençon 197 Philippe le Bel, rois de France 156, 198 Phillipps, Thomas 25 n. 22 Pierre de Bar (atelier) 169 Pierre le Mangeur 11 Plaisance 200 Plaoul, Pierre 197 n. 22 Poleg, Eyal 3, 5 Pollard, Graham 99 n. 50 Pologne 24 Pontoise 37, 166 et n. 24, 285 Portugal 4, 24 n. 13, 36 n. 25, 39, 197 n. 35, 203–206 Quentin, Henri 2 n. 3, 13 n. 43, 75 n. 103, 78 n. 112 Raulinus Devoniensis (copiste) 166, 283 Rémy d’Auxerre 12 n. 39, 22 n. 9 Ricardolus de Samforte (copiste) 283 Riciardus Lombardus 197 Robert de Aldeswyrth 194 Robertus Bernardus de Normannia 197 n. 22 Rochus de Papia 195 n. 8 Rodríguez Díaz, Elena 115 n. 104 Rome 40, 61, 81 n. 124, 98 n. 47, 172 et n. 34 Rossi (fonds) 24 n. 14 Rouen 197 Saenger, Paul 3 Sainte-Marie Couronnée (Milan), couvent 195 n. 8 Sainte-Justine (Padoue), abbaye 22, 28–29

Index des noms de lieux et de personnes 

Saint-Augustin de Cantorbéry, abbaye 30 Saint-Jacques (Paris), couvent 12, 20 n. 86, 75 n. 100 et 103, 80 n. 117 Saint-Martin de Tours, monastère 8 Saint-Pierre (Gloucester), monastère 194 n. 2 Salisbury 191 n. 4 Salomon 168 Saluzzo 196 n. 10 San Domenico (Gênes), couvent 170 San Domenico (Pérouse), couvent 28 n. 35, 100, 195 n. 7 San Domenico Maggiore (Naples), couvent 171 San Marco (Florence), couvent 28 n. 35 Sant’Andrea (Vercelli), monastère 170 n. 20 Scarabella, Agnese (moniale et copiste) 166 n. 29 Senlis 197 n. 22 Sforza, Ascanio Maria 197 n. 28 Sienne 28 et n. 32 Soissons (atelier) 13 n. 44, 21, 167, 169 et n. 12 Sorbonne 17–18, 27 et n. 28, 28, 31–32, 35, 75 n. 103, 141 n. 69, 157 n. 98, 194, 196–197 et n. 22, 202 n. 58 St Albans 29 n. 41, 40 Stephanus de Lemovicis voir Étienne de Limoges Stirnemann, Patricia 76 et n. 107, 118, 168 Stutzmann, Dominique 5 n. 23 Suisse 203–206 Supino Martini, Paola 3 Sweynheym, Konrad 81 n. 124

Théodulf d’Orléans 7–8, 14, 47 Thomas de Pontisara (copiste) 37, 166, 283, 285 Thomas d’Aquin, saint 196 n. 10 Tomasinus Ferrariensis (copiste) 166, 283 Toubert, Hélène 4, 170 n. 26 Toulouse 37, 40, 53, 65, 71, 112 n. 91, 190, 195 n. 9, 283 Tournieroux, Anne 198 n. 38 Vatican 36 n. 25, 197, 204–206 Venise 39–40, 170 n. 19, 171 et n. 28–29, 192 Vezin, Jean 115 n. 104 Vidoue, Pierre 200 Vie de saint Denis (atelier) 169 Vincent Ferrier, saint 196 Vitalis (copiste) 283 Viterbe 37, 40, 53, 71, 112 n. 91, 191, 283 Vivarium 7, 47 Vnouček, Jiří 100 n. 55 William de Brailes 39, 169 Wolfenbüttel 26 Worcester 40 York 40 Zamponi, Stefano 161 n. 7, 162 n. 9

 307

Index codicologique Cet index reprend les termes et expressions codicologiques utilisés dans le texte (p. XI–209), à l’exclusion des ceux mentionnés trop fréquemment – à savoir : bifeuillet, cahier, codex, dimensions, feuillet, format, manuscrit, marge, mise en page, nombre de feuillets, parchemin, taille, volume. Les termes concernant la décoration sont également omis. binion 75 n. 99, 78, 101 n. 64 capacità (di un volume) 45 n. 47 cardinal (d’un cahier) 100, 101 et n. 62 et 65, 105–106, 108–109 chancery (format) 22 n. 4 chiffres – arabes 60, 64 et n. 61, 67 n. 76 – romains 60, 64, 113 coefficient de remplissage 121, 138 et n. 62, 139 et n. 65–66, 140, 145, 156–157 – voir aussi noir colonne 115, 125–127, 131 et n. 36, 132 n. 37, 150 et n. 87, 151, 179–181, 183 – voir aussi disposition du texte colophon XIII consistenza 45 n. 47 côté (de la peau) – chair 93, 94, 96 et n. 38–39, 97, 100 n. 55, 112 et n. 90–92, 142 n. 73, 192 – poil 93, 94, 96 et n. 38–39, 97, 112 et n. 92, 120 n. 112, 142 n. 73, 192 couture XII, 27, 101 et n. 60 croix (au milieu du cahier) 119 cuir 89 n. 3, 99 dédoublage (des peaux) 99–100 dénion 101 n. 62, 102–104, 106–109, 112, 191 densité (de l’écriture) 47 n. 52, 125, 140, 147, 149 n. 86, 155–156 discontinuité modulaire, voir modularité disposition du texte 121, 124 et n. 13 et 16–17, 126, 158 – à longues lignes 92, 121, 124 et n. 16, 125 et n. 21, 135 n. 47, 157 et n. 99, 158 et n. 101 – à deux colonnes 22 n. 9, 61, 121, 122 n. 6, 124 et n. 16–17, 125 et n. 21–22, 126, 135 et n. 47, 138, 147 n. 83, 157 n. 99, 158, 200 n. 47–48 – à trois colonnes 58 n. 35, 125–127 duodénion 71, 101 et n. 62, 102–107, 108 et n. 77 et 79, 109, 111–112, 116, 118, 190–191 écharnage 96 n. 39, 100 encre 80, 113–114, 118–119, 120 et n. 111, 133, 149 n. 86, 164–165, 170, 180, 182–183, 185, 188, 190, 192–193 entrecolonne 67 et n. 77, 132, 135 n. 46–47, 138 épaisseur – (du parchemin) 27, 91–93 et n. 18–19, 94–97, 100 n. 57, 101 et n. 65, 102–103, 105–106, 108, 134 n. 45, 153–157, 175 n. 42, 209 – (du volume) 43, 46, 48, 83 n. 133, 91–92 et n. 12, 93–94, 103, 104 n. 70, 148, 153, 155 exemplar XI, 13 n. 44, 19, 20 et n. 86 et 88, 21, 64, 71 et n. 92, 75–76 et n. 104, 77–78, 81 n. 122, 101 n. 64, 110, ill. 8 exploitation (de la page) 121, 124–125, 140–141 et n. 72, 143, 145, 147 et n. 83, 148–151, 155 et n. 94, 156–160, 192, 209

https://doi.org/10.1515/9783110757392-021

filigrane (du papier) 121 n. 3 foliotation 60, 64 n. 61, 119 n. 109 follicule 96 et n. 38 fragment 7, 8 n. 11, 36 et n. 25 imposition 99 et n. 49 in-16° 1, 43 n. 41, 99, 200 in-24° 200 in-32° 99 incunable 32 et n. 4, 81 et n. 124, 103 n. 68, 200 et n. 49, 205 n. 67, 206 in-duodecimo 23, 43 n. 41, in-folio 22 n. 2, 32, 41 n. 34, 44 n. 45, 81 n. 124, 95 n. 25, 98 n. 46–47, 108–109, 137, 200 in-octavo 23, 32, 43 n. 41, 200 in-quarto 22 et n. 2 et 4, 23, 41 n. 34, 43 n. 41, 44 n. 45, 95, 98 n. 46, 101 n. 64, 108–109, 137, 200 justification 120 n. 111, 124, 128–129, 132, 134 n. 45, 135 n. 46, 181 – simple 128–129, 132, 134 – double 128–129 et n. 31, 131 et n. 35–36, 132, 134 et n. 45, 135 n. 46, 190, 192 lettre d’attente 188 ligne marginale 127, 132–134, 191 linéation 119, 145 n. 76 main (de papier) 108 n. 79 marque (de succession) 112–114, 116, 118–119, 156, 190–191 mezzano (format) 22 mine (de plomb) 113, 118–120 et n. 111 et 115, 134 n. 44, 188, 190–192 modularité 109, 111 – discontinuités modulaires 59 et n. 38, 60–61, 64, 83, 92 et n. 14, 109–110, 111 et n. 88, 112, 178 n. 47, 188, 190–193 – structure modulaire 47 n. 51, 109–110, 112 n. 89 – unité modulaire 61, 110 noir 121, 138 et n. 64, 139, 149, 159–160, 189 – voir aussi coefficient de remplissage nombre de lignes 37, 48, 61, 124–126 et n. 24, 127 et n. 29, 130 et n. 34, 140–144 et n. 76, 145 et n. 78, 146–147 et n. 81, 150 et n. 87, 151 et n. 89, 152, 155–157, 190, 192 octonion 102–104, 106–108 et n. 79, 112, 189, 191, 192 palimpseste 7 n. 4 papier 22 et n. 2 et 4, 41 n. 34, 42 n. 38, 101 n. 65, 103 n. 68, 108 n. 79, 121 n. 3, 137, 209 peau 29 n. 37, 44 n. 45, 94 n. 24, 95 et n. 27, 96 et n. 39, 97 et n. 41, 98 et n. 43–44 et 47, 99–100 et n. 55, 101 n. 64, 108 et n. 79, 109, 121 et n. 3, 123 et n. 10, 137 et n. 55, 153

310 

 Index codicologique

pecia XI, 12 n. 36, 19 et n. 82, 20 et n. 89, 21 et n. 90–91 et 95, 64, 71, 75 et n. 102, 76 n. 104, 78 et n. 113, 81 n. 122, 110–111, 145 n. 76, 165, 207–208 peigne 144 n. 76 piqûre 119 pliage 22 et n. 2, 41 n. 34, 44 n. 45, 95, 97, 98 n. 46, 99, 101 n. 64, 108–109, 121 n. 3, 122–123 et n. 10 pointe sèche 120, 127 n. 27, 131 n. 36 ponçage 100 et n. 55 pontuseaux 121 n. 3 proportion – du cadre 127, 130, 135 et n. 46–47, 136 et n. 51, 138, 189 – du feuillet 22, 43 n. 42, 121 et n. 2–3, 122 et n. 5, 123 et n. 11, 124 n. 13, 135, 136 et n. 51 quaternion 47 et n. 55, 100 et n. 58, 101, 105–107 n. 76, 108 et n. 78, 109, 112, 120 n. 112, 158 quinion 100, 102–104, 106 et n. 75, 108–109, 189, 192 rame (de papier) 108 n. 79, 115 et n. 104 réclame 112–114 et n. 102, 116, 118–119, 192–193 rectangle – remarquable 121 et n. 2, 135 n. 48 – « utile » 98 et n. 47, 99 rectrice 128, 130, 132 et n. 38, 142, 145, 120 n. 111 – majeure 128, 130, 132, 134 règle de Gregory 112, 137 réglure 144 n. 76, 186 n, 65, 190, 191–192, 134 – schéma de réglure 71 n. 94, 121, 127 et n. 27, 128, 130–132, 136, 138, 156, 191–192 – système de réglure 127 n. 27 – technique de réglure 119 et n. 110, 120 et n. 115, 127 n. 27, 142 n. 73 – type de réglure 127 n. 27 – unité de réglure 121, 124 et n. 13, 125–126, 131 n. 36, 132 n. 37, 140–141, 145–147, 155, 157 et n. 99, 158–160, 162 reliure XIII, 21, 24 n. 16, 27, 89 et n. 2–3, 90 et n. 5 et 7–8, 92 et n. 12, 101 et n. 60, 112–114, 118, 194

remplissage 86, 127, 138–139, 155 – voir aussi coefficient de remplissage rognage 27, 44, 89–90 et n. 6–7, 91, 98 et n. 47, 113–115, 118–119, 122 n. 7, 137 et n. 58, 138 n. 64, 157, 188 schéma de réglure, voir réglure segnature a registro 112–113 – voir aussi signatures combinées sénion 47 et n. 52, 71, 89, 95 n. 33, 100–107 et n. 76, 108 et n. 79, 109, 112, 192–193 septénion 101, 193 signatures 114, 116 – combinées 112–113, 116–117 – des cahiers 61, 64 n. 61, 112–120 et n. 116 – par bifeuillets 112–113, 116–119 et n. 109, 190, 192 signe graphique 124–125, 141, 143, 147–150 et n. 88, 151–152, 156, 189 snodo 59 n. 38 – voir aussi discontinuité modulaire souscription 20 n. 89, 166 structure des cahiers 37, 71, 89, 99 n. 49, 100–101 et n. 66, 102–108 et n. 79, 109, 111 n. 88, 114 n. 102, 117, 189–190, 192–193 structure modulaire, voir modularité système de réglure, voir réglure tabula ad rigandum 144 n. 76 tannage 100 technique de réglure, voir réglure ternion 75 n. 100 type de réglure, voir réglure unité codicologique 82 unité de réglure, voir réglure unité modulaire, voir modularité vélin 98 n. 44, 100 vergeures 121 n. 3 volumétrie 45–46, 100

Liste des tableaux et des graphiques Tableau 1 Tableau 2 Tableau 3 Tableau 4 Tableau 5 Tableau 6 Tableau 7 Tableau 8 Tableau 9 Tableau 10 Tableau 11 Tableau 12 Tableau 13 Tableau 14 Tableau 15 Tableau 16 Tableau 17 Tableau 18 Tableau 19 Tableau 20 Tableau 21 Tableau 22 Tableau 23 Tableau 24 Tableau 25 Tableau 26 Tableau 27 Tableau 28 Tableau 29 Tableau 30 Tableau 31 Tableau 32 Tableau 33 Tableau 34 Tableau 35 Tableau 36 Tableau 37 Tableau 38 Tableau 39 Tableau 40 Tableau 41 Tableau 42 Tableau 43 Tableau 44 Tableau 45 Tableau 46 Tableau 47 Tableau 48 Tableau 49 Tableau 50 Tableau 51 Tableau 52 Tableau 53 Tableau 54 Tableau 55 Tableau 56 Tableau 57

Répartition par contenu des manuscrits recensés (taille ≤ 450 mm)   31 Bibles portant des mentions de date, de lieu et/ou de copiste par siècle   33 Datation des manuscrits du corpus   34 Distribution par siècle des bibles complètes sur parchemin recensées   36 Répartition par pays des manuscrits dont l’origine est déterminée   38 Distribution par pays, région et ville des bibles localisables   40 Distribution des manuscrits par taille (hauteur+largeur)   43 Distribution des manuscrits par pays d’origine et par taille (en nombre et en pourcentage)   45 Répartition des bibles produites à Paris selon la taille   45 Répartition des bibles selon le nombre de feuillets   46 Corrélation entre la taille et le nombre de feuillets   48 Distribution des manuscrits en fonction du pays d’origine et du nombre de feuillets (en nombre et en pourcentage)  Répartition des manuscrits par ordre des livres   52 Répartition des manuscrits selon l’ordre des livres du Nouveau Testament   53 Distribution des manuscrits par ordre des livres et par pays d’origine   54 Corrélation entre la taille et l’ordre des livres bibliques   55 Présence des textes deutérocanoniques selon l’ordre des livres   56 Présence des textes deutérocanoniques selon le pays d’origine des manuscrits   57 Type de titres courants des livres d’Esdras (1E+2E+3E) par pays d’origine   58 Présence des Psaumes selon l’ordre des livres bibliques   59 Présence des Psaumes selon le pays d’origine   59 Présence et emplacement des discontinuités modulaires autour des Psaumes   60 Présence de titres courants dans les Psaumes selon l’ordre des livres bibliques   60 Version du Psautier selon le pays d’origine   62 Division liturgique des Psaumes selon le pays d’origine   63 Présence de la numérotation des Psaumes par pays   64 Type de capitulation par date (au demi-siècle près) et pays d’origine   66 Présence des rubriques du Cantique des cantiques par pays d’origine   67 Types de prologues selon l’ordre des livres bibliques   70 Type de prologues par pays d’origine   70 Répartition des différentes séquences de prologues selon la taille   72 Répartition des différentes séquences de prologues selon la taille et le pays   72 Habillage du texte en fonction de l’origine   73 France : habillage du texte en fonction de l’origine   74 Corrélation entre l’habillage du texte et la taille des manuscrits   74 Type de texte biblique selon l’origine   77 Type de prologues selon le type de texte biblique   78 Type d’ordre des livres selon le type de texte   79 Distribution des manuscrits d’origine française par type de texte et par taille   80 Présence de réintégrations de passages omis selon le type de texte   81 Présence du glossaire des noms hébreux selon le type d’habillage du texte   82 Présence du glossaire des noms hébreux selon l’origine des manuscrits   83 Position du glossaire des noms hébreux par pays d’origine   83 Présence du glossaire selon la taille   84 Présence de textes additionnels   85 Présence de la Table des péricopes selon la taille du manuscrit   86 Distribution des textes additionnels selon le statut du possesseur   87 Présence des textes additionnels selon le statut du possesseur   88 Corrélation entre le niveau de rognage et la taille   90 Corrélation entre la taille et le nombre de feuillets dans les bibles consultées   91 Épaisseur moyenne des feuillets selon la taille et le nombre de feuillets   93 Évaluation du parchemin selon le pays d’origine (valeur moyenne des notes)   94 Évaluation du parchemin selon l’origine – France sans Paris et Paris (valeur moyenne des notes)   94 Évaluation du parchemin selon le pays d’origine et la richesse des initiales (valeur moyenne des notes)   96 Niveau de contraste poil/chair selon le pays d’origine   97 Présence de défauts du parchemin selon la taille   97 Structure majoritaire des cahiers   100

https://doi.org/10.1515/9783110757392-022

 49

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 Liste des tableaux et des graphiques

Tableau 58 Tableau 59 Tableau 60 Tableau 61 Tableau 62 Tableau 63 Tableau 64 Tableau 65 Tableau 66 Tableau 67 Tableau 68 Tableau 69 Tableau 70 Tableau 71 Tableau 72 Tableau 73 Tableau 74 Tableau 75 Tableau 76 Tableau 77 Tableau 78 Tableau 79 Tableau 80 Tableau 81 Tableau 82 Tableau 83 Tableau 84 Tableau 85 Tableau 86 Tableau 87 Tableau 88 Tableau 89 Tableau 90 Tableau 91 Tableau 92 Tableau 93 Tableau 94 Tableau 95 Tableau 96 Tableau 97 Tableau 98 Tableau 99 Tableau 100 Tableau 101 Tableau 102 Tableau 103 Tableau 104 Tableau 105 Tableau 106 Tableau 107 Tableau 108 Tableau 109 Tableau 110 Tableau 111 Tableau 112 Tableau 113 Tableau 114 Tableau 115 Tableau 116

Corrélation entre la structure des cahiers et l’épaisseur du parchemin   102 Corrélation entre la structure des cahiers et le nombre de feuillets   102 Nombre moyen de feuillets selon la structure des cahiers et la taille   102 Corrélation entre la structure des cahiers et la taille   103 Taille moyenne selon la structure des cahiers et le nombre de feuillets   104 Pourcentage de manuscrits en sénions selon la taille et le nombre de feuillets   104 Pourcentage de manuscrits en duodénions selon la taille et le nombre de feuillets   104 Structure des cahiers selon le pays d’origine   106 Bibles d’origine française : structure des cahiers selon la taille   107 Bibles d’origine anglaise : structure des cahiers selon la taille   107 Bibles d’origine italienne : structure des cahiers selon la taille   108 Nombre de discontinuités modulaires par manuscrit selon l’origine   110 Présence des discontinuités modulaires selon le pays d’origine   111 Présence des marques de succession selon le rognage    113 Présence de réclames selon la taille   114 Présence de réclames selon l’origine   114 Position de réclames selon l’origine   115 Présence de marques de succession des cahiers   116 Présence des signatures par bifeuillets selon l’origine   116  117 Présence des signatures par bifeuillets selon la structure des cahiers  Typologie des signatures par bifeuillets selon la structure des cahiers   117 Présence des signatures par bifeuillets selon la présence d’autres marques   118 Technique de réglure selon l’origine   120 Proportion moyenne selon la taille à Paris et en France sans Paris   123 Disposition du glossaire selon la taille   125 Disposition du glossaire selon le pays d’origine   126 Nombre de lignes du glossaire selon sa disposition   126 Nombre de lignes du glossaire selon le pays d’origine   126 Corrélation entre le type de justification et la taille   129 Type de justification selon le pays d’origine et la taille   129 Type de justification selon la taille et le pays d’origine   129 Schémas de réglure selon les dimensions   130 Schémas de réglure selon le pays d’origine   130 Schémas de réglure selon la taille dans les manuscrits d’origine parisienne   131 Présence de lignes marginales verticales selon les dimensions   132 Présence de lignes marginales verticales selon l’origine et la position des numéros de chapitre   133 Présence des lignes pour les titres courants selon la taille   133 Présence des lignes pour les titres courants selon l’origine   133 Complexité de la réglure selon l’origine   134 Corrélation entre la présence de lignes marginales verticales et la blancheur du parchemin dans les manuscrits d’origine française    134 Proportion moyenne du cadre d’écriture et du feuillet selon la taille et l’origine   136 Coefficient de remplissage selon la taille et l’origine   140 Coefficient de remplissage selon le nombre de feuillets et l’origine   140 Position de la première ligne d’écriture selon l’habillage du texte   142 Nombre moyen de lignes écrites et dispersion selon la taille et l’origine   144 Corrélation entre la taille, le nombre moyen de lignes et la hauteur moyenne du cadre   144 Nombre moyen de lignes écrites selon le nombre de feuillets et la taille   144 Nombre moyen de lignes et de feuillets selon la taille et l’origine   145 Nombre moyen de lignes et unité de réglure selon le nombre de feuillets et la taille   146 Unité de réglure moyenne (en mm) et nombre de feuillets moyen selon la taille et l’origine   146 Nombre moyen de signes graphiques au dm2 selon le nombre de feuillets et la taille   147 Nombre moyen de signes graphiques par dm2 selon la taille et l’origine   149 Nombre moyen de signes graphiques par dm2 selon la taille et le nombre de feuillets : France – Italie   149 Nombre moyen de signes graphiques par dm2 selon la richesse du manuscrit et l‘origine   150 Nombre moyen de signes graphiques par page selon la taille et le nombre de feuillets   150 Nombre moyen de signes graphiques par page selon la taille et l’origine   151 Nombre moyen de lignes du livre de Job selon la taille et l’origine    151 Nombre moyen de signes graphiques contenus dans une ligne selon la taille et l‘origine   152 Nombre moyen de signes graphiques du livre de Job selon la taille et l’origine   152

Liste des tableaux et des graphiques 

Tableau 117 Tableau 118 Tableau 119 Tableau 120 Tableau 121 Tableau 122 Tableau 123 Tableau 124 Tableau 125 Tableau 126 Tableau 127 Tableau 128 Tableau 129 Tableau 130 Tableau 131 Tableau 132 Tableau 133 Tableau 134 Tableau 135 Tableau 136 Tableau 137 Tableau 138 Tableau 139 Tableau 140 Tableau 141 Tableau 142 Tableau 143 Tableau 144 Tableau 145 Tableau 146 Tableau 147 Tableau 148 Tableau 149 Tableau 150 Tableau 151 Tableau 152 Tableau 153 Tableau 154 Tableau 155

 313

Tableau 156 Tableau 157 Tableau 158 Tableau 159 Tableau 160 Tableau 161 Tableau 162 Tableau 163 Tableau 164 Tableau 165 Tableau 166

Distribution des manuscrits selon la taille et l’origine   153 Distribution des manuscrits selon le nombre de feuillets et l’origine   154 Nombre moyen de feuillets selon la taille et l’origine   154 Écart entre le nombre moyen de feuillets en Italie et en Angleterre par rapport à la production française   154 Bibles à longues lignes selon la taille et l’origine   157 Exploitation de la page selon la taille et l’origine   159 Production parisienne et française : exploitation de la page selon la taille   160 Variantes graphiques de la lettre d selon le pays d’origine   163 Variantes graphiques de la lettre s en fin de mot ou de ligne selon le pays d’origine   163 Variantes graphiques de la lettre a selon le pays d’origine   163 Présence d’apex sur les lettres i selon le pays d’origine   164 Variantes graphiques de l’abreviation pour et selon le pays d’origine   164 Couleur de l’encre selon l’origine des manuscrits   165 Estimation du nombre de mains repérables dans le texte de la Bible selon l’origine des manuscrits   165 Main ayant copié les Interprétations des noms hébreux selon l’origine des manuscrits   165 Bibles d’origine parisienne : distribution par atelier d’enluminure et par taille   169 Typologie des initiales des livres et des prologues selon le pays d’origine   173 Typologie des initiales des livres et des prologues à Paris et en France sans Paris   174 Bibles d’origine française : typologie des initiales selon la blancheur du parchemin   175  176 Manuscrits d’origine française : typologie des initiales selon les dimensions  Manuscrits d’origine française : typologie des initiales selon l’habillage du texte   176 Manuscrits d’origine italienne : typologie des initiales selon les dimensions   177 Manuscrits d’origine anglaise : typologie des initiales selon les dimensions   177 Typologie de l’initiale du premier prologue selon le pays d’origine   178 Typologie de l’initiale de la Genèse selon la taille   178 Typologie de l’initiale de la Genèse selon le pays d’origine   178 Typologie de l’initiale de l’évangile de Matthieu selon le pays d’origine   179 Présence de l’or dans l’apparat décoratif selon le pays d’origine   179 Présence de l’or dans l’apparat décoratif selon la taille   180 Typologie des initiales des chapitres selon le pays d’origine   181 Typologie des initiales des versets selon le pays d’origine   181 Position des titres rubriqués selon le pays d’origine   182 Typologie de l’incipit des livres selon le pays d’origine   182 Typologie de l’incipit des livres selon l’habillage du texte   183 Disposition du début des chapitres selon le pays d’origine   184 Disposition du début des chapitres selon l‘habillage du texte   184 Disposition du début des chapitres selon la taille   185 Alternance de couleur du premier chiffre dans les séries de numéros de chapitres selon le pays d’origine   186 Manuscrits d’origine française : alternance de couleur du premier chiffre dans les séries de numéros de chapitres selon la taille   186 Typologie des titres courants selon l’habillage du texte   187 Couleur du premier chiffre dans les séries de numéros de chapitres   187 Distribution des preuves de possession par date et statut du possesseur   195 Statut du possesseur selon le lieu de possession   198 Lieu d’origine des bibles selon leur lieu de possession médiévale    198 Distribution par taille et origine des manuscrits utilisés par des frères mendiants   201 Distribution par niveau de décoration et par taille des manuscrits utilisés par des frères   201 Présence de marginalia selon la richesse des initiales   203 Présence de marginalia selon les dimensions   203 Distribution par origine des bibles conservées dans chaque pays   205 Distribution par lieu de conservation des bibles produites dans chaque pays   206

Graphique 1 Graphique 2 Graphique 3 Graphique 4 Graphique 5 Graphique 6 Graphique 7

Évolution chronologique de la production de bibles portatives par demi-siècle   35 Chronologie de la production par pays (en % de la production de chaque pays)   41 Évolution de la taille moyenne des bibles complètes en un seul volume recensées   42 Répartition des bibles complètes du XIIIe siècle selon leur taille   42 Distribution des manuscrits par taille et pays d’origine   44 Distribution des manuscrits en fonction du pays d’origine et du nombre de feuillets   49 Distribution des manuscrits selon la proportion des feuillets   122

314 

 Liste des tableaux et des graphiques

Graphique 8 Graphique 9 Graphique 10 Graphique 11 Graphique 12 Graphique 13 Graphique 14

Distribution des manuscrits selon la proportion des feuillets en pourcentage de chaque pays   123 Distribution des manuscrits consultés selon la proportion du cadre d’écriture et du feuillet   135 Distribution du coefficient de remplissage   138 Coefficient de remplissage selon la taille et l’origine   139 Distribution des manuscrits selon le nombre de lignes écrites   143 Distribution des manuscrits (en %) selon le nombre de lignes et l’origine   143 Lieu actuel de conservation des manuscrits recensés   204

Liste des illustrations 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22

Città del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana, Ottob. lat. 532, f. 10r, 154×109 mm   309 Città del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana, Ross. 129, f. 211r, 186×128 mm   310 Città del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana, Ross. 315, f. 319v, 175×126 mm   311 Città del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana, Vat. lat. 31, f. 362v, 240×172 mm   312 Dole, Bibliothèque municipale, 15, p. 6–7, 162×108 mm   313 Dole, Bibliothèque municipale, 15, p. 331, 162×108 mm   314 Eton, Eton College, 26, f. 137r, 337×233 mm Reproduced by permission of the Provost and Fellows of Eton College  Paris, Bibliothèque Mazarine, 37, f. 117v, 310×212 mm   316 Paris, Bibliothèque nationale de France, lat. 163, f. 213r, 181×121 mm   317 Paris, Bibliothèque nationale de France, lat. 163, f. 265v, 181×121 mm   318 Paris, Bibliothèque nationale de France, lat. 170, f. 273r, 190×135 mm   319 Paris, Bibliothèque nationale de France, lat. 201, f. 1r, 196×134 mm   320 Paris, Bibliothèque nationale de France, lat. 219, f. 6r, 113×80 mm   321 Paris, Bibliothèque nationale de France, lat. 248/2, f. 233v, 188×129 mm   322 Paris, Bibliothèque nationale de France, lat. 341, f. 36v, 180×115 mm   323 Paris, Bibliothèque nationale de France, lat. 10426, f. 300v, 152×99 mm   324 Paris, Bibliothèque nationale de France, lat. 10426, f. 596v, 152×99 mm   325 Paris, Bibliothèque nationale de France, lat. 10428, f. 269r, 230×160 mm   326 Paris, Bibliothèque nationale de France, lat. 10428, f. 362r, 230×160 mm   327 Paris, Bibliothèque nationale de France, lat. 15475, f. 150v, 269×181 mm   328 Paris, Bibliothèque nationale de France, lat. 16267, f. 4v–5r, 162×115 mm   329 Paris, Bibliothèque nationale de France, NAL 3233, f. 289r, 194×137 mm   330

https://doi.org/10.1515/9783110757392-023

 315

Illustrations

1 Città del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana, Ottob. lat. 532, f. 10r, 154×109 mm (Viterbo, 1250). Taille réelle (approx.).

https://doi.org/10.1515/9783110757392-024

318 

 Illustrations

2 Città del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana, Ross. 129, f. 211r, 186×128 mm (Italie du Nord-Est, milieu XIIIe s.). Taille réelle (approx.).

Illustrations 

3 Città del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana, Ross. 315, f. 319v, 175×126 mm (Italie, XIIIe s.). Taille réelle (approx.).

 319

320 

 Illustrations

4 Città del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana, Vat. lat. 31, f. 362v, 240×172 mm (Italie du Nord-Est, 2e m. XIIIe s.). Réduit à 9/10.

Illustrations 

5 Dole, Bibliothèque municipale, 15, p. 6–7, 162×108 mm ([Paris], 1234). Taille réelle (approx.).

 321

322 

 Illustrations

6 Dole, Bibliothèque municipale, 15, p. 331, 162×108 mm ([Paris], 1234). Taille réelle (approx.).

Illustrations 

7 Eton, Eton College, 26, f. 137r, 337×233 mm (Angleterre, 4e quart XIIe s.). Reproduced by permission of the Provost and Fellows of Eton College. Réduit à 6/10.

 323

324 

 Illustrations

8 Paris, Bibliothèque Mazarine, 37, f. 117v, 310×212 mm ([Paris], 2e m. XIIIe s. – exemplar). Réduit à 7/10.

Illustrations 

9 Paris, Bibliothèque nationale de France, lat. 163, f. 213r, 181×121 mm (Angleterre, milieu XIIIe s.). Taille réelle (approx.).

 325

326 

 Illustrations

10 Paris, Bibliothèque nationale de France, lat. 163, f. 265v, 181×121 mm (Angleterre, milieu XIIIe s.). Taille réelle (approx.).

Illustrations 

11 Paris, Bibliothèque nationale de France, lat. 170, f. 273r, 190×135 mm (Angleterre, 2e quart XIIIe s.). Taille réelle (approx.).

 327

328 

 Illustrations

12 Paris, Bibliothèque nationale de France, lat. 201, f. 1r, 196×134 mm (Castille, 4e quart XIIIe s.). Taille réelle (approx.).

Illustrations 

13 Paris, Bibliothèque nationale de France, lat. 219, f. 6r, 113×80 mm (Angleterre, XIIIe s.). Taille réelle (approx.).

 329

330 

 Illustrations

14 Paris, Bibliothèque nationale de France, lat. 248/2, f. 233v, 188×129 mm ([Paris], 1er quart XIVe s.). Taille réelle (approx.).

Illustrations 

15 Paris, Bibliothèque nationale de France, lat. 341, f. 36v, 180×115 mm (Italie du Nord, 1er quart XIIIe s. - Nouveau Testament). Taille réelle (approx.).

 331

332 

 Illustrations

16 Paris, Bibliothèque nationale de France, lat. 10426, f. 300v, 152×99 mm ([Paris], 3e quart XIIIe s.). Taille réelle (approx.).

Illustrations 

17 Paris, Bibliothèque nationale de France, lat. 10426, f. 596v, 152×99 mm ([Paris], 3e quart XIIIe s.). Taille réelle (approx.).

 333

334 

 Illustrations

18 Paris, Bibliothèque nationale de France, lat. 10428, f. 269r, 230×160 mm ([Naples], 3e quart XIIIe s.). Réduit à 9,5/10.

Illustrations 

19 Paris, Bibliothèque nationale de France, lat. 10428, f. 362r, 230×160 mm ([Naples], 3e quart XIIIe s.). Réduit à 9,5/10.

 335

336 

 Illustrations

20 Paris, Bibliothèque nationale de France, lat. 15475, f. 150v, 269×181 mm ([Paris], 1er quart XIIIe s.). Réduit à 8/10.

Illustrations 

21 Paris, Bibliothèque nationale de France, lat. 16267, f. 4v–5r, 162×115 mm ([Paris], 1e m. XIIIe s.). Taille réelle (approx.).

 337

338 

 Illustrations

22 Paris, Bibliothèque nationale de France, NAL 3233, f. 289r, 194×137 mm (Italie du Nord-Est, 3e quart XIII s.). Taille réelle (approx.).