Documents du Parti. Seminaires d’information et de formation des secretaires generaux

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Documents du Parti. Seminaires d’information et de formation des secretaires generaux

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AVERTISSEMENT ...
Déclaration ...
LE PRESIDENT DU PARTI ...
Les conclusions ...
MOTION DE SOUTIEN ...
Allocution ...
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Parti démocratique de Côte d'Ivoire,

Documents du Parti.

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3386 A98P2 A45 V.l

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D'INFORMATION ET DE FORMATION DES SECRETAIRES GENERAUX

Yamoussoukro: 3Abidjan: 10 -11 Décembre 1982 Yamoussuikro:

Documents du Parti

SEMINAIRES D'INFORMATION ET DE FORMATION DES SECRETAIRES GENERAUX

Yamoussoukro: 3-7 Mai 1982 Abidjan:10-11Décembre1982 Yamoussoukro: 27-29 Décembre 1983

AVERTISSEMENT Cet ouvrage, préparé par Fraternité-Hebdo Editions, à l'initiative du Comité Exécutif du Bureau Politique du PDCI-RDA, contient : a) - Les textes des déclarations et messages adressés par Son Excellence le Président de la République, Monsieur Félix HOUPHOUET-BOIGNY, Président du Parti à Messieurs les Secrétai res Généraux des Sections, b) - Les différentes interventions et exposés faits par Messieurs les membres du Comité Exécutif, au nom du Bureau Politique, c) - Les conclusions et motions de MM. les Secrétaires Généraux, lors des trois Séminaires d'information et de formation qui se sont tenus: LE PREMIER (Journées de Réflexion et d'Etudes) du 3 au 7 Mai 1982 à la Maison du Parti de Yamoussoukro, regroupant autour du Président du Parti les membres du Bureau Politique, les Inspecteurs du Parti, les Secrétaires Généraux des Sections du Parti, les Préfets, Secrétaires Géné raux de Préfectures et les Sous-Préfets; LE SECOND: (2ème Séminaire d'information et de formation) à la Maison du Congrès d'Abidjan les 10 et 11 Décembre 1982; LE TROISIEME : (Sème Séminaire d'information et de formation) à la Maison du Parti de Yamoussoukro du 27 au 29 Décembre 1983. Ces documents sont accompagnés de brèves présentations parues, en leur temps, dans les colonnes de l'hebdomadaire Fraternité, organe du Parti, ainsi que de documents photographiques.

«Divisés, nous sommes perdants. Unis, nous vaincrons.»

Félix Houphouet-Boigny

Les journées de Yamoussoukro 3- 7 Mai 1982

Les journées de Yamoussoukro

3 -7Mai 1982

SOUS LE SIGNE DE LA RECONCILIATION (Compte-rendu paru dans Fraternité-Hebdo du 14 Mai 1982) Le Président du Parti, M. Félix Houphouet-Boigny, a présidé du 3 au 6 mai 1982 à la Maison du Parti de Yamoussoukro, les Journées dp Réflexion et d'Etudes organi sées à l'intention des membres du Bureau Politique, dtfs Inspecteurs du Parti, des Secré taires Généraux des Sections du PDCI-RDA, des Préfets, des Secrétaires Généraux de Préfecture et des Sous-Préfets. On notait donc la présence de près de six cents cadres du Parti et de l'Etat. Le thème principal de ces Journées, était la réconciliation générale de tous les Ivoiriens, qui ont été divisés après les élections démocratiques de 1980. Le seul remède à cet effet, c'est l'entente, l'union, la solidarité, la fraternité, la confiance réciproque pour la relance de notre développement. Ces mots sont du Président du Parti qui a affirmé - à l'ouverture comme à la clôture - que «sans unité, sans union des enfants d'un même pays, pas de progrès économique et social». C'est pourquoi il a demandé aux uns et aux autres de tuer leurs ambitions personnelles, et de se mettre immédiate ment au service de la Nation ivoirienne pour la poursuite de son œuvre de développe ment. Dans ce même ordre d'idées, le Président de la République a souligné que le plus difficile qui reste à faire c'est la véritable lutte pour la bataille économique. C'est pour quoi, a-t-il dit, nous avons plus que jamais besoin les uns des autres. Ce n'est pas, a encore ajouté le Chef de l'Etat, dans les déchirements, dans les querelles entre frères d'un même pays que nous vaincrons, mais plutôt en restant en rang serrés pour affron ter ensemble les problèmes inhérents de la vie sociale. Dans son intervention, le Président du Parti a déclaré : «Nous sommes donc con damnés à nous entendre pour poursuivre la marche en avant de notre démocratie à l'ivoirienne. C'est un défi que nous lançons au monde entier pour prouver notre maturi té politique. C'est pourquoi nous ne sortirons pas de ce séminaire de Yamoussoukro sans que nous ayons enterré tous les maux de divisions, de dissensions qui sont les séquelles des dernières élections de 1980. Je vous invite à vous exprimer en toute liber té, en toute franchise afin de nous permettre de faire le point de la situation qui pré vaut dans le pays. Si la présence des candidats battus aux élections s'avérait nécessaire, je prendrais mes responsabilités pour les convoquer à Yamoussoukro, comme tous les autres. Ainsi donc, nous avons enregistré la présence des personnes qui ont été citées par les nombreux orateurs qui se sont fait inscrire par le Comité ad hoc mis sur pied pour recueillir les plaintes, les observations, les suggestions, les critiques et les doléances. Parmi les personnes venues s'expliquer publiquement devant les instances du Parti et les cadres de l'Etat, figurent les ministres Gaston Ouassenan Koné (Sécurité Inté rieure) et Kouassi Apèté (Postes et Télécommunications), Biaise N'Dia Koffi, ancien ministre de la Santé Publique, Vamé Doumouya, ancien député, les préfets Daouda Coulibaly (Bouaké), Emile Bombet (Korhogo), Jean-Claude Yobouet (Bouaflé), Gon Coulibaly, député et Lanciné Gon, député-maire de Korhogo. Ces interventions ont mis l'accent sur la persistance de règlements de comptes, les méfaits de certaines ambitions personnelles démesurées, certaines indélicatesses, etc... En tout cas, ces déclarations sont toutes d'importance capitale compte tenu des enseignements qu'en a tirés le séminaire. En effet, dans la grande salle de l'auditorium de la Maison du Parti, les membres du Bureau Politique suivis des Inspecteurs du Parti et des Secrétaires Généraux des Sections étaient au centre et en face du Chef de l'Etat; et de gauche à droite, on distinguait les Préfets, Secrétaires Généraux des Préfectures et Sous-Préfets, les Députés et les Maires. De l'Hôtel Président ou de leur résidence, le transport des six cents participants au 6

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séminaire se faisait par cars de la SOTRA; les repas se prenaient ensemble avec le Prési dent du Parti. LE DIALOGUE A TRIOMPHÉ Revenons aux travaux du séminaire de réconciliation mais aussi d'information et de formation politiques des cadres de l'Etat et des responsables du Parti. Apfès donc l'enregistrement de tous les intervenants, la séance a été suspendue mercredi 5 mai à 1 9 h afin de permettre aux membres du Bureau Politique de mieux se concerter pour les décisions à prendre. La séance a repris jeudi 6 mai à partir de 16 h 30, séance au cours de laquelle le Président de la République, Président du Parti avant de tirer les enseignements, les con clusions de ces travaux, a informé l'assistance de la visite officielle qu'effectuera du 21 au 23 mai, le Président de la République Française, S.E. François Mitterrand. A cette occasion, le Président Félix Houphouet-Boigny a déclaré : «François Mitterrand, faut-il le rappeler, est un grand ami personnel... Une amitié qui date de plus de 34 ans. Mais mieux que cela, Mitterrand est un grand ami de la Côte d'Ivoire, de l'Afrique et du Tiers Monde. Je compte sur vous, sur l'ensemble de nos militants pour lui réserver le meilleur accueil chez nous». La deuxième information a concerné les Secrétaires Généraux des Sections du PDCI-RDA. Ils ont été invités à l'issue des travaux, par le Chef de l'Etat, à examiner ensemble l'état des cotisations (cartes) perçues par eux. Il a annoncé une augmentation substantielle du traitement des Secrétaires Généraux. Ce traitement qui pendant vingt ans n'était que de cinquante ou cent mille francs, passe désormais à deux cent mille francs et ce, à partir de fin mai. Cette nouvelle a été saluée par un tonnerre d'applaudis sements. Tirant enfin les conclusions de ces «journées», le Président du Parti s'est réjoui du climat de confiance et de solidarité retrouvées de ses compatriotes, prêts pour la batail le économique. L'appel à l'unisson, à la fraternité, à l'unité, a été entendu. Car nous avons vu ceux qui étaient jusqu'alors opposés se donner l'accolade, se serrer les mains. Le dialogue à l'ivoirienne a triomphé. Le Chef de l'Etat, homme prophétique n'a-t-il pas vu juste en déclarant : «Divisés, nous perdons, unis, nous vaincrons». En tout cas l'assurance a été donnée aux frères divisés qu'ils sont désormais unis pour le bonheur de leur famille et de leur région. Notons que les Journées qui viennent de se dérouler dans le village natal du Chef de l'Etat marquent un grand tournant dans l'histoire de notre Parti, le PDCI-RDA. Nous disons également qu'avec cette réconciliation générale, l'avenir de la Côte d'Ivoire s'annonce radieux. Des missions spéciales à travers le pays, dans les régions divisées (Man, Korhogo, Bouaflé, Katiola, Tiéningboué et Guitry), restructuration prochaine du Parti (ici les pouvoirs seront clairement définis) et recyclage constant des Secrétaires Généraux des Sections du Parti, telles sont - après analyse des problèmes particuliers dans chaque ré gion dont la plupart sont liés à des ambitions personnelles - les grandes décisions an noncées par le Président du Parti, S.E. Félix Houphouet-Boigny. Nous publions ici dans l'ordre, le texte introductif de M. Camille Alliali, Ministre de la Justice, Garde des Sceaux et membre du Comité Exécutif du Bureau Politique, la déclaration du Chef de l'Etat à la clôture de ces «journées», et le communiqué final lu par M. Laurent Dona-Fologo, Ministre de la Jeunesse, de l'Education Populaire et des Sports et membre du Comité Exécutif du Bureau Politique entouré, à cette occa sion, de ses collègues Camille Alliali, Balla Kéi'ta; Bernard Ehui et Gilles Laubhouet. Avant le départ, vendredi 7 mai, des séminaristes, une délégation de Secrétaires Généraux des Sections du Parti a tenu - au nom de ses collègues - à remercier le Prési dent du Parti pour le geste combien généreux dont ils ont été l'objet. Ils ont saisi l'occasion pour renouveler leur indéfectible attachement au Chef de l'Etat et à sa politique de sagesse pour le bonheur de l'homme ivoirien.

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Déclaration liminaire par M. Camille Alliali, Garde des Sceaux, ministre de la Justice «Ecoutant les appels pressants venus du fond de nos Sections et des circonscrip tions administratives, vous nous avez conviés à ce grand rassemblement des élus (Secré taires Généraux des Sections du Parti, Députés, Maires) et des représentants de l'exé cutif à l'échelon local (Préfets et Sous-Préfets). Ces appels émanant des représentants qualifiés de nos masses laborieuses auxquels vous acceptez de répondre, sollicitant de votre part, non pas tant un arbitrage entre des oppositions artificielles et des querelles de personnes, ni même une redistribution du rôle de chaque responsable ou une redéfinition des préséances devant exister entre eux. Ces appels vous conjurent de faire entendre votre voix, d'élever, au-dessus de l'armée des combattants du Parti, le souffle puissant qui, hier, a galvanisé les troupes et permis au P.D.C.I. d'écrire une page glorieuse de l'histoire de l'émancipation de l'Afri que Noire. Ces appels vous supplient de nous livrer, une fois encore, votre message de sagesse, de fraternité et d'amour pour restaurer entre les fils de ce pays, le climat de concorde et d'union indispensable à la réalisation des ambitions que vous avez définies pour eux. Nous savons que par-delà les frontières qui séparent nos Etats, il existe un capital de valeur humaine qui caractérise notre continent, c'est sa sagesse et son humanisme. Malheureusement, les dépositaires de ces vertus se font de plus en plus rares. Nous avons la chance, nous Ivoiriens, de disposer de cette source vivante de sages se en votre personne, M. le Président. Nos aînés, vos compagnons et nous-mêmes, nous sommes abreuvés à cette source depuis bien des années. Avec beaucoup de réalisme, nos jeunes ont pris le chemin du même puits; cette eau tirée ensemble a fait les récoltes d'hier. Elle représente l'espoir des moissons fu tures. Nous sommes devant vous et autour de vous, ce matin, pour recevoir votre messa ge et faire en sorte que les moissonneurs de demain n'oublient jamais vos enseigne ments. CES ASSISES CONCERNENT NOTRE PARTI Camarades Secrétaires Généraux du P.D.C.I. Mesdames, Messieurs les Députés, Madame et Messieurs les Maires, Messieurs les Préfets et Sous-Préfets, Nous voici réunis à Yamoussoukro. Yamoussoukro dont les sujets de légitime fierté ne sont pas seulement d'avoir vu 8

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naître le plus illustre des Ivoiriens, d'avoir été hier pour le PDCI à la fois un berceau et une citadelle, d'être aujourd'hui, le témoignage vivant et l'éloquente illustration de ce que peuvent la volonté et le travail associés au génie créateur. Yamoussoukro tire une fierté supplémentaire d'être devenu un haut lieu de dialo gue et de concertation. Que nous soyons réunis ici, dans cette maison de notre Parti, disposés à engager un dialogue franc et loyal n'est-il pas de bon augure pour la conclusion heureuse des travaux de ces importantes journées d'études et de réflexions? Importantes, ces assises le seront assurément parce qu'elles concernent notre Par ti, parce qu'elles concernent notre Administration, parce qu'elles concernent les rela tions harmonieuses qui doivent s'établir entre tous ceux qui se réclament du Parti et sont chargés d'en appliquer les décisions. Autant la politique du Parti telle que définie par le Président de la République n'est pas une addition d'actions ponctuelles si importantes soient-elles, mais la traduc tion d'une vision globale, du monde, de notre pays, de notre société, autant la mise en oeuvre pratique de cette politique ne peut être le fait de cadres ou de militants agis sant isolément. Dix-huit mois se sont écoulés depuis que dans sa grande lucidité et dans cette vi sion prophétique qu'il a de l'avenir, le Président du Parti, approuvé par le Congrès una nime, a engagé la mutation d'aujourd'hui dans le sens d'une vraie démocratie en per mettant le libre choix des responsables à tous les niveaux. Depuis sont arrivés sur la scène politique à l'issue d'une consultation souvent très disputée, parfois âpre mais toujours loyale, des hommes nouveaux, jeunes pour la plu part, dont l'avènement marque le renouveau du PDCI. Le pari engagé par le Chef du Parti de remettre le train de la démocratie sur les rails a été gagné, mais pour que la locomotive reprenne sa marche normale, il faut que lui soient attelés les wagons des vainqueurs et des vaincus, tous les wagons des militants du PDCI. LIBERTE ET FRANCHISE Les divisions alimentées par des oppositions tenaces, des rancoeurs non éteintes, des blessures non cicatrisées et par-dessus tout une soif de revanche non dissimulée ne peuvent que gêner la marche du train, et retarder son arrivée. C'est la raison pour la quelle, très vite, le Bureau Politique sur instruction du Président du Parti s'est employé à rechercher partout la réconciliation des cadres et des militants divisés. Les incompréhensions et les malentendus n'ont pas été levés partout pour autant. Ça et là subsistent des flots de résistance rendant nécessaire cette rencontre sous l'autorité et la présidence effective du Président de notre Parti. Ce sera donc l'occasion pour chacun d'user de la liberté totale qui caractérise les discussions au sein de notre Parti, pour exposer en toute franchise ses vues sur les rap ports actuels entre responsables à tous les niveaux, sur la meilleure manière de les amé liorer et sur l'ensemble des problèmes auxquels nous sommes confrontés. L'union et la concertation entre responsables sont plus que jamais nécessaires devant les dangers qui menacent le monde et qui n'épargnent aucun pays. Les récents événements qui ont eu pour cadre notre Université le prouvent. Il ne suffit pas dès lors de savoir que la Côte d'Ivoire est passée au travers de ce tu multe. Il ne suffit pas de se rassurer que Houphouet-Boigny tenant ferme la barre, nos acquis seront sauvegardés. - Notre mission nous commande d'apporter au Président de notre Parti notre sou tien sans défaillance, - Notre mission nous commande de participer dans l'union aux luttes d'aujour d'hui, - Notre mission nous commande de nous préparer à affronter, unis, les batailles

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de demain avec les armes que patiemment, le Président du Parti nous a forgées et qui sont : la confiance, la tolérance et la solidarité. Il y va de notre avenir. Jamais, en effet, depuis notre accession à la souveraineté internationale, l'indépen dance et la stabilité de notre pays n'ont réclamé autant de vigilance. Jamais le maintien et le renforcement de notre liberté chèrement acquise n'ont été autant désirés. Jamais l'autorité du Parti et de l'Etat plus nécessaires et l'efficacité de l'action de leurs responsables plus recherchée pour atteindre les objectifs fixés. Jamais participation de tous à tous les niveaux de responsabilité : économique, so ciale et politique n'est apparue autant qu'aujourd'hui, comme la voie de l'espérance et du progrès de tous les Ivoiriens. Tenons-nous prêts à assumer ces responsabilités, à répondre à cette espérance et à mériter ainsi la confiance du Président du Parti qui nous ouvre, maintenant, toutes grandes les portes de la réconciliation et de l'action au service de la Côte d'Ivoire». Ecoutons le Président du Parti.

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LE PRESIDENT DU PARTI «Divisés, nous sommes perdants Unis, nous vaincrons))

«Camarades Militants, Je voudrais vous renouveler mes remerciements et mes félicitations. Vous êtes venus à Yamoussoukro où les conditions d'hébergement sont moins bonnes qu'à Abidjan notre capitale. Vous avez siégé sans désemparer durant cinq jours. Vous vous êtes exprimés avec 11

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franchise dans la liberté la plus totale. Les uns, les plus nombreux, avec calme et séréni té, certains avec passion parfois excessive. Je tire de ces journées de réflexion un grand réconfort et une profonde satisfac tion. Satisfaction d'autant plus que nous avons constaté que la réconciliation est totale ou en voie de l'être dans la plupart des régions. Satisfaction aussi de constater qu'aucun de ceux qui ont pris la parole pour dé noncer les freins à la réconciliation n'a remis en cause les idéaux, les objectifs, les options du Parti. Ils nous ont enrichis par leurs interventions. La connaissance des hommes est une épreuve qui exige des efforts persévérants. Tout s'apprend dans la vie. La démocratisation à l'ivoirienne, le libre choix des élus par le peuple, l'élection des candidats non soumis préalablement à.l'investiture du Parti, constituent une exceptionnelle innovation. AUCUN MILITANT N'EST AU-DESSUS DU PARTI C'est un défi lancé à la maturité politique de notre peuple. Vous vous devez de le relever avec bonheur. La plupart d'entre vous l'ont fait et je les en félicite chaleureuse ment et fraternellement. Nous sommes tous au service de notre Parti. Moi, le premier responsable de notre cher pays, ne suis rien sans le peuple, donc rien sans notre Parti qui demeure l'expres sion authentique du peuple ivoirien, notre maître à tous. Ceci dicte le devoir à chacun de nous. Aucun militant digne de ce nom n'est au-dessus du Parti ni en dehors de celuici. J'ai cru de mon devoir de rappeler ces vérités avant de tirer avec vous les enseigne ments de notre séminaire. Faut-il souligner que l'objectif de ce séminaire c'est la réconciliation générale à la quelle chacun doit se consacrer de tout son coeur et de tout son esprit. Avant d'examiner la situation au niveau des régions encore divisées, je dois faire un bref rappel à tous les séminaristes. Le peuple de Côte d'Ivoire, grâce à son Parti, a fait une juste répartition des pou voirs : exécutif, législatif, et judiciaire. Je suis le Chef du Gouvernement et le Chef du Parti. Je suis secondé dans l'exercice de mes responsabilités par des Ministres. Nous constituons ainsi le Gouvernement du pays dans un régime présidentiel. Le Gouvernement est représenté dans le pays par les Préfets. Le Parti en tant que tel est représenté par les Secrétaires Généraux des Sections. Les Députés sont des repré sentants élus du peuple. Les Maires, ceux des citoyens des communes. Il y a une certaine confusion dans les attributions, confusion si grave que nous présenterons sans retard à un prochain séminaire, un projet de restructuration de notre Parti, qui définira clairement les attributions des uns et des autres. Les Députés sont les élus de leur circonscription mais ils sont, à l'Assemblée Nationale, les représentants de toute la Nation ivoirienne; à ce titre ils sont les élus du PDCI-RDA. Les Préfets et Sous-Préfets administrent les régions.

LES SECRETAIRES GENERAUX VONT ETRE RECYCLES Les Secrétaires Généraux vont être constamment recyclés en vue de mieux se pré parer à assumer efficacement leur rôle au niveau des Sections et Comités de villages ou de quartiers. Tous servent la même cause avec des responsabilités différentes mais complémen taires et doivent collaborer dans la confiance et le respect mutuel. 12

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Après ce bref rappel où volontairement j'ai laissé de côté le judiciaire parce qu'il n'est pas directement concerné par ce séminaire, revenons à l'examen de la situation qui prévaut dans certaines régions au lendemain des élections. Il s'agit dans la majorité des cas, sinon dans la totalité, de problèmes de personnes. Chacun veut jouer au leadership, entraînant ainsi une sorte de culte de la personnalité dans sa région en oubliant que cela est contraire aux idéaux du Parti. La Nation ivoirienne sera une oeuvre de longue haleine. Elle est à créer. Nous ne devons pas perdre de vue cette réalité. Il y a deux groupes d'hommes d'après un économiste : «ceux qui veulent être quelqu'un et ceux qui veulent faire quelque chose». Dans cette mosaïque de plus de soixante ethnies qui composent notre pays, il serait insensé de vouloir être quelqu'un en comptant sur sa seule région. Tout nous con damne à l'union, à l'unité au sein de notre Parti unique, le PDCI-RDA creuset où se fondent toutes les ethnies. Ceci dit, reprenons l'examen des situations qui prévalent dans les régions divisées. Vous conviendrez avec moi qu'il n'est pas nécessaire d'examiner la situation de chacune de ces régions. La plupart des élus des régions concernées ont pris ici l'engagement de réinstaller la paix et l'union dans leurs circonscriptions. Nous leur faisons confiance. Mais nous veillerons à ce que ces engagements soient respectés. Les Préfets et Sous-Préfets nous en rendront compte. Nous retiendrons néanmoins six régions : - Man, Korhogo, Bouaflé, Tiénîngboué, Katîola, Guitry. Nous ne sommes pas des juges. Nous voulons inviter les camarades militants divi sés à se retrouver ensemble, entre frères réconciliés. MAN : II s'agit ici de deux problèmes : - un problème politique, - un problème de gestion. Quels que soient nos sentiments, les tractations auxquelles les uns et les autres se sont Uvrés avant les élections municipales et la situation qui prévaut dans la commune de Man, nous devons nous soumettre au verdict des électeurs, laissant aux élus le soin de tirer en toute liberté la leçon de cette préoccupante situation. Quant à la situation financière de la Commune, elle est soumise à l'appréciation du Ministre de tutelle qui prendra en toute impartialité la décision qui convient. Mais dans l'intérêt de Man et du Parti, nous lançons un appel pressant aux élus de Man pour qu'ils trouvent une solution humaine à leurs différends. Il y va de l'avenir de la Commune. KORHOGO : Nous ne sommes pas d'accord avec ceux qui proposent la séparation des problèmes de famille et des problèmes politiques. S'il s'agissait uniquement de problèmes de famille, nous ne serions pas ici. Dans cette famille traditionnelle, la hiérarchie est une règle d'or qu'aucun membre ne saurait transgresser. Il y a le père, les frères, les neveux. Le problème purement familial doit être réglé par les membres de la famille et par eux seuls. Mais en raison de l'influence que la famille Gon exerce encore en pays sénoufo, les oppositions entre les membres de cette famille en matière politique ont toujours eu de tristes conséquences dans toute la région. Les chefferies traditionnelles ont été sup primées dans maints pays africains, en Guinée, en Haute-Volta entre autres. En Côte d'Ivoire nous conservons encore certaines chefferies dont celle de Korho13

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;o. Les enfants de cette famille sont en train de tuer celle-ci par leurs comportements, oppositions, ces luttes fratricides nuisent à la paix préalable au développement de cette région si riche en potentialités humaines et matérielles. Les braves paysans sénoufos et les nombreux cadres de la région méritent mieux que cela. Je voudrais rappeler à la famille Gon, que je considère comme mienne, que l'hon neur est en nous de même que la noblesse. Un noble n'insulte pas et ne fait pas insulter. Nous devons mettre fin à ce triste état de choses en obligeant l'oncle Gon et le neveu Gon à enterrer ces luttes fratricides qui n'ont que trop duré. Le Préfet du Département de Korhogo est par délégation du Gouvernement le ga rant de l'ordre public. Tout ce qui est de nature à troubler l'ordre public doit être radicalement sup primé. J'adjure ces deux responsables politiques d'informer publiquement leurs militants à eux, qu'ils ont enterré définitivement ces luttes fratricides si nuisibles je le répète, à la paix en pays sénoufo. Ce pays qui m'est si cher. BOUAFLE : C'est banal d'affirmer que le plus court chemin est le chemin direct. J'in vite les élus et les candidats à aller droit au coeur dans la recherche de l'indispensable réconciliation. Ils ne doivent pas habiller la vérité, elle est si belle, si resplendissante toute nue. Bien sûr il y a des candidats malheureux intransigeants. Mais il revient à l'élu de tendre une main fraternelle au candidat malheureux. La campagne électorale est ter minée, la démagogie n'est plus de mise. Il faut construire Bouaflé dans l'harmonie; cela est possible à condition que les deux camps se respectent mutuellement. Dans tous les cas une mission spéciale se rendra sur place pour sceller la réconcilia tion. Les élus doivent contribuer à construire Bouaflé. Il fait aider ceux qui ont les moyens de le faire. TIENINGBOUE : Nos militants dans cette région non seulement ne se conduisent pas en frères, mais en pires ennemis. Nous ne pouvons tolérer cette situation. Une mission y sera vite dépêchée pour procéder à la réconciliation. On nous demande de créer une nouvelle Sous-Préfecture; cela ne réglera pas le problème. Deux Sous-Préfectures voisines doivent coopérer en toute confiance. La paix et la fraternité retrouvées constitueront un préalable à la création d'une nouvelle Sous-Préfecture. KATTOLA : J'ai compté beaucoup sur Katiola, au peuple si attachant, si discipliné. Il a fourni deux de nos meilleurs officiers supérieurs. Ils ne doivent pas oublier que la discipline reste la force des armées. Or il s'agit à Katiola comme dans toute la Côte d'Ivoire, d'une véritable lutte, la lutte de l'indépendance économique de notre cher pays. L'indépendance véritable. Les interventions que j'ai écoutées ne m'ont ni convaincu, ni rassuré. La mésen tente est totale. L'opposition à peine voilée entre Ouattara Thomas d'Aquin et Gaston Ouassenan Koné est à la base de cette mésentente. J'invite ces deux grands serviteurs du pays à se rendre à Abidjan où je leur imposerai la réconciliation devant entrafner celle de toute cette admirable région. GUITRY : Les accusations portées contre le Député, si elles se vérifient exactes, n'honorent ni le Député, ni notre Assemblée Nationale. 14

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La justice est saisie, les résultats de cette enquête ne doivent pas troubler la paix et la concorde à Guitry. Les autorités administratives doivent y veiller. ALLOGENES : Et maintenant un mot sur un thème qui revient dans certaines inter ventions. Quand nous recevons une personnalité étrangère, nous nous empressons de lui dire qu'elle est ici chez elle. Comment peut-on considérer comme étranger un Ivoirien qui va s'installer, travail ler dans une région de la Côte d'Ivoire dont il n'est pas originaire. L'agriculture est à la base de notre économie. Il serait criminel de décourager les artisans de notre croissance d'où qu'ils viennent. Chers Camarades, faisons en sorte que ces malheureuses discussions ne soient plus qu'un lointain souvenir. A cet effet, des missions vont sillonner le pays pour faire en tendre à tous notre message de paix et de fraternité. Nous sommes engagés dans une lutte difficile pour l'indépendance économique de notre pays. Divisés nous sommes perdants. Unis nous vaincrons. Faisons en sorte que notre peuple soit considéré comme un modèle, peuple uni, discipliné, sérieux, tolérant, travailleur, solidaire et fidèle. VIVE LE PDCI-RDA, VIVE LA COTE D'IVOIRE». Féux HOUPHOUET-BOIGNY

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LES CONCLUSIONS DU BUREAU POLITIQUE

«Le Président Houphouet-Boigny vient de gagner un nouveau pari» Une fois de plus, avec sa méthode et ses moyens bien connus : la patience, la séré nité et le dialogue ouvert, franc et direct, le PDCI-RDA vient de prouver toute sa vi gueur et son excellente santé. On aurait pu, en effet, penser que l'usure du temps, le choc des divers courants de pensée qui secouent le monde et surtout les séquelles de la démocratisation en profon deur des dernières élections générales de 1 980 avaient quelque peu ébranlé le vieux Par ti unique que s'est donné la Côte d'Ivoire voilà trois décennies. Il n'en est rien. En effet, réunis à Yamoussoukro, du 3 au 7 mai 1982, les cadres du Parti et les responsables de l'administration publique : membres du Bureau Politique, Secrétaires Généraux des Sections du Parti, Députés, Maires", Préfets et Sous-Préfets viennent de clamer tout haut, et de façon magistrale : «Président Houphouet-Boigny, nous réaffir mons et tout le pays avec nous, notre attachement aux idéaux du PDCI-RDA et à votre personne. Ce grand Parti, creuset unique et irremplaçable de notre unité nationale et de notre solidarité, est le plus précieux héritage que vous laisserez aux générations à venir et à notre pays bien aimé. Comme un seul homme, dans l'unité, la concorde et la con fiance, nous vous soutenons aujourd'hui comme hier et défendrons toujours notre Parti afin de poursuivre notre marche sur le chemin du progrès». Voilà qui est clair et qui suffit à dérouter les agents impénitents de la déstabilisa tion du continent africain : la Côte d'Ivoire, pays du dialogue, de la démocratie et de la paix, dit non à l'aventure ! Houphouet-Boigny vient de gagner un nouveau pari : celui d'avoir démontré à l'Afrique et au Monde, de façon originale et inattendue, que la démocratie, la vraie dé mocratie est possible dans un Parti unique. Mieux, il a poussé cette démocratie jusqu'à des proportions jamais atteintes jus qu'ici par aucun régime, aucun parti politique : laisser à tout citoyen qui le désire la possibilité de se présenter librement aux élections sans même la caution ni l'agrément du parti auquel il appartient. Quelle gageure, et quel risque.! A présent, après toutes ces élections, où en est-on? Comment se présente la santé du Parti et du pays? C'est ce qu'a permis de savoir ce «mini-congrès» du Parti à Yamoussoukro. Le Bureau Politique témoin privilégié de ces journées, peut affirmer sans erreur que le bulletin de santé du PDCI et du pays est excellent aujourd'hui. Les 600 cadres du Parti et de l'administration ont rendu un hommage vibrant au Père-Fondateur du PDCI-RDA. Ils ont tenu une fois de plus, à souligner le sens aigu des responsabilités de ce visionnaire toujours en avance sur son époque, sa sagesse légendai re, sa lucidité permanente et son amour profond de l'homme, de la liberté, et de la paix, toutes qualités qui ont permis à notre pays, malgré la crise économique qui se coue le monde, de poursuivre sa route vers le progrès. Les séminaristes se sont rendu compte, tout le long des débats francs, ouverts et très libres, que rien ne pouvait vraiment opposer, fondamentalement, les militants d'un même Parti, les enfants d'un même père. Tout au plus, la saine émulation et la libre 16

Les journées dé Yamoussoukro

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concurrence voulues par la démocratie totale, ont-elles pu, comme au sein de toute or ganisation humaine, provoquer le choc des caractères et des personnalités propres susci tant ainsi certaines querelles de personnes, mais jamais des oppositions idéologiques et politiques. Au demeurant, pour des communautés sociales encore très sensibles au poids des traditions et aux influences de clans et des tribus où on ne pouvait envisager le passage brutal à la démocratie vraie et totale sans difficultés et sans heurts, un apprentissage est nécessaire. La Côte d'Ivoire s'en est bien sortie et le PDCI entend poursuivre dans cette voie qui conditionne la survie du Parti unique et de la paix sociale, préalable à tout dévelop pement. Les séminaristes du Parti ont dit oui à la réconciliation de tous les fils de ce pays que rien de profond n'oppose. Ils ont renouvelé leur fidèle attachement au Père-Fonda teur du Parti, le^ Président Houphouet-Boigny. Tous les malentendus, les incompréhen sions et les fausses oppositions ont été dégagées dans ce sanctuaire de la paix et du dia logue qu'est Yamoussoukro source intarissable d'inspiration politique des Ivoiriens. Le pari est gagné. L'appel de Yamoussoukro a été entendu. Le Président Hou phouet-Boigny vient de réussir le changement sans mutilation pour poursuivre la mar che vers le progrès sans destruction. C'est cela la voie libérale du développement que la Côte d'Ivoire a choisie pour bâtir le bonheur de ses habitants. La réconciliation faite, les séminaristes ont" décidé d'envoyer des missions du Parti à travers le pays pour expliquer la portée des décisions prises. Les séminaristes ont également invité le Bureau Politique à réexaminer les structu res du Parti afin de les adapter constamment à l'évolution en insufflant un sang nou veau et toujours plus dynamique à l'appareil politique du pays. L'appel de Yamoussoukro sera l'une des plus importantes dates de l'histoire du PDCI-RDA plus que jamais décidé à poursuivre sa voie, originale et magnifique, dans la sagesse, la sérénité, et la paix pour le développement et le bonheur de tous les Ivoi riens.

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Deuxième séminaire d'information et de formation Abidjan, 10-11 Décembre 1 982

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LES SECRETAIRES GENERAUX DOIVENT OCCUPER LE 1er RANG QUE LE PRESIDENT DU PARTI LEUR RECONNAIT (Compte-rendu paru dans Fraternité-Hebdo du 16 Décembre 1982). Réfléchir ensemble sur la vie du Parti à tous les niveaux, deux ans après le 7ème Congrès, examiner la situation politique prévalant dans le pays depuis les tournées des délégations du Bureau Politique au mois d'août dernier, inculquer aux Secrétaires Généraux les notions élémentaires qui doivent leur permettre de tenir mieux que par le passé la comptabilité des fonds mis à leur disposition et enfin leur expliquer le sens et la portée des mesures d'austérité prises par le Gouvernement pour faire face à la crise, tels apparaissaient pour l'essentiel, les objectifs du séminaire d'information et de forma tion du PDCI-RDA qui s'est tenu les 10 et 11 décembre à la Maison du Congrès à Treichville. Ce séminaire a rassemblé dans la joie et la ferveur militantes, celles des grands moments du vieux et glorieux Parti, les membres du Comité Exécutif, les Inspecteurs du Parti et la quasi-totalité des 191 responsables des Sections de base. Rappelons que les travaux de la précédente rencontre du genre se sont déroulés à Yamoussoukro, au mois de mai, sous la présidence effective du Chef de l'Etat, Prési dent du Parti. Son but avait été d'analyser en profondeur les causes des dissensions qui avaient opposé ici et là sur le territoire, au lendemain des joutes électorales de 1980, les divers acteurs de notre politique nationale répartis alors selon la formule heureuse de M. Camille Alliali, entre deux wagons, celui des vainqueurs et celui des vaincus, tous étant bien entendu du même Parti. On sait que depuis, grâce notamment aux conseils de celui que tous les Ivoiriens adorent, la paix, l'entente et la concorde ont été à jamais rétablies partout où elles avaient commencé à faire défaut sous l'effet des querelles de personnes. Pour le Président du Parti, il s'agissait cette fois de convoquer surtout les anima teurs du Parti à l'échelon local afin de leur faire comprendre le sens des nouvelles orien tations de l'action du Parti et du Gouvernement en ces temps 'de crise que nous vivons et qui postulent l'austérité et la rigueur dans la solidarité. Dans son exposé introductif, M. Camille Alliali, ministre de la Justice, membre du Comité Exécutif a donc précisé que c'est au Parti qu'il appartient de soutenir cette nouvelle ligne de conduite imposée par les circonstances. M. Alliali a d'autre part porté à la connaissance des Secrétaires Généraux les multiples lacunes que comporte leur travail au niveau de leurs Sections respectives et qui ont été relevées par les Inspecteurs du Parti lors des contrôles qu'ils ont pu effectuer au cours de l'année. Il leur a demandé en conséquence au nom du Chef de l'Etat, de se ressaisir immédiatement car, dit-il, c'est de votre conduite et de votre dévouement que dépendent en définitive, le respect et la considération dûs à vos personnes et la crédibilité du message politique que vous transmettez. S'agissant enfin du militantisme, M. le ministre Alliali l'a exalté comme il le fait chaque fois qu'il en a l'occasion et là-dessus il a fait remarquer que c'est maintenant plus que jamais qu'il est nécessaire de militer afin que soit toujours préservée notre li berté si chèrement acquise grâce au PDCI. Mais ce séminaire aura été surtout marqué par les exposés faits tour à tour par les ministres Maurice Séri Gnoléba et Jean Konan Banny tous deux membres du Comité Exécutif. Intitulé «Le Parti depuis le 7ème Congrès» l'exposé de M. le ministre du Plan et de l'Industrie a permis de dresser le bilan de ce qui a été réalisé, de ce qui reste à en treprendre et des efforts à soutenir pour les accomplir. Le conférencier a défini avec netteté le rôle dévolu au Comité Exécutif par le Pré sident du Parti. Il a dit ceci : «Les membres du Comité Exécutif procèdent du Président du Parti et ne sauraient collectivement ou individuellement avoir d'attitude ou de posi tion autre que celle décidée par le Chef de l'Etat; une tout autre attitude serait contrai 20

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re à l'esprit et à la lettre des réformes issues du 7ème Congrès. Le seul responsable du Parti est et demeure le Président Houphouet-Boigny. Les membres du Comité Exécu tif, comme son nom l'indique, sont et restent chargés du Secrétariat du Parti». De mê me, la lumière a été faite sur les compétences des Inspecteurs du Parti qui ont été nommés- au début de l'année et qui doivent désormais assurer le contrôle des fonds mis à la disposition des Secrétaires Généraux. Ces Inspecteurs qui sont au nombre de 6, à raison de 1 par grande région, doivent aider aussi à ouvrir tous les registres comptables qui devraient l'être et qui ne le sont pas encore faute de savoir le faire par des responsables des Sections. C'est là le volet formation de leur action qui constitue une innovation de taille dans l'organisation et la vie du Parti. Après avoir annoncé que la construction du siège du Parti sera très prochainement entreprise, M. Séri Gnoléba a évoqué la situation financière des différentes annexes du Parti, à savoir l'hebdomadaire Fraternité, la Fondation, l'Hôtel le Président à Yamoussoukro et la participation dans la société éditrice du journal Fraternité Matin. Il a mis en évidence la nécessité d'une saine gestion des finances du Parti à tous ces niveaux-là et lancé un appel pressant aux Secrétaires Généraux afin que, face à l'ampleur des tâ ches qui restent à accomplir, le placement des cartes 1983 se fasse avec toute la dili gence possible. Quant à l'exposé de M. Jean Konan Banny, il avait pour but de rappeler d'abord les progrès considérables qui ont été accomplis par la Côte d'Ivoire depuis l'indépen dance et qui ont été qualifiés de miraculeux. Cette évocation du passé avait évidem ment son importance car dans ces temps difficiles, il est tentant pour le commun des militants d'oublier tout ce qui a été réalisé dans tous les domaines depuis vingt ans, sous la direction du Parti et de son Chef prestigieux, le Président Houphouet-Boigny. C'est ainsi donc que le ministre Banny a retracé l'évolution de notre pays qui, parti du néant en 1960, est devenu quelques années plus tard, un véritable eldorado sur le con tinent africain. Il a ensuite décrit les manifestations de la crise économique actuelle en Côte d'Ivoire, une crise qui n'épargne au demeurant aucune nation du monde} puis il a demandé aux militants de comprendre et d'accepter les mesures d'austérité prises par l'Etat pour faire face à cette situation résumée par le ministre en la formule suivante : «Lorsque les moyens mis entre les mains de l'épouse ne suffisent plus pour acheter de la viande fraîche tous les jours, elle achètera du poisson fumé et quand celui-ci sera trop cher pour sa bourse, elle achètera du poisson séché, s'en tenant ainsi à ce qui est es sentiel». C'est dire que la période des vaches grasses étant révolue, chaque titoyen se doit d'accepter les sacrifices de tous genres qu'imposent les temps actuels caractéri sés, comme chacun sait, par une diminution considérable des ressources financières de l'Etat. Enfin, c'est à M. Laurent Dona-Fologo, membre du Comité Exécutif que revenait la charge de prononcer le discours de clôture et tirer ainsi les conclusions de la rencon tre. Avec les accents du militant convaincu et du responsable politique, M. Fologo a exhorté les militants du Parti à s'accrocher à l'arbre éternel et indéracinable du PDCI pour que la tempête rie nous emporte pas, car ajoute-il : «Au commencement était le Parti et le Parti a engendré la Côte d'Ivoire et le reste... ». Selon l'orateur, la primauté du Parti doit cesser d'être un vain mot pour devenir réellement un comportement de tous les instants. Le PDCI c'est la Côte d'Ivoire et la Côte d'Ivoire c'est le PDCI et c'est Houphouet-Boigny pendant et après Houphouet-Boigny. Quant aux Secrétaires Généraux des Sections, ils ont adopté deux motions de sou tien dans lesquelles ils approuvent pleinement l'action engagée par le Président du Parti pour juguler la crise dans notre pays. Ils ont proposé dans le domaine de l'organisation du Parti, la nomination, à l'occasion du prochain Congrès, de responsables politiques régionaux et l'institution d'une journée du Parti. Cette journée devrait permettre essen tiellement d'exalter le patriotisme et de raviver la flamme militante. 2l

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M. le ministre Camille Alliali définit le cadre du séminaire Le Président Félix HOUPHOUET-BOIGNY, Président de notre Parti, aime à sou ligner, chaque fois qu'il en a l'occasion, le rôle important que doivent jouer dans la vie du Parti, les Sections dont les Secrétaires Généraux hier «fers de lance de la lutte émancipatrice» sont aujourd'hui «les bataillons de choc pour la lutte contre le sous-dévelop pement». Au moment où s'ouvrent les travaux de ce séminaire dont il a lui-même décidé l'organisation et fixé les objectifs, je voudrais vous adresser son salut très affectueux et ses encouragements. Chers camarades, Le monde est en crise. A l'Est comme à l'Ouest, au Nord comme au Sud, les bou leversements qui en résultent ça et là dans le fragile équilibre entre les Nations et à l'in térieur des Etats, à la recherche de leur unité, commandent à chaque peuple une vigilance accrue pour sauver ses acquis. Nous devons donc, plus que jamais, ainsi que nous le rappelait hier encore le Prési dent de la République dans son message à la Nation, «préserver notre capital de con fiance et le faire fructifier». Mais nous devons aussi «adopter un comportement qui implique austérité, solida rité et rigueur» afin de mieux supporter cette crise. C'est au PDCI qu'il appartient de soutenir cette nouvelle ligne de conduite impo sée par les circonstances. C'est à vous, Secrétaires Généraux des Sections qu'incombe la mission d'expliquer aux militants ces nouvelles orientations et d'obtenir leur adhésion. OU EN EST LE PARTI ? Mais où en est le Parti? A la distance de deux ans depuis notre dernier Congrès, nous devons nous poser cette question. Et nous sommes précisément réunis ici ce matin pour réfléchir ensemble sur la marche du Parti, sur la vie dans les Sections et sur la situation qui prévaut dans le pays depuis le passage des missions du Bureau Politique. Je voudrais à cet égard vous renouveler les remerciements de la direction du Parti pour l'accueil militant, chaleureux et fraternel .qui a été partout réservé aux délégations qui ont visité vos sections. Les contacts préalables que vous avez contribué à établir entre militants divisés 22

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ont favorisé la réconciliation totale et définitive qui a été enregistrée partout. Et c'est dans un climat de paix et de confiance retrouvées que les messagers du Parti ont pu livrer aux populations les mots d'ordre de la Direction concernant l'autosuffisance alimentaire. Beaucoup de temps a été perdu en vaines querelles. Beaucoup d'énergie dilapidée dans des luttes stériles, mais la page est tournée, définitivement et chaque militant doit désormais oeuvrer à la réalisation des objectifs définis par le 7ème Congrès. LE SECRETAIRE GENERAL DIRECTEMENT RESPONSABLE DES MILITANTS Les réformes de structures adoptées par le Congrès visaient à donner pouvoir et considération à la base, c'est-à-dire aux militants dont le patriotisme, la foi et l'ardeur militante ont permis les victoires d'hier, et dont la confiance dans l'action des instances dirigeantes est le gage certain des victoires de demain. Mais ces réformes visaient aussi à amener chaque responsable à oeuvrer, à la place qui est la sienne, pour que le Parti retrouve sa vigueur et son dynamisme d'antan. Militer et oeuvrer à la place qui est la sienne, cela veut dire pour le Secrétaire Général, occuper le premier rang que le Président du Parti lui reconnaît, mériter la sollicitude qu'il lui témoigne, et dont les dernières mesures prises pour faciliter l'exer cice de ses fonctions, constituent une parfaite illustration. Mais cette première place dans la vie du Parti, l'occupez-vous pleinement? Le .compte-rendu des missions du Bureau Politique, ainsi que les premiers rapports de tournées des Inspecteurs du Parti chargés de maintenir le contact entre les Organes centraux et vos Sections, et d'assumer auprès de vous des missions d'information, de conseil et de contrôle, sont riches d'enseignements, que nous allons nous efforcer de tirer ensemble. Si les rapports font apparaître que dans la majorité des Sections, des efforts méri toires ont été faits pour mettre en application les recommandations du 7ème Congrès, que le Comité Exécutif s'est employé à vous rappeler dans ses notes et circulaires, ou à l'occasion de diverses rencontres, ces mêmes rapports relèvent de graves lacunes obser vées dans un grand nombre de Sections. Le but de cette réunion n'est pas de faire le procès des responsables de ces der nières Sections, mais de rechercher ensemble en s'instruisant des succès ou des échecs, les moyens de combler les lacunes et les insuffisances, d'amener à une prise de con science plus élevée dans l'accomplissement de votre mission, et à un sens plus aigu des responsabilités dans votre gestion. Quelles sont ces lacunes? Elles ont été observées : - dans le fonctionnement administratif des sections; - dans l'exécution de la mission politique qui vous a été confiée; - dans les limites de votre champ d'action. S'agissant du fonctionnement administratif de certaines sections, les rapports re lèvent : 1- L'absence d'un véritable bureau, le Secrétaire Général remplissant lui-même toutes les fonctions, 2- L'absence de réunions périodiques du bureau lorsqu'il existe. 3- L'absence de compte-rendu au bureau, et à plus forte raison aux militants, des réunions auxquelles le Secrétaire Général participe au plan national. 4- Une gestion financière caractérisée par l'absence de toute comptabilité, et l'inexistence de documents et d'archives. Dans l'accomplissement de la mission assignée aux Secrétaires Généraux il a été re levé : 1- Un manque total d'initiative pour assurer l'encadrement des militants et l'ani mation des sections.

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2- Un trop faible intérêt à l'égard des problèmes économiques et sociaux auquels se trouvent confrontées les populations. 3- Un contact insuffisant avec les militants. S'agissant des limites de leur action enfin, il ressort des rapports que certains Se crétaires Généraux, sortant du cadre de leurs attributions, interviennent dans les affaires administratives et judiciaires. Il s'agit fort heureusement d'une minorité, dont les comportements déplorables et les actions, ne peuvent qu'être nuisibles à la vie du Parti, car la grande majorité conti nue de faire preuve d'un dévouement et d'un esprit de sacrifice dignes des pionniers du Parti. ETRE LA FORCE MORALE QUI INSPIRE CONFIANCE ET CONSIDERATION II est grand temps que les premiers se ressaisissent, et pour tous, de jouer pleine ment le rôle d'éducateurs politiques de militants, d'animateurs du développement et d'être à l'échelon local, la force morale qui inspire confiance et considération. Comment y parvenir?

1- D'abord en commençant par créer une cohésion au niveau du bureau de la Sec tion en assurant au sein de ce bureau une répartition des fonctions telles que prévues par les statuts et en faisant en sorte que cette répartition ne «oit plus une simple forma lité au moment des élections, mais l'attribution de charges effectivement assurées par leurs titulaires, dans une collaboration et une solidarité étroites avec les autres membres. 2- En tenant ensuite, et régulièrement, des réunions du Bureau avec les responsa bles des Comités de villages et de quartiers, réunions qui doivent donner lieu à l'établis sement de procès-verbaux soigneusement classés et conservés. 3- En établissant avec les militants dont vous êtes les porte-parole des contacts directs, simples et francs. 4- En étant constamment aux côtés et à l'écoute des masses afin de transmettre aux instances supérieures du Parti leurs préoccupations et leurs suggestions. 5- De même vous devez porter à leur connaissance et dans les délais les plus brefs les décisions et mots d'ordre du Parti en expliquant, en commentant et en veillant à leur application. Il vous faut aussi : 6- Apporter votre aide et vos conseils aux militants pour tout ce qui concerne leurs préoccupations essentielles et pour cela montrer plus d'intérêt aux questions éco nomiques et sociales. Vous devez, par des efforts continus, entretenir l'ardeur au travail des popula tions, les mobiliser pour gagner le pari de l'autosuffisance alimentaire. Il s'agit d'une vaste mission qui met le Secrétaire Général en contact avec toutes les institutions administratives et judiciaires de l'Etat. La tentation peut être grande d'interférer dans les fonctions de ces différentes ins titutions. Une telle pratique n'est pas tolérable. Bien qu'assumant une mission générale de contrôle du fonctionnement des institutions, dans l'intérêt des populations, vous devez vous garder de vous immiscer dans les fonctions administratives et judiciaires, vous devez vous abstenir de trancher les litiges qui relèvent de la compétence des juridictions légalement établies. Même dans les affaires de nature coutumière, l'initiative doit être laissée au chef traditionnel, auxiliaire de l'administration, de rechercher la conciliation des parties. Vous avez certes le légitime souci de voir régner la paix et la concorde entre les militants dont vous avez la responsabilité, mais l'expérience montre que malheureuse ment, toute immixtion de votre part, dans les fonctions administratives ou judiciaires ne peut être que préjudiciable à votre propre autorité et au Parti. Pour ce qui est des finances, un effort particulier doit être fait pour en assurer la 24

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bonne gestion car, il ne faut pas oublier qu'une gestion saine des finances de sa Section est l'une des conditions de la crédibilité d'un Secrétaire Général. C'est pourquoi la ri gueur amorcée dans ce domaine doit être poursuivie. Chaque responsable de la trésorerie doit apporter désormais plus de soin à la te nue de sa comptabilité. LA PRIMAUTE DU PARTI DÉPEND DE VOUS Dans le mouvement de renouveau de nos institutions amorcé depuis le Verne Congrès, vous vous devez de donner une nouvelle image du Secrétaire Général de Sec tion, une image qui reflète fidèlement l'audience et le rôle primordial du Parti, inspi rateur de toute la vie nationale, et dont vous êtes les représentants à l'échelon local. Garant du militantisme et du patriotisme dans vos circonscriptions, vous devez ex pliquer qu'il est plus que jamais nécessaire de militer, afin que soit toujours préservée notre liberté si chèrement acquise grâce au PDCI. Vous devez leur rappeler surtout que c'est au sein du Parti, que tous les fils de ce pays pourront apporter leur contribution effective à l'édification de l'unité nationale encore si fragile, car le PDCI reste, plus que jamais, le creuset véritable de l'unité na tionale. Aux jeunes qui n'ont pas été témoins de la lutte héroïque de leurs aînés, il vous revient de donner des leçons de patriotisme par votre droiture et votre sens élevé du devoir, car, c'est à travers vos actions qu'ils jugent le Parti. Aux pionniers du PDCI-RDA, encore nombreux dans nos villages et nos quartiers, vous devez apporter la marque de la reconnaissance et de l'affection du Parti, et ne jamais oublier la leçon de leur lutte. Vous devez également faire preuve de vigilance pour connaître l'information juste et la donner aux militants chaque fois que cela s'avère nécessaire. Car, il est tentant pour certains, dans les temps difficiles que nous vivons, d'ou blier tout ce qui a pu se réaliser, dans tous les domaines, depuis plus de vingt ans, sous la direction du Parti et de son Chef prestigieux, le Président Félix HOUPHOUETBOIGNY. Ainsi, mieux informés, les militants apporteront toujours leur soutien sans réserve aux décisions et mots d'ordre du Parti, et traiteront avec mépris tous ceux qui font profession de dénigrer nos institutions. Pour réaliser tout ce qui vous est demandé, vous pouvez compter avec le soutien de la Direction du Partiv Mais ce soutien ne peut remplacer vos efforts personnels, car, c'est de votre conduite et de votre dévouement que dépendent, en définitive, le respect et la considération dûs à vos personnes et la crédibilité du message politique que vous transmettez. Il dépend de vous que le Parti garde la place qui a toujours été la sienne depuis sa création, c'est-à-dire la première dans le cœur des Ivoiriens. Camarades, .Voici définis en quelques mots le cadre et l'objet de notre réunion au cours de la quelle vous entendrez deux exposés. Le premier : «Le Parti depuis le 7ème Congrès» nous permettra de faire le bilan de ce qui a été réalisé, de ce qui reste à entreprendre et des efforts à soutenir pour les ac complir. Le deuxième : «Le Parti face à la crise» sera consacré aux moyens mis en œuvre pour lutter contre la crise économique, pour mieux faire comprendre la portée des dif férentes mesures qui ont affecté la vie nationale: Nous attendons beaucoup des débats qui suivront ces exposés.Vos observations et vos suggestions nous aideront à trouver ensemble les meilleurs moyens de faire aller le Parti de l'avant pour le meilleur devenir de la Côte d'Ivoire. Vive le P.D.C.I. Vive le Président Félix HOUPHOUET-BOIGNY, Vive la Côte d'Ivoire. 25

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un train de réformes dans les structures et le fonctionnement de notre Parti pour les rendre plus efficaces. Aussi, le Congrès, dans sa motion de politique générale a deman dé au Fondateur du Rassemblement Démocratique Africain de reprendre lui-même la direction effective du mouvement, par l'institution du poste de Président du Parti et la suppression de celui de Secrétaire Général. En même temps qu'était réduit le nombre des membres du Bureau Politique et de ceux du Comité Directeur. Il était en même temps créé un Comité Exécutif de neuf membres qui assiste le Président du Parti dans l'exécution des décisions du Congrès. Deux membres de ce Comité Exécutif sont char gés de la gestion des finances du Parti et doivent périodiquement rendre compte au Comité Exécutif et au Bureau Politique. Allant toujours plus loin dans le souci d'assai nissement de la gestion financière de notre Parti, le Président a décidé de l'institution d'Inspecteurs du Parti, à raison d'un par grande région. La passation effective des services du Parti entre le Secrétaire Général du Parti et les membres du Comité Exécutif mandatés par le Président du Parti ne s'est opérée qu'en février 1981. C'est donc le point de départ de l'action que je suis chargé de vous décrire. 1 - ADMINISTRATION

Les réformes introduites dans la direction et le fonctionnement du Parti lors du 7ème Congrès étaient donc toutes motivées par le souci d'efficacité et une plus grande démocratie. Deux ans après, qu'en est-il du fonctionnement des organes du Parti? A - LE COMITE EXECUTIF

Défini par le Président Hpuphouet-Boigny comme devant assister le Président du Parti dans l'application des décisions du Congrès dans les domaines économique, pou'ti que et social, le Comité Exécutif, comme vous le savez est composé de 9 membres. L'installation à la Maison du Congrès, Avenue 2, à Treichville s'est faite immédia tement après la passation de service. En raison de l'occupation des bureaux par l'hebdomadaire, organe du Parti, les neuf membres du Comité Exécutif ont dû se contenter du seul bureau de l'ex-Secrétaire Général du Parti. Il a fallu, pour installer un semblant d'administration du Parti, transformer les locaux servant de salle de réunion à l'ancien Bureau Politique en plu sieurs salles par des cloisons amovibles. Ceci a permis d'installer des secrétaires et des agents de service. Quant aux membres du Comité Exécutif eux-mêmes, ils sont encore installés dans leur unique bureau et contraints d'assurer la permanence à tour de rôle. Ceci n'aide pas à l'efficacité et à la permanence de l'action. Ce caractère incommode de la situation n'est pas très perceptible du fait de l'appartenance au Gouvernement de 8 sur 9 des membres du Comité Exécutif. Le neuvième ayant d'ailleurs été absent du pays pendant un certain temps. L'efficacité de l'action de ce Secrétariat du Parti nécessitera dans un avenir très proche la réalisation d'un véritable siège du Parti, en dehors de la Maison du Congrès de Treichville. Un terrain est en voie d'acquisition à cet effet et des études en cours pour la réalisation d'un petit immeuble fonctionnel où tous les services du Parti pourront être regroupés. Pour la commodité de son action et surtout pour lui donner tout le caractère collégial que le Chef de l'Etat a voulu lui conférer, le Comité Exécutif délibère collec tivement de l'ensemble des problèmes qui se posent à la vie du Parti. Tous ses membres se retrouvent donc une fois par semaine au siège du Parti, généralement les mardi après-midi de 1 6 h à 20 h. Cette réunion hebdomadaire est consacrée aux tâches habituelles de secrétariat et 26

ERRATUM

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«La vie du Parti depuis le 7ème Congrès » par M. Maurice Séri Gnoléba, ministre du Plan et de l'Industrie Le Président Félix Houphouet-Boigny, dans son magistral et désonnais historique rapport au 7ème Congrès disait, concernant la vie de notre Parti : «Notre Parti, né le 9 avril 1946, héritier du Syndicat Agricole Africain créé le 10 juillet 1944, est un des plus anciens Partis démocratiques de l'Afrique Occidentale. Par ti unique et de masse, il avait pour vocation d'exprimer et de défendre nos légitimes as pirations et de rassembler tout le peuple ivoirien sans distinction de couches sociales, de races ni de religions. Pendant toute la durée de la lutte pour l'Indépendance, il est demeuré fidèle à cet idéal. Toutes les volontés étaient tendues vers un objectif précis qui était de recouvrer notre liberté confisquée et notre dignité bafouée. La population était mobilisée comme un seul homme au sein du Parti et autour de ses responsables. Des Comités et sous-Sections au Bureau Politique, tous œuvraient avec détermination et dévouement, acceptant par avance tous les sacrifices y compris le sa crifice suprême. On pouvait alors dire que nous étions dans le peloton de tête des mou vements d'émancipation africains. J'ai le regret de devoir dire qu'une fois l'indépendan ce acquise, nous n'avons plus retrouvé le même dynamisme, la même cohésion, la même mobilisation des esprits et des cœurs. A mesure que se développait le progrès économique et social, s'affadissait l'ardeur combative des militants et des militantes et surtout des cadres. Le pur courant de l'idéal se perdait dans le marécage des intérêts personnels et des ambitions égoïstes. Le peuple ne se sentait plus concerné par l'action des dirigeants, ne participait pas réellement à leur choix; il avait l'impression d'être lais sé à lui-même, peut-être méprisé par ceux-là même qui ne rendaient pas compte de leur mandat. Cette carence des responsables politiques a été en partie atténuée par les qua lités des cadres administratifs, économiques et techniques qui ont fait, en général, la preuve d'un grand esprit civique. Il n'en reste pas moins que l'entretien de l'enthousias me, la permanence de la mobilisation générale du pays revenaient aux responsables politiques. N'aurions-nous pas obtenu bien davantage de notre peuple, de nos paysans, de nos ouvriers s'ils s'étaient sentis puissamment motivés par l'action militante, éducati ve, dynamique et désintéressée de ceux qui avaient pour tâche de les entraîner, de les guider, de les éclairer? Désormais chacun suivait sa propre route, avait tendance à faire passer son intérêt personnel avant l'intérêt général, si bien que certaines personnes étrangères au Parti se crurent autorisées à en annoncer trop rapidement et à la légère les craquements et les divisions et à spéculer sur les ambitions de prétendus «barons». Ce constat, certes amer, mais réaliste du Président du Parti devait entraîner tout 517

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d'administration ordinaire. Nous nous retrouvons le plus souvent autour du Chef de l'Etat pour recevoir les directives d'action aussi souvent que possible et généralement aussi une fois par semaine après le Conseil des Ministres. L'étude des problèmes spécifi ques mobilise aussi plusieurs fois par semaine ses membres pour des sollicitations. Le Président du Parti avait désigné deux membres du Comité Exécutif pour s'oc cuper de la gestion financière du Parti et rendre compte tous les mois. Si pour des com modités de gestion, le pouvoir de signature appartient à MM. Séri Gnoléba et Lazéni Coulibaly, là aussi la gestion est quasi collégiale. Toutes les décisions en tramant engage ment financier du Parti, sont prises ensemble et une comptabilité rigoureuse des deniers est tenue. Nous en parlerons plus loin dans la gestion financière du Parti. Après s'être organisé pour son propre travail, le Comité Exécutif s'est attelé à or ganiser la vie du Parti. Il faut reconnaître qu'en raison de- la crise actuelle et des difficul tés dont vous parlera le collègue Jean Konan Banny, fe Parti a dû faire face à une série d'alertes pour lesquelles le Comité Exécutif a dû autour du Chef de l'Etat, préparer les réunions du Bureau Politique, du Comité Exécutif, des Conseils Nationaux, des rencon tres avec les Préfets, Sous-Préfets, Maires, Parlementaires, séminaires qui se sont tenus soit à Abidjan, soit à Yamoussoukro. A ce propos, il convient de lever immédiatement toute équivoque. Certains esprits chagrins voudraient voir les membres du Comité Exécutif avoir des attitudes ou mener des actions ou prendre des positions collectivement ou individuellement qui en feraient des espèces de secrétaires généraux du Parti. Il convient de se reporter à l'esprit qui a dicté les réformes intervenues lors du dernier Congrès. Chargés d'assister le Président du Parti dans l'exécution des décisions du Congrès dans les domaines politique, économi que et social et d'assurer l'administration du Parti, les membres du Comité Exécutif procèdent du Président du Parti et ne sauraient collectivement ou individuellement avoir d'attitude ou de position autre que celle décidée par le Chef de l'Etat. Une tout autre attitude serait contraire à l'esprit et à la lettre des réformes issues du 7ème Con grès. Le seul responsable du Parti est et demeure le Président Houphouet-Boigny. Les membres du Comité Exécutif comme son nom l'indique, sont et restent chargés du secrétariat du Parti. Outre la préparation et la tenue des réunions des diverses instances du Parti, les membres du Comité Exécutif restent en contact permanent et étroit avec les organes locaux du Parti, soit par correspondance, soit par les tournées qu'ils entreprennent dans le cadre du Bureau Politique, soit à la tête de missions du Parti pour les élections, les règlements de litiges ou autres manifestations. La plus spectaculaire ayant été la tour née de réconciliation organisée dans tout le pays et qui a eu partout un éclatant succès. Ces tournées qui auraient dû être beaucoup plus fréquentes sont pour le moment l'ex ception en raison des fonctions ministérielles ou politiques au niveau central des mem bres du Comité Exécutif. Une réflexion est actuellement en cours pour rendre ces tour nées plus fréquentes et régulières, soit sous forme de séminaires régionaux, soit sous forme de tournées d'information politique. Votre Parti, en raison du prestige de son Chef a aussi une vie internationale très développée. Le Comité Exécutif est donc en rapport avec tous les partis frères africains et des autres continents. Des délégations participent couramment aux congrès des autres partis. Ces missions qui sont souvent conduites par des membres du Comité Exé cutif ou du Bureau Politique comprennent toujours des jeunes membres du Comité Di recteur. Ainsi se trouve matérialisée concrètement la volonté de rajeunissement sans bouleversement du Chef de l'Etat, contenue dans la motion de changement dans la sta bilité adoptée par le dernier Congrès. 28

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B - LES SECRETAIRES GENERAUX DES SECTIONS Tout en mettant en place l'administration centrale du Parti et en élaborant ses rè gles de fonctionnement, le Comité Exécutif devait se préoccuper en tout premier lieu du fonctionnement du Parti sur le plan territorial. Il a d'abord fallu assurer au Secrétaire Général une situation matérielle non pas exceptionnelle, ce qui n'est pas la finalité du Parti, mais pratiquement suffisante eu égard à l'environnement économique. Ainsi, de disparate par le passé, la situation des Secrétaires Généraux a d'abord été unanimement portée à 100.000 Francs par mois, puis à 200.000 Francs par la volonté du Chef de l'Etat. Ce qui représente certes une lourde charge pour les finances du Parti pas très florissantes, mais nécessaire si l'on veut dynamiser l'action de notre représentant local. Des circulaires ont donc été élaborées pour redéfinir l'action du Secrétaire Général et la rendre plus efficace. Cette définition a été précisée par le Chef de l'Etat lui-même lors des rencontres de Yamoussoukro et lors des tournées du Bureau Politique. Il ne de vrait plus subsister aucune équivoque dans l'esprit des uns et des autres sur le rôle et la qualité de Secrétaire Général de Section du Parti vis-à-vis de l'administration d'une part, des élus d'autre part. Il est le seul représentant légal du Parti dans sa circonscrip tion et les instances supérieures du Parti passent nécessairement par lui pour tout ce qui concerne la vie du Parti dans la circonscription sous-préfectorale. Le Secrétaire Général de son côté devrait personnellement se pénétrer de l'impor tance de la mission qui est la sienne. Aussi doit-il, à l'instar du Comité Exécutif réunir son bureau aussi souvent que possible pour que son action soit celle de toute une collectivité et non pas celle d'un homme. Chaque membre de sa Section devra effectivement assumer ses fonctions au sein du Bureau et ne pas se contenter d'un titre nominal, notamment en ce qui concer ne les fonctions financières (Trésorier, Commissaire aux comptes, etc...) C'est le lieu de déplorer l'absence de compte rendu effectif des réunions tenues avec les présidents des Comités de village ou de quartier. Pour que l'information passe et que chacun soit pleinement instruit du bien-fondé des décisions prises par le Gouver nement et la Direction du Parti, il faut que ces réunions soient effectives. Des Présidents des Comités de villages ou de quartiers

La consigne avait été donnée par les deux derniers Congrès de notre Parti pour que nous soyons désormais organisés sur une base territoriale. Autrement dit les Comi tés ethniques sont supprimés. Bientôt des circulaires vont vous être envoyées pour que partout où ces Comités ethniques existent encore, notamment dans les grands centres urbains et certaines zones rurales à forte densité d'allogènes, il y soit substitué dans les meilleurs délais des Comités de quartier ou de village. La circulaire précisera dans le dé tail la consistance territoriale des comités. En attendant ces ajustements nécessaires qu'il nous soit permis de rappeler que c'est par le Comité que l'on peut mesurer le dynamisme d'un Parti. C'est l'endroit où se mesure le militantisme de chacun. Chaque Secrétaire Général devrait veiller à l'exis tence réelle de la vie politique dans chacun de ses Comités en exigeant, comme la circulaire du Comité Exécutif le recommande, le recensement effectif des membres de chaque Comité. Ceci permettrait de connaître les effectifs des membres actifs du Parti. Force nous est, pour le moment, de constater que ce rôle des Comités de village ou de quartier et de leurs présidents n'est pas perçu et exécuté comme aux tout pre miers jours de la lutte émancipatrice. Et pourtant la lutte qui est la nôtre, en ce mo ment, n'est pas moins importante que celle qui nous a conduits à notre libération nationale. 29

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Abidjan 10 - 11 Décembre 1982 C - LES INSPECTEURS DU PARTI

Le Président du Parti définissait leur rôle de la manière suivante : Cinq membres du Bureau Politique seront chargés du contrôle de la gestion des sections du Parti, à raison de un par grande région. Ce rôle est aujourd'hui assuré par MM. Kouisson Kélétigui, Bai' Tagro, Koffi N'Guessan Pierre, Amani Golly François, Fatogoma Coulibaly et Adiko Niamkey. Leur nombre a été augmenté du fait de l'ampleur de la tâche qui leur a été confiée, qui dépasse la simple inspection financière pour embrasser toute l'ac tivité aussi bien politique, économique que sociale de leur région. Je voudrais ici souligner avec forcé que l'institution de l'Inspection n'a pas été fai te dans un esprit mesquin de contrôle pour le contrôle. Bien au contraire, une véritable inspection répond à un triple objectif : - D'abord, et c'est justice, contrôler que les maigres moyens mis à la disposition des uns et des autres par nos militants sont bien utilisés exclusivement pour le fonction nement des Sections et du Parti dans son ensemble ; j'entends par là que les cotisations reçues sont bien intégralement, et selon la clé de répartition, versées à la Direction du Parti, à la Section et au Comité de base. Que les sommes revenant aux Sections et aux Comités sont utilisées non pas comme un complément de rémunération pour le respon sable de la Section, mais pour le fonctionnement de la Section ou du Comité. Qu'une comptabilité rigoureuse de tout cela est tenue et peut être consultée par la Direction du Parti mais aussi par n'importe lequel des militants qui par la voie légale voudrait avoir connaissance de l'utilisation de ses cotisations. - Le second objectif de l'institution de l'Inspection est surtout la formation des personnes contrôlées. Les Inspecteurs doivent aider à ouvrir tous les registres qui de vraient l'être et qui ne le sont pas encore faute de savoir le faire de la part des responsa bles des Sections. L'Inspecteur pourra donc descendre jusqu'au niveau des Comités pour expliquer le fonctionnement administratif des Sections et les rapports entre Comités et Section. - Enfin, les Inspecteurs doivent constituer le lien privilégié des rapports entre les dirigeants de la base et la direction du Parti. Leurs rapports, judicieusement exploités, doivent servir de base à asseoir une administration crédible et fiable du Parti. C'est de leurs rapports que devront découler toutes les réformes et les nouvelles orientations à donner au fonctionnement des Sections. Sur ce triple plan, qu'il me soit permis dès à présent de rendre un hommage mérité au travail harassant et perturbateur pour leur propre vie, accompli sur le terrain par nos Inspecteurs. Ils ont su dans tous les cas rendre leur mission non pas inutilement tatillonne, mais lui donner tout son sens politique. Nous aurons tout à l'heure, en ce qui concerne la part financière de ces rapports, à donner quelques exemples de choses inacceptables de la part de responsables politiques soucieux de l'avenir d'un pays qu'ils sont chargés d'animer. D - LES ANNEXES DU PARTI Comme vous le savez, notre Parti dispose d'un certain nombre d'organismes anne xes qui entrent très bien dans l'objet de tout parti politique digne de ce nom. Ce sont, en ce qui concerne le PDCI : - L'Hebdomadaire Fraternité - La Fondation - L'Hôtel le Président à Yamoussoukro - et une participation dans la Société éditrice du Journal Fraternité-Matin. 30

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1 - Fraternité Hebdo Ce journal, organe du Parti est géré directement par le Comité Exécutif du Parti en ce qui concerne les finances et contrôlé seulement en ce qui concerne l'édition. Dès son installation, le Comité Exécutif s'est d'abord attaché à assainir sa gestion financière par un contrôle rigoureux de l'exécution des dépenses. Ceci est maintenant à peu près réalisé. Parallèlement, un petit comité a été mis en place pour réfléchir au contenu politique de cet organe du Parti afin qu'il joue pleinement son rôle d'organe du Parti. Les travaux de réflexion menés par les camarades Jean Konan Banny et Lau rent Dona-Fologo seront bientôt soumis au Bureau Politique et au Comité Directeur pour tracer la nouvelle orientation de notre organe. Cependant, au stade actuel, ce journal est assez bien fait et nous ne pouvons que déplorer que sa diffusion ne soit pas assurée comme il se doit. Je trouve personnelle ment inadmissible que toutes les Sections de notre Parti n'y soient pas automatique ment abonnées et que tous les militants dignes de ce nom n'achètent pas chaque se maine l'organe de notre Parti. L'occasion est belle pour que, Secrétaires Généraux, vous puissiez nous donner votre point de vue sur les mesures à prendre pour que notre organe intéresse à nouveau les militants du PDCI. Ces mesures doivent a priori bannir toute coercition mais au contraire supposer à la base une plus grande adhésion person nelle. 2 - La Fondation Elle a été instituée par le Président du Parti pour recueillir les éléments permettant de faire connaître et perpétuer l'action du Président Félix Houphouet-Boigny et de ses compagnons des premières heures de la lutte du RDA, mais aussi fonctionner comme un institut d'études politiques pour éclairer les générations futures sur le sens du com bat qui, lui, ne saurait cesser tant que n'aura pas été réalisée la finalité de toute l'action humaniste du Président Houphouet-Boigny : la restauration de la dignité de l'homme africain dans toutes ses dimensions politique, économique et sociale. En outre, cette Fondation a reçu une dotation suffisante dont les intérêts devaient permettre d'assurer le fonctionnement régulier de l'institution et la distribution du «Prix Houphouet-Boigny», véritable prix Nobel dont les règles d'attribution restent en core à définir. Le Comité Exécutif s'est donc attelé, dès son installation, à remettre les frais de gestion à des proportions plus justes. Il a donc fallu fermer les deux annexes de Paris dont l'important travail a été ramené en Côte d'Ivoire pour servir de fonds d'archives de démarrage dès la mise en service de la Fondation à Yamoussoukro. Aujourd'hui donc, et dans ce secteur-là aussi, la capitalisation des intérêts versés au compte bloqué permettent d'envisager un doublement probable du capital en 4 à 5 ans. 3 - L'Hôtel «Le Président» à Yamoussoukro Cet Hôtel, comme vous le savez est un important investissement dont notre Parti peut à juste titre s'enorgueillir. Pour le moment et en attendant la mise en fonctionne ment de tout l'environnement politique et économique qui permettrait de le rentabili ser, il est maintenu dans l'état impeccable où vous le voyez par des subventions directes du Parti. 4 - Fraternité Matin Ce quotidien, qui est sans nul doute, un des meilleurs de l'Afrique, est aussi édité par une société dont le Parti détient une part importante. Les responsables politiques sont directement nommés par le Président du Parti, et le Directeur Général actuel est M. Amadou Thiam, notre ministre de l'Information, militant chevronné de notre Parti, que vous connaissez tous. La gestion du quotidien est impeccable et suffit à lui assurer son plein épa nouissement. Cependant les locaux qui hébergent l'imprimerie et le matériel d'impres 3l

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sion auraient sans nul doute besoin que quelques investissements soient faits par le PartlII - FINANCES Ce survol rapide du fonctionnement de notre Parti introduit le problème des mo yens financiers dont nous devons disposer pour mener à bien toute cette action. L'ensemble des membres du Comité s'est aussitôt attelé à recenser les biens im meubles et meubles dont disposait le PDCI. Il serait fastidieux de nous décrire ici l'inté gralité de ces biens. Une liste exhaustive des immeubles, véhicules et meubles divers a été établie et nous connaissons donc aujourd'hui l'état de notre patrimoine. Mais le plus urgent pour nous était d'essayer de redresser la situation de nos finances et en as surer un contrôle rigoureux. Des dispositions pratiques, comme je l'ai souligné dans la première partie de cet exposé, ont été prises pour assurer un contrôle rigoureux de notre gestion : - Un service comptable a été monté et divers registres ouverts pour être tenus se lon les règles de la comptabilité. - Ensuite, la procédure de règlement par chèque ou virement bancaire instituée pour les règlements de sommes supérieures à 100.000 Francs, le règlement par chèque bancaire permettant par la suite d'avoir trace non pas seulement de l'opération mais de pouvoir la reconstituer par la suite en cas de besoin. - La double signature a été rendue obligatoire sur toutes les opérations compor tant décaissement. - Enfin, décision collégiale en ce qui concerne la prise de décision comportant en gagement financier du Parti. Après l'institution de ces procédures d'exécution des dépenses, le Comité Exécutif s'est penché sur le problème des recettes. La seule source d'approvisionnement des cais ses du Parti est et reste encore les cotisations des militants. Cotisations hiérarchisées en ce qui concerne les salaires des secteurs privé et public. Cotisations non hiérarchisées perçues par les Secrétaires Généraux des Sections. Dès notre prise de fonction, nous avons fait imprimer, par l'Imprimerie Nationale sur papier spécial à impression polychrome, des cartes du Parti numérotées en série continue. La numérotation des cartes permet un meilleur contrôle de sortie des valeurs et aussi un suivi facile en cas de fraude ou de vol. La numérotation constitue enfin un moyen de contrôle plus efficace des personnes chargées de la tenue de la comptabilité. . Une analyse plus fine des recouvrements sur ces deux années nous permet d'émet tre la série d'observations suivantes : - Un effort particulier et tout à fait louable a été fait par les Secrétaires Généraux des Sections considérées en général comme situées dans les régions les plus déshéritées de notre pays. La rentrée des cotisations pour l'année 1981 oscille aux alentours de 90%. - Une certaine difficulté de placement dans les grands centres urbains du fait que la majeure partie des militants est déjà soumise au paiement des cotisations par retenue à la source. Cependant ce fait ne doit pas faire perdre de vue la situation de certaines Sections urbaines qui n'ont ni renvoyé les cartes, ni versé les cotisations correspondan tes. Mais même dans les cas où les cartes nous ont été renvoyées, il ressort des constata tions des Inspecteurs sur place que les efforts nécessaires pour toucher la population non salariale n'ont pas été accomplis soit par inorganisation des Sections en cause, soit alors tout simplement par carence des responsables. - Une carence totale de certains Secrétaires Généraux de grandes sous-préfec tures très peuplées, assez prospères et qui n'ont fait aucun effort pour se mettre à jour. Un pointage opéré sur la situation de 1 980 nous a permis de découvrir que ce sont les mêmes qui étaient déjà habitués à des pratiques qui sont tout simplement assimilables à des délits de droit commun. Les rapports des Inspecteurs sont très explicites sur la responsabilité des uns et des autres. La nouvelle image que le Président du Parti vou 32

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drait lui donner ne saurait s'accomoder de laisser-aller dans ce domaine. Le cas de ces Secrétaires Généraux a été soumis nominalement au Chef de l'Etat et des mesures de sauvegarde vont être prises immédiatement en attendant que d'éven tuelles poursuites soient engagées contre tous ceux, quels qu'ils soient, qui auraient détourné à leur profit personnel des sommes versées par les populations militantes. Des justifications précises devront être portées à la fin de cette réunion par tous les Secré taires Généraux qui n'auraient à cette date ni apporté les cartes non placées, ni reversé les sommes équivalentes. Enfin et grosso modo, un accent particulier devra être mis sur la nécessité pour tous les responsables locaux du Parti de tout mettre en œuvre pour assurer une rentrée correcte des cotisations au Parti. En ce qui concerne les autres organes annexes du Parti, en dehors de Fraternité Hebdo qui a une gestion globalement 'déficitaire et de l'Hôtel qui traverse actuellement une crise comme l'ensemble des établissements hôteliers de notre pays, tous les autres services annexes disposent des moyens de leur vie autonome. C'est le cas notamment de la Fondation, du Journal quotidien. Je me dois, à la fin de cet exposé, de souligner que le Parti est encore chargé de la gestion des cotisations pour la construction des édifices religieux. Ces sommes vont bientôt être versées aux Ministères des cultes pour lesquels elles ont été faites. CONCLUSION II me faut conclure. Ce long exposé peut a priori paraître comme une espèce de compte rendu. Oui, il en est un. Le Comité Exécutif a voulu, respectant en cela la démocratie instaurée par le Président qui préside dorénavant à toutes nos actions, vous dire ce qu'il a fait pen dant ces deux ans de son fonctionnement. Ayant lui-même pris l'initiative de vous dire ce qu'il fait, il voudrait saisir l'occa sion pour vous annoncer qu'il souhaiterait lui aussi que chacun de vous, régulièrement fasse le point, mesure le chemin parcouru, les actions entreprises et ce qui reste à faire. C'est maintenant, plus que jamais, que le militantisme dont a fait preuve hier le peuple ivoirien doit trouver une deuxième vigueur, un second souffle. Ce combat d'aujour d'hui est encore plus difficile que celui d'hier puisque le Président Félix HouphouetBoigny ne cesse de nous répéter que l'adversaire n'a pas de visage. Il est partout à la fois et nulle part. En second- lieu, sans vouloir être des censeurs, nous voudrions dès maintenant marquer que pour ceux qui n'ont pas encore compris, les errements du passé doivent définitivement prendre fin. Les responsables à tous les niveaux doivent se percevoir en véritables responsables, comptables de leurs actes vis-à-vis de la Direction du Parti et vis-à-vis de leurs électeurs. Des sanctions seront prises chaque fois que cela sera néces saire pour rétablir la crédibilité à tous les niveaux. En troisième lieu, et vous avez pu le constater, nous nous sommes d'abord effor cés de mettre en place les outils de notre action. Croyez-le, ça n'a pas toujours été faci le. Ceci a pu faire croire que nous avions perdu de vue les recommandations du Con grès. Il n'en est rien. Bientôt vont être constituées les commissions du Parti qui devront aider à penser et asseoir l'action du Parti. La révision du règlement intérieur est termi née et n'attend plus que la sanction du Bureau Politique pour être appliquée. En ce qui concerne les séminaires régionaux et les tournées dans les régions, l'an née 1 983 verra se réaliser les premières réunions du genre de manière à donner à notre Parti tout le dynamisme dont il a besoin en cette période de crise. Vous comprendrez donc, devant l'ampleur des tâches qui nous attendent et qui toutes demandent des moyens, - nous ne saurions trop insister, en ce qui concerne les cartes. 1983 qui vont maintenant vous être remises - que toute diligence soit faite pour en assurer le placement. 33

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«LePDCI-RDA face à la crise» par M. Jean Konan Banny, ministre de la Défense et du Service Civique Chers Camarades, En décidant dans le cadre de cette rencontre de traiter du sujet «Le PDCI-RDA et la crise», le Comité Exécutif n'envisage nullement de faire étalage de sciences écono miques en analysant les causes et les conséquences d'une crise qui secoue le monde en tier, pour donner ensuite comme un remède magique, en ce qui est de notre pays, pour sortir de cette crise. Il l'aurait voulu qu'il se serait tourné vers plus grands spécialistes en son sein comme en dehors de lui-même, dans les organismes ad hoc de l'Etat tels que le Minis tère de l'Economie et des Finances, le Conseil Economique et Social, voire notre As semblée Nationale dont chacun sait qu'elle regorge de têtes bien pleines et bien pensan tes. Notre projet plus modeste, est de donner aux responsables locaux que vous êtes un bref aperçu de la situation économique de notre pays, pour vous permettre de com prendre certaines mesures que le Gouvernement, organe d'exécution du Parti, est ame né à prendre dans la gestion de notre pays, afin que vous puissiez disposer ainsi des élé ments de réponse aux détracteurs de notre régime et de notre Parti. Il s'agit de faire apparaître que depuis l'accession de notre pays à l'indépendance il a, comparé aux Etats de la sous-région, accompli des progrès considérables qui ont pu être qualifiés de miraculeux : - Que ces progrès ont été rendus possibles par une conjoncture internationale par ticulièrement favorable, mais aussi et surtout, par le choix du modèle économique fait par notre Parti avec à sa tête le Président Félix Houphouet-Boigny; - Qu'ils sont dûs à la stabilité de notre régime fondée sur la confiance renouvelée du peuple en son Président; - Qu'ils sont le fruit des sacrifices acceptés par les masses travailleuses en particu lier par les paysans producteurs de café et de cacao. Nous comprendrons alors que, face à une situation économique dramatique, force est au Gouvernement de prendre certaines mesures, fussent-elles désagréables au départ, pour atténuer les effets de cette crise. 34

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Ce que dès lors, le Parti, conscience éclairée de la Nation, se doit de mobiliser ses militants pour accepter ces mesures et les sacrifices qui en découlent, attendu qu'ils seront fondés sur la justice et la solidarité vraie des fils de ce pays, traduisant l'égalité de tous dans le bonheur comme dans le malheur. AVANT L'INDEPENDANCE Camarades, la première décennie de notre vie de Nation indépendante a été, vous le savez, marquée par des progrès considérables dans tous les domaines. Ces progrès sont essentiellement la conséquence du développement de notre agri culture et singulièrement de notre production de café et de cacao. C'est pourquoi il est important de mettre en exergue deux séries de mesures inter venues bien avant notre indépendance et qui, selon nous, ont rendu possible ce progrès. Il est important de rappeler que dès la constitution du Syndicat des planteurs afri cains, le Président de ce mouvement avait lancé le mot d'ordre célèbre de deux hectares de café ou trois hectares de cacao par membre adhérent. Les cultivateurs africains, pour échapper à la réquisition du travail forcé, se sont alors mobilisés pour la réalisation de cet objectif, et, si tous ne l'ont pas atteint, ils ont au moins dans leur grande majorité, entrepris des cultures qui jusque là étaient réser vées aux Européens et à quelques pionniers africains. Café et cacao sont ainsi devenus des Cultures des masses. L'évolution de leurs cours était en relation directe avec le pou voir d'achat des propriétaires et des ouvriers agricoles et conditionnait pour une grande part la circulation monétaire dans le pays. Il s'agit là d'une décision importante puisque c'est grâce à elle que la Côte d'Ivoire deviendra quelques années après l'indépendance, l'un des premiers producteurs mondiaux de café et de cacao. La deuxième série de mesures émane du gouvernement de la République Françai se, responsable alors de notre sort. - Le 14 octobre 1954, le gouvernement français a pris un décret (54 107.1) por tant autorisation de création des caisses de stabilisation des prix dans les territoires d'outre-mer. En application de ce décret, deux autres décisions seront prises le 30 septembre 1955 sous la forme de deux décrets (55-1280 et 55-1285) portant création en Côte d'Ivoire de la Caisse de Stabilisation des Prix du café et du cacao. Et c'est le grand mérite de Félix Houphouet-Boigny d'avoir d'emblée compris l'importance de ces caisses, et d'avoir placé à leur tête dès leur création, d.s hommes de grand dévouement et de grand savoir. Qu'il me soit permis ici de citer un seul d'entre eux pour le rapp^ 1er à votre mé moire et vous demander de vous souvenir de ce qu'il fit et de ce qu'il fût pour notre Parti et pour notre pays; je veux parler du très regreté Jacques Aka à qui le PDCI-RDA et la Côte d'Ivoire doivent reconnaissance. L'EXPANSION ET SES ACQUIS Au moment de l'accession de notre pays à l'indépendance, nous pouvons dire que les seules armes dont disposait la Côte d'Ivoire étaient des milliers de petits cultivateurs de café et de cacao, un Président planteur de café et de cacao et une structure de stabi lisation des prix du café et du cacao. Manganèse, diamant, étaient cités pour mémoire; le fer é1- Jt une espérance, le pé trole un rêve enfoui dans les profondeurs..., dans le far-west. Dix ans après, grâce à ces seules armes cependant, la Cote d'Ivoire se présentera comme un pays en pleine expansion, comme le pays du «miracle». Le produit intérieur brut (PIB) passe de 142,615 millions de francs CFA en 1960 à 41 5,3 26 millions en 1970. Les importations, en valeur, passent de 34,123 millïcns à 115,986 millions pour 35

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la même période, tandis que les exportations de 44,118 millions s'élèvent à 137,941 millions. Les progrès qui ont été réalisés au plan social ne sont plus à décrire. La scolarisa tion pour cette période passe de 30% des enfants scolarisables à 53% en 1970, et nous sommes aujourd'hui, selon les statistiques, à environ 75%. Que dire des infrastructures que vous ne sachiez déjà? Routes, ponts, hôpitaux, lycées et collèges se sont partout multipliés plaçant la Côte d'Ivoire au premier rang dans tous les domaines des pays de la région. Tout ceci n'aura été possible que grâce aux sacrifices acceptés par les paysans. En effet, produisant l'essentiel des matières exportables, ils ont permis à notre pays d'obtenir des devises nécessaires à son commerce international, tandis qu'ils lui procu raient une grande part de ses droits de sortie. Mieux encore, ils ont accepté pendant plusieurs décennies que près des deux tiers de la valeur de leurs produits puissent être retenus à la Caisse de Stabilisation des Prix du café et du cacao. Les sommes importantes ainsi obtenues ont permis au Gouvernement d'entrepren dre un programme hardi de développement économique et social, soit par utilisation directe de ces fonds au soutien des cultures non encore rentables, soit'en utilisanUa ga rantie qu'elles offraient pour contracter des emprunts en vue du développement. Sans ce sacrifice il n'y aurait jamais eu de plan palmier ou de plan cocotier, jamais de riziculture dans le Nord, et le coton serait demeuré au rang de culture secondaire à peine suffisante pour l'approvisionnement de nos tisserands. Cette expansion sera encore accélérée malgré le choc pétrolier de 1973, par les ge lées du Brésil en 1975. Ces gelées en effet auront pour conséquence de faire tripler en moins de deux ans, de 1975 à 1977, le cours du café et du cacao. De sorte que les excé dents de stabilisation de la Caisse passeront de 54 milliards en 1976 à 240 mds en 1977. Tout naturellement, de tels moyens vont inciter à des investissements publics im portants, lesquels à leur tour produiront par induction des dépenses nouvelles. De 83 milliards par an entre 1971 et 1975 les investissements publics atteindront le chiffre an nuel de 410 milliards en 1976 et 1980. C'est l'époque où, sûrs de la solvabilité de la Côte d'Ivoire, les institutions interna tionales et les banques, ainsi que les fournisseurs, n'hésitent pas à prêter à notre pays toutes les sommes dont il avait besoin pour son développement. Et c'est pourquoi le taux de croissance annuel du produit intérieur brut de 5,8% passera à 7% entre 1976 et 1980. Au cours de cette période heureuse les dépenses de l'Etat vont s'accroftre, portant non seulement sur la solde des agents de l'Etat, mais également sur les conditions maté rielles de travail de ces agents. C'est l'époque où les mesures de gestion strictes qui avaient été prises peu de temps après notre indépendance vont être repensées et remises en cause pour favoriser certaines couches socio-professionnelles. Ainsi dès 1962, considérant que les citoyens sont égaux (qu'ils travaillent pour l'Etat ou pour le compte de sociétés privées) le Gouvernement avait décidé la suppres sion de logement des agents de l'Etat autres que les militaires et assimilés. Peu à peu ce pendant, à la faveur de l'expansion, plusieurs autres catégories sociales seront admises à jouir d'un logement fourni par l'Etat. Par arrêté, décision, notes de service ou déclara tions verbales les magistrats, les enseignants, les médecins, les hauts fonctionnaires de l'administration générale vont ainsi acquérir ce que l'on appelle aujourd'hui le droit au logement. Mais qui était en réalité l'expression de la volonté du Chef de l'Etat d'amé liorer constamment les conditions d'existence des citoyens ivoiriens. Ainsi encore, pour favoriser le recrutement des enseignants, l'éducation étant dé clarée prioritaire, le Président de la République va décider du décrochage des ensei gnants du statut général de la Fonction Publique en leur octroyant des salaires nette ment supérieurs à ceux des autres agents de l'Etat. 36

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En 1963, .pour réduire les dépenses d'achat et d'entretien des véhicules, le Gou vernement avait décidé la suppression des véhicules de fonction. Ministres, directeurs et chefs de service ont dû ainsi acheter leur propre véhicule, bénéficiant seulement d'une indemnité lorsqu'ils les utilisaient dans l'intérêt du service. Peu à peu cette sage déci sion passera en oubli et les véhicules de fonction ou de service seront à nouveau attri bués aux agents de l'Etat. Désireux de promouvoir un enseignement démocratique, le Gouvernement va dé cider au cours de cette même période d'accorder des bourses d'enseignement supérieur à tous les titulaires du baccalauréat. Le taux des bourses lui-même sera en constante augmentation pour tenir compte du coût de la vie sans cependant que la contribution de l'étudiant aux frais nécessités par son entretien ait connu la moindre augmentation. Mieux, pour établir l'égalité entre les étudiants vivant en France et ceux demeurés en Côte d'Ivoire, il sera décidé d'accorder une demi-bourse à l'épouse non étudiante de l'étudiant boursier. Dans la ville d'Abidjan, le budget de l'Etat et la Caisse de Stabilisation couvriront chaque année le déficit constant de la SOTRA pour permettre aux travailleurs de se rendre à moindre frais au lieu de leur occupation, tandis que des sommes importantes étaient employées pour le transport de nos étudiants. Dans la relative prospérité que connaissait notre pays, qu'y avait-il là d'anormal pour un Parti qui a fait du bien-être des citoyens le mobile de son action? Tout nous indique que le Parti et surtout son Président ne se seraient point départis de cette attitude si toute chose avait été comme auparavant. 1973 : LE MONDE EN CRISE Or, tout n'est plus comme auparavant. A partir de 1973, à la suite de l'augmenta tion brutale du prix du pétrole, le monde entier est entré en crise. Une crise qui affecte tous les domaines de la vie des nations. Les Etats occidentaux seront ainsi amenés, pour se parer à partir de cette époque, à prendre des mesures dont les conséquences se feront gravement sentir chez nous à partir de 1978. Alors qu'au cours de la traite 1976/1977 le prix moyen du kilogramme de café se situait aux environs de 1012 francs, c'est à 660 francs que nous serons obligés de céder notre production pendant la campagne 1980/1981. Le cacao vendu à 1060 en 1976/ 1977 sera acheté à 523 francs en 1980. Si l'on considère que pendant la même période le paysan a reçu 300 francs par kg. de produit, c'est plus que la moitié de ses recettes d'exportations que le pays a manqué de gagner. Privée de l'essentiel de ses ressources, la Côte d'Ivoire n'a plus été en mesure d'assurer l'encadrement même de sa production, ni de poursuivre sa politique de développement économique et social. Dans le même temps, le prix des marchandises importées subissait une augmentation telle que le pou voir d'achat des masses était réduit à néant. Le dollar, monnaie dans laquelle nous achetons, dans laquelle nous avons emprunté pour presque 50% de notre dette exté rieure et dans laquelle nous devons rembourser, connaft une évolution catastrophique pour le monde entier. Ce que nous avions acheté à 200 francs CFA devrait maintenant être payé à 355 francs CFA sans que nous puissions agir autrement. Le Président des Etats Unis d'Amérique ayant, en tout libéralisme, décidé de régler les affaires de son pays sans se préoccuper des conséquences de ses actes sur la vie des autres nations. Que faire devant une telle situation? Depuis de nombreuses années déjà le Président Houphouet-Boigny avait entrepris un combat courageux en vue d'une rémunération plus juste de nos produits de base. Ses appels réitérés à la conscience internationale pouf plus de justice dans les échanges, en vue de l'instauration d'un nouvel ordre économique mondial demeurent vains com me sont demeurés vains ses appels à une plus grande solidarité des producteurs de café 37

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et de cacao. La conférence de Yamoussoukro qui avait fait naître tant d'espoir au cœur des Africains et dans maints pays du tiers monde producteurs de matières premières n'a pu hélas produire ces effets. La conférence de Cancun à laquelle malheureusement notre Président n'a pu assis ter, et où cependant il a fait entendre notre voix par l'organe de notre ministre des Af faires Etrangères le camarade Siméon Aké, s'est terminée comme une grande sympho nie par un silence de cathédrale. A Versailles où les déclarations d'intention n'ont pas manqué, les égoismes ont triomphé et nos pays doivent encore se consoler de la sym pathie impuissante de quelques responsables du monde. Il apparaît ainsi que ne pou vant être sauvés par personne, nous sommes condamnés à nous sauver nous-mêmes ou à périr. REPERCUSSIONS EN COTE D'IVOIRE Telle est la triste constatation que faisait dès les premiers moments de la crise le Chef de l'Etat, Président du Parti. Après un examen serein de la situation, il appelait l'attention de la Nation sur nos erreurs ou nos fautes et invitait le pays au changement exigé par les circonstances. Ainsi, il apparaîtra que si les sociétés de développement avaient été facteurs de progrès dans maints domaines, leur fonctionnement n'avait pas été exempt de critique : que la rémunération des agents des sociétés d'Etat non seulement occasionnait des dé penses excessives' pour la collectivité, mais encore, installait une disparité de traite ment entre les enfants de ce pays, serviteurs du même Etat. C'est la raison pour laquel le, à la suite de plusieurs Conseils Nationaux, la réforme de ces sociétés a été décidée, les agents y servant étant ramenés, en ce qui concerne leur rémunération, au droit com mun de la Fonction Publique. Les deux tableaux ci-contre font apparaître la nécessité qu'il y a, si nous voulons que la Nation vive, de réaliser des coupes sombres dans les dépenses de l'Etat.

Il nous faut, ainsi que le rappelle bien souvent le Chef de l'Etat, faire au niveau de la Nation ce que fait la simple ménagère, c'est-à-dire adapter nos dépenses à nos res sources. Lorsque les moyens mis entre les mains de l'épouse ne suffisent plus pour acheter de la viande fraîche tous les jours, elle achetera du poisson fumé, et quand ce lui-ci sera trop cher pour sa bourse, elle achetera du poisson séché, s'en tenant ainsi à ce qui est essentiel. Elle examinera la nature de ses achats et portera un regard critique sur ses dépenses. Le regard que nous avons porté sur les nôtres nous a fait apparaître que le loyer des maisons occupées par les agents de l'Etat constituait un chapitre im portant alors cependant que depuis 1962 nous avions nous-mêmes affirmé que les fonc tionnaires ne sauraient avoir un droit statutaire au logement. Souvenons-nous que, imi tant en cela le colonisateur, il avait même été décidé que ceux d'entre eux qui occupe raient un logement appartenant à l'Etat devraient payer une redevance pour cette occu pation. Il est apparu vous le savez que la passation de ces baux avait donné lieu à des abus qui ont déjà été dénoncés par le Bureau Politique et qui appellent une nécessaire remise en ordre. C'est dans ce même esprit qu'un contrôle plus rigoureux des effectifs de la Fonc tion Publique s'est imposé, qui a permis de voir que des agents mis à la retraite depuis longtemps, voire décédés, continuent à figurer sur la liste des agents en service, que d'autres qui ont abandonné leur poste pour poursuivre leurs études ou se livrer à des activités personnelles continuaient à émerger au budget de l'Etat. Nous avons pu voir aussi que chez nos enfants et nos jeunes frères étudiants certai nes pratiques demandaient à être modifiées. Comment pouvez-vous admettre, camarades, que pour servir nos enfants dans les restaurants et les cités universitaires, l'Etat puisse recruter des agents dans la proportion d'un agent pour quatre étudiants. Ceux d'entre vous qui ont dix enfants ont-ils trois boys pour les servir à la maison? 38

TAUX DE CROISSANCE ANNUELS 1971/82 ET 1977/82 MASSES NATURE 1971/82

1977/82

18,0%

12,0%

Solde Journaliers Assistance Technique Publique Assistance Technique Privée Autres Titres IV Autres Titres I

19,5% 18,3% 24,0 % 18,5% 26,7 % 18,0%

22,0 % 18,0% 15,0% 6,0% 23,0 % 12,0%

Total Matériel & Mobilier de bureau Achat véhicules Matériel & Mobilier technique Gros entretien

20,0 % -1,0% 18,0% 18,0% 13,0% 18,0% 24,0 % 18,0% 16,5% 18,0% 18,0% 18,0% 14,0 % 16,5% 16,0% 19,3% 18,0% 19,1 % 15 % 15 % 19,3% 18,5%

19,0% 12,0% 12,0% 12,0% 14,0% 12,0% 23,5 % 18,5% 14,0% 12,0% 12,0% 13,0% 11,0% 18,0% 13,5% 12,0% 12,0% 12,0% 13 % 23 % 17 % 16,0%

Produit Intérieur Brut Budget Général de Fonction nement

Personnel

Equipe ment

Total Exploita Eau Electricité tion PetT Alimentation Fournitures de bureau Fournitures techniques Habillement Entretien location matériel Entretien véhicules Carburant Dépenses diverses Titres II et III Titre IV Total Dettes contractuelles Transferts et interventions Total Général

BGF : EVOLUTION NATURELLE ET DEPENSES PERSONNEL DE 1981 A 1998 SI AUCUNE MESURE PARTICULIERE N'AVAIT ETE PRISE Années

Î*G£ „ (-16% an)

dont personnel (- 20 % an)

% personnel/BGF

1982 1983 1984 1985 1986 1987

420,7 488,0 566,1 656,7 761,7 883,6

247,0 296,4 355,7 426,8 512,2 614,6

58,7 % 60,7 % 62,8% 65,0% 67,0 % 69,6 %

1997 1998

3.897,9 4.521,6

3.805,6 4.566,8

97,6 % 101,0%

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L'Etat, subventionnant les repas et les chambres d'étudiants, n'est-il pas du devoir de cet Etat de contrôler la qualité même de ceux qui habitent les cités universitaires? Savez-vous par exemple que des personnes non-étudiantes se dissimulaient dans ces ci tés en payant une redevance de 3.000 francs, laissant à l'Etat la charge du loyer réel? N'est-il pas normal que sans remettre en cause le principe de cette subvention, il soit demandé à l'étudiant de participer pour une plus grande part à ses propres frais d'entretien et d'hébergement? Tandis que le travailleur touchant à peine le SMIG paye son transport pour se ren dre à son lieu de travail, ne serait-il pas normal qu'il en fut de même de l'étudiant bour sier qui perçoit une bourse de 45.000 francs ou 90.000 francs? Tel est le sens des mesures qui ont été prises et qui, toutes ensemble, par les petites économies qu'elles permettront, nous garderont de sacrifier l'essentiel. Les responsables politiques doivent comprendre la nécessité de telles mesures et faire accepter aux masses la rigueur qui s'impose et ce sacrifice qui est demandé à tous. C'est pourquoi, nous devons considérer comme hautement blâmables les actions menées dans l'ombre pour conduire les étudiants à se rebeller contre les décisions pri ses. Comme hautement blâmables les déclarations tendant à faire croire que le Parti et le Gouvernement veulent sacrifier telle catégorie sociale au profit de quelques privilé giés. Il est indéniable qu'à l'heure des restrictions ceux qui ont beaucoup à perdre sont ceux qui ont déjà beaucoup reçu. Mais les hommes vraiment conscients de l'intérêt na tional doivent s'apercevoir que ce qu'ils ont pu avoir n'avait été obtenu que grâce au sa crifice consenti par d'autres. Dans ces moments difficiles pour tous, nous ne pouvons pas ne pas tenir compte de ce qui se passe autour de nous. Je me pose à mon tour cette question devant les détracteurs de toutes sortes, de vant les révolutionnaires livresques qui ne connaissent de la révolution que ce qu'en disent les manuels. Devant ces amoureux du changement qui se refusent à voir ce qu'a donné le chan gement. Camarades, le PDCI n'a pas pour habitude de railler les expériences des autres. Souvenons-nous cependant que lorsque Houphouet-Boigny avait lancé son pari avec N'Kruma, les plus fidèles et les plus optimistes ne pensaient pas que Houphouet-Boigny pouvait gagner. Souvenons-nous que la Guinée a été le premier exportateur de fruits tropicaux (bananes et ananas), Que l'Ouganda était considéré comme pays producteur de café tout comme l'An gola, qui ne peuvent exporter aujourd'hui un seul grain. Alors nous comprendrons que malgré les temps durs dont nous ne savons quand ils finiront, nous avons encore beaucoup à faire en Côte d'Ivoire. Nous devons nous garder des marchands d'illusions et des bâtisseurs de paradis. Il est vrai qu'avoir 2 millions d'habitants à nourrir, et des puits où le pétrole cou le à plein flot, peut donner le vertige dans les grands espaces jeunes. On peut oublier Que le vert est la couleur naturelle des arbres et non celle d'un livre, Que le vert signifie vie, que la vie est amour, fraternité et paix, Qu'il y a plus de mérite à faire la paix qu'à faire la guerre, Que la guerre n'a jamais résolu les problèmes des hommes en dehors du dialogue, Que le dialogue est l'arme du fort, Que le fort ici c'est Félix HOUPHOUET-BOIGNY et son PDCI. Que Félix HOUPHOUET-BOIGNY et le PDCI doivent vivre pour que vive la Côte d'Ivoire! 40

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Les conclusions des Secrétaires Généraux lues par M. Barthélémy Gnanssounou Secrétaire Général de Grand-Bassam Les 10 et 11 décembre 1982 s'est tenu à Abidjan, à la Maison du Congrès à Treichville, le deuxième séminaire d'information et de formation des Secrétaires géné raux du PDCI. Il s'agissait de réfléchir ensemble sur la marche du Parti et de rechercher les voies et moyens pour rendre l'action de chaque jour plus efficace. Après avoir entendu le discours d'ouverture du camarade Camille Alliali qui a dé fini le cadre et l'objet du séminaire, ainsi que les exposés des camarades Séri Gnoléba sur «La vie du Parti depuis le 7è Congrès» et Jean Konan Banny sur «Le Parti face à la crise», les Secrétaires Généraux des Sections félicitent les membres du Comité Exécutif pour le travail méthodique effectué pour préciser le fonctionnement actuel des organes et assainir la gestion des finances du Parti. Ils prennent acte des nombreuses lacunes relevées par les Inspecteurs du Parti lors de leurs tournées d'inspection à l'intérieur du pays et, convaincus du bien-fondé de ces observations, s'engagent à leur contribution pour les combler et participer ainsi à la re dynamisation de notre Grand Parti. Sensibles à l'action de la Direction du Parti relative à leur promotion dans les di vers domaines de leurs actions, les Secrétaires Généraux saluent l'institution des Inspec teurs du Parti et approuvent leurs tournées auprès des Sections. Ils souhaitent que ces inspections en plus du soutien qu'elles leur apportent pour une meilleure gestion de leur Section, contribuent à renforcer leur formation politique. S'agissant du fonctionnement administratif de leurs Sections, les Secrétaires Géné raux conscients que les diverses fonctions dévolues aux membres du bureau, ne peuvent être remplies par un seul individu, œuvreront pour créer une parfaite cohésion au ni veau du bureau, afin de répartir les fonctions telles que définies par les statuts. Ils escomptent que cette action entraînera chaque membre du bureau de la Section à être un véritable éducateur politique et un animateur de développement, facteur indispensa ble à une nouvelle dynamique de notre Parti. Dans le domaine de la répercussion aux militants de base des mots d'ordre du Parti, les Secrétaires Généraux souhaitent la mise à la disposition de la Direction du Parti de documents à thèmes politiques au niveau des Sections, qui puissent leur permettre l'organisation périodique de réunions d'explication et sensibilisation des militants de base. Les Secrétaires Généraux sont conscients de la nécessité d'une 4l

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fréquence plUs grande des réunions. Ils proposent, afin d'alimenter ses ressources, que «Fraternité Hebdo» devienne un véritable support d'éducation et de formation poli tique. Les Secrétaires Généraux constatent avec amertume qu'après 22 années d'indé pendance, des militants continuent d'avoir des comportements et des réactions à base tribale et ethnique. Ils réaffirment leur soutien à la suppression des comités ethniques et suggèrent d'être associés aux opérations de quadrillages qui seront entreprises dans les centres urbains par des autorités compétentes, en vue de la création des Comités de quartiers. S'agissant des difficultés rencontrées dans le recouvrement des fonds issus du pla cement des cartes, les Secrétaires Généraux demandent aux membres du Comité Exécu tif de trouver les voies et moyens appropriés pour qu'un appui logistique leur soit ap porté. Il a été relevé que certains Secrétaires Généraux débordent des limites de leur champ d'action au point de s'ériger en pouvoir administratif et judiciaire. Ces pratiques sont de nature à discréditer les Secrétaires Généraux qui invitent leurs collègues respon sables de tels actes à y mettre fin. Les Secrétaires Généraux saisissent l'occasion de ce séminaire pour rappeler la définition faite par le Chef de l'Etat lui-même lors des rencontres de Yamoussoukro et lors des tournées du Bureau Politique que le Secrétaire Général est le seul représentant du Parti dans sa circonscription et les instances supérieures du Parti passent nécessai rement par lui pour tout ce qui concerne la vie du Parti dans sa Section. Aussi pour permettre aux militants de base de se pénétrer de l'importance de la mission des Secrétaires Généraux, ceux-ci suggèrent qu'il soit créé au prochain Congrès, des postes de responsables politiques régionaux, véritables appuis politiques des Secré taires Généraux pour l'explication et la transmission des mots d'ordre du Parti aux mili tants de base. Les Secrétaires Généraux sont convaincus que leur crédibilité auprès des militants passe par certaines actions concrètes : notamment la décoration des militants méritants, sur leurs propositions. Enfin, s'agissant des rapports directs avec la Direction du Parti, les Secrétaires Gé néraux souhaitent que des séminaires bi-annuels soient organisés à leur intention par la Direction du Parti. Le fonctionnement des Sections présentant des difficultés, les Secrétaires Géné raux suggèrent aux membres du Comité Exécutif l'examen et l'approbation d'un budget de fonctionnement à la fin de chaque année, le budget étant alimenté par les ristournes provenant des retenues opérées à la source sur les cotisations. La crise économique mondiale actuelle frappant de plein fouet la Côte d'Ivoire, comme tous les autres pays, les Secrétaires Généraux apportent leur soutien au Chef de l'Etat pour toutes mesures qu'il jugera utile en vue du redressement économique. Ils invitent les militantes et militants à soutenir énergiquement cette action du Président du Parti.

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MOTION DE SOUTIEN DES SECRETAIRES GENERAUX AU PRESIDENT DU PARTI Réunis en séminaire de formation les 10 et 1 1 décembre 1982 à Abidjan, - Après audition attentive et analyse approfondie des exposés faits par le Comité Exécutif, - Considérant les contacts permanents qui existent désormais entre les Secrétaires Généraux de Section d'une part, le Comité Exécutif et les Inspecteurs du Parti d'autre part; - Considérant que la formation à tous les niveaux et dans tous les domaines est le garant de l'efficacité de toute action; - Après une analyse critique de la crise particulièrement profonde que traverse le pays, - Considérant la nécessité d'une mobilisation agissante de toutes les forces vives pour li miter les effets de cette crise, - Considérant que l'Unité, la Solidarité et l'Abnégation sont nécessaires pour venir à bout de la crise, - Considérant toute les mesures prises par le Président du Parti pour faire face aux effets néfastes de cette crise qui n'épargne aucun pays, - Considérant que dans cette crise d'une particulière gravité, les Ivoiriens ne devront compter que sur eux-mêmes, Les Secrétaires Généraux de Section du Parti, unanimes, - Adressent leurs sincères remerciements au Président du Parti pour avoir donné au PDCI-RDA les structures lui assurant un nouvel élan; - Souhaitent l'intensification des actions politiques entreprises par l'organisation de séminaires régionaux et l'institution d'une journée nationale du Parti; - Se mobilisent autour du Président du Parti pour la réalisation des mots d'ordre d'autosuffisance alimentaire et l'application effective de toutes les mesures prises au dernier Conseil National du 30 septembre 1 983; - Assurent le Président du Parti de leur soutien total dans la lutte inlassable qu'il mène pour sortir la Côte d'Ivoire de cette crise mondiale.

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Discours de clôture: «La primauté du Parti...» par M. Laurent Dona-Fologo, ministre de la Jeunesse, de l'Education Populaire et des Sports

Chers collègues, membres du Comité Exécutif, Camarades Secrétaires Généraux, Ainsi, dans quelques instants, les lampions vont s'éteindre et le rideau va tomber sur notre deuxième séminaire de formation, en ce samedi 1 1 décembre 1982, juste qua tre jours après la célébration austère, dépouillée mais digne, de notre fête nationale, en sa 22è édition. Ainsi, pendant deux jours, pour la deuxième fois en quelques mois, responsables à la base et responsables au sommet de notre grand et vieux Parti, le PDCI-RDA, nous nous sommes retrouvés dans cette enceinte bénie, au cœur de Treichville, cité éternelle et combien vivante, dont l'Histoire pourrait nous en apprendre tant sur le PDCI-RDA! Nous nous sommes retrouvés sous les regards apparemment figés de ces portraits de quelques pionniers de notre Parti libérateur, regards apparemment figés et inanimés, mais qui, en réab'té, pour nous, pour tous les militants, restent toujours aussi péné trants, aussi vivants parceque florissants et immortels. 22 ANNEES DE SOUVERAINETE Oui, 22 années de liberté et souveraineté! 22 années que nous devons tous à ces combattants magnifiques dont le «général» toujours à la barre reste la chance et le ca pital les plus précieux de la Côte d'Ivoire! 22 années déjà, ou 22 années seulement? Qu'importé! La liberté a-t-elle réelle ment un âge? Le combat pour l'indépendance est-il vraiment jamais terminé? Ce qui compte, c'est le souvenir qui doit guider et embraser l'action continue. Ce qui compte, c'est qu'à chaque repère de l'Histoire nous ayons une pensée respectueuse et reconnaissante pour ces pionniers qui, 'sous la houlette du guide, le Président HOUPHOUET-BOIGNY, ont fait la Côte d'Ivoire dont nous sommes les heureux héri tiers. 1 Je me devais, en militant, en votre nom, au lendemain des festivités marquant le 22ème anniversaire de leur glorieuse victoire et tandis que nous sommes réunis pour réfléchir et rechercher les meilleurs voies et moyens d'assurer la continuité de leur com 44

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bat, de leur rendre un hommage reconnaissant, à eux et à tous ceux à qui nous devons notre libération, et de saluer leur mémoire à laquelle nous devons nous efforcer de rester fidèles. LA FORCE DU PARTI Camarades, Et si je me permets de m'adresser à vous sous ce vocable, ce n'est point pour céder à une mode, ni à une quelconque imitation de langage démagogique, mais bien inten tionnellement pour marquer l'esprit et le comportement qui doivent être ceux des mili tants du PDCI à tous les niveaux : tous rassemblés et confondus dans ce moule de l'Unité et de la Fraternité, dans la confiance réciproque et la solidarité qui ont toujours fait la force du Parti. «Personne, même pas le fondateur du PDCI», selon ses propres termes, n'étant «ni en dehors, ni .au-dessus du Parti», c'est en Camarades véritables, en frères que nous de vons vivre au sein de notre grande famille! Ainsi, Camarades Secrétaires Généraux, deux jours durant, nous nous sommes re trouvés pour réfléchir et rechercher. Qu'avons-nous donc retenu de ce second séminaire? D'abord que la flamme du Parti qui vit en chacun d'entre nous embrase tous nos comportements de militants et donne à nos séances de travail cette ambiance et cette atmosphère de fraternité et de franchise propices au travail constructif où le courage militant n'enlève rien au respect mutuel et à la cohésion de tous. Les débats ont été enrichissants et nous en ont encore appris sur la vie quotidien ne du Parti dans toutes nos régions. Ils nous aideront à toujours ajuster notre action pour la rendre chaque jour plus utile et plus profitable à nos populations. Ce séminaire nous a permis ensuite de procéder à une nécessaire clarification de certains points de l'action politique pour faciliter la compréhension et la solidarité qui doivent marquer la vie du Parti. Chacun a compris que le PDCI demeure toujours le même dans ses idéaux et dans ses objectifs. Seules les adaptations- imposées par notre temps peuvent intervenir dans les méthodes et dans les structures dans le seul but de rendre le Parti toujours plus vivant et l'action toujours plus efficace afin de répondre aux exigences de l'époque et assurer la continuité. UN COMPORTEMENT DE MILITANT Nous devons à cet égard, de façon quotidienne, dans l'esprit comme dans la lettre, c'est-à-dire de façon concrète, mettre toujours le Parti à la place qui lui revient : la pre mière. Car, «au commencement était le Parti», et le Parti a engendré la Côte d'Ivoire et le reste... Oui, la primauté du Parti doit cesser d'être un mot, pour devenir, réellement, un comportement de tous les instants. Cette expression quotidienne de la présence du Parti dont personne ne devrait se soustraire serait la meilleure réponse à faire à ceux qui, parfois, non sans méconnaissan ce de nos réalités ou avec une certaine légèreté, s'interrogent sur notre avenir politique. Le PDCI, c'est la Côte d'Ivoire, et la Côte d'Ivoire, c'est- le PDCI, et c'est Houphouet-Boigny pendant et après Houphouet-Boigny. La primauté du Parti, ainsi que l'ont réaffirmé nos Congrès successifs, se présente donc comme une volonté et une exigence nationale qui s'imposent à tous! Camarades Secrétaires Généraux, au cours de nos travaux nous avons aussi renou velé notre engagement à toujours mieux servir le Parti. Qu'est-ce à dire? Le combat de notre Président ne doit pas être un combat solitaire. Nous devons mettre fin à la pénible impression que l'on a parfois de constater que les enseignements 45

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du Président du Parti restent suspendus au sommet, c'est-à-dire à notre unique niveau de responsables qui avons la chance de les recevoir directement. Par des séances de travail et des réunions régulières permanentes, dans nos quar tiers, nos villages, nos campements, nous devons toujours porter la bonne parole et ai der tous nos compatriotes militants à mieux comprendre le combat du Président et à le suivre tous, au même pas. Le vrai responsable du Parti, du Comité de village au Bureau Politique, doit être un apôtre, un éducateur, un modèle, un exemple. Ce comportement est d'autant plus important qu'aujourd'hui les motivations du militantisme ont changé de nature. Hier l'ennemi était visible, présent, et le danger que chacun percevait à sa porte invitait à la cohésion pour la lutte. Aujourd'hui, l'ennemi est plus pernicieux et le danger moins apparent, les motiva tions sont plus difficiles à déterminer et à faire partager, mais notre comportement, fait de modestie, d'humilité, de patience et de solidarité vraie devrait nous aider à de meurer toujours très proches des populations afin de renforcer leur adhésion et leur participation à l'action du Parti et de son Président. Il est temps, Camarades, que nous nous ressaisissions tous pour retrouver rarnr'-+ et la conduite qui ont fait hier la force des pionniers et les ont conduits à la victc Le temps des facilités que nous permettait la gestion de l'abondance, du «i .,ie ivoirien», est révolu. Nous avons tous bénéficié de cette gestion généreuse qui a donné à notre pays et à notre peuple le visage dont nous sommes fiers. Aujourd'hui, nous devons nous armer pour gérer sans ressentiment aucun, la pé nurie, le «temps des vaches maigres» qui s'impose à nous. Et puisque les meilleures ar mes se trouvent dans les idéaux du Parti, les premiers combattants pour sortir de cette crise devraient être les militants, les responsables en tête. Oui, aujourd'hui comme hier, c'est regroupés sans peur et sans reproche autour du Président Houphouet-Boigny, prêts à renoncer à tout ce qui n'est pas essentiel, que nous vaincrons. Nous devons solidement nous accrocher à l'arbre éternel et indéracinable du PDCI pour que la tempête ne nous emporte pas. Alors, peut-être la crise «bienfaisante» nous permettra-t-elle de resserrer davantage nos rangs face au danger que chacun perçoit désormais. Peut-être nous amènera-t-elle à nous remettre en cause et à procéder aux révisions déchirantes qui s'imposent pour fai re face, révisions déchirantes tant dans nos comportements, notre manière de vivre et d'exister que dans nos ambitions. En tout cas les exposés et les débats que nous avons suivis tout au long de ce sémi naire ont éloquemment démontré que rien ne peut plus être comme avant, car face à la crise comme à la guerre, il faut être prêts à tous les sacrifices! Les militants que nous sommes, dans la flamme ravivée et étemelle du PDCI, trou veront toujours les ressources nécessaires pour faire face. Loin du découragement, c'est au contraire une nouvelle motivation qui nous ap pelle à un militantisme plus éprouvé et plus réel, pour que, dans l'unité, la solidarité et la cohésion, toujours unis autour du guide de toujours, Vive la Côte d'Ivoire! Vive le Président Houphouet-Boigny! Bon retour à tous! Prêts pour l'austérité dans la solidarité! 46

Troisième séminaire d'information et de formation Yamoussoukro, 27 - 29 Décembre 1983

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Yamoussoukro 27 - 29 Décembre 1983

LE PDCI ET LE SURSAUT NATIONAL Exaltation du Civisme et du Patriotisme (Compte-rendu paru dans Fraternité-Hebdo du 5 janvier 1984). Le Séminaire qui vient de se dérouler à Yamoussoukro du 27 au 29 décembre der niers a comblé les voeux des Secrétaires Généraux. A ce troisième séminaire, les membres du Comité Exécutif, collaborateurs directs du Chef de l'Etat à la tête du Parti, ont parlé le même langage. A cet égard, l'on peut dire que les deux précédents séminaires ont préparé la base et la Direction du Parti à cette rencontre. Le Parti, comme tout organe de cette nature, vit de nombreux problèmes. Et l'harmonie n'est pas d'emblée parfaite entre la Direc tion du Parti et les Secrétaires Généraux quant à la sensibilité des uns et des autres à chacun de ces problèmes. Après les élections de 1980, les premières de la démocratie nouvelle, il fut jugé nécessaire de réconcilier vainqueurs et vaincus. Des rancoeurs étaient nées de la campa gne électorale, du déroulement du scrutin, de la victoire de tel candidat, de la défaite de tel autre. Beaucoup, qui n'avaient pas envisagé un seul instant d'être battus, n'a vaient pas appréhendé avec toute la sérénité nécessaire les nouvelles règles du jeu, dures mais équitables pour tous. Cette réconciliation indispensable fut le thème principal du 1er séminaire des Secrétaires Généraux. Les 10 et 11 décembre 1982, se tenaient à Abidjan les assises du 2ème séminaire. Il s'agissait alors de faire le point de la vie du Parti, deux ans après le 7ème Congrès ; et, également de réfléchir sur la crise économique qui faisait ses premiers ravages. Ce deuxième thème a été la toile de fond du Sème séminaire qui vient de se tenudans la nouvellle capitale, Yamoussoukro. Sur cette toile de fond, s'est détachée avec une netteté qui a réjoui les Secrétaires Généraux, la double préoccupation de la pri mauté et de la redynamisation du Parti. En réalité, voilà le problème qui tenait le plus à coeur aux Secrétaire Généraux. Parce qu'il conditionne leur crédibilité, leur autorité, leur prestige, qui se confondent naturellement avec ceux du Parti, pour autant qu'ils soient eux-mêmes imbus de celuici et que leurs actions quotidiennes soient celles qui sont attendues d'eux en leur qua lité de Secrétaires Généraux. Dans notre système de Parti unique, tout le monde est en principe militant du PDCI-RDA; chaque Ivoirien doit avoir sa carte du Parti, comme signe de militantisme, et comme contribution à la vie du Parti qui ne saurait être s'il n'a pas les moyens d'en tretenir ses rouages. Les Secrétaires Généraux se plaignent que beaucoup de fonction naires non seulement oublient ces impératifs, mais gênent leur action, alors qu'ils de vraient en bonne logique, la soutenir, en usant au besoin de la parcelle d'autorité qu'ils détiennent de l'Etat. Beaucoup de ces bavures s'expliquent par une formation insuffisante de leurs auteurs. Conformément à l'humanisme, au respect de l'autre, qui, en Côte d'Ivoire, sont une règle non écrite que les autorités respectent scrupuleusement, le Parti s'est gardé de toute action qui ressemble si peu que ce soit à de l'embrigadement. Tout, au niveau du Parti, se fait discrètement. D'aucuns sont décidément peu sensibles à cette manière de procéder. Au plus fort de la lutte politique, personne ne pouvait ignorer le Parti ; il était au premier rang, il prenait tous les coups, et l'on s'alignait derrière lui dans l'attente de ses victoires qui devaient nous libérer de la colonisation. Aujourd'hui, 48

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tout étant beaucoup plus facile, on l'oublie ; il arrive même qu'on le combatte ouverte ment. Pour leur part, de nombreux Secrétaires Généraux sont convaincus que ce qu'il faut déplorer, ce sont moins des actes ingénus de fonctionnaires à la formation poli tique perfectible que des tentatives délibérées pour affaiblir le Parti. Ils seraient bien téméraires ceux-là! Ce qui est sûr, c'est qu'ici et là, bien des candidats malheureux des dernières élections se livrent à des manoeuvres de «politique politicienne», à des stra tagèmes ou à une stratégie machiavélique en vue des prochaines élections. Tout cela ne. serait pas bien grave si le placement des cartes ne s'en trouvait pas souvent perturbé et si l'on ne craignait pas que ces apprentis sorciers ne mettent en marche, par inadver tance, des mouvements incontrôlables. Tout cela est subalterne. Ces problèmes n'ont peut-être pas l'acuité que certains Secrétaires Généraux veulent lui trouver. Il serait déplorable que, dans un pays à parti unique, nous perdions de l'énergie à «débusquer» ceux que, dans le discours de clôture, le ministre du Développement Rural a traité de «trublions». Espérons qu'ils ne sont que cela, car il ..ne serait pas glorieux que des militants combattent d'autres militants. Un proverbe akàn affirme : «Si tu coupes ta langue pour la manger, tu n'as pas mangé de la viande» puisque, de toutes façons, cette langue est à toi. Les membres du Comité Exécutif ont écouté avec une extrême attention les griefs et les observations des Secrétaires Généraux. Les militants seront «rassemblés» leur a promis le ministre d'Etat Camille Alliali, Préfets et Sous-Préfets seront invités à partici per aux prochains séminaires. Quant au ministre Laurent Dona-Fologo, il a dit aux Se crétaires Généraux qu'ils ont à informer la Direction du Parti de tous les actes qu'ils trouveront de nature à compromettre l'unité et la stabilité du pays. Ce ne serait pas de la délation, mais du militantisme. L'ombre du Chef de l'Etat a plané sur ce séminaire pendant les trois jours de tra vaux. Sa pensée a constitué la trame des allocutions et des exposés au cours desquels il a été abondamment cité. Retenu par ses charges à Abidjan, il n'a pu assister à la séance de clôture, comme il s'était proposé de le faire. Le Chef de l'Etat a chargé le ministre Alliali de transmettre ses félicitations aux Secrétaires Généraux et de leur dire qu'il envisageait de les rencon trer courant janvier à Yamoussoukro pour une autre séance de travail.

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Allocution de bienvenue par M. Kouadio Kouakou Martin, Maire de Yamoussoukro Messieurs les Membres du Comité Exécutif, Madame, Messieurs les Secrétaires Généraux. Chers Fils du MEECI, Messieurs les Députés, Mesdames. Messieurs, Qu'il nous soit tout d'abord permis, au moment où s'ouvrent les présentes assises, d'élever vers le Président du Parti, Son Excellence Félix HOUPHOUET-BOIGNY, une affectueuse pensée, une pensée chargée de reconnaissance. Car ce grand mécanicien ne s'est pas seulement contenté de mettre le train de la Démocratie en marche, mais il lui apporte tous les soins que nécessite sa mécanique de plus en plus sophistiquée. En notre nom à tous, nous voudrions lui dire sincèrement merci et l'assurer de notre filial attachement à sa Personne. La Municipalité se réjouit d'accueillir, ce matin, les membres actifs de notre grand Parti, le PDCI-RDA. A cette occasion nous voudrions adresser un salut cordial au Comité Exécutif qui, aux côtés du Président du Parti, Son Excellence Félix HOUPHOUET-BOIGNY, apporte le souffle et le renouveau sans lesquels il ne saurait y avoir de vraie vie au sein de notre Mouvement. Salut aussi à Madame, et Messieurs les Secrétaires Généraux, responsables de base du Parti, toujours au service des masses laborieuses de nos campagnes et des couches socio-professionnelles des cités. A tous, membres du Comité Exécutif, Secrétaires Généraux, nous souhaitons la bienvenue. Si cette réunion ne ressemble guère à celle au cours de laquelle le Christ promit l'Esprit-Saint à ses Apôtres, on peut cependant affirmer qu'elle n'en est guère trop éloignée. Car si vous êtes là, Mesdames, Messieurs, n'est-ce pas pour puiser.Pinspiration à la source afin de mieux coordonner l'action du Parti. La Municipalité et toute la population s'en réjouissent et souhaitent que cette réunion, comme toutes celles qui l'ont précédée, soit une étape qui confirme l'élan créateur de notre grand Parti et son souci de bâtir l'avenir en tenant compte des contingences du présent : souhait déjà comblé si l'on sait qu'à côté, siège le MEECI, 50

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c'est-à-dire la Jeunesse Militante, celle qui délibérément fait fi des contraintes que lui imposent les études afin d'assurer, en union avec ses afnés, la pérennité du Parti. Salut, Jeunes Gens et Jeunes Filles, sachez que vous êtes à la fois, notre Joie et notre Fierté. En acceptant d'être une aile dynamique du Parti, vous apprenez, très tôt, à.vous déterminer et nous vous en félicitons. Dans l'un de ses poèmes, intitulé «Booz endormi», Victor Hugo écrit : « Dans l'oeil du vieillard, on voit de la lumière, mais en celui du jeune homme, la flamme». Vous voilà, jeunes gens, attelés au même char que vos grands frères et vos parents. Faites en sorte que dans cette commune entreprise, la flamme et la lumière s'accordent pour éclairer la masse laborieuse et brûler les responsables d'envie de réa liser un programme digne, à la fois, de notre temps et de celui de la postérité. Messieurs les Membres du Comité Exécutif, Madame, Messieurs les Secrétaires Généraux de notre Grand Parti, Chers Fils du MEECI, nous souhaitons de tout coeur que cette réunion qui est un vrai rendez-vous qui garantit à la fois le présent et l'avenir soit pour le PDCI-RDA, un levier de progrès et d'espoir. Merci de votre attention !

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«Le Parti prêt à relever les nouveaux défis...» par M. Camille Alliali, ministre d'Etat Mes Chers Amis, Au moment où s'ouvrent les travaux du Séminaire, qui réunit chaque année, sur convocation du Président du Parti, les Secrétaires Généraux des Sections et les instan ces dirigeantes du Parti, qui d'entre nous peut encore douter de la gravité de la crise économique que traverse le Pays, et quel Citoyen n'en ressent les effets dans sa vie quotidienne ? Nous voici donc, par le fait de cette crise, engagés dans une nouvelle et difficile étape de notre longue marche vers une société de progrès et de bien-être pour tous les Ivoiriens. Par deux fois au cours de ces derniers mois, à l'occasion du Conseil National et dans son message du 6 Décembre, le Président Félix HOUPHOUET-BOIGNY a exposé l'état actuel de la Nation et confirmé combien la situation générale du Pays soulève de problèmes et requiert, de la part de tous, efforts et sacrifices. L'appel à la mobilisation lancé pas son Président s'adresse au PDCI dont l'Histoire nous enseigne que c'est surtout pendant les moments de crise qu'il s'est révélé être l'instrument privilégié du sursaut national. Notre Parti est venu à bout de toutes les crises politiques y compris celles qui ont menacé gravement son existence et nos libertés chèrement acquises. Aujourd'hui encore, et malgré les obstacles dont les spéculateurs, faiseurs de crise, veulent hérisser le chemin du développement économique de la Côte d'Ivoire, le PDCI apparaît comme notre véritable instrument de lutte pour triompher des difficultés actuelles. C'est en effet grâce à la mobilisation générale de tous ses militants que le PDCI gagnera le pari du Président : «Faire sortir la Côte d'Ivoire de la crise par nos propres moyens». Nous aurons donc, Camarades Secrétaires Généraux, à nous pencher sur les moyens d'assurer la plus large diffusion des nouveaux mots d'ordre auprès de la masse de nos militants pour obtenir l'adhésion de tous, aux mesures d'austérité et de rigueur arrêtées par les instances dirigeantes du Parti et le Gouvernement. Le présent Séminaire nous donne ainsi l'occasion de faire, sinon un bilan exhaus tif, du moins le point des diverses mesures de redressement, de formation et d'organisa tion du travail au niveau des Sections. L'importance de ces mesures recommandées par le 7ème Congrès est primordiale, 52

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et le Président du Parti rappelait, lors du Séminaire de la Réconciliation, la nécessité pour les Secrétaires Généraux d'être «constamment recyclés en vue de mieux se prépa rer à assumer efficacement leur rôle au niveau des Sections et Comités de villages ou de quartiers». Toutes les directives données par le Comité Exécutif, soutenues auprès de vous par les Inspecteurs du Parti et rappelées avec insistance par diverses correspondances, visent en réalité à affermir votre autorité politique et morale. En effet, dans ce grand mouvement d'assainissement et de gestion rigoureuse des affaires publiques dans lequel s'est engagé le Pays à l'appel du Chef de l'Etat, les res ponsables du Parti doivent occuper la première place en donnant le bon exemple : bien sûr la direction n'échappe pas à cette obligation. • A cet égard vous vous rappelez qu'au dernier Séminaire, le Comité Exécutif vous a exposé dans le détail son organisation, son fonctionnement et sa gestion. Pour ce qui vous concerne, sachez que, loin d'être des tracasseries ou des pratiques d'inquisition, les initiatives du Comité Exécutif en votre direction visent à tenir.cons tamment en éveil votre sens des responsabilités et à vous fournir les moyens et mé thodes pouvant rendre votre action plus rationnelle, plus efficace et mieux perçue par les militants. C'est dans cet esprit qu'il vous a été demandé de maintenir des rapports confiants avec les diverses autorités administratives; et celles-ci à leur tour ont été invitées à faciliter l'exercice de votre tâche car, à des postes différents, nous sommes tous au service du Parti et du Pays. C'est pour les mêmes raisons qu'il vous a été recommandé de veiller au fonction nement régulier de votre bureau de Section dans lequel doivent être assumées effecti vement les responsabilités confiées aux uns et aux autres. Ensemble nous ferons le point pour savoir si les consignes données en vue d'une meilleure gestion de vos Sections ont été suivies. Je pense notamment à toute l'organisation administrative, à la tenue des réunions régulières, etc ... D'ores et déjà je vous convie à prêter la plus grande attention aux missions des Inspecteurs du Parti afin de tirer le meilleur profit du concours précieux qu'ils vous apportent. A leur tour, les membres du Comité Exécutif viendront davantage vers vous. Ils viendront non pas pour apporter de nouveaux contrôles tatillons mais pour participer à vos côtés à tous ces efforts destinés à entretenir la foi militante dans vos circonscriptions et aussi à imposer la nouvelle image du Secrétaire Général de Section faite de dévouement, de civisme et de droiture, qui fut celle des pionniers du Parti. Nos échanges porteront aussi et cela va de soi, sur les problèmes politiques tels qu'ils sont vécus au niveau de la masse des militants. A la distance de trois ans depuis notre dernier Congrès, nous devons nous deman der où nous en sommes dans l'application des décisions arrêtées par le 7ème Congrès. Pour ce qui est de l'Administration du Parti, je dois à la vérité de dire que les directives du Congrès et les instructions du Président ont été scrupuleusement suivies. Nous avons établi des rapports fréquents avec les Sections, grâce aux missions des membres du Bureau Politique et du Comité Directeur, et aux tournées des Inspecteurs du Parti. Nous avons multiplié les contacts des Secrétaires Généraux avec la Direction du Parti. Nous avons, dans une bonne mesure, assaini ce qui était malsain et redressé ce qui méritait de l'être. Nous avons en un mot, réinstauré la confiance entre les militants de base et leurs élus. Comme à notre habitude, nos débats devront se dérouler dans le climat de frater 53

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nité et de dialogue qu'affectionne particulièrement notre Président. La discussion sera comme toujours franche et libre. Vous ferez connaître librement, les préoccupations qui sont les vôtres, vos interro gations, vos inquiétudes, vos espoirs et même vos doutes, de sorte qu'en partant d'ici il n'y ait question qui n'ait été discutée, problème qui n'ait trouvé sa solution. Ce n'est pas un effet du hasard si nous sommes réunis ici. Bien avant le vote de la loi transférant la capitale de la Côte d'Ivoire à Yamous soukro, le village natal du Chef de l'Etat était la capitale du PDCI-RDA dont il est le véritable berceau. C'est ici qu'ont été élaborées les grandes décisions qui ont orienté la vie de notre Parti. C'est ici que nous venons chaque fois que nous en avons l'occasion, nous retrem per aux sources de la sagesse de notre Guide. Je ne doute pas que nos travaux soient conduits dans l'ordre, la discipline, avec ce sens toujours élevé des responsabilités dans la mission qui nous est confiée par l'ensem ble des militants. C'est dans cette assurance que nous ferons, qu'une fois encore, le PDCI-RDA soit prêt à relever les nouveaux défis qu'impose à la Nation la conjoncture économique difficile, et qu'au nom du Président Félix HOUPHOUET-BOIGNY, Président du Parti, je déclare ouvert le Séminaire des Secrétaires Généraux du PDCI-RDA.

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«Le versement des cotisations doit être un acte volontaire accompli par les vrais militants.»

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par M. Maurice Séri Gnoléba, "~ ministre d'Etat Monsieur Maurice Séri Gnoléba exposa ensuite la situation matérielle du Parti. On sait que, au sein du Comité Exécutif du Bureau Politique, la responsabilité des finances du PDCI-RDA lui est plus particulièrement confiée, conjointement avec Monsieur Lazéni Coulibaly, Garde des Sceaux, Ministre de la Justice. Parlant sans texte, le Ministre d'Etat rappela tout d'abord sommairement les résul tats obtenus au niveau de la Direction Centrale du Parti : la politique de rigueur a été poursuivie, la discipline du contrôle observée, la comptabilité tenue, les dépenses régu lièrement inscrites et payées, aussi bien pour le Parti lui-même que pour ses annexes : Fondation Houphouet-Boigny, Fraternité-Hebdo, l'Hôtel «Le Président» et la Société Ivoirienne d'Imprimerie (Fraternité-Matin) pour ce qui est propriété du Parti, à savoir l'immeuble et les biens. Cette même rigueur, cette même discipline, les Secrétaires Généraux des Sections doivent savoir se les imposer. Elles doivent aussi se concrétiser dans leurs rapports avec les Inspecteurs du Parti. Le Comité Exécutif du Bureau Politique a constaté une baisse de rentrées des coti sations au niveau de nombre de Sections. Le Ministre d'Etat pense que leurs Secrétaires Généraux se bornent à transmettre les cartes du Parti aux Présidents de Comités et d'attendre que les recettes de leur placement leur en soient versées. Il se pourrait que la proximité du Sème Congrès, soit une explication à ce com portement ; le Congrès sera précédé des élections au niveau des Sections et ces Secré taires Généraux peuvent craindre de se rendre impopulaires en insistant auprès des mi litants sur la nécessité de leur contribution financière au fonctionnement du Parti. D'ailleurs, dans le débat qui suivit, nombre de Secrétaires Généraux ont demandé à être relayés- dans cette tâche de recouvrement des cotisations par Messieurs les Préfets et Sous-Préfets. Le Ministre d'Etat a également noté que des rapports provenant de ces mêmes Préfets et Sous-Préfets indiquent que plusieurs Secrétaires Généraux, défaillants pour le recouvrement des cotisations, négligent tout simplement de visiter les Comités de base de leur Section. Pourtant, c'est d'abord pour leur permettre ce contact avec la base mi litante que le Président du Parti a pris, après le 7ème Congrès, la décision d'augmenter leurs émoluments mensuels.

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Quant aux ristournes reversées aux Sections sur le placement des cartes, elles ne sont pas la propriété personnelle des Secrétaires Généraux, et doivent, elles aussi, être utilisées pour l'activité des Sections. Comptable de la gestion des finances du Parti, le Ministre d'Etat a insisté avec for ce sur la nécessité d'une utilisation claire de ces ristournes. «Même si la Section n 'a que dix francs de ristourne, il faut, quand l'Inspecteur arrive, qu'il sache à quoi ont servi ces dix francs». Si une mauvaise volonté manifeste est constatée, les Inspecteurs du Parti pourront être appelés, dans les Sections, à agir directement au niveau des Comités afin d'inviter ces derniers à venir verser leurs cotisations en retard. Ce pourra être aussi le rôle des Préfets et Sous-Préfets qui, le Ministre n'a pas manqué de le rappeler, sont tous mem bres du Parti et participent à ses activités. Il n'en est pas moins vrai que cette action des premiers magistrats des départements et sous-préfectures ne doit que suppléer, excep tionnellement, celle des Secrétaires Généraux, et en cas de carence de ces derniers. Les Préfets et Sous-Préfets ont la responsabilité du maintien de l'ordre. Il leur ap partient donc de veiller au bon esprit politique dans leur circonscription, au cas où cer tains «cadres» viendraient «prêcher» la désunion. Mais les Préfets et Sous-Préfets présents à ce séminaire, n'ont pas manqué de rele ver que, si l'autorité administrative se voit appelée à suppléer les Secrétaires Généraux défaillants, ces derniers devront en supporter les conséquences. La crédibilité du Parti passe par celle que sa Direction et plus encore les militants peuvent avoir en la personne des Secrétaires Généraux. Cependant, ces contrôles nécessaires, auxquels se soumet le Comité Exécutif du Bureau Politique lui-même, ne sont pas conçus et appliqués dans un esprit tatillon. Ils ont pour but de rehausser - et s'il le faut, de redresser - l'image du Parti dans les Sec tions, dans le Pays et même au-delà. Pour conclure, le Ministre d'Etat a insisté sur la nécessité du volontariat. Actuelle ment, a-t-il remarqué, la majeure partie des fonds collectés par le PDCI-RDA provient des cotisations hiérarchisées qui sont prélevées automatiquement sur les salaires des fonctionnaires et employés du secteur privé. Ce système est possible en Côte d'Ivoire en raison de la situation de parti unique du PDCI-RDA. Certes «nous souhaitons que le Parti demeure unique. Le Président HouphouetBoigny nous a tous motivés pour que l'idéal du Parti, qui est l'expression de la liberté individuelle, guide nos pas. Ceci étant, je ne vois pas comment des gens créeraient un un autre parti puisque, au sein du PDCI-RDA, ils ont la possibilité d'exprimer leur pro pre opinion et même de la faire prévaloir. Cependant, il se peut qu 'un jour, notre Parti, ne soit plus unique. Les cotisations hiérarchisées, n'étant alors plus perçues automatiquement, connaî traient une diminution laissant la place aux cotisations volontaires des authentiques mi litants du Parti». Ce mode de financement est commun à tous les partis politiques. Quoi qu'il en soit, le Ministre d'Etat ne pense pas que la baisse constatée du nom bre de cotisations recueillies dans certaines Sections, indique une désaffection des mili tants vis-à-vis du Parti. Il appelle les Secrétaires Généraux à tout mettre en oeuvre pour que, dans leur Section, à tous les niveaux, le recouvrement des cotisations soit un acte volontaire. Pour y parvenir, ils doivent s'atteler à faire comprendre cette vérité aux paysans, aux employés, aux ouvriers, aux cadres de leur région.

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«1983: le PDCI-RDA et le sursaut national» par M. Laurent Dona-Fologo, ministre de la Jeunesse et des Sports Chers Collègues, Camarades Secrétaires Généraux, Militantes, Militants, II y a un an, presque jour pour jour, le 10 Décembre 1982, vous vous en souvenez, lors de la deuxième édition des Séminaires du Parti consacrés aux Secrétaires Généraux, c'est-à-dire destinés à l'information et à la formation des responsables politiques de base que vous êtes, la Direction du Parti vous avait entretenus, entre autres, d'un sujet dont l'actualité est toujours aussi intense et l'acuité tout aussi préoccupante : « Le PDCI-RDA et la crise ». L'exposé présenté par notre aihé, Maître Jean Konan Banny dont l'éloquence, la force de l'analyse et de la persuation sont si bien connues, nous avait montré toute l'importance et l'étendue de la crise qui secoue le monde depuis quelques années déjà et dont nul ne peut, en vérité, prévoir toutes les répercussions et toutes les consé quences. Face à cette situation qui a, de façon brutale et inattendue, bouleversé toutes les données et prévisions, la Direction du Parti vous disait pourquoi, ni en Côte d'Ivoire, ni ailleurs, # rien ne pouvait plus être comme avant ». Nous indiquions en particulier, par la voix de M. Banny, pourquoi le Gouvernement ivoirien, structure executive du Parti, était amené à prendre des mesures nouvelles de restriction, de rigueur, d'assainisement et de redressement, mesures ô combien salutaires pour l'avenir lumineux de notre pays. «Maison de verre», la Côte d'Ivoire toujours fidèle aux nobles idéaux de sa struc ture d'inspiration, d'impulsion et d'orientation qu'est le PDCI-RDA, n'ayant rien à cacher, levait, une fois de plus, le voile sur la triste réalité de l'heure, l'appréciait avec sérénité à sa juste valeur et décidait, non sans courage, toutes les mesures qui s'impo saient, si désagréables fussent-elles. Et le Parti, unanime, invitait les militants et les militantes, tous les Ivoiriens et leurs amis, soucieux du devenir heureux de notre pays à comprendre, à accepter et à mettre en pratique ces mesures non seulement dans les faits, les gestes, les compor tement et les actes, mais aussi et surtout dans les esprits et les mentalités. Depuis cette importante rencontre avec vous à Abidjan, où nous avons, ensem ble, pris des résolutions et des engagements, où en sommes-nous ? La crise s'est-elle atténuée ? Sinon, avons-nous su nous y adapter ? Avons-nous réellement aidé chacun à se forger un esprit et un comportement de crise ? Le PDCIRDA va-t-il sortir renforcé de cette épreuve, ou au contraire va-t-il accuser quelque essoufflement, quelque usure ?

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Comme vous le voyez, il ne s'agit point, aujourd'hui, sous une autre forme, de présenter à nouveau les thèses qui furent si clairement exposées et si brillamment expliquées par notre camarade Banny. Encore qu'il, faut bien se convaincre, hélas, que la crise en question est toujours là, qu'elle s'est même aggravée et qu'il va bien nous falloir apprendre à compter et à vivre avec elle, même si nous devons nous effor cer de la combattre par tous les moyens. L'on pourrait donc en parler longtemps encore et inviter, aujourd'hui comme hier, nos militants à y faire face avec courage, lucidité et abnégation. Au demeurant, le sujet dont nous allons vous entretenir ce matin ne s'éloigne pas beaucoup de cette situation économique difficile qui affecte, de façon si sensible, notre existence quotidienne, tant au niveau des individus que des collectivités. « 1983 : Le PDCI et le sursaut National» tel est l'intitulé de notre propos pour ce Séminaire de Décembre 1983. Le seul libellé du sujet suffit à vous montrer que nous voguons toujours sur fond de crise, de secousse et d'épreuve. Mais nous voguons avec courage et espoir. Oui, la crise est toujours là, aujourd'hui plus grave, de plus en plus multiforme et profonde. Ses effets économiques se doublent de conséquences sociales, d'ailleurs tout à fait logiques et prévisibles, et qui revêtent parfois, ici et ailleurs, des réactions inquiétantes si elles ne sont contrôlées, circonscrites et maîtrisées. Ces réactions, la Côte d'Ivoire en a vécues au cours de l'année qui s'achève. D'ailleurs, quel changement soudain, quelle secousse brutale, - dès lors que la vie des personnes et des communautés en est affectée, - ne provoque-t-il pas des réactions conséquentes, plus pu moins sensibles ? Cinq faits nationaux majeurs pour la Côte d'Ivoire, vécus en 1983, ont inspiré le choix de notre thème de réflexion. 1 - La grève des enseignants et ses répercussions sur le plan national. 2 - Les tournées du Parti à l'intérieur du pays. 3 - Le voyage désormais historique du Président HOUPHOUET-BOIGNY en Amérique et en Europe et l'accueil triomphal qui a salué son retour. 4 - Le soutien enthousiaste et populaire au transfert de la capitale. 5 - Les séances marathon du Conseil National du Parti en novembre dernier. Au cours de ces événements, et à l'occasion de bien d'autres, plus ou moins importants, comme, par exemple, les récentes manifestations sportives m'arquant à Abidjan la finale de la coupe CEDEAO de foot-ball dotée du trophée HOUPHOUETBOIGNY, nous avons observé et analysé les comportements et les réactions des mili tants et des militantes, des Ivoiriens en général, cadres, ouvriers et paysans, hommes et femmes, vieux et jeunes, tous confondus, ont laissé vibrer leur corde patriotique, éclater leurs sentiments nationaux, exploser spontanément leur civisme, leur nationa lisme légitime et leur amour profond pour la Patrie. Comme tout cela était beau, réconfortant et prometteur ! Et il n'est pas jusqu'au Chef de l'Etat, Fondateur et Président du Parti, que l'on sait si peu enclin à faire des éloges, qui n'ait pu retenir sa joie : € C'est un sentiment de réconfort moral, de fierté, de grande satisfaction que je veux vous exprimer ce matin, au nom du Bureau Politique», déclarait-il le vendredi 1 1 Novembre 1983, lors de la dernière séance marathon du Conseil National. Le Président venait, par cette phrase pathétique de reconnaître et de constater que le sursaut qu'il appelait de tous ses voeux voilà trois ans, lors du 7ème Congrès du Parti, était réussi par ses militants, par son peuple. Un mois après, le 6 Décembre au soir, dans son message à la Nation, à l'occasion de la Fête Nationale, il devait à nouveau reprendre et confirmer : « Vous avez su élever le débat ... Vous avez prouvé la stabilité de nos institutions, le mûrissement de votre sentiment national, votre refus des agitations stériles.» '58

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Oui, camarades militants, quelque chose a bien changé en Côte d'Ivoire entre 1980 et 1983. Quelque chose qui a permis au Président Fondateur du Parti, à ses com pagnons de lutte, et à nous aussi, de nous convaincre que le génie du PDCI-RDA est là, toujours aussi vivace et toujours capable de grandes choses. Oui, l'esprit des pion niers, de ces soldats de la première heure qui n'avaient pour arme que leur foi inébran lable en l'avenir lumineux de leur pays et leur soif de liberté, de dignité et de justice, n'est pas mort. Il est vivant et bien vivant. Et pourtant, l'inquiétude et le doute ont failli, parfois, nous habiter, nous faisant craindre que la trop grande facilité de vivre et de prospérer en Côte d'Ivoire ait fini par éteindre notre flamme militante, nous laissant nous endormir sur les acquis de l'abon dance et de la prospérité. Souvenez-vous encore, camarades, de ce cri d'angoisse, poussé sans ambages, par le Président du Parti devant le 7ème Congrès en Septembre 1980 : « J'ai le regret de devoir dire qu'une fois l'Indépendance acquise, nous n'avons plus retrouvé le même dynamisme, la même cohésion, la même mobilisation des esprits et des coeurs». Et le Président HOUPHOUET-BOIGNY de poursuivre : « A mesure que se développait le progrès économique et social, s'affadissait l'ar deur combative des militants et des militantes et surtout des cadres. Le pur courant de l'idéal du Parti se perdait dans le marécage des intérêts personnels et des ambitions égoïstes. Le peuple ne se sentait plus concerné par l'action des dirigeants puisqu'il ne participait plus, réellement et directement à leur choix.» Voilà à la fois, le constat, la critique et l'appel, tout aussi angoissant que pressant, que lançait le Président HOUPHOUET-BOIGNY devant les congressistes et leurs amis venus de tous les horizons à Abidjan. La situation devait être vraiment dramatique pour que le fondateur du Parti, dont nul n'ignore la discrétion, devant tous nos frères étrangers, n'ait pas cru devoir laisser le voile pudique plus longtemps cacher nos faiblesses. Alors, vous comprenez pourquoi, à la faveur d'une crise que nul ne souhaitait pour le pays, les militants du PDCI et leurs responsables, à tous les niveaux, ont décidé, unanimes, de crier haut et fort : ça suffit, ressaisissons-nous, secouons-nous, rallumons la flamme. Voilà ce que nous avons compris et constaté tout au long de l'année 1983 : le sursaut national, le nouveau bond en avant de tout un peuple de militants et de mili tantes ! Et c'est de ce sursaut national et salutaire, de cette commune et inébranlable volonté de vivre et de prospérer ensemble au sein du PDCI, unis comme un seul homme autour d'un seul guide, le Président HOUPHOUET-BOIGNY, que nous voulons parler ce matin, afin que chacun en prenne davantage conscience, non pour en tirer une quelconque autosatisfaction, mais pour reprendre confiance en nous-mêmes, resserrer nos rangs chaque jour davantage afin de faire face aux défis et aux agressions de l'heure. Notre exposé s'articulera autour de quatre points que nous introduirons briève ment pour laisser aux responsables politiques que vous êtes le temps du débat tou jours aussi libre aussi franc et aussi enrichissant au sein de notre grande et indestructi ble famille, le PDCI-RDA. I- Les défis historiques relevés par le PDCI-RDA. II- De la politique d'abondance au temps des «vaches maigres». III- La secousse brutale et le salutaire sursaut national. IV- Les armes éternelles de notre Grand Parti : instruments secrets de la réussite. A temps nouveaux, militants nouveaux pour des victoires nouvelles : c'est le nouveau départ, le sursaut national. 59

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I - LES DEFIS HISTORIQUES RELEVES PAR LE PDCI-RDA

Avec la crise et les secousses actuelles, le PDCI n'en est pas, loin s'en faut, à ses premiers défis historiques. Ce serait trop beau, car il en est de la vie des formations et des régimes politiques comme de celle des hommes et des nations. Il faut, chaque jour, répondre aux besoins, vaincre ou contourner les obstacles, soigner les maux et poursui vre la route avec plus ou moins de bonheur. Ainsi, pour être aujourd'hui le plus vieux et le plus solide parti politique africain, il a fallu aux pionniers du PDCI et à ses militants d'hier et d'aujourd'hui faire face à nombre d'obstacles et relever plusieurs défis dont certains, par leur résonance, restent historiques. Tout d'abord, n'oublions pas que le Parti est né dans les difficultés de l'époque; mieux, issu du Syndicat Agricole Africain (1944), il a été mis en place pour le combat contre l'indignité, les humiliations, les répressions, et pour la justice, le bonheur de l'homme ivoirien dans la paix. Le PDCI est donc avant tout, et dès sa naissance, un Parti de combat, une structure de lutte. Son histoire est donc jalonnée d'épisodes épiques d'où il est sorti toujours victorieux. 1 - Le Combat pour la Dignité

Les éminents économistes et les observateurs avertis sont souvent surpris par cer taines positions de la Côte d'Ivoire et de son Chef, le Président HOUPHOUET-BOIGNY notamment en matière économique et financière. Par exemple, le refus de signer le «mauvais» accord sur le cacao, ou, plus récemment, le temps mis à accepter la «conso lidation» de la dette ivoirienne. Ce qu'ignorent ces observateurs, c'est tout simplement l'Histoire du Parti et la force de son Chef charismatique. Tout ce qui peut paraître, un tant soit peu, indigne et déshonorant, est systématiquement rejeté, parce que le PDCI est né pour combattre d'abord, l'indignité et l'injustice. Le Syndicat Agricole n'a-t-il pas été créé pour dire non à l'injustice pratiquée dans les prix des productions agricoles suivant qu'elles provenaient des Européens ou des Africains ? Ce fut le premier défi relevé par le PDCI, fils du Syndicat Agricole Africain. Première épreuve, première victoire. 2 - Le multipartisme diviseur et la victoire du PDCI

La deuxième grande épreuve pour le PDCI, et qui était de taille dans ce territoire aux «soixante» tribus, fut la création et l'entretien d'une multitude de petits partis politiques nés pour diviser et affaiblir le PDCI libérateur qui luttait pour le «change ment»; deuxième victoire du Parti qui réussissait en plus après la victoire sur les autres formations, le «miracle» du rassemblement de tous dans un esprit d'égalité et de frater nité, et non de revanche, pour bâtir, tous unis, la Côte d'Ivoire. Et, depuis qu'ils se sont retrouvés, les fils de ce pays ne se sont plus jamais quittés. Et les tentatives de «déstabilisation» des années 1963 ne sont plus que de sombres et lointains souvenirs dont on ne parle plus que pour les regretter. La Côte d'Ivoire a ainsi donné à l'Afrique l'exemple de la nécessaire et indispensable unité dans nos pays pour réussir le déve loppement. Et tout le mérite en revient au PDCI et à ses militants. 3 - La fin des travaux forcés

La marche des Militants et Militantes L'on pourrait citer de nombreux et édifiants: autres épisodes qui en disent long sur la force inébranlable et le courage des militants de notre grand Parti. 60

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Indiquons, pour mémoire, quelques-uns parmi les plus célèbres et qui ont marqué, d'une tâche indélébile et glorieuse, la vie des Ivoiriens et même des Africains : - Le boycott des marchés. - La marche des femmes du PDCI sur la prison de Grand-Bassam. - La Loi HOUPHOUET-BOIGNY portant suppression du travail forcé. Dont nul n'ignore les bienfaits et le retentissement en Afrique et dans le monde. 4 - L' Indépendance dans l'amitié La marche victorieuse du RDA vers la libération totale des peuples africains sem blait compromise aux yeux de nombre d'observateurs de l'époque après le désapparentement d'avec le Parti Communiste Français : ce fut un autre défi que le PDCI du Prési dent HOUPHOUET-BOIGNY dût relever victorieusement et dans l'intérêt supérieur des peuples qu'il défendait jusqu'au prix de sa vie. Ce tournant, habilement négocié et réussi, nous conduisait méthodiquement vers les étapes ultérieures et supérieures de la lutte qui devait aboutir à l'acquisition de l'indépendance nationale dans l'amitié et la coopération avec l'ancien colonisateur; et tout cela s'inscrit en droite ligne de la philosophie politique et de l'idéal du PDCI qui reposent sur la recherche du bonheur de l'homme, dans la liberté et la fraternité, et jamais sur la haine, le ressentiment et l'esprit de revanche. 5 - Les défis d'aujourd'hui Comme on le voit, avec méthode, patience et courage le PDCI, tout au long de son Histoire, grâce au génie politique de son fondateur, le Président HOUPHOUETBOIGNY, «Cerveau politique de premier ordre», selon le mot célèbre du Général de Gaulle, a toujours su trouver en lui-même l'énergie, l'intelligence et la force nécessaires pour relever tous les défis qui se sont présentés à lui. Le «tournant» d'aujourd'hui n'est donc pas le premier qu'il ait eu à négocier de façon réussie. Certes, les temps ont changé, les défis aussi. Aujourd'hui, il s'agit de vaincre les nouveaux maîtres de la déstabilisation en pré servant notre peuple des agressions idéologiques et des entreprises diaboliques de divi sion et de destruction. Il s'agit aussi de nous redresser et resserrer nos rangs pour tra verser la crise économique que nous imposent les spéculateurs. Habitués à lutter et à gagner, les militants et les militantes du PDCI ont, aujour d'hui comme hier, répondu : - Prêts pour le sursaut ! - Prêts pour le renouveau ! - Prêts pour le redressement ! D - DE LA POLITIQUE D'ABONDANCE A CELLE DES « VACHES MAIGRES». Fidèle à son idéal qui a toujours été et qui demeure la recherche du bonheur du peuple dans la liberté, l'amour et la fraternité, le PDCI, après son éclatante victoire et l'indépendance chèrement acquise, s'est attelé, comme l'on sait, à la construction nationale en faisant appel à tous les bras et à toutes les intelligences des fils de ce pays. Parallèlement, une politique d'ouverture et d'amitié bien comprise a permis au Président HOUPHOUET-BOIGNY de hâter la mise en valeur de nos ressources, tout en réalisant une formation des jeunes qui défie toute comparaison. 6l

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Déjà, vous souvenez-vous, lors du Sème Congrès International du RDA à Bamako, le 27 Septembre 1957, le Président du Parti lançait à ses pairs, responsables africains : «Permettez-moi de revenir à mon idée : Nous devons maintenir notre idéal, mais, dans l'intérêt des populations qui nous ont fait confiance, tenons compte constamment du réel et évitons la démagogie des mots». Tout un programme dont le PDCI et son Président ne se sont jamais départis. Et les secousses de la crise d'aujourd'hui, si terribles qu'elles soient, ne doivent jamais nous faire oublier les résultats heureux de cette politique courageuse faite de réalisme, de sagesse, de sérénité et de haute responsabilité. Oui, les résultats sont là. Chacun peut les constater, de façon palpable et concrète. Il suffit, pour s'en convaincre, d'accepter d'ouvrir les yeux, de voir et de comparer. Il serait ici, superflu, pour les militants responsables que vous êtes, de rouvrir les pages des statistiques éloquentes de cette réussite économique du Parti et de son Chef, tout au long des deux premières décennies de notre Indépendance politique, c'est-à-dire, de façon ininterrompue, de 1960 à 1980. Oui, ce fut l'époque de l'abondance où le Franc CFA valait son pesant d'or et où nos paysans, avec le fruit de leur labeur, instruisaient aisément leurs enfants, ici et à l'étranger, vivaient convenablement tout en sacrifiant la majeure partie de leurs recettes pour le développement du pays dans un esprit de sacrifice et de solidarité jamais encore égalé nulle part. Oui, ce fut, pour l'observateur étranger, tout simplement trop beau pour être saisissable, alors, il a baptisé ce résultat magnifique «miracle ivoirien» celui-là qui voyait, comme au pays de l'Eldorado, les villes pousser cçmme des champignons, les écoles, les collèges et tous autres établissements de formation couvrir nos départe ments; les temps où nos routes bitumées couraient tels des serpents autour du territoi re au point que les anciens n'en croyaient pas leurs yeux, l'époque où les vastes planta tions de palmiers, de canne à sucre, d'hévéas, et de cocotiers s'étendient chaque jour plus imposantes, les barrages hydro-électriques édifiés sur nos fleuves; le temps enfin où le passage de la «Fête Nationale tournante» transformait la forêt et la savane, in hospitalière ou nue, en cités urbaines où il fait bon vivre; bref, le temps de l'abondance fut le temps où tout réussissait. Nous dormions tranquilles, nous reposant sur HOUPHOUET-BOIGNY, le père du «miracle» et ses frères paysans, les véritables mamelles de tout un peuple ! Comment peut-on, aujourd'hui, brusquement, oublier ce temps ? Comment peuton à présent, parce que la crise nous étrangle, se demander aujourd'hui, non sans légè reté ou mauvaise foi évidente, ce que nous avons fait des fruits de l'abondance ? Il est vrai que le goût de la potasse n'est pas celui du sel, tant s'en faut ... Il est vrai que l'on ne mesure vraiment l'importance d'un bien que lorsqu'on l'a perdu. Alors, la fin de tout ce qui nous était accordé dans la facilité, au temps de l'abondance, constitue pour nous un repas amer, mais qu'il faut bien s'habituer à ava ler, non dans la résignation, non dans la révolte et le désespoir, mais de façon conscien te et avec la volonté de nous en sortir par nous-mêmes. C'est tout le sens du nouveau combat auquel nous invitent le Parti et son Président. C'est aussi la réponse rassurante donnée par les militants, de façon si éloquente et si réconfortante, le 10 Novembre dernier lors du conseil National du Président du Parti. Ce que nous voulons simplement souligner en ces lignes, ce n'est point repren dre le bilan des vingt dernières années de notre vie nationale réussie et qui a été si brillamment exposé par le Président HOUPHOUET-BOIGNY lors du dernier Congrès du PDCI-RDA. Le ministre Banny à son tour en parlant de la crise l'a au demeu rant, éloquemment repris lors du dernier Séminaire du Parti à Abidjan. Disons qu'en 20 ans tout a décuplé. Tout cela, les militants responsables doivent le savoir, le dire et l'enseigner à la base. Ce n'est pas de l'autosatisfaction stérile, c'est la vérité qui permet 62

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de comprendre et d'accepter les sacrifices actuels qu'appelle une période différente et hostile. Je veux dire qu'il ne serait pas juste que «l'arbre cache aujourd'hui la forêt», l'arbre des «vaches maigres» et la forêt des «vaches grasses» que nous avons consom mées, peut-être sans nous en rendre suffisamment compte, vingt années durant, sans exulter outre mesure. Je veux dire qu'il est juste de rendre hommage au PDCI et à son Président qui ont choisi une politique réaliste qui a fait des merveilles en Côte d'Ivoire pendant tout le temps que les circonstances l'ont permis. Aujourd'hui, ces circonstances extérieures, indépendantes de notre volonté, ont changé, alors changeons nous aussi pour y faire face. «A la guerre comme à la guerre» ! A la crise comme à la crise ! L'abondance a existé, lé PDCI l'a exploitée au mieux des intérêts des fils de ce pays; aujourd'hui, elle n'est plus, sachons exploiter la crise au mieux des mêmes intérêts bien compris. La démagogie et la mauvaise foi de ceux qui ont choisi d'être comme ils sont n'y changeront rien ! ni - LA SECOUSSE BRUTALE ET LE SALUTAIRE SURSAUT NATIONAL La crise, toujours la crise. Quelle hydre envahissante et cruelle ! Nous en avons assez parlé depuis plus de trois ans pour qu'il soit encore nécessaire de nous y attarder ce matin. Disons simplement que, loin de s'atténuer, ses effets multiplicateurs affec tent dangereusement tous les secteurs de notre existence. Mais il y a pire aujourd'hui : à la crise créée par les spéculateurs, les spécialistes de l'inflation, la montée effrénée du dollar et les taux d'intérêts, à toutes ces choses qui ont fait doubler notre dette et nous ont amenés, comme tout le monde, à en accep ter la nécessaire «consolation», sont venus s'ajouter, comme par malédiction, les fléaux naturels, particulièrement marqués par la grande sécheresse aux conséquences incalculables. Et ceux qui fermaient encore les yeux sur cette terrible crise, les temps d'obscurité imposés aujourd'hui à l'EECI par le manque d'eau dans nos barrages les obligent à présent à se convaincre de la gravité de la situation. Oui, la secousse est brutale et totale. Il n'y a plus un seul pays qui ne la ressente. Et chacun y cherche les remèdes avec ses moyens propres et conformes à son génie et à ses réalités. Ici l'on réduit les salaires, ailleurs on ferme même les écoles, on procè de à des cotisations nationales. Le Président HOUPHOUET-BOIGNY, dans son récent message à la Nation, disait encore, de cette envahissante atmosphère de crise, qu'elle «enveloppe le monde entier, inquiète les géants et asphyxie les peuples les moins pauvres». Personne n'y échappe donc. Alors que faire ? IV - LES ARMES ETERNELLES DE NOTRE GRAND PARTI Pour la Côte d'ivoire et les Ivoiriens, il faut tenir, conseille le médecin-Président. Comment ? En nous engageant, tous d'un même pas, et sans réserve, dans la seule politique qui permette de tenir, puis d'en sortir, celle : - de l'austérité, - des restrictions, - de l'assainissement, - du renoncement à la facilité, - du redressement. Et toute cette politique volontariste doit être mise en oeuvre dans un cadre de 63

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justice, de rigueur et de sanctions méritées, tel est le voeu unanime exprimé au Conseil National le 10 Novembre par les militants du Parti devant le Président et porté à la connaissance de la Nation tout entière par nos médias nationaux. Les mesures de restriction et d'austérité qui affectent, directement et de façon très sensible, la vie et le fonctionnement même de nos services publics ont déjà été pri ses et appliquées. Elles seront encore renforcées cette année avec un Budget, pour la première fois dans l'histoire de notre pays, qui a été réduit par rapport au précédent. Ces mesures sont obligatoires et s'imposeront de toute façon à tous. Le plus important, à mes yeux, ce ne sont point les mesures elles-mêmes, mais bien plus la manière de les accepter, de les appliquer, et l'esprit nouveau qu'appelle leur application. C'est cela qui nous restera quand s'en ira bien loin la crise. Et c'est encore le Président HOUPHOUET-BOIGNY qui déclarait récemment, sur le ton du sérieux : «Celui à qui cette crise n'aura rien appris est perdu pour lui-même et pour le pays...» Une boutade lourde de sens que chaque Ivoirien, chaque Ivoirienne, devrait médi ter de façon quotidienne. Le PDCI n'est pas une machine politique à fabriquer des automates déshumanisés et dépersonnalisés. Notre Parti a choisi d'expliquer et de convaincre afin de renforcer l'adhésion volontaire et libre de tous, dans un esprit d'union et de fraternité. C'est pourquoi, le sursaut national ne s'analyse pas qu'en termes de mesures éco nomiques, financières, ni même organisationnellement, mais bien davantage; notre sur saut est aussi politique, social : il doit être regardé essentiellement comme notre volon té commune et unanime de nous en sortir par nous-mêmes et pour le pays tout entier. Oui, ce sursaut vivifiant rallume la flamme du PDCI, formule originelle; il ravive les coeurs comme aux temps héroïques du grand et ex haï tant combat; il crée un nou veau type de militant pour le nouveau combat; que dis-je, il fait renaître le vrai mili tant du PDCI, celui qui met la foi, l'union des coeurs, la volonté de vaincre au-dessus de tout; celui qui oublie les fancoeurs et, face à l'adversité, sait pardonner et retrouver les frères; celui qui, en un mot, un mot bien PDCI-RDA, sait aimer. Oui, ce sursaut-là, nous l'avions déjà observé lors du retour triomphal du Prési dent d'Amérique et d'Europe après près de cinq mois d'absence ; lors des tournées d'information et d'éducation politique effectuées en septembre dernier par les missions du Parti à l'intérieur du pays comme, quelques mois avant, lors des manifestations et des meetings pour dire «non» à la déstabilisation que tentaient d'entreprendre les ennemis de notre pays, spécialistes de la division et de la haine, à la faveur de la grève des Enseignants du Secondaire en avril dernier ou encore lors des meetings populaires pour le transfert de la capitale. Et l'apothéose de ce sursaut salutaire vécu avec le Conseil National est allé jusqu'à affecter, et très heureusement, les récents matches de football de notre équipe nationale qui a tout mis en oeuvre, grâce au soutien des Ivoi riens, pour gagner et garder le trophée de son Président. Comme ce fut magnifique et réconfortant ! Oui, j'affirme que l'Ivoirien, sans la force de la baïonnette, sans la menace de la geôle ni de la répression, est nationaliste et patriote et le prouve bien quand cela est nécessaire. Maintenant que ce constat est établi au moment où il le fallait; maintenant que la flamme est rallumée; maintenant que les troupes sont prêtes et préparées pour le combat nouveau, il nous appartient, à tous, en sachant raison et mesure garder, de cul tiver ce sentiment de sursaut national et salutaire, dans l'intérêt supérieur de notre pays ! Les mêmes armes apportent les mêmes victoires : Unité, Discipline, Tolérance, Fraternité, Amour, qui sont les instruments secrets de la réussite du PDCI. 64

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CONCLUSION «Sachons mériter le bonheur de vivre dans la paix et une prospérité qui, pour être momentanément réduite, n'en est pas moins réelle.» «Serrons-nous les coudes. Pensons à tous ceux qui n'ont pas la chance de vivre dans un pays en paix, à ceux qui vivent dans la terreur quotidienne, sous les bombes, dans la faim et la misère.» Ainsi parlait récemment le Président du Parti, en nous invitant à la méditation, à la cohésion et à la solidarité, avant de nous adresser cet appel pathétique fait d'humi lité et d'affection profonde: «Aidez-moi par votre union, par votre travail, par la concorde intérieure, à faire en sorte que la Côte d'Ivoire sorte encore grandie des épreuves qui la mûrissent et la forcent à se dépasser.» Camarades militants, cette invite du Président du Parti constitue à elle seule tout un programme tracé pour les militantes et les militants. Nous devons, chaque jour la méditer et la vivre intensément, c'est la condition de notre salut. Chers Camarades Secrétaires Généraux, Au terme de mon exposé, me permettez-vous d'être, comme à mon habitude, optimiste et confiant ? On nous annonce une année 1984 encore plus dure que celle qui va s'éteindre dans quelques jours. Nous ne pouvons en douter. Seule la Volonté de Dieu peut chan ger le Destin. Mais, ce qui est sûr, c'est que, tout compte fait, nous n'avons pas sujet de nous plaindre plus que d'autres que le malheur visite de façon quasi-permanente et depuis longtemps. Vingt années de paix, de stabilité et de progrès, ce n'est pas peu; c'est exceptionnel sur le Continent africain. La crise ne doit pas nous faire oublier que nous avons été pendant longtemps, comme une «terre bénie des dieux». Rendons grâce au Ciel pour ses bienfaits, et saluons notre Chef charismatique, le Président HOUPHOUET-BOIGNY pour sa sagesse que les effets -de la crise mettent davantage en lumière. Or, s'il y a quelque chose de profondément ancré en lui et que le Président HOUPHOUET-BOIGNY cultive de manière quotidienne, et à un stade quasi-mystique c'est-à-dire difficilement saisissable par le commun des mortels, c'est bien ce que les anciens, les Romains, appelaient la vertu, c'est-à-dire le courage. Oui, il faut du courage pour mener l'action politique qu'il a choisi de conduire à la tête de son peuple. Il en faut tant pour prendre les positions qui sont les siennes et qui donnent à la Côte d'Ivoire ce capital de confiance et ce rayonnement international que beaucoup nous envient ! Et si, comme nous le proclamons depuis longtemps : découragement, désespoir, démission ne sont pas ivoirien, n'est-ce pas parce que le Président HOUPHOUETBOIGNY apprend aux Ivoiriens à pratiquer, toujours en tout lieu, la vertu, le courage? «Je n'ai jamais désespéré de l'Ivoirien». «J'ai toujours eu foi en l'Homme». «J'ai foi en l'avenir lumineux de mon pays». «Je sais que la Côte d'Ivoire s'en sortira. Elle sortira de la crise et des difficultés actuelles par ses propres moyens en comptant sur la discipline, le sérieux, les sacri fices et le travail de ses enfants». Telles sont certaines professions de foi, certaines idées force de la philosophie politique du Président du Parti, que nous devons retenir et méditer souvent afin d'y conformer notre action quotidienne. 65

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Oui, Camarades, il serait bien dommage que nous restions sourds aux généreux enseignements du Président HOUPHOUET, le plus sûr capital de la Côte d'Ivoire. Comme il serait dommage que sa haute compréhension nous échappe, nous qui de vrions en être les premiers bénéficiaires et dépositaires. Avec humilité, foi et espérance, les militants du PDCI doivent se convaincre que tout est perfectible ici-bas, pour peu que l'on se garde autant des stagnations démobilisantes que des idéologies importées toutes plus fumeuses que faussement généreuses, toutes aussi inhumaines que sclérosantes. Nous devons avoir foi, aujourd'hui comme hier, dans l'enseignement houphouétiste; c'est assurément celui qui répond le mieux aux aspirations profondes de notre peuple qui n'a plus de secret pour le Président HOUPHOUET-BOIGNY. C'est lui qui défend le mieux les intérêts de la Côte d'Ivoire. Alors, militants du PDCI, répondons tous : prêts pour le salutaire sursaut natio nal, celui qui, dans l'union des coeurs et des esprits, dans la conjugaison de nos éner gies, nous permettra d'être mobilisés pour le renouveau auquel nous invite la situation : armons-nous de courage et d'abnégation pour le nouveau départ du PDCI vers de nou velles victoires. Oui. la victoire ! Le PDCI-RDA n'y est-il pas bien habitué ? Alors, pourquoi demain ne serait-il pas. comme hier, un -jour nouveau» sur cette terre bénie de Côte d'Ivoire ? Je veux dire : un jour où, comme par le passé, se lèvera chaque matin, l'aube de l'amour, de la fraternité, de la paix et du bonheur partagé. Mais, peut-être cette aube nouvelle s'est-elle déjà levée, puisque, en ce moment même, de l'autre côté de notre jeune capitale, la jeunesse militante du PDCI se tient, debout, la flamme à la main ! Hasard ou simple coïncidence ? Non, cette concomittence des deux séminaires, celui des adultes et celui des jeunes, n'est point hasard. C'est un signe éloquent des temps, un heureux augure assu rément ! Oui, garantie et certitude de la continuité et de la pérennité du grand PDCI-RDA. Je vous remercie !

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Rapport de synthèse lu par M. Ernest N'Koumo Mobio, Secrétaire Général d'Attiécoubé-Agban Sur convocation du Président du Parti le Président Félix HOUPHOUET-BOIGNY, les Secrétaires Généraux des Sections du PDCI ont tenu leur séminaire annuel les 2.1, 28 et 29 Décembre 1983 à Yamoussoukro, Capitale de la Côte d'Ivoire et berceau du PDCI-RDA. Les Secrétaires Généraux ont écouté avec une attention particulière, le message du Bureau Politique, message présenté par le camarade Alliali, membre du Comité Exécu tif et Président du Séminaire. Ce message de haute portée* politique, en même temps qu'il situe l'esprit du séminaire, définit les dimensions du nouvel enjeu du PDCI-RDA. Les Secrétaires Généraux ont suivi avec un grand intérêt les exposés des camarades Séri Gnoléba et Dona Fologo, membres du Comité Exécutif, exposés qui ont porté sur les thèmes suivants : - Vie et gestion des Sections du PDCI. - Le PDCI et le Sursaut National.

Ces deux exposés clairs, précis et denses ont mis l'accent sur : 1) l'importance et la nécessité d'une gestion saine et rigoureuse des affaires publi ques en général et des Sections PDCI en particulier. A cet égard le Secrétaire Général de Section doit être au-dessus de tout soupçon et un modèle dans tous les domaines, notamment au plan de la gestion des ressources financières. 2) la portée du nouveau combat du PDCI-RDA et les armes qui lui sont indispen sables pour gagner cette bataille. Le sursaut national, que ce combat exige, est la volon té commune et unanime de tous les Ivoiriens de sortir de la tourmente actuelle par leurs propres moyens. Apres une analyse approfondie de ces trois interventions qui s'articulent et se complètent harmonieusement, les Secrétaires Généraux : 1) expriment leur infinie gratitude au Président HOUPHOUET-BOIGNY, au Parti et au Gouvernement pour les progrès extraordinaires accomplis par la Côte d'Ivoi re au cours des deux premières décennies de notre Indépendance et leur font confiance pour toutes les mesures susceptibles de sortir notre pays de la crise actuelle. C'est dans ce cadre que les Secrétaires Généraux approuvent et appuient la récente décision du Gouvernement d'engager des discussions en vue du rééchelonnement de la dette publique qui n'entame en rien la crédibilité de notre pays mais au contraire traduit la volonté du Président HOUPHOUET-BOIGNY de respecter scrupuleusement ses engagements. fi 7

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2) Les Secrétaires Généraux se réjouissent du sursaut national manifesté notam ment lors du Conseil National du mois de Novembre dernier et lancent un appel pres sant et militant à tous les Ivoiriens et Ivoiriennes pour soutenir sans réserve les mesures d'austérité décidées par le Parti et le Gouvernement et d'accepter les sacrifices que les contingences présentes imposent. C'est la condition du salut. 3) invitent tous les militants et militantes du PDCI à l'union plus que jamais nécessaire et à la mobilisation de tous les Ivoiriens derrière leur guide de toujours pour la seule lutte qui en vaille la peine aujourd'hui, la lutte pour sortir notre pays de cette grande crise économique qui n'épargne aucune nation. Les Secrétaires Généraux insistent plus particulièrement auprès de tous les élus afin qu'ils taisent les querelles intestines qui divisent et éloignent les Ivoiriens des conditions du sursaut national et de l'espoir. 4) Les Secrétaires Généraux demandent à la Direction du Parti d'assumer plei nement ses responsabilités en sanctionnant sévèrement les diviseurs et autres trublions. Dans les comptes rendus sur la vie de leurs Sections, les Secrétaires Généraux ont fait observer une nette amélioration dans leur gestion grâce à l'encadrement et à l'assis tance des Inspecteurs du Parti dont le rôle est de plus en plus apprécié. Les Secrétaires Généraux prennent le ferme engagement de poursuivre dans cette voie. S'agissant de leur Séminaire annuel, les Secrétaires Généraux émettent le vœu que celui-ci se tienne deux fois par an, compte tenu de son rôle éminemment formateur par les échanges qu'il permet d'une part entre les Secrétaires Généraux eux-mêmes et d'autre part entre la Direction du Parti et la base. Ce Séminaire renforce également l'indispensable solidarité entre le Bureau Politique et les Secrétaires Généraux. Les Secrétaires Généraux se félicitent des visites de la Direction du Parti, des Ins pecteurs et souhaitent que celles-ci soient encore plus fréquentes. Les Secrétaires Généraux ont apprécié les décisions du Gouvernement relatives à l'établissement des jugements supplétifs notamment par l'organisation des audiences foraines. Les Secrétaires Généraux insistent auprès de la Direction du Parti pour qu'enfin une solution soit trouvée à l'épineux problème de l'adaptation du crédit agricole aux réalités du monde paysan. Tirant les enseignements des feux de brousse de la dernière saison sèche, les Secré taires Généraux demandent que des instructions énergiques soient données aux Minis tères compétents afin d'enrayer ce fléau préjudiciable à notre économie. A cet égard ils invitent les militants à être particulièrement vigilants pour éviter ces feux de brousse. Les Secrétaires Généraux insistent une fois encore auprès de la Direction du Parti pour honorer les vieux militants dans les différents Ordres du Pays. Les Secrétaires Généraux remercient sincèrement les autorités politiques et admi nistratives de Yamoussoukro pour leur accueil fraternel et militant. Ils remercient plus particulièrement Monsieur le Maire pour son allocution de bienvenue dont l'élo quence et la haute portée politique traduisent bien le sentiment unanime que tout ce qui se conçoit et se réalise à Yamoussoukro est beau et profond. Les Secrétaires Généraux expriment leur profonde reconnaissance au Président du Parti pour sa grande sollicitude à leur égard et l'assurent de leur détermination et de leur soutien total dans le difficile combat qu'il mène pour la dignité et le bon heur de l'Homme ivoirien. Ils saisissent l'occasion des fêtes de fin d'année pour lui présenter leurs vœux de santé, de prospérité pour lui-même et pour toutes les personnes qui lui sont chères. Ils prient le Tout-Puissant pour qu'il lui donne la force et la sagesse nécessaires pour rester longtemps encore à la tête de notre pays.. 68

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Discours de clôture «1984, année difficile, sera exaltante...» par M. Gilles Vally Laubhouet ministre du Développement rural Camarades Membres du Comité Exécutif, Camarades Inspecteurs du Parti, Camarades Secrétaires Généraux, Militantes et Militants du PDCI-RDA, Permettez-moi, tout d'abord, d'adresser de sincères remerciements à mes afriés du Comité Exécutif de notre Parti, pour l'honneur et la confiance qu'ils me témoignent en me demandant de clore ces journées. Cette démarche traduit la pensée profonde de' notre vénéré et bien-aimé Prési dent sur l'indispensable apprentissage des jeunes, sur la nécessaire continuité du mili tantisme. Si, au 'total, je suis fier de cette confiance, je voudrais, en toute humilité, vous confier l'émotion qui est mienne et que je contiens difficilement. Cette émotion, elle prend sa source dans ces nobles et anciennes figures du PDCI toujours présentes parmi nous dans cette salle et qui nous rappellent ce que nous sommes et voulons demeurer : fils et produits du PDCI-RDA, vivant et œuvrant dans le PDCI et pour le PDCI. Camarades Secrétaires Généraux, au nom des membres du Comité Exécutif, je voudrais exprimer notre grande satisfaction pour l'atmosphère de saine franchise, d'amitié et de vérité qui a régné tout au long de ce Séminaire. Les propos, s'ils furent parfois'vifs, passionnés, ont toujours été empreints d'une hauteur de vue qui fait la fierté de notre Parti, qui témoigne de sa vitalité et qui donne une tonalité supplémentaire à notre dialogue à l'ivoirienne... Vos leçons et vos expériences, vous les avez échangées sans détours, établissant là, une fois de plus, un modèle de concertation, d'instruction permanente, marque toute naturelle de notre grand Parti d'avant-garde qu'est le PDCI-RDA. Si elles furent l'occasion de faire état des difficultés de la vie des Sections que vous animez, ces journées ont surtout permis de définir les voies et les moyens les plus appropriés pour apporter des solutions réalistes à nos problèmes actuels. Comme à l'accoutumée, il était légitime de nous retrouver pour faire le point sur les résolutions qui avaient été prises lors de notre 7ème Congrès, il y a 3 ans déjà, non pas pour les remettre en cause, cela n'est venu à l'esprit d'aucun d'entre nous, mais pour approfondir notre détermination, pour nous fortifier mutuellement dans la foi qui nous porte tous.

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A l'orée d'une nouvelle année qui s'annonce comme une année de difficultés, d'austérité, de sacrifice ..., cette rencontre prend en outre, une signification particu lière. Comme le rappelaient les camarades Alliali et Fologo, c'est pendant les périodes de tempête que le PDCI-RDA a été le plus fort car le plus uni. C'est vrai ... une tempête économique nous menace et, avant de l'affronter, n'est-il pas bon que le capitaine du navire, notre vénéré et bien-aimé Président Félix HOUPHOUET-BOIGNY, vérifie l'état de son bâtiment et le moral de son équipage ?... «Tout le secret de la vie est de transformer un handicap en avantage» comme se plaît à le dire notre Président; c'est pendant les bourrasques que l'équipage d'un bon navire est mis à n*de contribution, qu'il doit être, plus que jamais, discipliné et attentif à tous les ordres tant il est vrai que «Lorsque les forces divergent, elles s'annulent, mais orientées dans la même direction, elles s'additionnent» ! Nous avons beaucoup souffert ces dernières années. Mais mobilisés et unis derrière le Président HOUPHOUET-BOIGNY dans le PDCI-RDA, nous vaincrons la tempête et en sortirons. Quant à l'équipage que vous et nous représentons, nous sommes tous là pour témoigner de sa foi, de sa cohésion, de son esprit d'entreprise et, pour dire comme le camarade Fologo, de sa vertu, c'est-à-dire de son courage et de sa détermination. Nous voilà donc armés pour braver la tempête. Nous le ferons dans un sursaut national, avec calme, avec résolution, avec notre foi et notre ardeur militante et rien ne pourra nous faire dévier de notre route qui s'appelle : développement, solidarité, concorde, paix.

Camarades Secrétaires Généraux, ce sont des félicitations que je tiens, au nom de notre Parti et au nom du Comité Exécutif, à vous adresser pour le sérieux avec lequel vous concevez votre mission, pour le soutien que vous apportez à notre Président et à notre Pays. Si ces journées ont été fructueuses, c'est grâce à vous, grâce au courage avec lequel vous avez su, le cas échéant, élever la voix mais aussi et surtout grâce à l'union renforcée qui résulte de ces travaux. Si 1984 promet d'être une année difficile, ce sera aussi une année exaltante, de civisme, de patriotisme et du compter sur nous-mêmes. Et le vœu que je voudrais formuler à l'endroit de tous au nom du Comité Exécutif est que cette exaltation soit source de joie, pour vous et tous les Ivoiriens, qu'elle nous mène encore plus avant sur la voie du progrès, de l'unité et du bonheur. Vive le PDCI-RDA, Vive le Président Félix HOUPHOUET-BOIGNY, Pour que vive la Côte d'Ivoire toujours plus unie et plus fraternelle. Prêts pour la Paix.

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SOMMAIRE

Pages Avertissement

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LES JOURNEES DE YAMOUSSOUKRO, 3- 7 Mai 1982 Compte rendu paru dans Fraternité Hebdo (14 Mai 1982) Déclaration liminaire par M. le Ministre Camille Alliali LE PRESIDENT DU PARTI : «Divisés, nous sommes perdants. Unis, nous vaincrons». L es conclusions du Bureau Politique.

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DEUXIEME SEMINAIRE, Abidjan 10 et 11 Décembre 1982 Compte rendu paru dans Fraternité-Hebdo (16 Décembre 1982) M. Le Ministre Camille A Hiali définit le cadre du séminaire «La vie du Parti depuis le 7è Congrès», par M. le Ministre Maurice Séri Gnoléba «Le PDCI-RDA, face à la Crise» par M. le Ministre Jean Konan Banny L es conclusions des Secrétaires Généraux Motion de soutien des Secrétaires Généraux au Président du Parti Discours de clôture par M. le Ministre Laurent Dona Fologo TROISIEME SEMINAIRE, Yamoussoukro 27-29 Décembre 1983 Compte rendu paru dans Fraternité-Hebdo (5 Janvier 1984) Allocution de bienvenue par M. le Maire de Yamoussoukro «Le Parti prêt à relever les nouveaux défis... » par M. le Ministre d'Etat Camille A IHali «Le versement des cotisations doit être un acte volontaire ... » par M. Maurice Séri Gnoléba, Ministre d'Etat « 1983 : Le PDCI-RDA et le sursaut national» par M. le Ministre Laurent Dona Fologo Rapport de syn thèse Discours de clôture par M. le Ministre Gilles Vally Laubhouet

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Imprimé par la SU Dépôt légal n° 61 080 1" Trimestre 1985 Maquette et mise en pages : Direction technique et Jules Yao

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Prix: 500 Francs