L'enquête du Régent 1716-1718: Sciences, Etat et économie dans la France pré-industrielle 9782503528175, 2503528171

Lorsque Philippe d'Orléans devient, à la fin de 1715, régent de France, il est convaincu de l'"utilité de

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L'enquête du Régent 1716-1718: Sciences, Etat et économie dans la France pré-industrielle
 9782503528175, 2503528171

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L’ENQUÊTE DU RÉGENT 1716-1718 SCIENCES, TECHNIQUES ET POLITIQUE DANS LA FRANCE PRÉ-INDUSTRIELLE

DE DIVERSIS ARTIBUS COLLECTION DE TRAVAUX

COLLECTION OF STUDIES

DE L’ACADÉMIE INTERNATIONALE

FROM THE INTERNATIONAL ACADEMY

D’HISTOIRE DES SCIENCES

OF THE HISTORY OF SCIENCE

DIRECTION EDITORS

EMMANUEL

POULLE

ROBERT

HALLEUX

TOME 83 (N.S. 46)

H F

L’ENQUÊTE DU RÉGENT 1716-1718 SCIENCES, TECHNIQUES ET POLITIQUE DANS LA FRANCE PRÉ-INDUSTRIELLE Corpus de textes établis, présentés et annotés par

Christiane DEMEULENAERE-DOUYÈRE et David J. STURDY

H F

Publié avec le soutien de la Région Wallonne

© 2008 Brepols Publishers n.v., Turnhout, Belgium All rights reserved. No part of this publication may be reproduced, stored in a retrieval system, or transmitted, in any form or by any means, electronic, mechanical, photocopying, recording, or otherwise, without the prior permission of the publisher. D/2008/0095/11 ISBN 978-2-503-52817-5 Printed on acid-free paper

AVANT-PROPOS

Les Archives de l’Académie des sciences recèlent trois cartons qui portent un titre énigmatique : “ Enquêtes du Régent ”. Ces documents, ainsi que d’autres qui sont dispersés dans d’autres fonds des archives de l’Académie, résultent d’une enquête nationale qui a été réalisée entre 1716 et 1718 par les intendants sous les ordres du Régent et la direction scientifique de l’Académie des sciences. Durant cette enquête dont le but était de constater les richesses naturelles – surtout minérales – de la France, le Régent a transmis pour examen à l’Académie des sciences les mémoires, lettres et autres documents qui lui étaient adressés ; c’est là qu’ils se trouvent encore. Sans doute à cause de la localisation de ces documents aux Archives de l’Académie et non pas aux Archives nationales, cette enquête est restée peu ou pas connue de la plupart des historiens1. Certains qui s’intéressent à l’histoire locale, l’ont parfois consultée, mais les documents n’ont jamais été étudiés ni analysés dans leur ensemble et ils n’ont pas été mis à contribution comme ils l’auraient mérité pour écrire l’histoire de la Régence et l’histoire des sciences. On peut aussi expliquer l’ignorance générale manifestée vis-à-vis de ces documents par les historiens des sciences par le fait qu’on n’en trouve pas mention dans les procès-verbaux des séances de l’Académie des sciences. Ceux-ci – source fondamentale pour toute étude de l’histoire de l’Académie avant 1793 – constituent en quelque sorte un sommaire formel des séances de l’Académie. Mais ils contiennent principalement des résumés des mémoires qui y ont été lus ou des informations sur les affaires de la Compagnie qui y ont été évoquées. Ils ne rendent pas compte des tâches “ secondaires ” assumées par l’Académie. Tel était le cas de l’enquête qui s’inscrivait dans la politique du Régent et qui n’est pas mentionnée dans les registres de procès-verbaux. Cette enquête a été signalée aux chercheurs dans le guide des archives de l’Académie des sciences publié en 19962, et quelques indications sur sa signi1. Dans Les sources statistiques de l’histoire de France, Bertrand Gille semble ignorer l’enquête du Régent lorsqu’il traite des enquêtes consacrées aux mines ou à la métallurgie sous l’Ancien Régime (p. 62-67) pour l’évoquer curieusement au titre des enquêtes agricoles (p. 71), citant l’article de J. Pilisi, “ L’enquête ordonnée par le régent sur les richesses naturelles de la France (1716-1717) ”, Revue d’histoire des sciences, XVI (1963), p. 373-374. 2. É. Brian et Chr. Demeulenaere-Douyère (dir.), Histoire et mémoire de l’Académie des sciences. Guide de recherches, Paris, 1996, p. 66.

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L’ENQUÊTE DU RÉGENT

fication ont été esquissées dans une des communications faites au colloque organisé à Paris en 1999 pour commémorer le troisième centenaire de la réforme de l’Académie en 16993. Convaincus de l’importance de l’enquête sur plusieurs plans – histoire politique, économique, sociale et régionale, histoire des sciences et des techniques et histoire de l’Académie royale des sciences – nous avons souhaité publier les documents qui en subsistent aujourd’hui pour les mettre à la disposition des chercheurs dans une édition critique. L’enquête de 1716-1718 qui marquait une collaboration remarquable entre l’État et l’Académie des sciences, mérite en effet d’être connue aussi largement que possible. Les éditeurs tiennent à exprimer leur gratitude à l’Académie des sciences de l’Institut de France dont les Secrétaires perpétuels les ont autorisés à publier ces documents. Ils remercient vivement les collègues et institutions qui les ont aidés dans leur tâche : en premier lieu, Mme Florence Greffe, Mme Claudine Pouret, Mme Marie-Josèphe Mine et M. Pierre Leroi qui les ont toujours accueillis chaleureusement aux Archives de l’Académie des sciences et ont veillé à leur assurer de bonnes conditions de travail ; the Arts and Humanities Research Board ; the University of Ulster ; M. Kilian McDaid, cartographe à l’University of Ulster ; Mme Gillian Coward et Mme Marie-Thérèse Oubrier-Austin. Ils expriment également une gratitude toute particulière aux Professeurs Robert Halleux et Emmanuel Poulle qui leur ont proposé d’accueillir cette publication dans la collection De Diversis Artibus qu’ils dirigent aux Editions Brépols. Ils adressent enfin des remerciements à tous ceux de leurs collègues qui leur ont apporté informations, conseils et encouragements au cours de la préparation de cette publication, et tout particulièrement à M. Éric Brian, directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (ÉHESS-Centre Maurice-Halbwachs–ÉNS), Mme Anne-Françoise Garçon, professeur à l’Université Paris I, Mme Liliane Hilaire-Pérez, maître de conférences au Centre d’histoire des techniques et de l’environnement (CDHTE-CNAM-ÉHESS), Mme Martine Illaire, conservateur en chef aux Archives nationales, Mme Martine Plouvier, conservateur en chef aux Archives nationales, qui leur a également apporté son concours pour les reproductions de documents iconographiques, ainsi qu’à Mme Anne Goulet, directeur des services d’archives des Pyrénées-Atlantiques, M. François Gasnault et Mme Julie Fontanel, aux Archives départementales des Bouches-du-Rhône, et Mme Sylvie Clair,

3. D. J. Sturdy, “ L’Académie royale des sciences et l’enquête du Régent de 1716-1718 ”, dans Chr. Demeulenaere-Douyère et É. Brian (éd.), Règlement, usages et science dans la France de l’absolutisme : à l’occasion du troisième centenaire du règlement instituant l’Académie royale des sciences (26 janvier 1699), Paris, 2002, p. 138-139.

AVANT-PROPOS

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aux Archives municipales de Marseille, qui ont contribué à identifier plus précisément certains lieux ou personnages. Christiane Demeulenaere-Douyère et David J. Sturdy

INTRODUCTION Le 1er septembre 1715, Louis XIV meurt à Versailles et son arrière-petit-fils Louis, duc d’Anjou, est proclamé roi sous le nom de Louis XV. Celui-ci n’a que cinq ans, ce qui rend une régence obligatoire. Dès le lendemain, le Parlement de Paris reconnaît Philippe II d’Orléans, neveu de Louis XIV, comme Régent avec les pleins pouvoirs, ignorant délibérément la clause du testament du défunt roi qui plaçait ce dernier sous l’autorité du duc du Maine au sein d’un conseil de Régence. La situation sociale et économique lamentable du royaume, après près d’un demi-siècle de guerres, et la nécessité d’organiser les relations entre la France et les autres puissances européennes à la suite des traités de paix signés à Utrecht (1713) font que le nouveau Régent se trouve confronté à de redoutables problèmes qui exigent de lui une application exceptionnelle. S’appuyant sur une structure nouvelle de gouvernement (connue sous le nom de “ polysynodie ”), il doit s’attaquer à une multitude de chantiers : réformer les finances, améliorer les relations avec le Parlement de Paris, réintégrer la France dans les relations internationales, calmer les débats autour de la bulle Unigenitus et régler tous les autres problèmes légués par Louis XIV. Malgré la lourdeur de la tâche, Philippe d’Orléans s’intéresse aussi à d’autres sujets qu’il estime mériter son attention en tant que Régent ; parmi eux figurent l’Académie royale des sciences et le rôle qu’elle peut jouer au service de l’État. Une des premières décisions du Régent est d’engager l’Académie dans un projet qui lui tient à cœur et qu’il lance quelques mois seulement après son accession à la régence. Il s’agit d’une enquête confiée aux soins des intendants, dont le but est de constater la quantité et la qualité des ressources naturelles, surtout minérales, dont dispose le royaume. Cette enquête sera dirigée en étroite collaboration avec l’Académie des sciences qui en développera la stratégie générale, mettra au point les instructions que le Régent adressera aux intendants, recevra les rapports et en analysera les résultats. Mais – et c’est un aspect fondamental de cette enquête – tout cela sera fait au nom du Régent et presque tout passera par lui. Son engagement personnel dans le projet en fera vraiment “ l’enquête du Régent ”. La décision prise, l’enquête est lancée. Pourquoi le Régent s’engage-t-il dans cette voie, quels sont les motifs qui le guident et quels résultats espère-t-il de l’enquête ?

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L’ENQUÊTE DU RÉGENT

LES ORIGINES DE L’ENQUÊTE DU RÉGENT L’enquête du Régent procède principalement de trois éléments : d’abord, la volonté du Régent qui, malgré sa réputation de libertin notoire, a des idées éclairées en matière de sciences et sur la possibilité d’utiliser celles-ci pour améliorer la situation économique et sociale du royaume. Par ailleurs, au sein de l’Académie royale des sciences elle-même, certaines tendances se font jour pour promouvoir la cause de l’utilité des sciences au service de l’État. Enfin, l’enquête s’inscrit dans la continuité d’un projet qui remonte aux premières années de l’Académie des sciences : la publication d’un ouvrage collectif intitulé Descriptions des arts et métiers. À ces trois influences majeures, on pourrait aussi en ajouter d’autres, comme une tradition d’enquêtes dont la dernière manifestation en date était l’enquête du duc de Beauvillier et les mémoires sur les différentes provinces du royaume rédigés par les intendants “ pour l’instruction du duc de Bourgogne ”, lancée en 1697. Philippe II, duc d’Orléans (fig. 1) Pendant sa jeunesse, le futur Régent (qui porte le titre de duc de Chartres jusqu’à la mort de son père, Philippe Ier d’Orléans, en 1701), bien qu’il soit prince du sang, se trouve suffisamment éloigné dans l’ordre de la succession au trône pour ne concevoir son avenir qu’en termes “ aristocratiques ” : séjour à la cour, mariage prestigieux, commandement militaire et peut-être gouvernement d’une province. S’il est normal qu’un prince de son rang séjourne à la cour, ce qu’il fait avec régularité, en revanche son mariage en 1692 avec Françoise-Marie de Bourbon – Mademoiselle de Blois –, fille naturelle de Louis XIV et de Madame de Montespan, ne peut satisfaire ses prétentions, mais ni lui ni ses parents ne peuvent s’opposer à la volonté royale. Un rôle militaire, qui sert en quelque sorte à le “ dédommager ” de ce mariage, lui échoit en 1692 : il accompagne le duc de Luxembourg en campagne et prend part aux batailles de Steinkerque (1692) et de Nerwinde (1693) où il se distingue par son courage et ses talents sur le champ de bataille. Malgré un comportement tout à fait honorable, Louis XIV le rappelle à Versailles et le retient à la cour jusqu’en 1706, date à laquelle Philippe II d’Orléans obtient un nouveau commandement, cette fois à la tête de l’armée d’Italie1. Quant à l’éventualité d’une nomination comme gouverneur d’une province, elle ne se réalisera jamais,

1. Entre 1694 et 1706, la répugnance du roi à faire bénéficier le duc de Chartres (duc d’Orléans) d’un commandement militaire s’explique en partie par un certain mépris manifesté par Louis XIV envers la maison d’Orléans, mais aussi par les relations difficiles entre les princes du sang, en tant que chefs militaires, et le secrétaire d’État à la Guerre : ce dernier ne pouvait pas donner d’ordre à un prince, ce qui rendait la direction des armées encore plus difficile si un prince en avait le commandement. Pour éviter ces difficultés, Louis XIV ne nommait que rarement les princes (G. Rowlands, The dynastic state and the army under Louis XIV : royal service and private interest, 1661-1701, Cambridge, 2002, p. 309).

INTRODUCTION

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Louis XIV lui refusant toute fonction susceptible de lui procurer un quelconque pouvoir politique. Entre 1694 et 1706, Philippe II, qui réside depuis son mariage au PalaisRoyal, à Paris, se consacre à d’autres activités qui caractérisent cette période de sa vie : à côté de ses débauches qui font scandale à la cour et à Paris, il se livre aussi à des études scientifiques, surtout en chimie. Les débauches ne nous retiendront pas si ce n’est que pour souligner le caractère complexe de ce personnage frustré. Ses études scientifiques, en revanche, sont fondamentales pour ce qui va suivre, car elles sont en relation directe avec l’enquête de 17161718. Son ancien précepteur et confident, l’abbé Dubois, soucieux d’encourager son inclination pour les sciences, cherche quelqu’un qui puisse le guider dans ses études et lui donner une formation scientifique sérieuse. En 1701 et 1702, le duc de Chartres (futur duc d’Orléans) assiste à des séances publiques de l’Académie des sciences2 et, en 1702, Dubois choisit un chimiste-botaniste membre de cette institution pour enseigner la chimie au prince. Ce savant est Guillaume Homberg, Hollandais d’origine mais naturalisé français3. C’est un honneur que Homberg ne peut refuser et, pendant les années qui suivent, le duc d’Orléans et lui vont passer de nombreuses heures dans le laboratoire que le prince fait construire au Palais-Royal. Ils y font ensemble des expériences de chimie, mais ils discutent aussi des sciences en général, de leurs progrès et de la possibilité de les mettre au service de l’État. Dans une large mesure, la politique que le duc d’Orléans adoptera par la suite à l’égard des sciences quand il sera Régent, est influencée par ces entretiens avec Homberg. Guillaume Homberg Homberg est né en 1652 à Batavia4, où son père était au service de la Compagnie des Indes hollandaise. Après le retour de la famille en Hollande vers 1670, le jeune Guillaume Homberg commence des études de droit à Leipzig, d’où il passe à Iéna et à Magdebourg ; mais il s’intéresse aussi à la chimie, à la botanique et à l’astronomie, trois disciplines dans lesquelles il devient un autodidacte enthousiaste (à Magdebourg, il est l’assistant d’Otto von Guericke qui prépare ses expériences du vide). Après avoir été reçu avocat à Magdebourg, il se consacre aux sciences. Il voyage en Italie où il étudie la médecine et la botanique à Padoue et la mécanique et la mathématique à Rome. Il passe en France où il fait la connaissance de Nicolas Lémery, et en Angleterre où il 2. Archives de l’Académie des sciences [ensuite AdS], procès-verbaux [ensuite PV], t. 20 (1701), 6 avril 1701, fol. 109 ; t. 21 (1702), 26 avril 1702, fol.149. 3. Sur Homberg, voir P.-A. Cap, Études biographiques pour servir à l’histoire des sciences, Paris, 1857-1864, 2 vol., p. I, 214-232 ; D. J. Sturdy, Science and social status : the members of the Académie des Sciences, 1666-1750, Woodbridge, 1995, p. 226-233. L’éloge de Homberg prononcé par Fontenelle est dans Histoire et mémoires de l’Académie royale des sciences [ensuite HMARS], 1715, partie “ Histoire ”, p. 82-93. 4. Aujourd’hui Jakarta (Indonésie).

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rencontre Robert Boyle qui l’invite à participer à des expériences dans son laboratoire. Cette vie d’errance continue. Homberg rentre aux Pays-Bas où il approfondit sa connaissance de l’anatomie en suivant des cours à Leyde, mais c’est à Wittemberg qu’il est reçu docteur en médecine. Après le Brandebourg, viennent d’autres voyages en Allemagne, en Europe centrale et en Suède. À toute occasion, il se met en rapport avec les savants les plus célèbres du pays qu’il visite. Il collabore avec eux pour faire des expériences, mais il s’informe aussi sur la manière dont ils appliquent leurs connaissances à des buts utilitaires. Un des enseignements fondamentaux qu’il retire de ses voyages et de ses rencontres est la nécessité d’appliquer les connaissances de la nature à des problèmes pratiques. C’est un aspect de la philosophie scientifique de Homberg que Fontenelle souligne dans l’éloge qu’il fait de lui : “ Les métaux avoient touché particulièrement la curiosité de M. Homberg, il alla voir les mines de Saxe, de Bohème et de Hongrie, plus instructives sans comparaison que les meilleurs livres, et il y apprit combien il est important d’étudier la nature chez elle-même. Il passa même jusqu’en Suède, attiré par les mines de cuivre. Le roi de Suède alors régnant5 venoit d’établir à Stockholm un laboratoire de chimie, M. Homberg y travailla avec M. Hierna, premier médecin du roi d’aujourd’hui6, et il eut le plaisir de contribuer beaucoup aux premiers succès de ce nouvel établissement […]. Dans tous ses voyages, il s’instruisoit des singularités de l’histoire naturelle des pays, et observoit les industries particulières des arts qui s’y pratiquaient ; car les arts fournissent une infinité d’expériences très dignes d’attention, inventées par d’habiles gens inconnus, et assez souvent par des artisans grossiers, qui ne songent qu’à leur utilité ou à leur commodité, et non à découvrir des phénomènes de phisique, en ont découvert de rares, et de merveilleux, dont ils ne s’apperçoivent pas. Ainsi il se composoit une phisique toute de faits singuliers, et peu connus, à peu-près comme ceux qui pour apprendre l’histoire au vrai iroient chercher les pièces originales cachées dans des archives ”. On peut interpréter ce passage, écrit par Fontenelle vers la fin de 1715 (Homberg meurt le 23-24 septembre 1715) et prononcé à un moment où l’enquête de 1716-1718 est sur le point d’être lancée, comme l’affirmation des principes sur lesquels celle-ci est fondée. En tant que secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, Fontenelle connaît les intentions du Régent en ce qui concerne l’enquête et l’influence que Homberg a exercée sur lui ; et, s’il serait sans doute exagéré d’affirmer que l’enquête a été réalisée en mémoire de 5. Charles 6. Charles

XI XII

(vers 1660-1697). (vers 1697-1718).

INTRODUCTION

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Homberg, la stratégie scientifique de ce dernier, évoquée par Fontenelle dans ce passage, l’inspire de toute évidence. Les éléments dominants de cette stratégie, tels que Fontenelle les identifie, sont des expériences de laboratoire appuyées par des informations provenant d’“ enquêtes ” en province, des “ enquêtes ” qui avaient deux buts : étudier les mines et les modes d’exploitation des minerais, et étudier les arts et métiers comme ils sont pratiqués par des artisans, pour en tirer des principes scientifiques qui seront ensuite appliqués aux arts pour les faire progresser. Vers 1680, Homberg revient en France où il bénéficie de l’amitié de Nicolas Lémery avec qui le lient une affinité de méthode scientifique et une amitié personnelle. Selon Cap, “ ils parcoururent ensemble les ateliers, les usines, les laboratoires, et recueillirent une multitude de faits qui se rapportaient à la physique, à la chimie et aux professions industrielles7 ”. Par ailleurs, sa réputation de savant est telle que Colbert, alors protecteur de l’Académie des sciences, commence à s’intéresser à lui. Cherchant à attirer des étrangers doués au service du roi, Colbert fait savoir que Homberg peut prétendre au mécénat royal. Pour mieux y parvenir, Homberg se convertit au catholicisme en 1682 et, l’année suivante, il reçoit des lettres de naturalité. Mais la mort de Colbert change la situation. Louvois, son successeur comme protecteur de l’Académie, se méfie de ceux qu’il considère comme les protégés de son ancien rival en politique. Comprenant que toute promotion lui est désormais interdite, Homberg quitte la France en 1685 pour Rome où il pratique la médecine. Il y reste jusqu’à la mort de Louvois en 1691, mais sans couper les ponts avec la France ; il les maintient au contraire, ce qui est confirmé par le fait qu’en 1687, il reçoit le droit de tenir des bénéfices en France8. Quand Homberg rentre à Paris en 1691, le comte de Pontchartrain9 vient d’être nommé protecteur de l’Académie des sciences. Le ministre y installe son neveu, l’abbé Jean-Paul Bignon, en le chargeant de “ renouveler ” cette institution moribonde. Bignon accepte sa mission avec enthousiasme et son premier acte est d’augmenter le nombre des académiciens. Les deux premiers nommés sont Tournefort pour la botanique et Homberg, dont la tâche principale est de collaborer avec Claude Bourdelin10 pour diriger le laboratoire de l’Académie. On peut comprendre aisément le choix de Homberg : il est un chi7. P.-A. Cap, Études biographiques, op. cit. note 3, I, p. 220. 8. D. J. Sturdy, Science and social status, op. cit. note 3, p. 228. Nous ignorons comment Homberg reçut ce droit ; il est possible que ce fut grâce à l’intervention de l’abbé de Chalucet, plus tard évêque de Toulon, et enthousiaste pour la chimie, avec qui Homberg était lié. 9. Louis Phélypeaux, comte de Pontchartrain (1643-1727), conseiller au Parlement de Paris (1661-1677), président au Parlement de Bretagne (1677-1687), intendant des finances (16871689), contrôleur général des finances (1689-1699), secrétaire d’État à la Marine et à la Maison du roi (1690-1699) ; à la mort de Louvois en 1691, Louis XIV confie la protection de l’Académie des sciences au secrétariat à la Maison du roi. 10. Claude Bourdelin (1621-1699), membre de l’Académie des sciences depuis sa fondation en 1666 et responsable du laboratoire.

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miste célèbre, mais en plus il connaît bien les problèmes attachés aux expériences de laboratoire. Il a acquis des connaissances personnelles dans des laboratoires très divers, en Angleterre, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Suède et en Italie, ainsi qu’en France ; et il a des idées sur la manière la plus efficace pour allier les expériences du laboratoire et les recherches ou “ enquêtes ” auprès des artisans, des ingénieurs et des propriétaires de mines, dans le dessein de rapprocher les deux mondes des savants et des artisans. Homberg se révèle un académicien zélé. Il assiste régulièrement aux séances de l’Académie et conseille sans doute Bignon quand celui-ci, avec son oncle Pontchartrain, prépare la grande réforme de 1699. Homberg est aussi un chercheur assidu : il publie plus de cinquante mémoires et autres ouvrages, principalement sur la chimie et la botanique11, y compris “ Diverses expériences du phosphore ” (1692), “ Observations sur la quantité d’acide absorbée par les alcalis terreux ” (1700) et les “ Essais de chimie ” (1702, 1705, 1706, 1710)12. A l’occasion de la réforme de 1699, il est nommé pensionnaire, ce qui le place parmi l’élite de l’Académie des sciences. Homberg et le duc d’Orléans En 1699, l’Académie “ renouvelée ” et élargie quitte la Bibliothèque du roi, rue Vivienne, pour s’installer au Louvre. Elle se trouve donc proche du PalaisRoyal. Comme on l’a indiqué ci-dessus, Dubois cherche quelqu’un pour instruire le duc de Chartres en chimie, et, selon Fontenelle, “ lui indiqua M. Homberg, comme le plus propre à satisfaire sa curiosité. Il le présenta au prince, qui vit bientôt qu’il avoit trouvé le phisicien qu’il lui falloit. Il le prit auprès de lui en cette qualité en 1702, lui donna une pension, et un laboratoire le mieux fourni et le plus superbe que la chimie eût jamais eu. Là se rendoit presque tous les jours le prince philosophe, il recevoit avidement les instructions de son chimiste, souvent même les prévenoit avec rapidité, il entroit dans tout le détail des opérations, les exécutoit lui même, en imaginoit de nouvelles, et j’ai vu plusieurs fois le maître effrayé de son disciple13 ”. Les relations entre le duc d’Orléans et Homberg sont excellentes : en 1704, ce dernier est nommé premier médecin du prince. Homberg a vingt-deux ans de plus que son élève et on peut penser qu’outre les expériences, il l’entretient de sa carrière, de ses voyages, de ses relations avec d’autres savants, de ses

11. On peut en trouver la liste dans R. Halleux et al., Les publications de l’Académie royale des sciences de Paris, Turnhout, 2001, 2 vol. 12. Voir la notice sur Homberg dans C. C. Gillispie (éd.), Dictionary of scientific biography, New York, 1970-1980, 16 vol. 13. Éloge de Homberg, HMARS, 1715, p. 82-93.

INTRODUCTION

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idées sur les rapports entre les sciences et les arts et métiers, et sur la nécessité d’enrichir la connaissance scientifique en rassemblant des informations sur les mines, les manufactures et d’autres sujets. Homberg est soutenu par un autre académicien qui partage ses idées et qui le rejoint de temps en temps avec le prince : Jean Truchet, dit le Père Sébastien. Ce savant a servi le père du duc d’Orléans pour la construction du canal d’Orléans et il a la réputation d’un habile mécanicien : il a collaboré aux travaux pour la conduite des eaux de Versailles, et, selon Fontenelle, “ il ne s’est guère fait ou projetté en France pendant sa vie de grands canaux de communication de rivières, pour lesquels on n’ait du moins pris ses conseils14 ”. Fontenelle ajoute que ce savant profite de l’occasion d’assister à des expériences de chimie faites en présence du duc d’Orléans et d’en faire lui-même dans le laboratoire du Palais-Royal. On peut penser qu’il appuie les arguments de Homberg en faveur de l’application des connaissances scientifiques aux problèmes pratiques dans le domaine des arts et métiers et, dans cette mesure, il contribue aussi à la formation intellectuelle du prince. En 1706, le roi autorise Philippe II d’Orléans à reprendre sa carrière militaire et le prince est donc absent de Paris jusqu’en 1708, à l’exception d’un bref retour en novembre 1706. Ce sont deux années tumultueuses, car non seulement il doit accomplir son devoir militaire, mais il se trouve impliqué dans un scandale politique en Espagne. En 1706, il est nommé commandant de l’armée d’Italie, mais la campagne n’est pas un succès (il est battu et blessé à Turin) et tout le monde, y compris le roi, en reporte la faute sur ses lieutenants. Quand il rentre brièvement en France en novembre 1706, il est chaleureusement reçu par le roi et, l’année suivante, il est envoyé en Espagne comme chef des armées françaises. Cette fois, les campagnes sont plus heureuses. Il remporte des victoires à Valence, en Aragon et en Catalogne. Cependant, à Madrid (et on en informe Louis XIV), le bruit court que le duc d’Orléans s’est rapproché des généraux anglais pour remplacer Philippe V sur le trône d’Espagne contre la promesse de poursuivre une politique étrangère indépendante de celle de la France. Le duc d’Orléans nie avoir fait de telles propositions à l’ennemi, mais, en décembre 1708, il est rappelé à Versailles. À la cour, on évoque la possibilité d’un procès pour haute trahison. Mais, après des entrevues avec son neveu, Louis XIV reconnaît son innocence et admet qu’il s’agit de rumeurs lancées par ses ennemis. L’affaire en reste là et l’honneur du duc d’Orléans est sauf, mais c’est la fin de sa carrière militaire. Il reprend sa vie d’autrefois, y compris ses relations étroites avec Homberg. Celui-ci s’est marié en 1708 avec Marie-Angélique Dodart, fille de l’académicien Denis Dodart, et habite avec sa femme le Palais-Royal où le duc d’Orléans les installe dans un logement ; mais, comme premier médecin du

14. Éloge de Truchet, HMARS, 1729, p. 96.

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duc d’Orléans, il a aussi des appartements à sa disposition à Versailles et à Saint-Cloud15. Le duc d’Orléans et Homberg reprennent leurs expériences qui traitent aussi bien d’alchimie que de chimie, et leurs conversations sur les sciences et les rapports entre les sciences et le bien de l’État. Les années 1711 et 1712 sont funestes pour la famille royale, avec la disparition de trois dauphins et d’une princesse. Le 14 avril 1711, Monseigneur le Grand Dauphin meurt ; le 12 février 1712, c’est le tour de Marie-Adélaïde de Savoie, suivie dans la tombe six jours plus tard par son mari Louis, duc de Bourgogne, fils du Grand Dauphin, et Dauphin depuis le décès de celui-ci, en avril 1711 ; le 8 mars 1712 enfin, meurt Louis, duc de Bretagne, petit-fils du Grand Dauphin et Dauphin depuis le 18 février précédent. La succession passe donc à Louis, duc d’Anjou, petit-fils du Grand Dauphin et arrière-petit-fils de Louis XIV. Le duc d’Anjou n’a que deux ans et une santé précaire. Si lui aussi meurt prématurément, la couronne risque de passer à la maison d’Orléans, auquel cas Philippe II d’Orléans deviendrait roi de France. Ces désastres qui frappent les Bourbon suscitent des rumeurs qui visent le duc d’Orléans. Étant donné ses connaissances en chimie et en alchimie, ses ennemis répandent le bruit qu’il a peut-être préparé des poisons pour éliminer ceux qui le devançaient dans la succession. Aucun historien ne prend au sérieux de tels propos, et on peut ajouter que Louis XIV lui-même considérait ces rumeurs comme infondées. Mais ces décès posent une question fondamentale. Louis XIV a plus de soixante-dix ans. S’il meurt dans deux ou trois ans, le duc d’Anjou lui succédera alors qu’il sera encore mineur, et il est presque certain que le duc d’Orléans deviendra alors Régent. Philippe d’Orléans qui, quelques années auparavant, croyait comme tout le monde qu’il ne comptait que pour peu dans la succession, se trouve sur le seuil soit de la succession, soit de la régence. Sur le plan des relations internationales, les années 1713 et 1714 sont dominées par les négociations qui aboutissent aux traités d’Utrecht et de Rastadt. Sur le plan de la politique intérieure, Louis XIV, inquiet de sa succession, essaie de contourner les lois fondamentales du royaume en déclarant légitimes ses fils naturels, le duc du Maine et le comte de Toulouse. Le roi espère ainsi éviter l’accession à la couronne du duc d’Orléans dans le cas où le duc d’Anjou mourrait, ou tout au moins limiter son action au cas où il deviendrait Régent. Cette décision de Louis XIV, très contestable, provoque la démission du chancelier Pontchartrain qui refuse d’accepter que le roi puisse ainsi mettre en sursis les lois fondamentales du royaume. Étant donné ces circonstances qui bientôt le placeront au centre du pouvoir, Philippe d’Orléans réfléchit à la politique à adopter pour gouverner la France et aux moyens les plus efficaces pour travailler à la restauration économique et sociale du royaume après les guerres. Il arrive à la régence avec en tête une 15. Archives nationales (site de Paris) [ensuite AN], minutier central, ét. bre 1715, inventaire après décès de Homberg, papiers privés.

LX,

205 : 26 septem-

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stratégie qui accorde un rôle de premier plan aux sciences en général et à l’Académie des sciences en particulier. Le duc d’Orléans et l’Académie des sciences Au terme des négociations et des intrigues qui ont entouré le roi avant sa mort le 1er septembre, Philippe II d’Orléans est proclamé Régent par le Parlement de Paris le 2 septembre 1715. Trois semaines plus tard, dans la nuit du 23 au 24 septembre, survient le décès de son premier médecin et maître en chimie, Guillaume Homberg. Cet homme, plus que tout autre, a formé la pensée scientifique du Régent et l’a convaincu de la nécessité de multiplier les rapports entre sciences et arts et métiers. Il l’a persuadé que l’Académie des sciences est l’institution la plus capable de réaliser ces objectifs. Suivent donc des décisions importantes. Par arrêt du 23 décembre 1715, le Régent confère au directeur général des bâtiments la responsabilité de l’Observatoire de Paris, du Collège royal, de la Monnaie, de l’Imprimerie royale et des académies royales, à l’exception notable de l’Académie des sciences, qu’il conserve sous sa protection directe16. L’Académie, consciente de l’importance de cette faveur, la souligne dans les premières pages de l’Histoire de l’Académie des sciences pour l’année 1716 : “ Chargé de toutes les affaires du gouvernement [… le Régent] n’oublia pas son ancien goût pour les sciences, qui avoient occupé, et, si l’on ose dire, illustré ses temps de loisir. Il leur fit dès les premiers jours de sa Régence une faveur très singulière. Après avoir distribué toutes les affaires en plusieurs nouveaux départements, […] il se réserva à lui seul le soin de l’Académie des Sciences, et la retint sous sa direction immédiate17 ”. Et, dans son éloge de Homberg, Fontenelle note que : “ Peu de jours avant sa mort il prit la liberté d’écrire à Monseigneur le duc d’Orléans sur sa Régence, et à la fin de la lettre il employa ces expressions touchantes que son état fournissoit, pour lui recommander tout ce qu’il avoit le plus aimé, la veuve qu’il alloit laisser, et l’Académie des Sciences. Sa prière pour l’Académie a eu plus de succès qu’il n’eût osé espérer, le prince s’est réservé à lui seul le gouvernement immédiat de cette Compagnie. Il traite nos Sciences comme son Domaine particulier, dont il est jaloux. ”

16. AN, E/1982, fol. 403-403. 17. HMARS, 1716, p. 1.

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En 1715, il y a un air de nouveauté et de réforme autour du Régent, et cette ambiance touche aussi l’Académie des sciences. Le Régent n’a aucune intention de rester un personnage purement figuratif qui surveille l’Académie à distance ; il la considère comme un instrument essentiel de ses projets de réforme et de rétablissement du royaume. Sa décision d’autoriser l’enquête de 1716-1718 et de la placer sous la direction de l’Académie des sciences fait partie de cette logique scientifique et politique18. L’Académie des sciences en 1715 Quelle est la situation de l’Académie des sciences au moment où le duc d’Orléans accède à la régence ? Le règlement de 1699 lui a donné son organisation19. Elle comprend soixante-dix membres20, dont dix honoraires, vingt pensionnaires (trois académiciens par chacune des six disciplines reconnues par l’Académie, et en plus le secrétaire et le trésorier perpétuels), vingt associés (douze régnicoles – deux par discipline – et huit libres) et vingt élèves attachés aux pensionnaires. Les disciplines reconnues par l’Académie sont la géométrie, l’astronomie, la mécanique pour les sciences mathématiques et la botanique, la chimie, l’anatomie pour les sciences de la vie. Chaque année, le roi nomme un président et un vice-président, choisis parmi les honoraires, qui, à partir de 1703, sont aidés par un directeur et un sous-directeur désignés parmi les pensionnaires21. En 1716, la composition de l’Académie est modifiée : le nombre d’honoraires est augmenté de deux, celui des associés de quatre et la classe d’élèves est remplacée par celle des adjoints au total de douze (deux par discipline). L’Académie des sciences siège au Louvre, dans le palais du Roi, avec les autres académies royales qui y sont placées sous la protection – et la direction – de l’État. Chaque année, elle commence ses séances à la minovembre et les termine à la fin de la première semaine de septembre22 ; elle 18. On peut noter qu’en 1716, le Régent nomme l’académicien Thomas Fantet de Lagny directeur adjoint de la Banque générale (D. J. Sturdy, Science and social status, op. cit. p. 11, note 3, p. 243-244). 19. Sur la réforme de 1699 et ses différents aspects, Chr. Demeulenaere-Douyère et É. Brian (éd.), Règlement, usages et science dans la France de l’absolutisme : à l’occasion du troisième centenaire du règlement instituant l’Académie royale des sciences (26 janvier 1699), Paris, 2002. 20. La liste des membres nommés en 1699 est dans D. J. Sturdy, Science and social status, op. cit. p. 11, note 3, p. 289-291. Plus généralement sur les membres de l’Académie, voir Institut de France. Index biographique des membres de l’Académie des sciences, Paris, 1978. 21. Pendant la période de l’enquête, ces officiers sont : président Renau ; vice-président Gouye ; directeur Cassini ; sous-directeur Boulduc. président Bignon ; vice-président Renau ; directeur Réaumur ; sous-directeur Lémery. président Bignon ; vice-président Renau ; directeur Réaumur ; sous-directeur Lémery. président Polignac ; vice-président Bignon ; directeur La Hire ; sous-directeur Réaumur. 22. Article 18 du règlement du 26 janvier 1699 : “ Les vacances de l’Académie commenceront au huitième de septembre et finiront le onzième de novembre ; elle vaquera en outre pendant la quinzaine de Pâques, la semaine de la Pentecôte, et depuis Noël jusqu’aux Rois ” (le règlement est imprimé dans Chr. Demeulenaere-Douyère et É. Brian (éd.), Règlement, usages et science, op. cit. supra note 19, p. XXIII-XXVIII).

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se réunit le mercredi et le samedi au Louvre, où elle dispose d’une salle de réunion23. On n’y fait aucune recherche24 car la salle du Louvre est consacrée uniquement aux séances au cours desquelles les académiciens font des exposés, discutent des affaires de la compagnie, procèdent aux élections d’autres membres, reçoivent des rapports sur des machines et inventions soumises par des inventeurs qui sollicitent un privilège. Ils y tiennent aussi des séances publiques deux fois par an, séances auxquelles assistent des gens de la cour, des visiteurs notables et des hôtes invités par les académiciens25. Les académiciens poursuivent leurs recherches ailleurs : certains d’entre eux possèdent des laboratoires personnels, d’autres disposent de laboratoires au Jardin des Plantes ou ailleurs, les anatomistes normalement ont tout ce qu’il faut dans les hôpitaux et les astronomes ont des instruments à l’Observatoire de Paris. Dans le cours de leurs recherches, il existe naturellement une certaine collaboration entre les membres de l’Académie, surtout entre les pensionnaires et leurs élèves, mais les recherches particulières sont beaucoup plus habituelles. Ce phénomène n’est pas fortuit. L’Académie de 1666, influencée par la philosophie naturelle de Bacon, avait tenté en effet de mettre en œuvre des projets collectifs utiles à l’État ou au grand public. Elle avait annoncé des projets ambitieux, mais leur réalisation avait posé des problèmes presque impossibles à résoudre. La publication, par exemple, d’une Histoire naturelle des plantes avait tourné au conflit, ce qui montre combien la collaboration scientifique était difficile à organiser26. Parmi les académiciens nommés avant 1691, règne un désenchantement bien réel vis-à-vis des projets collectifs et, s’il est vrai que, parmi ceux qui sont nommés après 1691, il y en a qui défendent toujours l’idéal de la collaboration, le règlement de 1699 reflète un scepticisme marqué et met l’accent sur les recherches particulières. L’article 20 du règlement précise que : “ L’expérience ayant fait connaître trop d’inconvénients dans les ouvrages auxquels toute l’Académie pourrait travailler en commun, chacun des académiciens choisira plutôt quelque objet particulier de ses études, et par le compte qu’il en rendra dans les assemblées, il tâchera d’enri-

23. Outre de l’Académie des sciences, l’Académie française (depuis 1672), l’Académie des inscriptions et médailles (1685), l’Académie de peinture et sculpture (1692) et l’Académie d’architecture (1692) sont dotées de salles de réunion au Louvre (C. Frémontier-Murphy, “ La construction monarchique d’un lieu neutre : l’Académie royale des sciences au palais du Louvre ”, dans Chr. Demeulenaere-Douyère et É. Brian (éd.), Règlement, usages et science, op. cit. p. 18, note 19, p. 170). 24. Ibid., p. 191. 25. Les séances publiques ont lieu au début de l’année académique et à la première séance après Pâques. 26. Voir A. Stroup, A company of scientists : botany, patronage and community at the seventeenth-century parisian royal Academy of sciences, Berkeley, 1990.

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chir de ses lumières tous ceux qui composent l’Académie, et de profiter de leurs remarques. ” Et l’article 21 : “ Au commencement de chaque année, chaque académicien pensionnaire sera obligé de déclarer par écrit à la Compagnie le principal ouvrage auquel il se proposera de travailler ; et les autres académiciens seront invités à donner une semblable déclaration de leurs desseins. ” À en juger par le règlement, l’Académie telle qu’elle est reconstituée en 1699, rejette l’élaboration de grands projets collectifs ; c’est surtout une assemblée de savants dont chacun poursuit des recherches individuelles. Telle est la situation du moins en théorie, car on va voir que la réalité est plus nuancée. Autre conséquence de la réforme de 1699 : chaque année, est publié sous la direction de son Comité de librairie27 un volume d’Histoire et mémoires de l’Académie royale des sciences. Dès sa fondation en 1666, l’Académie a eu le droit de faire imprimer des ouvrages scientifiques, mais, dès les premières années du XVIIIe siècle28, elle publie un volume annuel consacré aux activités de la compagnie29. Comme son titre l’indique, cet ouvrage est composé de deux parties : la première, l’Histoire, contient des informations scientifiques et des éloges des membres de l’Académie décédés pendant l’année ; la seconde contient normalement des mémoires présentés aux séances de l’Académie. Chaque année, le roi, les académiciens et les académies et sociétés savantes avec lesquelles l’Académie des sciences a des relations, en reçoivent des exemplaires à titre gracieux, mais des particuliers en Europe et en Amérique achètent cette publication qui diffuse non seulement les réalisations scientifiques de l’Académie, mais aussi une certaine idée de la science. Les mémoires publiés dans Histoire et mémoires subissent un examen rigoureux du Comité de librairie et, au cours du XVIIIe siècle, cette série développe et impose des critères qui deviendront des normes de la publication scientifique en France30. 27. Sur le Comité de librairie et son contrôle des publications de l’Académie, voir J. E. McClellan III, Specialist control : the publications committee of the Académie royale des sciences (Paris), 1700-1793, Transactions of the American philosophical Society, Philadelphia, 2003. Sur la collection Histoire et mémoires…, voir A.-S. Guénoun, “ Les publications de l’Académie des sciences ”, dans É. Brian et Chr. Demeulenaere-Douyère (dir.), Histoire et mémoire de l’Académie des sciences. Guide de recherches, Paris, 1996, p. 107-140 ; on trouve une liste définitive de toutes les publications de l’Académie dans R. Halleux, J. McClellan, D. Berariu et G. Xhayet, Les publications de l’Académie royale des Sciences…, op. cit. p. 14, note 11. 28. Le premier volume d’Histoire et mémoires concernant l’année 1699 paraît en 1702. 29. Il faut noter que, tandis que l’année de l’Académie commence en novembre et se termine en septembre de l’année suivante (par exemple novembre 1715-septembre 1716), le volume d’Histoire et mémoires adopte l’année civile et publie des mémoires lus, par exemple, de janvier 1716 à décembre 1716. 30. Sur ce sujet, J. E. McClellan III, Specialist control…, op. cit. supra, note 27, chap.4.

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Les mémoires sont signés de leurs auteurs, ce qui souligne le principe de l’individualisme des travaux énoncé dans le règlement de 1699. Mais l’Académie publie aussi d’autres ouvrages qui suggèrent que, malgré ce principe, la tradition de projets fondés sur la collaboration n’est pas complètement oubliée. Dans ce cadre s’inscrit l’idée de publier une œuvre utilitaire de caractère encyclopédique : les Descriptions des arts et métiers31. Ce projet, directement lié à l’enquête de 1716-1718, mérite un examen attentif32. Le début des Descriptions des arts et métiers : le rôle de Bignon et le choix de Réaumur L’“ ancienne Académie ” avait envisagé de rédiger une encyclopédie consacrée aux arts et métiers, mais ce projet n’avait que peu progressé avant les années 1690 car, comme d’autres desseins ambitieux, il souffrait du manque d’application des académiciens33. Avec l’arrivée de Pontchartrain et de Bignon en 1691, il reprend. Mais, avant de l’examiner en détail, il faut s’attacher à la personnalité de Bignon, car c’est lui, plus que quiconque, qui va diriger la vie de l’Académie pendant les trente années qui suivent, encourager les Descriptions des arts et métiers et gérer l’enquête de 1716-171834. Jean-Paul Bignon (fig. 2), né en 1662, appartient à une famille de robe distinguée. Il est le petit-fils du célèbre avocat Jérôme Ier Bignon, avocat général au Grand Conseil et au Parlement de Paris35, et le troisième des quatre fils de Jérôme II, également avocat général au Parlement de Paris, et de sa femme Suzanne Phélypeaux, elle-même sœur de Louis Phélypeaux (ensuite comte de Pontchartrain). Le fils aîné et le plus jeune fils de Jérôme et de Suzanne perpétuent la tradition de la robe36 ; le deuxième, Louis, suit une carrière militaire comme capitaine dans un régiment de gardes ; Jean-Paul est 31. Pendant les décennies qu’ont duré la préparation et la rédaction des Descriptions…, on en parlait souvent au singulier (la Description des arts et métiers) ; on utilise ici la forme adoptée par la publication à partir de 1761. 32. Voir A.-S. Guénoun, “ Les publications… ”, op. cit. p. 20, note 27, p. 123-125, et R. Halleux et al., Les publications…, op. cit. p. 14, note 11, p. 485-550. 33. En 1675, Colbert avait donné des instructions à l’Académie pour préparer des descriptions des arts mécaniques (R. Hahn, The anatomy of a scientific institution : the Paris Academy of Sciences, 1666-1803, Berkeley, 1971, p. 68) ; pour un résumé de l’historique du projet, voir C. C. Gillispie, Science and polity in France at the end of the Old Regime, Princeton, 1980, p. 344-356. 34. Il existe une bibliographie considérable sur Bignon grâce aux recherches de Françoise Bléchet sur son rôle comme bibliothécaire du roi. Dans le contexte actuel, voir F. Bléchet, “ L’abbé Bignon, président de l’Académie royale des sciences : un demi-siècle de direction scientifique ”, dans Chr. Demeulenaere-Douyère et É. Brian (éd.), Règlement, usages et science, op. cit. p. 18, note 19, p. 51-69, et D. J. Sturdy, Science and social status, op. cit. p. 11, note 3, p. 222-226, 367374. 35. Jérôme Ier Bignon (1589/90-1656) était “ enfant d’honneur ” de Louis XIII pendant l’enfance du roi ; il publia des ouvrages sur la monarchie française ; en 1642, il fut nommé grand maître de la bibliothèque du roi, un office presque monopolisé ensuite par les Bignon, y compris Jean-Paul. 36. Jérôme III (1658-1726) était avocat général au Parlement de Paris, Armand-Roland (16661724) avocat général à la Cour des Aides.

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destiné à la prêtrise. Cette intention de la famille Bignon reflète en partie les valeurs sociales de l’époque (beaucoup de familles de la robe favorisent leur ascension sociale en plaçant leurs fils dans l’armée ou dans l’église, ainsi que dans la magistrature), mais elle est aussi la conséquence de la santé médiocre de Jean-Paul : il est très myope, condition qui l’affligera jusqu’à la fin de sa vie. Ayant commencé ses études au collège d’Harcourt, il se révèle d’une grande intelligence37. En 1679, il est reçu maître ès arts et se tourne vers la théologie. Il s’inscrit non pas en Sorbonne, mais au séminaire oratorien de Saint-Magloire à Paris. Choix significatif : les Oratoriens encouragent leurs étudiants à appliquer à la théologie, aux écritures saintes et aux doctrines de l’Église des méthodes modernes fondées sur des perspectives historiques, même sceptiques. Ils insistent, par exemple, sur la nécessité, pour comprendre vraiment la Bible, de connaître les contextes historiques dans lesquels les livres qui la composent ont été rédigés, et les traditions littéraires qui ont influencé les auteurs. Les Oratoriens cherchent aussi à réconcilier la philosophie cartésienne avec la théologie traditionnelle. Nicolas Malebranche est leur savant cartésien le plus célèbre, mais les cours à Saint-Magloire permettent à Bignon et à ses camarades de rechercher des moyens de concilier cette philosophie hétérodoxe avec l’orthodoxie38. Cette “ méthode oratorienne ” attire Bignon dont l’esprit se méfie de l’orthodoxie, fût-elle théologique ou philosophique. Sous l’influence des Oratoriens, Bignon est encouragé à accepter deux principes : il faut manifester un certain scepticisme à l’égard de la pensée traditionnelle, mais il ne faut pas la rejeter ; il faut chercher à la modifier à la lumière de la pensée moderne. Après quatre années passées à Saint-Magloire, Bignon est admis en 1684 dans la Congrégation de l’Oratoire et va continuer ses études à l’abbaye de Saint-Paul-aux-Bois, près de Blérancourt (Aisne). Selon une source plus tardive, Bignon prend la décision de s’éloigner de Paris pour échapper aux distractions de son milieu familial39, mais il est aussi possible qu’il y ait été exilé pour lui épargner les tentations de la ville, car sa vocation n’égalait ni son intelligence ni son amour de la société de ses camarades et il s’adonnait facilement aux distractions de l’auberge. Loin des attraits de Paris, il fait des progrès vers la prêtrise : il reçoit les quatre ordres mineurs en 1685, est ordonné sous-diacre et diacre en 1690 et prêtre en 1691. Il étudie aussi le droit et est reçu bachelier en droit à la faculté de Paris en 1690. À vingt-neuf ans, il a terminé ses études et fait preuve de dons intellectuels exceptionnels. Que va-t-il faire de sa vie ? Étant donné le rang social de sa famille et sa singulière intel37. Un résumé de son éducation et de sa carrière se trouve dans Bibliothèque nationale de France [ensuite BnF], pièces originales 344, fol. 936. 38. R. Boureau, L’Oratoire en France, Paris, 1991, p. 47-52. 39. E. Bonnardet, “ Essais de bibliographie oratorienne : Jean-Paul Bignon ”, L’Oratoire de France, 25 (janvier 1937), p. 46.

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ligence, il peut espérer s’élever assez rapidement dans la hiérarchie de l’Église avec en vue, peut-être, un évêché ; mais c’est à ce moment que son oncle, le comte de Pontchartrain, intervient pour donner à sa carrière une orientation inattendue. Louis Phélypeaux, comte de Pontchartrain, appartient à une famille qui a rendu des services importants à la couronne au XVIIe siècle40. Lui-même a exercé les fonctions de premier président du Parlement de Bretagne entre 1677 et 1687 et celles d’intendant des finances depuis 168741. En 1689, débute la guerre de la Ligue d’Augsbourg ; pour la France, c’est un véritable désastre. Louis XIV réforme son équipe de ministres et accentue son intervention personnelle dans la gestion du gouvernement42. Pontchartrain est alors nommé contrôleur général des finances en remplacement de Claude Le Peletier ; il conserve ce poste jusqu’en 1699, date à laquelle il devient Chancelier de France. En 1690, Pontchartrain est en outre nommé secrétaire d’État à la marine et reçoit la direction de la Maison du roi. Aucune de ces charges ne confère la direction de l’Académie des sciences, qui dépend du surintendant des bâtiments. Cette fonction est alors remplie par Louvois, mais, quand celuici meurt l’année suivante, le roi détache, pour des raisons qui restent inconnues, certaines responsabilités de la surintendance des bâtiments, parmi lesquelles la protection des académies royales qu’il transfert à la Maison du roi. Pontchartrain se retrouve de ce fait responsable de l’Académie des sciences43. Il prend ses nouvelles responsabilités au sérieux, mais, accaparé par les tâches exigeantes des finances et de la marine, il ne peut consacrer que peu de temps aux académies. Il a besoin d’un délégué dans lequel il aurait toute confiance et qui pourrait l’y représenter. Il choisit son neveu, Jean-Paul Bignon. Frappé par l’intelligence et les aptitudes évidentes de ce dernier, Pontchartrain l’invite à servir en tant que “ protecteur adjoint ” de l’Académie de sciences, ce que Bignon accepte. D’autres promotions suivent : membre de l’Académie des sciences en 1691, puis en 1692 de l’Académie de peinture et de sculpture, en 1693 de l’Académie française où il remplace Bussy-Rabutin ; et, dès 1694, il assiste aux séances de l’Académie des inscriptions. Bignon bénéficie également de promotions ecclésiastiques : à partir de 1691, il est prêtre à Saint-Germain-l’Auxerrois et, en 1693, il est nommé prédicateur du roi, ce qui lui impose de prêcher devant Louis XIV. Il reçoit aussi l’abbaye de 40. Louis Phélypeaux de La Vrillière (1599-1681), son fils Balthazar Phélypeaux, marquis de Châteauneuf (1638-1700), et son petit-fils Louis Phélypeaux, marquis de La Vrillière (1672-1725), étaient tous secrétaires d’État ; le comte de Pontchartrain appartenait à la deuxième branche de la famille. 41. Sur Pontchartrain, voir S. E. Chapman, Private ambition and political alliances : the Phélypeaux de Pontchartrain family and Louis XIV’s government, 1650-1715, Rochester, 2004. 42. À ce sujet, voir J.-C. Petitfils, Louis XIV, Paris, 1995, p. 499, 519-520. 43. M.-J. Tits-Dieuaide, “ L’‘affection’ de Louis XIV pour l’Académie des sciences : sur les raisons d’être du règlement de 1699 ”, dans Chr. Demeulenaere-Douyère et É. Brian (éd.), Règlement, usages et science, op. cit. p. 18, note 19, p. 44-45.

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Saint-Quentin, au diocèse de Noyon, qui lui rapporte 30 000 livres par an44. Bignon se trouve donc doté d’une influence capitale sur le développement des académies royales et dans une situation où, s’il le désire, il pourrait pousser sa carrière ecclésiastique. À l’Académie des sciences, Bignon se consacre d’abord à accroître le nombre des membres et, au bout de quelques années, à préparer la réforme qui aboutit au règlement de 169945. Son oncle l’encourage aussi à redonner vie à l’ancien projet des Descriptions des arts et métiers, mais, conscient que la plupart des académiciens s’intéressent plus à leurs recherches personnelles qu’à des travaux collectifs, Bignon reprend le projet en dehors de l’Académie. En 1693, il nomme une petite commission composée de Jean Truchet (en religion le Père Sébastien), Jacques Jaugeon et Gilles Filleau des Billettes46, qui commence à rédiger des “ descriptions des arts et métiers ” sous sa direction. La commission commence ses travaux et prend comme sujet l’imprimerie, car cet “ art ” est essentiel à la réalisation du projet à long terme. Ce n’est pas le propos de consacrer ici de longs développements à cette commission47 ; il suffit de noter qu’elle fut à la fois un succès et un échec. L’un des problèmes importants alors de l’imprimerie était que les imprimeurs utilisaient des caractères différents. La commission cherche à les uniformiser à partir de proportions définies par des formules mathématiques et aboutit à la création de caractères nouveaux (“ la Petite Royale ”, “ le Bourbon ”, etc.). L’Imprimerie royale adopte ce nouveau système qui est mis en pratique pour la première fois dans le magnifique volume des Médailles sur les principaux événements du règne de Louis le Grand (1702). Néanmoins, mise à part l’Imprimerie royale, les efforts de la commission n’ont que peu de succès. Les imprimeurs parisiens et les fondeurs qui fabriquent les caractères ignorent son travail, et, même s’ils l’avaient connu, on peut se demander s’ils auraient engagé les investissements nécessaires pour refaire les moules de fonte pour les nouveaux caractères. Autrefois l’Académie des sciences n’avait pas pu mener à terme ses projets sur les arts et métiers ; cette fois, la commission a achevé son projet sur le papier, mais elle manque des moyens d’y faire coopérer les artisans. 44. E. Bonnardet, “ Essais de bibliographie ”, op. cit. p. 22, note 39, p. 46, et BnF, pièces originales 344, fol. 936 v°. 45. Pour un résumé de la vie de l’Académie de 1691 à 1699, voir A. Stroup, Royal funding of the Parisian Académie royale des sciences during the 1690s, Transactions of the American philosophical Society, vol. 77, part 4, 1987, et D.J. Sturdy, Science and social status, op. cit. p. 11, note 3, chap. 14, 15. 46. Jean Truchet (le Père Sébastien) (1657-1729), Jacques Jaugeon (1636-1724) et Gilles Filleau des Billettes (1634-1720) avaient des réputations de mécaniciens et d’inventeurs ; on trouve un résumé de leurs carrières dans D. J. Sturdy, Science and social status, op. cit. p. 11, note 3, p. 289, 292-296, 300-305. 47. Sur la commission, voir J. Mosley, “ French academicians and modern typography : designing new types in the 1690s ”, Typography papers, University of Reading, 1997, 2, p. 5-29 ; A. Jammes, La naissance d’un caractère : le Grandjean – la réforme de la typographie royale sous Louis XIV, Paris, 1985.

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En 1699, est promulgué le règlement qui réforme l’Académie des sciences. Il met l’accent sur les recherches personnelles des académiciens ; néanmoins, Bignon réussit à maintenir le principe des Descriptions des arts et métiers en faisant entrer à l’Académie Truchet comme membre honoraire, et Jaugeon et des Billettes comme pensionnaires mécaniciens. Ces académiciens continuent leurs recherches sur l’imprimerie, mais Truchet collabore aussi avec Homberg et le duc d’Orléans dans le laboratoire du Palais-Royal, et des Billettes dirige les travaux de son élève, Antoine Parent, à l’Académie. Ils accumulent des informations relatives aux Descriptions des arts et métiers, mais rien n’est publié et le projet n’évolue que lentement48. Bignon, très pris par les affaires de l’Académie après la réforme de 1699, n’a pas le temps de s’en occuper personnellement. C’est lui qui surveille le déménagement de l’Académie des sciences de la Bibliothèque du Roi au Louvre, et s’occupe de son installation dans ses nouveaux locaux. Chaque année, entre 1699 et 1712, il est président ou vice-président de l’Académie, fonctions qui l’obligent à présider les séances, à discuter les mémoires avec les académiciens qui les présentent, et à collaborer avec le secrétaire perpétuel, Fontenelle, pour la rédaction des volumes d’Histoire et mémoires. Pontchartrain, en tant que secrétaire d’État à la marine, lui transmet des machines utiles à la marine qui lui sont proposées, avec instruction de les faire examiner par l’Académie49. Bignon acquiert de nouvelles responsabilités en dehors de l’Académie : en 1701, il est nommé conseiller d’État, membre honoraire de l’Académie des inscriptions50 et chef du bureau des affaires ecclésiastiques du royaume51. En 1702, il est chargé de la direction du Journal des Savants. Pendant ce tempslà, les Descriptions des arts et métiers languissent ; Truchet, des Billettes et Jaugeon poursuivent leurs travaux, mais Bignon a d’autres priorités. Cette situation dure pendant la première décennie du XVIIIe siècle, mais l’occasion de reprendre le projet se présente avec l’arrivé à l’Académie d’un jeune géomètre, René-Antoine Ferchault de Réaumur52 (fig. 3) . Après des étu48. Le carton 18 des “ Enquêtes du Régent ”, aux Archives de l’Académie des sciences, contient trente planches gravées entre 1716 et 1719 par Rochefort et Quineau pour servir aux Descriptions des arts et métiers. Elles représentent notamment des lettres et des chiffres issus des travaux de Jaugeon, Truchet et autres. 49. Par exemple, CHAN, Marine B/2/163, fol. 343 v°-344 (1er novembre 1702) ; B/2/165, fol. 305 (1er novembre 1702) ; B/2/169, fol. 509-509 v (22 août 1703) ; B/2/172, fol. 133 (22 août 1703). 50. R. Waller, “ The scholar and the State : an account of the Académie Royale des Inscriptions in the last years of Louis XIV ”, Seventeenth-century French studies, 26 (2004), p. 271-283. Voir aussi J. A. Clarke, “ Abbé Jean-Paul Bignon ‘Moderator of the Academies’ and Royal Librarian ”, French historical studies, VIII, n° 2 (1977), p. 222. 51. E. Bonnardet, “ Essais de bibliographie ”, op. cit. p. 22, note 39, p. 47. 52. Sur Réaumur, voir son éloge par Grandjean de Fouchy dans HMARS, 1757, p. 201-206, et notice dans C. C. Gillispie (éd.), Dictionary of scientific biography, op. cit. p. 14, note 12 ; aussi J. Torlais, Réaumur : Un esprit encyclopédique en dehors de “ L’Encyclopédie ”. D’après des documents inédits, Paris, 1961 ; A. Birembaut et al., La vie et l’œuvre de Réaumur, 1683-1757, Paris, 1962, et G. Bresson, Réaumur : le savant qui osa croiser une poule avec un lapin, Château d’Olonne, 2001.

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des à La Rochelle, à Poitiers et à Bourges, ce fils d’une famille noble de Vendée s’installe en 1703 à Paris, où il commence des études de mathématiques sous la direction de Guisnée53, lui-même élève de Pierre Varignon54 à l’Académie des sciences. Guisnée présente Réaumur à Varignon qui, très impressionné par ses aptitudes, l’introduit à l’Académie en 1708 comme son élève. Dès sa nomination, Réaumur fait preuve d’un talent remarquable. Dans le volume d’Histoire et mémoires pour les années 1708 et 1709, il publie des mémoires sur la géométrie et, en 1709, un autre mémoire intitulé “ De la formation et de l’accroissement des coquilles des animaux tant terrestres qu’aquatiques, soit de mer soit de rivière ”. En 1710, suivent “ Insecte des limaçons ” et “ Du mouvement progressif […] de diverses espèces de coquillages, orties et étoiles de mer ”, mémoires qui montrent que Réaumur élargit ses recherches à l’histoire naturelle. Une troisième orientation se manifeste en 1711, quand il publie son premier mémoire à caractère “ technique ” : “ Expériences pour connoître si la force des cordes surpasse la somme des forces des fils qui composent ces mêmes cordes ”. Ce dernier mémoire manifeste très clairement l’intérêt de Réaumur pour les questions techniques. En 1710 ou 1711, Bignon lui propose la direction des Descriptions des arts et métiers. Non seulement Bignon admire Réaumur en tant que savant et trouve son caractère sympathique, mais il partage aussi son esprit scientifique. L’abbé se méfie des savants qui construisent (trop vite, à son avis) des théories générales basées (encore une fois, à son avis) sur des fondements douteux ; il leur préfère les savants qui se consacrent à des recherches approfondies et établissent des connaissances sûres55. Réaumur, estime-til, est un académicien de cette sorte, qui apportera aux Descriptions une application qui aboutira à la publication de quelques volumes consacrés aux arts. Ce sera un travail énorme, car, en plus de ses propres contributions, Réaumur devra persuader d’autres académiciens d’entreprendre des recherches qui puissent être utiles aux Descriptions. Réaumur accepte la proposition et, en 1711, à l’âge de vingt-huit ans, il est promu au rang de pensionnaire de l’Académie. Son mémoire de 1711 sur les cordes est le premier d’un cycle qu’il met en chantier dans le but de les utiliser plus tard dans sa rédaction des Descriptions des arts et métiers. Mais un problème se pose. En 1711, ce projet est déjà en cours depuis quarante-cinq ans sans que rien n’ait jamais paru. Comment accé53. Guisnée (mort en 1718), prénom, date et lieu et naissance inconnus, ingénieur ordinaire du Roi, professeur de mathématiques au Collège de Maître Gervais. 54. Pierre Varignon (1654-1722), professeur de mathématiques au Collège Mazarin et pensionnaire géomètre à l’Académie des sciences depuis 1699. 55. Le 11 février 1730, Bignon écrit à Gautheron, secrétaire de la Société royale des sciences de Montpellier : “ Je me suis toujours persuadé que la nature ne nous écrit par ouvrages connus et qu’il faudroit encor bien des années et des heures avant que d’être en état de former des systèmes bien assurés sur les causes des divers événemens qui fréquentent nos yeux ou qui excitent nos recherches. Je croirois donc que l’objet le plus important des physiciens est une question surtout de rester sur les faits […]. ” (BnF, ms fr. 22235, fol. 8).

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lérer sa réalisation ? Comment recueillir très vite des informations qui seront utiles à la préparation des Descriptions ? La tradition d’enquêtes et de recherches : l’enquête “ pour l’instruction du duc de Bourgogne ” Vers la fin de 1715, la situation est la suivante : d’une part, le Régent est entièrement acquis au principe de la réforme en France et il estime que les sciences doivent être une source capitale d’idées et d’informations qui seront utiles à l’État, surtout sur le plan économique et social. Le Régent a des liens étroits avec l’Académie des sciences où se trouvent des savants (y compris le personnage dominant de l’Académie, Bignon) qui imaginent volontiers une alliance entre le gouvernement et l’Académie ; et il y a en cours le projet des Descriptions des arts et métiers qui fourniront au public et à l’État des connaissances les plus modernes sur les arts et métiers, deux sphères essentielles à la restauration économique de la France ; enfin, il y a Réaumur qui est pressé d’avancer les Descriptions. Mais comment réunir rapidement les informations nécessaires ? Une des solutions possibles réside dans la tradition d’enquêtes que le gouvernement royal autorise depuis au moins un siècle. Au XVIIe siècle, on a lancé des recherches de la noblesse56. Avant d’introduire ses règlements sur l’industrie en 1669, Colbert a autorisé une enquête pour constater la situation surtout des manufactures lainières57. Vauban a développé des méthodes de recensements des villes principales (en 1686, il publie sa Méthode générale et facile pour faire le dénombrement des peuples) ; en 1694, Pontchartrain a ordonné un recensement général de la France en vue de l’introduction de la capitation58 et, en 1697, a commencé l’enquête la plus ambitieuse, qui sert de modèle à celle de 1716-1718, l’enquête dirigée par le duc de Beauvillier “ pour l’instruction du duc de Bourgogne ”. Pour réaliser cette enquête, Beauvillier, qui agit au nom du roi, a envoyé aux intendants un mémoire précis pour les obliger à donner certaines informations sur les généralités. Ils doivent, par exemple, vérifier les cartes des provinces, examiner le gouvernement militaire, la justice, les affaires de l’église, le commerce, l’industrie, les finances, les tailles et les droits des aides59. Pendant les

56. Voir par exemple, D. J. Sturdy, “ Tax evasion, the Faux Nobles and state fiscalism : the example of the Généralité of Caen, 1634-1635 ”, French historical studies, IX, 4 (1976), p. 549572. 57. T. J. Markovitch, “ Le triple tricentenaire de Colbert : l’enquête, les règlements, les inspecteurs ”, Revue d’histoire économique et sociale, XLIX, 3 (1971), p. 305-324. 58. J. Dupâquier, La population française aux XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, 1979, p. 30-32. 59. Publié dans E. Esmonin, “ Les mémoires des intendants pour l’instruction du duc de Bourgogne (étude critique) ”, Bulletin de la Société d’histoire moderne, LV (1956), p. 16-17. Sur l’enquête en général, voir B. Gille, Les sources statistiques de l’histoire de France, Genève-Paris, 1980, p. 28-33.

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deux années suivantes, les intendants rédigent leurs réponses : à la fin, ils envoient un total de vingt-neuf mémoires60. Destinés au duc de Bourgogne, ceux-ci sont restés manuscrits pendant sa vie (il meurt en 1712), mais ils ont fourni le sujet d’une étude posthume réalisée par le comte de Boulainvilliers et publiée à Londres en 1727 : État de la France61. Il faut reconnaître que, pour Boulainvilliers, publier les résultats de l’enquête de 1697 n’est pas un exercice impartial : il participe de la critique “ aristocratique ” de l’absolutisme français à laquelle il consacre la plupart de ses ouvrages62. En effet, l’État de la France est une dénonciation non pas de l’enquête, mais des intendants. Boulainvilliers se livre dans la préface à un assaut en règle contre les intendants et leurs subdélégués. Selon lui, ce sont des gens qui ruinent le pays. Ils constituent “ une odieuse magistrature […] qui livre le peuple à l’esclavage le plus dur ; la noblesse à la honte d’une dégradation continuelle, et toute la campagne au pillage de ces officiers et de leurs créatures63 ”. Ils ont persuadé le roi de leur accorder des charges et des dignités, mais ils n’ont ni le mérite ni le talent nécessaires au service royal. L’enquête de 1697 a révélé leurs incapacités, car leurs rapports sont bavards et, dans une large mesure, de peu de valeur : “ La plus grande partie des mémoires [des intendants] […] ne valent rien en eux-mêmes et ne répondent que le plus imparfaitement qu’il soit possible au projet qui en avoit été donné. J’ai dit aussi que les causes générales de cette imperfection se rapportent à l’inapplication, à l’ignorance ou à la prévention de ceux qui les ont dresséz […]64. ” Boulainvilliers se plaint que “ ceux qui étoient en exercice en 1698 […] ignoraient les événemens les plus communs de l’Histoire, les maximes les plus ordinaires de l’oeconomie civile et politique et […] ils n’avoient pas la moindre teinture des choses qui contribuent essentiellement à la prospérité d’un État, telles que l’agriculture […] ; le commerce et ses ressorts ; les manufactures et les moyens qui les font subsister ; il faut dire qu’ils ignoroient

60. “ Mémoires des provinces de France rédigés par les intendants en conséquence des instructions données par le roi en 1697 ” (British Library [ensuite BL], Stowe ms 886-914). 61. [Boulainvilliers], État de la France, dans lequel on voit tout ce qui regarde le gouvernement ecclésiastique, le militaire, la justice, les finances, le commerce, les manufactures, le nombre des habitans, et en général tout ce qui peut faire connoître à fond cette monarchie, Londres, 17271728, 3 vol. 62. Sur Boulainvilliers, voir H. A. Ellis, Boulainvilliers and the French monarchy : aristocratic politics in early eighteenth-Century France, Ithaca, 1988, et O. Tholozan, Henri de Boulainvilliers. L’anti-absolutisme aristocratique légitimé par l’histoire, Aix, 1999. 63. [Boulainvilliers], État de la France, op. cit. note 61, I, p. v. 64. Ibid., I, p. VII.

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jusqu’à leur langue naturelle, puis qu’ils ont écrit avec moins de politesse, de méthode et d’agrément que n’auroient fait les moindres officiers de justice […] ; mais c’est encore peu que de mal écrire en comparaison des mauvais discours et des fades puérilitéz que quelquesuns ont employées dans leurs mémoires. Qui pouroit, par exemple, lire sans indignation celui des trois Évêchéz65, dans lequel si l’auteur entreprend de justifier la possession où est le Roi de ces diocèses et de quelques terres de Lorraine, il le fait d’une manière à faire soupçonner qu’il a voulu calomnier les droits de la Monarchie, et de les rendre odieux ou ridicules ; ayant d’ailleurs assaisonné son ouvrage de plaisanteries basses et insipides, qui révoltent également le cœur et le bon sens66. ” La préface de l’État de la France développe une diatribe soutenue contre les intendants et, ayant dénoncé la faiblesse de leurs efforts pendant l’enquête de 1697, Boulainvilliers se propose de résumer leurs mémoires, d’en expurger les répétitions et les informations inutiles et d’offrir au roi une version plus courte, mais améliorée, qui sera d’utilité publique : “ le motif principal qui m’a mis la plume à la main, [c’est] pour essayer de rétablir le projet du Prince, en faisant à ces mémoires […] quelque connaissance véritablement relative au bien public67 ”. Si l’État de la France est un cas particulier, il témoigne néanmoins de l’existence de certains problèmes qui entouraient les enquêtes. Qui allait vérifier que les intendants prenaient leurs instructions au sérieux ? Qui constaterait l’exactitude et l’étendue des informations qu’ils fournissaient ? Et une fois l’enquête terminée, que deviendraient les renseignements recueillis ? Les enquêtes étaient bien considérées comme un moyen de recueillir des informations, mais elles n’étaient pas à l’abri des controverses. De telles questions se sont sans doute posées au cours de l’enquête de 1716-1718.

LE DÉBUT DE L’ENQUÊTE DU RÉGENT Comme pour les enquêtes antérieures, l’enquête du Régent ne fait pas l’objet d’une annonce officielle. Deux documents toutefois évoquent son origine.

65. Rédigé par Claude Barberie de Saint Contest (BL, Stowe ms 890). Voir aussi E. Esmonin, “ Les mémoires des intendants pour l’instruction du duc de Bourgogne (étude critique) ”, op. cit. p. 27, note 59. 66. [Boulainvilliers], État de la France, op. cit. p. 28, note 61, I, p. X. 67. Ibid., I, p. VI. Le reste du premier volume et la totalité du second sont consacrés aux mémoires sur les généralités ; le volume 3 contient une table des personnes et des matières historiques évoquées dans l’ensemble des volumes, une discussions des anciens parlements, et un “ Abrégé de l’histoire de France ” par Boulainvilliers.

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Le 13 novembre 1715, lors d’une séance publique de l’Académie des sciences (la première séance de l’année 1715-1716), Réaumur lit un mémoire intitulé “ Observations sur les mines de turquoises du royaume ; sur la nature de la matière qu’on y trouve, et sur la manière dont on lui donne la couleur68 ”. Ce mémoire commence ainsi : “ Le royaume n’est pas riche par ses mines de pierreries : son terrein excellent fournit abondamment des biens, dont la valeur est indépendante de l’opinion. Il n’est pourtant pas entièrement dépourvu de ces pierres rares qu’un consentement presque unanime a mis à un haut prix. Mais nous ne sommes pas toujours assés attentifs à profiter de nos richesses. La Perse est fameuse parmi nous, comme dans le reste du monde, par ses turquoises : peut-être les lui envions-nous, pendant que nous ignorons que les mines de ces pierres sont plus rares en Perse qu’en France, et que les turquoises que nous négligeons de tirer des nôtres, ne sont pas fort inférieures à celles qui nous viennent d’Orient […]69. ” Réaumur poursuit en décrivant les turquoises et leur utilisation en Europe ; il rapporte les avis de Pline et d’autres Anciens sur les turquoises, note que celles de Perse sont maintenant presque épuisées ; il discute les idées des lapidaires sur ces pierres et aborde la question des turquoises qu’on trouve en France : “ Les mines du royaume qui donnent des turquoises sont dans le bas Languedoc proche de la Ville de Simore et aux environs, comme à Baillabatz et à Laymont : il y en a aussi à peu-près dans le même pays du côté d’Auch et à Gimont et à Castres. Borel dans son Livre des Antiquités et raretés des environs de Castres70, prétend qu’on en trouve à Vénès : mais c’est inutilement que M. de Basville, Intendant du Languedoc, a pris tous les soins possibles pour en faire chercher […]71. ” Il fait référence aux Descriptions des arts et aux activités qui marquent le début de l’enquête du Régent : “ Pendant que j’étois occupé à décrire les arts qui regardent les pierreries, je crus devoir rechercher ce que le royaume produit de mieux dans

68. HMARS, 1715, p. 174-202. 69. Ibid., p. 174. 70. P. Borel, Les Antiquités, raretés, plantes, minéraux et autres choses considérables de la ville et comté de Castres d’Albigeois et des lieux qui sont à ses environs… et un recueil des inscriptions romaines et autres antiquités du Languedoc et Provence ; avec le rôle des principaux cabinets, et autres raretés de l’Europe. Comme aussi le catalogue des choses rares, de maître Pierre Borel…, Castres, 1649. 71. HMARS, 1715, p. 178.

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ce genre : mais étant trop éloigné du bas Languedoc, et ne me trouvant pas dans des circonstances où je pûsse aller observer les turquoises dans leurs minières, M. l’abbé Bignon […] voulut bien se charger d’engager M. d’Imbercourt, intendant de Montauban, d’envoyer les morceaux de mines dont j’aurois besoin, et des mémoires sûrs pour éclaircir les questions que j’aurois à faire. C’est ce que M. d’Imbercourt exécuta d’une manière aussi exacte qu’obligeante, et qui nous a fourni les premiers matériaux de ce mémoire. ” Il ajoute que le Régent s’intéresse personnellement à ces recherches : “ Les vues de Son Altesse Royale Monseigneur le Duc d’Orléans embrassent tout ce qui regarde le bien du royaume, attentif à s’instruire par lui même de ce qui y a quelque rapport, rien ne lui paroît à négliger. Peu après que ce mémoire eût été lu dans l’assemblée publique du 13 novembre 1715, il donna des ordres à M. Le Gendre, dans le département duquel le pays de nos mines de turquoises étoit passé, de faire fouiller dans les minières, et d’envoyer à l’Académie les morceaux qu’on en retiroit. L’exactitude avec laquelle M. Le Gendre y a satisfait, nous a valu des observations que nous avons cru devoir faire entrer dans ce mémoire72. ” C’est la première indication des recherches qui marquent le début de l’enquête du Régent73. On peut déjà noter le rôle de Réaumur, de Bignon, du Régent et des intendants, et aussi le principe de la collaboration entre l’Académie royale des sciences et les officiers de l’État. Le second document n’est guère plus tardif et témoigne qu’on est déjà parvenu alors à un degré supérieur de réflexion dans l’élaboration de la méthode d’enquête. Il s’agit d’un long mémoire rédigé vraisemblablement au tout début de 1716 par Bignon (peut-être après avoir consulté Réaumur), dans lequel il donne des instructions très détaillées et précises aux intendants sur le contenu de l’enquête et sur la manière dont le Régent attend qu’ils l’exécutent. Ce “ Projet de lettre circulaire de Mgr le duc d’Orléans à MM. les Intendans, pour appuyer les mémoires des recherches que SAR a chargé l’Académie des sciences de suivre dans les différentes provinces du royaume par rapport à la physique et aux arts ”74 définit clairement l’objectif de l’enquête : “ Comme la perfection des sciences et des arts fait un des principaux soins de Monseigneur le duc d’Orléans, Régent du royaume, et que

72. Ibid., p. 179-180. 73. “ Montauban ”, doc. 1 et 5. 74. Pochette de séances, 1716. “ Les origines de l’enquête ”, doc. 1.

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SAR a recconnu combien les recherches en ce genre peuvent contribuer à faire refleurir la France, [l’Académie] exhorte les François qui sont à portée de contribuer de quelque manière que ce soit, à un dessein si avantageux à leur patrie, de considérer avec attention tout ce que la nature et l’art produisent de plus important dans les régions où ils se trouvent, d’en dresser des mémoires exacts et de les luy envoyer avec des échantillons. SAR jugera par elle même de la qualité des découvertes et chargera l’Académie royale des Sciences de les perfectionner et de les appliquer à l’usage, ou du moins à l’instruction de la Nation. ” Il indique aussi qu’à cette époque, on songe à étendre l’enquête aux pays étrangers à la France, idée qui semble ensuite avoir été abandonnée, sans doute en raison des difficultés à la mettre en œuvre hors du royaume : “ Les François qui voyagent et ceux que leur charge, leur commerce ou d’autres raisons fixent chez les autres peuples de l’univers, donneront au Régent, une des plus agréables preuves de leur fidélité et de leur zèle, en entrant dans ses veües, conformément aux articles suivants. ” La lettre circulaire détaille les principaux sujets sur lesquels les intendants doivent s’attacher à recueillir des renseignements ; elle leur demande également de collecter des échantillons et de les envoyer à l’Académie des sciences qui les examinera et les soumettra à diverses expériences et analyses. Elle est d’abord adressée, en janvier et février 1716, à onze intendants qui y sont nommément cités et qui sont choisis suivant des critères qu’on ignore, puis, progressivement, elle est étendue à l’ensemble du royaume. Elle est envoyée au nom du Régent et, à part quelques exceptions, l’enquête, bien qu’elle soit dirigée dans les faits par Bignon et Réaumur, continue à être exécutée au nom du Régent. Les relations – et particulièrement la correspondance entre l’Académie et les intendants – passent par le Régent, avec lequel Bignon a des entretiens réguliers pour discuter des affaires de l’Académie et des progrès de l’enquête. Malgré le poids de ses responsabilités, le Régent continue à manifester un intérêt personnel pour l’enquête : il lit certains des mémoires rédigés par les intendants et, fort de ses études en chimie, s’intéresse particulièrement à ceux qui ont rapport à cette discipline75.

L’ORGANISATION ET LA RÉALISATION DE L’ENQUÊTE DU RÉGENT L’intérêt historique majeur des documents conservés aux Archives de l’Académie des sciences réside en partie dans l’extraordinaire détail avec lequel on peut y suivre la méthode de travail qui préside à l’enquête de 1716-1718. Si on

75. “ Alsace ”, doc. 12.

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prend, par contraste, celle de 1697, nous n’en possédons que les rapports définitifs rendus au duc de Bourgogne, même s’il en existe plusieurs états parfois difficiles à organiser76. On ne sait rien des procédés mis en œuvre par cette enquête, des problèmes rencontrés par les intendants, des mémoires provisoires qu’ils ont rédigés avant de rendre leurs mémoires définitifs, de la manière dont les mémoires ont été collationnés à Versailles ou à Paris, dont on les a édités et préparés pour leur destinataire. En revanche, en ce qui concerne l’enquête de 1716-1718, on dispose d’informations précises à la fois sur la direction de l’enquête à Paris et sur son exécution en province. On peut l’examiner dans ses moindres détails et la suivre étape par étape jusqu’à sa fin. Les documents qu’elle a produits sont tellement abondants qu’ils apportent des informations fructueuses sur tous ses aspects, tant en province qu’à Paris. Pour la première fois, on dispose d’une masse de renseignements qui permettent une étude historique très détaillée de la façon dont on réalisait une enquête générale sous l’Ancien Régime et dont l’administration se constituait un savoir sur le royaume. Comment s’est déroulée l’enquête de 1716-1718 ? Les intendants reçoivent d’abord le mémoire général de 1715-1716, qui ne tarde pas à être rappelé à leur attention par des instructions particulières, le plus souvent rédigées par Réaumur. Celui-ci a préparé scrupuleusement son travail, en faisant établir des extraits des mémoires rédigés pour le duc de Bourgogne, qu’il étudie et annote soigneusement et sur lesquels il s’appuie pour ses premières demandes ; il dépouille également la plume à la main quelques ouvrages de référence pour rassembler des informations77. Dès décembre 1715, Réaumur est en état de formuler précisément ses questions. Les intendants se mettent dès lors au travail et commencent à préparer leurs réponses ; les demandes étant rédigées au nom du Régent, ils ont obligation d’y répondre, mais leur enthousiasme n’est pas toujours sans faille. Certains répondent rapidement et reçoivent en retour des réactions de l’Académie dans les six premiers mois de l’année 171678, mais d’autres sont moins zélés. En ce qui concerne les intendants qui répondent honnêtement, qui sont la majorité, commence alors pour eux un travail considérable qui vient s’ajouter à leurs tâches administratives courantes, déjà fort nombreuses et accaparantes. 76. B. Gille (op. cit. p. 27, note 59) parle de 8 à 900 mémoires manuscrits conservés dans les collections publiques. Leur édition, initiée par Arthur Michel de Boislisle à la fin du XIXe siècle (Mémoire de la généralité de Paris, Paris, Imprimerie nationale, 1881), a été reprise depuis 1975 et se poursuit actuellement sous les auspices du Comité des travaux historiques et scientifiques ; sur l’ensemble de cette œuvre, voir Louis Trénard, Les mémoires des intendants pour l’instruction du duc de Bourgogne. Introduction générale, Paris, 1975. 77. Par exemple, Jean-Papire Masson (“ Les origines de l’enquête ”, doc. 3) et Pierre Borel (“ Languedoc ”, doc. 12). Une étude détaillée des sources bibliographiques utilisées dans l’enquête, tant par Réaumur que par les intendants, serait sans doute riche d’enseignements sur la diffusion des recherches scientifiques et de leurs résultats. 78. “ Rouen ”, doc. 2.

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Ils ont recours à leur propre réseau de correspondants79 pour recueillir les informations que souhaite l’Académie sur les ressources minérales. Certains intendants se déplacent en personne, mettant à profit leur tournée dans la province80 ou la tenue des États81, mais la plupart s’en rapportent sur le terrain à des “ informateurs ”, qui ont une connaissance plus intime de leur région : des agents investis de fonctions officielles comme les subdélégués82, les juges83 ou les ingénieurs du roi84, des membres de compagnies savantes comme les académies de province85 qui se révèlent fort actives, ou de simples particuliers, mineurs, prêtres, militaires86, artisans87, pêcheurs88, au total un éventail considérable de personnages qui fournissent aux intendants les renseignements et les échantillons dont ils ont besoin. Il est difficile de calculer le nombre de ceux qui ont apporté leur concours à l’enquête du Régent, mais il y en a eu certainement quelques centaines. Après avoir recueilli les premières données, les intendants rédigent des mémoires qu’ils envoient au Régent, parfois accompagnés d’échantillons de matières minérales, et même – ce qui atteste chez certains d’entre eux d’un esprit “ scientifique ” ou tout au moins pragmatique – de modèles en bois, en terre cuite ou en carton de certaines installations comme notamment les fours89. Le Régent transmet tous ces matériaux à Bignon ou, le plus souvent, à Réaumur, à l’Académie des sciences. Il se forme ainsi une chaîne de communication : “ informateurs ”, intendants, Régent, Bignon et Réaumur. Ce dernier est particulièrement chargé d’examiner les mémoires collectés, ce qu’il fait avec un soin sans égal et une patience admirable. Il est rare qu’un premier mémoire donne entièrement satisfaction par son exhaustivité et Réaumur a toujours de nouvelles questions à poser ; d’ailleurs, le plus souvent, un nouveau 79. Ainsi, quand on le rappelle à l’ordre, l’intendant d’Auch et Béarn répond qu’“ il a écrit partout pour avoir les mémoires que désire l’accadémie ; il ne manquera pas de les envoyer quand ils seront rassembléz ” (“ Navarre et Béarn ”, doc. 15). 80. Par exemple, “ Lyon ”, doc. 7 : “ Cependant la nonchalance de ceux auxquels il s’est adressé et le peu de secours qu’on trouve dans la pluspart des personnes de province l’ont déterminé à différer d’envoyer son second mémoire jusques au tems que, parcourant cette généralité pour le département des tailles, il ait pu travailler par luy même à satisfaire aux questions qui luy ont esté faittes par l’accadémie des Sciences. ” 81. “ Navarre et Béarn ”, doc. 11. 82. “ Languedoc ”, doc. 15. 83. “ Navarre et Béarn ”, doc. 3. 84. “ Bretagne ”, doc. 7. 85. “ Bordeaux ou Guyenne ”, doc. 20. 86. “ Perpignan ”, doc. 9. 87. “ Les analyses de minerais ”, doc. 3 (Languedoc). 88. “ Aix-en-Provence ”, doc. 22. 89. Ainsi, Legendre de Lormoy : “ Je prends aussi la liberté de joindre à ma lettre […] un dessein du four où l’on a fait cuire les pierres. J’en ay aussy fait faire un modèle en carton que j’ay mis dans le balot pour donner à l’académie une connoissance plus exacte de l’intérieur du fourneau. ” (“ Navarre et Béarn ”, doc. 20). Voir aussi “ Lyon ”, doc. 16. Il ne subsiste malheureusement aucun de ces modèles.

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mémoire suscite de nouvelles curiosités. Les demandes d’éclaircissements sont renvoyées, toujours au nom du Régent, aux intendants qui se mettent à nouveau en quête d’informations complémentaires rédigent un nouveau mémoire, présenté souvent en colonnes, les réponses de l’intendant faisant face aux questions de l’Académie et leur répondant point par point90. Certains mémoires sont accompagnés de dessins qui représentent des mines ou des établissements industriels. Certains sont bien présentés et apportent des informations utiles complétant les mémoires. Mais d’autres sont insuffisants : ils sont incomplets91 ou les mesures manquent, les échelles sont erronées ou inexistantes92. Parfois les dessinateurs privilégient l’élégance ou la beauté du dessin plutôt que l’exactitude et il arrive même que les informations des dessins contredisent celles des mémoires. Comme rien n’échappe à la vigilance de Réaumur, celui-ci exige de nouveaux dessins, ce qui demande encore du temps93. Et toujours, il insiste sur le fait qu’il veut des dessins exacts, avec une échelle, et non pas des dessins “ finis ”94. On doit souligner qu’on ne trouve aujourd’hui, parmi les documents de l’enquête qui nous sont parvenus, qu’un infime quantité de dessins par rapport à ce qui est annoncé dans la correspondance des intendants. Réaumur en a très certainement reçus beaucoup plus qu’on n’en trouve présentement aux Archives de l’Académie des sciences ; on en proposera plus loin une tentative d’explication. Pour les intendants, rassembler les informations demandées par l’Académie des sciences n’est pas chose forcément aisée. D’abord, ils sont tributaires de leurs propres “ informateurs ”, plus ou moins zélés à les aider rapidement (ils se plaignent volontiers de leur “ nonchalance ”). Certains “ informateurs ” sont imprécis95, d’autres ont beaucoup d’imagination et donnent des renseigne-

90. Par exemple, “ Navarre et Béarn ”, doc. 20. 91. Par exemple, “ Metz ”, doc. 6 : “ On a même oublié de donner une explication du deissein qui a été envoié et de mettre des letres aux figures. ” 92. “ Les deisseins qui représentent la manière dont on tire le fil de fer sont bien entendus et faits même avec plus de propreté et de soing qu’on ne l’avoit souhaité. Mais on a oublié d’y joindre une échelle et elle nous est absolument nescesaire lorsque nous les voudrons faire réduire en d’autres mesures. ” (“ Alençon ”, doc. 3). 93. D. J. Sturdy, “ L’Académie royales des sciences et l’enquête de Régent de 1716-1718 ”, dans Chr. Demeulenaere-Douyère et É. Brian (éd.), Règlement, usages et science, op. cit. p. 18, note 19, p. 138-139. 94. Entre autres exemples : “ Si près d'un des endroits où l'on cultive le pastel, il y avoit quelqu'un qui scût desinner, on demanderoit des deisseins du moulin à pastel, la disposition des endroits nescesaires pour préparer le pastel et de tous les outils qui y servent. On souhaiteroit moins des deisseins finis qu'exacts accompagnés d'une échelle, et on voudroit que les deisseins en perspective fussent accompagnés de plans et de profils. ” (“ Languedoc ”, doc. 10). 95. Pourtant fort zélé à servir l’enquête, l’intendant de Lyon écrit : “ Je demande mil excuses à VAR sy j’ay tant tardé à luy envoyer les éclaircissements qu’elle m’a fait l’honneur de me demander sur plusieurs articles du premier mémoire que j’ay pris la liberté de luy adresser pour l’académie des Sciences, mais c’est un ouvrage qui n’a pas dépendu de moy seul. Il a falu tirer des connoissances de différentes personnes et s’assujettir à leur peu d’exactitude. ” (“ Lyon ”, doc. 7).

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ments plus ou moins fantaisistes qu’il faut ensuite aller contrôler sur le terrain96. De sérieux obstacles matériels peuvent aussi ralentir les progrès de l’enquête. Dans les régions montagneuses, les mines qu’on veut fouiller pour en tirer des échantillons sont souvent difficiles d’accès, situées dans des endroits escarpés, inaccessibles en hiver à cause de la neige97, ou susceptibles d’être inondées98 ou de subir d’autres problèmes naturels : ainsi, dans une mine des Pyrénées, il y a des chauves-souris qui en gênent l’accès99. Dans d’autres régions aussi, les recherches des intendants sont soumises aux vicissitudes météorologiques : “ rigueur des temps ”, neige, gel ou inondations sont souvent évoqués100. Néanmoins, le Régent et l’Académie des sciences insistent pour qu’on leur réponde assez rapidement, quitte à relancer plusieurs fois l’intendant négligent ou simplement un peu lent. Mais, plus qu’à leur mauvais vouloir, ces retards de réponse tiennent le plus souvent aux difficultés qu’éprouvent les intendants eux-mêmes à réunir les informations désirées ou au désir de perfection de certains qui ne veulent envoyer que des produits parfaits101. Si les nouveaux mémoires rendus par l’intendant ne la satisfont pas pleinement, l’Académie n’hésite pas à poser à nouveau des questions supplémentaires. Toujours avec une exquise courtoisie102, mais aussi avec fermeté. On peut légitimement supposer que, dans les derniers mois de l’enquête, certains intendants voyaient arriver une nouvelle lettre de l’Académie des sciences avec agacement et lassitude, sinon avec horreur ! Il peut exister aussi une autre difficulté. Alors que la plupart des “ informateurs ” acceptent d’apporter leur concours à l’enquête sans poser de questions, sinon avec enthousiasme, certains se méfient et refusent de collaborer malgré des injonctions de l’intendant103. Dans ce cas, on ne sait quelles instructions Bignon donne à ses représentants : se retirer sans jouer de leur autorité ou parler discrètement aux

96. Ainsi, en Auvergne : “ Ces mémoires ont été dressés par un homme de la province, lequel a beaucoup d’esprit et de littérature, mais, comme il ne s’est pas donné la peine de se transporter sur les lieux pour voir et examiner par luy même les choses rares et curieuses qui sont répendues dans son mémoire, on ne peut ajouter une foy entière aux faits qui y sont avancés. ” (“ Riom ou Auvergne ”, doc. 5). 97. “ Perpignan ”, doc. 4. 98. “ Les analyses de minerais ”, doc. 1 (Alsace). 99. “ Navarre et Béarn ”, doc. 3. 100. Par exemple, “ Dijon ”, doc. 6 ; “ Metz ”, doc. 4 ; “ Poitiers ”, doc. 4. 101. Par exemple, “ Navarre et Béarn ”, doc. 20, Réaumur écrit à propos de turquoises : “ On craint que M. Legendre ne soit point content à moins qu’il ne nous envoye des choses parfaites et nous souhaitons seulement recevoir celles qui ont été tirées de la mine soit brutes soit après avoir pris quelque couleur au feu. Nous le prions de les envoyer telles qu’il les a. ” 102. Réaumur écrit par exemple de l’intendant de Lyon : “ Nous ne nous lassons point de demander des instructions de la généralité de Lion. Les excellents mémoires que Monsieur Méliand nous a procuré nous font même souhaiter d’avoir souvent des occasions de luy demander. ” (“ Lyon ”, doc. 10). 103. “ Caen ”, doc. 5-10.

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ouvriers pour en tirer les informations que leurs chefs ne veulent pas révéler ? Sans doute préfère-t-il éviter de mettre les intendants dans une situation embarrassante. Malgré tous ces obstacles, l’enquête du Régent est achevée en trois années et remplit les objectifs que le Régent et l’Académie lui ont assignés. Les mémoires envoyés à l’Académie des sciences sont souvent accompagnés d’échantillons de matières minérales (or, argent, fer, étain, plomb), de pierres précieuses ou non (turquoises, améthystes, marbres, craies), de coraux et autres produits de la mer, et de sables, de perles, d’eaux minérales, voire de pétrole… Les intendants, après avoir collecté auprès de leurs subdélégués ou autres “ informateurs ” des échantillons, les emballent le plus soigneusement qu’ils peuvent104 et les envoient à Paris par poste, courrier ou tout autre moyen (comme en profitant du “ retour de ceux qui auront conduit la première chaîne qui viendra à Marseille105 ”), en carrosse ou même par porteur à pied ; si un intendant se rend à Paris, il les apporte personnellement106. Les échantillons de produits de la mer (les coraux notamment) posent un problème particulier : il faut nécessairement les conserver dans l’eau salée, au risque de les voir se décomposer pendant le voyage107. Arrivés à Paris, ces échantillons divers sont livrés à Réaumur pour être analysés. Il fait des essais lui-même, mais en confie la plupart à un assistant, un certain Monsieur Fousjean, “ cy-devant directeur général des mines d’argent de la Haulte Alsace108 ” et essayeur expérimenté depuis au moins quinze ans109. On ne sait rien de ce Fousjean, ni comment il a été engagé par Réaumur. On peut supposer qu’étant donné qu’il venait d’Alsace d’où provenaient beaucoup de mémoires et d’échantillons, il y a conseillé l’intendant et s’est ainsi fait remarquer par Réaumur qui l’a invité à lui rendre des services à Paris. Pendant le cours de l’enquête, Fousjean retourne au moins une fois en Alsace pour surveiller la collecte des échantillons110 et il fait des recommandations sur certaines mines de cette province111. À une occasion, au début de 1716, il participe à une séance de l’Académie “ et […] fait voir différentes marcassites

104. Les conditions d’envoi de ces échantillons sont une réelle difficulté que Réaumur luimême examine dans le détail. Ainsi : “ On souhaiteroit avoir de l’huile de Gabian qu’on fust sûr qui n’eût point été mélangée. On en auroit besoing de deux ou trois livres avec son écume. Il seroit à propos de la metre dans des bouteilles de grès ou de verre ” (“ Languedoc ”, doc. 4). Ou encore : “ À leur arrivée à Marseille, on renfermeroit ces branches [de corail] dans un petit baril de bois ou de fer blanc qu’on rempliroit d’eau de mer et de plantes marines molles ou de quelque autre matierre, qui deffendroit l’écorce du corail contre les frotements du baril et, s’il étoit possible, on en chargeroit le courier le même jour. ” (“ Aix-en-Provence ”, doc. 21). 105. “ Aix-en-Provence ”, doc. 22. 106. “ Les analyses de minerais ”, doc. 4 (Dauphiné) et 13 (Navarre et Béarn). 107. “ Aix-en-Provence ”, doc. 26. 108. “ Navarre et Béarn ”, doc. 10. 109. “ Les analyses de minerais ”, doc. 14 (Provence). 110. Ibidem, doc. 1 (Alsace). 111. Ibidem, doc. 7 (Bourgogne).

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des mines d’Alsace112 ”. Quelle que soit la manière dont Fousjean se trouve être l’assistant de Réaumur, celui-ci le reconnaît comme “ chargé de faire mes essais113 ”. Fousjean fait les essais à Paris. En tête des procès-verbaux d’analyse des mines114, on mentionne “ le laboratoire de l’Académie ”. On peut s’interroger sur ce laboratoire. Avant la réforme de 1699, quand l’Académie des sciences était logée à la bibliothèque du Roi, rue Vivienne, elle y avait à sa disposition un laboratoire fourni par le roi115. Mais, après 1699 et son déménagement au Louvre, elle n’a pas de laboratoire à sa disposition dans ses nouveaux locaux. On peut faire plusieurs hypothèses. La première est que l’Académie, bien qu’elle ait transféré au Louvre son cabinet de squelettes et ses tableaux, conserve son laboratoire à la Bibliothèque du Roi et continue à l’utiliser jusqu’en 1721, date à laquelle la Bibliothèque du Roi déménage à l’hôtel de Nevers, rue de Richelieu. La deuxième est que Fousjean a à sa disposition le laboratoire privé de Réaumur qui sert en quelque sorte de laboratoire “ officiel ” pour l’enquête. La troisième est que Fousjean utilise d’autres laboratoires : on sait, par exemple, qu’il fait des essais dans celui de Nicolas Richer de Rhodes, grand maître et superintendant des mines, ou “ chez Monsieur Grassin à la Monnoye116 ”. La quatrième enfin est qu’il utilise aussi les laboratoires du Jardin des plantes, institution qui s’occupe tout particulièrement d’histoire naturelle117. La question de la localisation du “ laboratoire de l’Académie ” reste difficile à résoudre. Essayer les échantillons qui arrivent presque toutes les semaines en paquets, boîtes, sacs, etc., est une tâche immense et qui ne va pas sans problèmes. Parfois, la quantité de matière envoyée est insuffisante pour permettre des essais et Réaumur ou Fousjean sont obligés d’en réclamer davantage ; il y a même des cas où un intendant oublie d’envoyer les échantillons. D’autres fois, les échantillons qui arrivent à l’Académie portent des étiquettes erronées : un intendant a classé une matière comme “ argent ”, alors que les essais de Réaumur ou de Fousjean montrent que c’est autre chose ; il faut donc prendre le temps de vérifier la nature véritable des matières reçues. Certains intendants font essayer des échantillons par des chimistes locaux avant de les envoyer à Paris avec les rapports de ces chimistes118 ; c’est une pratique que Réaumur décourage avec fermeté, car il faut que tous les échantillons soient essayés par 112. AdS, PV, t. 35 (1716), 15 janvier 1716, fol. 9. 113. “ Limoges ”, doc. 8. 114. “ Les analyses de minerais ”, passim. 115. Sur le laboratoire, voir J. Schiller, “ Les laboratoires d’anatomie et de botanique à l’Académie des sciences au XVIIe siècle ”, Revue d’histoire des sciences, XVII, n° 2 (1964), p. 97-114. 116. “ Les analyses de minerais ”, doc. 13 (Navarre et Béarn). 117. Sur le Jardin des plantes, E. C. Spary, Utopia’s garden : French natural history from Old Regime to Revolution, Chicago, 2000. 118. “ Les analyses de minerais ”, doc. 3 (Languedoc).

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les mêmes personnes, dans les mêmes conditions et avec des méthodes identiques. Réaumur et Fousjean traitent les échantillons aussi vite qu’ils le peuvent et, en janvier 1719, ils ont achevé les essais sur des échantillons provenant de quatorze intendances119. Mais inévitablement il se produit des retards. En août 1716, par exemple, l’intendant de Limoges envoie un mémoire sur des mines de plomb accompagné d’échantillons, mais ce n’est qu’en 1721 que Réaumur parvient à les analyser et à les commenter120. Trois années durant, en 1716, 1717 et 1718, cet immense chantier se poursuit sous la surveillance de Bignon et de Réaumur et avec les encouragements du Régent. Il s’achève en 1718, mais il a suscité un intérêt plus général parmi les particuliers, surtout chez les fabricants de fer et d’acier et exploitants de mines qui, en entendant parler, espèrent en tirer profit. Le Régent reçoit des offres d’informations ou des propositions pour l’exploitation de minerais. Consultant Bignon, il y répond avec prudence121. Par exemple, dans le cas de deux entrepreneurs qui se disputent une mine d’or à Auneuil, près de Beauvais122, les rivaux, Simon Lotoire et Louis Gantier, s’accusent mutuellement de mauvaise foi, chacun prétendant que l’autre est incapable d’exploiter toutes les possibilités de la mine. Ils s’adressent au Régent dans l’espoir d’en recevoir un privilège, chacun à l’exclusion de l’autre, mais celui-ci refuse d’accorder ou de confirmer quoi que ce soit, vu la situation désastreuse des finances publiques. Autre exemple de particuliers qui s’adressent au Régent après avoir entendu parler de l’enquête : en 1717, un prêtre du diocèse d’Auch, le Père Giscaro, en résidence à Paris, se met en contact avec Bignon et Réaumur ; il leur procure des turquoises et autres pierres de sa région natale, mais présente également la requête de son père qui sollicite une aide financière pour exploiter les turquoises de Simorre. Pour soutenir ces démarches, son père s’adresse aussi à l’Académie des sciences123. Ça et là, parmi la correspondance des intendants ou dans celle de Bignon, on trouve donc des placets, des offres d’informations, des demandes de soutien financier présentés par des particuliers qui prétendent pouvoir faire avancer l’enquête. Ces gens contribuent à une espèce d’enquête

119. La liste est la suivante : Alsace (9 mines), Bourgogne (4) Languedoc, Toulouse et Montpellier (8), Dauphiné (26), Auvergne (2), Limoges (3), Duché de Bourgogne (1), Poitiers (2), Perpignan pour le Roussillon (1), Lyon (9), Châlons pour la Champagne (1), Bretagne (6), Béarn et Basse-Navarre (25), Aix pour le Provence (7) (voir D. J. Sturdy, “ L’Académie des sciences et l’enquête du Régent de 1716-1718 ”, dans Chr. Demeulenaere-Douyère et É. Brian (éd.), Règlement, usages et science, op. cit. p. 18, note 19, p. 139-140). 120. “ Limoges ”, doc. 5 et 8. 121. En 1717, par exemple, Jean-Charles Castan, bourgeois de Metz, et le chevalier de Châteaufur, ancien garde de la marine de Brest, qui ont reçu des privilèges en 1704 pour convertir le fer en acier, en demandent le renouvellement ; l’enquête est toujours en cours et Réaumur a l’intention d’utiliser les informations réunies pour faire avancer ses propres recherches sur le fer et l’acier. Le Régent refuse donc de leur accorder un nouveau privilège avant que Réaumur ait terminé (document non publié, se trouvant dans le carton 16 de l’enquête, n°16/03). 122. “ Paris ”, doc. 4-13. 123. “ Navarre et Béarn ”, doc. 22.

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“ auxiliaire ”, inspirée par celle du Régent et débouchant, espèrent-ils, sur des subventions de l’État qui augmenteraient leurs profits et leurs richesses.

LES DOCUMENTS ET LEUR PRÉSENTATION La plus grande partie des documents relatifs à l’enquête du Régent se trouve dans les cartons 16, 17 et 18 de la série des “ pochettes de séances ” des Archives de l’Académie des sciences, sous le titre “ Enquêtes du Régent ”. L’enquête ayant été menée à l’initiative du gouvernement royal, il aurait été logique – et conforme à nos usages archivistiques – que ces documents soient aujourd’hui conservés aux Archives nationales (Paris), avec d’autres correspondances d’intendants avec le pouvoir royal. Toutefois, le rôle central joué par l’Académie des sciences et particulièrement par Réaumur dans l’enquête explique aisément pourquoi ces documents sont demeurés dans les archives de cette institution. Il s’agit de lettres, de mémoires et de papiers divers, de nature très variée : correspondance entre les intendants, le Régent et l’Académie des sciences ; correspondance entre les intendants et leurs “ informateurs ” locaux ; mémoires et rapports envoyés par les intendants ; réponses de l’Académie aux mémoires des intendants et demandes de renseignements complémentaires ; correspondance entre le Régent (ou l’Académie) et des particuliers qui sollicitent des privilèges ou offrent des informations sur des mines ou d’autres sources de minerai ; commentaires de Réaumur sur les mémoires des intendants ; rapports des analyses effectuées dans le laboratoire de l’Académie ; correspondance enfin entre Bignon et le Régent ou quelquefois avec des ministres du roi. Il y a aussi des documents qui ne font pas partie de l’enquête et qui sont dans ces cartons, semble-t-il, par hasard124. Les documents s’y trouvent en grand désordre matériel, sans aucun système de classement évident125, en dépit d’une sorte de cotation chiffrée dont la clé nous échappe en grande partie. Chacun des cartons renferme des pièces produites pendant une des trois années de l’enquête, sans que toutefois cela soit absolument systématique, car on y trouve aussi mélangés des documents d’autres dates qui se rapportent aux divers sujets traités par l’enquête et aux différentes généralités. Il est difficile de préciser le nombre exact des documents conservés, car, mêlés aux mémoires et aux correspondances, il y a aussi des morceaux de papier ou des feuilles volantes où sont notées quelques lignes de notes chimiques ou des notes sur des sujets divers dont la relation à l’enquête pose problème. On peut toutefois avancer que le carton 16 renferme

124. Les éditeurs les ont écartés de la présente publication. 125. On trouvera en annexe l’inventaire détaillé de ces cartons. Les documents ont été numérotés par nos soins, en suivant l’ordre physique dans lequel ils se trouvent actuellement ; ainsi : 18/ 68/a se lira : carton 18, dossier 68, pièce a.

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170 documents (dont 56 mémoires rendus par des intendants), le carton 17 environ 120 (dont 70 mémoires et 19 rapports du laboratoire de l’Académie) et le n° 18 environ 260 documents (dont 65 mémoires) : un total d’environ 550 documents. Il faut y ajouter environ 130 documents provenant du fonds Réaumur des Archives de l’Académie des sciences (essentiellement des minutes d’observations et de demandes d’éclaircissements rédigées par Réaumur126) et quelques documents provenant des pochettes de séances des années 1715 à 1718. Soit un total d’environ 700 documents. Pour la transcription des ces documents, on a adopté quelques règles simples, en usage en matière d’édition de documents modernes127. Autant qu’il a été possible, l’orthographe originale des documents a été respectée, mais on a rétabli l’accentuation et la ponctuation modernes afin de faciliter l’intelligibilité des textes. En effet, beaucoup de documents de l’enquête sont dépourvus d’accentuation – Réaumur lui-même n’utilise que rarement les accents – et la ponctuation y est quelque peu erratique. En ce qui concerne la correspondance des intendants, ces ajustements ont été simples car ceux-ci écrivent pour la plupart un excellent français, dont l’orthographe est proche de la nôtre. Mais les lettres écrites par des particuliers ont une orthographe plus difficile pour un lecteur moderne. Dans beaucoup de cas, leurs auteurs ne sont de toute évidence pas coutumiers de l’art épistolaire ; certaines correspondances, comme celles de Simon Lotoire128, de Giscaro père129 ou de Roque de Marseille130, l’illustrent bien. Ils écrivent quasi phonétiquement, orthographiant les mots et construisant leurs phrases selon leur façon de parler. Si ces documents présentent un intérêt particulier pour l’étude de l’évolution de la langue française, ils sont mal aisés à lire et à transcrire et peuvent même parfois requérir une lecture à haute voix afin d’en bien saisir le sens ; mais ils reflètent de façon saisissante le langage courant de l’époque, la façon de parler de leurs auteurs et leur personnalité. Le vocabulaire et les formules employés par les intendants obéissent aux habitudes et aux formes épistolaires des gens instruits : leurs lettres sont courtes, polies et très respectueuses envers le Régent ou l’abbé Bignon. La correspondance de particuliers peu lettrés est respectueuse aussi, mais souvent prolixe, et elle utilise un vocabulaire spontané qui évoque les mentalités et les habitudes de provinciaux. Pour rendre plus intelligible cette abondante documentation, elle a été organisée en trois parties. La première, relativement courte, est composée des quel126. Contenues dans le carton 6 du fonds Réaumur aux Archives de l’Académie des sciences ; ces documents épars ont été rassemblés par nos soins dans le dossier 2 et numérotés sans reclassement préalable de 1 à 126. 127. Ces règles sont explicitées sur le site de l’École nationale des chartes : http ://theleme.enc.sorbonne.fr/document28.html. 128. “ Paris ”, doc. 4. 129. “ Navarre et Béarn ”, doc. 22. 130. “ Aix-en-Provence ”, doc. 30-34.

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ques documents relatifs aux origines de l’enquête dont on dispose. La deuxième, qui est de loin la plus volumineuse, reprend tous les documents rassemblés par l’enquête (correspondance des intendants et de leurs “ informateurs ”, demandes de particuliers, documents divers, etc.) en les classant par généralité ou province ; à l’intérieur de chacune des généralités, les documents sont présentés chronologiquement dans la mesure où ils sont datés ou selon que les sujets qu’ils traitent permet de les relier logiquement les uns aux autres. La troisième partie rassemble les procès-verbaux et commentaires rédigés par Réaumur et Fousjean après les essais réalisés sur les échantillons de minerais envoyés par les intendants131. Aussi nombreux qu’ils soient, il est évident que les documents qui nous sont parvenus de l’Enquête n’en constituent pas la totalité. On trouve parfois des références à des lettres ou à des mémoires complémentaires qui manquent dans les cartons conservés aujourd’hui à l’Académie des sciences. On a vu aussi que le nombre de dessins et de plans aujourd’hui conservés est très inférieur à ce qu’il était à la fin de l’enquête. Il n’est pas étonnant qu’il y ait des lacunes, en raison du nombre de personnes qui ont contribué à l’enquête et de la masse de la documentation rassemblée. Une autre hypothèse est que Bignon et Réaumur, qui avaient accès à ces documents, en ont conservé certains par devers eux et que, dans bien des cas, ceux-ci ont ensuite disparu. C’est probablement ce qui est arrivé à Réaumur, qui a sans doute mis de côté des mémoires et des documents graphiques provenant de l’enquête pour son autre entreprise des Descriptions des arts et métiers ; à sa mort, il a légué ses papiers à l’Académie des sciences pour que ses collègues puissent poursuivre cette œuvre, mais on sait aussi que les académiciens se sont partagés ces papiers et que “ tout a été au pillage ”132, sans que rien n’ait été publié. Enfin, une autre explication aussi des plus probables est que, sous l’Ancien Régime, les archives de l’Académie n’étaient pas classées selon un système spécifique et que certains documents ont été depuis dispersés ou perdus133. Il conviendrait aussi très certainement de poursuivre la quête des documents de l’enquête de 1716-1718 hors de Paris, et peut-être même hors de France. On sait que la Bibliothèque municipale de Besançon et les Archives municipales de Strasbourg recèlent dans leurs collections des mémoires et des correspondances qui s’y rapportent134. Le répertoire numérique de la série C (Intendance) des Archives départementales des Pyrénées-Orientales signale des correspondances entre le Régent, Bignon et l’intendant, concernant des mines 131. La majorité de ces rapports se trouvent dans le carton 17 des “ Enquêtes du Régent ”. 132. Chr. Demeulenaere-Douyère, “ Des ‘papiers’ de l’Académie des sciences à ses archives ”, dans Chr. Demeulenaere-Douyère et É. Brian (éd.), Règlement, usages et science, op. cit. p. 18, note 19, p. 473. 133. Chr. Demeulenaere-Douyère, “ Esquisse d’une histoire des archives de l’Académie des sciences ”, dans É. Brian et Chr. Demeulenaere-Douyère (dir.), Histoire et mémoire de l’Académie des sciences, op. cit. p. 20, note 27, p. 45-54. 134. Ces documents sont signalés dans les chapitres “ Alsace ” et “ Franche-Comté ”.

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et des forges de la région de Perpignan, contemporaines de l’enquête135, dont il est évident qu’elles concernent l’objet qui nous intéresse ici. La présente édition ne prétend donc pas à embrasser l’intégralité des documents de l’enquête du Régent, ce qui serait sans doute une tentative sans espoir.

LES GRANDES LIGNES DE L’ENQUÊTE L’enquête de 1716-1718 avait deux objectifs principaux : faire un état des richesses minérales et naturelles de la France, et indiquer les contributions que leur exploitation pouvait apporter à l’avancement des arts et métiers. Par conséquent, les intendants ont établi leurs rapports en tenant compte de ces deux objectifs et, tandis que Réaumur s’occupait surtout des mémoires relatifs aux ressources minérales, lui et Bignon avaient à leur disposition des informations sur la presque totalité de l’histoire naturelle du royaume. Les seuls sujets que les intendants n’ont que rarement évoqués étaient l’élevage et la pêche. Les richesses minérales Si on commence par les ressources minérales mises en évidence par l’enquête, il n’est pas surprenant que les principales régions minières aient fourni d’abondants renseignements : l’Alsace (importante aussi pour la fabrication du fer et de l’acier et pour des manufactures), la Bourgogne, le Dauphiné et les régions situées le long des Pyrénées. Moins riches sont d’autres régions (Limoges, Poitiers, l’Orléanais…). L’observateur moderne est frappé par la quantité de mines et même de grottes révélées par l’enquête, même si beaucoup d’entre elles sont petites et probablement peu rentables. Réaumur et Fousjean s’occupent des échantillons et des autres informations provenant de ces provinces minières au cours des analyses qu’ils exécutent, et les deux savants en apprennent beaucoup grâce aux efforts des intendants. Les mémoires relatifs aux régions minières apportent des informations principalement sur le fer, le cuivre, le plomb, l’or et l’argent, mais aussi des descriptions de mines d’étain, de bitume, de jayet ou d’autres matières moins abondantes. Outre les mines, certaines rivières, fontaines, sources ou lacs possèdent des propriétés minérales et, si leur importance économique sur le plan national est bien inférieure à celle des mines, ces sources sont souvent de portée locale (on pense, par exemple, aux paysans de certaines régions qui recueillent des paillettes d’or ou des perles dans les rivières136) ; elles ont aussi des applications médicales. En présentant les mines, les intendants en décrivent également l’environnement – terrains et paysages –, les moyens d’y accéder (ce qui peut 135. Arch. dép. Pyrénées-Orientales, C 1234. 136. Pour les paillettes d’or, voir “ Languedoc ”, “ Lyon ”, “ Montauban ”, etc. Pour les perles, voir notamment “ La Rochelle et Aunis ”.

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être difficile dans les régions montagneuses), ce que les mines contiennent (un seul minéral, ou parfois deux ou trois), la profondeur des veines et les difficultés de leur exploitation, la qualité et la quantité des minéraux qu’on y trouve. Ils indiquent les possibilités d’étendre les mines actuelles, de restaurer d’anciennes mines ou d’en ouvrir de nouvelles. En ce qui concerne cette dernière possibilité, beaucoup dépend des entrepreneurs privés, dont certains se rapprochent des intendants pour leur proposer de créer des entreprises nouvelles, soutenues par des privilèges. C’est au gouvernement royal, à Paris, de juger des avantages et des inconvénients de ces propositions, avant d’accorder ou de refuser sa protection. L’enquête s’intéresse également au mode d’exploitation des mines. Les mémoires des intendants décrivent (souvent avec dessins et profils à l’appui) la structure des mines, leur profondeur, les machines utilisées pour creuser et enlever les matières minérales, les pompes employées pour protéger les mines contre les inondations et les outils utilisés par les ouvriers. Ces aspects des mémoires sont particulièrement importants aux yeux de Réaumur, car le projet des Descriptions des arts et métiers a pour but de diffuser les méthodes les meilleures et d’encourager leur adoption sur un plan national. Cette utilisation des informations contenues dans les mémoires en explique une lacune frappante. Quand ils exposent les méthodes de travail des ouvriers, ils n’évoquent jamais les risques qui font pourtant partie de la réalité de l’exploitation minière. Le travail des mineurs est très dangereux, les accidents y sont fréquents ; mais, à l’exception de quelques problèmes d’inondations, les mémoires des intendants ne font jamais mention des dangers que courent les ouvriers. Les mémoires rapportent également les méthodes employées par les entrepreneurs pour raffiner et travailler les minéraux extraits des mines. Ils donnent des renseignements sur les forges, les machines et marteaux qu’on y utilise, sur les outils dont se servent les ouvriers, et – très intéressant pour Réaumur qui fait des recherches personnelles sur cette question – sur les tentatives de certains propriétaires de forges pour convertir le fer en acier. Au XVIIIe siècle, la France s’inscrit dans le mouvement qui marque l’amorce d’un tournant stratégique dans les économies et les sociétés de l’Europe de l’Ouest et qui est caractérisé par le déclin de la dépendance vis-à-vis des ressources organiques pour la nourriture, l’énergie, l’artisanat, le commerce, le combustible des industries métallurgiques et les transports et par la croissance de l’exploitation de ressources minérales, y compris le charbon de terre pour le combustible137. Dans les années où se déroule l’enquête, les moyens d’exploitation des minerais, et surtout du fer, restent traditionnels, mais dans le domaine des expériences sur l’acier, en France comme en Allemagne, en Angleterre et ailleurs, des 137. Voir J. Landers, The field and the forge : population, production and power in the preindustrial West, Oxford, 2003.

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industriels cherchent à innover. L’enquête témoigne non seulement des efforts qui sont faits pour augmenter la production de fer et diminuer la dépendance de la France en matière d’importations138, mais aussi des efforts réalisés pour produire un acier aussi beau que celui produit en Allemagne, en Suède et en Angleterre. Naturellement, les particuliers qui se livrent à ces tentatives (tout comme ceux qui, dans d’autres domaines, adressent des placets au Régent dans l’espoir d’en obtenir des privilèges) veulent protéger leurs secrets ; entre eux, il y a des rivalités et des concurrences. Dans cette mesure, l’enquête met en lumière une tension : d’une part, un de ses objectifs est de fournir à l’Académie des sciences et au pouvoir royal autant d’informations que possible sur les ressources minérales du royaume, mais cet objectif entre en conflit avec les réflexes des industriels qui manifestent une répugnance naturelle à trop révéler, de peur que leurs rivaux n’en profitent. Les richesses de l’histoire naturelle Parmi les richesses de l’histoire naturelle décrites par l’enquête, il faut distinguer deux catégories : l’histoire naturelle “ morte ” et la “ vivante ”. Dans la première catégorie, se rangent les mines de charbon de terre, de turquoises, de marbres et d’autres pierres, précieuses ou non (on utilise des pierres dans les verreries, par exemple) ; on peut y ajouter les craies, sables, salpêtres, ardoises et autres matières tirées des carrières qu’on trouve dans beaucoup de provinces. Les salines sont essentielles, par exemple, en Basse-Normandie, dans la région de Nantes ou dans celle de Moyenvic139 ; depuis des siècles, la production du sel constitue non seulement un apport capital à l’économie, mais aussi aux finances royales par les gabelles, ces impôts qui sont prélevés sur le sel. Parmi les “ pierres ” signalées par les intendants, il y a aussi bien des “ curiosités ” qui sont plus d’intérêt scientifique qu’économique, comme des fossiles trouvés en Auvergne et en Touraine. Réaumur est d’ailleurs très impressionné par les rapports de Chauvelin sur les coquilles fossiles de sa région et, après la fin de l’enquête, il fera un voyage en Touraine pour étudier personnellement la distribution et la variété de ces coquilles140. Comme pour

138. “ […] la France importe-t-elle 8,5 millions de livres pesant de fer brut en 1685, 42 millions en 1787 […] ”, dans E. Labrousse et al. (éd.), Histoire économique et sociale de la France, Paris, 1970, II, Des derniers temps de l’âge seigneurial aux préludes de l’âge industriel (16601789), p. 231. 139. Voir “ Caen ”, doc. 17, “ Bretagne ”, doc. 7 (mémoire sur les salines du comté de Nantes) et “ Metz ”, doc. 4. 140. À la suite de ce voyage, en 1720, Réaumur lira un mémoire à l’Académie des sciences, “ Remarques sur le coquilles fossilles de quelques cantons de la Touraine, et sur les utilités qu’on en tire ” (HMARS, 1720, p. 400-416). Réaumur y salue le travail de Chauvelin : “ Il y a quelques années que M. Chauvelin, alors Intendant de Touraine, envoya à l’Académie les mémoires qu’il avoit fait ramasser sur ces coquilles, ils me furent remis […]. Je crus qu’il ne seroit temps de les communiquer au public que lorsque l’Académie en auroit fait faire un nouvel examen. Je m’en suis chargé volontiers, et j’ai profité avec plaisir de l’occasion […] de passer par la Touraine pour observer ces prodigieux amas de coquilles fossilles ” (p. 402).

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les mines et les minéraux, les mémoires des intendants – ou même certains dessins141 – donnent des explications détaillées sur la manière dont on récupère les matières pierreuses ou les sels, les méthodes qu’utilisent les ouvriers, les machines ou les outils dont ils se servent, et des informations sur la quantité et la qualité des matières produites. L’histoire naturelle “ vivante ” peut aussi être divisée en deux groupes, dont le premier englobe l’histoire naturelle “ à l’état sauvage ”, particulièrement les bois et les forêts. Le bois constitue sans doute un des fondements essentiels des économies préindustrielles. Il sert, entre autres, à la construction dans tous ses aspects (palais, châteaux, maisons et autres bâtiments), aux transports par terre (les wagons, les carrosses et autres voitures) et par mer (navires, mâts), et à l’industrie métallurgique comme combustible (soit directement, soit après avoir été transformé en charbon de bois) ; par ailleurs, on exploite les pins et les écorces d’autres arbres pour en tirer des matières résineuses et des gommes. La désignation d’“ économies organiques ” pour caractériser l’époque préindustrielle souligne le rôle économique du bois. Dans les mémoires des intendants, il y a maintes références aux ressources forestières du royaume, mais ils décrivent habituellement moins l’étendue des forêts, les variétés d’arbres qui les composent et les moyens de les couper et de les transporter que la manière dont on les utilise dans l’industrie142. En lisant leurs rapports, on a l’impression que les intendants ont compris qu’ils devaient évoquer non pas les forêts en elles-mêmes, mais s’attacher à décrire l’utilisation des bois pour des activités économiques. L’enquête signale aussi quantité de plantes sauvages et de fleurs auxquelles les intendants attribuent une importance économique (pour les parfums, par exemple) ou scientifique (pour la médecine)143. On peut également inclure dans cette catégorie des produits de la mer et des rivières, comme les poissons, les coquillages, les coraux, les plantes maritimes et les perles. Le deuxième groupe de références à l’histoire naturelle concerne des plantes et arbrisseaux qu’on cultive, mais à la condition qu’ils contribuent à la vie économique ou à l’avancement des connaissances scientifiques : chanvre pour les textiles, différents bleds ou grains, fruits divers ; certaines intendances fournissent des informations sur des cultures régionales : le kermès du Languedoc, la garance de Lille ou le tabac de Bordeaux. Alors que l’Académie accepte tous les renseignements sur la culture des plantes en général, on notera qu’elle montre un intérêt plus vif pour celles qui sont susceptibles de servir pour les manufactures, les teintures et les étoffes, par exemple, ou pour la médecine, sans porter de réel intérêt à l’agriculture, ce qui peut paraître étonnant dans une 141. Comme, pour l’Alsace, la 6e feuille, Sainte-Marie : “ Outils pour la fonderie des méteaux d’argent, de cuivre et de plomb ”, “ Outils pour la fonderie de l’azur ”, “ Outils de mineur ” [16/ 1/a], reproduit Fig. 9. 142. Par exemple “ Metz ”, doc. 4. 143. Par exemple, “ Bretagne ”, doc. 12-14.

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France où 85% des vingt millions d’habitants qui peuplent le royaume vivent en zone rurale. Ainsi le très intéressant mémoire de l’intendant de Bourgogne144 dans lequel il apporte beaucoup de détails sur les vignobles de sa région et la qualité des vins produits, ne semble susciter que peu de réactions, tout au moins sur cet aspect. Les manufactures et le commerce L’enquête du Régent fournit des informations abondantes sur les richesses minéralogiques et naturelles de la France, mais le projet des Descriptions des arts et métiers s’intéresse également aux manufactures où l’on transforme les richesses naturelles en produits fabriqués. Dans leur correspondance avec le Régent, les intendants rapportent donc des informations plus ou moins détaillées sur les manufactures existant dans leur région. Dans la France des premières décennies du XVIIIe siècle, les principales industries sont celles du textile et l’enquête de 1716-1718 reflète bien leur rôle dominant dans l’économie. Il y a quantité de rapports provenant de diverses régions qui énumèrent la fabrication de serges, draps, étamines, laines, soies, satins, velours, damas, etc., des étoffes les plus modestes aux plus luxueuses. Mais certains rapports ne se limitent pas à décrire les méthodes de fabrication : ils apportent des commentaires sur les problèmes économiques rencontrés par les manufacturiers, les difficultés pour maintenir les niveaux de production et de ventes, et, dans cette mesure, certains mémoires sur les textiles des intendants constituent des commentaires qualitatifs aussi bien que descriptifs. Les rapports des intendants révèlent deux autres points qui caractérisent l’industrie française de cette époque. D’abord, ils montrent combien les manufactures sont localisées dans une ville ou dans une région. Les entreprises évoquées par l’enquête ne font pas partie de vastes ensembles industriels dont les éléments seraient liés les uns aux autres et distribués à travers le pays ; elles sont indépendantes les unes des autres et se suffisent à elles-mêmes. En lisant les rapports et les mémoires, on a l’impression d’un pays de manufacturiers “ nucléaires ”, qui travaillent indépendamment et qui se méfient des alliances avec d’autres producteurs. Certes, de temps en temps, des propriétaires ou des exploitants demandent des privilèges pour établir des manufactures ailleurs dans le royaume, mais là encore, leurs projets ne visent qu’à établir des entreprises indépendantes. En bref, l’enquête indique que l’organisation des manufactures françaises reste traditionnelle. D’autre part, les rapports témoignent de la spécialisation qui devient de plus en plus caractéristique de l’industrie en France. Dans une certaine mesure, la spécialisation est une conséquence des fonctions auxquelles les manufactures sont destinées ; il n’est pas étonnant, par exemple, qu’à Bordeaux et dans d’autres ports, on trouve la fabrication d’ancres, de canons, de mâts, de cordages et d’autres ustensiles indispensables 144. “ Dijon ou Bourgogne ”, mémoire joint au doc. 4.

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à la marine. On peut relever d’autres exemples de spécialisation : des manufactures de papiers en Auvergne, de cuirs en Normandie, de lames d’épée en Dauphiné et de verres à Basse-Normandie. Cela ne signifie pas que des manufactures de ce type n’existent que dans ces endroits (on trouve, par exemple, des verreries ailleurs), mais elles donnent au Régent et à l’Académie des sciences la démonstration que ces tendances vers la spécialisation existent. Autre observation sur les manufactures comme elle apparaissent dans les rapports des intendants : Réaumur s’intéresse à beaucoup de sujets scientifiques, mais, pendant cette période de sa vie, il porte un intérêt particulier à la production du fer et de l’acier. Sur l’ensemble des sujets abordés par l’enquête, ces deux points attirent particulièrement son attention. Alors que, dans la vie économique du royaume, l’importance des manufactures de fer est inférieure à celle des textiles, dans l’enquête, le fer, l’acier et d’autres métaux, comme le cuivre et le plomb, sont prédominants. Mais les intendants parlent beaucoup plus de la production du fer et de l’acier que des manufactures qui utilisent ces métaux. S’il y a naturellement des descriptions de manufactures de canons, d’ancres, d’épées et d’autres objets d’usage militaire, pour le reste, on ne rencontre que de petites manufactures qui utilisent le fer, pour faire des épingles ou les fils de fer, par exemple. En ce qui concerne le commerce, l’enquête ne l’aborde qu’indirectement. Pourtant, certains intendants résument les principales activités commerciales de leur région ; ils estiment sans doute que ces informations donnent des indications sur la manière dont on tire profit des manufactures. Dans le nord du royaume, les rapports sur la Picardie et la Normandie signalent des exportations des produits textiles, non seulement à l’intérieur de la France mais aussi vers les Pays-Bas, l’Espagne, le Portugal, l’Italie et ailleurs. Le rapport de l’intendant de Rouen fait référence aussi à des exportations vers l’étranger de cuirs, de chapeaux, de papiers, de cartes à jouer et d’autres produits. Du Languedoc, on exporte des draperies, des soies, des cuirs et d’autres matières fabriquées ou préparées. Ces exportations concernent des marchandises qu’on peut transporter sur des distances très longues, mais d’Auvergne viennent aussi des rapports qui concernent l’exportation de fruits qu’il faut transporter aussi vite que possible, ainsi que de papiers, de rubans, d’épingles et d’autres produits manufacturés. Parmi les exportations de l’Auvergne, on peut relever aussi les mules et mulets, surtout en période de guerre. Mais, malgré ces renseignements, le commerce n’apparaît pas comme un sujet d’importance centrale pour l’enquête. On ne demande d’informations ni sur le commerce des grands ports, ni sur les bateaux, ni sur les grandes entreprises des ports. L’enquête s’occupe en premier lieu des ressources minérales de la France, non pas de son commerce. Ces considérations ne peuvent que reprendre les grandes lignes des recherches menées par les intendants entre 1716 et 1718, mais par nécessité elles leur imposent un ordre qui n’est pas toujours évident dans les lettres ou autres

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documents, et donnent un aperçu simplifié des thèmes qui reviennent dans ce qui fut un exercice énorme, compliqué et qui suscita des réponses très diverses. Néanmoins elles cherchent à donner des orientations que le lecteur pourra suivre en utilisant ces manuscrits. Aucun résumé ne pourrait rendre compte de manière complète de la richesse des informations et des curiosités scientifiques que contiennent les cartons des “ Enquêtes du Régent ” des Archives de l’Académie des sciences.

LES RÉSULTATS ET LA SIGNIFICATION DE L’ENQUÊTE Entre 1716 et 1718, deux ou trois fois par semaine, des lettres, des mémoires et des échantillons recueillis par les intendants ou leurs “ informateurs ” arrivent à l’Académie des sciences, de la part du Régent. Dans leur ensemble, cette masse d’informations constitue les résultats de l’enquête du Régent. Comment les a-t-on exploitées ? Quelles conséquences en a-t-on tirées ? Dans un premier temps, c’est Réaumur qui s’en occupe, sous la surveillance bienveillante de l’abbé Bignon. Ce dernier contribue à l’organisation administrative de l’enquête, entretient la correspondance avec certains intendants ou des particuliers et il a des conférences fréquentes avec le Régent au cours desquelles ils discutent sans doute des progrès de l’enquête, mais, pour l’exploitation des informations que procure l’enquête, tout repose sur Réaumur. Avec l’aide de Fousjean, il fait de très nombreuses analyses des échantillons qu’il reçoit, mais il lit aussi toutes les lettres, les mémoires et les autres documents qui parviennent à Paris ; il les annote soit directement en marge, soit en rédigeant des longues notes pour lui-même ou qui serviront de minutes pour les demandes de renseignements complémentaires qui seront ensuite recopiées et adressées aux intendants. Le volume considérable des notes qu’il rédige et des analyses d’échantillons qu’il fait pendant ces années montre à quel point est important son investissement personnel dans l’enquête. Par ailleurs, Réaumur continue des recherches personnelles indépendantes de l’enquête : en 1716, il lit à l’Académie un mémoire sur la coloration des fausses perles et un autre sur la formation et l’accroissement des coquilles145 ; aucun de ces deux mémoires ne semble rien devoir à l’enquête. Cependant, en même temps – et désormais avec plus de fréquence –, ses mémoires et autres contributions aux séances de l’Académie sont redevables à l’enquête. En juillet 1716, outre les deux mémoires mentionnés précédemment, il fait des communications (non publiées dans Histoire et mémoires) sur des mines de fer, qui utilisent des informations fournies par l’enquête146. En 1717, il lit un mémoire sur “ le coquillage appellé pinne marine, ou nacre de perle ”, qui s’appuie éga145. “ Observations sur la matière qui colore les perles fausses … ”, HMARS, 1716, p. 229244 ; “ Éclaircissements de quelques difficultés sur la formation et l’accroissement des coquilles ”, ibid., p. 303-311. 146. AdS, PV, t. 35 (1716), fol. 201, 203, 204.

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lement sur des données fournies par elle147 et, en juin de la même année, c’est probablement lui qui présente à l’Académie des observations envoyées par l’ingénieur militaire Robelin sur le puits de Plougastel, en Bretagne, qui se vide au fur et à mesure que la mer monte et inversement148. En 1718, il rédige d’autres mémoires qui profitent également des résultats de l’enquête : un sur des paillettes d’or qu’on découvre dans les rivières et l’autre sur une mine de fer dans le pays de Foix149. Pendant les années qui suivent, Réaumur continue à publier des mémoires dont certains se rapportent à ses recherches personnelles – sur les insectes, par exemple150 –, mais dont d’autres continuent à utiliser des renseignements collectés au cours de l’enquête151. Un autre mémoire de Réaumur pose un problème d’identification. On reviendra plus loin sur la publication des Descriptions des arts et métiers à partir de 1761 et leur relation avec l’enquête de 1716-1718, mais on peut noter dès à présent que, dans le volume 20 des Descriptions, on réimprime un mémoire attribué à Réaumur, intitulé “ Fabrique des ancres, lue à l’Académie en juillet 1723 : Par M. De Réaumur. Avec des notes et des additions de M. Duhamel ”. Le volume de l’année 1723 d’Histoire et mémoires ne fait aucune référence à ce travail et les procès-verbaux de l’Académie pour le mois de juillet 1723 ne contiennent qu’une seule phrase qui s’y rapporte peut-être : “ M. de Réaumur a fini sa lecture152 ”. Mais les papiers de Réaumur conservés à l’Académie des sciences ne contiennent pas non plus l’original de ce texte. C’est uniquement grâce aux Descriptions des arts et métiers que nous connaissons cette contribution de Réaumur, qui utilise également des informations recueillies lors de l’enquête de 1716-1718. Autre fait à noter : Réaumur semble conserver pour son usage personnel les informations fournies par l’enquête et rien n’indique qu’il les partagent avec ses collègues académiciens. On ne connaît qu’un seul cas où un autre académicien paraît avoir utilisé l’enquête comme source d’un mémoire : le 14 août 1716, Étienne François Geoffroy lit un mémoire (non imprimé dans Histoire et mémoires), “ De l’origine de la formation des pierres153 ”, qui met en oeuvre des connaissances proches des informations que Réaumur reçoit (ce qui suggère aussi la possibilité que Geoffroy aidait Réaumur de temps en temps). À l’exception de ce mémoire, pendant l’enquête et les années immédiatement 147. “ Observations sur le coquillage appelé pinne marine, ou nacre de perle ; à l’occasion duquel on explique la formation des perles ”, HMARS, 1717, p. 177-191. 148. AdS, PV, t. 36 (1717), fol. 161 v°-164 v° ; voir “ Bretagne ”, doc. 7 et 8. 149. “ Essais de l’histoire des rivières et des ruisseaux du royaume qui roulent des paillettes d’or… ”, HMARS, 1718, p. 68-88 ; “ Description d’une mine de fer du pays de Foix … ”, ibid., p. 139-142. 150. “ Histoire des guespes ”, HMARS, 1719, p. 230-277. 151. “ Remarques sur les coquilles fossilles de quelques cantons de la Touraine, et sur les utilités qu’on en tire ”, HMARS, 1720, p. 400-416 ; voir note 140. 152. AdS, PV, t. 42 (1723), 10 juillet 1723, fol. 213 v°. 153. AdS, PV, t. 35 (1716), fol. 286 v°-304.

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postérieures, seul Réaumur publie des mémoires qui en dérivent. Mais – et ceci est une observation d’importance capitale qui a des rapports avec ce qui suit – en rédigeant ces mémoires, Réaumur doit approfondir les connaissances rassemblées par l’enquête. Il ne lui suffit pas simplement d’organiser ou de collationner les données recueillies ; il doit faire des recherches complémentaires ou les comparer à des connaissances antérieurement acquises. Sur bien des plans, l’enquête lui suggère des voies nouvelles de recherche à explorer ou des problèmes nouveaux à résoudre. Elle lui inspire des pistes nouvelles tout autant qu`elle lui permet de terminer des travaux en cours. Que l’enquête de 1716-1718 ait contribué à l’élaboration de certains mémoires que Réaumur lit en séance à l’Académie est bien notable, mais son apport principal s’exprime sans doute dans le premier livre qu’il écrit : l’Art de convertir le fer forgé en acier, et l’art d’adoucir le fer fondu (1722). Selon Grandjean de Fouchy154 qui présente à l’Académie l’éloge de Réaumur quand celui-ci meurt en 1757155, Réaumur s’est consacré à la rédaction de ce travail durant les deux ou trois années qui ont précédé 1722. Cet ouvrage célèbre, devenu classique, qui développe et amplifie les questions discutées dans des mémoires précédents, traite de la production et de l’affinage de l’acier et de la fabrication du fer malléable156. C’est une étude qui non seulement contient les fruits des travaux considérables que Réaumur avait consacrés à ses expériences sur le fer et l’acier, mais qui dégage aussi des pistes propres à encourager des chercheurs à l’avenir157. Réaumur y insiste sur l’utilité économique et militaire de ce qu’il explique et se défend de se limiter à un plan seulement abstrait. L’Art de convertir le fer forgé en acier est une démonstration des moyens d’appliquer des connaissances scientifiques à des problèmes pratiques dans la production de l’acier et du fer. En l’utilisant, les fabricants réussiront à produire un acier ou un fer fondu supérieurs à ceux qu’ils obtenaient auparavant. Implicitement, Réaumur justifie l’enquête du Régent. Beaucoup des informations qu’il reprend dans son étude en proviennent et, dans cette mesure, elle porte témoignage des efforts que les intendants et leurs assistants ont consacrés à l’enquête de 1716-1718. C’est dans ce sens que le duc d’Orléans en reçut en exemplaire, et il en fut tellement content qu’il accorda à Réaumur une pension de 12 000 livres158. En 1719, 1720 et 1721, Réaumur concentre son attention sur des essais en 154. Jean-Paul Grandjean de Fouchy (1707-1788), membre de l’Académie des sciences à partir de 1731 et secrétaire perpétuel de 1744 à 1776. 155. Imprimé dans HMARS, 1757, p. 201-216. 156. Il revint sur cette question dans son Nouvel art d’adoucir le fer fondu (1726). 157. Pour un résumé critique de l’Art de convertir le fer forgé en acier…, voir l’article sur Réaumur dans C. C. Gillispie, Dictionary of scientific biography, op. cit. p. 25, note 52. 158. Grandjean de Fouchy, en notant le don de la pension, ajoute que Réaumur ne l’accepta qu’à la condition qu’elle fût mise à la disposition de l’Académie “ pour en jouir après sa mort et pour subvenir aux frais des expériences nécessaires à la perfection des arts ; idée bien digne d’un Académicien vraiment citoyen ” (HMARS, 1757, p. 208).

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laboratoire et sur la rédaction de l’Art de convertir le fer forgé en acier…, et cela peut expliquer, au moins en partie, un aspect curieux de “ l’aprèsenquête ”. Celle-ci devait contribuer à l’avancement du projet des Descriptions des arts et métiers, mais, malgré l’énorme quantité d’informations rassemblées sur divers sujets, outre les minéraux ferreux, le projet n’a guère avancé. Font seuls exception les dessins destinés aux Descriptions ; vers la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siècle, des dessinateurs sont chargés de préparer des gravures pour illustrer des articles sur divers arts, et nous savons que, durant l’enquête, Réaumur réclame, par exemple, à l’intendant de Lille des dessins plus précis sur un métier à tisser les rubans pour aider le dessinateur qui est chargé de travailler sur ce sujet159. Néanmoins, alors même qu’on avait fait des progrès dans la production des dessins, beaucoup des informations rassemblées par l’enquête semblent n’avoir été exploitées ni par Réaumur, ni par d’autres académiciens, et n’avoir abouti à aucune publication. S’il est vrai que, pendant les trois ou quatre années qui ont suivi l’enquête, Réaumur s’est concentré sur les questions de l’acier et du fer au point de négliger d’exploiter, personnellement ou en les communicant à des collègues, les informations qu’il détenait sur d’autres sujets, il a affaibli l’efficacité potentielle de l’enquête. Après 1722 et dans les années 1730, il a développé d’autres intérêts scientifiques – pour la porcelaine ou les thermomètres, par exemple – qui s’écartaient des grandes lignes de l’enquête. On verra par la suite que, si le Régent n’était pas mort en 1723, il aurait continué à s’intéresser à l’Académie des sciences ; on peut faire l’hypothèse qu’il se serait également intéressé aux résultats de l’enquête et à leur application aux Descriptions des arts et métiers. Cette hypothèse est séduisante, mais la situation reste que, mis à part les renseignements sur l’acier et le fer, une grande partie des informations fournies par l’enquête sont restées lettre morte pendant bien des années. À sa mort en 1757, Réaumur lègue à l’Académie royale des sciences tous ses papiers, y compris la correspondance, les notes et les dessins provenant de l’enquête en sa possession, ainsi qu’une masse importante d’autres documents relatifs aux Descriptions. Duhamel du Monceau160 qui reçoit alors la direction du projet, distribue ces dossiers à une équipe de collaborateurs et réussit à faire imprimer le premier volume des Descriptions en 1761. Malgré les problèmes qui ont marqué l’histoire de la publication, particulièrement en ce qui concerne les illustrations161, une totalité de quatre-vingt-deux “ Arts ” seront publiés

159. Voir “ Lille ”, doc. 2 et 4, et M. Pinault-Sørensen, “ Les dessinateurs de l’Académie royale des sciences ”, dans Chr. Demeulenaere-Douyère et É. Brian (éd.), Règlement, usages et science, op. cit. p. 18, note 19, p. 157-158. 160. Henri-Louis Duhamel du Monceau (1700-1782), adjoint chimiste 1728, associé botaniste 1730, pensionnaire botaniste 1738 ; sur lui, voir B. Dupont de Dinechin, Duhamel du Monceau, Paris, 1999, et Duhamel du Monceau 1700-2000 : un Européen du Siècle des Lumières, actes du colloque du 12 mai 2000, Orléans, 2001. 161. M. Pinault-Sørensen, “ La Description des arts et métiers et le rôle de Duhamel du Monceau ”, dans Duhamel du Monceau, op. cit. note 160, p. 133-155.

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entre 1761 et 1788, avec la collaboration de plus de trente auteurs162. Le premier volume s’ouvre sur un avertissement qui souligne certains aspects de l’histoire des Descriptions et fait allusion à l’enquête de 1716-1718 : “ L’ouvrage que nous présentons au public, est le fruit d’un travail commencé depuis long-temps par l’Académie royale des sciences […]. Depuis le commencement de ce siècle, elle n’a pas cessé de rassembler des matériaux pour y parvenir ; mais l’objet est immense, et ne peut être rempli que par la suite des temps. Feu M. de Réaumur avoit été chargé de recueillir un assez grand nombre de mémoires déjà faits par plusieurs académiciens, aussi que d’autres envoyés des différentes provinces de la France, ou des pays étrangers. Les mémoires sur les arts se sont multipliés ; un grand nombre d’atteliers, d’opérations, de machines, d’instruments et d’outils, ont été dessinés et gravés sous un même format ; et l’Académie possède à présent plus de deux cens planches servant à leur description. L’ouvrage seroit plus avancé, si plusieurs morceaux ne se trouvoient pas égarés. Heureusement il lui reste encore assez de matériaux pour fournir incessamment les descriptions complètes d’un grand nombre d’arts : ces matériaux ont été distribués en 1759 aux académiciens, dont les études se sont portées principalement du côté de la méchanique et de la physique. En se chargeant d’achever les descriptions déjà commencées, et d’ajouter à celles qui ont été faites au commencement de ce siècle les nouvelles pratiques, les nouveaux procédés qui ont été inventés depuis, et qui sont à présent en usage […]. [L’Académie] nous autorise même à déclarer de sa part, que son intention est de publier sous les noms de leurs auteurs, et d’insérer en tout ou en partie dans la collection qu’elle prépare les ouvrages bien faits en ce genre qui leur seront présentés […]. Il seroit à souhaiter sans doute qu’on pût dès-à-présent réunir, soit en un seul, soit en plusieurs volumes les arts qui ont entr’eux des relations prochaines, par exemple, tous les arts qui façonnent le fer, ceux qui travaillent l’or et l’argent, ceux qui trament des tissus de toute espèce : mais comme il seroit très-difficile de faire achever en même temps les descriptions propres à former des volumes complets et suivis, avec les enchaînements nécessaires, l’Académie […] se borne […] à donner les descriptions des arts par cahiers séparés163. ” Le schéma présenté par Duhamel du Monceau dans ce passage est classique. Première étape : début du projet sous “ l’ancienne ” Académie, suivi 162. A.-S. Guénoun, “ Les publications… ”, dans É. Brian et Chr. Demeulenaere-Douyère (dir.), Histoire et mémoire de l’Académie des sciences, op. cit. p. 20, note 27, p. 123-125. 163. Les clients pouvaient les faire relier en volumes.

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d’années de stagnation ; deuxième étape : sa renaissance à la fin du e XVII siècle ; troisième étape : la direction du projet confiée à Réaumur qui collecte beaucoup d’informations, mais s’en désintéresse dans la mesure où ses propres recherches scientifiques l’engagent sur d’autres voies ; quatrième étape : début de la direction énergique de Duhamel du Monceau qui aboutit enfin à la publication des Descriptions. C’est un schéma encore valide, mais qui doit être modifié si on prend en compte l’enquête de 1716-1718. On a dit qu’on peut envisager l’enquête comme une expérience nouvelle dont le but était d’élargir les méthodes de recherche scientifique : au lieu de tenter des projets collectifs associant plusieurs chercheurs – méthode sur laquelle se fondaient les Mémoires pour servir à l’histoire naturelle des animaux (1671), la Mesure de la Terre (1671) et les Mémoires pour servir à l’histoire des plantes (1676), l’enquête était un exercice fait au nom du Régent, dirigé par deux personnes dont l’une (Bignon) s’occupait de la liaison avec le pouvoir politique et de la plupart de la correspondance, et l’autre (Réaumur) assurait la direction scientifique. L’enquête, exercice empirique ambitieux, mobilisait à travers le royaume des centaines de correspondants en utilisant les services des intendants qui représentaient l’État. Réaumur était chargé d’analyser les “ découvertes ” qui, un jour, contribueraient aux Descriptions des arts et métiers et peut-être aussi à d’autres publications. L’enquête de 1716-1718 tentait à la fois de mettre en œuvre une méthode nouvelle pour recueillir des informations scientifiques et une alliance étroite entre l’État et l’Académie royale des sciences. Mais la pratique de l’enquête (considérée comme expérience) s’est révélée instructive à plusieurs autres niveaux. Malgré l’énorme documentation qu’elle avait fournie, elle n’avait abordé qu’une partie des richesses minérales de la France. Réaumur et ses collègues ne pouvaient prétendre que les résultats de l’enquête étaient exhaustifs, soit dans leur ampleur, soit dans leur détail. Personne ne pouvait assurer d’ailleurs que l’enquête avait identifié toutes les mines ou toutes les ressources minérales de la France, ou alléguer que les informations fournies par les intendants étaient complètes ou même exactes dans tous leurs détails. Sans doute Bignon, Réaumur et ceux qui contribuaient à l’enquête ont-ils été conscients dès le début qu’un programme aussi ambitieux ne pouvait pas prétendre à l’exhaustivité et que tout ce qu’on pouvait en attendre, c’était de recueillir suffisamment d’informations pour pouvoir en tirer des conclusions solides mais provisoires. Dans une telle perspective, l’enquête est donc un point de départ, un projet ou un tableau provisoire plutôt qu’un exercice achevé. Certes, Réaumur pouvait publier dans Histoire et mémoires des mémoires traitant de sujets particuliers abordés dans l’enquête et destinés aux Descriptions des arts et métiers, mais l’enquête posait autant de questions et soulevait autant de nouveaux problèmes qu’elle n’en résolvait. Au lieu de mener le projet des Descriptions des arts et métiers à son terme, elle en a prolongé le cours en démontrant que dresser un état véridique des ressources

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minérales et des arts, métiers et manufactures de la France exigerait encore beaucoup de travail et de temps. Étant donné les dates tardives de la publication des Descriptions – quarante ans à soixante ans après l’enquête –, on ne peut s’étonner de ne trouver dans les volumes qui les constituent164 que peu de traces directes des résultats de l’enquête. L’article de Lalande165 sur l’“ Art de faire le papier ” se réfère à l’Auvergne, à Rouen et à Caen, des régions pour lesquelles l’enquête a fourni des informations166. On a réimprimé l’ouvrage célèbre de Réaumur, “ Nouvel art d’adoucir le fer fondu ” (1722) et sa “ Fabrique des ancres ”. Duhamel du Monceau a également réimprimé, avec des additions de son crû, l’“ Art de l’épinglier ” de Réaumur (s.l.n.d), qui bénéficiait de renseignements fournis par l’enquête. Le marquis de Courtivron167 est l’auteur l’“ Art des forges et fourneaux à fer ” qui cite Réaumur “ sur différentes manières de calciner, griller et faire cuire la mine de fer ”168 ; dans l’extrait cité, Réaumur s’appuie sur des informations concernant le Dauphiné, le comté de Foix, le Roussillon et la Navarre, également collectées par l’enquête. La deuxième section du même article de Courtivron comporte d’autres citations de Réaumur sur les “ trompes ou soufflets à chutes d’eau […] en Dauphiné ”, qui, elles aussi, utilisent l’enquête169. Pour le reste, si les Descriptions traitent d’autres matières également abordées par l’enquête – les ardoises par Fougeroux de Bondaroy170, le charbon de terre par Morand171 et d’autres articles sur les étoffes de laine et les étoffes de soie – ces articles sont tellement longs et contiennent tant d’informations qui sont absentes des documents de l’enquête qu’il est évident que les auteurs ne les ont pas obligatoirement consultés ou que, s’ils l’ont fait, ils n’en ont pas tenu compte. Néanmoins, on n’en peut conclure que l’enquête n’a pas contribué aux Descriptions. Elle a constitué un élément essentiel à leur développement, autant dans leur organisation que dans l’esprit qui les a inspirées ; et il est possible que des dessins provenant de l’enquête (et perdus depuis par suite de la dispersion des papiers de Réaumur) aient été utilisés comme source d’inspiration pour certaines planches des Descriptions. On peut aussi noter que l’enquête a contribué au principe de “ la réforme ” qui, dans les décennies suivantes, allait se transformer en “ science sociale ”172. Le tournant des XVIIe-XVIIIe siècles – période qui, selon Paul 164. Pour un sommaire général des Descriptions des arts et métiers, R. Halleux et al., Les publications de l’Académie royale, op. cit. p. 14, note 11, I, p. 485-550. 165. Joseph-Jérôme le François de Lalande (1732-1807). 166. P. 85-86. 167. Gaspard le Compasseur de Créquy-Montfort, marquis de Courtivron (1715-1785). 168. P. 48-49. 169. Ibid., p. 13-26. 170. Auguste-Denis Fougeroux de Bondaroy (1732-1789). 171. Jean-François-Clément Morand (1726-1784). 172. Voir K. M. Baker, “ The early history of the term ‘Social Science’ ”, Annals of science, XX (1964), p. 211-226.

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Hazard, entraîna “ une crise de la conscience européenne173 ” – fut une époque où se trouvèrent remis en cause bien des dogmes économiques, sociaux et politiques que les élites européennes acceptaient comme indispensables à la bonne direction de l’État. En France comme ailleurs, des philosophes, des partisans de la réforme socio-politique et, comme on l’a noté ci-dessus, certains membres de l’Académie des sciences ont contribué à ces débats. Les partisans de la réforme insistaient beaucoup sur l’économie, car ils estimaient que, sans des mutations et la croissance économiques, les améliorations sociales seraient ralenties ou, dans le pire des cas, impossibles174. De ce mouvement de critique économique sont venus, entre autres, les physiocrates – Quesnay175, Dupont de Nemours176 et, poursuivant des thèmes plus distinctifs, Cantillon177 et Gournay178 – qui insistaient sur la rénovation de l’agriculture comme essentielle à l’augmentation des richesses de l’État179 ; mais ce mouvement comprenait aussi des gens qui adhéraient au principe de l’exploitation plus systématique des ressources minérales et de la communication au grand public des méthodes industrielles les plus avancées180. C’est à cette seconde stratégie que l’enquête de 1716-1718 appartenait. Elle ne s’opposait pas à la physiocratie, mais allait de pair avec elle (Duhamel du Monceau, chargé plus tard des Descriptions des arts et métiers, fut un agronome convaincu181) ; la “ science sociale ” en sa totalité soutenait l’application de principes scientifiques à tous les aspects de la vie économique, à l’agriculture aussi bien qu’aux arts et métiers, à l’industrie et au commerce. De plus, elle a eu une conséquence d’importance historique : la création d’une économie “ nationale ” au lieu des économies régionales que l’enquête avait évoquées. En mettant en évidence certains obstacles que rencontraient les arts et les manufactures en France, l’enquête avait fourni la preuve que l’application des connaissances scientifiques aux arts et aux manufactures, si nécessaires à l’amélioration de la condition sociale et économique des Français, ne se réaliserait que dans la mesure où elle était dirigée sur un plan national. Et qui pourrait mettre en œuvre cette stratégie ? L’État et ses agents en collaboration avec l’Académie des sciences. Normalement, les intendants recevaient de Versailles des instructions sur des

173. P. Hazard, La crise de la conscience européenne 1680-1715, Paris, 1935. 174. Voir L. Rothkrug, Opposition to Louis XIV : the political and social origins of the French enlightenment, Princeton, 1965. 175. François Quesnay (1694-1774). 176. Pierre-Samuel Dupont de Nemours (1739-1817). 177. Richard Cantillon (1680-1734). 178. Vincent de Gournay (1712-1759). 179. Voir P. Bourde, Agronomes et agronomies au XVIIIe siècle, Paris, 1967, 3 vol., et E. FoxGenovese, The origins of physiocracy : economic revolution and social order in eighteenth-century France, New York, 1976. 180. Sur ce sujet, voir J. Landers, The field and the forge, op. cit. p. 44, note 137. 181. J. Boulaine, “ L’œuvre agronomique de Duhamel du Monceau ”, dans Duhamel du Monceau, op. cit. p. 52, note 160, p. 27-35.

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questions d’impôts, de justice, de sécurité et d’autres sujets, y compris souvent des questions particulières à leur région, mais l’enquête les a obligés à prendre également en compte les sciences – représentées par l’enquête – dans l’exercice de leurs devoirs. L’enquête a répandu dans l’esprit des intendants et de leurs agents l’idée qu’à l’avenir, tout comme les facteurs politiques ou économiques, les sciences contribueraient à la politique de l’État. Néanmoins, quoique l’enquête marque un des débuts de l’idée d’une science sociale, il y a un contraste frappant entre l’attitude d’un Réaumur ou d’un Bignon, qui n’expriment aucune émotion à l’égard des ouvriers menacés par des dangers dans leur travail (dans la correspondance et les notes de ces deux savants, les ouvriers ne sont que des “ producteurs ”) et celle d’un Condorcet quelques décennies plus tard. Ce champion des Lumières reconnaissait à “ la science sociale ” un aspect moral qui est absent de l’enquête de 17161718. Le contraste est évident dans le passage suivant, dans lequel Condorcet commente “ le rôle historique de l’art de trouver les métaux et de les employer ” : “ C’est peut être à l’art de trouver les métaux et de les emploier que l’home [sic] doit [à la fois] les lumières et les passions qui en ont fait le plus grand et le plus misérable de tous les êtres [sensibles]. Cruellement puni d’avoir corrompu les biens que la nature lui avait donné, son courage et ses ressources se sont accrus en même temps que ses maux, il a su inventer les arts pour satisfaire à des besoins factices, et son génie a surmonté les obstacles que lui opposait [de toutes parts] la nature indignée du mépris et de l’abus de ses bienfaits. Les travaux des mines, si dangereux et si utiles en même tems, sont encore un des monumens les plus étonans de l’industrie humaine. Pour tirer ces métaux des cavernes profondes où ils sont cachés, il faut savoir détourner ou épuiser les torrens qui s’y précipitent, soutenir d’énormes rochers suspendus sur la tête des travailleurs et donner une libre issue aux vapeurs mortelles, afin que délivrés du danger d’un fin trop prompte, les malheureux que la misère force à s’ensevelir dans les abîmes puissent espérer d’y trouver une mort plus lente que la faim, et que les esclaves y languissent assez longtems pour enrichir les maîtres qui les y ont enchaînés. Quand ces matériaux qui ont déjà coûté [si cher à l’humanité] sont tirés de la mine, on n’a presque rien fait encore. Le minerai est composé de terres métalliques de différentes espèces, et de matières dont la combinaison est encore inconnue, et pour séparer ces métaux et les obtenir chacun dans toute sa pureté182. ” 182. Condorcet, Tableau historique des progrès de l’esprit humain. Projets, Esquisse, Fragments et Notes (1772-1794), J.-P. Schandeler et P. Crépel (éd.), Paris, 2004, p. 199 [les éditeurs ajoutent une note : “ La phrase de Condorcet s’interrompt subitement ici ”].

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De tels sentiments seraient inconcevables sous la plume de Réaumur ou de Bignon. Pour eux, l’enquête est un exercice empirique, objectif, passager et sans dimension morale. Elle doit se concentrer sur les faits pour en tirer des enseignements sur ce qu’il conviendrait de faire pour favoriser la croissance économique à l’avenir ; son objet est d’enrichir à la fois les Descriptions des arts et métiers et les connaissances de l’État sur la condition réelle des mines et des manufactures en France, et, par conséquent, d’aider l’État à déterminer la politique qu’il doit poursuivre pour que la France connaisse la prospérité économique et l’amélioration sociale. Ces deux objectifs – contribuer aux Descriptions et aider l’État dans ses décisions – dominent la manière de gérer l’enquête, qui ne se préoccupe pas des conditions de ceux qui travaillent dans les mines et les industries. Enfin, il subsiste une énigme. On sait que le Régent suivait de près les progrès de l’enquête, qu’il s’intéressait aux sciences en général et, sur un plan plus particulier, qu’il avait l’intention de conserver des relations formelles avec l’Académie des sciences après avoir quitté la régence183. Dans ce cas, et compte tenu de ses idées sur les liens à développer entre les activités de l’Académie et les besoins utilitaires de l’État et de la société184, il se serait sans doute consacré à multiplier ces rapports et aurait probablement soutenu encore plus les résultats de l’enquête qu’on avait faite en son nom. Mais il est mort en 1723, peu après la majorité de Louis XV, et son ambition vis-à-vis de l’Académie ne s’est jamais réalisée. Restent donc des questions : si le duc d’Orléans avait vécu encore quelques années, quels appuis aurait-il apportés à l’Académie ; aurait-il profité de ses relations exceptionnelles avec le roi pour essayer de le convaincre de favoriser encore plus l’Académie et son potentiel utilitaire ; aurait-il continué à encourager les intendants à s’adresser aux institutions scientifiques pour y chercher des solutions à leurs problèmes ; aurait-il développé à long terme une politique destinée à réaliser les possibilités de “ la science sociale ” ; se serait-il associé au projet des Descriptions des arts et métiers ? À de telles questions, il n’y a pas de réponses sûres, on ne peut que faire des hypothèses. Ce qui est néanmoins certain, c’est que la mort du duc d’Orléans a privé l’Académie, l’enquête et les sciences dans leur rôle social, d’un partisan passionné et puissant.

183. “ S[on] A[ltesse] R[oyale] a même dit publiquement, que quand Elle remettroit le Royaume entre les mains du Roi à sa majorité, elle lui demanderoit d’être toujours le Secrétaire d’Etat de l’Académie ”, HMARS, 1716, p. 1-2. 184. C’est un point signalé de nouveau par Réaumur dans son mémoire “ Réflexions sur les expériences… ”, lu à l’Académie en 1722 : “ Il est heureux pour les États que ceux qui sont chargés du gouvernement, cherchent à s’instruire par eux-mêmes des descouvertes qui ont le bien public pour objet ”, HMARS, 1722, p. 145. On peut noter que le même volume, p. 329-330, contient des “ Observations de l’éclipse de Soleil du 8 décembre 1722, faite en présence du Roi, par Mrs Cassini et Maraldi ” : les deux astronomes sont allés à Versailles, “ avec les instrumens nécessaires […]. On les fit placer dans le sallon qui est à l’extrémité de la grande Gallérie, et qui regarde le sud-ouest ” (p. 329).

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Cette introduction n’entend suggérer que quelques aspects du contenu et de l’importance des documents présentés dans cette édition ; encore plus, ne peutelle qu’avertir le lecteur de l’immensité du plaisir et de l’intérêt que ces textes lui procureront. Au fil des pages, au-delà des renseignements sur des sujets “ sérieux ” – histoire politique, administrative, économique et industrielle, minière, histoire des sciences et des techniques, histoire locale, etc. –, il rencontrera des gens de presque toutes les catégories de la société du e XVIII siècle : monarchie, noblesse, clergé, intendants, savants, hommes d’affaires, entrepreneurs, ouvriers industriels, paysans, mineurs, pêcheurs, commerçants… et même des gens sans aveu. L’enquête touchait beaucoup de monde, en apportant à des gens de tout statut social l’occasion de s’y associer. À travers la correspondance particulièrement de ceux qui s’adressaient aux intendants ou directement à Bignon ou au Régent, le lecteur d’aujourd’hui “ entendra ” des voix authentiques de l’époque. Souvent, il s’agissait de gens peu lettrés, voire illettrés, mais ils comprenaient que l’enquête leur offrait la possibilité d’évoluer dans le monde ou même de s’enrichir ; en fournissant aux agents de l’enquête des informations sur des sujets nombreux et variés, ils révélaient leurs pensées, leurs problèmes, leurs espoirs et leurs valeurs, ce qui apporte au lecteur moderne des aperçus rares sur les mentalités des gens de province de cette époque. La correspondance des intendants contient, elle aussi, des indications sur la nature des relations qu’ils entretenaient avec leurs collègues, leurs subdélégués et les assistants qu’ils employaient pour accomplir les tâches que leur imposait l’enquête. Le lecteur est en contact direct avec les expériences des intendants et des autres administrateurs, sur le terrain, dans leur province où ils sont en but aux mémoires, lettres et exigences émanant de cette institution parisienne qui jamais encore auparavant ne s’était adressée à eux, l’Académie royale des sciences.

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AVERTISSEMENT

Dans chacun des chapitres suivants, les textes sont présentés suivant un ordre chronologique, selon qu’ils sont effectivement datés ou qu’il est possible de leur attribuer une date ou de les situer dans le temps en fonction de leur contenu et du contexte. Pour les documents non datés et non datables, ils sont rejetés en fin de chapitre. Chaque document est doté d’une “ cote ” qui permet de se reporter aux documents originaux conservés dans les “ Enquêtes du Régent ” ou dans le fonds Réaumur des Archives de l’Académie des sciences : ainsi, “ 16/1/a ” se lira “ Enquêtes du Régent ”, carton 16, dossier 1, pièce a (pour le détail, voir annexe 1) et R/6/59 se lira fonds Réaumur, carton 6, pièce 59 du dossier “ Enquête du Régent ”. L’orthographe originale des documents a été scrupuleusement respectée : escrit pour écrit, eschantillon pour échantillon, esté pour été, tems pour temps, etc. Les formes verbales en oit, oient, voire en oint, ont été conservées. Seules les graphies particulièrement aberrantes ont été signalées par [sic], les fautes d’accord étant trop nombreuses pour être toutes signalées. Pour assurer une meilleure intelligibilité des documents, la ponctuation et l’accentuation, très fantaisistes dans les documents originaux, voire même inexistantes, ont été rétablies selon l’usage actuel. Ainsi les accents ont été systématiquement rétablis sur “ à ”, “ où ”, et “ é ” (en finale des participes passés) et des apostrophes ajoutées là où elles étaient nécessaires. De même, les majuscules ont été rétablies en tête de toutes les phrases et en tête des noms propres ; en revanche, elles ont été supprimées quand elles n’étaient pas justifiées, au début de noms communs à l’intérieur d’une phrase, par exemple. Afin d’alléger les transcription des documents, les formules de politesse figurant en fin des lettres des intendants, qui obéissent à un formulaire protocolaire stéréotypé, ont été systématiquement remplacées par [etc.] et le titre du Régent, “ Son Altesse royale ”, par SAR (VAR pour “ Votre Altesse royale ”). Toute addition de notre fait (mot oublié, suggestions de lecture : lire…) est indiquée entre crochets carrés ; les abréviations originales ont été développées selon les normes usuelles. Les abréviations utilisées dans l’ouvrage sont celles ordinairement employées pour une édition de texte : AdS pour Archives de l’Académie des

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L’ENQUÊTE DU RÉGENT

sciences, Arch. dép. pour Archives départementales, BnF pour Bibliothèque nationale de France, AN pour Archives nationales, PV pour procès-verbaux, HMARS pour Histoire de l’Académie royale des sciences, led. pour ledit (lad. pour ladite et lesd. pour lesdits), p. pour page ; op. cit. pour opus citatus, id. pour idem, ibid. pour ibidem… On a également respecté la graphie des toponymes telle qu’elle figure dans les documents originaux : L’Isle pour Lille, Mets pour Metz, Montpelier pour Montpellier, Alais pour Alès, etc. Les toponymes dont la graphie diffère de l’actuelle, sont identifiés à la première occurrence. Ils sont renvoyés, avec l’ensemble des toponymes, à l’index des noms géographiques, où ils sont identifiés précisément : pays pour les toponymes étrangers, et département, arrondissement et canton pour les toponymes français. L’index des noms géographiques est précédé d’un tableau de répartition regroupant les différents toponymes relevés par pays et par départements pour la France. Les noms de personnages sont de la même façon identifiés à la première occurrence et renvoyés à l’index des noms de personnes et d’institutions.

CARTE DES PROVINCES ET GÉNÉRALITÉS

INTENDANTS DE JUSTICE, POLICE ET FINANCES EN FONCTIONS DANS LES GÉNÉRALITÉS ET PROVINCES DU ROYAUME, EN 1716, 1717 ET 1718 (source : Almanach royal)

Intendance

1716

1717

1718

Aix-en-Provence

Lebret

Lebret

Lebret

Alençon

Foullé de Martangis

Alsace

Bauyn d’Angervilliers

Barberye de Courteille Bauyn d’Angervilliers

Bauyn d’Angervilliers

Amiens, Picardie Bernage et Artois

Bernage

Méliand

Bourges

Turgot de SaintClair

Foullé de Martangis

Foullé de Martangis

Bordeaux, ou Guyenne

Lamoignon de Courson

Lamoignon de Courson

Lamoignon de Courson

Bretagne

Feydeau de Brou Feydeau de Brou Feydeau de Brou

Caen

Guynet

Châlons, ou Champagne

Lescalopier

Lescalopier

Lescalopier

Dijon, ou Bourgogne

La Briffe

La Briffe

La Briffe

Franche-Comté

Le Guerchois

Le Guerchois

D’Ormesson du Cheré

Grenoble, ou Dauphiné

Boucher d’Orsay

Boucher d’Orsay

Boucher d’Orsay

La Rochelle et pays d’Aunis

de Beauharnais (par ailleurs

Creil

Creil

Guynet

76

L’ENQUÊTE DU RÉGENT

également intendant de la marine à Rochefort) Languedoc (généralités de Toulouse et Montpellier)

Lamoignon de Basville

Lamoignon de Basville

Bernage

Lille en Flandre

Bernières

Bernières

Bernières

Lesseville

Lesseville

Méliand

Poulletier

Maubeuge ou Doujat Pays-Bas français

Doujat

Doujat

Metz

Harlay de Cely

Harlay de Cely

Harlay de Cely

Montauban

Laugeois d’Imbercourt

Laugeois d’Imbercourt

Laugeois d’Imbercourt

Moulins

Turgot de Saint-Clair

Turgot de Saint-Clair

Turgot de Saint-Clair

Navarre et Béarn, partage entre puis Auch et Courson et Béarn1 Laugeois d’Imbercourt

Legendre

Legendre à partir de mars 1718 : Leclerc de Lesseville

Orléans

Bouville

Bouville

Bouville

Paris

Bignon de Blanzy Bignon de Blanzy Bignon de Blanzy

Perpignan, ou Roussillon

Deschiens de La Neuville

d’Andrezel

d’Andrezel

Poitiers

Richebourg

La Tour des Galloys

La Tour des Galloys

Riom, ou Auvergne

Béchameil de Nointel

Béchameil de Nointel

Boucher

Rouen

Goujon de Gasville

Goujon de Gasville

Goujon de Gasville

Soissons

Le Fèvre d’Eaubonne

Le Fèvre d’Eaubonne

Béchameil de Nointel

Tours

Chauvelin

Chauvelin

Chauvelin

Limoges Lyon

Méliand

1. La Navarre et le Béarn sont rattachés à la nouvelle intendance créée à Auch en 1716, pour former l’intendance d’Auch et de Béarn.

I.

LES ORIGINES DE L’ENQUÊTE

1. - s.d. [janvier 17161] : le Régent aux intendants [pochette de séances, année 1716]. [en marge :] Envoyé à Messieurs de Courson de Bernières de Nointel Chauvelin2 [plus bas :] ½ Mélian ° ° de Basville 18 janvier 1716 ¾ de Beauharnois ° ° Robert3 ¿ ½ 25 janv[ier] M. de Bernières ¾ M. Goujon de Gasville4 ¿

M. Turgot5

le 9 féb[vrier]

Projet de lettre circulaire de Mgr le duc d’Orléans à MM. les Intendans pour appuyer les mémoires des recherches que SAR a chargé l’Académie des Sciences de suivre dans les différentes provinces du royaume par rapport à la physique et aux arts. Voilà, Monsieur, un mémoire qui m’a esté présenté par l’Académie des Sciences. Je vous prie d’apporter tous vos soins pour les recherches qui y sont proposées et qui peuvent estre si utiles à la connoissance de la nature et à la perfection des arts. Vous n’aurez qu’à m’addresser vos réponses et vos 1. Ajout postérieur au document. 2. Respectivement intendants à Bordeaux, Lille, Riom et Tours. 3. Intendants à Lyon, en Languedoc, à La Rochelle ; Robert est intendant de la Marine à Brest. 4. Intendants à Lille et à Rouen. 5. Intendant à Bourges.

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L’ENQUÊTE DU RÉGENT

observations ; et plus vous y apporterés de diligence et d’exactitude, plus vous me ferés de plaisir. Joint : circulaire, de la main de l’abbé Bignon, 1716. /fol. 1/ [au crayon : 1716] [de la main de Réaumur :] Recherches à faire proposées par l’Académie royale des sciences [barré : à faire dans les païs étrangers] [au crayon : par l’abbé Bignon] Comme la perfection des sciences et des arts fait un des principaux soins de Monseigneur le duc d’Orléans, Régent du royaume, et que SAR a recconnu combien les recherches en ce genre peuvent contribuer à faire refleurir la France, elle exhorte les François qui sont à portée de contribuer de quelque manière que ce soit à un dessein si avantageux à leur patrie, de considérer avec attention tout ce que la nature et l’art produisent /fol. 1 v°/ de plus important dans les régions où ils se trouvent, d’en dresser des mémoires exacts et de les luy envoyer avec des échantillons. SAR jugera par elle même de la qualité des découvertes et chargera l’Académie royale des Sciences de les perfectionner et de les appliquer à l’usage, ou du moins à l’instruction de la Nation. Les François qui voyagent et ceux que leur charge, leur commerce ou d’autres raisons fixent chez les autres peuples de l’univers, donneront au Régent, une des plus agréables preuves de leur fidélité et de leur zèle, en entrant /fol. 2/ dans ses veües, conformément aux articles suivants. Par rapport aux choses naturelles il faut remarquer soigneusement 1° Les marbres et les autres pierres extraordinaires qui peuvent servir à l’ornement des édifices. Il y en a de plusieurs sortes que l’on ne connoit plus que par les morceaux qu’on en trouve dans les ruines des anciens bastimens et dont il seroit à souhaiter qu’on retrouvât les carrières. 2° Les pierres estimables ou par leurs /fol. 2 v°/ propriétéz ou par leur couleur et leur beauté, tels que sont les jaspes, les cristaux, les pierres prétieuses de toutes espèces, les talcs même, l’aimant, etc. 3° Les minéraux. Si on les néglige dans le pais, il suffira d’en envoyer des échantillons, en marquant les circonstances des lieux d’où on les aura tiréz. Si, au contraire, les mines sont ouvertes et qu’on y travaille, il faudra en observer la profondeur, ce qui y incommode les ouvriers et de quelle manière on y remédie, /fol. 3/ comment ils détachent la matière minérale, la préparation de la même matière, la proportion entre la matière préparée et celle qui ne l’est

LES ORIGINES DE L’ENQUÊTE

79

pas, la fonte et la métode qu’on y suit, la qualité, le mélange et la dose des fondans, la proportion qui se trouve dans le métal pur et la matière qui a esté mise dans les fourneaux, ce qu’on y brûle, leur construction, les machines et les outils dont on se sert dans ces travaux. 4° Les autres fossiles, comme le sel gemme, le jayet, le vitriol, le sal-/fol. 3 v°/ -pêtre, l’alun, le borax, etc. Si les habitans en profitent, il faut mettre en détail de quelle manière ils s’y prennent. 5° Les terres précieuses, soit par leur vertu médicinale, soit par la vivacité de leur couleur, soit par les poteries fines qu’on en forme, soit parce qu’elles sont propres à faire de bons enduits et à composer des cimens qui résistent au feu ou à l’eau. 6° Sur les bords des mers, examiner ce qu’elles produisent d’utile ou de fort curieux, les perles, les coraux, l’ambre /fol. 4/ gris, l’ambre jaune, le coquillage singulier. Les échantillons de tout ce qui est contenu dans ces six articles, doivent estre variéz et nombreux dans chaque espèce. Il seroit à propos que ceux des pierres transparantes exprimassent l’ordre que garde la nature en les formant, qu’il y en eût de parfaites, de moins parfaites, et d’autres encore attachées aux matières d’où elles tirent leur naissance. 7° Les arbres de genres différens de ceux de France. Remarquer la qualité et / fol. 4 v°/ l’usage de leur bois, de leur écorce, de leurs fruits. Les bois peuvent servir à la médecine, à la teinture, à la marqueterie. Il y en a de diverses espèces qui donnent des gommes, du beaume, des résines. Les écorces de quelques uns servent à apprester le maroquin et les autres cuirs. Celles de quelques autres sont de bons médicaments. On voit dans les pais étrangers une infinité d’arbres dont les espèces mériteroient d’estre communiquées à la France à cause de leurs fruits. 8° Les arbrisseaux et les autres plantes /fol.5/ qui produisent ou la nourriture ou les médicaments des peuples chez qui elles naissent d’elles même, ou qui les cultivent. Ces deux articles demandent une attention très particulière. C’est pourquoy il sera nécessaire, non seulement de recouvrer des échantillons des bois et des productions utiles des arbres de quelque nature qu’elles soient, mais aussi de s’instruire 1er des usages qu’en font les gens du païs. 2e du terrein et de l’exposition qui leur sont propres.

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L’ENQUÊTE DU RÉGENT

3e de leur culture et de tout ce/fol. 5 v°/ qui se pratique, soit pour les multiplier, soit pour les mettre à profit. On aura les mêmes attentions pour les plantes de moindre volume. On les fera sécher pour les envoyer plus commodément et on n’oubliera pas d’y joindre de leurs graines dans des paquets à part et distinguéz par des étiquetes. 9° Les animaux étrangers que leur poil, leur laine, leur chair, leurs superfluitéz ou simplement leur force et leurs services ou leur beauté rendent recommandables. Il n’est point de païs qui n’ait les /fol. 6/ siens et il s’en peut trouver de plusieurs espèces qui s’élèveroient dans des climats différens du leur ou dont le climat auroit du rapport avec celuy de la France. On observera donc exactement ce qui concerne et cette circonstance et leur nourriture et leurs propriétéz, afin d’en donner avis à SAR, en luy faisant tenir en même temps soit des peaux avec leur poil, soit d’autres particularitéz. 10° Au sujet des hommes, on examinera surtout les remèdes familiers ausquels ils ont recours dans leurs maux, /fol. 6 v°/ quels simples ils employent, et avec quelles préparations. On remarquera aussi quels effets produisent les drogues qu’ils prennent et les boissons dont ils usent soit par nécessité, soit par amusement. Par rapport aux ouvrages de l’art On s’instruira des pratiques des arts qui ne sont point en usage dans le royaume. On en examinera tous les procédéz depuis le commencement jusqu’à la fin du travail. On remarquera les différentes matières qu’on y employe, leur nature, leurs qualitéz. On s’éclair-/fol. 7/-cira des païs d’où elles viennent. On décrira avec la plus scrupuleuse exactitude ce qu’on aura appris, sans crainte d’entrer dans les plus petits détails. Si on a des dessinateurs en main, on fera dessiner les outils, les machines ; on fera faire des plans et profils mis en mesures sur les échelles. On y pourra joindre les principales attitudes des ouvriers. Mais au défaut des desseins, on fera en sorte que les descriptions donnent bien précisément les mesures des instrumens et des machines regardées en tous sens. /fol. 7 v°/ On prendra aussi des échantillons des matières qu’on employe et de l’ouvrage même en tous les états où il est, après une nouvelle façon. Comme les arts qui nous sont connus sont quelque fois pousséz plus loin dans d’autres païs, ou qu’on y scait des pratiques qui abbrègent le travail, on sera attentif à rassembler ce qu’il y a de singulier par rapport à l’un ou à l’autre article. Qu’on n’appréhende point d’envoyer des mémoires sur des choses trop connues. Ils auront toujours leur utilité, quand ils ne feroient /fol. 8/ qu’instruire

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de l’uniformité de l’usage ; et SAR en saura autant de gré aux auteurs que si ces mémoires étoient sur des choses plus nouvelles. 2. - s.d. [début 1716 ?] : Geoffroy à l’abbé Bignon sur un projet d’histoire naturelle de la France [16/6/b]. /fol. 1/ Monsieur, [Geoffroy6 commence par faire un rapport sur les matières tirées de la mine d’Auneuil (Oise)7 ; il poursuit en rappelant un projet d’histoire naturelle de la France.] Cecy me donne occasion de vous faire ressouvenir, Monsieur, d’un projet que l’académie avoit formé autrefois d’écrire l’histoire naturelle de France et dont l’histoire des mines feroit partie. Les malheurs des temps ont empêché de suivre ce dessein qu’on pourroit reprendre dans la suite sous les auspices de Monsieur le Régent. L’Angleterre et l’Allemagne ne passoissent riches en curiosités naturelles que par les soins que leurs physiciens prennent d’en faire des recherches fort exactes et de faire beaucoup valloir jusques aux moindres choses. La France ne leur cède point dans ces sortes de productions de la nature et peut être les surpasseroit elle de beaucoup si on prenoit le même soin qu’eux de faire des recherches dans toutes ses provinces et de faire valoir ses merveilles. /fol. 2/ L’académie a déjà dans ses registres par rapport à cette histoire les analises des différentes terres, marnes, bols, crayes qui se trouvent aux environs de Paris, les analyses de la plus grande partie des eaux minérales de France et plusieurs mémoires imprimés ou non imprimés. Mais tout cela est peu considérable par rapport à ce qui reste à faire. Les analyses des eaux minérales telles qu’on les a données au public ne suffisent pas, la pluspart n’ayant été examinées qu’à Paris et par conséquent fort changées de ce qu’elles étoient à la source. Il seroit beaucoup plus util d’en faire faire les essays sur les lieux, d’y joindre la description du terrain où elles se trouvent et l’usage qu’on en doit faire. L’exécution n’en seroit fort difficile, parce qu’il y a des médecins préposés pour chacune des fontaines minérales, qui ont le titre d’intendants des eaux et certaines rétributions. On pourroit engager le surintendant des eaux de leur demander à chacun la description de leur fontaine, du terrain où elle se trouve et l’examen de leurs eaux en y procédant suivant un mémoire instructif qu’on leur envoyeroit pour cela. Il faudroit de plus qu’ils envoyassent tous les ans un journal très simple, sans raisonnement, des malades qui sont venus à leurs eaux 6. Étienne François Geoffroy (1672-1731), pensionnaire chimiste de l’Académie royale des sciences depuis décembre 1715. 7. Voir “ Paris ”, doc. 2.

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incommodés de telle ou telle maladie, de l’effect que les eaux ont produit sur chacun d’eux, de ceux qui ont été guéris et de ceux qui ne l’ont pas été. Ces journaux seroient remis tous les ans à un petit comité de deux ou trois personnes qui les examineroient et en feroient leur rapport à la compagnie. Par la comparaison d’un grand nombre de ces journaux, on pourroit établir la vertu de chacune de ces eaux, les maladies ausquelles elles conviennent, celles ausquelles elles ne conviennent pas et les précautions qu’il faut prendre dans leur usage, etc., ce qui rendroit avec le temps notre histoire naturelle complette pour cette partie. /fol. 2 v°/ Pour avancer notre histoire naturelle par raport aux minéraux, je propose trois choses que je crois nécessaires à ce dessein. 1° Un cabinet de curiosités naturelles dans quelque endroit dépendant de l’académie, où l’on mit en dépost non seulement les curiosités naturelles de tout pays qu’on pourroit recouvrer, mais plus particulièrement encore celles de France, non seulement pour qu’on pût y avoir recours quand on voudroit étudier ces matières, mais même pour en faire part aux étrangers qui nous envoyeroient d’autres curiosités. 2° Établir un comité particulier de 4 ou 5 personnes de l’académie pensionnaires qui pourroient se faire aider encore par des associés, pour faire des recherches de tout genre sur l’histoire naturelle de France et dresser ensuite des mémoires et par matières et par provinces, pour être ensuite envoyés aux intendants et aux correspondants qu’on pourroit avoir dans ces provinces p[ou]r faire les recherches qu’on leur marqueroit. Leurs réponses seroient rédigées par ordre dans le registre particulier du committé, insérées dans les mémoires de l’Académie, si la compagnie le jugeoit à propos, ou réservées pour la partie d’histoire naturelle à laquelle elle appartiendroit. On juge bien que les mines de France ne seroient pas le moindre objet de ces mémoires. Il faudroit faire venir une quantité assés considérable de ces minéraux, dont une partie seroit remise dans le cabinet de l’académie, et l’autre au directeur du laboratoire qui seroit chargé d’en faire les essays et d’en rendre compte. On feroit en sorte d’avoir les procédés suivant lesquels on travaille chacune de ces mines sur les lieux et peut être les réflexions qu’on pourroit faire sur ces manières d’opérer, la comparaison qu’on en feroit avec les opérations décrites par les autheurs qui ont écrit de la métallique, joint à l’examen de la mine, pourroient donner lieu d’abréger le travail des ouvriers ou de le rendre plus profitable. /fol. 3/ On pourroit encore trouver moyen de mettre à profit beaucoup de mines inutiles que nous avons en France en examinant la nature de ces mines et en essayant de les travailler de différentes manières. On y pourroit trouver par ce moyen assés de plomb et d’étain pour se passer de celuy des étrangers. La plus grande partie de ces choses pourroient s’examiner et se passer dans le

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comité particulier, tant pour ne point interrompre les exercices ordinaires de l’académie que pour conserver le secret sur certaines choses qui demandent de n’être point rendues trop publiques. On porteroit seulement à la compagnie les résultats des travaux du comité. Il auroit aussy recours à la compagnie sur les difficultés qui naitroient. 3° Il paroitroit encore très à propos d’envoyer tous les ans dans le temps des vacances quelques académiciens avec de bonnes instructions sur toutes les parties de l’histoire naturelle dans les endroits qui mériteroient le plus d’attention, pour y voir et observer les choses par eux mêmes : les mines par exemple, leur terrain, la manière dont on les travaille (un coup d’œil sur cela instruit souvent plus que bien des mémoires), certaines fabriques particulières par rapport aux arts, les verreries les plus considérables, toutes les curiosités naturelles, les plantes, qui croissent dans certains endroits, les poissons dont on feroit l’anatomie, si c’étoit vers les côtes de la mer, etc. Le comité de l’histoire naturelle seroit chargé de dresser leurs instructions pour cette partie et celuy des arts pour l’autre. On parviendroit peu à peu par ce moyen à avoir une histoire naturelle complette de la France qu’on donneroit au public ou en un seul corps d’ouvrage ou par mémoires différents, selon qu’on le jugeroit plus à propos. Par ce même moyen, on augmenteroit les connoissances qu’on a déjà dans les sciences et on perfectionneroit les arts. Il y auroit encore beaucoup d’autres vues à ajouter icy pour rendre l’académie encore plus utile au public par rapport à la médecine et aux arts, mais elles demandroient un trop long détail. 3. - s.d. : notes de lecture de Réaumur [R/6/74]. Papirius Masson8 Lionois, pag. 7 : qu’il y a près de St Étienne trois montagnes qui brûlent continuellement, l’une appellée Viale, l’autre Mine et l’autre Bute, où il y a des mines de charbon de terre. Il ajoute qu’on fait dans le même pais de la chaux excellente de ce charbon. S’informer si le fait est vray et comment on fait la chaux. [en marge :] Lionois. Chenevalet9. R[emarque] aur, on en a demandé. Pag. 8 : la rivière de Chenevalet qui passe dans la plaine de St Étienne, roule des paillettes d’un or très pur, que son eau blanchit le linge, sans qu’il soit besoing de savon. 8. Jean-Papire Masson (1544-1611), avocat au Parlement de Paris, humaniste, historien et biographe, auteur d’une Descriptio fluminum Galliae qua Francia est (Paris, J. Quesnel, 1618). Ces notes illustrent la méthode de travail de Réaumur, qui accomplit un important travail préalable de lectures avant de rédiger ses demandes de renseignements aux intendants ; ce travail de documentation lui permet de poser des questions plus pertinentes. 9. Pour Chavanelet.

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Pag. 8, in fin. Il cite un passage remarquable de Diodore de Sicile : Galliam omnem sine argento esse, sed aurum ei datum a natura sine arte et sine labore propter arenas mixtas auro, quas flumina extra ripas diffluentia montesque longo circuitu per montes eijeiunt in finitimos agros, quas sciunt lavare et fundere, unde homines et foeminae solent sibi annulos, zonas et armillas conficere. [en marge :] Lionois. Pag. 17 : fons fortis, la font fort, en Beaujolois, près de la rivière de Coise. Fons fortis, dont l’eau est chargée de soutres [sic] ou de minéraux et qui supplée au vin, qui meslée avec les ¾ de vin ne l’affoiblit point, dont les habitants boivent tous les jours comme du vin parce qu’ils n’ont point de vigne. En demander une bouteille. R[emarque] elle fait fermenter le pain san [sic] levain. Ibidem, fort saine. Pag. 41, in fine : il dit que si on laisse sécher la boue des mares de la fosse sur le poil des chevaux, qu’on ne peut plus la faire tomber sans aracher les poils. Pag. 85 : l’Erdre qui passe à Vendôme et vient d’auprès de Chasteaudun10, se rentre sous terre à peu de distance de sa source, il en sort, il y rentre et y fait une lieue de chemin. Pag. 144 : il dit qu’il n’y a que soixante ans qu’on scait amener à Paris des trains de bois flottés du Morvan. Pag. 171 : écho qui répète armar etc. à la première maison après le confluent de la Marne. Pag. 240 : près Bayeux, Normandie, l’Aure et la Drome on leur confluent près de maisons, il coulent ensemble sur un sable ferme, d’où il disparoissent et continuent leur route sous terre pour ne se plus laisser voir qu’à une demi lieue de la mer. [en marge :] Arve et non une. Pag. 288 : or du Rhosne. Pag. 304 : près de Pontarlier dans la basse Bourgogne, la Vencelle rentre sous terre au milieu de sa course et vient [ill.] dans la Somme. [en marge :] R[emarque] aur du Mont Pila en Forest demandé. Pag. 333, 1er lig. : la rivière de Giers dont la source est dans le Mont Pila, qui donnent des paillettes de la grosseur d’un grain de millet, les laveurs ou amasseurs sont dans l’eau jusques au fesses. Idem que gesner. Pa. 333 : ibidem source si froide qu’on n’en scauroit boire, elle fait élever les lèvres. Pag. 373 : près de Fréjus et Antibes, il y a de grands arbres à qui on ôte tous les ans l’écorce, au grand profit des habitants. Ne sont ce point des lièges. Le demander à Mr de Jussieu.

10. Châteaudun (Eure-et-Loir).

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Pag. 412 : l’Ariège, le plus nobles des fleuves des Pirennées et le plus fameux en paillettes etc., qui fait faire fortune et nourrit des habitants du pais de Foix, et [ill.] apamcensis, juris consulte. Pag. 468 : flux et reflux de la fonteine de Belestat près de Mirepoix, et les vers de du Bastas sur ce plan merveilleux. [en marge :] R[emarque] aurif[ère], demandé à Montauban. Pag. 488 : le Tarne11 cité par Ausonne pour aurifère. [en marge :] R[emarque] aurifère, Olde, le Lot. Pag. 495, 1ères ligne : Old Oldi, et la Garonne qui roulent des paillettes d’or. [en marge :] R[emarque] aurifère, le gave, demandé à Pau. Pag. 509 : le gave des Pirennées qui passe dans le Béar[n] roule de l’or avec son sable près de Lescar. Pag. 511 : la rivière de la Péruse, qui se cache sous terre, qui se cesse de couler pendant un certain temps et avertit par du bruit quand il doit recommencer. Pag. 513, 1ères lig. : cavernes de Rancogne près La Rochefoucault12 dans lesquelles on voit des fig[ures] singulières. Sont ce des incrustations.

11. Tarn. 12. La Rochefoucauld (Charente).

L’ENQUÊTE DANS LES GÉNÉRALITÉS

II.

AIX-EN-PROVENCE1

1. - 18 décembre 1715 : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/79]. /fol. 1/ 18e décembre 1715 Marseille L’Académie des sciences cherche surtout à étendre ses connoissances sur l’histoire naturelle du royaume et sur les arts qui y sont cultivés. Le jayet commun aux environs de Marseille a raport à ce double objet. On souhaiteroit des mémoires qui instruisisent à fond de ce qui le regarde et qui satifisent fort en détail aux questions suivantes. 1° Quelles sont les mines de jayet2 connues dans la Provence. On dit que celles de Masaubes3 sont les plus considérables. 2° Y a-t-il quelque signe qui conduisse à découvrir de nouvelles mines, ou si c’est au pur hazard que la découverte en est due. 3° Quelle est la nature du terrain où sont ordinairement les mines de jayet. 4° À quelle distance de la surface de la terre on commence ordinairement à trouver le jayet. 5° Quelles sont la largeur et la profondeur ordinaires des veines de mines et combien ont de largeur et de profondeur celles qu’on a trouvé en avoir le plus. /fol. 1 v°/ 6° Si les veines de mines sont remplies d’une matierre uniforme. Si de la terre ou du moins une matierre moyenne entre le jayet et la terre ne 1. Contrairement à la plupart des autres généralités, on ne dispose pas pour celle d’Aix-en-Provence d’extraits annotés par Réaumur du mémoire relatif à la Provence rédigé dans le cadre de l’enquête du duc de Beauvilliers (1697-1700). Ce dernier est d’ailleurs fort laconique en ce qui concerne les mines : “ Il y a quelques mines de fer dans les montagnes qui sont sur la frontière de Savoye et de Piémont. Ces mines sont abondantes et la matière très bonne mais dans des endroits où il n’y a ni bois, ni eau, ce qui les rend inutiles. Les mines de charbon de terre et de pierres sont plus utiles. Il y a plusieurs endroits près de Marseille et de Forcalquier d’où les serruriers, maréchaux et autres ouvriers en fer tirent le charbon dont ils se servent. On a découvert depuis peu près de Forcalquier une mine de couperose ” (Fr.-X. Emmanuelli (éd.), L’intendance de Provence à la fin du XVIIe siècle : mémoires pour l’instruction du duc de Bourgogne, Paris, 1980, p. 372). 2. Jayet ou jais : lignite utilisée pour la fabrication de bijouterie de deuil (voir “ Languedoc ”). 3. Pour Mazaugues (Var), cité plus loin dans le doc. 4 ; le Dictionnaire historique et topographique de la Provence…, d’É. Garcin (Draguignan, 1835), signale qu’on y trouve du charbon de terre.

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sépare pas les morceaux de jayet les uns des autres. 7° La figure qu’afectent les mines, et la matière qui les remplist. 8° De quelle manière on fouille ces mines. Si la matière est dure à détacher. Si on en détache beaucoup dans un jour. 9° La manière dont on travaille le jayet, les différens ouvrages qu’on en fait. 10° Il seroit nescesaire de joindre quelques deisseins aux mémoires qu’on voudra bien donner sur la manière dont on fouille les mines et dont on travaille le jayet, pour faire voir la figure des outils et des machines, la disposition des veines de mines, les principales attitudes des ouvriers, etc. 11° On auroit besoing aussi d’avoir des échantillons de toutes les différentes espèces de jayet, des terres différentes qu’on rencontre avant d’arriver à la veinne de la mine, de celles qui touchent les bords de la mine, et chaque échantillon envellopé dans un papier séparé avec une étiquette. 12° On dit qu’on trouve de l’ambre jaune dans les fentes des rochers de Provence les plus dépouillés. En pourroit on avoir quelque échantillon. [en marge : à la ligne] Nous ajouterons encore icy quelques questions sur d’autres matierres. M. Galland4 de l’académie des inscriptions raporta en 1703 à l’académie des sciences qu’il avoit vu dans une cassine près de Marseille, chez Mr Puget, des colomnes d’un albastre qui avoit une grande variété de couleurs, et si transparent qu’on les distinguoit à deux doigts d’épaiseur dans l’albastre, /fol. 2/ que la carrière d’où il avoit été tiré étoit près de Marseille et cependant connue du seul Mr Puget. Ne la connoist on point à présent, ou ne connoist on point aux environs de Marseille des carrières qui contiennent de l’albastre d’une qualité approchante. On en souhaiteroit des échantillons. À Rians en Provence, il y a encore une singularité d’histoire naturelle vantée par Mr Bernier5. Ce sont des pierres rouges et cristallines, formées naturellement en lozanges. Nous souhaiterions qu’on voulust nous en faire ramasser et qu’on y fist joindre un petit mémoire sur le lieu où on les trouve. Il y a apparemment en Provence quantité d’autres matierres curieuses soit par raport à l’histoire naturelle soit par raport aux arts, sur lesquels nous ferions des questions si nous scavions qu’elles y fussent. Ce seroit nous mettre en état de nous instruire que de nous les indiquer.

4. Antoine Galland (1646-1715), orientaliste, bibliothécaire et secrétaire particulier du marquis de Nointel lors de son ambassade à Constantinople en 1670, traducteur et introducteur en France des contes orientaux connus sous le nom de Contes des Mille et une nuits. 5. François Bernier (1620-1688), docteur de la faculté de médecine de Montpellier, disciple de Gassendi et auteur d’un Abrégé de la philosophie de Gassendi (Paris, 1674, multiples rééditions). A propos des pierres de Rians, on peut notamment y lire (éd. Paris, Anisson, Posuel et Rigard, 1684, p. 279) : “ Ajoutons de mesme que le sel gème estant de figure cubique, se sépare et se divise en petits cubes, ainsi certaines pierres rouges et crystalines de Rians en Provence étant naturellement formées en rhombes, ne se rompent jamais qu’en petits rhombes. ”

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2. - s.d. : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/58]. Marseille Nous aurions des instructions à demander sur les mines de jayet qui sont aux environs de Marseille. On nous assure que ce sont les plus considérables du roiaume, et surtout celles de Massaubes6. Nous souhaiterions qu’on nous apprist : 1° quelles sont ordinairement la largeur et l’épaiseur de ces mines. À quelle distance elles sont ordinairement de la surface de la terre. De quelle manière on les travaille. Si les veines sont remplies d’une matière uniforme. Si on détache de gros morceaux de la mine. Si les morceaux sont difficiles à détacher. Si le jayet qu’on y trouve est partout de même qualité. On en demanderoit des échantillons de toutes les différentes qualités, du plus mauvais comme du meilleur. On demanderoit aussi des morceaux de la terre qui termine les côtés de la veine, des corps étrangers qui se rencontrent dedans la mine, si on y en rencontre. 2° On souhaiteroit de plus avoir des instructions sur les différentes manières dont on travaille le jayet, sur les différentes espèces d’ouvrages qu’on en [la suite du texte manque]. 3. - 2 janvier 1716 : Rocque au Régent, Marseille [18/76/f]. [en tête :] le Sr Roque mande avoir trouvé une mine d’agathe, amatiste et topase qu’il en a parlé à l’intend[ant] ; répondu, en parler à l’intendant pour envoier les mémoires à l’académie des Sciences. À Monsieur le duc d’Orléans, Régent de la Couronne J’oze prandre la liberté mon souverain seigneur de l’informer que j’ay truvé deux mine, une des agatte de toute couleur avec des amatiste, topaze, et de métail que l’autre elle paroit et il est d’argent où je n’ay donné les montre à monseigneur l’Intandant de justice qu’il informera de tout ce qui ce passe. Je ne soueteroit que la permition d’an porter à Paris car si la montaigne donne comme je crois, on n’aura pas besoin d’aller loin, on aura près ce que l’on va chercher ailleur et suis avec une grande soumitions Rocque de Marseille, le 2 janvier 1716 4. - 12 février 1716 : Le Bret au Régent, Aix-en-Provence [18/72/a]. 44 10 Monseigneur, J’ay mis à la diligence à l’addresse de VAR une petite caisse qui contient 6. Pour Mazaugues (Var).

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une pierre que l’on a trouvé à Rians en cherchant des pierres rhomboïdes. C’est un médecin dud. lieu de Rians nommé Roquebrune qui me l’a envoyé. Il en est parlé dans le p[remi]er mémoire du Sr Garidel qui l’appelle cornu ammonis sine armatura. Le Sr Roquebrune écrit que les païsans provençaux l’appellent soleil. J’ay encor mis à la diligence une seconde boëte qui contient 1° de la terre à laquelle on reconnoit les mines de jayet, 2° du jayet que l’on trouve dans cette terre, 3° de la terre noire que l’on trouve en creuzant ces mines, 4° un morceau du jayet qui se trouve dans cette terre noire, 5 ou 6 morceaux de jayet à demy ouvré et un chapelet fait à Mazaugues. La mesme boëte contient trois morceaux de pierre de St Eucher, ou sélénite, que le Sr Pochet, subdélégué à Manosque, m’a envoyé avec le mémoire cy joint. Je prends encor la liberté d’envoyer à VAR dans une petite boëte cy jointe un morceau de pierre sélénite de St Eucher mieux choisy que les autres, quelques morceaux de pierre rhomboïde cristalline de Rians, un morceau de la mesme pierre d’une couleur dont Gassendy7 n’a point parlé, un morceau du plastre des anciens que les provençaux appellent escayolle comme les Italiens. Il y en a quantité au Tholonet et à Puy-Ricard8 à une lieue d’Aix, et enfin un morceau des congélations de Barjolx9 que le Sr Peyre, subdélégué, m’a envoyé, en me mandant que le prieur des Carmes10 auxquels la caverne où elles se forment appartient, s’est chargé de m’en donner la description par escrit. Je suis, Monseigneur, [etc.]. Le Bret11 à Aix, le 12 février 1716 [au dos :] à SAR Monseigneur le duc d’Orléans Joint : mémoire de Pochet, subdélégué de Manosque, sur les lapis sélénites de St Eucher, s.d. [18/72/e]. Mémoire du Sr Pochet, subdélégué à Manosque Description du lieu où se trouvent les pierres de St Eucher autrement appellées lapis sélénites.

7. Pierre Gassendi (1592-1655), philosophe et savant français, né près de Digne, auteur entre autres de La Vie de Peiresc. L’intendant fait vraisemblablement allusion ici à des observations rapportées dans deux lettres de Gassendi à Peiresc (écrites en 1635, publiées en 1887 sous le titre d’“ Impressions de voyage de Pierre Gassendi dans la Provence alpestre ” dans les Annales des Basses-Alpes, bulletin de la Société scientifique et littéraire de Digne). 8. Commune d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône). 9. Barjols (Var). 10. En 1700, il existe un petit couvent de Carmes déchaussés à Barjols (cf. Fr.-X. Emmanuelli (éd.), op. cit. note 1, 205). 11. Après avoir été intendant en Béarn (1701), Cardin Le Bret (1673-1734) est nommé le 5 avril 1704 intendant à Aix-en-Provence (où il succède à son père, Pierre Cardin, auprès de qui il avait déjà fait ses premières armes) ; il y mourra en fonctions.

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Les pierres de St Eucher se trouvent dans une grotte fort profonde, fort sèche et d’une grande étendue et où l’on ne sauroit voir qu’à la faveur des flambeaux. On appelle ces pierres pierres de St Eucher parce qu’elles sont produites dans la grotte où l’on dit que s[ain]t Eucher se tenoit caché. Cette grotte est située au milieu d’un rocher escarpé et inaccessible sur le bord de la Durance. On ne peut aller dans la grotte que par un chemin épouvantable et, quand on y est entré un peu avant, on voit au dessus et à côté du rocher en différens endroits des pierres qui brillent comme des diaments. On en déterre de la même espèce. Les plus brillantes sont au fonds de la grotte, mais, pour y aller, il faut descendre dans des concavités qui durent assés longtems. On détache les pierres qui sont attachées au rocher avec un ciseau de masson, mais de celles là on ne peut ramasser que des morceaux parce qu’elles sont fort cassantes. Mais on en tire des grosses en creusant. C’est ce qui fait croire que ces pierres luisantes sont produites depuis longtems dans ce rocher et qu’il y en a une mine. On laisse aux personnes plus entendues à décider comme elles sont produites. Joint : copie d’une lettre de Peyre, subdélégué, sur les congélations de Barjols, 15 février 1716 [18/76/e]. 10 Copie de la lettre du Sr Peyre, de Barjolx, le 15 février 1716 C’est chez les Pères Carmes deschaussés de cette ville que se forment les congélations les plus curieuses qu’on aye veu. Leur église qui a environ vingt cinq pas de long et sept ou huit de large par une hauteur à proportion, n’est que congélations de toutte part, excepté du costé de l’entrée où l’on a voulu donner un large à cette chapelle pour faire un espèce de quarré long, et pour cela on a coupé d’un costé et d’autre jusqu’au mitan de cette chapelle ces congélations qui regnoint partout. Et l’on ne voit à leur place que le tuf ferme et uny qui paroit estre tout d’une pièce. Il y a à costé droit et au derrière du maître autel deux cavernes sombres, presque autant espacieuses que la chapelle, qu’on tient d’ordinaire fermées, et on ne les ouvre qu’aux curieux qui se présentent pour les voir. C’est là où la nature se joue à produire toutte sorte de figures. Les plus communes sont des figures de tuyaux d’orgues de touttes les grosseurs, des raisins de toutte espèce, mais les plus singulières qu’on y découvre sont ces filigrames de la dernière finesse. On y voit encor dans un endroit la figure d’un mouton avec ses cornes parfaittement bien formé, la teste d’un veau de mesme, un lièvre troussé et lardé de la couleur d’un rôt le mieux aprêté, une belète qui semble se dérober, des pièces enfin d’une singularité merveilleuse. Ce ne sont ces deux autres que congélations tout partout au moyen d’un terrain considérable qui y est par dessus, qui, venant à se charger des eaux pluviales, les laisse découler doucement sur le tuf qui forme ces cavernes, dans lequel tuf ces eaux trouvent des petites parties pierreuses qu’elles détachent et ramènent avec elles en passant à travers et séjournant ensuitte avant que de tomber goute à goute,

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elles laissent ces petites parties propres sans doutte à s’acrocher qui à succession de tems forment ces congélations. Ce qu’il y a de plus remarquable, c’est que les gouttes de cette eau tombant du haut de ces grottes, au lieu de cruser [lire creuser] la pierre où elle tombent, au contraire elles bastissent et forment des figures de pain de sucre et d’autres pièces aux environs de l’humidité des goutes qui se brisent ; mais ce n’est pas là tout ce que nous avons icy de plus curieux. En cas que Mrs de l’accadémie des Sciences travaillent à quelque nouvelle édition, il y a dans ce terroir deux endroits qui donnent de l’eau considérablement six mois de l’année, c’est à dire depuis le mois de mars jusqu’au mois de sept[em]bre et à mesure que les jours augmentent, ces deux sources augmentent aussy, comme encor elles diminuent à mesure que les jours diminuent aussy. Ces eaux dans les plus grands jours formeroint de chaque source une fontaine de quatre grands tuyeaux. Elles sont plus douces et plus légères que celles de nos fontaines, d’une fraischeur à se passer facilement de glace. Tout ce qu’il y a des gens tant soit peu à leur aise, lorsqu’il n’y a pas de glace, envoyent prendre de ces eaux. Une vérité connue de toutte cette ville, c’est qu’un certain de ces habitans appellé Cleantier, marchand mercier qui vit encor, ayant femme et enfans, ne manque jamais le soir et le matin de quitter les uns et les autres, lorsqu’ils sont prests à se mettre à table, et de prendre sa portion pour l’aller manger seul au pied d’une de ces sources. On dit encor que, dèz qu’un estranger en a beu une fois, il y a touttes les peines du monde à quitter le païs, mais voilà qui n’est pas un article de foy. Il est plus seur que j’ay l’honneur d’estre, etc. signé Peyre. 5. - 17 février 1716 : Le Bret au Régent, Aix-en-Provence [18/76/a]. 11 Monseigneur, Le Sr Roque, escrivain de galère, m’a apporté des marcassites qu’il croit contenir de l’argent, des cailloux qu’il croit contenir des améthistes, d’autres qu’il croit estre d’agate, un morceau de cristal verdastre qu’il croit esmeraude, et j’ay l’honneur d’envoyer tout cela à VAR par la diligence. Led. Sr Roque sçait où l’on trouve de ces pierres en abondance et demande la permission de les faire fouiller et travailler à ses fraiz. J’y joints un morceau de jayet brut que le Sr Rigord m’a envoyé, et un morceau des congélations de Barjolx. La petite boëte cy jointe contient différents ouvrages de jayet qui ont apparemment esté faits à Ste Colombe12. Je suis, Monseigneur, [etc.]. Le Bret à Aix, le 17 février 1716 12. Sainte-Colombe-sur-L’Hers (Aude).

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Joint : liste d’échantillons envoyés au Régent, s.d. [18/76/b]. Mémoire des pierres du Sr Roque, escrivain du Roy 1. un gros morceau d’agate ou de pierre à fusil sur lequel sont des cristaux couleur d’améthistes. 2. autre morceau plus petit. 4. trois morceaux de cailloux contenant des améthistes ou des cristaux qui y ressemblent. 3. autre morceau de la mesme agate avec des cristaux blancs. 7. un morceau de cristal. 8. un autre morceau de cristal verdâtre ou d’esmeraude. 5. un caillou entier dans lequel il y a apparemment des améthistes ou du cristal qui y ressemble. 6. un caillou entier qui contient apparemment de mesme agate. 9. marcassites qui n’a rien produit par l’essay fait en l’hostel de la monnoye d’Aix. Dans une autre boëte Lapis stalactites e crypta de Barjolx, envoyé par le Sr Peyre. Un morceau de jayet tel qu’il est à l’entrée de la mine. Le Sr Rigord dit qu’on l’appelle cavouille. Dans une autre boëte Différents ouvrages de jayet envoyés par le Sr Rigord. 6. - s.d. : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/39]. Aix Les cailloux pleins d’améthistes et de cristaux qui ont été envoiés par Monsieur Le Bret, sont très curieux par raport à l’histoire naturelle, mais le Sr de la Roque, avant de songer à en faire usage, doit examiner si dans d’autres cailloux ou dans des veines de la même montagne, on rencontre des améthistes d’une grosseur plus considérable que celles qui ont été envoiées pour échantillon. Elles sont trop petites pour qu’on en pust tirer quelque chose de net. Dans la lettre que le Sr de la Roque a écrite à SAR sur les pierres de couleur dont il prétend connoitre les mines, il parle de topazes. Il n’en a point mis parmi les pierres qui ont été envoiées par Monsieur Le Bret. On voudroit fort en avoir des morceaux, elles sont plus rares dans le royaume que les améthistes. À l’égard du morceau de pierre qu’il a envoié sous le nom d’émaurde [lire émeraude], il ne fait rien espérer. Il sera pourtant bon que le Sr de la Roque examine si il n’y a point dans les mêmes endroits de pierres de cette couleur plus transparentes. Nous verrions encore avec plaisir quelques cailloux de ceux qui sont pleins de cristalizations. Ceux que nous avons reçus nous ont fourni des observations

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singulières. Mais nous voudrions qu'on nous les envoiast entiers et des plus gros et des plus petis, pourvu que les plus gros ne soient pas d’une grosseur excessisve. On peut scavoir du Sr de la Roque si ces cailloux sont communs et si ils ont tous une figure semblable à celle de ceux qui ont été envoiés. 7. - s.d. : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/108]. Tous les mémoires que Monsieur Le Bret continue d’envoier et les échantillons des différentes matierres dont il les accompagnent, nous donnent de nouvelles connoissances par raport à l’histoire de Provence. Sûrs d’avoir toujours d’excellents éclaircisements, nous ne nous lassons point de luy en demander. 1° Nous voudrions scavoir quelles sont les manufactures de Provence les plus considérables, et quelles sont les espèces d’ouvrages les plus singuliers qu’on y fait. 2° On nous a vanté une espèce de terre de Valauris13 comme une des meilleures du roiaume pour les creusets. On voudroit avoir quelques mémoires sur cette terre, et on espère que Mr Le Bret en voudra bien faire mettre quelques morceaux dans la première boete où il envoira d’autres matières par raport à l’histoire naturelle. 3° Des cailloux trouvés par le Sr de la Roque, il n’y en a qu’un des plus petits qui contient des cristalizations. On fera des essays des marcassites qu’il a envoiés quoiqu’il y ait trop [peu] de matière pour en faire de bien sûrs. 4° Les cristaux des environs de Dauphin et de St Mayme14 se trouvent ils dans une grande étendue de terrain et communément. Il ne nous manque plus que du sable ou de la terre où on les trouve. À cela près, les mémoires de Mr Garidel sur ces cristaux, sur les gypses et sur les ocres de Provence donnent toutes les instructions qu’on avoit souhaité. 5° La pierre qui a été en partie vitrifiée dans un four à chaud à Champourcin15 et dont on a envoié un morceau qui n’a point soufert le feu, est elle une espèce de pierre dont on fait les murs de ces fours à chaux. 6° Dans le mémoire que le Sr d’Agay a envoié sur la mine du Canet16, il marque que les potiers de Moustiers17 ne se sont jamais servi de plomb, qu’ils n’emploient que de l’étain et du plus fin quand ils veulent faire de belle vaisselle. Es ce un fait dont il est bien sûr ? Car dans tous les verres ou émaux pour la terre, on mesle toujours du plomb et de l’étain ensemble. À la vérité,

13. 14. 15. 16. 17.

Vallauris (Alpes-Maritimes). Saint-Maime (Alpes-de-Haute-Provence). Commune de Prats-Haute-Bléone (Alpes-de-Haute-Provence). Le Cannet-des-Maures (Var). Moustiers-Sainte-Marie (Alpes-de-Haute-Provence).

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on met moins de plomb quand on veut faire de belle vaisselle, mais on y en met toujours. 8. - 19 février 1716 : Le Bret au Régent, Aix-en-Provence [18/76/c]. 12 Monseigneur, Je ne sçay si je n’importune point VAR de toutes les différentes pierres que je prends la liberté de luy addresser. La boëte contient un morceau de la prétendue albastre que M. Galland vit dans la cassine du Sr Puget ; deux autres morceaux d’albastre que l’on trouve dans la bastide ou cassine du Sr de Luminy, et un morceau de pierre à fuzil dans lequel on prétend qu’il y a de l’agate, et que l’on trouve dans le quartier du Roué, sur le chemin de Martigues. Ces trois sortes de pierre m’ont esté envoyées par le Sr Rigord et les trois endroits où l’on les trouve sont sçitués dans le territoire de Marseille. Le baron de la Garde, lieutenant général de Toulon, m’ayant envoyé des pierres et de la terre de la montagne de Carqueirane18, scituée dans sa terre de la Garde, avec la description cy jointe de cette montagne, j’ay encor l’honneur d’envoyer à VAR dans la mesme boëte que je mets à la diligence un morceau de l’argille que l’on trouve à l’entrée de la caverne de Carqueirane, un morceau de celle du fond de la mesme caverne, un troisième morceau de l’argille du haut de la montagne, du fer que l’on trouve hors de la caverne, un morceau du rocher du pied de la montagne, un autre morceau du rocher du haut de la mesme montagne et un morceau de celuy du fond de la caverne et quelques petits morceaux de lapis lazuli19 de la mesme montagne. Mais ceux que j’ay déjà eu l’honneur d’envoyer à VAR sont, ce me semble, plus beaux que tout ce que m’a envoyé led. Sr de la Garde, que j’ay prié d’en faire chercher qui ayent des vènes d’or. Je suis, Monseigneur, [etc.]. Le Bret à Aix, le 19 février 1716 Joint : mémoire de Thomas de La Garde, s.d. [18/76/d]. 12 Mémoire de M. Thomas, baron de la Garde20 La montagne apellée Colle Nègre en provençal et Montagne Noire en françois, qui est prèz de Carquairanne, à une lieue et demy de Toulon et dans le 18. Carqueiranne (Var). 19. Selon le Dictionnaire historique et topographique de la Provence…, op. cit. note 7, I, 298299, Gassendi assure que ces lapis lazuli avaient été découverts par Peyresc. 20. La terre de La Garde, près de Grasse, a été érigée en marquisat en 1690 en faveur d’Auguste de Thomas, président au Parlement d’Aix (Fr.-X. Emmanuelli (éd.), op. cit. note 1, p. 232).

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terroir de la Garde, sur la coste de la mer, qui termine la grande rade au levant, a une ouverture du côté du couchant qui a été faite dans le roc à coups de marteaux, au niveau de la mer. Cette ouverture qui pénètre à ligne droite du couchant au levant d’environ vingt toises, a cinq à six pieds d’hauteur et quatre de largeur ; à peu prèz au milieu, on a pratiqué un crus [lire creux] quarré, qui s’est remply d’eau, et à droit et à gauche deux autres ouvertures d’environ quinse pieds de longueur. On n’y remarque rien que l’argile dont on a envoyé un échantillon, et, à son entrée, il découle quelques goutes d’eau, qui donnent au rocher une couleur verdâtre. Le dehors faisant face au couchant et à la mer font paroitre de fillons de fer, dont on a envoyé un autre échantillon aussy bien que du rocher et de l’argille qui s’i trouve au pied et à la croupe de la montagne qui est haute d’environ deux cens cinquante toises. Ces fillons vont tous du couchant au levant, c’est pourquoy il semble qu’on devroit ouvrir du septantrion au midy pour pouvoir rencontrer transversalement des fillons. Du côté de levant et fort proche de cette montagne, il y en a une autre dans le même terroir de la Garde, plus longue et plus étendue et à peu près de la même hauteur et, après avoir monté environ cent toises, on trouve l’azur dans la partie qui fait face au nord, où l’on a détaché de pierres en trois endroits différens, dont les fillons contiennent de l’azur. Il paroit du côté de levant qu’il y a de ces mêmes lapis lazuli à la même hauteur de cent toises, ce qui fait juger que c’est une continuité de celuy qu’on trouve du côté du nord. Le sommet et le pied de cette montagne qui sont assés arides sont couverts de pierres et de terre de différente couleur, ce qui semble désigner qu’elles cachent quelque minière. 9. - 23 février 1716 : Le Bret au Régent, Aix-en-Provence [18/72/b]. 22 Monseigneur, J’ay encor l’honneur d’envoyer à VAR des coquillages que l’on trouve en quantité à Vaugine21. Je suis, Monseigneur, [etc.]. Le Bret à Aix, le 23 février 1716 [au dos :] à SAR Monseigneur le duc d’Orléans Joint : liste de coquillages envoyés, s.d. [18/72/c]. Coquillages de Vaugine, viguerie d’Apt Concha imbricata Concha striata 21. Vaugines (Vaucluse).

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Chamoe levis citra testam Concha striata cum unica testa Concha striata cui lepas adhoeret Ostrea vulgaris 10. - s.d. : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/87]. Aix 1° Les coquilles pétrifiées entrent dans l’histoire naturelle du roiaume, et c’est même une matière dont les étrangers font grand cas. Il est bon d’en faire ramasser le plus d’espèces différentes qu’il sera possible. Monsieur Le Bret en a déjà envoié un grand nombre. 2° Si on pouvoit procurer à l’académie des morceaux des mines, qui sont près de Digne dans le quartier de la Moroise, et à Barles dans la viguerie de Seine22, on s’assureroit par des essays si elles contiennent de l’argent, et on examineroit si elles méritent quelque attention. 3° On voudroit fort aussi avoir divers échantillons des mines d’agathe, d’améthiste, de topase et même de métal que le Sr Roque prétend avoir trouvé aux environs de Marseille, avec une description de la scituation de ces mines, de la manière dont la matière y est distribuée, si elle y est abondante, etc. 4° Le morceau de lapis du rocher de Carqueirane qui a été envoié fait souhaiter une quantité de la même matierre suffisante pour des essays. Peut être pourroit on tirer de cette pierre de l’outremer de quelque valeur. On voudroit scavoir aussi si la veine de cette pierre bleue est large, si on pourroit se promettre d’en tirer du rocher une quantité considérable. 11. - 2 mars 1716 : Le Bret au Régent, Aix-en-Provence [18/72/l]. 23 Monseigneur, Le Sr de Feyssal, gentilhomme de Digne, m’a envoyé de fausses marcassites et des pierres de St Vincent que je n’ay pas cru devoir prendre la liberté d’envoyer à VAR ; mais il y a joint des pierres qu’il appelle de St Roch, et que l’on trouve sur la mesme montagne de St Vincent23, mais plus rarement que les pierres en forme d’estoile. Le Sr Garidel à qui je fais voir tout ce que l’on m’envoye en ce genre, croit que ces pierres de St Roch qu’il nomme conchites et qu’il trouve décrites dans

22. Seyne (Alpes-de-Haute-Provence). 23. Saint-Vincent-sur-Jabron ou Saint-Vincent-les-Forts (Alpes-de-Haute-Provence) ?

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Lister24, méritent d’estre addressées à VAR, surtout celle où l’on voit encor un reste de la coquille qui a servy comme de moule à la matière qui s’est pétrifiée. Le Sr de Riouffe, subdélégué de Grasse, m’a aussy envoyé du talc de Valauris. J’en joints icy quelques morceaux. Je suis, Monseigneur, [etc.]. Le Bret à Aix, le 2 mars 1716 12. - s.d. : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/90]. /fol. 1/ Aix Les mémoires que Monsieur Le Bret a envoiés à SAR Monseigneur le duc d’Orléans par raport à l’histoire naturelle de Provence, donnent déjà beaucoup d’instructions et on a lieu d’espérer que les soings éclairés de Monsieur Le Bret laisseront peu à souhaiter sur cette matière. Les mémoires même qu’on a reçus fourniront matière à de nouvelles questions qui apparament vaudront de nouveaux éclaircisements. 1° Mr Garidel a joint à son mémoire sur le karabé divers morceaux de ce bitume. On voudroit scavoir 1° si ces morceaux sont des plus gros que l’on rencontre. 2° Si on n’en trouve point de plusieurs autres couleurs. 3° Si il n’y en a point de plus transparent et de plus dur, en un mot qui méritast d’être travaillé. 4° Si les habitants de Salignac ont quelque soing de le ramasser et s’ils en font quelque usage. 5° Si celuy dont parle Gassendy qu’on trouve auprès de la Tour Bemions est semblable à celuy de Salignac, pour peu qu’il fust différent on en demanderoit des morceaux. 6° Comme Mr Garidel /fol. 1 v°/ ne parle pas apparemment sur de simples conjectures et qu’il a peut être vu ce qu’il raporte de l’ambre qui se découvre dans les crevasses des rochers sabloneux dont les pluies on détaché des croûtes, il pourroit nous apprendre si les crevasses où se trouve l’ambre sont larges et profondes, quelle est leur largeur la plus commune, si l’ambre l’occupe tout entière, si il y fait un corps continu ou si il est divisé en divers morceaux par une matierre étrangère, si il y est aussi dur que lorsqu’il est exposé à l’air, si on n’a point ouï dire que dans les mêmes crevase on ait trouvé quelque bitume liquide ou quelque pétreole. Comme on marque dans le mémoire qu’on pourroit ramasser par jour plus de cent livres de ce karabé si on occupoit des ouvriers à couper les rochers, ne pourroit on faire détacher un petit morceau de roche où ce karabé fust adhérant ou au moins avoir de la matierre avec laquelle il est meslé dans la roche. On voudroit bien scavoir si elle n’est point analogue à ce bois fossile dans lequel

24. Martin Lister (1638-1712), auteur entre autres travaux d’histoire naturelle d’une Historiae conchyliorum… (1685).

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se trouve le karabé de Prusse. Mr Garidel a fait plaisir en apprenant que l’on trouve des bélemnites25 dans les mêmes rochers. 2° Le catalogue des matierres fossiles de Provence dressé par Mr Garidel fait voir qu’il s’est extrêmement appliqué à l’histoire naturelle de son pais. Il seroit heureux pour l’académie si elle pouvoit avoir de pareils catalogues de toutes /fol. 2/ les autres provinces du roiaume, mais, en envoiant celuy cy, [on] a dû sentir qu’on s’exposoit à quelque risque que nous demanderions des morceaux de ces différentes matières, et on ose espérer que Monsieur Le Bret voudra bien nous en procurer le plus qu’il sera possible. On souhaiteroit de plus que chaque morceau fust accompagné d’un mémoire qui apprist le lieu [où] on le trouve, si il y en a abondance, si on fait quelque usage de cette matierre. Par exemple, à l’occasion de la mine de plomb et de la mine de cuivre du catalogue, il seroit bon d’expliquer la scituation du terrain où on les trouve, de dire si on en a fait usage ou tenté d’en faire usage. On demanderoit des morceaux de ces mines assez gros pour des essays, on s’est proposé d’en faire de toutes celles du roiaume. 3° Si on pouvoit aussi avoir des morceaux de cette mine de Pontès auprès de Digne, qu’un orfèvre a assuré être mine d’or, on s’assureroit de ce qu’elle contient par des essays. On voudroit scavoir si les cristaux qui ont été donnés par le même orfèvre sont des plus gros et des plus beaux qui se trouvent dans les montagnes de Champourcin, si ils y sont communs, si on les trouve dans la terre ou dans le sable ou dans des pierres. /fol. 2 v°/ 4° Par raport aux pierres de St Vincent, on auroit à demander quelle est à peu près l’étendue du terrain où on en trouve, si elles y sont communes, si on ne trouve point parmi d’autres pierres de figures régulières, si elles sont sur la surface de la terre ou si on en rencontre davantage en fouillant. 5° La fonteine du territoir de Colmar26 mérite place parmy les fonteines singulières. Elle mériteroit qu’on se donnast la peine d’observer exactement en différens temps combien dure son flux, et pendant combien de temps il cesse. Il seroit bon aussi d’observer la quantité d’eau qu’elle donne à chaque flux. 6° Les nouveaux mémoires et les échantillons soit des terres, soit de jayet, soit de l’ambre qui s’y trouve meslé, que Monsieur Le Bret nous fait espérer, nous instruiront pleinement sur cette matière. On auroit pourtant encore une question à faire qui pourroit être éclaircie par les ouvriers qui travaillent aux mines. Scavoir si on ne rencontre pas quelquefois des morceaux de jayet moins durs que les autres et même trop tendres pour être travaillés, qui seroient pour ainsi dire du jayet qui n’est pas encore à maturité. En cas qu’il s’en trouve de pareil, on en demanderoit. On voudroit scavoir de plus si on ne rencontre pas

25. Ou “ doigt du Diable ”, pierres en forme de flèche qui sont des mollusques céphalopodes fossiles apparentés aux seiches, ayant vécu à l’ère secondaire ou mésozoïque. 26. Colmars (Alpes-de-Haute-Provence).

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quelquefois ou si on n’a pas ouï dire qu’on avoit rencontré des veinnes de bitume ou de pétreole en fouillant les mines de jayet. 13. - s.d. [envoyée le 15 mars 1716] : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/50]. Aix 1° Les coquilles pétrifiées entrent pour quelque chose dans l’histoire naturelle du roiaume. C’est même une matierre dont les étrangers font cas. Il est bon d’en faire ramasser le plus d’espèces différentes qu’il est possible. Les soings de Monsieur Le Bret nous en ont déjà valu un grand nombre, et nous assurent qu’il en restera peu d’inconnues en Provence. 2° Si on pouvoit procurer à l’académie des morceaux des mines qui sont près de Digne dans le quartier de Moroise, on verroit par des essays si elles contiennent de l’argent, et on examineroit si elles méritent quelque attention. 3° Les cornes d’Ammon telle que celle qu’on a reçue sont elles communes aux environs de Rians. Il y a apparance puisqu’elle y porte un nom. 4° Monsieur Le Bret nous apprend par sa lettre que le gipse, ou en provençal l’escayolle, dont il a envoié un morceau, est commun aux environs d’Aix. Nous espérons qu’il voudra bien nous apprendre encore si on le trouve en gros morceaux et faire observer si les filets parallèles dont chaque morceaux est composés ont une direction constante avec le centre de la terre, si tous les morceaux sont placés sous une même inclinaison, si on fait quelque usage de ce plastre aux environs d’Aix. 5° Toutes les congélations de Barjolx sont elles d’une matierre pierreuse grisâtre comme celles dont on a reçu de petits morceaux. N’y en a t’il point de cristalinnes. Ces congellations mériteroient bien qu’on en choisist des morceaux singuliers et d’une grosseur un peu considérable. Mr Peire raporte dans la même letre où il parle de ces congélations, que les environs de Barjolx ont diverses autres matierres curieuses. Il fera plaisir de nous en instruire, mais il sera bon qu’il les examine soigneusement auparavant pour n’écrire que des choses sûres. Ce qu’il marque par exemple des deux fonteines qui croisent et décroisent dans les différentes saisons de l’année comme les jours, n’est pas apparament un fait qui ait été observé avec beaucoup de soing. 14. - 28 mars 1716 : Le Bret au Régent, Aix-en-Provence [18/72/h]. [en marge :] à M. l’abbé Bignon 15 31 Monseigneur J’ay l’honneur d’envoyer à VAR dans deux boetes ce qui est contenu dans

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les mémoires cy joints. Je les ay mises à la diligence pour partir le 31 du courant. Je suis, Monseigneur, [etc.]. Le Bret à Aix, ce 28 mars 1716 Joint : listes d’échantillons envoyés [18/72/i]. /fol. 1/ 31 Mémoire de ce qui a esté envoyé de Vallauris par le sieur de Riouffe. Talcum nigrum. Gipsum ad albastri naturam accedens. /fol. 2/ 31 Mémoire de ce qui a esté envoyé d’Antibes par le frère du sieur Charles dit Moulinneuf, lequel a trouvé ces coquillages en faisant planter une vigne sur une hauteur esloignée de la mer de plus d’un quart de lieue. Sasso fortissimo composto di varie specie di conchiglie. Turbo cilindroides petreus, planus in basi. Turbo cilindroides. Conchites striata. Bucardia seu conchites mucronata. Buccinites. /fol. 3/ 31 Mémoire de ce qu’on a receu de divers endroits de Provence. Cristallus e rupe agri de Champorcin27 eruta envoyé par le Sr de Feissal de Digne. Cristalli super terram nascentes envoyés de Dauphin, viguerie de Forcalquier. Pseudo pyrites tesserae forma envoyés des montagnes de Provence. Glosso petra ex agro de Vaugine envoyées par le sieur de Bouliers, seigneur de Vaugine, vig[ueri]e d’Apt. Opercula conchæ minoris calatae vulgo œil de serpent envoyées par led. sieur de Vaugine. /fol. 4/ 30 Mémoire de ce qui a esté envoyé de Cannes par le Sr de Riouffe, subdélégué en la viguerie de Grasse. Corallium rubrum rupi adhaerens. Corallium repens licheni adhaerens. Escharra marina rondeletii. Litophyton vulgare Tournefort. Retipora seu frondipora imperati. Tout cela a esté trouvé dans les mers de Provence par les pescheurs de corail. 27. Champourcin.

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15. - 3 avril 1716 : Le Bret au Régent, Aix-en-Provence [18/72/g]. 33 Monseigneur, Je prends la liberté d’envoyer à VAR des cristaux que l’on trouve sur la superficie de la terre à Dauphin et à St Maime. Je suis, Monseigneur, [etc.]. Le Bret à Aix, le 3 avril 1716 16. - 8 avril 1716 : Le Bret au Régent, Aix-en-Provence [18/72/d]. 32 Monseigneur, Je prends la liberté d’envoyer à VAR de sept sorte de talc de Valauris que le Sr Garidel m’a donné. J’ay remis hier à la diligence une caisse à l’addresse de VAR marquée no 1 qui est remplie de plusieurs morceaux des congélations de Barjolx, ce qui satisfait en partie à l’article 5 d’un des trois mémoires que VAR m’a fait l’honneur de m’envoyer le 15 du mois passé. Je joints à cette lettre une copie de cet article avec l’esclaircissement que j’ay pu tirer du Sr Peyre, et une autre copie de l’article 4 du mesme mémoire avec la réponse qu’y a fait le Sr Garidel. Je suis, Monseigneur, [etc.]. Le Bret à Aix, le 8 avril 1716 Joint : mémoire d’éclaircissement, s.d. [18/72/f]28. 32 /fol. 1/ Le gypsum ou escayolle que l’on envoye se trouve dans le terroir du Tholonet en assés grande quantité dans un endroit appellé vulgairement (lou coulet de St Jacque) ou colline de St Jacques, à demy lieue de la ville d’Aix ; cette colline qui a presque un quart de lieu de longueur s’estend du midy au septentrion. Sa partie la plus longue regarde le nord est et par l’autre bout elle est à l’opposite du sud et du sud est. Cette colline qui n’est pas fort haute

Art. 4e Monsieur Le Bret nous apprend par sa lettre que le gipse, ou en provençal l’escayolle, dont il a envoyé un morceau, est commun aux environs d’Aix. Nous espérons qu’il voudra bien nous apprendre encore si on le trouve en gros morceaux, et faire observer si les filets parallèles, dont chaque morceau est composé, ont une direction constante avec le centre de la terre. Si tous les morceaux sont placés sous une mesme /fol. 1 v°/ inclinaison, si on fait quelque usage de ce plâtre

28. La question posée se lit dans la colonne de droite et la réponse de l’intendant dans celle de gauche.

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est pourtant fort droite. Elle est coupée par divers intervalles des grandes et profondes ravines qui s’unissant au pied de la colline en forment une des plus profondes qui va décharger ses eaux dans la rivière du Tholonet.

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aux environs d’Aix.

[suite de la réponse :] Le terrein de cette colline est composé d’une argille fort solide et compacte de couleur rouge, à laquelle sont meslés plusieurs petits cailloux sablonneux. Cette terre ne devient fertile que par une longue culture. Ce n’est qu’après une culture assidue de dix ans que cette argille comme empierrée se fuse par la pluye et par le soleil. L’on appelle en provençal cette sorte d’argille (malausène) quasi male sana. En effet elle est très peu fertile quoyque fort travaillée, ce qui fait que l’on ne s’amuse guières à cultiver cette coline quoyque les environs le soint très bien. La terre de ces ravines qui s’éboule /fol. 1 v°/ découvre en cent endroits ces pièces de gypse ou escayolle, qui se trouvent plantées dans la terre en ligne perpendiculaire quoyqu’elles soint dix fois plus larges qu’elles ne sont épaisses. L’on ne les voit jamais couchées de plat ou horizontalement que lorsqu’elles ont esté arrachées de leur centre. Les filets obliques que l’on observe dans la pièce que l’on envoye suivent l’inclinaison du terrein d’où celle cy a esté tirée. Les plus grosses pièces que l’on trouve sont ordinairement de deux pieds de largeur sur trois de longueur, l’épaisseur de trois à quatre pouces. L’on observe qu’il y en a d’une moindre grandeur qui ont pourtant plus d’épaisseur au triple que les précédentes. Les plus épaisses ont dans leur centre quelque chose qui approche beaucoup de l’albastre, et les filets en sont plus beaux et plus éclatants comme est le morceau que l’on a envoyé par cy devant. Il y a environ quinze années que l’on se sert de ce gypse pour la bâtisse, mais la pénurie du bois fait qu’on ne le cuit pas autant qu’il le faudroit. Ceux qui ont pris soin de le bien faire cuire en ont retiré un très bon plastre. Ce n’est proprement que dans le terroir du Tholonet que l’on s’en sert, car à Aix l’on se sert d’un plastre d’une autre nature qui est fort abondant et très facile à cuire. Ce dernier est composé de petits corps cylindriques luisants meslés avec une terre blanche, qui n’ont pas ordinairement plus de six à sept lignes de longueur sur une ou deux de largeur. Tous ces petits corps luisants avec la terre blanchastre sont portés par une base solide de silex ou pierre à feu de l’épaisseur de deux à trois et souvent de quatre pouces. Feu Mr de Tournefort29 croyoit cette base achate30, mais comme elle s’escaille facilement et qu’elle ne souffre point la graveure, l’on croit qu’il faut la ranger parmy les silex dont

29. Joseph Pitton de Tournefort (1656-1708), natif d’Aix-en-Provence, botaniste, professeur au Jardin du roi et au Collège de France, membre de l’Académie royale des sciences. 30. Pour agate (du latin achates) ?

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parle Agricola31 de Natura fossilium lib.vii. On envoyera incessemment de ce plastre. Mr Peyre mande que touttes les congélations de Barjolx sont de matière pierreuse, mais de différentes couleurs, l’eau qui les forme passant par une terre plus ou moins blanche ou grise rend les congélations ou plus blanches ou plus grisâtres. Il n’y en a point des cristalinnes. Il asseure avoir envoyé ce qui luy a paru estre le plus rare. On en a envoyé depuis la réception de ce mémoire une caisse à SAR marquée de no I. Quant aux deux fontaines, il y a apparence que tout ce que led. Sr Peyre en dit n’est fondé que sur quelque erreur populaire, et que la pluye ou la fonte des nèges causent l’augmentation ou les diminutions.

5. Touttes les congélations de Barjolx sont-elles d’une matière pierreuse, grisâtre /fol. 2/ comme celles dont on a reçeu de petits morceaux ? N’y en a’t-il point de cristalinnes ? Ces congellations mériteroint bien qu’on en choisit des morceaux singuliers et d’une grosseur un peu considérable. Mr Peyre rapporte, dans la mesme lettre où il parle de ces congélations, que les environs de Barjolx ont diverses autres matières curieuses. Il faira plaisir de nous en instruire, mais il sera bon qu’il les examine soigneusement auparavant pour n’escrire que des choses seures. Ce qu’il marque, par exemple, des deux fontaines qui croisent et décroisent dans les differentes saisons de l’année /fol. 2 v°/ comme les jours, n’est pas apparemment un fait qui a été observé avec beaucoup de soin.

17. - s.d. [après 8 avril 1716] : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/41]. Les fréquents mémoires et les échantillons des différentes matières que Monsieur Le Bret envoie à SAR Monseigneur le duc d’Orléans étendent fort nos connoissances par raport à l’histoire naturelle de Provence. Il nous reste seulement à souhaiter que ceux qui choisit si judicieusement pour ramasser des matierres différentes, accompagnent chaque échantillon d’un petit mémoire qui marque l’endroit où l’on trouve cette matierre, si elle y est abondante, à quelle profondeur elle est de la surface de la terre, de quels corps étrangers elle est environnée, si c’est terre, pierre, sable, etc. et qu’on en joigne un échantillon à celuy de la matierre qu’on a envie de faire connoître. Le petit mémoire que Mr Garidel a envoié sur le gypse du Tolonnet est dans le goust de ceux qu’on souhaiteroit sur chaque matierre. Mr Garidel n’a t’il point observé si les masses de ce gypse n’afectent point quelque figure régulière. Cela est assez ordinaire aux morceaux de gipse transparents et souvent les figures qu’ils affectent sont fort singulières. Nous verrons avec plaisir le gipse des environs d’Aix qu’il nous promet. Monsieur Le Bret nous envoia il y a déjà du temps un morceau de jayet

31. Georg Bauer ou Georgius Agricola (1494-1555), géologue et minéralogiste ; ses œuvres les plus connues sont De natura fossilium (1546) et de De re metallica (1556).

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qu’il avoit reçu de Mr Rigord, qui est fort singulier. Il s’en détache de petis fragments de figure irrégulière et d’épaisseur à peu près égale. Ce qui est de remarquable, c’est qu’au dessous de chacun des petis morceaux détachés, de quelque figure qu’ils soient, il paroist une petite concavité, un petit creux rond dans le fond duquel il y a quelquefois des espèces de spirales tracées. Les petites concavités rondes se trouvent ordinairement placées sur une même ligne. Mr Rigord marquoit que ce morceau avoit été pris au dessus de la mine. On voudroit bien scavoir si il est ordinaire de trouver au dessus de la même mine ou des autres mines des morceaux semblables à celuy dont nous venons de parler, et en cas que cela soit ordinaire, on verroit avec plaisir un autre morceau de jayet de cette espèce. 18. - s.d. : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/89]. /fol. 1/ Le mémoire de Mr Rigord qui a été envoié par Monsieur Le Bret, est dressé avec tout l’ordre et toute l’intelligence possible. En satisfaisant notre curiosité sur le jayet il l’a excitée sur bien des articles. 1° La caverne de Neujas [ ?] méritroit d’être observée particulièrement pour scavoir si elle ne donne point du tout de vent en hiver et, en ce cas, quand elle commence à en donner ; si, quand le vent a commencé à en sortir, il en sort régulièrement tous les jours ; si la force du vent qui en sort pendant la nuit n’est pas proportionnée à la chaleur du jour qui l’a précédée. Fait on réellement usage de l’ouverture de cette caverne pour vaner le bled, ou si elle y est seulement propre. Quelle est la figure et la largeur de l’ouverture de cette caverne. Ne connoist on point quelque ouverture par où le vent entre et qu’on puisse soupçonner avoir communication avec celle par où il sort. 2° La fonteine de Fontastorbe32 mériteroit aussi des observations pour s’assurer si son flux et son reflux durent toujours précisément trois quarts d’heure, combien ils durent chacun, la quantité d’eau qu’elle donne. Il seroit bon d’avoir aussi une description de la scituation de cette fonteine et scavoir la quantité d’eau qu’elle /fol. 1 v°/ donne à peu près. Quand aux lacs de la montagne de St Barthelmy33, leurs merveilles ne paroissent pas de la classe des précédentes. On n’en a apparament jamais essay [sic], ce qu’on en dit ne peut être fondé que sur les contes du peuple. 3° On voudroit fort avoir des morceaux des différentes matierres dont Mr Rigord fait mention dans son mémoire, 1° de ces congélations qui forment les obélisques et les colonnes de la grotte de Roland. 2° des morceaux des différentes carrières de marbre et d’albâtre des environs de Marseille. 3° de ces pierres dont le milieu est occupé par des grains de cristal de couleur d’améthiste, etc. On voudroit scavoir si ces pierres sont communes dans l’endroit où 32. Voir “ Languedoc ”, doc. 3. 33. Saint-Barthélemy, commune de Méolans-Revel (Alpes-de-Haute-Provence) ?

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on les trouve, et si il faut creuser profondément pour les avoir. 4° On demanderoit aussi des morceaux de toutes les différentes espèces d’ag[a]the qui se rencontre aux environs de Marseille. On souhaiteroit qu’on se donnast la peine d’envelloper chaque morceau de matierre différent dans un papier et de l’accompagner d’un mémoire qui apprist où l’on trouve ce que le papier renferme, si c’est une matière commune. Le secret de travailler le marbre et l’agathe ne sont pas si difficiles à apprendre qu’il ne seroit aisé de les faire travailler aux environs de Marseille si on y trouvoist assez de ces matierres de bonne qualité. /fol. 2/ 4° À l’égard du jayet, on a oublié de marquer le nom de la mine d’où a été tiré celuy qui a été envoié. Quoiqu’on en ait vu travailler à Paris, on auroit été bien aise de scavoir plus précisément comment sont disposés les moulins ou meules dont on se sert à St Colombe. Dans les endroits où les manufactures sont considérables, tout est ordinairement mieux disposé. Nos ouvriers par exemple ne se servent point de meule de caillou. La meule de grès et la meule de caillou forment elles un même disque à St Colombe. Les meules sont elles horizontales, comme elles le sont icy. On ne fait icy aucune grande pièce et il doit y avoir des pratiques différentes pour les travailler, comme par exemple pour creuser un bénitier. Toute cette matierre mériteroit bien un mémoire détaillé afin que l’art de travailler le jayet, qu’on a déjà décrit en partie, ne grossise point le livre de Paneirolle [ ?]. On demanderoit aussi le nombre à peu près des ouvriers qui y sont occupés à St Colombe. On a appris avec plaisir qu’on a tiré du vitriol des terres des mines de jayet. On voudroit scavoir si on ne rencontre pas quelquefois dans ces mines un jayet tendre, mollasse, qui pour ainsi dire n’est pas encore à maturité, ou si on ne trouve pas quelquefois dans les mines quelque bitume liquide ou de l’huile de pétreole. Les airs que respirent /fol. 2 v°/ les mineurs dans ces mines est il malsain comme celuy de la plupart des mines. Sont ils obligés de creuser des puits, d’ouvrir des trous pour porter de nouvel air dans la mine. L’eau incommode t’elle quelquefois les mineurs qui travaillent à ces sortes de mines. 19. - 14 avril 1716 : Le Bret au Régent, Marseille [18/63]. à M. l’abbé Bignon Monseigneur, J’ay reçeu la lettre dont VAR m’a honoré le premier de ce mois en me renvoyant copie de la lettre du Sr Pellas34, général des monnoyes, qui m’a dit ne

34. Jean Pellas, seigneur de Maillane, nommé général des monnaies au département de Provence le 5 juillet 1698 ; son fils, Jean Joseph Pellas de Maillane, avocat au Parlement d’Aixen-Provence, le remplace d’abord en 1710 comme général provincial des monnaies subrogé, puis il recevra des lettres de provision comme commissaire pour la recherche des faux monnayeurs en Languedoc, Provence et Dauphiné, en 1723 (Arch. dép. Bouches-du-Rhône, VIII B5 et AN, V/1/252, pièce 268).

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sçavoir rien de la mine dont il a pris la liberté d’escrire à VAR que ce que le nommé Lévêque, orfèvre de Marseille, luy en a mandé. J’ay ensuitte parlé à cet orfèvre qui m’a dit que la nommée Rey luy avoit monstré de l’argent provenant d’une mine connue par le nommé Ardisson que Mr de St Maurice avoit fait arrester ces jours cy, et qui se vanta à luy de sçavoir tirer de l’argent des pierres de mine que l’on trouva chez la nommée Rey ; mais il adjouta qu’il faloit certaines drogues qu’il pouvoit seul achepter. Mr de St Maurice l’envoya avec un exempt pour chercher ces prétendues drogues, et l’exempt n’ayant pas eu assés de défiance, Ardisson luy échappa. Il courut après l’épée à la main et 3 ou 4 jeunes gens de cette ville (qui disent à présent n’avoir pas connu le caractère de l’exempt qui n’en portoit aucune marque) se jettèrent sur luy, le maltraittèrent mesme et donnèrent lieu à l’évasion du prisonier que led. Sr de St Maurice croit estre un voleur, qui sous le prétexte d’une mine imaginaire convertit en lingots les vols de vaisselle ou mesme d’espèces qu’il fait. Car il m’a asseuré n’avoir rien pu tirer de la pierre de mine trouvée chez la nommée Rey dont il a fait faire des essays. Les jeunes gens qui donnèrent le moyen à Ardisson de se sauver ont esté arrestés et l’on espère qu’Ardisson luy mesme qu’on ne croit pas s’estre fort esloigné pourra revenir dans quelques jours chez la nommée Rey, et qu’il sera arresté de nouveau, mais je doutte, Monseigneur, que l’on apprenne de luy, rien qui soit satisfaisant par rapport à la mine qu’il se vante de connoistre. Je suis, Monseigneur, [etc.]. Le Bret à Marseille, le 14 avril 1716 [au dos :] à SAR Monseigneur le duc d’Orléans 20. - 15 avril 1716 : Pellas au Régent, Aix-en-Provence [18/72/m]. [en haut :] à M. l’abbé Bignon 40 Monseigneur, D’abord, après avoir receu l’honneur des ordres de VAR, j’ay donné à Mr Le Bret tous les éclaircissemants au sujet de la mine d’argent dont le nomé Lévêque, orfèvre de Marseille, m’avoit par sa lettre donné avis et encore de ce qu’il m’estoit du depuis venu dire de bouche. Je luy ay aussy donné les éclaircissemants que j’avois au sujet de la mine d’argent qui est dans le terroir d’un petit village dit le Canet35, où tout confirme la vérité de cette mine, qui est dans des terres gastes dites les Maures, que j’ay moy mesme visité avec aplication. Le lieu s’apelle l’Argentière. Le terrain y est luisant d’où l’on tire les poudres luisantes pour les sabliers. Il y a 35. Le Cannet-des-Maures (Var).

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des concavités sousterraines faites à main d’homme, qu’on voit estre des anciens ouvrages des Romains, et il y a d’archifou36 très bon pour le vernis, ce qui en prenant les précautions nécessaires indemniseroit les entrepreneurs, ayant inspiré à Mr Le Bret le Sr André, riche bourgeois de cette ville. Pour ne rien négliger, j’ay escrit à mon fils qui se trouve dans cette contrée où est cette mine, au sujet du billonage des espèces, où il a desjà fait arrester quelques prisoniers, dans le temps que Mr de St Maurice à Marseille et moy icy au centre donnons toutes les attentions nécessaires pour le mesme sujet du billonage. Je luy ay, dis je, escrit pour qu’il visite ce lieu et prenne toutes les nouvelles instructions qu’il pourra avoir au sujet tant de cette mine du Canet que des autres qu’il pourra découvrir dans sa tournée. J’ay l’honneur d’estre avec un très proffond respect, Monseigneur, [etc.]. Pellas, général des monoyes de Provence Aix, ce 15 avril 1716 21. - s.d. [après octobre 1715] : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/72]. /fol. 1/ Marseille On reçut dans le mois d’octobre 1715 un mémoire qu’on avoit souhaité sur la manière dont on travaille le corail37. Ce mémoire a été dressé à Marseille en conséquence des ordres de Monsieur Anoul38 par Mr de La Flèche. Il est fait avec beaucoup d’ordre et d’intelligence ; on y descend dans la plupart des détails dont on a besoing. Il nous reste pourtant encore diverses questions à faire par raport au corail en général et par raport à la manière dont on le travaille. 1° Parmi les deisseins qui accompagnent le mémoire, il y en a un de l’engin ou machine avec laquelle on pesche le corail. On voudroit scavoir si les pescheurs ne se servent point de quelques autres machines. Mr le comte de Marsigli39 en donne le deissein d’un autre dans son essay de l’histoire de la mer. 36. Alquifoux, sulfure de plomb pulvérulent, obtenu par broyage de sable et d’argile, utilisé notamment pour vernir et imperméabiliser les poteries. 37. Sur le travail et le commerce du corail, le mémoire pour le duc de Bourgogne indiquait : “ Du corail en quantité que l’on fait pescher sur la côte de Barbarie et travailler à Marseille et à Gênes en forme de grains de chapelet en rond et en olive. L’on les transporte au Caire, à La Mecque où il s’en fait un fort grand débit lorsque les turcs ou autres peuples mahométans s’y rendent ” (Fr.-X. Emmanuelli (éd.), op. cit. note 1, p. 360). Important au XVIIe siècle, l’artisanat du corail déclinera ensuite à Marseille, avec l’émigration des pêcheurs vers les côtes de l’Afrique du Nord dont le corail pêché sera traité en Italie. Les ouvriers de Marseille et de Cassis, en petit nombre, travailleront alors le corail rouge des côtes espagnoles (É. Baratier, Histoire de Marseille, Toulouse, 1990, p. 204). La poudre de corail est également utilisée en médecine. 38. Pour Arnoul : Pierre Arnoul, intendant des galères et du commerce en Provence, à Marseille (Almanach royal, 1716) ; il porte ensuite le titre d’intendant des galères et du commerce du Levant (ibid., 1717 et 1718). 39. Luigi Ferdinando, comte Marsigli (1658-1730), correspondant de Jean-Dominique Cassini, puis nommé associé étranger de l’Académie royale des sciences en 1715, auteur d’une Histoire physique de la mer…, publiée par Boherhaave, à Amsterdam, en 1725.

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On voudroit encore scavoir plus précisément que le deissein ne le fait connoitre, la manière dont on arrange les filets aux quatre coings de la croix. N’y a t’il point des filets qui portent des espèces de crochets de cuivre. Ce qui donne lieu à cette question, c’est que parmy les petis morceaux de corail que les apoticaires achètent, il s’y trouve quantité de morceaux de cuivre qu’ils ont soing d’en faire séparer avant d’emploier le corail. 2° On auroit diverses observations à faire sur le corail tel qu’il sort de la mer. On le pourroit, malgré l’éloignement, si on se donnoit la peine d’en envoier avec les précautions suivantes. Il faudroit recommander aux pescheurs qui ne restent qu’un jour /fol. 1 v°/ ou deux en mer, d’avoir le soing de mettre dans de l’eau de mer des branches de corail aussitôt qu’ils les auroient peschées. À leur arrivée à Marseille, on renfermeroit ces branches dans un petit baril de bois ou de fer blanc qu’on rempliroit d’eau de mer et de plantes marines molles ou de quelque autre matierre, qui deffendroit l’écorce du corail contre les frotements du baril et, s’il étoit possible, on en chargeroit le courier le même jour. 3° On marque dans le mémoire que les frères Sallade ont un grain de corail qui pèse trois onces. On voudroit scavoir quel est, en tous sens, le diamètre de ce grain. On pourroit aussi s’informer des ouvriers quelle hauteur avoient les plus grandes branches de corail qui aient été peschées de leur connoissance, combien ont pesé les plus pesantes qu’on ait pesché. 4° Il seroit à propos de s’informer des pescheurs si toutes les branches de corail croisent de haut en bas, si il est toujours attaché aux voûtes d’espèces de cavernes, si il n’en croist jamais qui ait son pied appuié contre le fond de la mer. Mr le comte de Marsigli le prétend que non et cependant, si l’on jette les filets, comme on le dit dans le même mémoire jusques as qu’ils touchent le fond de la mer, il faut que le corail soit ordinairement sur le fond de la mer, et dans ce cas il croîteroit souvent de bas en haut, comme les plantes terrestres. 5° On dit que les patrons connoissent avec une sonde si l’endroit est propre pour jetter le filet ou engin. À quoy le connoissent ils. /fol. 2/ 6° Tout le corail que peschent les batteaux des côtes de Provence se travaille t’il à Marseille, et n’y travaille t’on que le corail pesché par ces batteaux. À quoy peut aller à peu près par an la quantité de corail qu’on travaille à Marseille. Combien occupent à peu près d’ouvriers les deux fabriques qui sont à Marseille. Travaillent ils dans des atteliers communs, ou chacun chez eux. À quoy attribue t’on la diminution du nombre des fabriques de corail de Marseille. Y a t’il longtems que le nombre des fabriques est diminué si considérablement. 7° Ce qu’on appelle dans le mémoire corail chargé de rocher, n’es ce pas du corail dont le pied tient à des pierres ou corps étrangers. Le pied du corail est il toujours carié. Les pescheurs pensent ils comme Mr de Marsigli que les caries du corail viennent des vers qui le rongent.

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8° Les tenailles de l’ouvrier qui tenaille le corail, ont elles des dents comme une scie, ou si ce qu’on appelle dans le mémoire dents de la tenaille ne sont que ses mordants. 9° On est incertain comment précisément le coupeur de corail le tient avec sa main gauche. Par le deissein, il semble que son pouce passe dans un trou percé dans une petite planche et revient en dessus de cette planche pour presser le morceau de corail contre elle. On doute cependant de cette attitude parce qu’on ne l’explique pas dans le mémoire. Ce coupeur scie t’il tout autour, ou seulement d’un côté le grain qu’il veut couper. Ne met il pas les mordants de la tenaille dans la hoche qu’il a faite. 10° Le perceur pose t’il immédiatement sur le banc les grains qu’il veut percer. Y sont ils tenus assez ferme. Les grains déliés n’y roulent ils point. La pointe de l’éguille /fol. 2 v°/ du foret est elle à pans, ou ronde comme celle des autres éguilles. Il y a quelque chose qui n’est pas net dans le deissein qui regarde la manière de percer. On voit comme deux tuiaux qui viennent du pot à l’eau, l’un plus bas que l’autre. On n’en imagine pas la raison. On s’est trompé en écrivant le prix du pur jayet des grains ronds. On a mis la façon de la livre à 12s, soit qu’elle soit composée de 1 000 grains, ou de moins. On parle dans le mémoire de divers grains qui ne peuvent soutenir le perçage. Cela arrive t’il à d’autres qu’à ceux qui sont cariés. 11° Pour arondir les grains, se sert on toujours d’une meule mue à bras et verticale. Y a t’il quelque raison qui empêche de la faire tourner avec le pied, comme celle des gagnepetits. N’a t’on pas des meules à canelures de différentes largeur et profondeur. Creuse t’on souvent de nouveau les canelures. La même meule n’a t’elle pas des canelures différentes pour des grains de différente grosseur. La meule ne tourne t’elle pas dans l’eau. Quand on tient le grain pour l’arondir avec le poinçon, ne tient on pas le poinçon parallèle à l’essieu de roue, c'est à dire dans un position contraire à celle où l’on tient le bâton fendu. Le bâton fendu n’est il qu’un simple bâton fendu ou si c’est une espèce de pince composée de deux bâtons assemblés à charnière ou autrement. 12° Le frotage à la main n’est il que pour les olivetes. 13° Les grains sont-ils à leur aise dans le sac de cottonne, ou si ils y sont pressés. La seconde fois qu’on les y roule après avoir ôté la poudre de pierre ponce qu’on avoit mis d’abord, les roule t’on sans y avoir mis de nouvelle poudre. Pendant les six premières heures qu’on roule un sac le roule t’on entierrement à sec, n’y verse t’on point d’eau. Ouvre t’on le sac /fol. 3/ dans les deux dernières heures, pour jetter l’eau de dedans. 14° Ne polit on jamais les grains avec le tripoli, comme on nous marque qu’on polist les branches. Es ce qu’on ne leur donne pas un aussi beau poli qu’aux branches. Les ouvriers n’ont ils point quelques autres manières de polir, dont ils fassent mistère. Il seroit escentiel de les voir travailler, d’en interroger plusieurs, ils ont chacun leurs pratiques, et nous cherchons surtout à scavoir les pratiques différentes. Nous voudrions bien aussi être sûrs qu’on ne nous mar-

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que rien qu’on n’ait vu, car nous scavons combien il est dangereux de se fier au simple récit des ouvriers. 15° Est il escentiel de faire sécher les grains à l’ombre. On seroit bien aise d’en avoir de toutes les nuances des différens assortiments. 16° On a réglé dans le mémoire le prix de l’ouvrage ordinairement par le poids, mais on a oublié de marquer si on prend le poids de l’ouvrage avant ou après la façon. Toutes les façons donnent elles autant de déchet qu’on le marque. Si on calcule les différents déchets, on n’a guère en grains que la sixième partie du poids du corail brut. Ne fait on point quelques autres ouvrages à Marseille avec le corail. On dit icy qu’il y a eu autrefois des ouvriers qui en faisoient des chaînes fort singulières. 22. - s.d. : mémoire complémentaire sur les coraux [17/32]. /fol. 1/ 57 Réponse

Copie du mémoire de l’académie

Il n’y a que de très humbles remerciemens à faire à l’académie sur cet article.

Quoique les plantes pierreuses et celles d’une autre nature qui ont été envoyées par Monsieur Arnoul à SAR, ne nous ayent point paru nouvelles, comme il eût souhaité qu’il y en eût en quelques unes, elles sont si belles en leur genre et elles sont arrivées si bien conditionnées40 qu’elles fourniront matière à diverses observations qu’on n’auroit pu faire sur celles qui sont /fol. 1 v°/ dans ce pays et qui n’ont été choisies, ny aportées avecautant de précaution. Nous nous promettons beaucoup de connoissances nouvelles sur cette matière des nouveaux ordres que Monsieur Arnoul a bien voulu donner aux pêcheurs, et surtout de l’expédient qu’il a imaginé de faire tirer ce que la mer cache dans les

Les pêcheurs aportent toujours ce qu’ils trouvent et on choisit là dessus ce qu’on croit qui mérite le plus d’être envoyé. Il est pareillement venu de ces plantes d’Antibes et de St Tropez où l’on avoit écrit. Il s’y en

40. “ L’amour de feu S.A.R. Mgr le Duc d’Orléans pour les sciences, nous mettoit à portée de tout ce qui pouvoit contribuer à leurs progrès. Nous avions souhaité avoir des coraux, dont l’écorce n’eût point été détachée, en un mot, à peu-près telle qu’est celle de ceux qui viennent d’être pêchés. M. Arnou, alors Intendant de Marseille, pour obéir aux ordres de son Altesse Royale, en fit mettre dans des vases pleins d’eau de mer, dans l’instant où ils furent tirés des filets. Il poussa l’intention jusqu'à faire apporter ces vases par des hommes qui devoient revenir à pied de Marseille à Paris ; aussi ces coraux arrivèrent-ils conditionnés, comme on le pouvoit désirer ”, [Réaumur], “ Observations sur la formation du corail, et des autres productions appellées plantes pierreuses ”, HARS (1727), p. 269-281, citation p. 270-271.

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trouve quelques unes d’une autre nature que celles qui ont été envoyées cy devant et on les enverra comme on a fait à l’égard des autres par le retour de ceux qui auront conduit la première chaîne qui viendra à Marseille de même que tout ce qu’on aura pu ramasser jusqu’à alors.

On avoit trouvé un matelot qui s’étoit offert de plonger avec la cloche quand la saison en seroit venue, mais il est allé depuis en voyage et si l’on peut l’avoir avant que les chaleurs soint passées, on luy en fera faire l’épreuve. On a tâché d’en trouver quelqu’autre qui voulût plonger de même et il ne s’en est point trouvé, mais il y a tout lieu de douter qu’un plongeur puisse aller jusqu’où croît le corail parce que les pêcheurs prétendent qu’il ne s’en trouve qu’à 50 ou 60 brasses de profondeur dans la mer. Ainsy, on ne pourra pas découvrir par là s’il croît du corail de bas en haut, mais les pêcheurs les plus expérimentés assurent qu’il n’en croît que de haut en bas par un suc qui dégoute des rochers dans le concavités de la mer et qui se fige successivem[en]t. On pourra cependant par ce moyen selon toutes /fol. 2/ les apparences avoir des plantes nouvelles et plus entières que par des filets. /fol. 2 v°/ Il en sera envoyé de cette qualité par la première voiture.

endroits les plus profonds par un plongeur. C’est une manière seure d’avoir des plantes qui échapent aux /fol. 2/ filets des pêcheurs et d’avoir entières celles qu’ils brisent le plus souvent. Ce plongeur sera en état de décider parfaitement si le corail croît toujours de haut en bas comme des auteurs habiles le prétendent, ou s’il n’en croît pas de bas en haut à la manière des plantes ord[inai]res.

La branche de corail qu’on a reçue est parfaitement belle, la pluspart des bouts en sont bien conservéz. Il est aisé d’y observer tout ce qui /fol. 2 v°/ regarde leur extérieur, la beauté de la plante le fait respecter. D’ailleurs comme de pareilles recherches demandent qu’on brise bien des parties avant que la curiosité soit satisfaite, on seroit bien aise d’avoir des morceaux de corail des plus communs et qui eussent de même leur bouts.

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On a déjà envoyé plusieurs roses de mer, mais il est vray qu’il n’y en avoit aucune couverte d’écorce. Entre les prudhommes de Marseille, c’est ainsy qu’on appelle les anciens pêcheurs qui gouvernent les autres et jugent de leurs affaires, il y en a un qui paroit avoir plus d’expérience que les autres qui dit qu’en effet il y a de ces roses de mer qui se trouvent avec une espèce /fol. 3/ d’écorce mais que, dès que cette écorce est hors de la mer, elle se flétrit d’abord et tombe en poussière sans qu’on puisse la conserver quand même on la mettroit dans l’eau salée. On tâchera cependant d’observer s’il y en a de quelque espèce qui ayant une écorce plus solide et on l’enverra.

On voudroit bien qu’on recommandât aux pêcheurs de tâcher de trouver quelques unes de ces plantes nommées /fol. 3/ dans le pays roses de mer qui fussent recouvertes d’écorse comme le sont les coreaux, ou au moins qu’on s’informât s’ils n’en ont jamais trouvé qui en fussent revêtues.

Il est certain qu’on y donnera toute l’attention possible.

Nous n’avons rien à demander sur toutes les autres espèces de plantes maritimes. Nous avons de trop bonnes preuves que Monsieur Arnoul nous procurera toutes les instructions que nous pouvons souhaiter. Nous aurions pourtant encore une nouvelle demande à luy /fol. 3 v°/ faire, c’est qu’il voulût bien ordonner qu’on ramassât une suite de toutes les coquilles que la mer produit aux environs de Marseille et qu’on en choisît des grandes et des petites de chaque espèce.

On a déjà aporté beaucoup de ces coquilles, mais il ne s’en est trouvé que de quatre ou cinq sortes différentes petites ou grandes, et toutes très communes. On continue d’en chercher non seulement à Marseille, mais de plus à St Tropez, à Antibes et en Languedoc et on ne manquera pas d’en choisir deux ou trois de chaque espèce sur toutes celles qu’on aura ramassées jusqu’au premier envoy qui s’en pourra faire.

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23. - mai 1716 : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/45]. Marseille, 1716 may Les nouvelles questions qu’on avoit proposées par raport à la pesche et à la fabrique du corail sont parfaitement éclaircies par le mémoire de Monsieur Arnou. Il nous reste pourtant encore à souhaiter des branches de corail tel qu’il

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sort de la mer et qu’on voulust bien nous les envoier dans de l’eau de mer entourrées de plantes molles ou de quelques autres cor[p]s mous. On a cru satisfaire à cette article en nous marquant que le corail est aussi dur dans la mer que lorsqu’il il en est dehors, mais ce n’est pas de quoy nous doutions et sur quoy nous aions envie de nous instruire. C’est sur les fleurs du corail, décrites et observées avec soing par Mr de Marsigli. Ces fleurs sont d’une espèce à ne pouvoir être apperçues par les pescheurs. Mr de Marsigli assure les avoir vues dans du corail qu’il avoit conservé avec son écorce pendant dix à douze jours hors de la mer, mais dans de l’eau de mer. Ce qui nous a fait espérer que malgré l’éloignement nous pourrions vérifier son observation, nous aurions aussi quelques autres observations à faire sur le suc laiteux du corail et sur son écorce. 24. - 18 novembre 1716 : de Grasse-Mouans au Régent, Mouans [18/76/g]. [en tête :] Renvoyé à M. l’abbé Bignon, ce 4 décembre 1716 [de la main de Bignon :] sans réponse. SAR a méprisé cet avis. 17 décembre 1716 À Mouans41, près de Grasse en Provence, ce 18e no[vem]bre 1716 Monseigneur, VAR trouvera t elle bon que j’aye l’honneur de luy envoyer copie d’une lettre escritte à mon frère le baron de Mouans, mon cadet, par le nomé Ardisson qui demande son crédit dans une affaire, laquelle après avoir bien examiné avec mon frère, j’ay creu qu’il y avoit de l’intérêt du Roy et de VAR d’avoir l’honneur de luy en doner advis, et si VAR veut me permettre de luy expliquer ce que je pence au sujet du nomé Ardisson, j’auray l’honneur de luy dire que je crois que cet home là pourroit bien avoir le secret en fondant certaines pières qui se trouvent dans les montagnes de ce pais de Provence, de séparer facilement la matière crace avec celle qui est argentine et de bon aloye. L’on m’a asseuré, Monseigneur, que Mr le Maréchal de Vilar avoit doné les ordres pour le faire arretter à cause qu’il c’estoit évadé d’entre les mains du Sr de St Maurice, le tenant du depuis hors du royaume. Si VAR veut me faire l’honneur de m’adresser deux ordres séparés, l’un pour le faire revenir en France, je me persuade que je l’attireray certainement dans ma maison le château de Mouans. Le second ordre porteroit Monseigneur que je me rendroit le maistre de sa persone affin qu’il ne peut échaper, et alors, si VAR juge à propos que je vois par moy mesme, mon frère présent, l’épreuve de cette pierre par raport à la séparation des métaux dont on prétend qu’elle est chargée en façon qu’il y auroit une 4ème ou 5ème de bon, je fairois Monseigneur travailler cet homme apelé Ardisson en le guardant à veüe, dont j’aurois l’honneur d’instruire VAR avec 41. Mouans-Sartoux (Alpes-Maritimes).

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toute la régularitté, fidélitté et zèle que je dois au Roy et à VAR. Je suivray en cela, Monseigneur, les traces de mes ayeuls de mon nom qui ont toujour doné des marques de leur zèle et fidélitté pour leur Roy. Persone n’en a plus que j’en ay, estant Monseigneur dévoué pour le service et zèle de VAR. J’eus l’honeur de luy faire la révérence au mois de may dernier présenté par Mr le m[ar]quis d’Armentière. Il y a dix an, Monseigneur, que j’ay l’honneur de comender une compagnie de dragons au régiment d’Espinay, ayant auparavant servi quatre année dans les mousquetaires de la première compagnie de Sa Majesté, et j’ay cet advantage Monseigneur d’estre coneu de plusieurs persones de verteu et de méritte, de Mr l’abé de Fleury, l’antien évesque de Fréjus, de Mr le m[ar]quis de Brancas. Je suplie VAR d’estre bien persuadée que la plus grande gloire à laquelle j’aspire, c’est de pouvoir luy doner des marques de mon zèle aux ordres et intérêt du Roy et de VAR, estant avec un profond respect, Monseigneur, de VAR [etc.]. de Grasse Mouans cap[itai]ne de dragons au rég[ime]nt d’Espinay Joint : copie de la lettre d’Ardisson au baron de Mouans en date du 30 octobre 1716 [18/76/h]. Copie de lettre escritte à Mr le baron de Mouans par le Sr Ardisson. Mr J’oze me flatter qu’estant aussi indulgent et bienfaisant comme vous estes, vous me pardonnerés la liberté que je prans aujourdui et m’accorderés l’honneur de vostre protection en une affaire qui vient de m’arriver, dont la conséquanse en est si grande pour moi qu’il m’a fallu vuider le royaume et, comme il ne c’est passé en ma conduite rien qui aie porté le moindre préjudice au public mais bien à moi même, je me persuade que, vous, Mr, m’accordant l’honneur de vostre protection, je sortirai infailliblement du piège que je me suis moi même tandu, et comme il est nécessaire que vous soyiés instruit du vray de tout ce qui c’est passé, je vai prandre la liberté de vous en faire un juste récit. Il y a environ un an que j’enleva de la maison de mon père une quantité de vaisselle d’argent assés considérable et l’ayant portée à Marseille, quelques personnes de ma connoissance me firent connoistre qu’il faloit mestre cette vaisselle en lingots et en faire la vante en diverses fois, afin de ne pas estre découvert de la part de mon père, et il me fut pour cela procuré une personne qui prit mes lingots. Et, sur la dernière partie que je lui présanta, il voulut sçavoir d’où cela provenoit de manière que, pour me cacher de lui, je lui fis voir des pierres qui ont une couleur d’argent, l’assurant que c’estoit de là que je tirois mes lingots. Et, comme le dernier que je lui présenta, ne lui convient pas tant que les autres, il le remit entre les mains d’une d[emoise]lle pour le faire vérifier aux orphèvre. Cette personne s’adressa au nomé Lévêque qui aresta led. lingot et fut en faire une déclaration à Mr le Président de la Cour des

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monoys. Sur quoi, led. Sr Présidant fit arester la d[emoise]lle, le marchand qui les avoit receus de ma part qui fit la même déclaration qui je lui avois faite aud. Sr Présidant et, aiant esté apellé par son exant [lire exempt] et conduit devant lui, je trouva l’orphèvre, la d[emoise]lle qui lui avoit remis le lingot et le marchant qui les avoit resceus de ma part, qui m’interogea si ce que le dernier avoit déclaré estoit véritable. Je répondis qu’ouy et que c’estoit de ces mêmes pierres que je tirois mes lingots et sur le champ led. Sr Présidant relaxa led. marchant et la d[emoise]lle et m’arresta dans son apartement pour travailler devant lui et, comme je me trouva fort embarassé là dessus, je protesta aud. Sr Président qu’il eût la bonté de me laisser sortir pour acchetter quelques drogues qui me manquoint. Ce qu’il m’accorda sous la conduite de son valet. Et, aiant esté en compagnie dud. valet jusques à la porte des Réformés, je me sépara de lui brusquem[en]t et en me querellant, et c’est sur tout ce que dessus que mond. Sr le Présidant m’a déclaré prisonier d’estat, de sorte que comme ce décret n’est laxé que sur un faux exposé pour me tirer de la pêne où je me trouvois. J’oze vous suplier très humblement, Mr, de faire en sorte que j’en sois absous et déclaré inocent par vostre grand crédit d’autant mieux qu’il n’i a ici personne qui puisse se plaindre de rien que j’aie fait contre mon honeur que mes parents qui souhaittent avec la même ardeur ma liberté. Ce sera une éternelle obligation que moi et eux nous aurons et que nous joindrons à toutes les autres en attendant de les reconnoistre par nos fidelles obéissances à vos ordres. J’ai l’honneur d’estre avec un profond respect, Mr, vostre très humble et très obéissant serviteur. Signé Ardisson de Menton, le 30 8bre [octobre] 1716 Cette copie est transcritte de la main de Mr le baron de Mouans 25. - s.d. [1717 ?] : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/38]. Toulon Le coquillage appellé par les autheurs pinne marine, et en divers endroits nacre de perle42, mérite l’attention des physiciens. On dit qu’au printemps on le pesche fort communément aux environs de Toulon. L’académie qui voudroit faire quelques observations par raport à ce coquillage, auroit à demander : 1° si on en pesche assez aux environs de Toulon pour pouvoir ramasser une quantité un peu raisonnable de sa soye, et si on ne s’est jamais avisé à Toulon d’en faire des ouvrages, comme on en a fait à Palerme. En cas qu’il soit aisé de ramasser de cette soye, on en demanderoit. 2° On voudroit scavoir aussi si on ne pesche ce coquillage que par hazard aux environs de Toulon, en cherchant d’autres coquillages, ou si on le pesche 42. Cf. Réaumur, “ Observations sur le coquillage appelé Pinne marine ou Nacre de perle à l’occasion duquel on explique la formation des perles ”, HMARS (1717), p. 177.

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exprès pour faire quelque usage de sa soye ou de ses coquilles. À quelle profondeur d’eau on le trouve ordinairement. 3° On voudroit avoir quelques uns de ces coquillages des plus grands qui se peschent aux environs de Toulon, et qu’on prist la précaution de les faire sécher avant de les envoier, afin que le poisson restast sec dans sa coquille. 4° On auroit besoing d’avoir quelques autres de ces poissons mieux conservés. Pour cela, il faudroit après qu’ils seroient sortis de l’eau les mettre dans un petit baril plein d’eau de vie. On pourroit se contenter de conserver de la sorte des petis coquillages de cette espèce ou ceux d’une grandeur médiocre. 26. - 29 août 1717 : rapport de Hocquart sur la pine marine, Toulon [17/31]. 63 À Toulon, le 29e aoust 1717 Ce n’est que depuis quelques jours qu’on a pu parvenir à pescher le coquillage nommé pine marine et nacre de perle, que SAR Monseigneur le Régent a ordonné cy devant à Hocquart, intendant de la Marine de Toulon, de luy envoyer pour Mrs de l’académie des Sciences. On l’a pesché à près de 20 pieds d’eau, et j’en ay fait mettre huit de toutes grandeurs avec leurs coquilles dans deux barils avec de la saumure, parce que les pescheurs qui me les ont apportéz m’ont asseuré que le poisson se gasteroit plustost avec l’eau de vie, surtout par le long temps qu’ils seroient par les chemins. Et effectivement j’en avois mis quelques uns dans l’eau de vie quelques jours auparavant, que j’ay fait changer trois fois, parce que le limon que jette le poisson hors de la coquille l’avoit toute gastée. On a cru que le poisson se conserveroit mieux avec cette saumure à cause du raport ou de la simpatie qu’il y a avec l’eau de mer. J’ay encore fait mettre deux de ces poissons sans leur coquille dans un autre plus petit baril plein d’eau de vie que j’ay fait changer trois fois. J’en ay laissé sécher quelques autres dans leur coquille que j’ay ouverte. Après quelque tems, le poisson s’estoit trouvé si entièrement desseiché qu’il n’y avoit que des filamens et j’ay cru qu’il estoit inutile de l’envoyer parce que cela ressemble à une peau de parchemin retirée devant le feu. Ce coquillage est debout dans la mer attaché par la pointe aux rochers où l’on le pesche, ou pour mieux dire d’où on l’arrasche. La soye est attachée vers la pointe du coquillage, et il semble que ce poisson ne tire sa subsistance que par cette soye au moyen de laquelle il attire la vase et l’ordure dont il se nourrit. Hocquart43

43. Intendant de la marine à Toulon et dans toute la Provence (Almanach royal, 1717-1718).

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27. - s.d. [après août 1717] : demande de renseignements par Réaumur, minute [18/15/g]. Toulon Les coquillages qui ont été envoiés par Monsieur Hocquart à SAR Monseigneur le duc d’Orléans pour l’Académie, ont donné les instructions qu’on avoit souhaité. Ceux qui sont venus dans l’eau de vie se sont encore mieux conservés que ceux qui étoient dans l’eau de mer chargée de sel ajouté. Quelques racornis qu’aient parus les corps de ces poissons que Monsieur Hocquart a fait sécher, on les eust vu avec plaisir, pourvu que leur houppe de soye y fust resté attachée, et, si on les a conservé, on nous fera plaisir de nous les envoier. Nous voudrions aussi qu’on nous aprist de quels instruments on se sert pour pescher ces coquillages. 28. - s.d. : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/12]. 60 Toulon On nous a assuré qu’entre les isles de Porquerolles et de Porte Cros qui sont deux des isles d’Hyers, il y a un islot qu’on appelle Baguyer44 qui est tout rempli de cailloux transparents pareils à ceux de Médoc. On voudroit scavoir si le fait est certain, si les cailloux y sont aussi communs qu’on nous l’a dit. On voudroit aussi avoir de ces cailloux, des plus gros et des plus petis, des plus transparents et même des plus opaques, si il s’en trouve de différentes couleurs. On voudroit surtout qu’on s’attachast à les ramasser. On souhaiteroit aussi scavoir la nature du terrain où on les trouve. 29. - s.d. : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/19]. 18 Toulon Les mémoires de Monsieur Hocquart sur la manière dont on pesche les pinnes marines et sur les pierres de l’isle de Bageau [sic] nous ont donné les instructions que nous avions souhaité sur ces deux matierres. La description qu’il donne dans le second de la terre fine qu’on trouve au dessous des pierres à facettes, nous a donné envie de voir de cette terre. Nous demanderions aussi quelques livres de la pierre bleue de la montagne de Carqueiranne si il étoit aisé de les avoir.

44. Pour Bagaud, îlot au large de Port-Cros ; voir ci-dessous doc. 29.

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30. - 18 mars 1718 : Rocque à Réaumur, Marseille [18/42/a]. 36 de Marseille, le 18e mars 1718 Monsieur, En partant de Paris, vous me fitte l’honneur de me dire que lor que je feray quelque découverte de quelque mines qu’il en voulu [lire valût] la paine, que je vous feray plaizier de vous le faire ascavoir et dire, je vous diray, Monsieur, que depuis deux jour j’ay truvé [lire trouvé] la mine d’alun for abondante de la mesme qualité de celle de Rome et je vous diray que j’ay remis les pierre à Monsieur le Prézidant de St Morice pour pruvé sy tout va bien. L’homme qui avés le partir de l’alun de Rome a vérifié la pierre et la truve toute égalle à celle de Rome, le tout qui ne sait pas le tirer de la pierre mais qui fera venir un homme pour dresser la fabrique. Lor que je feray quelque découverte qu’il méritera de vous l’écrire, je m’an feray un honneur et suis avec respect, Monsieur, [etc.]. Rocque [au dos :] Monsieur Monsieur de Réaumeur à la rue de la Poterie, proche la graive, à Paris 31. - 13 avril 1718 : Rocque à Réaumur, Marseille [18/42/b]. de Marseille, le 13 avril 1718 Monsieur, Vous me permétré que je pranne la liberté encore cette fois puisque je n’ay l’honneur de recevoir aucune réponce des letre que je me suis donné l’honn[eu]r de vous écrire. Je pris la liberté de vous écrire que j’avès découver une mine d’alun que j’avès remis entre les mains de Monsieur le Prézidans de St Maurice pour en faire faire la pruve et, comme la pruve ce truve bonne et qu’elle sera de plus de valeur que celle de Rome par raport aux teinturier qui l’on tein de soyes, comme je vous envoyes deux échantillon que vous verrés dans l’incluze45. Je vous fait ascavoir que Monsieur le Prézidans de St Maurice a écrit deux fois à la cour pour cette afaire. Je ne sait à qui a écrit, mes il me dit que son Hastesse royalle verais ces letre et que je m’an misse pas en paine sur cella. Je vous prie, Monsr , de me faire acordé de mener le travail puisque c’é moy qui a découvrir cette minière, qu’ele sera d’une grosse hutillité à l’Étact à cauze qui ne sortira plus d’argent. Pour cella, sy j’oset vous dire que sy j’avès l’honneur de mener le travail, que je feray randre plus d’un million tous les années car la mine et de plus de conséquance que l’on ne pance et la grâce que j’espère de vos charité que vous et Monseigneur l’abet Bignon ne

45. Quelques fils de soie sont joints à la lettre.

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me refuzés pas cette faveur, puisque vous aviés tant pris de paine lor que j’était à Paris. Sy j’avès heut une permition, j’auray ouvrir bien de choze que je n’ay pas fait. La grâce que je vous demande, c’é de répondre à ma lètre. Je par pour aler voir une montaigne de fer que, sy elle fait ce que j’espère, elle sera aussy hutille que celle de St Jarvais46, car elle et plus proche de la mer et, lor que j’auray tirer le plant, je me donneray l’honneur de vous le faire scavoir et suis avec une profonde révérance, Monsieur, [etc.]. Rocque Je vous demande en grâce de me marquer sy dans Marseille lia quelque choze qui vous fasse plaizier comme à Monseigneur l’abet Bignon, car je ne sait comme me soumetre au service que j’ay receu de vos charité. Dieu sera mon défanseur. [au dos :] Monsieur Monsieur de Réaumur à la rue la Poterie proche la graive à Paris 32. - 17 mai 1718 : Rocque à Réaumur, Marseille [18/42/c]. 45 de Marseille, le 17 may 1718 Monsieur, J’ay receu la chaire vostre en datte du trante avril dernier, par laquele je vois que vous me continué l’honneur de vostre estime. Puis vous avés tant de bonté pour moy et que m’ofrais sy obligenment vos service, j’auray tort à refuzer une grâce sy huruze [lire heureuse]. Vous me marqués qu’il faux s’adresser à Monseigneur le Duc47 p[ou]r les privilège des mines, c’é à vous à qui faux que j’aye toute l’obligations, et pour ce éfait il faux que vous demandiés à mon non le privilège de la montagne de St Sirry48 qui et à une lieux et demy de cette ville, laquele et toute de roche d’alun et elle dure près de deux lieux de long[u]eur, comme aussy le privilège de la mine de plonb et les minière de charbon de pierre que son toutes en Provance. Il faut avoir les trois privilège à la fois car l’un san l’autre on ne pourroit rien faire. Il faut avoir pareilement le privilège d’ouvrir toute les autre minière soit d’or, d’argent, de fer, artifoux49, jallet, amatiste et agatte, lesquele son toute en Provance, que Monseigneur de Le Bret, intandant de cette province, vous an anvoyat un morceaux de chacun. Et j’espère que par le soin et paine que vous donnerés, il ne vous sera pas dificille de me faire avoir tous ces privilèges puisque que vous me marqués par la vostre que je pourray l’hotenir, et que le tout et à l’avantage de l’Ettat je ne suivray jamais que les ordre que j’auray de la cour. J’ay remis aujourd’huy à 46. Saint-Gervais, dans l’intendance de Grenoble. 47. Louis Henry, duc de Bourbon, surintendant des mines par lettres patentes du 30 août 1717. 48. Chaîne de Saint-Cyr (610 mètres) située à proximité de Carpiane, entre Marseille et Cassis. 49. Archifou ou alquifoux ; voir note 36, p. 110.

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la diligence un paquet à vostre adresse qu’arés la bonté de faire retirer, contenant deux morceaux de roche d’alun, un de la roche de l’alun de Rome, et l’autre de la roche de l’alun de la montaigne de St Sirry, et aussy une petite bouteille de l’eaux qui ce truve dans la montagne de St Sirry. C’é par cette heaux que j’an ay découver la mine que je vous prie vous mesme la faire ezaminer et la truverés aves la mesme qualité que je vous marque. Vous savés, Monsr, que sy je suis sy hureux d’avoir ces privilège tel que je vous demande. Vous participerés aussy bien que moy dans tous les profis, et que prandrés tel intérès que vous souéterés dans la compagnie que je feray, et estre persuader que je ne feray rien que au préalable je ne vous en ayes donné advis, et copie de tout mes santiment. Je vous le demande encore par grâce puisqu’il ne dépans que de vous que je fasse une fortune très considérable, de ne rien négliger de vacquer à me faire advoir ces privilège. Ce que j’espère de vous puisque en tout rencontre avés estet mon protecteur. An atendant l’honneur de vostre réponce, soufrés que je demure aves tout le respet posible puisque je suis, Monsieur, [etc.]. Rocque 33. - 2 juin 1718 : Rocque à Réaumur, Marseille [18/42/d]. de Marseille, le 2e juin 1718 Monsieur, Le dix sept du mois dernier, j’eux l’honneur de répondre à celle que de vostre bonté vous vous donâtes la paine de me écrire. Du depuis j’ay fait la révérance à Monseigneur de Le Bret, après l’avoir informé et fait voir la vérité que j’ay fait de la découverte de la mine d’alun. Il m’a dit d’an écrir à Monseigneur le duc, ce que j’ay fait par ce mesme ordinaire et luy ay demandé le dons des trois mines, savoir celle de l’alun, du plomb et de charbon de pierre que je vous prie protéger sy vous avés la bonté de voir Monseigneur le duc. Ne prétandant jamais rien faire que je ne vous en donne advis, pardonné la liberté que je prans à vous importuné sy souvans de mes lètre, vous me le avés permis. Je vous prie d’être persuader que je suis avec tout le respet posible, Monsieur, [etc.]. Rocque Je viendroit prézantement recevoir une lètre de Mons Lehaits [ ?] de Lion. Me marque avoir mis à la diligance de Paris le paquet que vous marqué que je vous ay envoyer et qui vous a donné advis par la poste. J’atant l’honneur de vostre réponce et m’informer de tout ce qui ce passe.

III.

ALENÇON

1. - s.d. [fin XVIIe siècle] : extraits des mémoires sur l’Alençonnais et le Perche rédigés “ pour l’instruction du duc de Bourgogne ”, copie annotée par Réaumur [17/47/c]. /fol. 1/ Mémoires sur le duché d’Alençon Les manufactures les plus considérables sont : [en marge1 : toiles] Celles des toilles à Alençon, qui sont d’une très bonne qualité et fort estimées dans le commerce. Il s’en fait un grand débit à Paris. Ce commerce occupe plus de 3 ou 400 ouvriers en la ville seulle sans parler des parroisses de la campagne. Par la supputation qui en a été faite, il peut aller par an à environ 60 000ll, mais l’on prétend qu’avant la guerre il alloit beaucoup plus loin, la retraitte des Relligionnaires qui étoient en grand nombre à Alençon et en faisoient le plus gros trafic, en ayant causé une grande diminution aussy bien que le manque de chanvre [en marge : chanvre], la pluspart des laboureurs ayant ensemencé les terres qui étoient propres de bled au lieu de chanvres, outre qu’il en a été enlevé la plus grande partie, comme il a été dit, pour les cordages des vaisseaux. L’on remarque que les ouvriers dont le nombre est aussy beaucoup diminué par les suittes de la guerre et par la mortalité arrivée en l’année 1693 et 1694, se forment dans le pays et en sortent peu. [en marge : toiles] Il se fabrique aussy de grosses toilles et communes à Vimoutiers et aux environs, de même qu’à Domfront, d’autres à Bernay appellées briosnes, et d’autres à Lysieux2 et autres lieux voisins. Les premières restent dans le pays pour l’usage des habitans, mais, à l’esgard de celles de Lysieux, le grand débit est dans les pays étrangers, pour celles qui sont claires, dont les marchands de Rouen font des magasins pour les transporter à Cadix en Espagne. Il y en a d’autres qu’on /fol. 1 v°/ appelle toilles fortes et blanchies, qui se transportent à Paris ; l’on tient que le commerce va à présent jusqu’à 250 000ll et est diminué de moitié depuis la dernière guerre. [en marge : point de France, leur origine] La manufacture des points de France est aussy une des plus grandes du pays. Ces ouvrages ont commencé à 1. Les annotations portées en marge sont de la main de Réaumur. 2. Lisieux (Calvados).

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Alençon où la plus part des femmes et des filles y travaillent au nombre de plus [de] 8 à 900, sans compter les ouvriers de la campagne qui sont en grand nombre. C’est un commerce d’environ 500 000ll par an. Ce point est appellé communément velain dans les pays. Le plus grand débit s’en est fait à Paris pendant la guerre, mais il augmenta beaucoup par la paix à cause du transport qui s’en fait aussy dans les pays étrangers. [en marge : étofes de laine] La manufacture des étoffes de laine fait aussy subsister un grand nombre de familles. Il s’en fabrique à Bernay appellées frocs, qui servent à habiller le menu peuple. Il en reste une partie dans le pays. Le surplus est enlevé par des marchands du Perche, du Maine et autres province voisines. [en marge : épingles] La manufacture des espingles est aussy de quelque considération. Il s’en fait à l’Aigle, Conches3 et autres lieux. Celuy de la vente et du principal débit est à Rugles, où les marchands forains des provinces viennent en achepter. Il y a plus de 6 à 700 ouvriers qui travaillent à cette fabrique, et l’on y élève les enfans dès l’âge de six à sept ans. [en marge : fonte de fer] L’on fait aussy dans les mêmes lieux des boucles, crochets, des pots de fer et marmittes de fonte, des éperons, des cloux, et touttes ces marchandises se débitent à Paris, Rouen, Orléans et en Picardie. /fol. 2/ [en marge : cuirs] La manufacture des cuirs, à Argentan, est aussy considérable. Il y a plusieurs tanneries et plus de cent ouvriers dans la ville seulle, où l’eau est très bonne pour l’aprest des cuirs, que les marchands font venir en poil du Pérou, de Barbarie et d’Angleterre. [en marge : verreries] Outre ces manufactures, il y en a d’une autre sorte, plus noble et dont le profit ne laisse pas d’estre considérable, ce sont les verreries. Celle de Nonant4 sur le bord de la forest d’Exmes à trois lieues d’Argentan. Celle de Tortisambert sur le bord de la forêt de Montpinson à cinq lieues de lad. ville, l’une et l’autre verreries entretenues par six gentilshommes qui font des verres de cristal de pierre ou chambourin, et de fougère, dont le nombre peut aller à 600 000ll par an pour chacune desd. verreries. Il y en a encore deux autres dans le Thimeraire5 où il y a à chacune pareil nombre de gentilshommes qui font des verres de fougère et de petits ouvrages en cristal, comme dans les premières. [en marge : mines et forges de fer] Le commerce le plus considérable est celuy de la fonte de fer, à cause du grand nombre de mines et de forges, qui se trouvent particulièrement vers Domfront et dans le pays de Houlme6, où les 3. 4. 5. 6. Athis

Conches-en-Ouche (Eure). Nonant-le-Pin (Orne). Thymerais, haute vallée du Loir. Le Houlme est une partie du département de l’Orne située entre la Ferté-Macé (au sud) et (au nord) ; elle est caractérisée par la présence d’un grès très fossilifère d’âge secondaire.

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plus considérables forges sont celles de Chansegray7, de Varennes8, Casrouges9, Rasnes10. Il y en a encore d’autres dans l’élection d’Alençon et celle de Conches, et touttes sont bâties sur le courant des rivières et proche les forêts ou bois taillis. Le produit de la fonte est dans l’élection seulle de Domfront de 80 000ll par an. [en marge : sabots] Il se fait encore plusieurs petits commerces, comme celuy de sabots qui sont beaucoup en usage parmy le menu peuple. Celuy des volaisles [sic] qui s’engraissent dans tout le pays d’Auge et autres lieux et se portent à Paris, celuy du boeure, des œufs dont il se transporte aussy une q[uan]tité en la même ville. /fol. 2 v°/ [en marge : eaux minérales] Pour les eaux minéralles, il ne s’en trouve point dans le pays sinon celles dont il a esté déjà parlé cy devant et qui sont dans la vicomté de l’Aigle en la parroisse d’Écubley11, lesquelles passent pour être bonnes pour le mal de la pierre. [en marge : salpêtre] L’on trouve aussy peu de salpêtre sinon dans l’élection d’Argentan, où les colombiers sont assés communs. [Réaumur ajoute :] n’a rien dit des diamants d’Alençon. Mémoire sur le Perche [en marge : mines] Pour les métaux et richesses sousterrainnes, il n’y en a point d’autres que la mine de fer que l’on trouve en plusieurs endroits, èz parroisses de Longny12, Moulicent et Marétable13. [en marge : toiles] Les manufactures les plus considérables de la province sont les toilles à Mortagne14 et les étamines à Nogent15. Ces toilles faites de chanvre qui sont fortes et propres à faire des paillasses, se transportent à Paris, à Rouen et à St Quentin. Et on voit par les registres de la vente que le commerce de ces toilles pendant la guerre a été porté année commune à deux centz cinquante mil livres et, auparavant la guerre, à plus de trois centz mil livres.

7. Champsecret (Orne). 8. Forge de Varenne, à Champsecret (Orne). Établie dans la seconde moitié du XVIe siècle, elle a été en activité jusqu’au Second Empire ; elle a été classée Monument historique en 1987. Voir Direction régionale des affaires culturelles de Basse-Normandie, Service régional de l’Inventaire général, La forge de Varenne à Champsecret, Orne, [Cabourg], 2003. 9. Carrouges (Orne). 10. Rânes (Orne). 11. Écublé, commune de Tremblay-les-Villages (Eure-et-Loir). 12. Longny-au-Perche (Orne). 13. Malétable (Orne). 14. Mortagne-au-Perche (Orne). 15. Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir).

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[en marge : étamines] Pour fournire et soutenir la manufacture d’étamine à Nogent, plusieurs marchands de Mortagne font commerce du fil dont on fabrique lesd. étamines, et le fil s’appelle communément fil d’étain. C’est un commerce en temps de paix de plus de 200 000ll par an. Le débit s’en fait partie dans le pays, à Paris, Tours, Rouen et Caen, et partie pour l’Angleterre et la Hollande. [en marge : papier] Le peu de papier qui se fabrique en lad. province y rapporte aussy quelque argent, quoyque la plus part de ce papier ne soit pas bon à escrire et ne serve que pour les épingles. Le[s] papetiers le transportent à l’Aigle et à Rugles qui sont les lieux où lesd. épingles se font. [en marge : fer] Mais le commerce n’approche pas de celuy du fer qu’on fabrique ès forges de la Frette16, Gaillon17, Randonné18 et Bresolette19 qui rapporte en laditte province plus de 50 000ll. On transporte ce fer à Paris, Chartres et autres villes voisines. 2. - janvier [1716 ?] : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/111]. Alençon janvier Les soings obligeants que s’est donné Monsieur l’Intendant d’Alençon pour procurer à l’académie des sciences des mémoires sur les cristaux font espérer qu’il voudra bien encore contribuer à étendre ses connoissances sur des matières plus importantes. [en marge : 1° à la ligne] Entre un grand nombre d’arts décrits par l’académie pour l’histoire générale des arts, sont compris la plupart de ceux qui regardent le fer. Mais on n’est point encore assez instruit sur ce qui regarde la fabrique du fil de fer. On prétend que le meilleur du roiaume et qui vaudroit peut être celuy d’Allemagne si on étoit attentif à le faire valoir, se tire dans la généralité d’Alençon. On auroit besoing de mémoires qui entrassent dans tout le détail possible sur la manière dont on le fabrique, qui suivisent le travail des ouvriers depuis qu’on dégrossit le fer jusques as qu’on l’ait conduit à la plus grande finesse qu’on scait luy donner, qui n’oubliasent pas même les circonstances qui semblent les moins escentielles. On voudroit y trouver jusques aux termes des ouvriers, car l’académie cherche à rassembler leurs termes aussi bien que leurs pratiques. Il seroit même à propos de faire venir des mémoires de différents endroits pour scavoir si les pratiques sont uniformes. D’ailleurs 16. 17. 18. 19.

Château de la Frette, à Saint-Victor-de-Réno (Orne). Les Gaillons, commune de Bazoches-sur-Hoënne (Orne) ? Randonnai (Orne). Bresolettes (Orne).

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l’on trouve dans un mémoire ce qu’on a passé sous silence dans l’autre soit par oubli, soit parce qu’on l’a cru peu important. On demanderoit aussi quelques échantillons du meilleur et du plus délié fil de fer que l’on fasse. 2° L’académie ne s’en tient pas à de simples descriptions des arts. Elle fait graver des planches où sont représentés les outils, les machines et même les attitudes principales des ouvriers. Si il [y] avoit quelqu’un dans le pais en état de desinner ce qui a raport au fil de fer, et qu’on pust faire joindre des deisseins aux mémoires, ce seroit donner des instructions complettes. On ne demanderoit pas des deisseins propres, ny finis. On les demanderoit seulement exacts. On ne s’embarasseroit pas fort que ce qu’on mettroit en perspective fust fort régulier, pourvu qu’on eust de bons profils et de bons plans, accompagnés d’une échelle. 3° Apparemment qu’on tire aussi dans la généralité d’Alençon de ce gros fil de fer qu’on appelle fil de chaudronnier, et que c’est ce gros fil qu’on rend ensuite si délié. L’académie n’a point encore le deissein de la machine avec laquelle on tire ce gros fil de fer, et elle auroit besoing d’en avoir des deisseins très détaillés. 4° Comme on a rassemblé des échantillons de la plupart des meilleures mines de fer du roiaume, on voudroit avoir quelques morceaux de celles qui sont le plus estimées dans la généralité d’Alençon, et des castines ou pierres qu’on emploie pour fondre la mine. 6° Dans divers endroits de la même généralité, on fond des marmites, des chaudrons de fer et diverses autres petites pièces. On auroit besoing d’un mémoire qui expliquast la manière dont on fait les moules de ces sortes d’ouvrages. 3. - 15 août [1716 ?] : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/107]. /fol. 1/ Alençon 15 aoust Les mémoires et les deisseins qui ont été envoiés par Monsieur Tourteille20, donnent déjà d’excellents éclaircisements par raport aux différentes matières sur lesquelles on en avoit demandé. Il nous reste pourtant à souhaiter quelques additions soit aux mémoires, soit au deisseins. Ce que nous avons déjà reçu nous les fait attendre avec impatience. Nous nous en promettons des instructions complettes.

20. Jacques Barberie de Saint-Contest de Courteilles (1675-1731), nommé intendant à Alençon en 1715, puis à Bourges le 6 février 1720.

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L’ENQUÊTE DU RÉGENT

Fabrique des épingles21 1° Nous avons surtout à demander d’amples suppléments au mémoire qui a été envoié sur la manière dont on fait les épingles. Quoique nous aions même déjà d’ailleurs des deisseins qui représentent ce qui y a raport, nous serons bien aise d’en avoir des outils et machines qu’on y emploie à l’Aigle et aux environs. Ce sont les plus fameuses fabriques du roiaume. Nous y voudrions trouver représentés tous les outils, machines, ustencilles, attitudes des ouvriers à commencer depuis la façon de dresser le fil de fer. Lorsque chez différents maîtres on se sert d’outils ou machines qui diffèrent en quelque chose, nous voudrions qu’on /fol. 1 v°/ [prît] la peine de les dessiner. Mais surtout nous demandons que ces deisseins soient faits sur une échelle qui donne bien exactement les mesures. 2° On voudroit avoir du fil de lèton dans tous les états où il est, depuis qu’on commence à le travailler jusques as que l’épingle soit finie. Quelles doivent être les qualités de ce fil pour qu’il soit le plus propre qu’il est possible à cet espèce d’ouvrage ? D’où tire t’on le meilleur ? 3° On souhaiteroit qu’on marquast combien de temps durent à peu près chaque façon. Par exemple combien, pour l’ordinaire, un ouvrier ajuste de tête dans un jour, et ainsi du reste. 4° En général on ne scauroit descendre en trop de détails, mais on en demanderoit principalement sur la manière de blanchir les épingles. On s’est contenté dans le mémoire de dire qu’on les fait bouillir dans une chaudière sur des plaques d’étain du plus fin, et on auroit souhaité y trouver combien on met d’épingles à la fois dans la chaudière, et dans quelle quantité d’eau, combien on les y fait bouillir, combien pesant on y met d’étain, l’épaiseur des plaques d’étain. Combien d’étain se consume à blanchir une certaine quantité d’épingles. La chaudière est elle de cuivre ? Ne met on dedans précisément que de l’eau et de l’étain ? Comme le terme d’étain le plus fin est quelquefois équivoque, on voudroit un échantillon de celuy qu’on emploie. /fol. 2/ 5° On auroit besoing précisément des mêmes détails sur la manière de blanchir les épingles de fer. On voudroit aussi qu’on ajoustast ce que la manière de les travailler peut avoir de particulier. 6° On voudroit aussi des mémoires sur tout ce qui a raport au travail de l’épinglier, comme la manière de faire les épingles noires, etc., les noms des différentes espèces d’épingles, et des échantillons de toutes les espèces. 21. On a retrouvé, parmi les papiers de Réaumur légués par lui à l’Académie des sciences, un projet de mémoire sur l’art de l’épinglier, accompagné de trois planches gravées, qui décrit en détail la fabrication des épingles à l’Aigle ; il sera publié par Duhamel du Monceau en 1761 avec des additions et des planches supplémentaires (G. Besson, Réaumur. Le savant qui osa croiser une poule avec un lapin, Le Château d’Olonne, 2001, p. 53). Sur les papiers de Réaumur, voir Chr. Demeulenaere-Douyère, “ Des ‘papiers’ de l’Académie des sciences à ses archives ”, dans Chr. Demeulenaere-Douyère et É. Brian (éd.), Règlement, usages et science dans la France de l’absolutisme, Paris, 2002, p. 469-485.

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Singularités d’histoire naturelle 1° On a vu avec plaisir les pierres étoillées qui se trouvent aux environs d’Alençon. On voudroit scavoir les noms des endroits où on les trouve. On auroit bien voulu que quelques unes eussent encore été engagées dans la pierre où on les rencontre. 2° On a déjà reçu cy devant des mémoires sur les diamants ou cristaux transparents des environs d’Alençon. On nous fera cependant plaisir de nous apprendre ce qu’on en scait. On aime surtout sur chaque matierre à avoir des mémoires de différentes mains. On voudroit bien avoir de ces diamants attachés à la pierre dans laquelle on les trouve, ou envellopés de cette pierre. La quantité qu’on en ramasse par an est elle considérable ? Y en a t’il de fort gros. En trouve t’on plusieurs ensemble. 3° On espère qu’on voudra continuer à nous instruire de ce qu’on découvrira de singulier par raport à l’histoire naturelle. /fol. 2 v°/ Fils de fer 1° Les deisseins qui représentent la manière dont on tire le fil de fer sont bien entendus et faits même avec plus de propreté et de soing qu’on ne l’avoit souhaité. Mais on a oublié d’y joindre une échelle et elle nous est absolument nescesaire lorsque nous les voudrons faire réduire en d’autres mesures. On voudroit aussi avoir de plus le plan de l’attelier où l’on forge, et celuy de la trifilerie. 2° Les tenailles et la pièce qu’on nome le chaînon aiant ensemble assez de longueur, on ne voit pas bien ce qui oblige les tenailles, chaque fois que leur queue est relevée par le ressort, à aller se placer de façon que le fil de fer se trouve entre leurs deux mordants. La main de l’ouvrier n’aide t’elle point à y conduire le fer. 3° Y a t’il plusieurs trifileries aux environs de l’Aigle. N’y en a t’il point qui aient plus de trois tenailles. N’y en a t’il point aussi dans le même pais qui fassent de plus gros fil de fer, où le fil de fer est tiré par deux rouleaux canellés qui tournent l’un sur l’autre. Si on connoit de ces espèces de trifileries, on en demanderoit un deissein. 4° Les roues des machines qu’on nous a envoiés sont elles mues par une chutte d’eau ou simplement par un eau courrante. 5° La dale qui est auprès de l’enclume sur laquelle est posé le fer forgés, contient elle de l’eau. Quelle est son usage ? 6° Apparement que les canes n’agisent pas en même temps sur les bras des tenailles. Il semble dans le deissein que deux agisent en même temps. /fol. 3/ 7° Le terrain où est placé la base de la trifilerie est il plus élevé que celuy où est l’ouvrier, et de combien. 8° De quelles forges vient le fer que l’on tire aux environs de l’Aigle.

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9° Ne fait on les recuits qu’au charbons ordinaires, sans rien mettre de plus dans le feu. Dans quelques endroits on recuit le fil de fer dans des pots de fer. 10° Ne tire t’on point de l’acier aux environs de l’Aigle, comme on en tire à Rouen. 11° Le fil qu’on tire dans le même pais est il propre à faire des cardes. En fait on d’aussi bon que celuy d’Allemagne. 12° Pendant chaque façon de combien fait on allonger le fil dans chaque trou. Fait on les filières dans le pais ou si on les tire d’ailleurs. 13° On auroit voulu trouver des deisseins séparés de la bache, des tenailles et des plus petites pièces. 14° Les agreilleurs polisent ils plusieurs fils à la fois. On a encore à demander leur attitude. 15° Que veut dire du fil à 12 onze, à six onces, etc. Manière dont on moule la fonte 1° Quoiqu’on ait expliqué avec soing dans le mémoire la manière dont on moule les marmites, on voudroit avoir de plus des deisseins d’un châssis pour mouler, et des différentes pièces qui servent à mouler les marmites et les chaudrons, de ces pièces mises dans le châssis et tout ce qui a raport à ce petit détail. 2° De quelle manière remplist on les moules de fonte dans la généralité d’Alençon. 3° On voudroit environ une livre pesant du sable qu’on trouve le meilleur pour mouler. 4. - s.d. : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/22]. Alençon Les derniers mémoires que Monsieur de Courteille a envoiés à SAR Monseigneur le duc d’Orléans et les deisseins qui sont joints, sont faits avec tout le soing et toute l’intelligence possibles. Ils nous ont donné tous les éclaircisements que nous avions souhaité. Nous sommes sûrs que le mémoire et le deissein qu’il nous fait espérer sur la fabrique des cardes à carder sera dans le même goust. Nous souhaiterions avoir de pareilles instructions sur celle des poesles à frire. On nous a assuré qu’on en faisoit dans des forges de la généralité d’Alençon. Nous verrions avec plaisir deux des filières de Corboyer22 dont on nous a si bien décrit le travail ; nous voudrions des plus petites. 22. Château de Courboyer, à Nocé (Orne) ?

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Nous eussions été bien aise qu’on eust ajouté au mémoire exact qui a été envoié sur la manière dont on mousle les marmites en terre, en quelle proportion a [été] meslé la fiente de cheval avec la terre, si on mesle cette fiente sans la préparer et si on prend de toute sorte de fiente sans choix.

IV.

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1. - s.d. [envoyé avec une lettre du 30 mars 1716] : demande de renseignements par Réaumur [minute en R/6/86 et copie au net en R/6/73]. /fol. 1/ Strasbourg Monsieur d’Angervilliers1 procura il y a plusieurs mois à l’académie des Sciences d’excellents mémoires sur les arts les plus cultivés dans le Dauphiné. On ose espérer qu’il voudra encore contribuer à étendre ses connoissances sur ce qu’il y a de singulier, dans sa nouvelle généralité, soit par rapport à l’histoire naturelle, soit par rapport aux arts. On a appris que l’on travaille depuis quelque temps les mines de Sainte Marie, et que ce sont divers particuliers de Strasbourg qui en ont fait l’entreprise. On a ouï parler de ces mines d’une manière qui a fait extrêmement souhaiter d’avoir des mémoires détaillés de ce qui les regarde, et qui apprisent : 1° quels sont les différentes mines des environs de Sainte Marie. On nous a assuré qu’il y en a de plomb, de bismuth, qu’on tire du zafre et de l’azur de celles de bismuth, et enfin qu’il y en a d’argent. 2° de quelle manière on travaille chacune de ces différentes mines. On ne souhaiteroit pas seulement /fol. 1 v°/ qu’on donnast une idée grossière des procédés ; on souhaiteroit qu’on volust se donner la peine de descendre jusques aux plus petites minuties, qu’on craignist toujours d’être trop court et jamais d’être trop long, qu’on n’oubliast pas mêmes les noms que les ouvriers donnent à chaque façon. Ce qui le regarde la préparation de l’azur excite surtout notre curiosité. 3° On seroit aussy charmé de voir des échantillons de toutes ces différentes mines, des échantillons de ces mines dans les états où elles se trouvent après chaque préparation, des scories qu’on en sépare, des corps étrangers qui se trouvent dans les mines, et enfin la matière dans sa perfection. On nous a assuré qu’on trouve dans ces mines de l’argent en rubis. Si on se donne la peine de nous procurer ces échantillons, il sera nescesaire aussy de se donner 1. Après avoir été intendant à Alençon (1702) et à Grenoble (1705), Nicolas Prosper Bauyn d‘Angervilliers (1675-1740) est nommé intendant en Alsace le 8 octobre 1715, il le restera jusqu’en 1724 ; il sera ensuite intendant à Paris (1er mars 1724), puis secrétaire d’État à la Guerre (1728) et ministre d’État (1729).

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celle d’envelopper chaque morceau dans un papier qui ait une étiquette qui apprenne ce que le papier renferme. 4° Si on avoit quelqu’un à portée de lever les desseins des machines, des outils, des fourneaux, on nous mettroit encore plus en état de profiter des mémoires qu’on voudra bien nous communiquer. On ne demanderoit pas des desseins finis, mais exacts, faits sur une échelle qui donnast précisément les grandeur de chaque partie du dessein2. [en marge de la copie au net, de la main de Réaumur :] 5° On auroit aussi à demander sur les mines de Geromani des mémoires pareils à ceux qu’on a demandé sur les mines de Ste Marie. On dit que ces mines sont fort négligées quoique ce soit peut être celles du roiaume qui mériteroient le plus d’être travaillées avec soing. /fol. 2/ On nous a appris aussi qu’aux environs de Strasbourg il y a des moulins mus par l’eau, où l’on taille les cristaux des lustres et l’agathe. On souhaiteroit fort aussi des mémoires sur ces moulins et surtout des desseins [la copie au net ajoute :] et qu’on voulust nous marquer en détail les différentes manières dont on travaille l’ag[a]the et les cristaux, de quels endroits on les tire. On nous a assuré qu’en quelques endroits des environs de Strasbourg, les paisans gagnent leur vie à ramasser les paillettes d’or que le Rhin roulle et que, depuis quelques années, on en trouve dans son sable plus que cy devant. Si le fait est certain, on seroit bien aise d’avoir un mémoire sur la manière dont les paisans ramassent ces paillettes, et d’avoir aussi pesant quelques grains de ces paillettes. Il y a peut être quantité d’autres choses curieuses dans l’Alsace qui regardent les arts ou l’histoire naturelle, sur lesquelles nous demanderions des lumières si nous scavions quelles y fusent. Ce seroit nous mettre en état de nous instruire que de nous indiquer ce que cette généralité a de singulier par rapport à l’une et à l’autre matière, mais ce seroit aussi se mettre en risque d’être fatigué par de nouvelles questions [la copie au net ajoute :] car en géné-

2. Répondent à cette demande de Réaumur les dessins : 1ère feuille, Sainte-Marie : “ Carte des environs de Ste Marie aux mines pour servir à faire connoitre les endroits où l’on a recomencé de travailler aux mines d’argent, de cuivre, de plomb et d’azur dans la partie d’Alsace, ce qui est marqué sur les trois feuilles volantes y attachées ” ; 2e feuille, Sainte-Marie : “ Plans et profils du bâtiment et des fourneaux construits dans la vallée de Ravental, à une demie lieue au dessus de Ste Marie, pour servir à la préparation de l’azur ” ; 3e feuille, Sainte-Marie : “ Plan du rez-dechaussée du bâtiment et des moulins construits dans la vallée de Raventhal pour la préparation de l’azur ” ; 4e feuille, Sainte-Marie : “ Profil coupé au travers du bastiment dont le plan est sur la troisième feuille suivant la ligne marquée audit plan WY ” ; 5e feuille, Sainte-Marie : “ Plan du bastiment de la fonderie des mines contenant plomb, argent et cuivre, établis dans la vallée de Raventhal ” ; 6e feuille, Sainte-Marie : “ Outils pour la fonderie des méteaux d’argent, de cuivre et de plomb ”, “ Outils pour la fonderie de l’azur ”, “ Outils de mineur ”, “ Profil des galleries et rameaux des mines, pour faire voir de la manière que les ouvriers y travaillent, tant pour excaver le roc que pour en sortir les débris ” ; 7e feuille, Sainte-Marie : “ Desseins des outils dont les laveurs d’or se servent pour tirer l’or des sables du Rhin ” [cotés 16/1/a, reproduits ici Fig. 4 à 9].

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ral on voudroit avoir des mémoires sur toutes les terres singulières, matières minérales, pierres, marbres, cristaux, ag[a]thes qui se trouvent dans l’Alsace. 2. - 12 juin 1716 : placet des mineurs de Giromagny adressé au Régent, s.l. [16/11/a 3]. /fol. 1/ [en tête :] Copie du placet qui a été remis le 12 juin 1716 à M. Lecocq, m[aîtr]e des req[uê]tes, siné [lire signé] de 80 m[aîtr]es4 pour être p[rése]nté au Conseil de la régence par M. Lenfant, avocat aux Conseils. À son Altesse royale Monseigneur le duc d’Orléans, régent de France Monseigneur, Vous remontre et expose très humblement la comuneauté des mineurs de Giromagny, Lepuix et Auxelle Haut au nombre de plus de deux cens familles par le fait des sousinés et ont fait leurs marques, étant du nombre qui ont travaillé jusqu’à présent dans les fosses desdites mines dudit lieu sans y comprendre sept ou huit comuneautés aux environs desdites mines qui font encor près de deux miles familles, qui ont toujours gaigné leur vie par le moien desdites mines jusqu’à présent les uns par leurs travaux, les autres par ventes et fournitures de danrés qu’ils vendoient aux marchés établis à Giromagny pour les mines qu’il s’en va détruire, se voiant à la veille d’estre ruinés et réduit par /fol. 1 v°/ l’abandonement et destruction desdites mines qu’on leur a fait faire depuis peu, osent dire dans la pure vérité que le Conseil de Sa Majesté et cellui de M. le duc de Mazarin5 ont été mal informés par ceux qui leur ont fait entendre que les mines y étoient ruinés [en marge : inondées trop profonde et sans espoir de les pouvoir vuider] et que les machines n’en peuvent tirer les eaux. Ce raport a été mal fondé et a surpris le jugement et le conseil de M. le duc de Mazarin, atendu qu’il n’i avoit que le fond de la mine de Phénithourn6 qui l’étoit seulement depuis la gelée de l’hiver dernier ; dans la mine de Saint Jean, il y a d’autres ouvrages que le fond où l’on peut tirer de la mine de plomb sufi-

3. Autre exemplaire en 16/11/c, avec quelques variantes orthographiques. 4. L’exemplaire 16/11/c indique : maîtres mineurs. 5. Giromagny (Territoire-de-Belfort), situé au cœur d’une zone riche en cuivre et en plomb argentifère, dépendait de la seigneurie de Rosemont. En décembre 1659, celle-ci fut donnée par le roi au cardinal de Mazarin, avec les villes de Belfort, Thann, Ferrette, la baronnie d’Altkirch et les seigneuries de Delle et d’Issenheim. A la mort du cardinal, ces biens passèrent à son neveu, Armand-Charles de la Porte, duc de Mazarin, gouverneur d’Alsace. Des mines furent exploitées à Giromagny jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Sur ces mines et celles des environs, voir Philippe Hosatte, La montagne d’argent. 6. Pfennigthurm, à Lepuix (Territoire-de-Belfort).

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sament pour fournir aux fontes des mines d’argent qui n’ont point été inondées. Les machines de la mine de Phénithourn pouvoit encore tirer les eaux du fond par leurs mouvements ordinaires pendant plus de dix ans, après quoy on les pouvoit encore soulager par une roue. Cette mine auroit été vide dans un mois ou six septmaines au plus, avec les mêmes /fol. 2/ machines qui y étoient actuellement. Les ouvriers auroient retravaillé. Ces ouvrages qui s’étoient trouvés meilleurs par une nouvelle veine que l’on avoit découvert depuis environ neuf ou dix mois, n’a point été visitée par l’inspecteur. Elle est meilleur qu’elle n’a été depuis dix ans. Les mines de Saint Pierre, Saint Nicolas n’étoient pas inondées et les machines tiroient les eaux de la même profondeur qu’elles ont toujours tiré depuis cinquante ou soixante ans. Par conséquent, il est visible que ceux qui ont fait entendre à M. le duc de Mazarin d’abandoner ces mines, n’y ont pas la conoisance requise ou ont des veües sinistres et inconues aux exposans, les mines n’étant pas dans un état à les abandoner par leur stérilité puisque, malgré les mauvais tems et la cherté qui ont reigné cy devant, l’on en tiroit encor six cens marcs d’argent avec quinze et seize miliers de cuivre en rosette par chacune année. La prompte destruction desdites mines a fort surpris les exposans /fol. 2 v°/ qui s’atendoient que le Conseil ne consentiroit point à une pareille destruction sans avoir une certitude certaine et évidente de l’état desdites mines qui, depuis plus de douze ans en ça, n’avoient été sy abondantes qu’elles sont, et sans avoir fait faire une visite générale de l’état du tout. Ce que la cour auroit pu faire, ou M. le duc de Mazarin en faisant information sur les lieux par un comissaire non suspect, ce qui certainement auroint empêché la surprise de jugement du Conseil et la destruction et abandonement desdites mines qui faisoit la plus forte partie de l’abondance de l’argent dans la province d’Alsace qui soufrira beaucoup par l’abandonement desdites mines, aussy bien que les familles des exposans n’aïant d’autre industrie et comerce dans cette province que le travail desdites mines. Toutes les dettes que M. le duc de Mazarin a fait pendant sa régie desdites mines, ont été causés par la guerre, la rareté de suif, par la mortalité des bestiaux et la cherté des autres danrés qui a été presque /fol. 3/ dans tout le royaume. Cela ne doit pas surprendre. On pouroit adjouter quelques ancienes mines qui avoient été autrefois abandonés par les archiduc, qu’on a voulu rétablir, qui n’ont pas réussy. La disete et la famine que les pauvres ouvriers ont souferts pendant plusieures années diminuoit leur force dans un ouvrage aussy pénible que celuy du roché. Ils comançoient à reprendre vig[u]eur et espérant de beaucoup augmenter le produit desdites mines à la suitte et éfacer les dettes que l’on a représenté au Conseil de Sa Majesté. Ce sont les véritables raisons pour lesquelles tant de familles qui se voient à la veille d’estre réduites à la mandicité, ont recours à VAR, à ce qu’il lui plaise de faire continuer les travaux desdites mines pour les faire subsister comme cy devant dans les mêmes droitures et franchises, sans quoy les suplians ne pouront subsister ny satisfaire aux deniers royaux. /fol. 3 v°/ Ils

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seront peut être obligés d’abandoner non seulement la province, mais le royaume pour chercher à subsister dans les païs étrangers, n’aiant d’autre profession que de travailler dans les mines. Les suplians qui espèrent cette grâce continuront leurs prières vers le ciel pour la conservation de VAR. 3. - s.d. : mémoire prévisionnel de dépenses pour un voyage aux mines d’Alsace [16/11/b]. /fol. 1/ Mémoire des dépences nécessaires pour un voiage en Alsace, aux mines de Gyromani7, à celles de la vallée de St Armarin8 et à celles de Ste Marie. Ce voiage ne scauroit guère se faire en moins de six semaines. Outre les mines de Geromani9, il faudra rester quelque temps aux mines d’argent et de cuivre de la vallée de St Amarin où l’on travaille depuis peu. Mais les mines des environs de Ste Marie10 tiendront beaucoup de temps. Elles méritent attention. Mr d’Angervilliers en a envoié des échantillons d’argent en filigrame aussy beaux que ceux qui viennent du Pérou. D’ailleurs il y a dans le même pais des mines de cobolt dont on fait l’azur. Ce qui est de fâcheux, c’est qu’on assure que tous ces nouveaux établissements sont chancellants. Pour ce voiage, il faut deux académiciens, un dessinateur et un valet. Il y aura tant à aller qu’à revenir environ six vingt postes dont la dépence avec celles des autres voitures qu’on sera obligé de prendre pourra aller à .............................................................................................................1000ll. Il faut achepter une chaise de poste à deux, bonne et solide, qui coûtera peut estre ..............................................................................................................500ll. Pour un dessinateur 5ll par jour ..............................................................225ll. /fol. 1 v°/ Pour quarante cinq jours de nourriture de quattre personnes à 20ll par jour ..................................................................................................990ll. Sommes des dépenses précédentes ..................................................... 2 715ll. À quoy il faudroit ajouter les dépences extraordinaires qu’on ne peut prévoir. On sçait seullement qu’il y aura de l’argent à donner aux ouvriers dont on voudra tirer des instructions, qu’il faudra souvent donner à manger aux officiers des mines, de sorte que l’on ne croit pas que la dépense du voiage puisse aller à guère moins de 3 500ll. Ce qui est de sûr, c’est que l’intention de Mrs Lémery11 et de Réaumur n’est pas de profiter sur le voiage et qu’ils s’engage-

7. Giromagny. 8. Saint-Amarin (Haut-Rhin). 9. Giromagny. 10. Sainte-Marie-aux-Mines (Haut-Rhin). 11. Il peut s’agir de Louis Lémery (1677-1743) ou de Jacques Lémery, dit le Cadet (16781721), tous deux fils de Nicolas Lémery (1645-1715) et membres de l’Académie royale des sciences comme chimistes.

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roient volontiers à raporter ce qu’ils auroient de reste de ce qui leur auroit été ordonné. 4. - 27 juillet 1716 : d’Angervilliers au Régent, Strasbourg [16/1/b]. 91 21 À Strasbourg, le 27 juillet 1716 12e Monseigneur, VAR m’a fait l’honneur de m’envoyer avec sa lettre du 30 du mois de mars dernier un mémoire de l’académie des Sciences par lequel plusieurs éclaircissements me sont demandéz sur la nature et le travail des mines d’Alzace. Je souhaite, Monseigneur, qu’il vous paroisse par le mémoire cy joint acompagné de plusieurs plans12 et des échantillons des mines dans tous les états après chaque préparation, que j’ay satisfait à l’ordre dont VAR m’a honoré. Si l’on désire quelque chose de plus, j’espère que je me trouveray en état d’y répondre promptement. Je suis avec un très profond respect, Monseigneur, [etc.]. d’Angervilliers 5. - 5 septembre 171613 : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/103]. 5 septembre 1716 Strasbourg Les mémoires que Monsieur d’Angervilliers procura à l’Académie pendant qu’il étoit en Dauphiné, avoient appris ce qu’elle devoit se prommettre de ses soings. Les nouveaux mémoires qu’il vient d’envoier d’Alsace ont parfaitement rempli son attente. Les faits y sont rapportés et expliqués avec tout l’ordre et toute la netteté possible, les deisseins qui les accompagnent sont faits avec toute l’intelligence possible et les différens échantillons de matierre ont été bien choisis. Comme il n’est cependant pas possible de trouver tout dans les premiers mémoires, nous y demanderons encore quelques suppléments, et nous les demanderons d’autant plus volontiers que nous sommes sûrs de les avoir excellents. 12. Voir “ Plan et profil d’un moulin où l’on taille présentement les grenats sur le ruisseau proche de Fribourg et qui servoient autrefois à tailler les agathes et les cristaux ” [Fig. 10 et 10 bis : e feuille, cotée 16/1/a]. 8 13. Transmise à l’intendant avec une lettre du 24 novembre 1716.

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[…]14 On espère que Monsieur d’Angervilliers voudra bien nous instruire de ce qu’il découvrira de nouveau dans sa généralité soit par raport à l’histoire naturelle soit par raport aux arts. 6. - 1er février 1717 : d’Angervilliers au Régent, Strasbourg [17/55/o]. 10 1717 À Strasbourg, le 1er février 1717 Monseigneur, Pour satisfaire aux ordres que VAR m’a donné par sa lettre du 24 du mois de novembre dernier, j’ay dressé un nouveau mémoire des éclaircissements qui me sont demandéz par l’académie des Sciences concernant le travail des mines d’Alzace. Je l’envoye aujourd’huy à M. l’abé Bignon, avec une caisse contenant des échantillons de mines et de terres et quelques nouveaux desseins qu’on a désiré d’avoir. Je souhaite que par le compte qui sera rendu à VAR de ce détail, elle soit contente de mes soins. Je suis avec un très profond respect, Monseigneur, [etc.]. d’Angervilliers 7. - 1er février 1717 : d’Angervilliers à Bignon, Strasbourg [17/55/h]. À Strasbourg, le 1er février 1717 Je regarde, Monsieur, comme votre ouvrage le mémoire qui m’a été envoyé le 24 9bre [novembre] dernier par SAR pour me demander au nom de l’Académie des Sciences quelques nouveaux éclaircissements sur le travail des mines d’Alzace. Je fais partir aujourd’huy par le carosse une caisse contenant non seulement ma réponse, mais encore quelques nouveaux desseins qui représentent ce qu’on a désiré savoir, et aussi plusieurs échantillons de mines et de terres qui ont été demandéz. Je souhaite de tout mon cœur que SAR et vous soyés contents de mes soins. En tout cas ne me ménagés point, s’il vous plait, je me livreray toujours très volontiers à ce qui pourra me procurer l’honneur d’être en relation avec vous. Je compte que la voiture arrivera à Paris le 15 de ce mois, le bureau est dans la rue de la Verrerie. Je suis avec respect, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur. d’Angervilliers

14. Les onze points sur lesquels Réaumur demande des éclaircissements figurent dans le mémoire joint au doc. 7, ci-dessous.

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Joint : réponse de l’intendant à la demande de renseignements de l’Académie des sciences [16/1/c]. /fol.1/ 1717. 10 Alsace Second mémoire de Mrs de l’Académie des Sciences15 1° On joint icy les profils différents 1° On auroit souhaitté que les desseins de ces fourneaux16 attachés à une copie des fourneaux à fondre les mines de cuivre et argent eussent été aussi détaillés que le des desseins de la 5e feuille qu’on a envoyé en répondant au premier sont ceux qui servent à la préparation de mémoire. l’azur. C’est à dire qu’on y eust de même joint des profils de ces fourneaux pris en différents sens. Les veines des mines d’argent pur 2o On auroit aussi souhaité trouver ne se suivent point ; cela se trouve par dans le mémoire les dimentions de la hazard dans la veine du cobolt comme pluspart des veines de mines dont on y dans des petites niches d’un pouce et parle. Par exemple, combien ont de demy de diamètre et rarement plus. largeur depuis le plus jusqu’au moins, Cependant les nouveaux entrepreneurs etc. les veines de cobolt ou d’azur, ont trouvé une niche dans le commence- combien en avoient les veines d’argent m[en]t de leur travail de 10ll d’argent pur, cru et les veines de mine d’argent et souvant de 2, 3 et 4 onces. rouge ou couleur du rubis. La veine de cobolt ou de l’azur ne continue pas non plus. Ils en ont trouvé qui avoient jusques à 3 pieds de large, mais cela n’a duré que très peu, après quoy elle s’est divisée en plusieurs branches dont la pluspart se sont perdues et devenues à rien. La veine de la mine rouge tirant sur 3° On voudroit sçavoir si les veines le rubis est aussi sans suitte et se trouve de cobolt, de mines d’argent cru et de encore par hazard parmi des veines de mine rouge se trouvoient meslées les mines d’argent dont le quintal ne produit unes dans les autres, ou si elles étoient qu’environ un marc. Ils n’ont trouvé de séparées, en un mot ce qu’on sçaura cette sorte de mine que dans l’attellier par raport à la disposition. du Petit Lièvre qui, comme on le peut voir par le premier mémoire, a été abandonnée. Réponse

15. La colonne de droite reprend les onze points de la demande de renseignements rédigée par Réaumur, en date du 5 septembre 1716 (voir ci-dessus, doc. 5), transmise le 24 novembre 1716. 16. Ce mémoire est à mettre en relation avec les deux dessins suivants : “ Plan du bâtiment de la fonderie des mines contenant plomb, argent et cuivre, établis dans la vallée de Raventhal ”, qui comprend aussi des “ profils des fourneaux représentés sur la feuille cy joint, dont les indices ont relation avec ceux du plan ” [5e feuille [1717. 10], coté 16/1/a, publié ici Fig. 11 et 11 bis] et “ Attitude d’un ouvrier qui lave les sables du Rhin dont on tire de l’or, pour joindre au dessein de la 7e feuille envoyé avec le premier mémoire ” [7e feuille [1717. 10], coté16/1/a, publié ici Fig. 12].

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/fol. 1 v°/ On joint icy un échantillon des cristalisations ou spots qui se trouvent dans les atteliers des mines aux environs de Ste Marie. Les mineurs font différence du spots à la cristalisation. Ils disent que ce n’est pas une même chose. Et c’est pour cette raison qu’on envoye un échantillon de chaque espèce, n° 16 et 17. Il y a cependant apparence qu’ils se trompent puisque, faisant fondre ces matières, elles ne produisent rien que de l’eau. L’on ne trouve pas à présent autre échantillon de mine rouge que celuy enfermé dans la boëte n° 18, qui est enveloppé par la matière étrangère qui l’environne. Cette matière étrangère se trouve quelque fois large et quelque fois très mince. On joint icy dans le paquet du n° 19 six livres pesant de cobolt ou mine d’azur tel qu’il sort de la mine, comme il est désiré par l’article cy contre. L’on n’observe pas de mettre une quantité réglée de cobolt pulvérisé dans le four à la fois où on la brûle. Mais on observe seulement de n’en mettre sur la superficie de l’âtre du four que sur un pouce et demy d’hauteur, sans quoy on auroit de la peine de le bien remuer et de le faire brûler également. C’est le maître qui est chargé de la préparation de l’azur qui connoît à la couleur lorsqu’il est tems de le sortir du four et que le poison en est assé évaporé. Le maître tient cette connoissance pour un secret dont il ne veut faire part personne. À l’égard des cailloux pillés qu’on brûle, on en met 4 pouces sur la hauteur de l’âtre du fourneau. Il n’y a point de tems fixé pour les y laisser, cela dépend de l’ardeur du feu et, dès que cette cendre de cailloux est bien rougie, après avoir été remuées plusieurs fois, on l’oste du four. /fol. 2/ On trouvera cy joint n° 20 un échantillon de la potasse dont on ce sert pour l’azur. Il y en a de deux façons, l’une

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4° Si on pouvoit avoir en entier quelque morceau de mine rouge qui eût toute la largeur de la veine et qui tînt des deux côtés à la matière étrangère qui l’environne, on le verroit avec plaisir. On souhaitteroit de même avoir de cette espèce de mine des échantillons de toutes les différentes nuances dont on en trouve. Si on en trouve de différentes nuances ? Si on en trouve aussy dans ces mines des cristalisations ou spots de différente couleur, on en demanderoit des morceaux.

5° On auroit aussi à demander cinq à six livres pesant de cobolt ou mine d’azur tel qu’on le tire de la mine. On a des expériences à faire sur cette mati[è]re. On a oublié de marquer dans le mémoire combien on met à la fois de cobolt pulvérisé dans le four où on la brûle. On n’a pas non plus marqué pendant combien de tems on brûle les cailloux et combien on en brûle à la fois.

6° On pourra nous envoyer de la potasse dont on se sert pour l’azur, si on veut se donner la peine de la mettre dans

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commune et l’autre fine. La qualité est marquée sur chaque bouteille nottée du même numéro. Les cendres de bois de sapin donne la meilleur potasse. Six quintaux de ces cendres donnent un quin[t]al de potasse fine. Quand les cendres sont d’autres bois, il en faut jusqu’à 8 quintaux pour faire un quintal de potasse commune. C’est seulement pour conserver de la netteté dans l’azur qu’on la plonge dans l’eau et pour la détacher de la cuillière de fer avec laquelle on la tire des creuzets, outre que la condansation précipitée rend l’azur plus aisé à piller. On fait de l’azur de différentes façons et de différentes qualitées, ainsy qu’on peut voir par les trois échantillons cy joints. Le plus beau, n° 21, se fait en mettant une livre de cobolt brûlé avec 6ll de poudre de cailloux brûlés. Le second n° 22 se fait avec une livre de cobolt et 8ll de poudre de cailloux. Et le 3e d’une livre de cobolt et 10ll de poudre de cailloux. Et, suivant cette proportion arithmétique, on en peut faire de plusieurs degrés, mais l’on ne fait usage que des trois qualitées cy dessus mentionnées. On a trouvé par une épreuve qui a été faite que la mine de la vallée de St Amarin dont on a envoyé un échantillon, produit 4 onces d’argent et 23ll de cuivre par quintal. /fol. 2 v°/ On ne peut pas sçavoir la quantité d’or qu’on tire par année des sables du Rhin, mais ce qu’on peut assurer est que cela va à peu de chose, les ouvriers ne s’occupant à cette ouvrage que dans des tems qu’ils ne trouvent pas à s’occuper plus utilement. La ville de Strasbourg qui a privilège de faire tirer de l’or desd. sables à plus de deux lieues d’étendue sur le Rhin, n’en tire qu’environ 5 à 6 onces au plus par année.

une bouteille. Sçait’on ce qu’une certaine quantité de cendre donne de potasse ? Et sçait’on quel est l’espèce de bois dont les cendres donnent le plus de potasse, celle qui donne la meilleure potasse.

7° Y a t’il quelque raison particulière qui oblige à mettre le verre d’azur dans l’eau aussitôt qu’il est retiré du fourneau, ou si c’est seulement pour le refroidir.

8° Ne fait’on pas de l’azur de différentes nuances plus ou moins foncées ? Et alors n’augmente t’on pas la doze de cobolt par raport aux autres.

9° On n’a point marqué ce que contiennent de métal les mines de la vallée de St Amarin dont on a envoyé des échantillons. 10° Sçait on à peu près la quantité d’or qu’on retire par an du sable du Rhin ? On a vu avec plaisir ce sable qu’on a trouvé accompagné d’un trop gros morceau d’or. On auroit été bien aise de voir de plus du même sable moins précieux, c’est à dire meslé comme il l’est lorsqu’il s’atache à la planchette qui est recouverte de morceaux de drap. Il ne manqueroit rien aux desseins qui regardent ce petit travail sy on y eût joint l’attitude d’un ouvrier occupé à laver le sable.

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L’on joint icy un échantillon du sable tel qu’il est lorsqu’on lève les morceaux de drap attaché à la planchette, n° 23. Sur le dessein n° 7, on trouvera l’attitude de l’ouvrier occupé à laver le sable. On trouvera cy joint les attitudes des ouvriers qui travaillent sur les roues soit à débroutir, soit à polir les grenats, avec le dessein des ouvriers qui les percent, comme aussi les desseins des outils dont ils se servent. Le tout ajouté à une copie du dessein de la huitième feuille qui accompagne le premier mémoire. On trouvera encore dans la boëtte marquée n° 24 un échantillon de la terre qu’on appelle potée.

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11° On auroit souhaitté de même qu’au moulin à tailler les grenats on eût ajouté les attitudes des ouvriers qui travaillent sur les roues soit à débroutir, soit à polir les grenats ; et qu’on y eût joint les outils dont les ouvriers se servent pour tenir leurs grenats, ou au moins qu’on eût dit si ils les mastiquent au bout d’un petit bâton, comme font les autres lapidaires. Leurs roues de grais sont-elles d’un grain fin. D’où les tire t’ils ? On voudroit avoir un peu de cette potée rouge dont ils se servent pour polir. Nos lapidaires ne s’en servent point. C’est peut être du rouge brun.

N[ota] que les nottes des numéros joints au présent mémoire sont la suitte de ceux qui ont accompagné le premier.

8. - s.d. : observations de Réaumur sur le mémoire précédent et nouvelle demande d’éclaircissements [17/55/i]. [en tête, par une autre main :] 44 et dernière Sûrs que nous ne pourrions avoir de Monsieur d’Angervilliers que d’excellents éclaircisements, nous attendions avec impatience ceux que sa lettre du [en blanc] marquoit à SAR nous avoir préparé. Nous avons trouvé dans les mémoires, les deisseins et les échantillons de matierres différentes que nous avons reçu tout ce que nous étions promis. Il ne nous reste plus rien à demander par raport à nos premières questions. Mais la manière dont elles sont toujours éclaircies nous invite à en poser quelques nouvelles. 1° Nos épiciers de Paris disent qu’ils tirent de Strasbourg le périgeux17, qui est un minéral à l’usage des verreries, et que les mines en sont auprès de Strasbourg. En ce cas, nous voudrions scavoir précisément où elles sont scituées, leur largeur, leur profondeur, comment on les travaille, comment la matière minérale y est disposée et avoir de ce minéral que nous scussions sûrement avoir été tiré de ces mines. 17. Périgueux, pierre dure et noire (manganèse), utilisée par les émailleurs, les potiers de terre et les verriers.

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2° Nous aurions aussi à demander des échantillons des différentes pierres de grais propres à aiguiser qu’on [trouve] à Ruffac18, en plusieurs autres endroits de l’Alsace, et une description des carrières d’où on les tire. C’est à dire de leur scituation, profondeur, de la manière dont la pierre y est arrangée, si les morceaux en sont gros, etc. 3° On ne scait pas si on ne trouve point d’agathes en Alsace, comme dans le Brisgaun19, on voudroit le scavoir. Et, en cas qu’on n’en trouve point, on seroit bien aise de scavoir en quels endroits on les trouve dans le Brisgaun et avoir quelques échantillons de ces pierres bruttes de différentes couleurs et figures. 4° Peut être que la scituation du département de Monsieur d’Angervilliers le mettroit à portée de scavoir plus sûrement que nous n’avons pu l’apprendre icy, quels sont les endroits d’Allemagne d’où nous nous viennent les plus fins aciers à la rose ou à l’usage des coutelliers. Il y auroit par raport à ces aciers une autre chose importante à scavoir, c’est le détail de la manière dont on les fabrique, en commençant à suivre le travail depuis la g[u]euse ou fonte de fer jusques as que les billes d’acier soient finies. Nous avons des mines de fer de tant de qualités différentes, qu’il y a lieu de croire que quelques unes nous donneroient de l’acier pareil à celuy d’Allemagne, si nous scavions les travailler de la même manière20. 9. - 23 septembre 1717 : Maury fils à Bignon, Paris [17/55/j]. /fol. 1/56 Monseigneur, Sur les informations qui ont esté faites de votre part en Alsace pour découvrir s’il n’y avoit rien de curieux touchant le fer ou l’acier, il s’est trouvé à Strasbourg un bourgeois, marchand cirier et chandelier, nommé Maury qui, après plusieurs expériences, a le secret de changer dans un four fait exprès et par le moyen d’un feu de réverbère les barres de fer en fin acier, meilleur mesme que tout celuy qui vient d’Allemagne et qui est le plus estimé. Comme ce Monsieur n’avoit fait d’abord ses expériences que pour son divertissement

18. Rouffach (Haut-Rhin). 19. Brisgau, dans le Bade-Wurtemberg (Allemagne). 20. Les Archives municipales de Strasbourg conservent une correspondance faisant suite à cette demande de Réaumur (cote I/43). Il s’agit de mémoires et de lettres (juin-septembre 1717) échangés entre l’intendant d’Angervilliers et divers “ informateurs ” dont un certain Klüghin qui mène lui-même auprès de son propre réseau de correspondants une enquête sur le périgueux se trouvant en Forêt-Noire, les agathes du Brisgau et les carrières de pierre à aiguiser de Rouffach et des environs. Un autre “ informateur ” de l’intendant, Jean Valentin Bauch, demande à un correspondant de Nuremberg des informations sur l’acier à la rose allemand et particulièrement l’acier en barres de Styrie.

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particulier, il ne l’avoit encore communiqué qu’à ses amys à qui il avoit distribué de ses épreuves, dont les ouvriers ont esté fort satisfaict. Il ose cependant prendre aujourd’huy la liberté de vous en adresser à vous, Monseigneur, dans l’espérance qu’elles seront bien reçues et que vous aurez assés de bonté pour les faire voir à SAR Monseigneur le Régent à qui on espère qu’elles ne seront pas désagréables. Il est vray, Monseigneur, qu’elles n’ont aucun appui et que celuy qui vous les présente est un religieux prémontré du fauxbourg Saint Germain qui a embrassé avec joye cette occasion favorable qui luy procure le bonheur de vous assurer pour la première fois de ses profonds respects. Mais comme il est le fils de Monsieur Maury, il se flatte qu’il pourra avec quelque sorte de confiance en parler avec plus de connoissance. Pendant votre absence, Monseigneur, on m’avoit adressé /fol. 1 v°/ à Monsieur de Fontenelle21 qui a jugé à propos que j’attendisse votre retour. C’est ce qui m’a déterminé à vous en donner avis par cette lettre que je prens la liberté de vous écrire à votre campagne afin que, s’il vous plaît, Monseigneur, j’attende votre retour pour avoir l’honneur de vous remettre en main les épreuves de mon père, ou que je vous les envoie suivant vos ordres. Il y a d’abord un morceau d’une barre de fer qui vient de sortir du fourneau, qui est changé en acier mais qui n’est pas encore forgé et qui ne peut pas l’estre que par mon père luy mesme car, sans une manière particulière de le forger, il est si sauvage qu’on ne peut pas en venir à bout. Il y a ensuitte un autre morceau tiré de la mesme barre de fer, mais qui est forgé et foiblement trempé par les deux bouts de celuy là ; les ouvriers pourront en faire tout ce qu’ils voudront. Il y a aussi un ciseau et quelques taillans qui sont tous de la mesme pièce. Il paroit, Monseigneur, qu’il faudroit encore des certificats qui marquassent que ces épreuves sont de mon père. Il n’en a point cependant voulu prendre parce qu’il est tout disposé à en faire de pareilles à Strasbourg en présence de la personne que SAR aura la bonté de commettre pour cet effet et, comme il est très seur de son secret, il ne balancera pas de venir au moment qu’on luy marquera pour faire son épreuve à Paris en présence de SAR et devant vous Mongr autant de fois qu’on le jugera à propos, car il peut faire des fours qui tiendront plusieurs milliers de fer et d’autres qui n’en contiendront qu’une petite quantité pour des épreuve ; il faut seulement qu’il ait des briques et de la terre grasse qui résiste à l’ardeur du feu et qui ne se vitrifie pas par la chaleur. J’attendray vos ordres ou votre retour, Monseigneur, sur cette petite affaire que j’ay l’honneur de vous communiquer. Je m’estimeray hureux si elle mérite quelqu’un des moments que vous donnez à votre divertissement et j’engageray mon père à y /fol. 2/ contribuer de son mieux et nous nous estimerons infiniment récompensés si par ce moyen nous avons l’honneur de votre protection, c’est ce que souhaite en particulier celuy

21. Bernard Le Bouvier de Fontenelle (1657-1757), nommé secrétaire de l’Académie en 1697, est confirmé comme pensionnaire en 1699.

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qui est avec un très profond respect, Monseigneur, [etc.]. F. Maury prémontré refformé du fauxbourg St Germain à Paris, ce 23 7bre [septembre] 1717 10. - 25 septembre 1717 : Bignon au Révérend Père Maury, Meulan, minute [17/55/m]. 56 Au Révérend Père Maury À Meulan, le 25 sept[embre] 1717 Prémontré réformé à la Croix Rouge à Paris J’ay enfin, mon R[évéren]d Père, de rendre compte à Mgr le duc d’Orléans de ce que vous m’avés écrit avant hier. Bien des gens font actuellement des propo[siti]ons pareilles à celle de M. v[o]tre père. Mais personne ne les fait avec tant de générosité et de désintéressement. Il ne seroit pas juste d’en abuser et de l’obliger à faire le voyage de Paris. M. d’Angervilliers est chargé de faire incessanment des épreuves de même nature à Strasbourg et M. votre père peut donc s’adresser à luy, en luy disant que c’est par ordre de SAR que vous avés receu de moy. Je seray très aise si le succès répond à son espérance, et je vous prie de m’en informer. Je suis, mon R[évéren]d père, votre etc. 11. - 30 septembre 1717 : Maury fils à Bignon, Paris [17/55/k]. 56 Monseigneur, Je viens de recevoir les ordres de Votre Grandeur et je vais les faire partir pour Strasbourg où je suis persuadé qu’on les exécutera avec toute la joye et tout le respect imaginables. Comme depuis longtemps mon père est assuré de son secret, il ne doute pas qu’il ne réussisse encore dans cette dernière expérience qu’il aura l’honneur de faire devant Monsieur d’Angervilliers. En attendant qu’elle puisse vous estre présentée, Monseigneur, il prend la liberté de vous adresser celle cy dont j’ay déjà eu l’honneur de vous parler ; elle pourra servir à vérifier la seconde lorsqu’elle sera arrivée et à donner à Votre Grandeur les moindres marques de son respect, qu’il ne désespère pas devoir en suite de ces expériences vous marquer par luy mesme. Permettés, Monseigneur, que je me joigne à luy et que je prenne la liberté de vous asseurer que personne n’est avec un respect plus profond, Monseigneur, [etc.]. F. J. Maury prémontré bre Paris, ce 30 7 [septembre] 1717

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12. - 3 novembre 1717 : Bignon à d’Angervilliers, Meulan, minute [17/55/p]. 67 À M. d’Angervilliers À Meulan, le 3 novemb[re] 1717 Intend[an]t à Strasbourg Je dois réponse, mon cher Mons., aux deux lettres que vous m’avés fait l’hon[neur] de m’écrire les 13 et 14 du mois dernier, et je vous l’aurais faite plus tost s’il ne m’avoit falu en rendre compte auparavant à Mgr le duc d’Orléans, avec qui mon séjour en ce pais cy m’a empêché de travailler plus tost qu’avant hier. Votre mémoire sur la conversion du fer en acier luy a paru très curieux et, suivant les profondes connoissances qu’il a en chymie22, il y trouve assés d’apparance de succès. Nous en ferons les expériences à mon retour et je ne manqueray pas de vous en rendre bon compte. À l’égard de M. Boeiler, la réponse du magistrat ne souffre pas de réplique et il doit estre bien content des favorables dispositions que vous me témoignés à son égard. Je suis toujours avec le plus tendre et le plus respectueux attachement, mon cher Monsr, votre etc. 13. - 9 décembre 1717 : Maury [père] à Maury [fils], Strasbourg [17/55/l]. /fol. 1/ 56 À Strasbourg, du 9e Xbre [décembre] 1717 Du depuis que j’ay receu la vostre, mon cher enfan, en dacte du 4e 8bre [octobre] dernier dont vous me marqués qu’il fallet que je fasse des espruves, vous savés que j’avés tout quitté et que je ne m’en voulés plus mêler quar c’et une chose assés délicatte par les traverses quy surviend dans ce travail. Il y a longtams que je m’en suis aperceu par tous les espruves que je an ay fait, la paine, les soins, l’argant que j’ay consommé et où l’on s’engage intensiv[emen]t tant que l’on n’en peut plus en demurant là tout court. Biens des jeans s’y trompet tous les jours. Enfin, voiant donc que vous preniés la chose à ceour [sic] dans cet affaire et l’honneur que nous pouvons recevoir en fesant plésir à un sy grand seigneur, je me suis enploié de mon mieux de la manière la plus facille et la plus courte et la plus inocente, sans aucun fracas ny enbaras, quar il ne faut rien que de la bonne terre grasse et brique quy résiste au grand feu et rien autre. Je me suis mis en devoir moy seul parce que mes garçons hont assés affaire dans cette saison. Je fis venir de la terre grasse d’auprès de Célestat23, que j’ay fait de briques, ensuitte faire cuire. Il m’a fallu du temps pour cella /fol. 1 v°/ mais, Dieu

22. Voir Introduction, p. 14 et suiv. 23. Sélestat (Bas-Rhin).

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mercy, je ne l’ay pas perdeu quar j’ay trouevé une manière ausy aisée et sy courte qu’il est impossible de le croiere sans le voir. Mais soiés assuré que, sy Monseigneur le Régent me veut faire l’honneur et me permettre de luy montrer, je ne luy demande au plus que demy hure de tamps. Je luy diray et luy montreray tout l’arangemant du fer avec les drogues qu’il faut maistre, que je puis porter dans ma poche. Il faut avoir un pot de terre quy résiste au feu ou bien un cruset de environ huit ou dix livres de fer en barre, que je puis acomoder en sa présance, là où il voudra. Ensuitte le bien fermer ou bien lutter avec de la terre grasse. Ensuitte le faire maistre dans un four où l’on cuit de [sic] pot de terre à l’andret du plus grand feu et, quand le feu sera finy, raporter led. pot, en faire l’ouverture. Je suis assuré que led. fer sera converty en vérittable assier du plus fin et du plus dur, propre à toutte sorte de choses. C’et sulemant l’arangemant du fer. Ensuitte, il faut savoir faire un fourneau et savoier mener le feu, c’et le tout. Je puis faire tout cella avec peu de frès, surtout il faut un lieu hors de dangé deu feu. Je vous diray que j’ay fait une quitte [lire cuite] avant que d’aller voir Monsr l’Intendant pour estre plus sûr /fol. 2/ de mon affaire. Je puis vous dire en véritté que la chose et mieus allée que je ne pansès. Il ne reste plus que à le forger pour faire voir ce que c’et en présence de quy l’on jugera à propos pour cet effet. J’aye esté voier Monsieur l’Intandant, que je luy aye montré la lettre de Monsieur l’abbée Bignon, qu’il a leu tout entière et m’a dit qu’il ne savet rien de tout cella et qu’il n’avet point d’ordre pour cet affaire là et que je n’avés que à escrire. Il a peut estre creu que je demandés autre chose. J’auret soitté [lire souhaité] qu’il heut ordonné à quelqu’un de venir voir forger. Il y a hycy assés des gens connessurs, des houvriers, les messieurs de l’artilierie quy en font beaucoup emploier et tant d’autres quy s’y connesse. Cela estant, je garde led. fer sans le faire forger quy est converty en véritable assier jusques à nouvel ordre. Il se peut qu’il y a icy quelque personne quy aporte à Monsieur l’Intand[an]t de cet affaire et quy luy on dit que cela ne pouvet se faire et que je n’an ferés rien et que sy j’en venés au bout se serés l’unique. En attandant vostre réponse, je suis, mon cher enfan, Vostre obéisant serviteur. Maury 14. - 20 décembre 1717 : Bignon au Révérend Père Maury, Meulan, minute [17/ 55/n]. 56 Au Révérand Père Maury, À Paris, le 20 décemb[re] 1717 chanoine régulier de l’ordre de Prémontré à la Croix Rouge à Paris Je ne manquay pas, mon R. Père, de rendre compte hier à M. le duc

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d’Orléans de la lettre de M. votre père. SAR parut estre très contente de son zèle et souhaite qu’il envoye incessam[ent] icy son acier dont nous ferons les épreuves de toutes manières. Il n’aura qu’à l’addresser ou à Mgr le duc d’Orléans directement ou à moy par les voitures ordinaires de Strasbourg et, si le succès répond à sa pensée, il peut compter qu’il ne demeurera pas sans récompense. Je suis, mon R. Père, votre etc. 15. - 3 janvier 1718 : Maury père à Bignon, Strasbourg [18/4/a]. 2 Monseigneur, J’obéis à vos ordres quy m’ettant nottifiés par la lettre dont vous avés honnoré mon fils, que je viens de recevoir et, pour n’y aporter aucun rettard, j’ay mis au carosse une pettite boiette d’acier de ma façon que je prans la liverté [sic] de vous adresser, quy partira demain mardy, la mottié en barre brut comme il sort du fourt, l’autre mottié [sic] a esté forgé à bras faute de martinet à l’arcenal de cette ville, que j’ay prié Monsr Guille, capitaine en chef de la compagnie des houvriers et comissaire d’artilierie, de me le faire forger à ses houvriers. C’et ce qu’il a fait fort adrettement. Il y est connessur et fort entendue, mais les bras des hommes ne suffiset pas pour le forger quand il sort du four quar il faut qu’il soit bien conrié et bien soudé, et pour cella faut estre à un martinet sy faire se peut. Je ne me suis pas mis en devoir d’y travalier icy parce que l’androit n’y est pas propre et que je viens sur l’âge. Je me contante de mon pettit comerce et de plus l’on truve icy biens de personnes quy s’y oposset, disant que cella deminueret leur commerce avec la France qu’ils en fournisset baucoup. Je serois dans une joye parfaitte sy j’ettois assés abille et hureus pour contribuer à la satisfaction de mon prince et à vos dessirs. J’ay l’honneur d’estre dans le plus prfont [sic] respet, Monseigneur, [etc.]. Maury à Strasbourg, le 3e janvier 1718 16. - 3 janvier 1718 : Maury père à Maury fils, Strasbourg [18/4/b]. 2 À Strasbourg, le 3e janvier 1718 J’ay recu la vostre joint celle de Monseigneur l’abbéé de Bignon. Je luy fais réponce, mon cher enfan, le plus bref quy m’et possible pour ne le pas incomoder. Il y [a] pourtan bien de chosses à dire là-dessus. Je puis vous en dire quelque chose. Surtout quand ils voudront forger celuy quy est brut, que sy le

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forgeron n’antan pas la chose, il ne fera rien quy vaille, quoyque pourtant il est fort facille à forger, quar il n’et pas poussé au dernier degré du feu que je pouses l’avoir menné. Ils faut qu’ils fasset sortir la drogue avant de le brusquer à pettit coup de marteau tant qu’il est bien soudé et ensuitte le bien conrier de tele sorste qu’ils voudrons. Tout cella est fort facille en sy prenant d’une bonne manière et sans paine. Sy au cas ils ne le truvet pas asser dur led. assier ny le grain assés fin pour touttes sortes d’ouvrages, je puis luy donner le degré du feu plus fort pour qu’il aye tous ces quallittét qu’ils soitterons. Sans doutte qu’ils savet quand le forgant qu’il en faut mettre plusieurs pièces l’une sur l’autre pour qu’il se soude mieus, cet à dire de celuy quy est brut, surtout à un martinet et sy s’et moy quy le fasse forger la deminution en sera pettite. Quand je scus qu’il fallet que je fasse une espreuve, je me mis en devoir de faire un four comme je vous aye déjà dit dans une saison que mes affaires m’ocupet baucoup et, pour mieus prandre ma comoditté, je risqua à le faire dans la maisons où nous demurons au deusième estage sous une cheminé. J’ay donc fait là cette espreuve et que je n’ay pas poussé le feu autant que j’euses soitté. Quand je m’aperceus que le fer avet comancé à se convertir, je finis le feu crainte du danger et, le land[emain], je démolis led. four sans qu’il i paresse aucunemant, quar personne ne l’a scu ny veu, pas mesme ceus de la maison. Je puis vous dire que sy j’estois dans un androit en suretté et que je puisse travvallier [sic] pendant trois ou quattre mois, je me tiens assés fort d’y découvrir tout ce qu’il y a de plus fin et de melieur. J’en puis faire de plusieurs sortes, mais une sulle est la melieure. Touttes sortes de fer sont bonnes, mais il y a choisir. Le plus sûr est avec de la vielle feraille, vieus clous, toutte sorte de vieus fer forgé hou fondu, de quelle natture quy puisse estre. 17. - 9 mars 1718 : d’Angervilliers au Régent, Strasbourg [18/35/a]. 26 À Strasbourg, le 9 mars 1718 Monseigneur, VAR m’a fait l’honneur de me demander par Sa lettre du 4 décembre quelques éclaircissements sur un mémoire qu’elle y a joint de l’académie des Sciences concernant les matières reisineuses et une plante apellée cartame. J’envoye aujourd’huy à M. l’abbé Bignon des mémoires contenant ces éclaircissements, des desseins des fourneaux où l’on prépare les matières et des échantillons de ces mêmes matières dans tous les états. Je suis avec un très profond respect, Monseigneur, [etc.]. d’Angervilliers [au dos :] à SAR Mgr le Régent

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Joint : réponse aux demandes d’éclaircissements de l’Académie sur les matières résineuses et le cartame [17/55/q]. Strasbourg [en marge :]

Il envoye un mémoire sur la manière dont on prépare les matières résineuses en Alsace, un dessein des fourneaux et des échantillons de la matière en deux différends états. On envoye un mémoire assés étendu sur cet article et des échantillons de la matière dans tous ses états.

L’académie a rassemblé quantité de mémoires et de desseins sur les différentes matières résineuses qu’on tire des pins, sur la manière dont on prépare ces matières pour en faire des résines, brays, godrons. Elle a appris que, dans la généralité de Strarbourg [sic], on ramassoit aussy des matières résineuses que fournissent les sapins, ce que luy fait souhaiter d’avoir des mémoires très détailléz et des desseins sur les différentes manières dont on prépare ces matières. Elle voudroit avoir des échantillons de toutes ces matières, et dans les différents états où elles sont après chaque façon. On a ouÿ dire aussi qu’aux environs de Strasbourg, on cultivoit le cartame qui est une espèce de chardon, ou de cnycus, dont les étamines donnent la plus belle teinture pour colorer la soye en ponceau24. On voudroit sçavoir 1° si il est sûr qu’on s’aplique à la culture de cete plante aux environs de Strasbourg et, en ce cas, 2° comment on la cultive, 3° si on en tire la teinture rouge aux environs de Strasbourg et de quelle manière on la tire25.

Joint : mémoire sur les matières résineuses en Alsace, s.d. [1718] [18/29]. /fol. 1/ C 7 26 27 1716 1718 Mémoire sur les matières résineuses et la manière dont on les prépare en Alsace Il y a en Alsace des bois de sapin et de pin, et on peut tirer des matières

24. Rouge vif, de la couleur du coquelicot. 25. Le texte original de cette demande, de la main de Réaumur, existe en R/6/16.

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résineuses des uns comme des autres. Mais, comme celles que fournissent les pins sont plus propres et meilleures pour godronner les bateaux et faire des flambeaux, on n’en tire en Alsace que des pins et ce n’est qu’aux environs de Landau26, dans la baronnie de Fleckenstein27 et dans le baillage de Lauterbourg que se fait ce commerce qui peut produire tous les ans 7 à 800 quintaux de ces matières. Tous les arbres de pins contiennent de la matière résineuse et c’est à proprement parler leur sève. Cependant, ceux qui font le godron n’en tirent point des arbres qui sont sains et en pleine vigueur parce que la matière résineuse y est répandue partout. Ils choisissent les arbres rabougris et ceux qui sont sur le retour, où la matière résineuse ne monte plus et se fige dans le bas de l’arbre sur environ deux pieds au dessus des racines. Ils se servent aussy des troncs d’arbres où la même matière se trouve d’ordinaire en plus grande abondance. La partie de l’arbre qui contient la matière /fol. 1 v°/ résineuse, se coupe en petits mourceaux ou escoupaux que l’on arrange dans le fourneau, ainsi qu’il est marqué dans le profil joint28 au mémoire par la lettre S. Lorsque cela est fait et que le dessus du fourneau marqué Y est bien fermé avec des tuilles dont les joints sont bouchés de terre grasse et posées sur des barreaux de fer marqués 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7, l’on met le feu au fourneau à l’endroit marqué I au même profil par les embouchures marquées H sur le plan. Ce feu échauffe la chemise du four où sont les escopaux, de manière que la matière résineuse se sépare du bois et coule par le grillage marqué K sur le plan, tombant de là par l’entonnoir marqué L sur le même plan dans une auge marqué X au profil, et c’est cette matière que l’on nomme résine ou braye formée, l’une et l’autre n’étant qu’une même chose. C’est de cette résine que l’on façonne le godron, en la mettant dans une chaudière et la faisant bouillir dix ou douze heures de tems. Pour savoir quant elle est assés cuite, on en tire une cuillerée que l’on jette dans l’eau ; si elle se fige en devenant dure, elle est assés cuite, mais, si elle demeure mole, c’est une marque qu’elle n’est pas cuite. La chaudière et le fourneau dans lequel on la fait bouillir, sont représentés en élévation et en plan sur le dessein. /fol. 2/ Ce godron se met ordinairement dans de petits tonneaux dont chacun contient environ un quintal et se vend à Strasbourg depuis cinq jusqu’à six livres le tonneau. On joint icy deux échantillons des matières résineuses que l’on tire des pins. L’un est de résine ou braye et l’autre est de godron, tous deux sont étiquetés.

26. Landau (Allemagne, Rhénanie-Palatinat). 27. Au nord du Bas-Rhin actuel. 28. Manque aujourd’hui.

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18. - s.d. [envoyé avec une lettre du 15 mars 1718] : projet de réponse par Réaumur à une demande de l’intendant d’Alsace relativement au voyage d’Anthès en Allemagne et en Autriche [16/13/c (minute) et 17/23 29]. /fol. 1/ 1718 m. 26 Strasbourg [par Réaumur : renvoié avec réponse] Le mémoire du Sr Anthès30 dont Monsieur d’Angervilliers a bien voulu nous faire part, est une continuation du premier de son attention obligeante à nous instruire. La manière dont on convertist les fontes de fer en acier dans les forges de fer du Sr Anthès est parfaitement décrite dans ce mémoire et conforme à ce qui se pratique en différentes provinces du roiaume. Nous avons vu aussi avec plaisir le détail des procédés inutiles qui ont été tentés pour la conversion des barres de fer en acier. Il n’en est pas moins sûr que cette conversion ne soit possible et qu’elle ne donne même du plus parfait acier, si on doit s’en raporter à un grand nombre de témoings qui se disent témoings oculaires. C’est avec des barres de fer qu’on fait en l’évêché de Salzebourg31, en Stirie et en Carinthie, les meilleurs aciers. Les expériences qu’on a fait en petit ont appris comment cette conversion se peut faire, les ingrédients et les doses d’ingrédients qu’il y faut emploier. Mais, comme on trouve toujours des difficultés à venir du petit au grand et qu’on commence presque toujours par frais inutiles, il y a lieu de croire /fol. 1 v°/ qu’il y aurait de l’oeconomie à faire la dépense du voiage d’un homme qu’on envoiroit sur les lieux, comme il semble que Monsieur d’Angervilliers se l’étoit proposé. On ne doute point que celuy qu’il chargeroit d’une pareille commission, ne fust le plus intelligent, et le plus exact observateur qu’il pourroit trouver. Si il se trouvoit même heureusement qu’il scût dessiner, il en seroit plus en état d’exécuter parfaitement sa commission. Mais, au deffaut de deisseins, il seroit nescessaire qu’il décrivist le plus exatement qui luy seroit possible la figure des fourneaux, fours, qu’il en prist même les mesures autant qu’il le pourroit sans se rendre suspect. Il seroit nescesaire qu’il décrivist avec la même exactitude tous les procédés qu’on suit, à commencer depuis la fonte de la mine jusques as qu’on ait converti en acier le

29. Même document à quelques variantes orthographiques mineures près. Seul l’exemplaire 17/23 porte la mention : “ renvoié avec réponse ”. 30. Jean-Henri Anthès ( ?-1733) dirige d’abord, à partir de 1696, les forges de l’Oberbruck fondées par son père, puis, en 1720 la manufacture royale de fer blanc de la vallée de la Doller, à Weigsched. En juillet 1730, il obtiendra des lettres patentes pour l’établissement d’une manufacture royale d’armes blanches “ au service des troupes du Roy ” (Klingenthal), qu’il exploitera avec des associés jusqu’à sa mort en 1733. Le voyage de Jean-Henri Anthès dont il est question ici est évoqué à l’Académie des sciences en 1728, dans le rapport que Réaumur, Lémery et du Fay lisent sur la demande de privilège de Crozat pour sa fabrique d’acier de Vraincourt : “ Feu Mr le duc d’Orléans envoya en ceux [les endroits de l’Allemagne] dont nous viennent les meilleurs aciers un maître de forge très entendu qui dressa des mémoires sur tout ce qu’il vit pratiquer ” (Ads, PV 30 juillet 1728).Voir aussi plus loin doc. 23-24. 31. Salzbourg (Autriche).

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fer qu’on en tire, qu’il expliquast en quelles espèces de fourneau on fond cette mine, si on coule la fonte en g[u]euse comme dans la plupart des forges de France, ou si on la laisse reffroidir dans le fourneau même comme on le pratique dans le comté de Foix, en Béarn et en Navare, comment on afine cette fonte avant de la réduire en barres, si on ne met pas les barres cuire dans des fours pour les convertir en acier, si pour les aciers les plus fins on ne coupe pas les barres par morceaux qu’on /fol. 2/ renferme dans des caisses de fonte ou dans de creusets de terre avec de drogues convenables. Combien on les laisse au feu. Enfin que tout soit expliqué avec le plus détail qu’il seroit possible. Il seroit bon même qu’il apportast des échantillons de la matierre dans tous les états où elle se trouve depuis la mine jusques à l’acier inclusivement. Il seroit à propos aussi qu’il ne s’en tintt [sic] pas à une seule forge, qu’il en visitast plusieurs pour voir en quoy leurs procédés conviennent ou diffèrent. Peut être que le même voiage pourroit donner occasion de s’instruire sur les fabriques des limes, autre matière importante, et qui fait sortir bien de l’argent du royaume. On verroit si toutes les limes d’Allemagne se taillent à la main comme dans le roiaume, ou si on y emploie des machines plus expéditives, comme on en a proposées quelques unes. On verroit si c’est sur des morceaux d’acier de figures convenable qu’ils taillent leurs limes, ou si ils les taillent sur du fer, comme on le pratique icy, à qui on donne ensuite la qualité d’acier par des recuits. On pourroit se mettre au fait de tous les procédés extérieurs de la manière dont ils trempent. Il n’y a au plus que les doses d’ingrédients qu’on puisse cacher et c’est l’article dont on s’embarasse le moins. Nous crainderions, et nous l’aurions craint il y a longtemps, de fatiguer Monsieur d’Angervilliers par la multitude de nos questions, si les réponses promptes et exactes qu’il fait de toutes celles que nous proposons ne nous rassuroient. /fol. 2 v°/ Il y a peu d’endroits dans ce royaume où on afine et adoucit le cuivre comme on y travaille à Befort32. Nous osons encore le prier de nous procurer un mémoire qui en explique exactement les procédés et qui soit accompagné des échantillons de la matierre en l’état où elle est avant d’avoir été afinée et après qu’elle l’a été. Il nous a procuré cy devant divers échantillons de pierres ou meules à éguiser. On nous a dit qu’il en avoit d’excellentes à l’usage des taillandiers à Rougemont33, près Befort. Nous luy demanderons encore des échantillons de celles là, et un petit mémoire sur les carières d’où on les tire, et sur le diamètre et l’épaisseur des meules qu’elles peuvent fournir.

32. Ou Beffort : Belfort (Territoire-de-Belfort). 33. Rougemont-le-Château (Territoire-de-Belfort).

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19. - 2 mai 1718 : d’Angervilliers au Régent, Strasbourg [18/35/f]. [d’une autre main :] à M. l’abbé Bignon 60 39 À Strasbourg, le 2 may 1718 Monseigneur, VAR m’a fait l’honneur de m’ordonner par une lettre du 15 du mois de mars dernier de répondre à un nouveau mémoire de l’académie des Sciences qui l’acompagnait. C’est à quoy je satisfais aujourd’huy et j’adresse mes réponses à M. l’abbé Bignon qui ne manquera pas sans doute d’en rendre compte à VAR. Je suis avec un très profond respect, Monseigneur, [etc.]. d’Angervilliers 20. - 2 mai 1718 : d’Angervilliers à Bignon, Strasbourg [16/13/b]. 39 À Strasbourg, le 2 may 1718 Pour satisfaire, Monsieur, au mémoire cy joint de l’académie des Sciences qui m’a été adressé avec une lettre de SAR du 15 mars dernier, j’auray l’honneur de vous dire sur le premier point que j’ay engagé le Sr Anthès à faire luy même le voyage pour aller visiter les forges d’acier de l’évêché de Salsebourg34. Il sera acompagné d’un homme qui sait dessiner et j’ay lieu d’espérer qu’il raportera toutes les connoissances que l’académie désire avoir tant sur la manière de faire l’acier que sur la fabrique des limes. Il doit partir incessamment. Je luy ay remis une lettre de recommandation pour M. le marquis de Saumery35, envoyé du Roy en Bavière, et de plus un aboncompte de 1 200ll. À son retour, on verra ce qu’il conviendra de luy donner de plus et je vous feray volontiers crédit jusques là. Par le même mémoire, l’académie demande encore des éclaircissements sur la manière dont on adoucit et affine le cuivre à Beffort, et sur les pierres à meules à éguiser. J’y réponds par deux autres mémoires cy joints et des échantillons de toutes les matières. Je les ay mis dans une boite qui vous sera rendue par la poste. Au surplus, Monsieur, je suis très sensible aux expressions polies et gratieuses que je trouve dans le mémoire de l’académie. J’y reconnois vos bontéz. Je 34. Salzbourg. 35. Jean Baptiste de Johanne, comte de Saumery (1678-1726), envoyé extraordinaire du roi auprès de l’Electeur de Bavière de novembre 1714 à mars 1718, ou son frère, Jean Baptiste François de Johanne de Saumery (1681-1732), envoyé en Bavière après son frère en 1718 ; leur père, le marquis de Saumery, est sous-gouverneur de Louis XV.

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vous en demande instamment la continuation et surtout de ne me pas ménager quand vous croirés que par mes soins je puis être de quelque utilité aux travaux dont vous êtes chargé, travaux dont vous seul par vos grandes lumières pouvés être l’ordonnateur, qui sont si recommandables par l’utilité que le public en retire et qui par cette raison font une partie principale de l’attention et du goût de SAR. Je suis avec respect, Monsieur, [etc.]. d’Angervilliers Joint : mémoire sur les pierres à meules à aiguiser, s.d. [18/34]. n° 4 39 Mémoire sur les pierres à meules à éguiser qui se trouvent aux environs de Belfort L’académie des sciences demande par le mémoire envoyé à M. d’Angervilliers des échantillons des pierres à meules à éguiser qui se trouvent à Rougemont près Belfort, qu’elle a ouÿ dire être excellentes à l’usage des taillandiers, à quoy on répond qu’il n’y a point des pierres de cette espèce dans le territoire de Rougemont. Dans un endroit apellé Romagny, à demye lieue de Rougemont et trois lieues de Belfort, il y a une carrière qui produit des meules de couche pour les moulins à moudre des grains, c’est-à-dire les premières meules qui ne tournent point. On en tire de toutes sortes de diamètre et de telle épaisseur qu’on veut, y ayant des barres qui ont depuis six pouces jusqu’à six pieds de hauteur. On en joint un échantillon cotté n° 1er. Ces pierres ne sont point propres à l’usage des taillandiers. Dans un autre village appellé Rope36, à une lieue de Belfort, il y a une carrière qui produit des meules propres à l’usage des taillandiers de toute sorte de diamettre et d’épaisseur depuis six pouces jusques à trois pieds. On se sert aussi de la même pierre pour en faire des fourneaux à fondre du fer. On en joint icy un échantillon cotté n° 2. 21. - 27 juillet 1718 : Maury père à Bignon, Paris [18/7]. 8 35 Monseigneur, Après avoir eu l’honneur de vous envoier de mes épreuves et de m’estre présenté moy mesme à Votre Grandeur pour le secret que j’ay de convertir le fer en acier, je me suis toujours flatté de l’espérance que vous m’avez fait naître que je pourrois avoir un privilège pour vendre dans quelque province le ser36. Roppe (Territoire-de-Belfort).

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vice que je peux et que je dois à l’État. Et, pour ne pas perdre mon temps en attendant ce que vous m’aviéz fait la grâce de me promettre, j’ay voulu scavoir par moy mesme si ce que l’on m’avoit assuré à Strasbourg se trouveroit vray et, si après en avoir fait là, je ne pourrois pas encore en faire icy après les efforts inutils de plusieurs personnes qui ont tenté inutilement ce secret qui ne peut réussir, m’a t on dit, qu’entre les mains des Allemands. J’ay donc voulu pour en estre plus sûr en faire une épreuve dans la capitale du royaume. J’ay fait construire un fourneau capable de contenir un millier de fer, dans lequel cependant je n’en ay mis que quatre cents. Mais, bien loin de n’avoir pas réussi, tout est allé au delà de mes espérances et je puis vous assurer, Monseigneur, qu’aucun endroit ne peut mieux convenir, non pas mesme l’Allemagne qui ne fournit peut être pas tout ce que fournissent les environs de Paris pour cette expédition qui se réduit presque à rien, tant la chose est aujourd’huy facile pour moy, car sans beaucoup me gêner mon épreuve a esté parfaite. Il n’est pas resté dans mon four un seul morceau de fer, et tout est du meilleur acier au sentiment mesme des ouvriers qui en ont éprouvé de leur mieux, car, pour le perfectionner entierrement, il faut de nécessité un marteau à eau où je le fasse forger à ma manière et où je le rende capable d’estre manié par toutes sortes d’ouvriers. Tout ce que j’ay l’honneur de vous marquer sur ceste matière, Monseigneur, est très assuré et je n’y cherche que le profit du prince dont j’ay le bonheur d’estre sûr et à qui je ne demande rien que son agrément aussi bien que votre protection dans le privilège que vous voudréz bien me faire accorder. J’ose mesme vous dire, Monseigneur, que si vous aviez pour agréable que je m’établisse dans quelque endroit de vos terres dans votre seigneurie de Meulan où j’eusse votre protection sans dépendre d’aucun magistrat subalterne, et que je pusse y trouver du bois et du fer, le moindre moulin où il y auroit une roue seroit mon affaire. Si vous vouliéz mesme, Monseigneur, par votre auctorité me faire fournir le fer, je m’engagerois à vous le rendre acier, moyennant un gain raisonable pour m’entretenir moy et ma famille, car j’aimerois mieux travailler autour de Paris et en particulier sous vos ordres, Monseigneur, puisque je m’assure que je pourray fournir la France d’acier aussi bon et aussi fin que tout celuy qui vient des pays étrangers. Car, quand bien mesme les ouvriers y trouveroient d’abord quelques défauts, rien ne m’est plus facile que de les corriger, et dans mon établissement je pourrois en fournir au moins cinq ou six milliers par semaine. Ce qui m’oblige, Monseigneur, à vous interrompre par cette lettre, c’est que ma famille a besoin de moy à Strasbourg et que je suis pressé de retourner à moins que le bien de l’État ou votre volonté ne l’exigent autrement car je suis avec le plus profond respect, Monseigneur, [etc.]. Maury Paris, ce 27 juillet 1718

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22. - s.d. : demande d’éclaircissements de l’Académie des sciences sur le cartame et les matières résineuses, s.d. [9 mars 1718] et réponse de l’intendant [18/35/c]37. Le nom de cartame, comme on l’a dit dans le pre[mi]er mémoire qui a été envoyé, n’est point connu en Alsace, mais la description que l’académie a faite de cette plante dans celuy cy fait croire que ce qu’on apelle en France cartame est la mesme plante qui se cultive en Alsace et à laquelle on donne le nom de saffranon. On envoye un mémoire sur le saffranon, on y joint des échantillons de cette plante.

/fol. 1/ Nous sommes redevables à Monsieur d’Angervilliers du mémoire qu’il a bien voulu nous procurer sur la manière dont on cultive la garence, au deffaut de celuy que nous avions souhaité sur le cartame. Nous ne savions point qu’on fît de récolte de garence en Alsace. Nous croyons qu’il n’y avoit dans le royaume qu’aux environs de L’Isle [Lille] qu’on s’apliquoit à la culture. Ce n’est pourtant pas de cette plante dont nous avions voulu parler sous le nom de cartame, comme l’auteur du mémoire le soupçonne. Ce sont deux plantes trop différentes pour qu’on puisse s’y méprendre. Le cartame ressemble fort aux chardons, figure fort différente de celle de la garence. On n’employe que les racines de la garence et on ne fait usage que des étamines du cartame. La garence ne donne aux laines que des rouges communs et le cartame donne aux soyes la plus belle couleur de ponceau. Ceux qui nous avoient assuré qu’on la cultivait aux environs /fol. 1 v°/ de Strasbourg ont été aparament mal instruits quoyqu’ils nous l’ayent dit d’une manière fort positive. Les teinturiers en soye s’il y en a à Strasbourg ne l’ignoreroient pas. On envoye un mémoire qui contient ces M. d’Angervilliers nous a aussy éclaircissements et les instructions qui procuré des desseins des fourneaux où sont demandées sur les matières résineuses l’on réduit les pins en charbons pour en qui se tirent par incision. tirer du bray, qui sont faits avec toute l’atente possible et qui ne laissent rien à désirer. Mais nous souhaiterions que le mémoire dont ils étoient accompagnés fust entré dans un plus grand détail de tout le travail, qu’il eût marqué par exemple

37. Les demandes de l’Académie se lisent dans la colonne de droite et les réponses de l’intendant dans celle de gauche.

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combien on tire de bray d’une certaine quantité de pin, combien de tems on entretien [sic] le feu au fourneau pour tirer tout le bray, la quantité d’autre bois qu’on y consume. D’ailleurs comme on ne nous dit rien dans ce mémoire des matières résineuses qui se tirent des pins par incision sans détruire les arbres, nous sommes incertains si on néglige cette récolte dans l’Alsace. /fol. 2/ Il seroit pourtant étonnant qu’on la négligeât. En cas qu’on y travaille, nous souhaiterions avoir des instructions par raport à la manière dont on tire par simple incision les résines des arbres, pareilles à celles que nous avons eu sur le bray ; on nous a assuré qu’on trouvait sur ces mesmes pins un suc résineux qui se condence en une espèce d’encens d’une odeur très agréable.

Joint : mémoire sur le saffranon, s.d. [18/35/d]. /fol. 1/ 1719 m. 9 n° 2 Mémoire en réponces des éclaircissements que l’Académie des Sciences a demandé sur la plante appellée cartame. Le nom de cartame, comme on l’a dit dans un premier mémoire envoyé à l’académie, n’est point connu en Alsace, mais la description que l’académie a faite de cette plante dans un nouveau mémoire qui a été addressé à M. d’Angervilliers fait croire que ce qu’on appelle en France cartame est précisément la mesme plante qui se cultive en Alsace et à laquelle on donne le nom de saffranon. On pourra encore mieux en juger par le détail qu’on trouvera cy après. Il n’y a guères en Alsace que les habitans de six lieues aux environs de Strasbourg qui s’apliquent à la culture de la plante nommée saffranon. Autresfois les jardiniers de Strasbourg en cultivoient beaucoup, mais depuis quelques années ils s’attachent d’avantage au tabac où ils trouvent mieux leur compte. On estime que la quantité de saffranon qui se recueille annuellem[en]t dans cette province peut se monter à environ trois mil quintaux. /fol. 1 v°/ Manière de cultiver le saffranon Après avoir fumé et préparé bien soigneusement la terre, on sème au mois de mars dans un arpent contenant environ 24 000 pieds quarrés d’Allemagne, qui font 20 166 pieds quarrés de France, un boisseau un quart mesure de Paris de graine de saffranon. Cette graine en peu de tems pousse en herbe ou plante avec nombre de feuilles qui deviennent grandes comme une feuille de treffle, mais oblongues et pointues par le haut.

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Au mois d’avril, il en faut sarcler les mauvaises herbes, mesme arracher ce qu’il y a de trop de ces plantes, de manière qu’elles soient séparées les unes des autres d’environ un pied de distance. Elles poussent vingt jusqu’à trente branches suivant la bonté du terroir. Chacune de ces branches porte un bouton gros comme une noix et plat par dessous. Au mois de juillet, ce bouton s’ouvre peu à peu et produit une fleur d’une odeur assés agréable. Elle est jaunâtre au commencement et au bout /fol. 2/ de quinze jours qu’elle est dans sa perfection, mesme plus tôt si le tems est beau ; elle devient d’un rouge assés foncé, mais, si dans cet intervalle le tems est pluvieux ou qu’il y ait une grande sécheresse, la couleur manque et tire sur le blanc. On ne fait pas la récolte de ces fleurs à la fois, mais à mesure qu’elles sont au point de maturité qui vient d’être expliqué, en sorte qu’il arrive souvent qu’il faut repasser jusqu’à dix fois un arpent avant d’achever la récolte. Il faut avoir une attention particulière de cueillir la fleur lorsqu’elle est dans sa perfection car, pour peu qu’on tarde, elle tombe et se perd. Si dans le tems de la récolte il survient une pluie forte et sans intermission, elle abat absolument la fleur et elle n’est plus d’aucun usage. La manière de cueillir ces fleurs est assés pénible. On prend un couteau, on serre la fleur entre le pouce et le couteau et on l’arrache de sa branche. Il faut prendre garde si elle est mouillée de la sécher. Lorsqu’elle est cueillie, on la serre dans des sacs qu’on met entre deux lits de plume pour l’échauffer /fol. 2 v°/ et par ce moyen la couleur devient plus parfaite. Dans un bon terroir et bien préparé, un arpent produit jusqu’à 100ll pesant de ces fleurs. Elles se conservent dix années et d’avantage sans rien perdre de leur qualité. Après que la fleur est ainsy ostée de la pointe du bouton qui demeure sur la branche, il parvient peu à peu à sa maturité et chaque bouton produit quinze jusqu’à vingt graines qui sont blanches et ont la forme d’un pépin de raisin mais bien deux fois plus grandes. Cette graine est couverte d’une écaile dur et remplie d’une moële douce et huileuse. On la fait sortir des boutons de la mesme manière qu’on bat le froment. Les graines ne perdent rien de leur qualité si longtems qu’on le garde. On n’en fait point d’autre usage que de les semer comme il a été dit, sinon que les apoticaires s’en servent quelquesfois. Manière de faire usage de ces fleurs pour les teintures On en fait une teinture pour donner la couleur de ponceau, d’incarnat38 et de roze que l’on souhaite /fol. 3/ aux étoffes de soye et de laine, mesme aux

38. Rouge clair et vif.

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toiles. Voicy la manière la plus ordinaire dont on prépare cette teinture. On commence par imbiber les fleurs dans l’eau pure pendant environ douze heures. Cette eau devient un peu jaune, mais elle n’est d’aucun usage et on la jette. Ensuitte, on prend par exemple quatre livres de fleurs dont on a pressé la première eau, on les met dans un vaisseau de bois fait exprès, on verse dessus environ huit pots de lessive faite à l’ordinaire de cendres et d’eau qu’on laisse l’espace d’une heure sur les fleurs. Après quoy on la tire par un trou fait dans le bas du vaisseau. Cette première trempe ou teinture est la meilleure. Cela fait, on verse sur les mesmes fleurs huit autres pots de lessive qu’on y laisse deux heures. Après quoy, on la fait sortir par le mesme trou. Cette seconde trempe n’est pas si bonne que la première. On verse encore de rechef huit autres pots de lessive sur les mesmes fleurs et, après qu’elle y a resté trois heures, on l’en tire aussy. Cette troisième trempe ou teinture est la moindre en qualité. Pour teindre les étoffes, etc. auxquelles on veut /fol. 3 v°/ donner une belle couleur rouge, on commence par les imbiber dans la troisième eau comme la moindre des teintures, ensuite dans la seconde et enfin dans la première ; mais cela ne suffit pas. Il faut relever la couleur avec de la bierre aigre qu’on ajoute aux trempes ou teintures ainsy séparées des fleurs ou avec du vinaigre, et cela ne se fait que lorsqu’on trempe les étoffes dans cette teinture, les teinturiers ne pouvant juger que lors de leur mannœuvre de l’effet de la bierre ou vinaigre. Si on en met trop, le rouge tire sur le brun et, si on n’en met pas assés, il tire sur le blanc ou le clair. Au reste on consume fort peu de ce saffranon en Alsace et la plus grande partie est envoyée en Angleterre ou en Hollande ; on en envoye aussy à Paris, à Lyon et en Italie. Il s’en cultive beaucoup à Erforth39, dans le païs de Turinge, et la qualité en est assés bonne, mais celuy d’Alsace a sans contestation la préférence sur tous les autres. Le prix de la livre est de 16, 20 à 24 s suivant que la récolte est bonne. /fol. 4/ On prétend que la qualité des eaux d’Alsace qui sont extrèment [sic] chargées de sable est la cause que les teinturiers de cette province ne peuvent pas se servir avec succès des fleurs de saffranon. On dit qu’en plusieurs endroits de l’Allemagne, et nommément à Auxbourg40 et Neuremberg41, les eaux sont plus propres à cet usage et que l’on y rencontre assés bien la belle couleur rouge mais que les eaux de Hollande et d’Angleterre vallent mieux que toutes les autres. L’on joint icy des eschantillons des graines de saffranon et de la fleur de plusieurs récoltes d’Alsace et aussy du païs d’Erforth.

39. Erfurt (Allemagne). 40. Augsbourg (Allemagne). 41. Nuremberg (Allemagne).

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Joint : nouveau mémoire sur les matières résineuses [18/35/b et 18/35/e]. /fol. 1/ C7 1719 m. 2 n. 3 [en marge :] avec figures Mémoire en réponce des nouveaux éclaircissements demandés sur les matières résineuses qu’on tire des pins en les réduisant en charbon, et sur celles qu’on tire par l’incision de l’arbre Matières résineuses qu’on tire des pins Dans un fourneau de six pieds de largeur en bas et de huit pieds de hauteur, on peut faire entrer un charriot de copeaux de pin, ce qui fait à peu près une corde de bois de six pieds en quarré sur trois pieds de large, mesure d’Allemagne, et revient à trois quarts de corde de France, et de cette quantité de copeaux de pin on peut tirer du plus maigre un quintal de bray, du plus gras trois quintaux et du médiocre deux quintaux. Ordinairement on entretient le feu au fourneau vingt quatre heures pour tirer tout le bray et l’on y consomme une corde de bois mesure d’Allemagne. Matières résineuses qu’on tire des sapins par incision On ne tire point en Alsace les matières résineuses par incision. Cette espèce de récolte est fort en usage de l’autre côté du Rhin dans la Forest Noire, /fol. 1 v°/ mais sur les sapins seulement. Les incisions se font ordinairement vers le quinze de may pour en tirer ensuitte les matières résineuses dans l’automne de l’année suivante. Il est vray que l’on en pourroit recueillir chaque année et mesme deux fois par an, mais, comme en ce cas la matière seroit peu abondante et ne produiroit pas à proportion de la peine qu’on se donneroit, on s’en tient ordinairement à la première manière qu’on vient d’expliquer. Ces incisions ne portent aucun domage aux arbres et n’empêchent pas qu’ils ne subcistent plusieurs années après. L’instrument dont on se sert pour les faire est représenté sur le dessein cy joint, on voit dans le mesme dessein la figure des incisions. Après avoir ramassé une certaine quantité de matière résineuse, on la jette dans des chaudières et, suivant le degré de chaleur qu’on luy donne, au moyen de la cuisson l’on en fait de la poix blanche, jaune ou noire comme on veut. Au sortir des chaudières, on la met dans des sacs que l’on presse ensuitte pour faire sortir la matière résineuse et enfin on l’enferme dans /fol. 2/ des thonnes ou barils pour la débiter par quintal. Il s’élève sur les sapins sans user de l’incision quelques ampoules de la grosseur à peu près d’une noix, qui contiennent un suc résineux qu’on dit être fort bon pour guérir les playes. On fait de ce mesme suc en les distilant une espèce d’huile et encore un esprit pareil à celuy du vin. Quoyqu’en Alsace les sapins produisent aussy de ces sortes d’ampoules, on n’en fait aucun usage. Ce

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sont au surplus tous les éclaircissements qu’on a peu avoir sur les matières résineuses qu’on tire des sapins de l’autre côté du Rhin, n’ayant trouvé personne à Strasbourg qui ait une parfaite connoissance de ce détail. Peut être qu’en Alsace on pourroit tirer des matières résineuses des sapins par incision comme de l’autre côté du Rhin et, si l’Académie le désire, on en fera l’épreuve. 23. - 10 avril 1719 : rapport d’Anthès suite à son voyage en Allemagne et demande de privilège, Strasbourg [16/13/f]. /fol. 1/1719 Mémoire pour Monseigneur d’Angervillier, intendant de la province d’Alsace pour la fabrique du fer blanc [ajouté au crayon : par Anthès] Dans le voyage que j’ay fait par ordre de mondit Seigneur pour prendre connoissance de la manière qu’on fabrique l’acier en Allemagne, passant par Villinguen42 en Suabe, j’ay appris qu’il y avoit des usines à Eisenbach à trois lieues dudit Villinguen, dans lesquelles on fabrique du fer blanc qu’on envoye en Suisse, et que les marchands qui l’acheptent le revendent dans cette province, dans le duché et comté de Bourgogne et dans la Lorraine, et, ayant examiné la qualité du fer de cet endroit et trouvé qu’il n’estoit pas meilleur que le mien, mesme pas si bon, j’ay pris la résolution d’engager des ouvriers et de les faire venir à ma forge, là où j’ay fait faire l’épreuve et fait affiner mon fer par eux, de la manière qu’il se pratique audit Eisenbach. J’ay ensuitte fait faire les placques propres à faire du fer blanc, ce qui a très bien réussi. Il ne s’agit plus que pour les blanchir ou étamer, ce qui est le plus facile, et mesme j’ay aussi un ouvrier qui est de Saxe, là où le plus beau fer blanc se fabrique, qui a des bons certificats des endroits là où il a travaillé et qui a mesme apporté des échantillons de celuy qu’il a fait. Il ne s’agiroit plus que de faire construire une usine propre pour cela, et ce dans un endroit /fol. 1 v°/ convenable, qu’il y eut des bois, de l’eau et de la fonte suffisament, touttes lesquelles choses se trouvent à un quart de lieue de la forge d’Oberbrouk43 en Haute Alsace, dans les terres de Monsieur le comte de Rottembourg, et qui seroit fort utile pour le public, attendu qu’il y a quantité de bois inutiles et qui dépérissent sans que les propriétaires en puissent retirer aucun denier, en ayant beaucoup au delà de la quantité nécessaire pour l’exploitation de ladite forge et mesme les habitans aux environs desdits endroits pourroient, au lieu qu’il y en a plusieurs qui sont réduits à la mandicité, gagner leur vie en couppant du bois, cuisant et voiturant le charbon nécessaire pour ladite usine et mesme cela seroit avantageux pour l’Estat, attendu

42. Villingen-Schwenningen (Bade-Wurtemberg), au Sud-Ouest de l’Allemagne. 43. Oberbruck (Haut-Rhin).

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que l’argent qu’on est obligé de payer pour les fers blancs qu’on tire des pays estrangers resteroit dans le royaume. Mais, comme il faudroit un fond fort considérable et mesme au delà de soixante mille livres pour la construction et exploitation de ladite usine que j’aurois de la peine de retirer, si Sa Majesté ne vouloit pas m’accorder quelques privilèges pour en faciliter la construction et exploitation, j’ay cru bien faire de joindre à mon mémoire les moyens pour ce subjet, qui sont de me permettre de faire construire lesdites usines à mes frais et dépens pourveû qu’il luy plaise ne pas donner la mesme permission à qui que ce soit dans cette /fol. 2/ province d’Alsace, sous l’offre que je fais de fournir des fers blancs suffisament pour icelle, pour le comté et duché de Bourgogne et la France, et ce au prix qu’on pourroit payer ceux qu’on seroit obligé de tirer des pays estrangers et d’aussi bonne fabrique qu’il pourroit estre, qu’il luy plaise m’accorder la franchise pour l’entrée dans lesdites provinces pendant le temps de quinze années, en outre celle des biens en fond que je posséderay pendant ledit temps, pourveu touttesfois qu’ils n’exèdent la quantité de cent arpents, et l’exemtion aussy de touttes impositions pour les ouvriers qui travaillent auxdites usines, qui n’auront point de bien en fond et qui n’estoient pas auparavant compris en icelles. Fait à Strasbourg, ce dixième avril mille sept cent dix neuf. H. Anthès 24. - s.d. [1719] : commentaire sur la demande de privilège d’Anthès [16/13/g]. I. 1719 Le privilège qu’on demande pour l’établissement d’une manufacture de fers blancs en Alsace, peut avoir des difficultés dans les circonstances présentes, où je croy qu’on est prest d’en accorder un général à Mrs Trésaguet44 et Le Roux. Je ne sçay pas aussy si on seroit d’humeur d’accorder les exemptions de droits d’entrée que le Sr Anthès demande, si on ne craindroit pas qu’en cas que l’établissement ne réussist pas à son gré, que cette exemption ne luy donnast la facilité de faire entrer dans le royaume des fers d’Allemagne sans rien payer. Mais un des articles essentiels que le Sr Anthès semble cependant regarder comme le moins important, c’est de sçavoir s’il réussira à faire blanchir ses fers aussy parfaittement qu’on les blanchit en Allemagne. Il ne parroist pas qu’il en ayt fait l’expérience, mais qu’il compte sur ce que luy a promis l’ouvrier saxon qu’il a chez luy. Cependant, si tout ce que le Sr Anthès a appris en Allemagne sur cet article se réduit à la fabrique des feuilles de fer, nous l’avons en France depuis longtemps. La manufacture de Beaumont en Niver-

44. Entrepreneur général des ancres pour les vaisseaux du roi. En août 1710, le Conseil du Commerce a à examiner un différend qui l’oppose à divers autres au sujet du paiement d’un billet de 1 400 livres (AN, F/12/55, fol. 199).

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nois45 faisoit de ces feuilles qui ne le cédoient point à celles qui viennent d’Allemagne, mais on [n’]a jamais réussy à les blanchir si bien. 25. - 19 avril 1719 : d’Angervilliers à Bignon, Strasbourg [16/13/d]. À Strasbourg, le 19 avril 1719 Par un mémoire que SAR m’a fait l’honneur, Monsieur, de m’envoyer le 15 mars de l’année dernière, l’académie des Sciences a témoigné qu’elle désiroit que j’envoyasse un homme intelligent visiter les forges où l’on fait de l’acier dans l’évêché de Saltzbourg46, la Stirie et la Carinthie. Je vous ay rendu compte le 2 may47 que j’avois engagé le Sr Anthès, maître de forges en Haute Alzace, de faire ce voyage. L’académie avoit déjà vu des mémoires du Sr Anthès dont elle étoit contente. Il est revenu dans le mois de juillet et sur le champ je vous en ay informé par une lettre du 12. Il est resté tout l’hyver chez luy et s’est ocupé à différentes épreuves qui ne seront peut être pas jugées inutiles. Je vous envoye, Monsieur, un mémoire qu’il vient de me remettre contenant le raport exact de tout ce qu’il a observé dans les travaux qu’il a vizité en Allemagne et même dans l’état de Venise et chez les Grisons. Vous y trouverés aussi la relation des épreuves qu’il a fait dans ses propres forges ; je joins encore les plans et profils des fourneaux qu’il a vu chez les étrangers et je fais partir par le carosse qui doit arriver à Paris le 6 du mois prochain les échantillons des matières dont il est parlé dans son mémoire. Le Sr Anthès ne s’en est pas tenu à sa commission. Il a trouvé en Suabe une usine où l’on fabrique du fer blanc. Il en a si bien profité qu’il est résolu de faire construire à ses frais des bâtiments pour établir une pareille fabrique en Haute Alzace, suposé que Sa Majesté veuille bien luy acorder quelques privilèges et exemptions, c’est de quoy parle un second mémoire du Sr Anthès que vous trouverés encore dans ce paquet. Je ne puis me dispenser de vous en envoyer un troisième qui sera peut être un peu moins agréable que les deux précédents. C’est le mémoire des frais que le Sr Anthès a fait dans son voyage. Cette dépanse se monte à 4 000ll, sur quoy je luy ay fait donner d’avance 2 000ll. Le Sr Anthès est un homme très acrédité qui a plus de 200mll [lire 200 000 livres] de bien. Je vous avoue que je ne vois pas qu’on puisse rien retrancher sur ce qu’il demande. Je vous suplie, plus pour ce qui luy est encore dû que par raport à ce que je luy ay fait avancer, et me faire part de ce que vous aurés eu agréable de régler sur cet article. Me voilà, je crois, quitte avec l’académie des Sciences ; mais je ne le seray jamais avec vous sur la reconnoisance que je vous dois des bontés dont vous 45. Beaumont-la-Ferrière (Nièvre). 46. Salzbourg. 47. Voir ci-dessus doc. 20.

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m’honorés. Je ne puis vous offrir que l’attachement et le respect avec lequel je suis, Monsieur, [etc.]. d’Angervilliers Joint : mémoire de dépenses d’Anthès, Strasbourg, 10 avril 1719 [16/13/i]. /fol. 1/ Estat de la dépence faite par moy soussigné au subjet de voyage que j’ay fait en exécution des ordres de monseigneur d’Angervillier dans l’évêché de Salzbourg, la Stirie, Carinthie et dans les estats de Venize, pour visiter les forges et fourneaux dans lesquels on fabrique l’acier et pour en faire des épreuves dans la forge où je fais travailler en Alsace. Pour exécuter lesdits ordres, je suis parti le deuxième may de l’année dernière avec un commis, un maistre aciron et un valet. J’ay esté dans la plus grande partie des forges et usines des pays cy dessus nommé, dont j’ay eu l’honneur de remettre à mondit Seigneur d’Angervillier les mémoires détaillés de la manière qu’on fabrique l’acier, accompagné des plans et profils des fourneaux et des eschantillons des matières dans l’estat qu’elles se trouvent à chaque procédé, et je suis revenu dans la province d’Alsace l’onzième juillet de ladite année. La dépence que j’ay payé tant pour la nourriture des trois personnes qui estoient avec moy que pour les chevaux pendant ledit voyage, comme aussy pour le change d’argent, y compris quelques menues dépences et frais extraordinaires, montant en tout en argent d’Alsace à deux mille cent soixante quatre livres cy......................................................................................... 2 164ll. Payé auxdits commis et açiron pour ledit temps à raison de soixante livres par mois pour chacun fait deux cents quatre vingt livres cy......................280ll. Pour le louage de deux chevaux estrangers, mon valet et moy ayant monté les miens, à raison de vingt sols par jour pour chacun, fait pour les deux ensemble pour ledit temps cent quarante livres cy.....................................140ll. Pour les dépences de trois voyages que j’ay fait exprès à Strasbourg pour recevoir les ordres et rendre compte à Monseigneur l’Intendant de ma commission et pour faire faire les desseins, le tout se monte en argent déboursé à quatre cents vingt livres cy ...............................................................................420ll. Pour avoir occupé une usine pendant six mois pour faire des épreuves pour faire de l’acier, pour un fourneau de pierres de grey que j’ay fait faire à la manière de Carinthie, pour les charbons qu’on a consommé et pour les ouvriers qui ont esté employé montant à la somme de deux mille cinq cents livres, cy ......................................................................................................... 2 500ll. En tout ................................................................................................. 5 504ll. /fol. 1 v°/ Pour la somme de l’autre part 5 504 ll Sur quoy, je prens et garde pour mon compte l’acier qui a esté fabriqué et, ayant appris dans mon voyage le secret à faire du fer blanc, je déduis sur la somme cy dessus l’agréement de mondit seigneur celle de quinze cents quatre livres cy.................................................................................................... 1 504ll.

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Reste .................................................................................................... 4 000ll. Fait et certiffié véritable à Strasbourg, le dixième avril mille sept cent dix neuf. Anthès 26. - s.d. [après le 19 avril 1719] : commentaire sur le mémoire d’Anthès [16/13/e]. Remarques sur le mémoire du Sr Anthès Mr d’Angervilliers s’estant livré de si bonne grâce à nous faire plaisir, d’ailleurs parroissant convaincu de la sincérité du mémoire du Sr Anthès et souhaitter que le montant du mémoire soit paié en entier au Sr Anthès, il ne semble pas qu’on puisse en rien retrancher. Cependant, si Monsieur d’Angervilliers s’intéressoit moins pour luy, il y auroit à faire les réflections suivantes : Le Sr Anthès a resté si longt temps à envoyer le détail de ce qu’il a observé dans son voyage qu’on a cru et qu’on avoit eu tout lieu de croire qu’il voulloit faire tourner à son utilité particulière les observations qu’il pourroit avoir faites. Aussy trouve t’on dans son mémoire de dépense un article de 2 500ll pour des essays qu’il a faits depuis son retour, qu’on n’auroit pas cru devoir y trouver car jamais on n’a paru souhaitter que le Sr Anthès fist de pareilles épreuves. Si elles eussent réussi parfaitement, nous eus t’il envoyé les observations ? À la vérité, il veut déduire 1 504ll de cet article, tant pour ce qui luy est resté d’acier de ces essays qu’à cause de la découverte qu’il a faite de fer blanc qu’il veut bien faire entrer en ligne de compte, mais il ne marque point pour quelle partye de la somme il la fait entrer et, la déduction des 1 504ll faite, c’est toujours une article de dépense de 1 000ll qu’on n’auroit eu garde de luy demander. On ne sçauroit débatre les autres articles de dépenses qui parroissent chacun un peu forts. À l’égard du mémoire où sont rapportées ses observations et des deisseins qu’il a fait faire, on y a trouvé de fort bonnes choses, mais non pas autant de détails qu’on en avoit demandé et qu’on en devoit attendre d’un maître de forge. 27. - s.d. [1719] : réponse d’H. Anthès aux observations de l’Académie des sciences relativement à son mémoire de dépenses [16/13/h]. [de la main de Réaumur :] Mr l’abbé Bignon m’a assuré qu’on en est satisfait. Sur les remarques que Messieurs de l’académie des Sciances ont fait sur le mémoire des frais que Henry Anthès a eu l’honneur de leur envoyer au sujet de son voyage fait en Empire, il a celuy de leur remontrer ce qui s’ensuit. Il paroit que ces Messieurs ne trouvent pas à propos qu’il aye mis en dépence un article de deux mille cinq cent livres pour les essays qu’il a fait

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faire au sujet de l’assier, lesquels essays il vouloit faire tourner à son utilité particulière. Il a l’honneur de remontrer que c’est sur une lettre que Monseigneur d’Angervillier luy a addressé de Monsieur l’abbé Bignon, du sixième septembre, qu’il a continué ses épreuves, luy ayant marqué qu’il étoit bon de le toujour exiter à les faire, de laquelle lettre on trouvera copie cy jointe. Il paroit aussy que ces Messieurs douttent que si les épreuves qu’il a fait, eussent réussy parfaitement qu’il ne leur auroit pas envoyé les observations nécessaires. Cet [lire c’est] un effet de son malheur de n’avoir pas l’honneur d’estre connu d’eux. Peut estre en ce cas auroient ils meilleure opinion de luy. Au reste, ces Messieur en ordonneront comme il leur plaira pour ce qu’il répète par le mémoire des frais qu’il a remis à mondit Seigneur d’Angervillier. Ce n’est pas un petit objet parreille qui avancera ny qui reculera beaucoup ses affaires. Il est bien vray que si ce n’avoit été pour exécuter les ordres que mondit Seigneur d’Angervillier luy a fait l’honneur de luy donner pour ce sujet que quand on luy auroit donné quinze mille livres pour faire le voyage qu’il a été obligé de faire, il ne les auroit pas prises, non pas tant par rapport aux périls et fatigues qu’il a essuyé que pour ce qui a été négligé pendant son absence, attendu qu’il a affermé plusieurs des principales forges de la province et plusieurs seigneuries qu’il a trouvé beaucoup avoir périclité à son retour et dans lesquels il est obligé d’avoir un fond très considérable. Il a aucupé pendant six mois pour faire les épreuves susditte une grande partie de cette forge de laquelle il est payé à Monseigneur le maréchal d’Hucelle et à Monsieur le comte de Rottembourg cinq mille livres de canon par an et dans laquelle il a un fond de quattre vingt mille livres. Pour ce qui regarde l’article de quinze cent quattre livres qu’il déduit sur les deux mille cinq cent livres, il prend de cette somme cinq cent livres pour le secret qu’il a appris à faire le fer blanc et l’auttre reste pour l’assier qu’il a tiré des épreuves. Ledit Anthès n’a rien rapporté en dépence pour ses paines et salaire ny pour ses chevaux, dans l’espérance que mesdits Messieurs de l’accadémie auront la bonté de luy procurer les privilèges et exemptions qu’il demande pour l’usine qu’il voudroit faire bastir pour faire du fer blanc et ce seulement à condition qu’il sera aussy bon et aussy bien blanchy que celuy qu’on tire des pays étrangers et non autrement. Pour les autres articles de dépence qui parroissent forte à ces Messieurs, si ledit Anthès avoit rapporté toutes les dépences qu’il a fait, elle se monteroit plus /fol. 2/ de six cent livres au delà tant pour ce qu’il a payé à plusieurs ouvriers et personnes que pour apprendre ce que luy étoit nécessaire pour pouvoir faire le mémoire et observation qu’on a demandé de luy que pour la perte qu’il a été obligé de faire sur le change des espèces, les louis d’ors vieux ne vallants que quinze livres, huit livres les ducats et les vieux écus de France quattre livres.

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À l’égard du mémoire où sont rapporté ses observations, il l’a détaillé au plus claire qu’il a pu. Si cependant on souhaitte encore quelque éclaircissements, il est prest à les donner sur les articles qu’on luy demandera. 28. - 16 mai 1719 : Bignon à d’Angervilliers, minute, Paris [16/13/a]. À M. d’Angervilliers, intendant d’Alsace. À Paris, le 16 may 1719 Le reproche que vous me faites, Monsr, de m’estre adressé à M. de La Houssaye48, in[tendant] des graines [sic] de votre pays, est tout des plus obligeants p[ou]r moy. Mais en vérité je ne le mérite guère et, pour vous punir de me le faire si injustement, vous verrés comment j’en userai l’hyver prochain. Quoique ce que vous avés la bonté de m’envoyer arrive un peu tard, la plus grande partie me servira encore à merveille. À l’égard du Sr Anthès, vous ne devés pas estre surpris si le payement n’est pas si prompt. Ne voyés vous point quelque ancien officier se plaindre qu’hors le petit courant il ne peut rien arracher. Ce que je scais est que nos pauvres académiciens soupirent en vain p[ou]r leurs petites pensions et que deux d’entre eux, un peu plus accommodés et beaucoup plus zélés que les autres, ayant eu des avances très considérables, se trouvent presque réduits à mourir de faim faute de remboursemens. Que le sieur Anthès soit donc dans le même cas, rien n’est moins miraculeux. Mais ce qu’il y a de pire pour luy, c’est que Mr le duc d’Orléans ayant trouvé la somme bien forte et très au dessus soit de ce que vous avés marqué qu’elle pourroit aller, soit du mérite des découvertes qu’il nous a procurées, SAR m’ordonna de faire examiner son mémoire. Je joins icy les réflexions qui y m’a esté faites, sur lesquelles j’attendrai sa réponse p[ou]r ce qui est aussi du fer blanc. Il ne doit point se flater d’en avoir le privilège qu’il ne vous ait fait voir des preuves réelles et des échantillons de ses fucilles [lire faucilles] aussi bien blanchies qu’en Allemagne, car c’est ce blanchiment parfait qui fait toute l’importance, le reste estant très commun en France. Je suis fâché de répondre si mal à tout ce qui le regarde. Mais, si je puis luy estre de quelque utilité, vous pouvés estre seur que je m’y employerai de tout mon coeur. P[ou]r vous mon cher Monsr, vous scavés avec telle tendresse et quel respect je suis votre etc. 29. - 17 août 1719 : Maury père à Réaumur, Strasbourg [18/79]. Monsieur, Je suis très mortifié de ce que je n’ay pas peu me donner l’honneur de vous escrire plus tôt pour vous assurer des mes très humbles respès et vous témonier

48. Félix Le Pelletier de La Houssaye, maître des requêtes, intendant en Alsace de 1700 à 1715.

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mes entières reconnessances et vous remercier de touttes vos bontés et des paines que vous vous estes données à mon ocasion auprès de Monseigneur l’abbéé Bignon. La lettre que vous avés bien volou remettre à Monsr Galliot pour me l’envoier, je l’eaye portée à Monsieur l’intandant et m’offrit tout ce qu’il pouret faire pour moy. Il la fit voir à Monsieur Le Pretteur qu’il ordonna quelque asemblé à messieurs les magistras, il y eut quelque oposision mais cella n’anpêcha pas que j’en aye la permision. Il a falu du tamps pour faire venir de la terre de dix lieus d’icy pour en faire des briques quoyque pourtant elle n’aproche pas celle d’autour de Paris qui est inconparablement mélieure et plus sûre quar j’aye fait deus fournés dont je n’osseraye pousser le feu jusques à la cuisson sans que les caisses ne remuent [ ?] ou la voutte ne fonde, c’et toujours quelque noveau frès et manquer la cuitte. J’aye pourtant fait du bon acier où j’aye fait forger environ cinc cens limes prestes à tallier. J’ean aye sulemant fait tallier quelqune que je me donne l’honneur de vous envoier, qu’il vous plaira faire essaier de quattre sortes de tailles, savoir une douce, une battard, une en bois et l’eautre rude à la manière d’Allemaigne, mais pourtant les maistres d’icy quy sont Allemans, du cotté de Nurembert49, il leur est impossible à les tailler de mesme que celles quy vienet de ce cotté là, quar l’on dit qu’il n’y a qun endroit quy puisses les tallier de mesme et, s’il n’en sort aucun ouvirier, c’et dans le mesme endroit où l’on fait le fer blan. Les uns prettandet qu’on les taille avec une machine et d’autres diset que non, quoyque pourtant il est à croiere que c’et avec une machine. Le risque d’en faire faire une quy ne vas pas encore assés juste pour estre bien réglée, mais elle aproche mieus la taille que touttes celles quy puisset tallier à la main. Je feraye mon possible pour la randre parfaitte sy je le puis, ce n’et que pour en tallier de deus sortes rudes sulemant quar les François tailles mieus les fines que les Allemans. Il ne sont que pour les rudes ; il n’an font point icy de neuves, il ne font que les retallier quand elles sont huséses pour ceus quy s’en servet. Les 4 que je vous envoie sont talliés par un François à la main, mais ils ont de la paine à tallier les rudes, n’y estant pas acouttumés. Enfin, Monsieur, tout ce que j’ean fais n’et pas par intérêt, c’et sulemant pour avoir l’honneur de vostre protettion et celle de Monseigneur l’abbéé Bignon à quy je suis, comme à vous, d’un proffont respet et sousmission, Monsieur, [etc.]. Maury à Strasbour [sic], du 17e aoust 1719

49. Nuremberg.

V.

AMIENS, PICARDIE ET ARTOIS

1. - 22 juin 1716 : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/101]. Amiens 22 juin 1716 L’académie des sciences qui cherche surtout à étendre ses connoissances par raport à l’histoire naturelle du roiaume et aux arts qui sont cultivés, souhaiteroit avoir de Saint Quentin des mémoires sur le travail des toiles de baptiste, et particulièrement sur la manière dont on les blanchit. Comme il est ordinaire à chaque ouvrier de suivre des pratiques différentes, elle souhaiteroit même qu’on en consultast plusieurs. Les mémoires qu’on demande ne scauroient entrer dans de trop petis détails. On voudroit qu’ils commençasent dès le lin dont on fait ces espèces de toiles, le pais où il croist, la manière dont on le prépare et qu’on raportast toutes les façons qu’on luy donne jusques as que la toile blanchie ait été pliée en paquet. Qu’on n’oubliast pas même les termes des ouvriers. L’Académie souhaiteroit fort aussi avoir de la généralité de Picardie des mémoires semblables à ceux que SAR Monseigneur le duc d’Orléans a bien voulu luy procurer de la plupart des autres généralités du roiaume, c’est à dire des mémoires qui apprisent ce qu’il y a de singulier dans cette généralité par raport à l’histoire naturelle comme mines, minéraux, terres, charbons, tourbes, pierres, etc. et ce qu’il y a de plus remarquable par raport aux arts. 2. - 14 septembre 1716 : Bernage au Régent, Arras [18/69/b]. 61 110 Monseigneur, J’ay l’honneur d’envoyer à VAR le mémoire que l’Académie des Sciences a souhaitté sur ce qui se trouve dans cette province qui peut avoir quelque rapport à ce qui regarde l’histoire naturelle et les arts. Il est composé de l’extrait des mémoires qui ont esté faits par Mr Bignon dans le temps qu’il estoit intendant dans cette province. VAR sçait qu’il en fut composé de pareils pour l’instruction de Monseigneur le duc de Bourgogne dans touttes les généralités. J’y

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ay ajouté une addition sur les tourbes et quelques autres articles qui m’ont paru obmis dans ces premiers mémoires. Je suis avec un très profond respect, Monseigneur, [etc.]. de Bernage1 bre à Arras, le 14 7 [septembre] 1716 Joint : extraits du mémoire sur la Picardie rédigé “ pour l’instruction du duc de Bourgogne ”2 (fin XVIIe siècle), établis par l’intendant, 1716 [17/54/c]. /fol. 1/ C 110 Extrait du mémoire qui avoit esté fait par M. Bignon3 concernant le commerce et choses remarquables qui se trouve en Picardie. Il y a peu de province où les habitans ayent plus de talent d’imiter et de contrefaire les ouvrages des estrangers ou du dedans du royaume. S’ils n’ont pas l’avantage d’inventer, ils égalent les fabriques d’origine. Plusieurs manufactures font subcister dans les villes et à la campagne font subcister encore plusieurs personnes de tout âge, de tout sexes par les différentes préparations des matierres. Quelqu’uns y sont entierrement occupés, les autres ne s’y donnent que dans le temps que le labourage et la culture des terres ne fournissent pas assez de travail. Saiterie4 La principalle fabrique est appellée saiterie à cause que le fil fait de sayette ou de laine peignée et fillée au petit rouet compose seul la chaîne de ces étoffes qui sont des serges de Crèvecoeur, d’Aumalle5, des baracands, des /fol. 1 v°/ camelots, des raz de Gennes, raz façon de Châlons, serge façon de Nismes, serge façon de seigneur, le tout de pure laine. Il se fait aussy différens ouvrages où la laine est emploiée avec la soye, le fil de lin et le poil de chèvre, comme camelots façon de Bruxelles, pluches, raz de Gennes avec un fil de soye tort autour de la chaîne, estamines6 façon du Mans, estamines façon du Lude. Ces dernières étoffes ne sont façonnées que dans les villes d’Amiens et d’Abbeville. Le travail de la saiterie au contraire est répandus dans plusieurs bourgs et villages dont on fera le détail. 1. Louis de Bernage (1663-1737) est nommé intendant d’Amiens le 25 mai 1708 ; il sera ensuite intendant de Languedoc (mai 1718). 2. Aux AN, un exemplaire coté H/1588/42. 3. Jérôme Bignon (1658-1725), frère aîné de l’abbé Jean-Paul Bignon et d’Armand Roland Bignon de Blanzy, nommé intendant à Amiens en 1694, puis prévôt des marchands de Paris en 1708. 4. Pour les diverses sortes d’étoffes, voir Jacques Savary des Bruslons, Dictionnaire universel du commerce contenant tout ce qui concerne le commerce qui se fait dans les quatre parties du monde…, Paris, 1723-1730, 3 vol. 5. Aumale (Seine-Maritime). Voir aussi, dans le présent volume, “ Rouen ”. 6. Étamines, étoffes légères et souples, caractérisées par leur tissure lâche..

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Les teintures d’Amiens sont en réputations, les eaux de la Somme ayant une qualité avantageuse pour les apprêts. Les laines dont on se sert dans ces manufactures sont pour la pluspart du cru du pays ; on en tire de Brie, du Soissonnois, d’Artois, de Flandre, de la mer Baltique, d’Irlande, et d’Angletterre quelques laines et bouchons pour les ouvrages les plus fins. /fol. 2/ Amiens Il y a dans la ville d’Amiens 2 030 métiers travaillans qui ont fabriqué l’année dernière 58 200 pièces d’étoffes des qualités cy dessus. Chaque pièce estimée l’une portant l’autre 20ll, ont dub produire un milion 164 000ll de valeur, sans y comprendre 113 400 aulnes de pluches à 3ll 10s l’aulne par pied commun des différentes qualitéz valant 396 900ll. Abbeville Quatre vingt métiers occupés par les façonniers et baracanniers de la ville d’Abbeville qui ont fait la même année tant en serges drapées, baracans blans et de toute couleur, raz façon de St Lô, tirtinne blanche, droguet, 1 400 pièces dont la valeur de chaque pièce à 60ll par évaluation commune des différentes qualités de l’ouvrage, longueur et largeur, peuvent estre estimés à 84 000ll, sans y comprendre 3 780 aulnes de pluche de la manufacture privilégiée d’Adrien Ricouard, lesquelles estimées à 4ll l’aune estant plus fine que celle d’Amiens font de produit 15 120ll. Crèvecoeur Il s’est établi depuis 120 ans une fabrique de serge dans le bourg de Crèvecoeur et dans plus[ieu]rs villages aux environs, à Croissy7, Lavacquerie, / fol. 2 v°/, Monsure8, Choqueuse9, Thoix, Auchy10, Conteville, Routengy11, Cormeille12, Catheux, Dormel sur Maison13, le Crocq Francatel14, Froissy, Luchy, le Gallet, le Mesnil Blanfosséz15, Puy16, Fléchy, Saussoy17, Vieuviller18, Bleuze19, Essomeine20, Lyeu21, Blicourt, Bisleu22, tous distans 7. Croissy-sur-Celle (Oise). 8. Monsures (Somme). 9. Choqueuse-les-Bénards (Oise). 10. Auchy-la-Montagne (Oise). 11. Rotangy (Oise). 12. Cormeilles (Oise). 13. Doméliers (Oise) ; la copie AN, H/1588/42 porte : Domelet-sur-Maison. 14. Francastel (Oise). 15. Blancfossé (Oise). 16. Puits-la-Vallée (Oise). 17. Le Saulchoy (Oise). 18. Viefvillers (Oise). 19. Belleuse (Somme). 20. Non identifié. 21. Lihus (Oise). 22. Pisseleu (Oise).

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d’Amiens de 9 à 10 lieues. Les serges de cette manufacture connues sous le nom de serge de Crèvecoeur sont d’un très bon usage, la chaîne et la traine estant de cœur de laine. Il s’en fait de grises, de muses, de meslées, de noires, de blanches qu’on tein [sic] en toutes couleurs. Il est très difficile de sçavoir précisément le nombre des métiers qui ont travaillé l’année dernière ; le débit plus ou moins fort invite ou relâche les ouvriers ; mais il y a eu au moins 450 métiers occupés dans le bourg de Crèvecoeur et les villages aux environs, qui ont fait 22 500 pièces qui, à raison de 18ll chacune, donne de produit 405 000ll. Cependant, les ouvriers de cette fabrique sont pauvres, très souvent les marchands leurs font les avances des laines, et ils sont obligés de vendre leurs étoffes crues, ce qui ne /fol. 3/ se pratique en aucuns endroits. Les marchands d’Amiens, Beauvais et d’Orléans qui les achettent les font fouler et aprester. Il y a dans les villages de Feuquières, Hardivillers23, Tilloy24, Lœuilly, Vuailly25 148 métiers pour des serges à peu près de la même qualité que celle de Crèvecoeur. Leur travail peut estre estimé pour l’année dernière à 109 600ll. Grandvillers26 et villages du voissinages La fabrique des serges d’Aumalle dont le chef lieu de la manufacture n’est pas de ce département, il est néantmoins fort répandu. Il y a eu l’année passée 1 160 métiers occupés dans les villages de la Boissières27, Fienvillers, Hardivillers, Chauchauvillers28, Boiraoult29, Guiberménil30, Campménil31, Léaumer32, Sénerpont33, Mesnil Heudin34, Lignières, Faucaucourt35, Rambures, Villers Campsart et Droménil36 qui sont de la marque et du voisinage d’Aumalle, sujets à la marque du bourg de Grandvillers où il y a un grand nombre de fabricans. Cette étoffe est principallem[en]t emploiée pour les meubles et les doubleures. Il s’en fait un grand commerce jusqu’à 1 500 000ll lorsque /fol. 3 v°/ les laines sont à un prix convenable. C’est la seule manufacture de cette espèce dans le royaume, mais à présent les laines sont si chères que

23. 24. 25. 26. 27. 28. 29. 30. 31. 32. 33. 34. 35. 36.

Hardivilliers-en-Vexin (Oise). Tilloy-les-Conty (Somme). Wailly (Somme). Grandvilliers (Oise). Non identifié ; peut-être le hameau de la Boissière, cant. Montdidier (Somme). Non identifié ; la copie CHAN, H/1588/42 porte : Chouchouilliers. Peut-être Boisrault, commune de Hornoy-le-Bourg (Somme). Guibermesnil, commune de Lafresguimont-Saint-Martin (Somme). Non identifié. Liomer (Somme). Sénarpont (Somme). Mesnil-Eudin, commune de Bermesnil (Somme). Foucaucourt (Somme). Dromesnil (Somme).

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les façonniers ne peuvent vendre leurs ouvrages à un prix proportionné à celuy des laines. Le quart des métiers est sans travail. Les ouvriers s’occupent à autre chose. Tricot Les serges drapées appellées tricot, du nom du bourg où est la principal [sic] fabrique distant d’Amiens de x [10] lieues, sont d’un très bon usage pour les culottes et vestes des soldats et le petit peuple. La treine est de pignon ou de laine passée, la chaîne de mercelaine. 150 métiers occupées dans ce lieu et aux environs ont fabriquéz l’année dernière au moins 7 000 pièces qui est estimé à 50ll chacune, font 385 000ll de valeur. Montreuil Il y a dans la ville de Montreuil une manufacture de serges et une autre d’estoffes grossières apellées frocq, mais très petite et très mal conduite par la foiblesse des fabricans. Desurennes37 Il en est de même des petites serges qui se fabriquent à Desurenes en Boulonnois. /fol. 4/ Manufacture de draps Abbeville Les Srs Varobers38, Hollandois, ont estably en 1665 une manufacture de draps à Abbeville par la permission du Roy et le secours de plusieurs privilèges, principallement une franchise de tous droits d’entrées sur les matières pour leur travail qui a tout le succès qu’on en peut espérer. La qualité des draps n’est pas fort inférieure à celle des draps d’Hollande et d’Angleterre. Ils emploient de la laine d’Espagne, de Prince, Sigovie pour la chaîne et pour la traine. Ils ont actuellement 80 métiers batans qui font au moins dans le cours d’une année 1 600 demy pièces de 18 à 20 aulnes chacune faisant 32 000 aulnes à 15ll l’aune par pied commun, ce qui produit 480 000ll. Mocades Abbeville Quarante métiers sont ordinairem[en]t emploiéz dans la même ville à la fabriques des mocades et tripes rayées. La chaîne de cette étoffe est le fil de lin, la treine de laine de toutes couleurs pour les figures qui se forment de la tirée. Il en est sorty des métiers l’année dernière 2 000 pièces qui à raison de 30ll chacune font 60 000ll.

37. La copie AN, H/1588/42 porte : Desvre (Desvres, Pas-de-Calais). 38. Josse Vanrobais (vers 1630-1685), manufacturier hollandais que Colbert installa en octobre 1665 à Abbeville, avec une cinquantaine d’ouvriers hollandais, pour y établir une fabrique de draps fins, moyennant subventions et privilèges ; son entreprise fut poursuivie par son fils.

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/fol. 4 v°/ Étoffes appellées bélinges Beaucamps le Viel39 et Compegueulle40 Soixante façonniers establis dans les villages de Beaucamps le Viel et Compegueulle à 9 lieues d’Amiens, fabricans une étoffe appellée bélinge qui est une espèce de tirtinne de fil et de pignon. Elle est d’un grand usage pour vêtir les pauvres et d’un grand débit. 75 métiers qui y sont employés travaillèrent l’année dernière 3 000 pièces lesquelles estimées chacune 50ll valent en total 150 000ll. Rubanniers Amiens Il y a dans la ville d’Amiens et dans le plat pays aux environs une manufacture de rubans de laine, dont le travail peut aller à 45 000ll par an. Savon gras Amiens Il y a 3 savonneries dans la ville d’Amiens où l’on fabrique des savons gras, noirs et verds pour dégraisser les laines qui sont emploiées aux ouvrages dont il a esté parlé. Ce produit peut estre estimé à 100 000ll. Abbeville Quatre pareilles savonneries dans la ville d’Abbeville débitent pour plus de 100 000ll de savon. /fol. 5/ Fabrique de toiles Abbeville Huit ou dix marchands d’Abbeville débitent pour plus de 300 000ll de grosse toille et qui ne sont pas propres qu’à faire des sacs, des embalages, des voilles de vaisseaux. Elles sont fabriquées dans Abbeville et aux environs. Il se fait aussy des toilles de lin à Abbeville qui, mises en teintures, servent pour doubleures de [en blanc]. St Quentin Dans la ville de St Quentin et plusieurs villages des environs, il y a une manufacture de toille apellée de St Quentin ou batiste. Il s’en débite 60 000 pièces par an ou environ, de 12 à 14 au[ne]s la pièce. 25 marchands en font presque tout le commerce, ils envoient à Paris, Rouen, Bourdeaux, Bayonne, Lyon et autres villes du royaume. On en transporte en Espagne, en Italie, dans les villes de Flandres, à Gand d’où elles passent en Angleterre. Comme on receüille beaucoup de lin en Vermandois et d’une excelente qualité, ce pays fournit suffisamm[en]t les matières nécessaires pour cette manufacture. Les eauës de St Quentin sont si avantageuses, si propres pour les apprêts et blanchissage de ces toiles que les marchands de Cambray qui en fabriquent comme à St Quentin les y font blanchir. Ce commerce de toille de St Quentin va par 39. Beaucamps-le-Vieux (Somme). 40. Neuville-Coppegueule (Somme).

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an à près de 2 000 000ll. On fait aussy de ces toilles dans les villages aux environs de Péronne. Les ouvriers en vendent pour 150 000ll dans la ville de Péronne. Cordages Abbeville Un grand nombre d’ouvriers sont occupés tant dans la ville d’Abbeville que dans les villages aux environs à faire des cordages, du fil de caret. On en envoie à Paris et dans les autres villes du royaume et par mer, le reste est pour l’usage du pays. [en marge : ] Nomb[re] des ouvriers, leurs sub[sistan]ces où se forment-ils, sortent-ils du royaume. Il est presque imposible de donner un dénombrem[en]t exacts des ouvriers qui sont occupés aux manuf[actu]res, surtout à la campagne ; le travail n’est pas continuel ny d’égale force, il dépend des matières et du débit. Tel fabriquant qui a 3 métiers n’en fait pas battre un à présent. Exceptés les façonniers des villes et les maîtres /fol. 6/ ouvriers, le plus grand nombre des personnes qui y sont emploiées sont journaliers qui n’ont point de profession réglée. Le temps et le guain les déterminent à un travail plustost qu’à un autre. On peut néantmoins prendre quelques idées du grand nombre de personnes qui subcistent de ces fabricans en observant que ce qui se fait d’ouvrages par chaque métier doit au moins passer par les mains de 20 personnes pour estre achevées entièrement, qui sont les peigneurs, les fileuses, les doubleuses, les tordeuses, les faiseuses d’épeules, les teinturiers, les foulons, les rouleurs, les calendeurs, les plyeurs. Un grand nombre de filles et de femmes de la campagne fillent des laisnes pour la Flandre, pour Paris, pour la Hollande et l’Angleterre depuis la paix. Elles sont fort recherchées par l’habitude, la dextérité qu’elles ont à manier les laines. Elles se passent d’un gain médiocre. Un bon ouvrier saiteur ou hautelisseur ne gagne présentement que 15s par jour, /fol. 6 v°/ un médiocre 10s, les apprentifs travaillent sans profits la p[remiè]re année, la 2e on leur donne moitiée. Les ouvriers des manufactures de serges ont tout au plus 6s, ceux des fabriques d’Aumalle 4 à 5s, les peigneurs 8s. Dans l’établissem[en]t de ces manufactures, on fit venir quelques maistres et ouvriers de Hollande, mais à présent les aprentifs se forment dans le pays et s’y perfectionnent entièrement. Presque tous les artisans sont mariés et establys. Ils ne sortent ny de la province, ny du royaume. Le libertinage fait sortir quelques jeunes gens. La cessation du travail les fait passer en Flandre. La révocation de l’édit de Nantes a fait sortir quelques familles d’ouvriers. Toutes ces causes sont accidentelles et méritent peu d’attention. Causes des deffauts des ouvrages Il y a peu de chose à désirer pour la perfection des ouvrages de saiterie, draperie et des autres ouvrages. Ce qui peut à présent diminuer /fol. 7/ le

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nombre des métiers et causer quelques relâchemens dans la fabrique, est la chèreté des vivres, la disette des soyes, et surtout des laines qui ont augmenté d’un tier de prix, la difficulté d’en tirer d’Angleterre par les deffences rigoureuses qui ont esté faites d’en commercer avec les François. Elles sont les meilleures, les plus longues, fines, solides, très propre à se lier ensemble. Les fabricans faute de matières affoiblissent leur fil et le nombre des portées, font entrer de mauvaises laines au lieu de merelaine, ainsy la tissure des étoffes n’a ny force, ny solidité. Le seul moyen d’y remédier est d’estre exact dans l’observation des statuts et règlement de chaque manufacture, quoyque le temps ne soit pas fort favorable. Nul relâchement ne doit estre négligé. Il y a moins d’inconvénient d’estre exposé à quelque interruption et diminution de travail qu’à tollérer des abus qu’on auroit bien de la peine de réformer. Les inspecteurs des manufactures doivent faire des visites fréquentes et impréveües chez les ouvriers, obliger les juréz d’aller au moins une fois la semaine examiner /fol. 7 v°/ les étoffes sur les métiers. Mais comme les juréz ne sont établis que dans les chef lieux des manufac[tu]res où sont les marques dont plusieurs villages dépendent, il seroit très util de mettre des sous juréz partout où il y a des fabricans, qui fairoient leurs raports aux juréz et aux inspecteurs de ce qui se passe dans les lieux particuliers. On pouroit leur accorder quelque chose sur les amendes et confiscations. Mais rien ne seroit plus important que d’établir dans la ville de Beauvais une marque de controlle comme dans la ville d’Amiens où touttes les étoffes achettées par les marchands dans les marchés de Grandvillé41, de Poix42, d’Aumalle43 et autres, sont visitées une seconde fois et, quoyqu’elles aient le plomb de fabrique, on les confisque si elles n’ont pas les longueurs, largeurs et le nombre des portées prescripts par les règlemens. Si la même sévérité estoit dans la ville de Beauvais, les façonniers n’ayant plus la facilité de se deffaires des pièces deffectueuses que les marchands de cette ville leurs prennent /fol. 8/ telles qu’elles sont, ils seroient forcéz d’estre réguliers dans leur travail. Commerce des denrées et marchandises Les ouvrages des manufactures font une partie considérable du commerce. Les marchands d’Amiens, Rouen, Beauvais et Orléans enlèvent une très grande quantité qu’ils envoient dans les autres provinces. Il en passe en Espagne, en Portugal, ensuitte en Italie jusqu’aux isles françoises, mais le principal commerce, la resource du pays et sa richesse est en grains de toutes espèces. Le fond des terres est excellent. Les plus sèches produisent de petits grains. Il n’y en a point qui ne rendent ou plus ou moins. Les récoltes médiocres donnent 41. Grandvilliers (Oise). 42. Poix-de-Picardie (Somme). 43. Aumale.

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plus de blé que les habitans n’en peuvent consommer. On en transporte en Flandre tant du costé de Calais que de St Quentin et Péronne, qui sont les deux extrémités. Le Vermandois en fournit une grande quantité pour le Hainault. Ces provinces ne peuvent se passer du secours de la Picardie dans leur plus abondantes /fol. 8 v°/ moissons qui ne sont point suffisantes pour la consommation des habitans et la subcistance des garnisons. Il s’en faisoit aussy des transports par St Valléry44 dans les autres provinces du royaume lorsque le Roy l’a bien voulu permettre et que les ports ont estés ouverts pour cette denrée. Les marchands en tirent de Sangterre45 qui est conduit à Paris par la rivière d’Oyse, on en voiture même par charois et à dos de cheval jusqu’à Gonnesse46 et jusqu’à Paris en très grande quantité. Le commerce des lins est très considérable. Le Ponthieu, l’Amiennois et surtout le Vermandois en produisent abbondament. Les marchands en envoyent beaucoup à Rouen, en Bretagne et il s’en consomme dans le pays aux fabriques de toilles de batiste. Les graines de ces lins entrent aussy dans le commerce. On en envoie par mer en Normandie et en Bretagne pour y estre transportées et transplantées. Cette graine s’use et se consume si on ne la change de terroir. Elle reprend une nouvelle /fol. 9/ fertilité dans un nouveaux pays. Les chanvres des environs de Montreuil, du Ponthieu, de l’Amiennois, de la vallée de Ressons47 vers Mondidier48 se débitent en nature dans le marchés pour l’usage du pays, ou sont emploiés en cordages, en fil de caret, en toille forte pour emballer et pour les voiles des petits bâtimens. On en transporte en Bretagne et à La Rochelle. Les marchands de Normandie tirent 5 à 6 000 poulains par an des gouvernemens de Calais et de Boulogne, qu’ils jettent dans les pâturages de Basse Normandie et les vendent ensuite chèrement sous le nom de coureur normand. Le charbon de terre des mines qui ont estées ouvertes en Boulonnois, est voiturée en Artois, en Flandre par le canal de Calais et la rivière d’Aâ pour les corps de gardes, les briqueteries, fours à chaux, et pour l’usage des maréchaux. On en consume aussy dans la province. Il sort beaucoup de boëure de la fosse boulonnoise, partie est consommée dans le /fol. 9 v°/ pays, on en transporte en Artois, en Champagne et même jusqu’à Paris. Il passe par mer quelque charpente à Donkerque49 pour la construction des 44. 45. 46. 47. 48. 49.

Saint-Valéry-sur-Somme (Somme). Santerre. Gonesse (Val-d’Oise). Ressons-sur-Matz (Oise). Montdidier (Somme). Dunkerque.

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jettées et même des vaisseaux, et une très grande quantité de facines pour les ouvrages de mer. Les côtes de la mer fournissent de très bons poissons frais dont environ un tier est consommé en Flandre et Artois, un tier à Paris, et le reste dans le pays. Le seul bourg d’Ault a donné plus de 4 000 sommes dans des années favorables pour la pêche. Ce même port, ceux de Boulogne et St Valléry font par an pour plus de 400 000ll en harengs et macreaux qui sont distribuéz en Artois, en Flandre, à Paris. Les marchandises et denrées qui viennent de dehors en Picardie sont des vins de Champagne, Bourgogne, Mantes, Andrécy50 et Creil, des eauës de vie de l’Orléannois, de Caen, des cidres, des gros béteaux comme bœufs, vaches, taureaux de Normandie, des laines du /fol. 10/ Soissonnois et de Brie, des miels blancs du Soissonnois, quelque trogues [lire drogues] à teindre comme pastel de Languedoc, des saffrancs du Gâtinois, le bois de Normandie, le fer en barre et en verges de la Thiérache, des papiers des fabriques d’Auvergne, Angoumois et Orléannois, des sucres, fruits de caresme et autres denrées de Paris, de la verrerie de Vermandois et Normandie, des galons d’or et d’argent, estoffes de même nature, soye et laines de Paris, de Troye, Louviers, de Rouen, des toilles de la Flandre françoise et Artois, des huilles de colsat et navette où les grains pouroient estre convertis en huille, des laines fillées que l’on nomme fil de Turquoin51, du lin peigné, du fil de lin, du houblon, des toilles et dentelles de Flandre, quelque partie de grarence [sic] des crus de L’Ile52, de Tournay53, quelques mocades de serges d’Ipres54 et d’Housselot55. Addition au mémoire cy dessus Outre ce qui est raporté dans le mémoire cy dessus, ce qui paroist mériter quelque attention dans /fol. 10 v°/ la Picardie et l’Artois pour l’histoire naturelle sont les tourbes de terre qui se tirent dans plusieurs cantons de ses provinces et dont le menus peuples [sic] se sert pour son chauffage faute de bois. La tourbe est une espèce de terre noire fort porreuse et imbibée d’eau, entrelassées de petites racines de rozeaux. Elle a peu de concistance quand on la tire et se trouve ordinairement à un ou deux pieds au dessous de la superficie du marais. On la tire avec une espèce de bêche faite exprès qui consiste en une lame de fer de unze pouces de longueur, cinq pouces de largeur relevée par un des costés sur pareille longueur et cinq pouces de hauteur bien tranchante et emmenchée d’un manche de bois de trois pieds de longueur. 50. 51. 52. 53. 54. 55.

Andrésy (Yvelines). Tourcoing (Nord). Lille (Nord). Tournai (Belgique). Ypres (Belgique). Non identifié ; la copie AN, H/1588/42 porte Arscot (auj. Aerschot, Belgique).

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Cette terre estant tirée en certaine quantité on la démesle et on la prépare comme l’argille dont on fait les briques. On la jette dans un moule fait de petites planches où il s’en façonne x à xii pièces à la fois que l’on met seicher pendant un mois ou six semaines /fol. 11/ plus ou moins selon le temps qu’il fait. Voilà la manière la plus ordinaire de faire la tourbe. Les environs d’Abbeville, Corbie, Lens, St Omer et Aire56 fournissent beaucoup de terres à tourber. Abbeville On en tire dans la vallée de Somme à la hauteur des villages de l’Estoille57, Condé et Folie58, Long et Lampré59, Fontaine60 et Coquerelle61 dans l’étendue d’environ deux lieues tant pour la consommation de ses habitans que de la ville et faubourg d’Abbeville. Corbie Il n’y a du costé de Corbie qu’à Bonnay, village distant d’une demie lieue de cette ville, qu’on trouve à tourber dans les prairies de ce lieu d’où on tire par an 300 chartées de tourbes ou environ. On en fait aussy entre Corbie et le village de Dours62, mais en moindre quantité et qualité que celles de Bonnay. Lens Il n’est point de cantons dans ce département d’où l’on tire plus de tourbes que des environs de Lens en Artois et surtout /fol. 11 v°/ des villages de Harnes, Annay, Loison63, Ferrières64, Vuings65, Meudehin66, Bénifontaine, Brisy67, Berelent68, Noielles sous Lens69, Brisy Montigny70, Hénin Liétard71 et de lad. ville de Lens. On y tourbe assez pour le chauffage des habitans desd. lieux, de plusieurs villages de 5 à 6 lieues à la ronde où le bois n’est pas fort commun et même pour les magazin des villes de L’Isle, Douay72, Arras et Béthune pour le chauffage des troupes et de plusieurs familles desd. villes. Les tourbes de ce cantons sont meilleures et ne sentent pas si mauvais que celles 56. 57. 58. 59. 60. 61. 62. 63. 64. 65. 66. 67. 68. 69. 70. 71. 72.

Aire-sur-la-Lys (Pas-de-Calais). L’Étoile (Somme). Condé-Folie (Somme). Longpré-les-Corps-Saints (Somme). Fontaine-sur-Somme (Somme). Cocquerel (Somme). Daours (Somme). Loison-sous-Lens (Pas-de-Calais). Non identifié. Wingles (Pas-de-Calais). Non identifié. Non identifié. Ou Berelem ; non identifié. Noyelles-sous-Lens (Pas-de-Calais). Billy-Montigny (Pas-de-Calais). Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais). Douai (Nord).

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de Picardie. On les conduit à L’Isle et à Douay par bateaux sur la rivière de la haute Deuille73 et dans les autres endroits par chariots. La ville d’Arras peut même les tirer par la rivière de Scarpe qui se joint à la Deuille près Douay. La quantité qu’on en fait tous les ans est très considérable et il seroit difficile d’en spécifier le nombre. Une famille composée de 5 ou 6 personnes, hommes, femmes et enfans, fait chaque esté trente à quarante mil pacquets. Le pacquet /fol. 12/ est composé de six tourbes, d’où on peut juger de la grande quantité qu’on en fait veu que dans bien des lieux cy dessus, il y a souvent quatre vingt ou cent familles emploiées à cette fabrique. St Omer La ville de St Omer est de tous les costés entourés de marais, et de ceux qui ne portent que des roseaux et de mauvaises herbes on en tire de deux sortes de tourbes qui servent au chauffage du bas peuples de la ville. La p[remiè]re espèces est appellée helle. Ce n’est qu’un gazon qu’on coupe de la superficie de ces marais qu’on fait ensuite seicher au soleil. Cette espèce est la plus recherchée. La 2e est appellée proprement tourbe et tirée du fond du marais. Il s’en fait quinze ou seize cent milles pacquets par an. On en pouroit faire même bien davantage dans ces marais mais le commerce n’en est pas assés grand pour les villes voisines. Gravelines et Donkerque74 en ont fait faire quelques fois où on les transportoit par bateaux sur le canal. /fol. 12 v°/ Aire75 Il n’y a que le village de Blessy, esloigné d’une lieue de la ville d’Aire, où l’on tire des tourbes de terres qui servent au chauffage de la garnison de la ville d’Aire et des habitans de quelques villages voisins. Eauës minérales Il ne se trouve dans la Picardie et l’Artois que deux sources d’eauës minérales dignes de remarques. L’une est au pied du château de la Ferté, près la ville de St Ricquer76, dont la découverte a esté faite il y a plus de 50 ans, de laquelle néantmoins on a fait peu d’usage, et l’autre est dans les ruines du vieux château construit par les ducs de Bourgogne dans le temps qu’ils estoient maîtres de ces provinces, à l’extrémité de la ville d’Abbeville, qu’on a reconnu après diverses épreuves estre véritablement minérale et on prétend qu’elle esgalle en bonté et en qualité les eauës de Forges77. Plusieurs personnes de lad. ville en ont fait usage qui s’en sont trouvés soulagés, de sorte que pendant la plus grande partie de l’esté /fol. 13/ cette source devient fréquentée de plus en plus.

73. 74. 75. 76. 77.

Deûle, rivière. Dunkerque. Aire-sur-la-Lys. Saint-Riquier (Somme). Forges-les-Eaux (Seine-Maritime).

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Isles flottantes On voit dans les marais qui entourent la ville de St Omer plusieurs grands étangs et viviers et, dans ces étangs, il y a de petites isles appellées isles ou terres flottantes qu’on pousse et fait aller à la façon d’un bateau d’un bout de l’estang à l’autre, ce qui est une chose fort curieuse. Ces isles flottantes sont d’une terre tourbeuse couverte d’herbe de marais et de petits arbrisseaux sur deux pieds au moins d’espaisseur. Elles sont presque rondes et il y en a de neuf à dix toises de largeur. Douze ou quinze personnes se tiendront sur ces isles sans péril d’enfoncer. Le feu Roy Louis XIIII les a veu en 1680 et décendit dans une apellée présentement la Royalle. Il n’y a point de carrières d’assés grande distinction pour en faire mention dans ce mémoire. 3. - s.d. [1716] : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/1]. /fol. 1/ Amiens Le mémoire qui a été envoié par Monsieur de Bernages sur la fabrique de toiles de baptiste est très méthodiquement et très curieusement détaillé. Mais, comme il n’est jamais possible qu’un premier mémoire satisfasse à tous les petis détails que nous avons envie de scavoir, nous avons quelques suppléments à y demander. Mais l’article le plus escentiel que nous avons à demander, ce sont des deisseins de tous les outils et machines dont on fait usage depuis qu’on commence à préparer le lin jusques as que la toile soit pliée car l’Académie rassemble non seulement des mémoires sur les pratiques des arts, elle fait faire des deisseins de tous leurs outils et toutes leurs machines, qui représentent jusques aux principales attitudes des ouvriers. On souhaite bien plus des deisseins exacts, faits sur une échelle, que des desseins finis. Pour ce qui regarde même les attitudes des ouvriers, il sufit qu’elles soient croquées. Il n’importe de quelle grandeur soient les deisseins, on les fait réduire icy dans celles qui paroissent convenir le mieux. /fol. 1 v°/ En parlant de la préparation des terres pour y semer le lin, on dit qu’après les avoir herssé, on les ploutre. Quelle est la façon qu’on appelle en Picardie ploutrer la terre ? Quels sont les endroits de Picardie qui produisent le lin propre à être filé le plus fin ? Car tout lin ne peut pas apparament soutenir une égale finesse. On marque qu’on fait rouir le lin depuis le mois de mars jusques à la fin de septembre. Veut on dire que l’on laisse le lin dans l’eau pendant ces sept mois, ou seulement que ce sont ceux qu’on choisit pour rouir le lin ? En ce cas, on demande combien on le laisse rouir de temps et si on est den l’usage de ne le pas fair rouir l’année même qu’on en a faite la récolte, car elle n’est pas fait au mois de mars. Combien de temps communément laisse t’on le lin étendu sur le pré pour le blanchir ?

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On verroit avec plaisir des échantillons des fils de tous les différens degrés de finesse. On voudroit scavoir ce qu’on appelle précisément un quart de fil, on a oublié de l’expliquer dans le mémoire. On verroit de même avec plaisir des échantillons des différentes toiles de baptiste. Grand comme un doit de chacune sufiroit avec une petite étiquette qui apprist de que fil elle est faite. On voudroit bien avoir les status et règlements de mulqueniers78, et ceux qui ont raport à la fabrique des toiles de baptiste. Si les muqueliniers [sic] travaillent dans des lieux bas, es ce que l’humidité de l’air est nescesaire pour leur ouvrage, ou y en a t’il quelqu’autre raison ? /fol. 2/ Importe t’il que le petit lait soit frais ou vieux ? Il faut apparement plusieurs jours pour en rassembler la quantité nescésaire. Combien en emploie t’on pour une certaine quantité de toile ? Celuy qui a servi une fois, ne peut il servir une seconde ? On voudroit aussi des échantillons des différentes cendres et du savon vert dont on se sert pour blanchir les toiles. Comme on marque que l’on fait ce savon vert à St Quentin, on souhaiteroit qu’on voulust bien nous procurer un mémoire détaillé sur sa fabrique. Combien ordinairement une certaine quantité de cendres donne t’elle de cette lessive appellée fort, et combien de fort consumme t’on pour un terrain, c’est à dire combien faut il de cendres pour lessiver une certaine quantité de toile ? N’y a t’il rien de particulier dans la manière de faire l’empois des toiles, comment le fait on ? On n’a point expliqué de quelle façon la toille est pliée quand on la maillie, et pendant combien de temps on la maillie. Le mémoire que nous avons reçu nous fait attendre avec impatience ces nouveaux éclaircisements et les mémoires que Monsieur de Bernage se donne /fol. 2 v°/ la peine de rassembler sur ce que sa généralité a de singulier soit par raport à l’histoire naturelle soit par raport aux arts, font qu’il ne nous viendra rien que d’excellent d’une si bonne main. 4. - 8 septembre 1716 : Bernage au Régent, Amiens [18/69/a]. 110 Monseigneur, J’ay reçeu la lettre que VAR m’a fait l’honneur de m’écrire avec le nouveau mémoire que l’académie des Sciences luy a présenté sur quelques éclaircissements qu’elle demande par augmentation à celuy que j’ay eu l’honneur

78. Mullequiniers, fabricants d’étoffe fine et de grand prix, identique au molequin.

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d’envoyer à VAR sur les toilles de baptiste qui se font à St Quentin. Je feray ce qui dépendra de moy pour satisfaire à ce que l’académie des Sciences désire à cet égard et j’exécuteray toujours les ordres de VAR avec le même zèle. Je suis avec un très profond respect, Monseigneur, [etc.]. de Bernage bre à Amiens, le 8 7 [septembre] 1716 5. - s.d. : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/17]. Beauvais Comme il n’y a guère endroit dans le roiaume où l’on travaille plus aux poterie des grais qu’aux environs de Beauvais, on souhaiteroit avoir de ce païs des mémoires qui apprisent si les veines de terres propres à ces poteries sont communes, à quelle profondeur on les trouve, et jusques à quelle profondeur on les suit, la manière dont on prépare cette terre pour en faire pots et creusets, les différentes espèces de poterie qu’on en fait, si on y en fait de vernie, si la construction des fours a quelque chose de particulier. On voudroit de plus des échantillons de ces terres de toutes les qualités dont on en trouve et dans tous les états où elles sont après les diverses préparations qu’on leur donne. On souhaiteroit même qu’on y joignist de petits fragments des pots, creusets et autres poteries qu’on en fait.

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1. - s.d. [fin XVIIe siècle] : extraits du mémoire sur la généralité de Bordeaux rédigé “ pour l’instruction du duc de Bourgogne ”, copie annotée par Réaumur [17/47/e]. /fol. 1/ Mémoire sur la généralité de Bordeaux [en marge1 : tabac, chanvre, cochons] Outre des chanvres et du tabac dans les principalles juridictions [Réaumur ajoute :] de l’Agenois, il y a beaucoup de bled en Condommois, plus[ieur]s des jurisdictions et parroisses estant voisines de l’Armagnac. La pluspart ne sont pas le longt de la rivière de Garonne, cela fait que le pays n’est pas riche. Il se fait des nourissages en Périgord, celuy des cochons contribue beaucoup à le faire subsister. [en marge : tabac] À l’égard des droits du tabac, les jurisdictions où il est permis d’en semer dans la généralité de Bordeaux sont Agenois et Condommois. Les fermiers2 ont droit de prendre par préférence tous les tabacs dont ils ont besoin, en les payant aux prix qu’ils se vendent. Ils conviennent d’un certain prix tous les ans avec plus[ieu]rs marchands du cru pour leurs livrer les tabacs dont ils ont besoin pour leurs fourniture. L’on donne pour les autres les permissions pour les transporter à Marseille, affin de les envoyer en Italie ; il s’en charge peu à Bordeaux par mer. Les droits pour la vente du tabac sont établis dans la généralité de Bordeaux comme dans le reste du royaume. [en marge : mâts de navire] Il vient par la rivière du Nive à Bayonne des mâts, ils sont petits. Il en vient de très beaux par le gave d’Olleron3 ; l’on les tire des vallées d’Aste [lire Aspe] et de Baraton4 dans les Pirénées, proche de l’Arragon ; ceux des vallées de Baraton sont les plus beaux. Il faut les conduire par terre cinq lieues jusqu’au gave d’Olleron d’où l’on les mène par des radeaux jusqu’à la rivière de l’Adour, à une lieue au dessous de la Peyrourade5. Je crois devoir remarquer que touttes les rivières qui viennent /fol. 1 v°/

1. 2. 3. 4. 5.

Toutes les annotations en marge sont de la main de Réaumur. Il s’agit des fermiers de la Régie des tabacs, dépendant de la Ferme générale. Rivière passant à Oloron-Sainte-Marie (Pyrénées-Atlantiques). Vallée de Barrétons (Pyrénées-Atlantiques). Voir “ Navarre et Béarn ”, doc. 1-3. Peyrehorade (Landes).

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de Béarn se nomment gaves et, pour les distinguer, l’on les marque de la principalle ville où ils passent. [en marge : chanvres pour cordages, godron, bray. q. sur le goudron et le bray] L’on tire des chanvres pour les cordages du haut de la Garonne, vers Tonneins, le goldron et le bray des Landes. [en marge : pesche de la baleine et morue] L’on envoye tous les ans de Bayonne et du pays de Labour plusieurs bâtimens aux pêches de la baleine et de la molue. Ce sont les Basques qui ont commencé d’aller à la pêche de la baleine proche l’isle de Firland6 et en Groenland en 1605, et comme ils sont fort éloignés des lieux où ils sont obligés d’aller à la pêche de la baleine et qu’elle seroit corrompue avant leurs retour, ils ont trouvé le secret de faire fondre la baleine à la mer, de la mettre en huille et en savon. [en marge : huile et savon d’huile de baleine.] En Médoc, il y a des haras ; ce sont de petits chevaux, il n’en vient point de grands. [en marge : rézine, mouches à miel] Dans tout ce canton, il y a des pins d’où l’on tire de la rézine du côté de la mer et des mouches à miel. [en marge : Périgord] La plus grande partie des autres parroisses de Périgord et surtout celles vers le Limouzin ont des châtaignes qui servent pour la subsistance des habitants. L’on en vend beaucoup, que l’on charge à Bergerac sur la Dordogne, cela produit de l’argent. L’on en tire encore une grande utilité pour la nourriture des cochons [en marge : cochons] que l’on vend pour l’ordinaire bien, c’est ce qui produit de l’argent en Périgord. [en marge : forges, canons] Il y a plusieurs forges en Périgord. L’on y fait de très bon fer. L’on y a construit une grande quantité de canons pendant la guerre, qui a produit de l’argent. Les forges se sont trouvées éloignées des rivières de l’Isle et de Vézère. Il a fallu conduire les canons avec les bestiaux qui étoient dans les métayries ; cela en a fait périr plusieurs et a causé du dommage dans ce pays là. /fol. 2/ [en marge : Clairac] Clairac sur le Lot est une de celles de l’Agenois où il y a le plus de marchands ; partie de ceux qui font le commerce pour le tabac y demeurent, plusieurs font celuy des vins et des eaux de vie. [en marge : résines, godrons, brais secs et gras] Une partie considérable des parroisses de l’élection de Dax sont dans les grandes Landes. Il n’y croist que du seigle. Le principal revenu vient des pins dont l’on fait de la raisine, des goldrons, des brais secs et gras qui produisent un assés bon revenu. Il y a aussy des abeilles qui sont des mouches à miel ; elles n’ont pas bien réussi les dernières années, cela produisoit assez de revenu. [en marge : eaux minérales] Les bains de Barrège7 si utiles pour les blessures sont dans une de ces vallées qui est celle de Luz8 ou de Barrège. Il y a

6. Iles Féroé ? 7. Barèges (Hautes-Pyrénées). 8. Luz-Saint-Sauveur (Hautes-Pyrénées).

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d’autres bains à Caudères9, dans la vallée de St Sevin10, que l’on prétend être très bons pour la paralysie. L’accèz est très difficile et l’on y va fort peu. Les bains et les eaux de Bagnière11 sont très estimés. L’on y va deux fois l’année, au printemps et à l’autonne. L’on passe à Bagnière pour aller à Barrège qui n’en est éloigné que de cinq lieues. Il n’y a point de manufactures considérables en Guyenne. L’on travaille à l’hôpital de la manufacture de Bordeaux à faire des points qui sont assez beaux. C’est peu de chose. Il n’y a point d’autre endroit où l’on y travaille. J’ay marqué ce qui concerne les forges en Périgord, la vente des bestiaux et principallement celle des cochons. Il n’y a point de manufactures dans cette province qui donnent lieu d’y attirer de l’argent. [Réaumur ajoute :] Il y a plusieurs tanneurs à Bordeaux, on y prépare des cuirs qu’on porte en pais étrangers. 2. - s.d. [1715] : mémoire sur la préparation des matières résineuses [18/91/a]. /fol. 1/ 19 1714 Réponse au mémoire donné par Monsieur de Courson12, pour sçavoir les différentes préparations des matières qui sortent des pins qui sont dans la province de Guyenne. Tout le monde scait qu’il y a quatre sortes de pins. On n’en connoist dans la province que de deux espèces, sçavoir ceux qui donnent de grosses pommes de pins dans lesquels on trouve du fruit à manger ; les autres sont des pins sauvages qui viennent dans le terrain qui leur convient, dont le fruit est gros comme une lantille et de la mesme figure mais noir, et la surface très luisante. C’est cette d[erniè]re espèce de pins dont on tire toutes les gommes qui par leur différente préparation font les raisines, les thérébentines et toutes les autres choses dont on va donner le détail. Durant l’été, il sort de cet arbre une gomme assés fluide pour couler au pied et qu’on /fol. 1 v°/ reçoit avec bien de l’attention. Pour faire sortir cette gomme qui n’est autre chose que la sève, on fait au pied de l’arbre un creux d’environ six poulces de diamettre dans la terre et on fait une coche, ou coupure, dans l’arbre d’environ quatre travers de doits de largeur, qui n’entre que d’environ l’épaisseur d’une pièce de trente sols dans le bois de l’arbre. On augmente tous les ans cette coupure, en montant au haut de 9. Peut-être Cauterets (Hautes-Pyrénées). 10. Saint-Savin (Hautes-Pyrénées). 11. Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées). 12. Après avoir été à Rouen (1704), Urbain Guillaume de Lamoignon de Courson (1674-1742) est nommé intendant à Bordeaux le 14 août 1709 ; il y demeure jusqu’en 1720. Il est le fils de Lamoignon de Basville, lui-même intendant en Languedoc.

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l’arbre, d’environ deux pieds de hauteur conservant toujours la mesme largeur, et on la pousse d’année en année jusques à six pieds ou environ de haut pendant quatre ans, après lesquels on le pelle, de la mesme manière de l’autre costé. Il faut observer de ne pas trop enfoncer la coupure dans l’arbre, ny en oster trop d’écorce à la fois parce qu’il en sortiroit trop de sève, ce qui feroit périr l’arbre. Lorsqu’on change de costé pour couper l’arbre, il /fol. 2/ faut toujours laisser une bordure d’écorce qui fasse la séparation des deux blessures. Les blessures se recouvrent d’elles mesmes insensiblement et un arbre bien ménagé peut durer cent ans à le travailler tous les ans. Et cette espèce de gomme on en fait de la thérébentine fine, de la thérébentine de chaudière, de la raisine en la meslant avec de la gomme d’hyver, de l’huile de thérébentine qu’on fait extraire au feu avec un allambic de cuivre et enfin du bray sec qu’on fait de deux manières. La thérébentine fine se fait dans un grand vaisseau quarré fait de planches et de madriers. On ne fait pas de languettes13 aux planches affin que la matière bien fondue par l’ardeur du soleil puisse passer par les jointures des tables et receüe qu’elle est au dessous de cette machine, /fol. 2 v°/ on la met dans des barriques. La thérébentine de chaudière se fait dans une chaudière mise sur un four, dans lequel il y a assés de feu pour échauffer la chaudière, et non pas pour faire cuire cette matière. Cette préparation rend cette matière moins fluide et plus grossière que la première. Ce sont ces deux espèces de matière que les étrangers prennent pour en faire de l’huile de thérébentine par le moyen de l’allambic, et du bray sec de qui la matière grossière reste dans la chaudière après en avoir tiré l’esprit. C’est la manière dont on fait l’esprit de thérébentine qu’on appelle huille, et le bray sec dont on se sert à divers usages. L’huille de thérébentine est employée pour la composition de quelques remèdes, surtout pour les onguents, mais beaucoup plus pour les pintures et pour le vernis ; le bray sec sert /fol. 3/ à faire du noir à noircir et pour mettre avec de la filasse dans les jointures des vaisseaux mais en petite quantité. Vers le quinze de septembre, les nuits devenants longues et fraîches, cette mesme matière qui sort par la blessure qu’on avoit fait à l’arbre devient moins fluide et s’attache à l’arbre. C’est cette matière épaissie qui est très blanche qu’on appelle du gallipot. Le gallipot étant meslé avec la matière fluide de l’été fait la raisine rousse et le bled [lire bray] sec qui est plus gras que celuy qu’on a parlé cy devant. Voicy la manière dont on fait ces sortes de matières.

13. En menuiserie, tenon continu sur la rive d’une planche, permettant l’assemblage avec la planche voisine, munie d’une rainure.

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On fait un petit four sur terre avec deux ouvertures ; la première est en haut assés grande pour contenir une chaudière, et la seconde est en bas pour mettre du bois dans le /fol. 3 v°/ four et l’allumer. On met les gommes dans la chaudière pour les faire cuire, on y met de l’eau sy on veut faire de la raisine, c’est ce qui la rend rousse, et on n’en met pas sy on veut faire du bray pour luy laisser la couleur naturelle qui est noir. Auprès de ce four, il y a un arbre creusé dans lequel on met ces matières bouillantes quand elles sont cuites, qui coullent dans un terrain préparé, c’est à dire dans lequel on a fait les moulles de ces matières qui, estant refroidies, font ce qu’on appelle des pains de raisine ou de bray sec dont l’unique différence conciste dans l’eau qu’on met dans la raisine et qu’on ne met pas dans le bray sec. Pour faire le goldron, on couppe l’arbre au pied et, après l’avoir jetté par terre, on prend une partye de cet arbre qu’on couppe à fort petits morceaux de la longueur de deux à trois /fol. 4/ pieds. On le fait dans un four qui n’est autre chose qu’un enfoncement en rond dans la terre qu’on revesty de carreaux jusqu’à la gueulle et dans le fonds duquel il y a un trou quarré d’un demy pied de largeur, dans lequel on met une pièce de bois cannellée par les quatre faces pour laisser couler le goldron. On met les petits morceaux de bois qui sert de centre et on remplit le four en rengeant ces petits morceaux de bois dont on fait plusieurs étages, jusqu’à ce qu’ils surpassent dans le millieu d’environ un pied de hauteur les bords du four ; quand le bois est bien arrangé, on met du gazon sur le four, dont on le couvre parfaitement. Après quoy, on met le feu à ces petits morceaux de bois pour les bords du four et il en sort une matière qui fait le goldron qui coule par les cannules de la pièce de bois du millieu dans une autre pièce de bois qui /fol. 4 v°/ va aboutir à des barrils qui le reçoivent. Pour parvenir à faire du goldron, il faut que les arbres soient entièrement usés et qu’ils ne puissent plus servir à autre chose. Il faut aussy que le gazon vienne dans un certain terrain propre pour cela et il en coûte beaucoup d’argent, d’attention et d’industrie pour y parvenir. Le bray gras se fait de la crasse de raysine et de certaines écorces de pin qui se chargent de ce qu’il y a de plus grossier dans l’arbre. On met le tout dans un four où on met le feu. L’expérience seulle peut apprendre la manière dont il faut faire le feu et le conserver jusqu’à ce que cette matière soit cuitte. On en fait de deux espèces, l’une est dure et en pain comme de la raysine, et l’autre est un peu molle mais non pas de beaucoup sy coullante que le goldron. On met pourtant cette dernière /fol. 5/ espèce de bray dans des barrils. Dans toutes ces manières d’acommoder les gommes il en sort de l’eau de différentes couleurs très balsamique. On trouve aussy sur l’écorce des pins un espèce d’encens dont l’odeur est forte et grossière. Les pins viennent non seulement dans les Médoc et dans l’élection de Dax, mais dans tout le pays que l’on comprend sous le nom de grandes et petites Landes, qui s’étend depuis l’embouchure de la Garonne jusques à Bayonne et

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à la rivière de l’Adoure14, et depuis la coste de la mer qu’on appelle la coste de Gascogne jusqu’à l’Armagnac et à trois ou quatre lieues du bord de la Garonne du costé de Nérac. 3. - s.d. [1715] : description des fours à résine [18/91/h]. /fol. 1/ C 9 1715 Explication des fourneaux et fours où l’on fait les reisines et goudron15 abLP est le profil du fourneau où se fait la reisine noire. Il a par em bas en dedans 5 pieds de diamestre sur trois et demy de hauteur, basty de morceaux de briques et de thuyle, dont les costéz on [sic] d’épaisseur par en bas, à l’endroit marqué O, un pied, faisant une retraite en P, d’où s’élesve un mur qui forme la voûte d, d’un demy pied d’espaisseur [en marge : 4 figures], laissant par en haut a une ouverture d’environ un pied ½. Cette vouste est couverte d’un demy pied de terre C. Outre cela il y a une hauteur de terre de trois costés pour renforcer le fourneau, de deux pieds de haut sur 3 de large, marquée sur le plan et profil f. L’ouverture a est par où on met le feu à la matierre laquelle, estant fondue et épurée, s’écoule dans une chaudière h, ou réservoir, par le conduit g, où on fait recuire cette matière en y meslant le feu à lad. matierre que l’on remue avec le fer marquée I, jusque à ce qu’elle soit cuitte ; l’ouverture b est pour nestoyer seulement la matierre après quoy il la faut refermer afin qu’il n’y ait point d’air. Le feu reste à se [sic] fourneau 4 ou 5 heures. Le fourneau où se fait la reisine est dans terre de la hauteur de trois pieds, fait de terre grasse de la manière qu’il est marqué par le profil B, sur lequel il y a une chaudière dans laquelle on met la gomme comme elle sort des arbres, que le feu fait enfler quoyqu’il ne soit pas grand. Pour lors il y a un trou à la caudierre [lire chaudière] en G, où elle sera prise par une goutierre qui /fol. 1 v°/ la conduit dans une auge de bois en E et, à mesure que celle qui reste dans la chaudierre se cuit, on la prend avec une cuillière de bois et on la fait couler dans une autre auge aussy de bois marqué F, où de là on en fait des pains de reisine que l’on trace dans du sable mis exprès et tous auprès qui est couvert et ensuitte l’on remply la chaudierre de celle qui s’est respendue en E avec de la nouvelle matierre que l’on y aporte. C est l’androit par où l’on mest le feu. Le four où se fait le goudron est rond et fait en eslipse comme un œuf. Il a 20 pieds de diamestre, a la hauteur de 8 pieds, et de là en est haut 13 pieds, comme il est marquée par le profil. Ce four est basty de briques et morceaux de thuyle avec de la terre d’argille. Il y a cinq ouvertures, chacune d’environ un pied et demy en quarré, sçavoir 4 aux quatre costéz et une sur le dessin marquée A par où l’on mest le bois et le feu. Le bois se mest un peu incliné 14. Adour. 15. Le dessin que ce document commente manque.

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comme il est marquée par BD, par rangées en rond que l’on serre bien l’un contre l’autre en y en faisant entrer de force avec une petite masse jusque au haut. Se sont de vieux pins que l’on coupe par tronçons que l’on fait comme les eschalas, de la longueur de deux pieds ou deux pieds ½. Il faut remarquer qu’il faut qu’un pin ait au moins 60 ans pour faire du goudron, plus jeune il ne produiroit rien. Au bas du four, dans le milieu, il y a une ouverture d’environ de deux pouces quarréz à l’endroit B par où s’écoule le goudron, que l’on bouche /fol. 2/ par dessus et que l’on ouvre quand il est temps de faire couler le goudron qui se conduit dans des bariques. Du costé de Biscarosse, il y a une autre manierre de faire, comme il est expliqué dans la responce au mémoire. La différence de ses [sic] deux four est que l’un est tout de maçonnerie et que l’autre n’est qu’à moitié et que l’autre moitié est couverte de gazon lorsque le bois y est posé. 4. - s.d. : notes de Réaumur [18/91/e]. essay qu’il me faut faire sur les matières résineuses en les faisant cuire et meslant ensemble. donner la couleur à la résine avec l’eau. [au verso :] deux fourneaux revestus de fer. une balance dans une lanterne. deux mortiers de marbre pour piller les lamines. quelques tamis pour les facer [sic]. des pincettes, tissonniers. quelques établis, avec des cisailles. diverses terrines, creusets, et autres petis ustancils. 5. - s.d. [1715] : demande de renseignements par Réaumur [18/91/f]. Le mémoire envoié par Monsieur de Courson sur les différentes matières qu’on tire des pins et sur les manières de les préparer16, est écrit avec ordre et netteté par une personne qui parroist propre à nous instruire à fond. Monsieur de Courson soupçonne qu’il pourra manquer quelque chose à ce mémoire du côté de l’étendue. Aussy auroit on quelques additions à demander et des pièces justificatives. 1° Les botanistes connoissent bien plus de quattre espèces de pins, mais il ne leurs est pas aisé de s’asseurer de celle qui produit les matières raisineuses en Guyenne sur la seulle description de l’auteur du mémoire. La meilleure et la plus simple manière de la faire connoitre, ce seroit d’envoier une petite branche de l’arbre avec son fruit.

16. Voir ci-dessus, doc. 2.

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2° Quoyque tous les pins ne donnent pas une égalle quantité de matière résineuses pendant un été, on voudroit scavoir combien en fournissent ceux qui en donnent le plus et combien en fournit le commun des pins. 3° En quelques pays où l’on tire des matières résineuses des pins et arbres semblables, on ne fait point l’entaille de la manière dont on l’explique dans le mémoire. On détache de l’arbre une bande de peau longue de 9 à 10 pieds et large de 5 à 6 pouces. On ratisse avec des ferrements la matière qui s’atache le long de la playe. N’y a t’il point quelques endroits de Guyenne où l’on suive le même procédé ? 4° On ne donne aucunes mesures des instruments, des vases, des fours qui servent à préparer les matières. On demanderoit plus. Si il n’y avoit quelqu’un à portée d’en lever des dessins, on ne souhaittroit pas des desseins fort finis mais exacts, accompagnés de coupes géométralles. Un autheur allemand a fait graver quelques desseins sur cette matière, qui sont pitoyables. 5° Ne fait on point de noir de fumée dans les landes de Guyenne comme on en fait dans les pays où l’on tire les résines ? Ce seroit encore matière à mémoires. 6° L’autheur des réponces a t’il vu faire le goldron d’arbres coupés et bruslés ? On seroit bien aise qu’il nous assure qu’il l’a vu, parce que Pomey prétend avoir eu des mémoires de Dax, où on l’assure qu’on ne suit jamais cette pratique. 7° On avoit demandé de petits morceaux des différentes matières résineuses avec un petit étiquet où seroit écrit le nom qu’elles portent dans le pays. On le demanderoit encore, et cela pour s’assurer quand les différents noms qu’on donne aux matières résineuses en signifient de différentes ou nous déguisent la même. 8° On verroit aussy avec plaisir les eaux de différentes couleurs que fournissent les résines pendant qu’on les prépare. 9° À l’occasion du bray gras, on marque que l’expérience peut seulle apprendre la manière de faire le feu et de le conserver jusqu’as que la matière soit cuite. On pourroit cependant entrer en quelque explication et décrire l’usage des ouvriers. X° En général on voudroit sçavoir combien dure chaque préparation différente des matières résineuses. 6. - s.d. [1715] : mémoire de réponse [18/91/g]. /fol. 1/ 19 Réponse au nouveau mémoire envoyé à Monsieur de Courson Art. 1 Nous ne connoissons en Guienne que deux sortes de pins, ceux qui portent du fruit bon à manger et ceux qui font nos matières raisineuses, dont on envoit

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une branche avec des pommes de pin. J’ay toujours creu que les arbres qui produisent la therbentine [sic] de Venise sont différens des nôtres, et j’ay ouÿ dire qu’il y en a en Guienne, ou ailleurs, de quatre espèces. Je m’en remets à Messieurs les botanistes. Je n’affirme que ce que je scay avec certitude. Art. 2 Un pin bien vigoureux donnera trois ou quatre livres de raisine chaque année ; un médiocre en donnera une à deux livres, mais il en faut huit ou dix des foibles pour faire une livre de raisine. /fol. 1 v°/ Art. 3 L’entaille se fait comme je l’ay dit dans le premier mémoire, c’est l’unique pratique des landes de Guienne. Sy on se sert en quelque pays de l’entaille décritte dans le nouveau mémoire, il faut que ce soit dans les endroits d’où l’on tire la therbentine de Venise. Art. 4 Je ne puis donner aucun dessein des instrumens, des vases ny des fours qui servent à préparer les matières, parce que je ne scay pas dessigner et je n’ay personne pour le faire. Je ferois encore pis que le pitoyable autheur allemand. Art. 5 On ne fait pas dans la province de Guienne du noir de fumée, mais on en fait dans le Portugal, et à Nantes on le tire du bray sec. Art. 6 J’ay veu et fait faire chés moy du goldron de la manière que je l’ay dit dans ma réponse au premier mémoire. Je scay que je l’ai dit dans le vray parce qu’il n’y a que cette manière de le faire que les /fol. 2/ habitans des Landes ont pris des Suédois envoyés sur le lieu par ordre du Roy. Art. 7 On enverra des eschantillons de toutes les matières avec des étiquettes. Art. 8 On enverra aussy des eaux qu’on trouve dans les différentes manières de préparer les matières résineuses. Art. 9 Pour faire du bray gras liquide et une autre espèce de bray gras dur, qu’on apelle autrement de la gème ou peigle, on fait un four sur terre avec de la brique rompue et de la terre glaise de cinq pieds de haut, ayant trois ouvertures, l’une tout en haut faite en rond de deux pieds de largeur par laquelle on met de la crasse de raisine avec des morceaux de bois de pin, et, quand le four est bien plain, on y met le feu par cette même ouverture. On en fait une autre presque au pied du four, large d’un pied en carré, pour donner de l’air au feu, et un autre rond au pied du four de la /fol. 2 v°/ grandeur d’un quart d’écu pour faire couller la matière fondue. Ce four est fait en ovalle de haut en bas, il a quatre pieds de diamètre dans le milieu et deux pieds à la gueule. On prépare cette matière en bray gras liquide en le mettant dans les barrils quand elle sort du four. Cette liqueur est fort noire et fort épaisse. On la prépare encore en

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bray gras dur, qu’on apelle dans les Landes gème, ou peigle, en le faisant recuire dans une chaudière. Cette seconde façon la rend dure et on la vent en pain. C’est peut être la première de ces deux préparations dont on a vouleu parler dans le sixième article du mémoire sur celle du goldron. Art. 10 On fait cuire les raisines et le bray sec durant deux heures avant de le faire couler dans les moulles de sable. La therbentine fine est faite au soleil. La durée de sa préparation dépend de l’ardeur du soleil ; quand il est bien ardent la therbentine est faite dans trois ou quatre jours, et souvent il /fol. 3/ en faut quinse dans les chaleurs modérées. La therbentine de chaudière est faite dans une heure, le bray gras coullant est fait dans cinq ou six heures, le bray gras dur qu’on apelle dans les Landes gème, ou peigle, est recuit dans la chaudière en deux heures. Une fournée de goldron dure quatre, cinq et six jours, quelquefois jusques à huit ou dix jours. Cette différence dépend de celle du temps ; quand il est beau et sec, le goldron est fait dans quatre ou cinq jours ; quand le temps est humide, cette préparation est plus lente à proportion de l’humidité du temps. On a répondeu aussy fidèlement qu’on a peu à tous les articles du mémoire et on est prest à répondre à tous ceux qu’on voudra encore envoyer. On a évité de tomber dans des redites inutilles, et on croit que ces réponses jointes à celles qu’on fit au premier mémoire donneront les éclercissemens tels qu’on peut les souhaiter [une autre main : les chaudières ne sont pas autrement faites que les chaudières ordinaires et les fourneaux sont comme ceux de cuisine, dont la bouche est assés grande pour que le fond de la chaudière y entre d’environ d’un demy pied.] 7. - 4 décembre 1715 : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/47]. Bordeaux 4e décembre 1715 Les soings obligeants de Monsieur de Courson ont valu à l’académie d’excellents mémoires 1° sur les pierres de Médoc, 2° sur la préparation des matières résineuses, 3° et sur le bitume qui se trouve dans les parroisses de Bastennes et de Caupennes, juridiction de Gaujac. Ces deux derniers mémoires seroient encore plus instructifs si comme le premier ils eussent été accompagnés des matierres mêmes dont ils traitent. Mais nous espérons que Monsieur de Courson voudra bien se souvenir qu’il a promis de nous procurer des échantillons de toutes les différentes matierres résineuses et du bitume d’auprès de Dax. La mine de ce bitume renferme des singularités d’histoire naturelle qui méritent d’être recherchées. Le mémoire qu’on en a reçu, apprend que l’on trouve dans cette mine et aux environs de la mine quantité de figures de

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coquilles et de poissons. Si ces coquilles sont changées en bitume, le fait est remarquable. Les coquilles changées en pierres ou en marcassites se trouvent en différents endroits. Mais on n’en trouve point de changées en bitume. Un ordre de Monsieur de Courson nous procureroit de ces coquilles et figures de poissons. Nous osons de plus espérer qu’il voudra bien ordonner qu’on s’attache d’en ramasser le plus d’espèces différentes qu’il sera possible, et de toutes celles que l’autheur du mémoire appelle de différents âges. Nous nous promettons encore que Monsieur de Courson voudra bien se souvenir qu’il nous a fait espérer des mémoires détaillés 1° sur les mines et sur les fourneaux et forges de fer du Périgord, 2° sur les fabriques d’acier de la même province, 3° sur la fonte des canons. Ce qui regarde la fonte des canons mériteroit deisseins, si il y avoit quelqu’un sur les lieux en état de les faire. Nous aurions encore une question à proposer, scavoir si on connoist actuellement dans le Périgord des mines de la matierre minérale appellée périgeux. 8. - s.d. [novembre 1716] : autre mémoire sur les matières résineuses [18/91/b]. /fol. 1/ 132 1716 J’ay donné un mémoire à Monsieur de Courson, dans lequel j’ay dit que dans la province de Guienne on ne voit que deux espèces de pin. Les domestiques ne donnent que des pignons bons à manger, et les sauvages donnent du revenu par les matières résineuses converties en différentes manières pour servir à des usages différents. Le Dictionnaire de Furetier [lire Furetière]17 dépeind bien les deux sortes de pins. L’auteur du procès verbal fait par l’ordre de Monsr Colbert n’a pas dit vray quand il a dit avoir veu dans le pays des Landes de Bordeaux cinq ou six espèces de pins différens. La différance des espèces de pins qu’il a dépeind ne vient que de la différance de la terre dans lequel [sic] ils croissent, et il est obligé pour prouver ce qu’il avance d’ajouter à la vérité des circonstances fausses. Il n’y a en tout cela que la différance des fons, plus ou moins propres à la nourriture de ces arbres. 1er J’envois des pommes et de la graine de ces pins sauvages. Je vais encore dire les différantes manières de convertir ces mattières résineuses, parce qu’on souhaite des échantillons de ces mattières avec des étiquettes. Je numéroteray ces étiquettes qui seront expliquées par l’article de ce mémoire du même nombre. Pour tirer les mattières résineuses, on fait toutes les /fol. 1 v°/ semaines une incision à l’arbre en commençant par le bas. Chacune de ces incisions est d’un demy pied de large et de trois doits en montant ; toutes les incisions font un entaillement égal et sans interubtion [sic] ; on commance à les faire au mois de mars jusques à la fin du mois de novembre. [croquis en marge] 17. Antoine Furetière, Dictionnaire universel contenant généralement tous les mots françois tant vieux que modernes, et les termes de toutes les sciences et les arts, La Haye-Rotterdam, 1690.

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Toutes les mattières résineuses sortent par cette incision. Celles qui viennent depuis le mois de may jusques au mois de 7bre [septembre] sont fluides et celles qui viennent depuis le mois de septembre jusqu’au mois de may s’attachent à l’incision de l’arbre, parce que le froid les épaissit de manière qu’il semble que ce soit de la sire [lire cire] blanche collée à l’arbre. 2 La mattière fluide qui sort durant la challeur est nommée dans le pays greich, c’est à dire graisse. 3 Celle qui est épaissie et attachée à l’arbre est le galipot, autrement barras. De ces deux mattières on fait de la résine et du bray sec de la manière qui sera expliqué dans la suitte. Elles servent aussi chacune à des usages différents ; on fait avec la mattière fluide deux sortes de therrébantines qui prennent leur nom de la manière dont on les fait. 4 La meilleure de ces deux sortes de therrébantines est faitte au soleil, on l’apelle therrébantine fine ou de soleil. On mest la mattière dans un vaisseau de bois, qu’on nomme barque, dont les tables ne sont pas languetées ; on ne couvre pas ce vaisseau afin que /fol. 2/ l’ardeur du soleil rende cette mattière encore plus fluide et sépare les parties les plus grossières des plus subtilles, qui sortent par les petites fantes du vaisseau et tombent dans des arbres crusé d’où on les met dans des barriques. Les parties grossières qui restent dans le vaisseau sont réduittes en résine ou bray sec. On fait l’autre espèce de thérébantine dans une chaudière sous laquelle il y a un four, dont Monsr de Courson a fait faire le plan. La même chaudière et le même four servent à faire la résine et le bray sec. Le feu metant cette mattière en mouvement la rend plus fluide durand [sic] qu’elle est chaude, mais il ne sépare pas ce qu’il y a de plus grossier et évapore les parties les plus espiriteueuses [sic] qui sont les plus fluides, de sorte qu’estand refroidie elle n’est pas de beaucoup si fluide que la therrébantine faite au soleil, qui est dégagée des parties grossières et a conservé le plus fluide. On n’envoit point d’échantillon de cette espèce de therrébantine qu’on appelle therrébantine de chaudière parce qu’elle est faite dans la chaudière. On n’en fait point dans la province depuis quelques années, ce sont les Anglois qui en portent de baston. Cette mattière qui peut estre réduitte en ces deux sortes de therrébantines, peut aussy estre réduitte en résine, huille de therrébantine et bray sec. /fol. 2 v°/ 5 On fait l’huille de therrébantine comme l’eau de vie par l’alembic. Cette mattière est fort espiriteueuse ; ce qui reste l’exprit estant enlevé sert à faire du bray sec. Le plus grand usage qu’on tire de la gome qui sort des pins, c’est la résine et le bray sec. La résine sert à faire de la chandelle en certains païs. Elle sert aussi pour mettre sur les vaisseaux par dessus le bray pour leur donner une couleur plus agréable.

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6 Pour faire la résine, on met dans une chaudière indiférament tout ce qui est sorty par l’incision qu’on a fait sur l’arbre. Je veux dire la mattière fluide de l’esté et celle qui est épaissie par la froideur de l’air. Quand elle est assés cuitte, on la passe dans un petit vaisseau qu’on nomme berceau, où on a mis de la paille qui retient ce qu’il y a de plus grossier, et d’où elle coulle dans un arbre crusé, où on la laisse refroidir jusques à ce qu’elle puisse souffrir l’eau sans s’enflamer, qu’on y mest dans une certaine proportion pour luy donner la coulleur rousse qui la [en marge : 7] distingue du bray sec qui doit estre noir, et qui se fait de la même manière à l’exception de l’eau. Ces mattières coulent de l’arbre crusé dans des moulles de sable où elles se refroidissent et prennent leur figure. C’est du bray sec qu’on fait le noir de fumée ; la manière de le faire est décritte très fidellement dans le Dictionnaire de Furetier ; on n’en fait pas dans la province de Guienne, mais la manière dont on m’en /fol. 3/ a parlé est conforme au dictionnaire. 8 On fait deux préparations de la crasse de la résine que la paille a retenu et de quelques morceaux de bois de vieux pin, chargée de la gomme qui a coulé [en marge : 9] de l’arbre. C’est du bray gras mou et du bray gras deur, on appelle le premier gème, et l’autre pègle. Le dernier est plus deur que l’autre parce qu’il est plus cuit et il n’en diffère qu’en cela seulement. On mest le mou dans des barriques et le deur prend sa figure dans le sable comme la résine et le bray sec. Pour faire ces deux sortes de bray gras, on mest les mattières dans un four dont Monsieur de Courson a fait lever le plan, et on les fait cuire à mesure qu’on veut le bray mou ou deur. Pour faire le goldron, il faut cruser la terre en rond dans une pente égalle et assés rapide pour qu’on ne puisse monter que par un petit effort sans se tenir à rien. On revêtit cest enfoncement de carreau de brique, dans le fons et au milieu duquel on laisse la place d’un carreau qu’on remplit d’un jeune pin écarré qui doit remplir la place vide. On fait un entaillement à chacune des quatre faces de l’arbre, qu’on nomme bourdon, pour laisser passer le goldron par les canelures. Au dessous du trou où l’arbre est planté, il y a un canal revêtu de bois, par lequel le goldron coulle dans des barrils qu’on mest successivem[en]t au dessous d’un des côtés du four ; les /fol. 3 v°/ ouvriers appellent cest endroit la cave. Pour faire le goldron, on jete les pins par terre ; on les sie dans l’endroit où on a finy de faire des incisions pour tirer la gomme de l’arbre. On partage le billon en plusieurs morceaux de la longueur de trois pieds, qu’on fend et refend avec la hache pour en faire des petites barres de la grosseur des barres de fagots. Il faut remarquer qu’on ne couppe que de vieux pins ; les jeunes seroit inutilles pour faire du godron ; le bois neuf ne doneroit que de l’eau. J’ay dit que l’on sie l’arbre jeté par terre dans l’endroit que les ouvriers résiniers ont finy de faire l’incision pour en tirer la gomme. C’est environ le tiers de l’arbre. Le reste de l’arbre est inutille parce que le goldron

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est uniquement la gomme qui se trouve dans le cœur de l’arbre, et il en coûteroit trop à débarrasser le centre de l’arbre du bois blanc qui l’environne. Je reviens à la manière de faire le goldron. On mest les petits morceaux de bois autour de l’arbre qu’on a planté au milieu du four, on les renge en rond, une pointe vers l’arbre et l’autre vers le bord du four, après en avoir fait un reng, on en fait autant qu’il y a d’espace entre l’arbre et le bord du four. Cette première couche estant faite, on recommance à en faire une autre, en faisant celle d’em [sic] bas toujours plus épaisse. On remplit le four avec ces proportions, de manière que le millieu qui est dans le fons beaucoup plus bas se trouve plus élevé que le bord, quand le four est plein. On fait des fours beaucoup plus grand les uns que les autres. /fol. 4/ J’en ay fait faire chez moy qui contenoit jusques à deux cens charrettées de bois. Quand le four est plein, on le couvre de gazon de cinq pieds de longueur et on ne laisse que des petites ouvertures au bord du four par lesquels on mest le feu au bois. Ce gazon est nécessaire pour empêcher le progrès du feu autant qu’on le juge à propos. Sans cette précaution le bois brûleroit trop vite et consumeroit le goldron. Il faut ménager le feu de manière que le bout de bois qui brulle fasse suer l’autre bout qui brulle à son tour, et par ce moyen le feu fait suer successivement chaque morceau de bois, elle brulle après. 11 [sic] On trouve encore sur l’écorce de l’arbre une gomme qui sert d’encens. 12 Dans ces mattières résineuses, il se trouve un beaume merveilleux qu’on appelle huille de chaudière. On la ramasse en faisant la résine, si le vend [lire vent] est au sud ou au sud est. Elle est merveilleuse pour les colliques pierreuses, pour certains meaux vennériens, mais surtout pour les plays. Elle fait des guérisons surprenantes. Il y a deux sortes de colophanes, ce sont les appotiquaires qui se servent de l’un et les jouyeurs d’instrumens à archet de l’autre, tout le monde connoit la manière de les faire tous deux. Je n’ay rien dit dans ce mémoire dont je ne sois très assuré. Je connois parfaitement ces sortes de choses parce que la plus grande partie de ma fortune consiste en des forêts de pins qui sont dans mes terres et dont /fol. 4 v°/ une partie m’apartient comme propriétaire. Si on veut d’autres éclaircissemens, on aura la bonté de dire ce qu’on veut sçavoir. 9. - 1er mai 1716 : projet de lettre du Régent à Lamoignon de Courson, par Bignon [18/85/b]. [de la main de Bignon :] Projet de lettre de Mgr le duc d’Orléans à M. de Courson, Intend[an]t de Bordeaux à Paris, le 1er may 1716 Je vous envoye, Monsr, un placet qui m’a esté p[rése]nté de la part d’un prétendu inventeur de mastic dont il dit des merveilles. J’ay communiqué ce pla-

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cet à l’Acad[émie] des sciences qui m’a répondu son jugement qu’elle ne pouvoit ni blâmer ni approuver cette invention, ne sachant ce qui entroit dans la composition. Faites le dire s’il vous plaît à l’inventeur [en marge : le Sr Stadens18] qui verra s’il luy convient de garder son secret ou de le donner soit à vous soit à l’Académie. Cette même Académie attend de vous des mémoires que vous luy avés fait espérer sur les aciers de Perrigord et sur le bithume d’auprès de Dax. 10. - 16 juillet 1716 : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/118]. /fol. 1/ Bourdeaux 16 juillet 1716 Les nouveaux mémoires et les différentes matières qui ont été envoiées par Monsieur de Courson nous ont donné d’excellents éclaircisements. Nous n’en avons pourtant pas autant tiré de la quaisse qui renfermoit les matierres résineuses que nous en devions espérer. Un des pots plein d’une matierre molle et que la chaleur a apparament encore ramollie, s’est entierrement vuidé. Le plus grand mal n’a pas été la perte de cette matierre. Elle s’est répandue dans la boete et a barbouillé de façon les étiquettes des autres matierres qu’il n’a pas été possible de les lire. On n’a pu reconnoitre que la résine et l’arcanson ou colophane, de sorte qu’on souhaiteroit que Monsieur de Courson voulust bien envoier de nouveaux échantillons, mais il seroit nescesaire de metre dans des bouteilles celles qui ont peu de consistance. Nous n’aurions pas besoing de les avoir à beaucoup près en aussi grand volume que ceux qui ont été envoiés. Nous souhaitons moins la quantité de chaque matière que le nombre /fol. 1 v°/ des matierres. En comparant les différents morceaux qui étoient dans la boete avec le mémoire détaillé que Monsieur de Courson procura l’an passé à l’académie, il semble qu’on a oublié plusieurs des matières résineuses que donnent les pins. On en voudroit de brutes de toutes les saisons et de préparées de toutes les manières dont on les prépare. 2° Les échantillons des mines de fer ont été plus heureux. Les étiquettes se sont conservées. Ces morceaux de mine et les mémoires qui les ont précédés nous mettent assez au fait des différentes qualités des mines du Périgord. Nous avions souhaité de plus des mémoires sur la manière dont on y convertit la fonte de fer en acier, mais nous les voudrions beaucoup plus circonstanciés que ceux qui ont été envoiés sur la manière dont on fond la mine, dont on moule

18. On trouve, dans la pochette de séance de décembre 1715, un prospectus imprimé, daté de 1715, indiquant que le “ Sieur Destadens […] a établi son domicile dans Bordeaux, chez Monsieur de Paillères, rue des Minimes […], où il tient un bureau pour la construction ou la fabrication et le débit d’un lut ou mastic qu’il a inventé ”, dont il rappelle les propriétés et les usages.

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les canons. Les mémoires que Mr de St Rémi a ramassé sur cette matière nous ont paru manquer de plusieurs éclaircisements nescesaires. Comme les pratiques sur la fabrique de l’acier varient fort dans la plupart des provinces du roiaume, on voudroit en avoir des différentes forges du Périgord pour voir sy elles y sont uniformes. On voudroit aussi un mémoire très circonstancié sur la manière dont on fait les moules dans la forge de Bugue19 en Périgord et sur la manière dont [on] y moule la fonte. On verroit volontiers des échantillons /fol. 2/ de cette terre qu’on prétend contribuer beaucoup à la beauté des ouvrages moulés. Est il bien sûr qu’aux mines d’Excideuil en Périgord, on creuse des puids qui ne sont éloignés les uns des autres que de huit ou dix pieds ? Est il nescesaire qu’ils soient si proche pour donner de l’air au mineurs ? 3° On a vu [avec] plaisir le bitume brut et purifié qu’on tire d’auprès de Dax. On avoit espéré qu’on pourroit voir aussi des morceaux de ce bitume où des figures de coquilles et de poisson sont empreintes, d’autant plus que dans un fort bon mémoire, envoié l’an passé par Monsieur de Courson sur la même matière, on marque positivement qu’on y en trouve qui ont la solidité et la figure des coquilles du bord de la mer. On parle dans le même mémoire d’autres morceaux aussi curieux, mais apparament plus tendres, qui sont envellopés d’un soufre d’une blancheur égale à celle de la neige. On pourroit faire rendre icy des plus tendres si on avoit la précaution de les mettre dans des couches de coton. Il n’y a point de corps si fresle qu’on ne transporte entier de la sorte. Nous aurions aussi quelques suppléments à demander au mémoire qui nous a été envoié sur cette matierre. On s’est contenté, presque, d’indiquer la manière singulière dont on détache cette matierre de la mine. Elle mériteroit un récit très détaillé. On voudroit scavoir si on fait une consommation considérable de ce bitume, combien un certain poids de cette matierre brute donne de matierre purifiée, où va la quantité qu’on en tire par an de la mine, combien on met de matierre brute dans le fourneau. /fol. 2 v°/ Mais on souhaiteroit surtout des deisseins du fourneau où [on] la fait fondre, et des outils qui y servent. On en voudroit principalement des plans et des profils. 4° En général, on souhaiteroit fort avoir des mémoires de la généralité de Bourdeaux pareils à ceux que l’on a eu de la plupart des généralités du roiaume, qui indiquasent ce qu’on y scait de singulier en terres, pierres, cristaux, mines, minéraux et autres matières qui ont raport soit à l’histoire naturelle, soit aux arts. Les divers éclaircisements que Monsieur de Courson nous a procuré cy devant, nous en font espérer des plus complets sur ces différentes matières.

19. Le Bugue (Dordogne).

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11. - 30 juillet 1716 : Stadens au Régent, s.l. [18/85/a]. 88 Monseigneur, Comme Votre Altesse m’a fait l’honneur de s’être addressée à Monseigr de Courson pour sçavoir de moi ce que je mets à peu près dans la composition de mon lut ou mastic, pour vous être envoïé, en exécution de l’ordre que Mr son Subdélégué icy m’a communiqué, j’ay fait tenir à Mgr de Courson un mémoire moins étendu que l’inclus que je me donne l’honneur et la liberté d’envoier à Votre Altesse, lequel pourtant j’avois dressé en premier pour le donner à Mr de Goïon, subdélégué, pour l’envoier à Monsgr l’Intendant ; mais, l’aïant communiqué avant de le porter à Mr le Subdélégué, je fus détourné de lui remettre par trois ou quatre personnes, disant que le mémoire cy inclus étoit trop long, que je m’y expliquois trop et qu’on déroberoit ou devineroit inmancablem[en]t mon secret. Mais, depuis cet ordre arrivé, et que tant de personnes curieuses ont voulu connoître de ce que Votre Altesse désiroit concernant mon secret, aïant lu et bien examiné l’un et l’autre mémoire, plusieurs personnes de probité et de bon goût m’ont blâmé de n’avoir pas incessamment envoyé à Votre Altesse le mémoire cy inclus comme leur paroissant clair, net, intelligible et plus instructif que celui que j’ay remis à Monsgr de Courson sur le fait de mondit ouvrage. Me laissant donc persuader que je dois ou devois envoïer le détail de la composition de mon lut à Votre Altesse plutôt qu’à toute autre personne du monde, et que je suis à temps de ce faire, je prens la liberté, s’il plaît à Son Altesse de l’aggréer, de lui faire tenir le premier mémoire que j’avois dirigé [sic] pour envoïer à Mgr de Courson ; enfin j’ay toujours cru bien faire que de commencer par exposer cette matière à la censure de divers peuples avant que de la pouvoir faire montrer à la connoissance du Monarque sous lequel j’ay pris naissance et vie depuis 1662, de sorte qu’aïant acquis avec applaudissement en divers lieux tant de belles approbations dont je n’avois jamais douté qu’elles ne me feussent accordées, je pris la liberté en son temps que d’en informer Votre Altesse, sous laquelle j’ay donc eu le bonheur que cet ouvrage de mes propres idées a été reçu et approuvé ; heureux, Monseigneur, si dans cette occasion, je puis mériter le bonheur que Votre Altesse veuille faire quelque attention sur mon état et sur l’ouvrage nouveau que Dieu m’a donné, que je voües soumets sous votre protection. Je suis cependant retenu dans Condom par Mr de Goyon, subdélégué, ne pouvant en sortir ni m’engager avec personne concernant ce lut, disant que je suis maintenant une créature au Roy et à Votre Altesse, par les ordres qu’il a reçus de Monseigneur l’Intendant à mon sujet, à moins d’un nouvel ordre sur mon compte. Destadens Ce jeudi 30e juillet 1716

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12. - 30 juillet 1716 : mémoire sur la composition du mastic du Sr de Stadens, Condom [18/85/c]. /fol. 1/ 88 5e État ou mémoire concernant les drogues et marchandises qui entrent dans le lut ou mastic du Sieur Destadens. Compris aussi la forme, la perfection et la nature de ce lut, et comme quoy on l’applique plus ordinairem[en]t sur toutes sortes de matières ou corps. Ses qualités, vertus et effets peuvent ce [sic] voir dans les impriméz qu’il a depuis cinq ans fournis en nombre au public de divers cantons, et qu’il baillera même encore à lire aux curieux qui seront près de sa personne. Premièrement Les matières, corps, marchandises et drogues qui composent et forment ce lut ou mastic, sont des végéteaux, des minéreaux et des couleurs, plus des graisses, des suifs, des huilles, la cire, le gouldron et le sçavon. De la nature de ce lut Ce lut, pour être dans sa véritable forme, perfection et nature, se fabrique ou construit en trois parties ou corps séparés, et sont ces matières ou corps tellement séparés que la forme et les propriétés de chacun sont très-différents et même dans leurs effets, pour la réussite parfaite de l’application de ce lut ou mastic, comme l’on en pourra juger par les suites du narré cy-dessous, et plus sérieusem[en]t à le voir travailler et emploïer dans l’application par ledit auteur, ses agens ou commis ou par quelqu’autre particulier /fol. 1 v°/ qui le mettra soy-même en usage sur quelque masse, ouvrage, matière ou corps solide, mouvent ou portatif ; pour ces trois matières ou corps, ledit Destadens a t’il aussi cherché à leur donner un nom, qui peut convenir à chacun, suivant leur forme, leur nature et leurs effets. Du premier corps ou matière de ce lut Ce premier corps dont il traitte d’abort, quand on le construit ou fabrique, doit porter dans la forme, perfection et nature finale et absolue, sçavoir un glutineux [ ?] extrêmement subtil et tenasse, et il est ou doit être si fort, si tenasse et subtil, quand il est bien fait, composé ou construit, que tout qui s’en approche ou le touche, peu ou légèrement, en quelle saison et temps qu’on le construise et fabrique, qu’il se trouve fait ou construit, vieux, nouveau ou réçament fait, il est toujours sujet à prendre ou à s’attacher, sur toutes sortes de corps grands et petits, mouvents et immobiles, notament le volatile, le rempant et l’insecte, sont sujets à s’y prendre et à y rester. Outre lesdites propriétés, qui sont naturelles et particulières à ce premier corps, il est encore le fondement principal et la base absolue de ce lut ou mastic, et par les raisons ou les qualités susdites qu’il possède, ledit Destadens a donné nom à ce premier composé dissolvant de subtilité, et peut en le fabri-

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quant ou construisant lui donner quelque couleur différente selon les matières, corps et ouvrages qui lui sont ou seront présentés ou proposés ; sans obmettre qu’il peut encore en le construisant ou fabriquant, y adjouter quelques vertus très sincères et particulières pour des maux concernant le corps humain et celui des animaux, ce qu’il a mis à l’épreuve depuis nombre d’années, en sorte qu’il est maintenant regardé comme médecin absolu pour certains maux, que de tout-temps on a regardé comme incurables. /fol. 2/ Cette matière ou premier corps se compose, sçavoir de l’un des six végétaux que suivent le nom, comme de la résine, ou du bray, de la gemme ou de la poÿe résine, du gallipot ou de la thérébinthe fine, commune ou grosse. De la seconde matière ou second corps de ce lut ou mastic Ce second corps est une masse que le dit Destadens compose, à laquelle aussi il donne plusieurs couleurs quand il le fabrique et construit, suivant le corps ou l’ouvrage qu’il a à servir. Cette masse ou corps, quand elle est bien mise en poudre et puis jointe, broïée ou pétrie avec ledit dissolvant de subtilité, forment ou composent une pâte mole, soupple ou dure comme une pâte de pain, laquelle pâte l’on peut fort aisément joindre, appliquer et même étendre en forme de plâtre ou de plomb, sur toute sortes de masses, corps, ouvrages et matières solides, mouvents et portatifs, qu’ils soient secs, humides ou mouilléz, le tout suivant que lesdits corps ou masses le requéront et que chacun aura mise cette pâte mole, dure ou soupple. Et par les différents usages, à quoy cette masse ou poudre en son particulier est propre, outre tout ce qu’elle produit quand elle est bien mêlée, pétrie ou broïé avec ledit dissolvant de subtilité, ledit Destadens a nommé cette pâte lut, nom qui lui convient mieux que celui de mastic, qu’il a eu joint pour contenter le public à l’inscription des imprimés qu’il lui a fournis depuis quelques années. On sera pourtant averti qu’il y a un plus grand ou moindre degré de force ou de vertu spécifique à donner audit dissolvant /fol. 2 v°/ et à ladite masse ou poudre, soit en les construisant, composant et fabriquant, que quand on les doit broïer, mêler ou pétrir, suivant que sont ou seront les masses, corps, ouvrages et matières solides, mouvents et portatifs, qu’on aura à travailler de ce lut. Cette seconde matière, poudre, corps ou masse, se compose encore avec l’un des susdits six végéteaux et auquel ledit autheur joint ou mêle quelque minéral des suivans : comme de la céreuze ou du verdet, de l’azur, ou du souffre, de la littarge d’or ou du blanc-d’Espagne, de l’antimoine ou de l’ocre, du camphre ou de la littarge d’argent, de l’orpiment ou du plâtre, du cinabre ou de la terre d’ombre, du bron rouge ou du talc, du marbre ou de la terre noire, du bol ou du bitume, etc. Et comme il y a très-souvent des personnes qui sont à lui demander la façon d’appliquer ou d’emploïer ce lut ou mastic, et plusieurs incrédules sur ce qu’il

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leur a dit, et leur a même baillé par écrit et en imprimé que cette matière ou corps s’emploie ou s’applique toujours à froid, il avertit de nouveau que cette pâte ou lut s’applique toujours sans feu, c’est-à-dire sans qu’on ait avec soy aucun ombre de feu, ni de fers chauds pour l’emploïer ou appliquer, en quel lieu et sur quel corps que ce lut puisse être utile ; on peut pourtant l’appliquer à chaud, mais il ne fait jamais si bien sur le bois, ni sur la pierre, etc. /fol. 3/ De la troisième ou dernière composition de ce lut ou mastic La troisième matière ou corps cy-dessous expliquée ne sert proprement que pour ayder ou faciliter l’ouvrier quel qu’il soit à bien faire l’application de ce nouveau lut soit pour joindre, fermer, étancher, lier, parquetter, s’étendre, couvrir ou remplir les masses, ouvrages, matières ou corps solides, mouvens et portatifs, énoncéz dans les derniers imprimés mis en cayers. Cette dernière ou troisième composition, matière ou corps se compose ou construit de suifs, de graisses, de sçavon, de cire, de gouldron et d’huilles, etc. Et à cause de ladite facilité et des effets merveilleux que ce troisième corps produit à la faveur de ladite pâte ou lut, concernant l’application, il porte pour nom liquide de faculté. Du prix de ce lut ou mastic Il pourra estre à un moindre prix qu’il n’est marqué dans les imprimés par la grande consommation que Sa Majesté et Votre Altesse pourroit en faire mettre en usage et en pratique ; il seroit inutile de m’en expliquer au présent mémoire, parce que la fabriquation et même l’application de mondit ouvrage ou lut dans sa nouveauté demande ma présence ; surtout pour décourager de la part de Votre Altesse, et ce qu’il y a de certain, c’est que je n’entreprens aucun ouvrage au hasart concernant mond. lut, pour grand ou petit qu’il soit. Mais à dire le vray, /fol. 3 v°/ Monseigneur, mes facultés à présent ne permettent guière que je refasse des voïages et des nouvelles épreuves et surtout pour la mer, car je suis à l’épreuve par mes propres expériences, que les gens de la marinne me joueroit [sic] quelque mauvais tour sans une puissante protection, se persuadans que mon ouvrage présente des épargnes dans leur art, et non la destruction ; si toute-fois Votre Altesse juge à propos que j’aille rendre en personne compte de ce composé, j’obéiray à ces ordres. J’espère encore qu’elle sera satisfaite du présent état ou mémoire, sur les ordres que Votre Altesse a bien voulu addresser à Monseigr de Courson touchant ma personne et mon secret ; lui attestant de nouveau d’en avoir rien icy caché des matières véritables qui entrent dans mondit ouvrage ou lut, et promets de n’avoir rien d’obscur ni de ténébreux pour ce secret, tant pour Sa Majesté que pour Votre Altesse. Dirigé à Condom, de jeudi 30e juillet 1716 Destadens

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13. - 16 février 1717 : Lamoignon de Courson au Régent, Bordeaux [16/9/g/i]. 53 Monseigneur J’ay receu le mémoire que VAR m’a fait l’honneur de m’envoier pour de nouveaux éclaircissemens que demande l’académie des Sciences sur la fabrique de l’acier et sur les mines de fer du Périgord. J’ay cru ne pouvoir mieux y répondre qu’en chargeant une personne qui est parti pour Paris et qui est fort instruit de ces sortes de choses, d’aller trouver Mr l’abbé Bignon à qui il poura donner tous les éclaircissemens que l’on peut souhaiter. VAR par le mesme mémoire me fait l’honneur de me demander un échantillon et des mémoires sur une terre savonneuse dont on se sert pour blanchir le linge que se trouve aux environs de Saintes. Mais, comme la Saintonge est de la généralité de la Rochelle, je ne pourois qu’avec beaucoup de dificultés estre assés instruit pour pouvoir rendre compte à VAR de ce qu’elle souhaite. J’ay l’honneur d’estre avec un très profond respect, Monseigneur, [etc.]. à Bordeaux, le 16e février 1717 de Lamoignon de Courson 14. - 24 avril 1717 : Lamoignon de Courson au Régent, Bordeaux [16/9/g/iii]. 28 Monseigneur, J’ay l’honneur d’envoier à VAR les réponses au dernier mémoire qu’elle m’avoit envoié de l’académie des sciences sur les matières raisineuses de cette généralité, dont j’avois adressé une caisse à M. l’abbé Bignon ; je souhaite que VAR puisse trouver dans ce mémoire tous les éclaircissemens qu’elle demande. J’ay l’honneur d’estre avec un très profond respect, Monseigneur, [etc.]. à Bordeaux, le 24 avril 1717 de Lamoignon de Courson Joint : mémoire d’éclaircissements apportés par l’intendant sur les matières résineuses [16/9/g/iv]. /fol. 1/

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1717

Mémoire de l’académie royalle des sciences envoyé à Mr de Courson20

Réponce au mémoire

Le dernier mémoire que Monsieur de Courson a envoyé à SAR Monseigneur

20. Un autre exemplaire de ce mémoire figure sous la réf. 18/91/d.

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le duc d’Orléans par sa lettre du 17 novembre sur les matières résineuses21 et les divers échantillons de ces sortes de matières qu’on a receu depuis, ont donné beaucoup de nouvelles instructions et ne nous laissent à souhaiter que quelques petits éclaircissem[en]ts. 1° Dans l’article 12 du nouveau mémoire, il est fait mention d’une espèce de beaume appellée huille de chaudière, qu’on ramasse dit on pendant qu’on fait cuire la résine. On souhaiteroit qu’on eût marqué de plus comment on la ramasse, quel degré de cuisson a la résine quand on ramasse cette huille, et combien on en tire à peu près d’une certaine quantité de résine.

1° On ramasse l’huille de chaudière avec une cuillère de bois que les résiniers apelent curran ; elle se sépare des parties grossières dès les premiers bouillons de la matière fondue, et cette séparation continue jusques à la cuisson faite de cette matière ; la quotité de cette huille dans une certaine quantité de résine est incertaine. Elle dépend de la quantité de matière subtille que le vent du sud met dans l’air. C’est sans doute cette matière subtille qui fait la séparation des parties balsamiques plus [sic] les plus fluides d’avec les autres. /fol. 1 v°/ 2° Dans le mémoire que 2° Cette huille de chaudière ne doit Monsieur de Courson envoya en 171522, pas estre confondue avec les eaux qui on a écrit que dans toutes les manières se trouvent dans les autres opérations. d’accomoder les gommes, il en sort de Si on en veut voir des échantillons il faut l’eau de différentes couleurs très attendre à l’esté prochain, et je promets balsamique. Ces eaux ne sont pas ce que de donner toute mon attention sur tout ce dans le dernier mémoire on a appellé qu’on souhaitera de sçavoir. J’ay veu des huille de chaudière. En retire-t-on de eaux verdâtres, de rousses, et de brunes toutes les préparations des gommes. La presque noires. variété des couleurs de ces eaux ne va-t-elle qu’à des nuances plus claires ou plus foncées d’une couleur semblable à celle de l’huille de chaudière qu’on a receue, ou y a-t-il des différences plus considérables ? 3° La matière résineuse, soit greich, 3° La matière résineuse en greich et en soit barras, sort elle également par le haut barras sort par le haut de la playe et par les côtés de la playe, ou si elle ne fraîchement faite, et coulle tout le long de sort que par le haut ? la coupeure jusques en bas, de manière qu’il parroit que tout l’entaillement vieux et nouveau fournit égallement, mais il est certain qu’il n’y a que la nouvelle coupure qui fournit. 21. Voir ci-dessus, doc. 9. 22. Voir ci-dessus, doc. 2.

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4° Sçait à peu près le poids de galipot ou barras que donne /fol. 2/ l’arbre par raport à une certaine [sic] certain poids de greich par exemple. Un arbre qui dans son année fournit trois livres de matières résineuses, combien fournit il en galipot, et combien en greich ?

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4° Un arbre donne à peu près autant de barras que de greich ; cella dépend pourtant des saisons. Si l’été est fort sec et que les pluÿes ne donnent pas un peu de suc à la terre il y a fort peu de greich. S’il pleut trop et que la terre soit froide, il y en a aussi fort peu et si au contraire l’esté est chaud et un peu humide, il y en tient une grande quantité. 5° Quand les blessures qu’on a faites à 5° Les blessures qu’on fait à l’arbre l’arbre sont recouvertes, l’entaille-t-on sont recouvertes d’écorce dans dix ou quelquefois dans cette nouvele écorce et, si douze ans, et on l’entaille de nouveau dans on le fait, es ce avec le même succès que le même endroit avec le même succès. dans un autre endroit ? 6° Dans le premier mémoire, on a 6° On trouve l’encens sur l’écorce et marqué que l’on trouvoit l’encens sous surtout dans les enfoncemens de l’écorce l’écorce, et dans le dernier on dit qu’on le mais pourtant sur la surface, assés près de trouve dessus, l’un et l’autre peut estre l’entaille ; on le ramasse durant l’hyver ; à vray selon les temps. Es ce auprès de la l’égard de la quantité elle est très blessure que l’on le trouve, en quel temps incertaine. communément le trouve-t-on, tous les arbres en donnent ils et quelle quantité ? /fol. 2 v°/ 7° Attend-on toujours à faire 7o On peut faire de la résine avec le greich tout seul, ou avec le galipot tout de la résine, qu’on ait du galipot ? seul, mais la plus belle est faite de l’un et Ne la fait-on jamais avec la seule matière fluide qui coule pendant l’esté ? de l’autre ensemble. N’en fait-on pas aussi avec le galipot seul ? 8° On nous apprend que ce qui fait la 8° J’ay dit dans mon mémoire différence de la résine au bray sec, tient de précédent que l’eau se met dans la résine l’eau qu’on jette sur la première, mais quand on la tire de la chaudière, et qu’on nous voudrions qu’on nous eût appris de la mise dans la tosse [ ?], il faut même plus à peu près la quantité d’eau qu’on prendre garde que la résine ne soit trop jette par raport à une certaine quantité de chaude parce que l’enflameroit en y mètant matière. Si après avoir jetté l’eau on ne l’eau ; à l’égard de la quantité d’eau, c’est remue pas le tout, ou si il suffit de l’avoir environ la 5e ou sixième partie, on remue l’eau et la résine ensemble pour la meller. jetté sur surface de la masse. 9° Quoyque les manières de faire 9° Je crois que l’arcanson n’est autre l’arcanson soient simples, nous voudrions chose que du bray sec qu’on fait de la qu’on nous eût écrit celles qui sont usitées manière que j’ay dit dans la cinquiesme et dans le pays. septième article de mon précédent mémoire. 10° Dans les mémoires, on a décrit la 10° On fait les barques de différentes figure du vaisseau appellé barque dans grandeurs parce qu’il y a des fermes de lequel on fait la thérébantine fine. Nous bois de pin plus considérables et d’autres

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voudrions qu’on y eust ajouté la grandeur et la profondeur de ce vaisseau /fol. 3/, et combien on y met de matière à la fois, a-ton essayé de faire passer la matière au travers d’un crible moins grossier. Il semble que par ce moyen on auroit une thérébantine plus fine et peut estre aprochante de celle de Venise.

de moindre valleur ; les barques doivent avoir leur grandeur à proportion qu’on a de la matière à y metre. Cette espèce de vaisseau peut contenir de six cens jusques à douze cens pintes mesure de Paris. On n’a pas essayé le crible ny aucun autre instrument que le barque. La thérébantine de Venise ne vient pas du pin, mais d’un arbre qu’on apelle le rebinthe.

11° Si le dessinateur qui par les ordres de Monsieur de Courson fait différents plans et profils [des] fourneaux à matières résineuses se trouvoit encore à portée des endroits où l’on travaille on demanderoit quelques suplém[en]ts. 1° le dessein de la barque à thérébantine et la disposition des vaisseaux qui reçoivent la matière qui en dégoute. 2° un dessein de la seconde espèce de four à goldron. 3° une coupe d’un de ces fours plein de bois qui montrast l’arrangement des bâtons depuis le haut jusques en bas. 4° on voudroit même quelques unes en perspective croqués qui montrassent la disposition des endroits où l’on /fol. 3 v°/ travaille, et même les atitudes des ouvriers, on ne demanderoit rien de finy, mais on demanderoit le plus de détail qu’il seroit possible jusques au dessein d’un morceau d’arbre avec les playes des mourceaux de bois dont on fait le goldron. 12. Pour faire la gème et pègle il ne faut 12. La chaudière qui reçoit la gomme ou pègle qui coule du fourneau n’est elle point de chaudière, la matière coule du pas sur le feu à plus près comme celle où four dans le barril pour faire la gème, et dans des moulles de sable pour faire la l’on fait cuire la résine ? pègle. 13. Malgré l’explication où l’on est 13. On employe pour faire le goldron le entré sur la manière dont on fait le goldron bois qui est depuis le bas de l’arbre on reste incertain si on y employe la partie jusques à l’endroit où finissent les de l’arbre qui est depuis la racine jusques incisions parce qu’il reste fort peu de bois à la blessure, ou celle qui est depuis la blanc dans cette partie de l’arbre, et qui est blessure jusques en haut. Il semble par le fort facille à détacher du cœur de l’arbre premier mémoire que le goldron ne se qui tout seul peut donner du goldron, le trouve que vers le centre de l’arbre. Quand reste doit estre rejetté. on le fend en divers morceaux rejette-t-on pour cette raison les morceaux qui se trouvent le plus près de la circonférence ?

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15. - 12 juin 1717 : Lamoignon de Courson au Régent, Bordeaux [16/9/g/ii]. 1717 47 42 Monseigneur, On n’a point trouvé dans cette généralité des paillettes d’or dans le sable de la Garonne. Il n’a jamais esté fait aucun règlement sur cela, mais j’ay ouÿ dire qu’on en avoit veu au dessus de Toulouse. Je ne sçay si c’est dans la généralité de Languedoc ou dans celle d’Auch, ainsy je ne puis donner aucun éclaircissement au mémoire de l’académie que VAR m’a fait l’honneur de m’envoier. J’ay l’honneur d’estre avec un très profond respect Monseigneur [etc.]. à Bordeaux, le 12e juin 1717 de Lamoignon de Courson 16. - s.d. : note de Réaumur [R/6/11]. Comme Monsieur de Courson a envoié divers mémoires sur les matières résineuses, il n’est pas aisé de scavoir précisément lequel Monsieur de Bitry23 souhaiteroit qu’on luy renvoiast, mais nous luy sommes obligés des nouveaux mémoires qu’il a recouverts et qu’il dit avoir été faits à Biscarosse par gens entendus. Nous les verrons avec d’autant plus de plaisir tels qu’ils sont sortis de la première main que nous épargnerons par là à Monsieur de Vitri [lire Bitry] la peine qu’il veut prendre de les mettre en un autre ordre. Nous acceptons aussi l’offre qu’il nous fait de faire dessigner le four par Monsieur son fils et les mémoires qu’il veut bien nous procurer sur la culture de sa province et sur divers autres sujets. 17. - s.d. [1718] : mémoire de Juliot sur le bithume de Gaujacq [18/28]. /fol. 1/ C 17 3 1718 Mémoire sur le bithume de Gaujac24 [au crayon : par Juliot] De touttes les mervielles que la Guienne produit, on peut mettre celles du bithume de Gaujac, une des plus considérables et des plus rares, très utile à une infinité d’usages, mais principallement aux plattes-formes, terasses, citernes, etc., ce qui m’a engagé à faire la recherche du traité qu’en a fait Monsieur Juliot, qui est cy après. Il m’a promis que dans le beau tems il modellereroit les fours et fourneaux, et que sur ces modelles j’en pourois faire les desseins juste. Voicy le traité dont je viens de parler25. Dans la paroisse de Bastennes, juridiction de Gaujac, et dans celle de Cau23. Bitry, membre associé de l’Académie de Bordeaux. 24. Gaujacq (Landes). Voir aussi “ Navarre et Béarn ”, doc. 23-27. 25. Une copie de ce mémoire, identique à quelques variantes orthographiques près, se trouve sous le n° 17/37.

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penne, limitrophe de l’une et l’autre, sçituée dans la Chalosse, sénéchaussé de Saint Séver du présidial de Dax, généralité de Bordeaux, à deux lieues de la rivierre de l’Adour, se trouve une mine de bithume dans un banc continu et si étendu qu’il n’a pas esté possible jusqu’icy de comprendre où peut en estre le centre, non plus que touttes les extresmitéz. À Caupenne, avant l’établissement fait pour l’épurement de cette matierre, l’on y avoit veu de tout temp une mine ouverte, dont on ne faisoit que fort peu d’usage, parce que, ce bithume étant mêlé avec beaucoup de terre et d’autres matierres qui lui sont étrangères et d’une nature différentes, l’on ne pouvoit s’an servir que fort grossièrement. Mais à Bastenes, ce bithume ne s’i estant montré /fol. 1 v°/ que fort peu de temps avant que l’on y construisit des fours et autres bâtiment nécessaires au dépouillement de ce qu’il y a d’impur, l’on ne s’en estoit poin [sic] encore servy. Cependant, comme cette matierre y est beaucoup moins chargée d’autres matierre étrangerre et y est beaucoup plus onctueuse qu’à Caupenne, l’on y a étably des fours et ce que l’on a jugé de plus convenable pour séparer cette matierre ce de qui peut en embarasser la beauté et la bonté. Ce bithume c’est découvert par une extresmité sur le penchant de deux colines, exposée du nord à l’ouest, et ces colines au milieu du penchant desquelles on a fait l’ouverture de la mine sont assés rapides, surtout à Bastennes, pour y faire rouler de haut en bas par leurs propre poids les terres desblayés. Cette mine se découvre assez facilement, à Caupenne, et comme le banc y suit assez parallement [sic] la superficei de la terre, dans la pente de la coline, à la profondeur de 4 ou 5 pieds, il est des endroits où les courans des eaux orageuses la mettent de manierre à découvert et le banc y est d’une telle épaisseur que l’on peut le faire sauter avec de peut de dépences, mais outre qu’il y est mêlé beaucoup de terre, il renferme beaucoup de soufre, qui le consomme extrêmement dans la séparation et de façon même que l’on ne peut en tirer que fort peut d’épuré. /fol. 2/ Pour la partie de la mine ouverte à Bastenne26, se trouve beaucoup plus onctueuse et beaucoup plus remplie de fin jusqu’à une certaine distance du fonds dont on parlera dans la suitte. Mais le bithume y est beaucoup plus dificile et coûte beaucoup plus à tirer. Comme l’on avoit vu par les ravines qui le découvret à Caupenne que le banc suivoit assez paralèlement la superficcie de la terre dans sa pente, la mine de Bastennes s’étant montrée environt à même profondeur, l’on avoit jugé qu’elle devoit être de même et dans cette pensée l’on y a fait l’établissement, mais on a conu par le travail que l’on s’estoit trompé quand à la dispotion [sic] du banc. Ce banc qui se montre là, a l’ouverture de la même façon qu’à Caupenne, au lieu de suivre la superficie de la coline dant sa pente, s’y trouve de la même manierre que l’on voit les nuées en l’air, c’est à dire enflé ou épais dans des 26. Bastennes (Landes).

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endroits, creux ou mince dant d’autres d’une masnière très rabotteuse et toujours néamoins [sic] sant discontinuation. Mais orizontallement de façon que plus on en découvre en tirans vers la hauteur de la coline plus il y a de terre à déblayer. Ce banc qui c’est ainsy formé selon toutes les aparances des exalaisons des feux souterrains entretenus par des mines de bithume concentrée, doit vraysemblablement avoir un centre dont les extrémitéz comme celles /fol. 2 v°/ qui paroissent ne seroient que des écoulements. Ce banc, di je, paroit dant son lit com[m]e une espèce de pierre noire d’une telle dureté et sy forte que l’on ne peut la séparer qu’avec beaucoup d’efforts et sy difficilement même avec quelque instrumant tranchant ou cassant que ce puisse estre, que l’on est obligé de la miner d’une masnire [sic] toutes singulierre. En effet l’on ne peut en venir à bout qu’avec des éguilles rouges sortant d’un fourneaux construit à cette usage. L’on ne peut vider la mine qu’avec des cuillers de fer aussi toutes rouges et nul tampons n’y peut tenir, de quelque nature qu’il soit sinon du bithume même. Mais il est à remarquer que, dant la mine de Bastennes dont le fonds du banc est beaucoup plus remply de souffre que vers la superficei, l’on vois dant cette partie basse des effets de la nature toujours agissante aussy surprenante qu’adimirable [sic]. En effet l’extrémité de ce banc qui touche à la terre qui luy sert de lit, semble un composé d’écailles de toutes sortes de poissons ou coquillages, principalement d’écailles d’huîtres aussi bien formée aussi solide et de la même nature que celles que l’on tire de la mer, et depuis ce fonds jusqu’au milieu de l’épaisseur du banc l’on trouve différentes petites parties cernées, si l’on peut se servir de ce terme, cernées, dis je, dant le corps du banc d’une masnière si délicatte que l’on ne peut en connoistre la division ou détachement que par la sortie de ces petites parties du corps dant lequel il semble qu’elles ont estée cernées. Cest parties ainssi séparée représentent donc différentes figures d’écailles comme de barennes, de moules, de pétoncles, outre celles d’huîtres /fol. 3/ etc., ou d’os de poisson, mais d’une manierre sy bien travaillé par la nature que nul trait n’y manque, avec cette circonstance cependant que de ces petits corps les uns paroissent depuis longtemps et les autres plus nouvellement disposéz à représenter les figures à quoy la nature les avois destinées. Celle que l’on pouroit croire nouvellement séparée de la masse, ne sont proprement qu’une partie ou globule de bithume massive représentant ce sujet pour lequel il estoit préparée, enveloppée d’une superficcie de souffre blanc comme neige, ainsi que l’on vois la fleur sur de certains fruits, au travers de quoy chaque trait paroit d’une extitude [sic] inexprimable. D’autres dont la superficei commance à prendre quelque chose de la solidité de l’écaille ou de l’ore, perdent de leur blancheur proportionnellement à leur progrès et cette figure d’écaille, etc. ne commance à se former que du centre du globule en sorte que plus la figure se perfectionne plus le centre du globule se vide, si bien que quand les écailles ou autres figures qui doivent estre formées de cette

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matierre sont à leur dernier point de pection [sic], le dedans de l’écaille est vuyde et la superficie intérieur fait voir le même nacre. Comme la superficie extérieures représente les mesme figures et les mêmes traits dont les différentes sortes d’écailles que l’on tire de la mer sont forméz et ainsi des os. Ce sujet aussi bien que la manierre dont le bithume se trouve dant la terre pouroit fournir matierre à faire des réflections très curieuses, mais comme l’auteur de ce mémoire n’est pas d’une profession à se donner la liberté de raisonner sur des idées sy phisiques, /fol. 3 v°/ il se remfermera seulement à descrire le mieux qu’il luy sera possible la manierre dont les fours pour l’épurement du bithume sont construits et combien peut estre avantageux et utile l’usage de cette matière tant brut qu’épurée. L’on a déjà dit que ces fours étoint d’une grande capacité et en effet les derniers construits en ovale à suivre les lignes diamètralles ont de longueur 18 pieds sur 7 de large en œuvre, et 22 pieds de longueur sur 11 de largeur de dehors en dehors. Cet ovale prend sa naissance dans [une] écavation profonde de 6 à 7 pieds à comter par le flanc qui regarde la hauteur de la coline. Dant cette escavation, est fondé de brique une espèce de cave vousté de 6 pieds de haut sous clef. Sur cette vouste est construit le sol du fond relevé sur son plan de plusieurs figures de colines, dant les entredeux ou vallons desquelles sont ménagé des bassins d’où partent des caneaux ou tuyaux de fer qui percent les voustes et sous lesquels sont posées dant la cave des barils dont l’ouverture répond au bout de ces tuyaux pour recevoir le bithume épuré qui s’y rend. Sur le fonds ainsy, le cerveau ou capacité du four est construit et élevé de 5 à 6 pieds sous clef de la longueur et largeur dont on a parlé et, sur le flanc de cette capacité qui regarde le bas de la coline, sont posée deux fourneaux de deux pieds de largeur sur trois de longueur ou profondeur séparés l’un de l’autre d’environ 1 pieds. Ces fourneaux ont leurs fonds dans l’épaisseur de la voûte, et ce fonds respond à un cendrier ménagé dans l’épaisseur du mur, qui desend jusqu’au sol /fol. 4/ de la cave et qui prend l’air de dehors par une tranchée faite dans le terrain qui environne la cave. Dant le fonds du fourneau, est posée une grille sur laquelle on met le bois à chaufer par une fenestre ou registre qui y respond, et sur le bort de ce fond est posée une espèce de cage de fer de la même largeur et longueur que le fourneau, et haute de 3 pieds pour entretenir libre la capacité du fourneau. Pour doner moyen au feu de ce communiquer au fond du four chargé de matierre brut et pour empescher que cette matière ne se mêle avec le feu, outre ces fenestres ou registres des fourneaux, il y a encore six registres à chaque four de la même grandeur qui se ferment com[m]e ceux là, avec des portes de fer qui servent jusqu’à un certain point à charger la matierre brut et en retirer la crasse, après l’épuration, et à donner le degré du feu nécessaire en les ouvrant ou en les ferment comme on le juge convenable. Avant de charger le bitume brut dans le four, l’on range de la paille sur les grilles posée sur les bassins pour laisser couler le pur dant ces bassins et retenir l’impur dant le fonds du four, et pour empêcher qu’elle ne soit dérangée en

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chargeans on la couvre de fagots de bois. Ce bithume comme il est tiré de la mine est chargé en morceaux depuis le plus petit jusqu’à la pesanteur de 100 ou 120 livres et, le four remply de cette matierre, l’on met le feu dant les fourneaux où il est entretenu sans cesser pendent 4 ou 5 jours jusqu’à ce qu’il /fol. 4 v°/ ne coule plus rien dans les barils. Après quoy l’on retire la crasse, mais avant qu’elle est perdu sa chaleur, parce que toute sèche qu’elle puisse paroistre il reste encorre assez d’humeur pour en former une masse inséparable si on le laissoit refroidir tout à fait. Le bithume tout brut qu’il peut estre com[m]e il est tiré de la mine, se trouve d’une nature si semblable à celle de la pierre et luy est sy adhérante que deux pierres jointes ensembles avec cette matierre ne peuvent se séparer, car com[m]e elle est fort insinuante et fort pliante elle obéit plustos que de casser. Pour en lier des pierres par exemple qui pouroient servir de pavé sur un plan, il en faudroit prendre 85ll de brut avec 15ll d’épuré pour luy servir de fondant, car le brut est trop mêlé de matierre étrangère pour se fondre sans secours. Commancer par metre l’épuré dant la chaudierre proportionnellement à ce qu’elle peut contenir de tout les deux et, tandis qu’il se fond, casser le brut par morceaux les plus petits que l’on peut les mettre ainsi dant la chaudière et y mêler environ 6 ou 7 pour % de chaux vive en poudre tamisée pour resserer davantage cette matierre après /fol. 5/ l’employ. Les choses ansy disposées, il faut brasser le tout dant la chaudierre jusqu’à ce que le tout soit fondu fort fluyde qu’il ne se lève plus et qu’il ait bouilly après cela quelque temps, de masnierre à paroistre tranquille. Sy l’on ne trouve pas à propos d’y ajouter de la chaud, l’on peut préparer le bithume sans y en mestre et alors il ne faudra guères que dix livres d’épuré pour servir de fondans à 90ll de brut. De l’une ou de l’autre manierre cette matierre, fondue comme on vient de l’expliquer, il la faut recouler dans les joints des pierres avec une cuillère jusqu’à ce que ces joints soient remplis et cela sufit ; mais pour donner de la force à cette liaison, il faut avec le cizeau étendre les joints depuis 6 à 8 lignes de largeur sur dix à douze de profondeur. L’on a employé du bithume de cette façon sur plusieurs sujets et l’effet en est surprenant, mais com[m]e il est inutil de les raporter tous, l’on se contentera de raporter ycy l’usage que l’on en a fait sans chaux au Château Trompette. Les pierres qui servent de pavé aux remparts de cette place ont un pied de large sur deux de long ou /fol. 5 v°/ environs. Dant les joints acomodés de la manière qu’il vient d’estre expliqué, il y est entré par toise quarré environ 75 livres de bithume tant brut qu’épuré. Un superficei de niveaux en pente ou autrement, couvers de bonne pierres dont les joints seroient aussi remply de ce bithume, pouroit résister à tous les temps. Par exemple, les rempart du Château Trompette renferment en eux sous des voustes les cazernes et autres lieux d’un grand espace, et quelque soins que l’on eut pris depuis leur construction de les acomoder tous les ans avec du mastif ordinaire, l’eau en auroit toujours percé les voustes et dès que il pleuvoit tout y estoit inondé. Mais, depuis que l’on y a employé du bithume, dans les temps

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les plus pluvieux tout est fort sec. Ainsy, sy l’on vouloit employer de cette matierre à la liaison d’un mur perpendiculaire construit de pierres de tailles, il n’y auroit qu’à fermer les joints sur les parement d’un et d’autre costé avec de bon mortier à la posée de chasque assize pour retenir ce bithume dant le moment qu’il seroit coulé fondu entre les pierres qui composeront le corps du mur. Il se poura faire de cette /fol. 6/ manière des citernes, bassins de fontaine ou autres capacité pour retenir les eaux plus solides et surtout plus durables que d’étain. Il est bon d’observer que les corps sur lesquels l’on veut apliquer le bithume tant brut qu’épuré doivent estre fort secs dant le temps de l’aplication et, quand on veut l’employer à découert [sic], il est bon de choisir le temps le plus beau et le plus chaud que l’on peut. Comme il est assez difficille de couler le bithume dans les joints sans qu’il s’i répende quelque baveure aux costés, il est necessaire quelques jours après l’opérations et lorsque cette matierre est endurcie surtout le matin avant que le soleil ait peu la ramolir, il est nécessaire dije de ratisser les joints au niveau du pavé avec un instrument de fer convenable jusqu’à ce que le tout soit bien uny. Après quoy, sy l’on y répend de la coupe de pierre tamisée et que l’on y passe ensuitte un fer chaud par dessus, les joints ainsy couverts ne paroissent plus et le tout ne semble qu’un même corps, chose aussi nécessaire pour l’agré[me]nt de l’oeil que pour la comodité de ceux qui voudroins marcher ou se promener sur les plates formes et corps pavée de pierre /fol. 6 v°/ dont les joints ou les fentes seroiens remply de ce bithume. En voilà assé pour faire comprendre l’utilité du brut, il faut en venir à l’usage de l’épuré. Cette matierre séparé de ce qui luy est impur est d’une beauté et d’un noir surprenant, d’une telle pénétration et si visqueuse qu’il est presque imposible de la détacher du corps de quelque qualité qu’il puissent être sur lesquels elle pouroit estre apliquée, et sur ce pied d’une utilité et d’un usage merveilleux pour la marine. Comme elle est très visqueuse et très coulante lorsqu’elle est fondue au point nécessaire, sans aucune adition, elle s’étend et fait beaucoup plus d’employ que le bray ordinaire dans la fontes duquel il faut mettre de l’huyle et du suif pour le faire couler. Et comme elle est d’une nature très différentes, au lieu que le bray se réduit en poudre à l’air et qu’il etcaille et se détache dant l’eau par l’usage, le bithume s’endurcit avec le temps à l’air et à l’eau de manierre qu’un vaisseau spalmé de bithume n’aura besoin d’aucune réparation pendant qu’il faudra mestre deux ou trois fois /fol. 7/ en carenne un vaisseau spalmé de bray composé de raisine. Mais comme les choses les plus utils ne se conduisent guerre à leurs perfection qu’avec beaucoup de soin, com[m]e le bithume s’élève ordinairement lorsqu’ils est échaufé, il faut avoir attantion lorsque l’on le fait fondre à le brasser jusqu’à ce qu’il s’abaisse et ne l’employer que quand il s’est abaissé et qu’il a encore bouilly quelque temps avec aparence seulement d’un petit mouvement. C’est ainsi qu’il peut estre mis à propos en usage et sur quelque corps de

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bois que ce soit aussi bien que sur les bâtiments de mer ou de rivierre à la sûreté desquels cette matierre est plus propre que quelque autre que ce soit. Remarques faites au Château Trompette où l’on a employé du bithume de Gaujac par l’ingénieur chef. J’ay remarquée en plusieurs endroits des plattes formes du Château Trompette dons les joints de pierres ont esté remply de bithume, qu’il est venu dans quelques uns desdits joints des herbes le long desquelles l’eau a pénétrée et percé dans les voustes. /fol. 7 v°/ Ce qui m’a fait juger que ceux qui l’on employé n’ont pas trouvé la préparation dans la perfection qu’elle doit estre, soit qu’il aye manquée à la cuisson au mélange du fin avec le gros, soit qu’il y eut falu quelques autres matierre étrangères comme de la chaud, du ciment, de la rasine ou autres. Ce qui m’a prouvé encore qu’il y manquoit quelque chose, c’est que j’ay trouvé aux expositions du mydy que l’ardeur du soleil l’amolit considérablement de manière qu’aux endroits de niveau il s’attache au soulier et dans ceux où il y a de la pente il y coule et dessend. J’en et fait couler l’esté dernier sur des pierres sepongieuses et à quelque joint où il en manquoit. J’ay pris soint de le bien faire cuire et le mélangé de 3ll de fin sur 15 de gros. Je ne scait sy j’auré plus aproché que les autres de la perfection sy dans ce temps là j’avois veu le traitté cy dessus, j’aurois fait mestre à quelque endroits de la chaud, en d’autres du ciment et de la recoupe de pierre. Comme je n’estois pas au fait je me suis laissé conduire par l’entrepreneur qui n’y estoit guère plus que moy. J’espère l’esté qui vein en faire quelque expériances. Il est certin que ce bithume est incomparablement meilleur que tous les ciment que l’on scauroit faire. /fol. 8/ [d’une autre main :] Celuy qui a copié ce mémoire cy devant du bithume a fait bien des fautes, il faudra ayder à la lestre sil vous plaist. J’ay fait des espreuves de ce bithume. Il y a une an et demy, j’en fis couvrir des pierres sepongieuses de deux pieds en quarré. J’ay trouvé que celle où j’ay mellé de la chaux vive avec le bithume est très bon, cela luy a donné plus de corps et enpesche que le soleil ne le fonde ; celuy où j’ay mellé du ciment est encore fort bon. 18. - s.d. [1718] : mémoire de Bitry sur l’amélioration de la culture en Guyenne [18/91/c]. /fol. 1/ C. 19 3 1718 Mémoire sur la province de Guyenne, de la manière de la bien cultiver, 1715 La Guyenne qui les enciens appeloient l’Aquitaine (parce qu’elle est arrosé par un grand nombre de rivières et que l’on y trouve quantitéz de sources d’eau minérales), seroit une des meilleure province du royaume, des plus fertilles et de laquelle on tireroit de très grands secours si la culture estoit bien ordonné. On y trouveroit abondamment tout ce qui est nécessaire à la vie, bleds, avoine, gros et petit millet, et autres grains plus qu’il n’en faudroit pour nourir ses habitans, vins et eaux de vies pour faire un très gros commerce avec les étran-

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gers. Il y auroit aussy de bonnes prairies et d’exelens pâturages pour y élever quantitéz de bétail et de volatilles. Cette province se pouroit passer de ses voisins et ses voisins aussy bien que les étrangers seroient obligé de venir prendre ses denrées ce qui la rendroit une des plus riche de l’estat. /fol. 1 v°/ Bordeaux a sans contredit un des plus beaux et des meilleur port de l’Europe. Le pays est arrosé de grosses rivières la pluspart navigables qui rendent cette ville très marchande. Pour rendre cette province beaucoup plus considérable, il faudroit rendre navigables quelques rivières qui ne le sont point, ce qui ne seroit pas d’une très grosse dépense. Il en a esté envoyéz à la cour des plans et mémoires. Il faudroit aussy arracher le trop de vignes qui sont à charge aux habitans affin d’ogmenter les terres labourables qui sont en trop petitte quantitéz et faire avec cela des prairies et de bons pâturages qui auroient leurs utilitéz. Il seroit encore nécessaire de rétablir les bois qui deviennent de plus en plus rares et de repeupler les landes de brebis et de moutons. Pour estre au fait de cecy, il faut scavoir que cette province est composé de landes, de gravier et sable qui produisent le bon vin de grave, de grandes rivières le long des bords desquelles il y a de larges lizières de terre grasses formé par des enciens débordement et changement de lit de ses rivières, qui y ont apporté des vases qui se sont affermies et rendues de meilleures terres du monde que l’on nomme palus. L’abondance que produisent les rivières navigables est connue de tout le monde. Feu Mr Ferry, homme de méritte et entendus, a /fol. 2/ envoyéz à la cour plusieurs projects et plans pour rendre navigables celles de cette province qui le peuvent estre avec des remarques bien circonstanciéz qui ne me laissent rien à dire sur ce sujet. Il est certain que la trop grande quantité de vignes est à charge en ce qu’elles coûtent beaucoup plus que si il y en avoit beaucoup moins, que les hommes deviennent plus rares et que l’on a peine d’en trouver pour les cultiver. Cela est si vray que les manœuvres qui coûtoient autrefois 6 à 7 sols par jour en coûtent à présent 12 à 15 et les années dernières jusqu’à 17 [en marge : et les bariques qui ne coûtoient autrefois que 7 à 8 sous la douzaine en coûte à présent depuis 18 jusqu’à 20 sous]. De plus les quantitéz de vin en diminuent considérablement le prix et la pluspart du temps il reste aux propriétaires qui sont obligé d’en faire des eaux de vie et du vinaigre parce que la qualitéz des vins n’est pas de longue garde et qu’après deux ans on ne peut plus les transporter, estants sujects à se tourner et à aigrir. Je crois que ce qui y contribue le plus est qu’il n’i a guerre de caves et que le peu qu’il y en a sont très mauvaises ; on ne sert que de celliers qui ne peuvent pas deffendre le vin des grandes chaleurs et des tonnerres de l’estéz. C’est ordinairement au mois de 7bre [septembre] qu’ils se gâtent. Pour lors on remarque que le chaud entre dans les celliers et fait tourner les vins.

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Ce qui a donnéz lieu à cette multiplicitéz de vignes, c’est que lorsqu’il n’y en avoit pas encore beaucoup, il s’est trouvé des années si abondantes et le vin si cher qu’une récolte a pu payer le fond, mais depuis qu’il en a esté planté une si /fol. 2 v°/ grande quantitéz, quand il arrive une de ses années abondantes, les marchands mettent les vins à si bas prix que ceux que la nécessitéz obligent de vendre n’en retirent pas les frais qu’ils leurs ont coûté et que les autres particuliers se trouvent obligé de les garder ; ils leurs deviennent à charge et souvent se gâtent à la fin de la première anné et l’on est contraint d’en faire des eaux de vies, comme il a esté dit. Tout le monde ne demende qu’une médiocre récolte, trop de vins les incommode, la disette les ruine. Il faudroit donc qu’il n’arrivât pour l’ordinaire qu’un peu plus d’une demie année, ce qui est rare et difficil, parce que lorsqu’il arrive des gelées à la fin d’avril et quelquefois en may pour l’ordinaire, tout gèle ou il ne s’en sauve que très peu. Quand il n’arrive pas de gelée, les récoltes sont toujours bonnes. Les autres injures des temps ne s’y font guerres sentir si ce n’est la gresle, mais comme elle ne va que par contrée elle ne décide en rien de la cherté du vin. Il seroit donc nécessaire comme il vient d’estre expliqué d’arracher le trop de vignes qu’il y a, et pour le bien de la province, il faudroit général[emen]t et sans exeption [sic] arracher touttes celles qui sont dans les palus, pour mettre la plus grande partie de ses bonnes terres en froment et autres grains, l’autre partie en préz et pâturages. Ces palus ainsy ordonné, il resteroit encore suffisamment de terrein en vignes. Le terrein qui n’est que gravier et sable, ne peut estre employé à d’autres usage. Les vins qui y viennent sont exelens, au lieu que ceux qui croissent dans /fol. 3 v°/ les palus sont plats, rudes, gros et si peu estimé que l’on est obligé de les envoyer aux isles ; il est vray que ces palus en produisent davantage que les graves, mais en échange un tonneau de graves vaut beaucoup plus et est vendus trois ou quatre fois davantage qu’un de ceux des palus. Il me semble encore qu’il n’y a pas assez de terres labourables et que c’est une nécessitéz de les ogmenter parce qu’il ne s’y receuille pas de bled pour nourrir le quart de ses habitans et qu’il arrive souvent des famines quand le païs vers Toulouzes27 vient à manquer, soit par stérilitéz d’années ou par le débordement des rivières qui arrivent assez souvent. Ayant donc arraché touttes les vignes des palus, il se trouveroit assez de terres pour labourer et pour mettre en préz et pâturages et les terres labourables produiroient assez de grains pour la province comme il a esté dit. Les préz et pâturages serviroient à élever des chevaux qui pouroient servir à la cavalerie, dragons, artillerie, caisson et autres usages de guerres. Des bœufs pour cultiver les terres et faire les charois, des vaches qui donneroient du beurre et du fromage en quantitéz ; de cette manière là on ne seroit pas obligé d’en faire venir 27. Toulouse (Haute-Garonne).

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de Hollande, comme on fait depuis que le grand hiver de 1709 a détruit les noyers et que l’on ne fait plus d’huille de noix dont les habitans se servoient au lieu de beurre. Il manque encore à cette province de n’y avoir /fol. 3 v°/ pas assez de bois, et cela fautte de les avoir entretenus ; il y en avoit autrefois assez, mais depuis qu’on les a la pluspart défrichéz pour y planter des vignes, il en reste si peu que l’on est obligéz d’en faire venir des païs étrangers, tant pour construire les vaisseaux marchands qui se font, que pour les bâtiments, bariques et autres besoins. Il y auroit des moyens de rétablir ces bois sans qu’il en coûtât rien au Roy ny que cela fût à charge aux peuples, comme je le ferez voir dans un traitté particulier. Les landes seroient encore d’une très grande utilitéz si elles estoient peuppléz de brebis et moutons autant qu’elles en pouroient nourrir. On en tireroit abondance de viande et quantitéz de leines, qui seroient propre à faire des estoffes ; ce seroit encore une ressource où l’on trouveroit des trouppeaux à repeupler les autres provinces en cas de besoin. Les mauvaises années ont si fort détruit ces landes qu’il n’y reste pas le quart du bétail qu’il y devroit avoir. Il y a aussi des endroits où l’on pouroit semer des pignadas [en marge : Pignadas est un bois qui se sème de grainne de pins], qui par la suitte rapporteroient des gommes, terrébantines, goudron et rézines ; outre cela des bois dont on pouroit faire des planches et bâtir des maisons, on en pouroit aussy tirer pour se chauffer. 19. - 8 février 1718, Bitry à Bignon [ ?], Bordeaux [18/27/a]. 15 Monsieur, Lorsque j’ay eut l’honneur de vous envoyer le mémoire de Mr Juliot sur le bithume de Gaujac, je ne scavois pas que Monsieur de Courson à qui je le donné vous l’ut envoyé. Je croyois, Monsieur, qu’il vous pouvoit faire quelques plaisir, ausi bien que mon mémoire de la culture de cette province. Je suis mortifié que ces sortes d’ouvrages ne soient pas de vostre goust, cela m’ôtera la liberté de ne vous en plus envoyer. Vous trouveré cy joint le mémoire de Monsieur de Biscarosse que je vous envoye comme vous le souhaité, en attandant que la belle saison me permette d’aller sur les lieux pour dessigner les fours et fourniaux. Vous me marqué, Monsieur, avoir la tour du Courdouan. J’ay un imprimé qui parle de son antiquité avec les inscriptions qui sont dans la chapelle, sy vous le souté [lire souhaitez] j’auré l’honneur de vous l’envoyer. J’ay l’honneur d’estre avec respect, Monsieur, [etc.]. Bitry à Bordeaux, le 8 feuvrier 1718 Ayé sil vous plait la bonté de m’accuser la réception.

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Joint : mémoire de Biscarosse sur le pin et la gomme, s.d. [18/27/b]. /fol. 1/

15. 1718 Des pins et des différentes gommes que ces arbres raportent [au crayon : par M. de Biscarosse] Quoyque le pin soit un arbre fort connus dans cette province, nous ne laisserons pas d’en donner la descripsion, et d’y ajouter même dans la suitte un dessein28 qui le fera connoitre à ceux qui n’en ont jamais vus. Le pin est un arbre dont la tige est ordinairement hautte, droite, sans branches, assez rondes, elle se termine par un espèce de parasol, fermé par quelques grosses branches qui en portent de plus petittes, et qui sont garnies de feuilles ramassées comme à bouquets. Sa hautteur ordinaires est de 30 à 50 pieds, sa grosseur ordinaire est d’un pied ou deux de diamètre. Sa grosseur et hauteur dépendent principalement du terrein dans lequel il est planté, et de l’âge auquel on commence à le faire travailler. Ceux qu’on ne fait point couper et qui sont destiné à marquer les bornes des pièces, deviennent gros comme des chesne. La feuille n’est proprement qu’unne branche allongé et très menues, elle est longue de 7 à 8 pouces, de forme triangulaire, dont chaque côté peut avoir une ligne et demy, et elle a au bout une petitte pointe ronde fort aiguë d’environs 2 ou 3 lignes de longueur et d’un quart de lignes de diamètre. Les feuilles sont ramassées plusieurs ensemble et forment comme de petits bouquets attachéz au bout des branches. Elles sont d’un vert fort brun et ses petittes pointes deviennent presque rouge par l’extrémitéz. Son écorce /fol. 1 v°/ est peu unie pour l’ordinaire, d’un gris assez brun, et les bords des inégalitéz tire sur le rouge ; sous cette première écorce qui est assez grossière et qui se lève comme à écailles, il y en a une autre plus finne et presque rouge, et c’est sans doutte celle là qui paroist entre les inégalitéz comme nous l’avons déjà dit ; ensuitte vient le corp de l’arbre, qui est fort uni, blanc et assez dur. Le milieu est plus tendre et contient une grande partie des gommes que l’arbre produit et dont nous parlerons dans la suitte. Cet arbre demende un terrein sec et sablonneux, chaud et éloigné de l’eau. Selon qu’ils sont venus dans les différents terroirs, on voit considérablement les circonstances que nous avons remarqué sur leurs hautteurs, leurs grosseur, leurs écorces, et leurs gommes, comme nous le dirons cy après. Leurs racines ne sont pas profondes, elles s’étendent en rond à peu près comme la teste. Le peu de profondeur des racines vient peut estre autant de la nature du terrein que de celle de l’arbre, car dans les païs où ses arbres viennent (que nous appelons les Landes), il n’y a qu’unne couche de terre sabloneuse assez mince, au dessous de laquelle est une espèce de matière concrette qu’on appelle alios dans le langage du païs, et que je crois estre ce qu’on appelle tuf en françois.

28. Pas de dessin joint.

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Ors, il se peut que les racines de l’arbre sont arresté par cette espèce de pierre, qu’elle ne peut la pénétrer, et qu’ainsy elles sont obligéz de s’étendre orizontalem[en]t et on remarque encore que ceux qui viennent dans les montagnes ont ce tuf ou alios bien plus éloignéz de la surface de la terre ; les pins y ont des racines bien plus profondes et y prennent une meilleure nouriture ce qu’on voit par la force et la beauté de l’arbre, par la quantitéz, et qualitéz des gommes. Cet arbre est de ceux qui ne viennent que de graine quoyque nous ne prétendions pas assurer /fol. 2/ icy qu’il ne peut venir d’une autre façon. Il ne faut que labourer assez légèrement le terrein qu’on leurs destine, et puis y jetter la graine et empêcher le bétail de gâter les arbres pendant qu’ils sont petits. Le temps de semer cette graine est le mois de mars, dans les terreins fort secs parce qu’il reste alors quelque humiditéz des pluyes de l’hyver, dans les terreins plus humide il faut prendre le mois de 7bre [septembre] parce que la chaleur de l’été a dissipéz tout ce qu’il pouvoit y avoir d’humiditéz superflue dans la terre. Quand cet arbre vient dans un terrein favorable, il est ordinairement dans sa perfection à 18 ans, rarement plus tôt, ce terme s’étend ensuitte jusqu’à 25 ans, selon le plus ou le moins de la bonté du terrein. Manière de couper les arbres pour en avoir la gomme Quand l’arbre est dans sa perfection, il commence à marquer qu’on peut le couper, par de petittes larmes qui se répendent sur la surface de son écorce. Les petittes larmes ressemblent à de l’encens et on s’en sert pour le même usage dans les églises de la campagne. On commence alors à couper l’arbre, et pour cela on choisis le côté qui paroist le plus plein de gommes. On commence à ratisser l’écorce et à l’emporter peu à peu avec une petitte hache bien émoulue et dont le manche est extrêmement long, sans doutte pour que l’ouvrier soit plus maître du tranchant de cet instrument ; ainsy peu à peu il va jusqu’au vif de l’arbre et fait une face, ce qu’on appelle carre dans le langage du païs, plus ou moins large à proportion de la grosseur du pin. La bonne méthode pour conserver longtemp ces arbres, c’est de faire les faces en carre peu profondes, et par conséquent médiocrement large. La hautteur se fait la première année jusqu’au genouil, la seconde jusqu’à la ceinture, et les autres /fol. 2 v°/ ensuitte avec la même proportion, jusqu’à 5, 7 et 9 ans au plus, ce qui dépend de l’état des arbres et du terrein. Après quoy, à la dernière année que l’on veut abandonner une de ses carres ou face, on commence à en faire une vis à vis de la même que nous venons de dire, et on fait ainsy peu à peu le tour de l’arbre qui se recouvrent [sic] aussy petit à petit de son écorce dans les endroits où il a esté blessé, en sorte qu’après un long temp on peut encore recouper les même endroits. Nous dirons icy que le pin n’a point de branches le long de sa tige, celles qui y viennent dans sa jeunesse se seichent en peu de temp et l’ouvrier achève de les emporter, toutte la nourriture va jusqu’au sommet immédiatement et ne se dis-

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tribue que peu vers la circonférence, en sorte que si vous coupé ou altérez tant soit peu la cime du pin, l’arbre périt. Touttes les autres parties ne sont point de conséquence. C’est par ses carres ou faces dont nous venons de parler, que sort la gomme dont on fait les différentes matières que nous allons décrire. Cette gomme sort liquide pendant l’étéz et s’apelle dans le païs crech ou graisse. L’hyver, elle s’attache à l’arbre comme une espèce de croutte blanche, on l’apelle alors galipez ou barasse ; ces deux espèce servent à faire la raisine et le bray, mais la première est la seulle propre à faire les différentes espèces de thérébentines. Cette gomme va se rendre dans un petit réservoir de bois qu’on mest à cet effect au pied de l’arbre. On la prend là ensuitte pour en faire de la raisine ou thérébentine. Nous parlerons de la raisine ensuitte, et nous allons commencer par expliquer les manières de les faire, et nous viendrons ensuitte à la raisine. On mest cette matière fluyde guyes dans des vaisseaux quarré, faits avec des planches qui ne sont point languetté29. Les vaisseaux sont /fol. 3/ ordinairement de 4 ou 5 pieds de haut et de 2 ou 3 pieds de diamètre. On les expose au grand soleil et la térébentine coule au travers les joingts des planches et est receüe dans des barils, c’est la meilleure thérébentine et on l’appelle térébentine fine. Ensuitte, on mest bouillir cette même matière dans une chaudière, sous laquelle est un four auquel on mest le feux, et par ce moyen on en tire une seconde térébentine moins bonne que la première, et qu’on nomme térébentine de chaudière à cause de la manière dont elle se fait. Le résidu sert à faire le bray de la même manière que le barras ou galipez et la matière même dont nous venons de parler, dans les païs où on ne fait pas de thérébentine, ainsi que nous l’allons expliquer. On mest le barras ou galipez avec le gruis en matière fluide et le résidu de la térébentine dans une chaudière sur un four allumé, le tout semblable à ce qui est nécessaire pour la 2e térébentine. Le feu fait bouillir ces matières et elles coulent par une manière de bec ou canal qu’il y a à un des côtéz de la chaudière, dans une petitte auge de bois faitte d’un arbre creusé, et on laisse rafroidir les matières bouillantes jusqu’à ce qu’on y puisse mêler de l’eau, car nous devons observer que sans cette précaution, les matières s’enflameroint par ce mélange de l’eau. On rejette ensuitte cette matière mêlé avec l’eau ce rafroidir dans la chaudière, d’où il sort de nouvelles matières pour laquelle on observe les mêmes choses, et ainsy successivement jusqu’à ce que la raisine soit mêlé avec l’eau au point où elle doit l’estre, et qu’elle soit parfaittement cuitte, ce que l’on connoist quand on y enfonce une paille qui ne reçoit aucune impression. Alors on la conduit par des canaux de bois de la chaudière dans une fosse quarré, faitte dans le sable. On pratique dans cette /fol. 3 v°/ fosse des moules faits dans le sable, de la profondeur et du diamètre dont on veut faire les pains 29. Voir note 13

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en pièce de raisine, et on luy laisse entièrement refroidir. Pour que la raisine soit belle et marchande, elle doit estre claire, meslé, sans noirceur, sans trop d’eau, et sans mélange de terres ou autres matières. Les choses dépendent principalement du terroir et du sable dans lequel se font les pains. Il y a des païs où les gommes ne sont jamais de bonne raisines, et quand même la matière seroit la meilleure du monde, si le sable dans lequel elle coule est gras ou noir, il s’attachera à la raisine et gâtera sa qualité et sa couleur. Au contraire, si le sable est pur et net, l’habiletéz de l’ouvrier contribue encore beaucoup à la bonté de la raisine et cet habileté consiste à choisir le temp et mêler l’eau dans une juste proportion, et à la faire cuire dans le véritable point, et à une certaine propretéz nécessaire, quoyque cette matière n’en paroisse pas susseptible. Le barras sec ce fait de la même façon, à cela près que l’on y mêle point d’eau. Il doit estre au contraire de la raisine fort noir et fort sec. On prend ensuitte toutte la crasse de la raisine, les lampeaux qui sont au pied de l’arbre, la paille qui a servi à couler la raisine, les morceaux qui ont sautté hors la chaudière par l’ébulition, et on fait cuire cette matière de deux différentes façon. L’une fait du bray gras dur et s’apelle dans le langage du païs gème. L’autre est du bray gras mou et s’apelle pèglez ; ce dernier est coulant et ne diffère à l’autre qu’en ce qu’il est moins cuit. On le mest dans des barils ; l’autre est en pains et ces pains ce font dans des moules de sable comme ceux de la raisine et du bray. Ces deux espèces de bray ce font dans un four et dans une chaudière de la même manière que nous avons dit cy dessus. /fol. 4/ Du goldron Quand les pins sont entièrement vieux, qu’ils sont épuisé et qu’ils ne donnent plus par l’incision, cette gomme dont on fait les diverses préparations que nous venons de décrire, on s’en sert pour faire du goldron. Cela ce fait de la manière suivante. On abbat les arbres que l’on destine pour cela, on les scie ensuitte à l’extrémitéz du tronc qui répond à la racine et à celle qui ferme les incisions faittes pour tirer la gomme. Le reste de l’arbre est inutil ne contenant que peu ou point de gomme et ne pouvant donner que de l’eau, on fend ensuitte ces billes en trois morceaux avec la hache et on en fait de petittes barres quarré d’environs 3 pieds de long et de deux pouces de largeur à peu près comme un cotret30. Les païsans appellent ces petittes barres tedes quasi teda, flambeau, torches, etc. On les arrange ensuitte dans un four dont je vais donner la descripsion. On creuse la terre en rond avec une pente égalle en forme de cône renversé, on revêtit le tout de carreaux de brique, on laisse un trou dans le milieu de la grandeur d’un carreau, et on remplis cet espace vuide par un pin quarré ; on

30. Fagot de bois court et de moyenne grosseur.

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fait une canelure à chaque face de l’arbre qu’on appelle burdon, pour laisser passer le goldron ; au dessous de ses arbres ou bourdons, est un canal revêtus de bois qui conduit la matière dans des barils qu’on met successivement pour la recevoir. On range donc autour de cet arbre ou bourdon, les tedes ou petittes barres en rond, observant de faire la première couche plus épaisse que la /fol. 4 v°/ seconde, ainsi successivement de manière que le milieu dans le fond qui ce trouve plus bas devienne plus élevéz quand le four est plein. On couvre le tout ensuitte de gazons de 5 pieds de long chacun, on laisse seulement quelques petittes ouvertures au bord du four pour mettre le feu au bois. On doit ménager le feu de manière que le bout du bois qui brusle fasse suer l’autre qui brûle ensuitte et ce communique à un autre de la même façon. Ces fours sont de différentes grandeurs, il y en a qui contiennent jusqu’à deux cents charetées de bois, mais ce sont les plus grands. Il faut observer que les jeunes pins ne sont pas propres à faire du goldron, sans doutte parce qu’ils ont encore trop de substance et d’humiditéz et par ce qu’ils n’ont pas encore ramassé dans leurs intérieurs cette gomme grossière quy occupe le cœur du vieux arbre. Il me reste à parler de l’huylle de térébentine, d’un espèce de beaume qu’on appelle huylle de chaudière, des deux diférente espèce de colophane, des fruits, et de l’arbre, et enfin des usages de touttes ces différentes matières. L’huylle de térébentine ce fait en distilant la térébentine par un alambic, de la même façon qu’on fait l’eau de vie, cela est trop connus pour que je m’étende davantage. L’huille de chaudière ce fait dans le temp que la raisine cuit ; on voit se lever particulièrement pendant que le vent de /fol. 5/ sud souffle, une fumée épaisse qui dénotte qu’il y aura beaucoup de cet huille. On la ramasse en mettant la cuillère de bois dont on se sert pour remuer la raisine recevant sur cette fumée qui se rassemble dans le haut de la cuillière comme dans le chapiteau d’un alambic, et sy résoud en petitte gouttes d’huylle, après quoy elle coule par le manche de la cuillère dans le lieu destiné à la recevoir ; on prétend que c’est un beaume merveilleux, on en ramasse guerre ou poin du tout quand le vend de sud est ne souffle pas. La colophane ordinaire dont se servent les joueurs d’instrument à archets, n’est autre chose que de la raisine fondue dans un vase, auquel elle ne puisse pas se prendre, et avec un feu tel quelle ne puisse pas se brusler, éteinte ensuitte dans du vinaigre. L’autre colophane est emplement décritte dans l’histoire des drogues de Pommes31 [corrigé ensuite en Pommet]. 31. P. Pomet [1658-1699, marchand épicier et droguiste], Le marchand sincère, ou Traité général des drogues simples ou composées, renfermant tout ce qui est l’objet de la physique , de la chimie, de la pharmacie…, Paris, 1695 ; cet ouvrage connaîtra de très nombreuses rééditions au cours du XVIIIe siècle.

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Le fruit de l’arbre est une grosse pomme ronde et de figure piramidale ; elle est couverte de petittes écailles qui couvrent chacunes une cellule dans laquelle est la graine, comme dans une gousse ; cette écaille ou gousse s’ouvre par la chaleur et laisse tomber la graine qui d’ordinaire se féconde sans pas un soin et fait naître une si grande quantité de ses arbres qu’on est obligé de les couper, sans quoy ils se nuiroient les uns aux autres. /fol. 5 v°/ Quand on veut ramasser cette graine, il faut exposer ces fruits au soleil avant qu’ils soient dans leurs maturitéz sur des draps ; les gousses ou écailles s’ouvrent comme nous l’avons dit et laissent tomber la graine ; quelques gens mettent les fruits au four pour avoir la graine, à quoy il réussisent très bien car il y a moins d’embaras et on en perd point du tout, mais elle est inutile et ne fructifie pas. Usage La raisine est d’usage pour plusieurs remède et pour un grand nombre d’ouvriers, mais on s’en sert particulièrement pour éclairer les manufactures où l’on fait des ouvrages connus, et son usage le plus important est de se convertir en des matières absolument nécessaire pour la construction et la réparations des vaisseaux et de toutte sorte de bâtiments de mer et de rivière, grands et petits. 20. - 20 mai 1718 : mémoire de l’Académie de Bordeaux sur la présence de coquillages fossiles en certains lieux d’Aquitaine [18/17]. 42 1718 /fol. 1/ 44 Extrait des registres de l’Académie royale des belles lettres, sciences et arts [ajout moderne au crayon : de Bordeaux par Navarre] Dans le païs d’Entre deux mers, à la droite de la Garonne, s’élève une chaîne de coteaux paralelle à cette rivière, l’un desquels est remarquable par la quantité de coquillages que l’on y découvre. C’est dans la parroisse de Ste Croix du Mont, entre Cadillac et St Macaire, dans une distance égalle de l’un et de l’autre. Ce coteau qui est un rocher fort dur, forme trois testes ou éminences, qui ne sont séparées que par deux petits enfoncemens très peu considérables et qui ne descendent environ que de deux ou trois toises. Elles sont si peu marquées qu’on n’a pu les distinguer dans le plan32. On trouve un peu au dessous de la cime une veine d’écailles d’huîtres entassées confusément les unes sur les autres et jointes par une espèce de sable jaune un peu grossier, parmy lequel on ne voit pas un seul caillou, et qui leur sert comme de ciment. Cette couche de /fol. 1 v°/ coquillages n’est pas partout de mesme hauteur. Il est mesme difficile en plusieurs endroits de la déterminer, à cause de l’inégalité

32. Manque.

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du chemin qui la borde par le bas et des terres éboulées qui en couvrent diverses parties. Cette veine de sable et de coquilles est couverte d’une couche de roche qui forme une espèce de cordon. Au dessus de cette couverture est une terre forte, grasse et un peu argilleuse, propre pour les arbres, pour les vignes et pour le jardinage, quoyque selon les gens du païs, elle n’ait partout que deux à trois pieds d’épaisseur, le rocher se trouvant toujours à cette profondeur. De ces trois testes la première en descendant la Garonne, sur laquelle est la maison de Loubens marquée E, appartenant à Mr de Lancre, est la plus haute. Du pied du coteau à la veine des coquilles, il y a environ 185 toises de chemin, et de la rivière au pied du coteau environ 134 toises, ce qui fait 319 toises de chemin de la rivière à la veine des coquilles. La hauteur perpendiculaire du coteau, à prendre la rivière pour base, est d’environ 47 toises, sans y comprendre l’élévation du jardin potager qui est par dessus, qui est à peu près de deux toises. /fol. 2/ Sur la pente du coteau, est un bois de haute futaye dans lequel on trouve des pièces de rocher qui sont tombées de la cime, vraisemblablement depuis un temps considérable, puisqu’entre ces morceaux de rocher éboulés et le coteau, il y a des arbres qui ont plus de deux pieds de diamètre. À la droite et à la gauche de ces bois, il y a des vignes. Un peu au dessous de la maison de M. de Lancre, paroist une veine de ces coquilles marquées E F d’environ 55 toises de long[u]eur ; après quoy il y a une interruption de 112 toises marquée F G. Ensuite il en reparoit une nouvelle marquée G H longue d’environ 34 toises. Dans cette seconde veine, les coquilles ne paroissent que peu à l’extrémité supérieure, ayant de hauteur en quelques endroits un pied, en quelques autres un demy pied, etc., jusques à ce que les deux couches de rocher séparées par ces coquilles se rejoignent dans le tournant du coteau. Dans la première veine longue de 55 toises, on a taillé plusieurs grotes de différentes profondeurs, dans l’une desquelles est la /fol. 2 v°/ chapelle de Nostre Dame de Ste Croix du Mont marquée O. Elle a six toises et demie de profondeur horisontale, sa plus grande largeur est de six toises, son ouverture à l’entrée est de trois toises quatre pieds. On voit dans cette chapelle la plus grande profondeur connue de la veine des coquilles, parce qu’on n’a creusé nulle part plus avant ; elle est de près de quatre toises. Il y a plusieurs sources de bonne eau qui coulent du rocher, une au pied de la maison au dessus de la veine, et plusieurs autres au dessous de cette veine sur le mesme niveau. La seconde teste du coteau en descendant n’est qu’une continuation de celle dont nous avons parlé, et qui n’en est séparée que par un petit enfoncement. Elle a 172 toises de face marquées B E, scavoir 40 toises marquées B C sans qu’on y apperçoive aucun coquillage, ensuite une veine de coquilles semblables aux premières de 82 toises de longueur marquées C D. Avant l’hiver de 1709, ce lieu estoit bordé /fol. 3/ de grands cyprès. Enfin 50 toises sans

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coquillage marquées D E. Au lieu marqué B est l’église paroissiale de Ste Croix du Mont. Icy commence la troisiesme et dernière teste du coteau moindre que les autres en étendue et mesme un peu plus basse, à l’extrémité de laquelle est la maison de M. d’Armajan marquée A. On apperçoit la veine des coquillages bien découverte au dessous d’une grande terrasse marquée A B. Elle a environ 48 toises de long[u]eur entre deux lits de rocher bien distints, et sept pieds de hauteur. Sa plus grande profondeur connue par la plus profonde des grotes qui y sont taillées, est de trois toises et demie. Au delà de l’étendue de 48 toises, les deux lits de rocher continuent, mais la hauteur de la veine va en diminuant jusques à ce qu’enfin les deux lits de rocher se rejoignent. L’étendue de ce coteau qui forme trois testes du côté de la rivière est de 425 toises et demie. Le premier coteau après celuy de Mr de Lancre en remontant la rivière en /fol. 3 v°/ est séparé par un enfoncement assez considérable au commancement duquel on voit une carrière d’où l’on tire de belles pierres de taille très dures, sans qu’il paroisse aucune coquille. Pour se représenter exactement cette veine de coquillages, on n’a qu’à imaginer un amas d’écailles d’huîtres entassées confusément et faisant comme une espèce de maçonnerie avec du sable qui remplit les interstices qu’elles laissent en se touchant. Les unes paroissent par le tranchant et sont couchées à plat, les autres se présentent obliquement. En général, on peut remarquer dans leur arrangement que celles qui sont placées le plus haut sont plus grandes que celles qui sont au dessous. Il y en a beaucoup, dont l’écaille de dessus et celle de dessous sont jointes l’une à l’autre et fermées. Quand on les ouvre on en trouve quelques unes plaines de sable, on trouve en quelques autres prises au fonds de la chapelle un /fol. 4/ petit corps dur de couleur brune qui remplit la place de l’huître. Il y a parmy les coquilles et le sable de la chapelle beaucoup de cette matière dure et brune, qui n’est autre chose qu’une espèce d’argille. Les morceaux communémant en sont petits, ce qui fait croire aux gens du lieu que c’est le corps mesme de l’huître ; mais on en a trouvé des morceaux gros comme le poingt. On remarque que cette veine de coquillages se confond en quelques endroits avec le lit du rocher, surtout à l’extrémité supérieure, et forme un composé de coquilles et de pierre. Quelque recherche que l’on ait fait, on n’a trouvé dans ce rocher aucun[e] autre espèce de coquillage, tout est pierre, écailles d’huîtres, sable, ou cette espèce de matière brune et dure que l’on trouve dans la grote de la chapelle. Sur le coteau qui suit celuy de M. de Lancre, en remontant la rivière, et sur le panchant duquel nous avons dit qu’est une carrière /fol. 4 v°/ de pierres très belle et très dure, sont situées les vignes et la maison de M. de César. On y apperçoit sous un cordon de rocher, une veine de terre haute d’environ une toise et longue de quatre à cinq, de laquelle on fait tomber quelques

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coquilles de plusieurs espèces, comme de limaçons, de pétoncles, de coutoyes, le tout en petite quantité et qui n’ont aucun raport à celles des autres coteaux. Les faits cy dessus ont esté raportés à l’accadémie par M. Sarreau33, accadémicien ordinaire, et par Mrs l’abbé Bellet et Bitry, associés, qui ont esté visiter les lieux par ordre de la Compagnie. M. de Caupos, académicien ordinaire, apporta il y a environ deux ans des écailles d’huîtres qu’il avoit prises à ce coteau de M. de Lancre, et divers autres coquillages pris à celuy de M. César. Il y avoit parmi ces derniers diverses coquilles faites en ligne spirale et qui se terminoint en pointe. M. Lafon, associé de cette compagnie et de l’accadémie de Montpellier, nous a attesté /fol. 5/ avoir veu au village de Boutonnet34 près de Montpelier un rocher dans lequel estoit une veine de terre remplie de coquilles d’huîtres comme celles de Ste Croix. Cette veine s’étend vers la mer ; mais, parmy ces coquilles, il n’a trouvé que les écailles de dessous et jamais celles de dessus. On ajoutera icy quelques réflexions faites dans les assemblées de l’accadémie, non pour déterminer l’opinion de ceux qui liront ce mémoire, mais pour avoir occasion d’y joindre divers faits qui ont raport à ces coquillages et divers éclaircissemens que le détail seul de l’observation ne fournit pas. Les habitans du lieu regardent ces écailles comme ayant appartenu à de véritables huîtres laissées sur la cime de ces coteaux, lorsque les eaux du déluge se sont retirées. Il ne manque pas de raisons générales à ceux qui croyent que ces coquilles sont de vrais fossiles. Mais, comme ces raisons ne sont pas tirées des faits particuliers au sujet dont il s’agit, on néglige de les raporter. /fol. 5 v°/ Ceux au contraire qui soutiennent que ce sont des véritables écailles d’huîtres se fondent sur l’inspection mesme de ces écailles. Elles sont faites par couches, lesquelles sont plus grandes à mesure qu’elles sont intérieures, et on voit distinctement dans plusieurs de ces écailles les couches se lever et se séparer par feuilles. On trouve souvent l’écaille supérieure et l’inférieure jointes ensemble, et on voit au dedans, outre la cavité destinée pour contenir l’huître, les deux petits creux auxquels les muscles des huîtres sont attachés. Il répugne de croire que la nature s’imite et se répète d’une manière servile et exacte qui exclue toute variété. Ceux qui prétendent que ces coquillages que l’on voit dans les montagnes sont des fossiles, mettent au mesme rang les ossemens trouvés dans des semblables lieux. Il y a environ deux ans que des membres de cette Compagnie allèrent dans la parroisse d’Haux, /fol. 6/ pays d’Entre deux mers, environ deux lieues au dessous de Ste Croix du Mont, pour examiner un rocher qui, un peu

33. Isaac ou Jean Sarrau, qui ont tous deux contribué à la création, en 1712, de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux. 34. Aujourd’hui un quartier de Montpellier.

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au dessous de sa cime, embrasse une veine ou langue de terre longue horizontalement d’environ 30 pieds et haute de deux à trois, pleine de divers ossemens prodigieux par leur grosseur. Il y a des dents longues de deux à trois pouces et de plus d’un pouce d’épaisseur en quarré. Cette veine de terre ne paroissoit que depuis deux ans, temps auquel une partie de ce rocher, s’étant séparée perpendiculairement, s’éboula et tomba dans la plaine. La grosseur extraordinaire de ces dents et de ces os ne contribuèrent pas peu à les faire regarder d’abord comme des fossiles. Pour ne se pas déterminer trop légèrement, on fit casser quelques os et quelques dents. On remarqua dans les os l’entrelassement des fibres et leur contexture plus serrée vers le milieu qu’aux extrémités où elle /fol. 6 v°/ estoit plus lâche et plus spongieuse. Dans les dents, on distingua la différente nature de l’os et de l’émail, on y apperceut le couronnement, les racines, les trous par où entrent les petits rameaux des nerfs. Par la figure déterminée des os, on connoissoit leur place et leur usage dans les corps animés. D’ailleurs, on trouva parmi ces ossemens la moitié d’une mâchoire allongée telle que celle des bœuf, des cheveaux, etc. Elle est dans l’accadémie. Il s’y tient encore une de ces dents extraordinairement grosse placée dans son alvéole, et l’on y remarque les alvéoles des autres dents qui n’y sont plus. Ce fait paroit prouver bien évidement que ce ne sont pas des fossiles, tant il est vray que plus on examine avec exactitude les ossemens et les coquillages que certains phisiciens regardent comme des jeux de la nature, plus on trouve de /fol. 7/ raisons de ne pas admettre leurs sentimens. S’il y a des preuves très fortes contre ceux qui croyent des fossiles les coquillages de Ste Croix du Mont, il y a des embarras insurmontables pour ceux qui jugent que ce sont des véritables coquilles marines. Comment une quantité si prodigieuse d’écailles peut elle avoir esté ramassée vers le sommet de ce coteau ? À faire la violente supposition que la Garonne plus élevée qu’elle n’est aujourd’huy d’environ 47 toises ait batu le coteau à la hauteur de la veine des coquilles, on ne peut pas dire qu’elle les ait jettées. La rivière n’a point d’huîtres, et d’ailleurs elle ne peut en avoir trouvé nulle part cette prodigieuse quantité d’où elle ait peu l’entraîner et l’amonceler à Ste Croix du Mont. La supposition de la rivière aussi élevée ne peut servir qu’à rendre possible le transport de ces coquilles par le moyen des batteaux, mais à quel dessein les hommes auroint /fol. 7 v°/ ils travaillé à faire un amas pour lequel il auroit fallu un temps considérable et des dépenses excessives ? Quelques uns croyent qu’on peut donner un objet à cet entassemant d’écailles. C’est, disent ils, pour faire de la chaux. L’on sçait que non seulemant on en faisoit autrefois avec de la pierre, mais mesme avec divers coquillages, et le païs d’Entre deux mers ayant esté anciennement couvert de forêts, on voit pourquoy on auroit choisi ce lieu pour y ramasser cette matière et pour la travailler.

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Mais on détruit la vraisemblance de cette opinion par les carrières des pierres que l’on trouve abondamant à Ste Croix, et par les coteaux même qui ne sont autre chose que des rochers couverts de très peu de terre. Ce qui dispensoit suffisament ceux qui travailloint la chaux d’y transporter d’autres matières à grand prix. /fol. 8/ Cette conjecture détruite, d’autres pensent que c’est la mer elle mesme qui a porté dans ce lieu cet amas étonnant de coquilles. C’est un fait assés convenu que la mer en divers lieux s’est avancée ou retirée, et qu’elle change ses premières bornes mais par un mouvement très lent. Il paroist par le témoignage de divers autheurs que la campagne aux environs de Montpelier estoit autrefois presque toute couverte par la mer. On prétend mesme qu’Aigues Morte estoit il y a environ cinq cens ans un port de mer. Et l’on sçait qu’aujourd’huy elle est éloignée de la mer d’une lieue. Mais à supposer cette conjecture vraysemblable pour quelques lieux où se trouvent de pareils amas de coquilles, voicy des faits qui détruisent son application pour celuy dont il s’agit icy. Ausone qui vivoit dans le quatriesme siècle parle de Pauliac35 scitué près de /fol. 8 v°/ l’embouchure de la Garonne, de Bordeaux sa patrie, de Langon, de Bazas où son père exercoit la médecine, de la Teste de Buch, du Médoc, etc. Remontons cinq cens ans plus haut. César dans son livre De la guerre des Gaules, parle de la Gaule aquitanique ou Gascogne, renfermée entre la Garomne et les Pyrénées le long du rivage de l’océan. Il parle aussi des peuples de la Garomne, Garumni populi. Et Samson, dans ses Remarques sur la carte tirée des Commantaires de César36, entend par Garumni populi cette Guienne particuliaire ou autrement tout le diocèze de Bordeaux en Guienne. Strabon qui vraisemblablement vivoit du temps de César, ou qui en tout cas fleurissoit du temps d’Auguste, parle non seulement de la Garonne, mais mesme expressément de la ville de Bordeaux qu’il nomme bourd…gala. /fol. 9/ En voilà assés pour prouver qu’il y a environ deux mil ans que la mer estoit sur nos côtes à peu près dans les mesmes bornes où nous la voyons aujourd’huy. Sa distance de Ste Croix du Mont est environ de vingt lieues en allant vers Soulac et de dix seulement en allant vers le bassin d’Arcachon. Si, à commancer de cette époque, on veut calculer d’une manière vraisemblable et conforme au mouvement lent de la mer, le temps qu’elle auroit employé à se retirer depuis Ste Croix jusques à Arcachon, il est aisé de voir qu’on remonteroit jusques au déluge universel, et qu’ainsi on seroit obligé de se ranger de l’opinion que cet amas de coquille en est un reste, hipothèse embrassée par d’habiles gens, mais qui paroist plus commode que vraisemblable.

35. Pauillac (Gironde). 36. Samson d’Abbeville, Remarques sur la carte de l’ancienne Gaule, tirée des Commentaires de César…, Paris, Veuve Bobin, 1685.

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J’ay tiré par ordre de l’académie le /fol. 9 v°/ mémoire cy dessus des registres de cette compagnie, pour servir de réponce à une lettre de Monseigneur le duc Régent qui nous a esté communiquée par Monsieur de Courson. À Bordeaux. Le 20 may 1718. [signé :] Navarre, sec[rétai]re perpétuel 21. - s.d. [après mai 1718] : note de Réaumur [R/6/27]. Bordeaux Le mémoire de la Société de Bordeaux sur les coquilles d’huître du coteau de Sainte Croix que Monsieur de Courson a envoié à SAR Monseigneur le duc d’Orléans, entre dans tous les détails qu’on pouvoit attendre d’attentifs et sages observateurs. Ce n’est plus guère à présent une question si l’on doit prendre les coquilles tirées du sein de terre pour des fossilles naturels ou pour de vrayes coquilles de poisson, la seule inspection des coquilles a rangé presque tous les physiciens à ce dernier sentiment. Malgré des boulversements [sic] de terre nescessaires, il n’y en a point qu’on ne puisse faire faire aux déluges, à des tremblements de terre et à des feux souterrains, etc. On eust souhaité qu’à la place d’une grande partie des coquilles à huître contenues dans la caisse qu’on a reçue, qu’il y eust eu quelques uns de ces ossements et diverses espèces de ces dents qu’on a trouvées à deux lieues de Ste Croix. Si ces matierres paroissent pétrifiées en partie, elles pourront mériter attention, ce sont ces sortes de matierres osseuses qui fournisent les mines de turquoises.

VII.

BOURGES

1. - mai 1716 : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/77]. Bourges may 1716. 22 L’Académie royale des sciences cherche surtout à étendre ses connoissances par raport à l’histoire naturelle du roiaume et aux arts qui y sont cultivés. La généralité de Berry contient diverses matierres qui regardent l’un et l’autre objet sur lesquelles elle souhaiteroit avoir des mémoires exacts et détaillés. 1° Les ocreries de Berry ou mines de terre d’ocre sont des plus considérables du roiaume. Par raport à cette espèce de mines, on voudroit scavoir 1° combien il y en a de connues dans le Berry. 2° Quelles sont les meilleures et celles d’où on retire le plus de terre. 3° À quoy va la quantité d’ocre qu’on tire par an de celles d’où on en tire le plus. 4° À quelle profondeur ont été fouillées celles qui l’ont été le plus. 5° On souhaiteroit avoir des échantillons de toutes les ocres qui diffèrent soit par leur couleur, soit par leur finesse, des plus mauvaises comme des meilleures, des échantillons des terres qui environnent ces ocres et des matierres étrangères qui s’y trouvent. 6° On voudroit que les mémoires explicassent combien il y a épais de terre commune qui recouvre la mine, quelle largeur et profondeur ont communément les veinnes de mines, si elles sont quelquefois coupées par des veines de matierre étrangère. 2° Le fer du Berry est le plus estimé et le meilleur du roiaume. On auroit besoing d’avoir des deisseins exats [sic] des fendries où l’on divise ce fer en verges, pour les comparer avec celles du reste du roiaume. Il sufiroit d’avoir des profils et des plans. On voudroit scavoir de plus si dans le Berry on est dans l’usage de chaufer les barres de fer avant de les applatir et les fendre avec du bois ou avec du charbon, et avoir le deissein de la forge ou du fourneau où l’on chaufe ces barres avant de les présenter entre les rouleaux de l’applatiserie. Combien pesant de fer fendent et applatisent dans une heure les fendries dont on envoira le deissein. 3° Il y a t’il dans le Berry des trifileries, c’est à dire des machines où l’on tire le gros fil de fer appellé communément fil de chaudronnier. 4° En général, on nous feroit plaisir de nous indiquer tout ce qu’on scait de singulier dans le Berry par raport aux terres, mines, minéraux, pierres,

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coquilles pétrifiées et autres matierres d’histoire naturelle ou des arts. Il y a à Bourges Mr le chevalier Gougnon1, homme de beaucoup d’esprit, qui peut fournir de bons mémoires sur tout ce qui regarde l’histoire naturelle du Berry. 2. - août 1716 : Foullé de Martangis au Régent [18/92/b]. [en tête :] Renvoyé à M. l’abbé Bignon, ce 19 aoust 1716 94 16e 48 Monseigneur, J’ay receu avec la lettre que VAR m’a fait l’honneur de m’écrire, le mémoire qui y estoit joint et pour y répondre j’ay dressé un petit mémoire sur ce que j’ay pu sçavoir de ce qu’il y a de particulier dans le Berry et j’ay l’honneur de l’envoyer à VAR. J’attendray ses ordres sur ce qu’elle conviendra faire pour sçavoir plus positivement et plus seurement le détail des forges que je pouray faire dessigner avec les outils par un inspecteur de marine. À l’égard de la manufacture de fers blanc qui est en Nivernois2, je pouray en envoyer à VAR un mémoire juste si elle me l’ordonne. J’ay l’honneur d’estre avec une parfaite et vive reconnoissance, un zèle très ardent et un respect très profond, Monseigneur, [etc.]. Foullé de Martangis3 Joint : mémoire sur l’histoire naturelle du Berry [18/92/c]. 94 Projet de mémoire concernant l’histoire naturelle du Béry On a déjà une instruction assez bien détaillée sur l’ocrière qui est prèz de Vierzon4 mais, comme il s’en trouve encore quelques autres dans cette province, on attend des mémoires exacts sur celles cy pour les envoyer avec le mémoire de Vierzon. Pour ce qui regarde les trifileries ou manufacture à tirer le fil d’archal5, je ne sçache pas qu’il y en ayt en Béry.

1. Dans le catalogue des ouvrages imprimés de la BnF, on trouve trace d’un Jacques Gougnon, auteur de Conclusiones juris civilis… ad consequendam in utroque jure licenciatus lauream… Has positiones… sub praesidio… D. D. Petri de La Chapelle,… tueri conabitur Jacobus Gougnon,… die XXI. martii… ann. 1676…, publié à Bourges en 1676. 2. Manufacture de Beaumont-la-Ferrière (Nièvre), voir doc. n° 5 du 31 janvier 1717. 3. Étienne Hyacinthe Antoine Foullé de Martangis (1678-1736), intendant à Bourges de juin 1708 jusqu’en janvier 1720. 4. Vraisemblablement l’ocrière de Saint-Georges-sur-la-Prée, déjà connue depuis longtemps ; en 1698, le “ mémoire pour l’instruction du duc de Bourgogne ” indiquait : “ Près de cette ville [Vierzon], dans la paroisse de Saint-Hilaire-du-Cours […] il y a un ochrier ou mine d’ochre ; c’est une terre jaune, qui passe pour minérale, qui sert à fondre les métaux et qui est employée ordinairement aux peintures grossières. ” 5. Fil de fer ou de laiton généralement recouvert de coton, de papier, etc.

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Il se trouve en différens cantons des coquiles pétrifiées et Mr de Réaumur de l’académie des sciences en emporta l’an passé un assez bon nombre de différentes espèces ; si cependant on en veut davantage, il sera aisé pendant ces vacations d’en faire provision. Nous ne scaurions rien mander sur ce qui regarde les forges. Pour en dessiner touttes les parties et les instrumens et pour s’instruire à fonds sur cette matière, il faudroit se transporter sur les lieux. Il faut pour cela faire de la dépense et employer un temps considérable. Nous avons à dix ou douze lieues d’icy une manufacture de fers blancs qui mériteroit peut estre quelqu’attention. On trouve de plus dans cette province du bol blanc et rouge, de l’émery, du talc et de la sanguine, mais on ne sçauroit parler exactement de ces matières ny en envoyer des échantillons sans aller sur les lieux faire la dépense de faire fouir les terres et, mesme pour cela, il faudroit un ordre exprèz de SAR Mgr le Régent, sans quoy les propriétaires des héritages ne permettroient pas qu’on cherchast ainsy dans leurs champs. 3. - 5 septembre 1716 : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/ 104]. Bourges 5 sept[embre] 1716 Par le projet que Monsieur de Martangis a envoié à SAR Monseigneur le duc d’Orléans, on voit qu’il rassemble des matériaux pour donner les instructions qui ont été demandées par l’Académie des sciences. Il fera grand plaisir en envoiant les mémoires qu’il ofre sur la fabrique du fer blanc. Ces mémoires ne scauroient être trop détaillés. Il seroit nescesaire qu’ils fussent accompagnés de deisseins qui représentassent tout ce qui a raport à ce travail, jusques aux principales attitudes des ouvriers. À l’égard des forges de fer, dès lors qu’il n’y a point de trifilerie dans le Berry, on n’a pas besoing de deisseins sur cette matierre. Pour les coquilles pétrifiées, on nous fera plaisir d’en rassembler autant qu’on trouvera de variété dans les espèces. Enfin, on verra avec plaisir les mémoires que Monsieur de Martangis fait espérer sur les ocres. 4. - 25 octobre 1716 : Lasne à Réaumur [?], Bourges [18/92/a]. 139 Bourges, le 25e 8e [octobre] 1716 Monsieur, Il y a longtemps que je n’ay eu l’honneur de recevoir de vos nouvelles par vous même. Je ne scay pourquoy. Permettez moy de vous en demander la cause, comme aussy de vous adresser pour la taille deux amétistes brutes cy

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incluses que je croy ne valoir pas grande chose, mais qui pouroient avoir leur mérite tombantes entre mains connues. J’ay une sœur avec moy qui s’imagine qu’elle seroit la mieux parée du monde si elle avoit au doigt une de ces pierres. Je ne souhaite rien tant que de la contanter, aidez moy en cette occasion, je vous prie. La personne qui m’a donné ces pierres en avoit beaucoup de plus belles toutes taillées, et prétend que toutes brutes qu’elles étoient, elles ne valoient pas celles que je vous envoye. La même personne m’a donné le mémoire qui suit. En Loraine, en la vallée de Vagny6, se trouvent aux fonteines des pierres précieuses plus estimées par les Alemands que celles des Indes. La calcédoine s’y trouve aussy. À La Roche d’Agou7, près Bélaigue8, au dessus de Moluçon9, il y a quantité de pierres précieuses. Je ne doute pas que vous ne soyez informé de tout cela. Je n’ay cependant pas voulu négliger de vous en donner avis. J’ay l’honneur d’estre très véritablement et avec une parfaite estime, Monsieur, [etc.]. Lasne 5. - 31 janvier 1717 : Foullé de Martangis au Régent, Bourges [16/9/j/i]. Monseigneur, En exécution des ordres dont VAR m’a honoré, j’ay l’honneur de luy envoyer un mémoire détaillé sur les ocres qui sont en Béry. Je ramasse encore des mémoires sur deux endroits auprès de Sancère10 où il se trouve encore des ocres. Pour les coquilles pétriffiées, il y en a déjà d’amassées chez Mr le chevalier Gougnon une assez grande quantité. Je l’ay prié d’en amasser encore et, quand il y en aura assez, j’auray l’honneur de les envoyer à VAR. À l’égard de la manufacture de fer blanc qui est à Beaumont la Férière11, dans cette géné6. Vagney (Vosges) ? 7. La Roche-d’Agoux (Puy-de-Dôme). 8. Bellaigue, abbaye cistercienne située sur la commune de Virelet (Puy-de-Dôme). 9. Montluçon (Allier). 10. Sancerre (Yonne). 11. Beaumont-la-Ferrière (Nièvre). À cet égard, en 1698, le “ mémoire pour l’instruction du duc de Bourgogne ” (Cl. Michaud (éd.), L’intendance de Berry, Paris, 2001) indiquait : “ Dans les premières années de la guerre [de la Ligue d’Augsbourg], toutes ces forges [de la région nivernaise de l’élection de La Charité-sur-Loire] étaient employées à faire des ancres et des boulets pour la marine. Il y avait un commissaire de marine dans le pays qui donnait des modèles aux maîtres de forges et qui pressaient sans cesse leurs ouvrages. On a essayé depuis 10 ou 12 ans d’y établir une manufacture d’acier dans la paroisse de Beaumont-la-Ferrière, mais elle n’a pas réussi ; on y travaille à présent à faire du fer-blanc. Les entrepreneurs ont fait venir d’Allemagne partie des ouvriers qui y travaillent, auxquels on a accordé des privilèges considérables. ” Colbert a autorisé en 1695 deux manufactures de fer banc étamé, l’une en Franche-Comté, et l’autre à Beaumont-laFerrière. Réaumur visite cette dernière vers 1710 et l’évoque dans son mémoire “ Principes de l’art de faire le fer blanc ” (lu le 11 avril 1725 et imprimé dans HMARS, 1725, p. 102-130).

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ralité, j’ay mandé le Sr Trésaguet, entrepreneur des fers de la marine en Nivernois12. Je luy feray faire un plan de la manufacture et des desseins qui représentent tout ce qui a raport à ce travail, jusqu’aux principalles attitudes des ouvriers, et je joindray un mémoire bien détaillé pour donner une entière connoissance de cette manufacture. J’auray l’honneur d’envoyer le tout incessament à VAR. Je n’ay rien tant à cœur que de marquer par mon attention et par mes soins le zèle et la fidélité des sentimens du très profond respect avec lequel j’ay l’honneur d’estre, Monseigneur, de VAR [etc.]. Foullé de Martangis à Bourges, le 31e janvier 1717 Joint : mémoire, s.d. [16/9/j/ii]. /fol. 1/ 12. 1717 Mémoire sur l’ocrière de St Georges sur la Prée en Béry13 L’ocrière de St Georges sur la Prée est à deux lieues de Vierzon et scituée sur un terrain fort élevé au bas duquel coule la rivière de Cher. L’ocre qu’on en tire est jaune, belle et fine et ne devient rouge que par le secours du feu. Elle est fort avant dans la terre où elle s’étend par veines et par cantons de manière que, pour la trouver, il faut faire un trou aussy large que pour les plus grandes carières et c’est par là qu’en creusant [en marge de la main de Réaumur : en rougit on dans le pais ?] toujours, on tire la terre à bannées (comme ils disent dans le pays), par le secours d’une grande roue dont l’essieu est fort gros et traverse toutte la capacité du trou. Lorsque l’on a longtemps tiré de la terre avec deux bannes14, dont l’une monte et l’autre descend, il se rencontre un rocher fort dur et fort épais qui marque que l’ocrière n’est pas loin et ce rocher est si difficile à percer que qua-

12. Octave Trésaguet (1674-1743), ingénieur du roi attaché à la généralité de Moulins, puis ingénieur des ponts et chaussées du Nivernais, où il est chargé de veiller à la fabrication des ancres. Dans le cadre de ces fonctions, il présente en 1702 un mémoire sur les difficultés de la fabrication des ancres et préconise la méthode “ des barres ” (assemblage à chaud de barres de fer étirées et repliées une ou deux fois avant d’être forgées) (G. Besson, Réaumur. Le savant qui osa croiser une poule avec un lapin, Le Château d’Olonne, 2001, p. 44). En août 1710, alors qu’il est entrepreneur général des ancres pour les vaisseaux du roi, on le voit soumettre au Conseil du Commerce un différend qui l’oppose à divers autres au sujet du paiement d’un billet de 1 400 livres (AN, F/12/55, fol. 199). Le 20 janvier 1714, il est nommé correspondant de Réaumur à l’Académie royale des sciences. 13. Sur cette ocrière, voir Jean-Yves Ribault, “ Les carrières d’ocre de Saint-Georges-sur-laPrée (Cher) ”, Pigments et colorants de l’Antiquité et du Moyen Age, Paris, 1990, p. 207-215. L’auteur y cite un extrait d’un manuscrit rédigé ou compilé par le chanoine Dangie dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, “ Idée généralle de la ville de Bourges contenant les noms des rues, ensemble des curiosités naturelles de la province… ” (Arch. dép. Cher, 2 F 505), qui semble avoir eu connaissance du mémoire adressé au Régent en 1717 dont il reprend certaines phrases pratiquement mot pour mot. 14. Espèces de paniers creux.

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tre hommes pendant un mois n’en tirent quelquefois pas si gros que la forme d’un chapeau. C’est pour cela cet ouvrage se donne à la tâche et non à la journée et que l’entrepreneur en a 500ll, outre les fournitures de touttes les espèces de bois qui luy sont nécessaires pour échafauder au dessus et au dedans du trou au long de l’allée que l’on fait de quatorze pieds de large dans toutte sa longueur, et pour /fol. 1 v°/ soutenir les terres à la place de l’ocre que l’on en tire. On fournit encore à l’entrepreneur sans diminution desd. 500ll toutte la meilleure huille d’olive que l’on peut trouver et il en emplit trois lampes en forme d’étoilles qui sont nécessaires au trou, dans l’allée et au tirage de l’ocre, et la raison pour laquelle on n’employe à cet ouvrage que la meilleure huille, c’est qu’on a expérimenté qu’elle faisoit moins de fumée et que la lumière ne s’éteint pas comme celle de l’autre. La profondeur des trous a toujours esté, depuis quarante ans15 qu’on a commencé à tirer de l’ocre, de 52 à 56 pieds et la plus grande quantité qu’on en ay tiré par an a esté de cinq à six cent poinçons. L’allée ou gallerie qu’on fait aprèz le trou est de quatorze pieds de largeur et en droite ligne et tellement pratique que les ouvriers ont l’ocre devant eux à leur hauteur et l’espace vuide derière eux. L’ocre est dans le commencement de la fosse d’épaisseur de 12 à 14 pouces et sur la fin de 4 à 5 pouces. De quelqu’épaisseur qu’elle soit, elle est dans toutte son étendue assise sur un banc de sable très blanc et très fin, et par dessus elle touche à la terre, en sorte que, pour la tirer, les ouvriers enfoncent à coups de malloches /fol. 2/ ou marteaux de bois, entre la terre et l’ocre des coins de bois le plus dur qu’ils peuvent trouver, après touttesfois avoir tiré du sable de dessous, ce qui leur est très facile ; et par le moyen des coups le morceau d’ocre tombant dans l’endroit qui estoit occupé par le sable, on l’en tire comme on feroit le tiroir d’une armoire. Après qu’on en a tiré ainsy des morceaux de cinq à six pieds de long et quelques fois d’autant de large, comme il seroit dangereux de faire de plus grands vuides sans étayer, il est de la diligence et de la sûreté des ouvriers de couler dans les espaces d’où l’ocre a esté tiré des planches qu’ils soutiennent avec leurs mains au dessus de leurs testes jusqu’à ce que d’autres étayent ces planches avec du bois debout qu’ils posent d’abord en penchant et qu’ils redressent à coups de maillet ; après quoy, ils travaillent à faire monter l’ocre, le sable et le gravier que l’on en a tiréz et qui embarasseroient les passages. On recommence ensuitte à piocher le sable, tirer l’ocre et étayer la terre jusqu’à ce que la veine d’ocre soit finie, ce qui arrive au bout de soixante ou quatre vingt pas et quelques fois moins, mais l’allée doit toujours avoir quatorze pieds au moins de largeur d’un bout à l’autre et en ligne droitte pour don-

15. Ce qui pourrait indiquer que l’exploitation de l’ocrière a commencé ou a été reprise vers 1676-1677.

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ner un libre passage aux brouettes qui portent la terre vis à vis du trou. Les bois qui servent à étayer sont tous de mesme longueur, mais les planches avec lesquelles on soutient le sable sont /fol. 2 v°/ comme de deux, trois, quatre, cinq ou six pieds, pour s’en servir selon les différens cas où l’on en peut avoir besoin, ce qu’ils connoissent par l’affaissement de la terre lorsqu’elle prend vent [?] ou quand par un coup de main qu’ils donnent à plomb sur la terre au dessous de laquelle ils ont tiré l’ocre, ils entendent un bruit ou sentent un mouvement auquels ils sont accoutuméz et qui seroient imperceptibles à d’autres, de sorte qu’avec ces précautions ils conduisent leur ouvrage en sûreté. L’ocre de St Georges est si belle, si fine et si bonne qu’elle ne s’est jamais vendue moins de huit livres le poinçeau sur le chantier et qu’elle se transporte dans toutte l’Europe16. Voilà tout ce qu’on a pu avoir de plus certain et de plus exact sur l’ocrière de St Georges. On pouroit faire une description semblable de celles de Morogues17, de Savigny sous Sancerre18, de Guilly19, de Reboursin, de Rousseau20 et de quelques autres dont l’ocre est de différentes couleurs et de qualité différente, mais pour avoir sur cela quelque chose de bien circonstancié et de vray il faudroit y envoyer des personnes entendues qui pussent en faire une description exacte. Il y a la mesme difficulté à donner des éclaircissemens /fol. 3/ sur le bol dont il y a grande quantité en ce pays, sur le talc, la sanguine, l’émery et les autres productions utiles ou curieuses de la nature qui pouroient se remontrer en chemin, mais il faudroit faire examiner touttes ces choses par les connoisseurs et ne se pas contenter du raport de gens peu exacts qui peuvent tromper en aportant des échantillons de ces matierres ou se laisser tromper eux mesmes en les recevant des mains étrangères et en faisant le raport sur la foy d’autruy. On nous dit par exemple qu’à quelque distance de Bourges, il y a une mine de calamine dont le sieur Pomey21, marchand droguiste de la rue des Lombards, a eu autresfois une assez bonne quantité. Messieurs de l’académie des sciences pouront s’éclaircir eux mesmes de ce fait là et aprendre de luy la qualité de ce minéral.

16. Le manuscrit Dangie indique en effet que le Sr Wansbrohen, négociant à Nantes, a fait le commerce de cette ocre en Hollande, en Espagne, en Italie et en Angleterre. 17. D’après le manuscrit Dangie, cette ocrière, sise au bois aux États près la Mothe d’Humbligny, fut exploitée à partir de 1665. 18. Dangie la cite comme une ocrière située près de l’étang de la Massée, dépendant du prieuré de Savigny. 19. Dangie précise qu’“ on trouve encore de l’ocre à Rebourcin au village de Guilly, paroisse de Rian ”. 20. Commune de Saint-Martin-d’Auxigny (Cher). 21. Sur Pierre Pomet (1658-1699), voir p. 227, note 31.

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On assure aussy que, vers la Marche, il se trouve un gros rocher de différentes couleurs et où le bleu domine et luisant dont les morceaux jettéz au feu font un feu violet et une espèce de détonnation. On a fait un amas de coquillages pendant ces vacances der[ni]ères et on les envoyera lorsqu’on aura d’autres curiositéz naturelles à y joindre et qu’on pourra estre sûr qu’elles ont esté prises dans cette province. [au dos :] M. l’abbé Bignon 6. - s.d. [1718 ?] : note de Réaumur [R/6/26]. Bourges Nous avons lieu de croire que des affaires plus importantes ont fait oublier à Monsieur de Martangis les échantillons d’ocre, de sanguine et de quelques autres matières fossiles dont il est fait mention dans un mémoire qu’il nous a procuré et qu’il avoir promis à SAR de nous envoier. Nous avons même scu qu’il y a plus d’un an qu’il s’est donné des soings pour faire ramasser ces échantillons. SAR l’a prié encore cette année d’y penser et nous espérons qu’il ne voudra pas que sa généralité soit la seule dont nous n’aions aucune matierre minérale dans notre recueil. 7. - 7 janvier 1719 : Foullé de Martangis à Bignon, Bourges [18/87/b]. J’ay fait mettre aujourd’huy, Monsieur, au carosse qui part pour Paris et y arrivera vendredy, un balot dans lequel sont touttes les choses contenues au mémoire dont j’ay l’honneur de vous envoyer copie. J’ay adressé le balot à SAR Mgr le Régent et je prens la liberté de luy envoyer la minute du mémoire dont j’ay l’honneur de vous envoyer copie. J’ose vous suplier de vouloir bien faire valloir à Mgr le Régent les soins que je me suis donné pour rassembler et luy envoyer touttes ces pierres et minéraux. J’espère cette grâce des anciennes bontéz dont vous m’honorez et j’ose vous assurer de la parfaite reconnoissance, de l’attachem[en]t inviolable et respectueux avec lequel je ne cesseray jamais avoir l’honneur d’estre, Monsieur, [etc.]. Foullé de Martangis à Bourges, le 7e janvier 1719 [en bas :] M. l’abé Bignon 8. - 8 janvier 1719 : Foullé de Martangis au Régent, Bourges [18/87/a]. 1 À Bourges, le 8e janvier 1719 Monseigneur, VAR m’avoit ordonné de chercher et d’avoir l’honneur de luy envoyer plusieurs choses qui se trouvent dans cette province en conformité de ce qui estoit

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demandé par le mémoire de messieurs de l’académie des Sciences. Je me suis donné tous les soins pour ramasser tout ce qui a esté possible pour satisfaire aux ordres de VAR. J’ay pris la liberté d’envoyer à VAR par le carosse de voiture une petite caisse dans laquelle tout ce que j’ay pu avoir en chaque paquet est étiqueté de ce qu’il contient, et j’ay l’honneur de joindre un mémoire détaillé de tout ce qui y est compris. Je n’ay rien tant à cœur que d’exécuter tous les ordres de VAR en touttes choses, heureux si je puis luy prouver tout mon zèle respectueux. J’ay rendu compte à Mr le Garde des Sceaux22 et à Mr de Maurepas23, qui, je crois, ont eu l’honneur d’en rendre compte à VAR de la tranquillité entière, de la fidélité et des sentimens de toutte cette province dans les circonstances présentes. Je donne une attention suivie et des soins continuels pour l’entretenir. Je connois assez toutte cette province, tous les principaux et toutte la noblesse, assez prévenus de confiance en mes bonnes intentions, pour oser prendre la liberté d’assurer et répondre à VAR de tous les sentimens de fidélité de soumission et de zèle pour le service du Roy et pour les ordres de VAR. J’y donne et y continueray une continuelle attention, ne désirant rien avec tant d’empressement que de remplir mes devoirs, chercher à plaire à VAR, mériter la continuation des bontéz dont elle m’honore, les marques de sa protection, et luy faire connoitre les sentimens du très profond respect, de l’inclination respectueuse, de la parfaite soumission, du zèle fidèle, et du dévouement entier et très respectueux avec lequel j’ay l’honneur d’estre pour toutte ma vie, Monseigneur, [etc.]. Foullé de Martangis [au dos :] à M. l’abbé Bignon Joint : mémoire accompagnant un envoi d’échantillons, s.d. [18/87/c et 18/ 87/d]. /fol. 1/ 1 Mémoire de toutes les pierres, minéraux, et autres matières contenues dans la boëte envoyée par Monsieur de Martangis à SAR Monseigneur le Régent Plusieurs morceaux de pierre qui semblent avoir été mouléz dans diférens coquillages de terre et de mer, et un entre autre qu’on croit s’estre formé dans le couvercle d’un vase antique, toutes ces pétrifications se trouvent dans une terre qui appartient à Mr le chevalier Gougnon, parroisse de Soulangis, à trois lieues de Bourges. Un paquet où sont deux anciens boutons d’habit pétrifiéz.

22. Marc René de Voyer de Paulmy, marquis d’Argenson (1652-1721), chancelier et garde des sceaux de janvier 1718 à juin 1720. 23. Jean-Frédéric Phélypeaux, comte de Maurepas (1701-1781), alors secrétaire d’État chargé de la Maison du roi (1718-1749).

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Deux grouppes ou paquets de vers qui s’estant trouvéz dans une terre disposée à se pétrifier y sont restéz et, s’y estant desséchéz et pour ainsy dire anéantis, n’y ont laissé que leur fourreau ou moule pétrifié. Bol blanc qui se trouve dans une terre entre Vierzon et Graçay. Sanguine qui se trouve par morceaux aux environs d’Orval près d’une maison de campagne qui s’appelle le Vernay. Autre sanguine ou terre rouge qui se trouve dans la parroisse de Subligny proche le village de Giraudel sur le chemin /fol. 1 v°/ et à deux lieues de Sancerre. Elle est en terre de la profondeur de trois à quatre pieds. Autre sanguine ou ocre rouge qui se trouve dans la parroisse de St Martin d’Auxigny à trois lieues de Bourges. Pierre calaminaire qui se trouve aux environs de Bourges, dans un territoire appellé Puyjaulin, mellée parmi du bol. Pommey, célèbre marchand épicier qui a fait une histoire des drogues, en fit apporter à Paris il y a quelque temps environ un quartaut, on pouroit sçavoir de ses héritiers ou de celuy qui luy a succédé dans sa boutique quel usage il en a fait. On en a aussi conduit une assez bonne quantité à Saumur. Plusieurs morceaux de carreaux de fayance antique qui se sont trouvéz dans la chapelle de Mehun sur Yèvre, bâtie par Jean duc de Berry, oncle de Charles Six24. Une partie de ces carreaux étoit peinte d’asur à une fleur de lys d’or à la bordure engrelée25 de gueules qui estoit la brisure de ce duc. On a mis cecy pour faire voir la diférence qu’il y a entre l’ancienne et la nouvelle fayence. Ocre de St Georges sur la Prée dont on envoya l’an passé un ample mémoire sur la manière de le tirer. /fol. 2/ Sable qui se rencontre sous cet ocre de St Georges sur la Prée. Ocre jaune qui se trouve à Morogues contenant une demie lieue ou environ, le lieu est marescageux, est en terre de la profondeur de quinze pieds, elle a un pied d’épais et par dessus est un banc de sable d’un demy pied d’épaisseur. Autre ocre à une portée de fusil de la précédente. Elle est couleur de lie de vin. Il y en a six pieds d’épais et par-dessus sont environ quatre pieds de mauvaise terre. Autre ocre qui se trouve au Trétoy, parroisse de Fontenay. Celle cy est profonde de vingt cinq pieds, ensuite se trouve un lit de terre jaune d’un pied d’épais, puis une pierre platte de demy pied. Elle est fort abondante et estendue d’un quart de lieue du costé du château de la Grange Chaumont26. Elle est large de quatre cens pas. La terre de dessus est propre à faire de la tuille.

24. Voir Philippe Bon, Les premiers “ bleus ” de France. Les carreaux de faïence de décor peint fabriqués pour le duc de Berry 1384, Mehun-sur-Yèvre-Paris, 1992, p. 33-36. 25. En héraldique : découpée de dents arrondies dont les pointes sont tournées vers l’extérieur. 26. Le château de La Grange-Chaumont ou Grange-Montalivet est dans la commune de SaintBouize (Cher).

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Terre ou ocre qui est une espèce de brun rouge. Il se trouve près le château de Charost27, à six lieues de Bourges. Il se trouve en quantitéz d’endroits du Berry de très bonne terre à potier. 9. - s.d. : mémoire sur les forges du Berry [17/30]. /fol. 1/ Mémoire des observations faites aux différentes forges et fourneaux La 1re est une petite forge de Mr Bucelle de Bourges ; le fermier s’apelle Mr Feuillebois. Il a un ba[i]l de 9 ans dont il y en a un de passé. La ferme est de mille livres, compris un moulin à blé et des terres labourables. Il y a deux saufferies à deux soufflets et un martinet dont le marteau pèse 180 et donne dans une minute 160 coups. La roue a environ sept pieds de diamètre ; les aubes sont faites en forme de quaisses qu’on nomme cul de hotte. On donne au marteleur 1 500 de fonte, 3 banes et ½ de charbon et 12ll 10s par millier de fer de quelle qualité qu’il soit. Il font [sic] en été environ 300 de fer par jours et en hiver 600 ayant beaucoup plus d’eau. Fourneau et martinet de Chandou L’eau pour faire aler la roue du martinet de 7 pied de diamètre et dont les aubes sont en cul de hotte à 20 pouces sur 8 de base et un d’ouverture et 4 pieds de hauteur. Cet fourneau appartien à Mr le duc de Never28. Mr Boudron en est le fermier ; son bail est de 9 ans. Le fourneau fait autour de 9 à 10 cent milliers de fonte. La forge est petite ; on y fait 200 à 250 de fer par jours en été et 4 à 5 cent en hiver. Ont [sic] prand la mine au Magne environ une lieue du fourneau. La castine est à demy lieue aux environ du fourneau des Pivotains. Grande forge de Mr Boudron Ont [sic] n’i fait que du gros fer. Leurs fonte vien du fourneau de Chandou. Le marteau pèse 9 à 10 cent ; le prisme d’eau pour faire aler la roue du martinet a 29 pouces sur 6 de base et 4 pieds de haut. La fonte leur coûte 72ll prise au fourneau. /fol. 1 v°/ Il [sic] font le prix de leur fer de 230 à 240ll le millier pris au martinet. Cette forge fait 8 à 9 cent milliers de fer par an. Petite forge de Bally Les geuses [sic] de cette forge viennent du fourneau des Pivotains. Le fer y vient trop doux ; pour le rendre moins doux, ont mêle dans la g[u]euse un peu de fonte blanche propre à faire de l’acier.

27. Charost (Cher), duché-pairie dépendant de la maison de Béthune ; ocrière d’ocre brun rouge découverte en 1717. 28. Charles III de Gonzague a vendu les duchés de Nevers et de Rethel à Mazarin en 1659. Au début du XVIIIe siècle, le duc de Nevers est François Mancini (1676-1768).

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Fourneau et forges de Leyseau Cette forge est à ½ lieue de Donzi29 et 3 et ½ de Cosne30. Elle apartien à Made des Granges31. Mr Pluvinet en est le fermier ; le bail est pour six années dont il y en a 4 de passées. Le prix est de 14 à 1 500ll pour la forge et le fourneau. Le fourneau pouroit faire 600 milliers de fonte par an s’il étoit bien entretenu de bois et de charbon. La forge fait environ 4 milliers par quinzaine, il n’i a que deux ouvriers compris le marteleur. On prend 1 600 de fonte par millier de fer et 3 bannes de charbon ; la mine et la castine ne font tout au plus qu’à une lieue. Le prisme d’eau a 9 pouces sur 18 de base et de 3 pieds et ½ à 4 pieds de haut. Le marteau pèse autour de mille ; il donne 105 coups dans une minute et s’élève au dessus de l’enclume environ 18 pouces. Les aubes sont en cul de hotte. On vent le fer 220ll le millier rendu à Cosne et la fonte prise sur les lieux 65ll. Le fourneau des Pivotains Cet fourneau est de 4 lieues ½ de Cosne. Mr Rapin en est le fermier avec le fils de Mr Pluvinet. Il apartien à Mada[m]e des Pivotain qui demeure à Donzy. La fonte de ce fourneau doit être bonne pour le fer fondu puisqu’elle donne des fers trop doux. /fol. 2/ Fourneau du petit Guichy Se fourneau apartien à Mr Sauvage. Il n’i a point de forge non plus qu’aux Pivotain. Il est à 5 lieues de Cosne du cotté de la Charité. Les mines sont voisines. Se [sic] fourneau donne beaucoup de fonte blanche à cause qu’il y a quantité de cette mine qu’on nomme mine chaude qui donne de fonte bla[n]che, au contraire de la mine qu’on nomme froide laquelle donne la fonte grise. Fourneau de la forge de Cramain À 3 lieues de la Charité, se fourneau apartien au Sr Cramain qui le fait valoir luy même. La forge est petite, ont n’i fait que de l’acier qui est des melieur qu’on tire du païs. La mine et la castine sont fort proches. Les grand soufflets du fourneau ont 14 pieds et ceux de la forge 8. J’avois fait dans cette forge quantités d’observations qui sont perdues ; je me souvient que le marteau pèse 210, l’arbre a 2 pieds et demy de diamètre. Fourneau et forge de la Vache Se fourneau apartien à Mr Berger de la Charité, qui le fait valoir luy même. Il y a un fourneau une forge et deux affineries et une autre forge au dessous.

29. Donzy (Nièvre). 30. Cosne-Cours-sur-la-Loire (Nièvre). 31. Il existe un château des Granges, à Suilly-la-Tour (Nièvre).

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On n’i fait presque que de l’acier ; les soufflets du fourneau ont 14 pieds non conpris [sic] la tuyère. Fourneau et forges de Raveau Il y a 4 petites forges qui ne font presque que de l’acier. Pour faire leurs aciers, ils ont besoin de fondre la fonte deux fois ; on appelle chaque fois qu’on fond la fonte la mallier, ainsi on la maillie deux fois dans ses forges. La mine [et] la castine sont fort proches. /fol. 3/ Remarques générales De toutes les observations que j’ay fait, tent de celles qui sont écrites si dessus que de celles que j’ay perdu, il en résulte les remarques suivantes. Dans toutes les forges où j’ay été, l’eau tombe au dessus des roues. Les roues ont environ 7 pieds de diamètre, leurs aubes sont toutes faites en cul de hotte. L’ouverture du bas du réservoir ou du bié, par où l’eau sort pour tomber sur la roue lorsqu’on tire les pelles, est ordinairement ou de six pouces sur deux pieds, ou de huit pouces sur dix huit, se qui donne un pied quarré d’ouverture ; ainsi l’eau sort de la grosseur d’un pied cube ou environt. La hauteur du niveau de l’eau dans le réservoir ou bié par dessus l’ouverture d’où elle sort est ordinairement de 3 pieds ½ à 4 pieds. L’eau a encorre de 8 à 12 pouces de chute depuis sa sortie du réservoir jusque sur les aubes de la roue. L’arbre a ordinairement 2 pieds ½ de diamètre. Les marteaux des grosses forges pèsent depuis 800 jusque à 1 000. Les marteaux des petites forges pèsent de 200 à 230. Les marteaux des grosses forges donnent de 100 à 110 coups dans une minute. Ceux des petites forges donnent de 150 à 170 coups dans une minute. Remarques sur les fontes La mine la plus facille à fondre donne de la fonte aigre et même blanche. Cette mine est nommée mine chaude. La mine la plus difficille à fondre donne la fonte la plus grise. Elle est nommé mine froide. On tien que la trop grande quantité de castine rend la fonte blanche ou du moins aigre ; le litier fait de même lorsqu’en fondant de la geuse on y en met. /fol. 3 v°/ La fonte grise qui a le moins de disposition à devenir fonte blanche, fait le fer le plus doux. Lorsque la fonte grise donne du fer trop doux, ont [sic] y met de la fonte blanche ou de la fonte malliée, ainsi nommé lorqu’on [sic] l’a rendue fonte blanche en la fondant. On fait l’acier avec de la fonte malliée une fois ou deux.

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Lorsque avec de la fonte blanche et de la fonte malliée on veut faire du fer, ont la fait recuir. Les ouvriers sont ravi de travaillier de fonte aigre parce qu’elle est plutôt fondue. L’acier leur donne beaucoup de paine parce qu’il ne peuvent bien lier la fonte pour faire corp sous les coups de marteau. Detterminer la force du choc de l’eau pour faire tourner la roue d’un martinet Pour calculer le choc de l’eau sur les aubes de la roue d’un martinet dont l’ouverture de la sortie de l’eau est d’un pied quarré et la hauteur du réservoir ou du bié prise au niveau de l’eau de cinq pieds, il faut 1o connaître la vitesse de l’eau dans le temps du choc par la règle suivante. si — 144 pouces donnent 24 pieds de vitesse dans une seconde come — 60 pouces la racine de 144 est 12 la racine de 60 est 7 ¾ donc 7 ¾ ou 31/4 x 24 donnent 744/4 ou 186 qu’il faut diviser par 12 pour avoir 15 pieds ½ ainsi la vitesse de l’eau à la rencontre de la roue sera de 15 ½ pieds par secondes. 2o pour avoir maintenent la force du choc il faut faire cette autre règle. Comme le quarré de 24 vitesse d’un réservoir de 12 pieds est à 840 livres poids de 12 pieds cube d’eau, ainsi le quarré de 15 pieds ½ vitesse de l’eau au poid ou à la force du choc qu’on trouve de 350 livres. /fol. 4/ Cette force de 350 livres que nous venons de trouver pour le choc de l’eau contre les aubes de la roue, n’agit toute entière que dans le premier instant du choc que la roue est en repos ; mais dès qu’elle est en mouvement, il ne faut prendre que la vitesse respective de l’eau par raport à la vitesse des aubes de la roue. Ainsi, dès que la roue a acquis tout le mouvement qu’elle peut prendre, il faut considérer que la vitesse de l’eau est diminuée d’une quantité de mouvement égale à la vitesse des aubes de la roue. On calculera avec le reste de la vitesse de l’eau son choc contre les aubes dans le temps que la roue est en mouvement. Mais il faut auparavant connoitre celle des aubes. Pour trouver cette vitesse des aubes, je prend une roue de sept pieds de diamètre entre le milieu des aubes, comme elles sont le plus ordinairement, dont l’arbre a huit dants et que le marteau donne 160 coups dans une minute. Il est clair que pour avoir le nombre des tours que la roue fait, il faut diviser 160 par 8, pour avoir 20 tour [sic] de roue par minute. Mais la roue a sept pieds de diamètre se [sic] qui donne 21 pieds de circonférence : ainsi une aube fait 21 pieds à chaque tour et 420 pieds en 20 tours ou dans une minute.

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La vitesse des aubes étant de 420 pieds par minute, se qui donne 7 pieds par secondes qu’il faut retrancher de 15 pieds ½ vitesse absolue de l’eau pour avoir 8 pieds ½ de vitesse respective, avec laquelle il faut calculer la force du choc comme si dessus. Comme le quarré de 24 est de 840 livres, ainsi le quarré de 8 ½ ou 17/2 a 105 livres 1/3 pour la force du choc dans le temps que la roue est en mouvement. 10. - s.d. : demande de privilège par Louis Thomas de Montroger et ses associés, pour établir une manufacture de tôle et fer blanc en Berry [17/02]. /fol. 1/ À Nosseigneurs les Commissaires du Conseil de Commerce Les Sieurs de Montroger32, écuyer, Benyer, secrétaire du Roy, Prieur, officier du Roy, Bourguet, banquier, Pautrisel, cy devant l’un des fermiers de SAS Monseigneur le duc, et autres, ayant eu avis q[u’i]l s’étoit formé une compagnie pour l’établissement d’une manufacture de thole et fers blancs et q[u’i]l avoit été fait une épreuve depuis peu à l’académie des Sciences au nom du Sr Despaquier, officier suisse, pour en f[air]e l’établissement à Neufchatel, frontière de Suisse, et de tirer leurs feuilles en thole d’Allemagne pour blanchir aud. lieu de Neufchatel par un privilège exclusif. Les susnomméz remontrent à Nosseigneurs q[u’i]ls ont formé le deissein d’établir pareille manufacture dans le centre du royaume et, principalement, dans les forges de SAS Monseigneur le duc en Berry qui, par le moyen de cette manufacture établie en France, non seulement employeroit un grand nombre de personnes de tous âges et sexes et conserveroit l’espèce dans le royaume, mais même en procureroit la rentrée par le débit q[u’i]l se feroit de fers blancs dans l’Espagne, Portugal et autres pays étrangers. Lesd. dénomméz cy dessus vous représentent q[u’i]ls feront des feuilles de fer blanc non seulement des 3 espèces ordinaires, mais même de beaucoup plus grandes qui pouront servir à des usages où la trop fréquente soudure /fol. 1 v°/ empêche de f[air]e des ouvrages et des ustancilles qui n’ont pu se f[air]e jusques à présent par la petitesse des feuilles, tant pour la marine que pour touttes sortes d’usages concernans les bâtimens, comme goutières, tuyaux, etc., à l’épreuve de la rouille, et touttes autres sortes de blanchissage en gros et menus fers, pour rampes, balcons, serrures, marteaux, gonds, etc. À ces considérations, Nosseigneurs, il vous plaise recevoir le Sr de Montroger dépositaire du secret, à f[air]e son épreuve par devant telles personnes 32. Louis-Thomas de Montroger obtiendra le 27 février 1725 des lettres patentes lui accordant la permission d’établir en Berry une manufacture privilégiée de fer blanc (AN, F/12*/72, p. 98 et 228), manufacture qu’en janvier 1732, il sera autorisé à transférer en Bourgogne. Quelques mois plus tard, en mars 1733, il demandera un privilège exclusif pour la fabrication, dans toute l’étendue du royaume, des fers noirs et blancs en feuilles (F/12*/80, p. 244).

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q[u’i]l vous plaira nommer, ne demandant pour tout délay que le temps nécessaire pour recevoir des échantillons de fers q[u’i]l fait venir desd. forges de SAS et être favorable à une compagnie qui n’a d’autres veües que d’établir une manufacture aussy avantageuse à l’État, en ce qu’elle se trouve au centre du royaume où se fabriquent les meilleurs fers, et qui par ce moyen conserveroit l’espèce en France et en procureroit une rentrée considérable de l’étranger, et feroit vivre une quantité de pauvres qui y travailleroient. Sur un pareil exposé la Compagnie ose espérer q[u’i]l vous plaira l’agréer, luy donner la préférence et luy acorder le privilège exclusif pour 30 années. Besnier Louis Thomas de Montroger Prieur Bourguet Pautrisel

VIII.

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1. - s.d. [fin XVIIe siècle] : extraits du mémoire de Béchameil de Nointel sur la Bretagne, rédigé “ pour l’instruction du duc de Bourgogne ”, copie annotée par Réaumur [17/47/d]. /fol. 1/ Mémoire de l’état p[rése]nt de la province de Bretagne [en marge1 : évêché de Rennes] La première manufacture est celle des toilles noyalles, ainsy nommées parce que la première fabrique s’en est faite dans la parroisse de Noyal2, qui est à deux lieues de la ville de Rennes, et dans huit ou dix parroisses des environs, et ce sont de grosses toilles écrues propres à faire des voilles de vaisseaux, et il y en a de trois sortes, les unes de six fils, les autres de quattre, et les moindres qu’on appelle de simples fils de la première sorte. [en marge : toiles] Le commerce en étoit beaucoup plus considérable autrefois qu’il ne l’est à présent, et il en sortoit, il y a vingt ans, pour plus de trois à 400 000ll par an, mais, depuis ce temps là, il a diminué pour ainsy dire d’année en année par deux raisons. La première est que les Hollandois et les Anglois en ont établi des manufactures chez eux, dont ils avoient déjà commencé avant la dernière guerre à en fournir à leurs voisins, qui les trouvoient mêmes meilleures et mieux travailléz que celles qui se font aux environs de Rennes. La seconde, que le Roy en a fait établir luy même des manufactures auprès de ses ports principaux comme Rochefort et Brest, pour lesquels même on enlève des chanvres qui croissent dans les parroisses dudit évêché de Rennes. Ainsy on ne tire presque plus de ces toilles noyalles pour tous les ports du Roy qu’au deffaut de celles qui leurs manquent des manufactures de leurs ports. La consommation n’en a été pendant la guerre, une année portant l’autre, que d’environ 80 000ll. /fol. 1 v°/ La seconde est la manufacture des fils retords pour coudre et qui se retordent et teignent à Rennes de touttes sortes de couleurs. [en marge : fils retords q[uestion] sur la manière de les retordre]

1. Les annotations portées en marge sont de la main de Réaumur. 2. Noyal-Châtillon-sur-Seiche (Ille-et-Vilaine).

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Le fil qui s’y emploie vient de quelques parroisses de l’évêché de Rennes, qui sont aux environs de la petite ville de Bécherel, et on en tire aussy de la ville de Dinan. Les marchands qui en font commerce, le donnent aux teinturiers de la ville de Rennes qui l’aprêtent et le retordent par le moyen de certains moulins, faits à peu près comme ceux dont on se sert pour retordre de la soye [en marge par Réaumur : q[uestion] moulins à retordre le fil], et luy donnent ensuitte touttes sortes de couleurs. C’est un très grand commerce dans la ville de Rennes et on en envoye une grande quantité à Paris, à Rouen et dans les autres grandes villes du royaume ; on en fait même passer en Espagne et en Angleterre quand le commerce est ouvert et il s’en vend par an, au temps de paix, pour près de trois centz mil francs. [en marge : toiles] La 3e sorte de manufacture qui se fait dans l’étendue dudit évêché de Rennes est celle des toilles qu’on appelle des vitrées. Ce sont de grosses toilles de chanvre qui demeurent écrues sans blanchir et qu’on fabrique dans près de trente parroisses qui sont sous trois lieues autour de Vitré, et c’est ce qui leurs donnent le nom de vitrées. Lesd. toilles s’acheptent dans les parroisses par les marchands de Vitré qui en font magazin et les envoyent ensuitte à St Malo, à Rennes et à Nantes où elles se vendent en gros. Elles sont propres à faire de petites voilles de navire et de vaisseaux et s’envoyent la pluspart en Angleterre pour l’usage des colonies qu’ils ont en Améryque. On en envoie aussy en Espagne où elles servent à emballer les marchandises fines qui en sortent, et le commerce de ces toilles va autour de 40 à 50 000ll par an. [en marge : je crois qu’il doit y avoir un zéro d’oublié dans la copie que j’ai.] /fol. 2/ [en marge : bas, chausson, gands de fil] Il y a dans la ville de Vitré un commerce de bas, de chaussons et de gands de fil qui est particulier, et qui se font par les femmes et les filles de toutte condition de la ville et des fauxbourgs. Le fil dont elles se servent s’apporte des villes de Quintin et de basse Bretagne et s’appelle fil de forêts. Ces ouvrages s’envoyent partout et même en Espagne et aux Indes, et il en peut sortir de Vitré pour 25 000ll par an ou environ. [en marge : forge de fer] Il n’y a qu’une seulle forge dans l’étendue de cet évêché, qui est celle de Montigny, et le débit des fers qui s’y fabriquent se vend dans les villes des environs. [en marge : évêché de Nantes. Sels] Les sels se font en deux cantons différents du comté nantois. L’un comprend les parroisses qui composent l’abbaye de Bourneuf3 et qui sont au nombre de neuf, l’autre est dans le territoire de Guérande et du Croisic qui ne comprend que cinq parroisses. On estime qu’année commune, les marais salans de l’abaye de Bourneuf produisent douze mil charges de sel qui sont du poids de six mil seize centz vingt livres. [Réaumur ajoute : qui font la quantité de seize à dix sept mille muids.] 3. Bourgneuf-en-Retz (Loire-Atlantique).

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Les marais salans de Guérande et du Croisic produisent une plus grande quantité de sel que ceux de l’abaye de Bourneuf et on estime qu’année commune, il se fait sur lesdits marais de Guérande et du Croisic la quantité de 26 000 muids. /fol. 2 v°/ [en marge : charbon de terre] Il ne faut pas obmettre de parler des mines de charbon de terre qui se trouvent dans quelques parroisses du canton d’en deçà de la Loire. Elles avoient servi autrefois, mais elles avoient été abandonnées et la difficulté d’en tirer d’Angleterre, pendant la guerre, a été cause qu’on les a ouvertes. Le charbon n’en est pas toutefois de si bonne qualité que celuy d’Angleterre et il se vend presque la moitié moins. Le prix de la fourniture de celuy d’Angleterre est de 200ll et la fourniture de celuy du comté nantois ne se vend que cent dix livres, si ce n’est celuy d’une parroisse qu’on appelle Nort4 [en marge par Réaumur : charbon de la paroisse appellé Nort], où il est d’une qualité qui approche fort de celuy d’Angleterre et où la fourniture se vend jusqu’à cent cinquante livres. On est persuadé qu’on en pouroit tirer une quantité considérable et qui pourroit même mettre en état de se passer de celuy d’Angleterre, si un chacun avoit la liberté d’y travailler, mais on est contraint par le don qu’avoit obtenu Monsieur le duc de Montausier et dont la continuation a été accordée à Monsieur le duc d’Uzès, par le moien duquel il a seul la permission de faire ouvrir lesd. mines de charbon de terre. [en marge : forges] Il n’y a que trois forges dans toutte l’étendue de l’évêché de Nantes, qui sont celles de Milleray, celles de Péan et celles de la Poitrinière. Elles ne sont pas considérables et les fers qui s’y fabriquent se consomment dans le royaume. [en marge : évêché de Vannes. forges. miel] Les marchands de Vannes font aussy quelques commerces de fer en verge qu’ils tirent des forges qui sont dans la province. Du miel qu’on y apporte de quelques parroi[sses] de l’évêché, et qu’en temps de paix ils envoient en Hollande [en marge par Réaumur : sardines congres] et d’où il leurs revient en retour des épiceries, des pouelles et chaudrons de cuivre et d’étain, du fil d’orgal et des lettres de change sur Paris. [Réaumur ajoute : des sardines et congres qu’ils vendent aux marchands de Nantes.] /fol. 3/ [en marge : sardines. q[uestion] manière de les presser et d’en tirer l’huile] Les chaloupes qu’on y envoye [Réaumur ajoute : du Port Louis à la pêche des sardines] sont ordinairement du port de deux à trois tonneaux, garnies de leurs voilles et rames, et montées de cinq hommes, et il faut à chaque chalouppe au moins douze fillets de vingt à trente brasses chacun pour en changer selon la quantité de la sardine qu’ils prennent. 4. Nort-sur-Erdre (Loire-Atlantique).

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Cette pêche est ordinairement forte abondante et les marchands qui acheptent la sardine des pêcheurs, quand ils sont de retour de la mer, l’accommodent et l’arrangent par lits dans des bariques que l’on met sous la presse pour en faire sortir l’huille, car autrement elle se coromperoit assés promptement. Le débit s’en fait par bariques et, pendant la paix, elle se charge pour St Sébastien, pour Bilbao et pour toutte la Méditerranée où il s’en fait une très grande consommation, et ce sont ordinairement les marchands de St Malo qui l’enlèvent pour ces lieux là. La barique s’en vend depuis 20ll jusqu’à 50ll suivant la qualité de la sardine et selon que la pêche en est médiocre ou abondante. [en marge : huiles de sardines] La sardine produit encore un autre profit, qui est celuy de l’huille qu’on en tire quand elle est grosse. On fait une barique de trente à quarante bariques de sardines et la barique d’huille se vend depuis 50ll jusques à 80ll. Il faut neuf ou dix milliers de sardines pour remplir une barique et il s’en fait quelquefois jusqu’à quattre mil bariques dans la seulle ville du Port Louis. Aussi est ce presque le seul commerce qui s’y fasse, comme il vient d’être marqué. [en marge : pêche du congre] Il se fait à l’isle de Groix une autre pêche qui est celle du congre, et elle occupe 30 à 40 des chalouppes qui sont emploiées l’été à faire la pêche de la sardine. Elle ne commence que dans le temps que finit celle de la sardine et se fait deux lieux hors de cette isle, sur des bancs de rochers qui s’y trouvent. On les fait seicher comme la mourue, et il s’en prend année commune près de 40 quintaux qui se vendent depuis 10ll jusques à 20ll le quintal. Lesdits habitants de l’isle de Groix en consomment beaucoup pour leurs subsistance. /fol. 3 v°/ [en marge : évêché de Quimper Corentin. Saulmons] Il y a à Châteaulin une pêcherie de saumons assés considérable qui appartenoit autrefois au Roy et que Sa Majesté a afféagée à des par[ticuli]ers avec les moulins de la même ville de Châteaulin moyennant une rente de 4 500ll livres par an. Le débit des saumons qui se pêchent se fait dans la province pendant la plus grande partie de l’année, mais il s’en envoye très grande quantité à Paris pendant le temps du caresme. Quand la saison est propre, ce saumon ne se salle point et se débite frais. [en marge : mine de plomb] Il y a dans une des parroisses de cet évêché, qui est celle de Carno5, une mine de plomb qui a été ouverte depuis quelques années et qui seroit assez abondante si les personnes qui en ont eu le don, étoient en état d’y faire toutte la dépence qui conviendroit. Le plomb en est d’assez bonne qualité, moindre pourtant que celuy d’Angleterre, et on s’en est servy pendant cette guerre dans l’arsenal de la marine à Brest. C’est la seulle qui soit dans la province de Bretagne. 5. Carnoët (Côtes-d’Armor).

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[en marge : évêché de Léon. pêche des maqueraux] On ne doibt pas oublier de parler de la pêche de maquereaux qui se fait sur laditte côte de l’évêché de Léon. Elle occupoit pendant la paix douze ou quinze bâtimens qui viennent de La Hougue en Normandie, du port de huit à dix tonneaux, dix à douze bâtiments qui y venoient aussy de Dieppe, du Havre de Grâce et de Barfleur du port de trente à quarante tonneaux, et autour de vingt petits bâtimens de Roscof6 et des autres bourgs qui sont sur la côte de Bretagne. Cette pêche commence ordinairement vers les premiers jours du mois de may et dure jusques à la fin de juin, et se fait hors des sorlingues d’Ouessant et dans l’entrée de la Manche. Les pêcheurs renvoyent tous les jours leurs barques à terre et elles abordent à Roscof où une partie du poisson qu’ils ont pris se distribue frais pour la consommation du pays et des villes voisines. L’autre partie est sallée par les habitants de Roscof qui les envoyent ensuitte, par des barques du pays à Dieppe, au Havre de Grâce, à Granville et en d’autres endroits /fol. 4/ de la côte de Normandie, ou par les pêcheurs mêmes de Normandie, qui acheptent du sel à Roscof, salent le poisson en mer et l’emportent chez eux sans toucher à Roscof. Dans les bonnes années il s’en salloit jusques à 500 milliers. [en marge : évêché de Tréguier. Fils] Les habitans sont aussy en usage de semer beaucoup de lin dont ils font des fils écrus et blancs que les marchands de l’évêché de Léon viennent achepter dans les marchéz pour en faire fabriquer leurs toilles. Il a été déjà marqué qu’on est obligé de faire venir du nord la graine de lin [en marge : grain de lin qu’on fait venir du nord], celle que l’on pouvoit receüillir dans le pays ne se trouvant pas d’une bonne qualité. [en marge : papier] Il se fabrique aussy beaucoup de papier dans tout le pays, lequel se débite pour l’Angleterre par la ville de Morlaix. La ville de Morlaix est scituée sur une petite rivière qui porte son nom et dont l’entrée est deffendue par le château du Toreau. Elle est considérable par le commerce des toilles qui s’y font et il est aisé d’en faire juger quand on dira qu’en faisant une année commune des dix dernières avant la guerre qui vient de finir, il n’y en a eu aucune où les Anglois n’ayent enlevé pour 4 500 000ll de toilles, ce qui a été vérifié par les registres des droits qu’elles payent pour la marque. Les négotiens de St Malo ne laissent pas aussy d’en tirer de leur côté une grande quantité pour porter en Espagne. Il ne s’y en fabrique pourtant pas une seulle pièce et touttes celles qui s’y acheptent y sont aportées par les habitants des parroisses de l’évêché de Léon, qui est le pays, comme il a été dit cy devant, où les toilles se fabriquent pour la plus grande partye. Les habitants de Morlaix ont seuls droit de les achepter de la 1ère main, c’est à dire de celle du fabriquant ou du marchand qui les apporte à vendre /fol. 4 v°/ à Morlaix et c’est un privilège qui leurs a été accordé par les ducs de Bretagnes et confirmé par les roys, suivant lequel aucun étranger ny marchand

6. Roscoff (Finistère).

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forain ne peuvent achepter lesd. toilles de la première main ny même entrer dans l’hôtel de ville où elles sont exposées pour être vendues. Les fabriquants ou les particuliers de la campagne qui se meslent d’en faire le commerce les apportent à Morlaix et les déchargent dans l’hôtel de ville où elles sont exposées en vente certains jours de la semainne, et les habitants de Morlaix les y acheptent pour les revendre ensuitte soit directement eux mêmes à des marchands anglois ou de St Malo, qui les viennent enlever, ou à des facteurs que les gros négocians anglois y tiennent assés ordinairement. [en marge : évêché de St Brieuc] Le plus considérable commerce qui se fasse présentement dans les parroisses de l’évêché est celuy des toilles et du fil. Les principaux endroits où il se fait pour les toilles sont la ville de Quintin et les parroisses de Loudéac, Uzel et Allineuc. [en marge : St Malo] On ne doit pas oublier que, dans une des parroisses de cet évêché qui est celle de Painpont7, il y a une forge considérable et dont les fers sont d’une qualité pareille à celle des fers d’Espagne. On y prend une grande partie de ceux qui sont nécessaires pour l’arsenal et les magazins de Brest. [en marge : fer excellent, il faudroit en avoir la mine] [en marge : évêché de Dol. Chanvre] Les terres des parroisses qui sont aux environs de la ville de Dol8 et qui sont scituées dans les marais, produisent beaucoup de chanvre. 2. - 31 janvier 1716 : Hocquard au Régent, Brest [17/53/c]. 15 19 Monseigneur, Il a plu à VAR d’adresser le 18e de ce mois à M. Robert, intendant de la Marine de Brest9, un mémoire qui luy a esté présenté par l’accadémie des sçiences avec ordre d’envoyer à VAR les esclaircissemens qu’elle souhaitte sur la manière dont on fabrique les ancres en ce port et le travail que l’on fait depuis que l’on commence l’ouvrage jusqu’à ce qu’il soit achevé. Comme j’ay, Monseigneur, l’honneur d’estre revestu du caractère d’ordonnateur de la marine en ce port en l’absence de M. Robert qui est présentement à Paris, j’ay pris la liberté d’ouvrir vostre pacquet et j’ay remis aussitost le mémoire de VAR à nostre m[aîtr]e forgeron et à quelques gens habiles en ce genre d’ouvrage pour luy donner tous les esclaircissemens qu’elle peut désirer, les-

7. Paimpont (Ille-et-Vilaine). 8. Dol-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine). 9. Mentionné dans Almanach royal…, 1716 et 1717.

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quels j’auray l’honneur de luy envoyer le plus promptement qu’il sera possible. Permettez moy de prendre la hardiesse de me dire avec un très profond respect, Monseigneur, de VAR [etc.]. Hocquard à Brest, le 31e janvier 1716 3. - 22 mai [1716] : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/78]. Bretagne 22 may L’Académie royale des sciences qui cherche surtout à étendre ses connoissances par raport à l’histoire naturelle du roiaume et aux arts qui y sont cultivés, souhaiteroit avoir de Bretagne des éclaircisements sur quelques matierres qui ont raport à l’un et l’autre objet. 1° Sur les mines de plomb de Carnot10 et des environs, scituées dans l’évêché de Kimper Corentin11. Par raport à ces mines, on souhaiteroit avoir 1° des mémoires très détaillés sur la manière dont on les travailloit depuis qu’on commençoit à tirer la mine de la terre, jusques as qu’elle fust fondue. On voudroit qu’on n’y oubliast pas les plus petites circonstances, qu’on y apprist ce qu’un certain poids de mine donnoit communément de plomb et si ces mines sont toujours négligées. 2° On voudroit avoir des deisseins exacts des fourneaux et de tous les ustencilles dont on se servoit pour fondre la mine. On souhaiteroit moins des deisseins finis que des deisseins exacts. On voudroit y trouver jusques aux principales attitudes des ouvriers croquées. 2° Il y a aux environs de Rennes des mines de tripoli sur lesquelles on voudroit aussi avoir des mémoires qui apprisent le nombre des carrières de cette espèce de pierre, ou plutôt de craye, leur scituation, à quelle profondeur elles ont été creusées, si on en tire considérablement par an, si on n’y trouve point de tripoli qui égale en finesse celuy de Venise, comme le tripoli est arrangé dans la carrière, si les lits de cette matierre ont beaucoup d’épaiseur. On demanderoit surtout des échantillons des différentes espèces de tripoli qu’on y trouve, depuis le vilain jusques au plus beau. 3° En général, on nous feroit plaisir de nous indiquer ce que la Bretagne a de singulier par raport à l’histoire naturelle ou aux arts, soit en pierres, terres, mines, minéraux, cristaux, marbres et en productions de tout genre.

10. Carnoët. 11. Quimper (Finistère) ; la ville porte le nom de Quimper-Corentin jusqu’à la Révolution.

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4. - s.d. : mémoire de réponse sur les mines de Carnoët, Plusquellec et Huelgoat [17/44]. /fol. 1/ 32 Mémoire sur les mines de Carnot, Plousquellec12 et Le Halgouet13 en Bretagne. Il est marqué dans le mémoire de Messieurs de l’académie qu’ils souhaittent avoir des éclaircissements sur les mines de plomb de Carnot et des environs, scituées dans l’évesché de Quimper, et qu’ils désirent d’estre instruits de la manière dont on travailloit ces mines depuis qu’on commençoit à les tirer jusqu’à ce qu’elles fussent fondues, de ce qu’un certain poids de mine donnoit communément de plomb net, si ces mines sont toujours négligées et enfin des dessains exacts des fournaux et de toutes les ustancilles dont on se servoit pour fondre la mine. On demande aussy des éclaircissements sur les mines de tripoly qui sont aux environs de Rennes. Pour satisfaire aux demandes de Mrs de l’académie, nous avons envoyé le sieur Tévenon sur les lieux qui a dressé son procès verbal et les plans cy joints que nous croions qui pourront donner une idée des avantages qu’on peut retirer des mines de plomb qui se trouvent dans les parroisses de Carnot, Plousquellec et Le Halgouet. Nous avons aussy envoyé à Messieurs de la faculté de médecine de Nantes plusieurs morceaux de ces différentes mines qui ont fait les opérations dont ils nous ont envoyé le détail dans le mémoire cy joint. /fol. 1 v°/ Suivant le mémoire du Sieur Tévenon, il parroist que deux milliers de mines de Carnot ont rendu mil livres de plomb et que, sur la mesme quantité de mine de Plousquellec, on a retiré douze cent livres de plomb par les opérations des médecins de la faculté de Nantes ; ils ont reconnu que huit onces de la mine de Carnot ont donné d’abord six onces de métail, qu’ils ont réduit à trois onces et demie de plomb très maléable, beau et doux qui a le poids et touttes les qualités requises à ce métail. Il parroist que la mort de duc de Melfort14 a esté cause de la cessation du travail de ces mines qui ont esté abandonnées par les héritiers de ce duc dans le temps que tout estoit disposé à proffiter de la dépence des travaux commencés.

12. Plusquellec (Côtes-d’Armor). 13. Huelgoat (Finistère). 14. John Drummond, duc de Melfort (v. 1650-1714), ministre écossais de Jacques II qu’il accompagna dans son exil à Saint-Germain-en-Laye ; fait pair de France en 1701 par Louis XIV, il mourut à Paris. Sur la mine avant 1715 et son exploitation par des gentilshommes de la maison du roi Jacques II, voir A.-M. de Boislisle, Correspondance des contrôleurs généraux des finances avec les intendants des provinces, Paris, 1874-1897, t. 3, p. 104-105.

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Si l’on jugeoit qu’il fust à propos de continuer ces travaux, il faudroit révoquer la concession qui a esté faitte au duc de Melfort du privilège accordé à Mr de Coetmen, et engager ensuitte par quelques privilèges ou avantages des personnes riches à se charger de l’exploitation de ces mines affin de procurer du plomb dans le royaume sans qu’on fust obligé de le tirer d’Angleterre, sauf à indemniser les héritiers de M. de Coetmen représentés aujourd’hui par M. du Lojou qui en a épousé la fille, de la somme de mil livres par an pour laquelle ils avoient cédé leurs privilèges, d’autant qu’ils parroissent mériter quelques /fol. 2/ dédommagements puisque c’est à leurs autheurs que l’on a en quelque façon l’obligation de la découverte de ces mines. Mais on estime qu’il conviendroit de faire en sorte de tirer d’Angleterre quelques ouvriers habiles pour la direction et le soutien de l’entreprise. Il y a néantmoins sur les lieux des gens qui y ont cy devant travaillé qui se flattent d’avoir la capacité de conduire ces ouvrages. Lorsque M. de Nointel15, intendant en Bretagne, fust chargé en 1698 de dresser un état de la province, il fist sur cette mine l’observa[ti]on suivante : Il y a dans la parroisse de Carnot une mine de plomb qui a esté ouverte depuis quelques années et qui seroit assés abondante si les personnes qui en ont eu le don estoient en état d’y faire toute la dépense qu’il conviendroit. Le plomb en est d’assés bonne qualité, moindre pourtant que celuy d’Angleterre, on s’en est servy pendant cette guerre dans l’arsenal de la marine à Brest. Mr de Nointel eust peut estre parlé encore plus avantageusement de ces mines si, de son temps, l’on avoit eu connoissance de celle de Plousquellec dont le plomb est plus doux et plus liant que celuy que l’on retire de la mine de Carnot. Le Sieur Thévenon a observé que, depuis 1682 que l’on commença à travailler dans ces mines, on ne s’est servy pour les fondre que /fol. 2 v°/ d’un simple fourneau qu’on faisoit jouer les soufflets pour allumer le feu et, peu de temps après, la mine commençoit à couler dans la marmite sous laquelle on mettoit un peu de feu pour entretenir la chaleur du plomb jusqu’à ce que l’on en eust assés pour faire un lingo. Cette observation prouve que l’on n’a pas esté obligé de fondre une seconde fois le métail pour l’épurer. Comme l’on envoye une quantité raisonnable de la mine de Carnot et un petit lingo provenu de la mine fondue, Mrs de l’académie seront en état de connoistre par eux mesmes le fruit que l’on en pourroit tirer et, au cas qu’ils jugent qu’il faille aproffondir la matière, on pourra examiner encore avec plus d’application la qualité du terrain, si les vaines de la mine tournent au nord ou au sud, s’il y a des montagnes voisines à celle de Carnot, s’il y a beaucoup de sources d’eau, la différente sorte de terre de la montagne, et enfin s’il y a des

15. Louis Béchameil de Nointel, intendant de Bretagne de 1692 à 1705 ; gourmet fameux, on lui attribue l’invention de la sauce béchamel.

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bois et forrests qui soient à portée de la fonderie de ces mines pour le service du fourneau. Une personne à qui j’ay fait voir des marcasites de ces mines, m’a dit qu’il en avoit trouvé quelques unes semblables à plusieurs de celle des mines du plomb d’Angleterre qui ont une superficie qu’on appelle spar, qui est blanche et transparante quelques fois comme du cristal commun. Il trouve aussy quelques tunix des marcasites de Carnot conforme au tunic blanche et semblables à une pierre qui se trouve dans les marcasites d’Angleterre, qu’on appelle dans le pais ces sortes de tunic caulk. /fol. 3/ Ces circonstances des marcasites de cette province avec celle des mines d’Angleterre nous ont paru devoir estre observées. Quant aux mines d’Halgouet ou prétendues mines d’argent, il semble qu’on ne peut douter après avoir lu les lettres pattentes de Jean duc de Bretagne dattées du 22 mars 1422 et l’article du manuscrit que M. Mellier dit avoir qui est cité dans le procès verbal du Sieur Thévenon, qu’il n’y ait eu effectivement des mines d’argent qui ont esté exploitées audit lieu dans le fief du Sire de Penhoüet, lors amiral de Bretagne. L’analize qui a esté tanté par les médecins de la faculté de Nantes des marcasites de cette mine du Halgoüet, sur lesquels ils ont reconnu que trois onces et demies de minéral n’ont donné que deux gros de plomb, n’a rien qui déroge aux titres et aux raisons qui persuadent qu’on a découvert sous le duc Jean V des mines d’argent à Halgoüet, puisqu’il est certain que, dans les mines d’argent du Perrou, on trouve des marcasites d’argent mêlées de plomb que les Espagnols appellent plomoronço. C’est le minéral le plus riche et qui revient à moins de frais pour estre épuré, parce qu’au lieu de le faire paitrir avec le mercure, on le fait fondre dans des fourneaux où le plomb s’évapore à force de feu et laisse l’argent pur et net. Quelques voyageurs ont observé que c’est de ces sortes de marcasites que les Indiens tiroient l’argent parce qu’ils n’avoient pas l’usage qui leur a esté enseigné par /fol. 3 v°/ les Européens qui les ont conquis. On ne prétend pas prouver par cette observation que la mine du Halgoüet soit comparable à celle du Pérou, mais seulement faire sentir que les marcasites de plomb ne sont pas incompatibles dans une mine d’argent. On peut encore observer que les médecins de Nantes ne scavent peut estre pas parfaittement l’art de fondre et séparer les métaux, du moins ils n’ont pas mis en usage la méthode la plus ordinaire dont on use dans les mines du Pérou pour séparer l’argent d’avec les autres matières terrestres. La manière de séparer le métail dans les mines d’argent est raporté par ceux qui ont fait des voyages dans la mer du Sud. Mrs de l’académie en sont plus instruits par eux mesmes que par tout ce que nous pourions leur en rapporter. Il ne nous parroist pas qu’il y ait aucune observation à faire sur les mines de tripoly, si ce n’est qu’en général on ne le croit pas d’une très bonne qualité et que celuy que l’on envoye de la province de Berry est estimé meilleur.

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5. - s.d. : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/49]. Éclaircisements dont on auroit besoing par raport à la manière dont on travaille la mine de plomb de Carnot en Bretagne Le mémoire que Monsieur Ferrand16 s’est donné la peine de nous procurer sur la manière dont on a travaillé la mine de plomb de Carnot, nous a appris beaucoup de choses que nous avions envié de sçavoir, mais il nous en fait souhaiter un second plus circonstancié. 1° Nous souhaiterions surtout avoir des desseins du fourneau et moulin qui fait mouvoir les souflets. Nous ne demanderions pas des desseins fort finis mais exacts. Nous aurions besoing de plans géométraux et de profils. Il suffiroit que ce que l’on nous envoiroit en perspective fust croqué légèrement par raport à notre projet. Les principales attitudes des ouvriers nous sont aussi nescesaires ; il n’importe pas non plus qu’elles soient bien dessinées, il sufit qu’elles donnent une idée de la chose au dessinateurs que nous avons icy. Les desseins des outils les plus communs, comme des coings, masses, pieux à deux faces, etc. dont on se sert, ne seroient pas inutiles quand ce ne seroit que pour en avoir exatem[en]t [sic] la grandeur. 2° On demanderoit que le mémoire qui accompagneroit ces desseins entrast dans les plus petits détails depuis le commencement du travail jusques à la fin, qu’on y décrivist la grandeur de l’ouverture de la mine où l’on creuse, sa profondeur, les différentes manières et les différents outils dont on se sert pour détacher la mine, combien un ouvrier en tire pesant par jour, les difficultés que l’on rencontre quelquefois à la tirer soit du côté de l’eau soit du côté de la plus grande dureté. 3° Qu’on racontast ensuite comment on dispose la mine avant de la porter au fourneau, si on la réduit en morceaux plus petits et de quelle grosseur, combien on en met à la fois dans le fourneau, combien elle y reste de tems avant d’être fondue, comment on en sépare les scories, quand il est tems de retirer le plomb du fourneau ; comment on l’en retire, les accidents qui arrivent quelquefois dans la fonte. 4° Combien une certaine quantité de mine donne de plomb, si elle n’en donne pas tantôt plus tantôt moins selon la manière dont on la traite, et si elle ne donne pas quelquefois du plomb de différentes qualités ; quelles sont les marques du meilleur plomb, quelles sont celles du mauvais. 5° On demanderoit même qu’on nous dit les noms que l’on donne à chaque façon, à chaque outil, à la matière en différents états. Ordinairement les ouvriers donnent des noms particuliers à toutes ces choses et nous rassemblons non seulement les pratiques mais encore les termes des arts.

16. Antoine Ferrand, seigneur de Villemin, intendant en Bretagne de 1705 à 1716.

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6° Ce qu’on faisoit de plomb par an à Carnot et enfin beaucoup de détails qui ne nous viennent pas apprésent [sic] dans l’idée et qui sont connus de ceux qui font travailler. 6. - s.d. : mémoire de réponse sur la mine de plomb de Carnoët [17/27]. 7 Évêché de Quimperet Répondant au mémoire à nous adressé touchant la mine de plomb qui est dans la parroisse de Carnot, Sur le premier article On n’y travaille point depuis un an par raport à la mort de Mr le duc de Mellefort17 depuis lequel tems les fonds ont manqué pour continuer les travaux. Le fourneau est de deux pieds de longueur, quinze pouces au fond de largeur et au haut deux pieds, et la hauteur de fourneau trente pouces. Les outils nécessaires et leur description Plusieurs pelles de fer, plusieurs pieux à deux faces, plusieurs des autres pieux à pointes et à marteaux, plusieurs masses ou marteaux de fer, plusieurs coings carréz d’acier et fer mêléz pour les mines de deux livres chaque, plusieurs barres de fer pour remuer la mine quand elle est dans le fourneau à fondre. À l’égard des machines, l’on en a évité la dépense tant que l’on a pu et, en la mine de Carnot, on n’en a pas eu besoin jusques à présent, parce que par des travaux l’on en fait faire les écoulements par les égouts et l’on n’aura besoin de machine que quand l’on aura percé au dessous du niveau. Pour le soufflet, c’est comme aux forges de fer. Il se trouve qu’en cette mine, on les a fait agir par un moulin que l’on y a construit. Le directeur qui y est a découvert plusieurs autres mines à l’entour. Entr’autres, une dans la parroisse de Plusquellec, où l’on a fait faire une grosse dépense et tiré beaucoup de plomb aussy malléable que celuy d’Angleterre, et qu’il faut une médiocre dépense pour arriver à la perfection de cette nouvelle découverte où les directeurs répondent que l’on trouvera de la mine à suffire. 7. - 21 mai 1717 : Feydeau de Brou au Régent, Rennes [16/10/n]. /fol. 1/ 1717 31 Monseigneur, En exécution des lettres que VAR m’a fait l’honneur de m’écrire les 16e juin et 30e /fol. 1 v°/ aoust de l’année dernière, je me suis informé le plus exactement qu’il m’a esté possible des choses singulières que la Bretagne 17. Pour Melfort (voir note 14, p. 258).

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produit par raport à l’histoire naturele, aux arts et mines. Quoyque j’aye écrit à tous mes subdélégués et à plusieurs autres personnes pour qu’ils eussent à m’instruire s’il y avoit quelque chose dans leur département qui pût mériter la curiosité de Mrs de l’académie des Sciences, je n’ay eu que peu d’indiquations. J’ay dressé des mémoires sur chacune des choses qui m’ont paru mériter le plus de curiosité. /fol. 2/ J’ay chargé au messager de cette ville une boête adressée à Mrs de l’académie contenant six paquets. Le premier, n° 1, contient les plans et desseins dresséz par le Sr Tévenon sur les mines de Carnot, Plousquelle18 et le Halgoüet19, scituéz près Carhaix20. J’y ay joint le mémoire de la faculté de médecine de Nantes touchant les opérations qu’ils ont faittes sur les marcasites que je leur ay envoyé. J’y ay aussi adjouté, Monseigneur, le mémoire général de la même faculté à laquelle j’avois écrit pour qu’elle eût à /fol. 2 v°/ dresser des mémoires exacts et bien circonstanciéz des curiositéz dont elle pourroit avoir connoiss[an]ce. Quoyque le mémoire qu’elle m’a adressé contienne peu de chose, j’ay cru néantmoins q[u’i]l estoit à propos de l’envoyer avec le reste. On trouverra dans la même boeste de la mine de plomb et de la mine de tripoly. Le second, n° 2, contient quelq[ue]s observations générales sur les mines de fer et de charbon de terre qui se trouve dans l’évesché de Nantes par raport au mémoire de la même faculté /fol. 3/ et sur quelques perrières d’ardoises. J’ay marqué les raisons qui m’ont engagé à ne pas faire de la dépense sur ces articles jusques à nouvel ordre. Le troisième, n° 3, comprend le mémoire de la faculté de médecine sur les salines du comté de Nantes et les plans et desseins que j’ay fait lever sur les lieux par le Sr Gouber, ingénieur, et quelques observations sur le tout. Dans le quatrième pacquet, j’ay mis le catalogue de plantes que les médecins de la même faculté /fol. 3 v°/ disent avoir démontré. J’y ay joint la lettre et le dessein qui m’ont esté adresséz par le doyen de lad. faculté sur l’arbuste qu’il nomme salix odore lauri, duquel j’ay fait tirer un nouveau dessein d’après l’original qui estoit pour lors en fleur. Le cinquième, n° 5, contient le mémoire de la même faculté sur la fontaine minérale de Launay avec quelques observations pour mettre cette fontaine en 18. Plusquellec. 19. Huelgoat. Les gisements de plomb argentifère de Poullaouen et du Huelgoat ont été exploités dès la fin du XVe siècle, mais la concurrence de l’argent d’Amérique, au prix de revient moins élevé, et des difficultés techniques d’exploitation les ont fait abandonner. En 1732, se créera une Compagnie des mines de Basse-Bretagne, qui, à la fin du XVIIIe siècle, seront les principales mines métalliques du royaume : à l’apogée de leur exploitation, vers 1766-1778, elle produiront annuellement 600 tonnes de plomb et 1 750 kg d’argent, et emploieront une main d’œuvre nombreuse et peu qualifiée, encadrée par des techniciens et ouvriers qualifiés souvent originaires d’Allemagne et d’Angleterre (voir Y. Gallo dir., Le Finistère de la préhistoire à nos jours, 1991. Voir aussi E. Monange, Une entreprise industrielle au XVIIIe siècle. Les mines de Pallaouen et du Huelgoat (1732-1791), thèse de 3e cycle ronéot., Rennes, 1972). 20. Carhaix-Plouguer (Finistère).

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estat de servir à la santé du public, si l’on juge que les eaux y soient /fol. 4/ propres. Dans le six[ièm]e est le plan et mémoire du Sr Robelin, ingénieur, sur le puy [lire puits] de Plougastel près Landerneau. Le septième est un mémoire des choses qui m’ont esté indiquées comme curieuses dans quelques éveschés sur lesquels je n’ay pas cru néantmoins devoir prendre des éclaircissements bien amples jusques à ce que Mrs de l’académie ayent marqué s’ils estiment qu’il y ait quelque chose qui vaille la peine d’estre aproffondi. /fol. 4 v°/ Je prens la liberté (ainsy que VAR me l’a permis par la lettre qu’elle m’a fait l’honneur de m’écrire le 30e aoust 1716) de joindre à cette lettre le mémoire des dépenses qui ont esté faittes tant pour les peines et salaires de ceux qui ont levé les plans que pour quelqu’autres frais qui se montent à 392ll 5s. Cette somme a esté avancée par le Sr Lesueur que VAR aura la bonté de faire rembourser par une ordonnance sur le trésor royal. /fol. 5/ Je suis très mortiffié d’avoir tardé si longtemps à mettre en ordre le peu que j’adresse à Mrs de l’académie, mais je crois que s’ils vouloient avoir des mémoires exacts sur l’histoire naturele et sur celle des arts de cette province, il faudroit peut estre plusieurs années consécutives et y employer un homme tout entier accompagné d’un artiste ou distilateur et d’un dessinateur habile pour prendre dans les différentes saisons la nature sur l’effect de ces principales productions et en rendre un compte exact, ce qui pourroit /fol. 5 v°/ causer une assés grande dépense. Jusques là il parroist difficile d’entreprendre un travail réglé sur des matières aussi vastes dans une province maritime dont le seul examen des costes par raport aux coquillages, aux poissons qui y abordent et aux plantes qui y croissent, demanderoit un temps et une dépense considérable pour satisfaire les curieux du premier ordre. J’ay l’honneur d’estre avec un très proffond respect, Monseigneur, [etc.]. De Brou21 e à Rennes, le 21 may 1717 Joint : rapport de visite des mines de Carnoët et Huelgoat par Thévenon, Nantes, 29 janvier 1717 [16/10/g/i]. /fol. 1/ [en marge :] État envoyé à Monsieur l’Intendant par SAR Monseigneur le duc d’Orléans L’accadémie royalle des sciences qui cherche surtout à étendre ses connoissances par raport à l’histoire naturelle du royaume et aux arts qui y sont culti21. Paul Esprit Feydeau de Brou (1682-1767), intendant à Alençon (1713), est nommé intendant de Bretagne en octobre 1715 ; par la suite, il sera intendant à Strasbourg (1728), puis à Paris (1742) ; enfin, il sera conseiller au Conseil royal des Finances (1744), au Conseil des Dépêches (1761), puis garde des sceaux de France (1762-1763), et mourra doyen du Conseil.

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vés souhaitteroit avoir de Bretagne des éclaircissemens sur quelques matières qui ayent raport à l’un et à l’autre objet. Je soussigné Charles Thévenon, ingénieur, demeurant à Rennes, certiffie qu’en exécution des ordres de SAR le duc d’Orléans adressés à Monsieur de Brou, intendant en la province de Bretagne, me suis transporté dans la ville de Carhaix, évesché de Quimper Corentin, pour dresser des desseins22 et des mémoires détaillés des mines de plomb de Carnot et des environs. Mines de la parroisse de Carnot à trois lieues de Carhaix [en marge :] Premièrement sur les mines de plomb de Carnot et des environs sçittuées dans l’évesché de Quimper-Corentin. Où estant rendu, j’ay apris qu’en vertu des lettres patentes du Roy Louis quatorze du douzième aoust 1682, dont copie est cy jointe, accordées à Messire Yves du Liscouet, chevalier seigneur de Coetmen, et ses ayans cause pour faire ouvrir, fouiller et travailler à son proffit, à l’exclusion de tous autres pendant le temps de /fol. 1 v°/ vingt années consécutives, les mines de plomb et d’étain découvertes dans la parroisse de Carnot, à la charge qu’il ne pourroit ouvrir aucune terre sans avoir auparavant le consentement des propriétaires, en payant aux seigneurs hauts justiciers des lieux le quarantième et au Roy le dixième denier du proffit et revenant bon d’icelles mines, lequel sieur de Coetmen y fit travailler jusqu’en 1686. Et, étant mort, la dame de Coetmen, sa fille aisnée, y fit travailler jusqu’en 1689. Laquelle estant morte, la demoiselle de Coetmen, aussy fille dudit deffunt, afferma son droit au sieur Pesseau à raison de mil livres par an, qui le céda ensuitte aux sieurs Pugin et Le Bartz qui y firent travailler pendant plusieurs années. Lesquels Pugin et Le Bartz ayant troublé laditte demoiselle, elle fut obligée de se pourvoir contre eux /fol. 2/ et d’obtenir le nouvel arrest et lettres patentes du roy cy jointes, du 8e juillet 1698, portant prorogation dudit privilège pendant vingt autres années aux mêmes conditions portées par lesdittes lettres patentes du 12e aoust 1682. Elle afferma ensuitte son privilège à M. Porter, vice-chambellan du Roy d’Angleterre, M. Nevel et M. Charlbouth, gentilshommes anglois, à raison de mil livres par an, lesquels obtinrent un nouveau privilège du roy en leurs noms pour trente ans avec permission d’ouvrir les mines dans quatre éveschés, mais toujours à condition de payer à laditte demoiselle, pour lors dame du Lojou, et à ses hérittiers la somme de mil livres par an. Lesquels ne continuèrent de travailler auxdittes mines de la parroisse de Carnot que jusqu’en 1711 à cause de la mort dudit sieur Porter. Après laquelle /fol. 2 v°/ les hérittiers et associés du deffunt vendirent leurs interrests et équipages à Milord duc de Milfort. Lequel ayant décédé sur la fin de l’année 1714, les héritiers abandonnèrent le travail 22. Voir les dessins : “ Élévation en perspective du moulin et du fourneau pour fondre la mine de plomb ”, à Carnoët (coté 16/10/g/ii, reproduit ici Fig. 13 et 13 bis) et “ Coupe ou profil de la montagne de laquelle on a tiré les mines de plomb dans la paroisse de Carnot ” (coté 16/10/g/iii, reproduit ici Fig. 14).

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de sorte que, depuis deux ans, le plomb qui restoit en magazin, tous les équipages et outils ont esté enlevés, le moulin et la fondrie et le fourneau boulversés et emportés par les ouvriers et autres qui n’avoient point esté payés de ce qui leur estoit deub. [en marge : Seconde question. Si ces mines sont toujours abandonnées.] La montagne où l’on tire la mine dans la parroisse de Carnot est élevée d’environ cent deux pieds de haut, comme il est marqué au profil ou coupe A B C D. [en marge : Troisième question. Des mémoires très détaillés sur la manière dont on les travailloit depuis qu’on commençoit à tirer la mine de la terre jusqu’à ce qu’elle fut fondue. On voudroit qu’on n’y oubliât pas les plus petites circonstances.] On a entièrement enlevé la mine qui s’est trouvée dans la partie de laditte montagne depuis A B C jusqu’en E sur /fol. 3/ environ soixante dix sept toises de long où il ne reste plus que les décombres. Les mineurs travailloient en F et G lorsqu’on a cessé, et le puis H D a esté fait la même année dans l’espérance qu’on avoit de continuer. Détail des différents ouvrages nécessaires pour parvenir à tirer de la mine et continuer jusques à ce qu’elle soit fondue. Premièrement Les sources d’eau qui accompagnent toujours les mines sont d’autant plus abondantes que les veines des mines sont plus fortes et, affin que les eaux s’écoulent naturellement et sans dépence, après que l’on a trouvé la bonne /fol. 3 v°/ veine de mine, on fait un canal au plus bas du pied de la montagne, comme il est marqué à la coupe ou profil A E G. 2 Quand la veine se trouve plus forte en dessendant sous la montagne ou dans un valon, on épuise les eaux avec des pompes ou moulins à chapelets suivant le besoin. Mais il faut que les veines soient bien fortes pour récompenser la dépence des épuisements d’eau. 3 Les veines de laditte mine n’ont que deux pouces de large à huit ou dix pieds proche le sommet de la montagne, lesquelles veines se fortifient en dessendant, de sorte qu’au niveau dudit canal cotté A E G qui /fol. 4/ a esté fait pour l’écoulement des eaux, elles se sont trouvées avoir quelques fois jusqu’à dix ou douze pouces de large. On ne peut cependant donner de mesure certaine parce que les veines changent continuellement de hauteur, de profondeur et d’épaisseur. Lesdittes veines se partagent mesme quelques fois en deux ou trois petites branches ou filons, ce qui embarasse les ouvriers, ne sçachant lequel suivre s’ils n’ont beaucoup d’expérience. Quoyque les veines ayent peu de largeur, l’ouvrier ne peut ouvrir moins de deux pieds et demy pour avoir la liberté de travailler, observant de laisser la

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veine d’un costé jusques à ce qu’il y en ait trois ou quatre toises de découverte et de bien nettoyer la place, afin qu’en tirant ensuitte laditte veine de mine, il ne s’en perde point avec les décombres, la mine estant fort cassante. Après qu’elle est découverte d’un costé, on n’a pas /fol. 4 v°/ de peine à la faire tomber. 4 On observe aussy de faire des puis de fond en comble de la montagne marqués H D et K L qui ont environ cinq pieds de large sur sept pieds de long espacés de quarante à cinquante toises de distances en distances pour pouvoir faire plus de diligence, donner de l’air aux mineurs et pour vuider des décombres avec des brouettes M N et monter la mine par les tours ou tourniquets cottés D et L. Nota que quand on prenoit quelques éboulis, on a soin d’ettayer et étrésillonner les puis et les mines. 5 Dans une même veine, on trouve de différentes qualités de mines selon les /fol. 5/ différentes épaisseurs, quelques fois fort chargées de cuivre que l’on sépare et rebutte autant qu’il est possible en lavant la mine, ce qui rend cependant le plomb plus aigre, plus dur à fondre, blanc et souvent comme de l’étain. Lesdittes mines se trouvent aussy chargées de quelque peu d’argent et de cristal minéral joint avec du souffre. 6 Lorsque la mine est tirée, on la transporte pour la laver dans l’eau courante deux ou trois fois, ostant à chaque fois les plus grosses pièces. Et ensuitte on lave les plus menues dans des cuves avec des cribles de fil de fer. 7 Ensuitte, on les casse avec un marteau pour les réduire environ à la grosseur d’une noix. Et, après avoir séparé les roches, pierres ou cristaux qui s’y /fol. 5 v°/ rencontrent, on transporte le tout à la fondrie. 8 J’ay cy joint un plan géométral avec l’élévation perspective qui est en veue d’oiseau pour mieux distinguer les parties du fourneau et dépendances. Et même un plan des élévations particulières du fourneau en grand. [en marge : Quatrième question. On voudroit avoir des desseins exacts des fourneaux et de tous les ustancils dont on se servoit pour fondre la mine. On souhaitteroit moins des desseins finis que des desseins exacts, on voudroit y trouver jusqu’aux principalles atitudes des ouvriers croquées.] Depuis 1682, que l’on commença à travailler aux mines de Carnot, on ne s’estoit servy pour fondre lesdittes mines que d’un simple fourneau avec des soufflets à bras jusqu’en 1710, que ledit sieur Porter et consorts envoyèrent le sieur Carr anglois qui fit construire un moulin à eau avec une roue d’environ

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dix sept pieds de diamètre, cottée au plan et à l’élévation O, dont l’arbre faisoit travailler deux soufflets de unze pieds de long cottéz P, lesquels estoient posés et attachés sur un /fol. 6/ assemblage de charpente. Ledit arbre tournant faisoit baisser le dessus des soufflets qui se relevoient (en même temps que l’arbre les quittoit) par le moyen d’une chaisne attachée d’un bout sur chaque soufflet et de l’autre à des contrepoids ou balanciers, attachéz à une des poutres ou tirants du plancher du grenier. Le fourneau estoit composé de dix pièces de fer. Sçavoir Celle du fond de trois pieds six pouces en quarré, six pouces d’épaisseur par devant et neuf pouces d’épaisseur par derrière, laquelle pièce de fer estoit profonde de quatre pouces sur trente pouces de long et vingt pouces de large, ce qui estoit la grandeur du fourneau avec un conduit observé dans laditte pièce de pareille profondeur de quatre pouces, pour faire couler le plomb dans une marmitte. [en marge : Observation. Cette pièce de fer du fonds dudit fourneau ayant esté cassé au feu pour avoir trop peu d’épaisseur, je l’ay augmentée sur le dessein de trois pouces, c’est à dire neuf pouces d’épaisseur par devant et douze pouces par derrière, au lieu qu’elle n’avoit que six pouces par devant et neuf pouces par derrière.] /fol. 6 v°/ La pièce de fond est cottée Q. L’approffondissement dans icelle de quatre pouces est cotté R. Laditte pièce de fer du fond du fourneau estoit établie sur un massif de pierres maçonnées avec de la terre élevée au dessus du plancher d’environ vingt un pouces, et même on avoit prolongé ledit massiff de trois pieds de chaque costé pour faire des marches qui servoient à monter le bois et la mine dans le fourneau. Ledit massif et les marches sont cottéz à l’élévation S. On établissoit contre le mur sur ledit fond du fourneau quatre pièces de fer qui formoient un espèce de contremur. La premier six pouces de large, quatre pouces de haut et trois pieds /fol. 7/ de long, cottée T. La deuxième de six pouces quarrés sur trois pieds de long, cottée V, estoit entaillée dans le lit de dessous de trois pouces par derrière et deux pouces par devant pour placer la buze qui conduisoit le vent des deux soufflets. Cette buze estoit faitte d’un fer battu de trois ou quatre lignes d’épaisseur que l’on changeoit quand elle estoit brûlée. Les deux autres pièces, cottées X, chacune six pouces de haut sur trois pieds de long et trois pouces seulement de largeur. On remplissoit le vuide de trois pouces entre la muraille avec maçonnerie de pierre et de terre. Pour chaque costé du fourneau deux pièces de fer : La première, cottée Y, de vingt huit pouces de long, six pouces de large et sept pouces de haut.

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/fol. 7 v°/ Le seconde pièce, cottée Z, vingt pouces de long, six pouces de large et quinze pouces de haut. Et sur le devant une pièce, cottée K, de trois pieds six pouces de long, trois pouces de large et quinze pouces de haut, portées sur lesdittes premières pièces des costés qui laissoient sept pouces de hauteur de claire pour donner de l’air au fourneau et le vuider après que la mine estoit fondue. Les quatre susdittes pièces de fer des costés et celles du devant se soutenoient d’elles mêmes par leur grande pesanteur. 9 Le fourneau estant ainsy disposé, on rangeoit une couche de bois, ensuitte une couche de mine de trois ou quatre pouces de haut, et on continuoit de poser un rang de bois et un lit de mine jusqu’à ce que le fourneau qui avoit vingt six pouces de haut, compris les quatre pouces du fond, /fol. 8/ fut remply. On faisoit jouer les soufflets pour allumer le feu et, peu de temps après, la mine commencoit à couler dans la marmitte marquée 2 sous laquelle on mettoit un peu de feu pour entretenir la chaleur du plomb jusques à ce que on eût de quoy faire un lingo, lesquels lingots se faisoient du poids que l’on jugeoit à propos depuis vingt jusqu’à cent livres. Aussitost qu’il ne couloit plus de plomb, on retiroit en diligence toutte la crace et la cendre avec un râteau de fer, suivant la figure cottée 3. Et on remplissoit ensuitte le fourneau de bois et de nouvelle mine tout ensemble sans arangement pour profiter de la chaleur dudit fourneau. Chaque fourneau plain rendoit environ deux cent livres pendant cinq à six /fol. 8 v°/ heures de temps. Et, par conséquent, on en pouvoit fondre et couler huit à neuf cent livres en vingt quatre heures qui consommoient environ une corde de bois. On observoit de sier le bois de la longueur du fourneau et de fendre et réduire les bûches environ à deux pouces de grosseur pour les mettre ensuitte à seicher dans une espèce de fourneau fait exprès où on tenoit continuellement du feu dessous. On assure que laditte mine de Carnot produisoit la moitié en plomb. [en marge : Cinquième question. Qu’on y aprist ce qu’un certain poids de mine donnoit communément de plomb net.] On ne peut pas sçavoir combien un ouvrier tiroit de mine, parce que, quand la veine avoit six pouces d’épaisseur, il en tiroit plus de six cent livres par jour et, si elle en avoit plus ou moins, cela augmentoit ou diminuoit à proportion. On a payé aux mineurs depuis six livres /fol. 9/ jusqu’à quinze livres de la toise courante de six pieds de long sur deux pieds six pouces de large et cinq pieds de hauteur. On a payé aux mineurs neuf, dix, jusqu’à douze sols par jour et aux autres ouvriers sept à huit sols par jour.

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Pour travailler aux dittes mines il faut des pelles, des tranches, des picqs simples, des picqs à deux pointes, des pinces, des masses et des coins de fer, des tours ou tourniquets à deux mains, des câbles et des seaux cerclés de fer, qui sont les mêmes instruments dont les ouvriers se servent partout le royaume. J’ay cependant marqué à la coupe ou profil de la montagne deux ouvriers qui travaillent à la mine cottés F G. Deux hommes qui travaillent avec des brouettes pour transporter les décombres et la mine, cottés M N. /fol. 9 v°/ Deux hommes qui travaillent aux tours ou tourniquets, cottés D L, pour monter les décombres et la mine. Un homme cotté 3 qui travaille avec un râteau de fer à vuider la crace et le cendre du fourneau. Deux hommes avec une civière, cottés 4, qui portent le bois. Deux hommes qui portent la mine, cottés 5. On envoye par le messager de Paris une assez grande quantité de laditte mine de Carnot pour en faire des épreuves : Un petit lingo de plomb fondu de Carnot. Du cuivre de la mine de Carnot qui ne vaut rien. Mais on l’envoye seulement pour faire voir que la mine en est chargée et rend le plomb dur /fol. 10/ et aigre. Peut estre que quand le travail sera plus avancé, le plomb vaudra mieux et le cuivre aussy. Des cristaux qui se trouvent attachéz avec le plomb. Des cristaux seuls sans mine Du cuivre et du souffre ensemble. Un morceau de mine de plomb et de cuivre ensemble. Un morceau de cristal meslé avec du plomb et du cuivre. Un morceau de mine de cuivre meslé avec du plomb et du vert de gris. Un morceau de cuivre, de souffre et de cristal ensemble. Mine de la parroisse de Plousquellet23 joignant laditte parroisse de Carnot. à trois lieux [sic] un quart de Carhaix. /fol. 10 v°/ Milord duc de Milfort ayant acquis des héritiers de feu Monsieur Porter et consorts le privilège de faire ouvrir, fouiller et travailler à son proffit les mines de plomb découvertes dans la parroisse de Carnot et même dans quatre éveschés aux conditions cy dessus expliquées. Pendant qu’il faisoit travailler auxdittes mines de Carnot, il aprist qu’au village de Coatenech, dans la parroisse de Plousquelet, on avoit découvert une mine de plomb dans une montagne élevée d’environ quatre vingt pieds. 23. Plusquellec.

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Après estre convenu du dédommagement des propriétaires des terres, il fit fouiller sur le haut de laditte montagne un puis de quarante pieds de proffondeur seulement, parce que l’abondance des eaux ne permit pas d’aller plus bas. /fol. 11/ On trouva une veine à dix ou douze pieds proche le sommet de laditte montagne, qui se fortiffioit toujours en dessendant, dont ayant fait l’épreuve à la fondrie, il se trouva que deux milliers de mine produisoient douze cent livres de plomb, au lieu que la mine de Carnot n’en donnoit que mil livres. Et même beaucoup plus doux et plus liant, à joindre que ledit moulin et la fondrie construits pour Carnot serviroient également pour Plousquellet, n’en estant pas plus éloignéz. Tous lesquels avantages déterminèrent ledit duc de Milfort à faire ouvrir un canal au pied de laditte montagne sur le bord du même ruisseau ou petitte rivière qui dessend de Carnot. Il avoit fait continuer ledit canal /fol. 11 v°/ de quatre vingt toises de longueur et fait faire plusieurs puis dont la dépense montoit à plus de trois mil livres, lorsque ledit duc de Milfort mourut à la fin de l’année 1714. Et ses hérittiers abandonèrent cette entreprise dans le temps que tout estoit disposé à profiter desdits travaux. Il seroit inutille de répetter ce qui a esté cy devant expliqué pour tirer et fondre la mine de Carnot, puisque cela peut servir pour touttes les mines du royaume. On envoye une très petite quantité de lad. mine de Plousquellet, n’en ayant pu trouver davantage. Mines d’Hualgoüet à trois lieux [sic] de Carhaix sur le chemin /fol.12/ de Brest que l’on dit estre mine d’argent, sur les conséquences qu’on en tire par les lettres patentes de Jean V24, duc de Bretagne. Jehan par la grâce de Dieu duc de Bretaigne, comte de Montfort et de Richemont, à nos séneschaux de Rennes, de Nantes, de Ploërmel, de Drocrech, de Léon, de Tréguier, de Cornouailles et à tous autres justiciers et officiers quelsconques de notre duché, salut. Comme naguères en notre pais et duché soit venu Claux Latreba des pays d’Allemaigne, ouvrier et apureur de mines d’argent, auquel pour luy ses compaignons et serviteurs ayons donné licence et plain congié de prendre leurs nécessités à oupvrer [sic] et faire apurement des mines d’argent et autres métaux que trouveront en notre pays et duché, tant à soy loger, que autrement, en explétant et faisant faire lesdits oupures, des bois, forests, prés, terres, aynes [?] et autres /fol. 12 v°/ matières à ce faire nécessaires, apartenant et qui sont à nos subgiéz estantes en notre duché, tout et tel nombre que leur sera nécessaire, ainsy que plus à plain est contenu en nos lettres sur ce délibérées. Aujourd’huy devers nous s’est comparu en notre Conseil notre chier et bien amé féal chevalier et chambellan Jehan, sire de Penhöet, 24. Jean

V

le Sage (1399-1442).

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notre admiral, disant que il a et luy appartient plusieurs bois, aynes, forests, moulins, préz, terres, et autres fiefs assez près des lieux et marchés où ont esté et sont ces mines trouvées et ouvertes, et que si lesdits oupvriers et apurons avoient congé et licence de prendre du sien sans son assentement, ce luy seroit un grand préjudice et porteroit dommage et perdition et diminution de ses richesses et fiéz ; et aussi les dittes mines avoir esté trouvées et ouvertes en ses fiéz et seigneurie, de quoy dit luy appartenir devoir et profit, supliant que ne veuillons soufrir son dommage, ne perdition de ses /fol. 13/ fiéz, droits et prérogatives, et sur ce pourrions luy pourvoir du remède de justice. Et pour ce nous qui ne voulons, ne onque ne fut notre intention, faire ne souffrir estre faitte chose quelconque en dommage et préjudice de nuls de nos subgiéz, leur tollir ni empescher nuls ne aucuns de leurs droits et prouffits, voulons et octroyons audit complaignant et autres nos subgiéz que ce que à cause de ce et pour faire laditte oupvre nécessaire sera prendre de leurs bois, forests, prés, aynes et autres choses, soit [avec] le consentement de nosdits subgiéz, iceux appellés ou leurs commis et officiers ès lieux moins endommageux à équité de justice, et par en payant celuy Claux, ses compagnons et serviteurs à nosdits subgiéz et les satisfaisant à prix deu et raisonnable /fol. 13 v°/ selon les temps et saisons que est et sera accoutumé en notre pays et lieux où seront lesdittes choses trouvées. Et quant est des mines d’argent et autres métaux qui ont esté et seront trouvéz èz fiéz dudit Sire de Penhöet, voulons et ordonnons qu’il ait, prenge et joisse pour luy et les siens de celx droits, prouffits et prérogatives comme les autres seigneurs de fié du royaume de France ont accoutumé avoir et prendre en leurs fiéz en telx cas et semblables. En mandant et de fait mandons et commandons à tous et chacun faire garder état à nosdittes lettres, etc. Donné en notre ville de Dinan, le XX jour du mois de mars l’an MCCCCXXII par le duc. Par le duc, de son commandent et en son Conseil, ouquel les comtes de Richemont et d’Estampes, les sires de Chateaubrient, de Rieux, /fol. 14/ de Guéméné, Guingamp, de Matignon, de Nolac, l’archidiacre de Rennes, les séneschaux de Rennes et de Nantes, messire Jehan de Kermellec, Jehan de Musvillac, et plusieurs autres estoient. A. Lenenou, scellé sur une copie. Ce fait est rapporté dans la nouvelle Histoire de Bretagne, page 562 du premier volume au nombre XVIII25. 25. Dom Gui Alexis Lobineau, Histoire de Bretagne composée sur les titres et auteurs originaux, Paris, 1707, t. 1, XVIII (p. 562) : “ Il y avoit alors en Bretagne certains Alemans, qui par ordre du Duc, travailloient à rafiner l’argent de quelques mines qui avoient esté découvertes dans le païs. Il leur avoit donné, entr’autres privilèges, celui d’user librement de tous les bois, tant des siens que de ceux des particuliers, soit pour se loger, soit pour travailler à la fonte et au rafinement des métaux. L’Admiral de Penhouët, qui avoit plusieurs forests, aïant représenté au Duc […] que les privilèges qu’il avoit accordéz aux Alemans estoient trop vagues, et préjudiciables aux intérests de plusieurs particuliers, le Duc déclara, par ses lettres patentes du 20e de mars [1423… sic], qu’il n’avoit point prétendu que les affineurs de métaux usassent des bois des particuliers, sans leur consentement ; et que s’il se trouvoit des mines d’argent, ou d’autres métaux, sur les terres des seigneurs particuliers, il vouloit qu’ils jouissent des mesmes droits et prérogatives dont jouissoient dans le Roïaume les autres Seigneurs de fief. ”

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En exécution desdits ordres, je me suis transporté dans la ville d’Hualgoüet Trévé de la parroisse de Bérien26 d’où, ayant esté conduit à demie lieue dans la forest du Roy à l’endroit nommé Plandoulan, j’ay trouvé une montagne d’environ cent cinquante pieds de hauteur, au pied de laquelle sur le bord d’un ruisseau on voit un canal que les mineurs avoient conduit au travers de laditte montagne pour l’écoulement des eaux. J’ay trouvé un autre canal fait /fol. 14 v°/ à my coste environ à soixante pieds de hauteur au dessus du précédent, et trois puits qui parroissent avoir esté faits de fond en comble, le tout conduit et espacé en la même manière qu’il a esté cy devant expliqué au mémoire et à la coupe ou profil, cotté A B C D E F G H K L M N, pour tirer la mine de Carnot. Ce qui fait voir que les travaux qui ont esté faits en 1422 par ledit Claude Latreba, Allemand, ont servy de model pour ceux qui ont esté faits aux dittes mines de Carnot et de Plousquellet depuis 1682. S’ils avoient pu avoir aussy le model d’un moulin et d’un fourneau pour la fondrie, ils auroient épargné les faux frais qui les ont consommés jusqu’en 1710 qu’ils trouvèrent le sieur Carr, Anglois, qui a construit le moulin et le fourneau des proportions cy dessus expliquées. /fol. 15/ On voit par les décombres qui sont aux environs de laditte montagne, que l’on y a fait des travaux et dépenses considérables et que les entrepreneurs ont pris si grand soin d’enlever touttes les mines, qu’ayant six hommes avec des piqs et des pelles, je n’en ay pas pu trouver un morceau dans lesdits décombres. La pluspart desdits canaux et des puis sont éboulés et recomblés depuis plusieurs siècles que cette entreprise a esté abandonnée, dont je n’ay pu avoir aucune tradition ny éclaircissement dans la ville d’Hualgoüet, ny dans celle de Carhaix, les habitans ayant seulement ouÿ dire que l’on y tiroit de la mine d’argent. Monsieur Mellier, trésorier de France, général des finances de la Chambre des comptes de Bretagne, a marqué à mondit sieur l’Intendant qu’il a trouvé dans les manuscrits de son cabinet un extrait des lettres patentes du même duc dattées de 1434 qui permet à Jean, sire de Penhöet, de faire chercher les mines /fol. 15 v°/ d’argent dans sa seigneurie en payant audit duc les droits accoutumés. Après que lesdittes mines d’Hualgoüet estoient tirées et choisies, on les transportoit à un quart de lieue au moulin nommé encore aujourd’huy le moulin d’Argent (qui sert présentement à moudre du bled scitué dans la même parroisse de Berien Trévé et Locmaria sur la rivière d’Hualgoüet), où estoit pour lors estably le moulin et le fourneau pour fondre lesdittes mines. On voit à une portée de pistolet au dessous dudit moulin sur le bord de la rivière un très gros monceau de sable et petits cailloux ou graviers, provenus 26. Locmaria-Berrien (Finistère).

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des mines qui ont esté lavées, dans lequel je n’ay pas pu trouver le moindre petit morceau de mine, mais, ayant fait fouiller avec des piqs sur le chemin par où ils transportoient lesdittes mines à la fondrie, j’ay trouvé seulement les petits morceaux de mine que l’on envoye par le messager avec celle /fol. 16/ de Carnot et de Plousquellet. Mondit sieur Mellier a aussy quelque métail frappé au coing de ce duc Jean V qui est de bon alloy, dans lequel il y a quelques grains d’argent et qu’on prétend avoir esté tiré desdittes mines. On envoye une pièce dudit métail dans la boeste jointe avec le peu de mine qu’on a trouvé d’Hualgoüet sans certitude qu’elle en soit provenue. Mines de tripoly [en marge :] Extrait du mémoire envoyé par SAR Monseigneur le duc d’Orléans à Monsieur de Brou intendant en Bretagne. On demande un mémoire exact qui aprist le nombre de carières de cette espèce de pierre, ou plustost de craye, leur sçituation. En exécution desdits ordres, je me suis transporté à la montagne nommée le Tertre gris, à un quart de lieue du bourg de Poligné27 et à trois quarts de lieue de la ville de Bain28, accompagné du nommé René Poirier qui tient à ferme de la dame veuve de deffunt Mr le comte de Morné, seigneur de fief, la permission de tirer du tripoly et de la pierre noire dans laditte montagne en payant la somme de /fol. 16 v°/ cinquante livres par an, dont il jouit depuis neuf ans. Laditte montagne est élevée d’environ cent pieds de haut. [en marge : à quelle profondeur elles ont esté creusées.] Pour épargner la dépense de découvrir au pied d’icelle, les ouvriers font des trous à trente ou quarante pieds de haut (sur le bord du talut de la montagne) et fouillent en dessendant jusques à quinze ou vingt pieds où ils trouvent différent bancs, depuis quatre jusqu’à dix pieds de haut sur quelques fois vingt pieds de large, dont les veines changent souvent du tripoly à la pierre noire. [en marge : Si on en tire considérablement par an.] Le fermier dit qu’il n’a vendu depuis un an que cent bariques de tripoly, dont ses magazins estant remplis, il n’en a point fait tirer depuis le mois d’aoust dernier et, comme le terrain est fort mouvant, les trous sont entièrement recomblés. [en marge : Si on n’y trouve point du tripoly qui égale celuy de Venize en finesse.] On ne connoist point en ce pays le tripoly de Venize. /fol. 17/ [en marge : Comme le tripoly est arangé dans la carière, si les lits de cette matière ont beaucoup d’épaisseur.] Le tripoly se trouve par grosses et

27. Il existe aujourd’hui encore un site dit du Tertre-Gris, en bordure du Semnon, près de Poligné (Ille-et-Vilaine). 28. Bain-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine).

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menues pierres meslées ensemble, sans arangement par bancs ou lits comme dans les carières ordinaires. [en marge : Des échantillons des différentes espèces de tripoly qu’on y trouve depuis le vilain jusqu’au plus beau.] On trouve quatre différentes sortes de tripoly souvent meslées ensemble dont on envoye des échantillons. Sçavoir : du tripoly blanc, du tripoly rougeastre dont on trouve très peu et qui s’envoye avec le blanc, du jaune qui ne sert qu’aux lapidaires dont on a peu de débit, et du noir qui se trouve en plus grande quantité dans lesdittes carrières dont on a aussy très peu de débit, ne servant que pour les massons, tailleurs de pierre, charpentiers et menuisiers, le plus tendre sert aux grosses paintures de jeux de paume, etc. Le fermier dit qu’il paye huit sols par jour aux carrayeurs et ne leur fournit que des /fol. 17 v°/ piqs et des tranches. Lorsque la veine de tripoly est découverte, il paye aux carrayeurs quinze à vingt sols par barique pour la tirer. Les vieilles futailles luy coûtent suivant les temps depuis vingt cinq jusqu’à quarante sols la pièce. Il paye aux chartiers quinze sols par barique pour les voitures au port du pont neuf sur la rivière de Villaine, distant de deux lieues. Aux bateliers six sols pour dessendre chaque barique au port de la ville de Redon. Et, lorsqu’il les faut transporter de Redon à Nantes par les barques, il en coûte vingt cinq sols par barique. La barique de tripoly peise environ six cent livres. Ledit fermier assure qu’il vend les quatre différentes sortes de tripoly douze livres la barique rendue à Nantes /fol. 18/ dont il a fait fort peu de consommation, particulièrement du noir. Fait à Rennes au retour de la visitte desdittes mines le vingt neuvième janvier mil sept cent dix sept. Thévenon Joint : rapport de la faculté de médecine de Nantes sur l’analyse des minerais tirés des mines de Carnoët et d’Huelgoat, Nantes, 11 février 1717 [16/10/h]. /fol. 1/ Pour avoir une idée des opérations suivantes, il faut se rappeller que nous avons eu à travailler sur cinq matières tirées de deux mines qu’on a creu différentes, qui sont celle de Carnot et celle d’Halgoüet. Quoyqu’on nous ait fait remettre six sacs, nous n’avons cependant que ces cinq matières, s’en estant trouvé deux où il y avoit de la mine prétendue de cuivre de Carnot.

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La mine de Carnot fournist trois diverses matières, une en morceaux de différente grosseur, noire brillante à peu près comme l’antimoine, dure, pesante, douce au toucher et à la lime, facile à pulvériser, qu’on peut appeller mine de plomb, ou plomb minéral, puisqu’elle en contient beaucoup ; une autre en petit morceaux longs, jaunâtre, brillante, rude au toucher et à la lime, facile à pulvériser, que l’on présumoit chargée de cuivre qui ne vaut rien, et envoyée seulement pour faire voir que la mine en est chargée et rend le plomb dur et aigre. Et des cristeaux. La mine d’Halgoüet n’en fournist que deux. Une fort compacte, pierreuse, en petits morceaux, de surface inégale, de plusieurs couleurs, peu pesante, dehors et dedans parsemée de quelques veines métalliques brillantes, qu’on prétendoit estre une marcasite d’argent. Et des matières vitrifiées, noires, ou bleuuastres, légères, polies et très dures. /fol. 1 v°/ Pour connoistre les métaux que contiennent ces matières, nous avons employé deux moyens. Le premier a esté l’esprit de nitre. Nous avons mis séparément demy-once de chacune de ces matières grossièrement pulvérisées dans des vaisseaux différents, et avons jetté dessus suffisante quantité de cet esprit qui les a toutes indifféremment réduit en chaux, à l’exception des matières vitrifiées comme on verra dans la suite. La mine de Carnot fust dissoute après un longt temps, jetta d’abord une fumée d’odeur de souffre. Il parrust dans la dissolution quelque chose de métallique. Celle de la même mine de Carnot que l’on croit chargée de cuivre fist d’abord une effervescence fort considérable. Le vaisseau s’échauffa. Elle poussa une fumée verdâtre, puis après rouge, d’une odeur désagréable, acre, et fort incommode, fust dissoute dans moins d’un quart d’heure. Il ne parrut rien de métallique dans la dissolution, ayant évaporé l’humidité. Il ne resta qu’une poudre grise légère et insipide. Il ne se passa rien pour celle d’Halgoüet de plus que pour celle de Carnot. Elle ne fust pareillement dissoute qu’après un longt temps, et ne donna aucune fumée particulière. Il parrust aussy dans la dissolution quelque chose de métallique. Les matières vitrifiées de la même mine ne furent point dissoutes après un longt temps, ne donnèrent aucune fumée. Il ne parrust rien de métallique après avoir évaporé toute l’humidité. Il resta la même /fol. 2/ poudre que nous avions mis en même quantité sans avoir souffert d’altération, ny changé de couleur. Le second moyen a esté le feu. Nous avons pris un morceau de la mine de Carnot du poids de huit onces. Nous l’avons mis entier dans un creuset que nous avons placé au feu de roue dans un fourneau de fusion poussants le feu jusqu’à ce que nous eussions quelque chose de fondu que nous renversions dans un mortier de bronze chauffé et

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graissé. Nous avons continué cette opération pendant quatre heures. Nous avons tiré six onces de métal, et le reste estoit une matière vitrifiée adhérente au fonds et aux parois du creuset en forme de véritable vernis. Nous avons remarqué que cette marcasite venant à s’eschauffer, et s’enflammer, décrépitoit peu, mais poussoit une fumée d’odeur de souffre acre, pénétrante, et fort importune, qui continuoit jusqu’à ce que cette mine fust entièrement dépouillée de ce qu’elle contenoit de fusible. Pour purifier ces six onces de métal qui estoit aigre, cassant, encore chargé de crasse et de parties terrestres de la mine, nous les avons fondues quatre fois dans un creuset nouveau, à une moindre chaleur, et réduit à la quantité de trois onces et demyes, quelque chose plus de plomb très malléable, beau, doux, qui a le poids et touttes les qualités requises /fol. 2 v°/ à ce métal. Il s’attachoit à chaque fusion au fond, et aux parois du creuset le même vernis que dessus. Nous en mismes de nouveau deux gros dans l’esprit de nitre qui n’ont pas esté entièrement dissous. Nous en avons calciné deux gros et demy en minium pour jetter dans le vinaigre distillé et en faire cette préparation qu’on appelle en chymie sucre ou sel de Saturne. Nous gardons le reste, et le morceau marqué de la lettre A pèse deux onces cinq gros. Nous mismes dans un autre creuset placé au mesme feu, avec les mesmes précautions trois onces en masse de la mine prétendue de cuivre sans la pouvoir fondre après avoir poussé le feu pendant cinq heures. Nous avons essaié en vain de le faire chez un fondeur de cette ville à un feu cependant de la dernière violence sur ce qui nous restoit de cette matière. Elle rougist sans pousser de fumée, s’attache au creuset, ne se calcine pas, devient noire, estant refroidie, sans presque diminuer de poids. Avant cette dernière épreuve, nous l’avions exposée à l’air et à la pluie pour voir si elle contracteroit de la rouille, ce qui n’arriva point. Nous mîmes dans un autre creuset deux morceaux de la mine d’Halgoüet prétendue d’argent du poids de trois onces et demye. Nous en /fol. 3/ tirasmes en bien moins de temps que de celle de Carnot un peu plus de trois gros de plomb. Il ne resta dans le creuset qu’une matière vitrifiée qui faisoit pareil vernis, et plus noir, chargé de petites pierres. Nous fismes aussy fondre ces trois gros de plomb qui se réduisirent à deux que pèse le morceau marqué de la lettre B. Cette matière décrépita beaucoup plus avant de rougir et de s’enflammer, estant pierreuse et peu chargée, que n’avoit fait celle de Carnot qui est pleine de mine, poussa une fumée de pareille odeur, moins acre et plus supportable.

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Nous mîmes dans un autre creuset au même feu cinq onces des matières vitrifiées qui se trouvent auprès du moulin nommé d’argent avec la mine d’Halgoüet, dont nous ne tirasmes rien après une fusion d’un quart d’heure. Cette matière s’attacha au creuset dans une mesme masse qui estant refroidie estoit de couleur rougeâtre, et devenue plus vitrifiée et plus dure. À l’égard des crysteaux qui se trouvent attachés à la marcasite de Carnot, nous n’en avons fait aucune préparation, et nous jugeons qu’ils se forment dans cette mine de la mesme manière et de mesme espaisseur que partout ailleurs. La mine de Carnot est fort chargée de plomb. Si elle est semblable /fol. 3 v°/ à toutes les marcasites qu’on nous a remis et peut estre travaillée avec proffit, celle d’Halgoüet au contraire en est peu chargée, si elle est toute semblable aux marcasites que nous avons essayé. Le peu de plomb que nous avons tiré de la petite quantité de matières que nous en avions ne s’en estant trouvé que sept onces à peinne, est jugé bon. On peut encore mieux s’asseurer du produit de ces matières en ordonnant des expériences à ceux qui travaillent ordinairement à la fonte des mines. à Nantes, ce 11 février 1717. Joint : mémoires sur les marais salants du comté de Nantes, s.d. [1717] [16/10/j/a et 16/10/j/b]. /fol. 1/ 1717 33 Mémoire concernant les marais du Comté de Nantes et pais limitrophe Il y a des salines ou marais salans scitués sur la coste de la mer, de l’un et de l’autre costé de l’embouchure de la rivière de Loire dont l’étendue d’environ dix lieues de part et d’autre, et dans les isles voisines de Bouin29 et de Noirmoutier. On divise ces marais en deux territoires : primo celuy de Guerrande30 du costé du nord de l’entrée de ladite rivière, secundo, le territoire ou la baye de Bourneuf31 du costé du midy. Le premier contient les parroisses de Guerrande, Le Croisic et Bas32, Le Pouliguen, Sallié33, La Trubal34, Mesker35, St Molf, et quelque canton des parroisses voisines.

29. 30. 31. 32. 33. 34. 35.

L’île de Bouin est aujourd’hui rattachée au continent (Vendée). Guérande (Loire-Atlantique). Bourgneuf-en-Retz (Loire-Atlantique). Batz-sur-Mer (Loire-Atlantique). Saillé (Loire-Atlantique). La Truballe (Loire-Atlantique). Mesquer (Loire-Atlantique).

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La baye de Bourneuf est composée des parroisses de Bourgneuf et St Cyr36, Bourg des Moutiers37, Ste Croix de Machecoul, Frenay38, Bois de Cené, Beauvoir39, Nostre Dame des Mons40, St Gervais, l’isle de Bouin et Noirmoutier. C’est dans les aires des marais salans de ces deux territoires que se forme le sel marin ou sel commun dont l’usage est si connu et si nécessaire. On appelle aire de marais salant l’espace ou partie d’un marais où le sel se forme. /fol. 1 v°/ Les sentiments sont partagés sur l’origine de la culture des marais salans. Quelques uns soutiennent qu’elle estoit connue aux Juifs et aux Romains, d’autres tiennent un sentiment contraire. Ce seroit trop entreprendre que de vouloir citer à Mrs de l’académie les passages dont les uns et les autres se servent pour soutenir leurs opinions. Quoy qu’il en soit de l’origine ou première antiquité de la culture des aires des marais salans, il est certain qu’ils sont anciens estant cités dans les articles 129 et 190 des coutumes de Xaintonge et de Poitou et dans une chartre ancienne raportés par de Beli dans l’Histoire des comptes de Poitou41. Ces aires ont esté pratiqués sur les vaziers de la mer le long de la coste, où l’eau de la mer est introduite par des canaux et des réservoirs suivant le détail et la distribution marqué dans le plan qui a esté levé et désigné sur les lieux par le Sieur Gouber, ingénieur. Il faut user de beaucoup de soins pour veiller à l’entretien et à la conservation de ces aires de marais, où les propriétaires employent des gens du lieu appellés palludiers qui sont et diligents et laborieux et auxquels il est d’usage de donner le tiers du produit du sel pour les récompenser des peines qu’ils prennent. Par les répartitions qui ont esté faittes depuis l’année 1711 sur les propriétaires de ces marais à l’occasion de la fourniture des sels /fol. 2/ destinée au service des gabelles et par les différents mémoires qui ont esté dressés à ce sujet, il parroist que l’on peut évaluer le nombre des aires des marais salans de la baye de Bourgneuf au total à 191 579 aires.

36. Saint-Cyr-en-Retz (Loire-Atlantique). 37. Les Moutiers-en-Retz (Loire-Atlantique). 38. Fresnay-en-Retz (Loire-Atlantique). 39. Beauvoir-sur-Mer (Vendée). 40. Notre-Dame-de-Monts (Vendée). 41. Jean Besly, Histoire des Comtes de Poictou et ducs de Guyenne, contenant ce qui s’est passé de plus mémorable en France depuis l’an 811 jusques au roi Louis le Jeune, vérifiée par titres et anciens historiens. Ensemble divers traités historiques, Paris, G. Alliot, 1647, in-fol.

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Sçavoir : Bourgneuf et Saint Cyr Bourg des Moutiers Saint Croix de Machecoul Frenay Bois de Cené Beauvoir Nostre Dame de Mons Saint Gervais l’isle de Bouin Noirmoutier

42 044 5 148 5 224 2 073 10 062 10 028 5 000 5 000 80 000 27 000 Total 191 579 Il est difficile de déterminer la quantité de sel et le prix qu’on en retire dans l’étendue de lad. baye par chaque année, cela dépend de l’abondance ou de la stérilité de la récolte. Les marais salans du païs de Seudre et de l’isle de Ré en produisent une très grande quantité qui est plus propre pour l’usage des fermiers /fol. 2 v°/ des gabelles que celuy qui se perçoit à Bourgneuf où ces fermiers en achettent aussy pour l’envoyer par la voye de la Loire dans plusieurs provinces où les gabelles ont cours. Les Hollandois et les autres nations du nord achettent une partie des sels de Bourgneuf qui leurs sont d’une très grande utilité soit pour ensemencer les terres, soit pour le rafiner pour leurs usages et pour celuy de leur commerce. Les négotiants de Nantes envoyent aussy quelques vaisseaux à Bourgneuf pour y charger les sels qu’ils employent à la salure des molues provenant de leur pesche. On croit par estime que les marais salans de la baye de Bourgneuf peuvent produire année commune douze mil charges mesure du lieu à 28 sacs par charge qui reviennent à seize à dix sept mil muits de la mesure de Paris, ayant esté observé que la charge de Bourgneuf rend entre muids et tiers et muids et demy de Paris. On ne peut donner une juste estimation du prix commun de chaque charge desd. sels, on l’a veüe réduitte à dix à douze francs seulement, et quelquefois elle a esté portée jusqu’à 150 et 200ll la charge. On estime qu’en faisant une année commune, on peut fixer le prix annuel de la charge de ladite baye à 30ll déduction /fol. 3/ faitte de tous les frais nécessaires tant pour la conservation des marais salans, que pour le transport des sels dans les barques et navires. Les fermiers des gabelles ont esté contraints d’obtenir en différentes saisons des permissions du conseil d’en lever la quantité nécessaire de ces sortes de sels pour le soutien de leurs fermes, dont les prix ont esté réglés par l’avis de Messieurs les intendants.

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Pour ce qui est des aires qu’on appelle oeillets de marais salans dans le territoire de Guerrande, leurs structures et leurs distributions est fort différente de celle des marais salans de la baye de Bourgneuf, ainsy qu’on le connoistra par le plan et l’explication qui en a esté faitte par le sieur Gouber. Le principal revenu qu’on perçoit dans le territoire de Guerrande consiste dans ces sortes de sels que les marchands du lieu tirent de leur fonds, ou bien qu’ils achètent des propriétaires des salines pour les vendre aux Anglois, Hollandois, et autres nations du nord qui envoyent leurs vaisseaux dans les ports du Croisic, du Pouliguen et de Mescair42 où les sels sont embarqués. Il s’en fait une grande consommation dans cette province soit par les gens du territoire qui le transportent, soit par les négotiants du Croisic qui font naviguer environ 60 barques le long des costes de Bretagne pour y troquer des sels contre des grains, quelques fois ils en expédient des ç [sic] pour leur /fol. 3 v°/ compte qu’ils envoyent en Espagne, en Angleterre, et en Flandres. Les marchands de Nantes chargent dans les mesmes ports quelques quantités de sel dans leurs vaisseaux pour faire la pesche et leur commerce. Les fermiers généraux des gabelles font enlever 200 muids par chacun an de ces sels pour le service des fermes du Roy. On estime que ces oeillets ou aires de marais salans sont au nombre d’environ trente six à quarante mille dans l’étendue du territoire de Guerrande, qui produisent par année commune vingt cinq mil muids de sel mesure du lieu, faisant environ trente mil muids de la mesure de Paris, attendu que le muids dudit territoire rend environ muids et quart qui est la mesure de Paris. On ne peut faire une juste estimation du prix de chaque muids qui quelquefois s’est vendu seulement 10 à 12ll. Dans d’autre tems, il a monté jusqu’à 200 et 250ll et notamment sur la fin de l’année 1714. On croit néantmoins que l’on en peut faire l’estimation et en fixer le prix à 30ll le muids mesure du lieu, déduction faitte de toutes sortes de frais. Nous avons consulté la faculté de médecine de Nantes sur les raisons phisiques de la formation des sels dans la baye de Bourgneuf et dans le territoire Guerrande. Elle nous a fourny le mémoire cy joint à ce sujet. /fol. 4/ On estime que le sel françois est le meilleur de l’Europe. On a mesme observé que le sel de Portugal et le sel fossible [sic] sont moins propres à l’usage des viandes que celuy qu’on retire de nos salines, estant plus acre et plus corrosif. /fol. 1/ 33 Mémoire pour les salines du Comté nantois Il y a des salines en deux endroits éloignés l’un de l’autre de dix lieux [sic] ou environ, l’embouchure de la Loyre entre deux. Les salines de Guerrande sont à droit[e] de cette rivière, et celles de la baye de Bourgneuf sont à gauche, 42. Mesquer.

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quoyqu’une si petite distance doive faire juger avec raison qu’elles sont frappées également par les rayons du soleil. Cependant elles produisent chacune un sel bien différent, soit par la qualité, soit par l’usage qu’on en fait. Le sel de Guerrande est blanc et léger en comparaison de celuy de la baye qui est gris et plus pesant. L’on n’employe le sel de Guerrande qu’à saller le beurre, le hareng, la sardine et autres choses de cette nature qui reçoivent facilement son impression, au lieu que l’on prend celuy de la baye pour saller le gros poisson comme la morue, etc., et la grosse viande comme les beufs et leurs peaux. Cette diversité qui est assés considérable ne doit venir que de la qualité particulière du fonds où l’eau de la mer est introduitte et conservée pour en tirer le sel. C’est dans ces deux endroits une espèce de boue épaisse, grasse comme l’argile, ce qui la rend propre à contenir l’eau comme un vaisseau ordinaire, mais ce fonds dans les salines de Guerrande est plain de gravier, de sorte qu’il n’y parroist de terre qu’autant qu’il en faut pour faire une bonne liaison. Dans celle de la baye, le fonds est entierrement terreux, de sorte qu’il croist plusieurs sortes de grains avec abondance sur les /fol. 1 v°/ tertres qui les entourent immédiatement et que ceux qui environnent les salines de Guerrande sont tout à fait stériles. De là on peut découvrir la cause de la différence qui se trouve dans la qualité et l’usage de ces deux sels. Les rayons du soleil réfléchissans presque tous du fonds graveleux de Guerrande échauffent et évaporent plustost et davantage l’eau de la mer, ce qui fait qu’outre la quantité du sel qui excède du triple au moins celle de la baye, ce sel est fort blanc encore parce qu’il se forme tout sur la surface de l’eau par cette évaporation précipitée et qu’il ne tombe que quand le grain a receu toutte sa forme ; sa légèreté vient de ce que les grains se formans avec précipitation sur la surface de l’eau, l’air empesche que les particules des sels, en s’arrangeant pour composer le cube, ne s’aprochent plus près du centre, et il reste ainsy plus d’espace vuide entre elles. Au contraire il s’élève du fond des salines de la baye une boue subtile et une crème dont sa partie qui tient au fonds amortit les rayons du soleil, et l’autre en estant élevée et répandue imperceptiblement dans toute l’étendue de l’eau couvre et enveloppe les petites particules de sel qui se dégagent peu à peu par une lente évaporation et leur donne ainsy assés de solidité et de pesanteur pour tomber au fonds avant que de s’estre assemblées en grains, d’où vient qu’en formant leurs cubes, elles s’approchent davantage du centre, n’estant plus empeschées par l’air extérieur ; et par conséquent il y a plus de ces particules salines dans chaque cube. Le sel devient donc par là plus pesant et moins blanc /fol. 2/ que le sel de Guerrande, outre que la boue qui s’y estoit desjà meslée et à laquelle se joint encore quelque portion la plus subtile de celle qui est sur le fonds y adjoute un nouveau poids et ternit sa blancheur naturelle jusqu’à le rendre gris, de là il suit que le sel de la baye doit plus saler que celuy de Guerrande y ayant dans chaque grain plus de particules salines, et estant arrestées plus longt temps dans chaque [mot illisible] par cette boue subtile qui les enduit et les fixe davantage. Une preuve de cecy est que dans une parroisse de

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la baye qu’on appelle les Moustiers (monasteria) où les salines finissent en pointe, parce que les hautes terres sont très proches de la mer, le fonds y estant un peu graveleux, non pas tant néantmoins que celuy de Guerrande, les salines y produisent le sel un peu plus pesant à la vérité, mais presque aussy blanc qu’à Guerrande. Il y a une chose à observer qui est commune à touttes les salines, c’est que dans la plus grande vivacité de la saulnerie, l’on sent à plus d’une lieue dans les terres une odeur de sel nouveau qui est comme l’odeur de la violette, ce qui fait présumer que le sel marin est très subtil et très volatile et que, par conséquent, il se ressent plus que tous les autres de son origine, sans excepter le vitriol même, c’est à dire du sel universel et aérien. Les paludiers qui n’ignorent pas cette circonstance suspendent parfois des poignées d’herbes sèches à trois pieds au dessus de l’eau préparée pour faire le sel pendant l’ardeur du soleil et, après quelque temps, ces herbes se trouvent couvertes /fol. 2 v°/ et hérissées de particules salines. Ils les attachent ensuite au plancher de leurs maisons pour leur servir de marque à prévoir le temps sec ou pluvieux quand elles dégouttent ou se tiennent sèches. Tous ces faits sont véritables. Quant aux raisons qu’on y adjoute, on les soumet au jugement des personnes plus éclairées. On ne marque point la manière dont on prépare l’eau de la mer pour en tirer le sel parce que n’estant pas différente de ce qui est en usage en Xaitonges et en Poitou, on n’a pas cru qu’elle méritast une attention particulière. On ajoutera seulement, outre les raisons qu’on a raportées, que quelque opinion assés probable prétend que la différence des sels de Guerrande avec ceux de la baye de Bourgneuf ne provient que de la seule manière d’y faire les sels, jointe à la différence des aires ou oeillets de marets où il se forme. La preuve qu’on en apporte est qu’aujourd’huy dans la baye de Bourgneuf où l’on a fait des oeillets de marais pareils et conformes aux oeillets qu’on voit à Guerrande, et qu’on y observe les mesmes façons pour y former et tirer les sels des salines, il est certain que les sel de ces salines de Bourgneuf est aussy blanc que celuy de Guerrande, et toutte la différence qu’on y trouve est que le sel de la baye de Bourgneuf est plus gros et mieux grené que celuy de Guerrande qui n’est qu’un sel très menu, pour ne pas dire une poussière de sel. Joint : observation sur le puits de Plougastel, s.d. [17/53/f]. n° 4

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Observations sur le puits de Plougastel Sur l’avis qui a esté donné que ce puits se tarit à mesure que la mer monte, qu’alors on peut descendre à pied sec jusques dans le fonds, et qu’à mesure que la mer se retire le puits se remplist, on a chargé Mr Robelin, ingénieur à Brest, de vérifier ces faits qui ont paru mériter attention. Les observations qu’il a faittes dans son mémoire et sur le plan y joint feront cesser les préjugés du public sur des événements qui n’ont rien de surprennant depuis qu’ils ont esté examinés.

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Au surplus le mémoire de Mr Robelin peut servir de preuve que, selon la qualité des terres, l’eau de la mer peut s’y filtrer dans un petit espace de terrain de manière à perdre sa salure. Joint : Mellier à l’intendant [?], Nantes, 11 mars 1717 [16/10/f]. À Nantes, le 11e mars 1717 Monseigneur, J’ay l’honneur de vous envoyer le mémoire, avec le plan dressé par un ingénieur du Roy sur ce qui concerne le puits situé près de Landerneau. Les faits qui se trouvent éclaircis paroissent détruire les préjugéz du public à l’égard de l’article essentiel. Cependant j’ay cru, Monseigneur, devoir vous adresser ce mémoire dont je souhaitte que Messieurs de l’Académie puissent tirer quelque utilité. Je suis avec un très profond respect, Monseigneur, [etc.]. Mellier Joint : mémoire de Robelin, s.d. [16/10/k]. /fol. 1/ [en marge :] avec un plan en couleurs43. V. le Recueil. Le puits au passage de Plougastel dans la cour de l’hôtellerie a 16 pieds 9 pouces de proffondeur dans une terre jeaune meslée de très petites pierres. Dans ce terrain, se trouvent de grosses pierres fort dures dont quelqu’unes contiennent plus d’une toise cube. Ce puits n’a esté creusé que jusques sur une de ces grosses pierres et non jusqu’à l’eau vive. Il est revêtu d’un mur à pierre seiche. Il asseiche en été à touttes les marées et, en hyver, les eaux des terres de la montagne luy fournissent un peu d’eau, ce qui l’empesche de tarir pendant que la mer est basse. La terre est caverneuse, car la nuit du 13 au 14 janvier il plust beaucoup. En arrivant sur les lieux le 14 à 9 heures du matin, on trouva l’eau du puits fort trouble et basse autant qu’elle le devoit estre et descendante. Il tomba à neuf heures et demie une pluye forte, mais qui dura peu et, un quart d’heure, après on vit sortir de la muraille du costé de la montagne, à 6 pieds de hauteur du fonds du puits, un courant de 2 à 3 pouces d’eau qui en un instant y mist 6 pieds ½ de hauteur d’eau et qui commença à diminuer un quart d’heure après et continua sans que l’on vit plus cette conduitte d’eau et il resta 2 pieds 10 p[ouces] d’eau dans /fol. 1 v°/ ce puits au moment que la mer montante y entra à l’ordinaire. L’eau a toujours commencé à monter dans le puits lorsque le niveau de la mer montante estoit trois pouces à peu près plus haute que celle du puits, et l’eau du puits a toujours monté de deux à trois pouces moins haute que la haute mer. Ce qui a surpris les gens du païs est premièrement que le puits dessend quoyque la mer monte, ce qui est vray au commencement du flot, mais ils 43. Manque aujourd’hui.

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n’ont pas veu que le fonds du puits est plus haut que la basse mer en touttes marées, que la mer est un temps considérable à descendre du niveau du fonds du puits jusqu’à la basse mer, et de ce moment jusqu’à ce que le flot ait atteint le fonds du puits ou la superficie de l’eau qui reste. Pendant tout ce temps, rien n’empesche l’eau du puits de dessendre, quoyque la mer monte pendant la moitié de ce temps, mais un moment après que le niveau de la mer a atteint le niveau du fonds du puits quand il asseiche, ou de la superficie de l’eau quand il y en reste, l’eau de la mer y monte toujours, et alors le puits monte avec la mer, mais non avec la même vitesse. L’eau de la mer /fol. 2/ pour entrer dans ce puits passant à travers la terre dont les conduits doivent estre très petits puisqu’elle y perd sa salure. Leur seconde surprise a esté qu’au commencement du jusan le puits continue à monter encore quelque temps, ce qui arrive parce que la mer estant haute remplist les vuides du terrain qui ayant leur pente vers le puits y coulent et s’y déchargent, et la preuve est que l’eau du puits ne monte pas si haut que la mer a monté, ainsy qu’on a observé à touttes les marées. /fol. 2 v°/ Tables des hauteurs de l’eau de la mer et de celles du puits le 5 janvier 1717 à 9 heures ½ du matin haute mer

à à à à à à à à à à à à

10 heures 10 1/2 11 11 1/2 12 12 1/2 1 Jusan 1 1/2 2 2 1/2 3 3 1/2

Basse mer à 3 3/4 heures à4 flot à 4 1/2 à5 à6

pi 0

5 6 7 8 8 9

po 0 0 6 2 9 4 7 9 3 0 10 5

lig 0 10 0 10 0 6 0 0 0 0 0 0

10

0

0

1 3

0 0 0

hauteur de l’eau 3 pi 1 p 4 3 4 4 7 4 4 6 4 4 2 3 11 3 9 3 6 3 2 2 11

2

dans le puits 0 lig 0 6 0 6 6 0 0 4 0 0 0 0 0 0 0

8

0

2 1

5 10

6 6 au

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plus bas et le niveau de la mer estant venu plus haut que celuy de l’eau du puits a commencé à monter. /fol. 3/

du 14 janvier à 11 heures basse mer

pi à 11 heures et demie monte 0 à 12 1 à 12 1/2 2 à1 4 à 1 1/2 6 à deux heures 8 à 2 1/2 flot 10 à3 12 à 3 1/2 14 à4 15 à 4 1/2 15 à5 16 mer haute 16 à 5 1/2 à6 Jusan à 6 1/2

/fol. 3 v°/ à à à à à à à à

5 6 6 7 7 8 8 9

6 5 8 4 4 6 8 6 3 0 10 5 7

lig 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0

pendant ce temps l’eau du puits qui avoit monté par le courant d’eau qui y estoit entré s’est vuidé hauteur de l’eau du puits 2pi 10po 0lig 3 1 0 3 6 0 4 0 0 4 7 0 5 2 0 5 6 0 5 11 0 6 2 0 6 5 0 et le puits a commencé à descendre avec la mer

Du 15 janvier 1717 à 5 heures ¼ haute mer hauteur de l’eau dans le puis

heures ¼ perdu 1/2 1/2 Jusan 1/2

po

0 pi 1 2 4 6 8 10 12

5 po 5 6 5 5 5 5 4

0 lig 0 0 0 0 0 0 0

6 pi 1 po 6 4 6 5 6 4 6 2 5 10 5 7 5 3

0 lig 0 0 0 0 0 0 0

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à 9 1/2 14 2 0 4 9 0 à 10 16 1 0 4 4 0 à 10 1/2 17 4 0 4 0 0 à 11 18 0 0 3 5 0 à 11 1/2 18 2 0 2 11 0 à 12 2 8 0 à 12 1/2 flot 2 5 0 à 1 heure 2 4 0 Icy l’eau de la mer a entré dans le puits et il a monté à l’ordinaire. Fait à Brest le 3 février 1717. Joint : mémoire sur quelques curiosités de Bretagne, s.d. [16/10/l]. /fol. 1/ 35 1717 7 Mémoire de quelques choses singulières dont quelques uns de nos subdélégués nous ont donné avis, et sur lesquelles nous n’avons pas cru devoir néantmoins envoyer des personnes exprès jusqu’à ce que Messieurs de l’académie nous ayent marqué s’ils estiment que ces choses doivent estre approffondies. À deux ou trois lieues de Ploërmel, il y a des carrières de pierre d’un rouge de sang de bœuf dont quelques unes sont d’un rouge foncé et se taillent aisément. Les autres au contraire sont très dures. Il y a quelques années que le recteur de Comblesac44, parroisse proche de Ploërmel, voulant faire curer le puits de sa maison presbitéralle, il y mourust et périt deux personnes qui y descendirent consécutivement l’un après l’autre, et qu’une troisième ayant voulu aussy descendre auroit essuyé le même sort s’il n’avoit crié promptement qu’on le remontast quoyqu’il ne fust environ qu’à la moitié. En effet il revint presque immobile et quasy sans /fol. 1 v°/ connoissance. On y a descendu des chiens et autres animaux que l’on a retiré morts. Quelques personnes prétendent que ces effets sont causés par une mine de souffre qui se trouve dans l’intervalle qu’il y a depuis le haut du puits jusques à l’eau, laquelle néantmoins se trouve très bonne et dont tous les habitans de ce bourg boivent journellement, ce puits ne tarrissant point dans aucune saison. Environ la distance à la portée du mousquet de la ville de Saint Brieuc, il y a une fontaine d’eau minéralle que l’on dit qui fut découverte en 1674. On prétend que ces eaux par leurs légèretées et leur vertu doivent estre aussi estimées que plusieurs dont on fait grand cas dans le royaume. On les compare à celles de Forge45. 44. Comblessac (Ille-et-Vilaine). 45. Il existe en France de très nombreuses localités du nom de Forge ou Forges. On peut penser qu’il s’agit ici de Forges-les-Eaux (Seine-Maritime) dont les eaux étaient réputées.

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On prétend qu’un nommé Grillant46, fort versé dans l’épreuve de ces sortes d’eau, en a parlé amplement dans un traitté qu’il fist imprimer sur ces eaux en 1677, chez Guillaume Champion à Rennes. Nous nous sommes addressés à différents libraires pour avoir ce livre et pouvoir marquer les termes précis dont se sert /fol. 2/ cet autheur, mais nous n’avons pu trouver ce livre. L’on nous a asseuré que l’on trouve dans ce traité une ample description de la scituation de cette fontaine, ses qualités et ses vertus, les maladies auxquelles ces eaux sont nuisibles, celles au contraire auxquelles elles peuvent apporter du soulagement, la méthode qu’on doit pratiquer avant d’en boire, la saison qui y est propre, la manière, le temps et la quantité qu’on en doit prendre, le régime de vivre et en un mot tout ce qui regarde cette fontainne, et les particularités de ces eaux. Si nous pouvons recouvrer ce livre, nous aurons attention de faire faire un extrait de ce qui regarde cette fontainne et de l’envoyer à Mrs de l’académie. On dit que, tous les ans, on ne laisse pas que d’y voir assés de monde et mesme qu’autrefois, il y est venu des personnes fort éloignées auxquels cet autheur asseure que, de son temps, ces eaux avoient esté très proffitables. L’on dit qu’elles sont ferrées, vitriolées et souffrées. À une portée de fusil de cette source, on en avoit découvert une autre en 1631 dont l’Hostel de Ville de Saint Brieuc /fol. 2 v°/ fist faire des épreuves publiques en 1643 par un médecin nommé Du Hamel, habile en ces sortes d’expériences et qu’ils avoient fait venir exprès. Il y procéda par toutes les formes de l’art suivant un procès verbal imprimé chez Guillaume Doublet à Saint Brieuc en ladite année 1643. Nous croyons qu’il sera aisé d’avoir ce procès verbal. Ce qui nous a empesché d’en faire une recherche, c’est que cette source s’est divertie 25 à 30 ans après sa découverte. Il y a néantmoins beaucoup d’apparence que celle dont nous avons parlé cy dessus et qui subsiste est de la mesme qualité qu’estoit celle là. Du costé du nord de la mesme ville, au pied d’une coste très élevée et escarpée, un particulier nommé Blanchart estima qu’il devoit y avoir une mine de charbon de pierre, ce qu’il conjectura par la couleur de la terre et des pierres qui sont au dessus et qui parroissent noires et bruslées. Ce particulier avoit quelque accès dans la maison de Monsieur le duc d’Humières47 qui obtint du 46. L’Histoire de Saint-Brieuc de Jules Lamare mentionne un certain Grillant, chirurgien juré et maître apothicaire à Saint-Brieuc, qui découvrit en 1642 une source d’eau minérale sur les terres de Robien près cette ville, mais la source tarit peu après. En 1673, il en découvrit une autre dans le vallon de Gouédic ; on l’appela la Fontaine et l’on s’en servit pendant plusieurs années contre certaines affections des intestins. Grilhant est l’auteur d’un Traité des qualités et des vertus des eaux minérales nouvellement découvertes, proche la ville de Saint-Brieuc avec une ample méthode d’en user salutairement (Saint-Brieuc, 1677, in-8). Le Répertoire général de bio-bibliographie bretonne de René Kerviler (Rennes, 1904) reprend ces informations avec des dates un peu différentes. 47. Peut-être Louis François d’Aumont, duc d’Humières. En 1741, celui-ci obtiendra pour luimême et son épouse, Anne Louise Julie de Crevant, duchesse d’Humières, le privilège de l’extraction exclusive du charbon de terre en Boulonnais (AN, F/12*/ 88, p. 344).

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Roy une permission d’y faire travailler. Il la transporta au même Blanchart qui, par luy et par le secours de ses associés, /fol. 3/ travailla à cette mine où l’on a creusé avec de grands frais et difficultés par raport à ce que la rivière de Gouet passe auprès, dans laquelle la mer remonte et dont les eaux dans les grandes marées comblent l’ouverture. On a creusé jusqu’à 61 pieds de proffondeur, mais, ce Blanchart dans les affaires duquel il y avoit du derrangement estant décédé, les permissions qui luy avoient esté accordées ont esté égarées, en sorte que cet ouvrage est interrompu depuis l’année 1704. On voit encore sur le lieu quelques machines qui ont servy aux travaux. On prétend mesme que les associés de Blanchart ne désespèrent pas un jour de les continuer et asseurent que la mine est bonne. Un d’entre eux a dit avoir fait épreuve de quelques pierres de charbon qui en furent tirées et qui brûlèrent en perfection. Il a dit aussy en avoir envoyé de semblables et du mesme lieu à Monsieur de Pontchartrain de qui il espéroit quelque appuy. On prétend qu’il se donne encore des mouvements pour obtenir de nouveaux secours et de nouvelles permissions. Il y a une petite rivière dans la baronnie de Vitré nommée /fol. 3 v°/ la rivière de Noire Onde dont l’eau à ce qu’on asseure a une qualité particulière pour les teintures en noir. Tout le poisson qui se trouve dans l’étang de Careron dans lequel passe la rivière déséché est ladre, ce qu’on connoist à une quantité de taches blanches que l’on trouve aux ouyes, mais sitost que le poisson sort de cet étang et qu’il tombe dans celuy de Marcillé48, il se trouve guéry et on n’y en trouve aucun gasté de ce mal. Dans la parroisse d’Erbrée de la mesme baronnie, il y a une fontaine qu’on prétend estre sur une mine dont l’eau est rouillée, légère et fait beaucoup uriner. Il se trouve dans un lieu appellé le Pertre des pierres chargées de paillettes qu’on a cru de métail, mais qui ne sont que des marcasites. On asseure qu’il y a dans la mesme barronnie des mines de fer. Il s’y trouve aussy un sable pareil à celuy d’Estampes49, mais plus propre à ce que l’on prétend pour faire le verre. Il y a deux ruisseaux près Landerneau dont l’un passe de la parroisse de Ploubonnec50 et l’autre dans celle de Plouvien, évesché /fol. 4/ de Léon, dans lesquels on pesche des moucles fort belles et fort grandes où l’on trouve des perles. Il nous a esté impossible d’avoir de ces moucles, mais on nous a envoyé deux de ces perles que nous joignons icy dans la boeste n° 8 enfermée

48. Les guides touristiques signalent encore aujourd’hui l’étang de Marcillé-Robert (Ille-etVilaine). 49. Étampes (Essonne). 50. Plabennec (Finistère).

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dans celle cottée n° 9, dans laquelle il y a un morceau de roche de cristal qu’on trouve dans une montagne près Landerneau, aux environs du village de Tourronce [?]. Ce morceau a esté tiré dans une veine de mesme nature qui se rencontre en ligne perpendiculaire dans une carrière d’où l’on a tiré des pierres à bastir. Ce cristal n’est pas si net que celuy qui se trouve aux environs d’Alançon. 8. - s.d. : demande de renseignements par Réaumur, minute [17/53/d]. /fol. 1/ Rennes Nous avons déjà trouvé bien des instructions sur ce que la Bretagne a de curieux et d’utile dans les mémoires que Monsieur de Brou a rassemblés, et nous avons lieu d’espérer que nous aurons avec le temps des connoissances encore plus étendues sur cette province, si il veut bien continuer ses soings. 1° On a lu avec plaisir le mémoire sur les mines de Carnot, Plousquellet et de Hualgouet. Les deisseins et les échantillons de matierre qui l’accompagnoient ont donné des éclaircissements complets. Il y a apparement dans la Bretagne diverses autres mines qui n’ont point été fouillées et dont Monsieur de Brou recouvrera peut être des échantillons, mais il peut s’épargner la peine d’en faire faire des essays. C’est un soing dont nous nous chargeons nous mêmes volontiers. Il est rare de trouver dans les provinces des gens au fait de ce travail. Mais ce que nous souhaiterions c’est qu’il voulust bien faire ramasser de toutes les /fol. 1 v°/ [pierres] qui paroitront différentes des pierres communes soit par leur couleur, soit par leur poids. 2° Ne connoist on point la mine d’améthistes que Louise de Berteau dans son livre intitulé la Restitution de Pluton51 assure être auprès de la ville de Lanion52. 3° Nous scavons aussi qu’en différentes endroits des côtes de Bretagne, mais nous ne scavons pas ces endroits assez précisément pour les marquer, on trouve des cailloux qui sont remplis de cristaux assez beaux. On ne nous en parle dans aucun des mémoires. 4° On a comparé ensemble avec plaisir les deisseins53 des deux espèces différentes de marais salants de Bretagne. Les deux raisons qu’on raporte dans les mémoires pour expliquer la différence de grosseur et de couleur qui est entre le sel de Guérande et celuy de Bourneuf paroissent naturelles et peut être y concourrent elles toutes deux. On pourroit décider la seule différence des fond en est la cause, si on faisoit couvrir de glaise ou de vase pareille à celle des aires de Bourneuf, une des aires de Guérande. 51. Martine de Bertereau, baronne de Beau-Soleil, La restitution de Pluton à Mgr l’éminentissime cardinal duc de Richelieu des mines et minières de France, Paris, H. du Mesnil, 1640. 52. Lannion (Côtes-d’Armor). 53. Ils n’ont pas été conservés.

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5° Nous sommes obligés à Messrs de la faculté de Nantes du soing qu’ils ont pris de nous procurer une plante qu’ils ont crue nouvelle, et qu’ils nomment salix odore lauri. Elle croist à dix lieues de Paris dans les prairies de St Léger54. Elle est décrite et gravée dans plusieurs autheurs, elle se nomme [en marge : Mr Fournent icy copiera tout ce qui est sousligné dans le papier cy joint.] /fol. 2/ Au reste Messieurs de la faculté de Nantes sont très louables d’avoir dressé un catalogue des plantes de leur pais, on souhaite qu’ils travaillent à le rendre le plus complet qu’il leur sera possible. 6° Le deissein et le mémoire sur le puids de Plougastel ont réduit le merveilleux au vray. 7° Nous n’avons rien à demander sur les mines de fer et sur les fourneaux et forges, ny sur les charbons de terre. Mais nous voudrions un mémoire sur les perrières d’ardoise, qui apprist les endroits où elles sont scituées, la qualité de la pierre qu’elles donnent, la profondeur à laquelle elles sont poussées, si on creuse les trous perpendiculairement comme aux environs d’Angers, ou si l’on suit sous terre les veines de pierre comme on le pratique en d’autres pais. 8° Les deux perles qui ont été envoiées donnent grande envie de voir des moules où on les trouve ; si la grosseur du coquillage ou quelque autre marque indiquent celle qui en ont, on les verroit encore avec plus de plaisir. On pourroit nous envoier le poisson couvert de sa coquille en le mettant dans une bouteille ou un baril plein d’eau de vie. 9° Nous voudrions aussi un échantillon de la pierre rouge d’auprès de Ploërmel et généralement nous en voudrions de toutes les pierres qui diffèrent des pierres communes. Joint : avis d’un botaniste [membre de l’Académie royale des sciences ?] sur le catalogue de plantes envoyé par la faculté de médecine de Nantes, adressé à Réaumur, s.d. [17/53/e]. Monsieur, Rien ne seroit plus util, ny plus avantageux que de faire un catalogue exact de toutes les plantes qui croissent dans les différentes provinces du royaume. Il faudroit y ajouter les descriptions et les desseins de celles qui ne sont nommées ny décrites, et même y joindre les usages auxquels les habitans de ces provinces les employent ; mais ce vaste dessein ne pourroit s’exécuter que par les libéralités d’un aussy puissant monarque que le Roy de France qui ordonneroit qu’on y employast des scavans botanistes, car autrement on pourroit douter avec justice si le nom des plantes marqué dans ce catalogue seroit celui qui convient à celles qui croissent dans ce pays. Le dessein de Messieurs le Doyen et les Docteurs de la faculté de médecine

54. Saint-Léger-en-Yvelines (Yvelines).

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de Nantes est fort louable. Je ne puis encore vous asseurer, Monsieur, si ils l’ont bien exécuté, parce que je n’ay pas encore eu le tems de lire leur catalogue des plantes des environs de Nantes et même il faudroit être sur les lieux pour en bien décider. J’ay par avance un mauvais préjugé, parce que l’arbrisseau dont ces Messieurs ont fait faire deux desseins différens, l’un dans le mois d’avril, dans lequel sont marqués les boutons et les fleurs dont il est pour lors chargé, et l’autre dans le mois de juillet, qui représente les feuilles dont il est garni dans ce tems là, auquel arbrisseau Messieurs le Doyen et les Médecins ont donné le nom de salix odore lauri, parce qu’ils ne croyent pas, disent ils, qu’il ait été décrit par aucun auteur de botanique, cependant c’est une plante décrite et gravée par plusieurs auteurs. Cet arbrisseau croist dans les prairies marécageuses de Saint Léger, à une lieue de Monfort l’Amaury55, à dix lieues et demy de Paris. Cette plante se nomme gale frutex odoratus septentrionalium J. Bauh. 1 part. 2 224 rhus myrtifolia, belgica CB. Pin. 414 aleagnus cordi. myrtus brabantica quibusdam Lob. Icon. 110 gagel germanorum, vel gold anglorum, myrtus brabantica quibusdam adv. Lob. 417 rhus sylvestris Plinii sumac sauvage de Pline Dod. Gal. 470. chamaleagnus Dod Pempt. 780. rhus sylvestris altera Lugd. 110, cette figure est fort bonne. rhus herba Plinii clus. hist 17 C’est pourquoy vous pourriés, Monsieur, marquer à ces Messieurs de ne se point donner la peine d’en faire faire un autre dessein plus correct que celuy qu’ils ont envoyé, car il suffit pour connoitre cet arbrisseau, et de les désabuser sur ce qu’ils croyent que cette plante est nouvelle /fol. 2/ et qu’elle n’a pas été décrite par aucun auteur crainte d’embarrasser encore la botanique qui ne l’est desjà que trop par le grand nombre de plantes connues et décrites que plusieurs auteurs qui n’étoient pas au fait de cette science, nous ont donné de nouveau et nous donneront par la suite comme nouvelles. Cela me fait appréhender que ces Messieurs n’ayent donné aux plantes qui croissent aux environs de Nantes, des noms qui ne leurs conviennent pas. S’est le sentiment, Monsieur, de votre très humble et très obéissant serviteur. 9. - s.d. [fin 1717] : mémoire de La Basinière sur les mines de Bretagne [17/39]. 55 Mémoire des mines que le Sieur de la Bazinière, gentilhomme de Bretagne, a découvert depuis les lettres circulaires écrittes par ordre de SAR Monseigneur le duc d’Orléans par Monsieur de Brou, intendant, avec les mémoires 55. Montfort-l’Amaury (Yvelines).

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qu’il a envoyés à ses subdéléguéz maires et échevins de la ditte province. Et premier Sur la cotte de Tréguier, près de Lannion, dans une isle où l’on prend des sables pour engraisser les terres, on a trouvé une grosse pièce de mine d’argent dont il y a un morceau dans le papier cotté A. Près de la ville de Dinan, en laditte province, une périère où les pierres sont chargées d’or volatille dont il y a un morceau dans le papier cotté B. En trois montagnes différents [sic], aux environs de Lannion, il y a de la poudre d’or en marcassitte dont il y a de la poudre des différents endroits dans les trois papiers cottés C. Près Le Fou56, évêché de Cornouaille, il y a de l’archifou57 dont il y a un morceau dans le papier cotté D. Près de Lannion, il y a quantité de cristeaux dont il y a trois morceaux un de chacque endroit différent et le plus transparent a souffert le feu de forge cotté E. Près Lanvelon58, évêché de Saint Brieuc, il y a des carnailléz grands et petits dont il y a un des petits dans le papier cotté F. Près de Quintin, il y a une périère chargée de métail dont il y a un morceau dans le papier cotté G. Proche de Saint Aubin de Cormier, évêché de Rennes, il y a une perière d’ardoise grise dont les pierres sont couvertes de quantité d’or volatile ; on prétend par tradition qu’il y a une veine d’or dessous. Dans une petite rivière près Quimper Corentin, il y a des moules ou moulles où l’on trouve de fort belles perles. Proche Lannion, il y a une périère qui a une veine de talque blanc, on croit qu’il y a de l’argent dessous dont il y a un morceau à la cotte H. Près dudit Lannion, une périère d’ardoise qui n’est point ouverte où l’on dit suivant la tradition qu’il y a une très belle mine d’argent dessous. Entre Saint Brieuc et Saint Malo, il y a le plus beau cocquillage du monde. Dans l’évêché de Tréguier et Cornouaille, il y a quantité de périères d’ardoises ouvertes et non ouvertes. Pierre rouge ou pierre calaminaire qu’on trouve près la coste de Lannion dont il y a un morceau dans le papier cotté I. 10. - s.d. : observations de Réaumur sur les échantillons envoyés par La Basinière et demandes complémentaires, minute [R/6/7]. Bretagne On a vu avec plaisir les divers échantillons de matierre minérales et de pier56. Le Faou (Finistère). 57. Alquifoux (voir Glossaire). 58. Lanvollon (Côtes-du-Nord).

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res qui ont été ramassés en Bretagne par Monsieur de Bazinnière, et surtout les morceaux de mine d’argent cote a. On en a fait l’essay. Il est si riche qu’il donne soixante quatorze livres et demie d’argent par cent. Si il est bien sûr que le gros morceau d’où il a été pris a été trouvé dans une isle de la côte de Tréguier près Lanion, il mériteroit bien qu’on fist des recherches exactes dans l’isle pour voir si on y découvriroit point de veines d’une pareille nature ou approchante. On nous avoit fait plaisir de nous apprendre la grosseur du morceau d’où a été pris celuy qui nous a été envoié et entre les mains de qui il a passé. L’isle où l’on a trouvé ce morceau de mine, nous donne occasion de demander quelques livres pesants du sable qu’on a à prendre pour engraisser les terres. On voudroit aussi quelques livres des terres qu’on engraisse avec ce sable et qu’on joignist un mémoire sur la manière dont on fait ces engrais qui apprit la nature des terres, la quantité, la quantité de sable qu’on y répand, et combien on est de temps sans y en porter après en avoir mis une fois et les diverses poudres qui ont été envoiées, pour contenir de ll’or ne paroissent être que des poudres talceuses [lire talqueuses]. Il seroit toujours bon de scavoir si elles sont abondantes, où on les a ramassées. On en fera l’essay. Parmi les cristaux d’auprès de Lanion, on a envoié de couleur d’améthistes. N’en trouve t’on point de mieux colorés et de diverses autres couleurs. En ce cas il seroit à propos d’en ramasser. Les cristaux sont ils communs dans l’endroit où on les trouve, et quelle est la scituation de cet endroit, sont ils dans le roc ou en terre, sont ils semés par cy par là, ou rassemblés dans une veine. On marque que près de Lanvelon, évêché de St Brieux, il y a des espèces de ces marcasites dont on en envoie une cottée f, qui sont d’une figure très régulière semblable à celle de deux piramides égales dont les deux bases seroient appliquées l’une contre l’autre. On ajoute qu’on en trouve de grosses et de petites et que celle qu’on a envoiée est des petites. On en souhaiteroit quelques unes des plus grosses, et encore quelques petites. On auroit aussi à demander des perles qu’on dit se trouver dans les moules d’une rivière d’auprès de Qimper [sic] Corentin, des moules où on les trouve, et le nom de la rivière. On vante dans le mémoire les coquillages qui se trouvent entre St Brieux et St Malo ; on voudroit qu’on pust rassembler quelques coquilles de toutes les espèces que cette côte fournit. 11. - s.d. [janvier 1718] : note de Réaumur [17/51]. Rennes On joint icy la copie du mémoire de Mr de la Bazinière que Monsieur de Brou a souhaité qu’on luy renvoyast. Outre tout ce que nous avons demandé de Bretagne cy devant, nous voudrions avoir environ vingt cinq livres du fer

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de la forge de Painpont59, proche Brest, qui est un des meilleurs fers du royaume. 12. - 23 janvier 1718 : Feydeau de Brou à Réaumur, Paris [18/18/a]. 1

à Paris, le 23 janvier 1718 J’ay receu, Monsieur, la lettre que vous m’avez faite l’honneur de m’escrire le 16 de ce mois et le mémoire que M. de La Basinière avoit envoyé l’académie des Sciences. J’en feray, Monsieur, tout l’usage qui me sera possible pour donner à Mrs de l’académie tous les éclaircissemens qui dépendront de moy. J’ay adressé à SAR deux plantes de la luzerne que Messieurs de l’académie ont souhaitées et le dessein d’une autre qu’on ne connoist pas, dont on me promet des plans au mois d’avril aussy bien que des autres plantes contenues au mémoire qui m’a esté addressé. Il n’est pas facile de trouver présentemens les moules où se trouvent les perles et plusieurs espèces de coquillages parce que les eaux sont trop grandes. J’en feray chercher dans le beau temps de toutes les espèces qui se pourront trouver. Je proffite de cette occasion pour vous assurer du très respectueux attachement avec lequel je suis, Monsieur, [etc.]. de Brou Joint : dessin d’une plante accompagné d’une notule [18/18/b]. [Voir Fig. 15.] [sous le dessin :] Cette plante est rare aux environs de Nantes. Elle croist de la hauteur de huict à dix pouces. Si Messieurs de l’académie croyent qu’elle mérite quelque attention, on espère en trouver quelque pied. [en face du dessin, d’une autre main :] Helianthemum flore maculoso col. part. 2 77 Cistus flore palido, punicante macula insignito C.B.60 Pin. 465 Cistus annuus, 2. Clusio, flore pallido, macula punicante insignito J.B.2.13 Le peintre a été si exact à représenter cette plante qu’il a trouvé à propos, pour avoir plutôt fait, de ne mettre que quatre pétales à la fleur au lieu de cinq. Cette plante est très commune dans le bois de Boulogne proche le château de Madrid.

59. Paimpont (Ille-et-Vilaine). 60. Les références J.B., J.B.H, C.B. et C.B.P. renvoient aux systèmes de classification des plantes mis en œuvre par les naturalistes Jean Bauhin (1541-1612) et Caspard Bauhin (1560-1624).

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13. - s.d. : note de Réaumur [R/6/18]. Parmy les plantes dont Monsieur de Brou a envoié la catalogue à l’Académie, on en a trouvé quelques unes assez rares et dont souhaiteroit qu’il fist ramasser les graines, comme il l’a offert si obligeament, ou, au défaut des graines, on verroit avec plaisir ces plantes même sèches. Telles sont les suivantes : aconitum pardalianches C.B.P. adiantum foliis coriandri C.B.P. alnus folio oblongo viridi C.B.P. clandestina flore sub caeruleo J.B.H. empetum montanum fructu nigro J.B.H. ligustrum semper vivens. linaria tenui folia aeraginei coloris J.B.H. lingua cervina foliis costa nascentibus J.B.H olea fructu oblongo atro virenti J.B.H. olea fructu oblongo minori. quercus parva, sive phagus Graecorum et esculus Plinii C.B.P. quercus calyce hispide, glande minore C.B.P. satureia thymi folio C.B.P. satureia perennis lignosior folio latiori semper vivens. stacha latifolia flore albo C.B.P. tribulus aquaticus C.B.P. tribuloides aquis innascens J.B.H. typha palus trismisior C.B.P. On voudroit cette dernière sèche, bien entierre avec sa racine. On voudroit aussi avoir la précédente sèche. 14. - 1er avril 1718 : Feydeau de Brou au Régent, Rennes [18/18/c]. 31 Monseigneur, J’ay l’honneur d’addresser à VAR quelqu’unes des plantes contenues dans le mémoire de l’académie des sciences qui m’a esté envoyé le 4 décembre dernier. J’attends le retour de la belle saison pour satisfaire au contenu de ce mémoire et donner à VAR des preuves du zelle et du proffond respect avec lequel j’ay l’honneur d’estre, Monseigneur, [etc.]. de Brou à Rennes, le 1er avril 1718 [au dos :] à SAR Mgr le duc d’Orléans

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Joint : liste de plantes adressées à l’Académie des sciences, s.d. 31

Plantes que l’on adresse à SAR pour Mrs de l’accadémie des Sciences et qu’ils ont demandées à M. de Brou intendant de Bretagne, 1. clandestina flore sub coeruleo. 2. moscatellina foliis fumarioe justi rei herbarioe G.B.P. Les feuilles de la plante ont une odeur de musc et les fleurs sentent très mauvais. 3. Cette plante est une espèce de boursette, elle est rare dans le comté nantois. Les médecins de Nantes ne la connoissent pas. Il faut prendre garde de ne pas goûter cette plante, la feuille en estant extrêmement caustique. 15. - 10 avril 1718 : Feydeau de Brou au Régent, Paris [18/18/d]. 31 53 Monseigneur, J’ay l’honneur d’addresser à VAR par la voye du messager de Rennes à Paris les moules d’huîtres dans lesquelles on trouve des perles. Celles cy se sont peschées dans la rivière de Landerneau61. Je joins à cette lettre quinze de ces perles de différentes façons. Je continueray à donner mon attention pour satisfaire à tout ce qui est contenu dans le mémoire de l’accadémie que VAR m’a fait l’honneur de m’adresser et à luy donner des preuves de mon zèle et du proffond respect avec lequel j’ay l’honneur d’être, Monseigneur, [etc.]. de Brou à Paris, le 10e avril 1718 16. - avril 1718 : Feydeau de Brou au Régent, Paris [18/18/e]. 31 Monseigneur, J’ay l’honneur d’adresser à VAR deux plantes que l’on ne connoist point dans l’évesché de Nantes. J’y joins deux rameaux que l’on assure, quoyque différents, avoir esté tirés de la mesme plante, sur lesquelles les médecins de la faculté de Nantes ont donné leur avis attaché à ces rameaux. On m’assure que, dans peu de temps, on m’adressera une partie des plantes contenues dans le mémoire de Mrs de l’accadémie que VAR m’a fait l’honneur de m’envoyer. J’auray attention à les envoyer le mieux conditionnés qu’il me sera possible, j’ay l’honneur d’estre avec un très proffond respect, Monseigneur, [etc.]. De Brou à Paris, le [en blanc] avril 1718

61. Landerneau est dans la vallée de l’Élorn.

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17. - 25 mai 1718 : Feydeau de Brou au Régent, Rennes [18/18/f]. 134 44 [ajouté en haut :] à M. l’abbé Bignon Monseigneur, J’ay l’honneur d’adresser à VAR une boete dans laquelle sont trois plantes de celles que Mrs de l’accadémie des Sciences marquèrent souhaiter dans le mémoire que VAR me fit celuy de m’adresser au mois de décembre dernier. À mesure qu’il me viendra quelque chose de particulier, j’auray une extrême attention à l’adresser à VAR. J’ay l’honneur d’estre avec un très proffond respect, Monseigneur, [etc.]. de Brou à Rennes, ce 25 may 1718 Joint : note, s.d. 44 Noms de trois plantes que Messieurs de l’accadémie ont souhaité avoir, lesquelles se trouvent dans le comté nantois. aconitum pardalianches Cette plante s’est trouvée dans la parroisse de Châteauthébaud à 4 lieues de Nantes ; elle ne se trouve point dans les autres lieux du comté nantois. [en marge : Cette plante n’est point dans le jardin de la faculté de Nantes quoyque les médecins l’ayent mis dans leur catalogue. C’est un curieux qui l’a fait chercher.] tribulus aquaticus Se trouve dans la rivière d’Erdre aux environs de Nantes. Comme cette plante vient dans l’eau, on a fait ce qu’on a pu pour la maintenir fraîchement, on souhaite que Mrs de l’accadémie la trouve en état. linaria tenui folio Se trouve auprès du Pont de Cens62, à une lieue de Nantes. 18. - s.d. : mémoire sur l’île d’Ouessant [17/28]. /fol. 1/ 8e L’isle d’Ouessant63 est très escarpée du côté de la terre ferme, et à peine deux hommes y peuvent ils monter de front. Le rivage en est assez uni du côté

62. Pont-de-Cens, commune de Nantes (Loire-Atlantique). 63. Orthographiée “ Oüessant ” dans le manuscrit.

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de la mer. Mais il est défendu par plusieurs chaînes de rochers qui se succèdent les unes aux autres. La plus considérable s’appelle la Grand Jument. On se fie entièrement à la sçituation de cette isle pour sa deffense et sa sûreté. Il n’i a aucun fort, ni aucun retranchement. La descente y est aussi impossible. On ne voit dans cette isle pour tout ouvrage /fol. 1 v°/ public qu’un fanal, dont le sommet se termine en une espèce de réchaut. On y porte du charbon de terre qu’on allume pendant les six mois d’hyver, ce qui sert de reconnoissance aux vaisseaux qui viennent de long-cours. Par d’anciens traittés faits avec l’Angleterre, les rois de France se sont engagéz à entretenir de feu, soit en paix, soit en guerre. Mais, au fond, tous ces fanaux ne sont pas d’une grande utilité. On ne les distingue point dans les nuits étoilées et, dans les autres, ils paroissent à peine comme une étoile de la 3e grandeur. Cette isle peut avoir sept lieues de tour, en comptant toutes les pointes de rochers qui s’avancent dans la mer. Elle a près /fol. 2/ d’une lieue et demie dans sa plus grande longueur et une lieue dans sa plus grande largeur. Le terrain en est assez fertile et il fournit abondamment à la nourriture et aux besoins de ses habitans, qui peuvent être au nombre de sept à huit cent. Ils ne tirent presque rien de la terre ferme, trop contens de ce que la nature leur offre chez eux, sans beaucoup de peine et de contrainte. Messieurs de Rieux, de la branche de Sourdéach64, possèdent cette isle à titre de marquisat. Les lettres d’érection en sont très flateuses pour la maison de Rieux et il paroît, quoique les termes soient un peu ambigus, que le Roi leur donne cette isle en souveraineté. Aussi se sont-ils faits rétablir dans le droit d’y nommer un gouverneur, /fol. 2 v°/ le feu Roi pendant les malheurs de la dernière guerre ayant érigé en charge de gouvernement d’Ouessant. Cette isle ne raporte à Mrs de Rieux que 8 à 900ll de revenu par an. Il y a un moulin à vent banal qui appartient à un gentilhomme nommé de Cohar de Koulas. On ne sçait point depuis quel tems il possède ce moulin, ni s’il l’a acheté de la maison de Rieux. Je connois une famille noble et ancienne en basse Bretagne, mais aujourd’hui très pauvre, qui porte le surnom d’Ouessant et qui prétend en avoir possédé autrefois le domaine utile et seigneurial. Mais elle n’en rapporte aucun titre, ni aucun acte juridique. On trouve dans cette isle de bonnes eaux /fol. 3/ et des prairies, mais sans aucun arbre, excepté quelques fruitiers qui sont dans le jardin du gouverneur et dans celui du vicaire. Cependant, dans les grands vents et dans les grandes marées, on découvre sur le rivage, du côté de la terre ferme, des troncs d’arbres

64. René de Rieux (1558-1628), marquis de Sourdéac, a été gouverneur de Brest et un de ses fils, René (1588-1651), évêque de Léon.

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et des débris de maisons, ce qui fait croire que cette isle a tenu autrefois à la terre ferme. C’est aussi la tradition du païs. Les moutons à Ouessant sont très bons mais sans #moelle, et si petits qu’à peine le pourroit-on croire [en bas de page : #Dans les isles qui sont au nord de l’Écosse, suivant l’histoire naturelle de ce païs, les moutons sont aussi sans moelle]. Il y a aussi de bons chevaux, mais de la même manière extrêmement petits. On en transporte dans les maisons de noblesse pour apprendre aux enfans à monter à cheval. En général, tous les animaux de cette isle sont beaucoup plus /fol. 3 v°/ petits que ceux de la terre ferme et n’y produisent point leurs semblables, non plus que ceux de la terre ferme qu’on transporte dans l’isle. J’ai sur cela des expériences certaines. L’ancienne langue celtique s’est particulièrement conservée à Ouessant dans toute sa pureté. Les mœurs sont moins corrompues que dans tout le reste de la province, et à peine y connoit-on ce que c’est que fraude, injustice, vols, adultère et les autres crimes, malheureusement trop répandus en France ! [en marge : Il n’y a aucune verroux ni aucunes serrures dans toute cette isle. Les portes ne se ferment point par le dedans.] Les habitans y sont d’une ingénuité et d’une candeur qui étonnent ceux qui ont un peu d’usage du grand monde, et l’on peut dire avec Ovide que extrema per illos justicia excedens terris vestigia fecit /fol. 4/ Ce n’est que depuis quelques années qu’il y a un nottaire dans cette isle. Le papier timbré, les devoirs et les autres impôts s’y sont introduits en même tems, avec la suitte ruineuse et déplorable qui les accompagne. Il y a deux églises assez grandes, et trois ou quatre petites chapelles répandues dans cette isle. On croit que S. Paul, premier évêque de ce diocèse, y aborda en venant d’Angleterre et qu’il y bâtit un monastère, dont il ne subsiste plus qu’un souvenir confus. La paroisse porte le titre de prieuré, lequel est anexé au séminaire de Léon. Le vicaire payé de sa portion congrue, ce prieuré peut raporter environ 250ll en dixmes. /fol. 4 v°/ Les habitans d’Ouessant viennent quelques fois en terre ferme pour y vendre leurs denrées et surtout leurs moutons. Il n’y a rien de singulier dans leur habillement qu’une grande simplicité. Les femmes ont une coëffure particulière et, sur leur coëffe, elles portent un bonnet rouge qu’elles ne quittent jamais qu’à l’église, lorsqu’elles communient, ou qu’elles se marient. Des habitans ont encore beaucoup d’usages qui ressentent l’antiquité la plus reculée : par exemple, ils cuisent à la manière des anciens hébreux leur pain sous les cendres. Quoiqu’ils soient instruits dans la religion chrétienne et qu’ils ayent des prêtres et des églises, on /fol. 5/ peut dire qu’ils vivent dans une ignorance stupide. Il n’y a pas long-tems qu’ils avoient plusieurs statues de pierre représentant les anciennes divinités du paganisme et, sur la remontrances de feu M. l’Évêque de Léon, Mr de Sourdéach les a fait transporter dans une des terres de M. le comte de Rieux. Les curieux pourroient les y trouver.

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Il y a encore en basse Bretagne beaucoup de restes d’idolâtries qui ne sont pas trop éfacées. En voici un petit dénombrement. Auprès de Tréguier, paroisse de Lanloz, chez M. de la Boissière Quersulguen, un ancien temple de forme circulaire, avec des statues de fausses divinités. Il y a un Mercure et un Saturne qui n’ont point /fol. 5 v°/ été endommagés. Auprès de Guerrande, sur le chemin que l’on prend pour aller par la Bruière à Nantes, un ancien temple quarré, auprès du temple une grande auge qui peut avoir servi de bain et une statue de Vénus très mal faite. Auprès de S. Nicolas des Eaux en Vannes, un ancien temple. Il y avoit ci devant auprès de ce temple une grande auge et une ancienne Vénus, que le peuple appeloit Notre Dame de la Concorde. M. l’Évêque de Nantes (d’Argouges) ayant fait abattre et rouler de dessus la montagne cette Vénus, comme l’objet d’un culte supertitieux [sic], il y eut une émeute des païsans voisins. L’auge et la statue sont présentement à Quimbiti /fol. 6/, chez M. le marquis de Lanion qui les y a fait transporter. J’ai lu il y a quelques années un vieux manuscrit qu’on me disoit avoir été copié sur les titres originaux, mais sans aucune garantie. Il étoit marqué dans ce manuscrit qu’il y avoit autrefois à Ouessant une école fameuse de druides,et qu’ils avoient donné à cette isle ce nom composé de deux mots celtiques, Doüe, Dieu, Sant, Saint ; mais je ne sçai si l’on doit beaucoup se raporter à cette étimologie qui me paroit trop recherchée. D’ailleurs, les payens ne donnoient guères à Dieu le nom de Saint, et je ne me souviens point de l’avoir vu dans aucune inscription ancienne. J’oubliois de remarquer que tous les habittans /fol. 6 v°/ à Ouessant sont fort hauts et bien proportionnés. Les enfans y tètent jusqu’à quatre ans, ce qui n’est pas d’usage en terre ferme. Les mariages ont cela de particulier que les filles recherchent les hommes et qu’elles font toutes les avances. On juge bien qu’il n’y a point là beaucoup de galanterie. Voici de quelle manière se fait une proposition de mariage. L’homme se couche et la fille accompagnée de ses parents va le trouver. Elle porte avec elle du vin, du pain, un morceau de lard et quelques friandises. Si le jeune homme consent à l’épouser, il mange un morceau et boit un coup, et le mariage se termine peu après. Si la fille lui déplaît, il le témoigne en refusant ce qu’elle lui aporte. /fol. 7/ Les Gaullois passoient pour le peuple autrefois qui faisoit aux étrangers l’accueil le plus doux et le plus obligeant. Ceux d’Ouessant tiennent encore de cette humeur qui les rend très sensibles aux maux d’autrui. Ils ne voyent point de navire en danger qu’ils n’y courent pour leur donner du secours et ils conservent religieusement les effets naufragéz à leurs côtes. Ils sont sur-tout très attentifs à enterrer les corps morts qu’ils trouvent sur le rivage, et cela dans la même pensée qu’avoient les payens, que l’âme est errante et vagabonde tant que le corps est privé de sépulture. Cet amour /fol. 7

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v°/ pour l’hospitalité a fait aussi, dans toute la dernière guerre, que les corsaires anglois et hollandois n’ont jamais attaqué aucun bateau d’Ouessant : au contraire ils le favorisoient dans sa pêche et lui faisoient toujours quelque libéralité. 19. - s.d. [1718] : requête de Jean Pottier au Régent [18/10]. 22 [en marge : néant 30 juin 1718] À Son Altesse Royalle Monseigneur le duc d’Orléans, Régent du royaume ! Monseigneur, Le nommé Jean Pottier, fabriqueur d’hameçons pour la pêche du poisson, étably à St Malo Remontre très respectueusement à VAR que la pêche de la molue étant le plus beau commerce qui se fasse sur toutes les côtes maritimes du royaume, et qui s’étend même sur tout le terrein, il est d’autant plus nécessaire que les vaisseaux qui vont faire la pêche soient munis de toutes les ustancilles propres pour la faire avec avantage, sans quoy leur armement deviendroit inutille et n’apporteroit qu’une perte considérable. Et, comme vous ne cherchez qu’à facilliter aux sujets que la providence a très dignement confiés à votre gouvernement, les moyens sûrs et facilles pour réussir dans leurs entreprises, Il ose représenter avec confiance à VAR que plusieurs personnes fabriquent des hameçons pour la dite pêche, qui n’ayant pas le secret de les faire de manière qu’ils ne plient point quand la molue se trouve prise et engagée, ce qui fait qu’elle s’échape et cause un retardement notable pour le chargement des navires qui n’en est pas même si fort. Il supplie très humblement VAR de luy permettre d’en fabriquer dans l’évêché de St Malo, étant parvenu au secret de les faire dans toute la perfection requise pour faire une bonne pêche, les donnant même à toutes les épreuves des navigateurs connoisseurs en ce fait, et deffendre à tous autres d’en vendre, fabriquer, et débiter en ce distroit et de contrefaire sa marque sous peine des amandes qu’il plaira à VAR ordonner contre ceux qui y contreviendront. Il redoublera ses prières pour la santé et prospérité de votre Auguste personne, et qu’il plaise à la Majesté divine vous combler de ses grâces pendant une longue suite d’années en ce monde et couronner vos vertus en l’autre d’une couronne de gloire qui sera éternelle. Se sont les vœux que fait et fera toute sa vie, Monseigneur, [etc.]. Jean Pottier

IX.

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1. - s.d. [fin XVIIe siècle] : extraits des mémoires sur l’intendance de Caen rédigés “ pour l’instruction du duc de Bourgogne ”, copie annotée par Réaumur [17/47/b]. /fol. 1/ La généralité de Caen1 [en : toilles de] Le commerce le plus ordinaire de laditte élection, ce sont les draps, lingettes et toilles qui sont façonnées, en la plus grande partie, dans les élections de Vire, Falaize3 et Argentan. [en marge : élection de Saint Lô, mine de cinabre] Il n’y a aucunes mines qu’une de sinabre qui est dans la parroisse de la Chapelle en Juger, mais l’expérience fait connoitre qu’il y a autant de dépence à faire que d’utilité. [en marge : serges de St Lô] L’unique commerce qui se fasse est des serges qui se fabriquent en laditte ville de St Lô et dont les débits se font aux foires de Caen et de Guibray4 dans la province ; le surplus se porte à Paris et quelque peu en Bretagne. L’usage en est parfaittement bon et sert communément à habiller les religieux. Cette fabrique est estimée des meilleures du royaume particulièrem[en]t lorsque les laines qui entrent dans ces serges sont fabriquées de laines de Cottentin où le ver ne se met presq[ue] jamais. Il y a deux mil personnes employées pour ladite manufacture, qui sont demeurantes tant [dans] laditte ville que dans les parroisses circonvoisines. [en marge : cuir de vache pour empeigne] Il se fait dans laditte ville de St Lô du cuir de vache vulgairement appellé de l’empeigne qui sert à faire le dessus des souliers, et cette vache connue dans tout le royaume sous le nom de vache de St Lô, a beaucoup de réputation. On en a le débit aud. foires de Caen et de Guibray. [en marge : élection de Carentan, bone [sic] remarque sur le naturel des habitants] Le naturel et les inclinations des habitans de l’élection de Carentan suit assez celuy de fertilité ou stérilité des lieux, étants les villageois des lieux marge2

1. 2. 3. 4.

Voir Pierre Gouhier (éd.), L’intendance de Caen en 1700, Paris, 1998, not. p. 299 et suiv. Les annotations en marge sont de la main de Réaumur. Falaise (Calvados). Commune de Falaise.

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gras et fertiles pesants et paresseux, et plus fainéans que dans les lieux où les terres ne produi[sent] qu’à force d’être cultivées. /fol. 1 v°/ [en marge : Coutance5, près de Coutance, garance, pastel, guède de gaude] Il y avoit anciennement une grande manufacture de draps et de serges en la ville de Coutances, et l’on comptoit encore sur la fin du dernier siècle trente drapperies dans cette ville qui donnoient de l’ouvrage et de l’occupation non seullement aux habitans de la ville, mais encore à ceux de touttes les parroisses voisinnes. Il ne nous reste présentement de toutte cette grande manufacture que le souvenir, le ruisseau dont les eaux sont merveilleuses pour bien teindre en écarlatte, le nom de la rue des Teintures, les herbes propres pour bien teindre, la garende [sic pour garence], la guède, la gaude, le pastel et les chardons à drapiers et bonnetiers qui y sont communs, et surtout des laines en abondance, lesquelles, au lieu de rester dans le pays pour occuper les habitans, sont enlevées par leur voisins pendant que ceux du lieu demeurent sans occupation et sans ouvrage. [en marge : défence d’employer la chaux et craye pour blanchir les toiles] On a fait une ordonnance du 13e novembre 1673 par laquelle on fit deffence à tous thisserants et particuliers de faire et fabriquer aucunes toilles appellées Coutances qu’elles ne fussent de la hauteur de trois quarts et demy suivant l’ancien usage, remplies d’un fil égal, fortes au pied comme à la teste, sans qu’on plus [lire pût] employer ny chaux ny crayes pour blanchir lesd. toilles à peinne de confiscation de celles falcifiées et blanchies par le moyen de lad. chaux et qui n’auroient la hauteur susdite, et de cent livres d’amende. On trouve aussy à Montmartin6 de très belles pierres grises pour bâtir qui se pique et se polit aisément. [en marge : sel] Le seul commerce de l’élection d’Avranches se consiste dans le quart bouillon, ou petit sel blanc, qui se fait dans le long de lad. grève èz parroisses de Courtils, Marcé7, Vains et Genets8. /fol. 2/ [en marge : papier] Quand aux manufactures, il n’en sera pas parlé davantage que ce qui en a été dit cy devant. Seullement, comme on n’a pas parlé de la manufacture du papier, on dira que dans laditte élection, il y a 15 moulins à papier qui ont fait autrefois un gros commerce et qui a été beaucoup interrompu par les guerres. On le porte dudit lieu de Vire dans la ville de Caen où on l’embarque pour l’Angleterre et autres royaumes. [en marge : défauts de divers ouvrages] Pour le deffaut des ouvrages, il vient de ce que chaque sorte d’ouvriers ne s’y applique pas assés, sçavoir à la draperie où le foulon n’aura pas assés dégraissé, au moulin le drap où le tisse-

5. 6. 7. 8.

Coutances (Manche). Montmartin-sur-Mer (Manche). Marcey-les-Grèves (Manche). Genêts (Manche).

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ran a mis assés de portée en ourdissant ou faisant leurs tresses, ou le tondeur assés rabaissé en tondant les laines, les mêmes deffauts viennent aussy aux tirtaines et serges, et pour le papier le deffaut ne vient ou que l’eau soit grasse, ou de n’avoir pas assés de corps au papier, ou de colle. 2. - s.d. : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/36]. Caen L’Académie des sciences qui cherche surtout à étendre ses connoissances sur ce qui regarde l’histoire naturelle du roiaume et les arts qui y sont le plus cultivés, souhaiteroit avoir de la généralité de Caen quelques instructions par raport à l’une et l’autre matierre. 1° Le pastel, ou vouède, la garence et la gaude ont été autrefois cultivés avec soing et à l’avantage du roiaume dans la généralité de Caen, où leur culture est à présent fort négligée. On voudroit scavoir quels sont les endroits de cette généralité où l’on cultive encore ces plantes. On souhaiteroit de plus qu’on se donnast la peine de faire dresser dans ces endroits des mémoires exacts sur la manière dont on les cultive et sur la manière dont on les met en état d’être emploiées par les teinturiers. Ces mémoires ne scauroient être très détaillés. 2° On cultive aussi près de Coutance des chardons à drapiers. On voudroit scavoir si leur culture a quelque chose de particulier, et si leur récolte est un objet de quelque attention. 3° L’élection de St Lô a une mine de cinabre, qui peut être ne mériteroit pas d’être abandonnée comme elle l’est. On voudroit scavoir l’histoire de cette mine, c’est à dire le temps où elle a été découverte, les différentes tentatives qu’on a faites pour la travailler, le succès qu’elles ont eu, la profondeur à laquelle elle a été poussée, la nature du terrain qui l’environne, sa sçituation. Monsieur l’Intendant envoia l’an passé à l’Académie quelques morceaux de cette mine où le cinabre est visible, mais on n’a pas eu une assez grande quantité de cette mine pour en faire des essays, d’où on fust en état de conclure quelque chose. On demanderoit encore des morceaux de la même mine, des échantillons des terres qui l’environnent et des différentes matierres qui se trouvent dans cette mine. 4° On auroit à demander en général qu’on voulust bien nous indiquer tout ce qu’on scait de singulier dans cette généralité par raport aux arts et à l’histoire naturelle. 3. - s. d. : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/29]. On a vu avec regret par le mémoire de Monsieur Guinet que la culture du pastel est presque entierrement abandonnée en Normandie. Quoique ce soit

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une des plantes des plus utiles, peut être que la négligence avec laquelle on l’a préparée cy devant, en a fait diminuer la consommation, car il paroist par le mémoire qu’on l’y prépare très grossièrement. On voudroit scavoir quelle quantité on en a ramassé dans la paroisse de St Luc les années dernières et avoir des échantillons de ce pastel. On en demanderoit aussi de la gaude qui se ceuille [sic] dans la même province. La mine de cinabre de l’élection de St Lô paroist mériter attention et on en fera des essays. 4. - 22 octobre [1716] : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/62]. Caen 22 oct[obre] Les nouveaux mémoires que Monsieur Guinet a envoiés à SAR Monseigneur le duc d’Orléans nous ont appris, comme nous l’avions souhaité scavoir, ce que sa généralité produit par an en pastel. Ils nous ont aussi donné quelques nouveaux éclaircisements sur la culture et sur la préparation de cette plante. Nous voudrions seulement scavoir de plus quelle est précisément la qualité de la terre qu’on choisit par préférence pour semer cette plante. Combien de temps on laisse le pastel en meule avant de le piller. À l’égard de cette façon, nous avons remarqué que la pratique du Languedoc est différente de celle de Normandie. En Languedoc, on pille le pastel avant de le mettre en tas ou meule, au lieu qu’on marque dans le mémoire qu’on laisse pourrir le pastel en meule. En général, il paroist qu’on le prépare avec beaucoup plus de soing en Languedoc, et peut être cela a t’il contribuer à diminuer le débit de celuy de Normandie. Nous avons aussi trouvé dans les mêmes mémoires un détail curieux des pierres et marbres de la généralité de Caen. On souhaiteroit en avoir de pareil de tout ce qu’elle a de singulier. On souhaiteroit de plus des échantillons des diverses espèces de marbre et pierres dont il fait mention dans le mémoire et surtout des échantillons de cette pierre grise, commune près de Vire et de Cherbourg, etc., qui résiste si longtemps aux injures de l’air. Il seroit nescesaire de mettre à chaque échantillon une étiquette qui aprist le lieu d’où il a été tiré. On connoit la verrerie de Cherbourg pour une des plus considérables de l’Europe. Aussi on souhaiteroit fort avoir des deisseins des différens fourneaux de cette verrerie et de tous les outils dont on s’y sert. On voudroit surtout des plans et des profils. Si cependant on avoit quelque dessinateur un peu e[n]tendu, on demanderoit de plus des vues en perspectives où les principales attitudes des ouvriers fussent seulement croquées et où fussent représentés les ouvrages en différens états. Enfin, on auroit encore à souhaiter que ces deisseins fussent accompagnés de mémoires très détaillés qui expliquasent le tra-

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vail qu’on y fait depuis la préparation des sels jusques aux ouvrages finis. On a eu des mémoires sur cette matière de différens endroits, mais on seroit bien aise de comparer les pratiques de Cherbourg avec celles des autres endroits. 5. - 19 juin 1717 : Morel à Guynet d’Arthel [?], Valognes [16/9/e/i]. /fol. 1/ À Vallogne9, le 19e juin 1717 Monseigneur, Je rendis avant hier à Mr de Bonval la lettre que vous m’aviés fait l’honneur de me donner et luy montray la copie de celle de Monseigr le duc d’Orléans et du mémoire qui l’acompagne, ce qui le mit un peu en paine à cause des ordres réytérés qu’il me dit avoir receu des intéressés pour deffendre de lever aucun dessein de la glacerie. Mais vous ayant veu le même jour à Écausseville, les nouveaux ordres que vous luy donnastes le déterminèrent à permettre tout ce que vous souhaittiés là dessus. Ainsi, Monseigneur, ne m’attendant à aucune dificulté, je partis hiert au matin d’icy avec deux ouvriers /fol. 1 v°/ pour m’aider et, comme Mr de Bonval estoit venu ici pour des affaires, je le priay de me charger d’un ordre pour qu’on me donnât toutte liberté en arrivant. Il me munit d’une lettre assés pressante pour Mr de la Tour, controlleur, dans laquelle estoit celle que vous luy aviés escrit. Je luy rendit le tout en arrivant et, après les avoir lues et lu aussi la copie de celle de Monseigneur le Régent et le mémoire, il me dit qu’il ne permettroit pas que je mesurast la moindre chose, les intéressés l’ayant absolument deffendu. J’eus beau le prescher. Il tint ferme sur ce point et fut toujours intraitable. Cette scenne se passa en présence du jendre entrepreneur du pont à la Vieille, qui pour me faire plaisir et m’aider m’avoit aussi acompagné ; n’ayant donc rien pu obtenir sur cet article, je le priay au moins de permettre que je vis un peu comme on travailloit aux glaces, faveur qu’on accorde à tous ceux qui passent et qui en ont envie ; mais, après avoir refusé d’obéir aux ordres que je portois, il n’avoit garde de rien acorder à ma curiosité. Ainsi, Monseigneur, ce qui devoit me /fol. 2/ donner une entrée libre partout n’a servy qu’à me faire refuser ce qu’on ne refuse à personne autre. À cela près, ce controlleur me fit assés d’honnestetés et m’offrit plusieurs fois sa soupe, mais au chagrin de ne rien voir je voulus adjouter celuy de ne rien manger. Et l’ayant refusé à mon tour, je revins à Vallognes tel que j’en estois parti. Mr de Bonval, aprenant à mon retour la réception qu’on venoit de me faire, en parut surpris et chagrin ; il vint me le témoisgner et, comme il partit sur le soir pour la glacerie, il me dit qu’il verroit le controlleur (avec qui il n’est pas bien, à ce que j’ay apris d’ailleurs) et qu’il m’envoyeroit un exprès

9. Valognes (Manche).

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aujourd’huy pour me faire scavoir si je pourrois partir en seuretté. Je ne comprens pas trop pourquoy un directeur chargé de vos ordres a encor besoin de l’aprobation d’un controlleur qui luy est subordonné. Ce que je sçais parfaittement, c’est que ce contretemps me derrange beaucoup et que cet exprès qui devoit arriver ce matin et que je n’ay pas encor veu, quoyqu’il soit cinq heures après midy, /fol. 2 v°/ aura beau m’aporter plain pouvoir de marcher, il sera impossible de rassembler mes ouvriers aujourd’huy qui est samedy et ne pourray partir (supposé qu’on me le mande) que lundy bon matin, ce qui me fait une paine extrême moins par l’augmentation de dépense que par le retardement. Je ne manqueray pas en m’en retournant de passer à St Sauveur le Vicomte où je souhaitte que les plaintes de Mr de Gripoix soient aussi bien fondées que l’estoient celles de Mr de la Cousture et des autres au sujet du pont de la Madelaine. J’ay l’honneur d’estre avec un très profond respect, Monseigneur, [etc.]. Morel Je mets cette lettre à la poste à huit heures du soir, sans avoir eu aucune nouvelle de Mr de Bonval qui a bien tort s’il me semble. J’attendray vos ordres et vous suplie de me mander ce que je dois faire ; j’apréhende bien, après touttes ces difficultés, de n’avoir pas grand agréement en faisant cet ouvrage. 6. - 19 juin 1717 : Morel à Guynet d’Arthel [?], Valognes [16/9/e/ii]. À Vallognes, le 19e juin 1717 Monseigneur, À neuf heures du soir, je reçois la lettre cy jointe de Monsieur de Bonval, j’attens icy l’honneur de vos ordres là dessus. Et ay celuy d’estre avec un très profond respect, Monseigneur, [etc.]. Morel Joint : Bonval à Morel, 19 juin 1717 [16/9/e/iii]. Ce 19e juin 1717 Comme le Sr controlleur m’asseura hier en arrivant icy qu’il y avet des ordres, Monsieur, par réytération pour enpescher de lever le pland de cette manufacture, ce qui l’avet engagé à s’is opposer, j’ay esté très mortiffié de ce contretemps et qu’on soit obligé d’en escrire à la compagnie qui, sans doutte, ne manquera pas d’obéyr aux ordres de la cours. Ainsy, Monsieur, il faut avoir un peu de passience. Je n’ay peu vous escrire plustos. Je vous en faist mes excuzes et vous prie de croire que j’ay de la doulleur que vous n’ayée pas esté content. Je me flatte que vous le serée dans la suitte. Faite moy l’honneur de me croire, Monsieur, vostre très humble et très obéyssant serviteur. de Bonval

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7. - 19 juin 1717 : Bonval à Guynet d’Arthel [?] [16/9/e/iv]. Monsieur, Après avoir pris congé de vous jeudy dernier à Écauseville10, je me trouvé cy imcommodé en arrivant à Vallogne que je feu contraint d’y rester jusqu’à vendredy au soir. J’avest remis le matin entre les mains de Monsieur Morel vos ordres, Monsieur, pour la levées du pland de cette establissement et j’is avest joins un billet à Monsr nostre controlleur par lequel je luy marquest de laisser travailler Mr Morel comformém[en]t à vos ordres. Mais comme ledit Sr controlleur et Mr de Valaval, quessier, onts reçeut des deffençes réytérée de la compagnie pareilles à celles que j’ay eu l’honneur de vous montrer et dont je n’estest pas instruy. Ils onts creu qu’il estet de leurs devoirs d’informer la compagnie avant que de souffrir de lever ledit pland, ce qui a obligé led. Sr Morel de s’en retourner. Je suis très fasché, Monsieur, de ce contretemps et de n’avoir pas peu avoir la liberté d’obéyr à vos ordres que je respecteré toujours infiniment comme je le doibs. Je vous suplie très humblem[en]t d’en estre persuadé et de ne m’inputer pas aucun manque de respect et d’obéysance pour mon particullier estant avec une vénération infinie, Monsieur, [etc.]. de Bonval ce 19e juin 1717 8. - 22 juin 1717 : Guynet d’Arthel à Bignon, Caen [16/9/f/i]. 43 À Caen, ce 22 juin 1717 Monsieur, J’ay eu l’honneur de vous marquer par ma dernière lettre que j’enverrois incessament un ingénieur capable pour tirer le plan de la glacerie de Cherbourg, comme le souhaitte Monseigneur le duc d’Orléans. Le directeur de cette glacerie m’est venu trouver dans le Cotentin d’où je viens de faire une tournée, et m’a paru faire difficultés de donner à l’ingénieur les connoissances et l’entrée même dans sa glacerie. Je luy en ay donné un ordre exprès que je ne doute pas qu’il n’exécutte. Si il se rencontroit quelqu’autres obstacles j’auray l’honneur de vous en informer. Je suis avec bien du respect, Monsieur, [etc.]. Guynet11

10. Écausseville (Manche). 11. François Guynet d’Arthel (1661-1737), intendant à Caen de 1711 à juillet 1723.

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9. - 23 juin 1717 : Guynet d’Arthel à Bignon, Caen [16/9/f/ii]. À Caen, ce 23 juin 1717 Monsieur, J’ay eu l’honneur de vous marquer par ma lettre d’hier que, m’estant trouvé dans le Cotentin dans la tournéé [sic] que je viens d’y faire, le directeur de la glacerie de Cherbourg m’avoit paru faire quelques difficultés de donner entréé libre à l’ingénieur que j’avois envoyé pour en tirer le plan, et qu’ayant donné un ordre à ce directeur, je comptois que cela levoit tous obstacles. Mais j’ay été surpris par les lettres que j’ay receues de cet ingénieur, que non seulement le directeur de cette glacerie, mais le controlleur faisoient l’un et l’autre difficulté de laisser agir cet ingénieur. Je joint icy les lettres qu’il m’a écrittes qui vous instruiront plus particulièrem[en]t de toutes choses. Sur quoy, j’attendray les ordres que le Conseil voudra me donner, que je vous prie de m’envoyer le plus tost que vous pourés, ayant marqué à cet ingénieur de rester sur les lieux, ce qui luy coûte des frais. Je suis avec bien du respect, Monsieur, [etc.]. Guynet [en bas :] M. l’abbé Bignon 10. - 19 juillet 1717 : Bignon à Guynet d’Arthel, minute, Paris [16/9/f/v]. 43 À M. Guynet, Intendant de Caen à Paris, le 19 juillet 1717 Je suis bien honteux, mon cher Monsieur, d’avoir esté si longtemps sans répondre à la lettre que vous m’avés fait l’hon[neur] de m’écrire le 22 du mois passé. Il faloit auparavent que je pusse rendre compte à Mgr le duc d’Orléans de la difficulté que faisoit le directeur de la glacerie de Cherbourg, et SAR a esté si surchargée d’affaires différentes que j’ay esté trois semaines privé de mon audiance ordinaire. Je ne l’ay eue qu’hier et je trouvay que M. le duc d’Antin12 l’avoit déjà prévenu contre les recherches que l’Académie vouloit faire. Ce n’est pas chose que m’ait fort surpris. Nous sommes accoutuméz à pareilles difficultéz. Tous les ouvriers et surtout ceux qui travaillent sur de nouvelles inventions, ont cette espèce de jalousie. Jusqu’icy nous nous en sommes peu souciéz et nous n’avons pas laissé d’avoir toutes les connoissances dont nous avions besoin. Vous croyés donc bien, Monsr, qu’hier je n’eus garde d’insister. On auroit pu vous en faire un crime personnel, et ce que je craindrois le plus au monde, ce seroit de vous compromettre quoyque de la manière

12. Louis Antoine de Pardaillan de Gondrin (1665-1736), duc d’Antin à partir de 1711, lieutenant général, gouverneur d’Alsace, surintendant des Bâtiments du roi.

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la plus légère. Je ne laisse pas en mon particulier d’estre fort sensible à la bonne volonté que vous nous avés marquée, et je l’ay fait valoir comme je le devois. Vous scavés avec quel tendre et respectueux attachement je suis, Monsr, votre etc. 11. - 10 septembre 1717 : Bignon à Guynet d’Arthel, minute, Meulan [16/9/f/iii]. 55 À M. Guynet, Intend[ant] de Caen à Meulan le 10 sept[embre] 1717 Mgr le duc d’Orléans, Monsr, m’a ordonné de vous écrire par rapport à une mine de votre département qui peut devenir un objet important. Un bon artisan est venu luy en apporter un échantillon. Il s’appelle Robert Jouanne, faiseur de bas au métier, demeurant à Thorigny13, parroisse Notre Dame. La mine dont est vien échantillon est de bismuth ou étain de glace. Elle est située dans la parroisse de Tourville14. Il s’offre de la faire voir dès qu’on le souhaitera. Son échantillon prouve que c’est une mine très abondante, et SAR souhaite donc que vous chargiés quelqu’un d’y faire fouiller p[ou]r voir ce qu’effectivement on en peut espérer. Si cette mine se trouve aussi riche qu’elle le paroit, il ne vous seroit pas mal aisé de trouver dans vos quartiers des gens qui demanderoient avec ardeur le privilège, et je suis donc persuadé qu’avec votre attention ordinaire, vous ne négligerés pas un pareil avis. Celuy qui l’a donné a receu de Mgr le duc d’Orléans de quoy le bien indemniser des frais de son voyage. Ceux qu’il en coûtera sur la fouille seront remboursés de même. L’important est de travailler avec quelque diligence pendant la sécheresse, parce qu’il est toujours à craindre que les eaux n’incommodent fort ces sortes de travaux. M. l’Év[êque] de Sées m’a écrit que vous aviés esté le voir à Fleuré et que vous aviés eu la bonté d’y faire mention de moy. Je ne puis m’empêcher de vous en marquer ma reconnoissance en vous asseurant du tendre respect avec lequel je suis, Monsr, votre etc. Joint : placet de Robert Jouanne, s.d. [17/20]. 59 À Son Altesse Royale Monseigneur le duc d’Orléans, Régent du royaume. Monseigneur, Robert Joüanne, natif de Ste Marie d’Audouville15, élection de Valogne, représente très humblement à VAR qu’il a la connoissance d’une carrière de pierre noire sçituée dans la paroisse de Tourville, élection dud. Valogne, dans 13. Torigni-sur-Vire (Manche). 14. Tourville-sur-Sienne (Manche). 15. Audouville-la-Hubert (Manche).

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le chemin tendant du moulin du pré à Montebourg, dans laquelle il se trouve de la mine d’estain de glace et autres matières couleur d’or qui se trouvent à l’entrée de lad. carrière, n’en sçachant pas la qualité suivant l’eschantillon qu’il a l’honneur de présenter à VAR, lad. pierre propre à faire des ouvrages d’architecture raiés de cristal comme le marbre. Le supliant est venu exprès de Ste Marie d’Audouville distant de 70 lieüeues, province de Normandie, pour avoir l’honneur d’en donner avis à VAR, pour la suplier très humblement d’avoir la bonté d’ordonner qu’il se transportera une personne de votre part pour creuser et examiner lad. carrière qui peut estre de grand utilité. Votre très affectionné et le plus humble de vos petits serviteur, Robert Jouenne, demeurant à Thorigny, parroisse Notre Dame, en Normandie 12. - 19 septembre 1717 : Guynet d’Arthel à Bignon, Caen [16/9/f/iv]. 55 À Caen, ce 19 7bre [septembre] 1717 Monsieur, Je n’ay perdu aucun tems pour estre particulièrement informé de l’avis qui a été donné à SAR par le nommé Robert Jouanne, de Thorigny, de la mine qui doit estre en la parroisse de Tourville, suivant ce que vous m’avés fait l’honneur de m’en marquer par votre lettre du 10 de ce mois et j’ay donné des ordres si pressans pour connoistre si on pouvoit faire quelques fonds sur l’avis de ce particulier que j’en recevray des nouvelles incessament. J’auray l’honneur de vous en faire part et je ne négligeray rien de tout ce qui poura dépendre de mon attention pour une chose qui me paroist la mériter si elle se trouve telle que led. Jouanne le prétend. Je suis avec bien du respect, Monsieur, [etc.]. Guynet [en bas :] M. l’abbé Bignon 13. - 3 novembre 1717 : Bignon à Guynet, Meulan, minute [6/9/f/vi]. 64 À M. Guynet Intendt de Caen, à Meulent le 3 novemb[re] 1717 Si je n’ay pas répondu plus tost, Monsr, à la lettre que vous m’avés fait l’honneur de m’écrire le 21 d’octobre, c’est parce qu’elle m’arriva le lendemain du jour que j’avois eu celuy de travailler avec Mgr le duc d’Orléans et qu’avant de vous écrire, je devois luy rendre compte de ce que vous marquiés. SAR ne désespère pas encore de vostre mine de bismuth. C’est un des minéraux le plus difficile à travailler et ce seroit un miracle si, dans votre province,

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vous aviés trouvé gens capables de le tirer de sa marcassite. Nous en ferons les expériences dès que je seray retourné à Paris et je vous informeray de l’événement. C’est toujours beaucoup d’avoir trouvé votre ardoisière. Elle peut estre fort utile dans votre pais. À l’égard des frais que toutes ces recherches ont pu vous coûter l’intention de SAR est de vous les faire rembourser, comme il a esté pratiqué en pareille occa[si]ons à l’égard de tous messieurs les autres intendants, et vous n’aurés donc qu’à m’en envoyer le mémoire sans aucun des ménagemens que pourroit vous inspirer votre générosité. Je suis avec autant de respect que de tendresse, Monsr, votre etc. 14. - s.d. : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/5]. 78 bis 6° Caen Nous aurions besoing d’avoir un mémoire détaillé sur la manière dont on fait le sel à quelques lieues d’Avranches qui nous apprist en quelle étendue de la côte on travaille à faire du sel en lessivant du sable. De quelle manière on ramasse le sable sur la coste, quelle épaisseur on en enlève chaque fois, combien on est de temps sans ramasser du sable dans les endroits où on en a pris. Comment on lessive le sable. Combien on retire de sel d’une certaine quantité de sable. En quelles circonstances le sable donne plus ou moins de sel. Si on scait les raisons qui ont déterminé à laver les sables de cette coste pour en tirer du sel, et pourquoy on le fait point de même ailleurs. Ce qu’on fait des sables après les avoir lessivé, la quantité d’eau qu’on emploie à les laver, le temps et le bois emploié à tirer une certaine quantité de sel d’une certaine quantité d’eau, et en général tout ce qu’on scaura de particulier, et même de commun sur cette matierre. Il y a un autre espèce de travail, dans la généralité de Monsieur Guinet, sur lequel nous ne souhaiterions pas moins avoir un mémoire très circonstancié, c’est sur la manière dont on fond et afine les vieux cuivres, et même le potin à Villedieu les Poesles16. Nous souhaiterions fort scavoir en détail les procédés de ces fondeurs des fourneaux desquels nous avons les deisseins. Peut être voudront ils faire mistère de leur travail, mais, comme il ne demande point de drogues particulières, il sufiroit que la personne qui voudroit s’en instruire les vist opérer depuis qu’ils mettent leur matière dans le creuset jusques as qu’ils la jettent dans le moule et qu’elle décrivist exactement tout ce qu’elle auroit observé pour bien apprendre leurs procédés. Le plus sûr moyen seroit peut être de le voir sans affecter trop de curiosité et surtout de ne point dire qu’on a demandé à en être instruit.

16. Villedieu-les-Poêles (Manche).

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15. - s.d. [fin 1717] : demande de renseignements par Réaumur [18/40/a 17]. Caen 1718 Monsieur Guinet a procuré à le [sic] Académie, il y a déjà du temps, des échantillons des pierres de sa généralité qui méritent attention. Elle a appris depuis qu’on trouve du granite très beau et très dur en divers endroits de la Normandie 1° à Flamanville sur le bord de la mer près de Cherbourg, 2° à Saint Sévère18 près de Vire, 3° à St Denis le Gast près de Coutance, où on le nomme même la pierre du Gast. On voudroit avoir des échantillons de ces pierres et sçavoir l’état des carrières où on les trouve. 16. - 13 janvier 1718 : Guynet d’Arthel à Bignon, Caen [18/40/b]. 2 Monsieur, Sur les ordres que j’ay receu le 4 Xbre [décembre] dernier de Mgr le Régent, j’ay l’honneur de vous envoyer une réponse au mémoire qui y étoit joint qui vous éclaircira de ce qui y est porté. J’ay fait mettre au carrosse de Caen qui doit arriver samedy, deux pierres à l’adresse de SAR, étiquetées l’une de la pierre de Flamanville sur le bord de la mer près Cherbourg et l’autre d’Omonville19, à deux lieues dud. Cherbourg. Je souhaitte, Monsieur, que vous soyés content de ce que j’ay l’honneur de vous envoyer. Je joins aussy le mémoire de ce qui en a coûté pour toutes les fouilles qui ont été ordonnées, dont vous ferez l’usage que vous jugerez à propos. J’ay l’honneur d’ettre avec respect, Monsieur, [etc.]. Guynet à Caen, ce 13 janv[ier] 1718 [en bas :] M. l’abbé Bignon Joint : mémoire de réponse [18/40/c]. /fol. 1/ 27 2 1718 Généralité de Caen Mémoire pour l’accadémie des Sciences On ne connoist point dans la généralité de Caen aucune qualité de pierres sous le nom de granite, mais il y a une pierre de couleur grise très belle et très dure dont l’on fait un grand usage pour les bâtiments des lieux où il s’en trouve des carrières voisines, qui sont particulièrement dans les paroisses de Flamanville à la Hague, sur le bord de la mer à neuf à dix lieues de Cherbourg, à 17. Il existe un autre exemplaire de cette note dans le fonds Réaumur (R/6/13). 18. Saint-Sever-Calvados (Calvados). 19. Omonville-la-Rogue ou Omonville-la-Petite (Manche).

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Osmonville à deux lieues dud. Cherbourg, à St Sever et au Gast prèz Vire, et non à St Denis le Gast près Coutances. Il y en a pareillement en des paroisses près Avranches et à la Hougue /fol. 1 v°/ où elle est commune sur cette coste. Dans le nombre des échantillons de pierre envoyés à l’accadémie, il y en a un morceau de celle du Gast prèz Vire qui est de la mesme qualité que celle des carrières des autres lieux cy dessus. Néantmoins, Monsr Guynet en a demandé encore des échantillons de celles de Flamanville et d’Osmonville qu’il envoyera aussitost qu’il les aura receus, parce que, ces carrières estant sur le bord de la mer, il seroit facille d’y embarquer de ces pierres pour Paris ou autres lieux où l’on voudroit en faire transporter. Les carrières de touts ces lieux sont actuellement ouvertes et on en tire journellement des pierres pour les endroits circonvoisins qui en ont besoin. /fol. 2/ On ne peut trop vanter la bonne et belle qualité de cette espèce de pierre qui est communém[en]t d’un gris cendré, et au soleil il paroist des brillans argentés qui font un fort agréable effet. Cette pierre est d’une dureté et d’une solidité à l’épreuve de l’injure de touts les temps, ce qui peut luy faire donner à juste titre le nom de pierre sans fin. Il n’y a que les ouvriers du pays qui puissent la travailler. Ils ont pour cet effet une adresse part[iculiè]re et se servent de marteaux pointus et de ciseaux avec lesquels ils font de l’architecture très nette et propre, mais il y faut beaucoup de temps, ce qui fait que la dépense de travail excède le prix de la matière. Au surplus, cette pierre doit estre préférée au marbre pour touts /fol. 2 v°/ les ouvrages exposés à l’injure des temps, part[iculièreme]nt pour des escaliers en dehors, des revêtissem[en]ts de bassins et jets d’eau. On en peut faire de fort belles colonnes et des obélisques d’une très grande longueur. Les ouvriers de ces carrières en tirent des morceaux de telle longueur, largeur, et épaisseur qu’ils souhaitent avec assez de facilité. On est persuadé que si les architectes du Roy avoient eu conn[oissan]ce de cette pierre, ils en auroient fait un très grand usage, d’autant plus qu’elle se pique fort proprement et qu’elle pouroit mesme se polir au gréz. 17. - s.d. [fin 1717 ou 1718 ?] : mémoire sur le sel en Basse Normandie [18/11]. /fol. 1/ C 2 1718 33 Mémoire concernant les ports à salines et la fabrication du sel blanc en Basse Normandie L’établissement des ports à salines et la fabrication du sel blanc en Basse Normandie est si ancienne que l’on n’en scait pas l’origine, Il y a trois sortes de sels en France dont on fait usage. Scavoir Le sel qui est fait dans les marais salans de la Bretagne, de l’Aulnix20, de la Xaintonge, et du Languedoc, et qui est le plus naturel.

20. Aunis.

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Le sel qui est fait avec l’eau salée des puys et des sources salées qu’il y a en différents lieux de la Franche Comté, du Pays messein et de la Loraine. Et le sel qui est fabriqué en Basse Normandie en lessivant du sable qui a esté salé par la mer. La manière dont on fabrique ce dernier sel estant plus difficille et plus industrieuse que les deux premières, on pouroit juger de là que ce sel est le moins ancien. /fol. 1 v°/ Quoy qu’il en soit, n’en pouvant trouver l’origine, on se renfermera de faire seulement un détail de tout ce qui est nécessaire pour façonner le sel blanc de Basse Normandie. Lieux où il y a des ports à salines où l’on fabrique du sel blanc pour les paroisses qui ont le privilège d’en user. À Touques Isigny21 Quinéville La Hougue22 Barfleur Tourlaville Portbail Lessay St Germain sur Ay Créance Bricqueville23 Genest24 Vains Courty25 Le lieu appellé les quatre salines

Généralité de Rouen ½ ° ° ° ° ° ° ° ° ° ° ¾ ° ° ° ° ° ° ° ° ° ° ¿

G[é]n[ér]alité de Caen

en Bretagne 3 lieues du mont St Michel

/fol. 2/ Il paroist et on ne peut mesme en donner d’autres raisons que ces ports à salines n’ont esté formés qu’à cause de la scituation des costes et des grèves, car, pour avoir du sable propre à façonner du sel, il faut une belle grève un peu élevée le long de la coste et que la mer couvre toutes les nouvelles et plaines lunes seulement depuis l’équinoxe de septembre jusqu’à celle de mars.

21. 22. 23. 24. 25.

Isigny-le-Buat (Manche). Commune de Saint-Vaast-La-Hougue (Manche). Bricqueville-sur-Mer (Manche). Genêts (Manche). Courtils (Manche).

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Construction des salines Sur le bord de cette grève, les sauniers font construire des salines autant que le terrain le peut permettre d’environ 3 toises de long et de pareille largeur, suportées par quatre piliers de bois, toutes couvertes de paille ; au milieu du couvert, on laisse une ouverture qui sert de cheminée ; les murailles ne sont faites qu’avec de la terre ou argile noire que l’on tire d’une fosse, laquelle terre ou argile est bien pétrie et accommodée en guise de muraille jusqu’à la couverture. Les fourneaux sont construits au milieu de la saline d’environ un pied de hauteur et de la largeur des plombs ; ils sont de terre bien salée /fol. 2 v°/ et pétrie dans de l’eau la plus salée que l’on peut trouver ; on est obligé de les rétablir de mois en mois pour éviter une plus grande consommation de bois pour faire cuire le sel. En sorte que la construction de chaque saline preste à faire du sel revient à 120ll ou environ et, lorsque chaque saunier l’a ainsy mise en état, il fait un amas de fagots et de sablon autant que son pouvoir peut s’estendre, ou qu’il veut faire du sel, et ce sablon se ramasse comme on va l’expliquer. Manière de ramasser du sablon pour fabriquer du sel blanc La mer, comme on vient de le dire, couvre les grèves qui sont le long des ports à salines toutes les nouvelles et pleines lunes, depuis l’équinoxe de septembre jusqu’à celle de mars, de sorte que le plus souvent elle bat jusques contre les mandrains des salines (terme qui veut dire hauteur de terre ou de sable dont les sauniers se servent) et, depuis lad. équinoxe de mars jusqu’à celle de septembre, la mer ne couvre ces grèves si avant, excepté /fol. 3/ dans la nouvelle et pleine lune du mois de juillet que les sauniers appellent les flots de la Magdeleine. Trois ou quatre jours après que la mer est retirée, s’il fait un temps bien chaud et bien sec, car il faut absolument que le soleil ayt bien desseiché la grève, les sauniers font provision de sablon et cela à commencer dans le mois d’avril jusqu’au mois d’aoust mesme de septembre, si le temps ne leur a pas esté favorable dans les autres mois précédents ; on ramasse ce sable tous les ans sur la mesme grève, pourveu que la mer ne la gaste point, auquel cas il faut changer l’establissement des salines pour les construire de nouveau où la grève est propre à ramasser du sable. Ils se servent pour cet effet d’une machine qu’ils apellent un havel, construit à peu prèz de la manière de ces grateressses dont les jardiniers se servent pour grater et netoyer les allées et avenues des grands jardins. La planche de cette machine est de six à sept pieds de longueur et est ferrée par le carré d’un des costés d’icelle pour mieux grater la grève, attachée à deux /fol. 3 v°/ bâtons de la grosseur de la jambe qui forment deux limons de charette dans lesquels on attelle un cheval ou deux pour la traîner sur la grève, étant conduite par deux

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personnes, scavoir une à conduire lesd. chevaux et l’autre à conduire lad. machine comme un laboureur conduit une charue qui laboure. Cette machine, estant ainsy traisnée et conduite, grate le sablon de dessus la grève de l’épaisseur de deux poulées au plus, ce qui s’appelle aveler, et de distance en distance, c’est à dire quand la machine est plaine et ne peut plus grater, celuy qui la conduit la lève et la fait passer pardessus le sablon qu’elle a graté et amassé, et continue de même dans toute l’estendue de la grève où le saunier a résolu de ramasser son sablon, bien entendu que chacun ne peut faire son amas de sablon que sur la grève qui est devant sa saline et autant qu’elle peut emporter de terrain. À mesure que cette machine a gratté et fait un amas de sablon en forme de petits endos de fossé de la longueur de la planche qui forme le havel, l’on retourne lad. machine en prenant les petits rayons ou endos par un bout et aprèz par /fol. 4/ l’autre, en telle sorte qu’après ces trois manoeuvres le sablon se trouve ramassé en petits monceaux comme s’il avoit esté ramassé avec une pesle. Ensuite de quoy, on le lève et on le charie sur le mandrain le plus promptem[en]t qu’il est possible de crainte qu’il ne survienne de la pluye qui en le mouillant le dessalleroit et ne seroit d’aucun usage pour faire du sel. Pour charroyer led. sablon que les sauniers appellent lever, ils se servent de petits tombereaux qui emportent chaque voyage environ plein un poinçon au plus, et sont ord[inairemen]t tirés par deux chevaux conduits par un charretier, et chargés par plusieurs personnes. Chaque tombereau fait depuis 20 jusqu’à 25 voyages par jour suivant la distance de la grève où ils lèvent le sablon. Les sauniers payent pour le louage dud. tombereau 20 s. par jour et 3 s. 6 d. au charretier qui le conduit avec sa nouriture, ce qui va à prèz de 30 s. par jour pour le louage dud. tombereau, outre qu’il faut encore payer les gens qui les chargent sur le pied de 4 à 5 s. par jour. /fol. 4 v°/ Le sablon estant charroyé sur led. mandrain, les sauniers en forment un monceau en forme de bastion rond qu’ils battent et pilent le plus qu’ils peuvent pour que l’eau de la pluye ne le dessalle et le fasse ébouler. Ce monceau de sablon étant formé et arondy se nomme une moye de sablon, et il y en a tels qui contiennent 150 ou 200 journées de tombereau, ce qui revient à raison de 35 s. la journée à proportion de ce qu’on en fait charroyer. Fabrication du sel Pour faconner du sel, on prend de ce sablon que l’on met dans un carré fait de planches de chesne ou de haistre, lequel carré s’appelle la fosse et est construit en la manière qui suit. L’on assemble quatre planches d’environ 7 pieds de longueur chacune sur un bon pied de largeur et de deux pouces d’épaisseur, lesquelles planches l’on joint par les bouts pour former une manière de pressoir d’environ un pied de profondeur, foncé par dessous d’autres planches qui ne sont pas tout à fait join-

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tes pour que l’eau qui passe au travers du sablon puisse /fol. 5/ emporter le sel et retomber sur un autre plancher qui est par dessous à 4 doigts de distance de celuy cy dessus. Ce second plancher est fait d’une terre qu’ils appellent de l’alliage, laquelle on tire dans les terres à 7 ou 8 pieds de profondeur. Elle ne se trouve qu’en certains endroits. On la bat ainsy que l’on fait la place d’une grange où l’on bat le bled, ce qui fait une platteforme unie et impénétrable à l’eau. L’eau qui coule sur ce plancher se rend en sortant de dessous iceluy dans une petite goutière de la grosseur du bras qui conduit lad. eau salée de dessus le mandrain dans des tonneaux qui sont placés dans la saline, affin de ne perdre aucun temps à mettre de lad. eau dans les plombs qui sont sur le fourneaux, aussitost que l’on a osté le sel pour empescher qu’ils ne fondent. Il faut réfléchir qu’avant de mettre le sablon dans la fosse, l’on met au fonds d’icelle une couche de longue paille d’environ deux doigts d’épaisseur, laquelle paille l’on change de temps en temps à mesure que led. sablon la pourit. Sur cette couche de paille, on jette le sablon jusques /fol. 5 v°/ à ce que la fosse soit pleine à deux pouces près. On le pile bien fort en marchant et sautant dessus, en suitte de quoy l’on met de l’eau douce par dessus quand on en a comme estant la meilleure, sinon on se sert d’eau salée, laquelle les sauniers ont soin de ramasser ou de retirer dans des trous en forme de petites mares proche leur saline sur la grève. L’on met de cette eau jusqu’à ce que la fosse soit toute pleine, et cette eau demeure environ une heure et demie avant que de pénétrer tout le sablon, pendant lequel temps on n’y touche point du tout, et, quand l’eau a entièrement pénétré le sablon, elle passe au travers de la paille et du premier plancher qui n’est point joint, tombe sur le second comme il est dit cy dessus sur lequel toute l’eau se rassemble et coule le long de la petite goutière qui la conduit dans les tonneaux dont il est parlé cy dessus, qui sont dans chaque saline tout proche des fourneaux sur lesquels sont les plombs. Dans le premier tonneau qui est le plus grand, on y laisse aller la première eau qui sort du /fol. 6/ sablon jusqu’à ce que l’on voye qu’elle n’est plus assez salée pour fabriquer du sel, ce qu’estant remarqué, on la fait aller dans l’autre petit tonneau qui est acosté pour la mesler avec d’autre plus salée ou pour la repasser sur le sablon une seconde fois. On observera que, quand le sable qui a esté mis dans la fosse a esté lessivé, on le tire de la fosse et on le jette comme chose inutille et duquel on ne fait aucun usage, et on remplit la fosse du sable du mandrain pour le lessiver et faire de l’eau salée comme on vient de le dire. Pour scavoir quand l’eau est bonne à faire sel, les sauniers se servent d’une petite écuelle de bois en carré de la grandeur de la main, laquelle ils appellent un essay.

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Dans cette écuelle, ils mettent de cette eau salée et jettent dans lad. eau une petite boule grosse comme une petite serise, laquelle est de cire. Et dans icelle il y a un petit morceau ou deux de /fol. 6 v°/ plomb environ de la grosseur de deux grains de bled. Lorsque cette petite boule ne s’enfonce point et qu’elle nage sur l’eau, elle est assez salée pour faire du sel et, quand elle va au fond, l’eau n’y est plus propre et il faut qu’elle soit meslée avec de plus forte ou repassée sur le sablon. Aprèz l’épreuve de cette eau, appellée vulgairement parmy les sauniers la brune, l’on couche les plombs sur chaque fourneau, lesquels le saunier remplit d’eau salée et éprouvée et met incontinent le feu dessous et, lorsqu’un saunier veut faire du sel pendant toute une semaine, il fabrique nuit et jour sans discontinuer. Ces plombs sont faits en manière de moule à biscuit long d’environ 27 pouces, large de 22, sur 3 de profondeur, lesquels, estant touts pleins de cette eau salée, on fait un feu continuel dessous, grand au commencem[en]t jusqu’à ce qu’ils bouillent, médiocrement jusqu’à /fol. 7/ ce que le sel soit formé, auquel temps on redouble un grand feu jusqu’à ce que le sel soit cuit dans sa perfection. Quand il est ainsy fait et cuit, on le lève avec une pelle de bois et on le met sur des panniers faits en forme de ruches de mouches à miel, affin qu’il s’égoute et s’y refroidisse. Et environ une heure et demie ou deux heures après, on renverse le sel dans un coin de la saline balié et séparé jusqu’à ce que les sauniers puissent le vendre. Depuis un soleil levant jusqu’à l’autre, un saunier peut faire jusqu’à 13 bouillons dans chaque plomb lorsque le sable est bon. La levée de chaque plomb est de 9 à 10 livres de sel toutes les 24 heures pour chaque plomb. Mais il faut observer que le sable n’est pas toujours égallement bon ; il est d’ordinaire mauvais et moins salé dans les années pluvieuses et, en ce cas, les bouillons ne /fol. 7 v°/ rendent pas tant de sel et il se consomme plus de bois. Ce que l’on appelle bouillon, c’est lorsque l’on a remply les plombs d’eau salée et que cette eau salée à force de bouillir se convertit en sel et, estant tirée des plombs, cela se nomme un bouillon, et incontinent aprèz on remplit les mêmes plombs que l’on fait bouillir comm’auparavant. Les sauniers sont obligés de rebattre leurs plombs touts les jours pour les rafermir, ce qui se fait ainsy que les étamiers battent un plat d’étain lorsqu’il est fait et, bien souvent, ils sont obligés de les refondre. Bois ou fagots nécessaires pour la fabrication du sel de chaque saline L’on doit remarquer que le bois qui se brûle sous les plombs, doit estre bien sec /fol. 8/ et, pour cet effet, les sauniers le mettent sécher sur une pièce de bois qui est de travers sur les fourneaux à 2 pieds au dessus des plombs où ils le laissent pendant 12 heures à seicher ; cette pièce de bois de travers s’apelle le maître.

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Toutes les 24 heures, il se consomme sous chaque plomb en esté environ dix fagots et en hyver il en faut un quart davantage ; plus il fait froid plus il faut de bois. Les fagots sont de 7 ou 8 la charge de cheval. Ils coûtent ordinairement 5 et 6ll le cent rendus aux salines, et quelque fois ils sont plus chers. De sorte que pour la fabrication de chaque saline pendant un an à trois plombs, il faut environ quatre à cinq mille fagots. Les droits que l’on a imposés sur ces sels s’apellent droits de quart bouillon, /fol. 8 v°/ parce que le premier droit qui fut estably, étoit le quart du prix que le sel étoit vendu et, par la suite du temps on a, outre ce quart, imposé le parisis, le sol, et six deniers pour livre du quart et du parisis, en sorte que les droits du Roy sur ces sels vont à présent au tiers du prix qu’ils sont vendus. Mais les sels qui sont fabriqués dans la partie de la Bretagne joignant la Normandie, ne payent aucuns droits parce que la Bretagne est exempte des droits de gabelle.

X.

CHÂLONS OU CHAMPAGNE

1. - 18 décembre 1715 : demande de renseignements par Réaumur [R/6/95 (minute) et R/6/122 (copie)]. [sur la copie, Réaumur a ajouté en marge :] répondu et renvoié. 18e décembre 1715 Champagne L’académie des sciences cherche à étendre ses connoissances sur tout ce qui a raport à l’histoire naturelle du royaume et aux arts qui y sont cultivés. Les mines de craye et de marne qui se trouvent dans la Champagne luy ont paru mériter attention. Elle souhaiteroit avoir de bons mémoires sur ces matierres qui apprissent : 1° les différents endroits de la Champagne où l’on trouve des mines de craye. 2° quels [sic] sont celles qui passent pour les meilleures. 3° la nature du terrain où l’on trouve ordinairement ces mines. Quelles sont communément l’étendue de ces mines, à quelle distance de la surface de la terre on rencontre communément la craye. 4° si parmi la craye on ne trouve point de corps étrangers, et en cas qu’on y en trouve, quelle est leur figure et leur nature. 5° des échantillons des différentes crayes de Champagne. 6° quels sont les endroits de Champagne où l’on marne les terres. 7° si les mines de marne sont communes. 8° les différentes qualités des marnes. 9° quel [sic] est la manière de marner les terres en différents cantons, c’est à dire la quantité de marne qu’on emploie par raport à une certaine étendue de terrain. Si la terre produit beaucoup l’année après qu’elle a été marnée, et combien on reste sans marner une terre qui l’a déjà été. 10° quels sont les corps étrangers qu’on rencontre ordinairement dans les mines de marne, si on n’y trouve pas des coquilles ou des corps qui ont la figure de coquille. 11° Nos coutelliers de Paris tirent toutes leurs meules des environs de Langres. On voudroit avoir un mémoire sur les carrière qui produisent ces pierres,

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qui expliquast si il y a plusieurs de ces carrières auprès de Langres, si les pierres à meule forment un seul massif dans la carrière, ou si elles y sont en morceaux, la nature de la terre ou pierre qui sépare ces morceaux les uns des autres, et qu’on joignist au mémoire des échantillons de ces différentes pierres et de la terre ou du sable qui environnent les carrières. Il y a apparemment diverses autres choses curieuses en Champagne soit par raport aux arts, soit par raport à l’histoire naturelle, sur lesquelles on demanderoit des mémoires si on scavoit qu’elles y fussent. Ce seroit nous mettre en état de nous instruire que de vouloir nous les indiquer. On ne doit pas craindre de nous parler de choses qui pourront nous être connues, si on ne nous donnoit pas de nouvelles connoissances, on confirmeroit celles que nous avons. 2. - s.d. [janvier 1716] : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/117]. /fol. 1/ Champagne Les différents mémoires que Monsieur de Lescalopier1 a rassemblés, donnent d’amples éclarcisements sur les crayes et marnes et apprenent diverses autres singularités de l’histoire naturelle de sa généralité. Il nous reste seulement à souhaiter des échantillons de plusieurs des matierres dont il y est fait mention, et quelques éclaircisements nouveaux. Nous les demanderons en suivant l’ordre des mémoires qui ont été envoiés à SAR Monseigneur le duc d’Orléans. Élection de Chaalons2 1° On voudroit avoir des échantillons des trois différentes espèces de marnes qui se trouvent dans cette élection, scavoir de la blanche, de la jaune qui tire sur le roux et de la bluatre. 2° des échantillons des meilleures crayes, des échantillons de ces marcassites qu’on appelle pierres de tempeste, un morceau de ce roc de la carrière de Saint Pouange qui sent le soufre, une ou deux de ces pierres plattes que l’on trouve dans la craye et qui sont appellées coquilles par les massons. /fol. 1 v°/ Élection de Langres 1° Quoique les pierres à meules de l’élection de Langres se trouvent chez les marchands de fer, on ne laissera pas de demander de petis morceaux des carrières qui servent aux meules des couteliers et aux meules des taillandiers. On veut être plus sûr que par le témoignages des marchands des endroits d’où ces pierres ont été tirées.

1. Après avoir été intendant du commerce (1708), César Charles Lescalopier (1671-1753) a été nommé intendant à Châlons le 17 mars 1711 ; il demeure dans cette fonction jusqu’en mars 1730. 2. Châlons-sur-Marne, puis Châlons-en-Champagne (Marne).

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2° Ne pourroit on pas avoir un peu de ce plâtre dont les morceaux sont meslés de noir, de gris et de blanc, dont on a fait plusieurs ouvrages d’architecture dans l’église de Bourbonne3. Élection de Vitri4 Une de ces pierres dures qu’on trouve dans la craye et qu’on nomme pierres de tonnerre5. Élection de Sézanes6 Des échantillons des trois différentes espesces de marne qu’on y trouve. Élection de Rethel 1° des échantillons de cette craye dont on vante la blancheur et dont les habitants se servent pour blanchir les murs. 2° des pierres de tonnerre qu’on trouve parmy cette craye. 3° de la poudre jaune et souffrée que l’on trouve auprès des pierres précédentes, et dont les peintres du pais se servent pour coucher les couleurs sur de grosses toiles, 4° de ces petis cailloux rouges et blancs et de divers autres couleurs que l’on trouve enfermés dans la pierre de diverses carrières de la même élection, avec des morceaux des pierres dans lesquels les petis cailloux sont enfermés. /fol. 2/ Élection de Reims [en marge :] envoié en jan[vier] 1716. Le mémoire sur l’élection de Reims dressé par M. l’abbé de la Cour, est plein de ces faits curieux qui ne sont observés que par ceux qui scavent voir. Ils sont raportés avec tout l’ordre et la netteté possibles. Aussi ce mémoire nous fournit une plus ample matière à demander que les précédents. 1° On voudroit avoir des quatre sortes de corps étrangers qui se trouvent dans les crayes des environs de Reims, scavoir 1° des marcasites, 2° des morceaux des matierres pierreuses et transparentes comme le cristal, nomées clouds par les ouvriers, 3° de ces espèces d’œufs de différentes figures adhérents à la pierre qui renferment une craye en poudre aussi fine que le blanc passé au tamis, 4° de ces corps faits en manière de quilles qui sont apparament des pierres appellées bélemnites7. On souhaiteroit qu’on joignist à ces différentes matierres de la craye dans laquelle on les trouve. 2° M. de la Cour a t’il vu luy même la craye qui contenoit un crapeau avant que cette craye ait été brisée et a t’elle été brisée sous ses yeux. Il a raison de

3. Bourbonne-les-Bains (Haute-Marne). 4. Vitry-le-François (Marne). 5. Céraunies ou pierres de tonnerre. 6. Sézanne (Marne). 7. Ou “ doigt du Diable ”, pierres en forme de flèche qui sont des mollusques céphalopodes fossiles apparentés aux seiches.

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dire que c’est un de ces faits qu’on a peine à expliquer. On a même eu peine à les croire malgré ce que le père Kirker8 et quelques autres en ont raporté. /fol. 2 v°/ 3° Comme la manière dont on fait avec la craye une chaux quoique mauvaise paroist différente de celle dont on fait la chaux ordinaire, on souhaiteroit avoir un mémoire détaillé de tout ce qui regarde cette petite fabrique, qui apprist si il est escentiel de se servir toujours de charbon et non de bois pour calciner la craye, quelle épaiseur on donne aux lits de craye et à ceux de charbon, combien on met de lits dans un four et comment précisément sont faits ces sortes de fours. 4° Des échantillons desdites espèces de crayes qui sont aux environs de Reims. 5° On verroit avec plaisir des quatre sortes de terre, ou sable de la montagne de Beru9 décrites avec soing dans le mémoire, et des coquilles qu’on trouve meslées avec la dernière de ces terres. 6° Pourroit on avoir des matierres de différentes natures pétrifiées dans la fonteine de Trigny. Comme on marque que les pétrifications s’y font en peu de temps, il seroit bon d’y mettre différentes matierres et s’assurer par des expériences de en combien de temps s’achèvent ces pétrifications et si toutes espèces de matierres peuvent y être pétrifiées. 7° L’espèce de talc ou gypse d’auprès de Reims qui fait un plâtre jaune, paroist singulière. On en souhaiteroit des morceaux et qu’on voulust observer quelle figure ont ces morceaux dans la terre et la position qu’ils y affectent. La plupart des talcs ont quelque chose de particulier sur ces deux articles. 8° On souhaiteroit aussi qu’on voulust rassembler des morceaux des différentes mines bonnes ou mauvaises, qui se trouvent dans la même province. /fol. 3/ 9° La tête dont il est parlé dans le mémoire est elle bien sûrement une tête humaine ? En ce cas, elle est fort singulière et on souhaiteroit au moins en avoir plus précisément les dimentions. Département de Sedan 1° Les ardoisières de ce département interrèsent comme on l’a prévu notre curiosité. On voudroit fort avoir des mémoires sur ces ardoisières, qui apprisent la manière dont on les creuse et dont on les taille, pour scavoir si on n’a point quelques pratiques différentes de celles de l’Anjou. On voudroit scavoir le nombre des ardoisières qui y sont connues, à quelle profondeur les carrières sont poussées, comment les feuilles d’ardoise y sont disposées, si elles sont perpendiculaires à l’horizon comme en Anjou, ou inclinées comme elles le

8. Le père Athanase Kircher (1601-1680), auteur de travaux intéressant la géologie et la médecine orientale et particulièrement du Mundus subterraneus in XII libros digestus (Amsterdam, 1664-1665). 9. Berru (Marne).

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sont en d’autres pais. On demanderoit aussi des échantillons de ces différentes ardoises et des corps étrangers qui se trouvent dans les ardoisières. 2° On nous a dit qu’à Givone10, près de Sedan, il y a une manufacture de faux. On voudroit bien avoir un mémoire détaillé sur la fabrique de ces outils communs et surtout sur la manière dont on les trempe. Il seroit escentiel de consulter différents ouvriers sur ce dernier article, de crainte qu’ils n’en imposasent car plusieurs font mistère de cette trempe. 3° On verroit avec plaisir des coquilles de ces espèces d’huîtres qui donnent des perles et quelques unes des perles qu’on y rencontre. /fol. 3 v°/ Élection de Chaumont On auroit à demander de l’élection de Chaumont des échantillons des différentes mines de fer qui s’y trouvent, avec de la terre dans laquelle on les trouve, 1° des deux espèces de mines dont les grains sont aussi déliés que ceux de la navette. 2° Ces sortes de mines dont les grains sont déliés, ne tombent elles point trop vite jusques à l’ouvrage du fourneau. On [a] vu des fourneaux dans le [barré Berry] Nivernois où l’on craignoit de se servir de mine dont les grains étoient fort fins. 3° On voudroit aussi des échantillons de la mine à gros grains, et scavoir combien les plus gros morceaux de cette mine ont communément de grosseur. 3° [sic] Les fontes de fer de cette élection sont elles propres à mouler. 4° De quelle nature sont les castines dont on se sert dans cette élection pour faire fondre la mine. Dans le mémoire, on ne nous a rien dit d’une carrière qui est auprès de Chaumont, très remarquable pourtant par la quantité et la variété des coquilles pétrifiées qu’on y trouve. Département de Vaucouleurs Un petit morceau de cette pierre rousse et tendre qui résiste au feu. Département de St Dizier 1° On souhaiteroit avoir de cet espèce de bol rouge qui se trouve dans le finage de St Dizier et des diverses espèces de coquillages qu’on y rencontre et aux environs. On voudroit scavoir aussi si cette veine de bol est large et si elle a été beaucoup creusée. /fol. 4/ 2° Quoiqu’on ait déjà rassemblé des mines de fer de la plupart des provinces du roiaume, on seroit bien aise d’en avoir de celles du département de St Dizier et un petit mémoire qui apprist en quels endroits on les trouve, à quelle profondeur on les creuse. Comme on nous marque qu’on fait des aciers assez bons avec ces mines, on voudroit aussi qu’on nous apprist comment on convertit en acier les fontes de fer dans ce département, et cela parce que, dans la plupart des provinces du roiaume, on suit sur cet article des pratiques différentes.

10. Givonne (Ardennes).

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Au reste, il sera à propos qu’on ait attention de faire envelloper dans des papiers séparés les différentes matierres qu’on voudra bien nous envoier et de mettre à chaque papier une étiquette où soit écrit le nom de la matierre et l’endroit d’où elle a été tirée. On a lieu d’espérer que Monsieur de Lescalopier voudra bien communiquer les nouvelles observations qui luy seront adressées. 3. - [mai] 1716 : mémoire de Vaudin et Lotoire relatif à l’exploitation de la mine de Blécourt [17/41/d]. [en marge, par Bignon :] SAR ne donera point de permission de travailler des mines qu’il n’ait arrangé les affaires de finance dans le royaume, 29 may 1716. Mémoire 11 Vaudin et Lotoire qui ont la connoissance de travailler les mines de quelle nature elles puissent être, proposent de s’associer ensemble pour concourir au désir qu’a SAR de mettre sur pied les mines qui se trouvent dans le royaume. Pour cet effet, ils croyent qu’il est nécessaire de commencer par celle de Blécourt et des environs en Champagne, laquelle est de moindre dépense par sa sçituation, de laquelle on est certain de tirer un métal, lequel étant bien rafiné viendra au titre que l’on le souhaite dans les monnoyes du royaume pour en faire telles espèces que l’on voudra. Ils demandent seulement à SAR un ordre pour les metre en travail à leurs frais et que le métal qui en viendra, or ou argent, sera livré à la monoye la plus proche de ladite mine et leur sera payé suivant le tarif des édits de Sa Majesté. Et, à l’égard des autres bas métaux, ils auront droit de les vendre aux particuliers. Que SAR aura la bonté d’acorder aux habitans de Blécourt la permission de vendre leurs bois communaux de réserve pour le rétablissement de leur église et que lesdits Vaudin et Lotoire auront la préférence de la vente qui se fera sans frais, ainsy que lesdits habitans l’ont énoncé dans leur requête. Qu’après que ces mines seront en valeur, ils se rendront aux ordres de SAR pour mettre sur pied celle d’Auneuil12 ou telle autre que SAR jugera à propos. Joint : projet de privilège à accorder à Vaudin et Lotoire, s.d. [17/41/e]. Cejourd’huy, le Roy étant à Paris et désirant procurer l’abondance de toutes sortes de métaux et minéraux dans le royaume, de l’avis etc. 11. Sur Simon Lotoire et ses nombreuses demandes de privilèges, voir aussi “ Dijon ou Bourgogne ”, doc. 4 (mine de Grenand, Côte-d’Or) et “ Paris ”, doc. 5-7 (mine d’Auneuil, Oise). 12. Voir “ Paris ”, doc. 5-7.

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a commis et commet le sieur Vaudin, ancien officier de marine, et le sieur Lotoire, ingénieur, pour faire conjointement et à leurs frais la recherche et ouverture des mines de tous métaux et minéraux dans l’étendue de la province de Champagne, fonte et afinage desdits métaux ; leur permet de faire construire à cet effet tous ateliers et fourneaux qu’ils jugeront nécessaires, à la charge de dédommager les particuliers dans les héritages desquels seront faites les ouvertures desdites mines ou emplacement desdits ateliers, sur le pied de l’estimation qui en sera faite par le sieur intendant de ladite province, et de faire porter aux hôtels de nos monoyes les plus prochaines des lieux où se trouvent lesdites mines, les matières d’or et d’argent si aucunes se trouvent esdites mines qui leur seront payées sur le pied du titre auquel elles se trouveront, et eu égard au prix courant des monoyes, leur permet de disposer à leur profit des autres métaux et minéraux qui se trouveront esdites mines, ainsy qu’ils aviseront ; en témoin de quoy, etc. 4. - 21 septembre 1716 : Lescalopier au Régent, Châlons [18/89]. 111 52 Monseigneur, Je fais mettre au carrosse de voiture une boete qui renferme les échantillonts de mines, coquilages et autres curiosités naturelles du département de St Dizier que VAR m’a demandé pour l’académie des sciences. Je suis avec un très profond respect, Monseigneur, [etc.]. Lescalopier à Chaalons, le 21 sept[embr]e 1716 [en bas :] Mgr le d[uc] d’Orléans Joint : mémoire sur les mines de fer du département de Saint-Dizier, s.d. [17/35]. Département de Saint-Dizier13 Mines de fer Département de Saint Dizier État des lieux du département de Saint Dizier dans lesquels il y a des mines de fer ; de la distance desdits lieux, des mines abondantes et riches, non abondantes ny riches ; de la couleur des terres où se trouvent lesdites mines, à quelle profondeur de la terre lesdittes mines se trouvent ; de combien de terre lesdites mines sont chargées ; de quelle qualité est le fer que lesd. mines produisent, et comment se façonne l’acier provenant desdites mines. /fol. 1/

111

13. Toutes les pages de ce document sont barrées.

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noms des lieux du départm[en]t de Saint Dizier dans lesquels il y a des mines de fer La forest du Val sur la droit de la rivière de Marne en remontant à sa source Ville Embesois14, du même costé Morancourt du même costé Chatonrup15, du mesme costé

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distance desd. lieux à Saint Dizier

mines abondantes ou riches

mines non abondantes ny riches

couleurs des terres où se trouvent lesd. mines

de combien de terre lesdites mines se trouvent chargées

de quelle qualité est le fer que lesdites mines produisent

une demie, une, une et demie et deux lieues

non abon- rouge dantes

à un demy, un, deux et trois pieds de terre

trois parties de terre, une partie de mine

fer doux

quatre lieues

non abon- rouge dantes

à un, deux et trois pieds de terre

fer doux

quatre lieues

non abon- rouge dantes

à un, deux et trois pieds de terres

cinq lieues

non abon- rouge dantes

à la superficie de la terre, un et deux pieds

trois parties de terre, une partie de mine trois parties de terre, une partie de mine trois parties de terre, une partie de mine une partie de terres, trois parties de mine

Poissons, à sept lieues abondante la gauche de la rivière de Marne

rouge

six lieues

rouge

Montreuil16, près Eschainaye17 du même costé

à quelle profondeur de la terre lesdites mines se trouvent

abondante

sous les montagnes lesquelles ont plus de cent toises d’élévations à cinq et moitié six pieds terre, moide terre tié mine

fer doux

fer doux

fer doux et pliant

fer doux et pliant

CHÂLONS OU CHAMPAGNE Narcy du deux lieues abondante même côté et demie

noire

à dix huit, vingt et vingt deux pieds de terre à la superficie de la terre

Mannois18, cinq lieues abondante du même costé

noire

Marault19, dix lieues du même costé

abondante

noire

à la superficie de la terre

le long de à trois, abondante la rivière quatre et de Blaise cinq lieues

noire

à quatre et cinq pieds de terre

331 une partie de terre, trois parties de mine une partie de terre, trois parties de mine une partie de terre, trois parties de mine moitié mine, moitié terre

fer aigre et cassant

fer aigre et cassant

fer aigre et cassant

fer fort aigre et fort cassant

/fol. 2 v°/ Étiquètes des boëtes jointes au présent état A Mine de Narcy telle qu’elle est sortant de la minière. AA Mine de Narcy, telle qu’elle est sortant du lavoir. B Mine de la forest du Val telle qu’elle est sortant de la minière. BB Mine de la forest du Val telle qu’elle est sortant du boccart et du lavoir. C Sable orangé pour faire l’acier, lequel se trouve dans les bois usagers de St Dizier, contrée du Vertbois, dans lequel bois il y a plusieurs pierres de grèz. D Différentes fontes de fer, faittes de la mesme mine dont l’une est brune, l’autre truitelée ou meslée et l’autre blanche. Observations sur les mines de fer Touttes les mines qui se trouvent dans une terre noire ou brune, sont de même qualité et font un fer aigre et cassant. C’est pourquoy j’ay cru qu’il suffisoit d’envoyer seullement les échantillons de celle de Narcy qui sont dans les boetes A et AA pour juger des /fol. 3/ qualitéz de celles des autres lieux qui sont de mesme espèce. Touttes les mines qui se trouvent dans des terres rouges, sont d’un grain plus gros et font un fer doux, et c’est par la mesme raison que j’ay cru qu’il

14. 15. 16. 17. 18. 19.

Ville-en-Blaisois (Haute-Marne). Chatonrupt-Sommermont (Haute-Marne). Montreuil-sur-Thonnance (Haute-Marne). Échenay (Haute-Marne). Manois (Haute-Marne). Marault, commune de Bologne (Haute-Marne).

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sufisoit d’envoyer seulement les échantillons de celle de la forest du Val, contrée de la côte au Chat, qui sont dans les boëtes B et BB, pour juger des qualitéz de celles des autres lieux qui sont de mesme espèce, quoyqu’elles soient plus ou moins abondantes. La mine de Narcy et celles des autres lieux où il s’en trouve de mesme espèce, ne peuvent servir que pour faire de gros fers et fers communs, encore sont ils de mauvaise qualité. La mine de la forest du Val et des autres lieux où il s’en trouve de même espèce fait un fer doux et pliant et est excellent pour la fonte en potterie. Ces deux sortes de mines meslées dans le fourneau avec parties égalles, font un fer de très bonne qualité, tant pour les fers plats que pour le quarré d’acerie. Et la fonte tant en taques, potteries qu’autres ouvrages, en est très bonne et l’acier de bonne qualité, particulièrem[en]t lorsque les gueuses sont brunes ou truitelées. /fol. 3 v°/ Observations sur les fontes de fer Les trois sortes de fontes qui sont dans la boete D quoyque différentes, proviennent desdittes mines meslées moitié par moitié et sont fondues avec le même degré de chaleur, même qualité et quantité de charbon et mesmes coups de vents des soufflets. Raison de ces différences Lorsque les chargeurs, ou aydes du fourneau, ne chargent ledit fourneau qu’avec la quantité de mine qui est proportionnée à la capacité et à celle de son creuzet, le degré de chaleur cuit la matière dans sa perfection et l’impur de la mine sort avec le laitain, et c’est cette manière de charger qui rend la fonte bien cuite et brune, de quelle qualité la mine puisse estre. En termes de forges, le laitain est la liqueur ou matière de la grève, castille et sable fondus, lesquels sont les dissolvans de la mine. Lorsque les chargeurs chargent le fourneau d’un peu plus de mine que la mesure ordinaire, ce qui arrive lorsqu’ils oublient de sonder le fourneau, le degré de chaleur cuit moins la mine et c’est /fol. 4/ ce qui rend la fonte truitelée ou meslée. Et, lorsque les chargeurs chargent encore un peu plus de mine, le degré de chaleur la cuit encore moins et c’est ce qui rend la fonte blanche. Cependant ces trois sortes de fontes qui proviennent de la mesme mine, font un fer égallement bon ou mauvais, suivant les différentes qualitéz des mines, avec cette seconde différence que la fonte brune est plus estimée que la truitelée et la truitelée plus que la blanche. Raison de cette seconde différence La fonte brune étant plus cuite et plus déchargée de l’impur que la truitelée, elle est plus facile à fondre en fer mazéré et elle coûte moins de temps et moins de charbon.

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Il en est de même de la fonte truitelée à l’esgard de la blanche. Pour fondre une cuite de fonte brune au creuset de l’affinerie et la rendre en fer mazéré, il faut environ trois heures. Pour une de fonte truitelée, il faut environ trois heures et demie. Et pour une de fonte blanche, il faut quatre heures et plus. N[ot]a que le fer mazéré est le fer qui se tire de /fol. 4 v°/ la fonte d’une gueuse refondue au creuset de l’affinerie. Manière de convertir les fontes en fer Pour faire les gros fers ou fer commun, on porte les lingots ou gueuses de fonte telles qu’elles sont sorties du fourneau, au feu de la chaufferie où, étant fondues en louppes, elles sont portées sur le champ sous le marteau où elles sont battues en fer commun. Pour faire le fer de carré d’acerie, on porte les lingots ou gueuse de fonte telles qu’elles sont sorties du fourneau, au feu de l’affinerie où elles sont fondues de nouveau et, lorsque le creuset de l’affinerie est suffisamment remply de matière, on la coule et le fer qui en proviens se nomme fer mazéré, lequel fer se chauffe à un degré convenable pour le mettre en louppe, et ensuitte est porté sous le marteau et battu en fer carré ce qui se nomme carré d’acerie. Manière de convertir les fontes en acier Les fontes de fer convertis en fer mazéré comme /fol. 5/ il est marqué dans la colonne précédente, ce fer mazéré se porte dans le creuset de l’affinerie où il est fondu de nouveau ; à proportion que ce fer se fond, l’affineur le paistrit dans le creuset avec le ringard, ce qui est proprement un levier de fer, et jette dans la matière du sable rouge ou orangé tel qu’en celuy de la boëte C, lequel sable se trouve où il y vient du gréz. Ce sable n’est pas un dissolvant, mais il a cette qualité qu’il sépare ce qui reste d’impure dans la matière. Lorsque cette matière est cuite au degré que le ringard ne peut plus y entrer, mesme à coups de masse, l’affineur la tire du creuzet et la porte sous le marteau où elle est battue comme le carré d’acerie et, lorsque le carreau est encore demy chaud, on le baigne dans l’eau d’où en sortant cet acier se casse fort aisément en billes. Si l’acier étant cassé il s’y trouve comme une rose brune dans le milieu du barreau, c’est une marque qu’il est fin et bien façonné et sa qualité approche celle de l’acier d’Hongrie. Il faut remarquer que, pour fondre le fer mazéré en acier, les soufflets de l’affinerie ne doivent point /fol. 5 v°/ rester comme ils sont pour tous les autres ouvrages, mais qu’il faut les lever derrière de manière que les tuyères soient à trois doigts du fond du creuzet et que le vent desdits soufflets plonge dans le creuzet.

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Joint : mémoire sur divers bols et coquillages du département de SaintDizier, s.d. [17/36]. /fol. 1/ 111 Département de St Dizier État des différents bols qui se trouvent dans le finage de Saint Dizier, en la contrée de la Coste le Manchot, et des coquillages qui s’y rencontrent, ensemble de la situation du lieu. Étiquettes des boëtes dans lesquelles il y a du bol et des coquillages. E. Bol rouge. F. Bol blanc. G. Bol meslé. H. Bol brun. I. Grain de la terre qui est au dessus dudit bol. L Petits coquillages qui se trouvent dans led. bol. Observations Les différents bols cy dessus se trouvent à un quart de lieue de Saint Dizier, dans la contrée communément appellée la Coste le Manchot, et il n’y paroist de bol qu’en cet endroit. La veine de ce bol n’a point esté fouillée parce qu’elle se présente elle même dans et au bas d’une espèce de ravine, en laquelle coulle l’eau d’une petitte source qui est à deux toises de la hauteur de ce coteau, lequel peut avoir du pied au sommet dix huit à vingt toises d’élévation. Le dessus de ce costeau fait une petitte /fol. 1 v°/ plaine qui joint les bois voisins au midy et le penchant regarde le septentrion. Ces bols, rouge, blanc, mêlés et brun se montrent dans le bas de cette ravine, à la superficie, sur deux thoises de largeur et vingt toises de longueur. Dans l’endroit où l’eau coule, les bols rouge, blanc et meslé tels qu’ils sont dans les boetes E, F, G, ont trois pieds d’épaisseur depuis la superficie jusqu’à l’eau et, ayant fait creuser dans l’eau de trois pieds de profondeur, j’y ay trouvé ces mêmes bols, en sorte que cette veine semble avoir de profondeur considérable et régner sous une bonne partie de cette petitte coste, si elle n’occupe pas le tout. Au dessus des bols rouge et blanc, au commencem[en]t du talus du costeau, est le bol gris brun, extrêmem[en]t lians et gras tel qu’il est dans la boëte H. Ce bol à un pied de profondeur est beaucoup plus ferme que dans sa superficie, et c’est dans ces endrois que se forment et trouvent les coquillages tels que ceux de boëte L, ce qu’on peut remarquer par les parties du même bol qui sont dans les paquets joints aud. boëtes. À l’égard des coquilles, j’ay trouvé les deux /fol. 2/ moyennes, lesquelles portent leur couverture à la mesme profondeur que les petits coquillages, c’est à dire à un pied de profondeur dans le bol brun qui est l’endroit où il se trouve plus ferme.

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J’ay trouvé les grosses coquilles à la superficie de ce bol brun où il se découvre de luy même n’estant chargé d’aucunne terre, et à la superficie de la terre qui couvre ledit bol, et sur l’une et l’autre de ces superficies, il y a grande quantité desdittes coquilles. Dans toutte l’étendue de la terre qui couvre ledit bol, laditte terre est brune et telle que celle de la boëte I. Dans les endroits où cette espèce de ravine commence à prendre le talus du coteau, le bol se trouvant plus chargé de terre, il n’y paroist plus de coquilles sur la superficie. Il faut remarquer que ce qui peut causer que des coquilles se trouvent sur la superficie de la terre qui couvre ledit bol, c’est qu’autrefois cette ravine étoit toutte en haye et broussailles, lesquelles ne sont desfrichées que depuis trois ou /fol. 2 v°/ quatre ans, et, que depuis ce tems, en labourant la terre dans les endroits où elle n’a pas plus de demy pied ou d’un pied d’épaisseur, le coutre et le fer de la charue ont tiré des coquilles dudit bol et les ont élevé sur terre et que, les pluyes les ayant lavé et dépouillé de la terre ou bol qui les enveloppoit, elles paroissent à découvert. Au reste, ce qui peut faire juger que cette veine de bol doit avoir une grande étendue et occuper une partie du costeau, c’est que dans toutes finage de Saint Dizier, les bancs de grève, terre, pierre ou tuf qui se trouvent dans la terre, paroissent se continuer dans toutte l’étendue, d’une épaisseur presque égale. Depuis le village de la Neuville20 jusques à St Dizier, distance de cinq quarts de lieue, il paroist le long de la rivière de Marne, sous un banc de quinze à vingt pieds de grève, un autre banc de tuf un peu plus noir que l’ardoize, lequel a quinze, dix huit, vingt et vingt cinq pieds d’épaisseur. J’ay vu pendant cet été faire un puits dans un jardin de Saint Dizier ; après avoir creusé environ vingt pieds dans une grève assez vive, cependant de distance à autre /fol. 3/ meslée de terre jaune et glaise, s’est trouvé le mesme banc de tufe qui règne dans le finage, dans lequel banc ayant creusé près de quinze pieds de profondeur sans trouver ny le fond, ny source, le propriétaire s’est rebuté et a fait remplir le trou. J’ay remarqué que les pionniers travaillants dans ce tuf trouvoient des veines très faciles à couper, mais qu’à certains endroits et dans lesquels le tuf étoit même un peu gras, il y avoit des parties du mesme tuf si condensées et si dures que le bec de la pioche jettoit du feu en les cassant, et qu’il falloit plusieurs coups pour les casser. Ce qui m’a paru de plus singulier, c’est qu’encore qu’il ne paroisse qu’en cet endroit la terre, la grève et bien moins le tuf ayent esté remuéz depuis le déluge, cependant, à plus de dix pieds de profondeur dans ce tuf, et dans

20. La Neuville-au-Pont (Marne).

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l’endroit le plus dur, il s’est trouvé un morceau de véritable charbon d’un pouce et demy de grosseur et d’environ trois pouces de longueur. Je l’ay veu tirer, tenu et examiné dans le moment, mais le propriétaire, ayant voulu le faire voir, l’a égaré. 5. - s.d. [1716] : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/75]. /fol. 1/ Champagne Les mémoires et les échantillons de diverses matierres que Monsieur de Lescalopier a envoiés à SAR ont satisfait à tout ce que nous avions souhaité de scavoir sur les crayes, marnes, pierres et sur quelques matières minérales des élections de Rethel, Sézanne et Vaucouleurs. On a trouvé aussi un détail bien circonstancié des bols et mines de fer du département de St Dizier dans un autre mémoire et quantité de choses curieuses dans les mémoires sur les ardoisières des confins de Champagne et sur la fabrique des faux de Givone. Il nous reste seulement à demander des suppléments à quelques uns de ces mémoires. Nous aurons un surcroît d’obligation à Monsieur de Lescalopier s’il veut bien continuer à envoier les mémoires instructifs à mesure qu’il les recevra. 1° Si il y avoit quelque dessinateur à portée des ardoisières des confins de Champagne, on auroit divers deisseins à demander. On en a de tout ce qui regarde les ardoisières d’Anjou ; mais il paroist par le mémoire de Monsieur de Lescalopier qu’on travaille différement dans son département et que même la manière de travailler dans différentes ardoisières est différente. Ce qu’on souhaiteroit, /fol. 1 v°/ ce seroit 1° des plans et des profils des trois espèces d’ardoisières où l’on travaille différement dans son département et que même la manière de travailler dans différentes ardoisières est différente. Ce qu’on souhaiteroit, ce seroit 1° des plans et des profils des trois espèces d’ardoisières, scavoir de celles de Rimogne, de Fumay et de la principauté de Château Regnault21. On voudroit que ces plans et profils montrassent autant qu’il est possible la direction des veines de pierre, le fil de l’ardoise et la manière dont on les travaille, la disposition des trous qui donnent l’air, celle des échelles et des pompes. À l’égard des pompes, on demanderoit en particulier le deissein de celle dont il est parlé dans le mémoire, qui a 60 pieds de hauteur et qu’un homme fait aller facilement. On voudroit qu’on y joignît les deisseins des outils dont on se sert, et même les principales attitudes des ouvriers qui forent ou détachent la pierre. On demanderoit moins des deisseins propres et finis que des deisseins en mesure et exacts. On marque dans le mémoire que la veine de la principauté de Château Regnault n’a qu’unze pieds et demi d’épaisseur, parmi lesquels il y a un pied 21. Château-Regnault-Bogny (Ardennes).

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et demi de caillou ; qu’on le brusle avec du charbon. On voudroit qu’on eust expliqué un peu plus au longt comment on brusle ce lit de cailloux. On auroit voulu trouver des échantillons de ces cailloux avec ceux des ardoises, et quelques uns de ces déz couleur de cuivre. /fol. 2/ 2° Le mémoire sur la fabrique des faux de Givonne apprend d’une manière très circonstanciée tout ce qui a raport au progrès et à la décadence de cette manufacture. On y fait bien voir combien les faux d’Allemagne font de tort à celles du roiaume. On y a assez expliqué comment on corroye le fer et comment on l’acère. Mais on n’a pu y donner d’éclaircisements sur l’article qui intéresse le plus, qui est celuy de la trempe des faux. Il est vray que tous les ouvriers sont mistérieux et qu’ils font grand cas de la seule chose qui scavent et que leurs secrets, qui sont ordinairement des choses fort simples, sont malaisés à tirer. Celuy de la trempe des faux n’est pas bien particulier puisque on en fait de fort bonnes dans divers endroits du roiaume. Nous aurions voulu scavoir si la méthode des ouvriers de Givone est la même que celle des autres endroits. Si l’autheur du mémoire veut se donner la peine de consulter séparément divers ouvriers, et même de les faire travailler devant luy, il pourra s’instruire sur l’article de leur trempe, surtout s’il les rassure sur la crainte qu’ils pourroient avoir de travailler moins si leur secret étoit connu. 3° Comme les canons des fusils de Sedan sont en réputation, on souhaiteroit avoir un mémoire le plus détaillé et le mieux circonstancié qu’il seroit possible sur la manière dont on les fait. On voudroit qu’on y marquast si on n’y en fait point /fol. 2 v°/ de bandes de fer roulées en spirales autour d’un mandrin et, en cas qu’on en fasse, qu’on expliquast la fabrique. 4° On auroit quelques addittions à demander aux mémoires du département de St Dizier sur l’article qui explique la manière dont on convertit la fonte en acier, et cela parce que, sur cette [sic] article, on s’y prend fort différement en différents endroits du roiaume. 1° On voudroit avoir toutes les proportions du creuset de l’affinirie où l’on fond les geuses pour avoir le fer mazéré, qu’on expliquast comment il est construit et si ses parois sont revestues de taques de fonte. 2° On voudroit des échantillons du fer mazéré et du meilleur acier qu’on fasse aux environs de St Dizier. 6. - s.d. [décembre 1717] : demande de renseignements de Réaumur, minute [18/15/i]. 76 Châlons Les excellents mémoires que Monsieur de Lescalopier nous a procuré sur la généralité de Champagne, nous font souhaiter qu’il veuile bien souvenir de quelques éclaircissements que nous avons demandé. Le mémoire général qu’il envoia en 1716 sur ce qu’ont de particulier chacune des élections de son dépar-

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tement nous donna occasion de faire divers [sic] questions auxquelles il a bien voulu répondre. Il n’y a que celles que nous fîmes par raport à l’élection de Rheims22 sur lesquelles nous n’avons point eu de nouvelles instructions quoique cette élection fournisse des choses fort intéressantes. Nous avons aussi fait depuis quelques questions par raport aux ardoisières et aux diverses fabriques de Sedan et des environs sur lesquelles nous souhaiterions fort des éclaircissements. Nous voudrions bien avoir aussi des échantillons de pierres à moudre de la carrière d’auprès de Langres et de celles des villages de Provenchères23 et Meuse24. Et scavoir quelle grandeur on peut donner aux meules qu’on fait de ces dernières, et comment on les taille. On trouvera à la vérité de ces différentes pierres chez nos marchands de fer, mais, comme elles sont meslées avec d’autres, on n’est jamais assez sûr d’où viennent les morceaux qu’ils montrent. 7. - 10 février 1718 : Lescalopier au Régent, Châlons [18/25/a]. n 13 16 n° I Monseigneur, J’ay l’honneur d’envoyer à VAR, suivant ses ordres du 22e décembre dernier, quelques échantillons des pierres à meules qui se tirent des carrières des environs de Langres, demandéz entr’autres choses par le dernier mémoire de Mrs de l’académie des sciences, en attendant que je puisse satisfaire au surplus. Je suis avec un très profond respect, Monseigneur, [etc.]. Lescalopier e à Chaalons, le 10 février 1718 Joint : mémoire sur les pierres à meules, s.d. [18/25/b]. /fol. 1/ 16. 1718 Mémoire pour Messieurs de l’Académie des Sciences sur les pierres à meules qui se trouvent dans l’élection de Langres La perrière de Celles25 d’où l’on tire des pierres propres à faire des meules dont se servent les couteliers, est de 18 à 20 pieds de profondeur dans la terre. Le découvert fait trouver plusieurs sortes de terres avec de la crasse, après quoi se trouvent les bancs qui sont de cinq à six pieds de hauteur. Il s’en trouve de dix et quinze pieds de longueur et depuis deux pieds jusqu’à cinq de largeur. Entre ces bancs, il n’y a que depuis une ligne jusques à trois lignes de distance.

22. 23. 24. 25.

Reims (Marne). Provenchères-sur-Meuse, commune de Val-de-Meuse (Haute-Marne). Commune de Val-de-Meuse (Haute-Marne). Celles-en-Bassigny (Haute-Marne).

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Cette pierre se fend en travers de telle épaisseur qu’on le souhaite. On la fabrique sçavoir /fol. 1 v°/ pour les rasoirs, depuis sept jusqu’à douze pouces de hauteur et deux pouces jusqu’à trois d’épaisseur. Pour les autres pièces de coutellerie, on les fabrique depuis douze pouces jusqu’à 24 de hauteur et de deux à trois pouces d’épaisseur. Pour la pierre des perrières de Provanchères et Meuse, elle est plus dure et sert à l’usage des taillandiers et gagne petits. On en fait depuis dix sept pouces jusqu’à 24 pour les gagne petits, et pour les taillandiers depuis deux pieds et demi jusqu’à quatre pieds de hauteur, comme la pierre se trouve, ne pouvant se fendre aussi facilement que celle de Celles. Ces pierres se taillent et s’arondissent avec la pointe du marteau, ce qui se fait par toutes sortes d’ouvriers. /fol. 2/ On a envoyé des morceaux d’une espèce de marbre qui est dans l’église de Bourbonne, qu’on dit avoir esté fait d’un plastre qui s’est tiré autrefois dans des mines de Bourbonne. On y a joint du plastre ou de la pierre qui se trouve à Vicq. Cette pierre estant brûlée convenablement, se pile et fait une espèce de plastre qu’on appelle gy, dont on fait les plafonds, les cheminées et des figures. Il se durcit quand il est sec, mais il s’amollit à la pluye et se réduit en poussière. Si ces pierres estoient pilées sans estre cuites, le plastre en seroit encore meilleur et plus dur. Quand on veut détruire un ouvrage de ce plastre, on recuit une seconde fois les morceaux, on les pile et on s’en sert tout de nouveau, mais il est moins blanc. /fol. 2 v°/ On a envoyé encore différents morceaux de la marne dont on a donné des échantillons il y a quelque temps. 8. - 7 juillet 1718 : Lescalopier au Régent, Châlons [18/26]. 53 57 Monseigneur, J’ai l’honneur d’envoyer à VAR quelques pierres appellées coquillages qui se trouvent dans les vignes des environs de Langres, pour satisfaire au mémoire de Mrs de l’Académie des Sciences que vous m’avez fait l’honneur de m’adresser le 15e mars dernier. À l’égard de la mine du village de Larzicourt, à quatre lieues de Vitry, on en a fait deux épreuves du temps de M. d’Harouys26, mon prédécesseur, mais elles n’ont produit qu’une fumée de soufre, et l’endroit d’où on tiroit la matière

26. André d’Harouys, maître des requêtes, prédécesseur de Lescalopier à l’intendance de Châlons de 1703 à 1711.

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qui est près du village d’Arigny27, est à présent rempli de manière qu’il ne paroit presque plus rien. Je suis avec un très profond respect, Monseigneur, [etc.]. Lescalopier à Chaalons, le 7e juillet 1718 9. - s.d. [1718] : Jacques Lefebvre à La Grange, [Logny-Bogny] [18/2]. n° 3 37 38 1718 20 R À Monsieur, Monsieur de La Grange, lieutenant de Roy, commandant au gouvernement de Rocroy28 Je crois, Monsieur, que vous voudrez bien faire attention sur la déclaration que j’ay l’honneur de vous envoyer, qui me paroit de grande importance pour le royaume. Il y a environ 23 ans que l’on a présenté un placet à Sa Majesté touchant une minière d’argent qui se trouve dans notre pays. On faisait voir à Sa Majesté par le placet qu’il luy a esté présenté, qu’il y avoit unze hommes de Maestrick29 qui estoient venus dans nos frontières pour y faire recherche de mine de métail minéral. Ces Hollandois se sont arrestéz à un village que l’on nomme Marlemont pour y faire du souffre, où ils ont travailléz pendant 18 mois. Ils avoient vingt hommes pour les servir par jour. Ces Hollandois ont percéz une montagne à une demie lieue de Marlemont, où ils ont trouvéz lad. minière. Elle a quarente pieds de profondeur. Le ban de mine a bien neuf pieds d’épaisseur. Elle est couverte d’un ban de pierre de gret qui a dix pieds d’épaisseur. Un homme qui a travaillé à la minière, m’a asseuré le 5e Xbre [décembre] 1716 qu’il y a un ban qui a bien cinq pieds d’épaisseur et que l’on ne peut le rompre qu’à grand coup de masse. Si, Monsieur, vous vouliez ordonner que l’on fit cette recherche, il faudroit prendre la mine à découvert ou bien prendre le conduit qui va dans le trou où travailloient ces Messieurs. On trouveroit seurement leur chambre qui sont garnies de planches et d’autres bois. Suivant le rapport des anciens, on a voulu y entrer avec de la clarté, mais il n’a jamais esté possible. On ne peut sçavoir la raison pourquoi ils faisoient fondre la mine dans leurs troux et dans les chambres qu’ils avoient basty dans terre. Ils la coupoient avec des cizeaux et la réduisoient en lingot. Ils en ont chargéz pour une seule fois trente chevaux que mulets. Tous ces lingots estoient dans des barils. Ces Messieurs se sont fait conduire jusqu’à Mariem-

27. Arrigny (Marne). 28. Rocroi (Ardennes). 29. Maastricht (Pays-Bas).

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bourg par un homme de Marlemont. Auparavant de partir des frontières, ils ont trouéz les conduits et rebouchéz les troux de la minière affin que l’on ne pût aller veoir leur travail. Il y a 26 ans passéz que ces Holandois sont venus faire cette recherche. Une servante d’un endroit que l’on nomme Aubigny30, prit un jour un lingot dans un sacq d’un de ces Messieurs. Elle l’a vendu à un orfèvre de Mézières 75ll. Un soldat que l’on disoit se connoitre fort bien à la mine d’argent passoit un jour à Logny Bogny, de l’endroit d’où je suis et où je réside encore aujourd’huy. Je luy en fit veoir. Il me fit réponse que, s’il avoit la liberté d’en faire fondre pendant huit jours, qu’il n’en souhaiteroit pas davantage. Le placet qui a esté présenté à Sa Majesté il y a environ 23 ans, fut renvoyé à Monsieur l’Intendant de Chaalons. Il ordonna que ledit placet seroit renvoyé à Monsr le subdélégué de Mézières. Monsr le subdélégué envoya un ingénieur pour veoir la minière. On l’ouvrit, on en tira bien pour 3 000ll si on l’avoit fait fondre suivant le rapport du mineur. Cet homme suivant touttes les apparances estoit assé connoissant à la mine d’argent. Il demeuroit à deux lieues de Liège d’un village nommé Forest. Il dit même en parlant que la France ne méritoit pas avoir pareille richesse pour en faire si peu de cas. On envoya de la mine à Monsr l’Intendant pour la faire voir en cour. Il fit réponse qu’il en faloit faire fondre et en réduire en lingot pour la faire voir à Sa Majesté. Il n’a pas esté possible de faire pareille chose, ne s’estant trouvé personne dans le pays assé expérimenté sur un maneuvre [sic]. Je l’ay fait voir à plusieurs étrangers qui m’ont dit qu’il n’y avoit pas de mine plus riche dans l’Europe que celle dont j’ay l’honneur de déclarer aujourd’huy et que de mille on en trouveroit le dessous si on la faisoit marcher. C’est ce qui est véritable. J’ay vu un nommé Jean Le Roy de Marlemont, qui m’a dit parlant à moy qu’il avoit veu le ban où ces Hollandois ont fait leur fontaine. Il y a encore deux hommes qui ont travailléz à la minière quand on l’a ouvert la dernière fois, qui certiffieront ce que j’avance. Si je n’en ay pas donné plutôt une seconde idée en cour, c’est la guerre qui en a esté l’unique cause. Je crois estre d’obligation, Monsieur, de vous en informer puisque nous sommes assez pour posséder une paix généralle. J’ay logé un jour unze sergens par étappe. Il y en avoit un de ces unze qui se connoissoit fort bien à la mine d’argent. Il m’a dit qu’il ne pouvoit pas s’en trouver de meilleur que celle dont je déclare aujourd’huy. Je l’ay fait veoir à plusieurs personnes bien connoissants. Ils m’ont tenu tous le même langage. Un colonel d’un régiment d’un batt[aill]on d’infanterie d’Alsace, à qui j’en ay fait veoir, m’a asseuré qu’il n’y avoit pas de meilleure mine ny de plus fine dans les Indes orientales. Tous ces Messieurs m’ont fait promettre et m’ont répété plus[ieur]s fois que j’étois obligé en conscience d’en informer la cour lorsque nous aurions une paix généralle. L’on prétend que la couperose en faisant recherche de la mine se trouveroit en grande quantité et que cela dédommageroit de la dépence que l’on sera obligé de faire en ouvreur [?]. 30. Aubigny-les-Pothées (Ardennes).

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J’espère Monsieur que vous voudrez bien faire attention à ma déclaration, ce n’est que dans des tems et dans l’espérance de rendre service à l’État. Celuy qui a l’honneur de vous donner cet avis se nomme Jacques Lefebvre, maréchal de profession, à Logny Bogny, natif de Marlemont, aagé de soixante ans. 10. - s.d. : rapport sur la mine de Joinville, par Réaumur et Lémery [17/41/g]. /fol. 1/ [en tête, par Bignon :] Doné par Mrs de Réaumur et Lémery sur des culots qu’on dit tirés de la mine de Joinville. Nous avons examiné deux matières qui ont esté données pour matières d’argent, et qu’on nous a marqué ne différer l’une de l’autre qu’en ce que l’une n’avoit soufert qu’un seul rafinage et que l’autre en avoit eu deux. Nous avons pezé exactement dix huit grains de chacune de ces matières, que nous avons placées dans deux coupelles rougies au feu et, dans chacune desquelles, il y avoit deux gros de plomb fondu. Peu de tems après que le meslange a esté poussé par le feu, il s’est fort gonflé et il a produit une espèce de croûte ou d’écume qui a toujours resté au dessus et qui a empêché, pendant tout le tems de l’opération, de voir ce qui étoit au fond de la coupelle ; et comme les matières métalliques fort chargées d’étain produisent assez souvent en pareil cas le mesme effet, nous avons jugé dès lors que la matière que nous examinions, pouvoit bien aussi contenir beaucoup d’étain. Après avoir continué le feu tout le tems et plus qu’on n’a coutume de le faire dans les essais ordinaires de l’argent, nous avons retiré la matière du feu et nous avons séparé la croûte métallique qui se présentoit au dessus et qui remplissoit une bonne partie de la coupelle ; au dessous de cette croûte, nous avons trouvé une très petite boule d’argent qui n’étoit guère plus grosse et plus pezante que celle que le plomb seul /fol. 1 v°/ auroit pu fournir ; cependant nous avons remarqué que la matière du premier rafinage avoit donné le double d’argent de celle du second. Cette circonstance nous a engagé à répéter la mesme expérience sur dix huit autres grains de chacune des deux matières, et il est arrivé parfaitement la mesme chose. Nous avons pezé ensuite avec soin les deux boules de l’argent retirées des deux essais de dix huit grains chacun de la matière du premier rafinage, elles ont pezé ensemble un grain ; et les deux autres boules qui sont venues de la mesme manière de trante six grains de la matière du second rafinage, n’ont pezé qu’un demi grain. Quant à la croûte métallique qui étoit en forme de scorie molasse, nous en avons réduit en poudre une portion et nous y avons présenté un couteau aimanté qui ne nous y a fait apercevoir aucuns grains ferrugineux. Ensuite, nous l’avons meslée avec du tartre et du salpestre, selon le procédé du régule d’antimoine, pour voir si elle ne donneroit point aussi par cette voye un régule, mais elle n’a point changé de forme.

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Après avoir reconnu par la coupelle ce qui importoit le plus de scavoir, c’est à dire ce que la matière métallique qui nous avoit esté donnée à examiner, contenoit d’argent, nous avons fait quelques autres expériences sur cette matière pour découvrir les autres métaux qui étoient entréz dans sa composition ; et il nous a paru que sa baze principale étoit de l’étain /fol. 2/ qui se trouvoit joint avec très peu d’argent, un peu de cuivre et peut estre aussi de bismut. L’étain s’y reconnoist 1° par ce qui est arrivé dans l’essay par la coupelle. 2° par la couleur de la matière et par son pois. 3° parce que l’eau régale la dissout comme elle fait l’étain, sur lequel elle n’excite pas une simple calcination comme sur l’antimoine, mais qu’elle tient suspendu dans la partie aqueuse de la liqueur. Enfin par ce qui arrive à une mesme portion de la matière métallique sur laquelle on verse d’abord de l’esprit de nitre ou de l’eau forte et ensuite de l’eau régale, comme on le va faire voir incessamment. On découvre le peu de cuivre que nous avons supposé dans la matière parce que toutes les liqueurs acides qui mordent dessus, y acquièrent une couleur bleuastre et que quand on verse sur chacune de ces dissolutions un sel alkali, le précipité qui en résulte est d’un blanc bleuastre. Pour le bismut, on conjecture qu’il y en a dans la matière 1° parce que quand on la coupe ou qu’on frappe dessus, elle paroist plus aigre et moins ductile que l’étain pur et tele à peu près que se trouve ce métal quand il est meslé avec du bismut. 2° parce que, quand on verse de l’eau forte ou de l’esprit de nitre sur une portion de la masse métallique, il arrive d’abord une ébullition violente et semblable à celle de la dissolution ordinaire du bismut. Il est vray que cette ébullition peut encore venir du cuivre et de l’argent qui entrent dans cette masse, mais /fol. 2 v°/ quoi qu’il en soit, comme ces trois métaux ensemble ne font guère que le tiers ou environ de la masse dont il s’agit et que ce qui en fait la plus grande partie c’est l’étain, sur lequel l’esprit de nitre n’agit pas, du moins en aussi peu de tems et avec la mesme force que sur les autres métaux ; c’est là ce qui fait que l’ébullition excitée par l’esprit de nitre sur la matière ne dure guère et qu’elle cesse dès que les trois premiers métaux ont esté dissouts, ce qui ne demande pas beaucoup de tems par raport à leur quantité. Pour l’étain il reste au fond du vaisseau sous la forme d’une poudre blanche ou d’une espèce de chaux qui, résistant beaucoup plus que les autres métaux à l’action du dissolvant, ne peut dans la circonstance présente en recevoir une plus grande altération, quoiqu’on la laisse longtems en dissolution et qu’on ait soin de renouveler l’esprit de nitre, et ce qui me paroist prouver assez clairement que cette poudre restante est de véritable étain, c’est qu’après avoir résisté comme le fait ce métal à l’action de l’esprit de nitre, elle se laisse dissoudre comme luy et avec la mesme facilité par l’eau régale et qu’on n’aperçoit aucune différence, soit pour la couleur, soit pour toute autre circonstance, entre la dissolution de la poudre et celle de l’étain le plus pur.

XI.

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1. - 15 août [1716] : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/109]. Dijon 15e aoust L’Académie royale des sciences qui cherche surtout à étendre ses connoissances par raport à l’histoire naturelle du roiaume et aux arts qui y sont cultivés, souhaiteroit fort avoir des mémoires de Bourgogne comme elle en a eu de la plupart des généralités du roiaume, qui apprisent ce qu’on scait de singulier en cette province en terres, pierres, mines, minéraux et autres matierres qui regardent l’histoire naturelle. On scait qu’elle a quantité de mines de fer. On voudroit avoir des échantillons de celles qui sont regardées comme les meilleures et des échantillons des castines ou pierres qu’on emploie pour les fondre, avec des mémoires qui apprisent d’où on tire ces mines, à quelle profondeur on les trouve et jusques où on les suit. On voudroit fort aussi scavoir quelles sont les manufactures de Bourgogne les plus considérables et ce qu’on y fait de plus singulier par raport aux arts. Ses vins la rendent fameuse. On a eu des mémoires de Champagne qui expliquent fort en détail comment on fait les vins les plus fins de cette province. On souhaiteroit en avoir de pareils qui expliquasent les pratiques qu’on suit dans les terroirs les plus renomés de la Bourgogne. 2. - 23 septembre 1716 : Sauceret, maître de forges à Villecomte, à Michel, conseiller du roi, Dijon [16/2/g]. Mesmoire et estat des mignes et hairebeut [lire erbue] qu’il faut po[ur] faire un miller de fonte Premièrem[en]t, il faut trois queue de mignes et un tomberaux d’hairbeut po[ur] faire un miller de fonte. La queux des mignes peut peser toute relavée preste à mestre au fourneau douze à treize cent, le tomberaux d’hairbeut peut pesés environs un miller. Il faut po[ur] fondre lesdites mignes et hairbeut deux grands baignes de charbons de veingt vain [?] chaccunne par chaque millers de fonte. Le miller de fonte peut produire six cents de ferre. On thire les mignes

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de quatre à cinq pieds de profondeur dans terres et de trois à quatre pieds d’espaiseure dans le théritoire d’Is sur Tille, Diénay, Gemaux1, Marçannais2 et Chaignay ce qui est véritable. à Villecomte, ce veingtroiziesme septembre 1716. M. Sauceret [au-dessous, de la main de Réaumur :] maître de forge de Villecomte. [en bas, Réaumur ajoute :] Il y a encore des forges à Marandeuil, Bezouottes3 et Drambon dont les fers sont plus fins. [au dos :] Monsieur Michel, conseillier du roy, au faubourg St Nicolas à Dijon. 3. - 10 novembre 1716 : le Père Larmerat au Régent, Mâcon [16/2/k]. Renvoyé à M. l’abbé Bignon [Réaumur indique : SAR a conoissance de la mine de Chaumont en Bassigny. Elle n’est point d’argent. Ce ne sont que des marcassites de métaux imparfaits dont on ne peut faire aucun usage si ce n’est pour de la vaiselle tenant lieu de celle d’estain, qu’un particullier prétend ne pouvoir faire. Ainsi point de réponse à cette letre. 23 novembre 1716.] 45 1. 3. 5. Monseigneur, J’ay apris par le bruit public que l’on avoit ouvert une mine d’argent à Chemont4 en Bassigny où l’on a travaillé pendant quelque temps et que, VAR ayant envoyé des commissaires sur les lieux, ils ont reconu que la dépense excédoit le profit et ont fait cesser le travail. La crainte que j’ay heu que le mauvais succèz de cette mine ne vous fasse prendre la mesme opinion pour toutes les autres, m’a fait prendre la liberté de vous remontrer que le sieur Duchastellet en a trouvé un grand nombre de la nature de celle de Chemont dont il ne fait aucune mention, s’estant restreint à celles qui sont désignées dans le livre que j’ai heu l’honeur de présenter à VAR, et qu’il les auroit fait ouvrir et travailler s’il en avoit heu la liberté, et qui sont suffisantes pour occuper et enrichir un royaume. Si ma santé, mon aage et ma fortune avoient répondu à mon inclination, j’en aurois fait des essays sous votre bon plaisir, qui auroient réveillé la curiosité de bien des gens, mais, par malheur n’estant plus capable que de former des vœux, j’en offre tous les jours au Ciel pour votre prospérité, Monseigneur, et pour la réussite de ce grand dessein, et vous

1. 2. 3. 4.

Gemeaux (Côte-d’Or). Marsannay-le-Bois (Côte-d’Or). Bezouotte (Côte-d’Or). Chaumont (Haute-Marne).

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suplie très humblement de pardoner à mon zelle l’indiscrétion qu’il me fait commettre et suis avec un très profond respect, Monseigneur, [etc.]. P. Larmerat, archiviste à Mâcon, 10 nov[em]re 1716 4. - 28 novembre 1716 : La Briffe au Régent, Dijon [16/4/a]. Monseigneur, Suivant l’ordre de VAR du 30 aoust dernier, j’ay pris tous les éclaircissemens qu’elle a désiré contenus au mémoire de l’académie royalle des Sciences sur ce qu’il y a de singulier dans ce département en terres, pierres, mines, minéreaux et autres matières qui regardent l’histoire naturelle, les manufactures et la manière dont on fait les vins les plus fins de Bourgogne. J’en ay dressé un mémoire par baillages que j’ay l’honneur d’envoyer à VAR. J’ay fait mettre au carosse de voiture qui partira lundy prochain, une petite boette où sont les échantillons de mines de fer et des castines ou pierres qu’on employe pour les fondre, sur chacun desquels il y a des étiquettes, et je l’ay adressé à Mr Fontaine pour la remettre à qui VAR luy ordonnera. Je n’ay pu plus tost me donner l’honneur de rendre compte de cette affaire à VAR, n’ayant receu que depuis peu les derniers mémoires particuliers que j’avois demandé à mes subdélégués. Je souhaite qu’Elle soit contente de ce que j’ay fait. Je la suplie très humblement de vouloir m’honorer de sa protection et d’estre persuadée que j’exécuteray toujours très ponctuellement les ordres qu’il luy plaira me donner et que je suis avec soumission et un très profond respect, Monseigneur, [etc.]. de La Briffe5 e à Dijon, ce 28 novembre 1716. Joint : mémoire de réponse sur la Bourgogne, s.d. [16/4/b]. /fol. 1/ 138 [en marge :] Département de Bourgogne Cotte 9 Mémoire concernant les éclaircissemens demandés par l’académie royalle des Sciences sur les questions cy après : 1° Ce qu’il y a de singulier en Bourgogne en terres, pierres, mines, minéreaux et autres matières qui regardent l’histoire naturelle, si on pourroit avoir des échantillons des mines de fer de celles qui sont regardées comme les meilleures, et des échantillons des castines ou pierres qu’on employe pour les fondre avec des mémoires qui aprennent d’où on tire ces mines, à quelle profondeur on les trouve, et jusques où on les suit. 5. Après avoir été intendant à Caen (1709), Pierre Arnaud de La Briffe (1678-1740), marquis de Ferrières, a été nommé intendant à Dijon en décembre 1711 ; il mourra dans cette fonction.

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2° Quelles sont les manufactures de lad. province les plus considérables, et ce qu’on y fait de plus singulier par raport aux arts. /fol. 1 v°/ 3° Comment on fait les vins les plus fins de cette province, et quels sont les terroirs les plus renommés. On répondra par baillages à ces demandes et on expliquera ce qu’il y a de plus singulier dans chacun d’iceux. Baillage de Dijon Il y a à Is sur Tille, Diesnés6, Marcenay7, Gemeaux et Chagnay8, éloignés de Dijon de trois, quatre, cinq et six lieues, des mines de fer. Elles sont pareilles en qualité et produisent peu. On les trouve à la profondeur de six, sept et huit pieds. Il y a des veines qui vont jusques à six cens pas et d’autres qui finissent à quarante pas de tirage. /fol. 2/ Une queue de mine qui font deux poinçons, pèze environ douze cens livres, qui produisent trois cens cinquante livres de fonte, et le millier de fonte rend six cens livres de fer tout façonné de bonne qualité et fer doux. Pour dissoudre ces mines ou les mettre en fonte, on se sert d’une terre d’erbue rouge qui est comme une espèce de pierre pour donner la qualité au fer, au lieu qu’en Franche Comté on se sert d’une pierre apellée castille que l’on casse pour donner de la chaleur aux mines de ce pays là qui sont fort grasses et fort froides. Il y a encore des forges à Marandeuil, Bezotte9 et Drambon, dont les fers sont plus fins. /fol. 2 v°/ On envoye de cette d’erbue et de la terre mine en cinq paquets avec des étiquettes sur chacun. Il n’y a dans le baillage de Dijon aucune manufacture qu’une seule de serge, qu’on appelle serge de Marey10. Il s’y en fabrique peu présentement et le commerce tombe entièrement par la rareté de l’argent. Ces étoffes ne se débitent que dans le pays. À l’égard des vins, il y a différens terroirs qui les rendent plu [sic] ou moins bons ; ceux des perrières, marc d’or et chenauve qui sont sur le penchant de la coste près de Dijon, l’emportent sur les autres. Depuis quelles [lire quelques] années11, les vins sont difficilles /fol. 3/ à faire à cause de la diversité des temps soit par les chaleurs excessives arrivées 6. Diénay (Côte-d’Or). 7. Marsannay-le-Bois. 8. Chaignay (Côte-d’Or). 9. Bezouotte. 10. Marey-sur-Tille (Côte-d’Or). 11. Les années 1709 et 1710 ont été difficiles sur le plan du climat et des récoltes ; l’hiver de 1709 en particulier fut terrible : rivière gelées, arbres fruitiers et vieilles vignes détruites, vin gelé dans les caves, cf. notamment F. Delessart, “ La crise de 1709-1710 en Bourgogne ”, Annales de Bourgogne, 1957.

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dans le mois de juillet et aoust, et par les matinées fraîches et quelquefois des petites geslées blanches qui sont survenues qui ont abatu ce que les grandes chaleurs avoient fait pour bonnefier le vin. Dans les années de chaleur, on ne laisse pas longtemps les raisins dans la cuve parce que cela leur feroit perdre leur qualité et que, pour peu qu’ils y resteroient, ils prendroient trop de couleur et quelquefois la grape, ce qui leur osteroit leur qualité. Quand les années sont pluvieuses et les matinées fraîches, on laisse les raisins dans la cuve jusques à ce qu’on connoisse qu’ils sont échauffés et qu’ils se lèvent. Ils restent quelquesfois trois ou quatre jours et mesme jusques à huit, et ensuite on fait fouler les raisins dans la cuve, et après le foulement, quand il a pris /fol. 3 v°/ la couleur qu’on souhaite sans forcer le vin, on le tire de la cuve avec diligence. Les vins de Nuis12 des climats plus chauts [sic] sont ordinairement ceux qui sont sur les coteaux et qui rougissent plus facillement et de meilleure qualité que de ceux du plat pays, car ceux du plat pays rougissent assés, mais ils n’ont pas la qualité ni le vin des autres. Le vin n’est bon que sur la fin de l’année et l’année suivante. Ceux de Vosne13 et Vougot14 sont de mesme que ceux de Nuis. Les vins de Chambolle15 se font de mesme que ceux de Nuis, mais il y a de la différence en bonté et le prix en est moindre. Morey16 suit. Les vins y sont fort bons, mais ils n’ont pas la mesme /fol. 4/ qualité. Les vins de Gevrey17 sont de bons vins bourgeois. Brechon18, Fixin, Fixey et Couché19 qui sont sur les mesmes coteaux, sont de bons vins communs, de mesme qu’une partie du finage de Marcenay20 en montagne. Les vins de Chenôve sont de bons vins qui peuvent aller jusques à Pasques de l’année suivante. Le marc d’or, champferdoil, les violettes, les perrières, finage de Dijon et autres climats joignans sont de fort bons vins et on les fait rozés pour les boire en may, juin et quelques mois suivans.

12. 13. 14. 15. 16. 17. 18. 19. 20.

Nuits-Saint-Georges (Côte-d’Or). Vosne-Romanée (Côte-d’Or). Vougeot (Côte-d’Or). Chambolle-Musigny (Côte-d’Or). Morey-Saint-Denis (Côte-d’Or). Gevrey-Chambertin (Côte-d’Or). Brochon (Côte-d’Or). Couchey (Côte-d’Or). Marsannay-le-Bois.

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Pour les autres vins des autres climats du finage de Dijon, se sont des vins communs. /fol. 4 v°/ Nuis Il n’y a dans ce baillage aucunes mines de fer ni d’autres métaux. Il se trouve seulement dans le lieu appellé val de Vergy, éloigné de Nuis d’une lieue et demi, une mine de fonte dont on fabrique des pots, platines ou taques21. Le lieu d’où l’on tire cette mine ou terre est éloigné de la forge d’environ trois quarts de lieue. On trouve de cette terre en différends endroits du val de Vergy, mais la meilleure est dans un territoire d’un petit village nommé Ruelle22, paroisse de Vegy23. La forge est au dessous de l’abbaye de St Vincent24 et se nomme la forge de Pellerey25. Il n’y a dans l’estendue de ce baillage aucune manufacture, ni rien de singulier par raport aux arts. Les meilleurs vins sont ceux de Nuis, /fol. 5/ Vosne, Prémeaux26, Vougeau27. Ces vins sont pour l’arrière saison. Cependant ceux de Vosne, quoyqu’ils se conservent pour la seconde année, peuvent néantmoins se boire dans le mois d’aoust et sont plus légers que les autres. À ces vins de l’arrière saison il faut de la couleur, et c’est mesme leur qualité. On la leur donne plus ou moins en laissant les raisins dans la cuve, ce qui ne passe pas deux ou trois jours suivant que l’année est seiche, et que les raisins sont mûrs, après quoy on les fait fouler et mettre sur le pressoir deux ou trois heures après. Beaune Il y a deux mines de fer dans ce baillage. La première est proche du village de la Couche28, où il y avoit autrefois une forge qui est présentement en ruine, le seigneur n’ayant pas /fol. 5 v°/ voulu faire la dépense de la restablir. La mine dont on se servoit pour cette forge n’est pas la meilleure, le fer estant aigre, mais la poterie en est bonne ; on n’envoye pas d’échantillon de cette mine parce qu’elle n’est pas regardée comme la meilleure. La seconde mine est dans le baillage de Nuis, dans une montagne qui s’apelle Alent29, proche l’abbaye St Vincent. Elle se trouve à un pied et demy en terre et on la suit à près de deux pieds de profondeur. Elle est très riche et 21. Plaque de fer fondu. 22. Reulle-Vergy (Côte-d’Or). 23. L’Étang-Vergy (Côte-d’Or). 24. L’abbaye Saint-Vivant-sous-Vergy (et non Saint-Vincent comme indiqué ici sans doute par erreur), affiliée à Cluny, fut ruinée dès le milieu du XVIIIe siècle et la communauté supprimée en 1788 ; le maître de forges de Pellerey fit l’acquisition des bâtiments subsistants et en intégra des éléments dans ses ateliers. 25. Commune de Curtil-Vergy (Côte-d’Or). 26. Prémeaux-Prissey (Côte-d’Or). 27. Vougeot. 28. Pour Lacanche (Côte-d’Or) ; cette mine de fer est déjà indiquée dans le mémoire “ pour l’instruction du duc de Bourgogne ”. 29. Ou Alem ? Lieu non identifié.

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d’une grande estendue. Sous cette mine, il y en a une autre à ce qu’on prétend, qui paroist cuivreuse ; c’est la raison qui empesche qu’on ne puisse faire du fer en barre de la mine d’Alent. On la met dans le baillage de Beaune parce qu’on s’en sert pour une forge qui est au village de Beuvey30 qui est du baillage de Beaune. Cette même mine d’Alent servoit autrefois pour une autre forge qui estoit dans le village de Bouilland, dud. baillage, qui est encore en ruine et que le seigneur n’a pas /fol. 6/ voulu faire la dépense de relever31. On envoye deux échantillons différends des deux mines d’Alent. Il y a proche led. village de Veuvey un rocher au pied duquel on prend sans piocher les castines ou pierres pour fondre la mine d’Alent dont on envoye aussy des échantillons. Proche du village de Bescoux32, du même baillage, il y a une mine de laquelle on pourroit tirer du cuivre. Elle se prend à un demy pied en terre et on ne la suit que jusques à quatre ou cinq pouces de profondeur, mais sous cette profondeur il s’y trouve des pierres sous lesquelles on croid qu’est la mine. On en envoye un échantillon. Comme le baillage de Nuis touche celuy de Beaune et que quelques personnes y ont découvert des mines qui ne seront pas peut estre venues à la connoissance du subdélégué de Nuis, on en va parler icy. Il se trouve proche du village de Grenand33, baillage de Nuis, une mine d’où l’on croit pouvoir /fol. 6 v°/ tirer de l’argent. Elle est entre trois montagnes dans un fond, proche une fontaine, où il est sorty de terre un torrent qui a fait un creux d’environ quinze pieds de profondeur, au fond duquel on a trouvé des pierres de ruines que le Sr Lothoir34, chimiste à Paris, a recognu estre des signaux d’une mine d’argent. On asseure qu’il a fait une épreuve de quelques unes de ces pierres dont il a tiré du mercure, et qu’il a dit que par les signaux il conoissoit que la mine estoit très riche et devoit contenir plus de trois lieues de tour. On envoye des échantillons de cette mine. Dans une montagne proche de l’abbaye de la Bussière35, baillage de Nuis, il se trouve une mine dont on croid tirer du plomb. Elle est à trois pieds en terre et on la suit à près de deux pieds de profondeur. On envoye un échantillon de cette mine.

30. Veuvey-sur-Ouche (Côte-d’Or). 31. Le mémoire de 1698 y indique une mine de fer. 32. Bécoup, comm. d’Aubaine (Côte-d’Or). 33. Grenand-lès-Sombernon (Côte-d’Or). 34. Sur Simon Lotoire, se disant sculpteur fondeur et ingénieur de mathématiques, et ses nombreuses demandes de privilèges, voir aussi “ Châlons ou Champagne ”, doc. 3 (mine de Blécourt, Haute-Marne) et “ Paris ”, doc. 5-7 (mine d’Auneuil, Oise). 35. La Bussière-sur-Ouche (Côte-d’Or), grande abbaye cistercienne fondée en 1130, fermée en 1791.

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/fol. 7/ Dans le mesme baillage, au village de l’Estang36, on a encore trouvé une mine dont l’on croid pouvoir tirer du cuivre. Elle est à un pied en terre et on la suit à plus d’un pied de profondeur. On envoye un échantillon de lad. mine. Proche le village de Crugey37, baillage de Beaune, on prétend qu’il y a une mine d’estain dont quelques personnes ont fait faire de la vaisselle. On n’a pu aprendre le lieu où elle est parce que les paysans ne veulent pas la descouvrir. On pourroit le scavoir si on envoyoit des connoisseurs sur les lieux, qui visiteroient les montagnes de ces climats et celles des villages voisins où l’on asseure qu’il se trouveroit plusieurs mines. Il y a trois carrières dans le baillage de Beaune d’une très rare espèce. La première est proche du village de Ladoix38, dont la pierre est comme du jaspe quand /fol. 7 v°/ elle est polie. La seconde est près du village de St Romain, dont la pierre est noire avec des tasches blanches lorsqu’elle est polie. Les bancs de celle-cy n’ont que six à sept pouces d’épaisseur. Il y a dans le mesme baillage, proche le village [de] Dezize39, une carrière de plastre. Et, auprès du village de Mandelot40, mesme baillage, il s’y trouveroit une carrière d’ardoize si on en faisoit la dépense. À l’égard des vins de Beaune, c’est une chaisne de collines remplies de vignobles qui contiennent environ quatre lieues de long. C’est dans ces différentes collines où sont scitués les climats où l’on receuille les plus fins vins du Beaunois. Elles sont exposées de manière qu’elles reçoivent les impressions du soleil dès qu’il se lève jusques à ce qu’il se couche. La terre qu’il purifie par ses rayons est plus légère et donne cette /fol. 8/ qualité aux vins qu’elle produit. Le vin de Vollenay41 surpasse tous les autres par sa qualité. Ce village est scitué dans le penchant d’une colline, au pied duquel sont des vignes dont la terre est la plus légère du Beaunois. Ce vin a une finesse, un coulant, une saive et un feu qui le distingue des autres. Les vignes raportent très peu à cause de la délicatesse du terroir et les raisins qu’elles produisent sont très petits de graines et de forme. Il y a environ trente ans qu’on faisoit ces vins de Vollenay gris pour imiter ceux de Champagne, mais, comme on reconut qu’ils ne passoient pas l’année,

36. L’Étang-Vergy. Le mémoire de 1698 y situait une mine de fer. 37. Crugey-sur-Ouche (Côte-d’Or). 38. Ladoix-Serrigny (Côte-d’Or), proche des carrières de Comblanchien ; la pierre de Ladoix est encore exploitée. 39. Dezize-lès-Maranges (Saône-et-Loire). 40. Manvilly-Mandelot (Côte-d’Or). 41. Volnay (Côte-d’Or).

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on se détermina à les faire cuver pour leur donner de la couleur et du corps et les rendre par ce moyen plus de garde, et ils se gardent présentement pendant plus de deux ans. On façonne ces vins suivant l’année. Quand elle est chaude, on les fait cuver vingt quatre heures au plus. On a soin en /fol. 8 v°/ mettant la première voiture dans la cuve de la fouler légèrement avec les pieds pour exprimer le ju[s] du raisin qui sert comme de levain pour fermenter toutes les autres voitures qu’on met dans la mesme cuve. Quand l’année est froide, on les fait cuver pendant deux ou trois jours. On foule le raisin dans la cuve un peu plus que dans les années chaudes, c’est à dire deux fois ou trois dans les années bien froides. Mais on les foule très légèrement, crainte que le vin ne prenne le goût de la grape. On connoit à peu près le temps qu’il faut faire le vin ; cela se void d’abord par la couleur qu’on veut luy donner, et par la fermentation qui se fait dans la cuve, au dessus de laquelle il se fait une escume blanche qui fait juger que le vin est dans sa perfection. Alors, on met les raisins sur le pressoir avec lequel on tire tout le jus qui peut se mettre dans le tonneau où il fermente de nouveau pendant plus de huit jours et pousse au dehors toutes les /fol. 9/ parties les plus grossières. On a grand soin pendant sa fermentation de le remplir soir et matin pour le rendre plus brillant. Quand il a déposé et que sa fermentation a cessé, on le laisse trois ou quatre jours sans le remplir pour le refroidir, après quoy on scelle le tonneau. Il est certain que c’est par la fermentation qui se fait dans la cuve que le vin prend de la couleur et du roide parce que le raisin s’y meurit et, pour parvenir à cette fermentation, on foule légèrement les raisins avec le pied pour en tirer du jus. Ensuite, la plus grande attention qu’on a est de prendre garde que le vin ne fermente pas trop longtemps, crainte qu’il ne prenne le goût de grape ou qu’il n’aigrisse à cause de sa grande délicatesse. Tous les vins du Beaunois se font de même manière que celuy de Vollenay. Il n’y a de différence dans leur façon que le plus ou le /fol. 9 v°/ moins qu’on les fait cuver par raport à la légèreté ou à la force du terroir qui produit les raisins. Après le vin de Vollenay, suit celuy de Pommard dont le village est scitué au pied de deux collines. Les vins de ce climat n’ont pas tant de feu, de montant ni de délicatesse que ceux de Vollenay, mais ils ont pour le moins autant de saive et de noblesse. Ces vins d’ordinaire se font plus rouges parce que le terroir est tant soit peu plus fort, quoyqu’on ne les fasse pas cuver plus longtemps. Il y a mesme des cantons dans ce climat où l’on fait des vins égaux à ceux de Vollenay. Les vins de Beaune suivent ceux de Pommard. La ville est scituée dans une pleine éloignée d’environ mil pas de la colline où sont les vignes. Les vins de ce climat sont de la mesme qualité que ceux de Pomard. Ils sont un peu plus

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roséz, quoyqu’on ne les façonne pas différemment. Il se trouve dans le climat de Beaune plusieurs cuvées qui égallent ceux de Vollenay et de Pomard. /fol. 10/ Savigny42, Chassagne43 et Aloss44 sont trois villages scitués au pied des collines, dont les climats produisent égallement de bons vins qui se font plus rosés que les précédens, parce que leur terroir est un peu plus fort. Ils ont beaucoup de feu et sont d’un goût et d’une qualité qui aproche beaucoup les plus fins vins du Beaunois. On ne les fait pas cuver plus de temps. Pernand45, Monthélye46, Auxey47, Muressaut48, Puligny49, St Aubin et Santenay qui sont des villages scitués au pied des collines, le long de la mesme coste. Ces différends climats produisent de très bons vins qu’on fait plus roséz que les précédens, quoyqu’ils n’ayent pas autant de finesse ni de sève que les plus fins vins. On les fait seulement un peu plus cuver que les autres pour les boire un an après qu’ils sont faits. Dans le village de Chassagne où l’on receuille [sic] d’excellens vins rouges, il y a un climat où l’on fait du vin blanc exquis. Ce climat s’apelle Moraché50 qui est d’une très petite estendue, car à peine dans les années les plus /fol. 10 v°/ abondantes on n’y fait pas plus de cinquante pièces de vin. Il se fassonne différemment des vins rouges. À mesure qu’on le vendange, on le met sur le pressoir pour en tirer le jus. Ensuite on le met dans le tonneau où il fermente plus de temps que le vin rouge. On a soin pendant sa fermentation de le remplir soir et matin pour le rendre plus net, plus blanc et plus sec quand il a déposé. Et, après que sa fermentation a cessé, on le laisse refroidir avant que de le sceller. Tous les vins blancs du Beaunois se fassonnent de la mesme manière. Après celuy de Morachet, suit celuy de Muresaut51 qui est un village scitué au pied d’une colline dont le climat produit des vins blancs d’une très grande réputation. Ce vin est délicieux en blanc. Il est d’ordinaire sec. Puligny est un village scitué au pied d’une colline. On y receuille de très bons vins blancs. On les boit ordinairement en blanc et on y trouve beaucoup de finisse [sic] et d’agréement. Pernand est un village scitué dans le /fol. 11/ penchant d’une colline où l’on receuille aussi de très excellens vins blancs. 42. Savigny-lès-Beaune (Côte-d’Or). 43. Chassagne-Montrachet (Côte-d’Or). 44. Aloxe-Corton (Côte-d’Or). 45. Pernand-Vergelesse (Côte-d’Or). 46. Monthélie (Côte-d’Or). 47. Auxey-Duresses (Côte-d’Or). 48. Meursault (Côte-d’Or). 49. Puligny-Montrachet (Côte-d’Or). 50. Montrachet, vignoble de la côte de Beaune qui produit encore des vins blancs fort réputés. 51. Meursault.

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Il n’y a aucunes manufactures dans le baillage de Beaune. On fabrique seulement dans la ville de gros draps qui valent au plus quatre livres l’aune. On y excelle dans la fabrique des tonneaux qui sont faits d’une grande propreté. Seurre Il n’y a ni minéraux, ni mines de quelque qualité que ce soit. Il n’y a non plus aucunes manufactures. Et les vins y sont très communs. St Jean de Losne Ce baillage ne produit rien de singulier qui soit dans le cas des éclaircissemens /fol. 11 v°/ que l’on demande, n’y ayant ni mines ni manufactures, ni vignobles. Ce sont cependant des plaines et des prairies qui sont fort abondantes52, dont les denrées se commercent à Lyon par la rivière de Saône. Autun L’Autunois n’est distingué par aucune singularité ne s’y trouvant, ni mines53 de fer, ni manufactures d’aucuns ouvrages, et les vins qui s’y font dans quelques petits cantons seulement sont des plus grossiers, n’aprochant point du tout de la bonté de ceux de Beaune quoyqu’ils n’en soient pas fort éloignés. Bourbon Lancy Il n’y a aucunes mines de fer ni autres. Il y a bien quelques particuliers qui prétendent que dans les parroisses de Challemoux54 qui est distante de deux lieues de Bourbon Lancy et on asseure qu’un gentilhomme voysin de lad. mine y a fait bâtir une forge et un fourneau dans l’espérance de se servir de cette mine. /fol. 12/ Il y a des eaues minéralles chaudes spécifiques pour le bain contre les rhumatismes, paralisies et autres maladies55. On s’en sert aussy pour la boisson, mais avec moins de succès. Il se trouve aussy à une lieue et demie de lad. ville, sur le bord de la Loire, au dessus du village de St Aubin56, une carrière dans laquelle on tire du marbre. Il y a dans led. village deux ou trois ouvriers qui en font des tables, des devants de cheminées, des cuvettes et autres ouvrages. Il n’i a dans tout ce baillage aucunes manufactures. 52. Caractéristique déjà soulignée dans le mémoire de 1698. 53. Les quelques mines de fer (Antilly et Couches), signalées comme déjà abandonnées dans le mémoire de 1698, sont passées ici sous silence. 54. Chalmoux (Saône-et-Loire). 55. Et, semble-t-il, aussi contre la stérilité : Catherine de Médecis y prit les eaux dans cette intention. Le mémoire de 1698 détaille largement leurs vertus (Daniel Ligou (éd.), L’Intendance de Bourgogne à la fin du XVIIe siècle, Paris, 1988, 279-280). La ville a été très fréquentée au cours du XVIIe siècle et Bourbon-Lancy est aujourd’hui encore une ville thermale. 56. Saint-Aubin-sur-Loire (Saône-et-Loire).

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Il n’y a point non plus de vins fins et, quand on en veut avoir, on les tire de Beaune et Chalon. Semeur en Brionnois57 Il n’y a aucunes mines de fer ni autres, ni manufactures. Les vins y sont fort mauvais, surtout ceux qui se receuillent dans le voisinage des montagnes de Forest58, Auvergne et Beaujolois /fol. 12 v°/ qui causent des gellées qui empeschent que les vins ne viennent en maturité. Ces vins sont consommés par les habitans des lieux qui n’en font aucun débit au dehors. Montcenis Il n’y a point de mines de quelque nature que ce soit59, ny de manufactures. Les vins y sont très médiocres. Mâcon Il n’y a dans le baillage de Mâcon rien de singulier qui regarde l’histoire naturelle en pierres, mines ou minéraux. Il y a seulement une montagne, dans la parroisse de Beize la ville60, où l’on trouve des pierres propres à faire du plastre et quelques unes qui aprochent d’un marbre gris. À l’égard de la manière de faire des vins, elle est des plus simples. On fait dans les meilleurs climats qui sont cinq ou six parroisses seulement, de trois sortes de vins, scavoir /fol. 13/ du plus commun, du chanet ou gris et du blanc. Le chanet est un raisin à peu près comme les raisins noirs de Bourgogne. On ne les laisse qu’une ou deux nuits dans la cuve. Après quoy, on les tire et on met le marc sur le pressoir. Il se purifie beaucoup dans le tonneau. Ce vin est très bon. Le gris est un raisin de bourguignon et se fait à peu près comme le chanet. Le blanc est d’un raisin appellé chardonnay. On le met sur le pressoir en sortant de la vigne et sur le champ dans le tonneau. Les meilleurs terroirs pour les gris sont Romanèche61 et de la Chapelle62. Ce sont de très bons vins. Les chanets sont trois gros hameaux dans les parroisses de Pressé63 et St Sorlin. Pour le blanc, sont les parrroisses de Senesé64, Solutré65 et le hameau de Davayé. Le hameau de Pouilly66, dans la parroisse de Solutré, l’emporte sur tous les autres.

57. 58. 59. 60. 61. 62. 63. 64. 65. 66.

Semur-en-Brionnois (Saône-et-Loire). Forez. Le mémoire de 1698 signalait des mines de charbon alors presque épuisées. Berzé-la-Ville (Saône-et-Loire). Romanèche-Thorins (Saône-et-Loire). La Chapelle-de-Guinchay (Saône-et-Loire). Prissé (Saône-et-Loire). Sennecé-lès-Mâcon, comm. de Mâcon (Saône-et-Loire). Solutré-Pouilly (Saône-et-Loire). Ce vignoble produit le fameux pouilly-fuissé.

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La bonne qualité que les marchands de Paris trouvent dans ces vins est qu’ils les meslent facilement avec toute sorte de vins et /fol. 13 v°/ qu’ayant beaucoup de force, ils en donnent à ceux qui n’en ont pas tant. Il n’y a aucune manufacture que de quelques toilles très communes. Tournus Il en est de mesme de ce lieu, dépendant du baillage de Mâcon, où il n’y a aucunes mines, ni manufactures, ni aucuns vins fins, si ce n’est le vin appellé chanet que quelques particuliers font avec des raisins qui en portent le nom qu’ils choisissent parmy les autres dans leurs vignes ou qui sont plantés séparément dans quelques lieux élevés et pierreux, lesquels ils foulent et pressurent comme du vin blanc en sortant de la vigne sans le laisser cuver ni bouillir que dans le tonneau, ce qui le rend violent et fumeux. Bourg en Bresse Il n’y a dans ce pays aucunes mines de fer ni autres, ni manufactures et les vins qu’on y fait /fol. 14/ sur les coteaux appellés du Revermont n’ont ni bonté ni réputation. Ils se consomment tous dans le pay [sic]. Gex Il n’y a au pays de Gex aucunes mines, ni minéraux qui soient cognus. On trouve cependant sur les bords du Rhosne67 des pailles d’un or très pur que ce fleuve entraîne avec le sable qui est extrèment [sic] noir et très ressemblant à la limaille de fer. Quelques particuliers s’occupent à le chercher et le vendent aux orphèvres, mais le travail est assés ingrat par raport au prix de la matière qu’on en tire, car on prétend que les plus habilles et les plus heureux ne gagnent pas plus de vingt ou trente sols par jour l’un portant l’autre dans cette recherche. Le triage de cet or se fait de cette manière. Le Rhosne, au sortir du lac de Genève, est toujours fort enflé en esté et il croid presque chaque jour depuis le mois de may jusques au quinze aoust qu’il commence à diminuer, en sorte qu’en hiver il est assés bas. C’est ce temps là que prennent ces gens. Ils /fol. 14 v°/ vont fouiller sous les pierres que ce fleuve a laissé dans les bords en se retirant, et en tirent le sable noirâtre ou cette poussière subtille dont on a parlé, qu’ils jettent ensuite sur une planche de bois inclinée sur un traiteau et parsemée de trous dans sa surface, lesquelles ne la pénétrant pas. À mesure que l’un jette ce sable, l’autre verse de l’eau. Les particules de l’or se trouvant arrestées dans les trous de la planche, mais meslées encor avec beaucoup de sable. On verse le tout dans un vase dans lequel on jette beaucoup d’eau et, après plusieurs lessives, le tirage se fait. On ne croid pas que ce soit le Rhosne qui fournisse ces particules d’or parce qu’elles se trouvent trop près de son dégorgement et il est vraysemblable que, 67. Rhône, fleuve.

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s’il les amenoit de sa source, il s’en déchargeroit dans le trajet de 22 lieues qu’il fait au travers du lac. Mais on croid que c’est de la rivière d’Arve qui dessend des montagnes de Savoye et qui se jette dans ce fleuve, qui les charie. /fol. 15/ Il ne se fait point de vins exquis ni qui ayent du nom au pays de Gex. Il n’y a aucunes manufactures. Arnay le Duc Il n’y a aucunes mines de fer ni d’autres métaux68, mais seulement on a trouvé depuis peu auprès d’un village apellé Grenant69, distant de cinq lieues d’Arnay le Duc, un espèce de métail qui brûlé fait de l’antimoine. Le Sr Languet, lieutenant criminel du baillage d’Arnay le Duc, a asseuré en avoir fait l’essay et qu’on avoit envoyé reconnoitre cette mine qu’on avoit publiée d’abord estre d’argent, mais cela na pas eu de suite. On n’a pas travaillé à cette mine, ce qui marque qu’elle n’en vaut pas la peine. Il n’y a aucunes manufactures, et il ne s’y fait rien de particulier par raport aux arts. Le vin qu’on y receuille est très grossier. /fol. 15 v°/ Semeur en Auxois70 Il n’y a aucunes mines de fer ni d’autres qui y soient cognues. Il n’y a point aussy de manufactures. Il y a seulement dans la ville de Semeur des drapiers ou fabriquants des draps pour leur compte, lesquels passent pour bons. Les vins y sont très communs et la consommation s’en fait dans le pays. Avalon71 Il n’y a dans tout le baillage d’Avalon ni mines de fer, ni autres. Il n’y a point non plus de manufactures et on n’y excelle en aucuns ouvrages. Tout ce qu’il y a de meilleur sont quelques costes de vignes qui produisent d’assés bons vins qui se font de cette manière. Après que les raisins sont coupés et remis dans des gros tonneaux auprès des vignes où ils sont /fol. 16/ foulés et broyés avec un gros pilon de vendenge, on les jette dans des cuves où on les laisse 24 heures ou tout au plus deux nuits. Ils y restent plus ou moins suivant que l’année a esté chaude et le temps beau ou mauvais pour les receuillir.

68. Le mémoire de 1698 constatait : “ L’on n’a pas remarqué qu’il y ait nul endroit dans la pays où l’on puisse découvrir des mines et quelques richesses souteraines et il n’y en a pas de descouvertes. ” 69. Grenand-lès-Sombernon (Côte-d’Or). 70. Semur-en-Auxois (Côte-d’Or). 71. Avallon (Yonne).

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Leur qualité est vineuse dans les bonnes années, leur couleur est belle et sont excellens au goût. Le meilleur terroir est celuy du Anay qu’on apelle Annay la Coste72, parce que les vignes sont sur un costeau qui est scitué au midy et ayant le levant. Celuy qui suit est apellé la coste de Rouvre, qui est dans le finage d’Anné et ayant même exposition. Ces vins sont très vineux. Une autre coste apellée coste de Tharot, scituée de mesme. Une autre petite estendue apellée Boneaux, finage de Girolle73, mesme exposition. Une autre appellée Valloux, scituée au midy, produit aussy de bons vins. La coste de Vaux Jaucourt, toute exposée au midy, produit des vins excellens en vieux /fol. 16 v°/ et très bons pour la santé. Toutes ces vignes sont scituées à une lieue d’Avalon. Il y en a encor une autre appellée Monteste, finage de Guillon, à trois lieues d’Avalon, scituée au levant et au midy, qui produit du vin très vif et très fin. Montbard Il n’y a ni mines de fer ni autres74, ni manufactures. À l’égard des vins, ils sont d’une si petite qualité et si foibles qu’on ne peut sans risquer les voiturer ni en faire aucun commerce, et il faut nécessairement les consommer sur les lieux. Noyers Le finage d’Étivey, à deux lieues de Noyers, sur la route de Dijon, produit des mines de fer fort abondantes. Elle se trouve à trois à quatre pieds et jusques à huit à dix pieds de /fol. 17/ profondeur. L’estendue peut estre d’environ un quart de lieue de longueur et autant de largeur. La forge est proche du village d’Aizy75, route de Dijon, généralité de Paris, sur la rivière d’Armançon, distante de deux lieues où la mine se tire. Le fer en est aigre et cassant. On employe pour fondre le charbon de bois. Quelquefois on y met un peu de sable de rivière et de la terre grasse que l’on apelle aubue. Cette terre se trouve communément partout. On envoye des échantillons de mine. Cette terre est prise dans le champ où on la tire actuellem[en]t, et ce qui se trouve envelopé dans un papier est de la mine lavée qu’on a fait venir de la forge et telle qu’elle est lorsqu’on la fait fondre. Il y a des étiquettes sur chacun. Il n’y a aucune manufacture.

72. 73. 74. 75.

Annay-la-Côte (Yonne). Girolles (Yonne). Les fameuses forges de Buffon, près de Montbard, seront construites en 1768. Aisy-sur-Armançon (Yonne).

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On pourroit néantmoins en establir deux dans le ville de Noyers, l’une de cuir fort, les eaues estant très propres pour cela. Il y a eu /fol. 17 v°/ jusqu’à quatorze et quinze tanneurs d’establis. Il n’y en a plus que quatre. La pluspart des tanneries subsistent encor. L’autre pourroit estre de bonneterie, les laines et les eaues y estant très propres. À l’égard des vins, Noyers est scitué à trois lieues de Tonnerre et à quatre de Chablis. Les villages de Cuilly et Fleÿ76, limitrophes de Chablis et de Noyers, produisent de semblables vins que Chablis. Les raisins dont se fait le vin, sont le pinot noir et le beaunois qui est un raisin blanc. Il s’y trouve quelques cerviniens rouges meslés dans lesd. raisins. On aporte le raisin de la vigne directement sur le pressoir sans entrer dans la cuve autant que faire se peut, afin que la couleur du vin soit plus belle et dure plus longtemps, c’est à dire plus blanche et plus claire. Le raisin estant sur le pressoir se façonne le plus promptement que l’on peut en luy donnant plusieurs serres et plusieurs coupes. Le vin qui sort des dernières coupes ne se mesle point avec l’autre, parce que, ce dernier /fol. 18/ sentend le forcé et ayant une fausse couleur, il gâteroit le premier tiré de raisin. On met ensuite ce vin dans des tonneaux comme partout ailleurs et on le laisse bouillir. Il faut avoir soin de remplir presque tous les jours les tonneaux jusqu’à ce que le vin soit entièrement calmé. Le vin de Tonnerre se fait de la mesme manière. Auxerre Près de Vermanton, à demy lieue d’un village nommé Arcy sur Cure, rivière, il y a une caverne d’une longueur et capacité surprenante. On la regarde comme une chose des plus curieuses par les congélations admirables et différentes qui s’y voient en quantité, représentant non seulement des rocailles, des grottes, des plus beaux jardins d’ornemens, mais de culs de lampe de toutes grosseurs, des rustiques, des rochers, des montagnes, des plaines et les ressemblances de tout ce qu’on /fol. 18 v°/ peut imaginer. On en peut voir la description dans le livre intitulé De l’origine des fontaines, imprimé à Paris en 1674 par le Sr Petit, libraire rue St Jacques, à la Croix d’or77. Près de l’hermitage Ste Geneviève, à un quart de lieue d’Auxerre, il se trouve une espèce de pierre qui, lorsqu’elle est polie, paroist estre du marbre, mais il faut creuzer trop avant pour en avoir des échantillons. Au village de Villefargeau, à une lieue et demy d’Auxerre, apartenant à Mr le marquis de Grave, il se trouve une autre espèce de pierre qui, quand elle est

76. Fleys (Yonne). 77. Pierre Perrault, De l’origine des fontaines, Paris, 1672. Sur les documents de l’enquête intéressant la grotte d’Arcy-sur-Cure, voir Jean-Claude Liger, “ Description des grottes d’Arcysur-Cure par Jacques Martineau de Soleine en 1716 : mythe ou réalité ? ”, Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de l’Yonne, 124 (1992), p. 9-19.

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polie, semble du marbre. Mr le marquis de Grave en donnera des échantillons, y faisant travailler. À l’égard des manufactures, il ne s’y fait rien de singulier par raport aux arts. Il y a dans l’hospital général d’Auxerre quelques mestiers qui servent à faire des serges façon de Londres et drapées. Dans Auxerre, il y a seulement deux mestiers /fol. 19/ pour faire des crespons et étamines. À Seignelay, il y a une manufacture establie par lettres patentes, où il y a six mestiers restablis qui travaillent à des serges façon de Londres, des flanelles et autres serges drapées. Pour faire les plus fins vins, il faut attendre qu’ils soient en parfaite maturité et surtout observer pour ceuillir le raisin que la rosée du matin soit tombée. Après avoir coupé les raisins, on les met dans des vaisseaux au pied de la vigne, dans lesquels on les écrase. Ceux qui veulent faire leur vin le plus délicat ostent les grapes desd. tonneaux dès la vigne. On charoye ensuite cette vendange qu’on vuide dans la cuve où sans cesse on foule les raisins, et on laisse cuver cette vendange ou plustost fermenter un temps suffisant, ce qui rend les vins piquants sans verd. On ne laisse cuver que le vin rouge et ils restent dans la cuve plus ou moins selon que le raisin est mûr et que les derniers mois de /fol. 19 v°/ la saison ont esté chauds ou pluvieux. Les qualités des vins du comté d’Auxerre sont différentes suivant les climats. Les meilleurs du finage d’Auxerre sont la chaînette, migrainé, quetin, la moquette, costechaude, embrazé, poiry, clercon, judat, chapote, ChampleRoy, Chatenay et pied de rats, Vermanton, Lafouyne, Lapalotte, Colange la Vineuse78, St Bris79, Augy et Chitry80. À deux lieues et demy d’Auxerre, entre Appougny81 et Chichery, il y a des fontaines d’eau mineralles froides sur le bord de la rivière d’Yonne, destruites par le débordement des eaues, dont la source se pourroit trouver au delà du chemin à cinq cens pas auprès d’une vigne. Ces fontaines, au raport des médecins qu’on a consulté, abondent en sel vitriotique sulphureux et en partie terreuse. On prétend qu’elles sont bonnes pour la gravelle, ardeurs d’urine, pierres, colliques néphrétiques et chaleurs d’entrailles, et que ces eaues sont plus apéritives que celles de Ste Reyne82. Bar sur Seine Il n’y a aucunes mines ni minéreaux /fol. 20/ dans le baillage de Bar sur Seine. Il y a seulement une forge de fer sur le finage de Champigny, dont la 78. 79. 80. 81. 82.

Coulanges-la-Vineuse (Yonne). Saint-Bris-le-Vineux (Yonne). Chitry-le-Fort (Yonne). Appoigny (Yonne). Source d’eau minérale de Sainte-Reine à Alise-Sainte-Reine (Côte-d’Or).

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mine se tire sur le terroir du baillage de Châtillon sur Seine. Il n’y a aussy aucunes manufactures, mais seulement des tixerans qui travaillent quelque fois en droguets qui est une estoffe comme de la tirtaine. À l’égard des vins, il s’y en fait de bons et fins aux trois bourgs des Riceys83 par raport au terroir et à l’exposition des coteaux, des finages et du plan qui est de pinots. Pour les faire paillets et prompts à boire, on met les raisins sur le pressoir en arrivant de la vigne. Ceux qui veulent faire du vin rouge laissent cuver les raisins pendant vingt quatre heures ou plus ou moins de ce qu’on veut leur donner de couleur. Ce rouge n’est pas si tendre à en user que le premier qui est néantmoins très bon dans son temps, c’est à dire sur l’arrière saison. Il s’y en fait d’une moindre qualité qui se receuillent dans les vignes basses dont le terrain est plus grossier et les raisins de plusieurs sortes. N[ot]a que les trois bourgs des Riceys qui se tiennent sont moityé de la généralité de Paris /fol. 20 v°/ et l’autre dépend du baillage de Bar sur Seine. Les autres vignobles dudit baillage ne sont pas si bons que ceux des Riceys. Châtillon sur Seine Il y a dans ce baillage trois sortes de mines. L’une grise dans laquelle il y a du sable qui sert en partie de castine pour contribuer à faire la fonte et à laquelle il faut cependant joindre un peu de sable à proportion et suivant que la mine est pierreuse. [en marge, de la main de Réaumur : rem[arque].] L’autre espèce est rouge et boueuse dans laquelle il n’y a que de la terre et point de pierres et pour la fondre il faut plus de castine ou sable. La troiziesme qui est la plus riche est noire et de bonne qualité. On la trouve dans une mine appellée le Grand Creux, parce qu’elle est à dix toises dans terre, et au dessous de cette profondeur il y a dix pieds d’épais de mine. Au dessous de cette mine, on trouve de la roche aisée à casser qui se convertit en la meilleure mine noire pourveu qu’elle soit tiré du creux avant l’hiver et que la geslée ait passé dessus. On ne peut rien tirer de cette mine du Grand Creux à cause de sa grande profondeur, /fol. 21/ y ayant plus de vingt pieds d’eau. Mais on envoye un échantillon d’une mine que l’on tire sur le finage de la Trecey qui est la plus riche après celle là. Il y avoit autrefois dans la ville de Châtillon des manufactures de serges du pays, dont on faisoit un grand commerce qui est tellement anéantie que, de quatre vingts marchands drapiers qui faisoient travailler plus de trois cens compagnons, il n’y en a plus que quatre ou cinq, les autres ayant esté ruinés par le passage des gens de guerre et les tailles excessives84. Cependant, il seroit très avantageux si on pouvoit restablir cette manufacture car les eaues

83. Déjà signalés en 1698. 84. Déjà, en 1698, l’intendant note à propos de Châtillon-sur-Seine que “ le commerce [des serges] est fort diminué, la plus grande partie des drappiers s’étant ruinéz et n’ayant pas de quoi achepter des laines qui sont enlevées par des marchands de Reims, de Châlons en Champagne et de Sedan ”.

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sont propres pour les draps et les laines de la montagne ne sont si bonnes que les marchands de Rheims85 et de Chaumont viennent les enlever tous les ans et en font commerce. Il n’y a qu’une petite manufacture à Arcq86 d’ouvrages de cotton dont le commerce est interrompu par la rareté de l’argent. On fait aussy beaucoup de toille de ménage à Aignay le Duc dont quelques marchands /fol. 21 v°/ font commerce à Dijon et à Troyes87. Les vins que l’on fait dans ce département n’estant pas d’une bonne qualité ne méritent pas qu’on marque la scituation des vignes ni la manière dont on le fait. Auxonne Il n’y a rien de singulier dans ce baillage en terres, pierres, mines, minéreaux, ni autres matières. Il y a entre Dole et Auxonne la perrière de Sanpan88 dont on tire une sorte de pierre jaspée fort dure, laquelle estant polie est aussy belle que le marbre, dont on fait de fort belles cheminées, des colonnes et autres beaux ouvrages. Ce lieu de Sampan est du baillage de Dole. À l’égard des mines de fer, il s’en trouve beaucoup en Franche Comté dans les baillages de Dole et Gray, dont il y en a qui passent pour les meilleurs fers du royaume pour estre doux et liants. On s’en sert utillement pour la marine, pour les ouvrages où il faut des fers de /fol. 22/ cette qualité. On pourrait ajouter que la Bourgogne contient des forests qui depuis longtemps fournissent des bois pour la construction et les radoubs des vaisseaux et des galères de Sa Majesté, et que la ville de Lyon en tire des bois de chauffage et des charbons pour la consommation des manufactures. Il n’y a aucune manufacture dans le baillage d’Auxonne. À l’égard des vins, il s’y en receuil [sic] fort peu ce ne sont que de petits vins blancs pour la boisson des paysans. Saulieu Il n’y a dans le baillage de Saulieu aucunes mines de fer. Il y a une montagne apellée mont St Jean où l’on pourroit tirer d’assés belles pierres de taille. À l’égard du vin, il est très grossier et se fait sans façon, le laissant seulement dans la /fol. 22 v°/ cuve pendant sept ou huit jours pour le rendre plus coloré.

85. 86. 87. 88.

Reims (Marne). Arc-en-Barrois (Haute-Marne). Déjà signalé en 1698. Sampans (Jura).

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Il y a une fort mauvaise manufacture de drap, n’y ayant que les petites gens et quelquefois mais rarement le soldat qui s’en habille. Les laisnes n’y sont cependant pas mauvaises. Cluny Il n’y a aucune sorte de mines dans cette subdélégation qui fait partie du baillage du Maconnois. Il n’y a non plus aucunes manufactures. Tout ce qu’il y a de singulier consiste en un commerce de fil et de gands qui n’est pas considérable. Pour ce qui est des vins, on y en receuille en quelques cantons qui est assés commun, mais il n’y en a pas suffisamment pour la consommation des habitans qui sont obligéz d’en tirer du haut Maconnais. Toulon sur Arroux Il y a dans cette subdélégation faisant partie du baillage du Charolois la terre de /fol. 23/ Perecy89, des mines et castines. N° premier. Sur le terroir de l’ourdon de Roselet90 est une mine en grain. Elle se tire en chasse à deux et quatre doits de découvert. Il s’en trouve de la hauteur de deux pieds en certains endroits et de quatre en d’autres. Elle va par bouillons. Il y a environ un tiers de mine brutte. Sa qualité est froide, bonne pour le fer, estant usé seul. N° 2. Au lieu de Romaigné91, est une mine dont la plus grande partie est en grain et l’autre en petites greluches ou grains carés. Elle se tire à environ de deux pieds et demy de découvert, quelquefois plus bas, quelquefois moins, on en trouve de trois à quatre pieds. Cette mine est froide, mais bonne seule pour le fer, lorsqu’elle est usée seule. N° 3. Au lieu de Fautraine, est une mine chaude qui se tire à sept ou huit pieds de découvert et en divers endroits à dix et douze. Il y en a de quatre à cinq pieds de mine. /fol. 23 v°/ Cet ourdon ne se suit pas, il va par bouillons. Il s’y trouve en divers endroits de grosses greluches qu’il faut casser avec la masse, le reste est comme la montre. Cette mine seule rend le fer cassant, les deux autres mines marquées cy dessus, meslées ensemble, la tempèrent par leur qualité. Lorsqu’il y a un quart d’une et d’autre, ou un tiers d’une et d’autre, le fer en est fort bon. Il n’est point cuivreux et soude parfaitement bien. N° 4. Au lieu de la Valette, est une mine en roche qui se tire par bouillon à trois et quatre pieds de découvert. L’ourdon n’est point encore découvert. Elle

89. Perrecy-les-Forges (Saône-et-Loire). 90. À Rozelay et à Romagné (comm. de Perrecy-les-Forges, Saône-et-Loire), des puits de mines de charbon aujourd’hui désaffectées sont encore visibles. 91. Romagné.

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va par bouillons. Il y en a un où il se trouve de six à sept pieds de mine comme la montre. Elle n’a point encore esté éprouvée. On estime qu’elle est fort chaude, et c’est seulement un esuans [?] de mine que l’on a trouvé. Ainsy, on ne peut dire au vray sa qualité. Le n° 5 est la castille ou castine que l’on /fol. 24/ met au fourneau pour l’eschauffer. Elle se tire à trois doits de descouvert et il y en a de cinq à six pieds de hauteur. Elle ne se suit pas toujours de même. On envoye les échantillons cy dessus numérotés. Il n’y a point de manufacture dans l’estendue de la subdélégation de Toulon sur Arroux. Il ne s’y receuil aucunz vins le pays estant fort ingrat et n’estant que des terres à seigle. Belley Il y a dans ce baillage la montagne d’Ennemard où il y a une concavité où coule une fontaine, le long de laquelle on trouve une terre rouge meslée de quelques brillans ou petites pailles qui semblent estre d’argent. Quelques curieux ont essayé de scavoir ce qu’il en estoit, mais avec si peu de fruit qu’on asseure que la dépense est infiniment au dessus du /fol. 24 v°/ produit. En 1709, quelques particuliers écrivirent à la Cour sur cette descouverte. On renvoya leurs mémoires à Mr Pinon92, pour lors intendant de Bourgogne, auquel on envoya de Belley de cette matière qu’on avoit recherchée avec beaucoup de soin et de dépense, mais on n’eut sur cela aucune réponse. Il n’y a point de castine auprès de cette prétendue mine, ce qui fait juger qu’elle n’est pas bonne puisque les gens du mestier asseurent qu’il n’est point de mine qui n’ait son fondement à peu de distance. Il y a dans la terre d’Angeville, lieu dit en Mazières, une pierre laquelle est fort brillante et a excité la curiosité de beaucoup de personnes. On en a porté à Lyon, à Genève, à Chambéry et en divers autres endroits. Il paroist par les différentes découvertes qu’on y a fait que plusieurs personnes s’en sont meslées. Cependant on n’y est pas venu deux fois. Ce qui fait croire qu’on ne la /fol. 25/ pas trouvée bonne. À peu de distance de là, est une espèce de terre que l’on croit en estre la castine. Elle est grise et si sulphureuse qu’elle prend dès qu’on l’en aproche et ne tarde guière à estre réduite en cendre. Son effet est si prompt et si violent qu’ayant bientost réduit cette terre en poussière, tout ce qui paroissoit brillant s’évapore, en sorte qu’il ne reste que la matière la plus grossière. On a encore trouvé dans la montagne des Portes une certaine terre qu’on prétend estre très bonne pour en tirer du fer. Le procureur d’une chartreuse

92. Anne Pinon, vicomte de Quincy, qui, après Pau, Alençon et Poitiers, a été intendant à Dijon de juillet 1705 à mars 1710.

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près de là a dit en avoir envoyé dans une de leurs chartreuses où il y a des eaues et les artifices93 nécessaires pour cela et qu’on en tira de très bon fer. Il n’y a dans led. pays de Bugey aucunes manufactures par raport aux arts, ce pays n’abondant qu’en montagnes et estant très pauvre. À l’égard des vins, ils sont d’une qualité /fol. 25 v°/ si commune qu’on ne trouve point à les vendre quoyqu’il y en ait au delà de la consommation ordinaire, et la manière de les faire est la plus commune. Chalon94 Il n’y a dans l’estendue du baillage de Chalon rien de singulier par raport aux mines et minéreaux, ni autres matières qui regardent l’histoire naturelle. Il n’y a aucunes manufactures. Il y a seulement à Chalon deux m[aîtr]es drapiers fabriquant des droguets de laines pur fil, et deux fabriquans de bas au mestier. À Chagny, à trois lieues de Chalon, il y a aussy deux m[aîtr]es drapiers fabriquant des serges de deux tiers et de demy aulne. Il y a aussy à Nolay trois fabriquans de serges. /fol. 26/ Pour ce qui est des vins, ils y sont fort bons, surtout ceux de Mercuré95 et de Givry qui se font à peu près comme ceux de Beaune. Les vins des autres crus n’ont pas la mesme réputation. de La Briffe 5. - s.d. [envoyé avec une lettre du 22 décembre 1716] : demandes de renseignements complémentaires par Réaumur, minute [16/2/l/b]. Dijon Le mémoire que Monsieur de la Briffe a envoié à SAR Monseigneur le duc d’Orléans par sa letre du 28 novembre et les différents échantillons de matierre qu’il a pris soing de rassembler, nous donnent beaucoup d’utiles et curieuses instructions sur ce que son département a de singulier soit par raport aux arts, soit par raport à l’histoire naturelle. Il nous reste seulement à souhaiter quelques éclaircissements ; nous les souhaitons avec d’autant plus d’impatience que vous sommes sûrs de les avoir excellents. Baillage de Dijon [la suite est reprise dans le mémoire joint au doc. 6, ci-après] On ne doubte point que les soingt qu’a pris Monsieur de la Briffe n’aient réveillé l’attention et la curiosité dans son département sur ce qui y est de sin-

93. Moulins à eau. 94. Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire). 95. Mercurey (Saône-et-Loire).

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gulier par raport à l’histoire naturelle et on ose se promettre qu’il voudra bien nous communiquer ce qui viendra de nouveau à sa connoissance. 6. - 22 février 1717 : La Briffe au Régent, Dijon [16/4/c]. 14 9 Monseigneur, Suivant la lettre que VAR m’a fait l’onneur de m’écrire du 22 décembre, je prends la liberté de luy envoyer un mémoire qui contient les réflexions et les nouvelles questions de l’académie des Sciences, avec les réponses et éclaircissemens qui me sont demandés. J’ay fait mettre au carrosse de voiture qui est party ce matin à l’adresse de Mr Fontaine, une caisse où il y a quelques congellations qu’on a tirées de la grote d’Arcy, baillage d’Auxerre, et dont l’académie des sciences a souhaité avoir des échantillons, de mesme que des échantillons du marbre qu’on trouve dans des carrières auprès d’Auxerre, avec des petits mémoires sur chacun de ces échantillons. Il y a dans une autre petite caisse carée qui est partie par la mesme voiture, des échantillons de marbre qui se trouvent dans les baillages de Mâcon, Bourbon Lancy et Auxonne, et d’une mine qui est au village de Grenant, baillage d’Arnay le Duc, dont on fait de l’antimoine ; les étiquettes sont sur chacun de ces échantillons. J’ay mis aussy dans la mesme caisse un plan des carrières de marbre d’auprès Bourbon Lancy. Il ne reste, Monseigneur, à donner des éclaircissemens que sur trois articles du mémoire qui regardent les baillages de Beaune, Gex et Belley. J’ay marqué par les réponses la difficulté qu’il y a de les donner présentement à cause de la rigueur de la saison et qu’on ne perdra pas un moment à cela dèz que le temps le pourra permettre. Je souhaite, Monseigneur, que VAR soit contente de ce que j’ay fait. Je la suplie très humblement d’estre persuadée que j’exécuteray toujours très ponctuellement les ordres qu’il luy plaira me donner pour tascher de me rendre digne de ses bontés et de sa protection. Je suis avec soumission et un très profond respect, Monseigneur, [etc.]. de la Briffe à Dijon, ce 22e février 1717 [au dos :] M. l’abbé Bignon Joint : mémoire d’éclaircissements, s.d. [16/4/d]. /fol. 1/ [14] Généralité de Dijon Mémoire contenant les réflexions de l’académie des Sciences sur les différends échantillons de matière qui luy ont esté envoyés de la province de Bourgogne et les nouveaux éclaircissemens qu’elle souhaite avoir avec les réponses à chaque article.

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Baillage de Dijon Réponses La terre apellée d’erbue est une terre dont on se sert pour ayder à fondre la mine de fer. Cette terre est fort commune. Les mareschaux et les taillandiers s’en servent, la font seicher et la réduisent en poussière. C’est le nom de la terre et nom [sic] des lieux où on la tire. On en trouve facilement en différends endroits. La castine que l’on employe avec l’herbue est un gros sable de rivière et l’on en tire dans les plus mauvaises terres. La couleur n’est point différente. /fol. 1 v°/ [section barrée] Non, on ne la réduit pas en poussière ; on la jette au fourneau comme on la tire de la terre et, lorsqu’il y a de trop gros morceaux, pour lors on la concasse et on la jette dans le fourneau, de même que la mine après que le charbon est jetté sur la mine, et c’est pour faire prendre à cette mine la qualité de fonte et empescher qu’elle ne brusle. On ne fait point d’acier dans les forges de cette province. Il y a simplement des fourneaux et des forges qui ne font que des fers en bande, ou fers marchands, fers de fenderie, fer fins et fers en barreaux carré. Il y a quelques petites forges qu’on apelle fileries, du costé de Chastillon sur Seine, où l’on tire du fil de fer rond de plusieurs échantillons ou grosseurs.

Questions96 On demande ce que c’est que la terre appellée d’herbue dont on se sert pour fondre la mine de fer.

1° Ce nom est-il celuy de la terre ou de l’endroit où on la tire. 2° La trouve-t-on en différends endroits dans le baillage de Dijon. 3° Est ce par préférence ou par deffaut de castine qu’on employe cette terre. 4° N’y-a-[t]-il point de ces terres de différentes couleurs. 5° La réduit on en poussière avant de la jetter dans le fourneau.

On voudroit aussy scavoir si, dans quelques unes des forges de Bourgogne, on fait de l’acier et, en ce cas, quelles sont les pratiques qu’on suit parce qu’on le travaille fort différemment dans la pluspart des provinces du royaume. S’il y a des fendries et tréfilerie, c’est à dire des machines pour fendre des barres de fer, et d’autres pour le tirer en fil rond.

96. La minute originale de ces questions, de la main de Réaumur, figure en 16/2/l/b.

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Baillage de Beaune On a donné ordre de faire chercher des pierres de la mine cuivreuse pour en rassembler une quantité de toutes espèces qui représentent des coquilles et des cornes d’ammon si tost que la saison sera propre pour cette recherche. J’ay mesme rendu une ordonnance pour obliger les prop[riétai]res à laisser fouiller dans leurs terres.

J’ay rendu une pareille ordonnance pour fouiller dans les endroits où l’on pourra descouvrir cette mine par les paysans qu’on y employera, et on donnera le plus tost qu’il sera possible les éclaircissemens que l’on demande.

/fol. 2 v°/ On envoyera incessamment des échantillons des trois espèces de pierre qui ressemblent au marbre et au jaspe.

On fera l’essay des pierres cuivreuses qui se trouvent proche de village de Bescoux97. Celles qui ont esté envoyées pour échantillon /fol. 2/ ont desjà une singularité. Elles sont faites en coquilles et en cornes d’ammon. Si on pouvoit ramasser de ces pierres qui représentent des coquilles et des cornes d’ammon et d’autres espèces, on les verroit avec plaisir ; on seroit bien aise qu’on en assemblât autant qu’on pourroit trouver de différentes par leur figure. 2° S’il est vray que proche du village de Crugey, il y a une mine d’étain dont quelques personnes ont fait de la vaisselle, il seroit très utille de découvrir l’endroit où est cette mine. Il y a peu d’aparence que quantité de paysans puissent concourir à la tenir cachée. Sy on parvient à la connoistre on souhaite fort en voir des échantillons. 3° On a aussy à demander des échantillons de ces trois espèces de pierre du mesme baillage qui imitent le marbre et le jaspe.

Bourbon Lancy On a à demander de ce baillage des On envoye dans une petite caisse deux eschantillons de différends marbres qui s’y échantillons faits en globle et polis de trouvent et une petite description des différens marbres qu’on a tiré des carrières qui les fournissent. carrières près de Bourbon Lancy en Bourgogne, sur lesquels il y a des étiquetes. Et un troisième échantillon d’un autre marbre noir et blanc en demy cercle, poly d’un costé, qu’on a tiré d’une autre carrière. On y a joint un plan de ces carrières et d’une autre carrière qui est de l’autre costé de la rivière de Loire et de la

97. Bécoup.

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province de Bourbonnois. Toutes ces carrières sont très abondantes.

/fol. 3/

Mâcon

On envoye un échantillon de ce marbre qui se trouve dans la parroisse de Bezze la Ville98. La carrière peut contenir quatre cens pas de long sur six de large. L’autel et les pillastres de la chapelle que Mr le Cardinal de Bouillon99 a fait faire à Cluny sont en partie de ce marbre.

On parle aussy dans l’article de Mâcon d’une pierre qui aproche d’un marbre gris dont on voudroit voir un échantillon.

Gex Quoyque ce soit en hiver que les paillettes d’or se cherchent au bord du Rhosne, ce n’est cependant pas dans un temps de neige comme celuy cy, les bords de ce fleuve en estant couverts. On ne négligera rien pour avoir tous les éclaircissemens demandés et on y aportera toute la diligence et l’exactitude qu’on peut désirer.

Nous avons bien des éclaircissemens à demander sur les paillettes d’or qu’on tire du sable du Rhosne. 1° Dans quelle estendue du cours de ce fleuve on trouve des paillettes meslées avec le sable.

2° Si l’on sçait à peu près où va par an la quantité que les paysans en amassent. 3° On voudroit avoir du sable noir où se trouvent ces paillettes meslé avec le sable commun. 4° du sable noir avec lequel les paillettes sont meslées. 5° des paillettes qu’on retire de ce sable. /fol. 3 v°/ 6° On voudroit aussy qu’on s’informât si on n’a point rencontré des morceaux d’or un peu gros, et quels sont les plus gros qu’on ait trouvé.

98. Berzé-la-Ville (Saône-et-Loire). 99. Fils de Frédéric-Maurice de la Tour d’Auvergne et neveu de Turenne, abbé de Cluny de 1683 à 1715. Il fit réaliser pour une chapelle du petit transept de l’abbatiale un monument commémoratif, qui, jugé trop séditieux (on pouvait y voir une glorification de la Fronde), resta en caisses, ce qui le préserva des destructions de la Révolution. Des éléments de ce monument sont aujourd’hui visibles dans la chapelle de l’Hôtel-dieu de Cluny.

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7o Est-il bien sûr que les paysans pour séparer ces paillettes du sable jettent ce sable sur une planche dont la surface est parsemée de trous, sur laquelle ils versent ensuite de l’eau. Dans les autres endroits du royaume on se sert d’un expédient qui paroit meilleur, on recouvre la planche de drap. 8o Les paillettes qui restent sur la planche doivent estre meslées avec beaucoup de sable, pour les en séparer n’employe-[t]-on pas le mercure. 9o On voudroit avoir quelques grains pezans de cet or pour /fol. 4/ scavoir si son titre est le mesme que celuy de l’or que donnent plusieurs de nos rivières. On nous fera plaisir de nous envoyer le mémoire le plus détaillé qu’on pourra avoir sur cette matière, la saison est favorable puisqu’on marque que c’est en hiver que les paysans cherchent ces paillettes.

Arnay-le Duc On envoye des échantillons de cette mine qu’on dit estant mise au feu se refondre en antimoine et la fumée estre très dangereuse à la santé. Ces échantillons pèzent beaucoup plus que les pierres. Cette mine se prend au bas d’une montagne qui termine le valon qui vient de Dijon à Châteauneuf. Cette montagne est éclairée des premiers rayons du soleil pendant les mois d’avril, may, juin, juillet, aoust, septembre et octobre. La terre où ces pierres ou mine se tirent, est assés forte et grasse, de couleur blanchastre en certains endroits et noire en d’autres, et c’est par le moyen des eaues qui coulent au pied de cette montagne qu’on a fait la découverte de ces pierres dorées qu’on apelle aujourd’huy la mine de Grenand ; on ne scait point quelle est l’estendue de cette mine.

On voudroit avoir un échantillon de la mine qui est proche du village de Grenant et qu’on dit donner de l’antimoine, avec une petite description de l’endroit où elle est scituée.

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/fol. 4 v°/

L’ENQUÊTE DU RÉGENT

Auxerre

On envoye plusieurs congellations de la grotte d’Arcy qui sont assés singulières. Elles sont dans une longue caisse, il y a une étiquette sur la plus considérable des congélations qui est un bout d’un tuyau d’orgue. Ce n’est pas des plus gros parce qu’il y en a comme le corps d’un enfant et d’autres plus gros que l’on n’en ait veu à aucunes orgues, mais c’est parce qu’en effet ils en ont la forme et la figure. Il y a aussy de petites écailles de rochers tout blancs dont on a mis quelque échantillon avec diverses autres petites congélations aisées à emporter.

La fameuse grote d’Arcy dont un des Mrs Perault a donné la description dans son traité des fontaines est-elle encore praticable. On verroit avec plaisir quelques unes de ses congellations comme celles que l’autheur apelle des tuyaux d’orgues. Trouve-t-on sur le fond de cette caverne comme dans plusieurs autres cavernes des pierres formées en dragées.

On envoye aussy des échantillons On voudroit voir aussy des échantillons qu’on a ramassé de plusieurs pierres de ces pierres d’auprès Auxerre qui ou marbre. Il y en a de polies et d’autres ressemblent au marbre. qui sont brutes, les étiquettes sont sur celles qui sont polies pour servir d’éclaircissemens. Les carrières sont très abondantes.

/fol. 5/

Auxonne

On voudroit pareillement avoir de cette On envoye des échantillons de deux pierre de Sampan qui polie est aussy belle espèces de pierre qui s’y trouvent. La blanche est celle qu’on apelle la jaspée. que le marbre. La rouge est la marbrée qui sert à bâtir et qui étant polie est belle aussy dans son espèce. Ces deux sortes de marbre se trouvent dans deux différentes carrières qui sont d’une estendue assés considérable.

Belley On auroit à demander de ce baillage : Les montagnes de Bugey sont à présent 1o de cette terre rouge qui semble si couvertes de neige et d’un si difficille accès qu’il n’est pas possible d’avoir si meslée avec des paillettes d’argent qui se tost les échantillons que l’on demande. trouve proche d’une fontaine de la

DIJON OU BOURGOGNE

On en fera chercher si tost que les lieux seront praticables, ce qui dépendra de la rigueur et de la durée de l’hiver et on ne perdra pas de temps.

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montagne d’Ennemard. 2° de la pierre brillante de la terre d’Angeville. 3° de cette terre grize et sulphureuse qu’on rencontre à peu de distance de l’endroit précédent.

de la Briffe

7. - 31 mars 1717 : La Briffe au Régent [16/9/d/i]. 22 41 [au crayon :] Gex et Belley, paillettes d’or Monseigneur, J’eus l’honneur d’envoier à VAR, le 23e février dernier, un mémoire contenant les réflections et les nouvelles questions de l’accadémie des Sciences et mes réponses avec deux caisses d’échantillons et congélations qu’elle souhaitoit avoir. Par mes réponses je marquay qu’il n’étoit pas possible de satisfaire dans ce temps là à donner les esclaircissemens marqués pour les bailliages de Gex et de Belley à cause de la grande quantité de nèges qu’il y avoit. Comm’elles se sont un peu fondues dans le pays de Gex, j’ai fait prendre les éclaircissemens que l’accadémie demande, ainsy que VAR aura agréable, Monseigneur, de voir par le mémoire particulier cy joint. J’ay fait remettre à Mr Fontaine une petitte boette pour VAR où il y a du sable, des paillettes et un petit morceau d’or que l’accadémie des Sciences demande. Ils sont en trois petits paquets. Aussy tost qu’on pourra prendre les autres esclaircissemens demandés pour les bailliages de Belley et Beaune, je ne manqueray pas, Monseigneur, de les envoyer à VAR. Je suis avec un très profond respect et une grande soumission, Monseigneur, [etc.]. ce 31e mars 1717 de La Briffe Joint : mémoire concernant l’or du pays de Gex, s.d. [16/9/d/ii]. /fol. 1/ Extrait de mémoire de l’académie royalle des Sciences que son Altesse royalle Monseigneur le duc d’Orléans, Régent du royaume, a envoyé à Mr de la Briffe, intendant de Bourgogne, pour prendre les éclaircissemens que cette académie demande concernant le baillage de Gex.

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L’ENQUÊTE DU RÉGENT

Gex Réponses

Questions Nous avons biens des éclaircissemens à demander sur les paillettes d’or qu’on tire des sables du Rhosne. Depuis l’embouchure de la rivière 1° Dans quelle estendue du cours de ce d’Arve jusques au dessous de Collonge100, fleuve on trouve des paillettes meslées avec ce qui fait environ cinq lieues. le sable. Ce travail est fort abandonné 2° Si l’on scait à peu près où va par an présentement à cause de son ingratitude. la quantité que les paysans en amassent. Il n’y a plus que les Savoyards qui s’y apliquent. Les habitans du pays de Gex ne s’y occupent plus, le profit ordinaire n’allant plus qu’à dix ou douze sols par jour. On ne scauroit fixer la quantité qu’on en retire chaque année. C’est un grains meslé avec des 3° On voudroit avoir du sable noir où se /fol . 1 v°/ cailloux de toutes grosseurs trouvent ces paillettes meslé avec le sable qui ne peut estre d’aucune utilité. Il en commun. faut remuer plus de douze quintaux avant que d’en tirer pour dix sols d’or. On envoye de ce sable. 4° du sable noir avec lequel les paillettes sont meslées. On envoye des paillettes. 5° des paillettes qu’on retire de ce sable. Il s’en est trouvé de la grosseur 6° On voudroit aussy qu’on s’informât si d’un grain de millet, ce qui est fort on n’a point rencontré des morceaux d’or rare. Si l’on en croit quelques personnes un peu gros et quels sont les plus gros on en a trouvé d’une grosseur quatre qu’on ait trouvé. fois plus considérable. Le fait est certain. L’on ne s’est 7° Est-il bien sûr que les paysans pour jamais servy de drap. La planche est non séparer les paillettes du sable, jettent ce seulement trouée à la profondeur de sable sur une planche dont la surface est quatre lignes de quatre pouces en quatre parsemée de troux, sur laquelle ils versent pouces sur des rigoles qui sont à la ensuite de l’eau. Dans les autres endroits du mesme distance et qui n’ont que deux royaume on se sert d’un expédient qui lignes de profondeur. paroist meilleur ; on recouvre la planche de drap. /fol. 2/ On se sert de mercure qui 8° Les paillettes qui restent sur la s’exale par le feu. planche doivent estre meslées avec beaucoup de sable, pour les en séparer

100. Collonges (Ain).

DIJON OU BOURGOGNE

On en envoye.

de la Briffe

375

n’employ-t-on pas le mercure. 9° On voudrois avoir quelques grains pezant de cet or pour scavoir si son titre est le même que celuy de l’or que donnent plusieurs de nos rivières. On fera plaisir de nous envoyer le mémoire le plus détaillé qu’on poura avoir sur cette matière. La saison est favorable puisqu’on marque que c’est en hiver que les paysans cherchent ces paillettes.

8. - s.d. [envoyé à l’intendant le 31 août 1717] : demande de Réaumur, minute [16/2/l/a]. Dijon L’Académie ne pouvoit attendre que d’excellents éclaircissements de Monsieur de la Briffe ; elle en a trouvé de tels que si les étoit promis dans les mémoires et les échantillons de matières qui ont suivi les lettres écrites à SAR le 23 février et le 31 mars. Elle espère que Monsieur de la Briffe voudra bien continuer à luy communiquer ce qu’il apprendra de nouveau. Elle auroit besoing d’avoir encore quelques instructions sur les fileries d’auprès de Châtillon sur Seine. Elle voudroit un mémoire détaillé sur la manière dont on y tire le fer à commencer depuis les barres jusques as qu’il soit réduit au plus fin. Si il y avoit dans le même endroit des fileries [en marge : ou trifileries] pour tirer le gros fil de fer appellé fil de chaudronnier, qui ne s’allonge point en passant par des filières mais entre deux rouleaux, autour de chacun desquels est creusé une renure, on demanderoit un deissein de ces sortes de fileries ou trifileries, en cas qu’il y eust dans le pais quelqu’un capable de le lever. 9. - 2 juin 1718 : La Briffe au Régent, Dijon [18/9]. 51 Monseigneur, VAR me fit l’honneur de m’envoyer le 31e aoust 1717 un mémoire de l’académie des Sciences par lequel elle me demandoit des éclaircissemens. J’y ay satisfait dès le 2e février d[erni]er, à l’exception de ce qui regardoit l’essay du gros fil tiré entre des roulleaux canelés en demy cercles. Comme le maître de la forge de Chamessert101, scituée dans le bailliage de Châtillon sur Seine, vient de faire cette expérience, j’ay l’honneur d’en envoïer à VAR un échan-

101. Pour Chamesson (Côte-d’Or) ?

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L’ENQUÊTE DU RÉGENT

tillon, au moyen de quoy j’ai satisfait au contenu du mémoire de M[essieu]rs de l’académie des Sciences. Je suplie très humblement VAR de me faire la justice de croire que personne au monde n’est plus porté que moy à exécuter ses ordres, et que je suis avec un très profond respect et une grande soumission, Monseigneur, [etc.]. de la Briffe e à Dijon, ce 2 juin 1718 10. - 6 juin 1718 : Pigeot au Régent, Dijon [18/32/a]. Monseigneur, J’ay l’honneur de vous présenter quelques mémoires dans la feuille cy jointe. Je crois que vous les trouverés assez beaux pour mériter qu’on les mette à exécution, ce que je ferois moy même si j’en avois les moyens, ou si on me les fournissoit d’ailleurs. Mais, comme les grandes choses ne paroissent pas ce qu’elles sont entre les mains de ceux qui les inventent, qui n’en ont presque jamais de justes récompenses, je me résouls à prendre le party que je conseille à mille beaux esprits peu fortunés, dans un quatrain qui est au pied de ces mémoires dont la substance est meilleure que la poésie. Si vous jugiés, Monseigneur, ces mémoires dignes de votre attention et de votre protection, je ne désesperois pas d’y réussir en tous. J’ay l’honneur d’estre avec un profond respect, Monseigneur, [etc.]. à Dijon, le 6e juin 1718 Pigeot chez Madle Amyot dans la maison d’un boulanger rue de la charrue Joint : mémoire, s.d. [18/32/b]. 30 Calcul du compte des fermes générales du Domaine de etc. I ll. s. d. ll. s. d. 120 18 6 86 40 10 7 5 744 10 7 38 472 12 9 523 3 7 82 340 6 10 1 234 19 3 1 023 13 10 560 19 3 48 725 12 9 7 890 4 10 5 400 13 9 345 2 10 1 200 8 9 13 256 16 2 45 670 12 9 5 670 15 3 23 230 2 8

DIJON OU BOURGOGNE

456 67 1 6 12 8 8 153 424

781 923 238 000 300 653 960 732 561

8 12 6 2 7 2 5 3 4

5 8 11 11 7 6 6 10 7

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1 234 19 3 24 506 4 8 2 350 1 2 43 589 5 10 7 890 4 10 3 405 2 10 1 234 17 10 21 545 5 9 26 678 11 7 457 780 15 9 854 909ll 15 s. 1 d. 1 175 507ll 5 s. 5 d. Les colonnes de chiffres cy dessus contiennent un discours en chiffres. Cette méthode nouvelle est très facile pour composer et pour déchiffrer des lettres, elle ne charge pas la mémoire et les lettres en sont absolument indéchiffrables sans la clef. On peut enseigner cette même méthode à cent personnes, sans craindre que les unes puissent déchiffrer les lettres des autres, si elles n’en ont pas les clefs spécifiques. [en marge : On a donné la méthode par écrit à Monseigr le Régent et à Monsr le Duc ; et point de gratification.] 2. On peut faire une composition ou brai pour enduire les vaisseaux laquelle résistera au feu et à l’eau, en sorte qu’on ne pourra mettre le feu à un vaisseau qui en sera esparmé. Cette composition tiendra quasi comme un cloud et ne coûtera pas plus que celle dont on se sert à présent. [en marge :] Cet article vaut bien une pièce d’esprit sur quelque naufrage ou sur un combat naval. 3. On peut faire des cuvettes pour y fondre les matières dont on fait les glaces de miroirs et le verre ; ces cuvettes pourront durer plus de deux années dans les fournaises des verreries sans être altérées par la violence du feu continuel ; celles dont on se sert ne pouvant résister au feu que peu de mois. Si l’on pouvoit faire fondre la matière dont on peut former des cuvettes de nouvelle invention, on feroit des ouvrages prétieux. Cette même matière peut aussy servir à faire des grands creusets dans les hôtels des Monnoyes et des briques pour bâtir des fourneaux. [en marge :] On en a escrit à Mr Delabarre, directeur de la manufacture des glaces de miroirs, faub[ourg] St Antoine à Paris. 4. On sçait fondre la pierre, en sorte qu’on peut la jetter en moules et en former toutes sortes de pièces d’architecture, comme pavés, tables, pilastres, balustres, piédestaux, colonnes, etc.

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L’ENQUÊTE DU RÉGENT

Des pierres qu’on fait fondre les unes rendent une matière bleuue et blanche jaspée ; d’autres font une espèce d’agate grise et blanche ; d’autres se changent en une pierre d’un vert jaunâtre avec une jaspure blanche et noire ; des autres enfin par leur fusion produisent une matière noire comme le marbre le plus noir, avec fort peu de mélange. Ces pierres fondues résisteront aux injures du tems ; elles auront beaucoup d’éclat ; leur beauté et leur solidité les fera rechercher. Les ouvrages de pierre fondue ne seront pas d’un prix considérable, quoyque dans l’antiquité la plus reculée on n’ayt rien fait de semblable. Ce qui coûtera le plus sera de faire des modèles et des moules. [en marge :] Ce mémoire a esté présenté à Monseigr le Régent ; on n’y a pas fait l’attention qu’il mérite. Il faudroit former une compagnie pour l’établissement de ce projet certain. Je vous plains beaux esprits ; oubliez la science, songez à vous vêtir du travail de la main, puisque vous ressentés qu’aujourd’huy dans la France le principe de vie vous fait mourir de fain. 11. - s.d. : commentaires sur les propositions de Pigeot [18/32/c]. 30 1° C’est au Conseil des affaires étrangères à juger si la manière d’écrire les letres en chiffres et de chifrer les lettres, proposée par Mr l’abbé Pigeot est préférable aux manières connues et dans ce cas à l’en récompenser. 2° Le goldron incombustible, tel qu’il le propose, seroit une découverte importante. L’examen de ce goldron regarde le Conseil de marine, il en a portée d’en faire faire les expériences. 3° Le secret de faire des cuvettes qui pourroient résister au feu pendant plus de deux ans, seroit aussy d’une grande utilité non seulement pour la manufacture des glaces, mais en général à toutes les verreries. Mr Pigeot peut à peu de frais nous prouver son habileté sur cet article. Il n’a qu’à faire quelques petits creusets de cette composition. Nous ferons volontiers des essays de ces creusets, qui nous aprendrons si on peut attendre de ces cuvettes ou pots de verrerières tout ce qu’il s’en promet. 4° On craint que le secret de fondre la pierre ne soit que celuy de mouler des pièces d’un verre coloré et un peu opaque, approchant du litier ou crasse qui surnage dans les fourneaux la fonte de fer. Cependant le secret seroit encore beau si à peu de frais on pouvoit mouler des pièces de cette matière d’une grandeur considérable et nettes. Il n’y a pas un des trois derniers secrets qui ne méritast récompense si le succès répond à l’exposé de l’autheur. Il demande qu’on le mette en état d’en faire l’essay. Ce qu’il fera sur les creusets nous mettra nous mesme en état de juger si il n’espère point trop de ses découvertes.

XII.

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1. - s.d. [fin XVIIe siècle] : extraits du mémoire rédigé “ pour l’instruction du duc de Bourgogne ”, établis par Réaumur, minute [17/18/g]. Mémoires sur l’histoire des arts et l’histoire naturelle de la Franche Comté Il n’y croit dans le pais de plaine que de l’avoine, de l’orge et autres menus grains. On tire de cette province des mâts de navire, beaucoup de fromages et de beure. Quantité de haras. Salpêtre. La province, depuis quelques années qu’on en tire, en a fourni douze cent milliers par an. [en marge : salines] La ville considérable pour les salines qui produisent au Roy cinq cent cinquante mille livres par an. [en marge : fer] Beaucoup de bon fer, propres pour les canons de fusil. Il y a sur les rivières de la Saône, de l’Ougnon, du Doux, de la Louve1 et aux environs près de trente fourneaux ou forges de fer où il se fabrique quantité de fer [en marge : Mr de Pontchartrain]. On en tire des bombes et des boulets pour la marine et l’artilerie. 2. - s.d. [août 1716 ?] : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/120]. Franche Comté L’Académie royale des sciences qui cherche surtout à étendre ses connoissances par raport à l’histoire naturelle du royaume et aux arts qui y sont cultivés, a déjà reçu sur l’une et l’autre matière d’excellents mémoires de la plupart des généralités du roiaume. Elle souhaiteroit aussi en avoir de la Franche Comté et 1° sur ses salines. Les mémoires dont on a besoing ne scauroient être trop détaillés. On voudroit qu’ils apprissent le nombre des salines, leur scituation, quelles sont les meilleures, les différences qui sont entre elles soit pour la 1. L’Ognon, le Doubs et la Loue.

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qualité, soit par la quantité du sel qu’elles donnent, si le terrain qui les environne n’est point chargé de sel, comment on puise l’eau des salines, comment on en tire le sel. On souhaiteroit même qu’on pust faire lever des deisseins des machines et des outils qui servent à l’un et l’autre usage. On souhaiteroit moins des deisseins finis que des deisseins exacts, on voudroit surtout des plans et des profils. 2° La Franche Comté a quantité de fourneaux et forges de fer, par raport auxquelles on auroit aussi quelques questions à faire. 1° Quelles sont les espèces de mines de fer de la Franche Comté. Si elles sont en pierre ou en grains. Si on fouille profondément pour les trouver. Si l’on n’est point obligé de faire cuire quelques unes de ces mines avant de les jetter dans les fourneaux, et ce qu’on scait par raport à la différente qualité de ces mines. 2° Quelles sont les fourneaux et forges où l’on fait le meilleur fer. Comment on y fait les moules de la plupart des ouvrages de mouleries et surtout des bombes et des boulets de canon. Autrefois on en a tiré beaucoup des forges de la Franche Compté. Comment on y afine et forge le fer, si c’est avec de gros marteaux pesants 8 ou 9 cent livres, ou si c’est seulement avec les martinets qui ne pèsent qu’environ 200ll, si il y a des fabriques de l’acier, et en cas comment on le l’y fait. 3° En général on souhaiteroit qu’on nous indiquast ce que cette province a de singulier par raport à l’histoire naturelle comme mines, minéraux, terres, pierres, etc., et ce qu’elle a de particulier par raport aux arts2. 3. - s.d. [1716] : Dalesme au Régent, Paris [18/94/b]. À Monseigneur le duc d’Orléans Monseigneur, Le Sr Dalesme ayant apris que l’on brusloit à Salins pour environ cent mille escus de bois par an pour faire le sel, non compris les autres salines qui apartienent au Roi. A esté exprès à Salins et a trouvé que l’on metoit une des chaudières en ovale et que l’on racomodoit son fourneau d’une autre manière pour y faire le 2. Semble répondre à cette demande de Réaumur l’intéressant “ mémoire concernant l’histoire naturelle du comté de Bourgogne ”, qui porte la mention “ mémoire envoyé au Régent par M. Le Guerchois, intendant ”, conservé à la bibliothèque municipale de Besançon (ms 936). Le manuscrit non daté est dû, semble-t-il, au bénédictin architecte et naturaliste, Dom Vincent Duchesne (16601724). Ce mémoire qui n’existe pas dans les archives de l’Académie des sciences mais dont une autre copie se trouve à la BnF (Moreau 910), décrit la saline de Salins, les forges et fourneaux, les ressources minérales et végétales, ainsi que des fontaines et résurgences à régime hydrographique particulier. Il présente des annotations et commentaires portés par un membre de l’Académie des sciences et indique que la réponse de l’auteur à l’Académie a été accompagnée de l’envoi d’échantillons de roches et de minerais, ce qui renforce l’hypothèse que ce mémoire prend place effectivement dans l’Enquête du Régent de 1715-1718. L’édition et l’étude de ce mémoire sont en préparation par Annick Deridder, que nous remercions ici très vivement de nous en avoir signalé l’existence.

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feu aussi d’une autre manière, en sorte que l’on brusle moins de bois pour faire la mesme quantité de sel. Ledit Dalesme a trouvé un autre moien par lequel, sans rapetisser les chaudières come l’on a fait celle là, en la métant en ovale, sans rien desranger ny desgrader, l’on bruslera encore bien moins de bois pour faire la mesme quantité de sel. Il offre à VAR d’y retourner encore à ses dépans et d’ajuster aussi à ses dépans un des fourneaux qui ne travailleront pas et le reste qui sera nécessaire à cet effect, et cela en présence des oficiers de la saline, qui l’empescheront de travailler s’il desgrade quelque chose qui tire à conséquence. Il offre à VAR, quand on sera content du succès de ses inventions, de faire à ses dépans tout les establissements et voiages à ce nécessaires pour un tiers du profict que fairont ses inventions pendant le temps qu’il plaira à VAR. La mortalité des bœufs causa il n’y a pas longtemps une perte considérable à la ferme de la saline de Salins. Se trouvant peu de bœufs pour voiturer le bois pour faire le sel, si l’on eust eu cette invention, la ferme eust bien moins perdu. Ce qui est arivé peut encore ariver ; Dieu veuille nous en préserver. En 1709 la grande gelée fit mourir une très grande quantité d’arbres. Si par malheur il en arivoit autant quelque jour aux bois des salines, la ferme ne soufriroit pas un si gros domage par le secours de cette invention et qui peut dire que quelque jour les bois ne diminueront pas. Il demeure rue St Denis proche la porte de Paris à Paris. 4. - 1er février 1716 : Bignon à Dalesme, Paris, minute [18/94/c]. à Paris, le 1er féb[vrier] 1716 À M. Dalesme3 de l’Acad[émie] des Sciences J’ay rendu compte à Mgr le duc d’Orléans du mémoire que vous m’avés remis, Monsr, sur l’invention que vous croyés avoir trouvé p[ou]r épargner la dépense du bois aux salines de Franche Comté4. SAR a loué tout votre dessein, et sur ce que vous avés imaginé jusqu’à présent en différens genre, il y a lieu d’espérer que votre nouvelle idée n’est pas sans fondement. Mais co[mm]e ces salines sont affermées et que par conséquent la diminution des dépenses doit estre au profit des fermiers, SAR m’a ordonné de vous dire qu’il faloit vous addresser à ces fermiers à qui il appartient d’agréer votre

3. André Dalesme ou d’Alesme (1645-1727), membre de l’Académie royale des sciences (premier pensionnaire mécanicien titulaire nommé en 1699), vétéran en 1706. 4. Le travail aux salines de Franche-Comté n’est pas une préoccupation nouvelle. Devant l’épuisement des bois proches des salines, des correspondances sont échangées déjà en 1711 entre l’intendant Le Guerchois et le Contrôle général à propos des travaux à entreprendre pour y remédier (travaux du P. Duchesne, mémoire du P. Grégoire, etc.). Voir A.-M. de Boislisle, Correspondance des contrôleurs généraux des finances avec les intendants des provinces, t. 3, n° 1147 et 1822.

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propo[siti]on et d’en régler la récompense en cas de succès. Outre cette récompense que vous pourrés tirer des fermiers, vous devés compter qu’en réussissant vous vous asseurerés non seulement des éloges, mais encore quelque chose de plus solide de la part de SAR. Je suis, Mons., votre etc. 5. - s.d. [avant l’été 1716] : Dalesme au Régent, Paris [18/94/a]. [en tête, de la main de Bignon :] Néant quant à présent, 26 août 1716. À Monseigneur le duc d’Orléans, Monseigneur, Les fermiers des gabelles de Loraine et Franche Conté ont fait faire à Salins5 des fourneaux et des chaudières d’une nouvelle façon qui diminue la consomation du bois que l’on y brusle pour y faire le sel. Le Sr Dalesme a une idée à exécuter, laquelle, sans changer ny le nouveau fourneau ny la nouvelle chaudière, faira que ledit nouveau fourneau et nouvelle chaudière brusleront environ un quart moins de bois qu’ils ne font présentement. Il offre d’exécuter son idée entièrement à ses dépans qu’il perdra si ce qu’il feura n’est pas bon ou si l’on trouve quelque obstacle à s’en servir. De plus, il donera caution pour desdomager les fermiers, au cas qu’il tiene trop long temps le nouveau fourneau et chaudière que l’on luy donera pour exécuter son idée. S’il réussit, le Roi y trouvera son comte après le bail et les fermiers pendant le leur et, si Dalesme y trouve le sien, cela le metra en estat de travailler à d’autres idées pour le bien du service. Lesdits fermiers ne scavent pas le profit que Dalesme a fait à Brest au Roi en faisant faire aux machines à creuser le port trois fois l’ouvrage qu’eles faisoint auparavant. Ils ne cognoissent pas non plus les machines qu’il a inventé dont quelques unes ont paru impossibles jusques à l’exécution. Il demeure rue St Denis proche la porte de Paris. 6. - s.d. : réponse du fermier des gabelles de Franche-Comté au mémoire de Dalesme [18/94/d]. /fol. 1/ Réponse du fermier des gabelles de Franche Comté au mémoire présenté par le Sr Dalesme à Son Altesse royalle, Monseigneur le duc d’Orléans. Le Sr Dalesme a desjà fait plusieurs propositions pour procurer l’œconomie des bois destinés aux salines de Salins, mais elles ont été rejettées, aussy bien que les autres propositions qui ont été faites avant luy, soit parce qu’on a jugé 5. Salins-les-Bains (Jura).

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qu’elles n’auroient pas de succès, ou qu’elles retarderoient le service qui ne peut souffrir d’interruption, ou diminuroit la formation du sel nécessaire à l’intérieur de la province et à la provision des Cantons suisses6 attachés au service du Roy. Ces mêmes considérations sembleroient /fol. 1 v°/ donner lieu aujourd’huy à rejetter encore la nouvelle proposition du Sr Dalesme parce qu’il est à craindre, dans la scituation présente, qu’elle ne retarde l’exécution des traittés faits entre le Roy et lesd. Cantons, qui ne peuvent estre exécutéz avec trop de régularité. D’ailleurs, il y a lieu de croire que le Sr Dalesme entend obliger le fermier à ne faire bouillir que de fortes eaues pour brusler moins de bois et c’est ce qui a toujours fait rejetter touttes les propositions qui ont été faittes, parce que, les bonnes sources n’en fournissant pas suffisamm[en]t pour soutenir une formation de sel proportionnée aux engagemens du fermier, il est absolument obligé de se servir des eaues foibles qui /fol. 2/ consomment à la vérité plus de bois mais dont il ne peut se passer pour soutenir cette formation. Le Sr Dalesme convient que les nouveaux fourneaux et chaudières de l’invention du fermier sont bien établis. Il compte même de s’en servir pour son épreuve. Peut il croire que celuy qui a trouvé cette invention, ne trouvera pas par la suitte toutte la perfection et l’utilité qu’on en doit attendre pour le bien du service et sans le déranger ? C’est à quoy le fermier a toujours donné toutte l’attention possible, comme il est justifié par l’avis que Mr Le Guerchois7 en a envoyé au Conseil dans le temps. Cependant, si SAR désire que le Sr Dalesme fasse son épreuve, elle est très humblem[en]t supliée /fol. 2 v°/ de donner ses ordres à Mr l’Intendant pour que ce soit en sa présence, comme ont été faittes celles des nouveaux fourneaux et chaudières inventés par le fermier, et qu’il sera dressé procès verbal de cette épreuve, pour iceluy raporté à SAR être ordonné ce qu’il appartiendra, en donnant préalablem[en]t par le Sr Dalesme les sûretés par luy offertes pour le dédomagement de l’interruption du service. 7. - s.d. [avant mi-septembre 1717] : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/4]. On ne peut rien de plus complet que les derniers éclaircisements qui ont été envoiés par Monsieur le Geurchois [sic] à SAR pour l’Académie des sciences. On a seulement oublié de mettre dans la caisse des échantillons l’imprimé du

6. Sur les relations entre la France et les Cantons suisses liées à la question du sel, voir A.-M. de Boislisle, Correspondance…, op. cit., t. 3, n° 1147 (1711). 7. Pierre Hector Le Guerchoys (1670-1740) est intendant en Franche-Comté de mai 1708 à septembre 1717.

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privilège de la manufacture de fer blanc, car on avoit marqué dans le mémoire qu’on l’y trouveroit. On ne doute point que les ordres que Monsieur le Geurchois a bien voulu donner ne nous procurent des paillettes d’or de la rivière du Doux, quand la saison y aura été favorable. 8. - 18 mars 1718 : Lefèvre d’Ormesson au Régent, Besançon [18/21]. 29 Monseigneur, J’ay l’honneur de renvoyer à VAR le mémoire qu’elle a eu agréable de m’adresser le 22 février, à la marge duquel j’ay marqué tout ce que j’ay pu aprendre au sujet des mines de Plancher le Haut8. J’y joins des échantillons de la mine de cuivre et de plomb en roc, et de celle de plomb qui est lavée et préparée pour être mise dans le creuset. Il y en a de deux endroits différents. Je ne peux faire la même chose de celle d’argent à laquelle l’on n’a point encore travaillé. Je voudrois pouvoir donner à VAR des preuves de mon zèle dans les choses plus importantes aussy bien que du profond respect avec lequel je seray toujours, Monseigneur, [etc.]. d’Ormesson9 à Besançon, ce 18 mars 1718 [au dos :] Mgr le duc d’Orléans Joint : mémoire d’éclaircissements, s.d. 29 Franche Comté Il y a certainement des mines d’argent, de cuivre et de plomb à Plancher le Haut et l’abbaye de Lure y a fait travailler pend[an]t 200 ans ou environ. L’on prétend que, pend[an]t tout ce temps là, l’on n’en a enlevé que la hauteur ou superficie, c’est à dire comme les branches de l’arbre et que le tronc y est encore. L’abbé de Mortbac10 et de Lure qui est le comte

On a travaillé autrefois avec succès les mines d’argent, cuivre et plomb de Plancher les Mines, sur les confins du département de Franche Comté, à cinq lieues de Belfort. On voudroit avoir un mémoire sur l’estat où sont à présent ces mines, qui aprist s’il y en a de celles d’argent et de cuivre qui ne soient pas encore comblées, combien il y en a de plomb où l’on peust travailler. On nous

8. Plancher-les-Mines (Haute-Saône). 9. Olivier Lefèvre d’Ormesson du Chéray (1686-1718), nommé intendant en Franche-Comté le 14 septembre 1717 ; il y mourra en fonctions l’année suivante. 10. Murbach (Haut-Rhin). L’abbé en est alors le prince de Loewenstein, qui mourra en 1721.

FRANCHE-COMTÉ

de Levestein, a tenté plus[ieu]rs fois de rétablir ces mines. Il en a été rebuté d’abord par les difficultés qui s’y sont rencontrées. Il a fait enfin une 3e tentative, il y a environ un an. Il y a étably des ouvriers sous la conduite d’un nommé Sterkel11 qui étoit cy devant aux mines de Giromagny. Ils ont déjà travaillé à huit ou dix endroits où l’on peut couper de la mine de plomb. Il y en a actuellement trois où les mineurs en coupe[nt]. Ce n’est pas pour la vendre à des potiers de terre, mais pour la faire conduire à Bertzholtz13, en Alsace, où Mr le comte de Levestein a fait établir une fonderie. L’on joint icy de la mine de cuivre et de plomb en roc et de celle de plomb qui est lavée et préparée pour être mise dans le creuset. Il y en a de deux endroits différents. Suivant les épreuves qui en ont été faites sur les lieux, la mine de plomb rend jusqu’à 45 et quelque fois 50ll de fin par quintal qui tient six gros d’argent, et celle de cuivre vingt livres par quintal. Il y a un endroit qui en produit jusqu’à trente livres. Pour l’essaye qui a été fait par l’essayeur de la monnoye de Besançon des deux mines lavées cy jointes, il a reconnu que le quintal peut effectivement produire 45 livres de plomb qui tiennent quatre onces d’argent au lieu de six gros. Il n’y a rien au sujet de la mine d’argent parce qu’on n’y a point encore travaillé.

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a assuré que des mineurs travailloient encore ces dernières mines, mais qu’ils en vendoient la matière pour vernir les pots de terre. Enfin, on souhaiteroit avoir des échantillons différents des mines de ce lieu, soit argent, cuivre et plomb. Un curieux qui passa par là il y a quelques années nous a assuré avoir trouvé des échantillons de toute espèce aprèz avoir cherché avec un peu de patience dans les décombres !12

11. Jean-Claude Sterquel. Sur lui et les mines de Giromagny, voir “ Alsace ”. 12. La minute de cette demande de renseignements, de la main de Réaumur, est conservée parmi les papiers de ce dernier [R/6/96]. 13. Bergholtz (Haut-Rhin) ?

XIII.

GRENOBLE OU DAUPHINÉ

1. - s.d. [fin XVIIe siècle] : extraits du mémoire de l’intendant Étienne-Jean Bouchu sur le Dauphiné rédigé “ pour l’instruction du duc de Bourgogne ”, copie annotée par Réaumur [17/18/a]. /fol. 1/ Mémoire sur le Dauphiné1 [de la main de Réaumur :] extrait donné. [en marge2 : lacs] Il y a quelques lacs en Dauphiné, comme ceux de Paladru en Viennois, de la Frée dans l’élection de Grenoble, et de Luc dans le Dyois, dont le plus grand n’a pas plus d’une lieue de circonférence. Celuy de Paladru est assés poissonneux et le poisson en est excellent. [en marge : mine de fer excellente3] Il y a une mine de fer très abondante dans la montagne d’Allevard, à six lieues au dessus de Grenoble, qui produit du fer très doux et d’une excellente qualité. C’est de cette mine dont on se sert à une fabrique de canons construite depuis vingt ans, à St Gervais4, communauté sur l’Izère à six lieues au dessous de Grenoble. [en marge : mine de cuivre] Quelques mines de cuivre que l’on a négligés de travailler par la difficulté des chemins des montagnes où elles se trouvent et par la rareté des bois à portée desd. mines ; on en avoit ouvert une à la montagne de la Coche, au revers de la vallée de Graisivodan5, du costé de l’Oysans, il y a environ dix ans, mais on en a discontinué le travail par les difficultéz cy dessus. [en marge : mine de plomb où l’on travaille] On travaille actuellement à une mine de plomb au village de la Piarre près de la Beaume des Arnauds dans

1. Voir B. Bonnin et R. Favier (dir.), L’intendance de Dauphiné en 1698, Paris, 2005, p. 5-7, 9-10, 16-21. 2. Les annotations portées en marge sont de la main de Réaumur. 3. On se reportera aux travaux de Marie-Christine Bailly-Maître et, particulièrement, Le fer dans les Alpes du Moyen Âge au XIXe siècle (sous la dir. de Marie-Christine Bailly-Maître, Alain Ploquin, et Nadège Garioud), Montagnac, 2001. Sur la mine d’Allevard, voir Jean-François Belhoste, Histoire des forges d’Allevard des origines à 1970, Grenoble, 1981, p. 26-30 et 43-45. 4. Voir ci-après, doc. 2 et 5. 5. Grésivaudan, ample vallée traversée par l’Isère, reliant la cluse de Chambéry à celle de Grenoble.

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le Gapençois, de laquelle on tire du plomb depuis plus de quarante ans, mais les veines en sont présentement très petites. [en marge : mine de plomb] Il en a été ouvert une autre à l’Argentière6, village scitué sur la Durance à quattre lieues au dessous de Briançon, dont le travail a cessé à cause du peu de matières que l’on en tiroit. [en marge : ardoise] Le terroir de Besles7 dans le mandemant d’Oysans renferme une grande quantité de mines d’ardoises. [en marge : fol. 1 v°/ vitriol ou couperose. terre à faire des pipes] Celuy de Larnage à une lieue du Rosne, derrière Tain8, a une mine de vitriol et de couperose assés abondante, et une autre de terre propre à faire des pipes qui se fabriquent à Tain. [en marge : craye de Briançon. Charbon de pierre] On trouve aussy de la craye entre Cézanne9 et Cestrières10 dans le Briançonnois, à trois lieues de Briançon, et les mines de charbon de pierre sont communes et abondantes en plusieurs endroits de la province. [en marge : eau [sic] minérales] Outre ces mines, il y a des eaux minéralles, de chaudes au village de la Motte11 sur le bord du Drac à cinq lieues au dessus de Grenoble, et au Monestier12 de Briançon, et des froides au Monestier de Clermont à quattre lieues de Grenoble, sur la route de Provence, et à Orel13 à trois lieues de Dye, qui sont les unes et les autres très bonnes et très salutaires. [en marge : salpêtre] On tire assez de salpêtre de Dauphiné, mais il n’y a aucun lieu où il y en ayt plus abondamment que dans un autre. [en marge : bois] Le pais porte de toutte sorte de bois à brusler et à bâtir, et il y a quelques forests de bois de chesne propres à la construction des navires et des gallères, et d’autres de sapins pour la grande et petite masture. [en marge : vers à soye] Le Valentinois haut et bas et les Baronniers sont fertilles en meuriers blancs pour la nouritures des vers à soye, en amandiers et en oliviers. [en marge : mane] On amasse de la mane dans le Briançonnois, qui n’est que de peu inférieure à celle qui vient de Calabre. [en marge : pâturages] Plusieurs montaignes sont propres à nourir des bestiaux, et on y fait un grand commerce de bœure et de fromages. Les principalles 6. L’Argentière-la-Bessée (Hautes-Alpes). 7. Pour Besse (Isère). 8. Tain-l’Ermitage (Drôme). 9. Césanne, ou Cesana Torinese (Italie). 10. Sestriere (Italie). 11. La Motte-d’Aveillans (Isère). 12. Monêtier-les-Bains (Hautes-Alpes). 13. Aurel (Drôme).

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sont celles de Sassenage et d’Oysans, dans l’élection de Grenoble, celles de Gresses14, de Valdroume15 et de Vercors. /fol. 2 / Chanvres : Laines : à St Jean de Bournay à Valance16 La Tour de Pin Crest Bourgoin Romans Jallieu Royans et autres lieus Vienne Chapeaux : Voiron à Grenoble 17 Tulins Fontenil18 Grenoble Sassenage Pont de Beauvoisin Voreppe Toilles : Moirans à St Jean Le Pont en Royans Crémieu Crest et plus de cent La Tour du Pin cinquante autres villages de Bourgoin la province. Vienne Habillage de peaux : Jallieu à Grenoble Ruy Voiron L’Isle d’Abo19 Romans Artas Valence St George20 Loriol Voiron Livron La Buisse Montélimart21 Papiers : Dieulefit à St Donnat22 Vienne Châteaudouble et Peyrus St Antoine de Viennois 23 Disimieu Gros cuirs : Chabeuil à la Coste St André t S Vallier St Jean de Bournay 14. 15. 16. 17. 18. 19. 20. 21. 22. 23.

Gresse-en-Vercors (Isère). Valdrôme (Drôme). Valence (Drôme). Tullins (Isère). Fontanil-Cornillon (Isère). L’Isle-d’Abeau (Isère). Saint-Georges-de-Commiers (Isère). Montélimar (Drôme). Saint-Donat-sur-L’Herbasse (Drôme). Dizimieu (Isère).

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/fol. 2 v°/

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Crest Viennes Rives Paviot25 Vizille Fers et forges : à St Hugon27 Huretières28 Theys Allevard Laval Goncelin La Combe29 Uriage31 Revel Les Portes32 St Gervais Royans Fabrique d’acier : à Rives Moirans Voiron Beaumont Fures Tulins Beaucroissant Chabons Viennes

Vienne Serre24 Grenoble Lumbin Croles26 Goncelin Lames d’épées : à Rives Beaucroissant Tullins Voiron Beaumond Fures30 Viennes Faux et faucilles : à Voiron et à Vizille Forges à cuivre : Vienne Tullins Moirans Beaucroissant Mines de plomb, vitriol et autres minéraux : à Allevard Laval La Coche L’Argentière Lesches33 et Beaurières Larnage

24. Serre-Nerpol (Isère) ? 25. Commune de Voiron (Isère). 26. Crolles (Isère). 27. Chartreuse de Saint-Hugon, à Arvillard (Savoie). Le travail du fer y est attesté depuis le e XII siècle. 28. Hurtières (Isère). 29. La Combe-de-Lancey (Isère). 30. Commune de Tullins (Isère). 31. Commune de Saint-Martin-d’Uriage (Isère). 32. Portes-en-Valdaine ou Portes-lès-Valence (Drôme) ? 33. Lesches-en-Diois (Drôme).

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Outre ce qui a été dit des marchandises et fabriques du Dauphiné, on fait de soye dans toutte la province à l’exception des baillages des montagnes, Briançon, Embrun et Gap, de celuy de Graisivodan et des Terres Froides, ou Haut Viennois, et ce commerce augmente tous le jours. des bois à bâtir et pour la marinne qui se tirent de tous les endroits de Dauphiné, excepté de la plaine où il n’y a presque point de forêts. des draperies qui se font presque partout. des gands auxquels on s’occuppe en plusieurs lieux. /fol. 3/ [en marge : canons excellents] Il y a encore, outre ce qui vient d’estre dit, une fabrique de canons de fer à St Gervais, dont la mine se tire d’Allevard, dans la vallée de Graisivodan ; la qualité du fer qu’on y emploie est si liante et si douce qu’on en fait presque aucunne différence d’avec les canons de fonte pour l’usage de la marine et pour les armements. [en marge : ancres] Il y a aussy à Vienne une fabrique très considérable d’ancres tant pour les gallères que pour les vaiss[eaux] du Roy. [en marge :] moulinage des soyes. Et dans la même ville de Vienne une autre très belle manufacture pour mouliner et dévider les soyes. Il n’est pas possible de dire le nombre d’ouvriers qu’il y a aux manufactures ou fabriques de Dauphiné parce qu’à l’exception des fabriques de canons de St Gervais, d’ancres et de moulinages à soyes de Vienne, les ouvriers ne travaillent point dans la même enceinte de bâtiment. Les ouvriers de la province suffisent pour les fabriques et manufactures qui y sont. Il en est venu quelques uns de Suède au commencement de l’établissem[en]t de la fabrique des canons de St Gervais, et d’autres d’Allemagne lorsqu’on établit celle des fers blancs à Vienne. Mais celle de St Gervais se soutient à présent pour les ouvriers du pays, et celle du fer blanc ne subsiste plus, le rétablissement de laquelle est peut estre l’une des choses qui exigeroit autant d’attention. Les fabriques et manufactures de Dauphiné sont presque touttes de très bonne qualité dans leurs espèces. On ne connoit point de meilleurs canons de fer que ceux de la fabrique de St Gervais, ny de meilleures ancres que ceux de Vienne. On habille fort bien les peaux et les gands de Grenoble sont de grande réputation partout. 2. - 1er mai 1715 : mémoire de Chalvet sur la fabrication des canons à SaintGervais, Grenoble [16/2/b]. /fol. 1/ 2 Mémoire pour répondre à la lettre de Monsieur d’Angervilliers du 9e mars 1715.

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On demande une explication de la manière dont on fait les canons à la fabrique de St Gervais34. Les canons qui se fabriquent à St Gervais sont de mine de fer que l’on tire des montagnes d’Allevard et de Theys35, qui sont les plus propres et les plus douces pour les canons. Ces mines étant tirées des fosses, on les fait cuire avec du bois, ce qui s’appelle faire la regraine ou grener la mine. Ensuite, l’on rompt les gros morceaux avec des masses de fer ; on les purge autant qu’on le peut, en séparant les pierres et la terre dont elles sont chargées en sortant des fosses. La mine se vend à douzaine de bennes dont chaque douzaine pèze quinze quintaux poids de païs. La douzaine produit de gueuze fabriquée dans les petits fourneaux de la vallée /fol. 1 v°/ de Graisivaudan jusqu’à cinq quintaux et, dans ceux de St Gervais, elle ne produit que quatre quintaux et demy en canons, attendu qu’il faut laisser davantage la mine dans les fourneaux pour luy donner le temps de se bien épurer. Il faut pour faire une fonte de canons près d’une année pour préparer les matières nécessaires ou pour mettre les artifices en état de pouvoir fournir trois ou quatre mil quintaux de canons. Il est connu par expérience que plus la mine a vieilly en monçeau lorsqu’elle est regrénée, plus elle produit, et l’on dit communément qu’elle rend par ce séjour au moins le cinq pour cent de l’argent qu’elle a coûté d’achapt et de voiture pendant le temps que l’on la garde, pourvu qu’elle soit exposée à l’air et à la pluye parce qu’elle s’épure et s’adoucit. Les artifices étant en estat et les matières préparées, on commence par remplir de charbon les deux fourneaux et ensuitte on y met le feu qui est allumé par deux grands soufflets à chaque /fol. 2/ fourneau pour les chauffer pendant quatre jours. Après lesquels, on y met quelques douzaines de bennes de mine pour couler de la gueuse à faire du fer ou de l’acier ; on charge le fourneau d’une charge de mulet de charbon et d’environ un quintal de mine à chaque fois que l’on voit que la matière s’abaisse dans le fourneau pour les contenir, ce qui arrive plusieurs fois dans vingt quatre heures. Et, au bout de quinze ou vingt jours que les fourneaux sont échaufféz, on commence à faire des canons, et on les charge de mine à proportion de calibre du canon que l’on veut jetter. De vingt six en vingt six heures, on peut jetter un canon de vingt quatre ou trente six, et deux de ceux de douze ou dix huit. Un fourneau ordinaire bien

34. La fonderie de Saint-Gervais, créée en 1670 comme entreprise privée, reçut en 1679 le privilège de fabriquer des canons de marine, avec en contrepartie l’obligation de satisfaire aux commandes passées par l’administration royale ; dès 1678, on y mit au point la fabrication des canons en fonte de fer. Elle deviendra propriété du roi en 1731. Voir Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France, Fonte Fer Acier, Rhône Alpes, XVe-début XXe siècle, texte de J.-F. Belhoste, Lyon, 1992, p. 46-49. 35. Sur les mines de Theys et leur exploitation, M.-A. de Boislisle, Correspondance des Contrôleurs généraux des finances avec les intendants des provinces, Paris, 1874-1897, t. 3, n° 1559 (demande du baron des Adrets, 1713).

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servi et de bonne matière rend par jour depuis trente jusqu’à trente cinq quintaux de gueuse propre à faire du fer. On dispose quelques jours à l’avance un nombre de moules, étant à observer que pour chaque canon il faute [sic] un moule qui est composé de terre rouge /fol. 2 v°/ qu’il faut pétrir comme celle de la brique, dans laq[ue]lle terre on mêle de la bourre pour la bien lier. Chaque moule est garny de plusieurs barres de fer de sa longueur qui sont retenues par plusieurs cercles de fer ; les moules estants faits et à demy secs, on y fait feu dedans avec des bûches de sa longueur pour cuire la terre comme celle de la brique, afin de rendre la moule d’une solidité à pouvoir suporter le fardeau de la mattière du canon lors de la fonte. Le moule étant cuit, on le dresse dans une cuve de pierre de taille qui est au devant des deux fourneaux, la volée36 en haut. Au dessus il y a une masselotte (masselotte, c’est un amas de plusieurs morceaux de fer ou d’acier qui se joignent ensemble dans la forge et composent un [sic] espèce de masse) par où la mattière entre, lorsqu’on jette le canon, laquelle cuve on remplit de sable bien battu autour dud. moule pour y contenir la matière. Le moule estant ainsy en terre et garny de sable, l’on y met dedans le noyau qui est une grosse barre de fer ronde de la longueur du canon et de /fol. 3/ la grosseur du calibre dont il doit estre, qui est suporté par une lunette de fer forgée à la culasse du moule, laquelle barre est garnie tout autour de semblable terre à celle du moule. Les choses préparées de la manière cy dessus, les fondeurs font un petit canal pour conduire la matière de chaque fourneau qui se joint à la masselotte du moule, où il y a une petite ouverture par où entre la matière des fourneaux. L’on a le soin qu’il y ait toujours un peu de matière au delà de ce qui est nécessaire pour la fonte de chaque canon de crainte qu’il ne reste imparfait, le surplus de cette matière est en gueuse propre à faire du fer ou de l’acier. Deux heures après que le canon est jetté, on tire le sable de la cuve et, trois heures aussy après, on en tire aussy le canon avec son moule, par le secours des rouages et de grosses chaisnes de fer ; ensuite on le transporte dans le plassage au devant des fourneaux. Le canon estant entièrement froid, on rompt le moule de terre et on retire le noyau, barres et cercles, pour servir à d’autres moules. On transporte ensuitte le canon dans la machine pour couper la masselotte dud. canon avec une scie /fol. 3 v°/ de fer dont les dents sont d’acier, que l’eau fait agir. Après quoy, on le transporte à la forerie, avec des machines on l’élève à la hauteur du forest qui est garny de plusieurs lames d’acier qui entrent dans le canon par la force de l’eau qui fait aller plusieurs rouages pour le rendre uny, le canon descendant à proportion qu’il se fore. Et, lorsqu’il est foré et descendu des machines, on coupe les boutours avec des ciseaux à coups 36. Partie du tube de canon la plus rapprochée de la bouche.

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de marteaux de fer. Après quoy, on y passe la lime pour le mettre dans sa perfection. On demande quelques morceaux de la mine des montagnes d’Allemard [lire : Allevard] qui fournit pour la fonte des canons, et quelques uns de la même fonte et du fer qui en est forgé. [Ce paragraphe est barré au crayon de papier :] L’on envoye trois morceaux de la mine cuitte et crue de la dite montagne dont on se sert pour la fonte des canons, un morceau de la même fonte et un morceau de fer forgé de la même matière. On demande en cas qu’il y ait d’autres mines en Dauphiné que celles d’Allevard, qu’on envoye quelques morceaux de la grosseur d’un œuf. /fol. 4/ Il y a des mines dans les montagnes de Vaunaveys37, près de Vizille, de la Combe38 et de Lancey39, et à Mens en Triesves qui ne sont propres qu’à faire du fer et de l’acier, ne pouvant en aucune manière servir pour la fonte des canons attendu que la gueuse qui en provient est fort aigre et se rompt en morceaux ; pour les canons il faut que la mine soit douce. [Les paragraphes suivants sont barrés au crayon de papier :] On demande une instruction détaillée sur la manière dont on fait l’acier à Rives et autres fabriques de Dauphiné, avec des desseins des instruments dont on se sert pour les fontes de fer et d’acier. Pour faire l’acier on commence par garnir le bassin de la forge de menu charbon bien battu. On y met de l’ordure de la gueuse pour tenir le feu un peu humide et pour faciliter à la gueuse de fondre et éviter qu’elle ne se brûle. Ensuitte on met quatre ou cinq quintaux de gueuse sur du charbon qui est alumé par des soufflets que l’eau fait agir. La gueuse ayant resté quatre ou cinq heures dans /fol. 4 v°/ le feu, elle se fond et, après avoir levé l’ordure du métail, on tire la matière la plus nette qu’on laisse à costé du bassin de la forge en plusieurs morceaux ronds en forme de tourte et, lorsqu’elle est froide, on la remet à la forge deux ou trois fois pour la refondre jusqu’à ce qu’elle se partage en lames, et ensuitte on joint trois ou quatre de ces lames pour en composer un masseau du poids de quarante ou cinquante livres, de la longueur d’un pied, que l’on fait chauffer. Et ensuitte on l’alonge ou étire avec un gros marteau de fer sur une enclume au feu net dont on fait des barres carrées de la longueur qu’on veut, lesquelles barres on fait un peu chauffer pour les couper en barreaux d’acier de quatre à six pouces de longueur. La gueuse s’épure dans la forge par le feu et elle se sépare de la crasse en se joignant d’elle même à une barre de fer que l’on met dans la forge sous le 37. Vaulnaveys (Isère). 38. La Combe-de-Lancey (Isère). 39. Lancey, comm. de Villard-Bonnot (Isère).

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charbon et sur la gueuse fondue, et avec cette même barre on tire toutte la gueuse fondue et réduitte en fer. /fol. 5/ L’on ne se sert pour cette fabrication que des instruments ordinaires aux forges comme crochets, tenailles et marteaux dont l’on n’a pas cru devoir envoyer des desseins. Il est à observer que la gueuse ne produit pas tout en acier, y en ayant toujours une sixième partie en fer provenant du rebut de la matière qui n’est pas propre à faire de l’acier. On demande des mémoires exacts de certains soufflets de forge de fourneaux qui agissent simplement par une chute d’eau, avec des desseins des autres instruments dont on se sert pour les fontes de fer et d’acier. On observera que les souffleries à eau sont vulgairement appellés trompes, qui se font par une chute d’eau renfermée dans du bois de sapin rond qui est creusé suivant le dessein que l’on joint au présent mémoire. Ces sortes de souffleries ne sont bonnes que pour les forges à faire du fer et par les petits fourneaux /fol. 5 v°/ où l’on ne fond que de la gueuse, le vent étant trop froid pour la fonte des canons et de l’acier, ce qui fait qu’on ne se sert pas de cette espèce de soufflerie mais des soufflets ordinaires que l’eau fait agir par des rouages. L’on s’attend que les personnes scavantes à qui les présents mémoires seront communiquéz ne manqueront pas de demander de nouveaux éclaircissements sur les mattières qui y sont traittéz, et l’on se flatte de pouvoir les donner avec facilité. Si l’on a bien remply l’idée qu’on s’est proposé, il est à souhaitter qu’on puisse décider sur lesd. mémoires une question agitée parmy ceux qui connoissent la construction des souffleries par la chute de l’eau, sy elles donnent le vent par actraction ou par impulsion. Cette question à la vérité n’occupe pas beaucoup le forgeron qui voit fondre et couler sa mine avec abondance. Elle n’est que pour les spéculatifs. /fol. 6/ L’on s’estoit encore proposé pour ne laisser rien en arrière, d’envoyer le dessein des fourneaux, mais il est arrivé que la personne qu’on avoit envoyé pour en faire la visite et en prendre la mensuration est tombée malade d’une indisposition aux yeux qui ne luy permet pas de s’y appliquer quant à présent. On le donnera dans la suitte si on le souhaitte. Fait et dressé après avoir consulté les personnes les plus expérimentées dans ces sortes de matières à Grenoble ce premier jour de may 1715. Signé Chalvet40.

40. Alexandre Chalvet (vers 1658-1723), conseiller du roi, avocat au Parlement de Grenoble, maître particulier des eaux et forêts en Dauphiné, puis subdélégué en chef de l’intendant, capitaine des chasses du duc d’Orléans en Dauphiné et sénateur au Sénat de Chambéry de 1706 à 1713. Joseph Accarias, Une famille parlementaire du Dauphiné, les Chalvet, Notice sur les Chalvet (1584-1826), Grenoble, 1880.

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3. - s.d. [1715] : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/35]. /fol. 1/ Grenoble Monsieur d’Angervilliers a procuré à l’Académie des fort bons mémoires par raport aux fabriques d’acier et à d’autres fabriques du Dauphiné. Les 1ers de ces mémoires ont été dressés à Grenoble par Mr Chalvet, subdélégué de Mr l’Intendant. Les seconds ont été dressés à Vienne, on ne nous a pas marqué par qui. On auroit besoing de quelques suppléments aux uns et aux autres, qui satisfisent [sic] fort en détail aux questions suivantes : /fol. 2/ 1° Est il bien sûr que l’on pousse les foces de la montagne d’Allevard jusques à 80 et 100 toises de profondeur. En général, il ne faut pas trop s’en fier au récit des ouvriers, ou pour en tirer quelque chose de certain il est nescesaire d’en consulter plusieurs séparément sur la même matierre. On nous feroit plaisir de nous marquer quelle est la largeur la plus commune des filons, combien ont ordinairement en tout sens les endroits de la foce les plus spacieux, quelle quantité de poudre on emploie le plus communément pour détacher un morceau de mine d’une certaine grosseur. On scait bien qu’il n’y a rien de constant sur tous ces articles, mais on peut marquer le plus et le moins. L’air qu’on respire dans ces mines n’incommode t’il point les mineurs, comme celuy des autres mines. Y ménage t’on des soupiraux, qui apportent de l’air nouveau. Enfin on prie de marquer en détail tout ce qu’on peut scavoir qui a raport à ces mines et à la manière dont on les travaille. 2° On voudroit encore avoir quelques morceaux de ces mines des plus différents les uns des autres par leur couleur, de la meilleurs mine et de la plus mauvaise, et des différentes matières qui se trouvent dans la mine, même de la terre. /fol. 3/ 3° Scait on combien la mine en cuisant diminue de poids et combien la meilleure mine, cuite, rend pesant de geuse. 4° Quoique l’explication qu’on donne du four ou regraine à cuire la mine soit nette, on seroit cependant bien aise d’en avoir un deissein en perspective et même quelques coupes et profils, et cela parce que l’Académie joint à toutes ses descriptions des arts des deisseins qui représentent les outils, les machines et même les principales attitudes des ouvriers. 5° Aussi accepte t’on volontiers l’offre qu’on nous fait de nous envoier des deisseins des petis fourneaux, avec leurs trompes, des deisseins des grands fourneaux d’Allevard pour la fonte des canons, et de tout ce qui a raport à la fonte des canons, des deisseins des forges à acier. On voudroit trouver dans ces derniers jusques aux figures des loupes, des lames, des masseaux, c’est à dire jusques au plus petis détails. 6° Dans le deissein d’un petit fourneau avec ses trompes, il sera escentiel de faire voir la disposition des différents tuiaux et du clapet du porte vent. On ne doit pas non plus oublier d’y marquer la pente de l’eau qui tombe dans les trompes.

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7° Le corps de la trompe est il fait d’une seule pièce de bois creusée ou si il est composé de plusieurs pièces différentes. /fol. 4/ 8° On a autrefois voulu se servir à St Gervais de trompes pour fondre la mine pour les canons. Une personne habile qui veilloit à cette fabrique de la part du roy nous a donné un deissein des trompes qu’on y avoit construit. Ce deissein e[s]t fort différent de celuy qui a été envoié par Mr Chalvet. Les soupiraux sont quatre espèces de canaux creusés dans le corps de la trompe, qui conduisent l’air imédiatement dans la cuve, au lieu que les soupiraux du deissein de Mr Chalvet se rendent dans la trompe. On joingt à ce mémoire un profil de cette trompe. On voudroit scavoir si il y en a quelques unes de pareilles en usage en Dauphiné et, en ce cas, laquelle des deux constructions est la plus ordinaire. Il semble pourtant que les ventouses du deissein de Mr Chalvet sont plus propres à attirer l’air, ou si l’on veut à l’aspirer, car ce sont pour nous des expressions sinonimes. /fol. 5/ 9° Par le dernier mémoire de Mr Chalvet, il semble qu’on se serve à Rives pour faire l’acier des geuses des montagnes d’Alevard et des geuses de Bourgogne. Les unes et les autres donnent elles également d’acier, et de l’acier également bon. 10° La première fois qu’on retire la matière fondue du bassin, avant de l’en retirer, n’ôte t’on pas avec soing toute la crasse qui est dessus. Avant de prendre le fer fondu avec une pèle, ne luy donne t’on pas le temps de se figer, et combien dure ce temps. Quelle est l’épaiseur, la figure et le nom des couches qu’on enlève avec la pèle. Est il bien sûr qu’on ne jette point d’eau dessus la matierre. Il seroit à propos de consulter sur cet article des ouvriers différents, parce qu’il est certain qu’on n’y manque pas dans la plupart des autres fabriques du roiaume. Nous voudrions qu’on nous marquast ce qu’auroient dit des ouvriers différents, quoiqu’ils eussent parlé différement. 11° On auroit souhaité trouver avec les morceaux d’acier, de crassier, de geuse, des morceaux de la matierre que l’on retire la première fois du bassin avec une pèle, des morceaux de la matière qui n’est pas propre à être convertie en acier et qu’on laisse en fer. Es ce que cette matière, en la faisant refondre une seconde fois avec de nouvelle geuse, ne pourroit pas devenir acier. A t’on des expériences sur cela. 4. - s.d. : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/83 et, en partie, R/6/94]. /fol. 1/ Dauphiné Il y a plusieurs mois que Monsieur d’Angervilier procura à l’académie des sciences deux mémoires qu’elle avoit souhaité. Le premier de ces mémoires a été dressé à Grenoble par Mr Chalvet, subdélégué de Monsieur l’Intendant. Il s’y agist principalement des mines de fer des montagnes d’Allevard et de

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Theys, de la fonte des canons, de la manière de faire l’acier et des souflets appellés trompes. Ce mémoire est dressé avec ordre et contient quantité de faits qu’on a lus avec plaisir, mais peut être a t’on regardé comme inutiles une partie des détails dont on auroit besoing. On souhaiteroit un supplément plus long que le mémoire même, où l’on se donnast la peine [d’] éclaircir les questions suivantes qui sont toutes faites par raport à ce mémoire. 1° Toute la mine qu’on tire des montagnes d’Allevards et de Theys est elle semblable à celle qu’on a envoié des morceaux ? Semble t’elle de même composée d’une matierre talceuse et brillante ? Dans les autres minières du roiaume, la mine est d’une couleur fort différente, elle approche de celle de la rouille de fer. 2° Fouille t’on ces minières à une grande profondeur. La mine est elle difficile à détacher. /fol. 1 v°/ Les morceaux sont ils séparés les uns des autres par de la terre, ou s’ils forment en terre des masses continues comme les pierres de la plupart des carrières. À quelle distance de la surface de la terre commence t’on à trouver la mine. Ces montagnes ne fournisent elles point de mine qu’on puisse se passer de faire cuire. 3° Comme dans le reste du roiaume, on n’est point obligé de faire cuire la mine de fer avant de la jetter dans le fourneau, on souhaiteroit une explication détaillée de la manière dont on cuit celle d’Allevard, qui apprist dans quels endroits on la cuit, si c’est à l’air ou dans des espèces de fours ou fourneaux, avec quel bois ? Comment on arrange le bois, et comment on arrange la mine sur le bois ? Combien de temps est à cuire une certaine quantité de mine, et la quantité de bois qu’on y emploie. Nous n’avons point trouvé dans la boete où étoit la mine, les morceaux de mine cuite dont on nous parloit. La boete étoit pleine d’une poudre noire qui étoit apparament la mine cuite qui s’étoit pulvérisée. Nous aurions besoing encore de quelques morceaux de cette mine cuite et crue. 4° On offroit dans le mémoire d’envoier des deisseins des fourneaux où l’on fond la mine. C’est une offre qu’on accepte volontiers. On en demanderoit de plus de tout ce qui a raport à [la] fonte des canons. Ces deisseins, comme les mémoires, ne scauroient être trop détaillés et il en faudroit une [sic] assez grand nombre pour représenter les moules, la manière dont on les dispose par raport au fourneau, la manière dont le noiaux est soutenu dans le moule, la disposition des deux /fol. 2/ fourneaux par raport aux moules, les machines qui servent à forer les canons, etc., avec les principales attitudes des ouvriers. Mais surtout il seroit escentiel que ces deisseins fussent exacts et faits chacun sur une échelle qui donnast précisément la grandeur de chaque partie. On seroit bien [aise] aussi d’avoir quelques échantillons de la terre dont on a fait les moules. 6° [sic] Les fourneaux où l’on fond les canons, sont ils plus grands que ceux où l’on fond la mine pour d’autres usages ? Pourquoy y a t’il deux fourneaux

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qui fournissent la matière d’un canon. Un seul ne scauroit il contenir celle qui est nescesaire ? 7° Apparament que les premières fontes de fer que donnent les fourneaux le moulent en geuse, car on nous marque dans le mémoire que ce n’est que 15 jours ou trois semaines après que le feu a été mis au fourneau que l’on moule des canons. Es ce que la fonte des premiers jours seroit trop aigre ? 8° On a cru qu’il étoit inutile d’envoier des desseins de ce qui regarde la fabrique de l’acier parce que les marteaux, pinces et divers autres outils dont on se sert, sont d’usage chez la plupart des ouvriers. Mais il auroit été escentiel de faire dessiner ce qui est particulier à l’acier, c’est à dire la forge où l’on fond la geuse pour la convertir en acier. Cette seule forge demandroit /fol. 2 v°/ plusieurs desseins. Sans quoy il seroit mal aisé de faire entendre la figure, la position, la profondeur, etc. du bassin qui contient le fer en fusion. 9° On marque dans le mémoire que l’on met 4 à 5 quintaux de geuse sur les charbons. Cela ne veut il pas dire qu’on y met le bout d’une geuse qui pèse 4 à 5 quintaux. 10° Les souflets sont ils de cuir et de bois, ou purement de bois comme on s’en sert en quelques provinces. 11° On n’a point expliqué comment on retire du bassin la crasse, l’ordure, ou, comme on l’appelle ailleurs, le litier qui surnage le métal, la quantité que l’on en retire. On ne marque point comment se forment ces morceaux ronds en figure de tourte. On ne dit point qu’on jette de l’eau sur la matierre pour la faire figer, es ce que ce ne seroit pas l’usage de Rives, comme c’est celuy des autres endroits. 12° On demanderoit aussi une plus ample explication de l’endroit du mémoire où l’on marque que l’on met la matière fondre à la forge deux ou trois fois jusqu’as qu’elle se partage en lames. Qu’es qu’on fait de la matière après chaque nouvelle fusion. Y en a t’il quelques unes de celles cy qui la rendent aussy liquide qu’elle l’étoit après la première ? Comment es ce que la matière en se fondant se partage en lames. Le fer épuré que l’on fait fondre se ramollit en pâte et ne se divise point en lames. Comment joint on ces lames pour en composer le masseau. En général nous souhaiterions qu’on voulust raconter [par] ordre le travail de chaque façon, /fol. 2 v°/ combien cette façon dure, le nom que les ouvriers luy donnent car nous rassemblons les termes des arts aussi bien que leurs pratiques. 13° On n’entend pas non plus comment on retire la matierre du bassin avec une barre de fer. Ailleurs, on a besoing de tenailles. Tous ces petis détails demandroient des deisseins, le deissein d’un morceau de fer en gâteau, par exemple, cette espèce de gatteau attaché au bout de la barre de fer. 14° On auroit besoing aussi des échantillons des matierres dans tous les états où elles sont depuis le geuse jusques à l’acier, même des différentes crasse, du meilleur acier. Des morceaux de chaque matière gros comme une

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noix seroient sufisants. Il seroit nescesaire que chaque matierre fust envelopée dans un papier avec une étiquette qui apprist ce que le papier renferme. 15° Qu’on nous apprist quels sont les acidents qui rendent quelquefois l’acier mauvais. 16° On mande qu’une 6e partie de la geuse n’est pas propre à faire de l’acier, qu’on en fait du fer. Comment sépare t’on cette 6e partie du reste. 17° Les souflets appellés trompes sont ils communs dans le Dauphiné ? On marque qu’ils ne sont bons que pour les petis fourneaux où ll’on [sic] fond la geuse. N’entend on pas par là les fourneaux où l’on fond la mine pour la convertir en geuse. 18° Si on envoie le dessein d’un fourneau, il sera bon d’y faire voir comme le vent de /fol. 3/ la trompe y est conduit. 19° Il sera aisé de décider la question si les trompes agisent par attraction ou par impulsion. Leur effet dépend de l’une et de l’autre cause, comme nous l’expliquerons ailleurs. L’air n’entre t’il pas continuellement dans la trompe par les ventouses ou soupiraux, et même avec une vitesse très sensible ? 20° N’y a t’il rien de singulier dans la construction de la cuve, est elle faite comme les cuves ordinaires. 21° Le deissein qu’on a envoié d’une trompe est bien entendu. Il sera aisé de faire faire dessus un fort beau deissein. Il auroit pourtant été à propos d’y ajouter un petit deissein particulier qui eust représenté la disposition des crampons qui soutiennent la trompe, leur nombre, etc. 22° N’y a t’il point de trompe dans le Dauphiné qui meslent l’eau dans des cuves beaucoup plus grandes que celles dont nous avons reçu le deissein. De plus grandes trompes, celles qui reçoivent plus d’eau demandent sans doute de plus grandes cuves ? Scauroit on la quantité d’eau que dépense celle dont nous avons le deissein. Comment se nomme le fourneau où elle est scituée. /fol. 4 41/ Le second mémoire qui fut envoié par Monsieur d’Angervillier a été dressé à Vienne. Il explique la fabrique des ancres, les manufactures de cuivre, d’acier et de couteaux et indique les différentes manufactures des environs de Vienne qui subsistent et qui ont cessé. Ce mémoire est écrit avec tout l’ordre, toute la netteté et toute l’intelligence possibles. On y a prévenu la plupart des questions que nous avions à faire. Il nous reste seulement à en proposer quelques unes par raport aux forges d’acier. 1° De quelles forges de Bourgogne on tire les geuses dont on fait l’acier. 2° Quelles sont les geuses qu’on juge le plus propres à faire l’acier. En Nivernois et en Limousin, on estime le plus pour cet usage celles dont la couleur est grise. Quel est le poids de celles qu’on y emploie communément.

41. Le document R/6/94, qui est une copie au net de la seconde partie de la présente note, comporte des ajouts de la main de Réaumur que nous introduisons ici entre crochets carrés.

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3° Malgré toute la clarté du mémoire, il seroit nescesaire d’avoir quelques deisseins du moins du plan et du profil de la forge où l’on fond la geuse pour la convertir en acier, de la figure des croûtes, des masses qu’on en forme, [et même des outils les plus communs. L’Académie joint à ses descriptions des arts des deisseins qui représentent jusques aux attitudes des ouvriers] etc. /fol. 4 v°/ 4° À Rives et dans d’autres endroits, avant de mettre le feu à la forge, on couvre le fond de la caisse de charbon pillé bien menu et bien tassé. Es ce par oubli qu’on n’en a rien dit dans le mémoire, ou si ce n’est pas l’usage de Vienne. 5° Comment on ôte la crasse de dessus la matierre fondue. 6° Chaque nouvelle croûte ou couche de fer qu’on élève n’est elle pas couverte d’une couche mince de crasse. Combien tire t’on a peu près de ces croûtes de la caisse. Ont-elles chacune à peu près toute la largeur de la caisse. 7° Le poids de la matière fondue que contient ordinairement la caisse, et le temps qu’on est à la fondre. On demanderoit aussi le temps que dure chaque façon ; et les noms que les ouvriers donnent à chaque chose car on rassemble aussi bien les termes que les pratiques des arts, par exemple le nom des croûtes ou couches de fer. 8° Quand on fait fondre le fer pour la seconde fois, ou quand on fond les croûtes, ne s’en sépare t’il pas encore de la crasse. 9° Quel est le poids à peu près que l’ouvrier retire à chaque fois de cette matierre en pâte. 10° N’a t’on point observé si la matierre qu’on retire la première, ou si celle qu’on retire la dernière, ne donnent point de meilleur acier l’une que l’autre. [Entre les croûtes par exemple qu’on tire de la caisse, les premières ne donnent elles pas de meilleur acier que les dernière, et ne reste t’il pas une certaine portion de fer qui ne scauroit être converti en acier.] /fol. 5/ 11° Combien un certain poids de geuse donne communément d’acier net. 12° Le poids des marteaux et maillets avec lesquels on forge l’acier. 13° On verroit avec plaisir des échantillons des différentes matierres, des meilleures et des plus mauvaises, dans tous les différents états où elles passent depuis la geuse jusques à l’acier [et surtout des échantillons de ces croûtes qu’on enlève de la crasse], sans oublier les crasses, et surtout [remplacé par principalement] celles qui sont blanches comme du lait. Il seroit nescesaire que chaque matierre fust envellopée dans un papier avec une étiquette qui apprist ce que le papier renferme. 14° Si il n’y a pas divers accidents qui empêchent quelquefois le fer de se changer en bon acier. Si tous les ouvriers suivent les mêmes procédés. Dans le mémoire dont il s’agist, on explique fort en détail les différentes fabriques et manufactures des environs de Vienne qui sont en usage à présent

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ou qui ont cessé. On n’a mis au rang ny des unes ny des autres le travail des lames d’épées. Les fourbisseurs vantent cependant les lames de Vienne. [paragraphe barré dans R/6/94] Si on avoit quelqu’un à portée de lever les deisseins des machines de la manufacture des soyes de Vienne, elles mériteroient fort d’être dessinées. Nous n’avons point encore les deisseins de ces sortes de machines, et celles de Vienne sont des plus belles du roiaume. On demanderoit aussi un deissein des fourneaux où l’on fond le cuivre, et de tout ce qui a raport à ce travail. [16° On a travaillé dans le Dauphiné il y a quelques années à faire des étoffes d’écorce d’arbre, mais on prétend que ce travail est entierrement cessé. Ne pourroit on point scavoir des ouvriers qui y ont été occupés comment on préparoit les écorces, celles qu’on choisoit [sic], et en un mot tout ce qui regarde cette manufacture.] 5. - 25 juin 1716 : mémoire de Heuriance sur les grands fourneaux de SaintGervais [16/2/c 42]. /fol. 1/ 1. 91. 13e Instruction relative aux plans et profils des grands fourneaux de St Gervais pour la fonte des canons Les fourneaux de la fabrique royalle de St Gervais sont construits avec les proportions et de la figure que les plans et profils représentent. Les plans supérieurs et inférieurs de ces fourneaux sont représentéz par les rectangles cottés A, et celuy à leur plus grande largeur par l’octogone irrégulier qui est autour de ces rectangles. Les soufflets B qui sont de bois sont mis en mouvement par les dents de bois C qui sont sur la circonférence de l’arbre D au nombre de trois pour chaque soufflet. Elles appuyent alternativement sur lesd. soufflets lorsque la roue E fait tourner l’arbre D au moyen de l’eau qui tombe des seatiers F dans les caisses qui sont sur la circonférence de lad. roue. Il y a au dessus de l’arbre une grande /fol. 1 v°/ perche cottée G avec un contrepoids cotté h servant à élever les soufflets pour aspirer l’air dans le moment que la dent de l’arbre n’appuye plus, ce qu’il n’est pas difficile à concevoir par les profils. On remarque encore les petits canaux J qui conduisent l’eau sur les roues, laquelle entre auparavant dans les petittes écluses L qui ont leur pale pour l’arrester quant il est besoin. Sa pente qui commance au réservoir jusqu’à ces écluses n’est pas fort considérable et elle n’en a qu’autant qu’il est nécessaire pour qu’elle puisse couler. Au devant des deux fourneaux, vis à vis le merlon qui les sépare, il y a une grande cuve M de pierre de taille de la figure d’un cône tronqué, ainsy que le 42. Voir “ Plans et profils des grands fourneaux de St Gervais pour la fonte des canons ” [16/ 2/d] reproduits ici en Fig. 16.

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profil le fait voir. C’est dans cette cuve que l’on met les moules des canons. On les place perpendiculairement la culasse au fond dans un rond fait exprès. On rempli [sic] ensuitte le vuide qui est entre lesd. moules et la cuve avec du sable /fol. 2/ bien battu sur lequel on fait deux petits canaux N venant des fourneaux, pour y conduire la matière quand elles est préparée. La mine dont ils se servent vient d’Allevard toutte cuitte. Ils en jettent dans un fourneau d’une heure à l’autre environ cinq quintaux, lorsque le charbon qui la précède et sur lequel on met du tuf brisé du poids de 40 ou 50ll, est reconnu bon. Autrem[en]t ils n’y en jettent que trois ou quatre quintaux. C’est selon la qualité du charbon dont les deux charges que l’on met avant que d’y jetter la mine, pèsent environ quatre quintaux. On fait les coulées de 16 en 16 heures et, à chaque fois, on retire, quant à présent, vingt ou vingt deux quintaux de gueuses provenant d’environ soixante quintaux de mine, car l’on a remarqué que quinze quintaux de mine, quant elle [est] de la bonne et qu’elle /fol. 2 v°/ a reposé deux ou trois ans après l’avoir sortie du four en regraine, donnent cinq quintaux de gueuses. Il n’est pas nécessaire icy de faire attention à la manière de jetter la mine dans le fourneau ainsy que l’on le pratique dans le petit fourneau d’Entremon43 où on la fait glisser le long du costé opposé à celuy qui est aplomb et par où le vent entre, afin qu’elle ne tombe pas devant le luiset et n’empêche par conséquent le vent d’entrer. Dans ce dernier fourneau, on coule cinq fois en vingt quatre heures, et touttes ces coulées donnent trente deux quintaux de gueuses, ce qui donnera lieu à faire des remarques en le comparant avec ceux de St Gervais dont la figure et les proportions sont différentes. Fait à St Gervais, le 25e juin 1716. Heuriance44 6. - 20 août 1716 : Boucher d’Orsay au Régent, Grenoble [18/67/a]. Monseigneur, VAR m’a ordonné de m’informer des faits contenus dans le mémoire que luy a fait présenter le Sr de La Baume touchant les mines du Dauphiné. J’ay conféré avec plusieurs personnes des idées que s’est formé ce particulier. Ceux qui ont veu quelques morceaux de la mine de la montagne de Villard Aymond semblables à ceux que M. d’Angervilliers45 avoit envoyé à M. Desmarets46 et qu’il avoit fait fondre, croyent qu’on ne devroit point négliger la recherche du filon de cette mine. Si VAR juge à propos d’y faire travailler, j’exécuteray ses 43. Entremont réuni à Saint-Pierre-d’Entremont (Isère). 44. Ingénieur, maître d’œuvre du pont d’Asfeld sur la Durance, à Briançon (1729-1731), et auteur d’un projet de fortification à Mont-Dauphin (Hautes-Alpes). 45. Nicolas Prosper Bauyn d’Angervilliers, intendant du Dauphiné de 1705 à 1715. 46. Nicolas Desmarets (1648-1721), contrôleur général des finances et ministre d’État.

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ordres très ponctuellement et luy rendray un compte très exact de touttes les découvertes que l’on fera. Je suis avec un très profond respect de VAR, Monseigneur, [etc.]. d’Orsay47 e à Grenoble, le 20 aoust 1716 Joint : placet de La Baume au Régent, s.d. [18/67/j]. /fol. 1/ À Son Altesse Royalle Monseigneur le duc d’Orléans Régent du royaume. Monseigneur, La Baume prend la liberté de représenter à VAR qu’il y a environ six ans qu’il a esté en Dauphiné pour y régler plusieurs affaires par des comptes et règlemens de société. Pendant le séjour qu’il y a fait, quelques personnes bien intentionnées luy apprirent que, depuis certain tems, les Genevois et les Italiens avoient découvert sur les plus hautes et les plus difficiles montagnes de cette province des mines d’or et d’argent d’une bonté extraordinaire. Le supliant connoit le Dauphiné et sçait de tout tems que la pluspart des montagnes qui y sont sçituées, sont remplies de touttes sortes de métaux et minéraux et qu’il y a beaucoup de métaux fins. Et néantmoins il donna d’abord une légère attention sur les mines qu’on luy proposoit. Ces personnes bien intentionnées luy ayant encore parlé plusieurs fois et luy ayant fait voir chez des orphèvres de pierres métalliques d’or et d’argent effectivement d’une bonté surprenante, cella le fit rentrer en luy même et, dèz le moment, il conceut le dessein de faire des efforts pour sçavoir qui estoient les personnes qui sçavoient ces mines et où elles estoient scituées pour les procurer au Roy, et en priver les étrangers et les gens du pais qui en faisoient un mauvais usage. On ne connoissoit ny les personnes qui sçavoient les mines, ny où elles estoient sçituées, de sorte que, sur l’indication des lieux où on soupçonnoit qu’elles pouvoient estre, le supliant a fait une grande tournée. Il en a découvert une vingtaine où il est assuré d’estre conduit par les personnes qui les sçavent. Dans ce nombre il n’y en a qu’une de celles qui ont esté découverte par les estrangers. Il estoit à la veille d’en découvrir deux autres, mais, outre que le trouble qu’on luy apporta dont il sera parlé cy après luy en empêcha, c’est que d’ailleurs la saison se trouva trop avancée, de manière qu’encore que par de promesses d’une bonne récompense il se fut rendu maître de la bonne volonté de tous ceux qui scavent lesd. mines, ils ne purent pas y aller à cause des neiges et des glaces. Celluy qui scait celle découverte par les étrangers, luy avoit dit d’attendre et, qu’à la faveur d’un vend chaud, s’il pouvoit venir, il monteroit à sa mine d’où il apporteroit de pierres métalliques pour faire une épreuve.

47. Après avoir été intendant du commerce (1708) puis intendant à Limoges (1710), Charles Boucher d’Orsay (1675-1730) est nommé intendant à Grenoble en octobre 1715 ; en 1724, il retournera comme intendant à Limoges où il mourra en fonctions.

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Mais, dèz le moment que les gens du pais se furent apperceus de la liaison que le supliant avoit avec cet homme, ils l’enlevèrent chez luy deux heures avant le jour, et cet enlèvement a esté cause qu’il n’a pas pu porter à VAR de pierres métalliques de cette mine, ny d’aucune autre. Cependant comme cette affaire luy a paru bonne et mériter d’estre proposée à VAR pour estre bien examinée, il ne s’est point rebuté malgré les traverses qu’on luy a faittes. Il a pris touttes les mesures nécessaires pour se conserver partout où il a passé la bonne volonté de ceux qui sçavent les mines. Le supliant sçait que cette affaire a manqué bien souvent et que bien de personnes la regardent comme à charge plutost qu’à proffit, mais il a aussy appris dans la tournée qu’il a fait, que c’est presque toujours par deffaut de conduitte de la part de ceux qui ont esté préposés, qui ont manqué partout de fermeté et de prudence. Le supliant qui a esté eslevé dans les affaires par des personnes de la première distinction et avec lesquelles il a appris à travailler dans la réalité, a examiné touttes choses de près et de sens froid et a trouvé qu’il réussira infailliblement. Pour cella il ne s’agit quant à présent que de trois choses. La première de faire partir le supliant de Paris en secret et incessament après l’avoir mis en estat. La deuxième d’arriver aux lieux où sont scituées les mines avec le même secret pour s’y emparer de deux ou trois personnes et les faire garder jusques à ce qu’on ait pu estre conduit à leurs mines. Et la troisième qu’après qu’il se sera assuré de ces trois hommes, il aille trouver l’intendant de Dauphiné pour luy rendre les ordres qu’il plairra à VAR de luy donner, et luy demander une ordonnance. Voilà la conduitte à tenir jusques là. Le supliant supprime celle qu’il a à tenir dans le courant de la manœuvre, parce qu’il en rendra compte fait à fait à VAR, ou à qui elle luy ordonnera, et se réduit à prendre la liberté de l’assurer que pour le mettre en estat d’establir cette affaire, il n’en coûtera au Roy que les frais de son voyage, parce qu’il est orienté au point de pouvoir se promettre de trouver dans le bénéfice de deux ou trois mines de quoy faire éprouver touttes les autres et mettre tout en règle. Le supliant espère que VAR voudra bien faire sur le contenu cy dessus l’attention qu’il mérite en faveur de Sa Majesté, qui est certainement de la dernière conséquence. Sur quoy le supliant aura l’honneur de luy observer que jusques à luy personne n’avoit sceu trouver le moyen de découvrir qui estoient ceux qui sçavoient les bonnes mines, qu’à présent que ces hommes sont connus, il faut ou qu’ils désertent leur pais ou qu’ils laissent leurs mines au pillage après avoir esté forcés de les apprendre, qu’il seroit fâcheux que le Roy n’en profitât pas dans une conjoncture où le rétablissement des affaires de Sa Majesté coûte tant de peine et de soins à VAR. Pour que ce secours que le supliant a veu certain ne manque pas, il a employé tout son zèle et tous les moyens qu’il avoit alors dans la veue que VAR non seulement l’approuveroit, mais encore qu’elle le feroit appuyer vivement dans touttes les occasions où il aura besoin de secours. Il vous répète, Monseigneur, que pour faire réussir ce projet, il luy faut peu de chose. Il espère que VAR voudra bien protéger et faire protéger ses bonnes

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intentions, et il continuera ses vœux et prières pour sa santé et prospérité. [d’une autre main :] Si VAR fait attention à ce mémoire et qu’elle veulle que Poitié qui a l’honneur de luy présenter accompagne celuy qui donne cet avis, il oze assurer VAR qu’estant esclairé dans ces sortes d’affaires depuis longtemps par ses différents voyages, il examinera le tout avec attention et en rendra un bon et fidel compte à VAR. [au dos :] pour Mr l’abbé Bignon. [d’une autre main :] Mines de Dauphiné. Joint : commentaire sur le placet de La Baume, s.d. [18/67/k]. Mémoire sur le placet du Sr La Beaume Le Sr La Baume qui a donné le mémoire cy joint, étoit le commis du Sr Contaud, l’un des munitionnaires généraux de l’armée d’Italie. Il a demeuré pendant le mois de septembre dernier dans la communauté de Pinsot, dépendante du mandement d’Allevard, pour faire la recherche des mines dont il parle, à quoi il n’a pu réussir. J’ay appris que M. d’Angervilliers avoit envoyé chercher un païsaen de ce lieu auquel le Sr La Baume s’étoit adressé, qui luy fit espérer qu’on trouveroit quelque mine sans luy marquer qu’il en eut une connoissance positive. L’on ne peut douter qu’il n’y ait dans les montagnes du Dauphiné des mines de divers métaux et principalement de fer et de plomb. L’on verra par la copie d’une lettre écrite par M. de Nointel48 à M. d’Angervilliers le 3 juillet 1711 que Monsieur Demaretz avoit fait fondre quelques morceaux d’une mine d’or que M. d’Angervilliers luy avoit envoyé, et que l’intention du feu Roy étoit de faire travailler à retrouver la suite du filon d’où l’on prétendoit que le morceau s’étoit détaché d’un rocher de la montagne du Villard Aymon49 en Oysans, ce qui n’a point eu d’exécution par la mort du Roy. Si SAR trouvoit bon qu’on employât à cette recherche cinq ou six cent livres, l’on pourroit y faire travailler les mineurs qui sont à Briançon et creuser à l’endroit où s’est détaché ce rocher pour y trouver le filon qui a produit l’or dont M. Desmaretz a fait faire l’épreuve. L’on pourroit aussi dans les autres endroits que l’on connoist comme le Sr La Baume, y faire faire quelques recherches. 7. - 2 septembre 1716 : Duport au Régent, Grenoble [18/93/a]. 117 À Grenoble, le 2e 7bre [septembre] 1716 Je prens la liberté d’envoyer à VAR la relation de la mine d’or du Bourg 48. Il peut s’agir de Louis Béchameil de Nointel (1649-1718), alors inspecteur général des vivres et étapes et conseiller d’État ordinaire, ou, moins probablement, du fils de ce dernier, Louis Claude (1682-1761), maître des requêtes. 49. Villars-Reymond (Isère).

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d’Oysans, faitte en 1711 par un habile artiste ensuite des ordres qu’il en avoit receus. Ell’est fidèle et quadre parfaitement à tout ce que j’ay eu l’honneur de représenter à VAR. Je ne say si elle aura été contente du petit échantillon que j’eus l’honneur de luy envoyer, c’est tout ce que je pus trouver, mais il y en avoit assez pour connoitre la qualité de la mine. Si VAR en souhaitoit davantage, plusieurs particuliers du canton du Bourg d’Oysans en ont, mais je ne saurois les avoir sans des ordres exprès. Je les attans avec empressement, et toujours avec un très profond respect, j’ay l’honneur d’être de VAR, Monseigneur, [etc.]. Duport, trésorier de France Joint : rapport de Pingré50 sur la découverte d’une mine d’or au dessus du Bourg-d’Oisans, 26 décembre 1711 [18/93/f]. /fol. 1/ 117 cotte 1 17 R Relation d’une mine d’or au dessus du Bourg d’Oisans Un naturaliste habile qui avoit besoin de cristal de roche pour en faire l’analise, fit travailler à une mine qui est au dessus du Bourg d’Oysans où les paysans des environs avoient déjà travaillé, et d’où ils avoient tiré quatre ou cinq quintaux de cette matière. Ces mêmes paysans assés au fait de ce travail, mais très peu connoisseurs aux choses nouvelles qui se présentent journellement à mesure d’œuvre, furent commandés de rechef pour y travailler. Ils commencèrent à faire un puis au dessus de celuy dont ils avoient tiré le cristal, suivant toujours le filon de la même mine, au sommet duquel trouvèrent par hazard or très épuré. La veüe de ce métail redoubla leur travail avec tant d’ardeur qu’un seul homme faisoit plus d’ouvrage en un jour qu’il n’en faisoit avant en une semaine, mais inutilement et sans profit, parce qu’ils travailloient sans sçavoir ce qu’ils faisoient. Voilà bien ce qui fit abandonner si tost le travail, quoyqu’à propos, puisqu’ils cherchoient ce qu’ils avoient perdu où il n’étoit point. Le 12 du mois de novembre 1711, j’y fus envoyé pour sçavoir au juste la situation du lieu et de la mine, les /fol. 1 v°/ raisons pourquoy on l’avoit quittée, si les marques et les circonstances requises qui accompagnent ordinairement les mines d’or y étoient véritablement, et si enfin l’or qu’on trouva au sommet de ce filon en prenoit son origine. Il faut premièrement remarquer que la saison que j’y fus, la disposition tant du terrain, des montagnes que des rochers qui environnent de toute part cette mine, qui empêchent même que le soleil n’i luise pendant tout l’hiver, et les aproches dificiles ne favorisent point du tout la situation, quoyqu’on peut les rendre praticables par quelques mines. Cette situation pourtant, quoyque

50. Ou Pingri.

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déserte est affreuse en aparence, ne laissera pas de donner beaucoup d’aizance et de comodité pour y travailler par raport à un ravin qui arrose le pié de la mine, où on pourra construire des moulins, et un précipice pour jetter les débris et l’inutile et à une grosse quantité de bois tant pour la fonte que pour des forges pour le racommodage des outils. Secondement les raisons pourquoy on abandonna si tost cette mine, sont la longueur du travail sans rien trouver, la dureté du rocher, la disette d’outils, le temps qu’il faloit perdre pour les racommoder, en un mot nulle commodité, et surtout le métail perdu. Troisièmement les marques et les circonstances qui /fol. 2/ accompagnent toujours les mines d’or, n’y étoient point parce que ils travailloient hors l’endroit de la mine. Quatrièmem[en]t l’or par la même raison n’y prenoit point sa source, comme on peut le voir par les recherches exactes que j’y fis. Je commençay d’abort [sic] à parcourir, sonder, miner en différens endroits, et examiner plus de 200 toises de ce filon, qui coupe la montagne en écharpe et qui s’alonge sur la superficie du rocher près de 4 à 500 toises et un large [sic] seulement de 7 à 8 pouces, sans pouvoir jamais rien reconnoitre, de sorte que je fus obligé de revenir au lieu où se trouva l’or. Lequel lieu j’examinay avec la dernière exactitude, sur tout les côtés, le dessus et le dessous du filon qui est composé de quatre couches fort distinguées en longueur et profondeur. La première qui adhère à un côté du rocher large d’environ de deux ou trois pouces, selon l’abondance de la matière, est la matière du cristal. La 2e, épaisse d’environ un pouce, est une terre d’une couleur tanée. C’est entre cette terre et la première couche qu’on trouva cet or si pur. La 3e est la même matière que la première, à peu près de la même épaisseur qui forme cette terre tanée. La 4e enfin paroit un machefert qui adhère à l’autre /fol. 2 v°/ costé du rocher, de sorte que ces quatre couches semblent à la veüe quatre filons diférens qui sont pourtant si étroitement unis ensemble qu’ils n’en font qu’un. Comme je voyois que je ne pouvois pas être encore assés convaincu pour assurer qu’il n’y avoit point d’or dans ce filon et qu’il n’y prenoit pas sa source, je fis jouer deux ou 3 mines pour avoir de la matière de la première et deux[ièm]e couche, qui étoit la continuité du lieu où se trouva l’or. Je fis calciner cette matière cristaline, ensuite éteindre dans l’eau froide qui resta toute blanche sans taches, ny lignes ny couleurs, dont un mixte emprint de quelque métail a coutume de laisser dans sa propre substance après la calcination. Pour me convaincre davantage, je fis les expériences suivantes. Après donc avoir fait mettre la matière calcinée en poudre, je versay dessus du mercure pour voir s’il ne ramasseroit rien, et s’il ne s’amalgameroit point avec quelques petites particules d’or, ce que je ne pus connoitre avec toute l’attention que j’y donnay. Je me servis pour la 2e de l’esprit de vin rafiné que je mis dans une

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cucurbite au feu de cendre avec la matière calcinée réduite en poudre, pour voir si l’esprit de vin en tireroit une teinture, ce qui n’arriva pas puisque /fol. 3/ je tiray l’esprit aussy limpide qu’avant d’avoir servy. Étant convaincu par toutes ses recherches et tous ces soins, par diverses expériences et plusieurs autres que je fis que je ne marque point icy, que l’or qu’on trouva au sommet de ce filon à un pied et demy au dessous de la superficie du rocher, n’y prenoit point sa source, je m’avisay de me faire monter à l’endroit du rocher où ce filon adhéroit lorsqu’on y trouva l’or, pour voir s’il n’y auroit point laissé quelque signes ou quelque communication. J’apperçus à l’instant plusieurs fentes et crevasses remplies de marcasites et de quelques taches d’azur qui donnoient directem[en]t sur l’endroit qu’on trouva l’or qui pouvoit y avoir été communiqué par la jonction étroite que ce filon avoit avec le rocher. En effet, après tant de recherche, quoyque simples mais très exactes, on peut fort bien conjecturer sans même risquer que cet or si pur qu’on trouva au sommet de ce filon, n’y prit point son origine, mais qu’il y vint par la communication des fentes et des crevasses qui faisoient ce filon. Il faut espérer que la suite du travail et des expériences ôteront tous les doutes que certaines personnes incrédules tant de naissance que de tempérament pourroient encore avoir. La suye d’une cheminée (comme l’on sait) qui adhère /fol. 3 v°/ à ses parois et la fumée qui en sort par le haut, dénote qu’il y a eu ou qu’il y a du feu au bas. De même les marcasites et l’azur qui adhèrent aux parois des fentes des crevasses et à la substance même du rocher, qui sont la suye et la fumée de l’or, dénotent que le foyer de la mine est dessous. Or, comme on ne se contente point de fumée, je fis encore jouer 3 ou 4 mines à l’endroit de ces fentes pour voir si les marcasites et les taches d’azur continuoient. Je remarquay qu’à mesure qu’on penchoit dans la substance du rocher, les marcasites doubloient et les taches d’azur s’unissoient, et la substance du rocher commençoit à être empreinte d’azur et parsemée de marcasites d’or grainées, qui sont des signes inséparables des mines d’or à moins que le métail ne soit mort. Je fis redoubler les mines. Tant plus on enfonçoit dans le rocher, tant plus les signes et les marques cy dessus redoubloient, et surtout une de ses fentes devenoit plus large à mesure que les mines jouoient, de laquelle découloit une pâte d’une terre jaune très fine et très douce qui ressembloit tout à fait à la couleur de l’or. De sorte que les mineurs que je menay avec moy, crurent à la première veüe que c’étoit un filon de la mine. Je mis de cette terre dans un creuset qui devint rouge comme du sang à mesure que le feu augmentoit, à mesure cette rougeur devenoit plus brillante. /fol. 4/ En effet ces sortes de terres voisines des mines d’or deviennent ordinairem[en]t rouges en les calcinant, parce qu’elles sont empreintes de quelques parties d’or qui ne sont point encore parvenues aux degréz de maturité. N’étant point encore plainement satisfait ny de toutes ces circonstances, ny de tous ces signes qui, selon l’usage du Pérou, passeroient pour suffisans, je fis

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calciner des morceaux du rocher les plus remplis de marcasites et d’azur, ensuite éteindre dans l’eau froide ; en les sortant de l’eau, on voyoit dans la substance pêle mêle des taches et des lignes rouges, jaunes et bleues, qui sont encore des signes inséparables des mines d’or. Je les fis ensuite mettre en poudre et j’en tiray une teinture selon l’art avec l’esprit de vin qui devint fort rouge, ce que je ne pus faire avec la matière du filon de cristal. I° Pour savoir que pourroit être cette teinture rouge, je la mis dans une retorte au bain sec et je séparay l’esprit de vin fort clair ; restèrent au fond du vaisseau environ 32 grains d’une terre rouge. 2° Pour sçavoir que pourroit être cette terre rouge, je mis environ deux dragmes d’antimoine avec cette terre rouge dans un petit creuset, dans lequel je fis fondre le mélange et le jettay en régules. Après je les fis refondre 3 ou 4 fois avec la limaille de fer, parce que le fer précipite. On voyoit /fol. 4 v°/ dans la substance de ces régules, des petites lignes de couleur d’or lesquelles je fis torréfier avec le sel commun et réduire en cendre. Je séparay l’antimoine de l’or avec le plomb, et resta une poudre d’or fort subtile qui pèze environ cinq grains et demy. Cette manière de séparer l’or est la plus sûre et la moins trompeuse quand on veut seulem[en]t connoître l’or dans un mixte en emprunt ; mais, quand on est venu à la source de la matière orifique, les moulins et mercure et la fonte sont les moyens les plus convenables et les plus expéditifs pour avancer besogne. Ainsy le plus sûr moyen qu’on ait pu trouver jusques à présent pour connoitre le métal dont un mixte est empreint, est de le réduire en ses principes par les opérations de la chimie que les sçavans ont nommé analise ; on voit à l’œil ce que la nature avoit de caché dans ce mixte, et l’on peut former un jugement sur sa pureté et sa finesse, que si par dessus cela, ce même jugement se trouve confirmé d’une longue suite d’expériences, on peut raisonnablement conclure qu’on marche dans le chemin de la vérité. Voilà bien précisément la conduite qu’on a tenue dans l’examen de cette mine. Il y a véritablement du travail, et ces sortes d’ouvertures ne se font point sans des grosses dépenses, surtout à un rocher qui est aussy dur que le marbre, mais on n’a rien /fol. 5/ sans peine. Cependant, la dureté des rochers dans l’endroit où les métaux naissent, suivant les mineurs de profession et de ceux du Pérou, dénote la pureté du métal. En effet les relations des lieux où on y travaille nous le confirment. Il y a pourtant des gens assés crédules qui s’imaginent qu’il n’y a qu’à se baisser et fouir la terre dans le Pérou pour y trouver de l’or. Ils se trompent fort et sont très mal informés. Car, suivant les relations que nous en avons des personnes qui en revinrent, où ils demeurèrent employéz aux travaux des mines pendant plusieurs années, qui nous assurent tout le contraire et nous disent que le travail y est fort rude et fort pénible, et qu’il coûte des sommes immenses pour ouvrir une mine avant d’avoir du profit. Cela se confirme non seulement

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par la rareté de ce métal, depuis le temps qu’on en aporte en Europe, mais par des relations exactes et sincères, surtout d’un Espagnol fameux dans la connoissance des mines qui venoit de se débarquer du temps que j’arrivay à Cadix en l’année 1699. Cet homme habile consumé tant dans la connoissance que dans la séparation des métaux par les employs qu’il y eut, me dit plusieurs particularités de la situation du pays, des saisons des mouvements climatiques, de la température de l’air, des concavités, des profondes mines, de la variation et du /fol. 5 v°/ changement qui arrive à l’air extérieur par l’intérieur, de la nature des vapeurs et des exalaisons, du long trait d’un froid insuportable qu’on rencontre en descendant dans les mines, de la manière qu’on y travaille, de la présence des mines qui sont dans le rocher vif, à celles qu’on trouve dans la terre, parce que, comme j’ay déjà dit le métal est plus dépuré, et qu’il y avoit plus de profit, quoyqu’on soit obligé de faire des gros frais avant d’arriver aux branches de la mine. Il m’assura encore suivant la connoissance qu’il avoit des mines que, si on travailloit aux mines des Pirénées et des Alpes, qu’on y trouveroit de l’or et de l’argent plus pur et plus fin que dans le Pérou. Ainsy les relations de tous les pays connus et les voyages de plus long cours, celles que divers curieux nous ont donné, les observations qu’ils ont faites dans les lieux où les mines naissent, tant sur leurs superficies que dans leurs fonds, les circonstances et les signes inséparables pour les reconnoitre et enfin diverses expériences auxquelles d’autres se sont exercéz, ont beaucoup de convenances avec notre mine. Cependant tous ces guides sur la conduite desquels il semble qu’on puisse s’assurer, peuvent néantmoins nous faire égarer en s’égarant aux mêmes. Mais les expédiens pour se tirer heureusement de pareils embarras, sont de suspendre son jugement sur tout ce qui peut faire naître quelque /fol. 6/ suspicion par le défaut de l’autorité, et de ne recevoir pour certains que les faits sur lesquels plusieurs circonstances et relations conviennent ou à la vraysemblance desquels plusieurs pareilles observations concourent. Tous ces signes donc observés en cette façon dans le dehors de la mine de Bourg d’Oysans, donnent une parfaite connoissance de la matière du dedans, et la connoissance de la matière du dedans donne à son tour celle non seulem[en]t de tous les raports et convenances qu’elle a avec les mines d’or du Pérou, mais celle de toutes les suites des signes et circonstances du dehors qu’elles ont. Fait à Chambéry ce 26 décembre 1711. Signé Pingré. Outre la mine énoncée au présent mémoire, il y en a une autre dans la combe de Malevars, à une lieue au dessous de la Grave près des glacières, appellée la mine Girause, laquelle suivant les mémoires dressés par Mr Falquenberg, Polonois, est plus abondante, lequel y fut sur les ordres de feu Mr Bouchu51 en 1688, où le Sr Magallon l’acompagnat avec le feu Sr Crépin Giraud, châtelain du mandem[en]t d’Oysans. Il dressa aussy un mémoire sur

51. Étienne-Jean Bouchu, intendant à Grenoble de 1686 à 1705.

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celle contenue dans celuy cy joint du Sr Pingré, et sur un autre qui est au dessous du village de la Morte, mandemant de Vizille, qui est de cuivre à côté d’un ravin. 8. - s.d. [1716] : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/6]. 78 bis 6° Grenoble Monsieur d’Orsay nous a procuré tant de bons mémoires que nous avons tout lieu d’espérer qu’il voudra bien encore nous en faire avoir un sur la manière dont on fond et afine les cuivres à Vienne. Nous souhaiterions pouvoir comparer les pratiques qui y sont en usage avec celles dont on se sert dans d’autres endroits. Monsieur d’Angervilliers nous envoia en 1715 quelques instructions générales sur cette matierre mais qui n’entrent pas dans les détails dont nous avons besoing. C’est principalement sur la manière dont on afine le vieux cuivre et celuy qui est appellé coquillon que nous voudrions scavoir les pratiques des fondeurs de Vienne. Peut être en voudront ils faire mistère, mais il sufiroit de les engager à travailler devant une personne intelligente qui décrivist ensuite exactement tout ce qu’elle auroit vu. Nous souhaiterions aussi des deisseins des fourneaux dont on [se] sert pour cet afinage. 9. - s.d. [avant septembre 1716] : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/106]. Grenoble Les mémoires et les deisseins qui ont été envoiés par Monsieur d’Orsay à SAR Monseigneur le duc d’Orléans donnent tous les éclaircisements qu’on avoit souhaité sur les mines de fer d’Allevard, sur les grands et petis fourneaux du Dauphiné, sur les trompes et sur les forges d’acier de Rives. On attend avec impatience les nouveaux mémoires que Monsieur d’Orsay fait espérer de Vienne et les échantillons de diverses sortes de matierre. Nous aurions encore à demander de Rives quelques nouvelles instructions. On nous assure qu’il y a une fabrique de lames d’épées et que celles qui en sortent, sont beaucoup meilleures que celles qu’on fait à St Étienne. On voudroit avoir des mémoires qui explicasent avec le plus de détail qu’il seroit possible tous les procédés de cette fabrique depuis qu’on commence à forger le fer et l’acier jusques as que la lame soit entierrement finie, qu’on y marquast surtout quelle quantité de fer on emploie dans les meilleurs lames par raport à une certaine quantité d’acier, et qu’on expliquast tout ce qu’on pratique pour orner et embellir les lames.

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10. - 13 septembre 1716 : Boucher d’Orsay au Régent, Grenoble [18/67/f]. Monseigneur, Je n’ay pu envoyer plus tost à VAR les éclaircicements que demandoint Messieurs de l’académie des sciences parce qu’on a [fait] fair [sic] à Vienne une recherche fort exacte de tout ce que ces Messieurs pouvoint désirer. Il y a aussi les plans et les matières qu’ils demandoint. J’y ay joint encor d’autres matières qui manquoint au mémoire que j’ay pris la liberté d’adresser à VAR au mois d’aoust dernier. Je satisferay incessament aux autres demandes de Messieurs de l’académie des sciences. Ces matières et les plans sont dans une boete que j’ay mise au courier. Je suis avec un très profond respect de VAR, Monseigneur, [etc.]. Orsay à Grenoble, ce 13 septembre [1716] Joint : mémoire d’éclaircissements, s.d. [18/67/g]. [en tête, de la main de Réaumur :] V[u] en partie. [d’une autre main :] Cotte 5 Entre un grand nombre de matières curieuses par raport à l’histoire naturelle, et utiles aux arts, que fournit le Dauphiné, en voicy quelques unes sur lesquelles l’académie royale des Sciences souhaite avoir des mémoires exacts et détaillés52. Le Briançonnois contient dans son étendue environ douse lieues de pays ; la mane ne tombe que dans les lieux où il y a des mélèzes qui peuvent faire le tiers de ce canton. Cet arbre est de la nature des sapins quoyque plus élevé et le seul des arbres à résine qui perd sa feuille en hiver. La vallée de Queyras et de Villard St Pencrasse53 qui luy est contiguë, sont les endroits où l’on en ramasse une plus grande quantité. Elle ne commence à tomber qu’environ le 15e ou 20e de juin et par divers intervales jusqu’à la fin du mois d’aoust. Il y en a pas toutes les années, mais seullement dans celles où la sécheresse règne on la ceüillit sur les feuilles de mélèze

1° Sur la manière dont on ramasse la mane dans le Briançonnois sur le temps où commence et finit cette récolte ; sur l’étendue du pays qui la fournit et sur la quantité qu’il en fournit.

52. La minute des demandes académiques, de la main de Réaumur, est conservée en R/6/94 ; les questions se lisent ici dans la colonne de droite et les réponses dans celle de gauche. 53. Villar-Saint-Pancrace (Hautes-Alpes).

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dont l’on joint icy une branche de même que de la vieille mane, n’en étant point tombé la présente année. Elle se forme la nuit par le serain dans le temps des nuages, s’attachant aux feuilles de mélèze. Elle y tient de manière qu’on ne peut l’en séparer à cause qu’elle est gluante. On prend soin de la ramasser avant le lever du soleil qui la fait fondre comme la rosée. Lorsqu’on l’a mise à l’ombre elle se rafermit dans l’espace de vingt quatre heures, après quoy on l’expose au soleil qui la durcit, et lorsqu’elle est en cet état on la passe au vent pour en ôter les feuilles, dont néanmoins il en reste toujours quelques unes qu’on est obligé de séparer avec la main. Sa couleur est toujours blanche, bien qu’elle jaunisse en viellissant. Les apothicaires qui en ont fait l’épreuve, disent qu’elle est purgative et qu’elle fait le même effet que celle de Calabre pourveu qu’on en double la dose. La récolte n’en est que d’environ quinze quintaux dans les années les plus abondantes. Elle sèche les grains et gâte la récolte dans les endroits où elle tombe, sa forme ordinaire est comme celle d’un anis et l’on en trouve quelque fois de la grosseur d’un pois. Il est certain qu’en Dauphiné il y a de différantes mines de plusieurs sortes de métaux, mais l’on ne peut donner qu’une légère idée de celles qui n’ont pas été travaillées. Ainsy on est obligé de se renfermer à celles qui l’ont été ou qui se font actuellement. L’on en a découvert une en 1711 qui tient de l’or54. Elle est située dans la montagne

2° On a aussy à demander des instructions sur toutes les mines de la généralité du Dauphiné, tant de celles où l’on travaille que de celles où l’on a cessé de travailler ou de celles qui sont connues et qui n’ont jamais été travaillées. On souhaiteroit même avoir, autant qu’il sera possible, des morceaux de ces différentes mines. Voicy les mines

54. Voir ci-dessus, joint au doc. 7, le rapport de Pingré sur la mine d’or de Bourg-d’Oisans.

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de Villard Eymond, dépendante du mendemant d’Oysans, dont j’ay rendu compte à SAR. L’on prétend qu’il y a encore une autre mine de même qualité sur un rocher qui est dans la comm[unau]té de Pinsot, mendement d’Allevard, mais comme elle est dans un endroit couvert actuellement de neige et où l’on ne pouroit aborder qu’au 15e du mois de juillet prochain, l’on attend de plus grands éclaircissements et qu’on ayt été conduit sur les lieux pour en parler avec certitude. 1° Il est connu que les montagnes d’Oysans sont abondantes en cuivre, mais fort chargées de soufre. L’on ne travaille présentement à aucune. Le travail qu’on faisoit sur celle de la Coche a cessé depuis environ vingt cinq ans par les troubles de la guerre survenue contre Monsieur le duc de Savoye. L’on en tiroit de fort bon cuivre et l’on faisoit couler cette mine dans la paroisse du Rivier56, où l’on avoit étably des artifices par raport à la comodité des bois. L’on prétend qu’il seroit fort aysé de reprendre ce travail et qu’il y a encore abondament de cuivre.

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dont on a quelque connoissance et dont on voudroit surtout avoir des morceaux : 1° des mines de cuivre, entr’autre d’une de la montagne de Coche qui se trouve au revers de la valée de Graisivaudan ; on y travailloit il y a quinze ou seize ans, y a t il encore quelques mines de cuivre où l’on travaille. 2° de la mine de plomb qui est dans le Gapençois, au village la Parre55, près de la Beaume des Arnauds ; on voudroit sçavoir sy on y travaille encore et en ce cas on auroit à demander des mémoires sur la manière dont on fond cette mine et sur ce qu’il produit. Il y a aussy une mine de plomb à l’Argentière, village situé sur la Durance à quatre lieues de Briançon. 3° Une mine de vitriol qui se trouve à une lieue du Rône, dans le pays de Larnage près de Tain.

2° La mine de plomb qui est dans le Gapençois au village de la Pierre57, fut découverte par un paysan il y a environ cinquante ans. Ce paysan, ayant trouvé une pierre d’un bleu vif attaché à la montagne apellée Beaume Rousse, la porta au seigneur de la terre qui, ayant fait fouiller dans l’endroit où étoit cette pierre, l’on y trouva de la mine dont il fut fait plusieurs essays qui le déterminaient par la bonté de la matière à faire construire des fourneaux pour la fondre. Elle a coulé avec abondance pendant plus de trente années, et le propriétaire en a tiré un produit qui l’a enrichy. Il y a près de vingt années qu’on a cessé d’y travailler, ainsy il n’est pas possible d’en envoyer des morceaux. Mais ce mémoire est accompagné de quelques pierres qu’on a trouvé sur le bord de la Cone.

55. La Piarre (Hautes-Alpes). 56. Non identifié. 57. La Piarre.

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3° Il y a trois différantes mines dans les montagnes de l’Argentière. La première n’est éloignée du village que de demy quart de lieue et se tire du centre d’un rocher apelé vulgairement la Tuno des Minoires. La seconde éloignée d’une grande demy lieue est située à six toises d’hauteur d’un rocher apelé vulgairement les Gourjas. Il est creusé de la longueur d’environ trente toises et l’est encore par les deux côtés en différants endroits. Il y a presque au bout de la longueur une excavation qui descend jusqu’au bas du rocher par différantes petites marches ; un homme de petit taille y peut marcher partout sans se baisser. L’on trouvera cy joint des échantillons tirées de ces deux mines. Les anciens du pays asseurent qu’on a commensé à les creuser dès le temps des Princes Dauphins, et il leur est revenu par tradition de leurs pères que la peine imposée aux gens condamnés aux galères étoit celle de travailler à l’excavation de ces mines. Il y a plus de trente ans que personne n’y a travaillé. Les derniers qui s’y sont occupés sont les Srs Mazel de la ville de Grenoble et Emeric de la ville de Chambéry ; ils faisoient fondre la matière dans un fourneau qu’ils avoient fait bâtir à demy quart de lieue de là, dont les débris subsistent encore. Cette fonte se faisoit avec du charbon de pierre, et de la manière à peu près qu’on calcine la chaux, l’on croit que cette mine est partie de plomb et partie d’argent. Les échantillons qu’on joint icy en pouront justiffier. 4° La troisième mine est situé dans un rocher apelé vulgairement Piche la Poule. Les habitans de ce pays ne sçavent pas rendre compte du temps qu’on a commencé d’y travailler, mais les principaux asseurent que quatre Provenceaux en ont tiré de la matierre l’année dernière et qu’ils ont caché leur manœuvre et déguisé leur séjour sous prétexte d’herboriser. En se retirant ils ont bouché l’ouverture, de manière qu’on n’y sçauroit entrer sans un travail. On présume que cette mine est d’or par l’échantillons cy joint pris à l’embouchure et sur ce qu’il sort du centre de ce rocher environ deux pouces de circonférence d’eau dont la couleur est d’un bleu verdâtre, semblable au verdet qui se forme sur l’airain, et l’on croit que l’étimologie du nom de l’Argentière vient du mot argenteria ou argent fodinae à cause qu’il y avoit plusieurs mines de ce précieux métail. 5° Il y a aussy près de deux années qu’on ne fait plus travailler à la mine de vitriol qui étoit dans la terre de Larnage, ayant été abandonnée par le peu de profit qu’elle raportoit qui n’aloit pas à 300ll année commune. L’on tiroit le vitriol et couperose d’une terre noire qui se trouvoit dans des souterreins où l’on ne pouvoit travailler sans chandelle et qu’après en avoir puisé l’eau avec des sceaux, l’on faisoit boulir dans des chaudières un assés long espace de temps cette terre après l’avoir détrampée dans des cuves. C’est dans cette même comm[unau]té qu’on trouve une terre blanche dont l’on fait de la terraille ou poterie en des pipes, qui sont bien peu différantes de celles de Holande, qu’on en poura juger

Il y a aussy près de Tain des mines de terre à pipes, aussy belles que celles de Holande, ou de Rouan ; on auroit besoin d’avoir des échantillons de cette terre ainsy pour la comparer avec les autres qui servent

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par les pipes les échantillons de la terre dont on les forme qu’on trouvera joint à ce mémoire. L’on ne connoit qu’une mine de cette nature. Elle est dans la comm[unau]té de Cézanne58 [ ; elle] a été cédée au Roy de Sicile par le traité d’Utrek59 ; au lieu apelé pour froid, le terrain qui l’environne est graveleux ; on ne peut guère juger de son étendue parce qu’elle est dans la terre. Mais le rocher d’où l’on en tire a plus de vingt cinq à trente toises de longueur et douse de large, la craye ne fait point un corps continu, elle est mêlée avec le roc où l’on sépare aysément avec une pioche. On envoye un échantillon du rocher où la craye est attachée qui démontre la qualité du roc, lequel se durcit quant il est hors de la terre, tant fort mou lorsqu’il n’a pas pris l’air. On joint aussy un échantillon de la veritable craye, on en tiroit autrefois beaucoup qu’on commerçoit à Marseille, mais, depuis les dernières guerres, on n’en a point tiré. La terre et le rocher s’estant écoulés ont bouché le trou et il faudroit un travail considérable pour le réouvrir, ce qu’aucun particulier ne peut entreprendre. Plusieurs personne ont raporté qu’il doit y avoir une autre mine de craye dans la valée des Prés et une dans la combe de Cervières, le tout à une lieue et demy de Briançon, mais, comme elles n’ont point été découverte, on n’en peut donner aucune indication certaine.

au même usage

On trouve des mines d’ardoise seullement dans le terroir de Besses60, mais encore dans les communautés

5° On trouve des mines d’ardoise dans le terroir de Berles [sic], dans le mandement d’Oysans, sur lesquelles on

4° Des mémoires sur les mines qui fournissent la craye à Briançon, qui aprissent le nombre de ces mines communes, la nature du terrain qui les environne, leu étendue, ce qu’on sçait de leur proffondeur, si la craye y fait un corps continue ou si elle est séparée en morceaux par des corps étrangers et autant d’échantillons différants qu’on trouvera des crayes qui diffèrent sensiblement les unes des autres.

58. Césanne. 59. Le traité d’Utrecht (1713), mettant fin à la Guerre de succession d’Espagne, rend notamment au duc de Savoie certains de ses territoires que la France occupait. 60. Besse (Isère).

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d’Ornon, Allemond et Oz, toutes voudroit être instruit si on en tire de dépendantes du mandemant d’Oysans. l’ardoise et commen [sic] on la tire ; on en Toute l’ardoize n’est pas également souhaiteroit aussy des échantillons. bonne ; celle de Besses qu’on apele de la Vielle Mine est la meilleure et la plus fine. L’autre s’écaille lorsqu’elle est exposée au soleil et à la pluye. L’on ne se sert pour la détacher du rocher que d’un coin de fer fait exprès, à peu près comme les cizeaux d’un piqueur de pierre. L’on n’en sçauroit fournir d’autre que celuy des ardoises qu’on employe à couvrir les toits, ainsi il seroit inutile d’en envoyer. Les gens de Sassenage les plus âgés disent n’avoir jamais trouvé des morceaux d’agathe parmy les pierres de leur pays, qu’ils apelent vulgairement pierres précieuses. Ces pierres ont la propriété lorsqu’on les introduit sous la paupière d’expulser du rayon visuel toutes les ordures qui s’y rencontrent et d’y rouller jusques à ce qu’elles en soient sorties. Elles font le même effet sur tous les animaux. On les trouve dans un terrain sec au pied d’un rocher, même dans les ouvertures qu’on y fait lorsqu’on le creuse. L’on joint à ce mémoire des plus grosses et des plus petites pierres, comme aussy de la terre. M. le président de Boissieux61, homme très versé dans les belles lettres, a fait un ouvrage en vers sur la vertu de ces pierres et sur quelques autres curiosités de la province, dont Messieurs de l’accadémie des sciences ont sans doute connoissance.

6° On auroit aussy à demander des pierres de Sassenage, des plus grosses et des plus petites. On nous a asseuré qu’il se trouve parmy des beaux morceaux d’agathe. On seroit encore plus éclercy si ces échantillons étoient accompagnés d’un petit mémoire qui apris où précisément l’on trouve ces pierres, s’il y en a abondament.

Je fais travailler à un mémoire fort exact de tout ce que peut satisfaire la

7° En général, ce seroit nous metre en état de nous instruire que de nous indiquer

61. Denis de Salvaing de Boissieu (1600-1683), premier président de la Chambre des comptes du Dauphiné.

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curiosité de Mrs de l’accadémie des ce qu’on sçait de singulier dans la sciences, que j’envoyeray lorsque j’auray généralité de Dauphiné par raport aux terres, aux pierres, marbres, minéraux et pris les éclercissements nécessaires. autres fossilles, même ce que le Dauphiné fournit de singulier en phénomène qui ont raport à l’histoire naturelle.

[la section suivante du document est barrée :] L’on répond à l’article cy joint, contenu dans un nouveau mémoire envoyé depuis peu par Mrs de l’accadémie royale des Sciences, que les lames d’épée qu’on forge à Rives sont beaucoup plus estimées par leur durée que celles qu’on fabrique à St Étienne, qui sont plus cassantes, en ce qu’on y employe du fer de Bourgogne qui n’est pas de si bonne qualité que celuy de Dauphiné, et qu’on s’i sert de charbon de pierre qui ramolit la matière ; d’ailleurs, l’on n’y corroye pas l’acier de la manière qu’il faut. Cependant cette fabrique qui faisoit mouvoir autrefois douse à quinse martinets ou forges est beaucoup négligé depuis environ trente ans par le peu de débit, parce qu’on a couru au meilleur marché, et les lames qu’on y fabrique sont beaucoup inférieures à celles d’autrefois, voicy quels en sont les procédés. L’on fait rougir un carrau d’acier de deux doibs de large et de l’épaisseur d’un écu et on le jette au sortir du feu dans de l’eau froide. On le coupe ensuite en morceaux de la longueur de deux pouces ou environ, qu’on envelope dans du papier lié avec du fillet. L’on met le tout dans de la terre grâce après quoy on le remet au feu. C’est là ce qu’on apèle corroyer l’accier. Ensuite on l’étire sous un gros

Nous aurons encore demendé de Rives quelques nouvelles instructions. On nous asseure qu’il y a une fabrique de lames d’épée et que celles qui en sortent sont beaucoup meilleures que celles qu’on fait à St Étienne. On voudroit avoir des mémoires qui expliquassent avec le plus de détail qu’il seroit possible, tous les procédés de cette fabrique, depuis qu’on commence à forger le fer et l’acier jusqu’à ce que la lame soit entièrement finie ; qu’on y marquât surtout quelle quantité de fer on employe dans les meilleures lames, par raport à une certaine quantité d’accier et qu’on expliquât tout ce qu’on pratique pour orner et embelir [sic] les lames62.

62. La minute de cette demande de renseignements, de la main de Réaumur, est datée du 15 août 1716 [R/6/102].

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marteau apelé petit maillot. L’on coupe ce qu’il en faut pour faire une lame de la grosseur qu’on la souhaite, on ploye ce morceau, à qui l’on donne la figure d’un cornet de papier propre à pleyer du poivre. On prend ensuite un morceau de barre de fer qu’on étire fort mince et l’on le fait entrer dans ce cornet qu’on remet au feu pour le souder et consolider et lorsque ce travail est fait l’on étire la lame de la largeur qu’il la faut, et le fer se trouve pour lors dans le milieu et l’accier sur les extrémités. Il entre dans les lames d’épée de cavalier environ deux livres et demy d’accier, et demy livre de fer. Dans celles de fantassin une livre et demy d’accier et un carteron de fer. Cette matière diminue presque de la moitié avant que les lames soient parachevées. On les envoye à Saint Étienne pour les perfectionner, c’est à dire évuider, polir et monter, et il est à observer que les lames qu’on fabrique à Saint Étienne et qui ne viennent pas de Rives, sont moins polies et plus noires que celles de Dauphiné à cause du charbon de pierre qu’on y employe.

Joint : liste d’échantillons adressés à l’Académie des sciences, s.d. [17/21]. 28 121 État des échantillons qu’il faut joindre au mémoire de Mrs de l’Accadémie des Sçiences Primo. Une branche de mélèze avec de la vielle [sic] mane de Briançon, parce qu’il n’en est point tombé cette année. 2° Un sac de la terre de Larnage propre à faire des pipes. 3° Un échantillon des pierres trouvées sur le bord de la mine de plomb qui est dans le Gapençois au village de la Parre près la Beaume. 4° Un échantillon d’une mine de l’Argentière tirée du rocher apelé Tuno des Minaires. 5° Autre échantillon d’une mine de l’Argentière tirée du rocher apelé les Gourjas. 6° Autre échantillon d’une mine de l’Argentière tirée du rocher apelé Piche la Poule.

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7° Pipes faites avec de la terre de Larnage. 8° Un échantillon du rocher où la craye de Briançon est attachée. 9° Des pierres de Sassenage apelées précieuses des plus grosses et des plus petites, avec de la terre. En deux paquets. 11. - 14 septembre 1716 : Duport au Régent, Grenoble [18/93/f/i]. [en haut :] à M. l’abbé Bignon À Grenoble, ce 14e 7re [septembre] 1716 Monseigneur, Le petit échantillon que je pris la liberté d’envoyer à VAR Monseigneur, a été véritablement tiré de la mine d’or du Bourg d’Oysans ; et les deux certificats cy joints, de deux personnes de probité, en font une foy parfaitte. Tout ce que j’ay eu l’honneur d’écrire et d’envoyer à VAR sur ce sujet est très vray. Ma vie, mon honneur et ma liberté en seront toujours les garants. Si VAR Monseigneur a la bonté de m’honorer de cette direction, je me flatte avec la grâce du Père des lumières de m’en acquiter dignement et utilement, pour le bien de l’Etat. J’ay l’honneur d’être de VAR, Monseigneur, [etc.]. Duport 12. - 2 octobre 1716 : Jacques Pascal au Régent, Saint-Bonnet [18/93/c]. [en haut :] Renvoyé à M. l’abbé Bignon, ce 21 octobre 1716. 63 32 123 de Saint Bonnet en Dauphiné63, ce 12e 8bre [octobre] 1716 Monseigneur, Je donne advis à Vostre Grandeur que j’ay treuvé dans une montaigne proche de St Bonnet en Dauphiné une mine qui paroit estre d’or. Si Vostre Grandeur me permet de travailler pour en faire la descouverte, je vous en donneray advis plus particulliers. La mine paroit estre fort grande en faisant les travaux nésesaires pour la descouvrir. Sy Vostre Grandeur me fait l’honneur d’une responce, l’adresse sera à Jacques Pascal, architecte à Saint Bonnet, en Dauphiné, duché de Lesdiguières, à St Bonnet. Pardonnés moi d’escrire à une grandeur de vostre mérite et me croyés avec un profond respet, Monseigneur, [etc.]. J. Pascal à Monseigneur le duc d’Orléans, Régent de France, en Cour

63. Saint-Bonnet-de-Chavagne (Isère).

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13. - 4 octobre 1716 : Duport au Régent, Grenoble [18/67/d]. [en tête :] à M. l’abbé Bignon, ce 11 octobre 1716. 58 117 À Grenoble, ce 4e octobre 1716 Monseigneur, Pour exécuter les ordres dont VAR a bien voulu m’honorer de luy donner des preuves comme l’échantillon de la mine d’or que je pris la liberté de luy envoyé il y a quelque tems, avoit été tiré de celle du Bourg d’Oysans et non de celle du Pérou, je joints icy deux certificats signés de foy humaine. Et pour ne laisser aucun doute à VAR, Monseigneur, sachant que M. l’Intandant d’Orçay étoit allé dans l’Embrunois et dans le Briançonnois par la grande route et qu’il devoit revenir par la petite au Bourg d’Oysans, j’y suis allé et j’y ay demeuré six jours à l’attendre. Je luy fis observer le lieu et la longueur du filon de la mine d’or ; les off[ici]ers du Bourg d’Oisans et les principaux habitans l’ont assuré qu’elle y étoit véritablement. Je luy ay fait remettre quelques échantillons que j’avois fait prendre chez le Sr curé et chez le garde mine, et je luy ay remis moy même des cristaux qui en ont été tirés. Pendant mon séjour, Monseigneur, j’ay bien examiné toutes choses. Le S. curé et le garde mine m’ont assuré qu’on pouvoit y travailler jusques à Noël, que je trouvois dans le lieu cinquante bons travailleurs aux mines qui feroient jouer cinquante mines par jour. La forge est sur les lieux et un bon forgeron pour bien acorer les outils, le charbon est tout prèz ; il y a un magasin assuré pour renfermer la matière. Enfin, Monseigneur, toutes les commodités requises pour ce travail s’y rencontrent. Si VAR me fait l’honneur de m’envoyer ses ordres, je ne demande que quinze jours après les avoir receus, pour mettre tout en état et en mouvement et j’aurai l’honneur de luy rendre un compte très fidel et très exact de toute la dépence, si elle a la bonté de me charger de la conduite de cette affaire. J’espère qu’avec le secours du très haut, je luy feray voir dans peu de jours les fruits merveilleux de mon entreprise. Je ne cherche, Monseigneur, qu’à être de quelque utilité à ma patrie et à l’État, et par mon zèle, mon exactitude et ma fidélité dans l’exécution des ordres de VAR, tâcher de mériter le très grand honneur de sa protection, ayant toujours celuy d’être avec un très profond respect de VAR, Monseigneur, [etc.]. Duport Joint : certificat de B. Hory, 19 septembre 1716 [18/93/f/ii]. Je soussigné, Barthélémy Hory, essayeur en l’hostel de la monnoye de Grenoble, certifie avoir remis à Mr le Trésorier Duport un petit échantillon de mine qui tien [sic] de l’or, lequel a esté trouvé au Bourg d’Oisant par des paysants qui cherchoient du cristal, et, ayant ouvert un filon dans le rocher, ils trouvèrent led. filon qui estoit tout marqué de petite plaque jaune. Ne scha-

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chant [sic] pas ce que c’estoit, ils jettèrent environ une toise de ced. filon dans le précipice. Un desd. ouvriers en ayant conservé environ huit livres de lad[i]te mine, ils me furent aporté par le curé du village ; et ayant examiné lad[i]te mine, je la trouvay très bonne et très abondante en or. J’en fis ma déclaration à Mr d’Angervilliers, intandant de la province, qui en envoya à Mr Desmarais, de tout quoy c’est la vérité. Fait à Grenoble, le 19e 7bre [septembre] 1716. B. Hory [au dos :] Nous certifions avoir esté présant lhorsque le curé du vilage a aporté laditte mine à Monsieur Fleury, orphèvre à Grenoble, ce 14e 7bre [septembre] 1716. Manet Bérard [?] Joint : certificat du curé de Villars-Reymond, 28 septembre 1716 [18/93/f/iii]. Je soubziné [sic], prêtre et curé de la parroisse du Villard Eymond64, mandement d’Oysans, certiffie à tous qu’il appartiendra qu’il y a environ quatre années que six des prinspaux [sic] de mes parosiens m’ayant apporté environ sept ou huit livres de matière qu’ils avoit tiré d’un filon de marbre en cherchant du cristal, et m’ayant prié de le porter à Grenoble pour en faire faire l’épreuve pour savoir ce que c’estoit, je m’adressay au Sr Blanc, marchant de Grenoble, chés lequel j’avoit accoustumé de me servir. Il me menat chés le Sr Flury, m[aîtr]e orfèvre de la ditte ville et esseiyeur de la monneye, lequel en fit l’épreuve et, quelques heures après y estant retourné avecq led. sr Blanc, il nous asseura que ceste matière estoit fort riche et abondante, qu’il souhèteroit bien d’en avoir davantage, qu’il n’avoit jamais veu de si bel or et m’en donnat centz livres que je remis aux particulliers qui m’avoit remis la matière. C’est le témoniage que je rands à la vérité et pour obéyir aux ordres de SAR Monseigneur le duc d’Orléans, Régent du royaume, que Mr le Trésorier Duport m’a exhibés. Fait au Bourg d’Oysans ce vingtehuitiesme septembre mil sept centz seize. R. Grand, curé du Villard Eymond. Je approuve bien que d’autre main soit écrit. Joint : certificat de J. Garden, 28 septembre 1716 [18/93/f/iv]. Je soubziné [sic], Jean Gardens Labrèches, habittant de la parroisse du Villard Eymond, garde estably par Mr l’Intandent d’Angervilliers pour la conservation du filon de la mine d’or qui a esté découvert sy devent par les habittans de la mesme parroisse et moy en cherchant du cristal que nous portions à Genève pour en trouver la débitte et en tirer quelque argent pour nous eyder à

64. Villars-Reymond.

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payer nos charges qui sont très grande dans une montaignie très aride, et qu’ayent continué nos travaux, nous détachâmes quelques mourseaus de marbre où il y avoit quelque veine et greins d’or, lequel nous ne cognoissions pas et que nous jettions dans le bas de la montaignie ne nous attachant qu’à chercher le cristal, il y heut quelquns des travallieurs qui voyant des si belles pierres marquée d’or en ramasèrent quelque peu en le tirant et les donnèrent à Mr notre curé qui s’en alloit à Grenoble dans le temps du sinode et le prièrent de le donner pour en faire l’épreuve. Ce qu’il fit, et nous raporta centz livres et les asseura que, s’il continuet à travallier, que nous ne perdriont pas nostre temps, et comme cette découverte vint à la cognoissance de Mr d’Angervilliers, il m’établyt pour garde. Le présant certifficat et véritable en foy de quoy je luy signe. Au Bourg d’Oysans, ce vingtehuitiesme septembre mil sept centz seize. Jean Garden. J’approuve quoyque d’otre main soit écrit. 14. - 8 octobre 1716 : Boucher d’Orsay au Régent, Grenoble [18/93/d]. 117 Monseigneur, Le Sr Duport m’a apporté une lettre qu’il a reçeu de VAR par laquelle elle paroit fort satisfaitte d’un échantillon d’une mine du Bourg d’Oizans qu’il a pris la liberté de luy adresser. Cette mine est la même dont j’avois rendu compte à VAR par ma lettre du 20 aoust dernier à l’ocasion d’un mémoire présenté par le S. La Baume. J’ay esté exprès au Bourg d’Oizans pour vériffier en quel état elle estoit et s’il y avoit lieu d’en espérer un succès favorable. L’on m’a assuré qu’il y a quelques années qu’on y trouva dans l’espace d’environ une toise de long sur deux pieds de hauteur un quartier où il y avoit de l’antimoine, de l’or et du cristal. C’est de ce morceau que M. d’Angervilliers en envoya à M. Desmaretz qui en a fait faire l’épreuve par le S. de Launay, et qui a donné lieu à la réponse de M. de Nointel dont copie est cy jointe. Mais, dans le filon qui reste aujourd’huy, il ne paroit plus que de l’antimoine et du cristal. Peut estre qu’en fouillant, le filon pourroit se retrouver de la première qualité. VAR, Monseigneur, en jugera mieux que personne par les échantillons que j’ay ramassé et que j’ay l’honneur de luy envoyer. Si elle juge qu’il faille y faire travailler et d’y employer seulement une légère somme et qu’elle veuille bien me charger de ses ordres, je luy en rendray un compte très exact. Je suis avec un très proffond respect de Vostre Altesse Royale, Monseigneur, [etc.]. d’Orsay à Grenoble, le 8e 8bre [octobre] 1716

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Joint : Nointel à d’Angervilliers, 3 juillet 1711, copie [18/93/e]. 117 Copie de la lettre écritte par M. de Nointel à M. d’Angervilliers, le 3 juillet 1711. J’ay eu l’honneur de rendre compte à Monsieur Desmaretz de la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire en m’envoyant les morceaux de la mine qui a été découverte dans une montagne située au Villard Eymond, mandem[en]t d’Oysans en Dauphiné. Ils ont esté fondus par ses ordres et je vous envoye les deux certificats du S. de Launay, par lesquels vous connoitrez que les morceaux de cette mine qui étoient dans un paquet séparé, ont produit de l’or en une plus grande abondance que le reste des pierres qui étoient dans la même boëte. Le Roy, à qui Mr Desmaretz en a rendu compte ensuite, a ordonné qu’on vous envoyât une ou deux personnes pour y travailler sous vos ordres, et M. Desmaretz fera un fonds pour cette dépense. Mais il croit devoir attendre que vous m’ayés fait l’honneur de me marquer si les gens du lieu, par qui vous m’avez mandé que vous feriez travailler, auront retrouvé la suite du filon en veine qui avoit manqué. Je suis etc. 15. - 22 octobre [1716] : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/64]. Grenoble 22 oct[obre] Le dernier mémoire que Monsieur d’Orsay a envoié à SAR Monseigneur le duc d’Orléans nous a donné d’excellents éclaircisements sur la mane du Briançonnois et sur diverses terres, pierres et mines de sa généralité, et nous pouvons nous promettre d’être parfaitement au fait de tout ce qu’elle a de singulier et d’utile quand le nouveau mémoire auquel il fait travailler sera dressé. Nous espérons qu’il voudra bien le faire accompagner, autant qu’il sera possible, d’échantillons des matierres dont il y sera traité. Nous avons lu avec plaisir la manière dont on fabrique les lames d’épée à Rives. Nous voudrions seulement qu’on y eut ajouté combien on corroye ensemble de ces petis morceaux d’acier de la longueur de deux pouces, qui doivent servir à faire les lames, c’est à dire combien de morceaux appliqués l’un sur l’autre est composée la pièce qu’on forge. Nous aurions aussi à prier Monsieur d’Orsay de vouloir faire mettre dans la première boete qu’il envoira à SAR un de ces cornets d’acier, dans lequel on fait entrer le morceau de fer qui doit occuper le centre de la lame. 16. - 29 novembre 1716 : Duport au Régent, Grenoble [18/67/e]. [en tête :] Renvoyé à M. l’abbé Bignon, ce [en blanc] décembre 1716. à Grenoble, le 29 9bre [novembre] 1716

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Monseigneur, Après les preuves, Monseigneur, que j’ay eu l’honneur de donner à VAR et sur les ordres, comme l’échantillon que j’eus l’honneur de luy envoyer avoit été tiré de la mine d’or du Bourg d’Oysans en Dauphiné, et non de celle du Pérou, je pris la liberté de proposer un expédians à VAR dans la lettre que j’eus l’honneur de luy écrire le 4e du mois d’octobre dernier, avec lequel en moins de deux mois, et à peu de frais, j’aurois découvert la vérité de ce précieux et solide magistère. Deux miliers d’écus, Monseigneur, en auroient fait toute la dépence et cet argent répandu à des pauvres manœuvres seroit bientôt revenu au Roy par la voye de ses collecteurs de taille, de dixième et de capitation. Ainsy Monseigneur, VAR connoit mieux que personne que c’est peu risquer pour faire une merveilleuse découverte qui enrichiroit pour jamais le plus beau royaume du monde. À l’échantillon on connoit la pièce et l’on connoit l’arbre par le fruit. J’ay toujours l’honneur d’être et avec un très profond respect de VAR, Monseigneur, [etc.]. Duport 17. - s.d. [après novembre 1716] : Noël Mallet au Régent [18/93/b]. À Son Altesse royalle Monseigneur le duc d’Orléans, Régent, Monseigneur, Noël Mallet, marchand habitant à Vizille, prend la liberté de représenter avec un très profond respect à VAR et de luy certiffier qu’au mois de novembre dernier, il eut ordre de Mr d’Angervilliers, pour lors intendant de la province de Dauphiné, d’aller faire travailler et ôter le marrein qui estoit sur le filon de la mine d’or, qui est dans la montagne de Villard Eymond mandem[en]t d’Oyzans, et mettre led. filon en estat d’y faire jouer la mine ensuitte, et conformément à la description que le remontrant avoit eu l’honneur de remettre à Mr d’Angervilliers qui, se voyant obligé de quitter la province, fit surseoir son ordre jusques à l’arrivée de M. d’Orsay, à présent intendant de cette province, auquel le remontrant a eu l’honneur de faire le raport de cette mine qui à sa persuasion ordonnast qu’on luy délivrast un barril de poudre pour y faire travailler. Ce qu’il a fait, y ayant trouvé des marques d’or qui luy paroist très pur. Il a même remis le premier d’octobre deux pierres de lad. mine à M. d’Orsay pour estre envoyées à VAR qui justiffieront que le petit morceau que M. le Trésorier Duport a envoyé est de la mine de la montagne du Villard Eymond en Dauphiné, et non des mines du Pérou. Le remontrant ose encore asseurer à VAR que, si Elle veut bien donner ses ordres d’y faire la dépense nécessaire, l’on retrouvera le filon non seulement dans l’endroit où l’on l’a cy devant trouvé, mais encore dans deux ou trois autres où l’on a tiré du cristal, comme dans l’endroit où l’on a trouvé le premier filon, s’y estant trouvé de la crasse d’or qui a fait dire aux orphèvres de Grenoble que le filon n’estoit pas loing.

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Mallet, cy devant maréchal de logis au régiment de Versel Dragons et, à présant, la Lande. 18. - s.d. [octobre ou novembre 1716] : placet de Denis Vallet au Régent [18/67/c]. [en tête :] Renvoyé à M. l’abbé Bignon, ce 9 nov[embre] 1716. 25 1716 Monseigneur, Supplie humblement Sieur Denis Vallet le père, marchand à Goncellin65, vous observerés qu’il y a environ une dixaine d’années que je suis à la recherche pour découvrir une mine d’or dans les montagnes de Gleisin66, parroisse de Pinssot67. Vous observerés que du mois de janvier 1715 je fis rencontre à Goncellin du nommé Meximon Moral, de Gleisin, parroisse de Pinssot. Ledit Vallet, en l’approchant et le carressant, luy offrit à luy donner à soupper, ce qu’il firent. Led. Moral promit aud. Vallet qu’il le vint trouver à Gleisin au mois d’aoust de la même année, qu’il iroit avec luy dans l’androit de la mine d’or, que les neiges seroient fondues, qu’on n’y pouvoit pas aller qu’en ce temps là. Led. Moral déclara aud. Vallet que la mine d’or étoit très bonne et qu’elle contenoit trois fillons. Led. Vallet ne manqua pas point le temps de l’aler trouver. Led. Vallet a fait pleusieurs voyages. Moral le renvoyoit toujours de jour en jour. Quand Vallet eut veu plusieurs renvoys, Vallet le pria de douceur de luy faire cette grâce de luy attenir ce qu’il luy avoit promis, ledit Vallet voyant son procédé. Il recourent à Mr l’Intendant d’Angevilliers pour luy déclarer que le nommé Maxemom Moral luy avoit promis de luy montrer une mine d’or. Sur le champ, Mr l’Intandant fit départir un exprès accompagné dud. Vallet un ordre quy portoit exprès aud. Moral de venir parler à Mr l’Intandant. Led. Vallet se transporta donc avec led. exprès aud. lieu de Gleisin, où ils trouvèrent led. Moral aud. lieu de Gleisin. Ils luy dirent de venir parler à Mr l’Intandant par son ordre. Led. Moral fit le bon marchand, il s’eppouffat dans le bois quand l’exprès et Vallet vinrent. Cella, ils prirent ses vaches et les descendirent en bas de la montagne en Allevard, les mirent dans la prison de Mr de Barral, le président, et, quand elles feurent dans la prison, le nommé Maxemom Moral arrivat et traitat des injures Vallet. Vallet luy dit : venés vous en parler [à] Mr l’Intandant ensuitte de son ordre et nous vous délivrerons vos vaches, ce qu’ils firent. On renvoya ses vaches et on conduit led. Moral à Grenoble. On le mena 65. Goncelin (Isère). 66. Le Gleysin, comm. de Pinsot (Isère). 67. Pinsot (Isère).

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premier chez le Sieur Chalvet, soubdélégué de Mr l’Intandant, lequel Moral demeura environ huit ou dix jours chez led. Sieur Chalvet avant que de se déclarer. On le mena par devant Monsieur l’Intandant et fit sa déclaration par devant luy. Led. Moral déclara qu’il montreroit lad. mine d’or au mois d’aoust de l’année 1716, qu’on n’y pouvoit pas aller que les neiges ne feussent fondues. Mr l’Intandant luy fit p[rése]nt de deux louis d’or ; le nommé Louis La Baume, mère [lire maire] de Goncellin et no[tai]re, reçeut sa déclaration. Que fit le nommé La Baume quand il a veu que Monsieur d’Angervilliers a quitté Grenoble, il a carressé le nommé Moral. Quand est venu le temps du mois d’aoust, luy avec le nommé Guillaume Michalla, muinier de Goncellin, gagnèrent led. Moral, et les a mené à l’endroit de lad. mine et ils y ont fait pleusieurs voyages. Ledit Vallet eust advis qu’ils négocioient lad. mine le soir. Led. Vallet descendit à Grenoble pour en advertir Monsieur l’Intandant, celuy d’haujourd’huy quy est à Grenoble. Il se trouva à Briançon. Le Sieur Chalvet son soubsdélégué fit un ordre à deux exprès accompagné dud. Vallet pour aller chercher led. Moral. Les exprès demeurèrent cinq ou six jours pour le chercher dans les communautés où il fréquente et sur les montagnes, l’un d’un cotté, l’autre de l’autre, et un des exprès fit rencontre d’un paisan de Gleisin quy demandat à l’exprès : que faites vous dans ce païs icy. L’exprès luy dit qu’il cherchoit Mexemom Moral. Le paysan dit à l’exprès : il se tient écarté parce qu’il sçait une mine d’or ; le paisan dit que La Baume le faisoit escorter. Le paisan dit encore à l’exprès qu’il avoit rencontré le vallet de La Baume quy descendoit de la montagne avec son cheval une besasse chargé la moytié de fromage et l’autre moytié de mine. Le paisan dit encore que dans trois ou quatre jours après qu’il fit rencontre encore du vallet de La Baume, chargé de mine sur son dos tant qu’il pouvoit porter, c’estoit sur le soir. Quand le nommé La Baume a veu que j’en ay adverty Mr l’Intandant, il trouva le Sr Chalvet et se déclara à luy et dit qu’il luy feroit voir de la mine, et le nommé Guilliaume Michalla, muinier de Goncellin, est après de La Baume, trois ou quatre jours après, alla trouver le Sieur Chalvet pour se déclarer et dit au Sr Chalvet qu’il avoit quatre voyages de mine et par ce moyen ils croyoient d’avoir gagné le Sr Chalvet. Dans quelque temps après, Vallet descendit à Grenoble pour parler à Monsieur l’Intandant de leur procédé. Monsr l’Intandant envoya un exprès à La Baume et à Guilliaume Michalla, muinier de Goncellin, pour venir confronter devant luy. Que fit le nommé La Baume : fit intervenir pour solliciter Mr l’Intandant Monsieur de Baumon, gentilhomme, avec le sr secrétaire Gaillard pour addoucir le procédé de La Baume et de Michalla. Tous présents confrontèrent par devant Mr l’Intandant. Led. La Baume et Michalla nièrent qu’ils n’y avoient pas été et qu’ils n’avoient charrié aucune mine. Le Sr Chalvet fit son devoir d’honnest homme [en] présence [de] toute la compagnie, quy dit qu’ils s’étoient déclarés à luy que led. Guilliaume Michalla luy avoit dit qu’il avoit

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fait quatre voyages de mine et soutint que la chose étoit véritable par devant Mr l’Intandant et leva la main deux fois. Et après que nous eûmes quitté Monsieur l’Intandant, le Sr Chalvet dit à Vallet que Monsieur l’Intandant les devoit avoir mis en prison tous deux et faire une procédure. Cella a fait connoitre à Vallet que Monsieur l’Intandant a favorisé ses gens là. Vous observerés que le nommé Mexemom Moral quy a déclaré lad. mine, est coupable d’autant mieux qu’il n’a déclaré lad. mine que par la force des armes. Vallet a la preuve de deux bons tesmoings comme le nommé Moral vendoit cette mine aux Genevois, luy s’est déclaré qu’ils la venoient prendre chez luy. Il seroit à propos de les tenir en prison tous trois jusques au mois de juillet venant pour aller travailler à lad. mine affin qu’ils disent l’endroit de lad. mine les uns après les autres, afin qu’il n’y aye point de la fraude, et enjoindre aud. La Baume et à Michalla de rendre lad. mine et ensuitte faire la procédure. Led. Vallet s’offre à vous prier qu’il baille les indications sy votre autorité l’agrée Monsiegneur [sic]. Vous observerés que c’est une affaire d’importance pour l’Etat à tenir la main. Et quand la procédure sera faite, sy Votre Grandeur le permet d’apporter la procédure par devant vous et vous interrogerés le Sr Chalvet du tout, sy Votre Grandeur le permet vous l’interogerés s’il n’est pas vray que le nommé La Baume n’a pas fait survenir le Sr Baumon et le secrétaire Gaillard pour solliciter Monsieur l’Intandant. Vous observerés de dire à Monsieur Chalvet de vous faire voir la déclaration qu’il a dressé luy même et la porter avec luy pour vous la faire voir à Paris. Vous observerés que lorsque La Baume et Guilliaume Michalla confrontèrent par devant Monsieur l’Intandant, led. La Baume luy promit qu’il luy indiqueroit led. Mexemom Moral. Ce qu’il n’a pas fait. Au contraire l’a fait évader de peur qu’il ne déclara contre led. Baume et Michalla. Monsieur l’Intandant envoya un exprès dans une huitaine de jours après à La Baume de luy remettre led. Mexemom Moral entre ses mains, ce que led. La Baume n’a pas fait. Il faudroit enjoindre par vos ordres de faire trouver led. Maxemom Moral puisqu’il demeure actuellement caché par ordre dud. La Baume. Vous observerés Monsiegneur que sy j’avois eu de l’argent pour faire mon voyage, je serois allé à Paris pour avoir l’honneur de vous faire la révérence. Monseigneur, Je vous demande pardon sy j’ay manqué à mon devoir dans le placet que je me suis donné l’honneur de vous faire presser, c’est pour ne le sçavoir pas. Monseigneur, Sy vous me voulés faire la grâce de m’honnorer de vos ordres, addressés

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vos ordres à Sr Vallet Verssain, procureur au parlement de Grenoble, et suis, et je prieray Dieu pour votre prospérité toute ma vie. Je vous prie Monseigneur d’interroger le Sr Chalvet s’yl n’est pas vray que La Baume s’est déclaré à luy et Guilliaume Michalla muinier qu’il y a avoué qu’il avoit fait quatre voyages et l’interogerés sur les démarches que Vallet a fait pour ce subjet là. Denis Vallet 19. - s.d. [janvier 1717] : Denis Vallet au Régent [18/67/b]. [en tête, par Réaumur :] janvier 1717. À Monseigneur le duc d’Orléans, Monseigneur, Le nommé Denys Vallet le père, habitant à Goncelin en Dauphiné, lieu éloigné de la ville de Grenoble de cinq lieues, a fait la découverte d’une mine d’or par les longues peines, fatigues et soins qu’il s’est donné à ce subjet, pendent l’espace de dix ans durant lesquels il a esté obligé pour y pouvoir réussir de dépencer plus de six cent livres. Cette mine d’or est dans un androit appellé à la montagne de Gleysin, parroisse de Pinssoz68, et cela est sy vray que ledit Vallet ayant conduit et mené par devant Monsieur d’Angervillier, cy devant intendant de Dauphiné, et Monsieur Chalvet, son subdélégué, un certin [sic] particulier de Gleysin duquel on dira le nom dans son temps, il déclara à tous deux qu’il y avoit une mine d’or à trois filons. Cette déclaration a esté receüe par notaire, et elle donna lieu à mondit Sieur l’Intendant de faire présent de deux louis d’or à ce particulier qui l’avoit faite. Le no[tai]re qui a receu cette déclaration, d’une intelligence secrette avec un autre particulier, ont heû assez d’assendent sur l’exprit de ce déclarant pour l’obliger de le mener comme il a fait dans l’androit où est cette mine, et, soubz le préteste frauduleus de faire voiturer de fromages, ce même particulier avec un domestique de ce notaire ont fait divers voyages à cette mine, et notamment un soir avec un cheval, qui, chargé de deux baines, portoit dans l’une de fromage et dans l’autre de laditte mine d’or. Ledit Sr Vallet, ayant apris cela, fut à Grenoble pour en avertir mondit Sieur le Subdélégué qui donna ordre à deux exprès qui l’accompagnèrent d’aler faire venir ce particulier. Lequel ayant sçeu la fin pour laquelle on le cherchoit, a disparu, en sorte qu’il ne marche plus que la nuit afin de mieux réussir dans la capture de continuer à vendre aux Genevois comme il a fait de laditte mine, de quoy ledit Vallet offre de rapporter preuve. 68. Pinsot.

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Ledit Vallet auroit heu l’honneur d’aler à vous, Monseigneur, pour vous faire une déduitte plus ample du fait, mais sa pauvreté ne luy le permet pas. Cependent sa plus forte passion n’est autre que de désirer sans cesse comme il fait un mander venir de votre part, Monseigneur, pour vous donner des indica[ti]ons sy grandes que rien au monde n’est capable d’y porter le moindre obstacle. Denis Vallet [au dos :] à M. l’abbé Bignon 20. - 1716 [fin de l’année] : demande d’éclaircissements adressée par l’Académie des sciences à Boucher d’Orsay et réponse de ce dernier, copie [18/67/h et R/6/66]. Grenoble Comme la pluspart des montagnes sont couvertes de neige ou le seront bientôt, il n’est plus temps de songer de faire travailler aux mines d’or du Dauphiné. Mais, afin de pouvoir commencer ce travail avec plus de seureté lorsque la saison favorable le permetra, il seroit à souhaiter qu’on ramassât sur cette matière le plus d’éclaircissements qu’il sera possible. Aux échantillons de la mine du Bourg d’Oysans qui contient visiblement de l’or, on voudroit qu’on eut joint des échantillons des cristaux de l’antimoine et autres matières qui se sont trouvées aux environs du filon, et surtout d’une terre rouge douce au toucher dont il est parlé dans un mémoire envoyé par M. Duport, où la découverte de cette mine est décrite. L’auteur qui signe Pingri y raporte quelques manipulations qui luy ont fait tirer de l’or de cette terre. L’examen de ces différantes matières pouroit donner des indices. Mais, outre la mine d’Oysans, il paroit qu’il y a encore une ou plusieurs mines proches d’Allevard d’où l’on prétend qu’on a tiré de l’or, qu’elles sont dans les montagnes de Glésin. Comme il y a eu à l’occasion de cette mine des contestations entre le Sr Vallet, La Baume, le nommés Moral et Michala devant Monsieur d’Orsay, on espère qu’il poura nous donner des instructions ; peut être même poura t il procurer des échantillons de cette mine. Il y en a peut être chés les nommés Moral, Michala et La Baume, s’il est vray comme on l’asseure qu’ils ont à plusieurs reprises voituré de cette mine qu’ils ont avoué le fait à M. Chalvet, subdélégué, qui en a donné sa déclaration. On prétend qu’il y a encore une mine fort riche dans la combe de Malavars, à une lieue au dessous de la Grave près des glacières, qu’un Polonois nommé Falquemberg l’alla examiner en 1688 par ordre de Monsieur Bouchu. Connoit on cette mine, et peut on en avoir des échantillons. Réponce au mémoire cy dessus concernant la mine de Glézin Messieurs de l’accadémie des Sçiences ont encore demendé des instructions particulières sur la mine d’or qui asseure qu’il y a sur la montagne de Glézin,

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paroisse de Pinsot, mendement d’Allevard, et s’il est vray que quelques particuliers en ayent fait voiturer. Mais il n’a pas été possible d’avoir jusqu’au présent de lad. mine ny d’aprofondir la vérité du fait de la voiture de lad. mine bien que Monsieur d’Orsay ayt fait son possible pour le développer, ayant fait venir et confronter devant luy Sr Denis Vallet, marchand de Goncelin, La Beaume, maire dud. lieu, et le vallet dud. La Beaume. Les uns ont été pour l’affirmative et les autres la négative. Ce qu’il y a de certain est qu’il n’y a que le nommé Messemond Morard, dit Touron, du lieu de Pinsot, qui sache précisément le trou de cette mine. Il l’a avoué à Monsieur d’Angervilliers, mais il n’a pas été possible à Monsieur d’Orsay de le voir par les soins qu’on a pris dans le pays à ce qu’on asseure de le faire disparoitre depuis qu’on l’a fait chercher. L’on ne négligera rien pour tâcher de sçavoir ce qu’il est devenu et pour luy parler, et, comme cette montagne n’est praticable qu’au mois d’aoust à cause de la quantité des neiges qui l’occupent, l’on poura pour lors traiter de cette matière avec plus de certitude. 21. - 1er février 1717 : Jacques Pascal à Bignon, Saint-Bonnet en Dauphiné [16/9/b/i]. 32 De St Bonnet en Dauphiné, ce 1er février 1717 Monseigneur, Du 12e octobre de l’année dernière 1716, je me donna l’honneur de vous escrire que j’ai treuvé dans une montaigne proche de St Bonnet en Dauphiné une mine qui paroit estre d’or. Je n’ay receu aucune responce de Vostre Grandeur. Néanmoint, depuis ce temps, j’ay travaillé avec tel nombre d’ouvriers qui a esté nésesaire pour pouvoir vous donner des éclairsisemens plus certains. La mine paroit qu’elle sera aboundante, quoique je ne puis présentement vous asseurer de la quallité de la matière, n’ayant pas cruizé de la profondeur nésesaire à cause de l’incomodité de la nège, quoique les apparances sont trex bonnes qu’elle sera or et argent. Je continuerai à travailler autant que le temps le permetra pour vous en envoyer des eschantillions espérant si plaît à Dieu que la chose réusira et que j’auray le bonheur de la protection de Vostre Grandeur tant pour moy que pour ma famille qui est nombreuse, et une récompence autant qu’il vous plaira de me la faire. Je vous prie de me faire un mot de responce pour m’appuyer dans mon entreprise que est d’estre véritablement et avec respect, Monseigneur, [etc.]. J. Pascal L’adresse de l’honneur de vostre responce sera à Jacques Pascal, architecte à St Bonnet en Dauphiné, duché de Lesdiguières, à St Bonnet [au dos :] à M. l’abbé Bignon

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22. - 12 février 1717 : Boucher d’Orsay au Régent, Grenoble [16/9/a/i]. 17 Monseigneur, J’ay l’honneur d’adresser à VAR comme elle me l’a ordonné un mémoire concernant les recherches que font Messieurs de l’académie des sciences avec des échantillons différends de la craye de Briançon. Je suis avec un très profond respect de VAR, Monseigneur, [etc.]. d’Orsay à Grenoble, ce 12 febvrier [1717] 23. - 10 juin 1717 : déclaration de l’ouvrier teinturier Machy au Régent, Paris [16/9/b/iii]. [en marge, par Bignon :] SAR veut bien qu’on écoute ce que cette femme vindroit dire. 18 juillet 1717. l’abbé Bignon 20 Le dixe jour de juin 1717, Machy, ouvrier tinturier demeurant Grand Rue Mouvetard69, proche St Marcel, à la Fleur de Lys, donne avis que, le 8 dud. mois de juin, il est venu chez luy une femme nommée Magdelaine Grasse, veuve de François Richard de Obsague en Dauphiné, qui m’a déclaré qu’elle estoit venue exprès à Paris pour présenter à SAR Monseigneur le duc d’Orléans, Régent du royaume, un mémoire touchant ce qu’elle a veüe. Qui est qu’elle dit qu’à la montagne de Mouline, près St Bonnet en Dauphiné, elle soutient qu’il luy a une mine d’or que l’on fouille depuis le mois de janvier de la présente année, dont l’on en a découverts [sic] les apparences dans la semaine sainte dernière. Les ceux qui travaillent à cette découverte s’appelle Vall et Masson, un autre s’apelle Millehomme, estant de la paroisse de la Motte en Dauphiné70, et font travailler incessemment plusieurs personnes dont elle ne peut déclarer les noms. Ils ont fait faire une muraille au devant dud. endroit qu’elle a veüe. Il se doit faire trois portes dans lesdites murailles qui enfermeront la mine d’or. Elle en avoit un échantillon que l’on luy a pris à Lyon. L’on poura faire interoger lad. femme sur tout ce qu’elle a connoisance et a veue ; après que l’on peut secrettement envoyer des personnes sur les lieux pour connoitre sy la déclaration de cette femme est véritable, et aporter des échantillons de la mine qu’elle dit estre d’or.

69. Rue Mouffetard, à Paris. 70. La Motte-en-Champsaur (Hautes-Alpes).

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24. - 29 juillet 1717 : Boucher d’Orsay à [?], Grenoble [AN, F/12/1300/B 71]. à Grenoble, le 29 juillet 1717 J’ay l’honneur, Monsieur, de vous envoyer un mémoire qui vous donnera les éclaircissements que vous demandez au sujet de l’établissement des manufactures d’acier dans cette province. Je suis avec respect, Monsieur, [etc.] d’Orsay Joint : mémoire, s.d. Dauphiné Mémoire sur les manufactures d’acier qui sont en Dauphiné. Il n’y a en Dauphiné aucune manufacture d’acier qui ait été établie en vertu de privilège ou lettres patentes. Ceux qui les ont entrepris ne l’ont fait qu’en veüe du proffit qu’ils ont espéré de trouver dans ce commerce. Il n’y a de ces manufactures qu’à Rives et à Vienne. Celles de Rives qui est une communauté située à quatre lieues de Grenoble sont établies sur la rivière de Fure. Elles sont au nombre de 26 situées tant sur Rives, Moirans, Voiron, Tulin, Beaucroissant que Réaumont, dans le voisinage des montagnes d’où elles tirent les bois, le charbon et la gueuse qui leur sont nécessaires. Elles sont dans le voisinage de l’Isère qui rend aisé le transport de leurs marchandises. Les manufactures de Vienne estoient autresfois très considérables, soit par leur nombre, soit par la bonne qualité des ouvrages qu’on en tiroit. Il y en avoit dix sept établies sur la rivière de la Gère dont les eaux sont toujours d’une hauteur égale, et qui ne gèlent jamais dans l’hyver le plus froit. Elles tiroient du voisinage de Vienne du charbon de châtaignier qui est le plus propre pour la préparation de l’acier, et le Rône leur fournissoit un transport aisé de leurs marchandises. Il ne reste aujourd’huy que sept de ces manufactures dont les atteliers et forges soient en état de travailler, les autres sont entièrement ruinées et les écluses emportées. Les atteliers qui subsistent apartiennent à M. le maréchal de Villars, M. de Lusignan, M. Sambain et au Sr Lapet. La destruction de ces manufactures vient en partie de la diminution du commerce, du deffaut de consommation, par la cessation de la fabrique des armes à St Estienne pour les magazins du roy, et plus encore par l’excès des droits à acquitter pour le transport des aciers de Vienne à Lyon éloignés seulement de quatre lieues.

71. Bien qu’il ne soit pas strictement avéré que cette lettre et le mémoire joint font directement partie de l’enquête du Régent, les renseignements apportés lui sont étroitement liés. C’est pourquoi nous les publions ici.

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Chaque ballot d’acier pesant 108ll poids de marc déduction faite des 4 s. pour livre suprimés par la déclaration du 13 février dernier paye savoir : 18 s. 3 d. pour la douane de Valence pour la douane de Lyon 8 s. 2 s. 2ll 19 s. 5 d. pour le droit domanial 1ll pour le tiers surtaux 7 s. 5 d. pour le droit de péage du Roy 3 s. 9 d. Il y avoit aussi à Vienne de très belles manufactures de lames d’épée dont la réputation s’étendoit dans toute l’Europe. Elles ont absolument cessé depuis 30 ans par l’établissement qui s’est fait de pareilles manufactures à St Estienne en Forets dont néanmoins l’ouvrage est d’une qualité infiniment inférieure à celles de Vienne, parce qu’on n’employe à St Estienne que du charbon de terre, bien moins propre à la préparation de l’acier que celuy de châtaignier. La cessation de cette manufacture vient de ce que les ouvriers fatigués pour le payement des droits excessifs et par le continuel logement des troupes dont ils étoient accablés ont passé à St Estienne où les droits sont plus modérés et le charbon moins cher. Cependant comme les lames fabriquées à St Estienne sont d’une qualité inférieure à celles de Vienne, l’étranger s’en est rebuté et, bien loin d’emporter les nostres, nous fournit aujourd’huy des siennes. Il y avoit autresfois à Vienne quatre manufactures pour la fonte et affinage du cuivre rouge. Il n’en reste aujourd’huy que deux dont les atteliers apartiennent à M. le maréchal de Villars et à M. de Lusignan. On a de la peine à trouver des ouvriers depuis l’établissement qui a esté fait dans le Comtat venaissin de semblables manufactures qui ont très bien réussy et qui attirent tous les ouvriers par les immunités et franchises dont ils jouissent dans les terres papalles. Il y avoit aussi une célèbre manufacture d’ancres pour la marine. Elle a cessé depuis quinze ans et cette cessation ne provient que de celle du commerce. Il y a encore une manufacture de lames et couteaux. Le nommé Merlat fabriquant fait environ soixante quintaux pesant de ces lames sans manche qu’il envoye par le Rône en Provence et de là dans les païs étrangers. 25. - 2 août 1717 : Jacques Pascal au Régent, Saint-Bonnet en Dauphiné [16/9/b/ii]. /fol. 1/ Lettre du Sr Pascal 58 De St Bonnet, duché de Lesdiguières en Dauphiné,

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ce 2e aoust 1717 Monseigneur, J’ai l’honneur d’avoir receu le 19e juillet de la présente année une letre daté du 12e mai dernier vennant de monsieur l’abé Bignon qui me marque que vostre intention est que je vous envoye insesam[ent] des eschantillions de la mine d’or que j’ai l’honneur de vous avoir parlé par mes letres du 12e octobre 1716 et premier février de la présente année. Je vous envoye par l’hordinaire de Gap un petit paquet des pierres de la mine que Vostre Grandeur me demande et un détail de la situation de la mine et du travail que j’ai fait avec mes oeuvriers pandant huit mois de temps. La mine est dans une terre qui appartient à madame de Lesdiguières72, situé au fonds d’un vallon appellé Mollines, au pied d’une montaigne fort eslevé. Le fillon tirant du costé du levand, j’ai commancé à ouvrir par le dessus et ai fait un puis de 22 toises de profondeur. Le fillon avoit 3 pieds d’espesseur à l’endroit où j’ay commancé et au fonds du puis en avoit huit. J’ay treuvé en premier lieu 5 toises d’une terre tannée qu’il y avoit plusieurs colleurs et le plus estoit jaune et rouge, après une autre terre luisante de /fol. 1 v°/ six toises de profondeur, et apprès un marbre grix dans lequel avoit plusieurs fillons d’un marquante colleur d’or et d’argent, et plus on cruisoit les colleurs devenoient brilliantes et le marbre plus dur. J’ai esté obligé d’abandoner ce puis à cause d’une petite source d’eau qui arrose la mine par dessus et de la grande paine pour en sortir l’inutille. J’ai fait un chemin plus bas et à niveau pour aller chercher la mine plus profond ce qui a esté fait et j’ai treuvé la mine plus abondante en espesseur et les marquacites d’une plus belle colleur où il a commancé à paroitre une quantité de taches d’asur et le marbre plus dur. Dans ce temps j’ai esté obligé de quiter le travail avec mes ouvriers par manque d’argent et pour un esboullement qui est teumbé dans le chemin de la mine où il me faut 40 jours avec mes ouvriers pour le remetre ; mais ausitôt que je pourai avoir gaigné quelque argent, je ne manquerai pas de reprendre le travail. Si Vostre Grandeur monseigneur me donnoit secours de quelque argent par un éfait de sa bonté, je ne l’employrai que bien à propos. Nous avons de bonnes marques grâces à Dieu. J’ai fait faire une petite espreuve d’un petit morceau de pierre semblable à ceux que je vous envoye. Celluy qui a fait cette espreuve m’a asseuré qu’il y a découvert de l’or, de l’argent et du cuivre rouge. Cella a esté fait de l’avis de Mr l’Intendant du Dauphiné. Cet homme m’a asseuré que la mine sera véritablement bonne, mais qu’il ne sait pas l’esloignement qu’il y a pour y arriver, quoique avec le travail on vient à la fin de toutes 72. François de Bone, duc de Lesdiguières (1543-1627) est né à Saint-Bonnet en Dauphiné. Chef des protestants de cette région, il fut nommé lieutenant-général des armées du Piémont, Savoie et Dauphiné par Henri IV et défit le duc de Savoie ; il devint ensuite gouverneur du Dauphiné. Tenté par l’aventure métallurgique, il posséda plusieurs fourneaux (Vaulnavey-le-Bas, Livet) et obtint en 1642 le droit de faire creuser des mines et d’installer forges, fourneaux et martinets sur ses terres.

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choses. Je suis et serai toute ma vie et avec un profond rexpet, Monseigneur, vostre très humble et trèx hobéissant serviteur. J. Pascal [au dos :] à M. l’abbé Bignon 26. - 9 septembre 1717 : Chalvet au Régent, Grenoble [16/9/l/i]. 59 Monsieur, J’ay eu l’honeur d’envoyer ci devant à Messieurs de l’académie royale des Sçiences quelques éclaircissements qu’ils m’avoient demandé au sujet de la fabrique des canons de fer établie à St Gervais ; mais comme j’ay été moy même sur les lieux, Monsieur, par les ordres du Conseil de la marine pour dresser mon procès verbal de l’état des bâtimens et fourneaux73, de même que des mines qui sont actuellement ouvertes pour prendre les expédians convenables pour empêcher cette fabrique de tomber, et qu’on voit bien mieux les choses par soy même que lorsqu’on s’en raporte à autruy ! J’en ay fait lever un plan et profil très exact que j’envoye à SAR pour le Conseil de la marine. Je me persuade, Monsieur, que vous le verrés avec plaisir et qu’il ne vous laissera rien à désirer sur cette matière. Il y a desjà long temps que j’ay eu l’honneur de toucher quelque chose dans les mémoires de Mrs de l’académie des Sçiences d’une mine d’or qu’on croit être sur la montagne du Glézin. Je viens d’en faire une exacte perquisition par les ordres de M. d’Orsay et je ne doute pas que je n’usse [sic] fait un [sic] découverte heureuse si j’avois trouvé un homme qu’on tient caché avec grand soin dans la Morienne74 où l’on ne scauroit l’avoir sans [mot illisible]. Mais quand même il ne reviendroit jamais dans le royaume, je suis persuadé que sur le mémoire que j’auray l’honeur de vous envoyer dans peu de temps, le Roy prendra le party d’y faire travailler ou d’acepter les propositions qu’on fera à ce sujet. Je suis avec un très profond respect, Monsieur, [etc.]. Chalvet, cy devant Sénateur à Chambéry et subdélégué à Grenoble, le 9e 7bre [septembre] 1717

73. Voir sous la cote AN, R/4/825, le procès-verbal de l’examen fait par Chalvet des bâtiments et fourneaux de la fabrique de canons de Saint-Gervais et des mines qui y sont ouvertes ; ce document, daté de septembre 1717, établi pour répondre à la demande d’indemnisation des entrepreneurs de la fabrique de Saint-Gervais pour inexécution du marché passé avec le roi en 1709, donne de très intéressants renseignements, complémentaires de ceux de l’enquête du Régent. 74. Maurienne, vallée de l’Arc qui conduit au col du Mont-Cenis et à l’Italie.

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27. - 24 septembre 1717 : Bignon à Chalvet, Meulan [16/9/l/ii]. À M. Chalvet, ci devant Sénateur à Chambéry, subdélégué de M. l’Intend[an]t à Grenoble À Meulent, le 24 sept[embre] 1717 Si je n’ay pas, Monsr, répondu plus tost à la lettre que vous m’avés fait l’hon[neur] de m’écrir le 9 de ce mois, c’est parce que je devois auparavant en rendre compte à Mgr le duc d’Orléans que je n’ay vu qu’hier. SAR n’avoit point encore entendu parler du dessein que vous avés envoyé au Con[sei]l de Marine, et il pourroit bien ne nous pas revenir si vous n’avés pas marqué précisément qu’il étoit p[ou]r l’Académie. Cependant, comme nous en avons encore plus besoin que ces Messieurs p[ou]r le joindre à tout le reste, SAR m’a ordonné de vous marquer qu’il seroit bon d’en faire un duplicata que vous auriés la bonté de m’adresser. SAR est fort curieuse du mémoire que vous promettés sur la mine de la montagne du Glésin dont les échantillons luy ont paru merveilleux. Au reste, vous mérités bien des éloges sur la peine que vous vous estes donnée d’aller examiner les choses par vos propres yeux. Je suis très p[ar]faitem[en]t, Monsr, votre etc. 28. - s.d. : Raudot à Réaumur [R/6/82]. J’ay l’honneur de vous envoyer, Monsieur, un morceau de mine de plomb qui est venu des terres de M. le maréchal de Tallard75 en Dauphiné. Je vous seray bien obligé si vous voulés bien en faire l’épreuve quand vous travaillerés quelque autre, et j’auray l’honneur de vous aller voir pour vous en remercier et en scavoir des nouvelles. Je crois que M. le maréchal du Tallard poura vous aller rendre une visite avec M. Geofroy vendredy prochain pour vous parler de cette mine. J’ay l’honneur d’estre très véritablem[en]t, Monsieur, [etc.]. Raudot [au dos :] à Monsieur Monsieur de Réaumur, rue de la Poterie à Paris 29. - 7 novembre 1717 : Boucher d’Orsay au Régent, Grenoble [16/9/a/ii]. [en haut :] à Mr l’abbé Bignon 13 Monseigneur, VAR m’a ordonné de luy envoyer quelqu échantillons de différentes matières avec des éclaircicements sur des questions qui ont esté proposéz par Mes-

75. Camille d’Hostun, duc d’Hostun, marquis de la Baume, comte de Tallard, maréchal de France (1652-1728) ; la seigneurie de Tallard est érigée en duché-pairie à son profit en 1712.

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sieurs de l’académie des sciences. J’ay fait remettre le tout au courier dans une boete. Je suis avec un très profond respect, Monseigneur, de VAR [etc.]. d’Orsay à Grenoble, ce 7 novembre [1717] Joint : réponse à une demande d’éclaircissements, s.d. [16/9/a/iii]. /fol. 1/ 13. 1717 Les mémoires de Monsieur d’Orsay et les échantillons des diverses matières qui les accompagnent continuent à nous instruire sur ce que sa généralité a d’utile ou de curieux soit par raport aux arts soit par raport à l’histoire naturelle. Nous souhaitons qu’il veuille bien prendre encore les mêmes soins pour nous procurer quelques éclaircissemens nouveaux et des échantillons de diverses matières dont il est fait mention dans son dernier mémoire comme : Pour sattisfaire à la demande de Messieurs de l’accadémie royale des Sciences, l’on envoye avec ce mémoire de nouveaux échantillons de la mine de vitriol de Larnage avec des morceaux des terres savoneuses qu’on trouve dans les comm[unau]tés /fol. 1 v°/ d’Anjou, Dionay et Villars Chevrières76, dont l’on se sert pour dégraissir les drapts. Il n’a pas été possible d’avoir de ce sel, parce qu’il ne se forme que dans les grandes sécheresses et que le printems a été pluvieux. L’on espéroit que sur la fin de l’été l’on en pourroit trouver et c’est cette raison qui a retardé l’envoy du mémoire. Ce sera pour l’année prochaine si la saison est plus favorable. L’on a fait plusieurs tentatives pour avoir de la poudre minéralle de la montagne de Salaures. L’on a à cet effet envoyé plusieurs personnes dans la mine qui y ont descendu jusques à la profondeur de cent dix toises /fol. 2/ avec beaucoup de difficulté et avec risque d’être écrazés par les pierres qui tombent par le mouvement que ces gens 76. Chevrières (Isère).

1° des échantillons des différentes mines de vitriol dont il est parlé dans ce mémoire. 2° des morceaux de ces terres savoneuses qui se qui se trouvent dans les comm[unau]tés d’Anjou, Dionay et Villars Chevrières.

3° du sel qui se forme sur les bords de l’étang de la principauté d’Orange dont l’eau est salée et amère.

4° Pourroit-on encore trouver de cette poudre minéralle où il y a des pailletes d’or mêlées qu’on dit avoir été ramassée sur la montagne de Salaures.

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fesoient en descendant. Il ne s’est trouvé aucune paillète d’or dans la terre qu’ils en ont exporté. L’on tâchera d’en avoir dans la suite s’il est possible. Dans tous les anciens titres cette montagne est apellée Solum Aureum. L’on prétend que les Romains en avoient tiré de l’or. Les anciens assurent qu’il y a quelques pierres de la montagne d’Orel semblables à celles qu’on a cy devant envoyé qui renferment des cristaux colorés, mais elles sont si rares qu’on n’en trouve que par hazard et très difficilement. La figure n’en est pas toujours de même. Cependant /fol. 2 v°/ elles sont toutes de même nature. L’on envoye des pierres de Die des plus grosses et des plus petites qui renferment des cristaux de différentes grosseur. L’on joint icy des échantillons de pierres des villages de Montrond et de Nostre Dame du Laud77. L’on tâchera d’en avoir de plus polies, car ces pierres étant brutes ne méritent pas grande attention. L’on envoye aussi deux morceaux de gazons du pré qui tremble, l’un /fol. 3/ pris sur la surface et l’autre à l’opposite de l’eau. L’on a eu beaucoup de peine d’avoir ce dernier parce que ce gazon a douze pieds d’épaisseur. Le dessous paroit être garny d’une espèce de mousse. Il est à observer que bien que ce pré soit situé dans un lieu bas et qu’il reçoive toutes les eaux des montagnes qui l’environnent il n’y a jamais sur la superficie de ce gazon que deux pouces d’eau. Le surplus quelques pluies qu’il y ait pénètre à travers le gazon et tombe dans un abîme dont on n’a point trouvé

5° On a vu avec plaisir les deux pierres d’Orel où des cristaux sont renfermés, toutes celles qui en contiennent sont elles à peu près de cette figure et de même nature de pierres, quelques unes de ces pierres ne renferment elles point aussy des cristaux colorés, en cas qu’il y en eût qui eussent quelques une des naruttes [?] on en demanderoit. 6° On voudroit aussi avoir quelques unes des pierres de Die qui renferment des cristaux, des plus grosses et des plus petites. 7° Des échantillons des pierres des villages de Montrond et de Nostre Dame du Laud.

8° On voudroit deux morceaux d’environ un demy pied en quarré chacun du pré qui tremble, l’un pris près de la surface ou vers le milieu et l’autre au dessous tout auprès de l’eau.

77. Notre-Dame-du-Laus, commune de Saint-Étienne-le-Laus (Hautes-Alpes).

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le fonds. Si l’on fait quelque nouvelle découverte de mine on ne manquera pas d’en envoyer des échantillons. /fol. 3 v°/ L’on joint icy quelques morceaux du terrain de la fontaine qui brûle qu’on a pris d’un endroit au dessus duquel il y avoit actuellement de la flame. Ce terrain où l’on voit de tems à autre de la flame n’est que d’environ quatre toises quarrées dans l’étendue desquelles la flame paroist tantost d’un costé tantost d’un autre. Comme ce terrain est situé dans un vallon sur la panchant d’une montagne il se fait quelques fois des éboullemens des terres supérieures qui couvrent la superficie enflamée de la hauteur de deux piques, et cette terre étrangère éteint la flame pendant quelques jours au bout desquels elle paroit et brûle sur le nouveau terrain comme elle faisoit sur le précédent. /fol. 4/ Quand les éboullemens sont considérables et qu’ils comblent le lit d’un petit ruisseau qui coule au bas du terrain enflamé, le ruisseau se trouvant de niveau à sa superficie et coulant au travers des flames ne les éteint point et ne contracte ny chaleur ny altération dans les eaux. Les paysans du voisinage éteignent quelques fois ces flames en les agitant par des violantes secousses d’un van dont ils se servent à vaner le bled.

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9° On ne demande point des échantillons des différentes mines. On est convaincu que Monsieur d’Orsay envoyera ceux qui pourra découvrir. 10° On a un traitté de Jean Tardin de la fontaine qui brûle78 située à deux ou trois lieues de Grenoble ou plutost du terrain qui brûle. Dans l’Histoire de l’accadémie de 1699 on a imprimé quelques observations79 sur la flame qui s’élève de tems en tems de ce terrain. On voudroit avoir des morceaux de la terre pris d’un endroit au dessus duquel il y a actuellement de la flame, savoir quelle est l’étendue où l’on voit de la flame de tems à autre si les endroits d’où sort la flame ne sont pas toujours les mêmes, et de ce qu’on poura savoir sur cette matière.

78. Jean Tardin, Histoire naturelle de la fontaine qui brusle près de Grenoble, avec la recherche de ses causes et principes et ample traicté des feux sous-terrains, Tournon, G. Linocier, 1618, in-12, 381 p. 79. HMARS, 1699, partie “ Histoire ”, p. 23-24. Cette description s’appuie sur un rapport fait, à la demande de La Hire, par Dieulamant, ingénieur du roi dans le département de Grenoble, et conclut “ ce terrain brûlant de Dauphiné est un Vésuve, ou un Mont Etna en petit ”.

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Quand ces flames sont éteintes on les ralume en aprochant de la superficie du terrain de la paille enflamée, ou par l’amorce d’un pistolet et l’on voit sur le champ la flame qui s’élève comme d’un tas de poudre auquel on auroit mis le feu. Les flames qui s’élèvent de ce terrain sont quelques fois de la /fol. 4 v°/ hauteur de deux piques et elles sont de la couleur de celles qui sortent de la forge d’un maréchal. Cette flame est très chaude et consume tout ce qu’on luy opose extérieurement, mais ce qui paroit étonnant, c’est que le feu ensevely dans le terrain ne consume pas même les racines de quelques buissons que les éboullemens des terres supérieures y ont jetté et qu’il ne laisse ny cendres ny charbon sur sa superficie.

Joint : liste d’échantillons adressés à l’Académie des sciences, s.d. [16/9/a/v]. État des matières qu’on envoye avec le mémoire de Monsieur d’Orsay du 7e 9[novem]bre 1717 1° des échantillons de vitriol. 2° des échantillons de terres savoneuse. [en marge devant les numéros 1 et 2 :] Le tout dans une boëte. 3° des pierres de Dye80 des plus grosses et des plus petites qui renferment des cristaux de différantes grosseur. 4° des échantillons non polis des pierres de Montrond et de Notre Dame du Laud. 5° un morceau de gazon du pré qui tremble pris sur la surface. 6° un second morceau de gazon du pré qui tremble pris dans la partie inferrieure dont le côté garny de filasse fait l’extrémité qui est dans l’eau. 7° terre de la fontaine qui brûle prise dans l’endroit où le feu étoit actuellement.

80. Die (Drôme).

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30. - s.d. : mémoire complémentaire [16/9/a/iv]. C 12.

17

Il n’y a point dans la comm[unau]té Le dernier mémoire de Monsieur de Cézanne81 deux mines de craye d’Orsay comme tous ceux que nous avons différentes, mais dans celle dont l’on receu nous ont [sic] donné toutes les a envoyé cy devant à Messieurs de instructions que nous pouvions souhaitter. l’accadémie des Sciences des échantillons Il nous a autres fois procuré de la craye de il y a un fillon dont la craye est plus Briançon. On nous a dit depuis qu’auprès blanche, plus tendre et plus aisée à tirer de cette mine il y en avoit une autre d’une que l’autre. Elle durcit égallement craye extrêmement blanche et extrêmement comme l’autre lorsqu’elle a demeuré fine, mais plus tendre que la précédente. En quelque tems à l’air. L’on enjoint icy un cas que le fait soit sûr nous nous échantillon de l’une et de l’autre que l’on promettons qu’il voudra bien nous en faire a trouvé par hazard chez un marchand avoir des échantillons82. qui en a commercé autres fois, car outre ce que les glaces, la neige et le mauvais tems ne permetroient pas dans cette saison l’accèz de cette mine, les ouvertures en sont actuellement bouchées par des éboulemens de rocher, joint à cela que le Roy de Sicile ne permet pas que qu’on y travaille aussy l’homme que l’on envoya chercher les échantillons cy devant envoyés à Messieurs de l’accadémie l’année dernière n’en pût aprocher qu’à la faveur de la nuit et eut beaucoup de peine d’en tirer.

31. - 14 novembre 1717 : Chalvet à Bignon, Grenoble [16/9/l/iii]. 70 Monsieur, Je ne sçaurois satisfaire quant à présent à l’ordre que vous me donnés par la lettre dont il vous a plu m’honorer le 3e de ce mois d’envoyer à SAR de la matière de la mine du Glézin. J’ay eu l’honeur de vous marquer par ma précédante que je n’en scaurois avoir que par le moyen de l’homme qu’on nous tient caché en Savoye qu’on m’asseure y être déguisé. J’ay des gens de confiance en campagne, Monsieur, pour tâcher de l’arrêter, et il faudra qu’il soit bien fin

81. Césanne. 82. La minute originale de Réaumur est conservée en 18/15/e.

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s’il leur échape. Ils n’ont pu cependant l’avoir jusqu’à présent bien que j’aye employé M. le comte de Médavy83 près de M. de Gaud84, commendant en Savoye. Je joints icy copie de la réponce qu’il luy a faite. Comme je n’ay jamais eu en vue, Monsieur, de répéter la dépense que j’ay faite pour la recherche de cette mine, je n’en ay tenu aucun mémoire, persuadé que si la chose tourne heureusement mes services ne seront pas oubliés, surtout si vous avés la bonté de vous déclarer mon protecteur. Cependant, Monsieur, je ne vous tairay point qu’à mon dernier voyage sur les lieux, il m’en a coûté considérablement, ayant défrayé une trentaine de personnes pendant plusieurs jours ainsy qu’il est connu de M. le comte de Médavy et de M. l’Intendant. Je continue d’être avec un très profond respect, Monsieur, [etc.]. Chalvet, cy devant Sénateur à Chambéry e à Grenoble, le 14 novembre 1717 Joint : Gaud au comte de Médavy, 20 septembre 1717, copie [16/9/l/iv]. Copie de la lettre écrite à Monsieur le comte de Médavy par M. le président de Gaud, commendant en Savoye, le 20e 7bre [septembre] 1717. Il n’y a pas aparance que le nommé Maxime Morard dit Touron soit demeuré en Maurienne où j’ay envoyé, il y a trois jours, une partie de la maréchaussée pour arrêter des gens assés acrédités dans cette province. La crainte d’être cherché l’aura infaliblement obligé de s’écarter de la paroisse de St Michel85 où il pouroit bien revenir après la retraite de cette troupe. Cependant, M., pour le retrouver là ou ailleurs, il faut en faire une peinture sur laquelle on puisse ne pas se méprendre. Si on l’arrête, je le feray conduire icy où il sera gardé en seureté et j’auray soin de vous en donner avis. Soyés persuadé, M., de l’empressement que j’auray toujours à vous donner des marques de la parfaite et respectueuse considération, etc. 32. - 10 avril 1718 : Duport au Régent, Grenoble [18/33]. 23 À Grenoble, ce 10e avril 1718 Monseigneur, J’eus l’honneur d’envoyer l’année dernière à VAR un plan figuré de la mine d’or du Bourg d’Oysans, avec des justes observations pour parvenir à cette prétieuse découverte sans beaucoup de dépence, dont je rendrois un compte

83. Jacques Eléonor Rouxel, comte de Médavy et de Grancey (1655-1725), alors commandant en chef en Savoie et en Dauphiné, maréchal de France en 1724. 84. Peut-être Antoine Gaud, président de la Chambre des Comptes, puis du Sénat de Savoie. 85. Saint-Michel-de-Maurienne (Isère).

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fidèle si Elle avoit la bonté de m’honorer de cette direction. J’oubliay seulement, Monseigneur, de représenter à VAR que, quoyque le filon de cette mine soit d’une assez longue étandue, il n’y a cependent que deux endroits où les merveilles se sont manifestées, qui ne sont connus que de deux ou trois personnes dont je suis du nombre, que si nous venions à manquer peut être ny reviendroit t on jamais. Je say, Monseigneur, que l’envie et la jalousie se sont mises en campagne pour croiser cette entreprise et pour la détourner de son canal naturel, fondé sur des difficultés et des incertitudes imaginaires, mais que peut on contre la vérité ? Le tems est favorable, la vie est courte. J’ay l’honneur d’être avec un très profond respect de VAR, Monseigneur, [etc.]. Duport, trésorier de France, ancien colonel de la ville de Grenoble 33. - 7 juillet 1718 : Géraudly au Régent, Grenoble [18/1/a]. [en haut :] à M. l’abbé Bignon 54 bis Gérauldy [sic] 61 à Grenoble, le 7e julliest 1718 Monsegnieur, J’ay fait scavoir à Monsieur le Duc86 en luy envoyant deux petiste [sic] caise plaine de diférante sorte de mine pour en faire faire des espreve, se pays est plain de mine quis sont bonne et de diféran méteaux. J’ay faist plusieur espreve qui m’on for bien réusis. Parmis ses mine j’ay trevé plusieur mine de plon, de touste bonté qui reaporte sur cean livre de mine 50 à 60ll de plon, est sur cean livre de plons troix mar de argean, et sur ceans livre de mine de cuivre 30 à 35ll de cuivre. Sur le cuisvre il s’ean treve qui raporte de l’or maist peut. Il li en na ausy quis reaporte de l’argeant. Il lia ausy des mine d’or est de argean que les peyeseant des montagnie veande au Genevois est Savoyar. Il crainie que je ne les face arestés par les menace que l’on leur a faite. Les Genevois font corir le bruist que ausytos que quelcuns m’aura montré quelque mine d’or ou d’argeant que je m’eans enpareray et qu’il n’eant aurons rien et que l’ons les arestera. Plusieur m’on dit et aseuré qu’il en avest veandu et que ausytos que les naige serons fondus il me menerons où il l’ons prize. J’ay fait cosmeanser à faire foullier en deux endroit où tous les indice tant par cousleur que par les autre marque comme marcasiste qu’il nomme servelle, que par les supor, et les autre marque fons voir que s’est de l’or. Deans sept à huit jour je scauray au vray ce qu’elle contiendra. Il me faudroit unne ou deux companie pour faire garder les pasage sur la frontière pour arester les Genevoys quis mesme fons un tranpor [sic] d’expaice. Je ay

86. Louis Henry, duc de Bourbon, surintendant des mines depuis le 30 août 1717.

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avertis Mr de St Morice87 sur cella. Sy VAR Monsegnieur veut me faire donner acompte sur ce quis m’est dû quaize mille livre, je les enployeray à faire travallier. Sy je n’estoist pas aseuré de ce que je fait scavoir à VAR, je ne quisteroist pas mon savoir faire de Paris et mon tean et ne vousdroit pas despeancé le mien. Je suplie VAR de m’acorder seste grâce est deans peut je donneray des marque de mon savoir. Il n’y a que 2 à 3 mois que l’ons puise travallier en ses montagnie. Le teant presse. J’atandray vos ordre. Estan, Monsegnieur, [etc.]. Géraudly 34. - 12 juillet 1718 : Géraudly au Régent, Grenoble [18/1/b]. [en haut :] SAR 59 à Grenoble, ce 12e julliest 1718 Monsegnieur, Je viens de faire mestre à la poste à vostre adresse plusieur morseaux de mine nouvelle descouverte. Sy vous voullé voir les autre morseaux au nonbre de plus de soiseante il sons ché Monsr Millain, secrétaire des cosmeandemean de Monsegnieur le duc de Bourbon88. Vous verré Monsegnieur comme seste prosvaince est riche en mine. Je contoist à mons arivé sur deux asossiés. Je ne m’estoist chargé que de 1 500ll que je ay despeancé à la recherche et à la descouverte de ses méteaux qui sont tous for ayzé à tirer. Mes asossiés se sons trevé or d’estat de faire aucunne aveance. L’ons en a mis un en prisons, le autre ne peut pas. Sepeandeant Monsegnieur il lia à faire en se pays un bons establysem[en]t quis portera un gros prosfits à l’Esteat est à seux quis le antreprandron. Je vous ay fait scavoir que sy SAR veut me faire donner quainze mille livre sur ce qui m’est dû, je les enployeray à faire faire des fourneaux est martinest est à faire fondre. Sy l’ons m’acorde seste somme dean peut je vous doneray des preve consvainquante de ce que je vous faist savoir. Je vous prie de croire que je ne suis poin fous ny visionnaire. Se que je vous envoye le fera bien voir. Vous treveré deans un petis paquest un petis laingeaux [lire lingots] que je croist d’argean mélangé d’estain. Il lia avec le laingeaux un morseaux de la mine d’oùs je l’ay tiré. Je ne l’ay poin mis à la coispelle, vous en feré faire telle espreve qu’il vous plaira. Je n’oze vous rien prosmestre pour les mine d’or est d’argean. Mai seuremeant il la seans trevé de bonne. Je faist travallier à deux. Je suis avec un profons rexpest, Monsegnieur, [etc.] Géraudly 87. De la famille des Chabod, marquis de Saint-Maurice, donateurs d’un retable aujourd’hui dans l’église de Tignes. 88. Voir note 86, p. 445.

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Je n’ay plus de argean. Je vis de anprun. Par conséquand je seray oblygé de tout quiter. Je descouvre tous les jours de nouvelle matière. Je n’ay pourteant pas vissisté la 20e partis des montagnie. Je suis asés heureux pour m’estre atiré la confience des abisteant qui cosmeance à me tous dire malgré [?] sertain bruit que l’on fait courier tean en la ville qu’à la campagnie. Il lia à présean plus de trante Genevois ou Savoyar à la montagnie du Glésain89. Je n’ay pas du monde pour les faire arester. Il ne viens chercher ses mine que deans ce mois et celuy d’aoust. Il vons par bande, et ne marche que la nuist. La chauze mériste ate[nti]on quan ce ne seroist que pour enpaicher le tranpor des expaice. Je ay avertis Monr de St Morice. 35. - s.d. [août 1718 ?] : note de Réaumur au garde des sceaux [18/44]. [en marge :] envoié le 17 aoust à Mgr le garde des sceaux90. Résultat de l’examen qui a été fait des échantillons de mines envoiés de Dauphiné par le Sr Géraudly. Ces échantillons, quoique de matierres fort différentes, nous ont été rendus pesle-mesle. Après les avoir séparé les uns des autres, il n’en est pas resté assez de chacun pour faire les essays que plusieurs sembloient mériter. Nous n’avons pu essaier d’une manière sûre qu’un morceau de mine de cuivre qui a donné onze livres et demie par quintal. C’est déjà un produit assez raisonnable, mais il y a apparence qu’il sera plus fort quand la même matière sera tirée de plus bas. Depuis peu de jours, le Sr Géraudly nous a remis une caisse qui contient de plus gros morceaux des matierres envoiées cy devant. Nous travaillons à les essaier, et nous rendrons un compte exact à Monseigneur le garde des sceaux de ce que nous aurons trouvé. Il est déjà sûr que parmy ces échantillons il y en a un fort beau d’une mine d’or. On nous l’a donné pour être du Glessin en Dauphiné ; nous scavons d’ailleurs qu’on trouve en cet endroit des morceaux de mine d’or. 36. - 1er janvier 1719 : Chalvet à Réaumur [?], Grenoble [18/86]. 1 Monsieur, Je n’ay différé de répondre à la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire le 25e septembre dernier que pour vous rendre compte du succès de

89. Gleysin. 90. Henri-François d’Aguesseau, chancelier de France, garde des sceaux.

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notre travail concernant les mines dont vous avés eu la bonté de faire faire les essays à l’Accadémie des Sciences par M. Fousjean, dont l’on m’a envoyé le procès verbal. J’auray donc l’honneur de vous dire, Monsieur, qu’il y a desjà un fourneau étably à Vizille, l’une des terres de Mgr le Maréchal de Villeroy91, à deux lieues de Grenoble, où l’on a commencé de faire du plomb dont l’on en a envoyé une charge de mulet à Lyon que l’on a trouvé excelent ; il y aura du cuivre dans peu de jours, les premières fontes en ayant été faites. Nous allons faire construire un second fourneau dans la paroisse de Brignoud92 pour y faire travailler de même du plomb et du cuivre. Nous avons des matières rassemblées et nous sommes bien asseurés qu’il ne nous en manquera pas dans la suite. Quant à ce qui regarde, Monsieur, la mine d’or dont j’avois eu l’honneur de vous écrire, M. de La Bretonnière enporte avec luy des pierres qui en tiennent plusieurs grains qu’il a fait prendre sur les lieux mêmes ; et, pour peu de travail qu’on y fasse, l’on peut espérer d’y en trouver comme par le passé d’aussy riches que celles que vous avez vu entre les mains de SAR. M. le marquis de Broglie93 qui y a fait travailler pendant quelque temps et en a tiré de l’or, poura vous en dire des nouvelles. C’est de la mine de Villard Aymond94 dont je parle. Permétés moy, s’il vous plait, Monsieur, de vous souhaiter dans cette nouvelle année une longue suite d’autres, tous les bonheurs que vous mérités et de vous demander un peu de part dans l’honneur de votre protection. Si on peut la mériter par des respects infinis et par un entier dévouement à vos ordres, personne n’en sera jamais plus digne que, Monsieur, [etc.]. Chalvet, sénateur et subdélégué à Grenoble, le 1er de jan[vi]er 1719

91. François de Neufville, duc de Villeroi, maréchal de France (1644-1730), alors membre du Conseil de régence et président du Conseil des finances, gouverneur du roi Louis XV. 92. Commune de Villard-Bonnot (Isère). 93. Charles Guillaume, marquis de Broglie, un des habitués des dîners du Régent au PalaisRoyal. 94. Villard-Reymond.

XIV.

LA ROCHELLE ET PAYS D’AUNIS

1. - s.d. [fin XVIIe siècle] : extraits du mémoire sur la généralité de La Rochelle, copie annotée par Réaumur [17/47/f]. Mémoire sur la généralité de La Rochelle [en marge1 : perles fines] Il n’y a ny mines ny salpêtre, mais on trouve dans la Charente, vers St Savinien, de grosses moucles qui produisent des perles qui ne sont ny moins belles ny moins précieuses que celles du Levant. Elles sont très rares et il semble qu’on a abandonné cette pêche depuis 15 ou 20 ans. Les huîtres vertes sont très recherchées parce qu’il n’y en a pas de meilleures dans le monde. [en marge : diamants faux] On trouve en différents endroits des isles de Ré et d’Oléron et sur la coste de Royan des pierres un peu plus dures et plus belles que celles d’Alençon. Mais ce ne sont là que des bagatelles. Ce que cette province a de particulier, c’est le sel qui est sans contredit le meilleur de l’univers pour conserver la viande et le poisson sallé. Toutte la basse Saintonge et les isles de Ré et d’Oléron sont pleines de marais salans. Il y en a aussy quelqu’un autour de La Rochelle. Il y en avoit autrefois beaucoup davantage, mais, depuis qu’on a trouvé moyen d’en faire en Bretagne où le sel se débite mieux quoyqu’il ne soit pas si bon, on a abandonné plus du tiers des marais qui ne servent à présent qu’en pâturages ; on les appelle des marais gâts car il seroit presque impossible de les rétablir. [en marge : fondrie de Rochefort] Dans la fondrie qui est une des plus belles de l’univers, il y a trois grands fourneaux et plus[ieu]rs petits pour la fonte des canons, mortiers, bombes, pierries, cloches, rouets et générallement pour tous les ouvrages de fonte dont on a besoin pour la marine de Ponant, n’y ayant point d’autres fondries sur les costes de la mer océane que celle dans laquelle, en 1690, on a fondu cent canons de 36ll de balle, 33 et 24ll et un nombre prodigieux d’autres ouvrages. [en marge : forges p[ou]r fontes des canons] Il y a des forges en Angoumois et en Périgord, dans lesquelles on fait travailler continuellem[en]t aux canons, 1. Les annotations portées en marge sont de la main de Réaumur.

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mortiers et bombes de fer dont on a besoin pour la marine2, qu’on transporte à Rochefort pour y être visittés, éprouvés, reçus et ensuitte envoyés dans les autres ports du royaume. Il en est sorti du port de Rochefort en 1690 plus de 1 300 pièces. [en marge : toiles de voile] Il y a [Réaumur ajoute : à Rochefort] une manufacture bien établie de toille de voile qui fait subsister un grand nombre de gens tant à la ville qu’à la campagne. [à la fin du mémoire, Réaumur ajoute :] marais salans, il y a un deissein des marais salans, avec les outils, leurs noms, etc., dans le volume de la généralité de La Rochelle. 2. - s.d. : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/86 ter]. L’histoire naturelle du roiaume est aussi un des objets de l’académie. Des mémoires de feu M. Bégon3 font mention d’un fait qui mérite d’être examiné. Ils rapportent que, dans la Charente, près de Saint Savinien, on pêche des moucles, ou moules, qui produisent des perles qui ne sont ny moins belles ny moins précieuses que celles du Levant. Il marque qu’on a abandonné cette pêche depuis 15 à 20 [sic]. On souhaiteroit fort avoir quelques unes de ces perles et des moules qui les produisent. Les mêmes mémoires de Monsieur Bégon apprennent qu’on trouve sur les côtes de Royan, d’Olleron et de l’isle de Ré des cristaux ou cailloux transparents plus beaux et plus durs que ceux d’Alençon. Pourroit on nous en procurer quelques échantillons. 3. - s.d. : Réaumur à l’Académie de La Rochelle [dossier biographique Réaumur 4]. Réaumur invite l’Académie de La Rochelle à envoyer à l’Académie des sciences, comme l’ont déjà fait d’autres sociétés savantes, des informations sur tout ce qui a rapport à l’histoire naturelle ainsi qu’aux arts. Il demande en particulier des plans et dessins de l’une des plus belles raffineries de La Rochelle, des dessins et mémoires sur les marais salants, des échantillons des pierres judaïques5 de l’île de Ré, de la terre savonneuse qui se rencontre auprès de Saintes, et des moules perlières qu’on pêche dans la Charente près

2. La substitution de Rochefort à Brouage ensablé comme port et arsenal de la marine royale, en 1665, a entraîné le développement des industries métallurgiques de l’Angoumois. 3. Michel Bégon (1637-1710), cousin de Colbert, intendant aux îles d’Amérique (1682-1685), puis intendant de la Marine du Ponant à Rochefort en 1689, poste qu’il cumule avec l’intendance de la généralité de La Rochelle, lorsque celle-ci est créée en 1694. 4. Lettre signalée par une note dact. qui en donne seulement la brève analyse que l’on reproduit ici. 5. Pointes d’oursins et articulations d’encrines.

LA ROCHELLE ET PAYS D’AUNIS

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de Saint-Savinien. “ On souhaiteroit même qu’on envoyast plusieurs de ces moules dans de l’eau de vie, afin que le poisson se conservast, et que nous puissions voir la partie de son corps qui produit la perle ”. 4. - 26 mars 1716 : Beauharnois au Régent, Rochefort [16/2/e]. 30 Monseigneur, J’ay l’honneur d’adresser à SAR, en exécution de ses ordres, les mémoires et desseins qu’elle m’a fait l’honneur de me demander pour Mrs de l’académie des Sciences, trois cailloux transparents qui se trouvent sur la coste de Royan et une perle des moucles peschées dans la rivière de Charente, près St Savinien. Je suis avec un très profond respect, Monseigneur, [etc.]. Beauharnois6 à Rochefort, ce 26e mars 1716 5. - s.d. [avant juillet 1716] : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/121]. Rochefort [Le début de cette note et les cinq premiers articles sont repris intégralement dans la colonne de droite du mémoire de réponse de l’intendant sur la fabrique des ancres, du 4 juillet 1716, publié ci-après, doc. 6]. 6° On a vu avec plaisir la perle de moucle que Monsieur de Beauharnois a envoiée. On espère qu’il voudra bien ordonner qu’on en ramasse d’autres afin qu’on soit plus en état de juger de ce qu’elles valent et qu’il nous procurera des coquillages qui les produisent. 7° On dit qu’on trouve dans l’isle de Ré des cailloux transparents semblables à ceux de Roian, et qu’on y trouve de plus une espèce de pierre judaïque dont la figure approche de celle des amandes. Les cailloux de Roian ne se trouvent ils que dans le sable, y sont ils communs, n’y en a t’il pas de plus gros et plus nets que ceux qui ont été envoiés. 6. - 4 juillet 1716 : Beauharnois au Régent, Rochefort [18/95/a/i]. [en haut :] Renvoyé à M. l’abbé Bignon par ordre de SAR, le 11 juillet 1716

6. Intendant de la généralité de La Rochelle et de la marine à Rochefort (Almanach royal, 1716), puis intendant de marine à Rochefort et dans toute la Guyenne et la Saintonge (ibid., 1717 et 1718).

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L’ENQUÊTE DU RÉGENT

5 Monseigneur, J’ay l’honneur de présenter à SAR un mémoire de nouveaux éclaircissemens qu’elle m’a fait l’honneur de me demander sur la manière de fabriquer les anc[res7], du mouvement et de la force du marteau dont on se sert pour cette fabrique. Pour rendre la chose plus sensible, je joins trois différens desseins à mon mémoire. Je souhaite que le raport qui en sera fait à SAR luy soit agréable. Je suis avec un très profond respect, Monseigneur, de SAR [etc.]. Beauharnois à Rochefort, le 4e juillet 1716 Joint : mémoire sur la fabrique des ancres [18/95/a/ii]. /fol. 1/ 75 Rochefort Réponse aux observations concernant la fabrique des ancres8

Le mémoire et les desseins que Monsieur de Beauharnois a envoyé à SAR sur la fabrique des ancres, nous ont donné la plus grande partie des instructions dont nous avions besoin. Il nous reste seulement à demander des éclaircissemens sur quelques articles9. 1° 1° Sur la manière dont on arrange les barres Les verges, les bras et les pattes pour former le paquet dont on fabrique la viennent toutes forgées du Nivernois. On verge, sçavoir si les barres y sont couchées ne travaille dans le port qu’à assembler à plat les unes sur les autres, et si le paquet ces différentes pièces pour fabriquer qui en est formé a quatre faces, ou si l’on l’ancre. On applatit seulement ces deux arrange les barres en quelque façon faces qui doivent estre dessus et dessous circulairement, comme si on les disposoit pour parer la verge, ainsi qu’il paroit autour d’un axe ou d’un noyeau. Un petit dans le dessein cy joint10 par la marque morceau de dessein expliqueroit cela à mer D, en arondissant les deux autres pour veille. Comment dispose t’on les morceaux leur donner plus de grâce. Les forgerons de barres qu’on larde dans les endroits où la qui travaillent dans les mines peuvent verge doit estre la plus grosse. donner toutes les explications que l’académie demande sur l’arrangement

7. Déchirure du papier. 8. La partie réponse est biffée d’un trait de crayon. 9. Cette partie “ questions ” reprend le texte R/6/121, qui est plus complet (sept points au lieu de cinq repris ici). Voir ci-dessus, doc. 5. 10. Le dessin n’est pas conservé avec le mémoire.

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des barres pour former le paquet dont on fabrique la verge. On ne pourroit raporter sur ce sujet que ce que l’on a entendu dire aux personnes qui ont pu voir cet arrangement dans les mines et dont les idées ne sont pas assés récentes pour qu’il ne leur soit échapé quelques circonstances. 2 2° L’effet des marteaux à bras ne va pas Pour répondre sur le préjugé de Brest apparemment jusques à souder les barres du où l’on prétend qu’il ne faut pas centre. Il n’y a probablement qu’une croûte s’attacher à souder une grande épaisseur d’une certaine épaisseur de bien soudée, de fer, on doit remarquer que toute quelle est ordinairement l’épaisseur de cette l’attention des forgerons dans leur croûte. Est on /fol. 1 v°/ à Rochefort sur cet chaude est de ne pas brûler le fer. Cela article dans le même préjugé qu’à Brest, où les oblige de /fol. 1 v°/ mouiller le l’on prétend qu’il ne faut pas s’attacher à charbon avant que de le mettre dans la souder une grande épaisseur du fer. forge. Ils jettent souvent de l’eau sur ce même à Rochefort sur cet article dans le charbon lorsqu’il est allumé pour le rallentir et enduisent de terre grasse ou de vases les pièces les plus plattes, comme les pattes et le bec des bras des ancres lorsqu’ils veulent les chauffer. Malgré toutes ces précautions, ils ne peuvent quelquefois empêcher le fer de brûler, ce qu’ils appellent manquer une chaude. La suite du préjugé de Brest seroit de ne souder qu’une petite épaisseur de fer à la fois, et de souder ensuite toutes ces épaisseurs pour former le corps de la verge. La multiplicité des chaudes dans cette opération feroit tomber absolument dans l’inconvénient de brûler le fer, estant presque impossible de l’empescher. Il y a dans le port plusieurs ancres dont les verges sont cassées et d’autres simplement faussées par les morceaux de celles qui sont cassées. On peut juger que les barres sont bien soudées et qu’elles font toutes corps, puisqu’il ne s’y apperçoit aucun vuide.

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En examinant les verges faussées, on reconnoit que la croûte qui est ordinairement de l’épaisseur d’un pouce est bien soudée et que les barres du centre ont du vuide entre elles, et n’ont pas prises la consistance que l’on souhaitoit dans l’effort qu’un vaisseau fait souvent pour tirer une ancre dont la patte est prise. Une partie de ces /fol. 2/ barres se casse, mais l’autre partie résiste et ne fait seulement que se fausser. Pourroit on avancer un sentiment que ces expériences confirmeroient, qui seroit de croire que n’y ayant que la croûte de bien soudée, les barres du centre résistent mieux à l’effort que fait le câble sur l’ancre que lorsque ces barres ne font qu’une seule consistence, puisque dans le premier cas la verge se fausse seulement, et dans le 2e elle se casse. 3 3. Quoyqu’on ait dessiné avec beaucoup de Le nouveau dessein de la machine qui soin la machine qui fait agir le gros fait agir le marteau dont nous allons marteau, on demanderoit encore quelques donner l’explication, destruira les idées desseins et quelques explications par raport que l’on s’estoit formé. Le marteau y à cette machine. On a peine même à paroit dans ses deux scituations concilier le profil avec le dessein en différentes, c’est à dire levé et baissé. perspective. On voudroit avoir un dessein Les forgerons appellent barre du particulier qui fit voir comment le cric ressort la pièce que l’académie nomme s’acroche dans l’entretoise qui fait jouer le entretoise. Nous luy laisserons le nom marteau. Comment le cric la laisse usité dans le port. Le cric garni de ses échapper. Ces sortes de choses demandent dents est dans une coulisse qui le retient nécessairement des desseins pris de et l’empêche de vaciller lorsqu’il est en différens point de veüe. On voudroit mouvement. sçavoir combien avec cette machine on peut Le boulain qui joint la barre du donner à peu près de coups de marteau dans ressort au cric a une queue un peu un certain temps, par exemple dans un courbée, laquelle est percée. quart d’heure ou dans le temps que dure La patte de la 1ère dent d’en haut est une chaude et qu’on expliquast de quelle plus longue que les autres. Elle passe par manière /fol. 2 v°/ on racroche le cric dans le trou qui est à la queue du boulain et l’entretoise après que le marteau a eu donné est arrestée par une virolle et une son coup. goupille. /fol. 2 v°/ Le boulain est tenu par

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deux crocs appliqués sur la barre du ressort. Ces crocs saisissent toujours le boulain sans le laisser échaper, il demeure continuellement engagé dedans soit que le cric lève ou baisse sans jamais en sortir. La barre du ressort est jointe au manche du marteau par deux endroits, c’est à dire par le ressort et par une chaisne attachée à deux liens de fer qui tiennent les extrémitéz de ces deux pièces comme il se voit dans le dessein. Suivant cette explication, le cric, la barre du ressort et le manche du marteau ne sont jamais séparées les unes des autres.

La lanterne qui est dans le millieu de l’essieu, n’a que la moitié de sa circonférence garnie de boulains [Réaumur ajoute : fuseaux], l’autre moitié étant vuide lorsque l’essieu tourne pour faire jouer le marteau. Les boulains trouvant les dents du cric les saisissent les unes après les autres et par ce mouvement le font monter, ce qui se fait dans la moitié d’un tour de roue. Le cric emporte avec luy la barre du ressort qu’il fait lever par le bout qui luy est joint, et par conséquent le bout du manche du marteau, lequel pressé par ces deux puissances tombe avec plus de force. Même la barre du ressort et le manche du marteau sont un peu courbéz. /fol. 3/ Lorsque le cric est monté, les dents ne trouvant pas de boulains qui les retiennent dans l’autre moitié du tour parce que l’autre partie de la lanterne est vuide, le cric retombe dans un seul instant par sa propre pesanteur, entraîne avec luy la barre du ressort et le bout du manche du marteau qu’il fait lever par ce mouvement. On ne peut décider de la quantité de coups de marteau que l’on peut donner dans un certain temps ou dans une chaude. Ce calcul paroist inutil pour le travail du port où l’on ne fait qu’assembler les pièces qui composent l’ancre. La vitesse des coups et la quantité dépendent de la volonté du m[aîtr]e forgeron suivant le travail qu’il doit faire dans une chaude. 4 Le jas est composé de deux pièces assemblées l’une sur l’autre en laissant une mortaise double, l’une pour le quarré de la verge et l’autre pour le

4° On a oublié dans le dessein du jas11 de marquer comment sont assemblées les deux pièces qui le composent.

11. Pièce de bois ou de métal perpendiculaire à la verge de l’ancre et destinée à permettre aux pattes de crocher le fond.

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tourillon fait seulement pour mieux contenir le quarré dans le jas. On met ordinairement pour tenir l’assemblage depuis 4 jusques à 8 chevilles de fer, dont on dispose 4 proche le quarré, une à chaque bout et les autres dans la longueur. L’espace qui est entre ces chevilles de fer est garni de chevilles de bois à volonté. On frape ordinairement le lien de fer à chaque extrémité, lequel cesse les pièces du jas et les empêche de jouer. /fol. 3 v°/ 5 La proportion ordinaire pour la 5 Comment courbe t’on les bras des ancres courbure des bras de l’ancre est de faire au point où ils le doivent estre. un triangle équilatéral, dont le côté est la longueur depuis la croisée jusques au bec, comme il paroist dans le dessein. Le m[aîtr]e forgeron pour voir si le bec du bras est bien fermé, c’est à dire a la courbure requise, prend avec une règle de fer la longueur depuis la croisée jusques au bec, la porte ensuite sur la verge où il marque l’extrémité de cette ligne, et vérifie si le bras est dans la proportion.

Trouvant cette 3e ligne plus longue, il passe dans l’organneau un cordage et attache les deux bouts à un étrier de fer qui embrasse le bras proche le bec. Pour retenir cet étrier qui glisseroit, on y joint une chaisne de fer qui saisit le bras proche la patte. On chauffe devant cette opération le bras entre la croisée et la patte, ensuite un anspect, c’est à dire un levier, passe entre le cordage, le serre en tournant et fait venir le bec du bras à la proportion requise. Je joins à ce mémoire un dessein12 qui fait voir la manière de couper les bras d’une ancre. Ce travail se fait lorsque les pattes d’ancre sont mangées, étant obligé d’en remettre d’autre. Lorsque le bras est coupé, l’ancrier le manie plus aisément pour souder une nouvelle patte à la place de celle qui a esté cassée. /fol. 4/ On appelle dans le port cette manière de travailler radouber une ancre, ce qui devroit estre une suite à la fabrique. Si l’Académie souhaite avoir tous les mouvemens qui regardent le radoub pour les joindre aux desseins déjà envoyéz pour la fabrique, le Sr Edelinck qui a fait les premiers, se disposera aussi à faire tous ceux que l’académie demandera. 12. Manquant.

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7. - 22 octobre [1716] : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/61]. 22 octob[re] Rochefort Les mémoires et les deisseins qui ont été envoiés par Monsieur de Beauharnois à SAR Monseigneur le duc d’Orléans sur la manière d’espader13, filer le chanvre et d’en faire des cordages ou câbles pour les vaisseaux du Roy, donnent les principales instructions qu’on avoit souhaité. Il ne nous reste à demander que quelques suppléments. 1° Quoique les deisseins donnent assez d’idée des différentes manières de travailler, on voudroit de plus des plans et des profils exacts de tout ce qui a été envoié en perspective14, et cela pour avoir des mesures précises que l’on ne scauroit guère trouver dans des deisseins en perspective. 2° On voudroit scavoir quel poids ont des câbles de différents diamètre et surtout celuy des plus gros. 3° Combien il entre pesant de goldron dans un câble d’un certain poids, ce qui est aisé à scavoir en pesant du fil avant de le goldronner et après qu’il a été goldronné. 4° Quels sont le poids, le diamètre et la longueur qu’on donne aux câbles à Rochefort par raport au poids des ancres. 5° Combien il entre de fils de caret dans des câbles de différents diamètre. 6° Il seroit nescesaire d’ajouter quelques petits deisseins par raport à la manière dont on foure les cordes, c’est à dire par raport à la manière d’arrondir, de rendre plus unies celles qui sont composées de trois torons ou de trois aussières, etc. 8. - s.d. : note [17/42/f]. Il y a à la fonderie de Rochefort un soufflet d’un effet surprenant. On prétend que tout son artifice consiste en plusieurs angles de bois ou de maçonnerie. 9. - s.d. : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/126]. 40 b Rochefort On nous a parlé du souflet de la fondrie des canons de Rochefort comme d’une espèce de souflet singulière. On nous a dit qu’il agisoit sans secours de

13. Battre le chanvre avec une latte de bois avant de le peigner. 14. Manquants.

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force étrangère, que l’air y entre de luy même lorsque le feu est allumé dans le fourneau et qu’il en sort avec assez de vitesse pour entretenir l’ardent brasier de la fondrie. Nous voudrions avoir des deisseins de ce souflet qui nous en fissent voir l’extérieur et l’intérieur.

XV.

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1. - s.d. [fin XVIIe siècle] : extraits du mémoire sur le Languedoc rédigé par Lamoignon de Basville “ pour l’instruction du duc de Bourgogne ”, établis par Réaumur [17/18/c]. /fol. 1/ Mémoire sur le Languedoc1 [en marge :] vers à soye. On prend de la graine des vers à soye qu’on met couver ordinairement dans la paillasse ou mathelas de lict où l’on couche depuis le commencement d’avril jusqu’au 15 ou 16 du même mois. La grainne étant éclose, on prend de jeunes feuilles de meuriers auxquelles les petits vers à soye s’attachent d’abord ; on les met ensuitte dans des couverts de boette ou sur du papier et, deux fois le jour, on leurs donne de la petite feuille à manger. Dix ou douze jours après qu’ils sont éclos, ils ont leurs première maladie, car ils en ont quattre régulièrement. Il est aisé de recognoitre qu’ils sont mallades à leur air languissant et que parce qu’alors ils ne mangent que très peu. Il faut avoir soin après chaque malladie de les changer d’habitation. Il faut pour cela leurs présenter de la feuille fraîchement cueillie. Ils s’y attacheront et ainsy on les transporte aisément d’un lieu à un autre. Après qu’ils ont essayé leurs quattre maladies, ils deviennent en fraise, et alors ils mangent plus dans un jour qu’ils n’ont mangé depuis qu’ils sont éclos. Au 7e et 8e jour ils commencent à monter sur certains petits rameaux qu’on disposent [sic] à cet égard, et où ils font leurs cocons qui dans 8 jours sont parfaits. [en marge :] manière dont on dévide la soye, moulin à monter la soye, ce que c’est. Quand on veut en tirer la soye, on les met dans un espèce de chaudron avec de l’eau qu’on a soin d’entretenir toujours chaude et prête à bouillir. On y met plus ou moins de cocons, selon la grosseur dont on veut faire la soye, laquelle, étant une fois tirée, est donnée à dévider, puis montée au moulin à soye. Du moulin elle passe à la teinture pour être ensuitte mise en œuvre. 1. Voir Fr. Moreil, L’intendance de Languedoc à la fin du XVIIe siècle, Paris, 1985, not. p. 229230 et 242-243.

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/fol. 1 v°/ [en marge :] pastel, herbe pour faire le bleu. On y voit encore du pastel. C’est une herbe qui sert à la teinture pour faire le bleu. Autrefois, il s’en faisoit un commerce pour plus d’un million, mais, l’indigo étant beaucoup plus en usage depuis plusieurs années, cette culture a été fort négligée. Il seroit à souhaitter qu’elle pust être rétablie, la teinture du pastel étant meilleure que celle de l’indigo. Le principal commerce de la ville de Toulouze2 conciste en laines d’Espagnes que les marchands font venir, sçavoir celles de la vallée d’Andorre en Cathalogne par Dax et par St Béat de Commenge, celles de Castille par Bagnère de Luchon3, celles d’Arragon et de Navarre par le lieu d’Arreau dans la vallée d’Aure4, mais beaucoup plus par Oléron5. Il en entre aussy dans le royaume, qui viennent par mer d’Arragon, de Castille et de Navarre par Bayonne, et il en entre par Marseille de Valence, d’Alicante et d’autres lieux. [en marge :] commerce de Toulouse. Il n’y a point de ville dans le royaume mieux scituée que Toulouze pour le commerce et les manufactures. Les vivres y sont à bon marché, les eaux bonnes pour les teintures. Elle est à une égalle distance des deux mers. Elle a par la rivière de l’Arriège6 tout ce que produit le pays de Foix, le fer, l’acier et tout ce qu’il faut pour bâtir. [en marge :] Montpelier, ver de gris. Il y a plusieurs sortes de commerces dans la ville de Montpelier7. Le premier qui ne se fait en aucun autre lieu que dans cette ville est le verd de gris. La manière de le faire est avec du cuivre rouge d’Allemagne. On y employe depuis peu du cuivre de Salé8 en Affrique, mais il n’est pas si bon. Ce sont les femmes qui le font. Elles font coupper du cuivre en pièces de l’épaisseur d’une pièce de dix huit sols et de la grandeur d’une carte à jouer. /fol. 2/ On met dans le fond d’un pot de terre deux pintes de vin. Toutte sorte de vin est bon, pourvu qu’il ne soit pas aigre et qu’on n’y ait point meslé de l’eau. On met au dessus du vin des bâtons en croix sur lesquels on met une couche des grappes seiches de raisins, et par dessus une couche de ces pièces de cuivre qui ne se touchent pas l’une l’autre, et ainsy couche par couche jusqu’à [ce] que le pot soit rempli. On couvre le pot d’un couvercle de paille fait exprès, épais d’un demy pied, en sorte que l’air n’y entre pas. On ne l’ouvre plus de dix à douze jours, plus ou moins suivant la température de l’air. La force du vin qui est au fond, 2. Toulouse (Haute-Garonne). 3. Bagnères-de-Luchon (Haute-Garonne). 4. L’Aure, née de la réunion de plusieurs Nestes (Nestes de la Géla, du Moudang, de Couplan ou de Louron), pénètre très profondément dans la chaîne pyrénéenne. 5. Oloron-Sainte-Marie (Pyrénées-Atlantiques). 6. Ariège. 7. Montpellier (Hérault). 8. Ville du Maroc, sur la côte atlantique, près de Rabat.

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fait pousser sur le cuivre une espèce de poudre verte comme de la mousse humide. On tire les pièces du pot, on les expose en pille à l’air affin qu’elles se seichent un peu, et puis les femmes les raclent, et cé [lire c’est] qui est le verd de gris. Après que le pot a été bien nettoyé, on remet les pièces de cuivre de la même manière et on observe la même façon, raclant toujours le cuivre, jusques à ce que, dans deux ou trois ans, les pièces étant rongées par le verdet sont si petites qu’elles ne puissent plus être travaillées. Le cuivre pousse plus de verdet en été qu’en hyver, et chaque pot en fait une livre dans dix ou douze jours. Les femmes des artizants, même de bons marchands et des bourgeois y travaillent avec un profit considérable. Il y en a telle qui a cent et cent cinquante pots de verdet. On a essayé d’en faire dans d’autres villes de la province. Des marchands du Languedoc retiréz dans les pays étrangers en ont voulu faire, mais inutillement. Il y a seullement quelques villages aux environs de Montpelier qui ont réussy, mais il y en a très peu. On en fait dans Montpellier deux mille quintaux par an. Le prix augmente ou diminue suivant que le vin est cher. Pendant la guerre il vaut vingt sols la livre. On le met dans des sacs de peaux de mouton bien préparées, pesants cinquante livres. Les marchands de Montpellier l’acheptent en détail et l’envoyent en Hollande, Angleterre, Allemagne et Italie, pour la peinture et la teinture. /fol. 2 v°/ Les chirurgiens l’employent aussy. La fabrique des futainnes9 a été grande il y a quelques années. C’est une étoffe de fil et de cotton. Le fil vient de Bresse et le cotton qu’on tire en Provence, vient du Levant. Il se fait par années communes quattre mille pièces de futaines à dix sept livres pièces, qui se vendent à Toulouze, Bordeaux et Bayonne d’ou elles passent en Espagne. Il y a plus de deux centz familles qui gagnent leurs vies à cette facture. Les marchands de laine de Montpelier font un grand commerce qui les enrichit. [Réaumur ajoute :] Ils achètent les laines à Marseille qui viennent de Smyrne, Constantinople, Salé, Tunis et d’Espagne ; ils les achètent surgés, c’est à dire comme elles viennent des moutons. Il croît vers le bois de Gramont un arbrisseau nommé en latin ilex aquifolia10, d’où il sort une graine que l’on appelle vermillon, ou graine d’écarlatte, qui sert à faire une confection appellée alkermès dont on envoye beaucoup en Hollande. C’est un remède trouvé par les Arabes, nommé par eux kermès. On en use peu en France. Cette graine sert aussy aux teinturiers pour faire la cochenille et la couleur cramoisin qui tire son étimologie de kermès. [en marge :] couvertures de laine. [Réaumur ajoute :] On fait à Montpellier quantité de couvertures de laine. Les courtes pointes d’indiène piquées avoient un peu diminué ce commerce.

9. Futaine. 10. Houx.

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[cette dernière section est barrée :] Montpellier, on y blanchit de la cire jaune qu’on porte du Levant ; elle est plus estimée que celle d’Hollande qu’on augmente avec la graise [sic] de bouc. 2. - s.d. [fin XVIIe siècle] : renseignements sur le commerce du Languedoc extraits du même mémoire [17/18/h]. /fol. 1/ Récapitulation du produit du commerce du dedans de la province de Languedoc tant des récoltes que des manufactures qui y sont établies, et l’état des marchandises et denrées qui en sortent11. colonnes des marchandi- colonne des marchandises qui se font dans la ses qui sortent de la proprovince vince 700 000 ll Commerce des grains 1 200 000 ll Commerce des vins 830 000 ll 830 000 ll ll Commerce des eaux de 440 000 440 000 ll vie Commerce d’eau de la 120 000 ll 120 000 ll Reine de Hongrie Commerce des liqueurs 150 000 ll 100 000 ll Commerce du verdet 200 000 ll 200 000 ll ll Commerce de l’huille 2 000 000 1 000 000 d’olive 25 000 ll Commerce du pastel 50 000 ll ll Commerce du safran 100 000 80 000 ll Commerce des prunes 120 000 ll 60 000 ll ll Commerce du salicor 50 000 30 000 ll Commerce de la mau15 000 ll 15 000 ll relle ou tournesol Récolte et commerce des 150 000 ll 60 000 ll châtaignes Coupe et commerce de 300 000 ll 150 000 ll bois Futailles et tonneaux 60 000 ll 30 000 ll Récolte et commerce de 1 800 000 ll 1 500 000 ll la soirie

11. Fr. Moreil, L’Intendance de Languedoc à la fin du

XVIIe

siècle, op. cit. note 1, p. 253-256.

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Commerce des bestiaux à laine Forges à fer Clouterie Refonte du vieux cuivre Papeteries Factures de parchemin Factures de cartes à jouer Factures de savon Blancheries de cire Facture des toiles Facture des pastels Commerce et sallage des sardines Tanneries et apprêts des cuirs Apprêts et commerce des peaux d’agneaux et chevreaux Commerce des gants Apprêts des peaux de mouton, chèvres et boucs habilléz en huille à façon de chamois Facture de colle forte Fabrique des verres à vitre Verreries Facture des dentelles du Puy Facture des futaines et bazins Facture des couvertes de laine Facture de bergame et autres tapisseries Facture de touttes sortes de petites étoffes fines et grossières de laine

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1 000 000 ll

6 000 000 ll

000 ll 000 ll 000 ll 000 ll 000 ll 000 ll 000 ll 000 ll 000 ll 000 ll 000 ll

8 000 ll 60 000 ll

120 140 20 140 15 60 105 150 30 10 100

100 000 ll 30 000 ll 5 000 ll 50 000 ll

60 000 ll

1 000 000 ll

600 000 ll

800 000 ll

400 000 ll

50 000 ll 258 000 ll

30 000 ll 150 000 ll

50 000 ll 20 000 ll 30 000 ll 600 000 ll

400 000 ll

90 000 ll

60 000 ll

230 000 ll

200 000 ll

20 000 ll 4 100 000 ll

464

Facture des draperies fines et autres Facture de bas de laine Facture des chapeaux de laine Facture de taffetas, rubans et bas de soye Factures des étoffes de filosée Confection d’alkermès Anguilles d’Aigues mortes Melettes de pecais Commerce de grains de jardin Total

L’ENQUÊTE DU RÉGENT

8 450 000 ll

530 000 ll

40 000 ll 400 000 ll

150 000 ll

900 000 ll

600 000 ll

80 000 ll

45 000 ll

50 000 ll 35 000 ll

50 000 ll 20 000 ll

30 000 ll 30 000 ll

15 000 ll 15 000 ll

26 738 000 ll

14 038 000 ll

3. - s.d. [fin XVIIe siècle] : autres extraits du mémoire sur le Languedoc “ pour l’instruction du duc de Bourgogne ”, par Réaumur [17/18/d]. /fol. 1/ Remarques par raport à l’histoire des arts et à l’histoire naturelle du Languedoc12 Manufacture royale établie à Sapte13, près de Carcassone, pour les draps appellés mahous et les draps qui s’appellent londrins, qui font un gros commerce dans la province. On les reçoit du Levant. On a décrit l’histoire de l’établissement de cette manufacture. Autre manufacture royale aussi fameuse établie près de Clermont de Lodève14 en 1678. On les vend dans le Levant préférablement à ceux de Hollande. Facilité de ce commerce : on donne la bonté des eaux et la facilité de tirer des laines d’Espagne et du pais qui sont bonnes apparement. Elles ont chacune 30 métiers battant pour les draps fins. Chamberlins, étofes à la façon d’Angleterre dont le peuple s’habille en Espagne, on en fait en Languedoc.

12. Ibid., p. 234-252. 13. Les Saptes, commune de Conques-sur-Orbiel (Aude), près de Carcassonne. C’est là qu’est installée en 1666 la première manufacture de draps fins du Languedoc ; après des débuts difficiles, elle connaît un nouveau départ sous l’impulsion du banquier parisien Noël de Varennes qui fait venir des ouvriers des Pays-Bas, et devient manufacture royale privilégiée en 1683 ; son activité s’arrêtera au début de la Révolution. 14. Clermont-L’Hérault (Hérault). Manufacture royale de Villeneuvette, créée pour la fabrication de draps fins de couleurs vives destinés à être exportés vers le Levant ; au XIXe siècle, elle produira des draps militaires et cessera toute activité en 1954.

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En Languedoc, quand l’année est bonne, les vers produisent 1 500 quintaux de soye. Il s’y en fabrique à peu près autant qu’il s’y en recueille. Ce qu’ils vendent est compensé par ce qu’ils achètent de Provence, Dauphiné, Orange. Ce commerce peut aller par an à dix huit cent mille livres. Ces soyes se fabriquent à Nismes15, Alais16 et en quelques endroits le long du Rhône. Le tiers ou environ de cette fabrique est en soyes grenates qui se met en guippures, franges, passements, et tout cela se vend à Paris. L’autre tiers en soye à coudre. L’autre tiers se fabrique en étofes, scavoir tafetas, moindres que ceux d’Angleterre appellés florence, armoisin ou taffetas d’Avignon, gazes férandines, etc. /fol. 1 v°/ À Toulouse, on fabrique des bergames et des tapiseries de peu de valeur et des étofes moitié laine moitié soye. On pesche aux environs de Toulouse dans l’Arriège et dans la Garonne de petite payolles d’or. Elles appartiennent au fermier du domaine, il n’en retire que deux pistolles. On dit que c’est de là qu’est venu le nom d’Ariège : aurigera17. [en marge :] mines d’or. On prétend que dans les basses Pyrénées, près de Alet18 et Limoux, il y a des mines d’or d’où les Romains en ont tiré autrefois. Une preuve qu’il y en a, c’est que l’on trouve des paillettes d’or dans les ruisseaux. Il y en assez pour que les paisans gagnent leur vie à les ramasser. Ils portent aussi des payolles d’argent. [en marge :] mines de cuivre. En 1672, Mr Colbert forma une compagnie pour travailler à ces mines. Il fit venir même des Suédois. Ces soins ne produisirent que la découverte des quelques veines de cuivre qui disparurent en peu de tems, et ne paièrent pas les frais à beaucoup près. Bains chauds au lieu de Rennes19 fréquentés par les Romains. [en marge :] forges de fer. Forges de fer en Languedoc, dans le diocèse de Mirepoix. [en marge :] mines de jais ou jayet20.

15. Nîmes (Gard). 16. Alès (Gard). 17. Fr. Moreil, L’intendance de Languedoc à la fin du XVIIe siècle, op. cit. note 1, p. 231. 18. Alet-les-Bains (Aude). 19. Rennes-les-Bains (Aude). 20. Le jayet ou jais (lignite) a été beaucoup utilisé jusque dans les années 1930 dans l’industrie de luxe de la bijouterie de deuil (colliers, boucles, croix, chapelets, broches, boutons…). Un des grands centres de production en fut la vallée de l’Hers (Ariège), notamment les mines situées autour de la Bastide-sur-l’Hers, Vilhac et Dreuilhe.

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[section barrée] Mines de jais dans le diocèse de Mirepoix. Diocèse de Mirepoix. On fait du savon noir et blanc pour netoier les draps ; est il différent de l’autre. [en marge :] fontaine à flux et reflux. Diocèse de Mirepoix. Dans les montagnes, il a la fameuse fontaine de Bélesta qui a flux et reflux. On appelle cette fontaine dans le pais Fontestorbe21. Elle est à 2 ou 300 pas de Bélesta. Elle forme presque seule la rivière de l’Ers22. Elle n’a son flux et reflux qu’en automne ou quand le tems a été sec pendant plusieurs jours. /fol. 2/ [en marge :] noms de diverses petites étofes. Diocèse de Castres. Manufactures de petites étofes de laine comme ratines, burats, cordelats, bayettes, serges et crépons. [en marge :] diocèse d’Alby23, petites étofes. À Alby et à Réalmont, manufactures de crespons, burats, bayettes et rasés. Il y croist du pastel. [en marge :] mines de charbon. Diocèse d’Alby, paroisse de Trémond24 et St Benoist25, il y a de fort bonnes mines de charbon. [en marge :] marbre, draps. Et on trouve d’assez beau marbre dans les montagnes qui sont aux environs de St Pons26, diocèse de St Pons. À St Pons et à St Chinian, on fait de gros draps. [en marge :] diocèse de Narbone27. Récolte d’huile y est considérable. Les salins de Periat28, même diocèse, donnent des sels qui se consument dans le haut Languedoc. [en marge :] salicot, il disent salicor ou soude. On fait brûler du salicot dans ce diocèse pour les verreries du haut Languedoc. [en marge :] diocèse de Carcasone, marbre. Beaucoup de manufactures de draps qui font vivre les habitans. On voit à Caune29 de très beaux marbres de toutes sortes de couleurs. On y conserve pour le Roy une carrière d’incarnat et blanc parfaitement beau. 21. Fontaine de Fontestorbes, près de Bélesta (Ariège). Voir aussi “ Perpignan ou Roussillon ”, doc. 4. 22. Hers. 23. Albi (Tarn). 24. Fr. Moreil propose l’identification de cette paroisse à Tréban (Tarn). 25. Saint-Benoît-de-Carmaux (Tarn). 26. Saint-Pons-de-Thomières (Hérault). 27. Narbonne (Aude). 28. Peyriac-Minervois (Aude). 29. Caunes-Minervois (Aude).

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[en marge :] diocèse de Bésiers30. Marbres, fontaine qui donne de l’huile. Beaucoup d’huille. Il y a des marbres au lieu de Roquebrune31. À Gabian, il y a une fonteine qui donne de l’huile, dont on se sert pour les blessures et qui est bonne pour divers /fol. 2 v°/ usages, principalement pour les chevaux. Cet [sic] huile nage sur l’eau32. [en marge :] source minérale. Auprès de cette fonteine il y a une source minérale bonne pour la goutte. [en marge : charbon de pierre] On trouve dans le même endroit des mines de charbon de pierre et une espèce de gome pour faire du godron [en marge : gomme pour faire du godron qui mérite explication]. On a cru il [y] a longtems qu’il y avoit de l’occre, mais ce n’est autre chose que cette gomme. Elle est donc fossille. Il faudroit en avoir. [en marge :] clous. On fait de fort beaux droguets à Bédarieux. Il y a un lieu appellé Graissesac33, composé de six petits bourgs où tous les habitans travaillent en clous. Ils ramassent le fer de toutes parts et le débitent ensuite dans les provinces voisines. Ce commerce les fait bien subsister. [en marge :] Lodève, draps, chapeaux. Manufactures considérables de draps et de chapeaux. Meuriers et vers à soye. On pesche à l’endroit de cette rivière des coquilles dans lesquelles il y a des moules, c’est le seul endroit de toute la côte où l’on fait cette pesche. On y recuille [sic] du salicor. Plus cent petits étangs y produisent des sels dont on pourroit se servir, mais les fermiers des gabelles les font jetter parce que cela empêche le débit des salins. [en marge :] Agde a [en blanc]. [en marge :] Montpelier34, ver de gris. Le ver de gris ne se fait qu’à Montpellier. La manière de le faire. Fabrique des fustaines. Le fil vient de Bresse et le cotton de Provence, qu’on tire du Levant. [en marge :] cire.

30. Béziers (Hérault). 31. Roquebrun (Hérault). 32. Gisements d’huile de naphte, découverts à Gabian au XVIIe siècle ; en exploitation surtout à partir du XVIIIe siècle, ils ont eu une grande renommée et ont fait la fortune de nombreux marchands et notables. Cette huile de Gabian était sensée traiter diverses maladies, dont la gale, les gelures, les brûlures, etc. Sur la fontaine de Gabian, voir ci-après doc. 5. 33. Graissessac (Hérault). 34. Montpellier (Hérault).

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Commerce de laine, et termes qui regardent les laines. On y blanchit de la cire pour le Levant. /fol. 3/ Elle est plus estimée au Levant que celle de Hollande, qu’on augmente avec la graisse de chèvre et de bouc et qu’on dessèche avec la céruse, le soleil n’étant pas d’ailleurs assez chaud pour la rendre aussi belle que celle de Montpelier. [en marge :] taneries. Gros commerce de tannerie à Montpellier. [en marge :] tartre. À Aniane, bourg du diocèse, il y a des gens qui ramassent le tartre des tonneaux et le préparent en cristal qu’on appelle cristal de tartre. Il s’en vend en Angleterre et Hollande pour 15 000. Les teinturiers du pais l’emploient pour emporter les impurtés des écarlates et autres couleurs vifves qui s’y font. Liqueurs et aux [sic] de vie. [en marge :] sardines. Gros commerce de sardines salées. Eaux et bains chauds à Balaruc35. alkermès. [en marge :] Nismes. huiles. commerce de draperie et soyrie. [en marge :] maurelle ou tournesol. Il croist dans ce diocèse, à un lieu appellé Galargues, une herbe appellée maurelle ou tournesol. On l’envoie en Hollande pour la teinture des toiles bleus et rouges, et pour donner la teinture rouge à leurs fromages. Elle croit en plusieurs autres lieux, mais elle n’est bien aprestée que dans ce seul endroit. [en marge :] Usèz36. Huilles, soyes, laines. Manufactures de soye et de laine. Eaux minérales de Dieuzes37 estimées, ce sont des eaux froides. La rivière du Gérardon38 roule souvent des payolles d’or et d’argent [ce qui montre] qu’il a des montagnes d’or et d’argent dans les montagnes où elle prend sa source. /fol. 3 v°/ [en marge :] Vivarais. Bêtes à laine. Châtaignes gros comme [en blanc]. Chanvres dont on fait de grosses toiles. Soyes, cuirs, eaux minérales de Vals39, qui sont froides, sont estimées. Bois de Merconire40 qui a des sapins fort haults.

35. Balaruc-les-Bains (Hérault). 36. Uzès (Gard). 37. Fr. Moreil propose comme identification Dieuset ou Euzet (Gard). 38. Gardon, affluent du Rhône dans lequel il se jette à Pont-Saint-Esprit après avoir traversé le diocèse d’Alès ; c’est sur son cours qu’est établi le Pont du Gard. 39. Vals-les-Bains (Ardèche). 40. Pour Mercoire (Lozère) ?

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[en marge :] Gévaudan. Cadis, serges et revesches. Tous les paisans y font du cadis et de la serge, des revesche. Ils en ont des métiers chez eux et y travaillent quand ils ne cultivent pas la terre. On y doit observer de ne les pas faire de laines meslées du Levant et du pais. Les premières (ce sont les termes) sont plus grosières, elles ne prenent pas la même teinture, ce qui fait différentes nuances. [en marge :] bains. Bains de Bagnols41 chauds. [en marge :] mine d’étain. On a trouvé une mine d’étain dans la paroisse de Vebron où on pourroit travailler avec succès. [en marge :] payolle ou pailletes d’or. La petite rivière de Moline porte de paillettes d’or. [en marge :] jays. Il y a une mine de jays dans la paroisse de Pompidou. [en marge :] soufre. Une de soufre à St Germain de Caberte42. [en marge :] perles. Souvent on ramasse de petites perles fines dans les rivières de Fraissinet et des Plantast. [en marge :] Alais. Olives, meuriers. [en marge :] cadis, serges, ratines. Beaucoup de cadis plus forts que ceux du Gévaudan, des serges et des ratines. [en marge :] Velay dont Le Puy est la capitale. On y fait des dentelles qui y produisent des sommes assez considérables. 4. - s.d. [août 1715] : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/46]. Pour Monsieur de Baville43 1° Comme on travaille actuellement à l’académie à l’examen des bitumes et des huiles de terres ou pétreoles, on souhaiteroit avoir de l’huile de Gabian

41. Bagnols-les-Bains (Lozère). 42. Saint-Germain-de-Calberte (Lozère). 43. Nicolas de Lamoignon de Basville (1648-1724) ; après avoir été intendant à Poitiers (1682), il est intendant de Languedoc d’août 1685 jusqu’en mai 1718.

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qu’on fust sûr qui n’eût point été mélangée. On en auroit besoing de deux ou trois livres avec son écume. Il seroit à propos de la metre dans des bouteilles de grès ou de verre. On souhaiteroit même quelques livres des terres qui sont auprès de la source de cette huile. On seroit bien aise aussi d’avoir un petit mémoire qui entrast dans quelques explications par raport à cette source et sur la quantité d’huile qu’elle pust fournir par an, en quelles saisons et en quelles circonstances elle fournit le plus d’huile, etc. 2° Le Languedoc a plusieurs mines de jay ou jayet. Il y en a dans le diocèse de Mirepoix et dans le Geuvaudan. On demandroit des échantillons de ces différentes mines et des morceaux des matierres qui sont au bord des mines, qui doivent être des terres ou des pierres pénétrées de bitume. On souhaiteroit en même tems un mémoire qui aprist quelle est la largeur, la profondeur de ces mines, la manière dont on en tire la matière, quels sont les outils dont on se sert, si on façonne le jayet auprès des mines, et les différens ouvrages qu’on en fait. 3° On marque, dans les mémoires qui ont été dressés sur la généralité de Montpellier, qu’auprès de la fonteine de Gabian, on trouve une espèce de gomme propre à faire du godron qu’on a cru qu’il y avoit de l’ocre, mais que ce n’est autre chose que cette gomme. On seroit fort aise d’avoir de cette gomme et quelques explications sur ce qui la regarde. 5. - 4 novembre 1715 : Lamoignon de Basville à Pontchartrain, Montpellier [pochette des séances de 1715, séance du 13 novembre 1715]. Monsieur, J’ai fait mettre au messager de Montp[ellie]r une caisse qui contient ce qui est porté au mémoire cy joint que vous m’avés fait l’honneur de me demander par votre lettre du 24 aoust dernier. J’y joints deux mémoires qui m’ont été donnés sur la fontaine de Gabian que l’accadémie sera peut être bien aise de voir, qui en font une description exacte. J’y joints aussi un mémoire sur le jayet. Je suis avec respect, Monsieur, [etc.]. De Lamoignon de Basville à Montp[ellier], ce 4 nov[embre] 1715 M. le C[omte] de Pontchartrain [au dos :] M. l’abbé Bignon. Je vous envoye toujours tout ce qui me vient par rapport aux anciennes affaires et je me remets à vous d’en faire l’usage que vous jugerés à propos. Adieu Monsieur. Dans la caisse amballée à l’adresse de M. le comte de Pontchartrain à Paris, il y a deux bouteilles d’huille de Gabian, plusieurs morceaux de terre qu’on a pris aux bords et aux environs de la fontaine de Gabian et dans un petit sac de toille de la pierre de la mine de jayet du diocèse de Mirepoix et de la terre ou pierre qui est aux environs de la mine de jayet.

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Joint : d’Arnaud à Lamoignon de Basville, Mirepoix, 26 septembre 1715 [pochette des séances 1715, séance du 13 novembre 1715]. 19 Monsieur, Je vous envoie dans une boete que j’ay addresée à M. Murat, votre subdélégué, un échantillon de la minet de jaiet et un morceau de la matière qui se trouve au bord de ces mines. Si on trouve de pierres dans lesd. mines, ce sont de pierres sablouneuses et qui ne sont point par conséq[uen]t pénétrées de bitume. J’ay cru que je ne devois point, Monseigneur, vous envoier de cetted. pierre mais bien le mémoire raisonné qui est ci-joint. Je vous suplie très humblement, Monseigneur, [etc.]. D’Arnaud à Mirepoix Ce 26e 7bre [septembre ] 1715 Joint : mémoire sur les mines de jayet du diocèse de Mirepoix, s.d. [pochette des séances 1715, séance du 13 novembre 1715]. /fol. 1/ 19 Mémoire qui répond à la lettre de Mgr de Pontchartrain et de Monseigneur de Basville. Il y a dans le diocèze de Mirepoix de mines de jayet, sçavoir dans les terres de Ste Colombe44, Lavelanet et Léran, mais on tire de ses mines fort peu. Celle de Ste Colombe ont été délaissées parce qu’on ne trouvoit point de jayet et on tire très peu de celles de Léran et de Lavelanet. On a presque de la peinne de paier les mineurs du prix du jayet qu’ils trouvent. Il y a de ses mines encore dans le diocèze d’Alet aux lieux de Bugarach et de Rennes, mais on tire de celles là très peu, et presque tout le jayet qui se travailhe dans ce païs vient de Provence, d’un endroit appelé Massaubes et de deux autres endroits ou trois qui sont autour de Marseille45. La largeur de ses mines est ordinairem[en]t de 4 à 5 pams, la hauteur d’autant et la profondeur est suivant et à proportion qu’on trouve de mine. Il y en a de 100 pas ; on entre même en avant dans la terre jusqu’à trois cent pas. Lorsqu’on commance d’ouvrir la mine, trois à quatre hommes suffisent et on en augmente le nombre à proportion qu’on entre en avant dans la terre. On est obligé de mettre des apuis presque de quatre en 4 pams pour éviter que le terrein ne s’éboule. Les hommes ne peuvent travailher que l’un derrière l’autre. Le premier se sert d’une bêche et d’une pèle pour /fol. 1 v°/ jetter la terre au

44. Sainte-Colombe-sur-L’Hers (Aude). Voir aussi “ Perpignan ou Roussillon ”, mémoire joint au doc. 5. 45. Voir aussi “ Aix-en-Provence ”, doc. 1, 2 et 4.

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second, ainsi de l’un à l’autre. Quand le premier trouve de la mine, il se sert d’un espèce de masseau qu’on nomme un pic, qui sert à détacher la mine. Il faut qu’il travailhe tout courbé et même qu’il aie une lampe pour y voir. Lorsque le trou se trouve profond, ils se servent d’une petite charrue à une seule roue pour jetter la terre dehors. On façonne le jayet à Ste Colombe, au Peirat46, à la Bastide du Peirat47 et à Léran. Les ouvrages que l’on fait dud. jayet les plus ordinaires sont de chapelet, coliers et boutons, unis et à facettes. Une grande partie des habitans de ces lieux travailhent à ces sortes d’ouvrages parmi lesquels il y a deux ouvriers qui font des ouvrages les plus curieux, comme tabatières, petits cabinets, coffres, écritoires, chandeliers, croix, bagues, brasselets, pendans d’oreilhe, et on pourroit même en faire de toute sorte d’ouvrages si les pièces de mine estoint assés grosses. Les outils dont on se sert pour faire ces ouvrages sont d’un gros couteau qui a un grand pam de longueur, qui du costé de la pointe est large d’un demi pam et vient en rétressissant jusqu’au manche, duquel on se sert pour couper led. jayet, et autres petits fers pour le polir et d’un tour avec un fer comme une virole pour percer ou trouer les pièces qu’on veut même percer si menues qu’elles soient comme pour percer les brillands, etc. Joint : mémoire sur la fontaine de Gabian par Lacombe, 8 septembre 1715 [pochette des séances de 1715, séance du 13 novembre 1715 48]. /fol. 1/ 22 Mémoire du Sr Lacombe, fermier de la fontaine de Gabian, chimiste et directeur de la fontaine. Description de la fontaine du pétrole du lieu de Gabian appartenant à Monseigneur l’Évêque et seigneur de Bésiers, seigneur dud. Gabian, faite le mardy 8e 7bre [septembre] 1715. [en marge :] il est parlé de l’huile de pétrol dans l’hist[oire] de l’académie ann[ée] 1715, p. 15, mais on n’y trouve pas ce mémoire. Sur les bords de la rivière de Tongue49, du costé d’occident, au midy et à mille pas du lieu de Gabian, au diocèze de Bésiers en Languedoc, on voit une source d’huille appellée pétrole et d’une eau minérale tous ensemble. Le bâtiment qui la renferme comme un prétieux présent de la nature a douze pans en quarré de diamètre en dedans ; son [sic] hauteur est de trois canes du costé de la rivière et du nord et seulem[en]t d’une cane et demy des autres deux faces 46. Le Peyrat (Ariège). 47. La Bastide-sur-l’Hers, commune du Peyrat (Ariège). 48. Les pochettes de séances de l’Académie des sciences comportent, à la date du 26 mai 1717, un autre mémoire “ sur quelques singularités de Gabian et principalement sur son huile ”, par M. Rivière, de la Société royale de Montpellier (daté du 2 avril 1716), dont le lien avec l’enquête du Régent semble moins direct. 49. Thongue.

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en dehors, le reste estant couvert du terrein. La porte regarde le midy. On y descent par un escallier de 12 degrés orné d’un balustre de fer. Le bassin dans lequel le pétrole se ramasse, tandis que l’eau s’échape succesivem[en]t et à proportion qu’elle vient par une chantepleure qui la reçoit et qui la sépare de l’huille qui reste, a environ une cane de longueur, cinq pans de largeur et un et demy de profondeur. On voit à son extrémité vers l’occident d’où la source vient, une porte d’environ six pans d’hauteur et deux et demy de largeur, qui sert d’entrée à deux acqueducs de pareille dimention, dont l’un qui va vers le nort a environ une cane de longueur, duquel vient la plus grande quantité d’eau, et l’autre qui luy est opposé deux canes, duquel vient presque tout le pétrole. Un autre acqueduc de cent pas en longueur qui règne au dehors tout le long de la rivière, reçoit de la chantepleure l’eau de cette source qu’il regorge dans le ruisseau. On ramasse tous les huict jours ou de quinze en quinze le pétrole avec un poëllon, qu’on jette dans un barril affin qu’il se sépare de l’eau qu’on enlève toujours avec luy quelque précaution qu’on prene. Et, après quelques momens, on ouvre le trou qui est en bas, par lequel toute l’eau tombe dans le bassin. Et, lorsque le pétrole vient, on le met dans un vaisseau pour le transporter dans des jerres où il achève de s’épurer à loisir. Les vertus admirables du pétrole sont décrites par plusieurs auteurs et particulièrem[en]t par Me Esprit André50, dauphinois, docteur en médecine, et Me François Ranchin51, con[seil]er et médecin du roy, chancellier en l’Université de Monp[elli]er, dans un discours qu’ils ont donné au public, auquel on pourroit ajouter pour l’utilitté publique quelques vertus spécifiques qu’il a pour la guérison de certaines maladies, qui n’y sont point expliquées en particulier et qu’une longue expérience a fait connoitre sur les lieux où l’on l’a dans toute sa pureté et en d’autres endroits depuis que ces scavans hommes en ont décrit les propriétés. Voicy quelques remarques qu’on a fait sur les lieux et la manière de s’en servir. On ne trouve point de remède plus seur pour toute sorte de brulleure que le pétrole qu’on répand à froit sur la partie malade le plus souvent qu’on peut, surtout dans le commancem[en]t de telle sorte que, s’il ne s’est point fait de /fol. 1 v°/ vessies, il les empêche de se former et, s’il y en a, il les dessèche et guérit bientôt, adoucissant même beaucoup la douleur, si la brulleure estoit fort considérable et les ulcères profonds. On pourroit en faire un onguent qui dessècheroit encore plus puissament. De cette manière, on met une pierre de chaux vive de la grosseur d’un œuf, la plus nouvelle qu’on peut avoir, dans une

50. Esprit André, médecin languedocien, auteur du Discours sur la nature et propriété d’un certain suc huilleux, nouvellement descouvert en la province du Languedoc, près d’un village nommé Gabian, diocèze de Béziers, que le vulgaire appelle huille, Montpellier, J. Gillet, 1605, et Paris, 1609. 51. François Ranchin (1564-1641), médecin, chancelier de l’Université de médecine de Montpellier de 1605 à 1635, consul de Montpellier pendant la peste de 1629, auteur de nombreux ouvrages de médecine, chirurgie et pharmacie.

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pinte d’eau commune ; après que la chaux est tombée à fondz, on en sépare l’eau sur laquelle on met quatre onces de pétrole qu’on bat et qu’on démelle dans l’eau avec une verge jusques à ce que le pétrole ait acquis la consistance d’onguent. On en charge de plumaceaux fort déliés qu’on applique sur la brulleure. Cet onguent n’a pas moindre vertu pour la gangrène, après avoir fait les escarifications convenables, appliqué comme dessus. On donne le pétrole avec succès dans les étranglemens des boyeaux qui se font dans les aines, aux hernies, à la passion iliaque, ou miserere. La dose est depuis demy once jusques à 4 onces. On peut le donner seurement sans craindre aucun accident. Les effectz admirables et peu attendus qu’on a veu sur des malades attaqués de hernies extraordinaires, qui sont guéris du miserere par son uzage, après avoir tanté inutillem[en]t les remèdes ordinaires, ayant rendu les excrémens par la bouche pendant 2 ou 3 jours, semblent plutôt un prodige qu’n [sic] effect naturel. Comme dans cette maladie les remèdes ne restent guère dans l’esthomac, il faut réitérer la prise si les premières ont esté rejettées. Il paroit que c’est par sa grande pénétration et ses parties rameuses [lacune] les pointes des sels acres, qui causent le volvulus et les nœuds qui emp[êchent le] cours des matières, qu’il opère de si merveilleux effects. Il est spécifique pour les douleurs des nouvelles accouchées, pour procur[er la] sortie de l’arrière faix, donné depuis demy cuillerée jusques à une. C’est un excellent beaume pour les playes quand elles sont simples, a[près avoir] laissé couler une quantité de sang raisonnable pour éviter l’inflammation et supuration qui arriveroient souvent sans cette précaution. Il faut essuyer la p[laie] du sang, s’il est possible, et en même tems la mettre sur la fumée de quelque goute de pétrole qu’on aura jetté sur un charbon ardent. On raproche ensuite les bords de la playe qu’on couvre d’un plumaceau imbu de pétrole, lequel on arrêtte sur la partie avec un bandage convenable. Si les chairs sont murtries et particulièrem[en]t à la teste, il ne faut point serrer les bords de la playe, crainte qu’elle ne se consolide trop tôt et que, la supuration venant à se faire en dedans, les manbranes ne soient altérées par le pus ce qui causeroit de fâcheux accidents. Ce qu’on pourra prévenir en mettant un bordonet dans le fondz de la playe qu’on tiendra ouverte jusques que la supuration soit faite. Si la playe saigne toujours, il est inutile de la parfumer. Il suffit de la pancer comme il est dit. Ceux qui vont la vendre dans les provinces asseurent qu’une dame de grande /fol. 2/ qualité et qui n’est pas moins remarquable par sa charité, leur en achette tous les ans considérablem[en]t pour guérir les peauvres qui passent chez elle attaqués de la rache ou teigne, qu’elle pance de ses mains, leur en mettant sur la teste après avoir coupé les cheveux jusques à ce que les pustules avec croûte soient entièrem[en]t tombées. C’est une expériance qu’on n’a pas encore fait sur les lieux.

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Le pétrole se peut rectifier. Il agit alors plus puissament, étant épouillé de ses parties les plus terrestres, et il doit estre donné et appliqué en beaucoup moindre dose. Il est de couleur d’or quand il est bien rectifié. Une expériance qu’on en fit sur un homme qui eut le pouce écrasé par une pierre d’une grosseur extraordinaire qui roulla dessus et qui fut guéry dans huict jours par la seule application de ce beaume, sans aucune supuration des chairs meurtries, a fait juger qu’il surpassoit de beaucoup celluy qui n’est pas rectifié. Il ne sera pas inutille de raporter aussy quelques vertus qu’il a pour les maladies des animeaux et de quelle manière on s’en doit servir. Les maréchaux s’en servent pour les tranchées des cheveaux en donnant jusques à 4 onces dans du vin quand la maladie est froide, ce qui luy fait faire beaucoup de vents et des matières. Ils le donnent aussy en lavem[en]t en pareille dose, après avoir vuidé l’animal des premiers excrémens. Ils s’en servent aussy comme d’un remède infallible pour les encloneures, en le mettant tout tiède dans l’endroit de la blessure, après avoir fait une ouverture convenable et tiré le clou ou pus qui pourroit estre dans le fonds de la playe, y mettant par dessus de la bourre mêlée avec de la graisse pour empêcher que le gravier n’entre dans le trou, remettant ensuite le fer qui contient le tout sur la partie. On peut après monter le cheval et faire chemin sans craindre aucune fâcheuse suite de l’encloneure. Ils en uzent aussy pour toute sorte de playes qu’il consolide bientôt. Les bergers l’appliquent aussy sur les morsures que les loups font à leurs bestiaux, après les avoir parfumés de la fumée, en ayant mis sur un charbon de feu. Il empêche ordinairem[en]t l’enflure qui suit la morsure vénénuse [sic] de cet animal et consolide la playe. Ils en mettent aussy sur les playes où il y a des vers qu’il fait mourir. Il seroit encore très important de faire quelques remarques pour distinguer le véritable pétrole de celluy qui est falsifié affin que le public peut le connoitre en leur en faisant part. Ceux qui connoitront le goût et l’odeur du pétrole naturel le distingueront aisément de celluy qu’on aura augmenté avec d’autres huilles. Les couleurs qu’il fait estant jetté sur une eau qui coule lentement seront plus vives. On y trouvera toujours quelque chose du goût et de l’odeur de l’huile qu’on y aura mélangé. Si l’on verse du pétrole sur l’huile d’ollive, il surnagera celluy cy et, si on verse encore par dessus l’un et l’autre d’huille de lavande ou d’aspic, /fol. 2 v°/ ce dernier tiendra le dessus. Il y a apparence que l’huille de thérébentine en fait de même. Si l’on met encore dans la même fiole de l’eau de vie, elle tombera à fondz et enfin, si l’on secoue pendant quelque tems la fiole l’ayant bouchée, toutes ces espèces d’huille ou chacune en particulier, si on n’y en met point de toutes, se melleront si exactem[en]t avec le pétrole qu’elles ne s’en sépareront plus. Toutes les huilles athérées et celles qu’on tire

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par expression des fruits ou de graines s’y mêlent égallem[en]t. Il est évident que l’esprit du vin s’y mêle de même, mais on a cet avantage qu’on l’en peut séparer, de même que tous les autres esprits volatilles et sulphureux, en mêlant de l’eau avec le pétrole ainsy falsifié qu’on doit secouer pendant quelques tems affin que l’eau puisse faire la dissolution des sels volatilles dont ses esprits sont composés et les entretenir avec elle, au dessous du pétrole de même que le peu de phlème qui les tenoient liquifiés. Il est nécessaire qu’on agite le pétrole avec l’eau, autrem[en]t elle ne fairoit que passer sans faire presque aucune dissolution en tombant au dessous du pétrole. La différence du poidz qu’on trouve dans une égale quantité de pétrole, d’huile d’olive et d’eau pourroit servir de quelque induction pour distinguer le véritable pétrole de celluy qui ne l’est pas. Une fiole pleine de pétrole pezant net de toute tare une livre ou 16 onces, pèzera pleine d’huile d’olive 17 on[ces], et pleine d’eau 19, de sorte que si on la remplissoit moytié de pétrole et moytié d’huile d’olive, elle pèzeroit suivant cette règle seize onces et demy, ce qui en feroit remarquer la fausseté et l’altération. Il est facile de voir ce que les huiles aethérées pèzent de moins en pareille quantité que le pétrole, et d’en tirer après les mêmes conséquances. Je ne doute point que les personnes éclairées qui doivent travailler à l’examen du pétrole ne donnent des preuves plus claires pour le distinguer des autres huiles que celles qu’on a pris la liberté de mettre icy, et qu’ils ne découvrent d’autres propriétés que celles qui ont esté reconnues par ceux qui en ont écrit, ou qui ont esté mises dans ce mémoire, ce qu’on n’a fait que pour obéir aux ordres qu’on a reçus et pour faire remarquer combien il sera avantageux au public si des scavans physiciens se donnent la peine d’en traiter à fondz. C’est ce motif qui fait qu’on ajoutte icy encore une espèce d’histoire de tout ce qu’on scait par tradition depuis que cette source fut découverte, et des autres minéraux qu’on voit dans le terroir de Gabian. Voicy comme on l’a appris et qu’on le scait. Un officier italien de la suite d’un des prédécesseurs de Mgr l’Évêque de Bésiers qui estoit à Gabian il y a environ 130 ou 40 ans, passant le long de la rivière sur les sables où cette source se répandoit sans paroitre au dehors, s’apperceut d’une odeur bitumineuze, ce qui le porta à chercher dans les buissons qui étoient à l’entour de luy pour voir s’il n’y auroit point de /fol. 3/ pétrole comme celle qu’il avoit veu en Italie qui exalloit une odeur semblable à celle cy. Il n’eut pas cherché longtems en faisant de petits creux avec sa main dans les sables qu’il trouva ce qu’il cherchoit avec beaucoup de curiosité. Il eut le plaisir de voir le premier parroitre cette huile qu’on appelle pétrole qui veut dire huile de pierre, qui surnageoit une eau minéralle très limpide. Il la ramassa fort curieusem[en]t pend[an]t quelques jours pour en avoir une quantité raisonnable qu’il présenta à son maistre. Sa Grandeur, satisfait de cette curieuse découverte et prévoyant les grands avantages que son uzage pourroit procurer au public pour la guérison de beaucoup de maladies, y fit construire

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peu de tems après un bassin un peu moins espacieux que celluy qu’on y voit maintenant, mais beaucoup plus profond, qu’il fit fermer et couvrir d’un espèce de dogme. L’huille et l’eau naissoient dans ce bassin, n’y ayant alors aucun acqueduc pour les y conduire, ny pour en faire écouler l’eau. On avoit accoutumé d’aller ramasser l’huile deux ou trois fois la semaine, et d’en épuiser ensuite l’eau, l’uzage leur ayant appris que par là ils attiroient une plus grande quantité de pétrole que lorsqu’ils laissoient le bassin plein d’eau. On assure qu’en en retiroit environ 36 quinteaux chaque année. Il y avoit près d’un siècle qu’on n’avoit remarqué aucune augmentation ny diminution dans cette source, lorsqu’un furieux débordement de la rivière causé par un orage arrivé au mois de 7bre [septembre] 1678 renversa et emporta presque tout le bâtiment qui renfermoit le bassin de cette source. Le pétrole qui parroissoit sous les couleurs de l’arc en ciel sur les eaux de la rivière, et un creux profond qu’elles avoient fait à l’endroit du bassin découvrit pour la seconde fois ce que son odeur avoit indiqué à la première découverte qu’on en voit fait. Ce fut par les soins par les soins et aux fraiz de feu Mgr de Biscaras52, évêque et seigneur de Bésiers, qu’on rebâtit cette fontaine (qui luy avoit toujours appartenu comme à ses prédécesseurs) presque dans le même tems qu’elle avoit esté détruite. Elle paroit aujourd’huy dans la scituation qu’on la mit alors et que nous l’avons expliqué au commancem[en]t de ce mémoire. C’est dans cette occasion qu’on vit quelque chose de semblable au prodige qui arriva lorsque Moyse frapa de sa verge la pierre d’oreb car, dans le tems qu’on travalloit à creuzer le rocher pour faire le bassin et les acqueducs qu’on voit maintenant affin de ramasser toutes les eaux de cette source, il sortit tout à coup du rocher une si grande quantité d’huile et d’eau que les ouvriers furent obligés de sortir promptem[en]t de la carrière où ils étoient, dans laquelle on ramassa dans un jour environ six quinteaux de pétrole. Cecy passeroit pour une fable si plusieurs personnes qui sont encore en vie n’assuroient l’avoir veu et aydé à le porter avec d’autres. Après ce premier débordement, cette source continua encore à donner du pétrole comme auparavant environ une quinsaine d’années. Cette fécondité diminua ensuite insensablim[en]t [sic] et dans l’espace de dix ans de deux tiers de sorte qu’elle ne produisoit qu’environ /fol. 3 v°/ douze quinteaux de pétrole tous les ans. Enfin, depuis environ une dousaine d’années, elle diminué encore d’autres deux tiers, ce qui revient à quatre quinteaux par année à présent. Il faut en excepter celle cy à cause que la source a tary et a resté à sec presque l’espace de deux mois de l’été dernier ; on n’avoit jamais remarqué qu’elle eut tary totallem[en]t. Il y a environ dix ans qu’elle avoit fort diminué, ne faisant que très peu de pétrole et fort peu d’eau, mais elle coula toujours. Il est cepend[an]t à remarquer que endant que les acqueducs ont resté à sec d’eau, il s’y est ramassé du pétrole aussy pur qu’auparavant quoyqu’en fort petite quantité, n’y en ayant eu dans l’espace de deux mois qu’environ dix 52. Arnaud Jean de Rotondy de Biscaras (ap. 1630-1702), évêque de Béziers de 1671 à 1702.

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livres qu’on ramassa sur le limon, ou baze, qui y estoit en grande quantité. La source revint comme auparavant la sécheresse après la pluye qui tomba au mois de septembre dernier, et on remarqua que la quantité de pétrole qu’elle produisit aux premiers jours égalloit ensemble avec celle qu’on avoit recuilly [sic] pendant son interruption, celle qu’on auroit peu avoir si elle avoit coulé toujours. Ce flux n’a duré qu’environ quinze jours. Cependant, quoyque le cours de l’eau ait cessé, on a veu de l’eau et du pétrole dans les acqueducs et dans le bassin, et le pétrole est venu en pareille quantité que quand le cours de l’eau estoit en son estat naturel. Enfin, depuis la pluye qu’il fit depuis le XIe du p[rése]nt mois d’octobre 1715, qui est le lendemain que Mgr l’Évêque fut à cette source, l’eau coule comme auparavant la sécheresse, et ainsy on voit du pétrole en pareille quantité, ce qui semble tenir du flux et reflux irrégulier de certaines sources qu’on ne voit couler que pendant quelque tems après la pluye. Depuis que cette source a diminué de la quantité de l’eau qui est venue jusques à la moytié de ce qu’elle estoit il y a 15 ou 20 années, on a remarqué cette grande diminution de pétrole. On a remarqué aussy que cette source a produit plus de pétrole vers les équinoxes qu’en autre saison, plus en esté qu’en hyver, et plus en tems dous et humide qu’en tems froid ou rude. On a toujours dit que cette source venoit d’une montagne qui est distante de quinze cens pas, et à l’occident de cette fontaine. Il y a environ 25 ans qu’on ouvrit une mine vers la cime de cette montagne appellée Cadablès53 ; on disoit que c’estoit pour trouver une espèce de godron, ou bitume pour servir aux vaisseaux du roy, à cause qu’on avoit éprouvé qu’ayant mis du pétrole dans la composition du godron, le bois qui en estoit induit n’estoit plus sujet à pourrir. Avant faire l’ouverture, et pour trouver précisém[en]t l’endroit où il faloit la faire, on fit remonter la source depuis le bassin jusques où elle prend son commancem[en]t par un homme avec la verge de Jacob, laquelle le conduisit presque à la cime de la montagne. C’est là où on fit l’ouverture. On estoit déjà arrivé aussy profond que /fol. 4/ l’endroit qu’on avoit assuré que seroit le bitume, mais parce qu’on prit à costé du lieu qui estoit marqué et qu’on fit l’ouverture trop grande de plus de la moytié de la largeur ordinaire, on ne trouva pas ce qu’on cherchoit, et la mine s’éboula vers le fondz, ce qui fit discontinuer cette entreprise. On commançoit à trouver depuis quelques jours du costé du nord du fonds de la mine, dont l’ouverture faite en trou de renard, regardoit l’orient une pierre couleur de feu et quelque fois semblable à du savon marbré, de laquelle on savonnoit le linge et qui enlevoit les taches comme fait la pierre de Briançon, laquelle n’avoit pas plus de dureté dans le fonds de la mine que le savon, mais qu’ayant resté quelque tems exposée à l’air, elle devenoit dure comme le plâtre qui depuis longtems a esté employé. 53. À Gabian.

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On voyoit dans le corps de cette pierre avant la tirer de la mine des tuyeaux d’environ une pouce et demy de diamètre qui exalloit une odeur quasi semblable à celle du pétrole ; ils exudoient quelque humidité qui avoit quelque goût du minéral, quand cette pierre s’estoit endurcie, ce qui arrivoit peu d’heures après voir esté tirée de la mine. Si on en faisoit lever quelques particules en la raclant avec un couteau, elle rendoit une odeur bitumineuse. Elle ne brûloit point pourtant à feu. On a toujours prétendu que si on avoit commancé l’ouverture au lieu marqué et si le conducteur de l’ouvrage et les mineurs eussent connu ce qu’ils faisoient, on auroit trouvé ce qu’on demandoit, et la mine n’auroit pas croulé. Bien loin d’y apporter quelque remède, tous prirent la fuite, y laissèrent tous les outils et ne voulurent jamais plus y entrer, quoyqu’on eut peu le faire sans danger en prennant les précautions nécessaires. Depuis ce tems là on n’y a travaillé. À peine en voit on les vestiges. On voit tout auprès de cette mine vers la cime de la montagne une grande quantité de pierres ponce qui nagent sur l’eau à mille pas de cette mine et, au pied de cette même montagne, on voit du costé du midy dans une petite coline une source d’eau minéralle appelée d’Oullio, qui ne tarit jamais, quoyque peu abondante. Elle peut pourtant fournir à plus de cent beuveurs d’eau tous les matins sans qu’on l’épuise entièrem[en]t. Elle est renfermée dans un petit bassin quarré d’environ trois pans de diamètre, lequel est couvert d’une voûte et fermé à clef par ne porte de laquelle on puize l’eau sans y entrer. C’est des eaux de cette source que Mr Saignette54, médecin envoyé pour faire l’analise de toutes les eaux minérales de France, donna la description estant sur les lieux il y a environ 20 ans, laquelle on a joint à ces mémoires de même que le discours imprimé fait sur le pétrole par les deux fameux médecins déjà cités cy devant. On n’a jamais remarqué sur ces eaux aucune marque de pétrole quoyque /fol. 4 v°/ ceux qui les boivent remarquent que les raports qu’elles leur donnent y sentent beaucoup. C’est à cause de cette odeur qu’on estime que cette source et celle du pétrole ont une même origine. Les eaux de ces deux sources sont composées des mêmes principes et ont à peu près les mêmes vertus. C’est pourquoy la description de celle d’Oullio peut servir pour celles de la fontaine du pétrole, suivant le sentim[en]t du même Mr Saignette. Il trouva les eaux de cette dernière source moins fortes que les premières quoyque de même nature, ce qui pourroit venir de ce qu’elles sortent plus loin que les autres de leur origine commune, mais il dit qu’elles étoient plus propres pour les coliques d’estomac, pour les dissenteries ou diarrées, pour les pâles couleurs qui ont leur cause froide, et pour ayder à la conception, ce qui est confirmé par les expériances qu’on en fait tous les jours. Ce qui procède

54. Pierre Seignette (1660-1719), pharmacien puis médecin de La Rochelle, qui découvre en 1672 le tartrate de potasse et de soude qu’il exploite sous le nom de sel polychreste (ou sel de Seignette) ; il a laissé plusieurs opuscules où il décrit les propriétés merveilleuses de ce sel.

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aparament des particules de pétrole qui restent embarrasés dans les sels volatilles de ces eaux. Il est évident qu’elles en contienent beaucoup puisqu’on ne trouve rien de fixe après l’évaporation qu’on en fait, non plus que de celles d’Oullio. De là vient qu’elles perdent beaucoup plus que celles de Camarès quand on les transporte dans d’autres vaisseaux que du verre. Encore perdent elles quelque chose de leur force à travers du liège qui ferme les bouteilles, ce qui n’arrive point à celles de Camarès à cause qu’elles contienent des principes fixes, et celles cy des volatilles, quoyque toutefois de semblable vertu les unes que les autres. On a remarqué que le limon qui se trouve au fonds des bassins de ces deux sources guérissent de la galle et dartres ceux qui s’en servent comme d’un onguent. Leurs eaux font le même effect mais pourtant avec moins de force. On trouve dans les acqueducs de celle du pétrole et dans le bassin une espèce d’ocre qui adhère et tient au bout de la langue presque comme le bol, ce qui marque son adstriction. On voit aussy quelque partie de la terre qui est tout auprès de cette source brûle à feu comme le marc des olives, mais ce n’est autre chose que quelque portion d’huile qui s’est répandue du rocher duquel le pétrole sort, cette terre estant fort porreuse et parroissant même avoir esté remuée, ce qui pourroit marquer que c’est une partie de la pierre qui fut brisée lorsqu’on fit les acqueducs et le bassin. On voit encore dans le même terroir de Gabian des fillons de mines de vitriol et des mines de charbon desquelles on en a retiré mais une petite quantité. Il s’y trouve aussi des pierres taillées naturellement comme des diamans qui brillent beaucoup et qu’on trouve à la faveur de leur éclat parmy les buissons. On les met en œuvre et on les monte comme les diamans. Tout auprès de la fontaine d’Oullio, on trouve une espèce de pierre en forme de petites quilles de la longueur et grosseur d’un doigt. Quand on coupe ces petites pyramides, on remarque que les parties du dedans sont faites comme des aiguilles dont les /fol. 5/ les pointes se terminent au milieu en travers, où elles se réunissent en un seul point. Dans le terroir de Cassan55 qui est à quinse cent pas de la fontaine de pétrole, il y a du costé d’orient de cette source une mine de bol presque aussy fin que celluy qu’on apporte du Levant. On s’en est servi pendant longtems pour la composition des eaux fortes et pour toutes les autres compositions où il entre avec beaucoup de succès. Au reste l’eau forte ne fait aucune dissolution du pétrole. Elle ne fermente pas seulem[en]t avec luy, non plus que les autres esprits corrosifs et acides. Il ne se fait non plus aucune fermentation du pétrole avec les sels alkali. Voilà tout ce qu’on a esté capables de rapporter. Peut estre qu’on pourra trouver quelque chose de ce qu’on demande dans des mémoires beaucoup plus étendus qu’on ne les a demandés. On connoit souvent ses deffauts, mais on n’est pas toujours capables de s’en corriger. On espère que ceux qui doivent les recevoir y ajoutteront ce qui manque et en retrancheront le superflu

55. Commune de Roujan (Hérault). Siège d’un prieuré fondé en 1080, devenu prieuré royal en 1268 et maintenant classé Monument historique.

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et l’inutille. C’est ce qui a fait qu’[on] a moins travaillé ces mémoires et qu’on y ajoutte encore que le pétrole jetté sur une eau claire et nette telle que celle d’un ruisseau qui ait du mouvement, et non pas de la rapiditté, y fait des couleurs très vives semblables à celles de l’arc en ciel à cause de la grande extention de ses parties. Celles qui sont falsifiées les faira moins vives, ce qu’on a déjà remarqué. On voit aussy dans le barril où on ramasse le pétrole dans la fontaine que, quand on l’y jette, il s’y fait un infinité de petites bouteilles par dessus en forme d’écume, dont la couleur a un fonds du plus beau violet qu’on puisse voir, laquelle se soutient un fort long tems. On fait encore une épreuve pour connoitre si le pétrole est bien épuré de l’eau et, s’il contient d’autres parties grasses et grossières de cette manière, on prend un quart de feuille de papier qu’on cartone et plie en sorte qu’il se treuve vers les millieu un quarré de la grandeur d’un quart d’écu ; on fait encore des plis depuis ce quarré jusques aux quatre angles du papier pour qu’ils se tienent élevés affin que le papier puisse brûller et que le pétrole puisse rester dans le quarré auquel aucun pli ne doit entrer. On pose ce papier ainsy plié et ouvert sur une table bien nette et à niveau, en sorte qu’il n’y ait que le quarré du millieu qui touche dessus de la table. On y met quelques goutes de pétrole dedans, faisant en sorte qu’elle ne sorte pas du quarré. On met ensuite le feu avec une alumette aux quatre coins du papier, prenant soin que l’air ne soit point agité dans l’endroit où on fait l’épreuve. Après que tout le papier qui est à l’entour du pétrole sera brullé, le pétrole prendra feu et s’enflamera jusques à ce qu’il sera entièrem[en]t consommé, laissant le papier qui le contenoit sans estre brûllé. S’il y a de l’eau, le pétrole ne brûllera /fol. 5 v°/ point. Qu’elle n’y soit en petite quantité, alors il pétillera et ne se consommera pas tout à fait. S’il y a de l’huile d’olive, il ne brûllera pas non plus à moins qu’il n’y en ait fort peu, et dans cette occasion elle brûllera le papier entièrem[en]t. Mais si le pétrole est sans aucune altération, il s’enflammera après que le papier de l’entour se sera brûllé sans brûller celluy sur lequel il estoit répandu et sans laisser presque aucune impression que la teinture au papier qui restera. Description de la fontaine minérale de Gabian appellée d’Oullio, par Mr Saignette, docteur en médecine Quant à sa composition minérale, il est certain qu’elle est ferrugineuse parce qu’elle a même goût que l’eau que les maréchaux éteignent le feu chaud, joint que plusieurs assurent qu’on a tiré autrefois force mine de fer sur le lieu et je l’ay reconnue merveilleusem[en]t butimineuse [sic] et sulfurée, attendu qu’auprès de ces sources, il se trouve de la terre noire extrèmem[en]t dure et seiche qui n’est pas plutôt mise au feu qu’elle s’allume et brûlle comme le charbon, sentant le bitume et le souphre à pleine gorge, qui est cause que cette eau est si subtile, atténuative et diurétique qu’elle passe légèrem[en]t à travers des hypochondres sans s’arrêtter longtems au corps et qu’elle est si vapureuse [sic] qu’elle remplit incontinent le cerveau et donne envie de dormir. Pour le

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regard du vitriol, il ne faut pas douter qu’elle n’en soit participante, d’autant qu’on apperçoit après l’avoir bue quelque acidité avec horreur comme si on avoit détrampé de la couperose avec de l’eau commune, et aussi que la mine du vitriol c’est toujours mêllée parmy le souphre ; c’est pourquoy cet eau est apéritive, désobstrictive, résolutive et pénétrative. Toutefois elle ne contient pas tant de ce minéral que des autres, car elle ne noircit pas les excrémens du ventre à ceux qui en boivent. On conjecture semblablem[en]t qu’il y a quelque sel de nitre mêlé parmy à cause qu’elle pique aucunem[en]t sur la langue et qu’elle lâche le ventre à ceux qui sont assés aizés à émouvoir. Il [y] a apparence qu’elle passe aussy par des veines sablées d’or parce qu’il y en a dans la montagne d’où elle tire son origine. Non seulem[en]t elle est merveilleusem[en]t cordiale et, bien qu’elle semble claire et pure de prime face, si est elle néantmoins mêlée avec du vol [sic] blanc qui se voit au fonds du vaisseau quand on la fait bouillir, à raison de quoy elle dessèche, reserre et corrobore. Or, affin que les malades qui sont fort éloignés puissent assurém[en]t scavoir si elle est profitable ou non, devant se mettre en peine et en frais pour s’acheminer à la fontaine pour en boire, je déclareray icy sommairem[en]t à quelles maladies je l’ay reconnue souveraine après en avoir fait l’expériance sur plusieurs personnes, et rendray la rason de ces vertus singulières, premièrem[en]t découvertes par expérience. Ceux qui sont sujets au vomissem[en]t provenant du dégorgem[en]t de la bile as l’estomac reçoivent beaucoup de soulagem[en]t en beuvant quantité de cette eau, parce qu’elle tempère l’ardeur de la colère et y fortifie le ventricule par la vertu adstringente qui dépend tant du fer que du bol ; un seigneur signalé extrèm[emen]t travaillé d’un tel mal s’est merveilleusem[en]t bien trouvé d’en avoir bu par mon avis. Elle arrête aussi le dénojem[en]t du ventre /fol. 6/ causé de l’humeur bileuze qui prend son cours par bas, voire le flux de sang de quelque partie qu’il procède. Parce qu’elle est rafraîchissante et adstringente, elle sait merveilleusem[en]t tempérer la chaleur excessive, et délivrer les obstructions du foye, de la rate et du mésentère à raison qu’elle est fort réfrigérative et apéritive. C’est pourquoy elle est fort profitable à la mélancolie hypochondriaque, principallem[en]t quand elle provient de la bile tellem[en]t échauffée aux hyphocondres qu’elle est devenue noire par adustion, envoyant force vapeurs malignes de là au cerveau, car elle fait évacuation de cette humeur par les urines et quelquefois par les selles, et tempère la chaleur étrange conçu au foye, à la rate et par tout le mésentère. Elle est singulièrem[en]t propre aux graveleux car elle oste la cause efficiense et matérielle du calcul en corrigeant par sa froideur tant élémentaire que ferrugi[n]euse l’intempérature chaude des reins en évacuant du corps par sa quantité et qualité bitumineuse, sulphureuse et vitrioleuze, les humeurs grosses et gluantes par les conduits de l’urine, même dissout, rompt et pousse dehors les pierres nouvellem[en]t conglutinées aux rognons et en la vessie, en détrampant et nettoyant le phlegme visqueux de quoy le gravier est cimenté. Elle est con-

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venable par même moyen aux ulcères des reins, de la vessie et des autres parties naturelles, parce qu’elle est détersive, dissitative et adstringente. Elle est même grandem[en]t profitables aux intempératures, obstructions et autres indispositions des parties de la génération qui causent stérilité tant aux hommes qu’aux femmes, car l’uzage de cette eau netoye et désopille les vaisseaux spermatics, réduit à sa bonne habitude et constitution naturelle de la matrice intempérée, chargée d’impuretés et démise de son lieu par la laxité ou constrictions de ses ligamens supérieurs et inférieurs, éteint les inflammations des prostates et parastates, guérit heureusem[en]t les gonorrhées, chaudes pisses vénériennes ou acqueuses de la seule équitation. Bref corrige tout vice de semance s’il n’est naturel, partant retranche les causes de l’impuissance accidentelle d’engendrer proven[an]t non sulement de l’indisposition de l’estomac, du foye, de la rate, des reins [et] autres viscères, mais aussy du propre vice des parties génitales de l’un et de l’au[tre]. Elle fait cesser le flux désordonné des femmes d’autant qu’elle en [lacune] par les urines et quelquefois par les selles la cacochimie du corps d’où proviennent les flurs blanches, adoucit l’acrimonie qui procède de la corruption des humeurs et corrobore les viscères et néammoins provoque les menstrues arrêttées parce qu’elle est appéritive et détersive. Elle guérit les pâles couleurs, langueurs, dégoûtem[en]t et appétits étranges des filles parce qu’elle désopille et netoye le foye, la rate, les autres parties naturelles, et donne passage aux humeurs vicieuses, croupissantes aux conduits intérieurs. Encore elle est très utile. Celles qui sont sujettes à la suffocation de matrice parce qu’elle débouche les conduits de la matrice, tampère l’ardeur de la bile et empêche la putréfaction de la matière spermatique et réprime les vapeurs malignes qui montent en haut. Au surplus elle donne allègem[en]t aux meaux des parties animalles et vital, causés par le consentem[en]t des parties naturelles, car elle est profitable aux /fol. 6 v°/ migraines, vertiges, épilepsies, catarrhes, palpitations de cœur, difficulté d’haleine qui surviennent par la sympathie de l’estomac, du foye et de la rate, et d’autres parties d’em bas, tellem[en]t que sa vertu n’apaise pas seulem[en]t au ventre inférieur, mais encore au supérieur et moyen, indisposé par le vice d’icelluy. Qui plus est, elle est propre aux érysipelles, gales et autres démangeaisons, voire à la lèpre, ce qui n’est pas encore vériffié, parce qu’elle refroidit le sang trop échaufés et corrige les humeurs adultes du corps, de sorte que sa vertu miraculeuse reluit de tous costés par le rétablissement de la température et de la conformation des parties naturelles, en débouchant les conduits tant par la distribution du nourrissem[en]t que par l’expulsion des excrémens. Il ne se faut émerveiller si elle est profitable à tout le corps passant seulem[en]t par le ventre inférieur, attendu que de luy et par luy vient toute la nourriture, que c’est luy qui vuide toutes les superfluités du corps tellem[en]t qu’il n’y a membre

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qui se puisse passer de luy, qui ne ressente profit de sa bonne disposition et qui ne compatisse à son indisposition. Au demurant, ce que je prise plus en cette eau, c’est qu’étant par le peu de séjour qu’elle fait au corps, qu’à cause des esprits chauds, sulphurés, bitumineux et vitrioleux mêlés parmy, elle n’offense aucunem[en]t la chaleur naturele ; au contraire, elle la conforte. Reste à avertir les malades de trois points. Le premier, que cette eau est si subtile qu’elle pert son goût et sa vertu, estant portée trop loin de la fontaine, à cause que les esprits minéreaux mêlés parmy s’exhalent bientôt, à raison de quoy il a faut boire sur le lieu et non pas loin pour en recevoir le soulagem[en]t prétendu. Le 2°, que le tems propre pour boire est depuis le mois de may jusques au mois de septembre, car tant s’en faut que cette grande quantité d’eau froide qu’on boit alors soit difficile à supporter au corps, qu’au contraire elle l’exempte des incommodités qu’il souffre durant les grandes chaleurs, comme il appartient avant d’en boire d’obvier aux accidens qui pourroient survenir en beuvant avec remèdes propres et de garder exactem[en]t pendant ce tems le régime requis et que j’ay décrit générallement cy dessus. 6. - janvier 1716 : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/115]. /fol. 1/ Montpellier janvier 1716 Les soings obligeants que s’est donné Monsieur de Basville pour procurer à l’académie des sciences de l’huile de Gabian, de la terre des environs de cette fonteine et du jay de Mirepoix, avec des mémoires sur ces différentes matières, font espérer qu’il voudra bien encore contribuer à étendre les connoissances de l’académie sur une partie des choses curieuses de sa généralité qui ont raport à l’histoire naturelle et aux arts. 1° Le mémoire que Mr de Lacombe a envoié à Monsieur de Basville sur l’huile de Gabian est plein de faits qu’on a lus avec plaisir et a excité la curiosité sur divers articles. Ce que l’autheur rapporte de cette pierre rouge et savoneuse qu’on trouva près de Gabian en cherchant une mine de bitume a paru singulier. Les tuiaux qui étoient dans cette pierre sont encore un fait remarquable. Si on pouvoit faire ramasser de cette pierre et de ces tuiaux aux environs de l’endroit où l’on a fouillé, ou si l’on pouvoit en trouver chez quelques particulier, on en verroit avec plaisir quelques échantillons. Nous voudrions aussi que M. de Lacombe nous apprist si les pierres ponces que l’on trouve sur la même montagne y sont communes, si il y en a beaucoup dans les endroits où l’on en trouve et si le terrain où l’on en trouve est de quelque étendue. /fol. 1 v°/ Qu’il nous apprist encore quelle est la qualité du terrain où l’on rencontre les cristaux ou cailloux transparents des environs de Gabian, si on ne les rencontre que sur la surface de la terre ou si on n’en rencontre point davantage en fouillant. Il nous feroit plaisir d’en faire ramasser des plus beaux, des plus

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brillants et des moins beaux ou des plus opaques, et d’y joindre quelques unes des pierres de ponce dont nous venons de parler, quelques unes des bélemnites ou pierres en quilles qui se trouvent dans le même pais, et un échantillon du bol d’auprès de Cassan, endroit éloigné de 1 500 pas de la fonteine de Gabian. 2° Mrs Cassini et Maraldy virent, en 1703, dans une montagne du Languedoc appellée Bugarach56, une espèce d’ambre jaune dont les habitants se servent pour brûler dans leurs lampes. Il n’a ny la beauté, ny la dureté de l’ambre de Prusse. On voudroit cependant en avoir des morceaux de différentes qualités et scavoir 1o si les paisans fouillent pour le chercher, s’ils en re[n]contrent des mines semblables à celles de jay ; 2° quelle est à peu près la quantité qu’on en ramasse par an ; 3° si ils n’en font d’autre usage que de le brûler ; 4° quelle est la nature du terrain où on le rencontre ; 5° on ne seroit guère moins curieux de voir de la terre qui environne cette matierre et des corps étrangers qui y sont meslés que de voir la matière elle même. /fol. 2/ 3° L’Académie s’est proposée de faire des essays exacts des mines du roiaume, tant de celles qu’on néglige avec raison que celles qui mériteroient d’être fouillées. Elle cherche à connoitre les endroits où sont ces différentes mines. Il y en [a] quelques unes dans le Languedoc dont [elle] voudroit avoir des morceaux. 1° Dans le Geuvaudan, il y a dans la paroisse de Vebron une mine d’étain qui mériteroit, dit on, d’être travaillée. Outre des échantillons de cette mine, on demanderoit des mémoires qui apprisent la nature du terrain où elle se trouve, si il est difficile de fouiller et, en général, ce qu’on scait qui a raport à cette mine. Il y a encore dans le Geuvaudan, à St Germain de Caberte, une mine de soufre dont on voudroit scavoir si on a fait usage et dont on voudroit avoir des échantillons. Monsieur Colbert, en 1672, fit travailler à plusieurs mines d’argent, de cuivre et de plomb dans le Languedoc. D’Arçons57 qui fut commis aux travaux de ces mines, en décrit six différentes dans [le] traité de flux et reflux de la mer, scavoir les mines de Lanet, de Davejan et de Counise qu’il dit être dans les Corbierres58 en Languedoc, et trois qui sont près de Carcassone sur la Montagne /fol. 2 v°/ Noire, l’une d’argent à Caunette59 et deux d’argent et de cuivre appellées l’une la mine de Mas de Cabardèz60, et l’autre la mine de la Prade61 ou de Cals62. Pourroit encore avoir des échantillons de toutes ces dif-

56. Voir aussi “ Perpignan ou Roussillon ”, doc. 5. 57. César d’Arçons, avocat au Parlement de Bordeaux (mort en 1681), est l’auteur de plusieurs ouvrages sur ce thème : Le Secret du flux et reflux de la mer et des longitudes (Rouen, L. Maurry, 1655, et Rouen, C. Osmont, 1656) et Du flux et reflux de la mer et des longitudes (2e éd., Paris, J. Cottin, 1667) ; dans ce dernier ouvrage, il aborde les mines métalliques de France. 58. Corbières, rebord septentrional des Pyrénées orientales, avec des reliefs atteignant 1 230 m d’altitude au pic de Bugarach au sud. 59. La Caunette (Hérault). 60. Mas-Cabardès (Aude). 61. La Prade, commune de La Caunette (Hérault). 62. Cals-le-Haut, commune de Lacombe (Aude).

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férentes mines, ou au moins de quelques unes, des marcasites qu’elles fournisent et des instructions sur la nature du terrain où elles sont scituées. On dit que près d’Alet et de Limoux, il y a des ruisseaux qui roulent des paillettes d’or et même en assez grande quantité pour que les paissans puissent gagner leur vie à les ramasser. Le fait est il bien certain ? En ce cas, on souhaiteroit avoir un petit mémoire sur la manière dont les paisans ramassent ces paillettes d’or et quelques grains pesant de ces paillettes. 4° On scait que le Languedoc a plusieurs marbrières, mais on voudroit être instruit plus en détail sur leur nombre, sur la qualité de leur marbre, sur la manière dont on le tire des marbrières. On souhaiteroit aussi des échantillons de ces différents marbres, de ceux qui se trouvent dans les montagnes aux environs de St Pons, mais surtout de ceux du diocèse de Carcassone, entre lesquels il y en a un à Caune63 incarnat et blanc, qu’on dit d’une grande beauté. /fol. 3/ 5° Quoique les pierres transparentes de couleur que l’on trouve au Puis64 ne soient pas fort précieuses, elles méritent peut être d’être moins négligées qu’elles ne le sont. On voudroit fort avoir des échantillons de ces pierres de toutes les couleurs et de toutes les différentes nuances de couleur qu’on en rencontre, des plus petites et des plus grosses, des plus transparentes et de celles qui le sont le moins, et du sable même où on les trouve. Mais on souhaiteroit que ces différentes pièces fussent accompagnées d’un mémoire qui apprist les endroits où on les rencontre le plus commun[ém]ent, comment on les cherche, si on fouille la terre ou si on ne les trouve que sur sa surface, si le puis fournit par an une grande quantité de ces pierres et enfin ce qu’on scait de singulier qui peut y avoir raport. 7. - 17 août 1716 : Lamoignon de Basville au Régent, Montpellier [18/82/a]. C 93 Monseigneur J’envoie à l’accadémie des Sciences tout ce qu’elle a désiré scavoir par le mémoire qu’elle a donné à VAR et qu’elle m’a fait l’honneur de m’adresser le 29 juin dernier. J’en ay fait faire un petit balot que j’ai remis au messager, étant trop gros pour être porté par le courrier, mais je crains que les feuilles de pastel que j’ai envoié ne réussissent pas se corrompant par la chaleur. J’ai mandé qu’on en adressât à droiture de Toulouse, peut être qu’elles réussiront mieux. Je prends la liberté d’envoier à VAR deux petites boulettes d’or formées des paillettes qui ont été trouvées dans la rivière de Cèze qui prend sa source près

63. Caunes-Minervois. 64. Le Puy-en-Velay (Haute-Loire).

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de Villefort dans les Cévènes, ce qui fait bien connoitre qu’il y a de l’or dans ces montagnes. La première boulette et la plus grosse a été trouvée vers Pottelières65, environ trois lieues de la source de la rivière, et la seconde a été ramassée à Bagnols66 qui en est à six ou sept lieues. J’en ay mis une autre pareille à la plus grosse dans le balot destiné pour l’accadémie. Il est certain qu’on trouve encor dans la rivière d’Arièges qui passe dans l’évêché de Mirepoix, souvent des paillettes d’or et l’on prétend qu’il y en avoit beaucoup autresfois et que c’est ce que luy a donné son nom Aurigera. On doit m’en envoier incessament. J’auray l’honneur d’en envoier à VAR, aussy bien que des paillettes avant qu’elles soient mises au feu et coagulées telles qu’on les trouve sur le sable, mais il n’y en a ordinairement qu’après les pluyes d’autonne et en hiver. Je joints un mémoire de la manière dont on ramasse les paillettes dont j’envoie une coppie à l’accadémie. Je suis avec une profonde vénération, Monseigneur, [etc.]. de Lamoignon de Basville à Montp[ellier], ce 17 aoust 1716 Joint : Marmier à Lamoignon de Basville, Bagnols-sur-Cèze, 19 juillet 1716 [18/82/d]. 93

Lettre du Sr Marmier de Bagnoles sur les paillettes d’or [en marge :] La petite boulette de paillettes a esté envoyée par M. de Basville à SAR Monseigneur le duc d’Orléans le 18e aoust avec une autre boulette plus grosse. Monsieur, J’ay reçu la lettre que vous m’avés fait l’honneur de m’escrire le 16 de ce mois avec l’ordonance pour mon logement dont je vous rends, Monsieur, mes très humbles grâces. Je me suis aquitté en partie de la comission dont vous m’avés honoré touchant les paillettes d’or que l’on trouve dans cette rivière. Vous en trouveriés cy joint de quoy faire les épreuves nécessaire et, quoyqu’il soit en boule, ce n’est cependant que la paillette pure et, en l’écrasant dans vos doits, vous le rendrés tel qu’il sort de rivière. Il faut, pour le purifier et le rendre un or pur qui passe 24 karat, le passer par l’antimoine parce qu’au sortir de la rivière, il y a quelque mélange d’argent. Le descher n’est pas considérable. Je n’ay trouvé que le petit morceau que j’ay l’honneur de vous envoyer, mais j’ay parlé aux artisans qui se mêlent de le chercher qui travailleront incessamment pour en avoir, et tout celuy qu’ils trouveront, ils m’ont promis de me le porter. Il est certain, Monsieur, qu’il faut qu’il y ayt des mines sur lesquelles cette rivière passe car on en trouve assés comunément, surtout dans les grands crue 65. Potelières (Gard). 66. Bagnols-sur-Cèze (Gard).

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d’eau, et quelquefois les gens qui le cherchent en ont ramassé dans un jour pour dix ou douze francs, mais cela est casuel. Quoy qu’il en soit, je ne négligeray rien pour vous procurer tout celui que ces gens là tireront. On ne met point comme on vous l’a dit de peaux de mouton au moulins. On se sert de petit couvertons de laisne en carré que l’on estant sur une planche qui va en talu. On met du sable et du gravier que l’on prend indiféremment sur le bord de la rivière et on le met au haut de cette planche. Ensuitte, on jette de l’eau dessus le gravier et l’on le conduit jusqu’au bas. S’il se trouve des paillettes dans ce gravier, son propre poids le fait attacher à le [sic] couverton de laine que l’on lave dans un bassin de bois et l’or, s’il y en a, demeure au fonds à mesure que l’on fait sortir le sable en le lavant. J’ay cru devoir vous faire ce petit détail parce que je l’ay veü faire moi même. Honorés moy toujours de vos ordres je m’apliqueray à les bien exécuter. J’ay l’honneur d’être avec un profond respect, Monsieur, [etc.]. Marmier à Bagnols, le 19e juillet 1716 On met les paillettes en boule avec du mercure simplement qui s’évapore à l’aproche du feu. Joint : mémoire sur les paillettes d’or de la Cèze, s.d. [18/82/c]. Mémoire sur les paillettes d’or qui se trouvent plus communément dans la rivière de Cèze [en marge, par Réaumur :] dont la source est près de Villefort dans les Cévènes, que dans touttes les autres La rivière de Cèze prend sa source au dessous et près de Villefort, et passe par St Ambroix, Rivière67, Rochegude et Bagnols. Les endroits sont presque égaux pour tirer des paillettes. On ramasse le sable dans des bassins de bois. Après cela, on dresse une planche de haut en bas, on met dessus des couvertures de poil de chèvre sur lesquelles on jette ce sable, et ensuitte beaucoup d’eau qui entraîne tout le sable en bas. Les paillettes d’or restent dans ce poil de couverture. On lave après cette couverture dans un bassin de bois où les paillettes restent, et pour les tirer on les prend avec un couteau et on les met dans un papier. Pour réduire ces paillettes en masse, on jette dedans du mercure qui les rassemble touttes et on met le tout au feu ; le mercure s’évapore et il reste la boulette d’or. Quelques fois, un homme en ramasse jusqu’à la somme de 10ll par jour ce qui est rare, quelques fois 4 à 5 sols, et souvent ne gagne rien. Le bon temps est après les innondations surtout dans l’hiver quant les eaux sont fort rapides. 67. Rivières (Gard).

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8. - 2 septembre 1716 : Lamoignon de Basville au Régent, Montpellier [18/82/b]. 23 R 105 Monseigneur, J’ai eu l’honneur d’envoier à VAR des paillettes d’or en boule comme les paysans qui les trouvent au bord de la rivière de Cèze, les mettent avec le mercure. Je prends la liberté maintenant de luy en envoier telles qu’on les trouve dans le sable. On n’a pu en ramasser davantage à cause de l’extrême seicheresse et c’est après les grandes pluyes qu’il en paroit davantage. Je suis avec une proffonde vénération, Monseigneur, [etc.]. de Lamoignon de Basville à Montp[ellier], ce 2 sept[embre] 1716 9. - s.d. : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/30]. [en haut :] Écrit à Alby, Lavaur, Castres, St Papoul, Toulouse, Mirepoix et Car[cassonn]e Montpellier De touttes les plantes propres pour les teintures, il n’y en a point et d’un meilleur usage et plus étendu que le pastel. L’indigo qu’on luy substitue souvent, malgré les sages règlements faits pour les teinturiers, ne donne que des couleurs fausses. Cependant l’indigo a fait abandonner la culture du pastel dans plusieurs provinces du roiaume et l’a fait fort négliger dans d’autres. Il n’y a plus guère dans le roiaume que le bas Languedoc où l’on élève cette plante utile par raport à laquelle on voudroit fort avoir des mémoires très circonstanciés qui apprissent : 1° les différents endroits du Languedoc où l’on cultive le pastel et ceux où l’on a cessé de le cultiver. 2° tout ce qui regarde sa culture depuis qu’on le met en terre jusques à ce qu’on en fasse la récolte. Il seroit bon d’avoir même sur cet article des mémoires des différents endroits, pour voir s’il n’y a point quelques différences dans leurs pratiques. 3° tout ce qui regarde la manière de le rendre propre pour les teintures. 10. - 22 juin [1717] : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/31]. /fol. 1/ Montpellier [en marge : 22 juin] Les divers mémoires et les morceaux de différentes espèces de matières que Monsieur de Basville a pris soing de rassembler donnent la plus grande partie

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des instructions qu’on avoit souhaité. Il nous reste pourtant à demander quelques éclaircisements et quelques additions. Il n’est jamais possible que les premiers mémoires satisfassent à tout ce que nous avons envie de scavoir, il y a toujours quantité de petis détails qu’on croit devoir négliger et qui nous sont cependant nescesaires. 1° Les mémoires qui ont été envoiés sur le pastel mettent fort au fait de la culture et de la préparation de cette plante utile. Il résulte de tous ces mémoires qu’il seroit escentiel d’obliger les paisants à ne ceuillir [sic] que les plantes du bon pastel, à n’y point mesler avec de feuilles étrangères, à ne les ceuillir que dans les temps secs et à séparer les feuilles des dernières ou au moins de la dernière récolte de celles des premières. Comme on ne feroit alors que de bon pastel, il seroit facile d’engager les teinturiers à suivre leurs règlements, et par là l’ancienne consommation du pastel reviendroit. Pour être plus en état de distinguer la plante qui donne le bon pastel de celle qui en donne un moindre et qu’on appelle doudaigne dans quelques uns des mémoires, nous voudrions avoir des feuilles entierres de ces deux plantes. Nous souhaiterions aussi 1° de la graine du bon pastel, 2° /fol. 1 v°/ de ces pains ou coqs dont on fait les tas, 3° du meilleur pastel qu’on fasse. Dans aucun des mémoires on n’a marqué quelle figure on donne aux piles ou tas de pastel. Si près d’un des endroits où l’on cultive le pastel, il y avoit quelqu’un qui scût desinner, on demanderoit des deisseins du moulin à pastel, la disposition des endroits nescesaires pour préparer le pastel et de tous les outils qui y servent. On souhaiteroit moins des deisseins finis qu’exacts accompagnés d’une échelle, et on voudroit que les deisseins en perspective fussent accompagnés de plans et de profils. Dans divers mémoires, on a cru nous donner une idée de la quantité d’eau dont on arrose la pile de pastel en disant que pour mille pains on y jette une comporte68 d’eau. Mais nous ne scavons pas ce qu’on entend par une comporte d’eau. Ne jette t’on de l’eau sur la pille que la première fois qu’on la remue. Combien de jours après que les feuilles ont été ceuillis les porte t’on au moulin. Les feuilles des plantes qu’on réserve pour monter en graine sont elles aussi bonnes la seconde année que celles des autres plantes. 2° Nos joualliers ont des pierres qui [lire qu’ils] prétendent venir du Puy qui sont beaucoup plus grosses que celles qui ont été envoiées à Monsieur de Basvile. On voudroit bien qu’on pust nous en procurer de plus grosses et qu’on se donnast la peinne d’en faire chercher /fol. 2/ de toutes les différentes couleurs dont on en pourra trouver. On marque dans le mémoire que ceux qui se sont occupés à en ramasser n’ont gagné qu’environ quatre sols par jour. Nous voudrions qu’on y eut ajouté combien on les vend et combien pesant un homme en ramassoit par jour. Tout le sable du ruisseau où on les trouve est il semblable à celuy qui a été envoié. N’y a t’il que ce seul ruisseau aux environs du

68. Cuve de bois servant au transport de l’eau ou de la vendange.

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Puy où l’on trouve des pierres transparentes de couleurs. N’en trouve t’on point ailleurs que dans les ruisseaux. 3° Sur l’ambre de Bugarach, on voudroit pouvoir concilier la letre de Mr Planchs avec le mémoire du curé. Ce dernier assure qu’on peut trouver une grande quantité de cet ambre en peu de temps et l’autre prétend le contraire. Ce qu’on aimeroit pourtant mieux, c’est qu’on voulust chercher si on ne rencontreroit point des morceaux de cet ambre qui eussent une transparence, et une dureté approchante de celles de l’ambre du nord. 4° C’est surtout pour connoitre le titre et la figure des paillettes d’or que roulent les rivières qu’on auroit souhaité quelques grains pesants de cet or. On espère que Monsieur de Basvile voudra bien donner des ordres qui nous en procureront. 5° M. de Lescure a envoié de Narbonne un mémoire du Sr Dedieu, orfèvre de la même ville, où il donne une liste de /fol. 2 v°/ quelques mines qu’il connoît, entre autres deux de lapis armenius étoillé, une de pierres d’agathe. Pourroit il procurer des morceaux de ces mines. Il prétend aussi avoir trouvé une mine de turquoise en Gascogne près d’Auch ; en auroit il apporté quelques morceaux et voudroit il en envoier. 6° Les échantillons des marbres de Caunes qui ont été envoiés, ont pleinement satisfait notre curiosité. On auroit cependant encore à demander qu’on voulust bien nous envoier des échantillons des différentes matierres avec lesquelles on y polit ces marbres, et numérotées chacune dans l’ordre où on s’en sert. Il y en a quelques unes qui ne sont point en usage, ou dont on se sert sous d’autres noms. Nous voudrions bien aussi qu’on nous marquast comment on y compose le mastic avec lequel on cache les défauts du marbre. Au reste nous croions pouvoir nous prometre que Monsieur de Basvile voudra bien nous faire part de ce qu’on luy apprendra qui aura quelque raport à l’histoire naturelle. 11. - 25 juin 1717 : Lamoignon de Basville au Régent, Montpellier [16/5/f/a]. 44 Monseigneur, J’ai fait touttes les diligences que je dois pour rendre compte à VAR de ce qui est contenu dans le mémoire que l’accadémie des sciences luy a donné. J’espère d’être bientôt en état d’envoier cette réponse. Cependant, voicy une nouvelle découverte d’une mine de turquoises du côté de Castres, dont j’ai cru devoir rendre compte à VAR et luy envoier le morceau qui m’a été adressé pour le faire examiner à l’accadémie. Je suis avec une profonde vénération, Monseigneur, [etc.]. à Montp[ellier], 25 juin 1717.

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12. - s.d. : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/32]. /fol. 1/ Montpellier Les mémoires que Monsieur de Basville continue d’envoier à SAR Monseigneur le duc d’Orléans nous donnent de si excellents éclaircisements qu’ils nous font toujours naître une nouvelle envie de demander. Nous n’avons pourtant plus rien à souhaiter sur le pastel, le grand nombre de mémoires et les différens deisseins et modelles de moulin à broier cette plante qu’il nous a procurés nous ont parfaitement instruit sur sa culture et sa préparation. 1° Nous avons aussi reçu beaucoup plus d’or en boules et en pailletes qu’il n’en falloit pour satisfaire notre curiosité. Nous souhaiterions pourtant encore avoir du sable même dans lequel les pailletes sont meslées, c’est à dire de ce sable qui s’attache aux peaux avec les paillettes et duquel on tire l’or par le moien du mercure. Nous voudrions le comparer avec celuy du Rhin qui contient de même de l’or. 2° Le mémoire sur la manière dont on polit les marbres à Caunes est très bien détaillé ; on y a seulement oublié à marquer quel [sic] quantité on mêle de plomb râpé avec l’émery et comment on râpe led. plomb. On n’auroit [sic] /fol. 1 v°/ été bien aise d’avoir un échantillon de l’émery des environs de Caunes, tout mauvais qu’il est. 3° On a appris avec plaisir par la lettre de Monsieur l’Évêque d’Alet qu’aux environs de Bugarache, on a trouvé de l’ambre ou karable, semblable par sa dureté et sa transparence à l’ambre de Prusse. On espère que Monsieur de Basville voudra bien donner des ordres afin que, si on en trouve encore de pareil, on le conserve avec soing. 4° Le petit mémoire qui a été dressé par Mr Serphanion sur les pierres du Puy nous fait probablement connoitre la vraye origine des pierres transparentes qu’on trouve dans le ruisseau appellé Péroulioux. Il seroit à souhaiter qu’il eust ramassé de celles qu’il a observées sur la montagne d’où ce ruisseau tire son origine, et du sable dans lequel on les trouve. On auroit vu aussi avec plaisir du sable même du ruisseau où on les cherche. À l’égard des marcassites qu’on trouve parmy, dont il a envoié des échantillons et dont il souhaite connoitre la nature, nous luy dirons que c’est une mine de fer beaucoup plus riche que les mines ordinaires, le couteau aimanté en attire les plus gros grains comme si ils étoient de fer pur. Il seroit à souhaiter que Mr Seraphion [sic] voulust bien examiner comme il ofre obligeament de le faire, et comme /fol. 2/ il y paroist très propre, si on ne pourroit point découvrir dans la montagne les veinnes qui fournissent ces pierres transparentes et colorées. Si on y découvre quelque mine de fer, il y a apparence que c’est là qu’il faudra les chercher. Outre les jachintes [sic], nous avons trouvé parmy les pierres qu’il a envoiées des saphirs et quelques améthistes. Nous espérons qu’en cas qu’on en rencontre de quelque autre couleur ou dans les couleurs précédentes de plus nettes et plus gros-

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ses que celles qui ont été envoiées, qu’il voudra bien les envoier à Monsieur de Basville. 5° Aux environs de Castres, on trouve plusieurs sortes de pierres fort singulières par leur figure. Borel les décrit au long. Il y en a qui ont des figures de côtes de meslons et d’autres des figures de différens fruits. On trouve aussi dans le même pais une pierre à peu près cylindrique que sa figure a fait nommé priapolibes. Nous avons lieu d’espérer que Monsieur de Basville voudra bien donner ordre qu’on nous ramasse de ces sortes de pierres et qu’on marque précisément les endroits où on les trouve. 13. - s.d. : demande des renseignements par Réaumur, minute [R/6/33]. Outre les articles dont il est fait mention dans le mémoire pour Mr de Basville, il y en a un auquel on n’a point répondu. C’est celuy des turquoises, des agathes et de la pierre arméniène dont le Sr Dedieu, orfèvre de Narbonne, a envoié des échantillons. Les mines de turquoises qu’il assure connoitre sont auprès d’Auch. Il promet qu’il en donnera une livre pesant dans un mois si on veut le paier à une pistole par jour ; mais on a écrit à Mr Legendre69 de s’informer si on ne connoist pas ces mines. Le Sr Dedieu ofre un boisseau de turquoises dans un mois, un demi boisseau des agathes en 15 jours ; elles sont petites et naturellement taillées en cristaux ; pour son lapis armenius, il ne vaut pas grande chose, il en convient. 14. - s.d. [été 1717] : réponse de l’intendant à une demande d’éclaircissements [16/5/c/c]. Languedoc 24

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Monsieur de Basville a envoyé l’or bien plus libéralement que le sable ; ce que nous On envoie deux sacs de sable pareil à avons receu de ce dernier est en trop petite celuy où on trouve des paillettes d’or et quantité pour suffire à des expériences ; il s’y en trouvera quelques unes. nous espérons qu’il voudra donner ordre Ont joint icy le mémoire du qu’on en ramasse un peu d’avantage et Sr Barbara70, les lettres qu’il a reçu et la qu’on y laisse les paillettes qui s’y caisse qu’il a envoié pour satisfaire au trouveront naturellement meslées. surplus de ce mém[oire]. Les pierres d’auprès de Castres que Monsieur de Basville a pris soing de faire ramasser nous ont donné occasion de faire une partie des observations que nous

69. Gaspard François Legendre de Lormoy (1668-1740), intendant d’Auch et de Béarn de 1716 à 1718. 70. Lieutenant criminel à Castres, commis comme subdélégué de l’intendant en 1689.

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souhaitions. Mais ceux qui les ont ramassées ont oublié de marquer quel est précisément l’endroit où on les trouve. Borel dit que c’est sur la montagne appellée Puytalost. Il ajouste qu’on les trouve dans les fentes de la terre et qu’elles y sont en si grande quantité qu’on ne sçauroit en trouver d’autres. Il en décrit de plusieurs figures différentes de celles que nous avons receues. Nous voudrions sçavoir si l’on n’en trouve que dans l’endroit dont parle Borel, si les crevasses où elles se trouvent sont larges, et s’il y en a à une grande profondeur ; nous en voudrions voire de toutes les figures différentes dont on en pourra rassembler. Le mesme autheur qui s’estoit fort apliqué à l’histoire naturelle des environs de Castres, raporte différents faits que nous voudrions qu’on voulust bien vérifier et éclaircir. Qu’à Vénèz71, on trouve des os pétrifiés qui, mis au feu, prennent la couleur de turquoise. On souhaiteroit qu’on voulust rechercher de ces os et nous en envoyer des morceaux. La matière mérite d’estre examinée. Ce pouroit estre une veine de turquoises de nouvelle roche. Auprès de Saïx, il y a une fontaine que Borel dit estre nommée dans le pais lou terou de las Fades, qui appierrit tout ce qu’elle touche comme bois, feuilles, racines, mousse, capillaires. On voudroit avoir quelques unes de ces pétrifications et scavoir la grandeur et la profondeur de cette fontaine. Il parle d’un rocher qui est à une demie lieue de Castres, à l’endroit appellé la Roquette, qui, quoyque fort grand, cède au doigt lorsqu’on le pousse, qui peut estre agité par le vent parce qu’il est planté en

71. Vénès (Tarn).

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quelque sorte sur un pivot. On voudroit sçavoir à peu près la hauteur et le diamètre de ce rocher qui n’est apparament qu’une grosse pierre. Au roc de Lunel, très proches de Castres, on trouve selon le mesme autheur des pierres en forme d’olives, de dragées et des limaçons pétrifiés. On demanderoit des unes et des autres. Il ajouste qu’on trouve des pierres d’aigles près du pont du Fraisse, des carrières de jaspe et de marbre à Burlats, des mines de plomb meslées d’argent à Labruguière, de l’argent en paillette dans la rivière de l’Agoust72, de la craye blanche à Caucalières, de la craye noire et de l’ocre à Roquecourbe, du cristal à Roquecézière73, de bon bol à Lunel, du talc à Saint Amant, de l’orpiment à Drogne74, des pierres de touche aux environs de Castres ; qu’aux environs de Réalmont, il y a une mine d’argent et une de vitriol, beaucoup de marbre à la montagne appellée du Paradis. Il seroit bon de s’informer dans le pais si on a connoissance de toutes ces matières minérales. Nous demanderons des échantillons de celles qu’on pourra retrouver et qu’on nous apprist précisement la scituation du lieu où elles sont, si on y en rencontre abondament, etc.

Joint : Barbara de La Beloterie à Lamoignon de Basville, Castres, 23 juin 1717 [16/5/f/b]. À Castres, ce 23 juin 1717 Monseigneur, Mon père n’est pas encore de retour de Toulouse où il est depuis quelque jours pour des affaires qui regardent son petit fils. Je l’atendois avant hier mais la grande quantité de pluie qui est tombée dans ce paies, l’a reteneu sans doute

72. L’Agout ou Agoust, affluent du Tarn, passe à Castres. 73. Laval-Roquecézière (Aveyron). 74. Dourgne (Tarn).

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et je ne prens la liberté de vous en informer aujourd’huy que pour excuser son silence sur les ordres que vous lui avés fait l’honneur de lui envoier. J’ay reçeu le mémoire que Monseigneur le duc d’Orléans nous a adressé et je me donne les mouvemens nécessaires pour avoir les claircissements que SAR demande, afin de mètre mon père en état d’y répondre à son retour. Je prendrai cepandant la liberté de vous dire que je trouve déjà que, si Borel a accusé juste sur certains faits dans son livre des antiquités de Castres75, il a bien erré sur d’autres. Il y a quelque temps que une personne découvrit sur une montagne limitrofe de ce diocèse, mais dans une autre province, de turquoizes qu’on dit estre de la vielle roche, dont j’ay l’honneur de vous envoyer un échantilion. Cette personne n’a pas ozé faire foulier plus avant parce que cête mine se trouve dans la terre d’un seigneur et Madame la comtesse de Roussy, à qui on avoit confié ceste découverte, est morte sans avoir procuré la permission du Roy qu’elle avoit fait espérer pour y foulier en pleine liberté. J’ai l’honneur d’estre avec un très profond respect et soumission, Monseigneur, [etc.]. Barbara la Belotrie Joint : Marmier à Gambier, Bagnols-sur-Cèze, 27 juillet 1717 [16/5/c/b]. 69 Lettre du Sr Marmier sur le sable de la rivière de Cèze à Bagnols, le 27 juillet 1717 J’ay fait ramasser, Monsieur, le sable que vous me demendés. Il est brut et je juge que c’est de cette manière que le veut Mgr le Régent ; j’ay seulement fait otter les gros cailloux. Il est donc tel que les tireurs d’or le ramassent sur le bord de la rivière. J’ay voulu même faire l’épreuve avant que de le prendre et il s’est rencontré quelques paillettes dedans. Il s’en pourra trouver dans la quantité que je vous envoyeray par la première comodité mais en petit volume car, pour en trouver de la valeur de dix, il faut quelque fois trente fois autant de ce sable ou gravier. Il y en a sufisemment pour faire les épreuves que l’on demande. J’ay l’honneur d’être très parfaitement, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur. Marmier [au dos de la lettre :] à Monsieur Gambier, garde du Roy près de M. de Basville, à Montpelier

75. Pierre Borel, Les Antiquités, raretés, plantes, minéraux et autres choses considérables de la ville et comté de Castres d’Albigeois et des lieux qui sont à ses environs… et un recueil des inscriptions romaines et autres antiquités du Languedoc et Provence ; avec le rôle des principaux cabinets, et autres raretés de l’Europe. Comme aussi le catalogue des choses rares…, Castres, 1649.

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15. - 7 août 1717 : Barbara de La Beloterie au Régent, Castres [16/10/d/i]. 64 À Castres, le 7e aoust 1717 Monseigneur, J’ay l’honneur de vous envoyer le mémoire que vous me fistes celluy de m’addresser sur les observations faictes sur le livre de Borel, avec le mémoire que j’ay faict contenant réponse. J’y joins une veüe figuré que j’ay faict faire sur le rocher de la Rouquette et un eschantillon de la mine que Borel dit estre à Réalmont, quoyque pourtant elle soit dans la terre de Montredon76, que j’ay recouvré despuis que la caisse est partie. Et qu’on a eu peine de trouver. Je puis vous assurer que j’ay faict de mon mieux pour l’exécution des ordres que vous m’avés donnés sur ce sujet. J’ay l’honneur d’estre avec un très profond respect et soumission, Monseigneur, [etc.]. Barbara Joint : mémoire, s.d. [16/10/d/viii]. /fol. 1/ 65. 1717 Pour répondre au mémoire envoyé des observations de Borel sur les antiquités de Castres. 1o C’est sur la montagnie appellée Puytalos et non allieurs qu’on trouve ces pierres (où l’on ne sçauroit en trouver d’autres), dans une terre grise pétrifiée entrelassées confus[é]m[en]t et non dans des fentes comme Borel le dit, sous laquelle on trouve aussy une roche de l’épaisseur de quatre pans, au dessous de laquelle il y a une terre rouge forte comme de l’argille ou marne, meslée de filemens jaunes, gris et bleus, fondée du tap. On s’est donné tous les soins imaginables pour en ramasser de celles dont Borel parle. On a fait fouiller dans tous les endroicts de cette montagnie mais inutillement. On n’en a trouvées que de celles qu’on envoye, peu différantes à quelques unes près des autres qu’on a desjà envoyées. 2. À Vénès, il a esté impossible de trouver de ces os pétrifiés et les personnes quy y sont les plus avancées en aage, assurent n’en avoir jamais ouÿ parler. 3. Cette fontaine qu’on nommoit ancienement lou terou de las Fades, /fol. 1 v°/ n’est autre choze à présant qu’une source négligée le long de la rivière d’Agoust, près dud. lieu de Saïx au diocèze de Lavaur, qui sort d’une terre pétrifiée par la liqueur dont elle forme un tuf couvert d’une mousse verte, pétrifiée aussy. Il ne paroist pas qu’il y ayt jamais eu de fontaine dans l’ordre. C’est une eau quy se pert et on assure qu’elle est douce et bonne pour la dissenterie. On envoye deux de ces pétrifications. 4. Cette fontaine est sçituée dans une gorge de la Montagnie Noire, au bas d’une croupe couverte de bois qu’on appelle le bois de Mouniès, dont elle tire 76. Montredon-Labessonnié (Tarn).

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son nom, et dont le coulant ordinaire rempliroit à peine un tuyeau de deux poulces de diamettre. Et ce qu’il y a d’extraordinaire à cette fontaine et dont Borel a vouleu parler, c’est qu’à quatre piedz au dessus de cette ouverture quy coulle toutte l’année et dans le même rocher, il y a une fente d’un pied de largeur à travers de laquelle il sort des petits torrens d’eau quy coulent avec violance l’espace d’un miserere et puis tarissent et recommancent un demy quart d’heure après successivement, et cella l’espace /fol. 2/ de huict et quelques foix quinze jours, quatre à cinq foix dans des certaines années, sans aucune régularité et sans qu’on aye peu découvrir qu’il y eust un temps fixe pour cella. Il se passe même des années entières sans que l’on voye couler ces torrens quy sont ce que l’on veut appeler flus et reflus. Il est bien vray que cette eau coule et recoulle, mais elle ne revient pas vers sa source car, au momant que ces ondées sortent, elles se précipitent dans un fondz et coulent vers la plaine comme les autres sources. La bisarerie de ce quy se passe à cette fontaine a rebuté les curieux des environs d’en rechercher la cauze. Il y a plus d’un an que l’on n’a point veu couler ces ondées et il y en a 18 que l’on feut dix ans sans les voir. Despuis ce tempz là, elle a esté plus irrégulière qu’auparavant ; il n’y a jamais eu rien néanmoins de régulier ny dans la durée de ce flus et reflus. 5. Il est vray que ce rocher est au même endroit et à la même distance et qu’il cède au doigt lorsqu’on le pousse. Il a dix piedz deux poulces de hauteur et 8 pieds 4 poulces /fol. 2 v°/ de diamettre ; on en jugera mieux par la veüe figuré qu’on envoye, au bas de laquelle on a prix soing de faire mettre une eschelle. 6. On n’a point trouvé au roc de Lunel, près Castres, de ces pierres en forme d’olive, de dragées et de limaçons pétrifiés. On n’y a trouvé que de celles dont on envoye deux échantillons. C’est une terre en forme de bol pétrifiée dans laquelle il y a certains cristaulx entremellés ensemble. 7. On n’a trouvé au pont du Fraisse que la seulle pierre qu’on envoye ; encore ne sçait on pas sy c’est une pierre d’aigle. 8. À Burlat, sur la montagnie appellée du Paradis dont il est parlé cy dessous, quy est dans la parroisse dud. Burlat et non en d’autres endroicts, il y a du marbre bastard jaspé et en très grande quantité dont on envoye un échantillon. À Labruguière, on n’a jamais ouÿ parlé d’aucune mine de plomb meslée d’argent. C’est aux extrémités de cette parroisse, dans celle d’Escoussens où il y en a une d’une matière que on ne cognoist /fol. 3/ pas et quy ne peut estre d’autre que celle dont Borel a vouleu parler. On en envoye un échantillon. Il n’y a point de l’argeant en palliete dans la rivière d’Agoust. C’est dans celle de l’Ariège quy dégorge dans Garonne à une lieue de Toulouze. On l’appelle en latin l’Auriga. Ce n’est pas dans la parroisse de Caucallières77 précisément qu’yl y a de l’ocre blanche, mais bien aux extrémittés. Dans celle de Labruguière, on la 77. Caucalières (Tarn).

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trouve abondament dans un rocher qui forme une espèce de muraille le long de la rivière de Toré78. Ce rocher a 82 pieds ½ de longueur et 13 pieds ¾ de hauteur. On envoye aussy des eschantillons de la craye noire et de l’ocre qu’on trouve à Roquecourbe, le long de la rivière d’Agoust, dans un rocher qui est sur la même ligne, au millieu duquel il y a une fontaine d’eau minéralle qui faict la séparation de cette espèce de mine où est l’ocre d’avec celle où se trouve lad. craye noire. On envoie des eschantillons de l’un et de l’autre. Il n’y a point de cristal à Roquecisière79. On trouve seullement des pierres qui en approchent dans des champs aux environs de Celicula en grande quantité conformes à l’eschantillon. /fol. 3 v°/ Il n’y a point du bon bol à Lunel, près la ville de Castres. Il est vray qu’autresfoix on y en a eu trouvé. Ny du talc à St Amans, ny de l’orpimant à Dourgne, ny de pierre de touche aux environs dud. Castres. Les habitans de Réalmont n’ont jamais ouÿ dire qu’il y ayt jamais eu aux environs de ce lieu là aucune desd. mines d’argeant ny de vitriol. On a marqué au dessus des eschantillons qu’on envoye le nom des endroits où l’on trouve la matière. Mais despuis on a recouvré un eschantillon de la matière qu’on trouve le long de la rivière de Dadou80, terre de Montredon, près du lieu de la Fenasse81. Et, à une demy lieue dud. Réalmont, qu’on appelle la tour du Minié ; cella demure clairement explicqué par la lettre missive du sr Belloc, habitant du lieu de Réalmont, qui avec l’eschantillon sera ci remise no 1. Nous avons creu devoir remettre icy les lettres missives qui nous ont esté escrites ou mémoires à nous envoyés de Dourgne n° 2 de Saïx n° 3 de Roquecizière n° 4 de Vénèz n° 5. Joint [n°1] : Belloc à Barbara de La Beloterie, Réalmont, 23 juin 1717 [16/10/d/v]. 64 Réalmont Monsieur, En réponse à la lettre que m’avés fait l’honneur de m’escrire, je dois vous dire qu’il n’est pas veneu à la connoissance de personne de ce pays qu’il y ait des mines d’argent ou de vitriol. Il est vray, Monsieur, que nous scavons par tradition et par le témoignage des anciens de ce pays qu’à un lieu sçitué le long 78. Thoré. 79. Laval-Roquecézière. 80. Affluent de l’Agout. 81. En 1788, l’intendant Ballainvilliers signalera un beau filon de plomb-argent à la Fenasse (M. Péronnet éd., Mémoires sur le Languedoc.., Montpellier, 1989).

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de la rivière de Dadou, terre de Montredon, près de la Fenasse, et à une demy lieue d’icy, appellé la tour du minié, l’on y avoit des mines d’or et l’on prétend même qu’il s’y trouvoit de l’arg[en]t meslé parmy. L’on voit en cest endroit encore les restes du débris de cette tour où l’on prétend que loget ceux quy faizoit travalher aux mines et, vis à vis lad. tour du costé du levant, l’on voit les deux trous par lesquels on entre dans les mines. L’on va dans la plus basse quy est à quarante ou cinquante pas en montant le coteau de la montagne, et l’on peut avancer dix à douze pas dans le souterrain ; mais on ne sçauroit, Monsieur, pénétrer plus avant, quoyqu’il paroisse y avoir une longue carrière, l’eau quy y coule du rocher et quy y croupit, en empêche. L’on voit pourtant viziblem[en]t qu’on y a fortem[en]t travalhé, et il a passé ycy de père en fils qu’on y trouvoit de l’or ; même un vieux homme de la Frenasse m’a assuré que les anciennes reconnoissances de la terre de Paulin qui aboutit à cest endroit, dizet confronté (la tour del minié et mine d’or). On assure aussy que le cadastre de Montredon en baillant les confronts des terres quy avoizinet ces mines dit la même chose. Il est plus aizé d’entrer dans la seconde mine, mais il ne paroit pas qu’on y ait fortem[en]t travalhé. Il seroit dificille de vous envoyer des échantillons de la matière quy s’y pourroit trouver, à cauze de l’eau quy empêche de pénétrer dans la galerie où il paroit qu’on a travalhé. Il faudroit trouver plustost le moyen de la désécher. L’on m’a encore assuré qu’un homme quy, soubs l’habit de moine, avoit il y a très longtems rézidé à un moulin apellé le Coussoulet, quy est sçitué fort près de ces mines, y alloit très souvant, qu’il sapoit le rocher et en tiroit quelques pièces et qu’ensuitte il avoit dit que parmy ce rocher il ce trouvoit de l’or, mais qu’il coûtoit beaucoup la mine n’estant pas abondante. Voilà, Monsieur, ce que j’ay peu découvrir seur le suject de v[ot]re lettre par le témoignage de nos ançiens ou par ce que nous en avons ouÿ dire, et même par ce quy se voit seur le lieut. Mons Dutour de Castres quy est propriétaire du local où sont sçituées ces mines, pourra vous donner encore là dessus de meilleurs. De mon costé, je vous offre mes très humbles services en touttes sortes d’occazions, comme ayant l’honneur d’estre avec respect, Monsieur, [etc.]. Belloc à Réalmont, ce 23e juin 1717 [au dos :] À Monsieur Monsieur de Barbara La Beloterie, à Castres Réalmont n°1 Joint [n°2] : Vairial [?] à Barbara de La Beloterie, Dourgne, 21 juin 1717 [16/10/d/ix]. /fol. 1/ 64 Monsieur, Pour répondre à la lettre que vous m’avez faict l’honneur de m’escrire, je

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vous diray que ce que nous appelons la fontaine de Mounièz n’est autre chose qu’une petite source dont le coulant ordinaire rempliroit à pène un tuyau de deux poulces de diamettre. Elle est scituée dans une gorge de notre Montagne Noire, au bas d’une croupe couverte de bois, qu’on appelle le bois de Mounièz, d’où elle tire son nom. Ce qu’il y a d’extraordinaire à cette fontaine, c’est qu’à quatre pieds au dessus de cette ouverture, qui coule toute l’année et, dans le même rocher, il y a une fente d’un pied de largeur, à travers de laquelle il sort de petits torrens d’eau qui coulent avec violence l’espace d’un miserere et puis tarissent, et recommencent un demi quart d’heure après, et tarissent ensuite, et recommencent peu de temps après ; et cella /fol. 1 v°/ l’espace de six, huict et quelque fois quinze jours, mais sans aucune régularité : cella arrive quatre à cinq fois dans de certaines années sans qu’on aye descouvert qu’il y aye un temps fixe pour cella. Il se passe des années anti[è]res sans que l’on voye couler ces torrens qui sont ce que l’on veut appeler flus et reflus, assez mal à propos il me semble, car il est bien vray que cette eau coule et recoule, mais elle ne revient pas vers sa source car, au moment que ces ondées sortent, elles se précipitent dans un fonds et coulent vers la plaine comme les autres sources. La bizarerie de ce que se passe à cette fontaine a rebuté les curieux d’en rechercher la cause. Il y a plus d’un an que l’on n’a point veu couler ses ondées. Il y a environ dix huict à vingt ans que l’on fust dix ans sans les voir. Depuis ce temps là, elle a esté plus irrégulière qu’auparavant, mais il n’y a jamais eu rien de régulier, ny dans le temps, ny dans la durée de ses escoulemens. Monsieur Borel, dans ses Antiquitéz de Castres, a voulu illustrer ce païs par cette fontaine et par une mine d’orpigment qu’il nous donne, sans que /fol. 2/ j’aye peu descouvrir qu’on aye jamais travaillé icy à tirer ce minéral. Il est bien vray qu’il y a dans une autre gorge de montagne, à cinq cents pas de la chapelle de St Stapin, un endroit d’où l’on tire une terre brûlée et noirastre dont on se sert quand elle est bien pulvérisée à griser des planchers, mais fort grossièrement et cella paroistroit plustost le dessus d’une mine de charbon de terre qu’une mine d’orpigment. Quoyque l’on m’aye assuré qu’il y a environ une trentaine d’années qu’il passa icy un homme qui cherchoit des mines sans commission, lequel, ayant faict fouiller un peu dans cet endroit là pour y trouver de l’or, avoit dict qu’il n’y avoit que quelque orpigment et avoit abandonné l’entreprise aprèz y avoir travaillé quelques heures. Voilà, Monsieur, tout ce que je puis vous dire aprèz m’estre informé soigneusement de ce que vous me demandés. Je voudrois trouver des occasions à vous tesmoigner personnellement l’estime et la parfaite considération avec laquelle j’ay l’honneur d’estre, Monsieur, [etc.]. Vairial [?], recteur de Dorgne de Dorgne, ce 21 juin 1717

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[adresse :] Monsieur de la Beloterie, subdélégué de Monseigneur l’Intendant, à Castres [au dos :] Dourgne n° 2 Joint [n° 4] : La Grande à Barbara de La Beloterie, Lacaune, 4 juillet 1717 [16/10/d/x]. Monsieur, Je viens de Roquesézière82 où je m’estois rendu en conséquence des lettres que vous m’avés fait l’honneur de m’escrire, pour vérifier sy les advis qu’on a donnés à Monseigneur le Régent au sujet des mines de cristal qu’on préthend y avoir dans cest endroit là, sont justes. Je vous diray que j’ay eu des conférences là dessus avec les plus anciens habitans de ce lieu, quy m’ont dit n’avoir jamais entendu dire qu’il y eût de ces sortes de mines. Il est pourtant vray qu’on a creu souvent que certaines pierres qu’on trouve dans les champs en assés grand nombre, où l’on voit beaucoup de petitz grains de la qualité de ceux que je vous envoye attachés à ces pierres en forme de diamans, estoient du cristal. On en voit aussy beaucoup à ce grand rocher de Roquesézière. Il m’a esté dit aussy qu’on avoit quelquefois envoyé de ces petits grains de pierre à Montpellier pour faire examiner par des gens cognoissens sy ce n’estoit point du cristal, et il leur feut répondu que ceste matière ne valoit rien. Sy par hazard on s’estoit trompé dans ceste vérification et que cecy fust du véritable cristal, j’ay à vous dire que ces pierres ne sont pas rares. Il est naturel même de croyre que cella indique qu’il peut y avoir des mines de ceste matière. Sy vous trouvés sur ce que j’ay l’honneur de vous dire qu’il y ayt quelque aparence de ce qu’on préthend, faites le moy scavoir ; je n’épargneray ny mes peines ny mes soins pour tirer de plus grands esclaircissemens dans ceste affaire, ne souhaitant rien tant que de trouver des occazions pour vous marquer à quel point je vous suis dévoué et le respect avec lequel j’ay l’honneur d’estre, Monsieur, [etc.]. La Grande e de Lacaune, ce 4 juillet 1717 [au dos :] Roquecizière n°4 Joint [n° 5] : Serres à Barbara de La Beloterie, Vénès, 24 juin 1717 [16/10/d/vii]. 65 Monsieur, J’ay reçeu la lêtre dont il vous a pleu m’honnorer. J’ay celle de vous asseurer que je n’ay rien obmis pour tâcher de découvrir les endroits de ce canton 82. Laval-Roquecézière.

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où l’on pouroit trouver de ces os qui font le sujet de vostre lêtre. Je souhaiterois de tout mon cœur qu’il s’en trouvât dans ce territoire. Les viellards que j’ay consultés là dessus m’ont dit n’avoir jamais entendu dire qu’il y en eût. Mr le Vicaire m’a dit seulement que Mr Guiraud de la Saulinié a un livre qui fait mention de ces os qu’on pouroit trouver dans le Cidobre83, mais il n’en indique rien en ce pais. Je suis bien mortifié, je vous le jure, Monsieur, que les mouvemens que je me suis donnéz agréablement pour cela n’ayent pas esté suivis de quelque succès pour vous donner de marques plus effectives du zèle très respectueux avec lequel je suis, Monsieur, [etc.]. Serres ferr me à Vénès ce 24 juin 1717 [au bas :] l’ord[onnan]ce de Monseigneur le duc de Roquelaure fut remise aux Consuls suivant vos ordres, elle fut lue et affiché dans toutes les formes. [adresse :] Monsieur Barbara, seigneur de La Beloterie, Castres Castres [au dos :] Vénèz n°5 16. - 27 août 1717 : Lamoignon de Basville au Régent, Montpellier [16/9/m]. 64 Monseigneur, J’ai l’honneur d’envoier à VAR ce qu’elle m’a demandé par ses lettres des 3 juin dernier et 19 du mois passé, pour satisfaire aux nouveaux mémoires de l’accadémie des sciences. J’envoie aussi les mémoires qui ont été demandés concernant le kermès, avec des plantes. Ce n’est qu’au printems qu’on peut avoir des fruits. J’auray soin d’en envoier dans la saison. Il reste à satisfaire sur la pierre qu’on a cru une turquoise. On travaille à trouver l’endroit d’où celle qui a été envoiée a été tirée, qui est en Rouergue et non en Languedoc. C’est un secret que l’on n’a pu encor démesler parce que celuy qui a donné la pierre, ne le veut pas dire. Dès qu’on pourra le découvrir, on scaura quelle dépense il faudra faire pour exécuter ce qui est contenu au mémoire. Et on la fera si elle n’est pas considérable pour connoitre à fonds la nature de cette dépense. Je suis avec une profonde vénération, Monseigneur, de VAR [etc.]. de Lamoignon de Basville

83. Sidobre, région granitique située au sud-ouest du Massif central, entre l’Agout et le Thoré, en grande partie dans le département du Tarn.

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à Mont[pellier], ce 27 aoust 1717 [en marge :] J’ai fait remettre le ballot à la messagerie. J’ai l’honneur d’en envoier le chargement à VAR. [au dos :] M. l’abbé Bignon Joint : mémoire de Durand, s.d. [1717 ?] [16/10/d/iv]. 64 1717 Ce mémoire est du sr Durand, fameux apoticaire de Monp[ellier]. Pour répondre au mémoire qu’on m’a donné, contenu en cinq articles, touchant la production du kermès. Premièrement, la graine de kermès, ou bien graine d’écarlatte, que les latins apellent grana tinctorium, les grecs coccus infectorius et les arabes kermen ou kermès, est la graine ou plustôt l’excrément d’un petit arbrisseau dont les feuilles sont piquantes et presque semblables à celles du houx, avec cette différance qu’elles sont beaucoup plus petites, qui se trouve en grande abondance tant en Portugal qu’en Espagne, Provence et Languedoc. 2° Il n’i a point de revenu fixe touchant les productions du kermès, attendu qu’il y a des années où les arbrisseaus ne produisent aucune graine, et on a remarqué que les années où nous avions une grande sécheresse, lesd. arbrisseaux ne produisoient rien du tout, qu’au contraire les années fort humides on ramassoit beaucoup de ces graines. Et qu’alors elles se vendoint environ vingt sols la livre, cela pouvoit produire autour de quatorze on quinze quintaux de graine au terroir du Languedoc. 3° La récolte se fait ordinairement le mois de may ; nombre des femmes et enfans se transportent dans nos garrigues où sont ces petits arbrisseaux, et en font tomber les graines qui se trouvent en bas et au dessus des feuilles, dans des paniers d’ozier. Et qu’ils netoyent ensuitte des feuilles qui sont tombées avec lesd. graines, afin de pouvoir les mieux vendre. On trouve quelque fois des arbrisseaux si bien garnis qu’on ramassera sur un seul environ une livre et deux onces de graine. 4° Pour pouvoir envoyer des arbrisseaux de toutes les espèces qu’on demande dans le mémoire, il faudroit estre dans la saison afin de pouvoir contenter la curiosité de celuy qui le souhaite. 5° Les appoticaires se servent de ces graines en en tirant la pulpe pour en faire le sirop surnommé alkermès. Et du résidu qui reste sur le tamis, après l’avoir mondé, les appoticaires le revandent aus tinturiers autant presque que la graine leur a coûté. Ceux qui la veulent transporter en différans endroits, la font sécher tant pour l’usage de la médecine que pour la tinture où il s’en employe une grande quantité ; laquelle pour cet effect on choisit la grosse, nouvelle, garnie de son pastel, la plus rouge et la plus nette car, aussitôt que cette graine commance à viellir, il s’y engendre un insecte qui mange le pastel et fait un trou à cette

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graine, en sorte qu’elle devient fort légère, n’y restant que la simple peau, ce qui diminue de beaucoup la qualité. Celle du Languedoc passe p[ou]r la meilleure estant beaucoup plus grosse. Et d’un rouge fort vif, qui est le contraire de celle du Portugal qu’on estime la moindre en ce qu’elle est petite, maigre et d’un rouge noirâtre. 17. - s.d. : note n.s. [16/10/d/vi]. 64 Saïx La fontaine nommée ancienement de las Fadis, n’est autre chose à présent qu’une source quy sort du centre d’un rocher ou, pour mieux dire, d’une terre pétrifiée par la liqueur dont elle forme un tuf couvert d’une mousse verte, laquelle se pétrifie et se réduit en tuf par l’eau quy y découle continuelement. Lad. source sort à vingt à trante pans du cintre de la terre et d’autant de la rivière d’A[g]oust dont elle sort du milieu, n’y aiant aucunes mazures. L’eau est fort douce et on asseure qu’elle est propre pour les dénosiments du ventre et dissanteries. 18. - s.d. [1717] : réponse de l’Intendant à une demande d’éclaircissements [16/5/c/a]. Languedoc

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La pierre qui a esté envoyée de Castres à Monsieur de Basville pour éclaircir On travaille à trouver l’endroit d’où l’article du mémoire de l’Académie où il la pierre que l’on a cru turquoise qui a est parlé des turquoises, n’est point été envoiée, a été tirée, qui est en turquoise elle mesme ; le caractère des Rouergue et non en Languedoc. C’est pierres de ce genre est d’estre bleues, et un secret que l’on n’a pu encore celle qui a esté envoyée est verte de sorte démesler, parce que celuy qui a donné la qu’elle paroist estre une malachite. pierre ne le veut pas dire ; dès qu’on Comme il arrive cependant aux pourra le découvrir, on scaura quelle turquoises, mesme aux plus belles, de dépense il faudra faire pour exécuter ce changer avec le temps leur couleur bleue en qui est contenu au mémoire, et on le verte, il se pouroit faire que la minière d’où fera si elle n’est pas considérable pour celle cy a esté tirée continst de vrayes connoitre à fonds la nature de cette turquoises, et la dureté de la pierre qu’on a pierre. receue donne lieu d’espérer que, si il y a des turquoises dans cette veine, elles seront d’une bonne qualité. Au moins en es ce assés de cette indice pour engager à faire quelque petite dépense pour fouiller la terre. On eust souhaité trouver dans la lettre

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qui a esté écrite à Monsieur de Basville, le nom de l’endroit où est cette minière et sa sçituation84.

19. - s.d. [1717] : mémoire sur le kermès [16/10/d/ii]. [de la main de Bignon :] Languedoc 69. 1717 [en marge :] On envoie les mémoires qui ont été demandés concernant le kermès avec des plantes. Ce n’est qu’au printems qu’on peut avoir des fruits. J’auray soin d’en envoier dans la saison. Le kermès est une des productions particulières au Languedoc sur laquelle on voudroit avoir des mémoires pareils à ceux que Monsieur de Basville a procuré sur le pastel et sur diverses autres matières. Mr Nissolle, de la Société de Montpellier, a donné à la vérité un mémoire sur le kermès pour estre imprimé parmy ceux de l’Académye des Sciences85. Il contient des choses curieuses, mais il n’a pas esté fait pour éclaircir le plus ce qu’on souhaiteroit sçavoir, qui seroit : 1° les différents endroits du Languedoc où on ramasse du kermès, si on cultive l’arbruisseau qui le donne. 2° ce qu’on retire à peu près de kermès par an en Languedoc. 3° comment on en fait la récolte, ce qu’en donnent les arbruisseaux qui en ont le plus, etc. 4° diverses branches des arbruisseaux où vient le kermès sur lesquelles les coques fussent attachées ; on voudroit de ces branches où il y eust des coques de tous les différents âges, depuis les plus petites jusques à celles qui sont presque à maturité. 5° des mémoires très détaillés sur la manière dont on prépare le kermès soit pour la médecine, soit pour les teintures. Si on avoit de ces mémoires de différentes mains, comme Monsieur de Basville a pris soing d’en rassembler sur le pastel, on en seroit mieux instruit, ce qui frape les uns paroist peu intéressant aux autres. Joint : mémoire du frère Charles, capucin, s.d. [1717 ?] [16/10/d/iii]. 69. 1717 1717 Ce mémoire est du frère Charles, capucin, les [sic] fameux apoticaire.

84. La minute de cette demande, de la main de Réaumur, est conservée dans le même dossier en 16/5/f/b. 85. “ Dissertation botanique sur l’origine et la nature du Kermès ”, par M. Nissolle de la Société royale de Montpellier, HMARS, 1714, “ Mémoires ”, p. 434-442.

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L’arbrisseau quy porte le kermès croît sans culture dans toutes les guarrigues du bas Languedoc, dans les lieux les plus arides, dans les diocèses de Montpellier, Agde, Béziers, Lodève, Nismes et Uzès. Cet arbrisseau est une espèce de chesne vert86, ou yeuse, de la hauteur d’une coudée ou environ. Les feuilles ressemblent à celle du houx, mais baucoup plus petites, dantelées en leur bord, épineuses et piquantes, sur lesquelles naissent au printemps une espèce de coque ou vessie d’un beau rouge en couleur, un peu amer. Les paisans ont soing de le ramasser quand il est meur et de le porter à vendre dans les villes, singulièrement à Montpellier et à Nismes quy sont les villes où on en prépare le plus. Soit pour l’usage du pais soit pour en envoyer dans le pais estranger. Il est bien difficile de pouvoir scavoir la quantité de kermès quy se receuille en Languedoc, attandu qu’il n’y a point de récolte réglée de cette drogue quy est une espèce de manne que le Seigneur donne une année en abondance, et ensuite on reste quelque fois deux ans, quatre ans et quelque fois six ans sans en voir un grain. On ne peut pas non plus savoir ce qu’un arbrisseau en peut donner attandu qu’ils sont tous en confusion dans les garrigues, qu’on auroit de la peyne à pouvoir distinguer les plantes en particulier. On ne peut pas non plus envoyer des branches où il y ait des coques dessus, attandu que se n’est pas la saison ; sy au printemps prochain il y en a, on pourra pour lors en envoyer de toute manière. Les préparations qu’on fait sur le kermès sont : après l’avoir bien mondé des feuilles et autres ordures, on en tire la pulpe sur un tamis renversé et de cette pulpe on en fait le syrop apellé de kermès. De ce syrop, on en fait la confection alkermès. On en fait sécher en grène pour la conserver pour le besoin pandant l’année. Quand on veut la faire sécher, il faut prandre cette précaution de la faire tremper dans du vinaigre ou bien la faire sécher dans un four de boulanger à une chaleur lente. Autrement, quand la grène sèche sans ces précautions, il s’y engendre une infinité des petits vers quy sont imperceptibles, perçent la peau, et on les trouve au fonds et à côté des boètes come une poudre du beau rouge, et à la graine il n’y reste que la peau. Quand il y a une grosse récolte de kermès, les marchands droguistes en font une espèce de confiture, après en avoir tiré la pulpe sur le tamis de crin renversé. Il mêlent avec cette pulpe le double de son poids de sucre. Il en font de grands barils qu’il envoyent en Holande. Les Holandois mangent cette composition comme une confiture. La pellicule qui reste sur le tamis estant sèche, on la vend aux tinturiers quy s’en servent comme de la graine sèche pour leurs tinture.

86. Chêne kermès ou quercus coccifera.

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On fait encore une autre préparation du kermès pour les tinturiers. Après en avoir extrait la pulpe, on la fait sécher ; on apelle cette préparation pastel d’escarlate. [Sur un feuillet séparé, d’une autre main :] Cet arbrisseau par son fruit ord[inair]e quy est une espèce de petit glos et ce qu’on ap[e]lle le kermès et le vermillon ne vient pas dud. glos il a été [suite illisible]. 20. - s.d. : demande de renseignements par Réaumur, minute [18/15/d]. 76 Montpellier Les mémoires que Monsieur de Basville a envoiés à SAR Monseigneur le duc d’Orléans par sa lettre du 27e aoust, nous ont apporté, comme tous ceux qui nous sont venus de la même main, tous les éclaircissements que nous pouvions souhaiter. Il ne nous reste actuellement qu’à le prier de vouloir bien nous procurer des paillettes d’or du Gardon et de l’Ariège, afin que nous puissions faire essay du titre de leur or, comme l’avons fait de celuy de la rivière de Cèze sur les paillettes qu’il a bien voulu nous faire ramasser. Nous espérons qu’il voudra bien aussi nous envoier dans la saison des graines de kermès sur les branches comme il nous le fait espérer.

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1. - s.d. [fin XVIIe siècle] : extraits du mémoire sur la Flandre rédigé “ pour l’instruction du duc de Bourgogne ”, copie annotée par Réaumur [18/8]. /fol. 1/ 37 Intendance de Flandres Mémoires sur l’intendance de Flandre1 On peut diviser cette châtellenie [ajout de Réaumur : de l’Isle2] en deux par rapport à la bonté et à la fertilité de son terroir. La partie qui regarde l’Artois et qui comprend les quartiers de Carembaut, de Mélanthois, de Pévèle et la gouvernance de Douay3, est un terrain sec et marneux qui ne laisse pas de produire de très bons grains et en grande quantité. La partie de la châtellenie qui regarde la Flandre et qui comprend les quartiers de Weppe, de Ferrain et de Lalloeu, est un terroir si gras, si bon et si fertile que les terres n’y reposent jamais. Les fruits que la terre produit sont des froments, des seigles, des souquerions (grosse orge pour faire de la bierre), des orges comunes, des avoines, des navettes, des colsats (grosse navette) pour faire de l’huille, des lins, de la garance, du tabac, des trèfles ou tranelles, des rapes ou gros navets ronds, des foins, des fèves, des carottes et de touttes sortes de légumes. [en marge4 : manière d’engraisser les bestiaux] Ce qui fait cette abondance de bestiaux est la bonté des pâturages et le soin que l’on prend de les bien nourrir. On ne se contente pas de leurs laisser la nouriture ordinaire des pairies [lire prairies], on leurs prépare encore à boire et à manger et, pour rendre les vaches plus abondantes en laict, on leur donne du drac, qui est le marc du grain dont on a tiré la bière ; on leurs fait chauffer l’eau qu’elles boivent et on y démesle des tourteaux, qui sont des pâtes faites du marc et des colsats desquels on a tiré l’huille. L’expérience fait connoitre que cette nouriture leurs est très 1. Pour le mémoire rédigé par l’intendant Dugué de Bagnols et Godefroy “ pour l’instruction du duc de Bourgogne ”, voir L. Trénard (éd.), L’Intendance de Flandre wallonne en 1698, Paris, 1977, passim. 2. Lille (Nord). 3. Douai (Nord). 4. Les annotations en marge sont de la main de Réaumur.

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profitable et, pour en être persuadé, il n’y a qu’à scavoir qu’une vache bien nourie y rend ordinairement deux sceaux [sic] de lait par jour. /fol. 1 v°/ Le trèfle ou tranelle est une herbe qui profite beaucoup aux bestiaux. On la sème en même temps avec le froment. La première année, elle ne fait que pousser de petits rejets qui, se meslant avec les bleds, en remplissent les gerbes d’un bon fourage. L’année suivante, le trèfle repousse si fortement que l’on le coupe deux ou trois fois pendant cette année ; et, après la dernière couppe, on le laisse encore pousser et on mène les bestiaux pâturer sur les champs où il a crû. Ils y trouvent une nouriture si forte qu’il est de la prudence de ceux qui les conduisent d’empescher qu’ils n’en prennent trop, de peur qu’ils n’en crèvent, comme il est souvent arrivé. On donne le trèfle en verd aux chevaux et ils en mangent ordinairement pendant les mois de juin, juillet, aoust et septembre ; après on leurs donne sec celuy qu’on a conservé et qui provient ordinairement de la deuxième ou troisième couppe. Les rapes ou gros navets ronds et les petites fèves servent pour la nourriture des bestiaux. Les lins raportent tant de profit que, quand ils viennent bien, ils vallent quasi le prix du fond de la terre sur laquelle on les a dépouillés. Le colsat est une plante qui ressemble à la navette. On le sème ordinairement à la fin du mois d’aoust. On le transplante en octobre. Il produit une graine noire dont on tire de l’huille qui sert à brusler et à faire des savons ; la tige est bonne à faire du feu. On envoye beaucoup de ces huilles en Champagne, mais les Hollandois qui sçavent profiter de tout, tirent les colsats en grain et font faire les huilles dans leur pays où ils gagnent la façon. On permet de mettre des oyes dans les marais, dont la plume rapporte un grand profit par la quantité qu’on en retire. Les richesses sousterraines n’y sont pas grandes. On en retire que des pierres blanches et molles propres à bâtir /fol. 2/ et à faire de la chaux, et on trouve dans les marais de la terre bitumineuse dont on fait une très grande quantité de tourbes à brusler [en marge, de la main de Réaumur : tourbes], desquelles le menu peuple se sert faute de bois qui y est très cher. On y fabrique de très bons draps, des ratines, des serges, des damas, des velours, des camelots, des coutils, des dentelles blanches et noires, des tapisseries, des cuirs dorés, des savons blancs et noirs, des pipes, des mêches, du carton, des bas et culottes au métier, des paniers d’un ozier très fin, des chapeaux, des sayes, baracans, becs, polimites, changeants, crépons, bourats, couvertures et touttes sortes d’étoffes de laine ou meslées avec le fil et la soye. La principalle manufacture est celle des sayetteurs et bourgeteurs. Les premiers ont été ainsy nommés à cause qu’ils font des sayes. Les seconds ont pris leur nom de la ville de Bourges, d’où ils sont venus s’installer à L’Ille [lire Lille] il y a plus de deux centz ans.

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[en marge, de la main de Réaumur : Douai, trèpes5 de velours] Les seulles manufactures que l’on fabrique dans cette ville, sont des tripes de velours, et l’on y en fait en si petite quantité qu’il est bien difficile qu’elle en retire beaucoup de profit. Il n’y a pas plus de trois centz maisons dans la ville de Seclin et point de manufactures. La ville d’Armentières est scituée sur la rivière de la Lys, en tirant vers la Flandre. Elle appartient à Mr le comte d’Egmont qui y nomme un bailly et sept échevins pour rendre la justice en son nom. Le Roy y a voulu établir un maire, mais l’office a été rachepté par le magistrat. Cette ville a été fortifiée, il y a trente ans, puis démolie. On y faisoit autrefois beaucoup d’étamines et autres bonnes étoffes de laines et quelques draps. À présent, cela est fort diminué, ainsy que le nombre des habitans qui n’est guère /fol. 2 v°/ de plus de six mil. Ses revenus ne montent pas à plus de 25 000ll par an, qui sont reçus par un receveur dont l’office a été créé héréditaire. Les bourgs de Turcoing6 et de Roubaix sont les plus considérables pour les différentes étoffes de laines ou meslées de soyes et de laines que l’on y fabrique et que l’on envoye presque dans tout le monde. [en marge, de la main de Réaumur : Tournaisis, eaux minérales] Les eaux minéralles de St Amand7, les pierres noires propres à bâtir que l’on tire de plusieurs endroits entre Tournay8 et St Amand et desquelles on fait une chaux excellente et si renommée qu’on en envoye en plusieurs endroits, ainsy que la cendrée9, espèce de ciments qui en reste et dont on se sert principallement pour bâtir dans les lieux humides, et la terre appellée d’erle, propre à faire des fayances, qu’on tire du village de Bruyelle10, sont les seulles richesses que cette province produit. [en marge, de la main de Réaumur : moquettes, faiances] Les moucades ou mouquettes y sont assés bonnes et recherchées, mais les fayances ne le sont pas, quoyqu’elles soient faites de la même terre que celle que font les Hollandois et que l’on tire du village de Bruyelles, à une lieue de Tournay. La commodité que les fayanciers de Tournay ont d’avoir cette terre est très grande et devroit les exciter à perfectionner leurs ouvrage. Cependant les Hollandois viennent chercher cette terre pour en fabriquer leurs fayance qu’ils envoyent ensuitte vendre dans tous les pays conquis. [en marge, de la main de Réaumur : comté de Valenciennes, camelots, baptiste ou toiles de Cambray] Il n’y a que deux manufactures considérables 5. Tripe ou trèpe (voir Glossaire). 6. Tourcoing (Nord). 7. Saint-Amand-les-Eaux (Nord). 8. Tournai (Belgique). 9. Mélange de pierre à chaux calcinée et de cendre de charbon de terre dont on fait un béton léger, dit béton de cendre. 10. Près de Tournai.

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dans cette ville, l’une de camelots, bouracans et autres étoffes de laine, et l’autre de toilles fines que l’on nomme en France toilles de baptiste et en Flandre toilles de Cambray, parce que cette manufacture a commencé dans la ville de Cambray. /fol. 3/ Il y a au village de Prouvy, près de Valenciennes, un moulin à poudre qui peut fournir environ trois centz milliers de poudre par an. Il faut y porter les matières pour y travailler, le pays n’en fournissant pas pour cela. On les tire ordinairement de la ville de Rouen, en Normandie. [en marge, de la main de Réaumur : châtelenie de Bouchain] Il n’y a point d’autres richesses souterrainnes que les pierres blanches que l’on tire du village d’Avesne lez Selle, et par corruption le Secq11. Elles sont si belles et si bonnes que l’on en envoye non seullement dans touttes les villes voisines, mais même en Hollande. [en marge, de la main de Réaumur : Cambraisis] Les terres y sont un peu seiches mais bonnes. Elles produisent touttes sortes de grains et des lins dont on fait du fil si fin que cela a donné lieu à y commencer la manufacture des toilles de baptiste que l’on nomme dans le pays toilles de Cambray. Les pâturages y sont excellens, surtout pour les chevaux et pour les moutons dont la laine est très fine et fort estimée. Ses richesses souterrainnes consistent seullem[en]t en quelques pierres blanches que l’on tire aux environs du village d’Avesnes, et des pierres grises dont on peut faire des colonnes de dix huit pieds de haut. Les seulles manufactures de cette ville sont celles des toilles, ou toillettes fines, des draps, des retordeurs de fil, des savons et des cuirs. 2. - 4 décembre 1715 : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/55]. 4e décembre 1715 L’Isle L’académie des sciences travaille depuis longtems à la description générale des arts et métiers. Elle a fini presque tout ce qui regarde la rubanerie. Il ne luy reste plus par raport à cet art qu’à décrire les métiers qui font trente six et quarente huit rubans à la fois. Ces sortes de métiers ne sont point en usage à Paris. On a appris de témoins oculaires qu’un particulier de L’Isle en a trois dont l’un fait à la fois 24, l’autre 36 et l’autre 48 rubans. On souhaiteroit avoir des deisseins de celuy à 48 rubans, car apparemment qu’ils sont construits tous trois sur le même principe. On demanderoit moins des deisseins finis et propres que des deisseins exacts et faits sur une échelle. Il n’importeroit point de quelle grandeur on les fist. On les réduiroit icy à celle qu’on aimeroit le mieux. Les 11. Avesnes-le-Sec (Nord).

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deisseins dont on auroit besoing seroient : 1° le métier en entier en perspective. 2° ses parties escentielles séparément en perspective. 3° quelques deisseins particuliers qui représentassent plus nettement la disposition de la chaîne des différents rubans que ne le fera là une générale. 4° un profil du même métier. 5° quelques coupes horizontales. Il seroit nescesaire de joindre à ces deisseins un mémoire qui expliqueroit les noms et les usages des différentes pièces du métier. 3. - s.d. : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/53]. L’Isle [même document à quelques variantes de vocabulaire près que R/6/55 ci-dessus, à l’exception du dernier alinéa :] On souhaiteroit aussi avoir du Hainault des mémoires très détaillés sur la culture de la garence et sur la manière dont on la prépare. Il seroit même à propos d’avoir sur cette matière des mémoires de différentes personnes, afin de voir s’il n’y a point des pratiques différentes. 4. - janvier 1716 : demande de renseignements par Réaumur [R/6/54 (minute) et R/6/56 (copie)]. L’Isle janvier 1716 Il est aisé de juger par le profil du métier à 40 rubans que Monsieur de Bernière12 a envoié, que les autres desseins auxquels il a engagé Mr Gittard13 de travailler, donneront une intelligence parfaite de cette machine. Ce n’est pas la seule matière de la généralité de Monsieur de Bernière sur laquelle l’académie aura besoing d’éclaircisements, et elle a lieu d’en espérer des meilleurs. On cultive aux environs de L’Isle une plante très utile pour les teintures, c’est la garence. On voudroit fort avoir des mémoires détaillés et sûrs sur la manière dont on la cultive et dont on la prépare. On souhaiteroit même avoir de ces mémoires de différents endroits afin de voir si les pratiques sont uniformes ou en quoy elles diffèrent.

12. Après avoir été intendant en Hainaut (1698), puis en Flandre maritime (1705), Charles Étienne Maignart de Bernières (1667-1717) est nommé, le 12 juin 1708, intendant à Lille ; il y mourra en fonctions. 13. Pierre Gittard (?-1746), ingénieur dans le corps du génie (1690), ingénieur en chef à Philippeville (1712) et à Lille (1713), directeur des fortifications en 1738.

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5. - 18 janvier 1716 : demande d’exemption présentée par François Prével au Régent [18/51/a]. [en tête, de la main de Bignon :] Néant, veu la réponse donnée par le magistrat de Lille sur la communication de ce placet. À Paris, le 8 mars1716. À M. l’abbé Bignon À Son Altesse royale Monseigneur le duc d’Orléans, Régent du royaume, François Prével, marchand de la ville de Lille, prend la liberté de vous remontrer, Monseigneur, qu’avant la prise de cette ville14, il avoit trouvé le moien d’y établir une manufacture de ruban de fil à la façon d’Holande et construire des moulins, lesquels suivant son génye avoient si bien réussis qu’un seul pouvoit façonner quarante pièces de ruban par un seul ouvrier. Mais le remontrant a eu le malheur que cette manufacture a été anéantie par la réduction de cette ville aux alliéz, par la grande abondance de ces sortes de marchandises que les Holandois y faisoient entrer provenant de chez eux dont ils faisoient un gros négoce ; ce qui auroit obligé led. remontrant à faire cesser ses moulins et renvoyer un nombre de pauvres ouvriers dud. lieu qu’il faisoit subsister. Comme c’est l’intention de VAR de chercher tous les moyens de faire reluire toutes sortes de manufactures dans le royaume pour le bien et l’avantage de vos sujets et, par ce moien, se passer de l’étranger, le remontrant a donné depuis peu de jours une ample explica[ti]on du mérite de cette manufacture à Mr Gebar15, ingénieur en chef de cette ville, lequel par ordre de Mr l’Intendant de Bernières a fait un plan des moulins du remontrant, et les a portées en cour pour informer VAR du mérite de la chose. C’est donc, Monseigneur, ce qui fait retirer votre très humble et très fidèle sujet vers vous pour vous suplier très humblement qu’en considération de tout ce qu’il luy a coûté pour l’errection de ses moulins et remettre cette manufacture dans son premier point, il vous plaise d’ordonner que led. suppliant aura son logement franc aux frais de la ville, exempt de payer aucunes vingtièmes, et une pièce de vin, douze rondelles16 de forte bierre et douze tonneaux de petite franc des droits de la ville pour sa boisson. Il sera obligé luy et sa famille de faire tous les vœux d’un fidèle sujet pour VAR. François Prével Ce 18e janvier 1716 Joint : avis des magistrats de Lille sur la requête de Jean Prével, s.l.n.d. [18/51/b]. Mémoire pour les magistrats de la ville de Lille au sujet de la requête présenté à Son Altesse royale Monseigneur le duc d’Orléans, Régent du Royaume, 14. Durant la Guerre de Succession d’Espagne, les Anglo-Hollandais prirent, le 23 octobre 1708, la ville de Lille qu’ils occupèrent jusqu’au traité d’Utrecht (11 avril 1713). 15. Pour Gittard (voir note 13, p. 513). 16. La rondelle de bière équivaut à 72 lots ou pots, soit environ 150 litres.

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par François Prével, marchand audit Lille Au mois de juin 1706, Prével a demandé aux magistrats de Lille d’y establir deux manufactures, l’une de rubans de fil et l’autre de philoselle17 à la façon d’Hollande, et d’y faire ces manufactures l’espace de douze ans à l’exclusion de tous autres avec l’exemption des droits sur les forte et petite bierres dont il avoit besoin. Les magistrats ont accordé audit Prével l’establissement desdites manufactures, à charge d’acheter les fils dont il auroit besoin dans les marchéz publiqs de ladite ville et de continuer le travail de ses manufactures à l’exclusion de tous autres pendant six ans au lieu de douze qu’il demandoit, à condition pourtant que, s’il y avoit des particuliers en ladite ville qui faisoient pareilles manufactures, qu’ils ne seront point privéz ny exclus de continuer leur fabrique, parce qu’on avoit assuré que le corps des passementiers et rubaniers en faisoient quand on leur en demandoit, et, pour favoriser son establissement les magistrats, luy ont accordé l’exemption des droits à raison de douze rondelles de forte bierre et de douze tonneaux de petite bierre par année pour en jouir comme les exempts par grâce. Au mois de septembre 1706, les magistrats voiant que Prével n’avançoit point dans son establissement, et Jean Baptiste De Coninq, natif de Lille, s’étant présenté de venir en cette ville establir la manufacture de ruban de fil de lin à la façon d’Hollande et de la retirer de la ville de Menin où il l’avoit establi, les magistrats, après avoir ouÿ ledit Prével qui a déclaré qu’ils estoient les maîtres d’accorder audit Coninq ce qu’il demandoit, mais qu’il les suplioit de ne luy pas permettre de faire autre establissement que la manufacture de ruban de fil de lin et de luy conserver la fabrication des mêmes manufactures et de ne point accorder audit Coninq la fabrication de la manufacture de filosse, ont permis audit De Coninck de s’establir à Lille avec sa famille, moulins, mestiers et ouvriers, d’y faire la manufacture de ruban de fil de lin et luy ont accordé l’exemption des droits de huit rondelles de forte bierre et autant de petite par chacun an pour en jouir comme les exempts par grâce. Les magistrats n’empêchent pas ces établissemens avec les exemtions et les conditions sous lesquelles ils ont été accordées et ils ne croient pas que ledit Prével puisse obtenir ce qu’il demande aujourd’huy par sa requête. 6. - 2 août 1716 : Gittard à Bignon [ou Réaumur ?], Lille [18/52/a]. À Lille, le 2e aoust 1716 Monsieur, Il y a plus de six semaines que j’ay remis à Mr de Bernières les plans et profils des fourneaux et moulins à dessécher et piler la garance pour, sur lesd. des17. Filoselle, bourre de soie qui, mélangée avec du coton, sert après teinture à la confection de bas, rideaux, tentures et autres articles de bonneterie.

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seings, faire faire le mémoire par le manufacturier. J’ay apris aujourd’huy qu’il étoit achevé et que l’on doit l’envoyer incessament. J’ay trouvé dans cette machine plusieurs choses à corriger et qui diminueroient considérablem[en]t la dépense tant sur le feu qui la doit dessécher que sur les forces qui enlèvent les pilons. Il est certain qu’il ne faudroit pas le quart du feu que l’on y employe et, qu’au lieu de six chevaux qu’il faut pour faire tourner le moulin et enlever les pilons, il n’en faudroit que deux au plus si la machine étoit bien réglée et les forces bien ménagées. J’ay l’honneur d’être avec un profond respect, Monsieur, [etc.]. Gittard 7. - 3 août 1716 : Maignart de Bernières au Régent, Lille [18/52/b]. 86 À Lille, le 3 aoust 1716 Monseigneur, Je satisfais par le mémoire cy joint aux nouvelles questions de l’accadémie des Sciences que VAR m’a fait l’honneur de m’addresser le premier de may dernier touchant la garence. Les plans et profils des moulins et fours dont on se sert pour la préparer, sont aussy dans ce paquet et il y a, dans une boëtte de fer blanc que VAR recevra en même temps, des plantes de plusieurs sortes de garence avec des échantillons de plusieurs espèces de cette racine pulvérisée, chaque sorte et chaque espèce accompagnée de son étiquette. Au moyen de quoy je croy d’avoir pleinement répondu aux éclaircissemens demandés sur cette matière par l’accadémie des Sciences, et j’espère que VAR en sera satisfait. J’ay l’honneur d’être avec un très profond respect et un attachement inviolable, de VAR, Monseigneur, [etc.]. de Bernyères Joint : mémoire sur la garance, s.d. [18/52/c]. /fol. 1/ 4 29 Mémoire sur la garance [en marge :] Ce que c’est que la garance Quelque soin que l’on ait pris pour sçavoir d’où la garance est venue, l’on n’a peu y parvenir. Les anciens du pays sçavent seulement par tradition qu’elle s’est toujours cultivé aux environs de L’Isle depuis plusieurs siècles. La garance est une plante qui approche assez de celle de l’asperge et dont la racine a un rameau plus long que les autres d’un pied et demy ou environ, qui produit de distance en distance deux petits rejettons qui servent à renouveller cette plante.

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Elle pousse hors de terre une tige d’environ trois à quatre pieds, qui est environnée de petittes feuilles à la distance de quatre doits les unes des autres. Ces feuilles resemblent assez au trèfle, mais elles ne sont pas si grandes et sont plus rudes. La racine de la garance est enveloppée d’une petitte peau fort mince et de couleur de canelle /fol. 1 v°/ et le corps de cette racine est de la grosseur du petit doit quand elle est dans sa perfection, est de couleur de saffran et a une raye noire dans le milieu. [en marge :] Menière [sic] de cultiver la garance. La garance se plante à la my juin après que la terre est fort fumée et bien préparrée par cinq ou six labours, en observant de faire entrer la charue le plus profond que l’on peut afin que la terre soit toujours légerre et que la racine at [sic] plus de facilité à se perfectionner. Les terres où il y a de la marne sont propres pour la culture de cette plante et il ne faut point qu’elles soient trop seiches, ny trop humides, et surtout faire en sorte que l’eau n’y puisse pas sesjourner parce que, quand cela arrive, cette plante pourit tout aussitost. On a même remarqué que s’il passe des hommes ou des chevaux sur la terre où est plantée cette racine et que l’eau qui tombe du ciel reste dans l’impression de leurs pieds, la racine qui se trouve dessous pourit. /fol. 2/ Il faut remarquer que la terre qui a une fois produit cette plante n’en peut produire de nouvelles que dix huit ou vingt ans après. Elle se plante, comme on vient de dire, à la my juin en sorte que celuy qui donne le dernier labour à la terre qui doit estre fait avec une besche, est suivy d’un homme qui couche les racines en talus à la distance d’un pied l’une de l’autre, de sorte que celuy qui bêche repassant devant les racines qui ont esté couchées, les couvre de terre en faissant un autre sillon pour en mettre de nouvelles, en observant de laisser hors de terre un petit bout de verd qui, ayant poussé pendant trois semaines ou un mois, doit estre couché et recouvert de terre afin d’avoir plus longue tige. Ce qui donne la bonne garance et il n’y a d’autres façons jusqu’à l’hiver que d’arracher les mauvaises herbes de peur qu’elles n’altèrent la plante. Au mois de mars de l’année suivante, on /fol. 2 v°/ arrache touttes les herbes qui se trouvent seiches et qui ont passé l’hiver ; après quoy, l’on recharge la garance d’environ quatre doits de nouvelle terre qui se prend à droite et à gauche de celle où elle est plantée, et, à la my juin, on arrache les rejettons pour les replanter comme il est cy dessus expliqué, en observant d’en laisser quelque uns de distance en distance pour la nouritture de la plante qui reste en terre. Le verd qui se trouve à la garance d’où l’on a tiré les rejettons se couppe au mois d’aoust suivant, et les paysans les donnent à manger à leurs bestiaux, mais il n’en donnent pas plus d’une fois par jour de crainte que le lait ne

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devienne rouge. Au mois de novembre en suivant, lorsque le tems est beau et sceq, l’on fait passer la charue dans le champ où est la garance en sorte que ceux qui suivent ramassent les plantes en secouant la terre qui s’y trouve attachée pour les porter ensuitte dans des endroits où, /fol. 3/ [en marge : Manière de préparer la garance] après l’avoir estendue sur des clayes au dessus des fourneaux faits exprès pour la seicher, on allume dans lesdits fourneaux un feu de bois où l’on a soin de retourner laditte garance de tems en tems jusque à ce qu’elle soit devenue à un degré de seicheresse d’où elle est transportée sur un autre fourneau où l’on se sert de charbon de bois, lequel fourneau est couvert d’un espèce de berseau sur lequel il y a des couvertures de crain où l’on estend une seconde fois laditte garance jusque à ce qu’elle soit entièrement seiche en sorte qu’il n’y reste aucune humeur, et qu’elle se brise facillement ; après quoy, on la porte dans des moulins qui doivent estre dans des lieux fort sçeqs où l’on la pulvérise, et cette poudre, estant ensuitte tamisée, s’enferme dans des tonneaux pour empescher qu’elle ne s’évente et la mieux conserver jusque à ce qu’elle soit employée aux teintures. La meilleure doit estre de couleur de saffran et plus elle devient vielle plus elle rougit. [en marge :] Propriétés de la garance L’on doit mettre dans touttes sortes de teintures de la garance et elle est particulièrement nécessaire /fol.3 v°/ pour les couleurs. Elle sert à teindre le rouge de garance ou rouge commun, les couleurs d’aurore, d’isabelle, feuille morte, de paille, d’incarnadin, demy incarlatte, couleur de nakre, de canelle, de café, de violet, pourpre de garance, fave, noir et, générallement, pour toutes autres nuances proportionnées, et l’on peut dire avec vérité qu’elle est la reine de toutes les drogues qui servent à la teinture puisque la couleur qu’elle produit est plus de durée que celle de la cochenille et que le guèderon mesme a recours à laditte garance pour remettre le pied de sa cuve en estat de teindre le beau bleu. Il faut aussi observer que toutes les sortes de bois dont l’on se sert à la tinture au lieu de garance, ne produisent que de fausses couleurs, ce qui doit estre absolument deffendu. L’on ne sauroit mieux s’instruire qu’en lisant le traitté sur l’instruction des teintures de laines imprimé à Rouen chez Jean Baptiste Besogne en l’année 169918, en observant cependant qu’il n’est /fol. 4/ point au fait de la culture de cette plante, et il seroit à souhaitter que l’on pût assez tenir la main à faire employer aux teinturiers la garance si nécessaire dans les teintures puisque les couleurs en sont plus vives, et que l’étoffe en est plus de durée. Il seroit même nécessaire de donner quelque avantage à ceux qui cultivent cette plante, puisque par là on empêcheroit la sortie de plus de 500 000ll qui 18. Il s’agit très probablement de l’ouvrage d’Albo, Instruction générale pour la teinture des laines et manufactures de laine de toutes couleurs, et pour la culture des drogues ou ingrédiens qu’on y employe, d’abord publié à Paris, en 1671 et 1688, chez F. Muguet, puis à Rouen, chez Jean-Baptiste Besongne, en 1699, in-12.

LILLE

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sortent tous les ans du royaume pour l’achat de cette marchandise qui est même beaucoup inférieure en qualité dans les pays étrangers qu’en France. La meilleure est sans contredit celle qui se recueille aux environs de Lisle et, si elle y a esté négligée, les guerres en ont esté cause et le peu de débit que l’on a eu de cette marchandise, les teinturiers se servant presque tous de bois, ce qui est préjudiciable aux bonnes couleurs et qui fait que les étoffes ne sont pas de durée. C’est ce qui a aussy dégoûté les étrangers de nos étoffes auxquelles ils ont remarqué /fol. 4 v°/ des deffauts qui ne seroient point si l’on se servoit de la garance, ainsi qu’il est ordonné par les ordonnances rendues sur le fait du commerce. Cette plante a encore plusieurs vertus pour la médecine. 8. - s.d. : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/dossier “ Manufactures, machines et inventions… ”]. /fol. 1/ L’Isle La garence mérite fort les soings que veut prendre Monsieur de Bernières pour la faire cultiver. Il est sûr qu’il n’y a guère de plante d’un plus grand usage dans la teinturerie et que la plupart de celles qu’on luy substitue ne donnent que des couleurs fausses, que, quoique divers règlements ont sagement ordonné d’emploier la garence en diverses teintures, qu’on se sert en sa place de plantes que nous tirons de loing et qui valent moins. Le mémoire de Monsieur de Bernières nous a parfaitement instruit de la manière dont on la cultive. Il nous reste seulement à souhaiter quelques petis éclaircisements. 1° Comme nous rassemblons autant qu’il nous est possible des desseigns de tout ce qui est nescesaire aux pratiques des arts, nous en voudrions avoir des deux fours où l’on fait sécher la garence, et scavoir pourquoy dans le premier on brûle du bois, et du charbon dans le second ; combien elle est de temps à sécher sur chaque four ; pourquoy on se sert de couvertures de crin sur le second four. On souhaiteroit même que les deisseins fissent voir comment les clayes et les couvertures sont posées sur les fours et comment la garence est étendue dessus. /fol. 1 v°/ 2° On voudroit scavoir dans quelles espèces de moulins on moud la garence ; si ces moulins sont semblables à ceux où l’on moud le bled où à ceux qui pillent le tan. Pour peu qu’ils fussent différents des uns ou des autres, on en demanderoit aussi des deisseins. Ces moulins ne sont ils mus que par le vent ou par la l’eau [sic]. Il semble qu’ils le doivent estre par le vent puisque la garence demande qu’ils soient scitués dans des lieux secs. 3° C’est un fait singulier, en physique, de ce que les feuilles de la garence teignent le lait des vaches qui en ont trop mangé. Ceux qui mangent du fruit de l’oppontia, arbre qui nourrit la cochenille, rendent des urines couleur de sang. Les urines des animaux qui mangent le vert de la garence ne se teignent

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elles point aussi ? Le fait du lait mériteroit peut être d’être vérifié et on pourroit voir en même temps si les urines se colorent. 4° On verroit avec plaisir quelques unes des plus belles racines de garence en entier et des échantillons de poudre de garence de la meilleure qualité qui se tire des environs de L’Isle et des échantillons de la mauvaise ou médiocre. 5° La terre où l’on cultive la garence reste donc inutile pendant une année, puisqu’on plante les rejettons au mois de juin et qu’on ne déterre les racines qu’au mois de novembre de l’année suivante. La terre ne pourroit elle point produire quelque espèce de grain comme elle produit des herbes. /fol. 2/ Les diverses instructions que Monsieur de Bernières nous a procurées, nous font espérer qu’il voudra bien nous indiquer ce que sa généralité a de singulier soit par raport aux arts, soit par raport à l’histoire naturelle.

XVII.

LIMOGES

1. - 11 décembre [1715] : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/85 et R/6/84 pour partie avec quelques variantes de forme]. /fol. 1/ Limoges fabrique de l’acier 11e décembre Il y a quelques mois que Monsieur d’Orsay1 procura à l’académie des sciences un mémoire qu’elle avoit souhaité sur la manière dont se fait l’acier dans le Limousin. Ce mémoire contient des faits qu’on a lus avec plaisir. Mais il n’entre pas dans tout le détail dont on auroit besoing. Il donne seulement en gros une idée des procédés, et les plus petites circonstances nous sont escentielles. Nous allons ajouter icy les principaux articles sur lesquels des éclaircisements nous eussent été nescesaires. 1° Quelles sont les forges du Limousin où l’on fait le meilleur acier. 2° Quel est le poids le plus commun des aguises2 ou, comme on les nomme ailleurs, des g[u]euses dont on fait l’acier. 3° Comment sont construits les fourneaux ou creusets où l’on fond les aguises pour les convertir en acier. C’est un des articles des plus escentiels qu’il n’est guère possible de faire entendre sans deisseins du profil et du plan géométral de ce fourneau. 4° Ce qu’on rapporte dans le mémoire du frasil pillé et du gazon brûlé nous a paru singulier. /fol. 1 v°/ Dans les autres pais où l’on fait d’excellent acier, on ne remplist le fourneau ou creuset que de charbon. Nous voudrions scavoir si l’autheur du mémoire a vu cette pratique ou si il ne la scait que sur le simple récit des ouvriers auquel il ne faut pas trop se fier. L’aprest du fourneau ou creuset dont il dit qu’ils font un misterre qu’ils découvrent à peine à leurs enfans, ne seroit pas un mistère difficile à dévoiler si on vouloit se donner la peine d’examiner avec soing ce creuset. Tout dépend de sa figure, de ses 1. Ancien intendant du commerce (1708), Charles Boucher d’Orsay (1675-1730) est nommé intendant à Limoges en 1710 et il y reste jusqu’à sa nomination à Grenoble, en octobre 1715 ; en 1724, il reviendra en Limousin où il mourra en fonctions. 2. Au XVIe siècle et chez Littré, on trouve “ guise ” en variante pour gueuse.

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dimensions et de la manière dont on place la tuière. Mais, en général, les ouvriers veulent donner un merveilleux à tout, qui disparoit dès qu’on les suit attentivement. Le secret de ceux qui réussisent le mieux n’est pour l’ordinaire qu’un [sic] plus grande application à leur travail. Nous demanderions encore si on remet souvent de cette poussière de frasil et de gazon dans le creuset, ou si on se contente d’en mettre chaque fois qu’on allume le feu de nouveau. 5° Le mémoire n’entre dans aucun détail sur la manière dont [on] purge la matière fondue de sa crasse, sur la manière dont on retire le fer fondu du creuset. En quelques pais, on luy donne écoulement par un trou qui est percé au bas du fourneau ; en d’autres, on le retire par l’ouverture supérieure en morceaux en forme de gâteaux. On l’arrose d’eau avant de le retirer. On ne dit point ce qu’on fait de la matière après /fol. 2/ la première fusion, ce qu’on en fait avant de la fondre une seconde fois. C’est néanmoins de ces divers procédés que dépend l’art de faire l’acier et c’est sur quoy nous aurions besoing d’un récit très circonstancié qui apprist par ordre le travail des ouvriers, le temps que dure chaque façon, le déchet qu’on trouve ordinairement à convertir la g[u]euse en acier et les différentes pratiques des différents ouvriers. 6° Le poids des marteaux avec lesquels on forge l’acier. 7° Nous souhaiterions de plus des échantillons des meilleurs aciers du Limousin, des aiguises dont on les fait, des mines dont on les tire, des différentes crasses, et chaque échantillon envellopé dans un papier séparé avec une étiquette qui apprist ce que le papier renferme. 8° À l’égard des mines de fer du Limousin, nous avons encore à demander si, avant de les jetter dans les fourneaux, on est obligé de les faire cuire comme on y est obligé dans quelques provinces. Si on avoit quelqu’un à portée de dessiner le plan et le profil d’un des fourneaux où l’on fond la mine, on nous metteroit en état de comparer ces fourneaux avec ceux des autres provinces du royaume dont nous avons des desseins. /fol. 2 v°/ 9° Nous voudrions aussi scavoir si il [y] a dans le Limousin d’autres mines que celles de fer, dont on fasse usage ou dont on ait tenté de faire usage et, en cas qu’il y en ait, nous en verrions avec plaisir des échantillons. 2. - 11 décembre [1715] : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/84]. Limoges 11e décembre Monsieur d’Orsay se donna la peine de faire joindre au mémoire qu’il envoia il y a quelques mois sur l’acier un autre mémoire sur le travail des émaux de Limoges, dressé avec ordre et intelligence. Il nous reste cependant encore quelques questions à faire par raport à ce mémoire.

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1° On n’est point surpris que les ouvriers attribuent à l’eau de la fonteine de St Martial la beauté de leurs émaux. Il [sic] cherchent tous à persuader qu’on ne peut venir ailleurs à bout de faire ce qu’ils font, mais on est étonné de ce qu’on marque dans le mémoire qu’ils broient toutes leurs couleurs avec cette eau, étant certain que les peintres en émail ne broient à l’eau que les émaux clairs et qu’ils broient à l’huile d’aspic3 les émaux obscurs. Apparemment qu’on ne leur a pas vu préparer ces sortes d’émaux. 2° Les fonds blancs réussisent ils sur le cuivre. 3° Comme on nous a dit que l’or est la dernière des couleurs que les émailleurs emploient, nous eussions souhaité qu’on nous eût raconté par ordre celles qu’ils couchent les unes après les autres, les plus aisées à parfondre4 devant toujours être appliquées les dernières. 4° Nous verrions avec plaisir des échantillons des différens émaux qu’on emploie ; gros comme un pois de chacun sufiroit. Nous voudrions qu’on y pust joindre des échantillons d’ouvrages en différens états, par exemple un morceau de cuivre sur lequel on a simplement mis la première couche, un pareil morceau de cuivre sur lequel les traits de la figure ont été dessinés, etc. 5° Quoique le fourneau et les outils soient simples et aisés à entendre par le mémoire, si on pouvoit commodément en faire un deissein accompagné d’une échelle, nous le demanderions. 6° On ne nous dit rien sur la manière dont on fait divers ornemens en relief qui servent souvent de bordure aux tableau d’émail. 3. - mai 1716 : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/44]. Limoges, 1716 may L’académie des sciences a quelques essays d’ouvrages d’émail à faire faire et, comme elle voudroit être sûre que ces essays auront été faits avec les mêmes émaux qu’on emploie à Limoges, elle souhaitroit que Monsieur de Lesseville5 qui luy a déjà envoié des mémoires sur cette matierre, voulust bien luy envoier des morceaux des émaux blancs et noirs dont se servent les deux émailleurs de Limoges, car il seroit à propos d’en avoir des deux ouvriers. Comme ils ne font pas eux mêmes ces émaux, ils ne feront pas apparement difficulté d’en donner.

3. Huile extraite de la lavande, très inflammable, utilisée par les peintres. 4. Incorporer les couleurs à la plaque de verre ou d’émail, et les faire fondre également. 5. Charles Nicolas Leclerc de Lesseville (1679-1749) est nommé intendant à Limoges en octobre 1715 ; il sera par la suite intendant d’Auch et Béarn (1718), puis de Tours (1731-1743).

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4. - 15 juillet 1716 : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/100]. Limoges 15 juillet 1716 Les mémoires et les morceaux de mines de fer, de fer [sic], d’acier, d’émaux et de mines de plomb qui ont été envoiés par Monsieur de Lesseville donnent la plupart des éclaircisements qu’on avoit demandé. Mais, comme le mémoire sur la mine de plomb nous apprend qu’il y en a plusieurs en Limousin pareille à celle dont on a envoié un échantillon, on souhaiteroit qu’on ramassast des morceaux de ces différentes mines et qu’on marquast précisément les endroits et la nature du terrain où on les trouve. On voudroit qu’on nous indiquast de même ce qu’on pourra découvrir dans le Limousin de singulier en autres mines, minéraux, pierres, marbres, cristaux, etc. 5. - 29 septembre 1716 : Leclerc de Lesseville au Régent, Limoges [18/81/e]. [en marge :] renvoyé à M. l’abbé Bignon le 6 octobre 1716. 4 116 À Limoges ce 29 septembre 1716 Monseigneur, Je prends la liberté d’addresser à VAR un mémoire contenant les nouveaux éclaircissemens que l’académie des Sciences a demandé sur les mines du Limousin. Je suis avec un très profond respect, Monseigneur, [etc.]. de Lesseville Joint : mémoire d’éclaircissements, s.d. [18/81/a]. /fol. 1/ [en marge :] cotte 2. Limoges 166 Réponse au mémoire de Messieurs de l’académie des Sciences envoyé à Mr de Lesseville, le 30 aoust 1716 Il n’est pas possible de ramasser présentement des échantillons de touttes les mines de plomb qu’on a trouvé en Limouzin, parce que les puis et autres ouvrages qu’on avoit faits pour la tirer se sont ruinéz et combléz entièrement. Mais il est certain que touttes ces mines sont de la même nature de celle dont on a envoyé des échantillons. Ceux qui en ont fait touttes les épreuves et qui estoient intéresséz à la recherche l’ont certiffié. Il s’en est trouvé dans la paroisse de St Paul, à 3 lieues de Limoges, à l’endroit appellé Falgeas, sur le bord d’un petit ruisseau qui fait moudre un moulin, par intervalle /fol. 1 v°/ en deux endroits de la paroisse de St Hilaire6,

6. Saint-Hilaire-Bonneval (Haute-Vienne).

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à deux lieues de Pierre Buffière, distant de quatre lieues de Limoges. En trois endroits de la paroisse de Glanges, distant d’une lieue de Pierre Buffière et de quatre lieues de Limoges, c’est d’où l’on en a le plus tiré. Il y en a encore dans la paroisse de St Priest Ligoure, distante de quatre lieues de Limoges, mais l’on n’y a jamais travaillé. Les endroits où se trouve cette mine sont ordinairement des terres maigres et légères ne produisant que des genêts et quelques mauvaises brandes. Les fillons de la mine sont attachéz à des rochers qu’ils suivent et qu’ils traversent par de petittes fentes qui s’y trouvent et qui sont accompagnées /fol. 2/ de quelques petittes sources. Quelquefois ces fillons se manifestent sur la terre, il faut les suivre en profondant et rompant les rochers jusqu’à 30, 40, 50 et 60 pieds dans terre. D’autres fois, on a creusé aux endroits où on s’imaginoit en pouvoir trouver, et en effet on en a presque rencontré partout. Mais les fillons ont toujours esté très petits et tout cela ne se peut faire qu’à grands frais. On a trouvé quelques fois de la mine en rognons, c’est à dire en morceaux gros comme le poing ou comme la teste, plus ou moins à un pied et un pié et demy de profondeur sans [qu’] il y eust de l’eau. Cette dernière est la plus riche et la meilleure parce que ces morceaux sont tout mine. La terre qui les enferme /fol. 2 v°/ est un peu grasse et rougeastre tirant sur le noir. La mine des fillons est moins riche parce que l’on ne peut la tirer sans quelque mélange du rocher où elle est attachée. Deux choses ont empesché la continuation de l’exploitation de ces mines. La première, qu’on trouvoit peu de mines en rognons et que les fillons qu’il faloit suivre ou creuser fort avant dans la terre, ne produisoient que peu de matière, n’ayant point esté découvert de corps de mine considérable. Et la seconde, que le nonmé Fourbin s’étant présenté aux nouveaux entrepreneurs et leur ayant fait entendre [qu’] yl fondroit cette mine d’une manière bien plus aisée que celle [qu’] yls avoient trouvé, expliqué /fol. 3/ dans le précédent mémoire, et à peu de frais, il les trompa leur ayant dépensé plus de 6 000ll sans aucun succès. Outre cela, il leur consomma plus de 80 milliers de mine inutillement, qui auroient au moins produit 40 milliers de plomb, ce qui dégoûta les entrepreneurs. On trouve dans la paroisse de St Bonnet la rivière7, élection de Brives8, une terre ressemblant un peu à l’argille et qui devient un peu verte à mesure qu’elle prend l’air. Ce Fourbin se promettoit d’en tirer du cuivre et, en effet, en mettant de cette terre dans une creuset avec du charbon pillé et du selpestre et le faisant fondre, 7. Saint-Bonnet-Avalouze (Corrèze). 8. Brive-la-Gaillarde (Corrèze).

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on trouvoit au fond, après que la matière estoit refroidie, quelques petits lingots de cuivre rouge, aussy beau et aussy bon que le cuivre de rozette. Cette expérience fut faite par /fol. 3 v°/ Fourbin en présence de plusieurs intéresséz, et chacun d’eux la fit aussy en son particulier pour estre convaincu qu’il n’y avoit point de suppercherie. Touttes les épreuves donnèrent égallement du cuivre mais, comme on ne peut pas trouver le moyen de fondre beaucoup de cette mine à la fois et que ces petittes fontes coustoient infiniment plus que le cuivre ne pouvoit valoir, on ne poussa point cette découverte plus avant. Du reste, il y a une montagne presque toutte entière de cette terre. Monsieur de Lesseville en envoyra incessament un échantillon. Le Sr de Rodes, connu par différentes entreprises qu’il a faites dans les vivres et qui avoit entrepris la recherche des mines de Limouzin, se proposoit de trouver quantité de mercure dans le pays. /fol. 4/ Mais il ne trouva jamais que du plomb qu’il ne put point fondre. Cette terre qui produit du cuivre a esté découverte depuis qu’il eut abandonné. Il n’y a ny marbre ny aucuns autres minéraux dans ce pays, du moins dont on ayt connoissance. 6. - s.d. [après le 29 septembre 1716] : réponse de Leclerc de Lesseville à une demande d’éclaircissements de l’Académie des sciences [17/29]. /fol. 1/ 5 Mémoire9 Le dernier mémoire de Mr de Lesseville du 29 7bre [septembre] [1716] contient un détail fort instructif sur les différents endroits du Limouzin où l’on trouve des mines de plomb. Ce qu’il ajoute sur une terre verdâtre et argilleuse qui a donné du cuivre dans tous les essays qu’on en a faits, mérite attention et cela parce qu’il assure qu’il y a une montagne dans l’élection de Brives, par[oi]sse de St Bonnet, qui est presque toutte entière de cette terre. Il resteroit seullement à scavoir si la montagne est grande, si la couche de terre est épaisse et si on a fouillé au dessous de la terre pour voir s’il n’y a pas un minéral plus riche. Comme il promet d’envoyer de

Réponse Monsieur de Lesseville a pris la liberté d’envoyer à SAR Monseigneur le duc d’Orléans quatre livres de cette mine avec un lingot de cuivre pezant environ 4 onces, qu’on a tirré sur 16 onces de cette mine en une p[remiè]re fonte faite en présence de M. de Lesseville. On n’a travaillé que fort peu à découvrir cette mine. Ceux qui y firent travailler il y a environ 9 ans, abandonnèrent le travail quoyque touttes les épreuves eussent réussy, parce qu’ils ne sceurent jamais en fondre que dans de petits creuzets d’une ou deux livres de mine et les frais de ces fontes coûtoient beaucoup plus que ne valloit le cuivre. Le peu de travaux qu’on a fait pour cette découverte, ne permet pas de juger si cette mine sera

9. L’original de la main de Réaumur est conservé sous le n° R/6/91.

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cette terre, nous espérons en voir bientost.

/fol. 1 v°/ M. de Lesseville envoya il y a plusieurs mois des échantillons d’émail noir et blanc des émailleurs de Limoges. Il y a apparence qu’il ne fut pas servy fidellement ; un peintre en émail, plus habile que certainement les émailleurs de Limoges, a fait essay de ces émaux. Le noir n’a donné qu’un gris noirâtre, le blanc n’est pas d’un beau blanc et, fondu, il n’a rien d’onctueux. On nous a assuré qu’auprès d’Angoulême, on trouvoit un minéral utile aux verreries appellé périgeux10. On auroit à demander des échantillons de celuy qui se trouve autre d’Ang[oulê]me, les noms des endroits où on le trouve, à quelle profondeur on le tire de la terre, quelle est la largeur des veines de ce minéral, s’il y est meslé avec une matière étrangère, etc.

[au dos :] à M. l’abbé Bignon

10. Ou périgueux. 11. Aignes-et-Puypéroux (Charente).

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abondante, ny s’il y a dessous quelque minéral plus riche, mais ceux qui ont esté sur les lieux assurent que la montagne est fort grande dans un pays arride et que la superficie est presque partout de la même couleur que dans les endroits où on a fait quelques trous ou puits. Le pays à quelque distance de la montagne est fort sablonneux. On a parlé du contenu en cet article aux émailleurs de Limoges. Ils ont soutenu que l’émail qu’ils avoient donné estoit du plus beau et du meilleur, qu’il faut que ceux qui l’ont travaillé à Paris n’ayent pas sceu l’employer, ou que l’eau dont on s’est servy ne fut pas bonne pour cela.

Quelque diligence qu’on ayt fait, on n’a pu découvrir aux environs d’Angoulême aucun minéral utile par distinction aux verreries. M. de Lesseville a mis dans le même sac où est la mine de cuivre, des échantillons des matières dont on se sert dans la verrerie appellée de Puypéroux11, à 4 lieues d’Ang[oulê]me ; on a marqué ce que chaque papier renferme. Le lieu de la Prade /fol. 2/ dont on tire une espèce de terre est en Périgord, à quatre lieues de la verrerie. Pour le caillou, il se tire assés près de là. Les carières ne sont pas profondes et l’on tire l’un et l’autre aisément ; on ne parle pas de la fougère, tout le monde scait ce que c’est, cependant il en est envoyé des échantillons préparéz et non préparés.

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7. - s.d. : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/43]. Limoges Les nouveaux éclairsisements que Monsieur de Lesseville a envoiés sur la fabrique de l’acier du Limousin, satisfont parfaitement à toutes les questions qu’on avoit proposées à l’égard des échantillons des mines de plomb et de fer, des échantillons d’acier dans les différents états où il se trouve depuis qu’on commence à fondre la gueuse jusques as que l’acier soit parfait, qu’on marque que nous auroit envoié si on eust scu où les adresser. Nous espérons les recevoir bientôt puisque SAR Monseigneur le duc d’Orléans veut bien qu’on luy adresse directement tout ce qui regarde l’académie des sciences. Nous osons nous promettre aussi que Monsieur de Lesseville voudra bien indiquer ce qu’il scaura de singulier dans sa généralité soit par raport à l’histoire naturelle, soit par raport aux arts.

XVIII.

LORRAINE1

1. - s.d. [fin XVIIe siècle] : extraits de mémoires sur la Lorraine et le Barrois, annotés par Réaumur [R/6/3]. /fol. 1/ 27 38 Mémoires touchant les pays de Lorraine et Barrois [en marge2 : papetries. moulin à scier les planches] Au dessus de Remiremont, il y a quelques papeteries et plusieurs scieries ou moulins à scier des planches. [en marge : huille de navette] Il croist aussy du chanvre et beaucoup de navette dont on fait de l’huille, les paysants trouvent facilement le débit de ces huilles que les Liégeois viennent enlever pour leurs manufactures. [en marge : fromages] Les habitans des montagnes de Vosges, et particulièrment du côté du lac appellé Gérardmer, et par corruption Géraumé, font des fromages connus sous le nom de fromage de Géraumé qui se débitent en Suisse, en Franche Comté, en Alsace, dans la Lorraine et les Évêchéz et jusqu’en Luxembourg. Se sont de grands fromages secs, comme les fromages de parmesan et de Roquefort, mais moins bons que ceux là. [en marge : grand lac] Il ne faut pas obmettre que le lac de Gérardmer ou Géraumé est un très grand lac dans les plus hautes montagnes de Vosges du côté de l’Alsace, dont la décharge avec celle d’un autre lac voisin appellé Longuemer, forme la rivière de Vologne cy dessus mentionnée. [en marge : mines de fer] On trouve en plusieurs endroits des montagnes et autres lieux des mines de fer fort abondantes et il y a nombre de forges dans le pays. [en marge : mines d’argent] A Ste Marie aux Mines et village de la Croix3 qui n’en est éloigné que d’une grande lieue, il y a des mines d’argent. Elles étoient encore ouvertes et on y travailloit quand Monsieur le duc Chalere [lire Charles] de Lorraine4 est sorty de ses estats en 16705. Depuis les fermiers du

1. Nancy ne deviendra le siège d’une intendance qu’en 1737. 2. Les notations portées en marge sont de la main de Réaumur. 3. La Croix-aux-Mines (Vosges). 4. Charles IV de Lorraine (1604-1675). 5. Référence à un des nombreux épisodes de la Guerre de Trente ans : en 1670, les Français occupent la Lorraine pour la seconde fois et y restent jusqu’au traité de Ryswick en 1697.

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Roy, dans le bail desquels ces mines étoient comprises, ont négligé d’y faire travailler apparemment parce qu’ils n’y trouvoient pas leur compte. En effet la mine n’étoit /fol. 1 v°/ pas abondante et le travail coûtoit plus qu’on en tiroit du profit. Néantmoins ce ne seroit pas une chose à négliger dans un temps de paix, bien entendu qu’on y travailleroit aux dépens du pays sans quoy le travail des mines ne peut presque jamais réussir. [en marge : alun] Il y a dans la voyure [sic] du côté de Longwy6 des mines d’alun qui ne sont d’aucunne utilité, parce qu’on n’a pas le secret de le calciner. On prétend que les Liégeois qui en ont besoin pour leur manufacture et qui sont obligés d’en faire venir de Lion, cesseroient d’en tirer de si loin si ils pouvoient en trouver ou plutost se servire de celuy qu’ils ont si près de chez eux. [en marge : eaux minérales] Les eaux minéralles de Plombière7 fort renommées et connues dès temps des Romains, sont dans les montagnes de Vosge du côté de la Franche Conté. Il y a des eaux chaudes et des eaux froides, les chaudes sont bonnes pour les paralysies, rhumatisme et autres douleurs causées par des humeurs froides. [en marge : salpêtre] L’état de la Lorraine produit une assez grande quantité de salpêtre, non qu’il y en ait aucune mine, mais par la recherche que l’entrepreneur des poudres fait faire dans les étables, granges et autres lieux couverts où la terre en produit. [en marge : salines] La plus grande richesse souterraine sont les salines de Rozières8, Château Salins et Dieuze. Ces trois travaillent présentement, mais aux environs de la rivière de Seille et de la Sarre, il y en a plusieurs autres qu’on pourroit faire travailler si on avoit le débit de sels, par exemple Marsal, Salone9, Suralbe10. La sou[r]ce sallée de Rozière rend cinq à six livres de sel pour cent livres d’eau, celle de Château Salins quatorze à quinze pour cent, et celle de Dieuze douze à treize pour cent. On fait tous les ans à Rozières six mil muids de sel, le muid composé de seize vaxels11 et le vaxel pesant trente quattre à trente cinq livres, en sorte que le muid pèze /fol. 2/ environ cinq centz soixante livres ; à Château Salins on fait tous les ans cinq mil cinq centz et à Dieuze huit mil muids. Toutte cette quantité de sel est beaucoup plus grande que la consommation de l’état de Lorraine. Les fermiers des salines vendent l’excédant pour l’Alsace, pour le Palatinat et pour les pays de Trèves, Mayence, Spire, Worms et autres terres de l’Empire scituées en deçà du Rhin. 6. Longwy (Meurthe-et-Moselle) ou Longwy-sur-le-Doubs (Jura) ? 7. Plombières-les-Bains (Vosges). 8. Rosières-aux-Salins (Meurthe-et-Moselle). 9. Salonnes (Moselle). 10. Sarralbe (Moselle). 11. Le vaxel, unité de contenance utilisée pour mesurer le sel en Lorraine, correspond à 33, 05 litres et le muid, de même usage, à 528, 77 litres.

LORRAINE

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[en marge : pelletries] On a déjà dit quelque chose des principaux commerces de la Lorraine et du Barrois, des bestiaux, des fromages, des huilles de navette, des cires et miel, des vins de Bar et des environs, des planches de sapin, des bois de contruction [sic] pour la marine, de quelques pelleteries et particulièrement des peaux d’ours qu’on prend dans les montagnes de Vosge. Les pelleteries se débitent à Strasbourg, à Basle, à Mets, à Nancy et ailleurs. [en marge : eau de vie singulière] Depuis quelques années on a trouvé au Pont à Mousson le moyen de faire des eaux de vie du marc des raisins, ce qui donne lieu de tirer un assés grand profit d’une chose qu’on ne croyoit bonne qu’à brusler. Du Pont à Mousson le secret a passé à Metz dans le Barrois et dans tous les vignobles circonvoisins, et actuellement tous les marcs de raisin se vendent, et il se fait un grand débit de ces sortes d’eaux de vie pour les armées, pour les hôpitaux des trouppes et pour touttes les villes tant de la Lorraine et des Évêchés que du Luxambourg, des Ardennes, du Palatinat et de la frontière d’Allemagne du côté de Mayence et Worms. Il seroit difficile pour ne pas dire impossible d’établir cette fabrique dans un pays où le bois seroit rare et moins commun qu’il n’est /fol. 2 v°/ dans la Lorrainne, dans le Barrois et dans les Évêchéz. [en marge : fer] Le fer qui se fabrique dans les forges de Lorraine a son débit dans le pays et dans les circonvoisins. [en marge : verreries] Les verreries établies dans les bois de la prévosté de Darney, du côté de la Franche Comté et dans ceux qui sont voisins de St Michel12, comme aussy au village de Tonnoy, à trois lieux de Nancy, fournissent le pays de verres. [en marge : laines] Comme il y a beaucoup de brebis et moutons dans la Lorraine, il y a aussy beaucoup de laines dont la plus grande partie sert pour Liège et du côté de la Champagne. Dans les montagnes de la Vosge, plusieurs paysants sont occupés aux scieries des planches et d’autres à les conduire et faire flotter sur la Mozelle, à Nancy et à Mets13. On appelle les trains de ces planc[h]es des voiles et ceux qui les conduisent voileurs. [en marge : fondrie] Le seul art ou manufacture à laquelle les Lorrains excellent, est la fonderie. Ils sont en pocession [sic] de cela depuis longtemps, surtout ceux des villages de Levescourt, Autremecourt et Brévanne14, dans l’office de Bourmont et autres circonvoisins. Les fondeurs de ces villages vont par toutte l’Europe travailler à fondre des cloches et des canons. Plusieurs Lorrains sont emploiés dans les fondries et arsenaux du Roy et pendant un fort

12. Saint-Michel-sur-Meurthe (Vosges). 13. Metz (Moselle). 14. Levécourt, Outremécourt et Breuvannes, trois localités de Haute-Marne réputées par leurs “ saintiers ” ou fondeurs de cloches.

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long temps, il y a eu à l’Arsenal de Paris des m[aît]res fondeurs habiles nommés Chaligny15, qui étoient Lorrains. Comme il n’y a point eu que peu de manufactures, il y a aussy peu d’ouvriers qui sortent du pays pour aller se former ailleurs.

15. Cette famille, dont une des figures éminentes est Jean de Chaligny qui réalisa la très fameuse “ grande couleuvrine ”, a également fondu la grosse cloche du beffroi de Saint-Epvre de Nancy en 1576.

XIX.

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1. - s.d. [fin XVIIe siècle] : extraits du mémoire de Lambert d’Herbigny sur la généralité de Lyon rédigé “ pour l’instruction du duc de Bourgogne ”, copie annotée par Réaumur [17/18/b]. /fol. 1/ Mémoires sur le gouvernement de Lion1 [en marge, de la main de Réaumur :] à Neufville2, à deux lieues de Lion, il y a ou il y avoit un métier à 36 à 40 rubans. S’en éclaircir. [en marge3 : V. le goust des hommes a changé, ou celuy des vins] Le Mont d’Or au nort est presque aux portes de Lion, est un corps de montaignes séparées de touttes les autres. Il est occupé par cinq ou six gros villages. Tout le territoire en est assez heureusement cultivé et on remarque que les hommes y sont communément d’une taille et d’une tournure plus avantageuse qu’ailleurs. Les vins de ce terroir là étoient célèbres chez les Romains. Ils ne sont pas du goust d’aujourd’huy. [en marge : plaine de Forest, chanvres] Il s’y recueille aussy des chanvres en grande quantité. Dans les bonnes années, on en peut tirer jusques 5 000 quintaux pour la marine. Ils ne sont pas bien grands, mais ils sont forts et assez fins et propres pour les ouvrages les moins grossiers. [en marge : effet des chanvres] C’est à cette grande quantité de chanvres qu’on fait rouir dans les petites rivières et les étangs qu’on attribue en partie les fièvres qui règnent presque tous les ans dans la plaine depuis la fin juillet jusques à la my septembre, au point que les gens les plus accoutumés à l’air du pays tombent souvent mallades dans ce temps là. [en marge : marons de Lion] Dans les montagnes du côté du Vivaretz4 et du Vellay, viennent les marons qu’on dit marons de Lion ; néantmoins une

1. Jean-Pierre Gutton (dir.), L’intendance de Lyonnais, Beaujolais, Forez en 1698 et en 1762, Paris, 1992. 2. Neuville-sur-Saône (Rhône). 3. Les notes portées en marge sont de la main de Réaumur. 4. Vivarais.

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grande partie de ce qui en passe sous ce nom, vient du Vivaretz même et du Dauphiné. [en marge : mines] Il y a quelques mines dans le pays, mais aucune n’est travaillée, soit parce qu’elles ne sont ny assez abondantes ny assez aisées pour être travaillées avec succèz, soit parce que les conditions sous lesquelles ces sortes d’entreprises se permettent au Conseil sont un peu trop onéreuses aux entrepreneurs. [en marge : mines de plomb] Il y a des mines de plomb proche St Martin la Plaine en Lionnois. [en marge : mines d’or] Il s’y est même trouvé quelque peu d’or, et il y a des gens qui prétendent en avoir qui en vient, mais on demeure d’accord qu’il est à si bas titre et qu’il seroit si difficile à tirer qu’il n’y auroit pas de quoy paier les frais. /fol. 1 v°/ [en marge : mine de cuivre, mine de vitriol, ruisseau qui convertit le fer en cuivre] À Cheissy5 et à St Bel6, autres parroisses du Lionnois, il y a du vitriol et du cuivre. Il sort de terre à Cheissy un très petit ruisseau, dans lequel le fer qu’on y met se convertit en cuivre. [en marge : mines de plomb] On dit qu’anciennement, sur la coste du Rosne proche un lieu appellé Givort7, il s’est tiré du plomb. [en marge : mines de plomb et d’argent] On ne peut douter qu’il n’y ait eu autrefois des mines dans le Beaujollois et qu’elles ne fussent de quelque considération, puisqu’on void sur d’anciens états conservéz dans le trésor des titres à Villefranche8, que les seigneurs de Beaujeu avoient des officiers sous le titre de gardes des mines. On dit qu’effectivement dans la parroisse de Joux, près Tarare, il y avoit des mines de plomb et d’autres d’argent. Mais, depuis que par la découverte des Indes ce métail soit rendu si commun en Europpe, l’exploitation de ces mines a cessé, étant devenue plus onéreuse qu’utile, l’argent entrant en France par le moyen du commerce bien à meilleur compte qu’il ne reviendroit tiré des mines qui ne sont que fort médiocres. [en marge : mine de couperose] On avoit seullement continué l’exploitation d’une mine de couperoze dans la montagne de Vautorte, paroisse de Clavaysolle9 ; elle a cessé depuis 7 à 8 ans, ce qu’on attribue tant à la mésintelligence des entrepreneurs qu’à la rareté du gros bois nécessaire pour ces travaux, la difficulté du transport et la rudesse extrême du pays. 5. Chessy (Rhône). Mines de pyrites de cuivre exploitées depuis le Moyen Âge, on y recueille le cuivre de cément formé par l’attaque de vieux fer par une source vitriolique. 6. Sain-Bel (Rhône). 7. Givors (Rhône). 8. Villefranche-sur-Saône (Rhône). 9. Claveisolles (Rhône). Voir R.-H. Bautier, “ La mine de Valtorte à Claveisolles. L’exploitation d’une mine du vitriol en Beaujolais de 1469 à 1515 ”.

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[en marge : charbon de terre q[uestion]] De touttes ces sortes de productions de la terre, la seule qui, quoyque la plus vile, est véritablement très utile et qu’on peut appeller une richesse du pays, est le charbon de terre qu’on tire partout aux environs de St Estienne10. Dans les maisons, on ne se chauffe guère que de ce charbon et il sert à la manufacture des armes et de toutte autre sorte d’ouvrage de fer. /fol. 2/ [en marge : eau minérale] Il y a une fontaine d’eau minéralle à St Galmier, petite ville du Forez scituée à la descente des montagnes du côté du Lionnois. Il y en a une autre à St Alban11, non loin de Roanne, et celle ci a assés de réputation. Ce sont des eaux froides dont le minéral est nitre et vitriol. Entre les autres petites rivières, ne sont proprement que des ruisseaux ou des torrens plus connus par les maux qu’ils font que par aucun bon endroit. La rivière de Furan qui passe à St Estienne en Forez, mérite d’être distinguée par l’utilité dont elle est, car il y a presque toujours assés d’eau pour entretenir les artifices12 qui servent aux manufactures des armes, au moulinage des soyes, aux moulins à papiers et aux scies des bois de sapins. Le Lignon qui descend des montagnes vers l’Auvergne, vient tomber dans la Loire, est assez gros et poissonneux. Il n’est cependant considérable que par la réputation que luy a donné le roman de l’Astrée13, composé par un seigneur de la maison d’Urphé dont les terres sont aux environs du Lignon. Il n’y a de ponts considérables dans ce département que ceux de Lion sur le Rhosne et sur la Saonne. [en marge : remarque sur la construction d’un pont] Celuy du Rhosne est fort long, ayant vingt arches, et il se rencontre deux choses singulières dans sa construction, i.e. ayant été basty fort étroit en sorte qu’il n’y avoit que le passage d’une charette, on a élevé tout joignant un autre pont semblable ; mais dans la suitte, pour donner à cette masse composée de deux parties la solidité nécessaire, on a été obligé de faire passer dans touttes les arcades d’un costé à l’autre de grosses barres de fer, avec des clefs à chaque bout. 2° Les arches n’étant pas bien grandes, il arrivoit qu’elles se bouchoient aysément par le sable que la rivière charrie. Pour y remédier, un architecte entreprit, il y a près de 30 ans, un coup hardy qui a réussy. De deux arches vers le milieu du pont il n’en fist qu’une, couppant la pille du milieu et grosissant celles des costéz.

10. Saint-Étienne (Loire). 11. Saint-Alban-les-Eaux (Loire). 12. Moulins à eau. 13. Roman pastoral, d’aventures et psychologique, se déroulant dans le Forez. La première partie en fut publiée en 1607, mais le roman étant resté inachevé à la mort de son auteur, Honoré d’Urphé (1567-1625), il parut en plusieurs parties jusqu’en 1628 ; il connut un immense retentissement au XVIIe siècle.

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/fol. 2 v°/ [en marge : St Étienne]. St Estienne est après Lyon la meilleure ville. Ce n’étoit autrefois qu’un village. Pendant les guerres des Anglois, sous le règne de Charles 7, les habitants obtinrent du Roy la permission de se clore de murailles, mais dans la suitte les manufactures et le commerce y ayant attiré un grand peuple, la ville a été aggrandie au delà sa première enceinte, en sorte qu’il n’y a plus de closture. On y a vu à ce qu’on prétend jusqu’à seize mil âmes ; ce nombre est diminué d’environ 2 000. À la réserve de quelques familles aisées qui se sont formées par le commerce, ce n’est qu’un peuple de petits artisants et d’ouvriers infatigables au travail, car ils le continuent jour et nuit. [en marge : rubans, mercerie] Sur le chemin de Lion à St Estienne, on trouve St Chamont14 qui peut bien passer pour la plus considérable ville après Montbrison. Il s’y faisoit un grand commerce de soye, de rubans et de mercerie et il y a 80 ans qu’elle valloit mieux que St Estienne. Mais celle cy ayant augmenté infiniement, l’autre est en même temps diminuée. [en marge : marque d’or et d’argent] Le produit du droit de seigneuriage ou le controlle et marque de l’or et de l’argent… 130 000 [livres]. [en marge : soye qui entre dans Lion, etc.] On estime que dans les années que la récolte des soyes est raisonnable, il en peut entrer dans Lyon environ six mil balles évaluées chacune à cent soixante livres, poids de marc net. Sur ce nombre, il peut y avoir des soyes de Levant, venants la pluspart de la province de Guilain15 en Perse environ 1 400 balles, 1 600 de Sicile, du reste d’Italie 1 500, 300 d’Espagne et 1 200 des provinces du Languedoc, Provence et Dauphiné. Les soyes de Levant sont les plus grossières et se façonnent ordinairement pour la couture ou pour servir au filé d’or et d’argent. Il y en a quelque peu de plus fines qui sont propres pour les ouvrages de Tours. On envoye aussy à Tours les soyes de Sicile ; les plus grossières demeurent pour la couture. /fol. 3/ [en marge : les soyes d’Italie sont les plus belles] Celles d’Italie, les plus belles et les plus parfaittes, s’emploient aux manufactures de Lion. [en marge : r[emarque] et q[estion] St Étienne, rubans] Il s’y emploie pareillement quelque peu de soyes de France, mais presque tout se prépare à St Chamont et à St Estienne pour servir en rubans, passements, tapisseries, broderies et autres ouvrages semblables. On estime la consommation de Lion à environ 3 000 balles, dont les étoffes de touttes sortes en emportent les deux tiers. L’autre tiers est pour le fil d’or et d’argent et touttes autres sortes d’ouvrages. 14. Saint-Chamond (Loire). 15. Guilatie dans le manuscrit de 1698 selon J.-P. Gutton (dir.), L’intendance de Lyonnais…, op. cit. p. 533, note 1.

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Il s’en envoye 1 500 balles à Tours, 700 à Paris, 200 à Rouen, autant en Picardie, 500 presque touttes soyes à coudre se répandent dans le royaume. Cette estimation est faite sur un pied médiocre, plus fort que l’état présent des choses, mais beaucoup au dessous de ce qu’on dit qu’elles ont été lorsqu’elles étoient les plus florissantes, car on prétend qu’il y a eu jusqu’au 18 000 mestiés d’étoffes de touttes sortes travaillant dans Lion. On tient qu’il n’en faut que 6 000 pour la consommation de deux mil balles de soyes et que maintenant à peine y en a t’il quattre mil. Touttes les soyes du Levant et d’Espagne viennent graijes ; il en vient à peu près autant d’ouvrées que de graijes des autres pays. [en marge : tafetas d’Angleterre] Bien qu’il se fasse à Lion touttes sorttes d’étoffes de soye, il y en a deux néantmoins qui luy sont comme particulières, les taffetas qu’on appelle d’Angleterre et les riches étoffes où entrent l’or et l’argent. Il se fait des taffetas de touttes couleurs, mais la grande quantité est des noirs ; leurs propriété est d’être fort fins et lustrés. Ce n’est que depuis environ 50 ou 60 ans qu’ils ont été porté au point de perfection qu’on les voit. La manière d’y parvenir en fut trouvée d’une façon assés singulière pour pouvoir être rapportée. [en marge : q[estion] comment on manie et tord la soye pour les tafetas] /fol. 3 v°/ Octavio Mai16, marchand fabriquant, mal dans ses affaires et la veille de faire banqueroute, se promenoit un jour dans sa chambre, occupé de son malheur et mâchant entre ses dents quelques brins de soye. Il les tiroit de temps en temps en rêvant et les remettoit dans sa bouche. Une fois entre autres, ses yeux furent frappés de l’éclat que cette soye mouillée avoit pris, et cette première remarque involontaire luy en fit faire d’autres avec réflexion. Il jugea que cet éclat pouvoit venir de trois causes, de ce que la soye avoit été pressée avec les dents mouillées de la salive et un peu échauffée. Sur ce principe, il imagina la manière dont se font aujourd’huy les taffetas. On fait extrêmement manier et tordre la soye avant que de l’emploier. On donne une eau au taffetas. Quand il est fait, on l’étend pour cela, et on fait courir par dessus un brazier qui sèche l’eau dans un moment. Mai joua de son reste pour mettre cette idée en usage. Elle se trouva bonne, mais il ne parvint pas tout d’un coup à une manière certainne et assurée. Il y a de la façon à donner l’eau et depuis ce temps là c’est un métier dans Lion que celuy de bailleur d’eau et ceux qui y sont habilles gagnent beaucoup. Le plus difficile dans les commencements fut de scavoir à point nommé donner le feu après l’eau. Mai brusla à en faire l’essai pour des sommes considérables de taffetas, mais nonobstant ces pertes et le méchant état de ses affaires,

16. Octavio Mey (1618-1690), fabriquant d’origine italienne qui inventa le procédé du lustrage de la soie.

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au temps qu’il s’avisa de cette nouvelle invention, il ne laissa pas d’y faire de grands gains et de rétablir sa fortune qui avoit été immense, si son secret avoit été de nature à se pouvoir cacher. Il ne seroit pas impossible de travailler ailleurs les taffetas comme à Lion, mais ce qu’on y croit de particulier et qu’on a point ailleurs, c’est un noir le plus beau qui se puisse. On tient que l’eau de la Saône y contribue beaucoup. Pour les étoffes d’or et d’argent, c’est le génie du fabriquant françois qui en fait l’excellence. Ailleurs, le travail en peut être aussy beau et meilleur, mais il n’y a qu’en France où, tous les ans, même tous les jours, on voit parroitre de nouveaux desseins. Les étrangers ne scavent pas les inventer, mais ils les goustent fort et s’y connoissent. /fol. 4/ Un bon dessigneur est à Lion une partie essentielle d’une fabrique et, quand il a du talent, sa seulle industrie luy fait avoir une part considérable dans la société. [en marge : façon des étofes 2/3 du prix] Plus que jamais on se perfectionne dans la délicatesse des desseins et du travail et quelques unes des principalles fabriques s’y attachent par préférence à la richesse de l’étoffe. On imite même les ouvrages des Indes. On compte que la façon de ces étoffes en fait les deux tiers du prix. Il se vent à Lion fort peu de ces marchandises au détail parce que ceux que en veullent, cherchant surtout la mode, affin de ne s’y point tromper se fournissent à Paris. [en marge : velours, damas, satins, etc.] Au surplus il se fait à Lion des velours, des damas, des satins, moires, férandines, ras de St Maur, en petite quantité ; à la réserve de quelques grisettes, peu ou point de petites étoffes. [en marge : Tours excelle pour les nuance de l’aveu des Lionois] Le travail des petites étoffes façonnées est proprement le caractère particulier de la fabrique de Tours. On y excelle dans la nuance des couleurs et Lion n’y réussi [sic] pas si bien, comme Tours ne peut rien faire en étoffes riches. Tours se donne beaucoup de liberté sur les largeurs ; on y est au contraire à Lion d’une exactitude qu’on peut dire sans le même relâchement. Il y a deux largeurs pour les taffetas, il n’y en a qu’une pour les autres étoffes. [en marge : consomation de l’or et de l’argent à Lion] On estime qu’à Lion il peut s’emploier par an, en trait et en filé, quattre à cinq millions, c’est à dire environ 130 mil marcs d’argent et mil marcs d’or. Il se donne d’abord à l’argent trois façons auxquelles les m[aîtr]es de l’art n’ont nulles part. C’est un travail publique, établi de l’authorité du Roy, 1. l’argent est porté à l’affinage, lequel se fait dans l’hôtel de la Monnoie sous l’inspection des officiers. L’affinage étoit autrefois un art. Depuis 1690, il y a des affineurs crés en titre d’office au nombre de quattre, avec la qualité de conseiller du Roy. 2. Il y a un bureau où les lingots affinés se portent pour être forgés. 3. Dans ce même bureau ils sont tirés à largue.

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Après ces trois façons, le tireur y en donne quattre autres chez luy pour en faire ce qu’on appelle du superfin ; alors le trait est remis à l’écacheur et filé sur soye. /fol. 4 v°/ Touttes ces façons, avec le travail des batteurs, occuppent au moins 4 000 personnes dans Lion et coûtent près de 900 000ll. Après avoir parlé séparément des deux fabriques, de la dorure et de la soirie, comme elles ont un grand raport ensemble et qu’en plusieurs ouvrages elles se confondent l’une dans l’autre, l’idée généralle qu’on en peut former est qu’il y entre pour environ onze millions de matières, tant soye qu’or et argent, que les préparations de ces matières et les façons des différents ouvrages à quoy on les emploie montent à plus de trois millions, que la vente qui s’en fait tant par les marchands de Lion que par les autres du royaume entre les mains desquels ces ouvrages passent, produit au delà encore près de trois millions, et que de dix sept millions de marchandises qui se trouvent suivant cette suputation, les étrangers en payent environ le tiers, bien attendu que c’est dans la suposition que le commerce soit rétabli avec eux comme avant la guerre. [en marge : futaines et bazins] La fabrique des futaines et bazins fut établie à Lion vers l’an 1580. Elle étoit originairement dans le Milannois et le Piedmont. Comme il est important que les lieux de commerce soient fournis de touttes sortes de marchandises, et que c’est ce qui luy attire, l’entretient et l’augmente davantage, les Lionnois qui tiroient des futainnes et bazins de Chiers17 en Piedmont, n’en pouvant avoir suffisam[en]t, firent venir de Chiers même des ouvriers. Et, par ce moyen épargnant les droits de sortie du Piedmont, d’entrés dans le royaume et les frais de voitures, ces marchandises se pouvant par conséquent donner à meilleur compte, la fabrique réussit et pendant longtemps le débit fut merveilleux. Il s’est vu dans Lion jusqu’à 2 000 m[aîtr]es ouvriers de cet art et il se faisoit bien par an pour un million de cette marchandise, dont les deux tiers au moins alloient à l’étranger, particulièrement en Espagne et en Portugal. Deux inconvéniens ont mis cette fabrique si bas qu’à peinne peut elle aller encore à cent mil livres par an. Le premier inconvénient est l’augmentation de 20ll sur l’entrée du cotton filé dont cette fabrique ne peu [sic] se passer, /fol. 5/ l’autre est la cherté des denrées dans Lion, singulièrement du vin, car les ouvriers de cet art gagnant peu n’ont plus été en état de vivre dans la ville. Quelques uns véritablem[en]t s’étant retirés en Forez et en Beaujollois y travaillent un peu, mais comme les règlemens n’y sont pas si exactement observés et qu’ils n’ont pas le moyen d’emploier de si bonnes matières, leur travail n’a plus aucune réputation. On prétend que les toilles seulles suffiroient pour occuper les habitants du plat pays.

17. Chieri (Piémont, Italie).

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[en marge : moulinage des soyes, manufacture des rubans] Dans le plat pays, trois ou quattre différents métiers occupent le peuple et luy donne de quoy vivre, le moulinage des soyes à St Chamond, à St Estienne, à Virieu, à Neufville18, la manufacture des rubans à St Estienne, à St Chamond, et touttes sortes de quincailles à Saint Estienne. [en marge : fromages de vache] On compte que la vente des fromages de vache qui sont transportés hors de la province, peut aller à 25 ou trente mil livres par an et que tous les ans, après que les terres sont ensemencées, il sort du Forez sept à huit centz paysants qui vont en différentes provinces et jusqu’en Piedmont et dans le Milannois travailler à la scie et à touttes sortes d’autres grosses besognes, dont ils rapportent chez eux vingt à vingt cinq mil livres. La ville de St Estienne tire de Bourgogne et de Nivernois les fers pour ses manufactures. Il y a de bons ouvriers et aussy habilles qu’en aucun autre lieu que ce soit, mais parce qu’on les paye trop légèrem[en]t, ils travaillent de même19 et c’est ce qui fait que les ouvrages de Forez ne sont pas en réputation. 2. - janvier [1716] : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/116]. /fol. 1/ Lion janvier L’Académie des sciences cherche surtout à étendre ses connoissances par raport à l’histoire naturelle du roiaume et aux arts qui y sont cultivés. La généralité de Lion offre diverses matierres curieuses qui regardent l’un et l’autre objet et sur lesquelles on auroit besoing d’avoir des mémoires fort détaillés et même des deisseins. 1° Il n’y a aucun endroit dans le roiaume où l’on ait autant et d’aussi bon charbon de terre qu’en Forest. On voudroit avoir des instructions sur ces mines qui apprisent la manière dont on les travaille, la profondeur et l’étendue à laquelle on pousse celles dont on a le plus tiré, quelle est communément la largeur des veines, si elles ne se trouvent quelquefois coupées par des veines de matierre étrangère, si il y a beaucoup de ces mines en Forest, quelles sont celles qui fournisent le meilleur charbon. On souhaiteroit qu’à ces mémoires on /fol. 1 v°/ pust faire joindre des deisseins des outils et des machines dont on a

18. Neuville-sur-Saône. 19. En avril 1716, dans une lettre au duc de Noailles (BnF, ms fr. 11373, fol. 185-186), Méliand relève que les ouvriers de Saint-Étienne se plaignent de n’avoir plus de travail dans la fabrique des armes établie dans cette ville ; “ il serait à désirer qu’on pût occuper nombre de bons ouvriers qui sont dans cette fabrique, affin de les empêcher de sortir du pays pour aller gagner leur vie ailleurs, mais la paix en oste les moyens et les occasions ”.

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besoing pour le travail des mines. On ne demanderoit pas des deisseins propres ny finis, mais des deisseins exacts et faits sur une échelle, et surtout des profils et des plans. 2° En Forest où l’on travaille le fer de tant de façons, on s’occupe aussi à tirer ce gros fil de fer qu’on appèle communément fil de chaudronier. On souhaiteroit avoir des deisseins des machines par le moyens desquelles on tire ce gros fil de fer et que ces deisseins fussent accompagnés de mémoires qui explicassent l’usage des différentes parties de ces machines et tout le travail qui regarde ce fil de fer. 3° L’académie s’est proposée de faire des analyses de toutes les mines du roiaume, tant de celles qu’on néglige avec raison que celles qui pourroient être travaillées avec profit. Le Lionois et le Beaujolois luy fourniroient de quoy s’exercer sur cette matière si on pouvoit luy procurer des échantillons des mines de ces pais et des marcassites qu’on y trouve. /fol. 2/ On voudroit que chaque morceaux eût une étiquette qui marquast l’endroit d’où il a été tiré, et qu’on y joignist un mémoire qui apprist tout ce qu’on scait par raport à cette mine, si on en a fait usage, depuis quand on a cessé d’y travailler, quelle est la nature et la scituation de terrain qui l’environne. Les mines du Lionois et du Beaujolois dont on a entendu parler sont : une mine de plomb près St Martin la Plaine en Lionois. On dit aussi qu’on a tiré autrefois du plomb sur la côte du Rosne, proche un lieu appellé Guiost. des mines de cuivre et de vitriol à Cheissy et à Saint Bel et en quelques autres paroisses du Lionnois. À Cheissy, il y a un ruisseau dans lequel on met du fer et d’où on retire du cuivre quelque temps après. On a fait longtems usage de ce ruisseau. On ne scait si il n’est point négligé à présent. On voudroit fort être instruit de ce qui le regarde, scavoir quelle quantité de cuivre il peut donner par an, combien on y jette de fer à la fois, après combien de temps on le retire et comment on le retire, si l’eau conserve sa vertu à quelque distance de la source. On nous a assuré qu’on travailloit encore actuellement une mine de cuivre de Saint Bel ; dans ce cas on demanderoit un récit circonstancié de la manière dont on la fouille, dont on la fait /fol. 2 v°/ cuire et dont on en tire le cuivre, avec quelques deisseins des fourneaux et des outils sont on se sert. On prétend aussi qu’il y ait des mines d’or à la vérité peu riches près de Saint Martin la Plaine en Lionois. En pourroit on avoir des morceaux. On a entendu parler d’une mine de plomb et d’une autre d’argent qui sont dans le Beaujolois, paroisse de Joux près Tarare, mais qui sont négligées. Il y a dans la montagne Vautorte, paroisse de Clavaisolle, une mine de couperose dont il seroit peut être plus aisé d’avoir des échantillons. On l’a fouillée pendant du temps. Il y a peut être plusieurs autres mines connues dans cette généralité dont on n’a pas ouï parler et qu’on nous feroit plaisir de nous indiquer.

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3. - mai 1716 : placet de Charron au Régent [17/54/e]. À M. l’abbé Bignon [en marge, par Bignon :] 20 may, S.A.R. a dit qu’il fairoit incessament payer le tout, 29 may 1716. 3 À Son Altesse Royale Monseigneur le duc d’Orléans, Régent du royaume. Le Sr Charron, commissaire de la marine à Lyon, remontre très respectueusement à VAR que, Mr le Comte de Pontchartrain20 l’ayant engagé de donner à l’accadémie royale des Sciences des mémoires sur tous les ouvrages qui se font à St Estienne en Forests et en Dauphiné en fer et en acier et de faire lever des desseins de tous les outils, de toutes les machines et même des attitudes des ouvriers employés à ces ouvrages, il y a travaillé pendant deux ans, dont Mrs de l’accadémie royale des Sciences ont toujours paru très contens de tous les desseins et mémoires qu’il leur a envoyé à ce sujet, par lequel travail il se trouve en avance de plus de quinze cent livres dont il luy a esté expédié pour son payement les deux ordonnances, dont copie sont cy jointes, montant seulement ensemble à 1500ll. Le supliant a recours à l’esprit de justice de VAR pour en ordonner son remboursement et il sera obligé de redoubler ses vœux et ses prières pour la conservation de Vostre Altesse Royale. Charron Joint : pièces justificatives, 1715-1716 [17/54/f]. Copie des ordonnances expédiées au Sr Charron, commissaire de la marine à Lyon, pour son rembourcement des ouvrages qu’il a fait faire à Saint Estienne en Forests et en Dauphiné pour le service de l’accadémie royale des Sciences [en marge :] Au Sr Charron 1 000ll Garde de mon trésor royal Mr Claude le Bas de Montargis21, payez comptant au Sr Charron, commissaire de la marine, la somme de mil livres que je luy ay ordonné pour son rembourcement de plusieurs dépenses qu’il a fait pour mon service. Fait à Versaille, le 3 jour de juin 1715. Signé Louis Veu le 18 janvier 1716 de Baudry [en marge :] Au Sr Charron 500ll Garde de mon trésor royal Mr Jean de Turmenyes de Nointel22, payez

20. Protecteur de l’Académie royale des sciences. 21. Trésorier de l’Extraordinaire des guerres. 22. Receveur général des finances, receveur général de l’Extraordinaire des guerres, garde du Trésor royal.

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comptant au Sr Charron, commissaire de la marine, la somme de cinq cent livres pour, avec celle de 1 000ll qu’il a cy devant receu, faire la somme de 1 500ll que je luy ay ordonné pour son rembourcement des ouvrages qu’il a fait faire à Saint Estienne en Forests et en Dauphiné pour le service de l’accadémie royale des sciences. Fait à Paris, le 1er jour d’avril 1716. Signé Louis À costé est écrit comptant au trésor Royal Signé Philippe d’Orléans, et plus bas Phelippeaux 4. - s.d. [1716] : Réaumur, commentaire sur le mémoire et les dessins de Charron, copie au net [17/54/b]. Les nouveaux deisseins de Mr Charon sont sur la manière de tirer le charbon de terre des mines de Forest. Ils expliquent suffisament ce qui regarde cette matière. Le mémoire qui accompagne les deisseins23 est un peu succint. On auroit voulu plus d’explication sur le nombre des mines de Forest, sur celles qui sont les meilleures. Mais les mémoires qu’on a demandés à Monsieur Mélian24 supléront à ce qui manque icy. Mr Charon a ajouté quelques petits éclaircissements qu’on avoit demandé sur la fabrique des lames d’épées et des échantillons des différents fers et acier qu’on emploie en Forest. 5. - s.d. [juin 1716] : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/40]. /fol. 1/ Lion Le mémoire de Monsieur Méliand que SAR a renvoié à l’académie est plein de faits interresants d’eux mêmes et qui le deviennent encore davantage par la manière dont ils sont raportés. Les divers échantillons de mines qu’il a pris soing de rassembler, mettent parfaitement au fait de la plupart des matières sur lesquelles le mémoire avoit déjà donné des instructions. Mais nous avons besoing d’éclaircisements si détaillés qu’il n’est jamais possible de les trouver dans un premier mémoire. On ne scauroit prévoir tout ce que nous souhaitons scavoir. Nous proposerons donc encore des questions sur divers articles qui ont excité notre curiosité et nous croions pouvoir nous promettre d’excellents éclaircisements. 1° Dans un mémoire que nous reçûmes de Vienne il y a un an, on nous avoit marqué le produit du cuivre de la source de Chessieu bien plus considérable

23. Le mémoire et les dessins manquent aujourd’hui. 24. D’abord intendant en Béarn (1704), Antoine François Méliand (1670-1747) est nommé intendant à Lyon le 29 mars 1710 ; il sera ensuite intendant en Flandre (1718-1730).

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qui [sic] ne le paroist par celuy de Monsieur Méliand. On prétend dans ce mémoire de Vienne que feu M. de Gramond25 à qui elle appartenoit, dit on, en faisoit convertir tous les ans en cuivre à Vienne trente à trente cinq quintaux, au lieu qu’on n’en retire à présent que cinq quintaux. Nous a t’on exagéré son ancien produit ou est il diminué si considérablement. /fol. 1 v°/ Nous verrions avec plaisir un plan des cinq réservoirs qui reçoivent l’eau de cette source. On a oublié de marquer leur grandeur et leur profondeur. Dans un autre mémoire que nous avons eu de Lion, on assure que l’eau de cette source est verte, on n’en dit rien dans celuy cy. On ajoute dans le même mémoire qu’un homme est obligé d’aller tous les huit jours pour détourner l’eau commune qui se mesleroit avec l’eau cuivreuse. Etend t’on le fer à peu près également partout sur le fond de chaque réservoir, ou si on en met seulement vis à vis le trou par où l’eau entre. Nous souhaiterions fort avoir 1° de cette espèce de sable gras et cuivreux qui s’amasse sur le fer, 2° de ce sable lavé. Diminue t’il considérablement de poids pendant qu’on le lave. 3° Nous voudrions même avoir quelques petis morceaux de fer tirés de chaque réservoir après y avoir resté les uns plus les autres moins de temps. 2° Il y a quantité de petis détails qu’on souhaiteroit avoir par raport à la mine d’auprès de St Bel, sur la manière dont la fait cuirre, sur la grandeur et la figure du four où l’on la jette, sur la quantité de mine que l’on fait cuire à la fois, sur le temps qu’elle est à cuire, sur la quantité de bois qu’on consume pour cuire une certaine quantité de mine, sur la quantité de cuivre et de couperose qu’on retire d’un certain poids de mine. On voudroit de même scavoir combien on met de mine cuite dans la cuve, la grandeur de cette cuve, la quantité d’eau qu’on y jette. Ce qu’on fait de l’eau de cette cuve, on n’en dit rien dans le mémoire. La grandeur du /fol. 2/ baquet de bois où l’on met la mine après l’avoir retiré de la cuve, la quantité de fer et d’eau qu’on y met proportionellement à celle de la mine. Si, pendant les 15 jours que la mine reste dans ce baquet, on ne met point de nouveau fer. Si on ne retire du baquet la crasse, appellée terre de mine qu’au bout des 15 jours. N’es[t] ce pas de l’eau du baquet d’où on retire la couperose. L’on voudroit avoir un peu de cette terre de mine. Comment sont construits les fourneaux où on la fond la terre de mine. On souhaiteroit fort qu’on pust commodément en faire lever des deisseins comme aussi du four où l’on cuit la mine et généralement de tous les outils dont on se sert pour la préparer. En deisseins on demanderoit surtout des profils et des plans. Il est rare de trouver des desinnateurs qui entendent la perspective. Les deisseins par exemple d’une fendrie de fer que Monsieur Méliand nous a procuré sont faits avec soing, mais il est impossible d’y prendre les mesures d’aucune pièce et d’y bien étudier leurs constructions. Mais ces pers25. En 1684, le roi accorde à Gaspard Mornieu de Grammont, capitaine au régiment de Champagne, le privilège de faire exploiter les mines de Chessy ; cette permission est reconduite au profit de la même famille jusqu’au milieu du XVIIIe siècle.

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pectives grossières ne seront que trop bonnes lorsqu’elles seront accompagnées d’un plan et d’un profil. [en marge : Forest] 3° Pourroit on avoir de cette terre nitreuse qui se trouve en l’élection de Montbrison entre les ruisseaux formés par une fonteine minérale ? 4° Ne seroit il pas possible d’avoir un peu de cette terre verte où il y avoit de l’étain meslé et qui se trouvoit dans la même mine dont [on] a reçu des échantillons. /fol. 2 v°/ 5° On souhaiteroit des mémoires très détaillés de la manière dont on travaille la mine de plomb de St Hilaire et celle du village du Basset, depuis que l’on les tire de la terre jusques as que le plomb en ait été tiré. La plupart des mines demandent à être traitées différement [sic] et nous cherchons surtout à connoitre en quoy les pratiques usitées se ressemblent ou diffèrent. Nous souhaiterions aussi des deisseins des fourneaux et des outils. Ceux qui dresseront les mémoires ne doivent jamais craindre de nous envoier trop de minuties. 6° Quoique nous aions aux environs de Paris quelques montagnes qui marchent, le changement arrivé au terrain qui est entre les villages de la Tourette et de St Bonnet a paru très singulier. Il mériteroit d’estre observé avec soing. Il seroit bon de scavoir quelle distance il y a précisément de la Tourrette à St Bonnet. Mais, pour avoir le plaisir de suivre ce changement singulier, il seroit à propos de prendre à présent le niveau du clocher de la Tourrette, de celuy de St Bonnet et de quelque point du coteau qui est entre ces deux églises. On seroit par là en état de scavoir sûrement combien ce terrain s’abaisse par an en cas qu’il continue à s’abaisser. 7° On nous a marqué cy devant dans un mémoire que certaines mines de charbon de Forest avoient plus de 14 pieds de profondeur, au lieu que, dans le mémoire de Mr Méliand, on ne leur en donne au plus que sept à huit. Ne nous a t’on point de même dit trop cy devant, lorsqu’on nous a dit que pour arriver à ces mines on creuse quelquefois des puids de 20 et 22 toises de profondeur. On verroit avec plaisir de l’espèce de charbon qui n’est bonne /fol. 3/ qu’à chaufer dans les cheminées. On nous a apris qu’on trouvoit souvent des morceaux de charbon et surtout vers St Chaumont26 où les figures de diverses plantes étoient très exactement imprimées. Pourroit on faire ramasser ces morceaux. 8° La mine du vernix de St Julien Molin Mollette a t’elle beaucoup d’étendue soit en ouverture, soit en profondeur. On eust été bien aise de trouver avec les échantillons de cette mine un peu de cette espèce de pâte ou de pomade dans laquelle on la réduit par le moien d’un moulin. On voudroit aussi un deissein de ce moulin.

26. Pour Saint-Chamond.

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9° Dans le mémoire il n’est fait aucune mention de la mine de talc de l’élection de Roannes, dont on a cependant pris soing de nous envoier un morceau. 10° Pourroit on encore trouver dans le Beaujolois de ces petis pains de rouge brun qu’on tiroit de la mine de Claveysolles. On voudroit bien avoir du rouge brun qui fust sûrement de cette mine pour le comparer avec celuy qui nous vient d’Angleterre. 6. - 24 novembre 1716 : Méliand à Bignon, Lyon [18/73/a]. 139 À Lyon, le 24 novembre 1716 Monsieur, Je prens la liberté d’envoyer par cet ordinaire à SAR Monseigneur le duc d’Orléans le nouveau mémoire que j’ay fait pour procurer à Mrs de l’académie des Sciences les éclaircissements qu’ils m’ont demandé sur le premier mémoire que j’avois adressé à SAR. Je l’accompagne de plusieurs plans ou profils27 et j’ay fait mettre à la diligence de Paris sous votre adresse une petite caisse contenant différentes espèces de matières de mines que Mrs de l’académie m’ont demandé ou dont on m’a donné quelques connoissances depuis mon premier mémoire. Je souhaitte que mon travail soit de votre goust. Il faut bien compter sur vos bontés pour m’exprimer avec cette confiance, mais vous m’y avez tellement accoutumé que je me flatte que vous ne me les refuserés pas dans cette occasion, dont je proffite avec grand empressement pour avoir l’honneur de vous renouveller les assurances de l’attachement inviolable et respectueux avec lequel je suis, Monsieur, [etc.]. Méliand [au dos :] M. l’abbé Bignon, cons[eill]er d’état, président de l’Académie des sciences. 7. - 24 novembre 1716 : Méliand au Régent, Lyon [18/73/b]. 139 À Lyon, le 24 novembre 1716 Monseigneur, Je demande mil excuses à VAR sy j’ay tant tardé à luy envoyer les éclaircissements qu’elle m’a fait l’honneur de me demander sur plusieurs articles du premier mémoire que j’ay pris la liberté de luy adresser pour l’académie des Sciences, mais c’est un ouvrage qui n’a pas dépendu de moy seul. Il a falu tirer 27. Aujourd’hui manquants.

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des connoissances de différentes personnes et s’assujettir à leur peu d’exactitude. J’ay essayé dans ce second mémoire de ne rien laisser à désirer à Messieurs de l’académye pour leur propre satisfaction et pour l’utilité publique. Je suis avec un très profond respect, Monseigneur, [etc.]. Méliand Joint : mémoire de réponse, Lyon, 23 novembre 1716 [18/73/c]. /fol. 1/ Cotte 11 139 Mémoire pour l’accadémie des Sciences en réponse de son second mémoire et de la lettre de Monseigneur le duc d’Orléans du 16e juin 1716 Quelque empressement que l’autheur du premier mémoire envoyé à l’académie des Sciences par ordre de SAR ayt eu de donner les éclaircissements demandéz et même d’augmenter son mémoire de découvertes nouvelles, cependant la nonchalance de ceux auxquels il s’est adressé et le peu de secours qu’on trouve dans la pluspart des personnes de province l’ont déterminé à différer d’envoyer son second mémoire jusques au tems que, parcourant cette généralité pour le département des tailles, il ait pu travailler par luy même à satisfaire aux questions qui luy ont esté faittes par l’accadémie des Sciences, trop heureux s’il peût en entrant dans un détail tel qu’on le désire mériter les louanges que SAR a bien voulu donner à son premier mémoire. Il suivra dans celuy cy le même ordre qu’il s’estoit prescrit dans son premier, c’est à dire qu’après avoir fouillé dans les cinq élections qui composent cette généralité, il tâchera de mettre souz les yeux de l’accadémie ce qu’il y a trouvé digne de luy présenter. Le Lyonnois ou l’élection de Lyon article premier Mine de Chessieux28 Ce qui est marqué dans la réponse de l’Académie sur le produit de l’eau cuivreuse de la mine de Chessieux est vray : cette eau du tems de feu Mr de Gramont estoit plus abondante qu’elle ne l’est à présent et donnoit à peu prèz trente quintaux de cuivre par an. Mais, comme cette source est fort diminuée, se perdant même tous les jours, on n’a pu dans ces dernières /fol. 1 v°/ années tirer par chacun an plus de cinq à six quintaux de cuivre du fert qu’on met dans les réservoirs. L’eau de cette source est fort claire et n’a aucune couleur, on en jugera par l’eau que j’en envoye dans une bouteille, l’académie peut en faire faire l’analize. 28. Chessy.

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Elle tombe dans quatre bassins qu’on a pratiquéz dans une gallerie sousterraine qui a esté formée dans le roch, de la longueur de quatre vingt toises sur trois pieds et demy de large et cinq de hauteur ; on met dans ces quatre bassins du vieux fert plus ou moins indifférament et l’eau qui coule continuellement dessus forme autour du fert une crasse dont on tire le cuivre, ainsy qu’il est expliqué dans le premier mémoire et qu’il est marqué dans le plan cy joint29 qui en a esté levé. Il entre quelques fois de l’eau comune dans cette source, mais on la détourne par le moyen d’une chanée30 de bois, marquée B, qui la conduit hors des bassins le long du canal. L’on envoye à l’académie trois morceaux du fert qui a esté mis dans les bassins ou réservoirs dont l’un est au point de la perfection qu’il doit avoir [en marge : il est dans la boette numéro 1] ; l’autre n’ayant pas esté si longtems dans les réservoirs paroit un peu moins travaillé par l’eau de la mine [en marge : il est celle num° 2], et on découvre sur le troisième le commencement de l’effet de cette eau sur le fert [en marge : il est dans la boette numéro 3]. L’on envoye aussy de ce sable gras et cuivreux après qu’il est détaché du fert, lequel diminue très considérablement quand il est lavé, car on n’en tire pas souvent la vingtième partye [en marge : il est dans la boette numéro 4]. Second article Mine de St Pierre la Pallu31 prèz de St Bel32 La carrière d’où l’on tire cette mine est à présent prezque ruinée. Il y a six mois qu’on travaille inutilem[en]t à faire de nouveaux puys et le maître de la mine est prest à l’abandonner. Le plan cy joint33 en fera connoitre la disposition. On voira souz lettre A l’entrée des galléries sousterraines qui ont esté pratiquées /fol. 2/ pour aller aux mines ; la lettre X marque les tours qui servent à tirer la pier[r]e de la mine par les puys. Les fourneaux qui servent à cuire la pierre, sont marquéz par la lettre B. On casse cette pierre en petits morceaux et on en remplit les fourneaux. Ces fourneaux ont chacun neuf pieds de profondeur sur huit de diamettre par le haut et trois pieds par le bas. On employe une voye de bois pour faire cuire la mine dans chaque fourneau et le feu s’y entretient trois à quatre jours pour que la pierre soit cuite. La pierre estant ainsy préparée, on la met au sortir du fourneau dans les cuves C qui ont sept pieds de diamettre chacune sur cinq de hauteur, lesquelles 29. Manque aujourd’hui. 30. Gouttière, particulièrement dans les moulins à papier, qui conduit l’eau sur la roue du moulin. 31. Saint-Pierre-la-Palud (Rhône). 32. Sain-Bel. 33. Manque aujourd’hui.

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on remplit d’eau et de pierres de mine. On ne garde sur les quantitéz nulle proportion, cela est indifférent. Quand la pierre est restée dans la cuve le tems marqué dans le premier mémoire, on l’en retire pour la faire cuire de nouveau jusques à ce qu’elle soit réduite en terre, laquelle on jette alors comme n’estant bonne à rien. À l’égard de l’eau, on la met comme il a esté dit dans des baquets de bois marquéz E. Elle y est conduite desd. cuves par des chanées de bois I. C’est dans ces baquets qu’on met du vieux fert. On ne peut pas dire précisément le tems qu’il est nécessaire que le fert y reste avec l’eau de la mine pour que la crasse ou rouille, qu’on nomme terre de mine, se forme ou se rassemble autour du fert (car on ne sait ce qui est le mieux pensé sur cette opération), parce que plus le fert est gros, plus il faut de tems pour que cette matière s’y attache ou en sorte. Ce qui est certain est que le fert se consomme insensiblement et qu’on met toujours de nouveau fert dans les baquets avec celuy qui a déjà esté travaillé par l’eau. On fait ensuite bouillir cette eau dans les chaudières de plomb D jusques à ce qu’elle devienne épaisse et grenée. Alors on la conduit par les chanées L dans les jars de bois S où on met debout des baguettes d’un bois raboteux autour desquelles la couperose se ramasse. C’est le dernier usage que l’on fait de cette eau qui devient ensuite inutile. On n’envoye point à l’académie de cette rouille de fert qu’on nomme /fol. 2 v°/ terre de mine, parce qu’elle est de même qualité que celle qu’on tire du fert par le moyen de l’eau de la source de Chessieux. Élection de Montbrison Cette élection qui est remplie des choses singulières a excité la curiosité de Mrs de l’académie. Les connoissances générales qu’on leur a procuré sur bien des faits les a engagéz à entrer dans des détails sur lesquels ils ont fait plusieurs questions ; on tâchera d’y satisfaire et d’y joindre même de nouvelles découvertes qui ont esté faittes depuis l’envoy du premier mémoire. On envoyera à l’académie de la terre nitreuse qui se trouve entre les différents filets de l’eau de la fontaine minérale de Moing34 [en marge : Elle est dans la boette num° 5]. Mais, quelques recherches que l’on ayt pu faire, on n’a pu avoir de cette terre verte dans laquelle il y avoit de l’estaing meslé, laquelle avoit esté tirée autres fois de la mine de St Romain35. Les pluyes et les eaux ont tellement détrempé la terre qui est autour de cette mine qu’on n’a pu la distinguer. Il se présente des particuliers du côté de Monistrol36, qui offrent de repren34. Moingt, commune de Montbrison (Loire). 35. Dans le département de la Loire, on relève plusieurs localités dédiées à saint Romain : Saint-Romain d’Urfé, Saint-Romain-en-Ajarez, Saint-Romain-La-Motte, Saint-Romain-le-Puy… 36. Monistrol-sur-Loire (Haute-Loire).

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dre les travaux de cette mine et d’y faire une seconde tentative si on veut leur en accorder le privilège. On auroit fort désiré pouvoir rendre un compte très détaillé à l’académie de la manière dont on travaille la mine de plomb de St Hilaire37 et de Basset38 pour en séparer le métail d’avec la terre. On a écrit depuis longtems à Vienne en Dauphiné où on vend ordinairem[en]t le métail brut qu’on tire de ces mines, et où sont les fourneaux nécess[ai]res pour faire ces séparations ; on n’a pu en avoir encore aucuns desseins. Ainsy on peut seulem[en]t assurer l’académie que ces fourneaux ne sont nullement différens de ceux dont se servent ordinairement les fondeurs. On fait bouillir le métail dans ces fourneaux ; à mesure que la crasse s’élève au dessus de la matière, on l’en sépare et, quand le métail est au degré de chaleur qu’il doit prendre pour estre parfaitem[en]t puriffié, alors on le fait couler pour en faire des saumons de plomb. /fol. 3/ La matière qu’on tire de ces mines se vend ordinairement brut onze livres le cent ; il y a dedans deux tiers de bon métail et un tiers de crasse. On envoye à l’Académie le profil qu’elle demande du terrain du coteau qui est entre les parroisses de St Bonnet et de la Tourrette39. Mais les changements qu’on m’avoit assuré estre arrivéz dans ce terrain depuis environ cinquante ans, ne sont que l’effet de l’imagination d’un homme peu accoutumé à se meffier des objets qui se présentent dans l’éloignement à nos yeux, et encore moins expérimenté sur tout ce qui est du poinct visuel ; le procèz verbal cy joint fait par le Sr Deville, ingénieur de S. M. servant prèz de moy dans cette province que j’ay envoyé sur les lieux pour en lever le profil, fera connoitre l’erreur de cet avis. Comme Mrs de l’académie des Sciences souhaittent d’estre informéz des choses mêmes qui ne méritent pas une attention bien particulière, on leur faira part de quelques découvertes qui ont encore esté faittes dans cette partye du Forest. On trouve dans la parroisse de St Julien d’Ance une terre qui fait le même effet que le bol d’Arménye pour la peinture et pour la dorure [en marge : cette terre est dans la boette num.°6]. La couleur n’en est pas cependant si vive. Le bol d’Arménye coûte cinq sols la livre, et une livre de cette terre préparée ne reviendroit pas à un sol. On prend cette terre sur la superficie de la terre, on la fait durcir au soleil ou auprèz du feu ; on la pille ensuite et on la passe au tamis pour la séparer d’avec quelques brins d’herbe qui y sont mesléz ; on la broye après sur le marbre avec de l’eau et on en fait des pains plus ou moins gros qui s’employent dans la peinture et la dorure. Il n’y a pas de doute que la masse de cette terre ne soit très abondante ; il s’agit seulement de savoir si on en peut

37. Saint-Hilaire-Cusson-la-Valmite (Loire). 38. Commune de Bas-en-Basset (Haute-Loire). 39. Saint-Bonnet-le-Château et La Tourette (Loire). Ce profil manque aujourd’hui.

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faire un aussy bon usage que du bol d’Arménye. C’est pour cela que l’on envoye à l’académie un morceau qu’un peintre de ce pays là m’a fait remettre. Il y a, dans la parroisse de Valprivas, une pierre jaune qu’on prétend estre pierre de mine dont j’envoye un morceau à /fol. 3 v°/ l’académie [en marge : morceau de pierre jaune est dans la boette numéro 7]. Ce rocher est raboteux et dur. Si l’académie, après avoir examiné cette matière, désire en faire quelques épreuves, il faudra faire la dépense de faire travailler huit ou dix jours dans la terre pour avoir de la matière moins crasse et sur laquelle on pourra plus aysément connoitre la nature de cette mine. On a trouvé dans une terre de la parroisse de Luriecq, auprèz d’un rocher, le morceau d’une matière transparente que l’on envoye [en marge : c’est dans la boette numéro 2]. Le rocher est prezque tout de cette matière. Si elle mérite qu’on aprofondisse cette recherche, l’académie aura agréable de le faire savoir. Élection de St Étienne Les mines de charbon qui sont communes dans cette élection, sont plus ou moins profondes ; il y en a qui paroissent prezque au dehors, il y en a qui sont d’une grande proffondeur, et on n’exagère pas quand on avance que pour y arriver on creuse quelques fois vingt à vingt deux toises, mais ces dernières sont rares. On envoye à l’académie de l’espèce de charbon qui n’est propre que pour brusler dans les cheminées [en marge : il y a de cette espèce de charbon dans la boette quarrée]. C’est une grande épargne que de se servir de cette espèce de charbon, l’hôpital de la ville de Lyon s’en sert depuis quelques années. Cette espèce de charbon fait beaucoup moins de fumée que celle du charbon qu’on employe dans les forges. On a cy devant envoyé à l’accadémie une caisse dans laquelle il y avoit des morceaux de croûte de mine de charbon sur lesquels il y a des figures de différentes plantes très exactement imprimées. On envoye à présent du charbon où il y a des veines de différentes couleurs ; on le trouve seulement dans les mines de charbon qui est propre pour la forge [en marge : il y a de cette espèce de charbon dans la boette quarrée]. À l’égard des mines de vernys qui sont dans la parroisse de St Julien Molin Molette, il est impossible de savoir leur profondeur car on n’a jamais pu les épuiser. Ce n’est que la difficulté de /fol. 4/ creuser qui arreste, car, quoyque le terrain soit favorable, on ne peut pénétrer plus avant que trente toises de profondeur. Si on pouvoit aller plus loing, on trouveroit toujours du vernys. À l’égard de la largeur de la veyne de cette espèce de mine, elle est ordinairement d’un pied. Quand on découvre une mine de vernys, on l’ouvre par un trou de deux ou trois pas en largeur et de quatre en longueur ; on creuse ordinairement quinze à vingt toises pour trouver la mine ; on se sert de tours soit pour tirer la mine

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soit pour vuider les eaux qui incomodent souvent ceux qui travaillent dans cette espèce de puys. Lorsque l’on a tiré la mine de vernys, on la sépare avec de gros marteaux d’avec les morceaux de rochers auxquels le vernys est adhérent, on le lave et on le livre dans cet état aux marchands. Lorsqu’on veut l’employer, c’est alors qu’on met le moulin en usage qui n’est que deux meules l’une sur l’autre, qu’un homme tourne à bras, au moyen de quoy les vernys se mettant en poudre et se détrempant avec l’eau qu’on jette de tems en tems dessus, on en fait une paste très liquide qui fait une espèce de gomme dont avec le pinceau on vernit la vaisselle de terre, ainsy qu’il a esté expliqué dans le premier mémoire. Comme il n’y a point dans ce pays cy de moulins parce qu’on n’y fait point de vaisselle de terre, on ne peut envoyer à l’académie ny de cette paste ou gomme ny un dessein de ces moulins. Si l’académie désire qu’on luy envoye les proportions des bâtiments et des machines qui composent le corps des fenderies et des martinets dont on se sert dans l’élection de St Étienne, elle aura la bonté de renvoyer les desseins qui sont joints au premier mémoire. On a pris soing de s’en instruire, mais il faut suivre les pièces les unes après les autres et les lettres dont on s’est servy dans ces premiers desseins pour leur explication. Élection de Roannes40 La mine de talque41 dont on a envoyé des échantillons est /fol. 4 v°/ sçituée dans la parroisse de Cottance. Elle n’a point encore esté ouverte. Les veines qui paroissent sont dans une montagne escarpée au pied de laquelle est une petite rivière. À trente pas de là en montant, on commence à en apercevoir les veynes. La terre y est très brillante surtout après qu’il a plu, et ces veynes sont dans un rocher assez tendre. Élection de Beaujolois Quelques perquisitions que l’on ayt fait faire dans touttes les maisons des environs de la mine de Claveysolles42, on n’a pu trouver aucune [sic] morceau de rouge brun qui se faisoit autresfois des pierres qu’on tiroit de cette mine. Il y a une dixaine d’années que les entrepreneurs qui travailloient à cette mine l’ont abandonnée après s’y estre ruinéz. C’estoient des étrangers et l’on ne sait ce qu’ils sont devenus. La cause de leur ruine vient de la prodigieuse consommation de bois qu’il faut pour l’exploitation de cette mine, comme il a esté expliqué par le premier mémoire, et de la grande cherté où estoient les bois sur la fin de leur entreprise, lesquels ils estoient alors obligéz d’aller quérir fort loing de leurs travaux. 40. Roanne (Loire). 41. Talc. 42. Claveisolles.

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La parroisse de Claveysolles et celles des environs s’en sentiront longtems car le bois y est encore très rare et très cher. Fait à Lyon, le vingt trois novembre mil sept cent seize. Méliand Joint : mémoire de Deville, Saint-Bonnet-le-Château, 19 novembre 1716 [18/73/d]. /fol. 1/ Nous, Ingénieur ord[inai]re du Roy, chargé de la conduite des travaux publiqs de la généralité de Lyon, en conséquence des ordres de Monsieur Méliand, Intendant en lad. généralité, sur les avis par luy receus qu’un cotteau auprèz de la ville de St Bonnet le Châtel43 en Forest (éloignée d’environ cinq lieues de la ville de St Estienne, de quatre lieues de celle de Montbrison et de trois lieues de la rivière de Loyre) s’estoit affaissée ou abaissée considérablement44, nous nous serions transporté dans le pays et adressé au Sieur Moissonnier, avocat, qui a dit en avoir fait les informations. Lequel nous ayant de nouveau affirmé qu’il s’estoit bien aperceu de l’abaissement de ce cotteau de plus de quarante pieds depuis 40 à 45 années. Sur quoy, continuant de suivre nos ordres, nous aurions choisy plusieurs anciens habitans et menéz auprèz de l’endroit en question où les ayant interrogéz ils nous auroient dit et assuré qu’ils n’avoient eu aucune connoissance ny entendu parler qu’on se fut aperceu d’une chose si singulière et qu’ils ont toujours vu le terrain de ce cotteau tel qu’il paroit actuellement. Ne nous contentant /fol. 1 v°/ point du raport desd. habitans non plus que celuy dud. Sr Moissonnier, nous nous serions acheminéz tous ensemble jusques sur ce coteau au bas duquel est une espèce de plaine formant un rideau devant le clocher et maisons du village de la Tourrette qui est à l’opposite de la ville de St Bonnet le Châtel distante d’un lieu à l’autre de 460 toises, et dud. rideau à la Tourrette de 70 toises, en sorte que du cimetière de St Bonnet (au dire dud. Sr Moissonnier) on ne voyoit point il y a 40 années les maisons de la Tourrette45, mais après avoir bien examiné le tout par nous même et nivellé le terrain comme il se peut voit par le profil cy joint46, et suivant l’idée du point visuel pris dud. cimetière de St Bonnet au clocher et aux maisons de la Tourrette, nous avons estimé que led. coteau formant ce rideau ne peut s’estre abaissé que de 4 pieds 6 pouces seulement, cet abaissement de terrain suposé ne provenant uniquement que des grosses pluyes, neiges et labourages depuis environ led. tems de 45 années d’autant que ce rideau prend pente de deux

43. Saint-Bonnet-le-Château. 44. Voir Cl. Philippe Testenoire-Lafayette, “ Sur les changements intervenus dans le relief du sol observés à Saint-Bonnet-le-Château et aux environs ”, Bulletin de la Diana, 1881, t. II, n° 2. 45. La Tourette. 46. Profil actuellement manquant.

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côtéz et qu’il paroit en différents endroits quelques crestes de rocaille, excédent de 3 pieds le niveau /fol. 2/ du sommet du rideau en question, ce qui peut avoir procuré insensiblement la découverte du clocher et maisons dud. village de la Tourrette dont les habitans de ce lieu ont affirmé qu’on y avoit élevé d’un étage quelques unes de leurs maisons dans cette espace de tems. C’est ce qui a contribué à tromper absolument l’idée dud. Sr Moissonnier dans l’avis qu’il en a donné qui ne peut qu’estre faux, et son observation erronée, car il n’est pas naturel de croire que cet avocat aye comencé à faire cette remarque si extraordinaire pour s’en souvenir parfaitement depuis 45 ans environ puisqu’il n’est aujourd’huy âgé que de 50 et quelques années. Ainsy il nous paroit par les dépositions des habitans et nos observations géométriques faites démonstrativem[en]t présence de tous, que ce qui a esté avancé au sujet dud. cotteau ou rideau n’est qu’une pure chimère. En foy de quoy, nous avons dressé le présent procèz verbal pour servir en ce que de raison fait audit St Bonnet le Châtel, le 19 novembre 1716. Deville47 8. - s.d. [après novembre 1716] : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/99]. Lion Le nouveau mémoire que Monsieur Méliand a envoié à SAR Monseigneur le duc d’Orléans avec les échantillons des diverses matières dont il a été suivi, donne tous les éclaircisements qu’on avoit souhaité. Il donne même des instructions sur de nouvelles matierres. Ses soings ont sans doute réveillé l’attention et la curiosité dans son département sur ce qui a raport à l’objet de l’Académie, ce qui pourra produire de nouvelles observations. Nous avons lieu d’espérer que Monsieur Méliand voudra bien continuer à nous les communiquer. Tout ce qui regarde la manière dont on tire le cuivre du fer mis dans le ruisseaux [sic] de Chessieux et de la mine de St Bel est parfaitement expliqué soit par le mémoire, soit par les deisseins. Monsieur Méliand a pris les plus sages précautions pour s’assurer de ce qu’on devoit penser du prétendu abaissement du terrain des environs de St Bonet. 1° L’espèce de bol qu’on trouve dans la paroisse de St Julien d’Ance paroist assez fin et d’une bonne qualité ; on en fera des essays. Dans la boette où étoit ce bol, il y avoit une autre terre argileuse. Es ce la terre d’où on le tire. On voudroit voir la terre qui donne ce bol avant d’avoir été lavée. La veine de cette terre est elle large. Y en a t’il plusieurs veines. 47. André-Nicolas Deville (1662-1741), ingénieur et architecte, père de Nicolas-François Deville (1712-1770), lui-même ingénieur des Ponts et chaussées de la généralité de Lyon.

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2° La pierre de la paroisse de Valprivas paroist plustôt une de ces pierres qui accompagnent les mines, qui leur servent dans la suite de fondant, qu’elle ne paroist mine elle-même, mais on en fera l’essay. 3° Le morceau de pierre transparente qu’on a trouvé dans la paroisse de Luriecq est de cristal. Si le rocher, comme on l’assure, est presque tout de cette pierre, il pourroit mériter d’être travaillé. Il faudroit examiner si il y a des morceaux de ce cristal d’une grosseur un peu considérable qui soient nets. Celuy qui a été envoié est assez gros, mais il a des glaces. 9. - janvier 1717 : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/98]. envoié le 15 janvier 1717 Lion La bouteille d’eau de la fonteine de Chessieux que Monsieur Méliand a envoiée, a donné occasion de faire diverses expériences qu’on voudroit pousser plus loing parce qu’elles semblent promettre quelque chose de curieux et d’utile. Mais, comme il seroit difficile de faire venir icy la quantité d’eau nescesaire, on souhaiteroit avoir une quantité assez considérable [de] cette eau réduite à un petit volume, et pour cela que Monsieur Méliand voulust bien charger quelqu’un des environs de cette fontaine de mettre à une ou plusieurs reprises cinquante ou soixante pintes de cet [sic] eau dans un vase, de la faire chaufer jusques à une légère ébullition et de continuer à luy donner à peu près ce degré de feu jusques as que le tout fust réduit à deux ou trois pintes, et c’est ce résidu qu’on voudroit avoir. Il faudroit se servir de vaisseaux de terre non vernis. 10. - s.d. [avant juin 1717] : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/97]. Lion Nous ne nous lassons point de demander des instructions de la généralité de Lion. Les excellents mémoires que Monsieur Méliand nous a procuré nous font même souhaiter d’avoir souvent des occasions de luy demander. En voicy encore une nouvelle. Il y a une espèce de fil d’argent doré sur laquelle nous voudrions être mieux instruits ; c’est ce fil qui est connu des marchands et ouvriers sous le nom de fil d’or de Milan, dont les lames ne sont dorées que d’un côté au lieu que celles des fils d’or de Paris et de Lion sont entièrement dorées. 1° Il y a eu autrefois une fabrique de ce fil d’or établie à Lion. Nous voudrions scavoir dans quel temps elle y a été établie, quand elle a cessé, et ce qui en a causé la ruine. 2° Comme il y apparament encore à Lion des gens qui ont travaillé à cette fabrique ou qui y ont été intéressés, nous voudrions bien qu’on leurs [sic]

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demandast les mémoires les plus détaillés qu’il seroit possible sur tout ce travail à commencer depuis l’or et l’argent sont en lingots jusques as qu’ils soient filés sur la soye. 3° On demanderoit même les deisseins des outils emploiés à cette fabrique si il y en a quelques uns de particuliers et surtout ceux qui servent à filer, et l’attitude de la fileuse. On scait bien qu’on ne se sert pas pour filer ces sortes de lames de rouets semblables à ceux des tireurs d’or. 4° Si on peut aussi trouver des échantillons soit des bandes dorées qu’on coupoit en lames étroites, soit de ces lames étroites qu’on filoit sur la soye, soit du filé on les verroit avec plaisir. 5° Si même quelques marchands de Lion étoient au fait de la manière dont on travaille à Milan cette sorte de fil, nous souhaiterions qu’on leur demandast des mémoires. 11. - 5 juin 1717 : Gayot de la Bussière à Bignon, Lyon [16/9/c]. 37 Monsieur, J’ay l’honeur de vous adresser une lettre de l’ouvrier cy devant à l’or de Milan que vous conoissez, lequel m’a remit des scizaux apelléz forces qu’il vous avoit promit. Je les ay fait mettre dans une boete que j’ay fisselé et cacheté, sous l’adresse de S.A.R. Monseigneur le duc d’Orléans po[ur] l’académie des Sciences à Paris. Et l’ay remit à la diligence qui partira le 7. Je me flatte que vous aurez receu à bon port les bouteilles de la mine de Chessieux, de l’eaue de laquelle en ayant fait prendre soixante peintes [lire pintes], elles ont esté réduit à ce que j’ay mit dans ces quatre. Cet ouvrier de l’or de Milan compte fort sur votre protection po[ur] estre employé à quelque chose. J’ay l’honeur d’estre avec baucoup [sic] de respect, Monsieur, [etc.]. Gayot de la Bussière à Lyon, ce 5 juin 1717 12. - s.d. [avant janvier 1718] : demande de renseignements par Réaumur, minute [18/15/h]. 76 Lion 1° Il n’est guères de rivière aurifère du roiaume dont plus d’autheurs dignes de foy48 aient parlé que de la petite rivière de Giers49 qui a sa source dans le 48. Sur ces auteurs “ dignes de foi ” et sur la méthode suivie par Réaumur pour se documenter, voir “ Les origines de l’enquête ”, doc. 3. 49. Gier.

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mont Pila ; il assure qu’on trouve parmy son sable des paillettes d’or, grosses quelquefois comme des grains de millet, et que les paisants des environs les ramassent. Nous voudrions scavoir 1° si on s’occupe encore de cette petite récolte et, en ce cas, un détail de la manière dont on la fait. 2° Nous voudrions avoir du sable commun de cette rivière, de celuy qui a été lavé et où il y eust des paillettes. 3° des paillettes elles même, et assez si on en pouvoit recouvrer pour faire essay du titre de cet or, comme on la fait de celuy de diverses rivières du royaume. En cas que ce travail soit entièrement cessé, peut être que Monsieur Méliand qui jusques icy a pris des soings si obligeants pour nous procurer des instructions, pourra engager quelque curieux des environs à faire la recherche de ces paillettes. 2° On met aussi la rivière de Chenevalet50 qui passe dans la plaine de Forest auprès de St Estienne parmy les rivières aurifères, quoiqu’on ne la dise pas si riche en or que celle du Giers. Par raport à celle cy, nous avons à faire les mêmes demandes que nous avons fait par raport à l’autre. Est il vray que cette rivière de Forest blanchise beaucoup mieux le linge que les autres et qu’on n’ait pas besoing de froter de savon le linge qu’on lave dans son eau. 3° Ne trouve t’on point quelque part au Rhosne dans la généralité de Lion des paillettes d’or, comme on luy en trouve dans le pais de Gex. 4° On dit que le feu a esté pendant longtemps à trois montagnes d’auprès de St Estienne dont l’une est appellée Viale, l’autre Mine et l’autre Butte. Y est il encore. 5° On nous a assuré qu’on faisoit en Forest d’excellente chaux avec le charbon de terre. Le fait est il vray ? En ce cas comment s’y prend on ? 13. - 20 janvier 1718 : Gayot de La Bussière à Bignon, Lyon [18/15/j]. /fol. 1/ 9 Lyon, le 20e janvier 1718 Monsieur, En l’absence de Mr Méliand qui est à présent à Paris51, j’ay l’honneur de vous faire réponse sur la lettre de SAR le duc d’Orléans et mémoire y joint de M[essieu]rs de l’accadémie des Sçiences. Art[icl]e Ier Je me suis informé des plus anciens du pays de Rive de Gier et autres endroits où passe la rivière de Gier qui a sa source dans le Mont Pila, lesquels m’ont assuré qu’ils n’avoient pas ouÿ dire qu’il se soit jamais trouvé aucune paillette d’or parmy le sable de lad. rivière laquelle est souvent à sec 50. Pour Chavanelet, ruisseau qui arrose Saint-Étienne. 51. Méliand quitte l’intendance de Lyon en novembre 1717 pour être nommé à celle d’Amiens. En attendant l’arrivée de son successeur Poulletier, c’est le subdélégué de l’intendant à Lyon, Gayot de La Bussière, par ailleurs président du bureau des finances de Lyon, qui assure l’intérim.

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et, d’autres fois, vient comme un gros torrent qui n’amène que de gravier et très peu de sable, dont il est prezque impossible de se servir po[ur] la maçon[n]erie. Et, si ces Messieurs souhaittent d’avoir de ce sable, j’auray l’honneur d’en envoyer et même je m’en vais charger quelqu’un pour faire des recherches de ces paillettes d’or, s’il s’en peut trouver dans le sable de cette rivière. /fol. 1 v°/ 2e À l’égard de la rivière qu’on nomme Chavanelet, c’est un petit ruisseau ou plustôt un petit torrent où il n’y a ordinairem[en]t de l’eau qu’en tems de pluye. Les paysants y lavent leur linge lorsqu’il y a de l’eau et ils prétendent que, lorsqu’elle est plus vive, il faut plus de savon pour blanchir le linge que dans la rivière de Furan dont l’eau est plus douce et qui décrasse plus facilem[en]t le linge. Cette rivière de Chavanelet passe dans St Étienne, ensuit dans des prairies et se jette dans lad. rivière de Furan, et on n’a point ouÿ dire qu’il y eût dans le sable de cette rivière des paillettes d’or. J’ay bien ouÿ dire qu’il y a une petite rivière qui passe à St Claude en Franche Comté et qui blanchit parfaitem[en]t le linge de lessive sans savon, et les cailloux dans lad. rivière sont tous très blancs. 3e On n’a point ouÿ dire qu’on trouvât dans le Rosne52 qui passe dans cette généralité des paillettes d’or, n’y ayant person[n]e qui se soit amusé à en chercher. Mais il me souvient qu’allant à Genève, à une lieue environ en deçà du fort de l’Écluse, pays de Gex, où le Rosne paroit se perdre dans terre, il y a un ruisseau qui se jette dans led. Rosne dont le sable paroit doré et argenté, où peut estre on pourroit trouver de ces paillettes d’or. /fol. 2/ 4e Dans la parcelle de Feugeroles, sur le chemin de St Étienne au Chambon, le feu a consumé le charbon de terre qui s’y est trouvé dessouz une petite montagne, laquelle s’est partagée et a laissé un chemin entre deux. On ne sçait point d’où est provenu cet accident depuis un temps immémorial que le feu a commencé d’y brusler. Il y a une ancienne histoire du Forest qui en parle ; et cette montagne s’apelle la Mine. On y voit encore une espèce de feu dans des jours de pluye seulem[en]t. Environ un demy quart de lieue de là, sur la hauteur, il y a un autre endroit où le feu a consumé le charbon de terre qu’il y avoit, et il ne paroit plus depuis longtems qu’il y aye du feu dans cet endroit que l’on apelle la montagne de la Viale et de la Bute. On prétend que ces accidents de feu arrivent par la négligence ou malice des ouvriers qui travaillent à tirer le charbon de pierre, qui, se servant de lampes dans ces lieux obscurs, peuvent y en laisser en se retirant et même qu’il peut tomber du feu de ces lampes sur des morceaux de charbon qui, demeurant caché, il se forme facilement un embrasem[en]t de cette matière aussy combustible. Un pareil accident est arrivé depuis environ 18 mois dans une carrière auprèz de St Étienne. Mais à force de travail on coupa chemin à cet embrasem[en]t et il s’éteignit.

52. Rhône.

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/fol. 2 v°/ 5e et dernier article. On travaille à faire de la chaux à Sury53, dans la plaine de Forest, et à Condrieux54 au bord du Rosne avec des cailloux de pierre que l’on choisit auprèz des rivières. On met ces cailloux dans un four à chaux que l’on fait chauffer et cuire avec du charbon de terre pour en former de la chaux de la même manière qu’avec du charbon de bois. La chaux de Sury sert à bâtir et celle de Condrieux où les cailloux se prennent sur les rives du Rosne, n’est bonne qu’à blanchir les murs. On s’en sert pourtant pour bâtir quand on en manque d’autre. Je m’estimerois très heureux si, en l’absence de Mons[ieu]r l’Intendant qui m’avoit fait son subdélégué, d’estre utile aux éclaircissements que demandent Messieurs de l’accadémie et vous faire connoitre que j’ay l’honneur d’estre avec respect, Monsieur, [etc.]. Gayot de la Bussière présid[en]t au bureau des finances de Lyon Mr l’abbé Bignon, président de l’accadémye des sçiences à Paris 14. - 12 mai 1718 : Gayot de La Bussière au Régent, Lyon [18/24]. [en marge :] à M. l’abbé Bignon 70 n° 6 43. 1718 Monseigneur, 55 En exécution des ordres de VAR, j’ay l’honneur de luy adresser une caisse pour l’Académie des Sçiences que j’ay fait porter aujourd’huy à la diligence. Elle arrivera à Paris le 18 de ce mois. Cette caisse contient des modelles de four à chaux et autres choses qu’elle a souhaitté par le mémoire cy joint auquel j’ay tâché de satisfaire art[icle] par article. J’ay l’honneur d’estre avec un très profond respect, Monseigneur, [etc.]. Gayot de la Bussière, subdélégué à Lyon Lyon, le 12e may 1718 15. - s.d. [1718] : demande de renseignements complémentaires par Réaumur, copie au net [18/13/a]. /fol. 1/ 43 1718 Lyon Les réponses que Monsieur Gayot s’est donné la peine de faire au mémoire

53. Sury-le-Comtal (Loire). 54. Condrieu (Rhône).

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envoyé depuis l’absence de Monsieur Méliand, nous ont donné de nouvelles preuves de son attention obligeante à nous procurer des instructions. [en marge : 1er] Quoyqu’on ne ramasse pas actuellement les paillettes d’or de la rivière de Giers55, comme on s’est occupé autrefois à faire cette petite récolte, il y a lieu d’espérer que les personnes que Monsieur Gayot a engagé à faire de nouveau cette recherche des paillettes en trouveront. Nous ne demandons du sable et du gravier de cette rivière qu’en cas qu’on y trouve des paillettes. Le 2e, le 3e et le 4e article de sa réponse ne nous laissent rien à demander. [en marge : 2e] Pour le 5e article, qui a répondu précisément à la 5e question de nostre mémoire, il nous fait souhaiter un mémoire détaillé sur la manière dont on fait la chaux à Sury56 et à Condrieux57 avec du charbon de terre, qui expliquast la manière dont on arrange le charbon pour cuire la pierre ; combien on en consume pour une certaine quantité de pierre ; nous serions bien aises mesme d’avoir les mesures précises de ces fours /fol. 1 v°/ à chaux et leur figure, un petit dessein les donneroit plus sûrement qu’un mémoire si on avoit quelqu’un à portée de le lever. Nous voudrions mesme des échantillons des pierres ou cailloux qu’on calcine dans l’un et l’autre endroit et de la chaux qui en vient. 3e On nous a dit qu’à Persi58, en Beaujolois, on tiroit des meules excellentes pour les coutelliers. Nous voudrions sçavoir l’état des carrières qui les fournissent, leur profondeur, la largeur et l’épaisseur de leurs lits, et avoir des échantillons des pierres quelles fournissent. Et 4e On nous a aussy parlé d’une carrière de marbre blanc [Réaumur ajoute : à Pradine59] en Beaujolois dont nous souhaiterions avoir des échantillons accompagnés d’un mémoire sur l’état de cette carrière. 16. - s.d. [1718] : réponse de Gayot de La Bussière à l’Académie des sciences à ses demandes d’éclaircissements [18/13/b]. 13 1718 Réponse au mémoire de l’Accadémie des Sçiences Art[icl]e Ier On a cherché très exactement dans le sable et graviers de la petite rivière de Giez60 des paillettes d’or dont il est parlé dans le premier arti-

55. 56. 57. 58. 59. 60.

Gier. Sury-le-Comtal. Condrieu. Perrecy-les-Forges (Saône-et-Loire). Pradines (Loire). Gier.

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cle sans en trouver. Ayant chargé plusieurs personnes, l’une au commencement de lad. rivière, au milieu et un autre à l’endroit où elle se jette dans le Rosne prèz de Givors, on m’a raporté un petit sacq de ce sable et quelques cailloux brillants que Messieurs de l’accadémie trouveront dans la caisse. 2 J’espère que l’Accadémie trouvera tous les éclaircissements qu’elle peut souhaiter sur le deux[ièm]e article qui concerne les fours à chaux de Condrieu le long du Rosne et de Sury le Comtal dans la pleine de Forest, et la manière dont se fait la chaux qui est expliquée par deux mémoires à peu prèz convenants. La chaux de Condrieu se fait avec des cailloux du Rosne et celle de Sury avec la pierre des environs. 3 Il n’y a point de parroisse ny hameau du nom de Persy en Beaujolois ny dans ce département. Mais on m’assure que Persy est du côté de l’abbaye de Cluny en Bourgogne où est une carrière dont le mosolée de Mr le Cardinal de Bouillon a esté construit. Et 4e Il n’y a point de carrière de marbre blanc du côté de Pradines en Beaujolois ny dans les lieux circonvoisins. Mais il y en a une de marbre noir veinée de blanc qui s’appelle la carrière de Régny, dont nos entrepreneurs se servent pour construire une partye des ponts sur la grande routte de Lyon à Roannes. Cette carrière est d’une espèce de marbre noir tirant sur un gris brun. Il se polit de même que celuy de Gesnes. On en fait des cheminées, des ouvrages d’église et des tableaux pour des inscriptions en lettres d’or. Ladite carrière est belle, bonne et considérable. Les lits les plus épais qu’on en ayt tiréz sont de 14 à 15 pouces sur la longueur de 7 à 8 piedz et autant de largeur. À présent, la découverte n’est que de 50 pieds de larg[eu]r et autant de profond[eu]r. Il y a quatre années que le Sr Leduc ayant construit la digue de Pinay sur la rivière de Loire par ordre du Roy, en fit la couverture de cette pierre de 6 pouces d’épaisseur. Dans la caisse qu’on envoye à l’Accadémie des Sçiences, on y trouvera un modelle de bois du four de Condrieu, avec des cailloux du Rosne à faire de la chaux et de la chaux qui est tombée en poussière, ne pouvant rester en consistance plus de cinq ou six jours. Plus un autre modelle en terre cuite des fours qui sont à la porte de Lyon, dont la chaux se fait avec de la pierre com[m]une et propre à cet usage. Plus on trouvera de la pierre ou roche po[ur] la chaux de Sury avec de la chaux cuite. Le plan ou dessein qu’on en a levé est joint au mémoire. Et, enfin, il y a un sacq de sable de la petite rivière de Giez, quoyqu’il ne paroisse pas qu’il s’y trouve des paillettes d’or et un autre sacq des cailloux de lad. rivière qui sont brillants. Gayot de la Bussière

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17. - s.d. [1718] : mémoire sur les fours à chaux de Sury-le-Comtal [18/39/a]. 43 1718 Sury-le-Comtal province de Forest Les fours à chaux de Sury le Comtal, dans la plaine de Forest, sont de neuf pieds d’hauteur, de quatorze à quinze pieds de largeur en rondeur par le haut et vont en diminuant jusqu’à trois pieds en rondeur par le bas où il y a une gorge de chaque côté pour tirer la chaux lorsqu’elle est cuite. Lorsque l’on remplit le four de pierres pour faire cuire la chaux, l’on commence par garnir le fond du four de chènevotes61 ou allumettes, avec environ six fagots pardessus lesdites chènevotes, ensuite quelques grosses bûches. Après quoy on met du gros charbon de terre, trois bichets62 mesure de Lyon et sur ce gros charbon environ deux bichets de menu charbon [en marge : le bichet de Lyon contient 3 boisseaux un quart de Paris]. Par dessus tout ce charbon, on jette un plein char de pierre (qui peut donner sept bichets de chaux mesure de Lyon estant cuite). Sur cette pierre on remet un lict de charbon, de même un lict de pierre et un autre lict de charbon, comme dessus en continuant ainsy successivement jusques à ce que le four soit remply à moitié. Ensuite on y porte le feu par les gorges d’en bas. Mais il faut prendre garde quand le four est allumé qu’il ne s’éteigne pas parce que, lorsqu’il est en valeur au dessus, on doit tirer la chaux par lesd. gorges avec des pelles de fer et avoir soin de remettre du charbon et de la pierre comme il est dit cy dessus et tenir le four toujours garny. On se sert de pièces de fer de six pieds de longueur et de la grosseur de cinq à six pouces en rondeur pour donner jour par en haut à la chaux quand elle cuit. Il faut remarquer que la chaux qui se cuit avec le charbon de terre, est bien différente de celle qui se fait avec le charbon de bois, parce que la pierre de Sury ne cuiroit pas avec le charbon de bois estant trop dure. Pour cuire dix chars de pierre qui font soixante dix bichets de chaux cuite mesure de Lyon, il faut quinze bichets de charbon de la même mesure. On ne se sert que de la pierre qui se trouve sur les lieux et non des cailloux du Rosne. Joint : dessin, s.d. [1718] [18/39/b]. [en titre :] Modelle des fours à chaux de Sury63. [légende du dessin :] Il faut remarquer qu’il faut une muraille d’un pied en dos

61. Chènevotte, partie ligneuse du chanvre qui subsiste après qu’on a enlevé la filasse. 62. Ancienne mesure de capacité pour le blé, variant de 20 à 40 litres. 63. Voir Fig. 17.

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d’asne dans le fond du four pour que la chaux puisse couler par les gorges pour la tirer quand elle est cuitte. 18. - s.d. [1718] : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/25]. Lion Après les mémoires que Monsieur Gaiot de la Bussière nous a envoié sur la manière dont on fait la chaux à Condrieu et à Sury avec le charbon de terre, il ne nous reste plus rien à scavoir sur cette matierre que l’épaiseur [sic] qu’on donne à chaque lit de charbon et à chaque lit de pierres, et combien il y a de ces différents lits dans un four. Au lieu que le marbre de Pradines est noir veiné de blanc, par le mémoire de Monsieur Gayot on nous l’avoit dit blanc. Mais, quel que soit sa couleur, nous serions bien aise d’avoir un échantillon de ce marbre tiré sûrement de la carrière de Régny. Les autres articles des mémoires répondent avec la même exactitude à nos questions. 19. - 8 novembre 1718 : Bourgeys à Bignon, Lyon [18/12/a]. 41 à Lion, ce 8 9bre [novembre] 1718 Monseigneur, Pour ne manquer à rien, je prends encor la liberté de vous envoyer icy copie de la lettre que M. Law64 a écritte à M. Rochefort, banquier de cette ville, le 26 du mois passé et copie de celle que je lui écrivis avant hier 6e du courant. Il peut mieux que personne et par lui-même, sans parler des revenus du Roy, faire l’avance des trente louis d’or dont il s’agit qui est un petit objet, surtout n’ayant rien à risquer par les seuretéz et les précautions qu’on lui propose. Il abrègeroit une affaire qui luy feroit beaucoup d’honneur. Je craindrois de vous fatiguer, Monseigneur, si ell’estoit moins sérieuse et moins importante au service du Roy et au bien de l’État ou qu’elle méritât moins votre attention pour la faire avancer. J’ose me dire tousjours avec un profond respect, Monseigneur, [etc.]. Bourgeys aux 13 cantons rue des fripiers Mgr l’abbé Bignon

64. John Law de Lauriston (1671-1729), directeur de la Banque générale établie en mai 1716, puis de la Compagnie d’Occident (septembre 1716) et de la Banque royale (janvier 1719) ; il sera contrôleur général des finances du 4 janvier au 19 mai 1720.

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L’ENQUÊTE DU RÉGENT

Joint : mémoire n.s. [Rochefort, banquier à Lyon] à Law, s.d. [18/12/b]. 41 c J’ay, Monsieur, un moyen très important pour l’intérest du Roy et de l’État qui feroit beaucoup d’honneur à ceux qui se chargeroient de sa production, puisqu’il les feroit envisager dans un point de veüe très agréable par le Roy et par tout le royaume. Cet expédient est de barrer pour tousjours solidem[en]t et certainement la fausse monnoye et la fausse fabrication des espèces d’or et d’argent dans le royaume et leur introduction du dehors, en sorte qu’on peut seurement conter sur la bonté de cette proposition, quoyqu’elle semble moralem[en]t impossible à qui n’en scait pas le secret. J’en ay fait parler et mesme pris la liberté d’en escrire à Monseigr l’abbé Bignon, mais peut être qu’on regarde la chose impossible et ceux que j’ay employéz se retranchent à me demander un mémoire. Vous scavez, Monsieur, que je n’en puis donner aucun qui n’explique mon moyen et c’est ce que je ne veux pas faire. Je vous ay informé des raisons que j’en ay fondées sur mon expérience, il y a dix ans, dans une affaire bien plus importante encore qui me manqua par trop de facilité à me laisser persuader. Ny vous ny moy n’ignorons pas le sort des affaires qu’on porte de bonne foy à la Cour, quand on ne le fait pas avec les précautions convenables. Il n’y a dans ce fait ny chymère ni vision. La chose est réelle, effective et juste. Quand elle ne sera pas reconnue ainsy, j’en seray condamné aux dépens. Mais, si l’on me donne les moyens de produire personnellement mon projet à la Cour et que je puisse le faire avec assurance d’une récompense proportionnée au bien qu’il produira au Roy et à l’État, je le feray agréablement et l’on sera content de mon zèle. Est-il rien de plus juste. Adjoint à ce mémoire Nostre cour des monnoyes de Lyon rendit un arrest, il y a huit jours, sur des louis d’or de fausse fabrication remis à son greffe à la req[uê]te de M. le Procureur général qui proteste de poursuivre les coupables s’ils sont reconnus, faibles moyens reconnus tels jusqu’à présent, le spécifique est celuy dont il est question. [au dos :] Ce mémoire a esté envoyé à Mr Law par le Sr Rochefort, banquier de Lyon, qui m’avoit prié de luy remettre, ce qui fut fait le 22 du présent mois d’octobre 1718. Et duquel j’envoyay une copie au R. Père Antonin Dalby le lendemain. Joint : Bourgeys à Law, Lyon, 6 novembre 1718, copie [18/12/c]. 41 M. Law. Pour copie de la lettre à lui écritte de Lion le 6 9bre [novembre] 1718.

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Monsieur, La lettre que vous avés pris le peine d’écrire le 26 du mois passé à M. Rochefort, banquier de cette ville, en réponse de la sienne sur le moyen spécifique que j’ay à démontrer personnellement pour remédier à la fausse monnoye et fausse fabrication des espèces d’or et d’argent au dedans et au dehors du royaume, me fut communiquée seulement hier après le départ du courrier. J’ay veu par la même lettre, Monsieur, que vous souhaitteriés que j’eusse l’honneur de vous envoyer un mémoire là dessus pour le présenter à Monseigneur le duc d’Orléans. Si cela s’estoit pu, je l’aurois fait par la lettre que j’eus l’honneur d’écrire à SAR le 28 8bre [octobre] de l’année dernière par le canal de M. le Chancelier, comm estant la créature et le bras droit de ce grand Prince. M. Claperon peut vous en assurer puisque je lui écrivis une lettre en même temps qui lui fut envoyée à son arrivée à Paris par le secrétaire de M. d’Aguesseau65, laquelle je mis dans le paquet suivant la réponse dud. Sr Claperon que j’ay encore. J’ay veu, Monsieur, par la lettre du R. Père Antonin Dalby que j’ay prié de vous voir sur cet expédient, qu’on proposoit tous les jours de pareils moyens que vous rejettiez. Celui cy ne doit pas estre confondu parmy puisqu’il est effectif et que sans doute les autres se sont trouvez vains et frivoles. Il est de l’essence de ma découverte qui est eficace que j’en fasse la démonstration moy même, sans quoy elle pourroit bien avoir le même sort. Je convins seulement avec ce Père, avant son départ pour Paris, qu’il feroit son possible pour me faire prester 30 louis d’or du temps présent ou environ sur un tableau précieux de Raphaël original reconnu pour fournir à mon voyage et autres affaires, en prenant icy touttes les précautions nécessaires pour la sûreté du prêtant ; que peut-on souhaitter de plus. Le Père m’a fait divers raisonnemens inutiles dans sa dernière lettre et dans les précédents, puisque nous avions préveu tout cela ensemble. J’entre fort dans tout ce qu’on a pu lui dire, mais je ne puis le persuader d’entrer dans mes justes raisons qui sont sans réplique, d’autant qu’il est absolument nécessaire que je produise mon expédient moy même puisqu’il est de son essence. Et c’est ce que je feray lorsque j’auray de l’argent, à quoy je travaille. Je scay, Monsieur, que ce défaut n’est pas prévenant pour moy avec un tableau de 4 000 escus au moins et un pareil secret au mien, on ne doit cependant pas inférer de là que ce moyen ne soit certain et bon. Par mes lettres et mes mémoires, j’offre sur mes seuretéz d’estre condemné aux dépens s’il n’est pas trouvé incontestable. Enfin, Monsieur, on ne risque rien à me prêter 30 louis d’or courants de cette manière. J’ay eu l’honneur d’informer M. l’abbé Bignon de touttes mes raisons. Dans la belle situation où vous êtes, Monsieur, vous n’avez besoin que de

65. Henri-François d’Aguesseau (1668-1751), procureur général au Parlement de Paris, fait chancelier de France par le Régent le 2 février 1717.

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L’ENQUÊTE DU RÉGENT

partager l’honneur de rendre un grand service au Prince et à l’État en m’avançant 400 escus sans rien risquer ; que peut-on répliquer là dessus, vous êtes le maistre de le faire pour accellérer. Cependant permettez moy, s’il vous plait, de vous assurer de mes obéissances et que je suis très respectueusement, etc. Signé Bourgeys aux 13 cantons rue des fripiers N[ot]a que dans l’original, par erreur, je n’ay parlé que de 20 louis d’or, mais l’on voit bien par la suitte que je me suis trompé, puisque j’ay entendu demander 400 écus, c’est à dire environ puisq[ue] 30 louis ne font que 1 080ll qui me suffiroient, cent livres plus ou moins ou 40 escus n’estant une affaire. Copie de la lettre de M. Law du 26 8bre [octobre] 1718, escritte à M. Rochefort, banquier à Lyon. Monsieur, quant au secret dont on vous a parlé, je conçois par le mémoire que vous m’avez envoyé qu’il contient des précautions contre la fausse monnoye. Un pareil secret seroit important et très utile à l’État, mais les revenus du Roy ne suffiroient pas pour fournir aux avances que demandent tous ceux qui disent avoir fait quelques découvertes. Si la personne veut se confier à moy, vous pouvez l’assurer que j’en rendray bon compte à SAR et que, si (comme je le souhaitte) son idée se trouve réelle et solide, je lui en laisseray tout l’honneur et toutte la récompense. Il faudroit pour cela que l’on m’envoyât un mémoire qui expliquât clairement en quoy conciste ce secret. 20. - 15 novembre 1718 : Bourgeys à Bignon, Lyon [18/12/d]. [en haut :] Mgr l’abbé Bignon 41 Monseigneur, Samedi 12e de ce mois, à neuf heures du soir, on arresta en cette ville un graveur nommé Pelletier, avec sa femme, chez lequel on trouva trois quarréz à l’effigie du Roy, l’un pour les louis d’or, l’autre pour les demi louis d’or et le troisiesme pour les escus de 6ll. Le lendemain, les archers furent chercher hors de la ville les indiquéz par ces malheureux, je ne scay point encor quels ils sont. Vous voyez, Monseigneur, de quelle importance il est pour le service du Roy et pour le bien de l’État de remédier à ce crime de lèze majesté qui ne se commet pas seulement en cette ville, puisqu’il y a quinze jours que la Cour des monnoyes rendit encor icy un arrest sur quelques louis d’or saisis de nouvelle et fausse réforme, qui furent consignéz au greffe et soubçonnéz venir du costé de Genève. Il y a passé un an que, sollicitant M. de Fléchères66, premier président de

66. Pierre de Sève, baron de Fléchères, conseiller du roi, premier président en la Cour des monnaies de Lyon et lieutenant-général en la sénéchaussée et présidial de Lyon.

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nostre Cour des monnoyes, pour me faire partir pour Paris afin de remédier à ce désordre, et après quelques conférences que j’eus avec lui et M. Laisné67, directeur de cette monnoye, il lui ordonna de me compter 50 ou 60 pistolles sur mon tableau de Raphaël. Mais quelqu’un qui le convoittoit et qui croyoit de l’avoir à vil prix, traversa sous main la bonne volonté de ce digne magistrat et la chose en resta là. Si vous aviés la bonté, Monseigneur, de lui faire ordonner de la renouer et d’enlever les obstacles au cas que M. Law ne me fasse pas compter les 30 louis d’or que je lui ay demandé sur la même seureté, vous rendriez un grand service à l’État. Rien n’est plus aisé, car Mrs de Fléchères et Laisné qui ont veu et examiné mon tableau à fond et qui sont au fait de la belle connoissance, suivront agréablement là dessus les ordres qui leur viendront du costé de la Cour. Si vous prenez la peine d’en écrire à M. de Fléchères ou à ce directeur, vous verrés, Monseigneur, la vérité de tout ce que j’ay l’honneur d’avancer. Il n’y a rien à risquer puisque je me condemne aux dépens si mon expédient n’est pas réel et solide. Je suis certain que les gens riches complices dans le crime présent se tireront d’affaire et laisseront pendre le malheureux graveur comm’il est souvent arrivé depuis les réformes ! Quel désordre, Monseigneur, dans le royaume digne de compation et auquel cependant il est si aisé et si honorable de remédier et pour tousjours. Je vous suplie très humblement de vouloir bien encor rendre compte de cette lettre à Monseigneur le duc d’Orléans. J’espère que SAR voudra bien aprouver mon zèle et me rendre toutte la justice que je dois attendre de sa bonté sur la récompense proportionnée à un pareil service pour le bien de l’État. J’ose vous assurer que j’ay l’honneur d’estre avec une grande soumission et un profond respect, Monseigneur, [etc.]. Bourgeys aux 13 cantons rue des fripiers à Lyon, ce 15 9bre [novembre] 1718

67. Mathurin Laisné, directeur de la Monnaie de Lyon au début du XVIIIe siècle.

XX.

MAUBEUGE OU PAYS-BAS

1. - s.d. [fin XVIIe siècle] : extraits du mémoire rédigé “ pour l’instruction du duc de Bourgogne ”, copie annotée par Réaumur [R/6/2]. /fol. 1/ 6 Dans le temps que les villes de Condé1 et Tournay2 qui sont sur l’Escaut, estoient sous l’obéissance de Roy catholique aussi bien que la ville de Mons, il sortoit encore une bien plus grande quantité d’houille ou charbon de terre qu’il n’en sort présentement. Les batteaux descendoient par Gand jusqu’à Anvers, d’où il en remontoit à Brucelles3, en sorte que toutte la Flandre et le Brabant ne consommoit que du charbon des environs de Mons. Mais, depuis que Condé et Tournay ont été cédez au Roy4, la traverse nécessaire de cette partie du pays de France a fait augmenter les droits sur le charbon et, la marchandise étant trop renchérie, les Flamands se sont accoutumés à tirer du charbon d’Angleterre qui n’est pas de si bonne qualité, mais qui est moins cher [en marge5 : charbon d’Angleterre moins bon que celuy de Hainault]. On pourroit aussy, dans la même suppo[siti]on que Mons demeurast au Roy, songer à faire passer ce charbon de Mons jusqu’à Paris en faisant la co[mmun]ication de la Sambre à l’Oise dont il a esté cy devant parlé. [en marge : mines de fer] La partie du Haynaut qui joint l’entre Sambre et Meuse, tire toutte sa richesse des mines de fer et du travail des forges. On y compte 14 fourneaux dont il y en a 9 sur la terre de Chimay, trois sur la terre de Terlan6 [sic] dépendant de Maubeuge, 3 sur les dépendances d’Avesnes7, une fenderie sur la dépendance de Chimay et une sur la dépendance de Maubeuge. [en marge : nombre des hommes d’un fourneau] Chaque fourneau occupe toutte l’année environ cent dix hommes, en y comprenant les ouvriers qui 1. Condé-sur-l’Escaut (Nord). 2. Tournai (Belgique). 3. Bruxelles (Belgique). 4. Le rattachement d’une partie du Hainaut à la France date, comme pour la Flandre, de 1667. 5. Les notations en marge sont de la main de Réaumur. 6. Pour Trélon (Nord) ? 7. Avesnes-sur-Helpe (Nord).

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façonnent les bois nécessaires pour les réduire en charbon. Chaque forge en occupe environ 30 et il en faut dix pour faire travailler une fenderie, en sorte que pour les fourneaux, forges et fendries du Haynaut /fol. 1 v°/ il y a environ 2 200 ouvriers continuellement occupés. [en marge : consomation des fourneaux] Chaque fourneau consomme par an au moins 5 000 cordes de bois en charbon et une forge en consomme 2 500. Cela fait une consommation de 125 000 cordes de bois par an. C’est ce qui fait le débit des bois du pays. Chaque corde coûte aux m[aîtr]es des forges un écu tant pour l’achat du bois que la façon et la voiture, mais c’est un argent qui demeure dans la province. Il se fabrique dans les forges du Haynault environ six millions de livres pesant de fer par an. Il se vend 75ll le millier pris dans la forge. Sur ce pied, les six millions de livres pesant donnent cent mil escus d’argent et, comme tout ce qui est nécessaire pour la fabrique du fer se prend dans le pays, c’est un argent clair qui se distribue partie entre les ouvriers qui travaillent aux forges et partie aux propriétaires des bois. Les voitures du fer, après qu’il est façonné, ne laisse pas encore d’employer et faire subsister beaucoup de chartiers. [en marge : origine du fer de Suède] Comme il y a aussi un grand nombre de forges dans l’entre Sambre et Meuse, comté de Namur et pays de Luxambourg, la Hollande anciennent [sic] n’en tiroit point d’ailleurs, mais, au commencement du siècle, les Hollandois qui étoient en guerre avec le roy d’Espagne, voulant se passer des fers du pays espagnol, trouvèrent moyen d’attirer des ouvriers et de les envoyer en Suède, d’où ils font venir présentement la plus grande partie des fers qu’ils emploient et, depuis que cette fabrique de fers de Suède s’est perfectionnée, celle des Pays Bas a toujours insensiblem[en]t diminué. L’interruption du commerce depuis le commencem[en]t de la guerre présente a fait que le fer de Suède est venu encore en plus grande abondance qu’il ne venoit /fol. 2/ auparavant dans la Flandre espagnolle. Il y a quelque chose de meilleur marché que l’on ne peut y vendre le fer fabriqué en Haynaut, mais celuy de Haynaut est beaucoup meilleur. Il y a beaucoup moins de freinte [sic] et de frays pour l’ouvrier qui le façonne, en sorte qu’il ne sera pas impossible de rétablir ce commerce après que la guerre aura cessé. D’autant plus qu’en temps de paix, les voitures se font à meilleur marché et le prix du fer aux forges diminue aussy à proportion de ce que les ouvriers vendent leurs peinne et leur travail moins cher. [en marge : verreries de verre à vitre] Il y a auprès d’Anor, dépendance d’Avesnes, trois fours à verre et un autre à Barbençon, dépendance de Maubeuge ; dans deux de ces fours, on fait du verre plat pour les vitres, dans les deux autres on n’y fait que des verres à boire. Le débit est du côté de la Flandre et même dans tout le Pays Bas espagnol. Ces fours à verre consomment encore beaucoup de bois, ils ne travaillent que six ou sept mois l’année et sont obligéz de cesser pendant les chaleurs.

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Il se fabrique une assez grande quantité de pots de terre à Sars Potterie8, dépendante d’Avesnes ; le débit s’en fait dans le pays et on en meine jusqu’à Paris. On ne se sert pas de froment pour brasser ; on y employe une espèce d’orge semée d’hyver qu’on appelle succorion, mais cela est égal, vu qu’on sème le succorion au lieu de bled. [en marge : houblon] Le houblon avec lequel la bierre se façonne, se receüille dans le pays. Il y en a beaucoup aux environs de Mons. Mais il parroît que l’on en receüille à peu près qu’autant que la province en consomme. [en marge : blancheries de toile] Ceux qui ont des blanchiries [sic] pour les toilles aux environs d’Ath, sont dans l’usage de se servire [sic] de chaux, ce qui fait qu’elles ne sont pas d’un si bon efet [sic] que si elles /fol. 2 v°/ étoient blanchies au lait. Le lin pour faire les toilles croist dans les villages d’Elleselles9, Lahamaide et autres de la châtellenie, qui sont du côté de Grammont10. [en marge : mine de fer] Le pays réuny d’entre Sambre et Meuse et prévôté de Poilvache est tout plein de mines de fer. On y compte dix fourneaux, 28 forges et 4 fonderies. [en marge : charbon de terre pour les cloutiers] Il y a néantmoins quelques forges des environs de Charleroy dont le fer se convertit en cloux. Ce travail ne se fait qu’avec du charbon de terre et c’est par cette raison que les cloutiers sont presque tous établis dans les villages du comté de Namur les plus proches de la Sambre, où il y a des houillères. Ces cloux passent jusqu’à Paris et il s’en débite du côté de la Flandre et dans tout le Pays Bas espagnol. [en marge : forges où l’on se sert de charbon de terre] Comme la pluspart des mines de l’entre Sambre et Meuse sont un peu aigres, l’on est obligé de les meslanger avec une mine plus douce qui se prend du côté de Namur. On se sert aussy dans les forges moitié de charbon de bois et moitié charbon de terre. Le charbon de terre vient encore du comté de Namur, mais en récompence les m[aît]res de forge du comté de Namur, qui ne trouvent point assés de bois dans leur pays, sont obligés de tirer par la Meuse le charbon de bois dont ils ne peuvent se passer pour les fourneaux. Il n’y a point d’année qu’il n’en sorte plus de 3 000 bannes. Il faut trois cordes et demye de bois pour faire une banne de charbon [en marge : bane nom commun]. Ces charbons aussy bien que le fer descendent par la Meuse. [en marge : ardoise] Il y a sur cette rivière, au dessus de Givets11, une petite ville ou bourg fermé appellé Fumay, lequel dépendoit cy devant de Mr l’Archevêque de Trèves et qui a été compris dans les réunions. Il s’y 8. Sars-Poteries (Nord). 9. Ellezelles (Belgique). 10. Aujourd’hui Geraardsbergen (Belgique). 11. Givet (Ardennes).

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trouve des carrières d’ardoises. Il en sort lorsque le commerce est libre environ cent vingt milliers par an. Le millier vaut 40s, cela répand 24 000ll tous les ans dans ce bourg et fait subsister les habitants.

XXI.

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1. - 15 août 1716 : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/119]. Mets2 15 aoust 1716 L’Académie royale des sciences qui cherche surtout à étendre ses connoissances par raport à l’histoire naturelle du roiaume et aux arts qui y sont cultivés, souhaiteroit fort avoir des mémoires de la généralité de Mets, comme elle en a eu de la plupart des provinces du roiaume, qui luy apprisent ce que cette généralité a de singulier en terres, pierres, mines, minéraux et autres matières qui font l’objet de l’histoire naturelle. Elle voudroit aussi scavoir quelles sont les manufactures qui y sont les plus considérables et ce qu’on y fait de plus singulier par raport aux arts. 2. - 18 novembre 1716 : Harlay de Cély au Régent, Metz [17/42/a]. À Metz, le 18e novembre 1716 Cotte 12 131 8 Monseigneur, En exécution des ordres contenus en la lettre que VAR m’a fait l’honneur de m’écrire le 30 août dernier, en m’envoyant le mémoire de l’académie des sciences qui y étoit joint, je n’ay rien oublié, Monseigneur, de ce qui pouvoit me donner des éclaircissemens au sujet de l’histoire naturelle de ce département. J’ay renfermé tous ceux que j’ay pu ramasser par raport à cet objet dans le mémoire que je prens la liberté, Monseigneur, d’adresser à VAR avec une boëte dans laquele il y a un essay d’un azur qui a été autrefois renommé. La nature a été si retenue dans ce païs qu’elle n’a pas permis à mon zelle de plus curieuses découvertes sur cette matière. Je suis avec un très profond respect, Monseigneur, de VAR [etc.]. de Harlay de Cély3 1. Les documents 2, 4 et 6 ont été publiés par Paul Dorveaux, “ Un inventaire des richesses de la généralité de Metz fait en 1716-1717 ”, Annuaire de la Société d’histoire et d’archéologie de la Lorraine, 50e année, t. XLVI, 1937. 2. Metz (Moselle). 3. Louis Achille Auguste de Harlay de Cély (1679-1739) est intendant à Metz depuis octobre 1715 ; il sera ensuite intendant en Alsace (1724), puis à Paris (1728) où il mourra en fonctions.

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Joint : mémoire sur la généralité de Metz, s.d. [17/42/b]. /fol. 1/ 131 Metz Mémoire La généralité de Metz est stérille pour tout ce qui peut être de l’objet de l’académie royale des sciences par raport à l’histoire naturelle du royaume. La nature luy a refusé ses précieux dons. Elle ne luy a fait part que des médiocres, en petit nombre et de peu de valeur. [en marge : mines] On y trouve cependant quelques mines. Il y en a une de fer dans le territoire de Mangiennes, pays de Verdun ; et cette ville est renommée pour ses anis. Il y en a une autre à Sapogne4, duché de Carignan. Elle est connue depuis un temps immémorial ; aussi commence t’elle à s’épuiser. Sa matière est trop douce. Elle a besoin d’être mêlée avec celle d’une autre mine qui est /fol. 1 v°/ dans le pays de Luxembourg, et ce mélange fait de bon fer. La vente et la consommation s’en font en France et à Liège. Les religieux d’Orval5 et le Sr Bonneau de la Soye sont à présent les seuls qui employent cette matière dans les forges qu’ils ont dans le pays de Luxembourg. On a découvert depuis peu une autre mine de fer près d’Herbeuval, dans le duché de Carignan. Les religieux d’Orval en sont seigneurs hauts justiciers. On ne peut en sçavoir si elle est riche parce qu’elle n’a été ouverte que depuis peu. Mais on s’est déjà aperceu qu’elle est d’une meilleure qualité que celle de Sapogne. Un particulier nommé Jean Lambert qui /fol. 2/ demeure à Herbeuval, assure avoir trouvé par le moyen de la baguette une mine sur une montagne apelée Montilleux, près Carignan. Il croit que le métail qu’on en tireroit seroit propre à faire du canon et des cloches. Il estime même qu’elle est riche. Il a encore trouvé une mine de houille à Signy-Montlibert, duché de Carignan, où il a travaillé. Mais, un Liégeois qui l’employoit ne pouvant plus y faire la dépence nécessaire, son travail a cessé. Si l’on jugeoit à propos de le faire continuer, il assure qu’on pourroit y trouver quelque produit. Les maîtres des forges étrangers et les maréchaux acheteroient cette houille /fol. 2 v°/ pour leurs fourneaux. Elle leur épargneroit le charbon qui devient rare par le défaut de bois. On pouroit faire une manufacture de clouds en bâtissant de petites forges sur les ruisseaux voisins. Le débit s’en feroit en Champagne. Il s’en consommeroit dans le pays même et on les pouroit faire passer à Liège et dans les Pays Bas par la Meuse qui en faciliteroit le transport.

4. Sapogne-sur-Marche (Ardennes). 5. Abbaye cistercienne Notre-Dame d’Orval située à Villers-devant-Orval, en Belgique (province de Luxembourg).

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Ce même particulier dit qu’il y a aussi de la houille à Fresnois6 près Montmédy. Il en a fait voir à gens dont la foy est connue. On en brûla et elle fit un beau feu ; avec peu de dépence on pouroit connoitre la valeur de cette mine. /fol. 3/ Il a encore trouvé près Signy-Montlibert une terre chargée d’un sable de cuivre. Il en porta à un orphèvre à Stenay qui, après l’avoir pillé et nettoyé, le mit dans le creuset et en tira un morceau de beau cuivre. Il en a fait voir. On le mit au feu et il en sortit une vapeur sulphureuse que l’on dit être causée par l’antimoine. On a aussy ouÿ dire qu’il y avoit une mine d’argent près Dampvillers7. SAR pouroit s’assurer de la vérité de toutes ces choses à peu de fraix. Cet homme tireroit de toutes ces différentes matières pour en faire des épreuves, après lesquelles on agiroit avec certitude sur ces découvertes dont la conjoncture des /fol. 3 v°/ temps et l’impuissance ont pu faire négliger l’utilité. La ville de Moyenvic est recommandable par ses salines et par le puis salé qui s’y trouve, dont la source en jette de la grosseur du bras. C’est de l’eau de cette source qu’on forme cette grande quantité de sel qui en fournit aux Trois Évêchéz et à l’Alsace. Le territoire de Ramberviller8 et celuy de Baccarat sont remplis de sapins. La nature y a aussi fait trouver quantité de sources que les habitans du pays réunissent. Ils en forment des étangs sur lesquels ils ont étably des sciries pour faire des planches et autres pièces propres aux bâtiments. Il s’en fait un commerce considérable. /fol. 4/ On trouve sur des cotteaux aux environs de Vic9, à quatre ou cinq pieds sous terre, une pierre de couleur du marbre rouge mêlé de blanc ; mais elle a peu de consistance. On en fait un plâtre très blanc dont on se sert pour bâtir l’intérieur des maisons. On a tiré autrefois quantité d’azur d’une montagne près de Sarrelouis10. Il ne le cédoit point à celuy d’outre-mer. Il s’en faisoit un grand commerce à Vaudrevange11 avec les Hollandois, lorsque cette ville subsistoit. On y voit encore les vestiges des puis. Mais, depuis qu’on a perdu le secret de le purifier et de le séparer de la matière, les gens du pays n’y ont plus /fol. 4 v°/ travaillé. On en envoye dans une boette. Cette montagne est scituée sur les limites de ce pays et de la Lorraine à qui elle apartient. Le bas seulement est de cette généralité et ce n’est que quand les torrens formés par les grandes pluyes entraînent

6. Fresnois, commune de Montmédy (Meuse). 7. Damvillers (Meuse). 8. Rambervillers (Vosges). 9. Vic-sur-Seille (Moselle). 10. Sarre (Allemagne). La mine d’azurite (carbonate de cuivre hydraté de couleur bleu foncé) est signalée par plusieurs auteurs. 11. Wallerfangen, près de Sarrelouis (Allemagne).

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dans le bas les pierres qui contiennent cet azur que l’on pouroit en amaser ; mais la quantité en seroit petite. Il y a dans la comté de Hombourg12, prévôté de Thionville, plusieurs carrières d’une espèce de marbre propre à faire des cheminées et des tables. Les veines en sont aussi belles que celles de marbre, mais le grain en est plus gros. Il est tendre et ne peut résister ny au feu ny à l’eau. /fol. 5/ Il y a aussi dans les mêmes endroits quantité de pierre de plâtre dont il se fait une grande consommation, quoique moins bon et moins blanc que celuy de Paris. [en marge : eaux minéralles] Les eaux minéralles de Platteville13, près de Metz, seroient bonnes si elles étoient fréquentées. Elles ont une vertu apéritive, absorbante et rafraîchissante. L’analize en a été faite. Dix pots de ces eaux ne laissent dans la distilation qu’environ deux dracmes de matière fixe, terrestre, légère et presqu’incipide, quoiqu’elles soient extrêmement ferrées, ce qui marque qu’elles ne sont pas fort chargées de terre et de vitriol. Elles sont bonnes à purifier le sang, mais pesantes et parresseuses. La /fol. 5 v°/ bonne manière d’en user, c’est de les prendre chaudement avec une infusion de thé ou avec les amers. Il y a à l’entour de Plateville plusieurs sources d’eaux qu’on a ramassées pour faire les fontaines de Metz, dont quelques unes passent par des minières de fer et de vitriol ; mais l’impression qu’elles en prenent est si légère, surtout se trouvant mêlée avec les eaux communes qui forment aussi ces fontaines, qu’elle est presque inperceptible au goût ; et, bien loin qu’elles en deviennent nuisibles à la santé, elles y sont au contraire utiles pour les maux de reins et de la vessie. Il y a d’autres eaux à Semécourt et à /fol. 6/ Veson14, pays messin. Celles là plus vitriolées et celles cy moins ferrées que celles de Plateville. Les habitans de ces lieux et les bestiaux en boivent au lieu d’eau commune. Les eaux de Bonne Fontaine, à une demie lieue de Phalsbourg, pour n’être en réputation que depuis une année, n’en sont pas moins salutaires. Plus de trois cent soldats du régiment d’Hemel Suisse en ont été guéris du flux de sang et de la fièvre. Des guérisons si nombreuses ont fait croire ces eaux miraculeuses, et les soldats qui sont en garnison à Phalsbourg, touchés des secours qu’ils en reçoivent, y ont bâti /fol. 6 v°/ à leurs dépends une chapelle, malgré les efforts que le Grand Vicaire du diocèse de Strasbourg a fait pour les en empêcher. [en marge : manuf[actu]res] À l’égard des manufactures, elles sont peu considérables. Il se fabrique à Metz et dans le pays messin des draps en blanc, des estamètes, ratines, serges, reverses, moleton et quantité de bas qui sont bons. 12. Hombourg-Budange (Moselle). 13. Plappeville (Moselle). 14. Marieulles-Vezon (Moselle).

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Il y a un moulin à papier sur la Mozelle15 auprès de Metz. Il apartient à cette ville, mais le papier qui s’y fabrique n’est pas bon pour écrire. La ville de Vic a une manufacture de bas drapés dont le débit est grand. On tient que l’eau de la rivière de Seille qui est nitreuse contribue à leur bonté. /fol. 7/ On fait à Montmédy et à Marville des estamètes. Le commerce en étoit autrefois considérable. Il est aujourd’huy fort ralenti. Il ne se fait au reste rien de singulier dans toute la généralité par raport aux arts. Ils y sont ou ignorés ou mal cultivés. 3. - s.d. [décembre 1716] : demande de renseignements par Réaumur, minute [17/42/c]. /fol. 1/ [en marge : Metz. R[épond]u le 6e décembre] Malgré la stérilité apparente de la généralité de Metz en ce qui peut avoir raport à l’objet de l’Académie, les soings de Monsieur de Cély ont scu y trouver diverses matierres intéressantes sur lesquelles mêmes nous avons à demander de nouveaux et amples éclaircisements ; nous avons tout lieu de nous les promettre excellents. 1° Nous voudrions avoir des échantillons de la mine que le nommé Jean Lambert prétend avoir découverte sur la montagne appellée Montilleux ; on examineroit si elle est propre comme il dit à faire des cloches. On voudroit aussi des échantillons de cette terre connue par le même particulier, qu’il assure être chargée d’un sable cuivreux. On demanderoit de plus que ces échantillons fussent accompagnés de mémoires qui apprisent précisément la scituation du terrain où sont ces minéraux, si on les rencontre proche de la surface de la terre, si il y a beaucoup de bois aux environs. 2° On souhaiteroit surtout des mémoires très détaillés et très circonstancés sur la manière dont on fait le sel à Moyenvic, sur la quantité de sel que donne une certaine quantité d’eau. Si même il y avoit des dessinateurs à portée, on demanderoit des desseins des fourneaux, /fol. 1 v°/ chaudières et généralement de tous les outils dont on fait usage, on souhaiteroit moins des deisseins finis que des deisseins exactement en mesure sur des échelles. 3° On auroit de même à demander des deisseins de quelques unes des principales scieries des terroirs de Ramberville16 et de Baccarat ; on voudroit des plans et des profils, accompagnés d’une vue générale en perspective, et qu’à ces deisseins on joignist un mémoire où l’on n’oubliast pas de marquer l’ouvrage que fait la scierie en certain temps avec une certaine quantité d’eau.

15. Moselle. 16. Rambervillers.

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4° On verroit avec plaisir des échantillons de cette pierre des environs de Vich17 qui imite un marbre blanc veiné de rouge et dont on fait cependant du plastre. 5° Ce qu’on a envoié à Monsieur de Cély pour de l’azur n’est qu’une espèce de ver de gris naturel. Scait on si il y a longtemps qu’il est négligé et pourroit on encore trouver dans le pais de celuy qu’on tiroit par des préparations. 6° On voudroit avoir aussi des échantillons des différentes espèces de marbres tendres qui sont auprès de /fol. 2/ Thionville et quelques échantillons des plâtres du même pais ; si même parmy ces plâtres on rencontre des gypses ou talcs, on en demanderoit aussi des échantillons. 4. - s.d. [avril 1717] : second mémoire sur l’intendance de Metz [17/42/d]. /fol. 1/ 27 1717 Metz Second mémoire La rigueur de la saison n’avoit pu permettre jusqu’à présent de tirer des mines les échantillons demandés par le second mémoire de l’académie. Ils sont envoyés aujourd’huy à SAR. Il ne reste que de donner les éclaircissemens sur ce qui fait le sujet des six nouveaux points dans le même ordre qu’ils sont proposés. 1. La montagne de Montilleux est scituée auprès de la porte de la ville de Carignan. Le sommet n’en est pas cultivé. C’est là qu’est la mine que l’on tient être propre à faire des cloches. Elle est enfoncée environ vingt pieds dans la terre. Le bloc est de l’épaisseur de deux pieds et demy. Jean Lambert prétend néantmoins qu’il s’étend partout, sa baguete luy aiant tourné dans tout /fol. 1 v°/ le circuit. On pouroit faire le travail dans la ville de Carignan. La rivière de Chière18 qui passe au bas de cette ville le faciliteroit. On pouroit le faire encore dans le village de Blagny qui est dans la même distance de la mine que Carignan. Au dessus de ce village, il y a une fontaine assés abondante pour en faire usage. Une petite digue de peu de fraix suffiroit pour retenir l’eau et ce dernier parti sembleroit le plus commode. La forêt de Baunel n’est qu’à une lieue de l’endroit où l’on travailleroit. Elle apartient à M. le Prince de Carignan. La mine de cuivre, quoique sçituée dans la duché de Carignan, n’est qu’à une lieue et demy /fol. 2/ de Montmédy. Elle est enfoncée de deux toises dans la terre. Le bloc est de dix huit pouces d’épaisseur. On le croit plus étendu. Au dessus, il y a des bois apartenants à des communautés de la dépendance de 17. Vic-sur-Seille. 18. Chiers.

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gouvernem[en]t de Montmédy. Au dessous, à un quart de lieue, il y a des fontaines près le village de Signy, qui pouroient servir pour le travail que l’on placeroit dans ce village. Peu de dépence le mettroit en état. On trouveroit encore à portée de la houille pour la fonte, si elle pouvoit supléer au bois. Il ne manqueroit aucune des commodités nécessaires pour faire usage de ces mines, si après les épreuves qui en seront faites sur les échantillons envoyés, elles étoient jugées assés riches pour mériter ce travail. /fol. 2 v°/ 2. La formation du sel de la saline de Moyenvic est digne de la curiosité de SAR. Dans l’enceinte de la saline est une source d’eau salée qui sort par sept endroits différens. Ses bouillemens le sont aussi. Ils ne donnent pas tous la même quantité d’eau. Les uns en jettent environ un pouce, les autres un demi pouce. La profondeur du puits est de 60 pieds au niveau du tirage. Son diamètre est de 18 pieds dans le fond et de 16 pieds dans le haut. La machine qui fait monter l’eau du puits, est composée d’une roue e[n]dentée qu’on appele rouet. Elle a 24 pieds de diamètre. Huit chevaux, toujours au galop pendant deux heures, font tourner cette roue d’une vitesse /fol. 3/ incroyable et recommencent trois fois par jour cet exercice violent. Le tirage de l’eau se fait par une chaîne sans fin à laquele est attaché de distance en distance un morceau de cuir de la largeur d’une assiete, qu’on appele bouteille. Elle passe au milieu d’un tuyau de chêne appelé buze. Cette chaîne, par son mouvement à cinq pieds de la source, élève l’eau avec violence jusqu’au rouet qui porte la chaîne et la répend à gros bouillons dans un conduit qui la remet dans un magasin qu’on nomme bessoir. De là, elle se distribue par des petits canaux dans cinq poêles, dont trois seulem[en]t salinent, les deux autres se reposant pour se disposer à saliner ou pour en remplacer quelqu’une /fol. 3 v°/ qui a besoin d’être réparée. Chaque poêle est composée d’environ quatre vingts platines de fer attachées ensemble faisant un quarré de 28 pieds de largeur sur 32 de longueur. Au dessous, il y a des fournaux de cinq pieds de hauteur qui traversent la longueur et la largeur des platines. Ces fourneaux toujours en feu font la cuite de l’eau salée ; et c’est ainsy que se forme le sel. La source du puits est si abondante que, quand on passe quelques jours sans faire le tirage, l’eau monte jusqu’à 35 pieds. Par l’épreuve qui en a été faite, cent livres d’eau produisent quinze livres de sel. Pour cuire ce sel et en former un muid, il faut une corde et un huitième de bois avec cent fagot. /fol. 4/ Une poêle est ordinairement dix huits jours en feu, pendant lesquels elle donne deux cens vingts muids de sel.

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Quand le sel est formé, on le met sur une claye fermée avec des cengles et on l’élève à trois pieds de hauteur au dessus des platines pour le sécher. Cette machine s’apelle chèvre. Le sel y reste 24 heures à dégouter ; après quoy on le coule dans un bassin appellé banc, vis à vis de la poêle. Après avoir passé là environ 30 jours, il est transporté dans les grands magasins. À chacune des trois poêles en feu, il y a quatorze ouvriers attachés. Sçavoir deux maîtres, qui ont inspection sur tous les autres ouvriers et dont les fonctions /fol. 4 v°/ sont de tenir l’eau en état, toujours de la hauteur de 13 à 14 pouces. Ces deux maîtres sont relevés par deux ouvriers qu’on nomme socqueurs, qui continuent le travail et achèvent la formation des sels pendant 24 heures. Deux salineurs qui servent d’aides aux maîtres et aux socqueurs. Quatre ouvriers qui lèvent le sel de dessus les platines aux racloirs de fer. Quatre maréchaux employés tous les jours à faire des poêles et à réparer celles qui salinent. Outre ces 14 ouvriers, il y en a plusieurs autres, occupés à mettre les bois et fascines en masse, à les brouëter jusqu’auprès des fourneaux et à les y jetter avec mesure. /fol. 5/ Une poêle est ordinairement dix huits jours en feu ; après lesquels, il y reste une crasse d’environ un pouce qui est un sel recuit ; tous les ouvriers de cette poêle travaillent à l’écraser ; et après qu’on a réchaufé la poêle pour mettre cette crase [sic] en mouvement, on l’enlève aisém[en]t ; et dans le moment les maréchaux travaillent à réparer les trous et fentes qui peuvent s’être faites à la poêle. Lorsqu’il n’arrive aucun accident aux poêles, on peut faire treize mil muids de sel par année. Il s’y consumme treize mil cordes et un huitième de bois outre les fascines. Le travail est continuel pendant tout le cours de l’année ; et les fourneaux ne cessent d’être en feu que la veille et le jour de Pâques. /fol. 5 v°/ La carte qui accompagnera ce mémoire19 donnera une connoissance plus entière de l’état de la saline et des machines dont elle est composée. 3. Une sçierie est une machine très simple bastie comme un hallier sur six petits poteaux de neuf à dix poulces de diamètre et cinq pieds et demy de hauteur, couverte de dosses de planches, sans être fermée que par un côté entouré de planches ou d’une mauvaise muraille pour le logement de l’ouvrier qui la conduit. Les réservoirs d’eau qui font travailler les sçieries, contiennent environ 500 toises cubes d’eau et une sçierie peut en consommer 30 toises par heure, ce qui luy donne vingt /fol. 6/ heures de travail par 24 heures. Les ruisseaux qui font travailler les sçieries pendant l’hiver, ne peuvent fournir que 16 poulces d’eau de largeur et trois et demy de hauteur pour le

19. Manque aujourd’hui.

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sçiage de 24 planches par jour ; et depuis le mois de mars jusqu’au mois de juillet, ils en donnent 16 poulces de largeur et 16 de hauteur qui font faire à une sçierie 50 planches par jour. Les bois qui se consomment ordinairement sont des sapins. Ils se trouvent à une ou deux lieues de la sçierie. On y scie aussi des chesnes. Le sapin coûte au fermier tant pour achat que pour fraix de grurie de 40 à 45s. L’autre sapin donne deux et trois billes de /fol. 6 v°/ 12 pieds chacune qui produisent de 20 à 29 planches. L’ouvrier qui conduit la sçierie, a pour sa main d’œuvre du cent de planches 3ll. Le cent de planches vaut sur les lieux 15ll. On en fait des flottes à Raon20 et Baccarat, lieux à portée des sçieries sur la rivière de Meurthe, jusqu’à Lunéville, St Nicolas21 et Nancy, d’où elles passent par la Mozelle à Metz et à Trèves. La commodité de ces deux rivières rend le commerce de ces planches facile et considérable. Le plan et profil des sçieries de Rambervillers qui seront joints à ce mémoire22, en donneront des idées plus pleines et plus nettes aussi bien que de la composition des machines. /fol. 7/ 4. On envoye des échantillons de la pierre des environs de Vic qui imite un marbre blanc veiné de rouge. 5. Tous les anciens de Sarrelouis assurent que c’est en 1635 qu’on a cessé de tirer le ver de gris qu’on apèle azur ; la guerre et la peste qui ravagèrent alors le pays, en éteignirent le travail et le commerce. Cela paroît par un registre de cette année, où les noms des ouvriers qui y étoient employés sont inscrits, de même que les noms de ceux qui les avoient précédés depuis 1555. On ne trouve plus de ce ver de gris préparé, mais on tient qu’après avoir été lavé dans le courant d’un ruisseau pour en ôter /fol. 7 v°/ la grosse matière, on le faisoit sécher et ensuitte réduire en poudre entre deux meules dans des moulins faits exprès que l’on faisoit tourner à bras. Les uns disent que les Hollandois venoient l’acheter ainsi fait et en donnoient de l’argent poids pour poids. Les autres que les Hollandois l’achetoient en pierre brute telle qu’elle est à présent, et l’emportoient chez eux où ils la faisoient eux-mêmes rafiner. Mais tous conviennent que la ville de Valdrevange23 qui a été détruite pour la construction de celle de Sarrelouis, ne fut bâtie et formée, il y a environ 500 ans, qu’à cause de la montagne qui produit ce /fol. 8/ ver de gris. Les mineurs et ouvriers qui y travailloient, en furent les premiers habitans suivant le même registre. Ils y ont travaillé depuis 1555 jusqu’en 1636. 20. 21. 22. 23.

Raon-l’Étape (Vosges). Saint-Nicolas-de-Port (Meurthe-et-Moselle). Manquent aujourd’hui. Wallerfangen.

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M. le Duc de Lorraine, depuis son retour dans ses états, y fit faire quelque travail, il y a environ 12 années, mais la dépence trop forte le fit discontinuer. Un bourgeois de Sarrelouis pénétra au mois d’octobre dernier dans le centre de la montagne environ 500 pas à la faveur d’une lumière qu’il portoit. La lumière faute d’air s’étant éteinte et l’ayant ralumée, il en tira une autre matière dont on envoye des échantillons dans une boëte. /fol. 8 v°/ On a trouvé autrefois dans cette montagne de la mine de plomb, d’étein et d’argent, mais en petite quantité. 6. On a mis dans une des boëtes envoyées avec ce mémoire des échantillons des deux espèces de marbre tendre qui sont auprès de Thionville, et du plâtre qui s’en forme après les avoir fait brûler. On n’a pu trouver parmi ces plâtres des gypts ou tals, ainsy on ne sçauroit en envoyer des échantillons. C’est tout ce qui a pu se faire pour l’exécution du contenu au second mémoire envoyé par SAR. Joint : état d’échantillons envoyés, s.d. [avril 1717 ?] [17/42/g]. 1717. 27 État des trois quaisses envoyées à SAR Monseigneur le duc d’Orléans par M. de Cély par le carrosse de Metz qui partira le 1er may 1717. No 1 échantillon de la mine de sable chargé de cuivre. No 2 échantillon de celle pour les cloches. No 3 une boëte de la nouvelle matière trouvée en la montagne de Sarrelouis, un paquet contenant des échantillons des marbres et plâtres de Thionville et quatre morceaux du marbre de Vic. 5. - s.d. : note [17/42/f]. Au village de Juvigny24 qui est à une lieue de Montmidy25, dans la généralité de Mets, il y a une scierie très simple come le sont touttes celles de ce pays là, et une machine pour percer des tuyaux de bois pour la conduite des eaux. [Réaumur ajoute : moulin à monder l’orge, fouler le chanvre]. 6. - 27 juillet [1717] : demande de renseignements complémentaires par Réaumur, minute [17/42/e]. /fol. 1/ Metz. 27 juillet Le second mémoire que Monsieur de Cély a envoié à SAR Monseigneur le duc d’Orléans, a donné à l’Académie des sciences les nouveaux éclaircise24. Juvigny-sur-Loison (Meuse). 25. Montmédy (Meuse).

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ments qu’elle avoit demandé. Il ne reste presque plus à souhaiter que quelques suppléments aux deisseins. 1° On fera incessament des essays des mines qui ont été envoiées, mais les apparences extérieures en font peu espérer. 2° L’article de la saline de Moyenvic est intéressant, mais on eust souhaité trouver, outre le plan qui l’accompagne, des deisseins particuliers d’une poesle et de son fourneau ; on y a joint à la vérité un profil de la poesle, mais qui ne donne pas assez d’intelligence de la figure de cette poesle, ny de celle du fourneau, on ne les y distingue point l’un de l’autre. Il eust été bon de représenter en perspective une face de la poesle. On eust pu aussi ajouter un deissein particulier de la claye fermée avec des sangles /fol. 1 v°/ où l’on fait sécher le sel et en général des deisseins séparés de tous les outils qui servent à cette fabrique. 3° Le mémoire sur les sciries du territoire de Remberevillez26 met fort au fait de la quantité d’eau dont une scierie a besoing, de l’ouvrage qu’elle fait avec une certaine quantité d’eau. Mais, toute simple qu’est cette machine, on ne l’a pas trouvé suffisament expliquée par le deissein, on ne scauroit y voir comment tous ses mouvements sont produits. On souhaiteroit en avoir un avec en perspective et des deisseins séparés des pièces dont elle est composée et d’autres deisseins qui marquassent la disposition des pièces qui ne sont pas assez sensibles dans la vue générale. On a même oublié de donner une explication du deissein qui a été envoié et de mettre des letres aux figures. 4° Gens au fait des machines ont assuré qu’il n’y avoit point de sciries construites sur un principe plus simple et mieux entendues que celles qui sont aux environs de Montmédy, et surtout au village de Juvigny, qu’elles servent aussi à battre le chanvre et à monder l’orge. On voudroit fort avoir des deisseins de ces scieris [sic] et de toutes celles du pais, dont les dispositions seront un peu différentes. /fol. 2/ 5° On voudroit aussi avoir le deissein d’une machine, qui est au même village de Juvigny près de Montmydy, qui sert à percer des tuiaux de bois pour la conduite des eaux, et que ce deissein fust accompagné d’un mémoire qui apprist combien la machine fait d’ouvrage par jour. 6° On espère que Monsieur de Cély voudra bien continuer à faire ramasser des échantillons des pierres singulières et des matierres minérales de sa généralité dont on aura quelque connoissance. 7. - s.d. [après avril 1717] : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/10]. Les derniers deisseins que Monsieur de Harlay a envoiés à SAR ont donné à l’Académie des Sciences le reste des éclaircisements qu’elle avoit souhaité 26. Rambervillers.

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sur les salines de Moienvic et sur les sciries de Rambervilléz. Ceux de la machine de Juvigny qui sert en même temps à scier des planches, percer des tuiaux, monder l’orge, exprimer l’huile de navette et piller le chanvre, levés nouvellement aussi en exécution des ordres de Monsieur de Harlay par un hermite d’auprès de Montmédy, sont faits avec toute l’intelligence possible. On eust souhaité seulement trouver quelques détails de plus, que l’autheur y eust joint des deisseins séparés de chacune des parties de la machine et des pièces qui la composent, comme par exemple celuy du char de la scirie, un autre deissein qui fist voir comment la pièce à fendre est arestée sur ce char, un développement du châssis qui soutient la pièce à percer, la tarière même dont on se sert pour percer séparément, et de même du reste des pièces de ces deux machines et des autres, en un mot plus le détail où il voudra entrer sera grand et plus on luy sera obligé, qu’il ne craigne point surtout de rien mettre de trop. On voudroit bien qu’on eust observé combien la scie donne de coups par minutes ; si on n’a point de montre à minutes, on pourroit se donner la peine de compter combien elle donne par quart d’heure. On n’a point marqué la quantité d’ouvrage que fait le perçoir par jour, comme on en a pris soing pour les autres machines. Le tourniquet de ce perçoir occupe t’il continuellement un homme qui laisse descendre la pièce percer, ou si cet homme n’est occupé au tourniquet que de temps en temps. Scauroit on la quantité d’eau que dépense cette machine.

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1. - s.d. [décembre 1715] : demande de renseignements par Réaumur [R/6/93 (minute) et 16/5/b (copie)]. /fol. 1/ Montauban envoié le 4e décembre 1715. Il y a cinq à six mois que Monsieur d’Imbercourt1 procura à l’Académie les mémoires qu’elle avoit souhaitté sur les turquoises de sa généralité, avec divers morceaux de pierre brutes et de pierre colorée. Ces mémoires et ces morceaux de mines furent remis à M. de Réaumur qui fut en même temps chargé d’examiner cette matière. Il y a travaillé avec soin ; il a comparé les turquoises du royaume avec celles de Perse ; il a fait un grand nombre d’expériences pour voir en quoy elles diffèrent les unes des autres2. Et enfin, après un examen exact, il a paru que les mines de turquoises du bas Languedoc sont des richesses sousterraines qu’on a tort de négliger. Le débit des turquoises est avantageux à la Perse. Cependant, elle n’en a que deux mines connues. Les mines de turquoises sont bien plus communes dans le bas Languedoc. Une des mines de Perse s’appelle la vielle roche /fol. 1 v°/ et l’autre la nouvelle roche. À en juger par les échantillons qui nous ont été envoyés, les turquoises du bas Languedoc sont beaucoup plus belles que celles de la nouvelle roche de Perse ; on les a comparées avec celles qui ont été apportées par l’ambassadeur de Perse. Pour la vielle roche de Perse, elle est presque épuisée. On pourroit tirer des mines du Languedoc des pierres qui égalleroient en beauté celles qu’elle fournisoit. Il [est] sûr du moins qu’entre les morceaux que nous avons reçus qu’il y en a un que les lapidaires ont pris pour un morceau de la vielle roche de Perse et peut estre qu’il y a à présent quantité de turquoises du bas Languedoc mises en œuvre qui portent le nom de turquoises de vielle roche. Les lapidaires et les joialliers ne manquent jamais de le donner aux plus belles pierres de ce genre. On est convaincu que le travail des mines du bas Languedoc n’eust point été arresté si on eust scu faire valoir ce qu’elles valent les pierres qu’elles four1. Jean-Baptiste Louis Laugeois d’Imbercourt (1670-1734), intendant à Montauban de 1714 à janvier 1720. 2. Sur ce travail, voir “ Introduction ”, p. 30-31.

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nisent, et qu’on eut cherché des moiens d’en procurer un grand débit. On se contentoit de les vendre colorées mais brutes à quelques marchands qui en venoient chercher, ou on les portoit aux foires de Beaucaire, au lieu qu’il auroit fallu les faire distribuer dans les meilleures villes du roiaume et songer à les faire passer dans les pais étrangers. /fol. 2/ Si on y travailloit de nouveau, on ne pourroit rien faire de mieux que d’en envoier dans le Levant. Les Orientaux sont dans l’usage d’enrichir leurs sabres et leurs harnois de chevaux avec cette espèce de pierres précieuses. Qu’on ne craigne pas que ce ne fust pour ainsi dire porter l’eau à la rivière. Il n’y en a dans tout l’Orient de connues que les deux mines de turquoise de Perse. D’ailleurs, les pierres de couleur y sont et plus recherchées et souvent plus chères que chez nous. Tavernier3 qui scavoit bien le commerce des pierreries, assure qu’il a trouvé un profit considérable à porter des pierres de couleur dans les Indes orientales. Mais, si on fouilloit de nouveau nos mines, il seroit escentiel de ne laisser sortir du pais aucune pierre qui n’eût été taillée. C’est à quoy les Persans ne manquent pas. Il n’y a guère que la taille qui puisse apprendre ce qu’elles valent. On vendra plus chère une pierre de quelques carats qui se sera trouvée belle qu’on ne vendroit une livre ou deux de mine brute. Ce travail seroit digne d’être entrepris par une compagnie à qui on accordast un privilège exclusif. Il luy seroit nescesaire d’avoir quelques lapidaires habiles qu’elle occuperoit à tailler les pierres. Dans les commencements, elle devroit être attentifve [sic] à ne vendre que les belles pierres. On trouveroit bien /fol. 2 v°/ de se deffaire des autres dans la suite pour s’accomoder même au language des ouvriers et des lapidaires et pour mettre ces pierres en crédit. À mesure qu’elles seroient taillées, il en faudroit faire un triage dont on appelleroit les plus belles turquoises de vielle roche, on les vendroit sous ce nom, et on appelleroit les autres turquoises de nouvelle roche. Il y auroit encore bien des expériences à tenter qui pourroient peut estre apprendre des moiens de leurs donner plus de dureté et une plus belle couleur. Nous y travaillerions avec plaisir si nous avions assés de mine brute. Mais, en cas qu’on recommence à fouiller, nous prierons qu’on veuille bien nous envoier des morceaux de ces mines, des plus gros et de toutes les qualités dont on en rencontre. Nous demanderions aussy des échantillons de toutes les différentes terres et de tous les différents sables qu’on enlève avant d’arriver à la mine. En fouillant, il semble qu’on doit être attentif à observer si on ne trouvera pas quelques mines du minéral qui teint les turquoises. Ces différentes mines 3. Grâce au commerce des pierres précieuses avec les Indes orientales, Jean-Baptiste Tavernier (1605-1689) a amassé une fortune colossale. Son nom est associé au légendaire diamant bleu qu’il céda à Louis XIV en 1668. De ses voyages, il a laissé des récits (Voyages en Turquie, en Perse et aux Indes, 1679).

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ne sont peut être pas éloignées les unes des autres et celles de ce minéral pourroient avoir leurs usages. Monsieur d’Imbercourt s’est donné la peine de nous faire faire un dessein en perspective4 du fourneau où l’on coloroit la mine. Pour mieux juger de l’intérieur de ce fourneau, des desseins de quelques coupes horizontales, verticales nous seroient nescesaires. 2. - mai 1716 : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/112]. Montauban may 1716 L’examen qu’a fait l’académie des sciences des turquoises du bas Languedoc sur les mémoires et les morceaux de matière soit brute soit colorée qui luy ont été envoiés par Monsieur d’Imbercourt, donne lieu de croire que leurs mines ne devroient pas être aussi négligées qu’elles le sont. Comme il paroist de plus, par les mémoires qui ont été envoiés par Monsieur d’Imbercourt, que sans grande dépense on pourroit ouvrir de nouveau quelques unes de ces mines, il seroit à souhaiter que Monsieur d’Imbercourt y voulust faire du moins assez travailler pour qu’on pust avoir de gros morceaux de ce mine et des différentes matières qu’on y trouve, afin que, par un nouvel examen, on pust s’assurer davantage de ce qu’on doit attendre de cet espèce de mine. On souhaiteroit aussi que Monsieur d’Imbercourt voulust bien nous indiquer ce que sa généralité a de singulier par raport à l’histoire naturelle, en mines, terres, pierres, marbres, minéraux, etc., et par raport aux arts. 3. - 10 octobre 1716 : Laugeois d’Imbercourt à Bignon, Montauban [18/88/a]. 120 Monsieur, J’ai l’honneur de vous envoyer un mémoire de ce qu’il y a de plus remarquable dans les six élections et dans le pays de Foix dont la généralité de Montauban est composée, pour satisfaire aux ordres portés par la lettre du seize juin dernier dont il a plut à SAR Monseigneur le Régent de m’honnorer. Comme il faut rendre justice à un chacun, il n’y a rien de moy dans cet ouvrage. L’honneur qu’il peut mériter en est deub à mes subdélégués. Je n’y ai de part que le choix de ce qui m’a paru pouvoir remplir vos intentions, l’arrangement et le retranchement de ce que j’ay cru inutile. Je souhaite que vous en soyés satisfait et que SAR l’ai agréable lors du compte que vous lui en rendrés.

4. Manque aujourd’hui.

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Mon subdélégué de Rodez ne m’a encore rien adressé, mais je n’ai point de connoiss[an]ce qu’il y ait dans son département rien de digne de votre attention. Si je me trompe, je ne manquerai pas de vous faire part de ce que je croirai pouvoir concourir à votre satisfaction. L’empressement de vous l’envoyer m’a, malgré l’amour propre, fait préférer la diligence et l’exactitude à quelque politesse de plus que j’aurois peut estre pu y donner. Je ne sçai si quelques expressions que vous trouverés sont bien françoises, mais j’ai mieux aimé les laisser comme je les ai trouvé que de risquer de suprimer les termes de l’art et me rendre moins intelligible. Quoi qu’il en soit, je suis trop content si vous l’êtes de l’envie que j’ai eu de vous le rendre. S’il y a quelques choses qui vous paroissent assés importantes pour mériter des éclaircissemens plus particuliers, je ne négligerai rien pour les avoir et, même au printems prochain, je ferois une tournée exprès, n’espérant pas avoir votre réponse avant celle que je compte comencer bientost. Je suis avec un profond respect, Monsieur, [etc.]. Laugeois à Montauban, le 10e 8bre [octobre] 1716 [en bas :] M. l’abbé Bignon Joint : mémoire sur la généralité de Montauban, s.d. [1716] [18/88/b]. /fol. 1/

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Cotte 6

Mémoire L’académie des sciences souhaite estre informée de ce que la généralité de Montauban peut avoir de singulier par raport à l’histoire naturelle en mines, terres, pierres, marbres, et par raport aux arts. Je désirerois fort pouvoir satisfaire sa curiosité et lui fournir de nouvelles matières d’exercer ses heureux talents qui l’ont rendu si célèbre et ont été si avantageux pour le public. Cette généralité, composée des six élections de Montauban, Caors5, Figeac, Villefranche6, Rodez et Millau et du pays de Foix, renferme dans ses montagnes des plantes, des simples, des eaües minérales, des carrières, des mines et quelques singularités dont on va expliquer sommairement la qualité, les propriétés et les lieux où elles sont scituées. Plantes et simples [en marge : plantes et simples] À sept ou huit lieues de Villefranche de Rouergue, il y a une espèce de melampirum qu’on n’a vu décrit que dans Dominicus

5. Cahors (Lot). 6. Villefranche-de-Rouergue (Aveyron).

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Cabreus7, sous le nom de melampirum purpuro violaceum qui est d’une beauté surprenante. Aux environs de la même ville, on voit l’absynthium montanum flore camimeli du même auteur. /fol. 1 v°/ Cette plante qui est très rare, paroit mal nomée et, selon les principes de M. de Tournefort, on pouroit la ranger sous le nom de chamemelum montanum fruitescens absynthii solio. On y trouve aussi la virga aurea canadentis. Les montagnes, en beaucoup d’endroits, sont chargées de plantes et de vulnéraires que les médecins et les habitants du pays estiment autant que celles de Suisse. Il y croît dans quelques cantons du genest d’Espagne en quantité. Dans les montagnes du pays de Foix, il y a une grande abondance de simples que l’on y vient chercher de Montpellier. Eaues minérales [en marge : eaues minérales] Il y a à Féneyroles8, près de St Antonin9, ville à moitié chemin de Montauban à Villefranche et à cinq lieues de chacune, une source d’eaües minérales fort légères, froides et rafraîchissantes. Elles ne passent pas facilement, à cause de leur fœblesse peu de gens en font usage. Celles de Cransac, à quatre lieues de Villefranche en avançant dans l’Auvergne, sont plus accréditées. Elles purgent et sont bonnes pour l’estomach quoique froides. Lorsqu’elles sont dépouillées par dissolution et filbration [sic] des particules terrestres, elles se crestalissent [sic] en quarré plat oblong, bouillonnent /fol. 2/ sur la lème d’un couteau. Sur le feu, la flamme en est violette, ce qui fait juger qu’elles renferment un sel meslé d’un sel de vitre avec quelques particules alumineuses et vitrioliques. Cinquante cinq onces de cette eau évaporée au bain marie ont donné demye once de résidance que filtrée a laissé quarante six grains de matière gipseuse indissoluble. Dans la parroise d’Aries, élection de Figeac, il y a une fontaine assés renommée d’eaües minérales qui passent par le vitre. Je n’ai jamais ouÿ parler de ses effets. Si on le désire, je m’en ferai donner des éclaircissemens plus particuliers. Dans l’élection de Millau, il y en a de trois sortes. La première et la plus usitée est celle de Camarès qui passent par des mines de vitriole et est fort bonne pour l’estomac.

7. Dominique Chabrée (1610-1669), médecin et botaniste suisse, éditeur de l’Historia plantarum universalis de Jean Bauhin. 8. Féneyrols (Tarn-et-Garonne). 9. Saint-Antonin-Noble-Val (Tarn-et-Garonne).

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La seconde est au lieu de Rocquetaillade10 [et] passe aussi par les mêmes mines, mais elle est plus foëble de beaucoup que la première. La troisième qui est au lieu de Masribal, dans la terre de la Tour, n’est découverte que depuis peu d’années. Le vitriol et le soufre y dominent. On les croit fort salutaires, mais elles ne sont pas encore en vogue, non plus que la précédente. [en marge : bains] La ville d’Ax11, dans le pays de Foix, est remarquable par l’abondance de ses eaües /fol. 2 v°/ chaudes et par la différence de leurs minéraux. Dans le faubourg de cette ville, on voit un bassin d’une structure régulière de vingt toises de circonférence, on y descend de tous côtés par trois grandes marches de pierres taillées. L’eau dont le fonds est presque toujours remply car [on ne] peut le mettre à sec, ne sert à présent que pour faire la lessive. Il y a aparence qu’on y prenoit autrefois les bains et qu’on y faisoit un assemblage de sources dont il est environné. Il y en a deux d’eaues chaudes au premier degré différentes pourtant en qualité. Dans l’une le soufre prévaut sur les minéraux. Le fer et l’acier prévalent dans l’autre. Il y a une troisième source d’eau tiède qui naît à un angle de bassin qui est vitriolée. Outre ces trois sources, il y a encore de petites veines d’eau chaude naissantes au fonds du bassin, à quatre pas duquel on trouve deux tuyaux qui jettent une eau chaude au dernier degré, très abondante en soufre, de laq[ue]lle tous les habitants se servent pour faire le pain. Un peu plus bas, on voit un bassin irrégulier dont l’eau bouillonne plus fortement et où les pauvres gens font leur soupe et cuire des œufs. À deux cent pas du grand bassin, hors la ville, il y a deux petits bassins distants l’un de l’autre de dix pas, séparés par un ruisseau d’eau froide dans lesquels il y a une eau naissante dans /fol. 3/ le fonds d’une chaleur douce et suportable où les malades se baignent. On y a vu des guérisons surprenantes en paralésies, rumatismes, douleurs froides, playes, fistules et fluxions. Outre tous ces bains, il y a encore aux murailles de la même ville une petite veine d’eau tiède qu’on prétend spécifique contre l’ydropisie. Tous ces bains, quoique très bons, sont négligés et rebutans tant par les chemins qui sont très difficiles à quelques lieues aux environs que par l’aspect estant à découvert et par la grande quantité de couleuvres qui s’y trouvent et épouvantes les malades, quoiqu’elles soient sans venin, non seulement dans ce lieu mais même transportées à plusieurs lieues où elles ne changent point de 10. Roquetaillade, commune de Montjaux (Aveyron). 11. Ax-les-Thermes (Ariège). On y voit encore le bassin des Ladres, au pied de l’hôpital construit en 1270 pour accueillir des croisés lépreux ; les eaux qui y coulent à 77°, ont d’abord été utilisées pour laver les laines ou peler les porcs.

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qualité et où les enfants de même qu’à Ax les mettent dans leur sein et en entoure leurs bras. C’est apparament l’espèce et non le terroir qui rend ces animaux sans venin car, dans les mêmes lieux, on y trouve d’autres espèces de serpents qui sont venimeux comme aillieurs. Cependant, quoique ces couleuvres soient sans venin, on prétend que leurs bouillons font sur les malades le même effet que ceux des vipères. Le séjour de cette ville est désagréable par l’odeur du soufre dont l’air est infecté à une lieue aux environs, à laqu[e]lle les étrangers ont peine à s’acoutumer. /fol. 3 v°/ Au bords de l’Ariège qui coule le long de la ville de Pamiers, il y avoit des eaües minérales où le fer dominoit dont la propriété étoit spécifique contre les accès de fièvre, la goute et même contre la stérilité des femmes. Une grande inondation submerg[e]a, il y a environ 4 ou 5 ans, cette fontaine qui n’est plus si bonne. On pouroit cependant en chercher la source plus haut et dans le rideau on la trouveroit sans doute dans la même pureté. [en marge : étuves] Dans quelques antres d’une montagne près de Cransac, ville de Rouergue dont il a été parlé, on a ménagé des étuves fort chaudes. La vapeur qui s’en élève se condense en un moment sur ceux qui y entrent et, dans peu de tems, se meslant avec la sueur qu’elle excite, elle ruiselle sur le corps. On a remarqué que ces grottes ne conviennent ny aux gouteux, ny à ceux qui ont des douleurs provenants d’une cause âcre, mais les personnes d’un tempérament pituiteux s’en trouvent fort bien. Carières et mines [en marge : carières et mines] Depuis peu, du côté de St Céré, petite ville de la vicomté de Turenne, on a découvert une belle carrière de marbre. Dans l’élection de Caors, aux environs d’un village qu’on appelle Limeirac12, on voit dans les /fol. 4/ champs de grosses masses de marbre blanc d’un fort beau grain et qui selon les apparences doit être plus beau en profondant. Ces habitants n’ont jamais ouvert ces carrières. Dans la même élection, du côté des Arques, il y a une mine de fer. Celles du pays de Foix font la principale partie de son commerce. Les meilleures sont à Vicdessos et à Gudans13. Celles de Siguer, Rabat14 et Miglos ne sont pas si seures.

12. Limeyrat (Dordogne). 13. Gudanes (Ariège). Le châtelain de Gudanes, également maître de forges, emploiera jusqu’à 300 personnes au milieu du XVIIIe siècle. 14. Rabat-les-Trois-Seigneurs (Ariège).

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Il y avoit une belle machine et simple qui tiroit l’eau du minier de Gudans. On l’a détruite depuis quelques années, s’estant trouvé un ingénieur chaudronnier de sa profession qui a entreprit avec succès de faire un écouloir et de percer la montagne. Quoique bien avant dans la terre, il a fort bien trouvé le niveau. Près de Cransac en Rouergue, il y a des mines d’alun et de vitriol qui ont autrefois été travaillées. Les guerres des Anglois ont interrompu ce travail. Les habitans ne sçavent plus la manière de tirer ces minéraux. Le feu qui est allumé depuis un tems imm[ém]orial dans une des montagnes voisines, est entretenu par un bitume qu’on appelle /fol. 4 v°/ charbon de pierre. Ce feu est progressif et l’on voit des montaignes calcinées où, aiant consumé toute la matière inflammable, il s’est éteint et a passé outre. Les côtés de la montagne qui brusle présentem[en]t sont couverts d’arbres. Le sommet est sec et les sources qui sortent au pied sont froides. On n’a rien trouvé de plus rare à Cransac, dans la même élection de Villefranche, qu’un sel qu’on y a découvert depuis quelque tems. À costé de la montagne enflammée dont on a parlé, au pied d’un arbre, il y a un trou au pied duquel sort une fumée qui, s’attachant aux racines de cet arbre, forme mille ramifications blanches comme la neige. On a ramassé de ce sublimé et, après l’avoir examiné, on a remarqué que c’estoit un véritable sel armoniac, semblable en proportion des principes au sel armoniac ordinaire, ce qui fait présumer que ce sel est naturel dans les lieux desquels on l’aporte et qu’on ne le sublime que pour le dépouiller de la terre et des autres impuretés qu’il contient. On sépare par sublimation de certaines terres qui sont près de cette montagne des fleurs de soufre qui sont d’une belle couleur aurore. Elles contiennent du sel armoniac et sont d’une saveur très aigre. /fol. 5/ Les mémoires du pays ne portent pas qu’on y ait jamais travaillé du soufre en canon, comme on croit qu’on pouroit le faire. Les montagnes qui environnent Villefranche, sont pour la pluspart toutes creusés et les travaux immenses qu’on void dans quelqu’unes qui sont d’un roc très dur, font juger que ces mines ont deub estre très considérables et d’un grand raport. La plus commune opinion est qu’elles furent fermées en 1426 accause [sic] d’une peste qui survint, qu’on attribua aux exhalaisons qui sortoient de ces souterrains. On prétend que la mine de Pennavaire estoit d’or. On a moins de mémoires de celle là que des autres. Celle de Pilloup est d’argent. Il n’est pas bien pur. On en faisoit de la monnoie qui valoit moins que l’argent, mais elle étoit de meilleur titre que nos vieux sols.

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La mine de la Maladrerie estoit travaillée par un si grand nombre d’ouvriers qu’on érigea en annexe de la paroisse de Villefranche la petite chapelle de cet hôpital, afin que les ouvriers ne perdissent point de tems pour aller dans cette ville qui n’en n’est [sic] pourtant que très peu éloignée. Cette montagne est entièrem[en]t /fol. 5 v°/ stérile. On y voit encore plusieurs bouches dans lesquelles on pouroit descendre. En 1660, on r’ouvrit les mines de cuivre qui sont dans les montaignes qui vont de Najac à Laguépie. On fit venir quelques ouvriers d’Allemagne, mais la quantité de vin que produit cette contrée dérangea ce travail par la débauche des ouvriers qui d’ailleurs n’étoient pas des plus habiles. Ces mines durent plus de deux lieues et sont assés abondantes. La matière en est bonne et, si elle étoit ménagée par des gens capables, on en retireroit autant qu’il en faudroit pour en fournir presques à tout le royaume. À costé de la mine d’argent de Pelloup, on en trouve une de plomb mais, comme elle n’est pas fort abondante, on l’a toujours négligée. Singularités [en marge : singularités] Dans l’élection de Figeac, à un quart de lieue de Marcillac15, il y a une caverne qu’on appelle communément la grotte de Robinet. Elle a huit cent pas de longueur sur 400 de largeur et [est] partagée en deux par une expèce de cloison formée par le rocher, dans lequel il y a une petite ouverture par laq[ue]lle il faut passer la teste bessée et de côté pour aller de l’une à l’autre. /fol. 6/ Ces deux cavernes sont d’une égale grandeur. Dans la première, l’on trouve une colomne de dix huit à vingt aulnes d’hauteur, qui s’élève jusques à la superficie concave de l’autre et qui est d’une grosseur assés considérable, un homme de la plus grande taille ne pouvant l’embrasser entre les deux bras. Il dégoute continuellement de la voûte une eau qui s’épaissit et se congèle absolument par le moien de l’air froid de la grotte. De cette eau, il se fait une pierre claire et luisante, sans néantmoins qu’elle participe du marbre ny du cristal, et c’est de cette eau que s’est formée cette colomne qu’on prétend ne point céder aux pyramides d’Égypte, quoiqu’elle ne soit pas faitte en forme de pyramide. Cette colomne pose sur un espèce de pied d’estal formé de la même eau, plus grand que la colomne à laquelle elle sert de base et de fondement. Dans la seconde caverne de cette grotte, il y a un pilier fort haut mais qui ne touche pas à la voûte. Et, dans toutes les deux, il y a un grand nombre de petites colomnes et d’autres figures imparfaites formées de la même eau. Cette grote n’a aucun jour et on n’y peut entrer sans flambeaux.

15. Marcilhac-sur-Célé (Lot).

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/fol. 6 v°/ À l’égard de l’élection de Villefranche, du côté de l’Auvergne, il y a un grand arbre qui peu à peu s’est presque pétrifié. La partie qui ne l’est pas, pousse encore des feuilles. On a veu de l’écorce pétrifiée de cet arbre qui a retenu la forme et la légèreté du bois, avec la dureté et la couleur de pierre mais, dès qu’on la romp, les fibres en sont comme de l’écorce ordinaire. Près du village de Lasserre, la tradition porte qu’il y avoit une ville. Ce lieu n’est qu’à une lieue et demye de Villefranche. On trouve encore dans ces endroits des urnes sépulcrales. Leur incrustation rouge, les bas reliefs dont elles sont couvertes et les petites statues de bronze qui s’y rencontrent aussi font foy de leur antiquité. On y a vu de petits Mercures, des Cybiles et autres idoles. J’aurois bien souhaité retrouver quelqu’une de ces médailles qui en ont été tirées en différents tems, mais je ne l’ai pu jusques à présent. Je ne négligerai rien pour en découvrir. Il y a cependant plus d’aparence que ce lieu a été un champ de bataille qu’une ville. La rivière de l’Ariège qui traverse le pays de Foix et passe à Pamiers, a prit son nom des petites particules d’or qu’elle entraîne et qu’on ramasse particulièrem[en]t aux environs de Pamiers. /fol. 7/ C’est après les inondations que la recherche en est la plus utile, la rivière y laissant ces pailles avec le sable qu’elle entraîne sur les bords et, à force de dilayer ce sable avec de l’eau dans des tamis, elles y restent. Elles sont d’un or très fin. Il y a certains tems qu’un homme fait à ce métier en ramasse jusques à la valeur d’une demye pistole, mais ce proffit est rarement si considérable. La rivière de l’Arget qui se jette dans l’Ariège au dessous de la ville de Foix entraîne pareillem[en]t des paillettes d’argent avec son sable. On n’a pu jusques à présent découvrir l’endroit où peuvent estre les mines d’où, en passant, ces rivières entraînent ces pailles d’or et d’argent. À deux lieues au dessous de la ville d’Ax, près du château de Laurdat, est une montagne appellée Tabo, la plus haute du pays. On y voit presque sur le sommet un grand étang dont on ne connoist pas le fonds, dans lequel les poissons ne sçauroient vivre et dont les eaües ont une qualité si maligne que, si on y roule des pierres dans les jours même les plus beaux et les plus serains, il s’élève infailleblement une vapeur noire qui couvre le ciel et, dans moins de demye heure de tems, forme aux environs des tempestes meslées /fol. 7 v°/ de tonnerre, gresles, vents et pluyes qui font un ravage terrible. Quoique cet étang refuse la nourriture aux poissons qu’on y jette, il y en a un autre au dessous qui est fort poissonneux, quoique les eaües de supérieur s’y dégorgent.. Les eaües de ce second étang, après avoir roulé le long de cette montaigne, viennent se joindre à celles qui sortent de la célèbre fontaine de Storbe qui,

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dans les tems chauds et secs, a un flus et reflus réglé de trois quarts d’heure et trois quarts d’heure. Cette fontaine est hors du pays de Foix. À trois lieues à côté de Pamiers, on trouve la ville de Mas d’Azil, sçituée sur la rivière de l’Arize qui perce une montagne près de cette dernière ville. Tout l’espace qu’elle traverse forme une grande et belle grotte16, à un des côtés de laq[ue]lle on trouve des marches qui paroissent avoir été pratiquée dans le rocher, au moien desquels on monte dans le dedans de la montagne où il y a comme dans deux étages une espèce de chambre taillée à chacun et, dans la plus haute, on void à un côté une muraille toute de terre qui se démolit aisément et dans laquelle on trouve des ossemens de morts beaucoup plus grands que ceux des hommes de ce tems ; il y a une fontaine dans cette chambre. /fol. 8/ Le dessus de la montaigne est cultivé en champs et en vignes. À une lieue de la même ville de Mas d’Azil, il y a un puys d’où l’on tire du sel fort blanc mais qui ne sale pas beaucoup. Il n’y a rien de singulier sur les animaux ny sur les oyseaux, rien n’estant plus ordinaire que de trouver des animaux sauvages de toutes espèces dans les pays de montagnes. Il y a beaucoup d’ours dans celles du pays de Foix. Les arts n’y fleurissent pas, les ouvriers y sont peu capables et encore plus paresseux et le peu de commerce ne contribue pas à les rendre plus habils. Il manque à ce mémoire ce qu’il peut y avoir de remaquable [sic] dans l’élection de Rodez dont je n’ai pu encore avoir et n’espère d’éclaircissements dignes de l’attention de l’académie. 4. - 22 octobre [1716] : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/60]. /fol. 1/ 22 octob[re] Montauban Le mémoire que Monsieur d’Imbercourt a envoié à SAR Monseigneur le duc d’Orléans sur ce que sa généralité a de singulier par raport à l’histoire naturelle est plein de faits interressants qui, en satisfaisant en partie notre envie de scavoir, l’ont en même temps excité. Nous avons à demander par raport à ces faits divers éclaircisements que Monsieur d’Imbercourt ofre par avance de nous procurer. 1° On souhaiteroit avoir des échantillons des différentes espèces de marbres dont il est fait mention dans le mémoire. 2° On souhaiteroit aussi quelques échantillons des espèces de mines de fer du pais de Foix qui diffèrent le plus les unes des autres, avec une explication de la profondeur, scituation de ces veines de mines et une petite description des

16. La grotte du Mas-d’Azil, creusée par l’Arize, est depuis la fin du XIXe siècle une station préhistorique mondialement célèbre qui a donné son nom à la civilisation dite “ azilienne ”.

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fourneaux où on la fond pour voir si ils ne diffèrent point de ceux du reste du roiaume. 3° Scait on depuis combien de temps les mines d’alun et de vitriol d’auprès de Cransac en Rouergue ont été abandonnées. Pourroit on encore avoir des échantillons de ces mines. /fol. 1 v°/ 4° On voudroit scavoir à peu près quelle est l’étendue de la partie de la montagne de Rouergue qui [est] en quelque façon calcinée par le feu allumé dans une mine de charbon de terre depuis un temps immémorial. On demanderoit aussi quelques échantillons de ces pierres calcinées. Scait on si cette montagne est calcinée à une grande profondeur. 5° Mais on souhaiteroit surtout avoir de cet espèce de sel qu’on dit être ammoniac, et qui se sublime par un trou de la montagne précédente par où la fumée s’élève. Pourroit on ramasser une quantité un peu considérable de ce sel. 6° On voudroit aussi des terres qui sont auprès de cette montagne dont on tire de très belles fleurs de soufre, et un peu des fleurs de soufre qu’on en tire. L’étendue et la profondeur de cette terre sont elles grandes. Y en auroit il assez pour fournir à faire beaucoup de soufre en canon. 7° S’il étoit de même possible d’avoir des échantillons des mines qui ont été travaillées autrefois, on nous obligeroit en nous en procurant, scavoir de celle de Pennavaire qu’on dit or, de celle de Pilloup qui est d’argent, et de celles de la Maladrerie. Il sera peut être plus aisé d’en avoir de ces mines de cuivre qui sont dans les montagnes qui vont de Najac à Laguépie /fol. 2/ puisqu’on les dit si abondantes. 8° On verroit avec plaisir un petit morceau de la matierre de cette belle colomme qui est dans cette vaste grotte scituée auprès de Marcillac, élection de Figeac, et quelques unes des congélations pierreuses de la même caverne. 9° L’arbre de l’élection de Villefranche qui, quoique pétrifié en partie, pousse encore des feuilles, mériteroit une description qui aprist précisément l’endroit où il est, de quel espèce il est, sa grandeur, jusques à quelle hauteur et à quelle épaisseur il est pétrifié. Si cette pétrification s’étend jusques aux branches, on seroit curieux d’avoir un morceau d’une qui le fust en partie et qui en partie ne le fust point. 10° On a eu des mémoires fort circonstanciés de la manière dont on tire les paillettes d’or du sable du Rin17 et de celui de la rivière de Cèze en Languedoc18. On espère que Monsieur d’Imbercourt voudra bien nous en procurer de pareils sur la manière dont on le tire du sable de l’Ariège. On souhaiteroit de plus avoir de ce sable où des paillettes /fol. 2 v°/ d’or fussent meslées, des paillettes qui en eussent été tirées pour les comparer avec celles que nous donnent les autres rivières. 17. Rhin. Voir “ Alsace ”, doc. 1 et 7. 18. Voir “ Languedoc ”, doc. 7.

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11° On auroit à demander les mêmes choses par raport aux paillettes d’argent que la rivière de l’Arget roule avec son sable. 12° Si, auprès de la fonteine de Storbe, il y avoit quelque personne habile et patiente, elle feroit plaisir si elle vouloit se charger d’observer si le flux et le reflux de cette fonteine est régulièrement de trois quarts d’heure, de quelle étendue sont ce flux et ce reflux, et les variétés qui y arrivent. On se promet que Monsieur d’Imbercourt voudra bien envoier les mémoires et les échantillons de chaque matierre à mesure qu’il les recevra. Si sur chaque matierre il luy étoit aisé de rassembler des mémoires de particuliers différens, en les comparant les uns avec les autres, il nous seroit plus aisé de nous assurer des faits et même d’en voir toutes les particularités, celles qui frapent les uns sont négligées par les autres. 5. - 16 juillet 1717 : Laugeois d’Imbercourt au Régent, Montauban [17/55/e]. 47 5e Monseigneur, Pour satisfaire entièrement (pour ce qui regarde le département de Montauban depuis le démembrement qui en a été fait d’une partie19) à ce que VAR m’a ordonné par la lettre dont il luy a plu de m’honnorer le 24e novembre dernier, au sujet de quelque recherche de l’accadémie des sciences, il ne me reste qu’à l’informer que je viens de remettre au courier un paquet à l’adresse de VAR, dans lequel il y a des fleurs de soufre et de la terre qui les produit de la montagne de Cransac en Rouergue, près de Villefranche, et de la terre et pierre d’alun de la même montagne. Cette montagne peut avoir trois mille pas de circuit et mil coudées de hault dans sa plus grande élévation. Il y a aparence que le feu est fort profond. Il se fait des ouvertures dans différens endroits, on s’en est aperceu de deux depuis 50 à 60 ans. La première a cessé entièrement de brusler. La partie de cette montagne qui est calcinée, peut avoir cent pas de longueur sur 50 de largeur, la superficie de cette terre est un caput mortuum. Elle a été cavée par les pluyes, ainsy il ne s’en tireroit rien sans beaucoup creuser. À l’égard de l’endroit qui est en feu, il peut avoir 40 pas en carrée. C’est là que se trouve la fleur de soufre, mais en si petitte quantité qu’on n’en pouroit tirer quatre onces sans quelque risque de se brûler. Pour ce qui est de la pierre d’alun, il y a environ 150 ans suivant les mémoires du pays qu’on a cessé de travailler à ce minéral, aparament par le peu de profit. Quelques paysans ont voulu de nos jours y retoucher, mais, voyant qu’il leur en coûtoit plus qu’ils n’en retireroient, ils ont discontinué. 19. Le comté de Foix, dépendant de la généralité de Montauban, est rattaché à l’intendance de Roussillon d’avril 1716 à février 1784, date à laquelle, en raison des difficultés de communication entre Foix et Perpignan, il sera rattaché à la généralité de Pau et Bayonne.

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Il ne s’y trouve point de sel armoniac, on n’y a jamais travaillé aux mines de vitriol. Ce qui prouve néantmoins qu’il y en a, ce sont les sources vitriollées qui s’y rencontrent, dont l’eaue devient noire en y mettant de la noix de galle ou des feuilles de chesne. On présume que ce minéral est profond. Il est impossible sans un travail infiny d’avoir de la terre des mines de Pennavaire, de celle de Pirou, de celle de la Maladrie, ny de celle de cuivre qui sont dans les montagnes qui vont de Najac à Laguépie, ayant été entièrement comblées depuis plus de 60 ans. Je sçay que M. d’Andrezel, intendant de Roussillon, a receu des ordres pour rendre compte à VAR de ce qui se trouve dans le pays de Foix qui est de son département. Ainsy, je ne puis ny ne dois continuer les mémoires que j’avois eu l’honneur d’adresser à VAR à ce sujet avant le démembrement qui en a été fait de l’intendance de Montauban. Je souhaitte que VAR soit satisfaite de ce que je prens la liberté de luy mander. J’aurois bien souhaitté pouvoir remplir ses intentions par des découvertes plus dignes de son attention, mais les soins des personnes connoissantes qui sont sur les lieux n’ont pu me rien fournir de plus exact, ny plus détaillé. Je suis avec un profond respect, Monseigneur, de VAR [etc.]. Laugeois à Montauban, le 16e juillet 1717 6. - 16 juillet 1717 : Laugeois d’Imbercourt à Bignon ou Réaumur [?], Montauban [17/55/g]. 48 Monsieur, J’ay l’honneur d’adresser aujourd’huy par le courier à SAR Monseigneur le duc d’Orléans un paquet dans lequel il y a des fleurs de soufre et de la terre qui les produit de la montagne de Cransac en Rouergue, près Villefranche, et de la terre et pierre d’alun de la même montagne. Ma lettre d’envoy contient les éclaircissements que je puis donner à ce sujet. Comme elle vous sera renvoyée, je n’en fais icy aucun détail. Je suis avec bien du respect, Monsieur, [etc.]. Laugeois à Montauban, le 16 juillet 1717 7. - s.d. [après juillet 1717 ?] : demande de renseignements par Réaumur [17/55/f]. Montauban Les échantillons de la mine d’alun des environs de Cransac en Rouergue, qui ont été envoiés à SAR par Monsieur d’Imbercourt, nous ont paru dignes

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d’attention. C’est grand domage que cette mine reste inutile ; elle paroist très chargée de sel et aisé à tirer. Si les paisants qui ont tenté de la travailler de nos jours, l’ont abandonnée ; c’est apparament parce qu’ils n’étoient pas assez au fait de ces sortes de manipulations. On voudroit scavoir si la mine est large, si elle a été creusée profondément. On voudroit scavoir aussi si il y a abondament de la terre sulfureuse dont on a trouvé des échantillons avec ceux de la mine d’alun. Notre curiosité avoit été fort excitée par tout ce que Monsieur d’Imbercourt avoit mandé dans son mémoire de 1716 des mines des environs de Villefranche. Sa dernière lettre nous apprend qu’elles ont été toutes abandonnées depuis près de soixante ans. Peut être ne seroit il pas aussi difficile qu’on luy a assuré d’en avoir des échantillons si on en recherchoit avec soing. Nous en avons recouvré de divers autres mines du royaume abandonnées depuis un plus long tems. Il y a apparence qu’avec une dépense médiocre, on parviendroit au moins à en avoir des morceaux et ce sont des dépenses dans lesquelles SAR veut bien entrer. Monsieur d’Imbercourt nous a aussi appris dans son mémoire de 1716 qu’il y a, dans l’élection de Villefranche, du côté de l’Auvergne, un arbre qui s’est peut à peu pétrifié et dont la partie qui est restée bois pousse encore des feuilles. Nous eussions souhaité scavoir plus précisément l’endroit où est cet arbre singulier et avoir une de ses branches partie pierreuse et partie ligneuse. On nous a assuré que la Garonne roulloit des paillettes d’or avec son sable du côté de Toulouse et que les paisans s’occupoient à les ramasser. Si quelques uns des endroits où cette rivière en donne est dans le départemant de Monsieur d’Imbercourt, nous espérons qu’il voudra bien nous en faire ramasser et nous envoier de ces paillettes telles qu’on les trouve, du sable dans lequel on les trouve, et y joindre les éclaircissements qu’il pourra rassembler sur cette matierre qui nous apprendront la manière dont les paisants séparent les paillettes du sable, dans quelle longueur du cours de cette rivière ils en trouvent, quel est la grosseur des plus grosses paillettes qu’on ait trouvé, etc. 8. - s.d. [22 décembre 1717] : demande de renseignements par Réaumur [18/15/b]. 26 R 76 Montauban Le Tarn, le Lot et la Garonne sont mises par des autheurs célèbres au rang de rivières aurifères du royaume. Gens même qui nous paroissent mériter croiance, nous ont assuré avoir m[ême] ramasser des paillettes d’or de la Garonne vers le confluent du Tarn. Nous voudrions scavoir si on s’occupe encore actuellement à la recherche de paillettes d’or de ces trois rivières et, en ce cas, en quel endroit, dans quel [sic] étendue du cours de chacune de ces rivières et de quelle manière on fait cette récolte. Nous souhaiterions aussi

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L’ENQUÊTE DU RÉGENT

avoir des sables commun de chacune, des sables meslés avec des paillettes d’or et des paillettes séparées. Si cette espèce de recherche a été abandonnée, peut être ne seroit il pas impossible d’y engager quelques curieux qui pourroit parvenir à ramasser les paillettes que nous souhaitons. 9. - 17 janvier 1718 : Laugeoy d’Imbercourt au Régent, Figeac [18/14]. [en haut :] à M. l’abbé Bignon 8 Monseigneur, J’ay receu avec la lettre que VAR m’a fait l’honneur de m’écrire le 22 du mois dernier, le mémoire qui y étoit joint sur les rivières du Tarn, le Lot et la Garonne que des autheures ont mis au rang des rivières oriférées. De ces trois rivières, il n’y a que le Tarn et le Lot qui passent dans mon département, et gens qui connoissent le pays depuis longtems m’ont assuré n’avoir jamais entendu parler qu’on y eût jamais trouvé ny ramassé des paillettes d’or ny d’aucuns autres métaux. Il est vray que la rivière de l’Arriège qui sort des mont Pirennées, traverse le comté de Foix, passant par Pamiers, Saverdun, Ste Gabelle20 et se décharge dans la Garonne deux lieues au dessus de Toulouze, charrie des paillettes d’or et qu’il y a des gens qui, pendant l’été, cherchent de ces paillettes le long de l’une et de l’autre de ces deux rivières, ce qui ne se fait que depuis la source de l’Arriège jusqu’à deux lieues au dessous de Toulouze. Et il y a toutte aparence que celles qui se prennent dans la Garonne, ne proviennent que de l’Arriège qui s’y décharge. Cette dernière rivière traversant tout le comté de Foix et la Garonne partie du Languedoc, j’envoye à Mrs de Basville21 et d’Andrezelle22, intendants de Montpellier et du Roussillon, copie du mémoire que VAR m’a fait l’honneur de m’adresser, afin qu’ils puissent faire ramasser des sables communs de chacune de ces rivières, des sables meslés avec des paillettes d’or et des paillettes séparées pour vous les adresser ensuite. Je suis avec le plus profond respect, Monseigneur, [etc.]. Laugeoy à Figeac, le 17e janvier 1718

20. Cintegabelle (Ariège). 21. Nicolas de Lamoignon de Basville (1648-1724) ; voir “ Languedoc ”. 22. Jean-Baptiste Louis Picon d’Andrezel (1663-1727) ; voir “ Perpignan ”.

XXIII.

MOULINS

1. - s.d. [fin XVIIe siècle] : extraits de mémoires sur la généralité de Moulins, annotés par Réaumur [17/18/f]. Mémoires pour l’histoire des arts et l’histoire naturelle de la généralité de Moulins Composée du Bourbonois, excepté une petite partie, de la plus grande partie du Nivernois et de Haute Marche et du pais de Combrailles. Élection qui fait une espèce de pais particulier. [en marge : Nivernois] Charbon de pierre, forges de fer. Machines curieuses dont on se sert à Decize pour tirer le charbon de pierre, elles sont utiles mais de dépense. [en marge : eaux] Eaux de Pouges1. [en marge : Bourbonois] Quelques mines de charbon de pierre. Celuy qu’on en tire se consume dans la province. eaux minérales. Bourbon l’Archambault, Vichi2. eaux, celles de Néry3 à 5 quarts de lieu de Montluçon, eaux froides de Bardon4 près Moulin. Eaux d’Évaux5 en Combrailles. [en marge : Nivernois] Émaillerie, et faiancerie. Une verrie [lire verrerie] à Nevers. [en marge : Nivernois] Bois flotés du côté du Morvan. Chevaux de Morvan. [en marge : Auvergne] Fromages, chanvres. [en marge : émeraude] Mr Jussieu m’a assuré qu’on trouvoit aux environs de Bourbon une quantité prodigieuse de pierre d’émeraudes, que les chemins en sont remplis.

1. 2. 3. 4. 5.

Pougues-les-Eaux (Nièvre). Vichy (Allier). Néris-les-Bains (Allier). Ou Bardou, non identifié. Évaux-les-Bains (Creuse).

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L’ENQUÊTE DU RÉGENT

2. - janvier 1716, demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/113]. Moulins janvier 1716 L’Académie royale des sciences cherche surtout à étendre ses connoissances par raport à l’histoire naturelle du roiaume et aux arts qui y sont cultivés. La généralité de Moulins ofre diverses matières curieuses qui regardent l’un et l’autre objet. Entre ces différentes matières, celles sur lesquelles l’académie auroit besoing à présent de mémoires et de deisseins sont : 1° les charbons de terre ou de pierre. On voudroit avoir des mémoires très détaillés qui expliquassent le nombre des mines de charbon connues dans le Nivernois, quelles sont les mines d’où on tire le meilleur charbon, quelle est communément la largeur et la profondeur de ces mines, quelles sont celles qui ont été poussées le plus avant, comment on les travaille, si une matière étrangère ne se trouve pas quelquefois meslée parmy le charbon. En ce cas, quelle est cette espèce de matierre. Les mines de charbon du Nivernois dont [on] a le plus entendu parler sont celles de Decise6. On a même appris qu’on emploie des machines considérables pour en tirer le charbon. On auroit besoing des deisseins de ces machines et généralement de tous les outils dont on se sert pour travailler ces mines. 2° Près de Bourbon Lancy, il y a plusieurs marbrières. On voudroit scavoir si on y travaille encore à présent. On auroit aussi à demander des échantillons des marbres de toutes les marbrières qui y sont connues. 3° On a travaillé autrefois à la verrerie de Nevers à faire des verres de vitre en tables, c’est à dire de celuy qui n’est pas en pièces rondes qui ont un gros nœud au milieu, mais qui forme des pièces partout d’une épaisseur à peu près égale. Si on travaille encore à Nevers à faire ces sortes de verres, on souhaiteroit avoir un mémoire très détaillé qui aprist de quelle manière on le mousle, et même tout ce qui regarde sa composition. On voudroit aussi quelques deisseins qui représentassent ce qu’il y a de particulier à ce travail du verre. 3. - 9 mai 1716 : La Frénerie au Régent [18/65]. [en tête :] à M. l’abbé Bignon [Bignon écrit :] attendre que le Sr de la Frénerie se présente, 17 may 1716. 27 9 may [1716]. Avis secret à SAR. La Frénerie, ancien garde du corps du feu Roy de glorieuse mémoire, déclare à SAR que dans le jardin des RR Pères Célestins à Vichy en Bourbo6. Decize (Nièvre).

MOULINS

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nois il y a une mine d’or, que deux religieux de ses amis dud. couvent luy ont avoué amicalement et dans un profond secret que l’on tenoit cette mine secrette, que l’on en avoit tiré de l’or du temps des guerres civiles durant le règne de Louis 13, que l’on tenoit cette mine secrette par crainte qu’elle ne causât la ruine du couvent, c’est ce quy a été dit à La Frénerie qui a formé le dessein d’en donner avis à SAR ; et luy dire qu’il n’en coûtera point une obole au Roy s’il plait à SAR permettre au supliant d’uzer du crédit de ses amis pour faire à leur dépens l’ouverture de lad. mine qui n’est bouchée qu’avec des grosses pierres que l’on a entassées les unes sur les autres. [au dos :] Avis confié à la fidélité au secret de Mr Coche pour être communiqué à Son Altesse royale. 4. - s.d. : demande de renseignements par Réaumur, minute [18/95/b]. 79 Nivernois Nous avons quelques expériences à faire par raport à l’acier, pour lesquelles nous aurions besoing d’avoir des mêmes fontes de fer dont on fait le meilleur acier dans le Nivernois. Nous souhaiterions qu’on voulust bien nous faire mouler environ deux cent livres pesant de ces fontes en morceaux d’une figure approchante de celle des barres de fer appellées quarillon. Nous leur voudrions à peu près un pouce en quarré, la longueur des morceaux nous seroit entierrement indifférente.

XXIV.

NAVARRE ET BÉARN puis

AUCH ET BÉARN1

1. - s.d. [fin XVIIe siècle] : extraits du mémoire sur la Basse Navarre et le Béarn rédigé “ pour l’instruction du duc de Bourgogne ”, copie annotée par Réaumur [17/18/i]. Mémoire sur la Basse Navarre et le Béarn [en marge : mines de plomb, cuivre, fer] Il y dans cette sénéchaussée trois vallées, scavoir celle de Barétons3, Aspe4 et Ossau5, lesquelles sont environnées de montagnes qui joignent les Pyrénées, dans lesquelles montagnes il y a des mines de plomb, de cuivre et de fer et quantité de sapins qui sont propres à faire des mâts. Depuis dix ou douze ans, on en a tiré beaucoup pour les vaisseaux du Roy ; on en fait aussy une grande quantité de planches qui servent pour les vaisseaux et pour planchoier les maisons. Il y a dans la vallée d’Ossau les eaux minéralles d’Aigues-Cautes6, lesquelles sont bonnes pour les maux de teste et d’estomach, et d’autres eaux qu’on appelle les Eaux Bonnes, qui sont propres pour ouvrir les playes. Dans la vallée d’Aspe, il y a les eaux minéralles d’Escot qui sont fort rafraîchissantes. Il y a encore près Oloron7 les eaux d’Ogeu8 qui sont de même qualité que ces dernières. 2

1. La Navarre et le Béarn sont rattachés à la nouvelle intendance créée à Auch en 1716, pour former l’intendance d’Auch et de Béarn. 2. De la main de Réaumur. 3. Pour Barrétons. 4. Vallée du gave d’Aspe qui descend du col du Somport vers Oloron-Sainte-Marie (PyrénéesAtlantiques). 5. Vallée du gave d’Ossau qui descend du pic du Midi d’Ossau vers Oloron-Sainte-Marie (Pyrénées-Atlantiques). 6. Eaux-Chaudes, commune de Laruns (Pyrénées-Atlantiques). 7. Oloron-Sainte-Marie (Pyrénées-Atlantiques). 8. Ogeu-les-Bains (Pyrénées-Atlantiques).

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L’ENQUÊTE DU RÉGENT

Le Béarn est un pays assez sec et fort montagneux. Sur les hauteurs, il n’y a presque [que] des landes couvertes de fougères qui servent à fumer les terres. Les plaines y sont assés fertilles. On y sème peu de froments et de seigle, mais il y a quantité de milloc, qui est un bled venu des Indes, dont le peuple se nourrit. On y sème aussy beaucoup de lin dont on fait des toilles. 2. - 11 décembre 1715 : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/80]. Pau 11e décembre 1715 L’académie des sciences qui a pour un de ses objets l’histoire naturelle du roiaume, s’est proposée d’examiner avec soing toutes les mines afin qu’on sache quelles sont celles qui méritent d’être travaillées, ou qu’on soit sûr du moins que c’est avec raison qu’on ne fouille point celles qui sont négligées. On a appris que dans les vallées de Barétou, Aspe et Ossau, il y a des mines de cuivre et de plomb. On souhaiteroit des échantillons de ces différentes mines, accompagnés d’un mémoire qui apprist où elles sont scituées, si on a tenté d’en faire usage, la nature du terrain qui les environne, etc. Dans les Pyrennées, il croist dans la vallée de Campan de l’alun de plume ou amianthe. On assure qu’il est très commun, qu’on le trouve ordinairement sur des marbrières où il y croist en manière de plante. On souhaiteroit aussi un mémoire détaillé sur cet alun qui aprist l’étendue et la nature du terrain où on le trouve, si on en fait quelque usage dans le pais, si il paroist se reproduire dans les endroits d’où on en a ôté, et si c’est en peu de temps. On demandroit aussy divers échantillons de cet alun de celuy qui s’élève le plus haut et on seroit bien aise d’en voir quelques morceaux attachés à la pierre ou à la terre sur lesquels on les trouve. En général, on auroit encore à demander qu’on voulust nous communiquer ce qu’on scait des différents marbres, des cristaux et des différentes pierres et des minéraux qui se trouvent dans les Pirennées. 3. - 15 avril 1716 : Fenoyl au Régent, Paris [16/10/m/i/b]. 34 Monseigneur, En exécution des ordres que VAR m’a donnés par sa lettre du 19 Xbre [décembre] dernier, j’ay escrit à différentes personnes pour avoir des éclaircissements concernant les mines de cuivre et de plomb, l’alun de plume ou amianthe, les marbres et les cristaux qui sont dans les montagnes qui environnent le Béarn.

NAVARRE ET BÉARN PUIS AUCH ET BÉARN

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Quoyque la saison ait esté peu propre depuis ce temps pour se porter sur les lieux à cause des neiges dont ces montagnes sont couvertes, on n’a pas laissé de m’envoyer quelques échantillons de toutes les espèces, lesquels VAR trouvera cy joints avec les mémoires différents que j’ay reçeu à ce sujet. Il paroit de touts ces mémoires que l’on est assés incertain si le produit de ces mines peut estre considérable, mais, si VAR me le permet, j’auray, Monseigneur, l’honneur de luy représenter que, pourveu que le Roy ne perde point sur le travail que S. M. poura ordonner de faire dans ses mines, quand même le Roy n’en retireroit précisément que ce que S. M. y dépensera, ce seroit toujours un avantage considérable et qui semble ne devoir pas être négligé, en ce que cela fera rouler l’argent dans le païs et par conséquent le roy en sera plus aisément payé des tailles et autres charges. L’on évitera par là d’aller chercher chez les étrangers une aussi grande quantité et de cuivre et de plomb, et c’est toujours un grand bien d’empêcher l’argent de sortir du royaume. L’on me promet, Monseigneur, de plus grands éclaircissements quand les montagnes seront devenues pratiquables. J’auray l’honneur d’en rendre compte à VAR dès que je les auray receües. Cependant, au cas qu’elle se détermine à faire travailler à ces mines pour en faire des essays sur les lieux, si elle veut me faire l’honneur de m’en confier l’inspection, je tâcheray de luy en rendre un bon compte et n’oublieray rien en toute occasion pour persuader VAR de mon zèle et de mon exactitude à exécuter ses ordres et que je suis avec un très profond respect, Monseigneur, [etc.]. De Fenoyl à Paris, ce 15 avril 1716 VAR trouvera cy joint une pièce d’argent marquée au point d’Espagne, dont il est parlé dans le mémoire du sieur de Jasses. On m’a promis de plus grand éclaircissements sur la mine dont on prétend que cet argent a esté tiré, après que les neiges seront fondues et que les montagnes seront pratiquables. Joint : copies d’un échange de lettres entre Fenoyl et divers particuliers, s.d. [16/10m/ii]. /fol. 1/ 34 Coppie de plusieurs lettres escrites à M. de Fenoyl au sujet des mines, marbres et cristeaux. Lettre de M. de St Macarie9, doyen du parlement de Pau. Monsieur, La lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’escrire dattée du 28 décembre dernier ne me fut rendue qu’après le départ du courier, sy bien que, pour ne pas négliger le contenu du mémoire qui y estoit joint, je dois vous informer

9. Pierre Saint-Macary (vers 1650-1725).

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L’ENQUÊTE DU RÉGENT

que j’escrivis dimanche dernier au juge de Bagnères10 pour le prier de m’informer de tout ce qu’il pourroit trouver de considérable concernant l’alun dans la vallée de Campan, et luy en demander un détail très précis conformément à votre mémoire, copie duquel je luy ay envoyé, et luy demandé des échantillons du tout. Mais j’apréhende fort que, dans ce temps où les montagnes sont couvertes de neige, on ne puisse pas vous bien servir et comme vous le souhaitez ; néanmoins vous devez estre persuadé qu’on fera tout ce que l’on poura pour cette perquisition. Et, ayant trouvé le lieutenant de maire de Barétous dans cette ville, je le fis venir au logis et le chargé de votre mémoire avec ordre d’aller faire en personne un estat des mines de plomb et de cuivre qui pouroient estre dans sa vallée, m’aprennant le lieu où elles sont scituées et quelle est la nature du terrain qui les environne, et ce qu’on peut scavoir des différentiels marbres, des cristeaux, pierres et minéraux qui peuvent estre dans sa vallée. Et je vous avoue qu’il ne me donna pas une grande idée de ce qu’on y pourroit trouver. J’escrivis le lendemain, jour de lundy, à La Clède, maire d’Aspe, et luy envoyay votre mémoire avec ordre de faire un détail bien précis de tout ce qu’il trouvera dans la vallée d’Aspe, concernant le cuivre, plomb et cristal et, comme il a un frère qui est médecin et grand chimistre [sic], je ne doute pas qu’il ne vous fasse un ample détail de tout ce qu’il y trouvera de curieux et qu’il ne vous envoye des eschantillons. Mais ce qui est de la vallée d’Ossau, Mr de Camanère11 m’ayant dit que vous luy avez escrit sur cette matière, je convins avec luy qu’il se chargeroit de tout ce que vous luy demandez. Il est vray que je puis vous dire que, dans le temps que je faisois les fonctions de l’intendance, un certain Binaut du pays de Foix vint me trouver pour me dire qu’il avoit parcouru les montagnes d’Ossau et qu’il y avoit trouvé des mines de plomb et de cuivre dont il me fit voir des échantillons ; qu’à l’égard du cuivre, il l’avoit trouvé trop brusque, duquel on ne pouvoit pas s’accomoder, /fol. 1 v°/ mais que le plomb estoit très bon. Néanmoins, il me fit comprendre qu’il falloit beaucoup de travail pour le plomb et que, tout bien conté, celuy d’Angletere seroit toujours à meilleur conte que celuy qu’on pourroit tirer de cette mine, ce qui l’a déterminé à ne venir plus dans ce pays. Je me donneray l’honneur de vous dire encore que, dans le temps que je faisois l’intendance, deux hommes de cette province me vindrent dire qu’il y avoit une mine de cuivre dans la vallée d’Aspe et au dessus de la paroisse d’Ardos12, lesquels offroint de donner le dixième au Roy, en cas que Sa Majesté voulût leur permettre de travailler, et offrirent de donner caution. Mais, le Roy ayant donné cette permission au nommé Rodes13 de Paris et le ministre m’ayant

10. Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées). 11. Il peut s’agir d’Antoine de Camanère (mort en 1715), ou de son fils, également prénommé Antoine (né en 1659) ; ils ont été tous deux conseillers au Parlement de Pau. 12. Urdos (Pyrénées-Atlantiques). 13. Nicolas Richer de Rhodes, grand maître et superintendant des mines.

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chargé de faire registrer les lettres patantes qui luy avoit esté accordée, je fis faire cet enregistrement avec tous les soins possibles, M. de Bertier tenant votre place. Mais ces lettres patantes sont restées au greffe parce que, Rodes ayant passé en Espagne, il y mourut bientost après, d’autant mieux que je compris que le Roy ayant disposé de ces mines en faveur du Sr de Ferran de Cossay, lieutenant général d’artillerie. J’ay pu comprendre qu’il s’est attaché au fer et qu’actuellement il a une forge qu’il fait travailler dans le pays d’Ossès et vallée de Baÿgorry, et une autre dans la vallée d’Aspe, et dans la paroisse d’Aidius14, au travail de laquelle il a proposé le sieur de Lurbe, notre grand voyer, et a abandonné la recherche du plomb et du cuivre. Et, comme on fait des recherches pour remplir votre mémoire, il faut donner le temps à ceux qui en sont chargés afin de vous envoyer leurs estats, lesquels je remettray en main du Sr Moissonnié, votre secrettaire, dès que je les auray receus, mais il faut un peu de temps pour cela. Je suis avec tout respect possible etc. Autre lettre du même : Monsieur, Vous avez desjà vu par la lettre que le juge de Bagnères vous escrit ce que c’est que l’alun qui croit dans les montagnes de Bigorre et à quoy on les fait servir. Je me donne l’honneur de vous envoyer encore la lettre de ce même juge, mais il n’est pas possible de vous donner une entière satisfaction jusqu’au mois de juillet. Vous verrés encor par la lettre du lieutenant du maire d’Aspe qu’il faut attendre le mois de juin pour vous donner une idée exacte de ce qui croît dans les montagnes d’Aspe. Il est bien certain qu’il y a une mine de cuivre qui sera d’une /fol. 2/ grande utilité pour le royaume si on veut la mettre à profit [en marge, de la main de Réaumur : bonne mine] et le débit en seroit considérable en Espagne, mais on n’y trouvera point d’alun. Je scay bien qu’on vous a envoyé des eschantillons de ce qu’on trouve en Osseau15 et de ce qu’il y a de commun dans la vallée d’Aspe, mais ce sont des pures misères, et il faut nécessairement que vous attendiés le mois de juillet. Et ce sera lorsque vous verrés de vos propres yeux ce qu’il y aura d’utile et profitable pour l’académie royale des Sciences, vous n’aurez s’il vous plaist qu’à demander qu’il vous soit permis d’en faire faire des expériances. Je suis avec tout le respect possible etc. Lettre du lieutenant de maire de vallée d’Aspe Monsieur, En conséquence des ordres qu’il vous a plu de m’adresser, je me suis donné tous les mouvemens possibles pour tâcher de scavoir les mines qui peuvent estre dans cette vallée en sorte que j’ay découver, Monsr, par le canal du sr Cambas de Borce, de la probité et fidélité duquel je suis assuré, que dans les 14. Aydius (Pyrénées-Atlantiques). 15. Ossau.

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L’ENQUÊTE DU RÉGENT

montagnes dud. lieu il y a une mine de cuivre très excellante [en marge, de la main de Réaumur : bonne mine], que dans celles d’Espagne limitrophes de celles de cette vallée il y en a d’autres de cuivre, or et argent. Mais n’estant pas possible de les pratiquer actuellement à cause des neiges dont elles sont couvertes, il faut pour y aller attendre jusques à la fin du mois de juin que les neiges auront fondu. J’ay découvert aussi, Monsr, que dans les montagnes d’Aidius16 de cette vallée il y a une autre mine de cuivre, mais on ne peut pas y aller jusqu’au mois de may à cause des neiges. J’aurois pu avoir eu l’honneur de vous envoyer des eschantillons, surtout de cette dernière mine, mais, comme on pourroit me tromper et que je veux avoir la satisfaction de voir tirer la mine par mes yeux ou par ceux de quelque personne dont je puisse estre assûré pour pouvoir vous dire avec certitude ce que j’auray l’honneur de vous en marquer, c’est pourquoy je vous suplie très humblement, Monsieur, de vous donner patience jusqu’au mois de juin ou de juillet prochain, pendant lequel temps je me flatte de vous donner une entière satisfaction de /fol. 2 v°/ tout ce qu’on pu faire dans ce quartier. J’ay l’honneur d’estre avec un très profond respect, etc. Lettre de Monsieur de Camanère, cons[eill]er au Parlement Monsieur, Je reçus samedy dernier la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’escrire avec le mémoire y joint. J’aurois bien désiré, Monsieur, de pouvoir vous donner de bonnes et amples instructions sur ce que vous voudriez sçavoir concernant les mines qui sont dans nos Pirénées. Comme je n’ay point de relation avec les vallées d’Aspe, de Barétous, de Lavedan et de Campan, je ne puis scavoir que ce qui regarde les montagnes de la vallée d’Ossau. Tout ce que je scay cependant à l’égard de ces derniers, c’est qu’il y a quelques années qu’un nommé Binaud, ayant commission du Roy pour la recherche des mines dans les Pyrénées, en découvrit une de plomb dans une des montagnes d’Assouste, dans la même vallée d’Ossau. Il en fit tirer une grande quantité qu’il fit porter dans une maison de Monsr de Claverie, scituée à Assouste dont il est seigneur. Cet homme en voulut faire faire des essays. Pour cela, il fit faire des fournaux, mais soit que ces fourneaux ne fussent pas bien faits, soit qu’il n’entendit pas bien luy même la manière de fondre et de faire la séparation du plomb d’avec la terre, compris qu’il ne s’en estoit trouvé que peu de bon, et il fut dit que ce plomb n’estoit point doux et qu’il estoit trop brusque. Il y a pourtant apparance que ce même Binaud le croioit bon, car il fut longtemps à chercher quelqu’un qui eust de l’argent et qui voulût s’associer à luy pour exploiter cette mine, assurant qu’il y auroit un grand profit à faire. Il ne trouva personne qui eût de l’argent à hazarder ou qui compta sur sa parolle, si bien qu’il se retira, et depuis il n’a plus esté fait mention de cette mine. Je ne scay s’il examina si 16. Aydius.

NAVARRE ET BÉARN PUIS AUCH ET BÉARN

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elle estoit profonde et abondante, et c’est ce qui seroit bien difficile à faire aujourd’huy parce que la neige couvre toute nos montagnes. Voilà, Monsr, tout ce que je sçay là dessus, sans que j’aye jamais ouÿ dire qu’on ait trouvé en aucun temps d’autres mines dans la vallée d’Ossau. Monsr de Claverie qui s’en va à Paris pour vous instruire plus particulièrement de ce que vous voudrez scavoir au sujet de cette mine de plomb parce que les essays /fol. 3/ en furent faits dans sa maison par led. Binaud, com[missai]re du Roy. Il connoit sans doute la montagne où elle est scituée. Il vous parlera de la commodité ou incommodité qui peuvent sy trouver, aussi bien que de la distance et de la qualité des bois qui sont aux environs. Je parleray cependant à mes amis pour leur demander s’ils sçavent qu’il y ayt dans ces montagnes d’autres mines ou autre chose de ce qui est contenu dans le mémoire et, si je puis apprendre quelque chose, je me transporteray moy même sur les lieux comme vous le désirés pour m’assurer de tout autant qu’il sera possible, et, en ce cas, j’auray l’honneur de vous en donner avis. Trop heureux si je pouvois vous faire quelque plaisir dans cette occasion comme dans toutes celles qui pourront se présenter à l’avenir, je les embrasseray toujours avec joye pour vous marquer par mes services le zèle et le profond respect avec lesq[ue]ls j’ay l’honneur d’estre etc. Lettre du juge de Bannière à Mr de St Macary Monsieur, J’ay reçu la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’escrire du 29 février avec le mémoire concernant les mines, cristaux, marbre et alum de plume qui sont dans ces vallées de Barrétous, d’Aspe et Ossau et Campan. Il y a quelque tems que j’avois receus une lettre avec un mémoire semblable de la part de Monsr de Fenoyl, votre premier président. J’ay adressé ma réponse à son secrettaire à Pau, qui n’aura pas manqué de luy faire rendre à Paris. Il ne croît point d’alum de plume n’y aucune espèce d’amihante dans l’étendue des montagnes qui forment la vallée de Campan. Il n’y a que la grande carrière de marbre qui est assés connue à la Cour par la grande galerie de Versailles dont il fait le plus grand ornement. L’on a mal instruit Mrs de l’accadémie quand on leurs a dit que l’alum de plume croissoit sur les carrières de marbre de Campan. Il ne croît que sur la cime des montagnes les plus élevées des Pyrennies, dans les vallées de Barèges, Cantures et Alum. Il a pour sa nourriture le rocher qui se termine en un espèce de marbre blanc tirant sur le cristal. Il s’y élève ordinairement de la hauteur d’un pied. /fol. 3 v°/ Les habitans de ces vallées le mettent grossièrement en œuvre, en font des jarretières et des bources qui sont à l’épreuve du feu pourvu qu’il ne soit pas trop violent ; autrement ce lin fond et se calcine. Point de mine dans la vallée de Campan. S’il y en a dans celle de Barrétous, vous pouvez mieux le sçavoir que moy. Il se forme des cristaux dont l’eau est belle dans les endroits à peu près où croît l’alum de plume. Comme les neiges occupent toutes ces hauteurs de montagnes dont il n’est pas possible d’aprocher avant le mois de juillet, il faut attendre ce temps là pour

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avoir de petits morceaux de marbre ou cristal où croît l’alun de plume. Comme vos montagnes de Béarn sont aussi élevées que celles dont je viens de parler comme celles de Barèges et autres, je suis persuadé que l’alun de plume y croît comme sur les autres. Je voudrois bien, Monsieur, avoir en main de cet alun et de ces cristaux. Je vous les envoyeray avec plaisir, ne souhaitant rien avec plus de passion que de vous témoigner et mon estime et que je suis avec respects etc. Joint : mémoire sur les ressources minérales de la vallée d’Ossau [17/52]. /fol. 1/

36 Mémoire de Monsieur d’Espalungue des marbres, cristaux et mine de la vallée d’Ossau Il y a dans la vallée d’Ossau en plusieurs vilages de très beau marbre parmi les rochers de la montagne, particulièrement dans le vilage de Loubie Souviron17 où l’on trouve de très beau marbre blanc qui est distant des maisons de deux coups de mousquet, d’où on a de la peine de le transporter à cause des rochers et du droit chemin pour [sic] où il le faut voiturer dans la plaine. Il y a dans ce même endroit du marbre blanc avec des rayees grises ; ce dernier ne paroit pas si beau. Il y a dans la paroisse d’Iseste18, non loin du vilage parmi les rochers, grande abondance du marbre brun. Il y a aussi du marbre noir et même du marbre gris un peu meslé de blanc. Il y a dans cette paroisse, dans des rochers non loin des marbrières une caverne remarquable d’une beauté fort curieuse nommé l’Espalungue. Elle a son entrée du costé du nord, grande et élevée ; on met près d’un quart d’heure pour aller jusqu’au fond et pour en sortir ; son chemin est fort raboteux quoyqu’aussi large qu’une grande allée en bien des endroits. On ne sçauroit ny entrer ny sortir qu’estant muny de grande lumière à cause de l’obscurité de ce lieu et des endroits détournéz qu’on y trouve. Son élévation est semblable à celle d’un plus haut plancher, son dessus et ses côtés sont remplis de /fol. 1 v°/ mille figures très curieuses que le temps et les eaux y ont formé, elle est remplie de chaves soris [lire chauve-souris] et, de crainte qu’on ne fasse quelque mauvais rencontre, l’on tire quelques coups de fusil avant d’y entrer. Il y a dans la paroisse de Bielle, dans des endroits aisés distans du village, d’un fort beau marbre meslé de diverses couleurs suivant le raport des massons. Il y a dans Loubie Juson19 du marbre gris pareil à celuy d’Iseste non distant de village et qui est mêlé d’ondes blanches. Il y a encore parmy les rochers de

17. Louvie-Soubiron (Pyrénées-Atlantiques). Cette carrière a fourni le marbre des statues de la place de la Concorde et de l’église de la Madeleine à Paris. 18. Izeste (Pyrénées-Atlantiques). 19. Louvie-Juzon (Pyrénées-Atlantiques).

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ce lieu, en certains endroits, du marbre gris cendré très fin, et l’on trouveroit sans doute du marbre en bien d’autres endroits si on en faisoit recherche et qu’on voulût en faire la dépense. Il y a sur la montagne de la valée un quartier nommé la baig deu huern, distant de six lieues de Laruns, au bas d’un grand rocher qui regarde le midy, quantité de petits cristeaux épars parmi les pierres suivant le raport qui m’en a été fait par un homme qui en avoit ramassé deux en passant, dont il m’en a donné un que j’envoye pour échantillon enveloppé dans du papier. Cela même m’a été confirmé par un autre homme qui m’a dit avoir passé par ce même endroit et avoir remarqué qu’il y avoit des grosses pièces de cristal attachées à ce rocher d’où il prétendoit que les gelées avoint fait tomber ceux qui étoint par terre, marqué 1. Dans un quartier de la montagne de Béost appellée Lombré, distant d’environ trois lieues du vilage, il y a des cristeaux d’une grande beauté semblable à trois échantillons que m’ont donné ceux qui m’en ont fait /fol. 2/ raport pour les y avoir ramassé, lesquels j’envoye enferméz dans un linge avec celuy cy devant qui est enveloppé de papier marqué 2. Ils m’ont encore assuréz que, parmy les rochers qui sont dans ce lieu là, il y a des veines de cristal pareilles aux trois échantillons. Je n’ay pu me transporter sur les lieux pour en faire un détail plus circonstancié, ce quartier étant inaccessible dans cette saison à cause de la profondeur des neiges, quoyque dans l’esté l’on puisse y aller facilement. Les mines et les minéraux qui se trouvent sur les plus hauts endroits de la montagne sont inaccessibles dans cette saison et l’on ne peut se transporter sur les lieux pour en faire l’examen que pendant les trois ou quatre mois du plus fort de l’esté et qui ne peut estre plus tost que vers le mois de juillet. Néantmoins, ne m’estant pas contenté des avis qui m’ont estéz donnéz dans mon voisinage de Loubie par des gens qui y avoient travaillé, je me suis transporté le plus près que j’ay pu de la montagne dans le vilage de Béost dont je suis patron, croyant y trouver avec plus d’assurence des personnes qui pourroint m’en instruire, et, en effet, après une exacte recherche, j’ay rencontré un homme entre autre qui m’a dit estre le premier qui avoit rencontré la mine de plomb dont j’envoye trois eschantillons marqué 3 et qu’on m’a dit estre très abondante. Il y a vingt quatre ans ou environ qu’estant sur le quartier de la montagne nommé Battes, il apperceut qu’un homme de Labedan20 qui y estoit aussi, jettoit les yeux souvent sur un quartier d’icelle, lequel il alla visiter après que cet homme de Labedan s’en fut allé. Il trouva des morceaux de matière fort pesante semblable aux échantillons qu’il emporta chez luy, ce qui ayant fait du bruit, il y eut un nommé Marceau de St Gaudens sur la Garonne, se qualifiant d’avoir la commission du Roy pour la recherche /fol. 2 v°/ des mines en

20. Lavedan, autour d’Argelès-Gazost.

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la sénéchaussée d’Oloron en Béarn, à qui il fit voir les échantillons de lad. mine, laquelle ayant examiné, il luy donna ordre d’y faire travailler incessamment, lui donna même la commission par écrit signée de Marceau en datte du quatre juillet 1694, que j’ay veu ; ce fait led. de Marceau se retira chez luy. Quelque temps après, ce paisan commissionnaire, ne recev[an]t point d’argent dud. Sr Marceau pour faire travailler, s’en alla trouver à Pau Monsr de Sanson21, lors intendant en Béarn, avec des échantillons de cette mine, lequel luy donna ordre de luy en porter une quantité raisonnable pour en faire l’espreuve, ce qu’il fit. Mais, voyant que ceux qu’il en avoit chargés ne sçavoint pas bien faire la séparation des métaux, il s’offrit luy même de le faire au moyen d’une grille de fer qu’on luy fit faire et d’un petit fourneau qu’il fit construire en pente, suivant ce qu’il avoit trouvé et leu dans quelque livre. D’où il arriva que le plomb, venant à fondre et trouvant la pente qui l’attiroit au dehors, fut séparé de l’antimoine qui resta dans le feu avec l’autre matière, et m’assura que pour lors de neuf livres de mine il en sortit six livres de plomb. Dans ce même temps, le nommé Vinot se disant Saintongeois, qui disoit avoir la commission du Roy pour faire recherche des mines dans les Pyrainées, après avoir fouillé dans les montagnes d’Aspe sur le bruit de la mine en question, se transporta sur les lieux d’icelle où il entreprit de faire travailler, mais Monsieur de Sanson, intendant, voulant continuer de faire l’épreuve de cette mine, se transporta dans le vilage de Laruns où se trouva aussi led. Vinot avec lequel il eut de vives contestes, lequel se deffendit toujours par la commission qu’il disoit avoir de la part du Roy et ensuite continua de faire travailler /fol. 3/ pendant quatre mois ou environ, fit même porter au vilage d’Asouste22 qui en étoit distant environ trois lieues, quatre ou cinq cents quinteaux de mine, où il fit construire plusieurs fourneaux pour faire la séparation des méteaux, se trouv[an]t près de cet endroit des petits bois d’Asouste et d’Aas23 non distant de demy lieue qu’il avoit par ce moyen en commodité pour faire travailler à la séparation, et on dit que de la mine il en sortoit plus de la moitié de plomb, que dans le surplus il y avoit beaucoup d’antimoine qui jettois [sic] une fumée désagréable et nuisible. Le transport du quintal de mine rendu à Assouste lui coûtoit vingt solz et, après avoir persévéré à plusieurs reprises pendant un an et demi qu’il s’apliqua à faire faire la séparation des métaux soit avec les gens qu’il avoit mené avec des personnes du quartier qu’il employa pour cela, il abandonna cette entreprise et, se retirant, il disoit qu’il luy en avoit cousté cinq ou six mille frans là ou ailleurs. Les endroits de cette mine ne peuvent estre pratiqués qu’environ quatre mois de l’année pendant lesquels l’on pourroit la faire tirer et transporter dans

21. Claude-Joseph Sanson, intendant à Pau de 1692 à 1694. 22. Assouste, commune d’Eaux-Bonnes (Pyrénées-Atlantiques). 23. Aas, commune d’Eaux-Bonnes (Pyrénées-Atlantiques).

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ce [sic] lieux comodes pour la batterie et à portée des bois que l’on n’a pas sur le haut de la montagne qui sont en partie des rochers, et le terrain que l’on y rencontre est du gazon que peuvent paistre les bestiaux environ les deux mois de l’année et qui manque d’herbe le surplus du temps, soit à cause que ce gazon est ras, soit à cause des neiges et des gelées qui les en chassent le reste du temps. Un an ou deux après, le nommé Villars, ingénieur, vint dans le lieu d’Assouste avec le fondeur pour faire l’essay de lad. mine, lesquels on disoit sçavoir faire faire la séparation du plomb et de l’antimoine, et qu’ils y réussiroint. Mais, plusieurs jours après ayant appris /fol. 3 v°/ qu’il y avoit une mine de cuivre dans le quartier de la montagne de Béost distant de trois lieues du village nommé Arrouge24, où il fit travailler pendant trois semaines ou environ suivant ce qui m’a esté assuré par un homme de la parroisse de Béost qui y travailla avec eux pendant led. temps, et qu’ils trouvoint la mine suivant l’indication qu’il en estoit faite suivant le livre qu’ils avoint, qui faisoit connoitre qu’on trouveroit la mine en question si on rencontroit telle qualité de matière qui devoit la précéder naturellement, et m’a asssuré [sic] qu’ils la rencontroint, ainsi que dans le morceau de mine qui en sortoit il y avoit de l’or meslé, sans qu’il en ait gardé aucun échantillon. Et cet ingénieur disoit vouloir faire sa batterie dans le lieu de Béost, y faire ses fourneaux comme au lieu le plus propre pour y avoir le nécessaire plus à portée et, pour y faire travailler avec plus de facilité, proposoit de s’accommoder avec le feu Sieur d’Espalungue pour y travailler dans sa maison de Béost, qu’il regardoit propre pour seconder ses intentions. Mais alors survint un autre ingénieur de ses associés à qui il fit rapport de tout ce qui s’estoit passé, ce qu’estant fait ils se retirèrent tous sans que du depuis on n’en ait plus ouÿ parler. Il est à observer que, dans le quartier où est cette prétendue mine de cuivre, il y a beaucoup de bois aux environs qui commencent à estre en vigueur, ayant esté coupé autrefois. On a opinion dans le quartier qu’on s’est retiré faute d’avoir eu le secret de faire la séparation des métaux de la mine de plomb, où l’on croit qu’il y a beaucoup d’antimoine parmi le plomb. Mais, pour celle de cuivre dont a esté parlé cy devant, on n’a pas ouÿ dire qu’on en eut fait épreuve et, pour en avoir de la mine, il faudroit de nouveau bêcher dans l’endroit où l’on la /fol. 4/ tiroit pour y faire ouverture, celle qui avoit esté faite cy devant estant comblée et ce travail ne peut se faire dans le cœur de l’hyver, mais bien après que les neiges se seront retirées. Il y a quelque particulier qui prétend que lad. mine de plomb est dans le terroir de la montagne d’Aas, montagne généralle et non de celle de Battes, mais tout cela est inutile que ce soit dans le terroir de l’une ou de l’autre qu’on la tire parce qu’elles se touchent et qu’elles sont dans une égale commodité.

24. Non identifié.

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D’ailleurs, ce païsan qu’on assure connoître bien la montagne et qui assure que lad. mine de plomb se tire dans le terroir de Battes, m’a dit avoir trouvé au pied d’icelle plusieurs cristeaux qu’il emporta, dont on luy donna trois livres à Pau. Et qu’en traversant lad. montagne de Battes en passant à celle d’Aas de l’autre costé qui est joignante qu’au fonds d’icelle, on y trouve de la mine bluastre [en marge, de la main de Réaumur : mine bluastre] dont j’envoye un échantillon, et, à un quart de lieue de ce même endroit d’Aas, il a trouvé encore une mine d’une autre qualité encore différente dont j’envoye encore un eschantillon enfermé dans un linge avec le précéd[en]t, qui est de qualité bluastre, et laquelle mine il croit abondante, mais on n’en a fait aucune épreuve. Il m’a dit encore qu’il y a trois ans qu’il a ouÿ dire à deux personnes qu’elles vouloint entreprendre de faire la séparation des méteaux de lad. mine de plomb et qu’ils disoint sçavoir faire et convenoint tous ensemble qu’on pouvoit faire un bâtiment commode et baterie à cinq quarts de lieue de lad. mine où il y avoit de l’eau, dans le quartier de montagne apellé Lay, qui est un même tènement avec celuy de Battes quoyque distant /fol. 4 v°/ de cinq quarts de lieue, aux environs duquel il y a des bois en quantité et un lieu commode pour faire la batterie où l’on pouroit faire voiturer toute la mine nécessaire pour toute l’année dud. quartier de Battes d’où l’on en peut tirer pendant quatre mois, ce quartier appellé de la montagne Ley pouvant estre pratiqué toute l’année pour faire la séparation des métaux et qu’il n’est distant de Béost de plus d’une lieu [sic] et demy ou environ. Mais l’une de ces deux personnes mourut bientost après et la chose en demeura là. On assure que dans Assiotte, montagne de Laruns dont elle est distante d’une lieue, il y a une mine de plomb pareille aux trois échantillons qu’on envoye, qui est abondante et autour de laquelle il y a des bois, et que même il y en a dans la montagne de Billères25 et ailleurs, si l’on en faisoit recherche dans le temps qu’on peut aller sur la montagne. Dans le territoire de Loubie Souviron26, il y a une mine de fert dont jouy Monsr de Loubie en vertu des patentes concédées à ses prédécesseurs par la reine Catherine, moyennant la redevance d’un paire de gents [lire gants] dits vulgairement ondrats, à chaque mutation de seigneur et qu’ainsi franc de fief annuel, et en quoy il a esté maintenant il y a huit ou neuf ans par arrest du Conseil le Roy présent lequel le décharge du dixième de la marque du fer. Pour ce qui est de l’alum ou amiettre porté par le mémoire qu’on a envoyé et qu’on dit croître dans la vallée de Campaà27, je m’en suis informé avec un médecin de ce lieu là, qui m’a assuré n’y en avoir paié, mais que sans doute

25. Bilhères (Pyrénées-Atlantiques). 26. Louvie-Soubiron. 27. Campan (Hautes-Pyrénées).

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du lin incombustible /fol. 5/ que l’on trouve sur des rochers à Barèges en petite quantité pourtant, dont par curiosité on fait quelques fois un tissu duquel on forme une bource dans laquelle on met de l’argent et qu’on jette ensuitte dans le feu où elle paroit toute rouge et insendiée et d’où par après on la retire sans estre du tout endommagée du feu. Mais, dans la saison présente, on ne peut point en envoyer des eschantillons, n’estant pas pratiquable d’aller en chercher sur les rochers couverts de neige. L’on a obmis de dire cy devant que la mine de plomb dont on envoye trois échantillons, est dans le quartier de la montagne nommé Battes, qui appartient à cinq particuliers dont je suis du nombre, ainsi que tout le reste de la montagne d’Aas et tous les bois qui y sont dont on a parlé, en vertu d’une transaction passée il y a plus de quatre vingt ans et sur quoy il y a quelque co[n]testes. J’ay donné des ordres pour me procurer des échantillons de quelque autre mine qu’on m’a venté dont je donneray des mémoires à proportion que j’en recevray et qu’on souhaitera que j’en suive cette affaire. L’on vient de me porter des échantillons de cinq sortes de marbres dont j’ay parlé cy devant, que j’envoye à Pau au cas on juge de les envoyer et que le rapport que j’ay fait cy devant ne suffit pas, n’en ayant pu avoir davantage à cause des mauvais temps. Joint : mémoire sur des ressources des vallées d’Ossau et de Barrétons, s.d. [17/43/b]. 37 Mémoire du Sieur de Bébordes Réponse au mémoire de Monseigneur le premier Président au parlement de Navarre Premièrement dans la vallée d’Ossau, et au village d’Assouste, il s’y trouve une mine de plomb dont la qualité est très bonne ; elle est même sy abondante qu’elle rend 70, 75 jusques à 80 pour cent, mais la qualité d’antimoine qui s’y trouve confondue, rend une odeur insuportable et uze et consume toutes les grilles servant à la séparation. 2° Dans la même vallée, et au lieu de Billères28, il s’y trouve encore une mine semblable avec les mêmes circonstances de l’article précédent. 3° Dans la vallée de Barettous, au lieu de Féas, il s’y trouve encore une mine de plomb très fin et qui donne 50 pour cent, dans laquelle il n’y a nul mélange d’antimoine ny d’autre minéral. 4° Dans la même vallée, il s’y trouve encor une mine qui ressemble à du marbre blanc ou à l’émail, dans laquelle il s’y trouve quantité de grains qui ont du rapport à l’or et à l’argent. Ceux qui se sont apliqué à connoître ce que ce 28. Bilhères.

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peut estre ont convenu que l’intelligence leur manquoit pour discerner ce que ce peut estre. À quoy on ajoute que les neiges qui sont extrêmement hautes dans les montagnes, empêchent de sçavoir d’autres circonstances et dont on ne peut estre instruit qu’après la fonte d’icelles, qui n’arrivera que vers le milieu de l’été. Le sieur de Lacoarret, ad[vo]cat, m’ayant assuré qu’un homme luy remit il y a quelques temps quatre qualités de mines, la première fut trouvée de fer, la 2e de plomb, la 3e de cuivre et la 4e d’argent, ce qui pourra de férifier [sic] pendant led. temps. Joint : mémoire sur l’amiante, s.d. [17/38/a]. /fol. 1/

38 Mémoire d’un médecin de Bannière sur l’alun de plume Il n’y a personne en ce païs qui puisse donner des éclaircissemens précis au sujet des mines qui peuvent estre dans les vallées d’Ossau, d’Aspe et de Barettous. On assure seulement que, par les expériances qui ont esté faites de nos jours, les frais qu’ils font faire pour le travail de ces mines excède [sic] le profit qui en peut revenir. Il y a néanmoins une mine de plomb en Barettous à laquelle on s’est opiniâtré et on y travailloit même l’esté passé, dans l’espérance que la mine deviendroit plus féconde, mais un gentilhomme de cette vallée qui y a esté souvent présent aux traveaux qui se faisoit [sic], assure qu’on ne trouve plus dans cette mine que de petits rameaux de mine, en sorte que la besongne devenoit trop chère afin qu’on la pût continuer. Si on a un vray désir de scavoir la vérité des choses, il est nécessaire d’envoyer dans ces vallées quelque homme habil et du métier, parce qu’il se peut que c’est par la faute et l’ignorance des gens de ce pays que les frais pour le travail des mines sont si grands. /fol. 1 v°/ Pour ce qui est des marbres, il y en a suivant la commune opinion dans lesd. vallées des plus beaux de monde, mais ils ne peuvent estre tirés ny transportés qu’avec des frais infinis. À l’égard de l’alun de plume, voicy un mémoire qui vient de faire là dessus un médecin de Bagnères. L’alun de plume ou la pierre que les Anciens appelloient amyanthus, ne croît point dans la vallée de Campan. Il n’y en est jamais venu non plus que sur la carrière de marbre. On le trouve assés communément sur les plus hautes et les plus arides montagnes de Baretges29, et surtout sur quelques montagnes qui sont sur le port d’Espagne, dans le voisinage de Baretges. Il n’est pas si rare qu’on pensoit dans le commencement puisque les paysans qui sont aux baings de Baretges et dans le voisinage, en font à leur manière des jarretières qu’ils vendent soit aux baings soit à Bagnères. Il m’en est souvent tombé entre 29. Barèges (Hautes-Pyrénées).

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les mains dont ce qui tenoit à la terre estoit le plus beau cristal du monde et le haut du fin lin, que nous appellons incombustible. J’ay connu un Père de la Doctrine Crestienne qui avoit le secret de le filer et en faisoit des mouchoirs et des bources. Je vous envoye un eschantillon qui est /fol. 2/ dans la boëtte cy jointe, qui n’est pas dans sa perfection. J’y ay ajouté une espèce de jarretière. Je ne sçaurois déterminer le temps que la nature mest à le reproduire sur le même rocher. Ce lin qui ne brusle point au feu de roue, se met comme en lingot semblable à la crasse du fer quand on le jette dans un creuset rouge et ne conçoit point de flamme. On le met en poudre facilement et je me suis souvent servy de cette poudre pour des vieux ulcères aux jambes. C’est tout l’usage que j’en ay fait. 4. - s.d. [après octobre 1716] : note de Réaumur sur l’alun de plume [17/38/b]. Alun de plume Il se forme peut être comme les sels de certains pirites de Passi30 qui ne diffèrent de l’alun de plume qu’en ce qui [lire qu’ils] sont plus courts. Ou l’alun de plume est formé avant le cristal, ou le cristal est formé avant l’alun de plume. Si le cristal est formé avant l’alun de plume, donc ce cristal est devenu alun. Les morceaux d’alun qu’on trouve dans le cristal le démontre que le cristal soit formé avant l’alun. On le prouve parce que l’alun est appuié sur le cristal. [croquis en marge31] Autre preuve excellente prise des morceaux d’alun qui forment deux couches et où a et b est pierreur. Et même je crois la ligne cc, d’où il semble évident que les couches a cc, cc b étoient deux couches de pierres différentes. Il n’y a que les pierres qui se divisent en longs feuillets de propres à donner de l’alun de plume. Il n’y a qu’elles d’assez longues. Faire calciner de l’alun de plume pour en tirer de l’alun. Mettre de l’alun de plume dans l’eau pour voir si il ne s’altérera pas, si les sels ne se dissoudront point. Le 8 octobre 1716, j’en ai mis un gros et demi et 22 grains, ou deux gros moins quatorze grains dans l’eau. 5. - s.d. : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/42]. Pau Les divers mémoires que Monsieur de Fenoyl a fait venir de Béarn nous donnent déjà des éclaircisements sur les mines des Pirennées et nous font espé30. Passy (auj. Paris). 31. Voir Fig. 18 et 19.

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rer que nous aurons d’excellentes instructions, lorsque les neges n’empêcheront plus de parcourir les montagnes. Ce que nous avons demandé sous le nom d’alun de plume, ou améanthe, est ce que l’on nome dans le pais lin incombustible et dont un médecin de Bannierre a envoié un échantillon. On souhaiteroit avoir un petit mémoire sur la manière dont les paisants de Bagnères le travaillent, et des échantillons des ouvrages les plus parfaits qu’ils en sachent faire. Monsieur de Jasses raporte dans son mémoire que l’alun de plume luy est inconnu, mais qu’il auroit pu envoier des échantillons d’alun commun. L’alun commun mérite attention. Y seroit utile d’examiner si il y a des endroits où l’on en puisse trouver abondamment, et nous verrions avec plaisir des échantillons de celuy que l’on a rencontré. Nous souhaiterions de plus qu’ils fûssent accompagnés de mémoires qui apprisent les endroits où on les trouve, à quelles matierres ils tiennent, de quelles matierres ils sont environnés, et qu’on y joignist des échantillons de ces matierres. Nous souhaiterions de pareilles instructions sur toutes les matierres minérales, pierres et terres singulières des Pirennées. Si on en rencontre qui paroissent extraordinaires, on nous fera plaisir d’en ramasser, quoiqu’on ne scust ny leurs noms, ny leurs usages. 6. - 20 juillet 1716 : d’Espalungue à Fenoyl, copie [17/43/a]. /fol. 1/ 109 Copie de lettre de Mr d’Espalungue à Mr le P[remier] P[résident] de Pau Mes précédents mémoires touchant la description de la valée d’Ossau et des minéraux dont on m’avoit donné des échantillons, que j’ay eu l’honneur de vous envoyer, n’estant pas signés de moy et auxquels sans doute il faudra avoir recours pour éviter la prolixcité [sic] du présent mémoire, se pouront aisément trouver parmy ceux que d’autres pouront avoir envoyé pour d’autres endroits, non seulement par raport aux montagnes de la valée d’Ossau le long des Pirennés dont sans doute aucun autre en aura parlé, mais encore par la conformité de l’escriture du p[rése]nt mémoire que j’ay fait escrire de la mesme main que le précédent pour pouvoir y avoir recours plus facilement. [en marge : mine de Peyranère] Le 15 juin 1716, je me suis transporté avec un maçon et autres personnes au cartier de la montaigne de Loubie Juson32 apellé Peyranère, m’estant certifié que les neiges y avoient fondu depuis quelques jours, pour prendre des échantillons d’une mine ou pierre qui avoit fait beaucoup de bruit ; vers lequel cartier j’estois party de la parroisse de Loubie Juson vers les quatre heures du matin et ne m’y rendis que vers les 10 heures, tousjours en montant, partie de temps à cheval, partie à pied, où pourtant une beste chargée peut aller estant conduitte.

32. Louvie-Juzon.

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L’ouverture de cette mine prétendue est dans le talus de cette montagne, à une distance considérable du haud d’icelle, exposée au nort, entourée d’un terrain gazonné d’environ 300 pas de tous costés au bas duquel et du costé du couchant il y a de grand bois que ne sont esloignés des préries de la parroisse de Castet que d’environ ¾ d’heure de chemin, dans lesquelles prairies les habitans de Castet y ont quantité de granges pour y serrer leurs foins et leurs bestiaux en certains temps de l’année, quand ces lieux peuvent estre pratiqués. L’ouverture de cette mine, quoyque dans le penchant, a pourtant par le bas un peu d’esplanade à cause du terrain qui y a esté besché ; elle est à son entrée de la largeur d’environ 4 pas et de la hauteur du plus grand homme et quasy du double en profond par le bas finissant en pointe et en triangle où un homme a peine à se placer, y ayant peu de cavité par le haud à cause du talus du terrain qui par haud vient en se retirant ; en montant le fonds de cette cavité est ainsy resséré parce que les travailleurs se sont trouvés arrestés par la force d’un rocher de marbre blanc où il falloit beaucoup travailler, dans lequel se rencontrent les vaines de la matière que l’on cherchoit, duquel pourtant je fis enlever quelques échantillons à coups de marteau. Mais, ayant apperçu vers l’entrée et à costé gauche d’icelle une grosse pièce de marbres blanc en quarré de la grosseur d’un homme qui pourtant n’avoit que de 3 à 4 pams de long, où il paroissoit quelques veines au dehors de bleu, /fol. 1 v°/ verd et de roux, semblables à celles qui estoient sur le marbre dans le fonds de cette cavité, j’occupay mes travailleurs à dégager cette pièce de plusieurs autres pièces de pierres de différentes qualités, dont elle estoit environnée et meslée de terres sans pourtant estre liées entr’elles par aucune vaine, laquelle enfin ayant esté mise par terre, je la fis fendre en long par le milieu à coups de marteau et il se trouva que dans les 2 moitiés de cette pièce fendue, il y avoit dans le milieu de chacune une veine de la largeur de 3 doigts d’un bout à l’autre meslée de vert bleu et roux, et le surplus de la pierre aux costés de cette veine estoit de marbre blanc. Je fis enlever à coups de marteau des échantillons de cette veine du milieu meslangé de cesd. Couleurs, dont j’envoye une partie dans un petit sachet avec une étiquette au dessus du nom de la montagne dont il est sorty nommé Peyranère, que j’ay mis aussy au commencement et à la marge du p[rése]nt mémoire qui en fait mention. J’ay mis encore dans le petit sachet quelque petit morceau de cuivre qu’on m’a asseuré estre sorti de cette sorte de matière. J’adjouteray qu’il me semble que cette matière dont j’envoye les échantillons ne me paroist pas abondante. [en marge : mine de Hournateig] Le 13 juillet 1716, estant adverti que les neiges avoient avancé de fondre, je partis de Loubie Jusson pour aller coucher à Béost, distant de deux heures de chemin, dont je partis le landemain à cinq heures du matin et n’arrivay que vers les 10 ou 11 heures dans le quartier de la montagne de Béost appellée Hournataig, joignant la Herrère, accompagné d’un homme qui avoit travaillé trois semaines avec d’autres dans cet endroit par ordre du Sr Binot, dont j’ay parlé dans mes précédents mémoires. Où estant

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arrivé, je trouvay qu’il y avoit un rocher de la hauteur du plus haut plancher exposé entre le levant et le midy et qui avoit environ 6 pas de face, et qu’au bas d’iceluy il y avoit une petite carrière crusée [sic] en manière de rigole, où il y avoit beaucoup de terre remuée, à travers laquelle je trouvay des fracments de mine dont j’envoye des échantillons que cedit homme qui avoit travaillé avec led. Sr Binot beaucoup au dessous de lad. terre remuée qu’il avoit abandonnée par la difficulté qu’il avoit trouvée d’aprofondir et s’estoit terminé à faire une ouverture dix ou douze pas plus bas dudit /fol. 2/ rocher pour percer plus facilement le terrain pour aller joindre la mine où il fit travailler plusieurs jours, après quoy il se retira. Il faudroit beaucoup de travail pour oster les terres éboulées sur le commencement de la cavité qu’il avoit entrepris de faire pour aller joindre la mine qui joignoit le rocher, comme aussy pour oster les terres qui sont sur la rigole qui est le long du rocher où est la mine qui se trouve sérée entre ledit rocher et un petit rocher au dessous. Cet homme adjoute ainsy qu’il m’a paru que cette mine n’est pas fort abondante. L’endroit de cette mine n’est distant qu’environ d’une grosse demi heure de chemin de plusieurs villages de Labedan33, que l’on voit de cet endroit de la montagne au bas de laquelle joignant le terrain desd. villages de Labedan, il y a un ruisseau abondant nommé l’Oson34, sur lequel on peut dresser une batterie. Il y a aux environ [sic] un grand bois naissant en place du vieux qui a esté couppé autresfois. Les bestes chargées peuvent aller et venir à l’endroit de lad. mine. L’on m’a asseuré que de l’autre côté d’icelle, l’on y avoit tiré de la mine de fer qui, ne s’estant trouvé liante à cause du cuivre qu’on y trouve meslé, fut abandonnée. Les échantillons de la p[rése]nte ont esté mis dans un petit sachet au dessus duquel est une étiquette où est escrit le quartier de la montagne nommé Hournateig d’où elle a esté tirée ; ce mesme nom de Hournateig a esté mis aussy à la marge du présent mémoire où j’ay commencé de parler de la p[rése]nte mine. [en marge : mine de Battes] Le 14 juillet, je partis de Béost à quatre heures du matin vers le quartier de la montagne d’Aas appellée Battes, appartenante à plusieurs sociétaires dont je suis du nombre, où je n’avois jamais esté, accompagné de quatre hommes qui connoissoient les endroits, et passay par le vilage d’Aas distant de celuy de Béost d’une demy heure de chemin. J’arrivay à l’endroit de la mine environ sur les onze heures, mais une heure et demy avant que d’y arriver je fus obligé de laisser mes chevaux le long d’un lacq, ne pouvant aller plus loing ny plus haud qu’à pied seulement et par des chemins estroits et des rochers escarpés par lesquels des bestes chargées ne peuvent point passer, et avant de /fol. 2 v°/ pouvoir aprocher le rocher où est la mine qui est exposée au midy et qui dans son milieu peut avoir quinze pams de haud, et de là en avant vient en pente de deux costés tout le long de sa face qui 33. Lavedan. 34. Ouzon.

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peut avoir par bas cinquante pas de large ou environ, avant dis je de pouvoir aprocher la mine qui est vers le milieu du bas dud. rocher, je fus obligé de passer sur la neige glacée environ quarente pas, qui joignoit led. rocher au bas duquel on découvrit une petite rigole de la largeur d’un pam bornée de l’autre costé d’un rocher par le bas, sur laquelle rigolle il y avoit quelque terre remuée que je fis oster pour cruser [sic] de la mine dans le fonds dans la longueur de 3 ou 4 pas, le surplus de cette rigole qui va tout le long de la face de ce rocher plus ou moins large en certains endroits estant couvert de neiges profondes et, voyant que le travailleur qui tiroit de la mine avec le marteau, ne tiroit que de petits échantillons estant un peu serré dans cette carrière, je pris moy mesme son marteau pointu et en fis sortir plusieurs échantillons dont il sortoit une odeur si mauvaise que je sentis l’impression de cette odeur plus de trois quarts d’heur [sic] après avoir quitté cette mine, dont j’envoye des échantillons dans un sachet avec une étiquette au dessus où est escrit le nom de Battes qui est le quartier de la montagne dont elle a esté tirée, et que j’ay fait mettre en appostile à la marge dans l’endroit où j’ay commencé d’en parler. Si l’on brise ou si l’on fait fondre les eschantillons que j’envoye, l’on sentira sans doute la mesme odeur que celle qui m’en est revenu en hurtant la mine qui estoit exposée aux ardeurs du soleil quoyqu’au milieu de la nège. Cette mine m’a paru estre abondante et est fort pesante ; elle ne peut estre transportée de cet endroit à la distance d’une heure et demy de chemin que par des personnes et après elle peut estre transportée par des bestes en les conduisant vers le village d’Aas qui en est le plus près et vers lequel il y a encore quatre heures de chemin ou environ. Mais, dans la route de ces quatre heures de chemin, il y a un quartier de montagne nommé Ley, /fol. 3/ qui est un esplanade de prérie environnée de grands bois, par le milieu de laquelle découle un ruisseau fort et abondant, nommé le Valentein35, qui a son cours vers le vilage d’Aas qui est distant de cet endroit environ de deux heures de chemin. L’on peut dresser une batterie sur ce ruisseau dans cedit quartier de montagne nomme Ley, qui peut estre habitée tout [sic] l’année sans y estre embarassé de plus de neige que l’on le seroit au village d’Aas, en telle sorte que partant dud. vilage d’Aas pour l’endroit de la mine, l’on ne pouroit faire qu’un voyage par jours pour porter de la mine aud. vilage d’Aas au lieu que dud. quartier de Ley, où l’on pouroit faire une habitation, l’on pouroit faire deux voyages par jours, outre la conduitte du bois que l’on a aux environs en abondance et comme l’on ne peut tirer de cette mine qu’environ deux mois et demy de l’année à cause des neiges, on pouroit pendant led. temps en faire arracher et charrier, pratiquant un petit couvert pour les travailleurs comme avoit fait autresfois led. Sr Binot quand il y faisoit travailler au pied de lad. mine.

35. Valentin.

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[en marge : mine de Disco] M’en retournant de la susd. mine, en la distance d’une demie heure de chemin du vilage d’Aas, j’entrepris de monter sur la montagne nommé Disco, garnie de rochers et de bois en quantité, qui est limistrophe avec les Eaux Bonnes, au haud de laquelle il me coûta une heure d’arriver, n’ayant pu me servir de mes chevaux qu’environ la moitié du chemin, le surplus en haud estant obligé de monter à pied par des chemins étroits dans le rocher. Et estant arrivé sur le haut je descendis quelque pas du costé du midy vers une mine que le Sr Binot avoit fait ouvrir, où il avoit fait faire une ouverture d’environ quinze pas de profondeur. Mais, à la portée du pistolet d’icelle m’estant trouvé arresté par la difficulté de pouvoir aller plus avant tant à cause que cet endroit de la montagne me parut trop droit, sans arbres, exposé à un abisme afreux, qu’à cause de la lassitude et la fascheuse journée que je venais d’essuyer, j’obligé /fol. 3 v°/ un de mes guides qui y avoit esté autrefois lorsque led. Sr Binot y travailloit, d’aller à ma présence jusques à l’ouverture de la mine où il trouva quelques échantillons parmy les terres remuées et aussy vers le milieu de la cavité, qu’il me raporta, n’ayant peut pénétrer jusques au fonds à cause de terrain éboulé, m’asseurant que la mine qu’avoit tiré led. Sr Binot de cet endroit estant la mesme chose que l’eschantillon que j’envoye dans un sachet, au dessus duquel est l’étiquet de cartier de la montagne nommé Discot où se trouve la p[rése]nte mine, et lequel nom de Discot j’ay aussy mis à la marge de l’endroit où j’ay commencé d’en parler cy devant. Ce guide me dit que cette mine ne luy paroist guère abondante et il me sembla qu’on pouvoit adoucir le passage près la mine en travaillant contre la montagne sur le bas de la montagne et de ce bois nommé Discot. Avant de le monter, on trouve le ruisseau nommé Valentin, abondante et rapide, sur laquelle on peut bastir et dresser une bastrie. Les bois y sont aux environs en quantité, le tout distant par bas d’environ une demie heure de chemin du village d’Aas. Monsieur le juge de Baignères s’est chargé, à ce qui m’a esté dit, d’avoir des échantillons de lin incombustible que l’on trouve sur le haud des rochers de Barèges en petite quantité, dont je suis très esloigné et luy plus près de dix à douze lieues, et l’on doit attendre la fonte des neiges pour en avoir, m’ayant esté asseuré que les petits ouvrages grossiers qu’on en fait sont fort peu de choses. S’il vient quelque’autres choses à ma connoissance, j’auray l’honneur de vous en faire part. Cependant je m’estimerois fort heureux et dédomagé de mes peines si j’avois l’avantage d’avoir pu trouver quelque chose jusques icy qui fut au gré de Monseigneur le duc d’Orléans et qui respondit au désir ardent que vous avez de seconder à ses intentions par la quantité des personnes que vous avez employé pour cela vous asseurant qu’on ne /fol. 4/ peut estre avec plus de respect et d’attachement que j’ay l’honneur d’estre, Mr [etc.]. Spalungue à Loubie en la vallée d’Ossau en Béarn, le 20e juillet 1716.

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[en marge : marbre du pays de Pachoüan] Avant de fermer ma lettre j’ay esté avertie qu’un masson qui avoit découvert aux montagnes de Biel36 du marbre meslé de quelques couleurs dont j’avois parlé dans mon précédent mémoire estoit arrivé d’un voyage qu’il venoit de faire. Je me suis rendu à Biel le 21 du courant distant de Loubie de dix lieues, avec lequel masson je suis partis de Biel sur les 6 heures du matin vers la montagne d’Aspeix appartenent à Biel et Bilhères et en l’endroit appellé le pays de Paschoüan où j’ay trouvé en pente dans la montagne des grandes et longues couches de pierres de marbre blanc se joignant le uns les autres, environnée d’arbres et couvertes de mousses où il ne paroissoit point qu’on y eut jamais tiré du marbre dont ayant fait prendre les échantillons à coups de marteau il s’est trouvé qu’il y avoit des couches de marbre blanc simplement. D’autres membres [sic] blancs avec des veines rouges et d’autres avec des veines verdâtres dont j’envoyé des échantillons dans un sachet avec un [sic] étiquette sur laquelle est le mot de marbre de Pachoüan qui est l’endroit dont il a esté tiré ; et pareils mots sont mis à la marge de ce mémoire pour pouvoir y avoir recours facilement. J’ay mis trois heures de temps à cheval à aller de Biel à la susd. marbrière et retourner à Biel, les voitures du cartier peuvent aller quérir du marbre dans le susd. endroit, il en coûteroit pour faire des ouvertures à cette marbrière ne paroissant pas qu’on y est jamais travaillé si l’on vouloit en faire tirer la superficie pour l’ordinaire estant moins belle que le dedans. 7. - s.d. [été 1716] : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/68]. Pau Les mémoires que Monsieur du Fenouil37 continue d’envoier à SAR Monseigneur le duc d’Orléans, font voir qu’il a chargé des personnes intelligentes d’examiner les mines et minéraux des Pirennées, et qui s’en acquitent avec soing. La dernière letre de Mr d’Espalunge est un bon supplément au mémoire qu’il avoit donné cy devant. On y voit les peines qu’il a prises pour examiner les mines de la vallée d’Ossau. On a trouvé des observations fort curieuses dans la lettre de Mr Borry sur l’alum de plume, et on a vu avec plaisir les morceaux de cet alun, les cristaux et la terre qu’il a envoié. On auroit sur cette matière à demander quelques éclaircisements. 1° Quelle largeur ont communément les veines d’alun de plume et quelles sont les plus larges qu’on ait trouvé. Si ces veines sont continues ou si elles ne

36. Bielle (Pyrénées-Atlantiques). 37. Le 1er août 1716, l’intendant informe le duc de Noailles que “ le S. Moissionnier, secrétaire de M. de Fenoyl, premier Président du Parlement de Pau, m’a encore adressé une boete plaine de matières des mines des Pirennées, que j’ay fait mettre au carosse qui partira samedy prochain huit de ce mois, à votre adresse ” (BnF, ms fr. 11376, fol. 84).

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sont point coupées d’espaces en espaces, soit par de la terre, soit par du cristal ou de la pierre. 2° Quelle direction ont les fils d’alum de plume quand ils sont dans la veine, c’est à dire si ils sont parellèles [sic], perpendiculaires ou inclinés à l’horizon. Si dans différentes mines leur inclinaison est la même ou si elle varie. 3° Si les veines elles mêmes ont une direction constante. 4° Si on ne trouve jamais d’alun de plume sur la surface même du rocher. À quel profondeur on creuse communément avant de le trouver. 5° Ne trouve t’on pas des pierres comme des cristaux, au travers desquels passe l’alun de plume, et ne rencontre t’on point d’alun de plume dans des endroits où il n’y a point de cristal. 6° On verroit avec plaisir des cristaux et des pierres de différentes couleurs auxquels l’alun de plume est attaché, et quelque morceau de cristal plus grand que ceux qui ont été envoiés, où l’alun fust attaché. 7° N’en trouve t’on point quelquefois de renfermé de touts côtés dans la pierre ou le cristal, en sorte qu’il ne communique avec aucune veine. 7° [sic] En cas qu’on envoie encore quelques matierres qui regardent l’alun de plume, on prie qu’on y ajoute environ un carteron ou une demi livre pesant de la terre qui le touche quelquefois. On voudroit faire sur cette terre des expériences auxquelles le petit morceau qu’on a reçu ne scauroit suffire. 8. - s.d. [avant septembre 1716] : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/34]. Baionne Des gens qui méritent croiance on[t] excité la curiosité de l’Académie sur les mines de fer des environs de Baionne et sur la manière dont on les fond. Ils ont assuré que pour fondre ces mines, on ne se sert point de grands fourneaux comme dans tout le reste du roiaume, que des forges semblables à celles où on affine ailleurs les geuses [sic] sufisent aux environs de Baionne pour convertir la mine en fer. En cas que le fait soit certain, on souhaiteroit fort avoir des mémoires détaillés, qui apprisent : 1° où sont précisement ces mines de fer, si elles sont profondes et abondantes, comment la matierre minérale y est disposée. 2° tout ce qui regarde la manière dont on fond cette mine, combien on en fond à la fois, ce qu’un certain poids de mine donne de fer, combien en est de temps à fondre cette quantité de mine, etc. 3° On demanderoit surtout des deisseins des fourneaux où l’on fond la mine et de tout ce qui a raport à la manière de la convertir en fer. 4° On voudroit aussi avoir des morceaux de ces mines, de la fonte qui en vient et du fer que donne la fonte afinée.

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9. - 5 septembre 1716 : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/105]. /fol. 1/ 5 septembre 1716 Auch38 Les mémoires que Monsieur Legendre39 a envoiés sur la mine de fer de Biriatou, auprès de Baionne, et sur celles de Navarre montrent assez combien il a pris de soing pour donner à l’Académie des sciences les instructions qu’elle avoit souhaité. Il reste pourtant quelques éclaircisements à demander. Le mémoire sur les minières de fer de Biriatou marque qu’il y a près de 40 ans qu’on n’y a tiré de la mine. Cependant, dans ce mémoire, on explique en détail comment on travaille cette mine pour la convertir en fer et l’on décrit les fourneaux propres à la fondre. Raporte on ce qu’on a ouï dire qu’on pratiquoit autrefois, ou ce que l’on pratique actuellement dans quelques endroits des environs pour la fusion de la mine de fer. On auroit soupçonné qu’on s’en étoit tenu à rapporter ce qui se pratique en Navarre si un mémoire sur la manière dont on travaille le fer dans ce pais /fol. 1v°/ et les deisseins dont il est accompagné, ne faisoient voir que les pratiques n’y sont pas fort différente de celles du reste du roiaume, au lieu que, dans le mémoire sur la mine de Biriatou, on marque que le fourneau est fait d’une chaudière de cuivre de sept pieds de diamètre. On voudroit fort avoir un deissein de cette espèce de fourneau, mais plus détaillé que ceux des fourneaux de Navvarre [sic], et que toutes les parties du fourneau fussent marquées par des letres qui renvoiassent à l’endroit où l’on expliqueroit l’usage de ces parties. 2° Dans le mémoire sur la manière dont on fond la mine de fer en Navarre, on marque qu’on tire la masse fondue de dedans le fourneau avec des tenailles. Es ce qu’on n’y donne pas comme ailleurs écoulement à la matierre en fusion par un trou qu’on perce dans le fourneau ? Laisseroit on refroidir ou figer la matierre dans le fourneau ? Cela mérite explications. 3° Les mines de turquoise des environs de Simmore ont excité depuis longtems notre curiosité. Monsieur d’Imbercour40 nous a procuré divers mémoires sur ces mines et, /fol. 2/ à en juger par ces mémoires et par ce que nous ont raconté des personnes du pais, on pourroit sans grand frais faire ouvrir quelqu’unes de ces mines qui ont été peu creusées et qui ne sont pas recouvertes de beaucoup de terre. Si cela étoit possible, nous souhaiterions fort qu’on tâchast de tirer de ces minières des morceaux de matierre brute des plus gros

38. Voir note 1, p. 605. 39. Gaspard François Legendre de Lormoy (1668-1740) est nommé à la tête de l’intendance d’Auch et Béarn le 2 mai 1716, après avoir été intendant à Montauban (1699) ; il sera ensuite nommé à Tours (1718-1721). 40. Jean-Baptiste Louis Laugeois d’Imbercourt (1670-1734), intendant à Montauban de 1714 à janvier 1720.

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et des plus entiers qu’on pourroit avoir, et des échantillons de toutes les différentes espèces de pierre, de terre et de sable qu’on rencontre jusques as qu’on soit arrivé à la matierre qui fournit les turquoises. Enfin, on nous feroit plaisir de rassembler sur cette matierre le plus de mémoires qu’on pourra. On a ouï dire aussi qu’aux environs d’Auch, il y a eu quelques mines de turquoise connues. Les connoitroit on encore à présent ? 4° On auroit à demander à Monsieur Legendre qu’il voulust bien nous envoier des mémoires comme nous en avons eu de presque toutes les généralités du roiaume, qui apprisent ce que la sienne a de singulier en pierres, terres, mines, matierres minérales, et ce qu’on y fait de plus remarquable par raport aux arts. 10. - 9 septembre 1716 : procès-verbal par Fousjean de l’examen des mines de Navarre, Pau et Béarn, fait le 9 août 1716, Paris [17/40]. 9 aoust 1716 Navarre Pau Béarn Essais par Mr du Fenoul et examen fait des mines et minéraux marqués soubs les numéros suivans par de Fousjean, cy devant directeur général des mines d’argent de la Haulte Alsace. Le

n° 1er

st

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n° 2 n°3

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n°4

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n°5

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n°6

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n°8

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n°1 de Mendiry

paroist estre une veine riche en cuivre et tenir quelque peu d’argent. manque. paroist être aussi une veine de cuivre moins riche et sans argent. est une bonne mine de plomb qui étant bien préparée rend 60 liv. de plomb doux par quintal de cent livres. sont des grenailles de veines de cuivres qui se sont tournées en vert de gris pour avoir restées longtemps dans l’eau, ou à l’air ou dans de la terre des décombres des fosses anciennes d’où ils sont sortis. ne sont que des grenailles terrestres, qui indiquent des veines de cuivre au dessous du lieu où l’on les trouve. n’est qu’une semblable marcassite plus éloignée n’étant qu’une terre pétrifiée en partie et stérile en soy dont le vert dénote une montagne de cuivre au dessous. ne dénotte que du fer et une mine d’étein au dessoubs qui mérite plus d’étude.

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n°2 n°3 n°4 n°5 et 6 n°7

m. id. id.

n°8 n°9 n°10 n°12

id. id. m. m.

id.

n°11

n°12 n°13, 14, 15, 16 et 17 n°18 n°19 n°20 n°21

n°22 n°23 n°24, 25 et 26 n°27 n°28

n°29 n°30

41. Pyrite.

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est une mine de kisse41. idem. ne semble que du fer. manquent. semble estre une vraye mine abondante en vif argent. n’est que de la terre et pierre ferrugineuse. n’est qu’une pierre de fer. manque. est une très bonne mine riche de plomb qui rendra toujours 50 à 60 livres de plomb par quintal étant aussi pure qu’est le échantillon présent. est un morceau de mine de kisse qui est vieil tiré des fosses et qui a séjourné long temps sur terre ou dans l’eau. voyé ci-dessus. manquent. est une mine de kisse pure. ce sont aussi des petites veines de kisses. est aussi une kisse de pyrite dure et ferreuse. n’est que de la terre superficielle mal pétrifiée qui porte quelques filets de kisse jaune et blanche ou marcassites de cuivre. manque. n’est qu’un morceau de pierre superficielle d’un rocher. manquent. n’est aussi que de la pierre stérile. est une veine de pierre savoneuse qui porte des grains de kisse ou souffre grossier qui dénotent une veine de cuivre ou de kisse au dessoubs et d’or. manque. est une pierre ferreuse qui pouroit tenir du vif argent si son poid et sa couleur aprochoient de celle du n° 7 m ci-dessus.

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n°31 et 32 n°33

manquent. est une véritable kisse blanche qui semble fort aux mines d’or si elle étoit fresche coupée, mais co[mm]e elle paroist estre vieille coupée et avoir séjourné longues années à l’air, dans de la terre ou dans l’eau le jugement en est inutile à moins qu’on en ait la veine réglée de même que de toutes les autres kisses blanches ci dessus, qui sont les véritables pyrites et marcassites des mines d’or, de même que les veines des mines cuivreuses qui y conduisent. fait et délibéré à Paris, ce 9 septembre 1716, par moy de Fousjean 11. - 2 octobre 1716 : Legendre de Lormoy au Régent, Saint-Jean Pied de Port [16/10/m/i/a]. Monseigneur, J’ay eu l’honneur de mander à VAR le vingt du mois passé qu’en conséquence de la lettre dont elle m’a honnoré le 30 aoust dernier, pour avoir de plus amples éclaircissemens sur les mines de Navarre que ceux qu’elle avoit receus de M. de Fenoyl et de M. Jasses, je me donnerois toutte sorte de soins pour l’exécution de ses ordres pendant le séjour que je ferois à St Jean Pied de Port, où j’ay été pour la tenue des états de Navarre. Je n’ay pas manqué, Monseigneur, d’y faire venir en arrivant les mineurs des forges de ce pays là pour en avoir des instructions plus détaillées, afin de dresser sur cela des mémoires qui pussent satisfaire la curiosité de VAR ; mais ils m’ont répondu qu’ils n’avoient rien à ajouter à ceux qu’ils m’ont cy devant fournis sur cette matière. Je leur avois demandé, Monseigneur, en conséquence des ordres dont VAR m’avoit honnoré, par sa lettre du [blanc] may dernier en m’envoyant un mémoire de l’académie des Sciences sur les mines des environs de Bayonne. J’eus l’honneur d’adresser en réponce à VAR, le 17 aoust dernier, deux mémoires sur ces mines et un autre sur celles de Navarre, avec des morceaux de mine blanche et de mine noire et des échantillons du fer qui en provenoit, tant en gueuse que battu. Comme j’apréhende, Monseigneur, que ces mémoires ne soient pas parvenus jusqu’à VAR, je prends la liberté de les luy adresser de nouveau42. Il me paroist que l’on y répond assés exactement aux demandes de l’académie, mais si VAR désire de plus amples instructions que celles de

42. Une autre lettre de Lamoignon de Courson au duc de Noailles, du 10 octobre 1716, témoigne si besoin était du zèle et de l’active colaboration de l’intendant à l’Enquête : “ On m’a adressé de Pau, une boete pour vous dans laquelle il y a du minéral, que j’ai fait mettre à vostre adresse, au carosse de voiture qui part aujourd’hui pour Paris ” (BnF, ms fr. 11376, fol. 95).

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Mrs de Fenoil et de Jasses, du juge de Cise et du maire d’Aspe, il seroit à propos, Monseigneur, qu’elle eût la bonté de me faire envoyer des copies de leurs mémoires pour me mettre en état de faire, sur la matière qu’ils ont traitté, le plus de découvertes qu’il sera possible, dont j’auray l’honneur de rendre un compte exact à VAR. Je suis avec un très profond respect, Monseigneur, [etc.]. Legendre à St Jean Pied de Port, ce 2 octobre 1716 [de la main de Réaumur :] Mr Legendre détail des choses aux cais[s]es de sa généralité. 12. - 1717 [avant juin] : Claverie au Régent [17/55/a]. [en tête, d’une autre main :] du 4 juin 1717. à Mr l’abbé Bignon, pour faire essayer. /fol. 1/ 19 R. [en marge, de la main de Réaumur :] on ne veut accorder pour l’acier qu’une permission pareille à celle du Sr Castan et pour les mines Mr de Claverie est renvoié à Mrg [sic] le Duc43. Le Sr de Claverie, m[aîtr]e des requestes, représente à SAR que par le privilège accordé par le feu Roy au Sr de Claverie, doyen du Parlement de Navarre, son père, Sa Majesté luy auroit fait don tant pour luy que pour ses hoirs, successeurs ou ayant cause à perpétuité, des mines de plomb et autres métaux, déjà découvertes ou qu’il pourroit découvrir dans l’étendue des terres et seigneuries apartenantes aud. Sr de Claverie dans la province de Béarn, qui sont celles de Savignac44, d’Atudy [sic]45, de Meyrac46, de Gèse47, de Bellesten, de Geteu, de Courtade48, de Billères49, de Béost, de Sacase50, de Pon51, d’Assouste /fol. 1 v°/ et d’Aas situées dans les monts Pyrennées et dans la vallée d’Ossau, et permis à cet effet d’en faire l’ouverture et exploitation à leur proffit particulier.

43. 44. 45. 46. 47. 48. 49. 50. 51.

Louis Henry, duc de Bourbon, “ grand Maître des mines et minières de France ”. Sévignacq-Meyracq (Pyrénées-Atlantiques). Pour Arudy (Pyrénées-Atlantiques). Voir note 44. Pour Gère-Bélesten (Pyrénées-Atlantiques). Pour Contade (Pyrénées-Atlantiques). Bilhères. Non identifié. Non identifié.

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En conséquence dud. privilège, le Sr de Claverie, après plusieurs recherches qui luy ont causé des dépenses considérab[le]s, a fait ouvrir plusieurs minières de différans métaux, principalement de plomb, d’estain, de cuivre et de fer. Par les épreuves qu’il a faittes qui ont bien réussy, il en espère un prompt succèz presque certain, mais, comme ces mines se trouvent sur les limites desd. seigneuries et qu’il a sujet de craindre que les filons /fol. 2/ et veines ou même les corps ne passent ou ne se trouvent dans d’autres terres et montagnes prochaines et contiguës qui sont de la mouvance de Sa Majesté ou de quelques autres seigneuries particulières et qu’il se pourroit même que celles qu’il a découvertes dans l’étendue de ses terres ne seroient pas assez abondantes ou qu’elles pourroient bientost manquer, led. Sr de Claverie qui souhaitte de les mettre en valeur, ce qui seroit très avantageux à l’État d’autant plus qu’il a le secret de la fabrique d’un acier supérieur en qualité à celuy d’Allemagne, craignant de s’exposer à perdre dans la suitte les frais des /fol. 2 v°/ dépenses considérables qu’il a déjà faittes et à celle qu’il convient faire pour les établissemens des bâtimens, forges, fournaux, martinets, digues et canaux qui sont nécessaires, s’il estoit seulement en droit en vertu dud. privilège d’en faire exploiter que les mines qui sont dans l’étendue de ses terres et seigneuries, il est obligé de recourrir à SAR pour la suplier qu’en confirmant led. privilège, il luy plaise faire don par augment[atio]n aud. Sr de Claverie et à ses successeurs ou ayant cause à perpétuité desd. mines d’étain, de plomb, de cuivre, de fer ou autres déjà découvertes /fol. 3/ et à découvrir, luy permettre d’en faire l’exploitation, comme aussy de fabriquer de l’acier tant dans l’étendue desd. seigneuries qu’ès lieux circonvoysins de lad. valée d’Ossau, montagnes et environs d’icelle à vingt lieux à la ronde, à l’exclusion de tous autres, de même que dans les montagnes et vallées d’Aspe, Barrétous et Lavedan, ensemble de l’usage des bois de hestre qui y sont en abondance pour l’exploitation desd. mines et fabrique dud. acier et pour la construction et entretien desd. forges, martinets, digues, et autres /fol. 3 v°/ bâttimens convenables, avec la liberté d’y faire construire tous les établissemens qui seront nécessaires pour le travail desd. mines, à la charge de récompenser les propriétaires des terres de leur superficie seulement à l’estimation d’experts, et de faire façonner et débiter les matières qui en proviendront dans l’étendue du royaume, en payant à Sa Majesté, seul seigneur haut justicier de Béarn, un fief ou redevance annuelle telle qu’il plaira à SAR de l’ordonner. Le Sr de Claverie espère d’autant mieux cette grâce de SAR qu’elle procurera un grand bien à l’État /fol. 4/ puisque l’on tirera desd. mines du cuivre, de l’étain, du plomb et de l’acier au lieu que l’on est obligé d’avoir recours à l’étranger, ce qui ocasionne la sortie de l’argent hors du royaume ; il la demande aussy en faveur des services de ses ancêtres toujours catoliques qui ont eu l’honneur depuis 300 ans de servir les rois de Navarre en qualité de conseillers de leur Conseil souverain, de procureurs généraux, conseillers et présidens aud. Parlement avec toute la fidélité possible.

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Joint : privilège d’exploitation accordé à Pierre de Claverie, Paris, 5 juin 1626 [17/55/d]. /fol. 1/ [en tête, de la main de Bignon :] 5 juin 1626 Antoine Rusé, seigneur d’Effiat, marquis de Longjumeau, Cheilly, con[seill]er du Roy en ses Conseils d’État et privé, chevalier des ordres de Sa Majesté, Premier écuyer de sa grande écurie, Grand Maistre surintendant et général réformateur des mines et minières de France, Navarre et souveraineté de Béarn52, à tous ceux qui ces présentes lettres verront, Salut. Sçavoir faisons que, sur l’avis qui nous a esté donné par Mr Pierre de Claverie, seigneur d’Arudy, qu’il auroit découvert quelques mines èz monts Pirénées, dans la vallée d’Ossau et ès environs du terroir d’icelle, diocèze d’Oleron en Béarn, dont il feroit faire une plus ample recherche pour les faire ouvrir et travailler, si nous voulions luy en donner la permission et luy remetre pour quelques années le droit de dixième appartenant à Sa Majesté sur lesd. mines en considération des grands frais et dépenses qu’il faut faire auxd. recherches et travail. À ces causes, après avoir esté bien et duement asseuréz de la grande connoissance et expérience que led. Sr de Claverie s’est acquise au fait des mines et minières et de sa prudhommie, fidélité et affection au service du Roy et au bien de la chose publique, Nous, en vertu du pouvoir à nous donné par Sa Majesté, avons permis, concédé et octroyé et par ces présentes permetons, concédons et octroyons aud Sr de Claverie de faire rechercher, ouvrir, profonder et travailler toutes les mines et minières qui se trouveront auxd. monts Pirénées dans l’étendue de lad. vallée d’Ossau et ès environs /fol. 1 v°/ du terroir d’icelle aud. diocèze d’Oleron, soit d’or, d’argent, cuivre, estein, plomb et fer, ensemble celles qui s’y trouveront avoir esté jà ouvertes travaillées et délaissées, ou secrètement possédées sans pouvoir ni commission de nous ou de nostre lieutenant général, ou qui en ayant obtenu en auront abusé et non satisfait aux choses portées par leur pouvoir ou commission et, afin de donner plus de moyen aud. Sr de Claverie de faire faire lesd. recherches, ouvertures et travail, nous luy avons sous le bon plaisir de Sa Majesté quitté, remis et délaissé led. droit de dixième à elle appartenant sur lesd. mines et minières pendant quatre années consécutives à compter du jour de la première fonte et afinement qu’il en fera faire en grands fourneaux, lequel temps expiré led Sr de Claverie sera tenu de mettre led. droit de dixième pur et afiné ès mains du receveur général desd.

52. En 1610, Sully résignait en faveur de son neveu d’Effiat la charge de grand maître et superintendant général des mines et minières de France, qu’il détenait depuis sa création en février 1601. Ensuite, celle-ci passa à Charles de Laporte, duc de La Meilleraye (1632), puis à l’intendant des finances Jacques Tubeuf (1641) et au surintendant des finances de Bullion (1642) ; après lui, Colbert devint possesseur de l’office qu’il transmit à son fils de Blainville (1684). A la mort de ce dernier, il passa à son gendre, M. de Rochechouart, qui, le 24 août 1717, par contrat passé devant Richard, notaire à Paris, le vend moyennant 100 000 livres à Nicolas Richer de Rhodes. Toutefois, le 30 août 1717, Louis Henry, duc de Bourbon, en est pourvu par lettres patentes (B. Gille, “ L’administration des mines en France sous l’Ancien Régime ”, Revue d’histoire des mines et de la métallurgie, t. 1, n° 1 (1969), p. 6-8).

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mines et minières de France ou de ses commis sur les lieux, en quoy faisant il jouira luy, ses hoirs, successeurs et ayant cause à perpétuité du fruit et revenu desd. mines et minières, sans qu’il puisse estre dépossédé, troublé ni empesché en la jouissance d’icelles en quelque sorte ou manière que ce soit, le tout suivant et conformém[en]t aux édits et ordonnances, arrêts et règlemens faits sur les mines et minières de France que nous leur enjoignons garder et observer de point en point selon leur forme et teneur. Prions et requérons à cette fin tous gouverneurs de /fol. 2/ province, lieutenans généraux et tous autres justiciers officiers et sujets de Sa Majesté d’assister, favoriser et donner mainforte aud. Sr de Claverie, ses hoirs et ayans cause èz choses touchant et concernant l’exécution du contenu en cette notre présente concession et permission, en vertu de laquelle ils jouiront et leurs ouvriers pendant et durant le temps de leur travail de tous les privilèges et exemptions y attribuées par lesd. édits ordonnances et règlemens. En témoin de quoy, nous avons signé ces présentes et fait contresigner par nostre secrétaire et y apposer le scel de nos armes, à Paris, le cinquième jour de juin l’an mil six cens vingt six. Signé Antoine Rusé Joint : autorisation d’exploiter accordée à Isaac de Claverie, Paris, 11 avril 1654 [17/55/b]. /fol. 1/ [en tête, de la main de Bignon :] 11 avril 1654 Extrait des registres du Con[se]il d’État Sur la requête p[rése]ntée au Roy en son Conseil par Isaac de Claverie, con[seill]er au Parlement de Navarre, segneur de la terre et segneurie d’Assouste, située dans les mont Pirenées en la vallée d’Ossau, province de Béarn, contenant qu’il auroit présenté sa re[quê]te au Con[se]il le 4 juin dernier, par laquelle sur ce qu’il avoit exposé qu’en lad. qualité de segneur d’Assouste, il possède plusieurs montagnes dans lesquelles il auroit fait recherche de divers minéreaux avec grand soin et dépence, et y auroit trouvé quelques veynes de différents métaux, et que craignant que les filons et caneaus passent en d’autre montagnes prochaines et contiguës apartenantes à la directe et jurisdiction de Sa Ma[jes]té, et qu’il se pourroit rencontrer que les mines qu’il auroit trouvées ne seroint pas assés abondantes et qu’elles pourroint bientôt deffaillir, comme il est souvent arrivé, pour ne pas perdre les fruits de ses travaux et grands fraix qu’il avoit déjà faits et qu’il fairoit à l’advenir, notament en la construction des bâtiments, forges et paisselles qui luy pourroint demurer inutilles, il auroit conclu à ce qu’il pleut à Sa Ma[jes]té de faire recherche, ouverture et exploitation à son proffit des mines de cuivre, d’estain, de plomb, de fer, d’antimoine et de cristal dans les montagnes et terroirs de Laruns, d’Aas, de Béost, de Castets53 et de Louvie Juson54 et autres terroirs de

53. Castet (Pyrénées-Atlantiques). 54. Louvie-Juzon.

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lad. vallée d’Ossau, avec pouvoir d’y faire des fourneaux et forges sur les eaux les plus comodes pour fondre lesd. mines et les réduire en métail et de se servir aussy pour cest effet des forêts et bois plus comodes et prochains, tant pour les bâtiments que pour le charbon nécessère pour l’entretien desd. mines, en indemnisant les propriétaires desd. bois suivant l’estimation qui en seroit faitte par gens à ce connoissans, soubs la réservation des droits que Sa Ma[jes]té a accoutumé de prendre sur les métaux qui en proviendroint. Sad. Ma[jest]é auroit ordoné, par arrêt dud. Con[se]il dud. jour 4e juin, qu’avent faire droit sur lad. req[uê]te, elle seroit communiquée au surintendent des mines de France pour son advis raporté au Con[se]il estre ordonné ce que de raison, en exécution duquel arrêt le sup[plian]t aiant comuniqué lad. req[uê]te au Sr Tubeuf, baron de Blansac et du Ver, con[seill]er ord[inai]re de Sa M[ajes]té, président en sa chambre des comptes et surintendant des mines et minières de France, il auroit sur icelle donné son advis le 7e septembre dernier conforme aux conclusions prises par le suppliant. Requéroit à ces causes qu’il pleut à Sa Ma[jes]té, conformément aud. advis, luy permettre la recherche, ouverture et exploitation à son proffit desd. mines de cuivre, d’estain, de plomb, de fer, d’antimoine et de cristal qui sont dans l’étendue tant des montagnes et terroirs dépendents de sad. terre et segneurie d’Assouste que des autres qui sont dans l’étendue des terroirs de Laruns, d’Aas, de Béost, de Castets et de Louvie Juson et autres terroirs de lad. vallée d’Ossau, et pour cest effet de faire construire les fourneaux, forges et autres bâtiments nécessères pour /fol. 1 v°/ fondre lesd. mines et les réduire en métail, à la charge de récompenser les propriétères des terres où se trouveront lesd. mines de leur superficie seulement, de faire façonner les métaux qui en proviendront dans l’étendue des terres de l’obéissance de Sa Ma[jest]é, de garder et observer les ordon[n]ances et règlements faits sur le travail des mines et de paier les droits du 10e deus à Sa Ma[jest]é. Veu lad. requette signée Chevanon ad[vocat] aud. Con[se]il, lad. requ[ê]te dud. jour 4 juin dernier, led. arrêt rendu sur icelle du même jour, led. advis dud. Sr baron de Blansac dud. jour 7me septembre aud. an, ouÿ le rapport de lad. req[uê]te par le Sieur d’Ormesson comissaire à ce député et tout considéré, Le roy en son conseil, aiant égard à lad. requette conformément aud. advis, a permis et permet aud. de Claverie de faire la recherche, ouverture, travail et exploitation à son proffit des mines de cuivre, d’estain, de plomb, de fer, d’antimoine et de cristal, qui sont dans l’étendue tant des montagnes de sad. terre et segneurie d’Assouste, que des autres qui sont dans l’étendue des terroirs de Laruns, d’Aas, de Béost, de Castets et de Louvie Juson et autres terroirs de lad. vallée d’Ossau, et pour cest effet, de faire construire les fourneaux, forges et autres bâtiments nécessères, pour fondre lesd. mines et les réduire en métail, à la charge de récompenser les propriétères des terres où se trouveront lesd. mines de leur superficie seullement, de faire façonner les métaux qui en proviendront dans l’étendue des terres de l’obéissance de Sa Ma[jes]té, de garder, faire garder et observer les ordonances et règlements faits sur le travail des mines et de

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paier le droit de dixième deus à Sa Ma[jes]té. Fait au Con[se]il d’État du Roy tenu à Paris, le onsième jour d’avril g vi cinquante et quattre [1654]. 13. - s.d. : remarques de Réaumur sur le mémoire de 1717 de Claverie [17/55/c]. Remarques sur le mémoire de Mr de Claverie 1° Il semble qu’il seroit à propos d’avoir une copie du privilège qui a été accordé à feu Mr de Claverie. 2° L’étendue de pais qu’il demande est considérable et on ne peut la luy accorder qu’en faisant à peu près pour luy ce qu’on a fait cy devant pour le Sr de Rodes55. 3° Le privilège même accordé au Sr de Rodes luy donne une étendue de pais que demande Mr de Claverie. Il demande 20 lieues à la ronde de la vallée d’Ossau, et la vallée de Campan et Bagnières qui sont données au Sr de Rodes ne sont pas sur la carte à sept lieues de la vallée d’Ossau. 4° Plusieurs valées qu’il demande, riches en mines, ne luy sufiroient elles pas sans demander 20 lieues à la ronde. Ne pourroit il pas même se restraindre à celles de ces vallées qu’il croit les meilleures. 5° En cas qu’on luy accorde un privilège, il semble qu’on doit l’obliger, et tous ceux à qui on en accordera dans la suite, de faire voir dans un temps presvu qu’ils ont travaillé faute de quoy ils seront déchus du privilège. 6° À l’égard des aciers, je ne vois pas pourquoy ils entreroient dans le privilège puisque l’établissement est fait et subsiste depuis plusieurs années. Tout ce qu’on pourroit faire pour l’encourager, c’est de donner des assurances que cette fabrique ne pourra être troublée par qui que ce soit sous prétexte d’un privilège obtenu. 7° Pour l’usage des bois de hestre qu’il demande, je ne scay si c’est un objet considérable dans le pais. L’ancien privilège donneroit peut être quelques éclaircisements là dessus. 14. - 1717 : note n. s. [16/5/a]. [titre du dossier :] Académie des Sciences. Mines indiquées pour trouver des turquoises, 1717 [au crayon :] Enquêtes faites sur ordre du Régent. [collé sur la première page de la chemise, d’une main non identifiée :] J’ai examiné et comparé avec le mémoire de M. de Réaumur sur les turquoises publié en 1715 tous ceux qui sont contenus dans ce carton. Je n’y ai trouvé

55. Nicolas Richer de Rhodes ; voir note 52, p. 633.

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aucune instruction, soit de la manière de tirer les turquoises de leurs minières, soit sur la matière dont elles sont formées, soit sur la façon de leur faire prendre la couleur bleue et acquérir de la dureté, qui ne soit très bien détaillé dans le mémoire de M. de Réaumur lu en 171556 et imprimé dans le volume des Mémoires de l’Académie pour la même année. [au crayon :] lettre de Giscaro à Réaumur. 15. - s.d. [1717] : mémoire de Giscaro à Bignon [16/5/f/d 57]. /fol. 1/ A Mésieurs, Mésieurs les présidans de l’académie des sciences à Paris Monsieur l’abé de Giscaro de Casaus, prêtre du diocèze d’Auche58, aiant été informé à Paris des mouvements que s’est donné en Gascogne Mr Laugeoy59, intendant de la généralité de Montaubant, par ordre de la cour, pour découvrir le lieu où l’on trouvoit les turquoises60, a l’honneur de présenter un mémoire à Monsieur l’abbé Bignon pour l’informer de tout ce qui s’est passé dans ce pays là sur cette affaire. Monsieur l’intendant de Montauban, ayant receu ses ordres, écrivit plusieurs lettres à Mr le juge de Simorre qui est la ville où sont les turquoises, pour avoir de luy des esclaircissements sur les lieux où on les trouvoit, sur la couleur de la terre ou du sable qui indiquoit où étoit la pierre à laquelle on pouvoit donner le bleu turquin, sur la couleur naturelle de cette pierre, sur la profondeur des lieux où l’on trouvoit ces mines, et sur les dimensions qu’il faloit observer pour la construction des fourneaux qui servoient à leur donner la couleur. C’est sur les instructions qu’a donné le sieur Sénac61 qui est de la ville de Simorre, que ce juge a fait ses réponces à Monsr l’intendant qu’il a envoyé à la Cour et qui ont servy de règle à l’expérience que Messieurs de l’académie des sciences ont fait faire sur une pierre brute que le Sr Sénac a choisye dans une des mines de Simorre que Mr l’intendant leur a envoyé, et à laquelle on a donné la couleur à Paris comme on l’a fait sçavoir dans ce pays là.

56. “ Observations sur les mines de turquoises du royaume ; sur la nature de la matière qu’on y trouve, et sur la manière dont on lui donne la couleur ”, mémoire de Réaumur lu à la séance du 13 novembre 1715 et imprimé dans HMARS, 1715 ; voir “ Introduction ”, p. 30-31. 57. Autre exemplaire en 16/5/f/i. 58. Auch (Gers). 59. Laugeois d’Imbercourt, voir note 40. 60. Voir “ Montauban ”, doc. 1-2. 61. On peut s’interroger sur les liens de ce Sénac avec Jean-Baptiste Sénac (1693-1770), médecin du maréchal de Saxe (1745), puis Premier médecin de Louis XV (1752), membre de l’Académie des sciences, originaire lui-même de Lombez (Gers).

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Pour ne pas rendre infructueux et sans effet les soins que Messieurs de l’accadémie des sciences ont pris dans cette afaire et pour que l’État et le public ne soient point privés des avantages considérables qu’on en peut retirer, Monsieur l’abbé de Giscaro de Casaus a l’honneur de proposer à Mr l’abbé Bignon le Sr Sénac comme un homme propre à exécutter les projets que Messieurs de l’académie des sciences peuvent avoir formé, de rétablir les moyens d’avoir de belles turquoises et de luy représenter qu’il est le seul en Gascogne et peut être dans le royaume qui sache connoitre les endroits où se trouvent ces sortes de pierres et qui sache leur donner une belle couleur. Il a le secret de découvrir ces mines par des vaines de sable qui sont /fol. 1 v°/ quelquefois de différentes couleurs selon la différence des terrains qu’il sçait parfaitement bien démeller, et les marques que l’on trouve dans ce sable qu’il y a de la bonne turquoise, qui mènent jusqu’à la mine dont la recherche est très difficile et d’une grande dépense, étant quelquefois obligé de creuser dans la terre de la profondeur de 20 ou 25 cannes selon la manière de compter de ce pays là, cette pierre étant ordinairement dans les lieux fort élevés. Il sait parfaitement bien conduire le feu qui doit être toujours égal et proportionné à la dureté de ces pierres, dont les unes sont plus tendres que les autres par un effet du plus ou moins de nouriture qu’elles ont receu du sable qui les environne et dont elles sont formées, qu’un feu trop violent metteroit en poudre ou donneroit une mauvaise couleur, et le degré de chaleur pour perfectionner ces turquoises qu’il rend plus belles, plus fines et d’une couleur plus vive que celles de la vielle roche, proportion qu’il soutiendra si on luy fournit les moyens d’en faire l’épreuve. Le succès de cette entreprise dépend de la protection que Monsieur l’abbé Bignon voudra accorder au Sr Sénac qui, possédant à fond cette matière, se flatte de donner toutte la satisfaction qu’on peut attendre de sa science et de son expérience. Les dépenses qu’on seroit obligé de faire que Mr l’Intendant pourroit aisément avancer, ne doivent point éloigner la conclusion de cette affaire, puisqu’on en seroit abondanment dédommagé par le prix et la valleur des turquoises qu’elles produiroient et, sans parler des avantages qu’on en retiroit en France, on pourroit établir un commerce avec les estrangers qui produiroit à l’État des sommes considérables. On doit remarquer que les Orientaux en font un très grand cas et qu’ils les estiment plus que celle de la vielle roche. Dix ou douze mil livres par année bien oêconomées suffiroient pour faire travailler parce que les vivres dans ce pays là sont à un prix très modique. La Cour auroit le plaisir d’avoir la quantité des turquoises qu’elle souhaiteroit, les mines étant fort abondantes /fol. 2/ dont elle pourroit faire faire de très beaux ouvrages. Monsieur de Giscaro, connu par sa naissance et par les services qu’il a rendus à l’État dans les voyages qu’il a fait aux Indes orientalles avec feu Mr de la Haye et dans les dernières guerres, résident à Simorre, père de Mr l’abbé de Giscaro qui a l’honneur de présenter ce mémoire, se feroit un plaisir de contri-

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buer par ses soins à un établissement qu’on pourroit faire pour ces turquoises. Il pourroit par sa présence et par sa vigilance faire observer un bon ordre aux ouvriers qu’on seroit obligé d’employer. Il entreroit dans le détail pour leur payement et pour les autres dépences nécess[ai]res dont il rendroit compte à Mr l’intendant, à qui la Cour donneroit ordre de faire un fonds pour survenir [lire subvenir] à tous les frais. Il disposeroit si bien touttes choses qu’on auroit lieu d’être content, si on luy faisoit l’honneur de le charger de la conduite de cette affaire. Il le pourroit d’autant plus commodém[en]t qu’il fait sa résidence sur les lieux et qu’il a des mines de turquoises dans son bien. Trop heureux si, après avoir servy le feu Roy dès sa plus tendre jeunesse d’une manière distinguée et honnorable, il trouvoit des ocasions de donner des marques de son zèle à SAR Monseigneur le duc d’Orléans dont le poids des affaires et son application continuelle à remédier aux plus pressans besoins de l’Etat, n’empêchent pas de vaquer aux moindres choses qui peuvent intéresser le public, et qui servent à faire valoir les pièces rares et curieuses que le royaume de France renferme dans son sein. Monsieur l’abbé de Giscaro n’a peu voir sans regret que les difficultéz qu’on a fait naître dans son pays pour la découverte des mines, retardassent ou fissent eschouer une si noble entreprise. Il offre pour cet effet de donner les instructions nécessaires pour en faciliter l’exécution. Il répondra avec tout l’empressement et toutte l’attention possibles aux soins et aux mesures que Messieurs de l’académie des sciences jugeront à propos de prendre. Cette affaire est assez importante pour avoir lieu d’espérer que Monsieur l’abbé Bignon qui semble n’estre né que pour des grands sujets, l’approuvera et trouvera dans son zèle pour les beaux établissements des ressources et des moyens de la faire réussir. Pour Mr l’abé Bignon Mines de turquoise Simorre 16. - 25 avril 1717 : Giscaro, prêtre, à Bignon, Paris [17/54/a]. [en tête, Bignon écrit :] SAR accorde une somme de mille livres au Sr de Giscaro père pour commencer le travail sur cette mine de turquoise, à condition que led. Sieur de Giscaro rendra un compte exact à l’Académie de l’employ de cette somme et des turquoises qu’il aura ramassées par son travail. Ce 16 avril 1717. L’abbé Bignon. 4 Monsieur, J’écrivis encore hier à Mr de Giscaro que vous m’avez fait l’honneur de me donner pour qu’il fît tous les préparatifs nécessaires pour faire travailler dès qu’il en aura receu l’ordre. Vous voulez bien me permettre, Monsieur, de vous supplier de penser à cette affaire, affin de pouvoir profiter de cette belle saison.

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Vous pourriez faire compter à mon père à Toulouse 1 000ll que Monseigneur le duc d’Orléans veut avancer, pour n’avoir rien à démesler avec Mr Legendre62. Mon père se flatte que vous voudrez bien vous mesme ou Mr de Réaumur recevoir le compte qu’il vous rendra de l’employ qu’il aura fait de cette somme. Son compte sera si juste qu’il ne vous donnera pas un fort grand embarras. Si je n’estois asseuré du succèz de cette entreprise, je ne vous en parlerois pas avec autant de confiance. Je vous supplie de vouloir le représenter à Monseigneur le duc d’Orléans. Je suis persuadé que cette affaire luy donnera du plaisir et, à vous, Monsieur, je vous demande toujours l’honneur de vostre protection pour mon père et pour moy. Si Mr Dumont à qui j’ay rendu compte de toutes vos bontéz, n’avoit point eu la goutte ces jours passéz, il auroit eu l’honneur de vous en remercier. J’iray chez vous mardy pour recevoir vos ordres. J’ay l’honneur d’estre avec respect, Monsieur, [etc.]. De Giscaro p[rê]tre à Paris, ce 25 avril 1717 17. - 13 juillet 1717 : lettre de Giscaro à Bignon, Paris [16/5/e/i]. 97 Monsieur Je me donne l’honneur de vous écrire chez vous ces deux mots pour vous faire savoir que je receus hier au soir une turquoise qui ressemble à une grosse dent. On me l’a envoyée sans attandre le mémoire de Mr de Réaumur, sur ce que j’ay écrit à mon père que vous souhaittiez en voir telles qu’elles sont naturellement. Si, après qu’ils auront receu mon mémoire, ils en trouvent qui ayent la figure d’un os, on me les envoyera avec tous les sables que vous demandez. Je m’empresse de vous faire tenir cette roche parce que je croy que Monseigneur le duc d’Orléans ne sera pas fasché de la voir. Il y a encore dans le paquet que j’ay remis à vostre portier une petite pierre que l’on a trouvé dans la minière, qui ressemble parfaittement à un dent. Et on a bonne quantité de pareilles. Je vous supplie de prendre des mesures pour qu’on me fasse toucher cette somme de 1 000ll, car mon père est fort peiné pour continuer à faire travailler. Vous verrez par les petites taches bleues qui sont dans cette pierre qu’elle est très bonne. J’ay l’honneur d’estre avec respect, Monsieur, [etc.]. De Giscaro prê[tre] à Paris, ce 13 juillet 1717

62. Gaspard François Legendre de Lormoy (1668-1740), ancien intendant à Montauban, nommé intendant à Auch lors de la création, le 2 mai 1716, de l’intendance à laquelle sont rattachés la Navarre et le Béarn pour former l’intendance d’Auch et de Béarn. Legendre de Lormoy sera ensuite intendant à Tours (8 mars 1718).

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18. - 10 septembre 1717 : lettre de Giscaro à Bignon, Paris [16/5/e/ii]. 97 Monsieur J’eus l’honneur d’aller chez vous mardy et jeudy pour vous rendre compte des nouvelles que je receus lundy de Gascogne. Mon père m’écrit qu’il y a un mois entier que vous auriez deu recevoir la boëtte aux turquoises. Je vis hier le courrier de Toulouse qui m’a dit l’avoir portée mardy au matin chez Monseigneur le duc d’Orléans. Je prendray des précautions pour que désormais on soit servi plus exactement, car on a gardé cette boëtte au bureau de Toulouse pendant un mois. Mon père n’a peu recommancer à faire travailler à cause de la récolte que le 1er de ce mois. Je suis persuadé que vous serez satisfait de la diligence qu’il fait. Il doit envoyer incessament les sables que Mr de Réaumur a demendé par son mémoire, et faira donner la couleur à la roche dès qu’il aura peu en trouver une quantité suffisante. Il ne cesse de réclamer après l’ordre du Roy qu’il vous demande, quoyque je luy aye écrit plusieurs fois, avant même de vous présenter mon dernier placet pour SAR, que vous souhaiteriez voir auparavant ce qu’ils savent faire. Cela ne l’arrette pas et me répond si positivement du succès de cette entreprise qu’il ne laisse aucun lieu d’en doutter ; ainsi puisqu’on ne peut se passer dans la suitte de cette ordre du Roy, je vous supplie, Monsieur, si vous le jugez à propos, de le demander présentement à SAR pour luy faciliter le moyen de mieux réussir. J’ay l’honneur d’estre avec respect, Monsieur, [etc.]. De Giscaro prê[tre] à Paris, ce 10 septembre 1717 19. - 12 septembre 1717 : Legendre de Lormoy à Bignon, Bayonne [16/5/d]. 58 J’ay l’honneur de vous envoyer, Monsieur, copie de la lettre que je prends la liberté d’écrire à Monseigneur le duc d’Orléans sur les turquoises de Simorre et de trois mémoires qui m’ont été fournis sur ce sujet que j’y ai joint. J’ay fait remettre au carosse de cette ville pour Paris un ballot à l’adresse de SAR dans lequel il y a plusieurs échantillons de la terre, des sables et des pierres qu’on a tiré de la mine, avec les épreuves que j’ay fait faire, et un model en carton du fourneau pour donner une plus parfaitte connoissance de son intérieur. Le peu de satisfaction que j’ay eu de ces expériences m’avoit à la vérité empesché de les envoyer. Peut être qu’elles auront plus de succès à Paris, où l’on saura mieux ménager le feu ordinaire. Mais à vous parler naturellement, je doute que les effets répondent aux idées qu’on a voulu donner de ces mines. Conservez moy toujours, je vous conjure, l’honneur de votre amitié et faittes

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moy la justice d’estre bien persuadé qu’on ne peut rien ajouter à l’attachement et au respect avec lequel je suis, Monsieur, [etc.]. Legendre Bayonne, 12 septembre 1717 [au dos :] M. l’abbé Bignon 20. - 12 septembre1717 : [Legendre de Lormoy] au Régent, Bayonne [16/6/f/h]. n° 32 61 n° 4 Monseigneur, En conséquence de la lettre dont VAR m’a honnoré le 3 juin dernier et du mémoire de l’accadémie des sciences qui y étoit joint au sujet des turquoises de Simorre, j’ay fait venir les épreuves que j’avois fait faire sur les lieux avec des échantillons de la pierre, des sables et de la terre qu’on a trouvé dans la mine. Je n’aurois pas si longtems différé, Monseigneur, à les envoyer à VAR si j’avois été plus content des épreuves. Mais, comme l’académie les demande en l’état qu’elles sont, j’ay l’honneur de les adressee à VAR dans un balot qui partira demain par le carosse de cette ville, chaque boete et paquet sonr étiquetées. Je prends aussi la liberté de joindre à ma lettre copie de trois mémoires qui m’ont été fournis par les gens que j’ay employé à cette recherche avec un dessein63 du four où l’on a fait cuire les pierres. J’en ay aussy fait faire un modèle en carton que j’ay mis dans le balot pour donner à l’académie une connoissance plus exacte de l’intérieur du fourneau. Il seroit à souhaiter que l’on pût retirer des mines les avantages que l’on a fait espérer, mais je crains fort que le succès ne réponde point à l’attente, du moins est-ce l’opinion commune de tous ceux qui ont en ce pais là quelque connoiss[an]ce sur cette matière, tant à cause de la difficulté de trouver une quantité sufisante de mines que par le peu de réussite des expériences qui ont été faites, quoiqu’on y ait aporté toutes les précautions possibles. Si VAR souhaite que je fasse continuer la recherche de ces mines après que l’académie aura fait les expériences qu’elle aura trouvé à propos de la terre, des sables et des pierres contenues dans le balot, Elle aura la bonté de me faire donner ses ordres que je feray ponctuellement exéccuter en ma présence allant incessament sur les lieux. Il y a encore quelques mines de la même espèce à Crastes et à Gimont où l’on a trouvé depuis peu trois grosses dents de turquoise grossière que l’on mit

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au four ; elles y prirent à la vérité une très belle couleur, mais elles se réduisirent en poudre aussytost. Je suis avec un très profond respect, Monseigneur, [etc.]. à Bayonne, le 13 7bre [septembre] 1717 Joint : mémoire sur les turquoises de Simorre, s.d. [1717] [16/6/f/f]. /fol. 1/ 61 1717 2me mémoire n° 2 Mémoire touchant les turquoises trouvées au lieu de Simorre Quoyqu’on ait représenté par différents mémoires qu’il se trouve plusieurs mines dans le terrain de Simorre et dans quelques endroits circonvoisins, on a en même temps exposé que la recherche en étoit difficile et coûtoit de grands frais qui devenoient souvent inutils parce qu’il étoit dangereux que la turquoise ne fût pas bonne quoyqu’elle parût fine sortant de sa mine, c’est à dire qu’elle fût escailleuse ou pointillée et qu’elle ne voulût pas prendre couleur, ce qu’on ne pouvoit connoitre que par le feu, car lorsque l’escailleuse qui parroit très fine a été dans le four, elle s’y écaille de manière qu’il s’en brise plus des deux tiers. À l’égard de la pointillée, les points qui la percent d’outre en outre ne parroissent que quand elle est cuite quoyqu’elle ne s’écaille pas. La blanche durcit dans le four où elle ne fait qu’augmenter en blancheur, encore que la véritable mine turquoise est très rare et que les épreuves coûtent beaucoup. Nonobstant toutes les difficultéz que nous avons exposé, M. Legendre a fait travailler au lieu de Simorre à la recherche de quelques turquoises /fol. 1 v°/ pour une épreuve que nous avons exécuté avec tant de diligences que 196 journées d’hommes nous ont procuré 30 livres de mine de turquoise qui paroissent très belle et très fine en deux pièces, dont il en a esté envoyé des échantillons après la cuite, avec une veüe et figure du four64, de la manière qu’il faut donner le feu à cette turquoise et du temps qu’elle doit y rester. Mais nous avons veu que cette matière, n’ayant pu à cause du mauvais temps être exposé au soleil aussy longtemps qu’elle auroit dû l’être pour durcir et être exposée à recevoir le feu violent, a restée huit heures dans le feu sans qu’elle ait pris de couleur, quoyque la véritable n’ait besoin que de 6 à 7 heures et que celle qui avoit pris un bleu pâle s’écailloit en si petits morceaux qu’il n’étoit pas possible de s’en servir et, voyant qu’elle commenceoit à prendre le vert, marque infaillible qu’elle se brûloit, nous avons été dans la nécessité de l’en tirer. Nous envoyons à M. Legendre tout ce que nous avons pu ramasser de bon, même ce qui a pris une couleur pâle et une autre à cuire, sur laquelle Mrs de 64. Manque aujourd’hui.

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l’accadémie feront sans doute leur épreuve que nous souhaitons plus /fol. 2/ favorable que la nôtre, ce qui pourroit arriver parce que, la matière étant plus seiche, elle est plus disposée à recevoir le feu et par conséquent la couleur. Il nous est arrivé un cas pendant la cuite qui méritte d’être sceu, c’est que bien des femmes étant venues par curiosité, une d’elles ayant sa chemise, les deux tracets qui étoient les plus exposés, la matière qui étoit dedans d’abord sa couleur [sic] et reprit le blanc, ce qui dura près de deux heures, de sorte que ces deux tracets y restèrent plus de quinze heures et enfin cette matières en fut tirée avec un bleu pâle. Nous passerons sous silence la construction du four à cause du plan que nous en avons levé sur du papier. Il faut seulement observer que le soupirail doit être fermé par une brique volante au milieu de laquelle on fait un petit trou à mettre le doigt. Il faut encore mettre une brique droite au bout du four du costé du fourneau, afin que la matière qui doit cuire au feu de réverber ne soit trop tost surprise par le feu. Voicy la manière dont cette matière a été exposée au feu de réverber : il faut ménager la matière dans des tracets conformes à celuy que nous envoyons, observant de mettre la plus grosse /fol. 2 v°/ au bout parce qu’elle résiste plus fort au feu et, quand le four est bien chaud, on met de face deux tracets à l’entrée du four où on le laisse jusqu’à ce que le bout du tracet commance à rougir. Ensuitte on l’avance d’un pied d’heure en heure jusqu’à ce qu’il soit au bout du four où on le laisse jusqu’à ce qu’il ait pris couleur. On visite de temps en temps avec une petitte pèle de fer que l’on met au bout d’une perche, avec laquelle on tire de la matière de ces tracets et, lorsqu’on voit qu’elle a assez de couleur, on tire ces tracets du four avec une fourchette de fer et, dès que le tracet est osté, on le remplit de cendres parce que si l’air prenoit cette matière chaude, il la feroit écailler quelque fine qu’elle fût. Il faut encore observer de ne pas mouiller les tracets parce qu’ils se casseroient dans le feu. Voicy la manière et précautions dont nous avons usé. L’hiver peut avoir contribué à ce que la matière n’a pas pris si belle couleur car, pour être écaillée comme elle a fait, le S. Sénac croit que c’est un effet de la mine et prétend que les taches qui sont sur les turquoises sauteront en les faisant tailler. Joint : mémoire sur les mines de turquoises de Simorre, s.d. [1717] [16/6/f/g]. 3me mémoire n° 3 Réponse au mémoire envoyé à M. Legendre par Mrs de l’accadémie des sciences au sujet des turquoises Le terrain des turquoises est sur des hauteurs dans des terres incultes et sabloneuses. On dit qu’il y a une mine à Simorrre où il a esté fait autrefois trois ouvertures, dans deux desquelles on trouva de très belles turquoises. C’est à

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cette mine à laquelle on a travaillé depuis peu et dont il est fait mention dans le mémoire qui a esté adressé à M. Legendre. Après avoir creusé vingt quatre pieds de profondeur sur quarante huit de large, on piqua environ quatre pieds de Roy de sable, 7 à 8 de terre qui fut suivie d’un rocher d’environ quatre pieds qu’on coupa. L’on trouva dessus [sic] un sable de mine grisâtre aussi fort que le rocher qui pourtant se brisoit dès qu’il estoit levé. Ce sable grossier mouvant comme /fol. 1 v°/ de rivière, on crut d’abord estre à la turquoise qui dura 7 à 8 pieds. L’on fut surpris lorsqu’on vit un autre rocher qu’il faloit couper, d’environ six pieds d’épaisseur, sous lequel on trouva encore du sable de mine et, continuant de le couper de bout à fonds, l’on apperceut une turquoise. Il falut creuser encore dans le rocher pour l’en tirer, c’est ce qui est cause qu’elle est fort brisée, car elle étoit entre deux rochers n’y ayant pas plus d’un pied de sable et, le rocher coupé, l’on en trouva une seconde, de la grosseur du bras toutes les deux et de longueur d’environ trois pieds, qui, étant netoyées, pesoient environ trente livres. C’est de cette mine dont il a esté fait épreuve devant M. Legendre, mais la matière n’estant pas disposée par le soleil par la vertu /fol. 2/ duquel elle doit prendre la dureté nécess[ai]re pour résister au feu violant de réverber qu’elle doit souffrir, elle ne prit point de couleur. L’on ne croit pas que l’État puisse retirer un grand av[an]tage de ces turquoises parce que les bonnes sont très rares et exposent à des fraix incertains, avec d’autant plus de raison que les particuliers qui en ont fait tirer autrefois sur leur compte, n’y ont pas faits de grands profits. Il est vray que le mérite n’en étoit pas connu puisqu’elles ne se vendoient que 12 à 15ll la livre et quelques fois obligé d’aller à Beaucaire ou à La Rochelle pour en avoir la débite. Joint : réponses aux demandes de l’Académie des sciences, s.d. [1717] [16/5/f/j]. n° 6

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Réponses au mémoire

Mémoire de l’académie des sciences qui étoit joint à la lettre de Monseigneur le duc d’Orléans à M. Legendre en date du 3 juin 1717. Les desseins et les mémoires que M. Legendre a envoyé à SAR par sa lettre du 20 février, ont mis parfaitement l’académie au fait de ce qu’elle vouloit scavoir sur la manière particulière dont on fond la mine de fer dans la Navarre espagnolle. Les échantillons de la mine de fer de Biriatou, le fer tiré de la même mine promis par la même lettre et receus longtemps après ont aussy fait voir ce qu’on pourroit attendre de cette mine si on

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M. Legendre a l’honneur d’adresser à SAR trois mémoires sur les turquoises et a remis le 13 7bre [septembre] au carosse de Bayonne pour Paris un ballot dans lequel il y a des échantillons de la terre, des sables et des pierres qu’on a tiré de la mine de Simorre. Le peu de satisfaction qu’il a eu des premières expériences est la seule cause du retard. Si le feu ordinaire mieux ménagé à Paris donne une plus belle couleur aux pierres, il sera nécessaire d’envoyer un mémoire sur la manière de le ménager pour le faire exécuter sur les lieux.

On trouve aussy de la mine à Craste65 et à Gimont, auprès d’Auch ; on croit même que celle de Gimont seroit plus aisée à creuser. Il y a quelque tems que l’on trouva trois grosses dents de turquoise grossière que l’on mit dans le feu où elles prirent une très belle couleur, mais elles se mirent en poudre aussytôt. Il a écrit partout pour avoir les mémoires que désire l’accadémie ; il ne manquera pas de les envoyer quand ils seront rassembléz.

avoit assés de bois pour la travailler. Mais on n’a point encore reçu le mémoire sur les turquoises de Simorre que M. Legendre faisoit espérer par la même lettre accompagnée de toutes les espèces de cette pierre, des sables et de la terre qu’on trouve dans la mine. On a pourtant apris que par ses soins on avoit tiré plusieurs livres de turquoises de différentes qualités. On craint que M. Legendre ne soit point content à moins qu’il ne nous envoye des choses parfaites et nous souhaitons seulement recevoir celles qui ont été tirées de la mine soit brutes soit après avoir pris quelque couleur au feu. Nous le prions de les envoyer telles qu’il les a. La chaleur du soleil ne fera pas autant d’effet qu’on luy a fait espérer sur la couleur de la mine, le feu ordinaire bien ménagé sufit. Nous voudrions aussi savoir s’il a eu quelques éclaircissem[ents] sur de pareilles mines de turquoises qu’on nous a dit être auprès d’Auch, aux environs de l’abbaye de Fabas. Il n’en parle point dans sa lettre à SAR.

Comme sa généralité est féconde en mines, minéraux et autres curiosités utiles à l’histoire naturelle, nous nous promettons que nous aurons sur ces matières le mémoire qu’il a fait espérer.

Joint : mémoire du juge de Simorre sur les turquoises, s.d. [16/5/f/k]. [nota : les folios 1 r° et 2 r°et v° de ce document sont barrés] /fol. 1/ n° 7 6 Le juge de Simorre répondant article par article au mémoire qu’il vient de recevoir de la part de Monseigneur l’Intendant de Montauban, dit qu’il y a plusieurs endroits dans la jurisdiction dudit Simorre où il se trouve des mines dans lesquelles sont les pierres que l’on nomme turquoises ou nouvelle roche, et il 65. Crastes (Gers).

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y en a non seulement dans ledit terroir, mais même aux environs dudit Simorre. L’on ne peut pas marquer le temps auquel on a commancé de travailler à chercher cette sorte de pierres ny par quel accident ny à quelle occasion elles ont été découvertes, par l’incurie et la négligence qu’ont eu nos prédécesseurs d’en transmettre la connoissance à leurs successeurs. L’on sçait seulement qu’il y a plus de 60 ou 80 années que l’on y a travaillé, et que cet ouvrage a esté discontinué pendant /fol. 1 v°/ longtemps, soit par raport au peu de profit qui en revenoit, soit à cause des dépenses qu’il y avoit à faire, soit par le malheur des temps, la cherté des vivres, ou parce qu’on n’avoit pas la débite de ces turquoises, lorsqu’on avoit fait la dépense de les mettre en couleur et de les faire polir. Il passoit quelque fois quelque étranger qui s’en accommodoit et auquel on les vendoit à vil prix pour tâcher de se remplacer de la dépense que l’on avoit faite à les rechercher. Quelques fois les personnes qui en avoient les portoient à Beaucaire en Languedoc, à la foire de la feste de la Magdelaine, où elles se débitoient ordinairement à des gens de Genève. On en connoissoit si peu le prix que l’on vendoit à la livre les pierres colorées sans être polies et le prix en étoit de dix ou douze livres comptant 16 onces par livre. On peut encore moins sçavoir ce que chaque mine peut produire parce que, comme il a été dit par le mémoire précédent, il est arrivé /fol. 2/ que l’on a travaillé quelques fois les mois entiers et au delà sans avoir trouvé que de l’eaüe ou du sable, et qu’il n’y a pas actuellement un seul ouvrier de ceux quui étoient employéz à fouiller dans la terre qui soit en vie, ny de ceux qui les y emploioient pour pouvoir donner un éclaircissement sur cet article. La profondeur dépend du local, mais il est certain que toujours les personnes qui y ont travaillé ont creusé jusques à cinq, huit et dix canes de profondeur et que l’on y travailloit avec des flambeaux. Il y a ordinairement environ quatre ou cinq pans de terre qui a la même couleur que la terre ordinaire et, après l’avoir ostée de dessus, on trouve les veines de la mine qui sont de sable et inégalles en largeur aussi bien qu’en couleur, en y aiant de trois ou quatre pouces de largeur et de couleur noire, jaune et grise et cette dernière est la meilleure. Il ne se trouve point de terre dans les mines et ce n’est que seulement du sable composé /fol. 2 v°/ de vaines cy dessus, en sorte que dès qu’on trouve de la terre, on discontinue de chercher, l’expérience aiant fait connoistre qu’il ne s’y trouve plus de pierre après avoir trouvé de la terre. La couleur du sable dès qu’il est piqué, n’a autre couleur particulière que celle qu’a le sable de rivière. Le sable qui indique la pierre est ordinairement de la ressemblance de celuy de la rivière, qui n’est pas du plus gros et de la couleur tirant sur le gris ; parmy ledit sable indiquant il y en a d’extrêmement menu et fin, tirant sur la couleur de cendre. La terre qui se trouve à la fin de la mine, qu’on apelle beaume, est de couleur blanche et, pour pouvoir envoyer de cette terre du fond de la mine, il y

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auroit beaucoup de dépense à faire. Le dernier trou qui a esté fait avoit plus de cinq canes de profondeur qui, par succession de temps, s’est quasi comblé. Le temps qu’il faut pour donner la couleur ausdites pierres est incertain, en y aiant qui restent au four pendant quatre heures, d’autres pendant /fol. 3/ cinq, et d’autres qui la prennent plus facilement, outre le temps qu’il faut pour rougir le four comme il a été marqué au mémoire précédent. Dès que la pierre a pris sa couleur, il faut l’oster du four parce qu’autrement elle devient verte ou se brusle et devient noire et ne se calcineroit pas. La pierre qui est un peu en couleur, que l’on envoye présentement, est de même nature que celle qui a esté envoyée cy devant et qui étoit en couleur, mais qui, ne s’étant pas trouvée à portée pour prendre un même degré de chaleur que l’autre, a resté dans l’état qu’elle est et que l’on peut voir. Pour la pierre brute que l’on envoye, elle n’a jamais esté mise au feu. Toute la plus grande finesse pour donner la couleur consiste à connoistre le degré de chaleur qu’il faut donner avec l’égalité et il m’a esté dit que les personnes qui travailloient avoient un sablier pour mesurer le temps qui ne se trouve presque jamais le même. L’on pourra essayer si la pierre brute qui est /fol. 3 v°/ envoyée voudra prendre couleur en faisant ce qui suit. Commencer par bien nettoyer le foyer, entourer ladite pierre de charbon sans que pourtant elle en soit touchée, mais seulement allumer les charbons avec un soufflet autour de ladite pierre et jusques à ce que ladite pierre devienne rouge comme du feu, et pour cela l’on a besoin de trois quarts d’heures ou d’une heure, et c’est de cette façon que l’aissay s’en faisoit dans le temps que l’on travailloit à en chercher. Il n’est pas inutile d’avertir que, quand l’on voudroit faire fouiller dans la terre pour chercher de cette espèce de pierre et qu’il se trouveroit quelqu’un qui en voudroit faire la dépense, qu’il seroit quasi impossible de trouver des ouvriers et l’on n’en sçait pas un seul qui soit en vie de ceux qui travailloient anciennement. Le morceau de pierre brutte et ceux qui ont pris couleur seront sans doute sufisans pour donner une ample matière aux /fol. 4/ dissertations de Messieurs de l’accadémie, aiant répondu à toutes les questions qui avoient esté faites. Il faut que ce soit par la force du feu que la couleur soit donnée à la pierre qu’il faut laisser dans le four jusques à ce qu’elle ait pris la couleur bleue. Et que si elle n’en prend pas suffisament, il faut augmenter le degré du feu et de la chaleur. Joint : l’abbé Giscaro à Bignon, s.d. [16/5/f/l]. n° 8 4 Monsieur l’abbé Bignon, conseiller d’État L’abbé de Giscaro Casaux ayant eu l’honneur de vous proposer des moyens pour faire travailler aux turquoises, s’empresse de vous faire scavoir qu’il vient

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de recevoir une lettre de Gascogne qui lui confirme la nouvelle que Sénac a réussy à leur donner une belle couleur. Quoiqu’il soit persuadé que Sénac est le plus propre qu’il y ait dans ce païs là pour mener à bien cette affaire, mais comme il n’est pas le seul ouvrier que l’on deut employer et que Mr de Giscaro ait par vos ordres consulté tout ce qu’il y a de gens entendus sur cette matière, l’abbé de Giscaro a craint que Sénac pourroit être embarassé à trouver le degré de chaleur convenable pour les perfectionner, parce qu’il a travaillé seul à Gimont où Mr Legendre a fait construire un four et a donné ordre à Sénac d’y transporter la roche qu’on a trouvé dans les mines qui sont à Simorre ; cela a été fait pour la commodité du juge de Gimont à qui Mr Legendre a donné la conduite de cette affaire. Quoyqu’on ait écrit de Gascogne que les turquoises que vous recevrez bientôt, sont belles, cependant il y a bien de l’apparence qu’on auroit mieux réussy si Mr Legendre avoit laissé cette affaire à Simorre et qu’il eût continué de se servir de Mr de Giscaro qui est parfaittement bien instruit, au lieu de le laisser à l’écart après avoir eu de luy des instructions, en lui substituant le juge de Gimont qui ne connoit point cette affaire. C’est ce qui engage l’abbé de Giscaro à vous représenter que, la ville de Simorre étant le seul endroit où l’on travailloit anciennement, où tout le monde a du goût pour les turquoises, où l’on trouve les mines et où les ouvriers font leur résidence, il est naturel que cette affaire y soit consommée. Il leur suffit que SAR Monseigneur le duc d’Orléans la souhaitte pour qu’un chacun concoure à la mener au plus haut point de perfection ; l’intérêt particulier que vous y prenez est encore un pressant motif pour les engager à ne rien négliger. Le juge de Gimont chargé par Mr l’Intend[ant] de l’épreuve qui a été faitte, ne pouvant donner ses soins à cause de sa magistrature, et Mr Legendre étant acablé d’affaires, ont causé dans celle cy le retardement qui vous surprenoit si fort. Pour donner un bon tour et pour établir un bon ordre dans cette affaire, il faudroit que quelq’un fût chargé de pourvoir à tout, qui fût toujours présent à tout ce qui se fait, qu’il eût quelque juridiction sur Sénac et les autres ouvriers dont on auroit besoin, qui entrât dans le détail pour le payement et pour fournir toutes les choses nécessaires dont il rendroit un compte exacte à Mr l’Intendant à qui la Cour donneroit ordre de faire toutes les avances, et enfin qui eût un pouvoir de Monseigneur le duc d’Orléans de faire creuser dans le voisinage de Simorre où on pouroit découvrir de la bonne roche, et un ordre de faire fournir aux communautés les ouvriers dont on pourroit avoir besoin avec deffence à qui que ce soit de faire travailler. Mr de Giscaro a eu l’honneur de vous offrir plusieurs fois ses services. La direction de cette affaire lui convient mieux qu’à un autre. Faisant sa résidence sur les lieux et ayant des mines des turquoises dans son bien, il en coûtera beaucoup moins à l’État que si on faisoit venir un étranger, et le succès de cette entreprise en deviendra plus certain.

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L’abbé de Giscaro s’est flatté qu’ayant relevé une affaire où Mr l’Intend[ant] de Montaubant a échoué, où Mr Legendre n’auroit pas mieux réussy sans les instructions qu’il luy a fait donner en Gascogne, il auroit la satisfaction de voir que son père auroit la préférence dans une chose où il est avantageux de la donner. Il vous suplie d’y faire vos attentions et de lui accorder l’honneur de votre protection. Vous voulez bien lui permettre de répetter ce qu’il a eu l’honneur de vous exposer dans son premier mémoire, que cette affaire est d’une grande conséquence par l’étendue que SAR peut luy donner ; elle peut avoir la quantité des turquoises qu’elle voudra par le grand nombre des mines qui sont dans ce pays là. Le cours qu’elles auroient en France et le commerce qu’on peut établir avec les Orientaulx, produiroit à l’État des sommes considérables. On vous supplie de représenter tous ces avantages à Monseigneur le duc d’Orléans qui, voulant tout connoitre par luy même et faire valoir tout ce qui peut contribuer au bien de l’Etat, fait espérer à l’abbé de Giscaro que SAR ne jugera point indigne de son attention l’établissement qu’il a l’honneur de vous proposer. Joint : autre mémoire sur les turquoises [16/5/f/m]. /fol. 1/ [document presque entièrement barré] 6 Les turquoises apellées la nouvelle roche ne se composent pas par l’assemblage de diverses matières réunies à un corps, mais se trouvent dans divers endroits dans le creux de la terre et bien avant dans icelle par des pierres qui s’i rencontrent et ausquelles on donne la couleur, comme sera dit cy après. L’on connoist les endroits dans lesquels ladite pierre est, et dont les turquoises sont faites, par la couleur de celle qui se trouve sur la superdficie de la terre et qui est blanche d’ordinaire. Le plus souvent, c’est dans des endroits exposés au midy et où la terre n’est pas cultivée. On met cette pierre de la superficie sur le feu pour voir si elle veut prendre couleur. Après lequel essay, on ouvre la terre avec des pioches et autres instruments pro[p]res à la remuer et à creuser en sorte qu’il faut /fol. 1 v°/ bien souvent entrer fort avant dans la terre, y faire diverses chambres que l’ont fait soutenir pour n’être pas écrasé au dedans. Il arrive fort souvent qu’après avoir travaillé longtems et que l’on croist avoir trouvé la mine, qu’elle se termine à du sable, ou bien à quelque source d’eau. Il est vray que quelque fois on rencontre de la pierre qui est propre à recevoir la couleur, mais qui, se trouvant écailleuse, n’est pas bonne à être mise en œuvre. Il y en a d’autre qui se trouve bonne et qui peut servir. La nature ne forme pas les pierres qui se trouvent dans le sein de la terre et qui sont bonnes à être mises en œuvre de la même figure, ny de la même forme, en y aiant plusieurs pierres qui ressemblent aux membres du corps humain comme bras, jambes et même des dents, d’autres aiant quelque figure particulière et de grosseur différente et inégale.

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L’on ne peut marquer à quelle profondeur lesdites pieres se trouvent, parce que cela dépend de la profondeur de la mine et de la sçituation du /fol. 2/ local qui, estant pour le plus souvent sur les hauteurs, est la cause qu’il faut aller bien avant dans la terre. Les mines qui se trouvent ne sont pas également abondantes, en y aiant même qui ne fournissent que peu de pierre. Lorsque l’on a esté assés heureux pour rencontrer de bonne pierre, on la met dans le four dont on envoye le modèle, lequel four on fait rougir extraordinairem[en]t. Ensuite l’on met ladite pierre dans des creusets conformes au modèle, lesquels creusets l’on avance et l’on recule à proportion que la pierre prend couleur et cela sans discontinuer pour conserver autant que l’on peut le même degré de chaleur. L’on ne peut pas marquer les temps qu’il faut que la pierre reste dans le four, parce que il y en a qui reçoit plus facilement la couleur l’une que l’autre ; par là l’on voit que la matière dont on fait les turquoises ne se fond pas. Il y a plus de vingt ans que l’on ne travaille pas dans ce lieu à chercher de ces pierres. La cherté des vivres en a esté en partie la cause et les personnes qui faisoient travailler étant /fol. 2 v°/ mortes aussi bien que les ouvriers que l’on employoit à creuser. Les frais que l’on faisoit estoient si grands que l’on n’a pas veu que les personnes qui faisoient travailler aient augmenté leur bien, ny élevé leur famille par des établissements plus avantageux que ceux qu’ils avoient auparavant. L’on envoye trois petits morceaux de pierre, pour faire voir que toutes ne prend pas également la couleur. Il n’a pas esté possible d’envoyer des pierres brutes, quoyqu’il y ait divers endroits dans la jurisdiction où l’on croist qu’il y a des mines. 21. - 8 octobre 1717 : lettre de Giscaro à Bignon, Paris [16/5/e/iii]. Monsieur, J’ay creu par l’attention que vous a l’affaire que j’ay eu l’honneur de vous proposer, que vous ne seriez point fasché d’apprendre les diligences que Mr de Giscaro y a porté. Il a recommancé ses travaux au commencement du mois passé et, aprèz avoir fait travailler en vain pendent quelques jours, il a rencontré dans un autre endroit une pièce de belle roche pesant environ huit livres. Comme il a 24 ouvriers qui travaillent journellement, dont les uns sont à Simorre et les autres dans le voisinage, il y a apparence qu’il en aura bientost une plus grosse quantité. Si pourtant il est quelques jours sans en trouver qui soit bonne, il n’i attendra plus et faira donner incessament la couleur à celle qu’il a, affin que vous puissiez juger de leur science [?] et prendre quelque résolution sur la manière de les débiter ou dans le royaume ou dans les païs étrangers. Il m’escrit qu’il se sert de deux hommes qui connoissent parfaittement bien les lieux où sont les bonnes minières, et qui savent donner une belle couleur à ces turquoises. Il souhaiteroit fort que vous vouleussiez les taxer. Il donne à chacun des autres travailleurs huit sols par jour et quelque pot de vin

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à bon marché, parce que cet ouvrage est très fatiguant. Les particuliers qui permettent à mon père par amitié ou par considération qu’il fasse ouvrir la terre dans leur bien, demendent qu’on paye le domage qu’on leur cause. Il voudroit savoir vostre sentiment là dessus. Je luy ay écrit, ne pouvant avoir l’honneur de vous parler, qu’il les contentât comme il pourroit et les travailleurs aussi et que, dans peu de tems, on luy envoyeroit des ordres et des règlements pour toutes choses. Il vous prie instament de demender l’ordre du Roy que vous luy faites espérer, parce qu’il est obligé d’en passer par tout ce que veulent ceux avec lesquels il traitte, ce qui l’expose à des plus gros frais, lesquels il éviteroit et bien d’autres embarras s’il étoit revêtu de quelque authorité et, par là, vous finiriez entièrement cette affaire. Ainsi, Monsieur, je vous supplie d’en parler à Monseigneur le duc d’Orléans lorsque vous luy rendrez compte de l’état où elle est. Vous pouvez informer SAR qu’on luy envoyera des turquoises en couleur vers les festes de la Toussaints et qu’on espère qu’Elle en sera contente. On faira venir aussi de différentes sortes de sable avec quelque autre curiosité. Vous devez estre persuadé que je mets tout en usage pour un bon succèz et que mon père y fait toute la diligence possible, et il y a fort longtems que vous sauriez à quoy vous en tenir si vous aviez vouleu vous servir de luy plustost que de vous adresser à Mr Legendre à qui il est impossible, par la multitude des affaires qu’il a et par les voyages qu’il est perpétuellement obligé de faire dans son intendance, de vacquer suffisamment à celle cy. Je puis même avancer que le succèz n’en auroit esté aussi certain et que vous n’auriez pas esté servi aussi fidellement, parce que Mr Legendre n’auroit peu rien faire par luy mesme. Le bon compte que mon père vous rendra de tous les frais achèvera de vous persuader et je vous avoue qu’il faut dans une affaire de cette nature une personne sur laquelle on puisse compter, parce qu’il y a bien des choses auxquelles on est obligé de s’en rapporter. J’espère que tout [mot illisible] de manière que vous en serez satisfait et que, dans la suitte, vous ne serez point fâché d’avoir chargé mon père de la conduitte de cette affaire. Vous voulez bien de me permettre de vous assurer de la continuation du profont [sic] respect avec lequel j’ay l’honneur d’estre, Monsieur, [etc.]. De Giscaro prê[tre] à Paris, ce 8 [octo]bre 1717 Si vous avez quelque ordre à me donner, mon adresse est chez Mr Dupois, rue de Prouvelle, à l’enseigne de la Providence. 22. - 29 novembre 1717 : lettre de Giscaro père à l’Académie des sciences, Simorre [16/5/f/c]. 76 Mésieurs, Je me donne l’honur de vous escrire et vous envoÿr la turcouèse que je peu

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faire mètre en coulur jusque au poÿs de vingt quatre livres. Je souhète qu’elle vous donne toute la satisfaction que vous en espérés. J’ay fait de mon mieux et continueré de le faire. Je rancontré hier une turcouese que je fais mètre en coulur le plus tôt que je peus et dès qu’elle sera préparée à resevoyr le feu. Je compte que sela sera vers le premier de l’an. Vous me ferés un sansible plésir de voulouer taxer Sénac qui s’aquite parfètemant bien de son devoyr. Il n’a jamès voulu faire de marché avec moy, non plus que Carter que j’ay comis à la garde de la mine de Sent Martin. Sénac mérite mieux d’être récompancé puisque il est chargé de la coulur et d’autres fatigues. Je seré bien esse [lire aise] encore que les ouvriers fuset taxés, ausquels je donne huit sols par jour à chacun et une pène terible et dangereuse. Si vous trouviés à propos de m’anvoyer un ordre pour que les comunautés fuset obligées de me fournir des ouvriers en paient, car, à cause du danger qu’il y a de s’anterer, les gens n’i velet pas venir et de plus les vendanges et les semances ont reculé mon travail. Je vous envoye troys paquets de sable qui sont dans la boete. Vous assurant d’être persuadés qu’il n’i a personne au monde qui soit avec tant de respet, Messieurs, [etc.]. Giscaro 29me 9bre [novembre] 1717 Simorre Je pars pour Combes pour remaitre la boete au bureau de Combes ; il y a environ huit ou dis livres de rebut qui ne servet à rien, si veu le veulez, doné m’ant l’ordre. 23. - s.d. [adressée à l’intendant par lettre du 4 décembre 1717] : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/14]. 60 Pau L’Académie a appris que les moulins à l’eau du Béarn à moudre le bled sont différents de ceux de reste du royaume, que la roue mue par l’eau est horizontale ; elle souhaiteroit avoir des deisseins d’un de ces moulins. Elle reçut il y a quelques années de Monsieur de Courson66 de fort bons mémoires accompagnés de deisseins sur le bitume de Gaujac67, près de Dax. Elle apprit par ces mémoires que, dans les veines ou auprès des veines de ce bitume, on trouve des morceaux de matierre bitumineuse qui ont la figure de coquilles. L’Académie souhaiteroit avoir de ces morceaux de bitume. On les dit extrêmement fragiles, mais, en prenant la précaution de les envelopper de coton, on les feroit rendre icy entiers. 66. Urbain Guillaume de Lamoignon de Courson (1674-1742), intendant à Bordeaux du 14 août 1709 à 1720. 67. Gaujacq (Landes). Voir “ Bordeaux ou Guyenne ”, doc. 7.

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Elle voudroit aussi scavoir si on ne travaille pas à l’acier dans le Béarn et en cas qu’on y travaille quels sont les procédés qu’on y suit pour la conversion du fer en acier. 24. - s.d. [envoyée par lettre du 4 décembre 1717] : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/9]. On nous a parlé d’une mine de plomb qu’on nous a dit être à St Giron68 dans la montagne de l’Ardio, proche Oust69, dans le comté de Couserans, qui paroist mériter attention. On nous a assuré qu’après les simples préparations du lavage, on en retiroit du plomb pur, ce qui est de soy un fait singulier et marque la richesse de la mine. On a ajouté qu’elle se trouvoit dès la surface de la terre. Nous souhaiterions fort avoir des échantillons de cette mine, et scavoir précisement sa scituation et la nature de terrain où elle est. 25. - 21 décembre 1717 : Legendre de Lormoy au Régent, Bayonne [16/10/a]. Monseigneur, J’ay reçeu avec la lettre dont VAR m’a honoré le 4 de ce mois les deux mémoires de l’académie des sciences concernant les moulins à eau et la conversion du fer en acier dans la province de Béarn, le bitume de Gaujac, prèz Dax, et les mines de plomb qu’on prétend être dans le Couserans. J’ay pris, Monseigneur, touttes les mesures nécessaires pour tâcher de satisfaire au plutôt la curiosité de VAR sur tous ces points. Je suis avec un très profond respect, Monseigneur, [etc.]. Legendre à Bayonne, 21 décembre 1717 [au dos :] à M. l’abbé Bignon 26. - 2 février 1718 : Legendre de Lormoy au Régent, Bayonne [18/5]. 12 Monseigneur, En exécution des ordres de VAR, j’ay écrit en Béarn pour avoir les instructions nécessaires sur la manière de convertir le fer en acier et pour sçavoir les procédés qu’on y suit pour cette conversion. Celuy qui en a le secret prétend que c’est un secret de famille qu’il ne luy est pas permis de divulguer, et il m’a seulement envoyé les trois échantillons

68. Saint-Girons (Ariège). 69. Ustou (Pyrénées-Atlantiques).

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que j’ay l’honneur d’adresser dans ce paquet à VAR. Il me mande que ce n’est pas du meilleur acier qu’il ait fait, ajant expédié tout celuy qui luy restoit d’une qualité bien supérieure, et il le soutient meilleur que celuy d’Allemagne et de Dantzick70. Il dit aussy qu’il a été obligé d’abandonner ce travail depuis la paix, par la grande quantité qui en est venue d’Allemagne et de Dantzick, dont le débit se fait en France sur un plus bas pied que celuy qu’il bénéficioit parce que les étrangers se servent de charbon de terre et qu’ils ont le bois et le fer à beaucoup meilleur marché. Ce particulier ajoute que, si VAR a besoin de son service, il doit se rendre incessament à Paris. Je suis avec la même attention la recherche des coquillages dans les bitumières de Gaujac et Bastennes. J’ay donné dans ce dernier endroit les ordres nécessaires pour y faire ouvrir une mine où l’on me fait espérer d’en trouver. J’attends aussy incessament une montre de la mine de plomb qui est sur la montagne d’Ardio en Couserans. Je seray très exact à envoyer le tout à VAR d’abort que je l’auray reçeu, avec les précautions marquées par M[essieu]rs de l’académie des Sçiences. Je suis avec un très profond respect, Monseigneur, [etc.]. Legendre à Bayonne, 2 février 1718 27. - 20 février 1718 : Pointis au Régent, Ustou [18/22/c] [en haut :] à M. l’abbé Bignon 28 Monseigneur, J’ay receu une copie d’un mémoire de l’académie des Sciences au sujet d’une mine de plomp qui est dans la montagne d’Ardio, scituée dans la vallée d’Ustou, de laquelle vallée d’Ustou je suis le seigneur. Ce mémoire m’a été adressé par le subdélégué de Mr Legendre, intendant d’Auch, qui me marque que VAR souhaitte avoir des échantillons de cette mine et des éclaircissements sur la situation du terrein où elle est. La rigueur de l’hyver ne m’a permis d’en pouvoir avoir que de fort petits échantillons que je prens la liberté d’envoyer à VAR par la messagerie de Toulouse à Paris. Et, à l’esgard de la situation de cette mine, j’auray l’honneur de dire à VAR que la montaigne d’Ardio où elle a esté découverte, n’est pas une montaigne des plus élevées de la vallée d’Ustou. On peut aisément monter jusques au sommet à cheval. On trouve cette mine sur la surface de la terre, entre le roc d’où l’on voit sortir un filon de plomp qui a plusieurs branches qui sont toutes entremellées parmi le rocher. La grosseur de ce filon est de la grosseur du corps d’un homme de médiocre taille. Il est fort difficille de tirer de cette mine qu’en faisant éclatter avec de

70. Dantzig (Allemagne).

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la poudre le rocher qui est à l’entour. Et, quoique cette mine soit fort abondante en plomp puisqu’elle produit de deux une livre de fort bon plomp, on ne doutte pas qu’elle ne soit encore plus riche au dedans que ne l’est celle que l’on trouve sur la surface de la terre. Et l’on voit aussi que plus avant on creuse dans la terre, ce filon devient plus gros et il est certain que l’on a découvert que ce filon perce de l’autre coté de la montaigne, ce qui est une preuve qu’il y a une grande quantité de cette mine. On a creusé dans le lieu où elle est environ une toise de profondeur et c’est au fond de ce trou que l’on voit ce gros filon et auprès une petite fontaine d’une eau fort chaude et qui sent fort le soulfre. Cette montaigne est présentement chargée d’une grande quantité de neige et est inaccessible jusques au commencement du mois de juin. Voilà, Monseigneur, tous les éclaircissements que j’ay peu avoir sur ce sujet que j’ay cherchés avec toute l’attention possible pour vous prouver le zèle, la soumission et le profond respect avec lesquels j’ay l’honeur d’estre de VAR, Monseigneur, [etc.]. Pointis à Ustou, ce 20e février 1718 Si Votre Altesse veut m’honorer de ses comandements, mon adresse est au baron de Pointis par Toulouse pour le messager de St Girons à Ustou. 28. - 5 mars 1718 : Legendre de Lormoy au Régent, Pau [18/22/a]. [en haut :] à M. l’abbé Bignon 28 Monseigneur, Pour satisfaire à la lettre dont VAR m’a honoré le 4 décembre dernier en m’adressant un mémoire de l’académie des sçiences au sujet d’une mine de plomb qui est dans la montagne de l’Ardio, près St Girons en Couserans, j’ay fait venir des échantillons de cette mine dont j’ay remply une boette quarrée du poids de douze livres. Je prends la liberté de l’adresser à VAR par le carosse de Bordeaux. Je joints en attendant un morceau de plomb que cette mine produit, avec l’extrait d’une lettre que le seigneur de la terre où la montagne de l’Ardio est enclavée, m’a écrit sur la sçituation et sur la production de la mine. Je suis avec un très profond respect, Monseigneur, [etc.]. Legendre à Pau, 5 mars 1718 Joint : Pointis à Legendre de Lormoy, s.d. [18/22/b]. 28 Extrait de lettre écritte par M. de Pointis, seigneur d’Ustou, à M. Legendre Il y a sur la montagne d’Ardio un minéral de fort bon plomb. Ce minéral paroit à découvert entre des grands rochers, où l’on voit un filon de cette mine

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de la grosseur du corps d’un homme. On a beaucoup de peine d’arracher d’entre le roc cette mine. Il faut pour en arracher faire éclater les rochers qui sont à l’entour par le moyen de la poudre à canon. J’en ay fait faire l’épreuve plusieurs fois. Une livre de cette mine produit une demy livre de fort bon plomb, et on juge par là qu’elle rend tout ce que l’on peut souhaiter. Il y a longtemps que je suis à la recherche de quelque homme habille qui sçache faire exploiter le minéral qui à ce qu’on m’asseure donneroit un revenu fort considérable. 29. - 30 avril 1718 : Legendre de Lormoy au Régent, Bayonne [18/30]. [en haut :] à M. l’abbé Bignon 41 57 Monseigneur, En conséquence des ordres dont VAR m’a honnoré par sa lettre du 4 décembre dernier, pour avoir s’il étoit possible des coquillages qui se forment avec la mine de la bitumière de Gaujac, je me suis donné tous les soins qui ont pu dépendre de moy pour satisfaire la curiosité de VAR. Comme les travaux de ces minières se trouvent suspendus depuis quelque temps, à cause de certaines contestations entre les propriétaires du fonds, et que je fus informé qu’il n’étoit pas seur de trouver aussy facilement du coquillage dans la bitumière de Gaujac que dans celle du lieu de Bastennes qui n’en est pas éloignée, je donnay les ordres nécessaires pour y faire travailler et, avec le secours de la mine, on a enfin trouvé des coquilles. Le mémoire de l’accadémie des Sciences portoit de les enveloper de cotton pour les faire passer en plus grande seureté à Paris ; mais, après en avoir raisonné avec gens qui sont au fait, j’ay cru que ces coquilles étant encor liées au bitume où elles ont été formées et pris leur naissance, le cotton se seroit infailliblement collé à cette matière grasse, onctueuse et pénétrante, de manière à ne pouvoir les séparer qu’avec beaucoup de peine et même quelque risque de les gâter, en sorte que j’ay pris le party de les faire envelopper séparément dans de gros papier brouillard et poser dans un caisson sur des lits de paille et de papier pour les garentir de la chaleur et de la pression. Et, comme cela est fort délicat et que je souhaitte qu’elles parviennent à VAR dans le même état qu’on les a tiré de la minière, j’ay cru plus convenable de faire porter le caisson à Paris à dos de cheval ou de mulet que par le carrosse de Bordeaux. C’est ce qui m’a obligé de le faire passer d’icy à Montauban où il a deu être remis mercredy dernier 27 de ce mois au messager de Toulouse à Paris à l’adresse de VAR. On a laissé les coquilles attachées au bitume afin que VAR puisse mieux connoitre la manière dont la nature les forme dans le sein de la mine, sur

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laquelle j’ay déjà eu l’honneur de luy adresser un mémoire. Je souhaitte que VAR soit satisfaitte des précautions que j’ay prises à cet égard. Je suis avec un très profond respect, Monseigneur, [etc.]. Legendre à Bayonne, 30 avril 1718 30. - 30 mars 1719 : Giscaro fils à Bignon, Auch [18/78/a]. 9 Monsieur, Immédiatement après avoir receu vostre lettre avec le mémoire de Mr de Réaumur, nous avons fait donner la couleur au peu de roche que nous avons peu rassembler, pour éprouver si nous pourrions perfectioner les turquoises au point que vous nous le marqués. Nous croyons y estre parvenus et vous en jugerés par celles que mon père vous envoye. Leur dureté est surprenante et la couleur nous en paroit magnifique. Elles sont aussi fort peu écailleuses et peuvent estre mises en œuvre. Si au reste vous y remarquez quelque nouveau deffaut, je vous prie de me l’écrire et nous tâcherons d’y remédier, mais aussi nous ne pouvons suivre les travaux que nous avons commencé sans le secours que vous m’avez fait espérer à Paris. Je suis persuadé que Monseigneur le duc d’Orléans seroit touché de la situation violente où mon père est réduit s’il en étoit informé, et il y a certainement nombre d’officiers qui ont reçu quelque gratification qui n’ont point servi le Roy avec autant d’honneur et de distinction que l’a fait mon père qui, présentement, n’a d’autre espérance de voir ses services récompenséz que celle que vous luy donnez. Il espéroit que SAR pourroit les reconnoistre en ma personne lorsque j’estois à Paris où, après avoir fait inutillement un séjour de six années, je me suis veu obligé de tout abandonner pour prendre une cure à la campagne dans un mauvais pays. Je sçay, Monsieur, que nous ne serions pas les premiers ausquels vous auriez accordé l’honneur de vostre protection. Si nous avions un pareil bonheur, toute nostre maison ne cesseroit de faire des vœux pour que le Seigneur courronât dans une autre vie vos glorieux travaux de celle cy. Tous les mouvemens que je me suis donné, les instructions et les mémoires que j’ay eu l’honneur de vous présenter, sont les effets de l’ardent désir que j’ay de faire réussir cette affaire. J’espère estre plus heureux dans la suite et par là donner des marques de mon zèle à SAR, vous témoigner mon dévouement et le respect avec lequel j’ay l’honneur d’estre, Monsieur, [etc.]. de Giscaro pr[être] à Auch, ce 30 mars 1719

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31. - 5 avril 1719 : Giscaro père à Bignon, Simorre [18/78/b]. 9 Monseigneur, À l’arivée de mon fils, il mé dit que vous luy aviés donné ordre de me dire de faire travailler et, suivant la laitre et le mémoyère que mon fils a eu l’honur de resevoyr de veus, j’é veu par là que veus ne demandé pas la turquoyese qui représante tant le vert comme selle que j’eÿ eu l’honur de veus envoyr, quoyque l’on m’ut assuré que s’étoit la coulur qui veus feroit plésir, ce qui m’a causé un grand préjudise comme ayant chouézi [sic] ce qu’il y avoit de plus beau et que toute l’autre pierre m’é resté de la mesme coulur que selle que je vous ay envoyé tirant toute sur le vert. Et, ayant veu votre laitre et le mémoyère, je n’é pas manqué de faire maitre en couleur le rebut que j’avés fait lorsque je fis maitre en coulur la dernière pière que j’ey eu l’honur de vous envoyr, et de ce rebut que j’é fait metre en couleur, je veus en envoye six pières que vous aurés la bonté d’examiner la coulur qui est baucoup plus basse que n’auret été selle que je veus envoyée, si j’avés cru que ne luy eut pas falu donner la coulur bleue tirant sur le vert. Veus aurés la bonté de me marquer la coulur qu’il vous conviendra. Je veus la donneré à la première pierre que le Seigneur me donnera la grâce de trouver dans la mesme mine que je vé faire poursuivre et que je vé faire maitre en coulur que lorsque j’auré eu l’honur de resevoyr votre réponce. Je la poursuivré autant qu’il dépandra de mes forces. Je crains de perdre la batailhe faute de combatans. Secouré moy, je vous prie. Veus devés estre persuadé que je vous donneré la satisfaction que veus espérés de sete mine ou de selles où les enciens ont fait travailher qui sont éprouvées que j’ay découvert. Depuis peu, j’avés discontinué de faire travailher et, sur votre laitre, je vé continuer immédiattemant après faites et suis avec un proffont respect, Monseigneur, [etc.]. Giscaro ce 5me avril 1719, à Simorre Si Votre Grandeur m’onore d’une réponse, mon adrese est Tholose71 le mois à Simorre [au dos :] à Monseignur, Monseignur l’abbé Bignon 32. – s.d. : demande de renseignements par Réaumur, minute [18/15/c]. 76 Pau Le gave qui passe à Lescar, est mis par des autheurs qui méritent croiance au nombre des rivières du roiaume qui roulent des paillettes d’or. On voudroit 71. Toulouse (Haute-Garonne).

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scavoir si on s’occupe à les ramasser et, en ce cas, en quel endroit et de quelle manière. Si cette recherche est négligée, on pourroit engager quelque curieux à la tenter. Nous souhaiterions qu’on pust nous procurer des paillettes d’or de cette rivière et de ces paillettes meslées avec le sable d’où on les sépare, comme nous en avons eu de diverses autres rivières du roiaume. 33. – s.d. : notes de Réaumur [17/53/a]. M. Sabach peut prendre tout le temps qui lui sera nescésaire pour rassembler les instructions qu’il offre de donner sur les différentes espèces de marbre et les manières de les détacher et de les transporter. On recevra avec plaisir les mémoires ébauchés qu’il s’engage d’envoier de temps en temps. On lui marquera ce qu’on souhaitera qu’il y ajoute. Puisqu’il lui est aisé de rassembler des échantillons de tous ces marbres, il fera plaisir de le faire et de mettre à chacun des étiquettes où seront leurs noms, leurs qualités et les endroits d’où on les tire. Des échantillons de 2 à trois pouces de diamètre suffiront. Une description exacte des pratiques qu’on suit pour détacher ces marbres pour les remuer auroit son utilité, si on s’attache seulement à ce qui n’est point pratique dans les carrières des grandes pierres communes. Nous avons en différents endroits du roiaume des chesnes verts, mais on peut envoier quelques feuilles de ceux dont on fait mention. Elles metteront en état de juger si ils sont de mêmes espèces que les nôtres.

XXV.

ORLÉANS

1. - s.d. : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/69]. Orléans L’Académie royale des sciences qui cherche surtout à étendre ses connoissances par raport à l’histoire naturelle du roiaume et aux arts qui sont cultivés, souhaiteroit avoir des mémoires qui luy apprissent ce que la généralité d’Orléans a de singulier sur l’une et l’autre matierre, comme elle en a déjà eu de la plupart des généralités du roiaume. En attendant que les instructions qu’on espère mettent en état de faire un plus grand nombre de questions, en voicy quelques unes qu’on a à proposer : 1° Auprès d’Orléans, il y a une manufacture où l’on fait du papier bleue. On voudroit un mémoire qui apprist comment on donne la couleur à ce papier. 2° On ne tire point de fil de fer ou de fil d’archal à Paris et on nous a assuré qu’on tiroit d’excellens et très fin à Orléans. On demanderoit une explication très détaillée de ce travail et qu’on y fist joindre des deisseins si il y a quelque chose qui en demande pour être bien entendu. 3° On tire auprès de Chambor1 une pierre qui soutient le feu et dont on se sert aux environs pour faire des réchauts. On voudroit scavoir précisément où sont les carrières de cette pierre, comme on la travaille. On en voudroit aussi avoir quelques petis morceaux. 4° Les déz de Blois sont fameux dans le reste du roiaume. Pour les piquer, se sert on de machines, comme on en a en Hollande, qui en piquent un grand nombre à la fois. En cas qu’on fist usage de pareilles machines, on en demanderoit le deissein. On voudroit de plus avoir une explication très détaillé de la manière dont on fait ces petis ouvrages, à commencer depuis la matierre brute jusques as qu’elle soit entierrement façonnée sans obmettre même les termes des ouvriers. 5° Il y a auprès de Blois une mine d’un bol très fin dont on souhaiteroit avoir des morceaux, accompagnés d’un petit mémoire qui apprist précisément la scituation de cette mine, sa profondeur, la nature du terrain qui l’environne. En général on souhaiteroit qu’on voulust bien nous indiquer ce qu’on scait de singulier en terres, pierres, mines, minéreaux, etc. 1. Chambord (Loir-et-Cher).

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2. - juillet 1716 : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/59]. juillet 1716 Orléans Le mémoire qui a été envoié à SAR Monseigneur le duc d’Orléans par Monsieur de Bouville2 fait espérer des éclairsisements complets sur ce que la généralité d’Orléans peut avoir d’intéressant pour l’Académie des sciences. Le mémoire donne déjà de bonnes instructions sur les questions qu’on avoit proposées. On va pourtant encore en proposer quelques nouvelles par raport au mêmes matierres, pour scavoir quelques détails qu’apparament on ne nous a pas cru nescesaires. 1° Les ouvriers d’Orléans qui tirent le fil de fer le plus fin, ont-ils essayé de tirer des fils de fer de Normandie de la meilleure qualité. Es ce une expérience réitérée qui les a déterminé à ne se servir que de celuy d’Allemagne, ou si ils ne l’on [sic] fait qu’en suivant une espèce de tradition, comme il est assez ordinaire aux ouvriers. 2° Nous aurions plusieurs éclaircisements à demander sur la manière dont on recuit ce fil de fer. 1° Combien pesant on en recuit à la fois. 2° Si on en remplist entierrement la marmite. 3° Si on ne met dans la marmite rien que du fil de fer. 4° Si on ne recouvre pas la marmite. 5° Si c’est à feu de charbon ou de bois qu’on la chaufe. 6° Pendant combien de temps on la chaufe. 7° À quoy on connoist que le fil est recuit à propos. 8° Si on fait recuire le fil plusieurs fois, c’est-à-dire après l’avoir fait passer par un ou deux pertuis, on ne le recuit pas de nouveau. 3° Par combien de trous fait on passer le fil d’Allemagne pour l’amener à la plus grande finesse. 4° Le deissein qu’on a envoié de l’établis sur lequel on tire le fil de fer est fort bien entendu. On voudroit qu’on y en eût joint un du dressoir avec lequel on estire le fil et de toutes [sic] les autres petis outils qui peuvent avoir raport à ce travail. On n’a pas non plus assez expliqué l’usage du dressoir et comment il fait connoitre que le fil est propre à être mis en œuvre. Y passe t’on tout le fil qui a été tiré, et ne l’y passe qu’après qu’il est à sa dernière finesse. 5° On auroit vu avec plaisir un petit échantillon de cette pierre qu’on trouve auprès de Chambor, qui résiste au feu. 6° Le bol ou terre sigilée d’auprès de Blois dont on a envoié un échantillon se trouve t’il par gros morceaux, c’est à dire quelle est à peu près la grosseur des plus gros. Par quelle matierre ces morceaux sont ils séparés les uns des autres. Pour peu qu’il y eust de différence soit en finesse soit en couleur entre ceux ces trois caves où on en trouve, on souhaiteroit des échantillons de toutes les trois. 2. Louis Guillaume Jubert de Bouville (1677-1741), intendant à Orléans du 19 février 1713 à août 1731.

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3. - s.d. : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/15]. Orléans Les scavants des pais étrangers sont fort dans la curiosité des coquillages et autres animaux de mer pétrifiés ; c’est un des articles de l’histoire naturelle où il[s] s’attachent le plus. Les environs de Chartres peuvent beaucoup fournir dans ce genre de curiosité et surtout pour les échinites, ou coques d’hérissons de mer ou oursins pétrifiés. On dit que dans la plupart des maissons [sic] de cette ville, on s’y sert de ces sortes de pierres pour peser. On souhaiteroit qu’il y eust à Chartres quelques personnes qui voulussent prendre le soing de faire rassembler de ces pierres de toutes les figures différentes dont on en pourroit recouvrer, des plus grandes et des plus petites de chacune de ces figures. On souhaiteroit aussi scavoir précisement les endroits où l’on rencontre ces pierres et si il y en a une grande quantité, si on ne trouve pas aussi dans les mêmes endroits des coquilles pétrifiées. 4. - s.d. : mémoire sur les insectes qui attaquent le vignoble de Blois [17/19]. /fol. 1/ Généralité d’Orléans élection de Blois Mémoire sur les vers qui se trouvent et se sont multipliéz dans le vignoble de l’élection de Blois Depuis plusieurs années, il a paru un insecte dans quelques cantons du vignoble de l’élection de Blois qui a si fort ravagé les vignes qu’elles n’ont produit ny bois ny fruit. Cet insecte s’est si fort multiplié cette année qu’à l’exception de quelques paroisses du costé de la Beausse, où mesme il commence à paroistre, plus de quarante mil arpens de vignes sont tellement ravagéz qu’il n’y a nul espoir de récolte pour cette année ny pour la prochaine, le bois que la vigne a poussé ayant été entièrement dévoré. Cet insecte est une espèce de ver ou chenille. Il naît au commencement du primtems et il est alors presqu’imperceptible. Il a la teste noire, deux espèces de dens en forme de serpe ; il a des pieds comme la chenille ordinaire et la couleur de ver à soye avec lequel il a beaucoup de ressemblance quoyqu’il soit plus petit. /fol. 1 v°/ Lorsque la vigne commence à pousser, cet insecte monte dans l’œil du bourgeon apellé vulgairement le cosson et il arreste la force de la sève. À mesure que le ver grossit et que la vigne pousse, il s’envelope dans une feuille à l’aide de laquelle il s’étend sur le raisin qu’il couvre bientost d’une espèce de toile et le fait périr. Aux mois de juin et de juillet, on aperçoit dans cette feuille une coque ou cocon dans laquelle se forme une fève. La fève se transforme en papillon qui

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jette de la graine ou œufs sur le pampre, sur le sarment et même sur la terre. Ces œufs se conservent jusqu’au primtems suivant entre le bois et l’écorce de la vigne. Il y en a cependant quelques uns qui s’éclosent tous les mois de l’année. L’espèce de cet insecte se multiplie si prodigieusement que l’on en a compté jusqu’à 80 en secouant un seul seps de vigne. On a fait plusieurs épreuves pour la détruire ; les uns ont coupé l’œil du bourgeon dans le tems qu’ils commencent à y paroistre, les autres ont osté le pampre /fol. 2/ qui avoisine le raisin ; on a fait des feux pour attirer les papillons, on a essayé de les écraser entre les feuilles, mais malgré touttes ces précautions on ne s’est point aperçu que le nombre en soit diminué. Ces insectes s’attachent aux arbres fruitiers, à l’herbe, aux taillis, ce qui fait voir que tout est propre à leur nourriture. On a mesme observé qu’après avoir dévoré une vigne dans laquelle il ne restoit plus de pampre, ils se sont jettéz sur des pièces de pois et sur des arbres voisins qu’ils ont ravagéz. On joint à ce mémoire une boete contenant quelques uns de ces vers dans leurs différens états de graines, vers, cocons, fèves et papillons, avec des seps de vignes pour en faire voir la naissance, leurs progrèz et leurs effets.

XXVI.

PARIS

1. - s.d. [décembre 1715] : placet de Jean Prévost et André Savary au Régent [16/6/a]. À Son Altesse royale Monseigneur le duc d’Orléans, Régent du royaume Monseigneur, Jean Prévost1, maçon de la paroisse d’Auneuil, et André Savary, demeurant à Beauvais en Picardie, viennent exprès pour donner avis à VAR où il y a une mine d’or bonne et lucratif dont ils sont porteur des marques essentielles et en faire preuves toutes fois et quantes à VAR. [en-dessous, d’une autre main :] Mr Savary à l’image St Maurice, vis à vis le marché aux chevaux à Beauvais. [en marge, de la main de Bignon :] Monseigneur le duc d’Orléans m’ayant renvoyé ce placet, je prie Monsieur Geoffroy2 de faire l’épreuve des morceaux de cette mine que lui portent les bonnes gens qui ont présenté le placet. 13 d[écem]bre 1715. l’abbé Bignon Mg. le duc d’Orléans dettera cet esté ordre de travailler à cette mine sous les yeux de quelqu’un de l’académie des siences. 31 décembre 1715 [en bas :] M. Geoffroy, rue bourtibourg, près le cimettiere St Jean [au dos, au crayon :] Mr l’abbé Bignon, cloistre St Germain de l’Auxerrois 2. - s.d. [début 1716 ?] : rapport de Geoffroy sur la mine tirée à Auneuil [16/6/b]. /fol. 1/ Monsieur, J’ay examiné les matières minérales que les nommés Savary et Prévost ont 1. Jean Prévost est déjà cité en 1700, dans le mémoire rédigé “ pour l’instruction du duc de Bourgogne ” : “ Depuis quelque temps Prévost et Choisy […] ont prétendu avoir découvert une mine d’or dans la terre d’Auneuil, sur ce qu’en fouillant la terre ils ont trouvé différents lits de plusieurs sortes de terres, savoir : de l’argile, du tuf, et ensuite une terre noire qui reluit au soleil comme de l’or, qui est mêlée de quelques marcassites. Après avoir fouillé plus avant, ils ont trouvé un sable plus noir, et au-dessous une terre fort sèche, plus abondante en marcassites de couleur d’or. On n’a pas approfondi leur découverte ”. (A.-M. de Boislisle, Mémoire de la généralité de Paris, Paris, 1881, p. 378). 2. Étienne François Geoffroy (1672-1731), pensionnaire chimiste de l’Académie royale des sciences depuis décembre 1715.

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présentées à SAR Monseigneur le duc d’Orléans qui avoient été tirées d’un puits ou fosse d’Auneuil, près de Beauvais en Picardie. La plus grande partie de ces matières minérales ne sont que des pyrites ou marcassites qui ne m’ont rendu dans les essays qu’une forte vapeur de soufre et de la terre ferrugineuse. J’y ay reconnu quelques morceaux d’assés bonne mine de fer. Mais je n’y ay rien trouvé de fin, ny or, ny argent. Il n’y a pas même d’apparence que cela tienne rien du cuivre. Ces bonnes gens disent à la vérité qu’ils n’ont ramassé ces matières que dans les décombres de la mine et qu’il y a au fonds du puits qui est comblé présentement, une veine de minéral de couleur d’or très belle et très riche en apparence, et qui se vendoit bien à Beauvais et aux environs. Mais, quoy qu’ils disent, je crains fort que ce minéral ne se soit trouvé riche qu’en couleur et que ceux qui le payoient si bien, n’ayent trouvé que de la fumée pour de l’or : chose trop ordinaire aux chymistes. Cependant, pour ne rien négliger de ce qui regarde le bien du royaume, on pourroit au printemps ou l’été prochain demander à Mr l’intendant de faire creuser le puits jusqu’à la veine dont on parle3 et, dans ce même temps, un des chymistes de l’académie s’y transporteroit pour en examiner les différents minéraux et choisir ceux qu’il jugeroit à propos d’éprouver. Cette recherche, quand même on ne trouveroit aucun bon métal, ne laisseroit pas encore d’avoir une assés grande utilité en nous montrant les différents productions de la nature en ce genre et en nous instruisant peut être des moyens qu’elle employe /fol. 1 v°/ pour ces sortes de productions. Il y a presque toujours quelque profit à remporter de l’étude de la nature. De plus, ces sortes de marcassites ne sont pas tout à fait à négliger. Il y en a qui fournissent abondamment du soufre, du vitriol et de l’alum. On en travaille de cette espèce avec profit en Suède, en Angleterre, à Lyège, et nos marcassites de Passy donneroient raisonnablement de soufre et de vitriol pour mériter d’être travaillées, si les ouvriers, les vivres, les matériaux et le terrain même n’étoient pas excessivement chers à cause du voisinage de Paris. Peut être que cette marcassite dans le fonds de la mine pourroit contenir plus de soufre et de vitriol qu’au dessus. Une autre utilité qui reviendroit encore de cette recherche, si on ne trouvoit rien de bon, ce seroit de désabuser par là les gens du pays de la persuasion où

3. A.-M. de Boislisle (Mémoire de la généralité de Paris, op. cit., note 1, p. 378, note 3) rappelle d’après AN, G/7/432-433 qu’en 1703 déjà, l’intendant ordonna de faire fouiller la mine et qu’on en tira la charge d’un cheval qui fut envoyée à Paris pour en faire l’essai à la Monnaie. Mais la fosse fut envahie par l’eau et les inventeurs (Savary et François Plé), sans ressources, demandèrent un secours pour acheter des pompes ; le gouvernement se contenta de dédommager le propriétaire du terrain dont les arbres fruitiers avaient été endommagés.

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ils sont que cela tient de l’or ou de l’argent, et de la peine qu’ils se donnent de temps en temps de fouiller dans la terre pour l’y chercher. SAR ordonnera ce qu’elle jugera à propos sur cela. [Geoffroy poursuit en rappelant un projet d’histoire naturelle de la France4]. 3. - s.d. [mars 1716] : état des dépenses nécessaires pour travailler la mine d’Auneuil présenté par Lotoire [17/41/b]. [en marge, par Bignon :] surcis quant à présent, à moins que l’inventeur ne veuille à ses dépens amener le travail. 29 mars 1716. Estat du nombre des ouvriers nécessaires pour travailler à faire l’épreuve de la minne d’Auneuil ainsy que des pompes, outile et fourneaux suivant la suputation de Lottoire, sculpteur fondeur et ingénieur de matématiques. Premièrement Pour huit corps de pompes qui marcheronts jour et nuit et sur chaque corps il faudra quatre hommes qui se relègueronts [sic] de deux heures en deux heures, pour ce 32 L Pour faire des canneaux affin de détourner les eaux de dessus terre et de la fondation qui seronts de bois ainsy que touttes les autres charpenties qui conviendra faire tant aux pompes qu’à l’ouverture de la brèche douze charpentiers, cy 12 L Pour travailler les terres, les creuser et tirer et tourner les moulinets et aller en sous œuvre, pour ce 60 L Plus pour coupper les bois et les charier de la forêt du Roy distance de deux lieux, 8 hommes, scavoir quatre hommes pour coupper et 4 hommes pour charier avec deux charettes, cy 8L Plus il y aura pour viron [sic] 500ll pesant de chables et cordages, plus la dépence pour les outils comme piochers, haches, besches, brouettes et six demie muits reliéz en fer. Plus la dépence pour les fourneaux tant de fonte que de purification et les frais de touttes les compositions nécessaires pour déduire la minne en lingot au tiltre tout prest à faire des espèces. Pour touttes lesquelles dépences, ledit Lotoire5 offre d’en faire l’épreuve et se restraint à la somme de dix mil livres, en luy fournissant les bois nécessaires qu’on prendra dans la forêt du Roy.

4. Voir “ Les origines de l’enquête ”, doc. 2. 5. Sur Simon Lotoire et ses nombreuses demandes de privilèges, voir aussi “ Châlons ou Champagne ”, doc. 3 (mine de Blécourt, Haute-Marne) et “ Dijon ou Bourgogne ”, doc. 4 (mine de Grenand, Côte-d’Or).

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4. - 7 mai 1716 : Gantier au Régent, Paris [18/83/a]. [en tête, par Bignon :] Mgr le duc d’Orléans ne veut faire aucune avance et donera seulement la permission. 17 may 1716. Monseigneur, Je prend la liberté de vous représenter très respectueusement que la mine de Beauvais est réel et véritable et que, moyennant que j’eût la permission de prendre des bois à la forest du Roy qui se trouve aux environ de lad. mine ce qui convient pour retenir les terres en creusant, il ne s’agira plus que des travaux et peines d’ouvriers que j’offre de trouver, moyennant qu’on leurs promettent l’exemption de taille pendant un tems en cas seulement que la chose réusise et, an moins d’un mois, j’ose me flater d’aporter du véritable filon du banc d’or et en assé bonne quantité. Il convient aussi pour parvenir à la réusite de cette affaire d’une avance d’environ 12 ou 1 500ll pour payer la charpente, cloux et ustencilles pour travailler à la terre comme ferments, pompes, cordages et autres. Je donneray répondant de ma personne et promet d’en apporter plus que le produit de la première dépens, ce que je sçait pour en avoir une véritable connoissance et pour y avoir travaillé. Je suis avec tout le respect possible, Monseigneur, [etc.]. Louis Gantier à Paris, ce 7 may 1716 5. - [mai ou juin] 1716 : placet de Lotoire au Régent [17/41/h]. [en marge, par Bignon :] surcis 15 juin 1716 [?] À Son Altesse Royalle Monseigneur le duc d’Orléans, Régent de France Monseigneur, Simon Lotoire, sculpteur, fondeur, ingénieur de mathématiques et fils d’affineur de monnoye, représente très humblement à VAR que depuis deux mois il s’est donné tous les mouvemens possibles pour avoir la permission de mettre la mine d’Oneüil au jour, où le Roy y avoit fait travailler sans y avoir mis des gens entendus à la chose. Il demande à VAR une simple permission comme il luy plaira luy donner. Il luy a esté envoié par les particuliers des héritages où sont les mines, des lettres où ils s’obligent par écrit de faire les frais, et led. Lotoire s’oblige à faire les fontes, fourneaux et affinage propres à faire les monnoyes, et prendra la liberté de mettre entre vos mains, Monseigneur, lesdits mataux [sic] qui en proviendront en peu de tems. Si VAR a pour agréable de luy permettre, il aura soin luy et les siens de prier Dieu pour la conservation de Vostre Altesse Royalle. Joint : projet de privilège à accorder à Lotoire, s.d. [17/41/f]. Ce jourd’huy

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Le Roy estant à Paris, et désirant procurer l’abondance de toutes sortes de mettaux, et minéraux dans le royaume. De l’avis etc. a commis et commet le sieur Simon Lotoire, sculteur [sic], fondeur et ingénieur de mathématiques, pour faire à ses frais la recherche et ouverture des mines de tous métaux et minéraux d’Onoeuil et dans toute l’étendue de la province de Picardie. Pour y parvenir, il demande qu’il luy soit permis de fouiller les terres où il jugera à propos qu’il se peut trouver des veinnes de la mine, en dédommageant les particuliers propriétairs des terres à l’amiable, sinon à dire d’experts. Qu’il luy sera permis de prendre des bois à charbons dans les forrests du Roy en les payant suivant l’adjudication qui en aura esté faite ou qui se fera à la manière accoustumée. Qu’il luy sera de même permis de prendre les chesnes nécessaires pour la construction des charpentes chez les particuliers où ils se trouveront en payant ce qu’ils seront estiméz, à dire d’experts ou à l’amiable. Qu’il luy sera permis de faire canaux, conduits et ruisseaux ou détourner partie des rivières pour le mouvement des pompes ou autres machines, et que les eaux desd. pompes retourneront dans les mêmes rivières et ruisseaux, sans que les particuliers puissent empêcher le courant des mêmes eaux, servantes à l’exploitation de lad. mine en dédommageant. L’entrepreneur et les particuliers, ils seront descidéz par Mr l’Intendant ou ses subdéléguéz qu’il sera permis à l’entrepreneur de prendre des logements pour luy et ses ouvriers en payant, où il le jugera à propos. Qu’il luy sera permis d’enroller des ouvriers pour le travail de ses mines, sans que lesd. ouvriers puissent quitter sans congéz de luy à peine d’estre traittéz comme les désalteurs [lire déserteurs] des troupes de Sa Majesté. Qu’il luy sera permis de prendre des charriots ou charrettes pour voiturer les matéreaux nécessaires pour les mines en payant. Qu’il sera ordonné aux particuliers voisins des canaux que fera l’entrepreneur pour conduire les eaux pour le mouvement des pompes et des machines de la mine, qu’ils seront obligéz d’écurer les fosséz de leurs héritages affin que les eaux s’écoullent dans la rigolle faite pour l’entrepreneur. Que l’entrepreneur mettra les saumonts et lingots provenants desdites mines au tiltre ordinaire du fin dans la cour des monnoyes en nos hostels les plus prochaines des lieux où se trouveront lesd. mines et mathières d’or et d’argent, pour luy estre payéez suivant le tarif porté par les édits de Sa Majesté. Et en outre luy permettre de disposer à son profit des autres méttaux et minéraux qui se trouveront esdites mines ainsy qu’il avisera bon estre.

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6. - 23 septembre 1716 : projet de privilège pour Lotoire [17/41/a 6]. /fol. 1/ [en marge, par Bignon :] Projet ridicule en touttes ses parties. Décembre 1716. Louis par le grâce de Dieu Roy de France et de Navarre, à nous améz et féeaux conseillers les gens tenans nos Cour de parlement, Chambre des Comptes, Cour des Monnoyes à Paris et président Trésorier généraux de France et de nos finances, établis à [en blanc] salut. Notre amé Simon Lotoire nous a fait représenter qu’il y a près de la ville de Beauvais une mine une mine vulgairement appellée d’Auneuille7, d’où l’on peut tirer de l’or, de l’argent et autre métaux, à laquelle le feu Roy, nostre très honoré seigneur et bisayeul, avoit fait travailler, ce qui n’auroit pas réusy à cause de la grande dépense qui ne répondoit pas au proffit ; mais qu’il espéroit par les expériance qu’il a faites et les connoissances qu’il a de ses sortes de travaux que ceux qu’il feroit deviendroient ustilles à l’État s’il nous plaisoit de luy accorder la permission de faire fouiller et exploiter lad. mine, même ouvrir les terres où il croyra qu’il y a des veinnes et construire pour cet effet les fourneaux, forges et édiffices nécessaires. En quoy désirant traitter favorablement ledit Lotière [sic], sur la supplication qui nous en a esté faite, et contribuer à ce qui peut estre ustil à l’État et bien public, Nous de l’avis de notre très cher et très amé oncle le duc d’Orléans, Régent de notre royaume, luy avons permis et, par ces pr[ése]ntes signé de notre main, permettons ensemble à ses hoirs ou ayant causes de faire fouiller et exploiter pendant vingt cinq ans, à l’exclusion de touttes autres personnes, lad. mine /fol. 1 v°/ d’Auneuil, même ouvrir les terres où il croyra qu’il y en aura des veinnes et construire pour cet effet les fournaux, forges et édiffices nécessaires. Luy sera permis de faire fouiller les terres pour voir s’il y aura de lad. mine, et après quoy, s’il trouve que le peu de mine qu’il y trouvera ne méritte pas la peine d’y continuer les travaux, les remetra au même état. Et, à l’égard de celles où il continuera ses travaux, led. Lotoire en payera la rente aux particuliers auxquels elles appartiendront autant de tems comme il les occupera. Qu’il sera pareillement permis aud. Lotoire de prendre et choisir soit dans nos forêts ou autres tels bois qu’il jugera à propos et ustille pour faire les pompes, charpentes et autres choses nécessaires, et même pour le charbon qu’il aura besoin pour ses fourneaux, en les payans néanmoins à l’estimation et dire d’experts. Deffendons à tous colecteurs ès paroissiens des paroisses de nos villes et villages où il travaillera, de l’exposer soit à la taille ou autres impositions, ny ceux par luy employéz à lad. mine autres que ceux qui seront habitans 6. Autres copies en 17/41/c et 16/10/e/a ; cette dernière porte au dos, de la main de Bignon : “ Si le sieur Lothoire laisse écouler l’année entière depuis la datte de son brevet, sans se servir de sa permission pour travailler à la mine, SAR y fera subbroger le nommé Gantier pourvu qu’il donne de bons répondants pour s’asseurer qu’une pareille permission ne demeurera pas inutile entre ses mains. Ce 30 aoust 1717, l’abbé Bignon ”. 7. Auneuil (Oise).

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des lieux seulement. Permettons aussi aud. Lotoire d’affiner et mettre au titre l’or et l’argent qu’il tirera et proviendra de lad. mine prête à metre à la Monnoye, sans qu’il puisse en estre inquiesté par les officiers de nos Monnoyes, ny par la communauté des marchands orphèvres de notre bonne ville de Paris, ny d’ailleurs nos autres villes, ny même en quelques lieux qu’il puisse travailler. Luy permettons encore de faire recherches partout où il avisera /fol. 2/ bien des hommes qui luy seront nécessaires pour ouvriers de lad. mine, auxquels nous accordons pareillement facultéz et exemptions de tailles et autres impositions pendant leur vie, le tous à charge néanmoins de satisfaire les seigneurs haut justissiers des lieux, autres que nous, de ce qui pouroit leur estre deüs à cet occasion. Et, comme il est nécessaire que led. Lotoire aye ses sûrestés pour les deffendres de sa personne attendu même son incomodité de l’oüye, nous luy permettons et à ceux qui seront attachéz à sa personne de porter toutes sortes d’armes pour la deffense de sa personne sans qu’aux cuns [lire aucuns] l’em puisse empêcher sous quelques prétextes que se puisse estre, et, en cas qu’il survienne quelques différents entre entre led. Lotoire, ses hoirs et ayant causes et les propriétaires desd. terres, nous en attribuons par ces dites présentes la connoisance à notre amé et féal cons[eill]er en nos conseils, le sieur intendant de la généralité de Paris, et icelle interdisons à toutes cours et autres juges. Cy vous donnons et ordonnons que ses présentes, vous ayez à enregistrer purement et simplement, même en vaccations, pour jouir par ledit Lotoire, ses hoirs et ayant causes de l’effet d’icelle plainement et paisiblement, cessant et faisant cessaire [sic] tous troubles et empêchemens contraires, car tel est notre plaisir. Donné à Paris le vingt troisième jour de septembre, l’an de grâce mil sept cent seize, et de notre Règne le deuxième, signé Louis et plus bas le Roy, le duc d’Orléans, Régent, présent, signé Philippeaux. 7. - [novembre ou décembre] 1716 : Lotoire au Régent [18/74]. [en marge, par Bignon :] SAR rejette cette proposition come très préjudiciable au bien de l’Estat. 11 décembre 1716 À Son Altesse Royal Monseigneur le duc d’Orléans, Régent du royaume Monseigneur, Lotoire, sculpteur, fondeur et ingénieur de mathématique, fils d’affineur de monnoye de France, remontre très humblement à VAR qu’il a trouvé le secret de composer un métail provenent originairement de la mine d’Auneuil, avec moitié d’argent compose un argent aussy doux, aussy ployant et aussy beaux que l’argent au tiltre, et qui ne sera point sujet à rougir, ny changer, qui a esté aprouvé avec esçay dans la monnoye de Paris. Lotoire en a luy même fait l’épreuve qu’il souhaitteroit avoir l’honneur de présenter à VAR comme ayant jugé qu’on pouroit faire des espèces de cet argent, et le tiltre qui en sera à 5 d. et demy, sçavoir une pièce de 5 s. paisant un gros, dans laquelle entrera moitié

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d’argent fin et ainsy de touttes les autres espèces à proportion. Lotoire a trouvé le même secret pour les espèces d’or. Si VAR juge à propos, après qu’elle aura examinée sur le tout, d’en faire faire des espèces, Lotoire prend la liberté d’offrire ses très humbles services à l’État du Roy pour ayder à la fabrique desd. espèces, dans telles monnoyes qu’il plaira à la Cour luy ordonner, le zel qu’il a pour le bien de l’État l’oblige de mettre tous ses secrets en usages pour contribuer à son soulagement et en même tems pour s’aquérir, s’il luy est possible, l’honneur de la protection de VAR, pour la conservation de laquelle il redoublera ses vœux et prières. 8. - 29 juin 1717 : Louis Gantier à Bignon, Paris [16/10/e/f]. Monsieur, Nous avon retiré l’arais d’antre les mains du cecrétère de Mr de Noualle8 le me 29 de ce mois, lequeles arais est au nom du Sr Lotoire. Lequeles harais ne nous et pas favorable parce que nous n’oserion rien entreprandre à moins qu’il ne soit à nostre nom qui et Louis Gantier. Le Sr Lotoire ne manqueray pas de s’anparé avec raison, l’arais lui apartenan. Il ce trouverai que nous lui aurion fait de l’ouvrage à nos dépan. Il auray encor lieu de ce plaindre de nous. Cela ceray for chacheux pour nous après avoire fait de grand dépance que nous perdions tout à nostre confusion. Nous avons l’honeur de vous suplié très heunblemen de vous souvenire que l’arai en question ceray changé de non [lire nom], comme vous nous avé fait la grâce de me le promettre quand j’ay eue l’honeur de vous avertire de la demende d’estre au terre glaise par le dit Lotoire. Cette [lire c’est] après ce dernier dénoument que nous atandon de partire avec l’honeur de vostre protection qui nous cera du tout hureux. Nous atandon là desu vostre dernier résolution. J’oray l’honeur de vous présanté ledit arais à la premier audience que vous auray la bonté de nous donné. Nous continueron de prié le Segneur qui conserve vos jour comme à la personne du monde à qui nous ceron et nous somme aubligé de prier. Par[is], ce 29 juin 1717 9. - s.d. [1717] : Gantier à Bignon [16/10/e/c]. [de la main de Bignon :] à garder Monsieur, Suivant vos ordres, je vous présente ce mémoire que vous m’avez ordonné au suget de l’arrest de la mine auxprès de Beauvais. Monsieur est averty que 8. Le duc de Noailles, président du Conseil des Finances.

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le sieur Lautois n’est pas disposéz à faire l’ouvertur de ladite mine pour laquelle il luy a esté accordé brevet et patante. Ledit Gantier à qui vous avez eut la bonté de permettre une permission en cas que ledit Lautois n’en fasse pas l’exploitations, j’ay tout ce qui est néssaires [sic] pour faire l’ouverture. Ce qui forme une difficulté dans cette affaire est que ledit Lautoire a dans sa lettres patente qui est à l’exclusions de tous austres quoyqu’elle ne soit pas seller à la chancellerie et que ledit Gantier scay fort bien que le parchemain qu’il a entre ces mains qui n’est qu’une copie et l’originalle est chez Mr de Chanpigny, segrétaire de Monsieur le chanchelier. Le sieur Lautois est porté à faire l’ouvertur des trou et carrier où il prétent qu’il luy apportera plus de vingt mil livres par année et il prétent que dans quelleque anné en faire l’ouvertur de ladite mine qui n’a aucune raport à cette chosse qui est abusser beaucoupt du prince et de l’estat et particulièrement de vous, Monsieur, qui a toute les painne et les mouvemens de toute ces chosse et qui abuse de mon tempt depuis deux ans après luy avoir donnée toute l’éclercissement de la chosse et, en cas qu’il ne ceuste pas la chosse incessament, voyant la plus belle saisons qu’il passe qu’il en profite pas et nous, Monsieur, nous somme prest d’exécuter sitost l’arrest en main que nous espérons que le prince et l’Estat sera comptant et les personne dudit lieu seront comptant, attendu que nous avons nos précautions de faire réeusir la chosse insesament aussy bien que le sieur Lautois. Nous attendons, Monsieur, insessamant les ordres pour les exécuter et en mesme temps l’honneur de vostre proctections et pareillement celle de Mr vostre f[r]ère9 comme estant intendans du lieu, ce qui fait que nous esperrons de vous et nous sommes obligé, Monsieur, de prier le Seigneur pour la prospérité de santé de vostre personne et celle de Monsieur vostre fèrer [lire frère]. En finissant je prend la liberté de me dire le plus humble de vos petits serviteur, Louis Gantier J’auré l’haunneur de me trouvéz à vostre audiance dimanche. 10. - s.d. [1717] : Gantier à Bignon [16/10/e/d]. 32 Monsegneur, Le nomé Louis Gantier a l’honeur de représanter à Monsegneur que le conseille alan fini pour un tamp qui est le plus considérable pour l’ouverture de la terre à causse que les eaux son les plus basse dans les lieux soutairain et que l’on ne peut pas trouvé un tamp plus sèque, ses très heunble serviteur espère que Monsegneur aura la bonté de faire terminé cette permission pour travalier

9. Bignon de Blanzy, intendant de Paris (voir note 11, p. 677).

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ladit mine d’Auneuil avec l’aide de Dieu et l’honeur de vostre protection, qui n’atande qu’aprais l’honeur de vos ordres ou la permision telles simple qu’el puis estre. Tout nos affaire son preste pour quemencé [lire commencer]. Selui qui et avec nous et un des fils de feu Francisque, l’ilustre paintre, duqueles Monsegneur a eue la bonté de resevoire le [ill.] à l’Académy royalle de painture. Celui cy et le plus exlan [lire excellent] que nous aion pour la séparation et la fonte des mine. Il estoit associéz avec le sr Lotoire, mais, puisqu’il ne veux point travalier, Mr Francisque qui ne demende qu’à exécuter, fera avec nous ce qu’il aurais fait avec le sieur Lotoire parce qu’il et plus abille et plus sage. 11. - 1er juillet 1717 : Gantier à Bignon [16/10/e/e]. Monsieur, Je vien de voire Mr Lotoire, auxqueles j’ay dit que l’arais étois entre nos mains et que l’harais ne porte aucun des article qu’il nous a demendéz dan son mémoire. Il ne m’a pas caché sa pancé [lire pensée] en ce qu’il m’a dit qu’il ne l’excutera point, à moins qu’illes n’ais tout les article porté dan le susdi mémoire, mais qu’il ne laisera pas de le prandre pour ampêché que d’autre ne le puisse voire. Nous avon l’honeur de vous suplier très heunblement de revoire les article du susdit mémoire qui feron conestre à Monsegneur qu’il n’y a nul raison et qui n’on autre but que d’ampêché d’autre à travalier. Il prétan par ce moiain estre maître de tout les mine de Fraence et n’an donné qu’à qui lui payra un tribu. Nous espéron que vostre bonté nous profitera beaucoup. Nous priron le Segneur pour la conservation de vostre santé. J’ose prandre la liberté de vous assuré que, ausitôt que nous auron l’arais en mains, nous en feron l’ouverture avec l’aide de Dieu et l’honeur de vostre protection. J’ay l’honeur d’estre avec tout le plus profon respect que puis estre le plus petie de vos très humble et le plus somis de vos peti serviteur, Louis Gantier Ce premier juliett 1717 12. - 9 août 1717 : Gantier à Bignon [16/10/e/b]. Monsegneur, Vostre très heunble serviteur Gantié a estéz suivent l’honeur de vos ordre ché les imprimeur savoire s’il est vray que le dit Lotoire ait voulus faire imprimer son arais [lire arrêt]. L’im[primeu]r du Louvre a dit qu’il y avèt voulus faire inséré quelque chosse qui n’a pas trouvé à propos de le faire, de plus que si il avèt eue une ordre de vous qu’il lui auray fait suivent l’honeur de vos

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ordre. Il m’a envoier au quet de Jèvre, à la Croy Blanche, un autre imprimeur qui m’a dit qu’l y avè estéz, mais qu’il n’avais pas voulu lui imprimé ce qu’il demendois. Selui sy m’a envoier rue de la Harpe, à l’antré, à mains droite, proche un apotiquaire, lequeles imprimeur m’a dit qu’il lui avèt voulus faire imprimé plusieur article suposéz et que pour or ny pour argan il n’imprime poin de fausetéz paril [lire pareil] à cela, ny de suposition qui ne son poin portéz dan l’arais qu’il lui a montré. Monsegneur voy bien que tout ce qu’il dit est fourberie. Ce 9 aoust 1717 13. - 26 septembre 1717 : Savary à Bignon, Beauvais [16/10/e/g]. Monseigneur, En vous demandan très humblement pardons, voilà la troisième lestre que je me donne l’honneur de vous escrire depuis que j’ay eu l’honneur de vous parler la dernier fois quy estoit le dimanche onzième de juillet dernier, en sortant de vostre sainte messe, dont vous m’ordonnat de me rendre à Auneuille et de vous mander tout ce qui le sieur Tholoire [lire Lotoire] y feroit. Vostre Grandeur saura qu’il n’y esté pas encor venu y faire travaillier comme il devet. Vostre Grandeur saura que la sem[a]ine passée, il m’este venu la nuy en songe un dessin comme il fault faire pour ouvrire la mine d’or d’Auneuille, à peux de frès, sans peinne, et à rien risquer. Cela sera surprenant car, depuis ce songe, j’ay fait plusieurs réf[l]ection à cette ouvrage. Je ne saurois que dire austre chosse que cela ne vien point de mon esprit et que l’imagination de ce dessin ne vien que du Seigneur. Je vous en donneroit le dénoument, mais l’apréhention que j’eux que vous ne reseveriez pas mes lestre, et que d’austre personne que moy profitât de mon segrest [lire secret] puisque Dieu me l’a donné, s’es ce quy fait que je ne vous en donne pas le dénoument. Mais ce sera quand il pléra à Vostre Grandeur de m’ordonner de vous le dire. Les ingigneur se font unne grosse affaire d’ouvrire la mine d’or d’Auneuille. Et moy, avec les ordre néssesaire de Sa Majesté et de Monseigneur le Régen et mil ou quinze cent livres, je m’ofre d’ouvrir ladit mine. Il y fait bon présentement, les eaux sont for basse, puisque l’on n’a esté obligé de raprofondire les puis pour avoire de l’eaux, d’un austre costé l’on n’aura des ouvriers tan que l’on voudra et à bon marché. Je ne feré pas unne grande ouverture, mais il sufit qu’el sera assez grande pour conoistre sy la dit mine sera bonne et lucratife. Je suis, Monseigneur, avec un profond respec, en vous priant très humblement d’avoire soin de moy, Vostre très humble et très obéysant serviteur à Beauvais, le Savary 26 de septembre 1717

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[adresse :] Monseigneur l’abé Bignon, dans le Cloître de St Germain de l’Auxroy, de l’Auxroy à Paris 14. - s.d. : note [16/10/e/h]. Les date de permition acordé par la cour au Sr Lotoire, par l’ordre de Monsegneur l’abé Bignon, conselier d’estat Le lettre patante est délivrée le 23me jour de septembre 1716 Le breuvé a esté délivré le 23me jour de septembre 1716 L’arais de conseil a été délivré le 19 juin 1717. 15. - s.d. : note [16/10/e/i]. Monseigneur, À l’égard du brevet on l’a remis entre vos mains pour avoir un arrest comme Mgr l’intendant l’a demandé. Ledit brevet est du 18 ou 20 juin 1717. La patente est du 23 septembre 1716. Je vous donneray, Monseigneur, les cautions que j’ay eu l’honneur de vous proposer. Si je peut avoir la permission dans quinze jours, j’espère qu’un mois après la chose sera au jour. 16. - s.d. : Gantier à Bignon [18/83/b]. Mémoire pour Monseigneur l’abbé de Bignon Monseigneur, Louis Gantier prend la liberté d’interrompre Votre Grandeur pour luy présenter ce mémoire au sujet de la mine de Beauvais, d’où voilà le tems pour y travailler à présent et que la chose est véritable bonne parce que, y ayant travaillé il y a 13 ans, il en peut parler pertinament, ayant veû ce qu’on a trouvé, quoyque l’on ay pas esté plus bas que 27 à 28 pieds. L’on a trouvé plusieurs métaux. Le premier en manière de cloche. Le second en manière de marcassist comme il a esté présenté. Le troisiesme, plusieurs plaques grandes comme des assiettes, beau comme de l’or et massif. En quatriesme lieu, il se trouve en espèce en baston de bois brulléz, la longueur de 3 à 4 pieds, couvert de plaques fort massives couleur d’or, et l’on a pas pu aller à fonds attendu que les eaux offusquoient et que le troue estoit trop petit pour metre des pompes et pour avoir place pour faire travailler les ouvriers à sec, que l’on a pas dépensé plus haut que 400ll, quoyque l’on en ait

PARIS

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trouvé beaucoup que l’a mis entre les mains du subdélaygué de Beauvais moy mesme. Il y en avoit bien la charge d’un bon tombereau. Je ne scais ce qu’il est devenu et, sy l’on me veut donner la permission à moy et à Savary, nous nous faisons fort avec la grâce de Dieu de trouver le filon de banc d’or moyennant la somme de seulem[en]t de 4 000ll et que l’on nous veuille donner la permission des bois dans la forest de Roy pour tenir les terres. S’il plaist à SAR, nous aporterons les matières à vous ou à son Altesse. Pour à l’égard de la fonte de la terre, nous nous en faisons fort et l’on peut prendre M. Geoffroy ou M. Lottoy [pour Lotoire ?]. Sy vous souhaités, j’en donneray le plan du travail. En quatre semaines de temps, je me fais de le me metre au jour et d’aller au filon an banc. Et l’on retirera bien le double de la première dépense. Louis Gantier 17. - 20 octobre 1718 : Bignon, intendant de Paris, à l’abbé Bignon [18/41/a]. Je vous envoye, Mon cher frère, le mémoire que vous m’avez demandé au sujet de cette terre métalique qui se trouve auprès de La Ferté sous Jouars10, dont vous avez emporté l’échantillon dans un sac que je vous remis il y a quelques jours chez moy. Je vais partir pour mon grand voiage. Je vous prie de m’aimer tousjours et d’estre bien persuadé de la tendresse que j’ay pour vous. Bignon11 [en bas :] M. l’abbé Bignon Joint : mémoire, s.d. [18/41/b]. 58 Mémoire de l’Académie On nous a parlé d’une terre qui se trouve dans la parroisse de St Martin du Bochet, élection de Provins, qui pourroit mériter quelque attention. On nous a dit qu’elle est jaune, d’une couleur éclatante et luisante, et qu’on la croit métallique. Si nous en avions quelque livres nous ferions des essays pour découvrir si on en peut faire quelque usage. Éclaircissements Ce n’est point dans la parroisse de St Martin du Bochet, élection de Provins, que cette terre se trouve, c’est dans celle de Reuil, près La Ferté sous Jouars, élection de Meaux, dans la montagne de Vannes.

10. La Ferté-sous-Jouarre (Seine-et-Marne). 11. Armand Roland Bignon de Blanzy (1666-1724), frère de l’abbé Bignon, est nommé intendant à Paris le 17 août 1709 ; il mourra en fonctions.

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On a envoyé 4 ou 5 livres de cette terre qu’on croit sur les lieux estre une marchasite. Elle se trouve abondament et avec facilité sur cette montagne mesme dans la terre dont on fait la tuile. Le Sr Leroy qui paroist mieux instruit que les gens du lieu, croit qu’il ne seroit pas difficile de trouver le filon d’or ou celuy d’argent pour peu qu’on fouillât en cet endroit. Il asseure qu’il a tiré de l’or de cette terre par le moyen d’un dissolvant dont il fait un secret, faute duquel bien des gens y travaillent inutilement depuis 45 ans. Ce qui avoit donné lieu à croire que cette terre se trouvoit dans la parroisse de St Martin du Boschet est que le fils du Sr Leroy y demeure et que son père, l’y venant voir, luy a apporté des échantillons de cette terre. Il ne paroist pas que le secret de cet homme l’ait jusqu’à présent fort enrichy. 18. - s.d. : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/28]. Meaux On nous a parlé d’une source singulière pour les incrustations pierreuses qui est dans le couvent des Carmes de Meaux. On nous a même montré des fruits qui y avoient été revestus d’une couche pierreuse. On nous a assuré en même temps que ces incrustations s’y faisoient très viste. C’est de quoy nous voudrions être instruits et qu’on prist la peine de mettre plusieurs fruits de même espèces dans cette source et de les retirer à différents jours, afin que nous vissions les progrès de ces sortes de pétrifications. Nous voudrions aussi scavoir si les incrustations se font également viste près de la surface supérieure et près de la surface inférieure de l’eau, et enfin qu’on nous donnast une petite description de cette source. 19. - s.d. : note de Réaumur, minute [R/6/88]. Les coquilles pétrifiées ne sont qu’une curiosité de l’histoire naturelle fort estimée pourtant des étrangers. Monsieur l’abbé Bigon [sic pour Bignon] pourroit profiter de l’offre que luy fait Monsieur Doublet12 d’en procurer de celles du Vexin. En ce cas, il faudroit prier qu’on en cherchast le plus d’espèces différentes qu’il seroit possible, et qu’on nous marquast précisément le terrain où les trouver et son étendue à peu près.

12. Secrétaire des commandements et du cabinet du duc d’Orléans.

XXVII.

PERPIGNAN, OU ROUSSILLON

1. - s.d. [1716] : réponse de l’intendant de La Neuville à une demande d’éclaircissements concernant les pierres de Vic [17/46/b].

Réponses et éclaircissements sur chaque article de ce mémoire

Ces pierres se trouvent dans la plaine de Vich au pied d’une montagne très haute appellée de Monsseing ou Montseny, auprès d’un endroit que l’on nomme St Sigismond, dépendant de la paroisse de Villadrau3, esloigné de deux lieues de Vich.

/fol. 1/ L’Académie des Sciences1 qui cherche surtout à étendre ses connoissances sur ce qui a raport aux arts et à l’histoire naturelle, voudroit fort avoir de bons mémoires sur ces pierres de couleur qu’on nomme améthistes, ou pierre de Vich. On prétend qu’elles se trouvent, au bas des Pirennées, du côté de la plaine de Vich2. Ce qu’on souhaitteroit sçavoir, par raport à ces pierres, ce seroit : En quels endroits précisément on les trouve et les différents endroits où on les trouve qui sont ceux où l’on rencontre les plus parfaittes.

L’on en trouve aussy dans le territoire d’Auso qui est pareillement du diocèze de Vich, mais l’on a reconnu que celles de Villadrau, surtout celles que l’on tire d’une carrière appellée la fontaine d’Elboix, au pied dud. Montseny, sont les meilleures et les plus parfaittes. À l’esgard de ces plus parfaittes, elles sont meslées avec celles qui le sont moins et se trouvent dans les mêmes endroits. /fol. 1 v°/ Il est arrivé quelques fois, mais très rarement, que des paysans en

Si on les trouve en fouillant la terre, s’il y a des mines de ces sortes de pierres ou si

1. La minute de la main de Réaumur de cette demande de renseignements, avec une variante indiquée ici entre crochets, est conservée en R/6/37 et une autre copie en 17/46/a. 2. Vic, dans les Pyrénées catalanes (Espagne). 3. Viladrau (Catalogne, Espagne).

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ont trouvé en remuant la terre ; ordinairem[en]t l’on ne les trouve qu’après avoir creusé la terre souvent jusques à l’eau ; ces espèces de carrières s’appellent mines et sont plus abondantes au pied de la montaigne. L’on trouve dans les mêmes carrières des pierres de différentes couleurs, quelques fois même des morceaux de cristal blanc, mais celles dont on fait le plus de cas sont les violettes appellées améthistes ; leur couleur est claire ou foncée et cette dernière est celle que l’on recherche davantage ; il y en a aussy de jeaunes que l’on distingue dans les pays en pierres appellées morades et topases ; ces dernières sont les plus jeaunnes et cependant très peu le sont véritablement, ce qui fait que toutte l’application des lapidaires ou orfèvres est de les monter sur des feuilles jeaunes pour leur donner plus de couleur. Les autres pierres tirent sur le rouge brun, sur le verd, sur la couleur de paille, etc. M. de la Neuville4 a l’honneur de présenter à SAR des eschantillons de touttes espèces, scavoir des cailloux dans lesquels l’on trouve ces sortes de pierres ; ces cailloux estoient enveloppées de leur terre cette terre lorsque led. Sr de La Neuville est parti de Perpignan, mais cette terre s’est séchée en chemin et dissipée en poussière, ce qui n’empêche pas qu’il n’en reste encore assés pour /fol. 2/ connoistre la qualité de lad. terre et la manière dont ces pierres se forment.

on les ramasse sur la surface de la terre.

Si, dans les endroits où on les rencontre, on ne rencontre pas aussy des pierres transparentes de diverses autres couleurs.

On souhaitteroit surtout avoir des échantillons de ces différentes pierres brutes et les avoir attachées à leurs mine ou enveloppées dans cette mine. On demanderoit même des /fol. 2/ morceaux de la pierre ou de la terre qui touche immédiatement la mine et de ces pierres de touttes les différentes couleurs [et figure dont on en trouve].

4. Charles Deschiens de La Neuville (1667-1737), conseiller, puis président à mortier au Parlement de Pau (1697), a été nommé intendant à Perpignan le 8 mars 1711 ; il semble y rester jusqu’en 1716 (l’Almanach royal de 1716 le donne encore comme tel, alors que de son successeur d’Andrezel apparaît dans l’Almanach de 1717). Il sera nommé intendant en Franche-Comté en 1718.

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Une autre partie de ces eschantillons sont de morceaux de différentes pierres brutes, c’est à dire telles qu’elles sont lorsqu’elles sortent de la carrière après les avoir détachées de la mine ; il y en a de violettes clair et foncé, et autres couleurs cy dessus marquées. Il y en a d’autres qui sont pareillement brutes, avec cette différence néantmoins que l’on a commencé de les travailler sur la meule, mais sans que l’ouvrage en soit encore fini. D’autres sont touttes taillées et prestes à mettre en œuvre, et, enfin, d’autres mises en œuvre et montées en bague d’une autre manière. Le travail de ces mines n’est pas à On voudroit sçavoir aussy si ces beaucoup près si difficile que celuy des améthistes se trouvent communément ou si mines d’or ou d’argent, parce qu’il ne on s’occupe actuellement à en fouiller des faut pas pour ces pierres creuser si mines. avant, ny dans un terrain si dur que celuy de ces autres mines, mais la difficulté de la recherche desd. pierres consiste en ce que l’on travaille quelques fois plusieurs mois de suitte sans rien trouver, n’y ayant point de veines fixes que l’on puisse suivre, mais aussy l’on en trouve quelques fois dans un jour une assez grande quantité pour défrayer de tout ce que l’on a dépensé pendant plusieurs mois.

Autrefois, il n’y avoit que les fermiers de ces sortes de mines qui eussent permission d’y fouiller, mais, ces pierres estant devenues un peu plus rares, les propriétaires du fonds où elles se trouvent ont esté obligés de permettre à toutte sorte de particuliers d’y travailler. Au moyen des observations contenues au présent mémoire et des eschantillons qui y sont joints, l’on espère que SAR trouvera tous les esclaircissemens qu’elle a paru désirer. Led. Sr de la Neuville se préparoit à aller luy même avec gens connoisseurs dans la partie des Pirennées qui sont du départem[en]t du Roussillon pour s’instruire et se mettre en estat d’envoyer de pareils esclaircissements à SAR sur tous les chefs /fol. 2 v°/ contenus en l’article cy contre, lorsqu’il a esté obligé de partir pour Paris sur la permission

On auroit les mêmes questions à faire sur touttes les pierres et mines des Pirennées sur lesquelles on /fol. 2 v°/ pouvoit nous donner des instructions ; on auroit à demander des eschantillons des différents marbres, des agathes, des cristaux, des [talcs], des eschantillons de différentes mines ; il en seroit de plus nécessaire que chaque eschantillon fust

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que SAR a eu la bonté de luy en accorder, ce qui fait qu’il ne peut quant à présent en rendre compte.

accompagné d’un mémoire qui apprist l’endroit où l’on trouve cette matière, si on en fait usage ou si elle est négligée ; en un mot, ce seroit nous donner des instructions dont nous ferions grand cas que de nous indiquer ce qu’on sçait de singulier dans les Pirennées par raport à l’histoire naturelle.

2. - s.d. : demande de renseignements complémentaires par Réaumur[17/46/c]. /fol. 1/ Perpignan Le mémoire que Monsieur de La Neuville a présenté à SAR et les différentes pierres colorées, soit brutes, soit polies, et les morceaux de mines dont il étoit accompagné, ont donné une grande partie des instructions qu’on avoit souhaité sur les pierres de couleur de la plaine de Vich. On auroit pourtant encore quelques éclaircissements à demander, il n’est guère possible qu’un premier mémoire donne tous ceux dont on a besoing. 1° On voudroit scavoir combien d’ouvriers à peu près sont occupés à fouiller pour chercher de ces pierres. Si on scait à peu près où va le produit de ces pierres communément, sur quel pied on les vend soit brutes, soit taillées. 2° Où sont établis les lapidaires qui taillent ces pierres, si ils n’en taillent qu’une à la fois, si ils se servent de roues mues à bras ou de roues mues par l’eau. 3° À quelle profondeur on trouve, pour l’ordinaire, de ces pierres et combien de pieds ont les trous les plus profonds qu’on ait creusé, la largeur et longueur de ces trous, de même les dimensions des veines de mine. Si à une plus grande profondeur on trouve plus de pierres et de plus belles que proche de la surface de la terre. /fol. 1 v°/ 4° On avoit souhaité des pierres colorées envelloppées encore dans la pierre qui leur sert de matrice et entourrées de la terre de la mine. Monsieur de la Neuville en avoit apporté, mais les cahots on [sic] détaché la terre. Avec un peu de précaution il seroit aisé d’envoier icy de ces pierres colorées entourées de la même matierre qui les environne dans la mine. Il n’y auroit qu’à bien remplir de cotton ou de laine le reste de la boete. 5° On voudroit aussi avoir quelques échantillons de ces pierres des plus différentes en couleur et surtout des jaunes ou topases, et des plus verdâtres. 6° Trouve t’on dans la même veine les améthistes, les morades, topases et pierres verdâtres meslées ensemble, ou si le canton qui donne des pierres d’une couleur n’en donne point d’une autre. 7° Ne trouve t’on point dans ces mines quelque matierre minérale qui tient du métallique ou des marcassites, comme on en trouve dans d’autres veines d’améthistes. En cas qu’on y en trouve on en veroit avec plaisir.

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8° Quelle est la grosseur des pierres colorées les plus considérables qu’on ait trouvées auprès de Vich. 9° Si dans différentes veines ces pierres sont meslées avec différentes espèces de terres ou pierres communes, on voudroit voir des échantillons de toutes ces différentes terres et pierres. /fol. 2/ 10° On a aussi à demander quelque détail sur la manière dont on se conduit dans la fouille de ces mines et sur les outils dont on se sert. Enfin, on nous feroit plaisir de rassembler le plus de mémoires qu’on pourra sur cette matierre et d’en avoir de différentes mains. 11° On avoit demandé des instructions sur les différentes pierres, mines, minéraux, marbres, agathes, cristaux, talcs qui se trouvent dans les Pirennées. Monsieur de La Neufville a assuré SAR qu’il se préparoit pour aller faire cette recherche luy même avec gens connoisseurs dans cette partie des Pirennées qui étoit de son département, mais que son retour à Paris l’a mis hors d’état d’effectuer son projet. Ainsi, c’est une ample matierre sur laquelle nous n’avons encore rien. Nous aurions à demander des échantillons de toutes les matierres singulières des Pirennées qui sont connues et que ces échantillons fussent accompagnés de mémoires qui apprisent l’endroit d’où on a tiré cette matierre, si elle y est abondante, si on en fait ou si on en a fait usage. Enfin nous voudrions fort qu’on nous indiquast ce qu’on découvrira de singulier soit par raport à l’histoire naturelle, soit par raport aux arts. 3. - 14 octobre 1716 : Noyer, secrétaire de l’intendant, au Régent, Perpignan [18/77]. Monseigneur, Je viens dans ce moment (en l’absence de M. d’Andrezel5 qui ne sera icy que le 20e de ce mois) de retirer du bureau de la poste de cette ville une petite boëtte quarrée que Mr de Jussieu6, professeur des plantes au Jardin royal et de l’accadémie des Sciences, luy adresse de Barcelonne pour la faire passer sans perte de tems à SAR Monseigneur le duc d’Orléans, ce que je fais, Monseigneur, par la poste qui va partir et je pris le directeur d’en charger sa lettre d’avis pour plus de sûreté. J’ay l’honneur, Monseigneur, de vous en informer comme mond. Sr de Jussieu en chargeoit mond. Sieur d’Andrezel et je prens

5. Jean-Baptiste Louis Picon d’Andrezel (1663-1727) est nommé intendant à Perpignan le 29 août 1716 ; il le restera jusqu’en octobre 1723, avant de devenir, en 1724, ambassadeur de France à Constantinople où il mourra en fonctions. 6. Antoine de Jussieu (1686-1758), nommé professeur au Jardin des plantes en 1709 à la chaire de Tournefort et admis à l’Académie des sciences en 1711. Il est alors en mission, avec son jeune frère Bernard de Jussieu et le peintre Charles-Louis Simmoneau, en Espagne afin d’y étudier la flore.

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la liberté, Monseigneur, de vous supplier très humblement d’en faire accuser la réception. J’ay celuy d’être avec un très proffond respect, Monseigneur, [etc.]. Noyer, sec[rétair]e de mondit Sr d’Andrezel e à Perpignan, 14 octobre 1716 4. - 12 janvier 1717 : d’Andrezel à Bignon, Perpignan [16/10/c/i]. 9 Monseigneur, Le pays de Foix, réuny à l’intendance du Roussillon depuis le commencement de cette année7, me donnera une nouvelle occasion d’être en relation avec vous pour vous donner les éclaircissemens que vous avés demandés à M. Laugeois8 par ordre de SAR sur les différentes espèces de mines de fer dud. pays, sur les sables de l’Arriège9 et de l’Arget et sur la fontaine Storbe10 où l’on dit qu’il y a un flux et reflux. Je dois aller le mois prochain à Pamiers pour les impositions ordinaires de la cap[itati]on, dixième, etc., et à Foix pour l’assemblée des États. Je m’éclairciray par moy même pendant mon voyage de tout ce qui pourra avoir raport aux observations qui mériteront la curiosité de l’académie des sciences. Pour la visite de la fontaine de Storbe, ce sera partie à remettre à l’été, les neiges présentement en rendent les chemins impraticables. Je suis avec bien du respect, Monsieur, [etc.]. d’Andrezel à Perpignan, le 12e janvier 1717 5. - 12 août 1717 : lettre de d’Andrezel à Bignon, Perpignan [16/10/c/iv]. 52 Monsieur, En conséquence des nouveaux ordres que SAR m’avoit donnés par la lettre qu’elle me fit l’honneur de m’écrire le 3e juin, en m’envoyant un mémoire des observations de [sic] l’académie des Sciences avoit fait aux différentes curio-

7. Le comté de Foix, qui dépendait de la généralité de Montauban, est rattaché à l’intendance de Perpignan d’avril 1716 à février 1784, date à laquelle il sera rattaché à la généralité de Pau et Bayonne, en raison des difficultés de communication entre Foix et Perpignan. 8. Laugeois d’Imbercourt, intendant à Montauban. 9. Ariège. 10. Fontestorbes, dans la vallée de l’Hers (fontaine intermittente). Voir aussi “ Languedoc ”, doc. 3.

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sitéz de ce pays cy, dont je luy avois envoyé des échantillons au mois de février d[ernie]r, je comptois d’employer une partie du mois passé à aller visiter moy même les lieux d’où l’on avoit tiré lesd. échantillons et, en revenant du pays de Foix, j’avois commencé par Bugarache11 pour y reconnoitre la qualité de l’ambre qu’on y rencontre. J’ay l’honneur, Monsieur, de vous envoyer un mémoire sur ce que j’ay veu dans les montagnes qui en sont voisines et frontières du Languedoc et Roussillon. Vous trouverez à la suite dudit mémoire ce que j’ay reconnu des marbres de Tautavelle12 qui sont en Roussillon, à demie lieue d’Estagel. Une grosse fluxion dans la teste que je raportay de mon voyage et qui par les fréquentes saignées qu’on a été obligé de me faire a dégénéré en une attaque de goutte aux deux pieds, qui depuis un mois entier me retient dans ma chambre, m’a empêché de continuer la tournée que j’avois projetée ; mais j’espère dans sept à huit jours être en état de monter à cheval et de pouvoir profiter du reste de ce mois cy pour visiter les autres endroits qui peuvent mériter l’attention de l’académie. J’ay l’honneur d’être avec bien du respect, Monsieur, [etc.]. d’Andrezel Joint : mémoire sur la montagne de Bugarach et les marbres de Tautavel, s.d. [1717] [16/10/c/v]. /fol. 1/ 52 1717 Mémoire sur la montagne de Bugarache, et sur les marbres de la rivière de Tautavelle Montagne de Bugarache Au mois de juillet de l’année dernière 1716, Monsr de Basville13 écrivit à r M l’Évesque d’Allet14, et ce dernier au curé de Bugarache pour s’informer de la qualité de l’ambre que Mrs Cassiny et Maraldy avoient veu dans lad. montagne dans un voyage qu’ils firent en 1703 au Canigou pour tirer la ligne du grand méridien15. Les questions principalles portées /fol. 1 v°/ par le mémoire qui accompagnoit la lettre de Mr l’Évesque d’Allet étoient : 11. Bugarach (Aude). 12. Tautavel (Pyrénées-Orientales). 13. Nicolas de Lamoignon de Basville (1648-1724), intendant en Languedoc d’août 1685 à mai 1718. 14. Alet-les-Bains (Aude). 15. Poursuivant les travaux de Picard, Dominique Cassini et La Hire au XVIIe siècle, Jacques Cassini (1677-1756), premier associé astronome titulaire de l’Académie royale des sciences nommé en 1699, et son cousin Giacomo Filippo Maraldi (1665-1729), premier astronome titulaire nommé en 1699, prolongent entre 1700 et 1718 la triangulation géodésique de Dunkerque à Collioure, mesurant l’arc de méridien de Paris à Perpignan.

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Si les paysans fouilloient pour chercher l’ambre, s’ils en rencontroie [sic] des mines, quelle étoit à peu près la quantité qu’on en ramassoit par an, s’il ne s’en fait dans le pays d’autre usage que de le brûler, quelle est la nature du terrain où l’on le rencontre et quelle est la nature de la terre qui environne cette matière ou des corps étrangers qui y sont incoléz. Le curé répondit qu’il faut fouiller /fol. 2/ la terre pour trouver l’ambre, qu’il y en a des mines comme de jayet, qu’il y a des endroits où il est plus abondant que dans d’autres comme du côté de la fontaine d’eau salée près du village appellé Fourtou, que c’est en travaillant aux mines du jayet qu’on découvre les veines de celles d’ambre et qu’on en pouvoit ramasser jusqu’à 30 et 40ll par semaine, que dans le pays, outre l’usage qu’on en fait pour s’éclairer, on s’en sert encore pour faire de l’huile très bonne pour les enfans qui ont des vers et les /fol. 2 v°/ femmes qui ont des maux de mère, que l’on en rencontre dans les mêmes endroits où l’on trouve le jayet, qu’on a veu des morceaux gros comme la teste d’un homme mais ordinairement les plus gros sont de la figure d’une pomme ; et qu’il n’y a d’autres corps incoléz que la terre noire et grasse qui l’environe dont le curé envoya plusieurs échantillons à Mr d’Allet qu’on ne doute point avoir passé depuis à Mons. de Basville et de Mr de Basville à l’académie. Actuellement, tous les trous sont /fol. 3/ ferméz et depuis plus de deux ans on ne les a ouverts. La terre de Bugarache apartient à Mr de Roquefort qui a plusieurs autres terres dans les montagnes du Languedoc. Le droit de fouiller dans les mines de jayet est compris dans le bail de son fermier. Celuy qui en est à présent en possession, n’y est que depuis deux ans et n’y a point fait travailler, parce que l’ancien fermier a encore une grosse quantité de jayet en provision qu’il a assez de peine à débiter. C’est au lieu /fol. 3 v°/ de Ste Colombe16 qu’il y a le plus d’ouvriers qui mettent en œuvre led. jayet dont le commerce a fort diminué. On fait très peu de cas de cet ambre dans le pays dont on ne sçait faire d’autre usage que de s’en éclairer, car il s’allume à la chandelle comme de la cire d’Espagne, et ce n’est qu’en cherchant du jayet qu’on a ramassé des morceaux d’ambre sans avoir songé à en fouiller les veines. Il y a des gens entendus en ces mines qui ont dit qu’en un mois de tems entre /fol. 4/ quatre ou cinq il pouroient les r’ouvrir et raporter de gros et grands morceaux tant de jayet que d’ambre envelopéz de la même terre qui leur sert de matrice dont on poura plus aisément connoitre la qualité. Ils prétendent qu’où l’ambre est plus abondant, il est le plus dur, transparent et fort uny de manière qu’on pouroit écrire dessus comme dessus du papier et qu’il faut la force entière d’un homme pour le couper. /fol. 4 v°/ À vingt sols par jour pour lesd. cinq hommes et pendant 30 jours, ce seroit cinquante écus qu’il en coûteroit pour ouvrir une de ces mines.

16. Sainte-Colombe-sur-l’Hers (Aude). Voir “ Languedoc ”, doc. 5.

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Mons. d’Andrezel qui a tourné toute la montagne, a compté jusques à douze trous qui parroissent de douze à quinze toises de superficie de long. Il y a dans la même montagne une fontaine d’eau salée et très salée. Il est deffendu aux habitans du voisinage d’y aller chercher de l’eau pour l’usage de leur ménage. /fol. 5/ Mais il leur est permis d’y faire boire leurs bestiaux. On dit que sur une cruche ordinaire qu’on feroit bouillir, il s’y trouveroit au fond un boisseau de sel. Comme les mines dont il est parlé cy dessus sont en Languedoc, Mr d’Andrezel n’a pas jugé à propos en avançant les cinquante écus demandéz de faire l’épreuve qu’il auroit pu faire si elles se trouvoient dans son département. Marbre de Tautavel La petite rivière de Tautavel en /fol. 5 v°/ Roussillon qui se jette à un quart de lieue d’Estagel dans celle de l’Agli17, qui passe à Caudièz18 et à St Paul de Fenouillèdes19, est toute remplie de pierres de marbre que les crues d’eau y entraînent de la montagne. En remontant lad. petite rivière, on trouve sur la droite une montagne qui paroit presque toute de marbre dont il y a des veines de diverses couleurs. En fouillant dans la carrière, on ne doute point que les couleurs n’en fussent plus vives. Mons. d’Andrezel attend un marbrier qui est étably dans la petite ville /fol. 6/ d’Ille20, auquel il donnera de la poudre et y fera fouiller. Le charbon de pierre qu’on prend près de Tuchan, appartennant à l’abbaye de Fonfrède21, n’a jamais servy qu’à cuire des briques quand on a travaillé du tems de Mr de Trobat22 aux fortifications de Perpignan. Mr d’Andrezel et Mr de la Chaubruère, lieutenant provincial de l’artillerie en Roussillon, doivent essayer si l’on en pouroit faire usage à la fonderie, ce qui seroit d’une grosse épargne. /fol. 6 v°/ À l’égard du plastre de la carrière de Rassiguière23, à une lieue et demie d’Estagel, c’est celuy dont on fait usage dans le pays qui fait le même effet que le beau blanc des Carmes de Paris. On n’y a point trouvé de gypse ny autre matière transparente. fait à Perpignan, le 12e aoust 1717 D’Andrezel

17. Agly. 18. Caudiès (Pyrénées-Orientales). 19. Saint-Paul-de-Fenouillet (Pyrénées-Orientales). 20. Ille-sur-Têt (Pyrénées-Orientales). 21. Abbaye cistercienne de Fontfroide, située dans une gorge des Corbières (Aude). 22. Raymond (ou Ramon) de Trobat, président du Conseil souverain après le rattachement du Roussillon à la France et intendant à Perpignan de 1691 à 1698. 23. Rasiguères (Pyrénées-Orientales).

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6. - s.d. : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/8]. Perpignan Ce que nous avons reçu cy devant de Monsieur d’Andrezel nous fait attendre avec impatience les nouveaux éclaircisements qu’il nous a fait espérer. Nous y trouverons apparament des mémoires sur les paillettes d’or que l’Ariège roule avec son sable. Nous souhaiterions qu’ils nous apprissent dans quelle longueur de cours de cette rivière on trouve de ces paillettes, quelles sont les plus grosses qu’on ait trouvé, comment les paisants les ramassent et séparent du sable. Nous souhaiterions surtout avoir de ces paillettes telles qu’on les trouve dans la rivière et du sable avec lequel il y en eust de meslée. Monsieur d’Imbercourt24 nous manda l’an passé que la rivière de l’Arget qui se jette dans l’Ariège au dessous de la ville de Foix, entraîne des paillettes. Nous osons nous promettre que Monsieur d’Andrezel voudra bien faire en sorte de nous en procurer et nous donner sur les paillettes d’argent les mêmes instructions que nous avons demandé sur celles d’or. Quoique moins précieuses, elles sont cependant plus intéressantes pour des physiciens, parce qu’elles sont plus rares. Nous voudrions aussi des mémoires détaillés sur la manière dont on tire le fer des mines dans le pais de Foix, et cela parce qu’on y suit une pratique différente de celles du reste du roiaume. On n’y coule point la fonte de fer en geuse [sic]. Si Monsieur d’Andrezel avoit même des désignateurs à portée, nous souhaiterions qu’il voulust bien faire lever des deisseins, exactement mis en mesures sur des échelles, des fourneaux où l’on fond la mine et des souflets qu’on y emploie. On nous a dit que c’étoient des trompes ou souflets à chutte d’eau. Nous demanderions enfin des échantillons des différentes mines de fer des plus riches et des médiocres, et des échantillons du fer qu’on en tire pris dans les différents états par où il passe. Si on fait de l’acier dans le même pais, nous voudrions aussi être instruit des procédés dont on se sert. 7. - 24 septembre 1717 : Bignon à d’Andrezel, Meulan, minute [16/10/c/iii]. 57 À M. d’Andrezel, intendant de Perpignan à Meulent, le 24 sept[embre] 1717 P[ou]r répondre, Monsr, à la lettre que vous m’avés fait l’honneur de m’écrire le 8 de ce mois, j’auray celuy de vous dire que j’allay exprès hier à Paris p[ou]r travailler avec Mgr le duc d’Orléans et que, luy ayant rendu compte de tout ce que vous me marqués, il a commencé par m’ordonner de

24. Laugeois d’Imbercourt, intendant à Montauban.

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vous remercier en son nom sur les soins que vous vous donnés p[ou]r nos découvertes et de vous exhorter à les continuer. SAR a pris en même temps le placet de M. de Villeroye25 p[ou]r luy faire expédier par le Conseil de guerre son congé comme vous le demandés. À l’égard de M. de St Jean, la propo[siti]on paroit très plausible. Mais je ne puis encore vous rien dire de la réponse qui s’y fera. Il est arrivé ce mois-cy un changement considérable par rapport aux mines. Henri IV avoit créés une charge de surintendant des mines en faveur de M. de Sully de qui elle estoit venue sur la teste de M. de Rochechouart avec lequel M. le Duc vient d’en traiter26. C’est donc de ce prince que dépend présentement tout ce qui regarde cette matière. Il a commencé par me faire avertir qu’il vouloit sur cela concerter plusieurs choses avec moy et je ne manqueray pas de luy parler de M. de St Jean. Mais, comme les vacances du Con[s]eil de Régence laissent à ce prince la liberté de s’aller délasser à Chantilly, il faudra attendre son retour. Il faudra même ensuite, si je ne me trompe, attendre même qu’il ait pris des arrangements g[é]n[ér]aux sur toute la matière. Exhortés donc s’il vous plait M. de St Jean à se donner quelque patience en l’asseurant que je n’oublieray point sa propo[siti]on et que dans le temps je vous en rendray bon compte Je suis avec bien du respect, Monsr, Votre etc. 8. - 16 octobre 1717 : d’Andrezel à Bignon [?], Pamiers [16/9/n/i]. 27. 70 À Pamiers, le 16e octobre 1717 Monsieur, J’ay receu la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire le 24e du mois passé. Je feray part au Sr de St Jean de ce que vous me marquez sur son compte et n’écriray point au nouveau surintendant des mines27 que vous ne m’ayez mandé l’avoir entretenu de la proposition dudit Sr de St Jean. On m’a écrit de Bordeaux que le Sr de Rodes y étoit arrivé par un ordre pour travailler à une mine d’or près de Bannières28, où il échoua il y a quelques années. Je 25. Vilarojas, capitaine au Royal Infanterie de Roussillon, voir ci-dessous doc. 9. 26. En 1610, Sully résigne en faveur de son neveu d’Effiat la charge de grand maître et superintendant général des mines et minières de France, qu’il détenait depuis sa création en février 1601. Ensuite, celle-ci passe à Laporte de La Meilleraye (1632), puis à l’intendant des finances Jacques Tubeuf (1641) et au surintendant des finances de Bullion (1642) ; après lui, Colbert devient possesseur de l’office qu’il transmet à son fils de Blainville (1684). À la mort de ce dernier, il passe à son gendre, M. de Rochechouart, qui, le 24 août 1717, par contrat passé devant Me Richard, notaire à Paris, le vend moyennant 100 000 livres à Nicolas Richer de Rhodes. Toutefois, le 30 août 1717, Louis Henry, duc de Bourbon (Monsieur le Duc), en est pourvu par lettres patentes (B. Gille, “ L’administration des mines en France sous l’Ancien Régime ”, Revue d’histoire des mines et de la métallurgie, t. 1, n° 1 (1969), p. 6-8). 27. Voir la note précédente. 28. Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées). Voir aussi “ Navarre et Béarn ”, doc. 3.

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connois ce petit gnome depuis longtems, que les entreprises nouvelles et difficiles ont toujours tenté, mais il s’y est toujours ruiné avec tout l’esprit et l’activité du monde. J’ay fait, Monsieur, bien des perquisitions pour les pailletes d’argent que M. d’Imbercourt avoit mandé se trouver parmy le sable de la rivière de l’Ariège. Il n’en est rien, mais je vous envoye une petite boëte dans laquelle vous trouverés des échantillons des pailletes d’or, dont j’ay veu faire devant moy la séparation de sable que j’ay renfermé dans la même boëte. Les petits paquets sont étiquetéz relativement au mémoire cy joint. Il faut prendre garde en les dévelopant de laisser rien tomber, car la quantité est très mince et légère. C’est tout ce qu’on ramassa devant moy en deux heures de tems que je suivis la rivière pour reconnoitre moy même la nature de la terre où l’on fouille pour en tirer le gravier dans lequel les paillètes sont meslées. Comme l’été a été fort sec le travail a été très infructueux. Il n’y a pourtant que sept à huit jours qu’un orfèvre en avoit rassemblé pour huit ou dix pistolles de divers paysans qui luy en avoient porté. Le modèle en bois que je vous avois promis, Monsieur, d’une forge est fait. Je l’accompagneray d’un plan et de différens profils avec un mémoire raisonné, mais ce ne sera qu’à mon retour à Perpignan. La caisse est un peu grande et je l’adresseray à Monsieur le duc de Noailles29. Vous ne m’avés point répondu sur l’article du petit fond qui peut m’être nécessaire pour prendre les menues dépenses qu’il convient de faire dans toutes ces recherches. J’ay eu l’honneur de vous marquer que quatre ou cinq cent livres rembourseroient celles déjà faites et qu’il pouroit rester encore quelque revenant bon pour employer à l’avenir. Le plus court, comme vous l’avois marqué, seroit que SAR ou vous de sa part en disiez un mot à M. le Blanc30 pour tirer ce petit fond de la caisse de l’Extraord[inai]re de la guerre sous le nom d’affaires secrètes. Je suis avec un profond respect, Monsieur, [etc.]. d’Andrezel Joint : mémoire sur les paillettes d’or de l’Ariège, Pamiers, 16 octobre 1717 [16/9/n/ii]. /fol. 1/ 70 1717 Mémoire sur les paillètes d’or que l’on tire de la rivière de l’Ariège à une lieue au dessus et au dessous de Pamiers C’est après des crues d’eaux que la pesche des paillètes est la plus considé29. Adrien Maurice, duc de Noailles (1678-1766), maréchal de France, président du Conseil des Finances du 24 septembre 1715 au 28 janvier 1718. Vétéran des guerres de Louis XIV en Catalogne, il a été gouverneur du Roussillon. 30. Claude Le Blanc, proche collaborateur du Régent. En 1717, il est notamment responsable au Conseil de Guerre des affaires financières touchant les marchés de vivres et de fourrages de l’armée. Il sera nommé secrétaire d’État en 1718.

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rable. On ne sçait si la rivière en grossissant les entraîne et les laisse meslées dans le gravier ou si elles ne se trouvent pas dans les terres mêmes qui les bordent dont il se fait des éboulemens à mesure qu’elle grossit. Ceux qui s’attachent à rassembler lesd. paillètes reconnoissent l’endroit où il y en a, à la couleur de la terre qui se trouve meslée avec des pierres rouge et enlèvent avec une pesle les terres /fol. 1 v°/ où ils voyent les indications qui les conduisent quelques fois à fouiller à un et deux pieds. Mais, le plus souvent, c’est à quatre doits de superficie. Ils lavent cette terre au bord même de la rivière dans un baquet de bois presque plat par les bords, au fond duquel est un creux où reste le gravier. Ils rechangent plusieurs fois l’eau, remuant et tournant le baquet comme un crible jusqu’à ce qu’en faisant insensiblement couler le sable, ils s’aperçoivent des paillètes d’or qui restent attachées au baquet. Quand elles sont assés grosses pour les prendre à la main, ils n’ont pas besoin de mercure /fol. 2/ pour les séparer du sable et les rassembler en boule. Ils usent de mercure pour celles qui sont trop petites pour être ramassées à la main. On trouvera dans la boëte du sable tel qu’on le ramasse à la rivière avant que d’en séparer les paillètes, des paillètes séparées avec la main, une petite boule d’or provenant de celles rassemblées avec le mercure. Sur quoy il est à observer qu’il n’y a rien à perdre sur les premières qui sont pur or, mais que, quoique la boule provenant des petites paillètes ait déjà passé par le feu, il ne laisse pas d’y rester un peu de mercure. /fol. 2 v°/ On a aussi mis dans la boëte un grain d’or provenant du sable dont on a tiré les paillètes qui le composent, lequel sable est dans toute sa quantité dans un paquet séparé, d’où l’on poura en faisant l’épreuve du sable de l’autre paquet dans lequel les paillètes sont encore meslées voir la proportion qu’il peut y avoir de la quantité d’or qui proviendra de la lavure dudit sable avec celle qu’a produit le sable dont on a tiré le petit grain. Fait à Pamiers, le 16e octobre 1717 d’Andrezel 9. - 26 octobre 1717 : rapport de Vilarojas, capitaine au Royal Infanterie de Roussillon, Perpignan [16/10/b 31]. /fol. 1/ Mémoire de ce que j’ay fait sur les Monts Pirénées du costé de Roussillon, où je me suis transporté par ordre de Monsieur d’Andrezel, intendant de lad. province, pour y reconnoitre les différentes mines qui y ont esté anciennement ouvertes et autres endroits où il y a lieu de croire qu’il s’en trouvera depuis et compris le 25e 7bre [septembre] 1717 jour de mon départ de Perpignan jusques et inclus le 22 8bre [octobre] suivant jour de mon retour.

31. Copie en 16/10/c/ii.

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Prem[ie]r article Ledit jour 25 7bre [septembre] dernier, je me rendis à St Michel en Conflent32 et le lendemain à Escarou33, où je joignis le sr curé dud. lieu sur les assurances que j’avois qu’il pouvoit m’estre utille pour la découverte des mines. En effet, nous étans transportés ensemble au terroir d’Estuer34, sur une hauteur en forme de cône qui est au col de la Galline, autrement los Cortalets, au pied du mont Canigou, nous trouvâmes sur la surface de la terre du costé du couchant deux veines de la longueur de quatre travers de doigt chacune sur plus de deux toizes de longueur, que l’on croit estre la marque certaine d’une mine d’étain et, comme c’est un métal imparfait formé du plomb et de l’argeant et qu’il s’en trouve presque toujours dans les mines de l’un et de l’autre, il pourroit estre aussy que ce que l’on croit étain seroit ou plomb ou argeant en partie ; quoy qu’il en soit et pour en mieux juger, je raporte des cailloux pris dans ces veines auxquels le métail est attachés et qui sont étiquetéz numéro 1. 2. De là, en tournant le même monticule, nous trouvâmes au levant et à la même hauteur ou à peu près que les deux veines mentionnées au premier article une espèce de puits /fol. 1 v°/ dans le roc ouvert par la nature de six à sept toizes de profondeur sur trois à quatre pieds d’ouverture, au milieu duquel il paroit un trou à passer deux hommes et au fond une autre trou de même grandeur tous les deux faits de main d’homme, d’où j’ay tiré les cailloux du n° 2 qui parroissent contenir le même métail que celuy du n° 1. N[ot]a que ces cailloux se trouvent mêlés avec d’autres propres à faire des pierres à fuzil et que cette partie du monticule au levant est du terroir de Bellestavy35, dans l’étendue duquel nous avons trouvé plusieurs endroits chargés du même métail en très grande abondance. 3. Après avoir parcouru tout ce terroir, nous nous rendîmes sur celuy de St Coulgat, parroisse d’Escarou. C’est sur ce terroir qu’il y a une petite contrée de dix à douze arpents aplanie et appellée Pladeganta, de tout temps très renomée pour les mines. Un peu plus bas que cette contrée et dans un torrent nommé le torrent de St Coulgat, l’on trouve dans la longeur de six toises ou environ au dessus et dans pareille espace, au dessous d’un sault de l’eau aux joués et des deux bords intérieurs du canal aussy bien que dans son lict, un métail dont je raporte des échantillons marqués n. 3. On en trouve de même nature à environ 130 toizes au dessous du sault de l’eau. N[ot]a ce terrain pourroit estre ouvert à peu de frais.

32. Saint-Michel-de-Llottes (Pyrénées-Orientales). Le Conflent est la région qui s’étend de part et d’autre de la vallée de la Têt. 33. Escaro (Pyrénées-Orientales). 34. Estoher (Pyrénées-Orientales). 35. Baillestavy (Pyrénées-Orientales).

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4. Nous nous rendîmes ensuitte au terroir de Prats de Ballaguer36 et sur le chemin qui conduit du village à Nostre Dame de Nuria. Là et presque au som[m]et d’une montagne, il y a un petit lac appellé lac de Lastaniol, dont les eaux se jettent dans la rivière de la Têt. Environ 40 toizes au dessous de l’endroit où ce lac commance à se dégorger, on voit une veine de marbre calciné de la largeur de quatre pieds ou environ qui se continue plus d’une lieue à travers les /fol. 2/ montagnes de Carança d’orient à l’occident. Cette veine qui c’est formée dans des rochers d’un marbre très dur, paroist en quelques endroits noirâtre, dans d’autres jaunâtre et dans quelques autres rougeâtre. Dans toutte l’étendue de cette veine, nous avons remarqué que la matière est aisée à fouiller dans les endroits qui ne sont pas abreuvés d’eau au lieu qu’elle est extraordinairement dure dans ceux où l’eau passe. Ce qui donne lieu de croire que l’eau éteignant le feu des matières grasses, sulfurées et arsenicales empêche la calcination de la pierre. J’enporte de la veine dans le sachet n° 4. 5. Du terroir de Prats de Ballaguer, nous passâmes sur celuy de Rallaou37 où, sur la surface de la terre et sans fouiller, il se trouve en très grande abondance du métal que l’on croit du plomb et dont l’échantillon est raporté n° 5. 6. De là nous allasmes au mont Canigou, sur la partie qui regarde le Conflent, et dans un endroit appellé lo clot [en marge : clot signiffie trou] d’Astabeil, au dessous de la jace [en marge : jace est le lieu le plus applany que les pasteurs peuvent trouver dans les montagnes et autour duqquel [sic] ils construisent des barraques pour retirer et garder leurs bestiaux pendant la nuit] du même nom, où l’on voit une veine de la longueur d’une toize en quarré sur la surface de laquelle on ne voit autre choze que le métal pareil à l’échantillon n° 6. Nota cette veine par sa sçituation paroit répondre et se joindre à celle dont il en fait mention au premier article du présent mémoire. 7. Sur le même mont Canigou et au même aspect du Conflent, nous allâmes à l’endroit appellé la mine de la Couichars que l’on prétend estre une mine d’or, que j’ay déjà fait fouiller de la profondeur de quinze toizes sur l’indication d’un ancien ouvrage dont il restoit encore des vestiges par des escaliers pratiqués dans le roc et soutenus par des bois. C’est dans cet endroit qu’impatient de ne rien trouver, je fis venir un particulier de Bellestavy38 qui est en réputation d’avoir le secret de se servir de la baguette pour la /fol. 2 v°/ découverte des mines et qui, s’en estant servy en ma présence, m’assura que l’on trouveroit dans cest endroit une mine d’or fort féconde, si l’on vouloit faire la dépence de creuser environ quarante toizes en profondeur, ce qui se peut faire avec d’autant moins de dépance que la nature a déjà commancé l’ouvrage par une ouverture qu’elle a fait dans le roc large de trois pieds ou environ dans son

36. Prats-Balaguer, commune de Fontpédrouse (Pyrénées-Orientales). 37. Railleu (Pyrénées-Orientales). 38. Baillestavy.

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commancement et laquelle se continue sur la même largeur jusqu’à ce quinze toizes où j’ay fait cesser le travail, quoyque l’on eût déjà trouvé beaucoup de veines d’argile très légère et fort grasse. Cette terre est connue dans le pays sous le nom de bourech et prise pour une marque certaine qu’il y a de métaux dans les lieux où elle se trouve. On en dit autant d’une pierre nommée hanach qui est une espèce de marbre brutte et poreux dont l’on avoit déjà trouvé la veine dans le travail que j’avois fait continuer sur ses assurances sans les ordres que Mr l’Intendant me donna luy même de le faire cesser lorsqu’il vint sur les lieux pour le voir. 8. De là nous allâmes sur une autre hauteur du même mont, qui est entre les deux porteilles [en marge : porteille c’est une ouverture dans les montagnes où l’on a pratiqué des chemins], du costé du Conflent à l’orient, où l’on trouve plusieurs marques d’une mine de cuivre dont je raporte un échantillon n° 8. N[ot]a cest endroit paroit encore communiquer avec les mines indiquées dans les articles 1er et 6e du présent mémoire. 9. Sur une autre hauteur, du même mont du costé du nord, au penchant de la come [en marge : come est un terme général que l’on donne aux torrens] de Vaillemagne, il y a des marques d’une mine autrefois ouverte et depuis fermée à cause de la guerre, de laquelle les gens du pays assurent que l’on a tiré de l’or, et pour en juger j’en raporte un échantillon trouvé au bord de la mine comblée n° 9. /fol. 3/ Capcir39 10. Du mont Canigou nous passâmes en Capcir, sous viguierie du Conflent, et à une lieue ou environ de Fourmiguière40, du costé du couchant, dans une contrée appellée le val de Galba qui est dans les pacages appartenans au Roy. On voit au nord les marques d’une ouverture que tout le pays assure avoir esté ouverte plusieurs fois et tout autant de fois comblée par autorité supérieure et en dernier lieu par les ordres de Mr l’abbé de Trobat41, abbé de St Michel, frère de l’intendant de ce nom, et de Mr de d’Urban, gouverneur de Mont Louis42, qui fist dit on publier des deffences de l’ouvrir davantage à peine de la vie. Le même public assure que l’on en a tiré du plomb en abondance et que les paysants vendoient les pierres de cette mine jusqu’à 15ll le quintal. J’en raporte un échantillon n° 10. 11. À la même distance de Fourmiguière et toujours du costé du couchant, nous trouvâmes dans un lieu appellé la jace [en marge : on a expliqué à la marge de l’article six du présent mémoire ce que signiffie le mot de jace] 39. Région des Pyrénées-Orientales à l’ouest du Carlitte, dans le bassin supérieur de l’Aude. 40. Formiguères (Pyrénées-Orientales). 41. Joseph de Trobat, fidèle du roi de France tout comme son frère Raymond, devient abbé de Saint-Michel-de-Cuxa après le traité des Pyrénées (1659), à la rédaction duquel il a pris part. 42. Place forte créée par Vauban en 1679.

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d’Enpont, au bord et en remontant la rivière de la Liadoure, une autre marque d’une ancienne ouverture rebouchée et faitte au midy, que nous croyons avec beaucoup de vraysemblance estre l’issue de celle dont il est parlé au précédent article. Tout le pays assure que l’on en a tiré beaucoup de matière d’argeant. J’en raporte un échantillon n° 11. N[ot]a Ses deux mines sont très faciles à décombler. 12. À un quart de lieue ou environ de ce dernier endroit, en remontant lad. rivière de la Liadoure, il y a une petitte hauteur entre lad. rivière et une flaque d’eau appellée le Basseta, au pied de laquelle hauteur, du costé du midy et presque au bord de lad. rivière, l’on voit une ouverture travaillée dans le roc d’où les gens du pays assurent que l’on a tiré de l’or. L’on n’a peû en avoir des échantillons, mais il coûteroit peu pour s’asseurer de la vérité. /fol. 3 v°/ Vallespir43, viguierie du Rouss[ill]on 13. De là nous nous sommes retournés au mont Canigou, sur la partie qui regarde le Vallespir, au terroir de Leque44, sur une contrée appellée la com de l’Ours. Assez près de la source du ruisseau du même nom de Leque et du costé de l’orient, il y a des vestiges sensibles d’une mine autrefois ouverte et à présent comblée et dont il y a aparance que les veines s’étendent du côté de la jace de las Aniellas, lieu qui passe pour très fertile en or. Je raporte quelques petits cailloux trouvés dans les terres de la superficie n. 13. 14. Sur le terroir de Prats de Mouillou45, dans un lieu appellé le col de la Régine, on voit une ouverture de quatre toizes ou environ de profondeur taillée dans le roc sur trois pieds de largeur dans laquelle on trouve plusieurs cailloux pareils aux échantillons du numéro 14. 15. Sur le même terroir, au lieu dit le col de la Cadire, on trouve des marques d’une anciene mine ouverte et comblée dans laquelle les plus anciens du pays assurent avoir veu travailler et qu’ils offrent de rouvrir à leurs dépens moyennant tel salaire ou gratiffication qu’il plaira au Roy de leur accorder seulement sur les matières qui se trouveront et dont je n’aporte point d’échantillon. 16. Au même terroir, dans une contrée appellée la Parsigula, à la droite du ruisseau du même nom, en le remontant et au bord de la prairie du nommé Cabus, on trouve des terres et des cailloux pareils aux échantillons n° 16. 17. Assez près du même endroit et presque atenant la Cabare de Pareille, sur le bord d’un petit chemin à droite en montant, il y a un rocher dans les fentes duquel on voit une terre grasse et noirâtre et dans quelques endroits jaunastre. Dans cette terre, on trouve de petites pierres de diverses /fol. 4/ grosseurs assez

43. Haute vallée du Tech (Pyrénées-Orientales). 44. Léca, commune de Corsavy (Pyrénées-Orientales). 45. Prats-de-Mollo-la-Preste (Pyrénées-Orientales).

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dures ; en les cassant il y paroist de l’or. Sur la même ligne et cinq toizes ou environ plus bas que ce rocher, il y a une espace de terre de quatre toizes de long sur deux de large que le propriétaire assure avoir cultivé et semé plusieurs fois sans pouvoir y rien recuillir [sic], ce qu’il attribue aux minéreaux qui sont dessous. Il dit encore que le peu d’herbes que la terre produit dans le temps des sèves est déséchée en moins de quinze jours, en sorte que cest espace est toujours aride et comme brûlée. Je raporte des échantillons des cailloux que l’on trouve dans les terres des fentes du rocher n° 17. 18. Sur le même terroir de Prats de Mouillou, au lieu dit la Costa de la Crucia, vis à vis la jace de la Camps, il y a sur la surface de la terre et sans fouiller abondance de cailloux chargés en apparance de quelque métail dont je raporte un échantillon n° 18. 19. À une portée de pistolet et de l’endroit cy dessus, on trouve sur la surface de la terre des cailloux semblables à l’échantillon n° 19. 20. Assez près du même endroit et dans la même contrée de la Parsigula dont il est parlé dans l’article 17, sur un lieu appellé le certal de Deniches et lo comail [en marge : comail c’est la même choze que com ou torrens] del Barvouvy, on voit les marques d’une mine autrefois ouverte et à présent comblée, de laquelle les gens du pays assurent qu’il a esté tiré des matières d’or. On pourroit s’assurer s’il y en a encore avec fort peu de dépence. Je n’en raporte point d’échantillon. 21. Sur le même terroir de Prats de Mouillou, à un demy quart de lieue d’une métairie appellée la Presta, du costé du couchant, au lieu dit le roc del Panal à la coullada del Falcours, on voit une ouverture en forme de puits de trois toizes ou environ de profondeur qui conduit dans une cavitté en forme de chambre de deux toizes cubes travaillée /fol. 4 v°/ dans le roc à force de pétards dont on voit encore plusieurs marques. Dans cette cavitté, l’on trouve 12 ou 15 charetées d’éclats du rocher mis en tats, soit pour moins embarasser les ouvriers, soit pour que l’on ne s’aperceut pas de leur ouvrage. On y voit encore que l’on a fouillé dans le roc en profondeur et que le trou qui est pareillement en forme de puits a esté comblé. Je raporte seulement deux petits cailloux que j’ay trouvéz sur la surface de ce puits comblé n° 21. 22. À une portée de fuzil de cest endroit, il y a une fontaine nommée la fontaine des Billots qui sort d’un rocher qui forme le bord de la gauche en montant du torrent appellé du même nom. L’eau de cette fontaine roule avec elle des sables luisants. À une toize ou environ au dessus de la source, il y a sur la surface du même rocher d’où elle sort une veine de caillou de quatre à cinq pieds de circonférence qui a son aspect entre l’orient et le midy. On raporte des échantillons de ses cailloux n° 22. 23. De là nous sommes allés au terroir de Serallonga46, au lieu dit Fourneils, près d’une métairie du même nom, où l’on voit les marques d’une ancienne 46. Serralongue (Pyrénées-Orientales).

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mine à présent comblée. Les gens du pays assurent qu’il en a esté tiré du beau cuivre. J’en raporte un échantillon n° 23. 24. Au terroir de St Laurens de Sarda47, à un quart de lieue de Coustouge48, au lieu dit lo Colomer, du costé du couchant, il y a encore des vestiges d’une ancienne mine à présent rebouchée. On en a pareillement tiré de cuivre et je raporte un échantillon des cailloux que j’ay trouvé sur la surface du trou rebouché n° 24. Depuis mon retour du Canigou d’où les neiges m’ont chassé, le curé d’Escarou49 a aporté à M. l’Intendant des pierres d’une mine de fer dans le terroir de Nier50 /fol. 5/ en Conflent, dont le marquis de Monferet, rézident à Perpignan, est seigneur, qu’il m’a dit de joindre à mon mémoire Sçavoir Au torrent dit Persinians et plus haut d’un minier d’alun on trouve des marques des cailloux dont j’en raporte des échantillons du no 25. N[ot]a que cest endroit paroit se communiquer avec celuy de St Coulgat [en marge : duquel il a esté parlé] les deux terroirs estans contigus. 26. Sur le terroir d’Escarou de la même seigneurie de Nier, il y a de la mine de fer [en marge : les pierres de l’une et de l’autre paroissent estre de la même espèce] laquelle se fait remarquer par sa bonté et par la facilité qu’il y a d’en tirer le fer, n’estant pas nécessaire de le calciner avant que de la mettre dans la forge. fait à Perpignan, le 26e 8bre [octobre] 1717 Veu Vilarojas d’Andrezel Capitaine dans Royal Infanterie de Roussillon 10. - s.d. : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/20]. Perpignan Parmy les échantillons de matières minérales qui ont été ramassées par Mr de Vilaroje, il y en a plusieurs qui paroissent dignes d’attention, mais tous ceux qui nous ont été remis sont si petis qu’il n’est pas possible d’en faire les essays qu’on souhaiteroit et on espère que Monsieur d’Andrezel qui a pris tant de soings pour faire faire cette recherche, voudra bien les continuer pour la pousser plus loing quand la saison le permettra. Il faudroit au moins une livre ou

47. 48. 49. 50.

Saint-Laurent-de-Cerdans (Pyrénées-Orientales). Coustouges (Pyrénées-Orientales). Escaro. Nyer (Pyrénées-Orientales).

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deux de chaque matierre et les plus gros morceaux qui nous ont été remis sont à peine gros comme des noix. Dans le mémoire de Mr de Vilaroye, il est parlé en passant d’une minierre d’alun, connue du curé d’Escarou51, qui est près du torrent dit Persimans. On voudroit scavoir quel usage on fait de cette mine dans le païs et en avoir des échantillons. Les morceaux de la mine de fer du terroir d’Escarou qui n’ont pas besoing d’être calcinés, ont paru singuliers mais trop petis comme tous les autres. On souhaiteroit en avoir quelques livres pesant. Mr de Vilaroye nous a assuré avoir vu à l’église des Récolets d’Isle52 des vitres d’abastre [sic]. L’usage est aussi en divers endroits de l’Espagne de mettre au fenestres des feuilles minces de cette espèce de pierre au lieu de verre. Mr de Vilaroye nous a ajouté que l’on disoit que cette albâtre des fenestres des Cordeliers d’Isle avoit été tirée d’une carrières des environs. Nous voudrions avoir des échantillons de l’abâtre de cette carrière et un mémoire sur la carrière même qui aprist sa scituation, si on peut espéré d’en tirer beaucoup de pierre, et commodément, etc. 11. - 7 février 1718 : d’Andrezel au Régent, Perpignan [18/31/a]. 18 C II 25 Monseigneur, VAR m’a fait l’honneur de m’adresser le 22e décembre de l’année dernière un mémoire de l’académie des Sciences pour quelques nouveaux éclaircissemens qu’elle demande sur les paillettes d’or qu’on ramasse aux environs des bords de la rivière de l’Ariège au pays de Foix. J’y satisfais, Monseigneur, en renvoyant à VAR coppie du mesme mémoire que j’ay apostillé auquel je joins un gros d’or provenant desd. paillettes et un modèle en petit du baquet dont les laveurs se servent. Les mesmes apostilles serviront de réponse à un mémoire sur le mesme sujet qui avoit été adressé à Mr Laugeois, intendant de Montauban, et que mondit Sr Laugeois m’a renvoyé, ne sachant pas que dèz le mois d’octobre de l’année dernière, j’eusse déjà rendu compte à VAR des expériences que j’avois faites à Pamiers sur cette matière. Je suis très respectueusement, Monseigneur, [etc.]. d’Andrezel à Perpignan, le 7e février 1718

51. Escaro. 52. Ille-sur-Têt.

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Joint : mémoire de réponse de l’intendant à la demande d’éclaircissements de l’Académie des sciences, Perpignan, 7 février 1718 [18/31/b]. [d’une autre main :] Mémoire envoyé par SAR le 22e décem[bre] 1717 / 18. 1718 18 Perpignan Réponse On commence à ramasser la mine ou sables où sont les paillettes d’or dans les terrains qui sont au bord de l’Ariège à un demy quart de lieue au dessous de Varilhes, et on en trouve jusques à Portet53, qui n’est qu’à une lieue de Toulouze54 où l’Ariège se jette dans la Garonne. On en ramasse aussy aux environs des ruisseaux de Ferrier55, de Benagues et d’autres petits ruisseaux qui descendent des hauteurs qui sont sur la gauche de l’Ariège en descendant de Varilhes à Pamiers. On en ramasse encore entre Labastide de Sérou57 et Castelnau de Durban58, à un lieu appellé le pré de Sarda. C’est sur des hauteurs, n’y ayant point d’eau à portée. On prétend que l’or de l’Ariège est le plus riche des rivières des provinces voisines et qu’il est à vingt trois carrats et un peu plus, et que celuy de la Garonne, de même que celuy du Salat59 qui sont au même titre, ne vont qu’à vingt deux carrats ; on pourra faire essay du gros d’or qu’on envoye. Le baquet sur lequel est fait le modelle que SAR a demandé, a dix neuf pouces de diamettre et cinq pouces de

Nous avons vu avec plaisir le sable et les paillettes d’or de l’Ariège que M. d’Andrezel a pris soin de nous procurer. Comme nous sommes bien aise de sçavoir le titre de l’or des différentes rivières du royaume, nous eussions souhaité que M. d’Andrezel en eût pu faire ramasser assés pour fournir à un essay. Il en faudroit pour cela un gros ou un demy gros. Nous verrions aussy avec plaisir le dessein des baquets dont les laveurs se servent. Nous voudrions sçavoir jusques à quelle distance de Pamiers on trouve de l’or dans cette rivière56.

53. Portet-sur-Garonne (Haute-Garonne). 54. Toulouse. 55. Ferrières-sous-Ariège (Ariège). 56. Copie de ces observations de Réaumur en 18/15/f. 57. La Bastide-de-Sérou (Ariège). 58. Castelnau-Durban (Ariège). 59. Rivière des Pyrénées centrales, affluent de la Garonne, qui arrose Saint-Girons et Salièsdu-Salat.

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profondeur et demy pouce d’épaisseur. L’endroit échancré est pour faire couler l’eau et le sable jusques à ce qu’on découvre les paillettes d’or qui restent attachées au fonds du baquet. Le modelle en petit qu’on en envoye suffira pour faire connoitre ce que c’est.

Fait à Perpignan, le 7e février 1718 d’Andrezel 12. - 27 février 1718 : Vilarojas à Bignon, Paris [18/31/h]. [en haut :] SAR ne veut point faire les dépenses mentionnées dans ces papiers. Si le sieur de Villaroy [sic] veut continuer ses recherches, il n’a qu’à s’adresser à Monseigneur le Duc60. Ce 6 mars 1718, l’abbé Bignon. Monsieur, J’ay l’honneur de vous escrire par vous dire que j’ay eu heier une petite conférance avec Mr de Réumur [lire Réaumur] au sujet des mines et luy ay fait voir le mémoire que j’ay eu l’honneur de vous présenter et luy ay dit de la manière que je voulès oppérer à ma seconde recherche. Il m’a dit qu’il n’estoit pas nécessaire de crusser si en avant que je voulès le faire. Aiant seu ces intentions, j’ay creu faire un second mémoire pour diminuer la dépance n’estant pas obligé à crusser si en avant, que je vous remès ci-joint. J’auray l’honneur de vous voir au Palès Royal auparavant que vous ne vous enfermiés avec SAR. Je prans la liberté de vous prier derechef de tâcher de finir cette affaire aujourd’huy. J’ay l’honneur d’estre avec tout le respet possible, Monsieur, [etc.]. Vilarojas à Paris, le 27e février 1718 13. - 8 mars 1718 : d’Andrezel à Bignon, Perpignan [18/31/c]. 27 À Perpignan, le 8e mars 1718 Monsieur, La coquille trouvée dans le terroir de Neffiac61 ayant paru curieuse à l’accadémie des sciences suivant le mémoire de lad. accadémie dont j’eus l’honneur d’accuser la réception à SAR le 15e du mois passé, j’ay cru vous faire plaisir de faire faire des recherches de ces même coquilles et je joins icy un mémoire 60. Le duc de Bourbon, superintendant des mines ; voir note 26, p. 689. 61. Nefiach (Pyrénées-Orientales).

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que m’a remis le Sr Haupi, docteur en médecine, sur celles ramassées dans led. terroir de Neffiac, que je remettray aujourd’huy à M. Vivien, fermier général des domaines, qui m’a promis de la faire partir de Toulouse où il sera le 12 par messager. Lad. caisse est partagée en trois. La première séparation contient quatre grandes coquilles bruttes avec partie de la terre d’où on les a tirées. Dans la seconde il y a diverses espèces de coquilles de différentes grandeurs. Et dans la troisième, outre plusieurs coquilles plus petites, j’y ay fait mettre une pierre rouge du poids de six livres qu’un paysan m’a apportée et qu’il m’assure avoir dettachée d’un rocher sur le Canigou, près d’un endroit où il y a d’autres roches vives marquetées d’azur et de quelques filets d’or. Si vous faites faire, Monsieur, l’analize de lad. pierre et qu’on trouve qu’elle mérite quelque attention, j’enverray sur les lieux examiner la chose de plus près. J’y ay ajouté, Monsieur, un échantillon de l’alun brutte qu’on tire de la minière dont il est parlé dans le mémoire qui étoit joint à vostre lettre du 11 février et dont, par ma réponse du 25, je vous marquois que je prendrois des éclaircissements. Le curé d’Escarou62 dans le voisinage duquel elle est, me mande qu’elle est ouverte de trois toises dans la montagne et qu’elle ne sert qu’aux maréchaux des villages à l’entour pour faire des remèdes aux chevaux ou mulets malades et s’épargner la peine et la dépense d’aller chez les apoticaires et droguistes. Il croit que, comme il vient une grosse quantité d’alun d’Italie par mer, les fraix pour mettre cette mine dans sa perfection excèderoient le bénéfice et l’utilité qui en pourroient revenir au pays. Si vous aviés le tems de vous faire déchiffrer et lire les deux lettres cy jointes que j’ay receues du curé d’Escarou, vous connoitrez, Monsieur, que j’ay touché au but quand je vous ay marqué que c’est par son conseil que Mr de Villeroje63 ne s’est pas chargé d’un plus gros volume de chaque espèce de pierres qu’il vous a montré. Il craignoit qu’en en faisant porter assez pour en faire des épreuves dont le succèz n’auroit pas satisfait l’accadémie, SAR sur le rapport que vous luy en auriés fait, n’eût été dégoûtée de faire fouiller au Canigou où, cependant, il croit qu’en creusant assez avant dans la terre aux endroits où les pierres ramassées sur la surface serviroient de meilleure indication, on ne manqueroit pas de trouver touttes sortes de métaux. Mais il demande quatre ou cinq mil livres pour commencer le travail, sans en garantir l’événement que d’une espérance qui me paroit très douteuse. C’est ce qui me fait, Monsieur, vous envoyer naturellement ses lettres quelques mal écrites de touttes façons qu’elles soient.

62. Escaro. 63. Vilarojas, voir ci-dessus doc. 9.

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Voicy aussy la réponse du bailli d’Ille sur les pierres d’albâtre. Il y en a véritablement aux vitreaux de l’église des Cordeliers de lad. ville et, si SAR en souhaitte un carreau, il sera aisé de la satisfaire. À l’égard de la carrière, il mande que ce n’est point en Roussillon qu’il y en a, mais auprès de Tarragone en Catalogne. Je suis avec bien du respect, Monsieur, [etc.]. d’Andrezel Joint : mémoire de Xaupi, Perpignan, 2 mars 1718 [18/31/d]. /fol. 1/ 27 Le Sr Xaupi, prothomédic de Roussillon, s’est transporté dans le lieu où se trouvent les coquilles terrestres dont voicy la description. Il y a dans le terroir de Neffiac une grande montagne beaucoup plus élevée que le mont Valérien. Dans le côté qui regarde le midy, se trouve sur le penchant un terrain sec, long de demy lieue et large d’un quart de lieue. Il est planté de vignes et d’oliviers. La pente n’en est pas égale. Elle est escarpée par intervalles. Les escarpements sont presque perpendiculaires. La terre qui paroit est argileuse, mêlée du sable et du tuf. /fol. 1 v°/ C’est dans ce terrain qu’on trouve lesd. coquilles. Il y en a qui sont entièrement ensevelies dans la terre et figées avec elle. Il y en a d’autres qui se montrent dans l’escarpement et d’autres, enfin, sont entièrement dettachées et répandues sur la surface de la terre. Il y a dans ce terrain de petits espaces de terre et même de pierres dettachées couvertes d’une pellicule de sel semblable à la blancheur et saveur au sel marin. Au bas de cette montagne coule la rivière de la Têt. Son lit est si bas que /fol. 2/ son eau ne sçauroit jamais atteindre le terrain où sont les coquilles. L’eau de mer peut beaucoup moins y atteindre. Cet endroit est éloigné de la mer de quatre lieues et l’eau salée ne remonte dans la Têt que trois quarts de lieue dans les plus grandes bourrasques. Comme l’on trouve dans cet endroit plusieurs différentes espèces de coquilles de différents âges et différentes grandeurs et comme le terrain est plein du sel marin, il y a lieu de conjecturer que ces coquilles jettent en certain tems de l’année /fol. 2 v°/ leurs germes, lesquels tombant dans une terre saline qui leur sert de matrice viennent à éclorre et à végéter. Dans ledit terrain, l’on ne trouve aucuns insectes ny reptiles ny volatilles différents de ceux qui sont dans le reste de la province, qu’on puisse conjecturer estre sortis desd. coquilles, n’y jamais l’on n’a reconnu dans icelles y en avoir aucuns, au lieu que dans les coquilles de mer ou d’eau douce, il y croit différents poissons. À Perpignan, le 2 mars 1718 Xaupi

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Joint : Jean Lafont, curé d’Escaro, à d’Andrezel, Escaro, 26 février 1718 [18/31/f]. 27 de Ascaro, 26 février 1718 Monseigneur, J’ay receu une lettre de Mr Villeroja avec laquelle il dit avoir partagé son paquet en quatre parties, et avoir remis un paquet des marques à Monseigneur le Duc64, l’autre à Mr l’abbé Bignon, l’autre à Mr de Vilar65 et l’autre qu’il remetra à Monseigneur le duc. Il dit qu’il a esté renvoyé à ceux qui font essay des mines ; il escrit qui trouvent les marques bonnes mais qu’il n’y a peu pour faire la preuve et enfin ces Messieurs demandent trois ou quatre livres pour faire le essay, ce qui ne me plaît pas. Je suis fort fâché de l’incapacité ou témérité de Mr Vileroja ; il n’a pas respondu comme je luy avois dit. Je n’ay jamais entendu envoyer de la mine, ni que ces Mrs s’amusent à la vouloir prover. J’ay toujours dit et expliqué que c’étoit des marques et non pas de la mine, que les minéralistes apellent marcasite, et jamais aucun minéraliste ni alchimiste a prétendu prover les marcasites ; ils suposent qui n’en sortira que de la fumée. Ce n’est q’une [sic] escume que la force de la mine pousse au dehors et pour cela j’é eux l’honneur de vous dire sur le Canigou que ces marques de mine qui estoint jointes à la fonderie que Mr Vileroja avoit fait faire, ne valoint rien et je vous le dit avec ces termes : faites la prouver ou non, faites le porter à Perpignan ou laysés le là, ce nous servira de mesme. Je suis seur que derrière ces marques est la mine. Cela ne peut pas manquer qu’après ces marques, il y a de bons trésors que le Roy en sera bien ayse, qui seront aussi utiles à la France à cause de la proximité que celles de l’Amérique à l’Espaigne. Mais il faut du trevaill ; que si cela se trouvoit à la superface de la terre, ce seroint les pasteurs, vaquiers, charboniers et chasseurs de montaigne qui en profiteroint plustôt que le Roy. C’est le devoir faire dépances et autres dificultés qui les conservent dans la terre pour le Roy. Il y a à Paris des gens de toutes les nations du monde, par conséquent des endroits où l’on sert des mines. Ces Mrs peuvent interroger et verront que ce que je dix est vray. Je ne veux pas faire ni consentir à ce que Mr Vileroja demande d’envoyer tres [lire trois] ou quatre livres de chaque marque, parce que ce seroit tromper le Roy et ces messieurs, premièrement parce que je scay qui n’en sortira rien et je sçay qu’il ne faut pas prouver cela. Secondement, parce que, quant ils en sortiroit quelque chose, ils ne peuvent pas faire par là aucun jugement du reste de la minière au dedans parce que les méteaux sont quelquefois l’un après 64. Duc de Bourbon, superintendant des mines ; voir supra note 26. 65. Claude Louis Hector, duc de Villars (1653-1734), maréchal de France, alors membre du Conseil de régence et président du Conseil de la guerre.

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l’autre, d’autres fois ils sont mélangés qui avec l’un qui avec l’autre, ce qui ne se peut pas juger par les marques extérieures ni par la première preuve qu’on an faira. Après avoir un peu travaillé, quant il y aura une veine de mine qui méritera estre prouvée, on la sçaura prover ici et mesurer les despenses avec le revenu, et il me semble qu’il ne faudroit pas importuner ces grands seigneurs de Paris, sinon en les envoyant des charges de barrot. Il me semble qu’il faudroit par l’utilité du Roy faire la découverte des mines, c’et à dire entrer en quelques endroits les meilleurs dans la terre, quelques fois deux, autres quatre, autre fois dix toises ou ce qui faudroit jusques à trouver la veine qui mériteroit estre prouvée et, après choisir la meilleure, à laquelle on dupliqueroit le trevaill afin dédomager le Roy, par exemple de quatre ou cinch mille franchs qu’il auroit employé et pour fournir aux despences à la mesure sans layser de découvrir toujours les autres. Je n’apreuve pas que ce soit le profit du Roy ce que quelques uns prétendent (à ce que m’a dit) d’entreprendre les minières à leur profit pour quelques années. J’ay l’honneur de vous dire en consience que ce ne seroit pas le profit du Roy, car les minières donnent leur plus grand revenu la segonde, la troisième et quatriesme année. Car après, quand plus loin on est de la porte ou première ouverture, les despences s’aucmentent et les dificultés des eaux et des vapeurs qui esteinnent les lampes et afoyblissent et tuent les minerons, les dificultés amoindrissent les revenus. Si je pouvois le faire, ce seroit ma plus grande gloire de faire voir à ces Meseigneurs ce que sont les mines de ce pais, mais je suis un pauvre curé seul sans vicaire et n’ay que trois à quatre cens franchs de revenu. Je suis marri, Monseigneur, de vous tant importuner. Je ne sçay point d’adresse pour escrire à Mr Villeroja, outre qu’il ne sçait pas me comprendre. J’espère que Vostre G[randeu]r faire connoitre à ces Mesenyeurs de Paris mon sentiment si le trouve à propos et les déterminera (pour couper plus court) à quatre ou cinch mille franchs pour les despences des minières, comme je désire pour avoir la gloire de rendre service au Roy, à SAR, et estre toujours du profond de mon cœur vostre très humble et très obéissant Jean Lafont, curé de Escaro Joint : Jean Lafont, curé d’Escaro, à d’Andrezel, Escaro, 2 mars 1718 [18/ 31/g]. 27 43 de Ascaro, 2 mars 1718 Monseigneur, J’ay eu l’honneur de votre lettre hier avec laquelle Vostre Grandeur me fait le plaisir de me demander une [sic] mémoire instructif du plan pour le trevail des minières, en quel endroit je comenseray, combien faudroit fouiller avant que trouver, une estimation de la dépense et de la mine d’alun.

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Mon dessein sur le trevail des mines seroit de comenser au terroir de St Colgat et, quoyqu’on y peut faire plusieurs minières à cause de plusieurs marcas, je n’i voudrois faire à présent que deux suivant toujours les veines qui se démonstrent, et on fairoit aynsi toujours aux autres endroits, et ces deux minières se devroint suivre beaucop [sic]. La segonde est celle du Capci, dans dix jours à peu près on sçauroit si je dois suivre ou non. En mesme temps, avec des mineurs, faire découvrir une veine de mine d’or à laquelle on a trevaillé autre temps, dans peu de jours on scauroit ce que c’est. En mesme temps, se préparer pour décovrir la minière de la valée de l’Ar, et faire 8 toises par les minerons à la marca del Cabos et autantes [sic] al coll de la Codira, et aynsi aux autres endroits selon SAR voudra despenser, et toujours visiter lesdits trevails, aller et revenir pour les autres et en les visitant faire de nouveles découvertes sur les montaignes, particulièrement en quelques endroits plus notables qu’on a promis indiquer, et tout cela se pourroit faire avec cinquante trevailleurs, et en peu de temps choisir la meilleure y faire le trevail nécessaire. Pour respondre à ce que V[ot]re G[randeu]r demande combien faudroit fouiller avant que de trouver, personne ne peut respondre certeinement. Quelque fois on trouvera au but de 4 toises autres fois au but de dix, autres de 30, autres de 100. Cela ne se peut pas sçavoir certeinement. Sur ce que V[ot]re G[randeu]r demande des dépanses, à cause des dificultés qu’il y a de voutorier les vivres sur les montaignes, on peut conter 20 sols par trevailleur. Ce trevail demande que les minerons soient contents et je ne croy pas que SAR dépense plus de quatre à cinch mile franchs sans trouver pour le dédomager de ce qui aura fournii et pour l’avenir. Je ne compte pas l’assistence qui pourroit faire le pais, comme asister aux minerons à faire barraques, acomoder chemins, voitorier pignoles et autres bois pour la subsistence des minières, charier la mine, fournir de la paille et erbe pour les voitures et autres choses, sens que les gens despensent rien. Je présupose aussi que le Roy fournira de la poudre, des picks, des pioches, des destrales et autres choses nécessaires qui se trouveront dans les magasins, au moins pour la première année. Le directeur des mines doit avoir une grande auctorité afin qu’on l’obéisse pour le logement des minerons quand ils passeront par les vilages, pour faire acomoder les chemins pour charier du bois et de la mine, pour retenir de par le Roy les bois ou forest tan pour le besoin des minières que pour les charbons. Il faudra préparer comme une botique de mareschal pour les miniers loin des vilages pour accomoder les fers ; enfin son besoin tant de choses que je serois très long. De la minière d’alun. On n’a jamais entendu dire qu’on aje réduite cette mine à la perfection dans ce pais. Je croy que cela est à cause qu’elle portaroit peu de revenu, l’Italie en fournit quantité. Cette minière est de trois toises dans la montaigne et l’y ont faite les marischals des vilages à l’antour en en sortant

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pour guérir ou penser les chevals ou mulets et autres bêtes blessées. Ils vont là en chercher pour s’éparnier la dépanse ou peine d’aller chez les apotiquères ou droguistes. Cette minière est proche du vilage du Nyer. Si SAR se détermine je vous prie, Monseigneur, de m’en faire advertir. Je voudrois aler sur les montaignes si le temps le permetoit avant que la nège fondît pour visiter quelques endroits à la indication de la nège. Je m’offre toujours au service de SAR, et estre toujours vostre très humble et obéissant serviter. Jean Lafont, curé de Ascaro Joint : d’Albert à d’Andrezel, Ille-sur-Têt, 1er mars 1718 [18/23]. [en haut :] en écrire à M. l’abbé Bignon 27 42 Monseigneur, En suivant les ordres que vous m’avez fait l’honneur de m’envoyer, je me suis transporté le 29e du moys passé au couvent des Cordeliers de la ville d’Ille66 avec le nommé Isidore Morato, tailleur de pierre et architecte de l’église d’Ille, pour examiner les albastres transparents qui servent de vitreaux aux trois lucarnes de l’église des pères cordeliers, et avons trouvé qu’elles estoient albastres véritables et douces et d’une épesseur assez grande. Quand à la mine de ces sortes de pierres qu’on a cru estre à notre voisinage, l’on s’est trompé. Cette pierre se tire de la mine de Serreal, bourg au camp de Tarragone. C’est ce que nous scavons par tradition. La décizion des prétentions que j’aporte contre les officiers de la justice seigneurialle et contre les consuls, m’est si nécessaire, Monseigneur, que je connois que sans elle je ne pourrois jamais estre bien establi bayle de la ville d’Ille. J’ay l’honneur d’estre très respectueusement, Monseigneur, [etc.]. d’Albert à Ille, le 1er mars 1718 14. - s.d. : demande de renseignements de Réaumur, minute [R/6/24]. /fol. 1/ Perpignan Nous n’avons reçu que depuis peu de jours les coquilles du terroir de Nefiac, les échantillons de la mine d’alun d’Escarou et la grosse pierre minérale que Monsieur d’Andrezel a bien voulu nous adresser, il y a déjà du temps. Les coquilles de Nefiac sont curieuses et nous y avons vu beaucoup de variétés. À en juger par l’échantillon de mine d’alun que nous avons reçu, c’est 66. Ille-sur-Têt (Pyrénées-Orientales).

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grand domage que la minière qui la fournit reste négligée. La pierre minérale contient beaucoup de fer. Nous essaierons incessament si elle n’a pas quelque chose de mieux. Monsieur d’Andrezel est si attentif à nous procurer des instructions que nous espérons qu’il n’oubliera pas que nous avons souhaité quelques morceaux de la mine de fer d’Escarou plus gros que ceux que nous avons reçu. Nous espérons qu’il voudra bien y faire joindre quelques échantillons des mines de fer du Roussillon et nous apprendre si on y fond les mines dans de bas fourneaux et avec des trompes comme dans le pais de Foix. /fol. 1 v°/ Les modelles des trompes de ce dernier pais, les mémoires et les deisseins qui les accompagnoient nous ont été de grandes preuves des soings qu’il a bien voulu se donner pour nous procurer des instructions les plus exactes. Quand nous sommes pourtant venus à faire usage de ces deisseins et mémoires, nous avons craint que ceux que Mr d’Andrezel avoit chargé de cette commission n’y aient pas apporté toutes les attentions qu’il eust souhaité, qu’ils ne se soient immaginés que des idées grossières nous suffisoient et qu’au moins une extrême précision nous étoit inutile. Voicy ce qui a fait naître nos doubtes. Les mesures données par le mémoire ne se raportent point avec celles des deisseins. Le mémoire, par exemple, donne seulement une toise de longueur à la caisse où tombe l’eau de la trompe, et les deisseins luy donnent 16 pieds. La profondeur donnée à la même caisse par les mémoires et les deisseins ne se raportent point. Les mesures des différents deisseins diffèrent aussi de quelque chose entre elles. Par les 1ers mémoires, desseins et modelle, le plan du fourneau où l’on fond la mine est rectangle ou quarré long. Par le deissein en supplément que nous avions souhaité pour voir la fabrique du dedans de ce fourneau, le plan de même fourneau se trouve un quarré. Nous ne parlerons point des autres différences que nous avons observé, mais nous souhaiterions scavoir quelles sont les mesures précises auxquelles nous devons nous tenir. /fol. 2/ On nous marque que le masset est rond et que le fer fort se trouve à ses bouts. Nous ne scavons pas trop où on prend les bouts d’un corps rond. Une boule n’en a point. Puisque Monsieur d’Andrezel nous assure que les Cordeliers d’Isle ne se feront point de peine de luy donner un des carreaux des vitres de leur église, nous acceptons avec plaisir l’offre qu’il nous a faite de nous en envoier un, car nous n’avons point vu de vitres d’abâtre. On n’en scauroit trouver d’échantillons dans tout Paris. 15. - 5 octobre 1718 : d’Andrezel à Bignon, Pamiers [18/31/e/i]. N° 9 À Pamiers, le 5e octobre 1718 Monsieur, Je dois uniquement à vos bons offices les marques de satisfaction dont vous me mandés que SAR a bien voulu honnorer les petits soins que je me suis don-

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néz pour procurer à votre académie les éclaircissemens qu’elle m’a demandéz. Je suis fasché que les mesures données par le mémoire que je joignis aux desseins et modèle d’une forge du pays de Foix ne se raportent point avec celles desd. desseins et modèle. J’ay heureusement gardé copie des mémoires, desseins et plan, et même j’ay retenu un pareil modèle en bois que celuy que j’ay envoyé. Il me sera plus facile à mon retour à Perpignan où tout cela est, de vériffier et rectiffier les fautes que le dessinateur aura pu faire. Au surplus, je me pourvoiray de quelques gros morceaux de la mine de fer d’Escarou67, d’échantillons des mines de fer de Roussillon et d’un carreau de vitres d’albâtre de l’église des Cordeliers d’Ille pour être en état de répondre art[icle] par art[icle] au nouveau mémoire que vous m’avés envoyé. Recevés cependant, Monsieur, le petit grain d’or que mon subdélégué me gardoit icy, provenant du sable qu’on ramasse après de grosses pluies près de La Bastide de Sérou, dans un lieu appellé Barrat de Sarda. C’est ce même or dont, par un mémoire joint à une de vos lettres du 15 mars de cette année, vous me demandiés un échantillon. J’avois cru qu’on m’auroit fait aporter aussi du sable, mais je renverray en chercher sur les lieux et, en ma présence, je feray faire la séparation des paillettes d’or de la même manière que j’en usay pour celles que j’avois fait tirer des sables de la rivière de l’Ariège. Voicy un petit mémoire que mon subdélégué m’a donné touchant cet or de la Bastide de Sérou. Je suis avec un respect infiny, Monsieur, [etc.]. d’Andrezel Joint : mémoire sur l’or de la Bastide-de-Sérou, s.d. [18/31/e/ii]. Pays de Foix 59 Mémoire sur l’or de la Bastide de Sérou Il y a dans le penchant d’un petit coteau un ravin creusé par les pluies assés court, mais large et profond, dans lequel il n’y a jamais d’autre eau que celle desd. pluies. Ce ravin aboutit à une petite rivière. L’eau des pluies en le lavant entraîne du sable qui, par la pesanteur des paillètes d’or meslées avec du mercure dont il est chargé, est arresté au bord de la rivière et dans l’endroit où le ravin se dégorge. C’est là où on le ramasse après qu’il a beaucoup plu et l’on en sépare l’or de la même manière que celuy de l’Ariège. Ce coteau s’appelle Barat de Sarda. On dit qu’on le nommoit autrefois Oria. 16. - s.d. : mémoire prévisionnel des frais de fouille dans les Pyrénées [17/22/a]. /fol. 1/ 3 Mémoire des choses nécessaires à la recherche et fouille des mines qui sont 67. Escaro.

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dans les montagnes des Pyrénées, du costé du Roussillon et de la conté [sic] de Foix dont Mr d’Andrezel est intendant Premièrement, comme les montagnes sont élevées et peu peuplées et qu’il faut aller d’un lieu à l’autre ouvrir des mines pour chercher les méteaux qu’elles renferment, on aura pour metre les mineurs à couvert deux canonières68 et une tante pour celuy qui les comandera, afein d’estre en estat de ce plascer sans maisons ni construire de barraques, parce que, quand mesme il se trouveroit de boix pour la construction, sa use du temps et beaucup [sic] de boix ; de ceste manière, on sera en estat de se plascer à l’androit où ce trouveront les matières qu’il conviendra de fouiller ; l’achat du tout peut monter à la somme de quatre vingt livres, Cy 80ll 0 0 2. On aura un nombre d’outils à mineur, de toute espèce, que celuy chargé du travaill fera former à son gré pour l’uzage qu’il en voudra faire, soit pour le fer et l’assié et fasson, la somme de cent cinquante livres, cy 150 0 0 /fol. 1 v°/ 3. On fera un fond pour entretenir six hommes seulement, à raison de trante sols par jour chacon, qui seront amploiés à fouiller les montagnes pour décuvrir [sic] les méteaux où il paroitra y en avoir en elles, le tout fera par jour la somme de neuf livres, cy 9ll 0 0 4. On aura deux mulets pour porter des vivres, les outils et tantes et un mulatier pour conduire les mulets, et leur subsistance sera réglée à raison de trante sols par jour chacon les trois, fera la somme de quatre livres dix sols, cy 4 10 0 5. On aura une provision de fer ainsi que d’assier pour accomoder journellement les outils à mineurs, et ceste provision se pourra estimer à vingt et cinq sols par jour, et pareille somme pour le charbon et le taillandier, le tout fesant la somme de cinquante sols par jour, cy 2 10 0 6. On donnera des ordres pour qu’il soit fourny des magazins du Roy à Perpignan ou au département de la province la poudre qu’on aura besoin pour ouvrir les mines et passer dans le roch où les vaines pouront conduire, et cest article sans estimation. /fol. 2/ 7. Il sera pareillement donnés des ordres par Mr l’intendant aux conseuls des lieux voisins où se feront les mines, pour qu’on aie la liberté de couper les bois sur les montagnes, pour le soutien des ouvertures des mines lorsqu’il en sera nécessaire ; cest ordre ne sera utille que lorsque les bois seront à des particuliers, qui seront estimés par des espers [lire experts], mais sa arrivera fort rarement, car la plus grande partie apartient au Roy ; et par le mesme ordre luy faire donner toutte assistance nessésaire pour le dit travaill comme il a esté déjà fait par les ordres que j’ay recu, lorsque j’ay fait travailler dans le mois d’aoust dernié en conséquance des ordres que Mr l’intendant avet reçu de SAR. 68. Tente pour canoniers.

710

L’ENQUÊTE DU RÉGENT

8. Comme il faudra de la lumière sous terre pour éclairer les travailleurs, on estimera ce qui sera nécessaire dans le commensement, à raison de trante sols par jour ; cette somme augmentera à mezure qu’on entrera dans les montagnes, mais en commensant, il sufira de ce qu’il vien d’estre estimé, cy 1ll 10 0 9. Il faudra un charpantier avec ces outils pour couper les bois, les ajuster, ainsi que pour étansoner les mines, faire les brouettes et tout ce qui regardera son mestier, et pour ces choses, on luy donnera par jour trante sols, cy 1 10 0 /fol. 2 v°/ 10. Il y a un curé du lieu d’Escaru69 dans le pais qui est fort abille et hones[t] homme, qui scait où sont à peu près les androits qu’on peut fouiller et qui déjà a donné des lumières ; il conviendra aussi que, pour celuy chargé du travaill, que la cour aie pour agréable de leur donner moien de continuer les décuvertes [sic], sans quoy ils ne pouroient donner leurs soins, et le tout estimé cent livres chacon par mois, qui fait la somme de deux cens livres, cy 200ll 0 0 11. Il n’est point parlé de ce que pourra coûter les bois ny la poudre, quoyqu’on pourroit les estimer, mais on laise les emplois dans la dépance pour le tems qui demandera qu’on amploie, de l’un et de l’autre, comme nous ne travaillons que par honneur, je m’ofre à rendre compte à Mr l’intendant, et mesme je prie la cour que je sois toujour sur les ordres de Mr d’Andrezel. Récapitulation de ce qui en coûtera pour le contenu de le mémoire pour les deux premiers articles estant establis Pour les tantes 80ll Pour le fer, et assier et fason des outils 150ll 230ll Seconde récapitulation pour les six mineurs pour les deux mulets pour le muletier



pour le fer, assier, charbon et tellandre pour la lumière pour le charpantier pour mr le curé et celuy qui conduira le travaill des mines

69. Escaro.

par jour 9ll 0 0 3 0 0 1 10 0



par mois 270ll 0 0 90 0 0 45 0 0

2 10 0 1 10 0 1 10 0

75 45 45

0 0 0 0 0

6 13 4 25 13 4

200 0 0 770 0 0

PERPIGNAN, OU ROUSSILLON

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17. - s.d. : second mémoire ayant le même objet [17/22/b]. /fol. 1/ 3 Mémoire des choses nécessaires à la recherche et à la fouille des mines qui sont dans les montagnes des Pirénées, du costé du Roussillon dont Mr d’Andrezel est intendant Premièrement, comme les montagnes sont élevées et peu peuplées et qu’il faut aller d’un lieu à l’autre ouvrir des mines pour chercher les méteaux, on aura besoin pour metre les mineur à couvert une grande canonière et une tante pour celuy qui les comendera, le tout pouvant monter à la somme de soixante livres, cy 60ll 0 0 2 On aura un nombre d’outils à mineur, de toute espèce, que celuy chargé du travaill fera former à son gré, soit pour le fer et l’assier et la fasson la somme de cent livres, cy 100 3 Il faut quatre mineurs, à raison de trante sols par jour chachon [sic], lesquels seront enploiés pour ledit travaill, le tout fera de la somme de six livres par jour, cy 6 4 On aura deux mulets pour porter les vivres et les outils des mineurs et les tantes et un muletier pour conduire les mules, à raison de vingt sols par jour chacon, les trois font la somme de trois livres, cy 3 /fol. 1 v°/ 5 On aura une provision de fer ainsi que d’assié pour accomoder journelement les outils, et ceste provision et la fascon du taillandier, montera la somme de trante sols par jour, cy 1ll 10 6 On donnera des ordres pour qu’il soit fournis des magazins du Roy à Perpignan ou ailleurs, la poudre qu’on aura besoin pour ouvrir les mines, et cette article sans estimation. 7 Il sera pareillement donné des ordres par Mr l’intendant aux vilages des environs du travaill pour lui donner les secours nécessaires, comme il a esté fait lorsqu’il travailla l’esté passé au Canigu. 8 Comme il faudra de la lumière sous terre pour éclérer les travailleurs, on estimera ce qui en sera nécessaire dans le commencement la somme de vingt sols par jour, cy 1 9 Il y a un curé dans le péis qui est fort abile, qui sest [lire sait] où sont à peu près les bons androits qu’on peut fouiller et qu’il a déjà donné des leumières ; il conviendra aussi que pour celuy chargé du travail que la cour ait pour agréable de leur donner moien de continuer les décuvertes, sans quoy ils ne pouroient donner leurs soins et le tout estimé cent livres chacon par mois 200 /fol. 2/ Récapitulation de ce qu’il en coûtera pour le contenu des deux premiers articles de ce mémoire une fois pour toutes

712

L’ENQUÊTE DU RÉGENT

60ll 100ll 160ll

Pour les tantes pour le fer et assier total seconde récapitulation pour les 4 mineurs pour les 2 mulets et un mulatié pour le fer et assié pour la lumière pour mr le curé et celuy qui conduira le travaill des mineurs pour les deux par jour total par jour 18ll 3

pour pour pour pour pour

troisième récapitulation par mois les 4 mineurs par mois les 2 mules et un mulatier le fer et assyé la lumière mr le curé et celuy qui conduira le travaill total par mois

6ll 3ll 1ll 1ll 6ll

10

13 4

4

180ll 90ll 45ll 30ll 200ll 545ll

[au dos du document :] second mémoire pour fouiller les mines du Canigu70 près de la superficie de la terre

70. Canigou.

XXVIII.

POITIERS

1. - s.d. [fin XVIIe siècle] : extrait du mémoire sur le Poitou rédigé “ pour l’instruction du duc de Bourgogne ”, copie annotée par Réaumur [17/47/g]. 34

Mémoire pour la province de Poitou

Le commerce principal des habitans de la ville [Réaumur ajoute : Niort] conciste dans la manufacture du chamois et ouvrages qu’on en fait, dont il y a grand débit, ainsy que des droguets, serges et autres étoffes de laine qu’on y fabriquent [sic]. Il y a un petit canton de dix à douze parroisses appellé le bois d’Estos, planté en arbres fruitiers dont les fruits font le principal revenu. [Réaumur ajoute :] mines d’antimoine. 2. - s.d. : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/52]. Poictiers L’académie royale des sciences a pour deux de ses objets l’histoire naturelle du roiaume et celle des arts qui y sont cultivés. Comme elle cherche à étendre ses connoissances sur tout ce qui y a raport, elle voudroit être mieux instruite qu’elle ne l’est sur les mines d’antimoine du Poitou. On scait qu’il y en a en bas Poitou, à quelques lieues de Pouzauges, qu’on y a travaillé pendant longtemps. Mais on voudroit scavoir si ces mines ont été abandonnées, ce qui en a été cause, depuis combien de temps on a cessé d’y travailler, à quelle profondeur elles ont été poussées, quelle est leur scituation et la nature du terrain qui les environne, si il n’y a pas en d’autres endroits du Poictou des mines d’antimoine connues et même où l’on travaille. On souhaiteroit aussi des échantillons de ces différentes mines. On feroit plaisir aussi de vouloir indiquer toutes les autres mines de Poitou dont on a connoissance, de quelque minéral ou métal qu’elles soient. 3. - s.d. [1716] : mémoire de réponse sur le Poitou [18/71]. /fol. 1/ 27 1716 96 18e Response au mémoire de l’académie royalle des Sciences

714

L’ENQUÊTE DU RÉGENT

La province de Poitou n’a esté jusqu’à présent ni recommandable dans les arts ni fort heureuse dans les découvertes. Il ne laisse pas d’y en avoir de curieuses et quelques unes même qui pourroient estre utiles et, avec un peu d’art et de dépense, il auroit esté facile de procurer à cette province un grand avantage par le débit de ses denrées et la commodité du commerce. On peut compter en Poitou neuf [sic] petits ports de mer, sçavoir les Sables d’Olonne qui est le plus considérable, Beauvoir, la Barre de Mont, St Gilles1, St Benoist2, La Tranchée3, Noirmoustier et l’isle d’Ieu4. Il y a deux rivières navigables, la Vienne /fol. 1 v°/ qui descend du Limousin en Poitou, traverse une partie de la province sans aucune utilité et ne porte batteau qu’au dessus de Châtellerault sur les confins du Poitou. Le Seivre5 quoyque petite commence à porter batteau à Niort et continue jusqu’à Marans où elle se décharge dans la mer. On pouroit la rendre navigable depuis St Maixant6 en dédommageant les propriétaires des moulins et faisant des escluses. La ville de Poitiers, capitale de la province et d’une assez grande estendue, est pauvre et sans commerce. Il se prend dans les rochers aux environs de Poitiers quantité de vipères qu’on envoye tous les ans à Paris ; il y a aussi des plantes à l’usage de la médecine dont on fait beaucoup de cas, les médecins /fol. 2/ asseurent qu’elles approchent de la bonté de celles de Montpellier. Le long de la ville passe une petite rivière, appellée le Clain, qui a esté autrefois navigable de Poitiers à Châtellerault où elle se perd dans la Vienne. Cette navigation qui n’a cessé que par le défaut d’entretien des ponts et des ouvrages, seroit facile à restablir et seroit d’un grand secours à Poitiers. Mais il seroit à propos pour le bien du commerce de la continuer jusqu’à Vivonne ; ce ne seroit pas un objet considérable en comparaison de l’utilité qui en reviendroit. En 1707, la supérieure de l’Union chrestienne de la ville de Luçon proposa d’en faire la dépense à la charge de lever pendant un certain temps des droits sur les marchandises pour se rembourser de ses avances. Il fut ordonné par arrest du Conseil qu’il /fol. 2 v°/ seroit procédé à la visite de la rivière du Clain depuis Châtellerault jusqu’à Vivonne et qu’il seroit dressé des plans et devis des ouvrages nécessaires pour la rendre navigable, mais ce projet par le déceds de la supérieure demeura sans exécution.

1. 2. 3. 4. 5. 6.

Saint-Gilles-Croix-de-Vie (Vendée). Saint-Benoist-sur-Mer (Vendée). La Tranche-sur-Mer (Vendée). L’île d’Yeu (Vendée). Sèvre, rivière. Saint-Maixent-l’École (Deux-Sèvres).

POITIERS

715

Les mines d’or et d’argent des parroisses du Vigean7, de Bourpeil8, de l’Isle Jourdain et d’Availles9 ont fait beaucoup de bruit. Le Roy donna en 1705 des lettres patentes qui furent enregistrées au Parlement, pour travailler à l’ouverture des mines du Vigean et de l’Isle Jourdain. Le Sr Doudon en obtint la direction, mais après beaucoup de dépense l’ouvrage fut abandonné. Les épreuves qui furent faites tant sur les lieux qu’à Paris firent connoistre qu’il n’y avoit aucune espèce de métail, on en jugera par les échantillons. /fol. 3/ Il y a plus de vingt ans qu’à un quart de lieu de Châtellerault, sur le bord de la rivière de Vienne, on trouva en fouillant dans la terre à 25 pieds de profondeur une matière aussi dure que des cailloux, où il paroissoit y avoir de l’or et de l’argent. Il vint de tous costés un grand concours de monde pour en chercher ; on prétend que plusieurs orphèvres et autres personnes curieuses en ayant fait des expériences y trouvèrent d’excellent souffre, mais vingt livres de matière ne produisoient qu’une livre de souffre, ce qui n’estoit pas suffisant pour dédommager de la dépense. Il n’est en est pas de mesme de la mine d’antimoine qu’il y a en bas Poitou, dont on a tiré pendant plusieurs années le meilleur antimoine de l’Europe. Il en a esté beaucoup vendu à un marchand de Saumur /fol. 3 v°/ nommé Joyaut, qui en faisoit en grand débit en Angleterre. Cette mine a pris naissance au village de la Ramée, paroisse de Boupère10, dans la maison appartenante au Sr de la Plissonière, marquis de Pouzauges. Le commencement de la mine est au midy et la fin est directement au soleil couchant. Sa sçituation est sur une petite élévation d’une assez bonne terre comme celle qui l’environne. Le pays au dessus de cette élévation est assez plat uni et rempli de bocages. La mine peut avoir 30 pieds de profondeur et 100 toizes de longueur. Il y a dix huit ans qu’ell’est abandonnée soit parce que, les terres estant tombées et aiant comblé la mine, le Sr marquis de Pouzauges n’a point esté en estat comm’il prétend de faire la dépense nécessaire pour la rétablir, soit parce qu’elle /fol. 4/ ne donnoit plus sur la fin assez abondament de matière pour le payement des ouvriers. Il ne restoit plus qu’une veine d’environ deux pouces et demy d’épaisseur. On a trouvé dans la mine une source qui fournit beaucoup d’eau ; on y a fait un puys dans le fond duquel est une pierre d’antimoine d’une extrême grosseur. Cett’eau est parfaitement bonne, fort légère, agréable au goust et très apéritive, plusieurs personnes en prennent pour remède à leurs incommodités. Il n’y a point en Poitou d’autres mines d’antimoine dont on aie du moins connoissance. Les recherches qui ont esté faites par les ordres de SAR ont donné lieu à de nouvelles découvertes. 7. Le Vigeant (Vienne). 8. Le Boupère (Vendée) ? 9. Availles-Thouarsais (Deux-Sèvres). 10. Le Boupère.

716

L’ENQUÊTE DU RÉGENT

On a trouvé dans une vigne, à une lieue de Fontenay11, l’apparence d’une mine de plomb ; on en a tiré quelques /fol. 4 v°/ morceaux. Il y a par l’épreuve qui en a esté faite moitié de déchet ; une livre de matière a rendu demy livre de plomb ; on joint au présent mémoire des échantillons de la matière et du plomb. On a aussi trouvé dans la forest de Vouvant, appartenant à Sa Majesté, paroisse de Mervant12, à trois lieues de Fontenay, des carrières qui paroissent de marbre ou d’agathe. Elles sont couvertes de bois taillis, sçituées sur une petite montagne assez élevée au pied de laquelle passe la rivière de Fontenay13. On envoye deux échantillons, l’un brute et seullement poli à un bout, l’autre fort petit et entièrement poli. Il y a dans ces carrières différentes espèces de cailloux, de blancs, de jaspés, de noirs et blancs et d’autres tachés de rouge sur le blanc. Il paroist en plusieurs endroits de la même forest sur des costeaux des mines d’ardoises noires tirans /fol. 5/ sur l’argentin qui seront à ce qu’on dit aussi belles que les ardoises qu’on tire d’Angers. On assure qu’il y a du costé de La Meilleraye14 des mines de fer, mais le fer en estant aigre, ces mines ne sont d’aucune considération. Il se trouve en plusieurs endroits autour de Châtellerault de petits cailloux qu’on fait tailler en diamans, mais il faut qu’ils soient bien clairs et bien transparens ; lorsqu’ils sont taillés, ils coupent le verre comme le diamant. On en envoie un taillé pour juger de la qualité. Des ouvriers, tirant de la pierre à Mouilleron15 dans un rocher escarpé, trouvèrent une espèce de coque de la longueur de la moitié du pouce et de sa grosseur qu’ils cassèrent en trois morceaux. Ces fragmens aiant beaucoup d’éclat furent portés à un lapidaire de /fol. 5 v°/ La Rochelle qui dit que c’estoit des diamans ; il les polit et les mit en œuvre. L’un a esté monté en bague et les deux autres en pendans d’oreille ; le Sr Arnaud, éleu à Fontenay, les a entre ses mains. Il y a dans la paroisse de Billazais16, élection de Thouars, une fontaine souffrée ; on sent lorsqu’on y passe, une grande odeur de souffre ; une autre fontaine y communique, il seroit nécessaire pour connoitre la veine d’en faire la séparation. Les eaux minérales d’Availles sont en réputation ; elles sont propres aux maux d’estomac, épanchemens de bile et obstructions.

11. Fontenay-le-Comte (Vendée). 12. Mervent (Vendée). 13. La Vendée, affluent de la Sèvre niortaise. 14. Meilleraie-Tillay (Vendée). 15. Mouilleron-en-Pareds ou Mouilleron-le-Captif (Vendée). 16. Bilazais, commune d’Oiron (Deux-Sèvres).

POITIERS

717

Ce qu’il peut y avoir d’ailleurs de particulier n’est pas considérable ; un seul puis creusé dans le sable fournit toute l’eau nécessaire pour la subsistance de la ville des Sables d’Ollonne /fol. 6/ et, dans un faubourg de Nyort17, il y a une source qui dans sa sortie remplit soixante toizes de diamètre et fait aller sept roues de moulins. Les différens échantillons qu’on envoie ont estés remis au carosse de Poitiers. 4. - 7 mars 1717 : La Tour au Régent, Poitiers [16/9/h/i]. À Poitiers, ce 7 mars 1717 Monseigneur, L’hyver n’ayant pas permis de faire les nouvelles recherches au sujet de l’histoire naturelle et des arts du Poitou dont VAR m’avoit ordonné de luy rendre compte par sa lettre du 24 novembre dernier, je n’ay pu satisfaire plus diligemment aux éclaircissements demandéz par l’académie des sciences dans son second mémoire joint à la lettre de VAR. Je souhaite ardamment qu’elle soit contente de mes soins et de pouvoir la persuader du très profond respect avec lequel je suis, Monseigneur, de Vostre altesse royalle [etc.]. de La Tour18 Joint : mémoire complémentaire, s.d. [18/70]. /fol. 1/ 19 40 Coppie du second mémoire de l’Académie des Sciences Poitiers Réponse aux nouveaux éclaircissements Le mémoire qui a esté envoyé par Mr de demandéz sur l’histoire naturelle du La Tour à SAR Monseigneur le duc Poitou par l’académie des Sciences dans d’Orléans, nous a déjà donné beaucoup son second mémoire transcrit cy à costé d’éclaircissements sur l’histoire naturele du et qui estoit joint à la lettre qu’il a plu Poitou et nous fait espérer que nous serons à SAR d’escrire à M. de La Tour, parfaitement instruits de ce que cette le 24 novembre 1716. province a de singulier soit par raport à l’histoire naturelle, soit par raport aux arts19. Les cailloux ou blocs qui se trouvent 1° Les carrières qui ont esté découvertes

17. Niort (Deux-Sèvres). 18. Jean-Baptiste Des Galloys de La Tour (1681-1747), nommé intendant à Poitiers en 1716 ; il sera ensuite intendant en Bretagne (1728), puis à Aix-en-Provence (1734) où il mourra en exercice. 19. L’original des demandes d’éclaircissements de l’Académie des sciences (texte de la colonne de droite), de la main de Réaumur, est conservé en R/6/67.

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L’ENQUÊTE DU RÉGENT

dans la forest de Vouvant, ne sont pas en grand nombre ; ils ne sont pas fort élevés de terre, ny fort avant. Leur profondeur n’estant tout au plus que de quatre ou cinq pieds, on a compté jusques à 90 de ces blocs de différentes dimentions, tant dans la forest que dans la lizière. Il s’y en est trouvé 14 depuis 12 jusqu’à 16 pieds de longueur sur 8, 10 et 12 de largeur. Il y en a environ 20 depuis 6 jusques à neuf pieds de long sur la /fol. 1 v°/ demie largeur, et le surplus depuis deux pieds jusques à cinq de long et de large. Tous ces cailloux ou blocs sont sortis de terre comme les cailloux ordinaires le long des chemins dans les terres sèches. Ils paroissent tous estre à peu près de même qualité, mais les couleur sont différentes. Ce qu’il y auroit à craindre en les mettant en œuvre est qu’ils pouroient éclater, surtout les plus gros blocs. Cependant quelques ouvriers ont assuré qu’on pouroit les couper avec la scie comme le marbre, auquel cas on trouveroit de quoy y faire des tables magnifiques, statues et autres ouvrages. On joint au présent mémoire des eschantillons de toutes les couleurs différentes qui me paroissent ny si vives ny si belles que dans les blocs. L’ardoise pouroit se trouver plus commodém[en]t dans la même forest de Vouvant, mais on doute que la qualité en soit bonne et que l’on puisse aisément la couper ; on en jugera par les échantillons qui seront dans la même caisse que ceux des blocs. À l’égard du prétendu diamant trouvé à Mouilleron, c’est une pierre qui fut

20. Mervent (Vendée).

depuis peu dans la forest de Vouvant, paroisse de Mervant20, semblent mériter attention. À en juger par les échantillons qui ont esté envoyéz, ce sont des agathes ou cornalines. On voudroit sçavoir si ces carrières ont de l’étendue, si elles parroissent partout composée d’une /fol. 1 v°/ matière semblable à celle qui a esté envoyé, si cette matière y paroist former de gros blocs. On souhaittroit de plus qu’on fist détacher de ces carrières des morceaux des plus différents en couleur qu’on pourroit avoir. On voudroit voir aussy des cailloux colorés qu’on dit se trouver dans les mêmes carrières.

2° On voudroit aussy voir quelques petits échantillons des ardoises qui se trouvent dans la mesme forest de Vouvant.

3° À l’égard des prétendus diamants trouvéz à Mouilleron, quoi qu’en ait dit

POITIERS

trouvée il y a environ 20 ans et qui /fol. 2/ fut mise en œuvre à cause de sa singularité, comm’on l’a expliqué dans le p[remie]r mémoire. Elle ressemble à ces brillants tiréz de pierres qu’on trouve sur le bord de la mer. Il ne s’en est trouvé depuis aucune en ce pays là. Les cailloux qui se trouvent autour de la ville de Châtellerault et qui sont transparants, ne sont pas communs, parce que personne ne s’applique à les chercher à cause de leur peu de valeur. Ce sont ordinairement les enfans qui les trouvent au bord de la rivière de Vienne lorsque l’eau est basse, à demye lieue au dessus et demie lieue au dessous de Châtellerault. Quand ils en trouvent quelques uns bien transparents, ils les portent aux orphèvres que leurs en donnent deux ou trois sols à proportion qu’ils sont beaux. Il se trouve aussy de ces cailloux dans les terres sableuzes et de varennes, à une lieue autour de la même ville de Châtellerault, principalement depuis lad. ville jusqu’à la commanderie d’Oson21 où les laboureurs en labourant les font sortir de la terre. Après quoy, les enfans, en se promenant autour de la terre labourée, trouvent de ces cailloux particulièrement lorsqu’il fait clair et beau soleil. On en trouve aussy /fol. 2 v°/ dans les parroisses de St Jean22, de Châteauneuf et de Thuré joignant lad. ville, où les vignerons dans les terrains sableux en ramassent quelquefois, ainsy que les laboureurs, lorsque la pluye tombe par orage. Elle fait couller les eaux qui en entraînent

719

/fol. 2/ le lapidaire de La Rochelle, il y a grande apparence que ce ne sont que des diamants faux, peut estre plus beaux que les communs. Le fait pourtant seroit bon à vérifier.

4° On voudroit qu’on eust marqué plus particulièrement quels sont précisément les endroits des environs de Châtellerault où l’on ramasse les cailloux transparents dont on a envoyé ces échantillons.

21. À proximité de Châtellerault. La commanderie de Templiers d’Ozon ou Auzon doit son nom au ruisseau de ce nom, affluent de la Vienne. Après l’abolition du Temple (1312), les Hospitaliers la conservent comme commanderie jusqu’en 1792. 22. Saint-Jean-de-Monts (Vendée).

720

L’ENQUÊTE DU RÉGENT

quelques uns dans les chemins, qui sont ordinairement les plus beaux. C’est tout l’éclaircissement qu’on peut donner sur cette matière. Au reste, le pays de Châtellerault est un pays plat et d’un climat très doux et agréable dont tous les fruits sont beaux et bons. On ne peut rien adjouster à la description qu’on a faite par le premier mémoire adressé à SAR de la mine de plomb, tant pour son terrain, sa nature, sa situation et ses productions. On adjoutera seulement qu’elle est dans un vignoble sur un coteau dont l’aspect est au levant et au midy, et qu’on ne croit pas que cette découverte mérite qu’on fasse la dépense d’y faire travailler. La matière en est cependant parfaitement bonne, ne laissant que moitié de décher, mais elle est si rare qu’ayant fait creuzer les premiers jours du Caresme 1717 en plusieurs endroits de ce vignoble à sept à huit pieds de profondeur, on n’a pu trouver qu’une veine grosse environ comme le bras près du /fol. 3/ poignet à trois pieds et demy de terre, et en d’autres endroits à quatre à cinq pieds. Encore n’en a t’on pu trouver qu’à 50 pas de longueur ; après quoy, on ne rencontre plus que des pierres et de la terre. Le terrain qui la couvre et qui est dessous est fort dur et meslé de pierres. Ce vignoble est situé dans la parroisse de Pissot23, à demie lieue de la ville de Fontenay le Comte. On a adjousté dans la caisse des blocs et de l’ardoise de nouveaux morceaux de cette mine [ajouté : de plomb].

5° On voudroit de même sçavoir précisément le lieu où est la mine de plomb nouvellement découverte auprès de Fontenay le Comte, et sçavoir de plus si cette veine paroist large, si elle est couverte de beaucoup de terre, quelle est sa situation et la nature du terrain qui l’environne.

La caisse contenant tous ces échantillons partira par le 1er carrosse de Poitiers à l’adresse de SAR.

23. Pissotte (Vendée).

POITIERS

721

[l’original des demandes d’éclaircissements de l’Académie des sciences [R/6/ 67] comporte deux points supplémentaires, non repris ci-dessus :] 6° Les morceaux de mines du Vigean qui ont été envoiées sont de ces mêmes matierres qui en ont imposé cy devant parce qu’étant brûlées, elles font voir quantité de paillettes talceuses de couleur d’or qu’on prist pour des paillettes d’or. On s’attacha mal à propos à vouloir travailler cette matière, mais gens experts qui ont été sur les lieux assurent qu’ils y ont vu de petis filons de veinnes d’or, mais entrecoupés, et qu’on ne pouvoit suivre. On a aussi reçu d’Availles les échantillons de mines que Monsieur de La Tour avoit donné ordre qu’on envoiast. 7° L’antimoine de la Ramée, paroisse du Boupère, est d’une fort bonne qualité. C’est dommage que la mine soit négligée après avoir été travaillée pendant du temps. 5. - 8 août 1717 : La Tour au Régent, Poitiers [16/9/h/ii]. 56 / 54 À Poitiers, ce 8 aoust 1717 Monseigneur, La scituation des lieux indiquéz dans le dernier mémoire de l’académie des sciences qu’il a plu à VAR de me faire l’honneur de m’adresser le trois du mois de juin dernier, ne s’estant pas trouvée juste, il s’est consommé plus de temps que je n’aurois souhaitté pour les découvrir ; il a même esté impossible d’en trouver quelques uns. C’est que j’explique plus au long dans mes réponses au mémoire de l’Académie. Je suis avec un très profond respect, Monseigneur, [etc.]. de La Tour Joint : mémoire de réponse, s.d. [16/9/h/iii]. /fol. 1/

56

Réponse au mémoire cy contre.

Ce n’est point à Aysenay25 que sont situées les ardoisières, mais dans le hameau de Voislambert, parroisse de Vayré26, élection des Sables, éloigné de

Mémoire de l’accadémie des Sciences envoyé par ordre de SAR à Mr de La Tour, intendant à Poitiers, le 23e juin 171724. L’accadémie des Sciences a trouvé les nouveaux éclaircissements qu’elle avoit souhaitté dans les échantillons de matière et le mémoire que Mr de La Tour a envoyé à

24. Original de la main de Réaumur conservé en R/6/46. 25. Aizenay (Vendée). 26. Vairé (Vendée).

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deux lieues d’Aysenay. Comme ce hameau appartient au seigneur d’Ayzenay, c’est apparamment ce qui a donné lieu à dire que les ardoisières estoient situées dans led. lieu d’Ayzenay. Quoy qu’il en soit, la personne qui a esté préposée par M. de La Tour s’est transportée sur les lieux dont la situation est un coteau à la descente d’un champ dépendant d’une métairie qui porte le nom de Voislambert, situé en plaine, tout à découvert et sans arbres, à distance à droiture d’une lieue de la mer.

SAR Monseigneur le duc d’Orléans. On a appris depuis qu’à Aisenay, en bas Poitou, on avoit découvert des ardoisières. On voudroit sçavoir précisément la qualité de l’ardoise qu’elles donnent et leur situation.

/fol. 1 v°/ Ce coteau domine sur un marais séparé par le milieu d’un canal conduisant à la mer, dont la marée repoussant l’eau douce forme le ruisseau du canal et y établit une navigation sur huit pieds d’eau. Il y a dans le même coteau qui est assés spacieux un grand chemin, comme il y en a un autre au dessous qui conduit au gué de Poiré pour aller en l’isle d’Olleron. Ce coteau est garny de plusieurs testes de rochers dont le dessus des pierres, quoyque tendre et rougeâtre, prend la couleur de l’ardoise au soleil. On a percé dans un de ces rochers jusques à 35 ou 40 pieds de profondeur. L’ouverture qu’on y a faite est présentement remplie de plus de cent tonneaux d’eau et empêche qu’on puisse connoitre le fond de cette carrière. On tient que dans la profondeur il s’y est trouvé un bon banc d’ardoise. On a creusé environ quinze pieds dans un autre endroit et on y a découvert une masse de rocher quasy à fleur de terre, de la couleur de l’ardoise, remply de veines qui font connoitre qu’il auroit esté facile d’en tirer si on s’y estoit bien pris et qu’on en eust cherché la clef ; mais on l’a entamé du costé du midy, ce qui est cause qu’on a cassé tout ce qu’on a tiré. Cependant, comme les ouvriers qui y /fol. 2/ ont travaillé ne s’y sont pas attachéz quoyqu’ils pussent les faire aisément en se tournant d’un autre costé, il y a lieu de croire qu’ils ne l’ont pas trouvé de bonne qualité. Cette carrière est au dessous de la première de 30 pas. Comme la personne à qui M. de La Tour avoit donné cette commission, luy a adressé différens échantillons de ces ardoises, il a cru que, pour ne rien laisser ignorer à Mrs de l’académie des Sciences sur les questions qu’ils luy ont faites sur ce sujet, il devoit envoyer ces mêmes échantillons avec des nottes sur chacun d’eux qui en expliquent la qualité.

POITIERS

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Quelque exacte recherche que M. de La Tour ayt fait faire de ce rocher de talc par son subdélégué des Sables, qui est un homme intelligent, on n’en a pu rien découvrir le long de la coste. Les plus anciens habitans de la parroisse de Brétignolles ausquels on a expliqué très démonstrativement ce que c’estoit que talc, ont tous déclaré qu’ils n’en avoient jamais vu dans leur parroisse. Si /fol. 2 v°/ l’académie juge à propos d’indiquer l’autheur du mémoire qui luy a esté fourny, on pourroit l’engager à mieux indiquer ce rocher. Mais ce subdélégué en parcourant le rivage de la mer a trouvé sur le bord un autre rocher assés On a aussy appris qu’à Brétignolles, considérable dont la teste qui est assés prèz les Sables d’Ollonne, il y a un rocher avancée dans la mer, paroit de couleur de talc. On voudroit sçavoir la grandeur de de marbre blanc parsemé de rayes ce rocher, si on en peut tirer de grandes noires. On en mettra un échantillon feuilles de talc et en avoir des échantillons. dans la caisse des ardoises. On croit pourtant que c’est un caillou qui ne peut estre propre à aucun ouvrage, parce qu’en frapant dessus, il s’écaille dans les rayes qui paroissent n’estre adhérantes les unes aux autres que par une espèce de mastic rouge dont l’échantillon est marqué. Tous ces échantillons partiront pas le messager mecredy [sic] prochain onze de ce mois à l’adresse de SAR.

XXIX.

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1. - s.d. [fin XVIIe siècle] : extraits du mémoire “ pour l’instruction du duc de Bourgogne ” relatif à l’Auvergne, copie annotée par Réaumur [17/18/e]. La Limagne est un grand vallon arrousé [sic] par la rivière d’Allier, entre les montagnes qui sont du côté de Forets1, du Velay et du Limousin. Elle s’estend en longueur depuis St Porçain2 jusqu’à Brioude. C’est un pays fort abondant en bleds, en vins, en chanvres, en noyers et en prairies ; mais le meilleur canton est sans difficulté depuis Gannat jusqu’à Issoire, le long de la rivière d’Allier. [en marge3 : prés qui se fauchent trois fois l’année] Les prairies, particulièrem[en]t auprès de Riom et de Clermont, se fauchent jusqu’à trois fois ; les terres ne se reposent jamais ou tout au plus en vingt ans une fois. Les vignes fournissent du vin à une grande partie des montagnes. Les noyers y sont en si grande quantité qu’à Clermont et en d’autres villes, on ne brûle point d’autres bois ; les noix servent à faire de l’huille que les paysants mangent dans leurs potage. [en marge : chanvres] Et pour le chanvre, on en receuille [sic] suffisam[en]t pour fournir pendant la plus grande guerre, et lorsque le Roy fait des armements de mer aussy considérables qu’en 1690 et 16914, non seullement les arsenaux de Marine, de Brest, de Rochefort et du Havre, mais même tous les cordages nécessaires pour les batteaux qui sont sur les rivières de Loir[e] et d’Allier et pour les vaisseaux marchands qu’on équipe à Nantes. Il est d’Auvergne par chacune des dernières années pour 220 ou 240 mil livres de chanvre, dont la fourniture des arsenaux de marine a fait 120 ou 150 mil livres. [en marge : ouvriers qui sortent et ce qu’ils raportent] Pour le surplus, l’industrie des habitants conciste au grand nombre qui en sort pour aller travailler en Espagne aux offices vils que les Espagnols tiennent au dessous d’eux, comme porter de l’eau, penser [lire panser] les chevaux, faucher les préz, couper les bleds et autres de cette nature. On sçait que ces sortes d’offices

1. 2. 3. 4.

Forez. Saint-Pourçain-sur-Sioule (Allier). Les notes portées en marge sont de la main de Réaumur. Partie maritime de la Guerre de la Ligue d’Augsbourg.

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se font en Espagne uniquement par des François qui y passent tous les ans de l’Auvergne, du Limosin, de la Marche, de l’Armagnac, Quercy, Rouergue, Périgord, Chalosse et autres pays. De l’Auvergne seulle ou plutost des montagnes d’Auvergnes, du côté d’Aurillac, /fol. 1 v°/ Mauriac et St Flour, il va tous les ans en Espagne cinq ou six mil travailleurs qui rapportent dans le pays par estima[ti]on sept ou huit centz mil livres. On peut compter qu’il sort autant de scieurs, de travailleurs à la terre et de chaudronniers d’Auvergne dans touttes les provinces du royaume que de ceux qui vont en Espagne et qu’ils rapportent autant d’argent. Les manufactures les plus considérables de la province sont : [en marge : point de France] celles des points de France à Aurillac et aux environs. Il s’y consommoit autrefois six à sept centz mil livres par an pour payer les ouvriers. Aujourd’huy, la manufacture ne consomme pas plus de cinquante mil escus et même moins. La raison est qu’on porte beaucoup moins de points de France qu’autrefois5. [en marge : étamines et camelots] La manufacture des étamines ou camelots de laine qui se font à Ambert, Cunlhat, Oliergue6, Sauxillanges et autres lieux. Elle est considérable. Ces sortes d’étoffes se portent dans les pays étrangers ; elles servent à faire des ornements d’église, des banderolles pour des vaisseaux, des habits et plusieurs autres choses. [en marge : Cadix, etc.] On fait aussy des étoffes appellées burattes, cadix ou burailles à St Flour et quelqu’autres lieux ; elles se débitent ou dans la province ou au Puy en Velay. [en marge : dentelles] La manufacture des dentelles de fil, façon de Flandre et d’Angleterre. Il s’en fait une très grande quantité à Murat, à La Chaise7 et à Alanèbe8, à Viverols et en d’autres villes, bourgs et villages. Des marchands de Clermont et du Puy en Velay les acheptent et les débitent dans tout le royaume. [en marge : quinquaillerie] La manufacture de la quinquaillerie de Thiers et des environs. On appelle quinquaillerie des couteaux, des cizeaux, des rasoirs,

5. Sur les manufactures de points et dentelles d’Aurillac, l’intendant Béchameil de Nointel, dans une lettre au duc de Noailles du 5 juin 1716 (BnF, ms fr. 11374, fol. 75-76), remarque : “ ces manufactures […] sont absolument tombées et il ne s’en fait plus du tout ; la seule et unique raison de cette décadence est que ces ouvrages ayant passé de mode et le point d’Alençon ayant prévalu, ceux-là n’ont plus eu aucun débit ; un seul marchand a continué à faire faire dans les dernières années des toilettes pour le Roy dont j’en ay veud d’assez belles et assez bien travaillées qui m’ont fait juger que, si l’on nous envoyait des desseins nouveaux et dans le mesme goust que ceux dont on se sert à Alençon, il y auroit moyen de les faire exécutter, ce qui pourroit suffire pour redonner quelque crédit à ces manufactures, mais je crois qu’il seroit nécessaire en même temps de nous envoyer des maîtresses ouvrières de Paris ou du point d’Alençon qui apprissent aux nôtres à se servir de ces nouveaux desseins et qui instruisissent en même temps un nombre de jeunes filles. ” 6. Olliergues (Puy-de-Dôme). 7. La Chaise-Dieu (Haute-Loire). 8. Ou Alarièbe ?

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des étuys. Il s’en fait une très grande quantité qu’on envoye en Espagne, et de là aux Indes occidentalles, en Allemagne et Italie et ailleurs. Cette manufacture occupe plus de cinq mil familles. /fol. 2/ [en marge : cartes] On fait aussy à Thiers des cartes à jouer, dont on fournit aussy toutte l’Espagne et une partie du royaume. [en marge : fil bleu] On y fait pareillement du filet (c’est du fil bleu qui sert pour marquer du linge). Il s’en fait aussy à Lezoux, à Croupières9, à Ambert et ailleurs, et le débit en est considérable. [en marge : papiers] La manufacture des papiers d’Auvergne est celle de toutte la France qui mérite le plus d’être cultivée et soutenue. Il y a des moulins à Ambert et aux environs, de [lire à] Thiers et aux environs, et à la Chamalière10 près Clermont. Les plus beaux papiers de l’Europe se font à Ambert ; touttes les belles impressions de Paris, d’Hollande et d’Angleterre se font sur le papier qui en sort. On s’en sert aussy pour touttes les thèzes et estampes qui s’impriment à Paris. Cette manufacture fait subsister un très grand nombre de familles et d’ouvriers, et on peut compter qu’il sort tous les ans d’Auvergne pour quattre vingt mil escus de papier. On prétend que l’eau des ruisseaux, sur lesquels les moulins à papier sont bâtis, contribue à les rendre aussy blancs et aussy beaux qu’ils sont et que par cette raison les Anglois, les Hollandois et les habitans de Genève qui travaillent à établir cette manufacture chez eux, ne réussiront pas. [en marge : rubans de fil, épingles] On fait à Ambert, outre les papiers des cartes à jouer, des rouleaux ou rubans de fil, des épingles et des étoffes de laines cy devant mentionnées ; il est bon de remarquer icy en passant que cette ville est la principalle d’un petit pays appellé le Livradois, dépendant de l’élection d’Issoire, lequel est un des meilleurs de l’Auvergne par son commerce et ses manufactures [en marge : cuirs] La manufacture des cuirs est aussy de quelque considération. Les meilleures montagnes sont celles de Salers. Elles sont touttes pour le laitage. On y donne ordinairem[en]t au propriétaire deux quintaux de fromage, tous les ans, pour chacune vache et le quintal se vend onze, douze et treize livres. /fol. 2 v°/ Les mules et mulets sont un si grand commerce, surtout pendant la guerre. Les pâturages d’Auvergne sont fort propres pour ces sortes d’animaux. [en marge : meilleurs en Auvergne que dans leur pais natal] Et même les Poittevins sont obligés d’envoyer en Auvergne, à neuf ou dix mois, les jeunes mules et mulets qui sont néz en Poitou. Ainsy l’Auvergne qui a grand nombre de harras pour tirer des mules et mulets particulièrement dans un pays 9. Courpière (Puy-de-Dôme). 10. Chamalières (Puy-de-Dôme).

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appellé la Planèze, entre St Flour et Murat, et qui en débite beaucoup, profite encore de l’envoy de ceux de Poitou. Le débit des mules et mulets se fait à des marchands espagnols qui viennent aux foires de St Flour, du Puy en Velay, de Maillargue11 dans l’élection de St Flour et d’autres lieux. Il se fait aussy à des marchands et voituriers de Lion et de Languedoc, étant nécessaire pour le commerce de Languedoc et de Provence à Paris qui se fait tout entier par mulets. On sçait que ce commerce conciste en oranges, citrons, huilles, olives, anchoix, vins de liqueur, poisson sallé appellé des tons, prunes de Brignolles12, figues, raisins et autres provisions de Carême. Clermont est l’entrepost où tout arrive p[ou]r passer de là à Paris. Ayant négligé de faire mettre à couvert les mâts que l’on avoit couppés dans les forêts du côté de la Chaise Dieu, et au contraire les ayant laissés longtemps sur la vaze couverts d’eau quand la mer montoit, et à sec quand elle se retiroit, avoient donné lieu aux plaintes qu’on faisoit de leur méchante qualité. [en marge : commerce de pommes] Le commerce des pommes de renettes et des pommes de Calleville crues qu’on porte par eau à Paris et que les vergers de la Limagne fournissent en abondance, et celuy des abricots d’Auvergne et des pommes que les confituriers de Clermont et de Riom préparent d’une manière particulière, /fol. 3/ à laquelle les confituriers de Paris n’ont pu parvenir, soit que la qualité des abricots et l’eau y contribue, ou par quelqu’autre raison inconnue, portent encore quelque argent dans la Limagne. [en marge : cire] Le commerce de la cire n’est pas si peu considérable qu’il n’en sorte tous les ans pour trente cinq ou quarante mil livres des environs d’A[u]rillac et de Montsalvy. C’est le côté de la province qui joint le Quercy. [en marge : colle forte] Il se fait encore plusieurs petits commerces, comme celuy de la colle forte à Chaudes Aigues et aux autres lieux où il y a des tanneries, car la colle forte se fait des rognures qui restent quand les cuirs sont préparés, lesquelles on fait bouillir et on broye jusqu’à ce qu’elles soient réduittes effectivement en colle, celuy des suifs et de la bourre de bœufs qu’on envoye à Nantes et à Brest et Rochefort pour espalmer les vaisseaux et pour faire des matelats, celuy des toilles dont quelques unes sont envoyées à Lion13 et à Paris, et enfin des lacets de fil qui se font en quelques lieux des environs de Thiers et d’Ambert. La province d’Auvergne abonde en eaux minéralles. Il y en a à Clermont, à Chaudes Aigues, à Bains, au pied du Mont d’Or, à Villecomte14, à Vich en Cartadez et en plusieurs autres lieux ; mais les moins fréquentées sont celles de Bains, appellées communément les eaux du Mont d’or. Elles sont très bon11. Maillargues, commune de Allanches (Cantal). 12. Brignoles (Var). 13. Lyon (Rhône). 14. Vic-le-Comte (Puy-de-Dôme).

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nes pour consolider les playes, même pour tirer les corps étrangers, et pour les rumatismes, les paralysies et les foiblesses de nerfs. Celles de Vicq le Comte sont pareillement bonnes pour la gravelle et la collique néfrétique. Murat est aussy un grenier et entrepost. Cette ville est à l’extrémité de la Planèze et les bleds, seigles qu’on receuille [sic] dans ce canton, y sont pour la plus[part] portéz. La ville est aussy précisém[en]t au pied du Cantal, et quantité de fromages appellés cantal s’y mettent en magazin et s’y débitent ensuitte. Les habitans sont industrieux ; ils travaillent à la /fol. 3 v°/ dentelle de fil et il y a plus d’artisants, menuisiers, sculpteurs et d’autres métiers qu’en aucune ville d’Auvergne. Il y a aussy plusieurs lapidaires qui taillent et mettent en oeuvre certainnes pierres de touttes couleurs qu’on trouve dans le voisinage. [en marge : q. faire donner de ces différentes pierres]. [Réaumur ajoute :] charbon de terre près de Brioude [barré] le commerce du charbon de terre qui se tire des mines de Braissac15 près Brioude est devenu considérable par la guer[r]e d’Angleterre. On le porte à Paris par les rivière de Loire et d’Allier et le canal de Briare. On estime qu’il en sort au moins pour cinquante mille écus tous les ans de la province. 2. - 11 décembre 1715 : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/81]. 11e décembre 1715 Auvergne L’Auvergne est la province du roiaume où l’on trouve le plus de pierres de couleurs. Il y a même à Murat ou du moins il y a eu autrefois quantité d’ouvriers occupés à tailler celles qu’elle fournit. Ces sortes de pierres méritent d’être examinées, quand ce ne seroit que par raport à l’histoire naturelle de la France. Aussi souhaiteroit on avoir des mémoires les plus détaillés qu’il seroit possible qui apprisent : 1° les endroits de l’Auvergne où l’on trouve des pierres de couleurs. 2° quels sont les différentes pierres de couleur que l’on trouve en Auvergne. 3° si dans les mêmes endroits on rencontre des pierres de couleur différentes et si parmy ces pierres il n’y a point des cristaux sans aucune couleur. 4° si on rencontre ces pierres sur la surface de la terre ou si on est ordinairement obligé de fouiller pour les avoir. 5° dans les endroits où l’on est obligé de fouiller quelle est la nature du terrain qui environne la veine des pierres de couleur, quelle est communément la largeur et la profondeur de ces veines. 6° On demandroit aussi des morceaux de toutes les différentes pierres de couleur d’Auvergne, de la terre, du sable ou de la pierre où on les trouve. 15. Brassac-les-Mines (Puy-de-Dôme) ; les mines ont cessé d’y être exploitées en 1978.

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3. - 28 février 1718 : Boucher au Régent, Clermont [18/16/a]. 22 Monseigneur, Je prens la liberté d’adresser à VAR un état de ce que la nature produit de plus rare et de plus curieux dans cette province. Je m’étois proposé d’y joindre des échantillons des pierres de diférentes couleurs dont il y est parlé. La rigueur de l’hiver et les neiges qui couvriront encore longtems nos montagnes ne m’ont pas laissé sur cela toute la liberté que j’aurois souhaité. Je ne manqueray pas d’en envoyer à VAR dès que la saison permetra de fouiller dans les entrailles de la terre. Trop heureux de luy pouvoir marquer par mon empressement à exécuter les ordres dont il luy a plu m’honorer, le profond respect avec lequel j’ay l’honneur d’être, Monseigneur, [etc.]. Boucher16 à Clermont, ce 28 février 1718 Joint : mémoire sur les curiosités de l’Auvergne, s.d. [17/33] [sur la couverture du cahier :]

C 16

22

/fol. 1/ Mémoires curieux sur la province d’Auvergne tirés d’une histoire d’Auvergne manuscritte L’Auvergne a des contrées d’une terre bien différente et on remarque cette différence dans la basse comme dans la haute. En des endroits, tout y est couvert d’arbres et de vignobles qui portent quantité de fruits et de vins délicieux, en d’autres la terre est grasse et arrosée d’une infinité de ruisseaux, où sont de belles et grandes prairies. Enfin, on en trouve d’autres remplis de montagnes d’une hauteur prodigieuse, d’où descendent ces grandes et petites rivières qui portent la fécondité à cette partie de l’Auvergne connue sous le nom de Limagne et à ce grand nombre de valons qui /fol. 1 v°/ s’offrent pour ainsy dire à chaque pas et font veoir un des plus beaux pays du monde. Les montagnes qui, par leur hauteur, semblent toucher le ciel et qui de loin paroissent affreuses, n’ont rien que d’agréable. Ce ne sont point des rochers secs et stériles. On se trouve comme par une espèce d’enchantement au milieu des jardins qui ont le plus d’agrément ; on marche sur les anémones, sur les tulipes, sur les martagons17, sur les immortelles et sur toutes sortes de fleurs qui parent le plus les jardins. Si la surface de la terre d’Auvergne ne montre rien que d’agréable et si les yeux sont si satisfaits de tout ce qu’ils y aperçoivent, on ne trouve pas moins 16. Claude Boucher (1673-1752) a été nommé intendant à Riom en 1717, en remplacement de Louis Claude Béchameil de Nointel, intendant de 1713 à la fin de 1716. Boucher sera ensuite intendant à Bordeaux (1720). 17. Pour martangon, espèce de lys.

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de merveilles dans les entrailles de la même terre, lorsqu’on entreprend de fouiller dans son sein. C’est ce qui a fait dire à quelques auteurs [en marge : Daviti18], quoyqu’ils ne soient pas du pays, qu’on /fol. 2/ ne trouveroit pas moins d’or dans les montagnes d’Auvergne que dans celles du Pérou. Quoyque l’exagération soit un peu forte, on peut assurer qu’on en tireroit en plusieurs cantons. On ne doute point qu’il n’y en ait et même assez abondament dans le territoire d’Eparrou19, entre St Maurice et Mirefleur20 sur la rivière d’Allier à trois lieues et demie de Clermont, dans divers endroits du Mont d’Or et du Cantal et dans quelques lieux qui sont sur les confins du Velay. Royat petit lieu près de Clermont, Monjoly21, St Jean de Vau22 et Anval23 près de Riom24, Chazelles près de Tauves, et les environs de Pongibault25 fourniroient des mines d’argent. Le Roy Henry 3 permit à Guy de Daillan26 [sic], comte du Lude, seigneur de Pontgibaud, de /fol. 2 v°/ faire fouiller une des mines peu éloignée de sa terre ; il en tira de quoy faire un service de vaisselle d’argent. On découvre près de la Tour27 et aux environs de Brioude des mines d’antimoine. Un marchand de Brioude nommé Vairon avoit entrepris de faire travailler à une mine et il eût continué si le produit avoit seulement égalé la dépense qu’il étoit obligé de faire. On assure que l’on trouve de l’étain à la Tour, du plomb à Royac28, de l’acier à Ferrières29 près de Thiers, du fer au même lieu de Ferrières et à Ferrières30 près d’Aurillac, et de l’azur sur les frontières du Velay. La tradition veut qu’il y a eu autrefois des mines de cuivre fort abondantes, puisqu’elles le furent assez pour fournir le cuivre qui /fol. 3/ servit à former le fameux colosse de Mercure qui étoit placé dans l’endroit de la ville de Clermont le plus élevé. Cet ouvrage donna une espèce d’immortalité à Zéno-

18. Pierre d’Avity (1573-1635), seigneur de Montmartin, auteur d’une Description générale de l’Amérique (Paris, 1643), où il s’intéresse particulièrement aux mines d’or, d’argent et d’autres métaux. 19. Non identifié. 20. Mirefleurs (Puy-de-Dôme). 21. Selon Ambroise Tardieu (Grand dictionnaire historique du département du Puy-de-Dôme), il existait un château et fief de Montjoli sur le territoire de la commune de Chamalières (Puy-deDôme). 22. Saint-Jean-en-Val (Puy-de-Dôme). 23. Enval (Puy-de-Dôme). 24. Riom (Puy-de-Dôme). 25. Pontgibaud (Puy-de-Dôme). 26. Pour Guy de Daillon, comte du Lude (1520-1585), gouverneur du Poitou. 27. La Tour-d’Auvergne (Puy-de-Dôme). 28. Pour Royat ? 29. Ferrières-sur-Sichon (Allier) ? 30. Ferrières-Saint-Mary (Cantal).

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dore31, habitant de la même ville, qui employa dix ans à le perfectionner. L’Apollon de Rhodes qui a passé pour une des sept merveilles du monde, le Jupiter Romain que l’on adoroit au Capitole, et toutes les autres statues colossiques étoient bien au dessous du Mercure de Clermont, c’est le sentiment de Pline l’Ancien qui avoit une connoissance parfaite en tout ce qui regardoit les arts. Ce colosse avoit quatre cens pieds de haut. Zénodore s’aquit tant de réputation par cet ouvrage admirable que, de tous les excelens ouvriers qui florissoient /fol. 3 v°/ dans l’étendue de l’Empire romain, il fut le seul que Néron choisit et qu’il appella à Rome pour travailler à sa statue en manière de colosse, à laquelle il donna six vingt pieds de hauteur et qui fut placée dans le vestibule du superbe et magnifique palais qu’il fit bâtir, qui fut nommé la Maison dorée. On ignore l’endroit d’où on tira le cuivre qui servit à construire le Mercure dont nous venons de parler. Le diamant naturellement clair, coupant le verre et presqu’aussy dur que le véritable, se trouve à Rochedagoux32 dans la basse Auvergne, du côté de la Combraille. On y voit le rocher d’où l’on tire les pierres ausquelles les ouvriers donnent ce brillant qui les fait rechercher avec empressement. On rencontre dans la Dordogne, dans une /fol. 4/ caverne qui est au dessous du château de Tinières, des pierres transparentes taillées naturellement qui sont de différentes grosseur et qui aproche[n]t des diamans d’Alençon. Les environs de Sauxillanges et d’Usson dans la basse Auvergne, au delà d’Issoire, donnent des amétistes et des hiacintes33 qui ne sont pas inconnues aux marchands de Genève qui en font commerce. Une personne de considération ayant prié M. Danty, subdélégué de Monsieur l’Intendant à Murat, de luy en procurer quelqu’unes, il envoya sur les lieux deux lapidaires de la même ville qui en raportèrent une grande quantité. On ne trouva point aux environs de Murat de ces pierres colorées et transparentes ny dans l’étendue de l’élection de St Flour. On s’est /fol. 4 v°/ persuadé facillement qu’il y en avoit dans ces cantons sur ce qu’on avoit ouÿ dire qu’on vendoit à Murat de ces pierres taillées en diamant chez des ouvriers qui en faisoient des bagues, des coliers, des croix, des pendans d’oreilles et des boutons pour les personnes de la campagne. Il y a actuellement dans cette ville deux lapidaires qui s’occupet à ces sortes d’ouvrages. On trouve de l’orpin et de l’ocre aux Monts d’Or, des lapis aussy aux Mons d’Or et à Usson, du talc à Langeac et à Neuvéglise. On découvre un [sic] certaine terre plus noire que le jayet souffrant le feu sans perdre sa noirceur aux Monts d’Or, dans la grotte au dessus des bains.

31. Statuaire grec (1er siècle après J.-C.) mentionné par Pline qui cite son Mercure colossal. 32. Roche-d’Agoux (Puy-de-Dôme). 33. Ou jacinthes, sortes de pierres précieuses.

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Les mines de charbon sont abondantes. /fol. 5/ En Auvergne, les plus connues sont celles de Sauxillanges, de Charbonnières, de Brassac34, de Ste Fleurine35, de Frugerè36, d’Auzon, de Lande37 sur Alagnon, de Salverre38, de Bosgros39. Le charbon de Charbonnières n’est bon que pour faire la chaux ou pour faire chauffer les paysans. On transporte à Paris celuy de Brassac, de Frugerès et de Lande, surtout dans les temps de guerre. On trouve beaucoup de mines de charbon le long de la Dordogne du côté de Bord40, mais on les néglige parce que le profit qu’on y peut faire est peu de chose. Il y en a une d’ouverte depuis longtemps. Elle est au village de Lampres, parroisse de /fol. 5 v°/ Champagnat41, bureau de Mauriac, à cinq quarts lieues de Bord. On trouve enfin du plâtre à Esparrou ; il est d’une blancheur surprenante, on s’en sert pour orner les cheminées et les platfonds des salles et des chambres. Le territoire du même lieu d’Éparrou produit cette précieuse terre que les anciens nommoient lemnia terra, terre de Lemnos, parce qu’on la tiroit de l’isle du même nom dans la mer Égée42. On la connoist aujourd’huy sous le nom de terre sigillée parce qu’elle porte le sceau du grand seigneur sous la domination duquel est l’isle de Stalimène, qui en envoye quelquefois aux roys et aux /fol. 6/ personnes d’une qualité très distinguée. La terre des environs de Brioude, de Massiac et de Preschonet43 renferme des carrières de marbres de diverses couleurs ; le bénitier de marbre blanc que l’on voit dans l’église des Minimes de Clermont a été pris dans celle de Brioude. La grande quantité de colonnes de marbres de toutes les couleurs que l’on voit aujourd’huy dans l’abbaye de St Alyre, dans un des faubourgs de Clermont, marquent sans en pouvoir douter que le marbre étoit autrefois commun en Auvergne. Car on doit faire peu de cas de la tradition qui se conserve parmy le peuple que toutes les colonnes qui sont dans ce monastère, ont esté transportées de /fol. 6 v°/ Trèves à Clermont par le Démon pour obéir aux ordres de s[ain]t Alyre, évesque de la même ville, lorsqu’il étoit à la cour de Maxime qui avoit usurpé l’Empire sur Gratien. Ce saint s’y étoit rendu à la sollicitation du tiran pour procurer la guérison de sa fille nommée Scholastique 34. Brassac-les-Mines (Puy-de-Dôme). 35. Sainte-Florine (Haute-Loire). 36. Frugerès-les-Mines (Haute-Loire). 37. Lempdes (Puy-de-Dôme). 38. Non identifié. 39. Bogros, commune de Charbonnières-les-Vieilles (Puy-de-Dôme). 40. Bort-les-Orgues (Corrèze). 41. Champagnac (Cantal). 42. Lemnos, île grecque de la mer Egée, entre la côte turque et la Chalcidique, à proximité des Dardanelles. 43. Préchonnet, commune de Bourg-Lastic (Puy-de-Dôme).

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que l’on croyoit possédée. Il la guérit en effet par ses prières. On prétend qu’il y avoit du marbre dans la cour du Palais et que, l’Empereur luy ayant offert une grande récompense, le saint ne voulut autre chose que ce marbre pour embellir l’abbaye où on le voit aujourd’huy, et que le Démon sortant du corps de la princesse l’y avoit sur le champ transporté suivant l’ordre qu’il en avoit receu du s[ain]t évesque. /fol. 7/ On étoit si fort persuadé de cette histoire fabuleuse qu’on la voit peinte en plusieurs endroits du monastère et que l’on a placé sur la plus grosse colonne une statue représentant cet esprit de ténèbres ayant chaque épaule chargée d’une colonne. L’église de St Laurent à Clermont étoit encore magnifique par des colonnes de marbres qu’on y voyoit au cinq[ièm]e siècle, qui étoit un ouvrage digne de la piété de Victorius, comte de Clermont et duc d’Aquitaine sous Évarix, roy des Visigots. On trouve des pierres ponces à Issoire et à Messeix, à Langeac certaines pierres de diverses couleurs qui brûlent insensiblement /fol. 7 v°/ comme la bougie et d’autres de couleur argentine dont on se sert pour dérouiller le fer. L’Auvergne est abondante en carrières de pierres qui servent pour les bâtimens. Volvic, proche de Riom, et Villards44, proche de Clermont, fournissent une pierre grise qui a paru si belle qu’on l’a employée pour achever de rebâtir la magnifique église de Ste Croix d’Orléans. On en trouve encore à St Flour, à Aubepierre45 et à Nechers46 ; on en tire de blanches à Éparrou, de couleur tirant sur le jaune à Montpeyroux sur Allier, Roffiac près de St Flour donne du tuf, la Sauvetat, Chanonat, Mirefleur et Pérignac outre Alier47 abondent en chaux. On voit deux espèces de volcant en Auvergne, /fol. 8/ l’un proche de Menat sur la rivière de Sioules48, l’autre près de St Flour. Le premier vomit quelques flames, le second laisse échaper une fumée épaisse que les pluyes et la neige ne peuvent arrester. L’Auvergne est célèbre par le nombre de ses lacs qui ont quelque chose d’extraordinaire. Le plus connu est est celuy de Paven49 qui est au pied des Monts d’Or, à une demie lieue de la ville de Besse50. Son eau est affreuse à veoir par sa profondeur qu’il a esté impossible de trouver à ce que l’on assure. Cependant, le père Sébastien51 prétend en avoir trouvé le fonds. Il est envi44. Orcines-et-Villards (Puy-de-Dôme). 45. Albepierre-Bredons (Cantal). 46. Neschers (Puy-de-Dôme). 47. Pérignat-sur-Allier (Puy-de-Dôme). 48. Sioule, rivière qui se jette dans l’Allier. 49. Lac Pavin. 50. Besse-et-Saint-Anastaise (Puy-de-Dôme). 51. Peut-être Jean Truchet, en religion Père Sébastien (1657-1729), membre de l’Académie royale des sciences, académicien honoraire premier titulaire nommé en 1699, démissionnaire en 1726. Selon A. Tardieu (op. cit. note 21), le lac Pavin a fait l’objet au XVIIIe siècle de nombreuses tentatives pour en mesurer la profondeur.

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ronné de rochers qui forment autour comme une muraille fort élevée qui luy donne la figure d’une ovale. À un des bouts, s’offre une ouverture par laquelle sort l’eau qui fait /fol. 8 v°/ la rivière de la Couze qui arrose le beau vallon de Meillau52 et d’Issoire, et par laquelle on peut se glisser sur le bord de l’eau et en faire le tour. Si on veut se donner la peine de tirer un coup de pistolet ou de fuzil, on entend par le moyen des écos [lire échos] le même bruit que fait le tonnere quant il se fait entendre avec éclat et à diverses reprises. C’est ce qui a donné lieu au peuple de croire que si l’on jette dans ce lac des pierres dans un temps serein et calme, l’agitation de l’eau causée par le mouvement de la pierre fait élever en l’air une vapeur d’où se forment ensuitte la pluye et les orages, suivies d’éclairs, de gresle et de tonnere ; quoyque la plupart de nos géographes ayent publié cette merveille, elle ne se trouve pas véritable. /fol. 9/ À un petit quart de lieue de ce lac, on trouve un espèce de puis qui a la forme ronde, que l’on nomme dans le voisinage le creux de Soucy. On prétend qu’il n’a point de fonds et que l’eau se communique avec celle du lac, et on ne doute point de cette communication sur ce qu’on assure qu’un chien étant tombé dedans, on le vit le lendemain qui nageoit sur la surface de l’eau du lac ; dans la crainte de quelque accident, on a bouché l’ouverture avec plusieurs grosses pierres. Le creux de Saillans où se jette en manière de cascade53 la petite rivière qui va mesler ses eaux avec celle de Lande au dessous de St Flour, est encore un espèce d’abisme dont on ne sçauroit trouver le fonds. Le lac de Lacassou est sur une montagne /fol. 9 v°/ ayant la figure ronde. L’eau s’i trouve toujours au même état quoyqu’on n’aperçoit ny ruisseau ny fontaine qui se déchargent dedans. Celuy de Tagenat imprime de l’horreur à ceux qui en approchent, le peuple luy donne le nom de gour et croit sur quelque fausse tradition qu’il y a eu dedans une ville submergée. Le lac de Chambon a beaucoup de raport à celuy d’Aidat, sur le bord duquel étoit la maison de campagne de la maison avitienne impériale. On y voyoit un lac abondant en poissons. Le père Sirmond54 a prétendu que le lac de Chambon étoit le même que l’Avitacus55 dont Sidoine fait la description, mais il s’est trompé comme nous le ferons veoir. Il faut que la terre d’Auvergne soit /fol. 10/ diversifiée au dedans de bien des manières pour fournir à cette diversité infinie d’eaux qui sortent de son sein et qui font veoir toutes en particulier quelque chose de merveilleux, soit dans les effets surprenans qui se présentent à nos yeux, dans lesquels la nature 52. Meilhaud (Puy-de-Dôme). 53. Cascade du Sailhant, au nord-ouest de Saint-Flour. 54. Jacques Sirmond (1559-1651), Jésuite né à Riom, historien, auteur de très nombreux ouvrages à caractère religieux. 55. Avitacum, résidence que Sidoine Appolinaire avait héritée de son beau-père Marcus Macilius Avitus, empereur d’Occident mort en 456, et où il aimait à séjourner.

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paroist se jouer, soit dans les remèdes qu’elles donnent à presque toutes les maladies que nous connoissons. À Masaie56, près de puy de Dôme et non loin de Pontgibault, on voit sortir deux fontaines chaudes en hiver et extrêmement froides en esté. On remarque surtout ces deux qualitéz dans la dernière qui, dans la plus grande rigueur de l’hiver, est presque aussy chaude qu’un bain naturel et, dans les chaleurs excessives de l’été, se chargent en /fol. 10 v°/ glaçons qui donnent du froid dans tout le voisinage. On voit dans d’autres endroits des eaux qui disparoissent ; le ruisseau d’Estoupa qui prend sa source au pied du puy de Dôme se perd sous terre dans le pré le Comte, où l’on ne peut plus découvrir le canal dans lequel il coule. On voit aussy une source dans le pré des Buges à Clermont, qui tarit ordinairem[en]t en automne et recommance à couler au printemps. Celle de Vaucivière57 près des Monts d’Or est toujours égallement abondante et son bassin est sans cesse plain, quelque soin que l’on se donne pour le vuider. Une source minéralle que l’on découvre au dessous de Courent58 sur la rivière d’Allier a une espèce de flux et reflux, et comme par ses /fol. 11/ divers mouvemens elle fait du bruit en sortant de son tuyau, on l’appelle la fontaine du Tambourg. On voit deux fontaines qui ont le goût du vin en deux endroits, l’une à St Marc proche Clermont, l’autre proche le château de la Queilhe59. Ceux qui ne sont point témoins de cette merveille, en douteront moins sur ce que dit Ovide de la fontaine de Linceste en Macédoine [en marge : Ovid. Metam. Lib. 15 fab. 4], dont l’eau faisoit chanceler ceux qui en avoient bu, comme s’ils s’étoient ényvréz à force de boire. Huic stuit effectu dispar lincestius amnis quem quicumque parum moderato gutture traxit haud aliter titubat quam si mera vina bibisset. [en marge : Plin. lib. 31. cap. 2] L’eau de la fontaine du dieu Bachus dans /fol. 11 v°/ l’isle d’Andros60 avoit la même qualité au raport de Pline. L’eau de celle de la Queilhe n’ényvre point, mais on la boit assez agréablem[en]t si on y adjoute une sixième partie de vin. Le goût de celle de St Marc est fort désagréable. Montferrand, Malintra61, Cébazat sont célèbres par leurs fontaines bitumineuses ; l’eau de la première sent fort mauvais quand elle est échauffée ; le bitume des autres est plus solide et plus propre à mettre en usage et d’une odeur moins puante. Il s’est formé par succession de temps à celle de Montferrand une petite éminence, au dessus de laquelle sortent deux fontaines d’une eau assez claire et tiède qui se change 56. 57. 58. 59. 60. 61.

Mazaye (Puy-de-Dôme). Pour Valcivières. Corent (Puy-de-Dôme). Château de Laqueuille (Puy-de-Dôme). Ile des Cyclades, en mer Egée. Malintrat (Puy-de-Dôme)

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en peu de temps en un bitume épais, gluant et adhérant, en sorte qu’il n’est pas possible de l’arracher des endroits où on l’applique ; les oyseaux s’y trouvent /fol. 12/ pris en buvant même dans le fort de l’hiver, car cette eau ne se gelle point. Le bitume se forme plus viste en été par la chaleur du soleil, aussy sa fermeté se trouve proportionnée aux saisons de l’année et il est moins condensé en hiver. On pouroit attribuer la cause de la conglutination de ces sucs mols et liquides à la matière grasse huilleuse et sulfureuse du terroir qui se mesle parmy les eaux de ces fontaines. On trouve presqu’à chaque pas sur la surface de cette petite coline des croûtes de cette eau convertie en poix assez ferme. Rien n’est plus surprenant que les eaux qui pétrifient que l’on voit à St Alyre62, à la Garde et à Ste Claire, dans les faubourgs de Clermont. La saveur de ces eaux est aigrette, la couleur inégalle de même que la qualité ; elles paroisse[n]t tantost froides, tantost tièdes, quelquefois troubles /fol. 12 v°/ et quelquefois claires, selon le changement de temps. L’effet qu’elles ont de pétrifier se produit sur des matières molles, dures, unies et raboteuses, sur des branches d’arbres seiches et verdoyantes, sur des fruits, sur des fleurs, sur des herbes, et générallement sur toutes sortes de matière, avec cette merveille qu’en se pétrifiant elles conservent parfaitement leur premier figure, représentant jusqu’aux parties les plus petites et les plus délicates dans les fruits et dans les fleurs. Cette curiosité n’est pas peu digne d’admiration puisque George Agricola63 décrit comme un prodige une fontaine à peu près semblable qu’il avoit veüe en Bohême. Pline parle aussy d’une fontaine que l’on voyoit en Eurimène64 qui changeoit en pierre les fleurs et les bouquets qu’on y jettoit, et d’une /fol. 13/ rivière qui passoit à Colosse, ville de Phrigie, qui durcissoit comme des pierres les briques et les tuilles, et enfin d’une autre rivière de l’isle de Sciro65 [en marge : Plin. lib. 31. cap. 2] qui pétrifoit jusqu’aux branches même des arbres qu’elle arrosoit. Ce qu’il y a de singulier et ce qu’on ne voit peut estre dans aucun autre lieu de l’univers, est que l’eau de St Alyre a formé une muraille qui a plus de cent toises de longueur sur une et demie de hauteur, avec un pont au bout, sous lequel passe la petite rivière de Tiretaine. Ce miracle de la nature a fait de tout temps tant de bruit dans le monde que les roys Charles 9, Henry 4, et Catherine de Médicis dans le dessein de se rendre à Bayonne en 156466, prirent le chemin d’Auvergne pour y veoir cette merveille.

62. Il existe encore aujourd’hui cinq sources pétrifiantes ou incrustantes, dites “ fontaines de Saint-Alyre ”, dans le quartier de Saint-Alyre, à Clermont-Ferrand. 63. Georg Bauer ou Georgius Agricola ; voir “ Aix-en-Provence ”, note 31, p. 106. 64. Eurymène, en Grèce, dans l’actuelle province de Thessalie. 65. Scyros, île de la mer Egée au large de la Thessalie. 66. Allusion au voyage accompli à travers le royaume par Charles IX et sa mère, Catherine de Médicis, à l’issue de la première Guerre de religion (1564-1566).

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/fol. 13 v°/ Cette eau a donc la qualité de pétrifier tout ce qu’elle touche pourveu qu’elle coule quelque temps par dessus. Un religieux bénédictin de l’abbaye de St Alyre avoit un jardin plain de diverses pétrifications : toutes sortes de fruits, de fleurs et tout ce qu’on pouvoit s’imaginer s’offroit aux yeux des curieux converti en pierre, sans que la figure de la chose eût souffert aucun changem[en]t. On peut conjecturer que les parties de ce que l’on voit pétrifié ne sont nullement changées. Il ne s’y fait aucun dérangement, elles demeurent unies et dans la même scituation qu’elles ont naturellement, l’eau ne fait autre chose en passant souvent par dessus que laisser divers couches d’un bitume gluant sur les diverses surfaces de la matière qui s’endurcit si bien avec le temps qu’on ne peut le rompre qu’à coups /fol. 14/ de marteau, et alors on trouve en son entier ce que l’on a voulu veoir changer en pierre. Quelque médecins ont prétendu que cette eau étoit souveraine pour dissoudre et empêcher de former le calcul dans les reins et dans la vessie, quant l’humeur qui sert à la formation n’est pas fort épaisse. Mais je ne vois pas qu’on en use souvent pour arrester un mal dont les suittes sont si douloureuses. Depuis huit ou dix ans, elles sont en grande réputation dans Clermont pour les mêmes maladies dont la guérison a rendu si célèbres celles de Vichy. On voit quelque chose qui n’est guière moins surprenant sur les frontières de l’Auvergne, du côté de Saugues dans la haute Auvergne. Près d’un lieu nommé Plantat, coule un ruisseau dans une partie duquel on trouve des huîtres /fol. 14 v°/ que les paysans et les bergers ramassent en été pour en faire un metz assez délicieux. Ils ne vont à cette pêche que lorsque l’eau est fort basse. On découvre dans ces huît[r]es des perles de la grosseur d’un pois. Il n’y en a point qui n’en renferme quelqu’une si on ne les ouvroit pas avant qu’elles fussent achevées de former. Si on les ouvre lorsque la perle commance à se former, on trouve au milieu une figure ronde toute noire. Si elle est plus avancée, cette couleur noire se change en couleur de blanc d’œuf et, lorsqu’elle est dans sa perfection, elle prend la couleur de véritables perles. Un gentilhomme du voisinage dans la longueur du temps en avoit ramassé un assez grand nombre dont il fit un collier qui fut estimé cinq cens livres à Montpellier. /fol. 15/ Comme il y a beaucoup de montagnes en Auvergne, on ne doit point estre surpris si on y trouve un si grand nombre de sources dont les eaux sont propres à guérir une infinité de maladies. On y rencontre pour ainsy dire à chaque pas des eaux minéralles pour le rétablissement de la santé de ceux qui l’y viennent chercher. Clermont seul en fournit cinq sources qui, dans les saisons du printemps et de l’automne, attirent un grand nombre de malades. On les connoist sous les noms de fontaines de Jode, du Champ des Pauvres, de Beaurepaire, de St Pierre et de St Alyre ; les trois premières qui ne sont pas fort éloignées les unes des autres, sont aussy fort peu différentes pour la qualité. À Vic le Comte, à quatre lieues de Clermont, /fol. 15 v°/ on en compte trois qui ont esté autrefois en grande réputation. Elles sont sur la rivière d’Allier ou dans le lict même de la rivière. On les appelle sur les lieux fontaines de

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Ste Marguerite et on les connoist ailleurs sous celuy des eaux de Vic le Comte. Le dernier nom leur a esté donné à cause du voisinage de cette ville, quoyqu’elles en soient éloignées d’une demie lieue. Le premier parce qu’avant qu’on eût une parfaite connoissance de ces eaux, les peuples y faisoient leurs prières à Ste Marguerite, à laquelle ils attribuoient la guérison de leurs maladies qui leur étoit procurée par les eaux qu’ils buvoient. Les sources sont au nombre de trois : la première est sur les bords de la rivière d’Allier ; la /fol. 16/ seconde dans le creux d’un rocher et se trouve très souvent couverte par la rivière, de sorte qu’on ne peut y atteindre que sur la fin de l’été. La troisième est au milieu de la rivière, de sorte qu’on a esté quelque siècle sans en avoir eu aucune connoissance ; la rivière changea de lict en 1664 et la fit veoir dans une petite isle qui s’i forma au milieu de l’été. L’Allier a repris son cours ordinaire et ainsy elle a disparu. Les deux premières fontaines sont chaudes pendant la nuit, tièdes le matin et froides pendant le jour. Elles sont imprégnées à ce qui paroist de plusieurs matières, telles que sont le bitume, le vitriol, le fer et nitre. On y discerne le bitume à l’odeur qui aproche de celle du souffre au goût et à quelque petits nuages gras de couleur changeante qui nagent au /fol. 16 v°/ dessus de l’eau lorsqu’elle n’est point agittée. La substance du vitriol se remarque au goût piquant et aigrelet qu’on observe encore dans la nature du terroir d’alentour, d’où l’on tire de ce minéral en le séparant et en le purifiant de la façon que l’on purifie le salpêtre. La substance du fer se fait distinguer au goût et à la couleur orangée de la boue qui se forme de cette eau, semblable à la rouille du fer. Quant à la substance du nitre, on la remarque à la force qu’a l’eau de percer le ciment et la pierre, au limon qui reste après son ébulition, à la couleur semblable au nitre et au goût piquant et salé tel qu’on le trouve dans les eaux nitreuses, lesquelles /fol. 17/ diffèrent peu des salées, étant seulement plus violentes, plus détersives et moins astringentes, en quoy les eaux de Vic le Comte ont grand raport avec celles de Spa, au pays de Liège. La troisième source qu’on ne connoissoit pas, est d’usage pour un bain dont la qualité aproche fort de celuy du Mont d’Or : il est ancien puisqu’on y voit un bassin et un Panthéon qui sont sans aucun doute des ouvrages des Romains, ce qui marque que ces eaux ont été autrefois en grande réputation. C’est apparemment ce lieu dont il est fait mention dans la table de Peutinger67 lorsqu’il parle du chemin depuis Lyon jusqu’à Clermont, comptant depuis ces eaux chaudes huit mille pas de distance, ce qui convient /fol. 17 v°/ mieux à cet endroit qu’à la ville de Chaudes Aigues, scituée en la haute Auvergne, sur la

67. Conrad Peutinger (1465-1547), auteur de Sermones convivales Conradi Peutingeri de admirandes Germanie antiquitatibus, Argentinae, J. Priis, 1506. La carte de Peutinger est une copie médiévale d’une carte itinéraire antique, trouvée à Worms et qui fut donnée à Peutinger en 1507 ; y figurent des routes, des stations, et quelques éléments d’hydrographie ou de relief et des distances routières.

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route de Toulouze et nullement sur celle de Lyon, et l’éloignement de Clermont et de Chaudes Aigues étant de soixante mille. C’est pourtant le sentiment du célèbre père Sermont68, mais dans cette occasion on peut ne le pas suivre. Puisque nous avons parlé de Chaudes Aygues, il est bon avant que de passer outre de faire connoître la nature de ses eaux. Cette ville est à quatre lieues de St Flour, sur le grand chemin de Rodez. Elle se trouve au millieu d’un valon fort profond qui est ouvert du côté du levant et du côté du couchant et fermé par des colines fort élevées vers le nord et vers le sud. Une /fol. 18/ source d’eau chaude luy a donné le nom qu’elle porte. Elle est bouillante et sa chaleur surpasse même celle de l’eau que l’on fait bouillir sur le feu69. Elle est si abondante à sa source qu’elle égalle en sortant la grosseur d’un homme, sans parler de celle qui se cachant sous terre, coule par des canaux qu’on ne voit point dans plusieurs maisons des particuliers de la ville. Lorsqu’on veut manger une bonne soupe, on se sert de cette eau, surtout avec les choux qui en paroissent plus verds. Dans toutes les maisons, on n’employe point d’autre eau pour écurer la vaisselle. Il n’y a point de poëlle qui échauffe si bien une chambre que le sont celles des maisons sous lesquelles elle passe. On y voyoit autrefois des bains /fol. 18 v°/ publics qu’on a été obligé de combler, n’y ayant point d’année qui ne fût funeste à quelques enfant qui s’y noyoit. On en trouve de fort anciens chez trois apotiquaires. On y met de l’eau trois ou quatre heures avant que d’y entrer, où l’on se sert d’eau de fontaine pour luy donner un degré de chaleur que l’on puisse souffrir. Le souffre, le bitume et le nitre sont les minéraux qui dominent le plus dans cette eau. Elle étoit célèbre dès le cinquième siècle. Sidonius Apollinaris70 n’a point oublié la vertu qu’elle a de guérir les maux de foye et ceux qui sont ateint de la phtisie. Voicy comme il en parle dans la lettre 14 du livre 5 à Aper. calantes : /fol. 19/ nunc te Bayae et Scabris cavernatim ructata pumicibus aqua sulphuris atque iecorosis ac phtisiscentibus languidis medicabilis piscina delectat. On trouve des eaux minéralles aux Monts d’Or, dans l’endroit qu’on appelle les Bains71. C’est un petit village sçitué dans un des valons de cette haute montagne, à l’extrémité duquel est la source de la Dordogne. Il tire son nom des bains chauds qui ont esté célèbres dans tous les temps, puisqu’on y voit encore quelque ouvrage des Romains. La tradition a conservé parmy le peuple la mémoire d’un Panthéon dont on découvre quelque reste de colonne que les 68. Sirmond, voir ci-dessus note 54, p. 735. 69. Les sources de Chaudes-Aigues jaillissent en fait entre 70 et 82°, pour la plus importante, la source du Par, qui alimente, depuis la plus haute antiquité, une fontaine dont l’eau sert aux usages domestiques. 70. Sidoine Apollinaire, saint (v. 408 ou 430-v. 487), évêque de Clermont. Ecrivain réputé pour ses Poèmes, il est connu des historiens surtout par ses Lettres, imitées de Pline, témoignage de la vie intellectuelle et politique de la Gaule au Ve siècle. 71. Le Mont-Dore (Puy-de-Dôme) ; le village s’est appelé Bains jusqu’à la fin du XVIIIe siècle.

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curieux considèrent /fol. 19 v°/ avec beaucoup d’attention. Ces Panthéons que l’on voit dans les lieux où l’on venoit chercher la santé par le moyen des eaux, prouvent que les Anciens avoient une grande dévotion envers leurs dieux, dans le temps qu’ils étoient dans les remèdes. Un bassin antique et plusieurs médailles72 que l’on rencontre dans ce lieu, sont aussy des preuves qu’il étoit connu depuis bien des siècles. Le bain que l’on nomme aujourd’huy le bain de Caesar, confirme parfaitement ce que nous avons avancé. On croit que l’eau des bains tient du bitume et du souffre, mélangé d’un peu de nitre. On remarque proche de la source chaude une source froide qui a la même qualité /fol. 20/ que la chaude quand on l’a laissée refroidir. Il y a trois bains. Le plus élevé qui est sur une hauteur, est le bain de Caesar, dont l’eau est si chaude qu’on a de la peine à y souffrir un moment la main. Elle est receue dans une espèce de petit tonneau qui peut contenir une seule personne. Le second bain est au dessous ; l’eau est dans deux bassins quarréz où six personnes peuvent se mettre à l’aise. Elle est onctueuse et, lorsqu’on s’i plonge, on sent une chaleur douce qui fait plaisir. Le troisième bain est celuy que l’on appelle le bain des chevaux et c’est celuy dont les Anciens usoient le plus. On peut le connoitre par les /fol. 20 v°/ anciens restes des bâtimens qui l’environnent. Les eaux de Vic en Carladais, dans la haute Auvergne, ont toujours été en réputation, puisque leur source a fait donner le nom de Vic à cette ville. Car Vic en langage celtique signifie fontaine, ce qui fait que les lieux qui ont de semblables eaux d’une vertu salutaire ont eu le même nom. On peut le remarquer à Vic le Comte, à Vichy dans l’ancienne Auvergne et du nouveau Bourbonnois, à Vich ou Vig, dans l’Angleterre que les Anciens nommoient Aquae calidae à cause de ses bains chauds, à Vi, lieu de l’Artois d’où sort la petite rivière qui passe à l’écluse et va se décharger dans l’Escaut auprès de Bouchain, /fol. 21/ à Wisbaden, lieu placé dans le diocèze de Mayence, ainsy appellé à cause de ses bains naturellement chauds, et à un grand nombre d’autres endroits qui portent le même nom par la même raison. Elles ont un goût vineux et participent beaucoup du vray nitre. Les eaux qui sont encore les plus connues en Auvergne, sont celles de Chanonat à deux lieues de Clermont, des Martres de Vayre73 à trois lieux de Clermont, de St Mion74 à une lieue de Riom, de Castelguyon75 près de Riom, de Besse76 à sept lieues de Clermont près des Monts d’Or, de Médargues77 près de Lezoux, de Joze près de Maringues, à quatre lieues de Clermont, de St 72. Sur ces vestiges et les fouilles faites en 1707, voir A. Tardieu, op. cit. note 21, p. 223-224. 73. Les Martres-de-Veyre (Puy-de-Dôme). 74. Saint-Myon (Puy-de-Dôme). 75. Châtelguyon (Puy-de-Dôme). 76. Besse-et-Saint-Anastaise (Puy-de-Dôme). 77. Il existe un cru des côtes de Madargue, dans l’Allier, au nord-ouest de Riom.

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Floret dans /fol. 21 v°/ le vallon d’Issoire, à cinq lieues de Clermont, du Vernet78 et de Bar79 à sept lieues de Clermont. Dans l’élection de St Flour, il y a un grand nombre de fontaines d’eau minéralles qui ne sont pas fort recherchées. On en trouve à Coren, à demie lieue de St Flour, dans la terre de Monsieur de Montgon. La source est abondante mais fort négligée ; elle tient du vitriol, du souffre et du nitre. Celle de Maignac80 a le goût du vitriol et du fer et est très propre pour faire uriner. Celle de Fontaine, dans la parroisse de Pauleinc81, est impreigniée de vitriol et celle de /fol. 22/ Raboulet, dans la parroisse Ste Marie, a beaucoup de souffre et de vitriol. Parmy tant d’eaux salutaires que l’on découvre en Auvergne, il en est une qui cause la mort à Montpensier, près d’Aygueperce82. On la trouve dans une espèce de puy comblé d’un tas de pierre, au travers desquelles elle se perd sous terre. Elle empoisonne par sa boisson et par sa vapeur. On trouve autour quantité d’oyseaux morts ou pour en avoir bu, ou pour s’estre arrestéz trop longtemps au dessus du puys. Cette malignité est produitte par la terre du voisinage qui est imbibée de nitre, d’arsenic et de sels caustiques, tout /fol. 22 v°/ propres à oster la vie. On entrera dans un plus grand détail de toutes les merveilles que renferme la province d’Auvergne dès qu’on aura receu les mémoires de ceux qui ont été chargéz de les faire sur les lieux ; et on envoyera en même temps des pierres colorés, de la terre des mines et des morceaux de rochers, mais il faut attendre une saison plus favorable. 4. - s.d. : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/23]. 58 10. Clermont L’histoire naturelle d’Auvergne a toujours intéressé notre curiosité, mais elle l’intéresse encore beaucoup plus vifvement depuis que SAR Monseigneur le duc d’Orléans a bien voulu communiquer le mémoire de Monsieur Boucher sur les singularités de cette province. Comme nous sommes dans la saison favorable pour faire la récolte des pierres et matierres minérales, nous ne doubtons point que Monsieur Boucher ne fasse ramasser les échantillons qu’il a promis à SAR. Mais nous espérons qu’il voudra bien, comme Messieurs les 78. 79. 80. 81. 82.

Vernet-la-Varenne (Puy-de-Dôme). Bard, château sur la commune de Chauriat (Puy-de-Dôme). Le Meynial (Cantal) ? Paulhenc (Cantal). Aigueperse (Puy-de-Dôme).

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intendants des autres généralités, envoier ces échantillons et les mémoires particuliers qui les doivent accompagner à mesure qu’il les recevra, sans attendre qu’il ait rassemblé tout ce qui regarde le curieux mémoire que nous avons reçu. 5. - 6 octobre 1718 : Boucher à Bignon [?], Clermont [18/16/b]. 57 à Clermont, ce 6 8bre [octobre] 1718 Monsieur, J’aurois souhaité pouvoir satisfaire plutost à l’empressement que l’accadémie des Sciences témoigne d’avoir des échantillons de toutes les choses rares dont parlent les mémoires curieux sur la province d’Auvergne tirés de l’histoire manuscrite que j’ay eu l’honneur d’adresser à SAR Monseigneur le duc d’Orléans. Ces mémoires ont été dressés par un homme de la province, lequel a beaucoup d’esprit et de littérature, mais, comme il ne s’est pas donné la peine de se transporter sur les lieux pour voir et examiner par luy même les choses rares et curieuses qui sont répendues dans son mémoire, on ne peut ajouter une foy entière aux faits qui y sont avancés. J’ay suivy avec toute l’exactitude qu’il m’a été possible la recherche des mines et autres raretés qu’on prétend très communes en cette province. La réussite ne s’est pas trouvée conforme aux espérances que j’en avois conçeu ; vous le connoitrés par les mémoires particuliers qui sont joints à cette lettre, dans lesquels j’ay tâché de rendre un compte exact de ce qu’ils renferment, après m’être transporté sur les lieux et y avoir visité tout ce qui y est contenu ! Telle est la description du pui ou montagne de la Poix83 qu’on a certifié mal à propos dans les mémoires curieux de fontaines bitumineuses, dont l’eau assés claire et tiède se change en peu de temps en un bithume épaix et adhérant. Le dernier mémoire concernant ce pui ou montagne de la Poix est fort exact. Il a été dressé par Mr l’abbé de Caldaguès dont le nom ne vous est pas inconnu. Il n’a pas moins d’esprit et de litérature que le premier, mais il a beaucoup plus d’exactitude. Il n’a rien obmis dans ce mémoire de ce qui peut satisfaire la curiosité de M[essieu]rs de l’accadémie des Sciences. Je tâcheray d’observer le même ordre dans la suitte et je ne vous envoyeray aucun échantillon qui ne soit accompagné d’un mémoire exact et circonstancié. J’ay fait faire l’épreuve de plusieurs morceaux de mines de plomb et d’étaing qui ont réussi, mais comme je ne connois pas au juste le lieu d’où on a tiré les échantillons qui m’ont été donnés, j’ay cru devoir diférer à vous les envoyer jusqu’à ce que je fusse plus exactement instruit. C’est à quoy je m’attacheray dans les différentes tournées que je suis obligé de faire et je suivray de point en point 83. Le puy de la Poix (347 m.) se trouve à l’est de Clermont-Ferrand. Des sondages effectués vers 1920 à proximité ont amené à la découverte de couches pétrolifères.

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tout ce qui est contenu dans les mémoires curieux et ne manqueray pas de vous rendre compte des découvertes que je feray moi même sur lesquels vous pourrés compter. Je m’estime heureux de pouvoir profiter de ces occasions pour vous renouveler les assurances du respectueux attachement avec lequel j’ay l’honneur d’être, Monsieur, [etc.]. Boucher J’ai mis hier au carrosse d’Auvergne une boette où vous trouverés les échantillons de tout ce qui est énoncé dans les mémoires cy joint et un livre qui explique les eaux minérales d’Auvergne. Joint : lettre de Delaval à l’intendant, Montorgue [?], 22 février 1718 [18/38]. 57 Monseigneur Je vous envois des pierres de la mine de plomb de Marboutin84 et des rochers à diament de Roche d’Agoux. Ce n’est pas sans peine que l’ont a put déterrer ces pierres ; dans le font de la mine la matière est abondante, mais il faudroit bien de l’argent pour le trouver. Cette mine a estée un peu travaillée par Mr l’abbé de Frondieux ; il en a retiré plus de dix mil livres par le prix de la vente du plomb qu’en est provenu. Elle a estée abandonnée parce que Mr de Frondieux foisoit avancer ses frais par des gens de Paris et au lieux de leur compter du produit il le retenoit. Lorsque le travail fut abandonné, on l’avoit découvert une sable [?] considérable de bonne matière. Les creux se sont remplis, il faudroit de grands frais pour les vuider. Si vous voulé juger de la qualité de la mine par les pierres que je vous envois, je dois vous observer que les pierres du font de la mine sont comme les veines et filles de celles que vous verré. J’en ay veu dans le temps du travail il y a plus de quinse ans des eschantillons de très bonne qualité. Mais ont ne scauroit en creuser de semblables sans de grands frais et nombre d’ouvriers. À l’égard des rochers de Roche d’Agoux, ils sont plus curieux qu’utilles. Il y a quelques personnes qui par hasard ont trouvé quelque pierres brilantes, mais la despense excède le prix de la matière rare en bontée. La rig[u]eur du temps m’a empêché de pouvoir trouver et envoier plustost ces pierres. Si vous m’ordonné quelque chose de plus, j’exécuteré vos ordres. J’ay l’honneur de vous en asseurer et que je suis avec un très profond respect, Monseigneur, [etc.]. Delaval de Montorgue85, ce 22 février 1718

84. Non identifié. 85. Non identifié.

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Joint : mémoire [de l’abbé de Caldaguès] sur le puy de la Poix, Monferrand, 20 mai 1718 [18/16/d]. /fol. 1/ n° 7 57 Mémoire concernant le pui de la Poix [d’une autre main :] en Auvergne [ajout moderne au crayon :] par l’abbé de Caldaguès Mémoire concernant le pui de la Poix /fol. 2/ On appelle communément en Auvergne un pui ce qu’on appelle en françois un monticule, une éminence, une butte et, même dans une chaîne de montagnes, celles qui s’élèvent considérablement au-dessus des autres s’appellent aussi des puis. Comme on peut le remarquer dans le nom du pui de Domme, qui est une des plus hautes montagnes de la province et qui est devenu fameux par les expériences qu’y fit faire en 1648 le célèbre Mr Pascal86, la gloire de notre patrie. Ce mot de pui [en marge : il est impossible de faire sentir par l’écriture la manière dont nous prononçons ce mot] vient incontestablement du mot latin podium qui, comme tout le monde sçait, signifie en cette langue un lieu élevé. Le nom et la situation de la ville du Pui87 qui s’appelle aussi en latin podium, sont une espèce de démonstration de cette étymologie. Le pui de la Poix ne signifie donc autre chose que la montagne de la poix. J’ai cru devoir faire ces petites remarques préliminaires, parce que j’ai vu autrefois à Paris plusieurs personnes qui, aiant entendu parler du pui de la Poix, s’imaginoient que c’étoit un puits fait à l’ordinaire où l’on puisoit de la poix. Le pui de la Poix est à une heure de chemin de Clermont, à l’orient de cette ville. Sa plus grande hauteur est d’environ trente pieds. À une toise et demie au dessus du pié de ce monticule, à l’aspect du nord, est un rocher fort dur et fort différent de celui qui en fait toute la cime. C’est dans ce rocher que l’on voit une manière de bassin de deux pieds deux pouces de longueur sur un pied deux pouces et demi de largeur et deux pieds de profondeur. Du fond de ce bassin, sort la fontaine d’eau et de poix par une ouverture de deux pouces de haut sur cinq au moins de large. C’est là le seul endroit par où la poix coule avec l’eau ; dans toutes les autres sources la poix coule toute seule. Je crois nécessaire d’expliquer de quelle manière l’eau et la poix /fol. 2 v°/ sortent ensemble par l’ouverture dont je viens de parler. J’ai observé qu’il sort à la fois trois sortes de matières : la poix la plus fine et la plus gluante qui surnage toujours sur l’eau comme une peau de quatre ou cinq lignes d’épaisseur, et l’eau qui charrie avec elle une autre sorte de poix graveleuse et par consé-

86. Allusion à l’expérience sur la pesanteur de l’atmosphère que Pascal demanda à son beaufrère Périer de réaliser au sommet du puy de Dôme. 87. Le Puy-en-Velay (Haute-Loire).

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quent plus pesante, qui demeure toujours au fond de la fontaine et qui en fait la vase. À un demi pied au dessus de l’ouverture en question, il y a dans le rocher une veine en fente d’où il sort aussi de la poix qui se joint à celle qui surnage ; mais, de ce dernier endroit, la poix exude plutôt qu’elle ne coule. Pour faire ces observations, il a fallu non seulement épuiser la fontaine, ce qui n’est pas difficile, mais encore faire tirer cette seconde poix ou vase qui, étant mêlée avec les pierres que les passans y jettent ou celles que le vent et la pluie y font tomber du haut de la montagne, avoit formé une espèce de béton fort difficile à creuser. J’ai remarqué que, depuis cette petite réparation, l’eau et la poix sortent plus promptement et plus abondamment. Cette première poix dont j’ai parlé s’élève continuellement du fond du bassin et vient former sur la surface de l’eau une peau ou une croûte de toute l’étendue du bassin. On peut l’enlever toute entière sans la rompre parce qu’elle est fort gluante et qu’elle file beaucoup. La dernière que j’en ai ôté moi-même pesoit sept ou huit livres. Je crois devoir remarquer aussi que la poix et l’eau ne coulent pas continuellement hors du bassin et que l’eau ne s’y élève ordinairement qu’à une certaine hauteur qui est un peu au dessous du bord septentrional du bassin, par lequel seul elle peut s’écouler, et que, quand on en puise, il en revient de nouvelle qui fait en sortant un bouillonnement assez considérable, jusqu’à ce qu’elle soit parvenue à la même élévation. Il m’a paru qu’elle ne couloit d’une manière continue qu’en deux cas seulement : ou lorsque les pluies augmentent l’eau du bassin, elle en sort et entraîne avec elle la poix qui surnage ; ou lorsque, dans les chaleurs de l’été, la poix sortant avec plus d’abondance et faisant des croûtes plus épaisses, elle oblige par son poids l’eau à s’écouler et couler avec elle. Comme j’ai remarqué que, lorsqu’on ôte la poix qui surnage sur la fontaine, il en revient de nouvelle sur le champ qui forme peu à peu une seconde croûte, il me paroit vraisemblable qu’il sort continuellement de la poix de cette source et que cette poix qui sort continuellement, épaississant la croûte qui surnage, doit enfin au bout d’un certain temps causer un écoulement d’eau et de poix, même hors les deux cas dont je viens de parler. /fol. 3/ De sçavoir précisément combien il faut de temps pour former une croûte de sept ou huit livres, par exemple, ou assez pesante pour causer un écoulement de la fontaine, c’est ce qui n’est pas aisé ; parce que les passans et les enfans des fermes voisines suffisent pour déranger dans un moment les observations les plus exactes. Si l’on jugeoit que la chose en valût la peine, il faudroit faire garder la fontaine par des personnes sur l’exactitude desquelles on pût compter. Cette poix qui s’étend fort, surtout lorsqu’elle est échauffée par le soleil, a formé au-dessous du bassin un rocher composé de différentes couches de poix, de poussière que le vent y porte, de pierres et de gravois qui tombent du haut de la montagne. Ce rocher est fort dur et l’on ne sçauroit le casser qu’à grands coups de marteau. Il a quinze ou seize pieds de large et en auroit bien davantage de long, si on ne l’avoit coupé pour faire un grand chemin qui est au pié

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du monticule. On ne peut pas bien juger de son épaisseur ; on voit seulement par ce qui en reste au delà du chemin qu’il en avoit à peu près deux pieds dans cet endroit. Au reste, quelque dur que paroisse ce rocher, il n’est pas trop sûr d’y marcher quand le soleil a donné quelque temps dessus et j’ai vu une personne y laisser les semèles de ses souliers. J’ai voulu dire tout de suite ce qui regardoit l’écoulement de l’eau et de la poix. Je reviens à présent à ce qui concerne l’eau en particulier. Quand on a enlevé la croûte qui surnage sur la fontaine, l’eau paroit d’abord de couleur d’ardoise et, quand on en puise, elle paroit fort claire, je lui trouve pourtant une petite teinture de plomb. Elle est froide ; je croirois bien cependant que, lorsque la fontaine n’a pas coulé de longtemps et que le soleil a échauffé l’eau qui séjourne dans le bassin, elle pourroit paroitre du même degré de chaleur que les autres eaux croupissantes que l’on trouve dans les champs. L’envie que j’avois de donner un mémoire bien circonstancié m’engagea à porter avec le doigt une goutte de cette eau sur la langue. Je la trouvai extraordinairement salée et j’en fis remplir un grand pot de terre pour l’emporter chez moi. Mais, avant que de dire l’usage que j’ai fait de cette eau, je crois essentiel de rapporter quel a été le premier fruit de ma curiosité. Cette goute d’eau mise sur la langue me causa une provocation de salive très violente pendant sept ou huit heures, qui se termina par des vomissemens avec de grands efforts. Je puis assurer que ces deux effets n’ont été produits chez moi que par la qualité physique de cette eau et de son sel, car je suis très éloigné de ce degré de délicatesse qui donne de l’horreur pour tout ce qui peut choquer tant soit peu le goût ou l’odorat. Je conviens que l’eau /fol. 3 v°/ en question est encore beaucoup plus puante que la poix ; mais, lorsque je l’eus mise sur la langue, je la trouvai seulement piquante et salée, sans sentir aucun autre mauvais goût. Ce que je vais ajouter dans un moment prouvera que ce qui m’est arrivé dans cette occasion, n’a point été le pur effet d’une simple répugnance. Malgré le mauvais succèz de mes expériences, je ne laissai pas que de vouloir les continuer le lendemain. Je fis acheter un pot de terre non vernissé qui tenoit trois pintes et deux tiers de pinte. Je le fis remplir de l’eau que j’avois fait porter pour la faire évaporer à petit feu et, après une entière exsiccation, il me resta une demie livre de sel de grand poids. Il faut remarquer que, lorsque je fis puiser cette eau, la fontaine ne couloit point actuellement et qu’il n’avoit pas plu de longtemps. J’ai voulu depuis réitérer l’évaporation, mais, comme il avoit plu le jour même que j’envoyai puiser de nouvelle eau et que la fontaine couloit actuellement, la même quantité d’eau n’a rendu qu’un quart de livre et demie once de sel. Quatre ou cinq personnes, parmi lesquelles il y a deux chirurgiens, ont voulu goûter ce sel, et il leur a causé, comme à moi, une provocation de salive pendant deux ou trois jours ; il n’y en a eu qu’une seule qui ait eu des envies de vomir. Plusieurs personnes ont éprouvé pendant l’évaporation que la fumée leur causoit des tournemens de tête, et je me suis apperçu moi-même de quelque chose d’approchant. On trouvera parmi les échantillons

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que l’on envoie le premier sel tout entier et quelques morçeaux du second. Pour finir tout ce que j’ai à dire sur cette eau, j’ajouterais que les pigeons la recherchent avec beaucoup d’avidité et qu’ils ont un instinct qui leur fait prendre leurs précautions pour se poser sur le bord de la fontaine, lorsqu’ils vont y boire, de peur qu’ils ne s’y prennent comme à la glu. On a remarqué qu’ils n’y vont ordinairement que de grand matin et avant que le soleil ait échauffé la poix. Il ne faut pas omettre que le fer que l’on trempe dans cette eau se rouille presque sur le champ et que, si on en laisse séjourner quelque temps dans un vaisseau d’étain, ce vaisseau devient tout noir en dedans, sans qu’on puisse le nettoyer autrement qu’en le faisant refondre. Quand on est à la fontaine, on apperçoit en main droite deux sources de poix /fol. 4/ toute pure, qui sont aussi à l’aspect du nord. La poix n’en sort un peu abondamment qu’en été. Ces sources ne sortent point du rocher, mais seulement de la terre et forment, comme la fontaine, un espèce de rocher de poix. Il ne vient aucune sorte d’herbe dans les endroits où la poix coule actuellement, ni dans ceux par où elle a une fois coulé ; mais il en vient tout auprès et tout le côté septentrional du monticule en est couvert, excepté dans les endroits où le rocher est découvert. Du côté de l’orient, du midi et de l’occident, ce monticule est cultivé jusqu’au pié du rocher qui en fait la cime. Les grains qui y réussissent le mieux, sont les pois et les lentilles. Les autres sortes de grains y viennent à la vérité, mais ils ne s’y font jamais si bien que les premiers. Le rocher qui fait la cime de cette montagne est noir, extremmement veineux, écailleux et cassant. Ses veines paroissent remplies d’une matière jaune et rougeâtre qui approche fort de la rouille du fer. J’ai trouvé dans toutes les veines des morceaux que j’en ai casséz de la poix qui se filtre dans toute l’étendue du rocher. J’ai même cassé le morçeau qui en faisoit l’extrémité la plus élevée ; je l’envoie et l’on pourra remarquer que la poix s’est filtrée jusque là. J’ai eu la curiosité aussi de porter à la bouche plusieurs morçeaux du rocher casséz en différens endroits, et je les ai trouvéz saléz. À l’aspect du midi, on voit des veines ou fentes dans le rocher qui ne sont point remplies de cette matière rougeâtre dont j’ai parlé. Mais, en y regardant de près, je me suis apperçu que les deux parois intérieures du rocher étoient revêtues de petites tables d’une matière fort différente du reste du rocher. Je voulus essayer d’en enlever avec un couteau, mais je trouvai que ces tables étoient fort adhérentes. J’y employai ensuite le marteau et le ciseau en pierre, mais je ne pus en avoir que de petits morceaux, parce que cette matière est fort dure et cassante. Ces petites tables sont de différentes couleurs et transparentes et, si l’on prend la peine de racler la petite croûte de poix qui est à l’un des côtéz (c’est celui par où elles sont adhérentes au rocher), on les trouvera encore plus claires. Comme je n’étois pas bien content des échantillons que j’avois tiréz de cette matière, je pris la résolution d’ouvrir cette veine du rocher. S’il avoit été bien dur et bien vif, il auroit fallu y employer la poudre ; mais il ne m’en a coûté que la peine d’y faire porter une pince avec laquelle

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j’en ai fait sauter des très gros quartiers. Ce fut pour lors que je pus considérer tout à mon aise ces petites tables. Je trouvai que celles qui étoient le plus près de la fente extérieure, étoient les plus dures et les plus adhérentes parce qu’à mon sens, elles sont plus exposées à l’air et au soleil. Celles qui étoient plus enfonçées tenoient encore assez, mais j’en enlevai aisément avec un couteau, et celles /fol. 4 v°/ qui étoient tout à fait dans le fond de la veine, s’enlevoient avec les doigts. J’observai que la petite croûte de poix qui tient ces tables attachées au rocher, étoit fort desséchée dans celles qui étoient les plus adhérentes, un peu moins sèche dans celles qui tenoient moins, et presque liquide dans celles qui s’enlevoient aisément. Je n’ai point remarqué de veines semblables aux autres côté de la montagne. Après avoir dit cy-dessus que la poix se filtre jusqu’au haut du rocher, je crois presqu’inutile d’observer que les quartiers que j’en rompis étoient tous enduits de poix dans les côtéz par où ils tenoient au reste du rocher. À douze ou quinze toises du pui de la Poix du côté du midi, il y a un autre monticule, au pié duquel on voit encore une source de poix toute pure. Elle sort de terre et a formé au dessous un rocher de poix pareil à celui dont j’envoie un échantillon. Cette source est à l’aspect du midi. À deux cens pas au dessous de ces monticules vers l’orient, on trouve encore trois autres sources de poix pure. Elles sont dans un pré dépendant du moulin de Gandaillat88. Ces sources sont fort près les unes des autres et la poix qui en sort a la même couleur et la même odeur que celle du pui de la Poix. Elles sont encore situées à l’aspect du midi. À une demie lieue plus loin, au lieu de Malintras89, on voit encore une autre source de poix qui est au pié d’une butte sur laquelle est bâtie l’église de St Pierre, parroisse de ce village. Dans les grandes chaleurs de l’été, on découvre cent autres sources de poix aux environs de celles dont je viens de parler, mais elles ne sont point abondantes et tarissent bientôt entièrement. Une personne d’honneur m’a assuré avoir vu, il y a quelques années, aux environs du pui de la Poix, plusieurs arbres qui distilloient de la poix dans les mêmes endroits à peu près où la gomme se forme dans les arbres qui la produisent. J’ai fait une perquisition exacte pour tâcher de trouver quelqun de ces arbres, mes soins ont été inutiles, on n’en voit plus. Je vais ajouter un mot du pui de la Sau90 [en marge : c’est à dire la montagne du sel. Prononçez l’au dans sau comme l’article du datif au. On ignore la raison qui a pu faire donner ce nom à ce monticule. Je ne rapporte point les vieux contes que l’on m’a faits là dessus. Je sçais il y a longtemps que ce ne sont pas des matériaux propres pour les desseins de l’Académie.] C’est un petit monticule qui est à cent cinquante pas du pui de la Poix, du côté

88. Dans la commune de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). 89. Malintrat (Puy-de-Dôme). 90. Puy de la Sault (340 m.).

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de Montferrand, et qui n’a que quinze pieds de hauteur. Il est absolument inculte. Il n’y vient que de l’herbe fort courte dans les endroits où il n’y a point de poix. Il y en a cinq ou six sources assez abondantes, toutes à l’aspect du midi. Elles ont aussi formé un rocher de poix dont j’envoie un échantillon aussi bien que de la poix qui y coule. Il y a deux autres petites sources au nord, mais elles ne coulent qu’en été, on n’en voit à présent que les vestiges. J’ai remarqué que la poix du pui de la Poix se durcit beaucoup plus vite que la poix surnageante de la fontaine et même que celle des autres sources du pui de la Poix. Toutes les sortes /fol. 5/ de poix dont j’ai parlé, se fondent et s’allument au feu, excepté celle qui est au fond de la fontaine qui s’y durcit et se calcine. Le seul usage que l’on fasse dans le pays de cette poix, c’est d’en marquer les bestiaux pour reconnoitre les bêtes qui appartiennent à différens maîtres dans un même troupeau. Voilà toutes les observations que j’ai faites sur ces deux monticules et sur les sources d’eau et de poix qui y sont. J’ai tâché de ne rien omettre de tout ce que j’ai cru pouvoir servir à fonder des raisonnemens de physique et à tirer des conjectures propres à faire connoitre la nature et les propriétés des matières dont j’envoie des échantillons. Je finis ce mémoire qui n’est peut-être déjà que trop long, en assurant deux choses. L’une, que les faits que j’y rapporte sont très certains et très avéréz ; l’autre, que j’ai fait mes observations avec toute l’attention et toute l’exactitude dont je suis capable. Que si après cela, j’ai encore besoin d’un garant, j’ose me flatter de pouvoir en offrir un que l’Académie recevra certainement avec plaisir. C’est Monsieur Boucher, intendant de la province, qui a pris la peine de se transporter sur les lieux et en la présence duquel j’ai eu l’honneur de vérifier la plus considérable partie de ce qui est contenu dans ce mémoire. à Montferrand, ce 20 mai 1718 Joint : mémoire sur les fontaines de Chaudes-Aigues, s.d. [18/16/c]. n° 8 1718 m 57 n. 2 Mémoire sur les fontaines de Chaudes Aigues Il y a dans Chaudes Aigues, distant de quatre lieues de la ville de St Flour, dans la haute Auvergne, une fontaine d’eau chaude d’environ huit poulces de grosseur dont la source n’augmente ny ne diminue en aucune saison de l’année. Elle est chaude au 7e degré, ne diffère en rien de l’eau bouliante. Elle sent le vitriol et encore plus le souffre. On en a fait des bains et des étuves dont on use pour guérir les sciatiques, douleurs de nerfs et autres maladies semblables. L’eau en est claire et forme néantmoins une espèce de limon rougeâtre qui se durcit avec le temps et forme une espèce de pierre. L’on n’a point connu jusqu’à présent à quoy elle pourroit être propre. Il y a un monceau [lire morceau] de cette espèce de pierre joint au présent mémoire.

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Cette eau sert aux habitans à plusieurs usages, à pétrir le pain, faire la lescive, laver la vaisselle, peller les cochons en les lavants une seule fois avec cette eau ; les habitants s’en servent aussy pour faire de la soupe en maigre et à différents autres usages. L’on n’a point encore découvert la source qui forme cette fontaine ; elle est scittuée au bas d’une haute montagne. Il se trouve encore dans la parroisse de Ste Marie, éloignée de deux lieues de la ville de Chaudes Aigues, près d’un village appellé Fontanais, une source d’eau minéralle environ d’un poulce de grosseur. Elle n’est pas si fameuse que la première. Sa qualité est de purger doucement par des évacuations d’urine. Elle forme aussy un limon rougeâtre. Il y a encore une autre source d’eau minérale dans le lieu et parroisse de Maignac, distant de deux lieues de Chaudes-Aigues, un peu plus forte en quantité que celle cy dessus mais de moindre qualité et de moins de réputation. Aussy n’est elle guères fréquentée. Est joint à ce mémoire un livre fait par le Sieur Esqueroux91, médecin, qui traite des eaux minérales qui se trouvent en Auvergne et de leur usage et qui dispensera d’entrer dans un grand détail. 6. - 7 octobre 1718 : Boucher au Régent, Clermont [18/16/e]. [en haut :] à M. l’abbé Bignon 56 57 53 à Clermont, ce 7e 8bre [octobre] 1718 Monseigneur, J’ay pris la liberté d’envoyer il y a quelque temps à VAR un mémoire sur l’Auvergne, tiré d’une histoire manuscritte. Il a excité la curiosité de Mrs de l’accadémie des Sciences par les choses singulières dont il y est parlé, ainsy que M. l’abbé Bignon m’a fait l’honneur de me l’écrire, et il m’a chargé de luy envoyer incessament ce que j’aurois pu rassembler sur cette matière. À quoy je satisfais aujourd’huy et je luy mande en même temps que ce mémoire a été dressé par un homme de la province qui a beaucoup d’esprit et de littérature, mais que, s’étant contenté de lire et n’ayant pas poussé sa curiosité jusqu’à voir et examiner par luy même toutes les singularités dont son mémoire est remply, on ne doit pas y adjouter une foy entière. Je l’ay reconnu par l’examen que j’ay cru devoir faire moy même avant de répondre à M. l’abbé Bignon et je me suis contenté de luy envoyer peu de matériaux, n’étant seur que de ce 91. Jean-Baptiste Esquirou, docteur en médecine de la faculté de Toulouse, médecin du roi, intendant des eaux de Vic en 1718 et auteur des Recherches analytiques de la nature et de la propriété des eaux minérales de Vic, dans la Haute Auvergne suivant les nouveaux principes de physique et de médecine, Aurillac, L. Viallanes, 1718.

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que j’ay vu. Je tâcheray d’en user de même dans la suite et je n’envoyeray rien à Mrs de l’accadémie dont je n’aye fait l’expérience. J’ay joint à ces mémoires particuliers des morceaux d’un rocher qui est à Pégut qui ressemblent fort à des amétistes. J’ay cru que VAR ne seroit peutêtre pas fâchée d’en voir quelques pierres. C’est ce qui me fait prendre la liberté de luy en addresser quelques unes et j’y ay joint des pierres taillées de différentes couleurs qu’on m’asseuré avoir été tirées il y a longtemps de ces mêmes rochers et taillées à Murat. Je dois aller incessament sur les lieux et je manqueray pas d’examiner tous ces rochers afin de connoitre si on pourroit en tirer des pierres d’une certaine grosseur et, si effectivement il s’en trouve de couleurs diférentes qu’on me l’a assuré, j’en envoyeray des morceaux entiers à Mrs de l’accadémie. J’ay prié M. Leblanc de présenter ces diférentes pierres à VAR, n’ayant osé prendre la liberté de les luy addresser moy même. J’ay l’honneur d’être avec le plus profond respect, Monseigneur, [etc.]. Boucher

XXX.

ROUEN

1. - s.d. [1698] : extraits du mémoire sur l’intendance de Rouen établi par l’intendant La Bourdonnaye “ pour l’instruction du duc de Bourgogne ”, copie annotée par Réaumur [17/47/a]. /fol. 1/

Mémoire concern[an]t la généralité de Rouen1

[en marge2 : mines de fer] S’il y a beaucoup de forest, il n’y a point de montagnes, ny de mines, à l’exception de quelques mines de fer du côté de la forest d’Évreux. [en marge : pont de Rouen] Il n’y a de ponts considérables que celuy du Pont de l’Arche qui est très beau, et celuy de Rouen dont la sculpture est singulière, étant de batteaux joints ensemble, pavé par dessus, s’élevant et se baissant à proportion du flux et reflux de la mer. Il y en avoit autrefois un de pierre bâty par la princesse Matilde ; il est tombé depuis longtemps. Celuy de batteaux a ses incommoditéz ; il est d’un grand entretien et l’on est presque tous les ans obligé de le deffaire dans la crainte que les glaces n’en emporte une partie. Le principal commerce de Rouen et de la généralité est de laines, de draperies, de toilles, de cuirs, de chapeaux, de peignes, de papiers, de cartes à jouer et d’une infinité de merceries de touttes sortes. Les laines fines viennent d’Espagne et se consomment aux draperies, dont il y a depuis quelques années de très belles manufactures aux environs de Rouen. [en marge : draps d’Elbeuf] Celle d’Elbeuf est la plus considérable. Elle n’a commencé qu’en 1667 et elles est présentement composée de 300 métiers faisant par an environ neuf ou dix mil pièces de draps de cinq quarts, façon d’Hollande et d’Angleterre, valant plus de deux millions. Cette manufacture

1. Gérard Hurpin, L’intendance de Rouen en 1698 : mémoire rédigé par l’intendant La Bourdonnaye “ pour l’instruction du duc de Bourgogne ”…, Paris, 1984, not. p. 35-37 et 101-109 et les annotations très précises notamment sur les diverses sortes d’étoffes. Ici, pour les dénominations des étoffes, voir Jacques Savary des Bruslons, Dictionnaire universel du commerce contenant tout ce qui concerne le commerce qui se fait dans les quatre parties du monde…, Paris, 1723-1730, 3 vol. 2. Les annotations en marge sont toutes de la main de Réaumur.

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occupe tous les jours plus de huit mil personnes auxquelles elle donne lieu de gagner leurs vie à Elbeuf et aux environs. Il y a encore à Orival, village près d’Elbeuf, huit métiers de draperies et à Elbeuf 70 métiers de tapisseries de bergames et point d’Hongrie, qui occupent quattre à cinq centz personnes pendant l’année. La draperie de Rouen n’est que de 125 métiers de draps façon d’Elbeuf, trois de draps du sceau, cinq[uan]te de /fol. 1 v°/ ratines, 50 d’espagnolettes, employant en tout 3 500 ouvriers, 60 mestiers de bouracan, 200 mestiers de petites tapisseries, appellées communément porte de Paris, et 60 mestiers de tapisseries de bergames infoerieures [sic] à celles d’Elbeuf. À Darnétal près Rouen, il y a quarante mestiers de draps façon d’Elbeuf, douze de draps du sceau et 50 de droguet, appellé pinchinat, ce qui occupe près de trois mil ouvriers. À Louviers, 60 mestiers de draps façon d’Elbeuf emploiant 1 900 ouvriers. À St Aubin3, et depuis quelque temps à la Bouille, 23 mestiers. Au Pont de l’Arche, six mestiers de drap très fin façon d’Angleterre, dont les fillages sont conduits par des filleurs d’Hollande. À Gournay4, 40 mestiers de serge, façon de Londres, enploiant 500 ouvriers. À Aumale, beaucoup davantage. À Bolbec et aux environs, 200 mestiers d’une étoffe appellée froc, entretenant pendant neuf mois de l’année plus de deux mil ouvriers. [en marge : toiles] Il se fait plusieurs sortes de toilles dans la généralité de Rouen. Les principales sont des fleurets blancharts qui se font dans les élections de Pont-Audemer, Lysieux et Bernay, se vendent au bourg de St George5, sont envoiées en Espagne avec des toilles nommées toilles de coffre fabriquées à Évreux et à Louviers, et passent d’Espagnes aux Indes occidentalles, d’où les retours viennent en or et en argent ; elles sont en ce pays là d’une grande réputation et s’y appellent rouens. On y en envoye tous les ans pour plus d’un million au temps de paix. Outre ces toilles, il s’en fait dans l’élection de Rouen, Caudebec6, Arques7 et Montivilliers, qui sont propres à chemises, mouchoirs, voilles de vaisseaux, amballages et autres usages, comme aussy des toilles rayées et à carreaux dont une partie passe dans la Nouvelle France, sans compter des toilles brunes dont on /fol. 2/ double les habits. De touttes ces toilles, il s’en faisoit pendant la guerre six ou sept mil pièces qui occupoient cinq à 6 000 ouvriers ; le nombre en augmentera beaucoup pendant la paix. 3. 4. 5. 6. 7.

Saint-Aubin-Épinay ou Saint-Aubin-lès-Elbeuf (Seine-Maritime). Gournay-en-Bray (Seine-Maritime). Saint-Georges-du-Vièvre (Eure). Caudebec-lès-Elbeuf (Seine-Maritime). Arques-la-Bataille (Seine-Maritime).

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[en marge : cuirs] L’utilité du commerce des cuirs, dans la généralité de Rouen, conciste en ce que ceux des boucheries et ceux qui viennent en grand nombre des Indes occidentalles, d’Espagne, du Sénégal et de la coste d’Affrique, se tannent à Rouen et aux environs et se consomment dans le royaume. C’est une manufacture considérable. [en marge : chapeaux] On envoyoit autrefois de ces pays cy grand nombre de chapeaux en Hollande, dans tout le Nort, même en Angleterre, malgré les deffences qu’il y avoit d’y en laisser passer entrer, mais, depuis dix ou douze ans, il est passé plusieurs chapeliers dans les pays étrangers où ils ont établi cette manufacture, en sorte que tous les chapeaux qui se font à Caudebec8, à Rouen et ailleurs, ne se consomment présentement que dans le royaume. Les peignes, le papier, les cartes à jouer et plusieurs autres merceries s’y consomment pareillement et s’envoyent dans le Nord, en Portugal et en Espagne. [en marge : harengs] La pêche des harans qui est la plus considérable, commence en temps de paix, au commencement d’aoust sur les costes d’Angleterre, au Nord proche de la ville de Gervine9. Les Dieppois y envoyent ordinairement soixante grands batteaux qui portent leurs sel et des barils. Ils reviennent à la my octobre. Ce harang est plus gros et beaucoup meilleur que l’autre. À la my octobre, les mêmes matelots dans de petits batteaux commencent et continuent jusqu’à Noël une nouvelle pêche de harangs sur les costes, depuis Boulogne jusque vers Le Havre. Il est moins bon que celuy de Gervine, il sert à faire du harang soret10. On en mange aussy beaucoup de frais et c’est ce qui fournit Paris et Rouen pendant la saison. Cette pêche est ordinairement de cent batteaux. /fol. 2 v°/ Au caresme, commence la pêche des vives qu’on nomme communément la drège ; elle se fait vers les costes d’Angleterre. À la fin d’avril, la pêche des maqueraux [est] composée de 50 ou 60 batteaux. Ce sont principallement ces différentes pêches qui rendent la ville de Dieppe riche et peuplée ; une pêche de harangs abondante vaut trois ou quattre centz mil escus. [en bas, par Réaumur :] faïanceries de Rouen, dont il n’est pas fait mention dans le mémoire. Terre à pipes et fabrique des pipes dont il n’est pas parlé non plus. 2. - janvier 1716 : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/114]. /fol. 1/ Rouen janvier 1716 8. Caudebec-en-Caux (Seine-Maritime). 9. G. Hurpin, op. cit. note 1, propose l’identification à Yarmouth (Norfolk), en Angleterre. 10. Hareng fumé.

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L’Académie royale des sciences cherche surtout à étendre ses connoissances par raport à l’histoire naturelle du roiaume et aux arts qui y sont cultivés. La généralité de Rouen peut fournir quantité de matières curieuses qui regardent l’un et l’autre objet. Entre ces différentes matierres, celles sur lesquelles on auroit besoing à présent de mémoires détaillés et même de deisseins sont : 1° les mines de terre à pipe. On voudroit scavoir si il y a beaucoup de mines de terre à pipe aux environs de Rouen, quelle est communément la profondeur et la largeur de ces veines, quelle est la nature de la terre qui les entourre, quels sont les meilleures, si on fait à Rouen des pipes aussi belles que celles d’Hollande, comment on prépare cette terre pour faire les pipes, en un mot le détail de tout le travail des pipes. On demanderoit aussi des échantillons de cette terre de la meilleure qualité, telle que l’on tire de la veine, et de la même terre préparée. 2° L’art de faire des éguilles est un des arts des plus curieux et n’est pas un des moins utiles. On ne les commence point à Paris. On nous a assuré que quantité d’ouvriers y travailloient /fol. 1 v°/ à Évreux. On souhaiteroit avoir des mémoires qui expliquasent avec le plus [de] détail qu’il seroit possible tout ce qui regarde la manière de faire les éguilles. On voudroit qu’ils apprisent quelle est la nature du fer qu’on choisit pour les éguilles, d’où on le tire, et qu’on suivist ensuite par ordre le travail des ouvriers sans obmetre les plus petites circonstances, qu’on prist soing même de raporter leurs termes, car l’académie rassemble non seulement les pratiques mais encore les termes des arts, qu’on marquast à peu près combien chaque façon dure. Si on avoit même quelque dessinateur à portée, on demanderoit de plus des deisseins des outils et des machines dont on se sert, et des deisseins des principales attitudes des ouvriers. On ne souhaiteroit ny des deisseins finis, ny des deisseins propres, mais des deisseins exacts, faits sur une échelle. On souhaiteroit de plus qu’aux mémoires et aux deisseins on joignist quelques échantillons de l’ouvrage, dans les différens états où il se trouve après chaque façon, par exemple 1° du fer dont on fait les éguilles, 2° des morceaux de fer coupés d’une grandeur proportionnée à celle des éguilles qu’on veut faire, etc. /fol. 2/ 3° Il y a eu auprès de Rouen un moulin à tailler les cristaux des lustres. On nous a dit que l’endroit où il étoit s’appelloit Oiselle11. On voudroit scavoir si ce moulin subsiste encore et, dans ce cas, on en demanderoit divers deisseins : 1° un deissein en perspective qui fist voir l’ensemble du moulin, 2° un profil, 3° un plan horizontal, 4° quelques deisseins qui représentassent séparément les parties qui ne pourroient pas être assez distinctes dans le deissein en perspective. À ces deisseins il seroit nescesaire de joindre des mémoires qui en donneroient un[e] explication et qui apprendroient tout ce qui regarde les ouvrages qu’on fait à ce moulin.

11. Oissel (Seine-Maritime).

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3. - s.d. : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/110]. Rouen /fol. 1/ Quoique les trois mémoires envoiés par Monsieur de Gasville12 donnent d’excellents éclaircisements, il nous restera pourtant encore quelques questions à faire sur les matières dont il s’y agit. Tant de petis détails nous sont nescesaires qu’on craindroit de nous envoier des choses superflues en nous envoiant ceux dont nous avons besoing. [en marge :] fil de fer 1° On a prévenu une partie des questions qu’on avoit à proposer en envoiant un mémoire sur l’art du tireur de fer et d’acier. Il nous reste pourtant à demander divers éclaircisements sur la même matierre. On souhaiteroit même que pour y satisfaire qu’on voulust consulter des ouvriers différens et de différents endroits et qu’on écrivist simplement ce qu’ils auroient appris sans s’embarrasser trop de les concilier les uns avec les autres, car il n’est pas rare de les voir donner des procédés contraires. 1° [sic] Le choix des matierres dont on fait les fils de fer ou d’acier ne peut être indifférent, et peut être que si on y étoit plus attentif dans le roiaume, que le fil de fer d’Allemagne auroit moins de débit. Les termes de meilleur fer /fol. 1 v°/ et de meilleur acier sont très équivoques. Les ouvriers qui travaillent à certains ouvrages, nomment fer excellent celuy que des ouvriers qui travaillent à d’autres ouvrages appellent mauvais. Le meilleur fer pour les tireurs de fer n’est il pas le plus doux. Il doit s’étendre plus aisément et faire du fer plus flexible. On peut scavoir de quelles forges vient celuy qu’on travaille dans la généralité de Rouen. Nous en dirons de même de l’acier qui, étant une matierre naturellement plus cassante que le fer, doit être plus difficile à allonger. On nous instruiroit encore mieux si on vouloit nous envoier des échantillons du fil de fer et du fil d’acier le plus fin qu’on sache faire, et qu’on y joignît gros comme une noix du fer et de l’acier pris des mêmes barres d’où ces fils auront été tirés. 2° Dans les trifileries, on tire, avec le secours de l’eau, du gros fil de fer qu’on appelle communément fil de chaudronnier. Pourquoy les tireurs de fer ne se servent ils pas de ce gros fil. Il semble qu’il leur épargneroit la façon de forger leurs barres en verges rondes. 3° On ne nous a rien dit dans le mémoire sur la manière dont on donne les recuits au fil de fer. Il est pourtant certain qu’on luy en donne plusieurs. En quelque pais, c’est avec des chiffons bruslés, en d’autres c’est avec des savattes. Cet article est un de ceux sur lequel il seroit nescesaire de consulter plusieurs /fol. 2/ ouvriers. C’est ce qui contribue le plus à rendre le fer flexible.

12. Jean Prosper Goujon de Gasville (1684-1755), intendant à Rouen d’octobre 1715 à mai 1732.

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En quelques endroits de l’Angleterre, avant de tirer le fil de fer, ils laissent tremper dans l’eau leurs barres de fer pendant plusieurs semaines. On ne croit pas que nos ouvriers du roiaume aient recours à cet expédient. 4° Quelque simple que soit [la] disposition de la filière par où on fait passer le fil de fer, on en demandroit un deissein et même des deisseins croqués des principales attitudes des ouvriers qui travaillent à faire le fil de fer, des deisseins de tous leurs outils. On ne demanderoit pas des deisseins finis, mais exactement mesurés sur une échelle. 5° On voudroit plus d’explication sur le nombre des trous par où on fait passer le fil pour l’ammener à sa dernière finesse. On voudroit même scavoir en quelle proportion les trous sont plus petis les uns que les autres. On demanderoit aussi un échantillon de la verge de fer forgée et preste à passer par le premier trou. Combien on est de temps à tirer une certaine quantité de fil de fer. 6° En quelques endroits des pais étrangers, on se sert de machines par le moien desquelles on tire plusieurs fils de fer à la fois. Ne sont elles en usage en aucun endroit de la généralité de Rouen. 7° Quels sont les meilleurs fils de fer et d’acier de la généralité de Rouen. 8° Comme on rassemble les termes des arts aussi bien que leurs procédés, on demanderoit ceux qui sont particulier à cet art. C’est un soing qu’on a pris dans le mémoire sur les éguilles. /fol. 2 v°/ [en marge :] éguilles 1° Le mémoire sur les éguilles est dressé avec beaucoup d’ordre et tant de netteté qu’il ne seroit pas besoing de deisseins pour faire entendre les procédés qu’on y raporte. On en demanderoit cependant et cela parce que l’académie joint à ses descriptions des arts des planches qui représentent non seulement tous les outils des ou[v]riers, leurs machines, mais même leurs principales attitudes. On voudroit moins des deisseins propres qu’exacts, qui donnassent précisément les mesures des outils. On ne s’embarasse point de quelle grandeur qu’on les fasse, icy en les disposant on les réduit à celle qu’on aime le mieux. On voudroit trouver dans ces deisseins jusques au plus petites choses, par exemple jusques à la palette et à la manière dont les éguilles sont arrangées dessus. 2° On auroit été bien aise dit [sic] dans le mémoire combien dure à peu près chaque façon, combien par exemple on palme d’éguilles dans un certain temps. 3° On voudroit avoir des échantillons de l’ouvrage en tous les différents états, des petis morceaux de fil d’acier coupé, des éguilles palmées, percées, contre percées, etc. /fol. 3/ 4° Il seroit bon de consulter divers ouvriers sur la meilleure qualité du fil propre aux éguilles. 5° N y a t’il rien de particulier sur la manière de faire les poinçons pour percer les têtes ? Les éguilliers les font ils eux-mêmes ? 6° Les éguilles de différentes grosseurs portent différens noms. On voudroit bien qu’on se donnast la peine de rassembler ces noms.

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7° La trempe et le dernier recuit sont deux des façons escentielles. La première donne de la dureté à l’éguille, et la seconde l’empêche d’être trop cassante. On a marqué aussi que les éguilles étoient rouges lorsqu’on les trempoit et violètes lorsqu’on les recuisoit. On souhaiteroit qu’on voulust observer soy même, sans s’en raporter aux ouvriers auxquels il ne faut jamais trop se fier, quel est précisément la couleur qu’on donne aux éguilles pour les tremper et les recuire. 8° L’usage des tourbes de tan pour les premières recuites est il uniforme chez tous les ouvriers. 9° L’émeril pour polir les éguilles est il broié extrêmement fin ? Est il passé à l’eau ? Ne se sert on point d’émery de différens degrés de finesse ? Scavoir du plus gros pour les premières fois qu’on roule. 10° Quelle grosseur et quel longeur a à peu près de [sic] rouleau ? Combien met on d’éguilles dans un rouleau ? Et combien, à peu près, met on pesant de poudre d’émeril chaque nouvelle fois qu’on veut rouler. /fol. 3 v°/ [en marge :] cristaux des lustres On avoit été mal informé sur le moulin à tailler les cristaux des lustres. On avoit ouï dire qu’il y en avoit un mû par le moyen de l’eau, comme il y en a [à] quelques endroits de l’Allemagne, au lieu que les deisseins et les mémoires que Monsieur de Gasville nous a procuré font voir qu’aux environs de Rouen on ne connoist d’autre moulin que ceux des lapidaires. Nous avons toujours appris avec plaisir dans le mémoire quels espèces de cristaux on a taillé aux environs de Rouen, et les progrès et le déclin de cette manufacture. [en marge :] pipes Il ne manqueroit rien aux mémoires sur la terre à pipe et sur la manière de les faire si on se fust donné la peine d’y faire joindre le deissein d’un des fourneaux où l’on les fait cuire, des mieux construits. La généralité de Rouen a apparement quantité d’autres matierres curieuses, soit par raport à l’histoire naturelle, soit par raport aux arts, sur lesquelles on demanderoit des éclaircisements si on scavoit qu’elles s’y trouvent. Ce seroit nous mettre en état de nous instruire de nous les indiquer, mais ce seroit aussi s’exposer à être fatigué par de nouvelles questions. 4. - 2 août 1717 : Goujon de Gasville au Régent [?], Rouen [BnF, ms français 11378, fol. 54-55 13]. [en tête, par une autre main :] M. de Gasville sur l’estat des manufactures que Monseigneur lui a demandé 13. Il n’est pas absolument établi que cette lettre se rapporte directement à l’enquête du Régent ; elle peut aussi être liée au travail habituel de l’intendant qui doit envoyer de temps en temps des informations sur les manufactures de sa circonscription.

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Monseigneur, Vous m’avés ordonné, lorsque j’eus l’honneur de prendre il y a quelque temps congé de vous à Paris pour revenir dans cette province, de vous envoyer un estat de tous les mettiers battans des différentes manufactures de ce département et des noms des maîtres, pareil à celuy que je vous ay déjà envoyé pour les manufactures d’Elbeuf et d’Orival, et j’ay voulu à mon arrivée dans cette ville me mettre en estat d’exécuter cet ordre très promptement. Mais l’Inspecteur des manufactures m’a assuré qu’il ne pouvoit pas me donner avant six semaines ou deux mois les mémoires qui me sont nécessaires pour dresser cet estat parce qu’il y a dans le pays de Caux la manufacture des frocs de Bolbec qui est une des plus considérable et des meilleures du royaume, dont les fabriques qui sont en très grand nombre sont répandus dans différence endroits et villages, en sorte qu’il ne peut sçavoir leur nombre, ny celuy de leurs métiers qu’après qu’il en aura fait la visite. Il est party pour la faire et aussitôt qu’il sera de retour, je ne perdray pas, Monseigneur, un moment à vous envoyer ces estat. En attendant je vous suplie très humblement de ne m’imputer aucune négligence dans l’exécution de vos ordres. Je suis etc.

XXXI.

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1. - 18 décembre 1715 : demande de renseignements par Réaumur [R/6/51 (minute) et R/6/57 (copie)]. [en haut, encadré :] 2 pages copiées [la copie indique :] répondu et renvoié Soissons le 18e [may barré] décembre 1715 L’Académie des sciences qui a pour principal d’objet [sic] d’étendre ses connoissances sur ce qui a raport à l’histoire naturelle du roiaume et aux arts qui y sont cultivés, souhaiteroit être instruite sur une mine d’alun qui est dans la généralité de Soisons1, près de Bourg et Commin2, villages scitués proche la rivière d’Aisne. On a travaillé autrefois cette mine et on prétend qu’on en a cessé le travail par la cherté du bois. Ce qu’on auroit à demander à l’occasion de cette mine seroit : 1° Si on l’a travaillée pendant longtems. Si on l’a poussée à quelque profondeur. 2° Quelle étoit la largeur de cette mine. Si il y a apparence qu’elle a de l’étendue. Ce n’est pas chose aisée à déterminer, mais on pourroit marquer ce qui en paroist. 3° Une description exacte de la scituation de cette mine, de la nature du terrain qui l’environne et de celuy qui la couvre, de l’arrangement de la matierre qu’elle renferme, scavoir par exemple si avec cette matierre minérale il n’y a pas beaucoup de matierre étrangère meslée. 4° On voudroit avoir des morceaux de cette mine, des morceaux des terres qui l’environnent et des corps étrangers qu’on rencontre dedans la mine. 5° Dans la généralité de Soisons, il y a plusieurs carrières de pierres de meules de moulin. On voudroit aussi scavoir où sont scituées ces carrières et avoir un mémoire sur la manière dont on les travaille et dont on en forme les meules.

1. Soissons (Aisne). 2. Bourg-et-Comin (Aisne).

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Il y a apparemment quantité de choses dans la généralité de Soisons soit par raport aux arts, soit par raport à l’histoire naturelles, sur lesquelles nous prierions de nous envoier des instructions si nous les y scavions. Ce seroit nous mettre en état de nous instruire que de nous indiquer ce qu’il y a dans cette généralité qui regarde l’une ou l’autre matierre. 2. - 18 mars 1716 : Lefèvre d’Eaubonne au Régent, Soissons [18/84/a]. 84 26 Monseigneur, VAR m’a fait l’honneur de me renvoier un mémoire de l’académie des Sçiences qui demande quelques éclercissemens sur une mine d’alun sçitué au village de Bourg, sur la rivière d’Aixne3, à laquelle on a desjà travaillé. Pour satisfaire à vos ordres, Monseigneur, j’ai fait autant qu’il a été possible les recherches proposées par ce mémoire et je prend la liberté d’adresser à VAR quatre sacs des différentes terres qui se trouvent dans cette mine. Je les ay fait mettre au carosse public de Soissons à Paris, où il arrivera le 22 de ce mois. Je joins à ma lettre un mémoire instructif qui rend compte de la manière dont cette mine a été travaillée autrefois et de ce qui se pouroit pratiquer pour en continuer l’exploitation. Le même mémoire de l’académie des Sçiences parle d’une carrière de pierres de meules de moulin. Elle n’est point sçituée dans la généralité de Soissons, mais dans celle de Paris, à un quart de lieue de la Ferté sous Jouare. J’en ay dressé un état particulier, de même que des carrières de pierres dures couleur bleuastre qui sont près d’Aubenton en Tiérache, d’une ardoisière, de deux fourneaux à fondre fert, d’une verrerie et de trois fours à vers qui sont dans ce canton. Si VAR souhaite avoir sur tout cela quelques éclercissemens plus particuliers qui dépendent de moy, j’exécutteray ses ordres aussitôt qu’elle aura eu la bonté de me les adresser. Je suis avec un très profond respect, Monseigneur, de VAR [etc.]. d’Eaubonne4 à Soissons, le 18 mars 1716 Joint : mémoire sur la mine d’alun, s.d. [18/84/b]. Mine d’alum /fol. 1/ 26 Généralité de Soissons 3. Aisne, rivière. 4. André Robert Lefèvre d’Eaubonne (1681-1735), intendant à Soissons de 1714 à janvier 1717.

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Mémoire de Mr le comte d’Aumale Cette mine est sçituée au village de Bourg, sur le bort de la rivière d’Aixne, à six lieues de Soissons ; celui apartient à Mr le comte d’Aumale qui en est seigneur. En 1712, pendant que Mr le comte d’Aumale5 étoit dans le service en qualité de capitaine de cavallerie au régiment de Fustemberg6, le feu sieur Titon7, directeur des magasins de l’arsenal, obtint du feu Roy le don de cette mine, avec faculté de la faire exploiter dans toutte l’étendue de la généralité de Soissons où elle pouroit s’étendre pendant trente ans. Mr le comte d’Aumale qui en fut informé, demanda (comme seigneur du lieu et en récompense de ses services et de ses prédécesseurs) la révoccation de ce don et qu’il fût fait à lui même. Le feu Roy cassa le premier don et en fit un nouveau pour pareils trente ans, tant au proffit de Mr le comte d’Aumale que du sieur Titon, chacun pour moitiée, à la charge par ledit sieur comte d’Aumale de rembourser au sieur Titon moitiée de la dépense qu’il avoit desjà faite dans l’exploitation et de contribuer /fol. 1 v°/ à l’avenir par égale portion dans laditte dépense. Ce nouveau don accordé, Mr le comte d’Aumale et le sieur Titon firent travailler à l’exploitation de cette mine pendant trois ans, après lequel temps le sieur comte d’Aumale ne s’estant pas trouvé en état de soutenir toutte la dépense que vouloit faire le Sr Titon (lequel refusa de s’acomoder de la part dudit sieur comte d’Aumale), il fut dans la nécessité de proposer au sieur Titon de luy vendre la sienne, ce qu’il fit moyennant la somme de vingt quatre mil livres paiable en six ans, à raison de quatre mil livres par année, ce qui a été exécutté. Ensuitte, Mr le comte d’Aumale fit travailler seul à cette mine pendant trois autres années ou environ. Mais, quoique la matière soit de bonne qualité et abondante, il ne pu [sic] pendant ces trois années retirer que pour environ six mil livres d’alun, les ouvriers qu’il avoit l’ayants abandonné et manquant de bois, ce qui mit le sieur comte d’Aumale dans la nécessité de laisser /fol. 2/ son entreprise, dans laquelle il a dépensé plus de soixante mil livres au delà de ce qu’il en a tiré. Il y a donc près de vingt années que cet abandon a été fait sans que depuis ledit sieur comte d’Aumale ayt pu rassembler des ouvriers propres pour l’exploitation de la mine.

5. Probablement Charles d’Aumale (1688-1750), de la famille d’Aumale de Picardie, ingénieur militaire et lieutenant général ; sa sœur, Marie Jeanne d’Aumale, était la secrétaire de Mme de Maintenon. 6. Furstemberg, régiment allemand au service du roi de France. 7. Titon, directeur général des magasins du roi pour les armes, était en 1709 à la tête d’une manufacture d’armes à Charleville (cf. A.-M. de Boislisle, Correspondance du Contrôleur général des finances avec les intendants des provinces, t. 3, n° 601).

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Quant on y a travaillé la première fois, l’on creusa d’abort environ huit pieds de mauvaise terre, après laquelle se trouve une terre noire [en marge : 1re terre] d’un pied et demy d’épais, fort plaine de vitriole, laquelle étant mise en tas et à l’air, le feu y prend de lui même et la consomme en cendres qui sont bonnes à faire de la coperose. Après cette terre, en succède une bloeüe de deux pieds d’épais [en marge : 2e terre] où il y a moins de vitriole et qui est propre pour l’alun. Ensuitte, on trouve une seconde terre noire [en marge : 3e terre] d’environ deux pieds d’épaisseur, à peu près de même qualité que la première, mais un peu moins vitriolée, qui sert néantmoins pour la coperose. À cette seconde terre noire, succède /fol. 2 v°/ deux lits de terre bleuastre [en marge : 4e terre] à peu près égalle à la première, dont il a esté ci dessus parlé, propre à faire de l’alun. Ensuite, se trouve un banc de gravier d’environ demi pied d’épaisseur qui paroist souffré, mais dont on ne s’est point servy. À ce gravier succède un autre gravier fort dure, de l’épaisseur d’environ un pied et demy, sous lequel se trouve encorre deux autres lits de terre bleue, à peu près de même qualité que celle ci dessus propre à faire alun. Enfin, sous ces deux derniers graviers, s’est trouvé un nouveau gravier qu’on a creusé de 4 à 5 pieds sans trouver d’autres matières que le même gravier, ce qui a obligé (joint à l’eaüe qui embarassoit) de ne pas pousser le travail plus avant. Les ouvriers qui ont été emploiés assuroient que la matière étoit inépuisable et qu’en suivant l’exploitation de la mine, l’on trouverroit des matières propres à faire du plomb et même du mercure. On a fait prendre des morceaux des quatre premières terres de cette mine, que /fol. 3/ l’on envoie dans quatre sacs différents, sur chacun desquels il y a un renseigneme[n]t. Il ne seroit pas possible d’avoir des autres sans une grosse dépence parce que le terrain plus profond est plain de sources. Comme il y a des mines semblables dans le pays de Liège, en Angleterre et en Italie, ce seroit dans ces pays là où l’on trouverroit plus aisément un maître ouvrier, propre et capable de perfectionner l’alun. Mais il faudroit qu’il eût avec lui beaucoup d’autres ouvriers entendus en ce fait, Mr le comte d’Aumale ayant eu jusqu’à près de 150 personnes qui travailloient les uns pour tirer des terres, et les autres pour porter celles propres à faire alun qui devoient estre brûlées en masse et se préparoient ensuitte pour en faire alun à peu près de la même manière dont on travaille celles d’où l’on tire le selpestre. Les bois nécessaires pour exploiter cette mine d’alun peuvent se prendre à la source de la rivière d’Aixne, près Chasteau Porsien8, où l’on jetteroit les bois à bois perdu /fol. 3 v°/ jusqu’aux endroits où l’on pouroit les mettre sur

8. Château-Porcien (Ardennes).

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des batteaux, ou continuer à les conduire avec des trains jusques sur le bort de la mine. L’on observe que, depuis la source de la rivière d’Aixne jusqu’au lieu où les bois pouroient se mettre sur des battaux ou en trains, il y a 4 ou 5 moulins qu’il faudroit détruire pour facilitter cette navigation, dont les propriétaires demanderoient avec raison un dédomagement ; les moulins sont sçitués dans l’intendance de Champagne. [en marge :] Observation de Mr l’Intendant. La dépense qu’il convient faire pour mettre cette mine en valeur ne peut s’avancer par aucun particulier. Il n’y a que le Roy qui puisse faire cette entreprise, laquelle ne peut être avantageuse que pour empescher que l’argent ne sorte hors de royaume. Il y a bien de l’aparence qu’il en coûtera plus pour faire cette exploitation qu’on n’en tirera de profit. /fol. 4/ [Réaumur ajoute :] les terres en question paroissent une vraye glaise et peut être est elle seule propre à devenir minérale. Le sable et le gravier qui séparoint les lits, n’avoient point retenus de sels, il [sic] étoint seulement un peu chargés de soufre. Joint : mémoire sur la carrière de meules de moulins, s.d. [17/25]. Généralité de Soissons 27 Meulles de moulins Les meulles à moulins qui viennent à Soissons sont tirées à un quart de lieue de La Ferté sous Jouare9, généralité de Paris, dans une terre qui apartient à M. l’abbé de Maulévrier10. C’est le S. la Court, receveur dud. S. abbé de Maulévrier, qui demeure à La Ferté sous Jouare, qui fait tirer lesd. meulles. Le S. Audrichon, marchand à La Ferté sous Jouarre, fait aussy tirer et façonner lesd. meulles ; ils en ont l’un et l’autre le droit du seigneur. Ces meulles se tirent et façonnent comme les pierres à bâtir, mais il est bien plus dificille d’en trouver d’une assés grande circonférence pour former ces meulles à moulins. Celles qui passent au Pontavaire11 et à Noyon, viennent du même endroit et des mêmes marchands.

9. Sur les carrières de pierres “ meulières ” de la Ferté-sous-Jouarre (Seine-et-Marne), voir Alain Beltran, “ Commerce et diffusion des meules de La Ferté-sous-Jouarre aux XVe et e XVI siècles ”, dans M. Barboff, F. Sigaut, C. Griffin et R. Kremer (dir.), Meules à grains. Actes du colloque international de La Ferté-sous-Jouarre, 16-19 mai 2002, Paris, 2003, 282-288 ; ainsi que du même auteur, La pierre à pain. Les carrières de meules de moulins en France, du Moyen Âge à la révolution industrielle, Grenoble, 2005. 10. Charles Andrault de Langeron (?-1720), abbé de Maulévrier, aumônier du roi Louis XIV. 11. Pontavert (Aisne).

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Joint : autre mémoire, s.d. [17/45]. /fol. 1/ 21 [?] Mémoire G[éné]ralité de Soissons Il y a sur le terrain de Roquigny, aux confins de l’élection de Guise et du Hainaut, à une lieue de La Capelle, cinq ou six ouvertures ou carrières de pierres dures de couleur bleuâtre tirant sur le noir, et de qualité aprochant du marbre. On commence à découvrir la pierre après avoir creusé sept à huit piés de profondeur ; elle est abondante et on en tire d’aussi grandes que l’on veut propres à des portes, fenêtres et murs. Ces pierres sont assés difficiles à tailler, ce que l’on fait avec le cisceau, et elles l’écaillent un peu en les taillant, en sorte qu’elles ne peuvent bien se polir : peut-être que de bons ouvriers y réussiroient. Il y a aussi aux confins de la même élection et du Hainaut une ardoisière, dans le bois apellé du Catelet, terroir de Mondrepuis, à une lieue d’Hirson, qui apartient à l’abbaïe de Bucilly12 et a été ouverte en l’année 1663. Cette ardoisière n’est encore qu’à la profondeur de 40 piés, aiant été négligée, on ne sait pour quelle raison, sinon par raport aux guerres qui ont fatigué la frontière et aux fréquens changemens d’abbés et d’officiers de la maison de Bucilly qui est de la réforme /fol. 1 v°/ de Prémontré. Il y a actuellement deux pompes pour tirer les eaux et on prétend travailler et recommencer incessament à tirer des ardoises. Cette ardoisière est dans la coste où elle s’enfonce et on espère que la pierre se trouvera très bonne. La question est seulement de savoir si elle se fendra facilement, la couleur en étant d’un beau bleu et les ardoises sonnantes. Mais, comme il se rencontre abondance de cailloux jusqu’à présent, on est dans l’incertitude si, en creusant, le dessous se trouvera de même nature. Il y a des bâtimens à Hirson qui ont été couverts de ces ardoises il y a plus de 50 ans, dont les couvertures subsistent encore aujourd’hui en bon état. Il y a deux fourneaux à fondre fer en la forest, paroisse de Saint Michel, avec cette circonstance que les deux masses se réunissent en une, en sorte qu’au lieu que dans les fourneaux ordinaires on ne peut faire des gueuzes que du poids de 14 à 1 500 l, on peut dans les deux dont est question, couler des affusts à /fol. 2/ mortier qui sont ordinairement du poids de 2 800 l. Il y a aussi quatre forges à battre fer, savoir deux à la Neuville aux Jouxtes13, une à Vuatigny14, et la quatrième apellée la forge de Pamillon, en la paroisse d’Hirson. 12. Abbaye de chanoines réguliers de l’ordre des Prémontrés fondée en 1147 à Bucilly (Aisne). 13. La Neuville-aux-Joutes (Ardennes). 14. Watigny (Aisne).

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Il y a aussi une verrerie de verres à boire qu’on apelle Quinquangrogne15, en la paroisse de Vuimy, entre Hirson et La Capelle. Il y a trois autres fours à verres dans le voisinage d’Hirson, l’un de verres à boire au terroir de Fromies16, terre d’Avesnes17, et les deux autres de verres plats autrement verres à vitres au terroir d’Anor, aussi terre d’Avesnes. On fabrique encore dans ces deux dernières verreries d’Anor du verre fort épais et d’un bon usage qu’on polit à Paris en glaces de carosse. 3. - s.d. [après mars 1716] : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/76]. /fol. 1/ [en haut :] je ne me souviens plus si j’ai fait copier ce mémoire. Soisons L’Académie des sciences a trouvé dans les mémoires que Monsieur d’Eaubonne a envoiés à SAR la plupart des éclairsiments qu’elle avoit souhaité par rapport à une mine d’alun, à quelques autres matierres de la généralité de Soisons qui regardent les arts et l’histoire naturelle. Mais les mémoires même de Monsieur d’Eaubonne fourniront matière à de nouvelles questions qui nous vaudront encore de nouvelles instructions. 1° On a mis apparament un chifre pour un autre en écrivant la datte de l’année dans laquelle la donation de la mine d’alun fut faite à Mr Titon par le feu Roy. On marque cette datte en 1712. On trouve ensuite dans le mémoire que la mine a été travaillée pendant six années consécutifves et qu’elle est abandonnée depuis 20 ans. 2° Pourroit on trouver encore dans le pais du vitriol, de la couperose et de l’alun qui eussent été sûrement tirés de cette mine. En ce cas, on seroit bien aise d’en avoir. /fol. 1 v°/ 4° [sic] Scait on dans le pais combien les tas de terre noire restoient exposés à l’air avant que le feu s’y mist, combien de temps après que cette terre avoit été tirée elle devenoit propre à donner de la couperose. Scait on aussi la figure que on donnoit à ces tas et la quantité de terre à peu près dont ils étoient composés. La terre noire ne donnoit elle que de la couperose, ne donnoit elle pas aussi de l’alun. 5° Travailloit on la terre bluâtre qui fournit l’alun, immédiatement après qu’elle avoit été tirée de la mine. Ne l’exposoit on pas aussi pendant quelque temps à l’air. Cette terre bluâtre ne donnoit elle que de l’alun et point de couperose.

15. Quiquengrogne, hameau de Wimy-en-Thiérache (Aisne). 16. Fromy (Ardennes). 17. Avesnes-sur-Helpe (Nord).

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6° Si il est encore aisé d’avoir du gravier qui est au dessous des lits de terre et qu’on dit imprégné de souffre, on en auroit vu avec plaisir. 7° On voudroit avoir des échantillons de cette pierre noire qui approche du marbre, qui se trouve dans le terroir de Roquigny, aux confins de l’élection de Guise et du Hainault. On voudroit aussi avoir des échantillons de l’ardoise de la carrière qui dépend de l’abaye de Bevilli18, et des cailloux qui se trouvent dans cette ardoisière. Ces cailloux n’y ont ils été trouvé que depuis qu’on est parvenu à la profondeur de 40 pieds. Les cailloux y sont y [lire ils] meslés avec l’ardoise, ou si les cailloux forment une couche qu’ils occupent seuls. N’y en a t’il point de liés dans une même masse avec l’ardoise, auquel cas on en demanderoit. /fol. 2/ 8° Si on avoit quelqu’un à portée de lever des deisseins des deux fourneaux adossés dont il est fait mention dans les mémoires, on voudroit fort en avoir des plans géométraux et des coupes. On auroit aussi à demander du même endroit un mémoire sur la manière dont on y prépare les terres pour faire les moules des différentes pièces de fer qu’on veut mouler. On en a déjà de différents endroits, mais on est bien aise de voir en quoy conviennent et en quoy diffèrent les pratiques des différents pais. On voudroit aussi des échantillons des différentes mines de fer de la généralité de Soisons pour les comparer avec celles du reste du royaume. 9° Mais on souhaiteroit surtout avoir des mémoires très détaillés sur le travail des deux verreries du terroir d’Anor, terre d’Avesne, où l’on fait des verres plats pour des vitres et pour les carosses. On souhaiteroit une description de ce qui se fait dans ces verrières, prise depuis le sable et les sels dont on compose les pièces de verre jusques as qu’elles soient finies. Il seroit même nescesaire que ces mémoires fussent accompagnés de deisseins des fourneaux, des outils et même des principales attitudes des ouvriers. On ne demanderoit point des deisseins finis, mais exacts, accompagnés d’une échelle qui donnast bien précisément les grandeurs de toutes les parties. 4. - 1716 : mémoire d’Élizabeth Peltier sur la mine d’or de Bouconville [18/54]. [en tête :] à Mr l’abé Bignon [de la main de Réaumur :] près de Laons [1716] À son Altesse roïalle Monseigneur le duc d’Orléans, régent du roïaume Monseigneur, Élizabeth Peltier, demeurant à Charme, vint à Paris il y a trois mois sous la protection de Mr le duc d’Albret pour représenter à VAR qu’il s’est trouvé une mine d’or à Boucquonville19, ainsy qu’il étoit plus au long expliqué par la 18. Pour Bucilly (abbaye prémontrée) ? 19. Bouconville-Vauclair (Aisne).

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requête dont mond. Sr le duc d’Albret se chargea pour en informer VAR, dont la supliante devoit attendre les ordres. Impatiente de n’entendre point parler du succès de l’affaire, elle se détermina de revenir à Paris il y a vingt cinq jours et engagea le posseseur de lad. mine qui s’appelle Jean Le Taneur de Boucquonville, de venir avec elle et d’aporter de la matière de cette mine pour la présenter à VAR. Led. possesseur et la supliante trouvèrent sur la route à Villers Cotrets M. le curé de Notre Dame de Bonnes Nouvelles de Paris qui leur dit avoir receu des ordres de VAR pour visiter lad. mine, croyant qu’ils se contenteroient de cela. Mais il leur fut suspect car, ayant seulem[en]t examiné ce qu’ils avoient, il reprit sa route vers Paris sans aller plus loin. Lad. supliante étoit chargée d’une lettre que Mr le marquis du Glas d’Arancy prenoit la liberté d’adresser à VAR pour l’informer de tout ce qui se pratique et que, depuis que led. Taneur fait ce trafic, il est devenu fort aisé, ce qui prouve qu’il y a de la vérité et qu’on s’aperçoit qu’il ne fait pas paroistre ce produit pour n’être point inquiété présentement, qu’il connoit le mérite de ce qu’il possède. La supliante croiroit manquer à ce qu’elle doit à VAR et au bien public si elle ne l’informoit de ce qui est venu à sa connoissance, si mond. Sr le duc d’Albret n’a pas exécuté ce qu’il luy avoit promis. Elle ose assurer VAR qu’il n’y a que le zèle qui le fait agir et qu’elle ne cessera de prier pour la conservation de VAR. [au dos :] 18 R 13 5. - 3 septembre 1716 : lettre n.s. au Régent, Craonne [16/2/f]. 3 /fol. 1/ de Cranne20, ce 3ème septembre 1716 Monseigneur, J’ay eu l’honneur de présenter plusieurs placet à VAR touchant la mine d’or et d’argent à Bouconville. On m’a renvoié les ordres dudit Taneur refusant à vos ordres Monseigneur. L’intendant m’a dit de n’y point touché jusque à nouvelle ordres et moy, comme croyant que la chose estoit espirée, j’ay reçeu de nouvelles ordres du septième juin de votre part par les mains de monsieur d’Aubonne, intendant de Soissons. Il me les a envoié par les mains de son subdélaigué de Laon. Qu’en cas il estoit mis sur l’ordre qu’en cas que le dit Tanneur refuse encore au ordre de mon dit seigneur, qu’on luy doit donner chez luy garnison chez et archer. Et comme les Messieur de La Bove21 on été toute nuit disant qu’il luy en feroit tenir des morceau en trois jours, comme l’homme de la mine d’or et la femme on la subtilité sy grande qu’il gagne tous le monde de tous costé et pour se mocqué de l’État ne porte encore que la crace, en ayant fait un sy grand profit que l’orfèvre de Laon ayant fait des lingots avec luy, les 20. Craonne (Aisne). 21. Château de La Bove près de Vauclair, auj. Bouconville-Vauclair (Aisne).

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ayant voyturé ensemble aux juif, plusieurs personne les ayant rencontré jusque à des prestre ayant signé. Huit jour après la pentecoste, j’ay envoié la signatur de tous les messieur les ayant veü à Monsieur Le Moine, quessié de Monsieur d’Anriacre, trésorier des maisons des finance, secraitaire de VAR. Et tous le monde est fort surpris que Votre Altesse mest si grande polise dans toute la France que vous laissé jouir à un homme sy remply de fauceté et de malice quy aboly tous le monde autour de vous. Il a été à Notre Dame à Paris. L’homme et la femme ont dit qu’il estoit mandé pour estre interogé chez Monsieur Le Moine et, comme je croit qu’il a gagné tous le monde d’autour de luy, il a dit en revenant au monde du païs quy venoit porter le reste de la mine quy estoit tiré à Votre Altesse. Il a fait entendre qu’il falloit une somme immance pour faire ouverture de la mine et quy espère cette fois là que l’on le laira en repos. J’ay un sy grand regret /fol. 1 v°/ d’avoir sacrifié ma vie pour le bien de la couronne et de l’État que je ne puis plus me forcer à aucune chose quy puisse avoir égard à Votre Grandeur sy nont que je suis bien délaissée de Votre Altesse, ayant fait les frais et les despens que j’ay fait, deux fois prendre huit hommes pour y aller travailler deux fois ; que nous sommes des pauvres gens que nous gagnons nos journée tous les jours et nous sommes ravie de rendre service à Votre Altesse. Et ledit Tanneur a fait prendre deux fuzy comme estant commandé par Monseigneur l’intendant d’y aller travailler. Estant obligé de nous retirer chez nous le soir, j’avois fait prendre deux fuzy aux ouvriers. L’homme de la mine d’or a été monté à la Bove faire descendre. Les laquais les onts venu prandre dans une cave estant chargé en bal ne fesant point tort aux gibiez du seigneur. Je vous prie, Monseigneur, d’avoir la charité de me les faire rendre. J’ay descouvry un trésors quy est à Retelle22, où il luy avoit une cache quy estoit faite à fer et à ciment, à neuf pied de long quatre pied de large. Il luy avoit un grand coffe à sept serrure quatorze barre de fer. Il luy avoit une tombe de marbre bland dessous quy estoit gravée nombre cent quatre vingt quinze ans. Elle marquéz qu’il y avoit vaillant cinq millions, deux service d’or et un d’argent ; il y avoit bassins d’argent, pesoit vingt cinq livres. Ça été un muniez et son vallet quy onts trouvé le trésors avec un masson et son fils. Il y a des personnes quy m’onts averty chez nous à Cranne et, comme je prend part à vos intérêts à la mort et à la vie, m’estant transporté chez le subdélaigué de la ville et quy a averty la justice de la ville. Ça été une bergère ayant veü la vesselle d’argent sur la poquer [?] du munier, que sy il ne luy donnoit point part au trésors elle l’alloit déclarer à la justice. Elle n’a point manqué. Elle a esté desposé ce quelle avoit veü. La justice a tenu conceille dans le moment. Il n’onts rien voulut desclarer à la justice. La justice tenant conseille, onts ordonné qu’il aye double questions et la justice estant engagné tous d’un coup la chose est endormie à présent. J’avoit un adresse de Monsieur d’Anriacre. J’ay à croire que j’y venoit de votre part, dont j’ay été fort bien reçue. On a 22. Rethel (Ardennes).

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fait venir le munier le premier. Monsieur le subdélaigué luy a demandé sy scavois été luy quy avoit trouvé le trésor. Le premier il a dit que c’estoit le masson quy l’avoit trouvé. A neuf heure du soir, on fait venir [dans la marge du fol. 1 v°] le masson. On le a demandé sy sçavois été eux quy avoit trouvé le trésors le premier. On répondu que sçavoit été le munier quy l’avoit trouvé et, comme je trouve une grande dissimulation dans cette affaire, je ne scaist qu’en jugé. Monsieur l’Intendant leur a demandé ce qu’il avoit trouvé dans le troux. Ils onts dit qu’il avoit trouvé une pièce d’eau. Je trouve une grande trahisons dans cette affaire. Mr le Subdélaigué le a demandé à quoy [en marge] servoit les barre de fer ; ils onts respondu qu’il n’y en avoit point. Mr le Subdélaigué leur a dit à ma présence qu’il y en avoit trois parce qu’il y avoit de la rouge dans les trois troux. L’un a dit qu’il y avoit travaillé de jour et l’autre de nuit. J’ay respondu que cela ne se raportoit point ensemble. Il m’onts demandé sy j’y prenoit part au trésors ; j’ay respondu que nont, que c’estoit le Roy quy vouloit y prendre part, qu’il estoit bien juste puisse que cela luy appartenoit quy participe à leur bonheur. 4. - s.d. [après septembre 1716] : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/65]. Soisons Le mémoire que Monsieur d’Eaubonne a envoié à SAR par sa letre du 17e septembre, a donné les nouveaux éclaircisements qu’on avoit souhaité au sujet d’une mine d’alun et de vitriol, d’une carrière de pierre noire et de quelques carrières d’ardoise de sa généralité. Le même mémoire explique la manière dont on fait les tables de verre dans la verrerie d’Anor. Mais, faute de dessinateur habile, on n’a pu y joindre les deisseins qu’on avoit demandés. On craint que Monsieur d’Eaubonne n’ait voulu envoier des deisseins trop parfaits. Il nous suffit qu’ils soient exacts et nous n’avons nullement besoing qu’ils soient bien finis. Nous aurions d’autant plus souhaité en avoir de cette verrerie qu’il y en a peu d’autres dans le roiaume où l’on travaille le verre en table. Et nous sommes persuadés que SAR feroit volontiers rembourcer ce qu’il en coûteroit pour le temps du dessinateur. On voudroit aussi que Monsieur d’Eaubonne eust fait joindre aux échantillons de pierres et d’ardoise qu’il a envoiés quelques livres de la terre à pipes qui se trouve dans le village de Bailleux, près de Chimay, parce qu’on tâche de rassembler toutes les espèces de cette terre que fournit le roiaume.

XXXII. TOURS

1. - s.d. [fin XVIIe siècle] : extraits du mémoire sur la généralité de Tours rédigé “ pour l’instruction du duc de Bourgogne ”, copie annotée par Réaumur [17/24]. /fol. 1/

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Estat sommaire de la généralité de Tours [en marge : mines de fer, cuivre, or, argent] On trouve des mines de fer, en quelques endroits de la Touraine, notament à St Maars2 et à Marré3, et on en a découvert une de cuivre, où on prétend qu’il y a de l’or et de l’argent, depuis quelques années auprès de l’abbaye de Moyerre4 dont le Roy a fait don au sieur des Pointy5. On en a fait plusieurs fois l’épreuve de quelques morçeaux qu’on avoit trouvés sur la superficie, ce qui fait juger qu’on en pourroit retirer de plus grands profits si on fouilloit plus avant, parce que les mines sont toujours plus fines dans le fond. On trouve du salpêtre [en marge : salpêtre] dans les costeaux de la rivière de Loire exposés au midy ; il y en a aussy aux environs de Chinon et en beaucoup d’autres endroits de la Touraine. On trouve des pierres de moulages [sic] dans les parroisses de Percenay6, d’Ambillou, de St Estienne de Chigné7, de St Maars et de Mettray [en marge : pierres de meulages à mordre] qu’on trafique sur mer par la rivière de Loire, et les médecins tiennent qu’il y a deux mil sortes de plantes pour l’usage de la médecine. Pour les manufactures qui sont meintenant en Touraine, il y en a trois principalles : la soirie, la draperie et la tannerie. [en marge : soirie] Celle de la soirie est la plus considérable et la der[ni]ère établie. Le Roy Louis Unze fist venir à Tour [sic] en l’année 1480 les plus habilles ouvriers de l’Europe qu’il envoya chercher à Venise, à Florence, à 1

1. Toutes les annotations marginales sont de la main de Réaumur. 2. Cinq-Mars-la-Pile (Indre-et-Loire). 3. Marray (Indre-et-Loire). 4. Pour Noyers ; voir p. 782, doc. 5. 5. Peut-être Jean-Bernard de Saint-Jean, baron de Pointis (1645-1707), chef d’escadre, natif de Vouvray (Indre-et-Loire). 6. Berthenay (Indre-et-Loire) ? 7. Saint-Etienne-de-Chigny (Indre-et-Loire).

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Gesnes et jusque dans la Grèce. D’abord il leurs fit donner des logements et fournir d’ustensils par les habitants, mais depuis il leur permist de faire un établissement dont il leurs donna ses lettres patentes au mois d’octobre mil quattre centz quattre vingt avec des privilèges. /fol. 1 v°/ Cette manufacture s’est depuis augmentée considérablement par l’industrie des ouvriers qui se sont tellement perfectionnéz qu’ils excellent dans la beauté de leur fabrique, mais surtout dans la nouveauté des étoffes et dans les nuances des couleurs [en marge : nuance des couleurs] que les ouvriers de Lion et d’Italie ne peuvent imiter. Le Cardinal de Richelieu voulant faire voir au Roy Louis Treize que la France pouvoit se passer des meilleures manufactures de ses voisins, luy remonstre dans son Testament politique qu’on faisoit à Tours de si belles pannes qu’on les envoyoit en Espagne, en Italie et dans tous les autres pays étrangers ; que les taffetas unis étoient d’un si grand débit par toutte la France qu’il n’étoit pas besoin d’en chercher ailleurs ; qu’on y fabrique des velours rouges, violets et tannéz aussy beaux qu’à Gennes ; que c’étoit le seul endroit où il se faisoit des serges de soye ; que les moires s’y faisoient aussy belles qu’en Angleterre et que les moires d’or y étoient plus belles qu’en Italie. Dans ce temps là que la fabrique de Tours estoit maintenue par le ministre et elle étoit dans sa splendeur, les étrangers venoient eux mêmes achepter les marchandises. Il y avoit plus de vingt mil ouvriers en soye à Tours y compris les apprentifs, et plus de huit mille métiers d’étoffes de soye, sept centz moulins à soye, et plus de quarante mil personnes emploiées à dévider la soye, à l’aprester et à la fabriquer au lieu qu’il n’y avoit maintenant que douze centz métiers, soixante dix moulins et quattre mil personnes occupées au travail de la soye, non compris la rubannerie, dont il y a eu autrefois trois mil métiers tant à Tours qu’aux environs et dont il n’en reste pas maintenant soixante. /fol. 2/ La diminution de cette manufacture qui rejaillit sur tous les habitants de la ville de Tours et sur toutte la province, provient de plusieurs causes. La première de la cessation du commerce avec les étrangers, avec lesquels ceux de Tours faisoient trafic de plus de dix millions par an. La seconde de la nécessité des peuples qui a obligé plusieurs ouvriers d’aller s’établir ailleurs, particulièr[emen]t les Religionnaires qui se sont habituéz en Angleterre et en Hollande, où ils ont porté la manufacture. La troisième de ce que les marchands de Tours n’ont plus la liberté d’achepter les soyes : on les oblige de les aller prendre à Lion et, comme les marchands de Lion ont toujours été jaloux de ceux de Tours, ils font ce qu’ils peuvent pour les gesner et pour anéantir leurs fabrique. Ils leurs vendent les soyes à tel prix qu’ils veullent et ne leurs fournissent pas les espèces de soyes, ny le nombre dont ils ont besoin, de sorte que les fabriquants de Tours sont souvent obligés, faute de soye, de renvoyer une partie de leurs ouvriers qui sont autant de gueux à la charge de la ville. À quoy on peut encore ajouter que ceux de Lion ne vendent jamais les soyes comme elles leurs viennent d’Italie, du Levant, du Languedoc et autres lieux,

TOURS

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mais ils défont les balles et, meslant d’autres espèces de soye de moindre valleur, les lient avec quantité de fils qui augmente beaucoup le poids. Enfin, la quatrième cause de la diminution de cette manufacture vient des toilles peintes et de plusieurs autres étoffes des Indes, où tout le monde court avec empressement à cause de leur nouveauté et du bas prix. [en marge : étamine, droguets] Il n’y a que la ville d’Amboise qui s’est distinguée des autres villes de la province et qui s’est maintenue dans cette manufacture ; on fait estime de ses estamines et de ses droguets. /fol. 2 v°/ [en marge : tanerie] La tannerie est une manufacture qui répond assez à la peine des ouvriers et il en est sorty plusieurs familles riches. On tient qu’il y en a eu autrefois quattre centz en Tourainne. Il y en avoit plus de trente cinq à quarante dans les seulles villes de Loches et de Beaulieu8 ; il n’en reste plus maintenant que cinquante quattre dans toutte la province. La raison de sa diminution vient du peu de consoma[ti]on de bœufs, tauraux ou vaches. [en marge : mines de charbon] Il y a des mines de charbon de terre dans les parroisses de Courson9, de St Georges10, de St Aubin11, de Luygné12, Chaudefonds13, Chalonne14 et Montejan15 sur Loire, et plusieurs mines de fer, mais il n’y a que deux forges, une à Châteaux la Valière16 et l’autre à Poancé17, parce que les eaux et les forêts ne se trouvent pas à la portée des mines, des verreries à Chenu18, dans la forest de Vésins et en d’autres endroits. [en marge : forges, verrerie] On y pourroit aussy établir des verreries pour des vitriers. Dans le Saumurois et au long de la rivière de Loire, plusieurs carrières de pierres blanches, fort propres pour les édifices. On y trouve aussy beaucoup de salpêtre qu’on porte à la rafinerie de Saumur. [en marge : salpêtre rafinerie carrière de pierres] Il y a pareillement plusieurs carrières d’ardoises à l’entour d’Angers [en marge : ardoises] et dans les parroisses de l’Hôtellerie de Flée, la Jaille19 et Maigné20 près d’Aon21, dans l’élection de Château Gontier.

8. Beaulieu-lès-Loches (Indre-et-Loire). 9. Non identifié. 10. St Georges-du-Bois (Maine-et-Loire) ? 11. Saint-Aubin-de-Luigné (Maine-et-Loire). 12. Luigné (Maine-et-Loire). 13. Chaudefonds-sur-Layon (Maine-et-Loire). 14. Chalonnes-sur-Loire (Maine-et-Loire). 15. Montjean-sur-Loire (Maine-et-Loire). 16. Château-la-Vallière (Indre-et-Loire). 17. Pouancé (Maine-et-Loire). 18. Chenu (Sarthe) ? 19. La Jaille-Yvon (Maine-et-Loire). 20. Meigné (Maine-et-Loire). 21. Non identifié.

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Les terres du côté de Mayenne sont noires, pesantes et difficilles à labour, mais elles le sont encore davantage du côté de Laval et on observe que le meilleur laboureur, avec six bœufs et quattre chevaux, n’en peut faire par an que quinze à seize arpens [en marge : ce que peut labourer le meilleur laboureur]. C’est pourquoy on laisse reposer les terres huit, dix et douze années de suitte, on y recueille du seigle, des avoines et du bled breton qu’on nomme ordinairem[en]t bled sarazin ou carabin, dont on fait du pain fort noir et rude qui sert de nouriture aux laboureurs. On y trouve très peu de froment et d’orge. Il y a des chanvres et des lins ; depuis que ceux du pays ont semé des graines d’Hollande, les lins ont été plus grands, mais ils ne sont pas si fins et si beaux qu’ils estoient auparav[an]t, ce qui a diminué la beauté des toilles. [en marge : chanvres lins] /fol. 3/ [de la main de Réaumur :] Haut Maine On nourit dans le haut Mayne quantité de chapons et de poulardes, notamment à Mézeré22, que ceux du pays ont le secret de faire engraisser, dont ils font un grand commerce. On y trouve quantité de cerfs, de biches, de chevreuils, de sangliers, de lapins, de lièvres, de faisans, de perdrix rouges et de ralles de genêt, surtout au bas Maine. [en marge : mines d’or] Il semble qu’il y a eu autrefois des mines d’or et d’argent au Maine, ou qu’on étoit persuadé qu’il s’y en pouvoit trouver, parce que l’article 70 de la Coutume du Maine porte que la mine d’or doit appartenir au Roy, et la mine d’argent au comte et vicomte de Beaumont. [en marge : mines de fer] Il y a plusieurs mines de fer dans les parroisses d’Andouillé, de Châlon23, de Sillé24, de Bourgon et de Vibrais25, et environ une douzaine de forges de fer à Montreuil26, Connée27, Ste Jame28, Chapéon29, St Léonard30, Chemiré31, Sainct Denis d’Orgues32 et autres lieux. On trouve des eaux minéralles à Baignolles33, au bas Mayne, et à Linière34. [en marge : eaux minérales]

22. Mézeray (Sarthe). 23. Châlons-du-Maine (Mayenne). 24. Sillé-le-Guillaume ou Sillé-le-Philippe (Sarthe). 25. Vibraye (Sarthe). 26. Montreuil-Poulay (Mayenne). 27. Saint-Martin-de-Connée (Mayenne). 28. Sainte-Jamme (Sarthe). 29. Champéon (Mayenne). 30. Saint-Léonard-des-Bois (Sarthe) ? 31. Chemiré-sur-Sarthe (Maine-et-Loire), Chemiré-le-Gaudin (Sarthe) ou Chemiré-en-Charnie (Sarthe). 32. Saint-Denis-d’Orques (Sarthe). 33. Bagnoles-de-l’Orne (Orne). 34. Lignières-Orgères (Mayenne).

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[en marge : marbres] Deux carrières de marbre dans l’élection de Laval. L’une à St Berthevin, à une lieue de Laval, sur le chemin de Bretagne, dont le marbre est jaspé, rouge et blanc. L’autre dans la parroisse d’Argentré, à deux lieues de Laval, sur le chemin du Mans, le marbre y est très beau et très fin. Il y en a de tout noir, de jaspé noir et blanc et de noir bleu et blanc. On trouve aussy plusieurs pierres à faire de la chaux, mais il n’y en a point à faire du salpêtre, si ce n’est dans le vau [lire val] du Loir. [en marge : ardoise] Il y a des carrières de pierres blanches à Bernay, à Villedieu35, à Vouvray36, et quelques ardoisières dont l’ardoise est fort grossière. [en marge : serges et étamine] La sergeterie étoit autrefois la plus considérable ; il s’en fait encore dans l’élection du Mans et on fait estime par tout le royaume de ces estamines, mais cette manufacture est fort diminuée dans tout le reste de la province, particulièrem[en]t dans les élections de Laval et de Mayenne, parce que les laines /fol. 3 v°/ sont trop dures pour emploier à la fabrique des étoffes, ou pour ce que la pluspart se sont mis en l’art de tisserie. [en marge : blanchiment de toiles] La manufacture des toilles est aujourd’huy la plus en vogue et l’exemple de Laval on a estably au Mans et à Mayenne. Il y en a aussy dans l’élection du Château du Loir, mais on [n’]y fait que de grosses toilles qu’on vend touttes écrues sans estre blanchies. Le plus considérable trafic des toilles fines se fait à Laval ; on tient qu’elles y furent établies environ l’an 1298 par quelques ouvriers de Flandres qui avoient suivy Béatrix, épouse de Guy de Laval 9e du nom. Ils apprirent cet art à ceux du pays qui trouvèrent par après le secret de blanchir les toilles, Tout le commerce qui s’y fait, roule sur trois sortes de personnes : les marchands en gros qui acheptent les toilles écrues pour les faire blanchir, les marchands tissiers qui acheptent le fil et l’assortissement pour faire les tresses, les chaînes et les ourdissements, et les ouvriers à façon qu’ils travaillent pour les maîtres et quelquefois pour eux mêmes. [en marge : toiles ce qui les regarde] Il y a eu autrefois jusqu’à vingt mil ouvriers, il en est sorty quattre mil depuis la guerre et il n’en reste maintenant que six mil y compris les femmes qui fillent et dévident le fil. Il y a un inspecteur de la part du Roy pour faire observer les règlements. Il seroit à souhaitter qu’on les fit garder avec plus d’exactitude, notament pour l’égalité des laines et des fils qui se trouvent quelquefois plus gros dans le milieu que dans les lis, ce qui ne se peut recognoitre parce que les toilles sont percées à quattre ou cinq pouces de chaque lis et pliées en sorte qu’on ne peut les manier dans le milieu.

35. Châtenay-Villedieu (Sarthe). 36. Vouvray-sur-Huisne ou Vouvray-sur-Sarthe (Sarthe).

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Il seroit aussy à désirer que les poupliers qui préparent les lins, les fissent blanchir à la lescive au lieu de les teindre avec des mixtions que altèrent la bonté des lins et diminue la qualité des toilles, ce qui fait beaucoup de tort au commerce. Il y a plusieurs blanchisseries de toilles à Laval et des blanchisseries de cire aux environs de la ville du Mans, dont on fait de la chandelle et plusieurs beaux ouvrages. [en marge : verreries] Il y a aussy plusieurs verreries au Mayne ; les plus considérables sont à Gastines, à Mareil37 et à St Denis d’Orques. 2. - s.d. [1715] : mémoire n.s. [16/8/a]. /fol. 1/ Tours 11 Mémoire 1715 Pour répondre au mémoire que demande Messieurs de l’Académie des Sciences qui travaillent à la description de tous les arts et métiers et satisfaire à l’ordre de M. Chauvelin38, intendant de la généralité de Tours, portant de nous transporter dans les parroisses cy après nommées et d’y faire toutes les remarques et descriptions qui suivent. Premièrem[en]t. Nous serions allé dans les parroisses de Cinq Marqs39, Ambillou et de Saint Estienne de Chigné40, où estant, après avoir veu et visité plusieurs endroits pour voir les carrières où se tirent des pierres propres à faire des meulles de moulin nommées dans ces endroits où elles se tirent, nous n’avons trouvé de ces sortes de carrières que dans la parroisse de Cinq Marqs, distant de quatre lieues de Tours, le long des coteaux de la rivière de Loire éloignée de demie lieue de la rivière. Les carrières sont dans les terres hautes du plat pays un peu plus éloigné. Ces pierres sont fort rares dans les autres parroisses. Avons remarqué que toutes ces sortes de pierres se tirent à 6, 7 et 8 pieds en profondeur de la terre, et moins en quelques endroits. Il s’en trouve de meslées qui ne sont pas bonnes par raport aux blots de pierre qui se trouvent trop gros, ne pouvant les casser à cause de leurs trop grande dureté et même d’un grain qui n’est pas bon et propre /fol. 1 v°/ à moudre le bled. Quand il se trouve des gros blots qui se peuvent casser, on les rompt à coups de masses de fer qui sont bien assérées et bien trempées, pour les réduire d’une grosseur propre pour former les meulles ainsy qu’il sera expliqué cy après. Mais il se 37. Mareil-en-Champagne ou Mareil-sur-Loir (Sarthe). 38. Bernard Chauvelin de Beauséjour (1673-1755) est nommé intendant à Tours en août 1709 ; il sera ensuite intendant à Amiens (1718). 39. Cinq-Mars-la-Pile (Indre-et-Loire). 40. Saint-Étienne-de-Chigny.

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trouve presque tous les morceaux propres pour ces ouvrages, les plus gros morceaux qui servent ordinairement à faire les boestiers, n’ont pas plus de deux pieds à deux pieds et demy en quarré et sont percées dans le milieu, l’un pour passer le bled qui tombe de la trumuée, et l’autre qui est la maille qui sert de lit pour y passer l’essieu de fer qui est enmanché dans le rouet de la machine du moulin qui est fort serré entre des coins de bois, si juste que le bled ne puisse passer au travers. Led. essieu de fer s’enmanche dans la nille41 de fer qui porte la meule tournante, le tout estant tiré par les carriers, ils dégrossissent le plus qu’ils peuvent et mettent leurs pierres de hauteur que doivent avoir les meulles qui n’ont tout au plus que deux pieds à deux pieds et demy de hauteur, on compte cette hauteur de meules quand elles sont couchées. À l’égard de la grandeur, on les peut faire depuis 6, 7 à 8 pieds de diamettre, quand il se trouve quelques personnes qui en ont besoin pour leurs moulins voisins. Ce sont des chartiers qui les viennent prendre sur les carrières, après que les carriers les ont dégrossies et mis à /fol. 2/ peu près de rondeur, mais il s’en enlève bien plus par eau pour l’Anjou, la Bretagne et le Maine. À cause de la commodité des voitures, Saumur, Angers, Nantes et Le Mans sont les endroits qui en enlèvent le plus. Cette pierre e[s]t bonne et propre pour moudre toutes sortes de bled. Il s’en trouve qui ne sont pas bonnes à moudre le froment seul. On prétend que de faire le lit des meulages de Cinq Marqs et la tournante de celles de Mettray qu’elles sont fort bonnes, à cause que celles de Cinq Marqs est dure et que celle de Mettray est plus tendre ; la farine est meilleure que quand les meules ne sont que d’un endroit seul, ce qui esté expérimenté par un grand nombre de meuniers. Pour perfectionner ces meules, après que les cariers ont mis leur rond en état d’estre enlevé, c’est ainsy que l’on nomme ces ouvrages dans le pays, estant transportés dans les endroits et aux moulins auxquels elles sont destinées, il se trouve des ouvriers qui se nomment charpentiers en moulins qui les taillent et les mettent en rond juste de la grandeur qu’ils le jugent à propos. Estant taillées et dressées, mettent ces boistiers qui sont percés dans le milieu de leurs meules et, comme elles sont de plusieurs morceaux, ils garnissent tous les vuides de plâtre, si bien et si juste que l’on diroit que ces meules seroient d’une seule pièce, et même tout le dessus de la meule tournante est sy bien /fol. 2 v°/ garny de plastre qu’il ne se voit plus de pierre qui la forme. Il est à croire qu’il entre plus de deux milliers de plastre pour accomoder les deux meules. Comme ces deux meules sont l’une sur l’autre, on nomme celle qui ne tourne point le lit, et celle qui tourne qui est là dessus la meule tournante, le tout estant bien arrangé et garny ainsy qu’il est dit cy dessus. On met trois ou quatre bons cercles de fer plat enmanchés avec des moufles et de bonnes grosses goupilles qui passent au travers de deux morceaux de fer qui joints l’un contre l’autre puis bien serrés à coups de marteau ; c’est ce qui tient tout l’écart de ces meules qui ne sont que de morceaux. 41. Garniture, généralement de bois, entourant la poignée d’une manivelle.

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Cependant elles peuvent servir six ou sept années au moins, suivant pourtant comme elles travaillent. Il faut les lever et les piquer tous les cinq ou six jours suivant le travail qu’elles font. Il s’en tire aussy dans la parroisse de Mettray, proche un village nommé la Mantbrolle42, à deux lieues de Tours, grand chemin du Château du Loir au Mans. Cette pierre est plus tendre que celle de Cinq Marqs, ainsy qu’il a esté dit cy devant, mais elle est toujours bonne et fait de bonne farine. Elle se tire et se façonne de la manière qu’il est cy devant expliqué à la façon de faire les meules. On les voiture par charettes pour le Château du Loir et le Mans où il s’en fait des magazins, pour ensuite les voiturer du costé de /fol. 3/ Beaumont le Vicomte43, Fresnay44, Alençon et autres endroits du bas Maine et de Normandie. Pour façonner les pierres de meules, il faut de bons outils bien assérés par les bouts et bien trempés ; les pointes de ces marteaux sont toutes faites en grains d’orge pour mieux résister à la dureté, mais quelques précautions que l’on puisse prendre, il faut toujours aller à la forge fort souvent. Il y a aussy entre le bourg de Savonnière45 et Villandry, le long de la côte de la rivière du Cher, à deux lieues et demie de Tours en dessandant, des caves qui ont servy autresfois à tirer quantité de pierres de taille, et même on y tire encore journellement du moislon [lire moellon] propre à maçonner. On nomme ces caves les caves goutières, à cause que l’eau y distile sans cesse l’esté et l’hyver et en si grande quantité qu’il y a des endroits où on ne peut aller. Cette eau qui degoute forme de gros rochers qui paroissent comme des cristaux. Il se forme aussy plusieurs figures en forme de chandelles, les unes grosses et les autres petites qui pendent au haut du roch qui tombent de tems à autre. Il s’y forme aussy plusieurs autres figures en manière de dragées fort blanches, ainsy que l’on poura voir par les échantillons cy joints. Cet endroit est curieux à voir tant à cause de la grandeur de ces caves qui ont plus de deux lieues de profondeur et larges à proportion /fol. 3 v°/ et de son antiquité que des choses qui y se trouvent et se forment par cette eau qui y tombe. Il ne passe guères d’estrangers par cet endroit qu’ils n’ayent la curiosité de les voir. Il y a encore aux environs de la petite ville de Ste Maure46, dans les parroisses voisines, plusieurs endroits où l’on tire des terres que l’on apelle marne toute blanche, qui sert à fumer ou marner les terres du pays, dans lesquelles marnes il se trouve grande quantité de crouxilles blanches de grandeur d’environ un liard. Il faut pour trouver la bonne marne creuser environ 20 à 25 pieds plus ou moins selon les endroits. On ne scait point pourquoy ces crouxilles se trouvent dans cette sorte de terre. 42. 43. 44. 45. 46.

La Membrolle-sur-Longuenée (Maine-et-Loire). Beaumont-sur-Sarthe (Sarthe) ? Fresnay-sur-Sarthe (Sarthe). Savonnières (Indre-et-Loire). Sainte-Maure-de-Touraine (Indre-et-Loire).

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Il se trouve aussy proche la Chapelle Blanche sous Grillemont47, proche la ville de Ligueil, un terrain où on tire du sable propre à bâtir, d’une couleur rougeastre, qui est fort dur à bêcher, dans lequel on trouve grande quantité de ces crouxilles et de petits limaçons fort jolys. Il y en a une si grande quantité que l’on est obligé de les trier pour se servir du sable. On ne scait point non plus d’où provient ces sortes de crouxilles et limaçons. Cet endroit n’est éloigné de celuy cy dessus que de deux à trois lieues. Il ne s’en trouve que dans ces endroits là. 3. - s. d. [1715] : mémoire n.s. [16/8/b]. 12 1715 /fol. 1/ Mémoire pour répondre à la demande de Messieurs de l’Académie des Sciences par raport aux carrières de marbre Il y a dans l’élection de Laval deux parroisses où l’on tire du marbre, sçavoir la parroisse d’Argentré, distante de deux lieues de la ville de Laval. Il y a dans cette parroisse deux perrières, l’une où l’on trouve du marbre noir avec de petites veines blanche et l’autre où l’on trouve du marbre jaspé, c’est à dire meslé de rouge, de blanc et de noir, tirant un peu sur le gris. Et la parroisse de St Berthevin, distante d’une lieue de Laval, où il y a aussy une perrière de marbre d’un rouge un peu pasle avec de petites taches blanches, mais ce dernier marbre n’est pas si beau que celuy qui se trouve dans la parroisse d’Argentré. On ne tire les grosses masses de pierre de ces carrières qu’à force d’hommes, sçavoir avec de grosses barres de fer et des rouleaux lorsque ces carrières ne sont pas profondes, et avec des tours terriers lorsque lesd. carrières sont trop profondes. N[ot]a on enverra incessament les échantillons demandés de ces sortes de marbre. 4. - s.d. : réponse à une demande d’éclaircissements sur les marbres [16/8/c]. Réponse On a cy devant envoyé des eschantillons du marbre qui se trouve dans les carrières de la parroisse d’Argentré, élection de Laval, avec un mémoire pour expliquer la manière dont

Extrait Art[icl]e 5 Nous avons aussy reçu deux échantillons de marbre que nous croyons estre des carrières d’Argentré. Dans les premiers mémoires qui nous ont esté envoyéz, il en fait mention

47. La Chapelle-Blanche-Saint-Martin (Indre-et-Loire).

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ces carrières s’exploittent. Il s’agit d’expliquer la même chose en ce qui regarde le marbre qui se trouve en la parroisse de St Berthevin, él[ecti]on de Laval, distant d’une lieue de lad. ville de Laval. Ces carrières s’exploitent de la même manière que celles d’Argentré et ainsy que l’on l’a expliqué dans le premier mémoire. C’est pourquoy on se contentera de parler en peu de mots de la couleur de ce marbre qui n’est différente de celuy d’Argentré en ce qu’il est d’une couleur pasle avec de petites marques blanches, ce qui sera aisé de juger par l’échantillon cy joint.

d’une troisième espèce de marbre dont la carrière est dans la parroisse de [St] Berthevin. On voudroit en avoir de pareils échantillons et l’explication bien détaillée et bien circonstanciée sur la manière dont on exploite ces carrières.

5. - s.d. [1715] : réponse à une demande d’éclaircissements sur les mines de cuivre de l’abbaye de Noyers [16/8/d]. /fol. 1/ 13 1715 Mémoire pour répondre aux demandes de Messieurs de l’Académie des Sciences par raport aux mines de cuivre près l’abbaye de Noyers48 Il se trouve aux environs de Noyers, sur les bords de la rivière de Vienne, quand l’eau est basse, quelques pierre grises avec des rayons qui s’éteillent. Ces rayons par la réverbération du soleil sont assés éteincelans. Les anciens de Noyers disent qu’un certain particulier nommé Deffray, homme riche industrieux et fort attaché à la R.P.R., en ayant ramassé environ dix à douze boisseaux, en fit deux ou trois boutons d’or, à ce qu’on dit, qu’il mit sur son habit. C’est l’origine du bruit qui peu à peu s’est répendu et enfin est allé jusqu’à la Cour, qu’il y avoit à Noyers une mine d’or. On en a envoyé quérir de différends endroits des eschantillons pour faire des épreuves, ce qui porta vers l’an 1693 ou 1695, M. de Pointis, natif de Ligueil, dans le voisinage de Noyers, à demander au Roy le profit qu’il croyait pouvoir tirer de cette mine, ce que Sa Majesté luy accorda libéralement. Et en conséquence, par ordre de la Cour et M. l’Intendant de Touraine et des autres ayant commission, on fit fouiller par toutes sortes de connoisseurs et ingénieurs, et particulièrement par les sieurs de Richebour et Fresneau qui se qualifioient ingénieurs du Roy. Mr /fol. 1 v°/ de Pointis y employa de grosses sommes. Les

48. Noyers, comm. de Nouâtre (Indre-et-Loire). L’abbaye de Noyers, fondée au commencement du XIe siècle, dépendait de la congrégation de Saint-Maur.

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religieux de Noyers, dans l’enclos desquels on fit ouverture, se voyans extrêmement gesnés et même pillés par les travailleurs qui prétentirent [sic] les ordres du Roy pour obliger les moines à faire de grandes dépenses, s’avisèrent de se mettre de société, dont ils eurent bientost lieu de se repentir. Enfin, après beaucoup d’argent et de travail inutilement employé tant de la part de M. de Pointis que des religieux de Noyers qui croyoient ce faisant obéir aux officiers de Sa Majesté, après plusieurs épreuves faites en différens lieux, même à Paris, M. l’Intendant et autres ayant commission de la Cour retirèrent ces prétendus ingénieurs qui ne payèrent pas fort exactement quantité de pauvres manoeuvriers. M. de Pointis, le plus intéressé dans cette affaire, écrit au R. P. dom René de Goustemenil, pour lors prieur de Noyers en ces termes : Au très Révérend Père, le très Révérend père Goustemenil, prieur de l’abbaye de Noyers à La Haye en Touraine. à Paris, ce 2 mars Je suis persuadé, mon R. P., que ce n’est pas faute de soins de vostre part que nostre mine ne réussit pas, mais après toutes les épreuves qu’on en a /fol. 2/ icy faites à la Monnoye, il n’y faut plus penser. Je donne à M. de Puigibault la déclaration que vous m’avés demandé et, en vous rendant grâce des peines que vous avés pris, je vous assure que je suis, mon très R. P., votre humble et très obéiss[an]t serviteur de Pointis. 6. - 11 décembre 1715 : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/92]. le 11e décembre 1715 Les derniers mémoires que Monsieur Chauvelin a procurés à l’académie sur la manière de blanchir la cire, sur le charbon de terre, sur les mines de fer du Maine, satisfont pleinement aux questions qu’on avoit proposées sur ces matierres. On aura en quelque temps l’honneur de luy rendre compte de l’usage qu’on a fait de la mine de [en blanc] dont il ne paroist pas qu’on puisse espérer de l’or, ny même beaucoup de métal. On en pourroit tirer assez de vitriol. On espère que Monsieur Chauvelin voudra bien continuer ses soings obligeants pour nous faire avoir de plus amples éclaircisements sur les mines de falun et sur les coquillages qu’on trouve enfouis dans les sables et dans les terres de Touraine. 7. - 24 décembre 1715 : lettre de Chauvelin de Beauséjour au Régent, Tours [16/8/e]. À Tours, le 24 Xbre [décembre] 1715 Monseigneur, Je reçois la lettre que VAR m’a fait l’honneur de m’écrire le 19 de ce mois. Comme je sçavois déjà ce que Messrs de l’académie des Sciences demandoient

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encore de moy, j’avois fait les recherches et disposé le mémoire ci joint qui me paroit satisfaire à tout ce qu’ils souhaitent. J’ay l’honneur d’estre avec le plus profond respect, Monseigneur, [etc.]. Chauvelin Joint : mémoire sur une fontaine pétrifiante et sur les falonnières de SainteMaure, s.d. [16/8/f]. /fol. 1/ 25

15. 1715 Mémoire pour Messieurs de l’académie des sciences [en marge, par Réaumur :] dressé par Mr l’intendant La Touraine n’est pas seulement distinguée des autres provinces du royaume par la salubrité de l’air qu’on y respire, par son agréable scituation, la bonté de ses fruits, la richesse de ses manufactures et la douceur du caractère de ses habitans. Elle a encore receu d’autres faveurs particulière de la nature qui, quoyque moins brillantes pour n’estre exposées aux yeux de tout le monde, ne sont pas moins dignes de l’admiration de ceux qui portent leur veüe pour ainsy dire jusque dans le sein de cette même nature. [en marge :] Eau qui pétrifie le bois Il se trouve dans une maison d’un particulier nommé Barbeneuve, à deux lieues et demie de Loches, sur le chemin de Preuilly49, dans un terrein arride et sec, une fosse d’un peu plus d’un arpent en superficie autour de laquelle il y a nombre de chesnes, laquelle n’a point de chute ny d’écoullement dans les années sèches, et qui conserve cependant à peu près la même profondeur de 20 à 25 pieds d’eau toute l’année dans l’endroit de son fonds le plus creux, lequel est de gravier en partie et partie de terres grasse et épaisse. L’eau de cette fosse qui ne tarit jamais, nourrit des perches, des carpes, du brochet, de la tanche, de l’anguille et du gardon, et l’on ne peut manger de poisson plus gras ny d’un goust plus exquis, quoyque cette eau se conserve toujours assés claire et que sa couleur, son odeur et même le goût ne paroisse pas différents des autres eaux dont l’on fait usage pour boire. Elle a la propriété de pétrifier les bois, comme l’on poura le connoître par un morceau de chesne qui en a esté tiré et qui, suivant son vollume, n’auroit dû peser qu’environ quatre livres et demie poids de marc et se trouve du poids de douze livres et demie et /fol. 1 v°/ et résiste au feu et au fer comme de véritable pierre. Il s’en trouve quelque fois dans cette fosse qui est ainsi pétrifié par un bout et ne l’est point par son autre extrémité. L’on ne s’est point apliqué à observer le temps qu’il faut pour ce genre de transformation. Ainsy, l’on ne peut le dire ny si les autres corps se pétrifient dans cette eau comme il y a bien de l’aparence. [en marge :] On observe que l’on a mis dans l’échantillon trois ou quatre

49. Preuilly-sur-Claise (Indre-et-Loire).

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coquilles des plus grosses par choix et que le reste a esté pris dans le banc au hazard ainsy qu’il se trouve ordinairem[en]t. Les mines ou bancs de falun sont de ces trésors qu’il semble que le Créateur n’a pris soin de cacher que pour intéresser les hommes à les découvrir par leur travail pour leur utilité et pour leur faire trouver à portée des remèdes abondans pour réparer la stérilité de certaines terres froides de couleur jaunastre, que l’on nomme des bornais en Touraine, qui sont pesantes sujettes à s’afaisser par les eaux qui ne les pénètrent point. L’on apelle de ce nom de falun des amas de diverses sortes de coquillages de grosseurs et formes différentes qui se trouvent en leur entier ou par fragmens dans l’estendue de trois ou quatre parroisses qui se joignent et qui sont à une et deux lieues de distances de Ste Maure, dont les principalles sont Ste Catherine de Fierbois et Bossée. La forme dont ils sont ne donnent aucun lieu de douter qu’ils soient apportés de la mer quoyque l’on ne puisse dire comment ny en quel temps et qu’ils en soient éloignées de plus de trente six lieues. L’expérience de quelques anciens ouvriers que l’on nomme falonniers leur fait juger à peu près des endroits où ces cimetières ou mines de coquillages sont plus abondants car quoyqu’il y en ait qui se découvrent à la simple veüe se trouvant dès la superficie de la terre, d’autres demandent un usage et de connoissances desquels /fol. 2/ ils ne laissent pas encore de s’assurer en sondant les endroits pour s’éviter des frais qu’il faudroit faire pour creuser et remuer la terre trop avant, parce qu’il faut quelque fois aller chercher cette mine à deux, trois et jusqu’à huit pieds de profondeur, et que l’on est obligé dans les endroits où elle se rencontre d’employer après l’avoir découverte jusqu’à cent et cent cinquante personnes, d’autant qu’à mesure que l’on fouille, l’eau qui est douce ne manque pas de gagner, pourquoy il faut faire diligence pour la tirer dans un même jour, et l’on dispose les ouvriers de manière que l’on laisse des retraites ou marches d’environ deux pieds de hauteur pour se donner de main en main les uns l’eau et les autres le falun, dans des seaux, de manière que le falun est amassé d’un costé pendant que l’eau et [lire est] jettée de l’autre. Lorsque l’on est arrivé au banc de falun qui est toujours sans aucun mélange de terre ou sable et que l’on en a tiré jusqu’à quinze ou seize pieds de profondeur, l’eau gagne si fort le travail que l’on n’a pu aller plus avant ny dire ce qu’il y a au fond. À la vérité le falun qui se trouve à la superficie, et sans que l’on soit obligé de découvrir et creuser la terre pour l’avoir, ne donne point d’eau, et la terre au fond est sablonneuse et quand on en a tiré une fois le falun, il ne s’y en retrouve plus. L’on reconnoit les endroits où il peut y avoir du falun parce que la terre y est pezante, et la scitua[ti]on un peu aquatique, qu’elle est stérille et porte peu de bled. Alors l’on découvre l’endroit où l’on a dessein de tirer le falun jusqu’à ce qu’il paroisse, et l’on /fol. 2 v°/ assemble les ouvriers qui commancent au nombre de quatre vingt cent à cent cinquante à jetter avec diligence le falun à quatre et cinq pieds de l’endroit ouvert et ensuite de main en main à mesure que l’on creuse dans la mine, ainsy qu’il a esté dit, et une falonnière de vingt

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cinq pieds en carré en fournit 150 chartées. Il y a des terres dans lesquelles on en met jusqu’à trente et trente cinq par arpent selon qu’elles sont plus pesantes, car pour les plus légères il n’y en faut que quinze ou vingt. On l’emploie sans aucune préparation. L’on jugera sans peine que plus il est sec moins le transport en couste. Les terres ne demandent d’autres façon que les autres pour recevoir le falun et lorsqu’il y est répandu le travail en devient bien plus aisé. L’on ne laisse pas d’y mettre encore du fumier, mais il en faut peu. Elles n’ont besoin alors de se reposer que suivant l’usage ordinaire. Le falun les bonifie pour trente années, et celles qui sont ingrattes et qui ne produisent que dix, douze, et jusqu’à vingt gerbes dans les années les plus abondantes en raportent après avoir esté falonnées jusqu’à quatre vingt et cent à l’arpent. La commune opinion est qu’après trente ans il est bon de laisser reposer ces terres pendant quatre ou cinq années et ensuite de recommencer le même travail. L’on croit devoir encore observer qu’il ne se trouve point de poisson ny de vers dans ces coquillages et que le vernis ou les gris en sont éfacés à tous absolument. Une personne a pourtant assuré qu’il en avoit veu quelqu’uns où les gris ont esté conservés, et d’autres personnes dignes de foy /fol. 3/ ont dit qu’elle n’en ont jamais trouvé, ce qui fait croire que dans le grand mouvement et frottement qu’ils ont souffert ils se sont enlevés à moins que l’on ne voulut dire que l’eau douce eut pu faire cet effet avec la longueur du tems. La découverte que l’on a faite il y a déjà plusieurs années d’une mine aux environs de Noyers à deux lieues de Ste Maure sur le bord de la rivière de Vienne et qui est à ce que l’on prétend abondante en cuivre, et que l’on assure avoir même donné de l’or, seroit encore là un de ces trésors que la Touraine auroit un très grand intérest qu’il fût bien examiné et mis au jour pour peu qu’il put fournir aux dépenses des ouvriers. Il produiroit un avantage considérable pour le Roy, l’État et les peuples. L’on joint à ce mémoire divers morceaux de cette mine tels qu’on a pu les rencontrer sur les lieux, afin que par les essais que l’on en poura faire l’on puisse juger du mérite et des métaux qui y entrent avec plus de sûreté que l’on n’a fait autre fois pour diverses raisons que l’on croit inutiles de raporter icy. Les sept livres que l’on envoie de cette mine ont esté tirées sans aucun choix d’un rameau d’icelle dans l’estendue duquel on la trouve sans mélange de terre ny de corps étrangers, ny d’autres différentes aparences de qualité, si ce n’est qu’il y a des veines qui sont plus brillantes en des endroits qu’en d’autres. Ce rameau s’estend sous un plat pays et /fol. 3 v°/ terrein sablonneux qu’il faut creuser environ trois pieds pour trouver le tuf ou pierre blanche qui n’a point de corps ny de liaison et l’on rencontre la mine à 50, 51 et 52 pieds de profondeur. L’on juge qu’elle est très abondante et l’on auroit bien moins à creuser en divers endroits puisque tous ceux qui font curer leurs puits ou qui en font faire

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à plus d’une lieue au dessus et au dessous de Noyers la trouvent, et que même au moulin de Poujard50 qui en est éloigné d’une lieue et demie de l’autre costé de la rivière, l’on ne la cherche qu’à trois et quatre pieds seulement, et qu’elle s’y rencontre pareille à celle de l’échantillon. Il s’en est tiré autrefois de bien plus liées, plus pezante et plus éclatante, mais elle a esté ramassée avec tant de soin que l’on n’en a pu trouver sur le lieu. L’on juge que le tronc est précisément sous le couvent des bénédictins dud. Noyers. L’on pouroit y faire creuser ou dans quelque endroit prochain pour en tirer si l’épreuve que l’on aura faite donne lieu d’espérer quelque succès. La terre sous laquelle s’étend cette mine porte des vignes dont le vin blanc est fort estimé, quoyqu’il ne se soutienne que pendant les six premiers mois. Il y croit aussy du seigle et des arbres fruitiers tels que des poiriers, pommiers, et pruniers. Le terrein voisin et la pleine sont marécageux et arrosés de fontaines qui s’écoulent dans la Vienne. 8. - 22 décembre 1715 : mémoire complémentaire sur les falonnières de Touraine [16/8/g]. /fol. 1/ Suplément du mémoire qui a été fourny sur diverses découvertes faites en Touraine concernant la phisique. [en marge :] mines de falum Quelques soins que l’on se soit donnés pour faire chercher dans le fond de la fosse des environs de Loches, dont l’eau a la propriété de pétrifier, l’on n’y a point trouvé d’autres matières que des bois pouris qui ayent éprouvé cette vertu ; l’on en joint encore un morceau à ce mémoire. Il en a cependant été tiré d’autres fois plusieurs morceaux de bois qui n’étoient pétrifiés qu’en partie. L’on s’est attaché à suivre les racines de divers arbres qui environnent cette fosse, et quoiqu’après les avoir fait découvrir on les ait suivies jusques sous cette eaue, l’on n’en a point vu de pétrifiées, ny d’une autre qualité que celles qui en sont éloignées. Afin de satisfaire aux autres épreuves qui ont été demandées, l’on a fait attacher par une longue corde à l’un des chesnes voisins de cette fosse un tonneau percé de tous les côtés, et on l’a plongé au milieu de cette eaue après y avoir enfermé une figure d’un enfant, faite de cire, des morceaux de bois de différentes formes, une bouteille de verre, l’on poura dans un an voir le progrès de la pétrification s’il s’en fait. [en marge :] mines de falum. L’on joint aussy à ce mémoire deux petits sacs remplis, l’un de falum tel que l’on le tire, et sans aucun choix dans les falumniers, et l’on a mis /fol. 1 v°/ dans l’autre des coquillages de toutes les espèces que l’on y a trouvé. 50. Pougeard, comm. de Balesmes-Descartes (Indre-et-Loire).

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Il est certain que l’on ne rencontre point dans les bancs de falum de coquillages qui ayent conservé des iris et ce poli si luisant qui font l’éclat des coquilles ordinaires que l’on croit pouvoir apeller nouvelles par raport à cellescy. Il s’en trouve quelquefois dont la couleur est ardoisée, telle qu’est celle que l’on a mise au haut du sac que l’on juge être l’un des battans d’une coquille d’une grosse moucle, ou d’une huître. L’eau des falumnières est très bonne, très claire et sans aucune couleur particulière. Le hazard vient de faire découvrir à une demie lieue de Sainte Maure un banc de falum si abondant, qu’il paroît inépuisable, quoiqu’il ne faille presque point lever de terre pour le rencontrer au lieu que dans les autres falumnières, il falloit faire vingt sols de dépense pour en tirer une charetée. Il n’en faut débourser que deux pour la tirer de celle-ci, et la qualité en paroît le même et aussy profitable. [en marge :] mine de Noyers. L’on avoit promis un morceau très considérable de cuivre tiré de la mine de Noyers, mais des personnes aparament opposées à cette recherche l’ont détourné. Il y a lieu d’espérer que l’on en recouvrira quelqu’autre. /fol. 2/ On mettra au messager qui partira jeudy prochain pour Paris où il arrivera dimanche, une boëste à l’adresse de Messieurs de l’académie des sciences dans laquelle on trouvera les choses dont il est parlé dans ce mémoire. Fait à Tours, le vingt deux décembre mil sept cent quinze. Chauvelin 9. - s.d. : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/70]. Tours Les différents mémoires qui ont été envoiés par Monsieur Chauvelin sur les mines de falun de Tourraine sont pleins d’observations curieuses. Cette manière d’abonnir les terres de Tourraine est fort singulierre, et nous donne encore matierre à quelques questions, sur lesquelles nous pouvons nous promettre d’avoir de bons éclaircisements. 1° On voudroit scavoir à peu près dans quelle étendue de la Tourraine on en est [sic] usage d’emploier le falun. 2° Ce que l’on scait sur l’étendue des plus grands bancs de falun qui aient été connus, combien on les a suivi en longueur. 3° On voudroit avoir des échantillons des terres que l’on falumine, et de ces terres faluminées en différentes années, par exemple des terres faluminées depuis un an, d’autres depuis deux, d’autres depuis trois. Une demi livre pesant de chacune sufiroit. 4° Si on n’a point trouvé de banc de falun où les fragments de coquilles ne fussent presque plus sensibles, si on n’a point trouvé une espèce de marne dans

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quelque falumière. Il serait bon de faire interroger divers ouvriers sur cet article. 5° Les terres grasses s’accomodent elles du falun. On est incertain si le falun raccomode les terres en leurs [sic] communiquant des sels, ou quelque matière grasse comme font les marnes, ou si c’est seulement en ce que les petis fragments durs du falun soutiennent les morceaux d’une terre qui a trop de disposition à s’afaiser. Une raison semblable fait qu’en quelques endroits de la Bretagne, on jette du sable dans des terres trop fortes, et trop grasses. 6° On a trouvé un grand nombre d’espèces de coquilles différentes parmi les échantillons de faluns qui ont été envoiés par Monsieur Chauvelin, et il n’y a pas de doute qu’on n’en trouvast de presque toutes les espèces. Si proche des endroits où l’on travaille au falun il y avoit quelque personne intelligente, à qui Monsieur Chauvelin ordonnast d’en ramasser le plus qu’il seroit possible, de celles où il paroitroit quelques variété. 10. - 6 mai 1716 : Chauvelin de Beauséjour au Régent, Tours [18/68/a]. 42 à M. l’abbé Bignon À Tours ce 6 may 1716 Monseigneur, En exécution de vos ordres du 30 mars j’ay l’honneur d’envoyer à VAR les esclaircissemens que j’ay pu rassembler sur le nouveau mémoire de Messrs de l’Académie des Sciences. Je feray mettre dimanche au messager dans une boëste à l’adresse de ces Messrs les échantillons dont il est parlé dans l’art[icl]e 3 de mes réponces. J’ay l’honneur d’estre avec le plus profond respect Monseigneur [etc.]. Chauvelin Joint : mémoire joint, s.d. [18/68/b]. /fol. 1/ 42

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L’usage n’est connu que dans une

Les mémoires qui ont esté envoyés par Mr Chauvelin sur les mines de falun de Touraine sont plains d’observations curieuses, cette manière d’abonir les terres de Touraine est fort singulière et nous donne encore matière à quelques questions sur lesquelles nous pouvons nous promettre d’avoir de bons éclaircissement51. 1° On voudroit scavoir à peu près dans

51. Cette colonne reprend en le complétant le texte de la note de Réaumur R/6/70.

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très petite partye de la paroisse de Ste Maure dans celle de Ste Catherine de Fierbois, et celle de Bossée, dans un terin contigu, et qui forme une estendue d’environ une lieue de circuit, mais il faut observer qu’il y a bien des endroits du même terin où il ne s’en trouve pas et que pour en estre assuré avant d’assembler le nombre des mannevriers pour tirer une falunière l’on commance par sonder. Il n’est pas aisé de juger de l’étendue du banc où l’on tire une falunière parce que lorsque l’on assemble 140, 150 et jusques à 160 personnes pour la tirer, ce travail finit le même jour qu’il est commancé. L’on a observé dans les mémoires précédens que l’eau paroist lorsque l’on a découvert la falunière, et que le soin principal est d’empêcher que l’eau ne remplisse l’ouverture ce qui se fait par des manevres à force de bras, mais le lendemain l’ouverture d’où l’on a tiré la falunière se trouve tout remply d’eau quoyqu’elle ait 12, 13, 14 et jusqu’à 15 pieds de profondeur, et de largeur 4 toises en caré. /fol. 1 v°/ L’on envoye des échantillons tels qu’ils sont demandés, et les étiquettes les distingue.

Il y a des falunières plus ou moins chargée de cocquilage, mais il s’en trouve dans toutes, et à l’inspection de ce qu’on apelle falun, on peut juger que ce n’est autre chose qu’un débris de cocquilage que la vétusté a réduit de la manière dont il paroist. Les plus anciens

quelle étendue de la Touraine on est en usage d’employer le falun.

2° Ce que l’on scait sur l’estendue des plus grands bancs de falun qui ayent esté connu, combien on les a suivis en longueur et largeur et profondeur.

3° On voudroit avoir des échantillons des terres que l’on falumine, et de ces terres faluminés en différentes années par exemple des terres faluminés depuis un an, d’autre depuis deux, d’autres depuis trois, une demie livre pesant de chacune suffiroit, ne pas oublier d’en mettre séparament, et aussy de celles qui n’ont point esté faluminés et que l’on doit faluminer. 4° Si on n’a point trouvé de banc de falun où les fragmens de coquille ne fussent presque plus sensible, si on n’a point trouvé une espèces de marne dans quelques falunières, il seroit bon de faire interroger divers ouvriers sur cet art[icl]e.

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et les plus experts dans les falunières n’ont jamais remarqué qu’il se soit trouvé de meslange de marne quoyqu’il s’en trouve abondament à un demy quart de lieue du terrain où sont les falunières. Le terrain dans lequel l’on répand le falun est ingrat, la commune opinion est qu’il ne produiroit aucune plentes, dans les terres grasses, l’effet que l’on remarque est d’empescher des terres de les rendre plus légère et plus aisée à manier, /fol. 2/ d’où l’on peut conclure que cette terre estant devenue plus légère le soleil échaufe et la pénètre plus aisément. Il n’y a point lieu de juger qu’il y ait aucun sel ny matière qui engraisse. Cependant l’effet en est prodigieux puisque cette terre qui est abandonnée inculte et qui n’est d’aucune utilité au propriétaire estant ainsy faluminées produit plus abondamment que les terres réputées les meilleures pendant 30 ans. L’on a observé dans les mémoires qui ont esté fournis qu’il faut 25 à 30 chartée de falun par arpent et que l’on continue de metre du fumier à l’ord[inai]re. La saison pour ouvrir les falunières est vers le mois de septembre ou 8bre [octobre], ce sera dans ce temps que l’on satisfera à cet article ; l’on est persuadé que se trouvant sur le lieu lorsque l’on tire les falunières l’on y trouvera quantité de variété qui méritent l’attention des plus curieux, qui sont négligées et foulées aux pieds ou ramassée par des enfans qui s’y trouvent ordinairem[en]t. Et qui après en avoir satisfait leurs curiosités les cassent. Ce travail finit au mois de novembre et il arrive quelquefois qu’on en ouvre en avril et en may, mais l’on préfère d’y travailler en septembre et octobre parce que les eaux pousse moins dans les falunières.

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5° Les terres grasses s’accomodent elles du falun, on est incertain si le falun racomode les terres en leurs communiquant des sels ou quelques matières grasse comme font les marnes, ou si c’est /fol. 2/ seulement en ce que les petits fragment durs du falun soutiennent les morceaux d’une terre qui a trop de disposition à s’afaiser, une raison semblable fait qu’en quelques endroits de la Bretagne on jette du sable dans des terres tropt fortes, et trop grasses ou si c’est que ces fragments s’échaufant plus aisément par le soleil échaufent ensuite la terre y estant meslées.

6° On a trouvé un grand nombre d’espèce de coquilles différentes parmy les échantillons de falun qui ont esté envoyéz par Mr Chauvelin et il n’y a pas de doute qu’on n’en trouvast de presque touttes les espèces si proches des endroits où l’on travaille au falun. S’il y avoit quelque personne intelligente à qui Mr Chauvelin ordonnât d’en ramasser le plus qu’il seroit possible de celles où il paroistroit quelque variété.

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11. – 25 mai 1716 : Chauvelin de Beauséjour [au duc de Noailles], Tours [BnF, ms fr. 11372, fol. 125-125 v°]. Tours, 25 may 1716 Monseigneur, J’ay l’honneur de vous envoyer un mémoire que j’ay cru devoir composer pour vous faire connoistre la sçituation présente des manufactures de soye de cette ville, et pour vous mettre en même tems en état de proposer au Conseil le moyen qui nous paroist le plus convenable pour procurer au moins quant à présent et autant qu’il peut estre possible, la subsistance à une partie des ouvriers de la fabrique devenus oisifs par la cessation presqu’entière du commerce et réduits à la mandicité…. [le mémoire dont parle cette lettre n’est pas joint, mais à la tête de la lettre, par une autre main, il y a un sommaire du mémoire :] M. Chauvelin envoie un mémoire par lequel il propose d’établir des atteliers public pour des ouvrages qui sont actuellement nécess[ai]res aux environs de la ville de Tours. D’employer à ces atteliers pendant 50 jours 200 ouvriers en soye des plus pauvres et des plus dénuez de resource afin de les empescher d’abandonner la province, comme ils seroient forcés de le faire, faute d’y pouvoir subsister sans ce secours. Il seroit à craindre même qu’ils ne passent dans les pays étrangers. La dépense de ce propos iroit à 4 550ll. M. Chauvelin propose d’en prendre le fonds à la recette g[énér]ale qui en seroit remboursée par l’imposition qui s’en feroit l’année prochaine. 12. - 15 août 1716 : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/125]. 15 aoust 1716 Tours On a appris qu’aux environs de Saumur on trouve un minéral à l’usage des verreries appellé périgeux. Des espèces de paisans de ce pais là en sont venus vendre icy depuis peu. Mais comme on n’a pu scavoir précisément l’endroit d’où on le tire, on voudroit avoir des mémoires qui l’apprisent, et qui apprisent de plus à quelle profondeur de la terre on le rencontre, comme il est disposé dans la terre, si il y est meslé avec une matierre étrangère, quelle est la largeur des veines où on les trouve, et en général ce qu’on pourra avoir d’éclaircisements par raport à cette matierre. On demanderoit aussi des échantillons de ce périgeux, et des matierres étrangères qui l’environnent, ou qu’on y trouve meslées.

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13. - s.d. [1716] : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/63]. Tours Monsieur de Chauvelin nous fit connoitre, l’an passé, une foce scituée près de Loche, remplie d’une eau qui pétrifie. Par ses ordres on jetta dans la même foce un tonneau plein de diverses matierres. Il seroit bon d’examiner si depuis un an il n’y est point arrivé quelque changement et en cas qu’il y en ait quelques unes qui commencent à se pétrifier, nous en demanderions des morceaux, quoique la pétrification fust imparfaite. Après quoy il seroit à propos qu’on remist les matierres restantes dans la foce. Au reste les exactes recherches que Monsieur de Chauvelin a fait faire aux environs de Saumur sur le périgeux, ne nous laissent aucun lieu de doubter qu’on n’ait pris icy pour le pais de ce minéral le pais de celuy qui l’avoit apporté. 14. - s.d. [après 1717] : demande de renseignements par Réaumur, minute [R/6/21]. 18 Tours Nous croions que Monsieur de Chavelin [sic] voudra bien que nous le fassions souvenir des soins qu’il a pris de faire mettre diverses sortes de matierres dans la foce pleine d’eau pétrifiante, scituée auprès de Loches, et qu’il a fait examiner les années précédentes si il étoit arrivé quelque changements aus matierres. Nous souhaiterions qu’il voulust bien encore les faire visiter, et nous envoier des échantillons de ces matierres pour peu qu’elles paroissent changées. Dans le voiage litéraire de deux religieux bénédictins imp[rimé] en 1717 chez Florentin de l’Aulne, le père Martenne52 raporte qu’une des plus grandes curiosités de Loches est une meule de moulin de St Ours, qui subsiste dans son entier depuis environ 1200 quoique les meuniers la piquent tous les jours. Ce fait est il aussi avéré dans le pais que le père Martenne le prétend, et pourroit on avoir un petit morceau de meule, quand ce ne seroit que de ce qu’on détache en la piquant. Nous ferons aussi souvenir Monsieur Chavelin qu’il nous avoit fait espérer de nouveaux échantillons de la mine de Noyelles53, des coquilles de falun les plus singulières qu’on pourroit ramasser, et que nous l’avions prié de tâcher de

52. Edmond Martène (1654-1739), auteur de Veterum scriptorum et monumentorum historicum, dogmaticorum, moralium, amptissima collectio prodiit nune primum studio et opera domni Edmundi Martene et domni Ursini Durand, dont le catalogue de la BnF ne cite qu’une édition en 7 volumes, Paris, 1724-1733. 53. Pour Noyers.

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nous procurer de nouveaux éclaircisements sur la composition des lescives pour le blanchiment des cires. On dit que l’on trouve aux environs de Saulmur de la pierre calaminaire qui est le minéral qu’on allie avec le cuivre rouge pour faire du leton. En ce cas nous demanderions des échantillons de cette pierre calaminaire, et un mémoire sur les endroits où on la trouve, sur la largeur, profondeur, et scituation de ses minières. On vante fort un sable auprès de Saulmur pour mouler tous les métaux. Nous voudrions avoir quelques livres de ce sable pour le comparer à celuy des environs de Paris des veines de Fontenay aux Roses, qui est regardé comme un des meilleurs du monde pour les ouvrages moulés. Nous voudrions aussi scavoir l’endroit où est cette veine de sable, et si elle a été beaucoup fouillée.

XXXIII.

LES ANALYSES DE MINERAIS

Les documents suivants, cotés 17/04 à 17/17, sont des procès-verbaux des analyses réalisées sur les échantillons de mines envoyés avec les mémoires, dans le laboratoire de l’Académie royale des sciences, par Fousjean. Chaque cahier, vraisemblablement rédigé par lui-même, est de format et de présentation identiques. Le premier folio porte le nom de la province d’où proviennent les minerais essayés ; ensuite, chaque folio porte en tête le nom d’un métal (or, argent, cuivre, etc.) ; si l’échantillon ne contient pas le métal indiqué, la suite du feuillet est blanche. 1. - Procès verbal d’essai des mines d’Alsace, janvier 1718-1719 [17/04]. /fol. 1/ Cotte première Liste des mines essayées dans le laboratoire : Alsace Or [en blanc]. Argent [en marge :] 1716 m. 91 St Amarin. Cette mine pilée, tamisée et fondue à l’ordinaire a rendu 3 onces et demi d’argent et 25 liv[res] ½ de plomb. 14 jan[vier] 1718. La même calcinée et fondue à l’ord[inai]re a rendu 4 onces d’argent et a laissé les coupelles assés noires pour faire juger du cuivre et de l’or que la mine tient. [en marge :] 1716 m. 91 De Werscholssen à Orbé1 de M. le Prince de Morback2 et Lure. Cette mine pilée et fondue à l’ord[inai]re 1 once d’argent. La même moins riche pilée, tamisée, lavée et fondue de même a donné 13 li[vres] de plomb seulement. 1. Orbey (Haut-Rhin). 2. Murbach (Haut-Rhin).

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Giromagny St Pierre. Cette mine du fond de la fosse de [en blanc] étant pilée, tamisée et fondue à l’ord[inai]re, a rendu 8 et 9 lots valant 4 et 4 onces et ½. La même du sixième étage pilée, tamisée et fondue de même a rendu [en blanc]. Phénitourne3. Cette mine du fond de la fosse étant pilée, tamisée et fondue à l’ord[inai]re a rendu [en blanc]. St Nicolas. Cette mine, pilée, tamisée et fondue à l’ord[inai]re, a rendu 4 gros d’argent et 51, 53 liv[res] de plomb au 1er essais. Cette mine ressayée une seconde fois a donné 51 et 53 liv[res] de plomb et 4 gros d’argent au quintal. Voyé aux mines de plomb cy après. 19 may 1718. La même, ressayée en mine dure, a rendu 2 onces d’argent brillant co[mm]e s’il tenoit de l’or et la coupelle fort noire. St Pierre de Giromagny Cette mine dont j’ay aporté et pris moy même en 1715 les gros morceaux qui sont en cette boette et que j’ay fait couper devant moy lors de ma visite des fosses de cette montagne, dans le fond du treisième étage en descendant à différentes déclinaisoisons [sic], dont la veine a 7 à 8 toises de longueur sur un, deux, 3 et 4 poulces d’épaisseur. Cette fosse de mine est à présent inondée et ses machines qu’en puisoient les eaux furent démolie par les mineurs qui furent forcés de le faire par la garnison de Beffort4 dont Mr Mazarin s’est servi au mois de may 1716 en exécution d’un arrest surpris au Conseil par Mr de La Houssaye5 sans avoir représenté l’intérest du Roy, celuy de la province et celuy de la seule communauté de mineurs qui resta en France, et sans avoir veu aucun compte, états de recette ou dépense, et sans avoir fait ni fait faire aucun procès verbal de visite de ces mines. Cette veine telle que vous la voyé étant seulement pilée, séché, tamisée et fondue au plomb avec du sel gemme, a rendu 4 onces et 4 onces et demi de argent fin, sans le cuivre et l’or qu’elle peut tenir, ce qui fait qu’elle mérite d’estre essayée en ces métaux. /fol. 2/ Alsace du 14 janvier 1718 Saint Pierre de Giromagny Cette mine de St Pierre de Giromagni dont les morceaux ont esté coupés par moy dans le 13e puid, sur une veine de 4 poulces d’épaisseur et de 7 à 7 ½ toises de longueur, suivant le procès verbal de visite que j’en fis dresser en ma présence comme directeur par le greffier des mines, signé Poiro et Levain, hauptman de cette montagnes, et autres témoins, donnée à Mr de Réaumur en

3. Pfenningthurm, à Lepuix (Territoire-de-Belfort). 4. Belfort (Territoire-de-Belfort). 5. Félix Le Pelletier de La Houssaye, maître des requêtes, intendant en Alsace de 1700 à 1715.

LES ANALYSES DE MINERAIS

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1716. Cette mine, dis-je, ayant esté mise en poudre et calcinée peu à peu, a pris feu et fait souvent en la calcinant des flammes bleues et l’odeur, le tout comme la flamme de fleur de souphre ; enfin, étant suffisem[en]t déséchée ou désouphrée par ce feu de calcination, j’en ay pesé 2 petits quintaulx que j’ay fondu avec chacuns huict quintaux de grenaille de plomb, et ayant passé le produit de ce plomb à la coupelle, il m’a rendu l’un huict onces et un quart, et l’autre huict onces et demi d’argent, dont la beauté et le brillant vif tirant sur le jaune, avec la noirceur des coupelles, ne permettent pas de douter que cet argent ne tienne une bonne partie d’or, dont on ne peut faire l’essais par la trop petite quantité qu’il y en a. 14 janvier 1718. Les mêmes mines d’argent de Giromagny en état d’estre fondues, envoyées par Mr d’Engervillier6, intendant de Strasbourg en l’année 1716, mémoire 1691, ayant esté pareillem[en]t pulvérisée et calcinées légèrem[en]t et longtemps, n’ont rendu aucune flamme bleue mais une odeur puante, et ayant esté également fondues co[mm]e la précédente, elles n’ont rendu à la coupelle que un bord de crasse antimoniale et noire comme les coupelles, sans laisser aucune aparence d’argent, ce qui fait croire ou que [l’]échantillons envoyé par Mr d’Engervilliers n’est point de la mine de Giromagni ou que l’on y a meslé de l’antimoine parmi pour en falsifier tous les essais qui en seroient faits. Ainsi l’échantillon envoyé ne paroist pas véritable. Du 21 janvier. Les mêmes que ci dessus ayant esté recalcinée plus de 20 fois, a toujours donné à chaque fois la même fumée puante et très abondante et blanchâtre, et dans les cinq ou six premières calcination, elle se rebrusloit en la refroidissant et en la remuant comme de la suye ou des mottes de tenneur [lire tanneur], ou du papier mal bruslé dans lequel le feu se ralume. Enfin, ayant cessé un peu de fumer et la matière étant devenue moins noire aprochante du brun rouge, en cet état en l’ayant fondue un quintal avec 8 q[uintau]x de grenaille seule de plomb, elle est devenue assés liquide dans l’écuelle, dans laquelle cependant elle est restée attachée en crasse noire, luisante, très dure, et le plomb qui s’étoit diminué de la moitié a rendu les coupelles jaunâtres et un grain d’argent si petit qu’il n’a put trébucher. Ce qui fait juger que c’est de la kiesse pure qui a esté envoyée au lieu des mines de Giromagny, soubs le nom de mine de Giromagni en état d’estre fondue. Mais comme j’ay toujours pensé que la kietz blanche est une vraye mine d’or, cet examen sert à démontrer que ce n’est la manière de fondre, mais seulem[en]t de la préparer. /fol. 2 v°/ Kisse de St Pierre 30 mars 1718. Cette kisse, tirée du sixième étage de la fosse de St Pierre de Giromagni en l’année 1714, ayant esté calcinée jusqu’à rougeur et extinction de son souphre et de son odeur et l’ayant fondue ai[n]si en mine rebelle, n’a

6. D’Angervilliers.

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rendu qu’un gros et demi d’argent par quintal. Ce sujet mérite plus de recherche si l’on avoit une plus grande quantité de matière. /fol. 3/ Alsace. Argent Ste Marie aux Mines, 1716, m. 91. n° 8 St Nicolas Du 26 avril 1718. Cette mine de l’atelier de Ste Marie aux Mines, fosse de t S Nicolas, marquée H et G dans la carte, vallée du Petit Lièvre, ayant estée pilée et séchée seulement et fondue à l’ord[inai]re des mines d’argent, a assez mal fondu et coulé dans son écuelle qu’elle a doublé d’une crasse noire et épaisse, mais l’ayant afiné, elle a laissé sa coupelle noire et un bouton d’argent de huict onces, ce qui mérite plus d’exament si la matière étoit plus abondante. 7 may. La même calcinée et fondue avec 8 q[uintau]x [de] plomb [symbole], 2 de flux noir et 1 de sel de salpêtre décrépité, a bien coulé et verni son écuelle de couleur noirâtre, mais ell’a déposé un cordon de crasse à la coupelle où elle n’a rendu que une demi once d’argent, ce qui demande à estre refait avec le verre de plomb, etc. et à rester longtemps au feu ou luy donner un 2d feu pour bien purifier son plomb dont il luy en faut 12 q[uintau]x. Ce bord de la coupelle est une marque [que] la matière n’étoit pas assés cuite et qu’elle contenoit encore des crudités antimoniales ou sulphureuses, quoyque en la calcinant elle ait donné beaucoup de fumée d’une suave odeur comme des racines de plantes de senteur, sans avoir pu déterminer à laquelle cet odeur avoit du raport. Sa coupelle est restée noirâtre, mais le peu de matière qui en reste et la bonté de cette mine mérite qu’on en demande davantage po[ur] en faire des essais différens et nécessaires pour l’étudier à fond. De St Nicolas de Giromagny Du 12 may. La même, ayant esté fondue en cuivre, a donné au 1er feu une étoffe réguline et matte cuivreuse pesant en tout 30 livre, sçavoir 20 livres de étoffe réguline et 10 livres de matte cuivreuse, ce qui mérite plus d’exament si la matière étoit plus abondante. Du 28 may. La même, ayant esté fondue en mine de cuivre, a rendu au second feu 30 livres juste d’étoffe réguline nette, marquant sur la touche comme du plomb dur, laquelle étoffe demande à passer par la coupelle. Du 1er juin. Cette étoffe réguline, ayant passé à la coupelle, a rendu 10 onces ½ d’argent fin, ce qui est la véritable teneur de la mine. La même mine a esté refondue en cuivre et elle a donné encore un régule de plomb dur pesant 49 liv[res] ½ qui méritent encore d’estre passés à la coupelle. Du 4 juin. Ces 49 liv[res] ½ n’ont donné que 6 onces d’argent à la coupelle. Du 10. La même mine fondue en cuivre sans verre de plomb a rendu 13 liv[res] de matte aigre. La même a rendu mat 15 li[vres] ½ et ces 15 li[vres] ½ ont rendu 7 liv[res] de plomb [symbole] fin.

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Du 18 mars 1719. La même mine de St Nicolas, préparée comme dessus et fondue en cuivre, a rendu au 1er feu de 4 heures une étoffe [de] argent [symbole] pesans 20 li[vres] ½. La même mise au feu a rendu en 2 heures 9 liv[res] de cuivre fin. Idem no 2. 1er avril 1719. Cette autre veine cuivreuse de St Nicolas n° 2 a rendu en 2 heures un [sic] étoffe de 22 liv[res] avec un verre noir ; le tout, remis au feu sans verre de plomb, a rendu 28 liv[res] de cuivre presque fin en 3 heures et demi de feu, ce qui marque la manque de feu. Du 27 avril le tout, remis au feu 2 heures et demi avec verre de plomb, a rendu 36 li[vres] de plomb dur et noir, ce qui demande encore un feu d’1 heure ou deux po[ur] brusler le plomb et laisser le cuivre. /fol. 3 v°/ Argent Alsace Ste Marie Du 18 mars 1719. Cette mine, envoyée de Ste Marie par les entrepreneurs soub le nom de mine rouge d’argent tenant 75 mar [sic] par q[uinta]l et que les Allemans nomment silbroth, argent rouge, est une mine des plus riches qui se voyent après l’argent pur. Car l’ayant pilée seulement, elle est devenue toute rouge comme du véritable cinabre et un quintal de cette poudre rouge fondue 2 heures avec 8 q[uintau]x de plomb et du borax et flux noir, a laissé une crasse noire attachée à l’écuelle p[ou]r s’estre fort épaissie et le plomb remis dans une seconde s’est parfaitement bien purifié, a verni l’écuelle de jaune clair et a coulé avec beaucoup de lytarge rouge noir. Enfin, l’ayant passé à la coupelle au même fourneau, l’essais a fort pétillé et écarté ça et là des puces d’argent sur les bords de la coupelle, où il a resté un bouton d’argent qui a encore boursouflé à côté, mais très fin pur et net pesans 62 liv[res] valans 124 marcs d’argent au quintal. /fol. 4 v°/ Cuivre Giromagny St Nicolas Du 11 mars 1719. Cette mine de St Nicolas de Giromagny pilée, lavée, tamisée, calcinée et fondue en cuivre a rendu en deux feux de 3 et de 2 heures, 7 livres de cuivre, produit de 13 livres de matte aigre, ce qui mérite d’autres essais en cuivre, sans verre, et plus longtemps au feu. Idem n° 2 Du 29 mars. Cette autre mine cuivreuse de St Nicolas n° 2, veine en kracke fondue en cuivre, a donné une étoffe de 22 livres et du verre. Le tout, remis au feu en 2 heures, a rendu un bouton de cuivre du poid de 28 liv[re]s qu’il faut afiner en cuivre.

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Id[em] du 21 avril. La même n° 2, fondue en mine rebelle pendant 4 heures et demi avec tous les fondans et précipitans des mines rebelles, a rendu un bouton de plomb dur et cuivreux pesans 28 liv[res] et demi, avec beaucoup de verre ou crasse noire et pesante digne d’estre remise au feu avec des précipitans seuls. /fol. 5/ Cuivre Giromagny. La Glique ou S Anthoine de Pade Du 20 juillet 1718. Cette mine, tirée de la stolle ou galerie commencée au dessous et joignant l’avaloir de l’étang neuf de Gyromagny au village du Puys, appellée anciennement la mine de la Glique et bénitte et nommée par le Père Thiburce, religieux de la paroisse, du nom de St Anthoine de Pade en l’année 1714, a estée essayée en cuivre et ell’a rendu 10 livres de cuivre. Cette galerie n’a que 10 à 12 toises de profondeur de niveau au pied et soubs la montagne ; ell’avoit à son entrée deux puids de 2 et de 3 toises de profondeur seulement, lesquels les nommées [en blanc] vuidèrent, mais les ayans visité et trouvé que le 1er étoit mal scitué pour estre trop proche de la terre et sujet aux eaux, je le fis combler pour conserver le plus avancé qui est accouvert des eaux. Entre ces deux puits, il y a un soupirail qui est commencé à percer en hault, mais, soit qu’il n’ait point esté achevé ou qu’il ait esté bouché sur la rampe de la montagne pour éviter les bestiaux d’y tomber, il ne paroist point au dehors. La beauté de la matière de cette mine mérite qu’on en réitère des essais po[ur] voir si elle ne rend pas davantage. Du 11 mars 1719. La même reprise et fondue a donné 45 li[vres] de matte qui ont rendu au 2d feu 15 liv[res] de cuivre en deux boutons de 8 et de 7 liv[res], lequel essais est à recommencer. Du 18 mars. La même mine, fondue en cuivre, a donné en 4 heures 37 li[vres] ½ de matte, mais, au 2d feu de 2 heures, le tout a bruslé, ce qui est à recommencer. Du 29. La même, fondu et sa matte mise au feu de 2 heures, a rendu 6 liv[res] de grenaille de cuivre po[ur] avoir esté mouillé trop tost, ou son verre trop épais po[ur] faire culot, ou pas assés frappé po[ur] réunir la grenaille. t

/fol. 7/ Plomb Auxelle Hault7 [en blanc]. Giromagny Cette mine, envoyée en 1716 mémoire 91, soub le nom de mine de plomb de Giromagny, preste à estre fondue, qui paroist estre de la mine préparée à fondre par les ouvriers que j’avois mis dans la montagne de St Nicolas, comme ils la livroient à la fonderie pour servir à fondre les mines d’argent des autres 7. Auxelles-Haut (Territoire-de-Belfort).

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montagnes, ayant esté pilée, tamisée et fondue à l’ordinaire des mines de plomb et avec le sel gemme a rendu 42 livres de plomb au quintal. Elle mérite d’estre essayée en argent. Voyé cy après St Nicolas. /fol. 7 v°/ Plomb t

S Amarin Cette mine étant seulement pilée, tamisée et fondue à l’ordinaire des mines de plomb tient 25 liv[res] de plomb au quintal et encore 3 onces d’argent. [de la main de Réaumur :] 1716. m. 91. n.10. Mine de plomb d’auprès de Ste Marie aux Mines qui dans un essay a donné 44ll et dans l’autre 48 ½. St Nicolas Cette mine de St Nicolas de Giromagny qui n’a que 3 étages de profondeur, qui est de plomb du côté de l’est sud est, et de cuivre, arg[en]t et plomb du côté de l’ouest, ces échantillons ici étant pilés, tamisés et fondus à l’ordinaire des mines de plomb, avec le flux noir et le sel de gemme, a donné et tient au 1er essais 51 et au second 53 livres de plomb, et quatre gros d’argent par quintal. Cette mine est abandonnée et les machines à tirer les eaux ont esté démolies par les grenadiers de la garnison de Beffort en exécution d’un arrest du Conseil du 14 avril 1716, qui permit à Mr Mazarin d’abandonner les mines d’argent de Giromagny dont celle là fait partie. Voyé l’histoire naturelle des mines de Giromagny. [de la main de Réaumur :] 1716. m. 91. Mine de Giromagny, preste à être mise dans le fourneau, envoiée par Mr d’Angervilliers, on la croit de St Jean [en marge : St Jean d’Auxelle], elle a donné 38 et 42. St Jean ou St Nicolas de Giromagny 28 may 1718. Cette mine qui est en grosse pierre, fut donnée en 1716 au Sr de Rhodes8 par le Sr Sterquel, hauptman de la mine de St Nicolas, et que j’ay intitulée mine de plomb de la fosse et montagne de St Jean d’Auxelle Hault, près de Gyromagny, parce que il me paroist qu’elle la ressemble fort, et que j’ay encore intitulée ou de St Nicolas à cause du haupteman de cette montagne, ayant esté pilée, tamisée, calcinée et fondue à l’ordinaire des mines dures de plomb, a rendu 48 liv[res] et demi de plomb doux. /fol. 9/ Fer [en blanc]. /fol. 10/ Antimoine Giromagny [en blanc].

8. Nicolas Richer de Rhodes, grand maître et superintendant des mines.

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/fol. 10 v°/ Table des mines d’Alsace haulte et basse essayée dans le laboratoire de l’académie par Mr de Fousjean, jusqu’au 1er janvier 1719 dont le quintal tient Alsace

argent 1 essais mc on g 1 2

Giromagny 1 St Pierre 1 2 2 St Nicolas Le Puis 3 La Glique St Antoine Auxelle 4 St Jean d’Auxell e 5 autre incertaine 3 6 St Amarin 7 Orbé 1 8 St 1 Ste Marie Nicolas 9 autre 18 mars Ste Marie 124 mine rouge Giromagny La Glique St Antoine St Nicolas Idem n° 2

4

2 essais m o g 1 4

cuivre plomb 1 essais 2 essais 1 essais 2 essais liv ½ liv ½ li ½ li ½

6

51

53

38

42

10

48 4

4

25 ½ 13

44

14

7 28

9 36

48 ½

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2. - Procès-verbal des essais faits sur les mines de Bourgogne et FrancheComté, mars 1718-mars 1719 [17/05]. /fol. 1/ 3 R Liste des mines essayées dans le laboratoire : Bourgogne Comté Or [en blanc]. /fol. 2/ Argent St Bresson Cette mine pilée, tamisée et fondue à l’ordinaire, a rendu une demi once d’argent par quintal et encore cinquante une livre et demi de plomb. Plancher9, 1718. m. 29 n° 1. Du 30 mars 1718. Cette mine envoyée de Plancher le Hault de Franche Comté, ayant esté pilée, tamisée, calcinée seulem[ent] et fondue à l’ord[inai]re des mines de plomb, a rendu 50 liv[res] de plomb et plus par quintal et une once d’argent. Cette mine a esté lavée à Plancher par les ouvriers même qui l’ont envoyée. Idem. n° 2. Cette mine qui a aussi esté lavée et envoyée par les ouvriers de Plancher, ayant esté pilée et calcinée ici et fondue à l’ord[inai]re, a rendu 49 ½ de plomb et une once d’argent par quintal, ce qui prouve que, si ces 2 mines étoient creusées davantage, elles se trouveroient indubitablem[ent] plus riches en argent. L’abondance des eaux, des bois et l’habilité de l’entrepreneur et des bons ouvriers qui y sont employés actuellement méritent qu’on leur preste du secour. L’entrepreneur nommé Jean Claude Sterquel qui a envoyé ces échantillons, mande par sa lettre du 20 mars 1718 qu’il apréhende que Mr le Prince de Maurback10, à qui ces mines apartiennent, ne fasse pas remettre en état ni rétablir tant de mine de toute espèce qu’il y a à Planchier qui ne sont pas encore profonde et qui ne sont seulement qu’éfleurées par le dessus ; la pluspart peuvent se travailler sans machines et donneroient du profit si elles étoient mises en état. Cet entrepreneur demande et mérite quelque protection puisque il a risqué avec ses ouvriers pour faire la découverte de ces bonnes mines pour le bien de l’État et du public. Il n’y manque que des avances po[ur] bien payer les ouvriers. /fol. 2 v°/ Argent 23 feuv[rier] 1719 [en marge : le Levry] Cette mine, envoyée de Plancher en Franche Comté soub le nom de mine de plomb et cuivre nouvellement découverte, nommée le

9. Plancher-les-Mines (Haute-Saône). 10. Murbach.

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Levry, étant préparée à l’ord[inai]re et fondue à l’ord[inai]re des mines rebelles d’argent, a rendu 4 gros d’argent par quintal outre 31 ½ et 30 liv[res] de plomb et son cuivre, ce qui prouve que cette mine se trouvera estre d’argent si ell’étoit suivie, de même que les autres mines d’argent qui ont commencé par tenir du plomb et ensuite du cuivre, à proportion qu’elles augmentoient en argent. /fol. 4/ Cuivre Planchier 1718. m. 29. Du [blanc] feuv[rier] 1719. Cette mine, envoyée par les ouvriers de Planchier à l’intendant soub le nom de mine de Planchier le Hault [en marge : le hault d’une stollen], est une mine de cuivre qui, étant calcinée, pilée, lavée, tamisée et fondue en cuivre, a rendu au 1er essais une matte de 32 livre, au second feu une matte de plus pure de 23 liv[res] et, au troisième, une matte plus fine et à moitié purifiée en cuivre, pesant en tout 12 livre. Lesquels essais méritent d’estre répétés en cuivre, ayant laissé un gros verre rouge foncé et en quantité ce qui est une marque que la précipitation n’a pas esté achevée n’ayant resté que 2 heures à ce dernier feu, ce qu’il faut recommencer. Id[em] du 29 mars. La même reprise a donné en 4 heures une matte de 41 liv[res] laquelle en 2 heures a rendu 7 liv[res] de cuivre fin. Id[em] du 1er avril. La même, essayée en argent avec 8 q[uintau]x de plomb et les flux, a rendu 2 gros d’argent, ayant laissé sa 1ère écuelle chargée de craste grise, sa seconde vernie d’un beau verd noir et sa coupelle très noire, ce qui mérite d’estre répété plus fortement en cuivre et argent. Idem du 21 avril. La même mine, étant fondue en 4 heures et demi avec tous les fondans et précipitans des mines rebelles de cuivre, a rendu 33 livres de matte du cuivre noir dont un bouton de cuivre rouge et très dur pesant seulement une livre. Laquelle matte est à remettre au feu. /fol. 5/ Cuivre Planchier [en marge : Levry] Du 11 mars 1719. Cette mine, envoyée par le Sr Sterquel, entrepreneur des mines de Planchier, au mois d’octobre 1718 soub le nom de mine de plomb et cuivre nouvellement découverte, nommée le Levry, est une véritable et riche mine de cuivre, tenant beaucoup de plomb et quelque peu d’argent parce que, l’ayant pilée, tamisée, lavée, calcinée et fondue et essayée en ces trois métaux, ell’a rendu 45 liv[res] de cuivre rouge, 31 ½ et 30 liv[res] de plomb et encore 4 gros d’argent. Ce qui ne permet pas de douter qu’elle ne soit très utile à travailler pour peu que la matière soit abondante, comme elle paroist devoir estre par le volume de l’échantillon qui en reste, qui montre l’épaisseur de la veine et les changemens qu’elle porte en ses couleurs, qui venant à se séparer en la fouillans, pouront former deux et trois veines séparées de ces trois métaux, comme il arrive quelque fois aux veines profondes, telle que paroist estre celle cy, ou tout au moins de rester meslée, mélan-

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gée des trois couleurs des matières métalliques des trois métaux cy dessus. Lequel mélange grossissant sont [lire son] volume, elle seroit encore plus utile à travailler parce qu’il ne faudroit suivre alors et n’ouvrir qu’un seul passage pour couper ces trois veines réunies dans une seule, au lieu qu’il faudroit couper et ouvrir trois passages dans le rocher si il se trouvoit que ces trois veines fussent séparée et éloignée les unes des autres, ce qui est rare ou qui ne dure pas une longue suite sans se réunir en quelque part de la montagne. Mais, ce qui est le plus ordinaire et que j’ay toujours remarqué dans les fosses de ces sortes de mines meslées, c’est que la veine qui est meslée de plomb et cuivre et quelque peu d’argent reste ordinairem[ent] dans la partie de la montagne ou de la fosse qui est la plus proche de la superficie de la terre et que la veine ou les veines les plus chargées d’argent meslée de cuivre, sans plomb ou très peu, se trouve ordinairem[ent] dans la partie opposée à la précédente, c’est à dire plus enfoncée et tirant vers le cœur ou le côté du cœur de la montagne. Mais comme cette mine est une nouvelle découverte qui aparemm[ent] n’est pas creusée assés avant pour juger de ses habitudes, ni par conséquent si elle se séparera bientôt ou continuera à estre réunie comm’elle est avec la même proportion de teneur de ces trois métaux, ou en laquelle des deux natures elle se déterminera, ou en mine seule d’argent et plomb, ou en mine de cuivre et or, tout ce que je puis juger par la proportion de sa teneur suivant les essais cy dessus, e[s]t que, la partie cuivreuse dominant sur celle du plomb, elle devroit se déterminer dans la suite si ell’étoit fouillée en veine de cuivre pure, non entièrement exempte d’argent et sans aucun plomb. Car je ne crois pas qu’il se puisse faire que une telle veine qui domine en cuivre, puisse jamais devenir veine d’argent et plomb sans aucun cuivre lorsque le cuivre a commencé d’y dominer, et au contraire j’ay trouvé qu’il étoit rare que une veine qui a commencé à se trouver sur terre abondante en plomb seul, puisse devenir et se trouver par la suite veine de cuivre seul ou dominante en cuivre, mais bien en veine d’argent pure ou exempte de plomb, ou en tenant parfois quelque peu, et nullem[ent] ou très peu de cuivre. /fol. 5 v°/ Cuivre [en marge :] d’une stollen de Planchier. 1718. m. 29. Du 18 avril 1719. Cette mine, envoyée de Planchier soub le nom de cuivre du hault d’une stollen, essayée plus[ieu]rs fois, a rendu 32 li[vres] de mat qui ont donné 12 li[vres] de cuivre fin. Ell’a rendu un’autre fois en 4 heures 41 li[vres] de mat, laquelle n’a donné en 2 heures de feu que 7 liv[res] de cuivre. Enfin, l’ayant encore essayée aujourd’huy, ell’a rendu en 4 heures et demi de feu avec peu de verre dur de plomb un cuivre noir pesant en tout 32 li[vres], dont il s’y est trouvé un bouton de cuivre fin pesant 7 livres, ce qui marque que cet essais n’a pas assés eu de feu pour achever de purifier ces 32 liv[res] de cuivre noir en cuivre rouge, comme l’est ce bouton commencé de 7 livres, et ce qui prouve aussi que le produit cy dessus de 12 livres de cuivre aproche fort de la teneur de cette mine.

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Du 27 avril 1719. La même mine, fondue en 4 ½ heures de temps avec tous les fondans et précipitans des mines de cuivre, a rendu 25 liv[res] de cuivre noir dont 7 liv[res] de cuivre fin, et les mêmes 25 liv[res] de cuivre noir et fin, mises au feu pendant 2 ½ heures, ont rendu 16 livres de beau cuivre rouge [en marge : idem 16 liv[res]], quoyque mal réunis p[ou]r avoir esté mouillé trop chaud et avoir resté parmi les sels sans se précipiter ou po[ur] s’estre soulevé et divisé par le froid subit de l’eau. /fol. 7/ Plomb St Bresson 1717 Cette mine, seulement pilée et tamisée et fondue à l’ordinaire, a rendu en plomb 51 liv[res] et en argent une once. Plancher 1718. m. 29 n° 1 30 mars 1718. Cette mine, envoyée de Plancher le Hault en Franche Comté, ayant esté lavée par les ouvriers, et l’ayant seulement pilée, tamisée, calcinée et fondue ici à l’ordinaire, a rendu 50 liv[res] et plus de plomb et une once d’arg[en]t par quintal. n° 2 30 mars 1718. Cette mine qui a aussi esté lavée et envoyée par les ouvriers de Plancher le Hault, ayant esté pilée, tamisée, calcinée et fondue à l’ordinaire, a rendu 49 li[vres] ½ de plomb et une once d’argent par quintal. St Jacque Du 24 décembre 1718. Cette mine envoyé par le Sr Sterquel, entrepreneur des mine de Planchier, soub le nom de mine de St Jacque, est une véritable mine de plomb noir car ell’a rendu une lytarge fort noire et gluante avec son plomb noir. Les ouvriers disent qu’elle rend 60 li[vres] de plomb. La matière qui est for [sic] matte, dénote que ell’est abondante et que la veine ou les veines en sont grosses, tell’ qu’est cet échantillon. Cependant, l’ayant pilée, calcinée et fondue à l’ordinaire des mines de plomb, ell’a rendu au feu d’une heure juste 57 liv[res] de plomb doux. La noirceur [de] sa lytarge est une marque de ses souffres noirs qui sont le principe des mines de cuivre, en quoy cette mine pouroit bien se convertir ou se trouver changée si ell’étoit creusée plus avant. /fol. 7 v°/ Plomb Le Levry Du 14 janvier 1719. Cette mine, envoyée le 8 8bre [octobre] 1718 soub le nom de mine de plomb et cuivre nouvellem[ent] découverte, nommée le Levry à Plancher, ayant esté pilée, lavée, tamisée et calcinée et fondue à l’ord[inai]re des mines de plomb, a rendu 31 ½ et 30 liv[res] de plomb au quintal et 4 gros d’argent.

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/fol. 9/ Fer [en blanc]. /fol. 10/ Étain [en blanc]. /fol. 10/ Vif argent [en blanc]. /fol. 11 v°/ Table des mines de Bourgogne essayées dans le laboratoire de l’académie par Mr de Fousjean, jusqu’au 1er janvier 1719 dont le quintal tient Bourgogne Comté St Bresson n° 1 n° 2 St Jacque 14 janvier Plancher mine 1719 nouvelle Le Levry idem. Mémoire 29 Hault de stollent Plancher

argent 1 essais 2 essais m o g m o g 4 1 1 4

cuivre plomb 1 essais 2 essais 1 essais 2 essais liv ½ liv ½ liv ½ liv ½ 51 ½ 50 49 ½ 57 45 31 ½ 30

7

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/fol. 12/ Antimoine et autres minéraux [en blanc]. 3. - Procès-verbal des essais faits sur les mines de Languedoc et des généralités de Toulouse et Montpellier, mars 1718-septembre 1719 [17/06]. /fol. 1/ 8 Liste des mines essayées dans le laboratoire : Languedoc, Toulouse et Montpellier Or [en blanc]. /fol. 2/ Argent 11

Cals Cette mine, trouvée auprès de celle de Cals, diocèse de Carcassonne, étant pilée, lavée, tamisée, a donné des marques de beaucoup de souphre et 4 onces de celle qui a le grain fin n’ont rendu au lavage que une once 3 grois [sic] de

11. Cals-le-Haut, comm. de Lacombe (Aude).

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mine nette, laquelle étant essayé à l’ordinaire en mine d’argent, n’a rendu cependant que une demi once d’argent et 41 liv[res] de plomb par quintal. L’échantillon de mine de plomb qui l’accompagne et qui est d’un plus gros grain, n’a point esté essayé, y en ayant trop peu. Cousens, diocèse de Lavors12 1716. m. 59. 1. Du 19 mars 1718. Cette mine, envoyée de Cousens, diocèse de Lavours13, ayant esté calcinée, pilée, tamisée et fondue au plomb à la manière des mines rebelles, elle a assés mal fondu et très mal coulé, une partie étant restée attachée à l’écuelle ; tout cela joint à la couleur naturelle de la mine fait juger que c’est une mine cuivreuse qui veut un essais particulier. Néantmoins, le plomb qui est sorti de l’écuelle ayant passé à la coupelle, le quintal de cette mine a rendu un grain d’argent qui pèse 4 onces du petit poid, mais la petitesse et la beauté de la couleur de ce grain d’argent tirant fort sur le jaune d’or ne permet pas de douter que cette mine ne tienne beaucoup d’or et, comme la matière est assés abondante, elle mérite qu’on en fasse plus[ieu]rs autres essais en or. 30 mars. La même, réitérée en mine rebelle avec 12 parties de plomb [symbole], a très mal fondu et n’a donné, au second essais que 2 gros d’argent. 2. Cette mine douce et fine de Cousens est une mine de plomb qui ayant esté essayée en argent, tient desjà 4 gros d’arg[en]t par q[uinta]l. Voyé aux mines de plomb. 30 mars. La même, ayant esté reprise, a rendu encore 4 gros d’argent et 42 liv[res] de plomb. 26 avril. La même, ayant esté refondue au plomb, a fait une crasse noire et épaisse et n’a rien rendu à la coupelle qu’elle a laissé jaune. 3. Idem. 30 mars. Cette pyrite de Cousens, diocèse de Lavor, ayant esté pilée, tamisée, calcinée et fondue en mine rebelle avec 12 parties de plomb et 3 parties de flux fort, a assés mal fondu, bien scorifié et afiné, a laissé la coupelle jaune et n’a rendu que un gros et plus d’argent au quintal. Cette pyrite est à facettes jaunes cubiques, et très sulphureuse et puante à la calcination. /fol. 2 v°/ Argent Narbonne De Dieu, 1716. m. 114. Cette mine, envoyée par le Sr de Dieu, orfèvre de Narbonne, à Mr de Basville sous le nom de pierre arménienne et lapis étoilé, est une véritable mine pure d’or, d’argent et de cuivre, et nullement un lapis car, l’ayant calcinée, pilée, tamisée et fondue un q[uinta]l à la façon des mines

12. Lavaur (Tarn). 13. Lavaur.

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d’argent rebelles et cuivreuses, ell’a parfaitement bien fondu et jetté une scorie bien liquide quoyque très noire, et enfin elle a rendu cinq onces d’argent par quintal, ayant laissé la coupelle noire qui est une marque certaine de cuivre et le bouton d’argent fort brillant ce qui est une marque d’or. Du 26 avril. La même, ayant esté essayée en mine dure, a rendu 4 onces d’argent ; elle mérite d’estre essayée en cuivre. Du 1 juin. La même a esté reprise et fondue en cuivre et ell’a donné au premier feu 37 liv[res] de cuivre presque pur, et 32 liv[res] en cuivre et matte à moitié purifiée au second essais, ce qui demande encore un feu po[ur] les perfectionner. Du 10. Ces 2 essais, remis au feu avec le verre de plomb, ont rendu 2 culot, l’un de cuivre presque afiné pesant 42 liv[res] et l’autre presque semblable et moins afiné pesant 28 liv[res], lesquels demandent encore un feu sans verre de plomb. 15 juillet. Ces 2 essais remis au feu. Voyé cy après au cuivre. Davejan14 1. Argent [symbole] 17onces 1716. m. 58 n° 1. Du [blanc] feuv[rier] et 30 mars 1718. Cette mine d’argent de Davejan, envoyée par le Sr Lescure, est une véritable mine très douce et très riche d’argent car, sans estre calcinée, ell’a rendu un gros d’argent, mais, après avoir été calcinée, elle a rendu 17 onces d’argent au quintal ; mais on en a envoyé si peu qu’à peine en reste t il pour répéter ces essais en argent et en cuivre. Voyé la mine de cuivre de Davejan. 26 avril. Cette mine, ayant esté refondue avec 8 parties de plomb et ses fondans ordinaires et durs, n’a pas bien fondu, s’étant trouvée à la bouche du fourneau, c’est pourquoy elle n’a rendu que 4 gros d’argent ; ainsi elle mérite d’estre reprise. 7 may. La même, ayant esté fondue avec 8 q[uintau]x [de] plomb [symbole], 2 de flux noir et 1 de sel de salpêtre décrépité, a très mal fondu n’ayant fait aucun verre et seulement de la crasse galeuse et jaunâtre à son écuelle ; elle n’a pas laissé de rendre une étoffe pesant 850 liv[res] de plomb [symbole] qui, ayant esté mis à la coupelle, l’ont rendue noire et l’on[t] tellement pénétrée que elle s’est fendue et a laissé un bouton d’argent de 8 onces deux gros, ce qui mérite d’estre répété. 12 may. La même, ayant esté fondue en cuivre, a rendu une étoffe cuivreuse et argenteuse pesant 55 livres. Il reste à en faire l’afinage. 28 may. La matte cy dessus avec ses scories ont esté fondues en mine de cuivre et ont rendu une étoffe pesant 70 liv[res] ; un autre quintal de la même mine fondu en mine de cuivre n’a donné qu’un verre rouge, lequel refondu de

14. Davejean (Aude).

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même a rendu 18 liv[res] d’étoffe tenant beaucoup de la touche d’argent, ce qui demande à passer par la coupelle. Du 1er juin. Ces deux étoffes ont esté fondues en cuivre et elles ont rendu deux boutons de plomb un peu aigre pesant 92 et 48 livres, qui sont à passer à la coupelle. 4 juin. L’essais a manqué. 10. La même, fondue sans verre de plomb, a rendu une belle matte blanche et cassante sans régule pesant 60 livres. /fol. 3/ 1716. m. 58 Davejan n° 2 Cette mine, envoyée soubs le nom de marcassite de la mine de Davejan par le Sr Lescure n° 2, ayant esté pilée, tamisée, lavée et calcinée fortement sans avoir put venir à une plus grande rougeur, étant fondue en mine de cuivre, a rendu 20, 23 et 24 livres de mattes et étoffes qui restent à affiner en cuivre et en argent. Du 1er juin. Ces trois étoffes fondue en cuivre ont rendu trois boutons de plomb un peu dur et peu aigre du poid de 45, 35 et 32 ½ liv[res], dont le second portoit un espèce d’étoffe ou matte noire et cassante. 4 juin. Les mêmes n’ont rendu qu’un gros d’arg[en]t chacun. 10 juin. La même mine a esté fondue en cuivre sans verre de plomb et le quintal a rendu 30 liv[res] de matte blanche et cassante sans aucun régule malléable, ce qui demande à estre afiné en cuivre. 1 avril 1719. Le même essayée en argent avec 8 parties de plomb et les sels n’a rien rendu, mais ayant laissé ses écuelles fort nette bien vernies de noir et de verd, que c’est une signe qu’elle tient du cuivre sans argent ou fort peu. Elle mérite d’estre essayée en cuivre. 1717. m. 15 n° 5 Crusolle Cette mine, envoyée soubs le nom de mine prétendue d’or de la montagne de Crusolle, vers St Liquais15, a esté pilée, tamisée et lavée, dont 7 onces ont rendu au lavage un lavé ou ramentum de six gros, avec un sable verdâtre et une boue ou terre blanche. Ce lavé de 6 gros a esté calciné. Il n’a jetté ni fumée ni odeur quelconque. Un quintal a esté fondu en cuivre et il n’a donné que très peu de matte qui s’est perdue en la netoyant de ses ordures. Ce qui est à recommencer. Du 1 juin. La même a esté reprise et fondue en cuivre ; elle n’a rendu au premier feu que deux boutons de plomb doux pesant 5 ½ liv[res] et 9 livres qui restent à passer à la coupelle.

15. Non identifié.

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Du 4 may. Les 9 liv[res] n’ont rien donné qu’un gros et ont laissé leur écuelle fort jaune. /fol. 4/ Cuivre De Dieu Du 15 juillet 1718. Les deux essais faits en cuivre de cette mine le 10 juin ont esté remis au feu comme il est dit, mais, ayant esté tiré trop tost, ils sont bien devenus cuivre rouge malléable, mais non entièrement purifié, et réduits à 35 liv[res] ½ de cuivre. C’est pourquoy ils demandent encore un feu. De Dieu Du 21 jan[vier] 1719. Cette mine, envoyée en 1716 par le Sr de Dieu, orfèvre de Narbonne, soub le nom de lapis étoillé, mémoire 114, qui a rendu cy devant 8 marc d’argent, ayant esté essayée en cuivre, a rendu au 1er feu en 3 heures de temps 16 livres de cuivre non tout à fait pur et chargé outre cela de crasse ou matte noire ce qui demande plus de feu et de préparation. Davejan 1716. m. 58. n° 2 Du 14 mars 1719. Cette mine, envoyée par le Sr Lescure du Languedoc soub le nom de marcassite de la mine d’Avejan [sic], a esté pilée, tamisée, lavée calcinée et fondue en mine de cuivre sans verre ni sel de verre, et en 4 heures et demi de feu ell’a rendu une matte de 25 liv[res] dont 4 liv[res] de cuivre fin par quintal. N° 2 Du 29. La même, ressayée de la même façon, a rendu en 3 heures de temps au feu 4 liv[res] de cuivre fin en bouton malformé avec beaucoup de verre noir et luisant, ce qui dénote que ce n’est pas encore là sa vraye teneur ; mais il suffit qu’elle donne du cuivre et que ce cuivre soit aparent et en veine de verd et séparée sur l’échantillon de la veine de kisse qui l’accompagne. Il s’agit de brusler ces 4 liv[res] de cuivre po[ur] voir si elles ne donneront point d’or. Du 18 avril 1719. La même, ressayée en cuivre avec peu de verre dur de plomb, a rendu au 1er feu de 3 heures 22 liv[res] de cuivre fin aprochant du tombac. Du 18 aoust mat. 20 li[vres] dont cuivre [symbole] fin 10 liv[res] : ces 20 liv[res] ; voyé cy après. 1716. m. 59 diocèse d’Alet16 Du 14 mars 1719. Cette mine, envoyée du Languedoc soub le nom de morceaux d’une mine des Pyrennée en Languedoc, diocèse d’Alet, étant pilée,

16. Alet-les-Bains (Aude).

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tamisée, lavée et fondue en cuivre, a rendu en 4 heures de feu 20 liv[res] de matt [sic] dont 5 liv[res] de cuivre fin. La même essayée en argent a rendu 5 marc, ce qui mérite répétition. Du 1 avril 1719. La même n’a rendu que 2 gros d’argent, quoyqu’ell’ait très bien coulé liquide et bien verni de noir et de verd ses écuelles et laissé sa coupelle noire. Du 18 avril 1719. La mine pilée, lavée, tamisée, calcinée et fondue en mine douce de cuivre avec peu de verre de plomb, a rendu au premier feu de 3 heures seulement 13 livres de très beaux cuivre qui méritent d’estre essayé en or, tant sa couleur est belle, et sans avoir esté mouillé. Plus le sable et la boue de la même mine fondus pareillement sans verre de plomb avec les mêmes fondans et en 3 heures a encore rendu 6 livres de cuivre qui n’ont pu se réunir en bouton et qui sont resté étendu au large parmi le verre de la fusion de ce sable, ce qui prouve la richesse de cette mine et qu’elle ne veut point estre lavée. /fol. 4 v°/ Idem 1716 m. 59 Diocèse d’Alet Du 27 avril 1719. La même mine, refondue en mine de cuivre sans verre ni verre de plomb avec tous les autres fondans et précipitans pendant trois heures et demi, a rendu 10 livres de cuivre fin et 4 liv[res] de cuivre noir qui envelopoit le bouton. Le sable de la même mine meslé avec la boue fondue en 3½ heures de temps a rendu 3 liv[res] de grenaille de cuivre fin qui n’ont pu se réunir en culot. 1716. m. 58. n° 2 Davejan Du 23 7bre [septembre] 1719. Cette mine cy devant et qui a rendu 22 liv[res] de cuivre fin en 3 heures et à un autre essais 14 liv[res] et à un autre 20 liv[res] de matt dont 10 liv[res] de cuivre pur, cette matte et ces 10 liv[res] de cuivre ont esté fondue avec 8 q[uintau]x de cendrée de plomb, a verni les écuelles d’un beau vert, mais, ayant mis le résidu à la coupelle, il n’a fait que la noircir et n’a pas même laissé aucun grain d’argent ni plomb même, comme celles du Gapençois et d’Espagne qui étoient avec elles. Je ne scais à quoy en atribuer la cause si ce n’est au trop grand feu dont ell’a eu besoin à cause de son cuivre et à la croûte verte que ce plomb a laissé dans l’écuelle de scorification, qui a esté fortement creusée et mangée par ce plomb. /fol. 6/ Plomb 1716. m. 59 Cals Cet échantillon de mine trouvé auprès de celle de Cals, diocèse de Carcassone, et qui est à petit grain fin, ayant esté pilée, tamisée et lavée, a tellement

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diminué au lavage que 4 onces n’ont rendu que une once trois gros de mine nette. À la calcination, elle a répendu une très grand odeur de souphre et un quintal de cette mine, ainsi préparée et fondue en plomb avec le flux noir à l’ordinaire des mines de plomb, a rendu 41 livre de plomb. La même essayée au plomb a rendu une demie once d’argent. L’échantillon de mine de plomb qui accompagne celuy ci dessus, n’a point esté essayé y en ayant trop peu. Mas Cabardès Cette mine, envoyée en 1716, mémoire 59, soubs le nom de marcassite de la mine du mas de Cabardès, diocèse de Carcassone, est une véritable et riche mine de plomb, couverte et meslée de terrestre semblable à une rouille ferrugineuse et crue, dont les ¾ se perd au lavage, puisque huict onces de cette mine ayant esté pilée, tamisée et lavées, n’ont rendu de ramentum deux onces 6 gros : dont le quintal, ayant esté essayé à l’ordinaire des mines de plomb, a rendu 72 livres ½ de plomb doux. 1716. m. 59 Cousens 2 30 mars 1718. Cette mine douce et fine de plomb de Cousens, diocèse de Lavors, ayant esté pilée, tamisée et calcinée, a donné un bon odeur de souphre à la calcination et ell’a rendu 42 livres de plomb et 4 gros d’argent par quintal. /fol. 6 v°/ Plomb La Caunette 1716. m. 59 Du 12 may 1719. Cette matière, envoyée de Languedoc soub le nom de marcassite de la mine de La Caunette, proche Carcassone, en 1716. m. 59, sont plutôt des fragmens d’une grande cendrée sur laquelle on a autrefois afiné de l’argent des mines des environ de Carcassone que ni une mine, ni même une marcassite de mine, ce qui se conoist tant par sa pesenteur extraordinaire qui surpase [sic] celle des mines de plomb, par la figure et couleur de son grain à facettes de cendrées, que par sa figure plate et unie d’une épaisseur et couleur égales et semblables à celles des cendrées qu’on appelle harpelin à Gyromagny17, en la Haulte Alsace, mais le plus grand indice que j’y ay trouvé, c’est que la jugeant telle, je l’ay essayée en plomb et elle m’a rendu en 2 heures de feu au 1er essais 57 cinquante sept livres de plomb dur qui est une marque qu’il a esté autrefois afiné sur cette cendrée ou harpelin des pains d’étoffe provenans des fontes des mines d’argent et cuivre de ce pays là et que, dans le lieu où cette matière s’est trouvée, il y avoit des fonderies et afineries d’argent et de cuivre ou peu éloignées de là.

17. Giromagny (Haut-Rhin). Voir ci-dessus p. 795-802.

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Du 10 7re [septembre] suivant. La même, ayant esté essayée en plomb, a rendu encore en 2 heures de feu 45 liv[res] de plomb blanc comme de l’estain. Du même jour, l’ayant essayée en argent, ell’a rendu 2 gros forts d’argent par quintal, outre le plomb cy dessus et outre la teneur du plomb qui a servi à cet essais, ce qui prouve entièrement que cette matière est la véritable caste cendrée et harpelin sur lequel on a autrefois afiné les plomb [sic] qui sortoient de la fonte des mines d’argent de la Caunette et des environs. La dureté du plomb du premier essais avec sa noirceur et son plus grand poid viennent de ce que la partie cuivreuse de cette matière est entrée et a fait corps avec son plomb, et ils se sont conservés et unis l’un l’autre et ont augmenté l’essais tant à cause du verre du plomb que du verre commun que j’ay mis dans ce premier essais, qui n’a pas eu un feu si fort que le second. Et le plomb blanc du second essais, et moins pesans que le premier, vient d’un feu plus fort et du défaut des fondans ci dessus, parce que cet essais ayant plus fumé et bouillis plus fort que le précédent, quoyque dans un même espace de 2 heures, le plomb en fumant s’est diminué, a consumé et réduit le cuivre en scorie, ce qui fait que, le plomb de cet essais étant décuivré et bien scorifié, il est resté blanc comme de l’estain comme il est aisé à voir au bouton de cet essais. Table des mines du Languedoc essayés le laboratoire de l’Académie par Mr de Fousjean, jusqu’au 1er janvier 1719 dont le quintal tient

argent cuivre plomb 1 essais 2 essais 1 2 1 2 Languedoc M o g m o g Li ½ li ½ li ½ li ½ 1 Cals 4 41 2 Cousens 1 4 2 3 Cousens 2 4 42 4 37 ½ 35 ½ 4 du sr de Dieu 5 Davejan 1 2 1 1 6 Davejan 2 1 1 45 35 7 Mas Cabar72 dès 16 21 janvier du sr de Dieu 1719 14 22 Davejan du sr Lescure diocèse d’Alet 5 13 Idem sable et 6 boue cendrée de la 57 Caunette plomb dur

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4. - Procès-verbal des essais faits sur les mines de Dauphiné, mars 1718-avril 1719 [17/07]. /fol. 1/ 7 R Dauphiné

Liste des mines essayées dans le laboratoire : Grenoble pour le Or [en blanc].

/fol. 2/ Argent 1716. m. 12118 L’Argentière19. Les Gourcas Du 19 mars 1718. Cette mine, envoyée soub le nom de mine de l’Argentière en Dauphiné, tirée du rocher appellé les Gourcas, est une véritable mine de plomb et d’argent car, ayant esté calciné en pierre et en sable, elle s’est trouvée très dure et très souphrée. Ensuite, l’ayant pilée et tamisée seulement et fondue à la façon des mines dures de argent sans la laver, elle a parfaitement bien coulé. Elle a laissé sa coupelle fort jaune, qui dénote sa lytarge de plomb ; ell’a très bien passé et a rendu quatre gros d’argent, ce qui marque sa richesse si elle avoit esté lavée et recalciné en poudre. Voyé l’essais du plomb. Du 10 Xbre [décembre]. La même, étant lavée, calcinée et fondue en mine rebelle d’argent, a rendu 2 onces d’argent par quintal. 1716. m. 121, n° 4 Urez Du même jour, 19 mars 1718. Cette mine, envoyée soubs le nom d’échantillon d’une mine de l’Argentière en Dauphiné, du rocher appellé M[ont] Urez, est fort semblable pour sa plus grosse partie à la mine ci dessus. La seule différence qui luy reste, est qu’ell’est accompagnée d’une matière jaune qui dénotte du cuivre et de l’or, car, ces deux matières ayant esté calcinées, pilées, tamisée [sic] et lavées ensemble, ont fait un très grand déchet de trois quarts au lavage ; ensuite, ayant esté fondue en mine d’argent rebelle, ell’a parfaitement bien coulé et rendu une lytarge for jaune ; ell’a aussi laissé sa coupelle jaune et dessus une once d’argent qui paroist jaune comme de l’or bas, ce qui demande d’estre essayé diversement tant en plomb qu’en or et argent. 7 may. Le même, ayant esté fondue en mine douce avec 8 q[intau]x [de] plomb [symbole], 1 de sel de verre, 2 de sel de salp[être] et 2 de flux noir, a très mal coulé à l’écuelle, a rendu d’étoffe 851 liv[res], laquelle a laissé la coupelle assés jaune et n’a rendu qu’une once d’argent, étant une mine de plomb. La matière manque.

18. “ Grenoble ou Dauphiné ”, liste d’échantillons jointe au doc. 10. 19. L’Argentière-la-Bessée (Hautes-Alpes).

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1 La Ferrière 1718, du 20 aoust. Cette mine qu’on dit estre d’argent et qui se nomme La Ferrière, apportée par Mr Géraudly, ayant esté essayée en argent, a rendu un [sic] once et 2 gros d’argent ; elle mérite d’estre essayée en plomb. Voyé cy après. 2 Rochefort20 n° 1 Du même jour 20 aoust. Cette mine, aportée par Mr Géraudly soubs le nom de mine de Rochefort de Mr Doyat, dans laquelle il assure qu’il y a du fin, c’est pourquoy l’ayant essayé en argent, elle a rendu une once d’argent auq[uel] la belle aparence de cette mine mérite qu’on en fasse plusieurs essais en cuivre et argent si l’on en avoit aporté suffisemment. 3 Rochefort n° 2 Cette mine dont une partie paroist la même que la précédente no 1, et qui est jointe à une veine de cuivre que a esté envoyée soubs le même nomb [sic] et qu’on dit tenir du fer, paroist une vraye mine de cuivre accompagnée d’une veine d’argent car, ayant esté pilée et fondue ensemble, ell’a rendu 4 gros d’argent ; elle mérite qu’on fasse d’autres essais en cuivre et en argent. /fol. 2 v°/ 1717. m. 15 Cristo 7 may 1718. Cette mine, envoyée soub le nom de mine de Cristo, ayant esté calcinée en pierre, pilée, tamisée et lavée, une once n’a rendu de lavé ou de ramentum que 95 parties d’un petit quintal lesquelles ayant esté calcinée et fondue à l’ord[inai]re des mines d’argent, avec le flux noir, le sel de verre et le sel de sal[pêtre], le plomb n’a point diminué à l’écuelle, mais la mine n’a rien rendu à la coupelle et, comme il ne reste rien du ramentum et qu’il n’y a plus de cette mine po[ur] en faire d’autre et l’essayer par des essais plus forts en cuivre, argent et or dont elle porte toutes les marques, il est nécessaire d’en faire venir plusieurs livres pour en avoir des lavé ou ramentum suffisans. Il reste cependant son sable et sa boue à essayer, quoyqu’ils ne promettent pas beaucoup. n° 4. Sans nom 20 aoust 1718. Cette mine, envoyée sans nomb par Mr Géraudly, ayant esté essayée en argent, a rendu au 1r et au s[econ]d essais une once d’argent et 36 à 35 livres de plomb. 5 Frédeval Le plomb, envoyé et tiré de la mine de Frédeval, a rendu une once d’argent à la coupelle. 20. Rochefort (Savoie) ?

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Du 27 aoust. La même a rendu 2 on[ces] 2 gros et 1 once 6 gros d’argent. Du même jour. Le même plomb a rendu 3 onces et 3 onces et demi d’argent au quintal. St Anist ou Agnès21 Du 23 novembre 1718. Cette mine, envoyée soub le nom de mine de St Anist ou Agnès, calcinée, de Mr Gamons par Jean Martin Flèche, qu’on dit tenir beaucoup d’or, a rendu seulement 6 gros d’argent dont le grain s’est perdu au sortir de la balance, et 5 ½ li[vres] de cuivre au quintal. fer d’Alvar22 Du même jour. Le quintal de la fonte de fer de la mine d’Alvar de Mr Bovar a rendu 4 et 6 gros d’argent, par le Sr Géraudly. crastes de fer Du 17 Xbre [décembre]. Cette craste de fer, aportée par le Sr Géraudly soub le nom de craste de fer qui se trouvent aux mines de fer entre Taist23 et St Pierre d’Allevart, est plustôt une matte de cuivre qu’une craste de fer puisqu’ell’a rendu 9 li[vres] ½ de cuivre. Ray Garde Du même jour 23 9bre [novembre]. Cette mine, aportée par le Sr Géraudly soub le nom de Ray Garde, tient argent 2 onces et 46 et 47 liv[res] de plomb au q[uinta]l. /fol. 3/ 1717 St Guillaume Du 28 may. Cette mine de cuivre de la montagne de St Guillaume, étant pilée, tamisée, lavée calcinée et fondue en mine rebelle d’argent, ne rend que six gros d’argent, lequel paroist tenir de l’or mais dont on ne peut faire le départ par la trop petite partie qu’on en a, ce qui mériteroit d’en avoir davantage, étant en outre une mine si riche en cuivre qu’elle donne 28 livres et plus de cuivre. Voyé au chapitre du cuivre qui suit. marcassite par M. d’Argenson 1718. m. 54 Du 23 9bre [novembre] 1718. Cette mine, envoyée par Mr d’Argenson sans nom et reconnue par le Sr Géraudly soub le nom de marcassite que la terre pousse au dehors, dont il y en a quantité, dont un morceau qu’il dit avoir esté perdu, avoit esté tiré à 2 toises et qui estoit très beau. N° 1120. suivant le mémoire dud. Sr joint à la bouteille, cette mine, après estre pilée, tamisée et fortem[ent] calcinée à rougeur et essayée en étain de glace, n’a rient [sic]

21. Sainte-Agnès (Isère). 22. Allevard (Isère). 23. Theys (Isère).

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rendu, et en cuivre, elle n’a rendu sur 90 liv[res] qui restoient de matière préparée, six livres de matte, ce qui mérite d’estre essayé autrem[ent] si il y en avoit assés de matière. Rochefort de Mr Doyat n° 1 Du 23 9bre [novembre] 1718. Cette mine, aportée par le Sr Géraudly soub le nom de mine de Rochefort de Mr Doyat, dont il assure qu’il y a de l’argent, est une véritable mine de cuivre de deux espèces, l’une qui est pure que je nomme la premier espèce dont il ne reste qu’un très petit morceaux [sic] avec un cilindre hexagone de crystal de roche de la même mine cotté no1, a rendu 1 once d’argent et 55 liv[res] de cuivre presque fin au q[uinta]l. La matière manque. Rochefort de Mr Doyat n° 2 Du même. Cette autre mine qui paroist la même que dessus, aportée [et] reconnue par le Sr Géraudly po[ur] mine de Rochefort de Mr Doyat, est effectivem[ent] la même mine avec la croûte terreuse qui envelope la veine métallique puisque, ayant esté pilée, lavée, tamisée, calcinée et fondue, ell’a rendu aussi une once d’argent et 24 liv[res] de mattes de cuivre. La matière manque aussi. Blumestin n° 1 Du même jour 23 9bre [novembre]. Cette mine, aportée par le Sr Géraudly po[ur] mine de cuivre fondue 3 fois par Mr de Blumestin24, et qui s’est trouvée soub le même étiquet du no 14 soub le nom de mine de Mr Velas, de la mine de Michel Janet que l’on croit de cuivre, a esté essayée en cuivre et elle n’a rendu que 8 liv[res] ½ de cuivre. /fol. 3 v°/ N° 14. Blumestin. No 2 de Mr Velas et Michel Janet Cette mine, qui est fort blanche et qui paroist estre de plomb, aportée par le Sr Géraudly soub le n° 14, sans aucun nom, semble estre très bonne en plomb, mais on en a aporté trop peu po[ur] en pouvoir faire des essais. Le lingost de plomb qui l’accompagne et qui semble par là en avoir esté tiré, mérite d’estre essayé en argent. N° 14. Blumestin. N° 3 de Mr Velas et Michel Janet [en blanc]. crasses de fer Du 23 9bre [novembre] 1718. Cette crasse, aportée du Dauphiné par le Sr Géraudly soub le nom de crasse de fer qui se trouve aux mines de fer entre Taist et St Pierre d’Alvar, étant pilée, tamisée et calcinée, a jetté beaucoup de

24. François de Blumestein, entrepreneur d’une mine de plomb en Forez, obtient par arrêt du 9 janvier 1717 un privilège d’exploitation pour une mine de plomb découverte près de SaintJulien-Molin-Molette en Forez (voir AN, F/12/62, fol. 79 v°, F/12/65, p. 144, F/12/68, p. 69). Les registres du Conseil de commerce portent les traces de longues procédures auxquelles il est mêlé jusqu’en 1785.

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fumée blanche comme de la fumée de plomb, et l’ayant essayé en argent, ell’a rendu 4 gros d’argent ; l’ayant fondu en cuivre, ell’a rendu en trois fois 21, 33 ½ et 71 liv[res] de matte blanche et différente, ce qui mérite plus[ieu]rs essais. 24 Xbre [décembre]. Les 33 liv[res] de matte produite [sic] d’un q[uinta]l des mêmes crasses ont esté fondue en plomb et elles ont rendu 3 ½ marc d’argent à la coupelle valans 28 onces, ce qui prouve que ces crasses sont de la vraye fonte de mine d’argent et cuivre, et nullement des crasses de fer. /fol. 6/ Cuivre 1717 St Guillaume 12 may 1718. Cette mine, envoyée soubs le nom de mine de cuivre de la montagne de St Guillaume, ayant esté calcinée et fondue à l’ord[inai]re des mines d’argent, n’a rendu que six gros, mais, l’ayant lavée et recalcinée le lavé ou ramentum et l’ayant fondu en cuivre or et argent, elle a rendu au 1er feu un bouton de cuivre or et argent pesans 17 livres. Lesquels métaux demandent à estre départis, ce qui sera fait dans la suite. Du 28 may. Cette mine, ayant esté remise au feu, a rendu en cuivre 28 livres, mais sa crasse noire et son aigreur font présumer qu’il n’a pas resté assés au feu et qu’il mérite d’estre réitéré. La même, essayée en argent et or, voyé au chap[itre] de l’arg[en]t 6 gros. Du 1er juin. La même a esté reprise et fondue et elle a rendu 2 boutons de mattes pesans 42 et 47 livres, mais sont celle de 47 est plus réguline et malléable pour les ¾ pendant que celle de 42 qui est la 1ère, ne contient pas un quart de matière réguline et malléable, tout le surplus n’étant que de la matte cassante. Du 10 juin. La même étoffe a esté remise au feu sans verre de plomb, et le 1er bouton de 42 livre [sic] s’est réduit à 37 livres, d’une étoffe assés semblable à de l’étain fin. Le second bouton de 47 livre, essayé de même, s’est réduit à 30 li[vres] de pareille étoffe semblable à de l’étein fin. Cette mine mérite qu’on en fasse encore d’autres essais en cuivre et étein. Du 15 juillet 1718. La même mine a esté reprise essayée en cuivre et ell’a rendu au 1er feu et aux deux essais 10 liv[res] de cuivre très beau et très fin. Le surplus des verres rouges de ces essais ont esté remis au feu pour les faire ressuer, et, de verre rouges qu’ils étoient, ils sont devenus verres noir, sans aucun culot de cuivre ni d’autre matière, [en marge : du 20] ce qui fait juger que toute la précipitation a estée bien faite en cuivre à moins qu’il ne s’en soit bruslé quelques parties au 1er feu. St Bonnet25 20 juillet 1718. Cette mine pesant 11 onces sans laver n’a rendu que six gros

25. Saint-Bonnet-de-Chavagne (Isère).

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de ramentum ou lavé. Le quintal de ce lavé, ayant esté fondu en cuivre, a rendu au premier et au second essais une demie livre de cuivre juste à chacun, lequel cuivre est très beau et très fin. La beauté de la mine fait soupçonner que les essais ont trop resté au feu et qu’une partie de son métal s’est bruslé, ce qui mérite d’estre répété. Le 1er essais est d’une seule lentille ronde et le secon[d] est de trois pièces plates et creuses, deux tenant ensemble et l’autre séparée. Du 29 mars 1719. La même a rendu 2 ½ liv[res] de cuivre presque fin. Cette mine qui semble tenir du lapis lazuli étant crue, mérite d’estre fondue et son cuivre d’estre essayé en or, mais la matière manque. 20 août 1718. Les 2 lingots du Sr Girodly [sic] on[t] rendu étant mis au plomb 28 liv[res] de cuivre. /fol. 6 v°/ 1718. m. 54 par Mr d’Argenson. n° 1 Du 11 aoust 1718. La partie jaune de cette mine n° 1 est une vraye mine de cuivre car, ayant esté pilée, calcinée et fondue à l’ord[inai]re des mines de cuivre, ell’a rendu au premier feu onse [sic] livres et demi de cuivre fin. Le morceau qui l’accompagne est trop petit pour en pouvoir faire aucun essais. Au surplus, la matière manque de la première pour pouvoir en faire d’autres essais de recherche. n° 2, 3 Tous les autres échantillons des matières minérales envoyées par Mgr d’Argenson ou ne tiennent rien ou ils sont trop petis [sic] pour pouvoir en faire des essais suffisans pour en conoitre leur nature propriété et teneur. Comme celuy du n° 2 qui paroist une kisse ou pyrite de souffre, de même que celles du n° 3. n° 4, 5, 6, 7 L’échantillon n° 4 a meilleure aparence, mais il y en a trop peu, de même que les échantillons n° 5 et 6 et 7 qui sont de vrays marcassites ou commencemens de veines de cuivre qui peuvent tenir de l’or par la suite si elles étoient fouillées, mais il y en a trop peu pour en faire tous les essais nécessaires, de même que de toutes les autres. 1718. m. n° 8 par Mr d’Argenson Les échantillons n° 8 sont des morceaux de mine d’antimoine, de mine de plomb pure et d’une matière fondue en aparence et inconnue, dont il n’y en a pas assés pour en faire des essais sur qui l’on puisse compter juste de leur teneur et valeur. Ainsi il est inutile d’envoyer si peu de ces matières, quelque belle qu’elle paroisse, puisqu’elle n’est pas suffisante pour en juger juste par des essais réitérés à plusieurs fois selon les diverses natures et espèces de chacuns de ces échantillons. Si l’on n’en a pas davantage, c’est beaucoup que d’en conoitre le grain et les couleurs et pesenteur, mais si l’on en a davantage, c’est se moquer d’en envoyer si peu et d’en demander notre jugement pendant qu’un

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trop petit volume nous met dans l’impossible de le rendre au juste avec vérité, comme de toutes les autres mines que SAR nous envoye avec une abondance plus raisonable et dont aussi nous luy rendons un compte exact et fidèle. Du 27 avril. L’échantillon d’étein de glace qui est dans cette bouteille a esté fondu en mine de cuivre sans verre de plomb, et, en 2 ½ heures de temps, le quintal a rendu 50 liv[res] d’étoffe très blanche, très unie, douce et non malléable comme l’étein de glace, mais sans aucunes facettes. /fol. 7/ Plomb St Géron Cette mine, envoyée en 1717. m. 15. pour cuivre et qui est dans la communauté de La Grave, au lieu appellé Géron, est une vray [sic] mine de plomb quoyqu’elle se diminue tellement au lavage que 4 onces n’ont rendu de ramentum pur et net que 4 gros et demi, ce qui fait une diminution de près des ¾. Je ne luy ay trouvé aucune marque ni couleur qui aprochât de celles des mines de cuivre, mais toutes celles des mines de plomb pures et meslée comme il est ordinaire aux mines de plomb qui se perdent pour devenir mines d’argent et cuivre que les mineurs de Alsace appellent krénésique ou meslées de divers métaux et de diverses natures de roche ou terres. Lesquelles sont fort différentes des veines de mines de plomb, ou d’autres métaux, qui sont fortes et d’une matière pure et entière. Cette mine, avant que d’estre lavée, n’a donné aucun plomb, mais seulement 2 gros d’argent, mais son ramentum tel qu’il est ici, ayant esté fondu à l’ord[inai]re et avec le sel gemme, a donné 40 liv[res] de plomb par quintal et il mérite d’estre essayé en argent. 1716. m. 121 L’Argentière. Les Gourcas 30 mars 1718. Cette mine de plomb, ayant esté calcinée en pierre et en sable, s’est trouvée très dure et très souphrée ; c’est pourquoy, ayant esté fondue en mine rebelle en plomb et en argent sans la laver, elle n’a donné que 4 gros d’argent et 22 liv[res] et demi de plomb, ce qui fait que, étant lavée, elle donnera davantage de l’un et de l’autre de ces métaux. La matière étant assés abondante. Du 2 Xbre [décembre] 1718. La même, lavée et recalcinée et fondue en mine dure de cuivre, a rendu en 3 heures de feu 49 liv[res] de plomb dur, ce qui demande d’autres essais. Du 10 Xbre [décembre] suivant. La même, fondue en mine douce de cuivre [symbole], a rendu 65 liv[res] de plomb dur dans le même temps de 3 heures de grand feu, ce qui fait que le grand feu et long ne brusle point le plomb. /fol. 7 v°/ 1716. m. 121 n° 4 Du 30 mars 1718. Cet échantillon de mine, envoyé d’une mine de l’Argentière en Dauphiné du rocher appellé M[ont] Urez, est une vraye mine de plomb fort semblable à celle de Gourcas ci-dessus, car, l’ayant pilée tamisée, lavée

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jusqu’à la réduction au quart son résidu, étant calciné et essayé en plomb et en argent, a rendu 24 liv[res] de plomb et 1 once d’argent. Le peu de matière qu’on en a receu empêche qu’on en puisse faire d’autres essais. Charvet de Mr le subdélégué Du 20 aoust 1718. Cette mine, envoyée de Dauphiné par Mr le subdélégué sans nom et par le Sr Giraudly, ayant esté essayée en plomb, a rendu 64 et 61 liv[res] et demi de plomb au quintal. de Raygarde Cette mine, pilée, séchée et fondue en plomb, a rendu 46 et 47 livres de plomb au q[uinta]l. Elle mérite d’estre essayée en argent ; ell’est très semblable à celle de Frédeval. Frédeval 1ère Du 7 7bre [septembre] 1718. Cette première mine de plomb de Frédeval par le Bist de Taiste, aportée par Mr Géraudly, ayant esté seulement pilée, tamisée et fondue à l’ord[inai]re des mines de plomb, a rendu 52 liv[res] de plomb doux au q[uinta]l. Frédeval 2 Du 7 7bre [septembre] 1718. Cette seconde mine de plomb de Frédeval par le Bist de Taiste, aportée par Mr Géraudly, a esté pilée, lavée, tamisée, séchée et fondue à l’ord[inai]re des mines de plomb, et ell’a rendu 42 liv[res] de plomb au quintal. La même a esté essayée en argent ; ell’a bien fondu bien coulé et passé à la coupelle qu’ell’a laissé jaunâtre, mais elle n’a rendu aucun argent. /fol. 8/ Plomb La Ferrière Du 7 7bre [septembre] 1718. Cette mine, ayant esté pilé et tamisée seulem[ent] et fondue à l’ord[inai]re des mines de plomb, a rendu sans estre lavée 7 ½ liv[res] de plomb au second essais et 3 liv[res] au premier, ce qui marque qu’elle en renderoit davantage si il y en avoit assés en [sic] pour la laver. N[ot]a qu’on n’a pu en faire d’autres essais faute de matière. sans nomb. n° 1 Du même. Il a esté essayé une mine de plomb aportée sans nomb par le S. Géraudly, laquelle étant pilée, lavée, calcinée et fondue à l’ord[inai]re des mines de plomb, a rendu 49 et 51 liv[res] de plomb au quintal. sans nomb. n° 2 Une autre mine sans nom différente de la précédente aportée par led. Sr Géraudly, étant pilée, lavée, tamisée, calcinée et fondue à l’ord[inai]re des mines de plomb, a rendu 36 et 35 liv[res] de plomb au quintal.

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Frédeval n° 3 Du 23 9bre [novembre] 1718. Cette grosse mine de plomb aportée par le Sr Géraudly soub le nom de mine de plomb [symbole] de Frédeval, meslée de roches de cuivre, tient sans laver 36 et 43 liv[res] de plomb au quintal et 2 on[ces] 2 gros d’argent, outre le cuivre. Du 2 Xbre [décembre] 1718. La même a esté lavée, calcinée et fondue en mine de cuivre et, après avoir resté 3 heures au feu, ell’a rendu un gros bouton de plomb dur pesant 64 liv[res]. Du 10 Xbre [décembre]. La même refondue en mine douce de cuivre, après avoir resté 3 heures au feu très fort, a rendu 68 liv[res] de plomb dur au q[uinta]l. Plomb. Le plomb de la mine d’auprès de Frédeval a rendu 1 once d’argent. /fol. 9/ Cuivre au bas de Merderet Du 27 aoust 1718. Cette mine pilée, tamisée et fondue à l’ord[inai]re des mines de cuivre, a rendu au 1er essais 29 livres de cuivres moins pur et au second 22 liv[res] de cuivre plus pur. Rochefort de Mr Doyat. n° 2 Du 27 aoust 1718. Cette mine pilée, tamisée et fondue à l’ord[inai]re des mines de cuivre, a rendu au 1er essais 57 liv[res] de matte et au second 21 liv[res] de cuivre fin au quintal et 4 gros d’argent. Du 9 7bre [septembre] 1718. La même a esté calcinée et a rendu 55 liv[res] de cuivre fin au 1er feu. La matière manque. L’essais de la seconde matière de cette mine a manqué. Elle demande à estre calcinée. Blumestin Du 27 aoust 1718. Cette mine de cuivre fondue 3 fois, n° 14, envoyée soub le nom de Mr de Blumestin, a esté essayée et fondue à l’ord[inai]re des mines de cuivre et ell’a rendu 11 livres de cuivre presque fin au premier feu. n° 16 Du 9 7bre [septembre] 1718. Cette mine, envoyée sans nom soubs le n° 16, est une très belle mine de cuivre de deux espèces. L’une qui est jaune comme les mines ordinaires de cuivre et l’autre qui est bleue en verre de cuivre et verte tirant sur le vert de gris naturel. La jaune a esté triée, pilée, tamisée et calcinée légèrement et, étant fondue à l’ord[inai]re des mines de cuivre, ell’a rendu en matte au 1er essais 17 li[vres] et au 2d 26 liv[res], ce qui mérite d’estre réitéré si la matière de l’une et de l’autre étoit assés abondante pour cela. Du 16 9bre [novembre]. La même a esté fondue en cuivre après avoir esté bien calcinée et ell’a rendu au 1er feu 15 ½ liv[res] de cuivre fin par quintal. La mine bleue et verte n’a put estre essayée parce qu’il n’y en a pas assés.

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/fol. 9 v°/ Cuivre Frédeval Du 16 9bre [novembre] 1718. Cette mine, aportée par le Sr Giraudly soub le nom de mine de Frédeval par le Bist de Taist, laquelle a deux pieds d’hauteur et 4 de largeur, a esté essayée en cuivre et ell’a rendu au 1er feu 13 liv[res] ½ de cuivre fin. Frédeval n° 1 Cette mine, aportée par Géraudly soub le nom de Frédeval n° 1, a rendu 11 liv[res] ½ de cuivre au quintal. La matière manque. Rochat de Bernein. 1 Du 16 9bre [novembre] 1718. Cette mine n° 1, aportée par le Sr Géraudly soub le nom de marcassite de cuivre de Rochat de Bernein, a esté pilée, lavée et très calcinée sans qu’ell’ait changé sa couleur même ; ell’a rendu au 1er essais 50 li[vres] de matte, au second essais 28 liv[res] de cuivre et enfin ell’a rendu au troisième essais 37 livres et demi de cuivre fin au premier feu ce qui est une preuve de sa richesse. 2 Du même jour. La même mine qui est une veine jaune espaisse d’un doigt, a esté aussi pilée, lavée, calcinée parfaitement jusqu’à rougeur et fondue également comme la ci dessus en deux fois différentes et à dose pareille de fondans, et elle n’a rendu aucune chose. 3 La même mine n° 3 n’a pu estre essayée pour y en avoir trop peu. Plomb de la mine de Ray Garde Le plomb, aporté par Mr Géraudly soub le nom de 2 morceaux de plomb de la mine de Ray Garde, qui l’a fondu luy même, étant essayé en cuivre, a rendu 28 liv[res] de cuivre au quintal co[mm]e il paroist à l’échantillon. Mr Velas et Michel Janet. n° 14 10 Xbre [décembre] 1718. Cette mine, aportée par le Sr Géraudly de Dauphiné soub le nom de mine de Mr Velas par Michel Janet, que l’on croit d’argent, est une mine de cuivre car, ayant esté pilée, lavée, calcinée et fondue en mine douce de cuivre, ell’a rendu au 1er feu 7 livres de cuivre presque fin. Du 29 mars 1719. La même, ressayée en cuivre, a donné cinq liv[res] et demi de cuivre fin. Du 21 avril. La même, fondue en 4 heures et demi avec tous les fondans et précipitans des mines rebelles, a donné 21 liv[res] de matte dont 3 ½ liv[res] de cuivre fin qui mérite d’estre remis au feu. Du 27 avril. Cette mine remise au feu a donné en 2 heures et demi 7 li[vres] de cuivre fin.

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/fol. 10/ Cuivre m. 54. n° 15 Merderet Du 21 avril 1719. Cette mine, aportée de Dauphiné par le Sr Giraudly soub le nom de mine de Merderet, dont on peut tirer 20 à 30 quintaux par jour, étant pilée, lavée, tamisée, calcinée et fondue en mine rebelle de cuivre, a rendu en 4 ½ heures de temps 2 ½ livres de plomb dur, blanc, doux et très semblable à de l’étein fin et malléable, ce qui mérite plus de étude à cause de la quantité qui s’en peut tirer. 1718 sans n° Claude François la Planche Du 14 juillet 1719. Cette mine, envoyée du Dauphiné par Claude François la Planche, aportée par le Sr Géraudly soub le nom de mine de cuivre de Claude François la Planche, est une véritable riche mine de cuivre, mais très dure à fondre et dont le cuivre est très dur. Car l’ayant pilée, lavée, calcinée, de verte et jaune qu’ell’est naturellement elle est devenue à la calcination de couleur rouge de pourpre et, après l’avoir manquée plusieurs fois à la manière des mines douces, comme elle paroist estre, et même en trois heures de feu, elle n’a rendu qu’une pierre jaunâtre dure au fond du creuset avec son sel bleu ; enfin, l’ayant essayée et fondue avec tous les fondans et le feu le plus fort en la manière des mines les plus rebelles, elle m’a rendu en 2 heures juste de feu 34 liv[res] de cuivre en un gros bouton ovale, mais d’un cuivre fort dur et fort rouge sur la pierre de touche. Ce qui fait soupçonner qu’on pouroit essayer ce cuivre en or, parce que ces sortes de cuivres durs et aigres ne sont devenus tels que par deux raisons (ou qu’ils ne sont pas assés afinés et par conséquent adoucis p[ou]r estre bien purifiés par le feu, en ce cas cet essais auroit encore eu besoin d’un quart d’heure de feu) ou bien qu’ils tiennent du fer, comme il est assés ordinaire aux mines de cuivres qui se trouvent près la surface de la terre ou proche des mines ou rochers de fer ou ferreux comme est la mine d’or du Vigeoy que j’ay tant examinée, et alors les cuivres de ces mines tiennent de l’or ou, s’ils n’en tiennent point, ils servent de marque et signes certains que leurs veines cuivreuses doivent dégénérer en mine d’or si on les creuses [sic] bien bas, ou tout au moins se charger et s’enrichir d’or à mesure qu’elles diminueront leur teneur en cuivre. Idem Du 24 juillet. La même mine, essayée en mine dure, a donné en 2 heures et demi de feu 27 liv[res] de matte de cuivre, laquelle matte remise au feu a rendu 20 liv[res] de la mines [sic] de cuivre pur et fin qui n’ont pu faire culot, ce qui vérifie que c’est une vray mine de cuivre qui mérite d’estre essayée en or, si il y avoit assés de matière p[ou]r en faire tous les essais nécessaires. Idem Du 18 aoust 1719. La même, essayée avec tous les fondans et fluxs et feu des mines rebelles, a rendu en 2 heures et demi de feu violent un bouton pur

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et net et tout doré pesant 20 livres de cuivre très beau et très fin qui mérite d’estre essayé en or. Cette mine est entièrement semblable à celle du Sr St Macaire, aportée de Pau par Mr le Président du Fenouil en 1716 n° 3, qui tient 25 liv[res] de cuivre et 2 gros d’or et argent ; voyé la dissertation que j’ay faite sur cette mine qui doit convenir à celle cy. Du 13 8bre [octobre]. Cet essais de 20 liv[res] de cuivre, fondu avec 4 q[uintau]x de plomb, a donné un petit grain d’argent du poid de 1 gros, qui n’est que la teneur et un peu plus du plomb, mais, ayant mis ce grain d’argent au départ, il a rendu un peu de chaux d’or dont partie est fort jaune, l’autre noire et le tout pesant environ la moitié du poid du grain d’argent d’un gros. Table des mines du Dauphiné essayés le laboratoire de l’Académie par Mr de Fousjean jusqu’au 1er janvier 1719 dont le quintal tient Dauphiné L’Argentière 1 St Géron 2 St Bonnet 3 Les Gourcas 4 Urez 5 La Ferrière 6 Rochefort n°1 7 Idem n°2 8 autre sans n°1 9 autre sans n°2 10 Frédeval 11 sans nom 12 Frédeval 1 13 Frédeval 2 14 Frédeval 3 15 autre n°16 16 St Agnès 17 fer d’Alvar 18 crasses de fer 19 Ray Garde 20 St Guillaume 21 Blumestin n°1 22 Plomb 23 Charvet 24 au bas de Merdret 25 Mr Velas Sr Janet 26 Rochat Bernein Mr Velas Sr Janet St Bonnet

argent cuivre plomb 1 essais 2 essais 1 ess. 2 ess. 1 ess. 2 ess. m o g m o g li ½ li ½ li ½ li ½ 2 40 ½ ½ 2 4 49 65 1 1 2 3 7 ½ 1 55 4 1 24 49 51 36 35 3 2 3 4 13 ½ 1 36 35 11 ½ 52 42 2 2 64 68 15 ½ 6 5 ½ 4 6 3 4 9 ½ 2 28 46 47 6 10 10 11 8 ½ 28 64 61 29 22 7 28 37 ½ 5 ½ 2 ½

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plomb de la mine d’auprès Frédeval Velas Michel Janet Claude François la Planche un peu d’or le plomb de la mine de l’Argentière M. Urez m. 121. n°4

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1 7 34

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4

[à la suite, notes de Réaumur :] 19 aoust 1732 : mine d’étain de glace donnée par M. le Maréchal Tallard. Si, après l’avoir pillée, on l’a mis dans une cuillère de fer, dès que la cuillère a été rouge, non seulement elle a été fondue mais le feu s’y est mis. Elle a jetté une flamme bleue et répandu, comme les mines arsenicales, un odeur d’ail insuportable. Elle a donné de l’étain de glace en petite quantité. J’ai fait calciner de cette même mine pendant environ une heure et demie, la mettant, et la retirant de dessus le feu à chaque instant. Elle n’a pas cessé de fumer et répandre un odeur d’ail. De cette mine imparfait estant calcinée, j’ai mis un quintal au fond d’un creuset et par dessus charbon pillé, flux et sel. J’ai retiré un culot qui pesoit soixante et quelques livres d’étain de glace. Je referai cet essay avec le charbon seul et sur de la mine mieux calcinée. 5. - Procès-verbal des essais faits sur les mines d’Auvergne, mars-mai 1719 [17/08]. /fol. 1/ 8 R

Liste des mines essayées dans le laboratoire : Auvergne Or [en blanc]. /fol. 2/ Argent [en blanc].

/fol. 5/ Cuivre Auvergne [en marge :] 1718. m. 5726. Montfermi27 Du 18 mars 1719. Cette mine, envoyée d’Auverne [sic] soub le nom de mine de cuivre de Montfermi, près la chartreuse du Port Ste Marie, étant pilée, calcinée, tamisée, fondue en mine rebelle, n’a donné après deux feux de 4 et de 2 heures qu’une matte dure de cuivre tirant sur le rouge du poi [sic] de 4 liv[res] et demi… ce qui demande plus d’étude et de recherche.

26. Voir “ Riom, ou Auvergne ”, doc. 5-6. 27. Montfermy (Puy-de-Dôme).

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L’ENQUÊTE DU RÉGENT

Du 29 mars. La matte d’une 2de fonte avec sa crasse et son verre fondu, en 2 heures, a donné un massif dur et noir pesant 90 li[vres], dont un petit bouton malléable de cuivre presque pur pesant 2 liv[res] ½ en 2 heures de temps, ce qui demande plus d’examen et qui dénote une vraye mine de cuivre et de plomb et de kisse. Du 21 avril. La même mine, fondue en 4 heures et demi de temps avec tous les fondans et précipitans des mines rebelles, a déposé un culot mal réuni d’un métal très blanc, très doux, ayant le cric et la touche et la ductilité de l’étein fin, du poid de six livres et demi, ce qui mérite plus d’étude et de recherche… tant en étain qu’en cuivre et en argent. La matière étant assés abondante. Du 27. La même, fondue comme dessus en cuivre, a donné en 2 heures et demi de feu six livres fortes d’étein mal réuni, ayant sous la dent le cric de l’estain, la touche et la ductilité. Du 12 may. La même, fondue en étain pendant 2 heures, n’a rendu que ¾ de livres d’étain. Plus la même, refondue en une heure en étain, a rendu 2 livre [sic] d’étain ou matière de plomb blanc et dur, sans aucun verre ni verre de plomb. Du 18 may. La même, fondue en étain pendant 2 heures, a rendu un bouton d’étein pesant 3 ½ livres. Elle mérite d’estre essayée en argent et en cuivre. Du 23. La même, fondu [sic] en cuivre pendant 1 heure et demi, a rendu encore 3 ½ liv[res] de plomb dur ayant le cric, la blancheur et la touche de l’étain, mais un peu plus dur, son bouton plus net et plus réuni que les autres. Ces boutons méritent d’estre essayé en argent. Du 18 aoust. La même, essayée en argent, n’a rien rendu. À examiner tous les morceaux de cette mine, il paroist qu’il y a trois veines tantost séparées tantost confondues ou meslées ensemble, sçavoir une veine de plomb ou parties d’icelle. Une veine de cuivre meslée et jointe avec une veine de kisse, ce qui fait que la teneur de cette matière est si modique, parce que la kisse y domine et que, pendant que la mine de cuivre se fond, celle de plomb se brusle et consume le cuivre ; ainsi pour mettre cette mine à profit ou la travailler utilement, il faut absolutment séparer les matières de ces mines de cuivre et de plomb d’avec celle qui est de la kisse pure, qui ne tient point de métal, mais seulement un soufre noir qui consume les deux autres métaux, en se bruslant luy même, ou plutôt dont la partie terrestre du souphre de kisse embarasse tellement ces deux métaux de plomb et cuivre qu’ell’empesche qu’ils ne se coagulent et ne forment un culot plus fort, que la teneur ci dessus de 6 livres ½ ou de 3 liv[res] ½ de plomb blanc et dur à cause du cuivre qui se trouve meslé avec le plomb. /fol. 6/ Plomb [en blanc]. /fol. 8/ Plomb

LES ANALYSES DE MINERAIS

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[en marge :] 1718. m. 57 Marboutins Cette mine de plomb, envoyée soub le nom de plomb de Marboutins, est une véritable mine ou vénule fibre de mine de plomb que les Allemans appellent schtrifelins. C’est une veine de mine de plomb pur et très net parce que, l’ayant pilée, lavée, calcinée, l’odeur de son souphre n’étoit point désagréable et, l’ayant fondue, elle n’a rendu que fort peu de litarge jaune qui est la meilleure marque de la lytarge de plomb net, et ell’a rendu 64 liv[res] ½ de plomb doux. [en marge :] Montfermi Du 12 may 1719. Cette mine, envoyée soub le nom de mine de cuivre de Montfermi près la chartreuse ou Port Ste Marie en 1718. m. 57, essayée en mine de cuivre douce et rebelle, n’a rendu aucun métal, mais, l’ayant essayée en plomb et étein, ell’a rendu un étoffe ou métal de plomb et étain, en 4 heures et demi six livres ½ de étoffe. Ensuite, étant essayée en étain, ell’a rendu en 2 heures et demi 6 livres. Enfin, l’ayant réitérée le 12 may en étain, ell’a rendu en 2 heures ¾ de livres de plomb blanc et enfin, en une heure seulement, ell’a rendu 2 livres de plomb blanc. Voyé son procédé au chap. du cuivre. [cette section est barrée] /fol. 9/ Étein [en blanc]. /fol. 11/ Antimoine [en blanc]. /fol. 11 v°/ Table des mines d’Auvergne essayés le laboratoire de l’académie par Mr de Fousjean jusqu’au 1er janvier 1719 dont le quintal tient

argent

Auvergne Marboutins Montfermi plomb et estain en 2 et 1 heure

Cuivre

plomb

1 essais 2 essais 1 ess. 2 ess. 1 ess. 2 ess. m o g m o g li ½ li ½ li ½ li ½ 64 ½ 3/4 2

/fol. 12/ Antimoine [en blanc].

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L’ENQUÊTE DU RÉGENT

6. - Procès-verbal des essais faits sur les mines de Limousin, mars-mai 1719 [17/09]. /fol. 1/ 9 R

Liste des mines essayées dans le laboratoire : Limoge [sic] Or [en blanc]. /fol. 2/ Argent

du Limousin Cette mine de plomb étant pure et nette, ayant esté seulement pilée, tamisée et fondue au plomb à l’ordinaire des mines d’argent, a rendu une demie once d’argent, mais, ayant esté essayée en plomb, elle a rendu 34 liv[res] au quintal. /fol. 5/ Plomb [en blanc]. /fol. 7/ Cuivre Limosin 1717. m. 5 [en marge : de Brive28 ou d’auprès St Bonnet29] Du 15 juillet. La mine de cuivre du Limosin, avec le lingost du cuivre pesant 4 onces qui a esté tiré sur les lieu [sic] de 16 onces de cette mine, a esté essayée en cuivre et ell’a rendu au 1er essais une matte de 48 liv[res] et un bouton de 18 liv[res] de cuivre [symbole]. Cette matte remise au feu a rendu un bouton de cuivre impur pesant 25 liv[res]. Ces deux boutons de cuivre pesans ensemble 43 liv[res] ont esté remis au feu et ont rendu de cuivre fin pur et net. [en marge : idem] Du 23 9bre [novembre] 1718. Cette même mine a estée ressayée et ell’a rendu au 1er feu en trois heures de temps 60, 60 livres de cuivre fin, dont le second essais est un peu moins net que le premier qui a eu plus de chaleur. Il est vray que cette mine a estée calcinée, pilée, tamisée, lavée et recalcinée en sorte que 13 onces de mine crue ont donné 4 onces 2 gros de pur lavé dit ramentum fort verdâtre, plus 3 onces de sable vert et le surplus en boue qui s’est écoulée au lavage. /fol. 8/ Plomb [en marge :] 1716. m. 69 du Limosin Cette mine de plomb, étant pure et nette et ayant esté seulement pilée, tamisée et fondue au flux noir à la manière des mines de plomb, a rendu 34 livres de plomb par quintal et une demi once d’argent. 28. Brive-le-Gaillarde (Corrèze). 29. Saint-Bonnet-Avalouze (Corrèze).

LES ANALYSES DE MINERAIS

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[en marge : 21 janv[ier] 1718] La mine du Sr de Rodde30 du Limosin, ayant esté calcinée et fondue en argent, ne rend que un gros au q[uinta]l. Elle mérite d’estre essayée en plomb. /fol. 9/ Fer [en blanc]. /fol. 10/ Étain [en blanc]. /fol. 11/ Vif argent [en blanc]. /fol. 11 bis/ Table des mines du Limosin essayées dans le laboratoire de l’Académie par Mr de Fousjean, jusqu’au 1er janvier 1719 dont le quintal tient Limosin 1. Limoges 2. Brives St Bonnet 3 du sr de Rhodes

argent

cuivre

plomb

1 essais 2 essais 1 ess. 2 ess. 1 ess. 2 ess. m o g M o g li ½ li ½ li ½ li ½ 4 34 60 60 1

/fol. 12/ Antimoine et autres minéraux [en blanc]. 7. - Procès-verbal des essais faits sur les mines du duché de Bourgogne, s.d. [17/10]. /fol 1/ 4 R

Liste des mines essayées dans le laboratoire : Bourgogne Duché Or [en blanc].

/fol. 3/ Plomb bailliage de Nuids31 Cette terre, envoyée en 1716 mémoire 138, prise auprès de l’abbaye de Bussière, bailliage de Nuids [en marge : Bussière] pour mine prétendue de plomb, n’est que de la terre dont trois onces pilées et lavées ont donné 50 grains de sable léger, lesquels 50 grains, ayant esté essayés en mine de plomb, n’ont rendu aucune chose de même qu’elle avoit fait avant que de l’avoir lavée. 30. Nicolas Richer de Rhodes. 31. Voir “ Dijon, ou Bourgogne ”, mémoire joint au doc. 4.

832

L’ENQUÊTE DU RÉGENT

8. - Procès-verbal des essais faits sur les mines du Poitou, s.d. [1718] [17/11]. /fol. 1/

Liste des mines essayées dans le laboratoire : Poitiers /fol. 2/ Argent [en blanc]. /fol. 7/ Cuivre [en blanc].

/fol. 8/ Plomb [en marge :] 1716. m. 9632. Cette mine, appellée d’antimoine de Poitou par la ressemblance que quelques unes de ses parties ont avec l’antimoine à éguille, est une très belle mine de plomb jointe ou entremeslée de quelques veines de vray antimoine, qui peuvent se distinguer et séparer quoyque, étant pilée tamisée et fondue à l’ordinaire en mine de plomb, elle ne ait rendu que 35 livres de plomb au quintal seulem[ent] sans aucun argent… ce qui mérite plus d’examen et d’essais. Cette même mine [en blanc]. [en marge :] Fontenay le Compte33. Cette mine qui est en roignons caverneux, de l’année 1716. m. 96, étant pilée, a rendu au pilon 20 liv[res] de plomb naturel et malléable sur 4 onces ½ de mine qui valent 36 quintaux, dont c’est 1/180e partie de plomb pur. Mais, ayant pilé huict onces de la même mine la plus nette, je n’y ay trouvé aucun grain de plomb malléable, ce qui fait voir que ce plomb qui s’est trouvé dans les 4 premières onces et demi ne vient que de quelques morceaux qui le tenoit par préférence aux autres. Cette mine ayant estée essayée à l’ord[inai]re en plomb, l’essais a manqué et, ayant esté essayée en argent, a rendu seulement un gros fort d’argent par quintal. La même mine ayant esté ressayée une seconde fois et étant seulement pilée, tamisée et fondue à l’ordinaire des mines de plomb, excepté que je luy ay donné du sel gemme, et elle a rendu 54 liv[res] ½ et 44 liv[res] et demi de plomb dans des creusets inégaux, ce qui mérite encore une répétition. /fol. 12/ Table des mine [sic] de Poitou essayées dans le laboratoire de l’académie par Mr de Fousjean, jusqu’au 1er janvier 1719 Poitou

dont le quintal tient Argent cuivre plomb 1 essais 2 essais 1 ess. 2 1 ess. 2 m o g m o g li ½ li ½ li ½ li ½ 1 antimoine 35 2 Fontenay le Comte 54 ½ 44 ½

32. Voir “ Poitiers ”, doc. 3. 33. Fontenay-le-Comte (Vendée).

LES ANALYSES DE MINERAIS

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9. - Procès-verbal des essais faits sur les mines de la généralité de Perpignan, s.d. [1718] [17/12]. /fol. 1/

Liste des mines essayées dans le laboratoire : Perpignan pour le Roussillon

/fol. 2/ [en marge :] Perpignan 1718. n° 4

Argent [en blanc].

/fol. 6/ Plomb [en marge :] Perpignan mémoire 1 n° 10. Cette mine, envoyée soub le nom de matière minérale des Pirennée, généralité de Perpignan, est une véritable mine de plomb doux, quoyque ses grains soient en éguilles presque entièrement semblables à celles de l’antimoine cru, puisque, l’ayant fondue à l’ord[inai]re des mines de plomb, l’ayant bien calcinée par degré, elle a rendu 49 liv[res] de plomb très doux par chaque quintal. [en marge :] 1718. n° 4 Lardio. 1 Cette mine, envoyée des Pyrennée soubs le nom de mine de plomb de l’Ardio34, découverte et indiquée par Mr Le Berger, ayant esté pilée, tamisée et calcinée 2 fois et fondue à l’ord[inai]re des mines de plomb, a rendu au 1er essais 58 et au 2d 58 ½ liv[res] de plomb doux. Cette première bouteille provenant des fraguemens [sic] de cette mine qui se sont trouvés dans la caisse qui a esté envoyée, il ne s’y est trouvé aucun machacado de plomb ou plomb vierge, mais seulement 2 ou trois grains de fer que la pierre d’aiment enlève, lesquels peuvent estre des corps étrangers à cette mine. Ce qui m’ayant fourni l’occasion de rouler la pierre d’aimant sur toute la poudre de cette bouteille, j’ay trouvé qu’elle contenoit d’autres parties de fer que la pierre d’aimant a élevée, quoyque en très petite quantité, mais d’une qualité pareille à la limaille de fer très fine. La même mine ayant esté essayée en argent n’a rien rendu. [section barrée ; Réaumur écrit dans la marge droite :] remetre dans la gén[éralité] de Pau. [une autre main écrit dans la marge gauche :] transporté dans la généralité de Pau 2. Cette seconde bouteille, contenant trois livres 3 onces de la même mine de pierre de l’Ardio, a rendu au pilon et au tamis le poid d’un grain de plomb vierge ou naturel que nous appellons machacado et, comme ce grain est divisé en plus[ieur]s petites parties, cela fait juger qu’il s’en poura trouver davantage par les lotions si il étoit nécessaire de les faire. La mine de cette boete, ayant esté seulement calcinée en pierre et en farine et fondue à l’ordinaire des mines 34. Voir “ Navarre et Béarn ”, doc. 24.

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L’ENQUÊTE DU RÉGENT

de plomb avec le sel de salpêtre, a rendu au 1er essais 44 liv[res] et demi de plomb, et au second 39 livres. Son essais en argent a manqué et est à refaire. [section barrée ; en marge :] idem transporté. /fol. 8 v°/ Perpignan [en marge :] 1718. m. 1er n° 5. matière minérale blinde. Du 23 mars 1719. Cette matière minérale, envoyée des Pyrennée de la généralité de Perpignan en 1718. m. 1. n° 5, me paroist une vraye blinde35 stérile car, l’ayant pilée, tamisée, lavée, calcinée, elle n’a presque point diminué au lavage ni à la balance de son poid et de son volume, ni changé considérablem[ent] de couleur à la calcination, et, l’ayant essayée en plomb, comme les autres mines de plomb, elle n’a rien rendu ; ell’a entièrement bruslé, consumé les sels et laissé le creuset vuide. /fol. 9 v°/ Table des mines de Perpignan essayées dans le laboratoire de l’académie par Mr de Fousjean jusqu’au premier janvier 1719 dont le quintal tient Perpignan

argent

cuivre

1 essais 2 essais 1 ess. 2 m o g m o g li ½ li 1. n°10

plomb

½

1 ess. 2 li ½ li 46

½

10. - Procès-verbal des essais faits sur les mines de la généralité de Lyon, janvier 1718-avril 1719 [17/13]. /fol. 1/ 10 R Liste des mines essayées dans le laboratoire : Lion pour le Lionnois, Bresse, Forest et Beaujolois Or [en blanc]. /fol. 2/ Argent [de la main de Réaumur :] Beaujolois 1716. m. 49, l’or du Lionnois élection de Villefranche, Joux soub Tarare La partie qui paroist la plus pure, aprochant de la grainure et couleur des mines de plomb que j’ay nommé blanche, ayant esté pilée, tamisée seulement et fondue à l’ordinaire des mines d’argent, a donné une once d’argent par quintal et encore 26 liv[res] de plomb. La partie de cette mine qui paroist plus noire et plus pierreuse, ayant esté aussi pilée, tamisée, non lavée et fondue à l’ord[inai]re des mines d’argent, n’a rendu que deux gros d’argent par quintal et elle n’a rendu aucun plomb. Voyé au plomb. 35. Blende, sulfure naturel de zinc souvent associé au plomb dans les filons.

LES ANALYSES DE MINERAIS

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/fol. 3/ Argent Forest St Jullien Molin Molette36 Cette mine que les habitans de St Jullien nomment vernix ou alquifoux à cause que elle est propre à vernir la vaisselle des potiers de terre, est de deux espèces, l’une plus grasse que l’autre et d’une teneur différente en plomb, co[mm]e il est à voir cy après. Mais, les deux ayant esté essayée séparément à l’ordinaire en argent, et ayant esté seulement pilée, tamisée et fondue, elles ne rendent que 2 gros d’argent par quintal. St Hilaire37 [en blanc]. /fol. 4/ Lionnois 1716. m. 49 St Bel38 Du 30 mars 1718. Cette mine de St Bel en Lionnois de la plus aparente, calcinée 3 fois en pierre dure et encore en poudre sans estre lavée, ayant esté fondue en mine dure, a donné au 1er essais 4 gros et demi d’argent. La ressemblance qu’elle a avec les mines de plomb, mérite qu’on l’essaye en ce métal avant de la laver, parce que ell’a verni les écuelles et coupelles d’un verni très jaune qui est celui du plomb pur. Du 4 juin. La même, essayée en cuivre, a rendu en matte et plomb dur 22 et 21 livre et à la coupelle ½ once d’argent fin par q[uinta]l. Du 26 9bre [novembre]. La même ressayée a rendu mat 22 liv[res] et argent 1 once et rien en plomb. St Bel la moins riche Du 10 feuvr[ier] 1719. La même de la moins riche calcinée en poudre, lavée, recalcinée et fondue en mine dure d’argent, n’a pas trop bien coulé dans la 1ère écuelle. Ell’a laissé la seconde et sa coupelle verni de jaune et ell’a rendu ½ once d’argent au quintal. Du 21 avril. La même, fondue en mine rebelle de cuivre avec tous ses fondans et précipitans, en 4 ½ heures de feu n’a rien donné qu’une crasse bruslée et spongieuse. /fol. 6/ Cuivre 1716. m. 49 Du Sais39 sous Cousans

36. 37. 38. 39.

Saint-Julien-Molin-Molette (Loire). Voir “ Lyon ”, mémoire joint au doc. 7. Saint-Hilaire-Cusson-la-Valmite (Loire). Voir ibidem. Sain-Bel (Rhône). Voir “ Lyon ”, doc. 2 et 8. Le Saix (Hautes-Alpes) ?

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L’ENQUÊTE DU RÉGENT

Du 21 avril 1719. Le sable de cette mine, essayé en mine rebelle de cuivre avec tous ses fondans et précipitans, en 4 ½ heures de feu n’a rendu que 1 ½ livre de plomb dur et blanc marquant comme de l’étain fin. Le ramentum ayant manqué. /fol. 7/ Plomb Élection de Montbrison Basset40 [de la main de Réaumur :] 1716. m. général pour le Lionnois Cette mine qui est fort pure, étant seulem[ent] pilée, tamisée et fondue à l’ordinaire des mines de plomb, a rendu 41 livre de plomb par quintal et une demi once d’argent. Cromerolle Cette mine, envoyée en 1716 m. 49 soubs le nom de Cromerolles, paroisse de l’élection de Montbrison en Forest, et qui a esté prise proche la surface de la terre, est une véritable mine de plomb car, ayant esté seulement triée, pilée et tamisée, elle a rendu quinse livres de plomb et une demi once d’argent. Ce qui fait juger que, si la matière est abondante et si on la fait calciner avant que de la fondre, elle rendra beaucoup plus de plomb et d’argent et qu’il se trouvera des veines plus fortes aux environs et au dessous du lieu où ces échantillons ont esté trouvés. St Hilaire41 Cette mine, envoyée en 1716, m. 49, soubs le nom de mine de plomb de la paroisse de St Hilaire, élection de Montbrison en Forest, est une véritable et très bonne mine de plomb puisque, ayant esté seulem[ent] pilée, tamisée et fondue à l’ord[inai]re des mines de plomb, elle a rendu 54 livres de plomb ; elle mérite d’estre essayée en argent. Du 21 janv[ier] 1718. La même, ayant esté calcinée et fondue avec 8 q[uintau]x de plomb en grenaille, a donné une belle lytarge jaune à l’écuelle et les coupelles un peu verdâtres et grise, et ell’a rendu une demie once d’argent par quintal. /fol. 8/ Plomb Forest St Jullien Molin Molette n° 1. Cette mine que les habitans du pays appellent verni ou alquifoux, et qui est très pure et très nette, ayant esté seulem[ent] pilée, tamisée et fondue à l’ordinaire des mines de plomb, n’a donné à la vérité que 27 liv[res] de plomb et 2 gros d’argent par quintal. Lequel essais mérite d’estre reppété. Ce qui

40. Commune de Bas-en-Basset (Haute-Loire). Voir “ Lyon ”, mémoire joint au doc. 7. 41. Saint-Hilaire-Cusson-la-Valmite.

LES ANALYSES DE MINERAIS

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ayant esté fait à l’ordinaire avec le sel gemme, elle a rendu 60 liv[res] de plomb. n° 2. La même mine dont les deux morceaux n° 2 paroissent aussi purs, mais d’une mélieure qualité de mine, ayant esté pilé et tamisé seulement et fondus à l’ordinaire des mines de plomb, donne 38 liv[res] et demi de plomb et 2 gros d’argent par quintal. Lesquels essais méritent aussi d’estre reppétés ; ce qui ayant esté fait à l’ordinaire et avec le sel gemme, elle a rendu 66 liv[res] de plomb. /fol. 9/ Plomb Beaujolois Élection de Villefranche. Joux soub Tarare. [de la main de Réaumur :] 1716. m. 49 La partie de cette mine que j’ay nommé blanche parce que elle ressemble aux mines de plomb, ayant esté seulem[ent] pilée, tamisée et fondue à l’ordinaire des mines de plomb, a rendu sans estre lavée 26 livres de plomb et une once d’argent par quintal. La partie de cette mine qui paroist en gros morceaux, plus pierreux que métallique et de couleur brune avec peu de brillans de plomb à très petis points, ayant esté aussi seulement pilée et tamisée et fondue à l’ordinaire des mines de plomb, n’a rendu aucun plomb mais seulem[ent] 2 gros d’argent par quintal. /fol. 11 v°/ Table des mines du Lionnois Forest et Beaujolois et Bresse essayées au laboratoire par Mr de Fousjean, jusqu’au 1er janvier 1719 argent

dont le quintal tient

1 essais Lionnois 1 Joux Sou Tarare [sic] 2 Idem n°2 3 St Jullin [sic] Molin 4 Idem no2 5 St Bel 6 Basset 7 Cromerolle 8 St Hilaire 10 St Bel la moins fév[rier] riche 1719

m 1

o 1

cuivre

2 essais g

m

2 2 2 4 4 4 4 4

1

o

plomb

1 ess. 2 ess. 1 ess. 2 ess. g

li

½

li

½ Li ½ 26

li

60

60

38 22 41 15 54

66 21

½

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L’ENQUÊTE DU RÉGENT

11. - Procès-verbal des essais faits sur les mines de la généralité de Châlons, 1718 [17/14]. /fol. 1/ 6 R

Liste des mines essayées dans le laboratoire : Châlons po[ur] la Champagne et Retelois Or [en blanc].

/fol. 2/ Argent Rocroy 7 may 1718 m. 3842 Marlemont Cette [sic] échantillon de pyritte et marcassite, envoyé soubs le nom de mine qu’on dit considérable d’argent scituée au village de Marlemont, gouvernement de Rocroy43, généralité de Champagne, ayant esté pilée, tamisée, calcinée à rougeur et fondue avec 4 quintaux de plomb, 2 de flux noir, 1 de sel de verre et 1 de sel de salpêtre, a donné 3 q[uintau]x et 70 liv[res] d’étoffe au 1er essais et 3 q[uintau]x 64 livres au second, ayant laissé leur écuelles fort galeuses de crasses noirâtres sans aucun verre ni verny ; ce qui marque qu’ell’est très rebelle à se fondre et qu’elle demande les fondans les plus forts et les plus durs et fluides. Ces étoffes, ayant esté mises à la coupelle, les ont laissé fort jaunes et nettes, les ayant un peu rongée, mais elles n’y ont laissée aucun argent. Lesquels essais méritent d’estre répétés. 12 may. La même, ayant esté un peu calciné et fondue en cuivre, n’a donné qu’une crasse noire et légère, ce qui mérite d’estre reppété étant plus calcinée. Du 28 may. La même, ayant esté calciné à rougeur et fondue en mine cuivreuse des plus rebelles, a enfin rendu au second feu un bouton d’étoffe de plomb aigre et dur, pesant l’un 11 liv[res] et l’autre 11 liv[res] et demi. Ce qui mérite plus d’examen. Du 1er juin. Ces deux boutons ont esté refondu en cuivre avec leurs scories et ils ont rendu deux culots ou boutons d’étoffe de plomb dur pesans. Le 1er de 11 [livres] a rendu 29 liv[res] et le 2e de 11 li[vres] ½ a rendu 24 livres. Lesquels méritent d’estre passés à la coupelle comme plomb riche.

42. Voir “ Châlons, ou Champagne ”, doc. 9. 43. Rocroi (Ardennes).

LES ANALYSES DE MINERAIS

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/fol. 11 v°/ Table des mines de Champagne et Retelois essayées dans le laboratoire de l’académie par Mr de Fousjean jusqu’au 1er janvier 1719 dont le quintal argent cuivre plomb tient Champagne 1 essais 2 essais 1 ess. 2 ess. 1 ess. 2 ess. m o g m o g li ½ li ½ li ½ li ½ Rocroy Marlemont 29 24

12. - Procès-verbal des essais faits sur les mines de Bretagne, janvier 1718-juin 1719 [17/15]. /fol. 1/ 5 R

Liste des mines essayées dans le laboratoire : Bretagne Haute et Basse Or [en blanc].

/fol. 2/ Argent Hualgouet [de la main de Réaumur :] 1717. m. 32 Cette mine pilée, tamisée et fondue à l’ordinaire des mines d’argent, a rendu deux onces et demi d’argent par quintal. 44

autre mine [de la main de Réaumur :] 1717. m. 32 Couverte de cristallisation, pilée, épurée, tamisée et fondue à l’ord[inai]re des mines d’argent, a rendu une once d’argent par quintal et 55 li[vres] de plomb. Carno45 [de la main de Réaumur :] 1717. m. 32 Cette mine de plomb qui est pure et forte est la même que la ci dessus. 14 janv[ier] 1718. La même, ayant esté calcinée et fondue avec 8 q[uintau]x de grenaille d’argent, n’a rien donné à la coupelle. Plusquellec [de la main de Réaumur :] 1716 et 1717. m. 32 1. Cette mine a deux veines accolées ensemble et difficiles à distinguer parfois, scavoir l’une d’un doigt d’épaisseur, meslée au milieu et à côté de celle de plomb qui est très pure et d’une forte épaisseur ; les deux ayant esté essayées séparément, sçavoir celle d’argent en argent, pilée, tamisée et fondue à l’ord[inai]re, a rendu six onces et demi d’argent par quintal et la même, essayée en plomb, a encore rendu cinquante deux livres 44. Huelgoat (Finistère). 45. Carnoët (Côtes-d’Armor).

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L’ENQUÊTE DU RÉGENT

3. [sic] Quant à la veine de plomb, étant aussi essayée en argent en la manière ord[inai]re que dessus, elle a encore rendu une once d’argent et plus et 64 liv[vres] de plomb. 2. [sic] 14 janv[ier] 1718. La même mine, ayant esté calcinée suffisament, a rendu en la calcinant une flamme bleue et un odeur, le tout semblable à du souphre, et, étant fondue à l’ordinaire avec la grenaille de plomb, le quintal a rendu huict onces justes d’argent, ayant laissé les coupelles assés jaunes pour ne laisser aucune [sic] marques de cuivre. /fol. 2 v°/ 1717. m. 32 n° 4 Du 30 mars 1718. Cette mine, envoyée de Bretagne pour mines de plomb et cuivre jointes ensemble, que je distingue des trois mines précédentes par n° 4, contient effectivem[ent] deux veines de différente nature jointes ensemble, sçavoir une veine de mine de plomb collée contre une veine de mine de blinde, comme il paroist par l’échantillon que j’en ay conservé. N’ayant pas eu assés de matière pour séparer ces deux natures, elles ont esté pilée [sic], tamisées et calcinées ensemble. Elles se sont trouvées très dures à calciner, jettant un odeur puant qui vient de la blinde. Ensuite, l’ayant fondu en mine dure, le quintal n’a donné aucune matte de cuivre mais seulem[ent] 1 once d’argent et trois livres et demi de plomb, ce qui enseigne que la blinde46 y domine plus que le plomb, ce qui promet davantage si elle étoit lavée. 1717. m. 32 sans n° Du 16 juin 1719. Cette mine inconnue, envoyée soub le nom de morceau de mine de plomb et cuivre ensemble et sans aucun autre nom, est une vraye mine chargée de blinde car, l’ayant pilée, tamisée, lavée, ell’a donné beaucoup de blinde et un ramentum blanc, lequel est devenu à la calcination de toutes couleurs bleux céleste azur violet jaune orangé et brillans co[mm]e des étoilles du firmament. Ce ramentu[m], essayé en arg[en]t, n’a rendu que 4 gros. La ressemblance que cette mine a avec la ci dessus et celle de Hualgouet et Plusquelec, m’a déterminé à la renger soub cette classe des mines d’argent et plomb, blendrisse de Bretagne ; elle mérite d’estre essayée en plomb [symbole]. /fol. 5/ Cuivre [en blanc]. /fol. 6/ Plomb [en marge, de la main de Réaumur :] 1717 m. Hualgouet Cette mine pilée, tamisée et fondue à l’ordinaire des mines de plomb avec le flux noir, a rendu en plomb 61 liv[res] et en argent 2 o[nces] ½.

46. Blende ; cf. supra, note 35.

LES ANALYSES DE MINERAIS

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Carno Autre mine couverte de matière cristallines, nommée en alleman cracke et splooten, étant épurée, pilée, tamisée et fondue de la manière ordinaire des mines de plomb avec le flux noir, a rendu cinquante livres ½ de plomb et 1 once d’arg[en]t par q[uinta]l. Plusquellec Cette mine a deux veines accolées ensemble et parfois difficiles à séparer, scavoir l’une d’argent, d’un doigt d’épaiss[eu]r, meslée au milieu, et parfois à côté de celle de plomb qui est très pure et d’une forte épaisseur. Les deux ayant esté essayées séparément, scavoir celle d’arg[en]t en argent, étant pilée, tamisée et fondue à l’ord[inai]re, a rendu six onces et demi d’argent par quintal et la même, essayé en plomb à l’ord[inai]re, a encore rendu 52 liv[res] au q[uinta]l. Quant à la veine de plomb, étant essayée de même à d’ordinaire, elle a rendu en plomb soixante quatre livres de plomb par q[uinta]l et une once et plus d’argent. 1717. m. 32 Cette mine inconnue, envoyée po[ur] un morceau de mine de plomb et cuivre ensemble, paroist tenir beaucoup de blinde et ressembler aux mines de blindrichtes de Bretagne ; c’est pourquoy, l’ayant pilée, tamisée, lavée et fondue en mine de plomb, ell’a rendu au 1er feu d’une heure 64 li[vres] de plomb noir au quintal, co[mm]e il paroist au boutont que j’ay mis en cette bouteille. C’est la même qui a rendu 4 gros d’argent, comme il est écrit cy dessus aux mines d’argent. /fol. 8/ Étain [en blanc]. /fol. 10/ Fer [en blanc]. /fol. 11/ Vif argent [en blanc]. /fol. 11 v°/ Table des mines de Bretagne essayés le laboratoire de l’académie par Mr de Fousjean jusqu’au 1er janvier 1719 dont le quintal tient Bretagne 1. 2. 3. 4.

Hualgouet Plusquelec 1 autre n°2 autre n°3

Argent cuivre plomb 1 essais 2 essais 1 2 1 2 m o g m o g li ½ li ½ li ½ li ½ 2 4 61 6 4 52 1 1 64

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L’ENQUÊTE DU RÉGENT

5. Carno 6. autre n°4 Inconnue Idem inconnue 1717. m. 32

55 3 ½

1 4

64

/fol. 12/ Antimoine et autres minéraux [en blanc]. 13. - Procès-verbal des essais faits sur les mines de Béarn et Basse-Navarre, mars 1718-août 1719 [17/16]47. /fol. 1/ 13 R Liste des mines essayées dans le laboratoire : Pau pour le Béarn et la Basse Navarre et des Pyrénées Or [en blanc]. /fol. 2/ Argent d’Alet48

Pirennées, diocèse 1716. m. 59 Du 19 mars 1718. Cette mine, envoyée soub le nom de marcassite d’une mine des Pirennées, est une véritable mine d’or, d’argent et cuivre car, l’ayant calcinée, pilée et tamisée seulement sans la laver et l’ayant fondue à l’ordinaire des mines rebelles d’argent, elle a très bien coulé, elle a laissé sa coupelle noirâtre et elle a rendu 4 gros d’argent luisant au quintal, ce qui est une marque d’or et qu’elle deviendroit fort riche si elle étoit lavée, mais il faut pour cela que la mine soit plus abondante. Elle mérite fort d’estre recherchée pour en avoir davantage pour divers essais. Voyé cy après du 30 mars. 1716. m. 58, Lanet par le Sr Lescure 30 mars 1718. Cette mine qui est une veine tendre d’arg[en]t en roignon séparée de le veine de cuivre, envoyée soubs le nom de mine de Lanet par le Sr Lescure, ayant esté seulement pilée, calcinée, non lavée et fondue en mine cuivreuse et dure d’argent avec 12 q[uintau]x de plomb et les flux forts, a rendu quatre gros d’argent ; après avoir bien fondu et donné une scorie fort liquide et claire de couleur verdâtre, ell’a assés noircit la coupelle, ce qui fait juger qu’elle tient du cuivre et qu’elle seroit fort riche si elle tient du cuivre, et qu’elle seroit fort riche si elle avoit esté lavée. Du 12 may. La même ayant esté lavée, une once n’a donné de lavé que 2 gros et 70 parties ou 2 2/3 de gros qui, ayant esté calcinés et fondu, 1 q[uinta]l 47. Voir aussi “ Navarre et Béarn ”, doc. 10, procès-verbal de l’examen des mines de Navarre, Pau et Béarn, fait à Paris le 9 août 1716 [17/40]. 48. Alet-les-Bains (Aude).

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en mine de cuivre a rendu une étoffe de cuivre et d’argent pesant 72 livres, qui est la marque d’une grande richesse. Du 28 may. La même matte, refondue avec ses scories, a rendu 79 liv[res] de matte, mais, en ayant repris un autre quintal, il a rendu 80 liv[res] de matte. Cette matière mérite qu’on en fasse venir davantage po[ur] en faire plus d’essais. Du 1 juin. Ces étoffes, remises au feu avec le[u]r crasses, ont rendu mattes 91 et 90 liv[res] 4 juin à la coupelle ½ once argent [symbole]. Lanet n° 2 Idem La mine de cuivre qui accompagne celle cy dessus, ayant esté seulem[ent] pillé, tamisée et calciné [sic] et fondue en cuivre, a donné 5 et 27 liv[res] de matte de cuivre et l’essais en argent a manqué et n’a rien donné à la coupelle quoyque fondu avec 12 q[uintau]x plomb et les flux forts. Ce qui mérite d’estre répété, quoyq[ue] sa fusion ait esté bien coulante et liquide, son écuelle verte et sa coupelle semblable à celle cy-dessus, qui tient 4 gros quoyque la mine soit différente. La matière manque et mérite qu’on en fasse venir davantage. 10 juin. La même n° 1 a esté reprise et fondue en cuivre sans verre de plomb, et 70 liv [res] de cette mine lavée qui étoit le reste, a rendu 34 livres de matte de cuivre [symbole] aigre et cassante /fol. 2 v°/ Pirénées 1716. m. 59. Alet 30 mars 1718. Cette mine, envoyée du diocèse d’Alet soubs le nom de marcassite d’une mine des Pirennées, est une véritable mine d’argent et cuivre car, ayant esté seulement pilée et fondue à l’ordinaire des mines dures d’argent avec seulem[ent] 8 parties de plomb, ell’a rendu quatres gros d’argent ; mais, ayant esté calcinée et fondue avec 12 parties de plomb et trois parties de flux forts, ell’a très bien coulé, fait une belle scorie claire liquide et brune et ell’a rendu cinq marcs d’argent par quintal, ayant laissé la coupelle noire de couleur de gris de cordelier ou cendré brun. Ce qui mérite plus de examen. Pyrennées 2. 1716. m. 129 30 mars 1718. Cette mine, envoyée des Pirennées pour estre d’arg[en]t et d’or, ayant esté seulement pilée, tamisée et fondue à l’ord[inai]re des mines d’argent, n’en a donné qu’un gros ; mais, ayant esté calcinée et fondue en mine rebelle et cuivreuse, ell’a rendu une once d’argent par q[uinta]l, ce qui fait juger que, si elle étoit lavée, elle en rendroit davantage. Ell’a laissé sa coupelle noirâtre. Il faut avoir plus de matière po[ur] l’étudier davantage.

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26 avril. Cette mine, ayant esté lavée et fondue en mine d’argent, n’a donné cependant qu’une once d’argent ; elle a jetté en la lavant une terre et boue fort blanche, ensuite un sable fort verd, et enfin un ramentum noir, ayant fait une crasse assés épaisse et noire dans l’écuelle et sa coupelle fort noire et fort nette. Ce qui mérite plus d’examen si la matière étoit plus abondante po[ur] conoitre si l’argent ne se seroit point en allé avec la terre blanche et ce qu’elle peut tenir de cuivre ou d’or. 7 may. La même, ayant esté séché et fondue en poudre avec 8 q[uintau]x en plomb [symbole], 2 de flux de sel de verre et 1 de sel de salpêtre, a rendu 775 li[vres] d’étoffe et à la coupelle ½ once d’argent, étant restée noire de cuivre. Ce qui mérite un essais plus fort. Du 12 may. Le même, fondue en cuivre, a rendu au 1er feu 29 liv[res] de cuivre doux et fin. Voyé cy après *. pierre arménienne d’Aas 1716. m. 36 30 mars 1718. La pierre, envoyée soub le nom de pierre qui paroist arménienne, qui perd sa couleur au feu comme celle de Carquérane49, près de Toulon, et laquelle a esté tirée proche d’Aar, est véritable verre naturel de cuivre ou marcassite de mine de cuivre or et argent comme celle de Carquérane, quoyque ell’ait mal fondu et qu’elle n’ait rien rendu à la coupelle, parce qu’ell’a esté essayée sans laver en ayant eu trop peu, et encore parce que, en la calcinant, elle n’a donné aucun signe ni odeur de souphre comme toutes les véritables mines de cuivre quoyqu’ell’ait leur couleur. /fol. 3/ Argent 1717 Mr de Lalanne de Béarn 30 mars 1718. Cette marcassite de mine, envoyée à Mr l’abbé Bignon par r M de Lalane de Béarn, n’ayant esté ni lavée, ni calcinée, mais seulement pilée, tamisée et fondue en mine dure, a non seulement très mal coulé, mais elle n’a rendu que un gros d’argent par q[uinta]l au 1er essais. Ce qui fait juger qu’elle donneroit davantage si on en avoit assés pour pouvoir la laver. Elle paroist estre prise au même lieu ou du moins estre de la même nature que celle de Pau, proche d’Aar ci dessus décrite, parce que celle cy porte comme elle du semblable verre bleut, que je nomme verre naturel de cuivre ou des mines de cuivre qui est un signal certain de ce métal. Le peu de matière qui a esté envoyée empêche qu’on n’en puisse faire tous les essais qu’elle demande. 7 may. La même, ayant esté lavée, scavoir 2 onces 6 gros on rendu un lavé ou ramentum de six gros qui, ayans esté calciné, leq[ue]l, étant fondu en argent à l’ord[inai]re, n’a rien rendu de la crasse dure dans l’écuelle et la coupelle 49. Carqueiranne (Var).

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noire. Cependant la beauté du ramentum ou lavé avec ces signes méritent plus d’examen par des essais plus forts. 12 may. La même, ayant esté calcinée et fondue en mine de cuivre, a rendu au 1er feu 35 livres de cuivre pur et net doux et malléable, ce qui est un produit considérable, comme il paroist par le bouton cy joint. Le peu de matière qui reste de cette mine mérite qu’on en demande davantage po[ur] en faire plus de recherche. 1716. m. 129, 2 * Du 28 may. La même mine, fondue en cuivre, a rendu 51 et 54 liv[res] de matte, même 25 n’ayant pas resté assés de temps au feu en la présence de Mgr le Cardinal de Polignac, le bouton pesant 51 étant desjà à moitié cuivre par sa pointe pendant que sa superficie n’est encore que étoffe ou cuivre noir, ce qui prouve qu’il y auroit du cuivre comme l’essais précédent du 12 may, qui en a donné 29 liv[res]. /fol. 5 v°/ Navarre m. 84. 1716 n° 7 Baigory Du 28 juin 1719. Cette mine, envoyée par Mr de Mandiri en 1716, aportée par Mr du Fenouil, président de Pau, pour mine de la valée de Baigory50, étant pilée, tamisée, lavée, calcinée, n’a jetté aucune odeur de souphre ni n’a changé de couleur, mais est devenue plus légère et plus claire en couleur à la calcination sans fumer, ell[e] est devenue très volatile au moindre soufle co[mm]e des particules talcueuse [sic]. Cependant, l’ayant fondu en cuivre, en argent et en plomb à l’ord[inai]re, elle n’a rien rendu que une livre de plomb au second feu d’une heure, des crasses et culots de la première fonte en plomb, ce qui mérite plus[ieurs] examens. Du même jour. La même mine, préparée comme dessus, a esté fondue avec 8 q[uintau]x de plomb ; ces huict quintaux se sont incorporés avec la mine et ont rendu une étoffe rouge pesant 7 q[uintau]x et 72 livres des 9 quintaux cidessus ; plus les crasses de la première fonte en cuivre, ayant esté pilée et fondue avec aussi 8 q[uintau]x de plomb, ont donné avec les flux ordinaire [sic] une étoffe rouge pesant 6 q[uintau]x ½. Enfin les deux étoffes ont encore esté pilées et fondues en mine de plomb po[ur] en tirer le plomb, et la première de 7 q[uintau]x 72 li[vres] a donné un bouton du culot de plomb net pesant 124 liv[res] et la seconde 6 q[uintau]x ½ a rendu un bouton de plomb de 130 livre [sic]. Ces deux essais ont encore laissé beaucoup d’étoffe encore rougeâtre et chargées de plomb qui n’a pas précipité en bas par la ténacité de cette matière qui aime tellement le plomb qu’elle ne s’en sépare que malaisément. J’ay travaillé et essayé très longtemps et de toutes sortes de manière cette mine de

50. Baïgorry (Pyrénées-Atlantiques).

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Baygory chez le Sr de Rhodes sans avoir jamais pu en rien ti[r]er. Je l’ay donc travaillé longtemps parce qu’il me disoit que la veine de cette mine étoit sur terre et qu’elle avoit 4 pieds d’épaisseur, ce qui est une très grande abondance si peu qu’elle puisse rendre de métal. Je l’ay même essayée chez luy en vif argent, ayant tous les signes extérieur [sic] du cinabre minéral, mais mes essais manquoient souvent faute de comodité à les suivre régulièrem[ent] et faute de vaisseaux propres. La beauté et l’abondance de cette mine mérite qu’on en suive tous les examens qui s’en peuvent faire, lesquels j’espère de suivre attentivement. J’ay desjà découvert qu’elle ne sent point le souffre, qu’elle ne fume point à la calcination médiocre, ni qu’elle ne change point de couleur, ni elle ne diminue point de son poid après l’avoir calcinée 4 fois à feu doux et deux fois à feu ouvert. 5 onces lavées crues ont rendu un lavé de 1 once 3 gros, une eaux et terre rouge, un sable rouge et blanc comme la mine lavée ; enfin, étant fortem[ent] calcinée, elle est devenue noire co[mm]e de la mine de plomb lavée avec quelques brillans bleut feuille morte vert triste violet, le tout au soleil seulement. Nota qu’elle s’attache tellem[ent] à la cuillère de calcination qu’elle en est restée toute brillante sans que je n’aye pu détacher les particules sinon en frappant fort dedans pour en enlever des pailles de fer. Je n’ay pas eu de peine à enlever en paille de l’épaisseur d’un papier fin toute la surface de la cuillère qui s’est trouvée comme étamée ou blanche po[ur] la plus grande partie sou[s] cette petite écaille superficielle. Du 10 7bre [septembre] La même, fondue en mine rebelle de cuivre avec tous les flus et fondans les plus forts excepté le verre de plomb, en 3 heures de feu très violent n’a rendu qu’un culot dur comme de la pierre et aussi sec, sans aucune aparence de métal et sans laisser aucun sel fixe par dessus comme les autres essais, mais seulem[ent] une crasse noirâtre et boursouflée. Idem. n° 24 Du même jour. Cette mine n° 24 du même endroit est la même mine que la ci dessus n° 7 car, outre qu’elle a le même grain et couleur, je l’ay fondu tout de même et elle a rendu un culot de pierre tout semblable à celle cy dessus essayée le 10 7bre [septembre] 1719. Ces deux matières ne paroissent donc estre que des terres ferrugineuses et pierres talqueuses. /fol. 6/ Cuivre Navarre 1716. m. 84 Cise 20 juillet 1718. Cette mine, envoyée par Mr du Fenouil et par le Sr de Mendiry, juge du pays de Cise en Navarre, a esté pilée et lavée et 5 onces ont rendu une once et ¼ de lavé, lequel, étant calciné avec grande difficulté par sa très grande abondance de souphre, est enfin devenu rouge ; mais j’ay eu beau la

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fondre à la façon des mines de cuivre les plus rebelles, je n’ay jamais pu en retirer autre chose que du verre noir, de même que des autres kisses ou pyrites de souphre. Cependant la nature particulière de cette pyrite qui paroist grenée et meslée de divers grains, mérite qu’on l’étudie et qu’on l’essaye encore. 1716. m. 35 d’Accous vallée d’Aspee, du lieu de La Couarde Du 17 Xbre [décembre] 1718. Cette mine, envoyée soub le nom de mine de cuivre d’Accous, valée d’Aspeet en Béarn, de l’endroit nommé La Cuarde, est une vraye mine de cuivre car, l’ayant pilée, calcinée et fondue à l’ordinaire des mines douces de cuivre, ell’a rendu 2 li[vres] ½ de cuivre fin par quintal. Cette mine ne veut point estre lavée, mais calcinée et recalcinée très fortement, parce que son cuivre n’est qu’un vert de terre répendu dans de la roche noire, lequel verd de terre s’en iroit à l’eau comme très léger et ne laisseroit que son terrestre. Elle ne demande point non plus de fondans rudes par sa trop grande quantité de terrestre qu’on ne peut luy ôter que par les calcinations, n’ayant que très peu de souphre. /fol. 7/ Cuivre Béarn 1716. m. 35 Bourein 30 mars 1718. Cette veine, envoyée soubs le nom de mine de cuivre d’Aedius51 dans le Béarn, de l’endroit appellé Bourein, est un verd de gris ou verd de terre naturel qui indique une veine de cuivre ; ayant esté pilé, tamisé et calciné sans laver et fondue en mine cuivreuse et rebelle en argent avec 12 parties de plomb et des flux fort, elle a très bien coulé et, ayant laissé la coupelle noire, elle n’a rendu que un gros d’argent par quintal. Ce qui fait juger qu’elle en rendroit davantage si elle étoit lavée et qu’elle rendroit du cuivre si la matière étoit plus abondante pour la laver. Id[em] 1716. m. 35 Argigouclous 30 mars 1718. Cette mine de cuivre, frontière d’Espagne et Béarn du territoire appellé Argigouclous, ayant esté essayée sans laver ni calciner en mine dure avec 8 q[uintau]x de plomb [symbole], a rendu 2 gros d’argent et a laissé la coupelle noire, qui est la marque de cuivre. La même, ayant esté calcinée, s’est trouvée très douce, ell’a encore mieux coulé, et un quintal foible essayé en mine dure cuivreuse, avec 12 q[uintau]x de plomb [symbole] et les flux forts, a rendu aussi deux gros d’argent et laissé la coupelle noire. Le trop peu 51. Aydius (Pyrénées-Atlantiques).

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de matière qui a esté envoyé empêche qu’on n’en puisse faire plus d’examen. Voyé cy après. Béarn Aidius Bourein 1716. m. 35 Du 21 janv[ier] 1719. Cette mine, envoyée du Béarn en 1716. m. 35, soub le nom de mines de cuivre d’Aidius, de l’endroit appellé Bourein, dans la vallée d’Aspee aux Pyrennées, a esté triée, seulement pilée, calcinée et fondue en cuivre et, en 3 heures de temps, ell’a rendu au premier feu 26 liv[res] de cuivre fin. La même essayée en argent n’a rendu que deux gros. Peyrenère Du 21 janv[ier] 1719. Cette mine, envoyée en 1716 m. 10952 soub le nom de mine de Peyrenère dans les Pyrennées, calcinée doucem[ent], décrépite comme sel et, l’ayant pilée, lavée, calcinée et fondue en cuivre, ell’a rendu au 1er feu en trois heures de temps 13 li[vres] ½ de très beau cuivre fin, outre quatre gros d’argent, le tout par quintal. /fol. 7 v°/ 1716. m. 35 Aedius53 de Bourein Du 11 mars 1719. Cette mine, envoyée du Béarn soub le nom de mine de cuivre d’Aedius, de l’endroit appellé Bourein, a été lavée, pilée, tamisée, calcinée et fondue en mine de cuivre, dont 2 onces n’ont rendu qu’un très petit ramentum ou lavé à l’eau de couleur verdâtre obscur, mais elles ont rendu une once de sable d’une très belle couleur verte. Le ramentum a esté fondu séparém[ent] avec les flux ordinaires aux mines de cuivre excepté le verre et le sel de verre et il a rendu au 1er feu en 3 heures ½ au quintal 39 livres d’un très beau cuivre qui paroist doré par dessous et d’un rouge très vif par-dessus, de même que son verre qui l’envelopoit qui étoit d’un beau rouge tenant avec luy ce qui est la marque que l’essais a trop resté au feu de quelques moments. Pour ce qui est de son sable vert, il a esté fondu de même que le ramentum ci dessus au même feu et il a aussi rendu 39 liv[res] de cuivre rouge très pur et très net, et a laissé son verre moins rouge, plus foncé et moins adhérans, ce qui dénote la perfection de cet essais qui a eu le feu et les fondans au degré juste qu’il demandoit, quoyqu’il ait eu le même feu que le précédent. Si l’on avoit davantage de matière po[ur] en tirer du ramentum, il conviendroit d’essayer cette mine en or et argent. 1716. m. 58 Davejan Du 14 mars 1719. Cette mine envoyée par le Sr Davejan [en blanc].

52. Voir “ Navarre et Béarn ”, doc. 6. 53. Aydius.

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Pau 1716. m. 84 St Macaire par Mr du Fenouil n° 1 Du 12 may 1719. Cette mine, envoyée de Pau par Mr de St Macaire et aportée en 1716. m. 84, par Mr du Fenouil, président de ce parlem[ent], cottée n° 1, a esté pilée, tamisée, lavée, calcinée et fondue en mine douce de cuivre, et ell’a rendu en 3 heures de feu un culot pétrifié tout remplis et parsemé de grenaille et filgrame de cuivre très beau, pesant en tout 135 liv[res] en tout et très dur à casser ; ce qui marque assés la richesse de cette mine qui paroist par l’échantillon estre fort abondante en matière et en métal. La raison pourquoy la réunion de cette grenaille ne s’est pas faite en un bouton au fond du creuset comm’aux autres, peut estre de ce qu’on auroit coigné trop fort sur le creuset en le tirant du fourneau, ou de ce que le verre qui a retenu cette grenaille en l’air, n’étoit pas assés liquide, trop épais. La première raison me paroist la mélieure et la plus vraysemblable. Cet essais mérite d’estre réitéré po[ur] sçavoir au juste la teneur de cette mine. Du 18 may. La même, fondu [sic] en cuivre, en 3 heures a donné en 2 essais n° 1 et 2 du lavé et non lavé 2 culots de verre rouge et pesans qui demandent un second feu. Ces 2 culots n’ont rien rendu. Du 23 may. La même mine qui est une véritable veine abondante de mine de cuivre, a esté ressayée en cuivre et ell’a rendu enfin un bouton de cuivre fin et net pesant 21 liv[res], quoyque cet essais ait esté fait de la mine non lavée, n’en ayant pas eu assés, et qu’elle n’ait resté que 2 heures au feu et qu’elle n’ait eu qu’un peu de verre de plomb. /fol. 8/ Plomb [de la main de Réaumur :] 1716. m. 33. N. E. Arette Mine de plomb d’Arette a donné à un essay 47 livres de plomb et 55 à un autre et seulement ½ once d’argent. 1716. m. 36. Pau. Cette mine a donné à un essay 51 de plomb, et à l’autre 62 et ½ once d’argent. Cuivre Pau n° 5 St Macaire, Mr du Fenouil. 1716. m. 84 Du 18 may 1719. Cette mine qui, par son verd de gris naturel, ne permet pas de douter à son aspect seul que ce ne soit une vray [sic] veine de cuivre vieille tirée que les Espagnols appellent deshaze, de faite tournée en poudre de verdet, et que les Allemans appellent kupferglaz, verre de cuivre, à cause de sa partie qui paroist luisante comme du verre comme du talc, tout cela, me dénotant une grande légèreté de sa matière, a fait que je me suis contenté de la piler,

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tamiser et la calciner à moitié pour voir si cela suffiroit ; et, pour en moins perdre, crainte qu’elle ne s’en alla toute à l’eau, je ne l’ay point lavée, mais je l’ay fondue co[mm]e cela en cuivre de diverses façon [sic], ayant remarqué en la calcinant qu’elle n’a rendu aucun odeur de souphre. Je l’ai fondu une première fois sans la calciner, elle n’a rien rendu en 3 heures et demi. Je l’ay calcinée ensuite à moitié, n’ayant donné aucun odeur de souphre. Je l’ai fondue derechef en cuivre et, en 3 heures de feu que je luy ai donné, elle n’a encore rien rendu. Enfin, je l’ay ressayée encore en cuivre sans verre ni verre de plomb, avec tous les fondans et précipitans des mines douces, et, en 2 heures de feu, ell’a commencé à donner une demi livre de très beau cuivre, ce qui fait juger qu’elle donneroit davantage si j’en avois eu assés pour la laver, et même si je l’avois entièrem[ent] calcinée à feu ouvert pour éprouver si elle ne rendroit aucun odeur de souphre, ce qui n’est pas à croire, puisque l’on n’a jamais veu de mine de cuivre sans souphre. Je l’ay recalcinée sur l’heure 2 fois à rougeur à feu ouvert, au grand souflet, et elle n’a encore rendu aucun odeur de souphre ; ell’a seulem[en]t changé de la couleur noire en rougeâtre ou moins noire et ell’a paru au soleil pleine de brillans de toute couleur comme la marcassite de Soissons. Du 23 may. La même, étant calcinée comme dessus et fondue pendant 2 heures en mine de cuivre avec un peu de verre de plomb seulem[en]t et tous les précipitans des mines douces, a enfin donné un bouton pesant 10 livres de cuivre très beau et fin, et au dessus un massif terrestre et spongieux salins et verdâtre sans aucune vitréfication. Idem n° 8. m. 84 Du 23 may. Cette mine, envoyé de Pau en 1716 par Mr de St Macaire, aportée par Mr du Fenouil, président du parlement de Pau, contenue en son mémoire de St Macaire n° 8, a esté pilée, tamisée, lavée, calcinée et fondue en mine douce de cuivre sans le verre de plomb ni autre, et ell’a rendu en deux heures seulem[en]t de feu 60 ½ liv[res] de cuivre mal réuni mais très beau et très rouge, ce qui est une grande richesse si la matière est plus abondante que l’échantillon ne le paroist. /fol. 8 v°/ Pau 1716. m. 36 Du 28 juin 1719. Cette mine, envoyée de Pau en 1716 m. 36, soub le nom de mine de plomb qu’on prétend riche, l’ayant pilée, tamisée, calcinée à rougeur et fondue en mine de cuivre, a rendu 4 liv[res] du métal qui ressemble plutôt à de l’estain et du plomb qu’à du cuivre, lequel métal ayant esté remis au feu avec le verre noir n’a rien rendu en une heure de temps qu’un verre encore plus noir ce qui mérite plus d’examen. Pyrénée 1718. m. 109 Hournnatug [sic] Du 24 juillet 1719. Cette mine, envoyée en 1718. m. 109, soub le nom de mine de Hournatug dans les Pyrénées, est une vraye mine de cuivre non seu-

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lement par le verd de gris naturel dont elle paroist chargée, mais parce que, l’ayant pilée, lavée, calcinée et fondue en mine dure, ell’a rendu en 2 heures de feu 14 liv[res] de mattes ; lesquelles étant affinée ont rendu en deux autres heures de feu 7 liv[res] de cuivre en grenaille mal réunie qui n’a pu former de culot, soit à cause de l’épaisseur du fondant, soit pour n’avoir eu assés de feu. /fol. 9/ Plomb Pyrennées Vallée d’Aspee Ousse54 [de la main de Réaumur :] 1716. m. 35 N. d. Cette mine, ayant esté seulement pilée, tamisée et fondue à l’ordinaire des mines de plomb, rend 47 livres de plomb et 2 gros d’argent par quintal. [de la main de Réaumur :] 1716. m. 128. n. 42 Cette autre mine n° 42, étant seulement pilée, tamisée et fondue à l’ordinaire des mines de plomb, rend par quintal 32 ½ livres de plomb et 2 gros d’argent Batte [de la main de Réaumur :] 1716. m. 109 Cette mine, ayant esté pilée et tamisée seulement et fondue à l’ordinaires des mines de plomb, a rendu 36 livres de plomb et ½ once d’argent par quintal. Bino [de la main de Réaumur :] 1717. sans mémoire Mine des terres de Mr de Claverie, maître des requêtes, a donné 44ll ; elle demande à être essayée avec le fer ; il y a apparence qu’elle donnera davantage. L’endroit où elle est scituée s’appelle Bino. Mr Berger y a été. 1716. m. 109. Disco Cette mine, nommée Disco au mémoire 109, envoyée en 1716 des Pyrennées et essayée au commencem[ent] de janvier 1718, ayant esté seulement pilée, tamisée et lavée et fondue à l’ordinaire des mines de plomb, a rendu 23 liv[res] de plomb et, essayée en argent, a rendu ¼ d’once au quintal. Si elle étoit mieux préparée, il y a aparence qu’elle rendroit davantage tant en plomb qu’en argent pourveu qu’elle soit abondante en matière. 1716. m. 35 Arigoucoclous [sic] Cette mine, envoyée soub le nom de mine de cuivre frontière d’Espagne et Béarn, au territoire appellé Arigoucoclous, est une matière très belle et très dure à fondre car, l’ayant essayé en argent co[mm]e les mines dures, ell’a mal fondu et elle n’a rien rendu que 2 gros d’argent au quintal. Le peu de matière qu’on en a envoyé empêche qu’on puisse découvrir tout ce qu’elle paroist tenir

54. Commune d’Idron-Ousse-Sendets (Pyrénées-Atlantiques) ou Ustou (Ariège) ?

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en or, argent et cuivre. Elle mérite d’estre recherchée, ce qui se conoist par sa coupelle noire, la petitesse et le brillant de son grain d’argent. Voyé cy dessus. /fol. 9 v°/ 1716. m. 128 n° 36. n° 1 Cette mine, envoyée pour matière minérale des Pyrennées, étant pilée, tamisée et lavée, n’a rendu au lavage que 2 gros de pur lavé ou ramentum de 19 onces, dont le quintal de ces 2 gros n’a rendu que 4 liv[res] de plomb, mais ell’a rendu cinq onces ¾ de boue qui mérite d’estre essayée en plomb. La même essayée en argent n’a rendu que 4 gros. /fol. 10/ Plomb Pau l’Ardio 1 Du 26 avril 1718. Cette mine, envoyée des Pyrennées soub le nom de mine de plomb de l’Ardio, découverte et indiquée par Mr Le Berger, ayant esté pilée, tamisée et calcinée une fois et fondue à l’ord[inai]re des mines de plomb, a rendu au 1er essais 58 liv[res] et au second 58 liv[res] ½ de plomb doux. Cette première bouteille provenant des fragmens de cette mine qui se sont trouvé dans la caisse qui a esté envoyée, il ne s’y est trouvé aucun machacado de plomb ou plomb vierge, mais seulement deux ou trois grains de fer que la pierre d’aimant enlève, lesquels peuvent estre des corps étrangers à cette mine, ce qui m’ayant fourni l’occasion de rouler la pierre d’aimant sur toute la poudre de cette bouteille, j’ay trouvé que cette mine contenoit d’autres parties de fer que la pierre d’aimant a élevé quoyqu’en très petite quantité mais d’une qualité pareille à la limaille de fer très fine. La même mine ayant esté essayée en argent n’a rien rendu. L’Ardio 2 Au même jour. Cette seconde bouteille contenant trois livres trois onces de la même mine de Lardio en pierre, a rendu au pilon et au tamis le poid d’un grain de plomb vierge ou naturel que nous appellons avec les Espagnols machacado de plomb, et, comme ce grain pesan est divisé en plusieurs petites parties, cela fait juger qu’il poura s’en trouver davantage et de plus grosses par les grandes lotions s’il étoit nécessaire de les faire. La mine de cette bouteille, ayant esté seulem[en]t calcinée en pierre et en farine et fondue à l’ordinaire des mines de plomb doux avec le sel de salpêtre, a rendu au 1er essais 44 liv[res] ½ de plomb, et au second 39 livres. Son essais en argent a manqué et est à refaire. m. 1716. n° 4. St Macaire par Mr du Fenouil Du 12 may 1719. Cette mine de plomb, envoyée de la Navarre par Mr de St Macaire, aportée par Mr du Fenouil, premier président du parlem[ent] de Pau, sans dire le nom du lieu où ell’a estée prise, marquée en sa liste par le n° 4, a

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estée pilée, tamisée, lavée, calcinée et fondue en mine de plomb et, en 2 heures de feu, ell’a rendu 64 liv[res] de beau plomb blanc et net ayant un peu de cric de l’étein. Ce qui mériteroit plus d’examen sy la matière étoit plus abondante. En 1716, j’essayay la même mine chez Mr Grassin à la Monoye, et elle ne rendit que 58 liv[res] de plomb noir et doux, comme il paroist à l’échantillon de plomb aplati et plié qui est dans cette boëte. Cette différence de teneur peut venir ou d’une différente préparation, calcination d’un différent feu et des fondans. /fol. 11/ Plomb Navarre St Jean Pi de Porc55 [de la main de Réaumur :] 1716. m. 84 ou 10956 Cette mine n° 12 près de St Jean Pied de Porc, ayant esté seulement pilée, tamisée et fondue à l’ordinaire des mines de plomb, tient 55 liv[res] de plomb et ½ once d’argent par quintal. Dinaxil [de la main de Réaumur :] 1716. m. 84 ou 10957 Cette mine de la montagne de Mondarray n° 1, ayant esté pilée, tamisée et lavée légérem[ent] et essayée à l’ordinaire des mines de plomb, n’a rendu aucun plomb ; mais, essayée en argent, a rendu seulem[ent] 2 gros foibles d’argent par quintal. [Réaumur ajoute :] Je la crois une riche mine de fer, il faut l’essayer. Cise 20 juillet [en blanc]. /fol. 11 v°/ 1716. m. 84 n° 12 du Sr Mandiri par Mr du Fenouil Du 1er juin 1719. Cette mine, envoyée par Mr de Mandiry, juge du pays de Cise en la Basse Navarre, et aportée en 1716 par Mr du Fenouil, 1er président du parlement de Pau, mémoire 84 n° 12, est une très belle mine très riche en plomb blanc, très douce, très pure et très aisée à travailler. Car, l’ayant pilée tamisée seulement et fondue en mine douce de plomb, elle m’a rendu au premier feu d’une heure et ¼ la quantité de 65 livres de plomb au quintal, et la même, essayée en argent, a rendu 2 gros d’argent au quintal. Cuivre Idem n° 10 Du 28 juin 1719. Cette mine, envoyée par Mr de Mandiri, jusge de Cise, aportée par Mr du Fenouil, président de Pau en 1716 soub le nom de mine tirée 55. Saint-Jean-Pied-de-Port (Pyrénées-Atlantiques). 56. Voir “ Navarre et Béarn ”, doc. 6. 57. Ibidem.

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d’Espagne à demi heure de France, étant pilée, lavée et calcinée, de verte est devenu noire, étant fondue en mine de cuivre a rendu au 1er feu de 2 heures 8 liv[res] ½ de cuivre rouge mal réuni. La même refondue a rendu aussi du cuivre rouge et fin en une heure, mais encore plus mal réuni. Ce qui mérite plus d’essais jusqu’à ce qu’on ait trouvé le poin[t] de la réunion parfaite de son métal en un seul bouton ; po[ur] cela je l’ay encore recalcinée à l’extrême et ell’a fumé encore et rendu un odeur de souphre, ce qui me paroistoit luy manquer. Le 18 aoust, je l’ay fondue avec tous les fluxs les plus forts et, en 2 heures ½ de feu, ell’a rendu un très beau bouton de cuivre très rouge, ayant un peu bruslé et trop resté au feu, puisque son verre en est resté très rouge, ce qui dénote qu’il y est resté beaucoup de cuivre. Ce bouton n’a pas laissé de peser dix sept livres et demi de cuivre très fin et très doux, comme je l’espérois, et je crois que, si l’essais avoit eu moins de fondans et qu’il eut esté moins longtemps au feu, le bouton auroit esté plus gros. Enfin, le 6 7bre [septembre], la même a esté fondue c[omm]e dessus et ell’a rendu un très beau bouton de cuivre très fin, très net, très brillan du poid de 30 livres en 2 heures et demi de feu. /fol. 12/ Cuivre St Macaire 1716 n° 3 Du 18 aoust 1719. Cette mine, envoyée en 1716 n° 3 de St Macaire par Mr du Fenouil, président de Pau, après plusieurs essais où elle a manqué, étant pilée, calcinée et fondue en mine de cuivre très rebelle, a enfin rendu un bouton de cuivre rouge bien fait et un peu crasseux seulement en 2 heures et demi de temps, ce qui marque qu’il luy faloit encore un demi quart d’heure de feu pour se rendre parfait, lequel pèse 25 livres de bon cuivre rouge. Du 23 7bre [septembre]. J’ay fondu avec 8 q[uintau]x de plomb la matte du poid de 27 liv[res] dont 14 à 15 liv[res] de cuivre pur provenus d’un essais précédent ; ell’a bien fondu et bien verny ses écuelles et ell’a laissé la coupelle noire et rendu 2 gros d’argent tenant beaucoup d’or, comme il paroit à la couleur jaune du grain et à sa figure ronde comme une boule, car j’ay toujours trouvé que les grains d’or prennent la figure ronde dans la coupelle et que les grains d’argent pur y prennent une figure platte, outre que l’or étant plus pesent que l’argent de près du double, les boutons d’or sont aussi presque du double plus petis que les grains d’argent. Disertation Cette mine qui est une vraye mine de cuivre commençant à tenir de l’or, est de la meilleure qualité et couleur des mines de cuivre dont parle Ercker58, 58. Lazarus Ercker (1530-1593), métallurgiste allemand, auteur de Beschreibung allerfürnemisten mineralischen Ertzt- und Berckwercksarten (Prague, G. Schwartz, 1574) et de Aula subterranea domina dominatium subdita subditorum (Fransfort, J. D. Zunners, 1672).

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quand il dit que plus les mines de cuivre sont jaunes et plus leur jaune est vif et plus elles sont riches en cuivre or ; cette mine est du plus beau jaune et du plus vif qu’on puisse voir po[ur] les mines de cuivre et or. Cette mine se charge à ses extrémités de verd de gris comme celle de Navarre en Espagne. Il est à remarquer que, cette veine m’ayant paru presque pure, je ne l’ay point lavée, ce qui fait qu’elle n’a rendu que 25 liv[res] de cuivre pur et rouge en deux heures et demi ; donc, si je l’avois lavée, ell’auroit rendu presque la moitié du quintal et alors ell’auroit pu donner davantage d’or. Cette mine est donc non seulement féconde et riche en cuivre et, si elle ne tient encore que 2 gros d’or et argent, c’est un indice assuré que, si ell’étoit creusée, elle changeroit et de couleur en couleur plus vifve ou en jaune ou en rouge orangé incarnat ou en blanc de laict et, alors, elle diminueroit en cuivre pour se charger en or ; ce qui mériteroit la peine d’estre examiné de plus près, parce que j’ay éprouvé sur la mine d’or du Vigeay que les fibres de veine qui étoient les plus superficielles, étoient jaune comme cette mine et étoient très pauvres en or et très menues en volume, et que les fibres les plus profondes quoyqu’elles n’eussent encore que 10 à 12 pieds de profondeur, étoient et plus fortes et plus blanches comme de l’argent, plus fortes en volume et en teneur. Il en est de même de la mine d’or de Frioul, en Suisse, qui se travailloit en 1706 en or par le vif argent, comme au Pérou. Ce marque encore que cette mine est entièrement semblable à la mine de cuivre de Claude François La Planche, aportée du Dauphiné en 1718 par le Sr Géraudly, qui tient 34 liv[res] de cuivre. /13/ Table des mines des Pyrennées, généralité de Pau, Béarn et Basse Navarre essayés le laboratoire de l’académie par Mr de Fousjean jusqu’au 1er janvier 1719 dont le quintal tient Pyrennées 1. 2. 3. 4. 5. 6.

Alet 1 Lanet 1 Lanet 2 Pyrennée 2 Sr de Lalane la Couarde d’Accous 7. Argigouclous 8. Arette 9. autre 10. Ousse 11. autre n° 42 12. Batte

argent cuivre plomb 1 essais 2 essais 1 ess. 2 ess. 1 ess. 2 ess. m o g m o g li ½ li ½ li ½ li ½ 4 5 29 4 34 27 1 29 29 35 2 ½ 2 4 4 2 2 4

47 51 47 32 36

55 62

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13. Bino 14. Disco 15. n° 36 16. Lardio 1 17. Lardio 2 18. St J. P. de Porc 19. Dinaxil Pyrennées 1 Peyrenère 14 janv[ier] 1719 et 21 21 Aidius de Bourein 11 mars son sable vert Navarre St Macaire par Mr du Fenouil 12 may n° 4 Pau idem n° 5 idem n° 8 St Macaire n° 1 du Sr Mandiry par Mr du Fenouil n° 12 Espagne du même n° 10 Idem Pyrennée Hournatug St Macaire n° 3

44 23 4 58 44 55 0

4

4 2 4

58 ½ 39

13 ½

26

39

39 64

10 60 ½ 21 2

65

8

½ 17 ½ 30

7 25

/fol. 14/ Rien. [ajouté par Réaumur :] 1716. m. 84. n. 1 Mine de la montagne de [illisible] près le village de Dixanil n’a rien donné en argent, ny en plomb, je la crois mine de fer, il faut l’essayer. 14. - Procès-verbal des essais faits sur les mines de Provence, janvier 1718-août 1719 [17/17]. /fol. 1/ 12 R

Liste des mines essayées dans le laboratoire : d’Aix pour la Provence Or [rien].

/fol. 2/ Argent de la Roque [de la main de Réaumur :] 1716. m. 64 Cette mine, envoyée par le Sr de la Roque pour de l’alquifoux, est une mine

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de plomb qui, ayant esté pilée, tamisée et fondue à l’ordinaire de la mine d’argent, rend deux gros d’argent, et 24 liv[res] de plomb par quintal. 21 janv[ier] 1718. La même, ayant estée calcinée, a rendu également 2 gros d’argent par q[uinta]l. du Canet59 [de la main de Réaumur :] in. lang. m. 74 Cette mine, dont la couleur et la grainure aprochent plus de celles de la blainde60 que de celles de la mine de plomb, ayant esté pilée, lavée, tamisée et fondue à l’ordinaire en argent, n’a rend[u] que deux gros d’argent au quintal sans tenir aucun plomb. des Arcs 1 [de la main de Réaumur :] 1716. m. 74 Cette mine, envoyée en 1716. m. 74, dont on dit qu’on a tenté inutilement d’en faire usage, est cependant une roche de mine de plomb qui commence à tenir deux gros d’argent par quintal car, l’ayant fondue sans la calciner, l’ayant seulem[ent] lavée, elle a rendu 11 livres de plomb. Mais, ce ramentum ayant esté calciné et fondu à l’ordinaire des mines douces d’argent, elle a vernis son écuelle d’un beau verni fort coulant de couleur verdâtre tirant sur le jaune cendré et sa coupelle est restée à peu près de le même couleur mais plus cendrée par les bords et jaune dans le fond. 30 mars 1718. Cette même mine d’Arc, ayant esté recalcinée, lavée et fondue en plomb, a rendu 46 ½ liv[res] de plomb et, fondue en argent, a rendu quatres gros d’argent. 26 avril. La même, fondue en argent, a rendu 2 gros d’arg[en]t après avoir esté lavée. des Arcs n° 2 12 may. La même n° 2 en poudre, lavée, calcinée, n’a rien rendu en plomb ni en argent, mais la boue du lavage de la même mine en poudre, étant calcinée et fondue en argent et en plomb, a rendu 1 once d’argent et 13 ½ liv[res] de plomb au 1er et 9 ½ liv[res] au second essais. Du 10 juin. La même, fondue sans verre de plomb, a rendu un culot de plomb [symbole] de 11 liv[res] et une matte de 19 liv[vres]. Carquérane. 1716. m. 114 Cette mine, envoyée soubs le nom de lapis étoillé par le sr de Dieu, orfèvre de Narbonne, est une vraye mine d’or argent et cuivre ; ell’est semblable à celle de Lanet 1716. m. 58, car, ayant esté seulement pilée, tamisée, calcinée et fondue en mine dure, ell’a rendu cinq onces d’argent par quintal. Ce qui mérite plus d’examen si on avoit davantage de matière. 59. Le Cannet-des-Maures (Var). 60. Blende ; cf. supra, note 35.

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[La section précédente est barrée et remplacée par :] Carquérane. 1716. m. 114 Ce lapis lasuli prétendu du rocher de Carquérane, ayant esté pilé, calciné et fondu en mine dure, a très bien fondu coulé, mais il n’a rien du tout laissé à la coupelle que deux gros d’arg[en]t et une couleur verdâtre, ce qui demande à estre répété et lavé, mais il n’y a pas assés de matière. 10 juin. La terre de la même, fondue avec le verre de plomb, a rendu 5 liv[res] de plomb dur. /fol. 2 v°/ 1718. m. 12. Mr Brunot 30 mars 1718. Cette mine de plomb meslée d’une veine d’argent, envoyée par le Sr Bruno, ayant esté pilée, calcinée et tamisée ensemble, n’en ayant pas eu assés pour en séparer la mine d’argent d’avec celle de plomb, comme elles paroissent par les échantillons que j’en ay réservé, elles seront trouvée très souphrées, difficiles à désècher ; ayant esté fondue tant en plomb qu’en argent, elles ont rendu au 1er essais 7 onces d’argent et au second 1 once par quintal, et 47 liv[res] de plomb. Le peu qui en reste n’est pas suffisans pour faire sur ce sujet toutes les recherches qui se pouroient. Voyé les échantillons et produits. Du 26 avril. Cette mine, ayant esté ressayée en mine dure, n’a rendu que 3 onces d’argent fort brillant, ayant laissé son écuelle noire et sa coupelle très jaune clair, ce qui fait soupçonner que le plomb n’a pas pris toute sa richesse. Du 28 may. Cette mine ressemble par ses éguilles à de la mine d’antimoine ; ayant esté fondue à la façon des mines rebelles de cuivre, avec les fluxs forts, a rendu au premier feu d’une bonne heure un bouton de plomb très dur pesant 85 liv[res] ½, ce qui est un produit très surprenant. Mais comme c’est le dernier quintal qui m’en restoit, il faudroit en avoir davantage pour l’étudier encore et trouver sa juste teneur, quoyque ce bouton de plomb dur de 85 liv[res] ½ puisse m’assurer par la coupelle ce que cette mine tient de fin. Du 1er juin. Ces 85 liv[res] ½ de plomb passés à la coupelle n’ont rendu que une once d’argent sans aucun rabat du fin du plomb, parce que je ne luy en avois donné que 4 q[uintau]x sur les 85 liv[res] ½ po[ur] les rendre plus douces à la coupelle. Ainsi, par toutes ces épreuves, on ne trouve que du plomb dans cette mine, à moins qu’il ne se trouve d’autre matière, et mine d’argent qui l’accompagnent par accident dont les produits de plomb de 7 et de 3 onces d’argent auroient pu venir ; ainsi cette mine est très à rechercher. /fol. 5/ Cuivre 1717. m. 74 Bréoule61 Du 20 juillet 1718. Cette mine, envoyée de Provence, est une riche mine de cuivre puisque, l’ayant seulement épeluchée, trié, pilée et calcinée, ell’a rendu

61. La Bréole (Alpes-de-Haute-Provence).

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42 liv[res] de mattes qui ont donné 35 livres de cuivre, co[mm]e il paroist au 1er bouton du 1er essais, quoyque au second essais elle n’ait rendu que 35 livres d’une matte très belle et très blanche, ce qui mérite plus d’examen. Idem Du 24 Xbre [décembre] 1718. La même, essayée en cuivre sans verre, a rendu en 3 heures et demi de feu avec les fondans ordinaires un bouton de cuivre blanc pesant 29 liv[res] ½ lequel paroist tenir d’argent à la pierre de touche. /fol. 7/ Plomb de La Roque [de la main de Réaumur :] 1716. m. 64 Cette mine, envoyée par le Sr de La Roque soubs le nom d’alquifoux, est une vraye mine de plomb qui, étant pilée, tamisée et fondue à l’ordinaire des mines de plomb, rend 34 livres de plomb au quintal et 2 gros d’argent. [en marge, de la main de Réaumur :] Cecy est une autre mine donnée en 1717 par le Sr de La Roque sans mémoire. Ayant reppété cet assais [sic] avec le sel gemme, elle n’a donné que 8 ½ et 1 ½ liv[res] de plomb, cette mine a esté seulement cloubée [?] ou la meilleur [sic] triée et séparée du terrestre et fondue ainsi. Ces différences d’essais méritent plus d’examen. des Arcs L’autre mine du mémoire 74 de l’année 1716, envoyée soub le nom de mine des Arcs, ayant esté pilée, tamisée, lavée et fondue à l’ord[inai]re des mines de plomb, n’a donné que 11 livres de plomb ce qui mérite d’estre reppété. Carquérane [en blanc]. 1718. m. 12. Le Sr Bruno Cette mine, envoyée pour mine de plomb de Provence par le Sr Brunot, est de deux espèces, l’une à facette et l’autre à éguilles, mais, ces deux mines ayant esté préparée ensemble à cause qu’il y en avoit trop peu po[ur] les travailler séparément et ayant esté pilée, tamisée, lavée, calcinée modérément et fondue à l’ord[inai]re des mines de plomb, elles ont rendu 47 liv[res] de plomb au quintal et la même, ayant esté essayée en argent à la façon des mines rebelles, elles ont rendu 7 onces d’argent, ce qui mérite d’estre répété po[ur] s’assurer d’un si grand produit et d’avoir de ces deux matières séparées pour assurer laquelle est la mine d’argent. 28 may. Voyé cy devant au titre de l’argent. /fol. 8/ Étain 1716. m. 121 Gapençonnois Du 16 juin 1719. Cette mine, envoyée de Provence en 1716 m. 121 soub le nom de pierre trouvée au fond de la mine de plomb du Gapençonnois où l’on

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a travaillé longtemps avec succès, est une mine d’étein car, l’ayant pilée, tamisée, lavée, calcinée et fondue en mine de cuivre, a rendu au 1er feu de 2 heures un bouton d’étein ou de plomb blanc et dur, pesant 52 livres, qui est une marque de la richesse de cette mine qui demande divers essais, réitérés en étain, en cuivre, en plomb et en argent. Du 18 aoust 1719. La même mine a esté essayée en étein et ell’a rendu 41 liv[res] d’étein blanc ayant le cric de l’estain en 2 heures et demi de feu très fort. Du 10 7bre [septembre]. Cet essais du 18 aoust ayant eu trop de feu, je l’ay répété et je ne l’ay laissé qu’une heure au feu, mais il n’a rendu que 29 liv[res] de plomb blanc co[mm]e de l’estain. Dissertation sur cette mine. Cette mine du Gapençois par les essais ci dessus est une mine de plomb blanc comme de l’estain, qui ne tient point d’argent, pas même un gros par quintal, car après ces essais j’ay bruslé les 41 liv[res] de plomb ou étain blanc ci dessus avec 4 quintaux de cendrée de plomb, et je n’ay trouvé à la coupelle que le poid d’argent égal au grain de 4 quintaux de plomb qui pèse à 1 gros seulement, son écuelle étant restée fort jaune, ce qui paroist extraordinaire que ces 41 liv[res] n’ayent rendu aucun argent, puisque je n’ay point encore aucune mine de plomb depuis 15 ans que j’en fais des essais, qui n’ait toujours rendu au moins un ou deux gros d’argent au quintal. Mais cela peut venir de ce que la mine a esté fondue premièrement en estein, et son produit de 41 liv[res] afiné en argent, au lieu que, par le premier essais fait en mine de cuivre, ell’a rendu 52 livre [sic], ce qui fait juger que le second essais en estain n’a pas esté assés fort po[ur] fondre le cuivre et l’argent qu’elle peut contenir et qu’on pouroit tirer si ell’étoit fondue de même que la première fois. Ainsi, il semble qu’il n’y a que le plomb ou étein seul qui a fondu dans le second essais puis le bouton étoit très blanc au lieu que celuy du 1er essais est moins blanc et plus dur ce qui ne provient que du cuivre et de l’argent qu’elle peut avoir. Cette mine a toute la figure, la couleur et la ressemblance des riches mines d’estein d’Angleterre, ce qui m’a déterminé à l’essayer en ce métal, mais les différens produits qu’elle m’a rendu par 2 essais doux, quoyque aten [pour étant ?] égal et à feu moindre, me font conoitre que le premier essais est justement celuy qu’elle demande, et que ell’est trop dure pour rendre son produit par des essais doux et par un feu médiocre. J’ay dissous dans de l’eau régale faite avec l’eau forte et le sel marin calciné les 29 liv[res] d’étein ou plomb blanc du 3e essais et elles se sont converties en deux heures de temps en une poudre blanche. J’ay pareillement pris 30 liv[res] de limaille de plomb, et elles se sont tout pareillem[ent] dissoutes dans de semblable eau régale, à temp [sic] égal. Une chose remarcable [sic] à la coupelle qui a servi à afiner le plomb des 41 livres, c’est que son fond qui a contenu le plomb qui s’y est imbibé, est

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resté for jaune blanchâtre et le dessous d’un jaune plus brun et tout le dehors fort blanc co[mm]e toutes les autres, mais, pour le hault du dedans de ses bords contre lesquels la fumée du plomb a réverbéré, ils sont resté d’une belle couleur de rose ou de chair, ce qui m’a paru d’autant plus extraordinaire que je n’ay encore veu arriver cela à aucune coupelle. /fol. 11 v°/ Table des mines de Provence essayés le laboratoire de l’académie par Mr de Fousjean jusqu’au 1er janv[ier] 1719 dont le quintal tient Provence 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7.

la Roque autre de même du Sr du Canet des Arcs 1 Carquérane du Sr Brunot Bréoule

Gapençonnois

argent cuivre plomb 1 essais 2 essais 1 ess. 2 ess. 1 ess. 2 ess. m o g m o g li ½ li ½ li ½ li ½ 2 34 8 ½ 1 ½ 2 0 1 13 ½ 2 7 3 47 85 ½ 35 29 ½

étain : 52

15. - Notes de Réaumur, s.d. [18/81/b]. expérience à faire mine de plomb. avec charbon et sel gemme essaier la limaille de fer les différents sels faire sur le minium les mêmes expériences que j’ai faites sur la mine de plomb. 16. - Note par Réaumur, 1721 [18/81/c]. /fol. 1/ Expériences sur les mines de plomb et remarques sur ces expériences. [en marge : janvier 1721] Pour s’assurer de la véritable teneur des mines de plomb, il est très important de ne leur donner de feu qu’autant qu’il est nescesaire pour les fondre. Ce qu’on en donne de plus diminue le produit, mais, comme la force du feu n’est pas la même dans tous les fourneaux à essais, et que rarement elle se trouve la même dans le même fourneau à différentes heures, je ne voudrois jamais me régler sur un certain temps fixe pour laisser mes creusets au feu. Mais voicy la méthode que je conseille de suivre. On mettera dans le fourneau 4, six ou 8 creusets en même temps, selon la grandeur du fourneau et selon celle de la

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moufle, et tous chargés de la même manière. On tirera les creusets à différents temps, le premier, par exemple, après un cart d’heure, le second à un cart d’heure et demi ou à une demi heure, et ainsi de suite. J’ai remarqué que M. Fousjean qui étoit chargé de faire mes essais, péchoit par le trop de temps. Son usage étoit de laisser les mines de plomb une heure entierre dans mon fourneau. Je mis hier dans ce fourneau quatre creusets avec de la mine de plomb de Carnot. Je tirai le premier des creusets après une demi heure, son produit fut beaucoup plus considérable qu’il n’avoit été trouvé par /fol. 1 v°/ M. Fousjean. Le produit du creuset tiré après trois carts d’heures fut plus fort encore que celuy de M. Fousjean. Enfin les deux autres creusets qui furent tirés l’un après plus d’une heure, et l’autre presqu’après deux heures, ont été moindres. Le dernier tiré ne donna pas la moitié du premier. Il faut encore avoir attention de retirer les premiers les creusets qui ont été placés les plus proches du fond de la moufle. La manière ordinaire d’essaier les mines de plomb est de charger le creuset à froid d’un quintal de mine, d’une cuillerée, qui pèse un quintal, de charbon pillé, de deux cuillerées ou quintaux de flux [en marge : le flux est composé de deux parties de tartre et une de salpêtre], et d’une cuillerée de sel gemme ou sel commun. On donne pour règle de laisser le tout au feu jusques as qu’on n’entende plus de bouillonnement de pétillement. Cette règle fait courrir risque de laisser le plomb trop longtemps au feu. [en marge :] rép[éter] l’essay. J’ai voulu décomposer le procédé précédent. J’ai mis quatre creusets de mine de Carnot avec seulement du flux dont j’ai augmenté la dose jusques à trois ou quatre quintaux. J’ai tiré de ces creusets des boutons de plomb dont le premier a été plus gros que les autres parce que les creusets ont été tirés plus tard. Ce premier pourtant a été plus léger que ceux qui ont été tirés par la méthode ordinaire. Mais peut être aussi es ce que je le laissai près d’une fois autant au feu parce que je croiois les fondants moins actifs. /fol. 2/ J’ai mis dans quatre autres creusets de la mine de plomb, et je n’ai meslé que du charbon pillé avec cette mine. Je n’ai trouvé de culots de plombs dans aucun de ces creusets quoique j’en ai laissé un à quatre à cinq heures au feu. J’avois mis dans deux la mine entre deux couches de charbon sans la mesler. J’ai reconnu de la même mine dans un de ceux là dont le charbon seul ne suffit pas. Dans quatre autres creusets, j’ai mis en chacun environ quatre quintaux de sel gemme avec un quintal de mine. De tous ces creusets il y en a eu qu’un seul au fond duquel j’ai trouvé un petit bouton mais qui n’étoit pas un sixième du produit que je devois trouver. J’ai mis dans un autre creuset seulement de la mine de plomb. J’en ai presque rempli ce creuset. Après qu’il a eu soutenu près de quatre heures du feu le plus violent qu’il pouvoit avoir dans mon fourneau, je l’ai retiré. Le dessus

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alors étoit fluide comme le sont les crasses des mines d’argent. J’ai cassé ce creuset quand il a été refroidi. Le dessus étoit une couche de verre de plomb épaisse communément d’une ligne ou deux et qui avoit en un seul endroit quatre à cinq lignes d’épaiseur. Au dessous étoit le reste de la mine qui avoit conservé sa couleur, mais dont les grains étoient plus raprochés les uns des autres, sans pourtant faire encor corps. /fol. 2 v°/ [en marge : 22 janvier] J’ai essaié la mine de plomb de Mr de Réal : 10 à la manière ordinaire. Elle m’a donné plus de 50 livres de plomb. Je l’ai ensuite essaié de deux autres manières. J’ai mis en même temps quatre creusets dans le fourneau, dans deux desquels j’ai ajouté [en marge : aux matières de l’essay commun] environ un quintal ou un quintal et demi de limaille en fer, presqu’en rouille ; dans les deux autres creusets, j’ai ajouté au mattières ordinaires une bonne cuillère, telle que celle de charbon, de verre pillé. Ces quatre creusets ont été mis en même temps et placés deux à deux semblablement, un de ceux où il y avoit du fer m’a rendu 76 livres de plomb, et l’autre 75. Le plus fort de ceux où il y avoit du verre n’a rendu que 56ll. Mais il est à remarquer que les boutons du creuset où il y avoit du fer étoient d’un plomb bien plus cassant. Le fer auroit il passé dans le plomb. La coupelle le pourroit faire connoitre. Les boutons des creusets où il y avoit du verre étoient très nets, assez doux, de sorte que je crois que le verre fait bien dans tous les essays. Il faudra répéter celuy du fer pour voir si il rend toujours les matières plus aigres, et plus abondantes. 17. - Note sur divers essais par Réaumur, s.d. [18/81/d]. /fol. 1/ Essais des mines de plomb La mine étant pillée, séchée, tamisée le plus fin qu’il se pourra, le feu étant au four, il faut charger le creuset à froid 1° d’une palette de poudre de charbon de sapin, ensuite d’un quintal de mine, et la valeur de deux quintaux ou une cuillerée de floux noir par dessous et autant par dessus [en marge : flux noir, q[uin]tal pay, 821. 4 parties de tartre et deux de nitre], et sur le tout une cuillerée de sel de terre ou commun de saline qui est meilleur. On couvre ce creuset, on le met d’abord au grand feu. On écoute, et on le tire lorsqu’on entend qu’il ne fait plus de bruit ; on le laisse refroidir et on le casse. Mine d’argent La mine étant bien pillée, séchée, calcinée et tamisée, on pèse 8 quintaux de limaille de plomb doux dont on scait la teneur. On met cette limaille dans une écuelle d’essay et par dessus un quintal de mine d’argent ; si elle est douce, on n’y met rien autre chose, mais si elle est rebelle, on mesle parmy une demi cuillerée de sel ammoniac ou de borax, ou de glasgol, ou du floux noir. On remue le tout ensemble ; on met encor un peu de sel par dessus, avec du verre

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pillé au lieu de sel ammoniac. On met le tout au feu. Il n’y a point de danger de laisser longtemps le tout au feu, pourvu que le vaisseau ne casse point et que l’écume ne s’épaisse point trop. On verse le grain de plomb. On le passe à la coupelle, et enfin on pèse le grain d’argent. /fol. 1 v°/ Essay des mines de cuivre On pille la mine bien menue, on la tamise bien fine, après l’avoir calcinée jusques as qu’elle ne forme plus pour brusler les soufres grossiers et sa kiste. Étant ainsi préparée, on en mesle un quintal dans une écuelle avec une petite palettée de verre fin, autant de sel de verre, autant de sel ammoniac, et la moitié de borax. On donne à cette écuelle ainsi chargée le feu le plus violent. La matierre boult incontinent et se réduit en matte, ou scorie toute noire. On retire promptement cette écuelle, on verse la matte dans le veckpouy [sic]. On la pèse si on veut pour voir combien le quintal de mine calcinée donne de matte, ou cuivre noir. On met cette matte dans un creuset au dessus d’un peu de sel qui se mettra au fond du creuset, et par dessus une demi cuillerée de verre fer fin bien pillé, ou pour le mieux de la fleur de verre, et aussi une cuillerée de borax en poudre. Vous mettez le creuset au feu, vous voiez la fumée qui sort puante, et lorsqu’il cesse de fumer l’essay est fait, vous tirez le creuset, le refroidisez, le découvrez, vous mouillez le creuset pour donner la couleur au cuivre, vous cassez le creuset, et trouvez le grain au fond d’une belle couleur rouge et malléable. /fol. 2/ Pour la kiste La kiste étant calcinée jusques as qu’elle ne forme plus et qu’elle devienne rouge, on la tamise très fine. On la met dans une écuelle avec deux quintaux de plomb, une cuillerée de sel armoniac et du verre pillé et un quintal de kiste. On luy donne un feu très vif, on la tire incontinent et on trouve une matte blanche, laquelle étant remise au feu pour la réduire en cuivre, elle s’en va en fumée, et si on la brusle avec du plomb elle ne donne aucun grain d’argent. Essais de la mine de vif argent Calcinés cinq à six livres de mine ; mettez la en farine, bien lavée, et bien nette, sèche ; faites la rougir dans un matras bien luté, sortez la et la laissez refroidir, remettez la encore une 2e fois rougir dans un materas de verre bien lutté. Retirez la, mettez la en poudre avec un tiers de chaux vifve et un tiers d’eau. Mettez le tout dans un alambic bien lutté. Toute l’eau s’évaporera, poussez ensuite le feu, le vif argent sortira par le bec du chapiteau, et tombera dans un récipient plein d’eau. /fol. 3/ aoust 1721 Suite d’expériences sur les essays des mines de plomb Dans l’essay d’une mine de M. le Maréchal de Tallard fait avec charbon, flux et sel marin à la manière ordinaire, j’ai mis la mine pillée et calcinée dans

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un petit tas, immédiatement au dessus du flux. Au dessous du flux étoit le charbon, et au dessus de la mine d’autre flux et du sel. Dans sept à huit creusets où la mine a été mise de cette manière, il ne s’est fait aucun culot dans le fond des creusets, le plomb est resté au milieu des creusets, il y a formé une masse moins pesante qu’elle n’auroit dû être, aussi ai je mis par cy par là des grains de plomb ronds qu’il n’ont pas été aisé de rassembler. Es ce que la mine s’étant toute fondue à peu près en même temps a fait corps, en quelque sorte a fait une masse qui n’a pu passer toute au travers du charbon et la diminution viendroit elle de ce que la mine fondue s’est trouvée trop proche du bord du creuset. Dans d’autres creusets j’ai mis toute la mine au fond du creuset, et le charbon et les autres fondants au dessus, alors rien ne s’est fondu. L’action des fondants ne pouvoit faire sentir. J’ai essaié de fondre la mine au feu du souflet. Je crois que je l’avois mis aussi en masse. Il ne s’est fait aucun culot. [en marge :] exp[érience]. Je répéterai les essais de la même mine en meslant la mine 1° avec le flux, 2° avec le charbon. /fol. 4/ aoust 1721 En essaiant la mine de plomb de M. le Maréchal de Talard, après avoir fait piller et calciner cette mine suffisament, j’en ai mis un quintal dans un tas comme il tombe de la cuillère, tantôt entre le charbon et le flux, et tantôt entre deux couches de flux. Entre huit à dix essais pareils, il n’y en a pas eu un où il se soit fait un culot au fond du creuset. Il y a pourtant eu des essais qui ont donné plus de cinquante, mais le plomb étoit resté au dessus du charbon ou dans le charbon. De cette expérience il suit que la mine doit être meslée avec les fondants. Mais il reste à examiner si tous les fondants doivent être meslés ensemble, et en cas qu’ils ne le doivent pas, avec lequel des fondants il est plus avantageux de mesler la mine, si c’est par exemple avec le charbon ou avec le flux. Il est encore à remarquer que dans toutes ces expériences la mine n’a pas donné tout ce qu’elle devoit, plusieurs grains n’ont pas été rassemblés. Peut être en reste t’il toujours beaucoup dans les essais et qu’il importe de disposer la mine de façon que le plomb devienne bien fluide et puisse aisément couler jusques au fond du creuset. J’ai fait une autre expérience sur la même mine. Je l’ai mise tout au fond du creuset, et les fondants par-dessus : alors rien n’a coulé. Il faut apparament que le charbon fournisse de l’huile pour revivifier le métal.

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Etat numérique des documents conservés dans les cartons 16, 17 et 18 des “ Enquêtes du Régent ” et dans le carton 6 du fonds Réaumur des Archives de l’Académie des sciences “ Enquêtes du Régent ”, carton 16 “ Enquêtes faites par ordre du Régent. 1716 ” 16/1 : “ Sainte Marie aux Mines ” (1716-1717) [Alsace] : 16/1/a : 10 dessins de la mine n°s 1 à 8 [n° 7 x 2] et un dessin sans n° : - 1ère feuille, Sainte-Marie : “ Carte des environs de Ste Marie aux mines pour servir à faire connoître les endroits où l’on a recomencé de travailler aux mines d’argent, de cuivre, de plomb et d’azur dans la partie d’Alsace, ce qui est marqué sur les trois feuilles volantes y attachées ”. - 2e feuille, Sainte-Marie : “ Plans et profils du bâtiment et des fourneaux construits dans la vallée de Ravental, à une demie lieue au dessus de Ste Marie, pour servir à la préparation de l’azur ”. - 3e feuille, Sainte-Marie : “ Plan du rez-de-chaussée du bâtiment et des moulins construits dans la vallée de Raventhal pour la préparation de l’azur ”. - 4e feuille, Sainte-Marie : “ Profil coupé au travers du bastiment dont le plan est sur la troisième feuille suivant la ligne marquée audit plan WY ”. - 5e feuille, Sainte-Marie : “ Plan du bastiment de la fonderie des mines contenant plomb, argent et cuivre, établis dans la vallée de Raventhal ”. - 6e feuille, Sainte-Marie : “ Outils pour la fonderie des méteaux d’argent, de cuivre et de plomb ”, “ Outils pour la fonderie de l’azur ”, “ Outils de mineur ”, “ Profil des galleries et rameaux des mines, pour faire voir de la manière que les ouvriers y travaillent, tant pour excaver le roc que pour en sortir les débris ”. - 7e feuille, Sainte-Marie : “ Desseins des outils dont les laveurs d’or se servent pour tirer l’or des sables du Rhin ”.

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- 8e feuille [81 91], Moulins de Fribourg : “ Plan et profil d’un moulin où l’on taille présentement les grenats sur le ruisseau proche de Fribourg et qui servoient autrefois à tailler les agathes et les cristaux ”. - 5e feuille [1717. 10] : “ Plan du bâtiment de la fonderie des mines contenant plomb, argent et cuivre, établis dans la vallée de Raventhal ”, “ 5e feuille dont l’original a été envoyé avec le premier mémoire ”. Comprend aussi “ Profils des fourneaux représentés sur la feuille cy joint, dont les indices ont relation avec ceux du plan ”. - 7e feuille [1717. 10] : “ Attitude d’un ouvrier qui lave les sables du Rhin dont on tire de l’or, pour joindre au dessein de la 7e feuille envoyé avec le premier mémoire ”. 16/1/b : lettre de d’Angervilliers au Régent, Strasbourg, 27 juillet 1716. 16/1/c : “ 1717 Alsace Réponse : Second Mémoire de Mrs de l’Académie des Sciences ”, réponse de l’intendant à la demande de renseignements de l’Académie de compléments d’information, s.d. 16/2 : “ Enquêtes faites par ordre du Régent, I, 1716 ” (1715-1717) [divers] : 16/2/a : lettre de Lafon à Bignon [?] sur la géométrie, Brouage, 1er novembre 1716 [sans rapport avec l’enquête]. 16/2/b : “ Mémoire pour répondre à la lettre de Monsieur d’Angervilliers du 9e mars 1715… ”, mémoire de Chalvet sur la fabrication des canons à Saint-Gervais, Grenoble, 1er mai 1715. [Grenoble]. 16/2/c : “ Instruction relative aux plans et profils des grands fourneaux de St. Gervais pour la fonte des canons ”, mémoire de Heuriance sur les grands fourneaux de Saint-Gervais, 25 juin 1716 [Grenoble]. 16/2/d : “ Plans et profils des grands fourneaux de St Gervais pour la fonte des canons ” [Grenoble]. 16/2/e : lettre de Beauharnois au Régent, Rochefort, 26 mars 1716 [La Rochelle]. 16/2/f : lettre n.s. au Régent, Craonne, 3 septembre 1716 [Soissons]. 16/2/g : lettre de Sauceret, maître de forges à Villecomte, à Michel, conseiller du roi, Dijon, 23 septembre 1716 [Dijon]. 16/2/h : lettre de Dhollien [?] à Bignon [?], Madrid, 26 avril 1716 [cires d’Espagne non retenu ici]. 16/2/i : lettre du duc de Bourbon et du maréchal d’Estrées à Bignon, Paris, 16 février 1716 [sans rapport avec l’enquête]. 16/2/j : 5 pièces relatives à des moulins à argent (“ silver mills ”) et à des “ smelting furnaces ”, près de Neath et Chester. Les 3 premières sont des

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illustrations titrées en anglais : 32 - “ Garrigg Refining houses or Furnices ” [au bord de la rivière Dovey] ; 33 – même situation avec des bâtiments proches ; 34 – “ The Silver Mills ”. Le 4e document : “ Silvermils auprès de la ville de Neath ” ; aussi “ raffinerie de Garrigne dans le Chester ” [Angleterre]. Le 5e document comporte des calculs de la main de Réaumur [en haut : no 38] [sans rapport avec l’enquête ?]. - 16/2/k : lettre du Père Larmerat au Régent, Mâcon, 10 novembre 1716 [Dijon]. - 16/2/l/a : minute de Réaumur, s.d. [envoyé à l’intendant le 31 août 1717] [Dijon]. - 16/2/l/b : demandes de renseignements complémentaires par Réaumur, minute, s.d. [envoyé avec une lettre du 22 décembre 1716] [Dijon]. 16/3 : documents relatifs aux privilèges de convertir le fer en acier de Castan et du chevalier de Châteaufur (1704-1717) [sans rapport avec l’enquête] : 16/3/a : privilège de fabrication attribué à Castan de Metz, 5 août 1704. 16/3/b : placet adressé par le chevalier de Chateaufort au Régent, s.l. n.d. [avant 30 août 1717]. 16/3/c : copie de 16/3/b, signée : le chevalier de Châteaufur. 16/3/d : certificats délivrés à l’acier produit par Castan, 20 mars 1704. 16/3/e : “ Mémoire instructif du Sr Castan ” au Régent, 1717. 16/3/f : “ À Monseigneur l’abbé Bignon Conseiller d’Estat ordinaire prince de l’académie des Sciences ”, lettre du chevalier de Châteaufort à Bignon, s.l.n.d. 16/3/g : acte reçu par Me Durant et son confrère, notaires à Paris, le 7 mars 1707, par lequel Guillaume de Chasteaufur, chevalier, garde de la marine, acquiert la charge de major garde côtes moyennant la somme de 6 000 livres. 16/3/h : ordre de payer une gratification de 100 livres au chevalier de Châteaufur, copie, 3 avril 1715. 16/3/j : lettre d’envoi de l’ordonnance prescrivant que la pension de Châteaufur sera envoyée à son adresse à l’hôtel de Lorraine, rue Macon [ou Maçon], chez M. de Boisleve, Versailles, 1er juillet 1715. 16/3/k : lettre de Pontchartrain à Châteaufur le félicitant de sa conduite en mer, Versailles, 10 novembre 1706, copie en date du 4 août 1716. 16/3/l : congé du chevalier de Châteaufort, Versailles, 29 mars 1712, copie en date du 4 août 1716.

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16/3/m : lettre d’agrément de “ l’ayde majoryté de la capitainerie d’Abvenerac ” au chevalier de Châteaufort, Versailles, 4 octobre 1706, copie en date du 4 août 1716. 16/3/n : certificat, 1er janvier 1699, copie en date du 4 août 1716. “ Nous Louis Phélipeaux comte de Pontchartrain […] certiffions à tous qu’il appartiendra que de Chasteaufur a esté cejourd’huy employé dans la liste des gentilhommes [sic] destinés pour servir en qualité de gardes de la marine au département de Brest […] 1 janvier 1699 ”. 16/3/o : quittance au chevalier de Châteaufur de la somme de 22 livres pour le paiement de sa capitation de l’année 1714, Paris, 18 janvier 1717. 16/3/p : attestation du curé de Saint-Eustache, à Paris, que Châteaufur “ fait profession de la Religion Catholique, Apostolique et Romaine ” et qu’il est de bonnes vie, mœurs et renommée et certificat de vie, 3 juillet 1717. 16/3/q : copie de procès-verbaux [copie de 16/3/d]. 16/3/r : copie des lettres de privilèges de Castan, 5 août 1714 [copie de 16/ 3/a]. 16/3/s : lettres patentes “ Louis par la grâce de Dieu Roy de France et de Navarre, à tous ceux qui ces présentes lettres verront Salut. Nous avons receu l’humble supplication qui nous a esté faitte par notre amé Guillaume de Chasteaufur, escuyer chavalier, cy devant major garde costes en notre province de Bretagne, et de Jean Charles Castan bourgeois de Metz ”. 16/3/t : lettre de Châteaufur et Castan au Régent, s.d. 16/3/u : s.l.n.d. 16/3/v : lettre de Castan à l’abbé Bignon, s.l.n.d [avant 1er novembre 1717]. 16/3/w : lettre de Delahaye-Dupuy à Bignon, s.d. 16/4 : 4 pièces (1716-1717) [Dijon] : 16/4/a : lettre de La Briffe au Régent, Dijon, 28 novembre 1716. 16/4/b : mémoire de réponse sur la Bourgogne, s.d. 16/4/c : lettre de La Briffe au Régent, Dijon, 22 février 1717. 16/4/d : mémoire d’éclaircissements, s.d. 16/5 : “ Enquêtes faites par ordre du Régent, 1717 ” (1717 et s.d.) [divers] : 16/5/a : “ Académie des Sciences. Mines indiquées pour trouver des turquoises, 1717 ”, note n.s. [1717] [Navarre et Béarn]. 16/5/b : “ Montauban. Il y a cinq à six mois qui Monsieur d’Imbercourt procura à l’Académie les mémoires qu’elle avoit souhaitté sur les turquoises de sa généralité… ” [Montauban].

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16/5/c/a : “ Languedoc : la pierre qui a esté envoyée de Castres… ”, réponse de l’intendant à une demande d’éclaircissements, s.d. [Languedoc]. 16/5/c/b : “ Lettre du Sr Marmier sur le sable de la rivière de Cèze ”, lettre de Marmier à Gambier, Bagnols-sur-Cèze, 27 juillet 1717 [Languedoc]. 16/5/c/c : “ Monsieur de Basville a envoyé l’or bien plus libéralement que le sable… ”, réponse de l’Intendant à une demande d’éclaircissements, s.d. [été 1717] [Languedoc]. 16/5/d : lettre de Le Gendre à Bignon, Bayonne, 12 septembre 1717 [Navarre et Béarn]. 16/5/e/i : lettre de Giscaro à Bignon, Paris, 13 juillet 1717 [Navarre et Béarn]. 16/5/e/ii : lettre de Giscaro à Bignon, Paris, 10 septembre 1717 [Navarre et Béarn]. 16/5/e/iii : lettre de Giscaro à Bignon, Paris, 8 octobre 1717 [Navarre et Béarn]. 16/5/e/iv : “ L’abbé de Giscaro Casaux ayant eu l’honneur… ”, lettre de Giscaro à Bignon, 1717 [Navarre et Béarn]. 16/5/f : 13 pièces sur les turquoises (1717 et s.d.) : 16/5/f/a : lettre de Lamoignon de Basville au Régent, Montpellier, 25 juin 1717 [Languedoc]. 16/5/f/b : lettre de Barbara de La Beloterie à Lamoignon de Basville, Castres, 23 juin 1717 [Languedoc]. 16/5/f/c : minute de la note 16/5/c/a de la main de Réaumur, s.d. [Languedoc]. 16/5/f/d : lettre de Giscaro père à l’Académie des sciences, Simorre, 29 novembre 1717 [Navarre et Béarn]. 16/5/f/e : mémoire de Giscaro à Bignon, s.d. [1717 ?] [Navarre et Béarn]. 16/5/f/f : mémoire sur les turquoises de Simorre, s.d. [1717] [Navarre et Béarn]. 16/5/f/g : mémoire sur les mines de turquoises de Simorre s.d. [1717] [Navarre et Béarn]. 16/5/f/h : [Legendre de Lormoy] au Régent, Bayonne, 12 septembre1717 [Navarre et Béarn]. 16/5/f/i : mémoire de Giscaro à Bignon s.d. [1717 ?] [même texte du 16/5/ f/d] [Navarre et Béarn].

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16/5/f/j : réponses aux demandes de l’Académie des sciences, s.d. [1717] [Navarre et Béarn]. 16/5/f/k : mémoire du juge de Simorre sur les turquoises [Navarre et Béarn]. 16/5/f/l : l’abbé Giscaro à Bignon, s.d. [Navarre et Béarn]. 16/5/f/m : autre mémoire sur les turquoises [Navarre et Béarn]. 16/6 : 2 pièces (1715-1716) [Paris] : 16/6/a : placet de Jean Prévost et André Savary au Régent, s.d. [décembre 1715]. 16/6/b : rapport de Geoffroy sur la mine tirée à Auneuil, s.d. [début 1716 ?]. 16/7 : analyse de sables et pierres provenant de Guinée et du Sénégal, n.s., s.d. [janvier 1718] [sans rapport avec l’enquête]. 16/8 : “ Enquêtes faites par ordre du Régent, 1716 ” (1715 et s.d.) [Tours] : 16/8/a : mémoire n.s., s.d. [1715]. 16/8/b : mémoire n.s., s. d. [1715]. 16/8/c : réponse à une demande d’éclaircissements sur les marbres, s.d. 16/8/d : réponse à une demande d’éclaircissements sur les mines de cuivre de l’abbaye de Noyers, s.d. [1715]. 16/8/e : lettre de Chauvelin de Beauséjour au Régent, Tours, 24 décembre 1715. 16/8/f : mémoire sur une fontaine pétrifiante et sur les falonnières de Sainte-Maure, s.d. 16/8/g : mémoire complémentaire sur les falonnières de Touraine, 22 décembre 1715. 16/9 : documents concernant diverses intendances (1717 et s.d.) : - 16/9/a et 16/9/b : 8 pièces (1717) [Grenoble] : 16/9/a/i : lettre de Boucher d’Orsay au Régent, Grenoble, 12 février 1717. 16/9/a/ii : lettre de Boucher d’Orsay au Régent, Grenoble, 7 novembre 1717. 16/9/a/iii : mémoire d’éclaircissements suite au mémoire de Boucher d’Orsay, s.l.n.d. [joint à la lettre d’envoi du 7 novembre 1717]. 16/9/a/iv : “ Le dernier mémoire de Monsieur d’Orsay comme tous ceux que nous avons receu nous ont [sic] donné toutes les instructions que nous pouvions … ”, mémoire complémentaire, s.d.

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16/9/a/v : “ État des matières qu’on a envoyé… ”, liste d’échantillons adressés à l’Académie des sciences, s.d. 16/9/b/i : lettre de Jacques Pascal à Bignon, Saint-Bonnet-en-Dauphiné, 1er février 1717. 16/9/b/ii : lettre de Jacques Pascal au Régent, Saint-Bonnet-en-Dauphiné, 2 août 1717. 16/9/b/iii : déclaration de l’ouvrier teinturier Machy au Régent, Paris, 10 juin 1717. - 16/9/c : lettre de Gayot de la Bussière à Bignon, Lyon, 5 juin 1717 [Lyon]. - 16/9/d : 2 pièces (1717 et s.d.) [Dijon] : 16/9/d/i : lettre de La Briffe au Régent, s.l., 31 mars 1717. 16/9/d/ii : mémoire d’éclaircissements concernant l’or du pays de Gex, s.d. - 16/9/e et 16/9/f : 9 pièces (1717) [Caen] : 16/9/e/i : lettre de Morel à Guynet d’Arthel [?], Valognes, 19 juin 1717. 16/9/e/ii : lettre de Morel à Guynet d’Arthel [?], Valognes, 19 juin 1717. 16/9/e/iii : lettre de Bonval à Morel, 19 juin 1717. 16/9/e/iv : lettre de Bonval à Guynet d’Arthel [?], 19 juin 1717. 16/9/f/i : lettre de Guynet d’Arthel à Bignon, Caen, 22 juin 1717. 16/9/f/ii : lettre de Guynet d’Arthel à Bignon, Caen, 23 juin 1717. 16/9/f/iii : lettre de Bignon à Guynet d’Arthel, minute, Meulan, 10 septembre 1717. 16/9/f/iv : lettre de Guynet d’Arthel à Bignon, Caen, 19 septembre 1717. 16/9/f/v : lettre de Bignon à Guynet d’Arthel, minute, Paris, 19 juillet 1717. 16/9/f/vi : Bignon à Guynet, minute, Meulan, 3 novembre 1717. - 16/9/g : 4 pièces (1717 et s.d.) [Bordeaux] : 16/9/g/i : lettre de Lamoignon de Courson au Régent, Bordeaux, 16 février 1717. 16/9/g/ii : lettre de Lamoignon de Courson au Régent, Bordeaux, 12 juin 1717 16/9/g/iii : lettre de Lamoignon de Courson au Régent, Bordeaux, 24 avril 1717.

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L’ENQUÊTE DU RÉGENT

16/9/g/iv : mémoire d’éclaircissements apportés par l’intendant sur les matières résineuses, s.d. - 16/9/h : 3 pièces (1717 et s.d.) [Poitiers] : 16/9/h/i : lettre de La Tour au Régent, Poitiers, 7 mars 1717. 16/9/h/i : lettre de La Tour au Régent, Poitiers, 8 août 1717. 16/9/h/iii : réponse de La Tour au mémoire de l’Académie des sciences, s.d. - 16/9/j : 2 pièces (1717) [Bourges] : 16/9/j/i : lettre de Foullé de Martangis au Régent, Bourges, 31 janvier 1717. 16/9/j/ii : mémoire, s.d. [1717]. - 16/9/k : lettre de La Haye Dupuis à Bignon, Joinville, 21 décembre 1717 [sans rapport avec l’enquête]. - 16/9/l : 4 pièces (1717) [Grenoble] : 16/9/l/i : lettre de Chalvet à Bignon, Grenoble, 9 septembre 1717. 16/9/l/ii : lettre de Bignon à Chalvet, minute, Meulan, 24 septembre 1717. 16/9/l/iii : lettre de Chalvet à Bignon, Grenoble, 14 novembre 1717. 16/9/l/iv : lettre de Gaud au comte de Médavy, 20 septembre 1717, copie. - 16/9/m : lettre de Lamoignon de Basville au Régent, Montpellier, 27 août 1717 [Languedoc]. - 16/9/n : 2 pièces (1717) [Perpignan] : 16/9/n/i : lettre de d’Andrezel à Bignon (?), Pamiers, 16 octobre 1717. 16/9/n/ii : “ Mémoire sur les pailletes d’or que l’on tire de la rivière de l’Ariège à une lieue au dessus et au dessous de Pamiers ”, Pamiers, 16 octobre 1717. 16/10 : “ Enquêtes sur les richesses naturelles de la France et de l’étranger, 1716-1717 ” : - 16/10/a : lettre de Legendre au Régent, Bayonne, 21 décembre 1717 [Navarre et Béarn]. - 16/10/b et c : 6 pièces (1717) [Perpignan] : 16/10/b : “ Mémoire de ce que j’ay fait sur les Monts Pirénées du costé de Roussillon, où je me suis transporté par ordre de Monsieur d’Andrezel… ”, rapport de Vilarojas, capitaine au Royal Infanterie de Roussillon, Perpignan, 26 octobre 1717. 16/10/c/i : lettre de d’Andrezel à Bignon, Perpignan, 12 janvier 1717.

ANNEXE

875

16/10/c/ii : “ Mémoire de ce que j’ay fait sur les monts Pirenées…. ” (copie de 16/10/b). 16/10/c/iii : lettre de Bignon à d’Andrezel, minute, Meulan, 24 septembre 1717. 16/10/c/iv : lettre de d’Andrezel à Bignon, Perpignan, 12 août 1717. 16/10/c/v : mémoire sur la montagne de Bugarach et les marbres de Tautavel, s.d. [1717]. - 16/10/d : 10 pièces (1717) [Languedoc] : 16/10/d/i : lettre de Barbara de La Beloterie à ?, Castres, 7 août 1717. 16/10/d/ii : “ Le kermès est une des productions particulières au Languedoc sur laquelle on voudroit avoir des mémoires pareils à ceux que Monsieur de Basville a procuré sur le pastel… ”, mémoire sur le kermès, s.d. [1717]. 16/10/d/iii : mémoire du frère Charles, capucin, s.d. [1717 ?]. 16/10/d/iv : mémoire de Durand, s.d. [1717 ?]. 16/10/d/v : lettre de Belloc à Barbara de La Beloterie, Réalmont, 23 juin 1717. 16/10/d/vi : “ Saïx. La fontaine nommée ancienement de las Fadis n’est autre chose à présent… ”, note non signée, s.d. 16/10/d/vii : lettre de Serres à Barbara de La Beloterie, Vénès, 24 juin 1717. 16/10/d/viii : “ Pour répondre au mémoire envoyé des observations de Borel sur les antiquités de Castres… ”, mémoire, s.d. 16/10/d/ix : lettre de Vairial [?] à Barbara de la Beloterie, Dourgne, 21 juin 1717. 16/10/d/x : lettre de La Grande à Barbara de La Beloterie, Lacaune, 4 juillet 1717. - 16/10/e : 9 pièces (1717) [Paris] : 16/10/e/a : projet de privilège pour Lotoire, 23 septembre 1716 [même document que 17/41/a et c]. 16/10/e/b : lettre de Gantier à Bignon, s.l., 9 août 1717. 16/10/e/c : lettre de Gantier à Bignon, s.l.n.d. [1717]. 16/10/e/d : lettre de Gantier à Bignon, s.l.n.d. [1717]. 16/10/e/e : lettre de Gantier à Bignon, s.l., 1er juillet 1717. 16/10/e/f : lettre de Gantier à Bignon, s.l., 29 juin 1717. 16/10/e/g : lettre de Savary à Bignon, Beauvais, 26 septembre 1717.

876

L’ENQUÊTE DU RÉGENT

16/10/e/h : “ Les date de permition acordé par la cour au Sr Lotoire ”, note, s. d. 16/10/e/i : “ A l’égard du brevet on l’a remis entre vos mains pour avoir un arrest… ”, note, s.d. - 16/10/f à l : 9 pièces (1717 et s.d.) [Bretagne] : 16/10/f : lettre de Mellier à l’intendant [?], Nantes, 11 mars 1717 16/10/g/i : rapport de visite des mines de Carnoët et Huelgoat par Thévenon, Nantes, 29 janvier 1717. 16/10/g/ii : “ Élévation en perspective du moulin et du fourneau pour fondre la mine de plomb ”, à Carnoet. 16/10/g/iii : “ Coupe ou profil de la montagne de laquelle on a tiré les mines de plomb dans la paroisse de Carnot ”. 16/10/h : rapport de la faculté de médecine de Nantes de l’analyse des minerais tirés des mines de Carnoët et d’Huelgoat, Nantes, 11 février 1717. 16/10/j/a : mémoire sur les marais du comté de Nantes, s.d. [1717]. 16/10/j/b : “ mémoire pour les salines du Comté nantois ”, s.d. [1717]. 16/10/k : “ Le puits au passage de Plougastel dans la cour de l’hôtellerie… ”, mémoire de Robelin, s.d. 16/10/l : mémoire sur quelques curiosités de Bretagne, s.d. - 16/10/m : 3 pièces (1716 et s.d.) [Navarre et Béarn] : 16/10/m/i/a : lettre de Legendre au Régent, Saint-Jean Pied de Port, 2 octobre 1716. 16/10/m/i/b : lettre de Fenoyl au Régent, Paris, 15 avril 1716. 16/10m/ii : “ Coppie de plusieurs lettres escrites à M. de Fenoyl au sujet des mines marbres et cristeaux… ”, copies d’un échange de lettres, s.d. - 16/10/n : lettre de Feydeau de Brou au Régent, Rennes, 21 mai 1717 [Bretagne]. 16/11 : 3 pièces (1716 et s.d.) [Alsace] : 16/11/a : placet des mineurs de Giromagny adressé au Régent, s.l., 12 juin 1716. 16/11/b : mémoire prévisionnel de dépenses pour un voyage aux mines d’Alsace, s.d. 16/11/c : placet des mineurs de Giromagny adressé au Régent, copie, s.l., 12 juin 1716.

ANNEXE

877

16/12 : non attribué. 16/13 : 8 pièces (1718-1719) [Alsace] : 16/13/a : lettre de Bignon à d’Angervilliers, minute, Paris, 16 mai 1719 16/13/b : lettre de d’Angervilliers à Bignon, Strasbourg, 2 mai 1718. 16/13/c : “ le mémoire du Sr d’Anthès dont M. d’Angivilliers… ”, note par Réaumur, minute. 16/13/d : lettre de d’Angervilliers à Bignon, Strasbourg, 19 avril 1719. 16/13/e : commentaire sur le mémoire d’Anthès, s.d. [après le 19 avril 1719]. 16/13/f : rapport d’Anthès à la suite à son voyage en Allemagne et demande de privilège, Strasbourg, 10 avril 1719. 16/13/g : commentaire sur la demande de privilège d’Anthès, s.d. [1719]. 16/13/h : réponse d’Anthès aux observations de l’Académie des sciences relativement à son mémoire de dépenses, s.d. [1719]. 16/13/i : mémoire de dépenses d’Anthès, Strasbourg, 10 avril 1719. “ Enquêtes du Régent ”, carton 17 17/01 : privilège Meslé de Salvagnac et Valtrigny (s.d.) [sans rapport avec l’enquête] : 17/01/a : demande de privilège de créer une manufacture de cuivre en faveur de Meslé de Salvagnac et Valtrigny, s.d. 17/01/b : mémoire de Meslé de Salvagnac et Valtrigny à Bignon relatif à leur demande de privilège, s.d. 17/02 : demande de privilège par Louis Thomas de Montroger et ses associés, pour établir une manufacture de tôle et fer blanc en Berry, s.d. [Bourges]. 17/03 : chemise vide portant la mention : 29 décembre 1716 “ Privilège donné à l’Académie de faire imprimer, vendre et débiter toutes ses recherches ou observations journalières etc. ” [sans rapport avec l’enquête]. 17/04 à 17/17 : procès-verbaux d’essais de mines (1718-1719 et s.d.) : 17/04 : procès verbal d’analyse des mines d’Alsace, 1718-1719. 17/05 : procès-verbal des essais faits sur les mines de Bourgogne et FrancheComté, mars 1718-mars 1719.

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L’ENQUÊTE DU RÉGENT

17/06 : procès-verbal des essais faits sur les mines de Languedoc et des intendance de Toulouse et Montpellier, mars 1718-septembre 1719. 17/07 : procès-verbal des essais faits sur les mines de Grenoble pour le Dauphiné, mars 1718-avril 1719. 17/08 : procès-verbal des essais faits sur les mines d’Auvergne, mars-mai 1719. 17/09 : procès-verbal des essais faits sur les mines de Limousin, mars-mai 1719. 17/10 : procès-verbal des essais faits sur les mines du duché de Bourgogne, s.d. 17/11 : procès-verbal des essais faits sur les mines du Poitou, s.d. [1718]. 17/12 : procès-verbal des essais faits sur les mines de la généralité de Perpignan, s.d. [1718]. 17/13 : procès-verbal des essais faits sur les mines de la généralité de Lyon, janvier 1718-avril 1719. 17/14 : procès-verbal des essais faits sur les mines de la généralité de Châlons, 1718. 17/15 : procès-verbal des essais faits sur les mines de Bretagne, janvier 1718juin 1719. 17/16 : procès-verbal des essais faits sur les mines de Béarn et Basse-Navarre. 17/17 : procès-verbal des essais faits sur les mines de Aix-en-Provence, janvier 1718-août 1719. 17/18 : mémoires “ pour l’instruction du duc de Bourgogne ” sur diverses provinces, annotés par Réaumur : 17/18/a : extraits du mémoire de l’intendant Étienne-Jean Bouchu sur le Dauphiné rédigé “ pour l’instruction du duc de Bourgogne ”, copie annotée par Réaumur, s.d. [fin XVIIe siècle] [Grenoble]. 17/18/b : extraits du mémoire de Lambert d’Herbigny sur la généralité de Lyon rédigé “ pour l’instruction du duc de Bourgogne ”, copie annotée par Réaumur, s.d. [fin XVIIe siècle] [Lyon]. 17/18/c : extraits du mémoire sur le Languedoc rédigé par Lamoignon de Basville “ pour l’instruction du duc de Bourgogne ”, de la main de Réaumur, s.d. [fin XVIIe siècle] [Languedoc].

ANNEXE

879

17/18/d : autres extraits du mémoire sur le Languedoc “ pour l’instruction du duc de Bourgogne ”, par Réaumur, s.d. [fin XVIIe siècle] [Languedoc]. 17/18/e : extraits du mémoire “ pour l’instruction du duc de Bourgogne ” relatif à l’Auvergne, copie annotée par Réaumur, s.d. [fin XVIIe siècle] [Riom]. 17/18/f : extraits de mémoires sur la généralité de Moulins, de la main de Réaumur, s.d. [fin XVIIe siècle] [Moulins]. 17/18/g : extraits du mémoire sur la Franche-Comté rédigé “ pour l’instruction du duc de Bourgogne ”, de la main de Réaumur, s.d. [fin XVIIe siècle] [Franche-Comté]. 17/18/h : “ Récapitulation du produit du commerce de dedans de la province de Languedoc tant des récoltes que des manufactures qui y sont établies, et l’état des marchandises, et denrées qui en sortent ”, renseignements extraits du mémoire “ pour l’instruction du duc de Bourgogne ” sur le Languedoc, s.d. [fin XVIIe siècle], copie annotée par Réaumur [Languedoc]. 17/18/i : extraits du mémoire sur la Basse Navarre et le Béarn, rédigé “ pour l’instruction du duc de Bourgogne ”, copie annotée par Réaumur, s.d. [fin XVIIe siècle] [Navarre et Béarn]. 17/19 : mémoire sur les insectes qui attaquent le vignoble de Blois, s.d. [Orléans]. 17/20 : placet de Robert Jouanne, s.d. [Caen]. 17/21 : “ État des échantillons qu’il faut joindre au mémoire de Mrs de l’accadémie des Sciences ”, s.d. [Grenoble]. 17/22 : 2 pièces (s.d.) [Perpignan] : 17/22/a : “ Mémoire des choses nécessaires à la recherche et fouille des mines qui sont dans les montagnes des Pyrénées, du costé du Roussillon et de la conté de Foix, dont Mr d’Andrezel est intendant ”, s.d. 17/22/b : “ Second mémoire pour fouiller les mines du Canigu près de la superficie de la terre ”, s.d. 17/23 : projet de réponse à une demande de l’intendant d’Alsace relativement au voyage d’Anthès en Allemagne et en Autriche, s.d. [envoyé avec une lettre du 15 mars 1718] [Alsace]. 17/24 : extraits du mémoire sur la généralité de Tours rédigé “ pour l’instruction du duc de Bourgogne ”, copie annotée par Réaumur, s.d. [fin e XVII siècle] [Tours]. 17/25 : mémoire sur les carrières de “ meulles de moulins ”, s.d. [Soissons].

880

L’ENQUÊTE DU RÉGENT

17/26 : “ Mémoire concernant les chemins du bas Poitou ”, s.d. [ne concerne pas l’enquête]. 17/27 : mémoire de réponse sur la mine de plomb de Carnoët, s.d. [Bretagne]. 17/28 : “ Mémoire sur l’île d’Ouessant ”, s.d. [Bretagne]. 17/29 : réponse de Leclerc de Lesseville à une demande d’éclaircissements de l’Académie des sciences, s.d. [après le 29 septembre 1716] [Limoges]. 17/30 : mémoire sur les forges et fourneaux du Berry, s.d. [Bourges]. 17/31 : rapport de Hocquart sur la pine marine, 29 août 1717, Toulon [Aix-enProvence]. 17/32 : mémoire complémentaire sur les coraux, s.d. [Aix-en-Provence]. 17/33 : “ Mémoires curieux sur la province d’Auvergne tirés d’une histoire d’Auvergne manuscritte ”, s.d. [Riom]. 17/34 : 2 pièces sur les abeilles (s.d.) [sans rapport avec l’enquête1] : 17/34/a : mémoire et questions supplémentaires de l’Académie des Sciences au sujet des abeilles. 17/34/b : réponses aux questions. 17/35 : “ Département de Saint-Dizier. Mines de fer ”, mémoire, s.d. [Champagne]. 17/36 : “ Département de St Dizier. État des différents bols qui se trouvent dans le finage de Saint Dizier en la contrée de la Coste le Manchot, et des coquillages qui s’y rencontrent… ”, s.d. [Champagne]. 17/37 : mémoire sur une mine de bitume à Bastenes et Caupenne, s.d. [Bordeaux]. 17/38 : 2 pièces (s.d.) [Navarre et Béarn] : 17/38/a : “ Mémoire d’un médecin de Bannière sur l’alun de plume ”, mémoire sur l’amiante, s.d. 17/38/b : notes de la main de Réaumur sur l’alun de plume, s.d. [après octobre 1716]. 17/39 : mémoire de La Basinière sur les mines de Bretagne répondant à une demande de Réaumur, s.d. [fin 1717] [Bretagne].

1. Ces documents sont postérieurs à 1737 et font probablement partie des recherches de Réaumur sur l’histoire naturelle des insectes.

ANNEXE

881

17/40 : procès-verbal de l’examen des mines de Navarre, Pau et Béarn, fait le 9 août 1716, Paris, 9 septembre 1716 [Navarre et Béarn]. 17/41 : 8 pièces concernant Lotoire (1716 et s.d.) [Paris, sauf 17/41/g] : 17/41/a : projet de privilège pour Lotoire, 23 septembre 1716 [même document que 16/10/e/a et 17/41/c]. 17/41/b : état des dépenses nécessaires pour travailler la mine d’Auneuil présenté par Lotoire, s.d. [mars 1716]. 17/41/c : projet de privilège pour Lotoire, 23 septembre 1716 [même document que 16/10/e/a et 17/41/a]. 17/41/d : mémoire de Vaudin et Lotoire relatif à l’exploitation de la mine de Blécourt [mai] 1716. 17/41/e : projet de privilège à accorder à Vaudin et Lotoire, s.d. 17/41/f : projet de privilège à accorder à Simon Lotoire, s.d. 17/41/g : rapport sur la mine de Joinville, par Réaumur et Lémery, s.d. [Champagne]. 17/41/h : placet de Simon Lotoire adressé au Régent, [mai ou juin] 1716. 17/42 : 7 pièces (1716-1717 et s.d.) [Metz] : 17/42/a : lettre de Harlay de Cély au Régent, Metz, 18 novembre 1716. 17/42/b : “ Mémoire. La généralité de Metz est stérille pour tout ce qui peut être de l’objet de l’académie royale des sciences, par raport à l’histoire naturelle du Royaume… ”, s.d. 17/42/c : demande de renseignements par Réaumur, minute, s.d. [décembre 1716]. 17/42/d : “ Metz, Second mémoire ”, s.d. [avril 1717]. 17/42/e : demande de renseignements complémentaires par Réaumur, 27 juillet [1717]. 17/42/f : note, s.d. 17/42/g : état d’échantillons envoyés, s.d. [avril 1717]. 17/43 : 2 pièces (1716 et s.d.) [Navarre et Béarn] : 17/43/a : lettre d’Espalungue à Fenoyl, 20 juillet 1716 (copie). 17/43/b : Mémoire du Sieur de Bebordes. Réponse au mémoire de Monseigneur le premier Président au parlement de Navarre ”, mémoire sur des ressources des vallées d’Ossau et de Barrétons, s.d.

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L’ENQUÊTE DU RÉGENT

17/44 : mémoire de réponse sur les mines de Carnoët, Plusquellec et Huelgoat, s.d. [Bretagne]. 17/45 : mémoire sur la généralité de Soissons, s.d. [Soissons]. 17/46 : 3 pièces (1716 et s.d.) [Perpignan] : 17/46/a : demande de renseignements sur la généralité de Perpignan, copie, s.d. 17/46/b : réponse de l’intendant de La Neuville concernant les pierres de Vic, s.d. [1716]. 17/46/c : demande de renseignements complémentaires par Réaumur, minute, s.d. 17/47 : 7 pièces [diverses provinces] : 17/47/a : extraits du mémoire de l’intendant La Bourdonnaye “ pour l’instruction du duc de Bourgogne ” sur l’intendance de Rouen, copie annotée par Réaumur, s.d. [fin XVIIe siècle] [Rouen]. 17/47/b : extraits des mémoires sur l’intendance de Caen rédigés “ pour l’instruction du duc de Bourgogne ”, copie annotée par Réaumur, s.d. [fin XVIIe siècle] [Caen]. 17/47/c : extraits des mémoires sur l’Alençonnais et le Perche rédigés “ pour l’instruction du duc de Bourgogne ”, copie annotée par Réaumur, s.d. [fin XVIIe siècle] [Alençon]. 17/47/d : extraits du mémoire de Béchameil de Nointel sur la Bretagne, rédigé “ pour l’instruction du duc de Bourgogne ”, copie annotée par Réaumur, s.d. [fin XVIIe siècle] [Bretagne]. 17/47/e : extraits du mémoire sur la généralité de Bordeaux rédigé “ pour l’instruction du duc de Bourgogne ”, copie annotée par Réaumur, s.d. [fin XVIIe siècle] [Bordeaux]. 17/47/f : extraits du mémoire sur la généralité de La Rochelle, copie annotée par Réaumur, s.d. [fin XVIIe siècle] [La Rochelle]. 17/47/g : extrait du mémoire sur le Poitou rédigé “ pour l’instruction du duc de Bourgogne ”, copie annotée par Réaumur, s.d. [fin XVIIe siècle] [Poitiers]. 17/48 : “ Extrait du Registre de Physique. Observations sur la trempe de l’acier et du fer ”, s.d. [sans rapport avec l’enquête]. 17/49 : non attribué

ANNEXE

883

17/50 : 3 pièces [sans rapport avec l’enquête ; ces documents, dont le dernier est daté de 1725, font partie des papiers de Réaumur plutôt que de l’enquête de Régent] : 17/50/a : “ Liste de quelques auteurs qui ont traitté ex professo de la métallurgie… ”. 17/50/b : “ pour M. de Meyer ”, de la main de Réaumur. 17/50/c : “ fer qu’on échaufe avec la lime ” de la main de Réaumur. 17/51 : note, s.d. [janvier 1718] [Bretagne]. 17/52 : “ Mémoire de Monsieur d’Espalungue des marbres, cristaux et mine de la vallée d’Ossau ”, mémoire sur les ressources minérales de la vallée d’Ossau [Navarre et Béarn]. 17/53 : divers (1716 et s.d.) : 17/53/a : “ M. Sabach peut prendre tout les temps qui lui sera nescésaire pour rassembler les instructions… ”, notes par Réaumur, s.d. [Navarre et Béarn]. 17/53/b : Bois pour la marine [par Réaumur] “ Par les mémoires qui nous ont été remis, je ne vois point qu’il y eût en Angleterre d’étuve… ” [sans rapport avec l’enquête]. 17/53/c : lette de Hocquard au Régent, Brest, 31 janvier 1716 [Bretagne]. 17/53/d : demande de renseignements par Réaumur, minute, s.d. [Bretagne]. 17/53/e : avis d’un botaniste [membre de l’Académie royale des sciences ?] sur le catalogue de plantes envoyé par la faculté de médecine de Nantes, adressé à Réaumur, s.d. [Bretagne]. 17/53/f : “ Observations sur le puits de Plougastel ” [Bretagne]. 17/54 : 10 pièces (1716-1717 et s.d.) [divers] : 17/54/a : lettre de Giscaro, prêtre, à Bignon, Paris, 25 avril 1717 [Navarre et Béarn]. 17/54/b : commentaire [de Réaumur ?] sur le mémoire et les dessins de Charron sur les mines du Forez, copie au net, s.d. [1716] [Lyon]. 17/54/c : extraits du mémoire sur la Picardie rédigé “ pour l’instruction du duc de Bougogne ” (fin XVIIe siècle), faits par l’intendant, 1716 [Amiens]. 17/54/d : observations sur les Pays-Bas, la Suède, le Saint Empire, le Danemark et l’Angleterre, s.d. [sans rapport avec l’enquête]. 17/54/e : placet de Charron au Régent, mai 1716 [Lyon].

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L’ENQUÊTE DU RÉGENT

17/54/f : “ Copie des ordonnances expédiées au Sr Charron, commissaire de la marine à Lyon… ”, [Lyon]. 17/54/g : placet de La Haye-Dupuis au Régent, s.d. 17/54/h : placet de Boyer de Montbaudron à Lepelletier des Forts, président du Bureau du commerce, s.d. [sans rapport avec l’enquête]. 17/54/i : privilège pour la fabrication de l’acier dans le Limousin et le Nivernais [Limoges]. 17/54/j : mémoire et lettre adressés au Régent par La-Haye Dupuis, s.d. [sans rapport avec l’enquête]. 17/55/a-d : 4 pièces (1626-1717 et s.d.) [Navarre et Béarn] : 17/55/a : requête de Claverie au Régent, 1717 [avant juin]. 17/55/b : autorisation d’exploiter accordée à Isaac de Claverie, Paris, 11 avril 1654. 17/55/c : remarques de Réaumur sur le mémoire de 1717 de Claverie, de la main de Réaumur, s.d. 17/55/d : privilège d’exploitation accordé à Pierre de Claverie (copie), Paris, 5 juin 1626. 17/55/e-g : 3 pièces (1717) [Montauban] : 17/55/e : lettre de Laugeois d’Imbercourt au Régent, Montauban, 16 juillet 1717. 17/55/f : demande de renseignements par Réaumur, minute, s.d. [après juillet 1717 ?]. 17/55/g : lettre de Laugeois d’Imbercourt à Bignon ou Réaumur ?, Montauban, 16 juillet 1717. 17/55/h-q : 10 pièces (1717 et s.d.) [Alsace] : 17/55/h : lettre de d’Angervilliers à Bignon, Strasbourg, 1er février 1717. 17/55/i : observations de Réaumur sur un mémoire reçu et nouvelle demande d’éclaircissements, minute, s.d. 17/55/j : lettre de Maury fils à Bignon, Paris, 23 septembre 1717. 17/55/k : lettre de Maury fils à Bignon, Paris, 30 septembre 1717. 17/55/l : lettre de Maury père à Maury fils, Strasbourg, 9 décembre 1717. 17/55/m : lettre de Bignon au Révérend Père Maury, minute, Meulan, 25 septembre 1717.

ANNEXE

885

17/55/n : lettre de Bignon à Maury fils, minute, Meulan, 20 décembre 1717. 17/55/o : lettre de d’Angervilliers au Régent, Strasbourg, 1er février 1717. 17/55/p : lettre de Bignon à d’Angervilliers, minute, Meulan, 3 novembre 1717. 17/55/q : demande d’éclaircissements de l’Académie sur les matières résineuses et le cartame et réponse de l’intendant, s.d. “ Enquêtes du Régent ”, carton 18 “ Enquêtes faites par ordre du Régent 1718 ” (pièces 1-44) 18/1 : 2 pièces (1718) [Grenoble] : 18/1/a : lettre de Géraudly au Régent, Grenoble, 7 juillet 1718. 18/1/b : lettre de Géraudly au Régent, Grenoble, 12 juillet 1718. 18/2 : lettre de Jacques Lefebvre à La Grange, [Logny-Bogny], s.d. [1718] [Champagne]. 18/3 : lettre de Lemaire à Doublet, Le Caire, 19 mars 1718 [sans rapport avec l’enquête]. 18/4 : 2 pièces (1718) [Alsace] : 18/4/a : lettre de Maury père à Bignon, Strasbourg, 3 janvier 1718. 18/4/b : lettre de Maury père à Maury fils, Strasbourg, 3 janvier 1718. 18/5 : lettre de Legendre de Lormoy au Régent, Bayonne, 2 février 1718 [Navarre et Béarn]. 18/6 : lettre de Lemaire à Doublet, Le Caire, 20 mars 1718 [sans rapport avec l’enquête]. 18/7 : lettre de Maury père à Bignon, Paris, 27 juillet 1718 [Alsace]. 18/8 : extraits du mémoire sur la Flandre rédigé “ pour l’instruction du duc de Bourgogne ”, copie annotée par Réaumur, s.d. [fin XVIIe siècle] [Lille]. 18/9 : lettre de La Briffe au Régent, Dijon, 2 juin 1718 [Dijon]. 18/10 : requête de Jean Pottier adressée au Régent, s.l.n.d. [Bretagne]. 18/11 : mémoire sur le sel en Basse Normandie, s.d. [1718 ?] [Caen]. 18/12 : 4 pièces (1718 et s.d.) [Lyon] :

886

L’ENQUÊTE DU RÉGENT

18/12/a : lettre de Bourgeys à Bignon, Lyon, 8 novembre 1718. 18/12/b : mémoire n.s. [Rochefort, banquier à Lyon] à Law, s.d. 18/12/c : lettre de Bourgeys à Law, Lyon, 6 novembre 1718 (copie). 18/12/d : lettre de Bourgeys à Bignon, Lyon, 15 novembre 1718. 18/13 : 2 pièces (1718) [Lyon] : 18/13/a : demande de renseignements complémentaires par Réaumur, copie au net, s.d. [1718]. 18/13/b : réponse de Gayot de La Bussière à l’Académie des sciences à propos de ses demandes d’éclaircissements, s.d. [1718]. 18/14 : lettre de Laugeoy d’Imbercourt au Régent, Figeac, 17 janvier 1718 [Montauban]. 18/15 : 10 pièces (1717-1718 et s.d.) : 18/15/a : demande de renseignements par Réaumur, copie au net, s.d. [double de 18/15/h] [Lyon]. 18/15/b : demande de renseignements par Réaumur, minute, s.d. [22 décembre 1717] [Montauban]. 18/15/c : demande de renseignements par Réaumur, minute, s.d. [Navarre et Béarn]. 18/15/d : demande de renseignements par Réaumur, minute, s.d. [Languedoc]. 18/15/e : demande de renseignements par Réaumur, minute, s.d. [Grenoble]. 18/15/f : demande de renseignements par Réaumur, s.d. [décembre 1717] [Perpignan]. 18/15/g : demande de renseignements par Réaumur, minute, s.d. [après août 1717] [Aix-en-Provence]. 18/15/h : demande de renseignements par Réaumur, minute, s.d. [avant janvier 1718] [double de 18/15/a] [Lyon]. 18/15/i : demande de renseignements par Réaumur, s.d. [décembre 1717] [Champagne]. 18/15/j : lettre de Gayot de La Bussière à Bignon, Lyon, 20 janvier 1718 [Lyon]. 18/16 : 5 pièces (1718) [Riom] : 18/16/a : lettre de Boucher au Régent, Clermont, 28 février 1718.

ANNEXE

887

18/16/b : lettre de Boucher à Bignon [?], Clermont, 6 octobre 1718. 18/16/c : mémoire n.s. sur les fontaines de Chaudes-Aigues, s.d. [1718]. 18/16/d : mémoire n.s. [abbé de Caldaguès] sur le puy de la Poix, Monferrand, 20 mai 1718. 18/16/e : lettre de Boucher au Régent, Clermont, 7 octobre 1718. 18/17 : mémoire de l’Académie de Bordeaux sur la présence de coquillages en certains lieux d’Aquitaine, 20 mai 1718 [Bordeaux]. 18/18 : 7 pièces (1818 et s.d.) [Bretagne] : 18/18/a : lettre de Feydeau de Brou à Réaumur, Paris, 23 janvier 1718. 18/18/b : dessin de plante accompagné d’une notule, s.d. 18/18/c : lettre de Feydeau de Brou au Régent, Rennes, 1er avril 1718, avec liste de “ Plantes qu’on adresse à SAR… ”. 18/18/d : lettre de Feydeau de Brou au Régent, Paris, 10 avril 1718. 18/18/e : lettre de Feydeau de Brou au Régent, Paris, avril 1718. 18/18/f : lettre de Feydeau de Brou au Régent, Rennes, 25 mai 1718, avec mémoire : “ Noms de trois plantes que Messieurs de l’accadémie ont souhaité avoir, lesquelles se trouvent dans le comté nantois… ”. 18/19 : 2 pièces (1718) [sans rapport avec l’enquête] : 18/19/a : mémoire de Pinault à l’Académie des sciences, Toulouse, 10 août 1718. 18/19/b : document imprimé, 3 p. Copie d’une lettre envoyée à nôtre St Père par Mr Pinault procureur du roi de la Monnoie de Toulouse… 18/20 : lettre de de Caux de Fierville à Bignon, Paris, 12 mai 1718 [sans rapport avec l’enquête]. 18/21 : 2 pièces (1718) [Franche-Comté] : 18/21/a : lettre de Lefèvre d’Ormesson au Régent, Besançon, 18 mars 1718. 18/21/b : mémoire joint. 18/22 : 3 pièces (1718 et s.d.) [Navarre et Béarn] : 18/22/a : lettre de Legendre de Lormoy au Régent, Pau, 5 mars 1718. 18/22/b : extrait d’une lettre de Pointis à Legendre de Lormoy, s.d. 18/22/c : lettre de Pointis au Régent, Ustou, 20 février 1718.

888

L’ENQUÊTE DU RÉGENT

18/23 : lettre de d’Albert à d’Andrezel, Ille-sur-Têt, 1er mars 1718 [Perpignan]. 18/24 : lettre de Gayot de La Bussière au Régent, Lyon, 12 mai 1718 [Lyon]. 18/25 : 2 pièces (1718 et s.d.) [Champagne] : 18/25/a : lettre de Lescalopier au Régent, Châlons, 10 février 1718. 18/25/b : mémoire sur les pierres à meules, s.d. 18/26 : lettre de Lescalopier au Régent, Châlons, 7 juillet 1718 [Champagne]. 18/27 : 2 pièces (1718 et s.d.) [Bordeaux] : 18/27/a : lettre de Bitry à Bignon [?], Bordeaux, 8 février 1718. 18/27/b : mémoire de Biscarosse sur le pin et la gomme, s.d. 18/28 : mémoire de Juliot sur le bithume de Gaujacq, s. d. [1718] [Bordeaux]. 18/29 : mémoire sur les matières résineuses en Alsace, s.d.[1718] [Alsace]. 18/30 : lettre de Legendre de Lormoy au Régent, Bayonne, 30 avril 1718 [Navarre et Béarn]. 18/31 : 9 pièces (1718) [Perpignan] : 18/31/a : lettre de d’Andrezel au Régent, Perpignan, 7 février 1718. 18/31/b : mémoire de réponse de l’intendant à la demande d’éclaircissements de l’Académie des sciences, Perpignan, 7 février 1718. 18/31/c : lettre de d’Andrezel à Bignon, Perpignan, 8 mars 1718. 18/31/d : mémoire de Xaupi, Perpignan, 2 mars 1718. 18/31/e/i : lettre de d’Andrezel à Bignon, Pamiers, 5 octobre 1718. 18/31/e/ii : mémoire sur l’or de la Bastide-de-Sérou, s.d. 18/31/f : lettre de Jean Lafont, curé d’Escaro, à d’Andrezel, Escaro, 26 février 1718. 18/31/g : lettre de Jean Lafont, curé d’Escaro, à d’Andrezel, Escaro, 2 mars 1718. 18/31/h : lettre de Vilarojas à Bignon, Paris, 27 février 1718. 18/32 : 3 pièces (1718 et s.d.) [Dijon] : 18/32/a : lettre de Pigeot au Régent, Dijon, 6 juin 1718. 18/32/b : “ Calcul du compte des fermes générales du domaine de etc. ”, pièce jointe, s.l.n.d.

ANNEXE

889

18/32/c : commentaires sur les propositions de Pigeot, s.l.n.d. 18/33 : lettre de Duport au Régent, Grenoble, 10 avril 1718 [Grenoble]. 18/34 : mémoire sur les pierres à meules à aiguiser des environs de Belfort, s.l.n.d. [Alsace]. 18/35 : 6 pièces (1718 et s.d.) [Alsace] : 18/35/a : lettre de d’Angervilliers au Régent, Strasbourg, 9 mars 1718. 18/35/b : “ Mémoire en réponse des éclaircissements que l’Académie des Sciences a demandé sur la plante appellée cartame ”. 18/35/c : demande d’éclaircissements de l’Académie des sciences sur le cartame et les matières résineuses, s.d. [9 mars 1718] et réponse de l’intendant. 18/35/d : “ Mémoire en réponces des éclaircissements que l’Académie des Sciences a demandé sur la plante appellée cartame ” et mémoire sur le saffranon, s.d. 18/35/e : “ Mémoire en réponce des nouveaux éclaircissements demandés sur les matières résineuses qu’on tire des pins en les réduisant en charbon, et sur celles qu’on tire par l’incision de l’arbre ”. 18/35/f : lettre de d’Angervilliers au Régent, Strasbourg, 2 mai 1718. 18/36-18/37 : non attribués 18/38 : lettre de Delaval au Régent, Montorgue [?], 22 février 1718 [Riom]. 18/39 : 2 pièces (1718) [Lyon] : 18/39/a : mémoire sur les fours à chaux de Sury-le-Comtal, s.d. [1718]. 18/39 /b : dessin. 18/40 : 3 pièces (1717-1718 et s.d.) [Caen] : 18/40/a : demande de renseignements par Réaumur, copie au net, s.d. [fin 1717]. 18/40/b : lettre de Guynet d’Arthel à Bignon, Caen, 13 janvier 1718. 18/40/c : mémoire de réponse à 18/40/a, n.s., s.l.n.d. 18/41 : 2 pièces (1718 et s.d.) [Paris] : 18/41/a : lettre de Bignon, intendant de Paris, à l’abbé Bignon, Paris, 20 octobre 1718. 18/41/b : mémoire joint, s.d.

890

L’ENQUÊTE DU RÉGENT

18/42 : 4 pièces (1718) [Aix-en-Provence] : 18/42/a : lettre de Rocque à Réaumur, Marseille, 18 mars 1718. 18/42/b : lettre de Rocque à Réaumur, Marseille, 13 avril 1718 (et échantillons de soie teinte). 18/42/c : lettre de Rocque à Réaumur, Marseille, 17 mai 1718. 18/42/d : lettre de Rocque à Réaumur, Marseille, 2 juin 1718. 18/43 : lettre de Réaumur à ?, minute, 5 mars 1718 [sans rapport avec l’enquête]. 18/44 : note de Réaumur au garde des sceaux, s.d. [août 1718 ?] [Grenoble]. Dossier 2 : pièces 45-101 18/45 : 14 pièces concernant Godefroy (1702-1715 et s.d.) [sans rapport avec l’enquête] : 18/45/a : Godeffroy au Régent, [Brest ?], s.d. 18/45/b : Godeffroy à l’Académie des sciences, Brest [?], s.d. 18/45/c : Extrait de la séance de l’Académie des sciences du 23 juin 1702, délivré le 2 juillet 1702. 18/45/d : extrait du procès verbal du Conseil de construction, tenu à bord du Foudroyant, le 31 octobre 1703. 18/45/e : certificat délivré par le comte de Béthune, 25 mai 1707. 18/45/f : certificat, 25 juillet 1707. 18/45/g : sauf-conduit, 6 septembre 1707. 18/45/h : certificat, 10 mai 1708. 18/45/i : attestation, 15 mai 1708. 18/45/j : certificat, 13 mars 1711 18/45/k : certificat, 22 janvier 1712. 18/45/l : certificat signé du duc du Maine et du comte de Toulouse, 26 avril 1714. 18/45/m : certificat du comte de Toulouse, 15 avril 1715. 18/45/n : demande de privilège, s.d. 18/46 : 2 pièces concernant Decay (s.d.) [sans rapport avec l’enquête] : 18/46/a : lettre de Decay au Régent, s.l. [Paris ?], s.d.

ANNEXE

891

18/46/b : “ Pour qu’un ressort le remonte… ”, mémoire de Decay adressé au Régent, s.l. n.d. [avant le 24 mai 1716]. 18/47 : 5 pièces concernant Launay (1716 et s.d.) [sans rapport avec l’enquête] : 18/47/a : lettre de Launay à Bignon (ou Réaumur ?), s.l., 24 novembre 1716. 18/47/b : “ L’Académie des Sciences en se séparant pour les vaccances prist la liberté de présenter à SAR un mémoire… ”. 18/47/c : minute de 18/47/b, de la main de Réaumur, s.d. 18/47/d : “ Copie de la réponse au mémoire présenté par M. de Launay à SAR ”. 18/48 : lettre de Dardène au Régent, Bordeaux, 20 juin 1716. Bignon écrit : “ à garder par curiosité sur les imaginations des hommes, 30 aoust 1716 ” [sans rapport avec l’enquête]. 18/49 : 5 pièces (1716) [sans rapport avec l’enquête] : 18/49/a : lettre de d’Hermand à ?, Paris, 29 avril 1716. 18/49/b : le même, Paris, 22 août 1716. 18/49/c : le même, Paris, 22 septembre 1716. 18/49/d : le même, Paris, 14 octobre 1716. 18/49/e : “ Nous soussignéz interresséz aux diligences… ”, certificat, Paris, 14 octobre 1716. 18/50 : “ Stella qua nunquam… ” [sans rapport avec l’enquête]. 18/51 : 2 pièces (1716 et s.d.) [Lille] : 18/51/a : demande d’exemption présentée par François Prével au Régent, s.l. [Lille ?], 18 janvier 1716. 18/51/b : avis des magistrats de Lille sur la requête de Prével, s.l.n.d. 18/52 : 3 pièces (1716 et s.d.) [Lille] : 18/52/a : lettre de Gittard à Bignon ou Réaumur ?, Lille, 2 août 1716. 18/52/b : lettre de Maignart de Bernières au Régent, Lille, 3 août 1716. 18/52/c : “ Mémoire sur la garance ”, s.d. 18/53 : 9 pièces concernant Delahaye-Dupuis (1716-apr. 1728 et s.d.) [sans rapport avec l’enquête] :

892

L’ENQUÊTE DU RÉGENT

18/53/a : demande de privilège de Delahaye-Dupuis au Régent, s.l.n.d. 18/53/b : “ À Messieurs le Président et Messieurs de l’académie royalle des Sciences Messieurs, Delahaye Dupuy, ancien capitaine au Régiment de Soissonnois et lieutenant du gouvernement de Joinville, a l’honneur de vous représenter… ” [après 1728]. 18/53/c : Delahaye-Dupuy à l’abbé Bignon, s.l.n.d. 18/53/d : lettre de Delahaye-Dupuis au Régent, décembre 1716. 18/53/e : Bignon à Doublet, minute, Meulan, 27 octobre 1716. 18/53/f : placet de Delahaye-Dupuis adressé au Régent, s.d. [octobre 1716] 18/53/g : lettre de Bignon à Doublet, minute, Meulan, 27 octobre 1716. 18/53/h : placet de Delahaye-Dupuis au Régent, s.l.n.d. [fin 1716 ?]. 18/53/i : lettre de Bignon à Doublet, minute, Paris, 30 décembre 1716. 18/54 : mémoire d’Élizabeth Peltier sur la mine d’or de Bouconville, 1716 [Soissons]. 18/55 : le comte de Toulouse et le maréchal d’Estrées à Bignon (?), Paris, 22 avril 1716 [marée dans les ports] [sans rapport avec l’enquête]. 18/56 : Bignon au comte de Toulouse, minute, Paris, 6 mai 1716 [marée dans les ports]. 18/57 : Mémoire sur les observations des marées [6 mai 1716] [marée dans les ports]. 18/58 : Petit “ À SAR… l’Angleterre ayant promis une récompense de cent mille livres… ” [marée dans les ports]. 18/59 : 2 pièces (1716) [sans rapport avec l’enquête] : 18/59/a : le comte de Toulouse et le maréchal d’Estrées à Bignon, Paris, 10 mai 1716. 18/59/b : Bignon au comte de Toulouse, Paris, 16 mai 1716. 18/60 : “ Mémoire. Martenot offre très respectueusement à SAR le secret de faire un acier nullement sujet aux inconvéniens, qui se sont rencontrés dans les voyes de cimenter [lire cémenter] les bareaux de fer… ”, s.d. [sans rapport avec l’enquête]. 18/61 : 6 pièces concernant Bourgeois Senel (1716 et s.d.) [sans rapport avec l’enquête]. 18/61/a : lettre de Bourgeois Senel au Régent, Avignon, 16 janvier 1716.

ANNEXE

893

18/61/b : lettre de Bourgeois Senel au Régent, Avignon, 6 février 1716. 18/61/c : lettre de Bourgeois Senel au Régent, Avignon, 10 février 1716. 18/61/d : Bourgeois Senel à ?, s.d. 18/61/e : “ coppie d’une lettre escritte à Monsieur le Marechal d’Estrée ”. 18/61/f : “ Coppie de lettre de Mr l’abbé Bignon en datte du 6e Jan 1718, receue le 4e Février pour réponce à une précédante à luy excritte sur la fin du mois d’aoust dernier consernant les longitudes ”. 18/62 : lettre au Régent de Dunleroy, Orléans, 5 novembre 1716 [sans rapport avec l’enquête]. 18/63 : lettre de Le Bret au Régent, Marseille, 14 avril 1716 [Aix-en-Provence]. 18/64 : “ Épître à S.A.R. Monseigneur le duc d’Orléans… VAR est du nombre des princes que la vertu élève autant que la naissance, et que de grandes qualités rendent digne de gouverner les peuples, c’est à sa prudence que l’État est… ” [sans rapport avec l’enquête]. 18/65 : lettre de La Frénerie au Régent, 9 mai 1716 [Moulins]. 18/66 : placet adressé au Régent par le Sr Decay, mai 1716 [sans rapport avec l’enquête]. [au dos :] mouvement perpétuel. 5e liasses. Mémoires de différents auteurs et lettres à ce sujet. 18/67 : 7 pièces (1716 et s.d.) [Grenoble] : 18/67/a : lettre de Boucher d’Orsay au Régent, Grenoble, 20 août 1716. 18/67/b : lettre de Denis Vallet au Régent, s.d. [janvier 1717]. 18/67/c : placet de Denis Vallet au Régent, s.d. [octobre ou novembre 1716]. 18/67/d : lettre de Duport au Régent, Grenoble, 4 octobre 1716. 18/67/e : lettre de Duport au Régent, Grenoble, 29 novembre 1716. 18/67/f : lettre de Boucher d’Orsay au Régent, Grenoble, 13 septembre 1716. 18/67/g : “ Entre un grand nombre de matières… ”, mémoire joint à la lettre précédente, s.d. 18/67/h : “ Comme la pluspart des montagnes… ”, demande d’éclaircissements adressée par l’Académie des sciences à Boucher d’Orsay et réponse de ce dernier, copie, 1716 [fin de l’année]. 18/67/i : “ Copie de la lettre écritte par M. de Nointel à M. d’Angervilliers le 3e juillet 1711 ”.

894

L’ENQUÊTE DU RÉGENT

18/67/j : placet La Baume au Régent, s.d. 18/67/k : “ Mémoire sur le placet du Sr La Beaume ”, commentaire sur le placet de La Baume, s.d. 18/68 : 2 pièces (1716 et s.d.) [Tours] : 18/68/a : lettre de Chauvelin de Beauséjour au Régent, Tours, 6 mai 1716. 18/68/b : mémoire joint, s.d. 18/69 : 2 pièces (1716) [Amiens] : 18/69/a : lettre de Bernage au Régent, Amiens, 8 septembre 1716. 18/69/b : lettre de Bernage au Régent, Arras, 14 septembre 1716. 18/70 : “ Coppie du second mémoire de l’académie des sciences ”, mémoire complémentaire, s.d. [Poitiers]. 18/71 : mémoire sur le Poitou, s.d. [1716] [Poitiers]. 18/72 : 11 pièces (1716 et s.d.) [Aix-en-Provence] : 18/72/a : lettre de Le Bret au Régent, Aix-en-Provence, 12 février 1716. 18/72/b : lettre de Le Bret au Régent, Aix-en-Provence, 23 février 1716. 18/72/c : liste de coquillages envoyés , s.d. 18/72/d : lettre de Le Bret au Régent, Aix-en-Provence, 8 avril 1716. 18/72/e : “ Mémoire de Sr Pochet subdélégué à Manosque. Description du lieu où se trouvent les pierres de St Eucher autrement appellées lapis sélénites… ”, mémoire d’éclaircissement, s.d. 18/72/f : extrait de mémoire de l’Académie des Sciences, avec réponses, s.d. 18/72/g : lettre de Le Bret au Régent, Aix-en-Provence, 3 avril 1716. 18/72/h : lettre de Le Bret au Régent, Aix-en-Provence, 28 mars 1716. 18/72/i : listes d’échantillons envoyés au Régent, s.d. 18/72/l : lettre de Le Bret au Régent, Aix-en-Provence, 2 mars 1716. 18/72/m : lettre de Pellas au Régent, Aix-en-Provence, 15 avril 1716. 18/73 : 4 pièces (1716) [Lyon] : 18/73/a : lettre de Méliand à Bignon, Lyon, 24 novembre 1716. 18/73/b : lettre de Méliand au Régent, Lyon, 24 novembre 1716. 18/73/c : mémoire, Lyon, 23 novembre 1716.

ANNEXE

895

18/73/d : mémoire de Deville, Saint-Bonnet-le-Château, 19 novembre 1716. 18/74 : lettre de Lotoire au Régent, s.l., [novembre ou décembre] 1716 [Paris]. 18/75 : non attribué. 18/76 : 6 pièces (1716 et s.d.) [Aix-en-Provence] : 18/76/a : lettre de Le Bret au Régent, Aix-en-Provence, 17 février 1716. 18/76/c : “ Mémoire des pierres du Sr Roque, escrivain du Roy ”, liste d’échantillons envoyés au Régent, s.d. 18/76/c : lettre de Le Bret au Régent, Aix-en-Provence, 19 février 1716. 18/76/d : mémoire de Thomas de La Garde, s.d. 18/76/e : copie d’une lettre de Peyre, subdélégué, sur les congélations de Barjols, 15 février 1716. 18/76/f : lettre de Rocque au Régent, Marseille, 2 janvier 1716. 18/76/g : lettre de Grasse-Mouans au Régent, Mouans [18 novembre 1716. 18/76/h : copie de la lettre d’Ardisson au baron de Mouans en date du 30 octobre 1716, s.d. 18/77 : lettre de Noyer, secrétaire de l’Intendant, au Régent, Perpignan, 14 octobre 1716 [Perpignan]. 18/78 : 2 pièces (1719) [Montauban] : 18/78/a : lettre de Giscaro fils à Bignon, Auch, 30 mars 1719. 18/78/b : lettre de Giscaro père à Bignon, Simorre, 5 avril 1719. 18/79 : lettre de Maury père à Bignon, Strasbourg, 17 août 1719 [Alsace]. 18/80 : “ La conversion de cuivre en leton… ”, mémoire, s.d. 18/81 : 5 pièces (1716-1721 et s.d.) : 18/81/a : “ Réponse au mémoire de Messieurs de l’académie des Sciences envoyé à Mr de Lesseville le 30 aoust 1716 ”, mémoire d’éclaircissements, s.d. [Limoges]. 18/81/b : “ expérience à faire… ”, note de la main de Réaumur, s.d. [Analyses de minerais]. 18/81/c : “ expériences sur les mines de plomb… ”, note de la main de Réaumur, janvier 1721. [Analyses de minerais].

896

L’ENQUÊTE DU RÉGENT

18/81/d : “ essays des mines de plomb… ”, note de la main de Réaumur, s.d. [Analyses de minerais]. 18/81/d : lettre de Leclerc de Lesseville au Régent, Limoges, 29 septembre 1716 [Limoges]. 18/82 : 4 pièces (1716 et s.d.) [Languedoc] : 18/82/a : lettre de Lamoignon de Basville au Régent, Montpellier, 17 août 1716. 18/82/b : lettre de Lamoignon de Basville au Régent, Montpellier, 2 septembre 1716. 18/82/c : mémoire sur les paillettes d’or de la Cèze, s.d. 18/82/d : lettre de Marmier à Lamoignon de Basville, Bagnols-sur-Cèze, 19 juillet 1716. 18/83 : 2 pièces (1716 et s.d.) [Paris] : 18/83/a : lettre de Gantier au Régent, Paris, 7 mai 1716. 18/83/b : “ mémoire pour Mgr l’abbé de Bignon ”, par Gantier, s.l.n.d. 18/84 : 2 pièces (1716 et s.d.) [Soissons] : 18/84/a : lettre de Lefèvre d’Eaubonne au Régent, Soissons, 18 mars 1716. 18/84/b : mémoire sur la mine d’alun, s.d. 18/85 : 3 pièces (1716) [Bordeaux] : 18/85/a : lettre de Stadens au Régent, s.l., 30 juillet 1716. 18/85/b : projet de lettre du Régent à Lamoignon de Courson, minute par Bignon, 1er mai 1716. 18/85/c : “ État ou Mémoire concernant les drogues ”, mémoire sur la composition du mastic du Sr de Stadens, Condom, 30 juillet 1716. 18/86 : lettre de Chalvet à Réaumur [?], Grenoble, 1er janvier 1719 [Grenoble]. 18/87 : 4 pièces (1719 et s.d.) [Bourges] : 18/87/a : lettre de Foullé de Martangis au Régent, Bourges, 8 janvier 1719. 18/87/b : lettre de Foullé de Martangis à Bignon, Bourges, 7 janvier 1719. 18/87/c : “ Mémoire de touttes les pierres… ”, mémoire accompagnant un envoi d’échantillons, s.d.

ANNEXE

897

18/87/d : copie du précédent. 18/88 : 3 pièces (1716 et s.d.) [Montauban] : 18/88/a : lettre de Laugeois d’Imbercourt à Bignon, Montauban, 10 octobre 1716. 18/88/b : mémoire sur la généralité de Montauban, s.d. 18/89 : lettre de Lescalopier au Régent, Châlons, 21 septembre 1716 [Champagne]. 18/90 : requête de Laurent Martet à l’intendant de Bordeaux sur la quadrature du cercle, s.d. [post 1716] [sans rapport avec l’enquête]. 18/91 : 8 pièces (1715-1718 et s.d.) [Bordeaux] : 18/91/a : “ Réponse au mémoire donné par Monsieur de Courson, pour sçavoir les différentes préparations des matières qui sortent des pins, qui sont dans la province de Guyenne ”, mémoire sur la préparation des matières résineuses, s.d. [1715]. 18/91/b : “ J’ay donné un mémoire à M. de Courson… ”, autre mémoire sur les matières résineuses, s.d. [novembre 1716]. 18/91/c : mémoire de Bitry sur l’amélioration de la culture en Guyenne, s.d. [1715, puis 1718]. 18/91/d : demande de renseignements par Réaumur, minute, s.d. 18/91/e : notes de la main de Réaumur, s.d 18/91/f : demande de renseignements par Réaumur, copie au net, s.d. [1715]. 18/91/g : “ Réponse au nouveau mémoire envoyé à M. de Courson ”, mémoire de réponse, s.d. [1715]. 18/91/h : “ Explication des fourneaux et fours où l’on fait les reisines et goudron… ”, s.d. [1715]. 18/92 : 3 pièces (1716 et s.d.) [Bourges] : 18/92/a : lettre de Lasne à Réaumur [?], Bourges, 25 octobre 1716. 18/93/b : lettre de Foullé de Martangis au Régent, août 1716. 18/92/c : mémoire sur l’histoire naturelle du Berry, s.d. 18/93 : 10 pièces (1716 et s.d.) [Grenoble] : 18/93/a : lettre de Duport au Régent, Grenoble, 2 septembre 1716. 18/93/b : placet de Noël Mallet au Régent, s.d. [après novembre 1716].

898

L’ENQUÊTE DU RÉGENT

18/93/c : lettre de Jacques Pascal au Régent, Saint-Bonnet, 12 octobre 1716. 18/93/d : lettre de Boucher d’Orsay au Régent, Grenoble, 8 octobre 1716. 18/93/e : lettre de Nointel à d’Angervilliers, 3 juillet 1711, copie. 18/93/f/i : lettre de Duport au Régent, Grenoble, 14 septembre 1716. 18/93/f/ii : certificat de B. Hory, 19 septembre 1716. 18/93/f/iii : certificat du curé de Villars-Reymond, 28 septembre 1716. 18/93/f/iv : certificat de J. Garden, 28 septembre 1716. 18/93/f/v : rapport de Pingré sur sa découverte d’une mine d’or au dessus du Bourg-d’Oisans, s.d. [1711 ?]. 18/94 : 4 pièces (1716-1717) [Franche-Comté] : 18/94/a : lettre de Dalesme au Régent, Paris s.d. [été 1716]. 18/94/b : lettre de Dalesme au Régent, Paris, s.d. [1716]. 18/94/c : lettre de Bignon à Dalesme, minute, Paris, 1er février 1716. 18/94/d : réponse du fermier des gabelles de Franche-Comté au mémoire de Dalesme, s.d. [après septembre 1717]. 18/95 : 4 pièces (1716 et s.d.) [divers] : 18/95/a/i : lettre de Beauharnois au Régent, Rochefort, 4 juillet 1716 [La Rochelle]. 18/95/a/ii : mémoire sur la fabrique des ancres, s.d. [La Rochelle]. 18/95/b : demande de renseignements par Réaumur, minute, s.d. [Moulins]. 18/95/c : demande de renseignements par Réaumur, minute, s.d. [Châlons]. 18/96 : lettre de Rochefort à Bignon ?, 5 septembre 1718 [sans rapport avec l’enquête]. 18/97 : “ Mémoire de huit planches que de Rochefort a gravée pour l’Académie… ”, s.d. [sans rapport avec l’enquête]. 18/98 : “ Mémoire de quatre planches que Rochefort a dessiné et gravé pour l’Académie… ”, s.d. [sans rapport avec l’enquête]. 18/99 : “ Mémoire de six planches que Rochefort a dessiné et gravé pour l’Académie… ”, s.d. [sans rapport avec l’enquête].

ANNEXE

899

18/100 : “ Mémoire de cinq planches que Rochefort a dessiné et gravé pour l’Académie… ”, s.d. [sans rapport avec l’enquête]. 18/101 : “ Mémoire de quatre planches que Rochefort a dessiné et gravé pour l’Académie… ”, s.d. [sans rapport avec l’enquête]. + 30 planches gravées par Rochefort, 1718 [sans rapport avec l’enquête]. Fonds Réaumur, carton 6, dossier 2 Documents relatifs à l’enquête du Régent2 R/6/1 : s.d. [1716] [Amiens]. R/6/2 : extraits du mémoire sur le Hainaut rédigé “ pour l’instruction du duc de Bourgogne ”, copie annotée par Réaumur, s.d. [1698] [Maubeuge]. R/6/3 : extraits de mémoires sur la Lorraine et le Barrois, annotés par Réaumur, s.d. [fin XVIIe siècle]. R/6/4 : s.d. [avant mi-septembre 1717] [Franche-Comté]. R/6/5 : s.d., Caen. R/6/6 : s.d. [1716], Grenoble. R/6/7 : s.d., observations de Réaumur sur les échantillons envoyés par La Basinière et demandes complémentaires, minute. Bretagne R/6/8 : s.d., Perpignan. R/6/9 : s.d. [adressée à l’intendant par lettre du 4 décembre 1717], [Navarre et Béarn]. R/6/10 : s.d. [après avril 1717] [Metz]. R/6/11 : s.d., note de Réaumur [Bordeaux]. R/6/12 : s.d., Toulon. R/6/13 : s.d. [fin 1717], Caen. R/6/14 : s.d. [adressée à l’intendant par lettre du 4 décembre 1717], Pau. R/6/15 : s.d., Orléans.

2. Sauf indications contraires, il s’agit de minutes de demandes de renseignements complémentaires de la main de Réaumur.

900

L’ENQUÊTE DU RÉGENT

R/6/16 : s.d. [avant mars 1718], Strasbourg. R/6/17 : s.d., Beauvais. R/6/18 : s.d., [Bretagne]. R/6/19 : s.d., Toulon. R/6/20 : s.d., Perpignan. R/6/21 : s.d. [après 1717], Tours. R/6/22 : s.d., Alençon. R/6/23 : s.d., Clermont. R/6/24 : s.d., Perpignan. R/6/25 : s.d. [1718], Lyon. R/6/26 : s.d. [1718 ?], Bourges. R/6/27 : s.d. [après mai 1718], Bordeaux. R/6/28 : s.d., Meaux. R/6/29 : s.d., [Caen]. R/6/30 : s.d., Montpellier. R/6/31 : 22 juin [1717], Montpellier. R/6/32 : s.d., Montpellier. R/6/33 : s.d., [Languedoc]. R/6/34 : s.d. [avant septembre 1716], Baionne. R/6/35 : s.d. [1715], Grenoble. R/6/36 : s.d., Caen. R/6/37 : s.d. [1716], Perpignan. R/6/38 : s.d. [1717 ?], Toulon. R/6/39 : s.d., Aix. R/6/40 : s.d. [juin 1716], Lyon. R/6/41 : s.d. [après 8 avril 1716], [Aix-en-Provence].

ANNEXE

R/6/42 : s.d., Pau. R/6/43 : s.d., Limoges. R/6/44 : mai 1716, Limoges. R/6/45 : mai 1716, Marseille. R/6/46 : s.d. [août 1715], [Languedoc]. R/6/47 :4 décembre 1715, Bordeaux. R/6/49 : s.d., [Bretagne]. R/6/50 : s.d. [15 mars 1716], Aix. R/6/51 : 18 décembre 1715, Soissons. R/6/52 : s.d., Poitiers. R/6/53 : s.d., Lille. R/6/54 : janvier 1716, Lille. R/6/55 : 4 décembre 1715, Lille. R/6/56 : s.d. [janvier 1716], Lille, copie. R/6/57 : 18 décembre 1715, Soissons, copie. R/6/58 : s.d., Marseille. R/6/59 : juillet 1716, Orléans. R/6/60 : 22 octobre [1716], Montauban. R/6/61 : 22 octobre [1716], Rochefort. R/6/62 : 22 octobre [1716], Caen. R/6/63 : s.d. [1716], Tours. R/6/64 : s.d. [22 octobre 1716], Grenoble. R/6/65 : s.d., Soissons. R/6/66 : 1716 [fin], [Grenoble]. R/6/67 : s.d. [avant mars 1717], Poitiers. R/6/68 : s.d. [été 1716], Pau.

901

902

L’ENQUÊTE DU RÉGENT

R/6/69 : s.d., Orléans. R/6/70 : s.d., Tours. R/6/71 : s.d., note sur l’élevage de la cochenille [sans rapport avec l’enquête]. R/6/72 : s.d. [après octobre 1715], Marseille. R/6/73 : s.d. [envoyée avec une lettre du 30 mars 1716], copie au net [Alsace]. R/6/74 : “ Papirius Masson ”, note sur les rivières décrites par Jean Papire Masson. R/6/75 : s.d. [1716], Champagne. R/6/76 : s.d., Soissons. R/6/77 : 1716, Bourges. R/6/78 : 22 mai [1716], Bretagne. R/6/79 : 18 décembre 1715, Marseille. R/6/80 : 11 décembre 1715, Pau. R/6/81 : 11 décembre 1715, Auvergne. R/6/82 : Raudot à Réaumur, s.d. [Grenoble]. R/6/83 : s.d., Dauphiné. R/6/84 : 11 décembre [1715], Limoges. R/6/85 : 11 décembre [1715], Limoges. R/6/86 : s.d. [envoyée avec une lettre du 30 mars 1716], minute [Alsace]. R/6/86 ter : s.d. [La Rochelle]. R/6/87 : s.d., Aix. R/6/88 : note sur les coquilles pétrifiées du Vexin. R/6/89 : s.d., [Aix-en-Provence]. R/6/90 : s.d., Aix. R/6/91 : s.d. [1716], Limoges, copie. R/6/92 : 11 décembre 1715 [Tours]. R/6/93 : s.d. [décembre 1715], Montauban.

ANNEXE

903

R/6/94 : s.d., Dauphiné. R/6/95 : 18 décembre 1715, Champagne (minute de R/6/122). R/6/96 : s.d. [1718], Franche-Comté. R/6/97 : s.d. [avant juin 1717], Lyon. R/6/98 : janvier 1717, Lyon. R/6/99 : s.d. [après novembre 1716], Lyon. R/6/100 : 15 juillet 1716, Limoges. R/6/101 : 22 juin 1716, Amiens. R/6/102 : 15 août 1716, Grenoble. R/6/103 : 5 septembre 1716 [envoyée avec une lettre du 24 novembre 1716], Strasbourg. R/6/104 : 5 septembre 1716, Bourges. R/6/105 : 5 septembre 1716, Auch. R/6/106 : s.d. [avant septembre 1716], Grenoble. R/6/107 : 15 août [1716 ?], Alençon. R/6/108 : s.d. [Aix-en-Provence]. R/6/109 : 15 août [1716], Dijon. R/6/110 : s.d., Rouen. R/6/111 : s.d. [janvier 1716 ?], Alençon. R/6/112 : mai 1716, Montauban. R/6/113 : janvier 1716, Moulins. R/6/114 : janvier 1716, Rouen. R/6/115 : janvier 1716, Montpellier. R/6/116 : janvier [1716], Lyon. R/6/117 : s.d. [janvier 1716], Champagne. R/6/118 : 16 juillet 1716, Bordeaux. R/6/119 : 15 août 1716, Metz.

904

L’ENQUÊTE DU RÉGENT

R/6/120 : s.d. [août 1716 ?], Franche-Comté. R/6/121 : s.d. [avant juillet 1716], Rochefort. R/6/122 : 18 décembre 1715, Champagne (copie de R/6/95). R/6/123 : “ Éclaircisements dont on auroit besoing sur la manière dont on blanchit la cire à Angers ” [sans rapport avec l’enquête]. R/6/124 : “ Éclaircisements dont on auroit besoing sur la manière dont on blanchit la cire au Mans ” [sans rapport avec l’enquête]. R/6/125 : 15 août 1716, Tours. R/6/126 : s.d., Rochefort. R/6/dossier “ Manufactures, machines et inventions… ” : s.d., L’Isle [Lille].

INDEX DES MATIÈRES

A

492, 496, 541, 547, 583, 610, 628-630, 665-666, 701, 703, 795-865, 872, 876-878, 881, 895-896. abeille, voir miel. ancre, 47-48, 50, 55, 256, 391, 400, acier, 39, 43-45, 48, 51-52, 132, 146435, 452-457, 898. 147, 149-152, 155-159, 165, anis, 574. 167-170, 172, 199, 203-204, antimoine, 358, 367, 371, 424, 431, 209, 245-248, 327, 329, 333, 575, 614-615, 617, 634-635, 337, 368, 380, 390, 394-401, 713, 715, 721, 731, 797, 801, 412, 419, 425, 434-435, 460, 807, 820, 829, 831-833, 842. 521-522, 524, 528, 542-543, 603, 631-632, 636, 654-655, arbre, 46, 79, 84, 388, 713, 725, 730, 688, 731, 757-758, 869, 882, 787 ; – écorce, 402 ; voir aussi 884. chêne vert, mélèze, noyer, pin, sapin. aiguille, 756-759 ; voir aussi épingle. arcanson, voir colophane. aimant, 78. archal (fil d’), voir laiton. albâtre, 90, 97, 103, 105, 107, 698, 702, 706-708. archifou, voir alquifoux. alkermès, voir kermès. ardoise, 45, 55, 263, 291, 293, 313, 326-327, 336-338, 352, 388, alquifoux, 110, 122, 293, 835-836, 417-418, 572, 716, 718, 720856, 859. 722, 762, 766, 768, 771, 775, alun, 79, 121-123, 530, 592, 596777. 599, 620, 666, 697-698, 701, 704-707, 761-765, 767, 771 ; argent, 38, 40, 43, 91, 94, 99, 102, 108-110, 116, 122, 135, 138– alun de plume (ou “ pierre 139, 142-144, 260, 271, 273d'amiante ”), 606, 608-609, 274, 276, 293-294, 328, 340611-612, 616-620, 624-626, 343, 346, 351, 358, 365, 372, 880, 906 et fig. 18 et 19. 384-385, 404, 416, 445-446, ambre, 79, 90, 99-101, 485, 491-492, 485, 495, 498-500, 529-530, 685-686. 534, 536, 541, 556, 575, 582, amiante, voir alun de plume. 592, 594, 596-598, 607, 610, ammoniaque, 592, 596, 598. 617-618, 628, 633, 666-672, 678, 681, 688, 690, 692, 695, analyse (de minerai), 38-39, 49, 258, 715, 731, 769, 773, 776, 795260, 263, 275-278, 290, 294, 804, 812-819, 826-845, 847, 313, 342-343, 351, 385, 408849, 851-861, 863, 867-868, 410, 436, 438, 447-448, 485,

906

L’ENQUÊTE DU RÉGENT

905-907, 910, 913 ; – fil d’argent, 536-539, 555-556 ; – galon d’argent, 182. argile, 97-98, 105, 497, 525, 694, 702. arme, 337, 379-380, 449-450, 535 ; voir aussi canon. arsenic, 742. azur, 98, 135, 139, 142-144, 409410, 436, 573, 575-576, 578, 581, 731, 867, 905, 907-910.

B bain, voir eaux minérales ; – étuve, 591. bas, 252, 366, 464, 510, 576-577. batiste (toile de), voir toile de batiste. baume, 79. bélemnite, 101, 325, 480, 484-485. bière, 509, 571 ; voir aussi houblon. bismuth, 135, 311-312, 343 ; voir aussi étain de glace. bitume, 43, 100, 102, 108, 198-199, 203-204, 213-219, 222, 469471, 478, 481, 484, 510, 592, 653-655, 657, 736-737, 739741, 743, 880, 888. blanchissage (des toiles ou du linge), 83, 173, 178, 186, 209, 304, 557-558, 571, 777-778 ; voir aussi savon. blende (ou blinde), 834, 840-841, 856. bois, 46, 79, 84, 144, 165, 182, 220, 222, 388, 391, 434, 462, 531, 570, 669-670, 705, 709, 753, 761, 764 ; – de construction, 222, 388, 391, 575, 605, 669 ; – pour les constructions navales, 46-47, 181-182, 189, 222, 363, 379, 388, 391, 531, 605, 728, 883 ; – charbon de bois, 363, 434-435, 570-571, 574, 705 ; – combustible, 46, 105,

165, 222, 363, 380-383, 388, 632, 635-636, 646, 662, 725, 764 ; – flottage des bois, 84, 190, 531, 581, 601, 764-765 ; – scierie, 529, 531, 535, 575, 577, 580-584. bol, 81, 237, 241, 244, 327, 334-336, 480, 485, 495, 498-499, 554, 661-662, 880 ; – d’Arménie, 550-551 ; voir aussi terre sigillée. borax, 79. botanique, 46, 80, 195-197, 199, 223-224, 228, 263, 291-292, 295-298, 504, 507, 516-517, 588-589, 714, 883, 887, 906 et fig. 15. brai, 153-154, 160-161, 164, 190201, 211-212, 226, 377.

C calamine, 241, 244, 293. canon (fabrication), 47-48, 190, 199, 204, 387, 391-398, 402-403, 437, 449-450, 457, 531-532, 574, 868. carde, 132. carrière, 45, 78, 90, 107, 185, 257, 263, 293, 324, 326-327, 338339, 352, 355, 363, 367, 369370, 372, 548, 560-561, 563, 576, 588, 591, 687, 716-718, 733, 766, 777-778, 781-782 ; – d’ardoise, 291, 293, 313, 326-327, 352, 572, 716, 722, 766, 775 ; – de pierre, 233, 287, 290, 293, 314-315, 353, 698, 722, 734, 762, 766, 771, 775, 777, 780 ; – de pierres à meule, 146, 156, 158, 324, 338-339, 560, 761-762, 765 ; voir aussi marbre. cartame, voir teinture. cartes à jouer, 48, 463, 727, 753, 755.

INDEX DES MATIÈRES

castine, 129, 245-247, 327, 332, 345, 347-348, 351, 359, 362, 364365, 368. caverne, 107, 360, 612. cendre, 144, 186. céraunie, voir pierre de tonnerre. chanvre, 46, 125, 127, 181, 189-190, 251-252, 256, 389, 457, 468, 529, 533, 582-584, 601, 725, 776 ; voir aussi cordages, toile à voile. chapeau, 48, 389, 464, 467, 510, 753, 755. charbon, 45, 55, 83, 89 n., 122-123, 132, 165, 173, 181, 245-246, 253, 263, 288-289, 291, 336, 388, 416, 419-420, 434-435, 466-467, 480, 501, 535, 540541, 543, 545, 551, 557-560, 563, 569, 571, 574-575, 579, 592, 596, 601-602, 687, 729, 733, 775, 783. chardon à drapier, voir teinture, cartame. châtaigne, 190, 462, 468 ; voir aussi marron. chausson, 252. chaux, 83, 96, 219, 232-233, 326, 416, 510-511, 557, 559-563, 571, 733-734, 777, 889, 906 ; voir aussi four à chaux. chêne vert, 507, 660. chèvre (poils de, employés dans l’industrie textile), 174. chimie, 13-14, 149. cidre, 182. cinabre, 303, 305-306, 799, 846. cire, 462-463, 467-468, 531, 686, 728, 778, 783, 794, 904. clou, 126, 463, 467, 571, 574. cobolt, 139, 142-144. cochenille, voir teinture. colle, 463, 728. colophane (ou arcanson), 202-203, 211, 227. colza, 182, 509-510.

907

conchite, voir pierre de Saint-Vincent. coquillage (huître, moule…), 49, 79, 115, 120, 264, 289, 291, 293295, 297, 327, 329, 449-451, 467, 738 ; – pine marine, 49, 118-120, 880 ; voir aussi perle, rose de mer. coquille pétrifiée (ou fossile), 45, 98100, 102-103, 199, 204, 215216, 228-234, 237-238, 242243, 323-324, 326-327, 334335, 339, 369, 655, 657, 663, 678, 700-702, 706, 780-781, 783, 785-788, 790, 793, 880, 887, 894, 902 ; voir aussi corne d’Ammon, falun, fossile. corail, 38, 79, 103, 110-116, 880 ; pêche du – , 110-111, 113114 ; travail du – , 110-113. cordages, 125, 179, 181, 190, 457, 725. corne d’Ammon, 102, 369. coton, 461, 539 ; étoffes de – , 363, 461, 463, 467, 539. couperose, 89 n., 341, 388, 416, 482, 534, 541, 544, 549, 764, 767. coutellerie, 324, 400, 435, 726 ; voir aussi meule à aiguiser. craie, 38, 81, 257, 274, 323-326, 336, 388, 417, 421, 433, 443, 495, 499. creuset, voir terre à creuset. cristal, 78-79, 94-96, 101, 103-104, 107, 120, 128, 131, 136-137, 140 n., 204, 257, 270, 278, 290, 293-294, 325, 407, 422-424, 426, 440, 442, 450-451, 480, 484-486, 491-492, 495, 498499, 502, 524, 555, 561, 593, 606-608, 611-613, 616, 619, 625-626, 634-635, 680-683, 719, 729, 868, 876, 883, 906, 912 ; cristaux pour les lustres, 756, 759. cuir, 48, 126, 191, 282, 303, 360, 389, 468, 510, 512, 727, 753, 755 ; voir aussi peau, tannerie.

908

L’ENQUÊTE DU RÉGENT

cuivre, 43, 48, 101, 139, 142, 144, 156-157, 267, 270, 275-276, 313, 343, 350-352, 369, 384385, 387, 390, 400, 412, 415, 435, 445, 447-448, 460, 463, 465, 485, 523, 525-526, 534, 541, 543-544, 547, 554, 575, 577-578, 593, 596, 598, 605611, 615, 618, 621-622, 628630, 632-634, 666, 694, 697, 731-732, 773, 782, 786, 788, 793-802, 804-805, 807-814, 816-821, 823-831, 834-855, 857-861, 864, 867-868, 872, 877, 895, 905-906-907, 910, 913 ; – vert de gris (ou verdet), 270, 416, 460-462, 467, 578, 581, 628, 846-847, 849, 851.

D dé à jouer, 661. dentelle, 125-126, 182, 463, 469, 510, 726, 729 ; – point de France, 125-126, 191, 726. dessin, 35, 42, 44, 46, 52-53, 80, 90, 110, 112, 129-132, 136, 139142, 145, 152-155, 157, 160, 164, 167-169, 185, 196-197, 199-200, 204, 212-213, 222223, 228, 235-237, 239, 257258, 261, 263-265, 267-268, 270, 279, 283-284, 290-292, 295, 306-310, 313, 336, 369, 375, 380, 394-402, 412-413, 437-438, 444, 450-458, 490, 492, 497, 512-513, 515-516, 519, 521-523, 540-546, 548, 550, 552, 554, 556, 560-562, 577, 580-581, 583-584, 587, 602, 626-627, 642-645, 653, 661-662, 688, 690, 699, 707708, 756, 758-759, 768, 771, 867-868, 883, 887, 905-914 ; – pour tissu, 538.

drap, 177, 303-304, 355, 358, 364, 366, 391, 439, 464, 466-468, 510-512, 576, 753-754, 773.

E eau, – “ eau de la reine de Hongrie ”, 462 ; – eau de vie, 182, 190191, 219-220, 462, 468, 531 ; eaux minérales (ou thermales), 38, 43, 81-82, 127, 184, 190191, 219, 263, 287-288, 355, 361, 388, 465, 467-469, 472473, 479-484, 499, 511, 530, 535, 549, 576, 588-591, 601, 605, 618, 715-716, 728-729, 732, 736, 738-742, 750-751, 776. écarlate, voir kermès, teinture (cochenille). échantillon, 32-33, 36-40, 49, 78-80, 90-91, 95-101, 103, 106-108, 122-123, 129, 135, 140-141, 143-146, 152-154, 156-157, 186, 197-198, 203-204, 209210, 235, 241-243, 249, 263, 270-271, 273, 275, 289-290, 293-294, 306, 311-312, 314315, 323-325, 327, 329, 331, 334, 338-339, 345, 347, 350, 359, 361, 366-367, 369-375, 383-384, 394, 396-399, 401, 407, 412-414, 416-417, 420422, 424-425, 431, 433, 436, 438-443, 445-447, 467, 470471, 484-486, 490-493, 495499, 503, 506, 508, 516, 520, 522-524, 526-528, 541, 543, 545-551, 554-561, 563, 573, 575, 577-578, 581-583, 586, 595-600, 602, 606-610, 613614, 616-617, 619-625, 628, 630, 641-642, 645-646, 648, 651-652, 654-662, 664, 677678, 680-683, 685, 688, 690699, 701, 703, 706-708, 716, 718-721, 723, 729-730, 742,

INDEX DES MATIÈRES

744, 748, 750, 752, 756-758, 761-762, 764, 767-768, 771, 781, 785, 787, 789, 793-794. élevage, 43, 80, 181, 189, 220-222, 300, 388, 512, 517, 621 ; – des chevaux, 181, 190, 221, 300, 379, 512, 601 ; – des moutons, 222, 512, 531 ; – des mules et mulets, 727-728 ; – des porcs, 189-191 ; – des volailles, 127, 220, 510, 776 ; – du bétail, 182, 191, 220-222, 300, 463, 509510, 531, 775. émail, 96, 522-524, 527, 601. émeri, 237, 241, 492, 759. empesage, 185. encens, 161, 193, 202, 210, 224. engrais, 293-294, 323, 606 ; – falun, 783, 785-791, 793, 872 ; voir aussi marne, sable. enquête “ pour l’instruction du duc de Bourgogne ”, 10, 27-29, 33, 89 n., 110 n., 125-128, 173, 189-191, 236 n., 238 n., 251256, 259, 303-305, 358 n., 362 n., 363 n., 379, 387-391, 449450, 459-469, 509-512, 529540, 569-572, 601, 605-606, 713, 725-729, 753-755, 773778, 878-879, 882-883, 885, 899. épicerie, 253. épingle, 48, 55, 126, 128, 130, 727 ; voir aussi aiguille. erbue, voir castine. escayolle, voir gypse. étain, 38, 43, 82, 96, 130, 253, 265, 343, 346, 352, 369, 446, 469, 485, 545, 549, 582, 628, 632634, 635, 692, 731, 743, 807, 814, 819, 828-829, 831, 836, 840, 850, 859-861 ; – étain de glace, 311-312, 821, 827. étang, 185, 439, 533, 575, 594.

F faïence, 244, 511, 601, 755.

909

fausse monnaie, 110, 564-567. faux, 327, 336-337, 390 ; faucille, 171. fenderie, 235, 544, 552, 569-570. fer, 39, 43-45, 48-52, 55, 97-98, 122, 126-132, 146-147, 150, 152, 155-156, 158, 165-171, 182, 190, 199, 203, 209, 235-238, 245-250, 252, 256, 263, 289, 291, 294-295, 327, 329-333, 336-337, 345-348, 350-351, 355-359, 361, 363-366, 368, 379-380, 387, 390-394, 397398, 400-402, 406, 412, 419, 460, 463, 465, 467, 481, 492, 522, 524, 528-529, 531, 534535, 540-544, 548-549, 554, 569-571, 574, 576, 591-592, 595, 601, 605, 609, 616, 618, 622, 626-630, 632-635, 645, 654, 662, 666, 684, 688, 697698, 707-708, 716, 731, 739, 753, 756-759, 762, 766, 768, 773, 775-776, 783, 801, 807, 816-817, 819, 825, 831, 833, 841, 846, 851-853, 856, 861, 863, 869, 880 ; – fer blanc, 165-167, 169-170, 172, 236239, 249-250, 384, 391, 877 ; – fil d’archal, 236, 661 ; – fil de fer (ou fil de chaudronnier), 128-131, 235, 368, 375, 541, 661-662, 757-759 ; voir aussi fonte de fer. fil, 251-252, 255-256, 364, 461, 467, 510, 512, 514-515, 727 ; – fil de caret, 179, 181, 457 ; – fil d’étain (pour fabriquer les étamines), 128 ; – fil des forêts, 252 ; – lacet de fil, 728 ; voir aussi dentelle, ruban. filière, 132, 375, 666, 758 ; voir aussi fil d’argent, fil d’or, tréfilerie. fonderie, 79, 385, 412, 449-450, 457, 531, 570-571, 687, 867-868, 906 et fig. 16 ; voir aussi canon. fontaine, 43, 81, 84, 94, 101-102, 106-107, 263, 289, 326, 361, 365, 372, 441-442, 481, 498501, 523, 545-549, 555, 576, 578-579, 595, 679, 686-687,

910

L’ENQUÊTE DU RÉGENT

696, 716-717, 736-739, 743, 745-751, 784, 787, 887 ; – de Bélesta (Ariège), 85, 466 ; – de Fontestorbes (Ariège), 107, 466, 594-595, 597, 684 ; – de Saïx (Tarn), 494, 497, 499, 505, 875. fonte de fer, 126, 132, 146, 155-156, 203-204, 245-248, 327, 331333, 337, 345, 348, 350, 362, 394, 399, 603, 626, 688. forge, 44, 55, 126-128, 131-132, 151-152, 155-157, 159, 165, 167-168, 170, 190-191, 199, 204, 235-237, 245-247, 250, 252-253, 256, 291, 295, 332, 346, 348, 350-351, 355, 359, 361, 368, 375, 379-380, 390, 394-395, 399, 400-401, 412, 422, 463, 465, 521, 529, 531, 569-571, 601, 609, 626, 630, 632, 634-635, 670, 690, 757, 766, 775. fossile, 45, 79, 101, 231-234, 242, 494-495, 497, 503, 545, 551. four (ou fourneau), 55, 79, 136, 142143, 146-147, 150, 152, 154156, 159-160, 167-168, 172, 204, 222, 235, 245-247, 257259, 261-262, 266-269, 273, 291, 313, 317, 329, 332, 355, 368, 377, 379-380, 392-393, 395-396, 398, 402-403, 412, 437, 448-449, 521-523, 541, 544, 548-550, 569-571, 577, 579, 583, 587, 596, 610, 614615, 626-627, 632, 635, 667, 670, 688, 707, 759, 762, 766, 768, 867-868, 876, 905-908, 913 ; – à bitume, 214-217, 222 ;– à chaux, 96, 559-563, 889, 906 et fig. 17 ; – à garance, 515, 518-519 ; – à résine, 164, 193-202, 212-213, 225-227, 897 ; – à turquoises, 587, 637-638, 641-644, 648650 ; – à verrerie, 306, 570, 762, 767. fruit, 48, 79, 462, 469, 713, 728, 730 ; confiture, 728.

G gabelle, 280-281, 321, 382, 467. galipot, voir résine. galon, voir argent, or. gant, voir peau. garance, voir teinture. gaude, voir teinture. gazon, 193, 195, 440, 442, 521-522. gème, voir brai. glacerie, voir verrerie. gomme, 46, 79, 191-193, 202, 210, 222, 224-228, 467, 470, 888. goudron, 153-154, 190, 193-198, 201-202, 212, 222, 226-227, 378, 457, 467, 470, 478. grains, 46, 180-181, 219, 379, 462, 509, 512, 606, 729, 776 ; – avoine, 219, 379, 509, 776 ; – blé, 46, 125, 181, 189, 219, 221, 725, 729, 776, 785 ; – millet, 219 ; – orge, 379, 509, 571, 582-584, 606, 776 ; – seigle, 190, 509, 606, 729, 776, 787. grotte, 367, 593, 595-596. guède, voir pastel. gypse, 96, 102-106, 326, 339, 578, 582, 687.

H houblon, 182, 571. houille, voir charbon. huile, 164, 466-468, 475-476, 510, 728 ; – de colza, 182, 509-510 ; – de navette, 182, 509-510, 529, 531, 584 ; – de noix, 222, 725 ; – d’olive, 462 ; – de poisson, 190, 254 ; – “ huile de chaudière ” (baume médicinal), 202, 210, 227 ; – huile de Gabian, 467, 469-470, 472484.

INDEX DES MATIÈRES

I indigo, voir teinture.

J jayet, 43, 79, 89-92, 94-95, 101-102, 106-108, 112, 122, 465-466, 469-472, 484, 686, 732 ; – travail du jayet, 91, 94, 108, 471-472, 686.

K

911

laiton, 130, 794, 895 ; – fil d’archal (ou d’orgal), 236, 253, 661 ; – tombac, 811. lame d’épée, 48, 390, 402, 412, 419420, 425, 435, 543. landes, 220, 222-223, 606. légumes, 464, 509. liège, 84. lime, 156-157, 172. lin, 173, 178, 181-182, 185, 255, 509-510, 512, 515, 571, 606, 776, 778 ; – étoffes de lin, 177178, 255, 606 ; voir aussi toile de batiste.

M

machine, 80, 129, 136-138, 156, 262, 336, 380, 382, 393, 398, 401karabé, 100-101, 492. 402, 454-455, 457-458, 516, kermès, 46, 461, 464, 468, 503-508, 522, 540-542, 579, 582-584, 875. 592, 601-602, 661, 669, 766 ; kisse, 629-630, 797, 811, 820, 828, – martinet, 380, 419, 552, 632 ; 847. – trompe, 55, 395-400, 412, 688, 707. mane, 388, 413-414, 420, 425. manufacture, 43, 47-48, 83, 96, 108, 165-168, 175, 177-180, 191, L 228, 239, 249-251, 303-304, 327, 345, 347-348, 355-366, 391, 400-402, 434-435, 437, laboratoire, 16, 21 ; voir aussi Aca460, 464, 511, 514-515, 532, démie royale des sciences. 536, 540, 573, 576-577, 661, lac, 43, 107, 387, 529, 693, 734-735. 726, 753-754, 759, 774, 792 ; – inspecteur des manufactures, laine, 174-179, 182, 222, 303-304, 180, 760, 777. 359, 363-364, 389, 460-461, 463-464, 468-469, 511-512, marais, 184-185, 510, 722 ; – salant, 518, 531, 713, 753, 777 ; étofvoir sel. fes de – , 55, 126, 174-179, marbre, 38, 45, 78, 107-108, 137, 182, 303-304, 348, 359, 361257, 306, 312, 315, 339, 352, 364, 366, 463-465, 466, 469, 355-356, 360-361, 363, 367, 510-512, 538, 576-577, 713, 369-372, 419, 423, 436, 466726-727, 753-754, 760, 777 ; 467, 486, 491-492, 495, 498, voir aussi drap. 524, 526, 560-561, 563, 575576, 578, 581-582, 587, 591, 593, 595, 602, 606-608, 611-

912

L’ENQUÊTE DU RÉGENT

613, 617-618, 621, 625, 660, 681, 683, 685, 687, 693-694, 716, 723, 733-734, 766, 768, 777, 781-782, 872, 875-876, 883. marcassite, 94-96, 99, 199, 260, 276278, 289, 293-294, 313, 324325, 346, 409-410, 426, 436, 445, 486, 492, 541, 628-629, 630, 666, 676, 678, 682, 694, 703, 811-812, 817, 820, 838, 842-844. marmite (de fer ou de fonte), 126, 129, 132-133, 253. marne, 81, 323-325, 336, 339, 497, 509, 517, 780. marron, 533-534 ; voir aussi châtaigne. mastic, 202, 205-208, 896. maurelle, voir teinture. mélèze, 413-414, 420. mercerie, 536, 753, 755. mercure, 351, 526, 764 ; vif-argent, 629, 807, 831, 841, 864. métier, – à bas, 366 ; – à filer ou à tisser, 175-179, 537, 753-754, 760 ; – à rubans, 52, 512-513, 533. meule, 108, 112, 145, 552, 681, 773, 888-889 ; – à aiguiser, 146, 156-158, 323-324, 338-339, 560 ; – à moudre le grain, 158, 338, 761-762, 765, 778-780, 793, 879. miel, 182, 253, 531 ; abeilles, 190, 253, 880. mine (lieu d’extraction), 39, 43-44, 50, 57, 78, 81-83, 91, 93, 9596, 99, 107-110, 121-122, 135145, 173, 198-199, 204, 209, 214, 235, 239-240, 254, 261262, 264-275, 288-290, 303, 311-312, 323, 326-330, 340342, 346, 350-351, 355, 361366, 384-385, 388, 390, 394, 396, 398, 406-412, 414-416, 421-433, 436, 439-440, 465, 470-472, 478-479, 484-485, 500-501, 524, 527, 529-530,

534, 540-543, 545-549, 551552, 574-576,587, 591-593, 595, 598-599, 602-603, 607, 620-627, 632, 634-635, 644645, 647, 650-651, 655-657, 665-677, 681-683, 686-687, 691-697, 700-701, 704-706, 708-713, 715, 720, 729, 744, 756, 761-765, 768-769, 771, 775-776, 782-783, 796, 801, 803, 805, 880, 905, 911-914. minerai, 37-39, 78, 82, 99, 102, 109, 121-123, 127, 129, 135, 137, 140-141, 146, 199, 235, 245247, 257-258, 266-267, 271, 273-278, 290, 292-293, 311, 327, 329-332, 336, 339-340, 345-348, 350, 355-359, 361362, 364-365, 367, 369, 371, 373, 380, 384, 387, 391-392, 396-398, 403-412, 414-416, 419-420, 424-428, 431-433, 436-438, 445-447, 449, 481, 485, 492, 495, 498-500, 522, 524-528, 534, 541-542, 544546, 550-551, 555, 569, 571, 573-574, 577-579, 582, 587588, 592, 595-596, 598, 606611, 613-620, 622, 624-628, 630-631, 634-636, 642, 645, 654-656, 661, 665, 669, 681, 683-684, 692-697, 701, 703704, 716, 721, 742, 753, 773, 877-878, 880-881, 883. mineur, 108, 137-139, 204, 240-241, 266, 269, 396, 410, 422, 471472, 630, 709-712, 764, 796, 867. modèle (réduit d’installations), 34, 213, 492, 559, 561, 641-642, 690, 698-700, 707-708. moulage (des marmites…), voir marmite. moulin, 145, 159, 254, 261-262, 266268, 273, 366, 415, 490, 515516, 518-519, 524, 535, 545, 552, 577, 581-582, 653-654, 714, 717, 765, 793, 867-869 ; – à jayet, 108 ; – à papier, 304, 535, 577, 727 ; – à pastel, 490, 492 ; – à poudre, 512 ; – à

INDEX DES MATIÈRES

retordre le fil, 252, 514 ; – à scier, 529, 535, 575, 577, 580 ; – à tailler les cristaux, 136, 145, 681-682, 756, 759, 868, 876, 906, 912 et fig. 10 et 10 bis. mullequinier, 186.

N navigation, – fluviale, 714, 725 ; voie navigable, 220, 714. nitre, 545, 549, 739-742. noir de fumée, 196-197, 201. noyer, 725.

O ocre, 96, 235-242, 244-245, 467, 470, 480, 495, 498-499, 732. or, 39-40, 43, 83-84, 97, 101, 122, 293-294, 328, 373, 375, 404, 406-416, 421-433, 436-440, 444-445, 447-448, 467, 482, 487, 500-501, 534, 536, 541, 556, 592, 596, 598, 603, 610, 617, 630, 633, 665-678, 681, 691, 693-696, 699, 701, 705, 715, 721, 731, 768-769, 782783, 786, 795-797, 803, 807809, 815, 817, 819-820, 825827, 830-831, 834, 838-839, 842-844, 852, 854-857, 867, 888, 898 ; fil d’or, 536-539, 555-556, 731, 773, 776, 795 ; galon d’or, 182. or en paillettes, 43, 50, 83-85, 136, 144-145, 213, 357-358, 370371, 373-375, 384, 439-440, 465, 468-469, 486-489, 491493, 496, 508, 557-558, 560561, 594, 596, 599-600, 659660, 688, 690-691, 698-700, 708, 798, 720, 868, 873-874, 896, 905-906, 912-913.

913

orpiment, 495, 499-501, 732. outil, 44, 46, 79-80, 90, 93, 108, 110112, 114, 129-132, 138, 144145, 156, 159, 172, 185, 195197, 200, 204-205, 210-212, 218, 225, 236-237, 239-241, 245-249, 257, 261-262, 266270, 273, 275, 302, 306, 315, 327, 336-337, 339, 371, 374, 380, 395-399, 401, 419-420, 452-453, 471-472, 488, 490, 540, 542, 556, 577, 583, 602, 623, 627, 644, 650, 662, 667668, 683, 691, 698-670, 705, 707, 709-712, 758, 768, 781, 867, 905, 910-912 et fig. 8, 8 bis et 8 ter ; voir aussi faux, lime. outremer, 99. ouvrier, 37, 44, 46, 57, 78, 80, 82, 84, 100-101, 108, 112-113, 125-126, 128-129, 135, 138139, 147, 150-151, 159, 165, 168, 170, 172-173, 179, 186, 237, 239-240, 246, 248, 257, 259, 266, 269-271, 273, 275, 279, 304-305, 310, 315, 327, 335, 371, 385, 391, 396, 435436, 521, 532, 536, 538-540, 556, 569-570, 580-581, 593, 595, 647-648, 651-653, 667, 669, 671, 682, 686, 705, 709712, 725-726, 754, 756, 758, 764, 773-774, 777, 785, 790, 792 ; – attitude des ouvriers, 80, 90, 130, 145, 185, 212, 237, 239, 257, 261, 267, 306, 336, 396, 398, 401, 542, 556, 758, 768, 867-868, 906, 913 et fig. 12 ; voir aussi mineur.

P papier, 48, 55, 128, 182, 255, 304305, 389, 463, 529, 577, 661, 727, 753, 755. pastel, voir teinture.

914

L’ENQUÊTE DU RÉGENT

peau, 80, 389, 463, 531, 713 ; – gant, 252, 364, 391, 463 ; – parchemin, 463 ; voir aussi cuir, tannerie. pêche, 43, 115, 118, 182, 253-255, 281, 449-450, 467, 755 ; – à la baleine, 190 ; – à la morue, 190, 302 ; – du corail, 110-111, 113-114. peigle, voir brai. périgueux, 145-146, 199, 527, 792793. perle, 38, 43, 49, 79, 289, 291, 294, 297, 327, 449-451, 469, 738. pétrification (ou “ congélation ”), 85, 92-94, 96, 102, 104, 106-107, 243-244, 326, 360, 367, 372373, 495, 497-498, 505, 593594, 596, 599, 678, 737-738, 780, 784-785, 787, 793, 872. pétrole, 38, 100, 102, 108, 469, 472484. pierre, 45, 50, 78, 91-92, 97-99, 101, 106, 131, 137, 146, 198, 204, 233, 235, 243, 257, 287, 291, 306, 311, 324-327, 336, 338339, 345, 347, 352, 356, 360361, 363, 365, 371-372, 377378, 380, 419-421, 425, 440, 442, 471, 484, 493-495, 497499, 524, 548-549, 551-552, 555, 559-562, 573, 576, 578, 581, 583, 587, 606, 608, 620, 628-630, 641-642, 661, 681, 701, 706-707, 716, 718, 729, 734, 742, 750, 762, 768, 771 ; – à bâtir, 287, 289, 291, 304, 306, 314-315, 363, 510-512, 561, 734, 766, 771, 775, 777, 780 ; – à aiguiser, voir meule à aiguiser ; – à fusil, 95, 97, 105, 692 ; – de Saint-Eucher, 92-93, 894 ; – de Saint-Roch, 99 ; – de Saint-Vincent, 99, 101, 103 ; – de tempête, 324 ; – de tonnerre, 325 ; – de touche, 495, 499 ; – judaïque, 450-451 ; – ponce, 478, 484-485, 734 ; – réfractaire, 327, 661-662 ;

– rhomboïde, 90, 92 ; – granit, 314-315 ; – grès, 146, 187 ; – lapis armenius étoilé, 131, 491, 493, 808, 811, 844, 857 ; – lapis lazuli, 97-99, 732, 858 ; voir aussi ardoise, chaux, marbre. pierres précieuses, 78, 238, 418, 421, 449-451, 490-492, 499, 680683, 729-730, 732, 742, 744, 752 ; – agate, 91, 94-95, 97, 99, 105, 108, 122, 136-137, 140 n., 146, 418, 491,493, 586, 681, 683, 716, 718, 868, 906, 912 ; – améthyste, 38, 91, 94-95, 99, 107, 122, 237-238, 290, 294, 492, 679-683, 732, 752 ; calcédoine, 238 ; diamant, 127, 131, 449-450, 480, 502, 716, 718719, 732, 744 ; – émeraude, 9495, 601 ; – grenat, 140 n., 145, 868 ; – jaspe, 78, 352, 369, 495 ; hyacinthe, 492, 732 ; – saphir, 492 ; – topaze, 91, 95, 99, 680, 682 ; – turquoise, 3031, 37, 39, 41, 45, 234, 491, 493-494, 496, 503, 505, 585587, 627-628, 636-653, 658659, 870-872 ; voir aussi cristal. pin, 46, 153-154, 160-161, 164-165, 190-197, 199, 203, 211-212, 222-228, 888-889, 897. pipe, 421, 510, 755-756, 759 ; voir aussi terre à pipe. plan et profil, voir dessin. plâtre, 92, 102, 105-106, 325-326, 339, 352, 356, 575-576, 578, 582, 687, 733. plomb, 38, 40, 43, 48, 82, 96-97, 101, 122-123, 135, 137, 254, 257-263, 265-271, 276-278, 339, 351, 384-385, 387-388, 390, 406, 415-416, 420, 438, 445, 448, 485, 492, 495, 498, 524-526, 528, 534, 541, 545, 550, 582, 593, 605-611, 613618, 628-629, 631-635, 654657, 692-694, 716, 720, 731, 743-744, 764, 795-810, 812826, 828-847, 849-853, 855-

INDEX DES MATIÈRES

865, 867-868, 876, 895-896, 905-907, 910, 913-914. poêle, 132, 253. point de France, voir dentelle. poisson, 83, 182, 253-255, 264, 282, 289, 387, 463-464, 468, 535, 594, 728, 755, 784 ; voir aussi pêche. poix, 164, 737, 745-750. pont, 308, 535, 561, 714, 753. potasse, 143-144. poterie, 79, 96, 133, 187, 385, 552, 571 ; voir aussi terre à poterie. poudre, 512. privilège, 39, 44-45, 47, 122, 158, 166-167, 171, 175, 177, 249250, 255, 259, 265, 271-272, 302, 311, 328-329, 384, 434, 514-515, 550, 586, 608-609, 616, 631-636, 668-674, 715, 763, 773-774, 782, 869, 875, 877. produits laitiers (lait, beurre et fromages), 127, 181, 221-222, 282, 379, 388, 529, 531, 540, 601, 727, 729. puits, 287, 579, 717 ; – de Plougastel, 50, 264, 283-287, 291, 876, 883. pyrite, 103, 619, 629-630, 666, 808, 838, 847 ; voir aussi kisse.

Q quincaillerie, 540, 726-727 ; voir aussi clou.

R religionnaires (Huguenots), 125, 774, 782 ; révocation de l’édit de Nantes, 179.

915

résine (et matières résineuses), 46, 79, 152-154, 160-161, 164-165, 190-203, 209-213, 222, 225228, 874, 885, 888-889, 897 ; voir aussi brai, colophane, gomme, huile de chaudière, poix, térébenthine. rose de mer, 115. “ rouge brun ”, 546, 552. rubanerie, 464, 512, 514-515, 533, 774 ; rubans, 48, 178, 533, 536, 540, 727.

S sable, 45, 84-85, 96, 106, 132, 136, 144-145, 198, 220, 226, 244, 289, 293-294, 313, 316-321, 326, 368, 370-371, 373-374, 393, 451, 488, 490, 492-493, 496, 544, 557-558, 560-561, 586, 596-597, 599-600, 628, 637-638, 641-642, 646-647, 653, 684, 688, 690-691, 699, 702, 708, 717, 729, 765, 781, 783, 794, 831, 844, 846, 848, 856, 868. sabot, 127. safran, 182, 462. safranon, 160-163, 889 ; voir aussi cartame. saiterie, 174-177, 179, 510. salicorne, 462, 466-467. salines, voir sel. salpêtre, 45, 79, 127, 379, 388, 449, 530, 773, 775, 777. sanguine, 237, 241-242, 244. sapin, 144, 153, 164-165, 388, 413, 468, 575, 580, 605. savon, 178, 186, 190, 209, 463, 466, 478, 510, 512, 557-558. secret, 108, 143, 148, 158-159, 203, 205, 249, 302, 310, 313, 327, 337, 352, 369, 378, 412, 521522, 531, 632, 654, 759.

916

L’ENQUÊTE DU RÉGENT

sel, 45, 79, 255, 439, 466-467, 592, 885, 889 ; – cochenille, 461, 595, 687, 702, 747-748, 755 ; 504-508, 518, 902 ; – garance, – salines, 45, 316, 379-383, 46, 160, 182, 304-305, 509, 530, 575, 577, 579-580, 583513, 515-520, 891 ; – gaude, 584, 876 ; – sel marin, 252304-305 ; – indigo, 460, 489 ; 253, 263, 278-283, 290, 304, – maurelle, 462, 468 ; – pastel, 313, 315-321, 449-450 ; voir 182, 304-306, 460, 462-463, 466, 486, 489-490, 492, 504, aussi gabelle, salicorne, soude. 506. sélénite, voir pierre de Saint-Eucher. térébenthine, 191-192, 197-198, 200, sériciculture, 388, 391, 459, 465, 211-212, 222, 225, 475. 467, 469. terre, 79, 81, 92, 96-98, 101, 106, serpent, 590-591, 702 ; vipère, 714. 141, 204, 209, 235, 245, 257, soie (et soieries), 179-180, 402, 459, 345, 347, 363, 365, 368, 371462, 465, 468, 511, 535-537, 373, 380, 416, 419, 425, 431, 540, 556, 773-775, 792 ; 436, 439, 442, 450, 470, 481, – étoffes de soie, 48, 55, 174, 484, 497, 501, 509, 527, 545, 182, 463-465, 510-511, 537549-550, 552, 554, 573, 577, 538, 773-774 ; filoselle, 515. 586-587, 592, 596-598, 606, soude, 466. 620, 625, 628, 641-642, 646soufre, 204, 214, 270, 324-325, 340, 647, 661, 680, 695, 729-730, 415, 469, 481, 485, 590-592, 732, 742, 762, 764-765, 776, 596-599, 666, 715-716, 740783 ; 785, 789 ; – à creuset, 742, 750, 765, 768, 797, 807, 96 ; – à pipe, 388, 416-417, 813, 828-829, 840, 844-847, 420-421, 755-756, 759, 771 ; 854. – à poterie, 187, 245 ; – sigillée, 662, 733. sucre, 182. textile (production), 46-48, 55, 125128, 173-182, 185-187, 251252, 255, 303-305, 348, 355, 358, 361-364, 366, 389, 391, T 402, 450, 461-469, 510-512, 533, 536-540, 576-577, 606, 713, 726-727, 753-755, 760, tabac, 46, 161, 189, 509. 773-775, 777-778. taillandier, 158, 324, 339. thérapie, 43, 46, 79-83, 127, 164, 190-192, 202, 355, 361, 388, talc, 78, 100, 103-104, 237, 241, 467, 473-475, 479-484, 519, 293-294, 326, 495, 499, 546, 530, 576, 589-591, 605, 619, 552, 578, 582, 681, 683, 723, 686, 701, 705-706, 714-716, 732, 846 ; voir aussi alun de 729, 738-740, 750-751, 773. plume. tannerie, 79, 126, 191, 360, 463, 468, toile, 125, 127-128, 178, 181-182, 251-252, 255-256, 303, 363, 728, 773, 775 ; voir aussi colle. 389, 463, 512, 539, 606, 728, tapisserie, 463, 465, 754. 753-754, 777 ; – à voile, 178, tartre, 468. 181, 251-252, 450, 754 ; – de teinture, 46, 79, 121, 153, 160, 162batiste, 173, 178-179, 181, 163, 175, 182, 251-252, 289, 185-187, 511-512. 304, 460, 468, 489-490, 504, tourbe, 174, 182-184, 510, 759. 507, 518-520, 778 ; – cartame, 152-153, 160-161, 304-305,

INDEX DES MATIÈRES

tréfilerie, 129, 131, 235-237, 368, Z 375, 541, 757-758. trèfle, 509-510. tripoli, 112, 257-258, 260, 263, 274- zafre, 135. 275. tuf, 93, 335, 497, 505, 702, 734. tuile, 244.

U utilité des sciences, 12.

V velours, 538, 774. ver, 663-664 ; – à soie, voir sériciculture. vernis, 110, 545, 551-552, 835-836 ; voir aussi alquifoux. verrerie, 45, 48, 83, 96, 126, 145, 182, 289, 377, 463, 466, 527, 531, 570, 601-602, 762, 767768, 771, 775, 778, 792 ; – glacerie de Cherbourg, 306310 ; voir aussi périgueux. vert de gris (ou verdet), voir cuivre. vif-argent, voir mercure. vignoble, 47, 220-222, 229, 349, 352, 354, 356, 359, 361, 663664, 725, 730, 787, 879. vin, 47, 84, 182, 190, 219-221, 345, 347-350, 352-366, 462, 531, 533, 593, 725, 728, 730, 787 ; vinaigre, 220. vitriol, 79, 108, 388, 390, 415-416, 439, 442, 480, 482, 495, 499, 534, 541, 576, 589-590, 592, 596, 598, 666, 739, 742, 750, 764, 767, 771, 783, 787. volcan, 734.

917

INDEX DES NOMS DE PERSONNES ET D’INSTITUTIONS

A

l’– , 21-22, 26-27, 54, 82-83, 472, 506, 637 ; Descriptions des arts et métiers, 10, 12, 2130, 32, 42, 44, 47, 50, 52-56, Académie, – de Bordeaux, 228, 231, 58, 128-129, 185, 261, 396, 234, 887 ; – de Montpellier 401, 512, 519, 756, 758, 778. 231 ; – de La Rochelle 450 ; Agay (sieur d’), 96. académies de province 33. Agricola (Georgius Bauer, dit), 106, Académie royale des sciences 737. (Paris), 9-14, 17-21, 23-27, 3042, 45-46, 48-53, 58-59, 77-78, Aguesseau (Henri-François d’), chancelier de France, 447, 565. 81-83, 89-91, 94, 99, 101, 113, Albo, auteur, 518 n. 118-120, 128-129, 135, 139142, 152-153, 157-158, 160Albert, bayle d’Ille-sur-Têt (Pyré161, 165, 167, 169-171, 173, nées-Orientales), 706, 888. 186-187, 203, 209, 235, 237, Albret (duc d’), 768-769. 241, 243, 249, 256-260, 263Alyre, saint, 733-734. 264, 279, 284, 287-288, 291, Andrault de Langeron (Charles), 295-298, 305, 310, 314, 323, abbé de Maulévrier 765. 329, 338-339, 345, 347, 367, André (Esprit), médecin languedo373, 375-376, 379, 383, 396cien, 473. 397, 413, 418-420, 431, 433, 437, 439, 443, 448, 450-451, André, bourgeois d’Aix-en-Pro485-487, 491, 503, 512-513, vence, 110. 516, 521, 523, 526, 528, 540, Andrezel, voir Picon d’Andrezel. 542-543, 546-547, 549-552, Angervilliers, voir Bauyn d'Anger554, 557, 559-561, 573-574, villiers. 577, 582, 585, 587-588, 597, Anjou (Louis, duc d’), voir Louis XV. 602, 606, 609, 611, 626-627, 630, 637-639, 642, 644, 646, Anriacre (d’), secrétaire du Régent, 652-657, 661-662, 665, 679, 770. 683-684, 686, 698-700, 708, Anthès (Jean-Henri), maître de for713, 717, 721-722, 743, 749, ges en Haute-Alsace, 155-157, 751-752, 756, 761-762, 767, 165-171, 877, 879. 778, 781-783, 788-789, 868, Antin (Louis Antoine de Pardaillan 871, 873-874, 877, 880, 886de Gondrin, duc d’), surinten888, 890-895 ; archives de l’– , dant des bâtiments du roi, 310. 5, 32, 40-42, 50 ; laboratoire de Arçons (César d’), avocat au Parlel’– , 15, 38, 82 ; publications de ment de Bordeaux, 485.

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L’ENQUÊTE DU RÉGENT

Ardisson, 109, 116-118, 895. Argenson (Marc René de Voyer de Paulmy, marquis d’), chancelier et garde des sceaux, 243, 817, 820. Argouges, évêque de Nantes, 301. Armajan (d’), propriétaire à SainteCroix-du-Mont (Gironde), 230. Arnaud, élu à Fontenay-le-Comte (Vendée), 716. Arnaud (d’), 471. Arnoul (Pierre), intendant des galères à Marseille, 110, 113, 115. Audrichon, marchand à La Fertésous-Jouarre (Seine-et-Marne), 765. Aumale (Charles, comte d’), ingénieur militaire et lieutenant général, 763-764. Aumont, voir Humières. Ausone, poète latin, 85, 233. Avity (Pierre de), auteur, 731.

B Barbeneuve, 784. Barbara de La Beloterie, lieutenant criminel à Castres (Tarn), subdélégué de l’intendant, 493, 495-497, 499-500, 502-503, 871, 875. Barberie de Saint-Contest de Courteilles (Jacques de), intendant à Alençon, 29 n., 129, 132. Barral (président de), 427. Basville, voir Lamoignon de Basville. Bauch (Jean Valentin), de Strasbourg (Bas-Rhin), 146 n. Bauer, voir Agricola. Bauhin (Jean et Caspard), botanistes, 295 n. Baumon (de), gentilhomme, 429.

Bauyn d’Angervilliers (Nicolas Prosper), intendant en Dauphiné, puis en Alsace, 135, 139-141, 145-146, 148-150, 152, 155158, 160, 165, 167-171, 391, 396-397, 400, 403, 406, 412, 423-427, 430, 432, 797, 801, 868, 877, 884-885, 889, 898. Beauharnais, intendant de marine à Rochefort (Charente-Maritime), 77, 451-452, 457, 868, 898. Beauvillier (duc de), 10, 27. Bébordes (de), 617. Béchameil de Nointel (Louis), intendant en Bretagne, 251, 259, 406, 424-425, 882, 893 ; – (Louis Claude), intendant à Riom, 77. Bégon (Michel), intendant à La Rochelle, 450. Bellet (abbé), membre associé de l’Académie de Bordeaux, 231. Belloc, habitant de Réalmont (Tarn), 499-500, 875. Berger, 851. Berger, de La Charité-sur-Loire (Nièvre), propriétaire d’un fourneau en Berry, 246. Bernage (Louis de), intendant à Amiens, 173-174, 185-187, 894. Bernier (François), disciple de Gassendi, 90. Bernières, voir Maignart de Bernières. Berry (Jean, duc de), 244. Bertereau (Martine de), baronne de Beau-Soleil, femme de lettres, 290. Bertier (François de), premier président du Parlement de Pau, 609. Besly (Jean), historien du Poitou et de la Guyenne, 279. Besnier, secrétaire du roi, associé dans une manufacture de fer blanc, 249-250.

INDEX DES NOMS DE PERSONNES ET D’INSTITUTIONS

Besogne (Jean-Baptiste), imprimeur à Rouen, 518. Bignon (famille) 21 ; – (abbé JeanPaul), 13-14, 18 n., 21-27, 3132, 34, 36, 39-40, 42-43, 49, 54, 57-59, 78, 81, 102, 108109, 116, 121-122, 141, 146152, 157-158, 167, 169-172, 202, 209, 222, 236, 242-243, 298, 309-312, 314, 328, 346, 367, 381-382, 406, 421-422, 425, 427, 431-433, 436-438, 443, 445, 451, 470, 504, 506, 514-515, 524, 527, 542, 546, 556-559, 563-566, 587-588, 598, 600, 602, 631, 634, 637641, 648, 654-659, 665, 667668, 671-678, 684, 688-689, 700, 703, 706-708, 743, 751, 768, 789, 844, 869, 871-875, 877, 884-889, 891-893, 895898, 905 ; – (Jérôme), intendant à Amiens, 173-174 ; – de Blanzy (Armand Roland), intendant à Paris, 673 n., 677, 889. Binaud (ou Binot), inventeur d’une mine dans les Pyrénées, 608, 610-611, 614, 621-624. Biscaras (Arnaud Jean de Rotondy de), évêque de Béziers (Hérault), 477. Biscarosse (de), 222-223, 888. Bitry, membre associé de l’Académie de Bordeaux, 213, 219, 222, 231, 888, 897. Blanc, marchand à Grenoble, 423. Blanchart, exploitant une mine de charbon près de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), 288-289. Blumestein (François de), 818, 823, 826. Boeiler, 149. Boissieu (Denis de Salvaing de), premier président de la Chambre des comptes du Dauphiné, 418. Bonneau de la Soye, propriétaire d’une forge en Belgique, 574. Bonval (de), directeur de la glacerie

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de Cherbourg (Manche), 307309, 873. Borel (Pierre), auteur, 30, 33 n., 493494, 496-498, 501, 875. Borry, médecin à Bagnères-deBigorre (Hautes-Pyrénées), 625. Boucher (Claude), intendant à Riom, 730, 742-744, 750-752, 886887. Boucher d’Orsay (Charles), intendant à Limoges, puis à Grenoble, 403-404, 412-413, 422, 424-426, 431-434, 437-439, 442-443, 521-522, 872, 893, 898. Bouchu (Étienne Jean), intendant à Grenoble, 387, 411, 431, 878. Boudron, fermier d’une forge en Berry, 245. Bouillon (Emmanuel-Théodose de La Tour d’Auvergne), cardinal, abbé de Cluny, 370, 561. Bouliers (de), seigneur de Vaugines (Vaucluse), 103. Boulainvilliers (comte de), 28-29. Bourbon (Louis Henry, duc de), surintendant des mines, 122123, 377, 445-446, 631, 689, 700, 703, 868. Bourdelin (Claude), responsable du laboratoire de l’Académie des sciences, 13. Bourgeys, de Lyon (Rhône), 563, 886. Bourguet, banquier, associé dans une manufacture de fer blanc, 249250. Bouville, voir Jubert de Bouville. Bovar, 817. Boyer de Montbaudron, 884. Brancas (Louis, marquis de), lieutenant général, 117. Broglie (Charles Guillaume, marquis de), 448. Brou, voir Feydeau de Brou. Bruno, ou Brunot, 858-859, 861. Bucelle, de Bourges (Cher), 245.

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C

L’ENQUÊTE DU RÉGENT

543, 883-884. Châteaufur (chevalier de), ancien garde de la marine de Brest (Finistère), 39 n., 869-870. Caldaguès (abbé de), 743, 745, 887. Chauvelin de Beauséjour (Bernard), Camanère (Antoine de), conseiller au intendant à Tours, 45, 77, 778, Parlement de Navarre, 608, 783-784, 788-789, 791-793, 610. 872, 894. Cambas, de Borce (Pyrénées-AtlantiClaperon, 565. ques), 609. Claverie (Isaac de), doyen du ParleCantillon (Richard), démographe, 56. ment de Navarre, seigneur Carr, ingénieur anglais employé aux d’Assouste (Pyrénées-Atlantimines de Carnoët (Côtesques), 610-611, 631-636, 884 ; d’Armor), 267, 273. – (Pierre de), seigneur d’Arudy Cassini (Jacques), dit Cassini II, (Pyrénées-Atlantiques), 631membre de l’académie royale 634, 636, 851, 884. des sciences, 485, 685. Cleantier, marchand mercier à BarCastan (Jean-Charles), bourgeois de jols (Var), 94. Metz (Moselle), 39 n., 631, Coche, 603. 869-870. Coetment, voir Liscouet. Catherine de Médicis, régente du Colbert (Jean-Baptiste), contrôleur royaume, 616, 737. général des finances, 13, 23 n., Caupos, membre de l’Académie de 27, 199, 465, 485. Bordeaux, 231. Condorcet (Marie Jean Antoine Caux de Fierville, 887. Nicolas de Caritat, marquis de), Cély, voir Harlay de Cély. membre de l’Académie royale des sciences, 57. César (Jules), 233. Contaud, munitionnaire général de César, propriétaire à Sainte-Croixdu-Mont (Gironde), 230-231. l’armée d’Italie, 406. Courson, voir Lamoignon de CourChabrée (Dominique), médecin et son. botaniste suisse, 589. Courteilles, voir Barberie de SaintChaligny, famille de fondeurs lorContest de Courteilles. rains, 532. Chalvet (Alexandre), subdélégué en Courtivron (Gaspard le Compasseur chef de l’intendant en Daude Créquy-Montfort, marquis phiné, 391, 395-397, 428-431, de), membre de l’Académie 437-438, 443-444, 447-448, royale des sciences, 55. 822, 826, 868, 874, 896. Cramain, propriétaire d’un fourneau Champion (Guillaume), libraire à en Berry, 246. Rennes (Ille-et-Vilaine), 288. Charlbouth, exploitant les mines de Carnouët (Côtes-d’Armor), 265. D Charles (Frère), capucin, apothicaire, 506, 875. Charles IX, roi de France, 737. Daillon (Guy de), comte du Lude, Charon, ou Charron, commissaire de seigneur de Pontgibaud (Puyla marine à Lyon (Rhône), 542de-Dôme), 731.

INDEX DES NOMS DE PERSONNES ET D’INSTITUTIONS

Dalby (Père Antonin), 564-565. Dalesme (André), membre de l’Académie royale des sciences, 380383, 898. Dangie (chanoine), 239 n., 241 n. Danty, subdélégué de l’intendant à Murat (Cantal), 732. Dardène, 891. Davejan, 848. Decay, 890-891, 893. De Coninck ou Coninq (Jean Baptiste), rubanier à Menin (Belgique), 515. Dedieu, orfèvre à Narbonne (Aude), 491, 493, 808, 811, 814, 857. Deffray, protestant de Touraine, 782. Delabarre, directeur de la manufacture des glaces du faubourg Saint-Antoine, à Paris, 377. Delaval, 744, 889. Des Galloys de La Tour (Jean-Baptiste), intendant à Poitiers, 717, 721-723, 874. Deschiens de La Neuville (Charles), intendant à Perpignan, 679683, 882. Desmarets (Nicolas), contrôleur général des finances, 403, 406, 423-425. Despaquier, officier suisse, 249-250. Deville (André-Nicolas), ingénieur du roi, 550, 553-554, 895. Dhollien, 868. Diodore de Sicile, historien grec, 84. Dodart (Denis), membre de l’Académie royale des sciences, 15. Doublet, secrétaire des commandements et du cabinet du duc d’Orléans, 78, 885, 892 ; – (Guillaume), libraire à SaintBrieuc (Côtes-d’Armor), 288. Doudon, exploitant de mines en Poitou, 715. Doyat, 816, 818, 823. Dubois (abbé), précepteur de Philippe II d’Orléans, 11, 14. Duchastelet, 346.

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Duchesne (Dom Vincent), auteur d’un mémoire sur la FrancheComté, 380 n. Du Hamel, médecin à Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), 288. Duhamel du Monceau (Henri Louis), membre de l’Académie royale des sciences, 50, 52-54, 56, 130 n. Dumont, 640. Dunleroy, 893. Dupont de Nemours (Pierre Samuel), 56. Duport, trésorier de France, ancien colonel de la ville de Grenoble (Isère), 406-407, 421-426, 431, 444-445, 889, 893, 897-898. Durand, apothicaire à Montpellier (Hérault), 504, 875. Durban, gouverneur de Mont-Louis (Pyrénées-Orientales), 694. Dutour, de Castres, 500.

E Eaubonne, voir Lefèvre d’Eaubonne. Édelinck, 456. Effiat (Antoine Rusé, seigneur d’), grand maître et surintendant des mines, 633-634. Egmont (comte d’), 511. Émeric, de Chambéry, exploitant une mine à l’Argentière (HautesAlpes), 416. Ercker (Lazarus), métallurgiste allemand, 854. Espalungue (d’), 612, 615, 620, 624625, 881, 883. Esquirou (Jean-Baptiste), médecin, 751. Estadens (de), voir Stadens (de). Estrées (maréchal d’), 868, 892-893.

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F

L’ENQUÊTE DU RÉGENT

mie royale des sciences, 12-14, 17, 25, 147. Fougeroux de Bondaroy (Auguste Denis), membre de l’Académie Falquenberg, “ polonais ”, 411, 431. royale des sciences, 55. Fantet de Lagny (Thomas), membre Foullé de Martangis (Étienne Hyade l’Académie royale des cinthe Antoine), intendant à sciences, 19 n. Bourges, 236-239, 242-243, Feissal, voir Feyssal. 874, 896-897. Fenoyl (Guy de), premier président Fourbin, 525-526. du Parlement de Pau, 606-607, Fournent, secrétaire, 291. 611, 619-620, 625, 628, 630Fousjean, ancien directeur général 631, 826, 845-846, 849-850, des mines d’argent de la Haute 852-854, 856, 876, 881. Alsace, 37-39, 42-43, 49, 448, Ferchault de Réaumur (René 628-630, 802, 807, 829, 831Antoine), voir Réaumur (René 832, 834, 837, 839, 841, 855, Antoine Ferchault de). 862. Ferran de Cossay, lieutenant général Francisque, peintre et affineur, 674. d’artillerie, 609. Fresneau, ingénieur, 782. Ferrand (Antoine), intendant en BreFrondieux (abbé de), 744. tagne, 261. Furetières (Antoine), auteur d’un dicFeuillebois, fermier d’une forge en tionnaire, 199, 201. Berry, 245. Ferry, auteur de projets pour rendre navigables les rivières de Guyenne, 220. Feydeau de Brou (Paul Esprit), inten- G dant en Bretagne, 262, 264265, 274, 290, 292, 294-298, 876, 887. Gaillard, secrétaire, 428-429. Feyssal (de), gentilhomme de Digne Galland (Antoine), membre de (Alpes-de-Haute-Provence), l’Académie royale des inscrip99, 103. tions, 90, 97. Filleau des Billettes (Gilles), penGalliot, 172. sionnaire mécanicien de l’Académie royale des sciences, 24- Gambier, garde du roi, 496, 871. Gamons, 817. 25. Gantier (Louis), inventeur d’une Flèche (Jean Martin), 817. mine près de Beauvais (Oise), Fléchères (Pierre de Sève, baron de), 39, 668, 672-677, 875, 896. premier président en la Cour Garden Labrèches (Jean), habitant du des monnaies de Lyon, 566Villars-Reymond (Isère), 423567. 424, 898. Fleury (cardinal de), précepteur de Garidel, 92, 96, 99-101, 104, 106. Louis XV, 117. Fleury, ou Flury, orfèvre à Grenoble Gassendi (Pierre), savant provençal, 92, 100. (Isère), 423. Gasville, voir Goujon de Gasville. Fontaine, 367, 373. Gaud (Président de), commandant en Fontenelle (Bernard Le Bovier de), Savoie, 444, 874. secrétaire perpétuel de l’Acadé-

INDEX DES NOMS DE PERSONNES ET D’INSTITUTIONS

Gayot de la Bussière, président au bureau des finances de Lyon, 556-557, 559-561, 563, 873, 886, 888. Geoffroy (Étienne François), membre de l’Académie royale des sciences, 50, 81, 438, 665-667, 677, 872. Géraudly, de Dauphiné, 445-447, 816-818, 820, 822-825, 855, 885. Gilbaz, 912. Giraud (Crépin), châtelain du mandement d’Oisans (Dauphiné), 411. Giscaro, – fils, prêtre, 39, 637-641, 648-652, 658-659, 871-872, 883, 895 ; – père, 39, 41, 638641, 649, 651-653, 658-659, 871, 895. Gittard (Pierre), ingénieur en chef de la ville de Lille (Nord), 513, 515-516, 891. Glas d’Arancy (marquis du), 769. Godefroy, 890. Gouber, ingénieur, 263, 279, 281. Gougnon (chevalier), à Bourges (Cher), 236, 238, 243. Goujon de Gasville (Jean Prosper), intendant à Rouen, 77, 757, 759. Gournay (Vincent de), physiocrate, 56. Goustemenil (dom René de), prieur de l’abbaye de Noyers (Indreet-Loire), 783. Goyon (de), subdélégué de l’intendant de Bordeaux à Condom (Gers), 205. Grammont (famille Mornieu de), exploitant les mines de Chessy (Rhône), 544, 547. Grand (R.), curé du Villars-Reymond (Isère), 423. Grandjean de Fouchy (Jean-Paul), secrétaire perpétuel de l’Académie royale des sciences, 51.

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Granges (Mme des), propriétaire d’une forge en Berry, 246. Grasse (Magdelaine), veuve de François Richard, 433. Grasse-Mouans (de), capitaine de dragons au régiment d’Espinay, 116-118, 895. Grassin, à la Monnaie de Paris, 38, 853. Grave (marquis de), seigneur de Villefargeau (Yonne), 360-361. Grillant ou Grilhant, apothicaire à Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), 288. Gripoix (de), 308. Guille, commissaire de l’artillerie à Strasbourg (Bas-Rhin), 151. Guiraud de la Saulinié, 503. Guisnée, ingénieur du roi, 26. Guynet d’Arthel (François), intendant à Caen, 305-314, 873, 889.

H Harlay de Cély (Louis Achille Auguste de), intendant à Metz, 573, 577-578, 582-584, 881. Harouys (André de), intendant en Champagne, 339. Haupi, voir Xaupi. Henri III, roi de France, 737. Henri IV, roi de France, 689, 737. Hermand, 891. Heuriance, ingénieur, 402-403. Hocquard (Jean), commissaire de la Marine à Brest (Finistère), 256257, 880, 883. Hocquart, intendant de la Marine à Toulon et en Provence, 119120. Homberg (Guillaume), pensionnaire chimiste de l’Académie des sciences, 11-17, 19, 25-26.

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L’ENQUÊTE DU RÉGENT

Hory (Barthélemy), essayeur à la Monnaie de Grenoble (Isère), 422-423, 898. Humières (Louis François d’Aumont, duc d’), 288. Huxelles (Nicolas de Laye du Blé, marquis d’), maréchal de France, président du Conseil des affaires étrangères, 170.

I Imbercourt, voir Laugeois d’Imbercourt.

J Janet (Michel), 818, 824, 826-827. Jasses (de), 607, 620, 630-631. Jaugeon (Jacques), pensionnaire mécanicien de l’Académie royale des sciences, 24-25. Jean V le Sage, duc de Bretagne, 260, 271, 274. Jouanne (Robert), fabricant de bas au métier à Thorigny (Manche), 311-312, 879. Joyaut, marchand de Saumur (Maine-et-Loire), 715. Jubert de Bouville (Louis Guillaume), intendant à Orléans, 662. Juliot, 213, 222, 888. Jussieu, membre de l’académie royale des sciences, 84, 601, 683.

K Kircher (Athanase), auteur, 326.

Klüghin, de Strasbourg (Bas-Rhin), 146 n.

L La Basinière, ou La Bazinière, gentilhomme breton, 292-295, 880, 899. La Baume, ou La Beaume (Louis), maire de Goncelin (Isère), 403406, 424, 428-432, 894. La Boissière-Quersulguen (de), noble breton, 301. La Bourdonnaye, intendant à Rouen, 753, 882. La Bretonnière (de), 448. La Briffe (Pierre Arnaud de), intendant à Dijon, 347, 366-367, 373, 375-376, 870, 873, 885. La Chaubruère (de), lieutenant provincial de l’artillerie en Roussillon, 687. La Clède, maire d’Aspe (PyrénéesAtlantiques), 608. Lacoarret, avocat, 618. Lacombe, chimiste et directeur de la fontaine de Gabian (Hérault), 472, 484. La Cour (abbé de), 325. La Court, receveur de l’abbé de Maulévrier, 765. La Cousture (de), 308. La Flèche (de), 110. Lafon, 868. Lafon, membre associé des académies de Bordeaux et de Montpellier, 231. Lafont (Jean), curé d’Escaro (Pyrénées-Orientales), 703-706, 888. La Frénerie, ancien garde du corps du roi, 602-603, 893. La Garde (Thomas, baron de), lieutenant général de Toulon (Var), 97, 895. La Grande, de Lacaune (Tarn), 502, 875. La Grange, lieutenant du roi, commandant au gouvernement de

INDEX DES NOMS DE PERSONNES ET D’INSTITUTIONS

Rocroi (Ardennes), 340, 885. Lahaye-Dupuis, 870, 874, 884, 891892. La Houssaye, voir Le Pelletier de La Houssaye. Laisné (Mathurin), directeur de la Monnaie de Lyon, 567. Lalande (Joseph Jérôme Le François de), membre de l’Académie royale des sciences, 55. Lalane ou Lalanne (de), de Béarn, 844, 855. Lambert (Jean), d’Herbeuval (Ardennes), 574, 577-578. Lambert d’Herbigny, intendant à Lyon, 533, 878. Lamoignon de Basville (Nicolas de), intendant en Languedoc, 30, 77, 191 n., 459, 469-471, 484, 487, 489-493, 503, 505-506, 600, 685-686, 808, 871, 874875, 878, 896. Lamoignon de Courson (Urbain Guillaume de), intendant à Bordeaux, 77, 191, 195-196, 198200, 202-205, 208-210, 213, 222, 234, 653, 873, 896-897. Lancre (de), propriétaire à SainteCroix-du-Mont (Vendée), 229231. La Neuville, voir Deschiens de La Neuville (Charles). Languet, lieutenant criminel du baillage d’Arnay-le-Duc (Côted’Or), 358. Lapet, propriétaire d’une manufacture à Vienne (Isère), 434. La Planche (Claude François), 825, 827, 855. La Plissonière (de), marquis de Pouzauges (Vendée), 715. Larmerat (Père), 346-347, 869. La Roque, voir Rocque. Lasne, de Bourges (Cher), 237, 897. La Tour (de), contrôleur de la glacerie de Cherbourg (Manche), 307.

927

La Tour, voir Des Galloys de La Tour. Latreba (Claux ou Claude), ouvrier allemand, épureur de mines d’argent, 271-273. Laugeois d’Imbercourt (Jean-Baptiste Louis), intendant à Montauban, 31, 585, 587-588, 595600, 627, 637, 684, 688, 690, 698, 870, 884, 897. Launay (de), 424-425, 891. Laval (Guy de), 777. Law de Lauriston (John), directeur de la Banque générale, puis de la Compagnie d’Occident, 563567, 886. Laye du Blé (Nicolas de), voir Huxelles. Le Bartz, exploitant les mines de Carnouët (Côtes-d’Armor), 265. Le Bas de Montargis (Claude), garde du trésor royal, trésorier général de l’Extraordinaire des guerres, 542. Le Berger, 833, 852. Le Blanc (Claude), proche collaborateur du Régent, 690, 752. Le Bret (Cardin), intendant à Aix-enProvence, 91-92, 94-104, 106110, 122-123, 893-895. Leclerc de Lesseville (Charles Nicolas), intendant à Limoges, 39, 523-524, 526-528, 880, 895896. Lecocq, maître des requêtes, 137. Leduc, constructeur de la digue de Pinay (Loire), 561. Lefebvre (Jacques), maréchal à Logny-Bogny (Ardennes), 340342, 885. Lefèvre d’Eaubonne (André Robert), intendant à Soissons, 762, 767, 769, 771, 896. Lefèvre d’Ormesson du Chéray (Olivier), intendant en FrancheComté, 384, 887.

928

L’ENQUÊTE DU RÉGENT

Legendre de Lormoy (Gaspard François), intendant à Montauban, puis à Auch et en Béarn, et enfin à Tours, 30-31, 34 n., 36 n., 493, 627-628, 630-631, 640646, 649-650, 652, 654-657, 871, 874, 876, 885, 887-888. Le Guerchoys (Pierre Hector), intendant en Franche-Comté, 380 n., 383-384. Lehaits, de Lyon, 123. Lemaire, 885. Lémery, – (Louis et Jacques), membres de l’Académie royale des sciences 139, 342, 881 ; – (Nicolas), membre de l’Académie royale des sciences, 11, 13, 18 n., 881. Le Moine, caissier de M. d’Anriacre, 770. Lenfant, avocat aux Conseils, 137. Le Pelletier de La Houssaye (Félix), intendant en Alsace, 171, 796. Le Pelletier des Forts, président du Bureau de commerce, 884. Le Pretteur, 172. Le Roux, voir Trésaguet et Le Roux. Le Roy (Jean), de Marlemont (Ardennes), 341. Leroy, 678. Lescalopier (César Charles), intendant à Châlons-en-Champagne, 324, 328-329, 336-340, 888, 897. Lescure, de Narbonne (Aude), 491, 809-811, 814, 842. Lesdiguières (Mme de), 436. Lesseville, voir Leclerc de Lesseville. Lesueur, 264. Le Taneur (Jean), propriétaire d’une mine à Bouconville (Aisne), 769-770. Levain, hauptman des mines de Giromagny (Territoire-de-Belfort), 796. Lévêque, orfèvre à Marseille, 109, 117. Liscouet (Yves du, seigneur de Coetmen), exploitant les mines de

Carnouët (Côtes-d’Armor), 259, 265. Lister (Martin), auteur de travaux d’histoire naturelle, 100. Lobineau (Dom Gui Alexis), auteur d’une histoire de Bretagne, 272 n. Loewenstein (prince de), abbé de Murbach et Lure, 384-385. Lojou (M. et Mme du), 259, 265. Lothoire, ou Lotoire (Simon), ingénieur ou chimiste à Paris, 39, 41, 328-329, 351, 667-677, 875-876, 881, 895. Louis XI, roi de France, 773. Louis XIII, roi de France, 23 n., 603, 774. Louis XIV, roi de France, 9-11, 1516, 23, 185, 265, 406, 763, 767. Louis XV, roi de France, 9, 16, 58. Louvois (François Michel Le Tellier, marquis de), 13, 23. Luminy (de), 97. Lurbe (de), grand voyer de Navarre, 609. Lusignan (de), propriétaire d’une manufacture à Vienne (Isère), 434-435.

M Machy, ouvrier teinturier à Paris, 433, 873. Magallon, 411. Mai (Octavio), marchand fabricant à Lyon, 537. Maignart de Bernières (Charles Étienne), intendant en Flandre, 77, 513-514, 516, 519-520, 891. Maine (Louis Auguste de Bourbon, duc du), grand maître de l’artillerie de France, 9, 16, 890. Mallet (Noël), marchand à Vizille (Isère), 426-427, 897.

INDEX DES NOMS DE PERSONNES ET D’INSTITUTIONS

Mancini (François), duc de Nevers, 245. Mandiri ou Mendiry (de), juge du pays de Cise (Navarre), 845846, 853, 856. Maraldi (Giacomo Filippo), membre de l’Académie royale des sciences, 485, 685. Marceau, de Saint-Gaudens (HauteGaronne), chercheur de mines, 613-614. Marmier, de Bagnols-sur-Cèze (Gard), 487-488, 496, 871, 896. Marsigli (Luigi Fernando, comte), membre associé étranger de l’Académie royale des sciences, 110-111, 116. Martène (Père Edmond), auteur, 793. Martenot, 892. Martet (Laurent), 897. Masson (Jean-Papire), auteur, 33 n., 83, 902. Masson, inventeur d’une mine en Dauphiné, 433. Maurepas (Jean-Frédéric Phélypeaux, comte de), secrétaire d’Etat chargé de la Maison du Roi, 243. Maury, fils, religieux prémontré, 146-152, 884-885 ; – père, marchand cirier et chandelier à Strasbourg (Bas-Rhin), 146152, 158, 171-172, 884-885, 895. Mazarin (Armand Charles de La Porte, duc de), propriétaire de mines à Giromagny (Territoirede-Belfort), 137-138, 796, 801. Mazel, de Grenoble, exploitant une mine à l’Argentière (HautesAlpes), 416. Médavy (Jacques Éléonor Rouxel, comte de), commandant en chef en Savoie et en Dauphiné, 444, 874. Melfort (John Drummond, duc de), exploitant les mines de Carnouët (Côtes-d’Armor), 258259, 262, 265, 270-271.

929

Méliand (Antoine François), intendant à Lyon, 77, 543-547, 553555, 557, 560, 894. Mellier (Gérard), trésorier de France, général des finances de la Chambre des comptes de Bretagne, 260, 273-274, 283, 876. Merlat, coutelier à Vienne (Isère), 435. Meslé de Salvagnac, 877. Michalla (Guillaume), meunier à Goncelin (Isère), 428-431. Michel, conseiller du roi, 345-346, 868. Millain, secrétaire des commandements du duc de Bourbon, 446. Millehomme, de La Motte en Dauphiné, 433. Moissonnié, secrétaire de M. du Fenoyl, 609. Moissonnier, avocat à Saint-Bonnetle-Château (Loire), 553-554. Monferet (marquis de), seigneur de Nyer (Pyrénées-Orientales), 697. Montausier (duc de), 253. Montgon (de), propriétaire à Coren (Cantal), 742. Montroger (Louis-Thomas de), entrepreneur de manufactures de fer blanc, 249-250, 877. Morand (Jean François Clément), membre de l’Académie royale des sciences, 55. Moral (Meximon ou Maxamon), dit aussi MORARD (Maxime), dit Touron, de Pinsot (Isère), 427429, 431-432, 444. Morato (Isidore), tailleur de pierre et architecte de l’église d’Ille-surTêt (Pyrénées-Orientales), 706. Morel, ingénieur, 307-309. Moulinneuf (Charles dit), 103. Murat, subdélégué de l’intendant en Languedoc, 471.

930

N

L’ENQUÊTE DU RÉGENT

Pellas (Jean), général des monnaies en Provence, 108-110, 894. Pelletier, graveur à Lyon, faux monnayeur, 566. Navarre, secrétaire perpétuel de l’Académie de Bordeaux, 228, Peltier (Élizabeth), de Charmes (Aisne), 768-769, 892. 234. Penhöet (Jean de), amiral de BretaNevel, exploitant les mines de Cargne, 260, 271-273. nouët (Côtes-d’Armor), 265. Perrault (Pierre), auteur, 360 n., 371. Nissolle, membre de la Société royale de Montpellier, 506. Pesseau, exploitant les mines de Carnouët (Côtes-d’Armor), 265. Noailles (Adrien-Maurice, duc de), maréchal de France, président Petit, 892. du Conseil des finances et Peutinger (Conrad), auteur, 739. membre du Conseil de comPeyre, subdélégué de l’intendant à merce, 672, 690, 792. Barjols (Var), 92-95, 102, 104, Nointel, voir Béchameil de Nointel, 106, 895. Turmenyes de Nointel. Philippe Ier, duc d’Orléans, 10, 15. Noyer, secrétaire de l’intendant de Philippe II, duc de Chartres, puis duc Perpignan, 683-684, 895. d’Orléans, régent de France, 911, 14-18, 25, 27, 31-37, 40, 47-49, 51, 58-59, 77-78, 80-81, 91-92, 94-95, 97-100, 102, 104, 106, 108-109, 116-117, 119, O 132, 137, 140-141, 145, 147151, 157-158, 167, 171, 173, 186-187, 202, 205, 209-210, Ormesson, voir Lefèvre d’Ormesson. 234, 236-238, 242-243, 249Orsay, voir Boucher d’Orsay. 250, 256, 264-265, 274, 292, 295-297, 302, 306-307, 309Ovide, poète latin, 736. 314, 324, 328-329, 336, 338, Ouessant (famille), 299. 340, 346-347, 366-367, 373, 375, 377-378, 380-382, 384, 403-407, 412-413, 421-427, 433, 435, 437-438, 444-445, 452, 457, 486-487, 489, 491, P 496, 502-503, 514, 516, 528, 542-543, 546-547, 554, 556557, 559, 565-567, 573, 582, Paneirolle, 108. 587, 595, 597-598, 600, 602, Parent (Antoine), élève de l’Acadé607, 624-626, 630-631, 640mie royale des sciences, 25. 642, 649-650, 652, 655-658, Pascal (Blaise), 745 ; – (Jacques), 662, 665-668, 670-672, 683architecte à Saint-Bonnet en 684, 688-690, 698, 700-703, Dauphiné, 421, 432, 435-437, 705, 715, 717, 722, 730, 742873, 898. 743, 751-752, 762, 767-770, 783, 789, 821, 867-899, 905. Pautrisel, associé dans une manufacture de fer blanc, 249-250. Picon d’Andrezel (Jean-Baptiste Louis), intendant à Perpignan, Peire, voir Peyre. 598, 600, 683-685, 687-691,

INDEX DES NOMS DE PERSONNES ET D’INSTITUTIONS

697-704, 706-711, 874-875, 879, 888. Pigeot, de Dijon, 376-378, 888-889. Pinault, procureur du roi de la Monnaie de Toulouse (HauteGaronne), 887. Pingré, ou Pingri, inventeur d’une mine d’or en Dauphiné, 407412, 431, 898. Pinon (Anne, vicomte de Quincy), intendant à Dijon, 365. Pivotains (Mme des), propriétaire d’un fourneau en Berry, 246. Planchs, 491. Plé (François), inventeur d’une mine à Auneuil (Oise), 666 n. Pline l’Ancien, auteur latin, 30, 732, 736-737. Pluvinet, fermier d’une forge en Berry, 246. Pochet, subdélégué de l’intendant à Manosque (Alpes-de-HauteProvence), 92, 894. Pointis (baron de), seigneur de la vallée d’Ustou (Ariège), 655-656, 887. Pointis (de), de Ligueil (Indre-etLoire), 773, 782-783. Poirier (René), exploitant d’une mine de tripoli en Bretagne, 274. Poiro, 796. Poitié, 406. Polignac (cardinal de), 845. Pomet (Pierre), marchand épicier et droguiste à Paris, 196, 227, 241, 244. Pontchartrain (Louis Phélypeaux, comte de), 13-14, 16, 21, 23, 25, 289, 379, 470-471, 542, 869-870. Porter (Charles), exploitant les mines de Carnouët (Côtes-d’Armor), 265, 267, 270. Pottier (Jean), fabriquant d’hameçons à Saint-Malo (Ille-etVilaine), 302, 885. Prével (François), marchand de Lille (Nord), 514-515, 891.

931

Prévost (Jean), inventeur d’une mine près de Beauvais (Oise), 665, 872. Prieur, officier du roi, associé dans une manufacture de fer blanc, 249-250. Puget, propriétaire près de Marseille, 90, 97. Pugin, exploitant des mines de Carnouët (Côtes-d’Armor), 265. Puigibault (de), 783.

Q Quesney (François), physiocrate, 56.

R Ranchin (François), médecin languedocien, 473. Rapin, fermier d’une forge en Berry, 246. Raudot, 438, 902. Réal (de), 863. Réaumur (René Antoine Ferchault de), membre de l’Académie royale des sciences, 18 n., 2527, 30-35, 37-45, 49-55, 57-58, 78, 83, 89, 91, 95-96, 99-100, 102, 106-107, 110, 115, 118, 120-123, 125, 128-130, 132, 135-136, 139-140, 145, 155, 169, 171, 173, 187, 189, 195, 198, 203, 213, 234-235, 237, 239, 242, 251-253, 257, 261, 291-296, 303, 305-306, 313314, 323-324, 336-337, 342343, 345-346, 362, 366, 375, 379, 383, 387, 396-397, 412413, 425, 430, 438, 447, 450, 457, 459, 464, 469, 484, 488489, 492-493, 509, 511-513,

932

L’ENQUÊTE DU RÉGENT

515, 519, 521-524, 528, 529, 533, 540, 543, 554, 556, 559, 563, 569, 573, 577, 582-583, 585, 587, 595, 598-599, 601603, 606, 609-610, 616, 619, 625-627, 631, 636-637, 640641, 653-654, 658-663, 679, 682, 688, 697, 700, 706, 713, 717 n., 725, 729, 742, 755, 757, 761, 767-768, 771, 773, 783784, 788, 792-793, 796, 801, 827, 833-834, 836, 839, 849, 851, 853, 856-857, 861, 863, 869, 871, 877-887, 889-891, 895-906. Régent, voir Philippe II, duc de Chartres, puis duc d’Orléans, régent de France. Rey (femme), de Marseille, 109, 117-118. Rhodes (Nicolas Richer de), grand maître et superintendant des mines, 38, 526, 608-609, 636, 689-690, 801, 831, 846. Richebour, ingénieur, 782. Richelieu (Armand Jean Du Plessis, cardinal de), 774. Ricouard (Adrien), propriétaire d’une manufacture privilégiée à Abbeville (Somme), 175. Rieux (famille de), marquis de Sourdéac, 299-300. Rigord, 94-95, 97, 107. Riouffe (sieur de), subdélégué de l’intendant à Grasse (AlpesMaritimes), 100, 103. Robelin, ingénieur militaire à Brest (Finistère), 50, 264, 283-284. Robert, intendant de la Marine de Brest (Finistère), 77, 256. Rochechouart (de), grand maître et superintendant général des mines et minières de France, 689. Rochefort, banquier à Lyon, 563564, 566, 886 ; – graveur, 898899. Rocque, ou Roque ou de la Roque, écrivain de galère à Marseille,

41, 91, 94-96, 99, 121-123, 856, 859, 861, 890, 895. Rodes ou Rodde (de), voir Rhodes. Roquebrune, médecin à Rians (Var), 92. Roquefort (de), seigneur de Bugarach (Aude), 686. Roquelaure (duc de), 503. Rottembourg (comte de), 165, 170. Roussy (comtesse de), 496.

S Sabach, 660, 883. Saint-Jean (de), 689. Saint-Macary (Pierre), doyen du parlement de Pau, 607-609, 611, 826, 849-850, 852, 854, 856. Saint-Maurice, ou Saint-Morice (Chabod, marquis de), 109110, 116-118, 121, 445, 447. Saint-Rémi (de), 204. Sallade (frères), 111. Sambain, propriétaire d’une manufacture à Vienne (Isère), 434. Samson d’Abbeville, cartographe, 233. Sanson (Claude Joseph), intendant à Pau, 614. Sarrau (Isaac et Jean), membres de l’Académie de Bordeaux, 231. Sauceret, maître de forges en Bourgogne, 345-346, 868. Saumery (marquis de), envoyé du roi en Bavière, 157. Sauvage, propriétaire d’un fourneau en Berry, 246. Savary (André), inventeur d’une mine près de Beauvais (Oise), 665-666, 675, 872, 875. Seignette (Pierre), médecin, 479, 481. Sénac, de Gimont (Gers), 637-638, 644, 649, 653.

INDEX DES NOMS DE PERSONNES ET D’INSTITUTIONS

Senel, 892-893. Séraphion, voir Serphanion. Serphanion, 492. Serres, de Vénès (Tarn), 502-503, 875. Sidoine Appolinaire, saint, évêque de Clermont (Puy-de-Dôme), 735, 740. Sirmond (Jacques), auteur, 735, 740. Sourdéac, voir Rieux. Stadens (de), inventeur d’un mastic, 203, 205-208, 896. Sterquel ou Sterkel (Jean-Claude), hauptman de la mine de SaintNicolas de Giromagny et entrepreneur des mines de Plancherles-Mines (Territoire-de-Belfort), 385, 801, 803-804, 806. Strabon, auteur latin, 233. Sully (Maximilien de Béthune, duc de), grand maître et superintendant général des mines et minières de France, 689.

T Tallard (Camille d’Hostun, comte de), maréchal de France, 438, 827, 864-865. Tardin (Jean), auteur, 441. Tavernier (Jean-Baptiste), joaillier et voyageur, 586. Thévenon (Charles), ingénieur à Rennes, 258-260, 263-265, 275, 876, 906, 914 et fig. 14. Thiburce (Père), religieux de Giromagny (Territoire-de-Belfort), 800. Titon (Maximilien), directeur général des magasins du roi pour les armes, 763, 767. Toulouse (Louis-Alexandre de Bourbon, comte de), amiral de France, chef du Conseil de la Marine, 16, 890, 892.

933

Tournefort (Joseph Pitton de), botaniste, membre de l’Académie royale des sciences, 13, 103, 105, 589. Trésaguet (Octave), correspondant de Réaumur, 239. Trésaguet et Le Roux, associés, 166. Trobat, – (Joseph de), abbé de SaintMichel-de-Cuxa (PyrénéesOrientales), 694 ; – (Raymond ou Ramon de), président du Conseil souverain et intendant à Perpignan, 687, 694. Truchet (Jean, dit le Père Sébastien), membre honoraire de l’Académie royale des sciences, 15, 2427, 734. Tubeuf (Jacques), grand maître et surintendant des mines, 633 n., 635. Turgot (Anne Robert Jacques), intendant à Bourges, 77. Turmenyes de Nointel (Jean de), receveur général des finances, receveur général de l’Extraordinaire des guerres, garde du trésor royal, 542.

U Urban (d’), voir Durban. Urphé (Honoré d’), auteur de l’Astrée, 535. Uxelles, voir HUXELLES. Uzès (duc d’), 253.

V Vairial, de Dourgne (Tarn), 500-501, 875.

934

L’ENQUÊTE DU RÉGENT

Vairon, marchand à Brioude (Haute- X Loire), 731. Valaval (de), caissier de la glacerie de Cherbourg (Manche), 309. Xaupi, docteur en médecine, 701Vall, inventeur d’une mine en Dau702, 888. phiné, 433. Vallet (Denis), marchand à Goncelin (Isère), 427-432, 893. Valtrigny, 877. Z Vanrobais (famille), manufacturiers à Abbeville (Somme), 177. Varignon (Pierre), pensionnaire géomètre de l’Académie royale des Zénodore, statuaire grec, 731-732. sciences, 26. Vauban (Sébastien le Prestre de), maréchal de France, 27. Vaudin, ancien officier de marine, 328-329, 881. Velas, 818, 824, 826-827. Victorius, comte de Clermont, 734. Vilarojas, capitaine au Royal Infanterie de Roussillon, 689, 691698, 700-701, 703-704, 874, 888. Villars (Claude Louis Hector, duc de), maréchal de France, membre du Conseil de régence et président du Conseil de la guerre, 116, 434-435, 703. Villars, ingénieur, 615. Villeroy (François de Neufville, duc de), maréchal de France, gouverneur de Louis XV, 448. Vinot, voir Binaud. Vivien, fermier général des domaines, 701.

W Wansbrohen, négociant à Nantes (Loire-Atlantique), 241 n.

INDEX DES NOMS GÉOGRAPHIQUES

Tableau de répartition FRANCE Départements actuels : Ain : Belley ; Bourg-en-Bresse ; Carignan ; Collonges ; Gex ; La Capelle ; Revermont. Aisne : Aubenton ; Bouconville-Vauclair ; Bourg-et-Comin ; Bucilly ; Charmes ; Craonne ; Guise ; Hirson ; La Bove ; Laon ; Mondrepuis ; Pontavert ; Rocquigny ; Saint-Michel ; Saint-Quentin ; Soissons ; VillersCotterêts ; Watigny, Wimy-en-Thiérache. Allier : Bourbon-l’Archambault ; Ferrières-sur-Sichon ; Gannat ; Montluçon ; Néris-les-Bains ; Saint-Pourçain-sur-Sioule ; Vichy. Alpes-de-Haute-Provence : Barles ; Champourcin ; Colmars ; Dauphin ; Digne ; Forcalquier ; La Bréole ; Manosque ; Moustier-Sainte-Marie ; Pontès ; Saint-Barthélémy ; Saint-Maime ; Saint-Vincent-les-Forts ; SaintVincent-sur-Jabron ; Salignac. Hautes-Alpes : Briançon ; Cervières ; Embrun ; Gap ; La Grave ; La Motte-enChampsaur ; La Piarre ; L’Argentière-la-Bessée ; Le Saix ; Monêtier-lesBains ; Montrond ; Notre-Dame-du-Laus ; Saint-Étienne-le-Laus ; VillarSaint-Pancrace. Alpes-Maritimes : Antibes ; Cannes ; Grasse ; Menton ; Mouans-Sartoux ; Vallauris. Ardèche : Mercoire ; Vals-les-Bains. Ardennes : Aubigny-les-Pothées ; Blagny ; Charleville-Mézières ; ChâteauPorcien ; Château-Regnault-Bogny ; Fromy ; Fumay ; Givet ; Givonne ; Herbeuval ; La Neuville-aux-Joutes ; Logny-Bogny ; Marlemont ; Rethel ; Rimogne ; Rocroi ; Sapogne-sur-Marche ; Saverdun ; Sedan ; Signy-Montlibert. Ariège : Ax-les-Thermes ; Bélesta ; Benagues ; Castelnau-Durban ; ChâteauVerdun ; Ferrières-sous-Ariège ; Foix ; Fontestorbes ; Gudanes ; La Bastide de Sérou ; Lasserre ; Lavelanet ; Le Mas-d’Azil ; Le Peyrat ; Léran ;

936

L’ENQUÊTE DU RÉGENT

Miglos ; Mirepoix ; Pamiers ; Rabat-les-Trois-Seigneurs ; Siguer ; Ustou ; Varilhès ; Vicdessos. Aube : Bar-sur-Seine ; Les Riceys ; Saint-Girons ; Saint-Pouange ; Troyes. Aude : Alet-les-Bains ; Bugarach ; Cals-le-Haut ; Capcir ; Carcassonne ; Caunes-Minervois ; Conques-sur-Orbiel ; Davejean ; Fontfroide ; Fourtou ; La Bastide-sur-l’Hers ; Lacombe ; Lanet ; Les Saptes ; Limoux ; MasCabardès ; Narbonne ; Peyriac-Minervois ; Rennes-les-Bains ; SainteColombe-sur-l’Hers ; Saint-Papoul ; Tuchan. Aveyron : Camarès ; Cransac ; Laval-Roquecezière ; Millau ; Najac ; Rodez ; Roquetaillade ; Villefranche-de-Rouergue. Bouches-du-Rhône : Aix-en-Provence ; Cassis ; Le Tholonet ; Marseille ; Martigues ; Puy-Ricard ; Saint-Cyr (montagne). Calvados : Bayeux ; Caen ; Falaise ; Guibray ; Le Gast ; Lisieux ; Saint-SeverCalvados ; Touques. Cantal : Albepierre-Bredons ; Allanche ; Aurillac ; Champagnac ; ChaudesAigues ; Chazelles ; Coren ; Ferrières-Saint-Mary ; Lampres ; Le Meynial ; Maillargues ; Massiac ; Mauriac ; Montsalvy ; Murat ; Neuvéglise ; Paulhenc ; Roffiac ; Sainte-Marie ; Saint-Flour ; Saint-Marc ; Salers ; Vicsur-Cère. Charente : Aignes-et-Puypéroux ; La Rochefoucauld ; Rancogne ; Saintes. Charente-Maritime : La Rochelle ; Marans ; Oléron (île de) ; Ré (île de) ; Rochefort-sur-Mer ; Royan ; Saint-Savinien ; Seudre. Cher : Argenvières ; Bourges ; Chârost ; Graçay ; Giraudet ; Mehun-surYèvre ; Morogues ; Orval ; Rians ; Rousseau ; Saint-Bouize ; Saint-Georges-sur-la-Prée ; Saint-Martin-d’Auxigny ; Sancerre ; Savigny-sousSancerre ; Soulangis ; Subligny ; Vierzon. Corrèze : Bort-les-Orgues ; Brive-le-Gaillarde ; Saint-Bonnet-Avalouze. Corse : néant. Côte-d’Or : Aignay-le-Duc ; Alise-Sainte-Reine ; Aloxe-Corton ; Arnay-leDuc ; Aubaine ; Auxey-Duresses ; Auxonne ; Beaune ; Bécoup ; Bezouotte ; Bouilland ; Brochon ; Chaignay ; Chambolle-Musigny ; Chamesson ; Chassagne-Montrachet ; Châteauneuf ; Châtillon-sur-Seine ; Chenôve ; Couchey ; Crugey-sur-Ouche ; Curtil-Vergy ; Diénay ; Dijon ; Drambon ; Fixin ; Gemeaux ; Gevrey-Chambertin ; Grenand-lèsSombernon ; Is-sur-Tille ; La Bussière-sur-Ouche ; Lacanche ; LadoixSerrigny ; L’Etang-Vergy ; Marandeuil ; Marey-sur-Tille ; Marsannay-leBois ; Mavilly-Mandelot ; Meursault ; Montbard ; Monthelie ; Montrachet ; Morey-Saint-Denis ; Nolay ; Nuits-Saint-Georges ; Pellerey ; PernandVergelesses ; Pommard ; Premeaux-Prissey ; Puligny-Montrachet ; ReulleVergy ; Saint-Aubin ; Saint-Jean-de-Losne ; Saint-Romain ; Saint-Vivant (abbaye) ; Santenay ; Saulieu ; Savigny-lès-Beaune ; Semur-en-Auxois ;

INDEX DES NOMS GÉOGRAPHIQUES

937

Seurre ; Veuvey-sur-Ouche ; Villecomte ; Volnay ; Vosne-Romanée ; Vougeot. Côtes-d’Armor : Allineuc ; Carnoët ; Dinan ; Lanloz ; Lannion ; Lanvollon ; Loudéac ; Plusquellec ; Quimbiti ; Quintin ; Saint-Brieuc ; Tréguier ; Uzel. Creuse : Évaux-les-Bains. Dordogne : Bergerac ; Excideuil ; Le Bugue. Doubs : Besançon ; Mongwy-sur-le-Doubs ; Pontarlier. Drôme : Aurel ; Beaurières ; Chabeuil ; Châteaudouble ; Crest ; Die ; Dieulefit ; Larnage ; Lesches-en-Diois ; Livron-sur-Drôme ; Loriol-surDrôme ; Luc-en-Diois ; Montélimar ; Peyrus ; Portes-en-Valdaine ; Porteslès-Valence ; Romans-sur-Isère ; Saint-Donat-sur-L’Herbasse ; SaintVallier ; Tain-L’Hermitage ; Valdrôme ; Valence. Eure : Bernay ; Conches-en-Ouche ; Évreux ; Guinchainville ; Louviers ; PontAudemer ; Pont-de-l’Arche ; Rugles ; Saint-Georges-du-Vièvre ; Saint-Luc. Eure-et-Loir : Chartres ; Châteaudun ; Ecublé ; Tremblay-les-Villages. Finistère : Brest ; Carhaix-Plouguer ; Châteaulin ; Huelgoat ; Landerneau ; Le Faou ; Locmaria-Berrien ; Morlaix ; Ouessant (île de) ; Plabennec ; Quimper ; Plougastel-Daoulas ; Plouvien ; Roscoff ; Tourronce. Gard : Aigues-Mortes ; Alès ; Bagnols-sur-Cèze ; Beaucaire ; Euzet ; Nîmes ; Potelières ; Rivières ; Rochegude ; Saint-Ambroix ; Uzès. Haute-Garonne : Bagnères-de-Luchon ; Cintegabelle ; Portet-sur-Garonne ; Saint-Béat ; Toulouse. Gers : Auch ; Condom ; Crastes ; Gimont ; Laymont ; Simorre. Gironde : Arcachon ; Bazas ; Bordeaux ; Cadillac ; Haux ; Langon ; La Teste ; Pauillac ; Sainte-Croix-du-Mont ; Saint-Macaire ; Soulac. Hérault : Agde ; Aniane ; Balaruc-les-Bains ; Bédarieux ; Béziers ; Boutonnet ; Cassan ; Clermont-L’Hérault ; Combes ; Gabian ; Galargues ; Graissessac ; La Caunette ; La Prade ; Lodève ; Montpellier ; Roquebrun ; Roujan ; SaintChinian ; Saint-Pons-de-Thomières ; Thongue. Ille-et-Vilaine : Bain-de-Bretagne ; Bécherel ; Careron ; Comblessac ; Dol-deBretagne ; Erbrée ; Marcillé-Robert ; Noyal-Châtillon-sur-Seiche ; Paimpont ; Poligné ; Redon ; Rennes ; Saint-Aubin-du-Cormier ; SaintMalo ; Vitré. Indre : Fontenay ; Guilly ; Reboursin. Indre-et-Loire : Ambillou ; Amboise ; Balesmes-Descartes ; Beaulieu-lèsLoches ; Berthenay ; Bossée ; Château-la-Vallière ; Chinon ; Cinq-Mars-laPile ; La Chapelle-Blanche-Saint-Martin ; Ligueil ; Loches ; Marray ; Mettray ; Noyers ; Pougeard ; Preuilly-sur-Claise ; Sainte-Catherine-deFierbois ; Sainte-Maure-de-Touraine ; Saint-Étienne-de-Chigny ; Savonnières ; Tours ; Villandry.

938

L’ENQUÊTE DU RÉGENT

Isère : Allemond ; Allevard ; Anjou ; Artas ; Beaucroissant ; Besse ; BourgoinJallieu ; Brignoud ; Châbons ; Chevrières Crémieu ; Crolles ; Dionay ; Dizimieu ; Fontanil-Cornillon ; Fures ; Goncelin ; Grenoble ; Gresse-enVercors ; Hurtières ; La Buisse ; La Combe-de-Lancey ; La Côte-SaintAndré ; La Ferrière ; La Morte ; La Motte-d’Aveillans ; La Tour-du-Pin ; Laval ; Le Pont-en-Royans ; L’Isle-d'Abeau ; Lumbin ; Mens ; Moirans ; Monestier-de-Clermont Ornon ; Oz ; Paladru ; Pinsot ; Réaumont ; Revel ; Rives ; Rivier ; Royans ; Ruy ; Saint-Antoine ; Saint-Bonnet-de-Chavagne ; Sainte-Agnès ; Saint-Georges-de-Commiers ; Saint-Gervais ; Saint-Hugon ; Saint-Jean-de-Bournay ; Saint-Martin-d’Uriage ; Saint-Michel-de-Maurienne ; Saint-Pierre-d’Entremont ; Sassenage ; Serre-Nerpol ; Theys ; Tullins ; Uriage ; Vaulnaveys ; Vienne ; Villard-Bonnot ; Villars-Reymond ; Virieu ; Vizille ; Voiron ; Voreppe. Jura : Dole ; Saint-Claude ; Salins-les-Bains ; Sampans. Landes : Bastennes ; Biscarosse ; Caupenne ; Dax ; Gaujacq ; Peyhorade. Loir-et-Cher : Blois ; Chambord ; Vendôme. Loire : Cottance ; Gier ; La Tourette ; Moingt ; Montbrison ; Pilat (mont) ; Pinay ; Pradines ; Régny ; Rive-de-Gier ; Roanne ; Saint-Alban-les-Eaux ; Saint-Bonnet-le-Château ; Saint-Chamond ; Saint-Étienne ; Saint-Galmier ; Saint-Hilaire-Cusson-la-Valmite ; Saint-Julien-Molin-Molette ; Saint-Martin-la-Plaine ; Sury-le-Comtal ;. Haute-Loire : Auzon ; Bains ; Bas-en-Basset ; Brioude ; Frugerès-les-Mines ; La Chaise-Dieu ; Langeac ; Lempdes ; Le Puy-en-Velay ; Luriecq ; Monistrol-sur-Loire ; Sainte-Florine ; Saint-Julien-d’Ance ; Saugues ; Valprivas. Loire-Atlantique : Batz-sur-Mer ; Bourgneuf-en-Retz ; Châteauthébaud ; Fresnay-en-Retz ; Guérande ; La Truballe ; Le Croisic ; Le Pouliguen ;Les Moutiers-en-Retz ; Machecoul ; Mesquer ; Nantes ; Nort-sur-Erdre ; Pouancé ; Saillé ; Saint-Cyr-en-Retz ; Saint-Molf. Loiret : Orléans. Lot : Cahors ; Figeac ; Les Arques ; Marcilhac-sur-Célé ; Saint-Céré. Lot-et-Garonne : Clairac ; Nérac ; Tonneins. Lozère : Bagnols-les-Bains ; Le Pompidou ; Saint-Germain-de-Calberte ; Vebron ; Villefort. Maine-et-Loire : Angers ; Aon ; Chalonnes-sur-Loire ; Chaudefonds-surLayon ; Chemiré-sur-Sarthe ; La Jaille-Yvon ; La Membrolle-sur-Longuenée ; L’Hôtellerie-de-Flée ; Luigné ; Meigné ; Saint-Aubin-de-Luigné ; Saint-Georges-du-Bois ; Saumur. Manche : Audouville-la-Hubert ; Avranches ; Barfleur ; Bricqueville-sur-Mer ; Carentan ; Cherbourg ; Courtils ; Coutances ; Créances ; Ecausseville ; Flamanville ; Genêts ; Granville ; Hague ; Hougue ; Isigny-le-Buat ; La Chapelle-en-Juger ; Lessay ; Marcey-les-Grèves ; Montmartin-sur-Mer ;

INDEX DES NOMS GÉOGRAPHIQUES

939

Omonville-la-Petite ; Omonville-la-Rogue ; Portbail ; Quinéville ; SaintJames ; Saint-Denis-le-Gast ; Saint-Germain-sur-Ay ; Saint-Lô ; Saint-Sauveur-le-Vicomte ; Saint-Vaast-La-Hougue ; Torigni-sur-Vire ; Tourlaville ; Tourville-sur-Sienne ; Vains ; Valognes ; Villedieu-les-Poêles. Marne : Arrigny ; Châlons-sur-Marne ou Châlons-en-Champagne ; La Neuville-au-Pont ; Larzicourt ; Reims ; Sézanne ; Trigny ; Vitry-le-François. Haute-Marne : Arc-en-Barrois ; Blécourt ; Bourbonne-les-Bains ; Bourmont ; Breuvannes-en-Bassigny ; Celles-en-Bassigny ; Chatonrupt-Sommermont ; Chaumont ; Echenay ; Joinville ; Langres ; Levécourt ; Manois ; Marault ; Meuse ; Montreuil-sur-Thonnance ; Morancourt ; Narcy ; Outremécourt ; Poissons ; Provenchères-sur-Meuse ; Saint-Dizier ; Val-de-Meuse ; Vicq ; Ville-en-Blaisois. Mayenne : Andouillé ; Argentré ; Bourgon ; Chalons-du-Maine ; Champéon ; Château-Gontier ; Gastines ; Laval ; Lignières-Orgères ; Mayenne ; Montreuil-Poulay ; Saint-Berthevin ; Saint-Martin-de-Connée. Meurthe-et-Moselle : Baccarat ; Longwy ; Lunéville ; Nancy ; Pont-àMousson ; Rosières-aux-Salines ; Saint-Nicolas-de-Port ; Tonnoy. Meuse : Damvillers ; Fresnois ; Juvigny-sur-Loison ; Mangiennes ; Marville ; Montmédy ; Stenay ; Vaucouleurs ; Verdun. Morbihan : Groix ; Ploërmel ; Port-Louis ; Vannes. Moselle : Château-Salins ; Dieuze ; Hombourg-Budange ; Marieulles-Vezon ; Marsal ; Metz ; Moyenvic ; Phalsbourg ; Plappeville ; Salonnes ; Sarralbe ; Semécourt ; Thionville ; Vic-sur-Seille. Nièvre : Beaumont-la-Ferrière ; Cosne-Cours-sur-la-Loire ; Decize ; Donzy ; Nevers ; Pougues-les-Eaux. Nord : Anor ; Armentières ; Avesnes-le-Sec ; Avesnes-sur-Helpe ; Bouchain ; Cambrai ; Condé-sur-l’Escaut ; Dunkerque ; Douai ; Gravelines ; Lille ; Maubeuge ; Prouvy ; Roubaix ; Saint-Amand-les-Eaux ; Sars-Poteries ; Seclin ; Tourcoing ; Trélon ; Valenciennes. Oise : Auchy-la-Montagne ; Auneuil ; Beauvais ; Blancfossé ; Blicourt ; Catheux ; Choqueuse-les-Bénards ; Conteville ; Cormeilles ; Creil ; Crèvecoeur-le-Grand ; Croissy-sur-Celle ; Doméliers ; Feuquières ; Fléchy ; Francastel ; Froissy ; Grandvilliers ; Hardivillers-en-Vexin ; Lavacquerie ; Le Gallet ; Le Saulchoy ; Lihus ; Luchy ; Noyon ; Pisseleu ; Puits-laVallée ; Rotangy ; Tricot ; Viefvillers. Orne : Alençon ; Argentan ; Bazoches-sur-Hoënne ; Bresolettes ; Carrouges ; Champsecret ; Courboyer ; Domfront ; Exmes ; Fleuré L’Aigle ; Les Gaillons ; Longny-au-Perche ; Malétable ; Mortagne-au-Perche ; Moulicent ; Nonant-le-Pin ; Randonnai ; Rânes ; Saint-Victor-de-Réno ; Sées ; Vimoutiers ; Vire.

940

L’ENQUÊTE DU RÉGENT

Pas-de-Calais : Aire-sur-la-Lys ; Annay ; Arras ; Bénifontaine ; Bérelent ; Béthune ; Billy-Montigny ; Blessy ; Boulogne-sur-Mer ; Brisy ; Calais ; Desvres ; Ferrières ; Harnes ; Hénin-Beaumont ; Lens ; Loison-sous-Lens ; Meudehin ; Montreuil ; Noyelles-sous-Lens ; Saint-Omer ; Wingles. Puy-de-Dôme : Aigueperse ; Ambert ; Aydat (lac) ; Bard (château) ; Bellaigue ; Besse-et-Saint-Anastaise ; Bogros ; Bourg-Lastic ; Brassac-lesMines ; Cébazat ; Chamalières ; Chambon-sur-Lac ; Chanonat ; Charbonnières-les-Vieilles ; Châtelguyon ; Clermont-Ferrand ; Corent ; Courpière ; Cunlhat ; Enval ; Eparrou ; Issoire ; Joze ; Laqueuille ; La Roche-d’Agoux ; La Sauvetat ; La Tour-d'Auvergne ; Les Martres-de-Veyre ; Lezoux ; Malintrat ; Maringues ; Mazaye ; Médargues ; Meilhaud ; Menat ; Messeix ; Mirefleurs ; Mont-Dore ; Montfermy ; Montferrand ; Montjoli ; Montpensier ; Montpeyroux ; Neschers ; Olliergues ; Orcines-et-Villards ; Pavin (lac) ; Pégut ; Pérignat-sur-Allier ; Poix ; Pontgibaud ; Préchonnet ; Riom ; Royat ; Saint-Floret ; Saint-Jean-en-Val ; Saint-Maurice ; Saint-Myon ; Sault ; Sauxillanges ; Tauves ; Thiers ; Usson ; Valcivières ; Vernet-laVarenne ; Vic-le-Comte ; Villards ; Viverols ; Volvic. Pyrénées-Atlantiques : Aas ; Accous ; Arette ; Arrougé ; Arudy ; Aspe ; Assouste ; Aydius ; Baïgory ; Bayonne ; Béost ; Bielle ; Bilhères ; Biriatou ; Borce ; Castet ; Contade ; Eaux-Bonnes ; Eaux-Chaudes ; Escot ; Féas ; Gave d’Oloron ; Gère-Bélesten ; Geteu ; Idron-Ousse-Sendets ; Izeste ; Laruns ; Lescar ; Louvie-Juzon ; Louvie-Soubiron ; Ogeu-les-Bains ; Oloron-Sainte-Marie ; Ossau ; Ossès ; Pau ; Saint-Jean-Pied-de-Port ; Sévignacq-Meyracq ; Urdos. Hautes-Pyrénées : Bagnères-de-Bigorre ; Barèges ; Campan ; Cauterets ; Lavedan ; Luz-Saint-Sauveur ; Saint-Savin. Pyrénées-Orientales : Baillestavy ; Canigou ; Capcir ; Caudiès-de-Conflent ; Coustouges ; Escaro ; Estagel ; Estoher ; Formiguères ; Ille-sur-Têt ; Léca ; Mont-Louis ; Nefiach ; Nyer ; Perpignan ; Prats-Balaguer ; Prats-de-Mollola-Preste ; Railleu ; Rasiguères ; Saint-Laurent-de-Cerdans ; Têt ; Vallespir. Bas-Rhin : Lauterbourg ; Saint-Paul-de-Fenouillet ; Serrelongue ; Tautavel ; Sélestat ; Strasbourg. Haut-Rhin : Bergholtz ; Murbach ; Oberbruck ; Orbey ; Romagny ; Rouffach ; Saint-Amarin ; Sainte-Marie-aux-Mines. Rhône : Chessy ; Claveisolles ; Condrieu ; Givors ; Joux ; Lyon ; Neuville-surSaône ; Sain-Bel ; Saint-Pierre-la-Palud ; Saint-Romain-en-Gier ; Tarare ; Villefranche-sur-Rhône. Haute-Saône : Gray ; Plancher-les-Mines ; Saint-Bresson. Saône-et-Loire : Autun ; Berzé-la-Ville ; Bourbon-Lancy ; Chagny ; Chalmoux ; Chalon-sur-Saône ; Ciry-le-Noble ; Cluny ; Davayé ; Dezize-lèsMaranges ; Fautraine ; La Chapelle-de-Guinchay ;La Roche-Vineuse ; Mâcon ; Mercurey ; Montcenis ; Perrecy-les-Forges ; Pouilly ; Prissé ;

INDEX DES NOMS GÉOGRAPHIQUES

941

Romagné ; Romanèche-Thorins ; Rozelay ; Saint-Aubin-sur-Loire ; SaintSorlin ; Semur-en-Brionnois ; Sennecé-lès-Mâcon ; Soluté-Pouilly ; Toulonsur-Arroux ; Tournus. Sarthe : Beaumont-sur-Sarthe ; Bernay ; Château-du-Loir ; Châtenay-Villedieu ; Chemiré-en-Charnie ; Chemiré-le-Gaudin ; Chenu ; Fresnay-surSarthe ; Givry ; Le Mans ; Maigné ; Mareil-en-Champagne ; Mareil-surLoir ; Mézeray ; Saint-Denis-d’Orques ; Sainte-Jamme-sur-Sarthe ; SaintLéonard-des-Bois ; Sillé-le-Guillaume ; Sillé-le-Philippe ; Vibraye ; Vouvray-sur-Huisne ; Vouvray-sur-Sarthe. Savoie : Arvillard ; Chambéry ; Entremont-le-Vieux ; Le Pont-de-Beauvoisin. Haute-Savoie : Beaumont. Paris : Paris ; Passy. Seine-Maritime : Arques-la-Bataille ; Aumale ; Bolbec ; Caudebec-en-Caux ; Caudebec-lès-Elbeuf ; Darnétal ; Dieppe ; Elbeuf ; Forges-les-Eaux ; Gournay-en-Bray ; La Bouille ; Le Havre ; Montivilliers ; Oissel ; Orival ; Rouen ; Saint-Aubin-Epinay ; Saint-Aubin-lès-Elbeuf. Seine-et-Marne : La Ferté-sous-Jouarre ; Meaux ; Provins ; Reuil-en-Brie ; Saint-Martin-du-Boschet. Yvelines : Andrésy ; Meulan ; Montfort-l’Amaury ; Saint-Léger-en-Yvelines. Deux-Sèvres : Availles-Thouarsais ; Bilazais ; Niort ; Oiron ; Saint-Maixentl’Ecole ; Thouars. Somme : Abbeville ; Amiens ; Ault ; Beaucamps-le-Vieux ; Belleuse ; Bermesnil ; Boisrault ; Bonnay ; Condé-Folie ; Cocquerel ; Conty ; Corbie ; Daours ; Dromesnil ; Fienvillers ; Fontaine-sur-Somme ; Foucaucourt-horsNesles ; Guibermesnil ; Hornoy-le-Bourg ; La Boissière ; LafresguimontSaint-Martin ; L’Étoile ; Lignières ; Liomer ; Lœuilly ; Long ; Longpré-lesCorps-Saints ; Mesnil-Eudin ; Monsures ; Montdidier ; Neuville-Coppegueule ; Péronne ; Poix-de-Picardie ; Rambures ; Ressons-sur-Matz ; SaintRiquier ; Saint-Valéry-sur-Somme ; Sénarpont ; Thoix ; Tilloy-les-Conty ; Villers-Campsart ; Wailly. Tarn : Albi ; Burlats ; Castres ; Caucalières ; Dourgne ; Escoussens ; Labruguière ; Lacaune ; Lavaur ; Montredon-Labessonnié ; Réalmont ; Roquecourbe ; Saint-Amans ; Saint-Benoît-de-Carmaux ; Saïx ; Tréban ; Vénès. Tarn-et-Garonne : Féneyrols ; Gramont ; Laguépie ; Montauban ; Saint-Antonin-Noble-Val. Var : Bagaud (ïlot) ; Barjols ; Brignoles ; Carqueiranne ; Fréjus Hyères ; La Garde ; Le Cannet-des-Maures ; Les Arcs ; Mazaugues ; Porquerolles (île de) ; Port-Cros (île de) ; Rians ; Saint-Tropez ; Toulon. Vaucluse : Avignon ; Orange ; Vaugines. Vendée : Aizenay ; Beauvoir-sur-Mer ; Bois-de-Céné ; Bouin ; Brétignollessur-Mer ; Châteauneuf ; Fontenay-le-Comte ; La Barre-de-Monts ; La Tran-

942

L’ENQUÊTE DU RÉGENT

che-sur-Mer ; Le Boupère ; Les Sables d’Olonne ; Luçon ; MeilleraieTillay ; Mervent ; Mouilleron-en-Pareds ; Mouilleron-le-Captif ; Noirmoutier ; Notre-Dame-de-Monts ; Pissotte ; Pouzauges ; Saint-Benoist-sur-Mer ; Saint-Gervais ; Saint-Gilles-Croix-de-Vie ; Saint-Jean-de-Monts ; Vairé ; Vouvant ; Yeu (île). Vienne : Chatellerault ; Le Vigeant ; L’Isle-Jourdain ; Poitiers ; Thuré ; Vivonne. Haute-Vienne : Glanges ; Limoges ; Pierre-Buffière ; Saint-Hilaire-Bonneval ; Saint-Paul ; Saint-Priest-Ligoure. Vosges : Darney ; Gérardmer ; La Croix-aux-Mines ; Longuemer ; Plombièresles-Bains ; Rambervillers ; Raon-l’Etape ; Remiremont ; Saint-Michel-surMeurthe ; Vagney. Yonne : Aisy-sur-Armançon ; Annay-la-Côté ; Appoigny ; Arcy-sur-Cure ; Augy ; Auxerre ; Avallon ; Chablis ; Chichery ; Chitry-le-Fort ; Coulangesla-Vineuse ; Etivey ; Fleys ; Girolles ; Guillon ; Noyers ; Saint-Bris-leVineux ; Seignelay ; Tharot ; Tonnerre ; Valloux ; Vault-de-Lugny ; Vermanton ; Villefargeau. Territoire-de-Belfort : Auxelles-Haut ; Belfort ; Giromagny ; Lepuix ; Roppe ; Rougemont-le-Château. Hauts-de-Seine : Fontenay-aux-Roses. Essonne : Étampes. Val-d’Oise : Gonesse. Aires géographiques : Agenais ; Alsace ; Angoumois ; Anjou ; Aquitaine ; Armagnac ; Artois ; Auge (pays d’) ; Aunis ; Auvergne ; Barrois ; Béarn ; Beaujolais ; Berry ; Bourgogne ; Bresse ; Bretagne ; Brie ; Bugey ; Chalosse ; Champagne ; Charolais ; Combrailles ; Comtat venaissin ; Cotentin ; Dauphiné ; Flandre ; Forez ; Franche-Comté ; Gascogne ; Gâtinais ; Gévaudan ; Hainaut ; Houlme (pays de) ; Labourd (pays de) ; Landes ; Languedoc ; Léon (évêché) ; Limagne ; Limousin ; Livradois ; Lorraine ; Lyonnais ; Maine ; Marche ; Médoc ; Morvan ; Navarre ; Nivernais ; Normandie ; Perche ; Périgord ; Picardie ; Poitou ; Ponthieu ; Provence ; Quercy ; Rouergue ; Saintonge ; Santerre ; Savoie ; Sidobre ; Soissonnais ; Thiérache ; Thymerais ; Touraine ; Trois-Évêchés ; Velay ; Vercors ; Vermandois ; Vexin ; Vivarais. Massifs montagneux et vallées : Alpes ; Alum ; Ardennes ; Canigou (mont) ; Cantures ; Cévennes ; Geteu (piton) ; Gleysin ; Grésivaudan ; Lavedan ; Maurienne ; Montseny ; Pilat (mont) ; puy de Dôme ; Pyrénées ; Queyras (vallée) ; Sault (puy de la) ; Vosges.

INDEX DES NOMS GÉOGRAPHIQUES

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Cours d’eau : Aa ; Adour ; Agly ; Aisne ; Agout ; Allier ; Arget ; Ariège ; Arize ; Armançon ; Arve ; Aure ; Blaise ; Briare (canal) ; Cèze ; Charente ; Chavanelet ; Cher ; Chiers ; Clain ; Coise ; Couze ; Dadou ; Deûle ; Dordogne : Doubs ; Drac ; Drôme ; Durance ; Erdre ; Escaut ; Eze ; Furan ; Fure ; Gardon ; Garonne ; Gave d’Oléron ; Gave de Pau ; Giers ; Gouet ; Hers ; Isère ; Isle ; Liadoure ; Lignon ; Loir ; Loire ; Lot ; Loue ; Lys ; Marne ; Meurthe ; Meuse ; Moline ; Moselle ; Nive ; Noire-Onde ; Ognon ; Oise ; Olde ; Ouzon ; Péroulioux ; Péruse ; Rhin ; Rhône ; Salat ; Sambre ; Saône ; Sarre ; Scarpe ; Seille ; Seudre ; Sèvre ; Sioule ; Tarn ; Têt ; Thongue ; Thoré ; Tiretaine ; Valentin ; Vencelle ; Vendée ; Vézère ; Vienne ; Vologne. Lacs et étangs : Aydat (lac) ; Careron (étang) ; Chambon (lac) ; Frée (lac) ; Gérardmer (lac) ; Longuemer (lac) ; Marcillé-Robert (étang) ; Paladru (lac) ; Pavin (lac). Autres : Cordouan (phare du). EUROPE Baltique (mer) ; Méditerranée (mer). Allemagne : Allemagne ; Augsbourg ; Bavière ; Brisgau ; Dantzig ; Erfurt ; Eisenbach ; Fribourg ; Landau ; Mayence ; Nuremberg ; Palatinat ; Prusse ; Sarrelouis ; Saxe ; Spire ; Trèves ; Villingen-Schwenningen ; Wallerfangen ; Wisbaden ; Worms. Andorre. Autriche : Autriche ; Carinthie ; Salzbourg ; Styrie. Belgique : Aerschot ; Anvers ; Ath ; Bailleux ; Barbençon ; Brabant ; Bruxelles ; Bruyelle ; Charleroi ; Chimay ; Ellezelles ; Gand ; Geraardsbergen ; Hainaut ; Housselot ; Lahamaide ; Liège ; Mariembourg ; Menin ; Meuse ; Mons ; Namur ; Orval ; Poilvache ; Sambre ; Spa ; Tournai ; Villers-devant-Orval ; Ypres. Danemark : Danemark ; Groenland. Espagne : Alicante ; Aragon ; Barcelone ; Barrétons ; Bilbao ; Cadix ; Castille ; Catalogne ; Espagne ; Saint-Sébastien ; Tarragone ; Vic ; Viladrau. Grande-Bretagne : Angleterre ; Écosse ; Gervine. Grèce : Andros ; Colosse ; Eurymène ; Grèce ; Linceste ; Rhodes ; Scyros, Stalimène. Hongrie.

944

L’ENQUÊTE DU RÉGENT

Irlande. Italie : Calabre ; Césanne ou Cesana Torinese ; Chieri ; Florence ; Gênes ; Italie ; Milan ; Palerme ; Piémont ; Rome ; Sestriere ; Sicile ; Venise. Luxembourg. Pays-Bas : Hollande, Maastricht, Terlan. Portugal. Suède : Firland. Suisse : Bâle ; Genève ; Neuchâtel ; Suisse. AFRIQUE Méditerranée (mer). Afrique ; Arabie saoudite : La Mecque ; Barbarie ; Egypte : Le Caire ; Guinée ; Maroc : Salé ; Sénégal ; Tunisie : Tunis. AMÉRIQUE Amérique ; Antilles ; Iles françaises d’Amérique ; Indes occidentales ; Nouvelle-France ; Pérou. ASIE Indes ; Perse ; Turquie : Constantinople, Guilain, Levant, Smyrne. LIEUX NON IDENTIFIÉS Alanèbe ; Alent ; Aon ; Argigouclous ; Ariès ; Baillabatz ; Berelent ou Berelem ; Brisy ; Campménil ; Chauchauvillers ; Châtenay-Villedieu ; Cise ; Contade ; Courson ; Cuilly ; Dieuzes ; Eparrou ; Essomeine ; Fautraine ; Ferrières ; Firland ; Frédeval ; Gervine ; Housselot ; Lanloz ; La Prade ; Launay ; La Valette ; Le Meynial ; Maignac ; Marboutin ; Médargues ; Meudehin ; Montorgue ; Pon ; Pontès ; Quimbiti ; Rivier ; Sacase ; SainteJame ; Saint-Liquais ; Salverre ; Terlan ; Tinières ; Tour-Bémions ; Tourronce ; Trémond.

INDEX

L’index a été établi en référence au Dictionnaire national des communes de France, mise à jour au 1er juillet 2001 et conforme au recensement de 1999, Paris, Albin Michel et Berger-Levrault, 2001. Les abréviations employées sont ar. pour arrondissement, c. pour canton, ch.-l. pour chef-lieu, dép. pour département. Les renvois sont faits aux pages de l’ouvrage.

A

Aisy-sur-Armançon (Yonne, ar. Avallon, c. Ancy-le-Franc), 359. Aisne, rivière, 761-765. Aa, fleuve, 181. Aix-en-Provence (Bouches-duAas, commune de Eaux-Bonnes Rhône, ch.-l. ar.), 89-123, 856(Pyrénées-Atlantiques), 614861, 878, 880, 886, 890, 893617, 622-624, 631, 634-635, 895, 900-903 ; voir aussi Puyri844. card. Abbeville (Somme, ch.-l. ar.), 174Aizenay (Vendée, ar. La Roche-sur175, 177-179, 183-184. Yon, c. Le Poiré-sur-Vie), 721Accous (Pyrénées-Atlantiques, ar. 722. Oloron-Sainte-Marie, ch.-l. c.), Agenais, 189-190. 847, 855. Agly, rivière, 687. Adour, fleuve, 189, 194, 214. Alanèbe (Auvergne, non identifié), Aerschot (Belgique), 182 n. 726. Afrique, 755. Albepierre-Bredons (Cantal, ar. Agde (Hérault, ar. Béziers, ch.-l. c.), Saint-Flour, c. Murat), 734. 467, 507. Albi (Tarn, ch.-l. dép.), 466, 489. Agout, rivière, 495, 497-498, 505. Alem, voir Alent. Aignay-le-Duc (Côte-d’Or, ar. MontAlençon (Orne, ch.-l. dép.), 125-133, bard, ch.-l. c.), 363. 290, 449, 732, 780, 882, 900, Aignes-et-Puypéroux (Charente, ar. 903. Angoulême, c. MontmoreauAlent (Bourgogne, non identifié), Saint-Cybard), 527. 350-351. Aigueperse (Puy-de-Dôme, ar. Riom, Alès (Gard, ch.-l. ar.), 465, 469, 471, ch.-l. c.), 742. 486, 492. Aigues-Mortes (Gard, ar. Nîmes, ch.Alet-les-Bains (Aude, ar. et c. l. c.), 233. Limoux), 465, 471, 685-686, Aire-sur-la-Lys (Pas-de-Calais, ar. 811-812, 814, 842-843, 855. Saint-Omer, ch.-l. c.), 183-184. Alicante (Espagne), 460.

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L’ENQUÊTE DU RÉGENT

Alise-Sainte-Reine (Côte-d’Or, ar. Montbard, c. Venarey-les-Laumes), 361. Allanche (Cantal, ar. Saint-Flour, ch.-l. c.), voir Lampres, Maillargues. Allemagne, 44-45, 81, 128, 132, 146, 156, 159, 163-169, 171-172, 249, 271, 337, 391, 460-461, 530-531, 593, 632, 655, 662, 727, 757, 759, 877, 879, 883. Allemond (Isère, ar. Grenoble, c. Le Bourg-d’Oisans), 418. Allevard (Isère, ar. Grenoble, ch.-l. c.), 387, 390-392, 394, 396398, 403, 406, 412, 415, 427, 431-432, 817-818, 826. Allier, rivière, 725, 729, 731, 736, 738-739. Allineuc (Côtes-d’Armor, ar. SaintBrieuc, c. Uzel), 256. Alpes, montagnes, 411. Aloxe-Corton (Côte-d’Or, ar. Beaune, c. Beaune-Nord), 354. Alsace, 37-38, 43, 135-172, 529-530, 575, 628, 795-802, 813, 821, 867-868, 876-877, 879, 884885, 888-889, 895, 900, 902903, 905-907. Alum, vallée (Navarre), 611. Ambert (Puy-de-Dôme, ch.-l. ar.), 726-728. Ambillou (Indre-et-Loire, ar. Tours, c. Château-la-Vallière), 773, 778. Amboise (Indre-et-Loire, ar. Tours, ch.-l. c.), 775. Amérique, 703. Amiens (Somme, ch.-l. dép.), 173187, 899, 903. Andorre, principauté, 460. Andouillé (Mayenne, ar. Laval, c. Chailland), 776. Andrésy (Yvelines, ar. Saint-Germain-en-Laye, ch.-l. c.), 182. Andros, île (Grèce), 736. Angers (Maine-et-Loire, ch.-l. dép.), 291, 716, 775, 779, 904.

Angleterre, 44-45, 81, 126, 128, 163, 175, 177-180, 252-256, 259260, 262, 281, 299, 300, 304, 461, 464-465, 468, 537, 546, 569, 608, 666, 715, 727, 753755, 758, 764, 774, 860, 868869, 883, 892. Angoulême (Charente, ch.-l. dép.), 527. Angoumois, 182, 449. Aniane (Hérault, ar. Montpellier, ch.l. c.), 468. Anjou, 326, 336, 779. Anjou (Isère, ar. Vienne, c. Rousillon), 439. Annay (Pas-de-Calais, ar. Lens, c. Lens-Nord-Est), 183. Annay-la-Côte (Yonne, ar. et c. Avallon), 359. Anor (Nord, ar. Avesnes-sur-Helpe, c. Trélon), 570, 767-768, 771. Antibes (Alpes-Maritimes, ar. Grasse, ch.-l. c.), 84, 103, 113, 115. Antilles, voir Iles françaises d’Amérique. Anvers (Belgique), 569. Aon (Maine-et-Loire, non identifié), 775. Appoigny (Yonne, ar. Auxerre, c. Auxerre-Nord), 361. Aquitaine, 219, 887. Aragon (Espagne), 189, 460. Arc-en-Barrois (Haute-Marne, ar. Chaumont, ch.-l. c.), 363. Arcachon (Gironde, ar. Bordeaux, ch.-l. c.), 233. Arcy-sur-Cure (Yonne, ar. Auxerre, c. Vermenton), 360, 367, 371. Ardennes, massif, 531. Arette (Pyrénées-Atlantiques, ar. Oloron-Sainte-Marie, c. Aramits), 849, 855. Argentan (Orne, ch.-l. ar.), 126-127, 303. Argentré (Mayenne, ar. Laval, ch.-l. c.), 777, 781-782.

INDEX DES NOMS GÉOGRAPHIQUES

Arget, rivière, 594, 597, 684, 688. Argigouclous (Béarn, non identifié), 847, 851, 855. Ariège, rivière, 85, 460, 465, 487, 498, 508, 591, 594, 596, 600, 684, 688, 690-691, 698-699, 708, 874. Ariès (gén. de Montauban, non identifié), 589. Arize, rivière, 595. Armagnac, 189, 194, 726. Armançon, rivière, 359. Armentières (Nord, ar. Lille, ch.-l. c.), 511. Arnay-le-Duc (Côte-d’Or, ar. Beaune, ch.-l. c.), 358, 367, 370. Arques-la-Bataille (Seine-Maritime, ar. Dieppe, c. Offranville), 754. Arras (Pas-de-Calais, ch.-l. dép.), 173-174, 183-184. Arrigny (Marne, ar. Vitry-le-François, c. Saint-Remy-en-Bouzemont-Saint-Genest-et-Isson), 340. Arrougé, commune de Eysus (Pyrénées-Atlantiques), 615. Artas (Isère, ar. Vienne, c. SaintJean-de-Bournay), 389. Artois, 173-187, 509. Arudy (Pyrénées-Atlantiques, ar. Oloron-Sainte-Marie, ch.-l. c.), 631, 633. Arve, rivière, 84, 358, 374. Arvillard (Savoie, ar. Chambéry, c. La Rochette), voir, SaintHugon. Aspe, vallée (Pyrénées-Atlantiques), 189, 605-606, 608-611, 618, 631-632, 847-848, 851. Assouste, commune de Eaux-Bonnes (Pyrénées-Atlantiques), 610, 614-615, 617, 631, 634. Ath (Belgique), 571. Aubaine (Côte-d’Or, ar. Beaune, c. Bligny-sur-Ouche), voir Bécoup.

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Aubenton (Aisne, ar. Vervins, ch.-l. c.), 762. Aubigny-les-Pothées (Ardennes, ar. Charleville-Mézières, c. Rumigny), 341. Auch (Gers, ch.-l. dép.), 30, 39, 41, 213, 491, 493-494, 628, 605660, 903. Auchy-la-Montagne (Oise, ar. Beauvais, c. Crèvecoeur-le-Grand), 175. Audouville-la-Hubert (Manche, ar. Cherbourg, c. Sainte-MèreEglise), 311-312. Auge (pays d’), 127. Augsbourg (Allemagne), 163. Augy (Yonne, ar. Auxerre, c. Auxerre-Est), 361. Ault (Somme, ar. Abbeville, ch.-l. c.), 182. Aumale (Seine-Maritime, ar. Dieppe, ch.-l. c.), 174, 176, 179-180, 754. Auneuil (Oise, ar. Beauvais, ch.-l. c.), 39, 81, 328, 665-670, 674675, 872, 881. Aunis, 315, 449-458. Aure, rivière, 84, 460. Aurel (Drôme, ar. Die, c. Saillans), 388, 440. Aurillac (Cantal, ch.-l. dép.), 726, 728, 731. Autriche, 879. Autun (Saône-et-Loire, ch.-l. ar.), 355. Auvergne, 45, 48, 55, 182, 356, 535, 589, 594, 599, 601, 725-752, 827-829, 878-880, 886-887, 889, 902. Auxelles-Haut (Territoire-de-Belfort, ar. Belfort, c. Giromagny), 137, 800-802. Auxerre (Yonne, ch.-l. dép.), 360361, 367, 371. Auxey-Duresses (Côte-d’Or, ar. Beaune, c. Beaune-Nord), 354. Auxonne (Côte-d’Or, ar. Dijon, ch.-l. c.), 363, 367, 371.

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L’ENQUÊTE DU RÉGENT

Auzon (Haute-Loire, ar. Brioude, ch. l. c.), 733. Availles-Thouarsais (Deux-Sèvres, ar. Parthenay, c. Airvault), 715716, 720. Avallon (Yonne, ch.-l. ar.), 358-359. Avesnes-le-Sec (Nord, ar. Valenciennes, c. Bouchain), 512. Avesnes-sur-Helpe (Nord, ch.-l. ar.), 569-571, 767-768. Avignon (Vaucluse, ch.-l. dép.), 465. Avranches (Manche, ch.-l. ar.), 313, 315. Ax-les-Thermes (Ariège, ar. Foix, ch.-l. c.), 590-591, 594. Aydat, lac (Puy-de-Dôme), 735. Aydius (Pyrénées-Atlantiques, ar. Oloron-Sainte-Marie, c. Accous), 609-610, 847-848, 856.

B Baccarat (Meurthe-et-Moselle, ar. Lunéville, ch.-l. c.), 575, 577, 581. Bagaud, îlot (Var), 120. Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées, ch.-l. ar.), 191, 608-609, 618-619, 624, 636, 689, 880. Bagnères-de-Luchon (HauteGaronne, ar. Saint-Gaudens, ch.-l. c.), 460. Bagnoles-de-l’Orne (Orne, ar. Alençon, c. Juvigny-sous-Andaine), 776. Bagnols-les-Bains (Lozère, ar. Mende, c. Le Bleymard), 469. Bagnols-sur-Cèze (Gard, ar. Nîmes, ch.-l. c.), 487-488, 496. Baïgory, vallée (Pyrénées-Atlantiques), 609, 845-846. Baillabatz (gén. de Montauban, non identifié), 30.

Baillestavy (Pyrénées-Orientales, ar. Prades, c. Vinça), 692-693. Bailleux (Belgique), 771. Bain-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine, ar. Redon, ch.-l. c.), 274. Bains (Haute-Loire, ar. Le Puy-enVelay, c. Solignac-sur-Loire), 728. Balaruc-les-Bains (Hérault, ar. Montpellier, c. Frontignan), 468. Bâle (Suisse), 531. Balesmes-Descartes (Indre-et-Loire, ar. Loches, ch.-l. c.), voir Pougeard. Baltique, mer, 175. Bar-le-Duc (Meuse, ch.-l. dép.), 531. Bar-sur-Seine (Aube, ar. Troyes, ch.l. c.), 361-362. Barbarie, 110 n., 126. Barbençon (Belgique), 570. Barcelone (Espagne), 683. Bard, château (Puy-de-Dôme), 742. Barèges (Hautes-Pyrénées, ar. Argelès-Gazost, c. Luz-Saint-Sauveur), 190-191, 611-612, 617618, 624. Barfleur (Manche, ar. Cherbourg, c. Quettehou), 255, 316. Barjols (Var, ar. Brignoles, ch.-l. c.), 92-95, 102, 104, 106. Barles (Alpes-de-Haute-Provence, ar. Digne-les-Bains, c. Seyne), 99. Barrétons, vallée (Espagne), 189, 605-606, 608, 610-611, 617618, 632, 881. Barrois, 529-532, 899. Bas-en-Basset (Haute-Loire, ar. Yssingeaux, ch.-l. c.), 545, 550, 836-837. Bastennes (Landes, ar. Dax, c. Amou), 198, 213-215, 655, 657, 880. Batz-sur-Mer (Loire-Atlantique, ar. Saint-Nazaire, c. Le Croisic), 278. Bavière (Allemagne), 157.

INDEX DES NOMS GÉOGRAPHIQUES

Bayeux (Calvados, ch.-l. ar.), 84. Bayonne (Pyrénées-Atlantiques, ch.l. ar.), 178, 189-190, 193, 460461, 626, 630, 642, 646, 654, 657, 737, 900. Bazas (Gironde, ar. Langon, ch.-l. c.), 233. Bazoches-sur-Hoëne (Orne, ar. Mortagne-au-Perche, ch.-l. c.), voir Les Gaillons. Béarn, 85, 156, 190, 605-660, 842856, 870-872, 874, 876, 878881, 883-885, 887-888, 899. Beaucaire (Gard, ar. Nîmes, ch.-l. c.), 586, 645, 647. Beaucamps-le-Vieux (Somme, ar. Amiens, c. Hornoy-le-Bourg), 178. Beaucroissant (Isère, ar. Grenoble, c. Rives), 390, 434. Beaujolais, 84, 356, 534, 539, 541, 546, 552, 560-561, 834, 837. Beaulieu-lès-Loches (Indre-et-Loire, ar. et c. Loches), 775. Beaumont (Haute-Savoie, ar. et c. Saint-Julien-en-Genevois), 390. Beaumont-la-Ferrière (Nièvre, ar. Cosne-Cours-sur-Loire, c. La Charité-sur-Loire), 166-167, 236-238, 327. Beaumont-sur-Sarthe (Sarthe, ar. Mamers, ch.-l. c.), 780. Beaune (Côte-d’Or, ch.-l. ar.), 350356, 366-367, 369, 373. Beaurières (Drôme, ar. Die, c. Lucen-Diois), 390. Beauvais (Oise, ch.-l. dép.), 39, 176, 180, 187, 665-666, 668, 670, 672, 675-677, 900. Beauvoir-sur-Mer (Vendée, ar. Les Sables-d’Olonnes, ch.-l. c.), 279-280, 714. Bécherel (Ille-et-Vilaine, ar. Rennes, ch.-l. c.), 252. Bécoup, commune de Aubaine (Côte-d’Or), 351, 369. Bédarieux (Hérault, ar. Béziers, ch.-l. c.), 467.

949

Bélesta (Ariège, ar. Foix, c. Lavelanet), 85, 466. Belfort (Territoire-de-Belfort, ch.-l. dép.), 156-158, 384, 796, 801. Bellaigue, abbaye (Puy-de-Dôme), 238. Belleuse (Somme, ar. Amiens, c. Conty), 175. Belley (Ain, ch.-l. ar.), 365, 367, 371, 373. Benagues (Ariège, ar. et c. Pamiers Ouest), 699. Bénifontaine (Pas-de-Calais, ar. Lens, c. Wingles), 183. Béost (Pyrénées-Atlantiques, ar. Oloron-Sainte-Marie, c. Laruns), 613, 615-616, 621, 631, 635. Berelent ou Berelem (Pas-deCalais ? non identifié), 183. Bergerac (Dordogne, ch.-l. ar.), 190. Bergholtz (Haut-Rhin, ar. et c. Guebwiller), 385. Bermesnil (Somme, ar. Amiens, c. Oisemont), voir Mesnil-Eudin. Bernay (Eure, ch.-l. ar.), 754. Bernay (Sarthe, ar. Le Mans, c. Conlie), 125-126, 777. Berry, 235-250, 260, 327, 877, 880, 897. Berthenay (Indre-et-Loire, ar. Tours, c. Ballan-Miré), 773. Berzé-la-Ville (Saône-et-Loire, ar. Mâcon, c. Mâcon-nord), 356, 370. Besançon (Doubs, ch.-l. dép.), 42, 385. Besse (Isère, ar. Grenoble, c. Le Bourg-d’Oisans), 388, 417418. Besse-et-Saint-Anastaise (Puy-deDôme, ar. Issoire, ch.-l. c.), 734, 741. Béthune (Pas-de-Calais, ch.-l. ar.), 183. Béziers (Hérault, ch.-l. ar.), 467, 472, 507.

950

L’ENQUÊTE DU RÉGENT

Bezouotte (Côte-d’Or, ar. Dijon, c. Mirebeau-sur-Bèze), 346, 348. Bielle (Pyrénées-Atlantiques, ar. Oloron-Sainte-Marie, c. Laruns), 612, 625. Bilazais, commune d’Oiron (DeuxSèvres), 716. Bilbao (Espagne), 254. Bilhères (Pyrénées-Atlantiques, ar. Oloron-Sainte-Marie, c. Laruns), 616-617, 625, 631. Billy-Montigny (Pas-de-Calais, ar. Lens, c. Noyelles-sous-Lens), 183. Biriatou (Pyrénées-Atlantiques, ar. Bayonne, c. Hendaye), 627, 645. Biscarosse (Landes, ar. Mont-deMarsan, c. Parentis-en-Born), 195, 213. Blagny (Ardennes, ar. Sedan, c. Carignan), 578. Blancfossé (Oise, ar. Beauvais, c. Crèvecoeur-le-Grand), 175. Blaise, rivière, 331. Blécourt (Haute-Marne, ar. SaintDizier, c. Joinville), 328-329, 881. Blessy (Pas-de-Calais, ar. Béthune, c. Norrent-Fontes), 184. Blicourt (Oise, ar. Beauvais, c. Marseille-en-Beauvaisis), 175. Blois (Loir-et-Cher, ch.-l. dép.), 661663, 879. Bogny-sur-Meuse (Ardennes, ar. Charleville-Mézières, c. Monthermé), voir ChâteauRegnault-Bogny. Bogros, commune de Messeix (Puyde-Dôme), 733. Bois-de-Céné (Vendée, ar. Les Sables-d’Olonnes, c. Challans), 279. Boisrault, commune de Hornoy-leBourg (Somme), 176. Bolbec (Seine-Maritime, ar. Le Havre, ch.-l. c.), 754, 760.

Bologne (Haute-Marne, ar. Chaumont, c. Vignory), voir Marault. Bonnay (Somme, ar. Amiens, c. Corbie), 183. Borce (Pyrénées-Atlantiques, ar. Oloron-Sainte-Marie, c. Accous), 609. Bordeaux (Gironde, ch.-l. dép.), 4647, 178, 189-234, 461, 873, 880, 882, 887-888, 896-897, 899-901, 903. Bort-les-Orgues (Corrèze, ar. Ussel, ch.-l. c.), 733. Bossée (Indre-et-Loire, ar. Loches, c. Ligueil), 785, 790. Bouchain (Nord, ar. Valenciennes, ch.-l. c.), 512. Bouconville-Vauclair (Aisne, ar. Laon, c. Craonne), 768-769, 892. Bouilland (Côte-d’Or, ar. Beaune, c. Beaune-Nord), 351. Bouin, île (Vendée), 278-280. Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais, ch.-l. ar.), 181-182, 755. Bourbon-Lancy (Saône-et-Loire, ar. Charolles, ch.-l. c.), 355, 367, 369, 602. Bourbon-l’Archambault (Allier, ar. Moulins, ch.-l. c.), 601. Bourbonne-les-Bains (Haute-Marne, ar. Langres, ch.-l. c.), 325, 339. Bourg-en-Bresse (Ain, ch.-l. dép.), 357. Bourg-et-Comin (Aisne, ar. Laon, c. Craonne), 761-763. Bourg-Lastic (Puy-de-Dôme, ar. Clermont-Ferrand, ch.-l. c.), voir Préchonnet. Bourges (Cher, ch.-l. dép.), 235-250, 510, 874, 896-897, 900, 902903. Bourgneuf-en-Retz (Loire-Atlantique, ar. Saint-Nazaire, ch.-l. c.), 252-253, 278-281, 283, 290 ; voir aussi Saint-Cyr-enRetz.

INDEX DES NOMS GÉOGRAPHIQUES

Bourgogne, 43, 47, 84, 165-166, 182, 345-378, 397, 400, 419, 540, 561, 803-807, 831, 870, 873, 877-878, 885, 888. Bourgoin-Jallieu (Isère, ar. La Tourdu-Pin, ch.-l. c.), 389. Bourgon (Mayenne, ar. Laval, c. Loiron), 776. Bourmont (Haute-Marne, ar. Chaumont, ch.-l. c.), 531. Boutonnet, auj. Montpellier (Hérault), 231. Brabant (Belgique), 569. Brassac-les-Mines (Puy-de-Dôme, ar. Issoire, c. Jumeaux), 729, 733. Bresolettes (Orne, ar. Mortagne-auPerche, c. Tourouvre), 128. Bresse, 461, 467, 834, 837. Brest (Finistère, ch.-l. ar.), 251, 254, 256-257, 283, 295, 382, 453, 725, 728. Bretagne, 50, 181, 251-303, 315, 321, 449, 777, 779, 791, 839842, 876, 878, 880, 882-883, 885, 887, 899-902. Brétignolles-sur-Mer (Vendée, ar. Les Sables-d’Olonne, c. SaintGilles-Croix-de-Vie), 723. Breuvannes-en-Bassigny (HauteMarne, ar. Chaumont, c. Clefmont), 531. Briançon (Hautes-Alpes, ch.-l. ar.), 388, 391, 406, 413, 417, 420421, 425, 428, 433, 443, 478. Briare, canal de, 729. Bricqueville-sur-Mer (Manche, ar. Coutances, c. Bréhal), 316. Brie, 175, 182. Brignoles (Var, ch.-l. ar.), 728. Brignoud, commune de Villard-Bonnot (Isère), 448. Brioude (Haute-Loire, ch.-l. ar.), 725, 729, 731, 733. Brisgau (Allemagne), 146. Brisy (Picardie, non identifié), 183. Brive-le-Gaillarde (Corrèze, ch.-l. ar.), 525, 830-831. Brochon (Côte-d’Or, ar. Dijon, c. Gevrey-Chambertin), 349.

951

Bruxelles (Belgique), 569. Bruyelle (Belgique), 511. Bucilly, abbaye (Aisne), 766, 768. Bugarach (Aude, ar. Limoux, c. Couiza), 471, 485, 491-492, 685-686, 875. Bugey, 366. Burlats (Tarn, ar. Castres, c. Roquecourbe), 495, 498.

C Cadillac (Gironde, ar. Bordeaux, ch.l. c.), 228. Cadix (Espagne), 125, 411. Caen (Calvados, ch.-l. dép.), 55, 128, 182, 303-321, 873, 879, 882, 885, 889, 899-901. Cahors (Lot, ch.-l. dép.), 588, 591. Calabre (Italie), 388, 414. Calais (Pas-de-Calais, ch.-l. ar.), 181. Cals-le-Haut, commune de Lacombe (Aude), 485, 807-808, 812, 814. Camarès (Aveyron, ar. Millau, ch.-l. c.), 480. Cambrai (Nord, ch.-l. ar.), 178, 511512. Campan (Hautes-Pyrénées, ar. Bagnères-de-Bigorre, ch.-l. c.), 606, 608, 610-611, 616, 618, 636. Campménil (Picardie, non identifié), 176. Canigou, mont (Pyrénées-Orientales), 685, 692-697, 701, 703, 712, 879. Cannes (Alpes-Maritimes, ar. Grasse, ch.-l. c.), 103. Cantures, vallée (Navrre), 611. Capcir, vallée (Aude et PyrénéesOrientales), 694-695, 705. Carcassonne (Aude, ch.-l. dép.), 464, 466, 485-486, 489, 807, 812813.

952

L’ENQUÊTE DU RÉGENT

Carentan (Manche, ar. Saint-Lô, ch.l. c.), 303. Careron, étang (Ille-et-Vilaine), 289. Carhaix-Plouguer (Finistère, ar. Châteaulin, ch.-l. c.), 263, 265, 270. Carignan (Ardennes, ar. Sedan, ch.-l. c.), 574, 578. Carinthie (Autriche), 155, 167-168. Carnoët (Côtes-d’Armor, ar. Guingamp, c. Callac), 254, 257-271, 273-278, 290, 839, 841-842, 862, 876, 880, 882, 906, 913914 et fig. 13 et 13 bis. Carqueiranne (Var, ar. Toulon, c. La Crau), 97, 99, 120, 844, 857859, 861. Carrouges (Orne, ar. Alençon, ch.-l. c.), 127. Cassan, commune de Roujan (Hérault), 480, 485. Cassis (Bouches-du-Rhône, ar. Marseille, c. La Ciotat), 110 n. Castelnau-Durban (Ariège, ar. et c. Saint-Girons), 699. Castet (Pyrénées-Atlantiques, ar. Oloron-Sainte-Marie, c. Arudy), 621, 634-635. Castille (Espagne), 460. Castres (Tarn, ch.-l. ar.), 30, 466, 489, 491, 493-500, 505, 871, 875. Catalogne (Espagne), 460. Catheux (Oise, ar. Beauvais, c. Crèvecoeur-le-Grand), 175. Caucalières (Tarn, ar. Castres, c. Mazamet-sud-ouest), 495, 498. Caudebec-en-Caux (Seine-Maritime, ar. Rouen, ch.-l. c.), 754-755. Caudebec-lès-Elbeuf (Seine-Maritime, ar. Rouen, ch.-l. c.), 754. Caudiès-de-Conflent (PyrénéesOrientales, ar. Perpignan, c. Mont-Louis), 687. Caunes-Minervois (Aude, ar. Carcassonne, c. Peyriac-Minervois), 466, 486, 491-492.

Caupenne (Landes, ar. Dax, c. Mugron), 198, 213-214, 880. Cauterets (Hautes-Pyrénées, ar. et c. Argelès-Gazost), 191. Cébazat (Puy-de-Dôme, ar. Clermont-Ferrand, c. Gerzat), 736. Celles-en-Bassigny (Haute-Marne, ar. Langres, c. Terre-Natale), 338-339. Césanne ou Cesana Torinese (Italie), 388, 417, 443. Cévennes, montagnes, 487-488. Cèze, rivière, 486-489, 496, 508, 596, 871, 896. Chabeuil (Drôme, ar. Valence, ch.-l. c.), 389. Chablis (Yonne, ar. Auxerre, ch.-l. c.), 360. Châbons (Isère, ar. La-Tour-du-Pin, c. Le Grand-Lemps), 390. Chagny (Saône-et-Loire, ar. Chalonsur-Saône, ch.-l. c.), 366. Chaignay (Côte-d’Or, ar. Dijon, c. Is-sur-Tille), 346, 348. Chalmoux (Saône-et-Loire, ar. Charolles, c. Bourbon-Lancy), 355. Chalonnes-sur-Loire (Maine-etLoire, ar. Angers, ch. l. c.), 775. Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire, ch.-l. ar.), 356, 366. Chalons-du-Maine (Mayenne, ar. Laval, c. Argentré), 776. Châlons-en-Champagne [auparavant Châlons-sur-Marne] (Marne, ch.-l. dép.), 323-343, 362 n., 838-839, 878. Chalosse, 726. Chamalières (Puy-de-Dôme, ar. Clermont-Ferrand, ch. l. c.), 727, 731 n. Chambéry (Savoie, ch.-l. dép.), 365, 411, 437-438. Chambolle-Musigny (Côte-d’Or, ar. Dijon, c. Gevrey-Chambertin), 349. Chambon, lac (Puy-de-Dôme), 558, 735.

INDEX DES NOMS GÉOGRAPHIQUES

Chambord (Loir-et-Cher, ar. Blois, c. Bracieux), 661-662. Chamesson (Côte-d’Or, ar. Montbard, c. Châtillon-sur-Seine), 375. Champagnac (Cantal, ar. Mauriac, c. Saignes), 733. Champagne, 181-182, 323-343, 345, 352, 510, 531, 574, 765, 838839, 880, 885-886, 888, 898, 902-904. Champéon (Mayenne, ar. Mayenne, c. Le Horps), 776. Champourcin, commune de PradsHaute-Bléone (Alpes-deHaute-Provence), 96, 101, 103. Champsecret (Orne, ar. Alençon, c. Domfront), 127. Chanonat (Puy-de-Dôme, ar. Clermont-Ferrand, c. SaintAmant-Tallende), 734, 741. Charbonnières-les-Vieilles (Puy-deDôme ar. Riom, c. Manzat), 733. Charente, fleuve, 449-450. Charleroi (Belgique), 571. Charleville-Mézières (Ardennes, ch.l. dép.), 341. Charmes (Aisne, ar. Laon, c. La Fère), 768. Charolais, 364. Chârost (Cher, ar. Bourges, ch.-l. c.), 245. Chartres (Eure-et-Loir, ch.-l. dép.), 128, 663. Chassagne-Montrachet (Côte-d’Or, ar. Beaune, c. Nolay), 354. Châteaudouble (Drôme, ar. Valence, c. Chabeuil), 389. Châteaudun (Eure-et-Loir, ch.-l. ar.), 84. Château-du-Loir (Sarthe, ar. Le Mans, ch.-l. c.), 777, 780. Château-Gontier (Mayenne, ch. l. ar.), 775. Château-la-Vallière (Indre-et-Loire, ar. Tours, ch.-l. c.), 775.

953

Châteaulin (Finistère, ch.-l. ar.), 254. Châteauneuf (Côte-d’Or, ar. Beaune, c. Pouilly-en-Auxois), 370. Châteauneuf (Vendée, ar. Les Sables d’Olonne, c. Challans), 719. Château-Porcien (Ardennes, ar. Rethel, ch.-l. c.), 764. Château-Regnault-Bogny, commune de Bogny-sur-Meuse (Ardennes), 336. Château-Salins (Moselle, ch.-l. ar.), 530. Château-Thébaud (Loire-Atlantique, ar. Nantes, c. Vertou-Vignoble), 298. Château-Trompette, à Bordeaux (Gironde), 217-219. Château-Verdun (Ariège, ar. Foix, c. Les Cabannes), voir Gudanes. Châtelguyon (Puy-de-Dôme, ar. Riom, c. Riom-Est), 741. Châtellerault (Vienne, ch.-l. ar.), 714-716, 719-720. Châtenay-Villedieu (Sarthe, non identifié), 777. Châtillon-sur-Seine (Côte-d’Or, ar. Montbard, ch.-l. c.), 362, 375. Chatonrupt-Sommermont (HauteMarne, ar. Saint-Dizier, c. Joinville), 330. Chauchauvillers (Picardie, non identifié), 176. Chaudefonds-sur-Layon (Maine-etLoire, ar. Angers, c. Chalonnes-sur-Loire), 775. Chaudes-Aigues (Cantal, ar. SaintFlour, ch.-l. c.), 728, 739-740, 750-751, 887. Chaumont (Haute-Marne, ch.-l. dép.), 327, 346, 362. Chavanelet, rivière, 83, 557-558. Chazelles (Cantal, ar. Saint-Flour, c. Ruynes-en-Margeride), 731. Chemiré-en-Charnie (Sarthe, ar. Le Mans, c. Loué), 776. Chemiré-le-Gaudin (Sarthe, ar. Le Mans, c. La Suze-sur-Sarthe), 776.

954

L’ENQUÊTE DU RÉGENT

Chemiré-sur-Sarthe (Maine-et-Loire, ar. Segré, c. Châteauneuf-surSarthe), 776. Chenôve (Côte-d’Or, ar. Dijon, ch.-l. c.), 349. Chenu (Sarthe, ar. La Flèche, c. Le Lude), 775. Cher, rivière, 239, 780. Cherbourg (Manche, ch.l. ar.), 306310, 314-315. Chessy (Rhône, ar. Villefranche-surSaône, c. Le Bois d’Oingt), 534, 541, 543-544, 547-549, 554-555. Chevrières (Isère, ar. Grenoble, c. Saint-Marcellin), 439. Chichery (Yonne, ar. Auxerre, c. Migennes), 361. Chieri (Italie), 539. Chiers, rivière, 578. Chimay (Belgique), 569, 771. Chinon (Indre-et-Loire, ch.-l. ar.), 773. Chitry-le-Fort (Yonne, ar. Auxerre, c. Chablis), 361. Choqueuse-les-Bénards (Oise, ar. Beauvais, c. Crèvecoeur-leGrand), 175. Cinq-Mars-la-Pile (Indre-et-Loire, ar. Chinon, c. Langeais), 773, 778-779. Cintegabelle (Haute-Garonne, ar. Muret, ch.-l. c.), 600. Ciry-le-Noble (Saône-et-Loire, ar. Charolles, c. Toulon-surArroux), voir Rozelay. Cise (Navarre, non identifié), 631, 846, 853. Clain, rivière, 714. Clairac (Lot-et-Garonne, ar. Marmande, c. Tonneins), 190. Claveisolles (Rhône, ar. Villefranche-sur-Saône, c. Lamure-surAzergues), 534, 541, 546, 552553. Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme, ch.-l. dép.), 725-728, 730-734, 736-743, 745, 749-750, 900.

Clermont-L’Hérault (Hérault, ar. Lodève, ch.-l. c.), 464. Cluny (Saône-et-Loire, ar. Mâcon, ch.-l. c.), 364, 370, 561. Cocquerel (Somme, ar. Abbeville, c. Ailly-le-Haut-Clocher), 183. Coise, rivière, 84. Collonges (Ain, ar. Gex, ch.-l. c.), 374. Colmars (Alpes-de-Haute-Provence, ar. Castellane, ch.-l. c.), 101. Colosse (Grèce), 737. Combes (Hérault, ar. Béziers, c. Saint-Gervais-sur-Mare), 653. Comblessac (Ille-et-Vilaine, ar. Redon, c. Maure-de-Bretagne), 287. Combrailles, 601, 732. Comtat venaissin, 435. Conches-en-Ouche (Eure, ar. Évreux, ch.-l. c.), 126-127. Condé-Folie (Somme, ar. Amiens, c. Picquigny), 183. Condé-sur-l’Escaut (Nord, ar. Valenciennes, ch.-l. c.), 569. Condom (Gers, ch.-l. ar.), 208 ; Condomois, 189. Condrieu (Rhône, ar. Lyon, ch.-l. c.), 559-561, 563. Conques-sur-Orbiel (Aude, ar. Carcassonne, ch.-l. c.), voir Les Saptes. Constantinople (Turquie), 461. Contade (Pyrénées-Atlantiques, non identifié), 631. Conteville (Oise, ar. Beauvais, c. Crèvecoeur-le-Grand), 175. Conty (Somme, ar. Amiens, ch.-l. c.), voir Wailly. Corbie (Somme, ar. Amiens, ch.-l. c.), 183. Cordouan, phare, 222. Coren (Cantal, ar. Saint-Flour, c. Saint-Flour-Nord), 742. Corent (Puy-de-Dôme, ar. ClermontFerrand, c. Veyre-Monton), 736.

INDEX DES NOMS GÉOGRAPHIQUES

Cormeilles (Oise, ar. Beauvais, c. Crèvecoeur-le-Grand), 175. Corsavy (Pyrénées-Orientales, ar. Céret, c. Arles-sur-Tech), voir Léca. Cosne-Cours-sur-la-Loire (Nièvre, ch.-l. ar.), 246. Cotentin, 303, 309-310. Cottance (Loire, ar. Montbrison, c. Feurs), 552. Couchey (Côte-d’Or, ar. Dijon, c. Gevrey-Chambertin), 349. Coulanges-la-Vineuse (Yonne, ar. Auxerre, ch.-l. c.), 361. Courboyer, château (Orne), 132. Courpière (Puy-de-Dôme, ar. Thiers, ch.-l. c.), 727. Courson (gén. de Tours, non identifié), 775. Courtils (Manche, ar. Avranches, c. Ducey), 303, 316. Coustouges (Pyrénées-Orientales, ar. Céret, c. Prats-de-Mollo-laPreste), 697. Coutances (Manche, ch.-l. ar.), 304305, 314. Couze, rivière, 735. Cransac (Aveyron, ar. Villefranchede-Rouergue, c. Aubin), 589, 591-592, 596-598. Craonne (Aisne, ar. Laon, c.l. c.), 769-770. Crastes (Gers, ar. et c. Auch), 6,42, 646. Créances (Manche, ar. Coutances, c. Lessay), 316. Creil (Oise, ar. Senlis, ch.-l. c.), 182. Crémieu (Isère, ar. La Tour-du-Pin, ch.-l. c.), 389. Crest (Drôme, ar. Die, ch. l. c.), 389390. Crèvecoeur-le-Grand (Oise, ar. Beauvais, ch.-l. c.), 174-176. Croissy-sur-Celle (Oise, ar. Beauvais, c. Crèvecoeur-le-Grand), 175.

955

Crolles (Isère, ar. Grenoble, c. Le Touvet), 390. Crugey-sur-Ouche (Côte-d’Or, ar. Beaune, c. Bligny-sur-Ouche), 352, 369. Cuilly (Bourgogne, non identifié), 360. Cunlhat (Puy-de-Dôme, ar. Ambert, ch.-l. c.), 726. Curtil-Vergy (Côte-d’Or, ar. Dijon, c. Gevrey-Chambertin), voir Pellerey.

D Dadou, rivière, 499-500. Damvillers (Meuse, ar. Verdun, ch.-l. c.), 575. Danemark, 883. Dantzig (Allemagne), 655. Daours (Somme, ar. Amiens, c. Corbie), 183. Darnétal (Seine-Maritime, ar. Rouen, ch.-l. c.), 754. Darney (Vosges, ar. Epinal, ch.-l. c.), 531. Dauphin (Alpes-de-Haute-Provence, ar. et c. Forcalquier), 96, 103104. Dauphiné, 43, 48, 55, 135, 140, 387448, 465, 536, 542-543, 550, 815-827, 855, 872-874, 878879, 885, 889-890, 893-894, 896-903. Davayé (Saône-et-Loire, ar. Mâcon, c. Mâcon-Sud), 356. Davejean (Aude, ar. Carcassonne, c. Mouthoumet), 485, 809-812, 814. Dax (Landes, ch.-l. ar.), 190, 193, 196, 198, 204, 460, 653-654. Decize (Nièvre, ar. Nevers, ch.-l. c.), 601-602.

956

L’ENQUÊTE DU RÉGENT

Desvres (Pas-de-Calais, ar. Boulogne-sur-Mer, ch.-l. c.), 177. Deûle, rivière, 184. Dezize-lès-Maranges (Saône-etLoire, ar. Autun, c. Couches), 352. Die (Drôme, ch.-l. ar.), 388, 440, 442. Diénay (Côte-d’Or, ar. Dijon, c. Issur-Tille), 346, 348. Dieppe (Seine-Maritime, ch.-l. ar.), 255, 755. Dieulefit (Drôme, ar. Valence, ch.-l. c.), 389. Dieuze (Moselle, ar. Château-Salins, ch.-l. c.), 530. Dieuzes (Languedoc, non identifié), 468. Digne-les-Bains (Alpes-de-HauteProvence, ch.-l. dép.), 99, 101103. Dijon (Côte-d’Or, ch.-l. dép.), 345378, 903. Dinan (Côtes-d’Armor, ch.-l. ar.), 252, 272, 293. Dionay (Isère, ar. Grenoble, c. SaintMarcellin), 439. Dizimieu (Isère, ar. La Tour-du-Pin, c. Crémieu), 389. Dol-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine, ar. Saint-Malo, ch.-l. c.), 256. Dole (Jura, ch.-l. ar.), 363. Doméliers (Oise, ar. Beauvais, c. Crèvecoeur-le-Grand), 175. Domfront (Orne, ar. Alençon, ch.-l. c.), 125-127. Donzy (Nièvre, ar. Cosne-Cours-surLoire, ch.-l. c.), 246. Dordogne, rivière, 190, 732-733, 740. Douai (Nord, ch. l. ar.), 183-184, 509, 511. Doubs, rivière, 379, 384. Dourgne (Tarn, ar. Castres, ch.-l. c.), 495, 499-501. Drac, rivière, 388.

Drambon (Côte-d’Or, ar. Dijon, c. Pontailler-sur-Saône), 346, 348. Drome, rivière, 84. Dromesnil (Somme, ar. Amiens, c. Hornoy-le-Bourg), 176. Dunkerque (Nord, ch.-l. ar.), 181, 184. Durance, rivière, 93, 388, 415.

E Eaux-Bonnes (Pyrénées-Atlantiques, ar. Oloron-Sainte-Marie, c. Laruns), 605, 624 ; voir aussi Aas, Assouste. Eaux-Chaudes, commune de Laruns (Pyrénées-Atlantiques), 605. Écausseville (Manche, ar. Cherbourg, c. Montebourg), 307, 309. Échenay (Haute-Marne, ar. SaintDizier, c. Poissons), 330. Écosse, 300. Écublé, commune de Trembay-lesVillages (Eure-et-Loir), 127. Eisenbach (Allemagne), 165, 167. Elbeuf (Seine-Maritime, ar. Rouen, ch.-l. c.), 753-754, 760. Ellezelles (Belgique), 571. Embrun (Hautes-Alpes, ar. Gap, ch.l. c.), 391. Entremont, voir Saint-Pierre-d’Entremont. Enval (Puy-de-Dôme, ar. Riom, c. Riom-Ouest), 731. Éparrou (Puy-de-Dôme, non identifié), 731, 733-734. Erbrée (Ille-et-Vilaine, ar. Rennes, c. Vitré-Est), 289. Erdre, rivière, 84, 298. Erfurt (Allemagne), 163.

INDEX DES NOMS GÉOGRAPHIQUES

Escaro (Pyrénées-Orientales, ar. Prades, c. Olette), 692, 697-698, 701, 703-708, 710, 888. Escaut, fleuve, 569. Escot (Pyrénées-Atlantiques, ar. Oloron-Sainte-Marie, c. Accous), 605. Escoussens (Tarn, ar. Castres, c. Labruguière), 498. Espagne, 48, 177-178, 180, 249, 252, 255-256, 281, 460-461, 464, 504, 536-537, 539, 589, 609610, 618, 703, 725-727, 753755, 774, 812, 847, 851, 854. Essomeine (Picardie, non identifié), 175. Estagel (Pyrénées-Orientales, ar. Perpignan, c. Latour-de-France), 685, 687. Estoher (Pyrénées-Orientales, ar. Prades, c. Vinça), 692. Étampes (Essonne, ch.-l. ar.), 289. Étivey (Yonne, ar. Avallon, c. Noyers), 359. Eurymène (Grèce), 737. Euzet (Gard, ar. Alès, c. Vézénobres), 468 n. Évaux-les-Bains (Creuse, ar. Aubusson, ch.-l. c.), 601. Évreux (Eure, ch.-l. dép.), 753-754, 756. Excideuil (Dordogne, ar. Périgueux, ch.-l. c.), 204. Exmes (Orne, ar. Argentan, ch.-l. c.), 126.

F Falaise (Calvados, ar. Caen, ch.-l. c.), 303 ; voir aussi Guibray. Fautraine (Saône-et-Loire, non identifié), 364.

957

Féas (Pyrénées-Atlantiques, ar. Oloron-Sainte-Marie, c. Aramits), 617. Féneyrols (Tarn-et-Garonne, ar. Montauban, c. Saint-AntoninNoble-Val), 589. Ferrières (Pas-de-Calais ? non identifié), 183. Ferrières-Saint-Mary (Cantal, ar. Saint-Flour, c. Massiac), 731. Ferrières-sous-Ariège (Ariège, ar. et c. Foix), 699. Ferrières-sur-Sichon (Allier, ar. Vichy, c. Le Mayet-de-Montagne), 731. Feuquières (Oise, ar. Beauvais, c. Grandvilliers), 176. Fienvillers (Somme, ar. Amiens, c. Bernaville), 176. Figeac (Lot, ch.-l. ar.), 588-589, 593, 596. Firland, île (non identifié), 190. Fixey (Côte-d’Or, ar. Dijon, c. Gevrey-Chambertin), 349. Fixin (Côte-d’Or, ar. Dijon, c. Gevrey-Chambertin), 349. Flamanville (Manche, ar. Cherbourg, c. Les Pieux), 314-315. Flandre, 175, 178-179, 181-182, 281, 509-520, 569-571, 885. Fléchy (Oise, ar. Clermont, c. Breteuil), 175. Fleuré (Orne, ar. Argentan, c. Ecouché), 311. Fleys (Yonne, ar. Avallon, c. Tonnerre), 360. Florence (Italie), 773. Foix (Ariège, ch. l. dép.) 50, 55, 85, 156, 460, 587-590, 594-595, 598, 600, 608, 684-685, 688, 698, 707-709, 879. Fontaine-sur-Somme (Somme, ar. Abbeville, c. Hallencourt), 183. Fontanil-Cornillon (Isère, ar. Grenoble, c. Saint-Egrève), 389. Fontenay (Indre, ar. Issoudun, c. Vatan), 244.

958

L’ENQUÊTE DU RÉGENT

Fontenay-aux-Roses (Hauts-deSeine, ar. Antony, c. Châtillon), 794. Fontenay-le-Comte (Vendée, ch.-l. ar.), 716, 720, 832. Fontestorbes, fontaine près de Bélesta (Ariège), 107, 466, 594, 597, 684. Fontfroide, abbaye (Aude), 687. Fontpédrouse (Pyrénées-Orientales, ar. Prades, c. Mont-Louis), voir Prats-Balaguer. Forcalquier (Alpes-de-Haute-Provence, ch.-l. ar.), 89 n., 103. Forez, 84, 356, 533, 535, 539-543, 545, 553, 557, 559, 561-562, 725, 834-837, 883. Forges-les-Eaux (Seine-Maritime, ar. Dieppe, ch.-l. c.), 184, 287. Formiguères (Pyrénées-Orientales, ar. Prades, c. Mont-Louis), 694. Foucaucourt-hors-Nesles (Somme, ar. Amiens, c. Oisemont), 176. Fourtou (Aude, ar. Limoux, c. Couiza), 686. Francastel (Oise, ar. Beauvais, c. Crèvecoeur-le-Grand), 175. Franche-Comté, 316, 348, 363, 379385, 529-531, 558, 803-807, 877, 879, 887, 898-899, 903904. Frédeval (Dauphiné, non identifié), 816, 822-824, 826-827. Frée, lac (Isère), 387. Fréjus (Var, ar. Draguignan, ch.-l. c.), 84. Fresnay-en-Retz (Loire-Atlantique, ar. Saint-Nazaire, c. Bourgneuf-en-Retz), 279-280. Fresnay-sur-Sarthe (Sarthe, ar. Mamers, ch.-l. c.), 780. Fresnois, commune de Montmédy (Meuse), 575. Fribourg (Allemagne), 140 n., 868, 906, 912. Froissy (Oise, ar. Clermont, ch.-l. c.), 175.

Fromy (Ardennes, ar. Sedan, c. Carignan), 767. Frugerès-les-Mines (Haute-Loire, ar. Brioude, c. Auzon), 733. Fumay (Ardennes, ar. CharlevilleMézières, ch.-l. c.), 336, 571. Furan, rivière, 535, 558. Fure, rivière, 434. Fures, commune de Tullins (Isère), 390.

G Gabian (Hérault, ar. Béziers, c. Roujan), 467, 469-470, 472-485. Galargues (Hérault, ar. Montpellier, c. Castries), 468. Gand (Belgique), 178, 569. Gannat (Allier, ar. Vichy, ch.-l. c.), 725. Gap (Hautes-Alpes, ch.-l. dép.), 388, 391, 415, 420, 436, 812, 859861. Gardon, rivière, 468, 508. Garonne, fleuve, 85, 189-190, 193, 213, 228-229, 232, 465, 498, 599-600, 613, 699. Gascogne, 194, 233, 491, 637, 641, 649-650. Gastines (Mayenne, ar. ChâteauGontier, c. Cossé-le-Vivien), 778. Gâtinais, 182. Gaujacq (Landes, ar. Dax, c. Amou), 198, 213, 219, 222, 653-655, 657. Gave d’Oloron, rivière (PyrénéesAtlantiques), 189. Gave de Pau, rivière, 85. Gemeaux (Côte-d’Or, ar. Dijon, c. Is-sur-Tille), 346, 348. Gênes (Italie), 110 n., 561, 774. Genêts (Manche, ar. Avranches, c. Sartilly), 303, 316.

INDEX DES NOMS GÉOGRAPHIQUES

Genève (Suisse), 357, 365, 423, 445, 558, 647, 727, 732. Geraardsbergen (Belgique), 571. Gérardmer, lac (Vosges), 529. Gère-Bélesten (Pyrénées-Atlantiques, ar. Oloron-Sainte-Marie, c. Laruns), 631. Gervine (Grande-Bretagne ?, non identifié), 755. Geteu, piton (Pyrénées-Atlantiques), 631. Gévaudan, 469-470, 485. Gevrey-Chambertin (Côte-d’Or, ar. Dijon, ch.-l. c.), 349. Gex (Ain, ch.-l. ar.), 357-358, 367, 370, 373-374, 557-558, 873. Giers, rivière (Loire), 84, 434, 556557, 560-561. Gimont (Gers, ar. Auch, ch.-l. c.), 30, 642, 646, 649. Girolles (Yonne, ar. et c. Avallon), 359. Giromagny (Territoire-de-Belfort, ar. Belfort, ch.-l. c.), 136-139, 385, 796-802, 813, 876. Givet (Ardennes, ar. CharlevilleMézières, ch.-l. c.), 571. Givonne (Ardennes, ar. Sedan, c. Sedan-Nord), 327, 336-337. Givors (Rhône, ar. Lyon, ch.-l. c.), 534, 561. Givry (Saône-et-Loire, ar. Chalonsur-Saône, ch.-l. c.), 366. Glanges (Haute-Vienne, ar. Limoges, c. Saint-Germain-les-Belles), 525. Gleysin, montagne, 427, 430-431, 437, 443, 447. Gouet, rivière, 289. Goncelin (Isère, ar. Grenoble, ch.-l. c.), 390, 427-428, 430, 432. Gonesse (Val-d’Oise, ar. Montmorrency, ch.-l. c.), 181. Gournay-en-Bray (Seine-Maritime, ar. Dieppe, ch.-l. c.), 754. Graçay (Cher, ar. Vierzon, ch.-l. c.), 244.

959

Graissessac (Hérault, ar. Béziers, c. Bédarieux), 467. Gramont (Tarn-et-Garonne, ar. Castelsarrasin, c. Lavit), 461. Grandvilliers (Oise, ar. Beauvais, ch.-l. c.), 176, 180. Grange-Chaumont ou Grange-Montalivet, château de la, commune de Saint-Bouize (Cher), 244. Granville (Manche, ar. Avranches, ch.-l. c.), 255. Grasse (Alpes-Maritimes, ch.-l. ar.), 100, 103, 116. Gravelines (Nord, ar. Dunkerque, ch.-l. c.), 184. Gray (Haute-Saône, ar. Vesoul, ch.-l. c.), 363. Grèce, 774. Grenand-lès-Sombernon (Côte-d’Or, ar. Dijon, c. Sombernon), 351, 358, 367, 370. Grenoble (Isère, ch. l. dép.), 387448, 815, 878, 903. Grésivaudan, vallée, 387, 391-392, 415. Gresse-en-Vercors (Isère, ar. Grenoble, c. Monestier-de-Clermont), 389. Groenland (Danemark), 190. Groix, île (Morbihan), 254. Gudanes, commune de ChâteauVerdun (Ariège), 591-592. Guérande (Loire-Atlantique, ar. Saint-Nazaire, ch.-l. c.), 252253, 278, 281-283, 290, 301 ; voir aussi Saillé. Guibermesnil, commune de Lafresguimont-Saint-Martin (Somme), 176. Guibray, commune de Falaise (Calvados), 303. Guichainville (Eure, ar. et c. Évreux), voir Saint-Luc. Guilain (Turquie), 536. Guillon (Yonne, ar. Avallon, ch.-l. c.), 359.

960

L’ENQUÊTE DU RÉGENT

Guilly (Indre, ar. Issoudun, c. Vatan), 241. Guinée, 872. Guise (Aisne, ar. Vervins, ch.-l. c.), 766, 768. Guyenne, 189-234, 897.

Huelgoat (Finistère, ar. Châteaulin, ch.-l. c.), 258, 260, 263-264, 273-278, 290, 839-841, 876. Hurtières (Isère, ar. Grenoble, c. Goncelin), 390. Hyères (Var, ar. Toulon, ch.-l. c.), 120 ; voir aussi Bagaud, Porquerolles, Port-Cros.

H I Hague (Manche), 314. Hainaut, 181, 513, 569-570, 766, 768, 899. Hardivillers-en-Vexin (Oise, ar. Beauvais, c. Chaumont-enVexin), 176. Harnes (Pas-de-Calais, ar. Lens, ch.l. c.), 183. Haux (Gironde, ar. Bordeaux, c. Créon), 231. Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais, ar. Lens, ch.-l. c.), 183. Herbeuval (Ardennes, ar. Sedan, c. Carignan), 574. Hers, rivière, 466. Hirson (Aisne, ar. Vervins, ch.-l. c.), 766-767. Hollande, 128, 163, 177, 179, 222, 253, 280-281, 416, 461-462, 464, 468, 507, 510-512, 514515, 570, 581, 661, 727, 753756, 774, 776 ; voir aussi PaysBas. Hombourg-Budange (Moselle, ar. Thionville-est, c. Metzervisse), 576. Hongrie, 333. Hornoy-le-Bourg (Somme, ar. Amiens, ch.-l. c.), voir Boisrault. Houlme (pays de), 126. Housselot (Belgique ?, non identifié), 182.

Idron-Ousse-Sendets (PyrénéesAtlantiques, ar. et c. Pau), 851, 855. Iles françaises d’Amérique [Antilles], 180, 221. Ille-sur-Têt (Pyrénées-Orientales, ar. Prades, c. Vinça), 687-698, 702, 706-708. Indes, 238, 252, 538, 606, 775 ; Indes occidentales, 534, 727, 754-755. Irlande, 175. Isère, rivière, 387, 434. Isigny-le-Buat (Manche, ar. Avranches, ch. l. c.), 316. Isle, rivière, 190. Issoire (Puy-de-Dôme, ch.-l. ar.), 725, 727, 732, 734-735, 742. Is-sur-Tille (Côte-d’Or, ar. Dijon, ch.-l. c.), 346, 348. Italie, 48, 163, 178, 189, 461, 536, 705, 727, 764, 774. Izeste (Pyrénées-Atlantiques, ar. Oloron-Sainte-Marie, c. Arudy), 612.

J Jallieu (Isère), voir Bourgoin-Jallieu.

INDEX DES NOMS GÉOGRAPHIQUES

Joinville (Haute-Marne, ar. SaintDizier, ch.-l. c.), 342, 881. Joux (Rhône, ar. Villefranche-surSaône, c. Tarare), 534, 541, 834, 837. Joze (Puy-de-Dôme, ar. Thiers, c. Maringues), 741. Juvigny-sur-Loison (Meuse, ar. Verdun, c. Montmédy), 582584.

961

La Caunette (Hérault, ar. Béziers, c. Olonzac), 485, 813-814 ; voir aussi La Prade. La Chaise-Dieu (Haute-Loire, ar. Brioude, ch.-l. c.), 726, 728. La Chapelle-Blanche-Saint-Martin (Indre-et-Loire, ar. Loches, c. Ligueil), 781. La Chapelle-de-Guinchay (Saône-etLoire, ar. Mâcon, ch.-l. c.), 356. La Chapelle-en-Juger (Manche, ar. Saint-Lô, c. Marigny), 303. La Charité-sur-Loire (Nièvre, ar. L Cosne-Cours-sur-Loire, ch.-l. c.), 246. Lacombe (Aude, ar. Carcassonne, c. La Barre-de-Monts (Vendée, ar. Les Saissac), voir Cals-le-Haut. Sables-d’Olonne, c. Saint-JeanLa Combe-de-Lancey (Isère, ar. Grede-Monts), 714. noble, c. Domène), 390, 394. La Bastide de Sérou (Ariège, ar. Foix, ch.-l. c.), 699, 708, 888. La Côte-Saint-André (Isère, ar. Vienne, ch.-l. c.), 389. La Bastide-sur-l’Hers, commune du La Croix-aux-Mines (Vosges, ar. Peyrat (Aude), 472. Saint-Dié, c. Fraize), 529. La Boissière (Somme), 176. Ladoix-Serrigny (Côte-d’Or, ar. La Bouille (Seine-Maritime, ar. Beaune, c. Beaune-Sud), 352. Rouen, c. Grand-Couronne), La Ferrière (Isère, ar. Grenoble, c. 754. Allevard), 816, 822, 826. Labourd (pays de), 190. La Ferté-sous-Jouarre (Seine-etLa Bove, château (Aisne), 769. Marne, ar. Meaux, ch.-l. c.), La Bréole (Alpes-de-Haute-Pro677, 762, 765. vence, ar. Barcelonnette, c. Le Lafresguimont-Saint-Martin Lauzet-Ubaye), 858, 861. (Somme, ar. Amiens, c. HorLabruguière (Tarn, ar. Castres, ch.-l. noy-le-Bourg), voir Guiberc.), 495, 498. mesnil. La Buisse (Isère, ar. Grenoble, c. La Garde (Var, ar. Toulon, c. La Voiron), 389. Garde), 97-98. La Bussière-sur-Ouche (Côte-d’Or, La Grave (Hautes-Alpes, ar. Brianar. Beaune, c. Bligny-surçon, ch.-l. c.), 411, 431, 821. Ouche), 351, 831. Laguépie (Tarn-et-Garonne, ar. MonLacanche (Côte-d’Or, ar. Beaune, c. tauban, c. Saint-AntoninArnay-le-Duc), 350. Noble-Val), 593, 596, 598. La Capelle (Aisne, ar. Vervins, ch.-l. Lahamaide (Belgique), 571. c.), 766-767. La Hougue, commune de SaintLacaune (Tarn, ar. Castres, ch.-l. c.), Vaast-la-Hougue (Manche), 502. 255, 315-316.

962

L’ENQUÊTE DU RÉGENT

L’Aigle (Orne, ar. Mortagne-au-Perche, ch.-l. c.), 126-128, 130132. La Jaille-Yvon (Maine-et-Loire, ar. Segré, c. Le Lion-d’Angers), 775. La Mecque (Arabie saoudite), 110 n. La Meilleraie-Tillay (Vendée, ar. Fontenay-le-Comte, c. Pouzauges), 716. La Membrolle-sur-Longuenée (Maine-et-Loire, ar. Angers, c. Angers-Nord), 780. La Morte (Isère, ar. Grenoble, c. Valbonnais), 412. La Motte-d’Aveillans (Isère, ar. Grenoble, c. La Mure), 388. La Motte-en-Champsaur (HautesAlpes, ar. Gap, c. Saint-Bonnet-en-Champsaur), 433. Lampres, commune d’Allanches (Cantal), 733, 735. Landau (Allemagne), 154. Landerneau (Finistère, ar. Brest, ch.l. c.), 264, 283, 289-290, 297. Landes, 190, 193, 197, 199, 223. Lanet (Aude, ar. Carcassonne, c. Mouthoumet), 485. La Neuville-au-Pont (Marne, ar. et c. Sainte-Menehould), 335. La Neuville-aux-Joutes (Ardennes, ar. Charleville-Mézières, c. Signy-le-Petit), 766. Langeac (Haute-Loire, ar. Brioude, ch. l. c.), 732, 734. Langon (Gironde, ch.-l. ar.), 233. Langres (Haute-Marne, ch.-l. ar.), 323-324, 338. Languedoc, 30-31, 46, 48, 115, 182, 213, 306, 315, 459-508, 536, 585, 587, 600, 647, 685-687, 728, 774, 807-814, 871, 874875, 878-879, 896, 900-901. Lanloz (Côtes-d’Armor, non identifié), 301. Lannion (Côtes-d’Armor, ch.-l. ar.), 290, 293-294, 301.

Lanvollon (Côtes-d’Armor, ar. SaintBrieuc, ch.-l. c.), 293-294. Laon (Aisne, ch.-l. dép.), 768-769. La Piarre (Hautes-Alpes, ar. Gap, c. Serres), 387, 415, 420. La Prade (Périgord, non identifié), 527. La Prade, commune de La Caunette (Hérault), 485. Laqueuille, château (Puy-de-Dôme), 736. L’Argentière-la-Bessée (HautesAlpes, ar. Briançon, ch.-l. c.), 388, 390, 415-416, 420, 815, 821, 826. Larnage (Drôme, ar. Valence, c. Tain-L’Ermitage), 388, 390, 415-416, 420-421, 439. La Roche-d’Agoux (Puy-de-Dôme, ar. Riom, c. Pionsat), 238, 732, 744. La Rochefoucauld (Charente, ar. Angoulême, ch.-l. c.), 85. La Rochelle (Charente-Maritime, ch.-l. dép.), 181, 209, 449-458, 645, 716, 719, 882, 898, 902. La Roche-Vineuse (Saône-et-Loire, ar. Mâcon, c. Mâcon-Nord), voir Saint-Sorlin. Laruns (Pyrénées-Atlantiques, ar. Oloron-Sainte-Marie, ch.-l. c.), 613-614, 616, 634-635 ; voir aussi Eaux-Chaudes. Larzicourt (Marne, ar. Vitry-le-François, c. Thiéblemont-Farémont), 339. La Sauvetat (Puy-de-Dôme, ar. Clermont-Ferrand, c. VeyreMonton), 734. Lasserre (Ariège, ar. Saint-Girons, c. Sainte-Croix-Volvestre), 594. La Teste-de-Buch (Gironde, ar. Bordeaux, ch.-l. c.), 233. La Tour-d'Auvergne (Puy-de-Dôme, ar. Issoire, ch.-l. c.), 731. La Tour-du-Pin (Isère, ch.-l. ar.), 389.

INDEX DES NOMS GÉOGRAPHIQUES

La Tourette (Loire, ar. Montbrison, c. Saint-Bonnet-le-Château), 545, 550, 553. La Tranche-sur-Mer (Vendée, ar. Les Sables-d’Olonne, c. Moutiersles-Mauxfaits), 714. La Truballe (Loire-Atlantique, ar. Saint-Nazaire, c. Guérande), 278. Launay (Bretagne, non identifié), 263. Lauterbourg (Bas-Rhin, ar. Wissembourg, ch.-l. c.), 154. Lavacquerie (Oise, ar. Beauvais, c. Grandvilliers), 175. Laval (Isère, ar. Grenoble, c. Domène), 390. Laval (Mayenne, ch.-l. dép.), 776778, 781-782. Laval-Roquecezière (Aveyron, ar. Millau, c. Saint-Sernin-surRance), 495, 499, 502. La Valette (Saône-et-Loire, non identifié), 364. Lavaur (Tarn, ar. Castres, ch.-l. c.), 489, 497, 808, 813. Lavedan, vallée (Hautes-Pyrénées), 610, 613, 622, 632. Lavelanet (Ariège, ar. Foix, ch.-l. c.), 471. Laymont (Gers, ar. Auch, c. Lombez), 30. Le Boupère (Vendée, ar. Fontenayle-Comte, c. Pouzauges), 715, 721. Le Bourg-d’Oisans (Isère, ar. Grenoble, ch.-l. c.), 407, 411, 421422, 424, 426, 431, 444, 898. Le Bugue (Dordogne, ar. Sarlat-laCanéda, ch.-l. c.), 204. Léca, commune de Corsavy (Pyrénées-Orientales), 695. Le Caire (Egypte), 110 n., 885. Le Cannet-des-Maures (Var, ar. Draguignan, c. Le Luc), 96, 109, 857, 861. Le Crocq (Oise), voir Francastel (Oise).

963

Le Croisic (Loire-Atlantique, ar. Saint-Nazaire, ch.-l. c.), 252253, 278, 281. Le Faou (Finistère, ar. Châteaulin, ch.-l. c.), 293. Le Gallet (Oise, ar. Beauvais, c. Crèvecoeur-le-Grand), 175. Le Gast (Calvados, ar. Vire, c. SaintSever-Calvados), 315. Le Havre (Seine-Maritime, ch.-l. ar.), 255, 725, 755. Le Mans (Sarthe, ch.-l. dép.), 777780, 904. Le Mas-d’Azil (Ariège, ar. Pamiers, ch.-l. c.), 595. Le Meynial (Cantal, non identifié), 742. Le Monêtier-les-Bains (HautesAlpes, ar. Briançon, ch.-l. c.), 388. Lempdes (Haute-Loire, ar. Brioude, c. Auzon), 733. Lens (Pas-de-Calais, ch.-l. ar.), 183. Léon, évêché, 255, 289. Le Peyrat (Ariège, ar. Pamiers, c. Mirepoix), 472. Le Pompidou (Lozère, ar. Florac, c. Barre-des-Cévennes), 469. Le Pont-de-Beauvoisin (Isère, ar. La Tour-du-Pin, ch.-l. c.), 389. Le Pont-en-Royans (Isère, ar. Grenoble, ch.-l. c.), 389-390. Le Pouliguen (Loire-Atlantique, ar. Saint-Nazaire, c. Le Croisic), 278, 281. Lepuix (Territoire-de-Belfort, ar. Belfort, c. Giromagny), 137, 800, 802 ; voir aussi Pfenningthurm. Le Puy-en-Velay (Haute-Loire, ch.-l. dép.), 469, 486, 490-492, 726, 728, 745. Léran (Ariège, ar. Pamiers, c. Mirepoix), 471-472. Le Saix (Hautes-Alpes, ar. Gap, c. Veynes), 835. Les Arcs (Var, ar. Draguignan, c. Lorgues), 857, 859, 861.

964

L’ENQUÊTE DU RÉGENT

Les Arques (Lot, ar. Cahors, c. Cazals), 591. Le Saulchoy (Oise, ar. Beauvais, c. Crèvecoeur-le-Grand), 175. Lescar (Pyrénées-Atlantiques, ar. Pau, ch.-l. c.), 85, 659. Lesches-en-Diois (Drôme, ar. Die, c. Luc-en-Diois), 390. Les Gaillons, commune de Bazoches-sur-Hoënne (Orne), 128. Les Martres-de-Veyre (Puy-deDôme, ar. Clermont-Ferrand, c. Veyre-Monton), 741. Les Moutiers-en-Retz (Loire-Atlantique, ar. Saint-Nazaire, c. Bourgneuf-en-Retz), 279-280, 283. Les Riceys (Aube, ar. Troyes, ch.-l. c.), 362. Les Rousseaux, commune de SaintMartin d’Auxigny (Cher), 241. Les Sables d’Olonne (Vendée, ch.-l. ar.), 714, 717, 721, 723. Les Saptes, commune de Conquessur-Orbiel (Aude), 464. Lessay (Manche, ar. Coutances, ch.l. c.), 316. L’Étang-Vergy (Côte-d’Or, ar. Dijon, c. Gevrey-Chambertin), 350, 352. Le Tholonet (Bouches-du-Rhône, ar. et c. Aix-en-Provence), 92, 104-106. L’Étoile (Somme, ar. Amiens, c. Picquigny), 183. Levant, 449-450, 461-462, 464, 467468, 536-537, 586, 774. Levécourt (Haute-Marne, ar. Chaumont, c. Bourmont), 531. Le Vigeant (Vienne, ar. Montmorillon, c. L’Isle-Jourdain), 715, 721. Lezoux (Puy-de-Dôme, ar. Thiers, ch.-l. c.), 727, 741. L’Hôtellerie-de-Flée (Maine-etLoire, ar. et c. Segré), 775. Liadoure, rivière, 695. Liège (Belgique), 341, 529, 531, 574, 666, 739, 764.

Lignières (Somme, ar. et c. Montdidier), 176. Lignières-Orgères (Mayenne, ar. Mayenne, c. Couptrain), 776. Lignon, rivière, 535. Ligueil (Indre-et-Loire, ar. Loches, ch.-l. c.), 781-782. Lihus (Oise, ar. Beauvais, c. Marseille-en-Beauvaisis), 175. Lille (Nord, ch.-l. dép.), 46, 160, 182-184, 509-520, 891, 901, 904. Limagne, 725, 728, 730. Limeyrat (Dordogne, ar. Périgueux, c. Thenon), 591. Limoges (Haute-Vienne, ch.-l. dép.), 43, 521-528, 880, 901-903. Limousin, 190, 400, 521-528, 714, 725-726, 830-831, 878, 884. Limoux (Aude, ch.-l. ar.), 465, 486. Linceste, fontaine (Grèce), 736. Liomer (Somme, ar. Amiens, c. Hornoy-le-Bourg), 176. Lisieux (Calvados, ch.-l. ar.), 125, 754. L’Isle-d’Abeau (Isère, ar. La Tourdu-Pin, ch.-l. c.), 389. L’Isle-Jourdain (Vienne, ar. Montmorillon, ch.-l. c.), 715. Livradois, 727. Livron-sur-Drôme (Drôme, ar. Valence, c. Loriol-sur-Drôme), 389. Loches (Indre-et-Loire, ch.-l. ar.), 775, 784, 787, 793. Locmaria-Berrien (Finistère, ar. Châteaulin, c. Huelgoat), 273. Lodève (Hérault, ch.-l. ar.), 467, 507. Lœuilly (Somme, ar. Amiens, c. Conty), 176. Logny-Bogny (Ardennes, ar. Charleville-Mézières, c. Rumigny), 340-342. Loir, rivière, 777. Loire, fleuve, 281, 355, 369, 535, 553, 561, 725, 729, 773, 775, 778.

INDEX DES NOMS GÉOGRAPHIQUES

Loison-sous-Lens (Pas-de-Calais, ar. Lens, c. Lens-Nord-Est), 183. Long (Somme, ar. Abbeville, c. Ailly-le-Haut-Clocher), 183. Longny-au-Perche (Orne, ar. Mortagne-au-Perche, ch.-l. c.), 127. Longpré-les-Corps-Saints (Somme, ar. Abbeville, c. Hallencourt), 183. Longuemer, lac (Vosges), 529. Longwy (Meurthe-et-Moselle, ar. Briey, ch.-l. c.), 530. Longwy-sur-le-Doubs (Jura, ar. Dole, c. Chemin), 530. Loriol-sur-Drôme (Drôme, ar. Valence, ch.-l. c.), 389. Lorraine, 165, 238, 316, 382, 529532, 575, 899. Lot, rivière, 85, 190, 599-600. Loudéac (Côtes-d’Armor, ar. SaintBrieuc, ch.-l. c.), 256. Loue, rivière, 379. Louvie-Juzon (Pyrénées-Atlantiques, ar. Oloron-Sainte-Marie, c. Arudy), 612, 620-621, 624, 634-635. Louvie-Soubiron (Pyrénées-Atlantiques, ar. Oloron-Sainte-Marie, c. Laruns), 612, 616. Louviers (Eure, ar. Évreux, ch.-l. c.), 182, 754. Luc-en-Diois (Drôme, ar. Die, ch.-l. c.), 387. Luchy (Oise, ar. Beauvais, c. Crèvecoeur-le-Grand), 175. Luçon (Vendée, ar. Fontenay-leComte, ch.-l. c.), 714. Luigné (Maine-et-Loire, ar. Angers, c. Thouarcé), 775. Lumbin (Isère, ar. Grenoble, c. Le Touvet), 390. Lunéville (Meurthe-et-Moselle, ch.-l. ar.), 581. Lure (Haute-Saône, ch.-l. ar.), 384, 795.

965

Luriecq (Loire, ar. Montbrison, c. Saint-Jean-Soleymieux), 551, 555. Luxembourg, 529, 531, 570, 574. Luz-Saint-Sauveur (Hautes-Pyrénées, ar. Argelès-Gazost, ch.-l. c.), 190, Lyon (Rhône, ch.-l. dép.), 123, 163, 178, 355, 363, 365, 433-435, 448, 530, 533-567, 728, 739740, 774, 834, 878, 883, 885886, 888-889, 894-895, 900, 903. Lyonnais, 83-84, 834-836. Lys, rivière, 51.

M Maastricht (Pays-Bas), 340. Machecoul (Loire-Atlantique, ar. Nantes, ch.-l. c.), 279-280. Mâcon (Saône-et-Loire, ch.-l. dép.), 356-357, 367, 370. Maignac (Auvergne, non identifié), 742, 751. Maillargues, commune de Allanches (Cantal), 728. Maine, 126, 776-780, 783. Malétable (Orne, ar. Mortagne-auPerche, c. Longny-au-Perche), 127. Malintrat (Puy-de-Dôme, ar. Clermont-Ferrand, c. Gerzat), 736, 749. Mangiennes (Meuse, ar. Verdun, c. Spincourt), 574. Manois (Haute-Marne, ar. Chaumont, c. Saint-Blin), 331. Manosque (Alpes-de-Haute-Provence, ar. Forcalquier, ch.-l. c.), 92. Marandeuil (Côte-d’Or, ar. Dijon, c. Pontailler-sur-Saône), 346, 348.

966

L’ENQUÊTE DU RÉGENT

Marans (Charente-Maritime, ar. La Rochelle, ch.-l. c.), 714. Marault, commune de Bologne (Haute-Marne), 331. Marboutin (Auvergne, non identifié), 744, 829. Marcey-les-Grèves (Manche, ar. et c. Avranches), 303. Marche, 242, 716, 726 ; Haute Marche, 601. Marcilhac-sur-Célé (Lot, ar. Figeac, c. Carjac), 593, 596. Marcillé-Robert, étang (Ille-etVilaine), 289. Mareil-en-Champagne (Sarthe, ar. La Flèche, c. Brûlon), 778. Mareil-sur-Loir (Sarthe, ar. et c. La Flèche), 778. Marey-sur-Tille (Côte-d’Or, c. Dijon, ar. Is-sur-Tille), 348. Mariembourg (Belgique), 340. Marieulles (Moselle, ar. Metz-Campagne, c. Verny), voir Vezon. Maringues (Puy-de-Dôme, ar. Thiers, ch.-l. c.), 741. Marlemont (Ardennes, ar. Charleville-Mézières, c. Rumigny), 340-341, 838-839. Marne, rivière, 84, 335. Marray (Indre-et-Loire, ar. Tours, c. Neuvy-le-Roi), 773. Marsal (Moselle, ar. Château-Salins, c. Vic-sur-Seille), 530. Marsannay-le-Bois (Côte-d’Or, ar. Dijon, c. Is-sur-Tille), 346, 348-349. Marseille (Bouches-du-Rhône, ch.-l. dép.), 41, 89-91, 97, 99, 107111, 114-115, 117, 121-123, 189, 417, 460-461, 471, 901902. Martigues (Bouches-du-Rhône, ar. Istres, ch.-l. c.), 97. Marville (Meuse, ar. Verdun, c. Montmédy), 577. Mas-Cabardès (Aude, ar. Carcassonne, ch.-l. c.), 485, 813-814.

Massiac (Cantal, ar. Saint-Flour, ch.l. c.), 733. Maubeuge (Nord, ar. Avesnes-surHelpe, ch.-l. c.), 569-572, 899. Mauriac (Cantal, ch.-l. ar.), 726, 733. Maurienne, vallée, 437, 444. Mavilly-Mandelot (Côte-d’Or, ar. Beaune, c. Beaune-Nord), 352. Mayence (Allemagne), 530-531. Mayenne (Mayenne, ch.-l. ar.), 776777. Mazaugues (Var, ar. Brignoles, c. La Roquebrussanne), 89, 91-92, 471. Mazaye (Puy-de-Dôme, ar. Clermont-Ferrand, c. Rochefort-Montagne), 736. Meaux (Seine-et-Marne, ch.-l. ar.), 677-678, 900. Médargues (Puy-de-Dôme, non identifié), 741. Méditerranée, mer, 254. Médoc, 120, 190, 193, 198, 233. Mehun-sur-Yèvre (Cher, ar. Vierzon, ch.-l. c.), 244. Meigné (Maine-et-Loire, ar. Saumur, c. Doué-la-Fontaine), 775. Meilhaud (Puy-de-Dôme, ar. et c. Issoire), 735. Menat (Puy-de-Dôme, ar. Riom, ch.l. c.), 734. Menin (Belgique), 515. Mens (Isère, ar. Grenoble, ch.-l. c.), 394. Menton (Alpes-Maritimes, ar. Nice, ch.-l. c.), 118. Méolans-Revel (Alpes de Haute-Provence, ar. Barcelonnette, c. Le Lauzet-Ubaye), voir Saint-Barthélémy. Mercoire, forêt (Ardèche), 468. Mercurey (Saône-et-Loire, ar. Chalon-sur-Saône, c. Givry), 366. Mervent (Vendée, ar. Fontenay-leComte, c. Saint-Hilaire-desLoges), 716, 718.

INDEX DES NOMS GÉOGRAPHIQUES

Mesnil-Eudin, commune de Bermesnil (Somme), 176. Mesquer (Loire-Atlantique, ar. SaintNazaire, c. Guérande), 278, 281. Messeix (Puy-de-Dôme, ar. Clermont-Ferrand, c. Bourg-Lastic), 734. Mettray (Indre-et-Loire, ar. Tours, c. Luynes), 773, 779-780. Metz (Moselle, ch.-l. dép.), 316, 531, 573-584, 881, 899, 903. Meudehin (Pas-de-Calais ?, non identifié), 183. Meulan (Yvelines, ar. Mantes-laJolie, ch.-l. c.), 148-149, 159, 311-312, 438, 688. Meursault (Côte-d’Or, ar. Beaune, c. Beaune-Nord), 354. Meurthe, rivière, 581. Meuse, commune de Val-de-Meuse (Haute-Marne), 338-339. Meuse, fleuve, 569-571, 574. Mézeray (Sarthe, ar. La Flèche, c. Malicorne-sur-Sarthe), 776. Mézières (Ardennes), voir Charleville-Mézières. Miglos (Ariège, ar. Foix, c. Tarascon-sur-Ariège), 591. Milan (Italie), 539-540, 555-556. Millau (Aveyron, ch.-l. ar.), 588-589. Mirefleurs (Puy-de-Dôme, ar. Clermont-Ferrand, c. Vic-leComte), 731, 734. Mirepoix (Ariège, ar. Pamiers, ch.-l. c.), 85, 465-466, 470-471, 484, 487, 489. Moingt, commune de Montbrison (Loire), 549. Moirans (Isère, ar. Grenoble, c. Rives), 389-390, 434. Molières (Tarn-et-Garonne, ar. Montauban, ch.-l. c.), voir SaintAmans. Moline, rivière, 469. Mondrepuis (Aisne, ar. Vervins, c. Hirson), 766.

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Monestier-de-Clermont (Isère, ar. Grenoble, ch.-l. c.), 388. Monistrol-sur-Loire (Haute-Loire, ar. Yssingeaux, ch.-l. c.), 549. Mons (Belgique), 569, 571. Monsures (Somme, ar. Amiens, c. Conty), 175. Montauban (Tarn-et-Garonne, ch.-l. dép.), 31, 85, 585-600, 657, 870-871, 884, 886, 895-896, 901-903. Montbard (Côte-d’Or, ch.-l. ar.), 359. Montbrison (Loire, ch.-l. ar.), 536, 545, 549, 553, 836 ; voir aussi Moingt. Montcenis (Saône-et-Loire, ar. Autun, ch.-l. c.), 356. Montdidier (Somme, ch. l. ar.), 181. Mont-Dore (Puy-de-Dôme), 728, 732, 739-741. Montélimar (Drôme, ar. Valence, ch.-l. c.), 389. Montfermy (Puy-de-Dôme, ar. Riom, c. Pontgibaud), 827, 829. Montferrand (Puy-de-Dôme), voir Clermont-Ferrand. Montfort-l’Amaury (Yvelines, ar. Rambouillet, ch.-l. c.), 292. Monthélie (Côte-d’Or, ar. Beaune, c. Beaune-Nord), 354. Montivilliers (Seine-Maritime, ar. Le Havre, ch.-l. c.), 754. Montjaux (Aveyron, ar. Millau, c. Saint-Beauzély), voir Roquetaillade. Montjean sur Loire (Maine-et-Loire, ar. Cholet, c. Saint-Florent-leVieil), 775. Montjoli (Puy-de-Dôme), voir Chamalières. Mont-Louis (Pyrénées-Orientales, ar. Prades, ch.-l. c.), 694. Montluçon (Allier, ch.-l. ar.), 238, 601. Montmartin-sur-Mer (Manche, ar. Coutances, ch.-l. c.), 303.

968

L’ENQUÊTE DU RÉGENT

Montmédy (Meuse, ar. Verdun, ch.-l. c.), 575, 577-579, 582-584 ; voir aussi Fresnois. Montorgue (Auvergne, non identifié), 744. Montpellier (Hérault, ch.-l. dép.), 231, 233, 459-507, 714, 738, 807-814, 878, 900, 903 ; voir aussi Boutonnet. Montpensier (Puy-de-Dôme, ar. Riom, c. Aigueperse), 742. Montpeyroux (Puy-de-Dôme, ar. et c. Issoire), 734. Montrachet (Côte-d’Or), voir Puligny-Montrachet. Montredon-Labessonnié (Tarn, ar. Castres, ch.-l. c.), 497, 499500. Montreuil (Pas-de-Calais, ch.-l. ar.), 177, 181. Montreuil-Poulay (Mayenne, ar. Mayenne, c. Le Horps), 776. Montreuil-sur-Thonnance (HauteMarne, ar. Saint-Dizier, c. Poissons), 330. Montrond (Hautes-Alpes, ar. Gap, c. Serres), 440, 442. Montsalvy (Cantal, ar. Aurillac, ch.l. c.), 728. Montseny (Pyrénées), 679. Morancourt (Haute-Marne, ar. SaintDizier, c. Wassy), 330. Morey-Saint-Denis (Côte-d’Or, ar. Dijon, c. Gevrey-Chambertin), 349. Morlaix (Finistère, ch.-l. ar.), 255256. Morogues (Cher, ar. Bourges, c. Les Aix-d’Angillon), 241, 244. Mortagne-au-Perche (Orne, ch.-l. ar.), 127-128. Morvan, 84, 601. Moselle, rivière, 531, 577, 581. Mouans-Sartoux (Alpes-Maritimes, ar. Grasse, c. Mougins), 116. Mouilleron-en-Pareds (Vendée, ar. Fontenay-le-Comte, c. La Châtaigneraie), 716, 718.

Mouilleron-le-Captif (Vendée, ar. La Roche-sur-Yon, c. La Rochesur-Yon-Nord), 716, 718. Moulicent (Orne, ar. Mortagne-auPerche, c. Longny-au-Perche), 127. Moulins (Allier, ch.-l. dép.), 601603, 879, 893, 898, 903. Moustiers-Sainte-Marie (Alpes-deHaute-Provence, ar. Digne-lesBains, ch.-l. c.), 96. Moyenvic (Moselle, ar. ChâteauSalins, ar. Vic-sur-Seille), 45, 575, 577, 579, 583-584. Murat (Cantal, ar. Saint-Flour, ch. l. c.), 726, 728-729, 732, 752. Murbach (Haut-Rhin, ar. et c. Guebwiller), 384, 795, 803.

N Najac (Aveyron, ar. Villefranche-deRouergue, ch.-l. c.), 593, 596, 598. Namur (Belgique), 570-571. Nancy (Meurthe-et-Moselle, ch.-l. dép.), 529 n., 531, 581. Nantes (Loire-Atlantique, ch.-l. dép.), 45, 197, 252-253, 258, 260, 263, 275, 278, 280-281, 291-292, 295, 297-298, 301, 725, 728, 779, 876, 883 ; voir aussi Pont-de-Cens. Narbonne (Aude, ch.-l. ar.), 466, 491, 493, 808, 811, 857. Narcy (Haute-Marne, ar. SaintDizier, c. Chevillon), 331-332. Navarre, 55, 156, 460, 605-660, 842856, 870-872, 874, 876, 878881, 883-885, 887-888, 899. Nefiach (Pyrénées-Orientales, ar. Perpignan, c. Millas), 700-702, 706. Nérac (Lot-et-Garonne, ch.-l. ar.), 194.

INDEX DES NOMS GÉOGRAPHIQUES

Néris-les-Bains (Allier, ar. Montluçon, c. Montluçon-Sud), 601. Neschers (Puy-de-Dôme, ar. Issoire, c. Champeix), 734. Neuchâtel (Suisse), 249. Neuvéglise (Cantal, ar. Saint-Flour, c. Saint-Flour-Sud), 732. Neuville-Coppegueule (Somme, ar. Amiens, c. Oisemont), 178. Neuville-sur-Saône (Rhône, ar. Lyon, ch.-l. c.), 533, 540. Nevers (Nièvre, ch.-l. dép.), 540, 601-602. Nîmes (Gard, ch.-l. dép.), 465, 468, 507. Niort (Deux-Sèvres, ch.-l. dép.), 713714, 717. Nive, rivière, 189. Nivernais, 400, 540, 601-603, 884. Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir, ch.l. ar.), 127-128. Noire-Onde, rivière, 289. Noirmoutier, île (Vendée), 278-280, 714. Nolay (Côte-d’Or, ar. Beaune, ch.-l. c.), 366. Nonant-le-Pin (Orne, ar. Argentan, c. Le Merlerault), 126. Normandie, 45, 48, 84, 125-133, 181-182, 255, 303-321, 753760, 780. Nort-sur-Erdre (Loire-Atlantique, ar. Châteaubriant, ch.-l. c.), 253. Notre-Dame-de-Monts (Vendée, ar. Les Sables-d’Olonne, c. SaintJean-de-Monts), 279-280. Notre-Dame-du-Laus, commune de Saint-Étienne-le-Laus (HautesAlpes), 440, 442. Nouvelle-France, 754. Noyal-Châtillon-sur-Seiche (Ille-etVilaine, ar. Rennes, c. Bruz), 251. Noyelles-sous-Lens (Pas-de-Calais, ar. Lens, ch.-l. c.), 183.

969

Noyers, abbaye à Nouâtre (Indre-etLoire), 773, 782-783, 786-788, 793, 872. Noyers (Yonne, ar. Avallon, ch.-l. c.), 359-360. Noyon (Oise, ar. Compiègne, ch.-l. c.), 765. Nuits-Saint-Georges (Côte-d’Or, ar. Beaune, ch.-l. c.), 349-351, 831. Nuremberg (Allemagne), 163, 172. Nyer (Pyrénées-Orientales, ar. Prades, c. Olette), 697.

O Oberbruck (Haut-Rhin, ar. Thann, c. Masevaux), 165. Ogeu-les-Bains (Pyrénées-Atlantiques, ar. Oloron-Sainte-Marie, c. Oloron-Sainte-Marie-est), 605. Ognon, rivière, 379. Oiron (Deux-Sèvres, ar. Bressuire, c. Thouars 1er), voir, Bilazais. Oisans, mandement d’, 387-389, 406, 411, 415, 417-418, 423, 425. Oise, rivière, 181, 569. Oissel (Seine-Maritime, ar. Rouen, c. Saint-Étienne -du-Rouvray), 756. Olde, rivière, 85. Oléron, île (Charente-Maritime), 449-450, 722. Olliergues (Puy-de-Dôme, ar. Ambert, ch. l. c.), 726. Oloron-Sainte-Marie (PyrénéesAtlantiques, ch.-l. ar.), 460, 605, 614, 633 ; voir aussi Gave d’Oloron. Omonville-la-Petite (Manche, ar. Cherbourg, c. BeaumontHague), 314-315.

970

L’ENQUÊTE DU RÉGENT

Omonville-la-Rogue (Manche, ar. Cherbourg, c. BeaumontHague), 314-315. Orange (Vaucluse, ar. Avignon, ch.l. c.), 439, 465. Orbey (Haut-Rhin, ar. Ribeauvillé, c. Lapoutroie), 795, 802. Orcines-et-Villards (Puy-de-Dôme, ar. Clermont-Ferrand, c. Royat), voir Villards. Orival (Seine-Maritime, ar. Rouen, c. Elbeuf), 754, 760. Orléans (Loiret, ch.-l. dép.), 15, 43, 126, 176, 180, 182, 661-664, 734, 899, 901-902. Ornon (Isère, ar. Grenoble, c. Le Bourg-d’Oisans), 418. Orval (Belgique), voir Villersdevant-Orval. Orval (Cher, ar. et c. Saint-AmandMontrond), 244. Ossau, vallée (Pyrénées-Atlantiques), 605-606, 608-612, 617618, 620, 624-625, 631-636, 881, 883. Ossès (Pyrénées-Atlantiques, ar. Bayonne, c. Saint-Étienne-deBaïgorry), 609. Ouessant, île (Finistère), 255, 298302, 880. Outremécourt (Haute-Marne, ar. Chaumont, c. Bourmont), 531. Ouzon, rivière, 622. Oz (Isère, ar. Grenoble, c. Le Bourgd’Oisans), 418.

P Paimpont (Ille-et-Vilaine, ar. Rennes, c. Plélan-le-Grand), 256, 295. Paladru, lac (Isère), 387. Palatinat (Allemagne), 530-531. Palerme (Italie), 118.

Pamiers (Ariège, ch.-l. ar.), 591, 594595, 600, 684, 690-691, 698699, 707, 874. Paris (ch.-l. dép.), 81, 84, 125-128, 159, 163, 172, 179, 181-182, 244, 252-253, 291-292, 295, 303, 313, 315, 357, 362, 433, 465, 532, 537, 545, 569, 571, 661, 665-678, 687, 727-729, 733, 755-756, 762, 765, 767, 769, 783, 794, 872, 875-876, 881, 889, 896. Passy (auj. Paris), 619, 666. Pau (Pyrénées-Atlantiques, ch.-l. dép.), 85, 614, 616-617, 628, 656, 826, 833, 842-856, 881, 901-902. Pauillac (Gironde, ar. LesparreMédoc, ch.-l. c.), 233. Paulhenc (Cantal, ar. Saint-Flour, c. Pierrefort), 742. Pavin, lac (Puy-de-Dôme), 734-735. Paviot, commune de Voiron (Isère), 390. Pays-Bas, 48, 570-571, 574, 883 ; voir aussi Hollande. Pégut, commune de Vernet-laVarenne (Puy-de-Dôme) 752. Pellerey, commune de Curtil-Vergy (Côte-d’Or), 350. Perche, 125-133, 882. Pérignat-sur-Allier (Puy-de-Dôme, ar. Clermont-Ferrand, c. Billom), 734. Périgord, 189-191, 199, 203-204, 209, 449, 527, 726. Pernand-Vergelesse (Côte-d’Or, ar. Beaune, c. Beaune-Nord), 354. Péronne (Somme, ch.-l. ar.), 179, 181, Pérou, 126, 139, 260, 409-411, 422, 426, 731, 855. Péroulioux, rivière, 492. Péruse, rivière, 85. Perpignan (Pyrénées-Orientales, ch.l. dép.), 43, 679-712, 833-834, 874-875, 878-879, 882, 888, 899-900. Perrecy-les-Forges (Saône-et-Loire, ar. Charolles, c. Toulon-sur-

INDEX DES NOMS GÉOGRAPHIQUES

Arroux), 364, 560-561 ; voir aussi Romagné. Perse, 30, 536, 585. Peyrehorade (Landes, ar. Dax, ch.-l. c.), 189. Peyriac-Minervois (Aude, ar. Carcassonne, ch.-l. c.), 466. Peyrus (Drôme, ar. Valence, c. Chabeuil), 389. Pfenningthurm (Territoire-de-Belfort), 796. Phalsbourg (Moselle, ar. Sarrebourg, ch.-l. c.), 576. Picardie, 48, 126, 173-187, 537, 665666, 669, 883. Piémont (Italie), 89 n., 539. Pierre-Buffière (Haute-Vienne, ar. Limoges, ch.-l. c.), 525. Pilat, mont (Loire), 84, 557. Pinay (Loire, ar. Roanne, c. Néronde), 561. Pinsot (Isère, ar. Grenoble, c. Allevard), 406, 415, 427, 430, 432. Pisseleu (Oise, ar. Beauvais, c. Marseille-en-Beauvaisis), 175. Pissotte (Vendée, ar. et c. Fontenayle-Comte), 720. Plabennec (Finistère, ar. Brest, ch.-l. c.), 289. Plancher-les-Mines (Haute-Saône, ar. Lure, c. Champagney), 384, 803-807. Plappeville (Moselle, ar. Metz-Campagne, c. Woippy), 576. Ploërmel (Morbihan, ar. Vannes, ch.l. c.), 287, 291. Plombières-les-Bains (Vosges, ar. Epinal, ch.-l. c.), 530. Plougastel-Daoulas (Finistère, ar. Brest, c. Daoulas), 50, 264, 283-284, 291, 876, 883. Plouvien (Finistère, ar. Brest, c. Plabennec), 289. Plusquellec (Côtes-d’Armor, ar. Guingamp, c. Callac), 258, 262-263, 270-271, 274, 290, 839-841.

971

Poilvache (Belgique), 43, 571. Poissons (Haute-Marne, ar. SaintDizier, ch.-l. c.), 330. Poitiers (Vienne, ch.-l. dép.), 713723, 832, 874, 894, 901. Poitou, 279, 283, 713-723, 727-728, 832, 878, 880, 882, 894. Poix, puy (Puy-de-Dôme), 743, 745750, 887. Poix-de-Picardie (Somme, ar. Amiens, ch.-l. c.), 180. Poligné (Ille-et-Vilaine, ar. Redon, c. Bain-de-Bretagne), 274. Pon (Navarre, non identifié), 631. Pommard (Côte-d’Or, ar. Beaune, c. Beaune-Nord), 353-354. Pont-à-Mousson (Meurthe-etMoselle, ar. Nancy, ch.-l. c.), 531. Pontarlier (Doubs, ch.-l. ar.), 84. Pont-Audemer (Eure, ar. Bernay, ch.-l. c.), 754. Pontavert (Aisne, ar. Laon, c. Neufchâtel-sur-Aisne), 765. Pont-de-Cens, commune de Nantes (Loire-Atlantique), 298. Pont-de-l’Arche (Eure, ar. Les Andelys, ch.-l. c.), 753-754. Pontès (Alpes-de-Haute-Provence, non identifié), 101. Pongibaud (Puy-de-Dôme, ar. Riom, ch.-l. c.), 731, 736. Ponthieu, 181. Porquerolles, île (Var), 120. Portbail (Manche, ar. Cherbourg, c. Barneville-Carteret), 316. Port-Cros, île (Var), 120. Portes-en-Valdaine (Drôme, ar. Valence, c. Montélimar 2e), 390. Portes-lès-Valence (Drôme, ar. Valence, ch.-l. c.), 390. Portet-sur-Garonne (Haute-Garonne, ar. Muret), 699. Port-Louis (Morbihan, ar. Lorient, ch.-l. c.), 253-254.

972

L’ENQUÊTE DU RÉGENT

Portugal, 48, 180, 197, 249, 281, 504-505, 539, 755. Potelières (Gard, ar. Alès, c. SaintAmbroix), 487. Pouancé (Maine-et-Loire, ar. Segré, ch.-l. c.), 775. Pougeard, commune de BalesmesDescartes (Indre-et-Loire), 787. Pougues-les-Eaux (Nièvre, ar. Nevers, ch.-l. c.), 601. Pouilly (Saône-et-Loire), voir Solutré-Pouilly. Pouzauges (Vendée, ar. Fontenay-leComte, ch.-l. c.), 713, 715. Pradines (Loire, ar. Roanne, c. SaintSymphorien-de-Lay), 560-561, 563. Prads-Haute-Bléone (Alpes-deHaute-Provence, ar. Digne-lesBains, c. La Javie), voir Champourcin. Prats-Balaguer, commune de Fontpédrouse (Pyrénées-Orientales), 693. Prats-de-Mollo-la-Preste (PyrénéesOrientales, ar. Céret, ch.-l. c.), 695-696. Préchonnet, commune de Bourg-Lastic (Puy-de-Dôme), 733. Prémeaux-Prissey (Côte-d’Or, ar. Beaune, c. Nuits-Saint-Georges), 350. Preuilly-sur-Claise (Indre-et-Loire, ar. Loches, ch.-l. c.), 784. Prissé (Saône-et-Loire, ar. Mâcon, c. Mâcon-Sud), 356. Prouvy (Nord, ar. Valenciennes, c. Valenciennes-Sud), 512. Provence, 89-123, 388, 435, 461, 465, 467, 471, 504, 536, 728, 856-861. Provenchères-sur-Meuse, commune de Val-de-Meuse (HauteMarne), 338-339. Provins (Seine-et-Marne, ch.-l. ar.), 677. Prusse, 101, 485, 492.

Puits-la-Vallée (Oise, ar. Clermont, c. Froissy), 175. Puligny-Montrachet (Côte-d’Or, ar. Beaune, c. Nolay), 354. Puy de Dôme, 736, 745. Puyricard, commune d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), 92. Pyrénées, montagnes, 36, 43, 85, 189, 233, 411, 600, 605-606, 610-611, 614, 619-620, 631, 633-634, 679, 681, 683, 691, 708-712, 811, 833-834, 842856, 874-875, 879.

Q Quercy, 726, 728. Queyras, vallée, 413. Quimbiti (Côtes-d’Armor, non identifié), 301. Quimper (Finistère, ch.-l. dép.), 254, 257-258, 262, 265, 293-294. Quinéville (Manche, ar. Cherbourg, c. Montebourg), 316. Quiquengrogne, commune de Wimyen-Thiérache (Aisne), 767. Quintin (Côtes-d’Armor, ar. SaintBrieuc, ch.-l. c.), 252, 256, 293.

R Rabat-les-Trois-Seigneurs (Ariège, ar. Foix, c. Tarascon-surAriège), 591. Railleu (Pyrénées-Orientales, ar. Prades, c. Olette), 693. Rambervillers (Vosges, ar. Épinal, ch.-l. c.), 575, 577, 581, 583584. Rambures (Somme, ar. abbeville, c. Gamaches), 176.

INDEX DES NOMS GÉOGRAPHIQUES

Rancogne (Charente, ar. Angoulême, c. La Rochefoucauld), 85. Randonnai (Orne, ar. Mortagne-auPerche, c. Tourouvre), 128. Rânes (Orne, ar. Argentan, c. Ecouché), 127. Raon-l’Étape (Vosges, ar. Saint-Dié, ch.-l. c.), 581. Rasiguères (Pyrénées-Orientales, ar. Perpignan, c. Latour-deFrance), 687. Raventhal, vallée (gén. d’Alsace), 867-868, 905-908, 913 et fig. 5, 11 et 11 bis. Ré, île (Charente-Maritime), 279, 449-451. Réalmont (Tarn, ar. Albi, ch.-l. c.), 466, 495, 497, 499-500. Réaumont (Isère, ar. Grenoble, c. Rives), 434. Reboursin (Indre, ar. Issoudun, c. Vatan), 241. Redon (Ille-et-Vilaine, ch.-l. ar.), 275. Régny (Loire, ar. Roanne, c. SaintSymphorien-de-Lay), 561, 563. Reims (Marne, ch.-l. dép.), 325-326, 338, 362 n.-363. Remiremont (Vosges, ar. Epinal, ch.l. c.), 529. Rennes (Ille-et-Vilaine, ch.-l. dép.), 251-302. Rennes-les-Bains (Aude, ar. Limoux, c. Couiza), 465, 471. Ressons-sur-Matz (Somme, ar. Compiègne, ch.-l. ar.), 181. Rethel (Ardennes, ch.-l. ar.), 325, 336, 770, 838-839. Reuil-en-Brie (Seine-et-Marne, ar. Meaux, c. La Ferté-sousJouarre), 677. Reulle-Vergy (Côte-d’Or, ar. Dijon, c. Gevrey-Chambertin), 350. Revel (Isère, ar. Grenoble, c. Domène), 390. Revermont (Ain), 357.

973

Rhin, fleuve, 136, 144, 164-165, 492, 530, 596, 868, 905-906. Rhône, fleuve, 84, 357, 370, 374, 388, 415, 434-435, 465, 535, 541, 557-559, 561-562. Rhodes (Grèce), 732. Rians (Cher, ar. Bourges, c. Les Aixd’Angillon), 241 n. Rians (Var, ar. Brignoles, ch.-l. c.), 90, 92, 102. Rimogne (Ardennes, ar. CharlevilleMézières, c. Rocroi), 336. Riom (Puy-de-Dôme, ch.-l. ar.), 725752. Rive-de-Gier (Loire, ar. SaintÉtienne, ch.-l. c.), 557. Rives (Isère, ar. Grenoble, ch.-l. c.), 390, 394, 397, 399, 401, 412, 419-420, 425, 434. Rivier (Isère, non identifié), 415. Rivières (Gard, ar. Alès, c. Barjac), 488. Roanne (Loire, ch.-l. ar.), 535, 546, 552, 561. Rochefort (Charente-Maritime, ch.-l. ar.), 251, 449-450, 452, 457, 725, 728, 901, 904. Rochefort (Savoie, ar. Chambéry, c. Saint-Genix-sur-Guiers), 816, 818, 823, 826. Rochegude (Gard, ar. Alès, c. Barjac), 488. Rocquigny (Aisne, ar. Vervins, c. La Capelle), 766, 768. Rocroi (Ardennes, ar. CharlevilleMézières, ch.-l. c.), 340, 838839. Rodez (Aveyron, ch.-l. dép.), 588, 595, 740. Roffiac (Cantal, ar. Saint-Flour, c. Saint-Flour-Nord), 734. Romagné, commune de Perrecy-lesForges (Saône-et-Loire), 364. Romagny (Haut-Rhin, ar. Altkirch, c. Dannemarie), 158. Romanèche-Thorins (Saône-et-Loire, ar. Mâcon, c. La Chapelle-deGuinchay), 356.

974

L’ENQUÊTE DU RÉGENT

Romans-sur-Isère (Drôme, ar. Valence, ch.-l. c.), 389. Rome (Italie), 121, 123, 732. Roppe (Territoire-de-Belfort, ar. Belfort, c. Offemont), 158. Roquebrun (Hérault, ar. Béziers, c. Olargues), 467. Roquecezière, voir Laval-Roquecezière. Roquecourbe (Tarn, ar. Castres, ch.l. c.), 495, 499. Roquetaillade, commune de Montjaux (Aveyron), 590. Roscoff (Finistère, ar. Morlaix, c. Saint-Pol-de-Léon), 255. Rosières-aux-Salines (Meurthe-etMoselle, ar. Nancy, c. SaintNicolas-de-Port), 530. Rotangy (Oise, ar. Beauvais, c. Crèvecoeur-le-Grand), 175. Roubaix (Nord, ar. Lille, ch.-l. c.), 511. Rouen (Seine-Maritime, ch.-l. dép.), 48, 55, 125-128, 132, 178, 180182, 252, 316, 416, 512, 537, 753-760, 882, 903. Rouergue, 503, 505, 591-592, 596598, 726. Rouffach (Haut-Rhin, ar. Guebwiller, ch.-l. c.), 146. Rougemont-le-Château (Territoirede-Belfort, ar. Belfort, ch.-l. c.), 156, 158. Roujan (Hérault, ar. Béziers, ch.-l. c.), voir Cassan. Roussillon, 55, 598, 600, 679-712, 833-834, 874, 879. Royan (Charente-Maritime, ar. Rochefort, ch.-l. c.), 449-451. Royans, voir Le Pont-en-Royans. Royat (Puy-de-Dôme, ar. ClermontFerrand, ch.-l. c.), 731. Rozelay, commune de Ciry-le-Noble (Saône-et-Loire), 364. Rugles (Eure, ar. Évreux, ch. l. c.), 126, 128.

Ruy (Isère, ar. La Tour-du-Pin, c. Bourgoin-Jallieu), 389.

S Sacase (Navarre, non identifié), 631. Saillé, commune de Guérande (Loire-Atlantique), 278. Sain-Bel (Rhône, ar. Lyon, c. L’Arbresle), 534, 541, 544, 548-549, 554, 835, 837. Saint-Alban-les-Eaux (Loire, ar. Roanne, c. Saint-Haon-le-Châtel), 535. Saint-Amand-les-Eaux (Nord, ar. Valenciennes, ch.-l. c.), 511. Saint-Amans, commune de Molières (Tarn-et-Garonne), 495, 499. Saint-Amarin (Haut-Rhin, ar. Thann, ch.-l. c.), 139, 144, 795, 801802. Saint-Ambroix (Gard, ar. Alès, ch.-l. c.), 488. Saint-Antoine (Isère, ar. Grenoble, c. Saint-Marcellin), 389. Saint-Antonin-Noble-Val (Tarn-etGaronne, ar. Montauban, ch.-l. c.), 589. Saint-Aubin (Côte-d’Or, ar. Beaune, c. Nolay), 354. Saint-Aubin-de-Luigné (Maine-etLoire, ar. Angers, c. Chalonnes-sur-Loire), 775. Saint-Aubin-du-Cormier (Ille-etVilaine, ar. Fougères, ch.-l. c.), 293. Saint-Aubin-Épinay (Seine-Maritime, ar. Rouen, c. Darnétal), 754. Saint-Aubin-lès-Elbeuf (Seine-Maritime, ar. Rouen, c. Elbeuf), 754. Saint-Aubin-sur-Loire (Saône-etLoire, ar. Charolles, c. Bourbon-Lancy), 355.

INDEX DES NOMS GÉOGRAPHIQUES

Saint-Barthélémy, commune de Méolans-Revel (Alpes-deHaute-Provence), 107. Saint-Béat (Haute-Garonne, ar. Saint-Gaudens, ch.-l. c.), 460. Saint-Benoist-sur-Mer (Vendée, ar. Les Sables-d’Olonne, c. Moutiers-les-Mauxfaits), 714. Saint-Benoît-de-Carmaux (Tarn, ar. Albi, c. Carmaux-Nord), 466. Saint-Berthevin (Mayenne, ar. Laval, ch.-l. c.), 777, 781-782. Saint-Bonnet-Avalouze (Corrèze, ar. Tulle, c. Tulle-Campagne-Sud), 525-526, 830-831. Saint-Bonnet-de-Chavagne (Isère, ar. Grenoble, c. Saint-Marcellin), 421, 432-433, 435, 819, 826. Saint-Bonnet-le-Château (Loire, ar. Montbrison, ch.-l. c.), 545, 550, 553-554. Saint-Bouize (Cher, ar. Bourges, c. Sancerre), voir La GrangeChaumont. Saint-Bresson (Haute-Saône, ar. Lure, c. Faucogney-et-la-Mer), 803, 806-807. Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor, ch. l. dép.), 256, 287-288, 293-294. Saint-Bris-le-Vineux (Yonne, ar. Auxerre, c. Auxerre-Est), 361. Saint-Céré (Lot, ar. Figeac, ch.-l. c.), 591. Saint-Chamond (Loire, ar. SaintÉtienne, ch.-l. c.), 536, 540, 545. Saint-Chinian (Hérault, ar. Béziers, ch.-l. c.), 466. Saint-Claude (Jura, ch.-l. ar.), 558. Saint-Cyr, montagne (Bouches-duRhône), 122-123. Saint-Cyr-en-Retz, commune de Bourgneuf-en-Retz (LoireAtlantique), 279-280. Saint-Denis-d’Orques (Sarthe, ar. Le Mans, c. Loué), 776, 778.

975

Saint-Denis-le-Gast (Manche, ar. Coutances, c. Gavray), 314315. Saint-Dizier (Haute-Marne, ch. l. ar.), 327, 329-331, 334-337, 880. Saint-Donat-sur-L’Herbasse (Drôme, ar. Valence, ch.-l. c.), 389. Sainte-Agnès (Isère, ar. Grenoble, c. Domène), 817, 826. Sainte-Catherine-de-Fierbois (Indreet-Loire, ar. Chinon, c. SainteMaure-de-Touraine), 785, 790. Sainte-Colombe-sur-l’Hers (Aude, ar. Limoux, c. Chalabre), 94, 108, 471-472, 686. Sainte-Croix-du-Mont (Gironde, ar. Bordeaux, c. Cadillac), 228234. Sainte-Florine (Haute-Loire, ar. Brioude, c. Auzon), 733. Sainte-Jamme-sur-Sarthe (Sarthe, ar. Le Mans, c. Ballon), 776. Sainte-Marie (Cantal, ar. Saint-Flour, c. Pierrefort), 742, 751. Sainte-Marie-aux-Mines (Haut-Rhin, ar. Ribeauvillé, ch.-l. c.), 135136, 139, 143, 529, 798-799, 801-802, 867, 905, 907-912 et fig. 4 à 9. Sainte-Maure-de-Touraine (Indre-etLoire, ar. Chinon, ch.-l. c.), 780, 785-786, 788, 790, 872. Saintes (Charente-Maritime, ch.-l. ar.), 209, 450. Saint-Étienne (Loire, ch.-l. dép.), 83, 419-420, 434-435, 535-536, 540, 542-543, 551-553, 557558. Saint-Étienne-de-Chigny (Indre-etLoire, ar. Tours, c. Luynes), 773, 778. Saint-Étienne-le-Laus (HautesAlpes, ar. Gap, c. La BâtieNeuve), voir Notre-Dame-duLaus. Saint-Floret (Puy-de-Dôme, ar. Issoire, c. Champeix), 742.

976

L’ENQUÊTE DU RÉGENT

Saint-Flour (Cantal, ch.-l. ar.), 726, 728-729, 732, 734-735, 740, 742, 750. Saint-Galmier (Loire, ar. Montbrison, ch.-l. c.), 535. Saint-Georges-de-Commiers (Isère, ar. Grenoble, c. Vizille), 389. Saint-Georges-du-Bois (Maine-etLoire, ar. Angers, c. Beauforten-Vallée), 775. Saint-Georges-du-Vièvre (Eure, ar. Bernay, ch.-l. c.), 754. Saint-Georges-sur-la-Prée (Cher, ar. Bourges, c. Graçay), 236 n., 239, 241, 244. Saint-Germain-de-Calberte (Lozère, ar. Florac, ch.-l. c.), 469, 485. Saint-Germain-sur-Ay (Manche, ar. Coutances, c. Lessay), 316. Saint-Gervais (Isère, ar. Grenoble, c. Vinay), 122, 387, 390-392, 397, 402-403, 437, 868, 906 et fig. 16. Saint-Gervais (Vendée, ar. Les Sables d’Olonne, c. Beauvoirsur-Mer), 279-280. Saint-Gilles-Croix-de-Vie (Vendée, ar. Les Sables-d’Olonne, ch.-l. c.), 714. Saint-Girons (Ariège, ch.-l. ar.), 654, 656. Saint-Hilaire-Bonneval (HauteVienne, ar. Limoges, c. PierreBuffière), 524. Saint-Hilaire-Cusson-la-Valmite (Loire, ar. Montbrison, c. Saint-Bonnet-le-Château), 545, 550, 836-837. Saint-Hugon, chartreuse, à Arvillard (Savoie), 390. Saint-Jean-de-Bournay (Isère, ar. Vienne, ch.-l. c.), 389. Saint-Jean-de-Losne (Côte-d’Or, ar. Beaune, ch.-l. c.), 355. Saint-Jean-de-Monts (Vendée, ar. Les Sables-d’Olonne, ch.-l. c.), 719.

Saint-Jean-en-Val (Puy-de-Dôme, ar. Issoire, c. Sauxillanges), 731. Saint-Jean-Pied-de-Port (PyrénéesAtlantiques, ar. Bayonne, ch.-l. c.), 630-631, 853, 856. Saint-Julien-d’Ance (Haute-Loire, ar. Le Puy-en-Velay, c. Craponne-sur-Arzon), 550, 554. Saint-Julien-Molin-Molette (Loire, ar. Saint-Étienne, c. BourgArgental), 545, 551, 835-837. Saint-Laurent-de-Cerdans (PyrénéesOrientales, ar. Céret, c. Pratsde-Mollo-la-Preste), 697. Saint-Léger-en-Yvelines (Yvelines, ar. et c. Rambouillet), 291-292. Saint-Léonard-des-Bois (Sarthe, ar. Mamers, c. Fresnay-sur-Sarthe), 776. Saint-Liquais (Languedoc, non identifié), 810. Saint-Lô (Manche, ch.-l. dép.), 303, 305-306, Saint-Luc, commune de Guichainville (Eure), 306. Saint-Macaire (Gironde, ar. Langon, ch.-l. c.), 228. Saint-Maime (Alpes-de-Haute-Provence, ar. et c. Forcalquier), 96, 104. Saint-Maixent-l’École (Deux-Sèvres, ar. Niort, ch.-l. c.), 714. Saint-Malo (Ille-et-Vilaine, ch.-l. ar.), 252, 254-256, 293-294, 302. Saint-Marc (Cantal, ar. Saint-Flour, c. Ruynes-en-Margeride), 736. Saint-Martin-d’Auxigny (Cher, ar. Bourges, ch.-l. c.), 244 ; voir aussi Les Rousseaux. Saint-Martin-de-Connée (Mayenne, ar. Mayenne, c. Bais), 776. Saint-Martin-du-Boschet (Seine-etMarne, ar. Provins, c. VilliersSaint-Georges), 677-678. Saint-Martin-d’Uriage (Isère, ar. Grenoble, c. Domène), voir Uriage.

INDEX DES NOMS GÉOGRAPHIQUES

Saint-Martin-la-Plaine (Loire, ar. Saint-Étienne, c. Rive-de-Gier), 534, 541. Saint-Maurice (Puy-de-Dôme, ar. Clermont-Ferrand, c. Vic-leComte), 731. Saint-Michel (Aisne, ar. Vervins, c. Hirson), 766. Saint-Michel-de-Llottes (PyrénéesOrientales, ar. Prades, c. Vinça), 692. Saint-Michel-de-Maurienne (Isère, ar. Saint-Jean-de-Maurienne, ch.-l. c.), 444. Saint-Michel-sur-Meurthe (Vosges, ar. Saint-Dié, c. Saint-DiéOuest), 531. Saint-Molf (Loire-Atlantique, ar. Saint-Nazaire, c. Guérande), 278. Saint-Myon (Puy-de-Dôme, ar. Riom, c. Combronde), 741. Saint-Nicolas-de-Port (Meurthe-etMoselle, ar. Nancy, ch.-l. c.), 581. Saint-Omer (Pas-de-Calais, ch.-l. ar.), 183-185. Saintonge, 209, 279, 283, 315, 449. Saint-Papoul (Aude, ar. Carcassonne, c. Castelnaudary), 489. Saint-Paul (Haute-Vienne, ar. Limoges, c. Pierre-Buffière), 524. Saint-Paul-de-Fenouillet (PyrénéesOrientales, ar. Perpignan, ch.-l. c.), 687. Saint-Pierre-d’Entremont (Isère, ar. Grenoble, c. Saint-Laurent-duPont), 403. Saint-Pierre-la-Palud (Rhône, ar. Lyon, c. L’Arbresle), 548-549. Saint-Pons-de-Thomières (Hérault, ar. Béziers, ch.-l. c.), 466, 486. Saint-Pouange (Aube, ar. Troyes, c. Bouilly), 324. Saint-Pourçain-sur-Sioule (Allier, ar. Moulins, ch.-l. c.), 725. Saint-Priest-Ligoure (Haute-Vienne, ar. Limoges, c. Nexon), 525.

977

Saint-Quentin (Aisne, ch.-l. ar.), 127, 173, 178, 181, 186-187. Saint-Riquier (Somme, ar. Abbeville, c. Ailly-le-Haut-Clocher), 184. Saint-Romain (Côte-d’Or, ar. Beaune, c. Nolay), 352. Saint-Romain-en-Gier (Rhône, ar. Lyon, c. Givors), 549. Saint-Sauveur-le-Vicomte (Manche, ar. Cherbourg, ch.-l. c.), 308. Saint-Savin (Hautes-Pyrénées, ar. et c. Argelès-Gazost), 191. Saint-Savinien (Charente-Maritime, ar. Saint-Jean-d’Angély, ch.-l. c.), 449-451. Saint-Sébastien (Espagne), 254. Saint-Sever-Calvados (Calvados, ar. Vire, ch.-l. c.), 314-315. Saint-Sorlin, commune de La RocheVineuse (Saône-et-Loire), 356. Saint-Tropez (Var, ar. Draguignan, ch.-l. c.), 113, 115. Saint-Vaast-La-Hougue (Manche, ar. Cherbourg, c. Quettehou), voir La Hougue. Saint-Valéry-sur-Somme (Somme, ar. Abbeville, ch.-l. c.), 181182. Saint-Vallier (Drôme, ar. Valence, ch.-l. c.), 389. Saint-Victor-de-Réno (Orne, ar. Mortagne-au-Perche, c. Longny-au-Perche), 128 n. Saint-Vincent-les-Forts (Alpes-deHaute-Provence, ar. Barcelonnette, c. Le Lauzet-Ubaye), 99. Saint-Vincent-sur-Jabron (Alpes-deHaute-Provence, ar. Forcalquier, c. Noyers-sur-Jabron), 99. Saint-Vivant, abbaye (Côte-d’Or), 350. Saïx (Tarn, ar. Castres, c. CastresOuest), 494, 497, 499, 505, 875. Salat, rivière, 699. Salé (Maroc), 460-461.

978

L’ENQUÊTE DU RÉGENT

Salers (Cantal, ar. Mauriac, ch. l. c.), 727. Salignac (Alpes-de-Haute-Provence, ar. Forcalquier, c. Volonne), 100. Salins-les-Bains (Jura, ar. Lons-leSaunier, ch. l. c.), 380. Salonnes (Moselle, ar. et c. ChâteauSalins), 530. Salverre (Auvergne, non identifié), 733. Salzbourg (Autriche), 155, 157, 167168. Sambre, rivière, 569-571. Sampans (Jura, ar. Dole, c. DoleNord-Est), 363, 371. Sancerre (Cher, ar. Bourges, ch.-l. c.), 238, 244. Santenay (Côte-d’Or, ar. Beaune, c. Nolay), 354. Santerre, 181. Saône, rivière, 355, 379, 535, 538. Sapogne-sur-Marche (Ardennes, ar. Sedan, c. Carignan), 574. Sarralbe (Moselle, ar. Forbach, ch.-l. c.), 530. Sarre, rivière, 530. Sarrelouis (Allemagne), 575, 581582. Sars-Poteries (Nord, ar. Avesnes-surHelpe, c. Solre-le-Château), 571. Sassenage (Isère, ar. Grenoble, c. Fontaine-Sassenage), 389, 418, 421. Saugues (Haute-Loire, ar. Le Puyen-Velay, ch.-l. c.), 738. Saulieu (Côte-d’Or, ar. Montbard, ch.-l. c.), 363. Sault, puy de la (Puy-de-Dôme), 749-750. Saumur (Maine-et-Loire, ch. l. ar.), 244, 715, 775, 779, 792-794. Sauxillanges (Puy-de-Dôme, ar. Issoire, ch.-l. c.), 726, 732-733. Saverdun (Ariège, ar. Pamiers, ch.-l. c.), 600.

Savigny-lès-Beaune (Côte-d’Or, ar. Beaune, c. Beaune-Nord), 354. Savigny-en-Sancerre (Cher, ar. Bourges, c. Léré), 241. Savoie, 89 n., 358. Savonnières (Indre-et-Loire, ar. Tours, c. Ballan-Miré), 780. Saxe (Allemagne), 165. Scarpe, rivière, 184. Scyros, île (Grèce), 737. Seclin (Nord, ar. Lille, ch.-l. c.), 511. Sedan (Ardennes, ch.-l. ar.), 326327, 337-338, 362 n. Seignelay (Yonne, ar. Auxerre, ch.-l. c.), 361. Seille, rivière, 530, 577. Sélestat (Bas-Rhin, ch.-l. ar.), 149. Semécourt (Moselle, ar. Metz-Campagne, c. Maizières-lès-Metz), 576. Semur-en-Auxois (Côte-d’Or, ar. Montbard, ch.-l. c.), 358. Semur-en-Brionnais (Saône-et-Loire, ar. Charolles, ch.-l. c.), 356. Sénarpont (Somme, ar. Amiens, c. Oisemont), 176. Sénégal, 755, 872. Sennecé-lès-Mâcon, commune de Mâcon (Saône-et-Loire), 356. Serralongue (Pyrénées-Orientales, ar. Céret, c. Prats-de-Mollo-laPreste), 696. Serre-Nerpol (Isère, ar. Grenoble, c. Vinay), 390. Sestriere (Italie), 388. Seudre, fleuve (Charente-Maritime), 279. Seurre (Côte-d’Or, ar. Beaune, ch.-l. c.), 355. Sévignacq-Meyracq (PyrénéesAtlantiques, ar. Oloron-SainteMarie, c. Arudy), 631. Sèvre, fleuve, 714. Sézanne (Marne, ar. Epernay, ch.-l. c.), 325, 336. Sicile (Italie), 536.

INDEX DES NOMS GÉOGRAPHIQUES

Sidobre, 503. Signy-Montlibert (Ardennes, ar. Sedan, c. Carignan), 574-575, 579. Siguer (Ariège, ar. Foix, c. Vicdessos), 591. Sillé-le-Guillaume (Sarthe, ar. Le Mans, ch.-l. c.), 776. Sillé-le-Philippe (Sarthe, ar. Le Mans, c. Montfort-le-Gesnois), 776. Simorre (Gers, ar. Auch, c. Lombez), 30, 39, 627, 637, 641-644, 646647, 649, 651, 659, 871-872. Sioule, rivière, 734. Smyrne (auj. Izmir, Turquie), 461. Soissons (Aisne, ch.l. ar), 761-771, 879, 882, 892, 896, 901-902. Soissonnais, 175, 182. Solutré-Pouilly (Saône-et-Loire, ar. Mâcon, c. Mâcon-Sud), 356. Somme, fleuve, 175, 183. Somme, rivière, 84. Soulac-sur-Mer (Gironde, ar. Lesparre-Médoc, c. Saint-Viviende-Médoc), 233. Soulangis (Cher, ar. Bourges, c. Les Aix-d’Angillon), 243. Spa (Belgique), 739. Spire (Allemagne), 530. Stalimène (Grèce), 733. Stenay (Meuse, ar. Verdun, ch.-l. c.), 575. Strasbourg (Bas-Rhin, ch.-l. dép.), 42, 135-172, 531, 576, 997. Styrie (Autriche), 155, 167-168. Subligny (Cher, ar. Sancerre, c. Vailly-sur-Sauldre), 244. Suède, 45, 197, 391, 570, 666, 883. Suisse, 165, 167, 383, 529, 589, 855. Sury-le-Comtal (Loire, ar. Montbrison, c. Saint-Just-Saint-Rambert), 559-563, 889, 906.

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T Tain-L’Hermitage (Drôme, ar. Valence, ch.-l. c.), 388, 415416. Tarare (Rhône, ar. Villefranche-surSaône, ch.-l. c.), 534, 541, 834, 837. Tarn, rivière, 85, 599-600. Tarragone (Espagne), 702, 706. Tautavel (Pyrénées-Orientales, ar. Perpignan, c. Latour-deFrance), 685, 687, 875. Tauves (Puy-de-Dôme, ar. Issoire, ch.-l. c.), 731. Terlan (Pays-bas, non identifié), 569. Têt, fleuve (Pyrénées-Orientales), 693, 702. Tharot (Yonne, ar. et c. Avallon), 359. Theys (Isère, ar. Grenoble, c. Goncelin), 390, 392, 398, 817-818. Thiérache, 182. Thiers (Puy-de-Dôme, ch.-l. ar.), 726-728. Thionville (Moselle, ch.-l. ar.), 576, 578, 582. Thoix (Somme, ar. Amiens, c. Conty), 175. Thongue, rivière (Hérault), 472. Thoré, rivière, 499. Thouars (Deux-Sèvres, ar. Bressuire, ch.-l. c.), 716. Thuré (Vienne, ar. et c. Châtellerault), 719. Thymerais, 126. Tilloy-lès-Conty (Somme, ar. Amiens, c. Conty), 176. Tinières, château (Auvergne, non identifié), 732. Tiretaine, rivière, 737. Tonneins (Lot-et-Garonne, ar. Marmande, ch.-l. c.), 190. Tonnerre (Yonne, ar. Avallon, ch.-l. c.), 360.

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L’ENQUÊTE DU RÉGENT

Tonnoy (Meurthe-et-Moselle, ar. Nancy, c. Saint-Nicolas-dePort), 531. Torigni-sur-Vire (Manche, ar. SaintLô, ch.-l. c.), 311-312. Toulon (Var, ch.-l. dép.), 97, 118120, 844, 899. Toulon-sur-Arroux (Saône-et-Loire, ar. Charolles, ch.-l. c.), 364. Toulouse (Haute-Garonne, ch.-l. dép.), 213, 221, 460-461, 465, 486, 489, 495, 498, 599-600, 659, 699, 807-814, 878, 887. Touques (Calvados, ar. Lisieux, c. Trouville-sur-Mer), 316. Touraine, 45. Tour-Bémions (non identifié), 100. Tourcoing (Nord, ar. Lille, ch.-l. c.), 182, 511. Tourlaville (Manche, ar. Cherbourg, ch.-l. c.), 316. Tournai (Belgique), 182, 511, 569. Tournus (Saône-et-Loire, ar. Mâcon, ch.-l. c.), 357. Tourronce (Finistère, non identifié), 290. Tours (Indre-et-Loire, ch.-l. dép.), 128, 536-538, 773-794, 872, 879, 894, 900-902, 904. Tourville-sur-Sienne (Manche, ar. Coutances, c. Saint-Malo-dela-Lande), 311-312. Tréban (Tarn, ar. Albi, c. Pampelonne), 466 n. Tréguier (Côtes-d’Armor, ar. Lannion, ch.-l. c.), 255, 293-294, 301. Trélon (Nord, ar. Avesnes-sur-Helpe, ch.-l. c.), 569. Tremblay-les-Villages (Eure-et-Loir, ar. Dreux, c. Châteauneuf-enThymerais), voir Écublé. Trémond (Languedoc, non identifié), 466. Trèves (Allemagne), 530, 581, 733. Tricot (Oise, ar. Clermont, c. Maignelay-Montigny), 177. Trigny (Marne, ar. Reims, c. Fismes), 326. Trois Évêchés, 529, 531, 575.

Troyes (Aube, ch.-l. dép.), 182, 363. Tuchan (Aude, ar. Narbonne, ch.-l. c.), 687. Tullins (Isère, ar. Grenoble, ch.-l. c.), 389-390, 434 ; voir aussi Fures. Tunis (Tunisie), 461.

U Urdos (Pyrénées-Atlantiques, ar. Oloron-Sainte-Marie, c. Accous), 608. Uriage, commune de Saint-Martind’Uriage (Isère), 390. Usson (Puy-de-Dôme, ar. Issoire, c. Sauxillanges), 732. Ustou (Ariège, ar. Saint-Girons, c. Oust), 654-656. Uzel (Côtes-d’Armor, ar. SaintBrieuc, ch.-l. c.), 256. Uzès (Gard, ar. Nîmes, ch.-l. c.), 468, 507.

V Vagney (Vosges, ar. Epinal, c. Saulxures-sur-Moselotte), 238. Vains (Manche, ar. et c. Avranches), 303, 316. Vairé (Vendée, ar. et c. Les Sablesd’Olonne), 721. Valcivières (Puy-de-Dôme, ar. et c. Ambert), 736. Val-de-Meuse (Haute-Marne, ar. Langres, ch.-l. c.), voir Meuse et Provenchères-sur-Meuse. Valdrôme (Drôme, ar. Die, c. Lucen-Diois), 389. Valence (Drôme, ch.-l. dép.), 389, 435. Valenciennes (Nord, ch.-l. ar.), 511512.

INDEX DES NOMS GÉOGRAPHIQUES

Valentin, ruisseau, 623-624. Vallespir, vallée (Pyrénées-Orientales), 695-697. Vallauris (Alpes-Maritimes, ar. Grasse, ch.-l. c.), 96, 100, 103104. Valloux, commune de Vault-deLugny (Yonne), 359. Valognes (Manche, ar. Cherbourg, ch.-l. c.), 307-309, 311. Valprivas (Haute-Loire, ar. Yssingeaux, c. Bas-en-Basset), 551, 555. Vals-les-Bains (Ardèche, ar. Privas, ch.-l. c.), 468. Vannes (Morbihan, ch.-l. dép.), 253, 301. Varilhes (Ariège, ar. Pamiers, ch.-l. c.), 699. Vaucouleurs (Meuse, ar. Commercy, ch.-l. c.), 327, 336. Vaugines (Vaucluse, ar. Apt, c. Cadenet), 98, 103. Vaulnaveys (Isère, ar. Grenoble, c. Vizille), 394. Vault-de-Lugny (Yonne, ar. et c. Avallon), voir Valloux. Vebron (Lozère, ar. et c. Florac), 469, 485. Velay, 469, 533, 725, 731. Vencelle, rivière, 84. Vendée, rivière, 716 n. Vendôme (Loir-et-Cher, ch.-l. ar.), 84. Vénès (Tarn, ar. Castres, c. Lautrec), 30, 494, 497, 499, 502-503. Venise (Italie), 167-168, 197, 212, 257, 274, 773. Vercors, 389. Verdun (Meuse, ch.-l. ar.), 574. Vermandois, 178, 181-182. Vermenton (Yonne, ar. Auxerre, ch.l. c.), 360. Vernet-la-Varenne (Puy-de-Dôme, ar. Issoire, c. Sauxillanges), 742 ; voir aussi Pégut.

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Veuvey-sur-Ouche (Côte-d’Or, ar. Beaune, c. Bligny-sur-Ouche), 351. Vexin, 678, 902. Vézère, rivière, 190. Vezon, commune de Marieulles (Moselle), 576. Vibraye (Sarthe, ar. Le Mans, ch.-l. c.), 776. Vic (Espagne), 679, 682-683, 882. Vicdessos (Ariège, ar. Foix, ch.-l. c.), 591. Vichy (Allier, ch.-l. ar.), 601-602, 738, 741. Vic-le-Comte (Puy-de-Dôme, ar. Clermont-Ferrand, ch.-l. c.), 728-729, 738-739. Vicq (Haute-Marne, ar. Langres, c. Terre-Natale), 339. Vic-sur-Cère (Cantal, ar. Aurillac, ch.-l. c.), 728, 741. Vic-sur-Seille (Moselle, ar. ChâteauSalins, ch.-l. c.), 575, 577-578, 581-582. Viefvillers (Oise, ar. Beauvais, c. Crèvecoeur-le-Grand), 175. Vienne (Isère, ch.-l. ar.), 389-391, 396, 400-402, 412-413, 434435, 543-544, 550. Vienne, rivière, 714-715, 719, 782, 786-787. Vierzon (Cher, ch.-l. ar.), 236, 239, 244. Viladrau (Espagne), 679. Villandry (Indre-et-Loire, ar. Tours, c. Ballan-Miré), 780. Villard-Bonnot (Isère, ar. Grenoble, c. Domène), voir Brignoud. Villards, commune d’Orcines-et-Villards (Puy-de-Dôme), 734. Villar-Saint-Pancrace (Hautes-Alpes, ar. Briançon, c. Brançon-Sud), 413. Villars-Reymond (Isère, ar. Grenoble, c. Le Bourg-d’Oisans), 403, 406, 415, 423, 425, 448, 898.

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L’ENQUÊTE DU RÉGENT

Villecomte (Côte-d’Or, ar. Dijon, c. Is-sur-Tille), 345-346, 868. Villedieu-les-Poêles (Manche, ar. Saint-Lô, ch.-l. c.), 313. Ville-en-Blaisois (Haute-Marne, ar. Saint-Dizier, c. Wassy), 330. Villefargeau (Yonne, ar. Auxerre, c. Auxerre-Sud-Ouest), 360. Villefort (Lozère, ar. Mende, ch.-l. c.), 487-488. Villefranche-de-Rouergue (Aveyron, ch.-l. ar.), 588-589, 592594, 596-599. Villefranche-sur-Saône (Rhône, ch.l. ar.), 534, 834, 837. Villers-Campsart (Somme, ar. Amiens, c. Hornoy-le-Bourg), 176. Villers-Cotterêts (Aisne, ar. Soissoins, ch.-l. c.), 769. Villers-devant-Orval (Belgique), 574. Villingen-Schwenningen (Allemagne), 165, 167. Vimoutiers (Orne, ar. Argentan, ch.l. c.), 125. Vire (Calvados, ch.-l. ar.), 303-304, 306, 315. Virieu (Isère, ar. La Tour-du-Pin, ch.-l. c.), 540. Vitré (Ille-et-Vilaine, ar. Rennes, ch.-l. c.), 252, 289. Vitry-le-François (Marne, ch.-l. ar.), 325, 339. Vivarais, 468, 533-534. Viverols (Puy-de-Dôme, ar. Ambert, ch.-l. c.), 726. Vivonne (Vienne, ar. Poitiers, ch.-l. c.), 714. Vizille (Isère, ar. Grenoble, ch.-l. c.), 390, 394, 412, 426, 448. Voiron (Isère, ar. Grenoble, ch.-l. c.), 389-390, 434 ; voir aussi Paviot. Volnay (Côte-d’Or, ar. Beaune, c. Beaune-Nord), 352-354. Vologne, rivière, 529.

Volvic (Puy-de-Dôme, ar. Riom, c. Riom-Ouest), 734. Voreppe (Isère, ar. Grenoble, c. Voiron), 389. Vosges, massif montagneux, 529531. Vosne-Romanée (Côte-d’Or, ar. Beaune, c. Nuits-SaintGeorges), 349-350. Vougeot (Côte-d’Or, ar. Beaune, c. Nuits-Saint-Georges), 349-350. Vouvant (Vendée, ar. Fontenay-leComte, c. La Châtaigneraie), 716, 718. Vouvray-sur-Huisne (Sarthe, ar. Mamers, c. Tuffé), 777. Vouvray-sur-Loir (Sarthe, ar. Le Mans, c. Château-du-Loir), 777.

W Wailly, commune de Conty (Somme), 176. Wallerfangen (Allemagne), 575, 581. Watigny (Aisne, ar. Vervins, c. Hirson), 766. Wimy-en-Thiérache (Aisne, ar. Vervins, c. Hirson), voir Quiquengrogne. Wingles (Pas-de-Calais, ar. Lens, ch.-l. c.), 183. Wisbaden (Allemagne), 741. Worms (Allemagne), 530-531.

Y Yeu, île (Vendée), 714. Ypres (Belgique), 182.

TABLE DES DOCUMENTS FIGURÉS

Fig. 1 : Philippe II, duc d’Orléans, régent de France (Arch. Académie des sciences, “ Enquêtes du Régent ”. Cliché M. Plouvier). Fig. 2 : L’abbé Jean-Paul Bignon (Arch. Académie des sciences, dossier Bignon. Cliché M. Plouvier). Fig. 3 : René Antoine Ferchault de Réaumur, dessiné d’après le tableau original de A. S. Belle et gravé par Ambroise Tardieu (Arch. Académie des sciences, dossier Réaumur. Cliché M. Plouvier). Fig. 4 : 1ère feuille, Sainte-Marie : “ Carte des environs de Ste Marie aux mines pour servir à faire connoitre les endroits où l’on a recomencé de travailler aux mines d’argent, de cuivre, de plomb et d’azur dans la partie d’Alsace, ce qui est marqué sur les trois feuilles volantes y attachées ” (Arch. Académie des sciences, “ Enquêtes du Régent ”, 16/1/a. Cliché M. Plouvier). Fig. 5 : 2e feuille, Sainte-Marie : “ Plans et profils du bâtiment et des fourneaux construits dans la vallée de Ravental, à une demie lieue au dessus de Ste Marie, pour servir à la préparation de l’azur ” (Arch. Académie des sciences, “ Enquêtes du Régent ”, 16/1/a. Cliché M. Plouvier). Fig. 6 : 3e feuille, Sainte-Marie : “ Plan du rez-de-chaussée du bâtiment et des moulins construits dans la vallée de Raventhal pour la préparation de l’azur ” (Arch. Académie des sciences, “ Enquêtes du Régent ”, 16/1/a. Cliché M. Plouvier). Fig. 7 : 4e feuille, Sainte-Marie : “ Profil coupé au travers du bastiment dont le plan est sur la troisième feuille suivant la ligne marquée audit plan WY ” (Arch. Académie des sciences, “ Enquêtes du Régent ”, 16/1/a. Cliché M. Plouvier). Fig. 8, 8 bis et 8 ter : 6e feuille, Sainte-Marie : “ Outils pour la fonderie des méteaux d’argent, de cuivre et de plomb ”, “ Outils pour la fonderie de l’azur ”, “ Outils de mineur ”, “ Profil des galleries et rameaux des mines, pour faire voir de la manière que les ouvriers y travaillent, tant pour excaver le roc que pour en sortir les débris ” (Arch. Académie des sciences, “ Enquêtes du Régent ”, 16/1/a. Cliché M. Plouvier). Fig. 9 : 7e feuille, Sainte-Marie : “ Desseins des outils dont les laveurs d’or se servent pour tirer l’or des sables du Rhin ” (Arch. Académie des sciences, “ Enquêtes du Régent ”, 16/1/a. Cliché M. Plouvier).

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L’ENQUÊTE DU RÉGENT

Fig. 10, 10 bis : 8e feuille [81 91], Moulins de Fribourg : “ Plan et profil d’un moulin où l’on taille présentement les grenats sur le ruisseau proche de Fribourg et qui servoient autrefois à tailler les agathes et les cristaux ” (Arch. Académie des sciences, “ Enquêtes du Régent ”, 16/1/a. Cliché M. Plouvier). Fig. 11, 11 bis : 5e feuille [1717. 10] : “ Plan du bâtiment de la fonderie des mines contenant plomb, argent et cuivre, établis dans la vallée de Raventhal ”, “ 5e feuille dont l’original a été envoyé avec le premier mémoire ”. Comprend aussi “ Profils des fourneaux représentés sur la feuille cy joint, dont les indices ont relation avec ceux du plan ” (Arch. Académie des sciences, “ Enquêtes du Régent ”, 16/1/a. Cliché M. Plouvier). Fig. 12 : 7e feuille [1717. 10] : “ Attitude d’un ouvrier qui lave les sables du Rhin dont on tire de l’or, pour joindre au dessein de la 7e feuille envoyé avec le premier mémoire ” (Arch. Académie des sciences, “ Enquêtes du Régent ”, 16/1/a. Cliché M. Plouvier). Fig. 13, 13 bis : “ Élévation en perspective du moulin et du fourneau pour fondre la mine de plomb ”, à Carnoët (Arch. Académie des sciences, “ Enquêtes du Régent ”, 16/10/g/ii. Cliché M. Plouvier). Fig. 14 : “ Coupe ou profil de la montagne de laquelle on a tiré les mines de plomb dans la paroisse de Carnot […] fait à Rennes au retour de la visitte desd. mines, le 29 janvier 1717. [signé :] Thévenon ” (Arch. Académie des sciences, “ Enquêtes du Régent ”, 16/10/g/iii. Cliché M. Plouvier). Fig. 15 : dessin de plante accompagné d’une notule, s.d. (Arch. Académie des sciences, “ Enquêtes du Régent ”, 18/18/b. Cliché M. Plouvier). Fig. 16 : “ Plans et profils des grands fourneaux de St Gervais pour la fonte des canons ” (Arch. Académie des sciences, “ Enquêtes du Régent ”, 16/2/d. Cliché M. Plouvier). Fig. 17 : fours à chaux de Sury-le-Comtal, s.d. [1718]. (Arch. Académie des sciences, “ Enquêtes du Régent ”, 18/39/b. Cliché M. Plouvier). Fig. 18 : mémoire de Réaumur sur l’alun de plume (Arch. Académie des sciences, “ Enquêtes du Régent ”, 17/38/b. Cliché M. Plouvier). Fig. 19 : croquis en marge du mémoire précédent.

LÉGENDES DES DOCUMENTS FIGURÉS

Certains des documents figurés reproduits dans le présent ouvrage sont munis de légendes qui sont indispensables à leur compréhension. Pour des raisons pratiques de lisibilité, elles n’ont pas été reproduites en photographies, mais on en trouvera ci-dessous les transcriptions. Fig. 4 : 1ère feuille, Sainte-Marie : “ Carte des environs de Ste Marie aux mines pour servir à faire connoître les endroits où l’on a recomencé de travailler aux mines d’argent, de cuivre, de plomb et d’azur dans la partie d’Alsace, ce qui est marqué sur les trois feuilles volantes y attachées ” [16/1/a]. Fig. 5 : 2e feuille, Sainte-Marie : “ Plans et profils du bâtiment et des fourneaux construits dans la vallée de Ravental, à une demie lieue au dessus de Ste Marie, pour servir à la préparation de l’azur ” [16/1/a]. Deux[iè]me feuille Les indices des plans sont relatifs avec ceux des profils. A – le plan du rez de chaussée du fourneau qui sert à faire fondre la mine d’azur. B1 – plan du même fourneau pris à la hauteur des creuzets où l’on fait fondre la mine, lesquels creuzets sont marqués par la lettre X. B2 – plan du fourneau dans lequel le feu se communique du précédent par la petite voûte marquée Z, ce qui sert à faire chauffer le four C dans lequel on met du bois pour le faire sécher avant que de le mettre dans le fourneau A par la porte marquée V dont les cendres se retirent par l’ouverture W. Ce même four B2 sert à brûler les cailloux après avoir esté pilléz et on y fait aussi calciner la podache. P – est petite voûte faite au dessous du rez de chaussée des fourneaux cy dessus énoncés pour empêcher que l’humidité ne puisse se communiquer au fourneau A. D – est un four qui se chauffe au moyen de la petite voûte marquée Q au dessous et ne sert qu’à faire sécher aussi du bois. E – est un four où l’on fait brûler le mine d’azur nommée en allemand kobolt après qu’elle a été séparée de la roche et pillée. Le feu se communique dans

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L’ENQUÊTE DU RÉGENT

ce four par la petite ouverture marquée S qui communique à la petite voûte au dessous marquée T où l’on met le bois, et la fumée de cette mine qui est remplie de corpuscules d’antimoine et d’arcenic s’évapore par la cheminée marqué R. On prend même beaucoup de précaution d’aproche de ce four et on fait remuer toujours cette mine par un homme qui s’en tient éloigné ainsi qu’il est marqué par la figure représentée au profil Y. F – est un four où l’o fait chauffer les creuzets avant que de les mettre dans le four marqué B1, sans quoy ils se casseroient. On met aussi des bois sur ce même four po[ur] les sécher. G – est un auge de bois toujours remplis d’eau dans laquelle on jette la mine d’azur quand on la tire des creuzets X pour la rafroidir. H – autre auge remplis d’eau fraische po[ur] servir aux usages dont o peut avoir besoin comme dans des accidents de feu ou pour laver et netoyer les outils qui ont servi à la manœuvre des fourneaux. a – six petites ouvertures dans la voûte du fourneau B1 pour donner de l’air au feu. On les ferme presque toujours avec des espèces de couvercles fait de la terre dont on fait les creuzets. Ils ont chacun un trou dans le milieu d’un pouce et demy de diamètre. Quand il arrive que quelques creuzets se cassent dans le four, la matière tombe dans l’endroit A où on fait le feu et on la retire par l’ouverture W. Ensuite, pour mettre de nouveaux creuzets, on ouvre le devant du four marqué b par où on retire celuy qui est cassé et en remet un autre en sa place par la même ouverture. Il arrive quelquefois qu’on a besoin de lever les creuzets ; alors on débouche les petites ouvertures marquées C au profil qui coupe le fourneau en travers et on y passe une pince de fer pour les lever. Fig. 6 : 3e feuille, Sainte-Marie : “ Plan du rez-de-chaussée du bâtiment et des moulins construits dans la vallée de Raventhal pour la préparation de l’azur ” [16/1/a]. Explication des desseins des la trois[iè]me feuille A – Le gros arbre d’un des tournans qui servent à piller la mine et les cailloux blancs. Cet arbre a deux pieds de diamètre. B – Grande roue à auges de 12 pieds de diamètre. Elle tourne au moyen des eaux qui tombent par le haut ainsi qu’on le poura voir dans le profil sur la 4e feuille. C – Une petite roue de quatre pieds et demy de diamètre garnie de 48 dents qui s’engrainent dans les fuseaux d’une lanterne posée directement au dessous de l’arbre. Cette lanterne est composée de douze fuseaux et elle fait quatre tours pendant que l’arbre n’en fait qu’un. D – Une cuve cerclée de fer au fond de laquelle est une meule de moulin immobile, d’une pierre extrèmement dure et non de gray. Dans le milieu de cette meule est placé l’arbre de la lanterne cy dessus mentionnée sur un

LÉGENDES DES DOCUMENTS FIGURÉS

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pivot. Cet arbre est une grosse barre de fer quarée à laquelle est attachée une autre barre de fer orisontalement qui fait mouvoir deux morceaux de meule de la même pierre que celle qui est au dessous comme on peut le voir au profil représenté sur la quatrième feuille. Dans cette cuve l’on broye par le moyen de ces meules la mine d’azur avec les cailloux blancs après avoir été fondus et pillés. E – Deux pillons avec lesquels on pille la mine après avoir été séparée de la roche et aussi après avoir esté fondue dans le fourneau marqué B1 sur la deuxième feuille. F – Trois autres pillons qui servent à piller les cailloux blancs après avoir été brûlés. Ces pillons sont dans une espèce de caisse dans laquelle on fait entrer continuellement un petit fillet d’eau par un petit auge marqué G, laquelle ressort par un autre petit auge marqué H et tombe dans celuy marqué I et de là dans un grand auge marqué K, d’où elle retombe ensuitte par l’endroit L sur le rez de chaussée du bâtiment où il y a un petit conduit qui la fait couller dans le passage du ruisseau. Il est à remarquer que la communication de cette eau ou pour mieux dire la sortie d’un auge dans l’autre se fait toujours par le haut et les parties les plus minces qu’elle emporte avec elle ressortant de la caisse ou sous les pillons tombent au fond de ces auges et c’est ce qui compose la matière qu’on mesle avec la mine d’azur pillée. M – Des dents dans le gros arbre qui servent à faire lever les pillons. Leur figure est marquée dans le profil de la quatrième feuille. N – Une caisse où l’on met toutes les crasses et scories de la mine d’azur et qu’on remet de nouveau sous les pillons et dans les fourneaux pour en tirer ce qui pourra estre resté de bon. O – Cuveaux dans lesquels on met l’azur après qu’il a été broyé sous les meules de la cuve D. P – Deux grandes cuves enfoncées dans terre dans lesquelles coulent les lavures des autres cuves et ces lavures emportent avec elles des matières dont on peut se servir, qu’on ramasse ensuite dans le fond de ces deux grandes cuves. Q – Est un poëlle ou fourneau de terre où l’on fait du feu pour sécher l’azur. Après estre sortis des cuveaux on la met sur des petites tablettes marquée R qu’on pose sur des liteaux arrangés un demy pied plus haut que le fourneau marqués par les lignes ponctuées S. T – Caisse au dessus de laquelle est un tamis fin où l’on fait passer l’azur quand il est sec. V – Tables où l’azur se met par petits tas de 120 à 130 livres pesant après avoir passé par le tamis. Ensuitte on l’arrose chacun avec de l’eau claire et fraîche et c’est sa dernière façon.

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Fig. 7 : 4e feuille, Sainte-Marie : “ Profil coupé au travers du bastiment dont le plan est sur la troisième feuille suivant la ligne marquée audit plan WY ” [16/1/a]. Explication des desseins de la quatrième feuille Les indices des plans sont relatifs avec ceux du plan de la troisième feuille. A – Le gros arbre d’un des tournans. B – La grande roue. C – La petite roue. D – La cuve où sont les meules qui broyent l’azur. E – Les deux pillons qui pillent la mine. Ils sont armés de fer par le bas. F – Les trois pillons qui pillent les cailloux blancs. Ils sont aussi armés de fer par le bas. G – Petit auge de bois par lequel il tombe continuellement de l’eau dans la caisse X des trois pillons cy dessus mentionnés. M – Les dents attachées dans le gros arbre qui en tournant rencontre[nt] le blochet a attaché au pillon E, et le font monter jusqu’au point de l’eschappée, après quoy le pillon retombe, et cela se fait quatre fois à chaque pillon pendant que l’arbre fait un tour. Il faut remarquer qu’il y a à chacun des pillons un blochet pareil et dans l’arbre quatre fois autant de dents qu’il y a de pillons, et ces dent sont tellement disposées qu’elles ne rencontrent point dans un même temps les blochets des pillons, de sorte que l’on entend chaque coup en particulier, de même que les coups de fl éaux des batteurs de bleds dans une grange. O – Cuveaux où on met l’azure après qu’il a été broyé sous les meules de la cuve D. [sur le dessin :] Quatrième feuille. Profil coupé au travers du bastiment dont le plan est sur la troisième feuille suivant la ligne marqué audit plan WY. Fig. 8, 8 bis et 8 ter : 6e feuille, Sainte-Marie : “ Outils pour la fonderie des méteaux d’argent, de cuivre et de plomb ”, “ Outils pour la fonderie de l’azur ”, “ Outils de mineur ”, “ Profil des galleries et rameaux des mines, pour faire voir de la manière que les ouvriers y travaillent, tant pour excaver le roc que pour en sortir les débris ” [16/1/a]. [Partie supérieure, de g. à dr. :] Outils pour la fonderie des métaux d’argent, de cuivre et de plomb [de haut en bas] : Crochet pour tirer la litarge. Fer pour déboucher le four de la fonderie et pour faire couler la matière du four dans le creuzet. Machine de fer pour casser la cendre après la fonte des méteaux.

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Cuillière avec laquelle on prend l’argent et le plomb fondus pour le mettre dans les formes de lingot. Fourchette pour otter les crasses sur les méteaux fondus. Outils pour la fonderie de l’azur [de haut en bas] : Creuzets dans lequel on fait fondre de la mine d’azur avec la poussière des cailloux et podache ; ils sont faits d’une terre grasse préparée, que l’on tire de l’autre costé du Rhin. Rabot de fer pour remuer les cendres des mines et des cailloux. Barre de fer pour enfoncer les soupiraux des fours lorsqu’il est nécessaire. Barre de fer appointée pour remuer la matière qui s’embarrasse quelquefois autour des creuzets. Cuillière de fer pour oster la mine d’azur des creuzets lorsqu’elle est fondue ; elle a 9 pouces de longueur sur trois de largeur. Petitte barre de fer pour remuer la matière dans les creuzets. Petite barre de fer avec laquelle on oste et on tremet les petits couvercles du fourneau BI marqués par la lettre a 2e feuille. Outils de mineur [de haut en bas] : Petite éguille racirée par le bout pour faire les mines dans galleries. Pelle. Seau pour sortir l’eau, la roche et la mine. Oiche. Hoyau. Pic à roch. Coin amanché. Maillet de bois. Grande masse. Petite masse. Petite caisse en façon de brouette attachée sur des roulettes. Brouette. [Partie inférieure :] “ Profil des galleries et rameaux des mines, pour faire voir de la manière que les ouvriers y travaillent, tant pour excaver le roc que pour en sortir les débris ” A - Rameau par lequel on monte les débris de la mine par un tourniquet. B - Galleries horisontale. C - Mineur travaillant debout. D - Mineur travaillant à genoul. F - Mineur travaillant en montant. G - Mineur travaillant en descendant.

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H - Ouvriers chargeant les décombres ou brouetteurs. I - Mineur travaillant avec l’éguille pour faire sauter le roc avec la poudre. L - Ouvriers poussant une caisse sur roulleaux chargée de mine. Nota que les galleries ont ordinairement 5 pieds de hauteur sur trois à quatre pieds de largeur. Fig. 9 : 7e feuille, Sainte-Marie : “ 7ème feuille. Desseins des outils dont les laveurs d’or se servent pour tirer l’or des sables du Rhin ” [16/1/a]. [en haut, à g. :] Planche sur laquelle on attache légèrement les trois morceaux de gros drap marqués A. [en bas, à g. :] Petite nasselle où l’on lave les sables après avoir été passés sur la planche et lavés dans un cuveau. [en haut, à d. :] Claye dans laquelle on fait passer les sables. [en bas, à d. :] Chevalet d’un pied et demy de haut sur lequel on pose un bout de la planche et l’autre bout touche à terre. Fig. 10 et 10 bis : 8e feuille [81 91], Moulins de Fribourg : “ Plan et profil d’un moulin où l’on taille présentement les grenats sur le ruisseau proche de Fribourg et qui servoient autrefois à tailler les agathes et les cristaux ”, 21 juin 1716 [16/1/a]. Description des parties du moulin cy dessous. Le diamètre de la grande roue 1 est de 12 pieds, celuy du rouet 2 sur le mesme arbre de 4 pieds e demy pris du milieu des alichons ou denture. Ledit rouet 2 contient 72 dents qui engrennent sur la lanterne 3, garnie de 9 fuseaux, de manierre que laditte lanterne fait 8 tours pendant que le rouet en fait un. Laditte lanterne porte sur son arbre 4 meulles de grés cottéz 4, lesquelles meulles servent à desbroutir lespierres et à leur donner la forme qu’il plaist à l’ouvrier. Le mesme arbre a à son extrémitté une poulie de bois cottés 5, sur laquelle passe deux courois de cuir cottéz 10, qui servent à faire tourner les deux petites meulles d’estain cottéz 6, lesquelles servent à polir les pierres desjà desbrutie sur les meulles de gréz. Le chiffre 7 est une boette entre deux palettes de la grande roue 1, laquelle sert à donner de l’eau dans les auges cottéz 8 et 9. Fait au Neuf Brisack le 21e juin 1716 Gilbaz

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Fig. 11, et 11 bis : 5e feuille [1717. 10] : “ Cinquiè[me] feuille. Plan du bâtiment de la fonderie des mines contenant plomb, argent et cuivre, établis dans la vallée de Raventhal ” [16/1/a]. A - fourneau où l’on fait fondre les mines de plomb, de cuivre et d’argent ensemble. B – deux soufflets qui sont mus par le moyen d’un tournant de la même manière qu’il est expliqué au dessein de la 4me feuille à l’égard du mouvement des pillons. C – passage qu’on ouvre lorsque la mine est fondue pour la faire couler du fourneau A dans le creuzet D. E – fourneau qui sert pour séparer l’argent du plomb après avoir été séparé du cuivre, ainsy qu’il est expliqué par le mémoire. F – deux soufflets mus aussi par un tournant pour animer le feu dans led. fourneau. H et G – deux ouvertures dans led. fourneau par où on jette le bois lorsqu’on fait fondre les matières cy dessus. I – fourneau où on rafine le cuivre, dont le feu est animé par les soufflets K qui se meuvent de la même façon que les soufflets B et F. Sur le dessin : “ 5e feuille dont l’original a été envoyé avec le premier mémoire ”. Comprend aussi “ Profils des fourneaux représentés sur la feuille cy joint, dont les indices ont relation avec ceux du plan ” Fig. 12 : 7e feuille [1717. 10] : “ Attitude d’un ouvrier qui lave les sables du Rhin dont on tire de l’or, po[ur] joindre au dessein de la 7e feuille envoyé avec le premier mémoire ” [16/1/a]. Fig. 13 et 13 bis : “ Élévation en perspective du moulin et du fourneau pour fondre la mine de plomb ”, à Carnoet [16/10/g/ii]. O - La roue et l’abre [sic] du moulin. P - Soufflets. Q - Pièces du fond du fourneau. R - L’aprofondissement de quatre pouces dans led. fond du fourneau. S - Massif de maçonnerie qui porte le fourneau et marque les marches. T - Première pièce du derrière du fourneau. V - Deuxième pièce du derrière du fourneau. X - Trois et quatrième pièce du derrière du fourneau. Y - Premières pièces d’un des côtés du fourneau. Z - Seconde pièce d’un des costés du fourneau. & - La pièce du devant du fourneau.

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L’ENQUÊTE DU RÉGENT

2 - La marmite pour recevoir le plomb. 3 - Figure avec un rateau de fer pour retirer la crasse et la cendre du fourneau, lorsque la mine est fondue et qu’il ne coule plus de plomb. 4 - Deux hommes qui portent le bois. 5 - Deux hommes qui portent la mine. Fig. 14 : “ Coupe ou profil de la montagne de laquelle on a tiré les mines de plomb dans la paroisse de Carnot […] fait à Rennes au retour de la visitte desd. mines, le 29 janvier 1717. [signé :] Thévenon ” [16/10/g/iii]. A. B. C. D. marquent la surface de la montagne. On a entièrement enlevé la mine qui s’est trouvée dans la partie de ladite montagne depuis A.B.C. jusqu’en E. Les mineurs travailloient en F et G lorsque l’ouvrage a cessé dans l’année 1714. Le puis H. D. fut fait la même année 1714 dans l’espérance de continuer le travail. A. E. G. canal que l’on a fait (avant tout autre ouvrage au plus bas de la montagne) pour que touttes les eaux s’écoulent naturellement, en suivant par même moyen autant qu’il est possible la vaine tirant la mine de plomb. Ledit puis H. D. et K. L. ont environ cinq pieds de large sur sept pieds de long, approfondis de fonds en comble et espacés ordinairement de quarante à cinquante toises de distance en distance pour donner de l’air aux mineurs pour respirer, pour transporter les décombres de la mine avec des brouettes M. et N. et les monter par les tours ou tourniquets cottés D.I. 6 marque le ruisseau ou petite rivière au pied de la montagne, lequel est d’une pente assez rapide pour faire tourner le moulin de la fondrie.

Fig. 1 : Philippe II, duc d’Orléans, régent de France (Arch. Académie des sciences, “ Enquêtes du Régent ”. Cliché M. Plouvier. Copyright Académie des sciences de l’Institut de France, Paris).

Fig. 2 : L’abbé Jean-Paul Bignon (Arch. Académie des sciences, dossier Bignon. Cliché M. Plouvier. Copyright Académie des sciences de l’Institut de France, Paris).

Fig. 3 : René Antoine Ferchault de Réaumur, dessiné d’après le tableau original de A. S. Belle et gravé par Ambroise Tardieu (Arch. Académie des sciences, dossier Réaumur. Cliché M. Plouvier. Copyright Académie des sciences de l’Institut de France, Paris).

Fig. 4 : 1ère feuille, Sainte-Marie : “ Carte des environs de Ste Marie aux mines pour servir à faire connoitre les endroits où l’on a recomencé de travailler aux mines d’argent, de cuivre, de plomb et d’azur dans la partie d’Alsace, ce qui est marqué sur les trois feuilles volantes y attachées ” (Arch. Académie des sciences, “ Enquêtes du Régent ”, 16/1/a. Cliché M. Plouvier. Copyright Académie des sciences de l’Institut de France, Paris).

Fig. 5 : 2e feuille, Sainte-Marie : “ Plans et profils du bâtiment et des fourneaux construits dans la vallée de Ravental, à une demie lieue au dessus de Ste Marie, pour servir à la préparation de l’azur ” (Arch. Académie des sciences, “ Enquêtes du Régent ”, 16/1/a. Cliché M. Plouvier. Copyright Académie des sciences de l’Institut de France, Paris).

Fig. 6 : 3e feuille, Sainte-Marie : “ Plan du rez-de-chaussée du bâtiment et des moulins construits dans la vallée de Raventhal pour la préparation de l’azur ” (Arch. Académie des sciences, “ Enquêtes du Régent ”, 16/1/a. Cliché M. Plouvier. Copyright Académie des sciences de l’Institut de France, Paris).

Fig. 7 : 4e feuille, Sainte-Marie : “ Profil coupé au travers du bastiment dont le plan est sur la troisième feuille suivant la ligne marquée audit plan WY ” (Arch. Académie des sciences, “ Enquêtes du Régent ”, 16/1/a. Cliché M. Plouvier. Copyright Académie des sciences de l’Institut de France, Paris).

Fig. 8 : 6e feuille, Sainte-Marie : “ Outils pour la fonderie des méteaux d’argent, de cuivre et de plomb ”, “ Outils pour la fonderie de l’azur ”, “ Outils de mineur ”, “ Profil des galleries et rameaux des mines, pour faire voir de la manière que les ouvriers y travaillent, tant pour excaver le roc que pour en sortir les débris ” (Arch. Académie des sciences, “ Enquêtes du Régent ”, 16/1/a. Cliché M. Plouvier. Copyright Académie des sciences de l’Institut de France, Paris).

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Fig. 8 bis : “ Outils pour la fonderie des méteaux d’argent, de cuivre et de plomb ”, “ Outils pour la fonderie de l’azur ”, “ Outils de mineur ” [partie supérieure de la Fig. 8].

Fig. 8 ter : “ Profil des galleries et rameaux des mines, pour faire voir de la manière que les ouvriers y travaillent, tant pour excaver le roc que pour en sortir les débris ” [partie inférieure de la Fig. 8].

Fig. 9 : 7e feuille, Sainte-Marie : “ Desseins des outils dont les laveurs d’or se servent pour tirer l’or des sables du Rhin ” (Arch. Académie des sciences, “ Enquêtes du Régent ”, 16/1/a. Cliché M. Plouvier. Copyright Académie des sciences de l’Institut de France, Paris).

Fig. 10 : 8e feuille [81 91], Moulins de Fribourg : “ Plan et profil d’un moulin où l’on taille présentement les grenats sur le ruisseau proche de Fribourg et qui servoient autrefois à tailler les agathes et les cristaux ”, partie supérieure (Arch. Académie des sciences, “ Enquêtes du Régent ”, 16/1/a. Cliché M. Plouvier. Copyright Académie des sciences de l’Institut de France, Paris).

Fig. 10 bis : 8e feuille [81 91], Moulins de Fribourg : “ Plan et profil d’un moulin où l’on taille présentement les grenats sur le ruisseau proche de Fribourg et qui servoient autrefois à tailler les agathes et les cristaux ” partie inférieure (Arch. Académie des sciences, “ Enquêtes du Régent ”, 16/1/a. Cliché M. Plouvier. Copyright Académie des sciences de l’Institut de France, Paris).

Fig. 11 : 5e feuille [1717. 10] : “ Plan du bâtiment de la fonderie des mines contenant plomb, argent et cuivre, établis dans la vallée de Raventhal ”, “ 5e feuille dont l’original a été envoyé avec le premier mémoire ” (Arch. Académie des sciences, “ Enquêtes du Régent ”, 16/1/a. Cliché M. Plouvier. Copyright Académie des sciences de l’Institut de France, Paris).

Fig. 11 bis : 5e feuille, “ Profils des fourneaux représentés sur la feuille cy joint [fig. 11], dont les indices ont relation avec ceux du plan ” (Arch. Académie des sciences, “ Enquêtes du Régent ”, 16/1/a. Cliché M. Plouvier. Copyright Académie des sciences de l’Institut de France, Paris).

Fig. 12 : 7e feuille [1717. 10] : “ Attitude d’un ouvrier qui lave les sables du Rhin dont on tire de l’or, pour joindre au dessein de la 7e feuille envoyé avec le premier mémoire ” (Arch. Académie des sciences, “ Enquêtes du Régent ”, 16/1/a. Cliché M. Plouvier. Copyright Académie des sciences de l’Institut de France, Paris).

Fig. 13 : “ Élévation en perspective du moulin et du fourneau pour fondre la mine de plomb ”, à Carnoët (Arch. Académie des sciences, “ Enquêtes du Régent ”, 16/10/g/ ii. Cliché M. Plouvier. Copyright Académie des sciences de l’Institut de France, Paris).

Fig. 13 bis : “ Élévation en perspective du moulin et du fourneau pour fondre la mine de plomb ”, à Carnoët (rabat levé) (Arch. Académie des sciences, “ Enquêtes du Régent ”, 16/10/g/ii. Cliché M. Plouvier. Copyright Académie des sciences de l’Institut de France, Paris).

Fig. 14 : “ Coupe ou profil de la montagne de laquelle on a tiré les mines de plomb dans la paroisse de Carnot […] fait à Rennes au retour de la visitte desd. mines, le 29 janvier 1717. [signé :] Thévenon ” (Arch. Académie des sciences, “ Enquêtes du Régent ”, 16/10/g/iii. Cliché M. Plouvier. Copyright Académie des sciences de l’Institut de France, Paris).

Fig. 15 : dessin de plante accompagné d’une notule, s.d. (Arch. Académie des sciences, “ Enquêtes du Régent ”, 18/18/b. Cliché M. Plouvier. Copyright Académie des sciences de l’Institut de France, Paris).

Fig. 16 : “ Plans et profils des grands fourneaux de St Gervais pour la fonte des canons ” (Arch. Académie des sciences, “ Enquêtes du Régent ”, 16/2/d. Cliché M. Plouvier. Copyright Académie des sciences de l’Institut de France, Paris).

Fig. 17 : fours à chaux de Sury-le-Comtal, s.d. [1718]. (Arch. Académie des sciences, “ Enquêtes du Régent ”, 18/39/b. Cliché M. Plouvier. Copyright Académie des sciences de l’Institut de France, Paris).

Fig. 18 : mémoire de Réaumur sur l’alun de plume (Arch. Académie des sciences, “ Enquêtes du Régent ”, 17/38/b. Cliché M. Plouvier. Copyright Académie des sciences de l’Institut de France, Paris).

Fig. 19 : croquis en marge du mémoire précédent [fig. 18].

TABLE DES MATIÈRES

Avant-propos .................................................................................................... 5 Introduction ...................................................................................................... 9 Les origines de l’enquête du Régent ........................................................ 10 Le début de l’enquête du Régent.............................................................. 29 L’organisation et la réalisation de l’enquête du Régent ........................... 32 Les documents et leur présentation .......................................................... 40 Les grandes lignes de l’enquête................................................................ 43 Les résultats et la signification de l’enquête ............................................ 49 Sources et bibliographie ................................................................................ 61 Avertissement ................................................................................................. 71 Carte des provinces et généralités ................................................................. 73 Intendants de justice, police et finances en fonctions dans les généralités et provinces du royaume, en 1716, 1717 et 1718......................................... 75 I.

Les origines de l’enquête....................................................................... 77

L’enquête dans les généralités ....................................................................... 87 II.

Aix-en-Provence.................................................................................... 89 Alençon .............................................................................................. 125 IV. Alsace ................................................................................................. 135 V. Amiens, Picardie et Artois.................................................................. 173 VI. Bordeaux, ou Guyenne ...................................................................... 189 VII. Bourges ............................................................................................. 235 VIII. Bretagne ........................................................................................... 251 IX. Caen ................................................................................................... 303 X. Châlons, ou Champagne ..................................................................... 323 III.

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L’ENQUÊTE DU RÉGENT

XI.

Dijon, ou Bourgogne ......................................................................... 345 Franche-Comté.................................................................................. 379 XIII. Grenoble, ou Dauphiné.................................................................... 387 XIV. La Rochelle et Aunis ....................................................................... 449 XV. Languedoc......................................................................................... 459 XVI. Lille.................................................................................................. 509 XVII. Limoges .......................................................................................... 521 XVIII. Lorraine ......................................................................................... 529 XIX. Lyon ................................................................................................. 533 XX. Maubeuge, ou Pays-Bas ................................................................... 569 XXI. Metz ................................................................................................. 573 XXII. Montauban ...................................................................................... 585 XXIII. Moulins.......................................................................................... 601 XXIV. Navarre et Béarn, puis Auch et Béarn.......................................... 605 XXV. Orléans............................................................................................ 661 XXVI. Paris ............................................................................................... 665 XXVII. Perpignan, ou Roussillon ............................................................. 679 XXVIII. Poitiers......................................................................................... 713 XXIX. Riom, ou Auvergne ....................................................................... 725 XXX. Rouen.............................................................................................. 753 XXXI. Soissons ......................................................................................... 761 XXXII. Tours............................................................................................. 773 XII.

XXXIII.

Les analyses de minerais ............................................................ 795

Annexe ......................................................................................................... 867 Index des matières ....................................................................................... 905 Index des noms de personnes et d’institutions ........................................... 919 Index des noms géographiques.................................................................... 935 Table des documents figurés ....................................................................... 983 Légendes des documents figurés ................................................................. 985