Le loisir public au Québec 9782760516885, 2760516881

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Le loisir public au Québec
 9782760516885, 2760516881

Table of contents :
""LE LOISIR PUBLIC AU QUÃ?BEC""
""Table des matiÃ?res""
""Présentation""
""Partie 1_Vision""
""Chapitre 1_Loisir, communauté locale et qualité de la vie""
""Partie 2_Analyse et débat""
""Chapitre 2_�tat des lieux et problématique""
""Chapitre 3_Synth�se des débats""
""Partie 3_Concept fondateurs""
""Chapitre 4_Le loisir public""
""Chapitre 5_Le service public""
""Chapitre 6_La qualité de la vie""
""Chapitre 7_La communauté locale""
""Chapitre 8_Réseau et réseautage""
""Chapitre 9_Participation et loisir public""

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Le loisir public au Québec : Une vision moderne

Presses de l’Université du Québec

Collection

Sous la direction de Gilles Pronovost et Michel de la Durantaye

C

ette collection vise à mieux comprendre les multiples facettes des usages du temps libre dans les cultures contemporaines. Une vie sociale et culturelle très riche prend place dans le temps libre, champ d’étude trop négligé des modes de vie et des comportements de tous les jours. Les ouvrages réunis dans cette collection, la plupart du temps rédigés dans une optique interdisciplinaire, traitent des valeurs et des significations, des pratiques quotidiennes émergentes, des grands acteurs du temps libre et de la culture (l’État, les villes, les mouvements sociaux, par exemple), ainsi que des nouvelles formes d’organisation. Gilles Pronovost

© 2001 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.ca Tiré : Le loisir public au Québec, Association québécoise du loisir municipal et Laboratoire en loisir et vie communautaire (dir.) ISBN 2-7605-1143-X • D1143N Tous droits de reproduction, de traduction ou d’adaptation réservés

Le loisir public au Québec Une vision moderne

© 2001 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.ca Tiré : Le loisir public au Québec, Association québécoise du loisir municipal et Laboratoire en loisir et vie communautaire (dir.) ISBN 2-7605-1143-X • D1143N Tous droits de reproduction, de traduction ou d’adaptation réservés

DANS LA MÊME COLLECTION Écotourisme et gouvernance participative Marie Lequin 2001, ISBN 2-7605-1084-0, 254 pages

Planification, aménagement et loisir, 2e édition Robert Soubrier 2000, ISBN 2-7605-1015-8, 520 pages

Loisir et société Traité de sociologie empirique, 2e édition Gilles Pronovost 1997, ISBN 2-7605-0960-5, 428 pages

L’évolution du loisir au Québec Essai socio-historique Michel Bellefleur 1997, ISBN 2-7605-0967-2, 432 pages

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SUISSE

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Association québécoise du loisir municipal Laboratoire en loisir et vie communautaire

Le loisir public au Québec Une vision moderne

2001

Presses de l’Université du Québec Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bur. 450 Sainte-Foy (Québec) Canada G1V 2M2

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Données de catalogage avant publication (Canada) Vedette principale au titre : Le loisir public au Québec : une vision moderne (Collection Temps libre et culture ; 5) Comprend des réf. bibliogr. ISBN 2-7605-1143-X 1. Loisirs – Politique gouvernementale – Québec (Province). 2. Loisirs, Organismes de – Québec (Province). 3. Loisirs – Québec (Province) – Gestion – Participation des citoyens. I. Association québécoise du loisir municipal. II. Université du Québec à Trois-Rivières. Laboratoire en loisir et vie communautaire. II. Collection GV56.Q4L64 2001

790'.09714

C2001-941272-X

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’aide au développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) pour nos activités d’édition.

Mise en pages : CARACTÉRA PRODUCTION GRAPHIQUE INC. Couverture : Conception graphique : RICHARD HODGSON Illustration : GEORGES SEURAT (1859-1891). Baignade à Asnières

1 2 3 4 5 6 7 8 9 PUQ 2001 9 8 7 6 5 4 3 2 1 Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés © 2001 Presses de l’Université du Québec Dépôt légal – 3e trimestre 2001 Bibliothèque nationale du Québec / Bibliothèque nationale du Canada Imprimé au Canada

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Cet ouvrage n’aurait sans doute pas vu le jour sans le travail et surtout la vision du philosophe du loisir, Monsieur Michel Bellefleur, qui a inspiré les acteurs du loisir public québécois depuis plus de trois décennies. Tous les collaborateurs de cet ouvrage veulent lui rendre hommage.

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TABLE DES MATIÈRES

Présentation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

1

PREMIÈRE PARTIE Vision ....................................

5

Chapitre 1

Loisir, communauté locale et qualité de la vie Une politique du loisir au Québec . . . . .

7

Préambule . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

7

Loisir et qualité de la vie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La notion de loisir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le loisir, un droit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Loisir et qualité de la vie . . . . . . . . . . . . . . .

9 9 9 10

Loisir et citoyen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’obsession du citoyen dans le service public . . . . . . . . . . . . . . . . . L’approche du citoyen . . . . . . . . . . . . . . . . . La participation du citoyen . . . . . . . . . . . . .

11 11 12 14

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Loisir et communauté locale . . . . . . . . . . . . . . . . . La notion de communauté locale . . . . . . . Le champ d’intervention . . . . . . . . . . . . . . .

15 15 17

Loisir et partage des ressources . . . . . . . . . . . . . . La concertation au service du citoyen . . . Concertation et solidarité sociale . . . . . . . . Partage des responsabilités . . . . . . . . . . . . .

18 18 20 20

Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

22

DEUXIÈME PARTIE Analyse et débat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

25

État des lieux et problématique . . . . . . .

27

Pour une vision rénovée du développement du loisir au québec . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

27

Des acquis, mais des problèmes à résoudre . . . .

29

Principes directeurs d’une politique . . . . . . . . . . . 1. La citoyenneté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2. La communauté de base . . . . . . . . . . . . . 3. Le service public . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

36 37 38 39

L’action à envisager . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

41

Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

44

Synthèse des débats. . . . . . . . . . . . . . . . . .

47

L’appréciation globale de la problématique . . . .

48

Avis, suggestions et recommandations en vue de la préparation d’un énoncé politique . . .

50

TROISIÈME PARTIE Concepts fondateurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

55

Le loisir public . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

57

Une définition du loisir public . . . . . . . . . . . . . . . .

57

Sa mise en œuvre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

58

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

X

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Le service public . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

61

La sphère publique et le service public de loisir . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

61

Le service public municipal : un service public légitime de première ligne . . . . . . . . . . . . .

62

Des services essentiels comme fondements du service public . . . . . . . . . . . . . . . . .

63

Le service du bien public . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

63

L’autodétermination de la communauté locale et le bien public . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

64

Définir le service public par l’intérêt d’agir . . . . .

64

Définir le service public de loisir en partant de la recherche stratégique de l’intérêt public en matière de loisir . . . . . . . . .

65

Le modèle historique de définition du service public propre au monde du loisir . . . . . . . . . . . . .

66

Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

66

La qualité de la vie . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

69

Notion et facettes multiples de la qualité de la vie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

69

Les valeurs clés de la qualité de la vie en loisirs. . .

71

Une éthique de l’action individuelle et sociale . . .

72

La communauté locale . . . . . . . . . . . . . . . .

75

Nous vivons tous dans des communautés locales, différentes et changeantes ! . . . . . . . . . . . .

75

La communauté locale moderne : une zone identitaire de vie commune et une communauté plurielle en mouvement . . .

76

Habiter et résider à divers degrés dans la communauté . . . . . . . . . . . . . . . . . .

77

Une communauté de besoins et de moyens en équilibre local . . . . . . . . . . . . . . .

78

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

XI

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Communauté locale et rupture du lien social : situation parfois critique . . . . . . .

79

Quel territoire pour cette communauté locale ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

79

La communauté locale moderne : un réseau d’échanges et de flux à échelle humaine de fréquentation . . . . . . . . . . .

80

Démocratie locale, communauté locale et management du loisir public . . . . . . . . . . . . . . .

81

Conclusion : la communauté local, communauté de valeurs, d’aspirations et d’intérêts . . . . . . . . .

81

Réseau et réseautage . . . . . . . . . . . . . . . . .

83

Propos et intentions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

83

Une préoccupation ancienne : faire avec . . . . . . .

85

Qu’est-ce qu’un réseau ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . a) Valeurs et motifs stratégiques du réseau b) Objets et objectifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . c) Les lieux de convergence . . . . . . . . . . . . d) Le système de communication et les contributions de compétence . . . e) Les règles et la structure . . . . . . . . . . . . f) Leadership et pilotage des réseaux . . . g) Réseau, concertation et partenariat : des distinctions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

86 87 88 88

Chapitre 8

Les justifications structurantes du réseautage des acteurs publics . . . . . . . . . . . . h) Une société civile émergente qui acquiert son autonomie . . . . . . . . . . i) Une société complexe qui exige de nombreuses compétences . . . . . . . . . j) Des réformes de l’administration publique qui accentuent le faire-avec . . .

90 90 91 92 92

Conclusion : les défis du loisir face au réseautage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

94

Participation et loisir public . . . . . . . . . .

97

Propos et intentions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

97

Chapitre 9

XII

89 89 89

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Loisir public et communauté locale : contexte et valeurs de la participation . . . . . . . . .

98

La participation sociale : un droit pour tous . . . .

100

La participation démocratique : une condition gagnante pour la communauté locale . . . . . . . . . .

101

La participation publique : lieu d’engagement des citoyens . . . . . . . . . . . . . . .

103

Quelques repères et balises pour l’intervention professionnelle en participation publique . . . . . . 1. Repères pour reconnaître la participation publique . . . . . . . . . . . . . 2. Repères : classification des modalités de la participation publique . . . . . . . . . . 3. Balises : conditions pratiques de la participation publique . . . . . . . . . . Participation et loisir : des gestes s’imposent . . . .

104 104 105 107 111

XIII

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PRÉSENTATION ANDRÉ THIBAULT, directeur Laboratoire en loisir et vie communautaire PAUL-ANDRÉ LAVIGNE, président Association québécoise du loisir municipal

Le monde municipal québécois et canadien vit sa plus importante transformation structurelle depuis des décennies. La qualité de la communauté locale devient un facteur de compétitivité dans l’économie mondialisée et la qualité de vie un facteur de santé, de croissance personnelle et de développement du capital social. Le loisir public apparaît unanimement comme un vecteur de cette qualité de vie et un ferment du capital social. Il est l’occasion de participer à la vie collective comme c’est le cas pour des centaines de milliers de bénévoles, l’occasion de repos et de mise en forme physique et mentale dans un milieu agréable et l’occasion de jeux, de créativité et d’accès à la culture et au tourisme. Ces expériences accroissent l’appartenance au milieu, les compétences et les connaissances sociales en plus de procurer du bien-être aux personnes au-delà des statuts de travail. Ces fonctions sociales du loisir ne sont possibles que dans la mesure où on libère celui-ci d’une définition restreinte aux activités plus ou moins utiles et occupationnelles, vécues en dehors du sport et des arts, où l’ont relégué les corporatismes et les structures administratives publiques.

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Le présent ouvrage propose une vision du loisir public qui répond aux caractéristiques de la société québécoise actuelle et de ses institutions publiques et civiles. Il énonce un mode d’offre de services qui respecte les impératifs de la gouvernance et de l’administration publiques telles qu’elles apparaissent depuis les réformes des dernières années. La plupart des organismes publics de loisir sont apparus au Québec au cours des années 1960 et 1970 en relève aux œuvres religieuses et en réponse à de nouveaux besoins d’une société en mutation. On justifiait alors l’intervention des gouvernements à partir du droit au loisir et on affirmait que seuls les gouvernements, porteurs du bien commun, pouvaient garantir ce droit, piloter les choix sociaux nécessaires et assurer l’accès au loisir. On estimait que l’initiative privée devait être limitée puisqu’elle ne visait pas la liberté ni l’accessibilité. De même, on croyait que, laissées à elles-mêmes, les personnes ne pouvaient défendre et garantir le droit au loisir sans l’aide de l’État, principalement de la municipalité. […], les services municipaux de loisir sont en train de relayer les services paroissiaux traditionnels de loisir, les centres de loisir privés et même un certain nombre d’institutions commerciales qui avaient connu des heures florissantes à l’époque où elles étaient seules à répondre à certains besoins sociaux. Un réalignement des objectifs et du sens même du loisir s’opère actuellement et il semble bien que le terme de cette évolution sera une redéfinition de sa nature et de son organisation dans la voie d’un service public d’un type nouveau. […] les municipalités semblent vouloir prendre le contrôle administratif absolu de l’usage qui est fait, par délégation de pouvoir, des deniers publics affectés au loisir tout comme ceux de leurs autres services aux citoyens1.

Au cours des trente dernières années, plusieurs phénomènes et d’autres choix collectifs sont venus nuancer et même contredire cette vision quelque peu hégémonique qui accompagnait la création des organismes de l’État-providence. Les industries du divertissement, de la culture et du tourisme ont crû de façon exponentielle, au point d’être le lieu de la pratique de la majorité des activités de loisir des habitants des pays industrialisés. Au Québec, la société civile a pris un poids important dans le débat public et dans l’affirmation des droits des citoyens. Les associations de loisir ont continué à croître à tous points de vue et constituent des acteurs incontournables de l’offre communautaire de loisir. Un nombre tout aussi croissant d’institutions publiques interviennent dans

1. Association des directeurs de loisirs municipaux du Québec, Le loisir et la municipalité, guide d’intervention, 1970, p. 32-33.

2

Le loisir public au Québec © 2001 – Presses de l’Université du Québec

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l’offre de loisir de sorte que la municipalité n’a jamais été le seul acteur public dans ce domaine, bien qu’on lui reconnaisse une certaine compétence en la matière. Récemment, la réorganisation municipale au Québec a consacré le rôle du loisir comme ferment de la qualité de la vie de la communauté locale et des personnes qui l’habitent. À cause de ces phénomènes, plusieurs redéfinitions s’imposent, dont la plus importante est celle de la spécificité de l’intervention publique en loisir, dans un univers dominé par le loisir commercial et le « cocooning ». Ensuite vient la définition de la communauté locale et du rôle des citoyens et de leurs associations. Il faut mettre à jour le rôle de la municipalité comme un de ces acteurs du réseau des associations civiles et des institutions publiques de l’éducation, de la santé, des services sociaux et, même, de la sécurité publique. Pour relever ces défis, l’Association québécoise du loisir municipal a mené avec ses membres un débat et une réflexion qui ont abouti à la proposition d’une politique du loisir au Québec intitulée Loisir, communauté locale et qualité de vie, qui constitue le point d’ancrage du présent ouvrage. Ce livre comporte trois parties : la première présente la vision qu’est la proposition de politique, la seconde fait état de la situation à l’origine des débats qui ont eu lieu durant l’année 1999-2000 et qu’elle résume par la suite. Cette section constitue en quelque sorte la toile de fond de la vision. La troisième partie reprend et amène au point de leur mise en œuvre les concepts majeurs qui soutiennent cette politique : le loisir public, le service public, la qualité de vie, la communauté locale, l’action en réseau et la participation des citoyens. L’ouvrage est né du dialogue et du partenariat de l’Association québécoise du loisir municipal et du Laboratoire en loisir et vie communautaire de l’Université du Québec à Trois-Rivières. Il s’adresse aux acteurs du loisir public : citoyens, bénévoles, professionnels et élus. Nous souhaitons qu’il soit aussi une référence précieuse pour les étudiants en loisir qui, bientôt, animeront cet univers. Nos remerciements vont aux professeurs Michel Bellefleur, Michel de la Durantaye et Marie Lequin et aux directeurs des services de loisir des villes de Québec, Michel Choquette, de Charlesbourg, Serge Paquin, de Sainte-Foy, Pascale Guimond, et de Saint-Nicolas, René Tremblay.

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Première partie

VISION

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Chapitre 1

LOISIR, COMMUNAUTÉ LOCALE ET QUALITÉ DE LA VIE Une politique du loisir au Québec Association québécoise du loisir municipal

PRÉAMBULE À l’automne 1998, les professionnels du loisir jugent nécessaire de dresser le bilan de l’évolution de l’intervention municipale en loisir depuis la Révolution tranquille et font, de ce sujet, le thème central de la conférence annuelle du loisir municipal tenue à Lac-Beauport. À l’issue de cette conférence, un groupe de travail est formé afin d’approfondir toutes les questions qui y ont été traitées et afin de proposer des pistes et des recommandations d’action de nature à baliser le développement du loisir au Québec. Ce groupe de travail est composé de professionnels représentant ce qui deviendra, en 1999, la nouvelle Association québécoise du loisir municipal (AQLM), ainsi que de professeurs-chercheurs du Département des sciences du loisir et de la communication sociale de l’Université du Québec à Trois-Rivières. Il se met à l’œuvre dès novembre 1998 et, de concert avec la nouvelle AQLM en formation, adopte un plan de travail. L’année 1999 est consacrée à la production du Manifeste préalable à l’élaboration d’une politique du loisir au Québec, à l’intention du monde du loisir municipal. Ce manifeste, intitulé Loisir, communauté locale et qualité de la vie, présente un tour d’horizon des acquis et des éléments

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problématiques auxquels le loisir public est confronté, tout en proposant des voies pour un avenir amélioré. Le texte fait l’objet d’un accord de principe lors de la conférence annuelle du loisir municipal, tenue à Saint-Georges à la fin de septembre 1999. Les participants à la conférence demandent cependant que le texte soit soumis à la consultation des membres de l’AQLM, ce qui est réalisé en février-mars 2000, parallèlement à la poursuite des travaux du groupe de réflexion. Celui-ci, élargi de quelques nouveaux membres désignés par l’AQLM, reçoit le mandat de transformer le Manifeste préalable en un énoncé de politique à l’intention des communautés et des pouvoirs publics locaux. Le présent document est donc un projet d’énoncé de politique du loisir au Québec, élaboré à partir de trois principes sous-jacents au développement du loisir public : 1.

Le citoyen est et doit être l’acteur principal de son loisir.

2.

La maîtrise d’œuvre en loisir doit être confiée au niveau le plus près du citoyen, c’est-à-dire à sa communauté locale.

3.

La qualité de vie du citoyen repose sur une mise en commun de toutes les ressources dont dispose la communauté.

Depuis maintenant plus d’un demi-siècle, l’intervention communautaire locale en loisir est graduellement devenue un service public de première ligne. Par ses utilités et les nombreux bienfaits sociaux qu’il engendre, le loisir est devenu un élément constitutif du bien public et de l’intérêt général. Dès 1979, le Livre blanc en loisir du gouvernement du Québec confère aux instances publiques locales la « maîtrise d’œuvre » en matière de loisir, tout en plaçant le service aux citoyens au cœur de toute politique à envisager à ce sujet. Cette position est maintenue dans le Cadre d’intervention gouvernementale en matière de loisir et sport de 1997, qui souhaite accentuer la décentralisation des services. Le présent énoncé de politique s’inscrit dans cette tradition. Sur le plan juridique, il se situe dans le cadre de la Loi des cités et villes ainsi que du Code des municipalités, qui tous deux accordent aux communautés locales un mandat large et ouvert à son sujet. L’énoncé de politique proposé traite des loisirs pour lesquels il y a une offre de services publics d’une communauté à ses membres, en fonction des objectifs que celle-ci décide de poursuivre et de réaliser. Il fait abstraction des loisirs à caractère strictement privé et des loisirs commerciaux qui ne requièrent pas de relations ou de partenariats avec le service public.

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Cet énoncé de politique vise une approche globale suffisamment souple pour permettre toutes les applications locales. Il présente des orientations et des pistes d’action d’ordre général, susceptibles d’obtenir un large consensus, laissant à chaque communauté le soin et la pleine responsabilité de les adapter à ses réalités propres, de les teinter de sa couleur locale.

LOISIR ET QUALITÉ DE LA VIE La notion de loisir Un peu comme dans le cas de la culture, chaque fois qu’il est question de loisir l’interrogation fuse : de quel loisir parle-t-on ? La réponse est complexe, le terme loisir étant particulièrement vague quant à ses origines. En langue ancienne, il recoupait tout ce qu’il est permis et possible de faire, sans contenu plus précis ! Le loisir est une zone privilégiée de l’existence humaine où chaque personne peut, selon ses moyens économiques, ses goûts, talents et aspirations, déterminer l’usage de son temps libre et y insérer ses choix personnels des plaisirs et satisfactions qu’elle attend de la vie. En ce sens, les loisirs, au pluriel, sont chacun à sa façon des instruments polyvalents au service d’une quête de valeurs qui n’a de cesse tout au long de la vie. Le loisir au singulier, pour sa part, est le terme-souche fédérateur de cet ensemble de moyens de développement et d’épanouissement de la réalité humaine. Il représente au départ un champ de possibilités susceptibles de se concrétiser lorsqu’il est pris en charge par les individus, les groupes ou les collectivités qui lui reconnaissent un rôle important dans l’amélioration de leur qualité de vie. Le loisir, un droit L’histoire nous révèle qu’à l’origine l’usage du loisir était réservé uniquement, sauf en cas de tolérance occasionnelle, aux individus jouissant d’une pleine et entière citoyenneté qui se groupaient et se reconnaissaient au sein des strates ou classes sociales supérieures. Une fois le statut social de ces gens assuré, avec les privilèges s’y rattachant – notamment sur les plans économique, culturel et politique –, le loisir incarnait pour eux une dimension essentielle de leur mode de vie. Ils y consacraient d’ailleurs une portion importante de leur temps et de leur énergie. Ils avaient même institutionnalisé, à leur usage exclusif, une intendance des plaisirs sociaux qui se chargeait de leur organisation.

Loisir, communauté locale et qualité de la vie

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Aujourd’hui, c’est-à-dire plusieurs révolutions plus tard, l’avènement de la société démocratique a érigé en principe le fait que le privilège des uns devait devenir le droit de tous. Ce principe, énoncé à l’article 24 de la Charte universelle des Droits de l’Homme depuis 1948, constitue la référence majeure et première d’un énoncé contemporain d’une politique du loisir. Il établit hors de tout doute et d’une façon plus que morale le droit de bien vivre ou de mener une existence de la meilleure qualité possible, compte tenu des contraintes et limites inhérentes à la vie des individus et des collectivités. Il vise ce que l’on pourrait appeler une politique du loisir minimum garanti, en lien étroit avec les autres droits, tout aussi fondamentaux, que la même Charte préconise : droits au revenu décent et équitable, à la santé, à la sécurité, à l’éducation, à la culture, à l’association à des fins pacifiques et ainsi de suite. S’il est vrai que l’univers du loisir a ses caractéristiques et ses particularités propres, il est tout aussi vrai qu’il est en lien permanent avec d’autres dimensions de la vie individuelle et collective. En ce sens, il importait non seulement d’affirmer le droit au loisir, mais aussi de l’inscrire dans un réseau de droits complémentaires et interdépendants. Loisir et qualité de la vie L’idée de qualité de la vie circule au sein du loisir organisé depuis au moins une génération. Elle a d’abord été objet de discours, une sorte d’idéal souhaitable, mais un peu vague, un objectif vertueux, mais un peu lointain, du développement envisagé qu’il fallait justifier, parfois à tout prix. Cette idée était commode parce que peu encombrante ni exigeante, tant qu’elle demeurait un artifice de discours. Une argumentation habile pouvait même l’utiliser pour défendre son contraire. Ceci n’a pas manqué de susciter un débat social à son sujet, au fur et à mesure qu’elle était apprivoisée et utilisée par des individus et des groupes qui voulaient lui donner un contenu concret et sérieux. Aujourd’hui, le loisir organisé dans une société est de plus en plus considéré comme un indicateur fiable du niveau de qualité de vie qu’une collectivité peut offrir à ses membres. L’apport bénéfique du loisir, dans la vie d’une communauté, est en effet maintenant reconnu. Il est bien établi, par exemple, que parmi d’autres considérations le choix d’un lieu de résidence tient compte de l’existence d’équipements, d’installations et de services fonctionnels reliés aux activités récréatives et aux opportunités de loisir en général. Les familles tout comme les individus y voient une dimension importante dans leur choix d’établissement dans un

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milieu de vie permanent. Ils sont conscients que ce milieu conditionne leur mode de vie sous plusieurs aspects, en répondant plus ou moins à leurs besoins. La qualité de la vie dépend de l’ensemble des objectifs de développement qu’une société ou une communauté particulière peut adopter. Le processus de démocratisation du loisir, qui a servi de cadre de référence politique du loisir depuis la Révolution tranquille au Québec, n’est certes pas achevé ; mais cette démocratisation a exprimé avec force la nécessité d’incorporer le loisir non comme un luxe, mais comme une dimension saine et normale de la vie sociale. Il s’agit non plus seulement de travailler à rendre le loisir accessible et présent dans la vie de chaque citoyen et de chaque citoyenne, mais de l’associer aux autres facteurs contribuant à la construction d’une vie individuelle et sociale qui soit belle, bonne, et qui permette l’éclosion du dynamisme présent dans chaque communauté.

LOISIR ET CITOYEN L’obsession du citoyen dans le service public Les citoyens, seuls ou regroupés en associations affinitaires, sont et doivent être les premiers acteurs de leur loisir, de sa définition concrète et des décisions qui le concernent. L’organisation et la prestation des services publics doivent converger vers ce principe fondamental. Par conséquent, l’intervention publique en loisir doit se fonder sur l’identification et la connaissance exacte des besoins du et des citoyens. Elle doit tenir compte non seulement des besoins personnels de chacun et chacune, mais aussi des réalités de la vie privée ou familiale, de l’« amicalité », des relations affinitaires, des intérêts communs, des cycles de vie et des rapports intergénérationnels, ainsi que des échanges interethniques et interculturels. Les besoins en loisir sont d’une grande variété, de même que les groupes à servir. Cette diversité suppose donc l’existence de mécanismes et de processus de consultation, de participation et de rechercheaction permettant d’ajuster constamment l’action aux besoins réels des citoyens dans une perspective de bien public et d’intérêt général. Cette quête des besoins doit tenir compte du fait que, s’il est admis dans une société démocratique que tous les individus-citoyens sont égaux en droit, il est aussi connu qu’ils ne le sont pas en fait. De multiples facteurs, personnels, économiques, éducatifs, sociaux et culturels, expliquent cette inégalité. Le but premier d’une politique consiste à pouvoir rejoindre l’ensemble des citoyens. Or, certains besoins sont claironnés par des

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groupes d’intérêts ou de pression bien organisés et bruyants. D’autres sont plus silencieux, mais non moins réels, émanant de catégories sociales qui arrivent plus difficilement à s’organiser et à se faire entendre. Les principes directeurs d’une intervention communautaire se situent au niveau de l’utilité publique et de la justice sociale distributive dans l’accès aux ressources collectives. Le but d’une telle intervention : répondre aux besoins de la communauté par une modulation juste, équilibrée et proportionnelle d’une offre de services au regard des ressources disponibles. L’obsession du citoyen, cela signifie que : 1.

La raison d’être du service public en loisir, tout comme sa mission et sa justification, est d’être une structure de services aux citoyens dans une perspective d’équité et de solidarité.

2.

Le service public assure l’accessibilité à la qualité de la vie par le loisir sous toutes ses formes à tous les membres de la communauté, et respecte le principe de la prise en charge autonome de son loisir par chacun et chacune.

3.

Le service public reconnaît la pluralité et la diversité des besoins à satisfaire ainsi que la variété et la différenciation des groupes à servir.

4.

Le service public se dote de mécanismes de consultation individuelle et collective lui permettant d’être à l’affût des besoins du citoyen et de la communauté.

5.

Le service public accorde une considération spéciale aux citoyens démunis, c’est-à-dire inaptes à s’auto-organiser et à défendre leurs intérêts légitimes.

L’approche du citoyen De façon à mieux répondre à ce principe de l’obsession du citoyen, la présente politique propose un changement majeur dans la définition même du service public en loisir. Ce changement consiste à remplacer son centre nerveux traditionnel, la programmation, par celui, plus large, d’offre de services. Cette forme d’approche du citoyen se caractérise par sa souplesse et par sa capacité d’adaptation aux transformations en cours et à venir des pratiques de loisir. Elle reconnaît que les besoins, goûts et aspirations des usagers des services de loisir s’élargissent, changent et souvent se situent en dehors des programmations traditionnelles.

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Les aspirations contemporaines en matière de loisir se tournent vers des formules de loisir plus spontanées, polyvalentes, conviviales et moins encadrées par des organisations rigides et sélectives. En fait, l’excès d’encadrement ou d’embrigadement entraîne souvent et rapidement une perte d’intérêt, des désaffections et, à la limite, des abandons, même pour des formes de loisir parmi les plus hautement estimables. Cette situation est d’autant plus regrettable que ces pratiques exigent souvent des investissements collectifs onéreux et difficilement recyclables lorsque les goûts, les aspirations, les humeurs ou les modes changent. Sans nier le bien-fondé et la pertinence de la programmation et de l’organisation d’activités spécifiques répondant à des besoins précis, l’expression « offre de services » cerne plus largement et plus adéquatement une prestation de services publics en loisir mieux ajustée aux attentes de l’ensemble d’une communauté. Par nature, celle-ci est composée de clientèles variées de tous âges et de toutes conditions de vie. Un service qu’on veut public doit donc d’abord s’adresser à elles. Cela implique un réajustement de l’allocation des ressources collectives disponibles, tant sur le plan des finances qu’en matière d’espaces et d’équipements. L’offre de services ne prétend pas organiser tout le loisir dans une communauté. Elle favorise l’initiative privée des individus, tout comme celle des groupes organisés sur une base de participation volontaire, en fonction d’intérêts particuliers tout à fait légitimes. Elle les appuie et les soutient dans la mesure de leur contribution au mieux-être de la collectivité par l’utilisation la plus rationnelle possible des ressources collectives disponibles ; elle vise l’élargissement de l’accessibilité générale au loisir. De même, elle ne doit pas se substituer ou faire compétition aux services privés existants, mais les compléter en amplifiant leur action et en comblant leurs carences. Adopter l’offre de services comme mode d’approche du citoyen, cela signifie que : 1.

Le service public appuie et anime une offre de services répondant aux besoins et aspirations spécifiques des individus, bien adaptée aux réalités de chaque milieu, enracinée dans les styles et modes de vie variés et en évolution constante.

2.

Le service public oriente l’offre et la gestion des services offerts sur la justice sociale distributive, tenant compte à la fois de l’universalité de l’offre de services et de la diversité des publics, prenant dès lors en considération les besoins spécifiques tant des populations défavorisées que des groupes d’élite.

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3.

Le service public repère les talents, les leaders ainsi que les groupes formels et informels dynamiques en vue de les associer à la vie communautaire.

La participation du citoyen Le loisir public est un instrument valable et efficace de participation volontaire à la vie de la communauté. Le loisir, tel qu’il est vécu par chaque individu, se manifeste par une consommation librement choisie, permettant l’expression de son identité et la concrétisation de ses goûts et talents. Il lui fournit l’occasion d’être le créateur de ses projets, quels qu’ils soient. En ce sens, le loisir public, en favorisant la participation du citoyen, est un lieu privilégié de consommation, d’expression et de création. Différents facteurs peuvent influencer la réponse du citoyen à l’offre de services qui lui est faite. Le critère fondamental d’une offre de services valable et efficace est celui de sa correspondance avec les besoins clairement définis des publics visés. La qualité première de son contenu est d’être centrée sur l’accessibilité au loisir par la réduction des contraintes de tous ordres qui peuvent l’affecter. L’objectif à poursuivre est d’éliminer ou, à tout le moins, de diminuer les contraintes liées à la capacité de participation des publics visés. Il faut considérer que les contraintes liées à l’espace et au temps se présentent souvent avec un caractère tout aussi radical que celles liées au statut socio-économique et socioculturel des usagers des services. Le loisir organisé a ceci de particulier qu’il est souvent considéré comme le moins essentiel des services essentiels. En ce sens, il est fréquent d’observer que la non-participation est souvent associée à des facteurs d’horaire, de distance, de proximité, de contexte et d’ambiance qui n’ont pas été pris correctement en considération. Il s’agit là d’éléments préalables mais inhérents à toute politique de loisir efficace. Favoriser la participation du citoyen, cela signifie que : 1.

Le service public appuie la créativité sous toutes ses formes et dans tous les domaines de la vie de loisir.

2.

Le service public favorise la concrétisation des goûts, aptitudes, aspirations et talents décelés dans la communauté.

3.

Le service public crée des opportunités d’initiation, d’apprentissage et de formation continue en prêtant une attention particulière aux formes de loisir à portée ou incidence éducative.

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4.

Le service public procède à des offres de services tout autant dans les pratiques de loisir actives que dans celles davantage de nature dite passive.

5.

Le service public assure l’accessibilité la plus universelle possible en matière de coûts, d’accès aux équipements et bâtiments, en pratiquant au besoin une discrimination positive à l’intention des groupes démunis.

6.

Le service public se dote d’une politique de gestion du temps et de l’espace.

LOISIR ET COMMUNAUTÉ LOCALE La notion de communauté locale La communauté locale est un regroupement humain dont la principale qualité est qu’elle se reconnaît à l’intérieur d’un territoire délimité géographiquement, où se déroule et se passe la vie personnelle des citoyens. Elle est appuyée par l’existence d’un certain nombre de services fournis collectivement, dont ceux rattachés au loisir. La communauté locale constitue le lieu de base de la vie privée, le lieu de base de la participation première à la vie politique et aussi le lieu où le citoyen est en attente d’une offre de services publics fondamentaux en matière non seulement de loisir, mais aussi de santé, d’éducation, de bien-être, de sécurité, de culture et d’environnement. En définitive, nous convenons que le propre d’une communauté locale est d’abord d’être définie comme telle par les individus qui la composent en fonction d’affinités territoriales, culturelles, économiques, religieuses ou autres. La communauté locale correspond d’abord à la dimension territoriale, c’est-à-dire à un lieu d’habitat collectif, aux frontières géographiques bien définies (quoique variables) et bénéficiant de la présence d’une structure démocratique où chaque citoyen a droit de parole et de vote dans les décisions qui le concernent. Chaque communauté dispose de ressources collectives qui lui sont propres : a)

un capital social, c’est-à-dire ses ressources humaines, organisationnelles et institutionnelles ;

b)

un capital culturel, c’est-à-dire son patrimoine passé, présent et à développer, ses us et coutumes, ses modes de vie, ses sources de créativité et de changement ;

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c)

un capital économique, c’est-à-dire sa richesse économique, sa fiscalité, ses sources actuelles et potentielles de revenus, ses apports extérieurs et ses échanges intercommunautaires ;

d) des espaces et des équipements. Les différentes communautés locales présentent une très grande diversité : démographie, situation géographique, milieu naturel ambiant, types et état de l’emploi, ressources humaines, présence de pauvreté ou de précarité, données patrimoniales, matérielles, culturelles ou spirituelles, enjeux politiques, relations interethniques et intercommunautaires, présence d’institutions de services en éducation, santé et bien-être, problèmes de sécurité ou environnementaux, et ainsi de suite. Il n’existe pas deux communautés locales parfaitement identiques. Chacune a son histoire et ses réalités propres dont elle doit tenir compte. Considérant que chaque communauté locale possède ses caractéristiques particulières, et en raison de cette grande diversité entre les différentes communautés, celles-ci constituent le niveau le plus en mesure de répondre aux besoins du citoyen. Par conséquent, elles doivent assumer la principale responsabilité dans la prestation des services en loisir public. Reconnaître à la communauté locale un rôle de premier plan en matière de loisir public, cela signifie que : 1.

La communauté locale est responsable de mettre en application les orientations visant à faire du citoyen l’acteur majeur de son loisir et à favoriser sa participation, tout en adoptant l’offre de services comme mode d’approche (voir chapitre 2 ).

2.

La communauté locale est la base de l’intégration des services émanant des niveaux supérieurs de gouvernement et de la vie associative, en loisir et dans les domaines connexes.

3.

La communauté locale coordonne l’action des diverses structures et institutions de services aux mêmes clientèles d’un même milieu de vie, en créant et en animant des formules de concertation adaptées et efficaces.

4.

La communauté locale appuie, soutient et accompagne les forces et agents de changement social jugés positifs et bénéfiques pour ses membres par leur apport à la qualité de la vie.

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5. La communauté locale soutient les initiatives prises dans son milieu ainsi que l’engagement bénévole et volontaire en fournissant les ressources et les services de soutien et d’encadrement nécessaires à leur insertion dans les réseaux publics. 6. La communauté locale offre des moyens et des instruments de formation et de perfectionnement à ses ressources humaines, tant bénévoles que professionnelles. 7. La communauté locale reconnaît et valorise la fonction des travailleurs en loisir en tant que professionnels de services et agents de développement. 8. La communauté locale adopte et met en pratique une mentalité d’évaluation permanente, d’autocritique positive, de rechercheaction et d’ouverture à l’innovation. 9. La communauté locale se tient à jour sur les résultats des recherches dans les sciences humaines et sociales appliquées au loisir, à la culture, au tourisme et à la communication, et les appuie au besoin. 10. La communauté locale promeut les communications interculturelles ou interethniques dans le respect des différences, dans une perspective de cohésion sociale et de développement du sentiment d’appartenance. 11. La communauté locale valorise le patrimoine comme expression de l’identité collective. Le champ d’intervention En tenant pour acquise la reconnaissance du rôle dévolu aux communautés locales, il y a lieu de définir le champ d’intervention des services de loisir et de vie communautaire à la population : a)

les activités physiques de temps libre centrées sur la santé, le bien-être ou la jouissance de l’environnement ;

b)

les jeux et les sports de libre participation ou de compétition ;

c)

les aménagements spatiaux à usages libres et spontanés : parcs, places publiques, voies de circulation et sentiers ou pistes en tous genres, etc. ;

d) les activités sociales et récréatives à participation volontaire ou associées à des buts d’action communautaire, éducatifs ou thérapeutiques ;

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e)

les pratiques de loisirs culturels, qu’elles soient de l’ordre de la consommation ou de la création, de la promotion et de la mise en valeur du patrimoine local, ou qu’elles se situent dans les domaines des arts, des lettres, des sciences et de la technologie ;

f)

le tourisme social, culturel ou à vocation économique préconisé dans la communauté : fêtes et festivals, sites historiques, événements spéciaux, inscription dans des réseaux ou circuits touristiques, etc. ;

g) les service de loisir pour personnes handicapées ; h) les loisirs centrés sur l’intégration et l’harmonisation des relations interculturelles avec les nouveaux Québécois ou les nouveaux résidents dans la communauté locale selon les décisions et priorités établies par et dans la communauté.

LOISIR ET PARTAGE DES RESSOURCES La concertation au service du citoyen Le citoyen, qu’il fête, joue, s’éduque, soigne sa santé, protège son environnement, travaille, consomme ou développe sa créativité, est une seule et même personne. Ses besoins sont interreliées et interdépendants, ce qui commande d’adopter à son endroit une approche-client ouverte et interactive, de préférence à une approche morcelée où chaque « boîte de services » ignore l’apport des autres. La réponse aux besoins multiples du citoyen requiert le décloisonnement et la concertation des institutions et organisations s’adressant à une même clientèle. En ce sens, une politique du loisir doit être en interaction constante avec d’autres interventions publiques, notamment en matière de santé et de bien-être, d’éducation et de culture, de sécurité et d’environnement. Par ailleurs, chaque communauté locale dispose d’un volume plus ou moins grand de ressources collectives. Chacune a son capital social, son capital culturel, son capital économique, ses équipements. Malheureusement, ces ressources existent et fonctionnent trop souvent en miettes éparses et sans liens organiques. Cette politique de loisir propose donc de repenser leur existence en réseau pour qu’elles soient utilisées avec une plus grande efficacité. Par conséquent, la meilleure perspective d’avenir réside dans le réseautage des diverses structures de services, bien entendu dans le respect des compétences et des expertises spécialisées.

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Cette idée de réseau requiert l’ouverture des barrières institutionnelles et l’établissement de la coopération mutuelle dans la prestation des services à des clientèles identiques. Considérant ces services comme complémentaires du point de vue de leurs bénéficiaires, elle fait appel à la coordination des expertises pour les offrir. Par la concertation, elle vise l’amplification des possibilités et l’amélioration de l’efficacité, en réduisant les contraintes et les obstacles à la participation des usagers. La concertation au service du citoyen, cela signifie que : 1.

La communauté locale promeut, pratique et, en certains cas, pilote le réseautage des acteurs sociaux, sur base d’affinités et de complémentarité, dans le respect de leur spécificité, de leurs compétences, de leurs champs d’expertise ou d’excellence.

2.

La communauté locale assure la mise en place, le soutien et le fonctionnement des réseaux, en vue et dans la mesure de leur apport à la vie de la communauté dans son ensemble ou à des groupes particuliers.

3.

La communauté locale encourage et appuie les échanges, les liens et les relations avec les autres communautés en pratiquant le réseautage horizontal et vertical.

4.

La communauté locale établit des partenariats avec toutes les organisations privées poursuivant des buts et objectifs compatibles avec les siens et développe à cette fin les principes et protocoles de collaboration nécessaires.

5.

La communauté locale préconise, chaque fois que cela est possible, la prise en charge et le faire-faire par des partenaires intéressés à s’intégrer au service public ou à collaborer avec lui.

6.

La communauté locale favorise et facilite le recyclage et la mobilité des ressources (humaines, financières, espaces et équipements) d’un intervenant ou d’un réseau à l’autre.

7.

La communauté locale développe au maximum l’usage polyvalent des équipements et ressources collectives et contribue à rendre accessibles tous les réseaux publics d’édifices et d’équipements.

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Concertation et solidarité sociale L’idée même de concertation suppose que l’on développe, entre les membres de la communauté, des liens sociaux qui favorisent la communication, les échanges et la collaboration. Ces liens sont en fait les prémisses du réseautage des structures organisationnelles et des offres de services en loisir. Cela signifie mettre de côté un certain nombre d’éléments qui stérilisent une bonne partie de l’efficacité des actions : conflits de juridiction, guerre des rôles et des mandats, chicanes de clochers, antagonismes de personnalités, conflits d’intérêts et ainsi de suite. Le réseautage soustend une mentalité positive faite de coopération, de concertation et d’assistance mutuelle. Développer la solidarité sociale, cela signifie que : 1.

La communauté locale promeut le sentiment d’identité et d’appartenance ainsi que le sentiment d’interdépendance et de collaboration avec les autres communautés.

2.

La communauté locale développe un milieu de vie propice à la prévention ou à l’élimination de pratiques, de problèmes et de conflits préjudiciables à la paix, à la cohésion sociale et à la qualité de la vie.

3.

La communauté locale valorise la vie de quartier en milieu urbain et conçoit ses offres de services en conséquence.

4.

La communauté locale soutient les forces et initiatives de changement social jugées positives et dynamiques.

5.

La communauté locale crée un sentiment d’appartenance et de propriété collective face aux installations et équipements communautaires.

Partage des responsabilités L’imputabilité des responsabilités est un problème sérieux au regard de la multiplication actuelle des structures de services souvent redondantes, ce qui occasionne des difficultés de fonctionnement causées maintes fois par une législation et par une réglementation gouvernementale entraînant à l’usage des incohérences imprévues. Ces difficultés sont amplifiées par l’implantation de nouvelles structures sans que les anciennes, devenues caduques mais encore bien incrustées, soient abolies.

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La présente politique prône un système public décloisonné, unifié et cohérent, considérant que la communauté locale ne dispose que de pouvoirs dévolus et qu’elle n’a pas de contrôle sur nombre de décisions susceptibles de l’affecter. Tout au plus peut-elle faire en ces matières les représentations et les recommandations qui s’imposent, notamment en mobilisant les élus locaux. Par contre, à l’interne et à l’intérieur de ses mandats déjà dévolus, elle peut organiser la coordination et la concertation des responsabilités, rôles et fonctions. Elle peut relever le défi du réseautage de ses propres services et se donner un modèle de services publics intégrés adapté à ses réalités particulières. La solidarité sociale qui permet et que permet le réseautage commence à l’échelon de la communauté d’appartenance de base. Pour une plus grande efficacité dans l’atteinte des objectifs poursuivis, pour faire de la citoyenne, du citoyen le principal acteur de son loisir, pour permettre à la communauté locale de bien jouer son rôle et pour utiliser au maximum les ressources collectives, il faut éliminer les chevauchements de structures et de compétences, trop souvent à l’origine de pertes de temps et d’énergie. Un partage clair des rôles, compétences et structures, cela signifie que : 1.

La municipalité est reconnue comme étant la première responsable du loisir public dans le partage des pouvoirs et la dévolution des mandats de la part du gouvernement du Québec.

2.

Les villes et villages se définissent une mission quant à l’amélioration de la qualité de vie de leurs citoyens, en partenariat avec les autres acteurs et réseaux de services publics, en dépassant les simples services à la propriété.

3.

La présence, la participation et la contribution des communautés locales aux différentes instances régionales est repensée et revue en profondeur.

4.

La municipalité se reconnaît responsable et leader-facilitateur des réseaux de services à la communauté locale.

5.

Le gouvernement du Québec adopte une vision globale de l’intervention communautaire en loisir et la fait connaître à tous ses ministères et partenaires.

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6. Le gouvernement du Québec élimine les chevauchements de compétences, de tâches et de responsabilités, dans les domaines du loisir, de la culture et de la vie communautaire, en clarifiant la législation en conséquence. 7. Le gouvernement du Québec investit en recherche et développement, se dote d’outils, d’études et d’informations de nature à alimenter en connaissances le milieu communautaire et à soutenir ses interventions. 8. Le gouvernement du Québec reconnaît le soutien à la vie associative aux niveaux régional et national comme étant de sa responsabilité tout en développant des rapports de collaboration et de partenariat avec les instances locales. 9. Le développement, le soutien et l’encadrement des élites sportives et des professionnels de la culture sont confiés aux réseaux régionaux et nationaux. 10. Le gouvernement du Québec réaffirme la dévolution de pouvoir et de mandat en loisir et en tient compte dans le partage fiscal. 11. Le nombre de paliers intermédiaires de décision et de direction est réduit au minimum. 12. Les responsables de charges doivent obligatoirement rendre compte de leur gestion face à la population en général ou aux usagers du service public. 13. Les responsabilités spécifiques et complémentaires de tous les partenaires du réseau de services publics communautaires local sont redéfinies de façon claire, notamment en matière de santé, d’éducation, de services municipaux ainsi qu’avec leurs partenaires privés associés.

CONCLUSION La présente politique propose de mettre l’accent sur l’humain plutôt que sur le béton, sur le développement du lien social et des rapports communautaires ainsi que sur l’utilisation décloisonnée des ressources existantes, en misant sur la polyvalence de leurs usages. L’offre de services en loisir est au sommet de la pyramide des services publics visant la qualité de la vie au sein d’une communauté locale. Améliorée et restructurée en réseaux intégrés et complémentaires, elle accentue les bénéfices déjà connus des loisirs bien organisés sur les plans

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de la prévention, de la paix et de l’ordre social, de la santé et de la sécurité, de la jouissance des belles et bonnes choses de la vie. Elle développe l’identité culturelle de la communauté en valorisant son patrimoine, ses us et coutumes ainsi que ses modes de vie. L’action en réseaux favorise l’intensité des liens sociaux, renforce le potentiel latent des individus et des groupes et, surtout, oblige les dispensateurs de services à travailler en fonction de l’intégralité des personnes. Cesser de traiter celles-ci à partir de cases étanches et morcelées de services est déjà un immense progrès. Sur ce plan, le réseautage des services est l’outil fédérateur des divers aspects et éléments de la qualité de la vie. Vus sous cet angle, les services en loisir sont aussi essentiels que l’ensemble des autres services sociaux, avec lesquels ils doivent entretenir des liens étroits de complémentarité et d’interdépendance. Repensés dans le sens des orientations de la présente politique, ils deviennent un élément unificateur et mobilisateur d’une large partie de la vie communautaire réseautée en fonction de la satisfaction des besoins de ses membres. Les services en loisir constituent un lieu d’organisation et de concertation planifiée de la joie de vivre dans un milieu, dont l’identité culturelle s’associe naturellement à la qualité de vie qu’on y trouve et qu’on lui reconnaît. À ce titre, les services publics en loisir sont une réalité hautement culturelle au sens fondamental. Ils sont une façon de bonifier les modes de vie dans le sens d’une évolution progressive des façons de faire, de penser et de sentir, qui déterminent l’existence des hommes et des femmes d’une communauté, tout en atténuant ou solutionnant un bon nombre de problèmes sociaux. Ils permettent la culture du corps et de l’esprit, celle des rapports et liens sociaux, tant formels qu’informels. Ils animent l’esprit de découverte et de curiosité ainsi que le goût de l’esthétique sous toutes ses formes, des plus simples aux plus classiques. Toutefois, une évidence s’impose : la qualité de vie n’est pas automatique ; elle s’acquiert, s’organise et se distribue. Celle de la communauté de base est au premier chef à inscrire dans les préoccupations et priorités des pouvoirs publics locaux comme dimension centrale de leur raison d’être.

Loisir, communauté locale et qualité de la vie

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Deuxième partie

ANALYSE ET DÉBAT

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Chapitre 2

ÉTAT DES LIEUX ET PROBLÉMATIQUE Groupe de travail1

POUR UNE VISION RÉNOVÉE DU DÉVELOPPEMENT DU LOISIR AU QUÉBEC1 L’objectif de ce texte était de susciter un débat préalable à l’élaboration d’une nouvelle politique du loisir au Québec, centrée sur la vie communautaire et sur les pouvoirs publics locaux. Notre intention n’a pas été de décrire par le menu une politique avec des recommandations précises et un échéancier, ce qui reste à faire à court terme. Il s’est plutôt agi d’une opération comprenant deux étapes dont le présent texte a constitué la première et la consultation des membres de l’Association québécoise du loisir municipal, la seconde, qui s’est terminée en septembre 2000 au congrès de l’Association tenu à Rimouski. 1. Formé des professeurs Michel Bellefleur, Michel de la Durantaye et André Thibault ainsi que des directeurs et directrices d’un service municipal de loisir : Stella Guy, Montréal ; Michel Choquette, Québec ; Pascale Guimont, Sainte-Foy ; Serge Paquin, Charlesbourg ; René Tremblay, Saint-Nicolas, et de Pierre Morin, surintendant, Montréal. Le texte qui suit est une version légèrement retouchée, pour fin d’édition, d’un document intitulé Problématique préalable à l’élaboration d’une politique du loisir au Québec et présenté en septembre 1999 à la conférence annuelle de l’Association québécoise du loisir municipal, à Saint-Georges de Beauce.

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Sa rédaction avait pour but d’exposer une problématique de développement du loisir au Québec pour les années 2000, assortie d’un énoncé de principes et d’objectifs à poursuivre, ainsi que de pistes d’action conséquentes à débattre, à préciser et à choisir. Ce texte procède d’un souhait largement formulé de renouveler l’approche en ce qui concerne l’orientation des services publics en loisir et, pour ce faire, il propose un consensus fondateur de la future action collective à négocier. Le présent document de réflexion s’inscrit résolument dans une perspective d’invention de l’avenir du loisir contemporain en ce qui concerne la portion de sa réalité qui est matière à intervention sociale et communautaire, donc, objet politique. Il n’a pas été élaboré en rupture avec le passé, mais dans une perspective évolutive qui tient compte à la fois des acquis historiques fort nombreux et des éléments problématiques à résoudre pour baliser son développement futur. Il propose de dépasser une certaine vision traditionnelle du loisir qui l’assimile à un répertoire d’activités à organiser et à promouvoir en rapport avec la liberté de choix du citoyen comme « libre élection d’activité de prédilection » (M. Hickter)2. Cette vision positive du loisir en tant que droit humain individuel fondamental inscrit dans les chartes des droits et libertés de la personne n’est pas à nier. Cependant, le traitement social du loisir au cours des dernières décennies l’a souvent réduit à une question individuelle, alors qu’il s’agit indéniablement d’une question collective et communautaire nécessitant une considération du même ordre. Cet état de fait a engendré l’effet pervers suivant : l’affirmation de la liberté de choix individuelle a quelque peu obnubilé la nécessité de l’action communautaire pour justement activer et stimuler la capacité de choix de chaque citoyen et citoyenne, ce qui, pour finir, a accentué sa dimension politique. À cet égard, on s’est cependant vite rendu compte que le loisir ne pouvait être traité comme une réalité en soi, autonome et coupée de son environnement social, sous peine de banaliser la richesse de son contenu ou de le reléguer au dernier rang des priorités sociales. Sont alors apparus ses multiples liens avec les questions d’éducation, de santé, de bienêtre et de culture, qui, tout comme lui, gravitent dans l’orbite de la question sociale globale de la qualité de la vie individuelle et collective. On a ensuite pris conscience de la nécessité et de l’urgence d’adopter une vision élargie du loisir pour l’associer, sous toutes ses formes, à la dynamique de la vie communautaire de base de chaque citoyen.

2. Cette formulation du sens du loisir a été utilisée par M. Marcel Hickter, haut fonctionnaire belge et conférencier invité en 1970 au congrès annuel de la Confédération des loisirs du Québec.

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Voilà pourquoi ce texte propose un modèle d’organisation de l’intervention publique repensé et centré sur le lien social, la solidarité, la complémentarité, le partenariat et le réseautage des acteurs sociaux, communautaires et culturels. Son but n’est pas de définir ou de clarifier les rôles et mandats de chaque acteur ou organisation, mais de tenter d’élucider un système d’orientations à visée consensuelle que chacun pourrait adapter à ses réalités et utiliser comme base de référence dans sa contribution à la vie communautaire et dans son action spécifique.

DES ACQUIS, MAIS DES PROBLÈMES À RÉSOUDRE En cette fin de siècle, c’est avec une certaine morosité qu’on aborde la question de loisir, la considérant comme en situation de stagnation et de marasme. Cela peut être fondé et à relier, par exemple, à un certain recul de l’État-providence, mais de là à y voir une situation catastrophique, il y a exagération. L’histoire est ponctuée d’avancées parfois spectaculaires, mais aussi de reculs ou de pauses dans le développement. En se plaçant dans une perspective du temps long, Dumazedier voit dans l’évolution du loisir au XXe siècle un « effet de civilisation » en marche lente et progressive, tant au Québec que dans l’ensemble des sociétés avancées. Cette vision est corroborée par un ensemble de faits que nous synthétisons dans le tableau de la page suivante et dont le cumul constitue en gros l’héritage du siècle qui se termine. L’ensemble de ces éléments a fortement contribué à la naissance du loisir contemporain et à l’accessibilité à ses diverses formes, loisir qui, en raison même de cette diversité accrue, devient de plus en plus difficile à circonscrire. D’ailleurs il ne s’agit pas tant de chercher à le définir à travers un répertoire d’activités et de pratiques que d’améliorer ses conditions et possibilités d’existence tout en laissant libre cours à la liberté, à l’ingéniosité et à la créativité des citoyens et de citoyennes, de leurs communautés et groupes d’appartenance. L’adage qui a cours depuis la Révolution tranquille, « maximiser les possibilités et minimiser les contraintes », est toujours valable comme fondement de l’action sociale en loisir. Sur ce plan, les pouvoirs publics ont une tradition relativement longue de services et de soutien aux initiatives en loisir émanant de la société civile, notamment avec la vie associative qui s’est développée au Québec depuis un demi-siècle. Cette tradition se maintient malgré les aléas des diverses conjonctures politiques et économiques et devrait même s’amplifier dans les années à venir. Mais force est de constater que c’est à l’échelon des pouvoirs publics locaux que s’est élaborée l’intervention en loisir la plus importante et la plus significative, sur le plan des ressources tant

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TABLEAU 1 Des acquis à consolider 1. La libération graduelle du temps contraint et l’avènement du temps choisi. 2. Une mobilité spatiale sans précédent dans l’histoire humaine, fondée sur les voies et moyens de transport moderne et concrétisant l’aspiration au voyage. 3. La mobilité spatiotemporelle virtuelle, instantanée et planétaire permise par les technologies de la communication. 4. Une amplification des processus démocratiques entraînant une extension de la participation aux décisions collectives. 5. Une extension des droits et libertés, individuelles et collectives, et le développement de la responsabilisation à leur endroit. 6. L’avènement de sociétés de plus en plus tolérantes et pluralistes en ce qui concerne les doctrines et les idéologies, élargissant la gamme des comportements admissibles socialement. 7. Des niveaux d’éducation et de formation de base les plus hauts jamais atteints. 8. La création et le développement houleux d’un filet social comme base de la citoyenneté de tous et toutes (santé, sécurité sociale, etc.). 9. Un accès élargi à la consommation discrétionnaire (libérée, mais encadrée). 10. La naissance d’une sensibilité aux questions environnementales de tous genres et de tous ordres. 11. Un éclatement des modes et styles de vie, ainsi que de la culture prescrite ou imposée. 12. Une diffusion massive de l’information et de la connaissance technique et scientifique. 13. Une polarisation du développement social autour d’une thématique d’ensemble de la qualité de la vie, appuyant les affirmations des droits humains acquis ou conquis au XXe siècle tout en leur donnant un contenu.

matérielles, financières qu’humaines consenties et affectées à cette fin. Cela s’est fait en vertu d’un principe depuis longtemps admis, à savoir que c’est le niveau de pouvoirs publics le plus près du citoyen et de sa vie quotidienne qui doit principalement assumer la responsabilité dans la prestation de services à la population en cette matière.

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D’ailleurs, en font foi les principaux textes et énoncés juridiques ou politiques québécois. Dès 1964, la Loi des cités et villes ainsi que le Code des municipalités accordent un mandat ouvert global en loisir aux municipalités sur leur territoire. En 1979, le livre blanc du gouvernement du Québec accentue ce mouvement en octroyant aux municipalités la « maîtrise d’œuvre » en loisir, en optant pour la décentralisation et en décidant de limiter son action directe au soutien des municipalités ainsi qu’aux acteurs supramunicipaux, c’est-à-dire régionaux ou « nationaux ». Qui plus est, le Cadre d’intervention gouvernemental de 1997 annonce l’intention « d’accentuer ce mouvement de décentralisation » (p. 15), en s’en tenant à la définition d’objectifs nationaux et en accordant « un soutien financier aux structures régionales et nationales qui appuieront l’action des acteurs locaux », tout en souhaitant « un plus grand engagement de leur part ». Il semble clair, sur la foi de ces textes et prises de position, que la municipalité se voit confirmée dans son rôle historique et que la définition d’une politique de services à la communauté locale relève du pouvoir public de même niveau, avec la participation et la collaboration des instances supérieures de gouvernement. Cela commande une redéfinition du service public en général et de celui en loisir en particulier à l’échelle des municipalités, dans la mesure où celles-ci sont considérées, géographiquement et politiquement, comme le lieu normal de prestation de certains services de première ligne s’adressant à une même population. Étant donné l’identité d’appartenance des communautés et clientèles à servir, une nouvelle politique devrait préconiser et viser le décloisonnement général et le réseautage des structures de services s’adressant à une même population. C’est dans cette perspective que le présent document a été conçu. Il est devenu évident que les services traditionnels en loisir centrés sur la programmation d’activités multiples sont plus ou moins efficaces s’ils ne sont pas associés aux grandes problématiques de la vie communautaire contemporaine et traités de concert avec les organismes chargés de leur prise en charge. Ainsi, parler de jeux et de sports, de pratiques festives, artistiques, sociales et culturelles, touristiques et autres a peu de sens lorsque ces réalités coexistent avec des situations déplorables, dont celles énumérées au tableau suivant qui sont inhérentes, quoique non exclusives, à la société québécoise contemporaine. Il va de soi qu’une politique du loisir centrée sur la qualité de la vie ne peut ignorer ces problèmes sous peine de se définir de facto au service des seules clientèles pour lesquelles ceux-ci ne se posent pas. L’égalité de droit formel des citoyens camoufle bien souvent de nombreuses inégalités qui sont autant de freins à la participation concrète à une vie

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TABLEAU 2 Éléments problématiques affectant la pratique du loisir 1. Les mutations de la famille. 2. Le vieillissement de la population. 3. L’insécurité économique, la précarisation du travail et la paupérisation de plusieurs segments de la population, notamment les jeunes. 4. Les nouvelles formes de violence et l’insécurité sociale. 5. Les tensions interethniques et interculturelles dans certains milieux. 6. Les pressions à la consommation orientée et la manipulation des consommateurs. 7. La transformation des mœurs, us et coutumes et son impact sur la cohésion sociale ainsi que sur les modes de vie. 8. La planétisation de la culture et la recherche d’une identité individuelle et collective (locale ou nationale). 9. Les reculs de l’État-providence en matière d’éducation, de santé et de bien-être. 10. L’enrichissement réservé et non partagé.

communautaire enrichissante et positive. La solution à ces problèmes, ou leur atténuation, n’est rien de moins qu’une matérialisation de la liberté de choix et une passerelle donnant accès à un loisir qui, au besoin, devient un outil éducatif, thérapeutique ou d’acculturation, sans contester sa dimension hédoniste centrée sur la jouissance des belles et bonnes choses de la vie humaine. Cette dernière se réalise principalement dans la communauté d’appartenance qui, pour une grande part, constitue le creuset des principales joies et des plaisirs de l’existence. C’est là aussi que, d’une part, se concentrent les attentes de services permettant cette qualité de vie première, susceptible d’être enrichie par l’apport des instances de services des niveaux supérieurs de la structure sociale, et que, d’autre part se répercutent l’ensemble de problèmes qui agitent le loisir socialement organisé dans la phase contemporaine de son histoire encore jeune et dont le meilleur est encore à inventer. En fait, les prophètes du XXe siècle qui avaient prédit à court terme une véritable civilisation du loisir se sont pour le moins trompés dans leur échéancier. Il en est de même de ceux qui avaient imaginé que le loisir organisé serait un indicateur du BNB (Bonheur national brut). Tous ces gens avaient

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allègrement confondu une vision quelque peu euphorique de la finalité idéale du loisir avec les difficiles réalités humaines et sociales sur lesquelles ils buteraient en cours de développement. De plus, il n’est pas sûr que les modèles d’action sociale qui ont été suivis ont été des plus heureux et des mieux adaptés aux réalités multiformes du loisir, ainsi qu’aux attentes véritables des citoyens, à leurs aspirations et à leurs désirs, lesquels ont souvent été supposés plutôt qu’identifiés à partir de besoins réels et fondés. C’est ainsi qu’en dépit des acquis mentionnés plus haut, et à cause de son évolution quelque peu anarchique, la situation du loisir au Québec est incertaine sur le plan social et communautaire, si l’on tient compte des constatations énumérées au tableau suivant. TABLEAU 3 Des constats inquiétants 1. La démocratisation du loisir est loin d’être achevée. L’offre de « loisir minimum garanti » est mince et souvent de piètre qualité culturelle. 2. Son développement est très inégal suivant les strates ou classes sociales, de même qu’entre les milieux de vie. 3. Le tissu, le sens et le lien sociaux traversent régulièrement des périodes d’érosion et de détérioration. 4. Le cloisonnement des organisations et des institutions de services à la communauté est généralisé et étanche. 5. La légitimité de l’action sociale publique en loisir est constamment remise en question. 6. La dispersion des pouvoirs et les conflits de compétence sont plutôt la règle que l’exception. 7. Le positionnement des services publics par rapport aux services privés varie continuellement. 8. Les affrontements idéologiques sur le plan politique et leurs conséquences (styles de gouverne, virages, etc.) affectent grandement la continuité du développement. 9. La participation à la vie communautaire comme dimension de la citoyenneté ne va pas de soi et ne se réalise pas spontanément ; il y a conflit permanent entre l’intérêt individuel et l’intérêt collectif.

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Les divers éléments du tableau qui suit constituent en quelque sorte la toile de fond plutôt sombre d’un ensemble de vices structurels et fonctionnels qui entravent considérablement le développement du loisir au Québec. TABLEAU 4 Vices structurels et fonctionnels de la situation actuelle 1. Les questions reliées à l’imputabilité des centres de décision et de pouvoir, leur ventilation, leur dissémination et parfois leur dilution. 2. La sclérose des programmations à courte vue et les résistances à l’innovation et au changement. 3. La mobilisation du capital public par des groupes d’intérêts privés avec ou sans but lucratif. 4. La multiplication des États dans l’État (ministères), des gouvernements supérieurs aux communautés locales. 5. La planification décidée sans concertation au sommet de la pyramide sociale. 6. La mentalité de gestion comptable et bureaucratique dans les services publics et la subordination de ces derniers à la rentabilité économique sur le modèle de l’entreprise privée. 7. Le gaspillage des ressources humaines et matérielles, la prolifération des « éléphants blancs », coûteux, inutiles ou caducs. 8. Le patronage politique omniprésent à tous les paliers de l’organisation du loisir. 9. Les visées de prestige aux liens ténus avec l’utilité sociale et l’usage communautaire. 10. L’existence de structures périmées.

À ces données problématiques s’ajoutent des éléments évolutifs de la situation du loisir au Québec qui commandent des modifications importantes à l’offre de services publics et communautaires. Tout d’abord, nombre de recherches signalent un élargissement et une transformation qualitative des pratiques de loisir et culturelles en général, ce qui remet en cause les programmations statiques et répétitives. Ces mêmes recherches notent aussi un intérêt croissant et prédominant pour les formes de loisir qui reposent sur la sociabilité informelle par rapport au loisir organisé et encadré de façon plutôt rigide, normalisée et réglementée. Or, promouvoir l’informel est un défi de taille à relever.

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Par ailleurs, les enquêtes révèlent une accentuation phénoménale des aspirations et pratiques en loisir centrée sur les voyages en tous genres et le tourisme en particulier (tourisme sportif, culturel, d’aventure et de découverte, écotourisme, etc.). L’accès au loisir par l’intermédiaire des médias tant traditionnels que de pointe (la cyberculture) s’amplifie et se diversifie jusqu’à occuper 50 % du temps libre de la population. D’ailleurs, ces pratiques renvoient plus à l’organisation de la vie privée (cocooning) et à la consommation des produits des industries culturelles qu’à l’utilisation des services communautaires en loisir. En revanche, le loisir continue de se développer selon le modèle classique des strates et classes sociales : l’innovation et la créativité se concentrent au sommet de la pyramide sociale, tandis que l’imitation, le retrait social ou la nonparticipation se retrouvent à la base ; la capacité de s’auto-organiser, individuellement et collectivement, est reliée directement à la situation sociale des citoyens. Il faut se demander si la vie communautaire doit prendre en charge l’organisation des non-organisés ou s’en tenir au leadership des individus et groupes capables d’auto-organisation. C’est d’ailleurs chez eux que s’observe une forte tendance au « réseautage » sous forme d’alliances et de partenariats ; cette tendance est beaucoup plus faible chez les démunis. D’une part, le décloisonnement des structures institutionnelles publiques est très lent et assujetti à de nombreuses résistances, notamment au niveau des pouvoirs publics centraux où il existe bien sûr des réseaux (santé, éducation, culture, bien-être, etc.), mais où il n’y a pas de réseau des réseaux fonctionnels, sur le modèle de l’Internet par exemple. Le secteur privé, avec ses intranets et ses extranets, contraste avec les modèles artisanaux d’échanges et de collaborations du secteur public à vocation communautaire, où l’humain est plus difficile à faire se concerter que l’appareillage technologique. D’autre part, et malgré certaines visions obtuses du sujet, le temps dit libre, discrétionnaire et libérable pour le loisir, tend à s’accroître à plus ou moins long terme et l’offre des services a parfois de la difficulté à s’y adapter. Il en est de même pour les dépenses individuelles, familiales ainsi que celles des communautés locales, qui sont en croissance constante, mais instable. La vie associative est en rééquilibrage, après avoir souffert d’une austérité financière occasionnée par la récente période de néolibéralisme, qui dure encore, et par la diminution du soutien gouvernemental causée par les restrictions budgétaires décidées par les pouvoirs publics ; elle est en phase d’initiation à une vision du partenariat et du réseautage élargie et pluridirectionnelle. Pour ce qui est des personnels, le loisir organisé continue d’attirer une véritable armée de bénévoles qui ont besoin d’un soutien permanent, d’un encadrement adapté et d’une formation continue.

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Pour sa part, le professionnalisme est en progression ; il élargit ses aires et champs d’intervention, accroît son expertise technique et scientifique et, fait hautement appréciable, se féminise. L’initiation et l’éducation au loisir se réalisent de plus en plus par des voies extrascolaires plutôt qu’intrascolaires, sans minimiser l’action essentielle du système scolaire. En fait, la communauté tout entière est appelée à devenir pédagogique et lieu d’apprentissages multiples. L’usage thérapeutique du loisir se répand lentement tant en milieu institutionnel que communautaire et constitue à coup sûr une voie d’avenir à prendre davantage en considération. Le loisir, en tant qu’univers des choix discrétionnaires des citoyens et des citoyennes, que ce soit dans l’ordre des pratiques créatives ou de consommation, devient une dimension significative de la transformation des modes de vie et, conséquemment, un puissant levier du développement culturel des communautés de base, dans la mesure où il s’agit d’une culture tout autant choisie que prescrite. Tout ce qui précède a une conséquence directe, à savoir que la prise en charge sociale du loisir dans une communauté ne saurait relever d’une seule organisation de services isolée et indépendante des multiples institutions qui composent le tissu social de la vie communautaire. Elle doit mettre à contribution toutes les institutions qui en traitent, directement ou indirectement, en perspective de concertation et d’intégration, ainsi que de complémentarité, dans l’offre de services variés à une même communauté. Cette offre prend son sens fondamental dans la distribution équitable des chances d’accéder à une meilleure qualité de vie. Cela est donc proposé comme objectif central d’une politique à inventer, dans les pages qui suivent.

PRINCIPES DIRECTEURS D’UNE POLITIQUE Il est proposé dans ce texte qui, rappelons-le, est conçu en fonction d’une démarche de réflexion et de consultation, de concevoir une nouvelle politique du loisir à partir d’une thématique à trois volets qui sont l’exercice de la citoyenneté, l’organisation des communautés de base ainsi que la redéfinition du service public. Ces trois dimensions sont à intégrer dans la perspective d’un système d’orientations générales dont les éléments, sans être tout à fait nouveaux, proposent une articulation inédite et cohérente de l’intervention sociale en loisir. Ce qui serait véritablement nouveau serait de les adopter, en les adaptant au besoin, et de repenser l’action en conséquence, ce qui relève, bien sûr, d’une décision politique à prendre au sujet du projet de société souhaitable dans lequel pourrait se situer le développement à venir d’une nouvelle offre de services en loisir.

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1. La citoyenneté En loisir comme ailleurs, la liberté humaine n’est rien si elle n’est pas d’abord une liberté individuelle de chaque citoyen et de chaque citoyenne, assortie des ressources et moyens permettant de l’exercer. En ce sens, la promotion sociale du loisir et des activités du temps libre et discrétionnaire prend tout son sens dans la réalisation d’une variété d’instruments de développement humain, social et culturel, lesquels sont essentiels à la liberté de choix des individus et des groupes. L’être humain, de sa naissance à la fin de sa vie, a des besoins auxquels peuvent répondre, au moins en partie, son milieu de vie familial et amical ainsi que sa communauté d’appartenance, du niveau local au niveau national. Son loisir s’inscrit dans la corrélation, juste ou erronée, qu’il parvient à établir, d’une part, entre ses tendances et ses pulsions, ses goûts et ses talents, et, d’autre part, les possibilités de réalisation que contient son environnement physique et naturel, social et communautaire. L’être humain vise, sauf s’il souffre de certaines pathologies, ce qui est ou ce qu’il croit être sa qualité de vie, c’est-à-dire la satisfaction des aspirations qu’il découvre en lui ou qui sont socialement induites. Sa liberté de choix l’amène, autant que faire se peut, à sélectionner des comportements ou pratiques qui correspondent en lui à quelque chose d’indéterminé au départ, mais de latent et de désirable. Autrement dit, il se bâtit un mode de vie en transformation ou évolution constante, où alternent les périodes de changement et de stabilité. Il est, comme on dit en sciences sociales, en état d’acculturation permanente, positive ou négative. Il vit son avenir, pour le meilleur ou pour le pire, à partir de sa situation actuelle et avec le poids de son passé, mais aussi avec l’espérance d’un futur moins bloqué et rempli de possibilités d’enrichissement de sa qualité de vie. Ainsi, l’acculturation ne réside pas uniquement dans les efforts et la capacité d’initiative de chaque individu, mais aussi dans la mobilisation de ressources et de processus collectifs ou communautaires permettant la prise en charge par chaque citoyen de son développement ; ce développement peut déjà reposer sur des acquis appréciables ou s’inscrire dans les nombreuses difficultés de la vie qui créent des situations de précarité ou d’impuissance à se prendre en charge. L’acculturation réside fondamentalement dans l’enracinement et la considération des processus évolutifs à partir des styles et modes de vie des clientèles visées. En ce sens, une offre de services qui ne tient pas compte des disparités, inégalités et niveaux de développement déjà acquis ne va rejoindre et servir que les strates supérieures de la hiérarchie sociale. Cela mine le vieux principe d’accessibilité générale au loisir, affirmé depuis deux

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générations, pendant lesquelles la portion du capital public affectée au loisir a surtout servi à consolider les intérêts de groupes de citoyens déjà relativement favorisés et capables de s’organiser. Ainsi, dans une véritable perspective de valorisation de la citoyenneté générale, l’offre publique devrait être fondée sur une politique réaffirmant et actualisant concrètement les principes suivants : a)

Viser la qualité de vie de tous et toutes.

b)

Axer la distribution des biens et services en loisir sur la justice sociale distributive, en donnant priorité aux citoyens non organisés, démunis, sans voix et incapables d’amorcer leur autodéveloppement.

c)

Accroître l’implication démocratique en structurant la participation des citoyens aux décisions qui les concernent, individuellement et collectivement.

d) Consolider le lien social de chaque citoyen à sa communauté d’appartenance, à son milieu de vie et à ses caractéristiques sociales et culturelles. e)

Établir une programmation de services enracinée dans les styles et modes de vie en perspective d’évolution qualitative.

2. La communauté de base La communauté de base est l’instance première de la société civile, lieu de l’habitat, de la famille, territoire d’une grande partie de la vie quotidienne, des rapports de voisinage et de départ des rapports intercommunautaires. C’est aussi le lieu d’attente de nombreuses prestations de services en matière d’éducation, de santé et de bien-être. À leur façon, les services associés ou reliés au loisir sous toutes ses formes contribuent à la construction d’une société civile de meilleure qualité. Les nombreuses études sur les avantages et les bénéfices du loisir en font foi et leur liste s’accroît d’année en année. La vie communautaire est aussi un microcosme où s’agitent et se répercutent les problèmes et tensions qui animent les débats en cours dans la société globale. Elle est composée non seulement des foyers de la vie privée, mais aussi d’une kyrielle de groupes aux intérêts distincts et parfois antagonistes qui jouent de leur influence, expriment leur vision des choses ; ils ont parfois des vues fort divergentes sur le bien commun de la collectivité locale, ainsi que sur ses voies de développement souhaitables. Elle est à la fois lieu de la démocratie de base et terrain

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propice aux magouilles politiques d’individus intéressés à faire tourner à leur avantage l’usage des ressources et du capital public disponibles, en loisir comme ailleurs, sujet sur lequel tout observateur averti peut rapporter une histoire vraie. En outre, la communauté locale est l’endroit où se tissent des liens sociaux centrés au besoin sur la solidarité, l’interdépendance et la coopération. Elle est généralement moins contaminée par l’esprit bureaucratique et les cloisonnements arbitraires qui caractérisent les niveaux de gouvernement supérieurs et par les lourdeurs qui en découlent. Elle est en fait victime et bénéficiaire de la délégation de pouvoirs dont elle est à la fois le sujet et l’objet. Cette délégation lui donne, à la mesure de ses moyens, une certaine latitude pour envisager la prestation de services intégrés dont la concertation peut accroître la rentabilité, en loisir et en tout ce qui s’y rattache. C’est en ce sens que le présent projet de politique soumet à la discussion une nouvelle approche du service à la communauté locale centrée sur les principes suivants : a)

Pratiquer le réseautage des acteurs sociaux sur base d’affinités et de complémentarité, autant en ce qui concerne les organisations sans but lucratif (OSBL) que celles à but lucratif (OBL), à partir du principe de la fonctionnalité multiple des groupes.

b)

Prévoir une programmation de services à ces réseaux pour qu’ils enrichissent la vie de la communauté.

c)

Coordonner et concerter l’action des diverses structures de services parmi les mêmes groupes du même milieu de vie.

d) Soutenir les forces et agents de changement social qualitatif dans la communauté locale. e)

Promouvoir les échanges interculturels dans le respect des différences.

f)

Appuyer les démarches visant l’initiation et l’éducation aux diverses formes de loisir ou en entreprendre si nécessaire.

g) Encourager les échanges, liens et relations avec les autres communautés de base sur les plans local, régional et national. 3. Le service public Comme ce texte repose sur le postulat de la prédominance de l’intervention locale en matière de services en loisir, culturels et communautaires, il va de soi qu’il revient aux pouvoirs publics locaux, municipaux et intermunicipaux, de piloter le réseautage et l’intégration de l’ensemble

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des agents concertés de la vie communautaire touchant directement ou indirectement au loisir. Cela suppose la réunion de plusieurs conditions, dont les suivantes : a)

Que ce rôle historiquement dévolu soit pleinement reconnu aux pouvoirs publics.

b)

Qu’ils aient la tâche de définir les orientations et priorités en loisir qui répondent aux besoins et aspirations de l’ensemble des communautés locales du Québec en complémentarité avec les niveaux de pouvoirs publics supérieurs.

c)

Que soit négocié ce rôle avec l’État québécois en termes de subsidiarité, de dévolution de pouvoir et d’incidences fiscales.

d) Que leur champ d’intervention soit défini à partir des principes d’utilité sociale et d’intérêt communautaire des services à promouvoir en fonction du bien commun et de l’intérêt général. e)

Qu’ils établissent de nouveaux paramètres en vue d’une distribution juste et équitable des ressources collectives locales en fonction d’un développement intégré et harmonieux des services à la communauté servie.

f)

Que les frais de participation aux services offerts soient modulés en fonction des capacités économiques des usagers et abolis pour les plus démunis.

g) Que des structures de consultation, de participation et de concertation soient maintenues, créées ou bonifiées, selon le cas, afin de soutenir l’action des réseaux de services aux citoyens et aux citoyennes. h) Que la nouvelle aire d’intervention des services communautaires en loisir, quelle que soit sa dénomination, regroupe les domaines suivants : – les activités physiques de temps libre centrées sur la santé et le bien-être ; – les jeux et sports de libre participation ou de compétition ; – les aménagements spatiaux (parcs et places publiques à usage libre et spontané) ; – les activités sociales et récréatives à participation volontaire ou à but éducatif, thérapeutique et autres ; – les pratiques de loisirs culturels amateurs, qu’ils soient reliées à la création ou à la consommation ;

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le tourisme social, culturel ou à vocation économique, promu dans la communauté (fêtes et festivals, patrimoine, sites historiques, etc.) ; les services spécialisés pour la clientèle sociale démunie, handicapée, malade ou à risque ; les loisirs centrés sur l’intégration et l’harmonisation des relations interculturelles avec les néo-Québécois.

Cette reformulation des rôles, tâches et fonctions ainsi que la prise en charge de l’ensemble de ces domaines de la vie communautaire vus sous l’angle du loisir appellent évidemment un élargissement de la vision conceptuelle du loisir et de son importance sociale, de même qu’un accroissement des ressources humaines et financières à y affecter. Cependant, toutes les études réalisées sur les bénéfices du loisir dans la vie communautaire ainsi approchée indiquent que ces avantages dépassent largement le coût des investissements consentis, tout en procurant une qualité de vie améliorée, un plus grand bonheur de vivre et en réduisant les dépenses sociales dans les domaines de la santé et de la sécurité sociale. À n’en pas douter, l’avenir du loisir réside dans sa contribution à l’amélioration de la qualité de vie des individus citoyens et de leurs communautés d’appartenance. Mais un tel discours doit déboucher sur une action conséquente. À l’instar du discours sur le droit au loisir du milieu du XXe siècle, l’idéologie de la qualité de vie engendre une nouvelle et consensuelle « utopie » régulatrice du développement du loisir pour les années 2000.

L’ACTION À ENVISAGER La prise en charge de la vie communautaire dans les domaines cités précédemment en vue d’offrir une infrastructure de services correspondant aux principes définis et aux objectifs visés dans ce texte repose fondamentalement sur la synergie de tous les acteurs présents dans un milieu de vie et concernés de près ou de loin par le type de développement envisagé. Globalement, il s’agit de définir la vie communautaire en considérant la communauté comme une « société démocratique de développement ». L’action centrale à promouvoir réside dans l’aménagement – et dans la création s’il le faut – d’une concertation multidirectionnelle entre tous les acteurs de la vie communautaire, dans tous les domaines d’intervention précités, et en partenariat, avec les forces et agents de développement en matière de santé et de bien-être, d’éducation et de culture ainsi que d’environnement.

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Cela suppose de décréter la fin de la guerre de tranchées à propos des rôles et mandats, ainsi que la résolution des conflits de compétence et leur remplacement par une mentalité positive faite de réciprocité et de coopération dans la prestation coordonnée de services à des clientèles identiques. Cela ne doit cependant pas empêcher de nettoyer le paysage des structures et mandats obsolètes ou entretenus artificiellement, qui ne sont pas d’utilité publique ou qui font double emploi. Ainsi, on pourra éliminer les chevauchements de structures et de juridictions. L’adoption d’une telle mentalité permet en outre de contester les fiefs et chasses gardées qui sont plus voués à la défense d’intérêts particuliers qu’à la prestation d’un véritable service à la communauté. Par ailleurs, elle incite à remettre en question, au regard de l’utilité publique, les privilèges et les diverses formes de favoritisme et de patronage qui ont cours dans le loisir organisé. Enfin, elle permet de modérer les visées ambitieuses de certains leaders ou élus en examinant le bien-fondé des réalisations envisagées ainsi que la capacité d’endettement des collectivités, laquelle constitue toujours un engagement du capital public pour le futur ; ce dernier, lorsqu’il est dilapidé ou mal utilisé, donne lieu à un gaspillage de ressources qui crée un climat de rareté, même dans une société d’abondance où les réalisations pharaoniques côtoient les îlots de pauvreté matérielle ou culturelle et où, par conséquent, la participation réelle n’est pas à la hauteur de celle prévue par leurs concepteurs et promoteurs. C’est ainsi que le Québec en est venu à fourmiller d’installations multiples à rénover ou à recycler avant même qu’elles soient payées, et où le service de la dette a préséance sur de nouveaux développements plus essentiels que nombre de réalisations du passé encore à financer. C’est pourquoi le présent projet de politique propose de mettre l’accent sur l’humain plutôt que sur le béton, sur l’ingénierie du lien social et des rapports communautaires plutôt que sur de nouvelles installations matérielles et sur l’utilisation décloisonnée des ressources existantes en misant sur la polyvalence de leurs usages. Sans détailler les actions concrètes à entreprendre, il semble opportun de proposer pour adoption un ensemble de principes d’action en vue d’inventer un futur amélioré ; les voici : 1.

Établir des partenariats par affinités, centrés sur la valorisation de la vie civique, locale et communautaire, afin d’offrir des services intégrés et adaptés aux besoins de l’ensemble des membres d’une même communauté.

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2. Définir une programmation nouvelle qui tiendrait lieu de structure de services aux réseaux en partenariat autant qu’aux pratiques d’activités particulières, avec l’infrastructure d’information et de communication que cela suppose. 3. Promouvoir la formation continue ainsi que l’animation communautaire et culturelle, au même titre que la saine gestion. 4. Ventiler l’allocation des ressources matérielles et financières d’une façon proportionnée, juste et équitable, en tenant compte des besoins prioritaires de la communauté évalués selon des critères d’utilité et de rentabilité sociales. 5. Mettre en place des moyens et instruments de formation et de perfectionnement des ressources humaines, tant bénévoles que professionnelles. 6. Adopter et mettre en pratique une mentalité d’évaluation permanente, d’autocritique positive, de recherche-action et d’ouverture à l’innovation. 7. Se tenir au courant, tout en les appuyant, des plus récents résultats de recherche dans les sciences sociales et humaines appliquées au loisir, à la culture, aux communications et à la vie communautaire. 8. Suivre de près l’état des forces de changement social et les accompagner, plutôt que d’y réagir, en les associant à l’évolution des modes, des styles et des milieux de vie. 9. Préférer les outils d’information, de réciprocité et de concertation aux rapports de compétition, de confrontation et de domination, de pouvoir et d’autorité (convaincre plutôt que vaincre). 10. Réviser les fonctions internes des structures de services dans le sens de l’animation de la dynamique communautaire et de l’atténuation des contrôles bureaucratiques qui devraient être réduits à l’essentiel. 11. Encourager la solidarité intercommunautaire plutôt que le repli sur soi et l’esprit de clocher, ce qui pourrait déboucher sur un partenariat étendu. 12. Subordonner les initiatives des promoteurs privés à l’intérêt général de la communauté.

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13. Élaborer les principes et protocoles de partenariat avec les OSBL et les OBL. 14. Maximiser les usages collectifs des espaces disponibles. 15. Établir des critères sociaux pour l’usage du capital public. 16. Négocier les apports à la vie communautaire des niveaux supérieurs de services publics ou de gouvernement. Les services en loisir figurent au sommet de la pyramide des services publics visant la qualité de vie d’une communauté ; en dépit de cela, ils sont souvent considérés comme les moins essentiels des services sociaux. Cela est juste dans le sens que les services en loisir supposent les autres, soit ceux de santé, d’éducation, de bien-être ou de sécurité, avec lesquels ils entretiennent des liens étroits de complémentarité. Repensés dans le sens des orientations du présent projet de politique, ils peuvent même constituer l’élément fédérateur d’une large partie de la vie communautaire réseautée en fonction de la qualité de l’existence concrète des citoyens et citoyennes qui y participent. Les services en loisir peuvent devenir un lieu d’organisation et de concertation planifiée de la joie de vivre dans un milieu dont l’identité culturelle s’associe naturellement à la qualité de vie qu’on y trouve et qu’on lui reconnaît. À ce titre, ils sont une réalité fondamentalement culturelle ; ils représentent en effet une façon de cultiver les modes de vie dans le sens d’une évolution progressive des us et coutumes, des façons de faire, de penser et de sentir qui améliorent l’existence des hommes et des femmes d’une communauté, tout en atténuant ou résolvant un bon nombre de problèmes sociaux. Ils permettent la culture du corps et de l’esprit, celle des rapports et liens sociaux, tant formels qu’informels ; ils animent l’esprit de découverte et de curiosité ainsi que le goût de l’esthétique sous toutes ses formes, des plus simples aux plus classiques. Mais une évidence s’impose : la qualité de la vie n’est pas automatique ; elle s’acquiert, s’organise et se distribue. Celle de la communauté de base est au premier chef à inscrire dans les préoccupations et priorités des pouvoirs publics locaux en tant que dimension centrale de leur raison d’être.

CONCLUSION L’objectif de ce texte était de susciter un débat préalable à l’élaboration d’une nouvelle politique du loisir au Québec, centrée sur la vie communautaire et sur les pouvoirs publics locaux. Notre intention n’a pas été

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de décrire par le menu une politique avec des recommandations précises et un échéancier, ce qui reste à faire à court terme. Il s’est plutôt agi d’une opération comprenant deux étapes dont le présent texte constitue la première. Le but de sa rédaction était d’exposer une problématique de développement du loisir au Québec pour le début des années 2000, assortie d’un énoncé de principes et d’objectifs à poursuivre, ainsi que de pistes d’action conséquentes à débattre, à préciser et à choisir. Ce texte procède d’un souhait largement formulé de renouveler l’approche en ce qui concerne l’orientation des services publics en loisir et, pour ce faire, il propose un consensus fondateur de la future action collective à négocier.

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Chapitre 3

SYNTHÈSE DES DÉBATS MICHEL BELLEFLEUR

À la suite d’une résolution formulée au congrès de Saint-Georges de Beauce en 1999, l’Association québécoise du loisir municipal (AQLM) a mené en début de l’année 2000 une consultation pour recueillir les opinions et réactions de ses membres à la problématique présentée par le groupe de réflexion. Ce dernier, élargi de quelques membres par son conseil d’administration, fut chargé de préparer cette opération qui visait deux objectifs : 1.

Évaluer et pondérer les éléments majeurs de la problématique soumise et en soulever d’autres le cas échéants.

2.

Prendre le pouls du milieu municipal en ce qui a trait aux éléments à retenir en vue de l’élaboration d’un énoncé de politique bien enraciné dans la réalité du loisir public telle qu’elle est vécue à l’échelon des communautés locales.

Le groupe de réflexion élargi a donc proposé un outil d’échange souple et ouvert permettant d’atteindre ces deux objectifs et a mandaté deux de ses membres pour organiser une rencontre préparatoire à la consultation. Celle-ci fut réalisée par les délégués régionaux de l’AQLM

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en vue de produire un rapport détaillé des discussions qui auraient lieu dans chacune de leur région respective du Québec ; le présent texte fournit une synthèse de ces rapports.

L’APPRÉCIATION GLOBALE DE LA PROBLÉMATIQUE La grande majorité des rencontres régionales ont tenu à souligner que l’ensemble des éléments compris dans la problématique étaient pertinents, ce qui était prévisible étant donné la somme de connaissances et d’expérience présente au sein du groupe de réflexion. En revanche, ce qui l’était moins, c’étaient la pondération, l’établissement des priorités et la sensibilité des acteurs sur le terrain du loisir public à chacun et à l’ensemble de ces éléments. Comme la problématique était structurée en une quarantaine de points regroupés en quatre tableaux, l’exercice de consultation a permis de doser l’appréciation des participants sur les thèmes de chaque tableau. Nous présentons ceux-ci par ordre d’importance décroissante lorsque le thème avait été jugé essentiel dans au moins deux régions du Québec. En ce qui concerne les acquis du XXe siècle en loisir, les principales mentions relevées ont été les suivantes : 1.

La polarisation graduelle du développement social du loisir sur le thème de la qualité de la vie prolongeant la reconnaissance du droit au loisir.

2.

L’amplification graduelle des processus démocratiques.

3.

La progression lente, mais continue du temps libre.

4.

L’extension pratique et concrète des droits et libertés.

5.

L’accroissement de la tolérance dans les mœurs et comportements.

6.

L’élévation des niveaux d’éducation.

7.

La naissance d’un filet de protection sociale.

8.

L’accès général à une consommation améliorée et discrétionnaire.

9.

L’accroissement des préoccupations environnementales.

S’agissant des facteurs les plus susceptibles d’influencer à la baisse les pratiques de loisir public de la population, les cinq points suivants ont été cités : 1.

Le vieillissement de la population.

2.

Les mutations de la famille.

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3.

L’insécurité économique et la pauvreté.

4.

Le recul de l’État-providence.

5.

Les nouvelles formes de violence.

Appelée à relever les principaux aspects inquiétants ou nuisibles au loisir public organisé, la consultation a donné, dans le même ordre, les éléments suivants : 1.

Les affrontements idéologiques sur le plan politique.

2.

Les difficultés de participation à la vie communautaire.

3.

La remise en cause de la légitimité de l’intervention publique en loisir.

4.

Le développement inégal des strates ou classes sociales ou la démocratisation inachevée du loisir.

5.

Le cloisonnement général des organisations.

6.

La dispersion des pouvoirs et les conflits de compétence.

Appelés à relever les principaux vices structurels de l’organisation du loisir public, les participants à la consultation ont mentionné les points suivants : 1. L’organisation centrée sur la rentabilité économique et la mentalité de gestion comptable prédominante. 2. La sclérose des programmations. 3. La mobilisation du capital public par des groupes d’intérêts. 4. La multiplication des « États dans l’État » ou l’ignorance réciproque des structures de services publics dans une même communauté. 5. La planification au sommet sans concertation. 6. Le gaspillage des ressources. 7. La prolifération de structures plus ou moins caduques. 8. Le manque d’imputabilité dans les décisions et les responsabilités. 9. Le patronage parfois endémique. 10. La disparition ou la fermeture des petites municipalités.

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Bien entendu, il s’agissait dans cette partie de la consultation de sonder les intervenants en loisir public local pour connaître leur vision de la situation, principalement en ce qui concerne les acquis, mais aussi et surtout les éléments problématiques à considérer dans un énoncé éventuel de politique. Il n’était aucunement question d’apprécier la totalité du loisir vécu, ou socialement offert en dehors du milieu des communautés locales, même si cela aurait pu être pertinent : cela dépassait le cadre de la consultation.

AVIS, SUGGESTIONS ET RECOMMANDATIONS EN VUE DE LA PRÉPARATION D’UN ÉNONCÉ POLITIQUE La consultation comportait une dimension d’ouverture complète à l’expression de tous les points de vue sur le contenu de la politique à venir. Il est donc apparu moins utile pour ce texte de les quantifier ou de les hiérarchiser que de les énumérer tous, en synthétisant ceux qui étaient semblables. Cette façon de procéder a donné la liste suivante : 1.

Il a été largement recommandé que le texte de la politique soit rédigé dans un style simple et clair, concis, afin qu’il soit accessible à diverses catégories de lecteurs, mais sans en diluer les idées-forces.

2.

Il a été suggéré de présenter ce texte en employant un ton positif, valorisant la notion de capital social et celle de « résilience », terme d’origine anglophone compris et défini comme un « processus de renforcement du potentiel des individus et des communautés ».

3.

On a exprimé l’avis que soit clairement affirmée la nature universelle du service public en loisir, tout en suggérant de parler d’adaptation et de modulation en fonction des groupes sociaux démunis.

4.

Il a été suggéré de préciser la notion de loisir utilisée dans le texte de la politique en faisant ressortir sa spécificité.

5.

Il a été fortement recommandé d’utiliser l’idée d’offre de services de préférence à celle de programmation.

6.

Il a été suggéré de traiter de la tarification relativement à l’accessibilité aux services et de revoir en profondeur le « principe » de l’utilisateur-payeur.

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7. Il a semblé très important à plusieurs de produire une politique souple qui tienne compte de la diversité des communautés locales et qui puisse s’adapter aux réalités de chacune. 8. Certains ont suggéré que la politique à venir tienne compte des relations des communautés locales avec les gouvernements régionaux et nationaux. 9. Un avis a été émis pour que la politique tienne compte de l’implantation rapide des nouvelles technologies de gestion, d’information et de communication. 10. Plusieurs ont souhaité que la promotion du bénévolat figure dans l’énoncé de politique. 11. Certains sont d’avis que le réseautage des acteurs sociaux doit se réaliser tout autant à la verticale qu’à l’horizontale. 12. Quelques avis ont été formulés pour que les municipalités et les régions éloignées soient l’objet d’un traitement spécial. 13. Quelques avis ont été émis pour que le sport soit promu par un réseau unique. 14. Bon nombre souhaitent vivement une amélioration des rapports entre les milieux municipal et scolaire. 15. On a fait remarquer qu’il existe une grande difficulté à promouvoir le loisir public, alors que de nombreux besoins de base ne sont pas satisfaits. 16. Plusieurs sont d’avis que la politique à venir devrait considérer plus attentivement les sans-voix, traiter de la pauvreté, de la monoparentalité et du vieillissement, au regard des pouvoirs dévolus aux communautés locales et de leur collaboration avec les organismes d’action communautaire, en « reprenant le flambeau » de l’accessibilité générale au loisir public. 17. Beaucoup sont d’avis que le réseautage doit être compris en termes d’actions intégrées au bénéfice de clientèles particulières. 18. Plusieurs voient la nécessité de mener de nouvelles recherches centrées sur le critère d’utilité sociale. 19. Certains considèrent que la municipalité, en tant que pouvoir public de premier niveau, devrait animer et piloter le réseautage des services dans la communauté locale, dans le respect de la mission et de l’expertise des partenaires.

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20. Plusieurs approuvent que le gouvernement du Québec soit invité et incité à appuyer le réseautage à partir de la base, c’està-dire la communauté locale. 21. Un avis a été émis pour que le loisir culturel vise la pratique autant amateure que professionnelle. 22. Plusieurs opinions vont dans le sens que chaque communauté locale assume le mandat de conservation et de mise en valeur de son patrimoine sous toutes ses formes. 23. Certains ont voulu savoir si la politique envisagée devait traiter les problèmes un par un et y répondre, proposer une approche globale ou tenter de réaliser les deux perspectives à la fois ; la consultation n’a pas fourni de réponse ferme à cette question. 24. La consultation a demandé que l’énoncé politique précise le ou les sens recouverts par la notion de communauté locale : territoire, milieu de vie ou d’appartenance, secteur ou domaine d’action sociale, etc. 25. Plusieurs estiment que les orientations de la politique à venir doivent se traduire par des actions conséquentes auxquelles les ressources disponibles devraient être affectées. 26. Des avis convergents ont été émis pour que les démarches nécessaires soient entreprises afin que l’État soutienne la politique envisagée. 27. Plusieurs ont estimé que le monde municipal doit lui-même se réseauter d’abord et avant tout. 28. Plusieurs ont émis l’avis que la politique soit assortie d’un train de recommandations précises. 29. Beaucoup ont suggéré de mettre en évidence dans la politique les bénéfices humains et sociaux du loisir public ainsi que sa capacité de prévention en ce qui concerne les problèmes sociaux. 30. D’aucuns souhaitent que l’idée de développement durable soit appliquée à tous les aspects et éléments de la politique lorsque cela est pertinent. 31. Plusieurs pensent que le loisir public doit être étroitement associé au développement de la culture, pris au sens large du terme. 32. Certains aimeraient que l’énoncé politique propose des modèles de réseautage et de concertation.

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Analyse et débat © 2001 – Presses de l’Université du Québec

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33. On a suggéré que la politique soit présentée comme un « pacte social » à élaborer dans chaque communauté locale et qui tiendrait compte de ses particularités. 34. Beaucoup ont formulé le souhait que le pouvoir et le mandat en loisir soient de nouveau attribués aux municipalités ainsi que pleinement considérés dans le partage fiscal des ressources par le gouvernement du Québec. C’est donc avec cet ensemble de considérations, d’avis, d’opinions et de suggestions que le groupe de réflexion élargi, mandaté par l’AQLM, a poursuivi ses travaux et présenté le projet d’énoncé de politique, au congrès de Rimouski, en septembre 2000.

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Troisième partie

CONCEPTS FONDATEURS

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Chapitre 4

LE LOISIR PUBLIC MICHEL BELLEFLEUR

UNE DÉFINITION DU LOISIR PUBLIC Le loisir public ne représente pas le loisir dans son ensemble, qui est généralement conçu comme « l’ensemble des comportements choisis et à valeur hédoniste auxquels une personne, individuellement ou en groupe affinitaire, peut s’intéresser et s’adonner dans son temps libre, avec les ressources dont elle dispose ». Ce type d’approche, fort courant dans la plupart des sociétés avancées, a été retenu dans l’énoncé de politique pour sa simplicité, mais aussi pour sa concision et sa justesse. Il est toutefois important de l’associer à un ensemble de données non moins classiques qui en précisent les conditions d’existence, dont les suivantes : 1.

Le loisir vécu est un comportement librement déterminé et volontairement sélectionné dans un champ de possibilités relatif à la situation de chacun et chacune.

2.

Il est motivé par une quête de valeurs humaines discrétionnaires, que celles-ci soient choisies individuellement ou socialement proposées.

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3.

Son contenu concret est assorti d’éléments préalables déterminants, tels que : un espace-temps libéré et disponible, un niveau de vie économique décent, ainsi qu’une reconnaissance pratique des droits et libertés de la personne en matière d’éducation, de santé, de sécurité, d’environnement et de culture.

4.

Ces conditions étant satisfaites, au moins minimalement, le loisir s’enracine dans les besoins individuels ou socialement induits de chaque personne, selon ses goûts, aspirations, talents, ainsi que dans ses propres choix face aux satisfactions, gratifications et jouissances qu’elle cherche à insérer dans son mode et son style de vie.

5.

Les pratiques (ou activités), qui sont les manifestations tangibles du loisir vécu, sont en croissance et en évolution constantes, ne semblent pas avoir de limites autres que celles de la créativité humaine et sont appréhendées, à tort ou à raison, comme instruments de qualité de la vie par ceux et celles qui les vivent.

6.

Ce même loisir est aussi affecté par de multiples contraintes, difficultés, handicaps, problèmes, tares ou vicissitudes en liens étroits avec la vie individuelle et collective.

7.

Les sources (et ressources) du loisir vécu sont de trois ordres : a) celui qui émane des initiatives privées de chaque individu, de son milieu familial et amical, ainsi que des groupes privés, formels et informels auxquels il adhère volontairement ; b) celui qui se situe dans l’orbite de la participation loisible à la société de consommation des biens et services offerts sous forme marchande ou commerciale ; c) celui qui, sans visée lucrative, découle de l’intervention des pouvoirs publics et réalise une offre de biens et services permettant l’universalité et l’accessibilité générales à un loisir minimum garanti et de qualité.

SA MISE EN ŒUVRE La présente politique se situe d’emblée dans ce troisième ordre, lequel n’est aucunement opposé, mais complémentaire aux deux autres. Elle repose sur le postulat qu’une organisation sociale du loisir à son meilleur doit réunir les forces vives et les dynamismes tant de la société civile que

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de la société politique, lesquelles sont de plus en plus en situation d’interdépendance en ce qui concerne le bien-être et la qualité de vie des individus en tant que citoyens. Elle prône également et plaide pour un modèle social centré sur la participation généralisée et réseautée de tous les acteurs sociaux à la définition et à la mise en œuvre du loisir public auquel ils et elles aspirent. Elle affirme que le loisir publiquement offert doit être conçu en réponse aux besoins réels relevés dans chaque communauté et être centré sur des bénéfices humains et sociaux correspondant aux attentes les plus pressantes de chaque milieu, selon des critères d’utilité sociale des ressources disponibles et des offres de services. Son premier objectif est d’élargir l’éventail des possibilités d’un loisir de qualité accessible et adapté aux réalités parfois problématiques de certaines clientèles. Il n’est pas exclu qu’il ait à contrer ou à combattre les effets maléfiques de certains loisirs plus ou moins indésirables et susceptibles de porter atteinte à la sécurité ou à la qualité de vie dans la communauté. Sur ce plan, le loisir public, étant nécessairement défini par rapport à son contenu en conformité avec les lois, règles et normes de conduite qui régissent la vie sociale, aiguille par effet d’entraînement le loisir individuel dans des voies collectivement acceptables, comme cela s’observe pour tout autre type de comportement humain. Il rappelle à l’individucitoyen qu’il n’est de liberté et d’hédonisme normaux que dans la responsabilité associée à la tolérance. En outre, il est évident que le loisir dans sa version publique est une nécessité pour plusieurs catégories sociales qui n’y ont pas encore accès, bien que sa formulation comme droit de l’homme remonte à plus d’un demi-siècle. Il est également manifeste qu’il peut contribuer à accroître le sentiment d’appartenance du citoyen à sa communauté de vie, à l’expression identitaire de celle-ci et à la promotion des dynamismes qu’elle recèle. Par son existence même, il améliore la densité du tissu social et ouvre souvent d’heureuses perspectives de développement qui, sans lui, seraient demeurées latentes. Son organisation publique est un élément de plus en plus indispensable à la qualité de la vie dans une communauté locale.

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Chapitre 5

LE SERVICE PUBLIC MICHEL

DE LA

DURANTAYE

LA SPHÈRE PUBLIQUE ET LE SERVICE PUBLIC DE LOISIR Les services en loisir sont aussi essentiels que l’ensemble des autres services sociaux. C’est ce qu’affirme en effet la proposition d’une Politique du loisir au Québec, Loisir, communauté locale et qualité de vie, prétendant que la communauté locale constitue le lieu où le citoyen est en attente d’une offre de services publics fondamentaux en matière de loisir, mais aussi en matière de santé, d’éducation, de bien-être, de sécurité, de culture et d’environnement. De plus, cette proposition de politique émet l’hypothèse que ce sont les communautés locales et les municipalités qui doivent assumer la principale responsabilité dans la prestation de ces services en loisir public. Or, la notion de service public est complexe à cerner et elle n’est pas toujours bien définie. D’abord, le service public appartient à ce qu’on nomme la sphère publique ; il est lié, sur le plan local, à des activités et à des institutions qui dépendent des collectivités publiques que sont les municipalités. Avec le temps on observe que ces administrations publiques municipales deviennent de plus en plus des gouvernements

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locaux qui accumulent des responsabilités de services publics à l’égard de leurs citoyens. En ce sens, cette notion de service public est liée à celle de communauté locale et de solidarité communautaire, car en fait le service public, c’est un service que la communauté se paye, ce sont des activités d’intérêt général perçues comme indispensables à la vie collective. Voilà pourquoi on est dans la sphère publique et non dans la sphère privée. Normalement, les services publics municipaux doivent posséder des caractéristiques propres qui les distinguent des entreprises privées ; notamment, ces services sont régis par le droit municipal. De plus, la mission de la sphère publique est en pleine mutation ; or, il est impératif de bien distinguer ce qui appartient à la sphère privée et à la sphère publique afin d’éviter la confusion des genres et l’interférence entre les deux. Mais nous reviendrons sur cet aspect de distinction entre le public et le privé, car nous sommes persuadés que les décideurs dans la sphère publique, notamment en loisir, n’établissent pas suffisamment cette distinction fondamentale, ce qui entraîne des confusions au plan de la gestion.

LE SERVICE PUBLIC MUNICIPAL : UN SERVICE PUBLIC LÉGITIME DE PREMIÈRE LIGNE Aborder la question du service public local ou régional, c’est inévitablement s’intéresser au rapport que celui-ci entretient avec la communauté locale. C’est aussi s’intéresser aux autorités civiques qui sont habilitées à prendre des décisions dans l’intérêt public supérieur de la population sur le territoire relevant de leur compétence. Le service public municipal est la plupart du temps un service public de première ligne, à proximité des citoyens. En matière de définition du service public, il faudrait revenir, pensons-nous, aux raisons d’être des institutions municipales1, c’est-à-dire à ce que les habitants d’un territoire et « contribuables » à son développement veulent se donner comme projet de communauté locale. Il ne faut pas oublier que le service public est le fondement de la légitimité des gouvernants, du moins en théorie, et que le pouvoir des gouvernants et des administrations publiques est justifié par la nécessité de satisfaire les besoins collectifs du public ; la limite de leur pouvoir, c’est celle du service public.

1. Nous tenons à remercier cordialement Mme Stella Guy, directrice du service des loisirs à la Ville de Montréal, qui a contribué avec compétence à notre réflexion.

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Or, la notion de besoins collectifs du public est bien sûr variable d’une communauté locale à l’autre et on ne doit pas non plus la confondre avec la pluralité des besoins particuliers des groupes d’intérêts et des individus.

DES SERVICES ESSENTIELS COMME FONDEMENTS DU SERVICE PUBLIC Par ailleurs, la question des services publics doit être posée en lien avec les services définis comme essentiels. Ces services sont généralement polyvalents et s’adressent à l’ensemble de la population. Dans certains cas, cependant, ils s’adressent à une fraction de la population laissée pour compte, car la justice et le combat contre l’inégalité sociale exigent que la municipalité intervienne. Souvent un service public pur est un service qui ne présente pas pour l’entreprise privée d’intérêt et de profits suffisants pour qu’elle désire le fournir ou le produire. Souvent aussi, on ne peut abandonner la production ou la consommation de ce type de service public pur à la seule volonté ou liberté des producteurs ou consommateurs privés. Situation donc où l’intervention publique des autorités municipales est jugée nécessaire pour toutes sortes de bonnes raisons qui concernent la recherche du bien public. Or, dans la mesure où le loisir comme phénomène de société est reconnu comme un vecteur de qualité de vie ou un vecteur de rétablissement du lien social ou même un vecteur de cohésion sociale, il prend la forme d’un service public essentiel pour les autorités civiques locales et régionales.

LE SERVICE DU BIEN PUBLIC Le service public est intimement lié à la recherche du bien public et à la fourniture du service public essentiel à une communauté. Le service public doit viser non pas simplement une pluralité de groupes d’intérêts plus ou moins organisés et en concurrence pour un bénéfice public, mais plutôt une majorité de citoyens et citoyennes, du moins en ce qui concerne la définition du service public local. De plus, une volonté majoritaire pourra toujours décider de soutenir publiquement une minorité de personnes démunies qui mérite et justifie un tel soutien.

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Cette définition sera modulée, adaptée et branchée par rapport à la communauté territoriale de référence. Dans cette perspective, la définition du service public et du bien public dépendra en partie de l’identité d’une municipalité et de la liberté politique de choix et d’orientation des citoyens.

L’AUTODÉTERMINATION DE LA COMMUNAUTÉ LOCALE ET LE BIEN PUBLIC Les citoyens qui habitent la municipalité et les contribuables qui la soutiennent financièrement doivent s’autodéterminer en tant que communauté, définir « leur bien public », celui qu’ils veulent se donner par l’entremise de leurs élus et se payer par leurs contributions sous forme de taxes, bien sûr, tout cela dans les limites du partage des compétences et responsabilités dévolues par les gouvernements supérieurs. En cette matière, il y aura autant de structures de choix locaux ou d’arbres de décision qu’il y a de municipalités. En fait, ce sont les citoyens de cette communauté, par l’intermédiaire de leurs élus, qui acceptent d’investir et de partager les coûts des services publics en matière de loisir et de qualité de vie locale. Ils établissent d’une façon ou d’une autre le niveau de services qu’ils désirent avoir ainsi que le partage des responsabilités sur le plan de l’action ; ils se payent donc collectivement des services publics de loisir.

DÉFINIR LE SERVICE PUBLIC PAR L’INTÉRÊT D’AGIR Le problème réside en partie dans la méthode employée pour définir le service public dans chacun des cas. C’est souvent la communauté locale qui est le point de référence pour établir cette définition. Or, le service public se définit aussi par rapport à ce qu’on nomme le service privé, ou le secteur privé qui, lui, relève de l’esprit d’entreprise des entrepreneurs particuliers, donc appartenant au secteur privé. En cas de carence ou d’absence d’initiative privée, historiquement, le service public est porté à prendre de l’ampleur. Dans nos sociétés dites libérales, on met l’accent sur le caractère complémentaire de l’intervention publique. Par conséquent, les municipalités souvent n’agissent que lorsque l’initiative privée, avec ou sans but lucratif, ne le fait pas et qu’on juge qu’il y a nécessité d’agir. Voilà une façon assez courante de définir le service public, à savoir par l’intérêt d’agir et de combler une absence de l’initiative privée.

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DÉFINIR LE SERVICE PUBLIC DE LOISIR EN PARTANT DE LA RECHERCHE STRATÉGIQUE DE L’INTÉRÊT PUBLIC EN MATIÈRE DE LOISIR Si l’on définit le service public de loisir par l’intérêt d’agir du point de vue des responsables municipaux et par leur volonté de combler une carence d’initiative privée, il sera donc naturel de se poser la question : pourquoi et quand la sphère privée s’abstient-elle d’intervenir ? Dans ce contexte les motifs d’intervention du service public peuvent être nombreux et même se multiplier : porter assistance aux plus démunis ou aux inorganisés, aux sans-voix ; assurer l’universalité d’un droit humain fondamental, celui du loisir ; répondre aux besoins de contribuables ou aux demandes de citoyens en matière de loisir, sport, développement communautaire ou familial ; répondre à des besoins collectifs non encore satisfaits par les rouages habituels du marché et de l’initiative privée. Par conséquent la sphère publique est portée à s’étendre graduellement et les services publics proportionnellement. Avec le temps, leur place a tendance à être de moins en moins complémentaire par rapport au privé et de plus en plus stratégique. D’ailleurs l’idée de définir le service public comme un secteur stratégique est de plus en plus acceptée. Mais qu’entendons nous par stratégique ? C’est plutôt sur le terrain, en réponse aux besoins et aux pressions légitimes de la population et des groupes, que se situe la logique (stratégique) qui détermine ce que doit être un service public de loisir. C’est pour cela qu’on parle davantage de la « recherche stratégique de l’intérêt public par un service public de loisir » ; le service public de loisir doit constamment être à l’écoute de cette recherche de l’intérêt public qu’il aidera à synthétiser. Pour y arriver il doit s’adapter en permanence. Stratégique veut donc dire s’adapter aux circonstances ou contraintes en fonction de la poursuite de l’intérêt public en loisir. En effet, dans un contexte de définition stratégique du service public de loisir, la diversification des modes de gestion du loisir public devient une stratégie indispensable, un outil adapté. On doit par conséquent définir les responsabilités qui peuvent être partagées ou déléguées. Ainsi, on parlera de gestion directe de services publics, de délégation de responsabilités à des partenaires privés avec ou sans but lucratif, même de mixité de gestion ou de contrôle, d’impartition et de faire-faire. La meilleure stratégie de service public, c’est celle qui défendra le mieux l’intérêt public supérieur de la communauté locale. En outre, il convient alors d’être vigilant, de respecter les limites de la capacité de payer des contribuables et d’éviter la lourdeur bureaucratique.

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LE MODÈLE HISTORIQUE DE DÉFINITION DU SERVICE PUBLIC PROPRE AU MONDE DU LOISIR Il est fondamental pour le citoyen et le contribuable d’avoir l’occasion de participer et de s’impliquer dans ce processus hautement démocratique, plutôt que de s’en tenir à un rôle de simple consommateur et usager de service public. À cet égard, le monde du loisir au Québec est un modèle historique de longue date, notamment pour la participation démocratique et la prise en charge par les citoyens et leurs associations. Il faut assurer la pérennité de ce modèle original et le sauvegarder en tant que patrimoine démocratique, car il est essentiel, comme l’affirme haut et fort la Politique, de placer le citoyen au cœur de nos préoccupations de fourniture de services en matière de loisir et de qualité de vie communautaire locale. De plus, il est nécessaire de reconnaître la pluralité et la diversité des besoins à satisfaire dans le contexte de milieux différenciés ou variés. En outre, il ne faut pas oublier que des partenariats sont toujours possibles et même souhaitables avec le secteur privé et que l’offre et la prestation de services de loisir et de qualité de vie doit tenir compte de cette diversité dans la fourniture du service public. En effet, le secteur privé doit être invité à participer à la poursuite de l’intérêt général et, dans ce contexte, le service public municipal sera amené à bâtir des réseaux de partenariat (une mixité) avec le secteur privé, avec ou sans but lucratif. Un nouvel art du partage des responsabilités entre les deux secteurs prend forme peu à peu. Les autorités municipales devront cependant toujours assumer leur pleine responsabilité publique en matière de surveillance du respect des normes et règlements municipaux et de leur application, notamment en ce qui a trait à la sécurité du public ; il y a des responsabilités municipales comme celles-là qui ne peuvent être complètement déléguées au secteur privé.

CONCLUSION Il est de plus en plus évident pour les intervenants en loisir que les services publics qu’ils offrent seront plus ou moins efficaces ou pertinents s’ils ne sont pas associés aux grands enjeux de la vie de la communauté locale et régionale, et s’ils ne sont pas abordés conjointement avec les organismes partenaires responsables de la prise en charge des services publics. Car ces services publics municipaux et leurs partenaires locaux de prise en charge sont désormais confrontés à des réalités qui risquent

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d’affaiblir le lien social et, partant, la cohésion sociale. On pense, par exemple, à la précarisation du travail, au chômage, aux mises à pied et réductions de personnel, aux fermetures d’entreprises ou à leur déménagement à d’autres endroits plus rentables dans le monde, à la paupérisation de plusieurs catégories de la population, notamment chez les jeunes et les personnes âgées, aux nouvelles formes de violence dans la société civile et à l’insécurité qui les accompagne. Ces situations qui évoluent appellent une redéfinition du service public en général et celui des loisirs et du développement communautaire en particulier, notamment à l’échelle municipale. La situation des villes en Grande-Bretagne et en France constitue un exemple éclairant du rôle stratégique que peuvent jouer les services publics municipaux dans nos sociétés. Ce qui s’est passé en GrandeBretagne, au cours des deux dernières décennies, nous enseigne que les loisirs deviennent peu à peu pour les villes des moyens de services sociaux et de stabilité sociale ainsi que des outils de développement et de redéploiement économique2 ; et cela se passe dans un contexte de transfert de rôles ou de fonctions de l’État central au gouvernement local. Nous avons également assisté ici au Québec à ce genre de transfert de responsabilités des ordres supérieurs de gouvernement vers les administrations locales et régionales. En ce qui a trait à la situation en France, des démarches de solidarité à l’échelle de l’agglomération urbaine ont été entreprises dernièrement afin d’établir un contrat social territorial, dit contrat de ville, pour arrimer les interventions de l’État français dans différents domaines, y compris celui du loisir, de la culture, de l’éducation, du transport, de la sécurité, du tourisme et de la lutte contre l’exclusion (pauvreté, chômage, itinérance, suicide). L’objectif poursuivi par les Français est de mettre les différentes politiques publiques, y compris celles qui concernent le loisir et la culture, au service d’un projet territorial plus global. Le contrat de ville français permet à l’État, aux municipalités et aux partenaires de mettre en œuvre de façon concertée des politiques de développement solidaire et de renouvellement urbain ciblées territorialement. Bref, l’identité communautaire et la perception de la qualité de vie à l’échelle locale devenant de plus en plus importantes pour les populations, les politiques publiques de loisir et de développement communautaire locales et régionales sont de plus en plus stratégiques. Comme les 2. Vincent Lemieux et Michel de la Durantaye, L’État moderne et le temps libre / The Modern State and Free Time, Loisir et Société / Society and Leisure, vol. 22, no 2, Sainte-Foy, Presses de l’Université du Québec, 1999.

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gouvernements locaux et régionaux sont les élus les plus proches des populations et des problèmes reliés à la détérioration du lien social, le palier municipal doit être considéré comme un niveau stratégique d’intervention publique.

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Chapitre 6

LA QUALITÉ DE LA VIE MICHEL BELLEFLEUR

NOTION ET FACETTES MULTIPLES DE LA QUALITÉ DE LA VIE La qualité de la vie peut être définie comme « l’ensemble des manières positives d’organisation et de réalisation de l’existence humaine ». C’est donc, comme toute manière, une façon d’être et d’agir, ainsi que les processus, procédés et comportements afférents à la réalisation de projets visés. La raison d’être de cette idée est d’exprimer des attributs, des propriétés ou des particularités jugées pertinentes et souhaitables de l’action individuelle ou sociale. Toutefois, elle est à première vue quelque peu imprécise, quoique le sens commun l’appréhende en l’appliquant à des situations vécues qui s’en écartent, par exemple la pauvreté, la précarité, la maladie, la mort, la pollution, la carence éducative ou culturelle, l’exploitation abusive en tous genres et ainsi de suite. Cette imprécision tient à plusieurs facteurs, dont ceux-ci : 1.

La qualité de la vie est une grande idée à la fois globale et multidimensionnelle ; elle concerne à la fois l’orientation générale de l’existence humaine et chacune de ses composantes en particulier. En tant que perspective d’ensemble sur la condition humaine, elle est indélimitable ou incernable, comme les notions de culture, de loisir, d’environnement et autres. C’est pourquoi

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elle est généralement abordée d’une façon fragmentaire en réponse à une problématique particulière, par exemple la vie rurale ou urbaine, le milieu dit naturel, la démocratie, la santé physique ou mentale, etc. Ces approches permettent un traitement spécialisé des différentes facettes de la qualité de la vie, mais peuvent aussi occulter leur interdépendance.

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2.

La qualité de la vie est une thématique multiforme de l’action sociale se fondant, dans le meilleur des cas, sur les connaissances scientifiques les plus récentes dans un domaine donné ou sur une question précise ; or, ce lien avec l’action comporte aussi une dimension relative et aléatoire, tant conjoncturelle que structurelle, qui l’inscrit dans l’ordre du discours et des débats sur les orientations et les choix sociaux.

3.

Il s’ensuit qu’elle a forcément un caractère dialectique et militant face à divers points de vue ou options idéologiques divergentes, quand on tente d’insérer dans les débats un élément consensuel ou majoritaire constitué de principes humanistes et éthiques relatifs par définition.

4.

Ces principes sont généralement associés aux énoncés concernant les droits et libertés de la personne, à tort ou à raison, ainsi qu’aux lois et règles de vie d’un milieu donné, présentes ou jugées souhaitables en vue de l’avenir.

5.

La qualité de la vie vue sous cet angle est très souvent perçue comme un élément indicateur et régulateur d’un niveau de développement atteint ou à atteindre.

6.

Elle remplit parfois une fonction de bouclier ou de gardefou pour contrer les formes de développement anarchiques, sauvages, ou cherchant à promouvoir les intérêts particuliers au détriment des intérêts collectifs ou communautaires.

7.

Elle prend enfin souvent la forme d’un slogan, d’un thème ou d’un cri de ralliement exaltant des valeurs individuelles et sociales présentées comme ayant une portée générale, universelle ou planétaire, tout en étant de la responsabilité de chaque citoyen et de chaque communauté humaine, locale ou nationale et même internationale.

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LES VALEURS CLÉS DE LA QUALITÉ DE LA VIE EN LOISIR À titre d’illustration et sans volonté restrictive, ces valeurs peuvent graviter autour des thèmes suivants choisis en raison de leurs liens directs ou indirects avec le loisir : 1.

Une aisance matérielle minimale, se manifestant dans le revenu, l’habitat, le logement, l’alimentation ou la consommation choisie de façon avertie et intelligente ;

2.

La santé et le bien-être sous toutes leurs formes ;

3.

L’éducation fondamentale et la capacité d’autoformation se poursuivant la vie durant ;

4.

La justice sociale distributive dans l’accessibilité aux biens et aux services disponibles ;

5.

La capacité de vivre dans une société de droit et de participation démocratique et volontaire à la vie sociale et politique ;

6.

L’accès pour tous et toutes à la créativité culturelle, selon leurs goûts, talents et aspirations, dans une perspective d’enrichissement de leurs modes de vie, d’expression de soi ou d’appréciation des productions culturelles socialement offertes ;

7.

Le droit de jouir d’un milieu de vie libre et sécuritaire ;

8.

Le droit à un environnement naturel sain ou aménagé selon des normes et critères de développement durable ;

9.

La capacité discrétionnaire de chacun et chacune de déterminer et choisir l’ensemble des joies, satisfactions et plaisirs qu’il ou elle attend de son existence dans une attitude de tolérance et de permissivité, tout en se souciant de préserver le bien commun de la collectivité et celui d’autrui.

Considérant une telle liste, même si elle n’est pas exhaustive, il appert que la notion de la qualité de vie se situe dans la perspective d’une quête de sens (ou de direction) à l’action humaine, qu’elle soit de nature individuelle, sociale ou politique. Elle pourrait être qualifiée de notion phare, chargée de guider les orientations et les débats sociaux. Elle renvoie constamment à l’état de la conscience sociale, qui, c’est bien connu, est pour le moins élastique, relative et instable, tout en étant truffée d’éléments émotifs et subjectifs ainsi que d’intérêts fort divers et souvent contradictoires.

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Cependant, cette notion ne renvoie pas à un contenu précis et quelque peu dogmatique, comme le font généralement les grandes idéologies ou écoles de pensée qui expriment des opinions arrêtées sur le sens à donner aux affaires humaines, assorties de prescriptions présentées comme nécessaires. Elle est suffisamment souple pour faire du surfing entre les discours sociaux qui, chacun à leur façon, aimeraient bien la monopoliser en l’associant à leur vision des choses et à leurs projets particuliers, tout en forçant les décisions à leur avantage. Elle peut alors être utilisée de façon revendicative, contestataire ou critique, lorsqu’il y a divergence de points de vue sur un sujet.

UNE ÉTHIQUE DE L’ACTION INDIVIDUELLE ET SOCIALE En fait, elle propose une sorte de vertu humaine qui transcende les débats sociaux et les comportements particuliers, en les orientant vers des décisions préférentielles, sinon unanimes, dans une conjoncture historique donnée. Sur ce plan, elle convient relativement bien à l’exercice de la démocratie, même si là comme ailleurs elle recèle des possibilités d’erreurs, celles-ci pouvant tout autant être sociales qu’individuelles. En outre, ce n’est pas une vertu coulée dans le béton pour ce qui est de ses manifestations et des comportements qu’elle suggère ; elle n’existe pas selon une version univoque ou à sens unique. Elle peut varier considérablement d’un individu ou d’une communauté à l’autre et doit tenir compte des réalités géographiques, de son milieu de vie, de sa relation au temps et à l’espace vécus, de son climat naturel et social, de l’état de ses ressources matérielles et humaines, ainsi que des modes de vie qui y ont cours et de son patrimoine particulier. En fait, elle s’intéresse à tout ce qui touche à la joie de vivre et à son organisation dans une collectivité. En plus, elle se présente différemment selon la pyramide des âges, les cycles et styles de vie ; elle prend une signification et un contenu particuliers selon les niveaux d’éducation et de santé, en se modulant et s’adaptant aux réalités vécues, notamment celles qui sont problématiques ou malheureuses. Elle peut s’accommoder du changement social tout en conservant le meilleur héritage du passé à titre d’acquis. Elle n’est pas réfractaire aux tribulations de la mode commerciale, tout en cherchant à y faire le tri de l’éphémère et du classique appelé à durer. En fait, elle est tout à fait ouverte au dynamisme et à l’initiative de l’entreprise privée, pourvu qu’elle agisse dans le cadre des droits et libertés de la personne, de ceux

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d’autrui et de l’environnement. Elle est on ne peut plus favorable aux interventions publiques venant combler les carences et les lacunes de l’entreprise privée par des offres de services qui visent le bien commun, l’utilité publique et l’intérêt général, dans un contexte d’accessibilité générale pour tous et toutes. De la même façon, elle appuie l’action communautaire, volontaire et bénévole, qui s’organise au sein de la société civile, lorsqu’elle développe, de son initiative ou en réseau partenarial avec les pouvoirs publics ou les entreprises privées, des services poursuivant des fins caritatives, philanthropiques, éducatives, thérapeutiques ou culturelles. Enfin, elle reconnaît pour chaque individu-citoyen, à la mesure de ses moyens propres, le droit à l’expression de ses particularités et de ses pulsions subjectives, de ses relations affines et de ses élans créateurs, sous réserve du même droit octroyé à l’autre. Ainsi, la qualité de la vie est une affaire à la fois personnelle et collective. Le loisir, comme univers de comportements choisis à valeur hédoniste, en est un haut lieu. Comme sa démocratisation a déjà fait un bout de chemin, même si elle n’est pas encore achevée, il permet à de plus en plus d’hommes et de femmes de notre époque d’inventer les finalités « loisibles » de leur existence, c’est-à-dire libérées de la nécessité, et d’y consacrer un temps vital discrétionnaire qui, à long terme, s’accroît régulièrement, selon toutes les données disponibles : temps à soi, de repos et de détente, de création et de récréation, de libre consommation, de relations humaines choisies, de vacances et de voyages, de jeux et de sports, de fêtes, de spectacles et de découvertes pour soi, de rêverie et de farniente, de participation sociale, de pratiques culturelles et ainsi de suite. En fait, le loisir est généralement appréhendé comme un instrument de valorisation de l’existence sur le plan du vécu personnel, même lorsqu’il y a erreur à ce sujet. Le relevé des bénéfices humains et sociaux qu’il engendre augmente à chaque enquête sur le sujet et l’emporte de loin sur les inconvénients que son développement anarchique et désordonné peut occasionner. Le « bon sens » en la matière semble relativement bien partagé, quoique, comme en toute chose humaine, un jugement de valeur peut être déficient, autant sur le plan individuel que collectif. Ainsi, énoncer une politique situant son développement en perspective de qualité de vie constitue une option éminemment souhaitable pour quiconque souhaite orienter les débats et les options à prendre à son sujet dans le sens de la maximisation de ses bénéfices humains et sociaux. Mais, à l’évidence, une telle politique ne peut, pour être efficace, faire cavalier seul : elle doit s’insérer dans un réseau de politiques complémentaires et interdépendantes qui, chacune à sa façon, est un apport

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essentiel et nécessaire à une qualité de vie optimale, principalement en matière d’éducation, de santé et de bien-être, de sécurité, de culture et d’environnement. Sur ce plan, la qualité de la vie est aussi indivise que la citoyenneté. Tout morcellement dans la façon d’en traiter entraîne un retard dans le bonheur possible que chacun désire plus ou moins lucidement comme une finalité globale et un objectif urgent, tout au long de son existence.

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Chapitre 7

LA COMMUNAUTÉ LOCALE MICHEL

DE LA

DURANTAYE

NOUS VIVONS TOUS DANS DES COMMUNAUTÉS LOCALES, DIFFÉRENTES ET CHANGEANTES ! Que nous habitions en ville ou en milieu rural, nous vivons tous dans des communautés locales. Notre communauté locale, c’est le lieu de base de notre vie privée. C’est là que se déroule une partie de la vie personnelle et particulière du citoyen. C’est aussi en partie un lieu de socialisation de l’individu, par son travail ou par son loisir, et un espace privilégié de cohésion sociale. La Politique parle de la communauté locale comme d’un regroupement humain dont la principale qualité est qu’il se reconnaît à l’intérieur d’un territoire où se déroule et se passe la vie personnelle des citoyens. La communauté locale constitue le lieu de base de la vie privée et de la participation première à la vie politique. Elle est définie par les individus qui la composent selon leurs affinités et leurs ressources collectives propres, socialement, culturellement et économiquement. Chaque communauté locale a son histoire et ses caractéristiques propres. Chacune constitue le niveau le plus en mesure de répondre aux besoins du citoyen.

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À la ville ou à la campagne, nous constatons que la communauté locale concrète est une réalité qui bouge, donc qui est difficile à cerner et à fixer, d’autant plus que cette réalité varie d’une localité à l’autre. Très peu d’auteurs se sont donné la peine de la définir, croyant vraisemblablement que cette réalité de la vie quotidienne était une évidence en elle-même. Les citoyens et citoyennes des villes et des villages s’identifient de nos jours à plusieurs communautés définies sur des bases plurielles. Roger Lachance et Martine Morisset1, dans leur livre dont le titre est en soi tout un programme de démocratie, L’obsession du citoyen, soutiennent qu’il est possible de définir la communauté de plusieurs façons : d’un point de vue institutionnel, local ou régional (lieu de résidence, lieu de travail, école et lieux de formation, église et lieux de culte, centre sportif et lieux de loisir), d’un point de vue identitaire et personnel (culture, race, sexe d’une personne) ou du point de vue des valeurs idéologiques ou existentielles (par exemple environnement, féminisme ou urbanité). La communauté locale est en général l’objet d’un choix individuel, d’une option personnelle, en faveur d’une communauté ou d’un lieu d’habitat.

LA COMMUNAUTÉ LOCALE MODERNE : UNE ZONE IDENTITAIRE DE VIE COMMUNE ET UNE COMMUNAUTÉ PLURIELLE EN MOUVEMENT La communauté locale dont nous parlons n’est pas la communauté locale traditionnelle, mais la communauté locale moderne, rurale ou urbaine. Elle suppose un type particulier de relations sociales et les catégories usuelles pour définir villes et villages éclatent et deviennent caduques. Étymologiquement, communauté locale signifie mise en commun faite localement, terme faisant référence à des formes particulières de solidarités sociales et de rapports sociaux locaux. En somme, c’est une modalité particulière de regroupement sur un territoire d’appartenance. Dans le monde moderne, la communauté se forme avec ceux et celles que l’on choisit ou que l’on devrait pouvoir choisir, nos voisins, nos concitoyens. En Amérique du Nord, les notions d’intérêt commun et de localité géographique viennent compléter la première notion de solidarité. La communauté locale est ainsi une zone de vie commune (village ou ville) qui reflète l’interdépendance des membres d’un groupe.

1. Roger Lachance et Martine Morisset, L’obsession du citoyen, Vade-Mecum pour villes et villages où il fait bon vivre, Québec, Réseau québécois de Villes et Villages en santé, 1995, p. 192.

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Cette zone doit revêtir des caractéristiques propres afin que ses frontières géographiques, sociologiques, économiques ou culturelles aient un sens quelconque. La qualité de vie locale peut être un exemple de ces caractéristiques propres de la communauté. En général, comme elle touche plusieurs aspects de la vie en commun, la communauté locale doit assurer une vie complète. Une certaine autosuffisance la caractérise, bien qu’elle soit de plus en plus relative, dans le contexte de la mondialisation ; la communauté locale ne peut donc se réduire simplement à la localité géographique et à la collectivité territoriale. Le principal trait pour définir la communauté locale serait le sentiment d’appartenance et d’identification à cette communauté. La limite de l’extension géographique de la communauté, car il y en a une, réside dans le potentiel et la force de cette identification et de cette appartenance. Comme les services de loisir contribuent à la qualité de la vie locale, ils font partie de ce potentiel et renforcent ce sentiment d’identification. Dès lors, l’activité en commun plus que la géographie locale est déterminante pour définir la communauté locale. Il faudra donc définir la communauté locale à partir de centres d’intérêt communs qui engloberaient la vie des individus membres. Ainsi, la communauté locale est principalement un système social identitaire qui se maintient par l’équilibre et l’harmonie recherchés. Historiquement, la communauté locale a changé de nature, étant aujourd’hui plus ouverte sur son environnement, plus diversifiée, plus perméable, moins fermée à la différence. Elle ne fonctionne plus en système clos. En tant qu’« ensemble » ou système ouvert sur le monde, grâce aux moyens modernes de communication et de transport, la communauté locale est de plus en plus en mouvement, influencée par des flux de population, de marchandises et de services.

HABITER ET RÉSIDER À DIVERS DEGRÉS DANS LA COMMUNAUTÉ Selon Lachance et Morisset, le quartier de la résidence principale, considéré comme référence spatiale immédiate, est un élément parmi d’autres pour définir la communauté locale. Il est donc possible de s’identifier davantage à un milieu donné qu’on adopte comme communauté locale de préférence et, en même temps, d’être en affinité avec plusieurs communautés ou milieux d’appartenance. La communauté locale de résidence, plus fonctionnelle et utilitaire, est circonscrite dès lors en tenant compte des déplacements en automobile ou par le transport en commun sur les axes routiers. Nous reviendrons sur cet aspect.

La communauté locale

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La vie communautaire locale, dans cette perspective, peut prendre des significations fort différentes d’une localité à une autre. Les personnes qui habitent la communauté locale et qui s’y transportent, puisque transport et habitation sont désormais intimement liés, seront ceux et celles qui définiront cette localité et cette communauté. Habiter et résider dans la communauté est ainsi une dimension importante et fondamentale de la définition. Or, ce sentiment n’est pas partagé également par tous les résidants, car certains habitent leur communauté plus que d’autres ; cela fait aussi partie de la liberté fondamentale de choix de résidence des citoyens. Ainsi, nous sommes loin d’une conception traditionnelle de la communauté locale ; nous serions plutôt en présence d’une nouvelle manière de vivre ensemble, une manière plus tiède de vivre ensemble. Assurément, nous vivons une métamorphose de la communauté locale ; une notion nouvelle de solidarité communautaire se dessine, qui va dans le sens d’une coexistence communautaire plus ou moins plurielle. Cette nouvelle définition de la communauté locale a un impact sur le service public de loisir qui doit s’adapter à ce pluralisme des besoins et des intérêts plus à court terme et à des clientèles plus différenciées ou segmentées dont, notamment, le niveau de prise en charge sera aussi différent. Les typologies de besoins et de clientèles se multiplient et la liste des segments de clientèle ou des modèles de consommateurs de services de loisir s’allonge également. Par conséquent, les services doivent être plus diversifiés, modulés par rapport à des besoins plus volatils. Les moyens et les équipements subissent aussi les effets de cette fluidité liée à cette définition moderne de la communauté locale.

UNE COMMUNAUTÉ DE BESOINS ET DE MOYENS EN ÉQUILIBRE LOCAL La communauté locale se caractérise davantage comme une communauté de besoins et de moyens, notamment en matière de loisir, d’éducation, de santé et de services variés, plutôt que comme une communauté traditionnelle de sociétaires. Cela amène une nouvelle définition de la vie civique et de la citoyenneté locale, elles aussi modulées par les besoins et les moyens de la communauté (sa richesse). C’est dans cette perspective qu’on pourrait parler de mixité ou d’équilibre au niveau des solidarités et de la prise en charge communautaires, des besoins et des moyens (ressources collectives, richesses foncières, équipements) pour les satisfaire.

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COMMUNAUTÉ LOCALE ET RUPTURE DU LIEN SOCIAL : SITUATION PARFOIS CRITIQUE La notion de communauté locale ne peut aussi s’établir en dehors de la crise locale qui tend à s’aggraver dans la majorité des sociétés occidentales depuis trente ans. D’abord crise économique traduite par des fermetures d’entreprises importantes pour les villes et villages, du chômage, des friches industrielles dans les centres-villes, des déclins démographiques, des exodes de la classe moyenne et des exodes de gens qualifiés. Ensuite, crise sociale traduite pas une multiplication des exclus du marché du travail, une marginalisation, une paupérisation, une délinquance, des toxicomanies, de la violence endémique, bref, une rupture du lien social et de la cohésion sociale. Les espaces publics sont en pleine mutation et les gens, face à ces réalités, éprouvent un besoin pressant d’enracinement local et de sécurité. Des tensions ou contradictions apparaissent entre la nécessité, d’une part, de s’intégrer dans les réseaux fonctionnels de rentabilité et d’efficacité et, d’autre part, de s’inscrire dans des liens d’appartenance au territoire de chaque communauté de résidence.

QUEL TERRITOIRE POUR CETTE COMMUNAUTÉ LOCALE ? La définition de la communauté locale, à l’avenir, devra également tenir compte de l’ancrage territorial de cette communauté et de la multiplicité des pôles d’attraction ainsi que de la dispersion ou de l’étalement des lieux et des équipements, notamment de loisir. Différents types de territoires ou de lieux sont en cause, influençant la définition de communauté locale : les villes centres (métropoles, capitales, centres régionaux), les nouveaux arrondissements issus des fusions dans le cadre de la loi portant sur la réforme de l’organisation territoriale municipale des régions métropolitaines de Montréal, de Québec et de l’Outaouais ainsi que de la loi modifiant diverses dispositions législatives en matière municipale, les banlieues proches, les périphéries diffuses, les territoires ruraux-urbains liés aux axes de circulation, les localités plus isolées. Selon que la communauté locale se situe dans une ville centre, dans une proche banlieue, dans une périphérie diffuse ou dans un territoire rural-urbanisé, le management du loisir public devra s’adapter et coller aux besoins particuliers à cet espace de résidence ou de vie quotidienne.

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De plus, les voies de circulation et les moyens de transport, notamment les transports en commun, font plus que jamais partie de la définition moderne de la communauté locale, celle qui se transporte, celle qui se véhicule, matin et soir, pour aller travailler et pour aller se récréer. Ces nouveaux espaces d’ancrage de la communauté locale se caractérisent par une circulation permanente des individus et des biens, non pas en cercle autour d’un centre-ville, mais entre des pôles de diverses natures : industrielle, commerciale, patrimoniale et historique, résidentielle, tertiaire (bureaux, services, etc.), récréative, le long de grandes voies de communication. Cette nouvelle réalité polarisée des communautés locales doit être prise en compte par le management du loisir, public comme privé.

LA COMMUNAUTÉ LOCALE MODERNE : UN RÉSEAU D’ÉCHANGES ET DE FLUX À ÉCHELLE HUMAINE DE FRÉQUENTATION Dans cette perspective, on assiste à une multiplication des centres dits communautaires, au gré des besoins et des moyens : centres commerciaux, centres de loisir, centres récréatifs et culturels, centres communautaires d’entraide. Ces centres deviennent des lieux communautaires d’échanges, des lieux que l’on fréquente. Cette fréquentation, la présence dans ces lieux dits communautaires, remplace en quelque sorte la traditionnelle convivialité communautaire de rassemblement. On ne cherche pas tant la mise en commun traditionnelle que la communication sociale et la fréquentation dans la sphère publique des flux de biens, de services (y compris de loisir) et d’individus. La communauté locale devient dans sa phase moderne un réseau d’échanges et de flux, par rapport à un mode de vie préféré à l’échelle d’une région (urbaine ou rurale). Cette définition de la communauté est d’ailleurs en parfaite cohérence avec la notion de citoyen de la société de consommation de David Riesman. Ce citoyen, selon lui, est en état de dépendance moderne par rapport à autrui et à des modèles culturels dominants de consommation de masse. Voilà la nouvelle définition de la communauté locale, une nouvelle manière de vivre ensemble ou d’être en communauté. Le loisir pour Riesman était d’ailleurs le cadre privilégié de consommation et une source importante d’individualisation et de communication.

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DÉMOCRATIE LOCALE, COMMUNAUTÉ LOCALE ET MANAGEMENT DU LOISIR PUBLIC L’identité des communautés locales peut jouer un rôle non négligeable dans leur stratégie de mobilisation et de gouvernance locale ; c’est ainsi que l’on peut observer une mise en scène des identités territoriales. De cette manière, des communautés locales et régionales peuvent devenir et deviennent déjà des sujets importants d’action publique. La communauté locale est en quelque sorte un microcosme en réseau, une société globale localisée. Dès lors les problèmes des villages et des villes se posent dans toute leur complexité, impliquant plusieurs niveaux de réalité, de décision et de gouvernance. Ils soulèvent la question fondamentale d’une démocratie locale de plus en plus directe où le citoyen-citadinusager participerait d’une façon plus proche à sa réalisation, comme l’indiquait Henri Lefebvre, grand sociologue de l’urbain. Réalisation de quoi ? D’une vie sociale locale plus riche, de meilleure qualité, plus démocratique, plus près des besoins ; réalisation d’une société civile localisée ayant plus de contrôle sur l’aménagement de son espace et de son temps, y compris de loisir. La communauté locale, c’est-à-dire la mise en commun de réalités qu’on partage, n’a-t-elle pas une dimension plus large, plus englobante, constituant la société de référence et d’appartenance sur un territoire municipal, identifiable par un certain nombre de valeurs, de principes et de caractéristiques sociodémographiques fondamentales (niveaux de revenus, niveaux d’instruction, natalité, âges, types d’organismes communautaires, etc.) ?

CONCLUSION : LA COMMUNAUTÉ LOCALE, COMMUNAUTÉ DE VALEURS, D’ASPIRATIONS ET D’INTÉRÊTS Cette communauté de valeurs, d’aspirations et d’intérêts est soudée par une volonté commune de vivre ensemble sur un même territoire, un sentiment d’appartenance territoriale plus restreinte que celle de la nationalité ou de la société globale d’un pays. En tant que société civile localisée en un coin de pays, un territoire de proximité (relative), la communauté locale tient et détient en elle-même ses principes d’organisation et de fonctionnement (par résolutions du conseil municipal) et ses règlements.

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La communauté locale est donc un espace local de civilité et de sociabilité, à dimension plus humaine. Plus qu’une simple unité de voisinage ou de services de proximité pour usager-contribuable, elle représente un cadre désiré ou volontaire de vie quotidienne, un milieu de vie que l’on choisit. La mise en commun d’un certain nombre de dénominateurs civiques que l’on veut partager et la localisation de cette vie quotidienne dans un espace particulier auquel on veut s’intégrer constituent deux caractéristiques fondamentales de la communauté locale. Ces dénominateurs communs civiques qui appartiennent aux membres de la communauté locale sont d’ordre social, politique, économique, récréatif, culturel, organisationnel ou autre (familial, religieux, environnemental, etc.). La communauté locale pourrait également se caractériser par la notion de proximité des problèmes locaux et de proximité des besoins locaux par rapport aux espaces ou lieux de décision de première ligne que constituent les municipalités, instances de premier recours face aux autres niveaux d’intervention. Cette caractéristique est liée à l’argument d’efficacité que les municipalités invoquent souvent pour souligner leur plus grande capacité à répondre rapidement et mieux aux problèmes soulevés à ce niveau, y compris aux besoins de loisir ; c’est ce qu’elles appellent leur proximité des citoyens.

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Chapitre 8

RÉSEAU ET RÉSEAUTAGE ANDRÉ THIBAULT

PROPOS ET INTENTIONS Combien de fois nous est-il arrivé de retenir les services de quelqu’un parce qu’il disposait d’un bon réseau ? Combien de fois avons-nous, nous-mêmes, fait appel à notre réseau de connaissances pour trouver la solution à un problème ? Il est aujourd’hui fréquent que de petites entreprises regroupées en réseau obtiennent des contrats au nez de plus gros concurrents qui, eux, supportent une infrastructure plus lourde et plus dispendieuse. Combien de travailleurs autonomes s’organisent en réseau pour offrir à leurs clients une gamme d’expertises et de services facilement adaptables à leurs besoins ? Bref, la mise en réseau constitue aujourd’hui une pratique qui permet de faire face à la complexité avec souplesse, efficacité et efficience. Dans cette veine, la politique du loisir introduit avec insistance la notion de réseau, relativement nouvelle en loisir ; le réseau y est présenté comme principe de l’action publique et communautaire en loisir. On y parle de « réseautage des acteurs sociaux, sur base d’affinités et de complémentarité, dans le respect de leur spécificité, de leurs compétences, de leurs champs d’expertise ou d’excellence. On donne à la communauté locale le mandat d’assurer et de supporter des réseaux en vue de leur

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apport à la vie de la communauté dans son ensemble, ou à des clientèles particulières, et à l’établissement de liens et de relations avec les autres communautés. » En loisir, l’apport de l’ensemble des acteurs publics, associatifs et communautaires compose l’offre totale de services à la population ; cette offre ne saurait être réduite à celle de la corporation municipale. Dans bien des cas, il est raisonnable de considérer que le dollar de la municipalité finance moins de la moitié de l’ensemble des services et activités publics. Dans ce sens, le réseau municipal ou local de loisir constitue la véritable organisation publique de loisir à l’échelle des communautés locales. Par exemple, récemment, les interventions auprès de la jeunesse, univers complexe et diversifié, se sont faites en recourant aux compétences variées des services municipaux de loisir, des maisons de jeunes, des CLSC, des services de police, des centres-jeunesse et de multiples associations ; bref, d’un réseau plus ou moins organisé et à géométrie variable. De même, l’émergence du loisir pratiqué dans de multiples pistes (bicyclette, motoneige, marche, etc.) a contribué à la création de réseaux régionaux et nationaux. Pourquoi recourir maintenant à la notion de réseau pour caractériser l’organisation du loisir public ? Quelle réalité nouvelle justifie ce modèle de fonctionnement ? Quels sont les valeurs et les principes et quels sont les outils de ce mode de gestion et de développement des organisations ? Voilà, sans doute, autant de questions qu’il importe de clarifier pour comprendre et utiliser de façon optimale le réseau et le réseautage. Ces clarifications sont d’autant plus nécessaires qu’en administration publique, comme dans plusieurs sphères d’action, il est fréquent de voir s’imposer une mode comme une panacée. Souvent, comme toute mode, cette solution est temporaire. Aussi faut-il considérer le réseau et le réseautage comme des outils, savoir en juger la pertinence, les limites et l’efficacité et maîtriser leur usage dans le contexte bien précis du loisir public. Ce texte soutient la thèse qu’en loisir le réseau, en plus de répondre à une pratique ancienne de faire avec, convient aux changements sociaux en cours et devient un incontournable des réformes de l’administration publique. Son propos est de comprendre le contexte qui justifie et appelle l’action en réseau et d’exposer la nature ainsi que les exigences d’un réseau.

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UNE PRÉOCCUPATION ANCIENNE : FAIRE AVEC Depuis les années 1960, soit depuis la mise en œuvre de la plupart des organisations publiques de loisir, nées la plupart du temps de la pression de multiples associations communautaires comme les OTJ, la question du « faire avec » a été l’objet de multiples préoccupations. Parmi elles, il faut citer la concertation municipale-scolaire, les formes de reconnaissance ou de partenariat à l’égard des organisations et associations de citoyens et la concertation à l’intérieur même du vaste champ du loisir entre les secteurs que sont le sport, la culture, la jeunesse et, bientôt, la vieillesse. La valse des dénominations des instances fédérales, provinciales et municipales fait foi de la différenciation des sous-champs de l’intervention publique en loisir et, en même temps, du désir mal structuré d’assurer des actions cohérentes. La concertation, le partenariat, les alliances stratégiques et le réseautage sont tour à tour apparus comme des modèles et des stratégies d’action offrant un cadre de résolution de la question de la coordination et de l’harmonisation des acteurs du système public en loisir. Cette préoccupation constante du monde du loisir montre que celui-ci se voit comme une vaste organisation qu’on souhaite plus cohérente, indépendamment des divisions et des différenciations des corporations et des « structures » mises en place depuis quarante ans. Les diverses théories des organisations enseignent que la volonté d’assurer la coordination d’acteurs différents agissant pour atteindre des cibles communes est au cœur de toute organisation. Les principaux théoriciens conviennent qu’une organisation est faite de ressources humaines, physiques, financières et informationnelles qui doivent s’organiser (structure et tâches) pour contribuer à atteindre des objectifs communs. Les organisations sont donc construites autour de leur mission et de leurs valeurs, d’une nomenclature des tâches et d’une méthode d’intégration et de coordination assurant que tous les acteurs contribuent à la mission ou aux objectifs communs. Dans ce contexte, le service public de loisir ne peut être l’affaire d’un seul acteur et les compétences requises ne sauraient être maîtrisées par un seul organisme dans une société diversifiée et complexe. Sur les plans local, régional et provincial, il y aurait une Organisation du loisir public, avec un grand O, constituée d’acteurs et de corporations autonomes partageant en tout ou en partie des objectifs et des objets communs. Pourtant, depuis quarante ans les embûches ont été nombreuses. La principale difficulté a été de concilier les acteurs : on s’est constamment buté à leur autonomie ou à leur crainte de la voir réduite, pendant que

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les problèmes de pouvoir et de compétence affaiblissaient l’Organisation du loisir. La concertation s’est enlisée souvent dans l’inefficacité, la bureaucratie et l’attitude défensive des participants. Le partenariat a pris des saveurs de « paternariat » des institutions publiques soucieuses de contrôler l’action des organismes qu’elles soutiennent et contraintes par des protocoles rigides et parfois uniformes d’un « partenaire » à l’autre. Chez les instances publiques, on a eu de la peine à concilier partenariat et imputabilité. Bref, trop fréquemment, le manque de souplesse et la désillusion du partenariat se sont ajoutés à l’inefficacité de la concertation. Il est maintenant nécessaire que chacun des acteurs du loisir se concentre sur ses propres compétences et fasse appel aux autres pour relever les nombreux défis qui se présentent à lui et que tous conviennent de leur intérêt mutuel et de l’intérêt commun de leur milieu. Enfin, l’expérience passée et l’émergence de la société civile exigent que l’association des acteurs repose dorénavant sur le respect des autonomies et sur la conscience des défis communs. Voilà la culture organisationnelle qui colore les réseaux. Nous verrons d’abord ce qu’est un réseau pour ensuite établir en quoi le réseautage est plus adapté à la réalité de la société actuelle et aux principes de gouvernance issus des réformes récentes de l’administration publique.

QU’EST-CE QU’UN RÉSEAU ? Un réseau est une association d’acteurs autonomes fondée, non pas sur le pouvoir, mais sur les compétences maîtrisées et l’interdépendance stratégique des uns par rapport aux autres. Le réseau, c’est une organisation d’action et de communication avant d’être une institution. La force du réseau se mesure aux relations entretenues et au degré d’engagement des membres. Elle tient aux objectifs et aux projets communs, à la reconnaissance partagée de la plus-value que chacun peut apporter et à l’acceptation de quelques règles qui gouvernent les processus de décision stratégiques et opérationnels touchant le réseau dans son ensemble, à la qualité des communications entre les membres tant sur la forme que sur le fond. La force du réseau tient aussi au leadership des « champions » qui l’animent. Pour les clients, l’entrée dans un réseau se fait par l’un ou l’autre des membres qui deviennent autant de guichets uniques parce que branchés par des « nœuds » aux autres membres ; elle peut aussi se faire par des lieux communs mis en place par le réseau.

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Dès lors, les ingrédients d’un réseau sont ses valeurs, les motifs stratégiques d’engagement des acteurs, les objets et objectifs communs, les lieux de convergence (nœuds), un système d’information (flux), des champs de compétence et, enfin, des règles et une structure de décision et d’organisation (liens). a) Valeurs et motifs stratégiques du réseau Il y a vingt ans, dans le secteur industriel, on avait tendance à diversifier ses activités dans plusieurs domaines. Ainsi, Quebecor s’est lancée dans la fabrication du papier au nom du principe de l’intégration verticale. Plusieurs villes ont engagé des programmeurs informaticiens. Or, depuis quelques années, pour faire face à la concurrence des marchés et aux exigences croissantes de la population, on reconnaît qu’il est plus rentable à tous les points de vue de se concentrer sur ses activités maîtrisées, sur ses compétences propres et de faire appel à ceux qui ont développé, au point de l’excellence, les compétences techniques et relationnelles complémentaires dont on a besoin. Dans le domaine public, la réduction des budgets, la complexification des besoins et le niveau de qualité de service plus élevé exigé par les citoyens ont en quelque sorte forcé des échanges entre les agences de tous les ordres de gouvernement et les organisations de la société civile. Dès lors, on établit des alliances dites stratégiques qui sont généralement avantageuses pour chacune des parties. Ces alliances sont qualifiées de stratégiques, car elles offrent à leurs instigateurs un moyen puissant de positionner plus avantageusement l’ensemble de leur organisation, dans un contexte donné, pour atteindre les résultats recherchés. Elles sont souvent conclues avec d’anciens concurrents ou sous-traitants devenus stratégiquement des alliés pour relever un défi commun. En ce sens, les alliances stratégiques renvoient à de nouveaux paradigmes et réclament des changements d’attitudes et de comportements. Ce type d’alliance n’est pas basé sur le pouvoir ni sur la hiérarchie, mais sur la compétence et l’intérêt de chacun ; il ne vise pas la fusion, mais la complémentarité. S’il est négocié et formalisé dans un protocole, il repose d’abord sur la confiance, la conscience du bien et des intérêts communs et la réciprocité. Le paternalisme est exclu, la sous-traitance qui va dans un seul sens est plus restreinte et la concertation est de l’ordre des moyens. L’insertion de la dimension stratégique des rapports entre des acteurs tient essentiellement au fait que les environnements externes des organisations changent et se complexifient au point de rendre difficile, voire impossible, leur propre développement ou la réalisation de leur

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mission sans alliances avec d’autres. En ce sens, on peut croire que les alliances stratégiques qui constituent la base des réseaux sont motivées par la nécessité et par un engagement passionné à l’égard de sa mission propre et du bien commun. Autrement, sans ce sentiment d’urgence, les expériences de concertation institutionnelle le démontrent, le travail avec les autres s’apparente au jeu poli et improductif du chat et de la souris. b) Objets et objectifs La population d’un territoire commun, un même groupe de personnes, une technologie commune, une fonction commune, voilà autant d’objets communs pouvant rassembler les acteurs d’un réseau. Les jeunes d’un parc, les personnes âgées d’un arrondissement, un système d’information de gestion informatisé ou un système de réservation de plateaux sont autant d’exemples applicables en loisir pour justifier un réseau qui permette aux citoyens d’avoir accès à un ensemble de ressources de plusieurs points d’entrée à la fois. c) Les lieux de convergence Les lieux de convergence servent en quelque sorte d’instrument de répartition des besoins et des réponses. Comme dans les réseaux téléphoniques, ce peut être un ordinateur serveur, un centre de référence ou, plus simplement, chacun des acteurs du réseau qui est en mesure d’agir comme guichet unique d’entrée dans le réseau. Par exemple, un jeune sortant d’un centre d’hébergement des centres-jeunesse trouvera sur place les informations sur la maison de jeunes ou, encore mieux, recevra avant son départ la visite d’un animateur de la même maison de jeunes. Dans un autre domaine, un jeune joueur de hockey trouvera dans sa ligue les informations sur la saison de soccer ou de baseball, ou les parents d’un conseil d’établissement scolaire seront consultés sur les terrains de jeux estivaux de la municipalité. Voilà des réseaux d’information. Un dernier exemple d’un réseau en loisir local est vécu aux Îles-de-laMadeleine où chacun des villages s’est spécialisé, qui dans la programmation, qui dans les équipements, qui dans le sport, pour offrir en réseau une gamme complète de services à l’ensemble de la population des îles qui peut toujours s’adresser à l’un ou l’autre des services municipaux de loisir. À Montréal, les bureaux Accès-Montréal sont des lieux de convergence d’un ensemble de services à la population.

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d) Le système de communication et les contributions de compétence Le contrat social des membres d’un réseau consiste notamment à convenir de l’apport spécifique de chacun et d’en organiser la mise en œuvre. Comme l’apport de chacun répond au besoin des autres, que cet apport peut varier et la compétence de chacun se développer et même changer, il importe d’assurer la circulation de la bonne information et des savoirs utiles à chacun des membres pour qu’il satisfasse ses besoins et joue adéquatement son rôle de guichet du réseau, le cas échéant. En loisir, il existe un défi de taille : mettre au point des systèmes d’information de gestion ou des tableaux de bord afin de partager et de rendre transparente l’information qui guide les décisions individuelles et communes. e) Les règles et la structure Le processus de décision qui permet au réseau de maintenir le cap sur ses objectifs tout en ajustant constamment ses actions en fonction des changements dans ses environnements externes et internes exige l’établissement d’une structure, généralement légère, où les membres conviennent des éléments constitutifs de leur réseau et où chacun formule ses engagements. Le réseau étant un contrat social, souple, mais un contrat social tout de même, les règles facilitent l’exercice des fonctions de contrôle et d’évaluation. f) Leadership et pilotage des réseaux Comme pour les réseaux de personnes, l’établissement des réseaux communautaires se décrète difficilement. Parce qu’ils rassemblent des organisations autonomes, ces réseaux naissent de l’adhésion volontaire et négociée de leurs membres et sont le fruit d’un choix stratégique de chacun qui y reconnaît une formule gagnant-gagnant. Toutefois, leur naissance et leur existence ne sont pas attribuables au hasard, mais à l’action de leaders et de « champions » qui, dans les organisations membres, savent rendre signifiante la solution réseau. Ces personnes ne sont pas nécessairement des cadres, mais elles possèdent une crédibilité capable de mobiliser les organisations. Elles requièrent un

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fort appui des directions des organisations. Enfin, ces personnes forment souvent entre elles des réseaux informels sur lesquels se bâtissent les réseaux des organisations. Il importe donc de reconnaître ces « champions » et ces réseaux informels. Le pilote de réseau a pour fonction principale d’informer les membres de l’évolution des objets et des objectifs communs et, ainsi, de maintenir vivant le « sens » de l’action et de soutenir les structures du réseau. Concrètement, les services publics de loisir doivent toujours être au courant de l’état de la communauté, de ses besoins ainsi que de l’état et des besoins du réseau. Ils soutiennent certains membres comme les associations de bénévoles pour assurer leur autonomie et peuvent faire œuvre de suppléance dans certains cas, en raison de leur statut de gouvernement local et selon les besoins de la population. g) Réseau, concertation et partenariat : des distinctions Quelles sont les différences entre le réseautage, la concertation et le partenariat ? Au départ, il faut convenir qu’il s’agit dans tous les cas de modalités de travail en commun ; dès lors, il y a complémentarité entre eux. Essentiellement, le réseau est l’une des formes d’organisation et de structuration de l’action concertée et du partenariat. Incidemment et dans les faits, la concertation s’est peu vécue jusqu’à ce jour sous forme de réseau d’autonomie ; les rapports ont plutôt été vécus selon la dialectique client-serveur ou celle de l’arbitrage des mandats de chacun. De même, les politiques de reconnaissance des organismes bénévoles de loisir se rattachent plus à une philosophie de coordination et de contrôle que de réseautage.

LES JUSTIFICATIONS STRUCTURANTES DU RÉSEAUTAGE DES ACTEURS PUBLICS Si le réseau paraît émerger comme solution à l’action du « faire-avec » traditionnelle dans le loisir public, il trouve aussi sa justification dans des changements radicaux de la société, du rôle de l’État et de la philosophie de gouvernance.

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h) Une société civile émergente qui acquiert son autonomie Depuis quelques décennies a émergé au Québec une société civile autonome qui oblige les institutions publiques de l’État à un nouveau rapport avec les organisations civiques occupant la sphère publique. « La sphère publique, selon Habermas1, c’est ce domaine de notre vie sociale où, notamment, se forme l’opinion publique. Les citoyens agissent comme public quand ils traitent de questions d’intérêt général sans être soumis à quelque coercition. » À l’intérieur de cet espace public émerge la société civile comme cet espace entre l’espace privé des individus et la sphère de l’État. C’est la sphère des associations par lesquelles les citoyens entrent dans la sphère publique en s’associant aux autres, autant pour former une ligue de balle molle que pour assurer la protection de leur environnement2. Le principal rôle de la société civile est de contribuer à la santé de la vie publique, une des sphères légitimes de l’action sociale. Dans sa conception la plus simple, la société civile constitue un réseau d’associations autonomes que des citoyens conscients de leurs droits et responsabilités créent pour s’occuper des problèmes collectifs, partager des intérêts communs et promouvoir des aspirations collectives. À titre d’acteur public, la société civile participe à l’élaboration et à la mise en œuvre de politiques publiques destinées à résoudre des problèmes collectifs et à améliorer le bien commun en partenariat avec l’État et le milieu économique. Les récentes enquêtes sur le bénévolat et l’action volontaire montrent une croissance claire de l’implication des citoyens dans le devenir de leurs collectivités. Il est même des bénévoles en loisir qui refusent de se nommer bénévoles, préférant se définir comme des personnes « engagées dans leur milieu ». L’État-providence avait nié, d’une certaine façon, l’existence et l’importance de la société civile en cherchant souvent à s’y substituer ou à prendre lui-même ses activités en charge. Le mouvement de municipalisation du loisir de la fin des années 1960 a failli, à plusieurs occasions, prendre la place des organisations civiles qui avaient réclamé l’engagement des pouvoirs publics. Encore aujourd’hui, il est possible que des acteurs de cette société civile maintiennent une attitude de dépendance 1. Jurgen Habermas on Society and Politiques, Steven Seidman (dir.), Boston, Beacon Press, 2000, p. 231. 2. Traduction libre de Kumi Naidoo, directeur général, et Rajesh Tandon, président de Civicus World Alliance for Citizen Participation dans Civil Society at the Millennium, West Hartford, Kumarian Press, 1999, p. 6 et 7.

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envers l’État. Le virage partenariat des services publics de loisir se situe dans cette mouvance du respect de la société civile, mais son envers « paternariat » témoigne d’un changement toujours en cours. Le gouvernement du Québec propose depuis peu une politique intitulée « Le milieu communautaire : acteur essentiel au développement du Québec3 », dans laquelle il affirme le rôle croissant de cette société civile et en reconnaît le rôle spécifique et l’autonomie. Dès lors, les relations des gouvernements avec la société civile ne sauraient être celles de traitant à sous-traitant, ni celles d’associés ou de partenaires semblables. Elles doivent plutôt se fonder sur le principe du respect et de l’exploitation des différences et des compétences de chacun. i) Une société complexe qui exige de nombreuses compétences L’État contemporain gouverne dans une société postmoderne caractérisée par l’individualisme, par la fragmentation des intérêts et des cultures, par la complexité et par la diminution des consensus. La postmodernité remet en question le rôle traditionnel de l’État et de son administration publique centralisée et uniformisée dans la mesure où elle doit contrôler entièrement la prestation de services uniformes et égalitaires aux citoyens. L’État n’a plus, de toute évidence, les moyens d’offrir également et partout toute la gamme des services avec une qualité de résultats qui satisfasse tous et chacun ; l’État doit « faire avec » la complexité de la société. Notamment, la complexité réclame des savoirs de plus en plus variés qu’aucune organisation ne peut posséder seule et surtout maîtriser à un niveau de compétence exigé par la société actuelle. Voilà une raison de plus en plus pressante de « travailler avec ». j) Des réformes de l’administration publique qui accentuent le faire-avec4 Depuis une vingtaine d’années, dans l’ensemble des pays industrialisés, on a procédé à une réflexion et à des réformes importantes de la façon de gouverner et d’administrer la chose publique. Comprendre d’où viennent ces réformes et la nouvelle conception du rôle de l’État, c’est comprendre les fondements du rôle et de la place des réseaux.

3. Secrétariat à l’action communautaire autonome, Le milieu communautaire : un acteur essentiel au développement du Québec, Gouvernement du Québec, avril 2000. 4. Voir André Thibault, Participation publique et réforme des services (écoles et hôpitaux) : une étude comparative dans quatre pays, Table ronde de l’IISA, États généraux de l’administration publique, Ville de Québec, 14 au 17 juillet 1997.

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La recherche de la qualité, de l’efficience et de l’efficacité des services aux citoyens est au centre des objectifs déclarés des réformateurs de l’administration. Accélérées par la crise des finances publiques, supportées par les avancées technologiques (comme celles de l’information et de la communication), inspirées du secteur privé, les réformes récentes de la gouvernance et de l’administration publique sont généralement caractérisées par la décentralisation, l’approche client et un désengagement de l’État au profit d’un partenariat avec la communauté et l’entreprise privée. Dans ce contexte, le citoyen est devenu usager ou client, partenaire et, parfois, à titre de membre de l’agora, citoyen-actionnaire. En lâchant la rame pour le gouvernail5, l’État partage le pouvoir dont il avait précédemment le monopole. Il ne prend plus en charge seul l’ensemble des services publics. Forcé de faire des choix et d’entrer en relation avec la société civile, l’État recherche alors la convergence entre sa vision des services publics et les valeurs civiques : il appellerait donc le citoyen-actionnaire au dialogue. Cette rencontre des valeurs et du leadership constitue l’ingrédient fondamental de la participation publique. C’est la consultation du citoyen-actionnaire. Enfin, à titre de partenaires, les citoyens et leurs organismes se voient confier la responsabilité de plusieurs services publics, et cela, à des degrés divers d’autonomie. Ce qui est véritablement neuf dans la nouvelle gestion publique, affirme Mathias Finger, c’est le fait que, « pour la première fois, nous considérons non seulement l’administration, mais également les citoyens, les différents acteurs politiques et juridiques, et les tiers, comme les organisations non gouvernementales (ONG) et l’industrie privée. Dans ce sens, c’est d’un nouveau système de gouvernance qu’il faut parler6. » Dans le même sens, le gouverneur de l’Oregon déclarait en janvier 1997, dans son discours sur l’état de l’État : In the last two years, I have heard from many Oregonians that government simply doesn’t work. They are frustrated by what they see. I want to acknowledge that point of view. In many ways, government is not working. But the answer is not to give up on government. A self-governing society that gives up on government is essentially giving up on itself. The answer

5. David Olson et Ted Gaebler, Reinventing Government. How the Entrepreneurial Spirit is Transforming the Public Sector, New York, Plume Book, 1993. 6. Mathias Finger, Le new management, reflet et initiateur d’un changement de paradigme dans la gestion des affaires publiques, Centre d’étude, de technique et d’évaluation législatives, Université de Genève, Travaux CETAL, no 48, février 1997, p. 41.

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is to change government and make it a partner in keeping our quality of life. It’s not a question of more government or less government ; it’s a question of better government7.

Voilà affirmé le principe de l’autonomie des acteurs concourant à des objectifs communs. Voilà aussi affirmée la volonté des États de « faireavec » ces autonomies. Le monde du loisir aurait-il été précurseur ? C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre les réformes de l’administration publique, notamment caractérisées par la décentralisation pour atteindre plus d’efficacité et réduire les coûts, par la participation des citoyens, des secteurs privés et des ONG pour faire face à la diversité et améliorer la pertinence, l’efficacité, la souplesse et la qualité des services. Faut-il rappeler les résultats de l’étude du Centre canadien de gestion8 auprès des Canadiens qui concluait que, dans l’ordre, les cinq caractéristiques d’un service de qualité étaient la rapidité (délai d’attente avant d’obtenir le service voulu), les connaissances et les compétences du personnel (la courtoisie et la convivialité de l’accueil), l’équité du traitement de sa demande et, enfin, l’obtention de ce qui est demandé.

CONCLUSION : LES DÉFIS DU LOISIR FACE AU RÉSEAUTAGE Plusieurs changements, qui sont autant de défis, doivent prendre place pour qu’on parvienne à une véritable culture et à une organisation efficace de réseau. D’abord, il importe de modifier la philosophie de gouvernance des municipalités et autres appareils de l’État en faveur d’une culture réseau basée sur le respect des compétences et le contrat social librement convenu. Les réformes québécoises de l’organisation municipale vont-elles faciliter cette conversion ? À tout le moins, on doit convenir qu’il y a dans cette zone de turbulence une fenêtre ouverte à la transformation des pratiques. De plus, la reconnaissance du loisir comme moteur des communautés locales, arrondissements ou proximités, couplée à la volonté manifeste des villes de « faire avec », constitue un appel aux réseaux. La complexité des communautés exige l’élargissement des réseaux à des acteurs absents jusqu’à ce jour du loisir public. Par exemple, devant le vieillissement de la population, les propriétaires d’ensembles domiciliaires pour retraités seront-ils des membres du réseau loisir ?

7. Governor John Kitzhaber, Keeping Oregon’s Quality of Life. Discours sur l’état de l’État, 1997. 8. Enquête du Centre canadien de gestion, 1998, ISBN 0-662-63863-8.

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Le principal défi porte sur les politiques de reconnaissance des organismes partenaires qui actuellement instaurent un système d’assistance aux groupes du milieu plutôt qu’un système de mise en réseau. Les protocoles proposés aux organismes, le peu d’informations en circulation et le peu d’explicitation et de débat des objectifs témoignent d’une culture organisationnelle différente de celle du réseau. Enfin, le réseautage fait appel à la souplesse, à une organisation à géométrie variable qui se forme selon les problèmes, les objectifs et les acteurs et se justifie plus par l’action que par sa structure. Dès lors, ces exigences remettent en question une culture de l’organisation caractérisée par la recherche de permanence et de développement plutôt que par la recherche d’ajustement à des environnements en constante mutation. L’organisation n’est plus un drapeau qu’on montre, elle est un moyen. L’organisation qui se défait pour se refaire autrement n’est plus « en échec », mais « en succès ». Et ce ne sont là que quelques exemples de défis !

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Chapitre 9

PARTICIPATION ET LOISIR PUBLIC ANDRÉ THIBAULT et MARIE LEQUIN

PROPOS ET INTENTIONS Selon la Politique, le loisir public est un instrument valable et efficace de participation volontaire à la vie de la communauté. Le loisir, tel qu’il est vécu par chaque individu, se manifeste par une consommation librement choisie ; il permet l’expression de son identité et la concrétisation de ses goûts et talents. Il lui donne l’opportunité d’être le créateur de ses projets, quels qu’ils soient. En ce sens, le loisir public, en favorisant la participation du citoyen… La politique du loisir fait référence à la participation en considérant plusieurs dimensions de celle-ci et en lui donnant plus d’une signification. Elle aborde la participation tantôt comme une implication dans la vie de la communauté, tantôt comme une consommation de services et d’activités en loisir, tantôt comme une prise en charge créative de ses loisirs. De plus, la politique invite les services publics à consulter les citoyens et considère les personnes comme étant à la fois des individus et des citoyens.

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Dans le langage des services publics de loisir, ces différents usages du concept de participation et de personne font partie de la vie courante. Ne parle-t-on pas d’une bonne participation lorsque le nombre de personnes présentes à un événement est élevé ? Ne parle-t-on pas aussi de la participation des bénévoles comme d’une condition essentielle à l’offre de services publics en loisir ? Dans la même veine, on souhaite la participation démocratique des citoyens à la détermination des orientations et des choix prioritaires de la communauté. Enfin, les professionnels du loisir ont toujours soutenu que les individus doivent prendre en charge leurs loisirs, être des acteurs plus que des consommateurs, participer plutôt que rester passifs. Quelle est la signification de chacune de ces dimensions de la participation ? Quels sont les types d’interventions professionnelles conséquentes ? Voilà les questions auxquelles nous tenterons de répondre dans ce texte.

LOISIR PUBLIC ET COMMUNAUTÉ LOCALE : CONTEXTE ET VALEURS DE LA PARTICIPATION Pour comprendre l’environnement qui déterminera le sens de la participation et le statut des personnes, il importe d’abord de situer la vision et les valeurs proposées par la politique. À ce titre, deux choix de la politique sont particulièrement déterminants : le loisir public et la communauté locale. Le rôle spécifique du loisir public par rapport au loisir commercial et industriel et par rapport au loisir pratiqué chez soi a récemment été mis en relief. Il a dû être précisé à la suite de l’explosion des industries du divertissement, de la culture et du tourisme et de l’introduction dans les foyers de pratiques et d’équipements de loisir en nombre et en qualité impensables au moment de la mise en place des services publics de loisir tels que nous les connaissons aujourd’hui. Pour comprendre ce qui s’est passé depuis vingt ans, il faut jeter un regard sur la toile de fond actuelle du loisir. L’élément de base qui caractérise le champ du loisir est le temps libre. Mais ce n’est pas n’importe quel temps libre : c’est celui où l’on a du plaisir, où l’on se divertit, où l’on s’associe et où l’on se dépasse, où l’on découvre, progresse. Sur ce terrain du temps libre, il y a trois occupants ou champs spécifiques qui, parfois en concurrence, toujours en complémentarité, poursuivent leurs objectifs propres.

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La toile du loisir

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TEMPS LIBRE

Le premier, de loin le plus important et le plus envahissant, c’est l’industrie du loisir, l’économie commerciale. C’est Intra West au MontTremblant qui investit plus de 800 millions de dollars, c’est le Forum de Montréal transformé en centre de divertissements. Ce sont les Galeries de la Capitale, à Québec, avec leur grande roue, leurs jeux vidéo, le Cirque du soleil et leur cinéma Imax. Signalons en passant que l’industrie des jeux vidéo a actuellement un chiffre d’affaires plus élevé que celui du cinéma. C’est l’industrie culturelle et touristique des mégaspectacles, des produits américains ou américanisés. Ce monde commercial dépense des centaines de fois plus que le gouvernement du Québec dans le domaine du loisir et a une obligation de profits. Cette industrie profite de la recherche de plaisir des consommateurs pour vendre des biens achetés pour le plaisir.

Participation et loisir public

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Le deuxième acteur, la personne elle-même, perçoit dans le loisir un moment de liberté. C’est le centre récréatif à la maison : le cocooning, le cinéma maison, le jardinage, Internet, etc. On achète les produits de l’industrie et, dans certains cas, on a recours à des services publics pour soutenir ou socialiser ses loisirs privés. Le troisième acteur, la communauté, voit dans le loisir une occasion d’accroître sa qualité de vie, le sentiment d’appartenance, la socialisation et la participation sociale et publique de ses membres, l’éducation des plus jeunes et des nouveaux arrivants. Elle se préoccupe également d’équité sociale. Dans la communauté, l’engagement des bénévoles n’a de sens que s’il concourt à l’atteinte de ces objectifs du loisir public. Dans ce contexte, la personne n’est plus un client, mais un acteur, c’est-à-dire un citoyen qui exerce sa citoyenneté comme bénévole partenaire, comme participant à des consultations et qui exerce ses droits à l’accessibilité et à l’équité. Comment cela se traduit-il sur le plan de la participation ? C’est sur cette toile de fond qu’il faut comprendre les interventions du loisir public ainsi que la notion de participation qui sera 1) sociale, 2) publique et 3) politique ; trois concepts à la fois complémentaires et fort différents.

LA PARTICIPATION SOCIALE : UN DROIT POUR TOUS Participer socialement, c’est vivre en société. Assurer la participation sociale, c’est favoriser l’inclusion physique, sociale et économique des citoyens et des citoyennes à la société ; c’est promouvoir la poursuite de valeurs comme l’accessibilité et l’équité. La satisfaction de conditions minimales d’existence s’impose préalablement à la participation sociale ; en font partie le logement, le travail, l’élimination des barrières physiques et financières pour les plus démunis, la non-discrimination et l’information. En effet, les personnes ne peuvent participer à la vie sociale que dans la mesure où de telles conditions minimales d’existence sont satisfaites. Si la satisfaction de telles conditions ne saurait garantir la participation de l’individu à la vie sociale, l’inverse l’empêchera à coup sûr. En somme, la participation sociale n’est possible qu’à partir d’un seuil minimal d’existence. À ce moment-là, le citoyen participe de diverses manières à la collectivité dont il fait partie par son travail, par son engagement dans des associations et des œuvres et par sa participation à des conseils d’administration, à un comité d’école, etc.

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Ainsi, la participation au loisir ne saurait se mesurer seulement au nombre d’individus présents ; elle s’évaluera selon des standards d’accessibilité et selon les processus mis en œuvre pour la favoriser chez des citoyens qui en seraient exclus pour diverses raisons. Ces processus relèvent du développement social. C’est dans cet esprit qu’il faut comprendre la définition que donne du développement social le Conseil de la santé et du bien-être. Le développement social fait référence à la mise en place et au renforcement, au sein des communautés, dans les régions et à l’échelle de la collectivité, des conditions requises pour permettre, d’une part, à chaque individu de développer pleinement ses potentiels, de pouvoir participer activement à la vie sociale et de pouvoir tirer sa juste part de l’enrichissement collectif, et, d’autre part, à la collectivité de progresser, socialement, culturellement et économiquement, dans un contexte où le développement économique s’oriente vers un développement durable, soucieux de justice sociale. Dans cette optique, le développement social, tout comme le développement économique et le développement culturel, est une dimension interdépendante d’un projet de société1.

LA PARTICIPATION DÉMOCRATIQUE : UNE CONDITION GAGNANTE POUR LA COMMUNAUTÉ LOCALE Lorsqu’une collectivité prend les décisions qui affectent son avenir et celui de ses citoyens et le fait de façon démocratique, elle invite à la participation. Au premier chef, la participation trouve sa légitimité dans l’idéal démocratique du gouvernement du peuple par le peuple. En loisir plus qu’ailleurs, la participation démocratique trouve sa justification dans la nature même du loisir en tant qu’espace de liberté. En loisir public, la participation trouve sa légitimité dans les objectifs de qualité de vie, de renforcement du sentiment d’appartenance, de socialisation, de participation sociale, d’éducation des plus jeunes et des nouveaux arrivants et, enfin, d’équité sociale et d’engagement bénévole.

1. Conseil de la santé et du bien-être, Forum sur le développement social : présentation de la démarche, http ://www.msss.gouv.qc.ca/csbe/, 1996, p. 6.

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Qui plus est, la participation démocratique est un acte de citoyenneté. Si la citoyenneté passive se fonde sur les droits civils, les droits politiques et les droits sociaux des individus, la nouvelle citoyenneté ou « citoyenneté active » se définit davantage par la participation des membres d’une communauté aux orientations et aux activités de la sphère publique. L’exercice de la citoyenneté renvoie souvent aux différentes avenues de participation démocratique qui sont offertes et à la façon dont les citoyens s’y engagent pour enrichir la société et contribuer à son développement. Incidemment, le partenariat des associations et des organismes dirigés par des bénévoles constitue un apport de premier plan du « monde du loisir » à l’exercice de la citoyenneté et à la qualité des communautés. La santé des communautés se mesure à leur capacité de fixer démocratiquement ses objectifs à la lumière de leurs environnements internes et externes, à en réaliser l’atteinte en utilisant de façon optimale le pouvoir dont elles sont conscientes et porteuses par une organisation efficiente et efficace. Le Québec et ses communautés relèveront avec succès les défis qui se posent à eux s’ils bénéficient d’un capital social élevé, c’est-à-dire s’ils peuvent compter sur le savoir et la capacité d’agir solidairement du plus grand nombre d’hommes et de femmes conscients des enjeux et partageant une vision du bien commun. Pratiquement, dans un monde complexe où la technique et l’administration dominent, quelle est la compétence particulière inaliénable des citoyens ? La contribution unique des citoyens au débat porte sur le choix des valeurs qui guident la technique et l’administration. La participation, disait Fernand Dumont2, « c’est la rencontre des valeurs et de la technique ». Toutes les décisions publiques émergent, en effet, de valeurs dont la détermination relève, en démocratie, de la collectivité. Ces valeurs influencent par la suite la mise en œuvre de lois, de politiques, de programmes ou d’aménagements. Il s’agit là de la compétence sociale et démocratique première des citoyens. Le loisir n’y échappe pas.

2. Voir Fernand Dumont, « L’idée de développement culturel : esquisse d’une psychanalyse », dans Sociologie et Sociétés, vol. XI, avril 1979, p. 7-31.

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LA PARTICIPATION PUBLIQUE : LIEU D’ENGAGEMENT DES CITOYENS La participation publique est l’une des formes de la participation sociale et de la participation démocratique. Dans le Cadre de référence de la participation publique (démocratique, utile et crédible) publié en novembre 20003, les auteurs définissent la participation publique comme l’action de prendre part aux décisions collectives au sein du gouvernement, d’une institution publique ou d’un organisme de la société civile (groupe communautaire, association de citoyens, organisme de développement, etc.). Pour être démocratique, utile et crédible, la participation publique doit reposer sur des valeurs partagées, des références, un langage et un code communs. On exclut de la participation publique d’autres formes de rapports à l’État ou aux institutions sociales comme la participation électorale, l’action politique, l’action autonome ou les manifestations publiques. Par la participation publique, les membres d’une collectivité s’associent directement au processus de prise de décision d’une organisation ou d’une institution gouvernementale à laquelle ils appartiennent. La participation publique, c’est donc un processus d’échange volontaire entre une organisation qui accorde un certain degré de pouvoir aux personnes qu’elle touche et ces personnes qui acceptent en retour un certain degré de mobilisation en faveur de l’organisation4. L’énoncé de politique du loisir fait appel à la participation publique lorsqu’il parle de consultation des citoyens et fonde l’action du service public sur le partenariat des associations et des organismes de loisir. Étant une rencontre tantôt entre les citoyens, tantôt entre les gouvernements et les citoyens ou, encore, entre les organismes de la communauté et leurs membres, la participation publique ne peut réussir sans que les participants aient convenu de valeurs, de références, d’un langage et de codes communs. C’est pourquoi il importe de posséder quelques repères et quelques balises pour bien cerner la nature de la participation, ses diverses modalités d’exercice et les conditions pratiques de réussite de sa mise en œuvre.

3. Thibault, A., M. Lequin et M. Tremblay, Cadre de référence de la participation publique (démocratique, utile et crédible), Conseil de la santé et du bien-être, http ://www.msss.gouv.qc.ca/sbe/, octobre 2000. 4. Jacques Godbout, La participation contre la démocratie, Montréal, Éditions Saint-Martin, 1983, p. 35.

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QUELQUES REPÈRES ET BALISES POUR L’INTERVENTION PROFESSIONNELLE EN PARTICIPATION PUBLIQUE5 1. Repères pour reconnaître la participation publique 1. En participation électorale, le processus est généralement initié et encadré par une loi et opéré par le directeur général des élections qui assure la neutralité du processus. 2. En participation militante, le processus est enclenché et encadré par les citoyens dans le respect général des lois. 3. En participation publique, le processus est enclenché et encadré formellement par ceux qui ont le mandat de décider par décision, règlement ou loi. 4. La participation publique agit à l’intérieur du système. 5. La participation publique se situe dans le territoire du système démocratique. Celui de la relation entre les citoyens et ceux à qui a été confié le pouvoir autant dans les affaires de l’État que dans les institutions de la société civile. 6. La participation publique consiste à prendre part au processus de décision publique avec un pouvoir plus ou moins étendu. 7. La participation publique intervient dans une société de droit, selon des lois, des règlements ou des règles convenues entre les acteurs. 8. Généralement, l’initiative de la participation appartient aux décideurs.

En général, la participation publique correspond à l’engagement des citoyens dans les institutions gouvernementales ou civiles et s’exprime particulièrement par l’action de prendre part aux divers processus de décision.

5. Dans ces paragraphes sont cités des extraits de Thibault, Lequin et Tremblay, Cadre de référence de la participation publique (démocratique, utile et crédible), Conseil de la santé et du bien-être, http ://www.msss.gouv.qc.ca/sbe/, octobre 2000.

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2. Repères : classification des modalités de la participation publique Les façons de vivre la participation sont multiples et déterminées par divers éléments, dont les suivants : le niveau de pouvoir consenti, le caractère plus ou moins public de l’exercice, les moments de l’interaction dans le processus de décision et le caractère plus ou moins central de la question débattue6. Divers modèles de participation publique NIVEAUX DE POUVOIR Contrôle Partagé

Partenariat

Délégation

Plainte et ombudsman D’influence

Consultation Information Nul Sondage Marketing social MODALITÉS DE PARTICIPATION

6. Diagramme adapté de Marie Lequin, Gouvernance en écotourisme : développement durable, développement régional et démocratie participative. Thèse présentée comme exigence partielle au Doctorat en études urbaines, UQAM et INRSUrbanisation, 2000.

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La participation sans pouvoir : communication-marketing, sondages La première section de l’échelle représente une non-participation des citoyens, c’est-à-dire que le décideur use d’une autorité totale et que le contact avec les citoyens n’existe que pour promouvoir son projet ou étudier les citoyens comme des objets ou des clients, sans qu’il y ait d’échange ni de dialogue véritable. Il n’est pas rare d’entendre des décideurs annoncer que la participation vise à faciliter l’adhésion des citoyens à tel ou tel projet. Dans cette catégorie, le marketing-social cherche à persuader et le sondage à étudier les citoyens. Le pouvoir d’influence : information, consultation et plainte Dans cette deuxième section de l’échelle de participation, le seul pouvoir détenu par les citoyens est la capacité d’influencer les responsables. Le pouvoir consenti aux citoyens est ici limité. Dans cette catégorie, l’information constitue un ingrédient de base, un capital pour la participation. Toutefois, s’il n’est pas utilisé en rétroaction comme pouvoir concret, il reste lettre morte. La consultation est définie comme l’action de prendre part à un processus de décision en donnant son avis à l’invitation de décideurs qui conservent leur pouvoir, au bout du compte. En début de consultation, les décideurs établissent l’importance qu’ils accorderont à la contribution des participants. La consultation publique est aussi occasion de débat public. Le processus de plaintes, généralement réglementé, permet aux citoyens d’influencer des décisions de corrections au terme du traitement de leur plainte. Le pouvoir partagé : délégation, partenariat À la dernière section de l’échelle de participation, les niveaux 6 à 8 représentent un réel partage du pouvoir de décision entre l’autorité et les citoyens. Ce partage se traduit par un partenariat où le décideur et les citoyens prennent « ensemble » la décision à la suite d’un processus de négociation. La participation de partenaires égaux requiert la concertation entre chacun d’eux et leur implication active dans la réalisation du projet.

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La délégation signifie un transfert du pouvoir de décision vers un autre palier ou organisme qui assumera le cheminement et la décision finale7. Le partage ultime du pouvoir est, sans contredit, le contrôle absolu par les citoyens (ce qui se produit rarement). Dans cette section de l’échelle, le niveau de participation atteint par les citoyens est celui d’une véritable collaboration (participation effective) où le pouvoir est réellement partagé entre les deux parties, soit un pouvoir de codécision, ce qui implique un partage de l’information. En somme, le partage du pouvoir dépend du degré de confiance mutuelle des partenaires, de leur implication dans l’action ainsi que de la transparence des activités administratives. 3. Balises : conditions pratiques de la participation publique Pour accroître la qualité des démarches de participation et favoriser un certain apprentissage de la démocratie, il est possible d’énoncer huit conditions critiques minimales. 1. Une décision doit être à venir. 2. Celui qui enclenche la participation doit être habilité à décider. 3. Le décideur doit accepter d’être influencé, l’affirme publiquement et s’engage à rendre des comptes publiquement. 4. Le processus doit être accessible à tous. 5. Le processus doit être public. 6. Les règles et le processus de la participation doivent être clairs, connus et convenus. 7. On doit prévoir une période d’information et de questions sur les objets de la participation. 8. Le débat doit être public et fondé sur le bien commun. 9. Les citoyens doivent être concernés par le sujet faisant l’objet de la participation. 10. La participation doit avoir lieu au moment opportun.

7. André Beauchamp, Le gestionnaire et les publics : Pour une collaboration fructueuse, Montréal, Bureau de consultation de Montréal, 1993, 25 p.

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Ce sont des conditions incontournables : l’absence de l’une d’elles amène le décideur à choisir un autre mode de communication ou à ne pas communiquer avec les citoyens. Une décision doit être à venir. Cette condition, fréquemment oubliée, rappelle que la participation est essentiellement un engagement dans un processus de prise de décision. Si la décision est prise, ou si aucune décision n’est envisagée, il n’y a pas lieu de participer. Évidemment, le processus de prise de décision peut être complexe, long et parfois progresser en spirale, et la participation peut intervenir à chacune des étapes. Il convient toutefois de bien identifier l’étape et la décision qui s’y rapporte. Celui qui enclenche la participation doit être habilité à décider. Voilà une condition évidente, mais fréquemment omise. Par exemple, la décision d’inviter à la participation publique n’est pas toujours prise par le décideur (individu ou organisme), mais par des fonctionnaires qui ne possèdent qu’un pouvoir de recommandation auprès de leurs supérieurs. Dans ce cas, les citoyens ne sont appelés à participer à aucun pouvoir. Cette déviation de la démocratie, Jacques Godbout l’a observée et dénoncée dans son ouvrage La participation contre la démocratie. Il y observe que nombre d’expériences de participation, notamment dans le cadre du Bureau d’aménagement de l’Est du Québec, consistaient à activer des citoyens autour d’animateurs sociaux, alors que les décideurs réels étaient absents des processus d’expression et de traitement des opinions des citoyens : d’un côté, on participe, de l’autre, on décide ! Bien sûr, les fonctionnaires et les professionnels peuvent techniquement mener une consultation, sauf que la décision de la tenir, l’orientation et le poids à lui donner appartiennent au décideur. Au regard de la crédibilité même de la consultation, la visibilité et l’action du décideur sont importantes. Le décideur doit accepter d’être influencé, l’affirme publiquement et s’engage à rendre des comptes publiquement. Si le décideur n’accepte pas d’être influencé au point de modifier sa propre opinion, il ne veut pas la participation. Cherche-t-il à informer, à persuader la population ou à manifester son « esprit démocratique » ? Peut-être ! Il ne veut pas pour autant partager son pouvoir.

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En démocratie, celui qui prend les décisions les prend publiquement ; il ne saurait en être autrement. Il en est de même pour le traitement des contributions des citoyens. Au Québec, la Loi d’accès à l’information donne une assise juridique à cette condition. Ayant accepté l’influence démocratique de la population et s’étant engagé dans un dialogue avec cette dernière, le décideur doit accepter de rendre compte des motifs qui l’ont amené à prendre telle décision plutôt qu’une autre. Cet engagement de transparence en est un de respect à l’égard de la population. Son absence, avons-nous observé, suscite la non-implication des citoyens à moyen terme. Le processus doit être accessible à tous. L’accessibilité est une condition fondamentale de l’exercice de la démocratie. L’accessibilité sera physique, par son lieu, ses horaires et un soutien au transport permettant la réduction des contraintes ; intellectuelle, en vulgarisant les matières techniques et en évitant la langue de bois ; psychosociale, en prévoyant des modes d’intervention et de prise de parole conviviaux, notamment pour les non-initiés ; enfin, elle pourra requérir la fourniture des soutiens financiers ou techniques à des personnes qui en ont besoin. Les règles et le processus de la participation doivent être clairs, connus et convenus. Étant une entreprise de communication entre des citoyens et une institution qui en prend l’initiative, la participation doit faire l’objet d’un consensus quant à son déroulement et à ses règles. La clarté des règles du jeu garantit un minimum d’équité et de justice à ceux qui s’engagent dans ce jeu de la participation. Ces règles concernent généralement les étapes de la démarche, leur échéancier, leur déroulement, le rôle, les droits et devoirs des acteurs, la déontologie et les services (documentation, conseil, finances, etc.) de tous ordres soutenant le processus de participation. On doit prévoir une période d’information et de questions sur les objets de la participation. Pour qu’ils exercent leur rôle et leur pouvoir de façon équitable, les citoyens doivent détenir de l’information sur toute question soumise à la participation.

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Enfin, au nom de l’accessibilité au processus démocratique, les participants doivent être informés dans un langage et selon des modalités qui leur sont accessibles techniquement, intellectuellement et socialement. Le débat doit être public et fondé sur le bien commun. Pour qu’il y ait débat, il doit y avoir interface entre les participants, même si cette interface n’a pas lieu par une présence physique et qu’elle est médiatisée ou s’étale dans le temps. La condition signifie aussi que ce débat a lieu en public, permettant en cela à ceux qui se sentent concernés de se rassembler. Enfin, dans une société complexe où les intérêts sont multiples, les valeurs éclatées et les personnes considérées souvent plus comme des clients que des citoyens, il est parfois difficile de tenir un débat public qui va au-delà de la recherche de la satisfaction des attentes individuelles. Pourtant, sans le bien commun, le bien individuel est menacé. Aussi, le débat public doit d’abord porter sur le bien commun et les arguments doivent être énoncés en référence au bien commun. Les citoyens doivent être concernés par le sujet faisant l’objet de la participation. Si quelqu’un ne ressent pas ou ne perçoit pas l’impact d’un projet sur lui-même, il a peu de raisons de s’engager dans un processus de participation. Les objets de participation doivent être significatifs, c’est-à-dire être des objets qui touchent les participants et sont discutés au moment opportun du processus de décision. Selon cette condition, si l’objet de la décision à venir ne touche pas la population, il n’y a pas matière à participation. En corollaire, plus une question touche ou affecte les gens, plus il est indiqué de la soumettre à la consultation. Si un objet concerne des gens qui n’en sont pas conscients, il faudra une campagne de sensibilisation. La participation doit avoir lieu au moment opportun. La participation doit surtout faire appel à ce qui est du ressort du public en démocratie, soit le choix des valeurs et le contrôle de leur présence dans les choix spécifiques. Ne s’agit-il pas là de ce qu’on appelle « les choix de société », qui font si cruellement défaut ?

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PARTICIPATION ET LOISIR : DES GESTES S’IMPOSENT En conclusion, il faut se rappeler qu’en loisir public la participation est inscrite dans la nature même des choses. Le caractère public du loisir renvoie nécessairement à la communauté dont la santé dépend de la qualité de sa vie collective. Sans cette perspective, il n’y a pas de distinction entre le loisir commercial et le loisir public ; le loisir commercial se définit exclusivement comme un service fourni à des personnes sans les impliquer dans la définition de ses orientations ni dans la prestation même des services. Par ailleurs, sans la participation publique, la collectivité perd sa vitalité et le bien commun s’estompe au profit des intérêts personnels. Pourtant, il est aussi essentiel à la poursuite des intérêts individuels. La nature même du loisir, espace de liberté, demande que les personnes soient auteurs de leur propre loisir et non des consommateurs asservis et conformistes. Enfin, les valeurs mêmes de notre société requièrent que tous les citoyens puissent avoir accès au loisir et imposent une action énergique pour assurer la participation sociale des exclus, des marginaux, des nouveaux arrivants et de tous ceux qui, pour des raisons économiques, culturelles, religieuses, d’orientation sexuelle et d’âge, éprouvent des difficultés à participer socialement. Définie comme essentielle, la participation sous toutes ses formes exige des compétences et des valeurs professionnelles que les intervenants en loisir doivent développer et mettre à jour continuellement sous peine de sclérose de l’offre de services.

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