Les Dionysiaques 7  Chants XVIII-XIX
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LES DIONYSIAQUES CHANTS XVIII-XIX

NONNOS DE PANOPOLIS LES

DIONYSIAQUFS τοΜΕ VII

COLLI!CYION 01!8 UNIYI!R8ΙTe8 DR FRANCI! Plllι/ίiι sοιιs /ι JWIIroNΙlf ιU /'ASSOCIAτiON GUILLAUME BUDt

NONNOS DE PANOPOLIS LES DIONYSIAQUES ΤΟΜΕ V l l CHANTS XVIII-XIX ΤΕΧΤΕ ετΑΒLΙ ΕΤ TRADUIT PAR

JoέLLE

GERBEAU t

Mattre de Conferences 8 I'Universite de Tours avec le concours de FRANCIS VIAN Professeur emerite de I'Universite de Paris Χ

Ouurage publi� auec le concourι du C.N.R.S.

PARIS LES BELLES LETTRES

1 992

Conformement αuχ stαtuts de l'Association Guillaume Bude, ce volume α ete soumis a l'αpprobαtion de lα

commission technique, qui α chαrge Μ. Pieπe Chuvin d'en fαire lα revision et d'en surveiller lα coπection en collαborαtion αvec Μ. Frαncis Vian.

Τοuι droilι de /raduclion, de reproduclion el d'adaplalion reιerveι pour louι /eι payι. © 1992. Socielt d'edilion Leι Belleι Lel/reι, 9li bd Raιpail 75()()6 Pariι.

ISBN : 2-251-00428-4 ISSN : 0184-7155

ΑVANT-PROPOS

Nolre groupe de recherches nonniennes α ete de nouoeαu endeuille en oclobre 1989 pαr le deces de Joille Gerbeαu, viclime ά 29 αns d'un αccidenl de lα circulαlion ά Tours, αu momenl οίι elle venαil de prendre ses fonctions de Mαllre de Conferences ά I'Universile Frαnfoίs Rαbelαis. Ancienne eleve de l'Ecole Normαle Superieure, αgregee des Letlres, elle αvαίl soulenu devαnl I'Universilt de Pαris Χ, le 16 oclobre 1987, sα lhese de Troisieme Cycle qui consislαil dαns une edilion commenlte des chαnls XVIIΙ­ Χ/Χ des Dίonysίaques. Le jury αvαίl ele unαnime ά louer ses quαliles de lrαduclrice ellα solidilt de son commenlαi­ re : je ne ferαi menlion ici que de ses ucellenles considerαlions sur le meBBαge dionysiαque qui reBBorl des deux chαnls eludies αίnsί que de son dechiffremenl des passαges relαlifs ά Ια dαnse el ά Ια pαnlomime qui complenl pαrmi les plus obscurs du poeme. Elle αvαil enlrepris Ια revision de son lrαvαil en vue de sα publicαlion. Je me suis αpplique ά mener ά lerme sα ldche, lrαgiquemenl inlerrompue. 11 n'y α pαs eu lieu de remαnier en profondeur lα lrαduclion. Les nolices el les noles onl αppele plus de relouches : il m'α semblt souhαilαble, selon les cas, de condenser ou de compleler, conformemenl d'ailleurs αu vreu formule pαr le jury. 11 elαil hors de queslion el sαns inlerel de dislinguer les αddilions αu lule originαl : je n'ai fαil uceplion que pour quelques noles criliques donl j'assume seul la responsαbilile; elles figurenl enlre crochels αvec lα menlίon F. V. Comme les αulres lomes de celle edilion de Nonnos, celui-ci α bene{icie de lα revision, loujours efficαce, de Pierre Chuvin; je lui renouvelle l'upression de ma grαlilude. Francίs

VιΑΝ.

ι;:οιτιΟΝS ΕΤ ι;:τuDES cιτι;:Εs DANS L'APPARAT CRJτiQUE1 Canter : notes de G. Canter publiees en appendice de l'ed. Falkenburg. Casιiglionίl : Α. Castiglionί, Colltclanta Gratea (Pise, 1911). Casιiglioni1 : id., Rtnd. r.t. Lomb. 65, 1932, 309-337. Collart1 : Ρ. Collart., Nonnoι dt Panopoliι (Le Caίre, 1930). Cunaeus : Ρ. Cunaeus, Animadvtrιiontι in Nonni Dion., forrnanι le debuι du ι. 2 (p. 1-174) de l'ed. d'Hanovre

(1610). Falkenburg: tditio princtpι de G. Falkenburg (Anveπ, 1569). Falkenburg• : notes criιiques en appendice de l'ediιion precedente. Graefe : ediιion de D. F. Graefe, ι. I : ch. 1-24 (Leipzig, 1819). Graefe• ; notes de l'ediιion Graefe. Heinsius : di88ert.aιion de Daniel Heinsius publiee en appendi­ ce dans l'ed. Cunaeus, ι. 2, p. 175-202 (1610). Hermann : conjecιures de G. Herrnann mentionnees dans l'ed. Graefe. Herrnann1 : G. Herrnann, Orphica (Leipzig, 1805). Keydell : edition de R . Keydell, ι. 1 : ch. 1-24 (Berlίn, 1959). Keydell1 : R. Keydell, By:.-Ntugritch. Jahrbb. 4, 1923, 14-17. Keydell8 : id., ibid. 6, 1928, 19-24. KeydeJJΙO : id., Htrmtι, 79, 1944, 13-24. Keydell11 : id., By:. Ztilιchr. 46, 1953, 1-17. Koch1 : Η. Α. Koch, Rhtin. Μuι. 10, 1855, 167-194. Koechly : edition d'A. Koechly, ι. I : ch. 1-24 (Leipzig, 1857). Lloyd-Jones : Η. Lloyd-Jones, Clαιι. Rtv. 10, 1961, 22-24. Ludwich: ediιion d'A. Ludwich, ι. 1 : ch. 1-24 (Leipzig, 1909). Ludwich• : notes de l'edition precedente. Maas8 : Ρ. Μaaιι, By:.-Ntugritch. Jahrbb. 3, 1922, 130-134. Marcellus : edition du comte de Marcellus (Paris, 1856).

1. On a conserve les signes diacritiques adoptes par R. Keydell dans son edit ion a la suite d'A. Ludwich.

χ

ABRJ';:VJAτJONS

Marcellus• : appendice de l'edition Marce\lus, daιe de 1859 (pagination separee). Meineke• : edition de Theocrite, Bion et Moschos par Α. Meineke (Berlin, 1856). Peek1 : W. Peek, Kriliιche und erklάrende Beilrάge zu den Dion. (Abhandl. d. deutschen Ak. d. Wiss. Berlin, ΚΙ. f. Sprachen, Lit. u. Kunst, 1969, Ι). Rhodomann : marginalia de L. Rhodomann sur un exemplaire de l'ed. Falkenburg, mentionnes par Hermann1. Rigler8 : F. Α. Rigler, Luicon Nonnianum (reste manuscrit). Rose: note de Η. J. R. Rose dans l'edition de W. Η. D. Rouse, t. 2 : ch. 16-35 (Londres, coll. Loeb, 1940). Scaliger : notes de J. J. Scaliger publiees en appendice de l'ed. Cunaeus, t. 2, p. 203-216 (1610). Tiedke11 : Η. Tiedke, Hermes, 50, 1915, 445-455. τiedke18 : id., ibid. 58, 1923, 305-321. Wemicke : edition de Triphiodore par F. Α. Wemicke (Leipzig, 1819).

OUVRAGES cιτι;;s ΕΝ ΑΒRι;; Gι;; DANS LES NOTICES ΕΤ DANS LES NOTES Chuvin : Ρ. Chuvin, Mylhologie el giσgraphie dionyιiaques. Recherchts sur l'auυre de Nonnos de Panopolίs (sous presse). Collart : Ρ. Collart., Nonnoι de Panopolίs. ttudeι ιur la compoιilίon el lt lule du Dionyιiaquu. Le Caire, 1930. Detienne : Μ. Detienne, Dionyιoι ά ciel ouυerl. Paήs, 1986. Deubner : L. Deubner, λlliιche Feιle. Berlin, 1932 (reimpr. Hildesheim, 1966) . Emmanuel : Μ. Emmanuel, Ειιαί ιur l'orcheιlique grecque. Paήs, 1895. Feeta : V. Festa, tSikinnis. Stoήa di un' antica danza•, Memorie della R. Λccademia di λrcheologίa, Lellere e &lle Λrlί dί Napoli, 3, 1918, 35-74. Gigli : D. Gigli Piccardi, Melafora e poelίca ίn Nonno dί Panopolί. Florence, 1985. Jeanmaire : Η. Jeanmaire, Dίοnyιοι. Hίιloire du culle de Bacchuι. Paήs, 1930. Kost : Κ. Kost, Μuιαίοι, Hero und Leander. Einleίlung, Tul, Oberulzung und Kommenlar. Bonn, 1971. Latte : Κ . Laιte, De ιaltationibuι Graecorum. Giessen, 1913. Lawler : L. Β. Lawler, The Dance ίn Λncient Greece. Middletown, � ed., 1965. Otto : W. F. Otto, Dίοnyιοι. Le mylhe et le culte. Trad. fran�. de Ρ. Levy. Paris, 1969. Peek, Beilrάge : W. Peek, Krίtiιche und erklάrende Beilrάge zu den Dionyιίaka des Nonnoι (Abhandl. d. deutschen Akad. d. Wiss. Berlin). Berlin, 1969. Peek, Lu.: id., Luίkon zu den Dionysίaka deι Nonnoι. Berlin,

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ABRt;:VIAτΙΟΝS

Xll

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Weinreich : Ο. Weinreich, Epigrammιstudien Ι: Epigramm und Panlomimuι (Sitz.-ber. der Heidelb. Akad. d. Wiss. 34, 1944/1948). Heidelberg, 1948. Wϋst : Ε. Wϋst, article Pantomimuι dans Reai-Enc. XVIII, 3

(1949).

SIGLA

ι

ιaurentianus 32, 16 (1280).

ιι

libraήi ipsius correcturae.

ι•

...

ι• recentiorum uirorum correcturae (uide LXIV).

ι. I,

p. LXII­

Codicu reunlioreι qui nonnumquam reιpiciunlur.

Ρ F

Palatinus Heidelbergensis gr. 85 (s. descriptus. Vindobonenses phil. gr. descripti.

45

et

51

XVI),

(circa 1550),

ex

ex

ι

Ρ

CHANT XVIII Όχτω�τφ ΣτCφuΑος u1 Βότρuι; lx&wι, � θcιλι"Ιp � &ριιρδμον uLι θuώνης.

NOTICE

Les quatre premίers νers du ch. XVI I I font transί­ tίon aνec le chant precedent : la nouνelle des νίctoίres de Dίonysos s'est repandue en Assyrίe et ίncίte le rοί du pays, Staphylos, a se porter au-deνant du νaίnqueur. Ce lίen demeure neanmoίns fragίle et c'est bίen un chapίtre nouνeau quί s'ouνre dans le recίt de l'expedί­ tίon en Inde1. Le ch. XVI I I decήt l'accueίl de Dίonysos chez Staphylos, puίs la mort subίte du rοί. Le ch. Χ Ι Χ est occupe par les jeux funebres en l'honneur du defunt et par la metamorphose de Sίlene en fleuνe. Cet epίsode assyrien ne trouνe sa conclusίon qu'au ch. ΧΧ quί reprend ίntentίonnellement plusίeurs themes des deux chants anterίeurs. Apres la fin des jeux (ν. I ), on assίste en effet 8 un festίn et 8 des danses quί rappellent ceux de l'aνant-νeίlle (ν. 2-22 - 18, 93- 153) ; puίs les dineurs passent une nouνelle nuit au palaίs royal (ν. 23-34 - 18, 154-165) ; Dionysos a un songe comme precedemment (ν. 35-98 - 18, 1 66-195) ; 8 son reνeίl ont lίeu les preparatίfs de depart (ν. 101 - 1 1 9 - 18, 196-202, 306313). Le deνeloppement s'acheνe sur une demiere mention des membres de la famille de Staphylos qui

I. Mis 8 part les ν. 1-4, le seul lien qui rattache le ch. XVI I J au ch. XVIJ est la mention d u Tauruιι : c'est dans cette montagne qu'on a laiue Dionysos (17, 330, 379) et 18 aull8i que s'effectue la rencontre du dieu aνec Staphylos (18, 44-61). Sur le Taurus et le probleme que pοιιe l'itin�raire de Dionysoιι au ch. XVJ J, cf. Chuνin, 165-166.

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CHANT XVIII

vont desormais se dissoudre dans le cortege bacchique (ν. 120-141) ; a cette occasion est predite la metamor­ phose de Pithos en jarre, qui exauce un vreu formule par Methe {19, 40-41) et qui fait pendant a la metamorphose de Silene en fleuve {19, 287-348). La suite du ch. ΧΧ est occupee par un episode arabe qui met Dionysos aux prises avec le roi Lycurgue, aussi hostile que Staphylos avait ete bienveillant. Malgre l'autonomie de l'episode assyrien par rapport aux chants anterieurs, celui-ci s'integre bien dans l'economie generale du poeme. L'etape assyrienne est une espece de ι repos du guerrier• situe entre deux combats a l'issue contradictoire : la victoire sur l' Indien Orontes au ch. X V I I et la fuite devant Lycurgue aux ch. ΧΧ-ΧΧΙ. Α cet egard, elle est symetrique de l'episode de Nicaia {de 15, 169 a la fin du ch. XVI) qui s'intercale entre deux batailles contre les Indiens1• En outre, le theme de l'hospitalite, central aux ch. X V I I I-X I X , est deja traite dans le bref episode de Brongos en 17, 32-86. 11 est important, car Dionysos ne rencontrera plus dorenavant qu 'hostίlite au cours de son expedition : Nonnos le met en valeur, grAce 8 deux heros antithetiques, l'opulent Staphylos et le pauvre Brongos. Le chant est compose d' une succession de tableaux ίndependants analogues aux episodes d'une tragedίe : l'unite de lieu et de temps est presque respectee. Les evenements s'etendent sur deux jours. Le premier est consacre aux rejouίssances chez le roi ; apres une nuίt reparatrίce, le dίeu quitte le palaίs pour « convertir• le peuple assyrien et Staphylos meurt subitement. Dionysos revient 8 la nuit {?) et apprend la triste nouvelle1. Le chant s'acheve sur une scene de deuil quί Ι. L'episode assyrien comme celui de Brongos s'apparente aux interludes idylliques dans une �popee guerriere. qu.eιudie Α. S. Hollis, Callimachuι Hecale (1990), 350. 2. Sur le sens d'όcj4 au ν . 334 , et la chronologie de l'episode assyrίen, cf. la Notίce du ch. Χ IX, p. 6 1 . •

NOτJCE

faίι un contrastβ tragίque avec la joίe de la veίlle. Chaque tableau esι relίe au precedenι par un ίnt.ermede narratίf quί sert de transίtίon eι appartίent au domaίne du quotίdίen : voίr cί-dessous p. 42-43, le sommaίre du chanι. Ρ. Chuvίn a consacre au terme d'Assyrίe chez Nonnos une etude donι il surrιι de resumer ίci les conclusίons1. Ce terme designe un e vaste regίon, mal delimitee dans ses confins orientaux, quί semble s'et.en­ dre au-dela de la Mesopotamίe, alors sous domination perse : Mithra, dieu national perse, est « Phaethon assyrίen en Perside• {21 , 251)1. Mais l'Assyrie c utile •, pour reprendre l'expression de Ρ. Chuvin, se reduit «a la region du monι Liban eι a sa bande cόtiere, la Phέnicie • : Nonnos parle a trois reprises du • Liban assyrien •1 ; il evoque indifferemment les parfums assy­ riens ou lίbanais• ; I'Assyrie esι aussί bien le pays de Cadmos le Tyrien que celui d'Adonis le Gίblίte1. C'esι dans ce cadre flou que Nonnos situe Staphylos eι sa famille. Staphylos-Grappe, Botrys-Raisin, Methe­ lvresse eι Pithos-Jarre sonι des figures allegoriques eι on peut avoir l'impression que l'episode assyrien dans sa ιoιalίte esι une simple creation du poet.e. Le texte le suggere a plusieurs reprises. Sί Staphylos se reclame de son grand-pere Belos l'Assyrίen (ν. 223-224), il passe sous silence le nom de son pere eι ceιιe genealogie tronquee ne peuι faίre illusion : il s'apprete a rapporter un evenemenι tres ancien, la Titanomachίe, et il est naturel qu'il authentifie son recit en le plac;;anι sous l'autorite venerable du dieu ou du heros protecteur du pays. E n outre, le tombeau du roi manque etrangement

ι;ι;:::ι;.•.s.=

I. 2. 3. 4. 5.

Chuvίn, I 90-196. 18, 224 ; 40, 392-393 ; 2, 402; 32, 9 ; 41, 1 9 . 2, 402 ; 33, 7. Chuvίn, 192, n. 17.

cr. Chuvίn, 1 91,

n.

13.

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CHANT XVIII

de realite. Νοο seulemeot ίΙ o'est pas localise, mais il est a peioe meotioooe a seule fio de justifier les jeux fuoebres1• Eofio, si Botrys rev�t offιciellemeot les iosignes de la royaute a la mort de 80ο pere (20, 16-22), ίΙ abaodoooe aussitόt le palais et soo fief, xλijρoc; (20, 1 20) , pour suivre Diooysos eo compagnie de tous les sieos : il oe sera plus questioo de lui de80rmais, car il s'absorbera, comme sa mere et 800 vieux serviteur Pithos, daos l'uoivers bacchique. Neaomoios deux iodices suggereot que Noooos a puise daos des traditioos locales. Si oous oe coooaίs80os pas de Staphylos • assyήeo •, il existaiι uoe cite oommee Botrys (aujourd'hui Batrouo), situee sur la cόte eotre Tripolis eι Byblos ού Diooysos passera eo 20, 143 ; Straboo meotioooe daos les environs de Botrys un fort de Gigarton, le • pepio de raisin •. qui releve de la meme onomastique dionysiaque eι evoque la Bacchaoιe Gigartό1. D'autre part, l'episode assyrien comporte un ailion geographique iocontestable, puisque la met.amor­ phose de Sileoe a la fio du chaoι Χ Ι Χ esι mise eo rapport avec un lieu-diι oomme le Cratere eι uo fleuve Sileoe (19, 300-301). Quelle que soiι leur localisatioo precise8, ίΙ paraiι dooc certaio que Noooos a imagioe l'episode de Sιaphylos • a partir de doooees mytholo­ giques eι geographiques bieo aιιestees ••. Staphylos eι Boιrys οοι leur place depuis longtemps dans la mythologie diooysiaque, ootammeoι le premier. Selon uoe tradition aocienoe, Staphylos esι origioaire de Naxos : il esι fils de Diooysos eι d'Ariadne eι a

1. Cf. la Notice du ch. XIX, p. 62. 2. Strabon, 16, 2, 18 (755) ; cf. Pline, Ηίιl. nal. 5, 78. Toute \a region possedait des vignobles estimes : Pline, 14, 74, men­ tionne ιi cόte des vins de Tripolis (region de Botrys et de Gigartό) ceux de Beyrouth et de Tyr. Sur \a Bacchante Gigartό, cf. Nonnos, 21, 77; 30, 223; 33, 15, 52. 3. Cf. \a Notice du ch. XIX, p. 104- 107. 4. Chuvin, 196.

NOτiCE

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pour frere Oinopiόn 1 ; d'autres lui donnent pour parents Thesee eι Ariadne1. On trouve les traces de Staphylos ou de ses fιlles iι travers toute la mer egee1. D'apres certains auteurs, Staphylos seraiι le flls de Silene qui a invente l'usage de m�ler l'eau au vin•, alors que, pour d'autres, il serait un eromene de Dionysos•. 11 existe egalement un Staphylos en Grece centrale. Selon Servius, ίΙ etaiι berger du roi d ' etolίe Oineus ; ayanι remarque qu 'une de ses chevres etait plus grasse que les autres, ίΙ cueillit la plante dont elle se nourrissait et l'apporta au roi : la liqueur produite par le fruit prit le nom du roi (oinoι-Oineus), tandis que le fruit lui-m�me s'appela du nom de son inventeur, la Grappe, ιtaphyte•. Ceιιe legende presente des analo­ gies avec notre recit, puisque Staphylos donne son nom a la grappe (19, 55-56) ; le roi offre en outre iι Dionysos les coupes dans lesquelles ίΙ buvaiι autrefois le lait de ses chevres"�. Botrys ne jouiι pas d'une existence aussi autonome que Staphylos. Mais une inscription atteste le culte d'un

1 . ι ΑυteυΓΙΙ naxiensι cites par ΡΙυι., Thtιte, 20, 8; Parthe­ nios, ltrol. pαth. I , 3 (d'apres Apollonios de Rhodes et Nicainetos); cf. Chuvin, 192, n. 19. Nonnos connalt un autre Staphylos qui est flls d'Oinomaoι eι frere d'Oinopiδn (43, 60); cet Oinomaos eιι evidemment diιtinct du pere d 'Hippodamie. 2. Plut., Thάee, 20, 2, citant lon de Chioι, fr. 4 Diehl8• Selon Ovide, Mtl. 6, 125, Dionyιos a abuse ι;:rigone falιa uua, ιιουs l'aspect trompeur d'un raiιin ι, ce qui ne signifle cependant pas, comme on l'a cru, que Staphylos est ne de cette union. 3. Notamment 8 Chios, Delos, lmbros, Lemnos, Peparethos, Thaιos, 8 Bybastos de Carie et en Cherιonnese rhodienne ; cf. Chuvin, 192-193. Voir aussi une tradition delienne attestee par Diod. Sic., 5, 62, et un fragment des Deliaca de Phanodicos signale par J. Martin, Rev. ltt. Gr. 67, 1954, p. χνι. 4. Pline, Ηίιt. nat. 7, 199. 5. Legende thasienne : cf. Tzetzes, schol. Aristoph., Ploulos, 1021 . 6. Servius, 8 Virg., Gtorg. 1, 8. 7. En raiιon de ιοn nom, Oineus est naturellement lie 8 l'invention du vin : Apollod., Bibl. 1, 8, I ; llygin, Fableιι, 129.

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CHANT XVIII

Dionysos Botrys dans le Pangee 1• Comme d'autres texιes fonι connatιre un Dionysos Staphyletes ou Eustaphylos1, on peut penser que ces diverses epicleses sonι a l'origine des figures de Staphylos et de Boιrys. Le cas de Meιhe est different. 11 s'agiι d'une allegorie bien connue de l'iconographie. Praxiιele l'avaiι figuree dans un groupe a cόte de Dionysos eι d'un Satyre ; a f:lis, on la voyaiι dans un temple de Silene servir une coupe au maiιre du lieu ; dans la tholos d'f:pidaure, Pausias avait peint Meιhe buvant dans une coupe en verre1. Nonnos connait une auιre Methe, une Menade figurant parmi les allies • divins• de Dionysos ( 1 4, 224), de meme qu'il meι en scene plus ιard un autre Sta phylos t. Le ιheme de l'hospiιatiιe esι fre-

. L'Ιιιn,ιt.ιιιι , ιe .._, quenι d ans 1'.epopee ; ι·ι esι essenι·ιeι • St.,ιy�ιιι : '· 5-Sl.

quand il s'agiι de Dionysos. Celui­ ci esι en effeι le plus souvent un dieu meconnu, chasse : il esι repousse en Orienι par Oronιes, Lycurgue et Deriade ; en Grece, par Penιhee. Comme le note Μ. Deιienne, Dionysos esι ιoujours l'• etrange etran­ gen6. 1 1 surprend ceux qui l'approchenι : c'esι la curiosiιe qui inviιe Sιaphylos a aller a sa renconιre Ι . Cf. Ρ. Perdrizeι, Culleι et mytheι du mont Pangίe, 1910, 89-90, pl. 1 11-IV; L. Robert, Bull. Corr. Hell. 107, 1983, 529; Chuvin, 1 93, n. 26. Sur Diony110s Botrys, cf. aussi la bibliographie citee par Turcan, 504, n. 5. . 2. CC. IG VIJ, n• 3098 (Lebadee) ; έlien, Var. hiιt. 3 , 41 ; eι l 'article de Η. Ostern dans Roscher, Mylh. Lu. 4 (1909/15), ι. Staphylites. Des monuments ngures de Pompei eι d'έgypte representenι un Diony110s entieremenι rev�ιu de raisins ou portanι une barbe consιiιuee par des grappes : cf. L. Robert, Ι. c. (avec bibliographie). 3. Pline, Hiιt. nal. 34, 69; Paus., 2, 27, 3; 6, 24, 8. Asclepiade, dans Λnlh. Ρα/. 9, 752, faiι parler une Methe gravee sur une amethyste appartenanι 8 une reine nommee CleopAtre : cf. Gow-Page, Helleniιlic Epigramι, ν. 1014ss (eι le commentaire). 4. Cf. ci-dessus, p. 7, n. 1 . 5. Deιienne, 2 1 . Dans Eur., Bacch. 233-234, Penthee presenιe Dionysos comme un eιranger donι on ignore l 'origine.

NOτtCE

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(ν. 5-7) et la stupefaction du roi esι grande quand ίΙ decouνre l'equipage du dieu aνec ses lions eι ses pantheres (ν. 10-12). Dionysos est le seul Olympien donι la diνinit.e ait ete contest.ee par les mortels1 : la faute de Penthee est precisement de nier son ascendance diνine eι de le considerer comme un bAtard de 88 tante 8emele•. Staphylos, au contraire, reconnalt aussitόt le caract.ere diνin de Dionysos en se conduί88nt comme un suppliant (ν. 15-17); il l'appelle tfils de Zeus• eι 8emele, •mere d'un dieu• (ν. 18-19). Α la fin de son discouη de bien­ νenue, il reaffirme 88 foi en Dionysos en le pήanι de descendre chez lui comme Zeus l'aνait faiι chez d'autres mortels (ν. 39-41). Plus tard, quand i1 l'exhorte au combaι, il souligne 8 nouνeau que Dionysos ressem­ ble 8 son pere (ν. 217, 220, 263, 266, 269, 272) comme 8 ses freres, Ares (ν. 273, 285-288) , Apollon (ν. 289) et les autres fils de Zeus (ν. 287). Le discouη de Staphylos (ν. 18-41) esι un catalogue enumeranι diνeη •hόtesι des dieux. Les deux premieη sont des damnes : Lycaon (ν. 20-248) et Tantale (ν. 24b30) ont tous les deux servi aux dieux leur fils en festin pour eprouνer leur saνoir1. On peut s'etonner, aνec Ρ. Collart, que Staphylos mentionne deux impies•. Mais Sιaphylos lui-m�me est conscienι de l'incongruίte de ces exemples (ν. 31-34). S'il en fait etaι, c'est peuι­ �ιre dans une ίntention propitίatoire : il espere se

1. Detienne, 25. 2. Le Penthee d'Euήpide ne dit pas explicitemenι que Diony1!08 est un bAιard, mais il le laisse entendre : il refuιe de lui attήbuer une legitimit.e (&cclι. 219-220) eι parle du mariage menιιonger de Semele (ν. 245 Δlouc 6-n y«μouc tφcόσοι"rΟ). Le Penthee de Nonnos eaι pluι explicite : il ιraite Dionysoa de bAtard, puiι ironiιe ιur les anc6tres divinι qu'il pourraiι s'inventer lui-m6me, s'il avait l'arrogance de Dionysoa (44, 167-179) ; il afflrme enfln que c'est Cadmoι qui a forge cette fable pour cacher la honte de ιa fllle deιhonoree par quelque inconnu (44, 180-183). 3. Sur Lycaon eι Tantale, cf. les notes ad loc. 4. Collart, 129.

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CHANT XVIII

garantir contre la νindict.e toujours po88ίble des dieux en ecartant ces precedents nefast.es. C'est aussi un procede de persuasion : il montre a Dionysos, grAce 8 ces allusions, que, contrairement iι Tantale et iι Lycaon, des mort.els sont capables de receνoir pieusement les dieux. La question qu'il pose aux ν. 31-34 est purement rbetorique : Staphylos fait expres de parler de ces sacrileges 8 la faςon des plaideurs qui νeulent detruire iι l'aνance les arguments de leur adνersaire1• La legende de Makellό, mentionnee ensuit.e (ν. 35-38), est plus appropriee au cont.exte. 11 s'agit d'une tradition locale rare et, par malchance, tous les t.ext.es qui y font allusion nous sont parvenus iι l'etat fragmentaire, y compris notre passage. Aussi conνient-il d'exposer d'abord les νariant.es connues de la legende aνant de considerer la νersion retenue par Nonnos1. L'histoire se situe iι Geos, sauf chez Euphorion ού l'ile demeure anonyme. Elle met en scene un peuple impie : les Telchines (Callimaque ; schol. α et b de I'lbίs) ou les Phlegyens (Euphorion) ; les scholies de l'lbίs precisent que les Telchines empoisonnaient les recolt.es

I . Exemple de refutation prealable : Eschine, C. Timαrqut , 1 17. 2. Les sources sont les suivantes : Pind., Ρίαnι, 4, 40-46 Sneii-Maehler (discours adresse aux Ceens par Euxantios li\s de Makellό) ; Bacchyl., I , 71:.s3 Snell (legende de Minos et de Dexithea) ; Callim., Ailiα, fr. 75, 64-69 Pf. (resume des Anti­ quites de Ceos rapportees par Xenomedes ; fait suite au recit de \a legende ceenne d 'Acontios et de Kydippe) ; Ovide, /bίι, 469-470, 475, et deux scholies αd loc. (la schol. b resume \a version de Nicandre - fr. 1 16 Schneider). D'autre part, Servius, β Virg., /tn. 6, 618, cite Euphorion, fr. 1 15 Powell, β propos d'une tradition qui est soit une νariante de \a legende de Makellό soit une legende parallele : ιecundum Euphoriontm, (Phlegyαt) populi inιulαni fuerunl, ιαlίι in deoι impii el ιacrilegi; unde irαluι Neplunuι percuιιil lridenli eam pαrlem inιulαe quαm Phlegyae lenebanl el omneι obruil. Tous les textes ci-de88us sont reunis et cites par R. Pfeiffer dans son edition de Callimaque.

ΝΟτΙCΕ

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aνec une eau quί doίt �ιre celle du Styx 1• M8kellό e8t la fille du rοί de8 Telchίne8 nomme D8mon (schol. α et b de I' lbiι) ou Demon8x (C81lίm.). Α 18 suίte d'un songe (B8cchylίde), elle rec;oίt 18 νίsίte d'etr8ngers quί sont en realίt.e Zeu8 et Poseίdon νenus mettre ι\ l'epreuνe l'ίmpίet.e des Telchίne8. Elle leur offre l'hos­ pίtalίt.e en compagnίe de sa fιlle Dexίthe8 (C811ίm.) ou de ses 8reurs (schol. α-b de l'lbiι). Le8 Telchίne8 (ou le8 Phlegyens selon Euphorίon) sonι 8De8ntί8 p8r Poseίdon (Euphorίon), p8r Zeu8 (schol. lbiι), p8r Zeu8 et Poseίdon reunίs (Pίnd8re) ou p8r tou8 le8 dίeux (C81lίm.). L8 plup8rt de8 source8 precίsent que le8 dίeux epargnenι, en raίson de leur pίete, M8kellό eι 88 fιlle (Callίm.) ou M8kellό et ses sreurs (schol. α de l'lbiι). Ne8nmoίns, selon Ovίde eι la schol. b ι\ l'Ibiι ( - Nίc8ndre), M8kellό peήt e1le-m�me en r8ison de l'ίmpίet.e de 8on marί. Servίus, cίt8nt Euphoήon, ne p8rle que de la destruc­ tίon des Phlegyen8, 88DS f8ίre allusίon ι\ M8kellό. Nonnos rapporte l'hίstoire de Makellό dans sa νer­ sίon la plu8 courante : elle fut une hόte88e respectueuse des dieux eι, en recompense, elle fuι sauνee en m�me temps qu'une autre femme (sa fιlle Dexίthea ?) lorsque Poseίdon detruίsίt son peuple. Maίs le poete semble assocίer Makellό aux Phlegyens et non aux Telchίnes. Pour explίquer cette anomalίe, on a suppose, ι\ la suίte d'E. Rohde, que la fin de l'hίstoίre de Makellό (et des Telchίnes) figurait d8ns la lacune consecutίνe au ν. 35 ; les ν. 36-38 eνoqueraίenι la fιn de la legende des Phlegyens donι le debuι seraίt perdu 1. Ceιιe solution n'est pas satίsfaisante. On ne comprend pas pourquoί Nonnos mentίonne au ν. 35 Apollon qui n'apparait pas

I . Renseίgnemenι foumί par Sιrabon, 14, 2, 7 (653-654) ; Tzet.zes, Chil. 7, 123 88.; cf. Η. Herter, Real-Enc. 5 Α, I (1934), ι. Telchineι, p. 209. 2. Ε. Rohde, Der griechiιche Roman und ιeine Vorlάufer (1876; reίmpr. 1960), 539-540, n. 2. Cf. au8si H.J. Rose, dans l'ed. Rouse (Loeb) deι Dionyιίaqueι, ι. 2, 64, noιe α.

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CHANT XVIII

ailleurs dans la legende des Telchines ni surtout pourquoi il parle de deux femmes au ν. 38. H . J . Rose suppose arbitrairement que la legende relatiνe aux Phlegyens faisait intervenir deux femmes, exactement comme la νersion concernant les Telchines. On croira plutόt que Nonnos a confondu deux peuples νoisins, sans doute a la suite d'Euphorion qui, s'il ne mentionne pas Makellό, est le seul a situer les Phlegyens dans une ile1 : ils sont d'ordinaire regardes comme des Beotiens habitant la region d'Orchomene. Un autre fragment attribue a ce poete, malheureuse­ ment tres mutile, semble confirmer cette hypothese. 11 y est question d'un personnage feminin (Makell.δ ?), • endormi (- qui a peή ?) en compagnie des Phlegyens t, Φλεγό-ηcn αUν «ν3ρ«αιν c\ινηθι(ϊ]αοι ; or les νers precedents sont relatifs a l'He de Geos et a la legende d'Aristee qui inνite les pretres de Zeus Icmios a guetter le leνer de la canicule1. On peut donc supposer qu'Euphorion identifiait les Phlegyens et les Telchines. 11 parait·aνoir joue sur les analogies qui existent entre ces deux peuples celebres par leur impiete. Le roi Phlegyas aνait incendie le sanctuaire de Delphes, parce qu'Apollon aνait νiole sa fille Corδnis ; d'autres traditions attή­ buaient le saccage du temple aux Phlegyens1 ; d'apres l'Hymne homerique ά Apollon (ν. 278-280), ce peuple ne respectait pas Zeus. Cela peut expliquer pourquoi Nonnos nomme a la fois Apollon et Zeus, ennemis traditionnels des Phlegyens, et Poseidon, ennemi des Telchines. Les deux peuples eurent d'ailleurs un destin semblable : ils furent aneantis dans une catastrophe

1 . Noιer cependanι une difference: selon Nonnos (ν. 37), 1'1\e entiere est engloutie, alors que, selon Euphoήon, Poseidon n'aneantit que la partie de 1'1\e ού vivaient les Phlegyens. 2. Η . Lloyd-Jones - P. Parsons, Suppl. he/1., fr. 443; cf. Chuvin, 52. 3. Pherecyde, 3 F 41 Jacoby ; Servius, 8 Virg., l'tn. 6, 618. Sur Phlegyas eι les Phlegyens en general, cf. F. Vian, Hommagu ά G. Dumίzil, 1960, 219-221 .

NOYICE

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naturelle, tremblement d e terre ou raz-de-maree, attri­ buee 8 la vengeance divine. Les Phlegyens, totalement aneantis, sont devenus un peuple mythique, alors qu'une partie des Telchines a survecu, puisqu'on les retrouve en divers lieux, notamment 8 Rhodes1• 11 existe peut-�tre un fondement geographique 8 cette confusion, car les deux peuples semblent avoir coexiste en Beotie. D'apres Pausanias (9, 19, Ι), Teumessos avait un temple d'Athena Telchinia ; les Tel­ chines sont aussi lies ilι la legende beotienne d'Acteon1. De plus, selon Pline, ceos, dont les Telchines ont ete les premiers habitants avant de s'installer 8 Rhodes (?), fut detachee de I'Eubee ilι la suite d'un tremblement de terre et c'est aussi un cataclysme qui avait detache I'Eubee de la Beotie1. De m�me, selon la tradition la plus courante, les Phlegyens ont occupe la Beotie avant d'�tre extermines•. Ρ. Collart qualifie de • somp­ tueuse ecphr(Jll iB • la description du · palais de Staphylos1. 11 est vrai que ce passage est un des plus reussis du chant : Nonnos utilise toute la palette des couleurs et des lumieres qui sont a sa disposition. Mais cette description vaut aussi parce que le lecteur garde encore 8 l'esprit celle de la pauvre demeure de Brongos au ch. X V I I . Nonnos veut produire un effet de contraste entre le rustique et le raffine, entre la nature et l'art. Brongos n'habite qu'une grotte qualifiee d'&3ώμ1jτος et d'otxoς &οιχος (17, 40, 42). Α cette caverne qui est l'ouvrage de la nature et qui

Lι ,.ι.u • Sι.,ι� ' 6J-J2.

:

1 . Les Telchines fonι partie de l'annee de Dionysos : 14, On comprend donc que Nonnos aίι prefere parler des Phlegyens dans l'histoire de Makellό. 2. Cf. Annenidas, 378 F 8 Jac.; Eusιaιhe, 8 I 525, p. 77 1 , 59. 3. Pline, Ηω. nal. 4, 62-63; cf. Chuνin, 52, n. 28. 4. Phlegyens de Beoιie : Pherecyde, 3 F 41 d Jacoby ; Paus., 9, 36, 1 -2; 10, 4, I. Homere les localise en Thessalie (Ν 302); Paus., 2, 26, 3, les menιionne dans la region d'ι;:pidaure. 5. Collart, 130.

36-48.

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a ete creee 418808 l'aide de l'artι (17, 64-66) 8'opposent implicitement, mai8 clairement le8 chef8-d'reuνre raffι­ ne8 du palai8 de Staphylo8 (ν. 63). La de8cription d'un palai8 e8t un lopos epique. Nonno8 l'a deja utili8e pour eνoquer la demeure d'Emathion au ch. 1 1 1 (ν. 124-183) et le genre connaί­ tra une grande νogue apre8 lui 1• 11 e8t bien repre8ente chez Homere qui decrit le8 palai8 de Menela8 (3 43-46) et d'Aikinoo8 (η 81-133). Le8 emprunts litteraux de Nonno8 8e redui8ent a une comparaίson : le palai8 de Staphylo8 8e νoit de loin et 8cintίlle comme le 8oleil et la lune (ν. 72 ,.., 3 45 =η 84). On retrouνe egalement, mai8 dan8 un contexte dίfferent, le m�me luxe symbo­ li8e par l'abondance de l'or et de l'argent1. Nonnos fait de8 emprunt8 plu8 preci8 a la de8cription du palais d'Aiete8 chez Apollonio8 de Rhode8 (3, 2 15-246) ; il 8'en in8pire pour eνoquer le8 porte8 monumentales, les colonnade8 et le dόme ouνrage1. La reaction admira­ tiνe de8 νi8ίteurs 8e retrouνe chez tou8 le8 auteurs•. Sί certaίn8 a8pects de la decoratίon, comme les incru8tations de pierre8 precieu8e8 8Ur le8 murs exte­ rieurs, releνent de la fantaίsie, d'autre8 appartίennent au monde contemporain de l'auteur : le8 toίts dores, le8 mo8aique8 et les porte8 marquetee8 d'iνoίre sont de tradίtίon romaine et byzantine•. Nonnos ne recule pas deνant ce genre d'anachronί8me. Le poete prend soin d'offrίr une de8criptίon tre8 dίfferente de celle du ch. 1 1 1 . 1 1 elimίne le νerger, la

ι. Cf. Ρ. Friedlίinder, Johanneι von Gaza und Pauluι Silen­ tiariuι, ι9ι2, 83-ιΟΟ ; Ρ. Chuvin, ed. de Nonnos, C.U.F., ι. 2, p. 5, n. 2. 2 . η 88, 90-9ι, ιοο. 3. Cf. la note aux ν. Sι-84. 4. η 133 ; Ap. Rh., 3, 215 ; Nonnos, 3, ι80- Ι 83 ; Paul Sil., Sainte Sophie, 392-394. De m�me, chez Ach. Tat., ι, 15, les jeunes gens s'attardent 8 admirer les merveil\es qui les entourent. 5. Cf. ι. 2, p. 5, et R. Keydell, Pepragm. ιynedr. diethnouι Byzant. 2 (1955), 486-487 (-= Kleine Schriflen, 516-517).

NOτtCE

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fontaine, les statues et les chiens automates qui rappe­ laient la descήption du palais d 'Aikinoos (3, 140- ι 79); en reνanche, il s'attarde sur l'edifice lui-m�me. Au ch. 1 1 1 , la descήption tenait en six νers (ν. 134-140): elle mentionnait successiνement le seuil, la porte monumentale, la toiture aνec son dόme et la decora­ tion des murs. Au ch. XVI I I, elle s'etend sur dix-huit νers et suit un ordre different : on trouνe d'abord une νue d'ensemble sur la splendeur du palais (ν. 69-72 ; cf. deja ν. 62-63) ; puis sont presentes les murs aνec un catalogue des pierres precieuses qui les oment (ν. 7380). Apres quoi sont mentionnes la colonnade exte­ ήeure, la toiture, le paνement du sol et, pour finir, la porte monumentale. On notera tout particulierement le theme des pierres precieuses qui a ete dej8 utilise 8 propos du collier d'Harmonie (5, 135-189) ; pas plus qu'au ch. V, Nonnos ne lui donne ici une signification esoterique, bien que I'Antiquite ait prete des νertus magiques 8 chaque pierre 1• Le cόmos orgiaque equiνaut a une initiation bacchique1. 11 est donc normal qu'il prenne place ici a la suite du banquet offert par Staphylos. Comme on peut l'attendre, ίΙ se caracterise par l'improνisation, la participation de tous les conνiνes et le manque de maitήse des danseurs ivres1. Ces evolutions debridees contrastent avec les pantomimes elaborees du ch. X I X , qui sont executees par des solistes specialistes d u genre. lA eι.ιι .,.,._: •• ,J-16$.

I . Cf. ι. 2, Ρ· 86, eι DOI nοιeι aux ν. 74-80. 2. Cf. R. Turcan, Leι cullιι orίιnlauz danι Ιι mondι romaίn, 1989, 308. 3. La chronologie manque de neιιeιe : le concert. bacchique a pu commencer pendant le repa ι ; neanmoinι les danseι οnι lieu apreι, ι1ι part.ir du ν. 107 (noιer iπι!όρmος) ; c'est egalemenι apres le repaι que semblent commencer la beuνerie, lea chantι et leι danιeι au debuι du ch. ΧΧ, ού l'on reιrouνe iπι!όρmος au ν. 4. Ceιιe ιucceuion eιι en reνanche indiquee aνec preciιion dans l'epiιode d'lcarioι (47, 62-65).

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CHANT XVI I I

Homere a deja eνoque des scenes de banquets et de danses (θ 256-265) et precise que les danses sont les ornements du festin (« 152; cf. 3 19-20; θ 248). Mais c'est surtout Dionysos qui est lie a ce genre de rejouissances : on songe aux π&.ροινοι όρχήσcις αuμποτιχαι( denoncees par les moralistes1. Ces danses apres boire sont accompagnees par la musique des instruments bacchiques : crotales, flύtes, tambourins. Tantόt on inνitait des danseurs professionnels comme dans le Banquel de Xenophon (2, 1-27; 9, 2-6); tantόt tous les conνiνes prenaient part a la danse1. Notre passage appartient a cette deuxieme categorie. Malgre son apparent desordre, la scene est tres etudiee : chaque participant est decrit dans ses eνolutions en une serie de tableaux pittoresques qui se repondent symetriquement. Apres quelques generalites qui eνoquent les fumets de la table et les instruments utilises (ν. 99b-ιογ), on assiste d'abord a la danse de Marόn auquel se joignent les Bacchantes et les servi­ teurs du palais (ν. 107b-123). Puis, c'est le tour de la famille royale. La scene se diνise en deux parties qui forment un chiasme : les preliminaires montrent Methe iνre (ν. 124-132), puis Staphylos et Botrys s'eniνrant a leur tour et se parant de lierre (ν. 133-137"); la danse proprement dite fait suite : elle est executee par Staphylos et Botrys (ν. 137b-1451), jusqu'a ce que Methe se joigne au duo (ν. l45b-148). Pour fιnir, un νieux serviteur du palais danse en solo (ν. 149-153); mais la danse de Pithos n'est pas un simple echo de celle de Marόn ; elle exprime le paroxysme de l'iνresse ; Pithos a tellement bu qu'il « deborde •, image qui annonce sa metamorphose en jarre1. Apres ces danses, I. Cf. Plat.on, Prolag. 347c-348a ; Banquet, 1 76e ; Theophr., Caract. 6, I . 2. Aιhenee, 4 , 134 a-c. Cf. Sechan, Saltatio, 1045-1046 ; id., Danιe, 223-233 ; Lawler, 116-120. 3. Cf. 20, 127-141. En 20, 27-30, Pithos laisse deja deborder le vin qu'il a bu. De m�me, on νοίι ruisseler sur le sol le conιenu de l'un des crat.eres offerts en prix par Dionysos en 19, 121-122.

NOτJCE

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la boucle se referme : on reνient ι\ des generalites aνec la description du crepuscule et l'eνocation du sommeil des danseurs (ν. 154 ss). Dionysos est le dieu du chavirement, appele parfois Sphaletea ; il est celui qui preside aux danses de l'iνresse 1. La danse de l'iνrogne n'est pas νraiment une danse et G. Prudhommeau a tort de considerer que les personnages etudient leurs pas et pratiquent des enchainements1. Tous les danseurs sont iνres1 ; lorsqu'ils balancent la �te de droite ι\ gauche ou d'aνant en arriere et qu'ils font νoltiger leur cheνelure (ν. 128-129, 1 44-1 45), ces mouνements sont dus aussi bien a la frenesie bacchique qu'iι l' iνresse. C'est surtout l'instabilite qui domine leurs eνolutions : ils se liνrent a des contorsions effrenees sur leurs jambes νacillantes et leurs tentatiνes pour rester debout ont un caractere comique•. On notera la frequence de l'adjectif &στιχτος et de mots de m�me sens1. Les peintures de νases eνoquent des images analogues•. Le seul pas identi­ fiable est le changement de pied qui exprime bien le chancellement de l'iνrogne7. Les eνolutions de Staphylos et de Botrys, qui s'appuient l'un sur l'autre en essayant de coordonner leurs mouνements (ν. 140-1 42), ont leurs paralleles dans l'iconographie. Ce type de danse en duo etait

I. Sur Dίonyιos SphalίtAι, cf. G. Daux-J. Bousqueι, Rev. Arch. 1942/43, I , 113-125; 2, 19-40 ; G. Roux, Delphu. Son oracle et •e• dieuz, 1976, 181-1 83 ; Deιίenne, 73-9 1 . 2 . Sic Prudhommeau, 271 , n• 989 ; 279, n• 1017, quί etudίe les ν. 1 12 , 118- 1 1 9 , 140- 1 4 1 . La ι danse de l'ίνrogne• (παιρο(νιον} exίsιe ; mais elle esι execuιee par des artist.es • jeun : Lucien, Danιe, 34 ; Aιhenee, 14, 629e. 3. Cf. ν. 108, 123, 125, 133, 134, 151. 4. Marόn eι Meιhe ιοnι sur le poinι de tomber : ν. 1 20-121, 130-132. 5. -Ασταιτοι;: ν. 108, 130, 1 44 ; cf. aussi μcθuσcpαιλ�ι; (ν. 121, 151} eι Ινβαι χαιι Ιν6σι (ν. 109, 130, 1 44}. 6. Cf. Emmanuel, 108, 3 1 4-316. 7. Cf. ν. 119, 130, 137-139, 140.

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CHANT XVIII

frequent : on songe (bien que le contexte soit dίfferent) la scene des Troyennes d'Eurίpίde (ν. 332-334) ού Cassandre inνite sa mere a danser aνec elle. La danse en joyeux trio (ν. 148 τcρπωλ'ijν τρι&λιχτον) eνoque des danses populaires, pratiquees de tous temps par les Grecs1. Mais il ne semble pas que les trois danseurs executent icί une ronde : Methe est placee entre les deux hommes, ce qui prouνe qu'ίls ne sont pas dίsposes en cercle (malgre τρι&λιχτον). En tout cas, la Bacchante eνoluant entre deux Satyres est un motif frequent dans l'iconographίe 1 ; les artίstes figurent aussi des danseurs qui se tiennent par la main ου s'appuient sur l'epaule de leur νοίsίη de maniere iι former une chaine comme dans notre passage8• a

Comme l'obserνe Jeanmaίre, le sommeil qui suit une fete bacchίque passait pour aνoir valeur prophetique•. C'est le cas dans notre chant. Le s�nge premonitoire, frequent dans la litterature grecque1, est bien atteste chez Nonnos8• 11 fait souνent interνenir des Mtes sauνages7 : ici Lycurgue prend l'apparence d'un lion. ι.. _,.. ιι. Dί8y»6 ; lιbttιin ιι. Lyαιrp6 : "· 1�195.

ι . Cf. Emmanuel, 253-254 . 2. Cf. Emmanuel, 242. Hom mes et femmes sont souvent m�les dans la danse orgiaque : Aristoph., Lyι. ι273-1278 ; 8echan, Saltatio, ι046 ; id., Danιe, ι75-ι76 ; Wamecke, 2235-2236 . 3 . Prudhommeau, 288, η• ιοοs ; flg. 137, 834. Cf. Emmanuel, 253 ; Sechan, Saltatio, ι047 ; id., Danse, 58. 4. Jeanmaire, 97. 5. Quelques exemples : ζ ι5 ss. (songe de Nausicaa) ; Esch., Persu, 181-2ι4 ; Xen., M�m. 2, 1, 2 1 -34 (- Prodicos, fr. 2 Diels-Kranz) ; Ap. Rh., 3, 6ι9 88. ; Moschos, Europί, ι-1 5 ; Longus, ι , 7 ; [Orph.), Arg. 776-785. 6. Autres reves premonitoires : 7, 141-160 (8emele ) ; 44, 48-80 (Agave) ; 48, 258-286 (Aura). G. Chretien a claw les songes des Dionyιiaqueι au ι. 4, p. ι48, note 8 10, 266. 7. semele aperc;oit l'aigle qui symbolise Zeus (7, ι49) ; les b�tes sauvages qui dechirent Penthee sont la preflguration des Bacchantes (44, 61 ss.), tandis qu'Agave est symbolisee par une lionne (44, 66).

NOτJCE

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La νasaon de Dionysos associe deux �νes contra­ dict.oires. Le premier esι un �νe de νict.oire (ν. 1681748) ; mais le second esι lourd de menaces. 11 annonce d'abord que Dionysos sera vaίncu par un lion, symbole de Lycurgue, eι qu'il se refugiera dans la mer (ν. 1 74b-181). Les Bacchant.es, abandonnees par leur dieu, sonι alors pourchassees par le lion (ν. 182-1868); mais brusquemenι, l'une d'elles lui faίt face (on apprendrθ au ch. ΧΧΙ qu'il s'agίt d'Ambroίsίe) ; elle reussiι a capturer le fθuνe dans des sarments de νίgne (en faiι, elle se transformera en νigne) eι ses compagnes, νenues a Ιθ rescousse, dechirenι de leurs ongles le prisonnier (ν. 186b-191). L'anίmθl esι finθlemenι sauνe pθr Artemis ; mais un eclθίr, jθilli de l'ether, le rend aνeugle (ν. 192-195). Pour pθsser d'un songe a l'θutre, Nonnos θ une expression �nθnt.e (ν. 175 φόδον ωον «πcιλ'ητijρος όνc{ροu} qui semble impliquer que le premier reνe esι deja menθ�anι, θlors qu'il θnnonce la νίct.oire definί­ tίνe sur les Indίens (ν. 169-1 70). Ρ. Collθrt not.e une contradiction θnθlogue dans le songe du ch. ΧΧ ού, bien qu'grίs luί θίt promίs la νictoire, Dionysos se reνeίlle t.errifie1• 11 suppose une ίnterversίon enιre les deux songes : le premίer (hist.oire de Lycurgue) esι t.errifianι ; le second, celuί du ch. ΧΧ, tendrθit θU contraire a encourθger Dionysos fθce θuχ epreuνes qui l'θtt.endenι. Une lθcune, θdmise en 20, 100, justifie­ rθίt l'hypothese8• Ces deux songes serθient donc des ebθuches que le poeιe n'θ pθs eu le ιemps de meιιre en ordre. L'explicθtίon n'esι pθs satίsfaisant.e. Elle suppose le deplθcemenι d'enνiron cinq cents νers. De plus, Ρ. Collθrt θ mθl compris la nθture du discours d' gris. Celui-cί ne fθίt qu'une allusion νague eι ambigue a 8 l'apotheose finale que Dionysos obtiendra grAce au courroux m�me d' Hera (ν. 97-98) ; mais, dans ιοuι le 1 . 20, 35-101 . Cf. Collart, 136-138. 2. Keydel\ admet egalemenι la lacune supposee par Graefe.

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CHANT XVIII

reste du deνeloppement, };;rίs accable le dieu de sarcasmes et le reprimande parce qu'il oublie sa mis­ sion. 11 est donc normal que Dionysos soit effraye. On ne doit surtout pas perdre de νue qu'};; rίs est l'instrument d' Hera : si elle prend l'aspect de Rhea, c'est pour tromper Dionysos et le faire tomber dans un traquenard. lnterprete dans cette perspectiνe, le dis­ cours du ch. ΧΧ est parfaitement coherent1• Reste le probleme pose dans notre chant par la for­ mule du ν. 175. Celle-ci se retrouνe en 7, 1 75 ; 18, 182 ; 44, 121. Si, en 18, 182, elle est employee conformement θ la logique, puisque Dionysos a d'abord peur de Lycurgue, puis decouνre un autre sujet de crainte (φόβον ωον �πωπc), les trois autres passages font difficulte, si bien que Keydell et Collart les ont consi­ deres comme la marque d'un desordre dans le texte1. L'hypothese est arbitraire, car la repetition m�me de la formule en garantit l'authenticite1. En 18, 1 75, ίΙ faut en realite donner a ωον un sens adνersatif bien atteste depuis Homere et comprendre : • 11 gardait en son creur, en oulre, une crainte qui lui νenait d'un reνe mena�ant ••. Des lors, tout le passage deνient clair, ainsi que la chronologie des deux songes. Dionysos, reνeille par le νacarme des Satyres entendu pendant son sommeil (ν. 1 72-174), se leνe et, reconforte par une νίsίοη qui lui promet la νictoire (ν. 168-169), ίΙ

I . L'ίdee de • menaces• esι secondaίre dans &.πcιλητήρ en 20, 100. Α l'epoque tardίve eι chez Nonnos, &.πcιλ-1) se dίι d'un ordre ίmperaιίf accompagne de remontrances : cf. la note iι 27, 20-2ι (ι. 9, p. 294). 2. Cf. Collarι, 1 4 1 , 248-249 ; R. Keydell, Λnt. Clαιι. I, 1932, 184, 192 (- Kleine Schriflen, 496, 504). 3. Cf. F. Vίan, ι. I , Ρ· XL, n. 2. 4. Cf. « 1 28 ; β 4 1 2 ; ζ 84 ; θ 368. Rapprocher peuι-�ιre Charίton, ι , 8, ι τdι 3ί πcρι Κ«λλιρρδην 3cινοΠρcιν (3cuτίρ«ν cod.) &λλην Wμδοινc πιιλιyycνcα!cιν. Le tour presente quelque analogίe avec les transίιions homerίques du ιype &λλο 3t τοι iptω (π 281, 299).

NOτJCE

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rev�t son equipement de guerre eι se prep8re 8 poursui­ νre S8 m8rche (ν. 196 88). Μαiι (8u ν. 174, � 8 un sens fort) ίΙ garde ne8nmoins en m�moire le 8ouνenir d'un reve anl�rieur qui lui predit de8 revers1. Nonno8 dev8ίt 8 la fοί8 8nnoncer la νictoire finale du dieu pour justifier les exhortations de Staphylo8 et l8isser prevoir la defaite dev8nt Lycurgue qui ν8 8uίνre l'epί8ode assyrien ; ίΙ a concilie ces deux exigence8 grAce au procede de l'hyιteron proleron en inνers8nt l'ordre de8 deux songes. Le songe relatif a Lycurgue, long d'une νingtaine de νers, re8ume fidelement le recit qui s'etend de 20, 135 a 2 1 , 1691. L'ordre des evenements n'esι modifie que sur un point : au ch. ΧΧ, Lycurgue poursuit les Bacchantes avant de se retourner contre Dionyso8 : c'est le contraίre au ch. XVIII, mais on retrouνe la chronologie du reνe 8U ch. Χ Χ Ι , qu8nd le roi prend en chasse les Bacchantes apres aνoir perdu la trace de Dionysos. Le songe ne fait pas non plus allusion a la divinisation ulterieure de Lycurgue (21, 155-161} ; mais cet eνenemenι, qui ne se produira que dans un avenir lointain, aurait ete deplace ici. On releνe une seule dί8cordance entre les deux recits : l'enigmatique intervention d'Artemis qui se produit en 18, 1 92-193, au moment ou Lycurgue est emprisonne et malmene par les Bacchantes. Le passage fait difficulte parce que ζωΎρίω peuι signifier Hapturer νivant•, mais aussi • sauνen (24, 97 ; 30, 103, 320). W. Peek (Lu. •· u.) adopte la premiere interpretation qui peuι se justifier parce qu'Artemis appartient au camp de Dionysos•. Mais le contexte impose la traduction • sauvert. Quel merite Artemis aurait-elle 8 teapturer

I . C'est au contraίre un -ι quί introduίt la formule dans les trois autres passages ού Ιλλος a un sens dίff�rent. 2. Sur la versίon nonnίenne de la Lycurgίe et ses antecedents, cf. Chuvίn, 254-268 , et les Notίces des ch. XX-XXI. 3. Cf. F. Vian, Rev. tt. Gr. 101, 1988, 277.

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CHANT XVI I I

νiνant • μ6yιι;, • a la fin • . un adνersaire deja reduit a l'impuissance par les Bacchantes ? En fait, I'Artemis du songe n'est que la transposition d'Hera quί, dans le recit du ch. ΧΧΙ, sauνera (ν. 148 ss «νcζώyρησc) Lycurgue en brandissant l'epee d'Ares. Le songe et le recit sont donc parfaitement coherents : de m�me que Lycurgue est symbolise par un lion, Hera prend l'aspect de la maitresse des fauνes Artemis1• Le discours d'exhortation est un topos de l'epopee1, bien atteste •· 2Ι�m. chez Nonnos1. Dionysos, que sa mollesse naturelle detourne souνent des combats, doit �tre rappele a l'ordre plusieurs fois. En 13, 19-34, c'est Rhea qui l'incite iι partir en guerre contre les lndiens ; en 20, 44-98, έris lui reproche de s'attar­ der chez Staphylos, dans une intention, ίΙ est νraί, malνeillante ; en 25, 326-338, il faut qu'Attis νienne de nouνeau, de la part de Rhea, se plaindre de son inaction. Au ch. XVI I I , Staphylos encourage le dieu en lui rappelant cinq combats νictorieux liνres par son pere ου ses freres. 11 commence par mentionner quatre epi­ sodes de la τϊtanomachie : le combat proprement dit de Zeus contre Cronos et les Tίtans (ν. 225-234), sa ικ.e-, tl'e:ιlιιιιrtιιdtιtι • sι.,ιι,., :

I . [On rectiflera l'allusion faite 8 ce paaaage du ch. XVII I dans \'article cite 8 \a note precedente. F. V.) 2. Pour Homere et \a poesie latine, cf. l'index de P.-J. Miniconi, lttude deι thtmeι •guerrίerH de la poiιίe epique greco-romaίne, 1951, 170 (harangue du chef) ; pour Quintua de Smyme, cf. F. Vian, ed. C.U.F., t. ι, p. χχχιχ, η. 2. Le discours de Staphylos s'apparente surtout aux exhortations fondees sur \e rappel d'exploits glorieux du pa� : par ex. Α 259 88 (et plusieurs autres discours de Nestor) ; I 434-606 (discours de Phenix) ; Virg., ltn. 8, 560-567 ; Quint. Sm., ι , 497-507 ; 6, 298-307. 3. Cf. 4, 393-405 (discours d'Athena ιί Cadmoa avant le combat contre le dragon) ; 8, 50-ι02 (discours de Phthonos ιί Hera) ; 27, 22-ι35 (harangue de Deriade a ses troupes) ; 47, 537566 (discours d'Hera 8 Persee) ; 48 , ι5-30 (discours de \a Terre aux Geants).

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lutte contre Campe, une alliee de Cronos (ν. 235-264) ; puίs, apres quelques νers de transitίon (ν. 265-267), le combat de Zeus contre Indos (ν. 268-272) ; enfln le duel d'Ares contre le fils d 'f:chidna (ν. 273-2868) que νίent completer une breνe allusion aux exploits des autres flls de Zeus (ν. 286b-�). Staphylos deνeloppe pour flnir un parallele, une syncrisis entre Persee et Dionysos (ν. 289b·305). La progression est chronologique : en νa du plus loin­ taίn, la τitanomachie, au plus proche, Persee1• L'argu­ mentation de Staphylos est doublement habile. D'une part, le roi flatte Dionysos en le presentant comme l'heritier d'une tradition guerriere prestigieuse ; d'autre part, ίΙ le stimule en lui rappelant une serie ininterrompue d 'exploits. L'allusion aux νictoires re­ centes de Persee doit plus particulierement inνiter Dionysos a surpasser son aine. Tout se passe comme si les deux fils illegitimes de Zeus, au statut encore incer­ tain, etaient places sur le m�me plan, alors qu'un seul d'entre eux parviendra dans I'Oiympe. Il est significatif qu'au ch. XLV I I , l'aνant-demier du poeme, Persee et Dionysos soient prHs a s'affronter a mort : Hermes les reconciliera, mais seulement apres que Dionysos aura obtenu l'aνantage, en sorte qu'il pourra, au chant suiνant, deνenir un dieu a part entiere apres aνoir triomphe des Geants comme son pere aνait νaincu les Titans1. Parmi les episodes qui composent le discours, deux sont inconnus de la mythologie grecque : les duels qui opposent Zeus a Indos et Ares au fils d'f:chidna. Pour en rendre compte, nous aνons cherche en direction des mythologies orientales. Nonnos s'est en effet souνent inspire de l'Orient, par exemple aux ch. 1-11, ou la figure de Typhee est une prefiguration des monstres

1 . Cf. 18, 291 xlkζιk yιkp ι!ς iμόν οtχον ... fιλu6c ΠιρσιUς. 2. Gigant.omachie de Dionysos : 48, 31-89.

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CHANT XVIII

decήts au ch. X V I I I (Campe et le fιls d'�chίdna)1, ou aux ch. XLI I-XL I I I, ού ίl est questίon des luttes prίmordίales a l 'occasίon du conflίt entre Dionysos et Poseίdon pour la conqu�te de Beroe-Beyrouth1. Malheureusement, le theme du dίeu supreme combat­ tant un dragon est sί commun dans les cosmogonίes qu'ίl est dίffιcίle de preciser les sources de Nonnos : nous ne pourrons proposer que des hypotheses. Les quatre premίeres legendes rapportees par Staphylos ont du moίns des poίnts communs. Elles se referent toutes a des eνenements lίes aux origines du monde et elles consacrent la νίctoίre des forces de l'ordre cosmίque sur des monstres symbolίsant les puίssances destruc­ trίces du chaos. En outre, tous ces monstres sont lίes a l'element aquatίque : le corps de Campe est en partίe recouνert d'ecaίlles de poίsson (ν. 250-251 ) ; Indos est l'eponyme d'un fleuνe ίndίen ; �chίdna est la petίte­ fιlle d'Ocean par Phorkys et Keto, autres dίνίnίtes marίnes1. Persee luί-m�me tue un monstre πiarίn (ν. 298). Par leur assocίatίon aνec l'eau, toutes ces fιgures s'apparentent a Typhee que dίνerses tradίtίons assocίent aux phenomenes hydrologίques, aux fleuνes et aux eaux resurgentes•. I.

Zeus et Cronos.

Selon la chronologίe tradίtίonnelle, la Terre enfante Typhee pour νenger Cronos et les τίtans ; ce n 'est que plus tard encore qu'elle . met au monde les Geants. Sί des confusίons se sont produίtes entre ces diνerses progenitures de Gaia, Nonnos les eνίte aνec soίn : le combat contre Cronos est anterieur a la Typhono-

Ι . Sur les aspects orientaux du mythe de Typhee, cf. F. Vian, dans ttίmentι orientauz danι la religion grecque ancienne (1960), 17-37 ; eι Nonnos, C.U.F., ι. I , p. 23-33 eι 94-95. 2. Cf. Chuvin, 196-22 1 . 3. ltes., Theog. 295-305. 4. Cf. Vian, l.c. (p. 24, η. Ι), 23.

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machie des ch. 1-Ι Ι et le premier episode de la Gigan­ tomachie n'interviendra qu'au ch. XLV I I I 1• La seule concession qu'il fasse au syncretisme est qu'il appelle les τitans rηγcνείς, titre plus generalement donne aux Geants1. Dans sa presentation du combat de Zeus contre Cronos, Nonnos fait peu d'emprunts a Hesiode et a Apollodore1. Du combat lui-m�me, ίΙ ne retient que les projectiles echanges par les adversaires, des rocs chez Hesiode, les flammes de Zeus et les traits de gr�le de Cronos dans les Dίonysίaques•. 11 supprime la mention des al\ies de Zeus (Cyclopes et Centimanes) qui jouent un ro\e essentiel chez ses predecesseurs. 11 veut en effet donner la priorite au theme du ponos individuel de Zeus dont Dionysos devra s'inspirer pour obtenir l'apotheose•. E n revanche, il superpose au recit traditionnel une interpretation • physique • · De telles exegeses du mythe ont fleuri dans l'Antiquite. C'est ainsi que \es scholias­ tes iι la Theogonίe mentionnent une explication geogra­ phique : la Titanomachie symboliserait les tremble­ ments de terre qui ont ebranle la Grece septentrionale. 11s signalent aussi, en citant Platon, que le mythe peut avoir une signification morale et metaphysique et tra­ duire le conflit entre les forces de la raison et cel\es du desordre et du maι•. Nonnos, quant θ lui, recourt au mode d'exegese qu'il a dejiι utilise dans la Typhonie7 et qu'il procla-

1 . Sur ceιte chronologie, cf. ι. 1 , p. 17-20. 2. Voir la note θ 18, 218-220. 3. Hes., Thtog. 617-735 ; Apollod., Bibl. 1 , 2, 1 . 4 . Voir la note θ 18, 229-232. 5. Sur le pono1 de Zeus, cf. (J . Dόrig-) 0. Gigon , Dtr Kampf dtr Gόlttr und Titantn, 1961 , χ-χίν. Nonnos y faiι allusion en 2, 361-363; cf. aussi 20, 94-98. 6. Cf. schol. Hes., Theog. 629 eι 663 Flach ; W. Jaeger, Thtology ο( Early Greek Philosophers, 1947, 70. 7. Cf. ι. 1 , p. 91-103; eι R. Keydell, Gtdtnkschrίfl fur G. Rohdt, 1961, 105-109 (- Kltίnt Schrί{ltn, 523-527).

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CHANT XVII I

mera « νeridique •, «ληθής, en 24, 233 : le combaι de Zeus contre Cronos, comme contre Typhee, s'identifie a un confliι entre des phenomenes aιmospberiques proνoques par deux forces elementaires, le chaud eι le froid, le sec eι l'humide. Les Stoϊciens associaienι dejiι Cronos iι la pluie1 (cf. ν. 231 3ι.cρον β&λος). Α leur suite, de nombreux poetes se plaisenι iι mettre en rapport la pluie, la glace ou la gr�le aνec Cronos ou la planete Saιurne1. Nonnos se faiι lui aussi l'echo de ceιιe thέorie1. Inνersemenι, Zeus symbolise le chaud eι le sec ; pour Nonnos comme pour les Sιoϊ­ ciens•, il represente l'ether ou le feu iι l'eιaι pur : quand le poeιe diι au ν . 233 que Zeus s'arma plus puis­ sammenι que le Soleil, il signifie que Zeus esι le feu par excellence.

2. Zeus et Campe. Comme nom commun, χcΧ.μπη designe la chenille « onduleuse • eι l'hapax neuιre χciμπος, un monsιre marin aux denιs innombrables (requin ?)6• Comme figure mythologique, Campe n'apparait aνanι Nonnos que dans deux recits. Selon Apollodore, qui suit peut-etre la νersion cyclique de la Titanomachie, elle etaiι la gardienne des Cyclopes eι des Centimanes

I . cr. Chrysippe , dans J. ν. Amim, Sloic. υel. fragm. 2, rr. 1076, 1089. 2. Virg., Georg. I , 336 ; Lucain, I , 651-652 ; Manilius, 4, 501. Cf. aussi Pline, Hiιl. nal. 2, 34 et 106; Μ. Mayer, dans Roscher, Myth. Lu. 2, I (1890/94), ι. Kronos, 1471-1477. 3. cr. 6, 178, 246 ; 18, 230-232 ; 24, 236. L'assaut lance par les Titans est assimίle ιi un ouragan : 20, 59. 4. Cf. Zenon, dans Sloic. υel. fragm. I , fr. 169; Chrysίppe , ibid. 2, rr. 1061, 1066, 1067, 1076, 1077 ; Pline, Hiιl. nat. 2, 34. Cette theoήe stoίcίenne a connu υπ succes durable : cr. J. Pepίn, Mythe et allegorie, 1958, 344, 397-398. 5. cι. Lycophron, 414. Chez ι:;pίcharme, fr. 194, Campe est un monstre maήn. Le mot est glose par χ'ίjτος dans tous les cas : schol. ιi Lycophron ; Hesychios citant ι:;pίcharme.

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qυe Crooos 8V8ίt eofermes d8os le T8rtare et Zeυs l'avait tυee poυr liberer les prisooniers doot le concoυrs Ιυί etait necess8ίre poυr obteoir 18 victoire 1• Selon Diooysios Skytobrachion, cite par Diodore de Sicile, Campe est υο monstre libyeo qυe Dionysos tυe lυi­ m�me afin de venir eo aide a 800 pere•. Daos υne τϊtanomachie qυί ne faisait plυs de pl8ce aυχ ancieos pri8oooiers de Campe, cette • Ν ymphe dυ T8rtare • poυv8it 8&08 difficυlte devenir υn adversaire aυtooome de Zeυs. C'est la versioo qυe Nonnos 8 reteoυe - ου ioventee. Le poete troυve d8o8 cet episode l'occ8sίoo d'υoe loogυe ecphraιiι ; mais, si le procede est conforme a 8Οο gout, il o'a pas seυlement υοe jυstification litter8ire. Typhee est 80υveot as8ocie a des divioites mi-femmes mi-serpeots qυί ont le m�me aspect qυe lυi : c'e8t le C88 d' f:chidoa, 800 epoυse seloo Hesiode, ου de Delphyoe qυi, seloo Apollodore, avait la garde des oerfs de Zeυs qυe Typhee avait voles8• Campe appartieot a cette categorie de femmes serpeots ; elle e8t υο doυble femioio de Typhee. C'est 8ans doυte a dessein qυe Noooos 8 evite de faire υοe description en regle de Typhee et qυ'il s'est cootente d'iodications eparses dan8 les ch. I et 1 1 : il reservait apparemment poυr Campe l'ecphraιiι at­ teodυe•. En toυt cas, l'analogie entre les deux mons­ tres est remarquable. Tous deux ont des pieds cons­ titues de serpents• et des t�tes innombrables parmi lesquelles se trouvent des tetes de sangliers et de

1 . Apollod., Bibl. 1 , 2, 1 . Sur les rapports possibles entre le recit d'Apollodore et la Tίtanomachit cyclique, cf. (Dόrig-)Gigon, o.c. (p. 25, n. 5), χνi. 2. Dionysios Skytobrachion, 32 F 8 Jacoby (- 10 Rusten), cit.e par Diod. Sic., 3, 72, 2-3. 3. lles., τheog. 295-307 ; Apollod., Bibl. 1 , 6, 3. 4. Cf. ι. 1 , p. 22, n. 10. 5. Cf. ι. 1 , p. 21, n. 6 ; pour Campe, 1 8, 237-241 .

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CHANT X V I I I

chiens1• Les tetes de leopards, d 'ours, de loups et de taureaux sont reservees a Typhee1 ; maίs tous deux ont des serpents pour cheveux1 et une foule de bras•. D'autres caracteήstiques habituelles de Typhee sont reservees par Nonnos a la seule Campe : les ailes• et les flammes qui jaillissent des yeux•. Campe a aussi deux traits qui la distinguent des representations habituelles de Typhee : elle a une partie du corps couverte d'ecailles de poisson, ce qui corres­ pond a sa nature de χijτος, monstre ίnarin, et un scor­ pion rampe le long de son dos (ν. 25 1 , 254-256). 11 ne peut s'agir d'une pure invention du poete. Ces details invitent a rapprocher la Campe nonnienne de τiamat, le dragon femelle qui symbolise les eaux salees de la mer pήmordiale selon la mythologie assyro­ babylonienne. D'apres le Poeme de la Crealion ou Enuma Elish, τiamat, pour combattre contre Marduk, le dieu solaire detenteur de la foudre, met au monde une foule de fils monstrueux dont plusίeurs rappellent les creatures qui composent le corps de Campe7 : l'hydre ou serpent de mer, le dragon-sauvage, les grands-lions, les chiens-ecumants, les demons-temp�tes, l'homme-poisson8• On retiendra surtout que τiamat

1 . nt.es iηηombrables : 1 , 156-157 ; 2, 624 - 18, 242 ; �t.es de saηgliers : 2, 254, 617 s. - 18, 245 ; �t.es de chieηs : 2, 256 , 610 - ι8, 246. 2. α. ι. ι , p. 2 1 . η. 3. 3. α. ι, 158-ι62, ι73-175, 508 s. ; 2, 32 s., 383, 515-520 18, 249. 4. Cf. 1 ' 297 ; 2, 243, 621 - 18, 252-253. 5. Cf. 18, 258-26 1 . Sur les represeηιaιioηs d'uη Typhee aile, cf. ι. 1, p. 22, η. 7. 6. Cf. 18, 261-262. Pour Typhee, cf. ι. 1 , p. 22, η. 9. 7. Sur les moηsιres eηfaηtes par τiamat, cf. R. Labaι, u poeme babylonien de la Creation, 1935, 51-56. Βίeη que τiamat soit humaηisee daηs le Poeme de la Criation, elle esι coηsideree par \es Babyloηieηs comme uη dragoη ou du moiηs comme uη �tre moηsιrueux : cf. Labat, o.c. 27, n. 30. 8. Poeme de la Creation, tabletιe I, ν. 141 -ι44. Pour la ιraductioη des t.ermes employes daηs le t.ext.e, ηous adoptoηs celle

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NOτtCE

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en(ante un homme-scorpίon et que le scorpίon tίent une place ίmportanιe dans la mythologίe a88yήenne, alors q u 'ίl apparalt rarement dans les legendes grec­ ques1. En outre, le theme de la temp�te est essentίel dans le combat de Marduk contre Tiamat comme dans celuί qui oppose Zeus 8 Campe et, dans les deux cas, c'est la (oudre quί trίomphe des monstres1. Tiamat est appelee Thalassa chez Berosos1 et ίΙ etaίt assez naturel de choίsίr, pour la transpoιer en grec, un monstre marin assocίe au Tartare. La trame de l'Enu­ ma Εlίιh etait encore connue, aνec precisίon, du phίlosophe Damascios au debut du νι• s. ap. J .-C. ' ; Nonnos semble aνοίr eu acces luί aussi θ des traditions d'origίne babylonienne, de m�me qu'il a utίlise ailleurs des tradίtίons pheniciennes et anatoliennes. 3. Zeuι el Indoι. Indos n'est atteste que par Nonnos qui (ournit peu d'indications 8 son sujet : ne de la Terre, ίΙ est l'allίe de Cronos et l'eponyme des Indiens ; il ne se caracterise que par son gigantisme, trait commun 8 tous les Indiens (ν. 268-272). 11 n'est mentionne qu'en une seule autre occasion, comme ancHre du Geant Colletes, un general de Deήade dont nous ne saνons rien par ailleurs

que donne R. Labat dans Relίgίonι du Proche-Qrίenl ιuίalίque (1970), 42. Cf. auui J . Bottero -S. Ν. Kramer, Lorιque leι dίeuz (αίιαίenl l'homme (1989), 610, 613, 622. I . Homme-scorpion : cf. ν. 142. Sur l'importance du scor­ pion dans la mythologie a&&yro-babylonienne, cf. Labaι, o.c. (p. 28, n. 7), 51-52 (aνec bibliographie). En Grece, le scorpion n'apparaιι guere que dans la legende d'Oήon. 2. Campe dechalne la tempι!te (ν. 258-260) eι peήι fou­ droyee (ν. 237). Dans le P�me de Ια Crίalίon, c'esι Marduk qui esι arme de l'ouragan, des νents eι de l'eclair (tableιιe IV, ν. 3554, 75, 96-100) ; il acheνe son ennemie en la transper�ιanι d'une Ωeche (ν. 101-102) qui symbolise sl1remenι la foudre. 3. Berosos, 680 F I , § 6 Jacoby. 4. Damascios, Λpοrίeι, p. 321-322 Ruelle ; cf. le commen­ ιaire de J. Βοιιerο, o.c. (p. 28, η. 8), 678-679.

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CHANT XVIII

(36, 241-256 ; cf. surtout 252 s.). Bien qu'il detonne parmi les monstres hybrides evoques dans l'episode de Campe, on ne peut douter qu'il s'identifie au fleuve indien de l'lndus. Ce fleuve, considere comme l'un des plus grands de l'Inde, voire du monde connu1, avait vocation a �tre un heros eponyme : pour les Anciens, l'Indus est le pere de l'Inde comme le Nil est celui de ι•ι;;gypte : l'historien Nearque admet que les plaines de l' Inde sont une creation des fleuves et que l'Indus a donne son nom au pays comme le Nil (Aigyptos) a donne le sien a ι•ι;;gypte1. Alexandre lui a offert un sacrifice et paralt lui avoir accorde la preeminence sur ses congeneres parce que l'Hydaspe et l'Akesines se jettent dans son cours3• Bien que l'apparition de la race humaine semble posterieure a Cronost, la presence d'un dieu-fleuve ne de la Terre est naturelle dans une cosmogonie qui met aux prises les elements constitutifs du monde, la terre, l'eau et le feu. On peut etre surpris qu'lndos n'apparaisse plus dans les Dionysiaques, sauf a l'occa­ sion d'une genealogie ; mais le fleuve lndus s'identifie le plus souvent a l'Hydaspe, pere de Deriade et dieu majeur des Indiens dans Ι' Indiade proprement dite6• En outre, un duel entre Zeus et lndos fournissait a Nonnos une excellente prefiguration des futures prouesses de Dionysos.

ι . Pour Diod. Sic., 2, 35, ι , ·Ι'Indus est le plue grand Ωeuve du monde apree le Nil ; pour Philostr., Ap. Tyane, 2, ι8, il est le plus grand Ωeuve de I'Aeie. Arrien, Anab. 5, 4, ι , lui donne la deuxieme place apree le Gange parmi lee Ωeuves d 'Europe et d 'Asie. Cf. auesi Diod. Sic., 2, 36 ; Strabon, ι5, ι , ι 3 (690) ; Arrien, Jnth, 4, 2. 2. Nearque, ι33 F 17 Jacoby ; Arrien, Anab. 5, 6, 3-8. 3. Nearque, ι33 F ι (ι8) -= Arrien, Jnde, ι8, ι I . 4 . Cf. ι2, 56, et t. I , p. ι9. Mais un autre paseage d u poeme (4ι, 5ι-ι54) euppoee l'exietence d'hommes autochthones ιcontem­ porains de I'Aurore • et d 'une ville (Beroe) b4tie par Cronoe avant la naieeance de Zeus. 5. cr. Chuvin, 287-288 et la note 8 26, 235 (t. 9, ρ. 282).

NOτiCE

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4. A res el le fils d'tchidna. Le combat d'Ares contre le fils d'ι;:chidna n'esι aιιesιe que chez Nonnos. L'adversaire d'Ares esι une creature etrange dont la description suggere qu'il est a la fois un monstre anguipede et un ι Geant-montagne• capable d'arreter les nuages avec sa tete (ν. 273-284). De son cόte, Ares, connu comme dieu brouillon eι incontrόlable1, n'a guere sa place dans un conflit qui aboutit θ IΌrganisation du cosmos ; sa naissance est d'ailleurs consideree en general comme posterieure θ la Titanomachie1. Nonnos mentionne pourtant en deux autres passages le rόle qu'il a joue pendant cette guerre1. O n peut tenter de trouver une explication astro­ logique θ cet unicum. Si le combat de Zeus contre Cronos esι assimile a un affrontement entre les planetes Jupiter et Saturne, la planete Mars Lrouve aisement sa place dans ce contexte. Les Anciens ont associe volontiers les trois planetes males. En raison de leurs distances respectives par rapport au soleil, Saturne est froid, Jupiter tempere et Mars brύlant ; leurs vitesses inegales sonι expliquees par la mythologie : Saturne, le grand-pere, est plus lent que son fils Jupiter, et c'est Mars, le petit-fils, qui court le plus vite4•

ι . Ares θ le plus souvenι une imθge negθtive dθns lθ mythologie grecque eι Ies poeιes θimenι Ie ήdiculiser : il esι empήsonne pθr les Aloθdes, blesse pθr sa sreur Aιhenθ eι surpris en Ωagrθnt deliι d'θdultere θνec Aphrodite. 2. Cf. ι. ι , p. ι9, η. 7. Selon Nonnos, 20, 53-60, Aιhenθ passe θussi pour θνοίr combθttu Ies τitθns ; mθis ceιιe trθdition esι mieux θttesιee : cf. lθ noιe ad loc. 3. Cf. 20 , 50. En 8, 66-67, Phιhonos, qui θ pris les trθits d'Ares, rθppelle les exploits qu'il θ accomplis pendθnt la τitanomachie au cόte de son pere. 4. [Aristoιe), De mundo, 6, 399 θ 9 ; Cic., Dt nal. deor. 2, 20 ; 2, 46; Pline, Hiιl. nal. 2, 34 ; Hygin, Aιlron. 2, 42, 3 ; 4, 19, ι. Ares esι θppele Ie Brύlθnt, Pyroeiι ου Pyroeideι ; outre Ies auιeurs precedenιs, cf. J;;pigenes de Byzθnce, dans schol. Ap. Rh.,

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CHANT XVIII

Si l'astrologie permet a la rigueur de comprendre la presence d'AresfMars, elle n'apporte aucune lumiere sur le fils anonyme d'f:chidna1• Pour interpreter cette figure mysterieuse, il faut, croyons-nous, interro­ ger la mythologie de l'lnde. Sans doute Nonnos est­ il mal informe en ce domaine comme pour tout ce qui touche aux realites indiennes1. Mais il pouvait avoir iι sa disposition des sources grecques, en particulier Megasthenes qui donne des interpretations grecques de diverses legendes de I' Inde, comme l'a montre Α. Dahlquist1. L'historien grec rapporte qu'Heracles, iι son arrivee en Inde, se heurta iι une montagne nommee Aornos et qu'il ne put la vaincre malgre trois assauts4• Selon Dahlquist, cette legende trans­ poserait la lutte d ' lndra contre le dragon Vrtra que le Rίgυeda associe en plusieurs passages a un mysterieux Aur�avabha6. D'apres le meme auteur, Vrtra et Aur�avabha sont des synonymes et Aornos pourrait etre l'ίnlerprelalίo graeca d'Aur�avabha1. Vrtra est une figure ambigue, representee tantόt comme un serpent, tantόt comme une montagne : la legende hindoue dit tour iι tour qu' Indra a fendu une montagne

3, 1377; Nonnos, 41 , 348; et en general Hόfer, dans Roscher, Myth. Lez. 3, 2 (1902/09), ι. Pyroeis. 1. Cf. d'ailleurs les cήtiques formulees contre une interpre­ tation astrologique du recit de Staphylos par R. Keyde\1, l.c. (p. 25, n. 7), 108 ( - ΚΙ. Schr. 526). 2. Cf. Chuvin, 286 88. 3. Les fragments de Megasthenes sont reunis par Ε. Α. Schwanbeck, Megastheniι lndica, Bonn, 1846; et par F. Jacoby, Fragmente der griechiιchen Historiker, 715 F 1-34. Sur la question de I'Aomos, cf. Α. Dahlquist, Megastheneι and lndian Religion, Uppsala, 1962 (2" ed. Dehli, 1977), 120-130. 4. Strabon, 15, 1 , 8 (688) [- fr. 46, 8 Schw.] ; Arrien, lnde, 5, 10 [- fr. 47, 8-9 Schw.]. D'apres Megasthenes, la montagne tint Heracles en echec, alors qu'Aiexandre reussit ίιι la vaincre du premier coup. 5. Dahlquist, o.c. 122, citant Rigveda 2, 1 1 , 1 8 ; 8, 32, 26 ; 8, 77, 2. 6. Dahlquist, o.c. 123.

NOτiCE

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et tue u n dragon1• De m�me, dans le recit de Megasthenes, Aomos est presente comme une mon­ tagne, mais parait repousser Heracles comme le ferait une creature νiνante1. Or, chez Nonnos, le fils d'J::;chidna a egalement deux aspects : il est un ser­ pent (ν. 274-279), mais aussi une montagne qui arr�te les nuages de sa ι�ιe (ν. 282) et aνale les oiseaux (ν. 283-284). Ce dernier trait ne lui est pas propre, puisqu'il caracterise aussi Typhee1 ; mais il s'accorde parfaitement aνec le sens que les Grecs donnaient a Aomos, • νide d'oiseaux ι•. On peut ajouter que ce monstre aνaleur a un autre point commun aνec Vrt,ra, puisque celui-ci passait pour aνoir aνale lndra au cours de la lutte6• Si ce rapprochement merite consideration, on ne sera pas surpris que Nonnos qualifie l'adνersaire d'Ares de • fιls d' E chidna • · 11 s'agit d'un dragon et il est naturel de le designer sous cette periphrase, puisque J::;chidna est la deesse serpent primordiale1. La substitution d' Ares a Heracles s'explique egalement. Heracles

I . Cf. Ε. Benveniste - L . Renou, Vrtra et Vrthragna, 1934, 105-108 (Vrtra dragon), 122-125, 141-146 (liberation des eaux), 1�149 (a880Ciation de Vrtra 8 Ja montagne), 182-197 (conclu­ sions) ; Dahlquist, o.c. 124 (Vrtra monLagne), citant Rigveda 7, 104, 1 9 ; 8, 45, 30 ; et.c. 2. Strabon (l.c. p. 32, η . 4) emploie le νerbe «nοχροόω pour signifler que la montagne a • repousse • Heracleι. Le terme ne convient qu'ιi une creature vivante : cf. Dahlquist, o.c. 123, n. I . 3 . Cf. 2, 48-50. 4. Cf. Tomaschek, dans Rtai-Enc. I , 2 (1894), 2659, ι. Αοmοι ; Dahlquist, o.c. 120-121, n. 3. 11 doit s'agir d'une etymo­ logie populaire. Aomos est peut�tre ιi l'origine une abreviation d'Auπ.ιavibha : Dahlquist, o.c. 129. 5. Dahlquist, o.c. 127. 6. 11 eιt probable que \'episode n'est pas une pure et simple invention de Nonnos. Si sa forme initiale mettait en scene Heracles et non Ares, Je qualificatif de flls d');;chidna donne ι1ι son adversaire se justifierait pleinement, car Heracles a massacre Ja plupart des en(ants de ce monstre : c(. la note aux ν. 273-274.

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CHANT XVIJI

n'avait pas sa place dans le discours de Staphylos pour d'evίdentes raisons de chronologie ; mais des traditions syncretistes tendaient depuίs longtemps iι identifier Ares et Heracles. Dans la litterature astrologique, tous deux sont en rapport avec la planete Mars1• En outre, dans la religion aνestique, le vainqueur du dragon qui correspond a lndra se nomme Verethragna et celui-ci est identifie iι la fois iι Ares, iι Heracles et 8 la planete Mars1. L'epίsode du fils d'f:chidna garde donc peut-Hre un souvenir deforme d'une legende indienne arrangee par des historiens grecs. Cette hypothese invite a revenir sur l'epίsode anterieur. D'apres la mythologie vedique, Indra est le seul dieu qui entretienne des rapports etroits avec l' Indus. C'est lui qui, apres le meurtre de Vrtra, fendit la montagne sur laquelle se tenait le dragon et obligea l'Indus 8 couler vers la mer ; dans d'autres variantes, il en detouma le cours. Cet exploit est souvent celebre1. C'est seulement apres avoir ete domestique que le fleuve a pu exercer sa fonction fecondante et devenir, au moins symboli­ quement, le pere des Indiens. L'affrontement entre Zeus et Indos pourrait faire une allusion vague a cette tradition : Indra, en tant que dieu civilisateur, serait ici remplace par Zeus.

1. Cf. [Aήstote], De mundo 2, 392 a 25-28; Pline, Ηίιl. nal. 2, 34 (et le comm. de J. Beaujeu ad loc., C.U.F.) ; Apul�e. De mundo, 2 ; Macrobe, Sal. 3, 12, 16. 2. C. Auge, dana Lu. lcon. Myth. Cla.,., ι. 1 , ι. Λreι, 497. L'�quivalence Artagnes (transcήption grecque de Verethragna) /H�racles/ Area est donn�e dana l'inscήption que le roi Antiochoa de Commagene flt graνer apres 38 aν. J .-C. au Nimrud Dagh : W. Dittenberger, Orienliι Graeci lnιcr. Sel. 1 (1903), no 383, I. 55 ; pour le commentaire, cf. Μ. Boyce - F. Grenet, Λ Hiιlory of Zoroaιlrianiιm. 1 1 1 . Zoroaιlrianiιm under Macedonian and Roman Rule (1991), 323-324, 536. 3. Cf. Dahlquist, o.c. (p. �. η. 3), 125 (et n. 2), 128, citanι Rigveda, 1, 32, 2 ; 2, 15, 6.

NOτtCE

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5. Dionysoιι el Perιι�e. Pour presenter les quatre premiers exemples mytho­ logiques, Staphylos a inνoque l'autorite de son grand­ pere Be\os qui en aνait fait le recit a son propre pere (ν. 222-224). C'est de son experience personnelle qu'il tire le cinquieme exemple, puisque Persee lui a rendu νisite • naguere • ου m�me • la νeille •. si ο η prend έι la lettre χθιζ&; au ν. 29 1 . Le deνeloppemenι est situe dans un contexte • historique • precis qui fait contraste aνec le passe lointain dans lequel est rejetee la Titano­ machie : Staphylos. rappelle la fondation recente par Persee de la νille de Tarse et eνoque a cette occasion la geographie de la Cilicie que Dionysos νίeηι lui-m�me de traνerser aνanι d'arriνer chez lui (ν. 289-294)1• 11 institue ensuite un rapide parallele entre les deux fils illegitimes de Zeus. C'est la premiere des cinq syncriseis entre les deux heros que comporte le poeme. Chacune a sa tonalite propre1. Celle du ch. XVI I I est destinee a susciter l'emulation chez Dionysos : aussi place-t-elle les deux fils de Zeus presque a egalite ; Staphylos conclut en souhaitanι pouνoir celebrer leurs exploits dans le m�me chant de liesse (ν. 304-305). Neanmoins, a traνers les trois parties de la compa­ raison, on preνoit sans peine que Dionysos l'emportera sur son aine. Staphylos commence par mettre en parallele la �te de Mέduse que brandit Persee eι la grappe de raisin que tient Dionysos (ν. 295-297) : la νertu de la premiere esι puremenι negatiνe, puisque ce talisman sert seule­ menι a ecarter le mal ; la grappe, au contraire, esι

1 . Nonnos se souvienι d'Ap. Rh., 4, 1397, 1436 : Heracles a visite les Hesperides la veille, au sens strict, du jour ού les Argonautes arrivent chez elles. Apollonios etablit ainsi un syn­ chronisme entre la geste d'Heracles et celle des Argonautes. 2. Sur ces differents paralleles entre Dionysos et Persee, cf. ι. 9, Notice du ch. XXV, p. 17-19.

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CHANT XVIII

• une

messagere de felicite qui efface les peines des hommes •· La deuxieme comparaison oppose les deux adνersaires majeurs de Dionysos, Orontes et Deriade, au monstre marin • tue • ου plutόt petrifie par Persee (ν. 298-30 1 ) ; le rapprochement est facilite parce que l'exploit de Persee est situe au bord de la mer �rythree, qui baigne l' Inde, et non θ Joppe, sur la cόte palestinienne, conformement a la tradition habituelle1• Le parallele reste passablement artificiel, quoique Orontes et Deriade aient quelque rapport aνec l'ele­ ment liquide, puisque le premier donne son nom a un fleuνe en mourant et que l'autre, fils d'un fleuνe, perit dans des circonstances analogues. En fait, Nonnos . se borne a regarder les trois adνersaires des heros comme des creatures nuisibles ; du moins souligne-t-il que les deux Indiens sont plus malfaisants que le monstre de Persee (ν. 301). Staphylos met enfin en regard la de­ liνrance d ' Andromede par Persee et celle de la • Vierge astrale • par Dionysos (ν. 302-304). Andromede deνien­ dra elle-m�me une constellation, ce qui legitime la comparaison ; mais celle-ci tourne aussitόt a l'aνantage de Dionysos : Persee n'a deliνre qu'une simple prin­ cesse, alors que Dionysos, en soumettant les Indiens injustes, a retabli dans son integrite la Justice outragee1. Apres le discours de Staphylos, la narration s'accelere et on assiste coup sur coup θ deux eνenements •. �JJJ. inopiήes qui ont embarrasse et fait supposer de graνes perturbations dans le texte1. u /81l ι�,., • , ι. _, Dίιιι,.., ι • su,llylol :

I. Pour la localisation a Joppe, cf. Strabon, 16, 2, 28 (759) ; Conon, 26 F I (40) Jacoby ; J. L. Catterall, dans Rtai-Enc. 19, 1 (1937), ι. Perseus, 990. Chez Nonnos, la localisation erythreenne se retrouve en 31, 8-10. Sur cette question, cf. Chuvin, 181, 222 . 2. Sur la Vierge astrale identifiee ιi Dike, cf. ι. Ι , p. 151 (note ιi I, 254). L'identification remonte a Aratos, 96. 3. Collart, 134-135; Keydell, Λnl. Clαιι. 1, 1932, 184 (= ΚΙ.

NOτJCE

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Depuis le reνeH de Diooysos, touι lai88ait preνoir qu'il allait partir defioitiνemeot : οο a a88ίste 8 soo c armemeot• (ν. 196-201), 8 la remise des preseots d'hospitaHιe traditioooels (ν. 2 10-215) que Staphylos a accompagnee d'exhortatioos pressaotes (ν. 21 7-305) eι fioalemeot a Ι'eονοί d'uo ultimatum 8 Deήade par l'iotermediaire du herauι qui aνait eιe cooνoque des le ν. 202 (ν. 313-320). Or Diooysos se cooteoιe eo realite d'effectuer uoe tournee ciνilisatήce eo Assyrie (ν. 322-326) aνaot de reνeoir au palais cootre touιe atιeoιe (ν. 334). Eotre temps se produit uo secood eνeoemeoι impreνu : la mort subite de Staphylos (ν. 327-333). Est-oo eo droit de parler aνec Ρ. Collart d'• ioνraί­ semblaoce choquaoιe • ? En fait, le theme de la mort soudaίoe, eνideoιe maoifestatioo du destio, o'a ήeο qui puίsse surpreodre. τiphys, le pHoιe d'Argό, meurt d'uoe maladie aussί foudroyaoιe apres aνoir rempli sa missίoo eo faisaot fraochir les Symplegades au oa­ νire1 : Noooos oe maoque pas de se referer 8 ce precedeot eo faisaoι uoe allusioo 8 Ι'ιGνοισι νοϋσος de soo modele au debut du ch. X IX1. La mort de Staphylos est, si l'on ose dire, dans l'ordre des choses. Dejiι l'eromene de Dionysos Ampelos a conou un destio tragique au ch. Χ Ι aνaot de se changer en νigoe1. D'une maoiere generale, Dionysos est un dieu cruel pour ceux qui l'accueilleot : ses hόtes paient de leur νίe leur hospitalite et leur foi, 8 la fa�on des martyrs, aνant d'�tre recompeoses apres leur mort.

Schr. 496). Collart suppose que Nonnos a introduit apres coup les jeux funebres du ch. X IX pour equilibrer ceux du ch. XXXVII ; sur la fac;on dont il conc;oit la composition generale du poeme, cf. son tableau iι la p. 59. ι . Ap. Rh., 2, 85ι-857. 2. Cf. ι 9, 6 χιιτcόνσιαcν ... Gπ-.ος, 9 lμπcατ νοUσος. Cette maladie foudroyante doit demeurer mysterieuse ; il n'esι pas necessaire de la rationaliser en supposant que Staphylos a ete tue par un exces d'alcool : cf. S. Ε. Bassett, Clasι. Wttkly, 28, ι 934/35, 38. 3. Si la mort d'Ampelos donne lieu iι un recit circonstancie

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CHANT XVIII

Icaήo8 θ 8οο tour mourra a cause du preseot du dieu avaot d'�tre trao8porte, avec 88 fille et 800 chieo, p8rmi le8 coo8tell8tioo8 (47, 1-264). La de8tίoee de 18 f8mίlle de Staphylo8 o'e8t pa8 differeote et 18 legeode de Makellό, r8pportee p8r le roi d'As8yrie 8U debut du ch8ot, 18 laissait dejθ prevoir a mot8 couverts. Le faux depart de Dίooy8o8 p8rait �tre eo revaoche uo artίfice m8ladroit, bίeo qu'ίl puisse se prev8loir d'uo precedeot illu8tre. Α la fio du ch. IV de I'OdySΙte, Telemaque 8 hAte de quitter Sparte et re�oit les preseots d'hospitalite de Meoel8s (3 610-620) ; ce o'e8t pourtaot qu'au ch. XV qu'ίl partίra, uo moi8 plus tard, 8pres avoir ete sermoooe p8r Atheoa et avoir re�u de oouveaux preseots. La cooduite de Dίooyso8 oe differe pa8 seosiblemeot de ceHe de Telemaque1• Homere avaίt dύ cooseotίr θ cette ioνr8ίsemblaoce pour observer certaίne8 regles de 18 n8rratίon epique ι. Nonoos 8uit son exemple pour d'autre8 raίsons : ίΙ o'eotendaίt pas omettre le morceau de bravoure que constίtuent les exhort8tioos de St8phylo8 ; d'autre part, la mort de Staphylos, symetrique de celle d'Ampelos, etait nece8saίre pour j ustifier les jeux funebres et leurs implic8tioo8 theologiques aiosί que la metamorphose de Sίleoe quί leur 8ert de cooclu8ίoo. Au reste, sί le precedent homerίque a sans doute ίofluence le poete, celui-cί 8'est plu8 encore souvenu de

au ch. Χ I, l'apparition du taureau qui le fait perir demeure inexpliquee ( 1 1 , 156-159). Τουι aussi imprevu esι le coup de venι qui cause la noyade de Carpoe eι qui esι ιi l'origine des metamor­ phoses du jeune homme et de son ami Calamos ( 1 1 , 424-425, 480481). 1 . Le debut du ch. ΧΧ (ν. 1-1 19) presente des analogi es avec la partie correspondante de J'Ody•.U : l'apparition d' Eris en songe esι la replique de celle d'Athena (ο 7-42) ; la scene des preparatifs de depart se retrouve sous une forme differente dans J'Ody.,ee. 2. ι;: . Delebecque, τetemaque et la •lructure de l'Ody••ee, 1958, 18-30.

NOτJCE

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1'Htcalt callimacheenne a laquelle il a deja fait un emprunι textuel dans l'episode de Brongos1• Le poeme de Callimaque comporte le m�me schema : une scene d'hospitalit.e, le depart du heros pour accomplir son exploit, son retour chez l'hόte au moment ού la νieille Hecale vient de mourir subitemenι, enfln l'instauration d'une Mte qui equiνauι iι l'immortalisation de l'hόte. Nonnos s'est contente de remplacer l'acte c heroique • du combat contre le taureau par une toumee ciνi­ lisatrice 1• Ces diνers antecedents litt.eraires justiflent pleine­ ment les • inνraisemblances • du recit. Peut-�tre aurait­ on souhait.e moins de desinνolture dans la presentation. Mais Nonnos en esι coutumier, comme le montrerait aisement une etude de la mort d'Ampelos : c'est ainsi que Dionysos laisse son ami s'egarer loin de lui au cours d'une chasse, bien qu'il l'ait dument aνerti auparaνant ( 1 1 , 74-80) : le recours iι Ate est un arti­ fice qui n'abuse personne1. Des son retour•, Dionysos comprend qu'un e�enement ίmpreνu est survenu. ll ιnterroge succes­ siνement Methe (ν. 340..343), Pithos (ν. 344-346} et Botrys (ν. 347-356). 11 n'obtient aucune reponse, ce qui accroit la tension dramatique : la situation est d'autant plus pathetique qu'on a encore a l'esprit les joyeuses scenes de danse auxquelles tous les membres de la famille ont pris part (ν. 107-153}. Le dieu decouνre alors (ου feint de decouνrir) la νerite : ν. 357-364. Au IA

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ι . Cf. notamment 1 7, 51-58. 2. ι lmmort.aliιation ι d'Hecale : cf. R. Pfeiffer, Callίmachus, ι {1949), p. 228 (e) ; Dίtg. J Ι , Ι-7 {ίbίd. p. 227) ; rr. 264 Pr. ; λ. S. Hollis, Callίmαchus Hecαlt {1990), 7-10, et fr. 79-83. 3. J l , 149 88. Le commentaire du ch. ΧΙ signalera d'autre8 ιillogismesι qui s'expliquent seulement par la technique du recit propre a Nonnos. 4. Pour la chronologie des evenements, cf. la Notice du ch. χιχ, p. 61.

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CHANT XVIII

ν . 357, ί1 donne a entendre qu'il croit que Staphylos est seulement parti en νoyage (cf. «νlιλuθcν aνec Staphylos pour sujet) ; au νers suiνant, ί1 affirme enfin qu'il est mort (Staphylos est le complement d'�ρπιιαcν}. La suite est une νariation sur le theme paradoxal du • silence parlant• : les ν�tements et les larmes sont autant de herauts qui trahissent Botrys (ν. 359-364) : si la formu­ lation est precieuse, l'idee est banale iι l'epoque imperiale. Le discours s'acheνe iι la fa�on d'une epigramme funeraire (ν. 365-368) ; mais, au lieu de deplorer la mort d'un jeune homme ou d'une jeune fille qui n'a pu connaitre les joies du mariage1, Dionysos deplore ici que le pere ne puisse assister au maήage de son fils et iι son tήomphe apres la guerre des lndes. Tout le morceau parait s'inspirer librement de l'arriνee d' Heracles dans l'Aicesle d'Euήpide, ou Admete refuse de reνeler la mort de sa femme a son νisiteur pour satisfaire aux lois de l'hospitalite1. Methe et Botrys ont le m�me comportement, quoique leur silence semble s'expliquer uniquement par la douleur1. Comme chez Euripide, c'est le triste νisage d'un serviteur qui inquiete Dionysos•. Le long dis­ cours angoisse du dieu rappelle le dialogue qui s'enga­ ge chez Euήpide entre le serviteur et Heracles et qui se presente sous la forme d 'une serie de questions de plus en plus precises jusqu'a ce que la νerite soit reνe-

1 . Cf. τheocr. 22, 205-206; Anth. Pal. 1, 1 88 (Antonios Thallos), 568 (Agathias le Schol.), 712 (�ήnna) ; Musee, 275-278 (et le commentaire de Κ. Kost). 2. Eur., Alc. 561-567 : le serνiteur demande 8 Admete pourquoi il a cache la mort d'Aiceste 8 Heracles ; celui-ci repond qu'il ne voulait pas �ιre un mauvais hδte eι que son malheur auraiι detoume le heros de sa maison. 3. Cf. notammenι 19 1-4. Cependanι le discours de Dionysos rappelle les paroles d'Admete : ν. 359, 362 - Alc. 564 d τών iμών τι m')μ4των �ριm. 4. V. 337 - Alc. 773 τ( αaμνΟν χαιι mφροντιχόc β>jmις ; ,

,

ΝΟτΙCΕ

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lee1. Les denouements sont similaires : Heracles, par reconnaissance a l'egard de son hόt.e, arrache Alcesιe a la Mort ; Dionysos rend la νίe a Staphylos en faisanι de lui l'incarnation de lθ grappe. Finθlemenι, pour Staphylos comme pour Admeιe, le sejour de I'Mιe a eιe une benediction. Nonnos multiplie les procedes qui lui sonι familiers pour rendre pathetique le discours de Dionysos. 11 accumule les interrogθtions (ν. 340, 342, 344, 345, 347-348), les anθphores (ν. 354-356) eι les repetiιions lancinanιes des negations (ν. 342, 350, 352, 356) qui θpparιiennenι θU registre de lθ deplorθtίon1. Lθ presence silencieuse de )θ mort s'exprime pθr de subtiles oppositions enιre lθ lumiere eι l'ombre, entre le rouge de lθ νίe eι du νίη eι le gris des cendres : Methe θνθίt une beθute eclatanιe («στριΧπτοuσοι) eι ses joues έtθίeηι purpurines sous l'effeι de l'iνresse, θlors qu'elles sonι maint.enθnt deνenues temes (ν. 342-343) ; lθ blθncheur des cheνeux de Pithos θ ete souillee (ν. 346) ; les epθules de Botrys οnι perdu leur splendeur eι ses joues leur incθmaι, la pourpre de ses ν�t.ements θ disparu sous lθ cendre (ν. 350-356). En 20, l l -15, Dionysos redon­ nera aux proches de Dionysos des νHements de pourpre, couleur du νίn, qui symboliseronι le reιour a la νίe eι θu bonheur : le mίrθcle dionysίθque serθ accompli1.

I. Eur., λlc. 805-820. Le serviteur montre ses v�tements noirs eι ses cheveux rases qui temoignenι de la mort d'Aiceste : comparer les ν. 354-355, 363-364. 2. M6me procede dans des contextes analogues : 5, 364-365 ; 7, 36 ; ι ι , 331-332 ; 35, 376-377 ; 40, 197-198. 3. Dionysos tήomphe de la mort en apportanι l'ivresse ; c'esι ce qui explique que les representations dionysiaques soient si nombreuses sur les sarcophages : cf. Turcan, 554-558, et pιuιim.

SOM MAIRE DU CHANT XV I I I

Ι . α) Prelude narratif : arrivee de Dionysos en A88yήe (ν. 1-4). b) Tableau : Staphylos et son fi\s Botrys se portent a la ren­ contre du dieu (ν. 5-17); discours de bienνenue du roi (ν. 18-41). c) Partie narratiνe : Dionysos et son armee se mett.enι en marche νers le palais du roi (ν. 42-61).

2. α) Arήνee au palais (ν. 62-68) ; descήption du palais (ν. 679Ί). b) Partie narratiνe : preparation du repas annonce. aux ν. 64-68 (ν. 93-99").

3. α) Tableau : banqueι et danses (ν. 991'-153). b) Partie narratiνe : \e crepuscu\e (ν. 154-161 ) ; \e coucher (ν. 162-165).

4. α) Recit des songes nocturnes de Dionysos au \eνer du jour (ν. 166-168") : r�νe de νictoire (ν. 168b-J74") ; �νe t.erήfiant predisant . la defaite deνanι Lycurgue eι la metamorphose d'Ambroisie en νigne (ν. 174b-195}. b) Partie narratiνe : armement de Dionysos (ν. 196-20'2") ; eνeil de ses hόt.es (ν. 2Q2b-209) ; presents d'hospitalite offerts par Staphylos (ν. 210-216).

5. α) Discours d'exhortation de Staphylos. Exorde (ν. 217-224) ; ce\ebration des hauts faits accomplis pendanι \a τitano­ machie : Zeus eι Cronos (ν. 225-234) ; Zeus et Campe (ν. 235-264) ; Zeus et 1ndos (ν. 265-272) ; Ares et le fils d' ι;:chidna (ν. 273-286•), autres dieux fils de Zeus

SOMMAIRE DU CHANT XVI I I

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(ν. 286b-289") ; comparaiιon enιre Peraee eι Diony\108 (ν. 2891'-305). Reacιion enιhouιiaιιe de Dionyιoι (ν. 306313•). b) Parιie narraιiνe : enνoi du herauι Phereιpondoι, annonce au ν. 202 (ν. 3J3b-322-) ; ιoumee ciνiliιaιήce de Dionyιoι en Assyήe (ν. :J22b-326) ; morι de Sιaphyloι (ν. 3Ί7-333).

6. α) Reιour de Dionyιos (ν. 334-339). Son discoun : inιerroga­ ιions a Meιhe (ν. 340-343), a Ρίιhοι (ν. 344-346), a Boιrys (ν. 347-356) ; decouνerιe de la morι de Sιaphyloι (ν. 357368).

CHANT XVI I I

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Deja, Renommee aux cent bouches vole θ tire­ d'aile ; parcourant dans sa course la serie entiere des cites assyriennes • , elle claironne le nom de Dionysos porte-corymbes, I 'intrepide lutte contre I' In­ dien et la rutilance fruitee de la vendange • . Ει Sιaphylos1 enιend parler des regiments inermes des Satyres, des mysteres de la vigne et des cere­ monies ού retentit l'evohe de Lyaios ; il brule de voir Bacchos • . Ει le souverain d' Assyrie, pressant son fils Boιrys, sur son char veloce comme la brise, se porte a la renconιre de Dionysos porte-grappes qui allait son chemin. Quand il le voit approcher sur son charioι aux roues argentees, avec ses leopards sous le licou et ses lions aux r�nes brillantes, Boιrys, donι les cheveux ignorenι le fer, freine le quadrige paternel • . Et Sιaphylos le porte-scepιre saute de son char, en apercevanι les leopards de Dionysos a l'arr�t. Et, meιtanι pied a terre, genou flechi, il tend d'une main pieuse un rameau d'olivier • < . . > ; eι le roi que­ mande la faveur de Dionysos par ces paroles d'amitie • : « Par le Zeus des suppliants, ιοη pere, Dionysos, par Semele, ιa mere qui un dieu enfanta, n'evite pas ma demeure • . On m'a conte que Lycaon re�ut l'auteur de tes jours, avec les autres Bienheureux, que de sa .

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I . Staphylos et Botrys sont des noms ι parlantsι : ils designent respectivement la grappe et \e raisin.

ΔΙΟΝΥΣΙΑΚΟΝ IH

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'Ήδη δC wτcρόcσσcι wολύcrτομοs ίwτcιτο .ιιμη, •Ασσuρ(ηs οτiχcι wciacιν ύwοτροχόωσcι wολήwν, οUνομcι ιcηρύσσοucrο. ιcορuμCο+όροu Δuwύcrou ιccιί 8ρcισύν Ίνδόν &ρηcι ιccιί βyλcιόCοτρuν όwώρην. Κο.ί Στά+uλοs Σcιτύρwν crτρcιτιήν βαίδηρον βιcούων 6ρyι4 τ' βμwcλόcντcι ιccιί cϋιο. βύσtλcι Λucιίοu Βόιcχον lδciν μcνCcιινc · ιcο.ί uUcι Βδτρuν έwcίywν ιcοLρcινοι Ασσuρ(ων βνcμώδcοs ύ+δβι δί+ροu �cτο βοτρuόcντι wcιρcρχομiνν ΔιονύcJ'ν. ΤΟν μCν lδWv έwιόντcι ιccιί βρyuρόιcuιcλον βwήνην wορδcιλίων τc λcwcιδνο. ιccιί ήνίcι +cιιδfιβ λcόντων Βδτρus βιccρcnιcόμηs βYCCNLρa.αcν Ιρμcι τοιcήοι. Κcιί Στά+υλοs cncηwτoϋxos iοϋ ιccιτcwήλcιτο δί+ροu wορδcιλ&ων crτcιτΟν txνos όwιwcύων Διονύcrοu · ιccιί wοδόs διcλcίtοντοs έwί χβονόs txνos έρcίδων, ΙcιλλΟν iλcιιήcντcι 8couδeι χ•ιρί τιτcιίνwν, ( ) ιccιί +ιλU, Διόνυσον Ινο.C μaλLσσ.το μύ8fιι · « Πρόι Δ� Ίιccαίοιο, τcοϋ, Διόνuσ., τοιcήοι, wρόι Σφiληι e.όwcιιδοι, φόν μή δώμcι wcιρeλ8ns. 'Έιcλuον ώι ύweδcιcτο τcΟν ycνcτfιρcι Λuιccίων, cιύτΟν c\μοϋ μcιιcΩpcc:rςn, ιccιί uUcι χ•ιρί δcιfecιs •

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S •σω7Jpον [σι ex xou] L 11 6 λuοι(οu L•1 : σι3iJροu L (del. L•) 11 9 � F1 : ν/ιπttrο L 11 16 fol. 7& 11 post uersum lac. susp. Graefe• 11 19 3ώμ« Cunaeus : π«i&τ L (ex &δπ«ι&ς).

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CHANT XVI I I

propre main il depe�a son fils Nyctimos, servit ce plat θ ton pere, θ son insu, et partagea la m�me table que Zeus tout-puissant, en terre d'Arcadie • . Sur les sommets du Sipyle, Tantale, dit-on, offrit l'hospita­ lite θ ton pere et, apres avoir decoupe son fils en morceaux, il le servit en repas aux dieux ; et l'omo­ plate de Pelops, que DM avait devoree, le Cronide la rempla�a en fa�onnant un ingenieux substitut d'ivoire et il redonna vie θ cet enfant immole en reajustant l'un a l'autre ses membres separes • . Mais pourquoi, Dionysos, te citer Lycaon, l 'hόte infanticide des Bienheureux, et Tantale, le vagabond des airs, le perfide voleur des coupes de nectar? Pourquoi evoquer l'ennemi de l'ambroisie et du nectar • ? Α une m�me < table > , Makellό re�ut Zeus et Apollon 1 < . . . > ; et, lorsque ι· ι;; branleur du sol arracha tous les Phlegyens de leur socle marin, disloquant l'ile entiere avec son arme θ trois pointes, il epargna les deux femmes et ne les frappa point de son trident • . Τοί aussi, θ l'image de ton pere l' Hospitalier, viens en ma demeure, pour un seul jour ! Accorde-nous cette grAce θ tous les deux, θ Botrys eι θ son pere • . • Son discours persuade • . Ει il remonte sur son char, heureux de faire la feliciιe de sa maison, parce que Dionysos le suit. Ει le fougueux Botrys leve son foueι de cocher : parcouranι un sinueux chemin dans les solitudes du Taurus, il conduiι le quadrige paternel eι guide Lyaios vers la terre assyrienne • . Tenanι les r�nes d'or du char mygdonien au licou bride1, Marόn,

I . Sur \a legende de Makellδ, cf. \a Notice, p. 10-13. 2. Mygdonie : autre nom de la Meonie. La regίon coιτetιpond aux ba88ίns de l'Hermos et du Pactole. Elle est 8 proprement parler \e domaine de Rhea.

ΔΙΟΝl'ΣΙΑΚΟΝ ΙΗ

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Νύιcτψον lι� ....; wcφlιCaU• 'I'Oieήι, ιccιl Αι& ·� μι�ι 1+cwn τpcι�ηι, "λριccιδιηι wcιρβ .Cte&ν. Ύnρ Σιwύλοu � ιccιρήνwν τά.ντβλοι, ώι Mwoucn, nόν ι.ιwσσ. τοιcήcι, δcιιτρcύσcιι a· ιόν utcι hoiι wcιρίtηιcα ιδωδήν . ιce&ί ΟΟοwοι wλe&τύν iμον, 6σον Ιοινήσοτο Δηώ, μορtώσοι iλC+caνn, νό8ν τqνήμονι κόσιuιt, uUe& δβιτρeι88ντcι wά.λιν t.:.YpιιcN Κρονίων, Ιμwβλιν όλλήλοιι � yuίcι σuνά..,..,.,, •λλλό. τ{ σ.κ, ΑιόνυcΝ, λuιcά.ονcι •e&ιδψνίίe& &ανοδόιcον μcucά.pwν ιccιl τά.ντβλον 'Ιt-ιιο+οιτιιν wιcτcι,Μwν όνόμηνe& δολό+ρονcι +ώρcι ιcuήλλwν, δήιον λιιCροcrιηι ιccιl wιcτcιροι Ινδpcι m+e&ύcncwν; Ζ�νe& ιccιl • λwόλλwνe& μιu &άνισσ. τ(ρcιήtτι ) Μαιccλ.λώ . ιccιl •λ.yύβι 6τ. •ά.ντe&ι lιwppίttιNN 8ιιλά.σσηι � δλην τριόδονn δuιρρήle&ι ·ενοcrιχtwν, 'ιι+ο'ήρcιι ψλe&l• ιccιl ού •ρήνι&• τρuιιντι . κcι1 σU, +iρwν ιιίιιιιιιcι ,..υ ι.wοιο 'I'Oieήol , iι μ&cιν ήριyίwιcιν φών ι.ιc,.ιι ιι-λά.8ρwν . δόι χά.ριν /ιι&+οτCροιι , ιccιl Βότρuί ιccιl y�ρι. » ·n, .ι..;., •cιρί1mnν . .. a· hoxήcre&τo δί+Ρff, δλC{twν ιόν οlιcον, i+-πrοιώνου Διονύσου . Kcιl 8ρcιcrύι t1Πrάην Ωwιcού+ιcΝ Βότρuι {ιιάσtλην, τe&uράην (δ') iλιιcηδόν iρημά.k wέte&ν δδ.ύwν �λcιcΝ wά.τριον lρμe&, ιccιl ήyφόwυ. λυe&ίιf 'λσσυρ(ην m ye&icaν. ΈwcιuχΜοιι � λ..cίδνοιι χρύcΝΔ Μuyδονίcκο � ήν&cι 3ί+ροu •••••••••••••••••••••••••••••••••• ••••••••••••••••••

15 Mmlucn ι• : ι-Μ- ιp 11 ξc(νw& ι 11 32 τ«νταιλον ι• : τcίλτ- ι 11 3S τpσιnΒ;ΊJ F' : μα:χi>.λω [μ ex τ) ι posι uersum lac. staι. Graefe Μ«χιλλώ in flnem uersus deperditi posuit Collart1 11 36 �ς Keydell, cl. 32, 1 43 : -σcrη ι uide adn. 11 42 iώ ι• : ώ ι 11 hοχ-Ι)σσιτο ι• : --#)χcιτο ι 11 45 3' Graefe : om. ι.

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le cocher de Bromios, insaιiable manieur de foueι, faiι sans cesse siffler sa laniere meneuse de fauves eι pousse l'impetueux char aux leopards • . Ει les Saιyres, filanι en eclaireurs, scandenι une danse ; ils sautent auιour du char de Lyaios qui courι les monιagnes • . De-ci de-la ιrοιιe la foule des Bacchanιes fleuries de pampres, foulant d'un pied aise le chemin malaise ; d'un pas alerte, elles suivenι les escaliers de l'eιroiι ravin rocheux ; elles claquenι des pieds eι des mains en cadence, ιrompanι la Ιaιigue de la route parmi les precipices, sous l'aiguillon du delire • . Ει les Pans aux j ambes velues, perches sur leurs chers rochers, dansenι sur la creιe, gambadanι ιοuι au long de l'arete monιagneuse que nul pas n'a marquee • . Mais lorsque le palais royal se decouvre aux arri­ vants, visible de loin dans la ruιilance de sa chaιoyanιe parure de pierres, le chevelu Botrys, immobilisanι le char patemel, gagne la demeure d'un pas rapide, en avanι-courrier • ; il prepare ιοuι eι, avec le zele de l'affecιion, il compose les mets varies d'une ιable opulente Tandis que Boιrys appreιe encore le banqueι en l'honneur de Lyaios • , le souverain munificenι devoile a Bacchos les splendides chefs-d'reuvre de son palais pare de mosaiques d'ou coule une lumiere diapree, merveille d'arι qui marie la couleur du soleil et celle de la lune sa rivale • . Les murs se teintenι de la blancheur metallique de l'argenι 1• Illuminanι de ses eclairs le visage des visiιeurs • voici l'escarboucle (lychnis), donι le nom evoque la lampe (lychnos) · ; •

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1 . Les murs du palais d' Alkinoos etaient au contraire en bronze ('IJ 86); mais l'argent etait aussi utilise dans \a construction ('IJ 8991).

ΔΙΟΝΠΙΑΚΩΝ IH

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4ινίοχοι Βρομιο&ο Μόριιν, iιcόριιιοι Ιμόσιληι, ον Uίλλιιν, 5Ο tηρονόμοu μάσnyοι � ι\οίt wορδο.λUιtν �λcιuνcν όcλλ�ν όwήνην. Κcιί Σότυροι wροΝοντιι όνιιcpούσcιντο χοράην, lιμ+ιnριcπccιLροντ.ι δρι.&ρόμον c\ρμcr. λυcιίοu. Πολλή δ' Ιν8cι ιccιί Ιν8cι +ιλόνlιμοι UfMX« ΒΔιcχιι 55 δύσCaτον οlμον lxouσo. βcιτt; .οιι, ιccιί mxcι mριιι crτaνήν ιcλιμοιςόeσνσβ φiτpΗΥ .._. �. ιccιί •cιλ'ιιτι ιcροτόλι,tι ιccι1 ιύρύlμοισι nδίλοιι, μόχlον ύwοιcλmοuσο. βcιlυιcρίιμνοιο ιcιλιύιου, cΜcrτρομcινήι . Κcιί Πciwι ιtήμσνοι ύ+ό8ι mριιι 60 wοασί δcισυιcνήμοιcnν iwωρχήσcιντο ιcολώνιι, lιcrτιCCoι wριιίwcι δισ.crτaχοντιι iρίwνηι. ·Αλλ' 6τι νισομΜιcn +Δνιι βασιλήιοι ο.ύλή τιιλι+cινι\ι cmλCouσca λι8ιιν mρόχροί ιcόσιuιt. ιϋχcιίτηι τόrι Βόrρυι δχον wcιτ� ipUfcιι 65 άι δόμ.ον ώκυά&λοι ICη, wροιciλιυ8οι δδιτηι, 66 mύνων 6μcι wόντcι, +ιλοcrτόρnι � μινοινfi 68 hλ&CN mcιλίηι mρότροwcι διiwνcι τρcι.Ctηι. 67 •Ο+ρcι ιών άcΝτ' Βόrρυι iιcόcηωι δcιiτcι λ�, 69 τό+ρσ. � wοucιλόδωροι ινcιe inδ.ιιcνuι Βόιcχν 70 ιcόλλιcι τιχνήιντcι λιlοcrτρώnιιο μιλόtροu, των &wo μcιρμcιρίη wολυδcιίδcιλοι lρριιν cdyλη, crύyxpooι ήιλ&οιο ιccιί όντ,τύwοιο σcλήνηι. τοiχοι δ' όρyupCoιcnν iλιυιccιίνοντο ιωτόλλοιι . ιccιί μιρόΩων cm,νιηpcιι mcιcrτpόwτoucrcι WpocNmf 75 λυpι Ιην, λύχνοιο +ιρώνυμοι · .tx• ιccιί cιύτήν

53 �ιpιπapι.σχ«(pονnς Hermann, cl. 48, 338 : lρμ« πaρι.αχ- ι 11 όρι&ρ6μον Vian : όρι&ρομον ι 11 59 ι&#ιμονος Graefe : --..ς ι 11 60 πωαl kαuχνήμοιmν Graefe• et, ut uid., ιοc: : πωα!ν iuχνήμιmν ιpc, sed iu ex au, μιmν ex μοLαιν (quod praebet Ρ) et πωαlν fort. ex πoaal uide adn. 11 χολώνn Marcellus : χο..ι-η ι (cf. 48, 50) ν (uel -ης in compendio) supra -η, sed poιtea deletum 11 63 λLθων Wemicke, cl. 5, 131, Graefe : νδθων ι 11 67 post 68 tranιp. Scaliger.

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CHANT XVIII

le palais, ome de ceιte pierre au rouge flamboyanι, allie aussi a l'hyacinιhe la vineuse ameιhyste • ; la pale agate projeιte ses rayons de feu ; eι l'ophiιe etincelle, replique moucheιee des ecailles du serpenι (ophis) ; l'emeraude d'Assyrie Jance ses glauques lueurs Souιe­ nus par des rangees de colonnes couranι auιour du palais, les bois de la couverιure οnι des rev�ιements d'or qui rougeoienι sur l'opulente toiιure. Le pavemenι miroiιe, resplendissanι d'une arιisιe mosaique composee de ιesselles en pierres finemenι debitees • . La porte monumenιale, avec ses bois aux riches ciselures, imite l'aspecι delicaι de l'ivoire nouvellemenι scie VoHa le specιacle des merveilles donι le vieux roi veuι faire juge Bacchos • . Ει enfin il se meι en marche dans son palais qui re�oiι un dieu, ιenanι Dionysos par la main. Lui, ralenιissanι le pas, laisse errer ses regards a la ronde • ; eι le dieu s'emerveille en voyanι la demeure de son hόιe royal, avec ses ors ciseles, touι etoilee en sa scinιillante parure Ει le seigneur acιive ses servantes, presse ses servi­ ιeurs d'egorger un ιroupeau de ιaureaux gras eι des hardes de brebis pour regaler les Saιyres de Dionysos1, encorne comme un ιaureau. Ει Sιaphylos, dans sa hate, sιimule ιour a tour ses gens par ses injoncιions. Que d'hommes vaquenι aux soins du festin ! On egorge des ιaureaux eι des rangs entiers de brebis grassemenι nourries au pacage Ει voici que l'on danse. Des brises parfumees emplissenι le palais ού resonne la lyre ; les fumets se repandenι par les ruelles de la ciιe qu'ils embaumenι ; le puissanι suc du vin enivre ιοuιe la demeure • . Les cymbales claquenι ; pres de la ιable bruyanιe grondenι les flύtes de Pan ; les dou• .

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1 . En ne mentionnant que les Saιyres, Nonnos ne se soucie pas de la νraisemblance : il passe sous silence tous les autres contingents de l'armee de Dionysoιι.

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οlιcοι ifΜUΙιόωντι ιcιιcασμiνοι aΣ8om mfMιt cΚνωwήν όιώtuατον ι,.�ν ύcucίνβιιι . cιύyήν a· calhλό.crcrcιν .ιwe1M'U.V ώχρόι aχάτηι . ιccιί +ολ&δων cnιιcτoicn τύwοιι άμάρuσσcν &+ίτηι · 80 •Ασσuρ(η δC μάρcιyδοι άνήpuy.v Ιyχλοον cdyλην. κιονq δC +άλο.yyι nριστρω88ντο. μcλάlρwν χρύcmι δοuρο.τiηι ipuβcr.ινcτo νώτο. ιcο.λύwτρηι ά+νuοiι � · wολucrχιδίων δC μnάλλων +cuδρόν � .Cδον wοιιcίλλuο '"xvn · 85 Κο.& m�λιών wιρψ.τροι iuyλύ1M'f(t τιν& δούρf(t λι1Μ'ο+υiι τύwον ιtχι 'ΝΟ'Π'p(ατων iλι+άντων. τοίο. yφων cncηwτούχοι ίδάιmκ μβρτuρι Βάιcχιιt· Κcιί μόyιι tχνοι ίιcaμ+-ν ίσω ι.οιcyμονοι ο.ύλήι, χαρόι ϊχων Διόνuσον · & δC βρcιδuwαβά τ.,....,. 90 wλcιtομΑνην ιλιιcηδόν blν mτο.ιν.v &.ωιrήν . ιccιί 8ιόt .ιcnιρδ.σσο.ν ίtά.μC..v 4iΥ01Ι'ι ιcόcrμf(t ειινοδόιcοu βcunλήοι ιδών χρuσήλο.τον ο.ύλήν . •Αμ+ιwόλοuι a· ο&ατρησcν &νο.ε ιccιί δμώο.ι ίwιίyων, το.ύρwν tο.τfΜ+ίων άyίλην ιccιί wώ.cr. μήλων 95 δο.ιτfΜύβν Σο.τύροιcn βooιcpcr.ίpou Δuwύσοu . Κcιί Στcι+ύλοu cπmiδοντοι ίην το.χu.ρyόι άwaλή δμωcήν άμοιCο.ίοιcnν · ί'ΙΝρρώοντο δC wολλοί άλο.mνηι δρηcrτήfΜι · ίδο.ιτfΜύοντο δC το.ϋροι ιccιί νομάδων lΜων λιwcr.ρcr.& ατίχιι. •Ην δC χοfΜίη · ι οο ιccιί δόμον ιύ+όρμιyyο. βuώδΗι ίwνιον ο.�ρο.ι, ιύόδμοu δC wόληοι άνιιιcνίσωcrον άyuιάι · Ομ+ιλψiι a· iμCtucrcroν δλον δόμον Ucμάδιι otνou. ΚύμCο.λο. a• iwλcr.τά-yηcN, wcr.ρ• ιύιcιλcίδfιι δC τpcr.mtn Πο.νιάδιι crύριyyιι iCόμCιον, ΙCριμον ο.ύλοί

81 μU.«βρωv Graefe• : -θρω L 11 81 fol. 70• ΙΙ ΙΙοuραιτC-ης F' : !Ιοuραι θοi')ς L 11 8S iuyλmω [ι ex m) L 11 88 txvoς L1 : 6χvος L 11 91 fιvοπι Wernicke Graefe • : ο(vοπι L .

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CHANT XVI I I

bles pipeaux vibrenι ; ι 'orbe sonore ιendu d e peau des tambourins retentit dans le palais sous un double choc ; et voici le cliquetίs des castagnettes qui succede au repas • . Au centre, lourd de vίn, Marόn hasarde un mouvement incertaίn de son pied vacίllant1 ; ίΙ vague ίcί eι la, dans un frenetίque transport ; le pied dresse sur le sol, ίl pίrouette θ reculons, les mains appuyees sur les epaules de deux Satyres entre lesquels ίΙ se detache • ; ίΙ est emporte dans l'elan etranger du pίed d'autruί, arborant un visage rubίcond, touιe sa face enlumίnee emettant alentour un rayonnement purpurίn, ressemblante image de la Lune cornue • . 1 1 leve dans sa maίn gauche une outre de cuir neuf, grosse du breuvage famίlίer, nouee a son cou par une courroίe, et, dans sa maίn droίte, une coupe • . Les Bacchantes forment un cercle autour du vieίllard quί sautίlle d'un pίed sur l'autre : a voίr sa �ιe dodelίner, on croίt qu'ίl va tomber, mais jamaίs ίl ne tombe • . Chancelants d'ίvresse, servίteurs et servanιes s'ebattent eux aussί dans une danse orgίaque, car ίls οnι goute pour la premίere foίs les inhabίtuelles delίces du vίn • . Et la rosee bacchique d e la vigne grίse (emelhyssen) aussί Methe, l'epouse du rοί Staphylos, la mere d'un noble fils1. Le front appesantί, elle reclame sans cesse a boίre aux Bacchantes, cabrίolant autour du cratere de Lyaios, receptacle du vίn. Elle branle le chef, oscillant dans un va-et-vίent alterne ; ses cheveux s'epandent sur son epaule au gre de ce balancement ; tίtubanιe, elle avance et recule, d'un cόte, puίs de l'autre. Souvent, elle est sur le poίnt de tomber a ιerre, flageolant sur ses j ambes ; mais une Bacchanιe, la prenant a deux maίns, redresse la deliranιe Methe • . Et Staphylos est ivre lui aussi, tandis que, sous l'effet -

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I . Sur le Silene Marδn, cf. la Notice du ch. X IX, p. 88. 2. Methe, epouse de Staphylos (la Grappe), est l'allegorie de l'ivresse : cf. la Notice, p. 8.

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σuμwλcάcι, ιcβ& ιcύιcλοι Ιριyδούwοιο llοάηι &)(Ιaδίο&ι waτόyoιcnν heσμορόΎηcΝ μcλόlριf, ιcβ& ιcτύwοι �ν ιcροτcίλιιν ι..δόρmοι . - Έν a· �pa μ8σσν οίνοCαρήι τρομ.ροίο +Cpwν wοδόι δοτaτον lφμήν ήιcν ίνβο ιcβ& Ιν8α Μόριιν, δ.δονιιιώνοι orcrτ,.,, 6ρ8ιον iιc δaweδοιο wαλισσυτον tχνοι ιλίσσνν, χcίρcιι Ιόι ω.:,...ν Σατύρων ίmρ lιμον iράσοι, ιωσσο+ανίιι · lnρou ι. wolc\ι ιcouMno � i&λλοτ,.U,, εaνι...όν Ιχιιν χρόa, μcσσό8ι ήμwwν woptupeaι βιcτiνaι δλν στίλCονn •ροσώmιι, Δντίnηrον μ{μημa Σcληνaίncn ιccρa{aιι , λaιiί ιών νcόδaρτον itήμονοι lyιcuoν otνou aύx.W, tιιιστίί ι- wcρί•λοιcον Uιcόν Wpwν, &ειτcρiί ι. ιcύ.cλλον · iιcuιcλώσοντο ι. Βόιcχaι yηpaλioν c:nca{ρoντa wοδίιν mραλάι ταρcηf, ola 1r...iν μiλλοντa nνασσομ8νοιο ιccιρίινοu , οϋ 1rοτι •ιmηιίtτa. Μιtuσ+αλί.ι ι. ιcβ& aύτοί &ιι+ί•ολοι ιcβ& δμWιι iCαιcχιύοντο χοριίn , -ycυσόμινοι wρώτιστον Δήhοι ήδ8οι otνou. Κβ& Στcι+ύλοu βcισιλήοι lιριcrrώδινa yuνaiιca Βaιcχιόι άιι•cλόισσ. Μetην � Wρση. •Η ι. ιcaρηCapCouoa 1Μίν wcίλιν �..,. Βόιcχaι, οίνοδόιcον ιcpητiιρa wcρισιcα{ροuσcι Λuσιου ιcβ& ιcι+aλήν iλCλ&tc μιτήλuδa S{tuyι ·�· ώμν mιιcλίνοuσο ιcόμην mpaλιcCι ι\ιwiί δοτaτοι, Ιν8α ιcβ& Ιν8α wαλίντροwοι · Δμ+ί δC yaίn mιιcνcί 1mNiν μiλλοucrον bλ&αtηροiαι wιδίλοιs Wδa χιρcή λcιCoUcra Μetην .:.,ιwσοτο Βό.ιcχη. Κβ& Στό+uλοι μcμίtucrτo +ιλaιcΡίιτν δC ιcu.aλν ·

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IOS αuμπλcχάς L'P : � L 11 113 «>.λοτρ!ιιι Graefe : -lou L 11 χρόιι L1 : 6ρ6cι L 11 114 προαώπeιι Koechly, cl. 4, 281 ; 17, 9 : χαιρ-Ι)νω L 11 118 β«χχσιι [χ p.c.] L 11 111 πmτηώτσι Lpc : -ώντσι L 11 1%8 πσιλμιjι Cunaeus : χσι>.χω L 11 131 θuό:&χ L : 6\Μ&χ L1 11 ώρθώασιτο Ludwich : 6ρ8- L. -

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CHANT XVIII

des coupes pleίnes de vίn pur, les joues de Boιrys enίvre s'empourprenι ; eι l'enfanι au duveι naίssanι, avec son pere Staphylos, noue ses boucles decoίffees d'un lίerre ίnaccouιume donι ίΙ se ceίnι comme d'une couronne • . Enchainanι pas sur pas, Boιrys danse en ιoumoyanι, les deux jambes en acιίon, subsιίιuanι dans sa ronde le pίed drοίι au pίed gauche • . Ει Sιaphy­ los bondίι en gambades cadencees ; ίl execute de vίfs moulinets avec son pied arque, appuyanι son bras sur la nuque du dansanι Boιrys. Ει ίΙ loue le breuvage de Dionysos maiιre du balleι, ιίιubanι, agίιanι �a eι la ses cheveux denoues quί vίennenι frapper son epaule • . Ει Methe danse elle aussί, assuranι son bras sur son fils eι sur son epoux, enιre Sιaphylos eι Boιrys. Ει l'on peuι voir avec quel plaisίr ιous les ιrοίs, enlaces, formenι une chaine vίrevoltante • . Ει Ρίιhοs1, le vίeux gaillard, abandonnanι au venι ses meches blanches, gave jusqu'aux dents de la suave boisson, danse, lourd de vίn, en faίsanι ιoumer son ρίed glίssanι de buveur ; eι les douces lίbaιions que vomiι son gosίer blanchίssent de leur ecume sa barbe rougίssanιe • . Ει l'on boiι ιοuι le jour • . Tandis que se vίdenι les coupes, l'obscurίte du soir couvre toute la terre de ses voίles ombreux, assombrissanι l'horizon, eι le ciel nοίrcίι dans le clalr-obscur, devoίlanι la lueur faίble­ menι scinιillante des astres ; Phaethon ι plonge sous le cόne d'ombre, laίssanι encore dans son sίllage un leger vesιige de jour • . Ει la silencieuse Νuίι reveι son voίle de ιenebres, ίnscrίvanι a ιravers le cίel les moιifs de sa

Ι . Sur Pithos, la Jarre, cf. la Noιice du ch. ΧΙΧ, ρ. 7 1 . 2 . Phaethon designe ici l e Soleil (Helios) ; i l esι distincι d u nιs du m�me Helios qui perira foudroye par Zeus (reciι rapporte au ch. XXXV I I I}.

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βότf"'Ο' οlvιιΙίντοι· Ι+οινW.σοντο wcιρcιcιί 135 ιccιί wόιι 6ρnyίwιοι δμο Στψλν y.wτήρι lιwλ•ιcaι wλοιcαμίδοs lιήlcί &ήCJClτo ιcιοcnϊ μιτρώαcιs στ•+aνrιδ6ν. Έw• txwcn ε txνos lιμ4ων wocnnν όμοtήλοιcnν nιe ώρχήcrcιτο Βότρυs, δ.C&όν iιc λcιιοiο μnήλυδβ τcιρσόν iλ(σσwν · 140 ιccιί ΣτQ+uλοs cnctρτησ. wοδWν βητόρμcΜ ·�· ιcaμwύλον txνos 6yων τροχcιλ� ιcuιcλούμcνον δλιc«;, βότf"'Ο' δρχηcπήροs η· Δύχm 1ήίχuν iρβσcιs · ιccιί wοτόν .ϋ+ήμησw χοροwλuίοs Αιονύσοu 6στcιτοs, ίνΙcι ιccιί ίνΙcι ιccι8cφίνcι βόστρυχcι σcίων 145 ώιιΙf hcιfσσοντcι. Μίβη a· iχόρ.u. IICcU cιύτή, cΚ , wήχuν hucλ{νoucrca ιccιί u&ίι ιccιί wcιρcιιcττι μeσσcιnη Στψλοu ιccι1 βότf"'Ο' � δι νοήσα& nρmιιλfιν τριίλucτον δμοwλiιcτοιο X�'IS · Κcιί Πιβοs ώμοyίρwν, wολιfιν lιWμoιcn nνόσσwν, 1 50 χ•ύμcιτοs ήδuwότοιο βιCυcrμίνοs Ιχριs δδόντων, οlνοCcιρήs ixόfMw, μducr+cιλίs txνos iλ(σσwν · ιccιί yλuιcφιis λιCόδeσσιν � lιwό λcιψίw Ccινlήν ά+ριόωcrαν np λ•ύιccιινcν Uwήνην. Κcιί wιον .ιs δλον �μcιρ. � δι ιcυnλλων 1 55 8πΝρίη χΙόνcι micnιν ύwόcncιos lσw.ιι•ν 6Ρ+νη lιιcροαλcιινιόιιιοcι · ιccιί οlόλcι +Cπά λ..τν 6στρcι ιccιτcιuyβtων φ.λcιινnο διχροοs lιήρ, δυομCνου •cMtoντos ύwό cnc&cιeιδίι ιcWνν, βcι&όν lΗnσιοιcίλ.utον lxwν ln λβ+cινον •ttous · 160 ιccιί tό+ον iχλcιινtιΜΝΥ _, xpot cnycιλn, Ν ύC ούρcινόν lιατφΜνn δuιyρό.+σσcι xιnm. •







136 «π>.cχως ι• : -tος ι 11 137 fχνcιn ι (cf. 42, 54) : -cί Koechly 11 ψ!δων ι : Ιλιaαων Castiglioni1•1 11 139 tλ!ααων ι•1 : «μc!δων ι (del. ι•) 11 141 ipdaιu,; ι• : iρcLααιι ι 11 I� mαιtσαονται Graefe : -νπ ι 11 Bc x6ρcuc ι 11 141 fol. 71• 11 ISI qδρcuc ι• : χδρ- ι.



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ιunique constellee •. Apres les crateres de l'ivresse, apres les mets du fesιin, Boιrys, en compagnie de son pere eι de Dionysos le dispensaιeur du νίη, chacun de son cόιe, alignenι leurs couches moelleuses ; ils cueillenι le don du sommeil eι s'adonnenι aux songes • . Mais lorsque IΆube, messagere du Jour, aureolanι l'horizon de ses roses lueurs, dechire les ombres pAlis­ santes • , a ceιte heure maιinale, Bacchos le chevelu bondiι de sa couche, vibranι d'un espoir de victoire Dans la nuiι, ίΙ avaiι massacre la race indienne de son ιhyrse couvert de lierre au cours de la fallacieuse vision d'un combaι onirique • . Ει, en enιendanι les clameurs des Saιyres eι le cliqueιis des javelots, il avaiι chasse le deferlemenι du combaι vu en r�ve eι dissipe son belliqueux sommeil • . Mais dans son creur demeure l'effroi d'un auιre songe 1, lourd de menaι;ants presages • : dans un illusoire assauι, lui etaiι apparu le symbole de Lycurgue, annonciateur de l'avenir • . U n farouche ennemi, au fond d'un fourre, un lion, le gosier ecumanι de rage, bondissaiι d'un rocher sur Bacchos encore touι a ses danses eι desarme, le meι­ ιaiι en deroute • eι le poursuivaiι jusqu'iι la mer ou le dieu, refugie dans les flots, echappaiι a la menace du fauve • . Ει, nouvel objeι de terreur, il avaiι vu le lion farouche pourchasser, gueule beante, les femmes porιeuses du ιhyrse qu'il ensanglanιaiι avec ses griffes • ; il les laceraiι eι, echappes iι leur main mysιique, les insιrumenιs sacres roulaienι dans la poussiere • ; les cymbales gisaienι iι ιerre. Mais une Bacchanιe faisaiι volιe-face ; elle muselaiι d;un lien le mufle du lion eι, enserranι sa ι�ιe dans des cordes faites de sarments, elle enιravaiι la nuque leonine dans un eιroiι garroι • . Puis, • .

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1 . Le deuxieme r�νe esι chronologίquemenι ant.erieur au premier : cf. la Noιice, p. 18-2 1 , aνec l 'eιude du sens pris ici par &λλον.

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οι ι. μcτό ιcριrιήρa μ88ιιι, μc-rcί δciwνβ τρaήtηι, Βότρuι c\μoU ΥcwήίΡ' ιccιί οtνοχύτfιι Δ&emίσν ιccιcριιώνοι στοιχηδόν lucrrpWτwν flή λίιcτρwν ύ1rνου δώρον Ιλοντο ιccιί ώμ&λησcιν όνcιρcκs. •λλλ' 6τc δή ι\οδίοιι cψcιρύyμοcnν lyycλoι Ήοϋι lucpotcιήι qόpat• λ&wόσιcιον 'Όρlροι l.μίχλην, .Uχσιτηι τm Βόιcχοι &:ιιοι ιν�ορn .ϋνίίι, Q-'1& νucaιu a.δονημiνοι. Έννύχιοι yάρ 'Ινδφιν ιδόιt• yονήν ιcισσώδcί 8ύρσν, ύ-ιrνcιλCηι μdίwων Δ1fΩτήλι.ον .tιcδνcι χάριιηι · ιccιί ιcτύwον άσσfων Σcr.τύρων ιccι& δcΜrον lιιcόντων, +λοiσCον δναράηι Δw.mσα.το δηιοτήτοι, hνον Δwοσιcdάσcιι wολιμήι.ον. Etx• δί ιuμι; μcιντιwόλοu +όCον Ιλλον Δ'Ιmλητήροι bν.{pou · μιμηλήι ycίp nfιttN μάχηι tνδcιλμα. λuιcούρyοu � wpodλwloν, δτι 8pacrύι Ινδο8ι λόχμηι δύσμcιχοι lιc σιcοwίλοιο λίων λuσσώδβ λα.&μι; Ββιcχον ln σιcσιροντcι ιccι& ού +cr.Uoντcr. cnδήροu ιlι +όCον hτοιηn, ιccιί �λcιnν Ιχικ Ια.λάσσηs ιcpu1l"fόμcνcw wιλόyισσι. n+u'ότcr. Ιηρόι όn&λήν. Κcιί +όCον Ιλλον hww•, λίων 8pacrύι 6τn yuνcr.iιccr.ι 8uραο+όροuι ιδύιιιc., nχηνότοι Δνt.ρβwοι, cι1μόσσων cWύχ.σσι. χcr.ρcισvομΜιν δί yuνcιucών μύσnδοι lιc wcr.λόμηι Ιιcuλινδcτο 8ύσιλcr. ιcονίιι, ιcύμCcr.λcr. δ' ιν xtcM ιc.ϊτο . ιι-ταστ� δί Ββιcχη δ.σμΔ λ�ιο.cnν n-+ι;ιcιιΝΝ y.wίοιι CΝφήν Δμwιλό.σσα.ν mισ+'y&aσcr. ιccιρήνν. Δvχονίιιt δί λίοντοι hηλ•.v cιύχίνcι � ·

165 6mιou LιpcLιιaι : ιs ος (?) L 11 167 δμ!χ,λη,. L 11 170 Ι&«ιζι L : -ιξa Graefe• 11 17.. dιποσχιΜασις Felkenburg• : -CJΧ&Π«ααις L 11 177 προ� Greefe : -θος L 11 189 dtγxo..!cι» Koechly, cl. 2 ι , 3ι : Wχ,Μω L 11 Wπλιχιν L1 : Ιπλιχι-. L. •..

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ν8gue apres ν8gue, 18 ιroupe de8 femme8 8'el8nc;8iι sur le fauve eι dechiraiι avec de8 epine8 se8 cuisse8 puis­ s8nιes eι ses mains • . Ει, ι\ la fin, comme il etaiι ligote par les sinueux corymbes, Arιemis le libera ; mais, du sein de l'ether, un ecl8ir de fl8mme s'8baιιit sur le fronι de 18 bHe eι en fiι un aveugle err8nι sur les chemins • . Telle esι 18 vision qu'euι Dionysos. 1 1 8e leve de s8 couche eι couvre 88 poiιrine d'une ιunique d'8ir8in constellee, ecl8boussee du sang des Indien8 ; il ceinι sa chevelure avec le lien ιorse d'un serpenι, serre ses pieds d8ns de rouges coιhumes eι saisiι d8ns 58 m8in le ιhyrse, lance fleurie de la guerre • . Ει ίl appelle un Saιyre de sa suiιe • . Ε η enιendanι reιenιir le son divίn des levres de Bacchos, le prince Boιrys s'eveille eι rev�ι 88 ιunique • . Et < . . > Piιhos encore endor­ mίl. Methe, qu8nd elle perc;oiι 18 νοίχ du dieu, sou­ leve peniblemenι la �te ; mais, le fronι appe8anιi, l8nguissanιe, elle se rendort ; eι 18 reine resιe encore ι\ cueillir sous ses paupieres le sommeil du m8ιίη, le plus delecιable • . Ce n'esι que forι ιard qu 'elle quiιιe s8 couche d'un pas ιrainant. Ει Sιaphylos, l'ami des grappes, court θ la renconιre de Lyaios qui s'acιive pour le voy8ge ; il lui offre le8 presenιs d'hospitalite : une amphore dΌr eι des coupes d'8rgenι d8ns lesquelle8, depuis ιoujours, il buvaiι le laίι qu 'il ιire de ses chevres • ; ί1 lui f8iι 8Us8i don d'etoffes brodees qu'8νaiι ιissees d'un fιl ιres fιn Ar8chne la Perse, pres des rives du Tigre • . Ει le genereux seigneur ιienι a Bromios ce discours1 : .

1 . Dans la lacune du ν. 205 Nonnos parlaiι du reveil de Pithos eι sans douιe au88ί de celui de Staphylos qui esι le personnage pήncipal. 2. Πο>.ό3ωρος, hapax chez Nonnos, signifle •qui donne beaucoup de presentsι. L'adjectif a un sens oppose chez Homere : •qui a re4;u de nombreux presentsι. ,

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190 Ιηρί ι. tηλυι δμ&λοι � Αλλοι ι.· Ιλλ4,. ιcai Ρλοσuρούι lxβpcιt• ήδ.ι ιcai χάρcιι άιcβν8σ&ι ιcai μόy'ι .ιλ�όινn 1NfMlωσiWτa ιcορύμCι, "λρτφι Ιtώyριιcmι · lι.w α188,Μοιο ι. ιcόλwοu 4crnpoιrή wupό8CJcra ιcaτatιcισa wpoσώwou 195 Ιηρa wαλ,ν&ινητον Μήιcατο τu+λόν &ιιτην. τοiον 6ναρ Α� lcNδρaιc.v · 1ιc λ-χWν ιι bριόs Ιών Ινδνν8 +όνν wnaλayptνoν. "Ινδών χόλαον �α ιcaτ«ί crτiρνο&ο x,'limι, ιcai cncoλu; μίτρwσc ιcόμην Ι+ώδά δeσμιf, 200 ιcai wόδαι Ισ+ήΙΙCWCΝΥ ιp.uι.όωνn ιcοlόρνν, χ•� ι. Ιύρcrον δaρc, +ιΑΔνt.μον lyxoι ΙνuοUι · ιcai ΣΔτuρον ιdιcληcnccν lmΔoνa. βcσιrcσίην δί Βαιcχcίιιν crτομΔτwν lι.ι..ν lι.ντUcτuwον ήχώ ιcοίρανοι lypcτo Βότρuι, iόν δ" Ινδνν8 X''limι. 200 Kai πιιον ύwνώοντα < .. .. . ) ΜeΙιι δ' ώι lιcλuc +ιινη ι , ιcρiτσ μόy's ιc�·· ΙΙαρuνομίνοu ac ιccιρήνοu όιcναλίη wόλ'ν .ω. ιcai 6ρ8ριον clαm νύιι+ιι ιι'μΥ8ν lφφyομiνη yλuιccρWτcpoν hνον Δwωtrais, ό+ί ι. λίιcτpον n•.., � llρaδuwaiB ταιισν. 210 Καί Στci+υλοι +ιλόCοτρuι � λual.tι ιlι όδόν ΙσσuμΜ, t•νίt� δfitpa nτaινιιw, χρύnον 4μ+ι+ορησ crύν Aρyupίoιcn ιcυάλλcκι, οtι wβροι σων Ιw,Υ8ν lι.μcλyομiνwν yλΔyοι αίyών · ιcai wόρc wcκιcιλa wίwλa, τΔ ••Ρ waρc\ ηyριδοι ϋδωρ 215 νήμαn λcwταλιι, τcχνήcrcιτο Πcρcήι "λρΔχνη. Καί Βρομίν wολύδωροι Ιναt Ι+Ιίvtaτο +ιινίιν · •

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. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. .

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......................

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195 παιλι'Ι3LΥ'Ι'Jτον ιψι : -Μν- ιp 11 197 lν3uνc ιudwich : M3uνc ι 11 φ6νφ �ν Rhodomann, cl. 19, 146 : πόνω πmσιΜyμjνοc [-1t1tllλ- a.c.) ι 11 105 �ω�Ι π(θον Ρ : ΙωΙΙΠ(ον ι ΙωΙΙπ(θον ι• 11 posι ύπνώοντσι lac. ιιaι. Cunaeus 11 - &μ&ρyομ.Μ) Koechly : -νης ι 11 &πωπιιϊς Koechly : -πijς ι 11 109 Ι>.cιπcν Canιer : �lkν ι 11 111 Ισσvμ.ίνφ Graefe : -νωι; ι 11 114 fol. 71•.

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CHANT XVI II

« Cours au combaι, Dionysos, je ι'en pήe : egale les exploits de ιοη pere ; prouve que ιu es le fils du Cronide. Α la fleur de l'age, ίΙ chassa de I'Oiympe les τitans, fils de la Terre, ιοη pere, encore adolescenι • . HAte-toi eι massacre ιοί aussi l a race insolente des Indiens fils de la Terre. 1 1 me souvienι d'un reciι qu'a mon pere auιrefois fiι Belos I'Assyrien • , le paιron de ma conιree, mon grand-pere ; a mon ιour, je vais te le narrer. - L'humide Cronos, levanι la faucille au fil casιrateur • avec laquelle, j adis, ίΙ avaiι moissonne le viril planιoir du soc de son pere desormais infertile • , ιandis que celui-ci s'empressaiι vers la couche maιer­ nelle, Ιuιιa conιre ton pere a la ιΗe des τitans. Ει Cronos a la vasιe barbe exciιaiι les combats en dardanι ses lances de glace conιre le Cronide, en projeιanι ses humides fleches de givre : aigus, du hauι du ciel, pleuvaienι des ιraits de grele • . Ει Zeus porteur du foudre s'armaiι plus puissammenι que le Soleil : de ses eιincelles incandescentes, ίΙ faisaiι fondre l'eau solidifiee • . - Foueιιe tes lions carnas­ siers pour aller combaιιre I'Indien, ne crains pas les elephanιs1, puisque ιοη pere, Zeus ιouι-puissanι, terrassa de son foudre Campe aux ιHes dressees donι touι le corps tortueux rev�ιaiι mille formes • . Une foule de repιiles aιιisaiι une guerre hybήde en faisanι onduler sponιanement ses torses replis, issue de ses pieds viperins qui crachaienι au loin leur venin • ; autour de sa nuque bourgeonnaient cinquanιe ιeιes de beιes disparaιes : les unes rugissaienι de leur mufle •

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I . L'elephant, symbole de IΊnde, sΌppose au lion, animal favoή de Rhea eι de Dionysos. Sur l'elephant dans les Dionyιia­ quu, cf. les notes 8 26, 295-332 (t. 9, p. 285-290).

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« Μόρνσό μοι, ΔιόνucΝ, ιcσ1 4Cuι ι\ί�• τοιcήοt · &qον 6n Κρον{kο .-,.,, yiνοι. 'λρnkλήι y(φ Γηy.Wcιι Τι1'ήνcιι Δ•�ιt., Όλύμ•οu σόι yΜτηι m ιcοϋροι . •••ιyco ιcσ1 aU ιcυδοφ4 Γηy.Wιιnι ύ.C,Ο.λον � -yCvoι ΊνδWν. Μφνημcι{ nνcι μUβον, δν ήμcτφ, ycwτήρι 'Ασσύριόι 1I'Oτc &ήλοι, φήι •ολιοϋχοι Δρούρηι, 1Ι'Ωτpοιrcίτωρ φόι .ι..,, r,ώ & σοι cιύτόι Μ+ω. Kou+ιlwν Κρόνοι ύyρόι Δμcρcnycίμou yίνuν lpιιηι , � •οτ• μητ�ν ιmοσυμΜκο χa.μcύνcιLι τcίμν.ν Δνυιι+cύτιιnι ατcίχυν lpcrcνcι •cιτρόι Δρότρwν, Τιτήνιιnι •ροdλcυβοι φόρνcιτο cmo τοιcήι. Κσ1 Κρόνοι cύpuytνuoι Δwpρ(mt.v Ινυώ lyxccι 1Ι'Ωχνίι.ντcι ιccιτc\ ΚρcΜιιινοι ιcίλλιιnι, +uχρόν Διcοντ(1ιιnι διcρόν βaοι /»Cυτcνάι y(φ /ιcρό8cν 1Νμ1rοντο χcιλ�ή.ντcι bιcrτοί. Κσ1 1rλίον ΉcλUκο ιcορύσσnο 11'Upaotδpoι Ζ.ύι hpμοτίρfι) crmνtίjpι λύwν •cτρούμ.νον Gawp. 'ΩμσCδρουι δί λίοντcιι m ιcλόνον Ίνδόν Ιμάσσων, μή τρομίοιι nί+cιντcιι, ha τcόι ύψιμίδιιηι Lύι Κcίμ.ην ύ+utcίρηνον Δ.ηλοίησ. ιccρcιυν\), �� cncολιόν 1r0λύμοΡ+ον 6λον &μcιι. •λλλο+u'ι ycίp λοtήν cιύτοίλιιcτον Δνcρρί•Ltον Μιώ χιλuκ �pmισrίjpcs qιδνcιUιιν Δ•ό τcιρσών Ιόν φυyομίνων 6ολιχόcrιcιον · Δμ+ί � δcιρήν φι.. ..,.,ιcοντcι ιccιρήcιτcι •οucίλcι Ιηρών · ιcσ1 τc\ ιών ICpuxiτo λcοντc&οιcn ιccιρήνcκι ·

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113 post 224 transp. Cunaeus 11 126 post 228 transp. Koch1 11 '1r1 � ποπ Koch1, cl. 44, 266 : δππδτe L 11 μιτpώησιν ι 11 iπcσσuμCνοιο Scaliger : -σσομίνοιο L 11 131 όξuτενeϊς [ν ex p ?] ι 11 yιip ι Ρ : Βί ι• uel L• 11 135 BC Graefe : τι ι 11 :z38 lliocpuij ιudwich : -cpueς L -cpucϊς Graefe 11 W iδpuxίiτo [χ fort. p.c.] ι : -όχαιτο Ρ .

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CHANT XVIII

de lion, images de la face t.errifiant.e de l'enigmatique Sphinge ; d'autres repandaient la bave de leurs defenses de sangliers ; une dense cohort.e de mίlle museaux canίns faisaίt une parfaite imitation de la face de Skylla • . Creature dimorphe, elle avait l'aspect d'une femme jusqu'au milieu du corps, coiffee de guirlandes de serpents qui vomίssaίent leur poison ; mais, de la poίtrine jusqu'au repli de l'aine, son gigant.esque corps hybride etait couvert de rugueuses ecailles de monstre marin ; les ongles de ses mains multiples s'incurvaient comme la courbe d'une faucίlle iι la lame crochue • . Depuίs le haut du tendon cervίcal, tout le long de sa t.errible echine, un scorpion, se tordant sur luί-m�me, la queue dressee sur la nuque, rampaίt, arme d'un dard iι l'aigu trait de �le • . Telle surgissait la tortueuse Campe aux formes multiples : parcourant dans un tour­ billon la t.erre, les airs, les profondeurs marines, elle volaίt, conjuguant les batt.ements de ses deux ailes noires ; elle embrasait les ouragans, elle armaίt les t.emp�tes, la Nymphe du Tartare aux pennes tene­ breuses • ; jailli de ses paupίeres, un feu mouvant crachait au loin ses etίncelles • . Voila le monstre qu'abattit ton pere Zeus, le seigneur de l'ether, et ίl triompha de la vipere belliqueuse, alliee de Cronos. Imίte en tout l'aut.eur de t.es jours, afin que, tοί aussi, je te nomme le pourfendeur des fιls de la Terre, apres le Cronide, quand tu auras fauche la nefast.e moisson des lndίens nes du Sol • . - Ton combat est iι l'image du sien ; car ton pere triompha du fondateur de leur race, un champion de la guerre menee par Cronos, un fιls de la Glebe dote de membres enormes, Indos1, d'ou les lndiens tirent leur orίgin6 • . Ton

I . Sur lndos, l'anc�tre des lndiens, cf. la Notice,

p. 29-30.

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Σ+ιπόt άcrηJ&όντοιο τύmιι βλocruρoio wpocrώwou, Ιλλcι δί ιccιwρcίων βwιcήιcwν β+ρόν 6δόντwν, σuμ+cρήj δί +β).cιyy& woλucrιcuλcίιcων ιc•+cιλόων Σιcύλληs Ιαοτίλwrον Ιην μίμημcι wροσώιrοu . Κcιί χροt ιωασcιτU, δ+n\s βw+cι'wτο νύιι+η Εοeόλοιs ιcομόωαcι δρcucoντ.Loun ιcορύμCcκs · 250 τήs μ8ν m cmpνo&ιnν is βιcροτcίτην mxcι μηρών ιcηn&cι&s +oλ&&crcn νό8η τρηχύwτο ι&ΟΡ+ή ύ+ιnνήs · hvx•s δί wολ�ρCων wcιλcιμcίων λοCόν iδοχμώαcιντο τύwον ycιμψώνuχοs lpmιs. "EC ύwcίτοu δί τ«νοντοs βμcιφcιιcΠων δuί. νWτων 255 σιcoptrios cιύτοίλ&ιcτοs hήopos cιUxCνos ούρfi dpn χcιλcιtήnτ' τdηyμiνοs l>Ca ιcίνrΡfιι. τοLη 1'10UC&λόμορ+οs lλ&C ιcου+ιt•το Κcίμwη • ιccιί χ8όνcι &wύoucrcι ιccιί -lιiρcι ιccιί βu8όν Ιλμηs, 111'1'Δ1'0 ιcucιwwν .,..ρύyων tt•ρόtuyι mιλιu;, 260 λcιιλcιwcιs a.18ύcrooucrcι ιccιί όιrλ(toucrcι Ιuίλλcιs, Νύιι+η τcιρτcιρίη ιωλcινόwnροs · lιc βλ•+cίρων δi τηλ.wδροus cπr&νtίί ρcιs βνήρuy• +οιτcιλiη +λόC. •Αλλcί τόσην ιcτcίw tηρcι wcιτήp nos a.18ipιoι Ζ.ύs, ιccιί Κpονίην νUcησ.ν iχ&δνίι...:nιν ivuW. 265 rιwo ιccιί crύ τοιcή& wcιwίιc.λos, 6+ρcι ιccιί cιlrrόν Γηy.Wων l»λ•τήρcι μncί Κpονιδην «Ν ιccιλiσσw, δίι&σν lφήαcιντcι Xcψcι&yMwν στcίχuν ΊνδWν. Σοί μό8οs �τοs Ιcκιmι όμο{ιοs · βpχiyονον ycίρ σόs yΜτηs Κρονίοιο wpocισmcrrήρcι ιcuδοφού 270 "ιλιCcίτοιs ιωλΗσσ& ιc•ιccιαμiνον u&όν •λpούρηs "Ινδόν β,...p . ήv&C.v, 68.ν yCνos Ιλλcιχον "Ινδοί ·

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-

144 αφιyyόι; [lιι; ex όν) ι 11 154 3ι4 Graefe : 3Uo ι 11 2SS οιuτοtλιχτοι; F : -ιχοι; ι 11 αιόχΜι; ouρij ι : ΙΧUΧ�Ι XOUp'l)ι; Keydell1 uide adn. 11 1!6 τι&η-yμiνοι; Cunaeus : τcτuμμiνοι; ι 11 161 �λι1tόροuι; F1 : -cφόροuι; ι (cf. 19, 149) 11 168 Ιοιχcν δμοuοι; Falkenburg• : Ιοι χcνομαιLίος ι 11 171 dι7m!:pήνt.ξcν ιp : �ρ- ι•.

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CHANT XVIII

pere lutta contre Indos ; toi, lutte contre Deriade. Deviens aussi l'egal d'Ares : lui aussi a aneanti un puissant ennemi des dieux, le fils d' Echidna (Vipere)1 qui crachait l'effrayant venin d'une affreuse vipere • (echidna), creature pourvue de deux corps jumeaux qui faisait onduler au fond d'un fourre les torses spirales de son echine, heritage de sa mere • . En luί, Cronos possedait un formidable < allie • .. . > , capable de combattre le foudre, sίfflant la guerre de ses pίeds vιperιns, quand, levant ses paumes au-dessus des marches de I'Euros •, ίl guerroyait contre ton pere Zeus et arretait de sa tete elevee les nuages qui defilaίent sur leur route aerienne et, souvent, attrapant les oiseaux egares dans ses boucles embroussaίllees, il les engloutissait dans sa gueule beante • . Ce guerrίer formidable, ton frere Ares l'a tue • . Je ne te dirai pas l'inferieur d'Ares ; mieux : tu peux le disputer iι tous les fils de Zeus, car, avec ton thyrse meurtrier, tu t'illustres autant que le combattant Ares avec son glaίve et, comme Phoibos, tu accomplis des exploits • . J'ai reςu dans mon palaίs un autre tueur de monstres, comme toi, rejeton de Zeus • . Naguere en effet, en ma demeure, iι tire-d'aile, νίηt Persee apres avoίr quitte le lίmpίde Kydnos, voisίn de Corykion, comme tοί, ami ; il disaίt que, chez les peuples de Cίlίcίe, il avait dessine le trace fondateur d'une cite nouvelle dont le nom rappelait son pίed (larsos) rapide • . 11 brandissait la tete de la Gorgone Meduse que nul ne peut regarder ; toi, tu leves le fruit qui donne le νίη, -

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Ι . Sur ceι episode eι l'identification du fils d'f:;chidna, cf. la Noιice, p. 31-34. La mythologie grecque prete une nombreuse progeniture ι1ι f:;chidna : Orthros, Cerbere, la Chimere, le lion de Nemee, l'hydre de Leme, la Sphinge, l'aigle de Promethee, le dragon des Hesperides. Aucun de ces monstres n'a sa place ici.

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Ίνδιf σόι yΜτηι, σύ a. μάρνcιο Δηριοδίί,. Γίwό μοι ιcοί λpη' wcινιLιccλοι, 6τn ιcοί cιύτόι τηλίιcον hρήνι&• lcημβχον ulόν Έχιδνη ι, �ιcτόν βwοιrτύοντcι δucmδίοι Ιόν qιδνηι, &ι λόχ• &wλόον ctδοι �uyoν, Ινδο8ι λό.χμηι μητρcίηιι δcΜwν Uucώδccι ιcύιcλον βιcόνfιιι . Τόν Κρόνοι &wλcτον dx• ( . . .. ... . . .......... ...................... ... ) κο.'f'aι�οντο. αpιcιυνοϋ, &ρ.ο. οuρίtοντcι wοδών � τ�, όmrότc ιcou+ιlwν wcιλόμcιι ύwcp &ντuycιι Εδροu Ζηνί .,.. wτολCμ&tcν, iν ήcρίτι δί ιccλcύιιιι crτcκχcίδcιι ϋ+ιλ'+ιι νc+Cλcιι lcrτηcrc ιccιρήνν, ιcal crιcολι.cιiι οιmkι mwλcιΥΧICντcιι Ηάρcιιι 11'0λλβιc, οuμμόρtcιι wολuχcινδa δcιίνuτο λ� · τοUτον Δριατcύοντcι τcόι ιcτόνc cniγyoνoι •λpηι. λpcοι ού ιccιλίw CN xcpcιoνca ' ιcοί yc\ρ iρίtοιι wicn Δι.όι τcιcίccr.nν, ncι +ow, crίo Ιύρσν τόcrcroν βριcrτcύaι, ωον &ορι μβρνcιτcιι ·λpηι, ιcοί τcλίcιι, &τc •cMCoι, cUtλιcι. - θηρο+όνον δC uιόν lyώ Δι.όι &λλον ιμι; Cc&νισσcι μcλό8ιι. · xtιtcί yc\ρ cιι ίμόν οlιcον iύwτcροι ήλu8ι Πcρcrcύι ycίτονcι Κιιρuιcίοιο διcιuyίcι Κύδνον icί.σσcιι , ώι crύ, +ί).οι, ιcοί Ι+cιαιccν iwWuμoν ώιtί' τ� &νδράcn wc\ρ Κιλίιccσσι νcόιcτιτον &crτu χcιρό&cιι. •Αλλ• δ μCν ήίρτcιtcν lιtηήτοιο Μcδούcrηι Γορyόνοι Lcpcι ιcόpηνcι, σύ δ' otνowcι ιccιρwόν &.ίρcιι, •

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%75 'χ13νη� L : όπήνηι; Maas1 Upcnι.«χι L1 : -χ� L 11 178 posι ιtχι lacunam ιransposuiι Vian quam posι Κρόνος Keydell sιaιuiι 11 4πλaτον pro corrupt.o habuiι Maas• 11 χaτσιιχιι'ζονtσι Fl : uι σιtχμ- L 11 179 /ιφι.ώ3ιϊ [ιϊ ex ιcn] L 11 280 lo\. 72< 11 !νrvyaι� Εδροu Vian, c\. 1 , 2'l8 : !νrvyaι μ'Ι)ροu L 4. μσιζοu Rose !. χ6σμ.οu Maas ι. χ6ρcτηι; Keydell (dubit.) Peek1 11 183 σχολισιiς Fl : -14ς L 11 iνιπλσι'yχ6ιντσιι; Vian : mιπλ- L1 mπλσιyχmσιι; L -πλaχ&ιντσιι; Koechly 11 214 λσιιμcjι Heinsius : μ'Ι)ρώ L sed uide adn. ΙI 288 5αον οiορι Koechly : 6σσον δορι L.

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CHANT XVIII

messager de felίcίte quί efface les peίnes des hommes • . Persee a abattu un monstre sur le rίvage de la mer :ι;; rythree ; tοί, tu as massacre l'engeance des Indiens 300 :ι;; rythreens1• Tue Derίade, comme tu as tue l' lndien Orontes, pίre fleau que le monstre marίn. Persee a delίvre Andromede de ses tourments ; toi, plus triom­ phant vaίnqueur, delίvre la Vίerge astrale, cruellement outragee par l'ίnj uste domίnatίon des Indίens, afln que, 305 dans une m�me f�te de joίe, j'unίsse Persee le tueur de la Gorgone et Dίonysos le tueur des Indίens • . • Il dίt et, revenant sur ses pas, ίΙ rentre en son palaίs, cet elegant seigneur, hόte de Bromios. En ecoutant les paroles du roi, Dionysos, porteur du thyrse delίrant, est joyeusement aiguillonne par ce 3ιΟ dίscours ; ίΙ est transporte d'ardeur guerrίere en prHant une oreίlle charmee au recit des exploίts paternels • . Et ί l lance un defl a u Cronide et veut que soit plus eclatante sa troίsίeme victoίre sur les Indίens deja deux fois defaίts, dans son desir de rίvalίser avec le Cronίde • . Helant Pherespondos, le rejeton du heraut 3ι5 celeste, vίf comme les vents, le prudent fils d'Iphthime, ίl luί adresse cet amical dίscours • : • Fίls d'Hermes, mon cher heraut, va et porte ce message a l'insolent Deriade • : 'Roi, sans guerre • , rec;oίs les dons de Lyaίos, Ou combats Bromίos et finίs comme Oronte1.' • 320

11 dit ; et le heraut aux pieds veloces, allant de contree en contree, parcourt les chemins du Levant,

ι. Pour les autres allusions aux legendes d'Andromede et du monstre marin, νοίr les notes 8 ι , ι93 (t. ι , p. 147) et 8 25, 81 (ι. 9, p. 243). Sur la localisation de la legende d'Andromede au bord de la mer Erythree, cf. la Notice, p. 36, n. 1 . 2. L'ultimatum prend la forme d'une epigramme ; en ι4, 300, l'ultimatum precedent, porte par deux herauts anonymes (les freres de Pherespondos ?), est formule avec plus de bήeνete encore, mais au style indirect. - Deήade subirίι en effet le m�me sort qu'Orontes, puisqu'il sera englouti dans les eaux de I'Hydaspe (40, 93-96).

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ΔΙΟΝΠΙΑΚΩΝ Ι Η

&yycλoν �ι, βροτάιι �mλη8ον βνίηι · Πφmjι ιcήτοι h-+wν Έpu8paU, wαρά wόντιιι, ιcol αύ ιcΔτηρήνιfΔS Έρulρcιίων yίνοι ' Ινδίίν. 300 Kτciw a. Δηριcίδην, ώι cιcτΔwι Ίνδόν Όρόντιιν, ιcήτcοι .tνcιλ&οιο ιcΔΙCώτcpον · 4χνuμiνην ιών Π.ρnύι 'λνδρομiδην, αύ a. pwo μc{tονι νίιctι mιcpci �ομΜιν Uύcων ύwο wύμcιcnν 'Ινδών Πcιρ8Μw �·· 6trwι Ινcι ιcώμον βνό+w 305 Γορyο+όνfιt Πcρσήι ιcol ' Ινδο+όνfιt Διονύcπιt. » ·ns .ιm:w wcιλίνορσοι it; νόσrησc μcλόlριιι άCρΟι ��. Βρομίοu Ccινηδόιcοι. E&crcιfwν δC +8cyyoμ.iνou βcιcnλήοs �TCpwCTO ιcίντοpι μύβιιι Ιuρcrομcινή ι Διόνucrοs, ICcucx•ύtrι a. ιcυδοφιf 310 oUacn tcλyoμivoιcn μ68ον WΔΤρt;ον 4ιcούων ιcol Κρονιδην wίιccσσc , ιcol �ι.λc μc&tΟΥΔ νUcην � τριτότην, διδύμην μcτβ +Uλοmν ' Ινδίίν, tήλον Ιχων ΚρcΜδcιο. ..ρίcmονδον a. ιccιλiσvοι, ούρcινk»u ιcήpuιcot 4w6cmoρoν, ιtιcιλον Δupcιιs , 3 1 5 Ί+Ιίμηι σο+ον uto, +'λιιι trpocmτύ&Δτo ιιύβιιι . •

320

··n mcoι ·ερμόωνοt, φcκ ιr+λwιμiνc ιcηpuC, τούτο μολών &yycιλον βyήνορι Δηρuιδίjι · " ιcοίροw, νόc+ μόχηι � δCχνuοο δώρcι λυcUou, � ΒρομU, wτολCμιt• ιcol lασcΔι lσos Όρόντu ". » Etwc, ιcol Wιcum&λos 4.0 x8ovOs .ι, χlόνa βcιινων 'H\nJν �m ntΔν aτcφιrιτΟv �YUC ιcήpuC,

199 � [cν p.c.] ι 11 304 πιιρθt...ον ι• : -νος ι 11 «ατcρόcσσιιν F1 : .iατρά.σσιn ι 11 301 μύβω : μ ex 6 corr. ιι 11 31S προιτιmJξιιτο Falkenburg : προπτ- ι 11 311 �- ι : �wσc ιudwich.

56

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345

CHANT XVI I I

l e sceptre d e son pere a 18 m8in • . Cepend8nt l e dieu, sur son ch8r d'or, portant la gr8ppe, fruit bienfaίs8nt de 18 vend8nge, chemine en mille detours de cite en cite ; il emplit toute la terre 8ssyrienne de son raisin et prodigue aux paysans le cep florissant de la vigne • . Tandis que, du cδte de l'8ile flamboyante de l'orien­ tal Euros, Bacchos fait la toumee du sol syrien, voyageant sur son char vineux, le destin s'abat sur Staphylos • . Dans son palais, les esclaves dechirent leur tunique sur leur poitrine ; les servantes se lamen­ tent ; leurs seins s'empourprent sous les coups de leurs mains ; en plaintes infinίes, les femmes griffent d'un ongle endeuίlle les pommettes de leurs joues • . Finalement, Dionysos, rebroussant chemin sur son char couvert de grappes, penetre d8ns le palais de Botrys, conservant le souvenίr de l'affectueuse table de Staphylos • . Et, lorsqu'il νoit le vίs8ge defait de Pίthos, ίnstruit par son silence eloquent1, ίl pressent de luί-meme le sort de son cher Staphylos. 11 appelle Methe et luί pose ces questίons : « Dίs-moί, femme, quel malheur 8 altere ta beauιe ? Je te νοίs bleme, tοί que j'aί laίssee rayonnante. Quί a ternί ta dίvίne splendeur ? Tu ne brίlles plus de ce feu naturel quί empourpraίt tes joues couleur de vin • . Et tοί, vieίllard, ne me cache rίen, pourquoί verses-tu ces larmes ? Quί, homme au menιon touffu, a rase ton epaίsse barbe ? Quί a souίlle tes cheνeux bl8ncs ? Quί a dechίre ta tunίque • ? Ει ιοί, rejeton de Methe, mere amίe du νίn, ιοί, fils de mon Staphy­ los, pourquoί ce crAne tondu ? Quel dίeu jaloux 8 detruίι ιοη ondoyanιe chevelure ? Tes boucles folles

1 . Le theme du silence qui en dit long se retrouve aux ν. 359364 . 11 reparalt dans un contexte different (pantomime) en 19, 210.

ΔΙΟΝΊ'ΣΙΑΚΩΝ IH

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cnήί""ρον Ιχιιιν �ροι. ·ο δC χρυcΝων ni δί+ρων βότρuν άaρτcίtιιιν +ρcνοτφήcι ιccιpm)ν /mώρηι wocroί wολυyνόμ'ΙΠ'cκcnν Δw' δατ•οι 6ατ.cι βcιίνwν 325 'λσσuρίην χ8όνο. wicrcιν Cήι iwληcNY lmώρηι, Δyρονόιιcκι όρCyων στα+uληιcόμον &νΙοι Δλwήι . "Ο+ρcι μCν Δντολucοίο wcιρό 'ΙΠ'φ)ν cιt8οιrοι Εϋροu +οιτcιλ-, Σύρον οδδcιι �Ρ"Υ olνow' δι+fΜιι, τό+ρcι δC ιccιί Στα+ύλcιι μόροι lxpcιcν. Έν δC ιωλ6.8ιχιι 330 διι*ι Δwρρήεcιντο ιccιτcί στCρνοιο Χ'τώνcι, Δμ+ίwολοι δ' Δλ6.λιι1ον . ι+οινίοσοντο δC �οί τu'ΙΠ'όμcνοι wcιλcψncn · wολuβρήνwν δC yuνcιιιcών nνιcιλ«ο,ι lwύx.σcn χcιρόσσnο ιcύιcλcι wpoσώwou. ·� δC δι\ wcιλίνορσοι ι,.στcι+ύλιιιν ι., δί+ρwν 335 νοσrήσcιι Δι.όνuσοι ιδύαcιτο Βότρuοι cιύλήν, μνfιστ'ν lχιιιν Στα+ύλοιο +ιλοστόρyοιο τρcιήtηι · ιccιί Πιβον ώι ινόηac ιccιτηwιόωντcι wpocrώwν, wότμον ιου Στcι+ύλοιο cro+ij μcινπύσο.το cnn cιύτόμcιτοι · ιccιλίcnιι δC Μ.ιην ιε.φ.το μύtctt · 340 « ει.c, yύνcu, τί wcι8oϋcrcι τ.ην ήλλΩεcιο μορ+ήν ; λύχμηρήν όρόω n, ιccιί Δστρi&'ΙΠ'οucrcιν icίcnrcιι. τιι nόν ισc.n ιccίλλοι Uέσ+cιτον ; Ούιc.n ....,, �ι+ιτον οινωήcn ιrcιpηίcn 'lrOf+ifMOY .Uρ. Κcιί σύ, y.ρον, μή ιcpύ'ΙΠ'., wό8.ν τά& δcίιcρucι x•ύ.Lt ; 345 τιι τcψ.ν, •ύρuy�, τ•όν wώyιιινcι ιcομήτην; Υίι wολ,ήν '6crxuw; Υίι lαxWN CNio Χ'τώνcι ; Κcιί crύ, +ιλcιιcρήτοιο Μ.ιηι βλάcπημcι nιcούσηι, nιcνον ιμοϋ Στcι+ύλοιο, wόι.ν λcίχ•ι &τριχcι ιcόρσην ; τιι +'όνοι ήμcίλδuw τ"ιν Q,ιcώδ.cι χcιίτην;

313 bρτ«ζων LWP•1 : bρrηλών LP 11 33! ι!Uσιχτο F1 : i6Uσ- L 11 ιχuλ�ν Fl : -λijς L 11 337 χιχτηπι6ωντιχ nos, post χιχτηφι- Keydell, cl. 37, 701 : χιχτηπι6ωντι L 11 343 lμφuτον Wernicke Graefe : cGφ- L 11 οlνωπijσι [ο ex π ut uid.) L 11 344 χιUcις L : λc(δcις τiedkeι• 11 345 ante τc/ιν 3 litι. ras. habeι L 11 346 fol. 72•.

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CHANT XVIII

ne couvrent plus la blancheur de tes epaules ; elles n'exhalent plus les senteurs de la myrrhe de Tyr. f:vanouis les transports bacchiques, ton visage ne rayonne plus de l'eclat rose de tes joues. Pourquoi porter ces v�tements souilles d'un flot de poussiere ? 355 ου sont, dis-moi, ces v�tements royaux qu'offre la mer tyrienne ? Je ne te reconnais plus, tant ton visage est altere • . ου s'en est alle Staphylos, le porte-sceptre, que je sache • ! Parle ! Qui, en une heure, une seule, a enleve ton pere ? Je connais ton malheur, m�me si tu 360 veux le cacher1 : je n'ai besoin d'aucune parole de toi, car tes yeux proclament d'eux-m�mes ton chagrin muet. Je connais ton malheur, m�me si tu veux le cacher : tes larmes denoncent tes souffrances ; ta tunique maculee hurle le sort de mon Staphylos • . 365 Helas ! un destin jaloux a ravi mon espoir : je pensais qu'apres la guerre contre l' Indien, je leverais dans mes mains, en compagnie du roi Staphylos, la torche vesperale des noces, tandis que se conclurait l'hymenee de Botrys, mon compagnon d'armes • . • 350

I . La pudeur de Botrys qui refuιe de repondre aux questions de Dionyιos rappelle le mutisme d'Admete lorsque Heracles l'inteπo­ ge sur le malheur qui frappe sa maison : cf. Notice, p. 40-4 1 .

ΔΙΟΝΠΙΑΚΩΝ IH

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350 Ού wλόιtcιμοι wροχυ8ίντeι ι.• Qρyu+Nν cΝι.ν Αμων όwλcιcοι Τuρίοιο μύρου wCμwoucnν όυτμήν · ούιcm βα.ιcχcυβίντοι ό+' ύμcτCροιο ιccιρήνοu μcιρμcφuyήν ι\οδόcασcaν όιστcύοucn wcιρcιcιί. ΠWι +ορCαι τάδc dwλca χυτiί fwιrόωντca ιcονιτι ; 355 ΠU μοι ΙCιι τuplηs βcacnλήιca ήwλca Ιcιλόσσηs ; Ούιcίτι -yινώαιcω crc μcιρcιινομiνοιο wpoσώwou. ΠU Στό+υλοι cncηwτούχοι όνήλυ8ιν,. 6+ρca νοήσw ; Ειή, τcόν ycνnήρca ns �ρwcισcν is μίον Αρην; Γινώαιcω no 1Ιήμο, ιccιί cι ιcρύwτaν μcνccι{vus · 360 +ωνηs ύμmpηι ού δcύομcιι · caύτόμcιτοι ycίp cnycaλίoν oio wίvlos όwcayyίλλoucnν lmvιrcιι. Γινώαιcω crCσ 1Ιήμο, ιccιί cι ιcρύwτcιν μcνccι&vuι · Mιcρuca σά.s Δδύνcιs μοντcύcτοι, caύcrτcaλeoι δe wότμον ιμοU Στcι+ύλοιο τcοί βοόωcn xιτWcs. 365 Έλw&δο δ' ήμmpην +�όνοι �ρwcισcν · ώισόμην yόρ ' Ινδιίηιν μcτc\ δήpιν δμcι Στcι+ύλcιι βcιcnλήι χcρσ\ν lιcρτ�cιν Ιcιλομηwόλον Wήριον tr\iρ, Βότρυοι όΥΧιιιόχοιο τcλcιομΜιν ύμcνcιίων. »

352 δμnipoLo L1 : �μ- L 11 353 {ιο3όcααιιν Graere : &ο>.δ- L 11 357 iνή>.uθςv L : iπήλ- Koechly 11 post uersum lac. stat. Keydell, iniuria uide adn. 11 363 cιδατσιλiοL f'8 : iατ- L 11 368 «πιμ«χοιο Keydell, cl. 34, 269 : iπψ- L.

Έwωχσιι3cχ«τφ

CΗΛΝΤ ΧΙΧ

Β«ηοc;

ιm

Στσιφίιλοu πσι� τUμ.&ν φιρcι ιφητijρι θuώ3ci ττρπνόν iγώνσι._

NOTICE

Le ch. XIX est etroίtement lίe au precedent, puίsque le dίalogue commence en 1 8, 340, s'acheve en 19, 58. La m�me contίnuίte le relίe au chant suίvant : les vίngt-deux premίers vers du ch. Χ Χ sont une suίte naturelle des jeux et l'ίntronίsatίon de Botrys se sίtue dans le prolongement de la premίere partίe du ch. Χ Ι Χ . Cette cohesίon reste neanmoίns formelle, car Nonnos, selon sa coutume, refuse d'ίnscήre l'actίon dans un cadre realίste. 11 ne se soucίe pas de chronologίe. En prίncίpe, l'ensemble de l'epίsode assyrίen s'artίcule autour de deux nuίts symetήques marquees chacune par un songe 20, 23-100). Maίs quel laps de Dίonysos (18, 154-195 de temps separe-t-ίl ces deux nuίts ? Sί tous les evene­ ments quί suίvent 18, 334, appartίennent de toute evίdence a une seule et m�me • journee t, l'ίncertίtude demeure au sujet de la duree de la tournee de Dίonysos au cours de laquelle meurt Staphylos. Όψc (18, 334) suggere que le dίeu est reste absent plusίeurs jours (mais en 18, 209, le meme adverbe signifie seulement que Methe fait la grasse matinee). En fait, la question est sans objet ; au ch. XXVI aussi, tout se passe comme si la mobilisation de l'armee de Deriade avait lίeu en un seul jour encadre de deux nuits symetriques (25, 568-572 26, 375-378), alors que les herauts doivent parcourir l' Inde entiere pour convoquer les troupes 1. -

-

ι . Cf. ι. 9,

p.

70-7 1 .

62

CHANT X I X

La toumee de Dionysos en Assyrie se situe dans une duree tout aussi abstraite. Ce desinterH pour les realites a une consequence paradoxale. Le ch. Χ Ι Χ est occupe par des jeux fune­ bres ; mais le defunt n'a aucune existence materielle. On n'assiste ni a sa mort ni aux ceremonies de la sepulture. Dionysos s'enquiert du sort de Staphylos en termes angoisses a la fin du ch. XVI I I ; mais, une fois informe par Methe, il n'a plus aucune pensee pour lui. La tombe de Staphylos n'est mentionnee qu'en trois occasions, d' abord pour localiser les jeux (ν. 59), puis deux fois dans la priere que Marόn adresse au mort {ν. 1 7 1 , 195). Dionysos lui-m�me n'y fait aucune allusion : Staphylos a perdu toute existence concrete a partir du moment ού il a trepasse 1• Nous aνons dit que le ch. XVI I I etait constitue d'une succession de courtes parties narratiνes et de tableaux 1• Le ch. Χ ΙΧ est plus statique : il se compose d'un triptyque dont les trois νolets illustrent plusieurs aspects du dionysisme. Le dieu accueille d'abord en Methe une Bacchante ideale qui prefigure sa future epouse, Ariadne (ν. 1 -58) ; il institue ensuite des jeux ού s'affirme la primaute de la musique et de la danse (ν. 59-286) ; ceux-ci se concluent sur une metamorphose inopinee qui rappelle que l'uniνers bacchique est le domaine d'une perpetuelle transformation (ν. 287-348). Apres la metamorphose d'Am. · pe· ιos en νιgne, ο ιonysos ce· ιe· braι·ι le pouνoir redempteur du νin. 11 declarait en particulier : « L'infortune que le sort commun a priνe d'une epouse ou d'une fitle, celui qui Diιιlorw • Mιtw , Dlιιιpιn ι : •· 1_51• •

1 . La m�me remarque vaut pour les funerailles d'Ophelt.es au ch. XXXVII. Bien qu'elles soient directement imit.ees de celles de Patrocle, Nonnos omet tout developpement correspondant au deuil d'Achille et ιί son dialogue avec l'ombre de Patrocle. Le monde de l'outre-tombe ne l'interesse pas. 2. cr. la Notice du ch. XVI II, p. 4-5.

NOτJCE

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porte le deuίl de ses fil8 dέfunts, d'une mere ou d'un pere, n'aura pas plus t.δt gοαιe a la douceur du νίn qu'ίl 8ecouera l'odίeux fardeau de la peίne qui l'ac­ cable• (12, 265-269). Le chant Χ Ι Χ dan8 sa totalite et plus partίculierement 8a premiere partie sont une illus­ tration des paroles du dίeu. En repon8e aux questions que Diony8os a posee8 au fils de Staphylos et a son epouse (18, 340-368), c'e8t Methe qui prend fιnalement la parole, car Botrys s'ob8tine a garder le sίlence (ν. 1-4). Elle prononce deux discours de tonalite tres differente. Dans le premίer, encore en proie au chagτin (ν. 5-1 1 ), elle reclame in8tamment du νίη pour chasser sa peine (ν. 12-16). Cette ten8ion douloureuse s'efface au8sίt11t que Diony­ sos a donne le νίη a Methe et a son fιls (ν. 1 7-22). L'effet miraculeux de la boi880n bacchique se manίfeste dan8 le second discours de la reine (ν. 23-4 1 ) ού le deuil fait place a la ferveur passίonnee d'une future Bacchante.

Premίer dίscours el guerison de Melhe. Au debut de son premier di8cours, Methe exprime 8on de8espoir (ν. 5-1 1 ). Son ton est celui de8 ailina traditionnel8 en l'honneur d'un defunt, caracteri8es par un refrain lancinant 1• Ici aussi, on releνe des repetitions (ν. 6-7) et des νariatίons sur un m�me theme (8-9 10- l l). Nonnos affectionne ce genre de discours pathetique : l'un des meilleurs exemples est l'aίlinon au cours duquel la nature pleure la mort du patre Hymnos (15, 399-422). Cette partie du dίscours s'inspire aussi des lamentations d'Andromaque apres la mort d' Hector (Ω 725-745) ; maίs celle-ci n'a plus de recours, alors que Methe trouνera le reconfort aupres de Dionysos. Dans les νers suiνants (ν. 12-16), elle en appelle a la pitie du dieu dans une priere pressante ού abondent imperatifs et subjonctifs : tout -

1 . cr. notammenι Bion, Chant funebre en l'honneur d'Adonis ; (Moschos], Chanl funtbre en l'honneur de Bion.

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CHANT ΧΙΧ

le passage est plein d'υne ferveυr mystiqυe qυi rappelle le debυt de I'Hymne ά Apollon de Callimaqυe (ν. 1-21}. Le νίη efface sυr-le-champ le deυil de Methe et de Botrys (ν. 17-21}. Ce theme est freqυent dans les Dionysiaques. Alors qυ'Αίόη, le Temps, se desole sυr la triste condition des hommes, Zeυs prophetise l'aνe­ nement dυ dieυ dυ νίη qυi liberera l'hυmanite de ses malheυrs (7, 73-105}. De nombreυx passages mention­ nent le poυνoir consolateυr, gυerisseυr ου redempteυr dυ νίη 1, soυνent appele pharmakon 1 ου qυalifιe de λuσ(πονος 1• Les Grecs donnent iι Dionysos les epicleses de Lysios, Lyaios, Iatros, Sόter, car i1 est le dieυ qυi deliνre et qυi soigne •. Ρουr Homere dejiι, il est le delice des mortels, χ«ρμαι βροτοiσιν (Ξ 325) ; poυr Hesiode (Theog. 941 ; Τrαυ. 614), il est le dispensateυr de joie, πολurη&Jις. GrAce au νίη, le pauνre se sent riche, l'esclaνe libre 6 ; comme le dit Horace (Oιhs, 1 , 18, 1-4}, seυl le νίη permet iι l'homme de s'affranchir des « soucis rongeυrs •· mordaces ... solliciludines. Α la fιn de la Pentbeide de Nonnos, Dionysos, dans sa pitie, νerse la liqυeυr de l 'oubli a toute la famille de Cadmos (46, 356-363). Methe, en reclamant iι boire du νίη, malgre son deuil, manifeste sa foi en Dionysos, contrairement aux personnages refractaires a son culte, comme Orsiboe, la νeuνe d'Orontes, qui refυse jusqu'au bout de faire allegeance au dieu (40, 149-157).

Deuxieme discours de Melhe. Des que la νertυ du νίη a efface le deuil de Methe, elle adresse a son sauνeur un nouνeau discours pour lui temoigner sa gratitude et sa deνotion (ν. 23-41). Elle le salue d'abord (ν. 23-26}

I . Cf. par ex. 1 1 , 98 ; 12, 259-26\ , 369 ; \3, 270 ; 2 1 , 234 ; 25, 369 ; 29, 268 ; 33, 178 ; 42, 359. 2. cr. 7, 56 ; 12, 291 ; 46, 303 , 359. 3. Cf. 17' 82; 25, 283, 369; 47 ' 42, 93. 4. Cf. Οιιο, 120; Detienne, 40-43. 5. Cf. Pind., fr. 124 b Sneii-Miihler; Eur., Bacch. 278-285 ; Pluι., Propoι de table, 7, 10, 716 b-c.

NOτJCE

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comme le dίeu dont 18 soud8ίne epίph8nie 8pport.e 18 gueήson grΔce a une lumίere surn8turelle 1. Dίonysos est en effet, par excellence, le dίeu des appaήtίons, comme Eurίpίde le rappelle constamment dans les Bacchantu 1 : ses allees et venues ίnexplίquees en Assyήe l'ίllustrent suffisamment au ch. XVI I I 1• Pour reprendre une formule de Μ. Detίenne, Dίonysos est, de tous les dίeux, le plus • epidemique • •. Ses • parou­ sieat s'accompagnent d'une subite illumination : ne grAce a la foudre, ίl a en effet l'habίtude de se manifester par le moyen d'une lumίere ou d'un feu surnaturels 6 ; 18 grotte obscure quί 8 abrite 88 prime enf8nce est inondee de clarte • ; un scholί8ste de I 'llίade le presente comme le g8rdien du feu, lcpoρoς τοu πuρός 7•

1. Cf. ν. 23 - 25 �θcς iμο( ... , φLλον φ«ος, et ν. 24 φcι�ς. 2. Cf. J .-Ρ. Vemant, • Le Diony808 masque des Bacchantu d'Euripidet, L'Homme 93, 1985, 39-42. Sur Dionysoιι, dieu deιι epiphanies, cf. Οιιο, 81-92 ; Κ. Kerenyi, Dionyιoι, Λrchelypal lmage ο( lndeιtructible Life, Londres, trad. angl. 1976, 140-141, 200-202. 3. Cf. la Notice du ch. XVI II, p. 36-39. 4. Paus., 1 , 2, 5, emploie le terme d'ι epidemie• pour parler de la νenue de Dionysos a Athenes a l'epoque d 'Jcarios. Le terme de ι parousie• a un sens analogue ; cf. Diod. Sic., 4, 3, 3. Voir Detienne, 14. 5. Ses epicleses rappellent qu'il est ne du feu : Diod. Sic., 4, 5 πupLyτνής ; [Opp.], Cyn. 4, 287 πuρ(mιις ; Hymnu orph. 45, 1 ; 52, 2 πupLcntopoς. D'autres signiflent qu'il se manifeste par le feu : Eumolpos, dans Diod. Sic., 1 , 1 1 πuρωπδς ; llymne• orph. 52, 3 πuρ(πνοος, 9 1ΝpLφιπής ; Nonnos emploie les epithetes de πuρ(­ δρομος, πuρLσθcνής, πupLτριφ-1)ς, πuρδιις. 6. Cf. 9, 101-106, et la note ad loc. Selon les Delphiens, la grotte de Corycos dans le Parnasse paraissait se recouνrir d'or a certaines epoques : Antigonos de Carystos, 127 {141). Sur une amphore a flgures noires de Paris (Cab. Med. 219), on νοίt, sur les genoux de Zeus, un petit Dionysos tenant deux torches ; l'inscription ΔΙΟΣ ΦΟΣ, ι lumiere de Zeus •. joue sur le nom de Diosphos, un eromene souνent celebre par les peintres de νases attiques a la fln du νι• s. aν. J .-C. : cf. C. Gaιιparri, dans Lu. lcon. Myth. Clαιι. 3 {1986), •· Dionysos, no 704. 7. Schol. a Ξ 396 Erbse.

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CHANT X I X

Apres cette salutation, Methe proclame son amour pour lui et ce n'est pas un hasard si elle reprend les termes dont Andromaque s'etait serνie dans son celebre adieu a Hector au ch. V I de I' lliade (Ζ 407-439, et surtout 429-430). Comme Hector pour Andromaque, Dionysos tient lieu pour Methe de toute sa famille. Sa ferνeur amoureuse transparait dans l'exaltation du discours ού une expression comme ΙσπομαιL ... χαιι ctς τcον οlχον ιχ«.νω (ν. 30) eνoque le consentement de la jeune epousee. Methe associe sans cesse l'epoux mort et le dieu νiνant qui deνient son nouνel epoux 1• Ce trait rappelle la Mte des Anthesteries a Athenes, ού la Basilinna, epouse de l 'archonte-roi, s'unissait en grand mystere au dieu, lors de sa • parousie • annuelle 1. Ainsi Methe deνient l'amante mystique de Dionysos qui, comme le Christ, νient aupres d'elle en fiance. Cette ambiguίte entre l'amour et la foi eνoque les accents passionnes des mystiques chretiennes 1. Comme les Menades νenues d'Asie qui accompagnent le dieu dans les Bacchanles •, Methe est pr�te iι tout quitter pour suiνre Dionysos. Elle renonce iι ses prero­ gatiνes de reine et souhaite se fondre dans la troupe anonyme des Bassarides (ν. 31). De fait, il ne sera plus question d'elle apres le ν. 1 26 du chant ΧΧ. Elle accep­ terait m�me d'�tre separee de son fils (ν. 28-29). Ce renoncement peut faire songer a celui que le Christ exige de ses apόtres qui doiνent quitter leur famille et leur metier pour le suiνre 1. En realite, elle η ' eνoque un instant cette separation que pour montrer jusqu'oiι νa son attachement au dieu ; mais, quelques νers plus

ι. cι 19, 8- ι ι , 34-35. 2. Cf. Dem., C. Niere, 73 ; Aristote, Conιl. Ath. 3, 5 ; Hesych., ι. Διονόαοu -y«μος ; L. Deubner, Λttiιche Feιte, 100- 1 1 0 ; Ρ. Carlier, La royauti en Grece avanl Aluandre, 1984, 331-335. 3. Cf. par exemple S. Jerόme, Corr., Leιιre XXII, 26. 4. Eur., Bacch. 55-71 , 412-413. 5. Cf. Malthieu, 4, 18-22; Marc, I, 20 ; Jean, I, 35-51 ; Luc, 5, 1 1 .

ΝΟτΙCΕ

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loin, elle souhaitera que son fils re�oive l'initiatίon et partίcipe 8 la guerre des Indes (ν. 36-39). Methe et Botrys sont en effet l'ίncamatίon mortelle du couple mere-fils quί tίent tant de place dans la religίon bacchίque 1 et dont la forme la plus achevee est constίtuee par le couple Semele-Dίonysos. La mere et le fils etaient adores conjointement dans de nom­ breux temples en Grece 1 ; en :ι;; lide, c'est un couple de meme nature qui passaίt pour avoίr instίtue le culte de Dionysos 8• Comme toutes les Bacchantes, Methe est d'abord une mere. Certaines Menades en extase allaitent meme les animaux sauvages • ; au contraire, la femme qui refuse le culte du dieu devient folle et tue ses propres enfants : c'est le cas d'Agave ou d'Aura qui representent l'image inversee de la Bacchante ideale 6• Methe acheve son discours en sollicitant la faveur d'etre ίnitiee aux mysteres bacchiques ainsi que son fils et son servίteur• : ν. 36-4 1 . L'ίnίtίatίon permet en effet de faire partie integrante du cortege bacchique. Les inities sont delivres de leurs peines pendant toute la duree de leur vie et, ultime recompense, ils accedent

Ι . Cf. Οιιο, 71-80; Detienne, 105, n. 45 (avec bibliographie). 2. Lors des Leneennes attiques, le nom de Semele est associe 8 celui de Dionysos : schol. a Aristoph., Grtn. 479 ; Deubner, 125-126. Α Thebes, le temple de Dionysos Lysios possedait deux statues cultuelles, celles du dieu et de sa mere : Paus., 9, 16, 6. Dans la Villa des Mysteres a Pompei, Semele est flguree a cόte de Dionysos : cf. Ρ. Boyance, • Dionysos et Semele •. Rend. Ponti(. Λccad. Λrch. 38, 1965-1966, 79-104. 3. Paus., 5, 16, 6-7. Le culte de Dionysos a ete institue par Physcoa et \e flls qu'elle a eu de son union avec le dieu. 4. Sur l'instinct matemel des Menades, cf. Οιtο, 186. 5. Detienne, 31 -35. Cf. l'acces de folie qui s'empare des femmes de Nysa par la faute de Lycurgue : 21 , 107-1 17. 6. La religion dionysiaque est en effet destinee β tous, m�me aux esclaves. Ceux-ci etaient admis, par exemple, aux ceremonies des Anthesteries et dans les processions des Dionysies des champs : Aristoph., Λch. 242-262 ; schol. 8 Hes., Trav. 366 Gaisford ; Deubner, 95 (n. 1), 135.

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CHANT X I X

ensuite θ la νίe etemelle 1• Ce ιheme de l'immortalite, sous-jacenι dans les paroles de Methe, sera explicite dans la reponse de Dionysos. On notera que, selon l'usage, l'initiation esι presentee comme un enseigne­ menι : on lit θ deux repήses le νerbe &Μσχω ou un terme de la m�me famille (ν. 36, 41). Methe desire faire partie de I 'elite de ceux qui saνent 1.

Reponse de Dionysos. Dionysos lui repond en exau­ ςant ses νreux : il la met sur le m�me plan que trois grandes diνinites (ν. 44-50), l'accueille dans son cortege comme echanson (ν. 51 -52) et confere finalement une sorte d'immortalite θ tous les membres de sa famille (ν. 53-56). De nombreuses femmes ont obtenu l'apotheose grAce θ Dionysos. C'est le cas d'abord de sa mere Semele qui νίt dans I'Olympe sous le nom de Thyόne. Selon certaines traditions, Dίonysos etait descendu aux Enfers pour la conduire dans le cίel 8 ; chez Nonnos, son assomption se produίt au moment m�me οίι eHe meurt en accouchant • et Semele se νante souνent dans Je poeme de J'emporter sur ses sreurs ou sur Jes autres amantes de Zeus1. D'autres femmes ont beneficie d'honneurs similaίres. La Bacchante Ambroisίe brίllera au ciel apres aνοίr contribue par sa mort iι la defaite de Lycurgue (21, 295-298). ι;; rigone deνίendra Ja cons-

I . Cf. la be\le priere des Bacchantes au debuι de \a pαrodoι de la piece d'Euripide : Bacch. 71 -87 ώ μάο:ρ, � c\ι&ι(μω"l πλιτdις θιώΙΙ cι3ώς I β'οτdιΙΙ &yuπcUcι I χο:ι e�αιUιτιι' Φuχ'"· I χτλ. 2. Les religions ίι mysιeres reservenι \e bonheur aux seu\s iniιies : cf. Pind., rr. 137 Sne\1-Mah\er, pour les Mysteres dΊ�;ιeusis. Pour la religion dionysiaque, cr. Β. Hau880ulier, Reo. tt. Gr. 32, 1919, 256-257, ίι propos d 'Alcmeonis, pr�ιresse des Bacchanιes mί\esίennes, qυί esι dίte χο:λώΙΙ μoipcr. muπaψCvιj, tquί saiι!maίnte­ Π&Πι] \a desιίnee reservee 8UX bOΠSt. 3. Cf. Apollod., Bibl. 3, 5, 3 ; ΡΙυι., Quul. gr. 12 293 d-f. Dionysos avaiι gagne les Enrers par le lac de Leme ου ίι Trezene : Paus., 2, 3 1 , 2 ; 2, 37, 5. 4. Cf. la note ίι 9, 206 (ι. 4, ρ. 1 18-1 19). 5. Cf. par ex. le discours de 8emele en 9, 206-242. ,

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tellaιion de la Vierge, de m�me que 80ο pere lcaήos eι 80ο chien obtieodront d'�tre traosport.es au ciel (47, 246-255). La plus illusιre de toutes esι Aήadoe que Diooysos epouse apres 80ο abaodon par Thesee : 8 sa mort, 80ο oouvel epoux (ou les dieux) place sa couroooe dans le ciel 1 eι Zeus lui octroie immortalite eι perpe­ tuelle jeunesse 1• Diooy80s commence par comparer Methe 8 trois deesses. Son propos se conforme au schema d'une apotheose imperiale ού la personne divioisee esι iden­ tifiee, parfois des 80n vivaot, 8 des divinites dej8 existaotes 1• Le rapprochemeoι avec Aphrodite est le plus oaturel. Le vin et l'amour 80ot constammeoι 8880Cies dans la litterature eι dans la vie. En outre, la poesie erotique et le romao ont coutume de comparer 8 Aphrodite l'heroine dont οο veuι louer la beaute •. Mais ici, ce n'est pas un simple complimenι galaoι que Diooy80s adresse 8 Methe. Le dieu entretieot eo effet d'etroites relatioos avec Aphrodite eι � ros 1. Dans les Dίonysίaques, Aphrodite est en regle generale l'alliee de Diony80s •. Α Argos, son temple etait proche de celui du dieu 7• Les Hymnu orphίque• la presentenι

I . Cf. Aratos, 71-73; Callim., fr. I 10, 59-60 Pf. ; Ap. Rh., 3, 1001-1004 (eι la note de F. Vian, C.U.F., ι. 2, p. 140-141) ; Properce, 3, 17, 7-8 (Ariadne portee au ciel par les lynx de Bacchuι) ; Ovide, Mit. 8, 177-IS'l; Fa.teι, 3, 510-514. Pour Nonnoι, voir les paιιages citeι dans la note a I , 202 (ι. I , p. 148). 2. Hes., rheog. 947-949. 3. Cf. par exemple t Trajan Neos Dionysos• ou • Hadrien Zeus Kynegesioa . (sur ce demier, cf. L. Robert, Documenl• d'Λaie Mineure, 1 987 [1978], 137-138). 4. Ce genre de comparaison esι frequenι, en particulier dans le roman grec : cf. Chariton, I, I , 2 ; I , 14, I ; 2, 2, 6 ; et en general la note de Κοιι, a Musee, 33. M�me image chez Nonnos : 3, 1 1 9 ; 7, 232; 16, 135; 34, 1 1 9 ; etc. Dionysos a deja νant.e la btaute de Methe en 18, 340 88. 5. Cf. Οιtο, 185, 190-192. 6. Cf. ι. 9, Noιice du ch. XXIX, p. 205, n. I ; et les notes a 25, 169-170, eι 29, 78-86 (p. 249 eι 336). 7. Pauι., 2, 23, 7.

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comme une paredre de Dionysos 1 et, selon certaines traditions, elle s'unit a lui pour mettre au monde les Charites ou Priape 1. On νοίt enfln tres souνent des Amours νoleter autour du dieu dans les corteges bacchi­ ques 8• Dionysos presente Methe comme une hypostase d'Aphrodite (ν. 44 Q:γλοι63ωρc μnιί χρuσijν 'Αφρο3(την) et, a ce titre, la νeuνe de Staphylos preflgure Ariadne qui a d'etroites afflnites aνec la deesse : a Delos, c'est Ariadne qui paββait pour en aνoir apporte la statue de Crete ; a Amathonte, dans l'tle de Chypre, la deesse el1e-m�me portait comme epiclese le nom d'Ariadne •. Ainsi, grAce a cette comparaison, Nonnos eνoque l'essence de la femme bacchique qui se realise dans la joie et l'amour et dont Ariadne fournira le portrait le plus accompli νers la fin du poeme. L'association entre Methe et Nike (ν. 49) surprend daνantage. Assurement, Nike n'est pas absente des scenes erotiques et elle peut symboliser le triomphe de la passion •. En fait, son nom semble aνoir ete suscite d'abord par une association d'idees. Dionysos νenait de rapprocher la couronne, attribut d'Aphrodite, de celle que portent les conνiνes au festin (couronne de Methέ). 11 etait assez naturel de prolonger la compa­ raison en faisant mention des couronnes que Nike decerne apres une νictoire militaire ou pacifique •. Mais Nonnos, souνent si baνard, sait parfois se contenter d'une allusion : son lecteur n'a pas oublie que Dionysos a deja remporte deux νictoires en eniνrant ses ennemis

I . Hymneι orph . 46, 3 ; 55, 7. 2. Serνius, iιι Virg., En. I, 720; cf. Diod. Sic., 4, 6. 3. Cf. Lez. /con. Mylh. Clιus. 3 (1986), ι. Eros, noo 851-905, notamment noo 875, 885. 4. cr. ΡΙuι., τhuu, 20, 7 ; οιιο, 192. 5. Nike, enνironnee par les Amours, peut symboliser la νictoire de l'homme sur la femme : Deubner, 101. En 5, 108, Nike assiste aux noces de Cadmos et d'Harmonie ; mais c'esι parce que Cadmos esι l'artisan de la νictoire de Zeus. 6. Au ν. 262, c'esι Amour qui couronne Dionysos vainqueur.

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(ch. X IV-XV, XVI I). Α cet egard aussi, Methe merite de le disputer a Nike. La mention d' Hebe en troisieme lieu s'imposait. Elle sert a annoncer la fonction que Dionysos assigne dore­ navant 8 Methe. Hebe est l'echanson des dieux 8 qui elle sert le nectar et l'ambroisie 1• Elle fait partie du cortege d'Aphrodite aux cόtes des GrAces et d'Amour1 et symbolise m�me parfois la vigne et l'ivresse 1. Methe est a son image, puisqu'elle va devenir l'echanson (οινοχόος) qui verse aux hommes ce terrestre nectar qu'est le vin •. Le vers consacre a Hebe forme transition avec la deuxieme partie du discours dans laquelle Dionysos annonce θ Methe la destinee future de la famille de Staphylos 6• La vigne (ampelos) etait nee aux ch. Χ Ι­ Χ Ι Ι de la metamorphose d'un Satyre homonyme, eromene de Dionysos. Staphylos et les siens ne subiront pas de metamorphose ; mais leurs noms designeront desormais la grappe (Staphylos), le raisin (Botrys), l'ivresse (Methe), θ quoi il faut ajouter la jarre, qui recevra apres la guerre des Indes le nom de Pithos, le serviteur de Staphylos 8• Ces αίlία sont apparemment une invention de Nonnos qui s'est amuse θ respecter, dans une certaine mesure, le rapport des generations dans cette fantaisie allegorique : la grappe, στιχφuλή, est I . Δ 2-3 ; Lucien, Dίal. dίeu:z, 5, 2 ; Serνius, ίι Virg., �n. I , 28. Chez Nonnos, Hebe est en concurrence aνec Ganymede comme echanson des dieux : eιaι de \a question dans \a note θ 27, 249 (ι. 9, p. 306). 2. Η. hom. Λp. 1 95 ; Horace, Odeι, I , 30, 7. 3. Hesych., ι. Ή611, note que le nom peuι equiνaloir ιί bοΝω(σι et ιί 4μ->.οι;. Cf. aussi schol. ιί Aristoph., Gulpu, 855. 4. Nonnos repete souνent que le νίη est le nectar de \a terre ; νoir notamment touι le ch. X l l , et en particulier les ν. 38-40, 103-1 13, 142-153, ΊΟ7 ss. 5. Les deux parties du discours ont ιί peu pres \a m�me \ongueur : 7 et 8 νers. 11 Caut tenir compte de l'existence d'une lacune (d'un νers ?) au ν. 45. 6. cι. ΊΟ, 127-143. Ce Pithos est diCferenι de celui qui meurt en 30, 138.

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dite • porte-raisins t, φcρc&τρuς. Ces jeux etymologiques ont aussi une signification profonde : lorsque Methe boit, elle s'incorpore le dieu ; mais celui-ci a son tour incorpore Staphylos, Botrys et Methe. On aboutit ainsi a une osmose parfaite enιre le dieu et ses fideles, ce qui est le propre du culte orgiaque 1• Cette fusion mystique de la famille de Staphylos en Dionysos explique pourquoi elle disparait comple­ tement dans la suite du recit. Elle est encore au complet a cόte de Dionysos quand celui-ci se remet en route {20, 120-1 43) ; mais il n'en sera plus question desormais, car elle s'est trouνee absorbee par le dieu comme l'aνait ete auparaνant Ampelos. Les deux epreuνes proposees par Dionysos sont un concours poeti­ '· JJ-116. que (ν. 59-1 1 7) et un concours de pantomime {ν. 1 18-286). Elles sont exposees selon le meme schema ι et les diνers elements narratifs. se repondent symetriquement. Mais Nonnos introduit dans le recit des νariations pour eνiter de \asser \e lecteur. Pour νarier sa narration, ίΙ deνeloppe plus longtemps la partie consacree a la pantomime. La presentation des prix du concours de poesie est sobre {ν. 61 -64), tandis que les deux crateres, prix de \a pantomime, donnent Iieu a un long deνeloppement sur l'origine de ces chefs-d'reuνre et sur les νins qu'ils contiennent Ln )σα ι-ιn. :

Ι . Au ch. Xll, Dionysos obtient par ses larmes que la vie soiι rendue iι Ampelos sous l'aspecι de la vigne ; mais en m�me temps, il s'incorpore le vin ne de son amoureux, comme il le dit dans le discours qu'il adresse iι Ampelos apres sa metamorphose : cf. ν. 249-250 • grAce θ sa douce boisson, c'est vraimenι Ampelos ιουι entier que je porte dans mon creurt, 270-271 • Ampelos, m�me apres ιa mort, tu mets la joie au creur de Bacchos : je veux m�ler ta boisson θ tous mes membres t. 2. Voir le Sommaire du chanι, p. 1 13.

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(ν. 1 1 8-135). Le discours d'exhortation aux poetes (ν. 66-68) esι bref, sans fιoritures et rappelle les discours d'Achille dans les Jeux funebres de ι· Ilίadt ; au contraire, dans l'autre discours (ν. 138-157), Dionysos souligne avec complaisance l'originalite des jeux qu'il organise en l'honneur de Staphylos. Nonnos presente aussi sous un jour differenι la preparation des concurrents dans les deux epreuνes. Α νaηι \e premier concours, e rechthee et Oiagros accordent leur \yre et executent aνec leurs doigts des exercices preliminaires (ν. 69-79). Ceι entralnement est decrit aνec serieux et minutie ; les details techniques y trouvent place. Dans le deuxieme concours, l'atten­ tion du lecteur se porte sur le seul Maron (ν. 1 58-1 68) qui esι alleche par le bouqueι du νίη vieux eι teste ses capacites dans l'espoir que \'Age ne \'a pas priνe de son agiιϊte. Le ton esι alors celui de la comedie. En outre, pour rompre la monotonie que pourrait engendrer \e reciι de quatre epreuνes artistiques, Nonnos bAtit sa narration sur un chiasme. e rechthee est νaincu malgre un chanι rapporte au style indirect (δτι) en dix-sept νers (ν. 80-96) ; son riνa\, qui inter­ νient en second lieu, triomphe grAce θ un seul distique cite au style direcι (ν. 104-105). Inνersement, c'esι \e premier concurrenι, Marόn, qui triomphe en executanι une pantomime decrite en νίηgι νers seulement (ν. 1 99218), tandis que \a prestation de Si\ene, detaillee en soixante-deux νers (ν. 225-286), s'acheνe sur sa defaite et sa metamorphose. Le theme traditionnel de \a reaction des spectateurs esι traite aνec le meme souci de diνersite. Pendanι le premier concours, il se presente sous sa forme attendue (ν. 97-99, 106- 1 1 7). Mais il n'en est plus question dans le deuxieme concours. La ou on attendrait une reaction enthousiaste des spectateurs, on decouνre les regards admiratifs ... que Marόn lui-meme lance au cratere d'or rempli de νin νieux (ν. 21 9-224) : la notation est inattendue et produit un effet comique. En ce qui concerne son riνal, le public n'admire que sa metamor-

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phose apre8 88 defaite (ν. 346-348), mai8 non la pantomime eι le8 acrobatie8 qu'il θ executee8 aupa­ raνanι. Le dί8cours de Marόn aux ν. 169- 197 con8tίtue un autre traiι remarquable dan8 le reciι. Alors que le8 chanteurs gardenι le 8ilence aνanι l'epreuνe, c'e8t le pantomime mueι qui 8e montre baνard. Au milieu d'un chanι long de 348 νers, son discours occupe une place centrale qui en faiι re88ortir l'importance : Marόn y expo8e 88 philo8ophie de la joie bacchique qui ιriomphe de la morι, me88age implicite qui 8e degage de la toιaliιe du chanι. Pour des jeux funebres, le mo­ dele qui s'impose aussitόt a un poete comme a 800 lecteur esι le ch. Χ Χ Ι Ι Ι de 1'/liade. Nonnos a consacre deux chant8 a des jeux funebres. Au ch. XXXV I I , il transpose l'episode homerique aνec une grande fidelite : il ne modifie que sur quelques details la nature eι l'ordre des epreuνes 1• Au ch. Χ Ι Χ , au contraire, il innoνe resolumenι en ne retenanι que des epreuνes artistiques. Son originaliιe esι d'auιanι mieux mise en eνidence qu 'il garde le cadre formel du reciι homerique eι parfois certaines expressions 1. Le narrateur annonce d'abord la nature de l'epreuνe eι les prix offerts ; puis l'organi­ sateur prononce un discours d'exhortation plus ou moins deνeloppe ού il fixe les regles de la competition. Chez Homere, ces discours sonι bAtis selon un schema uniforme donι Nonnos s'inspire pour l'epreuνe musi­ cale : le discours de Dionysos esι bref eι se bome a preciser quels prix receνronι le νainqueur eι le νaincu. Dans la seconde epreuνe, le dieu parle plus longue-

I . L'ordre des epreuνes esι le m�me : course de chars, pugilaι, Ιuιιe, course 8 pied, disque, tir 8 \'arc, lancemenι du javeloι. Seule manque la monomachie qui prend place chez Homere apres la course 8 pied (Ψ 798-825). 2. Pour le detail, voir les notes.

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ment ; il conserve les elements traditionnels de ce genre d'exhortation ; mais il marque surtout en quoi les jeux bacchiques different des autres. On reνiendra sur ce point. Apres le discours, les concurrents se leνent comme chez Homere. Α la difference de son modele, Nonnos les montre occupes a s'entrainer aνant l'epreuνe ι. ι;; νentuellement, un tirage au sort determine leur ordre de passage 1. Apres l'epreuνe, νainqueur et νaincu se separent, animes par des sentiments contraires. La petite scene qui conclut le concours musical s'inspire librement d' Homere qui aime eνoquer les reactions des concurrents et du public 1. La seconde epreuνe s'ache­ νe d'une fac.;on tres differente. Les recompenses offertes sont un taureau, un bouc et des crateres. Homere connait des prix analogues. Conformement a l'usage, Nonnos ne manque pas de faire une ecphrasis des deux crateres et d'en rappeler l'histoire (ν. 1 1 8-135). Mais ces similitudes ne sont qu'un trompe-l'reil, comme ση νa le νoir. Le discours de Marόn {ν. 169-1 97) n'a pas de parallele chez Homere. Neanmoins Nonnos a emprunte quelques elements au ch. X X I I I de I' lliade. La priere de Marδn a I'Ame de Staphylos rappelle la courte supplique qu'Uiysse adresse a Athena pour obtenir la νictoire a la course (Ψ 770) ; inνersement, Silene, faute d'aνoir implore le dέfunt, est νaincu, de m�me que Teucros manque le but pour n'aνoir pas inνoque Apollon (Ψ

863-864).

I . Cf. ν. 73-79, 165-166. Nonnos utilise ici des modeles post­ homeriques : cf. les notes ad loc. On peut neanmoins rapprocher de ces passages la description des deux concurrents qui s'equipent pour le pugilat en Ψ 683-685. 2. Cf. ν. 80 (concours musical) et, chez Homere, Ψ 352-357 (course de chars), 861 -862 (tir 8 l'arc). 3. cr. ν. t 12-1 1 7, ι\ rapprocher de ψ 51 t-513, 694-699, 847849, eι surtouι 782-784 (desespoir d'Ajax apres son echec), 797 (joie du vainqueur en receνanι son prix).

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Ces diνerses reminiscences autorisent Nonnos a se demarquer explicitement de la tradition epique. Dionysos celebre longuement \Όriginalite de ses jeux dans son discours (ν. 1 43-157). 11 commence par mon­ trer qu'il ne propose pas les prix habituels (ν. 1 43-1 46), ce qui est νrai en depit des apparences : l'association du bouc et du taureau (ν. 61), ignoree d' Homere, est typiquement dionysiaque 1 ; si Achille offre des crateres en prix, ceux de Dionysos νalent moins parce qu'ils sont en or ou en argent que par le νίn qu'ils contien­ nent. Ensuite Dionysos enumere pour les ecarter cinq des huit epreuνes qui se deroulent au ch. Χ Χ Ι Ι Ι de 1'/liade : le disque, la course a pied, le lancer du jaνelot, la lutte, la course de chars (ν. 147-153)1• Celle-ci est l'epreuνe reine des jeux de l'epopee : elle ouνre la serie des concours dans les jeux en l'honneur de Patrocle comme au ch. XXXV I I des Dionysiaques ; elle la clόt en d'autres circonstances 1. C'est ici pour des raisons ι . Le t.aureau eι le bouc sonι const.ammenι associes θ Dionysos : cf. Οιιο, ι 74-178. lls constituenι le premier et le troisieme prix du concours de dithyrambe ι\ Athenes selon la schol. ι\ Platon, Rίpubl. 3, 394 c ; cf. Α. Seνeryns, Recherchu ιur la Chrutomalhie de Procloι, ι , 1 (ι938), 26ι-277. Le bouc est egalemenι le prix de la tragedie θ laquel\e il a donne son nom ; plus tard, il sera donne au νainqueur de competitions bucoliques : cf. par ex. Theocr., 1 , 4-6. Dionysos se manifeste souνenι sous l'aspect d'un taureau : par ex. Eur., Bacch. 101 7 ; Plut., Quut. gr. 36, 299 b. 11 peuι aussi deνenir bouc ου cheνreau : c'est sous cette forme qu 'il echappe θ Typhon (Oνide, Μίt. 5, 329 ; Αηι. Lib., 28, 3) ου θ sa marAtre Hera (Apollod., Bibl. 3, 4, 3 ; Nonnos, 14, 154-158). 2. 11 omeι le tir θ l'arc, le pugilaι eι l'hoplomachie. Le pre­ mier feraiι double emploi aνec le lancer de jaνelot ; le second s'est combine apres Homere θ la lutte dans l'epreuνe du pancrace ; quanι θ l'hoplomachie, il s'agit chez Homere d'une surνiνance archaίque bientόt tombee en desuetude : cf. F. Vian, Recherchu sur leι Poιthomerica de Quintuι de Smyrne, ι959, 38 (et η. 2). 3. La course de chars esι la derniere epreuve dans les jeux en l'honneur d'Amaryncee (Ψ 634-642) ; el\e clόt, aνec la course de cheνaux montes, les jeux en l'honneur d'Achille selon Quintus de Smyme (ch. IV). Sur cette question de l'ordre des epreuνes, cf. Vian, ibid. 35-38.

NOYICE

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rhetorίques que Nonnos la mentίonne en demίer lίeu. 11 est naturel qu'ίl finίsse par l'epreuνe la plus pres­ tίgίeuse et ίl en utίlίsera le νocabulaίre pour definίr l'epreuνe de danse qu'ίl propose a sa place (ν. 153157) 1• Cette transposίtίon de termes se manίfeste en d'autres occasίons. Musίcίens et danseurs sont consί­ deres comme des « athletes• : ν. 64, 73 &;(c}θλ1Jτijρ{c)c;, 138 &;cθλ&UσcL. Les premίers sont assίmίles a des aurίges : ν. 74 φορμ(nων iλαtτijρcc;. Aίnsi, tout en reconnaίssant sa dette νίs-8-νίs d'Homere, Nonnos affiche sa νolonte de rίνaliser aνec son maitre, comme ίl en manifeste l'ίntentίon dans les preludes des ch. Ι et XXV 1. Les Grecs dίstinguaίent les concours hίppίques, athletiques et musicaux. Ces derniers compor­ taίent de nombreuses έpreuνes : solos ίnstrumentaux, chant choral, danse et, plus tard, pantomίme. Α partίr de l'epoque hellenistίque, ίls ont connu un grand essor aux depens des autres categorίes de concours. Au debut du ιι• siecle aν. J .-C., les prίncipales cίtes grecques aνaίent leurs concours musίcaux 1. Α l'epoque impe­ rίale, ils conserνent la faνeur du public, comme le prouνent les Ludί Capίtolίnί qui reservaient une place de choίx aux epreuνes artistίques • et la νogue des concours pythiques (Pythίa) de Carthage a I'Asie Mίneure. L'interdictίon des concours sacres a la fin du ιvο siecle ne fait pas disparaitre les representations qui se poursuiνent encore au νι• sίecle 6• Sans aucun doute, 6) l..n CtllleOWI --..χ.

Ι . Voir l'usage metaphoήque fait de Wσσοι et de βοιλιϊι3cς au ν. 154. 2. cr. ι. 1. p. 7-10; ι. 9, p. 1 1 , 26. 3. Cf. F. Chamoux, La civilisalion hellenislique, 1981, 364. 371. 4. Sur ces jeux, cf. Suet., Domil. 4. lls furent celebres jusqu'au ιv• aiecle. 5. Procope de Gesaree accablera de ses sarcasmes l'ancienne acιrice Theodora, deνenue imperaιrice : cf. Anecd. 9 s . , 15 s.

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CHANT Χ Ι Χ

Nonnos s'inspire au ch. Χ ΙΧ de spectacles cont.em­ porains ού se produisaient des solist.es professionnels, l'amateurίsme ayant disparu depuis longtemps. Si les epreuves musicales sont absent.es des jeux homeriques, elles ont eu tres tόt leur place dans les ceremonies funeraires : Hesiode a remporte un prix de poesie lors des funerailles d'Amphidamas a Chalcis ; Plutarque mentionne une epreuve analogue dans les jeux en l'honneur de Pelias 1• Plus tard, les fune­ railles des hauts personnages a Rome ont comporte des eloges, des threnes accompagnes de la flut.e 1 et des danses ι ; a la mort de cesar. des act.eurs ont decla­ me des tirades tragiques celebres t ; les funerailles de Vespasίen ont donne lieu a des concours de chants et a des exhibitions de mimes qui imitaient les habitudes et les tics du defunt •. Dans le domaine litteraire, Quintus de Smyrne introduit un concours d'eloquence dans ses jeux en l 'honneur d'Achille {4, 1 18-180). Pour les funerailles de Staphylos, le roi bacchant, Dionysos organise naturellement des jeux typiquement bacchiques. Autant et peut-�tre plus encore qu'Apol­ lon, Dionysos est le dieu de la « musique • au sens grec du t.erme. Α Naxos, il est nomme Μοuσσtyiτης ; ailleurs, il port.e les epicleses de Μι:λπόμcwς et de Χορι:ίος •. Selon Nonnos {8, 13-33), il danse deja dans le ventre de sa mere. D'une maniere generale, il provoque chez tous ceux qu'ίl rencontre le desir de chanter et de danser.

1 . Hea., Τrαυ. 654-662 ; Plut., Propoι de lable, 5, 2, 675 a . 2. Polybe, 6, 53-54 ; Cic., Mil. 33 et 86; De leg. 2, 62. 3. Cf. ci-de88oua, p. 99, n. 6. 4. Suetone, Ceιar, 84. 5. Suetone, Veιp. 19. 6. Paus., 1, 2, 5 ; 1 , 31 , 6 ; Pluι., Propoι de lable, 5, 6, 680 b ; gr. Kruse, dana Reai-Enc. 15, 1 (1931), ι. Melpomenoa. Certaines Menadea portent des noma de danseuses, comme Choreia dont le tombeau se trouve ιi Argoa (Paua., 2, 20, 4) ου Callichore et Stesichore (Nonnos, 14, 22 1 , 226).

ΝΟτΙCΕ

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C'est surtout a Athenes que les affinites entre Dionysos et les arts • musicaux • se sont affirmees avec le plus de clarte et c'est sans doute la raison pour laquelle Dionysos qualifie de χώμοι; &ττιχόι; (ν . 66) le concours poetique qu'il organise. L'expression surprend au premier abord. Si le cόmos fait partie des principales fetes dionysiaques en Attique 1, il s'agit d'un defite camavalesque accompagne de danses debridees et d'echanges de lazzi. Quand il accueille des concours dotes de prix, notamment aux Dionysies des champs, ceux-ci n'ont rien de commun avec la joute poetique du ch. Χ ΙΧ. Mais Nonnos ne devait avoir qu'une idee vague des festivites de l'epoque classique : i1 sait seulement que celles-ci comportaient divers concours • poetiques ι (dithyrambe, tragedie, comedie) et que les prix qui recompensaient les vainqueurs etaient le taureau et le bouc, les deux animaux dionysiaques par excellence 1. Cela suffisait pour l'autoriser a qualifier le concours de χώμοι; &ττιχόι; 1.

L'Odyssee connait deja un spec­ tacle • musicalι. Chez les Pheaciens, Alkinoos organise des jeux qui comportent la recitation par Demodocos d'un chant sur les amours d'Ares et d'Aphrodite ainsi que des danses executees par de jeunes Pheaciens (θ 235385). Mais il s'agit d'un simple divertissement : il n'y a pas competition et aucun prix n'est distribue. La joute entre les deux chanteurs de Nonnos rappelle davantage les concours de dithyrambe, voire les compe­ titions entre chanteurs bucoliques •.

u cοιι:_-;1; �/,_, :

I . Not.amment Jes Dionysies des champs, Jes Leneennes et les Dionysies urbaines, mais aussi Ja fHe des Choes et les Oschophories : cf. Deubner, 99-100, 133, 136, 140, 145-146. 2. Cf. ci-dessus p. 76, n. I . 3 . Άττιχ� ne se retrouve qu'en 44, 272, ού i l sert a rappeler que Philome\e et Procne sont originaires d'Attique. 4. Sur Je dithyrambe, cf. Proc\os, Chrtιlomalhίt, 48-52, et Je comment.aire d'A. Severyns, o.c. (p. 76, n. Ι), I , 2 (1938),

80

CHANT ΧΙΧ

Les protagonist.es sonι deux hommes, par opposiLion aux Sίlenes semi-divins qui s'affront.eronι dans la panLomime. Oiagros, chef du conLingenι Lhrace, esι l'epoux morLel de la Muse Calliope eι le pere d'Or­ phee 1• Εη dehors du ch. Χ I Χ, ί1 ne reparaiι que pendanι la baιaille devanι I'Hydaspe ού ί1 se comport.e avec vaillance 1. Sa presence aupres de Dionysos s'explique sans peine : Diodore de Sicίle rapportaiι deja que son pere avaiι eιe l'allie du dieu conιre Lycurgue eι que Dionysos l'avaiι iniLie a ses mysιeres (3, 65, 6). f;rechLhee commande le conLingenι aιhenien ; il esι le descendanι du premier f; rechιhee, ne de la semence d'HephaisLos, qu'on nomme plus souvenι f; richLho­ nios ι. 11 int.ervienι a plusieurs reprises dans le poeme ; on le reLrouve en parLiculier dans les jeux funebres du ch. XXXV I I ού ί1 remporιe la course de chars (37, 453-469). Ce sera la revanche de la defait.e qu'ίl subίι ιcι. l.

Le chanl d'Erechlhee : Demeler el Keleos (υ. 80-99).

f; rechιhee etabliι un parallele enιre la visiιe de Demeιer chez Keleos eι celle de Dionysos chez Sta­ phylos •. Le sujeι qu'il choisiι pour son chanι etaiι

133-134, 1 50- 1 69 Voir en outre Jeanmaire, 228-241 ; eι \es commodes mises au poinι d' Α. Priνitera, Λltnt t Roma, 3, 1958, 1-25; Culturα t ιcuolα, 43, 1972, 56-66 (aνec bibliographie). Pour \es concours bucolique8, cr. les ιdylltι v, vι, v11ι eι ιχ de Theocrite ; ίΙ y a Lirage au sorι comme dans notre Lexte dans ιd. 8, 30. I . 13, 428-431 . 2 . 22, 1 68 88 ; i l reparatι en 24, 92 , dans un episode lie aussi au passage de \'Hydaιpe. 3. Sur �rechthee, cr. 13, 171-200, aνec les notes ad loc., aίn8ί que les noteι 8 27, 1 10-1 1 7, 317-323 (ι. 9, p. 297-299, 312). 4. La structure du passage apparatι maintenanι aνec clarte grAce 8 la belle conjecture de Peek, &ilrάge, 23-24, qui corrige au ν. 83 χσι! en ώι; (faute due iι une me\ecture d'abreνiation}.Tout le deνeloppement sΌrganise iι l'interieur de la correlation ώι;(ο6τω (ν. 83, 91). .

NOτtCE

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celebre depuis I'Hymne homerίque ά Dtmeler. Α l'epoque imperiale, l'histoire de Keleos et de sa famille etait deνenue, selon Menandre le Rheteur, un motif oblige de l'eloge d'Athenes ; selon Lucien, elle etait aussi un theme de pantomime 1• Nonnos suit la νulgate qui fait de Triptoleme le fils du couple Keleos-Metanire ; il ignore au contraire Demophon, figure centrale de l'hymne homerique 1. Α la difference de l'hymne, Keleos ne semble plus �tre le roi d' :ι;; leusis (dont le nom n'est m�me pas mentionne), mais un simple habitant d'Athenes (ν. 82), peut-�tre un paysan tel qu 'il est presente dans diνerses epi­ grammes8. Il se comporte en hόte accueillant• et Demeter reconnaissante lui fait don du ble dont son fils Triptoleme propagera le grain a traνers toute la terre 1. Nonnos ajoute qu'a la mort de Keleos Demeter apaise le deuil de son epouse et de son fils « par des paroles qui mettent un baume dans les creurs •, θιλξ(φpονι μόθι,> (ν. 87-90). L'episode n'est atteste que chez Nonnos•. Le poete a pu l'imaginer pour parfaire le parallele aνec la νisite de Dionysos chez Staphylos ;

I . Menandre le Rbeteur, I , 338 Spengel (p. 1 7 Russell­ Wilson) ; Lucien, Danιe, 40. Cf. Chuvin, 50, η. 15. 2. Triptoleme Πls de Keleos : cf. les textes cites dans la note ιΙ 27, 285-286 (t. 9, p. 308). 3. Voir les epigrammes citees par Chuvin, l.c. La situation de Keleos est ambigue. Dans le catalogue, la cville de Keleos• {13, 185) est clairement distincte d' � leusis (13, 188), bien que les habitants d' � leusis soient presentes comme les descendants de Triptoleme, Πls de Keleos {13, 190-192). 4. Cf. encore 47, 99 ξcιvoMxou Kcλcoio. 5. La tradition est largement repandue : cf. J. Richardson, The Homeric Hymn to Demeter, 1974, 1 94-196 {note au ν. 153). Chez Nonnos, cf. encore 13, 1 90- 1 92 ; 27, 285; 47, 45-55. 6. La mort de Keleos est mentionnee d'une maniere toute differente dans un recit tardif place sous l'autorite de Philochoros (328 F 104 c Jacoby) : Keleos y est presente comme un usurpateur qui s'est empare du trόne du roi ι;;ιeusis ; le Πls de celui-ci le tue ιΙ son tour, puis monte sur le trόne de son pere.

82

CHANT X I X

mais i l peut aussi conserver une tradition locale. Bien que le texte soit volontairement allusif, ίΙ ne fait pas de doute que Demeter reconforte ses hόtes apres la mort de Keleos en leur enseignant ses mysteres, de meme que Dionysos initie a son propre culte Methe et son fιls. On ignore les raisons de la mort de Keleos ; mais il est seduisant de supposer que celle-ci est en rapport avec le don du ble qui lui aura ete fatal comme l'a ete celui du vin pour Staphylos. Icarios, dont il sera question au ch. XLVII, connaitra un sort analogue : ce paysan de I' Attique donnera l'hospitalite a Dionysos qui le recompensera en lui faisant don de la vigne ; celle-ci causera sa mort, mais Icarios connaitra en defιnitive la beatitude, puisqu 'il benefιciera d 'une apotheose sous forme de catasterisme 1. La legende de Keleos doit etre bAtie sur le meme schema que celles de Staphylos et d'lcarios. Le chant d' f;rechthee permet a Nonnos d'etablir une comparaison entre Demeter et Dionysos, entre le ble et la vigne. Les deux divinites sont couramment associees, au moins depuis le ν• s. av. J .-C., sous l'influence de la philosophie ionienne qui voyait en elles les deux principes du sec et de l'humide, composantes fondamentales du corps humain et de l'univers 1. Ce sont egalement elles qui ont permis a l'humanite de sortir de l'etat sauvage en lui apportant le ble moulu et le vin bien melange, symboles de la civilisation 8. Elles sont souvent evoquees conjointement dans la

I . 47, 34-264. Le rapprochemenι entre Keleos eι lcarios se trouve chez Apollod. , Bibl. 3, 14, 7 ; Λnth. Pal. 15, 1 1 , 9 ; cr. aussi Nonnos, 27, 283-286. 2. Cf. en particulier Eur., Bacch. 274-285 ; Prodicos, 84 Β 5 Diels-Kranz ; schol. 8 Aratos, 1 068 ; et les abondants commen­ taires de Ε. R. Dodds et de J. Roux au passage des Bacchanlu. 3. Cf. Detienne, 59-60.

NOτtCE

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litterature 1 et leurs cultes sont associes en divers endroits 1. έrechthee se bome θ mettre sur le meme plan l'action des deux divinites. Dans le reste du poeme, celles-ci apparaissent plutόt comme rivales. Au ch. V I I , quand Zeus annonce θ Αίόη qu'il va parachever son reuvre civilisatrice, Η lui predit la naissance d'un dieu qui apportera aux hommes un present plus precieύx que celui de Demeter 1. Au ch. Χ Ι Ι , apres la metamor­ phose d'Ampelos en vigne, Dionysos lui-meme deman­ de ironiquement pardon a Demeter d'avoir invente le vin, bien superieur au ble, puisqu'il est a la fois boisson et nourriture •. Au ch. XL V I I , quand Dionysos offre le vin a Icarios, il lui promet de l'emporter en gloire sur Keleos et sur Triptoleme s'il accepte le present 1. Au ch. X XV I I , Demeter se range dans le camp d'Hera (ν. 337-341) et sa fιlle manifestera θ plusieurs reprises son hostilite a Dionysos, de meme que son fιls, Zagreus, le premier Dionysos, est souvent oppose au fιls de Semele1. Cet antagonisme ne disparaitra qu'a la fιn du poeme et il est remarquable que c'est a Athenes, dans la patrie d'έrechthee, que s'effectue la reconci-

1 . Cf. par ex. Pind., lιlhm. 7, 3-4 (sur le sens discute de 7Μρc3ρος, cf. Β. Moreux, Rtυ. Jtι. Gr. 83, 1970, 1-14, et les reserves d'A. Privit.era dans son ediιion commentee de 1982) ; Soph., Λnl. 1 1 15-1 1 25 ; Moschion, 97 F 6 Nauck1/Radι, 23-29 ; Varron, Dt rt ruιl. 1 , 1 , 5 ; Virg., Buc. 5, 79; Georg. 1 , 7. 2. Sur I'Acrocorinιhe : R. S. Sιroud, Huptria, 37, 1968, 326 (n. 31), 329 ; ίι Pyraia, pres de Sicyone : Paus., 2, 1 1 , 3 ; ίι Lerne : Paus., 2, 37, 1 ; en ltalie Meridionale : F. Chamoux, La ciυiliιation htlliniιliqut, 1981 , 4 1 7 ; en Cilicie (cult.e commun de Dionysos Callicarpos eι de Demeter Carpophoros) : Kem, dans Rtal-Enc. 4, 2 (1901), 2747, § 38. 3. 7, 73-105. Dionysos esι presente comme le e rival de Demet.erι, iνnποιλοι; Δήμητρ\ (ν. 88), une expression ιiree d'Eur., Bacch., 278-279 iνnποιλον δ Σ.μiλ"Ιjς -yόνος I βότρuος όΎρδν πώμ' "Ιjδρι. 4. 12, 210-2 1 2 ; cf. aussi 254 ss. 5. 47, 45-55 ; cf. 99-103. 6. Cf. ι. 3, Noιice du ch. Vl ; ι. 9, p. 313, not.e ίι 27, 337-341 ; eι F. Vian, Rtυ. Jtt. Gr. 101 , 1988, 279.

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CHANT XIX

liation ou mieux la fusion entre les deux (ou plutόt les trois) Dionysos et, par consequent, la nouvelle alliance entre les divinites du ble et du vin. 2. Le chanl d'Oίagros : (υ. 100-117) .

Hyakίnlhos

el

Slaphylos

f: rechthee I'Athenien s'etait refere a Demeter. Oiagros se refere tout naturellement a Apollon, puis­ qu'il est l'epoux d'une Muse et que son fιls Orphee passait pour avoir eu le dieu comme pere naturel 1• Apollon suscite a son tour la mention de son eromene favori, Hyakinthos, qu'il tua accidentellement et dont ίΙ perpetua le souvenir en le metamorphosant en «jacinthe • 1• Nonnos se plait a rappeler cette legende qui est ici tout a fait en situation : si Staphylos n'est pas a proprement parler un eromene du dieu, son sort dans les Dίonysίaques s'apparente cependant a celui de tous ces adolescents aimes des dieux qui perissent prematurement. Hyakinthos est un Lacedemonien et sa mort etait commemoree chaque annee pres de Sparte a Amyclees, lors de la fete des Hyakinthies 3• Des gar�ons y chantaient le dieu sur un ton aigu (μ.cτ' όξtος τόνου) en s'accompagnant de la cithare•. Non sans humour, le prolixe Nonnos remplace ici ce chant par un simple distique, une de ces epigrammes dont il aime parsemer son poeme 5• C'est pour lui l'occasion de ...

I . Cf. ν. 101 eι la noιe ad lοι:. 2. Hyakinιhos chez Nonnos : cf. la note ιi 3, 153-163 (ι. 2, p. 140), et ι. 4, p. 72-74, 91 (n. 2). 11 fauι rappeler pour memoire que la neur nee de l'adolescenι n'est sans douιe pas noιre jacin­ the. 3. Sur les Hyakinιhies, cf. 8echan, Danιe, 1 18 ; Μ. Nilsson, Griech. Feιte, 1906 (reimpr. 1957), 129-140. 4. Cf. Polycrates, Lαcδnicα, cite par Aιhenee, 4, 139e. Comparer le qualificatif de λι-y\ιμuθοc; que Nonnos applique ιi \a νοίχ d'Oiagros (ν. 103). 5. Sur cette quesιion, cf. Ρ. Collart, • Nonnos epigramma­ tistet, Rev. Phil. 37, 1913, 133-142.

ΝΟτΙCΕ

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celebrer le proverbial • laconisme . des habitants de Sparte 1• L'epigramme vaut aussitόt la victoire a son auteur. Celle-ci revenait de droit au pere d'Orphee et au favori d'Apollon ; mais elle se justifie surtout si on compare les prestations des deux concurrents. Erechthee s'etait bome a rappeler les consolations que Dionysos avait apportees a la famille de Staphylos dans son deuil. Oiagros proclame au contraire la • resurrection • du mort, ce qui amene l'auditoire a saluer cette annonce par des • paroles pieuses •• cuιρήμοι.ς mέcααιν (ν. 107). Bien plus, le distique etablit a mots couverts la supe­ riorite de Dionysos sur Apollon. Celui-ci n'a fait que cιredonner la vie • a Hyakinthos (&νcζώγρηαcν), alors que Dionysos conferera l'immortalite (&cι ζώοντοι τcλ&ααcι). La nuance est perceptible, surtout si le lecteur a en memoire d'autres syncriseis plus developpees qui don­ nent explicitement l'aνantage aux resurrections diony­ siaques 1. l'attestent Platon et l'element mimetique a toujours ete important dans la danse grecque, au theAtre et ailleurs 8• On rapporte qu'Eschyle excellait a enseigner a ses choreutes les mouvements mimiques qui devaient accompagner leurs evolutions 4• Mais la pantomime comme genre indepen­ dant est nee beaucoup plus tard. L'opinion selon laquelle elle aurait ete creee a Rome en 22 av. J C Comme

u�7�: Aristote,

·

.-

.

1 . Sur ce \aconisme, qui esι plus callimacheen que laconien, cf. la note au ν. 103. 2. Voir notammenι le ch. X l l ού la Moire Atropos, puis Dionysos lui-m�me montrent combien le sort d'Ampelos change en νigne esι plus glorieux et plus enνiable que celui d'Hyakin­ thos : ν. 1 54-160, 166, 224-225, 245-250. 3. Platon, Lοίι, 7, 816 a ; Aristote, ΡιΚt. 1447 a 26-28. Cf. Emmanuel, 324 ; Sechan, Danae, 52; Wϋsι, 839-842, §§ 8-9 ; Κ. Korus, ιThe Origins of Greek Pantomime•, Εοι, 67, 1979, 45-54. 4. Aristocles, cite par Athenee, 1 , 22 a.

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CHANT XIX

par deux danseurs nommes Bathyllos et Pylade est cer­ tainement erronee 1• D'apres les inscriptions et les textes, elle est en fait un genre d'oήgine grecque apparu vers le debut du premier siecle av. J .-C. ου m�me a la fin du ιι• siecle 1. Elle a fini par supplanter completement la danse, comme le montre le traite de Lucien Sur la danse, ού les mots danse et pantomime sont synonymes 1. Sa vogue a ete grande a Rome comme dans I'Orient hellenise pendant toute l'epoque imperiale •. Le genre a prospere particulierement a Alexandrie, au point que certains savants ont pense que ι·ι;:gypte avait ete sa patrie d'origineδ. Malgre son succes populaire, il fallut attendre long­ temps avant qu'elle ne fύt integree dans les concours officiels : d'apres le temoignage de Lucien, on la jugeait trop triviale. Elle a bien figure au programme de jeux organises a Naples a l'epoque d'Auguste ; mais le cas est reste isole •. L. Robert, en se fondant sur les inscriptions et sur le traite de Lucien qu'il considere comme un pamphlet dirige contre les adversaires de la pantomime, pense que les premiers concours officiels ont ete institues vers 160 ap. J.-C. ιΊ l'epoque de Marc Aurele et de Commode. En tout cas, au temps de Nonnos, ces concours etaient chose courante et les

I . Athenee, I , 20 d-e ; cf. Wϋst, 834, § 2 ; 842, § 10. 2. cr. L. Robert, ' Pantomimen im griechischen Orienι t, Hermeι, 65, 1930, 106-1 2Ί ; id . Rev. Phil. 32, 1958, 52, η. I ; Weinreich, 1 1 -4 1 . 3. Lucien, Danιe, 67, et pa11ίm. 4. Sur cette vogue, cf. L. Robert, Hermu, 1930, 1 18-12Ί; Lawler, 138-144; C. Ρ. Jones, Cullure and Sικiely in Lucian, 1986, 69-75. 5. Η. Bier, De ιallatione panlomimorum, Diss. Bonn, 1917 (1920); cf. L. Robert, Hermu, l.c. 1 1 0 ; Weinreich, 34. 6. cr. L. Robert, ibid. 1 19-120; R. Μ. Geer, •The Greek Games aι Naplest, Tranι. Amer. Phil. Λιι. 66, 1935, 208-2ΊΙ ; Lawler, 142-144. ,

NOτJCE

87

concurrents y recevaient des prix au meme titre que les athletes ι . Nonnos mentionne la pantomime a plusieurs repri­ ses 1 ; mais c'est au ch. Χ Ι Χ qu'on en trouve la description la plus precise. Pour composer ce deve­ loppement, il ne disposait sans doute que de rares sources Htteraires. Le Banquel de Xenophon et les Melamorphoses d'Apulee evoquent des pantomimes ; mais Η s'agit de simples divertissements donnes lors d'un banquet, ce ne sont pas des exhibitions de pro­ fessionnels et surtout ces auteurs ne donnent pas de details techniques 1. D'autres textes fournissent plus de precisions • ; mais ίΙ est vraisemblable que le poete s'est surtout inspire de spectacles auxquels il a assiste per­ sonnellement. Son developpement comporte de nom­ breuses expressions obscures dans lesquelles il est difficile de faire la part entre la periphrase alambiquee et le renseignement concret. On ne doit pas cependant chercher a y decouvήr des indications techniques precises, comme a tente de le faire G. Prudhommeau : Η . Jeanmaire note avec raison qu'on ne peut plaquer anachroniquement les techniques de la danse moderne sur la reaHte antique δ.

I . L. Robert, ίbίd. 1 22 ; Weinreich, 45-96. G. d'lppolito, ι Draconzio, Nonno e gli idromimit, Λlene e Roma 7, 1962, 1-14, monιre l'int.ereι de Nonnos pour le mime aquaιique, un spectacle en faveur iι son epoque ; voir aussi, dans le m�me sens, les remarques de G. Chretien, ι. 4, p. 70. 2. Cf. 5, 104-107 (exhibition de la Muse Polymnie aux noces d'Harmonie) ; 7, 1 7-21 (la pantomime avanι l'apparition du vin) ; 30, 108-125 (le pantomime Phlogios, fils de Sιrophios au nom parlant, qui avait l'habitude de jouer la mort de Phaethon). 3. Xen., Banquel, 9, 2-7 ; Apulee, Mil. 10, 29-34. 4. Notamment Plutarque, Lucien et Athenee qui seront cit.es ci-dessous. 5. Jeanmaire, 293.

88

CHANT

1. Prologue du concours :

υ.

XIX

118-168.

Le concours proprement dit est precede de longs preliminaires. Nonnos s'attarde d'abord iι decrire les deux crateres offerts aux concurrents (ν. 1 18-135) ; puis Dionysos prononce un discours de νingt νers qui contraste aνec l'inνitation en trois νers precedant l'epreuνe de chant. Manifestement, le concours de pantomime est l'epreuνe dionysiaque par excellence, celle qui s'oppose radicalement aux jeux traditionnels de l'epopee. Comme on l'a νu plus haut1, c'est dans ce discours que Nonnos, par le truchement de Dionysos, proclame son originalite par rapport iι ses predecesseurs en ce qui concerne aussi bien la nature des competitions que celle des prix offerts (ν. 138- 153). Il definit en outre aνec une grande precision les regles de la pantomime : on reνiendra plus loin sur cet important passage (ν. 153-1 57) 1• Les deux concurrents se presentent alors : il s'agit de Marόn et de Silene, ou plutόt d'un Silene (ν. 1581 68). Alors que le premier concours mettait aux prises deux heros etrangers iι la sphere dionysiaque, ce sont ici deux etres semi-diνins et sectateurs du dieu qui s'affrontent, ce qui confirme la specificite et la dignite de l'epreuνe. Marόn, fils du Silene primordial ne de la Terre (14, 99), apparait en diνerses circonstances dans le poeme, si du moins le nom de Marόn ne recouνre pas plusieurs figures 3. Son riνal porte seulement le

I . Cf. ci-dessus p. 70-77. 2. Cf. ci-dessous p. 95-96. Grace a une composition cyclique du discours, les regles de la pantomime sont deja esquissees aux ν. 138-139 et 141-142. 3. Presentation d'ensemble du Marόn de Nonnos : ι. 4, p. 77-78. Ce Silene Marόn est un avatar du Marόn homerique qui a offert a Ulysse un vin dont la qualite est restee proverbiale : cf. la note θ I , 37 (t. I , p. 136}.

ΝΟτΙCΕ

89

nom generique de Silene et demeure en fait anonyme 1. 11 est en tout cas distinct du pere de Maron puisqu'il est plus jeune que son riνal (ν. 176-177). La presentation des deux concurrents donne l'occa­ sion d'une petite scene de comedie : Marόn lorgne aνec enνie le νin νieux du cratere d'or et, non sans inquietude, met ses forces a l 'epreuνe pour saνoir s'il sera capable de conquerir le prix. 2. Discours de Marόn :

v.

169-197.

Cet amusant tableau introduit le discours qu'il adresse au defunt pour obtenir sa faνeur. Le discours est d'abord une supplique : cf. ν. 167 μcι.λLξαιτο φωνjj ; mais Marόn en profιte pour faire une profession de foi et formuler les regles de la νίe dionysiaque : refus de s'abandonner au chagrin et au deuil, νolonte de cultiνer (a joίe a tout prίx. 11 se fait aίnsί l'ίnterprete, SUΓ UD ton enjoue, de la • philosophie • qui se degageait aνec plus de graνite de la premiere scene (ν. 1-58). Α la fιn du chant, il reprendra la parole (ν. 303-345) : ce sera pour se concilier de nouνeau la bienνeillance d'un disparu - le Silene metamorphose en riνiere - et pour exposer une seconde fois sa conception de la νie. Ainsi le discours des ν. 169-197 constitue la cle de νούte du chant entier, situee a egale distance des scenes initiale eι fιnale 1. 11 est lui-m�me saνamment construit en quatre par­ ties de longueur a peu pres egale ού altement les pro­ fessions de foi hedonistes (Α : ν. 169-174 = 6 νers ; Α' : ν. 1 8 1 b-188 = 7 νers) et les prieres (Β : ν . 175-181" = 7 νers ; Β' : ν. 189- 197 = 9 νers).

Ι . Sur \eι Sil�neι eι \eι Saιyres chez Nonnos, cf. la noιe ίι 10, 148-168 (ι. 4, p. 139 s.). 2. On peuι consid�rer dans ceιιe perspecιive que \e chanι ΧΙΧ comporιe cinq partieι dispos�s symetήquemenι par rapport au diιcours de Marόn. Nous en donnons les longueurs respecιives : δ8 - 1 10 - 29 - 106 - 45.

90

CHANT ΧΙΧ

Au debut (ν. 169-174), Marδn se reclame d'emblee de Dίonysos • quί ne connait pas le deuίl•, &.�ιο. 11 deνeloppe l'idee en utilisant t.our iι t.our les termes designant les larmes ou la douleur et ceux qui signifient le rίre ou la joie. Selon la technique de la composition annulaire, le deuxieme hemistiche du ν. 174 repete aνec une νarίation purement formelle celui du premier νers du morceau. Apres s'etre justifie d'offrir iι Staphylos une danse en guise d'offrande funebre (ν. 1 7 1 ), Marόn se fait sup­ pliant (ν. 1 75-1818). Malgre un caractere plus solennel, le t.on est legerement humoristique : alors que Staphy­ los en est reduit a boire l'eau du Lethe, ίl luί demande la faνeur de goύter au νίn νieux et de laisser le νίn nouνeau au • jeune Silene •· qui est en realite lui-m�me fort νieux. Marόn joint une consolation a sa priere : il considere Staphylos comme encore νiνant meme apres sa mort 1• En outre, il souligne complaisamment l'originalite de son offrande : au lieu de sacrifier· au defunt une νictime dont le fumet le rejouirait, il lui dedie une danse en hommage funebre, puisque Staphy­ los preferait deja la danse au festin quand il etaίt νiνant. La derniere partie du discours fera etat d'une autre offrande plus traditionnelle. Dans la troisieme partie (ν. 181 b-188), Marόn reνient au theme de la joie en proclamant d'emblee : ι Je suis a Bacchos ; je ne sers pas Phoibos ••. Apollon est souνent oppose iι Dionysos dans le poeme, parce qu'il est associe iι la tristesse, au deuil inconsι;>lable et au

I. Le m�me theme paradoxal est developpe avec plus d'insistance a propos de la mort d'Ampelos : cf. 12, 1 42-172, 212-228. 11 est frequent dans les epigrammes funeraires : cf. F. Cumont, Rechercheι ιur le ιymboliιme funeraire dn Romainι, 1942 (reimpr. 1 966), 284-285. 2. Dans I 'Ody88ee (ι 196-2 1 1 ), Marδn est un preιre d'Apol1on habitant Ismaros en Thrace. Nonnos faiι peut�tre une allusion discreιe θ ce passage pour marquer son oήginalite par rapport a Homere.

ΝΟτΙCΕ

91

chanι funebre des ailina. Ρουr illυstrer son afflrmation, Marόn cite trois exemples mythologiqυes de deυils celebres. Le premier conceme Atymnios (ν. 1�-1848), υn eromene d'Apollon qυί troυνa la mort en tombant dυ char dυ dieυ 1. L'eνocation de ce cocher malheu­ reυx dont le sort deνait toυcher Marόn, lυi-m�me cocher de Dionysos, appelle natυrellemenι celle de Phaethon qυί peήt Ιυί aυssi en tombant de son char1. L'enumeration s'acheνe sυr la mention d'Hyakinthos, υn autre eromene d'Apollon, qu'Oiagros aνait deja mis en parallele aνec Staphylos dans son chant1. La presence de Phaethon au milieυ de deυx adolescents apolliniens ne doit pas sυrprendre : selon les oppor­ tυnit.es, Apollon est tantόt identique a Helios, tantόt distinct de Ιυί • ; ίΙ est clair qυe Phaethon esι regarde ici comme υne flgure apollinienne. Marόn acheνe son discours par υne noυνelle priere, plυs instante que la precedente (ν. 189-197). 11 com­ mence par flatter le defυnt en imaginant ce qυ 'est sa νίe dans l'au-dela : ου bien il siege aυ cόt.e dυ jυge Minos, ce qυί est υη discret hommage rendυ a son impartialit.e (ν. 189}, ου bien il deambυle dans les praiήes elyseennes (ν. 1 90-191) eι se troυνe par conse­ qυenι aυ nombre des sages et des bienheυreυx. Apres cette caplalio beneuolenliae6, il Ιυί promet de νerser 1 . Sur Aιymnios, cf. la note a 29, 28 (ι. 9, p. 334). 11 esι menιionne 8 plusieurs reprises aux ch. XI-X I I , par opposiιion ίι Ampelos. 2. La legende de Ptιaethon esι longuemenι rapportee au ch. XXXVIII. Pour Ιeιι auιres allusionιι, cf. la note θ 2, 157 (ι. Ι , p . 172). 3. Cf. cί-deΙΙΙΙυιι, p. 84. 4. L'idenιifιcaιion eιιι explicite dans la Theomachie : cf. 36,9 eι 83-96, eι F. Vian, Rtv. ΕΙ. Gr. 101, 1988, 281. Ailleurs, elle esι seulemenι ιιuggeree : cf. 3, 1 56 ; 4, 1 06 (eι la noιe ad loc. ι. 2, p. 1 55) ; elle figure aussi dans le grand developpemenι syncretiste du ch. XL (cf. ν. 401). 5. Leιι ιιarcophageιι, θ l'epoque romaine, represenιenι souvenι ce qu'on pense devoir �ιre la vie du defunι apres sa mort : cf. Cumonι, o.c. (p. 90, n. Ι), 257-258, 291 1111 .

92

CHANT ΧΙΧ

sur son tombeau les premices de son cratere. Ce type d'offrande aux morts est courant 1 ; mais, dans cette scene de comedie, l'offre ne manque pas d'habilete : Marόn espere bien c allechen Staphylos en lui laissant esperer une libation du meilleur des vins s'il lui donne la victoire. 3. Les themes des pantomimes

: υ.

198-262.

Apres son discours, Marόn commence a danser. Nonnos enumere d'abord les themes qu'il ecarte (ν. 206-209). 11 mentionne successivement • la race des τitans •, Cronos, Phanes qui lui est anterieur, « la lignee du Titan Helios contemporaine des origines du monde •, puis, dans une formule recapitulative obscure et peut-etre corrompue, • le foisonnement de la matiere astrale •1• De fait, la pantomime aimait representer des mythes pre-olympiens : la Titanomachie, la lace­ ration de Zagreus par les Titans, Cronos devorant ses enfants, la chute de Phaethon fils d' Helios 8• Le procede de l'enumeration negative a ete utilise polemiquement plus haut, lorsque Dionysos, interprete du poete, a mis en evidence l 'originalite de ses jeux par rapport aux jeux homeriques 4• Mais, dans le cas present, il ne semble pas justifie, sauf si le poete a voulu critiquer des pantomimes • vieillottes • de son temps, ce qui paraίt peu probable. On observera en

1 . Α Athenes, lors de \a f�te des Chytrai, le troisieme jour des Anthesteries, on faisait des libations aux mort.s : Deubner, 93-94, 1 12- 1 1 4 ; Η. W. Parke, Feιlίvals ο( lhe Λ lhenίanι, 1977, 1 16-1 17 (et n. 1 19). Les morts sont des assoiffes qu'il faut abreuver : cf. Esch., Perιeι, 609-610 χο«ι; Ι . &mρ νcχροiσι μ.cιλιχτηρι.cι. 2. Sur l'etab\issement du texte et l'interpretation de ce vers, cf. \a note ad loc. 3. Lucien, Danse, 37 (Cronos, τitanomachie), 39 (τitans et Zagreus), 47 (Zeus et Cronos), 55 (Phaethon), 80 (Cronos devorant ses enfants). 4. Cf. ci-dessus p. 76-77. ..

NOτJCE

93

outre que le catalogue ne fait pas allusion 8 des his­ toires legendaires : ί1 mentionne des genealogies di­ νines, plus ou moins en rapport aνec une cosmogonie. 11 ne se refere donc pas iι proprement parler β des sujets de pantomimes : ί1 resume une theogonie/ cosmogonie d'inspiration orphique (cf. Phanes) 1, en prenant pretexte du grand age de Maron, lui-m�me d'ascendance titanique (ν. 205). Le procede est frequent en poesie : l'auteur enumere d'abord les sujets, trop rebattus ou trop grandiloquents, qu'il ecarte aνant d'aborder son propre sujet. Ici, ce rappel n'est pas un simple artifice litteraire. Notre passage est une νariation abregee du deνeloppement relatif aux tables d'Harmonie (12, 29- 1 17) : ί1 correspond aux deux pre­ mieres tables (12, 43-63), tandis que le sujet retenu par Maron, Ganymede (et Hebe) νersant le nectar, est celui-la m�me qui, sur la troisieme table, annonce la naissance de la νigne (12, 38-40, 103-1 13). Apres cette entree en matiere, le sujet choisi par Marόn est eνoque en neuf νers (ν. 210-218). 11 est d'une grande simplicite : le danseur mime tour 8 tour Ganymede et Hebe νersant le nectar. Ganymede echanson des dieux est un theme familier iι la panto­ mime •, ici tout 8 fait en situation : outre que le vin est l'equiνalent terrestre du nectar, on νient de rappeler qu'au ch. X I I , la naissance de la νigne est symbolisee sur les tables d'Harmonie par Ganymede νersant le nectar8• Marόn lui associe Hebe, la Jeunesse eter­ nelle, qui a exerce parmi les dieux sa fonction avant son arriνee dans l'Olympe. Par la suite, les Dionysia-

I . Phanes est la divinite primordiale selon les Orphiques : cf. 12, 34 et les notes a 9, 1 4 1 , 142, 1 43 (ι. 4, p. 1 12-1 13). Lucien ne le mentionne pas parmi les ligures representees dans les pantomimes. 2. Cf. Amobe, Adu. nat. 7, 33 ; Sid. Apoll., Carm. 23, 286-288. 3. Nonnos fait souvent allusion a Ganymede : cf. la note a 9, 259 {t. 4, p. 147 8.).

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CHANT XIX

quea laissent entendre que Ganymede a eu la preference des dieux, bien que Hebe ait garde ses prerogatiνes 1• Silene replique a Marόn en mimant le concours qui 8 oppose Dionysos a Aήstee 8U sujet des meήtes respec­ tifs du νin et de l'hydromel (ν. 225-262). 1 1 s'8git d'un recit insere a l'inteήeur d'un 8Utre recit, procede f8milier 8u rom8n et deja utilise d8ns IΌdyBBee. Nonnos 8ime ces recits emboites les uns d8ns les 8utres : 8U ch. Χ Ι , l'histoire de Calamos et de C8rpos (ν. 369-481) νient interrompre celle de la metamorphose d'Ampelos ; d8ns notre ch8nt, Marόn rapporter8 a son tour 18 joute musicale qui 8 mis aux prises Apollon et Marsyas quand il s'adressera a Silene 8pres la def8ite de celui-ci (ν. 316-329). La Jegende choisie par Silene a ete deja r8contee, presque dans les m�mes termes, au ch. Χ Ι Ι Ι (ν . 253274) pour expliquer pourquoi Aήstee, apres son echec, ne s'etait joint qu'a contre-creur a J'expedition de Dionysos en lnde. Dionysos et Aristee appar8ίssent plutόt en general comme deux figures complementaires de • heros • ciνilisateurs 1 ; Aήstee pass8ίt m�me parfois pour le pere nourricier de Dionysos ι. Si diνers auteurs aνaient deja comp8re le νίn et le miel •, la syncriιiι entre les deux • inνenteurs • sous Ja forme d 'un concours arbitre par les Olympiens est selon toute νraisemblance une inνention du poete 6• Dans ce morceau, Nonnos semble perdre de νue qu'il r8pporte une pantomime executee par un seul homme. Le recit met en scene, Ot,Jtre les deux protagonistes,

1 . Sur Ganymede eι Hebe, cf. l'eιude d'ensemble de leurs rapport.s dans le poeme dans la note a 27, 249 (ι. 9, p. 306). 2. Sur la legende d'Aήstee chez Nonnos eι ailleurs, cf. ι. 2, p. 89-95 ; Chuvin, 58-62. 3. cr. ι. 2, p. 90, η. 4. 4. Cf. ibid. 5. Cf. Wϋsι, 849 ; Weinreich, 168-169. La legende ne peuι avoir pήs naiιsance en Arcadie : Chuvin, 62.

95

NOτtCE

cinq diνinit.es (Zeυs, Her8, Poseidon, Apollon, J;:ros), sans compter les Olympiens 8nonymes 1• En f8it, le concoυrs proprement dit est plυs ου moins oυblie a p8rtir dυ ν. 225. Alors qυe M8rόn est υη concυrrent tres c8r8cterise dont 18 psychologie est analysee 8νec realisme, Nonnos est mυet sυr les moti­ νatίons de Silene, pυίs sυr les re8ctίon8 dυ pυblίc pend8nt l'execυtίon de 88 p8ntomime. On ne s8ίt p8s d8ν8nt8ge pουrqυοί Silene f8ίt 8υjνre 88 pre8t8tion d'υne danse pυrement 8CΓOb8tiqυe qυί 8boυtίr8 a 88 metamorpho8e. C'e8t seυlement 8υ ν. 295 qυ'on re­ troυνe le schem8 Π8Π8tίf dυ concoυrs. 4. u

jeu dt Ια panlomime :

v.

198-262.

Les Anciens νoyaient dan8 18 pantomime υne rίν8le des arts pl8stiqυes 1, ce qυe Nonnos tradυit en employant des νerbes signifiant • graνen ου • dessiner•, par exemple χαιταιyρciφω, χαιρciσσω1• Dionysos definit lυi­ m�me aνec precision les regles de 18 p8ntomime θ la fin de son discoυrs : • Mon 8rene est la d8nse ; m8 b8rriere de dep8rt, ce sont des p8s bondiss8nts, υne m8ίn

1 . On noιe la m�me deήve narraιive dans la descήption du bouclier de Dionysos ού se ιrouve insere \ 'epyllion de Tylos \ong de cenι vers. Mais la vraisemblance esι mieux sauvegardee, car les premiers vers (25, 451-455) evoquenι un documenι iconogra­ phique, une monnaie, en l'occurrence : cf. ι. 9, p. 36-37. Le reciι qui suiι peuι donc �ιre considere comme un simple commentaire. Les pantomimes etaienι cependanι capables de jouer successive­ menι \e rόle de plusieurs personnages : cf. ci-dessous, p. 98, η. ι eι p. 101, n. Ι . 2. Cf. ΡΙυι., Propoι ιk lable, 9, ι5, 747 c-d ; Aιhenee, 14, 629 b ; Aήst.eneιe, ι ' 26; L. Β. Lawler, • Phora Sch�ma Deixis in ιhe Greek Dancet1 Tranι. Λmtr. Phil. Λ11. 851 19541 ι57-158. Sur le plan philosophique, les rapports enιre la peinιure, la sculpιure, \a musique eι la danse οnι eιe soulignes noιammenι par Plotin, Enn. 5, 91 ι ι : cf. W. Taιarkiewicz, •C\assiflcaιion of Arts in Anιiquiιy ι, Journal ο( lhe Hiιlory ο( Ιιkαι, 241 ι9631 236-237. 3. Cf. L. R. Lind, • The Mime in Nonnus's Dionysiaca t1 C/aιs. Wukly, 291 ι935-Ι936, 21 ; Gigli, ι50-ι54. I

I

96

CHANT

XIX

rapide, un sauι toumoyant, les mouνements incessants d'un νisage mobile, un silence parlant qui anime a la fois les doigts et le regard du danseur. (ν. 1 53-157) 1• Dans la pantomime, l'acteur s'exprime en effet aνec ιοuι son corps : Lucien dit qu 'il represente aνec ses gestes ce que les orateurs expriment aνec les mots ι. Dans les regles enoncees par Dionysos, on disceme les deux elements essentiels de la danse grecque, les cpop«( eι les σχήμοιτοι ι. Les phorai sont les pas proprement dits. Dionysos ne retienι que les pas νerticaux, les bonds, eνentuelle­ ment toumoyants •. Les pas θ terre ne conνiennent pas aux danses mouνementees que sont les danses bacchiques6• L'un de ces pas consiste a sauter d'un pied sur l'autre, comme le fait Marόn aux ν. 198-199, 220-221. Une telle performance est remarquable en raison de l'Age du danseur. Les schemata sont les figures executees par le danseur au cours de son exhibition •. Dans la pantoπiime, l'element essentiel est constitue par les mouνernents des mains qu'on designe sous le nom general de

1 . Comparer deux passages similaires citks ρ. 87, n. 2 : 5, 104-107 ; 7, 17-21. 2. Lucien, Danιe, 65 (et 36, 67-79) ; cf. aussi Libanios, Dίιc. 64, 72-75 ; Aήsιeneιe, 1, 26; Prudhommeau, 359, n• 1 182. 3. Sur ces deux t.ermes, cf. Plut., Propoι ιh lablt, 9, 15, 747 c-e ; Athenee, 14, 631 b. Parmi les etudes modemes, on peut consult.er 8echan, Danιe, 64-68 ; Wamecke, 2244-2245 ; et surtouι Lawler, l.c. (p. 95, n. 2), 148-158. 4. V. 154-155 ; cf. ν. 220-221 (pantomime de Marδn), 264-265, 269 (danse acrobatique de Silene). Ce type de pas esι frequenι dans les danses bacchiques : cf. Sechan, Danιe, 157, 172. On pratique tantόt les sauts alt.emes, d'une jambe sur l'autre, tantόt des sauts sur les deux pieds (&πο3!σι, &ιπο&αμ�, πο&αμ�) : cf. Pollux, 4, 99 ; Athenee, 14, 630 a ; llesych., ι. &πο3ισμ� ; Latt.e, 20-21 ; 8echan, Danιe, 196. 5. Cf. Prudhommeau, 355, n• 1 1 72. 6. Outre le t.erme de schtma, on emploie aussi celui de deίzίs, littkralemenι l'ι art de montrerι. Les deux t.ermes sont devenus synonymes : cf. Lawler, l.c. (p. 95, n. 2), 149.

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ΝΟτΙCΕ

chironomie 1• Nonnoe y fait plueieun aHusίone (ν. 200 219, 226-227, 263), maίs 88DS apporter de precisίons. Η existait dans la reaHte un νeritable langage des geetee dont Athenee donne un recensement aesez complet 1• Nonnos se contente de parler d'une maniere plus νague du ιangage muet de l'acteur, une formule paradoxale qui ne pouνait que lui plaire (ν. 200 210, 218, 226). Les mouνements des doigts ou dactylologie sont le complement natureι et necessaire de ιa chironomie : c'est ainsi qu'un index separe des autres doίgts a une signifιcation particuliere 1. Dans notre texte, le jeu des doigts n'est mentionne qu'au ν . 219. Aux mouνements des mains et des doigts s'associent les neumala, les mouνements de la �te, beaucoup plus nombreux dans ιa danse grecque antique que dans la danse moderne ού on les considere comme disgracieux. Le danseur pouνait pencher la �te en aνant ou en arriere ou esquisser un mouνement toumant•. Ces neumala sont mentionnes aux ν . 202 et 203-204. Le regard enfιn aνait une grande importance qu'il a conservee de nos jours6• ιι servait a exprimer les ,

,

I . Pantomime et chironomie sont devenus preιιque synony­ mes ; le pantomime est un chironome : cf. Pollux, 2, 153 χιι.ροwμ.cίν, τll τσιίν χιροίν iν �uθμ.ijι χινη&ijνσιι ; Lucien, Danιe, 78; Wύst, 852-854, § 1 7 ; J. et L. Robert, Bu/1. ίpigr. 1981, no 481. Sur la chironomie en general qui est une compoιιante essentielle de la danse grecque, cf. Emmanuel, 94-99 ; 8echan, Danιe, 66 ; Weinreich, 1 40-145 ; Lawler, 12. 2. Athenee, 14, 629 b - 63 1 d. Parmi les gestes bien attestes, on peut citer la paume toumee vers le haut ου vers le bas (χιιρ σιμή, χιιρ χσιτσιπρ1')νήι;), la main placee pres du front dans le geste du guetteur (σχώψ, σχοπό(). Cf. Pollux, 4, 1 05 ; Emmanuel, 96-97 ; Latte, 18-20 ; Festa, 53-55 ; 8echan, Danιe, 74. 3. Cf. Emmanuel, 96-97, et flg. 166-171 ; Sechan, Sallalio, 1027 (2< col.) ; Festa, 55 ; Prudhommeau, 288 , no 1039. En raison de l'importance de la dactylologie, on exigeait des danseurs qu'i\s eu88ent les doigts souples et bien faits : cf. Libanios, Diιc. 64, 103. 4. Cf. Emmanuel, 102-104 ; 8echan, Danιe, 157 ; Prudhom­ meau, 291, no 1047. Rapprocher l'oscillation de la �te de Methe en 18, 128, et voir la note ad loc. 5. Cf. Prudhommeau, 291 s., no 1048, ού elle cite Nonnos,

98

CHANT XIX

8entίments : c'e8t 8&n8 doute ain8i que Silene traduit la tri8te88e d'Apollon apre8 la defaite de 80n fil8 (ν. 254-255) . Selon qu'il νeut eνoquer Hebe ου Gany­ mede, Marόn tourne 8e8 regard8 80it νers le8 Menade8 soit νers le8 Satyre8 (ν. 216-218). Nonno8 ne donne pa8 d'autre8 preci8ion8 pour faire comprendre comment le8 concurrents reu88issent θ mimer succe8siνement diνers personnage8. Dans la realίte, i1 semble que les pantomimes changeaient plu8ieurs fois de ma8que 1 ; en outre, ils pouνaient �tre secondes par un mu8icien qui marquait les etape8 de l'action grAce θ son accompagnement1. Mais le comble de la νirtuosite con8ίstait a dan8er dans un 8ilence total, san8 autre 8upport que le8 ge8te8 et le8 regard81 : c'est 8&Π8 doute aίn8ί qu'il faut imaginer le jeu des deux concurrents de notre chant. Le8 pantomime8 de Marόn et de Silene 8ont proche8 de8 danse8 de la comedie οίι on νoit des νieillard8 rajeuni8 par l'iνres8e eνoluer en bondis8ant. On re­ trouνe le8 8aut8, le8 pirouette8, le8 mouνements de �te et le8 dehanchements du cordaz •. Nonno8 souligne le8 19, 201 eι 265. Les 8uteurs 8nciens emploienι souvenι l'expression p8rler 8νec les yeux • : cf. les notes ιί 5, 107 (ι. 2, p. 174) eι ci-dessous 8U ν. 201 . 1 . Selon Lucien, Danιe, 66, un p8ntomime pouν8it ch8nger cinq fois de m8sque 8U cours d'une representation. Selon Anth. Plan. 289, le vieux p8ntomime Xenophon de Smyrne joue tour ιί tour tous les personn8ges des Bacchantu : B8cchos, les 88cch8ntes, C8dmos, le mess8ger eι f1n81emenι Ag8νe fuήeuse. L'aptitude du p8ntomime ιί representer plusieurs personn8ges etait tres 8ppreciee : cf. Pluι., Propoι de table, 7, 71 1 1 ; Anth. Pal. 9, 542 (commente p8r Weinreich, 50-53) ; Lίb8nίοι, Diιc. 64, 67 ; S. Jerome, Corr., Leιιre XLIII, 2 ; Anth. Lat. 1 , 1 1 1 Riese ; Wϋsι, 850, § 1 5 ; 852, § 1 7 ; L8wler, 139. 2. Cf. Wϋst, 854-856, § 1 8 ; L8wler, 139. 3. Lucien, Danιe, 63, mentionne un 8rtίste qui 8 flgure tous les 8Cteurs de 18 moicheiα du ch. νιι I de I'OdyΙΙit en ordonn8nt le silence 8U chc:eur et 8UX musiciens. 4. Sur le cordaz, d8nse du c6moι orgi8que qui 8 ete 8doptee p8Γ 18 comedie, cf. l'excellente descήption de ceιιe d8ntιe p8Γ Sechan, Danιe, 194-200 ; cf. 8ussi L8wler, 87-88. •

99

NOτJCE

faceties bouffoooes des deux daoseurs : Marόo agite comiquemeot les boucles d'uoe chevelure abseote 1 ; la petite sceoe de geore daos laquelle il lorgoe le cratere destioe au vaioqueur paracheve 800 image de vieillard aristophaoesque (ν. 219-224) 1. De m�me, les acrobaties comiques de Sileoe 800t semblables aux daoses debridees qui cooclueot certaioes comedies d' Aristophaoe, par exemple les Gulpts 8 : ίΙ projette sa jambe vers le ciel et se cambre pour faire re880rtir 800 obesite •. 5. La danst acrobaliqut dt Siltnt :

υ.

263-286.

Cepeodaot la deuxieme phase de l'exhibitioo de Sileoe o'a plus de rapport avec la paotomime. 11 s'agit d'uoe daose acrobatique appareotee a la sikinnis. Cette daose, coosideree comme caracteristique des Sileoes et des Satyres, a ete adoptee par le drame satyrique '· Par la suite, elle est deveoue uoe daose fuoebre, θ Rome, eo );; ιrurie et eo Iooie, et elle fut executee lors des fuoerailles de graods persoooages •. 11 o'est des

I. Les paηtomimes qui jouaieηι des rδles d'adolesceηts ου de femmes etaieηι ι chevelus ι, Ιμ.μοιλλο �; leur allure effemiηee scaηdalisaiι les chretieηs : cf. Libaηios, Dίιc. 64, 5Ο ; Claudieη, Conlre Eulrope, 2, 404-405 quotίenι crίnίtuι ephebuι Ι aut rίgίdam Nίoben aul flenltm Troαda fingίl; L. Fήedlίiηder, Sίllengeιchίchte Romι', 2, 130-133; J . eι L. Robert, Bull. epίgr. 1954, η• 20. 2. Les acteurs de comedie sοηι issus des flgures clowηesques qui evoluaieηι daηs les cδmοί bacchiques : cf. Sechaη, Danιe, 196-197. Le Μarδη de Νοηηοs appartieηι ιi la m�me categoήe de persoηηages. 3. Aήstoph., Gulpeι, 1492, 1494-1496, 1518-1530. 4. ν. 279 ; cf. Gulpu, 1529. 5. Cf. Eur., Cycl. 37-40 ; Aιheηee, 14, 630 b-c ; 8echaη, Saltatίo, 1044 ; id., Danιe, 200-206 ; Wamecke, 2244. La ιίkίnnίι comportaiι des eηchalηemeηts d'acrobaties compliquees ; οη peuι s'eη faire υηe idee d'apres les peiηιures de νases ού οη νοίι des Saιyres executer des coηtorsioηs qui rappelleηι des exercices de cirque : cf. Festa, 44-47, 62-63 ; 8echaη, Danιe, 214, η. 106; Lawler, 90. 6. Deηys d'Hal., Λnt. rom. 7, 72, 10-12. Cf. Festa, 72-74.

100

CHANT X I X

lors p8s surpren8nt que Silene execute une telle d8nse en l'honneur de St8phylos. D8ns 88 description des evolutίons du d8nseur, Nonnos emploie des expressions, en 8pp8rence techni­ ques, qui sont d'8utant plus obscures que le texte est p8rfois f8utif. Le commentaire j ustifler8 d8ns le det8il notre interpretation. On se bomer8 ici a presenter le schem8 d'ensemble du morce8u qui 8 ete compose 8νec un 8rt raffine : ν. 264-269 (6 νers). Triple sauι : α) sauι 8 pieds joints ; b) sauι sur chaque pied alt.emaιivemenι ; c) sauι ιourbillonnanι. ν. 270-273 (4 νers). Triple mouvemenι execuιe debouι sur la jambe droit.e : α) pied gauche t.enu d'une main ; b) genou gauche t.enu 8 deux mains; c) grand ecarι. ν. 274-276 (3 vers). Double mouvemenι execut.e aνec le pied gauche : α) pied gauche leve en avanι au niveau de l'epaule ; b) pied gauche leve en arriere au niνeau de la nuque. ν. 277-282 (6 vers). Toupie effecιuee en posiιion hoήzonιale, le venιre en l'air. ν. 283-286 (4 νers). Danse ιourbillonnant.e debouι qui s'acheve par l'affaissemenι du danseur epuise.

Si l'on tient compte de la longueur respective des cinq morceaux, on obtient le schema ΑΒ - C - Α'Β', ού se combinent des effets de symetries et d'antitheses. Le morceau central evoque apparemment les deux perform8nces les plus difficiles. Les deux premiers morceaux sont constitues chacun d'une trί8de. Les deux derniers insistent sur le tourbillonnement verti­ gineux du danseur, cause de sa chute et de sa trans­ form8tίon en eau t.ourbillonnante 1.

I. Cf. la not.e aux ν. 283-286.

NOτJCE

ι οι

Silene est νaίηcυ parce qυ'il tombe θ terre, έφυίse (ν. 285-286). 1 1 se metamorphose ίmmediatement en fleυνe (ν. 287). Cette transformatίon est moίns sυrprenante qυ 'ίl ne parait, car pantomίme et metamorphose sont etroitement liees. La νirtυosite d'υn pantomime se mesυre θ sa capacite a se transformer en homme, en femme, en νieillard. 1 1 doit adapter son comporternent θ la natυre dυ personnage qυ'il represente. Plυs les personnages imites sont nombreυx lors d'υn spectacle, plυs le danseυr remporte de sυcces 1• Dans les epigrammes recensees par Ο. Weinreich et dans la Lettre 1 , 26 d'Aristenete, on loυe l'habilete des danseυrs θ changer de personnage, le comble de l'art etant d'y parνenir sans l'aide d'υn masqυe 1. Dans le cas dυ pantomίme, l'image de Protee est soυs-jacente : selon Lυcien, le pantomime est υη Protee hυmain 1. Ιcί, la danse deνient reellement metamorphose. Les Dionysiaques sont placees soυs le signe de Protee•, entre aυtres raisons parce qυe Dionysos est par excellence le dίeυ de la metamorphose 6• Son aptίtυde a se transformer est mise en νaleυr en de nombreυses occasions : il prend la forme de diνers animaυx face aυχ pίrates tyrrheniens, deνant Penthee ου les fιlles de Mίnyas ου poυr combattre les Geants 1. Le premίer Dionysos, Zagreυs, tente d'echapper aυχ ι. _,_,._ • Sili• :



117-341.

I. Cf. Lucien, Dαnιe, 63-66, et ci-dessus p. 98, n . I . 2. Cf. ci-dessus p. 98, π . 1-3. 3. Cf. Lucien, Dαnιe, 1 9 ; m�me ίm8ge d8Π8 Ari8Lenete, 1 , 26. Cf. L. Β. L8wler, • Proteu8 ls 8 08ncert, C/αιι. Weekly, 36, 1943, 1 16-1 1 7 ; e8d., t Portr8iL of 8 08ncert, Clasι. Journal, 4 1 , 1945-1946, 241 -247. 4. 1 , 13 s8 ; cf. W . Fauth, Eidoι Poikilon, 1981 , 35-38. Protee 8pp8r8fL encore en 21, 143-144 (ού ίΙ est 8S8ocie ιi Diony8os), 289 (ού ίΙ f8ίt des revei8Lion8 8U dieu) ; 39, 106-108; 43, 76. 5. 11 est 3Lμορφος (Diod. Sic., 4, 5), τριφu-ής (Hymneι orph. 52, 5), πολucι3ηι; xcιl πολόμορφοι; (Piut., De Ε ap. Delphoι, 9, 389 b). 6. Η. hom. Dion. 6, 44 88 ; Eur., Bacch. 616 88; Ant. Lib.,

1 02

CHANT X I X

Tίt.ans en prenant de multίples formes ; c'est de la m�me manίere que le second Dionysos combat contre Derίade, cette foίs, avec succes 1• La met.amorphose occupe une grande place dans le poeme. Parfois ίΙ s'agίt d'allusίons dίspersees quί ont surtout valeur d'omement lίtteraίre 1. Parfois on est en presence de verίt.ables cat.alogues. Au ch. 1 1 , les ν. 98-162 mentίonnent successivement Daphne, Pitys, Syήnx, ι;;chό, Callistδ, Asteήa, Philomele, Procne, Teree, Comaίthό, Myrrha, les Helίades et Niobe. Les ch. Χ Ι-Χ Ι Ι sont occupes par les met.amorphoses de Calamos et de Carpos, puίs par celles de Kissos et d'Ampelos ; la troisieme table d'Harmonie (12, 70-89) enumere iι elle seule dix metamorphoses. ι . La

deιcriplion de la melamorphoιe.

Nonnos se borne souvent iι rappeler la met.amor­ phose sans donner plus de precisions •. Ailleurs., il decrit en detaίl le processus de la transformatίon comme dans notre chant : c'est le cas pour Acteon, pour Ampelos et pour Aura '· Dans chacune de ces scenes, ίΙ enumere toutes les partίes du corps qui se trouvent alterees ι ; seul ι'ordre varίe selon la forme

I Ο ; Horace, Odeι, 2, 19, 23. Sυr les representations de la Gigantomachie, Dionysos est assiste de diνers animaυx qυί sont en realite les metamorphoses dυ dieυ : cf. F . Vian, dans Lu . lcon. Myth. Clαιι. 4 (1988), ι. Giganleι, 261 -262. ι . 6, 174-199; 36, 291-333 ; 40, 37-60. 2. Exemples : les legendes d'Arachne (cf. la note 8 18, 214-215) ου de Narcisse (15, 355 ; 48, 581). 3. C'est le cas m�me poυr des metamorphoses qυί sont en rapport aνec l'action des Dionyιiaquu, par exemple, poυr Cadmos et Harmonie (4, 4 17-420 ; 44, 1 10-1 18), poυr Pithos (20, 127-141), poυr Ambroisie (21 , 26-32) ου poυr les pirates tyrrheniens (44, 245-249). 4. Acteon : 5, 316-365 ; cf. 8, 386 ; 46, 289-291 ; - Ampelos : 12, 173-187 ; - Aυra : 48, 935-942. 5. Le ch. V mentionne sυccessiνement les pieds d'Acteon (ν. 317), ses joυes (ν. 318), ses mo\lets (ν. 319), son front (ν. 319-

ΝΟτΙCΕ

1 03

definitiνe que prend le personnage. E n general, l a meta­ morphose est soudaine 1 ; mais elle est decrite comme au ralenti. Nonnos est soucieux de logique, m�me s'il est question d'un eνenement miraculeux : les parties du corps transformees sont toujours en rapport aνec ce qu'elles νont deνenir. Ainsi les comes de Silene deνiennent semblables aux tuyaux d'ού jaillit l'eau d'une fontaine (ν. 289) ; ses cheνeux qui flottaient au νent se changent en roseaux que le νent agite en bordure d'un fleuνe (ν. 292-293). On notera au ν. 291 un detail amusant : le νentre de Silene, jadis rebondi, se creuse et deνient un νίνίer a anguilles. Ce procede se retrouνe dans les Melamorphoses d'Oνide. Sans doute, le poete latin evite-t-il plus que Nonnos les enumerations, alors qu'il met plus de complaisance a decrire le processus m�me de l'alte­ ration du corps. Neanmoins les similitudes sont frap­ pantes, par exemple, dans les deux recits de la meta­ morphose d 'Acteon 1. La metamorphose de Silene, de son cδte, recourt aux m�mes procedes qu'Oνide dans des scenes analogues 1. La transformation de Silene en fleuνe ne saurait sur­ prendre. Elle est deja prefiguree au ch. Χ par le plon­ geon de Silene dans la riviere •. D'une maniere gene­ rale, les Silenes sont a l'origine des demons protec­ teurs des eaux, des ruisseaux et des rivieres 6 ; le roi

320) et son corps (ν. 321-322). Pour Ampelos, le ch. X l l enumere le νentre (ν. 177), les mains et les pieds (ν. 177-1 78), les cheνeux (ν. 1 79), la nebride (ν. 1 79-180), le cou (ν. 181), les coudes (ν. 182183), les comes (ν. 183-184). La metamorphose d'Aura fait etat, au ch. XLVIII, de ses seins, de son corps et de ses cheνeux (ν. 937), mais aussi de ses armes : arc, corde de l'arc, Ωeches et carquois (ν. 938-942). Ι . Cf. 5, 316b (Acteon); 19, 287• (Silene) ; 48, 936• (Aura). 2. Cf. Oνide, Met. 3, 193-199. 3. Metamorphoses de Kyane (Mel. 5, 425-437), d'Arethuse (5, 621-636) et d'Akis (13, 885-897). 4. Cf. la note a 10, 158-161 (t. 4, p. 140). 5. Cf. Ε. Kuhnert, dans Roscher, Mylh. Lu. ι. 4 (1909-1915),

1 04

CHANT Χ Ι Χ

Midas a capture Silene en νersant du νin dans une fontaine qu'il frequentait 1 ; a Pyrrbichos, le puits situe sur la place du marche pa88ait pour �tre un present de Silene qui etait, selon Pindare, l'epoux d'une Naiade 1. En latin, •ilanu• designe un cours d'eau ου le filet d'eau qύi coule d'un robinet 1.

2. Le fleuυe Silene et •on Cratere. Apres la metamorphose de Silene, Marόn jette dans ses eaux le cratere d'argent destine au νaincu et le poete ajoute : • De 18 νient que le lieu (χώροι;) s'appelle le Cratere et que cette onde retentissante d' f:νios a pris le nom de Silene ιi la delicieuse liqueur• (ν. 300301). Nonnos introduit donc un aition geographique qui contraste aνec les autres aitia de l'episode : Staphylos, Botrys, Methe et Pithos surνiνent en donnanι leur nom a des realites en rapport aνec la νigne, mais ils ne laissent aucune trace materielle dans leur patrie d.Όri­ gine qu'ils quittent soit par la mort soit par l'exil•. C'est le contraire pour Silene et on aimerait retrouνer sur la carte le Cratere et son fleuνe. Le discours final de Marόn met en parallele le sort de Silene et celui d'un « autre Silene •. Marsyas, qui, pour aνoir ose defier Apollon, fut d'abord ecorche νif et change en outre, puis transforme en fleuνe (ν. 317327) 6• Le texte insiste fortement sur les similitudes entre les deux legendes, ce qui ne saurait signifier que

s. Satyros und Silenos, 51 1 ; G. Nicole, dans Daremberg-Saglio, Dict. Ant. 4, 2 (1911), ι. Satyri Sil�ni, 1091. I. Paus., I, 4, 5. 2. Paus., 3, 25, 2, d'apres Pind., fr. 156 Sneii-Mίίhler. 3. References dans Chuvin, 193, n. 32. 4. Le tombeau de Staphylos se trouve bien en Assyrie ; mais il manque de toute realite concrete. Jl n'a m�me pas ete question des ceremonies de sepulture : cf. ci-dessus, p. 62. 5. La legende fait \Όbjet de trois allusions dans \es Diony­ siaqueι : cf. la note ιi I , 44 (t. I , p. 136).

NOτJCE

105

Nonnos a invente de toυtes pieces son histoire iι partir de celle de Marsyas 1• La legende dυ Silene Marsyas est bien connυe ; elle est en rapport avec le fleυve Marsyas qυί constitυe, iι Apamee dυ Meandre, l'une des deux resurgences d'ού nait le Meandre 1. 11 existe d'aυtres fleuνes ου topony­ mes qui portent le m�me nom au Proche Oήent et Ρ. Chuvin pense que c'est l'un d'eυx qui est vise dans l'histoire dυ ch. X I X . • Silene• n'est en effet qυ'un nom generique ; par gout de \a devinette, Nonnos a pu volontairement taire le nom νeritable du fleuve issυ de la metamorphose 1. La region ού ί\ convient de chercher ce Marsyas s'etend en gros depuis l'Oronte jus­ qu'au Liban (cf. 20, 142-148). Ρ. Chuvin mentionne un Marsyas, affluent de l'Oronte, connυ par Pline I'Ancien (Hίst. nat. 5, 81), et un aυtre Marsyas ου Massyas qui designe non une ήviere, mais la plaine de \a Bekaa au Liban •. Ce dernier Marsyas retient plυs particuliere­ ment son attention, parce qυe la plaine de la Bekaa est riche en sources et que, se\on Flaviυs Josephe, on y troυve la veritable soυrce du Jourdain nommee Φ\«λΥJ, \a Coupe, en raison de sa forme 1. C'est dans cette region que se situerait l'episode de Nonnos : \e • Silene­ Marsyas• serait une des soυrces de cette plaine fertile ού pousse la vigne, \e Cratere designant le bassin natu­ rel ου l'etang forme par cette resυrgence soυterraine •.

I . Comme le soutient Kuhnert., l.c. (p. \03, n. 5), 509 . Les points communs entre les deux histoires sont soulignes aux ν. 317, 325 ( 301), 328-329. 2. Xen., Λnab. l , 2, 7 ; Sιrabon, 12, 8, 15 {577-578) ; Pline, Ηίιl. nat. 5, 29. Cf. Chuvin, 1 15-124. 3. Sur le goύt de Nonnos pour l'allusion, cf. Chuvin, 23-26 (8 propos de Byzas), 128 (8 propos d ' lconion). 4. Polybe, 5, 45; Sιrabon, 16, 2, 18-19 (755-756) ; cf. -ει. Byz., s. Μαιρσόιχ. Voir Chuvin, 195. 5. Flav. Jos., Guerre deι Jui(ι, 3, 10, 7 (eι I, 21, 3). 6. 11 existe en ouιre dans la region de Tήpoli un bourg nomme Marses eι un venι d'esι appele le Marseus : cf. Chuvin, 1 95 s. (eι n. 47). -

106

CHANT Χ Ι Χ

L'hypoιhese esι seduίsante ; maίs on objectera que le texte de Nonnos cίιe cί-dessus paraiι donner explί­ cίtemenι le nom de Sίιene au fleuve 1• 11 fauι se souvenίr en outre que le personnage apparaiι dans des conditions singulieres. Les Dionysiaques connaissenι le Sίιene primordial, ses ιrois fils, Asιraios, Marόn eι Leneus (14, 96-99), ainsi qu'une quantite indeterminee de Silenes anonymes, apparemmenι plus jeunes, qui interviennenι dans des morceaux d'allure generale. On ne s'explique pas que, dans l'epίsode des jeux, le concurrenι de Marόn demeure ιoιalemenι anonyme, contrairemenι a l'usage epique que respecιe Nonnos, . . . a moins qu 'il ne se nomme precίsemenι • Silene •· En ιοuι cas, dans ces diverses legendes, on noιe un element qui revίenι avec une constance remarquable. Le Marsyas le plus celebre est u n joueur de flύte ; une foίs transforme en fleuve a Apamee du Meandre, le lac qui luί donne naissance prend le nom d'Auloucrene, la Source de la flύte. Ici, notre Silene, qui n'esι pas un musicίen, esι mis naιurellemenι en rapporι avec un cratere, en sa qualiιe d'�3uπότης (ν. 300). Quanι a la plaίne lίbanaίse du Marsyas, elle possede un etang nomme la Coupe. Τοuι se passe comme si ces dίfferenιs Silenes devenus eaux courantes etaient caracterises chacun par un aιtrίbuι parιίculίer. Ces ιrοίs ιradίtίons sonι visiblemenι en rapporι avec des eaux resurgenιes, un phenomene qu'on ιrouve souvenι associe aux epίphanies de Dionysos. Dieu de 1 'elemenι lίquίde 1, Dionysos a couιume d 'accomplίr le miracle du jaillissemenι, pour reprendre l'expression de Μ . Deιienne8• 11 faiι sourdre spontanement l'eau et le vin. Des sources de vin, de lait eι de miel naίssent

I . Bien qu'il ne nomme pas la vil\e de Tarse, Nonnos indique sans ambiguit.e qu'elle doiι son nom au tarsoa, au pied de Persee (18, 293). 2. cι. οιιο, 169-179. 3. Cf. Deιienne, 64-65.

107

NOτJCE

sous le thyrse de ses Bacchantes 1 ; le vin eι le laiι ruissellenι des metiers a tisser des Minyades 1 ; a Teos, une source de vin embaume jailliι lors de chaque f�ιe du dieu 8 ; a J;; Ιis, lors de la f�te des Thyia, trois bassins vίdes scelles se remplissenι miraculeusemenι de νίn 4 ; a Naxos, une source laίsse couler un vin savoureux, �3ός • ; 8 Aίgai, dans le Peloponnese, les danses en l'honneur de Dionysos fonι pousser des vignes • ephe­ meres • donι les raisins peuvenι �ιre · vendanges le soir m�me • ; a Andros, du vin - ou plut.όt une eau ayanι la saveur du vin - coule une fois l'an d'une source situee dans le sanctuaire du dieu, mais redevienι eau ordίnaire si on l'emporte hors du lieu saint 1• lci Dionysos n'intervienι pas en personne, mais c'esι du corps d'un de ses fideles que jaillit un cours d'eau. Malgre l'apparenι paradoxe, ce prodige esι encore en relation avec la vigne, car l'eau esι necessaire a 88 croissance : Marόn va le repeter 8 loisir dans les ironiques consolations qu'il adresse au vaincu. 3. Le ιecond diιcourι de Marόn :

v.

31JJ-345.

Ce discours esι consιiιue pour l'essentίel par des varίatίons sur le theme du changemenι dans la contί­ nuite qui se succέdenι dans un subtil chasse-croise, selon le principe de la composίtion annulaire chere θ Nonnos. ι . Eur., Bacch. ι4ι -ι42, 704-71 1 ; cf. aussi Platon, lon, 534a. 2. Αηι. Lib., ι ο ; ι;;ιϊeη, Var. hίιt. 3, 42. 3. Diod. Sic., 3, 66. 4. Paus., 6, 26, ι-2; Athenee, ι , 34 a, selon Theopompe. 5. ι;;ι . Byz:., ι. Νιίξοι;. 6. Euphorion, fr. ιοο Powe\1. 7. Pline, Hut. nat. 2, Ι3ι ; 3ι, 1 6 ; Paus., 6, 26, 2. Une coupe du British Museum figuranι \a Jegende de Lycurgue reproduiι le miracle de l'eau changee en vin : le νerre de couleur verte deνienι rouge quand \a lumiere le ιraνerse : Ρ. Chuvin, Chronίqut dtι dtrnίtrι paίtns, 1990, 207, η. 38 ; Ach. Τaι., 2, 3, 2, eνoque un phenomene analogue en decriνanι \e cratere en cristal de roche dresse par \e pere de Clitophon.

108

CHANT X I X

α) Marόn affirme d'abord que Silene reste ce qu'il a eιe. 11 etait amateur de νίn ; il roule dans ses flots le νίn du cratere d'argent qu'y a jete Marόn (ν. 303306). 11 etait un νirtuose de la pantomime et il deνient un fleuνe dansant (ν. 307-3098). 11 doit en consequence demeurer l'amί des Bacchantes et de Dίonysos (ν. 309b-315). Dans ce passage, Marόn semble consί­ derer Sίlene comme un dieu protecteur et c'est sur le ton de la prίere qu'ίl s'adresse a luί 1• b) Aux ν. 316-329", le ton change : l'ίmploratίon faίt place a l'inνectiνe. Selon un lopos frequent dans les batailles et les jeux, le νainqueur raίlle le νaincu 1. Marόn compare le sort de Silene a celui d'un autre Silene, Marsyas, qui aνaίt ose defier Apollon. Le rappel de la legende est encadre par deux formules sembla­ bles quί crίtίquent quίconque a la presomption de se mesurer a plus fort que lui (ν. 316, 328-329"). Nonnos commence par rappeler les elements les plus connus de la legende de Marsyas : l'ίmprudent d efi musical qu'il a lance a Apollon et le chAtiment que le dίeu luί ίnflίge en l'ecorchant νίf et en suspendant sa peau a un arbre (ν. 31 7-322) 8• 11 ajoute que, par pitίe, le dieu transforme ensuite Marsyas en fleuνe (ν. 323-327). Cette νersion de la legende n'est pas attestee ailleurs ; selon Oνide, le fleuνe etait ne des larmes νersees par les Nymphes et les genίes des boίs

Ι . Cf. ν. 310 tλ«θι, 312 χσιρ!Ι:ιο, eι \a succession des imperatifs aux ν. 309-315. 2. Marόn semble oublier ses declarations anterieures : ν. 303 oG ατ, Μιίρων, Σιληνi, �Ι:ιτσιι. Dans I' /liade, \e νainqueur insu\ιe le νaincu dans \es batailles : par ex. Φ 99-1 13, 122-135 (discours d'Achille a Lycaon qui commence au ν. 99 par νήmκ, que Marόn emploie au ν. 316), 184-199 (Achil\e eι Asteropee) ; Χ 345-354 (Achille eι Hector) ; cf. 8U88i χ 321-3Ί5 (Uiysse eι Leiδdes). 3. Sur Marsyas, cf. I , 39-44 ; 10, 230-234 , eι les notes ad locc. ; cf. aussi noιre note aux ν. 31 7-327.

NOτJCE

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a la mort de Marsyas 1 • Dans ce morceau, le theme de la contίnuίte dans le changement transparait encore sur le mode mίneur : la peau de Marsyas reprend la forme du pAtre quand le νent la gonfle (ν. 320-322) ; le fleuνe ne de sa metamorphose contίnue a jouer de la flute (ν. 326-327).

c) La dernίere partίe du dίscours utilίse l'exemple mythologίque de Marsyas pour eνoquer le sort nouνeau quί attend Silene. Ce sort est d'abord definί de fac;on negatίνe, grAce a la repetίtίon de μηxtrL (ν. 330, 333) : Sίlene poursuiνra desormais les Naiades et non plus les Bacchantes ; les anguίlles remplaceront les serpents de Dionysos (ν. 329b-336). Cette rapide et amusante ιιyncrίιιίιι entre le monde bacchίque et le monde aquatique ίnsiste d'ailleurs autant sur les sίmίlitudes que sur les dίfferences. Les sept νers suίνants, reprenant le theme ίnitίal (cf. 309b-31 5), exaltent la felίcίte de Silene promu au rang de dίeu-fleuνe : μiiλλον mλfίιζω σc (ν. 338). Marόn y deνeloppe deux arguments quί etonnent dans la bouche d'un sectateur de Dίonysos : l'eau l'emporte sur le νίn comme Zeus sur Dίonysos ; mίeux νaut danser sur le dos de l'Ocean que dans un pressoίr et aνοίr pour compagnons la cohorte des fleuνes que celle des Sa­ tyres. Ces consolatίons rhetorίques sont naturellement ίronίques comme tout le reste du dίscours. Une affirmatίon au moίns doίt Hre prίse au serίeux : Sίlene, deνenu fleuνe, est encore l'auxίliaίre de Dίonysos, car l'eau est necessaίre a la croίssance de Ia νίgne (ν. 338)1. On discerne donc une nouνelle fois le theme de l'autre quί demeure le meme et c'est sur cette idee que

I . Ovide, Met. 6, 382-400 . Selon d'autres, le fleuve est ne du sang m�me de Marsyas ecorche : Hygin, Fab. 165. 2. Le theme sera developpe, sous une forme un peu differente, dans les supplications que I'Hydaspe adresse a Dionysos en 24, 31-56.

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CHANT ΧΙΧ

se referme le discours : Silene conservera ses cornes, puisqu 'il est maintenant u n dieu-fleuve (ν. 343-345) 1• Le ch. ΧΙΧ s'acheve sur le theme du melange de l'eau et du vin. Face au miracle de l'eau changee en vin qui est connu des Eυangiles et lar­ gement exploite dans les Dίonysiaques, on rencontre ici un demon toujours ivre qui se transforme soudain en eau. Mais l'eau redevient bientόt a son tour vin, a la fois parce que Marόn verse dans le fleuve le cra­ tere qui revenait au vaincu et parce que l'eau est un element essentiel du vin. On assiste donc a une subtile synthese entre les deux liquides, puisque Silene, desor­ mais tributaire de Zeus Pluvieux, demeure au service de Dionysos. Ainsi s'accomplit la reconciliation des contraires, un element essentiel dans la theologie dionysiaque. Dionysos est un dieu ambigu, qui appartient a la fois au monde des morts et θ celui des vivants 1. Alors que la plupart de ses proteges sont voues a la mort, ils accedent en definitiνe a une sorte d'apotheose. Tel a ete le sort de Staphylos : il a pressenti que la venue du dieu apportera la felicite a sa maison (18, 43 όλδ(ζων cον οlχον} ; or il la paie de sa vie, mais acquiert par la meme l'immortalite en donnant son nom θ la grappe (ν. 55-56, 104- 105}. En fait, Dionysos nie la mort de

1. Le discours de Marόn est habilement construit. Une premiere partie de treize νers est diνisee en deux sections de longueur analogue (ν. 303-309", 3Q9b-315); la deuxieme partie a quatorze νers (ν. 316-329") ; la troisieme, longue de quatorze νers egalement, comporte deux sections egales comme la premiere (ν. :JΊ91'-336, 337-343•). Les deux demiers νers constiιuent une • perora ison •· 2. Cf. Pluι., De Ε ap. Delph. 9, 389a. Sur la dialectique enιre la νie et la mort dans le monde dionysiaque, cf. Jeanmaire, 268272, 372-416 ; οιιο. 120-127, 199-210. Cf. aussi les pages consa­ crees au ι dionysisme funeraire• par R. Turcan dans uι culles orienlauz dans le monde romain, 1989, 310-313.

NOτJCE

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plusieurs faι;ons. 11 a , sous la forme de Zagreus, connu la mort (6, 169-205} ; d'apres certains auteurs, le second Dionysos lui-m�me a ete tue et jete dans le lac de Leme 1• Mais il a toujours reussi 8 νaincre la mort et fait desormais partie des Olympiens : 8 la faι;on d' Heracles, il circule librement dans I' Hades, comme Aristophane le montre, d'une faι;on parodique, dans les Grenouilles. C'est dans cette perspectiνe que le ch. Χ Ι Χ prend sa signification profonde : il exalte le pouvoir reνiνi­ fiant de Dionysos qui se manifeste dans la permanence des choses au milieu du changement. De m�me que la mort de Staphylos n'est en fait que simple illusion, Methe cesse d'etre une νeuνe eploree pour devenir l'iνresse eternelle ; Marόn, de son cόte, est un νieillard redevenu jeune sous l'effet du νίη et, paradoxalement, il incarne \a Jeunesse immortelle en representant Ganymede et Hebe. D'une faςon a la fois differente et semblable, la metamorphose et l'apotheose de Silene expriment d'une faςon metaphorique les promesses de resurrection contenues dans le message dionysiaque. On ne saurait sous-estimer la signification theologique de tout l'episode de Staphylos qui en fait, a cet egard, la replique de l'episode d'Ampelos (ch. X-XII). La Notice du ch. XVI I I a presente l'etape assyrienne comme un intermede pacifique, une pause entre deux actions guerrieres 1• L'appreciation est exacte, mais reste superfιcielle ; ίΙ conνient maintenant de la comple­ ter. Ce n'est pas un hasard si le ch. XVIII prepare la Lycurgie grace au songe de Dionysos et s'il introduit l'ambassade de Pherespondos dont le recit se trouνe au ch. X X I . Nous aνons note que le ch. XVI I I n'est relie au precedent que par une ιransition tres lache 8.

I . Cf. schol. Τ a Ξ 319, eι, en general, Κ. Schauenburg, Perseus in der Kunιt deι Allerlumι, 1960, 93-103. 2. cι. la Notice du ch. XVIII, ρ. 4. 3. cι. la Notice du ch. XVIII, p. 3, n. I .

ι 12

CHANT X I X

En revanche, du ch. XVI I I au ch. XXIV inclus, tous les debuts de chants se situent au milieu d'une action en cours 1. 11 est manifeste que le poete a recouru a cet artifice pour etablir une t Synaphie • a l'interieur de cet ensemble de sept chants qui vont conduire Dionysos jusqu'aux abords de la ville de Deriade 1. L'episode assyrien est donc moins un intermede qu'un prologue a cette partie du poeme et il n'est pas indifferent que ce prologue ait une portee theologique.

I. Le dialogue entre Dionysos eι Methe se situe 8 la chamiere des deux chanιs ; la joumee des jeux funebres s'acheve au debut du ch. ΧΧ. Les deux acιes de la Lycurgie sonι repart.is entre les ch. ΧΧ eι XXI ; l'embuscade des lndiens esι 8 cheval sur les ch. X X I et XXII, de m�me que l'aήstie d'Aiacos relie le ch. Χ Χ Ι Ι Ι au ch. X X I I eι que le courroux d'Ocean, 8 la fin du ch. X X I I I , s'apaise au debuι du chanι suivant grAce 8 l'inter­ vention de Zeus. 2. Nous reprenons le ιerme de ι synaphieι employe par F. Vian au ι. 9, lndex, p. 360, ιι. Composition.

SOMMAIRE DU CHANT Χ Ι Χ

1 . Dialogue de Methe et de Dionyso• (fin) : ν . 1-58. ν. 5-16 priere de Methe. ν. 17-22 Methe et Botrys boiνent \e νίn consolateur. ν. 23-41 action de grAces et νreux de Methe. Dionysos promet l'immortalite a Methe et aux ν. 44-58 siens. 2. Jeuz funίbre& en l'honneur de Staphylo•

:

ν. 59-286.

59- 1 1 7 : concours musical. ν. 59-79 preliminaires (les prix, l'appel de Dionysos, les concurrents). ν. 80-99 chant d' {:;rechthee (Demeter a t:;ιeusis). ν. 100- 1 1 7 chant (Hyakinthos) et triomphe d'Oiagros. b) ν. 1 1 8-286 : concours de danse. ν. ι 18-197 : preliminaires : ν. 1 1 8-135 les prix ; ν. 137-157 discours de Dionysos ; l'originalite de son concours ; ν. 158-168 \es concurrents ; ν. 169-197 priere de Marόn au defunt. ν. 198-224 pantomime de Marόn (Ganymede et Hebe echansons). ν. 225-262 pantomime de Silene (concours entre Diony­ sos et Aristee opposant le νίn au miel). ν. 263-286 danses acrobatiques de Silene ; echec final.

α) ν.

3. Metamorphoιe de Silίne : ν. 287-348. ν. 287-295• : metamorphose de Silene en fleuνe. ν. 295b-302 : Marόn jette dans le fleuνe le cratere gagne par Silene (aition). ν. 303-345 : discours de Marόn : ν. 303-315 : Marόn implore ironiquement Silene deνenu fleuνe ; ν. 316-329" : il \ui reproche sa presomption (Ιegende de Marsyas) ; ν. 3291>-345 : ίΙ ce\ebre 88 felicite future. ν. 346-348 : emerveillement de l'assistance.

CHANT ΧΙΧ

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11 dit ; mais le jeune homme, le creur perce par le douloureux aiguillon de son deuil recent, pose sur ses levres le sceau muet du silence, vaincu par des sanglots qu'il ne contrόle plus • . Α la fin, c'est ce pitoyable discours que tient sa mere Methe, joyeuse a la vue · de Lyaios • : « Le vigile infatigable de tes danses, ton Staphylos, Dionysos, s'est couche pour un inalterable sommeil ; ton Staphylos, Dionysos, les brises de Charon l'ont emporte. Deux lourds chagrins m'ont etreinte a la foίs : le vineux Bacchos m'abandonnait et mon epoux sombrait dans la maladie • ; et, pour tous deux, je nourrissais m�me douleur, pour Staphylos mourant et pour Lyaios absent. Allons ! Bacchos bien-aime, de ta vinee bouillonnante, verse-moi coupe pleine, que je boive et me libere du faix de mes chagrins grace a ton vin qui dissipe le chagrin • . Dionysos, mon espe­ rance, toi que charme l'evohe, que seulement je voie ta vendange, seulement ton cratere, et plus jamais je ne repandrai de larmes . • Elle dit et le dieu prend pitie : il prepare le me­ lange dans la coupe et dispense la rosee consolante de son vin qui ecarte le malheur au jeune garςon et a sa mere affligee • . Et ils boivent tous deux les gouttes de la vendange, flots gonfles qui de leur miel ravissent l'ame 1 ; et Methe apaise ses soupirs et Botrys son

1 . Bien que \e νiη soit souvent oppose au miel ου ιi l'hydrome\, notamment dans \a suite du chant, μιλ(ρριrrος peut qualifier le νiη comme les autres adjectifs formes sur μιλι-.

ΔΙΟΝΥΣΙλΚΩΝ Ιθ

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·ο, +αιώνου βcιρύ ιcmρον lχων νcowneά ιuιιν κού ροι ό+ωνίιnιι α+ρηyίασcιτο χιίλιcι cnyU, .... eνιο, νLιcώμινοι • δ+C δC μήτηρ δβιφucnν cιύτοχύτοLι οlιcτρόν Ιwοι ιccιτέλιCι Mctη xcιLρoucrcι λuο.L.ι · « •vμιτφηι lypu1I'YOY lmLwιuτήρcι χορόηι, σόν Στά+υλον, Δ�. ιccιτιύνcιοw Ιμwιδοι δ1I'YOS • σόν Στά+υλον, ΔLόνυcΝ, Χc:ι.ρωνιδιι fiρwcιcnιν cι�pcιL. ι....cχρcιιν lψwιλόαι ιUν ΔLΟΟόν cμοι βcιρύ Βόιcχοι CμC wρολέλοιwι, wόoLt &• έμόι lμmσc νούσν · ιcΦ Cυνήν μιβi1Ι'ΙCΠCον cw• Δμ+οτ�ν Δνίην, ιccιι Στcι+ύλff Ινήcrιcοντ' ιcΦ ol. wcιριόντ, Αυcιι.,. •λλλΔ τcήι, +'λ• Βόιcχι, wολυρρcιlcίμ,yyοι bwώρηs δδι μοι σcio ιcύwιλλον Μwλιον, 5+ρcι wLOύcrcι ιύνήσω βcιρύ wίνlοι Δwινlήτff cΝ8ιν οtνν. Έλwιι έμή, ΔLόνυcΝ +Lλιύw, μοϋνον lmώρην, μοϋνον fδω ιcpητήpcι, ιccιι oύιcCTL δάιcpυcι λι&eω. � ·ο, +cιμiνην έλccιφι . ιcιρcισσά.μινοι δC ιcuwω., &ιcμόδcι λυcnμiριμνον ΔλιCLιccίιcου w6ριν oiνou wcιιδί "" ιccU μητpι ιccι,..,. κcιι 11'Uw Ιιι+ω '"f+v6cιt pcalcίμ'YY' μιλ(ρρυτον 6yιcον lmώρηι · ιcΦ στονcιχήν wρήυνc Μ.ιη ιccιι Β6τρυι Δν&ην. ·

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1 θuμcjι Hermann, cl. 8, 286 et λ 39 : φωvij ι 11 4 χcι(ροuσcι ι : χλ4!οuσσι Scaliger σcι(νοuσcι Keydell1, cl. 42, 362 11 6 Ιμπcδος Graefe, cl. 16, 48 : &μπcλος ι 11 15 iμή Keydell11 : iμοι ι.

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CHANT XIX

chagrin. Et la reine adresse a Bacchos l'enchanteur ce discours • : « Tu es venu a moi, Bacchos adore, adorable lumiere : ni la douleur ni le deuil ne m'etreignent plus, depuis que Dionysos s'est revele ; tu es venu a moi, Bacchos adore, adorable lumiere : j 'ai apaise mes sanglots avec le suc de ton vin medecin • . Je ne gemis plus sur mon epoux ni sur la mort d'un pere ; de Botrys lui-m�me, si tu le veux, je m'eloignerai, car, en Bacchos, j'ai tout ensemble un pere, un fils et un epoux Je te suivrai, si tu veux de moi, et je vien­ drai en ta demeure • . Puisse-je des Bassarides �tre la compagne : si tu le veux, je brandirai tes thyrses et ton fruit delicieux ; sur mes levres, je poserai le pipeau qui chante l'air du pressoir • . Ne m'abandonne pas θ mon veuvage ; ne me laisse pas souffrir de deux chagrins jumeaux, pour la mort de Staphylos et pour l'absence de Dionysos En Botrys, tu as un servant : qu'il apprenne tes danses, tes mysteres, ton culte et, si tu le veux, la guerre des Indes ; que je le voie rire au pressoir ami du vin pur, foulant sous ses pieds ta feconde vendange • . Souviens-toi aussi du vieux Pithos ; ne le laisse pas ignorant de ton mystere, qu'il ait sa part des delices du vin 1 ! • Elle dit ; le seigneur Bacchos rassure Methe de son radieux visage et voici ce qu'il dit a la reine amie du vin pur • : « Femme brillante en tes dons apres Aphrodite doree, dispensatrice de felicite, < � · · > , mere des Amours, delice des mortels, festoie avec Lyaios quand au festin il prend part • . Couronne tu porteras en l'honneur de Dionysos, comme Aphrodite, ceinte de fleurs et de • .

• .

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1 . Dionysoιι ne repondra pas iι Methe au sujet du sort de Pithos ; sa metamorphose en jarre ne sera evoquee qu'en 20, 127141.

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ΔΙΟΝΊ'ΣΙΑΚΩΝ Ιθ

ΤLΥβ μϋtον mwε yuνή ωι&+ρcm Βό.ιcχ• . « •Hλhs iμοί, +'λ• Βά.ιcχε, +ιλον +όοs · ούιcn' βνίη, ούιccτ' wCνtos lx•' με ΔUιιJΥύαcκο +ανέντοs · 25 "λ8εs ίμοι, +'λ• Βά.ιcχc, +'λον +άοs · ύμετίfΜι» yΩρ δcίιcρuον iwpήuνα wοτί; wωήονοs οίνου. Ού wόcnν, ού wcιτcρos στcνό.χω μόρον, βλλcί ιcol cιύτού Βότρuοs, �ν �ns, �ω· βμ+ότcρον yΩρ Βά.ιcχον lχω yενετήρcι ιccιι uUcι ιcol wcιρcιιcοιτην. 30 •EcmoμcιL, �ν �US με, ιcol ειs τεΟν οtιcον Lιcβνω · άην Βcι.crσcιρίδεσο,ν δμόcrτολοs · �ν ihλήcrns, ιcου+'�ω cήο 8ύρcrcι ιcol Lμερόεσvβν lmώρην · χειλεcnν ήμcτcpoLs c1nλήνuw cιύλΟν cιι-ίαω. Χήρην μή με λίηs, μή &wλόον &λyos βίlω 35 ιcol +8φCνου Στcι+ύλοιο ιcol οιχομCνου ALOYύcrou. Βότρuν lx«LS tcρΩwοντcι · διδcιcncCσβω δέ χοιι-ίcιs ιcol τcλcτcίs ιccιι 8ύσβλcι ιccιί, �ν Meλns, μό8ον Ίνδών · ιccιi μLν iδω ycλόωντcι +Lλcιιcpήτft' wcιρό. ληνc; 1Ι'οσσί wφ8λ&Cοντcι τεiιs Wδiνas όwώριιs. 40 ΓηρcιλCου δέ Πίβου μφνήσιcεο, μή μLν iciασus crήs τcλcτίίs Ιιδίδcιιcτον � 6μμορον ήδeοs οίνου. » ·ns +cιμ8νην 8cίρc:ruw ΜCβην ycλόωντ, wpocn:ηr., Βά.ιcχοs ινcιι ιcol τοicι +Lλcιιcpήτ. +Ωτο νύι&+n « •n yύνω, βyλcιόδωιι- μετcί χρυαήν • Α+ροδιτην, 45 εύ+ροαύνηs δώτεLρcι, ( ) τερψίμCροτε μήτερ Έρώτων, dλcιwίνηs ψcιύοντ, cnιwLλcιmνcιt• λu�. "Εσσο ALCιMicrν στε+cινιι+όροs, ώs •Α+ροδιτη, Kcιi

.

.......................................... .

•.................................

n θcλξ(φρονι Graefe : -νιχ L 11 15 tίμι:τ�pω L ι : ήμ- L 11 26 ΠΟCL�ονος ['IJ ex ο] L 11 r7 Ο"!'Μχω F1 : Ο"!'C(χω L 11 31 3' post η., add. Graefe, frustra, cl. 5, 471 ; 6, 314 ; 16, 82 ; al. 11 33 χε!λcσιν L : -σι 11' Graefe 11 tmλήνιον Graefe : m3�μιον L 11 36 lχεις L : Ιχοι.ς Koechly 11 38 λ71vώ L1 : λΥ)μώ L (et Ρ?) 11 ..0 fol. 73' 11 45 post Βώπφαc lac. stat. Koechly.

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CHANT X I X

luxuriants corymbes •. Les bandelettes de tes boucles

5Ο rendront jalouse Victoire ; je feraί de toi mon echanson,

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apres Jeunesse au trόne d'or1• Tu seras l'etoile qui se levera au cόte de Lyaios le vineux, compagne de voya­ ge et servante des coupes bacchiques • . Ει de ton nom, Methe (lvresse), on appellera la satiete du vin, ce delice des mortels ; j'appellerai bolrys (raisin) le fruit de ma vendange qui apporte l'oubli du malheur ; en souvenir de Staphylos (grappe), j 'appellerai slaphyle pherebo­ lrys (grappe porte-raisins) le fruit enfante par les ceps et la rosee de la vigne • . Loin de Methe, je ne pourrai plus festoyer ; loin de Methe, jamais plus, je ' η eveillerai la Mte 1. • 11 dit et, pres du tombeau de Staphylos le chancelant buveur, Dionysos, lui qui ignore le deuil, institue des jeux d'ού le deuil est banni • . 11 fait amener un bouc barbu et un taureau mAle qu'il propose comme double recompense, et il appelle a se mesurer des citharedes habiles, lutteurs dans l'art des Pierides ; il propose une double recompense, et ίΙ excite les athletes virtuoses de la lyre sonore en les allechant par ces paroles • : « En ce lieu, nous eveillons une Mte a la mode atti­ que : au vainqueur, en effet, j 'offrirai le taureau iι la robe brillante pour prix de sa victoire ; au vaincu, je remettrai le bouc velu •. • Bromios a parle. Un lyricine bondit : Oiagros 1, habitant des terres gelees de la Bistonie, avec sa lyre et le plectre attache a l'instrument. Apres lui se leve un citoyen de l'Attique amie des chants, );:rechthee • . Tous deux vont se placer au centre, I . Hebe, la Jeunesse, est l'echanson des dieux selon Homere : cf. la Notice, p. 71, η. 1 . Fille d 'Hera, elle porte ici l'epithete qu'Homere (et Nonnos 8 sa suite) donne 8 sa mere : cf. Α 61 1 , eι la note 8 5, 134 (ι. 2, p. 1 75). 2. La repetition des deux premiers hemistiches des ν. 57-58 rend plus solennelle la promesse du dieu. 3. Sur Oiagros eι son ήνal t;;rechthee (ν. 72), cf. la Notice, p. 80.

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ΔΙΟΝl"ΣΙΑΚΩΝ Ιθ

lνlccn μιτρωβεiσσ. ιccιί .υιcιλΗσσι ιcορύμCοιι crτίμμcιτcι σών 1rλοιcόμων τcλecm 'ηλήμονcι Νίιcην · 5Ο οlνοχόον τcλίσω σ. μcτcί χρuαό8ρονον •ΗCην. 'ΈσcΝcιι όμ'ΙΙ'cλό«νn σuνcιντ«λλουcrcι λucιίιf, Βcιιcχι&ων όμόtοιτοι ύ'ΙΙ'οδρήcrτιφcι ιcu'ΙΙ'ίλλwν. Κcιί σ. ΜΗην ιccιλίcroucn ιcόρον τιρ+ίμCροτον οΣνοu · Βότρuν ίμήι ιccιλCαω λcιβιιcηδCcι ιccιptrόν ό'ΙΙ'ώρηι 55 ιccιί crτcι+uλήν +cρίCοτρuν lι1rό Στ�λοιο ιccιλίαcnιι ήμcρίδwν Wδiνcι ιccιί όμ'ΙΙ'cλόcασcιν Wρσην. Ούδί Μ8βηι lιnνcuβc δuνήαομcιι ιιλcι'ΙΙ'ινάtιιν, ούδC ΜΗηι lι'll'cίνcuhν iyώ 'ΙΙ'οτι ιcώμον iycίρw. » ·nι ct'll'ών Στcι+Uλοιο μducr+cr.λίoι 'ΙΙ'cιρcί τύμ.Cιf 60 νηmνιήι Αιόνuσοι lι'ΙΙ'Cνβίcι tηιccν lιyίwcι. Κcιί τρcίyον CU'II'VyfιWβ ιccιί Ιρσcνcι τcιuρον iρύσσοι δι1rλόcι tήιccν Wλcι, ιccιί ιϋ+όρμιyycιι Ιρίtιιν Πιιρuήίι Ιιccίλισσcν 'ιιιλλητήρcιι lιcdίίι · δι1rλόcι tηιccν Wλcι, ιccιί lι8λητήρcιι i'll'cίywν 65 tδμονcιι ιύιccλόδοιο λύρηι μcιλ'tcιτο μύtν · (( • λττuιόν ιν8cίδι ιcώμον iyιίρομcν · lιβλο+όρ«ιι yΔρ lινίρι νuιήcrcιντι λι'ΙΙ'όχροσ. τcιuρον όιrάcrcnιι, lινδρί δί νucηβίντι δcιαύν τρcίyον lyyucιλ'tw. » ·nι +cιιΜνου Βρομίοιο λuροιcτύ'ΙΙ'οι Ινβοριν lινήρ, 70 Βιcrτονιηι Otcιypoι lιβcιλ'ΙΙ'ίοι lιcrτόι lιρούρηι, 'ΙΙ'λήιcτρον lxwν +όρμιyyι 'ΙΙ'cιρήοpον . cιύτcίρ η· cιuτ.; •λτtιδοι ύμνο'ΙΙ'όλοu να.ίτηι lινόροuσ.ν Έρcχ8ιύι. •

·

Ο ciι6cxλUσcn Koechly, cl. Paul. Sil. Soph. 293 : Mι'lθtσcn L c\ιαύΑiσcn Ludwich uide adn. 11 χορόμ6οu; Falkenburg • : χαιρήνοιι; L 11 53 χαιλiαοuσι Graefe : -tοuσι L (cf. 4 1 , 367) 11 χδρο" L : πόθο" praefert Vian uide adn. 11 59 τύμ� Koechly : -6ou L 11 61 cύφδρμιποιι; L1 : -ποι; L 11 66 i'yc(ρoμc'tl · iθλοφδριρ Cant.er : tycιpo., «cθλ- L 11 69 λuροχτύποι; Ludwich : λuρόχτuποι; [λu et pr. δ L1 in ras.] L λuρδ LΙm«. ·

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CHANT ΧΙΧ

en athletes du concours, en maitres de la phorminx ; Hs ceignent leurs cheveux de feuiHes de laurier ; Hs retroussent leur tunique • . Pour commencer, Hs impri­ ment a leurs doigts les mouvements habituels en frappant successivement la rangee des cordes tendues ; Hs en serrent les extremίtes, afin que le crin rende un son juste : ίΙ ne faut pas qu'en se reiAchant ίΙ fasse vίrer a l'aigu la melodie jouee au grave • . 80 Et, le premier selon l e sort, e n u n rythme savant, l'habίtant de la terre de Kecrops, Erechthee, joue sur sa cithare • en chantant un air de sa patrίe • . Deja, dans Athenes la sacree, dίt-il, Keleos donna l'hospίtaHte a Dέό, mere de toute vie, en compagnίe de son fils Triptoleme et de la vieίHe Mέtanire ; 85 et la deesse leur fit don du grain ; apres quoi, Tripto­ leme, saupoudrant les siHons de la terre, inventa l'art de semer, montέ sur son char porteur d'epis • ; et, θ la mort de Keleos, pres de son tombeau nouveHement bAti, Dέό, mere des moissons, pleura de ses yeux ·sans larmes ; puis, grAce a des paroles de reconfort qui 90 mettent un baume dans les creurs, eHe fit s'έteindre la poignante douleur de Triptoleme et de Mέtanire • . Tout pareiHement, le souverain des Assyriens a donne aussi l'hospitalite a Dionysos dans son palais ; le Sei­ gneur, pour prix de son accueil, lui a offert les dons de l'evohe et le fruίt de la vigne ; puίs, a la mort de 95 Staphylos, le roi ami du vin pur, il a delivre son fils Botrys de ses plaintifs regrets et endormi la peine de Mέthe, sa gemissante epouse • . Voila ce que joue l'habile lyricine ; et tous, en m�me temps, sont sous le charme de la musique ; comme Lyaios le porte-thyrse, ils admirent cette me­ lodie attique si bien appropriee 1, interprέtee d'une voix exquise • . 75

Ι . Αρμcvο" signifie que le theme chanιe par f;rechιhee esι parfaitement adapte ιi. la circonstance. Le m�me terme caracterise l'un des motifs figures sur le bouclier de Dionysos : cr. 25, 430, eι le commentaire ι. 9, p. 34. •

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..Αμ+w s· .ιs μiσον �λ8ον c\dλητίjpcs βyWνos +ορμιyyιιιν iλcιτίjpcs · φιτρώcnιντο � χcι&την 75 δcι+νcιίοιs nτΔλοιcnν βwtώννυντο � wiwλous. •λρχόμ.νοι δ" iλiλιtον Ηήμονι Μιcτυλcι wcιλμ4; iιcτcιδίηs ΙΜCοντ•s lφοιCcι&ην crτLxcι wupίjs Lcρcι npιcr+Lyyoντ•s, &ιrwι μLτοs 6ρβιοs •iη, μή won Ιηλύναc wcιpcψiνos c\pcNνcι μολwήν. κcιι, •ρότ•ροs ιcλήροιο τυχών, τ-χνήμονι ρυιμν 80 K•ιcpow{ηs νdτηs ιcιlβρην D.iλιtw Έρcχβ.ύs, μiλnιν trβτριον ϋμνον δτι . tcr.Ncus ιν •λtήνcus ώs Κ.λ.όι ι.ι� μLou wαμμήτορcι Δηώ τριwτολίιuιι αύν wcιιδί ιccιi βρχcιίtι Mcτcιw{pn, 85 ιccι& o+cn ιc«ιp1rόν 6waσcNY, δ8.ν χβονόs cιϋλβΙCcι νt+ων τριwτόλφs cmόρον dpc ..ρcστcιχύων im 5ι+ρων, ιccιi Κ.λ•οϋ +ΙφΜΜο wοδμήτν wcιpcl τύιιCιf δμ.μο.cnν βιcλcιύτοιcn kλucnόs lcrτ.w Δηώ, βλλcί wcιpηyopioucrca wΔλιν ωιι+ρονι μύβfιt 90 τριwτολίμοu ββρύ ..m8os laflσCcσc ιccιi Μcτβνάρηs . οϋnι ιccιi Διόνuσον ιν Ι•Lνισσc μ.λόtρ., ·Ασσυρι.., cncηwτoϋxos, ινcιι δί ot cίντί. τρcιmtηs hcιcrcν •ϋιcι δώρcι ιccιi lφw.λό.σοcιν lmώρην, ιccιi Στc+Jλοu +8ιμΜκο, +ιλβΙCρήτοu βacnλήos, 95 uUci Βότρuν hrcιUCN +ιλο8ρήνοιο μφίμνηs, ιccιi ιcινυρίjs βλόχοιο Mitηs •ίiνηcΝν βνLην. τoio σο+όι +όΡι&ιt• λυροιcτύwοs . c\μ+i. � � wόνns δμοϋ Νλyοντο · αύν .ϋβύρσν � ΛυcιUιt δριωνον lμcpόtwνcw ΗόιιC•ον •λτtιδcι μολwήν. •

77 ixται3L?Jc; Graefe : -?Jν ι 11 78 μιτοc; ιudwich • : μ-ήτ' ι 11 80 πρδπροc; ιι� : πρώτοι; ι 11 82 μtλπων posι rasuram in margine rescήpsiι ιι 11 πQ.τριον F1 : παιτρώιον ι 11 83 ώc; Peek1 : χαιί ι 11 � 6θcν Koechly : δτι ι 11 ν[φων ι : νtίφ- F1 (cf. 2, 547) 11 17 τ\ιμδω [δ ex φ) ι 11 89 θtλξ[φρονι Falkenburg : θtλξ[μφρ- ι 1/ 97 λuροχτ\ιπος Koechly : -δχτuποι; ι.

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CHANT ΧΙΧ

Le deuxieme, le seigneur Oiagros ti88e un chant riche en variations, lui, le pere d'Orphee, le compagnon intime d'une Muse ; il entonne cet harmonieux distique sur un air inspire de Phoibos, la parole sobre et le verbe sonore, selon l'usage d' Amyclees • : • Α Hyakίnthos le chevelu, la νίe Apollon rendit 1 • 105 Α Staphylos, immortalίte Dionysos donnera • . •

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Le chant n'est pas encore termine que les assis­ tants, iι gorge deployee, repondent par des accla­ mations unanimes a ces paroles propices ; la foule des Satyres mene grand tumulte. Bacchos n'arrHe pas de bondir de son siege, levant et abaissant le bras droit ; et Botrys se precipίte : au cri d'evohe, il louange l'harmonίeuse compositίon du poete • . Le Seίgneur couronne de lierre le chef d'Oiagros et le pere d'Orphee, battant la terre de son talon, rec;oit dans l'allegresse le taureau indompte pour prix de son chant ; autour de lui bondit le cortege de ses compa­ gnons. Et le bouc barbu, c'est le concίtoyen d'Athena quί l'emmene d'une maίn honteuse, nourrissant chagrin et jalousίe • . Puίs Iobacchos aux beaux cheveux apporte dans ses bras genereux des presents de valeur comme prίx pour quί trίomphera a la danse C'est un cratere lourd d'un νίn vίeux et bouquete, tout en or, quί contίent en ses flancs d'innombrables mesures et de­ borde sur le sol assoίffe d 'une liqueur de Lyaίos Agee de quatre annees • , un chef-d'reuvre de l'Olympe, travaίl d'Hephaίstos que ja dίs Cyprίs remίt a son frere Dίonysos le porte-grappe • . Au centre de l'a88emblee, ί1 depose iι cδte un cratere plus petίt, d'argent etίnce­ lant, cίrculaίre que jadίs a Bacchos offrίt en present d'hospίtalite le rοί d'Alybe 1, habίtant de la riche · ,

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• .

· ,

I . Sur la legende d 'Hyakinthos, cf. la note a 3, 153-163 (ι. 2, p. 1 40). 2. Dionyeos esι pasee par Alybe en 17, 32-36. Dans ce pa888ge, Nonnos ne faiι aucune allusion a l'hospitalite que le roi (anonyme) de la ville auraiι offerte au dieu.

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Αcύτιροι cύόλον Gμνον &νcaC Otcayρoι ϋ+cι'νwν, Wι yΜτηι ΌΡ+ήοι, όμCστιοι ήtόδι Moύcrn, δίστ'χον όρμονίην 4νcCόλλcτο �&Cά& μολή, wcιυροηήι, λ,yύμυβοι, •Αμυιcλοίιιt τ,ν& 8ι� · « Εύχcιίτην Ύόιc,ν8ον Ανctώyρησcν Άwόλλων, 105 ιccι1 Στό+υλον Α&όνυcrοι ά.cί tώοντcι τcλCασc,. � 100

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οι; ... ιcώμοι Ιληycν, nrc+ecvecιντo 8C λcιοί cϋ+ίιμ.οιι mcισcnν όμοyλώσσων 4wό λcιψών, ιccι1 Σότυρο& σμα.ρόΎ1JΟ4ν 4ολλuι. Έιc 8C toώιcou Lrrcιτoι Ιλλcτο Βόιcχοι, &νω ιccι1 Ινcρ8c "''νόασων a.e,τcρήν . ιccι1 Βότρυι 4νCδρcιμcν, ιύό& +ων6 όρμονίην ιϋρυtμον 4ο&δο.όλΟ&Ο yιρcιίρwν. οιόyρου 8C ιcά.ρηνον Ινcιt icrrί+cιτo ιc� · ιccι1 yΜτηι ΌΡ+ήοι mρρίιασwν χ8όνcι τcιρcn; δ.cηιcνοι ηυycι τcιϋρον ιΝtcιτο μ&σtόν 4ο&δηι · 4ιι+' δί μ'ν crτΟ&χηδόν hecncLρτηcro.ν iτcιipo&. Κcι1 τρόyον cύρυyίνc&ον, Ιχοι ιccιί tήλον cUtων, cdδομCνcι&ι wcιλόμncnν 4νcLρυσcν cιcrτόι •Αtήνηι. Εύχcιίτηι δ' Ί6Ccucxoι, ό+cιδά χιφί ιcομ(tων, c\C&cι fίίιccν Wλcι χοροwλιιcCοι wcpί νίιcηι · yηρcιλίου ιcρητήρcι 8uώδcοι lyιcuoν otνou, χρύσcον, Lmcτcι μίτρcι ιccχcινδότcι, δι+ό& ycιίn lιψόδcι τcτρcιίτηρον 4νcιCλύtοντcι λυcιίου, •H+crJcrτou οο+όν ίρyον Όλύμw&ον, lw wοτι Κύwρ&ι hcιcrι βοτρυόcντ' ιccιcnyνήτν Α&ονύcnιι. Μιίονcι 8C ιcρητήρcι μίσν wcιρίtηιccν 4yών& 4ρyύριον, crτίλCοντcι, wι,Κτροχον, lw wοτι Βόιcχιιι δWιccν Ινcιt •ΑλύCηι taνή&ον, olιcUι νcUων

100 � Graefe : -ον L 11 103 ποιuροcπ1ιι; Graefe : ταιuρο- ι 1 1 116 fol. 73• 11 110 β///ότρuι; L 11 111 «οι3οπόλοιο ιιιι : «ιι3ο- ι 11 112 χισσώ [ι ex αιι] ι 11 114 LJμ.cνοι; ι• : -νον ι 11 120 θuώ/Ιιοι; Wernicke Graefe : ιόώ3- ι 11 122 λuαι(οu ι• : λuαι(ω ι.

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contree ού les noirs replis du sol blanchissent sous l'eclat argente du metal souterrain : sur le bord de sa levre, il y a , avec des pampres de vigne, un feston de lierre, cisele tout autour, qui diψloie sa parure dΌr • . Voila le vase qu'il apporte et dresse, exhalant encore IΌdeur du pressoir dans les profondeurs de ses flancs : jeune fruit de la vendange, mistelle, boisson ne procurant qu'une ivresse impubere. Car il n'y a pas de mal a ce que le vaincu boive une rosee qui ne donne pas l'ivresse • . Puis, lorsque Bacchos a depose les prix a u milieu de l'assemblee, il appelle d'une voix claire les virtuoses de la danse 1 : « Celui qui luttera en tournoyant d'un pas savant • , celui qui emportera la decision grAce a la rapidite de son pied, qu'il rec;oive le cratere dΌr et le flot de son vin si doux a boire ; mais celui qui tombera, entraine par l'elan d'un pas vacillant, celui qui moins bien dansera, moindre cadeau aussi il emportera. Car moi, je ne suis pareil a nul autre. Α celui qui remporte la victoire dans un gracieux concours de danses rythmees, je nΌffrirai ni trepied etincelant ni rapide coursier ni lance ni cuirasse eclaboussee par le sang des lndiens • . < ... > en appelant les athletes a lancer le disque en droite ligne 1 ; ίΙ ne s'agit ni de montrer la vitesse de ses pieds a la course ni de jeter au loin la pointe d'une lance : pour Staphylos, le roi defunt, cet ami de la danse, j 'eveille une fete amie des ris et des jeux ; je nΌffre pas des presents pour honorer les •

Ι . Miσctι ··· &:γώνι : cf. la note aux ν. 125-126. - "13μονιτς 6ρχηθμοiο : cf. Quint. Sm., 6, 101 (3μονcι; ιι!ρcσ(ης. - Μ«ρ-ruρι φωνjj : litt. ιd'une νοίχ qui prend les assistants ι'ι temoin•, donc ι claire•. 2. La syntaxe rend necessaire l'hypothese d'une lacune apres le ν. 1 46. Marcellus a tente de l'eνiter au pήχ d'une traduction d'une liberte audacieuse : •Je ne donne ni une pique ni une cuirasse ... , comme si j'excitais ιί lancer le disque en ligne droite t. W. Rouse semble admeιιre que la negation du ν. 1 46 porte aussi sur i'y&Ιρων : ι ( make no summons to marksmen for straight throwing with ιhe quoit•.

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'+wιήν wcιρβ ,Νtον, htι χ8ονίοιο μ.-rβλλοu &pyupR&ι Διmαι μiλοι λιuιcοίνncιι βyιcών · \30 τοU wcpί χ•&λ8)1 6ιcρσν nr βμ....ό.ν .λ τι ιcορύιιCιf ιασσόt ΙλιC, XpucMfιt � ••P't δcιιδβλλιτο ιcόαιuιι · τούτον 6yων lcrτησc βcι8ννοιώνιιι ιc.wώνι ληνόν ln 'ΙΙWίοντο, ν&.τ.ρον 6yιcον bmίιρηι, yλ.Uιcοι, cι� ιώlηι wοτόν • ού Wμ.οιι yόρ \ 35 4Wpcι νιιcηΝντο wwiν �ον ι•ρcrην. Αλλ. 6τc Βόιcχοι Wλο μ8σν crτήfΚC.v ayίm, tδμονοι lφχηlμοiο ιcολ�το μάρτuρι +ωνiί · «·οι nι Wλ•ύσcι ιcuιcλούιωνοι tδμονι τ� νιιcήcrcιι τροχολοiο w� ιcρUnν, οδτοι ιλ..,.._ 1 40 ιccιl χρύσcον ιcριrήίρcι ιccιl ήδuwότοu χύσιν οΣνοu · δι δί ,..-.,. ο+ολ•ροiο wοδόι &δονημiνοι δλιc«f, 1ιοσονο δ' lφχήσοιτο, ιcca1 f\σσονο &ίιρcι διχ..,.._· Ού ycίρ ιyώ wά.ντeσσιν δμοιιοι · 48λο+όfΜιt δi 4Wρι νιιcήcrcινn χορcΚτuwον ΑCρόν βyώνο 145 ού τρίwοδο στ&λCοντο ιcal ού τοχύν τ..ον δwάασω, ού δόρu ιccιl ΙWρηιcο +όνν nwcιλοηώνον 'Ινδών · '

'

( δίσιcον ιι ιιu.a.ueoν hονnστήpοι ιy&ρwν ούδί wοδιιιβ ιc ηι τnοτcιι δρόμ.οt, ού δορόι uχιιή τηλειrόροu · Στcι+ύλιιι δi, ιcο� βοcnλήι, 1 5Ο βνδρί +ιλοcnccίρ8μι,, +ιλοwοί-yμονcι ιcώμον iyβρω ·

................................................................................

}

.

118 &φ-.αtι Graefe : -ijς ι 11 119 &χτϊιn Tiedke1• : ιi-yxώ.&uχσι!wτcιι Hermann 1 : -no ι 11 130 χορuμδιιι Graefe : χσιρ� ι 11 posι uersum lac. staι. Keydell uide adn. 11 131 posι Ιλιξ Jac. sιaι. Meineke• 11 131 posι Ιστηοι lac. sιaι. Keyde\1, sed uide adn. 11 134 ιά6ης : μlff ι in ιeχιu eι θης ι.ι 11 138 ιiιθΜUσcι Hermann1 : -οιιc ι 11 t3μο'Λ F1 : (χμ- ι 11 1� δπιiσαω F1 : !μ«σσω ι 11 146 posι uersum lac. sιaι. Koechly 11 147 tyτ!ρων ι in ras. : iyc(pω Koechly• 11 10 ou 3ορ� cιlχμή ι : οuχ 6ρος cιlχμijς ιtoyd-Jones, cl. Ψ 431 , 523 11 149 nιλcπδροu Rigler8, cl. 17, 339 : -cφόροu ι (cf. 18, 262) 11 1!0 χώμον tyτ(ρω Graefe : 3ώρcι τιτcι!νω ι (ex 151) χώμον iιφαι!νω ιudwich•, cl. 20, 86.

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prouesses physiques de \a lutte • . Ce η' esι pas ίcί la course de chars, les combats de 1'1�;\ide, la course d'Oinomaos mortelle aux pretendants • : mon arene esι \a danse ; ma barriere de depart, ce sonι des pas bondissants, une main rapide, un sauι tournoyanι • , les mouvements incessants d'un visage mobile, un silence parlanι qui anime a la fois les doigts eι \e regard du danseur1. • Sur ces mots, un Silene cornu se leve. Ει Marόn 1, \e vieillard trois fois vieux, se dresse d'un bond sur ses jambes gourdes, lorgnanι l'enorme cratere scintillanι de ιοuι son or • , non qu'il le recherche pour ses ors, mais seu.lemenι parce qu 'ί\ esι plein, jusqu'au bord de sa \evre, d'une exquise \iqueur vieillie : \a passion du suave vin lui rend la jeunesse ; le bouqueι de Bacchos bouscule sa blanche vieillesse • . E t ί Ι faiι des virevoltes avec ses pieds pour eprouver ses forces, craignanι que \es pesanteurs de l'Age n'aienι engourdi dans son corps le souvenir de la danse Ει le vieillard, pour se concilier par des mots l'Ame de Sιaphylos, repand de son gosier poilu ceιte sobre libaιion de moιs • : « Je suis Marόn, l'allie de Dionysos qui ignore le deuil ; je ne sais pas pleurer : quoi de commun enιre les larmes eι Dionysos ? Ce sonι des ronds de j ambes que j Όffre comme presents funebres sur ιa tombe ; accepte mes sourires. Marόn ne connaiι pas \a douleur; \es sanglots, Marόn ne \es connaiι pas, pas plus que \e deuil gont1e de chagrins ; ίΙ esι \'aimable servanι de Dionysos qui ignore le deuil • . Sois propice a ιοη Marόn eι, m�me si ιu as bu les eaux du Letbe, accorde­ moi la grAce de boire les flots de ce vin vieux, eι que le jeune Si\ene boive le jeune fruiι de \a vendange • . Ει pour Sιaphylos, m�me apres sa morι, je danserai • .

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1 . Les ν. 153-157 detinissent les lois de la pantomime. cr. notre commentaire dans la Notice, p. 95-99. 2. Sur Marόn et son adνersaire, cf. la Notice, p. 88-89.

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ούδί wαλcιι.σμοcrύνu yu&aλιcC, διίρcι τ,τcι&νιιι. Ού δρόμοι (mrocniνιιι , ούιc •Ηλιδδt ιlcnν c\yώwι, ού δρόμοt οtνομόοu ycιμCροιcτόνοι . ήμnCρη ycίρ νύσσβ χορόt, �� mι.αιcφτήμοτο τaρσών, χ•'Ρ τροχαλή ιcal 0'1Cορ8μόι Ιλ�, ιcal νcϋμο wρocNwou δατοτο ιc'νuμiνcκο, ιcal cιύδήecrcrca cruιηrή Μιcτuλο &νcUoucra ιcal lφχηcrήίροt c\wwwήν. » Τοiον hot +cιμ8νοu, ιccρόειι Σιληνόι c\νCcrτη . Κο& τριycρων βcιρύ8ονn Μβρwν c\νεwήλοτο το� χρύσcον ώτρό.wτοντο μCyaν ιcρητήρο δοιccύων, ούχ 6n χρύcrεοι ήcν ύwCρτcροι, c\λλ' &τ, μοUνον dxcν iupρalόμιyya wαλaτοτον byιcoν iCpcnιι &ιcροu χ.ιλcοι Ιχριι · lpwt δC ιιιν ήδeοι ο&νου tήιcc νCον, wολ,ήν δί β&ήοο.το Βcιιcχιόι bδμή. Κο& wόδcιι άιι+ελCλ&lcν iήι wcφώμενοι c\λιcήι, μή βορύ yήροι lwOUCN λcλασμCνο. yuia χορcLηι · ιcal +uχήν Στc+iλcκο ycρων μειλ'tοτο +wνij, νη+ciλιον λacnι, wρoxcwν &οι c\νβcρεώνι . « Ειμί Μcίρων, συνόdλοι c\wcνtι;τcκo Λυcιιοu · δaιcpuxC.,ν ούιc olδa . τι Mιcρucn ιcal � ; Κύιcλο wοδίίν iμcί διίρcι τσ+ίιuι σι; wcιρcί τύμCν · δeto με μcι.&όωντο. Μcίρwν ούιc olδc μcρίμνοι, ού yόον οlδι Μcίρων, ού wntcίδoι byιcoν c\νίηι · (μερόc'ι wCλc λcίτρ'ι c\wcνtι;τou Δι.ονύσοu . ·ιλaβι acio Μcίρwνι, ιcal ει wίcs ϋδcιτο λή8ηι, δόf χcίριν, 6+ρο wιοψι wαλοιyενCοι χύcnν ο&νου, Σιληνόι δί νCοι wώτω νCον byιcoν όΝρηι . Κο& Στc+iλfι' μcτcί wότμον, lτc tώοντ,, χορcύσω,

1!56 x'νwμivo'o L 11 157 δπωπ*)ν Graefe : -π-ή L 11 161 οuχ' δ·η L•1 : oud·n L 11 Uπ�τιροι; corruptum censuit Keydell, sed uide adn. 11 164 �χιν Loc 11 166 χοριlηι; F1 : -dη L 11 171 fol. 74• 11 174 πtλι F1 : � πiΑω L 11 177 -4οι; mi-fω Hermann et Keydell : wοσπlατω L wοσπιlατοu L 1 11 6-yχον Koechly, cl. 12, 200 ; 19, 20 : οtνον L.

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comme s'il eιait vivant, car il preferait les chreurs aux fumet.s de la ιable. Pour toi, Sιaphylos qui vis encore, bien que tu ne respires plus, je danserai, scandant des pas de fete en guise d'air funebre 1• Je suis le serviteur de Bacchos, pas celui de Phoibos ; je n'ai pas appήs a chanter ces melodies plaintives sur lesquelles se desolait en Crete le souverain Apollon, versant des larmes sur l'aimable Atymnios • . Je ne ressemble pas aux Heliades, je suis etranger iι ι·ι;;ridan, je suis different de Phaethon, le cocher defunt. Je ne suis pas un habitant de Sparte 1 ; je ne brandis pas la Oeur de deuil, je n'agite pas les delicats peιales des dolentes jacinthes Qu'aujourd'hui, pres de Minos, tu sίeges en pronon�ant d'equitables sentences ou que tu habites le Oeuήssant palais de Rhadamanthe, parcou­ rant d'un pas alangui les bosquets de la prairίe elyseen­ ne entends ton Marόn, ιandis que moi, d'une bouche seche, en guise de coupe, je verse une parlante libation. Exauce ton Marόn : donne-moί le vin de la victoire, une victoire par tous celebree ; et moi, sur ta tombe, je repandrai les splendides premices de mes coupes dorees quand j 'entamerai mon cratere apres avoir remporte le pήχ de la victoire • . • 11 dit ; et Marόn danse en execuιant de tour­ noyantes enjambees ; le pied droit en cadence succedant au pied gauche · , il grave d'une main muette un prolixe silence. 11 lance de vagabonds regards, images de paroles, ourdissant un aίr expressif avec de savants coups de nuque • ; et il balance la tete et aurait agite ses boucles si son front denude n'etait degarni de cheveux 1. Ει lui, touι vieux qu'il est, • .

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· ,

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I . Paradoxe du mort qui demeure vivanι ; de m�me, la mort d'Ampelos n'esι pas une veritable mort : 12, 142-145, 216-219. La negation de la mort fait partie du credo bacchique. 2. Allusion 8 Hyakinthos qui esι dej8 oppose 8 Staphylos aux ν. 104-105. Cf. la note ad loc. 3. Pour ces mouvements de �ιe. cf. la Notice, p. 97, n . 4. L'allusion aux boucles de cheveux esι humorisιique, car les Silenes sonι en general chauves ; cf. 14, 137 ; eι Emmanuel, 292-293.

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6ττ'

χορόν w�λc +ιλοιcWrοιο τρcι..Νtηι. Σοι, Στό+υλc, tιίονn ιccιί ού mιάοντ, χορcύω ιcώμον βνcιιcρούων imτύμC&ον • .φι δC Bcίιcxou, ού hρόwων �. ιccιί ού μcίβον aD.,νcι μiλwc,ν, oLr. wcιρcί Κρήτcσσιν Ινcιt iλίycιινcν •λwόλλων δcιιφuχCων iρcιτc,νΟν • λτύμνιον • Ήλιόδων δί &ciνοι iyW ycνόιιην, βλλότριοι Ήριδcινοiο, .φι νό8οι �οι δλωλότοι ήνιοχήοι · ού Σwόρτη ι ναCτηι, ού wΜφον 4ν8οt u{ρω οcίων 4Cpcί ..Ντηλa +ιλοιcλaύτων ύaιc{νlων. Σήμcρον d Μ{νιικ waρήμcνοι foa δucQtaι, cίτc ιccιί βνβφόcσσaν Ιχ•'ι •Ρcιδcιμcίνβuοι aύλήν, Ήλucnou λαμώνοι iν &λoccnν βCρόι c\δcύων, dιcλulι CNio Μό.ρωνοι • iyW δί σοι βντι ιcuιraλων lιcmόνδοιι οτομcίτcσσιν iρcύyομοι 1ιι+ρονο. λcκCήν. ·ιλaΙι ocio Μcίρωνι, δίδοu δί f&O' οίνοwa wιcην, wιcην wacnμ.CλOUO'Oν iyώ δί σοι ύ+όtι τύμCου cm•• φών xpucNwν wρωτcίyριa ιcaλci ιcυwaλων l&ρχόμcνοι ιcρητήροι ίμήι μcτ' ciitλιa ν(ιcηι. » ·οι dwών ixόρcuc Μcίρων iλucώδci τapcn;, δc&ιόν iιc λοιοίο μcτήλυδa τaρσόν βμcίCων, cnyήν wοιιcιλόμulον βνοuδίι χ•ιtΚ χcιρcίασwν. 'ομολμούι a· iλίλιtcν βλήμονaι, dιcόνcι μύlων, νcύμaτ' τcχνήcντ' νοήμονa � ύ+aίνων · ιccιί ιcc+ολήν nίνcισσc ιccιί ;;ω. βόστρυχο οcι.,ν, .ι μή yuμνci μίτωwa λ'wότικχοι dxc ιcaρήνου. .

1 79 6-n L "" 1 1 φlλοχν.Lααων ι : &p«ααων Koechly alii alia uide adn. 11 284 πο&ων ι : 6ocji Koechly.

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de ses pas ; et alors ses genoux ploient, sa �ιe dodeline eι il gliιιse 8 terre en roulant de lui-m�me sur le dos • . Ε ι il se ιransforme e n fleuνe : son corps laiιιse jaiHir de l'eau en ruisseaux sponιanes • ; ιandis que son fronι s'altere, de ses cornes sourdenι des jets recourbes 1• Ει le floι dresse sa cr�ιe en tourbil­ lonnanι au-dessus de sa �te ; eι, dans le sable, son venιre se creuse en aνen poissonneux • . Tandis que Silene se Hquefie, sa cheνelure se change d'eHe-m�me en joncs : touι pres, dominanι le fleuve, siffle le roseau effile, anime par les brises, dans un foisonnement spon­ tane • . Marόn remporte la suaνe νictoire, tenanι a deux bras le craιere qui degorge le νin doux • . Saisissanι le prix de Silene liquefie, le cratere d'argent, il le jeιιe dans les floιs, comme pour se railler et il eniνre les ondes du fleuνe danseur : de la νίeηι que le Heu s'appelle le Cratere 1 eι que cette onde retentissante d' Eνios a pris le nom de Silene iι la delicieuse liqueur Ει Marόn adresse aux eaux du fleuνe ce discours : « Non, Silene, Marόn ne te faiι pas ouιrage ! En ιοί, je νerserai le νίη rougeoyanι et je ιe donnerai le nom d'un recepιacle a νίη • . Re�ois, insaιiable iνrogne, ιa part d'iνresse, re�ois le craιere d'argenι de Bacchos et tu rouleras des flots d'argenι • . Silene au pied toumoyanι, m�me dans ιes eaux, ιu danses ; m�me dans ιes νagues, ιu conιinues les remous de ton ballet ; ιu menes encore tes sarabandes sous ιa forme liquide AHons ! sois propice aux Bacchanιes, aux Saιyres et au doux breuνage des νendanges • ; proιege les Silenes, rejeιons de ta race. Faνorise Marόn, le • ,

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• .

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• .

1 . Litt. ι les cornes se gonΠaient pour devenir des jets d'eau courbesι. Cette construction de χuμ«(νω est isolee. Le poete joue sur Ιeιι deux ιιens du νerbe qui peut exprimer soit le bouillonne­ ment d'un liquide (cf. 6, 2 1 6 ; 1 1 , 380 ; 23, 26 ; et surtout 36, 298, Dionysos change en Πeuve) soit le gonflement du ventre d'une femme enceinte (cf. 1 , 352 ; 6, 1 63 ; al.). 2. Sur la localisation du Cratere et du fleuve Silene, cf. la Notice, p. 104-107.

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285 ιcο1 τότc yoύνa'fa ιcόμνc, nνcισσομ8νου � ιcaρήνου utΓrιot cιύ'fοιcύλιcrrοι imιλισtησ.ν βρούρu. Κcιί WΟ'rcιμόι μορ+ού'fο . δίιuιt a. οι ICλucν ϋ3ωρ χ•ύμcιcnν alf'foμβ'foιcnν · Ωμ.ιCομnου � ιω'fώwοu dt •ροχοήν iwίιcupτ'OY Ιιιuμcιiνονrο ιιφcιίοι. 290 Κcιί pό8ιον ιιορutού'fο ιιuιιώμcνον ϋψι ιιaρήνοu , ιιcιί β� Lx8uόat +ομό8fιa ιιοιλcιίΥC'fΟ ycιcπήρ. ΣιληνοU � xu�Mot � .a. χcι&τη dt Ιρύον aU'fΟ'ήλ.στον ύmp wΜcιμοίο � y.ι'ΠIW δt""Mtt cnipιt• δόνcιt S.δονημiνοt aϋρφt 295 cιU-rc+n;t. Γλuιι•ρήν � Μόρwν (ύ•)•δύοcι'fο νίιcην, βyιιcίt lxwν ιφη'fήρa β.CυσμCνον ήS.ot οΣνοu. Σιληνού � xu�Mot cUιλιον, ol4 n μομ+ήν, βpyύρ.ον ιιριι'fήρa λαCών Ιρρι+- ,Mίlpoιt, ιcο1 •poxocίt φίtucnN χοροwλ� WΜcιμοίο · 300 xWfιot δι.ν ιιpιι'fήpοt hn:wuμot, ήlu1rό'fou a. ΣιληνοU αλcίδονrοt βιιούnaι .Uιον ϋδωρ. κcιι nνa μUΙον n.e. Μόρων WΟ'rcψηι& mrrii . «Οϋ a. Μόρων, Σιληw, ΙJιόt•"aι · .ι, cre � Ρ'+ω οlνον ιp.υβιόwνra ιιcιί οlνοδόιιον CN ιιβλCσvω. 305 ωεο, μitηt βιιόρηn, .,. μilu, � Βόιcχοu c\ρyύρ.ον ιιριι'fήρa, ιιcιί lcrcNaι c\ρyuροδίνηt. Ειλ&wόδη ΣιληνC, ιιcιί 1ν •ρoxo6cn xOfMύat, cmo wοδών στρο+όλ&πο. ιιcιί ιν � +uλάcnmt, .ιc,n, ιcωμcqat δωρόν 'fύwον. •λλλcί cn. Bcίιcxaιt 3 Ι Ο tλal& ιιcιί Σa'fύpoιcn ιιcιί ήδuwότοιcnν όwώρο.&t · Σιληνούt .,. +ύλcισn, .,..η, βλόστημa y.wtληt . •λιφcηrόηι � Μcίρων& χο.ρίt.ο, μηa. CN νίιcηt •

186 «ροUρη ι• : fort. ιiν(η ι•c 11 191 βυθός [οι supra υ scripιo, deinde deleto] ι 11 191 χuθCντ� Graefe : λυθ- ι 11 194 σ\ιριζι Graefe : -ι.ξc ι 11 195 όπι3Uαοιτο prop. Keydell, cl. I I , 423 ; 37, 190 : ί8Uαοιτο ι ίνc3όαοιτο F1 11 '1.97 μομφ-ίjν Vian : μορφ-ίjν ι λοιδ-ίjν Cunaeus 11 304 fol. ΠΙ' 11 - φυλιiσσιις Graefe : -σσοις ι 11 310 ή8uπότοισιν Vian : οLνιmότοιcnν ι -πόηισιν ι• οινο36τ-ησιν Koechly 11 όπώροιις L : -ρης Graefe 11 311 cnλ"'νoUς τι ιι : -νός τι ι Σcιληνοuς 8i Koechly.

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franc buveur ; je ne veux point te voir ruminer encore parmi les fleuves ta jalousie a cause de ma victoire : accrois plutόt de tes eaux le vin de la vendange de Marόn • ; sois, encore parmi les fleuves, l'allie de Dionysos. Pauvre fou ! Qui t'a appris ιi defier plus fort que toi • ? Jadis, un autre Silene, empruntant un arrogant pipeau, dressa une nuque insolente et lanι;a un defi 8 Phoibos 1. Mais le dieu le depouilla de sa peau velue en le suspendant a une branche et il en fit une outre animee : souvent, au sommet de l'arbre, le vent qui s'y engouffrait lui donnait forme a son image, comme si le pAtre babillard chantait ιi nouveau. Et, pris de pitie, Apollon Delphien le metamorphosa et en fit un fleuve a sa ressemblance. Ainsi s'appelle encore le cours sinueux de ce Silene velu ; il disperse son clapotis 8 tous les vents, comme si le fleuve flutait sans cesse sur des roseaux qui rappellent ceux d'autre­ fois • . Τοί aussi, tu t'es metamorphose pour avoir defie plus fort que toi, tout comme l'autre Silene 1. Cesse donc de chercher pour epouse, comme tu en avais l'habitude, une Bacchante dechaussee, une monta­ gnarde Bacchante echevelee : c'est maintenant l'innom­ brable tribu des Naiades aux boucles folles qui fait ta joie • . Cesse de partir a la recherche des liens serpentins de Lyaios, maintenant que tu pourchasses l'anguille, fille onduleuse des courants ; au lieu de serpents, ce sont des poissons couverts d'ecailles irisees qui rampent dans tes flots • . Mais, meme si tu es separe de Dionysos le porte-grappe, je te tiens pour plus heureux, car c'est toi

I . 11 s'agit de Marsyas. Sur sa legende, cf. la note θ ι , 44 (t. ι , ρ . 136), et ci-dessus la Notice, ρ . ι04-ι05, ι08-ι09. 2. Le ν. 328 fait echo au ν. 3 ι 6 ; il referme la digression relatiνe ιί Marsyas. Παιwμο(ιος reρrend et confirme Ι'δμο(ιον du ν. 324.

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tήλον ίηιοιcλmοντcι ιccι& ιν mmιμοίαι νοήσω . Δδcιcn μiλλον Ace• Μ� οlνον btrώpηs 3 1 5 Ισσο ιccιί ιν wοτcιμοίαιν � Διονύσν · Νή111C, τ(s " διδcιtcν όρcιοτCροιcnν ιρίtaν ; Σιληνόs wόλιν cU.λos, ύwCρCιον cιύλόν όμάCwν, cιύχm ycιύρον 6apc ιccι& cιs Ιριν �λυ8c -οιc. . όλλβ � yυμνώσοs λcισίοu χροόs, lpwi δήcrcιs , 320 Ιμwνοον 4σιcόν ltηιcc, ιccι& ό+όlι wολλβιcι anδpou ινδόμuχοs ιcόλwWCN τύwον μιμηλόν βήτηs, olcι wόλιν μίλwοντοs lιcnyήτοιο νομήοι · ιccιι μιν hοιιcτcίρων μοιι+ώσοτο Δcλ+όs ·λwόλλων, ιccιί wοτcιμόν woLηCNY φοιιον . clσttι ιccινοu 325 Σιληνοϋ λcιcήcκο +cιfltcτcιι βyιcύλον Gδωρ, ιccιί ιcτύwον ή�τον Ιρcύycτcιι, οΙβ wcρ cιlcί βνnτύwοιs δονό.ιccσσι μeλιtομiνοu wοτcιμοίο. Κcιί crύ δίμcιs μcτάμcι+as lιρcίονι νciιcos βνά.+cιs Σιληνt; ,..ροτφ, wcινομο(ιοι. •Αλλcί crύ νUμ+ην 330 μηιcCτι μcιστcύcΝιcιs βcrάμCcιλον ή8άacι Ββιcχην, Βό.ιcχην λuσώtcιρcιν Δρcιβδcι · λucnιcόμων yβρ Νη&ά&w βwίλdροs iutpcι{νcι " ycνίtλη. Μηιcίn μcιατcύcrtιι l+ώ&cι δcσμcί λucιίοu, lyxίλucιs μdίιrιιw crιcολιήν ώδiνο #Μίtριιw, 335 ιccιί crnιcτcιis +ολίδcσσιν βρηρότcs cινn δρcιιcόντων (xtύcs όμcτίροιcnν Ι+cρwύtoucn #Μίtροιs. Ει a. crύ βοτρuόcντοs � � Διονύαοu , μiλλον hoλcιlw " . aU yc\ρ ιccιί βότρuν cιιcas. •

317 &λλοι; Cunaeus : -ον L 11 uπtρ6ιον L (cf. 10, 230) : -διοι; Cunaeus 11 ιiμc(6ων L (cf. 1 1 , 104) : iνcuρών Koechly 11 311 μιμηλΔν Koechly : -Δι; L 11 314 δμο(ιον L : δμώνuμον Marcellus 11 327 μcλιζομiνοu L8 : -ι3ομ- L 11 ποτσιμοίο dubit. Tiedke18 : ΔιοWσοu L -σιιι Hermann 11 331 Νηιό:3ων Graefe : πλη- L 11 33S στιχτι:ιίς Rhodomann, cl. 12, 326 : -τοίι; L 11 336 -oucn �ροιι; L : -οuσιν lνι:ιύλοιι; dubit. prop. Keydell 11 337 3ιονύσοu L1 : -σω L 11 338 et 340 post hos uersus lac. sιaι. Keydell, iniuria uide adn.

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qui f8ίs m8inten8nt crotιre 18 gr8ppe •. Que te souh8ίt.er de plus, puisque, 8pres B8cchos, tu port.es en toi Zeus1, le nourricier de tes floιs, le geniteur de toute gener8tίon • ? Α 18 pl8ce de t.es S8tyres, ιu 8s des cohort.es de fleuves ; pour rempl8cer le pressoir, tu danses sur le dos de l'Ocean sonore. Tu gardes forme sembl8ble jusqu'8u sein des e8ux. Η n'y 8 p8s de m8l 345 a ce que Silene, fier des cornes de son front, se perpetue SOU8 18 forme taurίne d'un fleuνe cornu • . t M8rόn dit ; et tous s'emerveiHent de voir le cours sinueux de Silene, le faiseur de ruisselantes cabrioles, parf8ite ίm8ge d'un fleuve aux mille meandres • . 340

I . Silene, apres s'�tre • nourή• de νίn, va, comme tous les Oeuves, •se nourήr• de Zeus, c'est-ι'ι-dire de l'eau de pluie : Homere appelle en effet les Oeuνes Διι� (Π 1 74 ; 3 477), • tombes de Zeuι •·

ΔIΟΝl'ΣΙΑΚΩΝ Ιθ

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wλicw �ω., &Αλο, τcών 8pcwτήpcι #κΚιων Ζήνcι +Cρων μcτcί Ββιcχον, 6Αηι ycwτήpcι y.wtληι ; Άντι τWν Σcιτύρwν wοταμών στίχ•ι · όm δC ληνού "Ωιcccινοϋ ιc.Αόδοντοι ύw•ρ νώτοιο χορcύcιι. F'uccλoν .tδοι lχ•&ι ιccιί ιν Gδcιcnν . ού Wμccnι yβρ Σ&ληνόν ιcομόwντcι βοοιcρcι{ροιcn μnώwο&ι 345 τcr.upcίην ιccρόcσσαν qc&ν wοτcιμη&δcι μοpt/ιν. » Etwc Μόρwν · ιccιί wό.ντcι Ηό.μCcον όyιcύλον ϋδωρ Σ&ληνοϋ tcιχύτοιο ιcuCιcrτητήροι ιδ6ντcι, &αο+_,.ι μίμημο. wολuyνόμwτοu wοτcιμοίο. τι

340

340 δλης F1 : δλη L 11 341 ληwu [λ ex v) L 11 343 ydtρ L : � L1 11 34S μορφ'fιv F1 : φων'fιv L 11 347 αιληwu L 1 : -wio L 11 χvδι.ατητϊjρος Falkenburg• : -ρcς L.

NOTES CHAI'H XVIII Page

44.

1-2. Ίπτ«το ΦήμΥJ : six fois chez Νοηηοι. La formule sert eη geηeral • iηtroduire υ η ηouvel episode ; 24, 1 79 ; 44, 1 23 ; 47, ι (cf. eηcore 5, 370 ; 26, 275). La Reηommee apparalt dejιί chez Homere : Β 93 ; ω 413 Όαα« 3' &ρ' Ιrfιλοι; ώχαι χαιτ« =δλιν lίιχcτο ; cf. Virg., E:n. 4, 173 Lίbyae magnιu ίt Fama per urbeι. Elle est souveηt preseηtee comme bavarde (Esch., Agam. 938 ΦήμΥJ ... 3ΥJμ6θροuι;; Ovide, Met. 9, 137 Fama loqua:ι: ; Triphiod. 236 πολGθροοι; ... ΦήμΥJ ; Ε. Heitsch, Grίech. Dίchterfragm. 11, η• 56, 34 πολuyλώσαοu ... ΦήμΥJς) et ailee [Orph.), Arg. 594 ; Heitsch, ίbίd. η• 56, 31). 3-4. ΚΥJpόααοuα« ... Ι ... δπώpΥJν : cf. Nic., fr. 75 Gow-Scholf. ιiπ«πiλλοuα« ... ή&cictν δπώpΥJν. - θρ«Μ .. . lpYJ« ; cf. Ζ 254, al. Άyλ«δδοτρuι;, hapax chez Νοηηοs, η'est pas atteste avaηt lui ; il est forme sur l'hom. &.yλ«δχαιρ=ι;. L'epithete fait allusioη au ganoι, 8 l'eclat humide de la grappe : cf. Jeaηmaire, 27. 5-7. L'o.rymoron ατρ«τιην ιiσ-13ηρον souligne l'origiηalite de l'armemeηt de Dioηysos : cf. 1 7 15, 131, 257 ; 20, 299 ; 28, 151 ; 34, 250 ; 35, 338 ; 40, 16 . Le theme est frequeηt daηs les Bacchanleι d'Euripide ; cf. 736, 798-799, 1205-1207 ; cf. aussi Lucieη, Dίal. Dίeuz, 18, I . Dioηysos se caracterise par υη ηouveau type de puissaηce, foηde sur des pouvoirs surnaturels et ηοη plus sur l'exploit guerrier : cf. Ε. D. Lasky, Hermeι 106, 1978, 372. - V. 6. θόαθλ« est υη hapax hom. (Ζ 134) de seηs discute. D'apres les scholiastes et les lexicographes (Souda, Etym. Magn.), le terme designe les objets que les sectateurs de Dioηysos porteηt peηdaηt les ceremoηies de son culte : rameaux de vigηe ου de lierre, grappes, thyrses, ferules. C'est le seηs admis par Νοnηοι eη 18, 185; 34, 356; 47, 594. Mais le mot a fiηi par designer d'uηe maηiere plus geηerale uηe ceremoηie de type orgiaque : cf. Lycophroη, 459 ; [Opp.], Cyn. 1 , 26 ; [Orph.), Arg. 904 ; c'est egalemeηt le seηs daηs ηotre passage et eη 19, 37, 8 eη juger par le coηtexte. ,

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NOTES D U CHANT ΧνΙΙι

10-12. Sceηe ιypique du cortege dioηysiaque : cf. Turcaη, 459, η. 9 (aνec bibliographie) ; νοίr en ouιre les noιes 8 1 , 25 (ι. 1 , p. 134) eι 8 9, 1 90 (ι. 4, p. 1 17). - ν. 10 : cf. Ω 324 τιτρ4ιχuχλον «1t"Ιινrιν (eι Κ 438 Ιρμ« ... xρucrcjι π χrιι «ρrUρφ ιδ φχ'Ι)τ«ι). - ν. 12. Άχcραιχ6μ'Ι)ι; qualifle le plus sοuνeηι Apolloη ou Dioηysos ; il caracιeήse au88i l'adolesceηι qui η'a pas eηcore coupe 88 cheνelure : c'esι le cas ici comme eη 32, 203 ; Boιrys rasera ses cheνeux 8 la morι de son pere (ν. 349-351). L'adjectif esι employe daηs des coηιexιes differeηιs eη 25, 161, eι surtouι eη 10, 29, ού il fait difflcult.e ; cf. les ηοιes ad locc. 13-16. ν. 13 : cf. Ε 109 Χ«Τ«� 3(φρο\ι, 494 ιξ 6χiων ... &>.το. Des les ιexιes homeήques, des coηfusioηs se sοηι produiιes eηιre nλομ«ι eι willoμ«ι, ηotammeηι pour les formes h«Ατο eι h«λτο : cf. Η. Fraηkel, Λntidoron, Fut.chrifl J. Wackιrnagιl, 1923, 278281 ; Μ. Leumaηη, Homιriιcht Wόrtιr, 1950, 60-64 ; eι la ηοιe d'E. Liνrea, 8 Ap. Rh., 4 , 464. - ν. 15 : cf. Ν 71 tχνιa ... 1t03ων ; Nic., Ther. 286 7t03όι; tχνοι;, al. - ν. 16 : cf. Quiηι. Sm. I , 592 χρ«Τ«ι'ίj χcφι τιτ«(νων. Les νν 15-16 decήνeηι ι·aιιiιude ιypique du suppliaηι qui se perpetue, 8 l'epoque de Νοηηοs, comme marque de defereηce 8 l'arτiνee d'uη hauι persoηηage ; tableau aηalogue eη 7, 25-28. La preseηce de χrι( au debuι du ν. 1 7 laisse supposer uηe breνe lacuηe apres le ν. 16. 17. νariaιioη sur uηe formule hom. du type μόθοιαι wpo.«ισι m�lρoucn πχοόασιι( (8gne8ux qui sauιenι 8utour de leur mere). - 'Ανcχροόασιντο χορι!ην : cf. Aristoph., Gren. 330-331 φσιτσιχροUων Ι ... χοριf.σιν. Le ιheme du sauι esι imporιanι 8ux ch. ΧνΙΙΙ-ΧΙΧ ou 18 d8nse tienι une gr8nde pl8ce : cf. 18, 1 12, 1 19, 127, 140 ; 19, 109, 1 15, 155, 264, 308. 54-56. ν. 54. Άνθοι;, comme \e fr8nς8ίs e Ωeurι, 8 de nombreu­ ses signiflcaιions metaphoriques, frequenιes en poesie eι dans la prose d'epoque imperί8le : comp8rer les emplois flgures d'&ωτον. Chez Nonnos, qu8nd i1 s'8git de νegeιaιion, le mοι peuι designer 18 pl8nte p8r excellence (18 νigne) ου ce qu'elle produit de plus exquis (le r8isin). Les mots de \8 m�me f8mίlle 8dmeιιenι une signiflc8tίon 8Π8Iogue : 18 88cch8nte φιΑ«νθιμοι; (cf. encore ν. 201) n'esι p8B t 8moureuse des Ωeursι, m8is e 8mίe de 18 νigneι ou • omee de p8mpres . ; 18 ιraducιίon esι necessairemenι approxίm8tiνe. - ν. 55" : cf. Simonίde, fr. 579 Page 3uασιμδ«τοι.σ' hl mτpσtl( ; Triphiod., 102 3unμ6σιτον οtμον 63Wn ; Mesomedes, dans Ε. Heitsch, Gritch. Dichlerfragm. 1 1, no 2, 8, ν. 24 «ν&3cuτον Μόν ... Ιχων. L'oxymoron 3Jou ιχΣyλ'Ι) m>.cν .Jjc cm-ljτηc;. Selon un procede qui lui est familier, Nonnos place au debut d'un Ιοροι (ici, descήption du palais de Staphylos), une reference precise aux modeles homeήques qu'il entend imiter ou surpasser. 'AνrL'tUΠOc; donne 8 entendre que la lune re�ιoit sa lumiere du soleil : cf. Tήphiod., 519 (cm�) «νrtτόποuς b-nνCΣc; i�ι .Jjcλ(oιo ; Nonnos, 4, 284 (et la note ad loc.) ; 38, 34 ; 40, 370-377. Cf. C. Preaux, La lune danι la penιee grecque (1973), ι65, ι72-ι74, ι 76, ι90-ι9ι, 285. 74. Toutes les pierres mentionnees aux ν. 74-79 semblenι caracteήsees par leur eclat ; m�me la ι pAle agate • (ν . 78) projette une \ueur etincelante ou une lueur de feu, οιtθσιλδcιc; ; sur le sens de cet adjectif chez Nonnos, cf. la note 8 27, ι23 (t. 9, p. 299) . 11 est inνraisemblable que les murs exteήeurs du palais soient ornes de pierres precieuses ; mais \es noms de certaines d'entre elles peuνent designer des pierres utilisables en plaques de grande dimension et pas seu\ement des gemmes : cf. R. Halleux­ J. Schamp, Lapίdaίreι grea, C.U.F., 309, 3ι7, 327, 8 propos de \Όphite, de l'agate et de l'emeraude (notes aux p. ιοο, n. 6 ; ι 15, η. ι ; ι66, n. 2). 11 faut ajouter que les denominations antiques des pierres ne correspondent pas toujours aux denominations actuel­ les. 74-75. Lychnίι, • escarboucle •. designe des rubis ou des gre­ nats : cf. 5, 1 74-ι 77 (eι la note ad loc.) et 42, 425-426 (m�me jeu de mots etymologique aνec le nom de la lampe, λuχνοc;) ; cf. aussi [Orph.), Lίlh. 27ι-279, et le commentaire de Halleux-Schamp, o.c. 306. Le rubis pa88aίt pour etre \a pierre du soleil, d'ού ici l'emploi de crnιν&ljp, qui peut se dire de l'eclat d'un astre (Δ 77) : cf. Philostr., Ap. Tyane, 2, ι4,4. C'est encore de cette pierre qu'il esι question au ν. 76; pour «tθοπι dans ce contexte, cf. 5, ι 76 ; 42, 425. Autres mentions de la lychnίι : 32, 20 ; 45, ι24. -

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Page 47. �77. L'amethyste (cf. encore ι2, 28ι) a une couleur rou­ geoyante qui rappelle celle du νίη, d'ού ici οtνωπ-Ιjν : Theophr., Pίerreι, 3ι ; Pline, Ηίιt. nal. 37, 121 ; Ach. Tat., 2, ι I , 3 ; Denys le

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NOTES DU CHANT ΧνΙΙΙ

Per., 1 122 �ν mιρφuρiοuασιν. Elle p8888ίt pour proteger des effet.s ηocifs du νίη : cf. Λnth. Pal. 9, 748 (et 18 ηote ad loc., C.U.F., p. 269) ; 9, 752 ; Νοηηοs, 12, 380-38 1 . L'hy8cίηthe 8 18 couleur de 18 mer (qui peut �Lre • νiηeuse t pour les Aηcieηs) : elle est bleu­ m8riηe ου νiolette : cf. 32, 27 xucrνbjν, et H811eux-Sch8mp, o.c. 328, η. 7. Sοη ηοm peut designer uηe ν8rίete d'8methyste et les deux pierres soηt r8pprochees p8r Pliηe, Hiιt. nat. 37, 125. 78-80. Sur l'8g8te et ses differeηtes ν8rίetes, cf. 5, 170, et 18 ηote ad loc. ; νοίr 8Ussi [Orph.], Lith. 610-632, et 18 ηote de H8lleux-Sch8mp, o.c. 316-317. Uηe espece d'8g8te est 8ppelee π«ρωχρος chez Psellos (cf. H8lleux-Sch8mp, 317, η. 5) et 8 tla teiηte d ' uηe pomme au priηtempst (Lith. 617) : c 'est celle doηt p8rle Νοηηοs. - Sur l'ophite, qui p8888it pour 8νoir la propriete d'eloigner les serpeηt.s, cf. 18 ηote ι1ι 2, 676 (t. I , p. 190). 11 s'8git d'uηe espece de ι m8rbre νeίηe de ηοίr, de ceηdre et de blaηc comme des Laches sur uη serpeηt• (H8lleux-Schamp, o.c. 309, ηote ι1ι p. 100, η. 6). - ΦολL3ων ιτnχτοϊcn : cf. Nic., Ther. 464 πcρ(ατuςτος φολι3cσαι. - Sur l'emeraude νerte, cf. 5, 178; 40, 257 ; 45, 124 ; et Halleux-Schamp, o.c. 327, ηote ι1ι p. 166, η. 2. L'emeraude est coηsideree daηs l'aηtiquite comme uηe pierre tres precieuse, apres le diamaηt et la perle (Piiηe, Ηίιl. nat. 37, 62). D'apres Pliηe (37, 65), il y a douze sortes d'emeraudes qui tireηt leur ηοm des pays d'ού οη les extrait; les plus reηommees νίeηηeηt de Scythie, de Bactriaηe, d' €gypte et de Chypre ; cf. J. W. Meadows, Clαιι. Rev. 49, 1945, 50-51. 11 est possible que l'expre88ioη ι emeraude d'Assyriet designe le j8spe, qui est aussi de couleur νerte et souνeηt 8ssocie ιί l'emer8ude : cf. [Orph.], Lith. 267, et Halleux­ Schamp, o.c. 305 , ηote ι1ι p. 96, n. 6. 81-84. Ces νers comporteηt uηe ambiguίte : ils peuνeηt decrire l'interieur de la grand-salle ου l'aspect exterieur de l'edifice. Mais il paralt clair que Dionysos et son hόte admirent le palais de l'exterieur (ν. 69-70), alors que Botrys y peηetre des le ν. 65. C'est aiηsi que se comporteηι Ulysse (η 8 1 ss), Jason (Ap. Rh., 3, 215 ss) et Cadmos (Νοηηοs, 3, 131 ss). Les deux hommes η'entreront qu'au ν. 88. Οη doit doηc admettre que la coloηηade (ν. 81) eηtoure l'edifice (μέλαιθρcι) et que les νers suiνaηt.s coηcement Ja toiture (6ροφοι) doηt la charpente de bois (3οuρcιΠης ... xcιλmp"Jς) porte υη toit dore (χρόαιαι ... νώτιχ). Le texte ne precise pas si le palais possede uη dόme arroηdi comme celui d' €mathion. ν. 81 : χιόνcος est uη hapax chez Νοηηοs et η'est pas atteste aνaηt lui ; pour cp«λαιyξ eη parlaηt de raηgees d'arbres, cf. Ach. Tat., 1 , 1 , 3. Le goαt pour les coloηηades apparatt ιί l'epoque helleηistique et se perpetue jusqu'ιί l'epoque byzantiηe ; comparer Ap. Rh., 3, 216217 (palais d'Aietes) ; Ach. Tat. I, 15 (portique autour d'un jardiη) ; Νοηηοs, 3, 125-126 (palais d' €mathion). - ν. 82. Έρuθιχ(νομι�ιι, ιs'empourpren, fait allusioη ιί 18 couleur rouge de l'or : cf. eηcore 10, 1 45-146 (et la ηote), 174 ; α/. - ν. 83b-84. Les mosaίques recouνrent le sol, alors qu'elles decoreηt les murs du .•.

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p818ίs d' �m8thion en 3, 138-139. - Έυψlιφιι;, (l'8rt) •qui 8 Γ8pport 8νec les teυelles• ; l'8djectif, non 8ttest.e 8ν8nt Nonnos, qu8lifle 8illeun (10, 163 ; 13, 465) un Oeuνe •ού 8bondent les g81ets (ου les pepites) •, 8 18 sυite du c811im8cheen μ.cΜ�ψ-Ιιφu; et de πολuψήφιι; (Oppien). Ψ11φός est le terme propre poυr designer les teυelles d 'une mosaίque : cf. le grec moderne ιjrηφιJωτόν, • mosaίque •. et l'emploi de ιjrηφός d8ns deux poemes qui oment υne mos8ίque tardiνe de Cheikh Zoueid (pres de G8z8) : �ι. Bem8nd, lnιcrip­ tionι metriqueι de I'tgypte greco-romaine (1 969), no 122, b, ν. 2 ; c, ν. 4. Les tesselles sont des pierres taillees en menus morce8υx et cliνees en ep8isseur (πολuαχ�ν ... μcτ«λλων) i leur flneυe f8ίt 18 qu8lίte d'une mosaίque : cf., d8ns le second poeme cit.e ci-dessus, λ&1tτ� ιjrηφϊ3ι. - Ποιχlλλ&το τtχνn : cf. C8llίm., fr. 202 , 27 πολλck ττχνήcντcι ποιχ(!λ)cι y>.(uφη. 85-86. Autres portes monυmentales : 11 88 (p8l8ίs d'Aikinoos) ; Ap. Rh., 3, 216 (p8l8ίs d'Aietes ; cf. 8υ88i ν. 218 yλuφι3ωιnν); Nonnos, 3, 1 36 et 4, 204 (p818i8 d' �m8thion). - Νcοπρ!ιrτων ιλ&φ«ντων : cf. θ 404 νcοπρ!ιrτοu tλiφcιντοι; ; Triphiod., 332 νcοyλu­ φiων ... �11ρών (description du cheν81 de Troie). Le tr8V8il sur le bois 8 18 m�me flnesse qυe le tr8ν8ίl sur l'iνoire. On s'8ttendrait plυtδt 8 trouνer des incrustations d'iνoire sυr les portes. On pourrait interpreter 8insi le texte en donn8nt ι1ι τόπος le sens bien 8tteste de • motif gr8νe • ou • en relief • : • L8 porte monυmentale en bois sculpte portait d'eleg8nts reliefs en iνoire •. M8i& τόπος 8 constamment chez Nonnos le sens d'•im8ge• (non reelle) et 18 formule τόπον Ιχcιν, 8ttestee treize fois, signifle toυjoυn • 8νοίr l'8pp8rence de •, ιressembler 8 •· 87. Μ�ι Β«χχeιι : formule nonnienne difflcile 8 tr8duire. Dionysos est pris pour timoin d'un prodige (12, 173), d'une merveille (18, 87; cf. ν. 69), d'un exploit etonn8nt (17, 1 58 ; 28, 300) ou d'un eνenement in8ttendυ (40, 66) qui est mentionne d8D8 18 phr8se. En 43, 125, μ«ρwρι doit 8νoir un sens 8ctif : c'est Dionysos qui prend ά timoin Kecrops pour en f8ire υπ 8rbitre. 88-90. ν. 88• : cf. 9, 252 et 18 note (ι. 4, p. ι 23); selon le contexte, tlνoc; Ιχcιμψcν signifle • diriger ses p8s νen• ου • 8mter ses p8s•. lci le premier sens est prefer8ble (cf. 18 note 8υχ ν. 81-84) ; il est conflrme p8r un p88&8ge p8r8llele de 18 Paraphr. ι, 148 fχcινcν Ιαω θco3Cy�oνoc; cιuλijc;. - ν. 88b. Sυr les sens de θcο3ίy�ων, cf. 18 note ι1ι 9, ι62 (t. 4, p. 1 14). - ν. 90. Πλcιζομίνην ... δπωπljν : cf. Nic., λlu. 243 mροπλσΜς 68� (dans un contexte different). 9 1 -92. Les textes p8r8lleles soυlignent 8ussi l'8dmir8tion qυe sυscitent les be8υtes dυ p818ίs : 11 ι33-134 ; Ap. Rh., 3, 215; Ach. T8t., 1 , 1 , 1 5 ; Nonnos, 3, 180-183. L8 formυle te«μδccν ... t3ών est b8n81e d8D8 l'epopee. - ν. 9 1 fινοπι χόα�eιι : cf. 2, 595 eι la note ad loc. - ν. 92 : cf. ο 55 «ν3ρΟς ξcινο36χοu. 93-99. Cette scene a des modeles epiqυes et utilise de nombreuses formυles homeriques. L'empre88emenι de Staphylos, presid8nt 8UX tr8νaυx de ses serviteυn, eνoqυe celυi de 18 reine

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Aret.e (η 335) ου celυi de Menelas (ο 9Ί-94) ; cf. aυBBi Ap. Rh., 3, 270-274 ; Nonnos, 3, 2'l6-229. - ν. 94 : cf. Λ 696 «-yιλην τι βοών X«i πώϋ μCy' οlών ; Η 223 τrιόρων ζοιτρcφiων ; 3 413 Hes., Trao. 786 πώιcn (πώιοι) ιι--Ιjλων. - ν. 96 : comme soυvent ιί l'epoqυe tardive, iπ&ι.λ-1) designe υn ordre imperatif et non υne menace ; cf. 27, 2 1 , et la note ad loc. - ν. 97 : cf. Σ 417 όπό � «μφlπολοι lιώοντο Ιν«χτι ; u 107 mpρώοντο -yuνοιϊχις. - ν. 98 : cf. Ap. Rh., 3, 271-274 ο� τις �ινι ... &; χιιμ«τοu μ.c6(cαχιν, όπο3ρ-Ι)σαων β«αι.λijι. 99-102. La danae et la mυsiqυe conclυent aυ88i le banqυet chez les Pheaciens : θ 250-265. On rapprochera sυrtoυt l'accυeil reaerve par les Lemniennes aυχ Argonaυtes : Ap. Rh., 1 , 857-858 οιUτlχιι � !aτu χοροiιn χαιι cl>.αιπlνrιαι �. Ι χαιπν(j) χιαa-Ι)ιντι πιρ(πλιον. Nonnos affectionne les scenes de danse : cf. 3, 62-70, 234-242 ; 5, 109-1 1 2 ; 6, 42-49 ; 12, 147- 1 53 ; 14, 23-30, 388-390 ; 15, 52-75 ; etc. - ν. 100 : θuώ3ας ... οιδραιι peυι faire allυsion aυχ parfυms de l'encens qυ'on fait brQier aυ palais (cf. Ευr., Bacch. 144, et la note de J. Rουχ ad loc., p. 293 ; Nonnos, 2, 402 ; 5, 270) ου aυχ odeυrs du vin aervi ιί profυsion. Ceιte deυxieme interpretation aemble preferable :·θuώ&ηι; ae dit soυvent dυ vin : 7, 86 ; 19, 1 20 ; 4 1 , 123 ; 43, 64. - ν. 101 ιiνιχνισ-ν � : expre88ion attiqυe (Dem., C. Midiaι, 51-52) et plυs particυlierement aristophanesqυe (Cav. 1320 χνισώιι-ιν � ; Οίι. 1233). Les emprυnta (d'origine scolaire ?) ιί Aristophane ne sont pas rares chez Nonnos. 11 est vrai qυe, dans le cas present, l'epopee connatt dea expreBBions voisines : oυtre Ap. Rh., ι . 857-858, cit.e ci-de88υs, cf. Triphiod., 349 γοιϊιχν ιkwxνlaaωac χ"'"ιν ιUώ&ί πηλ�. Le theme dυ fυmet des viandes rόties est homeriqυe : χ ι ο χνιαijιν ... &ωιι-οι; ιι- 369 χν(αηι; «μφ-Ι)λuθιν �Uι; &uφ-1). La rυe est le domaine de Dionysos : cf. Soph., Anl. 1 135-1 136; Dem., C. Mid. 52, cite υn oracle de Delphes qυi εonseillait d'accυeillir Dionysos dans les rυes de la ville. - ν. 102. La frenesie dionysiaqυe, decυplee par l'ivre88e, s'empare de toute la maison. Dans lea Bacchantu d'Euripide, c'est tout le pays qυί est entratne dans des transporta bacchiqυes (cf. ν . 1 14 οιUτ(χοι yi πiααι χορcόαcι, 72J>-727). En 25, 297-299, l'odeur du vin et l'ivresae se repandent dans la ville de Deriade pour annoncer la prochaine victoire de Dionysos. D'apres Lucien, Dαnse, 22, c'eat par la danae que Dionysos soumettait les peυples. -

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103-107. Sur les c musiqυes de table • chez Nonnos, cf. la note ίι 3, 234 (t. 2, p. 143-144). Ce catalogue d'instrυments pa88e sous silence la lyre, mais celle-ci est mentionnee aυ ν. 100. L'associa­ tion de la lyre et la flQte est frequente : Σ 495 ; Quint. Sm., 6, 1 70171 ; 13, 2 ; Triphiod., 309. - ν. 103. La cymbale est l'instrument de Rhea : cf. Anth. Ρα/. 6, 5 1 , 5 ; 94, 2 ; 234, 5 ; Nonnos, 3, 240 ; 17, 346 ; 29, 286; elle est souvent associee au tympanon : 10, 388-391 ;

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17, 345-346 ; 20, 4, 9, 327-328. Έπ>.σιτιiyησa eνoque \e son metallique des cymba\es (cf. encore 8, 20); \e νerbe χροτιιλΙςω est plus frequenι. - ν. 104 : Ιδρcμον CΣUλol se retrouνe en 3, 75 (eι 20, 1 1 1) ; cf. Η. hom. 14, 4 βρόμ.ος ι:ιuλών. - ν. 105. La periphrase χόχλος βοclης designe \e tympanon, tambourin constitue d'une peau tendue sur un cercle de bronze : cf. \es notes iιι 9, 1 16 et iιι 10, 391 (t. 4, p. 109 eι 156). Ceι instrument passait pour aνoir ete inνente par Rhea et \es Corybantes : cf. Pind., Dithyr. fr. 70b Sneii-Maeh\er ; Eur., Βαα:h. 59, 124-125. - ν. 106 : &xθdlo� signifle que \e musicien frappe tour iι tour sur les deux ootes du tambourin. ν. 107 : les χρότι:ιλσι sont \es castagnettes : cf. Η. hom. 14, 3; Eur., Cycl. 206; A nth. Pal. 5, 1 75, 8 (Meleagre) ; Nonnoι, 16, 402 (inιtrument cher 8 Telete, l'lnitiation). Nonnos emploie souνent \e νerbe χροτιιλlζω; maiι celui-ci ne se dit paι excluιiνemenι des caιtagnettes. Le ν. 107• esι repris presque litteralement en 20, 4 ; \es caιtagnettes y font place aux tambourinι. 107-1 12. ν. 108 : οlνοδι:ιρής est homerique ; cf. Quint. Sm., ι3, ι64 Triphiod., 582 βc&ι� ot�. - Πο&ς δρμ.-#Jν : cf. Bacchyl., ιο, 20 Snelι ποιών ... δρμ.4ιν ; Eur., tι. 1 ι2. - ν. ι09 : cf. Η. hom. Pan, 22 Ιν6σι χι:ιι Ιν6σι χορών. - ν. 1 10. Prudhommeau, 280, no 1019, traduit : ι toumant un paι droit qui ramene en arriere horι du sol t. Cette interpretation n'est paι acceptable. 11 fauι ιanι doute comprendre aνec Peek (Lu. ι. πιιλ!ααvτος) que Marόn toumoie sur \a pointe des pieds (6ρθιον bt &σιdιοιο ... tχνικ;), pίrouette banale dans \es danses grecques. Cel\e-ci presente \a partίcularite d'�tre effectuee iιι reculons (mιλLασιm!ν) : l'iνresse peut expliquer ce deplacement inhabίtuel. [Πιιλ!ααvτος ιignifle peuι-�ιre que Marόn pίrouette • icί ου Ιiιι • ; cf. ν. ι09 Ιν6σι χι:ιι Ιν6σι ; rapprocher le ν . 1 30 Ιν6σι χι:ιt Ιν6σι πιιλlντροπος, et le sens de aλ!νδρομ.ος en 2, ι 96 ; 6, ι 50 ; 33, 338. F. ν.] - ν. ι ι ι : cf. Callim., fr. 43, 57 Pf. xciρ' h' ιi3cλφcιijς ώμ.ον �� ; Ap. Rh., I , I I 98 ; 4, 957 ; Quint. Sm ., 4, 228-229 . - ν . I ι 2. ΜCCJσοφσιν#ις ιemble �ιre une creatίon de Nonnos qui l'emploie souνent (cf. aussi Paraphr. 6, 7 ; \8, 22) ; \e rejet est remarquable : Marόn ιe detache nettement entre les deux Satyres, d'autanι plus que son νisage rubicond est lumineux comme la face de la lune qui luit au milίeu du ciel. On retrouνe un trio analogue aux ν. 140-148 οίι μ.cσσι:ιτιη χτλ. fait echo iι μ.cσσοφ«νής. Cf. aussi 2ι. 282-284. I 12-115. Marόn ne saute pas d'un pied sur l'autre comme \e croit Prudhommeau : ill6τριος a toujourι le sens d'ιetrangert chez Nonnos ; Marόn est donc porte ι par l'elan d'un pied etrangert, celui des Satyres sur lesquels il s'appuie. - ν. ι 13. Ξcινθωπδς, hapax chez Nonnos, apparalt chez [Opp.], Cyn. 2, 382. Le νίsage de Marόn n'est pas jaune, mais rougeAtre, comme celui d'un iνrogne. Cette notation introduit un element de comique dans \e passage ; \e personnage de Marόn est egalement drόle au ch. X IX. ν. 1 13b- 1 1 4 : tournures analogues en 4, 74 ; 9, 143; -

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17, 9; 27, 234-235; 30, 254-256; 33, 24 ; 40, 413-414. - Πορφuράις bnwις : cf. Cal\istr., lmag. 4, 3 τιΖς παφcι«ς φοι-Λξιιι (8 propos d'un homme iνre). - [Όλφ στ{λδονn προσώπcιι : les p8r81\eles (4, 281 ; 17, 9) p18ident en f8νeur de 18 conjecture προαώπcιι ; m8is on ne peut exclure que Nonnos 8 prefere χσφ� qui introduit une note comique : M8rόn est ch8uνe et c'est donc toute &8 �te qui resplendit. F. ν.]. - ν. 1 1 5 iντ!τvπον μ(μημαι : expression 8ttestee d8ns les Oraclu Sibyllinιι ( I , 33 ; 8, 270) ; cf. encore 8, 23 ; 2 1 , 204 ; 40, 507; 44, 33 ; 48, 66, 387 ; νoir Gigli, 233-235. Nonnos 8ime mentionner les comes des S8tyres et celles de \8 lune. 1 16-ι ι8. L'ίm8ge du S8tyre ten8nt une outre ou un ν8se 8 boire est bien 8ttestee d8n& l'iconogr8phie ; un &8rcoph8ge de Munich figure un S8tyre 8νec une outre (un unicum sur ce type de monuments) et diνer& 8utres portant des 8mphores, des c8nth8res ou des comes 8 boire : Turc8n, 488, pl. ι ι ; cf. 8UB&i pl. 33a (S8tyre 8 l'amphore). Pour \e type du Μ8ΓΒΥ8Β 8 l'outre, cf. Chuνin, ι94. Cette eνoc8tion s'8gence m81 8νec le table8u precedent : on ne νοίt p88 comment M8rόn peut tenir des objets d8ns ses m8ίns, 8\οη qu'il s'8ppuie 8νec celles-ci 8UΓ le8 ep8ules de deux S8tyres. On ne peut p8s supposer que 3C 8U ν. 1 12 introduit un nouνe8u table8u d8ns lequel M8rόn ser8ίt porte p8r ses deux 8colytes, puisqu'il d8nse encore sur le sοι 8UX ν. ι 18 88. - Νc63αφτον (h8p8X chez Nonnos) : cf. χ 363 . Ι Ι8-ι2ι. ν. 1 18 : cf. C81lίm., Hymnu, 3, 170 ιι1 Νόμφιιι ac xoρiji lνL χuχλώσοντιιι. - ν. 1 19 πο3ών ... TΙΙ!Mfcj) : cf. Λ 377 ; Ap. Rh., 4, ι5Ι9. L8 chute men8ce le8 B8cch8nts epuises p8r l'exta8e (cf. Eur., Bacch. 135-136) ou, comme ici, p8r l'iνresse. Μ8ίs ils saνent f8ίre preuνe 8U88i d'un sens etonn8nt de l'equilibre ; d8Π8 Eur., &cch. 755-757, \es enf8nts, perches sur les ep8ules de ιeur& meres frenetiques, ne tombent p8s. 121-123. Les effets du νίη qu'on goQte pour 18 premiere fοί8 sont benefique8 pour ceux qui acceptent 18 diνinite de Dionysos, nef88tes pour ceux qui 18 rejettent, comme c'est le c8s pour les lndiens 8U ch. ΧΙν et pour Nic8i8 8U ch. ΧνΙ. - Ή&ίος ο(νοu (14 ex. d8ns Nonnos) : cf. χ 519; λ 27 �tι οfνcιι. 1 24-ι32. Methe 8pp8rtίent 8U type de l'incorrigible buνeuse cher 8 Aήstoph8ne : cf. Theιιm. 393, 735; λιι. Femmu, 44, 132146, 227 ; Lyιι. 1 14, 195-201. On \e retrouνe d8n& 18 sculpture (νieille femme iνre) et d8ΠΒ les epίgr8mmes qui qu81ίfient pιusieur& foi8 18 buνeuse de φιλ«χρητος : Anlh. Pal. 6, 291 (88cchylis) ; 7, 353 (M8rόnis), 457 (Ampelis); sur ces figures 8 nom p8rl8nt, cf. F. J. Brecht, Philologuιι, Suppl.-bd. 22, 2 (ι930), 66-67. - ν. 1 24. 'ΑpLατώ3ιν n'est p8s 8tte8te 8νant Nonnos ; ίΙ tr8nspose le plus commun iριατοτόχcιιι (cf. Σ 54 3uαιιριατοτόχcιιι). 11 signifie non que Methe est feconde, mais qu'elle est mere d'un fil8 exceptionnel. Cf. aussi 18 note ιi 9, ι48 (t. 4, p. I ι3). - ν. 126. Le propre du νin est de ne jamais ra888sίer le buνeur : cf. 13, 268-270 ; 19, 226262. - ν. ι28. Le motif de \8 �te qui se bal8nce au gre des mou-

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vement.s du danseur eιι typiquemenι orgiaque : cf. 8echan, Danιe, ι57-ι79, fig. 29-4ι , eι pl. ΙΧ. - ν. ι29 : cf. Ap. Rh., 3, 45 Wπρθι χ6μιις iπιaψiνη &μ.οιι;. - ν. ι30 : cf. ci-deιsus ν. 108 Ιατσι-rον, 109 s. Ιν6σι χσιl Ινθσι, πσιλLσαuτον (eι \a note ad loc. sur le sens de ce mot). ν. 13()1>-ι32 : rappel des ν. 1 18-121. Rapprocher Λnlh. Pal. 1 ι, 25 (Apollonidas) Ιχριι; ι1d σφσιλιροu ζωροποτιi yόνσι-rος ; 1 1 , 26 (Marcus Argentaήus) σφ«Α>.ομ.cu &χρ-#)τqι μ.c�. - ν. 132 : cf. ψ 695 χιρσ! λσιδc:ιν &ρ&ισ.. -

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133-137. ν. 133b : formule analogue en 14, 1 20 ; 25, 369 ; 47, ν. 135 &ρ-nγΜιος : sur le theme du duveι naί888nt, cf. la 108. note 8 3, 4ιΟ-4ι6 (ι. 2, p. 151 ) . - ν. ι36 : cf. Simonide, fr. 506 Page στιφ«νοιcn �63ων �σι-rο ; Bacchyl. , ι ο, 16 Snell Ινθcσσιν ... «νσι3ησ«μ.&νος χcφσιΜν ; Eur., Bacch. 81 χιασcjι ... στιφσινωθc(ς ; Ap. Rh., 3, 5Ο &ψήχ-rοuς ... «νc3ήσσιτο χσι(τσις. Le lierre esι une des plantes favoήtes de Dionysos ; ses fld�les s'en couronnenι souvenι : Λnlh. Pal. ι3, 29 (Nicainetos) ; Nonnos, 14, 215, 342 ; ι9, 1 12, 262 ; 20, 296 ; 22, 87 ; 43, 25 ; 45, 39; 46, 6-7. 137-139. ν. 137 : aπangement d'une formule homeήque cele­ bre (Λ 547 6λ(yον yόw yοuνός &μ.c(&ιν). Nonnos en presente de nombreuses vaήantes : cf. ι ο, 241 (et la note ad loc.) ; 12, 365 ; ι9, ι 99 ; 28, 58 ; 37, 526; 46, ι ι8. [Nonnos n'emploie nulle part le datif sing. (χνcί ; il n'y a peuι-�ιre pas lieu de l'introduire ici. F. ν.]. ­ ν. 1 38 ποααlν 6μ.οζήλοιcnν : m�me expression en 3, 93. - ν. ι39 : cf. Eur., Troy. 332-333 π63σι αόν Ι Ιλισαa. 140-ι 45. ν. ι 40 : β-ryrά.ρμ.ονι παιλμ.cj> esι aιιesιe ιreize fois chez Nonnos ; cf. Ap. Rh., ι , ι ι35 σχσι(ροντις β-ryrσιρμ.iιν . . . ι!λ!ασοντο (ι\ la suite de θ 250, οίι β-ryrά.ρμ.ων esι substantif). - ν. 1 4 1 . Κuχλούμ.cνον δλχcjι esι une clausule frequente chez Nonnos. Cf. Aήstoph., Guipeι, 1 523 τσιχύν � iν χύχλqι αοS&ϊτι. Pour χσιμ.πύλον tχνος, cf. 6, 48; 8, 21 ; 12, 364 (ιeχιe incertain) ; l'expression esι toujours employee ι\ propos d'une danse tourbillonnanιe. - ν. 142 : cf. Ap. Rh., 1 , 1237 rn' σιόχiνος lν6c'ro πijχuν ; Nic., Ther. 927 3ιό: πηχuν tρι!αaιι;. - ν. 143 : χοροπ>.ιχής n'esι pas aιιesιe avanι Nonnos ; on retrouve \a m�me formule en 20, 238 ; 37, 742 ; 44, 124 ; 46, 96 (cf. aussi 34, 38). - ν. 144 : les Bacchant.s οηι coutume de denouer leur chevelure et de la laisser Ωotter. Pour \'expression, cf. Eur., Bacch. 240-241 &νσιαa(οντdι τι Ι χ6μιις (pour Dionysos) ; Aήstoph., Lyι. 131 1 τσι! 3C χ6μ.αιι αa(ονθ' hιρ Βσιχχίiν ; Theocr., 5, 91 αa(ιτ' Ιβιφ« ; Callisιr., lmag. 6, 2 rn.αaLC τiιν β6ατρuχον. - ν. 145 : cf. z 509-510, al. &μ.φ! 3C χσιϊτσιι Ι &μ.οιι; «ισσοντσιι. Le datif rnσιiσαοντι donne un sens satisfaisanι : • secouant ses boucles sur son epaule bondissante • ; mais le paralle\e homerique est favorable ι\ la correction. 1 47-ι48. Le trio constitue par Staphylos, son epouse eι son fils est la rtφlique de celui que formait Marόn avec deux Satyres -

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NOTES DU CHANT

ΧνΙ Ι Ι

(ν. 1 1 1 88). L a synt.axe rend bien l'enlacement des danseurs : les ν. 146-147 comportenι un chiasme (u� X«l mιραιχο(ττι Ι Στοιφόλοu Χ«ι Βό-tρuος), de m�me que le νers suiνanι (subst. Ι adj. + adj. Ι subst.) ; en outre c'est par hypaHage que "tpιiλiX'tOν s'accorde aνec

τιρπωλ-ήν. 1 49-153. ν. 149 : ώμοyίρων est un hapax chez Nonnos comme chez Homere (Ψ 791). Le motif de la chevelure abandonnee au soufne du vent est frequenι : Ψ 367 ; Eur., Bacch. 1 50 ; Ap. Rh., Ι , 223 ; Callistr., lmag. 2, 3 ; 7, 2 ; Nonnos, 7, 93 ; 12, 351 ; 15, 46 ; 46, 122. Πολι-fιν : cf. Eur., Bacch. 185 xρi'f« αawσιι πολιδν (8 propos de Cadmos et de τiresias devenus les sect.at&urs de Dionysos). ν. 150 : comme une jarre, Pithos est plein 8 ras bords ; Nonnos fait d'autres allusions aux vases qui debordent : cf. par ex. 19, 122. Le vers laisse prevoir la future met.amorphose de Pithos. ­ ν. l f> l b : cf. 23, 208 (8 propos du vieux Marδn) ; comparer Nic., Λlu. 33 �Wι a. χώλοις (au sujet des Silenes). - ν. 152. Ce det.ail cru , qu'on retrouνe ailleurs (15, 18-19, 101), remonte 8 Homere : ι 373-374 q*puyoς Κ iξtaιwro οtνοι; Ι .. δ Κ ipc6-yno οtνοδσιρc(ων (ίι propos du Cyclope) ; cf. Ap. Rh., I , 473-474 ; Nic., Thίr. 732 ; Tήphiod ., 586 ; Ε. Heitsch, Griech. Dichlerfragm. 11, n• 59, 3, 4. - ν. 153 : cf. Quint. Sm., 14, 579 &φρδς ... λcόxcuνc χ«ρη >.4cn6ν π yίνaον. Nonnos, qui aime le paradoxe, joue sur les couleurs : la barbe (blanche) du νieillard est ξσι-ΑΗ) (ι roussAtre ι et non ι blonde ι) parce qu 'elle est teintee par le vin ; en revanche, le .

νin (rouge) blanchit les poils en ecumanι, car l 'idee de blancheur est normalement a880ciee 8 celle d'ecume (comparer 12, ·359-360). 154. Le developpement des ν. 154-165 s'inspire librement de ι 556-559 (cf. surtout πρδπσιν �μ«ρ iς ψιον Χ«τοι3όντοι I �μ&βσι 3σιινόμcνοι) ; rapprocher auBSί μ 23-24 mνcπ οΙνον Ι σιδθι πσινημ.iριοι. 155-159. Nonnos aime decrire les scenes de crepuscule ; parfois elles se reduisent 8 une rapide not.ation temporelle qui n'excede pas un vers (3, 5I ; 5, 263 ; 7, 280 ; 33, 225 ; 36, 151, 391) ; d'autres sont plus longues (2, 163-167 ; 7, 309-311 ; 20, 23-24 ; 24, 166-167; 25, 568-570 ; 26, 375-376 ; 29, 323-324). Celle-ci est particuliere­ ment ήche en det.ails descήptifs ; Nonnos se libere du modele homeήque pour faire preuve d'orίginalite. Sur ces types de scenes dans la poesie epique, cf. Α. W. James, Μuι. Phil. Lond. 4, 1981, 1 15-142 (pour Nonnos, cf. 120-121). Quintus de Smyme imite Homere d'une fac;on plus servile qu'Apollonios et Nonnos. ν. 155 : όπδcnιιος, hapax chez Nonnos, auquel s'opposera λιπδαχιος au ν. 167, decήt le moment ού tombe la nuit, noyant la terre dans un clair-obscur ambigu. - ν. 1 56•. Άχροχcλο:ινιδω est un hapax homeήque (Φ 249) qui signifie que l'eau devient noire 8 la surface. lci, il indique que la nuit noircit l'extremite du ciel, c'est-8-dire l'hoήzon (sur ce sens d'&χρος, cf. Ap. Rh., 4, 885) ; pour l'idee, on rapprochera Tήphiod . , 210 iς Μmν &χλuδπτζσιν qu'on peut traduire ι vers la lisiere du couchantι (cf. Β. Gerlaud, ad loc. C.U.F.). Le verbe se retrouve avec un sens different en 6, 181 (duνet

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noirciιιanι Ja joue d'un adoleιcent) et en 38, 377 (lune νoi\ant ιιοη diιque). - ν. t56b-157. Nonnos decrit une heure ιentre chien eι Joupt, d'ού \Όpposition poetique entre \Όbιcurite et la Jumiere deι astres : m6me theme dans Ap. Rh., 2, 669-671 (seul paral\ele textue\ : Μ=όν .. . Ι �). KΙZ"Muyciζω a ici \e senι cauιal de ι faire brillert ; il ιignifle habituellement ιeclairert, • illuminert : cf. Jameι, l.c. 132; Peek, Lu., ι.u. Pour l'eνocation deι asιreι ιcintillant dans l'obscurite, cf. Ap. Rh., 4, 1287. - ν. 158. Sur le cόne d'ombre que \a terre projette pendant \a nuit, cf. la note a 2, 166 (ι. 1 , p. 1 12), et Jameι, l.c. 128-129; c'est \υί qui explique \eιι eclipses de lune (38, 33-36). Le motif reparalt dans la Ραrαphrαιι (6, 62; 8, 4).

Ραgι

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160-161. Σιγσι>.!η Νόξ : cf. 2, 166; 25, 570 ; pour l'oreille, la fln du νers 160 eνoque Ο 60 χιτώΥCΙ 'ltef)! χpot αιγαύ.δcνται. - ΟόpαιΥδν &ατερόcνn rappelle l'hom. οuραιΥδν &ατερδcντιι. Χλtιινόω signifle ici • mettre un v�temenι (acc.) sur qqn • (dat. ) ; on retrouνe cette construction anormale en 9, 184. - Ces deux vers combinent de fa�on hardie trοίι images dίfferentes : (Ι) la Nuit se reνH d'un manteau de tenebres (cf. Eur., Ton, 1 1 50 (ΝUξ) μιλιiμπcπλος ; Quint. Sm., 7, 673 (ΝUξ) χιιλuψιιμivη 3tμαις δρφvn ; Musee, 1 1 3 (eι 232) χuαινόπcπλον ... όμ(χλ�ν) ; (2) \a Nuit revH le ciel d'une tunique etoίlee (cf. 2, 166 avec la note αd loc., et le qualiflcatif d'&ατροχ(των donne a la Νυίι dans [Orph.], λrg. 1028) ; (3) elle ιinscrit• dans le ciel \es etoiles (3ιαιyριiψιιαιι), idee exprimee en 2, 167 par ιι!!Νραι 3σιι3illοuααι. Ces dίfferents motifs s'harmonisent plus heureuse­ ment en 2, 163-167 et dans Pαrαphr. 6, 62, 66-69. Cf. aussi Gigli, 171-179. 162-165. Ceιte petite scene ramene au quotidien apres l'evoca­ tίon cosmique qui precede. - ν. 162 : l'anaphore suggere une abondance de mets et de boίssons ; sur ce theme, cf. ι 8-10, 162 (- 557). Διi'1tν11 τριιπtζ�ς, formule nonnίenne, se retrouve dans (Orph.], λrg. 232. - ν. 164 χιχρψhοΙ ατοιχ�3δν : cf. Ap. Rh., 1 , 455 χtχλινθ' Ιξι(�. Έuατρώτων iπl Μχτρωv : cf. Η. hom. Dem. 285 ; Η. hom. Λphr. 157; α/. - ν. 165 : cf. Η 482, al. Gπνοu 3ωρον Ιλοντο. Le vers annonce les futurs reves premonitoires de Dίonysos. 1 66-167. Scenes du lever du jour : cf. James, l.c. (note aux ν. 155-159), 1 18-120, 128. Les unes se limitenι a une breνe ίndication (2, 169, 244 ; 3, 18, 61 ; 7, 136; 14, 295 ; 26, 38; 29, 363; 34, 100; 35, 249 ; 37, 8 ; 47, 279) ; d'autres sont plus developpees (3, 55-58 ; 22, 136-137 ; 26, 188-191 ; 27, 1-7; 34, 123-124 ; 36, 392393 ; 37, 86-87 ; 38, 8-10 ; 40, 381-391). Celle-ci transpose l'hom. ill' δπ 31) ... iφci� �ο3οΜχτuλος 'Ηώ.αι.τηρ, de la lyre laconienne ιelon Antipatros de Theιsalonique (Λnth. Ρα/. 7, 18, 3). Sur l'utilisation metaphoήque du νocabulaire de l'hippodrome, cf. Gigli, 250-252. - ν. 74b-7f>•. Chanteurι et mueiciene ee couronnent de lauήer : Ap. Rh., 2, 159; Oνide, Mtl. 1 1 , 165 (Apollon lyήcine) ; ile peuνent auBΙi tenir un rameau de lauήer : Hes., T/ιiog. 30 (cf. la note αd loc. de Μ. L. Weιt) ; Paus., 9, 30, 3. - ν. 75b. Le citharede porte frequemment une ceinture, au moine depuis le ιve s. aν. J .-C. : cf. Lu. lcon. Myth. Clιuι. 2 (1984), ι. Λpollo, p. 200, et de nombreux document.s Ωgurant Apollon citharede debout (ibid., η• 82-154). La ceinture permet de releνer la longue robe et de donner ainsi plus d'aisance aux mouνement.s. C'etait la tenue adoptee par les enfant.s lors des Hyacinthies spartiates selon Polycrate, cite par Athenee, 4, 139e πcιϊ3iς τa yckp χιθαιρ(ζοuιnν Ιν χιτώιnν �ωαμtνοι.ι;. Nonnos disposait peut�tre d'une documentation sur cette f�te (cf. ν. 100-105); mais il est plus probable que le νerbe &νσιζώwuμcιι a ete suggere par le geste des athletes qui se ceignent les reins (ζωαcιμ!νω) aνant de s'affronter : Ψ 685, 710; Quint. Sm., 4, 1 88 ; Nonnos, 14, 134. En ce cas, i l s'agirait d'une nouνelle reference au langage sportif. 76-79. Les deux musiciens commencent par accorder leur instrument, de m�me que d'autres ι athletesι mettent leur force 8 l'epreuνe aνant la competition : cf. la note aux ν. 165-166. Ils essaient chaque corde 8 tour de rόle (ν. 77), peut-�tre en la frappant (θ>Jδοντaς) 8 l'aide du plectre selon la technique de la crouιiι : cf. F. R. Geνaert, Hiιtoire et lhtorie de /α muιique dαnι I'Λntiquite, ι. 2 (1881 ; reed. 1965), 243, 268-269 ; Chailley, o.c., 68. Pour regler la tension des cordes, ils les enroulent et les serrent autour d'une cheνille (πcpurφLyyoντcι;) ; sur ces cheνilles nxees sur le cheνalet, cf. Chailley, o.c. 67-68. - ν. 79 : litt. ι de peur que la corde en se reiAchant n'effemine un chant mAieι. Nonnos aime jouer sur l'opposition entre mAie et femelle : cf. la note ι1ι 1 , 506 (t. 1 , p. 154) ; il l'utilise pour Ιeι sons encore en I , 506 et en 40,

NOTES DU CHANT ΧΙΧ

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224. On jου8ίι h8bίιυellemenι 18 melodie sυr le gr8νe, tandis qυe )'8CCOffip8gnemenι etaiι execυte sυr )'octaνe 8igυe, COΠtr8iremenι a l'υsage modeme : cf. Geν8ert, o.c., ι. 1 , 364 ; ι. 2, 268. 80-8 1 . Chez Homere, le ιir8ge 8υ sorι esι pr8ιiqυe poυr 18 coυrse de ch8rs eι poυr le ιίr a l'arc : Ψ 352, 862 ΤιU� � πρώ-rος χλ-Ιjρc,ι >.«χ�. Nonnos 8 certainemenι ecήι πρό� poυr eνiter υη νers a ιrois spondees ; 18 leςon πρώτος esι dυe a υn lecteυr ου a υ η copiste qυί se soυνenaiι dυ texte homeriqυe. TcxviJμ.ow �uθμ.(ii signifle qυe l'8rtίste esι υη νirtυose enιr8lne (cf. ν. 76 i&Ιjμ.ονι παιλμ.cjι), υη mυsicien profe88ίonnel, plυs qυ'υn poete inspire p8r 18 Mυse comme 1'8ede Demodocos (cf. θ 63). - ν. 8 Ι b : cf. Pind., ΟΙ. 9, 14 φδρμ.ιyy' i>.U.(ζων. 82. Le ch8nι esι r8pporte 8υ sιyle indirect comme d8ns θ 266 ss ; Theocr., 7, 73 88 ; Ap. Rh., I , 496 88 ; [Orph.]. λrg. 419 88. Le sυjeι esι h8bίιυellemenι resυme en υne serie de complementιι d'objeι ου de proposiιions completiνes introdυites p8r ώς. lci, si l'on 8dmeι 18 correcιion de Peek 8υ ν. 83 (cr. 18 Noιice, p. 80, η. 4), tουι ie deνeloppemenι introdυiι p8r 6-n s'org8nίse 8υtουr de 18 correl8ιίon ώς ... , ο6τω χαι( ... Le p8r8\lelisme enιre les deυx parties esι soυligne par \a repeιition des mοtιι e88enιiels : ξc(νι.ααs (ν. 83, 91), ι5πσισαsν (ν. 85, 93), xaιl ΚU..Οii/Στσιφuλοu φθψΜιο (ν. 87, 94) ; les ν. 95-96 sont la repliqυe des ν. 89-90. - Ζσιθωι.ς h Άθ-Ιjνσιι.ς esι pl8ce prolepιiqυemenι deνanι ώς ; poυr l'expre88ion, cf. Pind., Dithyr., fr. 75, 4 Sneii-Miihler ιν τσιϊς !&ρσιiς 'Αθcίνσιι.ς. 83-86. Pamprepios 8 ce p8ss8ge en memoire qυand il p8rle de φιλοξ�L'Ιν Kwoi[o (fr. 3, 125 Liνrea). - ν. 83. Πσιμ.μ.ήτωρ conνienι daνantage a la Terre (cf. 4 1 , 92 ; 48, 7); mais Nonnos l'emploie 8υ88ί poυr Rhea, Hera eι I'Harmonie cosmiqυe. - ν. 84 : cf. Nic., Ther. 486 ιiρχσι("Ιj Μcτ«ν&ι.ρσι. Metanire esι νiei\le 8υ88ί d8ns ΙΉ. hom. Dem. 164-165, 219-220, qυand etle meι aυ monde Demophon. ν. 86 : le premier hemistiche (Yriptoleme t inνenteυr• de 18 cυltυre dυ ble) est repήs en 47, 51, d8ns υne ιyncriιiι entre le heros d' ι;:leυsis et Dionysos ; le deυxieme hemistiche est υη r8pίde r8ppel de 13, 190-192, ού on νoit Triptoleme p8rcoυrir le monde sυr υη ch8r tire par des dragons et charge d'epis. 87-90. ν. 88 ι5μ.μ.σισιν ιiχλσιUτοισι : νοίr la note έι 19, 60. θ«λuσr.«ς : νoir 18 note a 2, 92 (ι. 1 , p. 169). - ν. 89 : πσιρ"Ιjyο�ω 8 υn sens έι la fois moral et medical ; il s'emploie έι propos dυ medecin qυi calme υne doυleυr : Hippocr8te, Maladieι aiguiι, 58, 1 . - θcλξ(φροw : repήse, a propos de Demeter, de l 'epiιhete donnee a Bacchos 8υ ν. 22. - ν. 90 : cf. Ap. Rh., 3, 644 τ6 Uν μ.οι ... α&σοι &λγος. 95-96. R8ppel dυ ν. 2 1 . Ρουr l'expression, cf. Φ 137-138 6πως -όcmc πδνοιο I . . .' Αχιλλησι ; Pind., lιthm. 8, 12 χαιρπρ«ν hσιuαs μ.cρ(μ.νσιν ; Bacchyl., 5, 6-7 Sne\1 φρΜι ... I .. . ιiμ.πσιόσσις μ.cρψνiν. 97-99. Les aυditeυπ ont la meme reaction enthoυsiaste apres le ch8nt d'Orphee d8ns Ap. Rh., 1 , 512-515, ου 8pres le discoυπ de Nestor dans Qυint. Sm., 4, 145 s. το1 3' ιi(ονπς Ι τiρποντ(ο). Le motir

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NOTES DU CHANT X I X

apparatι auasi danι Ιeι jeux athletiques : Ψ 728, 760-767, 847. ­ ν. 97. Άμφ( + dat. equivaut a propler ιelon Keydell, Nonnί Dίon. 1 , 62 • , ιuίνί par Peek, Lu. •· &:μφl, 11 3 ; οη peut auasi donner a iμφ( un ιeηι adverbial, ι tout autourι; ιur cet emploi, cf. Peek, ίbίd. I. - ν. 98 � δμοϋ : cf. Ρ 422; al. Page

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100-103. ν. 100 : cf. Bacchyl., 5, 9-10 Snell δφΜς I δμνον ; sur la metaphore du tiasage chez Nonnos, cf. Gigli, 152, 158. ν. 101. Oiagros est l'epoux de la Muse Calliope : cf. 13, 430; al. C'est la tradition la plus courante : Pind., Pyth. 4, 176-177 ; fr. 128c, 1 1-12 Sneii-Miihler ; Ap. Rh., 1 , 23-25 ; Ovide, Mel. 10, 1 48 ; Apollod., Bίbl. 1 , 3, 2 ; (Orph.), Λrg. 77. D'autres auteurs lui donnaient pour mere la Muse Polymnie. - ν. 102. Άνσιδ«λλομαιι, ι entreprendre de (chanter)•, se retrouve en 1 , 478 ; 24, 242. Chez Homere, le verbe se construit avec l'inflnitif (ιι: 1 55 ; θ 266) ; on trouve plus tard un complement d'objet : Philostr. le Jeune, lmag. 6, 23-24 Schenki-Reisch δ 3ιξι/>ς (ποiις) ιiνσιδ«λλιτιι:ι τόν �uθμδν (Orphee chantant) ; Chήstodoros, dans Λnlh. Pal. 2, 130 λιγuρήν �ιτο μολπήν ; Pamprepios, fr. 3, 48 Livrea. Le chant apollinien d'Oiagros s'oppose au chant attique d 'l�: rechthee de m�me que Sparte s'oppose a Athenes. - ν. 103. Une epigramme d 'Antipatros de Sidon (Λnth. Pal. 7, 713) celebre la concision ι callimacheenne• de la poetesse t;:ήnna en ces termes : πιι:uροCΠ"Ι)ς Ήριννιι: χαι! ο\ι πολuμuθος &:οι&ιiς. Nonnos cite eι arrange ce vers en creanι (?) l'adjectif λιyόμuθος qu'on retrouve dans Λnlh. Pal. 7, 343, 1 . L'allusion au ιlaconisme • des Spartiates esι evidente. 'Αμuχλιιleιι ... θισμ.cίι designe ici le mode dorien, digne eι solennel. Amyclees esι une bourgade voisine de Sparte ; par souci d'archaϊsme, Nonnos emploie indifferemmenι les deux toponymes, de m�me que Marathon concurrence Athenes : cf. Chuvin, 64. lci, la mention d'Amyclees est d 'autanι plus tegitime que la legende d'Hyakinthos est associee a cette ville. 104-105. Εiιχιι:Ιτης, epithete de Ganymede chez Callimaque (έpίgr. 52, 3), qualifle chez Nonnos aussi les eromenes d'Apollon (ici Hyakinthos) eι de Dionysos (notammenι Hymenaios) ainsi que Dionysos lui-m�me. 106-1 1 1 . ν. 106 : χώμος peuι signifier « chantt, «air de r�ιe . chez Nonnos ; ce sens est ίι retablir dans la traduction de 5, 100. ­ ν. 107 c\ιφ-ήμοις : Oiagros νίeηι de predire en effeι l'apotheose de Staphylos promise- precedemmenι par Dionysos ίι Meιhe. ν. 108 : cf. ψ 12 ο! 3' ljιμωξιι:ν ιiολλίις ; eι la note aux ν. 97-99. ­ ν. 109-110. Dionysos manifeste son enthousiasme avec une exageration comique en se levanι sans cesse eι en agitant le bras. Lucien, Rhetorum praectplor, 22, invite ίι plus de retenue les auditeurs d'une αcrοαιίι (lecture publique) : 1πισιi.μοl σvyχορcόοντ8(0. - Le ν. 266 fait allusion 8 une seήe de sauts 8 pieds joints ; noter l'inιistance pleonιstique de l'expression : iπ' &.λλ-ψ.οιcnν, δμ6ζuyοι, σw«πτων. Au ν. 267, Silene saute a\ternatiνement sur \eι deux pieds. Έτιροιλχ'Ι)ς ιe retrouνe dans un contexte ana\ogue en 18, 1 19, 129 (mouνements altematifι de la t.6te); comparer 9, 230 (claudication d'Hephaiιtos). Leι danιes bacchiques ιe carιcteή­ ιenι pιr deι mouνements outres du baιsin : 8echan, Sallαlio, 1040; id., Dαnιe, 1 96 ; \eι sauts altematifs sont frequents danι \a ιikinniι : Feιta, 57. 268-269. Silene execute une pirouette, une ι toupie • ; sur cette llgure, cf. Aήstoph., Gulpu, 1523, 1529-1530; Pαiz, 864 ; Theιm. 122 (conj.); Athenee, 14, 630a ; Elym. Mαgn. ι. !iνoc, στρό&λος : Latte, 23-24 ; Festa, 54-58 ; sechan, Dαnιe, 197, 212 (n. 86) ; Prudhommeau, 275, n• 1003. Au ν. 269, στtρνοις impliquerιit une toupie effectuee ιur la poitήne correspondant 8 \a pirouette sur \e dοιι des ν. 277-282 ; on l'admettrι difllcilemenι en rιison deιι νen d'introduction (ν. 264-265) et surtout d'δρθός. La correction mpνοιις eιt aeduiιιante du point de νue paleographique ; en outre, Callim., fr. 2, 4 Pf. foumit un parιllele formel (iπl πτiρνης). Π'"'ιrnJ est un hapax danιι le poeme comme chez Homere ; en Χ 397, ίΙ deaigne le ι talon • ; ίΙ a pήι par la ιιuite un ιenιι plus generι\ ; c'esι \e caι ici, comme dane Pαrαphr. 13, 83 (egalemenι hapax danιι cette .ηνοu λοισlοιο {cf. bien au fleuve Silene qui est ne d'un d8nseur. encore 1 1 , 352 ; 23, 214) : souvenir de C8llim., fr. 67, 1 1-12 Pf. λοιαίοιο y�ροντοι; Ι Σιληνοu {fontaine de N8xos j8illiss8nt du • rocher de Silenet). - ν. 327. Fleuves musiciens : cf. [Moschos), Chant fun. Βίοn, 70 {le Meles, fleuve λιyuρώταιτοι;, p8rce qu'il coule d8ns 18 p8tήe d'Homere) ; Ach. T8t., 2, 14, 8 {fleuve ch8ntant sous le vent comme une lyre). Pour les Anciens, le fleuve M8rsy8s s'identifle 8U flQtiste qui lui a donne son nom : P8us., 10, 30, 9 ; Tzetzes, Chίl. Ι , 356 {ιcϊ: 3i μ«ν(αιν αιόλητοu χαιl ποταιμlις dσιτι. Au bord du l8c ού le fleuve prend 88 source pouss8ient des rose8ux recherches pour confectionner des l8nguettes de f111te : Str8bon, 12, 8, 1 5 ; selon Derkyllos, 288 F 7 J8c. αΡιut.), De fluυ. 10, 3), qu8nd οη plac;ait la tige de ces rose8ux d8ns 18 direction du vent, elle emettait une musique p8reille ιi celle de la f111te. Ces differents elements conflrment 18 conjecture de τiedke ποταιμοϊ:ο, m8lgre 88 h8rdίesse ; l'absurde Διονόσοu de L s'explique s8ns doute p8r une pure et simple distr8ction du copiste. 329-332. L8 lubricite des Silenes et des S8tyres est bien connue. Alors que Nonnos se compl8ft dans les scenes erotiques, le theme est ne8nmoins rare d8ns son poeme : le developpement le plus rem8rqu8ble se trouve en 12, 37 1 -393. - ν. 330. Άσiμ&ιλοι; (non 8tteste 8V8nt Nonnos), comme &.χρ-1)3ιμνοι;, Μμπuξ, &.daιλοι;, qu8lifie ιiussi bien les 88cch8ntes que les Nymphes. Ces 8djectifs sont parfois de simples epithetes omantes illustr8nt un tr8ίt distinctif de ces figures ; m8is οη les trouve 8Ussi d8ns des contextes ού ils prennent valeur psychologique en tr8duis8nt un sentiment de peur, le deuil ou un etat de frenesie. cr. les notes ιi 9, 248 (ι. 4, p. 122) ; 25, 470 ; 29, 266 (ι. 9, p. 347). - ν. 331 . Λuσιι6ιιραι (non atteste 8V8nt Nonnos) qualifle les 88cch8ntes qui denouent leurs cheveux qu8nd elles sont en tr8nses ; c'esι eg8lement le C88 pour λuσlχομος {cf. 47, 587), qui qu81ifie ici les N8i8des pour p8rf8ire le p8rallele. - ν. 332 : &.πiλιθροι;, ι gig8ntes­ quet, prend le sens d'ι innombrable• d8ns notre contexte. 333-336 . L'8nguille est l'equivalent aqu8tique du serpent. De m�me, οη peut comp8rer les ec8i.les du poisson (λιπ13ιι;) a celles du serpent {φολ!!ιι;) ; les deux termes, que distinguent les n8tur8listes, sοηι p8rfois confondus : cr. Liddeii-Scotι, ι. uu. Nonnos n'emploie que φολ!!ιι;, en gener81 pour le serpent, m8is 8ussi pour les -

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NOTES D U CHANT X I X

ι mooιtres maήosι qυί cooιt.it.ueot. leι membres iofeήeurs de Campe (18, 251). - Φο�mν iρ"Ι)ρότu; : cf. [Opp.], Cyn. 3, 493 'ιι"Ιρ« Ι μ.aνοι φολι&ωm (et. Ap. Rh., 4, 144 ; Nic., Ther. 157-158). Page 127. 337-338. Έmlλδ(ςω : cf. 33, 324 ; 46, 325 (et. 46, 54) ; le 8imple 6>.διςω et l'adject.if ΙS>.διος soot. plυs freqυent.s. Le theme du bonheυr obt.enυ aυ coυrs d'uoe exί8t.eoce ου au-delil e8t frequeot chez Noooos. - V. 338 : Keydell suppose 8808 raison une lacuoe comport.ant un χαι( correl8tif de celυi du v. 338. Ce χαι( est eo re8Jit.e 8dverbί81 : ι Tu es eocore plυ8 heureux, C8Γ tu f8i8 pousser au11i ( ιen plu8t, ou ι m8int.eo8ntι) le Γ8ί8ίn ι ; βδτρuν «&ξιιι; e8t 18 repliqυe 8tt.eodue il βοτρ� et o'exige 8υcuoe 8dditioo : cf. F. Vi8n, Reo. Phil. 34, 1960, 303. 340. Apres ce vers, Keydell coojecture uoe ooυvelle 18cυne οiι se troυver8ίt le verbe pήncίp81 dont. le 8ujet ser8it rnχις. Α tort (cf. Vί8n, l.c.) : υne phr8se nomίn8\e e8t une toumυre cour8nt.e en grec ; cf. p8r ex. pour Νοοοο8 19, 130 8. (et 18 oot.e ad loc.); 21, 170; 25, 1 54 ; Ί7, 101 ; 28, 251 ; 48, 863 8. ; et le8 rem8rques de Th. Gelzer, Μuι. Helo. 25, 1968, 15. 341-345. ν. 341. λ"I)YOV f8it reference 8UX d808e8 de8 S8tyre8 foul8nt le r8ί8in d8ns le pressoir : cf. 12, 350-359. M8roo met en p8Γ8IIele, 8vec υn soυrire, 18 d8nse dυ Ωeuve sυr I'Oce8n : il veυt 88Ω8 doυt.e dire p8r lil qυe soo e8υ ir8 rejoindre le receptacle uoiversel qυ'est. I'Oce8o ; ίΙ sous-ent.end 8υ88i que celυi-ci est le pere de tου8 leι Ωeuvee. - [V. 343. OU νiμ&cπ.ς y«p : comme eo 18, 231, il 8 ech8ppe jυ8qυ'ici qυe la lec;;on init.iale de L e8t γcίρ, qu'on retablir8 88os hesit.er; γcίρ est 8ttest.e qυ8tre fois d8os cette formule (4, 238 ; 19, 134, 343 ; 34, 324) et 3� seυlement deux fois (5, 290 ; 40, 420). Οο 8 lil υn nouvel exemple des f8υt.es introduit.es p8Γ le reviseυr : cf. ci-de88us v. 177, 310. F. V.) 346-348. Le v. 347 juxtapose deux epithet.es qυi defioissent le doυble 8spect de Sileoe, d8nseυr et Ωeυve. Ζcίχuτοι;, ιqυί coυle en 8bond8nceι, semble Hre υn h8p8x 8bsolυ ; il est forme sur Je synooyme νήχuτοι; que Nonno8 evit.e bieo qυ'il soit eo f8veur chez le8 poetes helleoistiqυes. L'homeήqυe χuδ�ρ (Σ 604) designe chez Noooos, 8υ propre ου 8υ figure, soit un plongeυr (cf. \8 oote il 9, 165, ι. 4, p. 1 14) soit le d8nseυr qυi toυmoie et f8it des C8bήoles (2, 193 ; 38, 370 ; 40, 242 ; 4 1 , 135 ; 43, 340). Ici le mot r8ppelle il 18 fois les 8crob8ties de Sileoe et \8 culbute fln8le qυί 8 precede s8 met8morphose ; il coovieot 8υ8sί 8υχ toυrbillon8 d'υο Ωeυve 8υχ Ωot.s C8bήol8nt.s. - Le poet.e 8 soigoe 18 cl8u8υle de son ch8nt en t.ermίo8ot p8r deux vers composes ch8cυo de qυ8tre mot.s seulemeot. -

INDEX RERVM NOTABILIVM Les indications de pageι renvoient aux noticeι et aux noteι placeeι ιous la traduction ; leι noteι ιont designees par l'indication du chant suivie deι numeroι deι verι ; une reference du type 18, 235/262 renvoie 8 un enιemble de notes compriιeι entre les deux verι mentionnes. Les paralleleι ou sources litteraires ne sont paι signaleι systematiquement et ne concemenι, sauf exception, que deι poetes helleniιtiques (not.amment Callimaque) et la ParaphNUe de ι•.toangile Ιtlon Ιainl Jean de Nonnoι. INDEX FRANι;AΙS agate : 18, 78-80. ailia : p. 6, 71-72 ; 19, 323-324. allegoήeι : p. 71-72. Alybe : 19, 126-129. Ambroisie : 18, 186-189. amethyιte : 18, 75-77. Amour : 19, 236-237, 261 -262. Ampelos : p. 62-63. Amyclees : 19, 103. Aomos : p. 32-33. Aphrodite : p. 69-70 ; 19, 4748, 123-124. Apollon : p. 90-91 ; 19, 181184, 323-324. Apollonioι de Rhodes : p. 14, 35(n. 1), 37 (n. 2) ; 18, 41, 7 1 , 98 , 99-102, 156-157, 1 72, 174-175, 245, 251, 254, 313315; 19, 5-9, 21 28, 70, 9799, 1 13, 165-166, 201, 318. apotheoιe : p. 71-72. applaudiιιements : 19, 109-1 10. Arachne : 18, 214-215. Ares : p. 31-34. Aήadne : p. 69-70. t

Aήstee : p. 94-95 ; 19, 229, 238240. Ariιtophane : p. 98-99 ; 18, 5253, 101 124-132 ; 19, 163164, 205, 268-269, 274-276, 279. Arteιnis : p. 21-22; 18, 192195. Aιsyrie : p. 5-6 ; 18, 327-329, 351 . Athenes : p . 79, 83-84. Atymnios : p. 91 . Aura : 19, 292-295 . aurore : 18, 166-167. t

Bacchants, Bacchantes : p. 6268 ; 18, 55, 1 19, 144, 206. beaute masculine ου feminine ; 18, 340-343, 349-356. Bellerophon : : 18, 292-294. Belos : 18, 224. Bίble : 18, 18-19 ; 19, 1-3. Biιtonie : 19, 70. Botrya : p. �.

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INDEX

bouc dionyιiaque : p. 76 (n. 1). Bron8QΙ : p. 4, 13-14.

cothumes : 18, 200. couleurs : 18, 340-343 ; (asso­ ciation de ) : 18, 1 53 ; 19, 129. cratere (vase) : 19, 123/135. Cratere (Ιieu) : p. 104-107. crepuscule ; 18, 155-159. CRιτιcλ VλRΙλ : Dion. 20, 100 : p. 19-20 ; - 48, 500 ; 18, 357 ; - Paraphr. 6, 84-85 : 18, 166-167. Cronoι : p. 24-26 ; 18, 'l27f232. cyceon : 19, 233 . cymbales : 18, 103. -

C

: voir auui Κ. Calamoι : 19, 29Ί-295 . Callimaque : p. 10-13, 39, 64 ; 18, 46, 57, 65, 70, 83b�. 1 1 1 ' 1 18, 206, 258, 283-284, 336 ; 19, 65, 103, 104-105, 197, 269, 325. Campe : p. 26-29 ; 18, 235/262. casιagnettes : 18, 107. caιalogue : p. 9, ΙΟΊ. ceos ; p. 10-13. chant (concours de -) : p. 7985. Charon : 19, 7. cheveux : 18, 349-356 ; - ch. denoues : 18, 144-145, 149. (comparaison chήstianiιme avec le -) : p. 66. chronologie (indifference iι la -) : p. 15 (n. 3), 61-62. citharede : 19, 73/79. CοΜΡοsιτιοΝ. Art de la com­ position : p. 3-4, 16-17, 61, 71 (n. 5), 74, 89-90, 100, 107compo­ 1 12, 126 (n. 2); sition annulaire : p. 100, 1071 09 ; - indifference au rea­ lisme : p. 36-39, 47 (η. Ι ) ; interlude idyllique dans l'epopee : p. 4 (n. Ι ) ; - pre­ sentation des personnages : 18, 202 ; - ιsynaphieι d'un groupe de chants : p. 1 12 ; ­ themes repetes avec varia­ tion dans le poeme : (descrip­ tion d'un palais) p. 1 4-15 ; (Lycurgue) p. 18-22 ; 18, 176/ 1 95 ; (Typhon et Campe) p. 27-29 ; (jeux funebres) p. 72-74 ; (ήvalite entre Aris­ tee et Dionysos) 19, 229. cόne d'ombre de la nuit : 18, 158. Corykion/Corycos : 18, 29Ί294. -

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danse : p. 15-18, 77, 99-100 (danse acrobatique) ; 18, 5253, 99-ΙΟΊ, 1 10, 128, 141 ; 19, 1 13, 165-166, 265j286, 307309. Cf. pantomime. Demeter : p. 80-84. Dike : t8, 304-305. Dionysos. Dieu venu • d'ail­ leursι : p. 8-9 ; - son • apa­ thie • : 19, 60 ; - D. Botrys : p. 8 ; - ses epiphanies : dieu de p. 65 ; 19, 24; la frenesie : 18, Ι ΟΊ ; dieu medecin ; p. 64 ; 19, 26 ; - dispensateur de vie et de joie, negateur de la mort ; p. 4 1 ' 62-64, 85, 89-90, 1 101 1 1 , 121 (η. Ι ) ; 18, 297; 19, 42-43, 51 ' 53-56, 150, 1691 74 ; - son sourire : 19, 4243, 255 ; symbolisme so­ laire et stellaire de ses attri­ buts : 18, 196-198. D. et Aphrodite : p. 69-70 ; - et Apollon : p. 90-91 ; - et Aήstee : p. 94-95 ; 19, 229 ; - et Demeter : p. 82-84 ; et Dike : 18, 304-305; - et 8emele : p. 67. D. et ses amantes : p. 66 ; - et les banquets : 19, 46 ; - et le chavirement : p. 1 7 ; - et le feu : p. 65; 18, Ί25 ; et ses -

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IN DEX hδtes : p. 37-38 ; - eι le jaillissemenι : p. 106-107 ; 19, 122, 287-288 ; - eι le \ierre : 18, 136 ; 19, 1 12 ; eι \a metamorphose : p. 101102; - eι \a musique ου \a danse : p. 16-17, 78-79 ; - eι \a rue : 18, 101 ; - eι \e serpenι : 18, 199. Religion eι mysteres bacchiques : ρ. 62-72 ; 19, 36-37. eau changee en pierre : 18, 233234. εchidna (flls d'-) : ρ. 31-34, 54 (η. Ι ) ; 18, 276/284. ecphrιuίι : p. 13, 27, 75.

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εLλΒΟRλτJΟΝ

DB

L'