Comment devient-on scientifique ?: Enquête sur la naissance d'une vocation 9782759801008

Mais comment naissent les vocations scientifiques ? Comment et quand s'est produit cette étincelle qui a poussé un

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Comment devient-on scientifique ?: Enquête sur la naissance d'une vocation
 9782759801008

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COMMENT DEVIENT-ON

SCIENTIFIQUE 7 Enquête sur la naissance d'une vocation Florence Guichard P r é r a c e d e P i e r r e - G i l l e s de Gennes

SCIENCES

17, avenue du Hoggar Parc d'activité de Courtaboeuf, BP 112 gig44 Les Ulis Cedex A, France

Fondation pour la culture scientifique et technique

Photo d e couverture : O Ableimages Couverture, maquette intérieure et mise e n p a g e : Thierry Gourdin Imprimé e n France

Tous droits de traduction, d'adaptation et de reproduction par tous procédés. réservés pour tous pays La loi du 11 mars 1957 n'autorisant, aux termes des alinéas z et 3 de l'article 41,d'une part, que les a copies ou reproductions strictement reservées A l'usage privé du copiste et non destinees a une utilisation collective », et d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, a toute representation intégrale, ou partielle, faite sans le consentement d e l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite D (alinéa le'de l'article 401. Cette représentation ou reproduction, par quelque procedé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du code pénal.

O EDP Sciences 2007

Table des matières -

préface / pour ou conTre La science

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La science est mal comprise.. . . . . . . . . . . La science est mal enseignée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La science est un secteur méconnu de la culture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . I1 faut réagir . . . . . . . . . . . . ............................................

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oes scIenTrFques à La recHercHe oe Leurs souvenn-S.. 1

. . . . . . . . . . . . . . . . . . .7

/ La VocaTIon s c I e n q q u e : une éT1nceLt.e à aLLurner oès cenfance . . . 11 Un environnement naturel ou ludique exploré dès l’enfance... . . . . . . . . . 11 Un parent initiateur, qui donne le goût des sciences. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Un lieu de sensibilisation privilégié : l‘école primaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17

2/

un oécLencHeur ne Voca-rIon : e m o n prof oe sciences ».

3/

RenconTrer un CtiercHeur cHarIsmaTIque, un événemenT oéTermInanT

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...... . . 23 Avant tout une relation humaine, qui marque la mémoire . . . . . . . . . . . . . . . . .23 . Un enthousiasme essentiel à la contamination . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 Déclencher la curiosité et donner l’envie de comprendre.. . . . . . . . . . . . . . . . .25 Privilégier l’observation, les expériences et le raisonnement.,. . . . . . . . . 27 Susciter des vocations à l’âge du collège et du lycée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28 Du lycée à l’université, des profs qui font décoller les vocations . . . . . . . . . . 29 Le secondaire stoppe parfois les vocations naissantes.. . . . . . . . . . . . . . 31

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/ Le c0nTac-r o1rec-r: expérImenTer pour oécLencHer La SOIF oe comprenore . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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Importance du contact direct avec la nature ou i’objet., . . . . . . . . . . . . . . . . . .39 Incontournables, les expériences pour comprendre le monde . . . . . . . . . . . . . 40 Pas de science sans la démarche de questionnement, la réflexion, le raisonnement.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .42 s / La m e n c e : une avenTure à parraqer.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Des lieux à explorer: des aventures à partager avec des copains Les clubs de vacances scientifiques: des projets à développer ensemble

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. . . . . . . . . 45

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La scIence en specTacLe : oes SITuaTIons q u I rnarquenT La mémoIre

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Muséums et expositions scientifiques : de l'émotion, face à la beauté des collections, au plaisir du jeu dans les expositions pour enfants . . . . . . . ..51 Un lieu déclencheur de vocation : le Palais de la découverte . . . . . . . . . . . . . . 53 De l'émerveillement au mystère dévoilé. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54 Les incontournables > . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55 Découvrir une fois et retourner souvent pour le plaisir de comprendre... . 56 7

I vocaTIon scIenTIFque ou VocaTIons scIenTIFques? qarçons ou FLLes? e ~ o ~ o q ~ ou s ~pHYsmens es i> Des sources oe VocaTIons uIFFérenTes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Vocation ou intérêt progressif pour les sciences? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Un contact précoce avec la nature favoriserait-il des vocations de biologiste?, . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Un environnement technique pour des vocations d'ingénieurs et de physiciens. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Pourquoi si peu de filles se dirigent vers les sciences, en particulier les sciences physiques? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

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I Nourrir La S O I F ue comprenore: q u e u pLace pour Les sciences uans Les rnémas?

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Des livres pour rassasier la curiosité et donner le plaisir de comprendre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67 Les livres : du plus simple au plus complexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .70 Les revues de vulgarisation scientifique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .70 La télévision, une petite lucarne ouverte sur l'aventure scientifique . . . . .72 Mais les médias détournent-ils des jeunes de la science? . . . . . . . . . . . . . . . ..74 9 /La

vocaTIon scIenTqique Tarxe par La r e c w r c t i e oe nouveaux eLuorauos?

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Les étudiants boudent-ils les études scientifiques? 79 La science, un domaine où l'on gagne moins bien sa vie 80 que dans le commerce et le management? La peur d'un manque de débouchés : fiction ou réalité?. . . . . . . . . . . . . . . . . . .82 Et ceux qui se dirigent encore vers les sciences, qu'ont-ils de plus? . . . . . 83 IO

1 s u s c n e r ues VocaTIons, un enjeu majeur pour cavenxr.. . . . . . . . . . . . .. 8 5

RernercIemenTs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . NOTPS.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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Préface

Pour ou contre la science La science est mai aimée

Elle est souvent associée aux armes, aux soucis écologiques, aux accidents. Le monde occidental s'invente une religion de la nature :

Beaucoup de biologistes évoquent, eux, une vie ou des vacances à la campagne, une enfance imprégnée de ballades dans la nature, une attirance pour les végétaux, les animaux et des liens puissants avec tout ce qui touche au naturel. Les premiers souvenirs de Micheline, biologiste, lui rappellent le jardin de sa grand-mère. Alors âgée de cinq ans et déjà très débrouillarde, elle y récoltait les feuilles, les fleurs, les fruits et les insectes.. . sa grand-mère trouvant alors qu'elle posait trop de questions ! Yves Quéré, physicien et membre de l'Académie des sciences, évoque lui le plaisir qu'il tirait, enfant, )

Pour cela, et comme ils le font à l'école primaire, les programmes doivent laisser, en regard des contenus de savoirs incontournables, une place non 25

négligeable à la démarche de la science et à celle des scientifiques. De nombreux exemples tirés de l'histoire des découvertes scientifiques peuvent le leur faire comprendre. Et c'est certainement cette image des sciences, plus humaine, qui est favorable au développement de vocations. Nest-ce pas par ce biais que la plupart des jeunes qui sont devenus scientifiques ont fait leurs armes: le contact avec des choses authentiques? Très tôt on leur a mis sous les yeux des choses qui se rapportent aux sciences... souvent sans leur faire cadeau de trop d'explications, en laissant un peu de mystère. Des ouvrages d'aventures, un peu mystérieux, peuvent ensuite donner la curiosité d'en savoir plus. Marc, formateur d'enseignants, précise qu'il ((fautqu'il y ait un côté énigmatique au départ. Là où on peut le mieux agir, c'est au niveau de l'école. Rattacher des notions à des aventures, des anecdotes. Cela peut difficilement s'institutionnaliser, ça dépend des capacités de chaque enseignant.. . I1 faut rendre la science attractive par des objets, des exp6riences. ))

Il est important d'inciter, d'encourager les jeunes à s'interroger. Ils ne doivent pas avoir peur de poser des questions. Pour cela, leur esprit doit être préparé. Selon André Brack, chimiste exobiologiste, I1 ne faut pas seulement éblouir. La science permet le plaisir jubilatoire de comprendre et ce plaisir doit être partagé. Jean-Yves, privilégie le côté assez fascinant des découvertes. cc Si l'on arrive à inculquer le plaisir de comprendre à des élèves, alors je pense qu'ils auront ensuite le plaisir de découvrir par eux-mêmes soit en voulant continuer dans le domaine de la recherche pour avoir ce plaisir de la découverte, soit en voulant communiquer aux autres le désir de découvrir par l'enseignement. ((

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))

C'est donc souvent une relation privilégiée qui a été déterminante, comme celle que l'on noue avec un enseignant qui accepte de dialoguer avec quelques élèves après le cours. Pour Jacques Treiner, physicien, la vocation est venue comme une sorte de révélation: «J'habitais le lXe arrondissement de Paris et il me fallait grimper la rue des Martyrs pour me rendre au lycée. Je me souviens dune conversation avec un jeune professeur, je devais avoir treize ans à l'époque. Après que je lui ai dit, en réponse à une question banale, que rien ne m'intéressait vraiment dans ce que nous apprenions, il a insisté : Cet autre insiste sur l'importance qu'ont eue les méthodes pédagogiques de son professeur: ((En terminale, j'ai eu la chance d e n avoir un qui manipulait beaucoup, qui posait une foule de questions. Et sa grande connaissance scientifique lui permetMt de replacer les choses dans leur contexte ou leur histoire.» La vocation de Pascal Bernard a d'ailleurs vu le jour durant cette période : J'avais une grande aisance et un grand plaisir à faire des rnathématiques. C'était une forme de jeu, une sorte de challenge. La physique ne s'enseignait à l'époque qu'à partir de la seconde et j'ai donc eu, tardivement, une sorte de révélation. J'ai enfin compris que les mathématiques pouvaient s'appliquer à la nature. L'enseignement de la physique a été déterminant. >> ((

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Mais pour quelques scientifiques, en particulier un certains nombre d'ingénieurs, il a fallu attendre les classes préparatoires des grandes écoles ou l'université, pour voir émerger cette vocation. Pour ceux-là,le baccalauréat scientifique était avant tout un passeport ouvrant à toutes les orientations futures. Ce sont les traditionnels ((bons élèves comme ce biologiste, qui avoue : À l'école, j'aimais tout. J'adorais faire du Français, lire, mais aussi faire des sciences. J'aurais dû faire des mathématiques en terminale, mais je n'aimais pas trop ça, même si je réussissais bien. Et c'est cela qui m'a rabattu sur la filière sciences expérimentales parce qu'il y avait plus de débouchés. Cette vocation universitaire concerne 20 90' des physiciens, contre seulement io 940 des biologistes. Cette proportion est identique chez les jeunes et les plus )),

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s c i e n c e s

de trente ans. Ce résultat s'explique peut-être par le fait que la physique est une discipline où le questionnement et les horizons théoriques ne s'ouvrent qu'à un certain niveau de connaissance et de pratique. Cette chercheuse en physique théorique a eu ainsi «le coup de foudre pour la mécanique quantique en licence. J'avais un professeur super. I1 m'a fait aimer la matière. Du coup, j'ai découvert tout le reste. ))

Pour les biologistes, cette vocation s'est presque toujours construite sur un terrain propice. Ainsi Claude, chercheur en embryologie, a découvert cette passion en classe préparatoire aux grandes écoles. > 33

c o m m e n ~o e v i e n - r - o n

s c i e n - r i f i q u e ?

On peut se demander pourquoi le même phénomène s'observe dans d'autres pays. Bien qu'en Allemagne la pédagogie soit assez différente, on constate tout de même des recoupements : une démocratisation massive et des enseignants coupés de la science vivante. Beaucoup de professeurs répètent et présentent des faits qui semblent moins intéressants que ce que l'on peut voir à la télévision ou au travers d'autres médias, car ils n'ont pas de formation permanente. Une étude a d'ailleurs montré que les enseignants en sciences étaient ceux qui consacrent le moins de temps à leur formation personnelle, alors que la science est la discipline qui évolue le plus vite ! Étienne Klein analyse le problème sous l'éclairage d'un phénomène de société. > ((

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S O I F

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André Brack a été marqué par un professeur de chimie à Strasbourg en 1953: I1 nous a présenté la découverte de Miller sur l'origine des molécules de la vie, une expérience qu'il faut replacer dans son contexte historique pour ne pas en faire un transfert intégral de savoirs finis, bloqués. Cette approche a peut-être en partie orienté sa vocation vers une carrière de chercheur consacrée à l'exploration des origines de la vie. Quant à Jacques Treiner: .Le futur n'était pas de savoir ce que j'allais faire, ni comment j'allais gagner ma vie, c'était la certitude qu'il y avait des choses à comprendre et que ça valait le coup d'y passer du temps. Un meilleur dialogue entre théorie et expérience peut être très riche de ce point de vue. ((

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Pour beaucoup des scientifiques interrogés, ce regard théorique est le second stade de la prise de conscience des vocations. I1 nécessite une certaine maturité. C'est pour cette raison qu'un certain nombre de vocations, surtout en physique théorique ne se sont affirmées qu'à l'âge de l'université. Pourtant un regard sur l'histoire des découvertes a accroché plus d u n élève, comme la physicienne Michèle Leduc qui doit son orientation ((au fait que j'ai eu d'excellents professeurs de physique au lycée, en particulier une prof qui nous parlait beaucoup d'histoire des découvertes. ))

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La science: une aventure à partager Le rôle d'accompagnement et de coéducation des adultes est omniprésent dans les témoignages, ce qui prouve que la relation humaine a été fondamentale pour faire naître les vocations chez des scientifiques d'aujourd'hui. Comme nous l'avons déjà découvert, elle dépendait le plus souvent des accompagnateurs qui sont des parents, des professeurs, mais parfois aussi des copains, surtout à l'adolescence. Et elle s'appuyait souvent sur des lieux que l'on découvre ensemble, par des activités à faire en commun. Des lieux à explorer : des aventures à partager avec des copains

Les lieux de vulgarisation scientifique se sont multipliés ces dernières années. En 1985, la Cité des Sciences et de l'industrie ouvrait ses portes à Pans alors qu'à la même époque, l'Espace des Sciences, centre de culture scientifique de Rennes, voyait le jour en région. Et ce ne sont que des exemples du développement de ces centres de sciences en France. Les jeunes scientifiques d'aujourd'hui ont ainsi disposé de beaucoup plus d'occasions de côtoyer la science que leurs aînés et de façon plus 45

attractive, voire amusante. Mais les générations précédentes bénéficiaient déjà, entre autres, pour ceux qui habitaient Paris, du Muséum national d'Histoire naturelle avec sa célèbre salle de paléontologie et ses squelettes de dinosaures, du musée des Arts et métiers, et du Palais de la découverte créé en 1931par le prix Nobel Jean Perrin. Et ce dernier lieu est loin d'être absent des mémoires de nos scientifiques. Ainsi cette physicienne, directrice dune grande école scientifique, avoue, comme la moitié des gens interrogés, que le Palais de la découverte a joué un rôle dans l'émergence de sa vocation. J'allais régulièrement avec mes amies au Palais de la découverte le samedi après-midi. C'était un lieu qui rassurait mes parents, car on n'y risquait pas de mauvaises rencontres. Ma vocation est née du plaisir d'y découvrir des expériences, celles qu'on nous expliquait, comme l'électrostatique, et surtout toutes celles que l'on pouvait faire soi-même: toutes les petites expériences de physique, l'électricité, le magnétisme... I1 y avait aussi probablement le plaisir de discuter avec les copines pour comprendre. ((

))

Au-delà de ce contexte de découverte de projets et d'expériences scientifiques menées dans le cadre de clubs ou d'associations scientifiques pour la jeunesse, c'est souvent la convivialité, le contact avec d'autres adolescents, les parties de rire, qui marquent les adolescents. Combien évoquent avec émotion des soirées, agslutinés pour observer les étoiles, la construction en commun dune micro-fusée... Beaucoup se souviennent autant des copains, que de ce qu'ils ont fait Mais tous ceux que nous avons rencontrés citent ces expériences autant humaines que scientifiques comme des étapes importantes dans l'émergence de leur vocation: le plaisir de partager les interrogations, les échecs et les enthousiasmes dune expérience élaborée en commun, les joies des échanges lors de sorties dans la nature ou de manipulations partagées. Dans un certain nombre de cas, c'est le grand frère ou un copain qui a été un initiateur pour les sciences. C'est celui avec qui l'on avait plaisir à courir la campagne, à faire des expériences scientifiques, parfois en cachette des parents, et qui est souvent indissociable des expériences elles-mêmes. Cet ingénieur l'avoue ((J'aiété porté par un ensemble de copains qui voulaient faire des sciences.Sans eux,je ne me serais peut-êire pas dirigé dans cette voie. ))

Parfois, cette découverte scientifique s'est déroulée en dehors de toute incitation scolaire, voire pour certains en opposition. «Avec un groupe de copains et malgré une enseignante peu compétente, on s'est intéressé aux sciences grâce au manuel scolaire que l'on étudiait ensemble. On avait envie 46

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de comprendre ce qu'était la vie, le vivant. Florence, physicienne, prétend qu'elle n'avait pas de vraie vocation scientifique. «Je voulais aller en première littéraire, mais on m'a forcée à aller en section S parce que j'avais de bonnes notes. Et je suis tombée dans une équipe de copains avec qui j'allais régulièrement, une fois par mois, au Palais de la découverte. Cela a beaucoup joué, je crois, sur ma vocation. On regardait les nouvelles expos, on faisait les manips, . . . C'était le côté convivial qui me plaisait. Je sortais du Palais en ayant l'impression d'être plus intelligente qu'en y entrant.. Quantà Alfred,notre botaniste octogénaire, C'est un copain des Deux-Sèvres qui m'a influencé. I1 s'appelait Valet, il était déjà botaniste et surtout on s'entendait bien. )>

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Les clubs de vacances scientifiques: des projets à développer ensemble

Même pour ceux qui possédaient le feu sacré depuis l'enfance, l'adolescence, moment de l'orientation, est sans conteste, décisive. Pour plusieurs d'entre eux, les clubs et associations scientifiques ont permis un renforcement à cet âge où la relation avec les autres joue un rôle primordial. Dans quelques la participation à des clubs ou des séjours de vacances a eu un rôle cas (4%), déterminant dans le développement de l'intérêt pour les sciences. La proportion est la même, quelle que soit la spécialité scientifique et quel que soit l'âge, même si moins de structures pour les jeunes existaient dans le passé. L'adolescence est également l'âge où l'approche des sciences donne à ceux qui y sont intéressés, une prise sur le monde, par la connaissance des lois physiques, des lois biologiques. ((Celanous donnait un pouvoir par rapport à ceux qui croyaient en l'irrationnel. Par exemple, aller en forêt et ne pas avoir peur, se retrouver, utiliser les ressources de la forêt, ça m'a toujours plu. Les souvenirs sont variés. Pendant ce temps, Patrick profitait de ses années au lycée : ((Monprofesseur de biologie avait monté un club où il rassemblait deux soirs par semaine ceux qui en avaient envie. On travaillait par groupe de trois ou quatre sur des projets. J'avais construit un labyrinthe pour tester l'intelligence et l'apprentissage des rats. I1 eut ainsi la possibilité d'utiliser un bon microscope pour observer des évolutions de micro-organismes, en cherchant avec ses camarades des documents et en réalisant des expériences. Cela l'a particulièrement marqué : ((C'étaitgénial. Je pense que ça a eu un rôle majeur dans ma vocation de scientifique. >> Quantà Fabien, qui a suivi un club sciences pendant ses quatre années de collège et l'a même fréquenté après, il se dit chanceux d'avoir pu bénéficier de l'impulsion d u n professeur de sciences charismatique, tellement passionnant. Quand je retrouve mes ))

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anciens copains, on se rappelle les projets, les études et les découvertes, les collections à étudier, à classer, à organiser.))Toute une aventure, oh combien marquante, pour des générations d'élèves de ce collège vendéen, dont presque tous ont été touchés par les sciences.

Un certain nombre d'autres chercheurs interrogés ont participé à des clubs en dehors du contexte scolaire. Abonné au centre culturel de sa commune, Romain, jeune biologiste, a pu découvrir les bords des ruisseaux, construire des cabanes. cc C'est dans le cadre de ces activités que j'ai eu mes premiers contacts avec les champignons, les tritons, . . . Je pense que cela a contribué à éveiller ma curiosité de façon non négligeable. Brigitte Senut témoigne elle aussi de cette influence: «Très tôt je me suis inscrite dans un club scientifique, le club Jean Perrin du Palais de la découverte. Plus tard j'ai animé les camps de jeunes. C'était un contrat positif des deux côtés. Dans ces associations, clubs et séjours de vacances, la dynamique de projet et le fait de se retrouver en groupe ont compté pour beaucoup de jeunes dans l'ancrage de leur vocation scientifique. Un chercheur en physique cite sa participation aux cc Ptits déb. comme il les appelle. Une association scientifique, les «Petits débrouillardsg)) , qui lui a permis de cc s'amuser avec des manips scientifiques et de faire beaucoup d'expériences. Une approche pratique des sciences, par des découvertes attractives à partir de manipulations et d'expériences, mais aussi conduites sous forme de ) Petits, les enfants ont une extrême curiosité et ces découvertes de la science grâce à des manipulations les ont fascinés. Les ingrédients de la réussite: des mises en situation qui font se questionner et l'action sur le réel, l'expérimentation. Ainsi beaucoup de nos jeunes scientifiques se souviennent de ce vélo sur lequel ils pédalaient et découvraient avec surprise un squelette dans l'image de leur corps en mouvement. Ils retiennent aussi le plaisir de la découverte en observant de ((vraiesfourmis et surtout leur reine, lorsqu'ils s'enfonçaient à quatre pattes sous la terre au cœur de la fourmilière. La mise en œuvre de petites expériences pour comprendre tel ou tel phénomène physique est aussi un élément marquant qui leur a fait percevoir que la science peut aussi faire rêver et être intéressante. Pour les enseignants et les parents, ))

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ces situations de découverte ont permis de révéler l'intérêt des jeunes pour la science et d'avoir envie de leur fournir d'autres éléments pour assouvir la soif de connaissances, née de cette confrontation ludique et spectaculaire avec des objets de science. Un lieu déclencheur de vocation : le Palais de la découverte

Un subtil mélange entre expériences à réaliser soi-même et démonstrations effectuées par des scientifiques. C'est le secret du Palais de la découverte, qui n'a jamais failli à sa vocation première : éveiller aux sciences. Dans l'enquête, motivée au départ par le projet de rénovation du Palais de la découverte, près de 60 O/o des plus de trente ans, contre 40 %O des jeunes, témoignent spontanément que ce lieu a joué un rôle dans l'éclosion de leur vocation. Les témoignages convergent dans le même sens et tentent une explication, comme ces extraits dune pétition pour la sauvegarde de ce lieu le confirme : ((LePalais de la découverte, c'est un des endroits qui peut réellement susciter des vocations scientifiques dont la France a tant besoin aujourd'hui)),«un lieu qui m'a éveillé à la curiosité et la créativité. Parmi les scientifiques dont la vocation a été déclenchée ou confortée par le Palais de la découverte, on trouve surtout des physiciens (65%). ))

Combien d'ingénieurs, chercheurs, directeurs de recherche au CNRS ou dans d'autres organismes y ont passé de longues heures le jeudi ou le mercrediou bien encore pendant les congés scolaires.Paul affirme qu'il est évident que ce lieu a été le catalyseur de sa vocation professionnelle. L'impact varie d'un lieu qui a attisé mon appétit pour les sciences ou ((dunerencontre qui a commencé à me faire aimer les sciences jusqu'au déclenchement d'une passion pour la physique. )> S'il y a moins de biologistes concernés, 40% tout de même, Émilie, chercheuse à l'INSERM,déclare que le Palais a été à la source de sa vocation de chercheuse : ((Celieu laisse l'espace nécessaire à la compréhension des sciences. ((

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Déclencher une vocation comprend une dimension affective et c'est bien cette émotion qui ressurgit dans l'évocation des moments passés dans cet endroit. ((Ce site ne se contente pas ((d'émerveiller. le public, mais suscite des questions, ouvre la voie de la réflexion. J'y ai vécu de beaux moments de jeunesse, très structurants pour mon esprit. Qu'y a-t-il de plus merveilleux? Leur mémoire a ainsi été marquée par les démonstrations: .On ne les comprend pas forcément au départ lorsque l'on est petit, mais elles font rêver. ))

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La démonstration de l'électrostatique avec les cheveux qui se hérissent a imprégné les mémoires, comme celle de ce scientifique : ((Je me souviens particulièrement de l'expérience de la cage de Faraday. I1 y avait une fille aux longs cheveux à l'intérieur: lorsque l'on mettait le courant, ses cheveux se dressaient sur sa tête. >> Pour d'autres, le Palais a été un livre de science ouvert devant les yeux, le moyen de voir en vrai les expériences dont les schémas sont sur les livres et enfin de les comprendre par cette référence au concret, au réel. André Brack souligne l'importance du discours qui accompagne ces présentations. Pascal a visité le Palais de la découverte lorsque qu'il est arrivé à Paris à l'âge de dix ans. Le lieu l'a impressionné. ((Leplanétarium a représenté pour moi la première vraie découverte du ciel et m'a conduit ensuite à m'intéresser à l'astronomie dans les livres et en regardant le ciel. L'impact de ce lieu dépend autant de la magie de la découverte de la voûte étoilée que des explications simples apportées par les médiateurs. ))

De l'émerveillement au mystère dévoilé Le terme qui revient presque toujours dans la bouche des scientifiques qui ont connu le Palais de la découverte dans leur jeunesse est le mot émerveillement.)> «Ma vocation est née du plaisir d'y découvrir des expériences, celles qu'on pouvait faire soi-même et celles qu'on nous expliquait)).d'ai personnellement beaucoup appris au palais.. . raconte Pierre-Gilles de Gennes, prix Nobel de Physique, qui s'y est beaucoup rendu lorsqu'il avait treize ans : .I1 montrait des choses bizarres qui intriguaient, faisait rêver. I1 donnait aussi quelques principes de culture. L'ambiance mystérieuse de la salle d'optique, plongée dans la pénombre, donnait d'autant plus d'intérêt à la recherche pour essayer de comprendre les expériences présentées. >> Philippe, professeur de physique, y revenait seul le jeudi après-midi vers douze ans, ((sans trop comprendre, mais en me disant qu'il y avait un mystère qui m'était propre: pas partagé par mes copains, par ma famille : c'était mon originalité.>) I1 pense que cet endroit n'est pas pour rien dans sa curiosité pour toutes les sciences à cause de ((cetterare capacité de fasciner tout autant que d'instruire. >> ((

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Hubert Curien s'y est rendu pour la première fois à l'âge de treize ans. ((C'étaitpour moi un enchantement. Ce n'était pas des manipulations pressebouton. On était questionné par les présentations. I1 me paraît essentiel d'amener à se poser des questions. Le Palais a été pour lui un lieu magique. ((C'estcette curiosité,porteuse d'ouverture d'esprit et d'humilité, qui m'a dirigé ))

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vers cette camère scientifique qui m'apporte tous les jours autant de satisfaction et de questionnement que le Palais de la découverte m'apportait démerveillement pendant mon enfance. Ceux qui l'ont visité en ressortent amoureux des étoiles, captivés et passionnés par moult domaines scientifiques dont ils ne soupçonnaient même pas l'existence avant d'y entrer! Pour cet autre, ((ce lieu a donné davantage de sens à mes apprentissages. Claudia, chercheuse colombienne, considère que le Palais de la découverte lui a apporté ((l'émerveillement de la contemplation des sciences. Les expériences qui y sont présentées dans toutes les disciplines déclenchent un processus de curiosité.>> >)

))

L'ambiance créée par la majesté du lieu n'est pas étrangère à i'attractivité et l'impact qu'il a eu sur de nombreux enfants. Pour cette chercheuse: ((la beauté architecturale du bâtiment ajoutait une touche grandiose supplémentaire. Le palais et la science vont bien ensemble. >> Ce chercheur en physique aimait ((cetteambiance un peu mystérieuse, désuète, si attirante. B Ce physicien a été impressionné parce que ((Lesplanètes (sûrement suspendues par des fils)avaient l'air de flotter, la luminosité était faible ce qui amplifiait l'effet, la lumière se reflétait sur les blocs mis ainsi en valeur. On avait l'impression de ne faire qu'un avec les planètes. La pénombre et le silence de certaines salles forçaient le respect. >> Beaucoup avouent être devenus chercheurs scientifiques, par amour de la science. Pour ceux dont la vocation a été développée par le Palais, deux scientifiques sur trois parlent de passion née de ((cecontact presque intime, cet enseignement riche et simple qui, je le comprends maintenant, peut tout à fait susciter des vocations, en tout cas des émotions et de l'intérêt scientifique. La moitié parlent de plaisir. Pour ce scientifique grenoblois Ce fut une source de joie dans mon enfance.. Cette ambiance a été vécue aussi au travers du plaisir des sens. ((L'odeur d'électricité dans les salles à éclairs ... si je n'ai pas vraiment retenu tout de la technique, j'y ai souvent passé de bons moments! >> En effet, ce dont ils se souviennent, c'est d u n lieu d'exposition scientifique où l'on pouvait toucher la science. «J'aimais ce contact direct avec les phénomènes, avec le réel et non le virtuel. C'est le côté presque ludique, vivant, qui me l'a fait visiter avec passion dans mon enfance. >> ((

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Les incontournables

Découvrir une fois et retourner souvent pour le plaisir de comprendre

(> Le contexte environnemental de l'enfance a joué un rôle important. Ce responsable politique, ancien professeur de biologie, montre comment cette vie dans la nature a stimulé une attitude de recherche. ((Mavocation, c'est le contact avec la nature dès le plus jeune âge. De famille modeste, vivant à la campagne dans une commune forestière, je savais où trouver toutes les bestioles et toutes les plantes. C'est devenu mon plaisir, un plaisir physique, quasi charnel, d'être avec les animaux et les plantes, de les connaître, d e n découvrir les conditions de vie. ))

Cette forme de contact privilégiant la découverte est fondamentale. Tous les biologistes ne sont pas fils ou fille d'agriculteurs, mais les loisirs de leurs parents les ont souvent conduits à un contact étroit avec la nature. I1 y a également ceux qui ont été influencés par un proche qui était professeur de biologie, mais beaucoup d'autres avaient simplement des parents sensibles à la nature. Ils aimaient sortir dans la campagne, faire des randonnées, sans hésiter à s'arrêter pour contempler le spectacle de la nature : cc la fleur des champs que mon père photographiait >> ou {(lesoiseaux que nous observions aux jumelles en cherchant à les reconnaître dans un petit guide de détermination. Cet aspect recherche était passionnant. Et puis il y a ceux, à qui les parents ont permis de faire des petits élevages à la maison, ceux de petits mammifères, d'insectes comme les phasmes, ou encore de poissons.. . ))

L'école et le plaisir de suivre un petit élevage dans la classe est d'ailleurs souvent à l'origine de cette envie d'élever ces animaux. Ils ont ce rôle central dans le développement des passions de l'enfant. Pour d'autres biologistes, c'est le jardin scolaire qui a joué ce rôle initiatique. « À l'école primaire mon instituteur nous faisait aimer les sciences en organisant souvent des sorties dans la nature. Mais surtout chacun avait son petit carré de jardin. C'était super de pouvoir ramener sa «récolte» a la maison, tout en apprenant comment germe une graine, l'influence qu'a la nature du sol, etc. >>. C'est ainsi que l'école primaire a joué son rôle initiatique pour Hélène et beaucoup de ceux qui n'avaientpas un contexte familial scientifique. Promenades en forêt, cueillette des champignons, des jonquilles, ramassage d'escargots, d'écrevisses. . . sont autant d'activités initiées par des sorties sur le terrain. Beaucoup de 61

biologistes se rappellent donc l'influence qu'ont eue pour eux ces sorties, en particulier dans le cadre de classes transplantées. Il en est de même pour les géologues, lors de sorties de terrain à l'époque du collège ou du lycée. Un environnement technique pour des vocations d'ingénieurs et de physiciens

Plus d u n physicien sur trois passait ses loisirs d'enfance au milieu de jeux techniques. Marc fait volontiers une transposition avec sa propre expérience dans un environnement technique omniprésent. Dès l'école primaire, j'étais attiré par les objets techniques. L'environnement dans lequel j'ai grandi a probablement été déterminant. I1 y avait plein de machines, des pompes, des tracteurs qui venaient pour les vendanges... Je me suis toujours posé des questions sur le fonctionnement de ces machines. Cet autre ingénieur a «eu de la chance d'avoir un père assez polyvalent, bricoleur, qui baignait dans la technique. Et puis il y a surtout la première fois où l'on m'a donné à démonter un vieux réveil cassé. >> ((

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Conséquence logique, les enfants comme Marc baignaient dans les jeux techniques : légos techniques pour les plus jeunes interrogés, mécanos pour les plus de trente ans. «Mes parents m'ont offert à Noël une mallette d'électronique. On pouvait fabriquer un détecteur radio. I1 y a eu aussi un petit peu de mécanique et les trains électriques. >> Ainsi un nombre non négligeable d'ingénieurs et de physiciens pensent que le terrain favorable au déclenchement de leur vocation est lié à ces activités et ces jeux techniques dans l'enfance. Pourquoi si peu de filles se dirigent vers les sciences, en particulier les sciences physiques?

Les femmes représentent aux yeux de tous aujourdhuiunvivier de compétences que l'on se doit de ne pas négliger. Elles n'ont constitué l'an passé que 30% des effectifs scientifiques de l'université. On peut s'interroger sur les causes de cette désaffection. Et si elle venait des préjugés que l'on tient à leur égard ? Les résultats de cette enquête montrent l'importance des diff érences de relation avec le père et la mère dans l'enfance, en particulier le rapport aux jeux et aux activités partagées avec les parents. Ont-ils une influence sur la répartition des vocations entre garçons et les filles? S'il semble clair, 62

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en France comme à l'étranger, qu'il y a un déficit important de filles parmi les scientifiques, c'est surtout en mathématiques et en physique que la gent féminine fait défaut. On trouve un nombre important de filles parmi les biologistes, qu'ils s'agisse d'étudiants, de chercheurs ou d'enseignants. Mais entre les femmes et la physique, ça coince ! En fait, peu de filles ont été initiées aux jeux techniques ou au bricolage par leur père, alors qu'on a vu l'importance de cette initiation chez beaucoup de physiciens. Cet environnement éducatif de la petite enfance a donc probablement joué un rôle dans ce déficit de physiciennes et en conséquence sur la proportion globale de filles parmi les scientifiques. Étienne Guyon,physicien et ancien directeur de Normale Sup., est sensible au fait que les femmes constituent un potentiel qu'il ne faut pas négliger. I1 est difficile de faire quelque chose qui soit asexué, même s'il ne faut quand même pas exagérer les différences. Enfin, il y a quand même un manque de jeunes femmes dans le milieu scientifique, et je parle essentiellement pour les domaines tels que la physique, la chimie et les maths, ce qui n'est pas vrai en biologie. Ce phénomène est auto-alimenté par la composition du milieu professionnel. Ainsi, Claire, professeure des écoles, témoigne J'ai fait deux stages d'ingénieur et j'ai pris peur. J'ai réalisé que ce milieu d'hommes ne me conviendrait pas et que, en tant que femme, mon épanouissement serait lié à mes futurs enfants. Pour Yves Quéré ((les femmes, ce n'est pas une question de parité. Elles ne sont pas identiques aux hommes : leurs qualités intellectuelles sont différentes ;ce n'estpas qu'elles soient meilleures ou moins bonnes ! Je crois que la science est privée de tout un aspect potentiel à cause du tout petit nombre de femmes dans le milieu scientifique. Et cela est dû à un tenace préjugé (qui existait déjà de mon temps) prétendant que les filles ne sont pas faites pour la science. Dans mon collège, les filles elles-mêmes disaient qu'elles n'étaient pas assez fortes pour faire des sciences, alors qu'elles étaient bien meilleures que les garçons. ((

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Maurice Porchet10 explique cette différence via une question de société: «En plus du conditionnement dès l'enfance, il y a surtout un discours sur l'incompatibilité entre des études dites difficiles et la vie de famille. Un rapport l'a récemment analysé, bien que, dans le secondaire l'on encourage plus les garçons, ce sont les filles qui réussissent mieux. C'est ce discours sur la difficulté des filières scientifiques et sur l'absence de débouchés professionnels variés tenus, en particulier, par les spécialistes de l'orientation et les enseignants, qu'il faut changer. Le rapport Porchet cite en annexe un certain nombre de constats montrant que ce problème de la sous-représentation ))

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des filles dans les études scientifiques est un problème européen. En Angleterre, une enquête parlementaire indique que (< l’enseignement des sciences est tellement ennuyeux qu’il fait fuir les jeunes et particulièrement les filles, notamment en maths et en sciences dures )). En Allemagne,les filles ne représentent que 15% des effectifs des filières scientifiques. I1 en est de même en Belgique et dans certains états des États-Unis. Au Michigan, une enquête montre que les filles sont aussi douées que les garçons en mathématiques, mais que cette voie ne les intéresse pas. L‘enquête concernant la représentation des sciences et technologies chez les élèves de collège et de lycée de l’Académie de Lille en novembre 2001, s’appuie sur les témoignages de 500 filles et de 500 garçons. Elle montre que les filles recherchent d‘abord le > et privilégient des métiers où l‘on peut , alors que les garçons sont plus souvent ({prêts à se lancer malgré des résultats moyens. ))

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Le goût pour les sciences croît ensuite en fonction du niveau d‘études. Cet intérêt ne concerne que 30 Yo de ceux qui ont arrêté leurs études à quinze ans, contre 60 O/O de ceux dont les études ont dépassé l’âge de 20 ans. Les femmes semblent là encore moins intéressées que les hommes par la science et les techniques (40Yo contre 52%).

Mais il existe un écart entre le pourcentage de personnes qui se disent intéressées par les sciences (45O/o) et celles qui se déclarent bien informées (33%).Ainsi, les journalistes peuvent aussi aider à lutter contre la sousreprésentation des femmes dans les disciplines scientifiques en diffusant largement les grandes réussites de femmes de sciences, notamment dans des revues à lectorat féminin. Pour que les sciences séduisent les jeunes filles, Yves Quéré propose, lui, de développer une image des sciences qui ne soit pas une admiration béate. .I1 nous faut œuvrer à établir une capacité à l’admiration envers ce que la science nous apprend des lois de la nature, envers la façon qu’elle a de nous conduire vers la culture, envers les beautés qu’elle nous révèle du monde, envers ceux des objets créés par elle qui sont susceptibles d‘augmenter le bien-être de chacun, envers les éléments du 64

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bien penser qu’elle est en mesure d‘installer en nous : rigueur, honnêteté et modestie. >> I1 remarque que les filles sont très douées pour les sciences, mais que c’est parce qu’on les décourage qu‘elles ne se dirigent pas vers ces métiers. Claudine Hermann, physicienne et professeure à Polytechnique pense que ces différences d’orientation sont liées aux espérances des familles, qui ne font pas les mêmes choix pour leurs filles que pour leurs garçons. Elle fait référence à une enquête, menée sur des parents de maternelle, qui indique que cette différence apparaît aussi dans le regard des enseignants, qui sont le reflet de la société D. Le métier d‘ingénieur conserve souvent pour les parents une image de cambouis et clé à molette inadaptée aux filles, alors qu‘en réalité, ce métier n’a plus rien à voir avec cette image. ((

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Nourrir la soif de comprendre : quelle place pour les sciences dans les médias? Déclenchée par un événement, une rencontre, la passion nécessite ensuite d'être alimentée... Lors de cette période d'entretien de l'amour pour les sciences, les médias ont leur mot à dire, et particulièrement aujourd'hui, où ils sont omniprésents. L'enquête de l'académie de Lille a montré que les jeunes ont un intérêt pour les sciences et technologies lorsqu'elles sont présentées soit dans des émissions de télévision (78%),soit par le biais d'expositions (850/0d'entre eux).Peu d'entre eux lisent des revues de vulgarisation (17% de filles et 24% de garçons au collège et un peu plus au lycée: 24% de filles et 30% de garçons). Une chose est sûre, ils plébiscitent tous une approche qui permet de faire des expériences. Pourtant les livres ou revues ont joué un rôle dans la vocation de 30% des scientifiques qui ont répondu à l'enquête, davantage pour les plus de trente ans (38%)que pour les plus jeunes (26%),quelle que soit leur spécialité. Des livres pour rassasier la curiosité et donner le plaisir de comprendre

Âgé d'à peine sept ans, Christian extrait avec une certaine gourmandise de la bibliothèque du salon des ouvrages de vulgarisation. Enseignante, sa

mère a toujours su y garnir les rayonnages d'albums, d'ouvrages documentaires et de livres de sciences, pour son plus grand plaisir. Aujourd'hui, c'est un livre de géologie qui l'intéresse particulièrement et qui inconsciemment éveille en lui un intérêt croissant pour les sciences. Et il n'est pas le seul à avoir vécu ce type de lectures initiatiques. Pour Pierre Léna, le développement de la vocation est venu des livres d'expériences.. . j'ai fait les expériences de Tom Tit, trois, quatre, dix, vingt fois ! D'autres jeunes physiciens citent des livres comme : ((dispourquoi ou ( D'autre fois, ce sont les professeurs qui ont joué le rôle d'initiateur pour la lecture. Pour Jean-Yves, c'est un professeur de première qui parlait à ses élèves de livres tels que La double hélice, qui pour lui ((étaient des vrais romans qui nous motivaient! D. Pour d'autres, cela a été une initiation à l'aventure. Claude Lonus, éminent glaciologue, dévorait avec passion les livres de Paul Émile Victor sur l'exploration polaire. Pour Jacques-Mane Bardintzeff, vulcanologue, cela a commencé par des livres qui le faisaient rêver et ouvraient les portes de l'aventure : ce qui m'a aidé gamin, ce sont des petits livres sur les étoiles, l'astronomie, les dinosaures, les volcans. Brigitte Senut a ((avalétous les bouquins de Casteret sur les grottes, ceux de Tazieff sur les volcans.. . j'avais envie d'être vulcanologue. Pour moi tout ça était passionnant. >> ((

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Parfois ce sont des livres très spécialisés qui ont eu un rôle déterminant. Étienne Klein se remémore un livre de Bernard d'Espagnat intitulé À la recherche d u réel, le regard d'un physicien, qui l'a entraîné vers la physique et la philosophie. Pour Gérard, ce fut pendant les grandes vacances qu'il est tombé ((sur un bouquin qui expliquait la mécanique quantique.. .. Ma nécessité de m'affirmerpar rapport au monde environnant. Pour cet autre, ((. . . il y avait un livre de chimie que je lisais à l'âge de dix ans ! Je ne comprenais pas tout, mais je lisais. Voilà pourquoi la chimie, ce langage secret ne m'était pas inconnu ! Une curiosité pour l'étrange. I1 faut très tôt mettre sous les yeux des jeunes gens des choses qui se rapportent aux sciences..., mais pas forcément faire le cadeau de trop d'explications, laisser un mystère. En concevant des ouvrages un peu mystérieux, on pourrait donner la curiosité d e n savoir plus. )>

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Les livres ont eu ce rôle déterminant dans le développement dune attirance particulière pour un sujet scientifique qui a ensuite orienté leur carrière. Ainsi Michel Morange, biologiste, se souvient d'avoir lu des livres de vulgarisation : La collection Le rayon de la science était une collection assez bien illustrée. Je me souviens en particulier d u n de ces livres de Paul Chauchard, qui avait pour titre Le cerveau. C'était attrayant, bien écrit. J'étais en première ((

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ou en terminale et ce livre m'a vraiment passionné pour la recherche sur le cerveau et a joué un rôle important. C'est ce qui m'a donné envie de faire de la biologie. >)

Les livres : du plus simple au plus complexe

Chez un très jeune enfant, l'intérêt pour les sciences peut être nourri simplement par la lecture d u n album avec un parent, album qu'il aimera à feuilleter et à se raconter tout seul ensuite. Les livres présentent l'intérêt d'être thématiques et de pointer un centre d'intérêt de l'enfant. La littérature de jeunesse est aujourd'hui abondante dans le domaine des sciences, preuve s'il en faut de l'intérêt que les jeunes et leurs parents peuvent avoir pour les sciences. Le livre peut répondre aux questions que se pose l'enfant. I1 s'adapte au rythme de son lecteur. Celui-cipeut y revenir, lire et relire, chercher un détail, sauterun chapitre, feuilleter,fouiner, marauder. Photographies pour contextualiser l'information, dessins pour faire apparaître les détails significatifs, schémas pour aider à visualiser un phénomène ou comprendre un mécanisme. . . autant de visuels qui aident à comprendre. Ainsi les livres permettent aux jeunes de découvrir la science à leur rythme à partir du moment où d'autres incitations leur en ont donné l'envie. En effet, si le livre est quelquefois premier déclencheur dans l'origine des vocations, il est souvent un des compagnons incontournables des scientifiques en herbe. Ils sont même quelques-uns à citer le livre très compliqué qu'on relit plusieurs fois avant de comprendre. Si l'intérêt devient passion, rien ne rebute les enfants. L'attrait des animaux est particulièrement grand chez les petits et ne demande qu'à être nourri par l'abondante littérature existante. Ce n'est pas pour cela qu'il faut abandonner les fictions, car le développement de l'imaginaire est fondamental chez l'enfant et même pour l'esprit scientifique. Les scientifiques qui ont le plus fait avancer les sciences et les techniques sont ceux qui ont imaginé des théories ou des réalisations nouvelles, voire révolutionnaires par rapport au savoir de leur époque. Les revues de vulgarisation scientifique

L'adolescence est un âge où la lecture de revues, telles que Science et Wejunior, est citée comme importante pour l'entretien du questionnement et de l'intérêt pour les sciences. Alors que les revues de vulgarisation sont 70

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citées par près de 70 %O des jeunes scientifiques, seulement 15O/o des moins jeunes y font référence. Cette progression considérable de leur impact s'explique par l'augmentation de l'offre depuis une vingtaine d'années, en particulier avec des revues s'adressant aux plus jeunes. La plupart des scientifiques interrogés étaient abonnés à une revue et en achetaient d'autres, de temps en temps, en fonction des sujets. Les noms de nombreuses revues reviennent dans la plupart des entretiens : Science et Vie,Sciences et avenir, Pour la science, La recherche. Les plus jeunes en citent davantage, ce qui correspond aussi à l'augmentation de ce type de magazines: Science et vie junior, mais aussi des revues plus généralistes, qui ont une rubrique sciences, comme images Doc, Astrapi ou Okapi... Les articles et les revues pour enfants sur les animaux sont souvent cités et ce n'est sans doute pas un hasard si, parmi ces lecteurs, on trouve davantage de biologistes (60%)que de physiciens (35To). Pour ces enfants, les revues ont permis de nourrir la curiosité, d'alimenter la soif de comprendre le monde qui les entoure, de les intéresser à toutes les questions de sciences, de les enthousiasmer pour les nouvelles découvertes, de leur fournir des sujets de discussion avec les copains. Ainsi une jeune mère de famille constate l'intérêt de sa fille ((Quandelle reçoit Pomme d'api, elle fonce sur une rubrique qui s'appelle "zig et zag" et qui répond à des questions scientifiques. Mais elle aime bien le lire avec moi. D'avoir quelqu'un qui répond à un tout jeune enfant, ça peut déclencher pas mal de choses. ))

Ces scientifiques font référence aux revues de vulgarisation, non comme déclencheur, mais comme un objet qui leur a permis d'entretenir leur vocation naissante en nourrissant leur intérêt pour les sciences. > raconte Pierre-Gillesde Gennes. 71

La télévision, une petite lucarne ouverte sur l'aventure scientifique

Alors que la télévision est le média en face duquel les enfants passent le plus de temps, elle n'a eu qu'un rôle modéré sur les vocations. Seulement 16% des scientifiques la citent, principalement les plus jeunes (20%).En effet, beaucoup des plus âgés (8%)n'avaient pas la télévision lorsqu'ils étaient jeunes. ((JérômeBonaldi et sa fameuse grand-mère m'ont permis de développer mon amour pour les sciences. Ensuite, j'ai admiré l'émission C'est pas sorcier que je continue de suivre avec un grand plaisir.» Cette déclaration d'un jeune scientifique, illustre l'intérêt de magazines scientifiques. Pour les plus jeunes, comme Florence, physicienne, à la télévision, j'ai souvent regardé des émissions comme celle présentée par Laurent Broomhead. Mais je ne ratais jamais E=M6 et surtout C'est pas sorcier. Cette dernière répondait à beaucoup de mes questions. Elle est le modèle de référence cité par la plupart des jeunes scientifiques. Elle aborde beaucoup de sujets passionnants et situe les phénomènes expliqués dans leur contexte, ce qui en développe l'intérêt. Chaque thème est illustré par des manipulations qui permettent de comprendre. >

Parmi ceux qui parlent du rôle de la télévision dans le développement de leur passion, on trouve 20 Yo des jeunes biologistes, contre seulement 4% de physiciens. Certains citent à l'appui de leur vocation des séries comme I/ était unefois la vie, II était unefois /'homme. L'origine de cette différence semble liée à la représentation de la nature et en particulier aux émissions animalières et aux séries documentaires, qui rappellent les émissions si emblématiques du commandant Cousteau. « f i la télé, ce qui a été marquant, c'est l'aventure spatiale, les premiers hommes sur la lune.. . Et puis Les animaux du monde lorsque l'émission a été créée. >>

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La personnalité de scientifiques médiatiques est indissociable du déclenchement de certaines vocations. Combien Cousteau a-t-il déclenché de vocations d'océanographes? Et combien d'intérêts Hubert Reeves a-t-il suscités pour l'astronomie? Ainsi pour Jacques-Mane Bardintzeff, «il y a eu Tazieff, l'homme qui a médiatisé sa science grâce à ses livres, grâce à ses films et ses premières émissions de télé. Cousteau aussi, via ses premiers films ou l'on découvrait des images que l'on ne soupçonnait pas. Malheureusement, hormis quelques films d'aventures et les séries hebdomadaires, il est vrai que la télévision n'a jamais fait une place très importante aux sciences. Un jeune enseignant scientifique confie qu'il serait plus judicieux que l'émission On vous ditpourquoi sur l'antenne de France 2 jusqu'en 2006 soit rebaptisée Le cercle de minuit vu ses horaires de présentation ! (qui n'avait pas encore le créneau horaire du samedi après-midi).Mais une étude de 2004 menée par note une surconsommationd'informations l'Observatoire du débat public (ODP) qui se double dune superficialité des informations engrangées. Cette boulimie d'informations correspond à un sentiment d'inquiétude sur l'évolution du monde qui se traduit par un besoin de suivre les événements en direct. ))

Une note positive toutefois : de nouvelles émissions sont créées aujourd'hui, mettant en scène des chimistes, médecins légistes et autres experts capables de décrypter des empreintes digitales et de retrouver des criminels grâce à leur ADN. C'est le cas de la série américaine Les experts qui défraie la chronique en suscitant des vocations chez les jeunes. Alors Internet va-t-il donner un nouvel accès aux informations scientifiques et par là augmenter leur intérêt auprès des jeunes? D'après Médiamétrie, en 2006, quatre Français sur dix déclarent ((surfersur la toile >>. LIntemet est sans doute un moyen important pour développer l'information scientifique et technique, à condition toutefois de déclencher l'envie de savoir par d'autres moyens. En effet, il existe sur 1'Intemet beaucoup d'informations et à tous les niveaux, du public le plus large au plus spécialisé. L'Intemet a d'abord été créé par les scientifiques pour communiquer. Mais pour avoir envie d'aller chercher l'information, il faut être sensibilisé, avoir envie, ce qui renvoie aux premiers maillons dont nous avons parlé, les adultes, parents ou enseignants. Mais les médias détournent-ils des jeunes de la science?

Si les médias ont entretenu quelques vocations, beaucoup de scientifiques, comme Jacques-Mane Bardintzeff, regrettent de les voir parfois jouer 73

les apprentis sorciers. «Dès qu'il y a une affaire, ils la montent en épingle, alors que l'on ne voit pas ce qui se passe tous les jours. Ils sont parfois un petit peu fautifs lorsqu'ils ne montrent que les dangers de la science, même s'ils sont réels.» Les sciences et la technologie sont présentées dans les médias, et surtout dans la presse, essentiellement comme une source de . que, problèmes. C'est ce que rapporte un rapport publié en 2 0 0 2 ~I1~ s'avère si la presse fait souvent la une sur tel ou tel problème lié aux applications de la science, elle la fait plus rarement sur une innovation scientifique ou technique. Les médias oublient de montrer qu'hternet ou le téléphone portable sont des applications directes du travail de techniciens et dingénieurs. Les immenses succès de la science finissent par créer une sorte de saturation de l'émerveillement tout en laissant subsister l'inquiétude. Pour Maurice Tubiana, «les médias ont un rôle négatif en ne mettant toujours en exergue que les conséquences néfastes. Si notre civilisation ne voit que ça, elle est condamnée à mort. ))

La télévision ne rend pas vraiment compte des progrès et des interrogations scientifiques et accorde peu de place aux émissions scientifiques, et encore sur des plages horaires peu favorables à faire de l'audience. Sur les horaires à fort taux d'audience, les disciplines scientifiques sont très peu et très inégalement représentées. Si l'on trouve parfois des sujets concernant la médecine et la santé, quelquefois l'archéologie et l'espace, les sciences plus abstraites et les nouvelles technologies y sont absentes. Les responsables de chaîne considèrent que les émissions scientifiques ne captivent pas le public. Pourtant, le succès de L'Odyssée de l'espèce en 2006 a montré que cette idée est peut-être inexacte. Le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (CSA) a constaté en octobre 2002

Les bienfaits de la science sont-ils plus importants que les effets nuisibles qu'elle pourrait avoir? Regardons ce qu'il en est au niveau européen. Une personne sur quatre répond négativement à cette question. Ces résultats sont 74

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d'abord dus à un amalgame entre les progrès scientifiques et l'usage que l'on en fait. Cette image de la science dépend également du niveau culturel, puisque les réponses sont d'autant plus favorables à la science que le niveau culturel est élevé. Pourtant, 84% des Européens ont une bonne perception de la recherche et de l'innovation pour le développement industriel et économique. Ils estiment que la recherche scientifique est essentielle pour le développement des nouvelles technologies. Le sentiment négatif pour la science est probablement dû à ce que la science change trop rapidement nos modes de vie, comme le pensent 6i0/0 des personnes interrogées. Cette défiance relative est d'ailleurs surtout exprimée par des personnes plus âgées, moins diplômées et n'ayant pas de formations scientifiques. Reste que le métier de chercheur bénéficie d'une excellente image, pour 85 YOdes Français interrogés, qui le considèrent comme attirant, de nature à apporter une satisfaction personnelle, valorisant socialement »; 82 Yo considèrent qu'il s'agit d'un métier d'équipe et 60 Yo trouvent qu'il est ouvert sur le monde et la société. Mais 30 O/o pensent que c'est un métier où l'on ne gagne pas bien sa vie. Le sondage eurobaromètre confirme ces résultats à l'échelle européenne et tente de répondre à la question «Quellessont les raisons de la désaffection des études scientifiques? Pour 67% des jeunes lycéens, c'est .parce que les cours de sciences ne sont pas assez attrayants pour 59 O/o ((parce que les matières scientifiques sont trop difficiles pour 53% cc parce qu'ils sont moins intéressés par les sujets scientifiques et enfin pour 40% parce que ((les salaires ne sont pas assez attrayants. >> Par ailleurs, ce sondage montre que 94% des gens pensent que les femmes y ont aussi bien leur place que les hommes. ((

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Pour Pierre-Gilles de Gennes, «une des causes de la désaffection des jeunes pour les sciences est qu'il y a des applications des sciences qui sont néfastes ou qui sont mal faites, comme Bopal ou les armes nucléaires.. . I1 y a une inquiétude naturelle vis-à-vis de la science qui fait du mal en particulier à la chimie parce que les lycéens ont du coup un préjugé négatif pour la chimie. >) Et il en est de même avec les levées de bouclier contre les OGM. Comme l'analyse Maurice Tubiana, «la désaffection des sciences et de la technique, ainsi que la perte de la croyance au progrès ont un effet dissuasif pour s'engager vers la science. . . Si elle conduit aux bombes, à la pollution, au désordre climatique, pourquoi y participer? Le progrès est offert à l'homme et c'est à lui d e n faire le bien ou le mal. Si l'on regarde dans l'histoire, le bien a colossalement gagné sur le mal: il suffit de regarder l'augmentation de l'espérance de vie. ))

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L'image de la science qui prévalait au début du xxe siècle, noble et porteuse des espoirs de l'humanité, a donc été remplacée par celle dune science potentiellement dangereuse. Les progrès de la science ont permis une telle précision des techniques de mesures que l'on ne veut plus admettre le hasard et l'imprévu. Ainsi, si vous lisez les étiquettes des médicaments, vous risquez de ne plus oser en prendre, car la gestion de la responsabilité conduit le fabricant à énoncer une liste de risques considérable ! Comme l'écrit Étienne Klein, physicien au CEA et philosophe des sciences, l'image des scientifiques entremêle désormais les figures de Pasteur et de Frankenstein Alors que l'innovation scientifique change en permanence notre environnement technique, par exemple avec les téléphones portables et Internet, la société réclame le zéro défaut. À chaque fois qu'une innovation scientifique ou technique s'annonce, nous nous empressons de dresser la liste des dangers potentiels que cette innovation pourrait induire, quand bien même ces risques seraient très faibles. Dans une société où les menaces ont diminué et où la longévité de la vie a beaucoup augmenté grâce aux progrès de la science médicale, et une société qui cultive la recherche du risque zéro D, la science s'est donnée des outils de mesure et d'analyse qui amplifient le sentiment de danger. ((

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Le public développe ainsi une méfiance envers les détenteurs de savoirs. I1juge la science , explique t-il. En réalité, les jeunes aiment la science mais simplement, ils n'ont plus envie d e n faire.. . On peut alors en venir à se demander si les carrières des sciences sont si attirantes? Cette approche binaire des sciences n'a t-elle pas toujours existé? Yves Quéré rappelle que: ((L'homme qui taillait son silex au bord de la rivière

utilisait des connaissances d'ordre scientifiques en vue de fabriquer un outil capable aussi bien de tuer son frère que de cultiver son champ. Nous dirions maintenant que la silice Si02 est un solide ionique à la fois dur et fragile ! >> Paradoxalement, il semble que l'on n'ait jamais autant communiqué sur les sciences, et cela n'attire pas spécialement les foules. . . Patience et persévérance, c'est peut-être cela qui fait défaut: les gens n'ont plus le temps de consa76

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crer du temps aux sciences, n'ont plus le temps de consacrer suffisamment d'efforts pour devenir capables de comprendre ce qui se passe. Le système médiatique encombre les esprits et, il n'y a plus de place pour accueillir des discours compliqués. On devient alors très désarmé devant le flot d'informations parce que le terreau conceptuel qui permet de les comprendre n'est pas présent.

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La vocation scientifique tarie p a r la recherche de nouveaux eldorados?

Les jeunes se disent peu attirés par les métiers scientifiques, invoquant des études cc trop longues et trop difficiles. La diminution des effectifs de certains cursus scientifiques est quant à elle, selon un récent rapport, due au fait que les jeunes ont l'impression que les études scientifiques les éloignent des vrais problèmes du monde et surtout qu'elle sont cc difficiles,exigeantes en durée et en intensité de travail. I1 est vrai que les études en sciences sont dévoreuses de temps et ne laissent pas toujours beaucoup de plages libres pour s'amuser. Mais la science n'a-t-elle pas toujours été une activité ludique par excellence? ))

))

Les étudiants boudent-ils les études scientifiques? La désaffection pour les sciences, en France, ne concerne pas l'enseignement secondaire, où les effectifs des bacs S sont stables depuis une dizaine d'années, Mais elle concerne l'enseignement supérieur et en particulier le 79

premier cycle universitaire : un tiers seulement des bacheliers des sections scientifiques ou techniques se dirigent vers des études supérieures dans ces domaines. Pour exemple, entre 1995 et 2000, a l'université Louis Pasteur de Strasbourg, le nombre d'étudiants en DEUG Sciences a diminué de 32% au total, avec 47% en sciences de la matière (physique et chimie). Les universités françaises ont perdu 20 à 40 Oo/ de leurs étudiants en dix ans et la France a perdu 37% de ses diplômés en sciences physiques depuis 1995 et 18% en mathématiques depuis 199812.La situation est encore plus dramatique chez nos voisins européens : l'Écosse ne possède plus qu'un seul établissement universitaire enseignant la géologie et en Belgique on n'enseigne la chimie que dans trois universités seulement. Pour Maurice Porchet, les universités françaises seront bientôt acculées à des fermetures, N à l'horizon 2008-2010,laFrance seradanslamême situationque sesvoisins. Certains DEUG sont actuellement ouverts pour cinquante étudiants. Évidemment, il est plus simple d'envisager des regroupements à Paris qu'en province, malheureusement je crois que certains sites seront progressivement amenés à fermer. ))

Les filières qui se sont le plus asséchées sont celles où l'on rentre en DEUG et pour lesquelles il n'y a pas de sorties possibles avant bac+5. Les étudiants post-baccalauréat plébiscitent donc les filières avec des niveaux de sortie intermédiaires, préférant préparer un IUT et ensuite poursuivre. Comme l'explique Pierre Léna >, Rapport pour l'UNESCO, 2004. ((

8 - Guy Ourisson, N Désaffection des étudiants pour les études scientifiques

)),

2002.

g - Les , Rapport au Ministre, 2002.

11 -

Guy Ourisson, ((Désaffectiondes étudiants pour les études scientifiques

)>,

2002. 12-

Source : rapport d'information no 3061 sur l'enseignement scientifique dans le primaire et le secondaire présenté par Jean-MarieRolland,Assemblée nationale, Paris, mai 2006.

q,- Rapport du Conseil d'analyse économique (CAE),politique et croissance économique, mars 2006.

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Bibliographie e t adresses u t i l e s

- Des rapports s u r la question

de la crise des vocations Avenir de la recherche, Compte rendu analytique officiel de la séance du 29 avril 2004, www.senat.fr

Désaflection des étudiantspour les études scientifiques, Guy Ourisson, 2002.

Les jeunes et les études scientifiques, Maurice Porchet, Rapport au Ministre, 2002.

Quelles solutionspour la crise de l’enseignement des sciences?, Yves Quéré, Rapport pour l’UNESCO, 2004.

L’opération «La main à la pâte» et l‘enseignementdes sciences d l’écoleprimaire, Sarmant Jean-Pierre, MEN,juin 1999. L’enfant et la Science,L’avenhue de .La main à la pâte», Georges Charpak, Pierre Léna, Yves Quéré, ODILE JACOB, 2005.

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- Des pistes pour aider à développer les vocations de vos enfants Musées de sciences, expositions scientifiques

Cité des Sciences et de l'Industrie - Paris 30, avenue Corentin Cariou, 75930 Pans Cedex i g - Té1 : 0140 05 70 00 http://www.cite-sciences.fr Palais de la découverte - Paris Avenue Franklin Roosevelt, 75008 Paris - Tél: 0140 74 80 0 0 http://www.palais-decouverte.fr Muséum national d'Histoire naturelle Jardin des Plantes, 36, rue Geoffroy Saint Hilaire, 75005 Pans http://www.mnhn.fr Musée des Arts et métiers - Paris 292, rue Saint-Martin,75003 Pans - Tél: 0153 0182 82 http://www.arts-et-metiers.net Musée de l'Homme - Paris 17,place du Trocadéro, 75116 Paris - Tél: 0144 05 72 00 Agropolis-Muséum- Montpellier 951, avenue Agropolis, 34394 Montpellier Cedex 5 - Té1 : 04 67 04 75 0 0 http://www.agropolis.fr Cap Sciences - Bordeaux Hangar 20, quai de Bacalan, 33000 Bordeaux - Tél: 0 5 56 01 07 07 http://www.cap-scienceS.net 94

CCSTI - Laval 21,rue du Douanier Rousseau, 53000 Laval - Té1 : 02 q j49 47 81 CCSTI de Bourgogne - Dijon 36,rue Chabot Chamy, 21000 Dijon - Tél: 03 80 58 98fl http://www.ccstib.org CCSTI de La Rochelle - La Rochelle 28,rue Albert ier, 17000 La Rochelle - Tél: 05 46 41825 CCSTI de Picardie - Amiens 57,route de Paris, 80000Amiens - Tél: 03 22 9573 97 CCSTI du Rhône - Lyon

Pôle Universitaire de Lyon-QuartierSergent Blandan 37,rue du Repos, 69361Lyon Cedex 07- Té1 : 04 373726 86 http://www.ccsti-lyon.org/

CCSTI Galerie Eurêka - Chambéry Carré Curial, 116,rue de la République, BP 1105,73011Chambéry Tél: 0479 60 0425 - http://www.ccsti-chambery.org CCSTI La Casemate - Grenoble Place Saint-Laurent,38000 Grenoble - Tél: 0476 4430 79 http://www.ccsti-grenoble.org CCSTI La Rotonde - Saint-Étienne

École nationale supérieure des mines de Saint-Étienne 158,cours Fauriel, 42023 Saint-Étienne - Té1 : 04fl 4202 65 http://www.emse.fr/CSL

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CCSTI Maison de la Mer - Lorient 1,avenue de la Marne, 56100Lorient - Té1 : 02 97848737 http://www.ccstilonent.org Fondation 93 Atelier des Sciences - Montreuil 70, rue Douy Delcupe, 93100Montreuil - Té1 : 0149 886633 http://www.fondationg3.org

Forum des Sciences - Villeneuve dAscq 1,Place de l'Hôte1 de Ville, 59650 Villeneuve dAscq Tel: 03 20 ig 36 0 0 - http://www.fomm-des-sciences.tm.fr L'Espace des Sciences - Rennes Les champs libres, io, cours des Alliés, 35000 Rennes Tél: 02 23 40 6640- http://www.espace-sciences.org La Cité de i'Espace - Toulouse Avenue Jean-Gonord, BP 5855,31506Toulouse Cedex 5 Tél: 05 62 71 6480- http://www.cite-espace.com La Nef des Sciences - Mulhouse Maison du Technopôle, 40 rue Marc Seguin, 68060Mulhouse Cedex Tél: 03 89 327633 - http://www.nef-des-sciences.uha.fr Musée de Tautavel - Centre européen de préhistoire Tautavel-en-Roussillon Route de Vingrau, 66720Tautavel-en-Roussillon- Té1 : 046829 0776 Musée du Sable - Château-D'Olonne Rue des Plesses, 85180 Château-D'Olonnne - Té1: 02 51 22 0494 http://www.chez.com/sable 96

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U T I L F S

Nausicaà - Centre national de la Mer - Boulogne-Sur-Mer Boulevard Saint-Beuve62200 Boulogne-Sur-Mer- Té1 : 03 21 30 gg gg http://www.nausicaa.fr Océanopolis - Brest Port de plaisance du Moulin-Blanc,BP 411, 29275 Brest Cedex Tél: 02 98 34 40 40 - http://www.oceanopolis.com

Revues de vulgarisationscientifique ou ayant une rubrique sciences

Astrapi de 7 à 11ans Cosinus les mathématiques et les sciences pour les enfants à partir du collège Euréka Géoado Images Doc De 8 à 12 ans La recherche Le monde de l'intelligence Les clés de l'actualité Les génies de la science Okapi De 11à 15 ans 97

Phosphore Pour les 15-25ans Pif Gadget

Pour la science Sciences et avenir Science et Vie Science et Vie junior Wakou Magazine destiné aux enfants de 3 à 7 ans, curieux de nature Wapiti Les sciences de la nature pour les enfants de 7à 13 ans

Émissions de télévision

Questionscience Diffusé un mercredi par mois à 20 h 50 sur France 5 C'est pas sorcier Du lundi au vendredi à 17 h 30 sur France 3 http://www.cestpassorcier.com/ Savoir + sciences Sur France 2, un samedi par mois à 14 h E=M6

http://www.em6.fr/

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Émissions de radio

France info : - Info Sciences: par Mane-Odile Monchicourt, du lundi au mercredi, l'actualité scientifique et technologique à la portée de tous -L'InvitéSciences:par Bernard Thomasson,le vendredi à ig h ig et 23 h 49

-Lascience en livres: par Laurent Broomhead, le dimanche à 06 h 27, 08 h 27,io h 27,11h 57 France culture : - Science;frictions:par Michel Alberganti le samedi de 12h à 12h 30 - Science culture: par Julie Clarini le vendredi

de ig h 30 à 20 h 30

Continent Sciences: par Stéphane Deligeorges le mardi de 14h à 15 h France Inter : -Latête au carré:par Mathieu Vidard, du lundi au vendredi de 14h à 15 h

Web

Futura sciences Portail scientifique avec un contenu riche, actualisé 24h /24 http://www.futura-sciences.com Cybersciences La science et la technologie pour tous http://www.cybersciences.com

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Infoscience http://www.infoscience.fr

Pomms Portail et magazine de médiation scientifique http://www.pomms.org Science.gouv Portail des sciences du ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche - http://www.science.gouv.fr Greefacts Dossiers sur l'environnement et sur la santé http://www.greenfacts.org Télésavoirs Découvrir, comprendre, débattre les questions scientifiques contemporaines - http://www.telesavoirs.com Yahoo sciences

http://fr.news.yahoo.com/45/

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Les partenaires

Orienter plus de jeunes vers les formations scientifiques et techniques est indispensable, dans leur propre intérêt professionnel et dans l'intérêt général, car la croissance dépendra de plus en plus du capital humain du pays. En août 2006, cinq entreprises industrielles : Areva, EADS, France Télécom, Schlumberger et SNCF ont crée la Fondation C.GéniaZ avec l'ambition de mettre en œuvre leurs moyens humains et financiers pour renforcer l'information des collégiens et lycéens sur les métiers de la science et de la technique en entreprise et convaincre par l'exemple : l'expérience d'un chercheur, d'un technicien ou d u n ingénieur passionné par son métier a plus de poids que toutes les statistiques sur l'emploi pour motiver et orienter des adolescents. C'est pourquoi CGéniaZ a souhaité soutenir ce livre de Florence Guichard sur l'éveil des vocations chez les mordus de sciences. André Levy-Lang Président de la Fondation C.Génia1 http://www.cgenial.org

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L'Espace des sciences de Rennes Bretagne est un

Les Chamos Libres Rennes ~

centre de culture scientifique, technique et industrielle. Créé en 1984, il a d'abord développé son activité dans un centre commercial. En 2006, il a rejoint les Champs Libres, un bâtiment conçu par l'architecte Christian de Portzamparc, qui abrite également le Musée de Bretagne et la Bibliothèque de Rennes Métropole.

Géré par une association, l'Espace des sciences a pour ambition de faire partager auprès du plus nombre le plaisir des connaissances scientifiques et de susciter des vocations scientifiques. I1 inscrit son action auprès d'un large public, notamment des jeunes, en favorisant les liens directs entre d'une part les scientifiques, les médiateurs et le grand public, d'autre part en mettant ses visiteurs en situation d'expérimenter et de manipuler. L'Espace des sciences entretient une collaboration soutenue et régulière avec le Palais de la découverte. Michel Cabaret Directeur de l'Espace des sciences http://www.espace-sciences.org

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