Les Dionysiaques 1  Chants I-II

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NONNOS DE PANOPOLIS LES DIONYSIAQUES ΤΟΜΕ

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ete tire de cet ouvrage exemplaires sur papier pur fil Lafuma numerotes de 1 α 100 ΙΖ

COLLEOTION DES UNIVERSITES DE FRANOE

Pub/iee

JOUJ

/e patronage de i'ASSOCIAYION GUILLAUME BUD.Jj

NONNOS DE PANOPOLIS LES DIONYSIAQUES ΤΟΜΕ

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CHANTS Ι - 11 ΤΕΧΤΕ ETABLI ΕΤ TRADUiτ PAR

FRANCIS

VIAN

Professeur a l'Universite de Paris-X Ouurage pu blie auec le concours du Cenlre Nalional de la Recherche Scienlifique

PARIS

SOCIET E D ' ED iτiON • LES BELLES LETTRES

95,

BOULEV ARD RASPAIL

1976



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Conformement αuχ stαtuts de l'Associαtion Guillαume Bude, ce volume α ete soumis α l'αpprobαtion de lα commission technique qui α chαrge Μ. Pierre Chuvin d'en fαire lα revision et d' en surveiller lα correction en collαborαtion ανec Μ. Frαncis Viαn.





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" La Loi du 11 Mars 1957 n'autoήsant, aux termes des alineas 2 et 3 de l'article 41, d'une part, que les c copies ou reproductions strictement reservees a l'usage prive du copiste et non destinees a une utilisation collective • et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, c toute representation ou reproduction integrale, ou partielle, faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants-droit ou ayants-cause, est illicite • (alinea 1er de l'Article 40). c Cette representation ou reproduction, par quelque procede que ce soit, constituerait donc une contrefa�on sanctionnee par les Articles 425 et suivants du Code Penal "·

@ Societe d'edition

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LES BELLES LEΠRES

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Paris, 1976

Α VΑΝ Τ-ΡROPOS

L'edilion αvec lrαduclion el commenlαire des quαrαnle­ huil chαnls des Dionysiaques ne peul elre qu'un lrαvαil d'equipe. Enlreprise α pαrlir de 1966 dαns des seminαires de recherche α l' Universite de Clermonl, puis α celle de Pαris-X, elle αboulil αujourd'hui α lα pαrulion de ce lome Ι, qui serα bienlδl suivi d'un second. On peul esperer que, grace αuχ concours qui se sonl d'ores el dejα mαnifestes el α d'αulres ulterieurs, l'enlreprise progresserα jusqu'α son lerme. Je liens α dire mα delle vis-α-vis de mes eludiαnls de Mαllrise qui n'onl pαs hesite α αborder αvec courαge, souvenl αvec enlhousiαsme, un αuleur qui ne leur elαil guere fαmilier, Jeαn-Mαrie Dαrrαud, Pierre Goyon, Mαrie-Pαule Lαfonl, Beαlrice Mercier, Louis Serαnge, Benedicle Thiercy-de Wαilly, A nne-Mαrie Toulouse. Ce lome Ι esl pαrliculieremenl redevαble α Pierre el Philippe Lαdαm, αinsi qu'α Genevieve Vernerey qui, en 1969-1970, onl lrαduil el commente une bonne pαrlie des chαnls Ι el ΙΙ. Α leurs noms je me plαis a αssocier ceux de deux collegues αvec qui je lrαvαille depuis longlemps en elroile collαborαlion. Pierre Chuvin, Mαllre-Assislαnl α l' Uni­ versite de Clermonl, α consαcre αuχ chαnls ΙΙΙ- V une lhese de Troisieme Cycle, soulenue en 1972 devαnl l' Universite de Pαris-X ). cel excellenl lrαvαil, qui υα consliluer, sous une forme αbregee el remαniee, le lome ΙΙ de lα presenle edilion, elαil lermine bien αvαnl que je ne melle lα derniere mαin αu lome Ι: je me suis souvenl inspire des orienlαlions qu' il α donnees α son commenlαire

VIII

AVANT-PROPOS

el je luί suίs, pαr surcroll, reconnαίssαnl de s'elre αcquίtle de sα tache de revίseur αvec efficαcίle el clαίrvoyαnce. Gίsele Chrelίen, Mαllre-Assίslαnt α l' υnίversίte de Ραrίs-Χ, αcheve αcluellemenl l'edίtίon des chαnls ΙΧ el Χ; elle α bίen voulu relίre ces pαges el m'a suggere mαίnles αmelίorαlίons. υne foίs de plus, j' αί plαίsίr α exprίmer mon αmicαle grαlitude αu Professeur Enrίco Livreα; comme pour l'edίtion d'Apollonίos, ίl m'α communique, pendαnl lα correctίon des epreuves, des o bservαfίons sur le chαnt Ι que je me suis efforce de metlre α profil dαns lα mesure οiι [α composίlίon le permettαil encore. Je ne sαurαίs mαnquer enfin de remercίer le Centre Ναtίοnαl de [α Recherche Scienlίfique dont lα subvenlίon α rendu possίble l' ίmpressίon des deux premίers lomes des Dionysiaques. F.

V.

INTRODUCTION

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L' HOMME ΕΤ L'CEUVRE Malgre le silencc du principal manuscrit (L) et de plusieurs cita­ teurs, l 'attribution des Dionysiaques a Nonnos est assuree grace a l 'historien Agathias de Myrina et aux mentions figurant dans deux manuscrits independants de L ( Π , Α). La biographie de Nonnos manque dans la Souda1 et nous en ignorons presque tout. On sait seulement que le poete est ne a Panopolis, l 'actuelle Akhmim, en Haute-Egypte, et qu'il vivait a Alexandrie quand il a compose les Dionysiaques2• Le nom de Nonnos, qui doit etre a l 'origine un sobriquet, est largement repandu d ans l 'empire romain ; mais, si l 'on excepte une attestation isolee a la fin du πe s. ap. J .-C., il ne penetre en Egypte qu'au 1ve siecle. Il semble avoir ete frequent surtout dans les milieux asiatiques ou christia­ nises et l 'on en a deduit que la famille de Nonnos etait Nonnos de Panopolis

1. Nonnos n'est cite comme auteur de la Paraphrase que dans une addition a l'article ν6ννα.L. 2. Outre la mention Ν6ννου (ποL-ητοu) Πα.νοπολ(του qui figure en Π et en Α, cf. Nonnos, Dion., 1 , 1 3 ; 26, 238 ( ou le poete parle de • son » Nil); Anth. ΡαΖ. , 9, 1 98 (cf. p. Lνι); Agathias, Hist. , 4, 23, 5, p. 1 52 Keydell. 2

χ

INTRODUCτiON

c1πetienne ou d'origine asiat.ique1• 11 est certain, en tout cas, que 1 'Egypte tient peu de p1ace dans son reuvre2 : Osiris, 1e >, n'est nomme qu'une fois (4, 269-270) ; lsis n'appara1t que sous 1a denomination d'Ιδ et de Demeter-DM (3, 282 ; 31 , 37-40). En revanche, Nonnos a une predi1ection pour 1es rea1ites et 1a mytho1ogie asiatiques. Parmi 1es nombreu­ ses cites de son temps qu'i1 ce1ebre, i1 reserve une p1ace d'honneur a Tyr et a Berytos qui occupent pres de quatre chants ( ch. 40-43) ; i1 eprouve pour elles une admiration sincere et on peut penser qu' i1 y avait des attaches ou du moins qu' i1 1es avait visitees dans sa j eunesse3• Panopo1is est, aux 1ve et ve siec1es, 1a patrie de p1usieurs hommes illustres, phi1osophes ou poetes, te1s qu'Horapollon 1 'Ancien, Kyros et Pamprepios. Comme 1es autres grandes cites de Haute-Egypte, Thebes et Antaioupolis, elle possede une aristocratie cu1tivee, impregnee d'hellenisme, souvent ardente a defendre 1e paganisme contre 1a propagande chretienne : Pamprepios, qui est sans doute 1e p1us ancien discip1e de Nonnos, a ete 1'ame d'un complot paϊen en 483-484. Un te1 mi1ieu a pu encourager l'e1aboration d'une epopee a la g1oire de Dionysos, bienfaiteur et sauveur de 1 'humanite. Commc ses compatΓiotes, Nonnos a ete attire par A1exandrie et c 'est 1a, 1? Les interferences stylistiques existant entre les deux ceuvres sont d 'un faible secours pour la chronologie. Les expressions a resonance chretienne relevees dans l es Dionysiaqιιes ne sont pas pour la plupart en relation avec l 'Evangile selon Sainl Jean2 et, d'autre part, on n'a aucune raison de cΓoire que le pocte les a employees dans unc intention de polemique anti­ chreti enne3. En sens inverse, la Paraphrase usc parfois d'un vocabulaire paϊen et plus specialement bacchique4 ; mais de semblables confusions de langage apparaissent

1 . Real-Eτιcylι:l. , s. Nonnos (15) , 918, 8-1 1 . Les libertes metriques sont un peu plus frequentes vers la fin de la Paraphrase, ce qui a pu faire croire a un progressif relχθ1Jσά.ν σου ot όφθαλμο[ ; Paraphr., 9, 55 :πώς aε τεαt πpοολ�τες &νω(χθ'ΥjσΙΧν ' [,οπωπα� ; &pυομένου aε προσώπο υ Dion., 25, 284 s. : ο�νωπας pαθά.μ�γγας &νω [χθΎJσΙΧν όπωπα[2• Il est vrai qu'on a tire une conclusion opposee de ce rapprochement. Dans l 'ceuvre paϊenne, l 'aveugle qui va recouvrer la vue grace a la magie du vin n'a que l es yeux fermes, alors que l e miracule du Christ est un aveugl e de naissance : la superiorite du Christ est des lors eclatante. Mais peut-on serieusement sc fonder sur cet argument3, puisque Nonnos ne fait que trans­ crire dans sa Paraphrase la version de l 'Evangile? Ε η l 'absence d 'elements dccisifs, οη ne se I'isquera pas a proposer une chronologic relative des deux ceuvres. Quant au probleme de la conversion ou, eventuellement, de l ' apostasie de Nonnos4, ce n ' est peut-etre qu'un faux dilemme et l 'on se rangcra plutδt 1 . Cf. l'emploi de βα:κχεύω chez Jean de Daιnas, De Hymno trisagio, 6 ; et deja Clem. Alex., Prolr., 12, 120, 2, ou le contexte

justifie, il est vrai, l'emploi volontairement provocant d'un vocabulaire paϊen. 2. Rapprochement signale par Η. Bogner, Gnomon, 7, 1 93 1 , 192. 3. Sic, R. Keydell, dans Real-Encykl. , s. Nonnos ( 1 5), 9 1 9, 20-27. Η. Bogner, Philol. , 89, 1 934, 330, conclut dans le meme sens apres avoir tenu pour assuree l a chronologie inverse dans l'article cite a la note precectente. 4. Le fait ne serait pas isole : cf. R. Remondon, Bu/1. Inst. Franr;. Arch. Or., 5 1 , 1 952, 69.

Ι.'ΗΟΜΜΕ

ΕΤ

L'2• Si le texte est interessant pour connaitre l e milieu dans lequel Nonnos a ete forme, rien ne prouve qu'il se refere specialement a lui3• L'epithete de θε1Jτ6κος que la Paraphrase donne a la Vierge peut etre en relation avec la querelle theologique sur la double nature du Christ qui a oprJose Nestorios a Cyrille d 'Alexandrie. Le synode d'Ephese, en 431 , donnant raison a Cyrille , a reconnu l 'orthodoxie d u terme de θεοτ6κος ; mais, si l 'ση a des raisons pour penser que l a Paraphrase est posterieure a cette date4, des doutes subsistent, car l 'epithete est employee par les auteurs chretiens du 1ve siecle et devait etre en usage dans l 'eglise Misc. Galbiati, 2, 1951, 47-76. Sur la chronologie de Claudien, cf. Α. Cameron, Claιιdian (1970), χν-χνΙ, 452-469. 1. Cette influence est admise pour la Paraphrase par J. Golega, Studien, 98-1 02, et par R. Keydell, dans Real-Encykl. , s. Nonnos ( 15), 919, 1 1 -13. Pour les Dionysiaques, l'hypotl1ese, acceptee par Α. Ludwich (Rhein. Mus., 42, 1887, 233-238), est critiquee par Ρ. Collart, Nonnos ( 1 930), 1 0-12. Q. Cataudella, Studi lt. Fil. Class. , 1 1 , 1934, 15-33, croit que Nonnos a ete imite par Grcgoire, ce qui le conduit a dater 1es Dionysiaques d'avant 390 ; mais ses arguments prouvent seulement quc les deux auteurs ont ete a la meme ecole poetique : cf. R. Keydell, Jahresber. il. die Fortschr. d. klass. Alt.-wiss., 272, 1941, 38. 2. Eunape, Vies de Sophistes, 1 0, 7, 1 1-12 (493). 3. Hypothese d'E. Rohde, Griech. Roman4, 504, η. 2, reprise par Α. Ludwich, Μ. des Dion. ( 1 909), t. 1, p. VIII. Contra, Ρ. FriedHinder, Hermes, 47, 1912, 53-56. 4. J. Go1ega, Studien iί. die Evangeliendichtung des Nonnos (1930), 1 06-1 15 ; V. Stegemann, Astrol. u. Univ.-gesch. ( 1 930), 208 s. ; R. Kcydell, dans Real-Encykl. , s. Nonnos ( 15), 904, 67 ss. ί 91 7-9 18.

L ' HOMME ΕΤ L'CEUVRE

XVII

d'Alexandrie des avant 431 1• D'apres R. Dostaiova, si Nonnos contredit la tradition en presentant Blemys comme un personnage pacifique en 1 7, 385-397, c'est parce qu'il ecrivait apres 451 -452, date de la defaite des Blemyes par Maximin et de la conclusion d'une paix de cent ans2• L'argument est fallacieux : l 'auteur envisage d'ailleurs d'autres hypotheses et les Blemyes ont pu etre idealises parce qu'ils sont aux ve et v1e siecles les allies des paϊens d' E gypte et des habitants de la Thebaϊde en luιte contre le pouvoir central3• L 'epigramme ecrite par Kyros de Panopolis en 441 -442 (Anth. ΡαΖ., 9, 1 36) fournit un terminus post quem plus vraiseωblable pour les Dionysiaques : son incipit α.'ωε πα.τ�ρ μ' έ3ί3αζε se retrouve en Dion., 1 6, 321 , et 20, 372. Plutδt que de supposer une source commune, on peut croire que Nonnos > son compatriote , comme Ρ. FriedHinder l ' a montre dans une discussion approfondie4• Les ν. 1 43 ss. , 1 74 et 395-398 du ch. 41 fournissent un indice concordant, s'ils font allusion, comme le pense R. Dostaiova, au fait que Berytos est devcnue metropole en 449-450, tandis que l es professeurs de son E cole de Droit recevaient le titre de τ�ς ο�κουμέν1Jς a�a&.σκα.λο�5• Si ces deux hypotheses sont exactes, les Dionysiaques auraient ete composees entre 450 et 470, plutδt sans doute vers la fin de cette periode ; en effet, des contem­ porains de Nonnos tels que Kyros (acme cntre 435 et 457) et Proclos (41 0-485) n'ont ete influences ni par son 1 . Ρ. Collart, Nonnos de Panopolis ( 1 930) , 275. 2. R. Dostalova, Listy Filol. , 79, 1 956, 1 74-1 77. 3. Cf. R. Remondon, Bull. Inst. Franι;. Arch. Or. , 51, 1952, 73-76. 4. Ρ. Friedliinder, Hermes, 47, 1 912, 44-49 (le rapprochement remonte a Meineke) . Son point de vue est discute par Μ. String, Untersuch. z. Stil d. Dion. ( 1 966) , 57. Sur Kyros, cf. D . J. Constantelos, Greek Roman and Byz. Stud. , 12, 197 1 , 451 -464. 5. R. Dostalova, Listy Filol. , 80, 1957, 45-46. Sur le tit1·e confere aux juristes de Beyrouth, cf. Ρ. Collinet, Hist. de l' Ec. de Droit de Beyro uth ( 1925) , 44 s., 124-1 30, 1 76-183 ; V. Stegemann, Astrol. u. Univ.-gesch. ( 1930), 191-195; Ρ. Lemerle, Premier hιιmanisme byzantin ( 1971), 85-88. -

χχ

INTRODUCτiON

dej a dans le prelude du ch. 1 . La tradition des trois Dionvsos est d'ailleurs connu e sous des formes diverses1 et celle que rapporte Nonnos a le merite d'une certaine coherence. Bien que le dieu soit ne a Thebes, son domaine de predilection est la terre de Rhea-Cybele en Phrygie. C'est la qu ' il parfait son education et donne naissance 3 la vigne. C'est la que commencent et s'achevent ses tribulations terrestres. C'est la qu ' il rencontre sa prcmiere et sa derniere epouse mortelle : Nicaia la Cybelienne2 lui donne pour fille Telete , l ' Initiation (16, 399-402) ; Aura, elle aussi appelee Cybelienne3, lui enfante Iacchos, le Dionysos mystique et eleusinien, qui sera cleve par sa demi-sreur Telete (48, 870-886)4• Ces deux unions, contrairement aux autres, se produisent dans des circonstances particu­ lieres : Dionysos s'approche des deux Nymphes dans leur sommeil, a leur insu, alors qu'elles sont inconscientes et cnchainees, l 'une ρar l' ivresse, l'autre par de veritables liens. Ces deux viols rappellent, sous une forme plus brutale, l 'histoire de Psyche qui , enfermee dans un palais, regoit pendant la nuit un epoux invisible. Π faut sans doute y reconnaitre le theme de l 'union mystique dans laquelle la femme, completement passive , est fecondee par la divinite. Les episodes de Nicaia et d'Aura semblent donc bien etre coherents entre eux et complementaires. Quoi qu'il en soit, Nonnos a entendu ecrire une epopee a la gloire de Dionysos et il l 'a coulee dans le schema traditionnel de l 'encδmion royal , tel qu ' il est expose 1. Cf. Diod. Sic. , 3, 62-65. - Cic. , De nat. deor., 3, 23, compte cinq Dionysos; cf. Ampelius, 9, 1 1 ; Jean le Lydien, De mens., 4, 38. 2. D ion., 1 5, 380 cod. ; 48, 866. 3. Dion., 1, 28 ; 48, 260. 4. Mystis elle-m�me, la premiere initiatrice de Dionysos, semble avoir recueilli l'enfant divin en Phrygie, le pays de Cybele, d' aprcs 13, 140 s. (tradition differente en 9, 98-100). - On notera que, si les deux autres epouses de Dionysos, Ariadne et Pallene, donnent des enfants a Dionysos, l'auteur laisse ceux-ci volon­ tairement dans l'anonymat.

LΉΟΜ Μ Ε ΕΤ L'CEUV RE

ΧΧΙ

par Menandre I e RI1eteur1. On y retrouve, dans I e meme ordre, I es cinq principaux τόποL έγκωμLαστLΚΟL : la patrie et I es ancetres (ch. 1-6), Ia naissance (ch. 7-8), I 'education (ch. 9- 12), I es hauts faits militaires (ch. 1340) et pacifiques (ch. 40-48)2, Ia mort et Ies honneurs obtenus apres Ia mort, theme represente dans I es Dionysiaques par Ι 'apotheose de Dionysos ( fin du ch. 48) . Seui e, Ia syncrisis, Ia comparaison du roi avec d'autres figures illustres, que Menandre piace en conci usion, a ete transferee a u centre de Ι' epopee (ch. 25)3• Sans doute n'y a-t-ii pas Iieu d'attacher une impor­ tance excessive a ce schema qui manque d'originalite, puisqu'ii se borne en gros a suivre Ι 'ordre chronoiogique. Mais on ne peut nier quc Nonnos s'accorde sur ce point avec Ι 'enseignement des rhcteurs, ce qui n'est pas fait pour surprendre. R. Keydcll, persuade que Nonnos a profondement remanie son pro.iet primitif4, obj ecte la Iongueur excessive des preiiωinaires et Ia muitipiicite des episodes intercaies entre Ia victoire sur I es Indiens et Ι 'apotheose qui devrait en etre Ia recompense immediate5• Ces arguments ne portent pas. Heracies accomplit comme Dionysos de nombreux πάρεργα apres I es Douze Travaux qui Iui ont ete imposes pour acceder au ciel . D'ailleurs, dans Ia prophetie-programme du ch. 7 , Zeus specifie que Dionysos devra aussi Iutter contre Ies Geants ( ν. 98), ce qui se produit au ch. 486• 1 . Menandre le Rheteur, Πε p t έ π L aε L κηκ ών, p. 368-377 Spengel. 2 . La distinction entre ces deux groupes d'exploits n'cst pas toujours respcctee, puisque Dionysos livre plusieurs combats dans les ch. 40-48; cette partie n'en est pas moins constituee avant tout par une promenade triomphalc du dieu a travers le monde. 3. Cf. V. Stegemann, Astrol. u. Univ.-gesch. ( 1 930) , 21 0-22 1 ; Η. Gerstinger, Wien. Stud. , 6 1 -62, 1 943-1 947, 7 1 -87 ; G. d' Ippolito, Studi Nonn. ( 1 964) , 21 -30. Le meme schema sous-tend les prophe­ ties de 7, 73- 1 05 : cf. Stegemann, ο. c., 1 03 s. 4. Cf. ci-dessous p. χχιχ s. 5. R. Keydell, Gnomon, 38, 1 966, 25-29. 6. Cf. encore 25, 87-97, 205-2 1 0, 245, 258.

XXII

INTRODUCτiON

On notera surtout que lΈ�pisode de Tyr, qui suit imme­ diatemen�. la victoire sur Deriade, equivaut a une premiere apotlιeose : en eΠet Dionysos , admis a la table du dieu primordial , Heracles Astrochitδn, y consomme pour la premiere fois, a la place du vin des mortels, le nectar et l 'ambroisie (40, 41 1-422) .

Α l 'interieur du schema tres souple de l 'encomion la matiere , . ' du poeme s'orgaωse avec une grande liberte , mais sans arbitraire. Il faut se garder de rechercher des eΠets de symetrie ou des equilibres numeriques trop rigoureιιx : de tels principes de compo­ sition iraient a l 'encontre meme de l'art poetiqu e de Nonnos. C'est ainsi que , selon Ρ. Collart, les episodes des ch. 33-48 se succederaient presque tous dans l 'ordre inverse de ceux qui occupent les ch. 1 - 1 91. Mais cette hyμothetiqne > aboutit a briser des ensembles coherents (la guerre des lndes s'etend du ch. 1 3 au cl1. 40) et a etablir des correspon­ dances factices (par exemple entre l es enfances de Dionysos, ch. 9-1 0, et la fin de la guerre des lndes, ch. 39-40) ; elle ne tient meme pas compte du ch . 25 qui est le pivot central de la composition, de l'aveu du poete. Les tentatives faites pour repartir l es quarante-huit chants en octades2 ou selon un systeme complexe de pentades et de dodecades3 ne sont pas plus satisfaisantes. On ne peut cependant accorder a R. Keydell que l 'epopee est une simple juxtaposition d 'elements independants, sans autre relation entre enx que des cffets formels d'antithese4• Les pnncφes Strucfure et contenu du poeme

1 . Ρ. Collart, Nonnos ( 1 930), 59. '2. L. Ρ. Chamberlayne, Studies in Plιilol., 1 3 , 1 9 1 6, 43-45 ; cf. G. d'Ippolito, Studi Nonn. ( 1 964), 58-68. 3. V. Stegemann, Astrol. u. Univ.-gesch. ( 1 930), '2'26-'2'29, propose la repartition suivante des chants : 5+1+5 111+1 '2 +1+1'2+1 115+5. Ces chiffres auraient selon lui une signification

astrologique. 4. R. Keydell, dans Real-Encykl., s. Nonnos ( 1 5), 909, 67 a.

9 1 0, 30.

L ' HOMME

ΕΤ

L' dionysiaqu e. Les cinq premi ers ont trait a la famille mortelle du dieu : Cadmos, son mariage avec Harιηonie - recompense du concours apporte a Zeus pour restaurer l 'harmonie universelle -, la destinee de sa progeniture, a l ' exclusion de Semele. Le cl1. 6, par un retour en arriere chronologique, ramene le lecteur a l 'epoque des τitans : il chante Zagreus: le fils de Zeus et de Perse­ phone, prcmicr Dionysos dont le fils de Semele scra la reincarnation. La naissance et l 'adolescence du nouveau dieu occupent les six chants suivants : deux pour l ' union de Zeus et de Semele, deux pour les enfances de Dionysos, deux pour le drame d'Ampelos, l'eromene du dieu , dont la fin prematuree est a l 'origine de la vigne et du vin1. La guerre des lndes s'etend du ch. 13 au ch. 40 : le recit, interrompu par le ch. 25, se repartit en deux groupes de chants correspondant a la premiere et a la derniere annee de la guene. I.es ch. 13-24 conduisent Dionysos depuis la Phrygie, ou a lieu le rassemblement de ses troupes, j usqu'aux abords de la ville de Deriade, le roi des lndiens. Les ch. 1 8-19, an ccntre de cet ensemble, marquent dans l ' action une pause, occupee par la recep ιion pacifique chez Staphylos et les j eux funebres qui l ui font suite. Les cinq chants precedcnts se deroulent en Asie Mineure et s'achevent par la mort d' Orontes qui donne son nom au ίleuve situe en Syrie du nord : ils comportent le recensement des troupes de Dionysos ( 1 3,1 a 14, 268) et les combats contre les > qui gouvernent l 'Asie Mineure pour le cωnpte de Deriade ( 1 4, 269 a 17, 397) ; ces derniers sont interrompus par plusieurs i ntermedes, notamment 1 . LΊ�pisode d'Ampelos commence, il est vrai, au ch. 10 (ν. 1 75) dont il occupe une grande ρartie; les ch. 1 1-1'2 n'ont trait qu'a Ia mort d'AmpCios et :'ι ses consbquences.

XXlV

I NTRODUCτJON

par Ies amours de Dionysos et de Nicaia (1 5, 1 69 a 1 6, 405) . Apres son sej our chez Staphyios en Assyrie , Dionysos poursuit s a marche pendant cinq autres chants : ii est d'abord arrete par Lycurgue en Arabie (ch. 20-21 ) ; puis ii atteint Ies Indes et Iivre contre Ies troupes de Deriade sa premiere bataille qui aboutit au franchissement et a Ia soumission de Ι 'Hydaspe (ch. 22-24). On arrive ainsi au ch. 25, charniere centraie des Dionysiaques. Α Ia fin du ch. 24, Ie poete s'est arrete au moment ou Dionysos prend pied sur Ies terres de Deriade : Ia bataille pour Ι ' Hydaspe correspond, dans Ie cycie troyen, au debarquement en Troade conte vers Ia fin des Cl1anls Cypriens. Le ch. 26 transporte Ie Iecteur au debut de Ia derniere annee de guerre , de meme qne Ι' Iliade reprend Ies eνenements a Ia dixieme annee du siege de Troie. Un cataiogue des armees de Deriade ouvre cette partie. Sa piace a sembie illogique, puisque I es adversaires sont dej a aux prises depuis six ans1 ; mais Ies Cataiogues du ch. 2 de I' Iliade pretent I e flanc a Ia meme critique et Nonnos ne fait, de son propre aveu, que suivre I 'exempie d'Homere (25, 8-1 0) . L a fin de I a guerre s'etend sur quinze chants repartis en trois groupes de cinq chants. Les ch. 26-30 couvrent trois j ournees : iis racontent un premier engagement qui, a travers de nombreuses peripeties, se conciut sur une νictoire du dieu. Les ch. 31 -35 ont pour objet de retarder I e denouement : Dionysos est frappe de foiie et son armee, privee de chef, eprouve des revers2. Cette partie comporte deux actions paralleies qui se contrarient : Hcra renouvelle Ia ruse homerique de Ι'ά.πά.τη Δ�6ς pour venir en aide aux Indiens (ch. 31 1 . Cf. R. Keydell, Hermes, 62, 1927, 393-396 ; Ant. Class. , Ι , 1 932, 183 ; et, avec de notables differences, Ρ. Collart, Nonnos ( 1 930), 1 1 1-1 18, 1 68 s. 2. Malgre R. Keydell, Hermes, 62, 1 927, 4 19-423, nous ne croyons pas que le theme de la folie commence avant Ie ch. 31 : cf. ci-dessous p. xxxrii ( et η. Ι ) .

L'HOMME ΕΤ L'illU VRE

χχν

32) ; mais Aphrodite, favorable a Dionysos, repond par une contre-manreuvre ; elle trouble l es sens de Morrheus, le gendre de Deriade, et le rend amoureux de la Bassaride Chalcomede (ch. 33-35) . Cette l ongue peripetie s'aclιeve par la dέfaite d'Hera : Zeus la contraint a guerir Dionysos et meme a l ' allaiter - donc a l 'adopter pour son fιls ; desormais elle n'interviendra plus aux cόtes des Indiens. Les cinq chants suivants apportent a Dionysos la victoire definitive. Pour equilibrer les ch. 26-30, le poete a complique l ' intrigue a plaisir : il dedouble le duel decisif entre Deriade et le dieu (36, 291 -390 ; 40, 1-1 00) ; il complete le combat terrestre ( ch. 36 et 40) par une naumachie qui avait ete annoncee des la fin du ch. 21 ( ν. 303-314) ; il prend pretexte d'une treve de trois mois pour introduire deux chants de retardement occupes par de nouveaux jeux funebres (ch. 37) et le l ong epyllion de Phaethon (ch. 38) . Le Retour triomphal de Dionysos remplit toute la fin du poeme depuis 40, 251 . Il se presente comme une suite d'episodes librement relies entre eux ; mais on distingue bien le principe qui preside a l 'enumeration. La premiere etape, celle de Tyr, appartient au meme chant que la mort de Deriade. Elle fait office de transi­ tion ; car, si elle sert de prologue aux Voyages, elle apporte aussi sa conclusion a la guerre des Indes : Dionysos y gofιte pour la premiere fois le nectar et l 'ambroisie, presage de l 'apotheose qu'il a meritee par sa victoire1. Les autres episodes sont distribues dans les huit derniers chants selon un schema dans lequel le poete a visiblement recherche les effets de symetrie. Les histoires de Beroe et de Penthee remplis­ sent a elles seules chacune trois chants ( ch. 4 1 -43, 44-46) , tandis que les deux autres chants reunissent chacun trois episodes, Erigone, Ariadne et Persee au ch. 47, les Geants, Pallene et Aura au ch. 48. D'apres cette analyse sommaire , Nonnos a eu le souci 1 . Cf. ci-dessus p. χχπ.

3

XXVI

INTRODUCTlON

de composer son immense tapisse1·i e. Mais, pour Iui pius que pour touι autre, un poeme evoque I 'image d'une guiriande de fleurs variees dont I es tiges s'entre­ I acent en reseaux compiiques1• La trame Iui importe moins que Ies broderies. Aussi se ga1·de-t-ii de mettre en evidence Ies articuiations de son reuvre2• S'ii fait rarement coϊncider Ia fin d'un episode avec Ia fin d 'un chant, ce n'est pas parce que Ia division en chants serait due a un decoupage arbitraire imagine apres coup3 : ces enjambements sont vouius comme ceux qui reiient entre elles Ies triades de Ι 'ode pindarique. Nonnos compte Pindare parmi ses maitres, apres Homere (25, 8, 20-2 1 ) , et, de fait, certaines de ses transitions ont une brusquerie typiquement pindarique4• Le foisonneωent des scenes et episodes simiiaires donne au Iecteur Ι 'impression de fastidieuses redites : Typhee, Aipos et Ies Geants de Pallene sont des monstres anaiogues ; Ι 'aventure d' Aura ressembie a celle de Nicaia ; dans Ia guerre des Indes, Dionysos fuit deux fois, devant Lycurgue et sous Ι' effet de Ia foiie envoyee par Hera ; dans Ies deux cas, Ia situation est retabiie par Ι 'intervention d'une B assaride, Ambrosia ou Chaico­ mede. On pourrait n1ultipiier Ies exempies. Π est certain que Nonnos est d'u:ι::ι e intarissabie proiixite : il aime se repeter en variant Ι' expression. Le procede ne Ι ui est 1 . Une expression du type μέλος (μολπf]ν, \Sμνον, θpΎjνον, &ο�οήν) πλέκε�ν est employee dix-neuf fo is dans le poeme ; cf. aussi κεράσω μέλος (25, 1 1 ) . 2. L'exception la plus remarquable est le ch. 25 qui est presque entierement hors de l'action. Cependant celle-ci interνient, a titre de transition, entre la syncrisis et l'ecphrasis (25, 27 1 -387), puis dans les derniers νers (25, 563-572) . 3. Cf. R. Keydell, Ant. Class., 1 , 1 932, 1 82. D'apres ce saνant, les ν. 1 -2 auraient ete ajoutes au debut du ch. 12 au moment du decoupage du poeme. Mais, s'il en etait ainsi, pourquoi le Bearbeiter qui est ici Nonnos lui-meme Ι aurait-il fabrique deux νers qui ne seraient pas en situation ? En realite, le ν. 3 marque une reprise du recit et, en meme temps, un retour en arriere a pres les νers d 'introduction. 4. Cf. par exemple la transition par δθεν en 1, 1 38. L'ecphrasis du bouclier est egalement introduite par une relatiνe (25, 387). -

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LΉΟΜ Μ Ε ΕΤ L'CEUVRE

XXVI I

d'ailleurs pas particulier, meme s'il en use avec une excessive complaisance : on le retrouve chez Quintus de Smyrne et il correspond dans 1 Έ�popee tardive au procede des > caracteristique de la poesie homerique. M ais ces repetitions n'excluent pas une certaine progression. Nous prendrons un seul exemple. Dans l es deux premieres batailles livrees par Dionysos , l a decision est obtenue grace a des sortileges, pacifiques d'abord, meurtriers ensuite : pres du lac Astacide, l es Indiens sont enivres par l ' eau changee en vin {14, 4 1 1 a 1 5, 1 68)1 ; pendant le second engagement, les troupes d' Orontes sont vaincues et exterminees grace au pouvoir surnaturel des attributs diony­ siaques qui rompent les armes et tuent par l eur seul contact ( 1 7, 225-356) . Α partir du ch. 22, l es combats prennent une allure plus proprement epique. Le premier est mene par l es allies mortels de Dionysos qui appartiennent au monde heroϊque, Oiagros, Aiacos, Erechthee ( 22, 1 68 a 23, 1 7) ; le second, au contraire, place au premier plan des figures mytlιiques, mortelles ou divines, qui font plus specifiquement partie du cortege bacchique, l es Silenes, l es Cyclopes, les Cory­ bantes, l es Telchines, l es B assarides et l es Cabires (cf. surtout 28, 1 72-330; 29, 193-275; 30, 44-1 04, 1 27-230)2• Dionysos intervient personnellement, mais seulement contre le gros des troupes : ses exploits, rapportes d'une faςon tres generale , ne prennent j amais la dimension d'une authentique aristie ( 22, 1 59-1 67 ; 23, 1 8-51 ; 29, 276-322; 30, 1-1 2, 296-326). C' est seulement dans l es deux dernieres rencontres que se produit l e heurt entre l es deux chefs. Les modes de combat sont soigneusement gradues : le dieu decon­ tenance et paralyse d'abord Deriade par ses metamor­ phoses ( 36, 29 1-390) ; puis ille foudroie en le touchant

1. Le dieu agit alors par compassion pour ses ennemis ( 14, 4 1 1 ) . 2 . Les chefs des contingents � humains » eux-memes, Hymenaios et Aristee, ont d'indeniables affinites dionysiaques (29, 15-192}.

XXVIII

I NTRODUCτiO N

avec son thyrse (40, 61-96)1. Cette derniere scene rappell e I e duei contre Orontes, mais I e dieu sΈ�tait aiors contente de briser Ia cuirasse dc son adversaire ( 1 7, 262-268) . La progression continue qu'on observe a travers Ies peripeties de Ia guerre des Indes se proionge au-deia. Face a Penthee, Dionysos n'a meme pius besoin de combattre : Ie pouvoir de son esprit suffit a causer I a perte d e I ' impie (46, 52-1 15). Contre I es Geants, ii Iui faut reprendre son thyrse et sa torche ; mais, aiors qu 'ii a du I ever une immense armee pour vcnir a bout des Indiens, c'est a Iui seui qu'ii triomphe de ces monstres qui deracinent des montagnes (48, 31-89) 2• Si Ι ' ο η a parfois trop meconnu Ι 'ordonnance des Dionysiaques, ii n'en demeure pas moins que Nonnos s'interesse pius au detaii qu'a I ' ensembie. La geste dionysiaque Iui fournit avant tout un cadre commode pour inserer, seion sa fantaisie, des episodes traites pour eux-memes, des digressions de toute nature - mythoiogiques, asιronomique , > , des descriptions, dcs epigrammes, des hymnes, des morceaux de rhetorique. Lc procede est ancien : ii a ete utilise, en dehors de Ι 'epopee, par Callimaquf' dans ses A ilia et par Ovide dans ses Melamorphoses , entre autres. Des Ia fin du ve siecie, Antimaque d e Coiophon avait sans doute donne I 'exempie dans sa Thebaϊde en vingt-quatre chants3• Pius pres de Nonnos, I es Theogamies heroϊques en soixante livres de Pisandre de Laranda (second quart du 111 e s.) devaient o ffrir 1. Ces deux modes de combat se retrouνent juxtaposes dans le discours de τiresias au ch. 45. Le premier est employe pour terrifier les Tyrrhέniens (45, 1 05-168), l'autre pour tuer Ie geant Alpos (45, 1 72-213). 2. Ι Ι y a egalement un clίmax tres ne t entrc Ies episodes d e Nicaia et d'Aura. Aura s e comporte avec p lus de demesure dans tous ses actes ; apres son accouchement, elle tue l'un dc ses enfants, puis met fin a ses jours, alors que Nicaia dcνient l'auxiliaire de Dionysos. 3. Porphyrion (schol. a Horace, Art poet. , 146) pretendait que les preliminaires occupaient vingt-trois chants Ι Mais cf. a ce sujet Β. Wyss, Antimachi Col. rell. (1935), ν-ιχ.

LΉΟΜΜΕ ΕΤ L' (ch. 31-35) fuι transformee, en cours meme de redac­ tion, au moyen du theme homerique de l ' άπά.τη ΔL6ς. (3) Le combat decisif entre Dionysos et Deriade ( ch. 36 et 40) fut enfin dedouble pour faire place aux diverses insertions etrangeres a l 'action principale qui remplissent l es ch. 37 a 39. Ces deux > des Dionysiaques sont evidem­ ment influencees par les tendances d'une epoque o u l es theories analytiques regnaient sur l es etudes home­ riques. R. Keydell ne vise a rien de moins qu'a recons­ tituer des Ur-Dionysiaka qui seraient plus conformes a la conception traditionnelle, ) de l'epopee. C'est faire trop bon marche de l ' art poetique dc Nonnos. Celui-ci proclame des le prelude son intention de composer un ποLκ(λος δμνος ( 1 , 15) ; cette profession de foi ne fait qu'exprimer l'une des tendances profondes de son temps qu'on retrouve dans la litterature et dans l 'art3• Le roman , avec l equel Nonnos a tant

1 . Le catalogue des armees de Dionysos serait lui-meme remanie ; la rθdaction ancienne aurait ete constituee des p assages suivants : 13, 53-565 ; 14, 203-205, 219-246 ; 13, 566-568. 2. Le miracle de l'eau changee en vin aurait alors ete transfere dans cette partie et le combat pres de l'Hydaspe transforme en μά.χη πα. pα. ποτά.μLος a la mode homerique. 3. Cf. les critiques de Μ. String, Untersuch. z. Stil d. Dion. ( 1966), 51 s., contre la « Nonnos-Analyse &.

LΉΟΜΜΕ ΕΤ L'CEUVRE

XXXI

d ' affinites, aime aussi les intrigues compliquees et les digressions, et, comme chez Nonnos, on a tente , sans doute en vain, de decouvrir des interpolations et des refontes, par exemple , chez Chariton et Achille Tatios1• Les aventures de Morrheus et de Chalcomede, ού. les scenes galantes se melent aux recits de bataille, relevent de la technique du roman2 • On en dira autant de la fabl e de Calamos et de Carpos qui se greffe sur l 'histoire d'Ampelos : l e roman se plait a ces narrations > et le procede dont use Nonnos n'a rien d'insolite par lui-meme3• Les tentatives faites pour retrouver un premier etat du poeme conduisent a des resultats contestables. Nonnos n'a pu envisager de placer l 'un apres l 'autre les deux catalogues des troupes : le developpement eut ete d'une longueur et d'une monotonie insupportables. La disposition a doptee a l 'avantage de mettre de la variete dans le recit et de menager des effets de symetrie, puisque les catalogues sont places au debut d es deux parties de la guerre. On ne con�oit pas davantage que Dionysos parvienne d' emblee sur le bord de l 'Hydaspe : des aventures intermediaires sont une necessite. Π est vrai que certains passages supposent que le fleuve a ete change en vin comme les eaux du lac Astacide, contrairement a la version retenue dans le recit4 ; mais, au lieu de supposer un remaniement, on croira plutδt que Nonnos s'est laisse influencer par l'une de ses sources, comme il arrive souvent5• 1 . Voir a ce sujet Ies jusιes remarques de Τ. Hagg, Narratίve Technίque ίn A nc. Gr. Romances ( 1 97 1 ) , 1 5 s. 2. On retrouve Ie meme melange au ch. 1 ou l'aventure

d 'Europe se deroule paisiblement au milieu des cataclysmes dechalnes par TypMe. 3. Cf. Q. Cataudella, Atene e Roma, 38, 1 936, 1 77, 1 81 ; Η. Gerstinger, Wίen. Stud., 6 1 -62, 1 943-1 947, 85 s. 4. 22, 80 s. ; 25, 277-280; 27, 1 76- 1 8 1 ; 29, 29 1 s. ; 35, 356 ; 40, 238. Cf. R. Keydell, Hermes, 62, 1 927, 402 s. ; Ρ. Collart, Nonnos, 1 53, 1 66, 1 7 1 - 1 73. 5 . Cette hypothese rend mieux compte de certaines contra­

dictions : Ia metamorphose des eaux de Ι Ήydaspe est tantόt rapportee a la μάχη πα:ρα:π�τάμLος (passages cites des Ch. 22,

XXXII

INTRODUCτiON

La mise en cause du ch. 25 se fonde sur des incohe­ rences concernant la chronologie de la guerre des Indes1 : les ν. 271-280 paraissent en e ffet se rapporter a la situation decrite en 24, 1 76-218, apres la premiere defaite des Indiens, alors que Nonnos aνertit en 25, 6-8, qu' il νa raconter la septieme annee de la guerre en omettant les six premieres que les Indiens ont νecues bloques dans leurs remparts. Peut-on en conclure que le debut du ch. 25 est adνentice ? Ce serait oιιblier qu'�ζετο et άμβολίη πολέμοιο aux ν. 272 s. supposent une longue periode d'inaction : les termes νisent la treνe de trois cents j ours consecutiνe a l 'un des enga­ gements qui eurent lieu au cours des six annees de siege (25, 300-310, 340-350)2• En realite , Nonnos a commis une seule inexactitude chronologique : les eνenements du ch. 38 sont dates du debut de la septieme annee (38, 1 5) comme ceux qui commencent au ch. 25, bien qu' ils en soient separes par plusieurs j ournees de batailles et une treνc de trois mois (36, 476-480) 3• L'inadνertance est aussi excusable que celle qu'on a releνee, a tort ou a raison , dans l ' Iliade entre Β 1 34 et Β 295, 328 s. L'άπάτ'Υ) Δι6ς est indispensable au denouement de la Folie de Dionysos. R. Keydell en conνient lui-meme, puisqu'il admet que l 'insertion s'est produite en cours de 25, 29}, tantδt presentee comme une eventualite liee a la victoire definitive de Dionysos (passages cites des ch. 27, 35, 40). 1. Cf. Keydell, l. c. , 408 ; Collart, ο. c., 1 66 s., 213. 2. Comme il est frequent, Nonnos manque de rigueur et ne se preoccupe ni d'exactitude ni de logique : νεοφθψένων (25, 274) designe des morts tues il y a plus de trois cents j ours. Deriade a ete informe aussitδt de la premiere defaite de son armee (24, 143-1 78) ; Ί)ο-η γcΧρ κλύε πάντα (25, 278) doit donc se referer a d'autres evenements, sans doute aux miracles qui se produisent sur 1es bords de l' Hydaspe (25, 281-299) . 3 . Selon Collart, ο . c., 1 67 s., 213, la treve aurait dure six ans (!) d'apres 38, 14, alors qu'elle est de trois mois en 36, 476-480. Mais έξαέτηρος n'est pas une apposition valant complement de temps ; il a valeur d'epithete : Βακχ�cΧς έξαέτηρος . . . βοε(-η designe le bouclier bacchique vieux de six ans, puisque Ia guerre a deja dure six ans ; cf. 25, 3 φύλοπ�ν έπταέτηρον.

LΉΟΜΜΕ ΕΤ L'CEUVRE

XXXIII

redaction ; en outre, le passage sur lequel il fonde sa these du remaniement (3 1 , 1-3) n'a pas de rapport avec la folie de Dionysos, mais avec la frenesie guerriere qu'Athena a insuffiee au dieu (cf. 30, 302, 307 θuρσομα.ν�ς ΔL6νuσος)1. Le troisieme acte de la seconde partie de la guerre comporte, on l e sait, de nombreuses peripeties et digressions destinees a retarder la defaite de Deriade et a equilibrer cet acte avec les deux precedents. Ces divagations ont ete introduites avec beaucoup de desinvolture, ce qui ne surprend pas. Le poete , en tout cas, a eu l ' intention deliberee de les inserer dans son plan : les diverses annonces de la naumachie (13, 5 ; 21 , 306-314 ; 36, 399-475) le prouvent, meme si elles ont ete aj outees apres coup2• Rien ne permet de croire que des Ur-Dίonysiaka comportaient un seul duel entre Dionysos et Deriade. Les modes de combat employes aux ch. 36 et 40 sont exclusifs l 'un de l 'autre3, et l 'intention premiere du dieu a ete seulell1ent de vaincre Deriade pour en faire son capιif (35, 353-356) , quitte a l e chatier ensuite pour son impiete (35, 391 ) . Mais l e roi des lndίens a refuse de faire s a soumission apres sa defaite (36, 386-390) , bien qu'il ait du implorer la clemence du vainqueur (36, 377-381 ) 4 ; aussi Dionysos doit-il se resondre a le tuer sans pitie au cours du second duel, quoiqu'il soit le dieu pacifique par excel-

1 . Cf. les justes objections de Collart, ο. c., 184-186 et la replique de Keydell, Ant. Class., Ι, 1 932, 187. 2. De pareils morceaux destines a preparer des episodes ulterieurs ont du etre introduits assez souvent lors d'une revision du poeme : cf. 5, 302 (et la note a 5, 555) ; autres exemples cites par R. Keydell, dans Real-Encykl. , s. Nonnos ( 1 5), 909, 63-67. Il n'est cependant pas exclu que la naumachie appartienne au plan primitif : Alexandre a combine l'action navale a la conquete par voie de terre. 3. Cf. ci-dessus p. xxYlli, η. 1 . 4 . Ce passage du ch. 36 n'est pas cependant exempt de mala­ dresse : Nonnos neglige d'expliquer pourquoi Dionysos libere Deriade qu'il tient en son pouvoir.

XXXIV

INTRODUCTION

lence, engendre non pour conquerir, mais pour civiliser le monde1• Dans une epopee telle que Nonnos la congoit, on ne saurait s'etonner du grand nombre des digressions, meme si celles-ci rompent le fil du recit. : essayer de determiner si elles appartiennent a la redaction (( primi­ tive >> ou si elles sont des > est une entreprise difficile et sans grande utilite2• Les vers similaires ou les redites qui encadrent parfois ces excursus sont conformes au procede epique de la (( composition circulaire >> ( Ringkomposifion) : on ne peut guere y voir auj ourd'hui l 'i ndice d'un remaniement3• On se gardera aussi de se fonder sur les contradictions et les obscurites du recit. Le temps et l 'espace n 'ont pour Nonnos aucune existence concrete. Zeus courtise Europe et accessoirement Plouto en plein milieu du combat contre Typhee ( 1 , 46-137, 1 45-149, 321 -362) . Le Taureau et la Couronne d' Ariadne brillent au firma­ ment avant que ne se soient produits l es catasterismes qui les ont mis au nombre des constellations4• La Typho­ nie prend souvent les dimensions d'une bataille cosrnique; Ι . Les massacres de 1a pietaille indienne sont un simp1e poncif epique ; ils n'ont aucune signification « theo1ogique ». Sur 1a misericorde de Dionysos, cf. Ι4, 4 1 1-41 6, et surtout 1a conc1usion de 1a guerre des Indes (40, 234-238). 2. R. Keydell s'est montre p1us circonspect en ce domaine que Ρ. Collart. Dans Ant. Class. , Ι , Ι932, Ι 76-Ι 78, 1 94, il conserve, par exemp1e, 1es digressions sur Dardanos (3, Ι83-221 ), sur 1es inventions de Cadmos et 1a comparaison avec Danaos ( 4, 250b286a), sur 1es enfants de Cadmos (5, 206-562) et sur Erigone (47, Ι-264). L'ectition de Ι959 renonce a son tour a des atMteses d'abord admises : cf. 5, Ι38 s ., 229-279 ; 6, 339-366 ; 9, Ι 6-24 (comparer Ant. Class., Ι 932, Ι 77-Ι 79). 3. Citons les raccords concernant 1'episode de Nicaia ( Ι 5, Ι 32Ι 69 du passage conduirait a supposer une duplicaιion de themes 7. Les ν. 264-270 du ch. 1 1 posent un probleme analogue 8• Citons encore, 1 . Cf. R. Keydell, Hermes, 67, 1927, 430-434 ; Ρ. Collart, Non nos, 223-227. 2. Cf. Keydell, i bid. , 4 1 5 ; Collart, i bid. , 1 77 s. 3. L'explicatioη η'est pourtaηt pas satisfaisaηte : οη ηe I'epare pas uηe omissioη par uηe additioη qui ηe s'adapte pas au texte. 4. Cf. Keydell, ibid. , 414, 423 ; Collart, ibid., 1 75, 202 (η. 2). Voir aussi peut-�tre 22, 39-42, d'apres Keydell, 402 (mais Collart, 150 s., y recoηηait uη passage deplace). 5. Cf. Keydell, Ant. Class., 1 , 1932, 180, η. 10. 6. Cf. l'editioη de Keydell. Sur les νers doubloηs, νoir ci-dessus p. χχχν, η. 7. 7. Les ν. 78-102 repreηdraieηt sous uηe forme differeηte, mais daηs le m�me ordre, les idees des ν. 55-77. L'hypothese se heurte cepeηdaηt a des objectioηs. Sur ce passage, νoir l'apparat critique de Keydell a 8, 61. 8. Cf. Keydell, Ant. Class. , Ι , 1932, 180. Tout le deνeloppemeηt semble commaηde par l'aηaphore d' de Hermann) ; clle est evitee apres le cinquieme temps fort, lorsque le vers comporte une coupe de mots apres le troisienιe ou le quatrieme temps fortl. Le monosyllabe n'est autorise en fin de vers qu'apres une dierese bucolique , sauf quatre exceptions excusees par une imitation d' Homere. D'une maniere generale, les limitations imposees aux coupes de mots favorisent l 'emploi de vocables longs, par exemple, l es mots composcs , lcs verbes a prefixes et les formes medio-passives du parti cipe. Il est frequent qu'un vcrs soit constitue dc quatre ou cinq mots e t la proportion de tels vers est encore plus elevee si l 'on considere que beaucoup de mots-outils, qu'ils soient ou non proclitiques ou enclitiques , sont inseparables, du point de vue de la metrique , des mots sur lesquels ils portent. 3. L' accent d' intensite. Avec le choliambe de B abrios ( π e s. ap. J .-C. ? ) , apparait une versification populaire coupe d'appui : 13, 290 ; 24, 250 ; 34, 1 5 ; 35, 1 1 7 ; 40, 120 ; 47, 625. La presence de noms propres ou d'une anaphore excuse cette irregularite. 1 . Le schema 1 1 '-" � Ι '-"'-" 2.. 1 n'est tolere que si les deux mots s ont fortement unis par le sens.

LΉΟΜΜΕ ΕΤ L'. Cependant les allusions explicites aux Dionysiaques sont rares et pretent a discussion. La plus significaliνe, bien qu'elle ne soit pas datee, est une epigramme anonyme composee < < pour le poete I ' ' Ν οννον ' τον πο�ΎJτΎJν : Ν onnos >>, ε�ς Posterite de Nonnos

Νόννος έγώ · Πανος μΕ:ν έμ� πόλ�ς, έν Φαρ(η 3έ �γχε·c φων�εντ� γ ον α.ς �μ'Υ)σα. r�γά.ντων. 4• Agathias a compose diverses ceuvrcs poet.iques5 et ce que nous en avons 1 . C'etait l'opinion de R. Keydell, dans les Byz.-neιιgr. Jahrbb., 5, 1 926- 1 927, 380 s. 2.' Pour le ν. 1 ( imite d'Anth. ΡαΖ. , 7, 368), cf. aussi 44, 1 73 έμ� πόλ�ς. Le ν. 2 transpose 25, 270 οφρα κατακτεινω νοερcί> δορt

λεLψανον 'Ινδών ; il comporte une νariation typiquement non­ nienne de l'expression lf.γχεϊ. φο�ν-f)εντι ( 30, 46) et utilise en outre des formules tirees du poeme : cf. 1 7, 1 56 �μ"Υ)σε γονάς ; 4, 442 5, 2 ; 25, 87) �μ"Υ) σε Γ�γά.ντων. Cf. Collart, Rev. Phil., 37, { 1913, 1 42-144 ; Α. Wifstrand, Von Kall. zu Nonnos ( 1 933), 1 66- 1 68. 3 . "Εν ·ην� τών οίκεLων ΠΟ�"Υ)μά.των, &περ αuτcϊ> Δ�ονυσ�ακ 5 • Cependant Μ. String poetes de son temps : cf. Ρ. Waltz, Anthol. grecque (C.U.F.), t. Ι , p . xxr11-xxv, 106 s . , 1 33 ; et Anth. Pal., 4 , 3-5 ; Α . Cameron, Agathias ( 1 970) , 1 2-29.

Ι . Cf. Α. Mattsson, Untersuch. zur Epigrammsammlung des Agathias ( 1 942), 1 12 ss. ; Α. Cameron, ο. c., 24-26, 155-1 56. 2. Μ. String, Untersuch. zum Stit d. Dion. d. Nonnos (diss. dactyl., Hambourg, 1966) , 1 1 5-122. Cf. , dans un sens analogue, les remarques d'A. Μ. Desrousseaux, dans la Grande Encyclopι!die,

s. Nonnos. 3. Cf. Ρ. Oxy., 4 1 , n° 2946. Α. Wifstrand, Von Kallim. zu Nonnos ( 1 933) , 75, estimait deja que rien ne permet de situer Triphiodore apres Nonnos, si ce n'est qu'il lui fait de nombreux emprunts. Le m�me renversement de perspective s'est produit au sujet d'Achille Tatios qu'on regardait comme un imitateur de Nonnos : cf. String, ο. c., 1 1 6. 4. Cf. ci-dessus p. χνι, η. Ι . 5 . On n'y renoncera pas pour autant : comme a l'epoque hellenistique, les poetes pratiquent l'imitation consciente ; certains vont jusqu'a composer des centons, qui ne sont pas toujours homeriques.

H ISTOIRE D U ΤΕΧΤΕ

LIX

nous para'it tirer des conclusions excessives d'une observation exacte en son principe. On p eut interpreter de plusieurs fagons le , nous ne pouvons l 'aborder i ci que brievement. C'est la metrique qui fournit le critere le plus sur, surtout depuis que Triphiodore s'est trouve exclu des > ou il faisait figure d'isole. La versification < < nonnienne >> est ignoree, encore au ve siecle, de Proclos et de Kyros de Panopolis ; elle regne en revanche - avec des nuances propres a chaque auteur - a partir de 470 j usqu'a Georges Pisides au vπe siecle2• Comment expli­ quer cette revolution, sinon par la publication d'une reuvre importante par ses dimensions et son contenu ? L'epyllion de Musee est trop mince. Collouthos a ecrit, outre son bref Enlevemenl d'Helene, six livres de Calydoniaques, des Persica et des Encδmia ; mais sa metrique comporte des particularites qu'on ne retrouve ni avant lui chez Pamprepios ni apres lui chez Jean de Gaza et Paul l e Silentiaire3• Cet etat de choses incite a ne pas bouleverser la chronologie a dmise4• Nonnos est d'ailleurs le seul auteur de cette epoque dont le souvenir ait survecu plus ou moins j usqu'au Ι. La πο�κ�λιιχ de N onnos met l a memoire a rude epreuve. 2. Cf. Α. Wifstrand, Von Kallim. zu Nonnos (1 933), 3-77. Sur la metrique de Georges Pisides, cf. L. Sternbach, De Georgio Pisίda Nonni sectatore, dans Anal. Graeco-Latina, Cracovie, 1893, 31-51. 3. Cf. Wifstrand, ο. c. , 75. 4. Les loci s imiles permettent rarement de determiner qui est 1 'imitateur. 11 y a cependant des cas favorables : par ex. , Collouthos 231 et 242-246 (cf. le commentaire d'E. Livrea) ; Musee, 251 (cf. Wifstrand, ο. c., 132, et le commentaire de Κ. Kost) . Les epigrammes de Claudien, le poete chretien, sont parfois de simples centons nonniens : cf. Α. Cameron, Claudian ( 1970), 7-8.

LX

1 NTRODUCτlON

χπ e

siecle. Deux νers du ch. 42 (ν. 209 s.) ont ete recueillis dans l 'Anlhologie Palaline ( 1 0, 1 20). Le liνre 4 des Β α σ � λ ε � α � de Genesios, au Ix e siecle, contient plusieurs allusions precises aux Jeux en l'hon­ neur d'Opheltes (37, 290 ss. , 500 ss. , 554 ss., 621 , 624, 676 ss., 723 ss.) ; l'epitaphe de Michel Syncelle (mort νers 846-847 ? ) fait des emprunts a 3, 1 10 ; 28, 278 ; 32, 248 ; 34, 25 ; l 'Elymologicum Μagnum, anterieur a Eustathe, cite un passage du ch. 9 (ν. 1 1 s., 1 7, 19-24) ; Eustathe de Thessalonique ( χπ e siecle) mentionne sept fois le liνre 1 dont il cite les ν. 7-10 et 2601• Outre les temoignages litteraires2, les monuments figures confirment la surνie de Nonnos. L'art byzantin represente soit des > soit la guerre contre les Indiens. L'existence d'une tradition proprement iconographique ne permet pas d 'assurer que ces scenes sont inspirees de miniatures illustrant les Dionysiaques ou une epopee indienne anterieure3• Mais le coffret en iνoire de la cathedrale de Veroli (νers 1000 ap. J .-C.) fournit une indication moins contestable. Π represente Europe montee sur le Taureau que six Geants tentent de repousser a coups de rochers . Les Geants, masses les uns contre l es autres, sont apparemment une transcription graphique de Typhee 1 . Ces leslimonia sont reunis par R. Keydell, Nonni Dion. ( 1 959) , 1, 9 * -1 1 * . Le rhθteur TModoros Hyrtakenos (xlll e siecle) aurait utilise aussi les Dionysiaques selon Κ. Krumbacher, Gesch. d. Byz. Lil.2, 483 ; mais cet auteur n'indique pas les raisons sur

lesquelles il se fonde. 2. Rappelons pour memoire que N onnos n'a aucun rapport aνec les scholies a Gregoire de Nazianze que quelques manuscrits attribuent a l'> : l 'association entre le theωe d 'Europe et celui de la > ( i.e. la Typhonoωachie) est reωarquable, car elle n'apparait que chez Nonnos1•

de 1a 1utte et ce n'est que par des allusions, pas toujours c1aires ni coherentes, que 1e 1ecιeur parvient Δ recons­ tituer 1e fi1 des evenements3• Aussi parait-i1 uti1e de rassemb1er d'abord et de mettre en ordre 1a matiere legendaire dont 1e poete s'est servi, aux chants 1 et 2, pour construire son >. La lθgende de Typhee dans les chants 1 et 2

La chronologie des combats que Zeus dut soutenir contre les proge­ nitures successives de la Terre est mal fixee. Dans la Theogonie d' Hesiode, Typhee est le vengeur des Titans4• Se1on Apollodore, ce sont l es Geants qui prennent 1a releve des Titans et Typhee n'intervient qu'apres leur defaite 5• Dans la poesie 1atine et sans doute des l 'epoque hellenistic1ue , Typhee devient le clιef on l 'nn α)

Chronologie

1. Sur l'icσησgraphie d'Eurσpe, ση peut cσηsulter la cσmmσde preseηtatiση de W. Bίihler, Europa ( 1968), 47-67. 2. Vσir eη particulier la tapisserie d'Akhmim-Paησpσlis (ve s.), figuraηt uηe Nereide uelίficans mσηtee sur uη taureau mariη : Η. Peirce-R. Tyler, Art byzantin, 1 ( 1932), pl. 141 s. 3. Pσur les six parties qui cσmpσseηt ces deux jσurηees, ση se repσrtera aux sσmmaires des ch. 1 et 2 (p. 44 s. et 104 s.). 4. Hes., Theog., 820-822 ; cf. Η. Jιom. Ap. , 334-352 ; Esch., Prom., 340-376. 5. Apσllσd., Bίbl. , 1, 2, 1 ; 1, 6, 1-3 ; cf. la schσl. a Β 783 α Erbse, qui s'accσrde avec ApσllσdσrtJ sur ce pσiηt.

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CHANT Ι

des chefs des Geants1 ; c eux-ci, comme d ans l es versions precedentes, sont mis au monde par la Terre, indignee du sort que Zeus inflige a Cronos et a ses freres2• D'une maniere generale, poetes et mythographes n e cherchent guere a mettre ces conflits divins en relation avec les l egendes heroϊques. L'histoire des dieux et celle des hommes se deroulent sur deux plans differents : la j uxtaposition est manifeste d ans Ia Bibliolheque d 'Apollodore et dej a dans le corpus hesiodique. Seul, Ovide se hasarde a composer une histoire universelle dans laquelle l es evenements se succedent de la fagon suivante : regne de Cronos et age d 'or, avenement d e Zeus, races d 'argent, de bronze e t de fer, Gigantomachie, Lycaon, deluge de Deucalion, restauration d e l'huma­ nite3. Pourtant, la Gigantomachie aurait pu fournir des synchronismes, puisque Heracles y participe, ainsi que Dionysos son aine4• Certains recits, qui remontent aux Catalogues hesiodiques, precisent meme qu'elle eut lieu apres l a premiere guerre de Troie au temps de Laomedon5• La version de l a Typhonie qui admet la fuite des dieux en Egypte fournit une indication analogue, puisqu'elle fait etat des meta­ morphoses de Dionysos et, du moins chez Nicandre,

1. Cf. Ovide, Μι!t., 5, 31 8-324, 346-361 ; Horace, Odes, 3, 4, 53-58 ; Manilius, 2, 874-880 ; Sen., Thyeste, 804-812 ; Herc. Oeta, 1 1 51-1 160, 1 733-1 735 ; Claudien, 7 (De lll Cons. Hon.), 1 59-162 ; 36 (Rapt de Pros. , 3), 180-201. Sur 1es origines helle­ nistiques de ce syncretisme, cf. F. Vian, dans Syncretismes dans les religions grecques et romaines ( 1973), 26-29. 2. Cf. Virg., En., 4, 1 78-180 ; Ovide, Amours, 2, 1, 13 ; Fastes, 5, 35-44 ; Manilius, 2, 874-880 ; Sen. , Octaυie, 238 s. ; Sil. Ital., 5, 1 10-1 12 ; Claudien, 53 ( Gig.) , 1-5 ; Sid. Apo1I., 9, 76-81 . 3 . Ovide, Met. , 1, 89-41 5. 4. La participation des deux c demi-dieux • demeure admise a 1'epoque imperia1e, bien que 1eurs exp1oits tendent a passer au second p1an. 5. Hes., fr. 43 α, 65 Merk.-West ; textes ulterieurs reunis dans notre Guerre des Geants { 1 952), 218, η. 3-6 (1es conc1usions que nous proposions a1ors doivent Hre modifiees compte tenu du fragment hέsiodique) . Pour 1'epoque imperia1e, cf. Dionysios, Gigantiade, fr. 71-81 Livrea.

ΝΟτΙCΕ

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d 'Heracles1• Mais ces reperes chronologiques n'ont jamais retenu serieusement Ι 'attention. Nonnos, en raison meme de son sujet, a ete obiige de prendre parti et d'etablir une ciιronologie universelle2• Malgre certains artifices, il a reussi a construire un systeme relativement coherent. Typhee se presente comme Ie vengeur de toutes I es victimes des Oiympiens (cf. surtout 2, 565-567) , c 'est-a-dire des Titans3 et des θεομιΧχοL pius recents teis que I es Aioades, Tityos et Orion4• Α cette Iiste d'etres primordiaux, ii faut aj outer les Cyclopes5 ainsi qu'Ophion et Eurynome, predeces­ seurs de Cronos6• Si Ι 'on considere I es allusions eparses dans Ie reste de l 'ceuvre, cette > theogonique comporte queiques failles. La Titanomachie etant Ia l utte par Iaquelle Zeus a detrόne Cronos, il est illogique que deux de ses enfants, Ares et Pallas, soient au nom­ bre des combattants 7. Cronos a pour allie un homme, Indos, fondateur de la race des Indiens (18, 268-272) , alors que I es tabies d'Harmonie situent I 'apparition de la race humaine apres sa defaite ( 12, 56) ; il est vrai que I e texte manque de ciarte et ne vise peut-etre qu' une race humaine 8• La revoite de Typhee est donnee pour contemporaine des unions de Zeus avec Europe et Pioutό , c'est-a-dire 1. Nicandre, d'apres Ant. Lib., 28 ; Ovide, Met. , 5, 329. 2. ll y a ete aide, comme on verra, par 1es Theogamies heroίques de Pisandre de Laranda. 3. Titans en genera1 : 2, 230, 339-340, 544-547, 567, 59 1 s. ; ­ Cronos : 1, 383 ; 2, 337-339, 565, 574 ; - At1as : 2, 260-27 1 , 3 1 4-31 6 ; - Japet : 1 , 384 ; 2 , 296, 566 ; - Promethee : 2, 297-300, 574-578. On peut y ajouter Astraios (2, 572) qui ne

subira d'ailleurs pas 1e meme sort que 1es autres Titans. 4. A1oades : 2, 301-304, 3 1 1 s. ; - τityos : 2, 307-308 ; Orion : 2, 306. 5. 2, 340-342, 600 s. 6. 2, 573. Ces deux divinites ne sont mentionnees que dans 1e discours de Zeus, ainsi qu'Astraios. Voir 1a note a ce vers. 7. Pour Ares, cf. 1 8, 273-285 ; 20, 50-52 ; pour Athena, cf. 20, 53-6 1 . 8 . Sur 1 a presence des τitans dans 1'01ympe 1ors d u meurtre de Zagreus ( 6, 1 69-2 1 0) , voir 1a Notice du ch. 6. (a paraitre ulterieurement)

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CHANT Ι

de ses seconde et troisieme theogamies ( cf. 7, 1 18 s. ). Ce double synchronisme a pour origine, on le verra , une contamination entre deux versions de la Typhonie. Si l 'on neglige Ploutδ, qui est une intruse, on retiendra en tout cas que Typhee appartient a l 'epoque de Cadmos et d'Europe. Les autres theomachies se succe­ dent ensuite selon une chronologie satisfaisante. Dionysos, petit-fils de Cadmos, triomphe des lndiens, fils de la Terre, puis du Geant Alpos ; il se mesure enfin aux Geants de Pallene. Nonnos, en composant ce dernier episode, a eu conscience des difficultes qu' il soulevait. La Gigantomachie est avant tout un exploit de Zeus et elle fait intervenir Heracles, le fils d 'Alcmene, dixieme amante de Zeus selon le catalogue des theoga­ mies {7, 126). Afin de l 'inserer dans la vie humaine de Dionysos, le poete a imagine que celui-ci s'etait volon­ tairement abstenu d 'exterminer ses ennemis pour laisser a Zeus l 'honneur d'achever sa besogne plus tard, a une epoque qui demeure indeterminee. En outre , Typhee etait depuis longtemps mis au nombre des Geants : Nonnos conserve cette tradition et, pour la concilier avec le recit des chants 1 et 2, il se contente de creer un doublet, un >, > (48, 77-78) . Ces artifices prouvent en tout cas son souci de la chronologie. Le lecteur moderne les jugera puerils ; mais les contem­ porains de Nonnos les admettaient fort bien, habitues qu'ils etaient aux panegyriques officiels dans lesquels les empereurs, nouveaux Olympiens, ne cessaient de triompher de nouveaux Geants. Malgre son gout pour l'ecphrasis, Nonnos ne fait pas une description en regle du monstre ; il en disperse les elements dans le recit, se repetant inlassablement, mais du moins sans se contredire. Typhee a cent tetes1 et deux cents bras, entes, semble-t-il, sur un corps bJ Jlspect de Typhee

1. 2, 624. Ailleurs, Ie poete se borne a noter Ia multiplicite des tetes, des bouches et des cous.

NOTICE

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unique1• Sa tete centrale est humaine et douee de la parole2 ; les autres sont animales3 ; toutes sont couvertes d'une chevelure de serpents4• Les mains sont des mains humaines , capables de saisir des projectiles ou de recueillir de l 'eau dans l eurs paumes5• Les cuisses se prolongent par une multitude de j ambes anguipedes terminees en gueules de serpents6• Ce foisonnement de serpents cause parfois quelque embarras : ο� ne sait pas toujours s'il s'agit des cheveux ou des j ambes du monstre ou si l 'on doit lui preter des 7• Le texte homerique avait suscite d'autres exegeses dont les Dionysiaques gardent un souvenir plus ou moins deforme. D'apres Strabon, 16, 2, 7 ( 750) , les Arimes habitaient en Syrie, pres du fleuve Oronte qui devait son origine a Typhee foudroye par Zeus. Or Deriade a pour gendres deux freres, Morrheus et Orontes , qui sont en rapport, le premier avec l es Arimes d e Cilicie c) Localisations de Typbee

1. ΆερσLπότης, 1eι,;on de L en 2, 22, pourrait garder 1e souvenir d'un Typhee aile ; mais le texte doit sans doute �tre corrige. 2. Ι, 140, 163, 416, 510 ; 2, 23-27. 3. l , 140, 321 ; cf. 34, 184. 4. 1, 258 (cime du Corykion), 259 s. ( Kydnos, Tarsos) ; 2, 35-41 (Cilicie, Taurus, Pamphylie). Allusion aux Nymphes du Kydnos en 2, 143 ; 24, 1 02-108. 5. 1, 409, 481 . Sur la localisation cilicienne de Nemesis­ Adrastee, voir la note a ce dernier vers. 6. 2, 633-636. 7. Cf. F. Vian, dans Elements orientaux dans la religion grecque ancienne ( 1 960), 19-20.

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C HANT Ι

et Typheeι, le second, avec l e fleuve syrien auquel il donnera son nom2• Orontes, en particulier, ressemble a un Geant (47, 626) et apparait comme un lointain avatar de Typhee. Une autre exegese, mieux attestee, situait l es Arimes en Mysie ou Meonie Brύ.lee, dans le haut bassin de l ' Hermos : elle remonte aux Lydiaca de Xanthos (Ve s. av. J .-C. ) et a meme provoque des remaniements du texte homerique3• Nonnos s'y refere explicitement au chant 13, quand il met un episode de la Typhonie en relation avec la ville de S(t)atala, l 'actuelle Adala4• Le passage relatif a Ploutδ , en 1 , 145-1 53, suppose une localisation analogue, puisque l 'action se trouve subitement transportee de Cilicie en Mygdonie ( 1 , 1 53)5• Comme Ploutδ elle-meme s'insere d'une maniere inexplicable entre deux episodes du rapt d' Europe, il est clair que Ν onnos a combine maladroitement deux versions de la Typhonie, l'une cilicienne, l 'autre meonienne. La contamination ne se limite pas au bref passage que nous venons de mentionner. Ν onnos attribue a Typhee deux larcins, celui de la foudre et celui des nerfs de Zeus6• Le premier est au centre de l 'action dans l es chants 1 et 2. L'autre demeure un d) Les deux Iarcins de Typhee

Ι. Cf. 34, Ι80-Ι92, et surtout Ι 83 (Μορρεύς) -ήλLΟά.του Τυφώνος lχων ιχύτ6χθονιχ φuτλ-ην (ce qui signifie que Morrheus est fils de la Terre comme Typhee). 2. Ι 7, 289. 3. Xanthos, 765 F Ι 3 Jacoby. La localisation meonienne des Arimes chez Homere a έtέ obtenue par l'insertion de Υ 385 apres Β 78Ι . Cf. Elements orientaux, Ι 9-20 ; autres rέferences : Diod. Sic. , 3, 69 (oii Typhee est remplacέ p ar Aigis) ; 5, 7 Ι , 3 ; schol. a Pind. , ΟΖ. , 4, 1 1 , et a Pyth., Ι , 3Ι ; Tzetzes, a Lycophron, Ι 77. 4. Ι3, 474-497. Cf. L. Robert, Villes d'Asie Mineure (2e έd., Ι 962) , 280-3Ι7. 5. Sur la localisation du site dont parle Nonnos, voir Ia note a Ι , Ι 53. 6. Sur ces episodes, cf. Μ. Detienne-J.-P. Vernant, Les ruses de l' intelligence, Ι 974, 1 14-Ι24.

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ΝΟτΙCΕ

episode embryonnaire : ση ignore les circonstances du vol ; Zeus ne fait pas allusion a sa mesaventure devant Cadmos, et, bien que le stratageme de celui-ci ait pour seul objet de recouvrer les nerfs, le poete oublie ensuite de dire comment Zeus reprend son bien pour ne plus s'occuper que de la reconquete de la foudre. Il parait possible d'entrevoir les sources qui sont a l 'origine de cet amalgame. Parmi l es rares allusions que la mythologie fait a une dέfaite temporaire de Zeus, le vol des nerfs est l 'episode le mieux connu grace a Apollodore1. Apres un premier engagement, Zeus poursuit Typhee jusqu'au mont Casios ; au cours d'un corps-a-corps, Typhee emprisonne Zeus dans ses anneaux, lui prend sa harpe et lui coupe les nerfs des mains et des pieds ; puis, emportant le vaincu , il l 'enferme en Cilicie dans l 'antre de Corycos ; quant aux nerfs, il les met dans une outre qu'il laisse a la garde d'un dragon femelle Delphyne ; mais Hermes et Egipan reussissent a les derober, sans qu'on sache comment, et les rendent a Zeus qui peut alors reprendre le combat et triompher. Cette tradition remonte a un mythe hourrite atteste des l e Xlll e s. av. J.-C. : l e Dieu de l 'Orage est d'abord vaincu par le dragon Illouyanka qui le prive de son crnur et de ses yeux ; mais il finit par recouvrer son integrite grace a un subterfuge de son fils et il remporte ainsi la victoire2• Des legendes plus ou moins analogues ont eu cours en Egypte : l 'rnil d'Horus est arrache par Seth-Typhon , puis restitue a son proprietaire par Hermes-Thoth ; Seth, apres avoir mutile Osiris, est a son tour emascule par Horus ; 1 . Apollod. , Bibl., Ι, 6, 3. Un seul autre texte fait etat d'une defaite temporaire de Zeus, mais il rapporte une tradition plus egyptienne que grecque : Hellanicos, 4 F 54 Jacoby (les dieux deposent leurs couronnes dans la ville de τindion, quand ils apprennent que B abys [ Typhee] a pris le pouvoir) ; voir aussi Epimenide, Β 10 Diels-Kranz ( Philodeme, De pietate, 61 b, Ι, p. 46 G.), dont la restitution est plus que douteuse (cf. Ziegler, dans Roscher, Myth. Lex., t. 5, s. Theogonien, 1 543, 57-67). 2. Texte traduit par Μ. Vieyra, dans Religions du Proclιe­ Orient asiatique ( 1970), 528 s. -

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CHANT Ι

selon d'autres, c'est Thoth qui lui ravit ses nerfs pour en faire les cordes de sa lyre1. La fusion entre le mythe hourrite et l es traditions relatives a Seth a pu s'operer en Egypte hellenistique, si Ι 'on tient compte de la presence de Pan aupres d 'Hermes chez Apollodore2 : une version > conservee par Nigidius Figulus attribue en effet au dieu de Panopolis le lllerite d'avoir sauve l es dieux terrorises par Typhee en l eur suggerant de se metamor­ phoser en animaux3• Cependant des elements ciliciens sont aussi intervenus. L'epigraphie atteste a Corycos un culte de Zeus vainqueur de Typhee (ΚωρuκLος ΈπLνε(κLος ΤροπαLοuχος) et, a proximite , un sanctuaire d'Hermes et de Pan4• Nigidius Figulus lui-meme fait venir Typhee du Taurus en Egypte et Oppien rapporte, a l 'occasion d'une invocation a l ' Hermes de Cilicie, comment son fils Pan a trompe Typhee par une ruse et contribue au triomphe de Zeus5• Quoi qu'il en soit, la version d'Apollodore a connu

1 . Cf. J. G. Griffiths, Conflict of Horus and Seth ( 1 960), 2 ss., 34 ss., 84 ss. ; id., Ptut. De Iside ( 1 970), 506-509. Οη ηotera

qu'eη Egypte, ces vo1s d'orgaηes doηηent lieu le plus souveηt a des debats j uridiques. - Le motif se retrouve eη dehors des mythologies greco-orieηtales : cf. Α. Β. Cool{, Zeus, 2, 450, η. Ο. 2. Il parait impossible de rapporter le recit d'Apollodore a uηe Gigantomachie anterieure a 650, comme le peηsaient F. Dorηseiff, Arch. Mythenerz. ( 1 933), 23, et G. Seippel, Typhon­ mythos { 1 939), 47, η. 2. 3. Nigidius Figulus, d'apres schol. Germ. Arat. , 407, p. 87 Breysig. Cf. eηcore Hygin, Fa b., 1 96 ; Ampelius, 2, 1 0 (oil il est questioη de Python au lieu de Typhoη). Daηs Hygin, Astr., 2, 28, cette traditioη est coηtaminee avec celle qui met l'iηter­ ventioη de Pan en relatioη avec la τitaηomachie ; sur cette derniere version, cf. Eratosth., Catast., 27 ; schol. Aratos, 283, p. 220, 5- 1 4 Martiη ; Nonηos, 27, 296 s. 4. Ε. L. Hicks, Journ. Hell. Stud. , 1 2, 1 89 1 , 240-242, ηοs 24, 26 ; Α. Wilhelm, Reisen in Kilikien (Deηkschr. d. kais. Ak. Wiss. Wieη, Phil.-Hist. Cl., 44, 1 896, fasc. 6), 7 1 -79, ηοs 154- 1 55 ; J . Keil-A. Wilhelm, Mon. As. Min. Ant., 3 ( 1 9 3 1 ) , 2 1 4-21 6. La localisatioη du temple de Zeus Corykios demeure iηcertaine : cf. Η. Weber, Istan buter Mitteit. , 1 7, 1 967, 267 s. 5. Oppien, Hat., 3, 9-28.

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ΝΟτΙCΕ

un nouveau developpement avant d'ι�tre reprise par Nonnos. Le commentaire d' Olympiodore au Phedon, s'interrogeant sur le symbolisme de Cadmos , donne le renseignement suivant au suj et de Pisandre de Laranda : faisant ceuvre de theologien , > et qui sera relegue apres sa defaite sous des volcans1• Or la version meonienne de Statala ( 13, 474-497) a un caractere clairement volca­ nique : Typhee, foudroye et exhalant le feu, symbolise une coulee de lave que le pretre de Zeus Lydien reussit a arreter par ses incantations2• Le passage , rattache d'une faς:on tres Iibre au precedent : Zeus descend du ciei (ν. 364) , aiors qu'on aurait pu I 'en croire absent ; Typhee redeνient un monstre a I 'echelle humaine apres aνoir ebranie Ι 'uniνers entier2 ; rien ne rappelle pius Ies diffi­ cuites qu'ii a eprouνees pour manier Ia foudre (ν. 416 s . ) . Si Ies eνenements s'enchainent sans trop de heurts, Ie recit ne doit rien a Ia technique habituelle de I'epopee. Nonnos prefere I 'allusion et Iaisse au Iecteur Ie soin de recomposer a sa guise Ia succession des faits. Seui compte pour Iui Ι 'effet immediat, fU.t-ce aux depens du contexte. Le dessein de Zeus (ν. 366) n'est pas precise : on assiste d'embiee a Ia metamorphose de Cadmos par Pan sans en connaitre Ies raisons (ν. 368375) . Zeus aurait pu I 'effectuer Iui-meme a moindres frais ; mais Nonnos a prefere mettre Pan en scene queiques instants, quitte a Ι 'oubiier ensuite, parce que Cadmos n'est qu'un aνatar de ce dieu qui a sauνe Ies Olympiens seion certaines Typhonies. Apres cette introduction, on attend que Zeus expose son pian (ν. 377 μ(α.ν ξυνώσα.το βουλ�ν) . Il n'en est rien. Le discours adresse a Cadmos (ν. 378-397) ne contient que b ) L e second episode

Ι. Sur cette exegese physique, voir la Notice du ch. 2, p. 1 00 s. Ζ. Typhee retrouνe un instant sa dimension cosmique aux ν. 508 s.

40

CHANT

Ι

des exhortations generales ; il ne reνele pas comment le subterfuge aidera Zeus a reconquerir la foudre, a plus forte raison ses nerfs dont il n'est aucunement question1• Les instructions donnees a Eros (ν. 398-407) sont plus detaillees, mais leur execution sera passee sous silence. La rencontre entre Cadmos et Typhee a une ordon­ nance pl us classique. On notera du moins que Ν onnos se satisfait d'un decor conνentionnel et ne recherche ni le concret ni la precision : il lui suffit d'une foret, d'un chene et d'anfractuosites rocheuses propres a tous les usages2• Le trait saillant de cet episode est la longueur des discours ( 105 νers sur 1 73). Nonnos a apporte un soin particulier a en νarier la construction. Celui de Zeus est b ati selon un schema tres strict, entierement reg1 par des equilibres numenques. L'adresse a Cadmos (νingt νers) comprend quatre parties de cinq νers chacune - ou peu s'en faut : l e desarroi d e Zeus (5 ν . ) ; ses craintes, soulignees par l 'anaphore de οε(ΟLα. (5 ν. -) j une premiere exhortation (5 ν. + ) ; une seconde exhortation (2 ν. %) assortie de promesses (2 ν. %)3• Les dix νers de l 'a dresse a Eros se repartissent en cinq distiques : >. Chacune de ces injonctions s' accompagne d'une rέference a l 'une des 1. Plusieurs details s'accordent mal aνec le contexte : δΊJθόνε�ς (ν. 379) est purement I'hetorique j γ ίνε ο (ν. 387) donnerait a penser que la metamorphose n'a p as encore eu lieu. 2. Grottes et rochers tiennent autant de place chez Nonnos que sur les peintures et les reliefs de l'(φoque imperiale. Cadmos commence par se dissimuler dans une faille rocheuse (ν. 420 ύπο pωγά.δ� πέτpη) ; il cache ensuite au creux d'un rocher (ν. 515 κο�λά.δ� πέτpη) les nerfs que Typhee est alle chercher dans son antre. Au debut de l'episode, la foudre de Zeus passait pareillement d'une grotte dans une autre (ν. 1 48, 163). 3. Les signes + et - signalent les segments qui commencent ou finissent a la dierese bucolique. Une analyse plus precise conduirait a proposer le schema suiνant : [3, 2] , [2, 3 -], [2 + , 3], [2 1 /2, 2 1 /2] .

41

ΝΟτΙCΕ

fonctions du dieu d e Ι' amour : γά.μοu πρωτοσπ6ρος ά.ρχ� , β(οu . . . ποLμ�νι , πuρ 6εLς , πανοαμά.τωρ , ( dieu pre­ sidant au) πόθος. Les rodomontades de Typhee consistent en une succession de quatrains, interrompue par deux coupiets pius Iongs (5 ν. , 5 ν. %) qui marquent Ies temps forts du discours. Typhee commence par rassurer dedaigneu­ sement Cadmos en meiant a ses propos νanteries et sarcasmes a Ι ' adresse de Zeus (ν. 427-438) : apres quatre νers occupes par des interrogations, Ies huit νers suiνants sont rythmes par Ies imperatifs antithe­ tiques 'J.χε (ν. 431 ) et έχέτω (ν. 435) qui Ies diνisent en deux segments egaux2• Au terme de cet exorde, Typhee propose a son interiocuteur un > (ν. 439-443 = 5 ν.) . Il accompagne cette offre de deux series de promesses dont chacune occupe quatre νers : 1 . α) ascension au ciei de Cadmos (ν. 444-447) ; b) sort de ses cheνres (ν. 448-45 1 ) ; c) de ses bceufs (ν. 452-455) ; d) de sa cabane (ν. 456-459) . 2 . α) catasterisme d e Cadmos (ν. 460-463)3 ; b ) sort de sa flute (ν. 464-467) ; c) son mariage (ν. 468-47 1 ) ; d) promesses concernant Ie frere de Cadmos et I 'egide (ν. 472-47511)4• La peroraison de cinq νers et demi (ν. 475b-480) ferme Ie cycie des promesses et reνient au theme initiai du concours bati sur I 'antithese σό - έγώ. Mais Ia perspectiνe a change : au Iieu de proposer une 1. L'idee essentielle est plutόt contenue ici dans πά.ντα:, ξuμπα:ντα:. 2. Comme en d'auιres cas (cf. p. 7 s., 80), plusieurs principes de composition interferent entre eux. La diνision 4 + 4 +4 se fonde sur le mouvement du texte ; mais, pour l'idee, le passage comprend deux parties de Iongueur semblable : Typhέe et Cadmos ), Typhέe et Zeus (ν. 432-438 6 v . + ) . (ν. 427-432 6 ν. 3. O n rectiflera l a ponctuation d e Keydell en mettant un p oint a la fin du ν. 463 : le segment s'organise autour de I'epana­ Iepse d' t:σσο (2 ν. +2 ν.) ; μέλπε (ν. 464) est au contraire insepa­ rable de ce qui suit (cf. μολπΊjς au ν. 465). 4. Ces deux promesses n'ont aucun lien entre elles ; mais elles sont formellement unies par la reprise d'ε t aέ. =

-

=

9

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C HANT Ι

amicale competition, Typhee annonce qu'il νa s' installer dans l ' Olympe et inνite Cadmos a deνenir son chantre. La reponse de Cadmos, d 'un rythme moins morcele, se diνise en trois segments de sept νers : le faux berger feint de deplorer la perte de ses νεu pΙΧ (ν. 486-492) ; il νante son talent et se donne pour un nouνel Orphee (ν. 492-499) ; il presente enfin sa requete, introduite selon l'usage par un ά.λλά. inj onctif (ν. 500-506)1• Le schema est classique, mais seulement en apparence. La demande finale n'est qu'un tissu de hableries des­ tinees a tromper Typhee ; en reνanche, Cadmos se garde de solliciter les νεu pΙΧ qui lui font defaut. Cette demarche sinueuse est bien dans le genie de Nonnos. Elle est ici particulierement a sa place dans une scene de comedie. Le lecteur a ete surpris et amuse par un Typhee deνenu soudain melomane (ν. 415 φ�λά.ο�οος) ; il a souri de ses prolixes et pretentieuses νantardises ; il νerra bientδt l 'affreux monstre manifes­ ter grotesquement sa j oie en crachant son νenin (ν. 508509), puis se laisser sottement berner par une flute pastorale et ressembler pour finir a un j ouνenceau transi d'amour (ν. 525-534) . Le discours de Cadmos est l 'un des passages les pl us reussis de cette farce heroϊ-comique. L'astucieux heros fait mine de considerer comme acquise la νictoire de Typhee et se borne a accepter tacitement ses o ffres. Au lieu de lui repondre directement, il promet a Typhee des chants bien plus merνeilleux que ceux qu'il a entendus2 ; il ne demeure pas en reste de νantardise et se pretend capable d'arreter le cours de l ' Ocean et celui des astres ; il insinue au passage qu'il est lui aussi une νictime et un a dνersaire des Olympiens. Ν onnos a su faire νiνre ici Cadmos pour quelques instants , alors qu'il met trop souνent en scene de simples fantoches. 1 . Le discours de Typhee comporte plus Iibrement deux injonctions, I'une apres I'exorde (ν. 439), l'autre au milieu de Ia p eroraison (ν. 478). 2. Typhέe a sincerement admire Ie talent musical du faux berger ; mais ii n'y a pas fait allusion dans son discours, ce qui n'emp�che pas Cadmos de s'en preνaloir aνec complaisance.

ΝΟτΙCΕ

43

Le tableau final (ν. 514-534) est de la meme veine. Cadmos feint de palper en connaisseur, avant de les mettre en lieu sur, les nerfs dont Typhee vient de lui faire cadeau. Puis il se j oue de la brute en usant de tous les sortileges d'une musiqu e aussi douce que perfide et la farce s'acheve sur une comparaison cocasse et inattendue.

SOMMAIRE D U CHANT Ι Prelude : ν. 1 -44. ν.

1-10

ν . 1 1 -33 ν. 34-44

: inνocation a la Muse ; naissance de Dionysos. : inνocation aux Muses ; intentions du poete ; contenu de son reuνre. : inνocation aux Mimallones ; refus des genres homerique et bucolique.

L ' enlevement d'Europe : ν.

45- 136.

: annonce du theme de Cadmos. ν. 45 : Europe sur la plage. ν. 46-53a. ν. 53b- 1 36 : Europe en mer : ν. 53b-90 a. : la traνersee. ν. 90b-126a. : etonnement d 'un marin ( discours : ν . 93-124 ) . ν . 1 26 b- 1 36 : plaintes d'Europe (dis­ cours : ν. 1 28- 1 36 ) . L a revolte de Typ h ee : ν .

1 37-320.

ν. 1 37-153 : Cadmos en Cilicie ; reνolte de Typhee ; union de Zeus et de Ploutδ. ν. 1 54-162 : Typhee derobe et cache la foudre. ν. 1 63-257 : Typhee attaque le ciel : ν. 1 63-1 83 : raνages des bras de Typhee au nord et au sud. ν. 1 84-202 : raνages des serpents de Typhee. ν. 203-223 : attaques des bras dc Typhee, a l'est et a l'ouest, contre le Soleil et la Lune ; resistance de la Lune. ν. 224-257 : mobilisation des astres. ν. 258-293 : raνages de Typhee sur terre (ν. 258-262) et sur mer (ν. 263-293) .

SOMMAIRE D U CHANT

Ι

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ν. 294-320 : Typhee tente νainement de brandir la foudre. Theogamίe de Zeus et d'Europe :

ν. 321-3 6 1 .

ν. 321-343 : arriνee e n Crete ; sarcasmes d'Hera (ν. 326-343 ) . ν. 344-351 : union de Zeus et d'Europe. ν. 352-3 6 1 : descendance d'Europe ; catasterisme du Taureau.

L e stralageme de Zeus

: ν. 362-534.

ν. 362-375 : metamorphose de Cadmos en berger. ν. 376-409a : expose du dessein de Zeus a Cadmos et a :Eros ( discours : ν. 378-407) . ν . 409 b-426 : Typhee charme par I a flίιte de Cadmos. ν. 427-481 : promesses de Typhee a Cadmos (discours). ν. 482-506 : reponse de Cadmos ( discours : ν. 486506). ν. 507-5 13 : Typhee donne a Cadmos les nerfs de Zeus. ν. 5 1 4-534 : nouνeau chant de Cadmos.

CHANT Ι

Dis-moi, deesse , Ι 'auxiiiatrice de Ia couche embrasee du Cronide * , I 'haieine de Ia foudre , dont Ia nuptiaie etincelle accompiit un douioureux enfantement, I'eciair qui fut Ia chambriere de Semeie *. Dis-moi Ia naissance de B acchos Ie deux-fois ne, ceiui que Zeus tira, humide , 5 du feu 1, enfant a demi forme d'une mere qui n'eut pas d'accoucheuse2, ceiui qu'apres s'etre incise Ia cuisse de ses mains hesitantes, Ie dieu porta dans une matrice male, a Ia fois pere et mere venerabie3 : ii avait dej a connu 4 sembiabie parturition dans sa tete feconde , Iui qui ' portant jadis une etrange tumeur a son front. gra1 0 vide * , avait fait jaillir Athena aux armes fuigurantes5• Apportez-moi Ia feruie ; agitez vos cymbaies, Muses, et mettez-moi dans Ia main Ie thyrse de Dionysos, car c'est Iui que j e chante 6 ! Allons , puisque j e me joins a votre chreur dans Ι 'ile voisine de Pharos, faites surgir pour moi Protee aux cent visages* : qu'ii se reveie dans 15 Ia diversite de ses aspects, car divers est I 'hymne que 1. Alliance de mots recherchee entre πυρός et ύγρ6ν ; comparer au ν. 7, &ρσενL γοcστρ(, ποcτΊ)ρ κoct ... μήτηρ. 2. Cf. [Opp. ], Cyn., 1 , 40 άμοcLεότοLο λοχε("t)ς. 3. Cf. Λ 452, al. ποcτΊ)ρ κoct π6τνLοc μήτηρ (sens different). 4. Cf. Α 385, al. εδ εt8ώς. 5. ΤεόχεσLν άστράπτουσοcν : cf. 21, 3 1 1 (et 1 7, 105) ; Triphiod., 383. Comparer Stesichore, fr. 233 Page τε]όχεσL λοcμπομέν [ (a propos de la naissance d'Athena) ; Quint. Sm., 2, 206 s. τεόχ"t) i ••• μοcρμοc(ρεσκον άλ(γκLον άστεροπΊjσLν. 6. On pourrait comprendre « le thyrse du celebre Dionysos t. Mais, si άεL86μενος est habituellement adjectif chez N onnos, Ie le contexte inνite a lui conserνer ici sa νaleur νerbale : cf. W. Peek, Lexikon, s. ν.

ΔΙΟ Ν Υ ΙΙΑΚΩ Ν Α

' 1 1 1 θ εα, Κ pονι' δ αο δ ιακτοpον ιπε, αι"θ οποs ευνηs, νυμφιδ ίφ σπινθηpι μογοστόκον &σθμα κεpαυνοu, και στεpοπ'fιν Σεμέληs θαλαμηπόλον . είπε δe Φύτλην 'I c ' ' ' ' ' ι ι Β ακχου ' ανηκοντι�εν δ ισσοτοκοιο, τον εκ πupos υγpον αειpαs ' ' ι ι < β pε' Φ os ημιτε ' λεστον αμαιευτοιο 5 Zευs τεκουσηs, φειδομέναιs παλάμτι σι τομ'fιν μηpο'Lο χαpάξαs, ι ι ι ' " αpσενι γαστpι' λ οχευσε, πατηp και' ποτνια μητηp, ι ι ι c ,.,. ' τοκον ευ'>' ει' δ ωs α" λλον εφ γονοεντι καpηνφ, ι '' " " ' ι ι ει" δ απιστον o« s παpοs ογκον εχων εγκυμονι κοpση ι , ι ι ι > 'Αθηνην. 1 ο τευχεσιν αστpαπτουσαν 'Άξατέ μοι νάρθηκα, τινάξατε κύμ�αλα, Μοuσαι, 1 1 ' ' ' ' δ ομενου Δ ιονυσου. δ οτε θ υρσον αει και' παλ αμυ 'Αλλa χopou ψαύοντι Φάpφ παpa γείτονι νήσφ στήσατέ μοι Πpωτηα πολύτpοπον, σφpα Φανείη ., ., ' 1 " 1 5 ποικι'λον os εχων, οτι ποικι'λον υμνον αpασσω. Ε'

Λ

ΤΕsτ. 7 Eust. ad Ζ 429, p. 653, 3 1 11 8 Eust. a d Γ 23 1 , p. 409 , 44 ; et ad Θ 84, p. 700, 58 11 9 (5γκον �χων - κ6pσn) Eust. a d Δ 492, Θ 84, p. 70 1 , 1 11 10 Eust. adπαλάμ Ίj p . 499, 22. 11

1 fol. 9v L 11 3Lάκτορον L : -pος Α 11 εύνΊjς LA : αύγΊjς Ρ•1 et recc. plerique 11 2 &σθμα Ll : &- L 11 4 πυpος Ll : -ον L 11 ύγpοv [υ ex α] L 11 6 παλάμησL F : -μαLσL L 11 7 γαστpt L : γιΧp γαστpt Α 11 8 τ6κον L : π6νον ΤΕsτ. ΙΙ έφ K oechly1 : έπει L έπt ΤΕsτ. ΙΙ γον6εντt καpήνeι> L : στον6εντL κάpΊJτL ΤΕsτ. 11 u. del. Graefe2, iniuria 11 9 δς πάρος LA : κα1 πάpος Lloyd-Jones ώς οi5τος π. u LPc : -φt (?) L ante ras. 11 &σποpον Ludwich 11 12 13 ψαuοντL Koechly : -ντα LA 15 ά.ράσσω L : -σσωv Α.

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CHANT Ι

j 'entonne1• Si, sous 1 es traits d�un serpent, i1 fait ramper sa queue ondu1euse * , je chanterai 1e divin combat ou2 1e thyrse couronne de 1ierre a detruit 1es hordes 1ιirsutes des Geants a 1a cheve1ure serpentine * . Si, devenu 1ion, i1 secoue sur sa nuque une criniere herissee * , 20 j e c1amerai 1 'evohe pour Bacchos qui , sur 1 e bras de 1a terrib1e Rhέa, tete a 1a derobee 1e sein de 1a deesse nourriciere de 1ions * . Si , d'un bond impetueux de ses pattes, i1 s'elance dans 1es airs en prenant 1a forme d'un 1eopard au gre de ses ωetamorphoses changeantes * , mon hymne dira comment 1 e fi1s de Zeus a massacre 25 1a race des Indiens et fou1e 1eurs e1ephants avec son atte1age de 1eopards * . Si son corps contrefait 1 'apparence du sang1ier, je ce1ebreι·ai 1e fi1s de Thyόne brUlant de s'unir a Aura , 1a tueuse de sang1iers * , qui fut, au pays de Cybe1e, 1a mere du troisieme B acchos, 1e tard venu *. Devient-i1 une eau simu1ee, j e ce1ebrerai 30 Dionysos p1ongeant au sein de 1a mer devant 1 ' assaut de Lycurgue *. Si , change en feuillage tremb1ant, i1 fait entendre un murmure d'emprunt, j 'evoquerai 1a memoire d' Icarios et dirai comment, dans un pressoir ivre , ses ta1ons a 1 'envi ecrasaient 1a grappe * . Apportez-moi 1 a feru1e, Mimallones* ; j etez-moi sur 35 1 'epau1e, nouez sur ma poitrine, au 1ieu de ma tunique accoutumee, 1a peau de faon au dos mouchete * qui fleure 1e parfum du nectar de M aron * ; mais , aupres de 1 'abyssa1e Eidothea et d' Homere , 1aissez en reserve pour Mene1as 1 'insupportab1e peau des phoques * . Donnez-moi 1es tambourins de 1 'evohe et 1es peaux de 40 chevres* ; mais faites a d'autres present de 1a doub1e flute a 1a douce me1odie 3• Je ne veux pas a mon tour offenser mon Phoibos, car i1 � bhorre 1e son que 1 'ha1eine

Ι. Voir la Notice, p. 9, η. 3. 2. 'Όπως n'est pas employέ par Nonnos pour introduire une interrogation indii'ecte ; il faut garder οπη, « le combat dans lequel . . >> . 3. Antithθse purement rhέtorique : l a double flute est, comme .

le roptre, un instrument caracteristique de Cybele et de Dionysos.

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ΔΙΟΝl'ΣΙΑΚΩΝ Α

, , , Ε 'ι γα.' ρ ε' Φ ερτrυσσειε � δ ρα.κων κυκ λουμενοs ο• λ κ�, μέλψω θε'Lον Cίεθλον, oτr!J κισσώδε'ί θ ύρσ� φρικτΟ. δρα.κοντοκόμων έδa.t�ετο Φuλα. Γιγάντων 'l: ' , , , , ει' δ ε' λ εων φ ρι':ιειεν ετrα.υχενιην τριχα. σειων,

·

20 Β άκχον άνευά�ω βλοσυρi]s έτri. τrήχε'ί •Ρείηs μα.�ον ύτrοκλέτrτοντα. λεοντοc;ότοιο θεα.ίνηs · εί δe θυελλήεντι μ.ετάρσιοs Cίλμα.τι τα.ρσwν τrόρ δ α.λιs άί�!J τrολυδα.ίδα.λον είδοs άμείc;ων, ' ' "εκτα.νεν 'I νδ ων ' υ "'ι α., τrο' θ εν γενοs Δ ιοs ' � υμνησω , , , ' , 25 τrορ δ α.λ ιων οχεεσσι κα.θ ιτrτrευσα.s ε' λεφ α.ντων · " 1 ' � ι Θ ' ' ' ' !:> ο ιτο τυτr� ει' δ εμα.s ισα. συοs, υ α. - υωνηs " Α" ' ' ' ' α.εισω τrο θεοντα. συοκτονον ευγα.μον υρην,

όψιγόνου τριτάτοιο Κυc;ηλίδα. μητέρα. Β άκχου • ' ' ' υ" δ ωρ, Διονυσον ει' δ ε' τrε' λ οι μιμη λον α.εισω ' ' δ υνοντα. ' ' 30 κο' λ τrον α.' λ os Λ υκουργου κορuσσομενοιο ' α.ι' θ υσσοιτο ' ' ' ει' Φ υ τον τιτα.ινων, νο' θ ον .ι. ψιθ υρισμα. μνήσομα.ι Ίκα.ρίοιο, τrόθεν τrα.ρΟ. θυάδι λην� βότρυs άμιλλητi]ρι τrοδwν έθλί�ετο τα.ρσ�. 'Ά�a.τέ μοι νάρθηκα., Μ ιμa.λλόνεs, wμα.δίην δ e 3 5 νεc;ρίδα. τrοικιλόνωτον έθήμονοs άντi. χιτwνοs σφίγ�α.τέ μοι στέρνοισι, Μa.ρωνίδοs eμτrλεον οδμi]s ' ' δ ε' τrα.ρ• Ε 'ιδ ο θε!J ' ' κα.ι' ·ο μηρ� νεκτα.ρεηs, β υ θ ι!J Φωκάων βα.ρu δέρμα. φυλα.σσέσθω Μενελά�. Εuιά μοι δότε pό'Πτρα. κa.i. αίγίδa.s, ήδυμελη δe 40 Cίλλ� δ ίθροον α.uλον οτrάσσα.τε, μη κa.i. ορίνω Φοιc;ον έμόν · δονάκων γΟ.ρ άνα.ίνετα.ι eμ.τrνοον ήχώ, '

·

16 έφεpπύσσειε Graefe : -ύσειε L 11 17 ΟΠ'ΥJ [ όπ-η] LA : οπως Ko echly1 11 θύpσω UA : χύ- L 11 22 &λμα.τι U : &pμ- L Jl 28 Βάκχου [χ ex ει] L 11 29 ( uel 27) ά:εLσω : ά:εL3ω malit L ivrea (per litt.) u aria ιionis causa 11 32 θυά.Sι L : θυιά.Sι Graefe 11 37 Εί3οθέ-η L4 : -έα. (?) Lac 11 38 φυλα.σσέσθω Graefe : -α.ττέσθω L Jl 40 όπά.σσατε Gra efe : -ά.σετε L -ά.σσετε L 3•

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CHANT I

tire des roseaux, depuis que, vainqueur de Marsyas et de sa flute rivale des dieux, il a suspendu a un arbre la peau du berger que gonflent l es brises, apres lui avoir ecorche vifs tous l es membres* . Allons, deesse, commence par la quete errante de Cadmos. Un j our, sur le rivage de Sidon * , un taureau, Zeus a la haute encornure, est venu mugir de son gosier d'emprunt en d 'amoureux mugissements* : doux est le taon qui le mene. Tenant a bras l e corps une femme, apres lui avoir passe autour de la taille l e double Iien de ses mains recourbees, le petit Eros la souleve * ; tout pres, l e bceuf navigateur arrondit son echine et l'abaisse pour y faire monter la j eune fille * : couche sur le cδte, genoux plies, il lui tend son dos flechi et enleve Europe * . - Le taureau s'elance et son sabot nageur, marchant sur la mer, effieure son onde silencie�se d'un pas contenu * ; la vierge, au-dessus des flots, tremblante de peur, vogue sur son dos b ovin sans etre secouee ni eclaboussee * . Α la voir, ο η croirait Thetis ou Galatee ou I 'epouse de l ' Ebranleur du Sol* ou bien encore Aphrodite assise sur l'echine d'un Triton * . Etl l e Dieu a l a coiffe d e sombr·e azur regarde avec stupeur naviguer l'animal a la demarche trainante * ; et un Triton, entendant l e mugissement trompeur de Zeus, en reponse au Cronide, fait mugir sa conque pour entonner un chant d 'hymenee * ; et Neree montre a Dδris ce rapt de femme, partage entre la frayeur et l 'admiration au spectacle de l 'etrange navigateur encorne * . - Embarquee sur le taureau qui frδle a peine Ι 'onde, la j eune fill e fait route sur son esquif

1. V. 60-65. Le theme des spectateurs marins est traditionnel : cf. Moschos, Europe, 1 18-124 (Nereides, Poseidon, Tritons) ; Horace, Odes, 3, 27, 26-27 ; Lucien, Dial. mar. , 15, 3 (Nereides chevauchant des dauphins, Tritons, Poseidon sur son char avec Amphitrite, Aphrodite) ; Ach. Tat., 1, 1, 13 {dauphins et Amours). Les thiases marins sont frequents dans Ia litterature de l'epoque imperiale : cf. par ex. Callistr., ImQg.� 14, 4 ; Himerios, Disc., 16, 2 ; Ecl. , 13, 21.

ΔΙΟΝΥΣΙΑΚΩΝ Α

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' t: ' ' ' ε' λεγ�αs ' ' t: Μ αρσυαο θ εημαχον ε�οτε αυ' λον δέρμα 'Π'αρτιώρησε φυτ κολ'Π'ούμενον αuραιs, γυμνώσαs δλα γυ'Lα λι1rορρίνοιο νoμfios. , , μαστηροs α' λημονοs , θ εα, 'Αλλα, , κα 4"-" , δ μου. αρχεο Σιδονίηs 'Π'Οτe ταuροs έ'Π'' iι όνοs ύψίκερωs Zεus Λ , , , ιμεροεν ( μυκημα νο' θ μυκησατο λαιμ καΙ. γλυκuν εΊχε μύω1rα. Μετοχμά�ων δ e γυνα'Lκα, κυκλώσαs 1rαλάμαs 1rερl. γαστέρα δί�υγι δ εσμ, 50 βαιοs 'Έ ρωs κούφι�ε · καΙ. έγγύθεν ύγρο1rόροs βous, ' c , ' ' Ρ' ' ε'Π'ιbητορι λο φ ιην κυρτον υ1rοστορεσαs κοuρτι, Λ , , "' , ) λ α!:ιων, δ οχμιοs οκ κεχαλασμενα νωτα τιταινων, Ε' ' ' ' ' ' δ ε' ταυρου υρω1rην αναειρε. - Δ ιεσσυμενοιο Λ

'Π'λωτοs ο νυξ έχάραξε βατi]s άλοs aψοφον ϋ δ ωρ c "'"' \ 1rοντοιο , , , δ ε' κουρη "" ,ιχνεσι φει δ ομενοισιν ' υ1rερ δ είματι 1rαλλομένη βοέ ναυτίλλετο νώτ άστεμφηs άδίαντοs. Ί δwν δέ μιν η τάχα φαίηs " ' ' 'Ε ' ' ' η" Θ- ετιν η Γαλ ατειαν ννοσιγαιου η ευνετιν η λοΦιfi "τρίτωνοs έφε�ομένην 'Αφρο δ ίτην. 60 ΚαΙ. 1rλόον είλι1rόδην έ1rεθάμ�εε Κυανοχαίτηs · Τρίτων δ ' ή1rερο1ri]α Δ ιοs μuκηθμον άκούων άντίτυ1rον Κρονίωνι μέλοs μυκήσατο κόχλ c ' , , ' 'δ ων υμεναιον δ ε\ γυναικα αει · αειρομενην θαuμα φό� κεράσαs έ1rεδείκνυε Δωρίδ ι Νηρεύs, 65 ξε'Lνον tδwν πλωτf)ρα κερασφόρον. - ' Ακρο�αφη δ e όλκάδα ταuρον eχουσα βοοστόλοs eπλεε νύμφη, �

ΤΕsτ. 42 s. Agathias, Hίst. 4, 23, 5, p. 1 52 Keydell.

42 έξ6τε TEST. : έξ οτε L 11 43 ποφηώpφε L : ά.πηωpφε ( et ά.πεκώστησε) ΤΕsτ. 11 46 iJόvoς [unius litt. ras. post ήJ L 11 47 μυκήσατο ( sine correctione, ut uid. ) L : μψή- Koechly1 51 ύποστορέσας Koechly1 : έπLστ- L 11 λοφL�V Keydell : -ί1JV L 59 λοφLΊj Keydell : -ί1J L 11 63 άεί8ωv Utenhove : ά.εερωv L 11 άεφομέV1Jv Utenhove : άεL8ο- L.

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bovin * ; apeuree par les bonds aeriens de son humide traversee, elle saisit la corne comme un gouvernail ; mais c'est Desir qui est son pilote * . Et le perfide Boree, que tourmente la brise nuptiale, gonfle tout son voile, torture par le desir* : pour tromper sa convoitise , il caresse de son murmure les deux fruits verts de ses seins * . - Parfois une Nereide emergeant des flots * , assise sur un dauphin, vient troubler le calme de la mer ; soulevee dans les airs, elle agite sa main mouillee a la maniere d 'une nageuse ; cependant celui qui la porte sans qu' elle soit eclaboussee par l 'onde poursuit, a demi visible * sa route a travers les eaux, humide ' arrondi , et sa queue fourchue de voyageur au dos poisson, en glissant sur la mer, trace des chemins a sa surface* : c'est ainsi que le taureau emporte Europe 1. Tandis qu'il allonge son galop * , le bouvier Eros fouette du ceste sa nuque asservie et, tenant sur l'epaule son arc tel un baton de berger* , il mene paitre l 'epoux d'Hera , avec cette houlette de Cypris, dans les patures humides de Poseidon ; Pallas qui n'a pas de mere sent la honte empourprer sa joue virginale , quand elle voit que le Cronide a une femme pour cocher* . - Et Zeus poursuit sa traversee en ouvrant un sillage dans l 'eau : la mer n'eteint point son desir, car l 'abyssale Aphrodite fut congue de l 'onde , grosse d 'un sillon trace par le Ciel * . Et, gouvernant l e breuf dans sa course sur les flots silencieux, la jeune fille est a la fois son pilote et sa cargaison * . - Lorsqu'il apergoit cet intelligent simulacre de vaisseau hater ses jarrets sur la mer, un marin d'Achaϊe qui croisait dans les parages .s'ecrie * : > pour l e sens : Europe est portee par le taureau (cf. ν. 63 ά.εφομέν7Jν, 74 ά.εφομέν7Jς) , alors qu'elle a έte enlevee au ν. 53. Cf. W. Peek, Beίtrίige ( 1969), 7.

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ύγρόι; άλι�ρέκτοιο χαράσσεται ό λ κόι; άμάξηs ; • ' � ' κατα' κυμα νο' θ ον πλ οον. � Η ρα Σ ε ληνη ' ' '"I ' ; α�υγα ταυρον ,εχουσα μετ' αι' θ ερα ποντον ο• δ ευει ' Αλλa Θέτις βυθίη διερόν δρόμον ήνιοχεύει ; , τυπον , ' , λιοι; β ουι; ο υ' β ο...ι χερσαι � ε,ικελ ον εινα "ε λλαχεν ' ' ' 'ιχθ υοεν γαρ "εχει δ εμαι; ' ' δε' γυμνηι; -, αντι • 'αλ λ ο φ ανηι; ' αχα ' , λ ινον εν , ' .,υ δ ασι πε�ον 'I ' ο δ ιτην , ' ' , ' � Ν ηρειι; ε λαυνει. ... ε' λ κεσιπεπλ οι; αη θ εα ταυρον ' ' • ' ' ' Δ Ε ι πελε ημητηρ σταχυηκομοι;, υγροπορ δ ε' γλαυκa δ ιασχί�ει βοέ ποδl. νwτα θαλάσσης, � , β υ θ ου� μετα' κυμα, ' ' και' συ, π οσειδ αων μεταναστηι;, γαίηs δίψια νwτα μετέρχεο πε�όs άροτρεύι;, νηl. θαλασσαίτι Δημήτεροs α u λακα τέμνων, , ' ' 'Πλοον ' , , ' Χθ ονι' τευχων. χερσαιοιι; ανεμοισι β ατον εν Τ αGρε, παρεπλάγχθηs μετανάστιοι;. Ο ύ πέλε Νηρεus ' ' ' αροτηι;, ' � ο υ' Γλαυκοι; α' λωευι;, β ουκο' λ οι;, ου' Π ρωτευι; ' ο"δ ' ε"λοι;, ου' λειμωνει; , � ο υχ εν ι μασιν, α' λλα' θ αλασστι , , ' ' , ατρυγετ 'Πλ ωοντει; ανηροτα ναυ, λ οχον υ" δ ωρ , τεμνουσι , , ' 'I σιδηρ · πη δ αλ ι και' ου' σχι�ουσι I , ' , ' Εννοσιγαιου, αυ" λ ακαι; ου' σπειρουσιν οπαονει; , ' ' ' ποντοιο , , πε, λε ι β ρυα και σποροι; α' λ λ α φ υτον υ., δ ωρ, ' , " ' ' , λη. , ναυτιλ οι; αγρονομοι;, πλ οοι; αυ λ ακει;, ο λ και; εχετ ' Αλλa πόθεν μεθέπειι; ,τ ινa παρθένον ; �Η pα καΙ. αύτοl. ταGροι έρωμανέοντει; &.φαρπά�ουσι γυναί:και; ; ' • ' ' ' ., � Η ρα Π οσειδ αων απατη λιοι; ηρπασε κουρην ταυρείην κερόεσσαν eχων ποταμηίδα μορφήν ; Μη δ όλον aλλον ϋφαινε πάλιν μετa δέμνια ΤυροGι;, • , , " θ ' υ• δατοειι; παρακοιτηι; ωι; και' Χθ ι�α 'I ' τε' λεσσεν, ο χεύμασι μιμηλοί:σι νόθοι; κελάρυ�εν ' Ενιπεύς ; » -

' π απταινω

,...

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100 ε�κελον Graefe : tκ- L 11 102 ά.χάλLνον [ά. ex e) L 1\ ϋδασι Koechly* : -ατι L 11 110 μετανάστLος [pr. τ ex ν] L 11 ou πέλε Lehrs1 : οuδέ κε L 11 Ν-ηρεύς [ν ex κ] L 11 111 άλωεύς L \1 122 ϋφαLνε L (cf. Ζ 187) : ϋφ-ηνε Graefe.

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Tels sont les propos que tient en cours de route l e marin grec, stupέfait. - La j eune fille presage son union bovine et, arrachant ses boucles, eclate en sanglots : ωνοs ιιμασσετο. Πλουτοus Zεus Κρονίδηs πεφορημένοs, οφρα φυτεύση τ άνταλον ούρανίων ά.εσίφρονα φωρα κυπέλλων, αί.θέροs eντεα θi}κε μυχφ κεκαλυμμένα πέτρηs ι ' � , ι .. , , δ ε' κεραυνων · υπωρο Φ ιων και, στεροπην εκρυψεν , ' , , ' ' λ αινετο ' εριπνη, λευκαs ' εμε ερευγομενων καπνον καΙ. κρυφί� σπινθi}ρι πυριγλώχινοs όιστοu , , ' ' θ ρων δ ε' ρεε χαραδ ραιων πηγαι' ε' θ ερμαινοντο, Μυγδονis ά.φριόωσα φάραγξ έπε�όμ�εεν ά.τμφ. ' 'Αρουρηs ' ' ' νευματι ' κ αι' παλ αμαs ' ' μητροs υπο τανυσαs

το �ιον



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127 πλοκάμους Ll : -μοLΟ (?) L 11 133 fol. ω v L 11 139 rχνLΟ: L2 : 6::ον. περροι!:>ησε δ ε 1rυρσφ� 'θ ' β ακχευων ' ' αιο � ' ' λ os, ο.,ι τε Βορηα, αι ερα στρατοs ' Λ Ρ ' C'f ,.. c. Ε" , ' αντυγαs υρου, και ιbOS εσπερα νωτα, και' ο ι' λ αχον " • ' Ν ' � ' ' ' � · δ δ και οτιουs αγκωναs ομο!:>η λφ ε κυ οιμφ , ' αστρων, , θ η χοροs "' απ λαγχ "'30 • λ ανεων , • , • ατινακτοs απεπ 1 "Ρ ' Ό� ' , ' , δ ' ηχ δ ' εκιχησαν α' λημοναs · εbρεμε αντιπορουs "t ,.. ' , κενεωνι πεπαρμενοs , ουρανιφ ο, ρθ ιοs α�ων μεσσοπαγήs. - · ο ρόων δe κυνοσσόοs εθνεα θηρwν ' Ωρίων ξίΦοs είλκε, κορυσσομένου δ e φορηοs 235 φαιδρa τ αναγραίηs άμαρύσσετο νwτα μαχαίρηs · και σέλας αίθύσσων πυριθαλπέοs άνθερεwνοs δίψιοs άστερόεντι Κύων έπεπάφλασε λαιμι{) ' Λ ' υ., λαγμα και' η' θ α' δ os αντι ' ' θ ερμον αγωου� πεμπων • , • ' ο' δ οντων. ' , θ ηρσι' τυ φ αονιοισιν ανηρυγεν ατμον 216 χαλ�vώ L : -vα. L8 ll 223 χ [&σμα L8" 1 : φ&- L 11 224 ώρα� [ω ex rxu] L 11 230 άπεπλά.γχθη Μ : -&γχη L 11 233 όρόωv L1 : όρώωv L 11 234 •Ωρ(ωv L 11 238 λαγωοϋ Ρ : -ώοu L 11 239 Tuφrxo­ v(o�σLv Keydell : -(ησ�v L.

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240 l'haleine de ses crocs * . - Et le pόle n'est plus que

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vacarme : pour repondre aux sept zones du ciel , a son tour, j ailli d'autant de gosiers, retentit le cri de guerre des Pleiades aux sept bouches, auxquelles l es planetes font echo par autant de clameurs* . - Quand il voit l 'effroyable aspect serpentin du Geant, le brillant Serpcntaire brandit de ses mains preservatrices scs dragons au dos glauque qui se nourrissent de feu 1 ; en guise de traits, il lance leurs corps tachetes et ondu­ l eux* ; autour de l eurs flammcs2 sifflent des ouragans, et ces fleches viperines, j ailli es obliquement de l'arc, dcchainent des bacchanales dans l es airs3• H::ι rdiment, le compagnon de route du Capricorne a queue de poisson , lc Sagittaire, decoche aussi son trait * . Dans l e cercle du Chariot, lc Dragon qui , brillant au centre, se partage entre l es deux Ourscs, vibre la queue lumineuse de son echine celeste * . Non Ioin d' E rigone * , I e meneur du Clιariot qui chemine a ses cόtes, le Bouvier, brandit sa houlette de son bras resplendissant * . Prcs du genou de l ' Image et de son voisin l e Cygne , la Lyre constellee prcsage la victoire de Zeus * . Alors Typhee saisit et ebranle l es cimes d u Corykion ; etreignant l es caux que roule l e fleuve cilicien, il reunit dans le creux d'une meme main Tarsos et le Kydnos * . Pour bombarder de traits rocheux l a cohorte des vagues marines, il se dirige vers l es ecu eils du rivage : apres l e ciel , c'est la mer qui subit son fouet. - Le Geant a beau s' avancer : le flot baigne seulement les, anneaux de . ses pieds* ; ses reins, restes a decoιιvert

1. Ε. Livrea rapproche Ap. Rh., 1, 129 ά.πεσεισιχτο νώτων. 2. Πυρσ semble garanti par 1, 226 : comparer έπερροιζΎ)σε 8ε πυρσ et ά:μψt 8ε πυρσ Ι . . . έρροιζφιχν. 3. Les expressions de ce passage sont remarquables. Le pluriel 8ριχκόντων doit equivaloir a un singulier et designer le Serpent unique que tient le Serpentaire. Ce reptile est compare, d'une fac;on paradoxale, a une fleche dont la hampe serait sinueuse (σκολLόν) et qui serait lancee de biais (λοξοι), contrairement aux fleches ordinaires. Le Serpentaire se comporte, m utatis mutandis, comme son voisin, le Sagittaire (cf. 1, 250 s., et Aratos, 665 s . ) .

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' ι γησεν Ρ ι ' ' ' 240 κ αι' 'Π'Οι λ os εσμαρα l::> ο μενη δ ε' και' αυτη ' αμει ούρανον έ'Π'τ ά�ωνον ί.σηρίθμων ά'Π'ο λαιμwν Πληιάδων άλάλα�ε βoi]s έ'Π'τάστομοs ήχώ, 'ισομετρον ι ' � ι ' και' καναχην ε'Π'εγ α' ληται. δ ου'Π'ησαν -

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Ιμερδαλέην δe Γ ίγαντοs ί.δwν όΦιώδεα μορψην αί.γλήειs Όφιοuχοs άλεξικάκων ά'Π'ο χειρwν Φ' ' ι ι � γ λαυκα' 'Π'υριτρε εων α'Π'εσεισατο δ ρακοντων, νωτα στικτον ά κ οντί�ων σκολιον βέλος ' άμφl. δe 'Π'Upσφ λαίλα'Π'ες έρροί�ησαν, έτοξεύοντο δe λοξοl. ' ι ι ' ι ' ι ηερα εχι οιστοι. β ακχευοντες δνηεντεs ΚαΙ. θ ρασus ίχθυόεντοs ό μόδρομοs Αί.γοκερi]οs Τ οξευτηρ βέλ ος ήκεν. Άμαξαί λιbατοιs 1τελ αγεσσιν ' αερσι1τορ� , , , ' Ρ '' , αbρ οχοs ορνιs ε' λουσατο γειτονι 1τοντ�. ηεροs Και βυ θίου τριόδοντοs eχων μίμημα τυΦωεύs, χειροs ά.μετρήτοιο ταμwν ένοσίχθονι 1ταλμ� ν1]σον άλικρή1rιδοs ά1τοσ1τάδα 1τέtαν άρούρηs, 290 p'Lψε 1ταλινδίνητον δλην σφαιρηδον έλί�αs. ' ' , ' ' γειτονεs ' ηερι ' Μ αρναμενου εν αστρων δ ε' Γ ιγαντοs ' ' θ ησαν ' Ολ υμ1τ� ' ' ' λ ιον σκιοωντεs ηε ε' θ ωρηχ



ήλι�άτου 1rρηwνοs ά.κοντιστ1]ρεs ά.γοστοί. ' ευ"λοχον �δρην ' τερμα, , κ αι' β υ' θ ιον μετα μετα' χθ ονοs 265 fol. 1 1 v L 11 2'13 tλυόεvτL Falkenburg* : εtλ- L 11 2'14 πόντου L : -τφ K Ό echly 11 283 θεΊ)μάχοv L1 : -χωv L.

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295 feconde de la terre, ce Zeus imposteur arme son bras

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de la foudre aux pointes de feu . Mais, pour soulever le trait du Cronide, ce n'est pas trop de ses deux cents bras formidables1 : tout monstre qu'il est, Typhee peine sous ce fardeau que le Cronide enlevait prestement, d'une seule main. - Les nuees font defaut au Geant ; dans son poing desseche, l e tonnerre n'emet qu'un murmure faible et sourd, un bruissement silencieux* ; l'air est si sec que Typhee a bien du mal a repandre l es gouttes assoiffees d'une pluie qui refuse de tomber2• L'eclair se fait obscur ; telle une fumee noiratre 3, sa flamme chetive ne brille que d'un eclat piteux4• Et, se sentant tenues d'une main inexperte, l es foudres, char­ gees d'un feu male, s'effeminenL* ; l 'une apres l 'autre, elles glissent d e ses mains enormes, bondissent a l eur guise ; leurs feux se dispersent au hasard, regrettant la main celeste de l eur maitre familier. - Ainsi * , lorsqu'un intrus, un meneur de cavales novice, conduit un poulain indocile qui renacle au mors, il a beau le fouetter : il perd sa peine ; l e farouche animal comprend par instinct qu'un cavalier inhabituel l e mene de sa main d'imposteur ; sous l 'aiguillon, il s'emporte et se cabre , tout droit ; ses sabots de derriere solidement plantes en terre, il l eve les pattes anterieures, l es lance en avant, genoux plies 5, et dresse l ' encolure ; l ' epaisse criniere de sa nuque voltige a droite et a gauche sur ses deux epaules. Le Geant s'epuise ainsi a tenir d'une main, puis d'une autre l 'eclat fugitif de cette foudre vagabonde. Pendant que Cadmos l 'errant parcourt le pays des Arimes6 , l e t.a ureau navigateur parvient au rivage du

1. Cf. Quint. Sm., 1 1 , 1 55 χερσlv άμαψα.κέτησ�. 2. Cf. Nic., Ther., 307 κοcτειοετα.� άστοcγες α.!μοc, ού le preflxe ά- possede une valeur intensive. 3. Cf. κ 1 52 οctθοπα καπvόv. 4. D ans les ν. 299-304, Nonnos n'accumule pas moins de six antonymies. 5. Γούvατοc κόπτωv pourrait etre lectio difflcilior : le cheval cabre entrechoque ses genoux anterieurs. 6. Ct. Β 783 εtv Άριμο�ς, et la Notice, p. 23.

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Zεus ν όθοs ωπλισε χε'Lρα πuριγλώχινι κεραυν�. "Ε ντεα δ ε' Κ ρονιωνοs ' ' ' ' ' αμαιμακετ11σιν αειρων ' ' ' χερσι' δ ιηκοσι11σι τυ φωευs πε' λωρ εμογησε βριθοσύν!l · παλά μ!l δe μιfi κούφι�ε Κρονίων. > Λ > ' l:Λ ροισιν ' ΑννεΦ ε' λ ου δ ε' Γ'ιγαντοs επι αγοστο ιs �η ' Φ , > > Λ ' 300 β ροντη κω ον επεμπεν αδ ουπη, το u με' λ os ηχουs ήρέμα βομ�ήσασα, μόγιs δέ ο ί t] έροs α uχμ� &.σταγέοs νιφετο'Lο κατεί�ετο δ ιψΟ.s eέρση . Λ ) )I ' δ ' ηχ λ υσε, και' εικελον αι" θ οπι καπν� αστεροπη μαρμαρυγfi σελ άγι�ε κατηφέι λ επταλέον πuρ ' 305 καΙ. παλάμαs νοέοντεs &.πειρήτοιο φoρflos, ι 1 ' εχοντεs, " αρσενα πυρσον ε' θ I') λ υνοντο κεραυνοι, πυκνον ολισθήσαντεs aμετρήτων aπο χειρwν ι > > "l δ ε' πυρσοι' λ α!:Ιοντο α" λμασιν αυτοτrοροισιν ' απετr 295



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ο uρανίην ποθέοντεs eθήμονα χε'Lρα φoρflos. 3 1 0 Ώs δ ' οτε τιs πλήξιπποs &.ποπτυστfl ρα χαλινοu I I Λ Λ l: ανη ) ' ρ α) δ ι' δ ακτοs απει ) θεα �εινοs πωλον •ιμασσων πυκνΟ. μ άτην μογέεσκεν, ό δe θρασus eμφρονι θ υμ� χε'Lρα νόθην γίνωσκεν &.ήθεοs ήνιοχfl οs , οi > , λτο, και' ορ , θ ιοs • , υψοσε , ' δ ' ανεπα ο >ιστρη θ ειs β αινων, • > > , ' πο δ os , ' οπλην, ' l:ατινακτον 315 στη ρι�αs οπισθ ιδ ιου προσθιδίουs προ�λfl ταs eκούφισε γούνατα κάμπτων, , δ ε' ο •ι ωμων ' ' και' λ ο' Φον Ό· ωρησεν, επ αμφ οτερων , ' ' δ εδ ονητο ' , αυχενι χαιτη αμφ ιλαφ ηs παρηοροs ι\ ιι " ' ' ' ' εκαμνεν Ρ ' αειρων ωs ο γε χερσιν αμοι0αι11σιν 320 μαρμαρυγην Φύξηλιν &.λωομένοιο κεραυνοu. ' ' ' ' Α ριμοιs ' ' φοιτεε ' ειν "Ο Φ ρα μεν Κ α' δ μοs α' λητηs, επε • • Λ > ' , , , υπερ ' 11ονοs το' Φ ρα δ ε Δ ικταιηs υγροποροs β ous ι











,

299 έπt L : έvt Koechly 11 300 βpοvτΊ] Falkenburg* : -τΊ]v L 11 309 o m. L, add. in marg. L1 et denuo in textu L8 11 oupιxVLΊJV LlL1 : -(ου Graefe* 11 314 ύψό]σε L8 1 : -όθ� L 11 316 πpοολΊjτιχς L1 : όπp- L 11 κιΧμπτωv anon. Lips. : κόπτωv L 11 319 �κιχμvεv anon. L ips. : lκιχμψεv [ιχ ex μ] L 11 320 ά.λωομέvο�ο L : ά:λ- L•.

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Dicte * : il fait descendre de son dos et depose la j eune fille que l es flots n 'ont pas mouillee. Et, quand ell e voit l e vertige d u desir posseder l e Cronide, H era , foll e d e j alousie, exhale en ces mots sa colere sarcas­ tique :

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και �αθέηs ώδ'Lνος έην έγκύμονα νύμφην κάλλι1rεν ' Αστερίωνι, βαθυ1rλούτφ 1rαρακοίη1, Zεus 1rόσις. ' Αντέλλων δε 1rαρa σφυρον Ήνιοχi]οs νυμφίος άστερόειs άμαρύσσετο ΤαGροs Όλύμ1rου, είαρινt;> Φαέθοντι Φιλόδροσα. νwτα Φυλάσσων, ' ' Ρ ' αντε ' λ α δ ον ' ' λλων ε1rικαρσιοs ' δ ε' ' οκ φηs ' ημιbα δε�ιον Ώρίωνι 1τόδα 1rρο�λf]τα τιταίνων , , , , , δ ε' θ οωτεροs φ αινεται, εσ1rεριην αντυγα β αινων σύνδρομον άντέλλοντα 'Παρέρχεται Ήνιοχηα. "Ω ' ' ' � ' - Ο υ' δ ε' Τυ φωευs ' ' εστηρικτο s ο μεν κατ ουρανον. ' ' " ' ι: φ ορφ ' εντεα με' λλεν ετι κρατεειν Δ ιος · το�ο γαρ ' Κ ρονι' δηs συν ' " Ε ρωτι 'ΠΟ' λον δ ινωτον ' εασσας '' Zευs φοιταλέφ μαστi]ρι δ ι ' οuρεοs ήντετο Κάδ μφ 1rλα�ομένφ, �υνην δε 1rολύτρο1rον ήρτυε βου λην pαψάμενοs Τυφwνι δυσηλακάτου λίνα Μοίρης. Π αν ' ' Ρ' κ αι' Δ ιι' 1rαμμε δεοντι ' , συνεμ1rοροs αιγιbοτοs ' ' , , ' � · � δ ωκε β οας και' μη� λα και' ευκεραων στιχαs αιγων 1rλέ�αs δ ' έκ καλάμων καλύ�ην έλικώδ ε"ί δ εσμt;> ' δα1rε' δ οιο · και' αγνωστφ � ι: U'Περ ' , 1rη�εν τινι' μορφη� c

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c

'Ποψενίην έσθi]τα καθαψάμενος χροί Κάδμου ε'ίμασι μψηλο'Lσι νόθον χλαίνωσε νομi]α ' ' ' κα ' δ μφ ' ' και' δ ο λ ιην συριγγα ει' δημονι φ ερων 375 δ wκε τυφαονίοιο κυ�ερνήτειραν ό λέθρου. Ψευδαλέον δe βοτi]ρα καΙ. ήνιοχi]α γενέθληs t , ' καλεσαs , . ' , , Zευs 1rτεροεντα μιαν �υνωσατο β ου λην , 'ι' , ' ' ευ" δ ιοs ,εσται . « κ α, δ με 'Πε'Πον, συρι�ε, και' ουρανοs , ' , , δ η θ υνεις, · ημετεροιs γαρ και' "Ο λ υμ1rος ,ψασσεται ' ' ' ' ' ' ΤυΦωευς. ' 380 τευχεσιν ουρανιοιs κεκορυθ μενοs εστι t ' ' ' , , ' , Α'ιγιs εμοι μουνη 1rεριλει1rεται · α' λλ α τι ρε�ει '

,



358 έπLκάρσLος L 4 : -ριχLος L 11 359 Ώρ(ωvL L 11 360 θοώτερος Falkenburg* : θεώ- L 11 367 pιχψάμεvος Graefe : γριχ- L 1\ 368 ιχtγLοότος Vian : -(οοτος L 11 372 έσθΊjτιχ [θ e corr.] L 1\ 377 μ(ιχv Graefe : μ(Ί)v L 11 379 tμάσσετιχL L. 11

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CHANT Ι

peau de chevre face a Ia foudre de Typhon " ? - Je crains Ies railleries du vieux Cronos ; j 'ai peur que mon ennemi, I 'insoient Japet, ne reieve sa nuque arrogante * . 385 Je crains pius encore I a Grece , cette mere des fabies * , et qu'un Acheen ne prete a Typhee I es appellations de Piuvieux, de Regent des Cieux ou de Tres-Haut, en offensant mon nom" . - Deviens bouvier pour une seule aurore et, par Ia musique ensorceieuse de ta flute pastorale, sauve Ie pasteur de I ' Univers * : fais 390 que je n'entende pius Ie fracas de Typhee I 'Assembieur des Nuees ni Ie tonnerre imposteur d'un second Zeus * , que j e lui interdise a j amais de combattre avec I 'eciair et de guerroyer avec Ia foudre. - Si tu as regu en partage Ie sang de Zeus, si tu es de Ia race d ' lδ , Ia fille d' lnachos, ecarte Ie maihenr par la meiodie de ta 395 syrinx enjδieuse ; charme Ι 'esprit de Typhon " . Moi, pour j uste prix de tes peines, je te donnerai une doubie recompense * : je ferai de toi tout ensembie Ie sauveur de I 'harmonie universelle et I 'epoux d'Harmonie " .

ασ κεραυνοι.ι > ., Β ουκοι λε, μισ θ ον \ ι \ εχεις σεο 1rηκτι' δ ος ουρανιον γαρ > • ' ι ι ,.. �� θ ρονον 445 αντL ΔLO' S σκη1rτουχο ηνιοχευσω, ς οτε ' ' ,... ' 'θ' , , εσ1rομενον μετα γαLαν ες αL ερα καL σε' κομLσσω �



ι

·

ι:

αύτfi όμοΟ σύρLγγι καί, fιν έ θ έλτιs, Cί μα 1rοίμντι. ' > > ι ' λης νοσΦ 'Lσσεαι Lσοτυ'Που ο υ' δ ε' τεης αγε γαρ στηρί�ω σέθεν αtγας ύ1reρ pάχιν Αίγοκερi]ος η σχεδον ΉνLοχi]ος, δς Ώλενίην έν Όλύμ1r 1 Ρ • ' ' σους βοαςομ�:�ροτοκοιο αστεροεντας ε1rαντε λλ οντας ' Qλ υμ'Π � ' Τυ φωνος ομεστιος, ο 'ΠΟLμην. ουρανLου λΡ�:ιLΕ έντος Όλύμ'Που . Σήμερον έν χθονl. μέλ'Πε, καΙ. "αuρLον μoλ1ri]s δ ' Cί �Lα δ wρα 'Παρ' άστεροφεγγέL κύκλ, ι ι κ αι' νε' Φ os εσκε1rε Κ αδ μον α' θ ηητ� 1rαρα' 1rετρτι, μη δόλον ή1rερο1rηα μαθwν καi. φωρα κεραυνοu ' ' ι • ι τυ φωευs λ α' θ ριον υστερομητιs α1rοκτεινειε βουκόλον ά.λλο1rρόσαλλον. Ό δe 1rλέον ήδέι κέντρ� ήθελεν είσαtειν φρενοθελyέα pυθμον ά.οιδηs. Ι

Tandis qu'elle par1e, Sommei1, vo1ant a 1a ronde sur son ai1e d'ombre, endort Ia nature entiere et 1ui apporte un repit * . Seu1 1e Cronide ignore a1ors 1e sommei1 7• Typhee, etendu, 1aisse retomber son dos engourdi sur 1e so1 qu'i1 accab1e de son poids, couvrant toute la Terre, -

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Ι . Cf. Ε Ι 7Ι πτερόεντες όtστο(. 2. Cf. la note a Ι, 405, et Hymnes orph., 1 0, 3 παν8αμάτωρ, &8άμαστε. 3. Formule attestee dix fois dans le poeme ; cf. .η μέγα θαϋμα ( Ν 99 ; al. ; Opp., Hal. , 4, 270), ώ μ. θ. (Greg. Naz., Carm., Ι , 2, 2). 4. Voir la note a Ι, 230. 5. Cf. Ω 542 σέ τε �8e σιΧ τέκνα. 6. Cf. Quint. Sm., Ι , 677 κτυπέοντt κεραυνc'ρ. 7. Cf. 33, 280 s. Sur ce theme, voir la Notice, p. 75, η. 2.

ΔΙΟΝΤΣΙΑΚΩΝ Β

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1 14

Δ ι ι ι ' ι στοιχειων ' λ ηια πισυρων, ηρνησατο ηω, λ 'Ή�η ε'ίπε κύπελλον, 'Άρης δ' άπεσείσατο λ όγχην, Λ ρα · ε ρμηs " .ι. 'Απο' λλων ' bδ ον "εθηκε, λ υρην δ ' ερριψεν • 'Ρ ι ι ι ι ' πτεροεντας ' λ ιπων και' πτεροεις πεποτητο οιστους, 1 1 1 ει" δ ος "εχων κυκνοιο, δ ε' θ εαινης τελεσσιγαμου 1 1 1 " ασπορο ς "επλετο κοσμος 'Αφ ρο δ ιτης. α' λ ωομενης Ά ρμονίηs δ' άλύτου λ ύτο πείσματα · νυμφοκόμοs yaρ ι ι ' εις "Ε ρως θ ρασυς ' φ οι Ρbον "επτη πανδ αματωρ α' δ αμαστος 'ι Λ ι l: λ ιπων ι ' γονοεντα · και' η' θ αι δ α Λη το!:οα μνον εασσσ.ς, > ι ι ι ι γουνατα ' πυ ροεις ιιΗ φ αιστος, απει θ εα σος συρων, ι Λ ι "εχει δ ρομον. 'S'A μεγα ' ι ' αστηρικτον ο< β ρα δ υς θ αυμα, ι ι ' και' μα' λ α μοι κοτεουσαν εποικτειρω σε' θεν cι Η ρην. ι \ 'S' , , ,, ι H ρα τεος γενετη ς παι λ ιν α� ι!:οεται εις χορον αστρων ; \ > I ΜI I \ ) τ Λ η ποτε τουτο γενοιτο και ει ιτηνις ακουω, ούκ έθέλω Τιτfjνας ίδ ε'ίν ιφ ατέοντας ' Ο λύμπου, Λ ι τεκνα. ι ι α' λλ α' σε' και' σεο - Σ υ' δ ε' κτυπεονη κεραυνφ 'Αρτέμιδος προμάχι�ε σαόφρονος. 9Η pα φυλάσσω > ι ι ; ' αναε ' ι δνον αναγκαιφ παρ θ ενικην παρακοιττι ι ι ι τοκον οψεται ι c τανυσσει < τοκου , ,ι, 'S'H ρα ταμιη ; ,.Η ρα χε'ίραs έμοί ; Ποίην δ e καλέσσομαι ' Ι οχεαίρτι " ' Ε ι' λ ει'θ υια λοχευστι ' .,λ ; » ι αον Ε ι' λ ει'θ υιαν, οτ C \ cι ι ' ' yπνος εf\ι!:οας < \ 'l: > Il clame ces menaces ; mais Zeus rit de les entendre * . E t l a guerre gronde dans les deux camps : s i Discorde mene Typhon au combat, Zeus a Victoire pour guide dans la bataille. Ce n 'est pas un troupeau de bceufs ni des brebis qu'ils se disputent ; ils ne se querellent pas p our la beaιιte d'une femme ; ils ne guerroient pas pour une mechante ville. Le prix de l a lubte est l 'empire meme de l 'ether ; sur les genoux de Victoire reposent le sceptre et le trδne de Zeus, enjeux de la bataille * . Zeus, e n fouettant les nuees, fait sonner son tonnerre 3 : l 'ether mugit, trompette claironnant l 'air d'Enyδ * . Et il enveloppe sa poitrine dans un manteau de nuages, ab1·i contre les traits du Geant. Typhee ηση pl us ne reste p as muet. Les tetes de ses bceufs poussent des mugissements * , vivantes trompettes tonitruant contre l ' Olympe ; melees a elles, siffient les syrinx de ses serpents , flutes d ' Ares * . E t Typhee * , pour couvrir d'une cuirasse les rangs de ses membres escarpes, assemble le roc au roc, jusqu'a ce qu'il se soit bati un infrangible rempart avec des rangees serrees de montagnes, a force de poser des blocs, l 'un contre l'autre, sur des monceaux de blocs. Ι1 est l 'image d'une armee en ordre de bataille : cδte a cδte , en effet, le piton s'adosse au piton, la crete a la crete , la croupe a la croupe ; la cime, voisine des nues, presse la cime ravineuse *. Et Typhee prend pour casques des dδmes rocailleux, couvrant ses tetes sous le haut 1 . Pour χοροv όίστρωv, voir la note a 1, 230. 2. Sur la Vierge et le Bouvier, voir les notes a 1 , 254, 255. 3. Voir la note a 1, 440.

ΔΙΟΝΥΣΙΑΚΩΝ Β

1 19

πουλυτόκου Κρονίδαο πολυσπερέs άλλο Φυτεύσω ... I I I , ' αστρων ' χοpον αιμα νεον μακαpων 'ΠΌ λ υαυχενον. Ο υ λείψω νόσφι γάμων ά.χρήιον, άλλά συνάψω I I I " θ η λ υτεpην, αpσενι ινα δ ο υ' λια τεκνα. λ οχευσll 355 Παρθενικη πτερόεσσα παpευνη θεί:σα Βοώτll • » C I > > I ' λασσεν ακουων. Είπεν ομοκ λ ησαs ' κ ρονι' δ ηs δ ' εγε Καί μόθοs ά.μφοτέροισιν έπέ�pεμεν · ήν δ έ κυδοιμοu , "Ε • Λ ' , δ ' ηγησατο Δ ιοs πομποs ριs τυ φ ωνι, Ν ι' κη I ' I ' I ' μο' θ ον. Ο υ' β οεηs αγε' λ ηs χαριν, ο υ Ίrεpι' Ίrοιμνηs ειs 360 ήεν ά.γών, ού νεί:κοs eην έπl. κάλλε'ί νύμφηs, I ' "I c ' αυτου ' Λ ο υ' κ λονοs αμΦ'ι 'Π'ΟI ληοs ο' λ ι!:>ονοs ' α' λλ' υπεp (αίθέροs) ίστατο δηpιs, eην δ' ένί γούνασι Ν ί κηs σκηπτρα Δ ιοs καί θwκοs ά.έθλ ια δηιοτητοs. I Λ ' μεν ' cιμασσομενων ' Z ευs ' I νεΦεων αpασσων β ρονταιον

I > I > ' επυργω ' θ ησαν εριπναι, αppαγεεs στοιχη δ ον > I I I ' και\ πετρην Ίrpo θ ε' λ υμνον ε'Π'ασσυτεpll θ ετο πεΤΡll · ' I ' γαρ , Λ τυποs · αγχι ' 375 '9Η ν δ ε' κοpυσσομενηs φ ανηs στρατιηs > I > I C \ I I pωγα δ α pωγαs "ερει δ ε, λ ο φ os λ ο φ ον, αυχενα δ ' αυχην ' > I I \ ) Λ .,,, φ ηs " θεεν αγκων. δ ' αγκωνα υψινε πο λ υπτυχον ω , Λ κο λ ωναι Λ τυ Φωνι κ αι, κρανααι, πη' ληκεs εσαν αίπυλόΦιe Ίrpηwνι καλυ'Πτομένων κεφαλάων.
α πυρ. � νειο, θεν οιγομενοιο δ ιε' δ ραμεν α< λλομενον •ηs λίθοs άμφl λίθ� φλογερην ώδ'Lνα λοχεύων λάινον ήκόντι�ε πολυθλι(;Ε:s αύτόγονον πuρ, ' I \ οτε θ η� λ υs αρασσεται " 495 πυ ρσογενηs αρσενι πετ ρ� ο ίίτω θλι(;ομέντισιν άνάπτεται ούρανίη Φλοs .. , , λ ιγνυι και\ νεΦ ε' λτισιν. - ' Απο\ Χθ ονιοιο δ ε' καπνου� I

, , ' ' ' αντο ' \ εs \ ε λε' λι!::>.,., εν ο'Πω1rαs, ' 525 Ε 'ι γαρ λ ιην σφ αλεραs < , , , " ' Φλ ογοεσσαν Ε υρου υσμινην ε' δ εχνυτο γειτονοs ' ' ' ' ' ' Α ρκα' δ os "Αρκτου, ειs κ λ ισιν ει σκο1rια!::>" ε δ υσηνεμον ·

χειμερίου 1rρηστf)ρο s άθαλ1rέι βάλλετο 1rάχνn. Φεύγων ψυχρον Ο.ημα νιΦο�λήτοιο Boρf)os, 530 καl διερφ δεδόνητο καl αl.θαλόεντι βελέμνι,e. κ \ Λ , Λ , ' Η ουs, ' , ' βλ οσυρηs αι δ υσιν εισοροων, αντω1rιον έσ'Περίην εφριξε θ υελλήεσσαν ' Ενυώ, είαρινf)s άίων Ζεφυρηίδοs ήχον ί μάσθληs καΙ. Ν ότοs άμφl τένοντα μεσημ�ρινον Αίγοκερf)οs ι ι " > ι ' ' ' αητηs, 535 αντυγαs θ ερμοs ηεριαs ε1rεμαστιε, Φλογμον Ο.γων τυΦwνι 'Πυραυγέι καύματοs άτμφ • 1 ι 1 " ' , Ρ ' ομ0ρον εχευε καταρρυτον υετιοs Ζευs, ει' 1r0 λ υν λ uσι'Πόνοιs λι�άδεσσιν ολον χρόα λοuσε τυφωεύs, θερμΟ. καταψύχων κεκαφηότα γυ'Lα κεραυνφ. 540 Καl κραναο'Ls βελέεσσι χαραδραίου νιφετο'Lο , , ., ετο μητηρ. , \ 1rαι δ os Δερκομένη δέ Γίγαντοs έ1rl χροt μάρτυρα Μοίρηs , , , ' λ αινα ακωκην, 1rηκτα\ β ε' λεμνα και\ υ< δ ατοεσσαν Ήέλιον Τιτf)να κατηφέι λίσσετο Φωνft, Λ ' ' 'V ο υσα θ ερειτατον, ' 545 εν φ αοs ο" Φ ρα κε 1rυρσι,e αιτι!::> ·

n

520 γενε(ων Graefe : -νύων L 11 523 λLΟά.δεσσLν [λ ex ν] L 11 527 εtσκοπ- ( sic) [εL ex ε] L 11 531 βλοσupΊjς [sed φ pro β exarare inceperat) L : φλογεpΊjς Koechly, cl. 27, 1 48 11 Ήοϋς Casaubon : ήχοϋς L 11 533 εLιχpLνΊjς ιΗων Casaubon S caliger : εi:ιxpL νησιχ(ων L 11 537 πολύν L : πά.λLν Graefe uide adn. 11 540 χιχpιχδpιχ(ου L : χιχλιχζιχ(οu Scaliger 11 542 έπt L : ένt K oechly 11 544 ήέλL6ν τε L : τε del. Falkenburg* 1 545 θεpε(τιχτον Ludwich : -p(τ- L.

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CHANT

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plus forι de l 'ete 1 pour que s a flamme plus chaude fondc l ' eau petrifiee de Zeus et qu'il repande sa lumiere fraternelle sur Typhee battu par les frimas * . Cependant d'autres coups, en cinglant son fils, la calcinent comme lui : en voyant cιlors se consumer ces bataillons de bras escarpes qu'environne le feu , elle supplie qu'une bise hivernale souffie en temp ete, l 'espace d'un seul matin, pour que les vents glaces eteignent la soif qui accable Typhon. Mais le Cronide a fait pencher la balance de la lutte indecise2• La Terre maternelle arraclιe de la main le voile de ses forets et sc lamente au spectacle des tetes fumantes de Typhon * . Les visages du Geant brUlent ; ses genoux sont rompus3. Tandis que, pour presager la victoire , la trompette de Zeus n1ugit dans le fracas du tonnerre * , Typhee s'abat, de toute sa hauteur, ivre sous les coups du feu celeste, frappe dans la bataille d'une blessure qu' aucun fer n'a causee. Le dos renverse sur la Terre sa mere , il giι, ses membres de serpent etendus a la ronde dans la poussi(τe * , crachan ι le feu * . Alors le Cro­ nide le nargue en eclatant de rire et, d'un gosier moqueur, il verse ce flot de paroles4 : , Ρ , μεχριs , Δη θ υνειs αι' θ ερα ναιειν, ανεμbατον τεο ψευδόμενε σκη'ΠτοGχε ; Μένει δέ σε θwκοs Όλύμ'Που ' σκη'Πτpα Δ ιοs καi. 'Πέ'Πλα, θεημάχε, δέ ς ο, ΤυφωεG. ' ουρανον ' � δ ε' κομισσον ' ' ' ην " δ ' ε' θε λησηs, ' Α στραιον ' ες 'Ο ' Ε > , , \ , Φ ιων, αι' θ ερι νοστησειε και uρυνομη και ·

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546 πετpούμενον Falkenburg* : πτερ- L uide 426 1 551 ες ( sic) L 11 552 ά:ποσοέσσειεν L2 : -έσειεν L 11 561 νώτrχ anon. Villois. : νώθρrχ L νωθρcΧ υ (uel L4) 11 565 Τυφωεu Ρ et Cunaeus : -εύς L 11 566 μετcΧ κλ6νον Keydell, cl. 36, 1 1 5 : μέγrχν γ6νον L 11 567 τιμ� ορος L : - r,opoς υ 11 573 Εύρυν6μΊ) [-ρυν- ex - ρυον-] L.

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C HANT 1 1

Ophion * et, avec e ux, Cronos, comme compagnon de

575 route. Quand tu monteras vers les hauteurs de la voute

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diapree que parcourent les astres, que l'artificieux Promethee, echappe a ses chaines, soit ton compagnon ; que l'impudent oiseau qui se repait sans merci de son foie toujours j eune le guide sur le chemin du ciel. Que revais-tu de mieux que de voir apres le combat Zeus et l 'Ebranleur du Sol asservis a ton trδne 1 ? Eh bien ! vois devant toi Zeus a bout de forces , prive du sceptre de l ' Olympe, depouille de son tonnerre et de ses nuees ; au lieu du feu divin de l 'eclair, au lieu de sa foudre familiere, il tient la torche dans la chambre nuptiale de Typhon ; camerier de ton Hera, ta captive et ton epouse, l'reil rageur, il j alouse ta couche. Et voici son compagnon de j oug, l 'Ebranleur du Sol, enleve a la mer, servant a ta table apres avoir regne sur l es eaux et portant d'une main alteree ta coupe a la place du trident2• - Tu as Ares pour laquais et pour domestique Apollon ; depeche chez les Titans le Messager fils de Maia * : qu'il leur annonce ton regne et ta celeste naissance. Mais laisse le forgeron Hephaistos dans sa Lemnos accoutumee : il fabriquera pour ta nouvelle epouse un collier aux couleurs chatoyantes, pare de mille feux3, ou des chaussures scintillantes, une vraie splendeur* , qui fera l 'orgueil de ta compagne ; ou bien il fagonnera un autre trδne olympien, si rutilant d'or que ton Hera au trδne d'or rira de posseder ce siege encore plus somptueux* . Et maintenant que tu as installe dans l ' Olympe les Cyclopes souterrains, forge ta foudre a l'etincelle plus puissante 4• Mais, puisqu' il a perfidement enjδle ton creur par l' espoir de la victoire * , lie avec une chaine d'or Eros ainsi qu'Aphrodite d 'or* ; 1 . V. 579-599 : sur ce catalogue des dieux, voir les notes a 5, 1 26, 1 30. 2. La main de Poseidon est 8Lψά.ς, parce que le dieu a quitte l'empire des eaux. 3. Souvenir de l'hom. Ί)νοπL χιχλκ (Σ 349, al.). 4. La conjecture νέον est inutile. Zeus repete ironiquement douze fois le pronom ou l'adjectif possessif de la seconde personne dans les ν. 585-602.

ΔΙΟΝΤΣΙΑΚΩΝ Β

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• • φ οτεροισιν ' ' ' ' και' Κ ρονοs αμ λ os. · ε ρχομεν� δε' ομοστο '» " \ ' ' 575 συν σοι' 'ΠΌικιλ ονωτον εs ιτυν αστρων J.. υψι'Πορων δεσμa φυγwν δολόμητιs ό μαρτήσειε Προμη θεύs, fi'Πατοs ή�ώοντοs ά.Φειδέα δαιτυμονflα ο ύρανίηs θρασuν ορνιν eχων 'Πομ'Πf]α κελεύθου. Τί 'Πλέον ήθελεs Cί.λλο μετa κλόνον ή€ νοflσαι · ' ' ' � θ οωκων 580 Z ηνα � και · εννοσιγαιον ο'Παονα σειο ; Ζf]να μeν ά.δρανέοντα καt ο ύ σκη'Πτοuχον ΌλύμΊrου , βροντfls καt νεΦέων γυμνούμενον, ά.στερο'Πf]S δ€ • ' Ίruρos • ' κεραυνου� ' θ εοιο και' η' θ α' δ os αντι αντι ' 'I !;)α τυφαονί� 'Παρ Ο. 'Παστ�, δαλον ά.ερτά�οντα ι

c

..



585 ληιδίηs ά. λόχοιο τεf]s θ αλαμη'Πόλον α Η ρηs όΦθαλμ� κοτέοντι τεων �ηλήμονα λέκτρων σύ�υγα δ ' Έννοσίγαιον ά.'Πο�ευχθέντα θαλάσσηs , < < , , δ ρησσοντα U'ΠΟ υμετερτι μετα' 'Ποντον • ' τρα'Πε!;)τι' ' ' 'I ' ' ' δε'ΠαS τεον αντι τριαινηs. δ ' δ ι χειρι' φ εροντα ' εστιν • · '· , ιψα ' Α'ΠΟ' λλων ' ' ' θ ερα'Πων .εχειs, 590 "Α τεοs ρεα λ ατριν . , Μ αιηs , , ' ' δ ε' τιτηνεσσι δ ιακτορον Ίrεμ'Πε υιεα • • , , φ υτ , λην. ' λλοντα και' ουρανιην ' κρατοs , σεο σον αγγε ·



Έργατίνην δ ' •Ήφαιστον έθήμονι κάλλι'Πε Λήμν�, , I , I ' σεο νυμφτJ Ο" Φ ρα κεν ασκησειε v νεο!;)εUΚΤ� 595 'Π"Οικίλον αύχένοs ορμον έύχροον ήνο'Πι κόσμ�, ή€ Ίrεδοστι�έων ά.μαρύγματα φαιδρa 'Πεδίλων, , • ' τελεσση • , λλεται, ηε ' τεη\ Ίrαρακοιτιs αγα 'i' οχρυσοφαη ισι θ ρόνον άλλον Όλύμ'Πιον, οφρ ..... yελάσστι κρέσσονα θwκον eχουσα τεη χρυσόθρονοs •Ήρη. 600 Καt χθονίουs ΚύκλωΊrαs eχων ναετfl ραs ΌλύμΊrου, τεG�ον ά.ρειοτέροιο τεον σ'Πινθflρα κεραυνοu. • Αλλa δόλ� θέλ�αντα τεον νόον έλ'Πίδι νίκηs χρυσ� δflσον "ερωτα μετa χρuσfls • Αφροδίτηs · 578 fol. I 8r L 11 580 όπιΧονΟG L 11 588 -�ρ�σοντΟG L 11 592 σέο cpότλην L : γρ. σέθεν ΟG�γλην L mg 11 595 δ ρμον F : όρμον L 11 599 κρέσσονΟG L : κρεtσσ- K oechly. 17

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C HANT Ι Ι

E n l 'honneur d e Zeus Tout-Puissant, le Taurus cilicien entonne l'hymne triomphal en faisant mugir sa trompette de pierre. D'un pied liquide, le Kydnos sinueux danse en celebrant au cri d'evohe la victoire de Zeus par un humide bruissement, tandis que son cours roule ses eaux au milieu de Tarsos, sa compagne d'enfance * . - Cependant la Terre dechire sa tunique de rochers * ; elle git en sanglots ; ce n 'est p as un ciseau funebre qui coupe sa chevelure d'arbres * , ce sont les tempetes qui la saccagent, tranchant les boucles de sa tete couverte de forets, comme au mois ou tombent l es feuilles 1 ; elle griffe ses j oues de roc * et, le long de ses flancs humides, deverse des fleuves grondants, l armes de la Terre en deuil *. - Echappees du corps de Typhon , des torna des de vent fouettent les flots et s'elancent pour engloutir les nefs, troublant de leurs chevauchees le calme de l 'onde sereine ; il ne leur suffit pas de sevir sur la mer et souvent, sur le continent, des tempetes de poussiere dέferlent, noyant le j eune ble en herbe qui leve dans les champs * . Alors, l'intendante d e l ' Univers, l a Nature primordiale, regeneree, cicatrise les flancs beants de la terre fra­ cassee * ; elle scelle a nouveau les cimes des iles dέtachees de leur lit en les amarrant par des j oints indissolubles2• Le desordre ne regne plus parmi les astres* : le Soleil retablit pres de la Vierge a l'Epi le Lion a l 'epaisse criniere3 qui avait quitte la route du zodiaque ; la Lune ramene en arriere4 le Cancer qui avait bondi sur la face du Lion celeste et le fixe aux antipodes du Capricorne glace. 1 . Cf. Ap. Rh., 4, 21 7 φυλλοχ6φ έν1 μ-ην( (et Livrea ad loc. ) ; N onnos, 38, 278. 2. Cf. θ 274 s. 8εσμούς Ι ά:ρρ-ήκτους ά:λύτους (dont Nonnos se souvient plus directement en 1 5 , 147 ; 34, 1 65 ; 48, 628) ; et ci-dessus 2, 222 ά:ρμονι-ης 8' ά:λύτου λύτο πε(σμοιτοι. - Άρμον(-η garde son sens homerique ( ). - L. R. Lind (note a 1'ed. Rose-Rouse) pense que Κρον(ων designe 1a p1anete Jupiter. L'hypothese est peu vraisemb1ab1e : 1es etoiles filantes tombent άπ' αιθέρος (ct. Δ 74 κατ' Ούλύμπο�ο καρ-ήνων άtξασα ; Theocr., 13, 50, άπ' ούρανοϋ ; Ap. Rh., 3, 1377 ούρανόθεν ; Virg., Georg., 1, 361 praecipites caelo la bί) ; elles p enetrent dans 1a basse atmosphere, 'ήέρα ( cf. Ap. Rh., 3, 1 4 1 , 1 379 δ�' 'ήέρος &·tξαντα) , en se manifestant, en guise de presages (cf. Δ 74 ss.), a 1a droite de Zeus qui se trouve sur 1e Taurus (2, 1 68). 1 95. Χαρασσομένων signifie que 1'ec1air jaillit des nuages qu'il dechire au passage (cf. 2, 492) ; sur ce verbe, voir 1a note a 1 , 22 1 . 198. Sur 1es cometes • cheve1ues ' distinguees des pogonies, cf. Aristote, Meteor. , 1, 7, 344 a 23 ; P1ine, Hίst. nat., 2, 89. Βοτρυδόν caracterise une cheve1ure rou1ee en forme de chignon ( βότρυς) : cf. Ap. Rh., 2, 677 πλοχμοt βοτρυόεντες, et, pour Nonnos, 1e commentaire d'E. Livrea a Collouthos, 39-40 (p. 75 s.). Une comete aidera Zeus a achever Typhee (2, 5 1 5-520). 201 . Les δοκο( ou δοκ(δες, encore associees aux cometes en 38, 38 s., sont des meteores en forme de ο poutrelles • : cf. [Aristote], De mundo, 2, 392 b 4 ; 4, 395 b 12. L'une d'elles etait apparue en Grece peu avant 1a conc1usion de 1a paix de 371 : cf. Diod. Sic., 15, 50 (avec une 1ongue notice sur 1a πυρ(νη δοκ(ς) ; Sen., Quest. nat. , 1, 1, 5 ; 7, 4-6 ; Pline, Πist. nat., 2, 96 ; Souda, s. κομΊjτα� ; Philoponos, comm. a Aristote, Meteor., 92, 34 Hayduck. On peut rapprocher ces δοκο( des δόκανα, piliers symbolisant 1es Dioscures : cf. P1ut., De frat. am., 478 a. 202. L'arc-en-cie1 apparait a 1'oppose du so1eil. Se1on 1es Anciens, il est du a 1a reflexion des rayons so1aires sur 1es gout­ te1ettes d'eau en suspension dans 1'air : cf. Aristote, Meteor., 3, 4, 373 b 29-31 ; Sen., Quest. nat., 1 , 3-8 ; Pline, Hist. nat. , 2, 150 (et 1e comm. de J. Beaujeu, C.U.F., t. 2, p. 220 s.). - L'arc­ en-cie1 est un presage de p1uie : cf. F. Vian a Quint. Sm., 1, 69 (C.U.F., t. 1, p. 15, n. 1 ) . 204. Metrodoros, 70 Α 17 Diels-Kranz, attribue trois cou1eurs a 1'arc-en-cie1, 1e b1eu sombre (κυανοϋν), 1e rouge (φο�ν�κοϋν) et 1e b1anc (λευκόν) ; Aristote, Meteor., 3, 4, 374 b 30-33, mentionne 1e rouge (φο�ν�κοϋν), 1e vert (πριΧσ�νον) et 1e pourpre (άλουργόν). Nonnos semb1e avoir combine ces deux theories. Cf. encore F. Vian, a Quint. Sm., 14, 473 (C.U.F., t. 3, p. 1 95, n. 1 ) . 209. cι. 1 a note a 1 , 334, e t rapprocher χ 8 5 πρόμος iστασο (et Η 136). 210. Cf. Anth. Pal., 5, 122, 5 άδ(δακτος έρώτων, ainsi que 1es commentaires d'E. Livrea a Collouthos, 31, et de Κ. Kost a Musee, 3 1 . 211. Cf., avec un sens ditτerent, Soph., El. , 1 1 54 μ-ήτηρ άμ-ήτωρ. Nonnos qualifie souvent Athena d'άμ-ήτωρ ; en 48, 803, on retrouve 1'alliance de mots μΊjτερ άμ-ήτωρ. - L'allusion, qui

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NOTES COMPLEMENΊΆIRES

peut sembler uη lieu commuη, preηd uη relief particulier si Nike se coηfoηd avec Atheηa daηs l'esprit de Νοηηοs ( cf. p . 76) : eη ce cas, c'est sa propre cause que Nike commeηce par plaider et Ι 'ση compreηd qu'elle le fasse eη empruηtaηt l'appareηce d'uηe autre deesse. 2Ι5. Fonnule aηalogue eη Ι 3, 40 ; cf. Hymnes orph., Ι 9, 3 (Ζεϋ) ποιμμοικάρων έ:δρανον . . . τLνάσσων ; 26, 4 εδροινον . . . κόσμου. Page

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2 Ι 6. La dissolutioη de l 'harmoηie cosmique a ponr coηsequeηce l 'abaηdoη par les dieux de leurs attributs respectifs : le geηiιif absolu iηtroduit toute l'eηumeratioη des ν. 2I 6b-22I ct il faut poηctuer eη coηsequeηce. - Le Vθl'be λύω est le terme techηique pour sigηifler la dissociatioη des elemeηts : cf. par ex. Chrysippe, fr. 4 Ι 3 Arηim. 220. Sur cette metamorphose, voir la Notice du ch. Ι, p. 3 Ι , η. Ι . Apolloη a le cygηe pour attribut (38, 206) et sοη char est attele de cygηes (8, 229 ; 24, 84). Sur le cygηe, oiseau d'Apolloη, cf. Hymnes hom. , 2Ι, Ι ; Callim. , Hymnes, 2, 5 ; 4, 249-255 (et Ε. Caheη, Hymnes de Call., p. 50 s . , 200 s.) ; fr. Ι 94, 47 Pf. ; etc. - Sur la triade Ares-Hermes-Apolloη, voir la ηote a 5, Ι 30. 226. Comme chez Homere, Hephaistos est flls de Zeus et d' Hera et se trouve associe a Lemηos : Α 577-579, 593 ; θ 283 s., 3 Ι2. ­ Pour l'etablissemeηt et l'iηterpretatioη du texte, cf. surtout 29, 347 δ βροιδυς ώκuν 'ΆρΎJοι ποιρέδροιμε, qui coηflrme a la fois δ et l'acc. ά:στf)ρLκτον. Bieη qu'ά:στf)ρLκτος puisse sigηifler τυφόμεvα:� ; 3, 1291. Έλευκα:(vοvτο s'oppose a έτεφρώθΥJσα:v qui signifie • etre obscurci par la cendre t plutδt qu'• etre reduit en cendres t (cf. 13, 477) ; on retrouνe une antithese analogue dans Ap. Rh., 1, 542-545. 528. Nouνelle antithese : le πp'Υjστηρ brfιlant (cf. πρ�θω) fait tomber un giνre glace. 536. Varialio sur Callim., tr. 1 10, 53 θΎjλυς ά.�της ( Nonnos, 6, 43) ; cf. encore 13, 383 Νότος . . . θερμος ά.�της (et 37, 90). Le Notos est pour les G1·ecs le νent de la pluie ; mais, pour les peuples de Libye, c'est le sirocco dessechant : ct. l'histoire contee en 13, 378-392, d'apres Herod., 4, 1 73. 540-556. Dans les Gigantomachies aussi, la Terre, apres aνoir excite sa progeniture au debut du combat, reapparatt au moment de la dέfaite : elle tente de redonner courage aux νaincus (Elna, 67 s.), puis se lamente sur le sort de ses fils (Horace, Odes, 3, 4, 73-75). - La conjecture χα:λα:ζα:(ου ne s'impose pas malgre 2, 426, 430, 432. Χα:ρα:�ρα:(ου v�φετοτο equiνaut a πετροuμεvοv iJ�ωρ (ν. 546 ; ct. ν. 426) ; sur ce sens de χα:ρα:�ρα:τος, νoir la note a 2, 74. - Τρα:φερ�, qui designe la • terre ferme t chez Homere, a pris ensuite le sens de • nourricier t : cf. F. Vian a Quint. Sm., 2 , 2 1 0 (C.U.F., t . 1, p. 63, η . 3). =

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547. Helios, en sa qualite de τitan, est issu de la Terre comme Typhέe : cf. 2, 331 et la note ad loc. 556. Pour les ν. 554-556, cf. Χ 406 s. ά.πο λ�πα:ρ�v �ρρ�ψε κα:λύπ­ τpΥJV ι ... , κώκυσεv �e . . . πα:τ�' έσ��οϋσα:. 558. Voir la note a 2, 365. Cf. aussi Aristoph., Nuees, 382 περl τοϋ πα:τά.γου κα:l τ-ίjς βροvτ-ίjς. 562. Les ν. 559-562 contiennent de nombreuses reminiscences epiques : 559 � Ε 47, al. �ρ�πε �· (έξ όχέωv) ; Thέocr. , 22, 98 πλΥJγα:τς μεθύωv ; - 561 s. � Σ 26 s. έv κοvιησ� ... τα:vυσθεlς Ι κεττο ; Φ 1 19 s. πpYJv�ς lπl γα:ιη Ι κεττο τα:θε(ς ; � 372 πέσεv ύπτως, α:ύτιΧρ �πε�τα: κεττ(ο). 563. Les poetes montrent souνent Typhέe ou Encelade crachant le feu apres aνoir ete foudroye : Etna, 72 s. ; Val. Fl. , 2, 25 ; Sil. Ital., 14, 578 s. ; Philostr., Imag., 2, 1 7 ; Quint. Sm., 14, 21

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NOTES COMPLEMENTA IRES

584 s. ; [Orph.], Arg., 1251 s. ; Claudien, 33 (Rapt de Pros., 1 ), 1 55 s. ; 36 (Rapt de Pros., 3), 122 s. 571. Pour πέπλα:, cf. 1, 480 ; 2, 1 66 ; 3, 197 (et les notes a ces passages). Page 127.

573. Typhee n'avait pas mentionne ces trois allies qui n'ont d'ailleurs pas ete jetes au Tartare. Astraios, fils du τitan Crios, est le pere des Vents et des Astres ( H es., TMog., 375-382) ; il est l'astrologue des dieux d'apres 6, 1 5-108. Ophion et son epouse, l'Oceanide Eurynome (8, 1 60 s.) resident sur les bords de l'Ocean, de meme que l'Eurynome d'Homere (Σ 398 s., 405 ; cf. Nonnos, 41, 312). D'apres la thέogonie de Phέrecyde de Syros, le couple avait regne sur l'univers avant Cronos et Rhea : cf. F. Vian, N.C. a Ap. Rh. , 1, 5 1 1 (C.U.F., t. 1, p. 253) et Nonnos, 1 2, 44 s. En 41, 351 s., Nonnos presente Ophion comme le dieu qui deter­ mine le destin du monde ; Claudien, 36 (Rapt de Pros. , 3), 348, le considere au contraire comme un Geant. - Pour l'expression, cf. Ap. Rh., 1, 503 'Οφ(ων Εupυν6μΎJ τε. 591. Cf. Hymne hom. Herm. , 5 1 4 Μα:tά�ος υtέ, �tάκτοpε. 596. Allusion aux sandales d'or d'Hera χpυσοπέ�tλος : λ 604 ; Hes., Thtog., 952. Cf. en outre Max. Phil., 26 φα:t�pΊJσtν . . . ά:μα:pυγα:'Lς. 599. Cf. Α 6 11 χpυσ6θpονος ''HpΎJ ; Nonnos, 5, 134. 602. Cf. Φ 604 �6λφ �· &p' �θελγεν ; Hymne hom. Dem., 37 έλπtς �θελγε ν6ον. 603. Cf. Ε 427, al. χpυσΊ)ν 'Αφpο�(την. -

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618. Nonnos combine deux thέmes : α) la blancheur des dέfenses du sanglier : cf. Κ 264 s. λευκοt b�6ντες Ι ά:pγt6�οντος U6ς ; b) l'ecume coulant de sa gueule : cf. Ap. Rh., 3, 1 352 s. ; Quint. Sm. , 6, 221 ; 9, 244 ; Nonnos, 1, 162 ; 18, 245 (meme motif pour un d'autres animaux : le lion, Υ 1 68 ; Quint. Sm. , 6, 21 1 ; le taureau, Quint. Sm., 4, 245 ; fauve, Quint. Sm. , 5, 373 ; - le cheval, Quint. Sm., 4, 5 1 1 , 548 ; 7, 319 ; Nonnos, 6, 1 90 ; 36, 229 ; 37, 303 ; - le serpent : 4, 382 ; 25, 5 1 1 ) . Le raccord a ete effectue avec quelque maladressc : c'est l'ecume et non les crocs qui blanchit la gucule du sanglier. 6 1 9. Cf. 5, 362, al. En 2, 256 la λόσσα: caracterise les chiens. 624. Βα:θόκpΎJμνος est employe par Pind., Nem., 9, 40, a propos des cόtes de Sicile. ΤptκάpΎJνΟς est egalement pindarique (Adela, fr. 1 1, 6 Puech) ; mais c'est [Opp.], Cyn . , 1, 273, qui qualifie la Sur le sens de κομάω, « etre fier de •, Sicile de τptκάpΎ)νον